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HARVARD COLLEGE LIBRARY

BOUGHT FROM THE INCOME OF THE FUND

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PETER PAUL FRANCIS DEGRAND

(17K7-1S5S) OF BOSTON

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LES MONDES

HEVVE HEBDOMADAIRE ' DES SCIENCES

DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE

M. L'ABBE MOIGNO

DIXIÈME ANNEE. JANVIER-AVRIL 187Î.

TOUS VIflCT-SEPTIfilU

PARIS

BUREAUX DES MONDE» If, BUE BERNAJUÏ-PAL1SST

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NOVi 21.1922^

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V I. 1872

LES MONDES

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CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

Étreinte*. J'offre à mes chers lecteurs mes vœux les plus sin- cères de bonne année, et je les prie d'accepter pour étrennes l'engage- ment que je prends de remplir en 1871 avec une ardeur toute nou- velle ma mission de vulgarisateur, de les tenir aussi parfaitement qu'il sera possible au courant du mouvement scientifique et industriel, de ne leur laisser rien ignorer de ce qui peut les instruire et les inté- resser. J'ai même l'espoir que les Mondes prendront un essor nouveau, parce que je me trouverai très-prochainement plus encore au centre du mouvement, et mieux entouré de collaborateurs aussi zélés et moins suchargés que moi. <

1 A ceux de mes lecteurs que la grande et grave question des rapports de la révélation et de la science, delà raison et de la foi, intéresse et préoccupe, qui attendent avec impatience la solution complète des dif- ficultés que les progrès et l'audace de la science moderne ont soule- vées, je promets de hâter autant qu'il sera en mon pouvoir la publica- tion de mes Splendeurs de la Foi, dont l'impression déjà très-avancée a été forcément arrêtée et retardée par le travail excessif que m'a inf- posé la nécesssité de regagner le temps que la Prusse et la Commune nous avaient fait perdre. Aujourd'hui le vide est comblé, et nous n'a- vons plus qu'à marcher en avant.

À mes chers lecteurs de Paris et tous les amis du vrai savoir dans la grande capitale, je pourrai, je l'espère, annoncer dans quelques jours l'ouverture prochaine des salles du Progrés, l'inauguration de mes soirées de science illustrée ils pourront venir chercher à la fois un enseignement substantiel et une récréation honnête. Un écrivain qu'on n'accusera pas d'être trop favorablt aux saines doctrines et à la bonne cause, M. Jules Claretie, exprimait lundi dernier, dans le Soir, un regret qui doit être pour les hommes de bien un remords et une honte. Paris va multipliant sans cesse sous les pas de sa population déjà si lancée des moyens de dépenser en dehors du foyer domestique, dans les cafés concerts, une somme de I Fr. 50 à 2 fr., le pain sacré de

I, t. XXVII, 4 janvier 1872. 1

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la famille, au seia d'une atmosphère nauséabonde et agitée par les vents de toutes les passions, sans qu'il lui soit possible, même en payant plus cher encore, de rencontrer sur toute la surface de l'immense ca- pitale un seul|asile elle puisse, en se reposant de ses fatigues du jour, s'initier au progrès bienfaisant. C'est ce vide homicide que je veux combler, c'est à ce fatal abandon que je veux suppléer, en faisant tous mes efforts pour que, à la fin de l'année qui commence Paris compte au moins six ou sept de ces bienheureux oasis.

Je n'oublie pas la province : je prépare tout, au contraire, pour un ardent apostolat ; aidé d'un personnel et d'un matériel considérable, les grandes villes de France auront bientôt à leur tour les cours vivi- fiants de sciences illustrée.

Le* grande* nouveauté* . Passant des promesses à l'exé- cution, j'ai voulu que cette livraison présentât un attrait tout particu- lier, et je suis heureux de pouvoir signaler à l'attention de mes lec- teurs plusieurs inventions très-originales et très-riches d'avenir.

Le relais automatique de M. d'Arlincourt, véritable trait de génie, qui résout de la manière la plus imprévue et la plus complète un des plus redoutables problèmes de la télégraphie, la transmission directe et d'un bond à toutes les distances, fera le tour du monde. Il a déjà permis de correspondre sans intermédiaire entre Londres et Marseille. Ce sera bientôt un des plus jolis fleurons de la couronne du génie inventif de la France.

Le télégraphe automatique de MM. Meyer et Hardy, que la néces- sité, aujourd'hui satisfaite, d'un relais plus parfait, avait seule arrêté dans son emploi sur toutes les grandes lignes, est un appareil incompa- rable, un chef-d'œuvre de conception et d'exécution qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, opère avec une perfection incroyable, et cependant il n'est que le précurseur du télégraphe à transmissions multiples des mêmes auteurs, qui atteindra presque les limites du possible, en permet, tantd'expédier et de recevoir avec un seul couple d'expéditeur et récep- teur Morse, jusqu'à six et huit cents dépêches par heure. Ce n'est aujourd'hui qu'une simple annonce, mais nous décrirons dans quel- ques semaines un premier modèle capable de transmettre de Paris à Marseille ou même de Londres à Hong-Kong, i travers les relais d'Arlincourt, quatre cents dépèches de vingt mots à l'heure.

Généreux coopérateur*. M. Henry Morton, directeur de l'Institut de technologie Stevens, un des promoteurs les plus ardents du progrès, nous a envoyé et nous enverra régulièrement à l'avenir les descriptions et les clichés des principales nouveautés de la science et

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de l'industrie américaines ; nous commencerons cette publication in- téressante dans la'prochaine livraison des Mondes, pour ne plus la discontinuer, nous l'espérons du moins.

Au reste, le moment est venu où, sans nous ruiner, nous pourrons multiplier les illustrations ou les gravures. MM* Dujardin frères, 56, rue Notre-Dame-des-Champs, MM. Yves et Barret, rue Sainte-Apol- line, n* 9, ont tellement perfectionné l'art, disons mieux, l'industrie de la photogravure ; ils transportent si rapidement et si économique* ment sur pierre ou plaque pour l'impression lithographique ou en taille-douce, ils transforment si rapidement et si économiquement en clichés sur zinc pour l'impression typographique les dessins les plus compliqués et les plus délicats, que nous pouvons |nous accorder au- jourd'hui, ce qui était autrefois une dépense |énorme, au-dessus des ressources d'une revue scientifique.

La bonne volonté et l'activité de MM. Yves et Barrett nous confondent; nous leurs avions envoyé samedi les dessins de la planche de M. d'Ar- lincourt, et lundi dans l'apres-midi nous avions le cliché entre les mains. Ce succès est si complet que nous n'hésiterons plus désormais à supporter nous-mêmes ou demander aux auteurs qu'ils sup- portent les frais des clichés des appareils auxquels nous accorderons la publicité des Mondes.

Le progrès marche, et marche surtout, quoi qu'on en veuille, dans notre chère France, qui est par excellence la terre féconde de l'inven- tion. Voici, par exemple, qu'un français, un de nos plus fidèles abonnés et amis, M. E. Dubois, professeur d'astronomie à l'Ecole normale de Brest, tirant admirablement parti d'une première décou- verte française, la plus brillante peut-être du XIXe wiècle, le gyroscope de Léon Foucault, vient de résoudre de la manière la plus complète un problème excessivemeni complexe auquel se rattache la conserva- tion d'une multitude de vies humaines.

Solution Inattendue et française d'an problème capital. M. E. Dubois, professeur à l'École navale de Brest, nous communique une nouvelle très-digne d'attention.

a Vous savez que depuis longtemps je m'occupe de déviations de compas et du moyen d'affranchir les navires de ces causes d'orreurs qui peuvent être si funestes aux bâtiments.

J'ai eu l'idée d'appliquer le gyroscope de Foucault à la conduite du navire, et grâce à l'obligeance de mes amis, les ingénieurs de la ma- rine, à la bienveillance du commandant de l'École navale, à l'esprit inventif du mécanicien du Bougainville (annexe du Borda) j'ai réussi. Le gyroscope*boussole, qui dorme 8 000 tours à la minute, suspendu

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par une triple supension à la Cardan, et qui porte un aiguille parcou- rant un cadran, me donne un plan invariable m'infliquant le nombre exact de degrés dont le navire vient sur tribord sur bâbord, et par conséquent me permet de connaître Y azimut h vrai de l'axe du bâti- ment quand je l'ai eu une fois à un cap. Cet instrument me permet donc d'obtenir toutes les déviations des aiguilles aimantées à bord. J'en «onnais une, et combinée avec mon compas de déviation (modi- fie d'une manière très-heureu6e), j'obtiens toutes les dérications sans connaître la première. Les expériences faites en rade de Brest sur la corvette le Bougainville ont été extrêmement satisfaisantes. »

Lumière oxhydrique» L'essai ou l'expérience, sur échelle réelle, d'éclairage à la lumière oxhydrique, résolu depuis longtemps, sur le boulevard de Gand, a commencé samedi dernier, 30 décembre, dans les conditions les plus satisfaisantes et qui font grand honneur aux directeurs de la compagnie. H a été organisé en l'absence de M. Tessié du Motay, l'inventeur du système, par son jeune et habile colla- borateur, M. Georges Delaporte. sur (rois points : les deux refuges en avant de la place du nouvel Opéra, la devanture et le magasin du grand tailleur, M. Laurent Richard, 2, eue Lafilte, le vestibule de la maison de notre Cosmos, boulevard des Italiens, n* 8, la salle d'expo- sition des photographies de M. Disderi, l'entrée de la salle nous voulions inaugurer, il y a vingt ans, nos cours de science illustrée!

La lumière des nouveaux becs est trè6-pure, très-brillante, très- blanche; elle n'altère en rien les couleurs des objets; le parisien- papillon qui la fixe, au lieu de regarder le sol et les objets qu'elle éclaire, lui fera un crime de sa vivacité, c'est-à-dire d'une qualité essentielle qu'elle partage avec le soleil, quoique, dans un degré infi- niment moindre; mais le fait incontestable est que la lumière oxhy- drique résultant de la simple combustion, sans crayons de chaux, de magnésie ou de zircone, du gaz d'éclairage riche par l'oxygène pur est une brillante conquête et le véritable agent de l'éclairage public. On le verra mieux encore, quand, dans quelques jours, les réverbères seront, installés et allumés le long des boulevards des Italiens et des Capu- cines. La routine régnera encore pendant quelques années peut-être, la lutte sera sans doute acharnée, mais le progrès dont le plus grand malheur, disait le spirituel père Guénard, est de ne pas être vieux en naissant, s'imposera forcément un jour. 11 est possible, fort pro- bable que la Presse parisienne grande et petite, aigle hélas, aigle qui vit de mouches, ne dira pas un mot de ce magnifique essai. F. Moigko.

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INDUSTRIE SUCRIÈRE

JLem Jet* de ràperie. Moa confrère, M. Dureau, répèle plu- sieurs fois qu'il ne cherche pas et qu'il n'aime pas la polémique; je la cherche et je l'aime certainement moins que lui.

Quand j'écrivais les quelques lignes que je lui ai signalées moi-même comme une boutade, j'étais bien loin de penser qu'il lan- cerait contre moi toutes ses foudres. C'est dans ma réplique, et comme exemple des exagérations assez communes au Journal des Fabricants de sucre, que j'ai critiqué les usines centrales et les râperies, sans être absolument leur adversaire, mais avec la certitude de ne répéter que ce que j'entends dire autour de moi par dc6 hommes très- compétents et très-indépendants. La discussion que j'ai ainsi soulevée ne sera certainement pas inutile : elle a déjà éclairé quelques esprits. A cette occasion deux fabricants, éminemment honorables et dont personne ne contestera l'autorité, apportent en faveur des râperies des faits non-seulement curieux, mais incroyables, que j'ose interpréter sans au- cune volonté de pousser plus, loin la discussion sur une question délicate et pour moi nécessairement secondaire.

M. le baron de La Fontaine écrit de Waremme (Belgique), 10 dé- cembre 1871 :

a J'ai travaillé alternativement, au début de la campagne> les jus de la ràperie de Viemme et ceux de l'usine de Waremme. Ayant re- connu la supériorité des premiers dans toutes les phases de la fabrica- tion, je me suis décidé, depuis un mois, à terminer la campagne par ia ràperie, la supériorité évidente de ses jus me donnant la conviction qu'ils offriront moins de difficultés à vaincre, comme fin de campagne, que ceux de l'usine.

La quantité de betteraves que je possède m'obligeant au ràpage jusqu'à la fin de février, je procède, en attendant cette époque, au re- nouvellement, tous les huit jours, des jus laissés dans les tuyaux, en travaillant vingt-quatre heures à la ràperie, et, chose à noter, ils sont, après ce long séjour dans les conduites, aussi parfaits que ceux pro- venant d'une pression récente. » Deux jours après, M. Jacotin écrivait de Réthel (Ardennes) : « Nous avons une ràperie placée à 6 kilomètres de la fabrique prin- cipale ; cette ràperie fonctionne depuis trois ans, elle a fonctionné en même temps que celle de la fabrique, elle a fonctionné seule : c'est un fait acquis, que contre-maitres et surveillants peuvent certifier, et aussi les simples ouvriers employés au travail des jus, que ceux provenant

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de la ràperie, travaillés seuls, non-seulement n'ont subi aucune alté- ration dans le parcours des tuyaux, mais donnent, à quantité égale de chaux et qualité égale de betteraves, un travail plus beau et plus facile.

« J'ajouterai que Tannée dernière, manquant de charbon à chaque instant, obligés de mettre en route pour travailler trois ou quatre jours et arrêter quelquefois huit, nous ne coulions pas à fond, c'est-à-dire que quand le charbon nous manquait, nous chaulions les jus à 4 p. 100 environ et les conservions jusqu'à ce que l'arrivée d'un peu de charbon nous permit de remettre en route : pendant que ces jus, quoique fortement chaulés, avaient subi une altération, nous n'en remarquions pas dans les jus qui se trouvaient dans les tuyaux chaulés à 1 p. 100 seulement.

« Voilà, monsieur le directeur, les faits vrais, dont nous garantis- sons la parfaite authenticité, et que nos confrères qui ont des râper ies, j'en suis convaincu, confirmeront au besoin. Je ne doute nullement que M. l'abbé Moigno ne reconnaisse qu'il a été induit en erreur par des renseignements inexacts, et qu'il ne nous explique bientôt, à l'aide de la science qu'il possède à un si haut degré, le pourquoi de tous ces faits, que je ne puis que constater, et surtout la supériorité des jus venus par les tuyaux sur ceux produits dans l'usine centrale. »

On voit que M. Jacotin lui-même est étonné des faits qu'il nous oppose, et qu'il nous provoque d'une manière très-bienveillante à en chercher l'explication. C'est une vérité première que tout argument qui prouve trop est un mauvais argument, précisément parce qu'il ne prouve pas ce qu'il était appelé à prouver. Donc, ïa supériorité des jus de râperie ne prouve pas en réalité la supériorité des ràperies ; elle prouve une toute autre chose, ou du moins elle trouve ailleurs une explication incomparablement plus naturelle et plus satisfaisante. Ad- mettons, en effet, que la betterave des ràperies soit de qualité très- supérieure à celle de l'usine centrale, que ses jus par conséquent soient beaucoup plus riches en sucre, et admettons aussi que chez MM. de La Fontaine et Jacotin, comme ils l'admettent et le veulent, l'écoule- ment par les tuyaux, quelque long que soit leur parcours, n'altère en rien les jus, les jus plus riches, plus sucrés des ràperies apporteront à l'usine centrale leur supériorité première et essentielle; il pourra, il devra donc arriver que les jus de la ràperie, travaillés seuls, à quan- tité égale de chaux, donnent un travail plus beau et plus fa- cile. Si même la supériorité des betteraves des ràperies est assez grande, il pourra arriver que leurs jus, chaulés simplement à 1 p. 100, ne subissent aucune altération, alors que les jus très-fortement chau-

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lés de l'usine centrale subissent une certaine altération. Donc, dans l'hypothèse de la supériorité des betteraves des ràperies tout mystère s'évanouit. Cette hypothèse es$-elle improbable ou inadminissible ? N'est-elle pas, au contraire, très-probable ou même nécessaire?

L'usine centrale est normalement située dans la vallée; les ràperies, au contraire, sont ordinairement installées sur des plateaux ; ou du moins, le terrain occupé par l'usine centrale et les fermes qui l'ali- mentent directement de betteraves, est en général plus bas et plus humide ; tandis que le sol des ràperies et de ses annexes est plus élevé et plus sec. Par exemple , à l'usine de Bresle, tout récemment trans- formée en usine centrale, j'ai cru comprendre, en lisant la descrip- tion si satisfaisante de M. Dureau, que le niveau des ràperies est plus élevé de cent mètres que le niveau de la fabrique. Or, tout le monde sait que, dans une même région, dans un même centie de cul* ture, la betterave des plateaux élevés et secs, peut donner et donne souvent un jus deux fois plus riche en sucre que le jus de la bette* rave des vallées basses et humides. G'e6t ce que prouvaient jusqu'à l'évidence les]chiffres des analyses de M. Feltz, publiées tout récemment par le Journal des fabricants de sucre*, et.ceproduites dans les Mondes. J'y lis, par exemple, tome XXVI des Mondes, page 296 : Betterave venue sur une ancienne prairie très-humide et très-riche en engrais ; rendement en sucre 4,06 pour cent. Betterave venue sur un terrain sec; rendement 1,79 pour cent.

Il est vrai que M. Jacotin, dans ses comparaisons des jus venus des ràperies et des jus de l'usine centrale, ajoute à betteraves égales. Mais s'agit-il réellement de betteraves de même poids, ayant donné à l'ana- lyse le même chiffre de rendement, les mêmes proportions de sucre et de sels? Ou s'agit-il simplement de betteraves de même qualité, de même provenance , de même graine? Tout indique, tout prouve que cette dernière signification est la vraie. Si les jus de l'usine centrale n'a- vaient pas été de qualité notablement inférieure, pourquoi se se- raient-ils altérés, quoique plus fortement chaulés. Mieux traités, ils s'altèrent plus vite et plus profondément; donc c'est qu'ils sont plus mauvais originairement, que les jus des ràperies sont originairement et essentiellement meilleurs. Si cela n'était pas, ce qui donnerait à ces seconds jus leur supériorité, ce serait leur circulation dans les tuyaux, leur plus long séjour au contact de l'air, leur aération en un mot, qui produirait une sorte de défécation avantageuse; c'est ce que me disait hier un jeune ingénieur de suererie, M. Jules Hélot. Mais ces as- sertions, tout à fait gratuites, puisque le fait de la supériorité des jus des ràperies est complètement explique par les meilleurs conditions

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du sol, auraient besoin d'être appuyées de preuves directes et spéciales. En outre, s'il suffisait d'aérer les jus pour l?s enrichir et les rendre plus faciles à traiter, pourquoi MM. de la Fontaine et Jacotin se rési- gnent-ils si bénévolement à subir l'infériorité marquée, suivant eux, des jus de leur usine cer traie. lis seraient bien inconséquents s'ils ne recouraient pas à des moyens faciles de produire l'agitetion et l'aé- ration après chaulage, dans le but d'obtenir la défécation merveil- leuse à laquelle ils attribuent la supériorité des jus de râperies. Et comment oser parler d'aération, quand le plus terrible argument opposé à la Diffusion, est qu'elle fait séjourner les jus une heure de plus dans l'atelier d'extraction. Soyons sérieux; que M. Jacotin veuille bien faire analyser rigoureusement, par les procédés de Felz, par exemple , ou autres, des betteraves de même qualité , de même poids, prises les unes à la ràperie, les autres à l'usine centrale. Si le jus des premières n'est pas reconnu supérieur au jus des se- condes, alors seulement, il pourra être question du mystère de la défécation par l'écoulement dans des tuyaux longs de six kilomètres et plus. Gela n'est peut-être pas impossible en soi, mais il nous est impossible de l'admettre sans preuves. Si nous avons raison, si les betteraves des râperies sont plus riches en sucre que celles de l'usine centrale, nous aurons une preuve de plus d'une vérité malheureuse- ment trop éclatante, d'un fait par trop douloureux : l'incurie qui pré- side en France au choix de l'emplacement des usinss centrales ou des sucreries en général. Nous en voyons fonder de très-vastes dans des régions nouvelles, sans que, par des essais de culture et d'analyse suf- fisants, on se soit assuré de la bonne qualité des betteraves qu'on y récoltera en quantités énormes. La richesse des jus, personne n'ose- rait le nier, peut varier du simple au double et plus encore, suivant la qualité du sol ! Marcher à l'aveugle c'est donc plus qu'une étour- derie, c'est un crime, surtout en raison des capitaux énormes engagés actuellement dans les usines centrales avec râperies. Nous savons par des témoins irrécusables qu'en Russie, la raison et la science, disons-le tristement, sont plus consciencieusement écoutées, il existe des sucreries qui ont donné jusqu'à 50 pour cent de bénéfice net, de ma- nière à rembourser leur capital en trois campagnes* Nos usines cen- trales sont à mille lieues de là. Il est vrai aussi qu'en Russie on ne pêche pas dans l'eau trouble, que l'on filtre au contraire surabondam- ment. Il y a quelques jours, on nous montrait un échantillon de masse cuite russe qui donne 82 pour cent de sucre presque blanc. Choisir scrupuleusement le sol , filtrer avec le plus grand soin, sulfurer, sur- tout lorsqu'on à affaire à certains jus plus rebelles, voilà les vrais

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principes, les conditions essentielles d'un succès largement rémuné- rateur. Nous les avons énoncés un peu trop vivement peut-être, mais le mal était sérieux et grand. Consolons-nous, nous n'avons pas prêché dans le désert, notre voix a été entendue, et Tannée prochaine, le noir, détrôné par la Participation révolutionnaire, recommencera son règne glorieux et heureux dans plusieurs installations' considérables. Voici au reste que M. Dureau lui-même, dans son intéressant article sur la transformation en usine centrale avec ràperies de la sucrerie, modèle de Bresles, a pris plaisir à faire ressortir l'importance capitale que les sages directeurs attachent à la bonne qualité et au parfait fonctionnement des noirs.

Relativement à la sulfuration ou au procédé Seyfert, notre confrère nous oppose le jugement formulé par un certain M. P. Schulze, dans le Polytechnisches Journal de Dingler : « Les 'sucres traités par la méthode Seyfert, avec l'acide sulfureux, ne présentent pas d'accroisse- ment d'acide sulfurique comme on l'a supposé , mais ils contiennent tous de petites quantités d'acide sulfureux. L'influence de l'acide sul- fureux n'est évidemment qu'un blanchissement superficiel du sucre.» Mais, d'une part, j'avoue ne rien comprendre à l'accroissement d'acide sulfurique dans les jus ; c'est pour moi du galimatias, comme le mot évidemment est de l'effronterie. D'autre part : s'il reste de l'acide sulfureux dans les jus, il s'évaporera facilement; nous ne savons pas comment et avec quels appareils M. Schulze a opéré, tandis que nous savons certainement, et M. Dureau peut apprendre comme nous, en interrogeant plusieurs de ses abonnés les plus expérimentés, ou, en allant sur les lieux , de directeurs qui ont toute sa confiance, qu'en opérant comme l'indique M. Uittorff, et avec les appareils français de la compagnie Fives-Lisle, on obtient incomparablement plus qu'un blanchissement superficiel *

Allons, cher confrère, n'embrouillons pas les questions, mais éclairons-les. Ne nous disputons pas, mais unissons-nous dans l'intérêt commun de nos abonnés. £n fait d'industrie sucrière, vous avez presque un monopole; je n'ai qu'un tout petit privilège. Vous êtes le loup, je suis l'agneau. S'il m'arrive de donner un petit coup de langue, croyez que c'est innocemment, et ne répondez pas par un gros coup de dent. Vous savez, du reste, que je me fais l'écho empressé de toutes les découvertes, de tous les perfectionnements que vous signalez. Faites comme moi. Par exemple, accordez une place hono- rable à mon appel aux chefs de l'industrie, et discutez sévèrement le projet de loi sur les brevets d'invention de M. le comte de Douhet. Puis, quand ma salle du Progrès sera ouverte, recommandez-moi, en aussi grand nombre que vous voudrez, les inventeurs consciencieux et

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les inventions sérieuses, je leur ferai le plus gracieux accueil, et les patronerai de mon mieux. Procurez-moi même des photographies sur verre d'une usine centrale et de ses râperies, je les éclairerai à la lu- mière électrique, et je les décrirai consciencieusement, sauf peut-être à dire qu'elles sont l'exagération du progrès et du bien ; c'est mon droit et mon devoir. -*- F. Moigno.

MÉCANIQUE APPLIQUÉE

I/intégr*tenr de m. Marcel Duprez. Ce petit instru- ment, servant à calculer mécaniquement la valeur des aires, lies coor- données des centres de gravité et des moments d'inertie des figures planes, est un trait de génie, et comptera certainement parmi les décou- vertes les plus curieuses et les plus utiles de l'année 1871. En le voyant fonctionner, en constatant que des résultats si difficiles sont obtenus par des moyens si simples ; que des opérations si délicates et si lon- gues sont faites comme par enchantement, nous avons été saisi d'ad- miration. Le planimètre tant venté de Àmsler n'est qu'un enfant au berceau comparé à l'intégrateur, comme l'indicateur de Watt et la coulisse de Stephenson ou de Mayer, placés à coté de l'indicateur et de la coulisse dynamométrique, et de la distribution à deux tiroirs de notre jeune mécanicien, appelé à prendre rang dès aujourd'hui parmi les inventeurs les mieux inspirés de notre France.

L'intégrateur a pour but de donner par une simple lecture la valeur

de l'intégrale l ydx, f t^dx ou en général la valeur de l'intégrale

/ yn dx pour toute l'étendue comprise dans une figure plane fermée.

Il se compose essentiellement d'une tige portant à l'une de ses extré- mités un style, avec lequel on suit le contour de la figure, et à l'autre extrémité une roulette dont la circonférence s'appuie constamment sur le papier. L'axe de rotation de cette roulette (qui est toujours dans un plan horizontal) fait avec une droite fixe prise pour axe des #, un angle variable qui est en chaque point de la courbe fonction de l'or- donnée correspondante. La tige, qui porte le style et la roulette, es*

\

LES MONDES. il

guidée en l'un de ses points suivant la droite servant d'axe des abs- cisses, droite dont le choix est d'ailleurs arbitraire. La roulette porte un petit tambour dont la circonférence est divisée en 100 parties égales ; un vernier de M. Marcel Deprez donne les dixièmes de divi- sion, et un petit disque relié à la roulette par une vis sans fin permet de totaliser le nombre de tours de la roulette.

Désignons par x et y les coordonnées d'un point de la courbe, par / la longueur de la tige comprise entre le style et le point qui est guidé suivant l'axe des x9 par « et p les angles que font respectivement avec l'axe des x la tige porte-style et l'axe de rotation de la roulette, et enfin par ? l'arc linéaire dont la roulette a roulé sur le papier. On démontre que si le style, partant d'un point quelconque de la courbe revient à son point de départ en suivant le périmètre, la valeur de l'arc f est égale à

r dx sin p,

l'intégrale étant étendue au contour entier.

Or, par une combinaison fort simple d'engrenages, on peut établir entre (3 et « les relations suivantes :

lo p = a; p = *a-H-; P-3a.

Si l'on a suivi la description de l'instrument, il est facile de voir que l'on a toujours

y

8in<x=.-^; d'où l'on tire, pour chacun des trois cas énoncés plus haut, sinp = j et f<tosinp = flLdx+c;

2v2

*• sinp = cos2a=H 2sin'a = l ~;

et ftfxâinP = &-2 fy&c+c; 3 sinP= sln3 a = 3 sina 4sin3«

42 LES MONDES.

et /<tasinp« / yd* 4 l ~dx + c.)

De ces trois relations, on conclut en désignant par yi, y2, y>, les lectures faites sur la roulette dans chacun des trois cas,

j ydx = «p, l,

y'rfa? = (3<p, 93)-

La première de ces intégrales donne Taire de la figure fermée ; la seconde donne la coordonnée du centre de gravité et la troisième le moment d'inertie.

Il est facile de voir que Ton obtiendrait par le même procédé

les intégrales de la forme / ymdx.

On peut appliquer cet appareil à la résolution graphique des équa- tions de degrés supérieurs. Il n'est d'ailleurs qu'une application d'une méthode plus générale qui permet de réaliser matériellement, par de simples combinaisons d'engrenages toutes les relations entre deux va- riables qui sont de la forme

y = A, ar-*-Aa#*-hA3Xi + ... + xm

m étant entier et positif. Il est facile de voir que cette relation ren- lerme la solution d'un très-grand nombre de problèmes de cinéma* tique pratique tels que régulateur isochrone, ressort compensateur exerçant sur un point un effort de traction indépendante de son al- longement, etc. Les appareils actuellement connus sous le nom de planimetre ne

peuvent donner que l'intégrale j ydx. Le plus simple de tous est le

planimetre polaire d'Amsler, dont la théorie donnée par M. Combes aidera grandement à comprendre celle de l'intégrateur.

LES MONDES. 43

CHIMIE ORGANIQUE

Note lur on mémoire de 1ML Ueblg , relatif «m

fermentation», par M. Pasteur. M. Liebig a publié, en 1870, un grand mémoire sur les fermentations, qui vient d'être traduit dans te Annales de chimie et de physique. C'est une critique très-approfondie, en apparence, de quelques-unes de mes études sur le môme sujet*

Le travail du savant chimiste de Munich est très-soigné, rempli des discussions les plus habiles, et l'auteur nous apprend qu'avant de le produire, il y a songé pendant près de dix années. Si je voulais en faire à mon tour, une critique détaillée, il me faudrait suivre M. Liebig, pas à pas, et écrire un mémoire presque aussi long que le sien. Je n'en ai pas le loisir; mais si j'entends aujourd'hui laisser de côté tout le menu de la question, je m'empresse d'ajouter que c'est pour aller droit aux deux négations dans lesquelles se concentrent toutes les objections du chimiste allemand, et qui d'ailleurs résument le fond du débat.

Dans la première de ces deux négations, M. Liebig conteste formelle- ment que j'aie pu produire de la levure de bière et la fermentation al- coolique dans un milieu minéral sucré j'avais semé une quantité extrêmement petite de levure. Là, en effet, est la pierre de touche de la vérité ou de l'erreur. Pour M. Liebig, on le sait, la fermentation est un phénomène corrélatif de la mort, si je puis ainsi parler. Toute substance, quelle qu'elle soit, et notamment celles que l'on désigne sous le nom de matières albuminoïdes, l'albumine, la fibrine, la caséine, etc., ou des li- quides organiques qui les renferment, le lait, le sang, l'urine, etc., ont la propriété de commmniquer le mouvement que l'exposition à l'air y détermine aux molécules d'une matière fermentescible. Celle-ci se résout alors en des produits nouveaux, sans rien prendre à ces substances et sans leur rien fournir de ses propres matériaux. Selon moi, au contraire, les fermentations proprement dites sout toutes corrélatives de la vie et je crois avoir démontré par des preuves péremptoires qu'une matière fermentescible n'éprouve jamais la fermentation, sans qu'il y ait un échange incessant entre des cellules vivantes qui grandissent ou se mul- tiplient, en ©'assimilant une partie de la matière fermentescible elle- même.

La doctrine de M. Liebig était en pleine faveur lorsque j'ai démontré en premier lieu que, dans toute fermentation proprement dite, on tromve, d'une manière nécessaire, des organismes spéciaux et que,

2

H LES MONDES.

l'on croyait n'avoir affaire qu'à des matières albuminoïdes mort?g, la vie apparaît corrélative de la fermentation, les deux phénomènes com- mençant et finissant en même temps. J'ai démontré, d'autre part, que toutes ces ermentations deviennent impossibles au libre contact de l'air, à la seule condition que l'air ne puisse apporter, dans les matières en présence, les germes organisés que cet air charrie sans cesse au voisinage de la surface de la terre (1). Néanmoins, et c'est encore un des faits que J'ai établis avec rigueur, ces mélanges fermentescibles dont la fermen- tation est rendue impossible par l'absence des germes en suspension dans Fair, éprouvent une oxydation et une altération chimique sen- sibles au contact de cet air pur. Ces faits si probants parurent encore laisser des doutés dans quelques esprits prévenus ; car rien n'est plus subtil que l'argumentation d'une théorie qui succombe.

Je constituai alors des milieux fermentescibles, dans lesquels il n'existait que trois sortes de substances : la matière pouvant fermenter, des sels minéraux convenablement choisis, en troisième lieu des germes du ferment. Par exemple, j'ai reconnu que le ferment du lactate de chaux était un vibrion. Eh bien! dans une solution de lactate de chaux cristallisé et très-pur , j'ajoute des phosphates d'ammoniaque , de magnésie et de potasse, de petites quantités de sulfate d'ammoniaque, et enfin le germe de ce vibrion ou ce vibrion tout formé. Dans l'inter- valle de quelques jours, le lacta'e a intégralement disparu, et une mul- titude infinie de vibrions nouveaux ont pris naissance. Tant qu'il existe du lactate de chaux, les vibrions se multiplient et s'agitent dans la li- queur. Une fois que tout le lactate e3t décomposé, les vibrions tombent comme des cadavres au fond du vase. Les autres fermentations et toutes les levures qui ur sont propres donnent lieu au môme résultat, notam- ment la levure de bière, par laquelle j'avais débuté dans cet ordre d'é- tudes. Toutefois, avec celle-ci, coreme je l'ai expliqué longuement dans le mémoire original, l'expérience est beaucoup plus délicate. Il faut

(1) L'Académie ne reverra peut-être pas sans intérêt un vase ouvert 4ans lequel se trouve de Peau de foin vert depuis le 24 juin 1864, paraphé sur son étiquette par un membre de cette Académie (M. Balard), et qui est resté limpide sans donner trace de fermentation ni de putréfaction, uniquement parce que le col dn vase a été re- courbé et que l'ouverture est placée de telle sorte que les poussières en suspension dans l'air ne peuvent tomber dans le liquide. La poussière s'est ammassée sur les parois extérieures, mais elles n'a pu arriver jusqu'au liquide. Que l'on remplace l'eau de foin par tous les mélanges fermentescibles, et le résultat est le même ; mais vient-on à déposer dans ces liquides une parcelle des poussières qui re- couvrent les parois extérieures, dans l'intervalle de quelques jours altérations ou fermentations diverses apparaissent toujours & la suite de cellules vivantes provenant de germes que la poussière a apportés aveo elle*

LES MONDES S S

multiplier les essais, parce que (Tautres organismes peuvent intervenir et géaer le développement de la levure que l'on a semée. Certains infu- soires, la levure lactique, des mucédinées diverses, trouvent aussi des aliments appropriés à leur vie dans le milieu minéral, et peuvent em- pocher plus ou moins la multiplication du ferment alcoolique. Ce sont ces difficultés qui auront arrêté M. Liebig et qu'il n'aura pas su lever. Mais comment M. Liebig n'a-t-il pas remarqué que ces obstacles mêmes sont une preuve nouvelle de la vérité qu'il conteste ? Est-ce que la naissance de la levure lactique dans le milieu minéral sucré n'a pas, au point de vue général, la même signification que celle de la levure de bière ? Sans doute, le milieu minéral que j'emploie dans cette expé- rience ne donne pis un développement de levure de bière comparable, à beaucoup près, avec ce que Ton obtient en semant de la levure dans du moût de bière, ou dans l'eau sucrée à laquelle on a ajouté des ma- tières albuminoïies, mais je n'ai pas eu la prétention, comme le vou- drait H. Liebig, de donner à l'industrie un moyen pratique de fabriquer en grand la levure de bière, quoique je sois loin de penser que j'échoue- rais dans cette entreprise d'une manière nécessaire, si je la tentais, sur- tout depuis la publication du beau mémoire de M. Raulin sur la nutri- tion de3 Mucédinées. Je maintiens, en un mot, la rigoureuse exactitude de mon expérience.

J'arrive maintenant à la seconde négation de M. Liebig. Elle est rela - tive à la fermentation acétique.

L'Académie se rappelle, sans doute, que j'ai établi le premier la théorie complète de l'acétification, et qu'il est résulté de mon travail un procédé industriel nouveau de fabrication du vinaigre, appliqué au- jourd'hui sur la plus grande échelle. Ses avantages sont considérables» sous le rapport de la rapidité et de l'économie, et la Société d'encoura- gement pour l'industrie nationale a décerné récemment un de ses prix à l'industriel qui a monté la première fabrique de vinaigre par ce pro- cédé.

Le principe en est très-simple : toutes les fois que du vin se trans- forme en vinaigre, c'est par l'action d'un voile de mycodernia aceti déve- loppé à sa surface. H n'existe pas, félon moi, dans un pays quelconque une goutte de vin, aigri spontanément au contact de l'air, sans que le mycoderma aceti n'ait été présent au préalable. Ce petit végétal mi- croscopique a la faculté de condenser l'oxygène de l'air à la manière du noir de platine ou des globules du sang, et de porter cet oxygène sur les matières sous -jacen tes. Je crois avoir établi, d'autre part, que dans le procédé de fabricatioù désigné sous le nom de procédé allemand, les copeaux de bois ou les morceaux de charbon placés dans les tonneaux

iG LES MONDES.

d'acétificiUion ne sont qne des supports pour le mycoderma aceti, et qu'ils n'interviennent pas dans le phénomène chimique parleur poro- sité, comme on le croyait avant la publication de mon mémoire.

M. Liebig nie formellement l'exactitude de ces assertions : « Avec l'alcool dilué, qui sert à la fabrication rapide du vinaigre, dit M. Liehig, les éléments de nutrition du mycoderma sent exclus et le vinaigre se fait sans leur intervention. » H. Liebig nous apprend, en outre, qu'il a con- sulté le chef d'une des plus grandes fabriques d'acide acétique et des mieux conduites qui soient en Allemagne, M. Riemershmied ; que, dans sa fabrique, l'alcool dilué ne reçoit, pendant tout le cours de sa trans- formation, aucune addition étrangère, et qu'en dehors de l'air et des surfaces de bois et de charbon, rien ne peut agir sur cet alcool; que M . Riemershmied ne croit pas à la présence du mycoderma aceti ; enfin M. Liebig n'a vu aucune trace de mycoderme sur des copeaux de bois qui servent depuis vingt-cinq ans dans la fabrique dont il s'agit. Certes, voilà une argumentation qui parait bien décisive ; on ne comprend pas, en effet, la naissance d'une plante renfermant nécessairement, selon moi, des éléments minéraux, et qui serait produite, comme l'affirme M. Liebig, avec des substances qui n'en contiennent pas. Déjà, dans la discussion relative à la levure de bière, dans la première partie de son mémoire, M. Liebig prétend que je crois faire de la levure de bière, qui renferme du soufre, en dehors de la présence d'une combinaison ce corps simple se trouve engagé. Dans l'un et l'autre cas, M. Liebig se trompe; les cendres de levure qui me servent comme milieu minéral, contiennent des sulfates, et quant à l'alcol dilué dont parle M. Liebig, comment n'a-t-il pas remarqué que cet alcool est dilué avec de l'eau ordinaire, qui renferme tous les éléments minéraux nécessaires à la vie du mycoderma aceti. Je maintiens donc encore l'exactitude rigoureuse de mes expériences sur la fermentation acétique. Mais comment éclairer le public ? Comment sortir de l'embarras que soulèvent ces affirmations contradictoires également honorables ? Voici le moyen que j'offre à M. Liebig. Il choisira officieusement, dans le sein de l'Académie, un ou plusieurs de ses membres, en leur demandant de se prononcer entre lui et moi. En leur présence, et avec des substances que M. Liebig pourra fournir lui-même, e reproduirai les deux expériences capitales dont M. Liebig conteste la vérité. Je préparerai, dans un milieu minéral, autant de levure de bière que M. Liebig pourra raisonnablement en demander, à la condition toutefois qu'il veuille bien faire la dépense des expériences. S'il le désire môme, et toujours à cette condition, je pourrai préparer quelques kilogrammes de chair de vibrions, dont tout le car- bone, font l'azote, tout le soufre, tout le phosphore, toutes les matières

LES MONDES. 17

grasses, cellulosiques et autres, sortiront exclusivement d'un milieu à principes minéraux cristallisables et de la matière organique fermen- tescible. Quant à la présence du mycoderma aceti sur les copeaux de hêtre, je propose à M. Liebig de prélever, dans la fabrique de Munich précitée, quelques copeaux de bois, de les faire sécher rapidement dans une étuve et de les envoyer tels quels à Paris, à la Commission dont il s'agit. Je me charge de montrer à ses membres, à la surface de ces co- peaux, la présence du mycoderme.

11 y aurait encore un moyen plus simple peut-être de convaincre M. Liebig de la vérité sur ce dernier point. Pour ma part, je n'ai ja- mais fait l'expérience, mais c'est le propre des théories vraies de donner lieu à des déductions logiques dont la vérité peut être affirmée à priori. Que M. Liebig prie M. Riemershmied de vouloir bien remplir un de ses tonneaux en activité depuis longtemps, et qui donnent lieu chaque jour, comme il nous rapprend, à l'équivalent en acide acétique de 3 litres d'alcool absolu, de vouloir bien, dis-je, remplir ce tonneau d*eau bouil- lante pendant une demi heure au plus; puis, après avoir fait écouler cette eau au dehors, de remettre en marche le tonneau.

D'après la théorie de M. Liebig, le tonneau devra fonctionner tout comme auparavant, et moi j'affirme qu'il ne fera plus du tout de vi- naigre, au moins pendant très-longtemps, et jusqu'à ce que de nouveaux mycodermes aient pris naissance à la sufrace des copeaux. L'eau bouil- lante aura tué l'ancien champignon.

TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE

Appareil autographlqae Meyeis L'emploi en télégra- phie d'appareils autographiques, c'est-à-dire reproduisant le fac simile exact de la dépèche manuscrite et signée de l'expéditeur, présente par la suppression des erreurs de transmission et de traduction, des avan- ages si incontestables pour la sécurité d es destinataires et de l'admi- nistration elle-même, qu'il ne faut pas s'étonner de voir plusieurs hommes habiles s'être efforcés de découv rir un appareil véritablement pratique et donnant une vitesse de transmission comparable aux autres télégraphes.

Description. La dépèche écrite ou dessiuée par l'expéditeur lui-

18 LES MONDES.

même sur papier métallique avec de l'encre isolante, se trouve repro- duite aux deux appareils de transmission et de réception, sur de larges bandes de papier ordinaire, sans aucune préparation chimique, par une impression à l'aide d'encre à tampon ordinaire.

Dans chaque appareil, un mécanisme d'horlogerie par un poids est placé entre deux cylindres A et B, auxquels il communique une même vitesse angulaire de rotation. Ces rouages du poste expéditeur et du poste récepteur doivent marcher en accord parfait. Des pendules coniques d'une construction spéciale à boules très- lourdes K servent à établir ce synchronisme au début, et à le maintenir pendant toute la durée de la transmission.

Le cylindre expéditeur A est isolant, et sert à l'écoulement de la dé- pèche écrite à l'avance sur papier métallique. A côté, se trouve une vis sans fin H mise en mouvement par le rouage ; elle entraîne parallèle- ment à l'axe du cylindre A un chariot armé d'un pinceau de fils mé- talliques D et d'un style frotteur C. Ce pinceau et ce style sont isolés l'un de l'autre et frottent constamment contre le papier métallique de la dépèche.

Pour chaque tour du cylindre A, le chariot se déplace de 1/4 de millimètre, de sorte que tous les points de la surface du cylindre A viennent successivement en contact avec la pointe C. Cette pointe est en communication permanente avec la terre.

Au poste de départ, le pôle positif de la pile de ligne communique constamment, d'une part, avec le pinceau D et la surface métallique de la dépêche ; d'autre part, avec le til de ligne.

Il résulte de cette disposition que la pile de ligne fonctionne tou- jours, mais que la distribution de son courant dépend de la position du style C par rapport aux traits isolants de la dépèche à transmettre. Quand la pointe du style C appuie sur la surface métallique du papier, le circuit de la pile de ligne est fermé par le pinceau D, le style C et la terre. La presque totalité du courant passe par ce court circuit, et la ligne ne reçoit qu'un courant dérivé négligeable. Lopsque, au con- traire, la pointe C du style rencontre un trait isolant de la dépèche, le court circuit est rompu, et le courant de la pile passe nécessairement en entier par le fil de ligne.

Le cylindre récepteur 'B porte sur sa surface une nervure hélicoï- dale ou filet de vis métallique triangulaire faisant un tour entier autour de ce cylindre. Ce filet frotte continuellement contre un tampon imbibé d'encre.

En avant et un peu au-dessous de l'hélice B, un châssis métallique G est disposé de manière à exécuter des mouvements de bascule de

LES MONDES. *9

très- faible étendue, de sorte que eod arèle Tient au contact de l'un des pointe de l'hélice ou B'en éloigne d'une petite quantité.

la bande de papier sur ^laquelle la dépèche doit se reproduire est pliée sur l'arête du châssis métallique, et entraînée lentement d'un mouvement continu.

D'après ce que nous venons de dire, on peut amener le papier à toucher l'hélice qui y marque un point.

Si l'on prolonge la durée du contact pendant la rotation de l'hélice, le point de contact, glissant pour ainsi dire le long de l'arête du chas -

M LES MONDES.

sis, détermine sur le papier une ligue droite transversale. Au bout d'un tour entier, l'hélice recommence sur le papier une nouvelle ligne pa- rallèle à la première, mais distante de 1/4 de millimètre par suite de l 'avancement du papier.

A la face inférieure du châssis G, est fixé un petit électro-aimant E, dont les extrémités du barreau de fer doux font saillie sur la bobine et sont placées en face des pôles d'un aimant permanent en fer à cheval F.

Lorsque la bobine de l 'électro-aimant E est traversée par un cou- rant, les extrémités du barreau de fer doux prennent des polarités de même nom que les pôles en regard de l'aimant fixe F : la bobine est repoussée, le châssis exécute un mouvement de bascule et son arête ne touche plus le lilet de l'hélice. Mais si le courant vient à cesser pendant un temps plus ou moins court, l'aimant F attire de suite le barreau de fer doux revenu à l'état neutre, fait basculer tout le système en sens inverse, et le papier, se trouvant ainsi plus ou moins long- temps en contact avec l'hélice, reçoit l'impression d'un point ou d'une hachure.

" Le courant qui dans chaque appareil produit le mouvement de bas- cule du châssis, et par suite l'impression des hachures^sur la bande de papier, provient d'une pile locale commandée par un relais. Chaque relais se compose d'un aimant permanent fixe et d'un électro-aimant faisant fonction de palette ; il est lui-même animé par le courant de ligne, ainsi que nous l'allons voir.

LES MONDES. 31

Fonctionnement de l'appareil. Du moment le synchronisme cet établi, l'hélice reproductive B présente dans chaque appareil à l'arête du châssis G un point que nous nommerons point reproducteur, et dont la position correspond exactement à celle de la pointe C sur la circonférence du cylindre expéditeur, c'est-à-dire que si le commen- cement d'une ligne de la dépêche manuscrite passe sous la pointe C, le point reproducteur se trouve au bord delà bande de papier. Lorsque le cylindre A a tourné de 1 millimètre, par exemple, afin que la pointe G passe du premier trai t de la dépêche au second, le point reproduc- teur s'est déplacé lui-même de 1 millimètre, et ainsi de suite. L'on voit que tous les points de la ligne de la dépêche manuscrite qui passent sous la pointe C correspondent aux mêmes points de la ligne

du fac-similé, en regard du point reproducteur. Lorsque la pointe G appuie sur la surface métallique du papier de la dépèche, le circuit court de la pile de ligne est fermé, la ligne ne reçoit qu'un courant de dérivation insignifiant, les relais maintiennent fermés les circuits des piles locales, les bobines E sont repoussées, les bandes de papier sont éloignées des hélices ; il n'y a pas d'impression.

La pointe C passe sur un trait isolant de la dépèche, le court circuit de la pile de ligne est rompu, le courant passe en entier sur la ligne et anime les deux relais, les bobines palettes des deux relais sont - brusquement repoussées et rompent les circuits des piles locales. Les bobines E sont attirées, les papiers sont pressés contre les filets des hélices B qui y impriment une courte hachure. Au bout d'un tour entier du cylindre expéditeur A, nous avons vu que le style C s'est déplacé latéralement de 1/4 de millimètre, la bande de papier a été elle-même tirée de la même quantité, et la pointe C, venant à passer

22 LES MONDES.

sur le prolongement du trait isolant que nous avons déjà considéré, détermine une nouvelle émission du courant de la pile dans la ligpe* Or, pendant le tour entier du cylindre A, l'hélice B a fait aussi un tour entier, et le point reproducteur est revenu au-dessous de la posi- tion première il avait fait une petite hachure, de sorte que la nou? velle impression produite par le courant de ligne se trouve être le prolongement du trait dans le fac-similé de la dépèche.

On obtient le synchronisme entre les appareils au départ, et on le maintient pendant tout le temps de la transmission en agissant sur les boules des pendules à l'aide d'un petit treuil.

Conclusions. Sous le triple point de la régularité du synchro- nisme, de la sûreté et de la netteté de la reproduction de la dépèche el de la vitesse de transmission, l'appareil de M. Meyer est très-supé- rieur aux deux autres.

Enfin, pour terminer, citons textuellement quelques phrases tirées d'un rapport fait au ministre de l'intérieur, par le directeur général des lignes télégraphiques, en date du 2 octobre 1869. Extrait d'un rapport du perfectionnement des lignes télégraphiques françaises. Tel que nous venons de le décrire, cet admirable appareil a très-bien fonc- tionné de Paris à Lyon, pour lui faire franchir directement la distance de Paris à Marseille, ou de Londres en Chine, il fallait un relais plus automatique qu'il a été donné à M. d'Arlincourt d'inventer et que nous allons décrire pour la première fois.

Relais fondé sur un nouveau principe électro- magnétique par M. d'Arlinqourt. Kn télégraphie électrique, le relais sert à introduire dans le circuit une pile supplémentaire dans tous les cas le courant envoyé sur la ligne par le poste expéditeur n'a pas une intensité suffisante pour produire l'effet voulu.

Placé au poste de réception, le relais reçoit le courant de ligne e ferme le circuit d'une pile locale dont le courant met en jeu l'apparei récepteur.

Disposés en translation sur la ligne, les relais permettent d'établir la correspondance électrique entre deux postes trop éloignés pour que la communication directe soit possible.

Dans les relais généralement employés, une palette mobile oscille sous l'influence d'un électro-aimant ; ces appareils ont des inconvénients signalés depuis longtemps.

Le fer de la palette oscillante et des noyaux de l'électro-aimant con- serve toujours un peu de force coercitive; il en résulte que la désai- mantation de ces pièces n'est pas instantanée, et que la transmission

LES MONDES. 23

est nécessairement ralentie. D'ailleurs, le moindre changement sur- venu dans la longueur ou l'isolement de la ligne, et même dans le mode de transmission, exige un nouveau réglage de l'appareil, car le magnétisme rémanent des pièces de fer doux varie nécessairement avec l'intensité et la durée du courant de ligne.

Les courants de retour inévitables, et parfois si intenses sur les lon- gues lignes, sont une cause de perturbation par les relais disposés en translation. Quand on ne parvient pas à les supprimer, les relais sont transformés en trembleurs et toute transmission est impossible.

Le relais n'en est pas moins un organe dont la télégraphie électri- que ne saurait se passer; il y aurait donc grand avantage à construire un appareil de ce genre, qui permit de se mettre à l'abri de l'action des Courants de retour et de l'influence pertubatrice des variations du magnétisme rémanent. Je pense avoir complètement résolu ce problème en faisant reposer la construction de mon relais sur l'ap- plication d'un principe nouveau.

Soit G (fig. 1) un barreau d'acier régulièrement aimanté ; ses pôles a, h (austral et boréal) sont pfacés sur un axe de figure x 7. Soit en outre D une aiguille aimantée dont le pivot est sur le prolongement de l'axe xy; cette aiguille est nécessairement dirigé suivant l'axe x 7, sur pôle boréal b tourné vers le pôle austral a du barreau aimanté G.

Soit E (fig. 2), un électro-aimant, dont la bobine est traversée par un courant continu et dont les pôles sont disposés comme l'indique la ligure.

Cela posé, plaçons l'électro-aimant sur l'extrémité australe du bar- reau C (fig. 3), son pôle austral a à droite, et son pôle boréal b à gau- che de }'axe de figure xy du barreau. Immédiatement l'aiguille ai- mantée D est déviée, sur pôle boréal i, à droite de Taxe x 7, vers le pôle austral a de l'électro-aimant. Si, alors, on éloigne l'électro- aimant, l'aiguille aimantée (fig. 4) obéit à un mouvement de sens inverse ; son pôle boréal b passe à gauche de l'axe x 7 et persiste dans cette nouvelle position indiquant un déplacement permanent du pôle austral a du barreau G, à gauche de son axe de symétrie x 7.

Si l'on replace l'électro-aimant dans la position de la figure 3, l'extrémité boréale de l'aiguille D repasse à droite de l'axe x 7; eette extrémité de l'aiguille repasse et se fixe à gauche de l'axe x 7, quand l'électro-aimant est de nouveau éloigné.

Il suffit de changer la position des pôles de l'électro-aimant par rapport à l'axe de figure X7 du barreau aimanté pour que l'extrémité boréale de l'aiguille D exécute des mouvements de même nature, mais de sevs inverse.

24

LES MONDES.

En résumé, tant que l'électro-aimant reste accolé à l'extrémité australe du barreau G, l'extrémité boréale b de l'aiguille D reste dé- viée du côté de l'axe xy, occupé par le pôle austral de l'électro-aimant.

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Quand au contraire l'électro-aimant est éloigné, l'extrémité boréale de l'aiguille est B, déviée du côté opposé de Taxe xy et se fixe dans cette nouvelle position.

LES MONDES. 25

L'explication de ces mouvements de l'aiguille est bien simple. Lorsque (Gg. 3) l'électro-aimant est placé sur l'extrémité australe Ju barreau, le pôle austral de ce barreau, repoussé par le pôle austral et a ttiré par le pôle boréal de l'électro-aimant, est déplacé et refoulé à gauche de Taxe de figure xy. Au moment l'on éloigne l'électro- aimant, ce pôle austral a du barreau, retenu par la force coercitive, reste fixé (fig. 4), à gauche de l'axe xy.

Mais tant que l'électro-aimant est maintenu dans la position de la figure 3, malgré le déplacement du pôle austral du barreau à gauche de xy, l'extrémité boréale b de l'aiguille est déviée à droite, parce que l'action attractive du pôle austral de l'électro-aimant est prédominante; au contraire, quand l'électro-aimant est éloigné, i* extrémité boréal b, de l'aiguille, n'étant plus soumise (fig. A) qu'à l'attraction du pôle austral a déplacé du barreau, passe instantanément et se fixe à gauche de Taxe xy.

Au lieu de rapprocher et d'éloigner successivement les pôles de l'électro-aimant de l'extrémité australe du barreau aimanté C, on peut procéder autrement.

L'électro-aimant est appliqué d'une manière permanente sur l'ex- trémité australe du barreau et le fil des bobines est traversé par des courants interrompus.. A chaque passage du courant, l'extrémité boréale de l'aiguille est déviée vers le pôle austral de l'électro-aimant; à chaque interruption l'extrémité boréale de l'aiguille est déviée en sens contraire. On peut ainsi imprimer à l'aiguille des oscillations dont la rapidité dépend uniquement de la rapidité des interruptions du cou- rant.

Cette seconde manière d'opérer est même plus avantageuse que la première. En effet, au moment de l'interruption du courant, le fil des bobines est traversé par un extra-courant direct qui exalte l'aiman- tation des pôles de l'électro-aimant et contribue puissamment au dé- placement du pôle austral du barreau aimanté.

A l'extrémité australe a d'un fort barreau aimanté, recourbé en fer à cheval G (fig. 5), fixons les noyaux de fer doux d'un électro- aimant. Soit P, une palette de fer doux verticale, placée entre les branches de l'électro-aimant et mobile autour d'une charnière de fer fixée à l'extré- mité boréale b du barreau aimanté. Cette palette représente nécessaire- ment un pôle boréal permanent.

Si l'on fait passer à travers les bobines de l'électro-aimant une série de courants interrompus, la palette P exécutera nécessairement des oscillations identiques à celles de l'aiguille aimantée dont nous avons parlé plus haut. A chaque passage du courant, la palette P se dé*

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20 LES MONDES.

placera du côté du pôle austral de l'électro-aimant ; a chaque inter- ruption, elle sera repoussée en sens contraire et se fixera dans cette nouvelle position. Il suffira d'ailleurs de changer le sens du cou- rant pour imprimer à la palette P des oscillations de même nature et de sens contraires.

Des vis métalliques placées à droite et à gauche de l'extrémité libre de la palette P, permettent de limiter l'amplitude de ses oscillations et d'établir les contacts nécessaires au fonctionnement d'un relais télé- graphique.

Le relais que j'ai construit d'après ces principes jouit des avantages suivants :

En raison de l'aimantation permanente de la palette et de la nature des forces qui commandent ses oscillations, le jeu de l'appareil ne peut être ni troublé ni ralenti par l'action du magnétisme rémanant.

Le jeu de l'appareil est indépendant du sens et de l'intensité du courant ; il marche donc sans réglage et supporte l'inversion sans dif- ficulté. On peut donc, sans ralentir la transmission, multiplier cet appareil sur le trajet des mauvaises lignes et, de lait, les améliorer.

Il peut être disposé en translation et permet de supprimer com- plètement les courants de retour des longues lignes.

La palette oscille avec une telle rapidité que la transmission par l'intermédiaire de ce relais est aussi rapide qu'en communication directe.

Déjà l'expérience a permis de constater la supériorité de mon relais sur tous les appareils connus du même genre. Dans les essais faits à l'administration générale :

Ie J'ai pu imprimer directement une dépêche de Paris à Marseille avec un appareil autographique. La vitesse de transmission est, dans ce cas, au moins aussi considérable qu'avec l'appareil Hughes.

Avec ce relais disposé en translation à Paris, j'ai pu transmettre des dépêches télégraphiques de Marseille à Londres, à travers le câble de Dieppe. La correspondance, dans ce cas, s'opère avec la plus grande sûreté et avec le maximum de vitesse.

PHYSIQUE

Etude de» vibrations, moléculaire» du mereure et de* liquide» en général, par M. Barthélémy, Si, au lieu de produire un simple ébranlement, on fait vibrer par contact, avec

LES .MONDES. 27

un diapason suffisamment lourd, ut2l par exemple, un vase de verre rectangulaire plein de mercure ou seulenlent la table qui le supporte, on voit, même à l'œil nu, la surface du mercure se rider dans les deux sens et présenter en même temps des parties plus ternes parallèles aux diagonales.

On peut, avec une lunette, observer de plus près les lignes nodales et prendre leur largeur ; toutefois, la projection du phénomène est plus nette et constitue une des plus brillantes expériences d'optique appli- quée à l'étude du mouvement vibratoire.

Projection du phénomène. On renvoie sur la surface du mer- cure, et aussi normalement que possible, à l'aide d'un miroir, un large faisceau de lumière solaire ou électrique, et l'on interpose sur le trajet du faisceau réfléchi une lentille qui donne sur le plafond, ou sur un mur, une image brillante du bain de mercure; on excite ensuite le diapason ufr,* et on le place soit sur la table, soit sur la cuve. On

voit alors se produire une magnifique image, l'on reconnaît les deux systèmes de nodales perpendiculaires aux deux faces du rectan- gle. Les lignes nodales seront alternativement renforcées et leurs sommets très-brillants formeront des rectangles dont les centres seront les sommets d'un autre système de carrés moins brillants, formés par les lignes nodales obtenue s plus faibles ; c'est ce que montre la figure encontre, qui ne peut donner qu'une faible idée du phénomène.

Lorsque les vibrations sont assez faibles pour ne pas produire de trépidations, l'image est as sez fixe pour pouvoir être photographiée.

Peu à peu, les vibrations devenant plus lentes, l'un des deux sys- tème s'éteint, et l'autre systè me persiste, ne présenta nt que des ren- flements aux sommets des carrés. Elles se montrent encore longtemps après que toute vibration est devenue insensible dans le diapason; tou- tefois, en soulevant celui-ci , elles s'éteignent aussitôt.

On peut compter le nombre de ces raies, et en divisant la longueur du côté par ce nombre, on a la largeur des bandes de vibrations. J'ai trouvé pour uU la valeur de lmm, 3. Avec ut%9 la largeur devient dou- ble ; avec tifs, la moitié. D'où 0 le nombre des lignes nodales est en raison directe du nombre de vibrations du diapason. 9

28 LES MONDES.

Si, en même temps que le diapason vibre, on imprime une secousse, on voit se former les ondes de M. Faye, qui n'ont aucune influence sur les vibrations fixes. Si l'on fait vibrer en même temps u(, et ut„ on voit se former les deux systèmes d'images, qui se superposent de deux en deux lignes nodales, comme on devait s'y attendre, d'après l'indé- pendance des mouvements simultanés. 11 en est de même lorsque le diapason rend des harmoniques; mais il faut que les vibrations aient une énergie à peu près égale, sans quoi les plus faibles sont masguées par les plus fortes.

L'image des poussières qui sont à la surface du mercure ne parait pas influencée par le mouvement vibratoire ; on les voit même, par des effets calorifiques, se transporter à la surface de l'image fixe.

Vibrations dans des voies de diverses forme*. En faisant varier la forme du vase on obtiendra des phénomènes très-différents : dans un vase triangulaire , composé de lames de verre implantées dans un morceau de bois, on obtient de beaux hexagones, dont les côtés sont parallèles, deux à deux, aux hauteurs du triangle, et ont pour lon- gueur le double de la largeur de vibration.

Les sommets de ces hexagones sont très-brillants, et leurs centres disposés naturellement sur des parallèles aux cotés servent de sommets à un second système d'hexagones formés par les parties des lignes nodales qui sont plus faibles. La figure ci-dessous donne une idée de ce phénomène :

En prenant des vases de diverses formes on obtien dra Jes effets variés, dans lesquels on verra toujours une combinaiso n des lignes nodales perpendiculaires aux cotés, et se renforçant suivant une loi déterminée.

Dans un vase circulaire, on a deux syst èmes de nodales, les unes suivant des rayons, les autres concentriques. Ces dernières sont des ondes réfléchies, car tous les mouvements vibratoires se rencontrant au centre, celui-ci devient l'origine de mouvements circulaires. On a ainsi des trapèzes à bases courbes. Si le mouvement est assez fort, on voit se former une croix fans vibration , surtou t si l'on touche le vase,

LtCS MONDES. â9

et le mouvement s'éteint par deux secteurs opposé*. Une croix bril- lante part du centre dans les quatre parties vibrantes. On peut obtenir le même phénomène en attaquant le verre à l'archet et mettant une légère nappe d'eau sur le mercure. Les poussières qui se déposent sur la surface du mercure se rassemblent sous l'influence de la vibration en cercles parallèles dans quatre secteurs ; les sommets sont occupés par quatre petits tas de poussières.

Si le vase n'est pas exactement sphérique, l'image lumineuse pré- sente deux centres voisins et deux systèmes de nodales circulaires qui se coupent.

On obtient des résultats fort intéressants avec des cuves elliptiques.. La cuve dont je me sers est en bois de noyer et est creusée en ellip- soïde. Lorsqu'on la fait vibrer, on voit les deux foyers occupés par une nodale allongée, d'où partent quatre branches curvigilignes qui for- ment un losange dont les sommets sont sur le petit axe. Ces branches sont formées par une sinuosité que forment les nodales parallèles au grand axe. L'intérieur de ce losange est occupé par des carrés formés par deux systèmes de nodales parallèles aux deux axes. A l'extérieur des foyers , sont des courbes de réflexion formant des ellipses. Cela ressemble un peu, en somme, aux figures obtenues en faisant tomber du mercure & l'un des foyers; mais il faut remarquer qu'ici le mode de production est très-différent.

Pour la théorie de ces phénomènes, il faut d'abord remarquer que la production est en réalité la même que celle des ondes des frères Weber et de M. Paye, puisque les vibrations «lu diapason produisent dans le vase des secousses verticales successives, produisant des ondes fixes proportionnelles par leur nombre aux vibrations du diapason. Les vibrations du mercure ont lieu perpendiculairement aux lignes nodales, le mercure se soulève le long d'une ligne nodale et se creuse au milieu. Les deux syBtèmeB de nodales perpendiculaires don- nent lieu à des compensations de mouvements rectangulaires sem- blables à celles que M. Terquem a, d'après Seebeck, admises pour les vibrations des corps solides, dans le sens longitudinal. Ou concevra facilement le renforcement de certaines lignes nodales, l'affaissement

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30 LES MONDES.

des autres. Enfin, le cas des vases elliptiques mérite une étude parti- culière par les effets qu'ils produisent.

Les liquides autres que le mercure produisent des effets semblables, mais naturellement moins brillants. J'ai constaté que la largeur des lignes est sensiblement la même que pour le mercure.

REVUE DE L'INDUSTRIE

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE MULHOUSE

Résumé des dernières livraisons

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•tir l'emploi de» récltauflTeurs en tôle, par MM. D.

Scheurer-Kestner et Charles Meunier-Dollfus. Conclusions. Pour remédier autant que possible aux inconvénients résultant de l'emploi d'une eau trop froide ou du refroidissement exagéré de la fumée, on peut recouvrir les surfaces métalliques intérieures (les der- niers réchauffeurs d'une couche de couleur et les surfaces extérieures d'une couche d'étain.

S'il s'agit d'établir des réchaufîeurs neufs, il convient d'adopter des systèmes qui permettent de remplacer la tôle par la fonte. En effet, la fonte résiste mieux que le fer à l'action des gaz acides. Nous avons remarqué que les tètes en fonte des réchauffeurs, dans les parties qui n'étant pas noyées dans la maçonnerie sont exposées au courant ga- zeux, sont infinimennt moins attaquées que la tôle. Cette différence provient de deux causes : la première réside dans la nature même du métal; la seconde dans son épaisseur qui permet à la surface extérieure de rester plus chaude et rend la condensation moins facile. D'ailleurs une longue expérience confirme cette opinion. En effet, des appareils réchauffeurs en fonte, installés depuis de longues années en Alsace, ont résisté aux altérations que nous venons de décrire. Quoiqu'il en Boit, les avantages que présentent même les réchauffeurs à grand dia- mètre en tôle, au point de vue de la consommation du combustible, l'emportent de beaucoup sur les dépenses qu'entraînent leur installa- tion et leur réparation. Il nous suffira de citer comme exemple les chaudières dont les réchauffeurs se sont trouvés dans les conditions

LfcS MONDES. 31

les plus favorables à leur effet utile, par suite d'une consommation de combustible quotidienne très -faible.

La consommation de la houille ayant été de 647 tonnes (moyenne de trois années), et sachant que l'économie due à ces rechauffeurs est de 8 pour 100, on trouve que l'économie annuelle est de 52 tonnes de houille ou environ 1 040 francs par ans, à 20 francs la tonne de com- bustible; le prix de trois rechauffeurs pour une chaudière étant d'en- viron trois mille francs, il en résulte que les rechauffeurs sont payés en moins de trois années. Comme en général la consommation quoti- dienne de la houille se trouve être beaucoup plus considérable, l'effet utile du rechauffeur en est augmenté et la dépense de cette addition de surface de chauffe se trouve encore plus rapidement couverte par

l'économie de combustible. (Bulletin de la Société de Mulhouse, 1871.)

Note «ur quelque* particularité* observée* dan* certaine» oxydation* produite» par l'acide azotique,

par M. Ernest Schlumberger. Conclusions. Lorsque l'on met simultanément en présence de l'acide azotique deux subsances inéga- lement oxydables, à une température et dans des conditions telles que, prises séparément, Tune serait oxydée et l'autre ne le serait pas, il peut s'établir entre ces deux substances une solidarité telle que le sens de la réaction dépende de leurs proportions relatives, et que si c'est la substance la plus oxydable qui domine, elle entraîne l'autre dans son oxydation; si au contraire c'est cette dernière qui l'emporte, elle em- pêche aussi l'oxydation de la première. (Ibid.)

Étude» complémentaire* *ur la formation du ronge d'aniline, par M. Rosenstihel. Des coupons de diverses étoffes de coton avaient été collés les uns à la suite des autres, puis on avait imprimé une couleur pour noir d'aniline au rouleau, et on les avait exposés dans une chambre chaude pour développer le noir. Plusieurs coupons, dont le blanc avait été parfait avant leur entrée dans la chambre chaude, étaient colorés en rose plus ou moins intense; d'autres étaient restés blancs. Les coupons blancs alternaient d'une manière fort irrégulière avec les coupons colorés. Cette distribution du phénomène conduit à cette conclusion que le tissu lui-même doit avoir, joué un rôle dans la formation de la matière rose, et le double problème s'est imposé immédiatement à l'esprit : quelle est la ma- tière rose qui se forme dans les parties non imprimées en noir? quelle est la matière qui existe dans le tissu et qui favorise la for* mation de la substance rose ?

32 LES MONDES.

Une étude expérimentale approfondie a conduit aux conclusions suivantes :

La pseudotoluidine seule, chauffée avec l'acide arsénique à 170° C, se convertit partiellement en pseudoaniline;

La même transformation à lieu à froid quand la pseudotoluidine seule et ses sels sont exposés à l'air ;

Cette réaction est la plus sensible des réactions colorées de la pseudotoluidine, elle n'est pas entravée par la présence de la toluidine ni par celle de l'aniline ;

La formation de pseudotoluidine sur étoffe est fréquente dans la fabrication des noirs d'aniline, elle constitue un accident désagréable ;

La distillation sèche de l'indigo avec un alcali produit un mé- lange d'aniline et de pseudotoluidine. (Ibid.)

Procédé économique de cliché galvanique, por M. Co- blence. — L'économie de ce procédé réside dans la faible épaisseur du dépôt galvanique, et n'a été rendu possible que depuis que le mou- lage à la cire a pu remplacer le moulage à la guttapercha. Voici le mode d'opérer :

Un bois gravé ou une forme typographique étant donnée, on prend un châssis de grandeur convenable, on le pose snr un marbre de ni- veau et l'on y coule une solution de cire, de colophane et de térében- thine : en se refrodissant, ce mélange forme une surface unie ; on y applique le bois gravé ou la forme et on exerce une forte pression par dessus. On obtient de cette manière un moule qu'on plombagine et qu'on plonge ensuite dans un bain galvanique de cuivre. La feuille métallique dont il se recouvre et qui est la reproduction fidèle du relief de la gravure originale prend le nom de coquille ; son épaisseur est proportionnelle à la durée de l'immersion, qui n'est plus guère que de 12 heures au lieu de 36. En raison Je ce peu d'épaisseur, cette coquille a besoin d'être consolidée pour servir à l'imprimerie. C'est pourquoi on la double avec l'alliage des caractères typographiques, c'est-à-dire avec l'alliage de plomb et d'antimoine. Le doublage effec- tué, le cliché est presque prêt; il ne reste plus qu'à rogner les bavures du métal à la scie et au rabot, à les mettre d'égale épaisseur, au moyen d'une machine spéciale, et enfin à le clouer sur une planchette qui lui donne la hauteur réglementaire des caractères d'imprimerie.

Ce procédé permet à M. Coblence de donner des clichés de texte avec gravure au prix de 0 fr. 01 c. par centimètre carré. (M. Bulletin de la Société d'encouragement, juillet 1871.)

LES MONDES, 33

Sur quelques propriété*» du fer déposé par vole électro-chimique, par M. Lenz. (Extrait.) Conclusions. Le fer et le cuivre déposés par les courants électriques retiennent des gaz, principalement de l'hydrogène;

2tt Le volume des gaz absorbés par le fer varie entre des limites fort étendues, cependant le fer peut parfois devenir capable d'absorber de très-grandes quantités de gaz, jusqu'à 185 fois son volume;

L'absorption des gaz a lieu principalement dans les couches qui 6e déposent les premières;

Quand on chauffe le fer électrolytique, le dégagement des gaz absorbés commence au-dessous de 100 degrés. A cette température, c'est surtout l'hydrogène qui se dégage.

Le fer réduit galvaniquement, puis porté au rouge s'oxyde sous l'eau, en partie au moins aux dépens de l'oxygène de ce liquide dont il absorbe en totalité ou en partie l'hydrogène devenu libre. (Ibid.)

ASTRONOMIE PHYSIQUE

Explosion sur le «toleil, communiqué par le professeur C. A. Young au Journal de Chimie de Boston. Le 7 septembre, entre midi et demi et deux heures, il se produisit une explosion de l'énergie solaire remarquable par sa soudaineté et sa violence. Tout l'après-midi l'auteur avait observé avec le telespectroscope(i) une énorme protubérance, ou nuée d'hydrogène, sur le limbe oriental du soleil. Elle s'était maintenue avec très-peu de change- ment depuis le midi précédent, comme une nuée longue, basse, tranquille, ni très-dense ou brillante, ni bien remarquable, excepté par son étendue. Elle était principalement formée de filaments, la plupart presque horizontaux, et flottait au-dessus de la chromos- phère, sa surface inférieure étant à une hauteur d'environ 15,000 milles; mais elle lui était rattachée, comme cela a lieu ordinaire- ment, par trois ou quatre colonnes verticales plus brillantes et plus actives que le reste. Elle avait 3' 45" de longueur et environ 2' de

(1) C'est le nom donné par Shellea à la combinaison de la lunette astronomique avec le spectroscope.

31 LES MONDES.

hauteur à la surface supérieure, c'est-à-dire, puisque à la distance du soleil 1" est égale à près de 456 milles, c'était environ 100,000 milles de longueur sur 54,000 milles de hauteur.

A 12 h. 30 m, ayant été appelé au dehors pour quelques mi- nutes, il n'y avait rien qui indiquât ce qui était sur le point d'arri- ver, excepté que la colonne à l'extrémité méridionale de la nuée était devenue beaucoup plus brillante et était courbée d'une ma. nière curieuse d'un coté, et que, près de la base d'une autre colonne à l'extrémité nord, s'était développé une petite masse brillante, ressemblant beaucoup par sa forme à la partie supérieure d'un nuage orageux de l'été.

'■' Lafig. 1 représente la protubérance à cet instant; a est le petit nuage orageux.

Quelle fut alors ma surprise, en revenant moins d'une demi- heure après 12 h. 55 m.), de trouver que dans cet inlervalle tout avait été littéralement mis en pièces par quelque explosion inconcevable venue d'en bas. Au lieu du nuage tranquille que j'avais laissé, l'air, si je puis me servir de celte expression, était rempli de débris flattants, d'une masse dt filaments verticaux fu- siformes et séparés, ayant chacun de 16" à 30* de longueur sur 2" ou 3" de largeur, plus brillants et plus rapprochés les uns des autres se trouvaient d'abord les piliers, et s'élevant rapide- ment.

Lorsque je les vis d'abord, quelques-uns avaient déjà atteint une hauteur de près de 4' (100,000 milles}, et pendant que je les ob- servais, ils s'élevaieut avec un mouvement presque perceptible a l'œil, et au bout de dix minutes 1 h, 5 m.) la plupart étaient à plus de 200,000 railles au-dessus de la surface solaire. Ceci a été constate par une mesure faite avec soin; la moyenne de trois dé-

LES MONDES. 35

terminations très -concordantes a donné T 49" pour l'altitude ex- trême à laquelle ils sont arrivés, et j'insiste particulièrement sur ce point parce que, autant que je puisse savoir, la matière de la chnmospuère (hydrogène rouge dans ce cas) n'a jamais été obser- vée à une altitude supérieure à 5'. La vitesse de l'ascension (166 milles par seconde) est considérablement plus grande qu'aucune autre qui ait été encore observée.

Fig. l. La iig. 2 peut donner une idée générale du phénomène au mo- ment où les filaments étaient à leur plus grande hauteur. A mesure que Us filaments s'élevaient ils s'affaiblissaient graduellement comme nn nuage qui se dissout, et a 1 h. 45 m. il ne restait pour

36 LES MONDES

marquer la place qu'un petit nombre de légers flocons nuageux,

avec quelques flammes basses plus brillantes près de la chromos-

phère.

Mais en même temps la petite masse semblable 4 un nuage ora- geux avait grandi et s'était développéed'une manière étonnante en une masse de flammes qui se roulaient et changeaient sans cesse, pour parler suivant les apparences. D'abord ces flammes se près, saient en foule comme si elles se fussent allongées le long de la sur- face solaire ; ensuite elles s'élevèrent en pyramide aune hauteur de 50,000 milles ; alors leur sommet s'allongea en longs filaments qui étaient enroulés d'une manière curieuse d'avant en arrière et de haut en bas, comme les volutes de chapiteaux ioniques; enfin elles s'affaiblirent ; et à 2 h. 30 m. elles s'étaient évanouies comme le reste. Les fig. 3 et 1 les représentent dans leur développement complet; [a première a été dessinée al h. 40 m. et la dernière à 1 h. 58 m.

L'ensemble du phénomène suggère forcément l'idée d'une explo- sion sous la grande protubérance, agissant principalement de bas en haut ; mais aussi dan? toutes les directions au dehors, et ensuite après un certain intervalle, suivie d'un affaissement correspondant; et il ne parait pas impossible que les flammes mystérieuses de la couronne, si l'on vient à reconnaître qu'elles viennent réellement du soleil, comme il semble maintenant probable, ne puissent trouver à leur origine une explication dans des événements sem-

Dans la même après-midi, une partie de la chromosphère du bord opposé (4 l'ouest) du soleil a été, pendant plusieurs heures, dans un état d'excitation et d'éclat inaccoutumés, et fit voir dans le spectre plus de 120 raies brillantes, dont la positiou a été déter- minée et cataloguée.

LES MONDES. 37

Il n'est peut-être pas certain que la belle aurore boréale qui apparut ensuite le soir fût réellement une réponse à cette magni- fique explosion du soleil, mais la coïncidence en suggère au moins l'idée et peut devenir facilement quelque chose de plus, si, comme j'espère un peu l'apprendre, les enregistrions magnétiques de Greenwich indiquent une perturbation précisément simultanée avec l'explosion solaire.

(Scientific American, 18 novembre 1871.)

ACADEMIE DES SCIENCES.

Séance du 11 Décembre 1871.

Sur la composition de la chaux phosphatée récemment exploitée dans les départements de Tarnet-Garonne et du Lot, par M. A. Bobiehre. Le résultat de l'analyse est que la chaux phosphatée soumise à l'examen est'un phosphate tribasique avec extrait de chaux combinée à l'acide carbonique, au fluor et au chlore.

Le mode d'essai trop souvent employé pour le dosage des phos- phates destinés à l'agriculture, et qui consiste à précipiter par l'ammoniaque leur solution acide, fournit, lorsqu'il s'agit de la chaux phosphatée de Caylux, des résultats extrêmement inexacts.

Or, les 32,94 d'acide représenteraient 71,60 de phosphate triba- sique et non 67,60. C'est donc la chaux qui fait défaut dans le pré- cipité. Or, j'ai démontré, à la suite de nombreux essais sur les nodules de l'Est, que c'est ordinairement la chaux qui est en excès, et dont le poids s'ajoute au phosphate tribasique.

Sur les gisements de chaux phosphatée des cantons de Saint- Antonin et de Caylux [Tarn-et-Garonne), par M. Trutat.— Si l'on examine attentivement la direction des divers gisements, l'on re- connaît bientôt que tous se rangent dans les deux directions signa- lées par M. DaubréP : les uns allant de l'est à l'ouest, les autres étant sensiblement perpendiculaires aux premiers. Évidemment ces deux directions constantes ont être produites par des causes puissantes et qui ont étendu leur action à la rontrée toute entière. Ces causes sont des failles, qui ont donné au pays son relief actuel. L'une, la faille du Varen, est dirigée est-ouest et suit plus ou moins la rivière de l'Àveyron; l'autre, la faille de la Bonnette, marche au contraire suivant une direction nord 25 degrés est.

38 LES MONDES.

La chaux phosphatée occupe les fentes du calcaire dans toute leur étendue ; elle est commpacte, à texture rubanée, à cassure vitreuse, et ce n'est qu'accidentellement que certaines parties de ces gisements contiennent des masses géodiques.

Dans les débris fossiles assez nombreux, les deux espèces dq- minantes sont : des Paleotherium, très-voisins du Médium de Cuvier ; de grands Suilliens, très-voisins du genre Chœropota- mu$ et qui rentreront probablement dans le genre Fntelodon. Nous avons aussi trouvé quelques débris que nous attribuons, mais avec doute, à un Lophiodon, toutes espèces éocènes. A côté, nous de- vons citer un Rhinocéros de très-petite taille, un Cainotherium, un Cynodon et une Tortue terrestre. Nous rappellerons que, dans le midi de la France, les Rhinocéros ont apparu pendant l'époque éocène. M. le docteur Ph. Thomas a parfaitement rattaché à ce terrain le Rhinocéros de Montans (Tarn].

M. Maunowski adresse, de Cahors, une nouvelle Note relative à l'origine organique qu'il croit devoir attribuer aux phosphates de chaux naturels exploités dans le Quercy. L'auteur fait remarquer que cette opinion est celle qui avait été émise, dès Tannée 4715, par Réaumur, dans des recherches l'on retrouve le soin et la sa* gacité qui caractérisent tous les travaux de l'illustre académicien : ces recherches sont insérées dans l'Histoire de V Académie des Sciences pour l'année 1715, sous le litre « Observations sur les mines de turquoises du Royaume, sur la matière qu'on y trouve, et sur la manière dont on lui donne la couleur. » M. Malinowski fait remarquer la ressemblance qui existe entre les objets figurés dans les planches qui accompagnent le Mémoire de Réaumur et les échantillons qu'il adresse lui-même à l'Académie.

M. Resax soumet au jugement de l'Académie un Mémoire portant pour titre « Relation entre la pression et le poids spécifique de la vapeur d'eau saturée. »

M. Tissot adresse une Note relative aux ravages du Phylloxéra vastatrix.

M. Fondet, président Tribunal civil de Chalons-sur-Saône, adresse à l'Académie, à propos de la question qui a été récemment soulevée devant elle/Hes titres de Nicéphore Niepce à l'invention de la Photographie, un exemplaire du Rapport fait par lui, le 10 fé- vrier 1869, au conseil municipal de cette ville. M. Fondet propose, en outre, à l'Académie, de lui adresser les copies de documents inédits qui ont été en sa possession, et qui sont de nature à établir les droits du véritable inventeur de la Photographie.

LES MONDES. 39

L'Académie a reçu, à l'adresse de la Rédaction de ses Comptée rendus, la lettre suivante de M. Johann -Ambhoslus Barth, à Leip- sick :

o J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint une suite de trois bro- chures relatives à une question très-importante de l'histoire de la Chimie, qui, Tannée dernière, a ému les savants du monde entier, excepté ceux du pays le plus engagé, de la France,

a Veuillez,s'il vous plalt,en donner une critique dans votre jour- nal estimé (Comptes rendus), et m'en adresser aussitôt que possible un numéro contenant ladite critique.

a Je ne manquerai pas, à la première occasion, de vous prou- ver ma reconnaissance, et vous salue, Monsieur, bien sincère- ment, o

Sans rechercher par qui et dans quel but, dit M. Damas, cette lettre, au moins étrange, a été inspirée, on la publie. Lavoisier, dont les brochures qu'elle nous annonce dénigrent les travaux, appartient à l'bistoire, et ses œuvres sulfisent à sa défense. L'Aca- démie n'a pas à s'engager dans une polémique, ouverte avec tant d'opportunité, Vannée dernière, comme le remarque M. Barth, c'est-à-dire pendant le siège de Paris.

Sur un nouveau propulseur, par M. de Tastes, Chargé, en qualité de Membre de la Commission scientifique attachée à la dé- légation de Tours, d'examiner une foule de projets, venus de tous les points de la France et de l'étranger, ayant pour objet la pro- pulsion des aérostats, et reposant invariablement sur l'emploi de l'hélice et d'un système particulier de roues à palettes, je fus con- duit à me demander si la solution du problème (la question du moteur étant réservée) ne reposait pas sur l'emploi de lames vi- brantes élastiques. Je connaissais les résultats remarquables obte- nus par M. Marey, et sa théorie du vol de l'insecte. J'entrepris alors une série d'essais sur le même sujet. Je construisis, avec des lames minces de mica, de carton, de cuivre, etc., des espèces d'ailes de formes variées, mais principalement sur le modèle la queue d'un poisson; je les fixai par une de leurs extrémités à une tige de fer, liée elle-même à une pièce de fer doux placée entre les deux pôles de deux petits électro-aimants. J'avais ainsi une véri- table trembleose à double effet, au moyen d'un système de com- mutation que j'ai imaginé, et je communiquais à mes ailes un mouvement oscillatoire assez rapide pour produire un son. Je fus frappé de la nature du mouvement imprimé à l'air ambiant, par la vibration rapide de ces lames élastiques. L'air, de chaque côté de

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la lame, éprouve une violente aspiration dans une direction nor- male à la lame, ce qu'il est facile de constater par la direction que prend la flamme d'une bougie placée latéralement à une petite distance. L'air altiré vers la lame se précipite avec violence dans la direction de sa partie libre : c'est ce qu'on peut constater, d'ail- leurs, facilement au moyen d'un éventail. Laissant de côté pour le moment l'explication théorique de ce mouvement, je me borne à le constater et à en tirer la conséquence à laquelle conduit le principe de l'égalité de Faction et de la réaction. Si l'aile en vibra- tion est portée par corps libre dans l'air, et d'une forme telle qu'il éprouve de la part de l'air une faible résistance, la réaction du mouvement imprimé à l'air par la lame vibrante portera le corps en sens contraire. La lame vibrante est donc un propulseur.

Sur le rôle de l'espace dans les phénomènes de dissolution } par' M.Vàlson.

Conclusions. Toutes les fois qu'on fait dissoudre un sel anhydre dans l'eau il y a contraction de volume, c'est-à-dire que le volume total est moindre que la somme des deux volumes par- tiels. Le chlorure d'ammonium est, parmi les sels essayés, le seul pour lequel il paraisse exister une très-légère dilatation.

Les premières proportions de sel anhydre correspondent au maximum de contraction. Celle-ci va ensuite en diminuant assez rapidement, à mesure que le titre de la liqueur augmente, et elle tend à devenir insensible, pour les sels très-solubles, lorsque leurs solutions approchent du maximum de concentration.

Considérées au point de vue de l'énergie de la contraction, les substances observées se rangent dans l'ordre suivant, par rap- port au radical métalloîdique : carbonates, rulfates, chlorures, azotates, iodures; et par rapport au radical métallique : fer, zinc, cuivre, magnésium, strontium, baryum, calcium, sodium, plomb, potassium, ammonium.

Les sels hydratés donnent un coefficient de contraction beau- coup plus faible que les sels anhydres correspondants, et, en gé- néral, la contraction est d'autant plus faible que le nombre d'équi- valents d'eau de cristallisation est plus considérable. Il semble donc que la partie principale du phénomène <Je contraction soit déjà réalisée, dans la formation même du cristal, avec les premiers équivalents d'eau que le sel anhydre prend pour cristalliser.

Les sels qui cristallisent à l'état anhydre sont en même temps ceux dont le coefficient de contraction est le moindre. Exemple : carbonate et sulfate de soude; sulfates de fer, de zinc, de cuivre

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et de magnésium. La propriété de cristalliser, en retenant un nombre plus ou moins considérable d'équivalents d'eau, paraît liée avec une plus forte contraction, quand le sel est anhydre, »

Sur l action du chlore sur le chlorure d'isopropyle, par MM. G. Friedel et R.-D. Silva. Le chlorure d'isopropyle a été soumis à l'action du chlore au soleil, dans un mafras refroidi à la glace et suivi de deux vases destinés à condenser les portions de chlorure entraînées par l'acide chlorydrique, en condensant cet acide lui- même dans l'eau refroidie. La chloruration a été faite en arrêtant l'opération, et fractionnant le prodnit, pour ne continuer l'action du chlore que sur les parties passant avant 60 degrés. Ayant pré- paré ainsi une notable portion de produits bouillant au-dessus de 60 degrés, nous les avons soumis à des fractionnements métho- diques. Après une dizaine de distillations fractionnées, nous avons isolé deux produits principaux bouillant, l'un vers 70 degrés et l'autre vers 96 degrés; le produit intermédiaire entre ces deux était beaucoup moins abondant, et grâce aux précautions prise pour éviter une chloruration plus avancée, il n:y avait aussi qu'une faible proportion de produit supérieur.

L'analyse nous a montré que les deux liquides bouillant vers 70 et 96 degrés ont la même composition répondant à la formule O Cl3. Leurs points d'ébullition et toutes leurs autres propriétés les identifient d'ailleurs, le premier avec le mèthylchloracttol, le deuxième avec le chlorure de propylène.

Il résulte de ces faits et des analyses que l'action ménagée du chlore au soleil sur le chlorure d'isopropyle fournit en même temps deux corps isomériques, le chlorure de propylène et le mé- thylchloracétol. Ce dernier est en quantité dominante, quoique assez variable.

Il nous semble que la production simultanée de ces deux iso. mères présente quelque intérêt.

Dérivés du chlorure detollylène} par M. E. Grimaux. Lorsque, à une solution très-concentrés de potasse dans L'alcool, on ajoute une solution alcoolique de chlorure de tollylène, et qu'on chauffe le mélange pendant une heure, au bain-marie, dans une fiole en communication avec un réfrigérant ascendant, il se forme du chlo- rure de potassium ; on évapore le tout au bain-marie pour chasser l'alcool, on ajoute de l'eau au résidu, et l'on agite avec de l'éther qui, décanté, séché et évaporé , abandonne un liquide huileux qu'on purifie par distillation, en recueillant ce qui passe entre 250 et 252 degrés. Ce point d'ébullition, plus élevé que celui du

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chlorure de tollylène (245 degrés), indique que ce corps ne peut être le tollylène chloré : en effet, il ne renferme pas de chlore, et il donne à l'analyse des nombres qui conduisent à la formule, C'° H,40 2, de la monoéthyline du glycol tollylénique.

En distillant le chlorure de tollylène avec de la potasse aqueuse en solution concentrée, on observe une réaction d'un autre ordre ; il se produit une substance jaune, amorphe, insoluble dans tous les dissolvants, ne fondant qu'au-dessus de 275 degré3, ayant l'aspect et les propriétés de corps que j'ai déjà signalés, et qui se produisent dans l'action de l'eau, à 200 degrés, sur le chlorure de tollylène : ces corps paraissent être des anhydrides tollyléniques condensés fiC'H'O; l'analyse conduit à des chiffres voisins de ceux qu'exige la formule G8 H" 0.

Sur la conformation du placenta chez le Tammdua (Tamandua tetradactyla), par M. Alph.-Milne Edwards. Conclusions. Dans l'ordre des Edentés, les caractères des enveloppes fœtales n'ont pas l'importance que beaucoup de naturalistes s'accordent aujourd'hui à leur attribuer dans d'autres groupes de la classe des mammifères ? Ou bien, l'on doit arriver à penser que les différents types zoologiques réunis par les zoologistes, sous le nom d'2?den- tiêy ont entre eux moins d'affinités qu'on ne le suppose générale- ment, et devraient être représentés, dans nos systèmes de classi- fication, par des divisions d'un rang plus élevé? De ces deux opinions, la dernière me paraît la mieux fondée.

Recherches sur les propriétés physiologiques de divers sels du genre chlorure. Des albuminuries métalliques, par M, Rabuteau.

Mes recherches ont porté sur les chlorures de sodium, de po- tassium, d'ammonium, de magnésium, de fer, d'or et de pal- ladium.

dorures alcalins* Ils activent tous la nutrition ; ils aug- mentent, d'une manière notable, l'élimination de Uurée et élèvent la température animale. Le chlorure de potassium ralentit la cir- culation. Cette action sur la nutrition s'explique par l'augmenta- tion de la sécrétion et de l'acidité du suc gastrique.

Chlorure de magnésium. —Il purge d'une manière très- douce et très-efficace, lors même qu'il n'a été pris qu'aux doses de 10 à 15 grammes. A la dose de 25 grammes, les effets sont beaucoup plus marqués.

Chlorures de fer. Le perchlorure se réduit au contact des matières albuminoïdes et de diverses substances organiques, et cette réduction s'opère dans l'économie. Le protochlorure de fer

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est absorbé dans l'estomac avec une facilité très-grande. Des ob- servations recueillies dans les hôpitanx ont démontré ses heureux effets; il est parfaitement toléré, lorsqu'il est pur et administré d'une manière convenable.

Chlorures dW, de palladium. Ces sels, ayant été administrés A des rats, ont subi des phénomènes de réduction. Leur usage prolongé a déterminé une albuminurie liée à des lésions rénales. Sur l'existence du terrain tertiaire inférieur à Madagascar, par M. P. Fischer. L'existence de terrains tertiaires et jurassiques dans l'Ile africaine nous permet d'espérer qu'avant peu de temps on pourra recueillir les fossiles des étages intermédiaires et, en particulier, ceux de la craie, dont nous ne possédons aucun re- présentant.

Note sur différents phénomènes acoustiques observés pendant les ascensions en ballon, par M. W. de Fonvielle. L'auteur cherche à expliquer pourquoi certains sons aigus, émis avec une intensité faible, viennent souvent se faire entendre au milieu du silence gé- néral qui règne à des hauteurs assez grandes pour que tous les autres bruits de terre soient éteints par la distance.

Il appelle l'attention de l'Acacémie sur l'avantage qu'il y aurait à accompagner les ascensions scientifiques de recherches acous- tiques.

Sur la combustibilité du carbone, par M. Dubrunfaut. Voici les faits principaux observés par l'auteur. En répétant les expé- riences connues sur la production du gaz rutilant par un courant d'air atmosphérique, en présence de l'étincelle d'induction, nous avons reconnu que ce gaz se produit en petites proportions quand l'air a été soumis à l'action des dessicants; il se produit au con- traire en grandes proportions quand l'air atmosphérique est saturé d'eau, lien est de même de la production de l'ammoniaque, quand on utilise dans les mêmes conditions un mélange d'hydrogène et d'azote.

... Le charbon de sucre, qui, mêlé à l'oxyde de cuivre parfaite- ment sec, refuse de brûler dans les conditions de température uti- lisées pour l'analyse organique, brûle au contraire facilement et parfaitement dans les mêmes conditions, sous l'influence d'un courant de vapeur suréchauffée ou d'air atmosphérique saturé d'eau.

... Le carbone parait ne pouvoir brûler qne sous l'influence de l'eau , qu'il transforme en hydrogène et en oxyde de carbone.

M, Dubrunfaut se croit en droit de conclure de que si le car

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ione brûle avec une grande facilité et une grande énergie dans l'oxygène pur et sec, c'est que cet oxygène n'est en réalité ni pur ni sec.

Sur le dosage du glucose, par M. F. Jean. 1 décigramme de sucre, transformé en glucose, a été ajouté à une solution de far- trate double de potasse et de cuivre, et le mélange contenu dans un petit ballon de verre a été porté à l'ébullition. Il s'est formé un précipité de protoxyde de cuivre, que j'ai dissous dans l'acide chlorhydrique; la solution, rendue ensuite fortement ammoniacale, a été versée dans un vase à précipité, contenant du nitrate d'ar- gent dissous dans l'ammoniaque. Le poids de l'argent métallique précipité était de 0,314; dans trois autres essais, j'ai obtenu 0,316 0,315, 0,314. La tbéorie indique 0,315 ; le procédé est donc quan- titatif, et 1 équivalent de glucose correspond à 5 équivalents d'argent métallique, ou 100 de glucose à 300 d'argent, et 100 de sucre de canne à 316. »

SÉANCE DU MARDI 2 DÉCEMBRE.

L'événement de la séance a été un incident vraiment curieux et im- portant, relatif à la température du soleil. D'une part, le R. P. Secchi maintient et s'efforce de prouver contre M. Ericsson, Zollner et Faye son chiffre de dix millions de degrés, de l'autre, M. Vualle, professeur à racole des Mines, ancien lauréat du prix Laplace, établit par une théorie très-savante et très-neuve le chiffre maximum de dix mille degrés. Puis interviennent d'abord : M. Henry Sainte-Claire Deville, annonçant qu'il est en mesure d'évaluer la température et la pression à la surface du soleil et affirmant, comme résultat de ses premiers essais, trois ou quatre fois la température de fusion du platine, c'est-à-dire six ou huit mille degrés; puis M. Fizeau, qui comparant avec M. Léon Foucault la lumière du soleil à celle des charbons enflammés par la pile, a estimé qu'elle était environ trois fois plus intense, et qui, concluant du rapport des intensités lumineuses au rapport des intensités calorifiques, arrive aussi au chiffre de huit mille degrés. Donc, de par la science française* la chaleur solaire ne dépasse pas dix mille degrés ; et, en effet, elle est émise par de la matière terrestre enflammée et dissociée !

P*R»{ TTP. WAUttft, RUB BONAJPAfcTE, 44.

N* 3, 1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE Lk SEMAINE

Éclairage oxltydrlqfie. Aux lieux déjà édpirée i la j ornière oxhydrique, Ips deux refuges de la place de l'Opéra, i'et- position Disdéri, boulevard des Italiens, 9, le magasin an tail- leur Laurent Bernard, il faut ajouter aujourd'hui le grand restau* rant de la Maison dorée, rue Laûtte, i , illuminée b^en mieux qu'en plein jour par cent bec* d'une lumière limpide k l'ejcèe. Le succès est complet, et il préoccupe sérieusement dès aujourd'hui les chefs de l'opinion publique. A la MaUon dorée, on brûle à l'oxy- gène, non plus le gsp portatif riche, mais le gaz ordinaire, le gaz de la Compagnie générale, simplement enrichi, & très-bon marché, par un carburateur installé sur son passage, à côté et i la suite du compteur. On a fait tomber ainsi une des principale* objection? des adversaires du progrès. 1/écxaibage oxhydjiiqoe est splmdidk,

HAIS IL EST RUINEUX, PUISQU'IL EXIGE COMICE ÉLÉMENT PRINCIPAL W 0Afc R1CHK COUTANT A PARIS, 4 FR. 25 C. &E HKTBE CUBE, et OU PEtî* Ifc

considérer com^e mor^-né. Non, mille fois nonl D'abord parce que; comme nous venons de le dire, le gaz riche n'est nullement indis- pensable, puis qu'on peut y suppléer, sans perte sensible de lu- mière et sans augmentation sensible du prix de revient, par le gaz ordinaire carburé, et que le problème de la carburation éco- nomique et pratique va entrer dans une phase meilleure, par l'inven- tion d'un carburateur nouveau aussi simple qu'effioace; mafeeurtéut parce qne des compagnies nouvelles, celle par exemple de M. Fa- bius Boita), 77, rue d'Amsterdam, offrent à la Compagnie de l'éclairage oxhydrique de lui fournir telles quantités qu'elle vou- dra de gaz quaire fois plus riche en carbope que le gaz de la Com- pagnie générale, dans Paris, au prix de 60 centimes le mètre cube, même aux tarifs actuels de l'octroi, dans la banlieue, au prix de 30 centimes. Mais voici une réponse plus péremptirôre encore : dans quelques jours, quand }a canalisation de l'oxygène, admise en principe par l'administration municipale, lui aura été concédée M. Lutcher, banquier de la Compagnie de l'éclairage oxhydrique , offpra dp garanti^, à tous ceux qui voudront l'adopter, 61) p. 100 d'économie, s'ils font eux-mêmes les frais de la nouvelle installa.

M* S, U XXVII, 11 janvier 1872. 4

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lion intérieure, canalisation, carburateur, becs, etc.; 25 pour 400, si 1 es frais d'installation sont laissés à la charge de la Compagnie. H est donc vrai, absolument vrai, que l'opposition au progrès n'aura plus à son service que la mauvaise foi ou une routine honteuse. Est-ce tout ? Non ! Que diriez-vous, s'il allait arriver que l'oxy- gène, que Ton fabrique déjà dans l'usine de Pantin en très-grande quantité (cent mètres cubes par jour), qui ne coûte plus déjà que de 30 à 60 centimes, était un de ces jours produit au prix de 0 fr. 0 c, parce qu'il serait devenu le résidu ou produit secondaire d'une opération courante, payant tous ses frais par elle-même et par son produit principal. Que diriez-vous si je vous annonçais qu'une science plus avancée, la science française, prend l'air at- mosphérique, le fait passer dans une première cornue il laisse son oxygène, puis par une seconde cornue il laisse son azote ; et qu'il suffit alors de faire passer dans la première cornue un courant de vapeur d'eau pour entrer en possession de l'oxygène ab- sorbé, un courant d'hydrogène dans la seconde cornue pour obtenir l'azote absorbé transformé en ammoniaque; en même temps que les deux absorbants de l'oxygène et de l'azote sont ramenés avec une perte insignifiante à leur état primitif, prêts à opérer une seconde absorption T Que diriez-vous, je le répète, si ce beau rêve, le rêve doré des alchimistes modernes, l'avant-coureur d'une ère nouvelle pour l'industrie, la métallurgie, l'agriculture, allait deve- nir une immense réalité ? Arrêtons-nous pour aujourd'hui, mais non sans proclamer bien haut, bien haut, que déjà à l'heure ac- tuelle le siècle de l'oxygène est commencé, siècle plus que d'or qui verra la transformation des industries caractéristiques de la grande civilisation.

lMdaatrte «uerlère, Puisque je suis en train de soulever les voiles de l'avenir, d'un avenir prochain, que diraient les parti- sans de la routine non plus lumineuse, mais sucrière, si je leur disais que nous sommes à la veille, à 1 aurore, du jour le jus de betterave traité immédiatement a*)rès son extraction, d'abord par la chaux, puis par un réactif mystérieux et souverainement effi- cace, cédera spontanément, à l'état de cristaux très-purs, le sucre qu'il cache dans son sein? Que diriez-vous si déjà un de vos con- frères, entré dans une usine que je connais avec des betteraves de sa récolte, en était sorti, quelques minutes après, remportant d'une main la pulpe, de l'autre le sucre cristallisé de ses betteraves ?

Ce seraient, vous l'avoureez des progrès immenses ! Eh bien

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osez presque les regarder comme accomplis, car le génie inventif de la France est à l'œuvre, an grand œuvre.

Conaervatloa de viande. Il est un problème peut- être plus urgent encore à résoudre, et dont nous pouvons annoncer la solution prochaine. Faire arriver Sur les centres populeux de l'Europe ultra-civilisée, dans des conditions pratiques d'alimenta- tion, les masses de viande qui se perdent dans des contrées presque désertes. Car, tandis que les hommes, en se réunissant, en sa grou- pant, en s'agglomérant sur certains points du globe, arrivent à rendre le sol insuffisant à nourrir ses habitant?, il y a dans des contrées lointaines plus que l'abondance, il y a le superflu. Eta- blir une balance entre ces situations extrêmes est la grande né* cessitô du moment, nécessité effrayante si l'on y pensait sérieu- sement.

A Paris la consommation moyenne de la viande est de 273 grammes par individu et par jour, et elle est presque reconnue insuffisante. Dans le reste de la France, cette consommation quoti- dienne et individuelle n'est que de. 57 grammes. Cette effroyable inégalité, déjà par trop sentie, est une marée montante dont il faut conjurer les flots, en abaissant sur les marchés le prix de la viande dans une proportion énorme. Je suis heureux de pouvoir annoncer le premier qu'un Fraqçais,un inventeur encore méeonuu, mais qui sera forcément immortel, M. Ch. Tellier, nous fournit la seule digue à opposer à cette inondation : l'afiffuence sur les mar- chés européens, dans toutes les conditions et avec toutes les qua- lités de la viande fraîche, des viandes perdues de la Plata et de l'Australie. Il a présenté hier à l'Académie des sciences le premier fascicule de àsiConservation des viandes, dans lequel il expose, avec tous les détails nécessaires de description et de figure, ses deux grands moyens de conservation des viandes, le froid sec et la dessiccation. Ne parlons aujourd'hui que du preqûer. Le froid em- ployé n'est pas produit par le contact de la glace, c'est le froid sec engendré au sein d'une enceinte fermée par des courants liquides extérieurs, à 8 ou 40 degrés au-dessous de zéro, qui, saisis* sant l'atmosphère, congèlent l'humidité qu'elle renferme, la des- sèchent et abaissent rapidement la température. Dans cette con- dition, non-seulement l'atmosphère est constamment purifiée des miasmes organiques, mais il se produit une dessiccation légère et lente qui vient aussi aider à la conservation.

La boîte ou chambre à froid sec qui prendra place bientôt dans

48 LES MONDES.

les flancs des wagons des chemins de fer et des bateaux transa- ilfttitiqtiétf est déjà iine belle et bonne réalité. Chacun peut 1^ yisi- ter, y pénétrer, contempler des carafes qui se frappent dans l'air sans aucun contact avec des mélanges réfrigérants dans l'usine frigorifique d'Anteuil, 99, route de Versailles. M. Charles Tellier en fait les htiiiiiëttrs avec une grande amabilité. Que ne réalisera- t-ton pas dâtts tes enceintes à 5 ou 6 degrés au-dessous de zéro? N'y feri-t-oii pàà bientôt cristalliser le sucre? etc. F. Moiçno.

Cuivré galvanique* Nous comprenons, hélas! qu'on Contrefasse l'invention française, que Yen frustre de ses droits l'in- venteur fratiç&is, mais ne pourrait-on pas se dispenser de le calom- nier eti le spoliant. Une feuille belge, le Commerce, Journal d'éCQ- nomiè politique, organe des intérêts financiers, commerciaux et tgrtooles, avaitâ lancer l'industrie du cuivrage galvanique nouvellement introduite à Bruxelles, et qui venait de se manifester par l'érection de dfeiix beaux candélabres. 11 ne pouvait ni se dissimuler à lui-même, iii essayer de dissimuler à ses lecteurs qu'il s'agissait bien de l'indus- trie française de M. Oudry, que la ville de Paris a utilisée avec tant d'avantagé, de M. Oudry, qui, a bronzé tous les candélabres de la feapitfcie, les fontaines monumentales de la place de la Concorde» les fon- taines dés Champs-Elysées et de la place Louvois, qui a fait une grande partie l'ornementation extérieure du nouvel opéra de Paris, etc. Tous ces détails, évidemment à l'adresse de la municipalité bruxelloise» pourront grandement servir les intérêts du copiste. Mais il ajoute, ce qui est faux et mauvais : « Les procédés de M. Oudry sont restés secrets et peu de personnes ont eu le plaisir de visiter ses ateliers; ceux-ci sont pour ainsi dire cachés aux yeux du public, et on ne peut y entrer sans autorisation spéciale de M. Oudry, autorisation qu'il est presque impossible d'obtenir. C'est donc par un travail incessant et par des essais sans nombre que M. Alker a fini par trouver un prp- Cédé qui réussit admirablement, et qui, tout en n'étant pas peut-être absolument le mftme que celui employé à Paris, doit avoir beaucoup d'analogie avec lui. Il donne en tout cas des résultats au moins aussi beaux, d Avouez que c'est quelque peu perfide. Pour ce qui touche au cuivrage de la fonte avec épaisseur, les procédés de M. Oudry ont été niïnùtièuseihent décrits dans tous ses brevets; ses ateliers sont restés ouverte & tdutes les commissions qui ont voulu les examiner, par exemple aux commissions du prix Volta, de la Société d'ençourage- metlt; etc., comme aussi à des milliers de visiteurs. Je les aj çerçt fois rappelés dans le Cosmos et dans les Mondes, etc., etc. C'est donc bien à

% I

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tort (jue le Commerce entonne en l'honneur de M. Alker9 F Hymne des mystères de M. Oudry,

Rupture d'an b&tl* de machine à vapeur par le froid. M. Henry Cock a fait au Bulletin de l'Association scienti- fique de France cette intéressante communication :

« Le moteur de l'imprimerie Renou et Maulde (machine horizontale de la force de 12 chevaux) est installé, comme c'est l'usage, dans une cage Titrée. Or, dans la nuit du 8 au 9 décembre, le travail ayant cessé vers 2 heures du matin, il eut à subir, étant aussi mal abrité, le froid terrible que nous avons tous remarqué, et dont l'intensité ne fût pas moindre de 21 degrés C. Vers huit heures du matin, le 9, le mé- canicien, au moment de mettre la machine en marche, eut la précau- tion de faire faire à la main plus d'un tour au volant^ pour s'assurer que le cylindre (bien protégé, d'ailleurs, par une enveloppe de chêne) ne contenait aucun fragment de glace (le thermomètre marquait alors 45 degrés C.) ; tranquillisé sur ce point, il crut pouvoir sans danger y amener la vapeur ; mais, au premier coup de piston, le bâti, construit en fonte de très-bonne qualité, mais contracté outre mesure, ne put supporter la pression énorme que l'arbre du volant exerçait sur lui ; et, ayant en même temps à lutter contre la déformation moléculaire que faisait subir à certaines de ses parties l'élévation brusque de tem- pérature produite par cette pression, il éclata ew trois endroits.

Ce fait, dont celui qui écrit ces lignes a été témoin, prouve qu'on ne saurait apporter trop de prudence dans la conduite et l'entretien des machines, et surtout dans leur mise en marehe, lorsque leur sur- face peut être exposée momentanément à une basse température. Comme moyen préventif contre cet accident, M. Cock conseille : soit de, continuer à marcher pendant la :nuit à basse pression, soit de mettre en marche avec précaution coifime il suit; on amène la machine au point mort; on Ty laisse séjourner quelque temps; puis, suspendant la communication avec le générateur, on fait faire un demi-tour au volant, et on recommence l'opération sur l'autre face.

a

Annuaire météorologique de l'Observatoire de Paris, pour l'an 1872. Volume in-18, 324 pages. Para, Gauthier- Villars, prix 1 fr. 25 cent. En outre du Bulletin international, pa- raissant tous les jours, de l'atlas des mouvements généraux de Vatmos- phhre, qui continuera à paraître en proportion de l'arrivée des docu- mente et des ressources budgétaires; deYattas des orages-, deYatlas physique et statistique de la France ; il est nécessaire qu'une publication

50 LES MONDES

plus maniable et plus populaire vienne chaque année résumer suc- cessivement les travaux accomplis dans Tannée par les nombreux col* laborateurs de l'Observatoire, et la situation générale de l'ensemble des travaux. Tel est le but de Y Annuaire météorobgique de l'Observatoire. Nos observations météorologiques y trouveront naturellement place, mais sous une forme qui permette de les utiliser sans efforts. (1 en sera de même des observations météorologiques recueillies en divers points de la France, et résumées en tableaux propres à faire connaître le climat de notre pays. Après elles viendront des notices destinées à vulgariser les travaux des commissions départementales. L'Annuaire est rédigé, en entier, par M. Marié Davy. Voici les titres des princi- paux chapitres: Observations météorologiques anciennes, observations météorologiques de Tannée 1870-1871 . Rapport sur l'état des travaux de météorologie et de physique du globe concentré à l'Observatoire de Paris. Des pronostics et des signes des temps; instructions pour les observatoires météorologiques des Ecoles normales ; liste des commis- sions départementales et des observateurs français en correspondance avec l'Observatoire de Paris. Chaque département a formé sa com- mission, composée en moyenne de cinq membres et comprenant deux observateurs. Voici donc que notre Observatoire central est en rapport avec plus de cinq cents correspondants. Il ne peut manquer d'être bien informé. Ajoutez à ces correspondants ceux de l'observa- toire de Montsouris et de l'Association scientifique de France, vous vous trouverez, sans vous en douter, en présence d'une armée de météorologues français, armée bien mal organisée, hélas ! et dont les campagnes sont loin d'être brillantes. La publication de l'Annuaire météorologique a soulevé une vive protestation, faite au nom de T As- sociation scientifique de France, par M. Le Verrier, qui va jusqu'à dire : «Ledit Annuaire manque de la garantie du conseil de l'Observa- toire, conseil qui depuis bix-sept longs mois n'a pas été convoqué. Nous osons affirmer, qu'en sa présence, un livre aussi insignifiant, aussi inexact que Test l'Annuaire de t Observatoire , n'aurait pas été publié. a C'est la guerre intestine au sein de l'armée météorolo- gique de France.

»

€ta»n*dmllM I<ol»+». Une commission scientifique pour les intérêts du gouvernement du Pérou a fait dernièrement des reckerches sur les dépôts de guano des lies Lobos ; on rapporte que le résultat de ces recherches a écé très-satisfaisant, et que la commission a trouvé d'immenses quantités de guano très-riche, égal, ?inon supérieur à celui des îles Chincha. On dit que les ana-

LES MONDES. Si

lyses d'échantillons fournissent pins de 13 ponr 400 d'ammoniaque. Si le fait est vrai, Payta, le port le pins voisin, deviendra proba- blement une place d'une importance considérable. {Nature^ 4 janvier 1872.)

Otraerratolre royal d'Edimbourg. Le rapport pré- senté et lu an bureau des visiteurs désignés par le gouvernement pour l'Observatoire royal d'Edimbourg, après avoir résumé les tra* vaux exécutés pendant Tannée à l'Observatoire, appelle l'attention sur la manière très-insuffisante dont rétablissement est pourvu de fonds pour le travail nécessaire et sur les maigres honoraires du directeur et des assistants. Le bureau des visiteurs estime à 1 050 livres, dont 300 livres pour les honoraires de l'astronome royal, l'augmentation nouvelle des frais nécessaires, pour assurer le travail qui doit être fait dans l'établissement. Le rapport est ac- compagné d'un plan colorié de l'Observatoire, indiquant la position des instruments, et des tableaux des moyennes trimestrielles de la température terrestre, depuis 1837 jusqu'à 1869; des températures annuelles moyennes des roches à l'Observatoire, pour quatre époques différentes dans les mêmes années ; des moyennes an- nuelles des taches du soleil de Schwabe, et des moyennes des périodes de onze ans, de 1842 à 1864, des taches du soleil de Schwabe, ainsi que des températures terrestres à Èdimbonrg. {Ibid.)

Enclume monstre, On a réussi à fondre la plus grosse pièce de fer qui ait jamais été essayée aux ateliers d'artillerie d'Elswick, à Newcastle-sur-Tyne, sous la direction de sir William Armstrong et du capitaine Noble. C'est une énorme enclume, du poids de 125 tonnes, qui doit être employée avec un marteau de forge à double action, de 20 tonnes, pour forger le canon Arm- strong de 35 tonnes. ( The Athenœum, 6 janvier 1872.)

Lumière électrique. M. V. Serrin a inventé une disposi- tion de la lumière électrique fix.ee au foyer d'un miroir parabo. lique de cuivre argenté, au moyen duquel on peut diriger un fais- ceau de lumière à rayons parallèles sur un point quelconque d'une fortification ennemie. Une disposition très-ingénieuse maintient 'es pointes de charbon toujours à la même distance, et rend ainsi la lumière constante. Cet instrument est centre les mains des ingé- nieurs royaux qui font des essais â Chatham. (fbid,)

*2 LES mondes;

MucHViie perforante * dlammfii. Au sujet de la ma- chine à forer en diamant du capitaine Beaumont, employée daps le district du Cleveland, il est bon de rappeler que cette applica- tion de la puissance perforante dn diamant est due à un ingénieur suisse, H. Leschot, dont la machine à forer est en usage ^depuis plusieurs années. Dans les districts à mines de plomb du Missouri, Cette machine est employée régulièrement pour faire des forages dans le calcaire silurien en vue de rechercher le plomb, et les résultats obtenus sont semblables à ceux que nous ayons décrits* Une autre application de la même matière a été faite à la taille des meules de moulin. La dureté de la substance employée, qui eit le diamant noir, dur et qui ne se clive pas, est telle qu'un sçul diamant a servi pendant plus d'une année pour tailler une paire de meules de France par jour, sans qu'il ait éprouvé une perte sen- sible ou une diminution de ses propriétés. (Ibid.)

Pierre* météorique» des région» polaire». M. le

docteur Eugène Robert nous écrit» en date du 20 décembre : « Je ne doute nullement de l'origine météorique des énormes masses métal- loïdes recueillies sur les côtes du Groenland ; mais je ne puis retenir ma surprise, en apprenant que ces masses de fer natif se sont désa- grégées avec une rapidité extraordinaire (au point de tomber en poussière), pendant leur transport en Suède, alors qu'elles sem- blaient, avoir opposé, jusque-là, une grande résistance à la double action destructive de l'air et de l'eau de mer.

Et puis, comment concilier la composition de ces masses qui ren- fermeraient, indépendamment du fer natif, du nickel et du carbone, et celle du basalte sur lequel elles seraient tombées, lui, basalte, ren- fermant aussi des fragments et des particules du même fer ? Ajoutons que, réciproquement, le fer météorique paraît être dans les mêmes conditions, c'est-à-dire qu'il renfermerait également des fragments de basalte. On invoque, il est vrai, pour expliquer ces pénétrations extraordinaires, l'état fluide ou pâteux dans lequel se serait trouvé le basalte au moment de la chute des masses métalliques (quelle singu- lière coïncidence ; cela tient du merveilleux) !

Toutes ces choses, il faut en convenir, méritent confirmation ou tout au moins de plus amples explications.

Je suis bien loin, je le répète, de vouloir atténuer cette grande dé- couverte ; je me demande seulement si, au nickel près, qui ne laisse pas que d'être embarrassant, à cause du titane (le basalte est comme on sait, très- riche en fer titane), dont il n'est pas fait mention dans

LES MCNDE8. 53

l'atlalyie de ces masses, ob n'aurait pas, dis-je, pris pour des plèbes météoriques, des rognons plus bu moins volumineux, ainsi qu'il s'éh rencontre fréquemment sur le borde la mer, le basalte S'es* épaqebé en nappes ou a rempli des dykes (i). Nous avons pour ainsi dite ifcf t . le tour de l'Islande en visitant près de \ 380 lieues de séfc cptee, etr maintes fois, nous avons observé sur le rivage des masses plus ou moins arrondies ou fortement émoussées sur les angles, ap- partenant aux plus anciennes rocbes d'éruption de cette grande île, 4slles que basalte, basanite, mimosite, etc< Ces blocs, tant qu'ils sont baignés par laper, paraissent avoir une assez grande cohésion, mais, du moment qu'on veut les exploiter, ils tombent en poussière ; et c'est pour cela que; n'ayant pu en détacher des éclats, ils ne figurent pas dans les collection* que nous avons rapportées et qui sont déposées ail Muséum.

QUESTION ET REPONSES

M. LeAovx, à Paris. Deux de vos correspondants vous font au même moinebt Une même question dans des termes un peti différents, Je vais èsstyer de leur répondre, mais je ne sais si je les persuaderai, quoique je sois moi-même bien convaincu.

Je cominëttcé jw reproduire les questions telles qu'elles ont été posées.

Le premier dit : « Il s'agit de l'illusion qui fait juger, lorsqu'on voyage en chemin fer, les objets plus petits qu'ils ne sont. »

Le second pose ainsi la question : « Pourquoi les enfants, voyageant en chemin de fer, croient-ils voir, dans les champs voisins, les hommes et les animaux d'une petitesse pVodigieufcél H . Gommeriçons par répondre que cette illusion n'est pas spéciale aux enfants ; ils s'y abandonnent seulement peut-être a^ec plus (le facilité que les adultes habitués à rectifier par le raisonnement les erreurs de jugement qu'ils ont pu avoir l'occasion de rectifier ; mais l'illusion dont il s'agit n'est spéciale à aucun âge.

(1) Las géologues Bavent que le basalte ne se divise pas toujours en colonnes pris- matiques ; il affecte souvent la forme sphéroïde à couches concentriques : les prismes 'basaltiques connus sous le nom de feux-d'Orgue ont quelquefois en entablement ou pour couronnement du basalte arrondi en grosses boules, comme nous l'avons observé en Islande dans les grottes do Stappi, au pied du Snœfells-Iôckul.

M LKS MONDES.

Elle n'est pas particulière non plus à la locomotion par voie de fer ; on observe encore un effet analogue lorsqu'on regarda dans la cam» pagne du haut d'une, élévation abrupte, de telle façon qu'on ne puisse voir comment le lieu l'on se trouve se raccorde avec l'espace qu'on a sous les jeux, du haut d'une fortification, par exemple. Quanta l'état de mouvement, son influence n'est pas nulle, tant s'en faut, je l'expliquerai tout l'heure.

Une première circonstance, tout à fait générale, c'est qu'en rase campagne les hommes et les animaux nous paraissent, à nous habi- tants des villes, beaucoup plus petits que d'habitude ; cela tient à ce que notrq jugement n'a eu le plus souvent l'occasion de s'exercer que sur des distances beaucoup moindres que celles il y a à se pronon* cer dans la campagne. Nous nous trompons sur l'appréciation de la distance, et les objets se trouvant sous tendre un angle plus petit que celui que notre œil se trouve porté à leur attribuer, nous les estimons plus petits que d'habitude. Le plus haut degré de transparence de l'air aide encore à nous tromper. Nous ne pouvons imaginer que des objets aux contours si vifs soient aussi loin ; c'est une erreur du genre de celle qui nous fait paraître les objets plus grands par le brouillard (et à ce HUjet je serai bien étonné si quelqu'un ne me pose pas la question).

Montons maintenant dans le wagon : une fois que nous y sommes installés, nous commençons par faire abstraction de plus grande altitude nous sommes placés, laquelle a pour effet de diminuer très- notablement l'angle soustendu par les objets verticaux placés à proximité ; pour ceux-là nous ne basons pas d'erreur sur l'estimation de leur distance et ils nous paraissent plus petits. Mais le tableau change, si nous sommes quelque peu enfoncés dans notre comparti- ment ; nous cessons de voir les premiers plans, mais nous continuons de les supposer occupés par des objets situés en réalité beaucoup plus loin, et sous-tendant par conséquent des angles plus petits que les objets similaires qui seraient situés dans ces premiers plans.

Quant à l'effet de la grande vitesse de translation, il consiste à achever de dérouter le jugement en ne nous laissant pas le temps d'étudier le tableau qui est placé sous nos yeux et de nous rendre compte de ses dimensions réelles.

Cependant la grande vitesse de translation doit aussi intervenir par un effet un peu plus compliqué à analyser, ce que je vais cependant essayer de faire.

Supposons un observateur décrivant une trajectoire rectiligne et dirigeant ses regards normalement à cette trajectoire, ainsi qu'on est naturellement conduit à le faire du fond d'un compartiment. Chaque

LES MONDES. 35

élément décrit peut être considéré comme ayant pour centre instan- tané de rotation un point quelconque de sa normale. Or, dans le voi- sinage de cette direction, l'œil rencontrera des signaux matériels qui lui serviront de points de repère, et autour desquels il croira voir tour- ner les objets avec des vitesses angulaires variables, suivant la dis- tance du point de repère. Or, il semblerait que toutes les vitesses ne sont pas également agréables à l'œil, que les grandes vitesses lui sont pénibles , de telle sorte qu'on est amené à choisir des points de repère d'autant plus éloignés que la vitesse de translation est plus grande. Or, si Ton suppose, par une erreur du jugement, que ces points de repère sont toujours aHssi rapprochés, on est amené à attribuer une phis petite dimension aux objets plus voisins par rapport i ceux-là. En résumé, tout se borne à une erreur sur l'estimation des dis- tances, mais il était facile de s'y attendre.

IL Phiuppb Buton, à Grenoble. Question : * Comment peut-on7 s'y prendre pour montrer de visu aux gens de la campagne que les euves en fermentation répandent, pardessus leur bord, un air mor-* tel, plus lourd que l'air ordinaire.

Réponse. Il ne s'agit pas de renvoyer ces gens à des livres qu'ils ne lisent pas, et auxquels ils n'ajouteraient aucune foi, quand même ilsf les liraient par hasard : la difficulté est de leur montrer à l'instant un effet de la lourdeur relative du gaz acide carbonique , et qu'il tue la flamme d'une chandelle. C'est ce qu'a fait cette année le fils d'un de mes amis, M. Fontenai, ingénieur civil; ce brave garçon s'était aven-' turé à raconter aux hommes qui avaient soin de la cuve en fermenta-' tioo chez son père, qu'une espèce d'air lourd et malsain débordait de ' la cuve et coulait à terre; mais son auditoire n'avait garde d'en croire un mot. Alors le jeune homme prend un arrosoir, puise plein ce vase du gaz de la cuve, et le verse, comme de l'eau, sur une bougie allumée posée à terre. Les spectateurs, émerveillés en voyant la bougie s'éteindre comme si l'on avait versé de l'eau dessus, n'ont voulu en croire leurs yeux qu'après que chacun, à son tour, a répété avec succès cette facile expérience.

On tendrait cette expérience plus complète et plus convaincante, en opérant au soleil , et en recevant sur une grande feuille de papier blanc l'ombre portée l'arrosoir et de la bougie. De cette manière, la veine gazeuse, tombant du bec de l'arrosoir, invisible par elle- même, deviendra très-vibible par son ombre portée. Cette ombre grise présentera un contour tracé nettement entre deux lignes sombres ; vers le milieu de sa largeur, on verra une ligne brillante, due à la

56 LES MONDES.

convergence des rayons solaires qui auront traversé U *eiûe d'acide carbonique* Ces rayons seront même tangents à an* caustique réelle* qui deviftlflra très-nette et très-brillante en plaçait l'écran de papier i la qMstance focale ; et les ondulations descendantes fendront tout à fait visibles lea flots de gaz lourd pendant leur chute. En putre, celui qui tient l'arrosoir, voyant tombe son jet'de>g*t> pourra le-firirë tomber * côté et très-près de la bougie sans l'éteindre» puis opérer l'extinction à volonté en faisant tomber le gag sur ia flamme. Il pQurra même, en penchant son arrosoir plus ou moine, diminuer l'abondance du jet descendant jusqu'à un poiat tel) que iee tourbillons' d'^jr brûié qui s'élèvent au dessus de la flamme emporteront avpc eu*, vers le haut, ce jet affaibli d'acide carbonique, moyennant quoi la flamme résistera à ce souffle insuffisant ; puis, en pepobaat l'art o- Boir de plus en plus pour augmenter l'abondance du jet descendant, il finira par refouler l'air brûlé jusqu'à la flamme, qui s'affaiblira, vacillera et s'éteindra. On voit que ce simple complément d'eipériettce ne manquerait pas d'une certaine richesse en conséquences prévues et rendues visibles. »

Assurément, cette expérience ainsi. complétée par l'ombre portée au soleil, n'apprendra presque rien aux personnes qui on* la moindre teinture de chimie. Mais on peut se reporter en imagination à une époque un pep antérieure aux grandes découvertes de la chimie pneu** matique» Avant que les chimistes eussent trouvé les gaz, quel étdnna~ mpnt auwt excité, même chez les personnes les plus instruites du xvnr siècle, la vue de l'ombre portée m soleil par Mne bougie allujnée, et celle d'un air lourd, versé comme de l'eau d'un arrosoir sur je pol, et éteignant une chandelle? Or, nos paysans sont assuré* ment fnpins av^uccs dans l'ordre scientifique que les gens instruits du milieu du jnrm* siècle. 11 y a donc un acte de vulgarisation, fécond et facile, k portée de tout propriétaire de vignes , pourvu qu'il y ait un beau jour 0e soleil pendant que la vendange bout dans fa cuvé. La conséquence immédiate de cette vulgarisation sérail de préserver d'un danger mortel quelques hommes qui, chaque année, sont as- phyxés par le gaz des cuves, sans compter un effet piquant de curiosité, dont les conséquences ultérieures auraient aussi quelque valeur. *

Nous sommes heureux de pouvoir annoncer la publication dans notre prochaine livraison de la description avec figures de deux utiles nouveautés, la Couseuse automate de Adam-Garcin de Colmar. et le Nouveau Moteur aérien^ très-simple et très-efficace de St. bucop de Hauron d'Agen. F. Moigso.

LES MONDES; $7

PEDAGOGIE

Ii'&taeatlon maternelle d'aprè* le» Indleatlén» de la nature, par M. J. Rambosson. Brochure grand t'n-8°, ww- primée avec le plus grand soin, sur papier de luxe, 110 paje*. Pam, Firrnin fiidot, 1871. Nous recommandons vivement à l'attention de nos lecteurs, des pères et des mères surtout, ce bel opuscule long- temps médité, et 'j'oserais dire longtemps pratiqué, quoiqu'il vienne à peine de paraître; par un maître et un écrivain chez lequel nous avons depuis longtemps reconnu, chez lequel tout le monde recon- naîtra désormais une vocation et une inspiration caractéristiques, d'une mission véritable ayant pour but l'éducation de la première en- fance. M. Rambosson définit d'abord ce qu'il appelle Y éducation pas- sive dont l'enfant est susceptible , même avant qu'il sache bégayer, alors que ses regards se fixent déjà avec attention sur tous les objets qui l'entourent; il apprend ensuite comment, par Y Education métho- dique donnes seuls agens sont, chez l'enfant, la vue et l'ouïe, on> peut hâter considérablement son développement intellectuel et moral,(dépo- ser dans son âme, sans presque qu'il s'en doute, les germes de toutes les sciences , de tous les arts , de toutes les vertus. J'accorderai volontiers à H. Rambosson , mon élève et mon ami, que nulle part l'éducation de la première enfance n'a été mieux comprise; que son système d'enseignement méthodique fondé sur des bases d'au- tant plus solides, qu'elles sont celles de la nature, est une grande et belle nouveauté qui mérite de devenir populaire. Et comme son point de départ est le même que celui de nos cours illustrés, je l'invi- terai à rendre ses dessins ou tableaux plus saisissants encore en les éclairant, dans mes salles du progrès, avec la lumière oxhydrique ou électrique , devant un nombreux et charmant auditoire. En même temps qu'il illuminera l'esprit des petits enfants, il initiera la mère à ses précieux secrets. Aujourd'hui nous nous faisons l'écho du résumé qu'il donne lui-même de son enseignement méthodique.

1. Aussitôt que les yeux du jeune enfant se fixent sur ce qui l'entoure, qu'il commence à bégayer, son intelligence commence également à s'épanouir, il veut tout connaître, tout savoir. On doit se hâter de profiter de ces premières indications, de ces premières avances de la nature; non-seulement, on lui expliquera ce qu'il de- mande, mais on lui fournira, on lui préparera des occasions d'obser-

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ver des choses tout à la fois intéressantes et utiles. Son éducation com- mencera donc à se faire sur le grand livre même de la nature par les réalités, par leur représentation directe, et non par la lecture et l'écri- ture, comme on le fait habituellement.

Pour mettre de l'ordre dans ses idées, et étendre le champ de 6es observations, on aura des ouvrages classiques non plus abstraits, non plus écrits, mais des ouvrages classiques en gravures qui offriront dans un ordre logique les objets et les scènes même de la nature; ces ouvrages de gravures aideront, non-seulement à classer ses impres- sions, mais aussi à les féconder et à les développer en servant de base aux leçons maternelles.

L'idée de cause, l'idée de devoir étant si naturelle à l'enfant, on peut, comme nous l'avons vu, faire marcher de pair et simultané* ment, l'éducation physique et l'éducation morale, et faire servir l'une à -l'autre.

IL Les grands faits et les grandes scènes historiques pouvant être représentés par des gravures, nous en profilerons pour enseigner en même temps l'histoire et la morale, pour entourer notre enfant de tous les beaux exemples que nous ont légués les siècles, et qui peu- vent, lui inspirer la justice, la bonté, la grandeur, la noblesse de ca- ractère, en un mot, tous les sentiments que nous voudrions voir s'in- carner en lui.

Nous le ferons ainsi vivre et respirer au milieu de tout ce que l'hu- manité a produit de grand, de sublime.

L'enseignement de la géographie se fait d'une manière analogue à celui de l'histoire par des gravures représentant les productions, les usages, les coutumes des divers pays. Notre enfant, qui a préala- blement compris que l'on peut représenter en petit les grands espaces par des traits ou des dessins figurant la maison qu'il habite, le jardin il prend ses ébats, les promenades qui lui sont connues , saisira bien vite que Ton peut de même représenter tout un pays sur une carte et toute la terre par un globe; et les explications qu'on lui don- nera sur tes gravures dont nous venons de parler serviront, tout en fécondant son âme, à graver dans sa mémoire, sans fatigue et d'une manière ineffaçable, les mots techniques.

III. Le sentiment des beaux-arts se développe chez lui par l'in- fluence de tout ce qui l'entoure, sa voix, son oreille, sa main, son coup d'oeil, tout se forme avec justesse et rectitugp, en l'encourageant à bien faire, ce qu'il fait, en lui fournissant l'occasion de développer régulièrement ses premières tendance.

Le dessin, l'écriture et la lecture s'apprennent simultanément à

LES MONDES. 59

mesure que l'enfant forme sa main et son œil, en traçant des lignes, des figures sur un tableau noir, qu'il les partage en parties égales et proportionnelles. On porte son attention sur les formes élémentaires et simples qui concourent à la formation de toutes les lettres ; il apprend à les nommer, à les rassembler, en sorte que lorsque sa main est par- venue à les tracer toutes, il sait non-seulement les nommer, mais aussi les lier et lire les mots.

U apprend naturellement à bien parler, parce qu'on lui parle cor- rectement. Il apprendra également l'orthographe d'une manière toute pratique, en écrivant sur le tableau le nom des objets qui l'entourent et les actions qui se passeront sous ses yeux; en mettant de l'ordre dans ce genre d'exercice, en allant progressivement, l'enfant parvient en peu de temps avec la plus grande facilité à écrire et même à composer seul une page entière presque sans faute d'orthographe, ni de syntaxe avant d'avoir ouvert une grammaire de phrases, si je puis m'exprimer ainsi, une grammaire pratique, en transcrivant ses exercices sur un cahier qu'il conserve et qu'il repasse. Le calcul devient pour lui un vrai amusement; il saura compter, faire les quatre règles et même ré- soudre des problèmes avant peut-être d'avoir formé un. chiffre, et tout cela il l'aura appriB sans aucune tension d'esprit en jouant au mar- chand ou à la ménagère.

Après .ces premiers exercices, apprendre à disposer les chiffres et continuer à développer cette étude, il n'y a plus de difficulté.

IV. On le voit, une penBée unique préside à cette méthode dans laquelle tout se tient, tout s'unit, tout s'enchaîne ; elle présente dans ses diverses parties une unité parfaite de vues et d'inspiration. On prend pour point de départ les premières indications de la nature elle- même* On les suit continuellement dans un enseignement tout pra- tique, réposant sur les réalités et non sur des principes abstraits et conventionnels ; de cette manière l'éducation devient une satifaction nécessaire donnée aux tendances naturelles de toutes les facultés ; tout s'y passe sans fatigue, sans froissement , sans contrainte, comme chez la plante que Ton cultive avec intelligence en éloignant ce qui peut nuire à son développement et en l'entourant de ce qui peut lui être favorable.

60 LES MONDES.

ÉLECTRICITÉ

Une grande bobine d'induetlen , par Wm H. Wahll, Ph. D. Une bobine d'induction, que nous croyons la plus puis- sante qui existe, a été construite dernièrement par M, É. S. Ritchie, de Boston, pour le professeur Henry Morton, le président de l'Institut technologique de Stevens.

M. Ritchie, comme l'on sait, est le premier des habiles construc- teurs qui ont su découvrir dans la bobine, par d'importantes innova- tions, une source abondante et sûre d'électricité , et il semble par ses constants efforts, par ses recherches judicieuses et multipliées sur ce sujet, conserver une avance décidée sur ses concurrents; car, malgré la grande publicité qu'il a donnée à tous ses perfectionnements f l'ac- cueil reconnaissant et empressé qu'ils recevaient et leur reproduction immédiate, on ne peut contester la supériorioté , en efficacité et en durée, des instruments qui sont sortis de ses mains. C'est ainsi que tout récemment une véritable bobine monstre, construite pour le professeur Pepper, par M. App, de Londres, ayant 2m,70 de longueur, contenant 240 kilomètres de fil, pesant à peu près une tonne , avec une pile de soixante éléments, donna d'abord des étincelles d'une lon- gueur de 0m,74 ; mais elle ne tarda pas à perdre toute sa force, et nous apprenons qu'on s'est déterminé à la mettre en pièces. Or la bobine que nous décrivons aujourd'hui, n'ayant en longueur que lm,20, contenant 71 kilomètres de fil, et pesant seulement 112 kilog., avec une simple pile de trois bocaux, donne des étincelles de 0m,63 ; elle se maintient d'ailleurs dans d'excellentes conditions, au bout de plusieurs mois d'un service continuel et d'épreuves sévères.

La gravure sur bois ci-après, qui reproduit une photographie de cette bobine, avec quelques objets d'un usage familier servant de termes de comparaison pou? l'appréciation de ses dimensions, donnera une idée générale de sa structure et de ses dispositions.

L'appareil se compose de trois parties, dont l'une est le condenseur, renfermé dans une caisse en acajou, comme le montre le dessin, por- tant sur sa face supérieure l'appareil automatique pour la rupture des courants, le commutateur, etc. ; les deux autres formant la bobine elle-même. Ces dernières sont disposées de manière à pouvoir être détachées l'une de l'autre, et à servir ainsi tantôt séparément, tantôt ensemble pour la production d'une plus grande quantité d'électricité.

LES MONDES. 61

Les coupes des pâles, qui unissent les deux moitiés de la bobine et du condenseur, ne sont pas représentées dans la gravure, parce que la perspective de l'appareil s'y opposait.

Les particularités de la construction peuvent être réduites aux sui- vantes : Le noyau de fer se compose de fils de 1er, épais de lma,4ô, et pesant environ 6 kilogr. 35. Ces fils ne sont pas isolés l'un de l'au- tre, ils sont simplement unis en faisceau et empaquetés dans des pièces de soie et de drap imprégnés d'huile, pour les préserver de toute dé- térioration.

Le fil primaire, long de 60 mètres, épais de 5™m, pèse 7 kll, 720. Le fil secondaire a une longueur de 71 kilom.,200 mètres, et une épais- seur de 0~",18; son poids est de 19 kil., 700. Il est fait d'un cuivre de qualité supérieure, de la meilleure conductibilité électrique, et il est couvert de soie blanche. Suivant le système de M. Ritchie, ce fil se divise en une série d'hélices distinctes, dont l'épaisseur comprend le fil et son enveloppe isolante, à laquelle on ajoute des couches de papier imbibé de paraffine, interposées régulièrement.

L'isolement entre les Gis primaire et secondaire s'effectue par des cloches de verre et des enveloppes en caoutchouc vulcanisé, appliquées de manière qu'elles offrent la plus grande résistance sur les points de la plus grande tension; on a eu soin de s'assurer par une expérience positive que cette résistance surpasse au moins de 50 p. 100 celle qui serait vaincue par des étincelles de 53 centimètres. Le condenseur contient environ 30 décimètres carrés de feuilles d'étain, isolées avec de la soie huilée, dont 9*,30 sont eu connexion permanente avec le

62 LES MONDES.

circuit primaire, trois boutons font entrer respectivement dans le cir- cuit des superficies de 9ae.30, 7^.00, et 4dc.70, selon la volonté de l'opérateur.

L'interrupteur du courant est le mécanisme combiné automatique et à manivelle , attaché par Ak Ritchie à tous ses grands instruments ; le mouvement automatique s'effectue par une pile d'un seul bocal ; on rétablit on Ton suspend la connexion à volonté , au moyen d'un bouton placé à la surface de-la caisse du condenseur.

La hauteur totale de l'appareil, jusqu'à la barre au-dessus de la bobine, est de 47 centimètres ; la longueur totale de la base, de bout en bout, est de 1 mètre ; la hauteur de la base est de 12,7 centimètres ; la largeur de la base, 33 centimètres: la longueur de chacune des deux sections de la bdbine secondaire, 33 centimètres ; diamètre extérieur de la bobine secondaire, 22,8 centimètres.

Pour la commodité du transport et du maniement , l'appareil est divisé au centre en deux moitiés qui se séparent, au besoin, pour être placées dans leurs gaines respectives. Leur jonction est indiquée par une ligne verticale dans la gravure. Le condenseur se case aussi dans sa boite, et le poids total, après l'emballage, s'élève à 137 kilo- grammes.

La pile qui excite la bobine a été construite par MM. Chester, frères, de New-Jersey, sous la direction de M. Morton, et se compose de trois jarres de verre d'un diamètre de 25 centimètres, d'une hau- teur de 30 centimètres, que l'on baisse ou qu'on lève au moyen d'un cabestan, de plaques de charbon et de zinc de 20 x 25 centimètres. Le liquide employé est le mélangé de solution aqueuse Je bichromate de potasse et d'acide sulfurique tel qu'on l'emploie actuellement dans plusieurs espèces de piles. Lorsque ce liquide est fraîchement -pré- paré, une immersion de sept à huit centimètres développe toute la puissance de la bobine.

Les avantages pratiques de celte pile, suivant ce que nous en a «lit le professeur Morton, dans son laboratoire aussi bien que dan6 ses cours publics à Baltimore et à Washington, dépassent l'idée qu'on a pu s'en former. Des étincelles de 53 centimètres jaillissent de la bo- bine si facilement, qu'il est hors de doute qu'on pourrait en obten ir de plus longues encore; mais, avant le terme du cours qu'il a en- trepris pour toute la durée de l'hiver actuel, M* Morton ne veut pas s'exposer aux risques d'une rupture dans l'enveloppe de verre iso- lante, qui aurait pour résultat de mettre l'instrument hors de service, dans des circonstances il en a le plus grand besoin ; bien que le constructeur ait eu spécialement en vue de rendre facile la réparation-

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d'un tel accident, H. Ritchie garantit l'instrument pour des longueurs d'étincelles qui n'excèdent pas 53 centimètres, et une pratique de plu- sieurs mois lui a donné raison. *

Mise en connexion avec une bouteille de Leyde, d'une superficie de 3 décimètres carrés, la bobine donne des étincelles de 68 centi- mètres, et avec un des condenseurs secondaires du professeur Horton,

représenté par la gravure ci-contre, contenant 20 éléments , les étin- celles ont une longueur de 35 à 36 centimètres, avec l'éclat luannWK et le retentissement d'une décharge d'une bouteille de Leyde.

Les étincelles pénètrent des blocs de verre de 7 ,5 centimètres d'é- paisseur, et ces blocs semblent ofirtr assez exactement la même résis- tance que 53 centimètres d'air; car, lorsque les pointes sont séparées par 53 centimètres d'air, et que d'une autre part, des fils sont mis en communication avec les colonnes pour percer les blocs de verre, quelques étincelles jarffissent dans l'air, tandis que d'autres traversent le verre.

On constate ce fait curieux, qu'une étincelle qui jaillit dans l'air ou dans le verre rend, sur son passage, le corps qu'elle traverse plus mauvais conducteur qu'il ne l'était, car il arrive rarement que deux étincelles consécutives suivent une même route, dans dos conditions d'ailleurs parfaitement identiques.

L'appareil employé pour percer des blocs de verre est construit de la manière suivante :

Lorsqu'on réunit les deux moitiés, en vue d'obtenir la quantité plus que la tension de l'électricité, la longueur des étincelles est réduite à 30 centimètres, et la quantité est considérablement augmentée, comme l'indiquent le son et l'auréole qu'on observe. Quand les pôles ont entre eux un intervalle d'environ 5 centimètres, l'auréole peut se con- vertir en flamme.

En conneiion avec une batterie de quatre bouteilles de Leyde de

deux litres, les étincelles sont assourdissantes et répandent une vive clarté.

Dans une occasion prochaine, nous donnerons quelques nouveaux détails sur les expériences auxquelles on a soumis ce prodigieux In- strument.

Celte bobine est vraiment très-remarquable et fait grand honneur à AI. Ritchie ; il ne faut pas cependant l'exalter au-delà de toute mesure et s'en faire une arme pour abaisser M. Ruhmkorff qui, aveu des bobines admirablement construites par lui, parfaitement solides, et dont le prix était trois fois moindre, a obtenu des étincelles de 53 cen- timètres et plus. Nous sommes heureux, à cette occasion, de publier m note suivante de notre habile et modeste artiste, qui rappelle très-bien les faits principaux de l'histoire des bobines d'induction, et rend à chacun, en termes bien simples, la part qui lui revient. F. Moigno.

Notice inr l'appareil d'Induction produisant de

l'électricité' «tatlqae, par M. RnumouFF. En 1850, j'ai construit un appareil d'induction, et j'ai eu soin de prendre du fil de ter très-fin pour le faisceau. Je n'ai enroulé dessus que deux ou trois rangées de gros fil, parc* que je savais par .expérience qu'en en mettant davantage on augmentait bien le magnétisme, mais on détruisait son action inductrice. Sur ce gros fil, j'ai enroulé très-régulièrement du fil fin et sur

LES MONDES. 65

chaque rangée de spires, j'ai mis du papier fortement enduit de gomme laque. Quand la bobine fut terminée, je la laissai pendant une journée dans le four de mon poêle, et après l'avoir jnontée, je recueil- lis de l'électricité statique, c'est-à-dire des étincelles. J'avais formé» alors non pas une simple bobine, mais une sorte de bouteille de Leyde se chargeant en cascade.

Fig. t.

Si je veux construire une bobine donnant de longues étincelles, je prends du fil induit très-fin ; si, au contraire, les étincelles doivent être épaisses, j'emploie du fil plus gros, selon l'usage auquel on des- tine l'appareil.

J'ai remarqué aussi que le résultat dépend des couches isolantes que l'on place sur chaque rangée de spires et que la matière qui s'électrise le mieux produit les meilleurs appareils. Il est avantageux que l'isolement des spires ne soit pas épais pour ne point affaiblir l'action qu'elles exercent réciproquement les unes sur les autres, et pour me rendre compte que les matières isolantes aidaient à la pro- duction de l'électricité statique, je fis l'expérience suivante :

Je me suis servi d'un faisceau de fil de fer de 1 mètre de longueur et de 5 centimètres de diamètre ; je l'ai couvert d'une carte et j'ai enroulé dessus du fil de cuivre rouge, nu et bien décapé, de 2 à 3 millimètres de diamètre, en écartant un peu chaque spire pour qu'elles ne soient pas en contact, et faisant passer le courant d'une pile de 12 éléments Bunsen, la force de l'aimantation était telle que je pouvais soulever par l'un des pôles un poids de iO kilos. JEn rompant le circuit, l'étincelle obtenue était brillante.

J'ôtai ce fil nu et je le remplaçai par un autre de même grosseur mais fortement couvert de soie enduite de gomme laque et bien sécliée. Le nombre de spires étant le même, l'aimantation fut égale et je sou- levai le même poids, mais en interrompant le courant, l'étincelle était beaucoup plus grosse et entourée d'une auréole.

«6 LES MONDES;

Si les gavants qui ont travaillé sur ce sujet il y a 20 ans, pensaient que le courant d'induction n'influencerait pas la matière isolante qui l'enveloppe, c'est que l'on ignorait alors que cet appareil est le plus puissant générateur de l'électricité statique dont chaque spire pos- sède une faible partie fqui s'accumule les unes sur les autres, comme une boule de neige qui en roulant devient avalanche.

Dans l'analyse de la bouteille de Leyde, il est bien prouvé que le verre se charge par l'influence des armures métalliques. L'expérience de M. Faraday démontre Faction inductrice de l'âeetricité statique sur les corps isolants, et M. Matteucci a rendu évidente la péné- tration de cette action.

Le premier appareil que j'ai construit fut employé de suite par MM. Becquerel et Frémy pour produire l'ozone ; par M. Masson, pour les spectres des métaux et les spectres des différents gaz ; par moi, pour démontrer la stratification de la lumière électrique dans les va- peurs raréfiées, ainsi que dans plusieurs applications à l'industrie, et il fut promptement répandu dans le monde savant.

M. Fizeau ajouta un condensateur publié dans le Compte fendu de l'Académie des sciences ; mais, par cette addition, l'appareil devenant beaucoup plus puissant, il se perçait, parce que la tension était trop forte à l'extrémité de chaque rangée de spires. Pour éviter cet incon- vénient, j'ai mis une cloison au milieu, et il existe encore à Paris deux appareils de cette construction ; l'un à l'Ecole centrale, l'autre i l'Ecole normale et livrés tous les deux à cette époque.

M. Poggendoi ff partagea la bobine en un grand nombre de cloisons (décrite dans ses annales), et M. Foucault ajouta un interrupteur à mercure publié dans le Compte rendu de l'Académie des sciences, et qui contribue à rendre l'appareil plus puissant.

Ponr la solidité, M . Ritchie augmenta davantage encore te nombre des cloisons (publié dans le journal de Boston).

J'ai adopté, pour les grands appareils, lejcloisonnement des bobines, et j'ai eu soin d'en (prévenir mes clients pour qu'ils n'aient pae de crainte qu'ils se percent.

PHYSIQUE MOLÉCUUIRE

8ur les mouvraient» moléculaires et inr les) chfio- ' gement* magnétique» qui ont lien dans le fer à de» températures différentes, par M. G. Gore.

L'auteur prend un barreau parfaitement droit de fer doux, long de 81,3 centimètres sur 9,3 millimètres de diamètres. L'une des extrémités de ce barreau1, maintenue horizontale au moyen de deux supports en bois, est introduite dans une hélice creuse de (il de cuivre mince, isolé, communiquant aver un galvanomètre,

68 LES MONDES.

tandis que l'autre extrémité se trouve placée dans l'intérieur d'une hélice en fil de cuivre beaucoup plus gros, mise en rapport avec une forte pile composée de dix couples de Staée. Le barreau ainsi disposé est chauffé au rouge, dans la partie voisine du milieu, au moyen de cinq becs de Bunsen ; et pour augmenter encore la chaleur, cette por- tion du barreau est pourvue d'un revêtement en briques réfractaires. Si, avant de chauffer le barreau, on établit [la communication entre l'hélice en gros fil de cuivre et la pile, aussitôt une déviation de 14 à 16* se fait remarquer dans les aiguilles du galvanomètre; mais, dès que le milieu du barreau a été chauffé au rouge, cette déviation n'a plus été que de 4\ Dans une seconde expérience avec un barreau de 61 centimètres de long sur 12,7 millimètres de diamètre, l'auteur a obtenu à la chaleur rouge une déviation de 20 à 2S°, et, lorsque le barreau avait repris sa température ordinaire, une déviation violente et instantanée de 90°. Des résultats analogues mais moins frappants ont été obtenus en substituant à la pile et à l'hélice un simple bar- reau aimanté. L'auteur croit pouvoir conclure de ces premières expé- riences qu'une température égale à la chaleur rouge appliquée à la portion moyenne d'un barreau en fer forgé, bien qu'elle diminue largement la transmission du [magnétisme le long de ce barreau, ne l'empêche cependant pas complètement. 11 entoure d'une hélice de fil de cuivre mince, isolé, l'une des extrémités d'un barreau de fer long de 81,3 centimètres sur 9,5 millimètres de diamètre, placé dans une position horizontale et perpendiculairement, par rapport au méridien magnétique* L'hélice se trouve en communication avec un galvano- mètre placé à une certaine distance. En chauffant graduellement au rouge vif le milieu du 'barreau, il a remarqué, dès que celui-ci avait atteint le rouge mat, une déviation subite des aiguilles du galvano- mètre.

Un refroidissement graduel a provoqué une nouvelle déviation subite, mais en sens contraire, au moment le barreau chauffé au rouge vif était redescendu au rouge mat. Les directions du courant induit ont été conformes, pendant la période de réchauffement, à celles qui seraient résultées d'une diminution de magnétisme et, pen- dant la période du refroidissement, à celles qui auraient été produites par un accroissement de magnétisme. Dans une seconde expérience, l'une des extrémités d'un barreau de fer de 61 centimètres de long sur 12,7 millimètres d'épaisseur a été mise en contact avec le pôle nord d'un barreau aimanté, tandis que son autre extrémité, enveloppée d'une hélice de 1 2,7 centimètres de long sur 0,25 millimètres de diamètre, renfermant 20 couches ou 2 674 tours de fil de cuivre isolé,

LES MONDES. «9

se trouvait en communication avec un galvanomètre. Le milieu du barreau ayant été chauffé au rouge comme précédemment, on a re- marqué pendant le réchauffement une faible déviation des aiguilles et pendant le refroidissement une déviation de 3* en sens invbrse* Les directions du courant étaient d'ailleurs les mêmes que dans le cas pré- cédent, montrant que la capacité magnétique du barreau s'était subite* ment accrue, au commencement de la période de refroidissement, à la température de la chaleur rouge modérée, la même probablement que celle à laquelle il subit la diminution anormale de cohésion accompa- gnée d'allongement déjà remarquée.

L'une des extrémités du même barreau ayant été enveloppée d'une hélice en cuivre mince, on a introduit l'extrémité opposée d?ns une hélice de gros fil de cuivre de 13,3 centimètres de long sur 4,5 millimètre d'épaisseur, renfermant 8 couches ou 464 tours du n* 46, et mise en communication avec une pile de dix couples de Smée.

En chauffant graduellement ce barreau comme précédemment, l'au- teur a remarqué, au moment il a atteint la chaleur rouge mat, une déviation des aiguilles faible et irrégulière de 4* 1/2; elles sont ensuite revenues à zéro et y sont restées pendant qu'on a continué à chauffer le barreau jusqu'au rouge vif. Les becs de gaz ayant été alors éteints subitement, en moins d'une demi-minute les aiguilles ont été déviées lentement de 49 dans la direction opposée, et, après un instant d'arrêt de 8* 42', pour revenir au bout de quelques instants osciller autour du zéro, point auquel elles sont restées pendant toute la durée du refroidissement. Les directions des courants étaient les mêmes que précédemment.

THERMIQUE APP LÏQUÉE

Appareil peur la combustion des feullee de pétrole* employées comme moyen de ehaufTage, dane le» four- neaux d'usinée, etc. , par M. H. Sàinte-Cljjre Dkviixe, par M. Wdssnego. Dans notre première année (pages 4 S et 45), nous avons parlé des appareils imaginés par M. H. Sainte-Claire Deville, pour l'emploi [des huiles de pétrole destinées au chauffage industriel des fourneaux d'usines ; nous avons même donné (page 45), le dessin des dispositions adoptées aux locomotives des chemins de fer de l'Est. Aujourd'hui, nous ferons la description des derniers modèles de ce genre, installés par M. Wiesnegg aux laboratoires de l'école normale.

70 LES MONDES.

de la Serbonne, etc., ce mode de combustible fonctionne pour ccr- aines expériences. Notre ligure 30 en donne la représentation exacte. Comme on peut le voir, un grand réservoir, en tôle, monté sur trois pieds, sert à contenir l'huile combustible ; ce réservoir porte sur l'un des cotés un tube indicateur du niveau intérieur de l'huile, puis, à la partie supérieure, un robinet de sûreté pour permettre dégagement des gaz explosifs, et enfia un tube entonnoir pour son emplissage et maintenir des émanations volatiles ; à la partie inférieure du réservoir, se trouve un robinet d'écoulement relié par un caoutchouc à l'appa- reil de distribution de l'huile. Cette partie est directement montée sur le fourneau.' A l'intérieur, il se compose : d'un conduit relié par le caoutchouc au robinet d'écoulement ; de robinets, montés sur le conduit; ces robinets se règlent., comme distribution, par un bouton- clef, placé sur le haut du corps du robinet, et versent le liquide par des tuyaux d'écoulement, qui descendent à une certaine distance; d'entonnoirs correspondant à chaque robinet et qui reçoivent le liquide qui s'y déverse goutte à goutte ; d'une grille creuse à rigole, coule le pétrole, qui arrive par les entonnoirs ; à cette grille se trouve placée une porte qui permet plus ou moins l'entrée de l'air.

Quand on veut faire marcher ce système de chauffage, on com- mence à régler l'écoulement du liquide dans le réservoir, de manière à alimenter régulièrement le conduit et les robinets de distribution ; ces derniers doivent être ouverts dans le seul but de faire tomber l'huile goutte à goutte dans les entonnoirs de déversement. Ceux-ci, qui se trouvent en communication et en même nombre que les bar- reaux de la grille, doivent le répandre au fur et à mesure que la com- bustion s'accomplit. La grille de combustion est verticale à 4 barreaux creusés en rigole, c'est-à-dire ayant la forme d'une gouttière : chaque barreau est reliée et en communication avec le tube et l'entonnoir qui reçoit l'huile. L'air passant entre chaque barreau, brûle, par son oxygène, lés produits du pétrole vaporisé par la chaleur du feu qui est entretenu. Au bas de la grille est placée une forte rigole l'huile qui goutte et qui n'est pas brûlée d'abore se réunit et se voiatilise peu à peu par la chaleur du foyer et se brûle ensuite. On règle par une porte bascule l'arrivée de l'air pour la combustion. Pour allumer ce genre de foyer on met le feu à de la paille ou à du papier qui prend, quand l'huile l'imbibe et peu à peu échauffe le fourneau de manière à volati- liser le liquide qui coule, en sorte que ce sont, au bout de quelque temps, des gaz ou vapeurs qui brûlent. La flamme est très-longue et très-intense ; nous y avons vu fondre du fer, du cuivre, etc., et pro- duire des températures que Ton obtient difficilement avec le charbon

LES MONDES. 71

seuL Cegcnre de fourneau dispause de soufflet : il n'y a pas de mâche- fers, ni de ringarages, etcM par conséquent, il y a propreté et aisance pour les travaux de laboratoire. Nous ne saurions trop le recomman- der, aux chimistes, car par les derniers perfectionnements apportés à ces appareils par M. Wiesnegg, le maniement en est très-facile et tris-rapide et il permet d'obtenir des résultats presque impossibles jadis par les autres systèmes. C. Msjue. [Revue de Chimie.)

MÉCANIQUE

■or la transformation du potentiel par rayon* vee - tenro réciproque», par M. Haton de la Goupillière.— Je me propose ici d'apprécier les résultats de la transformation par rayons vecteurs réciproques

rr' = *a,

appliquée à un potentiel quelconque. J'envisagerai pour cela, en pre- mier lieu, le potentiel cylindrique, c'est-à-dire celui d'un système de droites parallèles, en ne considérant, suivant l'usage, que les pieds de oes dernières et non les droites elles-mêmes. Le résultat est encore un pareil potentiel, et le nouveau système matériel est alors formé des masses du proposé, transportées sans altération aux points réciproques, et, en outre, d'un centre additionnel résultant de la condensation au pôle de toutes ces masses, en rendant attractives celles qui sont répul- sives, et réciproquement. Le potentiel cylindrique a, en effet, pour expression générale

zm log <?,

»

si £ représente la distance du point attiré au centre de masse m. Dé- signons de même par R et r, les distances du pôle au centre d'action et au point matériel. Les triangles <?Rr, <J'RV seront semblables dans les deux figures, et donneront

(i) 7-ïï> * K'7'

En substituant cette valeur et supprimant les termes constants qui

sont sans influence pour les usages auxquels est employé le potentiel,

il vient

SrologJ' log r'zm,

ce qui démontre l'énoncé ci-dessus* ,

74 LES MONDES.

Il convient de signaler, en particulier, « le cas le système pro- posé renfermerait une somme égale de masses attractives et répulsive», distribuées du reste d'une manière quelconque : le centre additionnel s'évanouit alors de lui-même, et Ton n'a plus alors qu'à transformer par rayons réciproques le système matériel proposé, sans en altérer les masses. » C'est ce qui arrivera, notamment, toutes les fois qu'on redoublera la transformation avec un nouveau pôle quelconque. En se servant en particulier du même pôle, on reproduit le système pro- posé, car la masse additionnelle de la première transformation se trouve reportée à l'infini par la seconde, et peut être supprimée, puisqu'elle demeure sans action dynamique sur le point matériel.

J'indiquerai deux vériûcations de ces principes, en remarquant qu'il suffit de faire cette constatation pour les trajectoires orthogonales des courbes de niveau, et non pour ces dernières directement. En effet, ce genre de transformation n'altérant pas les angles, si les trajectoires orthogonales se correspondent dans les deux figures, il en sera de même des courbes de niveau. Si l'on envisage d'abord un centre unique, la règle précédente en déduit un système de deux centres égara, l'un attractif, l'autre répulsif. Et en effet, les trajectoires du premier système étant des droites divergentes, leurs transformées seront des cercles passant d'une part au pôle comme conjuguées de lignes droites, et en second lieu, par le transformé de l'ancien centre se croisent les proposées. Et tel est, par le fait, le système des tra- jectoires orthogonales de ce potentiel étudié en détail par Lamé.

Considérons, en second lieu, ce dernier potentiel avec un pôle quel- conque de transformation. Il rentre dans le cas le centre addition- nel s'évanouit de lui-même. Le transformé aura donc une constitution identique, et, par suite, le réseau peut changer de place et de dimen- sions, mais non de forme, par l'opération. En effet, les cercles passant aux deux points fixes se changeront en d'autres cercles, qui se croise- ront encore aux transformés des anciens centres.

Envisageons maintenant le potentiel général dans l'espace à trois dimensions. On sait qu'une fonction isotherme perd cette propriété dans la transformation par rayons réciproques, mais que, d'un autre côté, le produit d'une pareille fonction par le rayon vecteur devient isotherme par cette opération. J'ai de plus montré (Journal d* F Ecole polytechnique, t. XXV, p. 497), que cette méthode de déformation, à la fois géométrique et thermique, est seule capable d'un tel résultat. Tout potentiel étant une fonction isotherme dans la loi de gravitation, ne saurait donc rester un potentiel après la transformation. Mais son produit par le rayon vecteur devenant isotherme par cette opération,

LES MONDES. 73

il y a lieu de se poser à son égard, et seulement pour cette fonction, la même question que ci-dessus. Je formulerai à cet égard l'énoncé suivant : La transformée du produit d'un potentiel par le rayon vec- teur est le potentiel d'un système matériel, que l'on obtient en modi- fiant les masses et leurs rayons, en raison inverse de ces mêmes rqyons vecteurs. » En effet, le potentiel a pour expression générale

V2i.

6 '

son produit par le rayon vecteur du point attiré

V r

ou d'après la formule (1)

~ ~~ ô' *

On reforme ainsi une expression analogue avec de6 masses m', qui sont le produit des anciennes m par leurs nouveaux rayons R', ou leur quotient par les anciens R. On retrouve ainsi inversement, comme seul possible, le mode de déformation imaginé directement par M. Villié, dans sa thçse.

Si Ton considère enfin un potentiel non isotherme relatif, non plus à la gravitation, mais à une loi d'attraction suivant une puissance quelconque de la distance, on établira de même le théorème suivant : « Si Ton divise par la puissance n -+- 1 du rayon vecteur le potentiel relatif à une loi d'attraction suivant la puissance n de la distance, le résultat transformé par rayons vecteurs réciproques est le potentiel pour la même loi d'un système matériel dérivé du précédent en trans- posant les centres suivant la règle des rayons réciproques, et modi- fiant, en outre, les masses elles-mêmes dans le rapport de l'unité à la (n+ i)e puissance de leurs anciennes distances au pôle. »

Faisons toutefois une exception pour la loi d'attraction en raison inverse de la simple distance. Le potentiel cesse alors d'être algé- brique. Il devient logarithmique, et l'on doit lui appliquer la règle toute différente qui a été donnée en commençant pour le potentiel cylindrique de la loi de gravitation.

MMAvMMk

0

74 LES MONDES.

SCIENCE EN HOLLANDE

SUITE ET FIN

Sur le* forme* caudale* allongées de* oiseaux de Paradl*. Conclusions. Les faits observés par l'auteur se lais- sent résumer de la manière suivantes :

Le développement des deux plumes caudales allongées des oiseaux de Paradis mâles de la première année nous montre comment a agi successivement la sélection sexuelle, puisque ces divers états on- togéniques doivent être regardés comme récapitulant en quelque sorte la série des phénomènes phylogéniques ;

Il est digne de remarque que dans les robes de noces suivantes les plumes n'ont pas à parcourir chaque fois de nouveau tous ces états ontogéniques ; la marche du développement est simplifiée : les jeunes mâles de la première année sont surpassés par les vieux en élégance et en richesse de plumage , et il est, par conséquent, probable qu'ils n'arrivent à se reproduire que dans les cas exceptionnels. Or, comme les vieux mâles sont non-seulement les plus beaux mais aussi les plus forts et les plus experts, il est favorable à la conservation et au perfec- tionnement de la race qu'ils restent chargés, autant que possible, ex- clusivement du soin de la reproduction.

39 Les oiseaux de Paradis sont au nombre des oiseaux dont les mâles perdent leur brillant plumage au moment cessent les in- fluences de la sélection sexuelle ; mais comme au retour de la saison de l'hjimen, ils ont de nouveau à soutenir la lutte pour le prix de l'amour, ce brillant plumage doit aussi se régénérer chaque année.

Plusieurs espèces (papuana apoda) conservent pendant toute leur vie ou ne perdent qu'accidentellement certaines parties de ce plumage de noces, savoir les plumes caudales modifiées. D'autres espèces (ru- bra) ne dépouillent ces mêmes parties qu'une seule fois après la pre- mière robe noces; d'autres enQn (regia speciosa) (Nelsoni ??) en changent tous les ans.

Quelque* e**al* eoneemant le titrage de* alcaloïde* du quinquina, par M. P.-J. Van Kerckhof*'. Conclusions. 1* L'emploi de l'éther comme liquide volumétro-analytique (proposé par MM. Glénard et Guiilermond) peut être entièrement évité ;

2* Le dosage proposé, exécuté avec soin, donne des résultats très- satisfaisants ;

LES MONDES. 75

En faisant, par cette méthode, des essais comparatifs sur le même quinquina, on obtient des chiffres bien concordants ;

4* La méthode se recommande par la facilité avec laquelle on se débarrasse des autres matières contenues dans l'écorce, et Ton obtient une solution incolore;

5* D'un côté, il est vrai, elle tend à donner une proportion de qui- nine un peu trop forte, parce .que la quinidine (si celle-ci existe réel- lement dans l'écorce) et la chinchonine ne sont pas tout à fait inso- lubles dans l'éther; mais cette erreur est contrebalancée par une autre agissant en sens contraire, qui provient de ce que la quinine n'est pas absolument insoluble dans l'eau ;

La méthode ne devient propre à faire connaître la proportion de quinidine et de chinchonine que si la partie insoluble dans l'éther est soumise à un traitement ultérieur, traitement auquel la méthode de M. De Vrij parait pouvoir s'appliquer avec succès. Dans les essais dont je viens de rendre compte, je n'ai pas effectué cette séparation.

Bmr la durée et la marche de* courant» galvanique* d'Induction, par M. A. Nyland. fiésumé et conclusions. 1 . Les courants dus à l'induction voltalque pure sont tris-faibles peine sensibles physiologiquement) et durent sur papier à» fleurs 0,002 secondes à la fermeture et 0,0043 secondes à l'ouverture. Dans ces expériences, la batterie inductrice se composait de 10 éléments de Grove, la spirale primaire de 30 mètres de fil de cuivre, épais de 2 1/4 mi lli m. et recouvert de soie; la spirale secondaire était celle du grand inducteur de Ruhmkorff. Ces décharges se composent, de même que toutes les suivantes, d'étincelles séparées ; le retard de la décharge, c'est-à-dire le temps qui s'écoule entre l'ouverture ou la fermeture du courant primaire et la première étincelle du courant d'induction, est un peu moindre à l'ouverture qu'à la fermeture. Infé- rieure dans les deux cas à 1/20 (de vibration 1/246 de seconde).

2. Lorsqu'on introduit des noyaux de fer dans cette spirale primaire, les courants induits deviennent beaucoup plus énergiques et plus longue durée. Un barreau de 82 centim. de longueur et de 2,2 centim. d'épaisseur donne, avec la même batterie inductrice, des courants qui, sur papier à fleurs, durent 10 vibrations à la fermeture et 10 1/2 vi- brations à l'ouverture. Le retard de la décharge est de nouveau plus court lors de l'ouverture que lors de la fermeture. Les courants d'ou- verture peuvent traverser une couche d'air de 14 millimètres, ceux de la fermeture une couche de 6 millimètres seulemeut. Si, à la place du barreau, on introduit dans la spirale primaire un faisceau de 45 fils

70 LES MONDES.

de fer long de 53 \fè centim. et épais de 4 millimètre, on obtient des courants induits de plus courte durée qu'avec le barreau, mais qui reproduisent du reste les mêmes particularités.

3. Le Ruhmkorff complet donne les courants les plus énergiques et nous apprend les faits suivants :

A. Les décharges se composent de centaines d'étincelles qui, d'abord séparées par des interruptions, se suivent ensuite régulièrement en augmentant en nombre et diminuant en grandeur. Dans les décharges d'ouverture, c'est la première étincelle qui est la plus forte ; dans les décharges de fermeture, ce sont les étincelles de la 2* vibration.

B. La durée des décharges d'ouverture et de fermeture est la même, au moins quand la résistance est faible ; sur papier à fleurs, par exem- ple, elles durent l'une et l'autre 17 à 48 vibrations.

Une plus grande rapidité d'ouverture ou de fermeture n'a pas d'in- fluence appréciable sur la durée. La durée des décharges croit avec le nombre des éléments de la batterie, mais non dans le même rapport.

G. Les interruptions entre les étincelles sont tantôt plus nombreuses dans les décharges de fermeture et tantôt dans les décharges d'ouver- ture, suivant que l'électrode a communiqué avec le diapason ou le cylindre. Toutefois, quand on laisse les deux électrodes sur le cylindre, on n'en trouve pas moins des interruptions dans le tracé double de chacune des décharges, de sorte que ces interruptions doivent être une conséquence du mouvement de l'électricité dans les conducteurs. La première interruption des décharges d'ouverture croit régulière- ment avec la force de la batterie ; celle des décharges de fermeture croit aussi, mais moins régulièrement.

D. Le retard des décharges d'ouverture est de 4/20 de vibration ou moindre; celui des décharges de fermeture est de 4i40 de vibwftion ou moindre; celui des décharges de lermetureest de 4 [4 9 de vibra- tion ou moindre.

E. Les expériences sans résistance (les extrémités de la spirale se- condaire étant en contact métallique) apprennent que, dans ce cas, toutes les décharges durent beaucoup plus longtemps. Réciproque- ment, une grande résistance, par exemple celle du mica raccourcit la durée.

F. Lorsque les décharges ont à vaincre une couche d'air entre les pointes d'un micromètre à étincelles, les décharges de fermeture dis* paraissent déjà entièrement, même avec les courants les plus éner- giques, pour une distance de 5 millimètres entre les pointes. A mesure que la résistance de l'air augmente, la décharge d'ouverture décroit régulièrement en durée, et montre un retard croissant.

LES MONDES 77

L'influence du condensateur est ici très-appréciable : des courants d'ouverture qui, pour une distance des pointes égale à 24 millimètres, sont réduits à une seule étincelle et ont un retard de 0,48 vibration, peuvent, avec le secours du condensateur, franchir une distance de 94 millimètres entre les pointes, en n'accusant qu'un retard de 0,1 vi- bration.

G. Une bouteille de Leyde, introduite dans le circuit secondaire, renforce en apparence les décharges qui, alors, font plus de bruit, et impriment leurs étincelles plus fortement sur le papier. Mais ces dé- charges ne peuvent vaincre une aussi grande résistance que les dé- charges ordinaires. Les étincelles diminuent en nombre vers la fin des décharges et elles se succèdent sans interruption.

H. Si la succession des ouvertuies et des fermetures est assez ra- pide pour que les courants d'induction n'aient pas le temps de s'écou. 1er régulièrement, on obtient une destruction totale ou partielle de l'action et un passage brusque (en i{20 de vibration), d'une des dé- charges à l'autre.

I. Les décharges unipolaires sont de courte durée (1 \\% vibration), se composent aussi d'étincelles séparées, et peuvent vaincre des résis- tances presque aussi grandes que les décharges ordinaires. Les deux extrémités de la spirale secondaire donnent les mêmes décharges. On peut prolonger la durée de la décharge à l'une des deux extrémités en faisant communiquer l'autre avec la terre.

K. Les images des décharges qui peuvent être regardées comme une analyse ultérieure des étincelles ne nous ont appris jusqu'ici, outre les choses déjà trouvées, qu'un seul fait nouveau concernant le mode de décharge, à savoir que ce n'est pas l'étincelle elle-même, mais l'air qu'elle traverse, qui parait exercer l'action mécanique,

Étude» sur le Pboleus ©pllloncldes Sehranlt, par

M. A.-W.-M.VanHasselt.

Sur la variation diurne de l'inclinaison magnétique à Batavia, par M. P.-A. Bergsma. Lés observations indiquent un décroissement de l'amplitude de la variation diurne de l'inclinaison dans les moyennes annuelles à mesure que la latitude s'élève.

Notes pour servir a la connaissance dn Presbytes alblcena, par W. Marschall.

Matériaux pour la connaissance du basalte, par

M: Seblhbim. Conclusions. On peut se représenter à peu près de la manière suivante la formation du basalte et les changements suo-

i

*

78 LES MONDES.

cessifs qu'il subit. Dans la première période, on a une masse argileuse plus ou moins plastique dans laquelle l'eau peut se diffuser suivant toutes les directions. Les divers éiéments en présence commencent à agir les uns sur les autres. Le peroxyde de fer est réduit par les ma- tières organiques. Les carbonates de fer, de chaux et de magnésie, les silicates alcalins, etc., réagissent sur l'acide silicique et sur l'argile* La masse commence à se remplir de productions cristallines qui se groupent autour de centres distincts et donnent naissance à la struc- ture grenue. L'acide carbonique, mis en liberté, peut s'échapper len- tement avec l'eau, entre les particules argileuses qui ne sont pas encore entièrement décomposées. La matière prenant une durtté cristalline, tout en étant encore pénétrée de particules argileuses non attaquées, il s'établit nécessairement à l'intérieur un état de cohé- rence très-inégale. La masse montre, au moindre changement de température, le phénomène de la décrépitation, ou est sujette à éclater, sous l'influence d'un pareil changement, en grains anguleux marqués de points étoiles. Si, dans ce stade de durcissement progressif , il se fait un échange d'acide carbonique contre de l'oxygène, ou une forma- tion de fer oxyde magnétique, d'après la théorie de Mohr, la division prismatique s'opère dans la masse parvenue au degré extrême de fra- gilité. Enfin, il vient un moment la tranformation étant achevée, il s'établit un état de stabilité dans lequel la masse est devenue par- tout compacte et imperméable, et les communications entre les éléments ont cessé. C'est la seconde période, de laquelle le basalte passe, quand les circonstances sont favorables, à un troisième stade. Les parties de fer oxydé magnétique qui, étant rapprochées de la sur- face des prismes sont exposées à l'influence de l'air, commencent à s'oxyder. L'oxyde de fer qui sert, comme on le sait, de véhicule à l'oxygène transmet cet élément d'atome en atome aux parties inté- rieures, et les prismes s'entourent de dehors en dedans d'une couche colorée en rouge qu'on trouve par exemple très-bien caractérisée dans les prismes de Minderberg. Comme l'oxydation dans sa marche pro- gressive vers l'intérieur est directement proportionnelle à la surface de la partie attaquée et inversement proportionnelle à son volume, elle avancera plus rapidement à partir des angles le quotient de la sur- face par le volume est plus grand, et la limite d'oxydation se rappro- chera de la forme sphéroïdale ou ellipsoïdale. Simultanément la mo- dification chimique détermine un changement de structure et, par suite une tendance à la formation de sphéroïdes, ou même une division formelle des prismes ou sphéroïdes. Lorequ'enûn, et c'est la qua- trième et dernière période, l'oxyde de fer est réduit et enlrainé par les

LES MONDES. 79

agents extérieurs, la roche devient poreuse ; Peau s'y filtre, l'altération commence, et dans la. dernière phase de cette période le basalte re- tombe à l'état d'argile ; d'autres fois, peut-être, il subit une transfor- mation en trachyte.

Matériaux pour la eonualeeanee de l'Influencé de la température sur lea plantée. Four la majorité des espèces observées, la température limite de la vie se trouve, dans l'eau, entre 45 et 47 degrés et dans l'air (ou dans la terre sèche), entre 50 et 52 de- grés; mais, pour certaines espèces, cette limite est située plus haut et pour d'autres plus bas. Si Ton tient compte, en outre, des algues qui végètent dans les sources thermales, on voit qu'il n'est pas encore possible d'indiquer une température limite absolue pour la vie végétale en général.

Les plantes peuvent sans inconvénient pour leur vie être refroidies pendant peu de temps jusqu'à 0 degré. Les changements de tempéra- ture, quelque grands et rapides qu'ils soient, pourvu qu'ils restent au-dessous de la limite supérieure trouvée pour la vie et au-dessus du point de congélation n'ont directement pas d'influence nuisible sur la vie des plantes. Le mouvement du protoplasme éprouve un ralen- tissement d'autant plus considérable que la variation de température comprend un plus grand nombre de degrés.

La vitesse d'imbibition est d'autant plus grande que la température est plus élevée.

Les parois des cellules (vivantes) renferment à l'état de saturation d'autant plus d'eau que la saturation a eu lieu à une température plus élevée. Les parois des cellules absorbent l'eau et les dissolutions sa- lines étendues avec d'autant plus de rapidité que la température est plus élevée.

Les parois cèdent leur eau d'imbibition aux agents de déshydrata- tion avec d'autant plus de rapidité que la température est plus élevée. Il y a pour chaque espèce un point d'élection [optimum) la crois- sance se fait avec plus de rapidité qu'à toute autre température. Au- dessous de ce point la longueur atteinte augmente à mesure que la température s'élève, tandis qu'au-dessus elle diminue à mesure que la température monte.

Quelques observation* sur la aplanehnolo&ie du RMuoeltsetea juba tu». Ver. et Demi., par M. W. Marschàu. Chez cet oiseau le système viscéral présente des particularités qui se rencontrent en partie chez les échassiers, en partie chez les cigognes : c'est ainsi, par exemple, que l'estomac, organe dont la forme et la

80 LES MONDES

structure dépendent en première ligne du genre de vie, a, chez le Rhi- nochœtesjubatus, la forme de poche et la consistance membraneuse, comme chez les ordéides, tandis que chez les gruides il est toujours très-musculeux. D'un autre côté, et bien qu'il ne faille pas attacher trop d'importance à ce fait, il est remarquable que le caractère parti- culier du foie ne se trouve que chez un seul oiseau de Tordre des écha&siers, chez le Caradrius.

Sur quelque* monstruosités observées chez des crustacés, par M. J.-A. Herlots.

Sur la manière de vivre de l'Eury tomis longlpennls Wall*., par M. H. Wetenbergu.

La preuve directe que les globules du sang four- nissent de la fibrine, par M. A. Hkynsius. On prit 330 du plasma étendu et limpide dans lequel les globules s'étaient déposés et, après y avoir ajouté 50 centimètres cubes dejsérum de vache, on chauffa à 40 degrés : on obtint ainsi 0,06? gr. de [fibrine. Les globules avaient été mélangés avec 4 064 gr. de liquide. On avait donc trouvé pour la quantité totale de plasma sanguin 0,114 gr. ou 0,1 pour 100 de fibrine ; par la saturation avec Cl Na, on en précipita 0,65 p. 100 de matière albuminoïde.

Quand du sang de cheval est reçu sous des conditions favorables dans une solution de Cl Na, à 1 pour 100, le plasma ne renferme que 9 pour 100 de la quantité de fibrine du sang, tandis que les globules fournissent le reste, c'est-à-dire 91 pour 100.

La proposition que les globules du sang sont réellement la source principale de la fibrine de ce liquide est donc ainsi démontrée directe- ment*

Nouveaux résultats de mesures sur le planometre polaire d'Ain» 1er, par M. Màrtogh Heys Van Zouteween.

Sur quelques nouvelles formules de réduction dans la théorie des intégrales définies, par Rierens de Haàn.

le dosage de l'acide pnosphorlque en présence de l'oxyde de fer et de l'alumine, par M. A. Adrïanse.

LES MONDES. 84

ACCUSÉS DE RÉCEPTION

Théorie de la chaleur, par M. Glerr Maxwell. -«Le dessein de cet excellent livre est d'exposer la connexion entre les diffé- rentes phases du développement de nos connaissances sur la chaleur. Le premier degré de ce développement a été l'invention du therrao» mètre, qui donne le moyen de déterminer et de comparer les tempé- ratures. Le second degré est la mesure des quantités de chaleur, ou la calorimétrie. Toute la science de la chaleur est fondée sur la thermo- métrie et la calorimétrie, et lorsqu'on a compris ces opérations, on peut airiver au troisième degré, l'examen des rapports entre les pro- priétés thermales et mécaniques des corps, ce qui forme le sujet de la thermodynamique. Toute cette partie du sujet repose sur la considé- ration de l'énergie intrinsèque d'un système de corps, dépendant de la température et de l'état physique, ainsi que de la forme, du mou- vement et de la position relative de ces corps. Mais une partie seule- ment de cette énergie peut être utilisée pour produire un travail mécanique, et la partie utilisable est sujette à être diminuée par l'ac- tion de certaines causes naturelles, telles que la conduction et le rayonnement de la chaleur, le frottement et la viscosité. Ces causes, qui empêchent d'utiliser l'énergie comme source de travail, sont classées ensemble sous le nom de dissipation de l'énergie, et forment le sujet delà division suivante du [livre. Le dernier chapitre est consacré à l'explication des différents phénomènes au moyen de l'hypothèse que les corps sont composés de molécules dont le mouvement constitue la chaleur de ces corps.

Pour pouvoir renfermer la discussion de ces sujets dans les limites de ce manuel, on a reconnu qu'il fallait laisser de côté tout ce qui ne forme pas une partie essentielle des moyens par lesquels les principes de la science de la chaleur ont été développés, ou qui ne peut servir à l'étudiant pour former son jugement sur cette science.

C'est pourquoi Ton ne donne pas le détail de plusieurs expériences très- importantes, et l'on a omis plusieurs démonstrations delà théorie de la chaleur par les phénomènes naturels. Mais l'étudiant trouvera cette partie du sujet traitée bien plus au long dans plusieurs ouvrages excellents sur le même sujet qui ont été publiés récemment.

On trouvera un exposé complet des expériences les plus importantes sur la chaleur dans le a Traité de la chaleur » de Dixon (Hogges et Smith, 1849).

*S LES MONDES.

>

Les traités du professeur Balfour Stewart contiennent tout ce qu'il est nécessaire de savoir peur faire des expériences sur la chaleur. L'étudiant peut encore consulter la o Philosophie naturelle » de Du- hamel, deuxième partie, traduite par le professeur Everett, qui a ajouté un chapitre sur la thermodynamique ; l'ouvrage du professeur Rankine sur la machine à vapeur; la a Thermodynamique», du pro- fesseur tait, qui contient une esquisse historique de la question, et des recherches mathématiques ; et l'ouvrage du professeur Tyndall, sur a La chaleur comme mode de mouvement, » dans lequel les prin- cipes de la science sont facilement gravés dans l'esprit par des expé- riences démonstratives bien*choisies.

Annuaire pour l'an 18**, publié pur le bureau dea Longitude», volume in-18 de 466 pages. Paris, Gauthier- Villars, Prix : 1 fr. 35 cent. C'est la volume publié annuellement sans innovations sensibles, avec une notice sur les comètes périodiques, par M. Delaunay. Le but de ce petit travail est de réunir les diverses données historiques ralatives à la découverte des huit comètes pério- diques de Halley, de Encke, de Biela, de Faye, de d'Arrest, de Tuttle, de Winneck.

Manuel pratique et élémentaire d'analyse chimique dea vin», par Edouard Robinet fils (d'Épernay), in-18 jésus, de 111-265 pages, avec de nombreuses figures. Prix : 3 fr. Auguste Le- moine, quai Malaquais, 15. L'auteur de cet intéressant ouvrage explique ainsi dans sa préface le but qu'il s'est proposé : a Le vin qui a été l'objet des études profondes de nos savants, est loin d'être parfaitement connu dans sa composition. Ce n'est pas dans l'espoir d'ajouter des connaissances nouvelles à celles qu'on possède, que je me suis proposé d'écrire un traité d'analyse du vin, mais simplement pour venir en aide à ceux de nos compatriotes peu familiarisés avec les sciences chimiques et physiques, et qui cependant voudraient se livrer à des études chimiques élémentaires sur ce produit. Parmi les nombreux ouvrages qui composent ma bibliothèque, j'ai toujours constaté avec regret l'absence d'un manuel élémentaire donnant une suite de formules d'une application facile, au moyen des- quelles les industriels et les viticulteurs pourraient faire d'année en année des analyses qui leur permettraient d'établir des comparaisons entre les produits des diverses années, etformeraient plus tard des séries d'observations d'un très-grand intérêt. » Le but que l'auteur se propo- sait a été atteint et même dépassé; car son ouvrage, tout en étant es- sentiellement pratique, ne laisse pas que de traiter tous les points de science qui se rattachent à la questions des vins.

\^

LES MONDES. 86

ëtmdi Mpra fil «tronratt m«s»*titl, par le R. P.

Ciubus Bjuun. Cet études ont été rédigées par le P. Braun à la suite des observations qu'il a faite», pendant plus d'une année, avec l'excellente boussole d'inclinaison de l'observatoire du Collège ro- main. Cet instrument est d'une telle précision que Terreur des me- sures qu'il donne s'élève à peine A une minute, tandis qu'ailleurs, avec d'autres boussole d'inclinaison, on arrive à des différences de mesures qui s'élèvent de 30 à 50 minutes, et même plus, le même jour et dans les mêmes circonstances.

Le P. Braun décrit avec une grande exactitude la manière dont il détermine les inclinaisons, les déclinaisons et les intensités magné- tiques. Le même instrument, qui est d'une si grande précision, lui sert à faire ces trois opérations. Gomme l'inclinaison de l'aiguille varie suivant les différents azimuts du plan dans lequel l'aiguille se meut, il est clair qu'après avoir mesuré une inclinaison, l'on pourra calcu- ler, au moyen d'une formule convenable, quel était l'azimut magné- tique de l'aiguille. Le P. Braun donne, avec tous les détails nécessaires, les formules qui servent à calculer les déclinaisons ainsi que les in- tensités.

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DU LUNDI 48 DÉCEMBRE 1871.

Théorèmes relatifs aux axes harmoniques des courbes géométri- ques, par M. Chasles.

Sur Us froids de décembre 1871, par M. Delaunay. Les quel- ques lignes qui suivent offrent un certain intérêt. « Le premier signe de l'approche d'une bourrasque, signe quelquefois très-fugitif et difficile à saisir, consiste dans une hausse du baromètre accompagnée ou sui- vie d'un accroissement dans la transparence de l'air.

Les brumes apparaissent toujours sous forme de brouillard en hiver, sous forme d'un simple défaut de transparence de l'air en été, dans la région à forte pression barométrique entourée par le circuit équatorial de l'atmosphère. »

De l'influence de la neige sur la température du sol à diverses profondeurs, selon qu'il est gasonné ou dénudé; par MM. Becquerel' et Edm. Becquerel. « Les observations ont éié faites d'une manière suivie au Jardin des Plantes, dans deux terrains semblables contigus,

84 LES MONDES.

dont l'un est couvert de bas végétaux et l'autre est dénudé , avec le thermomètre électrique, à des profondeurs au-dessous du sol égales à 0*,0& ; 0m,l et 0m,3, et même 0m,6, au-dessous du sol.

La neige a commencé à tomber à Paris, vers 2 heures de l'après- midi, le 7 décembre dernier ; le lendemain, la terre en était couverte d'une couche épaisse de 7 à 8 centimètres en moyenne. La tempéra- ture s'est abaissée rapidement ; le 9, le minimum est descendu jus* qu'à ~ 20°,7 au Jardin des Plantes, et à l'Observatoire à 2i°,5.

Les tableaux d'observations montrent que les températures, sous le sol couvert, ont été constamment au-dessus de zéro, au Jardin comme à l'Observatoire, aux profondeurs de 0m,05 ; 0œ,l et 0m,3. Au Jardin, la température à 0»,05, à partir du 5, a été d'environ 0%7, et la varia- tion de 1 à 2 dixièmes ; à Ô",10 et O^O, les températures ont été de I et 2 degrés, avec des variations de 1 à 2 dixièmes de degré ; ce qui indique une température à peu près constante à chaque station. A ces profondeurs, dans les terrains de même nature, les racines, les graines et autres corps organisés sont préservés de la gelée par un froid de plus de 20 degrés au-dessous de zéro.

Sous le sol dénudé, aux mêmes profondeurs, il en a été autrement : depuis le 2 décembre jusqu'au 6, à 0m;05, la température a été con- stamment au-dessous de zéro, et, le 15, elle était à zéro. A partir du 7, la température était de 1 degré, elle a continué à baisser jus- qu'au 10; puis elle a été en augmentant jusqu'au 15 de quelques dixièmes chaque jour, elle est devenue zéro.

Les tableaux montrent encore que, depuis le 15, le dégel a com- mencé, à 0m,05, les températures tendent à s'égaliser; on voit donc, d'après ce qui précède, qu'une couche de neige de 7 à 8 centimètres d'épaisseur préserve efficacement de la gelée les objets, lors même que la température descend au-dessous de 20 degrés, le sol couvert de bas végétaux à 0n,05 et au delà, pendant un certain nombre de jours, tandis que, lorsqu'il est dénudé, la température, à la même profon- deur, est de plus de 1°,5 au-dessou? de zéro. On peut donc conserver, dans des silos, à peu de profondeur au-dessous du sol, des racines et des graines quand le sol est gazonné, tandis que les mêmes objets pourront être exposés à la gelée, si le 6ol est dénudé ou a reçu un labour. Si la neige et le froid étaient persistants, cette distribution de la chaleur éprouverait peut-être quelques changements ; vu le dégel, on n'a pas été à même de les observer.

Note sur un mémoire de M. Liebig, relatif aux fermentations,

par M. Pasteur. Nous l'avons reproduite ailleurs.

LES MONDES. 85

En désaccord avefc M. Pasteur et tidèle à ses anciennes théories, M. Fréiny demande la réponse à la question suivante :

a M. Pasteur admet dans l'air l'existence des germes de levure et explique ainsi la production du ferment alcoolique dans un suc de rai- sin exposé à l'air : quant à moi» je soutiens que l'air n'apporte pas de germes de levure dans un suc végétal fermentescible, et que c'est la matière albumineuse du suc végétal qui, au contact de l'air, se trans- forme en levure.

Telle est la question que nous devons discuter d'abord : nous Téten* drons ensuite, et nous l'appliquerons à d'autres fermentations lorsque le premier point sera bien établi.

11 faut savoir enfin si, comme le pense M. Pasteur, l'air atmosphé- rique contient réellement les germes de tous les ferments, et si, en les semant dans les liqueurs fermentescibles, il devient la cause des fer-* mentations : quant à moi, tout en admettant dans l'air la présence des corps solides qu'un rayon de soleil m'y fait voir, je suis loin de lui attribuer la fécondité que M. Pasteur lui suppose. »

M. Pasteur répond :

« M. Frémy demande la solution d'un problème dont j'ai indiqué le premier la difficulté pratique, et qu'on peut énoncer en ces termes : t Trouver un milieu minéral sucré qui soit tout aussi propre à la c naissance et au développement des levures alcooliques que le moût c naturel du raisin lui-même. »

Ce problème n'est pas insoluble, mais il exige de longues recherches» En effet, M. Frémy ne peut ignorer qu'avec le jus naturel de la bette- rave elle-même, ce qu'il me demande serait difficile à faire. Ne sait-il pas, d'ailleurs, qu'il a fallu à M. Raulin six années des recherches les plus assidues pour arriver à constituer un milieu minéral sucré, qu j lût autant et même plus fertile pour une moisissure que les milieux organiques naturels?

Quant au point de vue général de notre sujet, cette question de H. Frémy est absolument sans valeur. Une levure en vaut une autre à l'égard des principes de la théor/e. Il doit lui suffire que je puisse faire l'expérience qu'il réclame, pour la fermentation et la levure lac- tique, pour la fermentation et la levure butyrique, et pour diverses autres levures et fermentations.

En tout cas, je considère comme erronées, autant qu'il esl possible de le dire, les assertions suivantes de M. Frémy :

V Le caséum produit tantôt du ferment alcoolique, tantôt du fer- ment lactique, tantôt du ferment butyrique;

M LES MONDES.

Dans la production du vin, c'est le suc du fruH qui, au contact de l'air, produit les grains de levure.

Jamais M. Frémy n'a donné la moindre preuve de ces assertions, et toutes mes expériences protestent contre leur exactitude. »

Disposition remarquable des stomates sur divers végétaux, et 9 en particulier, sur le pétiole des Fougères, par M. Trécul.

Des conditions de résistance d'un volant, par M. H. Resal. (Extrait par l'auteur.) Je ne connais, sur la résistance des volants, que l'aperçu qu'a donné Poncelet dans son Cours lithographie de l Ecole d'application du génie et de tartilkrie, relativement à la tendance à la rupture des bras à leur naissance. Cependant le problème peut se ré- soudre complètement! en faisant intervenir simultanément les hypo- thèses qui servent de base à la résistance des matériaux et le mode de calcul des pressions ou tensions élastiques employé dans la théorie mathématique de l'élasticité.

Soient :

P le poids de l'anneau ;•

f>0 son rayon moyen ;

9 sa tension méridienne ;

as son épaisseur ;

« le rayon du moyeu ;

a la vitesse angulaire moyenne ;

l'écart maximum de la vitesse angulaire ;

v la valeur maximum de l'accélération angulaire;

v le nombre des bras et a = ;

y

cr' leur section ;

J le moment d'inertie de cette section par rapport à une parallèle à Taxe passant par son centre de gravité ;

â la largeur des bras ;

n le poids spécifique de la matière ;

r la plus grande puissance élastique qu'on veut lui faire sup- porter;

g l'accélération de la pesanteur ;

F la force de la machine en chevaux ;

N le nombre de tours par minute ;

/* le coefficient donné par la théorie des volants.

Les équations dont on doit se servir pour déterminer les dimen- sions de l'anneau et des bras sont :

LES iM ONDES. 87

!i tang«/i « \ . Po tang« _f f f#l

« i

M. J. Carvallo soumet au jugement de l'Académie une note rela- tive à la duplication du tube. L'auteur s'est proposé de trouver, à l'aide de la règle et du compas, deux limites ne différant l'une de l'autre que d'une quantité plus petite que toute grandeur donnée, et compre- nant entre elles, soit le côté d'un cube double d'un cube donné, soit le côté d'un cube égal à la somme ou la différence de deux cubes don* nés, soit le côté d'un cube dont le rapport à un cube donné soit égal à celui de deux droites données.

M. le secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la correspondance :

Un volume de M. St. Meunier, intitulé o Cours élémentaire de Géologie appliquée; lithologie pratique »;

Une brochure de M. G. Govi « sur l'invention de quelques éta- lons naturels de mesure » ;

Une note du P. Denza, imprimée en italien et portant pour titre « Programme des observations physiques qui doivent être exécutées dans le tunnel de Fréjus par MM. Secchi, Diamilla-Muller et Je P. Denza ».

Le P. Denza serait bien aimable s'il nous adressait copie de son Programme.

M. Résal prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats à la place laissée vacante, dans la section mécanique, par le décès de M. Piobert.

Sur la nature complexe de la cathartine, par M. E. Bourgoin. La cathartine ne constitue pas un principe défini : c'est un mélange contenant au moins trois substances distinctes, dont une nouvelle, qui sera désignée ici sous le nom de chrysophanine. Ces trois substances sont: l'acide chrysophanique; un glucose dextrogyre; 3* la chrysophanine.

1. Acide chrysopkanique. L'acide chrysophanique n'existe qu'en petite quantité dans la plante, ce qui explique pourquoi quelques chi- mistes ont échoué dans la recherche de ce principe ; rien de plus simple cependant que de le mettre en évidence ; en effet, il suffit de

88 LES MONDES.

faire infuser quelques feuilles dans l'eau : le liquide peu coloré prend immédiatement une teinte rouge caractéristique quand on l'additionne de quelques gouttes d'ammoniaque.

II. Glucose dextrogyre. La cathartine, débarrassée par l'éther de l'acide chrysophanique donne avec l'eau une solution limpide, quoique fortement colorée qui possède les caractères suivants : elle fermente sous l'influence de la levure de bière en donnant naissance à de l'acide carbonique el à de l'alcool ; elle réduit abondamment la liqueur cupro-potassique ; décolorée et privée de la chrysopha- nine qu'elle contient, elle dévie à droite le plan de polarisation la. lumière polarisée. (

Pour isoler le glucose dextrogyre de la cathartine privée d'acide chrysophanique! on ajoute du sous-acétate de plomb, on sépare le. précipité volumineux qui se produit, et le liquide, privé de l'excès de réactif par l'hydrogène sulfuré, est évaporé à siccité. Le résidu est con- stitué par du glucose ne retenant qu'une petite quantité d'un .principe amer, qui est sans doute l'un des glucosides générateurs.

III. Chrysophanine. Pour la retirer de la cathartine, on enlève l'acide chrysophanique par l'éther, puis on précipite la solution par le sous acétate de plomb, et l'on régénère la chrysophanine en dé- composant sa combinaison plombjque par l'hydrogène sulfuré.

Pure, la chrysophanine est sensiblement blanche, bien qu'elle con-r stitue, avec l'acide chrysophanique, le principe colorant des prépara tions qui ont pour base le séné.

Faits pour servir à l'histoire de l'acide azotlqae, par

M. Edme Boïïrgout; ~ L'acide azoteux, le deutoxyde d'azote, l'azote et l'ammoniaque résultent de l'action réductrice exercée par Thydrogène sur l'aqide Az062H302. On a, par exemple, pour l'acide azoteux,

Az O6 2H' O* -t- H' = Az O3 + 3H' 0\

L'hydrogène, au moment il prend naissance, jouit de pro- priétés réductrices énergiques, qui n'appartiennent pas à l'hydro? gène libre et qui ne se manifestent que dans une solution suffisam- ment concentrée.

Il me parait probable que l'hydrogène, au moment il est mis en liberté, se trouve dan* un grand état de condensation, peut-être à l'état liquide, et que c'est en ce sens qu'il convient d'interpréter son et état naissant ».

nm

PàftIS. TTP, WAXDER, RUE BOHÀPÀRTK, 44.

N# 3. 4872

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

T*igeJto»tc»A d'iBquIrfâuited'DB «Avant illustre.— Le |

tome XXXIX des mémoires de l'Académie, actuellement en voie 5

d'impression, doit contenir les principaux titres de gloire du noble doyen de la sçction de chimie de l'Institut de France : ses recherches sur Ici laine et le suint; son explication célèbre d'une erreur de rai- sonnement trop fréquente dans les sciences du ressort de la philoso- phie naturelle, qui concernent le concret; la détermination de la nature de l'acidité, de l'eau dans laquelle on a abandonné au con- tact de l'air des tendons d'éléphant, et même des débris humains de laboratoires d'anatomie; l'altération lente des matières orga- niques sous l'influence des agents pondérables de l'atmosphère et dfcla lumière; l'affinité capillaire en vertu de laquelle les solides s'upissentà des liquides qui conservent leur liquidité, et absorbent les corps gazeux; l'hygiène des villes; la production agricole en- visagée principalement dans ses r. y ports avec l'emploi de l'en- grais humain, etc., etc. Après avoir fait lui-même cette glorieuse «numération dans la séance du 8 janvier dernier, le vénérable M. Chevreul s'est exprimé ainsi : a Depuis l'essor inespéré qu'a pris la météorologie dans le monde entier, d'ailleurs bien justifié par les avantages qu'on en tire déjà, notamment la connaissance de la marche des orages, des tempêtes, des ouragans, qui permet à l'homme la prévision de parer aux dangers qui jadis l'auraient frappé à l'improviste, je me suis demandé si, dans le monde social, il n'y avait pas quelque avantage à considérer l'horizon nous vivopa avec l'intention de voir si tout y est serein. Je puis me tromper, moi, chétif, car on se trompe même en météorologie ; mais il me semble apercevoir au loin quelques points noirs, qui me prescrivent la prévoyance. S'il n'y a pas d'erreur de ma part, ailes points noir* grossissaient et devenaient menaçants, permettez* moi, messieurs et chers confrères, d'espérer que l'Académie voudrait ïrien alors donner sa protection à celui qui se dit aujourd'hui le doyen des étudiants de France, et dont l'aspiration unique est de terminer le XXXIX volume de l'Académie des sciences. » Qu'on juge de l'impression qu'ont produite ces paroles empreintes d'une

Sv U XXVII, 18 janvier 1871. 7

90 LES MONDES.

mystérieuse tristesse. Les poinls noirs sont-ils patriotiques ou personnels? M. Chevreul nous a dit qu'ils étaient personnels. L'il- lustre vieillard a-t-il voulu faire entendre que Ton mettait à la ter- minaison du volume auquel il tient tant des entraves et des retards qu'il ne serait bientôt plus en mesure de conjurer ? S'il en était ainsi, nous espérons que l'Académie fera auprès du ministre de l'instruction publique toutes les démarches nécessaires pour ame- ner le prompt achèvement d'une impression par trop lente. Le vœu d'un vieillard de 85 ans, vrai potentat de l'humanité, qui a conquis à la France tant de gloire, est un vœu sacré.

lie nouvel Hôtel-Dieu. La Société des médecins et chi- rurgiens des hôpitaux de Paris, sur le rapport d'une commission composée de MM. les docteurs Broca, Gir aidés, Hardy, Hérard, Marjolin,Trélat, Vidal et Lorain, rapporteur, vient de voter presque à l'unanimité la condamnation du nouvel Hôtel-Dieu. L'arrêt est formulé à peu près en ces termes : a La Société, considérant que l'Hôtel-Dieu actuel, tel qu'il se comporte, présente des conditions contraires aux règles les plus élémentaires de l'hygiène déclare qu'il n'y faut point loger de malades. » La commission chargée par le conseil municipal de Paris d'examiner les questions hospitalières ratifiera-t-elle le jugement de la Société médicale. C'est probable, dans l'état actuel des esprits très-exaltés, très-excités, très-irrités contre tous les actes du gouvernement impérial. Au reste, nous n'avons jamais approuvé le genre de construction monumentale adopté pour le nouvel Hôtel-Dieu. Nous avons toujours été favora- ble, au contraire, au système de constructions temporaires, seul admis pour les hôpitaux de New- York, auxquelles, sans perte sen- sible, plutôt même avec bénéfices, car les coustructions monu- mentales absorbent des capitaux énormes dont les. intérêts suffi- raient seuls pour les constructions temporaires, lorsque imprégnés cfe miasmes homicides, ils deviennent en quelque sorte des foyers d'infection. Qu'il y a longtemps qu'on aurait dû, par exemple, ren- verser de fond en comble et brûler l'hôpital des Enfants-Malades, rue de Sèvres, des maladies graves, par exemple, rophthalmie purulente, sévissent endémiquement et épidémiqueinent. Nous avons été souvent tenté depuis six mois de demander que les bâti- ments du nouvel Hotel-Dieu servent à la concentration de tous les services municipaux. Mais nous avons craint de sortir des limites de notre compétence.

LES MONDES. 91

Loi nouvelle. M* Alph. Valson, professeur de physique à la faculté de Montpellier, vient d'ajouter un beau fleuron à la couronne scientifique de la France, en découvrant une loi nouvelle de même ordre que celles deDulong,deGay-Lussac, de Berlhollet, d'Ampère, etc. Ce qu'il y a de plus méritoire, c'est qu'il a trouvé ce diamant intellec- tuel sur l'un des terrains de la physique les plus universellement et les plus profondément explorés. Voici la loi qui rendra son nom im- mortel : « Pour toutes les solutions normales, c'est-à-dire renfermant chacune 1 équivalent du sel anhydre évalué en grammes, dissous dans une quantité d'eau fixe et égal» à 1 litre, le produit de la densité par

LA HAUTEUR CAPILLAIRE RESTE SENSIBLEMENT CONSTANT.

Eclipse do 1 1 décembre. M. Janssen écrit à M. Faye, de bholoor-Neelgherry, 12 décembre 1871, 10 h. 30 m. du matin: « Vous ave? mille fois raison, je viens de voir la couronne, comme il m'avait été impossible de le faire en 1868, j'étais tout entier au spec- tre des protubérances. Rien de plus beau, de plus lumineux, avec des formes spéciales qui excluent toute possibilité d'une origine atmos- phérique terrestre. Le spectre contient une raie verte brillante, très- remarquable, déjà signalée; il n'est pas continu comme on Ta avancé, et j'y ai trouvé des indices des raies obscures du spectre solaire (D notamment). Je t crois terminée la question de savoir si la cou- ronne est due à l'atmosphère terrestre, et nous avons devant nous la perspective de l'étude des régions extra-solaires qui sera bien intéres- sante et féconde.

Nouvelle comète. Une faible comète télescopique a été dé- couverte à Milan, le 29 septembre 1871, par M. Tempet, astronome, hélas ! si peu encouragé en France. Sa position était à cette date :

Ascension droite, 297° 531.

Distance polaire, 60° 44.

Chaire de paléontologie. Nos lecteurs se rappellent qu'il y a deux ans, la chaire de paléontologie du muséum d'histoire naturelle, vacante par la mort de M. d'Archiac, fut confiée à M. Lartet, paléontolo- gue certainement très-exercé et très-célèbre, mais d'un âge trop avancé, d'une santé trop affaiblie, pour qu'il put songer à faire même une seule leçon. Il s'agissait cependant non pas d'une place de conservateur, mais d'une place de professeur. Mais hélas! on a la triste et mauvaise habitude en France de chercher non des hommes pour remplir les

9* LES mondes;

placée vacantes, mais dés places $oér les protégés on tes favoris du moment. M. Lartetmort, et quoiqu'on se trouvât en présence d'hommes aptes à le remplacer, à le remplacer avantageusement comme profes- seur, par exemple M .Albert Gaudry, l'aidé préparateur deM.d'Archiac, l'auteur si méritant de la Géologie et de la Paléontologie de FAïttyuè ; il a été sérieusement question de supprimer ce centre unique enFratiàtic d'un enseignement indispensable, puisqu'il touche aux progrès lèbpfiik importants de la science moderne. Le croirait-on, sa cofcservàtiôïi n'est due qu'à une majorité de deux voix seulement î Sans doute parce qu'une autre chaire aurait mieux convenu et aurait été plus facilement accordée au moment de sa création à un jeune professeur bn toèrbe dont l'élévation, comme celle de quelques cardinaux, était déjà faite in petto. N'importe, félicitons-nous du résultat élu scrutin, et espé- rons que M. Albert Gaudry snccédera à M. Lartet, comme fl attrait succéder à M* d'Archiao, puisque M. Bayle, ie créateur du magnifique musée paléontologique de l'École des miàes, refusait de se 'mettre sur *es rangs.

Ligne contre l'aba» dit tabae. M. le ministre de la guerre appris l'arrêté strivant : Il devra être interdit aux soldats de fumer dans les corps de garde pendant la nuit. Rien n'est plus perni- cieux que de respirer pendant le sommeil un air empesté par la fumée du tabac. Combien, hélas! de célibataires, et même d'hommes mariés, qui fement dans leur lit !

M . le comte de Lautrec, colonel du 78° régiment de marche, écrit : a Plus que jamais je vois que les suites de la mauvaise habitude de fumer sont déplorables. Bous prétexte de se procurer du tabac, le quart de l'effectif de certains corps était à courir data les bourgs voisins cantonnement. Combien ai -je vu d'ofliciers qui, en arrivant à l'étape, sans se préoccuper de l'exécution de leur service, n'avaient qu'un souci, se procurer du tabac et fumer près d'un bon feu. * M. Dubail, maire du Xe arrondissement, défend de fumer dans les bureaux de la mairie. Quelle heureuse initiative 1 Nous l'appelons de tous nos vœux. L'expérience démontre que les employés habitués à fumer Sont plus négligents que les autres dans leur service. Il est temps, grand temps, dans l'intérêt de l'expédition des affaires, qu'il soit interdit à tous les employés du Gouvernement de fumer dans l'exercice de leurs fonctions.

—L'impôt sur le tabac qui en 1815 produisait 32 millions, a produit 175 millions en 1865. Cette progression est d'autant plus effrayante qu'il est certain que l'emploi immodéré du tabac occasionne une dé-

LES MONDES. 93

bilité dans le cerveau et dans la moelle épinière, d'où résulte la folie (docteur Jules Guérin). S'il est vrai aussi que les suicides ont triplé dans les départements Ton fume le moins, il est non moins vrai qu'ils ont quadruplé dans les départements l'on fuxpe le plu».

M. Decroix, d'une très-sérieuse étude des inconvénients dp tabac au point de vue de la protection des animaux, tire les conclusions suivantes : Par les emprisonnements qu'il détermine, le tabac est une cause de souffrances pour les animaux. Les fumeurs -sont la cause di- recte ou indirecte d'un grand nombre d'incendies, détruisit spuyent les habitations ou les aliments des animaux. La culture insensée du tabac prive les animaux d'une quantité considérable d'aliments : en rendant la terre à sa destination providentielle, on pourrait mieux en- tretenir les animaux d'une quantité considérable d'aliments.

Le tribunal correctionnel de Paris a récemment condamné £ 200 francs d'amende un voyageur obstiné, qui avait refuaé de se rendre à l'invitation qui ]m avait été faite de cesser de fumer dans un wagon de troisième classe.

- Mgr le cardinal archevêque de Bordeaux; terminait ^insi une allocution paternelle dont le sujet était l'abus des spiritueux et du tabac : a Le mal est grand, il est profond. Mais je serai aidé par tous ceux qui travaillent à la moralisation et au développement du hienr être général. Je fais appel pour cette croisade à tous ceux, qui tiennent à l'honneur et à la prospérité du pays ; qu'on le sache bien, , cette question du tabac et des alcooliques intéresse au plus haut point notre avenir ; il est temps jde s'en préopcupf r sériqusQBiept si l'oa ne veut pas que la France, le foyer d'intelligence et d'aspirations gêné* euses, le soldat de Dieu, le cœur de l'Europe ne descende pas du premier rang qu'elle occupe, » ....

Un citoyen de Brighton, conducteur voitures publique», qui, par sa bonne conduite, sa sobriété^et son assiduité au.travail, a con- quis une petite fortune, disait; on n'aurait plus besoin de priions ni de Workhouses, ai tous ceux qui doivent gagner leur vie .4 la sueur de leur front voulaient faire ce que j'ai fait moi-même : éviter les caba- rets et s'abstenir de toute habitude de fumer. (Bulletin de V Associa- tion française contre V usage du tabac.) Livraison quatrième. 18701871.

lie fameux Eoxeoi» Canadeane^ Qui ne se rappelle le bruit que l'on fit autour du berceau d'un nouvel être découvert au Canada, dans les terrains Laurentiem, inférieurs et bien antérieure aux terrains siluriens déjà si anciens. L'eozoon gànàdense venait très à

94 LES MONDES.

propos reculer au delà de toutes limites l'apparition de la vie 6ur la terre. En elle-même cette antiquité indéfinie de la vie terrestre n'a rien de contraire aux affirmations des Livres saints qui d'ailleurs n'ont aucune prétention à un enseignement scientifique, puisque les jours de la Genèse peuvent être considérés comme des périodes indé- finies de temps. Mais la géologie si empressée de franchir à tout pro- pos, à tort et à travers, les limites delà science des faits, fit de I'eozoon, je ne sais pourquoi un argument invincible contre la cosmogonie mosaïque qui n'avait rien à faire avec lui. Or, voici que l'éozoon n'est plus un être vivant. Nous lisons, en effet, dans le compte- rendu des séances de la Société américaine pour l'avancement des sciences réunie à Indianopolis, en 1871, publié par la Bévue scientifique, cet arrêt presque définitif : a L'Éozoon Ganadense tombe de plus en plus dans le discrédit... Tous les faits s'accordent à prouver que ce pré- tendu être vivant n'est qu'une apparence organique due à une dispo- sition demi- cristalline particulière, analogue à celle qui produit les dendrites... » (Livraison du 13 janvier 1872.) Quand donc la science se renfermera- t-elle dans son domaine des faits et des lois? Quand cessera-t-elle de donner aux, faits qu'elle met en lumière une portée antireligieuse qu'ils ne peuvent pas avoir. Ce n'est pas à elle à oppo- ser ses progrès à la révélation et à la foi. Cette opposition, d'ailleurs, est chimérique, puisque les dogmes chrétiens sont aussi des faits, des faits divins qui ne peuvent être en contradiction avec les faits de la nature.

Or de la Guyane f ranç al«e« Les derniers renseignements parvenus au ministère de la marine et des colonies, au sujet de l'ex- ploitation de l'or à la Guyane française, présentent un sérieux intérêt. Cette industrie qui, en 1856 ne rendait que 8 kil. 658 d'or, représen- tant une valeur de 25,974 fr., est arrivée, par un développement suc- cessif et régulier, à produire pendant les dix premiers mois de l'année 1811, 561 kil. 881 de ce métal, évalués à 1,685,643 fr. Dans l'inter- valle de 1856 à 1869, la production a dépassé 3,400 kil., ayant une valeur de plus de 10 millions. Il est à remarquer que ces chiffres ne tiennent compte que des déclarations faites et contrôlées à la sortie de l'or, et, par conséquent, qu'ils sont au-dessous de la vérité ; car les exportations clandestines sont difficiles à prévenir et doivent se faire sur une assez grande échelle.

La recherche et la production de l'or à la Guyane sont soumises en ce moment à une redevance annuelle de 50 centimes par hectare de terrain concédé et à un droit de 4 p. 100, à la sortie de la colonie, sur

LES MONDES. 95

la valeur brute de l'or déclaré à la douane. Pour mieux équilibrer cette perception et la faire supporter par les explorateurs, moins en raison de l'étendue des terrains qui leur sont concédés qu'au prorata des pro- duits qu'ils auront réalisés, le droit fixe par hectare doit être prochai- nement réduit à 10 centimes, et l'administration locale sera appelée, chaque année, lors de la préparation du budjet de la colonie, à fixer le chiffre du droit de sortie, qui ne pourra jamais excéder 5 p, 400 du produit net de l'exploitation.

DERNIÈRES NOUVELLES ÉTRANGÈRES.

Méthode pltononfmlque. - Un ami del'enfauce, un homme dévoué à son pays, Auguste Grosselin, préoccupé de cette pensée que la diffusion de l'instruction dépendait surtout de la façon dont l'en- seignement élait donné au début, a consacré les dernières années de sa vie à la propagation d'une méthode appelée phononimique qui atteint un double et précieux résultat : i* Enseigner avec facilité et en quelques mois la lecture aux enfants de A à 6 ans ; leur inculquer, sans fatigue pour eux, les premiers éléments de la grammaire et de la numération ; leur donner le goût du travail en ne le présentant que sous un aspect agréable et intéressant, développer chez eux la réflexion et par suite le jugement; Permettre d'élever, sans les séparer de leur famille, dans l'asile ou l'école de leur localité, les enfants sourds- muets au milieu des entendants parlants, sans demandera ces derniers une étude spéciale et en les dotant d'un langage gesticulé qui sert à leur aplanir les difficultés de la lecture.

Une société fondée par lui continue son œuvre sous le nom de « Société pour l'enseignement simultané des sourds-muets et des en- tendants parlants. » Elle délivre des diplômes aux instituteurs qui se montrent en état d'enseigner au moyen de la méthode qu'elle patronne. Elle décerne, chaque année, dans une assemblée générale, aux insti- tuteurs et aux institutrices qui en sont reconnus dignes pour leur zèle à pratiquer la méthode, des récompenses consistant en médailles de vermeil, d'argent, de bronze, et en mentions honorables. Elle accorde, dans la mesure de ses ressources, à des enfants sourds-muets, des subventions pour aider à leur éducation au milieu des entendants parlants.

La méthode phonomimique, pratiquée dans un certain nombre d'à-

•6 LES MONDES.

siles et d'écoles, soit de Paris, soit des départements, y produit les meilleurs résultats*

Tous les renseignements sur la société peuvent être demandés à M. E. Grosselin, vice-président, 44, quai de la Mégisserie.

Fouille» dans le lit du Tibre. Une société vient de se former à Rome, qui a pour objet de draguer le lit du Tibre, dans l'es- poir d'y faire d'importantes découvertes archéologiques. Le comité de la société se compose de MM. Alessandro Castellani, sénateur; Pietro Rosa, prince Odescalchi, marquis Vitelleschi, professeur Liguana, in- génieur Giordano, M. Story, le sculpteur américain, et M. Helbig, se- crétaire de l'Institut archéologique de Prusse. Le comité commencera par des opérations d'essai très-limitées, afin d'établir que l'entreprise e6t tout à la fois praticable et profitable.

Les objets d'art et d'antiquité qui proviendront des recherches seront déposés dans un musée national spécial. La société est absolument in- dépendante du Gouvernement. Ses membres renoncent à tout payement de dividendes et à tout partage des objets trouvés. On acceptera le concours des archéologues des autres pays, mais aussi à la condition de renoncer à tout avantage matériel. Les travaux de la société mar- cheront simultanément avec ceux de l'endiguement du Tibre, qui ont ï>our objet de protéger la ville contre les ravages périodiques du fleuve.

Créographte et topographie en France. On dit que le

gouvernement Français, frappé du manque total d'instruction en géographie, a mis à l'étude le plan d'un institut géographique, sur une échelle qui n'a jamais été essayée jusqu'à présent. L'institut projeté doit comprendre tous les moyens et les accessoires d'une instruction géographique livres, mappemondes, cartes, çlobes, instruments, collections d'objets naturels, etc., et un groupe de processeurs et d'instructeurs des degrés les plus élevés. Le dépôt des cartes et plans de la marine formera une des branches du nou- vel institut, qui promet de rendre des services éminents non-seule- ment à la France, maïs à toute l'Europe, car on ne peut guère dou- ter qu'il ne doive donner une grande impulsion à l'étude de la géographie dans tout le monde civilisé. On peut citer comme se rattachant à cette question le rétablissement du corps des ingé- nieurs géographes par le ministre de la guerre. Ce corps sera em- ployé, conjointement avec Tétat-major, à des travaux topo£raphi: ques, et fournira des guides en temps de guerre. Des ordres ont été donnés pour compléter la révision du cadastre qui n'a pas été corrigé depuis I8l0, et pendant soixante ans les changements qui se sont opérés sur la surface du pays sont naturellement considé-

LfeS MONDfcè &7

tbblës. Le travail floït commencer le 15 du présent mois de janvier.

[Jwtrnal oflhe Society ro farts, 12 janvier 1872.)

■aaee rentrai allemand d'etnnrèloglè. La célèbre collection ethnologique de feu le docteur Gustave Klemm, de Dresde, qui a acquis une renommée grande comme le monde, par sa richesse en dessins d'habits, ornements, ustensiles de ménage, -meubles, armes de guerre, instruments de pêche et de chasse, etc., "depuis les temps les phrs Reculés jusqu'à nos jours, a été achetée par sofaserijrtion, et transférée à Leipzig, elle forme le noyau du nouveau musée central allemand d'ethnologie-, et Ton groupera autour d'elle tout ce qui pourra servir à la démonstration du plan général* Un appel pressant est fait par les officiers et autres per- sonnes intéressées dans cette entreprise aux Allemands et autres qui habitent les Etats Unis pour qu'ils contribuent à l'agrandisse- ment du musée. Il occupera en Allemagne le rang du grand musée archéologique de Copenhague ; de celui de M. Blackmore à Salis- bury, en Angleterre ; du musée de Saint-Germain, près de Paris, sons la direction de SU Mortïllet ; et des musées Sfaithsonien et de Peabody aux tetats-tTnïs, (Nature, il janvier 1872.)

FfatauMice d'an Jeune hippopotame en Angleterre.

Samedi dernier, 6, de grand matin, l'hippopotame femelle du jardin de la Société géologique a mis bas un jeune hippopotame; et c'est la seconde fois que cet événement intéressant est arrivé* Comme la première fois, on a jugé nécessaire de fermer entière* ment le bâtiment la femelle est placée, et les gardiens eux- mêmes n'y entrent pas, excepté lorsque cela est absolument néces- saire, à cause de la sauvagerie et de jalousie extrêmes que témoigne la mère folle de son petit. Quelques jours doivent donc s'écouler avant que le « petit étranger » puisse être préparé à subir l'épreuve d'une exposition publique. (Ibid.)

m

Université d'Edimbourg. Le conseil de l'Université (T^- dimbourg, dans une séance tenue le mardi 2 janvier, a évité de mettre à exécution la recommandation faite par le Sénat d'annuler les règlements relatifs à l'instruction médicale des femmes. Le con- seil n'a pas voulu émettre d'opinion sur la prétention des femmes à prendre des grades, ou sur le pouvoir de l'Université de conférer des grades aux femmes dans la faculté de médecine. [Ibid.)

Spécifique contre le cancer, La racine de Condurango

98 LES MONDES.

regardée comme un spécifique contre le cancer, est devenue un objet de spéculation à l'Equateur et aux Etats-Unis. A l'Equateur elle a atteint le prix de H livres la tonne, mais à New- York elle s'est vendue à des prix fabuleux, quoique ses propriétés soient contestées. Le gouvernement de l'Equateur a imposé sur elle un droit d'exportation. On annonce maintenant que la racine de Con- durango a été découverte par M. Simmons dans le voisinage de Santa- Marta, dans la Colombie ou Nouvelle-Grenade, et qu'un petit chargement en a été fait pour les Etats-Unis. On ne dit pas si elle a été essayée contre le cancer dahs ce pays. (Ibid.)

Anthracite dans l'Amérique centrale. On a décou- vert de l'anthracite dans le district de San Miguel, à cinq milles de la capitale de Costa-Rica dans l'Amérique centrale. Il y a plusieurs filons d'environ 40 milles d'étendue, et le combustible a été reconnu de bonne qualité. Un chemin de fer est en construction. On peut se rappeler qu'on a aussi trouvé de la houille dans Tétat du Panama. [Ibid,)

Huîtres » perle*. On dit que les huîtres à perles ont dis- paru pendant cette saison des côtes de Madras, aussi bien que de celles de Ceylan. (Ibid.)

Tatouage au Japon. On est tellement accoutumé à re- garder le tatouage comme étant pratiqué seulement par les natu- rels de la Nouvelle-Zélande et les Indiens de l'Amérique du Nord que c'est presque une nouveauté pour nous d'apprendre par un correspondant du Field à quel degré de perfection est arrivé l'art du tatouage chez les Japonais. On trouve des hommes qui font leur métier de tatouer les autres, et ces « professeurs de tatouage» sont çdes artistes qui n'ont pas un médiocre talent, <r car aucun caoutchouc, aucune matière à effacer l'encre ne peut enlever un trait faux une fois qu'il est imprimé ; et ils ne manquent presque jamais dans les impressions des dessins qu'ils ont faits. » Les bet toes ou valets japonais ont souvent peint sur leur peau non seule, ment des dessins très-bien faits d'oiseaux, de reptiles, de quadru- pèdes et de poissons, mais encore des représentations de scènes entières, souvent de vieilles légendes ou d'histoire. Un dessin très- commun est celui de la grue à tète rouge, l'oiseau sacré des Japo- nais, représentée debout sur le dos d'une tortue, et c'est un em- blème de la beauté de la femme foulant aux pieds la force de l'homme. Ces dessins sont traces avec des aiguilles, et Ton y em- ploie deux ou trois couleurs. (Ibid.)

LES MONDES. 9

Récréation de l'ouvrier. On lisait dans le Times du 26 décembre 1871 : Un temps viendra n'est-ce pas un crime d'en douter? un temps viendra certainement l'enfant du travail et du métier, devenu homme, aura régulièrement ses jours et ses heures de récréation. Maintenant on peut dire avec trop de vérité que l'ou- vrier n'a pour passer ses soirées que la maison publique ou l'échoppe du marchand de gin. Les philanthropes et les moralistes parlent beau- coup, mais ne font rien. C'est une sorte de donneurs d'avis négatifs; ils ressemblent à ceux qui battent toujours leurs enfants et leur disent de ne pas faire ceci ou cela, sans trouver autre chose à faire pour eux. Pour un sou, les anciens Romains étaient admis dans ces magnifiques et nombreux établissements appelés les bains; l'artisan ou l'ouvrier anglais ordinaire n'a pas de lieu où, pour un prix modique d'entrée, il puisse avoir abri, lumière, chaleur, compagnie et un certain choix de récréations. Au point en sont maintenant les choses, son ou- vrage terminé, il est facilement entraîné dans des lieux il ne peut entrer sans qu'il lui arrive nécessairement du mai. Personne ne des* cendra-t-il des nuages de la déclamation et de la philanthropie pour faire en faveur des pauvres ce qu'ils ne peuvent réellement pas faire pour eux-mêmes, en leur procurant les moyens de passer leurs soirées d'une manière agréable et instructive» On l'a fait, ou du moins on Ta essayé dans quelques villages, quoique le salon de lecture de village ne soit encore qu'une institution à l'état d'embryon. Le besoin est encore plus grand dans les villes, parce qu'il y a dans les villes des moyens plus grands de séduction. Il est inutile de conseiller toujours au peuple de fuir les plaisirs coupables et les jouissances dangereuses; on ne ferait ainsi que lui en faire venir le goût. Ce qu'il y a à faire, c'est de lui offrir quelque chose capable de faire concurrence à ces plaisirs séducteurs, et de gagner les hommes à notre cause par de beaux divertissements. (Journal of the Society of arts, 5 jan» trier 1872.) On le voit, les salles du Progrès sont une grande né-' cessité universellement senties ; voilà pourquoi nous voulons à tout prix les ouvrir. F. Moigno.

Grêle salée. Le professeur Rengott, de Zurich, dit que dans une grêle qui est tombée pendant cinq minutes, le 20 août, à 11 heures du matin, on a trouvé que les grêlons avaient un goût salé. Quelques-uns pesaient douze grains. Ils étaient formés essen- tiellement de vrai sel, comme on en trouve dans l'Amérique du nord à la surface des plaines, principalement en cristaux hexaé- driques on entiers fragmentés, de couleur blanche, avec des grains

100 LES MONDES '

partie aigus, partie arrondis. Aucun <fà ces q^U^xu'^aft com- plet, mais ils paraissaient s'être dével^ppéa grossièrement sur quelque surface. Ils avaient été probablement çrçleyés et emportée au-dessus de la Méditerranée de quelque partie^ de l'Afrique» comme le sable est quelquefois transporté de c#tp contre *pr U continent de l'Europe et dans les Canarjeg pv ta fo*c& dep oura- gans. Un phénomène encore plus remarquable a ^té armQuç^ <Jeiv nièrement par le professeur Evermann, Kasqn; cjaps une grêle, chaque grêlon contenait un petit cristal de sulfure de fer. Ces cris* taux s'étaient probablement détachés en grande quantité de quel*, ques roches, et avaient été eulçvés ensuite de la sprfqcd d9 spl PV une tempête, et lorsqu'ils furent entraînés dans une nuée se. formait la grêle, ils servirent comme de noyaux pour la formation 4es grêlons. [Ibid.)

Mine» d'argent. On annonce la découverte de. riches dé- pots d'argent dans la prpvince méridionale d»u Nubie, qui forme* raient un prolongement de la région métallifère du Chili. La pUce, est appelée Cuesta dçl Paracol; elle est situéeentre les rivières de Lota et de Nubie, à 50 milles environ de San-Carlos vers Test. Oa estime» d'après l'analyse, à 40Q livres d'argent par tonne la richesse du minerai. On a déjà préparé des opérations sur une grande, échelle. Le district du Lota n'avait été connu jusqu'à présent que. pour son grand commerce de charbon et de briques réfra^tairofi, {Ibid.)

Élf phant blunr. Un éléphant blanc ayant été découvert dans nos possessions de Tavoy, sur les côtes de laMalaisie, les sou- verains bouddisteç sont extrêmement désireux d'acquérir un mi-* nistçe aussi important de la religion. Le roi Burmah a fait une demapde spéciale pour qu'on lui accordé de posséder la saisi animal. [Ibid.)

LES MONDES 101

CORRESPONDANCES DES MONDES

M. Tbrbt, à Louvain. AtfjMréé boréale» observée» à Louvain en ft$7ft. Ces phénomènes ont eu lieu aux dates suivantes : les 12, 13, 14 et 16 janvier, faibles aurores boréales.

Le 12 février, aurore boréale bien marquée de 9 h. 45 m. à mi' nuit. Ces deux manifestations d'aurores boréales ont coïncidé avec un abaissement assez notable de la températurp. Le 11 janvier un halo solaire a été observé pendant toute l'après-midi.

Le 1" avril, j'ai observé une nouvelle aurore boréale de 10 h. 30 à 10 h. 48 m., et le 2, à 3 h. 30 m. du soir, un halo solaire.

Le 9 avril y apparut une aurore boréale qui, par son éclat, rap- pelait le beau phénomène du 25 octobre 1870. Jusqu'à 11 h. la lueur rouge est faible et très-intermittente ; le phénomène consiste en un arc blanc surmontant d'épais nuages sombres et s'élevant de plus en plus sur l'horizon. A 11 h. la teinte rouge apparaît plus vive et s'étend jusqu'au zénith; des rayons surgissent à l'O.-N.-O. et toute cette région du ciel se colore et revêt un aspect magni- fique. L'ensemble des rayons se meut lentement du N.-O. ver? l'ouest.

Le 9 novembre, à 7 h. 30 m. , deux arcs blancs dont le plus élevé s'étendait jusqu'aux étoiles y et « de la grande Ourse surmontaient un segment sombre appuyé sur l'horison N. L'aurore se réduisit ensuite à l'apparition de zones et de plaques blanches. d'un éclat intermittent, mais qui accusaient une tendance à s'étendre gra- duellement de l'O. à TE. Après 11 h., quand les nuages, qni vin- rent interrompre les observations, se furent dissipés, j'observai encore plusieurs rayons rougeâtres dans le Dragon.

Le 10 novembre, de 6 h. 22 m. à 11 h. 22 minutes; belle aurore remarquable par le nombre considérable de rayons qui se pro- duisirent entre 9 33 m. et 11 h. 10 m. A 10 h. 3 m,, deux rayons atteignent la hauteur de la polaire; tous les autres jets s'élèvent moins haut. A 10 h. 20 m., l'arc était entièrement net et dentelé. Il faut noter que pendant ces aurores du 9 et du 10 no- vembre des éclairs très-fugitifs se produisirent dans le N., comme pendant le brillant phénomène du 25 octobre 1870.

Etoiles filantes périodiques d'août 1871, observées à Louvain. •— Ces observations, favorisées par uu ciel serein, ont fourni cette

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102 LES MONDES.

année un nombre assez considérable de météores. J'étais seul pour prendre note des phénomènes .et j'observai» da pCtfé de l'E.-S.-E. Le j'ai observé 33 météores ainsi répariis :

De 10 h. 00 m, à 10 h. 54 m. 6 10 58 41 55 20

2 à 12 27 7

La 40, j'annotai 110 étoiles :

Dp 10 h. 3 m. & 11 h.

40

11 4 à 12

33

12 à 13

37

Le 11, le nombre des étoiles s'éleva à 00 :

> De 10; h. 13 m. à 11 h. 15 m. 25

,11 17 à 12 15 30

12 18 à 13 14

Enfin, le .12, j'en observai 38 :

Be 4h. àlOh. 32

40 à 11 16

.Les météores dn 10 août 1869 se faisaient remarquer parla ra- pidité de leur marche et par fciiguîté de ledr trajet; en caractère ne s'est pas manifesté d'une manière aussi générale enil87t : les trajectoires étaient plus longues et la vitesse souvent moins consi- dérable. Ajoutons, dn reste, que les météores brillants et colorés étaient rares* '

Etoiles filantes de novembre 1871 observées à Louvain. L'état du ciel ne permit l'observation que le 13, après 2 h. De 14 h. 37 à 17 h. 48 m., par un ciel serein, j'ai annoté 34 météores du côté de l'E.-Sf-E. et ainsi répartis :

-De .14 h. 37m. à 16 h. 17m. .12

45 47 à 16 .6 7

46 12 A 46 27 3 46 *0 à 47 48 12

Les étoiles filàtftes étaient moins nombreuses qu'au mois d'août; rams/qnknt >anr«^onnement età l'api^^Qudfa traînées, *es *a" raotôrêe de Hassaina île bovefnhre iemblaiçftt «toec eaUiflr ,dav*a*. tage à mesure qu'approchait le moment du lever du soleil.

LES MONDES. 10S

ÉLECTRICITÉ

ftwlft TltebM de proiMigatlen de» : meiàomm éleetr*- dyMml^mft, par M. B*lmholtz. (flfonatoAerwàte,etc*,'maii874, p. 802.) La question 4e Bavoir si aes actions éleetodynamiqueBà distance se transmettent avec une vitesse finie, ou se produisent instan- tanément et sans têtard appréciable, est encore trèe-cqntroveraée. Dans un mémoire fort remarquable publié récemment, M. Biaisera* admettait que la vitesse inductrice est très-faible et de même ordre que celle du son. Il l'évaluait, dans le cas du courant 'induit direct, à 550 m.* à travers l'air, et à 830 m. à travers la gomme laque. Dans le travail dont nous rendons compte ici, M. fièlnihcltz a repris cet important sujet et est arrivé à des conclusions entièrement diffé- rentes. *

L'interrupteur dont il fe'est servi consistait -en un > pefadule en fer, parfaitement rigMe, dont l'axe de suspension était fixé dans la muraille et que l'on faisait tomber toujours d'une* hauteur détenaa itfée** <C6 per^- dule était muni de deux dents, avec lame d'agathe, qui,3i Hinstan* le pendule passait près de. sa positwn d'éfuMawé^Min aient tfrappéDleux petits leviers légers, dont le déplacement produisait une interruption immédiate dans deux circuits différents (le circuit inducteur et le cir- cuit induit). L'un des deux -leviers était fixe, Vautre 4tait diBppsé«gnr un charrrot mu à l'aide d'une1 vis micrométrique. L'intervalle île temps compris entre les deux interruptions se déduisait exactement, de 4a vi- tesse connue du pendule et de la lecture de la via mfereriiétsique. Une division de cette vis correspondait à 1/231170 4e seèofede. Lo circuit inducteur se composait d'un fil de cuivre de 1 mm. de diamètre fai- sant 12 1/4 tours sur un anneau de 60 centimètres de diamètre (spi- rale inductrice) et parcouru par le courant de 4 couple de Daniell. La spirale induite, de même diamètre que l'Autre et formée par 500 tours d'un fil de cuivre de 1/2 mm., était reliée aux deux plateaux d'un condensateur de Rohïrausch. La charge aecuihuMe'Stw le plateau mobile de ce condensateur était mesurée ensuite avec un »élebtrotaètoe de Thomson. L'écartement entre les deux spitales a tafeiéde-Mà 4 70 centimètres.

On peut, à l'aide de cet appareil', éfudiflr'ih «érie-des odciftlatronB électriques qui, fcprès 4a rupture du circuit Ihflueteur, se ptodu^ent dans la spirale induite. Gommé' ces éscftHatiofls'vëfti ùVtfun 4e»^la-

404 LES MONDES.-

team du condensateur à l'autre en passant par un conducteur non interrompu, elles se produisent avec beaucoup plus de régularité et en beaucoup plus grand nombre que dans Tare de fermeture d'une bou- teille de Leyde. M. Helraholtz a compté jusqu'à 35 oscillations com- plètes (positive et négative) lorsque les spirales étaient à 34 centimètres de distance. Leur durée était de i/2841 de seconde. 1. 'expérience con- siste à déterminer très-exactement les instants le courant induit est nul; on observe entre eux des intervalles de temps égaux. La durée de l'étincelle qui se produit lors de l'interruption du courant primaire, se mesure par la différence existant entre l'un quelconque de ces in- tervalles bt celui qui sépare le premier choc du pendule du premier instant le courant induit devient nul ; elle était égale dans ef s expé- riences à 4/10 d'une oscillation totale.

Or, M. Helmholtz a constaté de la sorte que V écart ernmt de plus en plus grand des deux spirales (U a été jusqu'à 136 cm.) ne modifiait pas les positions correspondantes aux zéros du courant induit d'une quan- titi égale à une division de lavis micrométrique représentant 1/231170 de seconde. De telle sorte que si réellement les actions inductrices se transmettent avec une vitesse appréciable, celle-ci doit être plus grande que 314400 m., c'est-à-dire environ 42,4 milles géographiques à la seconde. (E. S.)

Télégraphe Mtesrapltlqiie de M. d'Arltncoart.

Cet appareil a été mis à l'étude par l'administration vers le commen- cement de novembre 1871. La dépêche n'est pas reproduite à l'encre, mais par une réaction électro-chimique. La dépêche à expédier et le papier sur lequel elle doit être reproduite sont fixés sur deux cylindres métalliques, animés d'un mouvement de rotation sur leurs axes.

Les dispositions adoptées pour maintenir en synchronisme ces deux cylindres, l'un transmetteur, l'autre récepteur, sont très-ingénieuses et impriment à cet appareil un caractère incontestable d'originalité.

La rotation de chacun des deux cylindres est commandée par un mou- vement d'horlogerie dont la marche est régularisée par un diapason ver- tical. A cet effet, l'une des branches du diapason, solidaire du mouve- ment d'horlogerie, fonctionne comme un pendule conique, tandis que l'autre branche oscille librement. Nécessairement les deux branches vi- brent à l'unisson; les vibrations planes de la branche libre et les vibra- tions circulaires de l'autre branche s'exécutent dans le même temps, et la vitesse uniforme du mouvement d'horlogerie se trouve réglée par la durée des oscillations du diapason. 11 suffit donc de mettre d'accord les fltupujAnft de l'appareil transmetteur et du récepteur pour que les rota- tions des deux cylindres soient synchrones.

*...-..

LES MONDES. IOS

Le synchronisme si nécessaire à la régularité de la transmission , se trouve assuré par une autre disposition très-ingénieuse. Le cylindre ex- péditeur, dont la vitesse est un peu supérieure à celle du récepteur, s'ar- rête à chaque tour de rotation, et c'est le récepteur qui lui restitue son mouvement quand il a lui-même aceompli une révolution complète. Cette correction, automatiquement opérée à chaque révolution, assure la per- sistance du synchronisme et rend la marche de l'appareil indépendante des perturbations que les variations de température et autres circonstances accidentelles peuvent faire subir à l'accord des deux diapasons.

L'expérience démontre, en effet, que, pour obtenir une transmission rès-bonne, le synchronisme absolu des deux appareils correspondants n'est pas nécessaire ; il suffit que l'accord existe à deux ou trois tours près par minute.

Au début du travail, l'employé du poste expéditeur doit, comme tou- jours, prévenir l'employé du poste récepteur par un signal. Mais à partir de ce moment, tout déppnd de l'employé récepteur; c'est lui, en effet, qui, au moyen d'un courant instantané envoyé sur la ligne, met en mouvement l'appareil du poste expéditeur en même temps que celui du poste récepteur. Du moment donc le mouvement de transmission commence, on est sûr que la dépêche est reçue ; on n'est pas exposé, comme l'on dit, à transmettre dans le vide.

La marche de l'appareil [expéditeur étant commandée par l'employé récepteur, cet employé peut au besoin couper la transmission. La possi- bilité de cette manœuvre, si fréquemment employée en télégraphie élec- trique, donne à l'appareil de M. d'Arlincourt un avantage incontestable sur les autres systèmes autographiques.

Depuis deux mois, l'appareil de M. d'Arlincourt est en service sur la ligne de Marseille ; il n'a pas cessé un instant de donner de bons résul- tats. La dépêche est reproduite avec une remarquable netteté, en carac- tères très-distincts; la vitesse de transmission est la même que celle de l'appareil Hughes, quarante dépêches par heure. (Test le seul appareil autographique qui ait marché avec une telle régularité à neuf cents kilo* mètres de distance.

Ajoutons enfin que des expériences sur les lignes mises à sa disposi- tion par l'administration ont permis à M. d'Arlincourt de s'assurer que son appareil peut transmettre, avec la même régularité, la même net- teté et la même vitesse, à une distance de douze cents kilomètres. Tel qu'il est, ce télégraphe, d'origine toute française, peut servi* à mettre Paris en communication avec les principales villes de France, de toute la Belgique et d'une grande partie de l'Allemagne. 11 suffirait de faire un pas de plus dans cette voie pour donner la solution définitive, si ardem-

m LES: MONDES.

méat cherchée de toutes parts, .d£ lu généralisation de la télfygçaphie ^ulographique. ,

t'admiiiistralion m saurait trop encourager lea recherches de .cette nature, car let appareils autographiqi*fis,c par cela même qu'ilatrj&itqat une page d'écriture. comme. un dessin et ea fournissent le foc $imilc,pnt (te très-grands avantages : .d'une part, ils. suppriment tputes les erreurs 4e manipulation, de lecture et de traduction; d'autre. part, ils trans- mettent les 4^p4che*, avec june exactitude complètement indépendante de la langue, et des caractères employas par l'expéditeur. Ils sont donc éjQpuiewûen* {propres à, satisfaire à tous les besoins et à toutes les exi- gences, de la téiégnaphie internationale.

Quelle que soit la, supériorité des combinaisons, adoptées par M. d'Ar- lincourt dans la construction de son appareil, il n'aurait certainement p^s obtenu de si beaux, résultats s'il n'avait pas eu à sa disposition un organe de transmission de son invention, un nouveau relais, destiné à rendre les plus grands services sur les très-longues lignes.

. . *•

,t Électro-aimant' monstre. - Il a été construit par M. Wal-

lace, d'Antdnià, pour le professeur Morton, du Stevens Institute. Il est construit de hait bobines métalliques, de 21 i\Z pouces de diamètre sur 0 1 [4 pouces de longueur, environnées de fils de cuivre isolés avec de la cerite. Il y a 272 tours de fil autour de chaque bobine, en tout .2)76. Les bobines spnt en métal et naturellement on les a faites creuses pour qu'on puisse y introduire les noyaux de fer doux. Ceux-ci sont du meilleur ter de Norwége, parfaitement décarbonisé, au nombre de deux, de trois pieds trois pouces de longueur, de six pouces de diamètre, et du poids 4e 183 livres chacun. Ils sont suspen- dus à une traverse dont la section transversale est celle des noyaux de fer doux; la longueur de 2 pieds 4 pouces, la largeur de 2 pouces, l'épaisseur, de, 6 pouces et le poids de 180 livres. On peut faire glisser qjuatre bobines autour de chaque barreau de fer doux et les maintenir solidement en place avec des écroue sur le côté intérieur*. Le fil de cuivre entoure séparément chaque bobine et on les fait communiquer entre elles avec des vis, de sorte que Ton peut faire agir chaque bobine séparément ou par séries. L'armature est formée d'un barreau de fer doux de 23 pouces de longueur, de 3 pouces de largeur, de i 3[4 pouce d'épaisseur, et du poids de 54 livres. Au centre de l'armature. passe un boulofe auquel peut être attaché le poids qu'on veut lui faire por- ter. Le poids total est d'environ 600 livres. Il est près de douze fois plus grand que celui du célèbre aimant construit par le professeur Heury, du Swithsçi^an Institute à Washington. Le professeur Mayer

LES MONDES. JOT

a estimé que cet électro-aimant pouvait soulever un poids de 30 à 40 tonnes ! ou près cinq fois celui qiié pouvait jforter l'ffléctrd- airaant dont se sont servis Faraday et Tyiïdall dans lettré fàtaéùses re- cherches et expériences.

Locomotive ëltfetfo-ttfrgaétlqàedtell: Eiïitle ^téëtout.

Elle marche continuellement sur un chemin de fer cttôuhcire étfini- niature de 3 ou 4 pieds de dfamètre. La pile commuhiqae avésétëô rails. Ce n'est rien de plus qu'un joujou amusant, mais l'inveftteur'a la prétention chiméHque de pouvoir, avec un mécatnîfeme seïnbïàbïe, mais plus puissaM, déveïopper la fbrcô de dfeutf chfcVftux avec deux éléments d'une pile; a&seMion qui dépasse beaùc,ott|/tetift'ec qui a été avancé, même par nos amis Paine, Highton et Kfcid. * •'

BRBVfiTS ^INVENTION

Confire -projet de lM. Ctk. Tellier. -<■ Un homme, un inven- teur dans le génie duquel j'ai plus grande confiante, M: Chartes Tellier, qui a sérieusement étudie et discuté projet de M de-Mf le comte de Douhet, m'adresse une note très-sensée, dont Je crois devoir donner ici la substance, dans l'intérêt de la grande question que je'soutëVe. Je le fais (Fautant plus qu'elle touché à tout ce qiii, dans le projet prinei* pal, peut être controversé, et qu'il faudra choisir entre M: Douhet et M. Tellier.

M. Tellier croitimposélfile en principe la formation -d'une commission d'examen assez compétente pour pouvoir étudier et apprécier tentes les demandes de brevets cPinvention.

r

Les conseils dto prud'hoitimes'SOtLt excellents pour Juger des questions de fait, mais il Tes croit 'incapables de statuer sur la nouveauté et la va- leur des inventions ou perfectionnements.

Le point de départ d'une bonne loi des brevets d'invention doit" être' l'égalité, essentielle et entière, quant à la durée et 1* suppression tié tôttt droit, dans le privilège de l'idée, qu'elle soit littéraire, artistique ocr in* dustrielle; le droit reconnu à la propriété de Fœutre fotellëctqflte, Con* damner l'inventeur seul" à la perte tous ses droits, quels qde soient le labeur accompli et les privations subies, parce' que, à une hérédité1, inexorable, il n'aura1 pâfc vefsé ce quftfrfa pas, c'est ittiqtae; et l'Etat qui

108 LES MONDES.

demanderait une partie de ses revenus à un semblable moyen, com- mettrait un acte de barbarie.

Ce que l'État et la société sont en droit d'exiger de l'inventeur, c'est qu'il ne trace plus dans son brevet un cercle tellement élastique que le connu et l'inconnu s'y mêlent de manière à dissimuler l'invention ; il faut, au contraire, qu'il soit contraint de préciser d'une manière absolue, et nette, l'idée ou plutôt le fait qu'il entend garantir. Dans ces conditions, les commissions d'examen ne sont plus nécessaires; et en cas de litige, le corps du délit devenant plus facilement saisissable et vériflable, les juges ordinaires peuvent statuer ou faire statuer sans peine.

Gela posé, voici comment M. Gh. Tellier formulerait son projet .de loi. Article 1er. La propriété intellectuelle, quelle qu'elle soit, est garantie pendant trente ans sur simple dépôt : par l'auteur, de deux exemplaires de son ouvrage; par l'artiste* de deux photographies de son œuvre; par rinventeur, de deux descriptions avee figures ou modèles, s'il est néces- saire, de son invention.

Art. 2. L'inventeur, dans un paragraphe spécial et final, devra préciser l'objet ou le fait de son invention dont il se réserve la propriété. Cet énoncé sera imprimé dans un journal ou recueil officiel, dont un exemplaire sera mis à la disposition du public au greffe de chaque tribunal de commerce ou même de chaque mairie de canton.

Art. 3. Tous différents relatifs à la propriété intellectuelle seront jugés par les tribunaux civils .

Art. 4. Toutes personnes tierces pourront prendre des additions à l'invention; mais les additions ne pourront être exploitées qu'avec au- torisation du titulaire du brevet.

Art. 5. La déchéance d'un brevet ne pourra être prononcée que dans le cas ou le breveté, dûment mis en demeure et en mesure d'appliquer son invention, s'y sera refusé.

Art. 6. L'expropriation moyennant indemnité pourra être prononcée.

M. Tellier ne se préoccupe pas des intérêts du Trésor, parce qu'il reste sur le terrain seul solide de l'impôt unique, et que ces intérêts seraient pleinement, servis par le timbre proportionnel annexé à chaque cession de brevet. Telle invention dont le brevet n'a rapporté à l'Etat que 1 500 francs, dans la législation actuelle, dans la législation nou- velle et avec l'impôt unique, aurait payé à l'Etat plus de 100 000 francs sans gênqr en rien l'inventeur.

Ah! si l'impôt unique pouvait enfin être compris, combien la France serait riche et prospère !

En échange de notre courageuse propagande, de notre généreux apos- tolat, ne sommes-nous pas en droit de demander aux intéressés de s'as-

LLS MONDES. 109

socier au succès de notre journal Les Mondes, fidèle écho des salles du Progrès. Par cela même qu'il enregistrera avec les détails nécessaires et suffisants toutes les découvertes utiles, il est impossible qu'il n'apporte pas dans l'année, à chaque industriel, la connaissance et la mise en pos- session d'un procédé ou d'un perfectionnement de nature à donner une nouvelle vie à son industrie, lui remboursant ainsi, au centuple, sa modique avance de 25 francs pour Paria, de 30 francs pour les départements, de 32 francs pour l'étranger.

CHIMIE APPLIQUEE

Pain de aantë, par M. le docteur Sagg, de Neufchâtel. Le pain est de la farine dont les éléments, gluten et amidon, ont été gonflés et rendus en parties solubles par la fermentation, qui détruit environ 40 OjO de l'amidon de la farine qu'elle change en alcool et en acide carbonique qui, en se dégageant, gonflent la pâte et forment les yeux du pain.

La fermentation étant difficile à régler, parce qu'elle est d'autant plus forte que la température est plus élevée, la quantité du pain varie sans cesse, la perte en farine est considérable et le pain contient un acide nuisible à la digestion pour beaucoup d'estomacs faibles, l'acide lactique.

Toutes ces considérations réunies ont conduit des chimistes à essayer de faire du pain en dégageant de l'acide carbonique dans la pâte de farine, et à la faire cuire ensuite. Ces essais, qui datent de 1817, ont été repris depuis 2 ans par plusieurs chimistes, mais ils n'ont pas réussi à supplanter le pain fermenté.

Il n'y a dans cet insuccès rien qui doive étonner; en effet, tous ces procédés ne font que gonfler la pâte sans rien changer à l'état des deux principes de la farine, en sorte qu'ils donnent un pain bon marché il est vrai, mais difficile à digérer, et ayant un mauvais goût.

En cherchant parmi les nombreux agents chimiques dont on dispose s'il n'y en aurait pas qui puissent gonfler la pâte et rendre le gluten et l'amidon aisément assimilables, j'en ai trouvé quelques-uns, mais presque tous coloraient le pain en lui donnant un goût désagréable ; un seul atteignait en plein le but, c'est celui que j'ai employé.

Pour être sûr du procédé, j'ai pendant 6 mois fait le pain nécessaire à ma famille. Je l'ai fait goûter à quelques amis, et je me suis décidé

410 LES MONDES.

à faire un essai eu grand. Dans ce but je me suis rendu à Paris, et j'aurais complètement réussi si le boulanger avait mis plus d'eau dans sa pâte; le pain était excellent, mais pas assez levé; les yeux en étaient réguliers, nombreux, mais trop petits, et le boulanger ne voulut pas continuer ses essais.

Cet insuccès partiel ne me lassa pas, et je m'adressai à un autre boulanger. Cette fois la réussite fut complète: toutes les personnes qui goûtèrent de ce pain furent émerveillées du résultat. Le fait arriva jusqu'à l'Empereur; le maréchal Lebœuf allait faire appliquer ce pro- cédé à toutes les manutentions militaires de l'Est, quand la guerre éclata, arrêtant toutes ces recherches. Est-ce le moment de recom- mencer ces essais? Je le pense» et voici pourquoi mon pain est meilleur que celui qu'on obtient par le procédé de la fermentation, il est plus vite fait, puisqu'il n'exige avant l'enfournage qu'un simple pétrissage de, 10 minutes, il livre un. produit toujours d'égale quantit^ et de 7 centimes meilleur marché par kilogramme de. farine employée, j>£r«* que le rendement en pain est de 10 à 15 0[0de la farine. J'ignore combien l'Etat emploie de farine chaque jour pour l'alimentation de l'armée de terre et de mer ; mais cette quantité doit être énorme, et une économie de 5 centimes par kilogramme de farine, produira cer- tainement un bénéQce considérable, sur. le tout, au bout de l'année. A cette économie il faudra ajouter celle de la préparation des leyains et la main d'œuvre qui y est relative ; je crois que le tout réuni amènera à des chiffres si énormes, que je ne saurais assez engagetinos administrateurs à les examiner, et à mettre en pratique ma découverte.

Ce procédé un peu modifié est applicable aussi à la fabrication: du biscuit de mer, qui devient par plus savoureux, plus, nutritif et d'un meilleur aspect, sans être plus cher. Sagc.

RffVOE ÉTRANGÈRE* PAR M, J.-B. VIOLLET.

Notes sur la fabrication de» monnaies en ângle^ ferre. Le premier rapport annuel du directeur- adjoint de Monnaie de Londres, publié dernièrement, contient, outre les in- formations ordinaires sur les opérations exécjfées en 1870, une notice historique sur cet établissement et sur les faits qui se rapT portent au monnayage. De toutes les recherches faites sur ce sujet, dans les documents les plus authentiques, il semble résulter que le droit de battre monnaie, en Angleterre, comme dans d'autres pays, a toujours été le privilège du souveraiu. Dans les premiers

LES MONDES. Ml

temps, la Couronne, outre le droit de fixer les dénominations, les

empreintes et le cours dès monnaies, exerçait aussi celui de dé- terminer le titre, et il est remarquable que les dispositions légis- latives portées de temps en temps par le Parlement, sur la fabri- cation des monnaies, ne paraissent avoir eu pour objet que de rectifier, par l'autorité suprême de la législature, des pratiques irrégulières, tandis que les opérations normales étaient tracées par des contrats passés entre la Couronne et le directeur de la Monnaie. Le privilège de battre monnaie a plusieurs fois été dé- légué à des particuliers éminents, tels que les archevêques d'York et de Cantorbéry, Tévêque deDuiham, et les abbés des principaux monastères; mais le droit de déterminer le titre, la dénomination ej l'empreinte paraît avoir toujours été exclusivement réservé à la Couronne, qui semble même avoir exercé en tout temps celui de donner dans le pays cours aux monnaies étrangères et de fixer taux pour lequel on devait les accepter en paiement.

Il est intéressant de faire connaître les métaux qui, dans diffé- rents temps, ont été employés pour les monnaies et les variations subies par la proportion de l'alliage admis. Sous les Saxons et les Danois, on ne paraît avoir employé que l'argent et le laiton, mais ce dernier fut plus tard rejeté par les Normands, qui n'admirent que la monnaie d'argent. La monnaie d'or ne fut frappée que sous le règne de Henri III (1216 à 1272); quant à celle de cuivre, elle ne parut qu'à partir de 1672.

Avant d'entrer dans le détail des changements apportés de temps en temps dans les monnaies, l'auteur fait connaître les trois méthodes employées pour en abaisser la valeur.

D'abord, on a diminué le poids du métal contenu dans l'étalon ; puis on a élevé la valeur nominale d'une pièce d'un poids et d'un titre connus et précédemment déterminés ; enfin, on a modifié U pureté du métal dans des pièces d'une dénomination et d'un poidfe connus.

Sauf une courte période de temps sous les règnes de Henri VIII et d'Edouard VI, les monnaies d'argent furent toujours abaissées par le premier de ces moyens, tandis que les monnaies d'or ont plus fréquemment subi des surélévations arbitraires de leur valeur nominale. On se proposait par de maintenir le rapport entre la valeur de l'or et de l'argent. Les inconvénients d'un système sem- blable sont évidents ; car, afin d'obtenir un avantage momentané, on apportait dans les tratàaetions des bouleversements violents

112 LES MONDES.

dont les conséquences paralysaient tout le commerce et portaient la confusion dans le système monétaire du pays.

Avant la fabrication des pièces d'or anglaises, sous le règne de Henri III, on trouvait dans le pays des pièces d'or de 10 sh. envi- ron, qui étaient frappées à Constantinople et qui circulaient libre- ment en Angleterre, sous le nom de besants. Plus tard, on vit aussi des florences, ainsi nommées parce qu'elles venaient de Flo- rence, et qui n'étaient pas moins connues en Angleterre que dans le reste de l'Europe. C'est de ces monnaies que dérive le mot florin, qui, comme pièce d'argent, sert encore de monnaie de compte dans l'Allemagne du Sud. On a frappé, à différentes époques, plusieurs sortes de monnaies d'or, diversement désignées. Sous le règne d'Edouard TU, le noble, et sous celui d'Edouard IV, l'angelot et le noble à la rose furent suivis du double réal ou souverain de Henri VII, qui eut cours pour 20 shillings. Vint en- suite le lauriçr de Jacques Ier, dont le cours devait être encore de 20 shillings. Cette dernière monnaie fut aussi adoptée par Charles II, à la Restauration, et fut ensuite appelée une guinée. Le souverain actuel fut établi par une proclamation du 1er juillet 1817 et répondit par la quantité de fin aux 20/21 de la guinée.

Le titre adopté aujourd'hui en Angleteterre pour la monnaie d'or est de 22 parties de fin et de 2 parties d'alliage. Les monnaies d'or frappées sous Henri III étaient à 24 carats et, par conséquent, se composaient d'or pur ; mais ce titre fut changé par Edouard III et réduit à 23 carats et 3 i /2 grains de fin, c'est-à-dire à 4/2 grain seulement d'alliage (soit à 95 1/2 de fin et 1/2 d'alliage). Sous Henri VIII, il fut abaissé, réduit à 20 carats d'or et 4 d'alliage. Durant ce dernier règne, cependant, on a frappé aussi des cou- ronnes de 22 carats d'or et de 2 d'alliage. Après plusieurs modifi- cations, ce titre, sous le nom d'or de couronne, a été définitive- ment adopté, pendant le régne de Charles II, par un acte du Parlement, pour le seul titre légal, et depuis a été maintenu jus- qu'à ce jour.

Pour la monnaie d'argent, le titre actuel, savoir 11 onces 2 pennyweights de fin et 18 pennyweights d'alliage (ce qui revient à 222 parties de fin et 18 d'alliage), a été probablement introduit d'abord par les Saxons, mais il a subi ensuite plusieurs variations.

La première monnaie de cuivre fut frappée en 1665 par Charles II, mais on ne trouve, avant 1672, aucune trace de l'émis- sion de ces pièces. Des jetons de cuivre et de laiton furent mis en circulation sous le règne de Jacques Ier; cependant leur valeur in-

LES MONDES. 113

trinsèque était si inférieure à leur valeur nominale que Ton ne crut pas convenable de les reconnaître comme monnaies. Des pièces de cuivre continuèrent de circuler depuis Je règne de Charles II, et une grande émission de ce métal eut lieu en 1707.

r

Ou n'a plus fait de changements depuis cette époque jusqu'à l'in- troduction de la monnaie de bronze, en 18G0.

L'étain a aussi été employé en 1680, et Ton frappa des farthings de ce métal, entourant un noyau de cuivre. On y revint encore sous le règne de Guillaume et de Marie, Ton émit une grande quantité de demi-pences et de farthings.

La monnaie, après la conquête des Normands, paraît avoir été, jusqu'à un certain point, sous l'autorité des barons de l'Echiquier. Avant cette époque, les directeurs des monnaies, dont les noms étaient inscrits sur les pièces, et qui, en qualité de fabricants, étaient probablement responsables personnellement de l'exactitude du poids et du titre, sont les seuls officiers des monnaies dont les anciens documents fassent mention. Ces personnes, qui étaient em- ployées directement par le roi, ou par les éminents particuliers auxquels était délégué le privilège de battre monnaie, jouirent toujours de grandes prérogatives, mais tout écart de leur devoir était puni avec la plus grande sévérité. Dans les premiers temps, il existait des hôtels des monnaies dans les principales villes d'Angleterre et d'Irlande, telles que Bristol, Hull, Dublin. Il y en a même eu un à Calais. Il est curieux aussi, qu'outre celui delà Tour de Londres, on en ait aussi établi un à Southwark. La Monnaie de Dublin a été supprimée en 1696; celle d'Edimbourg l'a été en 1817 et, depuis cette époque, la fabrication de toutes les monnaies du Royaume-Uni est concentrée sous la direction du maître de la Monnaie de Londres. (Journal of the Society of Arts.)

Danger de l'emploi de différent» métaux dans les appareils à vapeur et les distributions d'eau. (Observa- tions de M. Clinkskill.) M. Clinckskill a présenté dernièrement à l'Institution des ingénieurs d'Ecosse des morceaux coupés dans des chaudières destinées à alimenter d'eau chaude des maisons particulières. Ces appareils, détruits dans ce travail, étaient ali- mentés avec de l'eau de Lpch-Katrine. L'action exercée sur la tôle avait évidemment été plus] active que dans les circonstances ordi- naires, car la surface avait été irrégulièrement et profondément creusée comme un rayon de miel. Dans cette circonstance, la bâche alimentaire était en plomb, et comme la chaudière, ainsi que

•14 LES MONDES.

les tuyaux de communication, étaient en fer, il résultait de cet assemblage un couple galvanique auquel il somlplajt naturel d'at- tribuer la destruction de la tôle. D'après cette expérience, il pa- rait convenable que, dans la constructiop de semblables appareils, on ait soin d'employer le fer, ou du moins un jnême métal, pour la confection de toutes les pièces mentionnées.

Découverte d'une nouvelle propriété du collodlon.

Dans une séance récente de la Société do Berlin, on adonné quelques détails sur une propriété singulière du collodion, décou- verte par 9 M. Kleffel et qui peut vraisemblablement conduire à quelques applications utiles. L'auteur a trouvé que si l'on enduit de collodion une lame de verre, selon la méthode ordinaire, et que, quand le liquide s'est solidifié, on presse dessus une feuille ,de papier imprimé, en appuyant avec la paume de la main, oji trouve sur le collodion, après l'enlèvement du papier, une repro- duction très-fidèle des caractères qui restent parfaitement visibles après la dessiccation complète de l'enduit. La reproduction e*t surtout visible lorsqu'on regarde la lame par transparence, ou bien par réflexion, après avoir dirigé dessus son haleine. Les traces de l'impression paraissent enfoncées et claires, tandis que le reste de la couche semble terne et mat.

MÉCANIQUE APPLIQUÉE

CouoeuM automate et moteur automatique Carc in- Adam. — Rapport lu par M. Martial Roussel, le 1 4 avril 1871, dans la séance de la Société industrielle d'Amiens. (Extrait.) Notre honorable collègue, M. Vion, m'a ipvité à prendre connais- fiancé d'une machine à coudre, déposée momentanément chez lui, et avec les propriétaires de laquelle il est en relation d'amitié.

Cette machine, inventée par Mlles Garcin et M. Adam, de Colmar, «et brevetée dans les principaux Biais de l'Europe et en Amérique.

Mlles Garcin ont consacré une fortune laborieusement acquise à la promulgation d'une idée heureuse, celle de faire de la Couseuse mé- canique une machine automatique. Elles ont été meryeiUeijsemejit secondées dans le. développement 4p cette idée par jty, A^a»m, horjoggr à Colmar, artiste distingué, auquel les sciences physiques et mathé-

LES MONDES. H 5

matiques sont redevables d'un grand nombre d'instruments de préci- sion. C'est lui, m'at-on assuré, qui a fourni à M. Hirn, l'illustre physicien de Colmar, les instruments dont il s'est servi pour l'étude des phénomènes si savammept expqsés par lui dans ses nombreux ou- vrages.

Ces quelques mots sur les inventeurs de la nouvelle machine coudre suffiront, je l'espère, pour appeler vos sympathies sur leur découverte et arçrja valeur réelle qui .}a caractérise. ,M. Vioa, per- suadé, comme noys tousyique Je»but , et Je, devoir des .sociétés savantes est de travailler à la propagation des idées et des découvertes <jui,peur vent contribuer au progrès 4es arts.ôt des sciences, m'a engagée jous présenter, sur la nouvelle machine, quelques considérations ^ propres à vous la faire connaître, dans la pensée que vos suffrages , si aile îles obtient, aideraient puissamment à sa promulgation. J'ai, cédé d'autant plus volontiers à cette demande, que je connais mieux que personne votre vif désir de contribuer au développement de tout ce qui peut améliorer la position des ouvriers laborieux et faciliter leurs travaux. La machine à coudre de Mlles Garcin et de M. Adam m'a ,d'aiHeurs paru digne de votre attention, par l'intelligence et l'heureuse ^posi- tion qu'ils sont parvenus à lui donner et par les résultats vraiment re- niai quables qu'ils ont obtenus.

Avant d'entrer dans l'examen de l'appareil qui nous occupe, per- mettez-moi, messieurs, de jeter un coup d'oeil sur les machines à coudre en général, et, au milieu des avantages incontestables qu'elles présentent, de vous signaler quelques inconvénients assez graves qu'a révélés leur usage aujourd'hui si heureusement et si généralement adopté. Ces inconvénients consistent principalement dans la fatigue qui résulte pour les ouvrières de l'emploi de la pédale pour mettre ces machines en mouvement.

Plusieurs médecins en chef des hôpitaux ont signalé, sous ce rap- port, de très-grands dangers. Quelques-uns même ont été jusqu'à proscrire entièrement les machines à coudre animées par ce moyen. Dans une notice, insérée dans la sixième livraison de Y Encyclopédie générale^ M. Michel Alcan nous apprend que, dans certains ateliers, on a été obligé d'établir des relais pour n'occuper la même femme que pendant deux heures consécutives ; et cela, dit*il, parce que l'action incessante du pied fait affluer le sang à la partie inférieure du coups et surexcite le syetèjne nerveux, de façon à altérer gravement, la santé de l'ouvrière.

Un horçype distingué, attaché comme médecin en chef à -un hôpital, a accueilli la nouvelle Çouseuse avec un véritable enthou-

116 LES MONDES;

siasme. a L'Académie de médecine, disait-il à Mlles Garcin, constate journellement les maladies de toute nature qu'engendre la machine à coudre mise en mouvement par le pied de l'ouvrière.

Quelques-uns de ses rapports ont été publiés dans les journaux, mais l'Académie n'a pas dit tout ce qu'elle sait, tout ce qu'elle pense à cet égard, pour ne pas décourager l'ouvrière qui est obligée d'employer une Couseuse mécanique. »...

MM. Armengaud indiquent plusieurs autres tentatives faites pour rendre automatique la machine à coudre ; on a essayé tour à tour des moteurs à air comprimé , des moteurs à eau, des moteurs électriques, mais sans succès réel, de sorte qu'il ne reste , comme indépendante de tout moteur fixe et étranger, que la machine automatique de Mlles Garcin et de M. Adam, de Colraar.

La Couseuse, proprement dite, sauf quelques modifications intelli- gentes dans le but de rendre les mouvements plus sûrs et plus faciles, appartient à l'un des divers systèmes connus; le moteur, d'ail- leurs, s'applique également, aux machines de chacun des systèmes connus.

Il se compose d'un rouage d'horlogerie, d'une construction solide, qu'il suffit de remonter toutes les deux ou trois heures pour assurer le mouvement régulier et continu de la Couseuse. Dans la machine qui m'a été montrée, six barillets partent des roues dentées engrenant les unes dans les autres et conduisant un pignon dont Taxe porte une roue engrenant elle-même dans un second pignon. L'axe de ce pignon reçoit. la poulie sur laquelle vient se placer la corde qui transmet à la machine à coudre le mouvement du moteur, et une roue à denture hélicoïdale conduisant, au moyen d'une vis sans fin, le volant régula- teur de l'appareil. Ce volantr dont les ailes sont mobiles et peuvent être plus ou moins inclinées par rapport au plan de son mouvement, permet d'accélérer ou de diminuer la vitesse suivant les besoins. L'arrêt est obtenu de la manière la plus facile et la plus sûre par une détente placée à portée de la main de l'duvrière. . Tous les mobiles composant ce rouage sont placés dans une cage horizontale comme les roues d'une horloge , et l'appareil tout entier .est renfermé dans une caisse en bois formant la table même sur la- quelle est placée la Couseuse qu'il met en mouvement. Cette table est soutenue par quatre pieds auxquels, selon moi, on a mal à propos ajouté des roulettes. Ces roulettes nuisent à la stabilité de la table, et doivent, dans certains cas, gêner le travail de l'ouvrière.

En résumé, le moteur inventé par Mlles Garcin et M. Adam se com- pose d'un rouage d'horlogerie mis en mouvement par douze ressorts

LES MONDES. 111

énergiques de pendule, renfermés dans six barillets. C'est sur la com- binaison très-remarquable de ces ressorts que Je désire surtout appeler votre attention, cette combinaison constituant à elle seule la nouveauté et tous les avantages du nouveau système. Le problème à résoudre était celui-ci : combiner un nombre quelconque de ressorts, de manière a ce qu'ils développent, non pas simultanément, mais successivement, leur force pour la mise en mouvement de la machine à coudre. En d'autres termes, il fallait obtenir de la réunion de plusieurs ressorts, non pas une plus grande somme instantanée de force, mais une plus longue durée dans le développement de cette force. Les inventeurs, je le répète, ont atteint ce résultat par une très-heureuse combinaison de ressorts moteurs.

Pour vous donner une idée claire et précise de cette combinaison, laissez-moi vous dire un mot de la disposition du ressort plié en spirale dans les machines il est employé comme moteur. Ce ressort est une

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4*8 LES Â10NDES

lame d'acier trempé el ramené a un degré de dureté tel qu'on puisse le plier et le rouler autour d'un arbre. Ainsi enroulé, le ressort, par son élasticité, fait effort pour se redresser : cet effort constitue la force motrice du ressort. Pour utiliser cette force, on renferme le ressort dans un barillet. Le barillet, comme on le sait, est un cylindre creux, formé par une feuille de fer ou de cuivre, et fermé à ses deux extrémités pair deux plaques métalliques percées à leur centre d'un trou, pour laisser passer Taxe du barillet. Le barillet tourne librement sur cet axe. Une des deux plaques excède le plus souvent par sa circonférence l'enve- loppe cylindrique qui forme le barillet ; sur cette partie excédante sont taillées les dents d'une roue ordinaire.

Cette roue, comme on le voit, fait corps avec le barillet et participe à son mouvement. Le ressort, enroulé sur lui même comme serait une feuille de papier, et placé dans le barillet, s'attache par son extrémité extérieure à la circonférence intérieure du barillet, et par son bout in- térieur à l'arbre qui le traverse et en forme l'axe. Le ressort ainsi en- roulé sur lui-même, placé dans le barillet et fixé par ses deux bouts, comme je viens de le dire, ne remplit pas toute la capacité du cylindre. Il reste entre l'arbre et les spires intérieures du ressort un vide qui permet de le tendre en le forçant à s'enrouler autour de l'arbre, et qui lui laisse la faculté de reprendre sa première position. Forcer ainsi le ressort à s*enrouler autour de l'arbre, est ce que l'on appelle en horlo- gerie remonter le ressort. Cet effet s'obtient de deux manières : la pre- mière en maintenant le barillet mobile et en tournant Taxe sur lui- même au moyen d'une clé ; la seconde en arrêtant l'axe et en faisant tourner le barillet dans le sens convenable.

Par ce qui précède, bien entendu, on se rendra facilement compte de la combinaison des ressorts constituant le moteur de Mlles Garcin et Adam.

J'ai dit déjà que ce moteur se compose de six barillets, animant un rouage d'horlogerie chargé de transmettre le mouvement à la couseuse. Ces six barillets sont placés deux à deux, sur le même axe, et portent chacun une roue dentée, de même diamètre et d'un nombre égal de dents. Ils sont disposés paralèllement dans la cage horizontale qui contient tout le système, et à distance convenable pour que la roue d'un barillet puisse engrener avec la roue du barillet placé à sa droite. Chaque barillet renferme deux ressorts disposés à côté l'un de l'autre, et attachés, comme je l'ai dit, par leurs extrémités intérieures et exté- rieures à l'arbre et à la circonférence intérieure du barillet, et agis- sait tous deux dans le même sens pour faire mouvoir ce dernier. Ces ressorts sont très-énergiques, et leurs lames ont, m'a-t-on dit, uàe

Ll'.S M ON Mit. lié

longueur de dix mètres. Chaque barillet est donc animé par la force réunie et simultanée de deux ressorts, et le système entier par force combinée et se développant successivement et deux à deux de douze ressorts. Les douze ressorts sont ou doivent être, autant que possible, d'égale force. Pour nous rendre compte de l'action successive et non simultanée des ressorts sur le rouage chargé de faire marcher la cott- seuse, voyons d'abord comment deux barillets se comportent l'un k l'égard de l'autre. Je prends pour exemple les deux premiers barillets placés à gauche et portés par le mèms axe. On se rappelle en effet que les six barillets sont portés partroix axes seulement, deux sur même

arbre; Je reviens aux deux barillets choisis pour notre examen, "fous deux portent la roue dentée dont il a été question plus haut. Lès quatre ressorfe s'ont en repos, c'est-à-dire toutes les spires appuyées les unes sttr lés feutres, et finalement sur l'enveloppe intérieure du barillet. Le rjféffllB't barillet est remonté au moyen d'un pignon dont l'extrémité" de l'aie feMlc'é an carré reçoit la de du rémonteur. Ce pignon engrène tfatis ft rotic 'du premier barillet, et imp'rînk à cet organe un mouveA

430 LES MONDES.

ment de rotation sur son axe qui remonte les deux ressorts qu'il contient. Ces deux ressorts sont donc remontés par la circonférence du barillet, mais, à mesure qu'ils sont tendus par le mouvement de ce dernier, ils réagissent sur l'axe autour duquel il s'enveloppent et tendent à le faire tourner dans le même sens. Sous leur influence, oet axe se mettra bientôt en mouvement; il tendra par leurs bouts intérieurs ces deux ressorts enfermés dans le second barillet placé sur le prolon- gement de cet axe. L'action des ressorts du premier barillet se transmettra ainsi à ceux du second, tant que la main de l'opérateur agira sur le pignon du remontoir, et jusqu'à ce que la tension des deux barillets soit en équilibre ; en d'autres termes, jusqu'à ce que les quatre ressorts qu'ils contiennent soient complètement remontés, si l'action du remontoir est assez prolongée pour atteindre ce résultat. Si l'on cherche maintenant quelle est la résistance qu'a vaincre le remontoir, on trouve qu'en intensité il n'a rencontré que la résistance d'un seul barillet, et qu'en durée il a vaincre successivement celle des deux barillets.

En effet, si l'on suppose que Taxe est retenu dans une position fixe pendant qu'on remonte le premier barillet, il est bien clair que ce ba- rillet complètement remonté n'i opposé à la main de l'opérateur que la résistance de ses ressorts. Arrivé à ce point, si l'on abandonne l'axe à lui-même, la tension des ressorts remontés se partagera entre les deux barillets, le premier cédant au second la moitié de la force de tension de ses ressorts. Les ressorts du second barillet se trouveront donc ainsi remontés à moitié, et ceux du premier diminués d'une quantité égale. IL faudra, pour les ramener au point de tension com- plète, donner de nouveau le^ mouvement au remontoir, et ainsi de suite, jusqu'à ce que les deux barillets soient complètement remontés. Par cet exemple on voit clairement que la main qui remonte le sys- tème n'éprouve que la résistance du premier barillet, la tension de ces ressorts se chargeant elle-même de remonter les ressorts du second.

Ce que nous disons pour deux barillets, on peut le dire de même pour les six barillets. En effet, le second barillet, remonté comme on vient de le voir par le premier; remonte le troisième par la circonfé- rence, la roue dentée du second conduisant celle du troisième. Ce dernier remonte le quatrième par l'arbre comme a fait le premier par le second. Le quatrième remonte le cinquième par la circonférence et celui-ci le sixième par l'axe. C'est la roue dentée du sixième qui con- duit le rouage chargé de transmettre le mouvement à la couseuse. Tout ce que Ton vient de dire pour l'accumulation successive de la force des ressorts se produit en sens inverse, et successivement, pour la

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mise en mouvement de la machine à coudre. Les inventeurs ont donc parfaitement résolu ce problème donné, celui d'obtenir d'un nombre quelconque de barillets la force successive et non simultanée de cha- cun d'eux, je dis d'un nombre quelconque de ressorts. Car, ainsi que vous venez de le voir, la force du moteur ne résuite pas d'un nombre plus ou moins grand de barillets, mais seulement de la durée de son ac- tion; la force réunie et simultanée des barillets briserait de l'appareil. Dans la disposition si heureuse et, je crois, tout à fait nouvelle, qu'ont donnée les inventeurs aux barillets, ils ont donc atteint le but cherché, et enrichi les arts mécaniques d'un moteur nouveau, non par sa nature mais par son application. Ce moteur, comme le font re- marquer les inventeurs, est applicable, non-seulement aux machines à coudre, mois encore aux appareils télégraphiques et autres, qui ont besoin d'un moteur énergique et dont le développement rapide puisse se prolonger pendant un certain temps.

La machine à coudre, animée par le moteur nouveau dont je viens, un peu trop longuement peut-être, de vous donner une idée, ren- ferme, selon moi, sur celles qui sont mues par le pied ou la main, des avantages qu'on ne peut méconnaître. Elle fait disparaître la fa- tigue si nuisible à la santé de l'ouvrière; elle lui rend la liberté de ses deux mains; elle la débarrasse de l'attention soutenue et importune dont elle a besoin pour obtenir et conserver le mouvement de sa ma- chine. Elle hii laisse donc la facilité d'appliquer -toute son attention, toute sa dextérité à la direction de son travail.

Nouvel appareil pour utlllyer la farce do vent, par

M* DuROâ sb Hauron. L'appareil se compose de bras horizontaux disposés en croix sur un axe ou arbre vertical ; à chacun de ces bras sont adaptés, d'une manière symétrique, c'est-à-dire soit du côté droit de tous les bras, soit du côté gauche de chacun d'eux, à volonté, des volets verticaux susceptibles d'accomplir une demi-révolution sur leurs gonds, et constituant par conséquent autant de girouettes libres d'osciller horizontalement dans une demi-circonférence, le bras qui les porte faisant obstacle à une course pins prolongée. En vertu de cette disposition, il y aura toujours, par rapport au point d'où vient le vent, un côté de Y appareil, le côté droit, par exemple, les volets, étant situés en deçà de leurs supports, s'abattront sur eux en formant une voilure et entraîneront dans un mouvement giratoire le système tout entier, tandis que les volets du côté gauche de l'appareil étant situés au delà de leurs supports, seront tournés par le vent de ma-

LES MOiiDJÏfr

nière a, se présenter à lui par la tranche, et, des tore, ne contrarieront en rien le mouvement imprimé par les premiers.

Ce qui distingue ce panémone des autres panétnones qui paraissent avoir été tentés jusqu'à ce jour, c'est que le *eat Lui-môtue distribue

les Hurfaoes courte lesquelles il fexerce sa pression, de muniese à les

LES MONDES. 123

créer qn quelque sorte du côté cette pression doit s'exercer, et à les éliminer complètement du côté elles nuiraient à l'effet des pre- mières. ff * Principaux avantages de cette construction. Cet appareil, dont la simplicité est extrême, est de lui-même orienté ; il tourne toujours et dans le même sens et avec la même facilité pour toutes les direction* du vent; l'intervention de l'homme n'est jamais nécessaire. La dis- position horizontale des bras permet d'obtenir, sans augmentation notable dans les frais d'établissement, une force pour ainsi dire illi- mitée, en allongeant indéfiniment les bras de l'appareil et multipliant le nombre des volets ; cet allongement s'opérera sans difficulté ni alté- ration de la solidité de l'appareil si Ton a soin de relier par des tringles de fer, comme dans les manèges de chevaux de ï>ois, les extrémités des bras au sommet de Taxe vertical, et, au besoin, de relier les bras entre eux de la même manière. On augmentera en outre, avec non moins de facilité, la puissance de chacun des volets par la longueur qu'on peut impunément leur donner, dans le sens vertical. Quant à la lar- geur de ces mêmes volets, il importe qu'elle soit très-modérée pour que le vent les manœuvre plus aisément ; c'est par leur nombre et leur rapprochement qu'ils doivent former une vaste surface. L'expé- rience démontre qu'il les faut un peu plus larges que l'intervalle qui les sépare ; c'est moyen d'éviter que deux voltfts consécutifs s'enche- vêtrent l'un dapp Vautre, §i l'oq (d,ésjrç:(juç l'appareil ne soit pas surmené par les grands vents, la disposition horizontale du système permet d'employer un moyen que ne comporterait pas un moulin à vent ordinaire : les volets qu'on emploira seront 4*viëés en persiennes, étagées les unes -sur les autres, que leur poids maintiendra verticales en temps ordinaire, mais, qui se soulèveront quand la pression de l'air deviendra trop forte, et proportionnellement à cette pression. Le Cyclone est dispensé de la maçonnerie ou construction élevée qu'exige un moulin à vent vertical ; il peut se mouvoir presque fi. fleur de terre, pour peu que le terrain 60it découvert et exposé à la libre action du vent : de une économie eapitale. Exécuté d'une manière sommaire et rustique, il se réduira à deux poutres "horizon- tales disposées en croix sur une poutre verticale, et munies toutes les deux d'une série de traverses, également verticales, aux extrémités de chacune desquelles seront adaptées, au moyen de pitons ou gonds, etc., de6 girouettes ou volets longs et étroits ; éhacun de ces volets n'accomplissant qu'un faible effort et n'éprouvant que peu d'usure, on pourra y employer des matière communes et peu coûteuses, c'est-à-dire non-seulement la toile, les minces feuilles métalliques, le

L

124 LES MONDES.

carton bitumé, mais les simples tissus de paille, d'osier, de lata» nier, etc.

Principales applications. Cet appareil rendra des services inap- préciables pour toutes les opérations mécaniques le bon marché, la dispense de surveillance et, s'il le faut, la puissance du moteur sont des éléments essentiels, et l'intermittence du travail ne tire pas à conséquence : telles sont les irrigations des campagnes au moyen de bassins d'approvisionnement cet appareil élèvera l'eau des rivières ou des ruisseaux ; telle est encore l'alimentation hydraulique des châ- teaux, des villes, etc. ; tels sont les dessèchements des marais. L'inven- teur propose en outre d'appliquer ce moteur à la navigation : établi sur un navire il mettrait en mouvement une hélice ou des roues à palettes, U Cyclone 6e substituerait avantageusement à la voilure ordinaire pour faire marcher ce navire dans toutes les directions. Enfin, la même construction, immergée dans une eau courante, con- stituera une excellente turbine, dont l'emploi sera surtout indiqué lorsqu'il s'agira d'utiliser un cours d'eau peu profond, l'appareil se développant alors uniquement en largeur.

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DU MARDI 26 DÉCEMBRE 1871.

Recherches sur V origine des levures lactique et alcoolique,pàT M. A.Trécul. « La fermentation de la levure de bière m'est apparue, comme à Cagniard-Latour et à M. Pasteur, accompagnée de corps organisés vivants.

Ces corps sont de deux sortes. Les premiers visibles sont des cor- puscules mobiles dans la première phase de l'expérience ; ce sont des Bactéries simples ou à deux, trois ou plusieurs articles, qui bientôt deviennent immobiles. Leurs articles, d'abord globuleux en appa- rence, s'allongent ensuite, et l'on a alors des cylindricules simples ou composés de deux ou plusieurs cellules oblongues.

Ces corpuscules étant toujours accompagnés de la saveur lactique du liquide, j'ai été conduit à les assimiler à la levure lactique de M. Pasteur, dont ils ont la figure et les dimensions.

Quelques jours après leur apparition se montrent des cellules d'un aspect tout différent. D'abord très-petites, globuloldes ou elliptiques, elles grandissent, et sont bientôt de beaucoup plus volumineuses que les cyl ifldricules de la levure lactique.

LES MONDES. 125

Quand elles sont arrivées à une certaine dimension, elles produi- sent à l'un des bouts une autre cellule, par le mode de végétation bien connu, et que pour cela je ne décrirai pas ici, l'ayant d'ailleurs fait antérieurement.

Les uns croient, comme M. Pasteur, que les germes de ces cellules sont apportés par l'air, par les liquides, ou à la surface des matières employées. Les autres pensent, comme M. Frémy, que ce sont les substances albuminoldes de l'orge, du raisin, de la pomme, etc., qui engendrent la levure.

M. Trécul conclut de ses observations que toutes les probabilités sont pour la formation des bactéries et de la levure aux dépens des matières albuminoldes de l'orge. Il croit même avoir pris la nature sur le fait, en flagrant délit de production de ces petits êtres aux dé- pens des matières organiques en dissolution.

M. Pasteur répond : « Je suis vraiment surpris de voir mon savant confrère aborder la question des générations dites spontanées, en n'ayant à son service que des faits aussi douteux et des observations aussi incomplètes. Mon étonnement n'a pas été moindre qu'à la dernière séance, lorque M. Frémy s'est engagé dans le même débat, n'ayant à produire que des opinions surannées, sans le moindre fait positif nou- veau.

M. Fremy confesserait-il ses erreurs, si je pouvais lui démontrer que le suc naturel du raisin, exposé au contact de l'air, privé de ses germes, ne peut ni fermenter, ni donner naissance à des levures or ganiaées?»

Tension sensible de la vapeur de mercure à basse température , Extrait d'une lettre de H. Regnault. Dans les mémoires de l'Aca- démie, tome XXX F, p. ?06, j'ai écrit : a J'ai admis, dans ces recher- ches, que la tension de la vapeur mercurielle était nulle à la tempéra- ture de la glace fondante. Cette hypothèse n'est pas absolument exacte ; le mercure se volatilise encore sensiblement à cette température, car une plaque de daguerréotype, impressionnée dans une chambre noire, laisse apparaître son image lorsqu'on l'expose pendant longtemps dans la boite à mercure, même quand la température est inférieure à zéro. Mais la force élastique de la vapeur mercurielle est si faible à zéro, qu'elle est difficilement appréciable par nos moyens d'observation. »

c Voici l'expérience concluante que je trouve dans un de mes an- ciens registres :

a Le 18 janvier 1838, je pris, d'une fenêtre de l'appartement que j'occupais alors à l'Ecole des Mines, une vue daguerrienne du Luxem- bourg. La plaque fut conservée dans l'ob6Curité 'jusqu'à 7 heures du

m les mwvk

«M. KU* p4 dtfpOAéç Mor* dartf fo bpîtp à wrçure, qyi .avait, ^té pja^e fcw? heyrçiç Rivant eu defoç^. d$ 1^, fçpçtrç* Up tjherruom^tre p^cé fope 1* Vpttp rpa^quait -r 1? fagpfy L? tp.uj resta ai^si jusqu'à 7 heures du matin ; le thermomètre marquait alors 15 degrés. La gUcf portée daqç la chambre poire p$se#tajt l'image développe, Biafc faible, CeJJe ùnage persista aprèp le p#8?agç du liquide fixateur, •M'oa digtiqgjuaij P^ittfneftt tous les détails. Cette glpce doit être

Wpore *yeç m #iW^ feR8 *H* <&* WW^ÇS 4." c^î^çt du Çp^ge de France. .

Gtfto Wpériffnçe, que j'ajurajp d,û jwbjjer, prpuvç que, ptènie à *** df*ï&, 1* v«#ur meppudpHç qf dévelçppa sufÉUarpinent pour faire appajfrJJre upe ipi^ge dagueïfieime dan? une exposition de douze b^ur^s, Qt il faut jrpuiarquqc que, dans la boite $ mercure, il n'y a pas de courant d'air qui fasse yoyagfir fo vapeujç pierçurielle. ?

t ,£w fo c*w#k**fc*W<* #«tfrrç^ <J*J J&tyty* > sans électrçlyse ; par tâ.P.rA. Fakwe, t- « Àfolgré 1$9 trayçiux de faraday et de L.fou- oauAt, M miSVé les gjccellejtfs arguments de ces deux grands physi- ÙM» en iaveiy de )& çppdufttibiUté propre des liqui(ïç$, cette conduc- tibilité *Bt fi»CQre JIqâp d'#re gépérale^ept admisq. J'ai pense que qUQlqMW4twfc&.9<W,ve}le$ W ce ^iij^t et ^es considérations thermiques pourraient élucider la question. » De nombreuses expériences faites ta» des cqtfUiops toutqsflouYflllç*, &• Fa^re tire cette ppncljisi.qn : * il fimtvfàpç admettre que les \iqviies onf,KW co/iduçff&t7i$ propr?. »

rp- Qecherclt* §ur (état d^s corps iar\s lej dissolutions [sels métalliques) , par M. Berthelot. « Les doubles décompositions entre sejs dissous pftUXftnt fttro constatées, pt, jusqu'à up certain jpoint, mesurées^ toutes les /ois qq'upebape, en s'unissant & deux acides donnés, en présencp d une quantité d'eau déterminée, dégage des quaçtitçs de chaleur telles, que l$ur différence ne &ojJt pas la mèmç que celle des quantités de chaleur dégagéçp par uup aitfrg base unie aux deux mêmes ttûde* ;

N Nf>N'-rNV

Aujourd'hui, M. Ber&elot w^que Qe ftéorèrçe fc l'éjude des sels métalliques formé» par les oxydes de zi^c , de cuAyrp , de plomb , de peroxyde de fer, «te* JLp résultat général ù> ^cto étude est toujours le même : le sel le plus stable, prQj,uit par l!upio,n dp l'acide fort avec la base, se forme de préférence. »

Sur Vwigwt 4u W$<W fat Mr fa végéfaux à chlotojfchylte, par •M. L. CàiLi«w« ^ Pour étaler Je #fiq^e d'asgipailation de Pacide carbonique etilUfifluenoe que les W^içreB organiques coptenfics dans

h sol fleuron mrfty m i'awoiss^iU 4tt rtgf&li .)'« cfcwW 4'abopi fj wk plante £ fihtoro^b yU* w plai&e y4g#at|Qg peu} $o«4if nuer à se développer lprqu*on soustrait ses parties vertes «à 1'itQtkM à& ÏW4& wbwiqw d# r#wospbère. J^ pla#Çft ^wr lesquelles j'ai fiy^iWïrté vjéflàftjtf <fens qn graqd va$£ oonteft^t fiavirqa 25430 titres *fc terre de howœ qw>Wé; J* cbQJw ua syyet de fwœ HwjieBne, 4 nxUrpdpiû& d^ps pja|cylimj*e te v$rra,#wte debouteUle r«#r

wpsé*, wupi^, à la parte jijjérieme;, d'w Qri&c# lpijg «t étroit ; ita-

pace Qoovpri^ eotr* #et orifice et la tige de la pUnte est cerapti d* eatw cwtë, ou mjeu* jd'amiaflte légèrement tiussée. Comme oq le voil, la fjaote, &iu*i disposée, ,co&^rv,e se* raci^s gu *e*re, jtairàj* «iea& |i^e|^ feuilteek watowéflj dans un vase 4* verje Wftoc, p&«yeftt recevoir, par un orifice latéral, uu couwtf d'air prfjtabtatt&it 4$-

Ayant d'arriver au cwtfact de la plante, l'ajr Japçé fl»r wgWN»#*e 4e 500 JUtJ.es traverse mp lessive de potage joauattqiue, guis uue dim- lution de chaux, .qpi> e# &e troublant, décorait les dernière* trapes d'acide cvtow<H# w traites; enfin, cet air se Aave dans ua flacon d'eau ifliftiUÀtt pwv#p 4'aPidp carbonique.

Le courant d'air qui arrive au contact de la plante avec une pression légèrement supérieure à celle de l'atmospjière tqp4 à s'éçbappçr ^ tra- vers l'amiante et s'oppose entièrement, ainsi que je l'ai constaté, à la rentrée de l'acide carbonique de l'air extérieur.

J'ai expérimenté sur des végétaux d'espèces très-différentes, dfs Lentilles, \u?e Pafisiflçtrfo.vn Colza; dans tous les cas, les résultats constatés opt été absolument les mondes : dès que l'acide carbonique cesse d'arriver au contact des parties de la plante , Bon développement s'arrête, ses feuilles inférieures jaunissent et tombent, la vie semble* se retirer à la partie supérieure de la tige, qui bientôt se dessèche ^t meurt à son tour.

Lorsque la plante va périr, si l'on substitue à l'eau distillée du flacon laveur une faible dissolution d'acide carbonique, la vie presque éteinte se ranime, et la plante, après avoir développé de nouvelles feuilles, peut parcourir dan? mes appaseUp tpute sa période- végé- tative.

k Les expériences nombreuses que j'ai entreprises, et qui toutes ont donné des résuljats concordants, m'autorfserçt ji conclure qup l'acide carbonique dissous, ainsi que les produits de lu décomposition des engrais mis au contact des racines, soot absolument insuffisants pour l'entretien de la vie des plantes à chlorophylle; je dois conclure éga- lement que tout le carbone fixé par ces Yégétow .provient fle l'acide

158 LES MONDES.

carbonique de l'atmosphère, qui, absorbé par les organes verts , se décompose et se transforme en produits organisés, sous l'influence de la lumière. »

Appareil pouvant servir à mesurer les températures ^altération et de détonation des composés explosifs, par MM. L. Leygue et Champion.

« L'appareil est fondé sur la distribution connue de la température dans une barre métallique chauffée à Tune de ses extrémités. La barre qui a servi à déterminer les chiffres réunis à la fin de cette Note était en cuivre, de 0m,025 de diamètre et de 0",60 de longueur. Des cavités creusées à des distances égales, et remplies d'huile ou d'alliage de Darcet, indiquaient les températures intérieures, de 0n,40 en 0*,J0, à partir de l'extrémité froide; une construction graphique don- nait les températures des autres points.

Dès que la température marquée par les thermomètres devenait stationnaire, les corps à étudier étaient disposés sur la barre et ap- prochés progressivement de la source, jusqu'à la division ils éprouvaient la modification que Ton voulait obtenu*.

Nous considérons comme indispensable d'interposer un écran entre l'appareil et la source, afin d'éviter l'influence du rayonnement.

Températures ^inflammation et de détonation de quelques composés

explosifs (1).

Poudre des amorces pour Chassepot 191°

Fulminante de mercure 200

Poudreforméed'unmélangedejX^f013886^^!. . 200

Protoxyde d'Abel (pâte à papier). ........ 305

Coton poudre : 220

Poudre formée d'un mélange de «^J^ g *] j . 280

Poudre de chasse. . ..?•••.••••• 288

Poudre à canon 295

Picrate de mercure %

Picrate de plomb j détonent. . ........ 296

Picrate de fer (

Poudre au picrate , pour torpilles (Designolles) 315

Poudre à mousquet , au picrate 358

Poudre à canon , au picrate 380

Safran artificiel. . 315

Acide picrique, picrate de magnésie, d'ammoniaque, de potasse. 336

Nytroglycérine détone 256-257

Inflammation du soufre à l'air 246 »

(1) Ces nombres ont été déterminés avec le concours de M. H. Pellet, doat nom avons déjà, à plusieurs reprises, signalé l'habileté.

LES MONDES. 129

Analyse de tamblygonite (Montebraeite) de Montebras, (Creuse) par M. F. Pisam. Dans la séance du 31 juillet 1871, M. Moissenet a présenté à l'Académie un mémoire * sur un nouveau fluophosphate, trouvé dans le gite d'étain de Montebras (Creuse). » Ce minéral, quoique ayant la même composition qualitative que l'amblygonite, la même den- sité et le même angle de clivage, constituerait cependant une espèce nouvelle, d'après l'analyse qui en a été faite au laboratoire d'essai de l'Ecole des mines. Dans une note présentée dans la même séance, M. Des Cloiseaux, se fondant sur cette différence de composition, ainsi que sur quelques propriétés optiques autres que celles de l'amblygonite, a proposé de désigner le nouveau minéral sous le nom de monte* brasite.

Frappé des analogies d'aspect de ce minéral avec l'aniblygoiiite, dont il a exactement la même densité, la même dureté, le même angle de clivage, les mêmes propriétés pyrognostiques, ainsi que la même composition qualitative, il m'a semblé qu'il serait utile de reprendre l'analyse du fluophosphate de Montebras, et de voir, en variant les méthodes, s'il a en effet la composition qu'on lui a trouvée et s'il constitue bien une espèce nouvelle.

... Voici quels sont, en moyenne, les résultats de mes analyses :

Fluor. 8,20

Acide phosphorique. « . . 46,15

Alumine 36,32

Lithine 8,10

Soude . .• 2,58

Oxyde de manganèse . . 0,40

Perte au feu ...... 1,10

Ces nombres, qui s'accordent assez bien avec ceux qu'a obtenus M. Ramelsberg pour l'amblygonite d'Arnsdorf, démontrent avec évi- dence que la montebrasite n'est pas une espèce nouvelle, comme on l'a supposé, mais bien une véritable amblygonite, dont elle a égale- ment tous les caractères minéralogiques, ainsi que je l'ai fait remar- quer plus haut. La seule différence qui existe entre cette amblygonite et celle de Saxe, c'est que la première contient un peu moins de soude. Le nom de montebraùte ne peut donc plus être conservé pour cette espèce, à laquelle on doit restituer son véritable nom minéralogique. L'amblygonite étant jusqu'à présent un minéral fort rare et trouvé seulement en très-petite quantité en Saxe et aux Etats-Unis, il est fort

intéressai* «ftfoil f'afll flêfttnrtêe eh grtUMfc AboMttëè fefc gîte d'étain de Monfebrâs;

Modifications que subit ï aride nitr&i± au ïûhfâél itf; put M, Cbabner. Les recherchés âoht je vais exposer tes résîiftafé ôiil en pour point de départ deux sysfèriïës d*fàp£rterfèes, dans le^atHés' des solutions de nitrites alfcâlifts étalent titiste* èfti Bôntact avéb le feô! arable dans deux conditions différente^.

Dans te premier système, le côntttct était fhteVmttterrt e(t rfestretot, comme oela fie produit d'ordinaire lorsque fa phiiètotetrè sur soi.

Dans le deuxième système, ad contraire, i'irAditt'sidii 'était cOnTpïèlé et continue, comme dans irti terrain noyé, PééovtUitit'nt dëà éàui reste au-dessous de leur apport.

lorsqu'on volt, dans plufcieifrs éxpérifetfctes sltëcfefelvefc, la tèfrè 'ar- rosée dé nitrite d'tftomonitt^ue itaïdfc tfo*!4>eûlMtterit die l'àcldè ■ni- trique, è» quantité équivalente à'tine positon de l'aitfde toltrëirx qÙ'elTé a reçi»^ mafe encore céder à l'eau des ddêeé d'âfcitié hiWeûx et d'àcidë ultHqvtedoHtle totstl d&ptesedebêttueoupce tjtiela fJrUriïièfre rhis&d'àèidè nttrèux peut fournir, soit en acide fiitrëux non surclxjdé', soit eh atidfe nitrique par transformation; lorsqu'on obtient, dis-je, ûh settibîabïé résultat, on est autorisé à 6upuoser qu'au contact du sol d'autres élé- ments entrent en jeu. Il est permis de penser que les actions simulta- nées de l'acide nitreux, de l'ammoniaque libre ou combinée, des ma- tières organiques et des agents* atmosphériques, produisent autre chose que la suroxydkfioft pure *et Simple de l'acide nilreûx existant ou ap- porté. C'est ce que M. Châbrfer ê'est proposé 'd'examiner, avec le soin que de semblamés ïecherches'exifcerft.

2 750 centimètres ciibeâ dliné sôlufion 'contenant 19 millimètres cubes d'acide nitreux ont été versés sur 500 grammes de terre lavée; 1 480 centimètres tubes ont été recueillis à la suite de la filtration. Ces \ 480 centimètres cubes contenaient lmni,2-20 d'acide niireux et 7mm,299 d'acide nitrique. Les 7œni,$99 d'acïde nttrùjufc prtfveHatent évidemment de la stiroxydatroft de6mm,88l d'ricide nitreim Ofl&flbitt, en somme, retrouvé dans le liquide filtré l'éditaient de 7maa,40l d'acide nitreux. Le complément de cette expérience c&nBist&it ûéxk l'examen ce la terre égouttée, laquelle a retenir, d'après de* dltèëK- vations spéciales, 240 centimètres cubes de liquide. Le reste , Mit ,4 030 centimètres cubes, s'eët évaporé pendant la longue d triée de l'opération. Or cette terre ne renfermait pas d'acide nitreux, et .<Jps4ge de l'acide nitrique a donné 3WB\âO, correspondant à 2-*,580 d'acide nitreuxj On n!a doue retrouvé, «oit dtos jfe liquide ûltré} ieittfeiiè 1* tofrrfe

LEfe m&m. m

égôàtfée, que f équivalent dfc 9»*,6&i d'àcfrfé nifHM; é'tM*4M X peu prèè ïâ uîoïtfé de la quantité versée (!9mm,tW) ; testé afait disparu.

En définitive, après une longue filtration, pendant laquelle Técoûle- inént était plus lent que ïa chute cfu liquidé, totalité des produite nitres contenus soit 'dans te Ifqûidfè fiftré, soit dans la Verre ègoiitttee? ne représente pàk moitié racide nitreiïx versé sur' le sot'. î)ës faits du même genre ont été constatés dans les expériences mention- nées plus tiJâlït. »

coexistence 'ae deux Types uthotôoiques dans Ta mime cKuii ife putéorittSy par îï. 8t. Meunier, 'i *En résumé, 06 voit que les cfiiffèti ae éigena, 17 novembre iïlil, et 'dé l*reiizanô, l2 novembre ttSSW, offrant en commun triple particularité

De fournir simultanément deux types litfrôlogfq'ues distincte, k 1 état de fragments complètement indépendants i es uns dés aûtreé';

De présenter deux types litWogïqùès fr^s-r'ares ;

Enfin de donner des roches identiques deux a ^eux'&'une'cfiuieà l'autre.

U en résulte, suivant moi :

Que lés pierres tombées a Trenzano proviennent <xù même gisement que celles qui ont été recueillies à Sîgeria, et paV cohsëqueht que fti Bustite et la Parnallite ont été en relations stràtigrapfïiques.

Qu'il me soit permis défaire remarquer en terminant que la con- sidération qui noiis procure aujourd'hui cette dernière donnée est toute différente de celles qui ont été mises précédemment eh usage, pour obtenir des notions analogues. »

Explication, à Vaidt de la théorie des franges , de l'apparition d'auréoles lumineuses observées dans les ascensions aérostaliques. Note de

_ * . ' i . i

M. W. de Fonvielle. ce Lorsqu'un aérostat plane ati-dessus d'un océan de nuages, les observateurs placés dans la nacelle voient apparaître des franges autour de l'ombre du ballon. Ces franges peuvent être inté- rieures, si l'aérostat est assez rapproché de la surface réfléchissante, qui est celle des des nuées homogènes. Lorsqu'il plané à une distance moindre, on peut voir apparaître une frange intérieure, sans cesser d'apercevoir une frange extérieure, bans le voisinage immédiat cfe la surface réfléchissante, on voit des franges autour de la nacelle et deïa silhouette des voyageurs. Alors les franges extérieures du baflori dis- paraissent, et les franges compliquées de la nacelle se combinent en vertu d un principe connu. On voit alors apparaître une auréole ana- logue à un cercle d'Uiloa. Ces variations d'aspect s'expliquent très- simplement En effet, les JxMges intérieures sont limitées par l'ombre

43t LES MONDES.

qui est cylindrique ; au contraire, les franges extérieures sont abritées par la pénombre, dont le diamètre apparent ne varie point à partir d'une certaine distance. »

Sur une épidémie cTictère essentiel observée à Paris et dans les environs. Note de M. Decaisne. a Depuis environ trois mois, c'est-à-dire depuis le commencement de l'automne, on constate à Paris et dans la banlieue un nombre considérable de cas d'ictère, qui constituent une véritable épidémie.

C'est au milieu de la meilleur santé et sans cause apparente que l'ictère se déclarait, attaquant d'abord la sclérotique, puis la face et le reste du corps, en général, dans un espace de temps qui variait entre quatre et cinq jours. Il y avait un peu de courbature, la fièvre était nulle, le pouls était en général au-dessous du type habituel, l'appétit restait le même, la noif était modérée, il y avait une légère constipa- tion, les selles étaient grisâtres, plus pu moins décolorées, les urines précipitaient en bleu et en vert par l'acide nitrique. La palpation et la percussion ne révélaient aucune douleur à l'hypocondre droit et sur tout le ventre. Presque toujours le voile du palais présentait une colo- ration jaune uniforme.

La durée moyenne du traitement, qui a consisté en deux ou trois purgations au plus, a été de dix à onze jours. Ces cas d'ictère se sont présentés partout, chez les individus de professions différentes et placés dans des conditions d'hygiène diverses, sans qu'il me fût possible de les rattacher à une lésion organique quelconque.

Le traitement à consisté en une ou deux purgations, et, au bout de cinq à six jours, la coloration jaune des téguments disparaissait gra- duellement. »

M. Bardou écrit à l'Académie pour répondre aux assertions con- tenues dans divers journaux, sur l'infériorité des instruments empor- tés par M. Janssen sur la côte de Malabar. Malgré le peu de temps qui lui a été accordé pour la construction de ces instruments, M. Bardou croit pouvoir affirmer qu'ils ne sont nullement inférieurs à ceux dont ont pu disposer les autres commissions scientifiques. M. Janssen en a témoigné sa satisfaction

Je ne sais qui a fait courir ce bruit malveillant que les instruments de M. Janssen étaient inférieurs à ceux des observateurs anglais. Cela est faux certainement ; et, en tout cas, l'habileté notre compatriote a largement compensé la prétendue infériorité de ses instruments, car la victoire est à lui. F. Moiono.

Pirif. Typ. Waldflr, rot Bouparlt, U.

4, 1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE U SEMAINE

fc» Ittmté*© tocftydrlqne. (Vost tenebras lux.) A la suite Cessais faits de 1809 t 1870 sur la place de l'Hôtel-de-Ville, daas ta coufc des Tuileries, au théâtre de la Gaîté, au Bazar-Européen, au café des Variétés, etc., le conseil municipal a autorisé, le 7 avril 1870, Société Tessié du Motay et Ce (44, rue Laffllte) à faire un Nouvel essai sur le boulevard des Italiens, à l'appui de la demande adressée à la municipalité pour la concession de la canalisation du gàz oxygène dans Paris.

Le gaz "hydrogène d'éclairage actuel renferme du carbone, et sa combustion ne s'obtient qu'au moyen de l'oxygène contenu dans l'air, dans !a proportion de 21 pour \ 00, et, par conséquent, en appauvrissant d'oxygène i'air nécessaire à la respiration dans les appartements. Cette combustion du carbone n'est jamais complète; n se dépose sur les plafonds, sur les dorures et sur les meubles, des particules de charbon et, ce qui est beaucoup plus grave, H se forme, outre l'acide carbonique, une petite quantité d'oxyde de carbone qui est nuisible à la santé.

Le nouveau procédé obvie à ces inconvénients en envoyant, au moment l'hydrogène carboné sort du bec, de l'oxygène qui le combure entièrement. La combustion des particules de carbone devient alors complète et la lumière, de rougeâtre qu'elle était, devient blanche. Cette combustion est telle qu'avec un. bec brûlant par heure seulement 32 litres d'hydrogène carburé et 16 litres d'oxygène, on obtient, avec beaucoup moins de chaleur et sans aucun verre de lampe, la même somme de lumière que fournit le bec type de la ville de Paris qui brûle 140 litres. L'économie est considérable; elle permettra à la Société Tessié du Motay et Ce d'offrir la lumière oxhydrique aux consommateurs avec 20 p. 100 ^'économie sur l'éclairage actuel, en prenant à sa charge tous Ips frais d'installation. 'Paris consommé annuellement environ ; Pour le chauffage . . . . # . 20 000 000 m. c. hydrog. Tour l'éclairage municipal. . 20 000 000 » » TPour féclairage des particuliers. . 400 000 000 » » qiïi,'â 30 c- le mètre cube, coûtent aux Parisiens 30 millions.

N* 4, U XXVH, 21 janvier 1872. 10

434 LES MONDES.

Lfr nouveau procédé économisant 20 p. 400 per an aux consom- mateurs, soit une somme de six millions de francs, apporterait un allégement considérable aux contribuables, au moment de nouvelles taxes vont peser sur eux.

Pour atteindre ce résultat, la Société Tessié du Molay et G4 adresse au conseil municipal la demande de poser des conduites dans Paris. Elle ne réclame ni subvention, ni monopole et offre à la Ville de Paris le partage des bénéfices au-dessus de 40 p. 400, indépendamment d'une redevance annuelle fixe de deux cent mille francs pour la location du sous-sol.

Le gaz oxygène n'est pas plus explosible que l'air atmosphé- rique, d'où on l'extrait; c'est le gaz comburant par excellenoe; il ne brûle pas seul, mais il active la combustion de tous les corps.

L'oxygène peut en outre servir à la fusion des métaux, à la fa- brication de quelques produits chimiques, à l'assainissement des hôpitaux et des chambres de malades.

Le gaz oxygène coûtant aujourd'hui 42 à 45 francs le mètre cube, son emploi a ùtè nul jusqu'ici, soit en industrie, soit en médecine. Fabriqué en grand par les procédés de M. Tessié du Motay, et fourni à domicile par des conduites, ce gaz pourra être livré à un prix extrêmement réduit.

L'opposition au progrès évident et bienfaisant de la lumière oxhy- drique a eu recours à des armes ridicules. Elle annonce avec esprit l'apparition, sur le boulevard des Italiens, de deux nouvelles industries ou de deux nouveaux commerces : le commerce des conserves vertes ou bleues, offertes aux pauvres yeux fatigués de tant d'éclat, le commerce de chiens barbets conducteurs des aveugles victimes de la lumière oxhydrique.

Po*ittvl»Mie» Dans un article de la Bévue des deux Mondes, M. Auguste Laugel avait cru pouvoir compter H. Herbert Spencer, auteur de l'ouvrage récemment publié, les Premiers Principes, parmi les disciples d'Auguste Comte. Le célèbre écrivain anglais n'a pas voulu rester sous le coup de cette qualification, et, dans un long article dont la Revue scientifique du 20 janvier s'est faite l'écho, il expose au long les raisons qui l'ont forcé de se séparer d'Auguste Comte. Le point capital sur lequel M. Herbert Spencer insiste est l'idée et l'existence de Dieu. « M. Comte, dit-il, n'admettant point dans la philosophie l'idée et le sentiment d'une cause qui se manifeste à nous dans tous les phénomènes, et cependant recon- naissant la nécessité d'une religion ayant un objet propre, donne

LES MONDES. 433

pour objet à cette dernière l'humanité. Cette vie collective (de la Société) est dans le système de M. Comte, Y Être suprême, le seul être que nous puissions connaître et par conséquent le seul que nous puissions adorer... Je conçois, au contraire, que l'objet du sentiment religieux continuera d'être ce qu'il a toujours été, la source inconnue des choses. Tandis que les formes sous lesquelles les hommes ont conscience de la cause inconnue des choses chan- gent et disparaissent, la substance qui est au fond de ces phéno- mènes de conscience reste toujours la même. Débutant par la con- ception d'agents imparfaitement connus, passant ensuite à la conception d'agents de moins en moins connus et de moins en moins susceptibles d'être connus, et arrivant enfin à la conception d'une cause universelle, inconnue et incognoscible, le sentiment religieux a atteint l'objet dont il ne doit point cesser de s'occuper. Parvenu, à la fin de ses évolutions, à l'infini incognoscible, comme objet de contemplation, ce sentiment ne peut plus moins de ré- trograder) reprendre pour objet de contemplation un fini cognoS- cible, comme l'humanité. » M. Herbert Spencer termine par ces paroles sévères, mais essentiellement vraies : a Professant des idées absolument opposées à celles de M. Comte, sur toutes les doctrines fondamentales, excepté celles que nous héritons en com- mun dupasse, j'ai cru nécessaire de ne pas laisser subsister l'opi- nion que je suis d'accord avec lui, nécessaire de montrer qu'une grande partie de ce qui est connu généra'ement sous le nom de philosophie positive n'est pas la Philosophie Positive, en ce sens qu'elle soit la philosophie particulière de M. Comte, nécessaire enfin de montrer que je rejette tout ce qui est en dehors de cette partie de la prétendue philosophie positive, qui ne lui appartient pas en propre. » Ce qui n'appartient pas à M. Comte est accepté, ce qui lui appartient est désavoué! L'arrêt est formidable, c'est l'exé- cution de la philosophie positive.

Conréqnenee» de* observations de l'éclipsé, par

M. Jàhsser La magnifique couronne observée à Sboloor s'est montrée sous un aspect tel qu'il me paraissait impossible d'ad- mettre ici une cause de l'ordre des phénomènes de diffraction ou de réfraction sur le globe lunaire, ou encore de simple illumina- nation de l'atmosphère terrestre. Mais les raisons qui militent en faveur d'une cause objective et circumsolaire prennent une force invincible quand on interroge les éléments lumineux du phéno- mène. En effet, le spectre de la couronne s'est montré dans mon

436 LES MONDES.

télescope, non pas continu, comme on l'avait trouvé jusqu'ici* mais remarquablement complexe, j'y ai constaté les raies al- lantes, quoique bien plus faibles, du gaz hydrogène qui forme le principal élément des protubérances et de la chromospbère ; la raie verte brillante qui a déjà été signalée pendant les. éclipses de 1869 et 1870, et quelques autres plus faibles; des raies obscures, du spectre solaire, notamment celles du sodium (D) ; ces raie? sont plus difficiles à apercevoir. Ces faits prouvent l'existence de matière dans le voisinage du soleil, matière qni se manifeste dans les éclipses totales par des phénomènes d'émission, d'absorption et de polarisation. La discussion des faits nous conduit plus loin en- core. Outre la matière cosmique indépendante du soleil, qui <toit exister dans le voisinage de cet astre, les observations démontrent l'existence d'une atmosphère excessivement rare, à bas*, d'hydro- gène, s'étendant beaucoup au delà de la chromosphère' et des pro- tubérances, et s'alimentant de la matière même de celle-ci, ma- tière lancée avec tant de violence, ainsique nous le constatons tous les jours. La rareté de cette atmosphère, à une certaine distance de la chromosphère, doit être excessive; son existence n'est Aonv point en désaccord avec les observations de quelques passages de comètes près du soleil.

Nécrologie. Nous apprenons avec tristesse la mort, à Nice, de l'un de nos plus fidèles abonnés et amis, M. le docteur Herpin, homme de bien et grand promoteur du progrès sous toutes les formes. Dès qu'il eut le programme de nos séances de science illustrée, il en devint enthousiaste, et voulut faire immédiatement k la Société pour l'instruction élémentaire, dont il fut un des fondateurs, un rapport dans lequel il lui demandait de nous prêter son concours.

Vapeurs de mercure. J'avais prié un jeune chimiste trèa- zélé, M. Donato Toraasi, de faire pour moi une expérience, dont l'issue nous préoccupait d'autant plus qu'elle n'avait pa& été faite par M. Merget. Il s'agissait de prendre une image daguerrianne sur plaque argentée, non fixée au chlorure d'or, de la mercuriser en l'exposant aux vapeurs de mercure, puis de la placer au-dessus et très-près d'une feuille de papier sensibilisé au chlorure d'oïdium ou au nitrate' d'ar* gent ammoniacal. Dans ma pensée, les vapeurs de mercure émises par l'argent amalgamé qui fait les noirs de l'image devaient seuls impressionner ou noircir le papier sensibilisé, de sorte que le résul* tat de l'opération devait être une épreuve positive de l'image primi-

LES MONDES. 137

tivement fixée sur la plaque. Il y avait peut-être un moyen facile, prompt et économique de production des positifs sur papier- L'expé- rience a été faite, et, contre toute attente, elle n'a rien donné, absolu- ment rien. L'amalgame d'argent n'émet plus aucune vapeur de mer- cure,et, même au contact, le papier sensibilisé reste blanc. Ce fait curieux de la passivité absolue du mercure uni à l'argent sous forme d'amal- game a été étudié depuis £ous plusieurs autres faces, et il a conduit à des conséquences très-dignes d'intérêt, dont nous nous ferons l'écho quand la note de notre jeune et savant ami sera complètement rédigée. F. Moigno.

Bronze et fer phosphores pour l'artillertç. Der- nièrement deux étrangers habitant la Belgique, MM. Msntefiori et Runzel, communiquaient à notre Académie des sciences., avec uq certain enthousiasme, dont M. Dumas s'était fait l'éloquent inter- prète, les résultats vraiment merveilleux de l'emploi de divers alliages et spécialement du bronze phosphoreux pour la coulée des bouches à feq. Or, voici que deux Français, dont les noms ont souvent figuré avec honneur dans les Monda, MM. de Ruolz et de Foutenay, démontrent de la manière la plus incontestable leur droit de priorité de longue date, de 1854 à 1859 : pour l'emploi du phosphore à dose déterminée dans le bronze d'artillerie ; 2* pour l'usage, dans le même but, du manganèse, soit seul, soit associé à d'autres métaux; pour l'amélioration de la fonte de fer, au point de vue de la résistance des pièce3, au moyen du nickel introduit dans la fonte à l'aide de substances que des motifs graves empêchent de désigner. De sorte, ajoutent nos généreux compatriotes, que si l'an admet l'utilité réelle de l'emploi du bronze phosphoreux (même avec le système actuel de rayures)^ c'est à nous que doit reveajr le faible mérite d'en fivoir eu la pre- mière idée et de l'avoir expérimenté en grand. Nos amis, poussant peut-être le désintéressement et le patriotisme q un degré par trop héroïque, font cette profession de foi : « Nous pensons, sans prétendre dicter d,es règles de conscience à qui que ce soit, qu'au- cune invention se rattachant à l'art de la guerre ne doit, quelque soit sa valeur, être publiée par son auteur. \\ en doit, selon nous, le don gratuit, et, dans toutes les lingites du possible, le secret à la patrie. » Ils terminent enfin par cette réserve très-digne d'é- loges : « Quand aux épreuves auxquelles ces procédés ont donn$ lieu, leur description et les conséquences qui en ont été déduites ont et restent la pçftpjiété du corps l'artillerie. »

43g LES MONDES.

Grove. La nomination de M. Grovc aux fonctions de juge à la cour des Common Pie as, a été saluée par une véritable acclamation du barreau et de toute la magistrature judiciaire. Mais en lui nous voyons principalement un des rares et remarquables exemples de la supério- rité qu'un esprit vaste et puissant peut atteindre dans des voies qui semblent diamétralement opposées, la carrière du légiste et celle du savant ; car cette double supériorité de M. Grove est consacrée, non- seulement par l'opinion populaire (qui admire la versatilité parce qu'elle est versatile), mais aussi par l'estime des penseurs les plus pro- fonds, les plus exacts, les plus subtils, et des pionniers les plus infa- tigables dans ces deux carrières. en juin 4811, il fut gradué au collège de Bfasenose, Oxford, en 1833, et .admis au barreau deux ans plus tard. Mais bientôt, sa mauvaise santé le forçant de renoncer à l'exercice de cette profession, il se livra à des recherches sur les sciences physiques, et en 1839 il découvrit le système de pile voltalque qui porte son nom : la combinaison d'éléments électriques qui donne l'ac- tion voltaïque la plus intense qu'on ait obtenue jusqu'à ce jour. C'était débuter par un coup de mattre, et la sagacité dont le jeune physicien fit preuve dans cette recherche, l'enchainemeut de déductions ingé- nieuses et délicates qui l'avait conduit au résultat, le portèrent d'em- blée à un rang distingué parmi les illustres investigateurs de l'époque. De 1840 à 1847 M. Grove a été professeur de philosophie à l'Institu- tion royale de Londres. En janvier 1842, dans une de ses leçons, il émit le premier la théorie de la convertibilité mutuelle de la chaleur, de la lumière et de l'électricité, en les considérant comme trois modes de mouvement d'un même corps. Il reproduisit ses idées sur ce sujet dans les leçons suivantes, dans des mémoires, et il acheva de les dé- velopper dans son remarquable « Essai sur la corrélation des Forces.» Cet ouvrage, qui est arrivé à sa cinquième édition en Angleterre, a été réimprimé en Amérique, et traduit en France, en Belgique, en Alle- magne, et même en Hollande.

M. Grove a été l'ami de Faraday, depuis le commencement des tra- vaux scientifiques jusqu'à la mort de ce grand professeur. Dans ses cours publics de science ou de législation, la lucilité de ses exposi- tions ne peut être surpassée ; sous le charme de sa parole élégante, on croirait qu'il possède l'art d'inspirer à ses auditeurs le zèle qui l'anime, et qu'il a le pouvoir de leur communiquer une partie de sa puissante intelligence. S'il s'agit de la théorie d'une expérience, on l'écoute d'un bout à l'autre avec un intérêt croissant, et toujours sans fatigue : c'est un plaisir que de parcourir, sur les pas d'un tel guide, une série de propositions didactiques dont chacune fait prévoir la suivante, jusqu'à

V

LES MONDES. 139

la conclusion finale qui a force de loi. Ses principales recherches sont celles qui ont eu pour objet la pile à gaz, les stries de la décharge élec- trique, l'électricité de la flamme, la polarité électro-chimique des gaz, de nouvelles combinaisons d'objectifs pour les télescopes, les impres- sions moléculaires par la chaleur et l'électricité, etc. Ses mémoires publiés dans les Philosophical Transactions, le Philosophical Maga* zine, etc., s'élèvent au nombre de 53. En 1847, il fut honoré de la médaille de la Société royale pour ses conférences surl'ignition vol- taïque, et sur la décomposition de l'eau par la chaleur. En 4 866, il fut élu président de l'Association Britannique, et prit pour sujet de son discours d'installation a La continuité des phénomènes de la na- ture. » On annonce qu'il doit prononcer un discours sur le même sujet à la prochaine réunion de l'Association. On a de lui encore des ouvrages sur « les changements à introduire dans la législation des patentes, » sur a la taxation des revenus permanents et précaires, » et un discours sur « l'éducation médicale » prononcé à l'hôpital de Sainte-Marie. En 1853, M. Grovefut nommé avocat consultant de la reine. (Méchantes* Magazine.)

Étrange préoccupation d'esprit.— »Un jeune savant au nom retentissant, qui s'est égaré un jour dans le monde des esprits pour se réveiller, nous le croyons, libre penseur, parmi les raisons qui lui ren- daient la foi chrétienne impossible, alléguait le miracle de Josué ! c Prolonger le jour pour mieux assurer la mort des pauvres amalécites, c'est une cruauté inouïe dont Bismark lui-même ne serait pas ca- pable. Ou le Dieu des juifs et des chrétiens est un barbare, ou le mi- racle de Josué est une fable ! » Cette objection n'a pas découragé les grands esprits des gloires de l'humanité; et si elle révolte notre jeune spirite, n'est-ce pas parce que son cerveau est par trop étroit? Le plu» étrange, c'est qu'il était officier du génie avec quatre galons pen- dant le siège, et qu'il a vu, d'une part, H. de Bismark recommencer chaque nuit le bombardement avec une intensité sans cesse croissante et jeter l'épouvante dans nos murs ; d'autre part , les assiégés prolonger le jour à l'aide de flots de lumière électrique pour mieux démonter les canons et les artilleurs prussiens. Ne pouvant pas compter sur un miracle du ciel que nous ne voulions pas invoquer., parce que nous ne voulions plus être le peuple de Dieu, nous avons eu recours au miracle de la Science; à la lumière électrique! C'était notre manière de retarder le coucher du soleil. Étions-nous en cela barbares et odieu* à l'excès?

m LES, MONDES.

QUESTIONS ET REPONSES

ty. Djesdoults, à Pacy-sur-Eure. Je saisis encore celte occasion pour vous reparler de l'adoption du système des Questions et réponses, qui jusqu'ici n'a point répondu à son but.

Et d'abord: Je trou? e dans un des numéros de Tannée dernière Une page copsacrée à des questions proposées par M. l'abbé Du Marralft- Ityril* Cet ecclésiastique aurait donc l'initiative de cette idée. Mais aux questions par lui adressées, aucune réponse n'a été faite.

Après le bruit qui s'est fait autour des questions que je vous ai pro posées, j'en suis encore à attendre des réponses que vous, savant docteur, pouviez nous donner en 3 lignes savoir : quel est le ba?oipètre anéroïde qui vous parait le meilleur, et quel est le sens du mot rèdu,ction9 dont je ne trouve la définition nulle part. Je répète que les réponses 4 ce* deux questions seraient pour vous, pcrsonnelierçwnç l'affaire de troU lignes.

Si vous croyez qu'il y ait lieu de vous adresser encore des questions propres à exercer l'esprit de* malins qui ont répondu a#x premières, Dieu sait comment ! je poserai celle-ci ;

Etant dopné un verre d'eau, on y verse, une, deux... (ou pîijs) cuilteréeq de vin, ou d'un autre {liquide coloré quelconque, la masse liquide est içupédiatejnent colorée en entier ( fût-ce par un mouvement de la cuiller) : comment cela se fqit-il, et que se passe-t-ilî Chaque molécule d'eau ft'tinitrelle à une molécule du liquide colorant, auquel cas il y en aurait une infinité; ou bien y a-t-il union d'une molécule colorante à une* deux, tjpw,.. Dftol^ules d'eau*., et alors comment s'opérerait, par un petit chpc donné à l'ensemble, ce système de combinaisons régulières T

En un mot, je le répète, que se passe- 1 -il? Si cet appel réussit... j'aurai bien d'autres question* à, soumettre. Eu. Desdouits.

ty. Le Roqx, à Paris. —Je vois dans le numéro des Mondes qui yiqnt de pagraitre un article de M. Philippe Breton sur les moyens de rendre vi- sible, au ipoyen d'un éclairage approprié, un flux d'un gaz plus pesant que l'air; tel est l'acide carbonique qui s'échappe des cuve» fengeute ]& vendange*

J'y trouve ce passage : « Qn peut se reporter en imagination à une époque un peu antérieure aux grandes découvertes de la cbunie pneu- matique. Avant que les chimistes eussent trouvé les gaz, quel étounement aurait excité, même chez les personnes Us plus instruites du xvme siècle,

LES MONDES 4fl-

la tue <te l'ombre portée au, soleil par une bougie alliupée* et celle d'un ajr lourd, veràé comme de l'eau d'un arrosoir sur le sol, et éteignant une cbaadell« f »

Or, cet étonnement n'a pas être une chose inconnue au xyiii* siècle, car on trouve dans une peite brochure rarissime (1) 1$ passage que voici ;

a Les belles découvertes dont M. Marat a enrichi la physique, à l'aide de sa méthode d'observer dans la chambre obscure, m'ont déterminé à rappliquer à la chimie, persuadé qu'elle me ferait connaître quantité des phénomènes qui échappent à la grossièreté de nos sens ; après avoir adapté au volet d'un appartement, rendu. parfaitement obscur, un cai- croscope solaire, garni d'une simple lentille de 6 à 7 pouces de foyer, si Ton place à huit ou dix pouces du so nraet du cône de lunîièrç deu$ vaisseaux contenant fun deux gros de limaille et l'autre autant de craie en poudre; qu'ensuite on verse dans chacun trois gros d'acide vitriolique ftible, qu'on ferme exactement les ouvertures aâ, on apercevra, sur le mur blanchi, ou mjeux encore sur un châssis de toile très-fine, placé à. 15 ou 20 pieds, l'ombre que projetteront les fluide* dégagés de la li- maUle et de la craie, en s' échappant par tes ouvertures bb.

c La gaz inflammable ^'élèvera, sous la forme d'un jet, ondoyant, avec uae rapidité in<wunwensuiajble; tandis que le gaz acide méphitique descendra, semb'abU à* l'eau qui jaillirait d'une fontaine.

« En transvasant ces Ûuides, les mêmes phénomènes auront lieu, et d'une manière plus agréable encore, en ce que le châtia sera couvert de nuages ascendante et descendants. »

Groyez bien, M. l'abbé, que la citation qui précède n'a pas pour ohjet, de diminuer le mérite d'ingéniosité des expériences décrites par votre, correspondant : il m'a paru intéressant d'accorder un. souvenir à on martyr de la scieace dont le souvenir ne tardera peut-être pas à dispa- raître presque complètement. D'ailleurs les expériences de Pilaire sur les ga» sa rapportaient à un travail sur L'asphyxie produite par ks émana- tions méphitiques et sur les moyens de la prévenir. Les paroles de l'édi- teur anonyme du petit livre que j'ai sous les yeux méritent d'être ra}« portée*; car elles définissant nettement le but poursuivi et les conclusions de l'auteur.

c S'occuper d'une classe d'hommes utiles et presque oubliés, de ces malheureux qui, sur les bords des cloaques infects, peuvent à chaque instant y rencontrer la mort ; chercher les moyens de les en préserver,

(i) U vie «{ les mémoires 4e Pilafre it ftozier (dq Boaster, et no» det, AoJtfft, epmme on dit aon vent), Paris, 1^6.

"2 LES MONDES.

de retirer de ces fosses dangereuses ceux que le malheur y précipite; n'é- pargner ni soins, ni peines ; faire nombre d'expériences, de longues et pénibles recherches, exécuter des machines dispendieuses, échouer vingt /ois, ne point se rebuter, exposer môme sa vie ; tels ont été les travaux estimables et les louables intentions de Pilatre de Rozier, auteur de ce mémoire. »

Gomme conclusion pratique de ses recherches, Pilatre de Rozier avait imaginé un « Respirateur ou appareil par le moyen duquel on peut descendre dans les lieux infects. »

Cet appareil, dont la figure est jointe au mémoire, se composait d'une boite portée à dos au moyen de bretelles et communiquant d'une part avec l'air pur au moyen d'un tube flexible, de l'autre avec les narines du porteur au moyen d'un second tube, « Toute l'attention de celui qui se revêt de l'appareil doit être d'aspirer par le nez et d'expirer par la bouche en laissant échapper l'air au milieu des gaz. »

Pilatre ne se bornait pas à la description de ses appareils, il parcourait Paris en cherchant l'occasion d'en démontrer l'efficacité, mais l'incré- dulité des autorités d'alors entravait souvent son zèle- Son biographe ra- conte quelques aventures à l'appui ; cependant « quelques jours après il fut plus heureux ; il se présenta un puits méphitisé, sur le bord duquel un ouvrier venait d'être suffoqué; M. de Rozier y courut avec son appa- reil, descendit dans le puits à l'aide d'une corde et y resta environ trois quarts d'heure. »

Ces citations sont dl'jà bien longues, mais je ne puis résister au désir de transcrire ici ce que ce malheureux inventeur, mort misérablement à vingt-huit ans, disait à un ami avec une juste amertume : « j'ai fait des expériences importantes sur les gaz, j'ai inventé un masque anti- méphitique; je suis resté ignoré, et ma découverte a été négligée : main- tenant que j'ai navigué dans les airs, j'ai des honneurs et des.pensions, et l'on daignera peut-être profiter de mon utile invention. »

Que le jeune Alcibiade avait donc de profondeur d'esprit, et que d'hommes de mérite à qui il n'aura manqué qu'un beau chien dont ils puissent couper la queue !

Le plus simple, pour mettre en évidence la présence de l'acide car- bonique dans les cuves de vendange, ne serait-il pas de prendre une vessie pleine d'air et de la placer sur l'ouverture , en apparence vide, de la cuve ; elle y resterait suspendue, portée par le gaz méphi- tique. — F. Moigno.

M. l'abbé Charpentier, à Itis-Orungis. !• Quel état chimique ou physique des éléments d'un point, de la poire, par exemple, consti- tue ce qu'on appelle sa maturité ?

LES MONDES. W3

Quel genre d'altération subit cet état quand oefruit devient bkt ♦comme la poire, ou se pourrit ?

Pourquoi la pourriture se produit-elle beaucoup moins vite dans les fruits cueillis avant complète maturité ?

Enfin, quel rôle jouent les phénomènes atmosphériques, tels que l'excès de pluie ou de sécheresse, sur la maturation des fruits? Car on s'en prend souvent à ces sortes d'excès, pour expliquer empyrique- ment pourquoi les fruits se conservent moins bien une année qu'une autre.

ACCUSÉS DE RÉCEPTIONS

La pnetographle Appliquée aux études géogra- phique»» pt?r M. Jules Girard. 1871. Brochure in-12, 86 pages avec 20 gravures. F. Savy, éditeur, 24, rue Hautefeuille. Les besoins de la géographie réclament des moyens d'investigation rapides et précis, permettant à l'explorateur de peindre les scènes qu'il trouve sur son parcours, au topographe de représenter le levé du terrain, au cartographe de publier ses travaux. La photo- graphie, dont les nombreuses applications s'étendent à bien des études scientifiques, répond à la solution de plusieurs questions de cette nature.

On ne saurait avoir la prétention de résoudre ainsi tous les pro- blèmes qui se présentent dans les études diverses ayant trait à la géographie proprement dite; elle ne tient lieu d'aucune des connaissances qui s'y rattachent, ni ne se substitue à aucune opé- ration particulière; mais quand on sait l'appliquer avec discerne- ment» prendre dans chacune de ses acceptions ce qui convient, on trouve dans cet art merveilleux un auxiliaire précieux, un coad- juteur qui, suivant les circonstances, rend des services éminents.

L'exposé n'oifre pas de procédés nouveaux, ni particuliers ; il se borne à faire comprendre le parti qu'on peut tirer de la photogra- phie. Après avoir décrit les opérations photographiques en voyage, il rappelle l'usage des instrumems photographiques et remploi qui peut se faire simultanément du théodolite avec la chambre noire. Un chapitre est consacré aux projections verticales comprenant : le nivellement, les vues orthogonales, les projections brisées. 11 ne faut pas le confondre avec les panoramas, qui n'ont d'avantage

m LES MONDES

tpiettatisîe cas duchtris: fi^iie station av^rrtà'gélfte, dM^n plonge sur une grande étendue de terrain. D*atitre part, avec ïeperféc> tfoftnemeht dans fa pratique eotfrafite des procédés dliéKogra- vure, la cartographie et la reproduction dés pbaûs-relîéfs pourront se faire mèeânïquetnetot.

Ce petit traité est le puissant auxiliaire de photographie ftaris Tétnde de la géographie physique, qu'il est nécessaire de mieux faire comprendre que pat* le passé.

Bibliographie des art» textliea. Nous avons entretenu déjà nos lecteurs d'un appareil inventé par M. Edouard Gand, pro- fesseur de tissage à la société industrielle d'Âjniens. Cet instrument, qu'il nomme TranspositeuY^ a pour but de fournir spontanément aijx manufacturiers, aux contre-maître» de fabrique, aux élèves des cours de tissage, aux dessinateurs industriels et même aux architectes, un nombre Infini de combinaisons applicables à la fabrication des étoffes et au carrelage. L'inventeur, voulant doter l'industrie de son appareil improvisateur, n'a pas pris de brevet ; et pour donner aux personnes intéreissées la possibilité de construire elles-mêmes le Transpositeur, il vient de publier chez M. J. Baudry, éditeur, 15, rue des Saints- Pères, une brochure fort curieuse sur la théorie mathématique qui sert de hase au mode de fonctionnement de l'appareil. L'ouvrage con- tient : trois planches, dont la plupart des figures, consacrées à la description de la machine, sont gravées d'après des photographiés ; dix-huit figures sur bois, intercalées dans le texte, et des tableaux synoptiques, dont l'un fournit les diverses raisons arithmétiques ser- vant à la construction des satins, depuis le satin de 5 jusqu'au satin de 82. Rien de plus simple que le mode de fonctionnement du Trans- positeur; rien de plus curieux et de plus inattendu que les armures- tissu, les armures- dessin et les mosaïques qu'on voit apparaître.

Ce livre, dont les journaux de Lyon, de Saint-Etienne, de Mulhouse, de Vienne et d'autres centres manufacturiers, français et belges, ont parlé, dans les termes les plus encourageants, est appelé à dévenfr l'indispensable vade-mecum des praticiens et des artistes (1).

(1) Pour recevoir la broohure, franco, par la poste, dans toute laJtfanoe, envoyer à l'éditeur, à Qaris, 3 fr. 25 cent, en timbre-pestes.

LES MONDES. Uf>

SCIENCE EN RUSSIE

BULLETIN IMPÉRIAL DES SCIENCES DE SAINT-PÉTERSBOURG. 1870-4871.

Quelques propriétés du fer déposé par la voie galvanique, par M. Lenz. Conclusion. 1. Le fer et le cuivre, réduits par le couv- rant galvanique, contiennent des gaz, en particulier de l'hydrogène.

2. Le volume de gaz absorbé par le fer est compris entre des limites assez larges ; mais le fer est apte quelquefois à absorber des quantités très-notables de gaz, jusqu'à 185 fois son volume dans mes expériences.

3. L'absorption des gaz a lieu particulièrement dans les premières couches de gaz qui se déposent. 4. Lorsqu'on chauffe le fer réduit, le dégagement de gaz commence à la température de 100 degrés; mais, à cette température, c'est particulièrement l'hydrogène qui se dégage seul. 5. Chauffé au rouge, le fer galvanique réduit s'oxyde dans l'eau, en partie aux dépens de l'oxygène de l'eau, décomposant l'eau, et ab- sorbant en totalité ou en partie l'hydrogène mis en liberté.

Sur le poil du rhinocéros mort du Nord (Rhinocéros tichorinus) par M. Brandt.

Sur les congruences binômes exponentielles à base 3 et sur plu- sieurs nouveaux théorèmes relatifs aux résidus et aux racines pri- mitives, par M. Bounia&owsky. Enonçons quelques-uns des théo- rèmes réduits des formules générales de l'auteur. 1. Si les nombres

v —1

p=20n+3 et r =10n-M, sont tous deux premiers, 5 sera

éà

une racine primitive de p. 2. Si les nombres p=20n-+-7 et r = 10 n -4- 3 sont tous deux premiers, 5 sera une racine primi-

» 1

tive de p. 3. Les nombres p = 40 n + 1 3 et z—r— = lOn + 3 étant

tous deux premiers, et n supérieur à zéro, 5 sera une racine primitive

0 1 de p, 5. Les deux nombres p = 40n-+-37 et £ = 10n + 9

étant premiers, p aura 5 pour une de ses racines primitives.

Note relative à une démonstration donnée par Cauchy des équations générales de l'équilibre, par M. Somoff. Il s'agit de la démonstration directe des équations générales d'équilibre, dont j'ai dit dans mes Leçons de mécanique analytique que je la considérais comme un des chefs-d'œuvre du grand géomètre. « Reconnaissant,

11

\

146 LES MONDES.

dit M. Somoff, la juste estime due aux œuvres de Caucby , qui ont en- richi l'analyse et ses diverses applications des plus grandes décou- vertes, je me permets d'être d'une opinion contraire à celle de M. Moi- gno, par rapport à sa théorie de l'équilibre dont il s'agit, et de faire voir que cette théorie n'est pas satisfaisante.

Le principe fondamental que Cauchy se propose de démontrer peut être énoncé ainsi : Pour qu'ily ait équilibre entre des forces appliquées à un système de points matériels et les résistances qui proviennent des liaisons auxquelles ces points sont assujettis, dans le cas une seule fonction des coordonnées doit être nulle en vertu des liaisons, pour tous les déplacements virtuels du système, il faut que les projections des forces sur les axes des coordonnées rectangulaires (auxquelles on rapporte les points) soient proportionnelles aux dérivées partielles de cette fonction prises relativement aux coordonnées respectives, et 9* que le rapport de chaque projection à la dérivée respective soit le même pour toutes les forces. Or, la démonstration que donne Cauchy de cette seconde proposition est en défaut, parce que l'équation de la- quelle il tire l'égalité des rapports des deux forces aux dérivées res- pectives devient, dans plusieurs cas, illusoire ou identique, 0=0. » M* Somoff semble avoir raison, et sa préférence pour les démonstra- tions de Lagrange, de Poisson, d'Ampère surtout, qu'il reproduit d'après nous, est suffisamment légitimée. Il modifie comme il suit l'énoncé du principe général d'équilibre : « Pour que des forces ap- pliquées à un système de points assujettis à des liaisons qui donnent une seule équation entre les coordonnées soient en équilibre avec les résis- tances qui proviennent des liaisons, il faut que ces forces soient dirigées respectivement suivant les paramètres différentiels du premier ordre de la fonction L relatifs à chaque point du système, toutes dans le sens de ces paramètres ou toutes en sens contraire, et que les valeurs des forces soient proportionnelles aux grandeurs de ces paramètres. » M. Somoff, après avoir constaté que si la condition des déplacements virtuels était donnée non par l'équation seule L = 0, mais par l'inégalité L > 0,

réunie avec l'équation L 0, c'est-à-dire par L ~ 0, les forces P, F,

P"... devraient être opposées aux paramètres respectifs, ajoute : a La nécessité d'exprimer les conditions des déplacements virtuels par des inégalités a été signalée en 1827 par Cournot [Bulle Un de Ferrussac, tome VIII) ; ensuite par Ostrogradsky... Mais jusqu'à présent la plu- part des auteurs des cours de mécanique se contentent d'exprimer les conditions par des équations, ce qu'on doit attribuer au non-vouloir ou à une routine commune qui retient si souvent la propagation de

LES MONDES. 447

nouvelles idées. *> J'accepte la leçon et j'en profiterai s'il m'est donné de publier une seconde édition de la Mécanique analytique.

Sur un théorème relatif à la théorie des résidus et de son ap- plication à la démonstration de la loi de réciprocité de deux nombres premiers, par M. V. Bouniakowsky.

Remarques et rectifications concernant F histoire naturelle des Alcidcs, par M. E. Brandt.

Sur le symbole de Legendre (^\ , par Botoiakowsky.

Sur V embryogénie du Phthirius pubis, par M. Os. Grimm.

De l'influence de la chaleur sur l'élasticité du caoutchouc, par M. Scumuie Wittsch. Cette note, écrite en allemand, est in- téressante et importante. L'auteur décrit une expérience très-curieuse qui montre aux yeux le passage d'une sorte de mouvement en un autre, la transformation des vibrations calorifiques en vibrations so- nores. J'espère pouvoir entreç bientôt dans plus de détails.

Notice sur Ak-tan et Kar a-tan montagnes dans la presqu'île de Manijyschlak, côte orientale de la mer Caspienne, par M. He&-

UERSIN.

Sur les dérivées d'une série isocrapile, par M. Borodin. Voici eette série :

(CliHll)HO= (C>H10[CtHJ)HO

Isooa-prin Amylitre amylalcool.

alcool.

CMH*0 =(C.H,[C,H„JO

Iaocaprin-al- Amylitre

déhyde. valéraldéhyde.

(€„H„0)HO = (C1H,[ClH11]0)HO

Isocaprin-acide. Amylitre valérianacide.

Bétetmination du coefficient de la précession des équinoxes au moyen d 'étoiles de faible éclat, par M. Nyrek. La conclusion est que pour les observations comparées il n'y a aucune différence sensible entre les méthodes d'observer les étoiles de différentes gran- deurs.

Sur l'irritabilité de quelques parties de la moeile épinièrer, pas M. Ai*\dof. La substance grise de la moelle épinière est exci- table par des excitations électriques comme par des. excitations mésar niques, mais dans un moindre degré pour les dernières que pour les premières.

Il

148 LES MONDES.

—Action de la lumière sur le tissu de quelques plante* monocotylé» dones et dicotylédones, par M. Batalin.— Conclusions. Lalumièreg n'a aucune influence sur la segmentation des cellules épidermique [Lepidium sativum)* La lumière diffuse active la partage des cel- lules du parenchyme de l'écorce {Lepidium sativum). La lumière favorise la multiplication dès éléments du bois G innabis sativa, Zea May s), la formation nouvelle des cordons fibrovasculaires est favorisée par la lumière (Triticum vulgare, Zea May s). La lumière vive (les rayons immédiats du soleil) nuit de la même manière que l'obscurité à la segmentation des cellules du parenchyme de l'écorce (Lepidium sativum). L'absence de lumière détermine un léger épaississement du chyme des cellules (solunum tuberosum). La lumière n'a au- cun effet sur Tépaississement des cellules de l'écorce et du bois.

Sur la détermination du poids d'un décimètre cube d'eau distillée à C, par M. H. Wilb. Les conclusions sont : dans l'état actuel de la science et de l'art technique, la détermination du poids absolu d'un décimètre cube d'eau vers 4 degrés, à un dixième de milligramme près , n'est point possible, mais une limite d'erreur 40 fois plus considérable peut être obtenue moyennant des opérations de mesurage nombreuses et minutieuses. Si donc nous pouvons éta- blir ainsi, à un milligramme près, le vrai kilogramme conforme à sa définition, nous atteindrons pourtant une exactitude cent fois plus grande dans la détermination de cette grandeur si importante en pra- tique. 2° L'unité de poids, tout comme l'unité de mesure des lon- gueurs, doit être absolument déterminée par le représentant matériel, le kilogramme prototype, c'est-à-dire par le poids d'un certain volume d'eau, par la raison que Ton peut comparer deux kilogrammes entre eux avec beaucoup plus de précision que l'on ne peut en déterminer le poids par la déûnition théorique.

Sur la méthode de distinguer les maxima et les minima des intégrales définies multiples , par M. Sabinine.

Sur les espèces d'ophiopogonies dans les herbiers de Saint- Pétersbourg, par H. Maximowicz.

Sur V apparition d'un lobe surnuméraire à l'extrémité du poumon droit de Vhomme et sur la direction de l'arc de la veine azigos dans la fente verticale qui en est la cause, par M. le docteur

WlNZEL-GlLUBER.

Observations concernant le développement de quelques cœlcnté- rates, par M. Metchnikof.

Sur les gisements de lignite, près de Sméla , au gouvernement

T< *.

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LES MONDES. 149

de Kief et près de Elisavetgrad , au gouvernement de Kherson, par M. Helmersen.

Sur la compensation complète, pour la température du baro- mètre à balance, par M. Wild. L'auteur complète théoriquement et expérimentalement le travail de M. Ra<lau , publié dans les Mondes, à l'occasion du mëtérographe du R. P. Secchi.

Nouvelles reeherches sur les restes de mammifères trouvés dans des cavernes de F Altaï, par M. Brandt. Ces restes appar- tiennent pour un tiers à des espèces encore existantes dans r Altaï. Quoique la coexistence de l'homme et des très-grandes espèces dans la Sibérie ne soit pas encore démontrée paléontologiquement et ar- chéologiquement , il est grandement probable que l'homme y vivait à côté du mammouth, du rhinocéros chevelu, du cerf géant, du bison, de l'aurochs, etc.

Les éponges de la mer Blanche et de V océan Arctique, par M. Màclày.

Sur les cristaux de chondrôdite provenant de la Finlande, par M. Kokcharof.

Courtes diagnoses de quelques nouvelles plantes du Japon et de la Mandchourie. septième décade, par M. Makimowicz.

Déviation du fil à plomb par V attraction des monts du Cau- case, par M. Stebniski. La comparaison entre les longitudes dé- terminées géodésiquement et les longitudes déterminées astronomi- quement met en évidence, pour Petrowsk, une déviation de 16",92, pour Baka une déviation de 11", 05. Mais la masse du Caucase exerce dans le premier lieu une déviation du fil à plomb, en longitude ouest, de 22",11 ; dans le second, une déviation de 9",74. En tenant compte de ces déviations, on réduit à 5", 49 la différence entre les longitudes géodésiques et astronomiques de Petrowsk, à -+- 4",69 la différence pour Baka.

De quelqaes anomalies ou variétés rares des artères, par M. Gruber.

Remarques concernant l'histoire naturelle des élans, Cervus, Alces, Linnée, tendant à prouver Videntité des espèces vivantes et fossiles, suivies de recherches sur la distribution géographique de l'Elan.

Sur la rectification approximative des courbes quelconques, par M. Somoff. Ce procédé de rectification est tout entier dans le théorème suivant : la longueur d'un arc assez petit pour que sa cin- quième puissance puisse être négligée est égale aux quatre tiers de la corde, moins le sixième de la somme des projections de cette corde

150 LES MONDES*

sur les tangentes extrêmes. Pour un arc de cercle de 20 degrés, l'er- reur n'est que d'un cent millième.

Sur le nerf dépresseur du cheval, par M. Cyon.

. Quelques remarques sur la géographie de la Perse , par M. Dorn.

Sur quelques tremblements de terre observés au moyen d'un niveau tris sensible, par M. Argelander.

Observations des planètes à Saint-Pétersbourg , par M. Sa- witsch. Le 3 octobre 1869, à 8 h. 20 m. 31 s., temps moyen de £aint-Pétersbourg, la position de Neptune était donnée par les coor- données suivantes : Ascension droite, 1 h. 10 m. 21 s., 88; déclinai- son + 37' 41% 10.

Rapport sur le second concours du pr te Baer. L'Académie a décerné le prix entier aux trois mémoires suivants : Sur le déve- loppement et la construction du labyrinthe de l'oreille, d'après des recherches sur les mammifères, par M. L. A. Bôttcher, manuscrit avec planches ; Etudes embryologiques sur les vers et les arthro- podes, par M. Rowalewsky, manuscrit avec planches; un ouvrage écrit en russe, par M. Metschntroff, sur l'anatomie et les métamor- phoses des amphiarus et des sepiolies.

Sur les propriétés physiques et le pouvoir calorique de quel- ques pétroles de l'empire russe, par M. Henri Sainte-Claire Deville. Nous avons analysé ces recherches ailleurs.

L'olivine de la météorite de P } allas, par M. Kokcharof.

Le système nerveux des étoiles marines, par M. Owsiannikof.

Note sur l1 exécution en cuivre galvanique de la statue de Notre- Dame -de-la- Garde, par M. Christofle de Bouilhet.

Etudes sur l'ozone, Veau oxygénée et le nitraU d'ammo- niaque, par M. R.Struye. Le fait capital signalé dans cette note est la formation de nitrate d'ammoniaque dans l'acte de la respiration, mise très-facilement en évidence par l'expérience suivante : on respire pendant quelques instants au sein d'un grand verre dont les parois ont été mouillées d'eau ; on rince ensuite le verre et Ton verse l'eau résultante dans un tube d'analyse; et, par le simple recours aux réac- tifs ordinaires, l'iodure de potassium et l'acide sulfurique dilué, on constate d'abord la présence de l'acide nitrique; on constate ensuite avec autant de facilité la présence de l'ammoniaque à l'aide de la réaction de Neessler. M. Struve croit avoir remarqué que cette for- mation de nitrate d'ammoniaque dans l'acte de la respiration est beaucoup plus faible le matin avant le repas, que l'après-midi après le repas. Il conclut de ce fait tout nouveau que l'azote de l'air atmos-

LES MONDES. 451

phériqué ûe joiie pas un rôle entièrement passif daiife le procédé de la respiration, ce qui est évidemment en (Contradiction avec les expé- riences de MM. Regnault et Heiset. Ce même nitrate d'ammoniaque, présent dans la salive et dans le suc gastrique , joue certainement un rôle dans la digestion. Déjà l'on avait constaté la présence de l'ozone dans le sang et son rôle dans la circulation et la nutrition.

Le système nermux du Lepas anatifera, par M. Ed. Brandt.

Sur quelques dérivés de la dhoxybenzdine, par M. Sinin. La désoxybenzoïne dissoute dans l'alcool contenant de la potasse caus- tique et laissée à l'air dépose des aiguilles blanches, fines, qui, rame- nées à l'état de pureté absolue, sont un nouvel acide, l'acide amsùrique C" Hb6 0* avec C=£7,50, H=5,83. Cet acide et 'ses sels Ont un goût très amer; les amarâtes à base des métaux lourde sont très-élec- triques, de sorte qu'on peut à peine les broyer.

Quelque* remarques sur le poil de mammouth, par M. J;-F. Brandt.

Sur la polydadylîe, par M. Gruber. L'aùteùr a réuni tourf les cas connus de potydaetylie avec de 7 à 40 doigts à la main, et de 7 à 10 doigts aux pieds. 11 décrit en outre un cas nouveau de polydac- tylie avec six d doigts à la main droite, six doigts à la main gauche et duplicité de la dernière phalange du pouce à la main gauche; six doigts au pied droit et six doigts au pied gauche.

Note sur les corps correspondants aux produits nitrés de la benzoïde-anilide, par M. Làzorenco. En soumettant la benzolde- anilide à l'action de l'acide nitrique sous différentes conditions, Fau- teur a obtenu outre la nitraniline, des composés d'une constitution bien déterminée cristallisant bien de leurs dissolutions alcooliques.

Courtes didgnoses déplantes nouvelles du Japon et de la Mand- chourie, par M. Maximowigz. *

Sur les jeunes Idothea entomon, par M. Ed. Brandt.

Le Gulf-Stream à l'est du cap du Nord, par M. Middendoiwf.

Remarque^ complémentaires sur Vostéologie de la main et dtl pied, par M. Wenzel Gruber.

Nouveaux cas de polydactylie avec 6 doigts à la main droite, 6 doigts à la main gauche, et duplicité du pouce, par. M. Wenzel- Grttber.

Nouveaux cas d'un neuvième petit os du carpe, remplaçant l'apophyse styloïde de l'os III du métacarpe de l'homme. Sur un cas d'ankylose du neuvième petit carpe avec Vos III du méta- carpe chet l'homme, par M. Wênebl-Grthjbr.

Rotation du plan de polarisation par l'effet des électro-aimdnts,

152 LES MONDES

par M. Jegorow. Voici quelques résultats d'expériences. 1. Le verre de Faraday plongé dans l'eau fait moins tourner le plan pola- risation que lorsqu'il est plongé dans l'air. 2. Une solution faible de sulfate de fer entourée d'une solution forte fait plus tourner le plan de polarisation que lorsqu'elle est plongée dans l'air. 3. La solution forte plongée dans la solution faible exerce une action rotatoire plus forte que lorsqu'elle est plongée dans l'air. 4. La rotation du plan de polarisation diminue avec le diamètre du tube. 5. Il semble que si l'on soumet une substance douée du pouvoir rotatoire à l'action du magnétisme la rotation du plan de polarisation subit une avance ou un accroissement permanent.

Sur V organisation des grégarine$, par M. A. Stuart.

Sur l'embryologie des animaux inférieurs, pur M. Metgh-

JIIKOFF.

Application des piles secondaires ou de polarisation aux moteurs électro-magnétiques, par M. Jagomi. La conclusion, facile à prévoir, est qu'avec la pile secondaire à polarisation, on n'obtient pas des machines magnéto-électriques un effet utile plus grand que lors- qu'on employait directement la pile primitive.

Etudes micro graphiques^ par M. A. Stuart.-?- L'auteur, après avoir étudié l'influence de la direction de l'éclairement, apprend à le mesurer, et décrit ce qu'il appelle un microscope laboratoire, ou labo- ratoire microscopique.

Etude microscopique sur le système nerveux, par M. Owsian- nikow. L'auteur étudie tour à tour les cellules nerveuses et les filets nerveux. 11 avoue ne rien savoir des rapports de l'état et de la forme des cellules avec leur efficacité ou leur fonction.

Sur la présence de deux muscles de tension supérieure ou extrême chez V homme.— Ces deux muscles sont l'un le tensor fusciae rurahs, l'autre le tensor capsule genualis posterior superior.

Extraits de deux auteurs de rOrient, se rapportant à la mer Caspienne et aux provinces qui Vavoisinent. Désignations ad- mises par les Orientaux pour désigner différents navires de la mer Caspienne, par M. B. Dorn.

Sur la place du cerium dans la série des éléments, par M. H. Glyden. Nous croyons utile de reproduire ici l'ordre systé- matique dans lequel le savant chimiste range tous les éléments con- nus : quoique le point de départ de sa classification soit le poids ato- mique, il constate avec bonheur qu'elle est conforme à ce que l'on connaît des analogies naturelles des corps, et de leurs propriétés dites électriques.

LES MONDES.

183

Groupe I.

i)H=i flLi-7

Groupe II,

Groupe III. Groupe IV.

Groupe V.

Groupe VI.

Groupe VII. Groupe VIU.

Be=9,4

B=ll C=12

N=14

0=16

F=19

1 Na=28

Mg=24

Ai=27,8 Si=28

P=3l

S==32

Cl=35,5

% K=39

Ca=40

=44 Ti=50?

V=5f

Cr=52

Mn=55 Fe=56

3 Cu=*3

Zn=65

—=68 —=72

As=76

Se=78

Br=80

4 fib=85

Sr=87

Yt?=92? .Zr=90

Nb=94

Mo=96

—=98 Ru=104

5 Ag=108

Cd=112

In=113 Sn=rll8

Sb=122

Te=128?

1=127

6 Cs=133

Ba=137

Di?=143? Ce=188

i

La? Di? Et?

8

...

W=184

9 Au=197 10

Hg=200

Tl=204 Pb=207

Ta=i82

Osm=199?

Th=23i

Bi=208

Ur=240

#"" Db l'influence que les déplacements de l'axe de rotation dans l'intérieur de la terre peuvent avoir sur le niveau des mers, par M. LirKiN. La conclusion est que les changements de niveau pro- duits par un déplacement de l'axe de rotation de la terre, et dont on évalue la quantité dans diverses hypothèses de la fluidité ou de la solidité intérieure du globe, ne peuvent pas être les soulèvements ou les dépressions observées en divers lieux.

Dispositif articulé pour la transformation rigoureuse du mouvement circulaire en mouvement rectiligne, par M. Lipkin.

Nous avons reçu, en outre, un grand nombre de volumes publiés par l'Observatoire physique central de Russie, et qui témoignent haute- ment de la capacité, de l'activité, de l'exactitude du directeur actuel, M. Henry Wild.

I. Annales de VObservatoire physique central de Russie, par M. Henry Wild. Années 1866, 1867, 1868. —Ces trois volumes, ré- digés dans les mêmes principes et avec les mêmes soins que ceux des années précédentes, renferment les observations réduites de 36 stations, choisies avec soin sur la surface de l'immense empire de Russie.

ÏJ. Répertoire de météorologie, publié et rédigé par V Académie des sciences de Russie, par M. Henry Wild. Volume III. Instructions pour les stations météorologiques. Tables pour le. calcul des observations météorologiques, par M. Wild. Tables pour le calcul ou réduction des observations météorolo- giques. — Description de l'Observatoire central de physique au poipt de vue des instruments météorologiques. Les rapports du vent et de la pluie de la Tauride, par M. Kuppin. Marche diurne de la température à Barnaoul et à Nortchensk, par M. Rikatcheff.

i& LES titôNtfÉS.

Marche annuelle de la température à Saint-Pétersbourg, par M- Kûmtz.

Résultats des observations magnétiques et astronomiques, faites dans un Toyage de Saint-Pétersbourg à Pékin, dans les années 4867 et 4868, par M. Fritsehe. Sur la distribution des pluies en Russie, par M. Wojeikoff. Mesures de l'inclinaison prises d'après une mé- thode perfectionnée dans un voyage en Italie, par M. Kaemtz. Dé- termination des éléments du magnétisme' terrestre dans un voyage de Saint-Pétersbourg à Tiflis, par M. Wiid. Marche des éléments mé- téorologiques à Tiflis, du 4er décembre 4854 au 1er décembre 4864, par M. Kiefer. Complément des instructions pour les observations météorologiques, par M. Wild. Tables pour la réduction des ob- servations météorologiques. Déterminations magnétiques et hygro- métriques, faites dans 22 stations du Mongol et de la Chine du Nord, par M. Fritsehe. Sur la température du sol à Pékin, par M. Fritsehe.

Sur un moyen de suppléer au baromètre à mercure pour les obser- vations à faire en voyage ou dans des lieux difficilement accessibles, par M. Wild. La conclusion de l'auteur est qu'on peut parfaitement suppléer au baromètre ordinaire, au double point de vue de la commo- dité et de l'exactitude, par l'observation simultanée du baromètre anéroïde vérifié et d'un bon thermo-baromètre. Sur la détermina- tion des températures souterraines au moyen des piles thermo-élec- triques, par M. Pernet. Proposition pour l'enregistrement de l'ab- sorption par l'atmosphère de la chaleur du soleil et du ciel, par M. Froellck. Nouvelle méthode pour remplir les tubes baromé- triques, par M. Wild. Observations magnétiques à l'Observatoire physique central, pour l'année 4858, par M. Rikatcheff.

III. Rapport annuel de l'Observatoire centrât 4e physique, fait à r Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, par M. H. Wild, di- recteur, dans les années 4870 et 4874. Personnel. Instruments.

Bibliothèque. Matériel. Observations normales ou régulières.

Observations et recherches extraordinaines. Recueil imprimé des observations. Réorganisation du système d'observations météo- rologiques. — Publications de l'observatoire et des stations établies par lui. Archives de l'observatoire. Voyages de science ou d'ins- pection.

IV. Études relatives à la théorie des perturbations^ Dévelop- pement de quelques relations entre les fonctions elliptiques, par M. ft. Gylden.

V. Cotopté ré*d* annuel /*4f, le mai 4670, au comité ée l'Ob-

LES MONDES. m

servatoirc central de Nicola$f par le directeur. Changement du personnel. Instruments et leur installation. Observations astro- nomiques. — Réduction et publication des observation». Ouvrages des membres» manuscrits ou imprimés. Enseignement.

NOUVELLES DE L'INDUSTRIE

Perfectionnement am cenirerture* en «rdoleee, pat

M. Fourgeau. M. Fourgeau remplace par une agrafe en cuivre ou en fer galvanisé le clou ou les deux clous qui ordinairement fixent, par le haut seulement, chaque ardoise; et son système d'agrafes es* disposé de telle sorte que chaque ardoise est tenue fortement à la tête et à la base au lieu de l'être seulement en tète. De plus; et pour plus de solidité, le voligeage sous l'ardoise est remplacé par un fort lattis. Il y a pour la couverture en ardoise, et sans augmentation de dé* penses bien sensible , des avantages réels.

Il faut dire d'abord que l'ardoise est, par le procédé en usage, mal fixée au moyen de clous enfoncés à la tète seulement. La couverture ainsi faite n'est pas préservée de l'agitation produite par les vents. La tète du clou fortement ébranlée n'offre qu'une trop faible résistance pour retenir l'ardoise, et se détache ; les réparations sont fréquentes^ ne peuvent s'exécuter qu'imparfaitement et sont dispendieuses. Les voliges trop minces se gauchissent, elles ne permettent pas une circu-» lation d'air suffisante sous l'ardoise et elles n'ont qu'une durée assez courte. ,

L'emploi du système d'agrafes de M. Fourgeau amène une véri- table transformation de la couverture en ardoise. Ces agrafes, beau- coup plus solides que les clous, fixées sur un lattis solide et un peu au-dessus de la tète de chaque ardoise, maintiennent les ardoises en tête, les appuient fortement sur le lattis et les retiennent à leur base par un crochet.

Chaque ardoise est ainsi très-solidement fixée, et le vent ne peut avoir de prise sur une couverture semblable. L'air circule faoilement sur la surface intérieure des ardoises ; les réparations d'entretien sont beaucoup moins fréquentes et peuvent s'exécuter parfaitement, avec grande facilité. Enfin l'augmentation de dépenses est peu sen- sible àt même, dans beaucoup de localités, cette couverture peut se faire sans augmentation 4e dépenses.

456 LES MONDES.

Pour mieux faire apprécier les services que peut rendre rendre rem- ploi de ce procédé, il est bon de dire que la couverture en ardoise est depuis bien longtemps et sera longtemps encore, dans beaucoup de lo- calités, la couverture proférée pour les habitations bourgeoises.

En effet, la couverture en ardoise, bien moins lourde que celle en tuile, et ne nécessitant pas une pente aussi forte, pçut être faite sur une charpente moins dispendieuse et avec une économie sensible. Il y a bien les nouvelles tuiles dites Muller et d'autres de même genre, qui, depuis quelques années, s'emploient beaucoup; mais ce genre de couverture convient surtout aux constructions légères, aux hangards, aux bâtiments d'exploitation ; il convient peu aux habita* tions bourgeoises.

Le proposé procédé par M. Fourgeau a déjà été employé pour cou- vrir le château de Pierrefonds, la Cour de cassation, l'Eglise de la Trinité, une partie des bâtiments du Conservatoire des Arts-et- Métiers, etc. On en a fait également des applications dans divers pays, notamment en Belgique. Il y a donc une expérience faite et un pro- cédé apprécié par les constructeurs. Enfin, dans les pays H fait grand vent, au bord de la mer, par exemple, la couverture en ardoise peut être employée par ce procédé en toute sécurité.

M. Fourgeau déclare que, à Etampes et dans les pays voisins, il fait sa couverture pour le même prix que la couverture ordinaire clouée sur voligeage, et que partout elle doit pouvoir se faire sans aug- mentation sensible de dépense.

A Paris, M. Fourgeau a cédé à un entrepreneur le droit exclusif de faire sa couverture, l'augmentation de prix est un peu plus sensible. (Annales du Génie civil.)

i

Ventres pour toitures, système Anderson and son. Dépôt à Paris, chez MM. Ducroquet et fils, 42, rue de Cléry. Le feutre Anderson est d'un maniement facile; il peut être posé par un ouvrier adroit de n'importe quel métier; il est tout à fait imperméable et mau- vais conducteur de la chaleur.

En agriculture, il peut rendre de grands services, car il laisse aux fermiers la paille employée ordinairement en toiture pour la consom- mation des bestiaux.

Son prix est de 1 fr. 10 cent, le mètre courant sur 0m,80 de large, environ 1 fr. 40 cent, le mètre carré.

Une inclinaison du toit de 0m,20 par mètre est suffisante. On peut le placer soit dans Le sens transversal, soit dans le sens longitudinal.

Quand il est cloué, le toit entier doit recevoir une bonne couche de

LES MONDES. 157

goudron de gaz et de chaux, moitié en volume de chacun, bien mé- langés ensemble. Cette couche est appliquée à chaud avec une brosse, et pendant que l'enduit est encore chaud, on le saupoudre de gros sable.

M. Anderson prépare également une toiture toute goudronnée qu'il suffit d'appliquer sur le voligeage avec des pointes galvanisées, en ayant soin de garnir les jointures avec du 7ernis d'asphalte ou toute autre substance résineuse.

Le prix de cette toiture est de 1 fr. 75 cent, le mètre carré.

L'emploi de tous les produits bitumés exige des précautions spé- ciales. Les joints doivent particulièrement être soignés, sans cela on courrait le risque d'avoir des fuites et de détériorer rapidement le voli- geage, mais, nous le répétons, il n'y a aucune difficulté sérieuse à faire ce travail.

M. Anderson prépare, en outre, des échantillons de feutre blanc, pour les planchers lambris et sous-garnitures de tapis, tout à fait so- lides et bon marché, ainsi que du feutre en poil pour chaudières et conduits de vapeur ; bref, la matière étant donnée, M. Anderson lui a fait subir la série des préparations nécessaires pour être utilisée avec succès dans tous les cas possibles.

Terre de lampe perfectionné , système Lallemand , 62, faubourg Poissonnière, à Paris. C'est un verre qui laisse arriver l'air très-près de la flamme par une série de petits trous obtenus à la meule et qui présente un avantage réel comme blancheur et quantité de lumière.

Pour l'huile, le verre est cylindrique ; pour le pétrole et le schiste, il est bombé à la partie inférieure.

La quantité d'air qui passe par les petits trous ménagés au pourtour est considérable ; la combustion est très-complète, et le verre s'échauf- fant moins qu'avec les cheminées ordinaires , il n'est pas susceptible de se briser. Ainsi le verre Lallemand jouit de cette triple propriété : de ne pas fumer, de ne pas éclater et de donner plus de lumière. Nous le recommandons avec plaisir, certains de rendre service à beau- coup de monde.

ftéeatenr à manche de bula de M. Couvreux de Nogent- tur- Marne. Le sécateur de H. Couvreux-Wichard, représenté de face et ouvert par la figure 1, et de profil par la figure 2, est fait en acier de Styrie, qui est un des plus résistanU et des meilleurs parmi les aciers connus.

Kg. 1. Fig. 1.

Contrairement à ce qui a lieu dans un grand nombre de modèles dont la lame et le crochet sont hermétiquement tollés à plat, le jeu de ces parties est, par une forme particulière de la lame, et par un mode de montage qui en amène successivement chaque partie vis-à-vis du crochet, disposée de telle sorte que les frottements soient doux et bien préparés à la coupe. Celle-ci est nette et ne dé- chire pas la branche. En outre, toujours grâce A la forme recour- bée de la face intérieure de la lame, on n'est pat obligé d'employer un ressort très-raid», qui fatigue extrêmement la main. La vis qui unit la lame au crochet est, de son côté, disposée le plus solide- ment possible. Avec un de ces sécateurs ayant 20 centimètres de longueur, on pent couper une branche d'épine sèche de 15 milli- mètres de diamètre, sans que les lames sébrèchent ou se tordent. Enfin, les manches sont munis d'une garniture en bois de buis qui remplit bien la main et par suite donné moins de psine à l'opé- rateur.

Les différents modèles de sécateurs construits par M. Couvreux- Wiehard ont nne longeur de 17, 19, 22 et 25 centimètres; lear prix varie de 3 fr. à -4 fr. 25 pièce, suivant ces dimensions,. Les ressorts n'ont pus b :;oin d'huile ; il suffit de passer le doigt dessus avant de se servir de l'instrument . Cet excellent outil se trouve aujourd'hui chez tous les quincailliers. {Journal d'Ayncul^tt)

LES RONDES. i$?

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE ÎW MARB* * MlftlBR IffW*

^Académie procède, par ty yow 4#. s^Hfti * •* uoçainalipja d'rçrç vicqtBréçi^nt, qui doit être c^orç^ ççtte apnée*, dans le» sections de* sçpppe* physiques.

Au premier tour de scutin, le nombre de^ ypt^tç étant 59, M. d,e Quafrefages obtient 46 suffrages, M. B^ardt ^4 ; M* Chevr^u}, 1; M. Milne Edwards, i.

M. de Quatrefages, ayant réuni la majorité abqçlug des, sv^fr^j, est proclamé vice-président pour l'année 1873.

MM. Chasleset Decaisnesont déclarés élus membres, defr (ftwwfr, sion ceatrale administrative.

M. Faye, vice-président, donne lecture de la lettre suivante, qu'il a reçue de M. Goste, président de 187 i. a Merci de vo&bpns office* e| de votre affectueuse sympathie. Ma santé générale est rétablie.; mais 4 me reste encore quelques retours de souffrances de mes yeux, qui Vjojtf diminuant de jour en jour, et j'espère bien que le premier mois (ta Vannée ne se passera pas sans que j'aille .prendra place parmi me* chers confrères. »

Note sur les mouvements du périgée et du nœud de la lune ;par M. Delaunay. a Le mouvement direct du périgée de la Lune et le mou* vement rétrograde du nœud ascendant de son orbite sont dus à l'action du soleil sur notre satellite. La théorie nous permet de déterminer, ces deux mouvements. On sait que le premier calcul qui eji a été fait a conduit à un résultat singulier : les vitesses de ces dieux mouvements ont été trouvées exactement les mêmes, tandis que, d'après l'observa- tion, la vitesse du premier est au moins double de celle du second. On commençait même, en raison de cette circonstance, à concevoir des doutes sérieux sur la complète exactitude de la, loi d'a^tractip^ de Newton, lorsque des calculs ultérieurs ont montré qu'il n'y avait qu'une question d'approximation. L'égalité de vitesse des deux mouve- ments, résultant des, preuûçr* termes calculés, était loin de* se main- tenir lorsqu'on poussait l'approximation, plus loin qu'on ne l'avait fait tout d'abord ; et la différence qui se manifestait ainsi, après tes pre- miers calculs, concordait très-bien avec ceUe que les. observations avaient fjiit connaître^

Le grapd. développement quq l'on a été conduit swçee&vem&tt à

460 LES MONDES.

donner au calcul des inégalités lunaires, a permis de compléter ces premières recherches sur les mouvements du périgée et du nœud delà Lune. Mais, quoi que l'on ait pu faire jusqu'à présent, le résultat au- quel on parvient n'est pas d'une exactitude suffisante pour les besoins de la construction des tables de la Lune. On comprend, en effet, que les moyens mouvements du périgée et du nœud devant être multipliés par le temps pour fournir les positions de ces deux points de l'orbite de la Lune à une époque quelconque, l'erreur commise sur la valeur de chacun d'eux se trouve aussi multipliée par ce facteur. L'altération qui en résulte, pour la position du périgée et du nœud, ne pourrait donc rester dans les étroites limites que comporte l'exactitude des observations, qu'à la condition que les moyens mouvements dont il s'agit fussent connus avec une précision extrême, de beaucoup supé- rieure à celle dont on a besoin pour les coefficients des diverses inéga- lités périodiques. Aussi, taudis que la théorie nous permet de déterminer toutes les inégalités périodiques de la Lune, sans aucune exception, avec tout le degré de précision dont on a besoin, sommes nous encore forcés de recourir à la discussion des observations pour obteùir avec la précision requise les valeurs des moyens mouvements du périgée et du nœud. C'est un reste d'empirisme que nous sommes obligés de con- server encore dans la théorie de la Lune, jusqu'à ce que, par quelque nouveau procédé* spécialement adapté à ce point particulier, on soit parvenu à y porter l'approximation à un degré suffisant.

Quoi qu'il en soit, il y a un grand intérêt à voir comment les valeurs théoriques des moyens mouvements du périgée et du nœud de la Lune concordent de plus en plus avec celles que fournissent les observa- tions, à mesure que l'approximation du calcul est poussée plus loin. C'est ce qui ressort nettement des formules auxquelles jesuisparvenu.

En additionnant les valeurs des différents termes, on trouve :

pour le moyen mouvement diurne du nœud. . . 190",7434

du périgée. . . + 400",9425

Ces résultats diffèrent à peine des nombres

190'',633, + 40i",058,

que fournissent, pour ces deux moyens mouvements^ les nombreuses observations de la Lune discutées par M. Airy.

Théorèmes relatifs aux axes harmoniques des courbes géomé- trique* ; par M. Chastes.

Alote relative à la communication de M. Tréculsur F origine des levures lactique et alcoolique ; par M. Pasteur. «J'ai pris connaissance

,'?k

LES MONDES.

161

du travail que M. Trécul a lu à l'Académie lundi dernier. Je dois dé- clarer que je n'y ai rien trouvé qui pût atteindre en quoi que ce soit l'exactitude de mes expériences antérieures, non plus que les conclu- sions que j'en ai déduites, d

Cellules de levure de bière devenues mobiles comme des Monades ; par M. A. Trécul.

Sur la température solaire (2e Note) ; par le P. Secchi. Le but de cette note est d'examiner les objections faites par M. Ericsson au chiffre de dix millions de degrés donné par le P. Secchi pour la température solaire. Nous regrettons de ne pouvoir pas reproduire intégralement cette longue discussion. Mais la grave question de la température à la 6iirface du soleil vient d'entrer dans une phase nouvelle qui enlève toute probabilité au chiffre du R. P. Secchi. »

Nous appellerons cependant l'attention sur ce passage : « L'effet que nous mesurons est la somme des quantités de chaleur qui s'ajoutent, émanées des différentes couches tranparentes. M. Ericsson met encore en question ce fait, et refuse d'admettre que les couches des différentes profondeurs puissent ajouter leur action à celles des couches plus superficielles. Une expérience bien simple, faite à ma demande par le P. Provenzali, a prouvé que, si avec une flamme on obtient un échauffement de 2°,5, avec deux flammes, placés Tune derrière l'autre, on obtient 4°,5 ; avec trois, on a 5°,4. Ce résultat était du reste bien facile à prévoir, car tout le monde sait que les flammes sont transpa- rentes. Les critiques de M. Ericsson ne peuvent donc être soutenues. »

Expression du rapport de la circonférence au diamètre et nou- velle fonction, par M. le général Didion. M. Didion dit en terminant : a Pour l'application de mes formules, je me suis servi avec succès d'une machine à calculer, de l'arithmomètre de M. Thomas, de Gol- mar, à seize chiffres ; elle me donnait directement, et très-prompte- ment, les racines avec huit chiffres et le reste exacts ; ce dernier, par la division, me donnait les sept chiffres suivants : en tout quinze chiffres. J'ai ainsi fftmvé, pour limite inférieure, 3,14159224, et, pour limite supérieure, 3,14159594. Les six premiers chiffres étant com- muns, 3,14159 représente le rapport cherché avec six chiffres.»

- M . Carvallo adresse une note intitulée : « Intégrale de l'équation différentielle de la courbe décrite par une mobile sur la face intérieure d'un cylindre droit horizontal à base circulaire. »

M. Ghacornac adresse deux notes sur le mode de formation des nébuleuses, et sur les causes auxquelles on peut attribuer les ressem- blances que présentent leurs branches spirales avec lés spires des centres d'anneaux qu'on observe dans les cristaux à deux axes.

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462 LES MONDES.

M. Codron soumet au jugement de l'Académie la description d'un appareil destiné à permettre aux aveugles d'écrire avec les carac- tères ordinaires.

M. le Préfet de police adresse ses remerclments à l'Académie, qui a mis à sa disposition, pour la reconstitution de la bibliothèque de la préfecture, détruite par l'incendie, la collection de ses Mémoires et de ses Comptes rendus.

M. Haton de la Goupillière prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats à la place laissée vacante, dans la sec- tion de mécanique, par le décès de M. le général Piobert.

Sur les droites qui satisfont à des conditions données, par M, Halphen.

Sur les courants électriques obtenus par la flexion des mi- taux, Note de M. P. Volpicelli. « La moindre flexion produite dans une longueur métallique donne lieu à un courant électrique, quand cette longueur fait partie d'un circuit conducteur fermé. C'est ce qui fut démontré pour la première fois par Peltier, et le résultat de ses expériences fut confirmé par M. A. de la Rive. Peltier fit un grand cercle avec un fil de cuivre, qu'il mit en communication avec le galva- nomètre à fil court, et il remarqua que, en courbant de quelque ma- nière que ce soit le même fil, il se produisait un courant électrique, qui ne pouvait être attribué à l'influence magnétique de la terre; nous verrons cependant que, dans quelques cas, ces courants sont influencés par le magnétisme terrestre. Peltier remarqua encore que, en frottant simplement le fil de cuivre avec les doigts, ou avçc un morceau de drap, on produisait des courants électriques. Mais il faut observer que, en faisant des expériences de cette manière, l'action calorifique est la cause principale du courant, car il suffit, pour le produire, de serrer entre les doigts le fil sans aucun frottement. Quant à la direction des courants, Peltier ne put pas s'en rendre compte. »

M. Volpicelli a repris ces expériences avec un galvanomètre à réflexion, et il ajoute aux faits connus un assez grand nombre de faits nouveaux ; citons en quelques-uns :

Les courants électriques de flexion s'obtiennent non-seulement avec le cuivre, mais avec tous les métaux ; seulement le cuivre, dans les mêmes circonstances, produit sur l'aiguille astatique une plus grande déviation que les autres métaux. Ces courants présentent un cas $gsez remarquable, celui d'une transformation totale de la force viye en électricité ; ce cas se présente pour le plomb, métal tout à fait dépourvu d'élasticité.

LES MONDES. 463

Les courants de flexion ne dépendent pas sensiblement du déve- loppement de la chaleur produite par la flexion.

Si Ton1 opère la flexion en écartant l'un l'autre les deux bouts de la longueur métallique, on obtient un courant dirigé en sens con- traire de celui que Ton obtient en rapprochant les deux mêmes bouts.

En augmentant ou en diminuant la vitesse dans la production des flexions, on augmente ou on diminue l'intensité du courant.

Une longueur formée de différents métaux soudés entre eux pro- duit, toutes choses égales d'ailleurs, un courant de flexion moins in- tense que celui qui est produit par une même longueur, formée avec un seul métal.

Sur Fétat des corps dans les dissolutions : sels de peroxyde de fer ; par M. Berthelot. < En résumé, l'oxyde de fer et les acides ne sont unis que d'une manière incomplète dans les dissolutions des sels ferriques : l'eau intervient dans les équilibres qui caractérisent cet ordre de combinaisons. Son rôle décomposant est surtout manifeste pour les sels formés par les acides faibles, tels que l'acétate ferrique; il s'exerce en raison des proportions relatives ; il est accru par l'éléva- tion de la température. Ce n'est pas tout : la réaction de l'eau sur les sels ferriques n'est pas instantanée, mais progressive, précisément comme la décomposition des éthers par l'eau, soit que l'oxyde de fer change d'état moléculaire en se séparant des acides, soit que sa fonc- tion chimique véritable soit analogue à celle d'un alcool. Enfin les effets ne sont pas toujours réversibles par le seul fait d'un changement réciproque dans les conditions de température ou de proportions rela- tives, attendu que l'oxyde de fer, une fois séparé des acides, prend certains états moléculaires nouveaux, comparables à une condensation polymérique, et qui le rendent incapable de régénérer les combinai- sons primitives. »

Sur la décomposition spontanée de divers bisulfites, par M. G. Saint-Pierre, a Le bisulfite de potasse en solution concentrée ou étendue, chauffé en vase clos, se décompose spontanément et dpnnp un dépôt de soufre, de l'acide sulfurique et un ou plusieurs acides de la série thionique. Il était naturel de rechercher comment se compor- tera l'acide sulfureux dans des conditions analogues. »

Les expériences faites démontrent que l'acide sulfureux chauffé en vase clos résiste dans des condition* certains bisulfites se décom- posent. Les bisulfites donnent une quantité d'acide sulfurique supé- rieure à celle que peut saturer la base. Cette oxydation ayant lieu en vase clos ne peut se faire sans la production corrélative d'un corps

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464 LES MONDES,

moins oxydé que l'acide sulfureux. Nous avons obtenu ainsi des acides de la série thionique et même un dépôt de soufre.

Sur la chaleur absorbée pendant Vincubation^ par M. A. Moites - sier. t- « Un œuf fécondé ne donne naissance à-un être vivant qu'à la condition d'être maintenu, pendant un certain temps, à une tempéra- ture déterminée. Quel est le rôle de la chaleur pendant l'incubation? telle est la question que je me suis proposé de résoudre. On pouvait se demander, en effet, si la chaleur nécessaire à l'œuf pour son évolu- tion ne disparaissait pas en partie, en se transformant; je crois avoir démontré que cette transformation s'effectue réellement; c'est du moins ce qui me parait résulter des expériences que j'ai faites. »

M. Moitessier a mis en évidence un fait curieux et important : le refroidissement plus rapide des œufs fécondés comparés aux œuû non fécondés, et il ajoute : « Cette expérience ne me parait comporter qu'une seule interprétation : le refroidissement plus rapide des œufs fécondés suppose nécessairement qu'une partie de la chaleur qu'ils possédaient à l'origine du refroidissement a disparu, comme chaleur sensible, et cette chaleur ne peut disparaître qu'en se transformant. Il est évident, d'ailleurs, que cette absorption de chaleur par des œufs vivants doit se faire d'abord aux dépens de leur chaleur propre.

Recherches sur les propriétés physiologiques et les métamorphoses des cyanates dans l'organisme, par MM. Kambuteau et Massul. Il ré- sulte de ces recherches qu'administrer des cyanates alcalins, c'est adminis trer des carbonates alcalins, comme lorsqu'on prescrit des acétates, des lactates, des tartrates, etc., de potasse ou de soude. L'urée ingérée dans l'estomac, ou injectée dans le sang, se retrouve en nature dans les urines. Il est probable que le cyanate d'ammoniaque, qui est isomère avec l'urée, ne se transformerait pas en ce principe, mais en carbonate d'ammoniaque dans l'organisme.

Matériaux pour servir à F histoire du Gymnètre épée (Gymnetrus gladius C. et V.)f par M. S. Jourdain.

Description des plantes fossiles de Ronzon [Haute-Loire\ par M. A.-F. Marion. La végétation du centre de la France à l'époque tongrienne n'est représentée, dans les calcaires marneux de Ronzon, que par les seize espèces suivantes :

Espèces de Ronam. Espèoea actuelles analogues.

Equisetum ronsonense, Mari;. . »

Sparganium stygium, Heer ... »

Typha latissima, A. Braun ... »

Podostachys Bureauana, Mari* . »

LES MONDES. 165

Espèoes de Ronion Eapèoea aotaellt» analogues .

Myrica serratiformis, Mari.. . . Myricaœthiopica; Afrique australe.

Quercus elœna, Ung »

Celtig latior, Mari Celtissp.; Indes orientales.

Litsœa microphylla, Mari. , . Litsea dealbata ; Australie.

Laurus primigenia, Ung. .... Laurus canariensis ; Canaries.

Bumelia minuta, Mari d

Myrsine embeliaeformis, Mari. Embelia micrantha; Ile de France.

Pistacia (Lentiscus) oligocenica, Pistacia Lentiscus; littoral de la

Mari * Méditerranée.

Mimosa Aymardi, Mari »

Echitenium comans, Mari. ...

Ronzocarpon hians, Mari. ... *

D'après une foule d'indices, cette végétation semble avoir été géné- ralement pauvre et rabougrie, mais non pas monotone. Des mammi- fères de cette époque confirment du reste les déductions de la paléon- tologie végétale. A l'exception du Rhinocéros (Ronzotkerium) et de YEntelodon, ces vertébrés ne devaient pas consommer beaucoup de plantes. Les rares Paleotherium et Pabplotherium se nourrissaient sans doute, comme les Rhinocéros et les Botryodons, de buissons à feuilles coriaces. L'existence des Oelocus, ruminants presque encore pachydermes, parait liée à la présence de plantes particulières, telles que les Mimosa et les Podostachys. L'examen des diverses flores de cet âge permet de fixer à environ 23° c. la température moyenne de la France au début de la période miocène. Le faciès de la plupart des plantes du Ronzon est du reste franchement africain ou asiatique.

Note sur la découverte de la Posidonia minuta dans le trias du Gard) et sur un nouveau gisement de schistes à Walchia, dans le ter- rain permien de fAveyron, par M. Bleicher.

Sur un crâne dEquidè des tourbières de la Somme, par M. A. Sanson. « Le crâne dont il s'agit porte une étiquette écrite de la main même de Boucher de Perthes et que je copie textuellement : a Cheval. 2480. Sépulture celtique. Os des tourbières de la Somme pla- cés avec les silex taillés et les poteries à 5 ou 6 mètres au-dessous du niveau de la rivière. A 6 be ville, 1833. Niveau pris dans la plus grande hauteur. 4 à 5 mitres niveau moyen. » L'étiquette est fautive en ce sens que ce crâne n'est point celui d'un cheval, mais bien celui d'un âne. Son indice céphalique force à conclure que son espèce est celle de l'âne d'Afrique [E, A . africanus). Comme il y a ap-

166 LES MONDES.

parence que cet âne d' Afrique n'est point venu tout seul de sa contrée natale, c'est-à-dire du bassin du Nil, jusqu'au nord-ouest de l'Europe» dans le bassin de la Somme, il parait évident qu'il a 7' être amené à une époque antérieure à la formation des tourbières au fond desquelles il a été trouvé. » C'est non plus un fait, mais une assertion gratuite, une question d'origine. F. M.

Explication de V apparition d'anneaux n'offrant point la décompo- sition chromatique^ pendant les ascensions aérostatiques, par M. W. de Fonvielle. «Surtout lorsqu'ils viennent d'être fraîchement ternis, les aérostats jouissent de la propriété de réfléchir les rayons du soleil, de la même manière que le ferait un miroir sphérique de même dimen- sion. Quoique l'intensité de la réflexion soit moindre, elle est suffisante pour que ces effets deviennent visibles dans plusieurs circonstances. Si le soleil est au-dessus du plan horizontal dans lequel flottent les voyageurs aériens, et s'ils ont au-dessus de leur tète des vapeurs lé- gères discontinues, qui n'interceptent point la lumière solaire, ils peuvent voir le ballon au centre d'un anneau blanchâtre, qui l'accom- pagne pendant des heures entières, et qui devient de plus en plus elliptique à mesure que le soleil s'approche de l'horizon. Si le soleil est au-dessous du plan horizontal dans lequel vogue l'aérostat, la ré- flexion peut avoir lieu sur ThémispLère inférieur, et l'anneau vient se peindre sur la face surpérieure de nuages flottant au nadir, cachant la vue de la Terre. »

SÉANCE DU LUNDI 8 JANVIER 4 872.

Note de M. Chevreul, sur l'objet de ceux de ses mémoires qui doi- vent former le XXXIXe volume des mémoires de l'Académie des sciences. Nous l'avons analysée ailleurs.

Mémoires sur les effets chimiques résultant de Faction calorifique des décharges électriques, par M. Becquerel.— a Voici le mode d'expé- rimentation que nous avons adopté : les deux électrodes de l'appareil se composent, l'électrode positive d'une petite lame de platine circu- laire, légèrement concave, ayant une surface d'environ 1 centimètre et destinée à recevoir la matière soumise à l'expérience ; l'électrode né- gative, d'un fil de platine de \ à 2 millimètres de diamètre et terminé en pointe, laquelle est mise en contact avec la matière. C'est à l'ex- trémité de cette pointe se trouve la température maximum et s'opèrent les effets de fusion et de réduction. On augmente la puissance calorifique : io en chauffant au rouge avec la lampe d'émailleur la lame de platine formant capsule ; en ajoutant à la matière du char-

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Lfcfi MONDES.

167

bon en poudre très-fine, qui, en brûlant, fournit également de la cha- leur; telles sont les trois sources de chaleur que nous avons employées pour produire les effets de fusion et de réduction les plus éner- giques.

L'appareil d'induction nécessaire pour obtenir les effets dont il vient d'être question doit avoir assez de force pour donner des étincelles à 2 ou 3 centimètres de distance au moins.

La réduction des oxydes d'argent, de plomb, d'étain, de cuivre, s'obtient avec le tube en U, en les mélangeant avec h poussière de charbon ; quant à la réduction des oxydes de nickel, de cobalt, de chrome, de fer, etc., il faut employer la capsule de platine et les trois sources de chaleur, en mélangeant ces oxydes avec de la poussière de charbon de sucre.

On obtient ainsi la fusion de la silice, de l'alumine et d'autres terres en grains arrondis, d'apparence nacrée, dans lesquels on trouve quel- quefois des cristaux ou des fragments de cristaux doués de la double réfraction On réussit également à fondre l'alumine sans l'intermér diaire du charbon lorsque l'appareil d'induction a une grande puis- sance. En opérant avec un mélange d'alumine et de chromate de la même base, les parties transparentes sont quelquefois bleues, rouges, vertes ou jaunes, suivant probablement les proportions dans lesquelles se trouvent ces deux substances quand des particules du mélange se trouvent sous la pointe du fil de platine au moment de la décharge. »

Sur une matière sucrée apparue sur les feuilles d'un tilleul, par M. Boussingault. (Extrait.) Le 21 juillet 1869, au Liebfrauen- berg, les feuilles d'un tilleul étaient enduites sur leur surface supé- rieure d'une matière visqueuse extrêmement sucrée. L'arbre se trouvait atteint de miellée ou miélat, sorte de manne que l'on observe assez fréquemment; non-seulement sur le tilleul, mais encore sur l'aulne noir, l'érable, le rosier; je l'ai vue sur un prunier, et, cas fort rare, sur un jeune chêne.

A deux époques : le 22 juillet et le 1" août, on recueillit de la miel- lée en lavant des feuilles. Les dissolutions que l'on traita par le sous- acétate de plomb, pour en éliminer l'albumine, le mucilage, etc., donnèrent un sirop, dans lequel il se forma des cristaux de sucre.

La miellée examinée renfermait du sucre analogue au sucre de canne et du sucre réducteur. Par l'intervention de la levure de bière, les deux sucres disparaissaient complètement. Néanmoins, dans la liqueur fermenlée, il restait une substance douée d'un très-fort pou- voir rotatoire dextrogyre. C'était de la dextrine, déjà signalée par M. Berthelot dans les mannes du Sinaï et du Kurdistan, et depuis par

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468

LES MONDES.

M. Buignet dans une manne en larmes. Je n'ai pas trouvé de mannite dans la miellée du tilleul.

Les observations optiques ont donné pour la composition de la miellée :

Sucre de canne .

Sucre interverti. Dextrine . .

Recueillie

Reoaeillie

le 22 juillet.

le 1" août.

48,86

5S,4*

28,59

24,75

22,55

49,81

400,00

400,00

Un fait remarquable, c'est l'analogie de constitution entre la miellée du tilleul et la manne du mont Sinaï analysée par M. Berthelot : pour la miellée recueillie le 4" août, il y a identité de composition.

Manne du Sinaï.

Sucre de canne. . . . Sucre interverti. . Dextrine

55 25 20

400

En cherchant, par l'analyse, à comparer la quantité de miellée éten- due à la la surface des feuilles malades du tilleul, à la quantité de matières sucrées contenues dans les feuilles saines, on arrive à ce ré- sultat :

Snore Sucre de canne, interverti. Dextrine.

Dans 4 mètre carré de feuilles saines.

Dans la miellée recueillie sur 4 mètre

carré de feuilles

Différence. .

3,57

0^6

4,43

0,00 43,92 7,23 5,62 26,77

40,35 6,37 5,02 22,34

B*»t

L'accumulation de la manne exsudée par les feuilles malades est donc considérable, et de plus, l'on constate dans cette exsudation une substance, la dextrine, qui n'existe pas dans les feuilles saines.

C'est à la piqûre d'un Cocus sur les feuilles du Tamaris mannifera que MM. Ehrenberg et Hemprich attribuent la formation de la manne que l'on trouve encore de nos jours dans les montagnes du Sinaï.

La manne recueillie, en 4869, au Liebfrauenberg, n'aurait pas alors la même origine que la manne du Sinaï, bien qu'elle ait la même composition. Car lors de son apparition sur le tilleul, on ne remarqua

LES MONDES 16$

pas d'insectes ; ce fut plus tard que Ton vit quelques pucerons englués sur un certain nombre de feuilles.

Anus anormal à l'aine droite. Entérotomie iléo^cœcale ; par M. S. Laugier. Le caractère de l'opération dont j'offre les premiers résultats à l'Académie, c'est la création d'une voie nouvelle au cours des matières intestinales dans les cas d'oblitération du bout inférieur de l'anus anormal, quand cette oblitération aura lieu au-dessus de la valvule de Bauhin. C'est la reproduction de ce bout inférieur. Elle rend possible la guérison d'une maladie incurable par tout autre moyen. J'ai donné l'exemple de son application sur le cœcum parce que l'anus anor- mal se trouvait à droite ; mais il serait très-probablement aussi facile de la pratiquer sur l'S iliaque du colon, si l'anus anormal était à gauche, et peut-être avec plus d'avantages sous quelques rapports.

Note accompagnant la présentation des derniers numéros du bulletin de V Observatoire météorologique central de Montsourte : par M. Ch. Sainte- Claire Deville. a J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie le Bulletin de l'Observatoire météorologique central de Montsouris peur le mois de dé- cembre 1871, et pour les premiers jours de janvier 1872, y compris le Bulletin d'aujourd'hui 8 janvier, ainsi que le Bulletin d'Histoire naturelle agricole et médicale du jeudi 4 janvier.

« En inaugurant cette quatrième année d'observations, l'Académie me permettra de jeter un regard en arrière et de me féliciter de ce que, au milieu des traverses qui ont embarrassé notre chemin et retardé nos pro- grès, nous ayons trouvé autour de nous tant d'aide et de bonne volonté.

* Frappé de l'utilité pratique de notre œuvre, l'Assemblée nationale, malgré les besoins financiers du moment, a confirmé le vote du Corps législatif, et nous accorde un budjet à peu près suffisant pour pouvoir étudier, tout en observant, les méthodes d'observation, et pour continuer et développer nospublications. 60,000 francs ont été votés successivement pour 1871, par le Corps législatif juin 1870, et en octobre 1871 par l'Assemblée nationale : cette dernière Assemblée a accordé, pour l'exer- cice 1872, les trois premiers douzièmes provisoires avec le reste du budget. Le personnel actuel, tout à fait insuffisant pour le travail courant, y fera face, néanmoins, jusqu'à ce que l'Administration Supérieure ait pu cons- tituer définitivement l'Observatoire d'après les prévisions du budjet et conformément aux propositions qu'ellle a elle-même récemment de- mandées à la Commission d'organisation.

Sur le mouvement des projectiles oblongs dans les milieux résistants; explication des blessures produites sur les corps animés par les balles oblongues des fusils rayés, par M. Martin de Brettes. (Extrait par l'auteur.) . a La résistance de l'air, qui ne passe pas par le centre de gravité du

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470 LES MONDES.

projectile, fait décrire par l'axe de figure, autour de ce point, un cône relatif dont Taxe est horizontal pendant le tir de plein fouet. C'est ce mouvement relatif qui engendre une force dérivatrice, cause de la déri- vation latérale, qui caractérise le tir des projectiles oblongs dans les armes rayées. (Test aussi ce mouvement relatif qui produit les circons- tances particulières de la pénétration des projectiles oblongs dans les mi- lieux solides. Après avoir montré comment ce mouvement se modifie eu raison des résistances éprouvées par le projectile, je donne, de la manière suivante, l'explication des formes des blessures produites par les balles oblongues sur les corps animés. Si la balle frappe normalement le corps sur une partie charnue, les résistances seront symétriques à Taxe de fi- gure, et la balle fera un trou cylindrique. Le cas est rare. Si la balle at- teint un peu obliquement le corps et rencontre un os, après avoir pénétré d'une partie de sa longueur, l'ouverture du cône relatif augmen- tera. La blessure aura alors la forme d'un entonnoir très-évasé, dont le diamètre de l'ouverture pourra atteindre le double de la longueur de la balle. Si la balle pénètre entièrement dans une partie charnue, qu'elle y reste ou en sorte, elle conservera son mouvement relatif, mais l'ouver- ture du cône ira en croissant. La blessure formera ainsi un canal de sec- tion croissante, depuis l'ertrée de la balle jusqu'à sa sortie. Le diamètre pourra atteindre la longueur de la balle. Les observations faites dans les ambulances par les médecins civils et militaires que j'ai consultés, parmi lesquels je citerai M. le docteur Bérigny, des ambulances internationales de Versailles, et M. le docteur Chenu, médecin principal des années, en retraite, et médecin des ambulances internationales de Paris, confirment les indications de la théorie. »

Sur les effets des variations du travail transmis par les machines et sur les moyens de les régulariser, par M. E. Rolland. « Les organes] divers, servant à la réglementation, se réduisent en réalité aux trois suivants : les distributeurs, dont le but est de maintenir, le plus possible, l'invariabi- lité des forces agissantes ; le modérateur, réservoir de force vive, formé par toutes les pièces mouvantes de la machine et dont le rôle est de rendre plus lente l'altération de la vitesse; enfin, le régulateur, chargé de modifier la grandeur de la puissance, dès que la vitesse tend à sortir des limites voulues.— Après ces définitions nécessaires, je pose, dans les termes suivants, le problème général de la réglementation : une machine pourvue d'un régulateur étant en marche régulière, déterminer les varia- tions de la vitesse qui se produiront à la suite d'un changement brusque dans la quantité du travail transmis. La solution d'un semblable pro- blème est à peu près inabordable par les moyens dont dispose aujour- d'hui la science. Mais on peut limiter la question, en faisant abstraction

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LÈS MONM».

de h période pendant laquelle le régulateur est en mouvetaenf, et se de- mander seulement quelle est la variation permanente qu'aura subie la vitesse, quand il sera arrivé à sa position finale d'équilibre. C'est ainsi qu'ont été obtenues les formules en usajre, sans qu'on ait epéeifié dans quelles conditions cela était admissible. Ne pouvant aborder ici la discus- sion à laqueHe je me livre sur ce sujet, je me borne à en donner les •principaux résultats :

i<» L'action du régulateur est en relation des plus intimes avec la puissance du modérateur. L'étude des effets propres à chacun de ces deux organes de la réglementation ne peut donc se faire isolément.

Le bon fonctionnement du régulateur dépend à la fois de sa sen- sibilité et delà rapidité avec laquelle s'altère la vitesse de la machine, sous Hnfluence d'une cause perturbatrice donnée. Cette rapidité d'al- tération a pour mesure une fraction dont le numérateur est la variation de travail produite en une seconde par la perturbation, et dont le dé- nominateur est la somme des forces vives de toutes les pièces en mouvement.

Un régulateur spécial étant donné, on peut déterminer par expé- rience la valeur de la fraction définie au paragraphe précédent, pour laquelle cesserait son bon fonctionnement. Cette valeur limite peut ètte considérée comme caractéristique de ce régulateur, et, pour faire avec succès l'application de celui-ci sur une machine quelconque, il suffira de donner à la force perturbatrice et au modérateur des propor- tions telles que cette limite ne soit pas dépassée.

La fraction caractéristique est indépendante de la puissance de la machine. On doit donc repousser comme inadmissible le mode d'appréciation aujourd'hui fort usité, en vertu duquel le degré de per- fection du régulateur dépendrait de la fraction dont il serait possible, sans troubler son bon fonctionnement, de faire varier brusquement le travail total de la machine.

Toutes choses égales d'ailleurs, le modérateur doit être d'autant plus puissant que le régulateur est plus sensible. L'inobservation de cette condition nécessaire est la cause principale des mécomptes aux- quels a donné lieu l'emploi des régulateurs isochrones. Faute d'un modérateur de puissance suffisante, ces régulateurs trop sensibles dé- terminent forcément des oscillations périodiques de la vitesse. Les inconvénients résultant de ces oscillations sont du reste bien connus, et les Constructeurs, pour s'en rendre maîtres, en sont venus à intro- duire dans le mécanisme de véritables freins, à l'aide desquels ils peuvent réduire la sensibilité suivant les besoins. La théorie précédente eçt établie dans l'hypothèse, généralement

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172 LES MONDES.

admise par les auteurs, de l'invariabilité de forme des organes d'une machine en mouvement. Dans la seconde partie de mon mémoire, je montre la nécessité de tenir compte de l'élasticité de ces organes. »

M. Boussinesq adresse une note « Sur les lois qui régissent, à une première approximation, les ondes lumineuses propagées dans un milieu homogène et transparent, d'une contexture quelconque. t>

Wi,' M. Croullebois adresse un mémoire sur la double réfraction

.«.. elliptique du quartz.

i|i Sur une relation entre les actions capillaires et les densités,

dans les solutions salines ; par M. G.-Alph. Valson. « Je suppose tou- jours, comme dans mes communications précédentes, qu'on ait pré- paré une série de solutions salines normales, c'est-à-dire renfermant chacune un équivalent de sel anhydre, évalué en grammes, dissous dans une quantité d'eau fixe et égale à 1 litre. Je suppose en outre que, pour chacune de ces solutions, on ait mesuré : 1 ° la densité ; la hauteur capillaire du liquide dans un même tube. On obtient ainsi une série de résultats qui conduisent à la conséquence suivante : « Pour toutes les solutions salines normales définies ci-dessus, le pro- duit de la densité par la hauteur capillaire reste sensiblement constant.» > Ce résultat paraîtra remarquable, si l'on considère qu'il a lieu pour

des métaux dont le poids équivalent varie entre 7 [lithium) et 108 (argent).

On déduit de la relation précédente que le poids d'une solution saline normale soulevé dans un même* tube capillaire peut être considéré comme constant ; car, si l'on désigne par S la section du tube, ce poids est égal à S x H x D. Si l'on suppose le diamètre du tube égal à 1/2 millimètre, on trouve que poids de chlorure de lithium et d'azo- tate d'argent est de 12 milligrammes et un dixième.

Cette même relation est encore susceptible d'une autre interpréta- tion. Si l'on prend 61,7 pour valeur moyenne du produit DH, l'équa- tion DH = 61,7 est représentée géométriquement par un branche d'hyperbole dont les densités D sont les abscisses et les hauteurs H les ordonnées, Cela posé, il est facile de reconnaître que la courbe peut être remplacée par sa tangente, ce qui donne, entre les hauteurs et les densités, la nouvelle relation

H = 118,5 56,8 xD.

Cette formule représente en effet, entre des limites très-étendues, les hauteurs capillaires déduites des densités des solutions salines.

Cette dernière relation permet d'énoncer la conséquence suivante : ce Quand on passe d'une solution saline normale à une autre, l'accrois-

LES MONDES. 173

sèment de la hauteur capillaire est proportionnel à la diminution de la densité.

M. Blouin adresse une nouvelle note concernant un procédé des. tiné à rendre le pétrole moins inflammable.

M. Rouget adresse une note relative aux racines imaginaires des équations.

M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, le volume intitulé « l'Administration militaire dans l'antiquité, » par M. Gauldrée-Boileau , ancien directeur des subsistances au ministère de la guerre. Cet ouvrage, fruit de longues études, auxquelles la compétence particulière de l'auteur et sa solide érudition l'avaient préparé, met en lumière les procédés de l'admini- stration militaire chez les Grecs, depuis la guerre de Troie, et chez les Romains jusques à la un de l'empire. Le choix et l'éducation du sol- dat, son alimentation, son vêtement, ses armes, son campement, ses moyens de transport sont l'objet de comparaisons pleines d'intérêt, montrant ce que les armées modernes ont conservé et ce qu'elles ont changé, tantôt au profit, tantôt au détriment de leur force.

Les leçons que donne l'auteur, en s'appuyant sur l'expérience de l'antiquité, méritent d'être prises en considération dans l'intérêt de la Patrie française ; elles conviennent à tous les temps et à toutes les na- tions ; elles montrent que nous pouvons emprunter aux anciens des améliorations consacrées par des guerres heureuses, et qu'il serait sage de revenir à des pratiques dont on ne s'est pas éloigné sans péril pour le pays.

M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre adressée à l'Académie par M. Janssen, en date du 8 décembre. Il vient lui rendre compte de ses voyages préliminaires dans l'Inde, en vue du choix d'une station pour l'observation astronomique dont il avait eu l'honneur d'être chargé par elle.

Action de la chaleur sur les oxychlorures de silicium. Note de MM. L. TrooBt et P. Hautefeuille.

a Toutes les fois qu'on distille à feu nu les oxychlorures de silicium, on constate que vers la fin de l'opération il se produit des fumées épaisbes indiquant un commencement d'altération sous l'influence de la chaleur. Ces fumées apparaissent déjà, bien qu'en très-faible quan- tité, à une température peu supérieure à 440 degrés. Elles deviennent très-abondantes au rouge sombre. Pour étudier à cette température l'action de la chaleur sur les oxychlorures, nous faisons passer leur vapeur dans un tube de verre rempli de fragments de porcelaine et chauffé à l'aide d'une grille à gaz. L'expérience donne des résultats

474 LES MONDES.

analogues quel que soit roxychlorure employé. Nous indiquerons seulement ici ce qui se passe avec roxychlorure Si4 O2 Cl\ qui est celui que l'on recueille en plus grande quantité dans les expériences décrites dans notre Mémoire.

Les vapeurs qui ont traversé le tube de verre chauffé se condensent à l'extrémité de l'appareil dans un mélange réfrigérant et fournissent un liquide dont le poids est identique à celui de roxychlorure employé; il ne s'est dégagé ni oxygène ni chlore, et cependant le liquide obtenu diffère notablement du liquide primitif. En effet, ce dernier bouillait de 136 à 439 degrés, tandis que le liquide nouveau entre en ébullition à 59 degrés. Le premier produit que l'on recueille est du bichlorure de silicium régénéré dans l'action de la chaleur sur roxychlorure. On ob- tient ensuite une certaine quantité du composé primitif qui a échappé à l'action de la chaleur. Enfin, le tiers environ du liquide ne distille qu'au-dessus de i 50 degrés, il est formé des oxychlorures Si4 0* Ci% Si* O8 Gl\ Si" O10 Cl10, etc., dont nous avons fait connaître la compo- sition et les formules. L'oxychlorure s'est donc décomposé sous l'in- fluence de la chaleur en donnant des oxychlorures plus oxygénés et plus condensés, en même temps qu'il régénérait du bichlorure de si- licium. Les nombres suivants représentent la moyenne d'une série d'opérations effectuées au rouge sombre :

«*• Bichlorure régénéré 16,200

Oxy chlorure non transformé 8,000

» Si4 0*01' 4,400

» Si808Cl8 7,000

» Si,80'°Clfa 0,800

» Si4n08nCl>n 1,000

Perte dans les distillations fractionnées 1,1 00

Oxychlorure employé. . . 38,500

Les proportions de ces diverses matières dans le produit brut de Topé- ration changent suivant la température et la rapidité avec laquelle les vapeurs traversent l'espace chauffé ; ainsi dans une expérience l'ac- tion de la chaleur a été plus prolongée, nous avons pu transformer presque tout roxychlorure Si4 O2 Cl6 primitif et la plus grande partie de roxychlorure Si*09CL*. Ces réactions montrent que si, en faisant passer de l'oxygène avec du bichlorure de silicium dans un tube de porcelaine chauffé à 1200 degrés environ, nous avons obtenu toute la série des oxychlorures, cela tient à ce que, indépendamment de l'ac- tion directe de l'oxygène déplaçant que partie du chlore du bichlo-

LES MONDES. 173

rare, il y a des réactions secondaires résultant de lf décomposition des oxychlorucçs gçw l'influeQce de la chaleur clans les diverses parties du tube chauffé.

En cherchant i comparer les résultats de nos expériences aux faits déjà connus et constaté» dans la science, nous n'avons rien trouvé de plus analogue à ces transformations 4e nos oxy chlorures avec conden- sation progressive, que la série des phénomènes remarquables dans lesquels M. Berthelot, partant de l'acétylène, arrive par la simple ac- tion de la chaleur à produire des hydrogènes carbonés des condensa- tions les plus variées. »

Note sur les prétendues transformations des bactéries et des Mu* cédinées en levures alcooliques; par M. J.-C. de Seynes. « Depuis six ans je cultive des bactéries des levures, des Mucor, des Pénicillium et autres Mucédinées, sans jamais avoir surpris les transformation» annoncées par M. Hallier (d'Iéna) et admises en partie par M. Trécul.»

Sur le développement des ferments alcooliques et autres, dans des milieux fermentesciôles, sans l'intervention directe des substances albu- minoïdes, par M. F. Béchamp. M. Liebig conteste qu'un ferment alcoolique puisse naître dans un milieu sucré, sans l'addition préa- lable d'une substance protéique. Pourtant rien n'est plus certain.

Dans un mémoire publié en 1858 (Annales de Chimie et de Physique, 3e série, t. LIV, p. 28), j'ai montré que les moisissures qui se déve- loppent dans l'eau sucrée sont la cause immédiatede l'inversion du sucre de canne; que sous leur influence se forme un acide (acétique ou for- mique, disais-je), qui n'a pas été autrement caractérisé à cette époque Plus tard (Revue des Sociétés savantes, t.} VI, p. 136), sur une observa- tion de M. Payen, que ces moisissures ont besoin de certaines substance^ minérales pour se développer, j'ai£répondu qu'elles les empruntaient au yerre, puisque l'on savait, depuis Lavoisier, que celui-ci était attaqué par l'eau. Les liqueurs sucrées interverties s'étaient développées les moisissures, et qui dataient de 1855 ou de 4856, ont été de nou- veau examinées en 1864. J'ai constaté que, dans toutes, il s'était formé de l'acide acétique et des quantités d'alcool assez notables pour le ca- ractériser par son inflammation et par sa conversion en aldéhyde et en acide acétique. » M. Béchamp énumère ensuite quelques expériences répétées par lui depuis 1863.

11 conclut ainsi : a Des ferments organisés peuvent donc se dévelop- per dans des milieux absolument dépourvus de matières albumiqoldest et les moisissures, nées des micro^ymas de l'atmosphère, fonctionnant d'abord comme appareils de synthèse, comparables aux autres végé- taux, forment la matière organique de leurs tissus à l'aide des arnté*

476 LES MONDES.

riaux ambiants dont ils peuvent disposer, et consomment ensuite la matière fermentescible qu'on leur offre, s'ils en sont capables. L'ex- périence de M. Pasteur, que M. Liebig nie, est donc essentiellement vraie. »

Action de Viodure plombique sur quelques acétates métalliques, par M. D. Tommasi. L'iodure plombique en réagissant sur les acé- tates métalliques, donne lieu à diverses réactions, qui varient suivant la nature de l'acétate que Ton a employé. Ces acétates peuvent être divisés à cet égard en trois groupes :

1er groupe. Acétates qui se combinent à l'iodure plombique. Dans ce groupe il n'y a qu'un seul acétate, c'est celui de potassium.

2* groupe. Acétates qui, en réagissant sur l'iodure plombique, don- nent lieu à des phénomènes de double décomposition. Acétate de cuivre, acétate de mercure.

3e groupe. Acétates qui n'agissent vis-à-vis de l'iodure plombique que comme de simples dissolvants. Acétates de sodium, d'ammonium, de lithium, de calcium, de barium, de magnésium, de zinc, de man- ganèse, de fer, de chrome, de cobalt, d'aluminium, d'uranium.

Sur l'acide carbonique considéré comme comburant du carbone en présence de l'eau, etc., par M. Dubrunfaut. De ce qui se produit dans les conditions de l'analyse organique, c'est-à-dire dans un tube de verre dur chauffé au rouge et suivi des condenseurs usuels, qui permettent de doser séparément l'eau et l'acide carbonique, lorsqu'on y fait passer d'abord avec un courant d'hydrogène desséché sur du carbonate de chaux pur et sec, puis sur du carbonate de chaux mé- langé de charbon pur et sec, M. Dubrunfaut croit pouvoir conclure qu'il existerait cinq grammes d'eau par mètre cube de gaz desséché par les moyens énergiques mis en usage dans les recherches les plus récentes, et que cette eau, qui aurait échappé aux observateurs, s'y trouverait dans un état nouveau, qne la science serait impuissante à définir ; que le carbone n'est pas brûlé par l'oxygène de l'acide car- bonique pur et sec , qu'il ne l'est pas par l'oxygène pur et sec pris dans l'oxyde de cuivre, etc.

M. Dumas s'est hâté de protester contre ces assertions gratuites qu'on pourrait appeler des hérésies scientifiques; et il a renouvelé sa protestation avec plus d'énergie dans la séance du lundi 15 janvier. Nous y reviendrons.

(La suite au prochain numéro.)

ParU, Typ, Waldar, rot Bonaparte, 44.

,***'

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». 1872,

PREMIÈRE SALLE DU PROGRÈS

SOIKÉES ET MATINÉES DE SCIENCE ILLUSTRÉE,

...A.''

Las soirées et mutinée» de sciencelillustrée, accessibles à tous, hommes, femmes et enfants, commenceront le vendredi i mars, dans la salle Sainte-Valère, rue de Bourgogne, 24, au centre du faubourg Saint- Germain, entre la rue de Grenelle et la rue Saint-Dominique, mise gé- : ;| néreusement à ma disposition par 11. le Curé de Sainte-Clotilde.

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.; ^

J'ai donné à mes salles le nom de Salies du Progrès, parce que leurjbut principal est : de promouvoir, sous toutes ses formes, le progrès réel et A

bienfaisant; de donner le plus grand et le plus prompt essor possible aux v v"

inventions et aux découvertes de la science et de l'industrie, expressions les plus vivantes du progrès; de combattre énergiquement les deux en- '

nemies inexorables des découvertes et de l'invention, l'ignorance qui les tue dans leur germe ou le* tient plongées dans le néant, la routine que leur oppose le cercle infranchissable de l'inertie.

Paris et les grandes villes vont multipliant sans cesse sous les pas 4e leurs habitants les moyens de dépenser, en d eh ors du foyer domestique, dansleslGafés-GoncertSj une somme de I fr. 50 à 2ir., le pain sacré. de la famille, au sein d'une atmosphère nauséabonde, agitée par les vents de toutes les mauvaises passions, sans qu'il leur soit possible, même en payant plus cher encore, de rencontrer un seul asile ils puissent, en se reposant des] fatigues du jour^s'initier au progrès bienfaisant, se ré- créer à la fois et s'instruire.

(Test ce vide homicide que je veux combler, c'est à ce fatal abandon que je veux suppléer, en faisant tous mes efforts pour que, à lia un de l'année qui commence, Paris compte au moins six ou sept salles du progrès.

Instruire et récréer, c'est tout le programme des salles du progrès. Le 4euft (moyen efficace d'instruction est la mise sous les yeux» par des .expériences ou par des tableaux vivement éclairés, de tous les faits de la nature, de la science, de l'industrie et des arts* En outre des expé- riences faites avec les instruments les plus perfectionnés, l'illustraéon

No 6. t. XXVII, 1" février 1872. 18

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178 LES MONDES.

de chacune des branches des Sciences et des Arts appellera donc à son aide une série de tableaux reproduits par la photographie sur verres transparents et projetés à la lumière électrique ou oxhydrique sur un vaste écran visible de .toutes les partife* de la âfile.Xe rèlè du démons- trateur, exercé et spécial, sera d'animer, de décrire, de commenter l'ex- périence ou le tableau mis sous les yeux des auditeurs aussi clairement et aussi succinctement que possible.

Voici rénumération rapide des branches des sciences pures et appli- quées qui seront tour à tour illustréespar expériences ou par tableaux.

SCIENCES MATHÉMATIQUES ET PHYSICO-MATMÉMATIQUES. Arithmétique,

Géométrie. Mécanique Physique : Statique ; Cinématique ; Dynami- que; Balistique; Hydrostatique. Hydrodynamique; Aérodynamique.

ScieNCEs physiques. Acoustique. Thermique, Électricité. Magné- tisme; Météorologie. Chimie.

Sœerces cosmiques. Astronomie. Physique. Cosmographie. Géo- graphie.

Sciences naturelles. Minéralogie. Géologie. Paléontologie. Bota- nique. Zoologie. Anatomie générale et comparée. Anthropologie, Ethnologie et Ethnographie'. Zootechnie. Hippologie, etc.

Sciences médicales. Hygiène. Clinique médicale. Clinique chirur- gicale.

Sciences de la forme ou Beaux-Arts. Dessin, Peinture, Sculpta r* , Architecture.

Sciences appliquées ou pratiques. Arts . industriels

Arts naturels : Agriculture, Horticulture. Arts mécaniques : Filature, Tissage, etc. Arts physiques : Céramique, Verrerie, tW. Arts chimiques : Teinture, sucreries, distilleries, etc.

Sciences historiques. Histoire générale, Histoires particulières, Archéologie, Biographie, etc.

Ces sciences illustrées seront passées successivement en revue chaque année; et l'avantage incomparable de ce mode de démonstration est que chaque tableau est complet par lui-môme, et n'exige en aucune ma- nière ceux qui ont précédé ou qui suivront : ce seront des soirées qui n'exigeront pas une présence de tous les jours et non des leçons.

(.'ignorance en France, ij faut, bien le dire, s'étend à tout, à la musique

LES MONDES. 179

et à la littérature comme aux sciences et aux arts; le programme des soirées, dont la règle générale est l'utile et l'agréable, l'instruction et la récréation, s'étendra donc à la musique et aux belles-tel très dans ce qu'elles ont d'essentiel, ce qu'il n'est permis à personne d'ignorer. En outre, et c'est une condition essentielle d'émulation, tous les morceaux choisis ou joués, seront signalés par une annonce lumineuse ou orale.

Voici notre programme, monotone dans sa forme, varié à l'infini dans le fond :

Programme des Soirée» fie tens le* Jeu»».

Ouverture musicale jouée sur l'orgue, l'harmonium ou le piano ; résumé des pièces, opéras au opérettes, qui sont considérées universelle- ment comme des chefs-d'œuvre ; il résultera de cette audition successive une première initiation à la mélodie et à l'harmonie du monde entier.

2* Revue des nouveautés. É numération avec modèles, expériences ou tableaux projetés à la lumière électrique, et description orale des décou- vertes ou inventions du jour. . »,

3* Démonstration de science illustrée, d'une heure environ.

4* Intermède d'un quart d'heure au plus. Chant d'un grand air, ou déclamation d'un morceau de prose ou de poésie, choisis parmi les chefc- d'oeuvre de la musique ou de la littérature, et formant des recueils imprimés.

Revue d'histoire ou de géographie. S'aidant de la projection d'un cer- tain nombre de tableaux, un démonstrateur ou causeur exercé fera passer sous les yeux des spectateurs, avec les explications nécessaires et suffi- santes, tantôt les lieux mémorables ou les beaux sites d'une contrée cé- lèbre ou pittoresque, d'une station d'eaux ou de bains, etc.; tantôt les portraits des hommes illustres ; tantôt enfin les plus belles œuvres de la peinture, de la sculpture, de l'architecture.

6* Bouquet. On terminera par quelques jeux tfoptique, fantascope, éhromatrope, etc.

. Sortie. On jouera, un des airs ou chants nationaux des divers peuples.

Soirées du Mnmnehe.

Le dimanche, la démonstration de science illustrée aura pour sujet les merveilles de la création ; les leçons, les beautés, les harmonies de la na-

180 LES MONDES.

tare; l'accord, constaté par las faits, de la révélation et de la science, de la foi et de la raison. Elle sera suivie d'un concert religieux comprenant quelques-uns des chefs-d'œuvre de la musique sacrée, ancienne et mo- derne.

La salle du Progrès devra pouvoir contenir de 500 à 1,000 personnes, pour que le prix des places soit le moins élevé possible, et qu'on puisse mettre chaque Jour un certain nombre de billets à la disposition des So- ciétés de secours mutuels ou des œuvres paroissiales et communales. On ferait de temps en temps pour les classes ouvrières des séances entière- ment gratuites, ou dont lès Amis seraient supportés, soit par l'adminis- tration de la salle, soit par quelque ami généreux du progrès.

Les séries de tableaux, de 50 à 100 pour chaque science illustrée, fe- ront réunies dans une' boite spéciale, accompagnée d'un*, livret ou album renfermant, avec [la photographie sur papier du tableau, sa description, de telle sorte qu'en l'absence d'un professeur exercé, l'enseignement il- lustré puisse être donné par un préparateur et un lecteur intelligent. Les boites de tableaux et les livrets seront mis, avec un léger bénéfice au profit de rétablissement-mère, à la disposition de ceux qui, à Paris, en province, ou à l'étranger, voudront suivre mon exemple et organiser des cours illustrés. ^

La salle Sainte-Valère comporte quatre sortes déplaces : gratuites ou à 50 centimes dans la tribune haute ; à 50 centimes et à 1 franc dans la tribune basse; à i fr. et à 2 fr. dans la nef ou centre.

Matinée» ftcfentlfiqiie«.

Consacrées à l'instruction attrayante de classes particulières de la so- ciété: les jeunes filles et les Jeunes garçons, séparément, les aspirantes et les aspirants au brevet d'instituteurs et d'institutrices , les élèves d'un lycée, d'un collège, d'une institution, ou d'un séminaire; les petits en- fants, etc., auront leur programme particulier.

Pour organiser l'Institut technologique dont nous donnons plus loin la description, notre ami, M. H. Morton, a pu disposer des 3 mil" lions de M. Stevens ! Pour organiser l'œuvre plus gigantesque des salles du progrès, je suis livré à mes faibles ressources! Mais j'ai une mission à remplir : j'obéis à la volonté de Dieu; et j'ose compter sur le concours des amis sincères de la Religion, de la Patrie et en Pro- grès. — . F. Moigno.

1,

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LES MONDES 1*1

CORRESPONDANCES DES MONDES

M. Rtomkorff, à Paris. Turbine électrique. Le petit appareil dont la figure est ci-jointe se compose d'un disque de mica au centre duquel est une chape d'agate portant sur un pivot fixé au milieu d'un, socle de caoutchouc durci. Sur les câtés de ce soele et parallèlement au pivot s'élèvent deux pointes ou colonnes en cuivre qui s'arrêtent à un centimètre environ au-dessous du disque. L'une de ces' colonnes est en communication avec une tige, de cuivre à pointe très-effilée poyr aspirer l'électricité; à l'autre est fixé un manche métallique au moyen duquel l'électricité passe par la main de la per- sonne qui le tient pour s'écouler dans le sol.

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Si Ton présente cet appareil par la pointe au bout du conducteur qui relie les deux cylindres d'une machine de Ramsden dans le temps qu'on la fait fonctionner, le disque de mica tourne dans le sens op- posé au cylindre qui lui est proche ; si on le présente à l'autre bout, il tourne dans le sens contraire.

Ce changement de direction dans la rotation fait supposer à la pre- mière impression qu'il y a une électricité différente à chaque bout du conducteur, mais cela n'est pas ainsi.

La cause de ce changement de rotation vient de ce que la partie du conducteur qui est éloignée de l'appareil agit sur le disque, le repousse et produit la rotation.

- M. Chaules Tellier, à Àuteuil- Paris. Production luduo- trf elle, économique de la glace et du froid. Tant que la fabrication de la glace sera limitée à des quantités de 50, 100, 200

46* LES MONDES. v

kilog. à l'heure la glace artificielle ne pourra servir qu'aux usages do- mestiques ou médicinaux; on ne pourra pas songer à l'utiliser dans les grandes industries des' produits chimiques, de l'extraction du sucre» etc., etc., elle rendrait de si grands services.

Avec les appareils actuels, 1 kilog, de charbon, donnait moyen- nement:

En gla#e (m admettant 3 kti. de charbon, par force de cheval). 5 kil. En vapeur 7 »

11 y a donc, pour le froid, infériorité considérable de rendement*

Mais voici que M. Charles Tellier renverse la situation en s'offrant à produire, non plus 5 kilog. de glace par kilog. de charbon, mais bien de 25 à 30 kilog., soit une économie considérable sur l'emploi de la va- peur. Dans ces conditions, en effet, avec i kilog. de charbon, on pourrai retirer 25 kilog. d'eau d'une solution aqueuse, tandis qu'avec cette môme quantité de combustible, nous n'aurions pu en enlever à l'état de vapeur que 7 kilog.

Voici les faits qui ont servi de point de départ à cette bienheureuse révolution.

L'éther vlnique, communément appelé éther sulfdrique, à 10* au- dessous de 0°, émet des vapeurs, qui ont une tension de 1 i centièmes de mercure i /3, c'est-à-dire égale à celle de l'eau à 55* environ.

Cet éther a donc une grande propension à lancer constamment dans l'air des vapeurs et, par conséquent, à se refroidir.

Si donc on dispose de très-vastes surfaces, que l'on pourra modifier de bien des manières, sur lesquelles l'éther circule lentement, et qu'on le fasse sécher incessamment par un courant d'air convenable, il en ré- sultera une énorme vaporisation, et, par conséquent, un refroidissement considérable. Ce refroidissement sera utilisé en faisant circuler dans des tubes couverts par l'éther un liquide incongelable, qu'on appliquera ensuite à tous les besoins.

M. Gh. Tellier fait construire en ce moment un appareil produisant i 000 kilog. de glace à l'heure. La surface évaporatrice de l'éther, de 20 mètres carrés, sera séchée par un courant d'air constant, d'un débit de 2 500 à 3 000 mètres carrés par heure, circulant avec une vitesse ni trop rapide, ni trop lente, correspondant au maximum d'évaporation, et qui ne dépasse pas i mètre.

Rçate un, jpoint important à envisager, c'est la reprise de l'éther à l'air, de manière à pouvoir constamment faire servir le même air et ramener aussi constamment le même éther. Pour ce faire, nous profiterons de la faculté quejpossède l'acide sulfovinique de fixer l'éther.

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LKS MONDES. 183

Disposant une colonne semblable à celles d'épuration du gaz, remplie de coke ou de ponce, nous y ferons arriver par la partie supérieure un courant constant d'acide sulfovinique, tandis que l'air lentement re- montant à travers la ponce y abandonnera l'éther qu'il entraînait.

Dans ces conditions, nous aurons, d'une part, de l'air purifié qui re- tournera au ventilateur et, par suite, reproduira le phénomène de va- porisation que nous connaissons; de l'autre, de l'acide sulfovinique dont il faudra séparer l'éther.

Cette dernière opération sera facile.

En effet, en ne dépassant pas une certaine température, soit 1 35 à 140% l'éther distille sans décomposition, comme sans produits accessoires; il ne s'agit donc plus que de procéder aune distillation simple, ce qui offre d'autant moins de difficultés que les vapeurs qui se séparent sont abso- lument pures et n'ont besoin que d'être condensées.

En résumé, non-seulement avec cet ensemble la glace peut être obte- tenue à un prix qui dépasse toutes prévisions, mais encore il n'y a plus dans les appareils, ni piston, ni soupapes, ni pressions, ni air à chas- ser, etc, etc, l'appareil produisant à la pression ordinaire, et l'agent mé- canique employé étant un simple ventilateur.

M. l'abbé Collet, à Plœmel [Morbihan). Archéologie préhistorique. Tumulus de Manê-Botgade. La petite émi- nence naturelle, vulgairement désignée sous le nom celtique de Mané-Botgade (montagne au buisson de lièvre), est située à 300 mè- tres à l'ouest du bourg de Ploemel, du côté gauche du grand chemin d'Àuray à Erdeven, vis-à-vis d'une croix de pierre. Le sommet de cette butte est couronné d'un petit tumulus conique de 1 mètre de hauteur sur 9 de diamètre. Comme il est ruiné et amoindri extérieurement, on peut distinguer facilement les extrémités d'un cercle de pierres brutes, apparaissant à la surface du mamelon, avec les restes d'une galerie intérieure orientée vers le sud, mais sans aucune pierre de re- couvrement. L'intérieur du monument était occupé par un remplis- sage de grosses pierres, de terre et de cailloux. Le sol de la galerie, du côté est du cromlech, était pavé de petites pierres plates, sur lesquelles reposait une couche de terre noire, grasse et cendrée, avec traces de charbons de bois. C'est au milieu de ce terreau, vers la paroi est du cromlech, et surtout à l'entrée de la galerie, à son point de jonction avec le dolmen, que l'on a découvert une quarantaine de vases en terre cuite ; mais tellement petits qu'il y en a qui ne dépassent pas la grosseur d'une pipe. Leur pâte est noire et grossière, mal cuite, fa- çonnée au tour ou à la main, sans ornementation, et ayant la forme

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184 LES MONDES.

d'un gobelet ou d'une tasse à café. Us étaient remplis de terre, «ans traces de charbon, et placés dans toutes les positioos : les wa assis, les autres renversés. Mais cette poterie était tellement pourrie, qu'elle tombait en décomposition, et c'est à peine si Ton a pu en conserver cinq ou six intacts. La même couche renfermait un grand nombre d'é- clats de silex pyromaque, parmi lesquels on remarqua une belle lame prismatique éclatée en forme de feuille de saule. Une autre trouvaille bien plus significative, c'est la présence du fer dans cette terre à pote- rie. On y a trouvé, en effet, une extrémité de hache en ftry tout auprès d'un petit anneau de fer actuellement brisé. C'est une preuve de plus à ajouter à tant d'autres de l'existence du fer à l'époque des dolmens. Cayot-Delandre, dans son Annuaire de 4827, page 1% signale des haches de fer semblables trouvées au pied d'un menhir dans la com- mune de Crach.

Mais à quelle destination aurait pu servir cette céramique funéraice, sinon à contenir quelque parfum, ou quelque nourriture réservée au mort pour son voyage d'outre tombe. De nos jours encore, au repas funèbre qu'ils font chez eux le jour de l'enterrement de leurs parents, nos bons Bretons ont l'habitude d'offrir à un pauvre déterminé l'é- cuellée du défunt qu'ils appellent scuellad en inean (l'écuelle de l'âme).

D'ailleurs ne voyons-nous pas les peuples anciens, qui avaient un véritable culte pour les morts, pratiquer le même usage ? Il suffit de citer les Babyloniens, les Égyptiens et surtout les Chinois, nos contempo- rains, qui observent encore scrupuleusement cette coutume. Elle exis- tait aussi chez les Hébreux, puisque Tobie recommande à son Xils de mettre de la nourriture sur les tombeaux afin que les pauvres en pas- sant pussent en faire leur repas. Le mode de sépulture usité ici est l'incinération sur l'épaisse couche de charbon.

Alignements. On entend par alignements de menhirs des rangées parallèles plus ou moins longues et nombreuses de monolithes en pierre brute de l'époque mégalithique.

A Carnac, il y a deux alignements sur une longueur de 3 kilo- mètres, et orientés de l'est à l'ouest. Celui de Ménec a douze rangées; celui de Kerlescan en a treize ; mais l'intervalle de ces deux alligne- ments est à peu près dégarni de menhirs. A Sainte-Barbe-en-Plou- harnel, il y a encore trois débris de rangées subsistantes. En Erdeven, il y en a dans trois localités : au Bourg, à Kerjean et à Saint-Sauveur. Au bourg, ils sont au nombre de treize, à Kerjean douze, à Saint- Sauveur, quatorze. Il y a presque cent systèmes sur l'interprétation de ce genre de monuments. Le peuple de Carn.io les appelle les soldats

LiS MONDES. 185

de Samt-Corneille, patron paroissial, lequel, poursuivi par eux jus- qu'à la mer, les transforma en pierxes. Pour moi, rejetait tous les sys- tème» préconçu*, et voulant fonder la science sur des faite d'observa- tion, j'ai fait des fouilles en règle, et j'ai réussi à leur ravir le secret de leur destination. J'ai découvert à leur base des traces de charbon bois, des éclats de silex et des tessons de grossière poterie, objets que Ton rencontre aussi dans les dolmens. En poursuivant mes fouilles, je suis sûr d'avanoe de trouver partout du charbon, et quelquefois même des poteries et des silex. J'ai trouvé tous ces objets à Quiberon, et M. Fouquet est arrivé au même résultat, en fouillant un monticule à menhir dans la lande de Lanvaux.

Ainsi donc, il est démontré que les alignements sont des pienres tom- bales, et le mode de sépulture employé est l'incinération. Le cadavre était brûlé ailleurs, et les cendres déposées ensuite &»* base d'un menhir ; et c'est de cette manière que ces alignements ont pris, avec le temps, des accroissements successifs.

L'incinération des cadavres remonte à la plus haute antiquité, et probablement même au berceau des peuples aryens, avant leur disper- sion dans le monde. Il en est de même de l'usage de eenstaïke des tumulus et de l'épreuve par le feu. Les Indiens bouddhistes, les Grecs, les Romains et las Gaulois construisaient des buttes et brûlaient leurs morts. Le plus ancien monument que nous ayons sur cette coutume, c'est Homère, qui vivait au ixe siècle avant notre ère. Mais les aligna* ments de notre Bretagne doivent être moins anciens, et je suis con- vaincu que quelques-uns d'entre eux et des tumulus ne remontent pas au delà de l'ère gallo-romaine. La légende de Saint-Corneille n'est donc pas si fausse comme date historique.

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REVOE ÉTRANGÈRE, PAR M. J.-B. VIOLLET.

Um AéraMtfce à Searmont.. M. le professeur Stephard, du collège d'Àmherst, Massachussets, a publié quelques détails sur une pierre météorique tombée à Searmont, Maine (États-Unis), le 31 mai dernier. Vers huit heures du matin, on entendit une explosion semblable à celle d'une forte pièce d'artillerie et suivie d'un bruitstrt- dent, ressemblant au son d'un jet de vapeur. L'aérolithe tomba dans un espace découvert, et une dame qui se trouvait dans une maison voisine vit la terre projetée dans toutes les directions autour du point frappé. Le trou fut aussitôt examiné, et, en le creusant, on trouva les fragments encore chauds de la météorite, dont la surface montrait

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186 LES MONDES.

évidemment qu'elle avait été fondue. Le plus gros fragment pesait Okil. 90, et, réuni à tous les autres, accusait un poids de S kil. 44. Ces fragments exhalaient une odeur de cailloux violemment froissés les uns contre les autres. Le trou fait par le corps tombé avait 0",60 de profondeur, quoique le sol fût un gravier gros et dur. La fracture de la pierre avait été visiblement causée par son choc contre trois gros cailloux, dont chacun pesait environ 4 kil. 80. M. le professeur Ste- phard a examiné le plus gros fragment de cet aérolithe. La moitié de sa surface était complètement couverte de la croûte formée par la fu- sion et sa forme semblait indiquer que la masse entière avait été d'une forme ovale et sous-conoide, aplatie vers sa base, Rapprochant de celle de la fameuse pierre de Duralla que Ton voit maintenant dans le Mu- séum britannique. Parmi les principales matières qui la composaient, on trouvait du fer météorique, du peroxyde de fer, de la chladnite, de la trollite, mêlés avec une masse noirâtre que M. le professeur Ste- phard considère comme étant très-probablement un aggrégat de plombagine.

Emploi de 1* otryelmlite comme antidote du chlorol

par M. LtEBRBicH. J'ai eu occasion, dit l'auteur, après avoir employé l'hydrate de chloral, devoir se produire des phénomène spasmodiques, et, comme l'influence de la strychnine sur les hommes et sur les ani- maux se manifeste également par des accidents de tétanos et de tris- mus, j'ai essayé de combattre, par l'usage de l'hydrate de chloral, les effets vénéneux de la strychnine sur des animaux auxquels j'avais administré des doses de cet alcaloïde. En effet, on réussit de cette ma- nière à en détruire l'effet, même lorsque les doses absorbées devraient être mortelles. Il est cependant nécessaire de faire prendre l'hydrate de chloral aussitôt après l'ingestion de la strychnine, parce que l'ac- tion du choral n'a pas autant de rapidité. L'emploi de la strychnine, comme antidote du chloral, a aussi été très-favorable. Quoique Ton ne connaisse heureusement encore aucun emploi de cette substance pour produire des empoisonnements, l'auteur a cependant regardé comme utile de signaler cette propriété de la strychnine dans les cas il s'agit d'abréger ou de combattre des accidents produits par le chloral.

On a donné à deux lapins du même poids des doses de chloral suf- fisantes pour occasionner la mort. Au premier, dont le cœur ne battait plus que faiblement, on a fait prendre une dose maximum de strych- nine. Le second mourut, mais le premier revint à lui dans un temps relativement court, sans laisser apercevoir ensuite aucune trace de

LES MONDES. 187

l'influence de la strychnine ou même aucun malaise. Deux jours après, on donna de nouveau à ce même lapin une dosé exactement sem- blable de strychnine; mais, au bout de 10 minutes, il mourut au mi- lieu des accidents connus.

L'auteur exprime le désir que ses expériences soient répétées et étendues. (Berichtederdeutschen chemischen GeseUchaft zuBerlin, etc., Dinghis Polytechnisches Journal.)

Composé «pontstnément explosif. On a fait dernière- ment, à l'École des hautes études de Philadelphie, des expériences d'où il résulte que si l'on verse sur du chlorate de potasse, finement pulvérisé et étendu sur du papier, une forte solution de phosphore dans du bisulfure de carbone, et qu'on laisse le *tout exposé à l'air, le sulfure, en s'évaporant, abandonne le phosphore dans un tel état de division que, par suite de la présence du chlorate de potasse, le mélange détone brusquement et spontanément avec grand bruit. L'explosion, dans ce cas, est analogue à celle qui a lieu lorsque Ton frappe ou que Ton frotte un mélange de phosphore ou de chlorate de potasse, mais le mélange des deux substances est, dans le cas pré- sent, beaucoup plus parfait que Ton ne pourrait l'obtenir par des moyens mécaniques.

Souscription de* trois milliard* pour la déli- vrance du territoire français* Un homme actif et ingé- nieux, M. Lacoin, membre de la Société des économistes et inventeur du système des correspondances privées à l'aide des pigeons pendant le siège de Paris, nous semble avoir trouvé le moyen d'assurer le suc- cès de la souscription pour la libération du territoire*

L'idée de M. Lacoin dérive de sa théorie des impôts, laquelle con- siste à faire répartir le budget total par l'Assemblée entre les départe- ments, par les départements entre les communes, par les communes entre les particuliers. Il veut faire de la souscription un impôt volon- taire, proportionnel à la fortune de chacun, destiné à couvrir notre dette sans obliger le gouvernement à nous accabler de droits et de taxes, dont les frais de perception accroîtront considérablement la somme effective à réaliser. Une économie, en ce moment, est précieuse et il y aurait en outre un grand intérêt à] répandre la notion de la proportionnalité des charges fiscales.

M. Lacoin désire qu'aux souscriptions pour une somme fixe soit jointe une souscription conditionnelle et proportionnelle au total effec- tif des deux souscriptions, c'est-à-dire que la somme à verser sur le

488 LES MONDES.

montant de» souscriptions proportionnelles serait à jla somme souscrite, comme le total des souscriptions fixes, augmenté du total de la somme à payer réellement sur les souscriptions proportionnelles, serait à trois milliards (1).

De cette façon, on pourrait souscrire une somme élevée, sans au- cune crainte, puisque, si la souscription échouait et obligeait l'État à recourir à la voie des impôts ordinaires, la somme recueillie par sous- cription venant en déduction de celle qu'il faudra demander à l'impôt, chacun serait sûr de ne pas payer plus que sa quote-part.

En résumé, trois hypothèses : 4* la souscription réussit complète- ment, la question se trouve ainsi réglée à notre plus grand honneur ; 2* la souscription produit un chiffre important, dans ce cas les communes, les départements et l'État lui-même complètent la somme totale; il n'y a pas de réduction] des souscriptions proportionnelles et pas d'impôts indirects ; la souscription échoue relativement, l'État est forcé de recourir aux impôts indirects ; mais la souscription proportionnelle est réduite, et ceux qui avaient souscrit à cette combi- naison ne donnent proportionnellement pas plus que ceux qui ont envoyé des dons à la souscription fixe.

Les associations et personnes civiles de toute nature souscriront de leur côté. Les communes avanceront les fonds pour les personnes qui, par gène pécuniaire ou même mauvais vouloir, ne pourraient en temps utile acquitter leur souscription, et se rembourseront à l'aide des cotes mobilière et personnelle. Les départements couvriront les souscriptions communales de leur aval de garantie et les transforme- ront ainsi en valeurs immédiatement exportables. Telle est l'idée, finan- cièrement et économiquement si neuve et si ingénieuse, qui nous a semblé devoir intéresser nos lecteurs. Charles Boissat.

(1) Voici la formule : x somme proportionnelle totale à verser réellement;

a somme proportionnelle totale lonsorite $ 6 montant delà souscription fixe; e somme totale h payer (= 8 000 000 000 de francs.) s à *f* x àb

a """ c * "" * c a* La proportion en centièmes pour chaque souscription à verser réellement sera

""= 7^* •* appelant ** oe taux */•> on a a* se et en remplaçant x par sa a îoo a

1006 1006

valeur, il vient **= et en remplaçant o paria valeur! s9 se

* 3000000 000— a.

1

VARIÉTÉS

Cette notice prend beaucoup de place, maïs elle est un hommage rendu à une noble et grande création ; nous avons voulu honorer à la fois et le fondateur Stevens et l'habile exécuteur de ses volontés , M. Henry Morton. F. Moigno.

Notice mur l'Institut technologique Steven», à Hoboinem. (Wew-JTeraey.) -r- (Extrait par M. J.-B. Viollet.) Aux Etats-Unis les grandes œuvres scientifiques trouvent si facile- ment le plus puissant et le plus libéral appui, il vient d'être fondé, en exécution d'une clause du testament de M. Edwin A. Stevens, Esq., un établissement très-important d'enseignement, dont la création ne peut manquer d'exercer une influence considérable sur l'avenir et le bien-être de cet Etat. L'application des sciences à la pratique des arts sera, en effet, désormais un des principaux éléments de la puissance et de la richesse des nations.

La description que nous allons donner est extraite d'une brochure récente, publiée par M. le professeur Henry Morton, président de la Faculté, qui dirige la belle institution de M. Stevens.

Le généreux fondateur, par son acte de dernière volonté du 15 avril 1867, a chargé ses exécuteurs testamentaires de consacrer un terrain de 129m,50 fftxr 60m,09, et une somme de 3 510 0Û0 fr. à la fondation, à Hoboken (New-Jersey), d'une institution destinée à étendre l'in- struction parmi les jeunes habitants de l'Etat de New-Jersey. Cette instruction ne doit être ni entièrement gratuite ni totalement à la charge dfes élèves auxquels elle sera dispensée ; mais la proportion , pour chaque étudiant, sera déterminée par le conseil d'administration. Les exécuteurs testamentaires, considérant que les aspirations de M. Stevens ont toujours été dirigées vers le développement des arts mécaniques, se sont décidés à faire de l'établissement scientifique projeté une grande école de mécanique appliquée, et ont obtenu de la législature de l'État de New-Jersey un acte qui a constitué cette insti- tution et lui a conféré le pouvoir de délivrer les diplômes des degrés ordinaires d'une école de technologie.

Plan de la nouvelle école. En mémoire de son généreux fon- dateur, on a donné à l'établissement le nom d'Institut technologique Stevens.

On se propose d'y développer le plan d'instruction le plus propre à rendre des jeunes gens intelligents capables d'occuper les positions les plus élevées dans le génie mécanique et dans les recherches scienti- fiques, d'où les arts pratiques reçoivent des secours inappréciables.

On a dtac résolu :

44

490 LES MONDES.

D'y professer un cours complet de mathématiques assez développé pour servir utilement à toutes les études de la pratique, mais non aux recherches absolument spéculatives de la science pure.

2* De donner un cours complet de physique pratique, au moyen de laboratoires dans lesquels les étudiants pourront faire par eux-mêmes des recherches expérimentales sur les lois de la naturç, qui se rap- portent aux sujets de leurs études.

La mécanique, dans ses rapports avec la théorie et la pratiqua de la construction des machines, formera une division distincte, confiée à un professeur spécial.

Il en sera de même du dessin des machines et de la géométrie descriptive, dont l'étude recevra une large part dans la distribution du temps.

On enseignera complètement aussi la chimie et la métallurgie dans des laboratoires complets, possédant tous les nouveaux appareils de recherches.

L'extraction et le travail des métaux utiles feront partie de cette division, et seront étudiés pratiquement dans une série de fourneaux métallurgiques, construits dans cette vue.

Les langues française et allemande formeront des parties essen- tielles de l'instruction. V On y comprendra aussi une division des belles-lettres. Description de l'édifice. La planche ï représente les façades méridionale et occidentale de l'édifice, et la planche \l en fait voir le côté du nord-est. La longueur entière est de 54m,86, et la profondeur du principal corps de bâtiment est de 43m,44. L'aile occidentale a 48m,29 de profondeur et 9m,14 de largeur. La grande salle des séances a 24«,38 de longueur et 15m24 de largeur.

Le principal bâtiment et l'aile occidentale ont un rez-de-chaussée et trois étages, tandis que la grande salle n'a qu'un étage. L'étendue de la surface bâtie occupe 37 ares 76 centiaresi

Nous ne pouvons mieux faire connaître la constitution de l'établis- sement et de son enseignement qu'en décrivant d'abord la distribution des différents étages.

Rez-de-chaussée. Le rez-de-chaussée contient trois pièces em- ployées à divers usages indiqués dans la planche III. . Sous le principal corps de bâtiment sont placées, dans une vaste salle, deux chaudières à vapeur B', de 35 chevaux chacune, destinées à chauffer l'édifice et à fournir de la vapeur pour le mouvement des machines. Dans ce local, se trouvent aussi les divers fourneaux mé- tallurgiques.

ILES MONDES.

LES Ml NDBS.

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494 LÉS MOÀDÊ&

Deux petites pièces servent de magasins pour le combustible ; une autre e*t disposée pour le travail des glaces avec l'émeri ; enfin une quatrième B est munie de batteries galvaniques, telles que celles qui agissent sur les cloches des portes, sur les gongs, indiquant les heures des cours, et sur un télégraphe local, dont les fils se rendent à l'ap- partement du président en passant devant l'édifice*. Cette pièce ren- ferme aussi une très-puissante batterie dont les fils conducteurs sbnt disposés à demeure dans les diverses pièces se donnent les leçons.

Dans la plus grande pièce, on trouve d'abord une nftchine à va- peur E', et un assortiment de machines-outils, entre autres un tour à fileter les vis, une machine à planer et à terminer les engrenages, ainsi qu'un dynamomètre à transmission.

En 0 et H Bont deux gazomètres remplis, l'un d'oxygène, l'autre d'hydrogène, contenant chacun 2m%83 de ces gaz sou* la pression de 0 kil. 052 au centim. carré. Des tuyaux conduisent ces gaz dans la salle des séances. En 6 se trouve un petit fourneau pour la fabrica- tion de l'oxygène, et en W sont des établis pour les travaux manuels.

Voici la traduction de la légende anglaise de la planche III, dont nous devons le cliché, ainsi que celui des autres planches de cette description, à L'obligeance de M. H. Morton, président de l'Institut Stevens.

B', chaudières de 70 chevaux de puissance;

B, emplacement de la batterie voltaîque;

C, cabinets;

C', fourneau pour les creusets;

E, E, entrées;

E', machine à vapeur de 25 chevaux ;

F, forge;

F', établi pour les limeurs ;

G', fourneau pour la préparation du gaz oxygène ;

H, gazomètre pour l'hydrogène;

L, élévateur;

L', tour à fileter les vis ;

M, machine à moleter;

M', machine magnéto-électrique pour l'éclairage électrique;

0, gazomètre pour l'oxygène ;

P, machine à planer;

R, fourneau à réverbère ;

S, cuvette avec descente d'eau

V, tuyaux de ventilation ;

LES MONDES. 195

W, place pour les lavages ;

W, établis, pour les travaux de charpenterie

Assay rooms, laboratoires des essais ;

€aal, magasins de charbon ;

Janitor's roowi, logement du concierge.

Premier étage*

NM. En partant du côté occidental de l'aile de l'édifice, nous trou- vons (planches IV et V), le laboratoire de chimie, muni de tables, d'eau, .de gaz, de bains de sable, d'étuves et de pompes à filtres, comme à l'ordinaire.

2. Salle des pesées, possédant un assortiment de belles balances de précision.

3. Bibliothèque et salle des modèles, divisées en dix enfonce- ments contenant des cages en verre pour les^rands modèles et pour les instruments. Au milieu se trouvent des tables pour la lecture.

4. Bureau du président de l'Institut. '

5. Salon de réception.

N. 6. Salle des séances et des leçons, contenant une estrade (dé- signée par le mot stage), munie d'eau, de gaz, de vapeur, de conduc- teurs des batteries galvaniques, de moyens très- puissants d'éclairage par l'oxygène, la chaux, l'électricité, pouvant servir aux démonstra- tions générales, et aux diverses exigences des expériences.

7. Petite pièce d'attente, communiquant avec la salle de lecture.

N* 8. Magasin pour le service de la salle des séances et le labora- toire de physique.

N. 9. Laboratoire de physique, divisé en dix compartiments affectés chacun à quelque sujet de recherches spéciales, telles que : la phy- sique moléculaire; les lois générales de la statique et de la dyna- mique ; rhydrostaticjpe et l'hydrodynamique ; la pneumatique ; les lois générales de la chaleur ; les relations entre la chaleur et la vapeur ; les mesures électriques; le magnétisme ; les sources de l'électricité ; 40° la lumière. Les autres parties du laboratoire de physique ont été placées dans des pièces différentes.

Légende complémentaire de la planche IV. C, cabinet; L, élévateur;

0, H, becs pour l'oxygène et l'hydrogène ; S, cuvette et descente d'eaux; Y, tuyaux de ventilation ; W, bassins pour les lavages.

LES MONDES.

i$ LÉS fiîotfDÊi

Deuxième étage.

A l'extrémité occidentale de ce deuxième étage, est placé l'amphi- théâtre^ dp chimie, n* 10, pi. V, muni d'une table pour lés démonstra- tions, d'une cuve pneutnkto-chimiquet, d'une auge pour les lavages, et d'un compartiment en glace, d'où un tuyau, exerçant un tirage, en- traîne en bas les vapeurs nuisibles. Sur cette table se, trouve aussi un réservoir, un aspirateur de Bunsen, au moyen de la tension ré- sultant du vide formé, appelle de l'oxygène, de l'hydrogène, de l'air ou de la vapeur. Il y a aussi une pile galvanique; A cjÔ4é de> cette salle de cours se trouve une petite pièce servant de magasin, û* |0* accom- pagnée de cabinets pour les grands appareils nécessaires dans les ex- périences de chimie.

Dans le principal corps de bâtiment, on trouve ensuite le tf.ll, consacré aux études mathématiques et meublé de pupitres, de tableaux noirs, etc<

Le n* 12, consacré à la mécanique appliquée, contient des tables à dessiner, des boites pour les modèles et des tableaux noirs. , 14 n* 13 est le cabinet particulier du professeur de mécanique Appliquée. , ;

. Le 14 est garni d'armoires qui contiennent;^ instruments d'opti- que, consistant d'abord en une collection complète de beaux appareils d'optique,' construits par M. Baqker, de Philadelphie, collection que M. l'abbé Moiggo a dit être la plus brillante et la plus nombreuse qui existât dans le monde (voyez le Cosmos de 1859, 557) ; elle a encore été augmentée depuis d'un grand nombre de nouveaux instruments.

15. Cabinet particulier d'éjUide pour le professeur de physique.

16. Salle de cours po^r la division de la physique. On y voit une table â expériences, un bassin, une cuve pneumatique et les appareils usités pour le gaz ordinaire, l'oxygène, l'hydrogène, la vapeur, le vide, la pression, l'air comprimé. II s'y trouve aussi une batterie galr vanique. Dans cette pièce, les sièges sont disposés en amphithéâtre. Il y existe aussi, pour les expériences d'optique et ppur les projec- tions, un écran qui peut être disposé derrière la table, et abaissé en face des appareils d'optique.

Le 17 est une pièce adjacente, garnie de vastes eages pour les grands appareils; elle communique, au -moyen d'un élévateur spé- cial, avec le laboratoire de physique, situé au-dessous, au 9 du premier étage»

Le n9 18 est encore une salle de cours, disposée comme la précé-

LES ifôtt& 19»

dénie, et employée par le président de l'Institut pour ses leçons

mécanique et pour ses recherches personnelles

M-ar 4i^u»^^iec annexé à la salle qui précède; ïï con-

tieft un tour et un émbli pour la lime.

z- k ,■'■''. *, Légenêe complémentaire (te la planche V.

Ç anqpii^s p<&& $»< appareils, etc.; $, étuve Jjjour les évaporations ;

b, éléWrtellWÇ

d, H, bfecg pour rpxygène et lTrydrogène ;

F, fr, passages et {forte-manteau* ;

5, cuvette^ descentes d'eaux ou cuves pneumatiques ;

% faBç ptiàir lés (Jéiponstfations ;

% tuyaUxjie ventUation;

^, Âgés pour les Svage*.

Troisième étage.

Nous commençons encore pair l'extrémité de l'aile occidentale, plaôche VI. fi* 20. Laboratoire à l'usage personnel du professeur de chimie.

21. Cabinet d'étude et bibliothèque de ce professeur.

22. Cabinet de minéralogie, disposé pour l'examen des nouveaux

spécimens.

23. Place ppiir le lavage des appateils. Ï4-25-&. S^llëô pour l'étude du dessin.

|7. Escalier de la tour. Salle consacrée aux belles-lettres.

28: Pièce des mesures électrique», munie d'une cojlectioû com- plète des appareils les plus délicats, construits par MM. Elliot et Bros, de Londres. . ,

29." Etude de la photographie, avec cabinet noir, appareils à laver, etc. <

3(K' Photométrie et collection complète d'instruments, parM.Sugq, de Londres.

31. Etude des langues.

32." Atelier de MM. Hawkinfc et Wale.

La pièce de la tour constitue un quatrième étage et a été consacrée aux expériences sur l'acoustique. * * *

Cours d'instruction. Le cours complet doit employer quatre an- nées, divisées chacune en trois sections et suivies d'environ trois mois de vacances.

LES MONDES Ml

Mathématique*. Première année. Algèbre , commençant aux équations du deuxième degré, et comprenant les matières traitées dans les ouvrages élémentaires ordinaires, tels que l'édition de l'algèbre de B ou ni on, publiée par M. DavieSr- Géométrie, commençant au quatrième livre de la Géométrie de Legendre, publiée ausBi par M. Davies, et comprenant le huitième livre. Trigonométrie plane.

Deuxième année. Trigonométrie sphérique ; Géométrie descriptive ; Géométrie analytique, jusqu'à la discussion de la ligne droite et du plan.

Troisième année. Fin de la Géométrie analytique; calcul différentiel.

Quatrième année. Calcul intégral. Application des mathématiques à la mécanique théorique. On y traitera notamment les applications idéales des forces, au point de vue statique et au point de vue dynami- que, et les résultats des applications des forces, sort en équilibre, soit en mouvement. Des ouvrages tels que la Mécanique analytique de Bartlett peuvent donner l'idée du programme suivi pendant celte année.

Génie mécanique. A la fin de la deuxième année, les élèves seront suffisamment préparés à l'étude du Génie mécanique, qui occupera deux ans.

Ce cours commencera par des leçons sur la nature des matériaux employés pour la construction, l'établissement et la mise en activité des machines, sur les moyens de les disposer à fonctionner, mais on réservera pour le cours de Chimie technique les détails qui concer- neront ce dernier cours. On fera connaître les usages spéciaux de chaque matière, les moyens d'en essayer la qualité et de la conserver, et les principes de l'application des outils. Cette dernière partie sera démontrée dans les ateliers de l'Institution.

On professera aussi un cours sur la résistance des matériaux, et Ton en fera l'application aux problèmes que présentent les opérations journalières de la pratique.

On discutera, avec une attention spéciale, les résultats des expé- riences faites pour le gouvernement des Etats-Unis, sur le fer et l'acier américains.

Pour les démonstrations de cette partie du cours, on mettra sous les yeux des élèves des échantillons des divers matériaux et de leurs qua- lités ; on en fera connaître la préparation et les formes de plus grande résistance; et l'on insistera sur tout ce qui concerne cette importante partie des constructions mécaniques, en recourant à des échantillons, des modèles et des dessins. : > <

fttt LES MONDES,

On continuera en étudiant, par des Uvre«é\ément^ *| g^^pns, 4a théorie des machines, ? L'usas? des outils, le dfl*W 4ft PtâÛNft # des mécanismes, et en «gant soin d'appeler l!|ttsptim au* fyi cogi- tions introduites dans le» .questions par les d inculte* <^e )* fcflgfc q>p modèles, du moulage, de l'ajustage et du levage.

Enfin, une série de leçwis relatives aux premiers moteurs accom- pagnera L'étude du texte, et comprendra celle de J& JaflBM4v>*.des projets et des devis des machinas hydrauliques, d'iipimt Çt 4? manu- factures. La machine à vapeur fait aussi l'objet d'une étude particu- lière et convenablement étendue, cpmprçnqLnt ips pe^ct^Mj^emenis les meilleurs et les plus récents.

Le cours se terminera par uue thèse l^tudijml fera connaître, sep pcogrès, en traçant et en décrivant la construction ci la iflise çncçuvTf d'une machine, ou en faiçaqt le plan et le devis pVun é^blissprçcn.t manufacturier.

Les minutes de ces documents seront conserva pv: lty^iWWÇR1 et déposées parmi les manuscrits de sa bibliothèque.

Cette bibliothèque facilitera l'instruction par un bon choix d'ouvra- ges techniques, et par l'usage d'un grand. nojDibx;^ cl^^s^ ^ de

ipodfcles.

Parmi ces derniers, on peut signaler une collection d'éléments, t\ç machine?, tels que de? caipes, (le», engrenages, dçq manivelle, ei des machines simples, comme des poropçs, de$ treujls, oty pouiies, de$ moulins à vent, etc.

On a L'intention de rendre très-complète la collection hisjpriquç des modèles relatifs aux machines à vapeur, à partir la, machine 4e péron (250 aus avant l'ère chrétienne) jusqu'au* dispppMion* les plus réceqtes, et d'y comprendre les modèles utiles de coupes.

Un atelier muni d'outils, manuels et de machines^outils familiari- sera tes élèves avec les détails du travail pratique.

Dessin des machines. Voici les divisions générales du cours :

Première année. On enseignera l'usage, des instrumente graphiques, du lavis, de L'encre de Chine, et La construction soignée des d^ggarfupfô, relatifs aux problèmes de géométrie, de trigonométrtë e.f de gftwétrie cjwrijptivp. qeuxiçme année. Projections diverses, ombrfia et perspective» Troisième année. Application de la géométrie descriptive aux tracés de* ouvrages de maçonnerie, de duppentene, aide eenttractioa dap machines. Tracé des épures d'exécution. . •.<

LES MONDES. m

« 1 1.»

Quatrième année, pessip de machines, de plans et de constructions telles que celles des moulins, des manufactures, etc.

Pour faciliter l'exécution de cette partie du programme, on a de- mandé une collection nombreuse de modèles partiels de machines, en- tre autres la collection de modèles en bois de M. Schrë 1er, àDarmstaçU, et Ton rassemble, dès â présent, beaucoup de plans imprimés ou ma- nuscrits. i

langues étrangères. Cette division comprendra des cours com- plets de français et d'allemand, afin que les élèves puissent profiter des nombreux documents exprimés en ces deux langues.

Physique. Cette division sera pourvue de toutes les ressources propres à instruire les élèves des propriétés générales de la matière et des lois des forces, à les familiariser avec l'usage des divers instru- ments, et avec les méthodes précision dans les recherches, ^

Pendant la première et la deuxième année, les étudiants seront ins- truits par des leçons accompagnées d'expériences, par des interroga- tions et par des livres élémentaires, sur les principes fondamentaux (le la mécanique moléculaire, des mouvements vibratoires, de Vacousti- qrue, de la chaleur, de la lumière et de l'électricité.

Lorsqu'ils seront aipsji suffisamment préparés, on leu.r fera exécuter, sous ^a direction de leur professeur, dçs expériences variées relatives à la direction générale de leurs études.

Pendant la troisième et quatrième année, les travaux dans le labo- ratoire, ainsi que des leçons accidentelles sur les déterminations et les méthodes les plus exactes et les plue difficiles, formeront le complé- ment du 'cours de 'physique.

Ces travaux du laboratoire de physique constitueront une des parties les plus importantes du cours complet d'études ; d'abord, en impri- mant une conaissance précise et ineffaçable des lois et des faitd étudiés, puis en instruisant les mains aussi bien que l'esprit; enfin, en familia- risant les jeunes gens avec les méthodes qui peuvent faire déeoùVrir de nouveaux faits, et en les mettant constamment aux prises avec éè nouveaux problèmes.

L'immense collection d'instruments qui a été acquise par l'établisse- ment çt qui s'augmente continuellement offre aux étudiants des res- sources qu'ils ne trouveraient nulle part ailleurs.

Pour leur faciliter lçs travaux du laboratoire, le professeur indique à gran/^p traits la marche à suivre dans les expériences ejt l'emploi des instrumenta, en se servant de figures dont les renvois correspondent à d'autres renvois semblables gravés ou collés sur les instrumente! Oa

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'*

204 LES MONBES.

exposera soigneusement les méthodes propres à faire déduire des ré- sultats des expériences des valeurs numériques les plus exactes, ou à exprimer graphiquement les résultats.

Les avantages d'un semblable cours d'instruction ont été depuis longtemps appréciés par les plus éminents investigateurs, et nous pou- vons nous appuyer sur les vues exposées avec ce style clair et incisif qui constitue le caractère de son esprit, par M. la professeur Tyndall, dans ses Fragments of Scieries, (Londres, 1871). Tout en acceptant, à beaucoup d'égards, les lumières des autres hommes, par la voie de la parole ou par celle des livres, celui qui étudie la nature dans une di- rection quelconque doit toucher réellement les objets de ses recher- ches. Autrement, il pourra bien contribuer à la diffusion de la science, mais il ne sera 'pas créateur, et il n'atteindra pas cette vivacité de pensée et cette rectitude de jugement que donne le contact direct et habituel des vérités de la nature.

La moitié de nos auteurs décrivent des expériences qu'ils n'ont pas aites; aussi leurs explications manquent-elles souvent de netteté et d'exactitude. Peu importe qu'ils soient habiles ou consciencieux, parce que leurs paroles écrites ne peuvent tenir lieu d'observations réelles.

Il est à propos de dire que les facilités présentées par les labora- toires de l'Institut pourront être étendues aux étudiants avancés qui désireront s'en servir pour leurs propres recherches, à des conditions qui seront fixées dans chaque cas spécial.

Division de la Chimie. Première année. Leçons sur la physique chimique et la chimie des corps non métalliques.

Deuxième année. Leçons sur la chimie des métaux et des substances organiques; exercices de laboratoire, usage du chalumeau et du spec- troscope, analyse qualitative.

Troisième année. Cristallographie, minéralogie; expériences de laboratoire sur l'analyse qualitative et détermination des minéraux.

Quatrième année. Leçons sur la métallurgie, la géologie, l'extrac- tion du minerais, l'analyse quantitative, etc.; exercices de laboratoire sur la métallurgie, la coupellation et l'essai des métaux.

Division des Belles-Lettres. Les sujets traités dans cette division seront compris dans les chapitres généraux de la rhétorique; langue anglaise, littérature anglaise et histoire.

Pendant la première année, on B'occupera de la rhétorique.

Durant la deuxième, l'enseignement portera sur la langue anglaise: on en fera connaître les origines, l'histoire, le vocabulaire et les syno- nymes.

LES MONDES. 203

La troisième sera consacrée à la littérature anglaise. La quatrième le sera à l'histoire ; d'abord à l'histoire universelle ; puis à celle d'une époque déterminée, et enfin à la philosophie de l'histoire.

Ces sujets seront enseignés au moyen d'ouvrages élémentaires. Pendant tout le cours, on exigera des résumés qui rassembleront et éclairciront les différents sujets traités. On préparera aussi des dis- cours publics, originaux ou bien choisis, pour servir d'exercices pra- tiques d'élocution et de déclamation.

Conditions d'admission. Les candidats, pour être admis au cours de la première année, devront avoir au moins seize ans, et soutenir un examen satisfaisant sur l'arithmétique, l'algèbre jusqu'aux équations du deuxième degré, et les quatre premiers livres de la géométrie de Legendre, publiés par Davies.

Ils devront aussi posséder une connaissance suffisante du français et de l'allemand. Ces deux langues pourront cependant être suppléés par une instruction équivalente en latin et en grec.

Les candidats à l'admission dans les cours des années suivantes de-' vront en outre soutenir un examen satisfaisant sur toutes les études traitées dans les années antérieures à celle ils voudront entrer.

Les étudiants avancés et les savants qui désireront se servir des ap- pareils et des autres moyens de recherches de l'Institut Stevens pourront prendre des arrangements avec le Président.

Examens. Les examens, pour chaque division, devront avoir lieu en public, à la fin de chacune des périodes d'études, et la prise des degrés sera précédée d'un autre examen spécial, également public. Il en sera de même pour le passage d'une classe inférieure à une classe plus élevée.

L'Institut confère les degrés d'ingénieur-mécanicien et de docteur en philosophie, mais seulement dans le cas les examens ont démontré l'instruction complète du candidat.

Cours publics. Outre l'enseignement donné comme il vient d'être dit, l'Institut fera professer dans sa grande salle une série de leçons du soir, en faveur non-seulement des élèves, mais encore du public qui y sera admis sur billets payants. Ces leçons constitueront plusieurs cours hebdomadaires, et occuperont l'automne, l'hiver et le printemps. Elles formeront deux classes, la première, populaire, traitant très-élémentairement des sujets d'un intérêt général pour le public ordinaire; la seconde, professée par des hommes versés dans les questions qui peuvent être utiles principalement aux ingénieurs et aux savants,

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206

LES MONDES

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉÀ5CE DU LUNDI 8 JANVIER 1 872 (Fin.).

Note stsr texùtenee de P amidon dans les testicules, par M. 0. Dareste. a Toutes les foib que j'ai étudié au microscope, et en me servant de la lumière polarisée, les cellules qui tapissent la paroi in- terne des canaux séminifères, en dehors de l'époque de la reproduc- tion, j'ai toujours constaté, dans l'intérieur des cellules, la présence d'une quantité considérable de granules sphériques ou ovoïdes, qui présentent les phénomènes optiques si caractéristiques de l'amidon, et qui se colorent en bleu, quoique très-lentement, par l'iode. Ces gra- nules amylacés sont extrêmement petits. Les plus gros que j'ai ren- contrés dans mes études mesuraient seulement 0mm,005. Ces grains d'amidon disparaissent lorsque les spermatozoïdes se produisent dans le* testicules* On ne les retrouve plus, ou du moins on n'en retrouve plus qu'un très-petit nombre, à l'époque de la reproduction. Il y a donc une relation manifeste entre la disparition de la matière amylacée et la formation des spermatozoïdes. J'ai également observé la présence de l'amidon animal dans les testicules d'animaux appartenant à d'autres classes, comme il existe dans les grains de pollen, et dans les vésicules qui accompagnent les anthérozoïdes des plantes cryptogames, et dont on doit la découverte à M. Roze. »

Sur Forme épineux des Chinois (Hemiptelea Davidii Planek.).f par M. J.-E. Planchon. « Découvert dans la Mongolie orientale par M. l'abbé Armand David, cet arbre, d'après le savant missionnaire, est appelé par les Chinois d'un nom qu'il traduit par «Orme épineux»; M. Hance, de son côté, l'a décrit, d'après les échantillons de M. Da- vid, sous le nom de Planera Davidii, auquel M. Planchan croit devoir substituer le nom de Hemiptelea Davidii (demi orme). »

Observations à propos de deux Notes de M. Cayrol sur le ter- rain inférieur de la Clape et des Corbière*, par M. H. Magnan. c M. Cayrol a cru que les couches à Orbitolines, Phcatula placunœa et Ostrea aquila reposent directement sur le terrain jurassique; que les calcaires à Caprotines n'apparaissent qu'à un seul niveau (entre deux zones à Orbitolines) ; que l'état du gault (albien) , qui est très- développé dans les Corbières, ainsi que jo l'ai prouvé, n'existe pas à la Clape.

En réalité, l'albieri, contrairement à l'opinion de cet observateur,

LES MONDES. 207

est représenté dans ce massif par des couches de grés qui contiennent \e Belemnites miîiimus'ei des fragments d'une lumachelle caractéristique de l'étage en question, grés dans lesquels ont été recueillis, près de Salles, la Trigonia Filtoni et non la Trigonia scabra, ainsi que certaines Ammonites voisines des A . Milktianus et splendens* »

Sur les types de transition parmi les météorites; par M. Stan. Meunier. Résumé. « Parmi les météorites, comme chez les roches terrestres, il est très-difficile de définir nettement les types lithologi- ques, fondus, pour ainsi dire, les uns dans les autres par des transi- tions insensibles. La conclusion qu'on en tire, d'une communauté de gisements des divers types ainsi relevés par des intermédiaires, est d'ailleurs fortement itayée par les expériences qui permettent de pas- ser artificiellement d'un type à un autre, en reproduisant, chemin faisant, certaines formes de passage qui viennent d'être citées. C'est ainsi qu'en chauffant soit de l'aumaLite, soit de la montréjite, on pro- duit, avant la tadjérite ou la stawoopolite, les types de transition dési- gnés sous les noms de butsurile et de chantonniU* »

Recherches chimiques sur un alun complexe, obtenu de l'eau thermo-minérale de la solfatare de Pouzzoles par M. S. de Luca. Il résulte de mes précédentes recherches, communiquées à l'Académie le 24 février 1870, que dans l'eau thermo-minérale de la solfatare de Pouzzoles il existe non-seulement de l'acide sulfurique libre, mais aussi plusieurs bases, lesquelles étant salifiées par l'acide sulfurique peuvent donner origine à un alun complexe, par la simple concentra- tion de ce liquide et la cristallisation lente. Dans les premiers mois de 4870, j'abandonnai à l'évaporation spontanée, dans un lieu tranquille, l'eau de la solfatare, placée dans une capsule en porcelaine, après l'avoir concentrée au dixième de son volume et soigneusement filtrée* La capsule fut couverte avec du papier non collé, pour éviter l'intro- duction dans l'eau de matières étrangères, ralentir l'évaporation et obtenir ainsi des cristaux nets et bien définis d'alun. Dans le mois de février 1871, c'est-à-dire après un an environ, on a trouvé au fond du liquide de la capsule des cristaux très-nets, dont la forme est celle de l'alun ordinaire, d'après M. Seacchi, professeur de minéralogie à l'U- niversité de cette ville.

La densité de ces cristaux d'alun, prise dans l'alcool, à la tempéra* ture de 47 degrés du thermomètre centigrade, a été trouvée de 4,774, celle de l'eau étant prise pour unité, dans les mêmes conditions de température. La détermination quantitative de ces diverses substances contenues dans les cristaux d'alun sus-mentionnés donnent les nom- bres suivants ;

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LES MONDES

Acide sulfurique . .

Alumine

Ammoniaque (Az H3 0) Peroxyde de fer . Sesquioxyde de fer . Chaux . . . . Magnésie . . . .

Potasse

Eau

Soude, manganèse et perte

36,74 6,70

10,82 0,97

MO 0,65 0,30 0,47 40,98 1,57

400,00

La quantité d'acide sulfurique est suffisante pour saturer les bases à l'état de protoxyde, ainsi que les sesquioxydes d'aluminium et de fer, constituant ainsi plusieurs sulfates qui produisent, par leur réunion, un alun complexe.

Sur Têlat des corps dans les dissolutions : sels de peroxyde de fer, par M. Berthelot. En résumé, l'acide fort prend la base forte de préférence, précisément comme avec les sels ammoniacaux, les sels de zinc, de cuivre, de plomb, etc. La force relative des acides est ici dé- finie par leurs déplacements réciproques, attestés par les variations positives ou négatives du thermomètre.

SÉANCE DU LUNDI 15 JANVIER 1872.

,:«M, le Président rappelle à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire, dans la personne de M. Combes, membre de la Section de mécanique, décédé à Paris le il janvier 1872. Les obsèques ont eu lieu samedi dernier, 13 janvier : M. le général Morin et M. Élie de Beaumont ont pris la parole au nom de l'Académie des sciences et au nom de l'École des Mines. »

Sur la combustion du carbone par l'oxygène ; par M. Dumas, c Dansdeux mémoires récemment communiqués à l'Académie, M. Du- brunfaut, à qui les applications de la chimie doivent trop de décou- vertes sérieuses et profitables pour qu'on ne puisse laisser ses opinions inaperçues, établit les quatre propositions suivantes : l'acide carbo- nique n'est pas décomposé par le carbone sans le concours de la vapeur d'eau ; le carbone n'est pas brûlé par l'oxygène sans l'inter- vention de cette même vapeur ; dans i mètre cube gaz, réputé pur et sec, il y a 5 grammes .d'eau, c'est-à-dire 5 milligrammes par litre ; 4* cette eau existe dans ces gaz supposés secs, sous une forme

*;.

LES MONDES. 309

que la science est impuissante à définir ; elle n'a pas de tension appré- ciable.

«Je laisse de côté, pour le moment, la première de ces propositions. J'examinerai plus tard ce qu'il faut penser de cette impossibilité, attri- buée au carbone, de décomposer l'acide carbonique sec à une haute température. Je veux seulement examiner aujourd'hui s'il est vrai que le charbon ne brûle dans l'oxygène, supposé sec, qu'avec le concours de l'eau. »

Après avoir énuméré tous les détails d'une expérience de combus- tion du graphite par l'oxygène sec, M. Dumas conclut ainsi :

«En tenant compte des circonstances de température et de pression, qui avaient varié pendant la durée de l'expérience de 9%6 à 6°,9 et de 0*,767 à0™,764, on peut voir qu'il avait été produit, en nombres ronds, 13 litres d'acide carbonique, représentant un volume égal d'oxygène, c'est-à-dire 13 litres.

En supposant, ce qui ne sera admis par aucun des chimistes ou des physiciens qui ont eu l'occasion d'effectuer de telles manipulations, que les tubes et les jointures n'eussent rien fourni au témoin B, les 0m,007 qu'il avait gagnés en poids ne pourraient pas représenter du moins l'eau existant, selon M. Dubrunfaut, dans ces 13 litres de gaz oxygène convertis en acide carbonique, et qu'il estime à 65 milli- grammes.

Si ce n'est pas que se trouvent ces 65 milligrammes d'eau cAan- geant d'état, ils auraient été arrêtés avec l'acide carbonique, au mo- ment de la condensation de ce gaz par la potasse. Le poids de celui-ci s'en serait trouvé augmenté de 65 milligrammes, qu'il faudrait sous- traire en conséquence du poids apparent de l'acide carbonique obtenu.

En cherchant, d'après le poids du graphite brûlé 7",0635, et de l'oxygène exigé pour sa combustion 18*r,8095, quel est le poids de l'équivalent du carbone, on trouve

6«%008,

c'est-à-dire l'équivalent qui résulte de toutes les expériences et de toutes les vérifications effectuées depuis trente ans, par l'étude des rap- ports du carbone à l'oxygène, ou par ceux du carbone avec les autres substances élémentaires. L'acide carbonique formé était donc sec.

Supposons, en effet, que les 65 milligrammes d'eau qui auraient été contenus dans les 13 litres de gaz absorbés aient été comptés comme acide carbonique, et qu'on réduise le poids de celui-ci d'une quantité égale, on aura obtenu seulement 25*r,808 d'acide carbonique, consti- tués par 7«t,0635 de graphite et 18*r,7445 d'oxygène. L'équivalent du

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Ai

210 LES MONDES

carbone remontera alors à

6,031 ,

chiffre incompatible avec toutes les expériences effectuées en vue de déterminer ce nombre, l'un des plus nécessaires à connaître exacte- ment parmi les données fondamentales de la chimie de précision. »

M. Chevreuil, après la lecture du mémoire de M. Dumas, de- mande la parole et s'exprime ainsi :

a Quel est le fondement de toute science du domaine de la philoso- phie naturelle? c'est la démonstration de ses propositions, qui seule donne le caractère positif propre à distinguer la science de l'hypothèse.

Quelle est la conséquence de la méthode ? c'est la liberté des re- cherches.

Mais cette liberté n'est point absolue, elle impose à celui qui en profite le devoir de démontrer ce qu'il croit erroné, et ne lui permet pas de jeter des doutes, sans les appuyer d'aucune preuve, sur ce qu'on admet généralement comme vrai.

Le doute sur un sujet du ressort de la science expérimentale ne doit être qu'un état passager dans l'esprit du savant qui l'a conçu ; son de- voir lui impose donc la tâche de rechercher s'il est fondé ou non ; car le doute permanent en toutes choses est la négation du progrès.

Avant de publier quoi que ce soit sur un sujet fondamental dont l'exactitude est reconnue du monde savant, tout homme sérieux, alliant le respect de sa personne à celui du public, doit avoir la certitude de l'erreur qu'il croit devoir relever. »— La leçon est digne, convenable, mais sévère.

Sur la mesure des températures très-èlevies et sur la tempi- ture du Soleil; par M. H. Sainte-Claire Deville. « En résumé, parler de températures excessives et de leur mesure, c'est admettre que les gaz sont indéfiniment dilatables ou compressibles par la chaleur, ce qui n'est pas démontré ; ou bien, ce qui l'est encore moins, qu'il n'y a pas de limite à la température produite par les combinaisons chimiques. Dans le doute, je conserve cette opinion fondée sur ma longue expé- rience des températures élevées, que les températures que nous pro- duisons et mesurons dans nos laboratoires ne sont pas beaucoup dé- passées dans la nature.

Parler de la surface du Soleil c'est supposer qu'il ressemble à un boulet rouge. Parler de la température à la surface de l'atmosphère solaire, c'est supposer qu'elle se termine brusquement par une couche incandescente. Enfin, calculer la température d'un point quelconque de la masse du Soleil avec des mesures photoraétriques, actinométriques

LES MONDES. 111

et autres, c'est négliger absolument l'influence de la couche, peut-être extrêmement étendue, de la matière solaire obscure qui, selon toute apparence, se superpose à la couche incandescente, et dont le rayon- nement vers la terre est ainsi négligé. Dans tous ces calculs, il ne peut donc être question que de quantités de chaleur émanées du Soleil tout entier et non de températures prises à sa surface.

Voici peut-être un moyen d'aborder la question. Les raies de l'hydro- gène qu'émettent certains points de la matière incandescente du Soleil sont déterminées par les observations astronomiques. MM. Franckland et Lockyer les ont retrouvées dans la flamme de l'hydrogène soumis à une certaine pression. On pourrait, par la méthode que j'ai déjà dé- crite, déterminer la température de combustion de l'hydrogène à cette même pression, et par suite la température et la pression des gaz dans les points de l'atmosphère solaire les raies de l'hydrogène ont été observées. Je crois, d'après mes premières appréciations, que cette température ne sera pas bien éloignée de 2500 ou 2800 degrés, nombres qui résultent des expériences de M. Bunsen et de celles que M. Debray et moi nous avons publiées depuis longtemps. »

M. Deville décrit en note un procédé d'expériences employé par lui et par M. Gernez, dans le but de s'assurer si la tension de la vapeur d'eau (complémentaire de la tension de dissociation) dans la flamme d'un chalumeau à gaz tonnant peut augmenter avec la pression exté- rieure, et avec elle la température du dard.

Dans une chambre cylindrique en fer, de 40 mètres cubes de capa- cité et dont les parois ont été essayées à 1 i atmosphères, nous avons établi tout un laboratoire d'expérimentation spéciale. Des pompes mues par une machine à vapeur y compriment l'air, après que nous y avons pénétré. Là, comme nous le ferions à l'air libre, nous détermi- nons, par des procédés déjà connus, l'état de la matière au moment elle se combine dans les flammes homogènes, et les températures qui s'y produisent.

Quand on prend quelques précautions indiquées par la pratique des appareils employés dans la construction des piles de pont, la compres- sion que l'on subit n'expose à aucun danger sérieux; la gène de la respiration disparaît elle-même au bout de quelque temps d'exercice, même quand on pousse la pression jusqu'à 2 7/10 atmosphères, comme cela m'est arrivé ; mais il ne faut faire les expériences que pendant l'été, à cause du refroidissement considérable manifesté pen- dant la décompression, qui seule impose des précautions à l'opérateur.

Nos expériences portent actuellement sur la flamme homogène d'oxyde de carbone et d'oxygène ; et je n'ai besoin de citer, pour le

tt* LES MONDES.

sujet que j'étudie aujourd'hui, qu'un seul point bien acquis : c'est que, à 1 7/40 atmosphère, le platine fond en étincelant avec un éclat et une facilité extrêmes, comme il ne le ferait pas dans l'air, et fond dans les parties élevées du dard, il rougirait seulement sous la pression ordinaire. La température de ces flammes augmente donc avec la pression qu'elles supportent ; par suite, les quantités de ma- tières qui se combinent sont plus grandes et la dissociation est moindre. M. Deville ajoute :

a On voit d'après cela que l'observation très-judicieuse faite par M. Vicaire, au siyet du nombre 2 800 degrés déterminé par M. Bun- sen, est vérifiée par l'expérience. M. Vicaire remarque en effet que la température de combustion de l'hydrogène doit être plus élevée dans l'eudiomètre de M. Bunsen que dans le four en chaux M. Debray et moi nous avons fondu le platine destiné à nos mesures thermomé- triques sous la pression ordinaire. Celle que l'eudiomètre de M. Bun- sen supporte varie de 1 à 10 atmosphères : par conséquent, la tempé- rature 2 800 degrés qu'il obtient doit être plus élevée que celle que nous avons fixée à 2 500 degrés environ. On sait d'ailleurs, par les expériences de M. Franckland, que l'éclat de la flamme de l'hydro- gène augmente considérablement avec la pression, de sorte que, pour des pressions de 20 atmosphères, cet éclat dépasse la lumière d'une bougie. Or quand on fait brûler dans un eudiomètre fermé du gaz ton- nant, l'intérieur de l'eudiomètre s'éclaire vivement, tandis que le cha- lumeau à gaz oxygène et hydrogène produit, à la pression ordinaire, une flamme presque invisible. Il y a donc dans l'expérience de M. Bunsen une cause de perte à laquelle il est difficile d'attribuer une valeur exacte : c'est le rayonnement calorifique. Cette perte est nulle dans le four en chaux, presque imperméable à la chaleur, nous fondons et surchauffons du platine pour en déterminer la température par des mesures calorimétriques. Notre four est en outre imperméable à la lumière et aux rayons chimiques, et je ne puis pressentir l'in- fluence que ces propriétés exercent sur le développement de la tempé- rature. Je crois en effet que, si l'on mesure la quantité de chaleur dégagée par une matière qui brûle avec éclat, on ne doit pas obtenir le même nombre en opérant dans un calorimètre opaque et athermane ou dans un calorimètre diathermane et transparent pour les rayons lumineux et chimiques. »

Variations séculaires des moyens mouvements du périgée et du nœud de la Lune ; par M. Delaunay. « J'ai fait connaître à l'Acadé- mie, en avril et en août 4839, le résultat de mes calculs sur les valeurs de l'équation séculaire de la Lune et des variations séculaires des

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LES MONDES. 213

moyens mouvements de son périgée et de son nœud. Des recherches supplémentaires, que j'ai entreprendre depuis sur les inégalités de la longitude de la Lune, m'ont permis de pousser l'approximation plus loin que je ne l'avais fait d'abord dans le calcul de l'équation séculaire, et aussi dans celui de la variation séculaire du mouvement du

périgée Je trouve définitivement que les coefficients de /', dans

les expressions des longitudes moyennes du périgée et du nœud de la Lune, sont respectivement égaux à

39",986, + 6»,778.

- Réflexions coneernant l'hétérogénèse, suggérées par les expériences et les opinions de quelques observateurs contemporains, par M. A. Tré- cul. Conclusions. La solution de l'important problènte débattu de- vant l'Académie est bien simplifiée, comme on le voit par ce qui pré- cède, puisqu'il ne s'agit plus que de décider les deux points essentiels qui suivent :

Que, suivant Mm» Lûders, partant d'un point établi par Gay- Lussac et par M. Pasteur, une solution organique albuminolde (du bouillon de bœuf, par exemple), suffisamment chauffée à 460 degrés, est envahie par des bactéries, quand on la place avec une matière orga- nisée, non chauffée, dans des vases pourvus à leur embouchure d'un tube recourbé, et disposés dans un bain entretenu à 30 ou 40 degrés, tandis que l'on n'obtient pas de bactéries dans les vases de contrôle qui ont reçu le même liquide suffisamment chauffé, et pas de matière organisée.

Mm* Lûders admettant l'existence de bactéries ou de germes bacté- riens tout formés dans toutes les matières organisées, il faut con- stater :

Que, suivant moi, il est facile de reconnaître dans maintes cir- constances, à l'aide de la macération, la transformation du latex ou des granules plasmatiques en Amylabacter ou Bactéries amylacées dans des cellules végétales fermées et à parois souvent fortement épaissies, comme celles des fibres du liber.

M. Balard fait la remarque suivante : a Les discussions sur la génération spontanée, qui ont été renouvelées dans le sein de l'Aca- démie par deux de mes savants confrères, M. Fremy d'abord, et M. Trécul ensuite, me semblent nous reporter en arrière de plus de huit années, et sans qu'il soit tenu un compte suffisant, à mon avis, des faits importants qui ont été, à cette époque, mis à l'abri de toute contestation. Il faudrait pourtant, ce me semble, se mettre d'abord d'accord sur ces faits avant de recommencer des débats, toujours utiles

2U LES MONDES.

d'ailleurs quand ils apportent pour la découverte de la vérité un nou- veau contingent de faits observés. » Puis il rappelle les principales ex- périences de M. Pasteur et fait ressortir leur portée.

M. Fremy tient à préciser nettement les points principaux qui le réparent de M. Pasteur.

... Il repousse complètement les théories de M. Pasteur, lorsque son confrère applique aux fermentations ses expériences relatives aux moisissures, et qu'il veut faire dériver les fermentations alcoolique, lactique, butyrique, etc., de germes de ferments qui existeraient dans l'air. »

« Il affirme qu'il n'existe aucune expérience rigoureuse démontrant d^ns l'air la présence de ces êtres invisibles et insaisisables que 31. Pasteur appelle les germes des ferments; et qu'en outre rien ne prouve que le6 fermentations soient en rapport avec le développement physiologique de leurs ferments. »

a II soutient que les ferments sont des agents que l'organisme crée selon les besoins, tantôt pour modifier des corps comme l'amidon, tantôt pour détruire des sucs ou des tissus organiques, et rendre leurs éléments à l'air; seulement, il admet que les ferments organisés, comme la levure de bière, sont de véritables cellules qui se produisent directement, sous l'influence de l'organisme même, comme toutes les cellules organisées, comme le pollen, comme les grains aleuriques, etc., sans dériver de germes atmosphériques : et cependant leur développe- ment exige, comme celui de la levure, le concours de l'air.

M. É. Blanchard s'étonne d'entendre encore aujourd'hui contes- ter que les œufs ou les germes d'une multitude d'organismes inférieurs soient répandus avec les poussières dont l'air ne cesse d'être chargé, surtout pendant la saison chaude. Cette dissémination, qui s'effectue d'une manière incessante, est facile à reconnaître au moyen des ob- servations et des expériences les plus simples ; elle a été reconnue et vraiment démontrée il y a deux ans.

Note relative aux travaux de M. Heis sur les étoiles filantes, par M. Faye. M. le docteur Heis a bien voulu confirmer par sa lettre de fin décembre dernier ce que j'ai dit à l'Académie au sujet des divers centres de radiation qui coexistent avec 7 du Lion, vers la mi- novembre. Le savant professeur de Munster fait remarquer que les centres d'émanation désignés par lui sous les signes A, C, D et R se vérifient chaque année, que M. Schmidt, directeur de l'Observatoire d'Athènes, en a pleinement confirmé l'existence par ses observations. Il est curieux de retrouver, dès 4837, dans nos Comptes rendus, un indice de l'existence du centre désigné par la lettre C(««»{50, J=-f-62#),

LES MONDES,

315

dans la constellation de Gassiopée. M. Heis y a noté, en effet [Compte* rendus, t. Y. p. 759), une observation de M. Danse, qui a compté, dans la nuit du 15 novembre, dix-sept météores divergeant de la con- stellation de Gassiopée ou des environs, dans le faible intervalle d'une minute et demie. Ces centres d'émanation de la mi-novembre se manifestent surtout lorsqu'on commence à observer à la nuit tom- bante.

M. le docteur Heis annonce en même temps l'apparition prochaine de son Uranométrie, comprenant les étoiles visibles à l'œil nu, dans le ciel boréal, jusqu'à la 6-7° grandeur. Ce travail, dont l'apparition coïncidera avec V Uranométrie du ciel austral, entreprise par M. Gould dans l'Amérique du sud, parait devoir être plus complet que les excel- lentes publications antérieures que nous possédons déjà sur le même sujet. Le même auteur doit publier très-prochainement d'importantes recherches sur la remarquable simultanéité des aurores boréales et australes.

M. H. Larrey fait hommage à l'Académie d'un exemplaire du discours qu'il a prononcé aux obsèques de M. Longet, le 7 décembre 1871, au nom de l'Académie de médecine.

Rapport sur différents mémoires de M, W* de FonvieUe, con* cernant des projets d'observations à effectuer dans des ascensions aéro- statiques. — La commission ne peut donc qu'engager M. W. de Fon- vielle à donner suite à ses projets, en lui recommandant de s'attacher d'abord à l'étude d'un petit nombre de questions bien définies, telles que la pression atmosphérique, la température de l'air, l'élévation de l'observateur, et à l'emploi de méthodes très-précises qui peuvent seules donner de la valeur aux résultats obtenus.

Équation du mouvement vibratoire d'une lame circulaire, par M. H. Résal.

M. J. Carvallo soumet au jugement de l'Académie trois nouveaux mémoires de mécanique rationnelle.

Démonstrations nouvelles du principe suivant: La répartition des forces élastiques s'exerçant entre deux surfaces de séparation, réelles ou idéales, a toujours lieu de manière que la somme des. mo- ments des volumes élémentaires de la déformation soit un minimum, ou que sa variation totale soit nulle.

Application de ce principe à l'équilibre d'une table qui repose sur quatre pieds et en général sur n pieds.

Discussion de la courbe remarquable parcourue par un mobile sur la surface intérieure d'un cône de révolution dont l'axe est verti- cal. Suivant que l'angle polaire d'uns demi-révolution est avec la

316 LES MONDES.

demi-circonférence dans un rapport entier, fractionnaire ou irration- nel, la projection de la courbe sur un plan horizontal forme un seul rayon à double courbure symétrique, ou une étoile formée de rayons à doubles courbure symétrique, dont le nombre dépend du dénomina- teur de la fraction, ou enfin une série indéfinie de ces rayons, tour- nant sans jamais revenir à leur position primitive.. i

M. T. Desmartis adresse une nouvelle note sur la contagion de la fièvre puerpérale, et sur remploi des préparations phéniquées comme spécifique contre cette maladie.

M. Nielsen adresse, de Copenhague, une note concernant un procédé industriel de conservation du sang et la préparation de divers aliments, tels que le chocolat, dans lesquels le sang peut entrer pour les 25 centièmes.

-~- Sur une propriété des focales des surfaces, par M. Maurice Lévy. Cette propriété est celle-ci : Une surface quelconque et sa focale se coupent à angles droits en tous leurs points d'interne* tien.

M. Levy énonce cet autre théorème : Pour que des surfaces quelconques en nombre infini puissent faire partie d'un système orthogonal, il eit nécessaire que le lieu de leurs ombilics les coupe toutes à angles droits.

Sur une communication récente de M. le général Didion\ con- cernant une expression du rapport de la circonférence au diamètre, par Catalan. Cette note a pour but de prouver que les formules de M. Didion sont loin d'être nouvelles.

Sur l'emploi des lames élastigues vibrantes pour la réalisa- tion d'un propulseur , à propos (Tune communication récente de M* de Tastes, par M. E. Ciotti. a M. deTastes, professeur à Tours, a communiqué à l'Académie, dans la séance du 41 décembre 4871, une note relative à l'emploi des lames élastiques vibrantes comme moyen de propulsion. Mes idées sur ce sujet sont bien anciennes, et je suis en mesure de démontrer que, depuis longtemps déjà, je suis parvenu à les réaliser pratiquement par des expériences nombreuses exécutées à Palerme, à Paris et à Tours.

Je peux d'ailleurs produire un document authentique qui ne laisse subsister aucun doute à cet égard, un brevet pris par moi, le 23 avril 1769, et portant le 85386.

« Mon système de propulsion consiste dans l'emploi d'une ou de plu- sieurs lames élastiques ou non élastiques, selon les cas, auxquelles, au moyen d'un moteur quelconque et d'un mécanisme convenable,

LES MONDES. 217

on donne un mouvement circulaire alternatif analogue au mouvement de la queue d'un poisson. »

Électrisation par frottement observée dans le sulfure de carbone, et décomposition de ce corps par la lumière. Note de M. Th. Sidot.

« En étudiant l'action que certains métaux exercent sur le sulfure de carbone pur sous l'influence de la lumière solaire, j'ai constaté que ceux-ci jouissaient d'une propriété physique très-remarquable, celle de s'électriser par le frottement avec le verre dans le sulfure de carbone. Ainsi, par exemple, le fer, l'argent, l'aluminium produisent des étin- celles électriques quand on les agite assez fortement dans un matras avec du sulfure de carbone pur. De ces trois métaux, celui qui s'électrise le mieux c'est l'argent; puis l'aluminium, ensuite le fer. Quant aux autres métaux, tels que le platine, le cuivre, le zinc, etc., ils ne paraissent point s'électriser. ou du moins je n'ai pu constater leur électrisation par l'agitation.

Pour bien faire l'expérience, on prend un matras d'essayeur en verre blanc épais et bien sec, dans lequel on met 15 à 20 grammes d'argent grenaille, et 30 à 40 grammes de sulfure de carbone pur : on ferme ensuite le matras avec un bon bouchon ; mieux vaut le fermer à la lampe. On le sèche en le chauffant légèrement, puis on l'agite pendant quelque temps dans l'obscurité, et presque aussitôt on voit jaillir des étincelles au sein du liquide. Ces étincelles augmentent en agitant plus longtemps et plus fortement le matras, au point de le rendre presque entièrement lumineux.

Si pendant que l'on opère cette électrisation du verre l'on vient à verser de l'eau sur le matras, immédiatement on voit toute lueur dis- paraître, mais pour reparaître si l'on continue l'agitation dans l'air. L'électricité dégagée sur le verre est positive ; en outre, j'ai observé que les étincelles se produisent dans la masse même du liquide. J'ai vérifié ce fait en remplissant un matras presque complètement de sulfure de carbone, qu'il m'a suffi de fermer avec un bouchon ; puis j'ai agité fortement afin de pouvoir vaincre la résistance du liquide qui s'oppose plus que l'air au mouvement du métal, et les étincelles ont été également très-abondantes.

J'indiquerai maintenant les résultats que j'ai obtenus relativement à l'action chimique exercée par la lumière sur le sulfure de carbone*

Il est déjà montré par l'expérience que le sulfure de carbone par- faitement pur, abandonné dans l'obscurité, soit seul, soit en présence de l'argent ou du mercure purs, ne s'altère plus ; il n'en sera plus de même si ce sulfure est exposé aux rayons solaires pendant plusieurs mois.

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218 LES MONDES.

En effet, je puis démontrer dès aujourd'hui, par une expérience de longue durée, que le sulfure de carbone pur et isolé, comme en présence d'un métal sulfurable, l'argent par exemple, se décompose sous l'influence de la lumière solaire, en donnant naissance à un gai particulier et à une matière solide rouge et floconneuse.

Je n'ai pas encore pu faire l'analyse de ces deux produits, l'expé* rience n'étant pas achevée, en raison de la saison qui ne permet pas d'avoir une intensité lumineuse suffisante à la marche des expériences ; mais aussitôt qu'elles seront terminées, j'aurai l'honneur d'en sou- mettre les résultats à l'Académie, ainsi que la description des appareils dans lesquels s'opère en ce moment cette décomposition. »

Sur la cause de la fermentation alcoolique par la levure de bière, et sur la formation de la leucine et de la tyrosine dans celte fer- mentation, par M. A. Béchamp.— a A mes yeux, la levure de bière et les autres ferments organisés sont des êtres réduits à l'état de cellule, dans lesquels s'accomplissent des phénomènes du même ordre que ceux qui se manifestent dans tin animal qui digère et se nourrit, dans une plante qui fleurit, dans un fruit qui mûrit. On ne peut donc pas dire que les ferments solubles soient des produits de décomposition. Ce sont des produits chimiques, doués d'activité chimique, sans doute, pv mais des produits de l'activité normale de ces êtres ou de ces organes,

ne se formant qu'en eux, et seulement en eux pendant qu'ils sont vivants.... x>

a La levure produit physiologiquement la leucine et la tyrosine, sans que l'on puisse attribuer leur formation à aucun phénomène de putré- faction ou à l'apparition d'un infusoire quelconque : c'est qu'est * tout l'intérêt de cette observation. Le rendement en est même si consi-

dérable, que c'est un bon moyen de préparation de ces beaux com- posés. Ainsi, avec 350 grammes de levure en pâte, représentant 84 grammes de matière sèche, j'ai obtenu plus de 5 grammes de leucine très-pure, et plus de 5 décigrammes de tyrosine superbe. Ces produits ne sont capables, ni séparément, ni réunis, de faire subir la fermenta- tion alcoolique au sucre de canne. La zymase et les acides seuls sont capables de l'intervertir, et si l'on a le soin de se mettre à l'abri des mycrozymas et de leur évolution par une filtration soignée et par une addition de créosote ou d'acide phénique à dose non coagulante, le sucre n'éprouve de la part d'aucun d'eux une transformation diffé- rente. La fermentation alcoolique n'est donc pas fonction des pro- duits variés que la levure engendre, mais, comme je l'ai dit ailleurs, elle est fonction de son organisation. Tant que l'on ne tiendra pas -^ " compte de la partie organisée de la levure et des mycrozymas qui la.

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LES MONDES. 219

constituent et qu'elle contient, on ne coitprendra rien à la formation de tous ces produits. L'organisation de la levure et la propriété dé- pendant de cette organisation, que rien n'empêche de considérer comme étant d'ordre chimique, quand il s'agit des phénomènes de nutrition ou de fermentation, est le fait capital, ainsi que Cagniard- Latour l'avait vu, que Turpin et M. Dumas l'ont su si bien com- prendre : a Ce vieux sentier i n'est pas sans but, et il est le seul fécond.... »

«J'ajoute, en finissant, et pour prendre date, que, dans toute fer- mentation alcoolique par la levure de bière, celle-ci sécrète de l'acide phosphorique, et que parmi les produits fixes de cette fermentation, il m'est arrivé, quatre fois sur cinq, de trouver de la leucine et de la tvrosine.

Sur la transformation du phénol en alcaloïdes, par MM. L. Du- sart et Ch. Bardy. Dans un matras de verre résistant, nous plaçons un mélange de 150 grammes de phénol, 50 grammes de chlorhydrate d'ammoniaque et 25 d'acide chlorhydrique fumant ; après la ferme- ture à la lampe, il est placé dans un autoclave, dont le fond est recou- vert d'une couche de phénol de 4 à 5 centimètres, afin que sa vapeur puisse contrebalancer en partie la pression intérieure du vase de verre. Le tout est plongé complètement dans un bain d'huile dont la tempé- rature est maintenue, pendant trente heures, de 310 à 320 degrés. A l'ouverture de l'appareil, on constate que le liquide n'a pas changé sensiblement de couleur, et qu'il ne s'est formé aucun gaz ; le liquide est jeté sur un entonnoir pour séparer le sel ammoniac, puis addi- tionné d'un excès de potasse caustique en solution dans l'eau et sou- mis à la distillation. Le produit de cette opération, agité avec de l'a- cide chlorhydrique, fournit deux couches : l'une, huileuse, est formée de chlorure de phényle ; l'autre, aqueuse, renferme la phénylamine. Le résidu de la cornue est, après refroidissement, jeté sur un filtre qui retient une substance blanche, cristalline, c'est de la diphénylamine presque pure. De ces trois substances, la diphénylamine est la plus abondante ; la phénylamine est, au contraire, toujours en faible quantité.

Quant au mécanisme de cette réaction, la composition des produits qu'elle fournit peut nous en donner la clef : sous l'influence de l'a- cide chlorhydrique fumant, le phénol produit du chlorure de phényle, et c'est ce corps qui, en réagissant sur le chlorhydrate d'ammoniaque, donne la phénylamine. Aussitôt après sa formation, cet alcaloïde se décompose sous l'action d'une nouvelle quantité de chlorure de phé- nyle en donnant la diphénylamine. Or, nous avons montré précédem- ment qu'à 250 degrés cet alcaloïde prend naissance dans les même» conditions ; à 300 degrés sa production doit donc être instantanée,

240 LES MONDES.!

Sur la fécondation des éfrevisses, par M. S. Chantran. Quand vient le moment de la ponte, la femelle se lève. sur ses pattes,- et alors ses appendices abdominaux sécrètent pendant quelques heures un mucus grisâtre assez visqueux, puis elle se couche sur le dos, recourbe, sa queue vers l'ouverture des oviductes, de manière à former une sorte de cuvette ou chambre, déjà signalée par Lereboullet, dans la- quelle, pendant la nuit suivante,-les œufs sont recueillis au :fur et à mesure qu'ils sont expulsés des organes génitaux. D'une femelle à l'autre cette expulsion dure de une à quelques heures. Ces œufs, qui sont toujours tournés de manière à présenter leur tache blanchâtre ou- cicatricule en haut, comme pour recevoir plus facilement l'influence de la fécondation, se trouvent ainsi plongés dans le mucus grisâtre qui relie en quelque sorte les fausses pattes, les bords et l'extrémité de la. queue au thorax et qui concourt à limiter la poche pu chambre. dont il vient d'être question, chambre dans laquelle se trouve renfermée, avec les œufs et le mucus, une certaine quantité d'eau. Immédiate- ment après la ponte, on constate dans ce mucus et dans cette eau la . présence de spermatozoïdes tout à fait semblables à ceux qui sont con- tenus dans les spermatophores attachés au plastron et qui en pro- viennent. Ces spermatozoïdes sont ainsi en contact direct avec les œufs et au sein du véhicule qui en facilite la pénétration; La fécondation s'accomplit donc dans cette chambre, c'est-à-dire en dehors des or- ganes génitaux de la femelle.

Les spermatophores attachés au thorax sont sous forme de cellules aplaties avec cinq à sept cils rigides immobiles parlant de leur con- tour et avec une saillie en forme de baril vers leur milieu. Pendant les deux premiers jours qui suivent la ponte, ces spermatozoïdes, très- abondants autour des œufs et dans le mucus, deviennent sphériques, pâles et restent immobiles ; les jours suivants, ils se flétrissent et de- viennent aussi plus petits, plus foncés et irréguliers. Enfin, quand après la fixation des œufs l'excédant de mucus a complètement disparu par suite de la pression exercée par les contractions incessantes de l'abdomen, ce qui a lieu dans une période variable de huit à dix jours après la ponte, ceux des spermatophores qui restent encore attachés au plastron sont formés de petits filaments blancs, coriaces, isolés ou dont plusieurs adhèrent ensemble ; ils ne montrent plus qu'une cavité , centrale dans laquelle le microscope ne décèle que quelques sperma- tozoïdes plus ou moins flétris. La paroi de ces spermatophores con- serve son épaisseur et reste comme auparavant composée d'un mucus concret, strié, tenace.

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P1RIS, TTP. WÀtftëRj RUB BOWAPARTJÎ, 44,

! 6, 4872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

Aar»retM»rtale du 4 février, par M. Vabbê Lécot, de ftoyon. p Ver» 6 heures, le ciel était en feu à l'est-sud-est. De magniûques jets de couleur rougeâtre venaient varier par instante la teinte uniforme de cette partie du ciel. A ce moment précis, toute la partie nord était d#myme complète obicurité.

A six heure» et demie, même teinte rougeâtre de Restau sud; la partie la plus. éclatante est entre le Petit Chien et Orion. L'horizon est obscur; un nuage peu épais, mais peu éclairé, occupe tout le ciel jijs- qtlft une hauteur d'à peu près 20 degrés. Castor et Pollux restent très- visiblea ainsi que Sirius, mais Orion est voilé par un nuage blanc, extrêmement variable, qui pourrait n'être qu'une flamme légère se rattachant ai} phénomène principal.

A 7 h. 4/4, Pawrore boréale occupé tout l'espace compris' entre Ju- piter et Cassiopée, la partie la plus lutnieuse est au zépith, un peu au nord du Cocher,

Vers 1 h, 3/4, le ciel est rouge, de la Grande Ourse (N.-N.-Ë.) jusr qu'aux Pléiades (0). La Chèvre est, pendant un moment, comme le œntre viennent aboutir, ensemble ou successivement, de tous les points de [horizon^ de long rubans blanchâtres, semblables à des traî- nées de vapeur éclairée par une vive lumière, paraissant et disparaissant avec une surprenante rapidité, en changeant de forme 4 Jpflt û^t&Bt. Il est impossible de ne pas songer, eh considérant cette gloire dont le centre est presque au zénith, un peu au sud, à ces flammes légère^ que produit l'hydrogène dans l'éprouvette au moment on l'allume. A 8 heures, c'est l'aurore dans les conditions ordinaires. De belles gerbes enflaipraées partent dii pôle magnétique et viennent s'épanouir en épis lamineux dans la partie la plus élevée du ciel.

A 8 h. 4/9, deux immenses cônes de lumière blanche, revêtant complètement l'aspect de la lumière zodiacale, avec une plus vive in- tensité, partent, l'un de l'horizon oriental et l'autre de l'occident, pour venir se joindre par leurs sommets à un point du ciel situé sur le mé- ridien magnétique à environ 43 degrés au-dessus du zénith, vers le sud.

A 9 hewres 4/4, les parties est* et ouest sont encore très-visiblement

6. t . XXVll, 8 février 1 872. 16

222 LES MONDES,

éclairées d'une lumière blanche uniforme, sur laquelle se dessinent par instants des rayons plus brillants qui disparaissent après quelques secondes; il est facile de suivre, en plein ouest, de ces traînées bril- lantes et mobiles qui partent de l'horizon, et s'élèvent jusqu'à la tète du Taureau,

A 9 h. 3j4, même rayonnement au nord-est et à l'ouest, vers le même point du ciel. Le phénomène s'accentue à 10 h. 4f4, et de nou- velles gerbes lumineuses se dirigent de l'est et de l'ouest vers la con- stellation du PetiuChien ; Jupiter, est un moment le centre de ce vaste et splendide rayonnement, qui prend vers 40 h.-li2 une teinte rougeàtre violacée du plus bel effet.

Je suis dans une maison amie; j'ai le regret de n'avoir point de boussole à ma. disposition. Si le phénomène persiste encore quelque temps, je serai en mesure d'observer l'effet produit sur l'aiguille rha- gnètique. » ,

Cette magnifique aurore boréale a été remarquée partout. M. Prâz- mosky, dont on connaît l'habileté, a pu observer les raies du spectre de sa lumière avec le plus grand succès. 11 y a vu quatre raies dis- tinctes dont une très-brillante, et dont il a constaté la présence sûr toute l'étendue et sur toutes les parties du phénomène. M. Coniu, professeur de physique à l'École polytechnique, n'a vu que cette raie, mais il a pu l'étudier longtemps, mesurer sa dispersion et sa longueur d'onde, constater son identité avec la raie déjà signalée par M. Ang- strftm, comme propre des aurores boréales, et n'ayant rien de com- mun avec les raies des autres matières terrestres et célestes analysées jusqu'ici. M. Edouard Gand nous a adressé d'Amiens une description aussi complète et aussi intéressante que celle de M. l'abbé Lecot. '

- Navigation aërienne. Après, ou même avant l'aurore bo- réale, l'événement de la séance de l'Académie des sciences a été le récit fait par M. Dupuy de Lôme du voyage d'essai tenté par lui, le vendredi 2 février, avec le ballon dirigeable, dont il avait commencé la construction pendant le siège de Paris. Ce ballon a rempli parfaite- ment toutes les conditions du programme formulé par l'éminedt con- structeur, et acceptées par la commission d'examen. Sa forme est un el- lipsoïde allongé jaugeant environ 3 500 mètres cubes; H est en taffetas blanc revêtu intérieurement et extérieurement d'un vernis au collodion et à la glycérine qui. le rend aussi imperméable qu'on puisse l'espérer ou le désirer au gaz hydrogène pur. Il est enveloppé de deux filets dont les cordages sont calculés et distribués de manière à donner à la nacelle une stabilité si grande que les oscillations possiblesdu ballon la lai*.

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LES MONDE*. 223

sent retativement immobile: pendant toute l'ascension on pouvait aller et venir suria nacelle comme sur la terre ferme ; cette stabilité vrai- ment merveilleuse ne pourrait pas même être troublée par les dégon- flements partiels du ballon. Il est muni de deux hélices et d'un gou- vernail destinés à lui imprimer la vitesse et la direction voulues. Gonflé par de l'hydrogène extrait de l'eau, il est parti monté par qua- torze personnes, M. Dupuy de Lôme et ses aides, M. Zédé, capitaine de frégate, et huit hommes d'équipage appliqués aux manœuvres. Le vent, au moment du départ, soufflait assez fort, mais en imprimant à l'hélice une rotation d'environ 25 tours par minute, on pouvait imprimer au ballon une vitesse propre de près de 50 kilomètres par heure, et le faire dévier en moyenne dedO à 42 degrés de la direction que lui aurait imprimée le vent, ce qui suffit et au delà pour lui faire suivre une route voulue. A l'aide de moyens très-simples et très-efficaces, on pouvait déterminer à chaque instant la vitesse absolue ou relative au vent, sa trace ou sa projection horizontale sur le sol, de manière, par consé- quent, à pouvoir la rapporter sur la carte de Tétat-major, le lieu l'on était, etc. Le succès, sous ce rapport, a été si grand que, lorsque le moment de stopper et de descendre est venu, M. Zédé, qui inscrivait la marche, a pu indiquer Mondécour, le nom du village au-dessus duquel on se trouvait. La descente, sans choc, sans traînée sur le sol, s'est faite dans le» meilleures conditions possibles ; elle a été grandement faci- litée par la manœuvre du ballonet, ou ballon intérieur, un des élé- ments essentiels de la solution de M. Dupuy de Lôme, et dans lequel, à l'aide d'une pompe, on injecte de l'air, pour compenser les dégonfle- ments causés par l'ouverture des soupapes. En somme, l'essai a été pleinement satisfaisant; la stabilité de la nacelle, condition capitale, dépasse toutes les espérances. Les études ont été longues, très-longues, très-dispendieuses ; M. Dupuy de Lôme, en sus des quarante mille francs mis à sa disposition, est en avance de plus de vingt-cinq mille francs. Il attendra, avant d'aller plus loin , la décision que prendra M. le ministre de l'Instruction publique après le dépôt du rapport»

Nous félicitons de tout notre cœur l'éminent constructeur naval de l'énergie avec laquelle il a poursuivi son but, de ne s'être pas échappé par la tangente comme il aurait pu le faire, d'avoir voulu, en vrai et brave Breton, se venger par le succès des attaques de tout genre dont il avait été l'objet.

Génération apontonée de*» ferment». > M. Frémy a repris aujourd'hui la grande discussion commencée par lui dans la dernière séance. Il prétend prouver que l'origine des ferments

224 LES MONDES.

n'a rien de commun avec l'origine des moisissures ; que les fermetts naissent ou mieux se forment, au moment voulu, aux dépens dôs matières qu'il a désignées du nom de hémiroganiques, et qu'il con- fond, bien à tort saqs doute, avec les protoplasmes des bofaûiôtôfc. Nous n'avons ni mission ni autorité pour juger les expériences dont il a communiqué aujourd'hui les résultats, contraires Suivant lui, à la théorie de M, Pasteur, qui veut que les ferments soient des êtres vivants, organisés, étrangers aux matières dont ils déterminent la fer- mentation. Qu'il me soit permis seulement, pour contribuer à abréger un débat que l'on croit interminable, de mettre M. Frémy sur voie du retour ou de la conversion. Quoiqu'il ne voulût pas paHer de moisissures-, il a fait appel, en finissant, aux moisissures de l'acide tar trique; et, sans se douter de la portée qu'avait cet aveu, croyant conclure simplement à la possibilité, que personne ne nie, de la trans- formation des ferments les uns dans les autres, il a constaté que lèk moisissures organisées de l'acide tartrique faisaient naître les trois fer- mentations lactique alcoolique, butyrique. Voilà donc, de par M. Frémy, des fermentations et des ferments ayant la même origine, au moins médiate, que les moisissures. Et comme il est très-facile de prouver que les moisissures de l'acide tartrique ne naissent pas spon- tanément au contact d'un air absolument pur, dépouillé de tout germé étranger, voilà donc que les ferments et les fermentations sont ame- nés par des germes, par des germes vivants 1 F* MoféNO.

fabrication de la «lace. Observations de F. Carré. <c Je lis dans les Mondes du 1er février que les appareils construits actuellement pour la production de la glace seraient limités à un chiffre de 200 kil. à l'heure, et qu'ils ne rendraient que 5 kil. de glace par kll. de com- bustible; mais qu'un industriel d'Auteuil promet de construire un appa- reil qui produira 1 000 kil. déglace à l'heure, en remplaçant les moyens usités par la circulation de l'air mis en mouvement par un ventilateur^ et provoquant l'évaporation d'un liquide volatil, avec dépouillement dans une colonne d'absorption, etc. A cela, je dois vous adresser les rectifications suivantes :

Plusieurs appareils à ammoniaque produisent iodustrifellement 1 MO et \ 500 kilog. de glace par heure, ou leur équivalent 6a froid. Leur rendement est de 12 à 45 kil. par kil. de combustible. M. F. Carré, mon frère, a consigné dans un brevet eileôre eu vi- gueur un moyen de produire le froid en provoquant l'évaporation d'un liquide par la circulation en vase clos de Fait actionné pat un ventilateur et dépouillé de la vapeur dissoute par son pàssa&e ï travers une colonne absorbante.

LES MONDES. 235

Nous avons reçu une rectification semblable de MM, Mignon et Rotiart. Il s'agit d'une coBûmonication académique dans laquelle ni M. Carré m MM. Mignon et Rouart n'étaient nommés. Nous sommes donc en droit «le nous borner à cette rectification.

Science nautique. L'Athenœum annonce que M. E.-J. Reed, C. B., ancien construct ur en chef de la marine, va fonder un nou- veau Journal scientifique trimestriel, dont le premier numéh) paraî- tra au mois de ma s prochain, et qu'il sera consacré an perfec- tionnement de l'architecture navale, au génie maritime, à la naviga- tion à vapeur et généralement aux connaissances nautiques. 11 aura pour litre Naval science, et il sera rédigé par le Rév. docteur Wolley, directeur de l'enseignement à l'amirauté, conjointement avec M. Reed. (Nature, lw février 1872.)

Collection d'tftotolre »Mtt*ellç. Dans une lettre datée de Barbadoes, G janvier 4872, adressée à l'un de nos collaborateurs, M. Rawson écrit : «M. Agassiz, le comte Pourtalès et plusieurs savants viennent de partir d'ici. Le vaisseau d'observation des États- Uni$ sur lequel ils vont dans le Pacifique a s'arrêter pour faire quelques légèros réparations. Ils ont été. ici deux jours; je suis monté à bord et j'ai parsé un -jour avec eux. M. Agassiz a déclaré que ma collection de coquillages était tout à fait unique par ses séries de spéci-* mens, depuis l'âge le plus jeune jusqu'à l'âge adulte. Il a été en extase devant Yflosapus, qu'il a passé des heures à examiner, et j'ai lui permettre de l'emporter pour qu'il pût le décrire dans tous ses détails. Il avait vu et étudié l'if, rangii, de d'Orbigny, et il pense que le mien et de la même espèce, mais qu'il est d'une forme normale, tandis que celui décrit par d'Orbigny était tout à la fois incomplet et anormal ; j'en ai le dessin fait par le docteur Gray, et certainement sa ressemblance avec le mien est très-grande. Je crois pouvoir le regarder comme la perle de ma collection, mais en vous en parlant je ne dois pas oublier de vous raconter aussi notre draguage de la journée. Il a été heureux au delà de ce que nous pouvions espérer ; quatre spécimens vivants d'un beau ci'éuoïie nouveau, tel qu'un Apiocrinus , que M. Agassiz a pu examiner vivant pendant plusieurs heures ; une Pleurotomaria Quoyana, dont l'artiste a pu extraire l'animal ; une nouvelle espèce merveilleusement belle de Latiaxis, des brachiopodes de toute espèce, des éponges vitrées en masse, quelques nouveaux échinides. Vous pouvez vous imaginer en quel état était Agas&iz 1 Le temps me man- querait pour vous écrire toutes les choses intéressantes qu'il a dites sur les différentes formes à mesure qu'il les reconnaissait. Il faut que

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226 LES MONDES.

je tous dise que tout cela m'a déterminé à faire un effort pour draguer nos côtes, en commençant par les bas-fonds et en continuant jusqu'à la profondeur à laquelle ils ont dragué, c'est-à-dire à cinquante ou soixante brasses environ. Nous rencontrerons sans aucun doute des trésors sur les doubles desquels vous aurez les premiers droits» (Ibid.)

Culture Intenftlve de la vigne et des arbres fruitiers.

Nous sommes heureux d'annoncer que M. Duchesne-Thoureau commencera très-prochainement, dans les Mondes, avec preuves et figures à l'appui, l'exposé de la méthode inédite de Hooibrenk.

ACCUSÉS DE RÉCEPTION.

Ii'auuée Mleutffloue, quinzième année, 1870-1871, par Louis Figuier; un vol. in-8 de 472 pages. Paris, Hachette', 1872. V Année scientifique n'ayant pas paru en 1871, M. Figuier a réuni, pour la première fois, les nouvelles scientifiques de deux années en un seul volume. Ce livre est rédigé avec la même clarté et la même excellente méthode que les précédents.

Tout le monde a déploré la destruction des arènes de la rue Monge, M. Figuier fait comme tout le monde; or, il l'apprendra sans doute avec plaisir, les arènes existent toujours. La compagnie des omnibus les a recouvertes sans en déranger une seule pierre ; l'architecte de la compagnie les a intentionnellement englobées dans les caves, et il n'y aurait qu'à enlever les constructions superposées pour le6 remettre au jour ; on peut donc espérer qu'elles seront dégagées en des temps plus heureux.

Que M. Figuier me permette une autre petite rectification. Il dit qu'il est arrivé pendant le siège 57 pigeons à Paris ; il emprunte le chiffre à M. Tissandier, qui Ta emprunté à M. Nadié. M. Nadié s'est trompé ; il est arrivé 73 pigeons.

En somme, l'ouvrage est intéressant, bien fait, et sera consulté aussi fréquemment que ses aînés. Charles Boissay.

fetndes d'arekeologle celtique. Notes de voyages dans les pays celtiques et Scandinaves, par M* Henri Martin, 1 vol. in-&° de

LES MONDES. 227

434 pages. Paris, Didier, 1872. t- Le savant historien et représen- tant du gpuple a réuni en volume, sous ce titre, une série d'articles publiés dans le Siècle et la Bévue archéologique depuis 1861 Ce volume devait paraître en 4870, les événements ont retardé de dix-huit mois sa publication.

Sans parler de son ardent amour de la patrie, de sa vaste érudition, de ses vues larges et libérales sans violence ni exagération, de l'iné- branlable fermeté de ses convictions spiritualistes, de la dignité avec laquelle il sait rendre justice à la grandeur passée de la royauté, de la noblesse et du clergé, alors que tant d'autres républicains se laissent aller, par esprit de parti, à devenir les contempteurs de nos vieilles gloires nationales; sans parler de tout cela, le célèbre membre de l'In- stitut possède une qualité rare qui nous a toujours séduit, c'est l'hon- nêteté, la simplicité, la parfaite bonne grâce et la parfaite bonne foi avec laquelle il sait dire ce qui, parait-il, est si difficile à dire : « Jx m'étais trompé, les raisons de mon contradicteur valent mieux que les miennes, je me range à son opinion. »

C'est ce qu'il fait maintes fois dans le livre que nous venons de lire, et c'est pourquoi, devant tant d'impartialité, on accepte d'autant mieux les opinions qu'il maintient avec énergie.

Il démontre avec l'évidence du sens commun combien sont absurdes les théories qui veulent établir des périodes de milliers d'années,— ou de siècles, suivant le goût des archéologues*-— l'une pour l'âge de la pierre éclatée ou des alluvions quaternaires, une autre pour l'âge de la pierre taillée ou des cavernes ou du renne, une troisième pour l'âge de la pierre polie ou des monuments mégalithiques, une nouvelle pour la période lacustre, la suivante pour l'âge du cuivre, l'avant-dernière pour l'âge du bronze et la dernière pour l'âge du fer.

En réalité, tout s'enchevêtre. A une époque les échanges et les communications entre les peuples étaient si difficiles, à de faibles dis- tances, souvent même dans le même lieu, on employait simultané- ment le fer, le bronze et la pierre.

En résumé, M. Henri Martin parait admettre aujourd'hui que la Gaule a été peuplée d'abord, à l'époque du renne et du mammouth, par les races finnoises, habitantes ordinaires des régions froides, comme le mammouth et le renne, et émigrées aujourd'hui dans les régions bo- réales avec ce dernier animal, puis par les Ibères et les Ligures, qui devinrent, après la première invasion celtique, les habitants des cités la- custres; puis enfin par les deux grands rameaux celtiques : les Gaêls ou Celtes, les plus anciens ; les Cymris ou Cimbres les derniers venus. Les Finnois sont le plus ancien peuple dont l'ethnographie puisse

248 Lks UoNbbfe.

retrouver la trace. Avant la race- boréale des Finnois qui coexista avec les animaux du Nord : renne, matiimouth, rhinocéros à narines cloisonnées, grand élan, bœif urus, ours des cavernes, vivant tous pendant la dernière période glaciaire, une race plus ancienne absolu- ment disparue et peut-être antérieure au déluge coexista sur notre sol, pendant la période chaude qui précéda dernière période gla- ciaire, avec lès aninlaux du Midi, l'hippopotame et l'éléphant.

Quant aux monuments de pierre brute, M. Martin attribue leur con- struction aux divers rameaux de la race celtique, non-seulement en Gaule, mais aussi en Scandinavie, ei même en Afrique. Il nous semble que M. Henri Martin étend peut-être un peu loin le domaine des Celtes, quelque extension que T6n veuille donner à ce mot géné- rique, mais cependant on ne peut se prononcer catégoricjuement à cet égard.

Il établit, par exemple, de la façon la plus claire, l'unité de la race qui a élevé les dolmens et de la race bretonne actuelle, par la succes- sion des mêmes systèmes d'ornementation, depuis les dessins gros- siers tracés sur les dolmens et les poteries qu'ils renferment jusqu'aux dessins brodés sur les costumes des Bretons- d'aujourd'hui, eh passant par les figures gravées sur les médailles gauloises, les tombes gallo- romaines et les églises romanes.

Quoiqu'il en soit, nous n'avons parlé que de la partie archéologique de l'ouvrage, et nous ne voulons pas terminer celte bibliographie sans dire avec quel intérêt nous avons lu les récits de voyages dans le pays de Galles, en Irlande, en Bretagne, en Suède et en Danemark, qui forment comme le cadre attrayant de ces savantes études. Charles koissay.

De» indication» et de» contré-indication» de» eaux, de Vichy, par Dr F.-àtjg. Durand (de Lune), in-12 de V, 926 pages, prix fr. Editeur Savy. Le but de cet ouvrage est indiqué fcar l'auteur lui-même dans le passage que nous allons repro- duire. « Toutes les eaux minérales fortes, telles que celles de Vichy, de Barèges, du Montî)ore, de Wiesbaden, deÇarlsbad, deBourbonne- les-Bains, de Balaruc, Vais, d'Aix (eh Savoie), etc., ne sont d'hé- roïques ktoédicatnents que parce qu'elles sont chargées de principes minérâllsateurs énergiques, de ces principes qui sont susceptibles de faire beaucoup de bien quand ils sont sagement dirigés, et beaucoup de mal s'ils portent â faux. Or, à notre époque, il est d'autant plus nécessaire de régulariser scientifiquement leur emploi que, depuis quelque* années, dès tolérances officielles ont porté unfc grave atteinte à ces tïonditioTis d'ordre et de bonne direction. Que dire, en effet,

LES MONDES. 229

d'un décret du ?8 janvier 1 860, dont un des artiôles est ainsi oonçu : « L'usage des eaux n'est subordonné à aucune prescription, à aucune ordonnance de médecin? » Ce texte, en contra liction formelle avec l'esprit de la loi qui prescrit aux pharmaciens de ne débiter aucune drogue sans une prescription médicale, semble émaner d'une in- fluence industrielle, et est évidemment de nature à induire le public en erreur. Ne lui donne-t-il pas à croire ei eifet que les eaux miné* raies sont des composés assez inoffensifs pour ne pas devoir être assi- milés aux drogues pharmaceutiques? Or, cela n'est pas exact. L'usage de toutes les eaux fortes, très-utile dans certain cas, est très-nuisible dans certains autres, et ne s'accompagne que trbfr souvent, par suite de l'ignorance des malades, d'accidents déplorables. » Ces observa- lions, d'une justesse incontestable, suffisent pour se faire une idée de l'importance de l'ouvrage qup nous venons de parcourir avtc d'riftant plus de plaisir que, si le but en est excellent, l'exécutioa n'est pas moins digne d'éloges.

Annuaire de l'Observatoire royal de B*mellee> par

M. A. Quételet, directeur de cet établissement. 39* année, 4872. Un vol. in-32, de vi, 379 pages. Bruxelles, chez F. H ayez. Il serait plus que superflu de vouloir faire ressortir le mérite d'une pu-, blication qui depuis près de quarante ans s'est fait une place si hono- rable, et qui, toujours rédigée par le même savant, d'est pas restée une seule fois au-dessous de ce qu'elle fut dès son début» Nous remar- quons dans le volume de cette année une notice sur Frédéric* William Herschel, notice d'autant plus intéressante que l'illustre astronome anglais était lié par la plus étroite amitié avec M. Quételet, qui repro- duit des lettres de lui très- dignes d'attention. Signalons encore dans le volume qui nous occupe une étude de physique sociale sur Y Anthro- pométrie r avec des articles de M. Chastes et de M. Barrai, relatifs aux travaux de M. Quételet sur cette question. Signalons enfin un inté- ressant article de M. Quételet sur l'électricité atmosphérique.

è. Mise en valeur deo solo pauvres, par M. ÀZMOttsû

Fillon, ex-sous-inspecteur des domaines et, fçrètfF 4e Jbeeurornae. 1 vol. in-18 de 300 pages, prix ; 3 fr. Editeur J,. ftôthfchkffiL L'auteur, s'appùyant sur sa longue expérience, établi! que le* arbres résineux sont la providence des terrains complètement paume, c'est-à- dire le seul moyen d'en tirer quelque parti , et A expfcpie d'utae manière très-claire, bien que très-précise* le» différentes, espèces de résineux entre lesquelles on peut choisir, selon la nature et la position

230 LES MONDES.

des terrains, et les procédés de culture qu'il faut employer dans chaque cas. Ce petit volume est un guide sur, destiné à rendre les pltif grands services aux propriétaires de certains terrains dont la culture, si elle n'était bien entendue, serait ruineuse, parce que ce qu'on y dépenserait serait presque infailliblement perdu ; ce qui fait dire aux paysans, à propos de ces terrains, que, plus on en possède, et plus on est pauvre.

HISTOIRE NATURELLE

Qu'est-ce que l'aile d'au Insecte? par M. Félix Pla- teau. — Qu'est-ce que l'aile d'un infecte? faut-il chercher dans ces* membranes tendues sur de délicates nervures l'homologue des organes qui sehrent à soutenir dans les airs le cheiroptère et l'oiseau; en d'autres termes, y a-frii entre les ailes des insectes et les membres antérieurs des vertébrés doués de la iaculté de voler une autre ressemblance que celle tirée de l'aspect général et de l'usage?

L'identité qu'on serait tenté d'admettre entre les ailes des insectes et celles des oiseaux est inacceptable; la ceinture scapulaire des vertébrés porte le membre antérieur qui sert tantôt au vol ou à la natation, tantôt à la marche, et jamais elle ne constitue à la fois le point d'appui d'une paire de pattes et d'une paire d'ailes comme dans le tronc alifère des in- sectes.

Dans le groupe des articulés, chacun des trois anneaux du thorax donne, des deux côtés du sternum, insertion à une patte qui est ainsi une dépendance de l'arceau inférieur de l'anneau complet et qui est l'a- nalogue véritable du membre locomoteur ordinaire des vertébrés, quel que soit son rôle. Je ne connais rien de plus convaincant, à cet égard, que la comparaison qu'on peut établir entre le sternum, l'épaule et le membre antérieur des batraciens anoures et le méso- ou métathorax des Coléoptères.

Il y a deux vérités dont il faut bien se pénétrer et qui sont passées au- jourd'hui à l'état de faits acquis : 4* Les pattes des articulés, les membres locomoteurs et les ailes des vertébrés naissent de l'arceau ventral; 2* Les ailes des articulés naissent de l'arceau tergal.

Les ailes des insectes, celles des oiseaux et des chéiroptères et même les nageoires développées des poissons volants ne sont donc pas comparables.

Dans l'ouvrage publié par M. E. Blanchard sur les métamorphoses des

K

L

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LES MONDES 231

insectes (1), l'auteur rappelle l'hypothèse suivante dont l'idée première appartient à De Blainville : « Jamais il n'existe d'orifices respiratoires soit au mésothorax soit au métathorax. Dans les circonstances l'on a signalé l'existence de stigmates au mésothorax, on parait avoir été trompé par un chevauchement du prothorax; lorsqu'elle a été constatée au mé- tathorax, c'est que le premier anneau de l'abdomen s'était uni au dernier anneau du thorax. Cette absence d'orifices respiratoires aux deux an- neaux qui portent ou qui doivent porter les ailes, donne une certaine consistance à l'idée, depuis longtemps émise, que les ailes sont, en grande partie, constituées par des trachées rejetées au dehors et emprisonnées entre deux lames tégumentaires. »

Admettre que les ailes ne sont qu'une dépendance de l'appareil respi- ratoire est quelque, chose de si simple qu'il n'est pas étonnant, ainsi que le dit H. Blanchard, que cette idée ait été émise dépuis longtemps (2) ; mais mes observations m'ont conduit vers une solution un peu différente de celle dont parle le savant entomologiste ; je vois dans l'aile, avec rai- son je le pense, non pas des trachées déjetées au dehors, mais des stigmates profondément modifiés. Comme cette opinion peut paraître hasardée, on me permettra d'en tenter la démonstration. ' Tous les anneaux successifs du corps des articulés, prenons des in-, sectes pour fixer les idées, sont semblables, c'est-à-dire formés des mêmes parties; si donc, dans l'arceau supérieur, les ailes n'existent que pour deux anneaux seulement, il faut rechercher quels sont les organes qui occupent leur place dans les somites postérieurs. Or ces organes sont les stigmates.

Les stigmates véritables, comme les ailes, sont toujours situés dans.l'in- tervalle qui sépare l'épimère de la pièce tergale qui la surmonte, quelle que soit, du reste, la position des stigmates par rapport à l'ensemble du corps de l'animal (3). J'aurais pu donner à l'appui de cette proposition de nombreuses figures plus ou moins théoriques ; J'ai préféré me borner à deux dessins faits d'après nature (fig. 1 et 2).

Afin d'éviter qu'aucune espèce de doute puisse rester dans l'esprit du lecteur, quant à mon interprétation des pièces du squelette, j'ai choisi à dessein le Dytiscm marginalis; car on se rappellera que c'est aussi un Dytiscus qui a servi à Audouin de type pour la description du thorax (0.

(1) Métamorphose!, mœurs et instinot des insectes, page 128, Paris, 1868.

(2) Parmi les auteurs qu'on petit citer à cet égard, je signalerai C. G. Cams.

(3) Audouin considérait iVptmsr* comme appartenant su ptetus, à l'arceau ventral. M. Milne Edwards et les auteurs récents y voient, non sans motifs, une pièce de Tare tergal (ttfgum). Yvjqz l'article Crustaeea dans la Cyclopasdia ofanatomy de Todd p. 75H .

(1) Dytiscus eircumflexus Audouin op . oit. pi. £•

îîi LES MONDES.

La figure 1 représente donc, avec toute l'exactitude qu§ j'ai pi} lui donner, le métathorax du Dytùcus marginalis; ou y voit le sternum (A), l'épisternum (B), la hanche de la troisième patte gauche (E), l'épimère (D) et, enfin, la base de l'aile gauche. Rien de plus facile quç de constater qu'il existe, pour le métathorax de notre coléoptcre, un espace plus membraneux que le reste, circonscrit par répimère presque seul vers le bas, et par l'ensemble des praescutum, scutum, scutelitim et poslscutellum vers le haut. Les extrémités antérieures et postérieures du cadre sont constituées par l'articulation du bout extrême du praescutum avec la paraptfre de tépislernum et par celle, visible dans le dessein (G), du bout du postscutellum avec la pointe de répimère.

D'ans l'espèce membraneux dont je viens de décrire lés limites se trouvent pfacés les épidèmes d'articulation de l'organe du vol etc'qst éga- lement de cet espace que procède Ja membrane alaire.

Passons actuellement à la figure 2, elle représenté lp deuxième anp.eaij abdominal du même insecte; on y distingue nettement le sternum (A), fépisttntum (B), puis une pièce allongée qui Défait pas partie de la pré* cédènte, maïs qui est bien réellement articulée avec elle; c'esf 4q to'l1e évidence Yépimère (C); ensuite l'espace membraneux et, enfin, l'ensemble du tergum (E). Au centre de l'espace membraneux homologue de celui dotft j'ai parlé plus haut se voit le stigmate (pj, Qccijpant exactement remplacement de l'aile, c'est-à-dire au-dessus de l'épimère»

Je rappel erai que ce n'est pas seulement au thorax qije lçs opflces respiratoires peuvent manquer et sont remplacés par des expansions alj: formes à deux feuillets. Six des anueaux de l'abiomen de la larve de YÊphemera yulgata portent chacun une paire de branchies bifides et frangées assez semblables aux ailes des petits lépidoptères fissipennes <ju genre Pterophorus. Sept des anneaux abdominaux de fc larve â&VKphe- mera biloculata (2) sont garnis de larges lamelles elliptiques trachéifères qui ont avec des ailes une analogie incontestable.

« Chez la larve de VAgrion puella, dit Carus, ...Je san$ coule dans les mdiments des ailes absolument de la même manière que dans les lames branchiales, et il serait difficile de citer un autre cas plus propre à dé- montrer que l'aile qui pousse est une branctiie (i). »

Rien n'est si facile que de montrer le passage du stigmate au balancier des diptères et celui de ce balancier à l'aile véritable : si nous examinons les stigmate» du hanneton commun, si bien figurés dans leurs moindres détails par Strauss' Dûrkheitri (2), nous constatons déjà que la portion

(2) G. G.. Carat» frbuta «wtomiu» omparativam UUulrcmt$*pY, Uh fig. VIfl. (1) Traité élémentaire d'anatomie comparée « Tr, p. 396, (*) Considérations, etc. pi. VI. fig 7t 8, 9, 10.

LES MONDES. 233

qui appartient au squelette cutané est un tube membraneux court, à seciiôiï riffl^tiquè, soutenu par deux cerceaux chitineux, l'un à l'entrée, l'autre au fond, reliés eux mêmes 1 un à l'autre par une série de ner- vtffes latêrafés; àù fond du tuée se trouve percée la fente qui livre pas- sif Jfàif.

St èë ttfbe, qui iTeéi que ïe vestiWe du gros tronc trachéen qui naît oVsf/gmate, s'allonge considérablement et se ferme à l'extrémité4, on a K Aafaïïcief des diptères. En efïet les balanciers de la Tipula oïeracea, fét &£tnpfê, sont de simples tdbes portant un empâtement ovoïde (capi- Ciltafnj i leur extrémité libre; ils ne renferment même pas de trachées. tjUtk Se' i& Catliphofà cœrulea, très-anaîogues aux précédents par leur sTnifit^Sfé", ont téstfyle â section elliptique et contiennent un rameau tra- ctfSSûf è^te'. tes mêmes organes chez YÀsilus crabroniformis (ug. 4), plus apfcttfe encore, sont soutenus par trois nervures assimilables^ jusqu'à un cefftiïïï fofat, ltf première, à l'ensemble des nervures radiale et cubitale réunies* (^j, la seconde, à la médiane (B), la troisième, à la sousmédiane * finale' (£).

Chez la tipule, comme chez la calïiphore et l'asile, les balanciers sont couverts dfes* mêmes poils ou écailles que les ailes antérieures, et la forme ttftafë des nalancîetfs l'asile y fait reconnaître, malgré leurs dimen- sfons ixigucs, des ailes rtidimcntaires.

Ri se présente la question de savoir si, malgré cette analogie évident?, /es balanéiers cfes diptères tiennent bien réellement la place de la paire <fa*ifé& (Jii méîa&oVax.

OU &ît que iàtfeille, et plus récemment M. Macquart, voient dans les balanciers des dépendances du premier anneau abdominal ; mais Au- dWn (font' fopîhion a autant de poids que celle des auteurs précités prétend, au contraire, que' les1 balanciers sont insérés sur le métathorax ; malheureusement Touvrage le résultat de ses investigations devajt être' publié n;à pas vu le jour. Bien d'autres naturalistes sont du même avis qu'Audouïn; je citerai, parmi eux, Fabricius, Dugès, Jl. Rymer Jones et, comme je le montrerai plus loin, les recherches si minutieuses et si exactes de M. Aug. Weismann viennent confirmer en- tferemeit cette opinion.

Pavoue qu'il m'a été impossible de découvrir nettement si les balan- ciers sont, oui ou non, métathoiaciques; je dirai cependant, d'une façon générale, qu'on ne peut rien déduire, comme a voulu le faire La- treille,' de la situation des balanciers dans le voisinage de la première paire de stigmates. Le métathorax des diptères est, en effet, tellement réduit dans certaines de ses parties, et son mode d'union avec le premier anneau abdominal est tellement compliqué, qu'il esttiès-admissibleque

17

23* LES MONDES.

les balanciers soient portés par des pièces métathoraciques plusoumotn* incluses entre des saillies de l'arceau abdominal antérieur.

Au point de me anatomique, il restait une dernière ressource : « Si, dit M. Lacordaire, on retrouvait, à la base des balanciers, des épidèmes articulaires et des muscles analogues à ceux des ailes inférieures des in- sectes, on ne pourrait douter de leur analogie avec ces dernières (i). »

J'ai donc examiné la base de balanciers frais et, comme Audouin l'a- vait annoncé, j'y ai observé effectivement, avec la plus vive satisfaction, une série de pièces articulaires intermédiaires entre le corps et les ner- vures rudimentaires. La flg. 5, dessinée d'après YEristalis tenax, montre bien qu'il s'agit ici de véritables épidèmes. En comparant avec la base de l'aile du hanneton figuré par Strauss, on discernera les parties sui- vantes : (A) première nervure, (B) médiane, (C) anale, (C') tète de la pre- mière nervure, (E) première et deuxième axillaire réunies, (F) quatrième axillaire, et l'on remarquera qu'elles sont bien plus nettes que dans les ailes rudimentaires de certains coléoptères (Carabus auratus, Promûtes coriaceus, Meloe prosearabaewt p. ex.)*

Le balancier est donc une aile rudimentaire ; l'aile elle-même n'est qu'un stigmate énormément développé; le tube du stigmate est à section elliptique, présentant un grand et petit axe; le petit axe de l'ellipse est devenu à peu près nul et le grand s'est au contraire allongé; il en résulte que les parois droite et gauche se touchent et constituent les deux feuillets membraneux dont toute aile est composée; ces feuillets emprisonnent les nervures qui ne sont autre chose que les baguettes qui soutenaient le tub*. du stigmate et qui se sont hypertrophiées.

L'embryogénie devait venir au secours de notre explication de l'ori- gine de Italie. On sait, depuis longtemps, que, chez les insectes à méta- morphose complète, les appendices thoraciques de l'animal parfait appa- raissent dès les premiers temps de la vie de la larve ; Swammerdam, Burmeister, L. Agassiz s'en sont quelque peu occupés; mais M. Weis- mann seul a étudié ce phénomène d'une façon suffisante (1).

Il ne m'appartient pas de reproduire ici un résumé détaillé du travail de cet auteur; je me borneiai à rappeler, en peu de mots, que le savant naturaliste a observé -chez lt larve de la Musca [Calliphorà] vomitoria, par exemple, douze petites plaques ou petits disques (Schnben) visibles au travers des téguments transparent*, placés quatre par quatre dans les trois premiers anneaux du corps et dont 1 ensemble était distribué sur quatre lignes longitudinales, dont deux ventrales et deux dorsales.

(1) Introduction à l'entomologie t. I. p. 142.

(3) Ueber die EnUtehung de» vollendeten Inseots in Larve uud Fuppe. Frankfurt n M 186? (Abhandl. der Scnkenb*rqucfw\ Nxturf. Gt*. su Frankfatt n. M. B4 . IV).

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REVUE HEBDOMADAIRE DES SCIENCES

ET

DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE

PAR

M. L'ABBE MOIGNO

NEUVIÈME ANNÉE. OCTOBRE-DÉCEMBRE 1871.

TOME VIHGT-8IXIÈME

PARIS

BUREAUX DES MONDES

33, RUE DU DRAGON

1871

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LES MONDES. 235

Ces disques sont des renflements aplatis de la couche péritonéale de quelques trachées, et ils sont entièrement remplis des noyaux transpa- rents qu'on rencontre distants les uns des autres dans la couche tra- chéenne la plus externe.

Laissons de côté les plaques ventrales ; elles produisent les pattes et les arceaux ventraux des anneaux thoraciques de la mouche*

Quant aux disques supérieurs, ceux de la première paire donnent naissance, par des modifications successives, à l'arceau tergal du pro- thorax et aux stimagtes.

Ceux de la deuxième paire sont les origines de l'arceau tergal du mé- sothorax et d'une paire d'ailes; ceux de Ja troisième paire située dans le métathorax tonnent l'arceau tergal de cet anneau et les balanciers.

Il ressort évidemment de ces observations qui ont fait l'admiration de tous les naturalistes actuels que les stigmates, les ailes et les balanciers ont une origine identique.

il me semble aussi qu'on peut déduire des recherches de M. Weismann, des études anatomiques antérieures et même de mes propres investiga- tions, les conclusions qui suivent :

I II n'y a pas de stigmates vérxlables au méso- et au métathorax (1 )

2. Les stigmate* et tes ailes appartiennent toujours à V arceau tergal.

3. L'aile est un stigmate énormément développé.

4. Les balanciers sont des ailes rudimenlaires.

Explication de la planche.

Fig. 1 . Métathorax de Dytiscus marginalis, grossi trois fois. A. Postster- num, B. épisternumdu métathorax, G. paraptère, D. épimère, E. hanche, G. extrémité du postscutellum, H. portion extérieure de l'enthorax.

Fig. 2. Deuxième anneau abdominal de Dytiscus marginalis. A. Ster- num, B. épisternum, G. épimère, D. stigmate, E. tergum.

Fig. 3. Filament branchial de la larve de Pkryganea flavicornis, grossi 300 fois, destiné à montrer l'analogie qui existe entre cet organe, le balancier ou l'aile. A. couche épidermique chitineuse, B couche molle se distribuent les ramifications de deux trachées.

Fig. 4. Portion du style du balancier de VAsilus crabroniformis. A. Ner- vures radiale et cubitale réunies, B. médiane, G. sousmédiane ou anale. (Grossissement 300.)

(1) Puisque, dans oe cas, il existerait, chea les larves , dans le méso- et le méta- thorax, des disque» de formation distincte de ceux qui produisent les pattes et les ailes ; or ces disques manquent.

Balancier de droite de VEristalis tenas, grossi no fois. A. Pre- mière nervure, B. médiane, C. anale, C. téta de la première nervure) D. origine de la second» nervure ejui ue.ee prolonge pat? E. première et deuxième asillaire réuplep/F. quatrième axillaire. (SUttiner Enlomotogticlte Ztilung, 1871, p. 33 )

liRle. TTP. VALMU1, MIB BONATftHTX, 44.

N* 7. i872.

AÇ4RJÈMIJB DES SQJËNCES

Les séances de l'Aç&déflwe des sciences prennent chaque semaine HPfi PJW§ WW*? importance; et ses Comptée rendue hebdomadaires, to«J9|W plw volumineux, atteignent souvent S et 10 feuilles d'iqa- gressiçp. Pe cette surabondance de matière il est résulté pour tes tjfonde^ m £np?m))rprneajt et un retard qui me contrarient et qae quel- ques afeçopés voient £yec peine ; force était donc de les mettre pleine- ment an ççuraptdfs communications académiques. Je leur ai 'consa- cré Joute ççtye livraison, en commençant par résumé de la dernière séance; elleç spnt très-variées, du reste, très-iptéresaantes et elles m'ont imposé un rude travail : il n'est rien de plus pénible que de donner en* quelques pages la substance de mémoires sans nombre et sans fin.

SÉANCE DU LUNDI 5 FÉVRIER 1872

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4frty.l2( à feliçe ef *pp «tfat, par ty. Pupuy de U>m- •*- La farjue du t>aUoj} ef t ejjgfip^P B£* «A arc dp percJe tourqant autour de sa corde et 4qut la ilèp}i§ ç?t, 9, très-pçu près, cinquième deJ^tott- gûeur jjg la çprdç; longueur, 3$m,13; diamètre fort, U*,W ; volume, fl 454 mj&tres cubes, volume du ballonnet à air, 345m\40; surface, 122$ mèlfçp carrés; hauteur totale, 39 mètres. Longueur delà nacelle, 6 mçtjrç?; largeur au. fort, 3 mètres; diamètre de Thé- lice, 9 mètrep , p$s, % mètres , nombre d'ailes, 2. Le ballon est entouré de deux fjJets, Je filef porteur de la npcelle et le filet de$ balancines ; ensemble ils donnent au ballon la stabilité d'un corps rigide, tant que les inclinaisons latérale^ et longitudinales ne dépassent pas 20 degrés. I/hjdipgème pur fliû goaflajt le ballon a été engendré par l'action de l'acide sulfurique et de l'eau sur de la tournure de fer ; il a fallu çept opérations d'une batterie de 40 tonneaux pour produire les 3 450 mi- tres cubes nécessaires. L'étoffe du ballon était formée d'un taffetas de soie blanche pesant 53 grammes par mètre carré, et d'un nanzoujf., avec couches de caoutchouc interposées ; elle est rendue imperméable par trois couchep d'un enduit ainsi préparé : 1* on dissout au bain- mariç 100 parties en poids de gélatine>dMS 600 parties d'acide pyxo-

N* 7. t. XXVII, 15 février 1872. Il

238 LES MONDES.

ligneux et on ajoute 100 de glycérine ; on dissout 400 parties de tannin dans 600 parties d'acide pyroligneux ; on verse doucement, à chaud, la première dissolution dans la seconde et Ton recuit le tout au bain-marie pendant une heure au moins, en ajoutant peu à peu de l'acide de manière à maintenir le même volume total. On applique l'enduit au pinceau du côté du nanzouk. le poids total du ballon et de son chargement, y compris quatorze hommes d'équipage et 600 ki- logrammes de lest, était de 3 799 kilogrammes.

Au moment du départ, le 2 février, à 1 heure, le baromètre mar- quait, à terre, 755 millimètres ; le vend paraissait souffler du sud assez fort. Aussitôt que l'hélice était mise en mouvement, l'Influence du gouvernail se faisait sentir dans le sens voulu ; cette action et la rota- tion d'un anémomètre placé en avant de la nacelle prouvaient que, sous l'action de son moteur, l'aérostat avait une vitesse propre. On a trouvé que la vitesse de translation de l'anémomètre à hélice est liée au nombre n des tours qu'elle fait dans une minute par l'équation

On pouvait donc calculer la vitesse de translation de l'aérostat par rapport à l'air ambiant en fonction du nombre de tours de l'anémo- mètre. La direction du cap s'obtenait au moyen d'une boussole fixée dans la nacelle et ayant sa ligne de foi parallèle au grand axe du ballon. Une seconde boussole, portant sur l'une de ses faces latérales une planchette parallèle au plan vertical passant par la ligne de foi, servait à déterminer la direction de la route suivie sur la terre, et la vitesse de l'aérostat sur le sol en fonction de sa hauteur lue directe- ment sur le cadran d'un baromètre anéroïde, convenablement installé et divisé. Les faits acquis peuvent se formuler ainsi : stabilité assurée, grâce au système de filet de balancine ; maintien de la forme du ballon au moyen du ballonnet à air ; facilité de maintenir le cap dans une di- rection voulue quand l'hélice fonctionne ; vitesse de 10 1^2 kilomètres par heure imprimée à l'aérostat par rapport à l'air ambiant au moyen d'une hélice mue par huit hommes et faisant 27 l\2 tours par minute; rapport de la vitesse propre de l'aérostat au produit de pas de l'hélice par son nombre de tours, 76 pour 100. En remplaçant sept hommes de l'équipage par une machine de huit chevaux- vapeur, on obtiendrait pour l'hélice un travail moteur dix fois plus fort et une vitesse propre du navire de 25 kilomètres.

Recherche» sur la fermentation, par M. Frémy. M. Frémy, opérant sur l'orge, la levure de bière, le moult de raisin, le lait et les

LES MONDES. «39

moisissures croit avoir : produit la fermentation alcoolique, lac- tique et butyrique en l'absence complète de germes atmosphériques ; produit des ferments au sein de cellules organisées sans accès pos- sible de germes atmosphériques ; démontré que les ferments alcoo- lique, lactique et butyrique ne dérivent pas de germes et se trans- forment les uns dans Jes autres, ou se produisent avec les mêmes organismes et les mêmes liquides fermentescibles. Les moisissures de l'acide tartrique sont un des organismes avec lesquels il a fttit naître toutes les fermentations. Les appareils et le mode d'opérer de M.Frémy prouvent trop qu'il n'a pris aucune des précautions des célèbres expériences de M. Pasteur; que, loin de fermer la porte aux germes de l'atmosphère, il la leur ouvre très-largement. Aussi quand M. Dumas demande que les expériences de M. Frémy et celles de M. Pasteur soient répétées devant une commission de l'Académie, M. Frémy se refuse et invoque, non le jugement de l'Académie, mais le jugement du monde savant.

Sur les lois du mouvement d'écoulement des liquides dans les es- paces capillaires, par M . Duclaux.— Citons cette conclusion : si Ton veut bien admettre, comme cela résulte du mémoire, qu'une substance quel- conque introduite dans un liquide complexe ou, ce qui revient au même, mouillée sur ses deux faces de deux liquides différents, s'imbibe de l'un à l'exclusion de l'autre, on arrive à cette conséquence déjà con- nue comme hypothèse, mais non démontrée, que les phénomènes d'en- dosmose ne sont que des cas particuliers des phénomènes de diffusion.

Etudes des effets mécaniques du marteau-pilon américain, par M. Résal. Le résultat des formules est que, lorsque le rigome est établi, la vitesse au moment du choc est à peu près le triple de celle du bouton de la manivelle.

M. Poulain adresse un projet d'un nouveau type de vaisseau de guerre sans roulis ni tangage.

Généralisation du théorime de Meunier, par M. A. Mannheinu

Etudes chimiques sur les landes de Bretagne, par M. A. Bo- bierre. Si les analyses établissent des écarts remarquables dans la composition des cendres des végétaux venus spontanément dans la lande cultivés dans la lande défrichée, il semble que, conformé- ment aux traditions chèrement acquises par les cultivateurs bretons, il faut considérer tel tel élément minéral comme impérieusement nécessaire à la prospérité de telle ou telle culture. Quoi qu'on ait pu dire, et bien que les végétaux subissent quelquefois ce qu'on peut appeler des écarts de régime, la présence des éléments minéraux daus les substances organisées est d'ordre physiologique et non un accident.

SUr la contraction des solutions de sucre 'dé canné âû moment de l'm- version et sur un nouveau procède saÙRdrimèirihue' pâif M. CÈaricel. ^ Cûn&ukôHs : diminution de ioluioe «Ju'é^ouve la solution <të siibre paf lfc fait riûverèîoh est considérable, et elle est susceptible il'ttre détètfftiiïée1 avec exactitude ; |>ar conséquent, la mesuré de la cbntrac- tfàfi peut servir à doser la quantité sucre 'de canne que contient une ttftutlOfl pto^ôsée. M. Chancel a fondé sûr ce principe line nouvelle mé- ttfôdé stlèchatîmétriÇué comparable pour la précfsioii i la méthode sac- éiarîtdétti(jne et qu'il espère rendre pratique.

Sur V atmosphère solaire, par M. Blaserna. Suivant Fauteur, il y aurait dans l'atmosphère solaire des vapeurs incandescentes, nofainocrçnt dil fer, mais cette atmosphère, haute de 16 à 20 minutes, serait fbrrn^ç en grande partie. ae gaz assez froids, sans lumière propre, éclairés par la photosphère, donnant un spectre continu et présentant des phéno- ne § de polarisation .

De l'existence de nègres braohyeéphales sur ici côte obeidentak d'Afrique, par M, Hamy.— Conclusions. 11 y a tout lien croire qtftl existe sot M bords de la rivière Fernand- Vas et sur quelques autres points de fe côtA occidentale d'Afrique une race nouvelle judqu'à prêseùt inebnniie; qtft serait aux nègres d'Afrique ce que sont les Nègrittôs Mhigapier, ÀtUfe, etc. aux nègres ordinaires.

Résultats expérimentaux contraires à première e&ftèrterice de M '. Por- teuri par M. Victor Meunier: L'objection de M. t. Jiëtihier ne floral paraît nullement fondée

Réponse à noie de M. Delauriay, par M. ftèhôQ. V&mlnepl sp& élàllite Maintient toriies ses accusations contre faÀihuàiré^téoroiôgique de l'Observatoire. A celte occasion, M. Le Verrier dépo&e la proposition suivante : « H sera nommé une commission spéciale* chargée de réviser les observations météorologiques présentées depuis un siècle à l'Académie, et d'en faite une édition authentique.

Observations ie Vàurôre boréale àû l février, par MM. froii, èaîicis, taussedàt, Chapelas, Cornu, Prazmowski. Le phénomène s'est étendu sur l'Angleterre, la France, la Brlgicpiè, l'Italie, f Espagne, la Turquie. Vers 9 h. 10 m. à Paris, les mouvements de l'aiguille de îdécli- liaison étaient très-bizarres. M. Cornu a vu que la majeure partie de la lumière 3e l'aurore provenait d'une raie très-tien définie, située dans la région vert-jaune, dune longueur donde égale à 557: M. Prazmowski avec un spectroscope de Construction très- simple, a vu quatre raies, la raie voisine de raie E de Fraunhofer, mesurée par M. Cornu; Une bande rouge voisine la raie C, deux autres bandes dans le bleu et la

LES MONDES ***

tlfflW, âîîi ôfltfifcfls des Mies F et G. Les deux premières apparaissent dattë 1W régions rotf&e^ les deux secondes dans les régions blanches.

•: ïéôimël admette la description d'un régulateur thermoatatffue q^î tffHbët de régler les températures supérieures à celle et l'ébullitiGD du mërCure; aussi bien que les températures voisines de celle de l'atmo- ftWi-é, pkf& tfue les parties délicates qui agissent sur le courant du gaz pgtfveht ôlrè éloignées du milieu chauffé.

il. Milnè-Edwafds rappelle que depuis plusieurs années son fils* eKWi aàrfà le laboratoire zootogique du Muséum tm appareil régulateur £oiit le chauffage des couveuses, qui fonctionne avec un degré de pré- cision remarquable iralgré les variations de pression du gaz d'éclairage êfljSoyfe pour le tbauffage, à ce point que dans une opération qui dure d'éfititè ptèà d'un an la température de la couveuse n'a pas varié d'un degré.

3ÉASCE DU LUNDI 15 JANVIER 1&72 (SUITE ET FINJ.

Les gai du sang. ' Expériences sur les circonstances qui en font varier la proportion dam le système artériel^ par MM. Ed. Mathieu et V Urbain.— Enonçons quelques-uns des faits principaux établis par les àiïteurs.— «Lé sangrefroidi fixe plus d'oxygène que le sang maintenu à température du corps. Ainsi la propriété fonctionnelle de* gU>- fiulés sanguins ne semblé pas s'exagérer par une température élevée, riifi'atôoino'r'ir par le froid.

' « La rareté des respirations chez les animaux refroidie, leur fré- quence Chez les animaux insolés seraient la cause des variations dans qtànhtS d'oxygène ;dissous par le sang artériel suivant la tempe-

rature*

« îj prfcèehce d'une quantité plus élevé* d'oxygène, dans le sang

âhériel des animaux dont la température rectale augtaente, se lie à des oxydations plus actives.

« Lorsque la température animale s'abaisse, tes combustiohs ib- times vont en décroissant. Lorsque le refroidissement du corps d'un animal est poussé à l'extrême, la quantité d'acide carborikjue qui reste en dissolution dans son sang artériel s'élève à plus de 60 pour 160; l'arrêt des mouvements du cœur par excès d'acide carbonique dans te sang du ventricule gauche devient la cause probable de la mort par

refroidissement.

a La rigidité musculaire du cœur qui s'observe lorsque la tempéra- ture d'un animal atteinUS degrés serait la conséquence de* oxydations éxce&Vèâ qui précédent la mort par la chaleur/

242 LES MONDES.

« La quantité d'oxygène en circulation dans le sang artériel aug- mente pendant le travail, mais cette augmentation n'est pas en rap- port avec le nombre des respirations. Après un travail soutenu, la respiration devient triple ou quadruple de ce qu'elle est normalement; or le chiffre d'oxygène ne s'élève nullement dans cette proportion.

% L'oxygénation du sang artériel pendant l'action du chloroforme sur l'organisme est assez variable. La période d'excitation initiale corres- pond à un sang artériel plus oxygéné que normalement. L'action prolongée du chloroforme entraine, au contraire, un ralentissement de la respiration, un abaissement de la température et une diminution dans la quantité d'oxygène fixé par le sang rouge.

« La morphine a une action analogue à celle du chloroforme. Pen- dant la léthargie causée par le froid, on observe la même diminution. Il est donc probable que le sommet physiologique oonsiste, non-seule- ment dans une anémie cérébrale, mais aussi dans l'envoi au cerveau d'un sang artériel moins oxygéné, d /

De la production du et/mène par t hydrate d'essence de térébenthine , par M. Ph. Barbier. «r J'ai traité la terpine cristallisée,

CiH^O' + H'O',

par le brome, dans la proportion de 1 équivalent du premier corps pour 2 du second ; il se produit ainsi un composé brome, de consis- tance demi-fluide, légèrement coloré en jaune, en même temps qu'il se sépare de l'eau et de l'acide bromhydrique, en très-petites quantités» provenant la décomposition du corps ainsi formé. Ce composé, qui parait être un dérivé brome d'un bromhydrate de terpilène, se détruit à la distillation, en donnant de grandes quantités d'acide bromhy- drique et un carbure d'hydrogène, que l'on purifie en le faisant bouillir sur de la potasse, ^'ans un appareil à reflux. Après purification, ce carbure présente tous les caractères du cymène; c'est un liquide in- colore, très-fluide, d'une odeur citronnée pénétrante, bouillant de 476 à 479 degrés ; sa densité à 45 degrés est de 0,864 comme le cymène du camphre.

Note relative à la réaction qui se produit entre le soufre et la vapeur d'eau, à la synthèse de l'acide sul/urique9 et à la prépara- tion du zinc pur par VéUetrolyse, par M. V. Meyers. « Les expérien- ces que j'ai faites se distinguent surtout de celles des autres expéri- mentateurs, par la température à laquelle s'effectue la réaction. Je fais passer la vapeur d'eau par un tube dans lequel le soufre est en.ébulii- tion; je suis ainsi plus certain de ne pas décomposer l'acide de la Ê^rie thionique <jui petit se former. La vapeur est condensée dans un

LES M( NDES. J43

ballon, refroidi par de l'eau : le liquide qui en résulte possède une réaction très-peu acide, et contient un précipité de soufre dont je le débarrasse en l'agitant avec de la céruse.

« La réaction entre l'eau et le soufre peut donc être représentée

3H20 + 4S = H»S*0'4-2H'S,

Une solution ammoniacale de sulfate de zinc pur est décomposée par le courant galvanique ; l'électrode positive consiste en une feuille de zinc, et l'électrode négative en un fil cuivre en forme de T. Quand on fait passer dans ce liquide le courant de deux éléments de Bunsen, le fil de cuivre se couvre aussitôt d'une couche de zinc, et bientôt il se forme aux extrémités du T un arbre de cristaux de zinc. Ces cristaux sont enlevés avec des pinces et lavés avec de l'ammoniaque étendue.

Sur un bolide observé à Nancy x le 20 décembre 1871, par M. P. Guyot. Ce bolide est apparu à 40 h. 28 du soir, près des étoiles s et & de Cassiopée; n'entra ensuite dans Persée, passa près de 6 et a, et continua sa course vers les Pléiades en coupant y de Persée et Algol, et en passant à côté de % ^e ^a même constellation. Il fit explosion près des Pléiades, et produisit une vive lumière verte ; un des fragments du bolide se dirigea vers â du Taureau, et un autre remonta vers le nord en entrant dans la constellation du Cocher; il disparut près de 0. Deux autres fragments descendirent à l'ouest et durent entrer dans la cons- tellation du Bélier. Ces fragments de bolide de laissèrent 'pas de traînée lumineuse derrière eux.

M. P. Gityot adresse, en outre, trois nouvelles Notes relatives à la coloration du ciel.

M. Tarry constate que la loi formulée par lui, et en vertu de laquelle les cyclones qui descendent de l'Europe vers l'Afrique éprouvent invariablement, dans les régions équatoriales, un mouvement de recul qui les fait revenir d'Afrique en Europe, chargées du sable qu'ils ont soulevé dans le Sahara, s'est déjà vérifiée à la fin de décembre 1870, et que, si elle est exacte, le cyclone qui est descendu sur l'Europe du 8 au 10 janvier la retraversera du sud au nord, à par- tir du 16 janvier, tandis qu'on observera au sud de l'Europe une pluie de sable à cette date. Il avait annoncé ce recul et cette pluie de sable, au vu de la situation atmosphérique de l'Europe accusée par le Bulletin international du 10 janvier, dans une note qui a été remise le 11, au matin, à M. le Directeur de l'Observatoire de Paris, en se fondant sur la complète similitude de cette situation et de celle du

foi ~ lès iïoHbtâ.

ï mars 1869, qui à précédé pluie de [sable dii <0 tiàri de lk tUMi année.

M. de Qtjatrefages, en présentant à l'Académie un dù*f fcîfrè' #4 M. Chantre, intitulé « Les palaftités ou constructioné lacuâtfes du lac de Paladru », ajoute les remarques suivantes :

Les palaffites de Paladru sont intéressants en ce qu'ils prouvent qu'il a existé en France des habitations lacustres jusqu'à l'époque càrlovinglénfle. En outre* ce n'est pas la violence qui a déterminé la ruine de l'établissement déctit dans l'ouvrage que j'ai l'honneur de présenter, mils bien un phénomène naturel d'envahissement par les feàu*. M. Chantre a étudié les causes qui ont pu faire varier le niveau* dtl lâc. It A examiné d'ailleurs les espèces animales et végétales dont if à recueilli les restes, ajoutant ainsi à ce que des recherches eu apparence exclusivement archéologiques nous ont déjà appris, surtout a\i sujet de noô animaux domestiques et de.nos plantes cultivées. A ces divers titres, le travail de M. Chantre intéresse l'Académie des Sciences beaucoup plus qu'on ne pourrait le penser de prime d'abord.

SÉANCE DU LUNDI 22 JANVIER. *

Observations relatives a note inférée par M. Fremy au dernier Compte rendu ; par M. Balard. « Il y a huit ans qu'il s'est produit dans le sein de l'Académie, sur la question de la génération Spontanée, une agitation passionnée et stérile pour la science. Les savants, dont je suis loin de Contester la valeur comme physiologistes et comme observateurs, mais qui manquaient de l'éducation du laboratoire, indispensable pour instituer des expériences rigoureuses, dans une matière délicate qui exige l'habileté et l'instinct d'un chimiste consommé, encombraient la science de faits inexacts. A la suite (l'insuccès dus à leur inexpérience, ils contestaient les résultats auxquels M. Pasteur était parvenu, rame- nant ainsi l'obscurité sur ces questions, que notre, confrère avait éclai- rées d'une si vive lumière. L'Académie voulut que ces faits contestés fussent vérifié'g. Ils le furent par ses délégués, dont le rapport fut approuvé (1), et, depuis cette époque, la question de la génération spontanée était sortie du domaine de la discussion scientifique cou- rante dans lequel elle tend à rentrer. Cette discussion doit cependant prendre désormais ces faits pour point de départ, parce qu'ils repré-

u ttht* ConyniugnjKOttmfe à^oette époque le composait de MM. FlooreM, Dam», BronpiUrt, Milne Edwavdi et Balard.

LES NiONDÉS. 245

sentent en ce moment ce qu'il y d (Je plus avancé eh fait d'expérience acquise sur ce sujet.

On peut, à mon avis, rentrer dans la discussion (Tune manière utile, mais en contestant seulement l'interprétation que M. Pasteur donne de ses expériences, au moyen de l'apport de faits nouveaux indiscutables comme les siens, et montrant que son explication n'est pas exacte. Voilà la seule marche logique et digne de l'Académie, qui c'a pas à débattre des opinions, mais à vérifier l'exactitude des laits sur lesquels on. Jes appuie.

Mais des faits probants sur ces sortes de matières, n'en a pas qui veut. Notre confrère, n'en pouvant distraire encore du Mémoire qu'il prépare/s'est décidé, pour rentrer .dans la question, A les remplacer par yne interrogation. Il demandç a M. Pasteur, non pas comment se développe la vie d'une manière générale, question dont la solution préalable doit cependant précéder toutes les autres, mais bien com- ment se produit une levure spéciale, la levure alcoolique. Et pourquoi flOtre confrère ne le cherchait-il pas lui-même ? Pourquoi? ai} lieu , ^'interroger la nature, interroge-t-il M. Pastepr, qui, je le crois bien. fimra par lui répondre en instituant une expérience concluante comme il sait les faire

Cependant, mon cher Pasteur, permettez à ma vieille amitié de vous dire publiquement que je crains que vous n'entriez dans une voie çuiçible à vos propres recherches et a votre repos, en répondant par vo£ expériences personnelles aux questions spéciales^ nombreuses, qui peuvent vous être adressées, maintenant que la porte est ouverte. Que yos adversaires expérimentent d'abord eux-mêmes, et, quand ils voua apporteront des résultats qui vous paraîtront inexacts, appliquez à les discuter et à trouver le point faible, s'il y en a, cette logique scienti- fique sévère dont vous avez le secret.

Le térafré modifiera-t-il vos opinions? Je ne sais, mais qu'importe 1 te (jtiè iôtis en àVèz tire ne flràjppë-t-il pas tous lès yeux ? Vous avez éifyliqué la "véritable cause de la conservation des matières alimen- taires. Voua nous avez appris à préserver nos vins des diverses altéra- tions qu'ils pouvaient éprouve^. Vous avez faU connaître la véritable théorie de la production du vinaigre, et montré à l'Allemagne la cause première d'une exploitation qu'elle fait sur une ^ande échelle, sans comprendre la nature du procédé qu'elle a introduit, dans l'industrie. Déjà la fabrication de la bière a fait de grands, progrès par vos études, jjui fourniront à la Bavière e|le-mèraç des, améliorations dans ses pra-

victorieuse. Ne peut-on pas espérer qu'en persévérant dans cette voie

246 LES MONDES.

vous préserverez l'espèce humaine, à son tour, de quelques-unes de ces maladies mystérieuses dont les germes contenus dans l'air pour- raient être la cause?

Mais pour continuer ainsi vos travaux, il faut que rien ne vienne troubler la paix du laboratoire qu'on a construit pour la science nou- velle que vous avez créée, et qui, en présence des grands résultats qui en sont sortis, ne sera jamais trop largement doté. Il faut que vous continuiez à grouper autour de vous ces jeunes hommes que vous animez de votre esprit et que vous pénétrez de vos méthodes. Donnez des successeurs et des émules à MM. Van Tieghem, Duclaux, Gernez, Raulin, et formez ainsi une nouvelle génération de jeunes savants instruits à votre école. Et si par hasard la doctrine de l'hémi-orga- nisme était plus vraie que nous ne le supposons aujourd'hui, vous et moi; si elle manifestait sa fécondité par des résultats analogues à ceux qu'on vous doit ; si, tout en interprétant les faits que vous avez obser- vés (car c'est la condition à laquelle doit satisfaire toute théorie nou- velle), elle en expliquait d'autres pour lesquels celle des germes serait insuffisante, nous accueillerions avec reconnaissance les expériences du savant, quel qu'il fût, qui nous aurait apporté une lumière plus vive. Car ce que nous aimons ensemble et par-dessus tout, c'est la vé- rité, la vérité simple, modeste et sans retentissement. Les jeunes gens qui cultivent la science ne l'ignorent pas, pourvu qu'ils apportent à l'Académie des expériences dirigées dans un véritable esprit scienti- fique, ils ne trouveront ici que des juges bienveillants, pleins de sympathie pour eux, heureux d'encourager leurs travaux ; ils n'auront jamais besoin d'invoquer contre aucun d'entre nous le patronage pro- mis par notre confrère, ni de recourir aux voix indépendantes qu'il tient à leur disposition. »

M. Fr6my dit : « Pour conserver à la discussion son caractère exclusivement scientifique et pour donner à l'Académie une nouvelle preuve de mes sentiments de modération et de bonne confraternité, je me contente de déclarer que je ne répondrai pas à la note de M. Ba- lard, parce qu'elle n'apporte pas d'élément scientifique nouveau à la question qui se discute en ce moment. »

Sur la nature et Vorigine des ferments. Réponse de M. Pasteur à la Note de M. Fremy, insérée au dernier Compte rendu. M. Fremy s'exprime ainsi (séance du 18 décembre dernier) :

« Pour ne parler ici que de la fermentation alcoolique, j'admets que, dans la production du vin, c'est le suc même du fruit qui, au contact de l'air, donne naissance aux grains de levure par la transfor-

LES MONDES. 247

mation de la matière albumineuse, tandis que M. Pasteur soutient que les grains de levure ont été produits par des germes. »

Dans sa note du dernier Compte rendu, M. Fremy précise un peu plus sa pensée et il dit : « que les grains de levure sont de véritables cellules qui se produisent sous l'influence de l'organisme même, comme toutes les cellules organisées, comme le pollen, comme les grains aleuriques, etc., sans dériver de germes atmosphériques, et cependant leur développement exige le concours de l'air. »

Telles sont les propositions de M. Fremy, hypothèses purement gra- tuites, on le voit. Nulle part, M. Fremy n'a donné la moindre preuve de ses opinions ; il y a même dans leur expression quelque incertitude : ainsi, on vient de voir par les deux citations précédentes, que, pour M. Fremy, la matière albumineuse se transforme directement en levure (première citation), ou bien les cellules de levure se produisent directement sous l'influence de l'organisme (deuxième citation). Comme il importe extrêmement qu'il n'y ait pas d'équivoque, je vais poser la question à mon tour.

Si les cellules de levure viennent du jus du raisin après qu'il a été exposé à l'air, et non des germes qui sont en suspension dans l'air ou à la surface des grains, ce qui est ma manière de voir, il faut qu'en écrasant des grains de raisin au contact de l'air privé de germes quel- conques, il faut, dis-je, dans l'hypothèse de M. Fremy, que la bouillie de ces grains écrasés fermente, ou donne tout au moins naissance à des productions organisées. Est-ce bien ce que pense M. Fremy? Quant à moi, je n'ai pas besoin d'ajouter que, dans mon opinion, il est impossible qu'il y ait fermentation ou formation de productions organisées dans les conditions que j'indique.

Ma réponse aux notes de M. Fremy pourrait se borner à cette réfu- tation péremptoire de son hypothèse. Mais j'irai plus loin.

Je puis démontrer avec rigueur lés quatre propositions suivantes :

Le germe de la levure du raisin est le germe du mycodermavini;

La leviire du raisin diffère de la levure de bière proprement dite (celle qu'ont eue entre les mains Lavoisier, Gay-Lussac, Thenard, Ca- gnard-Latour), à tel point qu'il n'y a pas une seule cellule de cette levure de bière dans la cuve de vendange ;

La levure du raisin est identique à la levure de bière à fermenta- tion basse des bières dites allemandes ;

Le germe du mycoderma vini est un des germes les plus répan- dus dans l'atmosphère, particulièrement au printemps et dans l'été. Ce mycoderme a deux modes de vie essentiellement distincts : MOISIS- SURE, il s'empare de l'oxygène de l'air, le fait servir à l'assimilation

L

548 LES MONDES.

-v? .

des matériaux de jp. nutrition, et le rend à l'état d'acide carbonique ; FERMENT, il se développe à l'abri de l'air et devient la levure alcoo- ligue du raisin.

'Et voilà que M. Freray, qui ne voulait pas entendre parler de moi- * sissures, s'y' trouve' ramené* forcément par moi, ou mieux par la puissance des faits contré laquelle ne peuvent prévaloir nos faibles conceptions, d

De la température du sol observée au Jardin de Plantes, à FOb- servatoire et à Mont souris, pendant le mois de décembre i87i, à O™,^ au-dessous de la surface. Note de JMM. Becquerel et Ed. Becquerel. Conclusions.— «Au Jardin des Plàntes,soufe le sol couvert, la tempé- rature a élé plus uniforme que dans les autres sols, en raison peut- être des arbres verts qui s'y' trouvent à très -peu de distance et qui servaient d'abris contre le rayonnement des espaces célestes. Le climat y a donc été plus tempéré. Des graines, des bulbes, des larves d'in- sectes, très-sensibles à la gelée, y souffriraient donc moins qu'à Montsouris et au Jardin des Plantes, dans le sol dénudé A l'Ob- servatoire, le sol, quoique moins uniforme, y a été cependant un peu

plus chaud que celui couvert du Jardin des Plantes Dans un sol

d'une certaine étendue, livré à la culture*, et dont toutes les parties ne sont pas identiques, sous le rapportlde leurs propriétés physiques,

la distribution (Je la chaleur solaire n'est pas uniforme partout. Nous faisons abstraction ici de l'état hygrométrique du sol, qui exerce aussi une influence..... Si l'on sème tardivement, dans une terre semblable à celles du jardin (sol couvert) et de l'Observatoire, des graines de céréales et autres, dont la végétation ne soi), pas assez avancée pour que les jeunes feuilles couvrent le sol ayant la gelée, il y a chance pour que les jeunes plants souffrent du froid. »

Sur la comète d'Encke et les phénomènes qu'elle vient de pré- senter à sa dernière apparition. Note de M. Paye, a Les astronomes anglais ont été vivement frappés de la singulière figure sous laquelle la comète d'Encke vient de se montrer. Son spectre est exactement semblable ^ celui de la comète II, 1868, qui présenta trois bandes brillantes coïncidant en position et en éclat relatif avec trois bandes du spectre du carbone. Pas de traça de polarisation, ou du moins la lumière de cette comète ne présentait certainement pas une propor- tion considérable de lumière polarisée. La matière cométaire paraissait s'écouler vers le Soleil; elle ne semblait pas avoir encore éprouvé l'action répulsive de cet astre.

Sa figure était en éventail, sans noyau. Une nébulosité s'étend biep ^u tfçlà de l'éventail brillant, mais seulement du côté s'ouvre cet

LES MONDES. 349

éventail. Du côté opposé, cette nébulosité est coupée net, à peu près en ligne droite, immédiatement en arrière du sommet de l'éventail. Le côté ouvert de l'éventail était directement tourné vers le Soleil.

Au premier abord, il semblerait que ces phénomènes fussent en pleine contradiction, soit avec ceux que les comètes ont constamment présentés jusqu'ici, soit avec la théorie que j'ai proposée depuis long* temps pour les expliquer. Une bien simple réflexion suffit, je crois, pour montrer qu'il n'en est rien.

La comète d'Encke est celle qui a la période la plus courte (trois ans un tiers). Depuis 4786, époque de la première découverte, elle a déjà exécuté vingt-six fois son retour au périhélie. Elle a donc subir un grand nombre de fois l'action du Soleil, et perdre presque tous ses matériaux les plus sensibles à l'action solaire. Hais elle avait» au commencement de ce siècle, une queue très-visible à l'œil nu et un noyau brillant comme une étoile de quatrième grandeur, et l'obeer» vation de M. Carpenter montre que son épuisement en matériaux susceptibles d'être repoussés par le Soleil n'est pas encore complet ; qu'il en reste assez pour former une assez vaste nébulosité et un véri- table rudiment de queue, et, par suite, pour rendre compte de la lumière propre du noyau, dans l'ordre d'idées que j'ai exposé derniè- rement au sujet d'une ingénieuse hypothèse de M. Tait s

Sur les protubérances solaires, par le R. P. Secchi. c J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le résultat de toutes les observa- tions faites sur les protubérances pendant l'année qui vient de finir. Les observations comprennent 9 rotations solaires. Ces résumés font aussi ressortir des faits nouveaux, qui ont une grande importance pour la théorie solaire. Les 9 rotations synodiques approximatives sont distribuées comme il suit, avec le nombre des jours d'observation effective.

Tableau des rotations et des jours d 'observation*

Joart.

Rot. I, du 23 avril au 25 mai, 25

II, du 22 mai au 18 juin, 24

III, du 19 juin au 15 juillet, 26

IV, du 16 juillet au 12 août, 28

V, du 13 août au 9 septembre, 25

VI, du 10 septembre au 7 octobre, 18 VU, du 8 octobre au 4 novembre, 14 VI 11, du 5 novembre au 4 décembre, 8

IX, du 5 décembre au 31 décembre, 16 -,

i9

260 LES MONDES.

Le nombre total des protubérances notées et figurées est de 2,667; le nombre total des jours d'observation complète est de 184. On a re- jeté les jours incomplets.

Conclusions. «—!• Les protubérances observées étant dipposées de 10 en 10 degrés de latitude héliographique, on voit qu'il y a deux maxima principaux de fréquence, placés entre 20 et 30 degrés lat. nord, et entre 10 et 30 degrés lat. sud; deux maxima secondaires se trouvent entre 70 et 80' degrés dans chaque hémisphère. Les minima principaux tombent entre 60 et 70 degrés nord et 50 et 60 degrés sud ; un minimum secondaire, près de l'équateur, entre zéro et 10 degrés nord; deux autres minima, aux pôles.

2* Les régions les protubérances sont les plus nombreuses sont aussi celles elles sont le plus élevées ; la hauteur moyenne est allée en diminuant de la 11e à la VIIIe rotation (22 mai au 4 décembre), à cette dernière époque elle est réduite à 4/7 ; dans l'hémisphère sud, elles sont un peu plus élevées et plus nombreuses que dans l'hémisphère nord.

Les régions qui fournissent des maxima et des. minima pour le nombre des protubérances sont aussi celles dans lesquelles les protubé- rances sont le plus étendues. Les masses de protubérances les plus élevées sont aussi celles qui sont les plus étendues en longitude et en latitude, bien que l'on rencontre quelquefois des protubérances étroites et isolées qui arrivent à une grande hauteur.

4* Les légions des maxima des facules coïncident avec les régions du maximum principal des protubérances en hauteur et largeur.

Parmi les 893 protubérances observées du 26 août au ai décembre, on en trouve 471 qui ont une direction bien tranchée, en forme de pa- naches inclinés; or, de ce nombre, 370 sont inclinées, selon la loi du transport de l'atmosphère solaire, de l'équateur aux pôles, et 101 seu- lement ont été trouvées dirigées en sens contraire; 40 ont été verticales, sur les pôles ou à l'équateur. Ce fait ne peut être accidentel, M. Spœrer est arrivé aussi au même résultat, après moi.

6# Pendant cette période, comprenant presque neuf mois, j'ai observé un grand nombre de véritables éruptions, mais je n'en ai vu aucune à une latitude supérieure à 45 degrés. Les plus belles sont comprises entre zéro et 36 degrés. Les éruptions proprement dites ont une durée très-courte : en une heure, tout est à peu près fini. L'éruption est pré- cédée par un cumulus, ou dôme krégulier très-vif, qui soulève la chro- mosphère; peu à peu le sommet du dôme se soulève, des jets se pro- noncent et sont suivis par des arcs paraboliques de matière éruptive, qui retombent sur le soleil : la plus grande partie de la masse soulevée

LES MONDES. KH

se diffuse dans l'atmosphère solaire, s'y dissout et perd son éclat; enfin il reste un petit Jet, dépouillé de sa magnifique parure, qui s'éteint à son tour. La plus grande hauteur à laquelle J'aie vu et mesuré la matière projetée a été de 4'3t". Cette grande hauteur n'est atteinte que par l'hy- drogène et la matière de la raie D». Les vapeurs des autres métaux n'ar* rivent Jamais aussi haut. Les corps que J'ai vu s'élever le plus haut sont le sodium et la matière qui produit la raie rouge, à peu près à égale distance entre B et C.

Distillation simultanée de l'eau et de l'iodure butyliqtie, par M. ls. Pierre. Lorsqu'on met, dans une cornue, de l'eau et de l'iodure buty- lique, ces deux liquides s'y superposent dans Tordre de leurs densité*, c'est-à-dire que l'iodure, dont la densité est égale à 1,6 environ, se dé- pose au fond de la cornue. Si l'on chauffe la masse liquide mixte, température s'élève progressivement Jusque vers 95 ou 96 degrés ; à cette limite, elle reste stationnaire ; une ébullition Régulière se mani- feste et la distillation commence. Chacun de ces deux phénomènes mé- ritant ici une attention spéciale, nous allons nous y arrêter successi- vement. On voit de grosses gouttes d'iodure se détacher de la couche inférieure constituée par l'iodure et traverser la couche d'eau, puis re- tomber en la parcourant en sens inverse. Chacune des gouttes d'iodure est surmontée d'une bulle creuse et transparente, d'apparence sphérique, remplie de vapeur, et beaucoup moins dense que l'eau ; on comprend aisément qu'un système composé d'une pareille bulle et d'une goutte d'iodure, de grosseur convenable, puisse avoir encore une densité moyenne inférieure à celle de l'eau.

Tant qu'il reste une seule goutte d'iodure au fond de l'eau, la tempé- rature d' ébullition, accusée par un thermomètre plongeant dans le bain mixte, ne subit pas de changement sensible, elle reste à 96°; mais, lorsque tout l'iodure a disparu, la température s'élève progresslvemeùt et d'une manière continue, jusqu'à ce qu'elle ait atteint 100 degrés, c'est-à-dire que nous rentrons alors dans le cas ordinaire de l'eau.

Lorsqu'on distille l'iodure seul, il bout à 122°,5 ; en présence de l'eau, il bout et distille vers 96 degrés. La température de son ébullition se trouve donc alors abaissée de 26%*. Des deux liquides, le plus volatil, c'est l'eau, qui bout à 100 degrés; îl semble, à priori, que Teau devrait distiller plus rapidement que l'iodure,- mais si, pendant toute la durée de l'expérience, on observe les proportions relatives des deux liquides condensés, on trouve que, sur un total de 100 parties, en volume, de liquide condensé, l'eau ne figure que pour 21, tandis que l'iodure figure pour 19, c'est-à-dire quatre fois plus en volume, et près de six fois et demie plus en poids. Ce rapport paraît indépendant de celui des quan-

252 LES MONDES.

tités de liquides contenus dans la cornue, puisque, vers la fin de l'expé- rience, quand il ne reste presque plus que des traces d'iodure, en présence d'un grand excès d'eau, ce rapport est exactement le même que lorsque les deux liquides sont en présence, volume à volume, dans cette même cornue, *

L'iodure éthylique, en présence de l'eau, se comporte d'une manière analogue. Le mélange bout régulièrement à 66 degrés, tandis que Fiodure seul bout à 70, et la température d'ébullition reste constante ; seulement, la proportion d'eau condensée en même temps que Fiodure, pendant la distillation, est beaucoup plus faible que dans le cas de tous les liquides que nous avons examinés jusqu'à ce jour. Elle atteint à peine 3 ou 4 pour 100. L'iodure étbylique donne lieu, pendant son ébuilition en présence de l'eau, aux mêmes apparences que Fiodure butylique.

Rapport sur un mémoire de M. Grûner relatif a V action de l'oxyde de carbone sur le fer et ses oxydes. Conclusions. M. Grùner, non-seu- lement répète et confirme les expériences de ses prédécesseurs, Bell, Margueritte, Caron, etc., sur la production du charbon floconneux, au contact de l'oxyde de carbone et de l'oxyde de fer à basse température, mais encore il fait une analyse immédiate du plus haut intérêt sur le produit définitif de cette réaction nouvelle.

En faisant passer de l'oxyde de carbone pur sur du sesquioxyde de fer naturel, à une température voisine de 400 degrés, le premier effet obtenu est la transformation du sesquioxyde en un oxyde, ou un mé- lange d'oxydes moins oxygénés, sans dépôt bien notable de charbon. Puis celui-ci apparaît et se produit dès lors avec une rapidité très- grande. En opérant sur de très-petites quantités de matière, on épuise l'action du gaz réducteur; en analysant par les procédés les plus ra- tionnels le mélange résultant, on trouve les nombres suivants :

Charbon 33,40

Oxyde magnétique 3,75 tenant oxygène .... 1 ,05

Argile du minerai 0,61

Fer métallique 61,19

Oxygène uni à oefer. . 1,05 j,05

106,00 2,10

M. Grûner conclut de ces nombres que la réduction totale de l'oxyde de fer par l'oxyde de carbone dans ces conditions est impossible, et que le dépôt de charbon par le dédoublement de l'oxyde de carbone devient très-faible, sinon nul, dès que la réduction de l'oxyde de fer est parve- nue à ses limites extrêmes.

LES MONDES 253

Il conclut d'autres expériences que, pour être réduit par le fer, l'oxyde de carbone doit apporter avec lui ou rencontrer une certaine quantité d'acide carbonique ou d'oxygène.

En résumé, le travail de M. Grûner contient un grand nombre de faits delà plus haute importance pour l'étude des propriétés du gaz oxyde de carbone, de son action sur le fer et les oxydes de fer, pour la théorie de la fabrication du fer et de la cémentation, et nous demandons à l'Aca- démie de vouloir bien insérer son mémoire dans le Recueil des Savants étrangers.

Sur lerôledes organes respiratoires chez les larves aquatique*, par M* Monnier. Conclusion : * Les trachées n'interviennent pas dans l'acte respiratoire de ces larves, comme on a cru le reconnaître jusqu'à ce jour, mais la respiration est, de tout point, sem- blable à celle des autres animaux aquatiques ;

Les trachées, dont toutes les larves sont pourvues, ont pour but de répandre uniformément une couche d'air sous, la peau de la nymphe, afin de rendre tout frottement impossible entre l'insecte et son enveloppe ;

Les organes respiratoires de la nymphe servent à accumuler une provision d'air dans l'œsophage et le gésier f et cet air, expulsé subitement par l'anus, projette mécaniquement l'insecte hors de son tégument compliqué, instantanément et sans lutte. »

M. Wolf adresse une lettre relative au développement et à la disposition nouvelle qu'il conviendrait de donner aux expériences qu'il a déjà soumises au jugement de l'Académie, sur le mode d'ob- servation à adopter pour le prochain passage de Vénus.

H. Trémaux adresse une note intitulée : « Phénomènes in- diquant l'état du milieu sidéral. » Suivant l'auteur, les difficultés que les astronomes ont cru rencontrer contre l'existence des atmo- sphères sidérales vient de ce qu'ils ont supposé que la matière devait tourner, à une certaine distance de l'astre en rotation, avec une vitesse telle que la force centrifuge ne lui permît plus de de- meurer autour de l'astre. L'auteur admet que la vitesse de rotation suivrait une progression décroissante déterminée, depuis l'atmo- sphère immédiate jusqu'à l'astre secondaire le plus éloigné, aussi bien autour des planètes qu'autour du soleil.

Recherches sur les courants d'induction produits dans les bobines <Tun électro-aimant, entre les pôles duquel un disque métallique est mis en mouvement ; par M. H. de Jacobi. « Dans la séanee du 11 sep* tembre dernier, M. P.-A. Favre avait présenté à l'Académie des sciences une note sur l'origine de la chaleur développée, lorsque

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le mouvement communiqué 4 un disque métallique s'éteint sous l'influence d'un électro-aimant. D'après lai, le courant de la pile, circulant dans les bobines, ne subissait aucune altération, soit que le disque fut mis en mouvement, soit qu'il fut laissé en repos. Les courants moléculaires, auxquels est le magnétisme de l'électro- aimant, sont constants* et ne peuvent être influencés par les couv- rants d'induction voisins, circulant dans le disque» Ces conclusions ne m'ayant pas paru d'accord avec les lois générales de l'induction, je me décidai à répéter l'expérience de M. Favre, avec un appareil de M. Foucault, construit par Rubmkorff lui-même. C*paftdant, les moyens d'expérimentation employés par M. Favre ne m'ayant pas paru assez sensibles pour décider la question, comme je n'avais besoin ni d'un calorimètre, ni d'un voltamètre, mais seule- ment d'un galvanomètre, j'ai employé un galvanomètre à réflexion d'une extrême sensibilité.

Conclusions : a Le disque en mouvement exerce une influence sur ci les pôles voisins de l'électro- aimant, et donne lieu à des courants « d'induction dans les bobines qui l'entourent.

a Lorsque la vitesse du mouvement est accélérée, ces courants « sont contraires au courant de la pile, qui imprime ou qui avait « imprimé à l'électro-aimant son magnétisme.

a Dès que la vitesse du mouvement devient uniforme, ces cou- ci rants disparaissent ; ils se renversent et prennent une direction a dans le sens du courant de la pile, quand la vitesse du disque est a retardée. »

« Les courants d'induction circulent donc dans les bobines, au commencement et à la fin du mouvement du disque, ils sont op- posés en direction et probablement de force égale. Ces courants étant en outre très-faibles, leur effet total se réduit parfaitement, ou très-approximativement, à zéro; ce qui s'accorde avec les résul- tats obtenus par M. Favre, qui n'avait considéré le phénomène que dans son ensemble. *

Daqs ses expériences, M. Jacobi a observé un fait curieux. En se servant de la pile de Bunsen, les déviations, malgré l'aimanta- tion très-énergique des électro-aimants , ont été constamment moindres que celles qu'on obtenait en, employant la pile, beaucoup plus faible, de Daniell.

Ne connaîtrait-il pas ou aurait-il oublié ce que nous avons démontré dans notre traité de télégraphie, que pour produire lemaximum d'aimantation le courant qui parcourt le fil de l'électro-aimant ne

LES MONDES. 255

doit être ni trop faible, ni trop fort, mais proportionné à la lon- gueur et an diamètre du fil, c'est-à-dire à sa résistance ?

Lois géométriques de la distribution des pressions, dans un so- lide homogène et ductile soumis à des déformations planes, par M. J. Boussinesq. Citons seulement ce théorème : « La condition nécessaire et suffisante pour que deux systèmes de cylindres ortho- gonaux puissent être isostatiques dans un corps ductile soumis à des déformations planes, ist que ces cylindres, convenablement espacés, découpent un plan normal à leurs génératrices en rectan- gles élémentaires tous équivalents. »

Sur la construction de cartes célestes très- taillées, par MM. Prosper Henry et Paul Henry, a La méthode d'observa- tion que nous employons pour obtenir la position des étoiles est la suivante :

Au foyer d'un télescope de 0m,30 d'ouverture, nous avons plaeé une plaque circulaire de verre parfaitement plan, coupé diamé- tralement par un trait noir. Perpendiculairement à ce trait, nous avons tracé, au moyen d'une machine à diviser, 41 divisions pla- cées à égale distance. L'intervalle de deux traits consécutifs est de 8mll,4839 et correspond à 1 minute d'arc. Ces divisions sont desti- nées à mesurer les déclinaisons des étoiles. Afin de les évaluer plus promptement, â chaque intervalle de 5 divisions, on a doublé la longueur du trait ; l'un d'eux est prolongé jusqu'à la circonférence. Pendant les observations, on l'amène à être parallèle au mouve- ment diurne, en y laissant courir latéralement une étoile.

Ce [procédé d'observation nécessite deux observateurs ; il faut aussi disposer d'une salle divisée en deux parties par une cloison mince et opaque.

Dans l'une d'elles, complètement privée de lumière, on place le télescope dans une position déterminée et invariable. Un observa- teur (A) se place près de l'instrument, et suit, dans le champ de l'oculaire, le mouvement des étoiles et leurs positions par rapport aux divisions du réticule décrit plus haut ; un second observateur (B), placé dans l'autre partie de la salle, a devant lui une pendule sidérale dont il suit facilement la marche au moyen d'une disposi- tion particu^ère (1).

(1) Cette pendule est d'une eonstruotiou spéciale. Noue avons rèoonnn que, pour lire rapidement les secondes, il était préférable de faire tourner le cadran, au lieu de faire tourner l'aiguille; nous avons donc remplacé cette dernière par un cadran mo- bile, très-léger, dont chacun de* points de la circonférence passe devant un index fixe. De cette façon, du premier coup d'oeil, on trouve la seconde, toujours au même point, sans être obligé de la chercher sur toute la surface du cadran.

356 LES MONDES.

Le mouvement diurne amenant dans le champ de l'oculaire^ et par conséquent entre les divisions du réticule, toutes les étoiles de la zone vers laquelle est dirigé l'instrument, au moment l'une d'elles s'engage entre les divisions de la plaque en verre, l'obser- vateur (A ) prononce en minutes et dixièmes de minute la décli- naison, qui est immédiatement transcrite par l'observateur (B) sur un cahier préparé à cet effet. Un moment après, l'étoile passe der- rière le trait noir perpendiculaire à l'équateur. Cet instant est pré- cisé par l'observateur (A), qui l'indique en nommant la grandeur de l'étoile ; l'observateur (B) note alors : l'heure de la pendule à une demi-seconde près ; la grandeur de l'étoile.

Ainsi, l'observateur (A), constamment l'œil à l'oculaire, observe d'abord la déclinaison des étoiles, qui est immédiatement trans- crite par l'observateur (B) ; il indique ensuite la grandeur de l'étoile qui sert de signal pour l'observation de l'ascension droite, qui est lue et transcrite par l'observateur (B).

Nous arrivons de cette façon, en alternait les rôles des observa- teurs, à déterminer la position de 500 étoiles en* moyenne par heure.

Chaque zone est observée deux fois au moins.

Les étoiles ainsi obtenues sont ramenées à leurs positions réelles au moyen d'étoiles de comparaison convenablement choisies et prises dans le Catalogue de Lalande. »

M. Delaunay, en présentant la Note de MM. Henry, met sous les yeux de l'Académie une première carte céleste exécutée par les auteurs de cette Note, et suivant la méthode qui y est décrite* Cette carte, qui s'étend en ascension droite de 21*» 0m A 21» 20°?, et en déclinaison de 15' à 11°30\ contient 2445 étoilesdepuis la 7* grandeur jusqu'à la 43* ; elle est très-belle et exécutée avec beaucoup de soin. Des vérifications nombreuses auxquelles elle a été soumise ont montré que les positions des étoiles y sont données avec une approximation de quelques dixièmes de minute d'arc en déclinaison, et d'nne seconde de temps en ascension droite. La méthode suivie a permis de mener le travail très-rapidement ; le gros du travail a été effectué dans six soirées seulement ; quelques autres soirées, le ciel n'était pas complètement beau, ont suffi pour combler les lacunes.

De plus, parmi les 2445 étoiles dont la position a été fixée dans <5è temps très-court, il y en a environ 1400 qui ont été observées deux fois. Le télescope dont se servent MM. Henry a été construit par eux-mêmes.

LES MONDES. 2*7

Réponse à un passage du Mémoire de M. Trécul, inséré au Compte rendu de la dernière séance, par M. J. de Seynes. « Je prie l'Académie de vouloir bien me permettre de répondre, en peu de mots, aux observations que M. Trécul m'a adressées dans la dernière séance. Je suis tout disposé à recommencer les expérien- ces de cet éminent observateur, les miennes et d'autres 'encore, mais M. Trécul me permettra de lui dire que, si je ne suis pas ar- rivé aux mômes conclusions que lui, cela ne tient pas seulement à ce que je me suis placé dans des conditions différentes. Le 26 dé- cembre dernier, M. Trécul annonçait que a des flacons sucrés, en- « semences avec des spores globuleuses vertes du Pénicillium a crustaceum, transformèrent en huit ou douze jours ce9 spores en « belles cellules de levure... s Or je place le;/\ crustaceum, portant des spores, dans des vases contenant des liquides sucré?, recou- verts d'une cloche. Les fragments de baguette de verre posés sur la pellicule du Pénicillium n'en couvrent guère qu'un dixième et la laissent en contact avec le liquide sucré. Ces conditions me sem- blent très-analogues à celles que décrit M^Trécul, mais je n'ai pas été assez heureux pour arriver au même résultat que lui. Je n'ai pas mieux réussi en semant des spores du Pénicillium dans un li- quide sucré, contenu dans des tubes de verre bouchés avec du co- ton, ïci la différence consiste en ceci, c'est que les récipients de Af , Trécul sont solidement bouchés et ficelés ; je suis tout prêt à étudier les résultats <Jue peut produire ce changement de ferme- ture. 11 n'en ressort pas moins du passage cité ci-dessus que M. Trécul admet la possibilité de se rendre compte de la transfor- mation des Pénicillium en levure aussi bien que des levures en Pénicillium. Si j'ai une préférence pour ce mode d'expérimentation c'est par suite des nombreuses causes de confusion que présente l'observation du passage de la levure à d'autres organismes. Sans entrer dans l'analyse de tous les faits que je pourrais citer, je me bornerai à dire que beaucoup de conidies de Champignons divers reproduisent d'autres conidi es de même forme, en bourgeonnant comme la levure; leur dimension, leur contenu même et leur structure peuvent présenter une grande analogie avec les cellules de la levure, mais aucune expérience ne m'a démontré jusqu'ici, d'une manière satisfaisante, que ces conidies, mêlées à la levure, ne conservaient pas leur identité générique. Il m'avait donc paru naturel, pour arriver à la vérité, de me placer dans les conditions les moins compliquées.

Il s'agit d'une simple vérification expérimentale. Je ne pensais

258 LES MONDES.

pas qu'aucun observateur pût être étonné de Y analogie d'aspect que présentent des Bactéries avec des granulations plasmatiques. M. Da vaine, M. Hoffmann et tous les auteurs qui se sont occupés de Bactéries admettent qu'on en rencontre plusieurs espèces sous forme de granulations qui, pour les uns, seraient les germes des Bactéries, et qui, pour d'autres, seraient le résultat d'une siscipa- rité ou d'une désagrégation artificielle résultant des mouvements imprimés au couvre-objet.

Sur une méthode de séparation analytique des deux toluidines isomères, par M. A. Rosenstiehl. a La séparation analytique des deux toluidines isomères est rendue possible par les propriétés de leurs oxalates. Latoluidine cristallisée ne forme avec l'acide oxalique qu'un seul sel représenté par C* O4 H*. C H1 Az a. H1 0 ; c'est donc un sel acide; il est soluble, à 15 degrés C, dans 125 parties d'eau et dans 6660 parties d'éther privé d'alcool. La pseu- dotoluidine forme deux oxalates, l'un, C'O'H'.C'H'AzjS, EPO, qui est acide et qui se dissout à 18 degrés C. dans 200 parties d'éther; l'autre, neutre et anhydre, CFÛ'H'. (G'H9 Az/3)1, soluble 4 18 de. grés C. dans 267 parties du même dissolvant. Quand on ajoute l'acide oxalique au mélange des deux alcaloïdes, la toluidine se sature la première, et forme un sel acide, quel que soit l'excès d'alcaloïde ; la pseudotoluine reste libre jusqu'au moment son isomère est totalement saturé.

Les phénomènes que je viens de décrire s'accomplissent en pré- sence de l'eau ou de l'éther, mais ce n'est que dans ce dernier milieu qu'elles acquièrent la netteté qui permet d'y fonder une mé- thode analytique.

Je prépare : de l'éther exempt d'alcool (il ne faut pas qu'il soit anhydre) ; 2e une solution contenant 5 grammes de toluidine pure (se solidifiant à + 45° C.) } une solution d'acide oxalique, équi- valente, volume à volume, à la précédente ; puis je procède à un essai préliminaire, pour constater que l'éther employé est d'une pureté suffisante. Je mêle à cet effet 12 centimètres cubes de l'é- ther à essayer à 0ce, 2 de chacuife des deux liqueurs titrées ; il se forme, par ce mélange, Or, 0022 d'oxalate acide de toluidine, lequel exige pour sa dissolution 16 grammes d'éther. Si celui-ci est d'une pureté suffisante, il ne saurait dissoudre la quantité totale de bi- oxalate ; une portion de ce dernier apparaîtra sous formelle petits cristaux, qui se fixent sur les parois du verre.

Pour effectuer un dosage, je dissous 0^,2 de l'alcaloïde à essayer dans 80 grammes d'éther, et j'y verse la solution oxalique, à l'aide

LES MONDES. 289

d'une burette graduée. L'oxalate acide de toluidine se précipite aussitôt» L'aspect du précipité sert de guide dans la marche de l'opération; au début, il est très-divisé et amorphe, et ressemble au sulfate de baryte ; mais l'agitation le réunit en flocons, et il se dépose alors rapidement. S'il y a en dissolution moins de 0^,03 de toluidine, le précipité est chatoyant ; s'il n'y en a plus que Or, 01 à 0*r,003, il est franchement cristallin.

Dans ce moment, il est avantageux de filtrer le liquide, car l'oxa- late qui se dépose en dernier lieu s'attache de préférence aux pa- rois de verre et gêne la vue. On s'assure que la précipitation est complète, en ajoutant à une petite portion *du liquide filtré une goutte de solution oxalique ; la présence de la toluidine est accusée par de petits cristaux qui s'attachent au verre, au niveau du liquide,

L'opération est terminée quand oe phénomène ne se produit pins. Il est indispensable alors de s'assurer : que l'on n'a pas employé un excès d'acide oxalique, ce qui se fait avec facilité à L'aide de la solution titrée de toluidine ; que le dernier précipité formé est bien un sel de toluidine ; dan» ce but, on le lave par dé- cantation avec un peu d'éther; opération qui se fait rapidement, puisqu'il adbèro au verre ; on le sè.ehe, on le dissout dans quelques gouttes d'aeide sulfurique bihydraté : une trace d'acide nitrique, introduite dans cette solution, y développe des veines de ce bleu magnifique, mais fugace, qui caractérise la toluidine.

Voici quelques analyses de mélanges en proportions connues* faites pour vérifier la méthode :

Composition du mélange Volume

h de la Toluidine

pgeudotolutdine toluidine. solution oxalique trouvée

gr «r co

0,2 .0,0184 3,* 0,0155

0,103 ,030 5,9 0,0295

0,2 0,075 15,1 0,0755

0,143 0,126 25,3 0,1265

D'après ces résultats, la méthode ne le cède pas en précision à la plupart des méthodes volumétriques.

Note sur l'Annuaire météorologique de l'Observatoire de Paris pour 1872, par M. Ë. Renou. a L'Observatoire astrono- mique de Paris a publié récemment un Annuaire météorologique ; ee livre contient des erreurs; nouslne relèverons ici que les prin- oipales*

2(30 LES MONDES.

Cet erratum douloureux remplit quatre grandes pages, et voici com- ment M. Renou termine : c Les hauteurs de pluie recueillies à l'Ob- servatoire de Paris ont des valeurs très-diverses; bien faites d'abord par Lahire, elles sont devenues défectueuses dans les dernières années de sa vie; il est mort en 1719. Les hauteurs d'eau de pluie ou de neige de 4840 à 4853 ont été notées avec très-peu de soin ; on ne me- surait que la pluie mensuelle; aucune précaution n'était prise pour recueillir et mesurer la neige, et il en esjt encore de même dans un grand nombre de points d'observation, notamment en Allemagne. Il en résulte qu'on ne recueille pas en hiver la dixième partie de l'eau que reçoit le sol, et que, dans l'avenir, on serait peut-être tenté de croire que les hivers sont devenus plus humides que ceux de l'époque actuelle. Les observations pluviométriques de 4719 à 1754 n'ont au- cune valeur; les erreurs sont très-inégalement réparties, et il est impossible d'appuyer sur ces nombres faux aucun raisonnement scien- tifique.

Nous bornons cet erratum, qui ne contient qu'une bien faible fraction des rectifications qu'il aurait fallu faire. Mais il était néces- saire de protester contre cet- amas d'inexactitudes, qui, se propageant sous l'autorité de l'Observatoire de Paris, pourrait induire beaucoup de personnes en erreur, si les météorologistes français ne se hâtaient d'en prévenir le public scientifique. »

Sur la préparation de Vozon* à fêtât concentré. Note de M. A. Houzeau, présentée par M. P. Thenard. J'ai construit plusieurs appareils reunissant ces conditions qui me permettent d'obtenir le plus d'ozone possible avec une intensité électrique donnée. Le plus élémen- taire de ces appareils, que j'appellerai ozoniseur, consiste en un tube abducteur ordinaire étroit, comme ceux dont on se sert pour recueillir les gaz. Dans l'intérieur de ce tube, on place un fil de cuivre, de plomb, ou mieux de platine, long de 0",40 à 0*,60, et dont une des extrémités débouche au dehors par un orifice latéral ménagé à la partie supérieure du tube abducteur ; cet orifice est ensuite bouché avec de la cire eu au feu. A l'extérieur du même tube abducteur se trouve enroulé, sur le parcours du fil intérieur, un autre fil en même métal et à peu près de même longueur que le précédent. Ces deux fils, étant mis en communication avec les pôles d'une bobine de Rùhmkorff donnant 2 à 3 centimètres d'étincelle, déterminent immédiate- ment une forte ozonisation de l'oxygène ou de l'air qui traverse lente- ment le tube. Ce tube ozoniseur, dont la construction est fort simple, s'applique en outre à tous les appareils comme à toutes les sources d'oxygène* On dégage de l'oxygène, et l'on recueille de l'ozone con-

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centré. Il fournit aisément de l'oxygène odorant chargé de 60 à 420 milligrammes d'ozone absolu par litre de gaz odorant, selon que Ton opère à -+- 15 degrés ou à -—30 degrés. Cette proportion peut être encore très-augmentée. Or, avant 1854, l'électrolyse de l'eau ne fournissait que 3 à 5 milligrammes d'ozone par litre de gaz odo- rant (M. Andrews n'obtenait que 4mB)l en 4850). En 1855, mon pro- cédé chimique (Ba O3 + SO3) doubla de suite cette quantité. On peut donc considérer comme possible la conversion complète de l'oxygène en ozone. Disposant de quantités d'ozone quinze ou vingt fois plus fortes qu'autrefois, j'ai pu entreprendre, déjà, la révision de quelques- unes de ses propriétés les plus importantes, la détermination de son équivalent, et préciser davantage le rôle qu'il joue dans la nature. Ce sont autant de sujets dont j'aurai l'honneur d'entrenir ultérieurement l'Académie.

Analyse des gaz du sang ; comparaison des principaux procédés ; nouveaux perfectionnements^ par MM. A. Ë6tor et C. Saint-Pierre. -*• Conclusions. Avec un même sang, ou avec dy sang pris dans]lemême point du torrent circulatoire du chien, on obtient des quantités égales d'oxygène en employant soit le vide seul (baromètre à large chambre)', soit l'oxyde de carbone seul (procédé de M. CL. Bernard, cloche courbe), soit le vide et l'oxyde de carbone combinés (pompe à mercure mo- difiée) .

Plantes fossiles de r époque jurassique, par M. de Saporta. La période jurassique constitue une sorte de moyen âge; elle sert, pour ainsi dire, de trait d'union entre des époques qui sans elle con- trasteraient d'une façon absolue ; mais ce trait d union correspond lui-même à une très-longue durée, pendant laquelle la configuration du sol et la physionomie des diverses séries d'êtres organisés ont changé à bien des reprises. Cependant, il semble que la végétation ait moins changé que [tout le reste ; non- seulement elle a conservé plus longtemps que la population des mers les espèces qu'elle comprenait à chaque moment de la période, mais ses caractères généraux et la disposition relative de ses éléments ont subi de bien moindres altéra- tions par l'effet du temps qui s'écoulait. En un mot, elle est demeurée à peu près stationnaire, au lieu de progresser d'une manière sensible, d'un bout de la période à l'autre.

Considérée par une vue d'ensemble, la végétation jurassique parait avoir été pa\yrre, monotone et composée presque partout d'essences coriaces, peu susceptibles de fournir des substances alimentaires à l'autre règne. Ëquisétacées, Fougères, Cycadées, Conifères, quelques rares Monocotylédones, tels sont les seuls éléments constitutifs de la

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végétation terrestre ; en ajoutant des Gharacées et des Algues, nous aurons énuméré tous les ordres de plantes qui peuplaient alors le sol ou les eaux de notre pays ...

Les conditions climatériques étaient très-éloignées de ce qu'elles sont devenues depuis; rien de ce qui ressemble aux zones disposées dans le sens des latitudes n'existait encore et une cbalaur sensiblement égale s'étendait partout sur notre globe. II ne semble pas résulter pour- tant de l'examen des indices fournis par les plantes que la température de l'Europe ait été alors supérieure à celle dont jouissent les contrées voisines des tropiques. Une moyenne annuelle de 25 degrés C. suffit à l'explication de tous les phénomènes dont la végétation jurassique laisse entrevoir le tableau.

M. Brongniart, à la suite de cette communication, fait remarquer que les résultats auxquels les recherches si étendues de M. le comte de Saporta l'ont conduit, et dont la publication aura une grande im- portance pour la paléontologie française, sont complètement d'accord avec ceux auxquels il était arrivé lui-même, relativement à la succes- sion des diverses formes de la végétation pendant les temps géolo- giques. Il avait distingué depuis très-longtemps trois grandes périodes de végétation, qu'il avait désignées sous le nom de règne des acro gènes, règne des gymnospermes et règne des angiospermes, d'après les formes végétales qui prédominaient pendant ces périodes. La flore de l'époque jurassique étudiée par M. de Saporta appartient à la seconde de ces périodes, et rentre complètement dans les caractères généraux qui lui avaient été attribués précédemment.

Sur l'analyse spectrale de la lumière zodiacale, et sur la (couronne des éclipses, par M. E. Liais. Nous reproduirons cette note ailleurs.

SÉANCE DU LUNDI 29 JANVIER 4875.

M. le Ministre de l'instruction publique transmet une ampliation du décret par laquelle Président de la République approuve l'élection que l'Académie a faite de M. Eervé^Mangon, pour remplir la place devenue vacante, dans la Section d'Économie rurale, par suite du décès de M. Payen.

* M. le Ministre de la Guerre informe l'Académie que M. Serret, membre de l'Académie des sciences, est nommé membre %i Conseil de perfectionnement de l'École polytechnique, pour l'année 1872, en rem- placement de M. Combes, décédé.

Le pendule de Léon Foucault. Mémoire de M. J,-À. Serret.—

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Le 3 février 4854, Léon Foucault faisait connaître à l'Académie sa mémorable expérience.

Dans cette expérience, le pendule est réduit à sa plus grande simpli- cité, et le phénomène que l'on observe semble consister uniquement dans un mouvement progressif et uniforme du plan d'oscillation, mouvement dont la vitesse est égale à la vitesse angulaire de rotation de la terrre multipliée par le sinus de la latitude du lieu de l'obser- vateur. Les idées théoriques qui avaient été le point de départ des recherches de l'illustre physicien se trouvaient ainsi confirmées expéri- mentalement de la manière la plus éclatante.

Toutefois, le phénomène dont il s'agit est loin d'offrir un tel degré de simplicité, et Foucault, lui-mème^avait assurément le sentiment des difficultés qu'il présente. Car, si ces difficultés disparaissent à ses yeux, dans le cas d'un pendule établi au pôle et dont le point de sus- pension serait placé sur le prolongement de l'axe de rotation de la terre, il n'en est plus ainsi quand on descend vers nos latitudes, l'appareil entier se trouve entraîné dans le mouvement diurne. « Le phénomène se complique alors, dit-il, d'un élément assez difficile à apprécier el sur lequel je souhaite bien vivement d'attirer l'attention des géomètres. »

Malgré les mémoires de MM. Binet, Liouville, Poinsot, Poncelet, la question du pendule de Foucault attendait encore une véritable solution, et j'ajoute qu'une telle solution ne saurait être obtenue qu'en prenant pour point de départ les intégrales rigoureuses des équations diffé- rentielles, qui se rapportent au mouvement du pendule conique, dans le cas Ton fait abstraction de la rotation de la terre, et en discutant ensuite les altérations que ces intégrales doivent subir quand on veut passer du cas idéal, dont je viens de parler, au cas de la nature. En un mot, la méthode de la variation des arbitraires, judicieusement appliquée, me parait être, dans l'état actuel de l'analyse, le seul moyen de remplir l'objet qu'ofc doit se proposer. ;La force centrifuge composée, qui nait de la rotation de la terre, est très-petite, et elle peut être regardée comme étant du genre de celles qu'on nomme perturbatrices] le mouvement du pendule, dans le cas de la nature, sera dès lors un mouvement troublé, le mouvement non troublé étant celui qui aurait lieu sans la rotation de la terre. J'ai à peine besoin de faire remarquer que le cas des oscillations planes, dans le mouvement non troublé, n'est qu'un cas particulier des oscillations coniques, et qu'il répond à une valeur déterminée de l'une des arbitraires, laqijelle ne cesse pas d'être -variable dans le mouvement troublé.

Une tentative dan* la voie que je viens d'indiquer a été faite par un

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géomètre de Kœnigsberg, M. W. Dumas, qui a publié dans le tome L du Journal de Crelle deux Mémoires très-éten^us, remarquables à plus d'un titre, sur le mouvement du pendule en ayant égard à la rotation de la terre; mais la complication excessive de l'analyse développée par l'auteur ne permet guère d'accepter comme définitive la solution qu'il a présentée.

Tel était l'état de la question, lorsque j'ai été conduit récemment à m'en occuper à l'occasion de mes leçons au Collège de France. J'ai re- connu bientôt qu'en suivant la marche que j'ai tracée plus haut, il était possible d'obtenir une solution aussi simple et élégante que ri* goureuse, et qui servira, je l'espère, à faire disparaître les incertitudes qui restent encore à ce sujet darifc l'esprit de quelques personnes. C'est cette solution que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie, et que j'ai cru devoir faire précéder d'un exposé succinct des recherches et des opinions de6 savants qui, avant moi, se sont occupés de la question. Conclusions. ~ L'azimut $ du plan vertical qui contient le pendule, acquiert le terme nt sin *, multiplié par un coefficient qui se réduit, à très-peu près, à l'unité lorsque les oscillations sont regardées comme sensiblement planes, dans le mouvement non troublé : ce qui est proprement le cas du pendule de Foucault. On voit que ce terme nt sin > peut être considéré comme résumant en lui seul tout l'effet sensible de la perturbation. L'analyse précédente met ainsi en pleine lumière ce mouvement progressif du nord vers l'est que Foucault a dé- couvert, et que la force perturbatrice imprime au plan vertical du pendule.

Recherches sur les fermentations, par M. Frémy. Conclusions. a Je crois avoir établi que la théorie] physiologique de la fermen- tation, proposée par M. Pasteur, jn'est plus admissible ; j'ai démontré, en outre, que, même en acceptant le$ idées de notre confrère sur les germes atmosphériques des ferments, cette hypothèse ne s'applique- rait qu'à quelques fermentations exceptionnelles, tandis qu'il es prouvé aujourd'hui que de nombreuses fermentations ne sont produites ni par des grains de ferments ni par des corps organisés.

C'est donc à tort, selon moi, que M. Pasteur s'est efforcé de con-< fondre la question toute chimique des fermentations avec cette autre question si controversée des générations spontanées.

Je résumerai ici, en quelques mots, les bases de la discussion :

M. Pasteur croit qu'on peut partager les fermentations en deux classes » je soutiens que toutes les fermentations appartiennent au même ordre de phénomènes ;

M. Pasteur admet dans l'air l'existence de germes de ferments al-

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coolique, lactique, butyrique et acétique, car, s'il en admet un, il faut qu'il admette les trois autres ; je soutiens que ces germes n'existent pas dans l'air et que rien ne prouve que les ferments dérivent de ger- mes : les observations de Cagniard-Latour, qui établissent que la levure se reproduit par bourgeonnement, sont en opposition avec les hypothèses de M. Pasteur.

M. Pasteur croit qu'un liquide, comme le lait, qui peut éprouver ^u moins quatre espèces de fermentation, ne peut fermenter que lors- qu'il a reçu de la part de l'air des germes de ferments alcoolique, lactique, butyrique et acétique ; je démontrerai que le même lait produit les quatre espèces de fermentation, dans des conditions il ne peut pas avoir reçu l'influence de prétendus germes atmosphériques.

M. Pasteur veut assimiler la génération des moisissures et leur action sur les corps fermentescibles à celles des ferments ; j'établirai que cette comparaison est impossible, parce que les ferments se forment en quelques heures, bien avant les moisissures, et décomposent im- médiatement les substances qui peuvent fermenter.

Enfin, M. Pasteur soutient que les fermentations sont des phéno- mènes physiologiques qui dépendent de l'organisation et du dévelop- pement des fermentas moi, au contraire, j'admets, avec un grand nombre de chimistes, que les fermentations sont des phénomènes exclusivement chimiques, indépendants de la forme organique des ferments et de leur développement vital.

La dernière note de M. Pasteur contient une déclaration qui jouera certainement un rôle considérable dans le débat et pourra servir à la cause que je défends.

Il admet que le germe de la levure de raisin est celui du myco- derma vini, qu'il est un des germes les plus répandus dans l'atmo- sphère, et qu'il existe particulièrement dans l'air, au printemps et

en été.

Je demande à M. Pasteur ce que deviendra sa théorie si on lui démontre qu'un suc de raisin fermente dans un air qui ne contient pas de germe de mycoderma vint; qu'il fermente en hiver comme en été, lorsque le germe du mycoderma n'existe pas dans l'atmo- sphère. »

M. Balard, après la lecture de M. Fremy, demande la parole et s'exprime en ces termes :

« Dans tout ce que nous venons d'entendre, je ne vois donc que des objections opposées par notre confrère aux théories de M. Pas- teur. Quant aux objections à ses expériences^ promises pour au- jourd'hui, et que nous attendions avec tant d'impatience, il n'en

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266 LES MONDÉS

çst pas dit un mot. Rien non plus des faits nouveaux que nous promet M. Fremy. Cependant, je le redirai encore, il faudrait avant tout discuter ces expériences, dont le simple énoncé sape dans sa hase la théorie des corps que M. Fremy appelle, et qu'il appelle seul, je pense, hémi-organisés.

« Dans cette théorie, espèce de juste milieu entre la génération spontanée et la génération par germes, l'albumine, la fibrine, et généralement les substances que les chimistes appellent protéïques, pourraient s'organiser toutes seules. La nature aurait préparé eh elles une matière que H. Fremy appelle hémi-organisée, disponible pour organiser promptement, et d'une manière complète, tout ce qu'elle veut créer. A-t-elle besoin de détruire du sucre, en le transformant en alcool? elle dispose de cette matière et crée la le- vure. Faut-il acidifier du vin? elle produit, avec elle, le mycoderma acetù Veut-elle coaguler le lait? elle organise, à son aide, le fer- ment lactique, etc., tout cela avec le concours de l'air, qu i est in- dispensable à ces développements d'être vivants.

« Mais, dans ces ballons à tubes sinueux et ouverts, M. tes- teur enferme des matières fermentescibles, après les avoir soumises à l'ébullition prolongée, elles s'organisent, cependant, quand elles peuvent recevoir les poussières de l'air. Comment explique- t-il cela? Mais, cette ébullition, par laquelle notre confrère explique l'absenoe des développements d'êtres vivants, H. Pasteur s'en passe. Il con- serve dans ces ballons ouverts, l'air peut se renouveler, du sang puisé dans la veine de l'animal, de l'urine recueillie au mo- ment de son émission, sans que ces matières, si putrescibles, éprouvent la moindre altération, même après plusieurs années. La matière hémi-organisée n'est-elle pas absolument inaltérée? Qui l'empêche de s'organiser tout à fait, sinon l'absence des ma- tières solides apportées par l'air, dans lesquelles H. Pasteur re- connaît des germes, et que M. Fremy ne veut pas admettre comme tels* Ce fait capital, décisif, M. Fremy le passe sous silence avec une obstination qui excusera, je l'espère, celle que mettent à le lui rappeler tous ceux qui désirent qu'au lieu de s'étendre en disser- tations, le débat se concentre sur des faits»

« Ces faits, M. Pasteur les a montrés à tous ceux qui ont voulu les voir, et je ne suis pas le seul à les avoir suivis dans son labora- toire, avec un intérêt qui explique la persistance que je mets à les défendre. J'ai eu le plaisir de m'y rencontrer avec nos confrères : MM. Chevreul, Dumas, Boussingault, H. Sainte-Claire De ville, etc. Pourquoi notre confrère Fremy n'a-t-U pas eu la même curiosité ?

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les Mondes. s«7

Petit-êtte que les débats dans lesquels il s'engdge fie se seraient pas réveillés. Il n'en reviendrait peut-être pds toujours â son Mé- moire de 4841, qui était certainement tin progrès pour l'époque. Mais telle vérité qui nous parait absolue aujourd'hui se pl-ésente à nous comme incomplète le lendemain, et pour être au courant de la science, il faut savoir 4 la fois apprendre et oublier. »

Observations relatives aut procédés de conservation *dcè vins par le chauffage, à propos de la dernière noté de M. Balard ; par M. P. Thénard. -«M. Balard attribue àtf. Pasteur l'art de préserver les vins de tonte altération ultérieure. Je me crois obligé de le rappeler à nouveau : c'est Appert qui est l'inventeur du principe, tt c'est M. Vergnette qui, en fixant les limites de température daiik lesquelles il doit être pratiqué, l'a rendu utilement applicable à tous lès vins et plus particulièrement aux grands tliis de Bour- gogne.

Le fait appartient donc é M. Appert et à M. de Vergrtéttè, la théorie à M. Pasteur : nous ne lui contestons pas cette part d'in- vefttion; mais nous reportons fait â ceux qui l'ont véritablement découvert^ i

Nouvelles observations relatives à la réponse insérée par M. Fremy au précédent compie rendu; par M. Balard.

Note relative aux recherches sur la teinture entreprises par M. Paul Havrez, ingénieur civil, directeur de l Ecole profes- sionnelle de la ville de Verviers; par M. Chevreul. « Je ne dirai pas « l'Académie se rappelle, » quand j'ai la certitude qu'elle ne se rappelle pas : le fait est que le trente-troisième volume de ses Mé- moires se composé uniquement de mes recherches sûr un moyen de définir et de nommer les couleurs d'après une méthode précise et ex- périmentale. Deux de mes confrères ont bien voulu citer ce moyen comme leur ayant été utile, M. Boussingault d'abord, et M. Charles Sainte-Claire Deville ensuite ; quoi qu'il en soit, le livre n'a pas fait fortune en France : c'est donc un événement heureux pour l'auteur qu'une occasion se présente de venir di re à l'Académie que, si elle s'est mise en frais pour cette publication et l'Atlas de M. Digeon qui l'accompagne, cette dépense n'a pas été considérée à l'étranger comme inutile.

Voici les faits :

En 1863, tm ingénieur civil belge, sachant qu'il y avait un direc- teur des teintures aux Gobelins, â voulu le connaître ; il s'y est pré- senté avec une lettre de M. Dumas. Malheureusement le directeur, absent, n'a connu cette visite que par une lettre obligeante, datée du

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27 de décembre 1871, et signée Paul Havrez, directeur de l'École pro- fessionnelle de Verviers.

M. Paul Havrez ne s'est point borné à faire connaître les travaux du directeur des teintures des Gobelins à ses compatriotes par des résu- més lithographies, mais il a entrepris lui-même des recherches origi- nales pour répandre, dans la ville de Verviers, si renommée par l'activité, l'habileté et la probité de ses industriels et de ses commer- çants, des notions précises de la science et de l'art de la teinture, si important à la prospérité de cette ville.

M. Paul Havrez, après de longs, de fort longs travaux, entrepris à la suite de mes recherches sur la teinture, loue les teintures des Gobe- lins, fait l'éloge de son directeur, exagéré peut-être, lorsqu'il y a quel- ques années, on disait en haut lieu qu'on ne savait pas teindre aux Gobelins. Et cependant voici que, dans le dernier semestre de l'année 1871, le directeur des teintures reçoit de nouvelles communications de M. Paul Havrez, et un nouvel éloge dépassant le premier.

Un des Mémoires île M. Paul Havrez a pour titre : Indices ou nu- méros caractéristiques de nuances chevreuliennes formulés par la somme algébrique des influences colorantes des doses centésimales des mordants et des agents générateurs.

M. Paul Havrez ayant pris pour base de son travail le trente-troi- sième volume des Mémoires de l'Académie, je me suis trouvé dans la nécessité de le citer au début de cette Note, puisqu'il veut bien adopter pour la définition des couleurs :

La pensée de la construction chromatique-hémisphérique, expo- sée pour la première fois en 4839 dans la loi du contraste simultané des couleurs ; construction purement rationnelle ;

Les 10 cercles chromatiques , réalisation et application de la construction chromatique-hémisphérique à la définition aes couleurs.

Le trente- troisième volume des Mémoires de l'Académie montre de la manière la plus simple comment toutes les couleurs imaginables peuvent être distribuées en 10 cercles chromatiques. Chaque cercle comprend 72 couleurs, chaque couleur comprend 20 tons équidis- tants, à partir du blanc zéro ton jusqu'au 21e ton représenté par le noir.

Le 1er cercle comprend les couleurs franches, c'est-à-dire celles qu ne contiennent du noir, du brun ou du rabat que dans les tons les plus foncés.

Les 9 autres cercles comprennent les couleurs du 1 " cercle, dont tous les tons sont rabattus par du noir dans les proportions suivantes :

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2* cercle, tous représentés par ~ --

3*cercle- » A

**cercle> » fo à

s#cercle> » to n>

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7,cerclc' » à ro

2 8

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Les tons, de chaque cercle s'élèvent à 1 440, et ceux des 40 cercles à 14400, auxquels il faut ajouter 20 tons de gris normaux ; on a ainsi 14430 tons.

Mais j'ai fait voir que, dans la pratique, ce nombre peut-être dimi- nué d'après les considérations suivantes :

Que les tons clairs de plusieurs gammes voisines peuvent, en beaucoup de cas, être représentés par une moyenne suffisant à ces mêmes gammes ;

20 Qu'il en est de même des tons bruns des gammes.

Pour dénommer une couleur, il suffit du nom de la gamme à la- quelle appartient cette couleur, d'un chiffre indiquant le ton, et d'une fraction indiquant la proportion du noir à la couleur, si la couleur n'est pas franche. . Exemple* :

Ecarlate de Hollande 3 rouge, 10 ton. Cette dénomination indique l'absence du rabat.

Ecarlate du ministère de la guerre pour uniformes :

Drap fin, 23 ains.: 3 rouge, 10 ton.

Drap commun, 20 ains : 3 rouge, 9,75 ton.

Drop garance du ministère de la guerre :

Drap, 23 ains : 3 rouge, 4 3 ton.

Drap, 19 ains : 3 rouge, inclusivement au 4% 12 ton.

270 LES MONDES

Cramoisi. Les plus beaux damas de Lyon : 3 violet-rouge,

40 ton.

Si j'ai bien compris, M. Paul Havrez arrive à cette formule :

f=-r-r ^-, d'0Ù Fw=-

t-*-tfFn' #21 *'

t désigne le ton d'une couleur, F la dose de l'agent colorant, x et n deux constantes satisfaisant à deux résultats d'expérience.

Remorques sur la note de E. Benou relative à V Annuaire mé- téorologique de l'Observatoire de Paris pour d872, par M. Delaunay. Le Compte rendu de la dernière séance renferme une note M. Re- nou destinée à rectifier les nombres publiés par Y Annuaire météorolo- gigue de l'Observatoire de Paris. Les diverses indications fournies par cette note seront l'objet d'un sérieux examen. Je me bornerai pour le moment à présenter les remarques suivantes : . M. Renou met sur le compte de Y Annuaire une assertion d'Arago, et les nombres qu'il cite ne sont nullement conformes aux registres officiels. Cela suffit pour montrer <Jans quel esprit a été rédigée la note de M. Renou, et quel degré de confiance on doit accorder aux prétendues rectifications qu'elle renferme. On se demande comment, en s' appuyant sur de telleç données, M. Renou n'a pas craint de couronner sa note par la phrase suivante qu'il est bon de mettre en lumière : c II était né- cessaire de protester contre cet amas d'inexactitudes, qui, se propageant sous l'autorité de l'Observatoire de Paris, pourrait induire beaucoup de personnes en erreur, si les météorologistes français ne se hâtaient d'en prévenir le public scientifique. »

M. Delaunay présente en outre à l'Académie le premier numéro d'un Bulletin météorologique mensu'l, publié par l'Observatoire de Paris. Ce Bulletin mensuel a principalement pour objet de faire con- naître, chaque mois, le résultat des observations faites pendant le mois précédent sur les divers points de la France sont établies des stations météréorologiques. Le premier numéro (janvier 1872) renferme, en outre, divers document?, et notamment des détails intéressants sur l'état actuel des travaux entrepris à l'Observatoire pour la publication d'un Atlas physique et statistique de la France; il est accompagné d'un premier fascicule de YAtla$ météorologique pour tes anp^es 1869, 1870 et 4871 réunies.

Sur la température solaire, par le P. Secchi. Conclusions. Toutes les réflexions que je viens d'exposer ne tendent pas, je le répète, à donner la préférée à un r&ultat plutôt qu'à yp autre, mais elles me paraissent démontrer ijue, ayant $ choisir çntre les deux

LES MONDES. 27 1

çxtrèmes, on risque moins de se tromper en choisissant le plus haut ' plutôt que le p}us bas. »

De la position normale et originelle de la main chez l'Homme et dqns la $érie des Vertébrés. Note de M. Ch. Martins. La posi- tion dç la main est variable dans les Primates en général,' et chez rhomraç en particulier. Lorsque le radius et le cubitus sont parallèles, la main est dite en supination ; sa paume est dirigée en avant. Maiç lorsque le radius a décrit autour de Taxe du cubitus un mouvement angulaire de 180 degrés, les deux os se croisent et la paume de la main est tournée en arrière : c'est la pronation complète. Dans tous les ou- vrages d'anatomie humaine, on suppose toujours l'avant-bras en supi- nation ; mais dès qu'il s'agit des vrais Quadrupèdes, cette supposition est inadmissible, parce que la supination est impossible, l'avant-bras étant immobilisé dans la pronation. On se demande dès lors quelle est, dans les Vertébrés en général et dans l'Homme en particulier, la posi- tion originelle et normale de la main, celle qui doit être adoptée dans la description du membre antérieur de tous les animaux, dont l'avant- bras et la main ne sont pas fixés invariablement dans une position déterminée....

En résumé, dans les Vertébrés^ l'avant-bras occupe d'abord une position fixe, en demi-supination chez les poissons, les oiseaux, les reptiles marins, vivants ou fossiles, et les Pinnipèdes. Dans les Mam- mifères vivants, un premier mouvement de rotajjon de 90 degrés, de dedans en d ehors, devient possible chez les Kangoudus, les Paresseux, les Rongeurs clavicules, les Ours, les Chats, etc. Le mouvement de supination complet, savoir : la rotation de 180 degrés, du radius sur le cubitus, est l'apanage de l'ordre des Primates, comprenant tous les singes et l'homme. Enfin, chez les Singes anthropomorphes et chez l'Homme, l'axe du col de l'humérus étant dirigé de dehors en dedans et de bas en haut, et non plus d'avant en arrière, comme dans les autres Mammifères, le membre supérieur tout entier peut exécuter un mouvement de circumduction, en décrivant un cône autour de cet axe idéal. La mobilité du membre supérieur se trouve ainsi complétée, et il devient essentiellement un organe de préhension, au lieu d'être uniquencent une colonne de sustentation, comme dans les animaux à pronation constante, tels que les Quadrupèdes proprement dits, ou une rame, comme dans les Reptiles marins et les Pinnipèdes, ou bien une aile, comme dans les Oiseaux et les Chéiroptères.

L'embryologie confirme, sous ce point de vue, les données delà morphologie comparée.

four toutes les raisons que j'ai données, la demi-supination me pa-

272 LES MONDES.

rait être la position originelle et normale de la main, et elle devrait être adoptée comme telle pour l'anatomie de tous les Mammifères l'avant-bras n'est pas placé dans une situation fixe et permanente.

—Sur les observations méridiennes absolues dans les basses lati- tudes de l'hémisphère austral. Disposition nouvelle prise à V Obser- vatoire impérial de Rio- Janeiro, par M. Eram. Liais. « Pour que la lunette méridienne d'un observatoire puisse être rectifiée dans le méridien sans recourir à des déterminations d'ascensions droites d'étoiles observées ailleurs, ou, en d'autres termes, pour que la lunette méridienne d'un observatoire puisse fournir des observa- tions absolues, il est, avec les méthodes connues et usitées, indis- pensable que dans cet observatoire une étoile au moins soit obser- vable deux fois au méridien, une fois au passage supérieur, une fois au passage inférieur. Cette condition est impossible à l'équa- teur et n'existe pas non plus dans les bases latitudes de l'hémisphère austral, il ne se trouve dans le voisinage du pôle aucune étoile assez brillante pour être observable deux fois dans la même jour- née, car il est évident que, quand l'un des passages a lieu de nuit, l'autre se trouve de jour. À Rio-Janeiro, par la latitude de 22*54' sud, la difficulté que je viens de signaler existe encore, du moins pendant la plus grande partie de l'année ; car, parmi les circompo- laires, celles de 1N et de 2* grandeur rasent l'horizon au passage inférieur et y sonP invisibles de jour, et l'étoile J3 de l'Hydre, n'é- tant que de 3" grandeur, se trouve aussi trop peu élevée au-dessus de l'horizon pour être observable au-dessous du pôle dans le milieu de la journée.

Lorsqu'au mois de janvier de l'année. dernière, j'ai pris la direc- tion de l'Observatoire impérial de Rio-Janeiro, j'ai me préoo per, avant tout, de tourner cet obstable, puisqu'il s'agissait défaire de cet établissement un observatoire absolu. Dans ce but, après avoir muni la lunette méridienne d'un système de deux collima- teurs opposés, pour faire disparaître l'erreur de collimation, ou au moins pour la mesurer et en tenir oompte, et après avoir organisé les moyens de déterminer rigoureusement l'horizontalité de l'axe, non-seulement par le niveau ordinaire, mais encore par la réflexion des fils de la lunette sur le bain de mercure, réflexion observable à l'Observatoire de Rio-Janeiro pendant la journée entière, j'ai placé, sur le prolongement du méridien de cet instrument, et entre lui et son collimateur du sud, un ait-azimut destiné à l'observation des azimuts extrêmes des belles et grandes étoiles circompolaires, observables de jour comme de nuit.

LES MONDES. 273

Cet ait-azimut, dont Terreur de collimation peut être mesurée par conséquent sur les mêmes collimateurs que celle de la lunette méridienne, permet alors d'obtenir, par des observations soit répé- tées, soit réitérées, l'angle azimutal entre Taxe optique de la lu- nette méridienne, sur laquelle sa propre lunette peut viser dans la position horizontale, et chacun des deux azimuts extrêmes d'une même circompolaire. De là, on déduit la déviation de la lunette mé- ridienne hors du méridien, ou mieux encore, comme cette lunette est munie d'un micromètre, on peut obtenir l'angle que fait avec le méridien l'un des collimateurs fixes, et l'on en déduit celui de la lunette.

Cette disposition, jointe à l'emploi des moyens que j'ai indiqués plus haut pour mesurer la collimation et le défaut d'horizontalité de l'axe de rotation, fait que la lunette méridienne peut être par- faitement et complètement rectifiée, sans faire intervenir ses pro- pres observations. Par conséquent, elle peut ensuite fournir les différences des ascensions droites des astre?, sans recourir aux observations des autres observatoires. De cette manière, l'Observa- toire de Rio-Janeiro se trouve placé dans les conditions des obser- vatoires de premier ordre.

Si Ton remarque que les observations d'azimuts extrêmes des circompolaires sont des observations d'arc et non de temps ; sil'on note, de, plus, que ces observations peuventêtre répétées ou réité- rées un grand nombre de fois dans le voisinage de l'azimut extrê- me, et ramenées à ce qu'elles auraient fourni à l'azimut extrême lui-même, à l'aide d'une formule de correction d'un emploi facile, que j'ai donnée dans mon Mémoire sur les observations azimutales et reproduite dans mon Traité d'astronomie appliquée, on verra que ce mode de détermination du méridien offre le grand avantage de permettre de pousser la précision à un degré extrême, et. en outre, on n'a pas à craindre ici l'influence des anomalies de l'hor- loge, comme dans les méthodes de détermination du méridien par les passages supérieurs et inférieurs d'une même étoile circompo- laire. Un autre avantage très-important résulte encore de la dispo- sition que je viens de décrire, et sera obtenu par le placement d'une lunette du premier vertical (c'est-à-dire mobile dans le plan du premier vertical) sur le prolongement de l'axe optique de la lu- nette de Palt-azimut, quand celle-ci est amenée perpendiculaire- ment au méridien dans la position horizontale. La lunette du pre- mier vertical pourra alors être rectifiée perpendiculairement au méridien, de la même manière que *a lunette méridienne dans le

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plaq dp rpéndien, et alors je? deux passages d'uçe roômç étoile au premier vertical, combinés avec passage méridien, permet- tront d'£fpdier 1$ régularité çt la constance de la marche de l'hor- loge, et (Js reconnaître et d'éliminer ses ^noiqalies.

Objection? au gyroscope marit) proposé par M. E. Dubois, dans la séance dpi 22 janvier. Note de M. A. Ledieu, La propriété fondamentale du gyroscope Foucault consiste en ce qup l'axe de rotation de son tore a une direction d'une fixité absolue dans L'espace. Or. imaginons j'axe en question prolongé jusque dans la voûte céleste, il y déterminera un point qui sera immuable par rapport aux étoiles. Cet axe, employé comme déterminant un* vertical de repère pour mesurer topl mouvemept azimutal d'un navire, ne jouera donc pas d'autre r01e que celui d'une droite menée d'un point du bâtiment à une étoile. En d'autres termes, pour mesurer tout mouvemept azimutal d'un ftaviffy il n'y a pas besoin d'avoir recours au gyroscqpe Foucault, mais simplement à une étoile, ou plus généralement à un astfe quel- conque, au vertical duquel on rapportera le mouvement gyratoire du bâtjjnent, à l'aide du relèvement simultané de l'astre et du cap du navire, au même compas.

D'une part, la remarque toute simple de se servir d'un astre, comme point de repère, pour mesurer le mouvement azimutal d'un navire, se trouve notamment commentée et développée dans un ouvrage publié en Espagne, en 4848, par le chef d'escadre Antonio Dorai, sous le titre : a Du CQfnpos de route. » D'autre part, l'usage du gyroscope, pour la question 4 ont il s'agit, ne saurait soutenir aucune comparaison avec l'emploi rudimentaire du relèvement d'un astre ; i\ résulte des considérations précédentes que le gyroscope marin, en admettant même qu'il puisse devenir d'un usage commode, ne serait réellement utile à bord que quand on aurait à la fois : un ciel couvert; belle mer; 3* une variation calculée dans la journée, pour un cap donné ; un besoin urgent de connaître les déviations aux divers caps du navire.

Nous ne terminerons pas cette Note sans rappeler la méthode qu'un de nos plus habiles hydrographes, le commandant Mouchez, emploie depuis longtemps déjà, dans ses levés de côtes, pour se débarrasser des erreurs dues aux déviations du compas. Chaque fois que la position du bâtiment a changé d'une centaine de lieues, surtout en latitude, il profite de l'instant du lever ou du coucher du Soleil ou de la Lune, pour faire faire à son navire tout le tour de l'horizon.

Aux caps principaux du bâtiment, lus au compas étalon, il relève l'astre avec le même compas, et il en conclut la variation propre à chaque cap, à l'aide de l'azimut \rai l'astre calculé, pour un ma-

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LES MÛNPES. 875

ment détern^iné de l'opératiop, et corrigé, s'il y a lieu, de son change^ naept d*un instant à un autre, Ce sopt justement ces variations dont on a besoin pour naviguer. Elles comprennent à la fois la variation réçlle du lieu et les déviations propres à chaque cap. On n'a besoin de Réparer ces éléments et de connaître leurs valeurs respectives que dans un intérêt scientifique. Cette séparation s'effectue aisément à l'ai4e des formules connues, dans lesquelles on introduit les observations men- tionnées plus haut.

Le procédé du commandant Mouchez ne saurait être trop recpm- mandé aux navigateur». Il a ce cachet d'élégance pratique particulier aux méthodes durables, qui ne demandent jamais l'aide de la science que pqijr simplifier les question? et non pour les compliquer.

Béponse à une revendication de priorité de MM* de Ruolz et Fontenay, concernant la découverte du bronze phosphoreux et son emploi pour la fabrication des bouches à feu ; par MM . Mqktejfiore- Levi et Kunzel. Dans la séance du 26 décembre 1871, MM. de Ruolz et Fontenay ont revendiqué la priorité de l'invention du bronze phosphoreux, en st fondant sur des expériences qu'ils auraient faites de 1854 à 1859. Nous ne pouvons ni ne voulons apprécier s'ils ont Suivi la njème voie et atteint le même résultat que nous-mêmes.

Mais le fait qui nous touche de plus près, c'est que MM. de Ruolz et Fontenay déclarent eux-mêmes qu'ils ont jugé devoir tenir leur procédé secret, que ce secret a été si bien observé que leurs essais ayant eu lieu de 1854 à 1859, personne jusqu'à ce jour n'en avait entendu parler ; que, d'autre part, nos expériences ont reçu une grande publicité. Eu présence de ces considérations et de notre ignorance absolue de tout ce qui avait pu être fait par MM. de Ruolz et Fontenay, nous opposons avec confiance nos droits à la découverte du bronze phosphoreux, à la revendication de priorité de MM. de Ruolz et Fon- tenay. »

M. H. Poulain adresse, par l'entremise de M. Chastes, un Mémoire portant pour titre : « Organe mécanique réciproque de trans- formation de mouvement circulaire alternatif en rectitigne alternatif, à substituer a tous les mécanismes dits parallélogrammes et à leurs dérivés ».

M. Carvallo adresse deux nouveaux Mémoire^ de mécanique rationnelle. Le premier est relatif à ce principe de mécanique : a que « la répartition des forces élastiques s'exerçant entre deux surfaces, « réelles ou virtuelles, de contact ou de séparation, a toujours lieu de u manière que le travail élémentaire, virtuel ou réel, de l'ensemble de « ces forces soit nul. » Le second contient Fap^Rcatlon de ce principe :

276 LES MONDES.

aux corps prismatiques ou cylindriques à bases planes; 2# aux même corps dont les bases sont des surfaces quelconques ; à une section arbitraire d'un corps quelconque.

M. Blouin adresse une nouvelle Note relative à ses essais pour rendre le pétrole moins inflammable.

M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la correspondance :

Le troisième fascicule du c Traité du développement de la fleur et du fruit », par M. B. Bâillon ;

Un Mémoire de M. Bourget, intitulé : c Théorie des machines à air chaud » ;

Une brochure de M. Martin de Brettes, relative à un système de canons de campagne, dont la portée serait moitié plus grande que celle des canons actuels.

M. l'Inspecteur général de la navigation de la Seine adresse les états des crues et diminutions de la Seine, observées chaque jour au pont Royal et au pont de la Tournelle, pendant l'année 1871. Les plus hautes eaux ont été observées, les 16 février et 2 mai, au pont Royal, à 3m,60, et au pont de la Tournelle, à âm,75 ; les plus basses, au pont Royal, le 20 décembre, à 0m,28, et au pont de la Tournelle, les 8 et 9 juin, à 0m,60 au-dessous du zéro. La moyenne a été de* im,87 au pont Royal, et de 0m,40 au pont de la Tournelle.

M. Bourget prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats à la place devenue vacante, dans la Section de Méca- nique, par suite du décès de M. Piobert.

M. Levasseur présente une épreuve des programmes de l'ensei- gnement géographique.

Sur l'intégration de l'équation aux dérivées partielles des cylindres isostatiques produils dans un solide homogène et ductile, par M. J. Boussinesq.

Sur les intervalles mélodiques. Note de MM. A. Cornu et E Mercadier, présentée par M. Jamin. Nous avons eu la bonne fortune, par l'intermédiaire de M. Ch. Meerens, musicien distingué de Bruxelles qui est venu répéter avec nous nos expériences, de pouvoir en faire deux nouvelles séries avec le concours de deux artistes émi- nents, M. Léonard, violoniste belge, et M. Séligmann, violoncelliste, bien connus dans le monde artistique pour la correction de leur jeu : nous ne saurions trop les remercier de l'obligeance avec laquelle ils ont bien voulu jouer à plusieurs reprises les fragments de mélodie, objet de nos premières expériences. Les graphiques obtenus, au nombre de 18, sont remarquables par la régularité du tracé représentant les

LES MONDES. 277

vibrations des instruments : le tableau suivant en est le relevé ; nous lui donnons une forme identique à celle de nos tableaux précédents.

Ut. Ré. Mî. Fa. Sol. U, Si.

Moyennes 4,127 1,265 1,329 1,500 1,686 1,917

Valeurs pythagoriciennes. .. . 1,125 1,266 1,333 1,500 1,687 1,898

Gamme dite naturelle 1,125 1,250 1,333 1,500 1,666 1,875

Valeurs du comma 0,014 0,016 0,017 0,019 0,021 0,024

Si Ton calcule, en fraction de comma, les différences entre ces va- leurs et les moyennes correspondantes, on trouve des écarts maximum variant de I /3 à 3/5 de comma en plus ou en moins ; les moyennes de ces écarts sont plus petites que 1/3 de comma : on ne peut exiger plus de précision dans les expériences de ce genre. Les résultats de ce ta- bleau, comme ceux de nos séries précédentes, concordent avec les valeurs des intervalles de la gamme pythagoricienne. Ces nouvelles déterminations, que le concours de deux artistes éminents rend vrai- ment précieuses, confirment, d'une manière indiscutable, nos conclu- sions antérieures sur la dualité de nos impressions musicales : il existe réellement deux systèmes d'intervalles musicaux ; les uns em- ployés en harmonie, les autres en mélodie. Les observations précé- dentes prouvent qu'un musicien exécutant un solo emploie les inter- valles de la gamme pythagoricienne, qu'on peut appeler gamme de la mélodie sans modulations.

Sur les courants d'induction produits dans les masses polaires de Vappareil de Foucault. Note de M. J. Violle. En réponse à la note de M. Favre du 41 septembre dernier, M. Jacobi a, dans la der- nière séance, donné communication à l'Académie d'expériences faites avec l'appareil de Foucault et desquelles il résulte que des courants induits se. développent dans les masses polaires de l'électro-aimant quand la vitesse du disque croit ou diminue, et que ces courants dis- paraissent quand la vitesse du mouvement devient uniforme. Ce der- nier résultat est précisément celui auquel je suis arrivé, il y a près de deux ans, dans le travail que j'ai exécuté à l'aide du même appareil de Foucault ppur déterminer l'équivalent mécanique de la chaleur.

Je suLç heureux que les expériences de M. Jacobi, exécutées par une tout autre méthode, soient venues confirmer ces résultats, et montrer définitivement, que, contrairement aux doutes émis par Joule, et re- produits bien souvent depuis, dès que la vitesse du mouvement du disque dans Vappareil de Foucault est devenue uniforme, il ne ctr- eulepas de courants d'induction dans les masses polaires de Filectro- aimanty il n'y a pas réaction du disque sur l'électro-aimant.

878 LKS MONDES.

Sur les raies du spectre solaire. Note de M. Pesiin. Les car- rés des longueurs d'otidulalion correspondantes aux raies du spectre solaire présentent souvent des rapports très-simples. Ainsi, en com- parant les raies B, F et H, nous trouvons, entre les carrés en leurs longueurs d'ondulation (lb), (lf)y (U), les rapports suivants :

(,)■=*■! (M1, (^'=§(^ = 3(4)'.

A la même série peut être rattachée à la troisième raie de l'hydro- gène, raie 7 du spectre ; comparée à la raie F, deuxième raie de l'hy- drogène, elle donne

La raie du sodium D peut êtte prise pour point de départ d'urie autre sêtie, qui comprend les faies A et E du spectre ; nous avons, en élîet, leà rapports

«.)'«§(«.)% (.)5 = gC*)a.

La raie G peut également être rattachée à la raie B; car, comparée à celle raie suivant notre méthode, die donné le rapport

Sur la sursaturation de la solution de chlorure de sodium, £ar M. L. C. de Coppet, présentée par M. Wurtz. « J'ai observé la suràaturatiûn de la solution de chlorure de sodium danè les conditions Suivantes : une solution saturée à chaud a été refroidie dans un mé- lange réfrigérant à une assez basse température ; elle se trouvait dans ûti Vaôe ouvert, librement eiposée à l'action des poussières de 1 air, et èft présence d'un grand excès de chlorure de sodium solide ; penda nt le Refroidissement, erft était constamment agitée avec un thermomètre. Il s'est déposé du sel pendant le premier refroidissement, mais je ne sais éi ce dépôt a continué lorsque la température s'est abaissée au- dessous de zéro; ôelle-ci était encore de quelques degrés plus élevée que le point de congélation de la solution normalement saturée (iu- îfè;S C. environ), lorsque, tout à coup, la solution s'est prise en àhè ittàssè cristalline si compacte qu'il a été difficile d'en retirer le thermomètre qui servait d'agitateur. Les cristaux qui se sont ainsi formés subitement étaient probablement l'hydrate NaCl, 2tt60.

LES MONDES. 17#

Note sur les analyses des Qax du sang, influente de Peau\ par Mflt. A. Ëstor et C. Saint- Pierre. « I. bails nos expériences anté- rieures sur les gaz du sang, nous avons constamment trodté p&ur les quantités d'oxigène des nombres comparables, quand on prend le sang dans un même point système artériel. Nous avons donné pour le sang du chien, les moyennes ci-après :

ce

Artère rénale. ..... 18,82 pour 400.

Artère splénique 14,38 »

Artère crurale , 7,62 »

Ces nombres sont concordants avec ceux qu'avait indiqués avant nous M. Cl. Bernard, et avec ceux qui ont été trouvés après notis par de nombreux expérimentateurs, mais dans quelques travaux publiés en Allemagbe, il a été donné defc nombres, obtenus par kl procédé de Lnâwig, qui s'éloignent notablement des nôtres.

H. Après bien des tâtonnements, nous avons remarqué qtfe, par la manière d'opérer des auteurs allemands, le sang se trouve nécessaire- ment mélangé à une certaine proportion d'eau. C'est sur ce point qu'ont porté alors nos investigations.

JII. Nous avons pris du sang de l'artère crurale du chien, k l'aide «l'une seringue graduée. Une moitié a été traitée directement par le procédé de M. CL Bernard. L'autre moitié a été introduite dans up appareil elle s'est trouvée mélangée avec deux fois son yolume d'eau distillée, bouillie, et avec deux fois son volume d'oxyde de car- bone. Le procédé de M. Cl. Bernard nous a donné, comme toujours, des nombres variant de 6,66 à 8,50 d'oxygène pour 100 volumes de sang. Au contraire, la partie de sang chauffée à Tébuliitiofl avec cette addition d'eau a laissé dégager des quantités d'oxygène bien supé- rieures. Dans quatre expériences, nous avons obtenu, pour 100 vo- lumes de sang de l'artère crurale du chien :

Expérience 1 13,32

Expérience H 21,64

Expérience III 22,51

Expérience IV 20,64

Sur la prévision de certains tremblem entsde terre, par M . Fron, présentée par M. Delaunay. La liaison que présentent les phéno- mènes sefomtqtiee avee les tempêtes et les orages a été entrevue déjà. Arago, dans sa notice sur le tonnerre ; Poulet-Scrobe, dans son livre

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.280 LES MONDES.

C sur les volcans ; Bridet, Piddington, Relier, dans leurs études sur les

cyclones, ont signalé quelques faits à l'appui de cette théorie. Moi- même, qui > depuis huit années ai discuté et comparé les situations atmosphériques de chaque jour à la surface de l'Europe, je suis arrivé à ce résultat, que certaines conditions de l'atmosphère sont favorables aux tremblements de terre dans les régions spéciales de l'Europe ; mais jusqu'ici je n'avais pas osé formuler à ce sujet de prévision di- recte.

Mercredi dernier, 24 janvier, les conditions nécessaires à la produc- tion de ces phénomènes me semblèrent réalisées; aussi la dépèche que j'adressais à midi, dans le sud de l'Europe, aux capitales Rome, Vienne, Cohstantinople, était-elle la suivante :

< Les mauvais temps se sont propagés par les bassins du Rhin et « de Saône-Rhône ; ils sévissent déjà en divers points au sud des « Alpes, et vont s'étendre en prenant de la force sur les côtes d'Italie * et d'Illyrie. Grains, orages et tremblements de terre à craindre; per- c turbations magnétiques probables. »

Le soir même, le torrent de la Brague détruisait le pont du chemin de fer près d'Antibes, et amenait la terrible catastrophe dont tous les journaux ont parlé. Le lendemain, jeudi, un fort tremblemeut de terre était signalé en Turquie et nous était connu par une dépêche télégraphique reçue le 26 au matin de M. Coumbary. Le P. Secchi constatait également des perturbations magnétiques à Rome.

M. Vigneau adresse, du Mans, une note relative à des observa- tions d'étoiles filantes, animées d'un mouvement hélicoïdal. L'auteur remarque que ces observations, faites à des époques diverses, sont toutes relatives à des météores observés dans le voisinage du méridien : il n'a jamais rien aperçu de semblable du côté de l'est.

M. Gaube adresse une note relative aux acides qui accompagnent les essences dans plusieurs familles botaniques. D'après l'auteur, un grand nombre de plantes odorantes contiennent, avec leurs essences, un acide quelquefois plus énergique que l'acide carbonique, souvent odorant, et qui complète l'odeur des essences elles-mêmes.

M. Kûhling adresse, de Saint-Pétersbourg, une note relative a un procédé d'extinction des incendies, et à divers emplois des aréostats.

PàJU». TYF. WAUHft, HUE BONAPARTE, 44.

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N# 8 1872.

CIJRQNIQUE SCIENTlflûUB DE U SEMAINE

a^fène & lumière oxpjdrime. _ m. JBpnry $aipU>* Claire peville et Debray dissent en 1801 : « Si on pouvait L'#M#mm* diebctement a i/aih, l'oxygène pur ferait aujourd'hui d'uw w+g* utç*. ifALiER. Pour l'éclairage en particulier on s'en shevirait fftpçnjfûpr ItENT pour obtenir une lumière brillaqte... La densité trfcs-gflin4$ l'oxygène par rapport au gaz d'éçlpirage, ia facilité ave$ )agwuê m peut i'emprtèopjtff dans de? réservoirs, son innocuité ajwqwtji d$teri&jh neroot, nous l'espérons, dts essais dans ce sens. »

!*< W< 4^IW*y* « &*"mt diWmeat to l'4Jr «tHNMBhéJijue Ja plus grande partis de i'pxygèn* qu'il renferme au ©pyfll <fy mançenate (le soude, a réalisé les vœu* que Jbngajpiiï, eg i$$i, MU. H. j$ainJbç-Claire DeyUJe çt Debray, &veç {pip lep œ^î|r^ da la (pienc* en Fxaace^ M4I. Donnas, Baussir^gault, Ifortbelal, Wurte, fféli * got, etc., etc.

L'^cl^ir§ge oxhydrique qui a fonctionné sur le boulevard des Italiens fcpiijs le 31 décembre A87i, ayec le plus grand succès, * mis à néant tPMff k# febtes ima^népa p*r l$s partisans de la routine ou par le» dé* fcQfeitfs d£& intérêt* particuliers* On avait été jusqu'à pr&endr* qu'il lirait à j*pais impo&ible de vendre l'oxygène à l tant la mètre cube, alors que les ffaia réel* de fabrication consistent presque uniquement dtfs le ehftiQaçe dep cornues. Avec 1500 kilogrammes de charbon, & 25 fwwslea JQO0 kilogrammes» on obtint environ 2Q0 mètres cubes dtoygène. t'oxygène revient ainsi à 14 cantimes le mètre cube, et, en y ajoutant les Irais accessoires, à 25 centimes environ au gteomètve. Le prix de la yente è i tium n'a donc rien d'anormal.

Par tus bqe oxhydrique brûlant par beure seulement 32 litres d?ày* drogène carboné et 16 litres d'oxygène* coûtant 2 centimes S*, on obtient avec beaucoup moins de chaleur, sans aucun verre de lampe, et sans aUè* ration aucune deVatmospkère ambiante, la môme somme de lumière que fournit k bec type de la Ville de Paris, qui brûle 140 litres, et coûte aux particuliers 4 cent. 20 par heure. L'économie est donc considérable; elle permet à la Société Tessié du Motay et O d'offrir la lumière oxhy- drique aux consommateurs avec 20 pour 100 d'épargne sur Téclairage actuel, en prenant à sa charge tous les frais d'installation» Paris consem-

N' 8. t. XXVII, 22 février 1872. 21

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282 LES MONDES.

me annuellement pour le chauffage, l'éclairage municipal, l'éclairage des particuliers, environ 140 millions de mètres cubes de gaz qui, au prix de 30 centimes, coûtent 30 millions. Si on la réalisait, l'économie de 20 pour 100 ferait six millions, allégement considérable dans un moment ou les taxes sont si nombreuses et si multipliées. En adressant au conseil municipal l'autorisation de canalisation de l'oxygène, la société Teseié du Motay ne demande ni subvention, ni monopole, et offre à la Ville de Paris le partage des bénéfices au-dessus de 40 pour i 00, indépendam- ment d'une redevance fixe annuelle de 100 000 francs pour la location du sous-sol. Pourraitelle subir un refus, quand il est acquis que l'oxygène, gaz vital par excellence, active puissamment la combustion de tous les corps, facilite beaucoup la fusion des métaux; sert à la fabrication de divers produits chimiques, à l'assainissement des hôpitaux et des cham- bres de malades, et à divers usages thérapeutiques importants.

ft* réferme de renftelsnemeBt «elentiflqvefliiptf rieur

par M. Fbémt. Sous ce titre, l'honorable académicien plaide une troisième fois, avec beaucoup de chaleur et d'éloquence la cause patrio- tique des travailleurs. Il demande instamment que le savant qui s'est fait un nom par des travaux sérieux ne soit Jamais abandonné, et qu'il reçoive une rémunération, en attendant une vacance dans le professorat. « Il existe, dit-il, un si grand nombre de questions que l'Etat pourrait faire étudier par les savants dans un intérêt public, qu'il sera toujours facile d'utiliser le concours des hommes de science que le professorat n'occupe pas. Pour rémunérer convenablement les savants qui ne sont pas arrivés encore à des positions officielles, il s'agirait simplement d'ins- tituer une commission qui serait chargée d'étudier toutes les questions qui intéressent l'administration, l'hygiène, l'industrie, la Justice. Une pareille commission n'existe pas dans notre pays ; elle rendrait certaine- ment les plus grands services... En résumé, dit en terminant M.Frômy, la réforme de l'enseignent nt scientifique supérieur que Je propose con- siste à grouper autour des professeurs du haut enseignement, en dehors de l'auditoire libre, un certain nombre d'élèves distingués qui teoetront une contribution votée par les conseils généraux, et dont la carrière présentera la régularité et l'avancement qu'offrent celles de l'école po- lytechnique. » Ces idées sont bonnes sans aucun doute, mais elles n'ont pas encore reçu la forme qui seule pourrait faire qu'elles s'imposent. Cest encore très-vague. Elles ont aussi l'inconvénient d'entretenir les jeunes savants dans la pensée de vivre de l'Etat, au lieu de songer sérieusement à vivre d'eux-mêmes et à faire vivre l'Etat de leur travail. ▲cette occasion, la justice nous fait un devoir de dire bien haut qu*

LES MONDES. 283

l'honorable M. Frémy, en défendant avec tant d'ardeur et de conviction ses théories de la fermentation, est à mille lieues des matérialistes parti- sans des générations spontanées, qui croient ou qui voudraient que la vie puisse avoir son origine et sa cause dans la non-vie, que ]* matière inor- ganique puisse s'organiser en être vivant.

Les matières semi- organiques qui, en ^organisant plus complètement au contact de l'eau, se transforment en ferments ou en agents actifs des fermentations, sont déjà vivantes en elles-mêmes. C'est bien difficile à admettre, surtout quand cette vie latente doit s'étendre jusqu'à l'acide tartrique par exemple j mais enfin c'est la doctrine de M. Frémy etnons en prenons acte en son nom.

Asptre Imréale dn 4 février. M. Tarry, inspecteur des finances, a communiqué à l'Académie des sciences les dépêchée américaines suivantes : « Duxbury (Amérique), aurore le A février, de minuit à-5- heures du matin, heure de Greenwioh. » « Duxbury, 40 février. Dimanche dernier (4 février) courants terrestres excessive- ment forts... Par moments, impossible de tenir le signal lumineux sur l'échelle du miroir, avec, des condensateurs dans le circuit. Aurore visible la nuit. Lignes américaines affectées à Test, à l'ouest, au nord, mais pas au sud. »

« Saint-Pierre Miquelon. Pendant toute la durée de l'aurore, ter- rible ouragan de neige... Force des courants terrestres allant jusqu'à représenter 90 éléments Minotto sur les deux stations de Brest à Saint-Pierre et de Saint-Pierre à Duxbury, dimanche, vers 10 heures du soir. »

En rapprochant les dépèches américaines des dépèches du conti- nent, M. Tarry tire ces conclusions : les perturbations magnétiques éprouvées par les lignes télégraphiques se sont fait sentir simultané- ment en Italie, en France et en Amérique, tandis que les phénomènes lumineux de l'aurore n'ont commencé à être aperçus de l'autre côté de l'océan que lorsqu'ils étaient terminés en France, ils ont paru de 6 h* à 41 h. du soir. M. Tarry ajoute : les courants magnétiques observés dans les fils télégraphiques, lors de l'apparition des aurores boréales, ne sont «sans doute pas de même nature que ceux que l'on observe dans d'autres circonstances.

lie Mlell eu B. W* BeeeM. M. Schellen, directeur de la Real Schule de Cologne, nous annonce l'apparition de la première partie de sa traduction allemande du Soleil. La deuxième partie ne paraîtra pas avant la fin de mai ou de juin : on y trouvera la méthode

28* LES MONDES.

complète de l'observation des protubérances, un tableau de leurs diverses formes, de leur distribution sur disque solaire, les relations entrte teè protubérances,' lés tacïes et les facules, et une longue série éè recherchée sur le pouvoir rayonnant du soleil.

M. Schellen, dont l'ardeur et l'activité sont infatigables; qui, eu outre dès conférences régulières qif il fait à Cologne pendant toute la srfison cTlritfe* devant un auditoire de 5 à 600 personnes, va donner des leçons publiques à Mayence, à Aix-la-Chapelle, à Crefeld, etc., sur la télégraphie électrique, les câbles sous-marins, la télégraphie militaire, a trouvé encore le temps de putflier sur Y analyse spectrale et ses appli- cations un livre vraiment classique qui a eu l'honneur d'être traduit immédiatement en anglais par les deux filles du célèbre astronome Lâssel, et qui, notts l'espérons, sera aussi très-prochainemeirf traduit en français.

i»4» *éternée«. Dans sa dernière eëartfce an- nuelle, la Société Royale aétrottomiqife de Londres a décerné sa grande médaille à M. le professeur Schiefparelfi; de Rodtë, potafr sa démonstration brillante de l'identité qui existe entré les éléments des orbites de certaines comètes et ceux des es&tiffl* conntor defc météores d'août et de novembre.

Le conseil de la Société géologique de Londres accorde fc mé- daille de Wolkston à M. le professeur J.-D. Dana, de Yale Collège

(Goiniectlsufy et ce qui restait en caisse dtt legé Wollâston à M. James Cxotir, d'Edimbourg,

Le prix Hopkins à décerner à l'auteur soit du meilleur* mémoire original, soit de la meilleure intention découverte dans le domaine

de la physique mathématique oîi detf màtMmàfîqites expérimentales, publiées dans ces trois dernière* années par un membre de univer- sité de Cambridge, a été décerné à M. professeur ClerK MaxWélï. Lés jt^es- do concours étaient MM. Stokes, Tait et Clifton.

ACCUSÉS DE RÉCEPTION.

Suprématie intellectuelle de la France, réponse aux àtâgàtions germaniques, pdr M. Eatma>vue£ tiÀis, directeur de VOb- sertatôirè irnpêHàl de Mo- de- Janeiro, ancien astronome de F Obser- Vattiirè Se Parts, èttf. 1 vof. in-18 Jésus die x-2'52 cages, prix : 3 Ir. -ta&ttftftr met. -1 En prenant pour patrie àdoptïve le vaste empire

LÈS MONDES 28*

qui florit sous le gouvernement aussi paternel qu'éclairé de Pedro II, M. Emmanuel Liais n'a pas oublié sa première et vraie patrie. On voit, au contraire, que ses sentiments envers cette mère si cruellement éprouvée ont acquis, par fait même de ces épreuves, une énergie et une ardeur qui caractérisent le plus haut degré du patriotisme. Dans l'intéressant volume qu'il vient de publier, ce n'est pas seulement au point de vufé tafelltectAet qtt'il établit la supériorité . d* la France, mate atrssf au' point <fe vue moral et sous tous les rapports qui consti- tuent là vraie civilisation. Il constate combien nos ennemis, dans la dernière guerre, se sont montrés en arrière des idées et des sentiments l'époque actûélte,' et mille part leur conduite envers la France n'a été stigmatisée avec une attisa énergiqne indignation. De la manière d'agir des Prussiens, il conclut que l'éducation qu'on donne au peuple dans ce pays et que bien des gens vantent sans la coqnai|re, eçt essentiellement défectueuse et manque de tout ce qu'elle devrait avoir pou» forma dés hommes, puisqu'en définitive on n'est réellement homme #ue par le ccèur. Il n'admet pas même que les chefs de l'armée prussienne aient monfré dans la dernière guerre une supériorité téellé et explique leurt succès par d'autres causes, surtout par l'insuf- fisance des préparatifs du' gouvernement français. }

Relativement à la science proprement dite, à la philosophie, k rhifttoire, à l'éconoihîe politique, etc. M. Liais entre dans des considéra* fioûfc (F un haut intérêt, mais que nous craindrions de dénaturer en les résumant, et qu'il faut lire dans L'ouvrage lui-même. Nous signalerons surtout chapitres V et VI, il montre les conséquences qu'a, surtotffétf Allemagne, l'abus dès spécialités, le manque de connais* sances génêMéfe gatàs tefe<Jtielte* les esprits se rétrécissent,.

Nous regrettons vivement de ne pouvoir donner une idée plus com- plète dix travail de M. Liais, surtout dans cette partie de son kfre. Signaflons du moins, en terminant, les réflexions qu'il fait sur le ma» bise datirf lequdt de trottve l'Allemagne et qui porte les populations à émfgtf et en foule vers le nouveau monde. « Il est incontestable, dit-il, (Ju'en peu de temps', Ied cinq milliards payés à la Prusse par la France gfe transporteront aVec l'émigration vers les pays lointain», surtout dans l'Amérique du Nord. Ett France, au contraire,' ils rentreront par la iimjîô artère du Commerce et de l'industrie d'exportation. » £t du dSfrfùt (f organisation qui provoque cette émigration, notre auteur con- clût (pf à « ce point vue, comme sous tous les autres rapports, les Attétàatfh se toofltrenr fort arriérés en économie politique pratique.»

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986 LES MONDES.

DERNIÈRES NOOVELLES

DE SCIENCES ET D'INDUSTRIES ÉTRANGÈRES.

tf eavean praeédé de nlcltelage, - Le docteur Wolcott Gibbs donne, dans le numéro de janvier de Y Américain Journal of science, une courte description d'un nouveau procédé pour étamer différents métaux y avec le nickel, sans l'emploi d'une pile électrique, procédé qui a été in-

venté par le professeur Stolba. On met dans un vase en porcelaine (l'au- teur préfère un vase de cuivre), une solution concentrée de chlorure de zinc, que Ton étend ensuite d'un ou deux volumes d'eau, et l'on chauffe jusqu'à l'éhullition (S'il se forme un précipité, on le fait redissoudre en ajoutant quelques gouttes d'acide chlorhydrique) . On jette dans le vase autant de zinc pulvérisé qu'il en peut tenir sur la pointe d'un couteau, et le vase se recouvre intérieurement d'une couche de zinc. On ajoute ensuite le sel de nickel (qui peut-être ici le chlorure ou le sulfate), jus- qu'à ce que le liquide prenne une couleur sensiblement verte ; et l'on introduit les objets à étamer, préalablement décapés avec le plus grand soin, avec quelques fragments de zinc. On continue l'ébullition pendant quinze minutes, au bout desquelles le nickelageest fait, et l'opération est terminée. On lave bien les objets à l'eau, et on les nettoie avec de Ja craie. Si Ton veut un nickelage plus épais, on peut répéter l'opération. Le professeur Stolba a reconnu que des vases de cuivre ainsi étamés étaient à peine ternis après qu'on s'en fut servi pendant plusieurs mois dans le laboratoire. (Scientific American, 27 janvier, 1872.)

Nouveau prmeéàé de fabrication du avère. On voit maintenant aux étalages de M. Henry T. Chamberlain, commerçant colonial de sucre, Clare Street, à Bristol, un certain nombre d'échan- tillons de sucre de Demerara, qui ont été fabriqués dans l'île par un pro- cédé entièrement nouveau. Ces échantillons. sont tout à fait semblables à ceux qui étaient à l'Exposition de Georgetown, à Demerara ; le mérite particulier de ces sucres est d'avoir été préparés sans le secours du charbon animal. Au lieu du charbon animal, on emploie le bichromate de chaux qui produit, avec le jus brut de canoë, des sucres qui sont non- seulement très-purs, mais parfaitement cristallisés et d'une très-belle ap- parence. M. Chamberlain dit que quoique ce sucre ne soit pas connu dans ce pays, il en est vendu de grandes quantités en Amérique, et qu'il y est accueilli avec beaucoup de faveur. Les échantillons, qui sont

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LES MONDES. 287

au nombre de douze environ, varient considérablement en aspect et en qualité. Quelques-uns des cristaux sont très-gros et ronds, et seraient difficilement du goût des anglais; d'autres sont blancs et étincelants, tandis que quelques-uns ont une couleur d'un Jaune brillant, et sont vraiment de très-beau sucre* On croit que remploi du bichromate de chaux au lieu de charbon animal fait dans le prix, de fabrication une dif- férence d'environ deux livres (50 francs) par tonne. London Grocer. Qrid.)

Curieuse expérience. M. Kroœing indique la manière suivante de constater lequel est le plus éloigné de deux objets qui sont à une certaine distance : Supposons deux arbres qui soient avee l'œil sur la même ligne ; si Ton porte l'œil à droite, l'arbre le plus rapproché paraîtra se mouvoir vers la gauche, et l'autre sem- blera suivre le mouvement de l'œil. (Ibid.)

Soudure du cuivre. On prépare un composé de 358 par- ties de phosphate de soude et de 124 parties d'acide boracique, et on l'emploie lorsque le métal est à une chaleur rouge sombre; on aug- mente la chaleur jusqu'à ce que le métal soit devenu rouge cerise et alors on le forge. On recommande d'employer le marteau avec précaution parce que le métal est susceptible de se ramollir à une chaleur élevée. On doit supprimer de la surface du cuivre toute im- pureté et toute matière charbonneuse, parce que le succès de la soudure dépend de la formation d'un phosphate facilement fusible de cuivre, qui se réduirait en phosphure en présence du carbone.

(Ibid).

Speetroaeepée liquides. L'emploi de liquides transpa- rents, tels que le sulfure de carbone, pour la fabrication de lentilles, fait des progrès rapides en raison de l'économie, parce qu'il est difficile et dispendienx d'obtenir de grandes pièces de verre exemp- tes de gerçures et de taches. Les Annales de Poggendorff appellent l'attention sur la possibilité d'un dérangement dans l'exactitude des prismes, les raies du spectre variant avec la température. La divergence occasionnée parles changements de chaleur et de froid dans les raies des prismes solides est tout à fait insignifiante. On a observé qu'un prisme de verre, chauffé au soleil, puis ramené à l'ombre, devenait plus réfringent à mesure qu'il se refroidissait, tandis qu'un prisme de bisulfure de carbone présentait un résultat inverse. Ces faits indiquent qu'il est important de faire usage du thermomètre avec le specîroscope, et prouvent aussi qu'il y a place

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288 LES MONDES.

pour de grands perfectionnements dans la fabrication du verre pour les instruments d'optique. (Ibid.)

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moyen de Axer le caoutchouc au botfl et an pnéial.—

Gomme les plaques et les anneaux de caoutchouc sont employés

aujourd'hui presque exclusivement pour faire passer la vapeur dans

les tuyaux et autres appareils, on éprouve souvent beaucoup de

peine à cause de l'impossibilité ou de l'imperfection d'une jointure

hermétique obtenue avec cette matière. On remédie parfaitement

à cet inconvénient en employant un ciment qui adhère également

bien au caoutchouc et au métal ou au bois. On prépare ce ciment

avec une solution de gomme laque dans l'ammoniaque. Il se fait

de la meilleure manière en agitant la gomme pulvérisée dans dix

fois son poids d'ammoniaque concentrée ; on obtient ainsi une

masse visqueuse qui devient liquide en trois ou quatre semaines,

sans l'emploi de l'eau chaude. Il amollit le caoutchouc, et devient,

après la volatilisation de l'ammoniaque, dur et imperméable aux

gaz et aux liquides. (Ibid.)

*

Imeriptton en tombeau de John HeMcheL Une

table en marbre noir, portant l'inscription suivante en caractères de cuivre, vient d'être placée sur le tombeau de feu sir John Herschel, dans le bas côté septentrional de la nef de l'Abbaye de Westminster :

Johannes Herschel Gulielmi Herschel natu opere fama

FlLIUS UNICUS « CdLltf EXPLORATIS »

Hic prope Newtonum

Requiesgit

genera tio et generatio

MlRABlLIA DEI NARRABUNT

Psalm. CXLV. 4. 5.

VlXIT LXXIX. ANNOS ObIIT UNDEC1M0 DIE MAI! ,

A. D. MDCCCt^XÏ.

Hélé'oHte. La description suivante de 1* chute d'une météoritp est.ertraite ge Natjffif^çfnchte des O'estirnten Himmek, de Çrujel^uî- •en : « te 24 janvier 1790, à 40 30 m. du soir, on a vu à Mormes

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LES MONDES. 289

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un globe de feu plus grand et plus brillant que la pleine lune passer du N. au S. en 2 secondes, et il a éclaté en laissant un nuage blanc. Trois minutes aprê&*l'explosion, les deux observateurs ont entendu un violent, coup de tonnerre qui ébranla les fenêtres et en ouvrit quelques- unes* La chaîne des Pyrénées, éloignée de 15 lieues, produisit un écho continu qui dura 4 secondes. Les fragments tombèrent en quantité extraordinaire entre Juliacet Barboton, à, 4 heures au N. et à 5 heures au N.-E. de Mormes; ils tombèrent fondus au point qu'ils reçurent l'empreinte de la paille et qu'ils àe firent pas de bruit sur le toit des maisons ; ils pesaient de 2 onces a £o livres. Le globe de feu a été vu de Bayorine, Auch, Pau, Tarbes, Bordeaux et Toulouse ; de cette der- nière ville, il parut seulement un peu plus grand qu'une étoile fixe.»

[Ibid.)

PnMlase mécanique. Nous avons annoncé il y a peu de temps qu'une commission nommée par l'Institut pour Je fer et l'acier avait visité l'Amérique dans le dessein d'examiner les qualités du fourneau à puddlage rotatoire de Danks. Les membres de la commis- sion sont revenus en Angleterre et ils ont fait leur rapport. Leurs expériences ont été faites sur une grande échelle, et répétées en variant plusieurs fois les conditions. 11 parait qu'elles ont démontré que le puddlage mécanique s'exécute avec succès, et qu'il donne des résul- tats meilleurs que le puddlage ordinaire à la main., La qualité du fer est perfectionnée, et le produit augmenté. [The thenetum, 3 février 1872.)

Coton -poudre. M. Punshon prétend avoir produit un coton-poudre auquel il peut garantir toutes les propriétés explosives désirables; en même temps que la tendano* à la décomposition, et par conséquent à la combustion spontanée est complètement évitée. On l'obtient en recouvrant de sucre les fibres du coton-poudre, et en imprégnant le coton de chlorate de potasse, ou de quelque sel semblable. (Ibid.)

éïr Itoderieli Murclilsou. Le professeur Archibald Geikie désire s'adresser dans nos colonnes à ceux de nos lecteurs qui ont été amis ou correspondants de sir Roderick Murchison. Ils l'obligeraient beaucoup et lui rendraient un grand service s'ils voulaient bien lui permettre de se servir des lettres qu'ils lui communiqueraient pour préparer la biographie qu'il, fi entrepris d'écri]^, ^rk demande de sir Roderick. Si les documents lui1 sont envoyées à Ramsay Lodge,

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" Edimbourg, ils seront renvoyés le plus tôt qu'il sera possible. {Nature, 33 novembre 487!.)

Monument no docteur Priémttej. L'Angleterre com- mence à se souvenir de ses illustrations scientifiques oubliées. Nom apprenons qu'une réunion publique a eu lieu dernièrement à Bir- mingham, dans le but de faire exécuter le projet d'élever un monu- ment au docteur Priestley. Il a été résolu que le monument commé- moratif comprendrait trois objets, savoir : l'achat d'une place, un établissement scolaire et une statue, pour rendre hommage au docteur Priestley comme pionnier de la science et comme champion de la liberté civile et religieuse. Un comité a été formé pour mettre le projet à exécution. Il a été dit qu'une somme de 3 000 livres serait néces- saires, et plusieurs belles souscriptions ont été promises. La place proposée est celle de la maison, à Fairhill, le docteur Priestley demeura pendant onze ans. La maison a été brûlée par des brigands en 4794 ; après quoi il partit pour l'Amérique. [Ibid.)

Ee# rate Iiangftroo. Plusieurs fermiers établis près de la rivière de Loddon, dans le sud de l'Australie, ont découvert que les rats kangaroo étaient de bons sarcleurs ou arracheurs des chardons, c On a reconnu, dit le Bendigo Independent, que ces animaux s'en- fonçaient sous les chardons, et mangeaient les racines des plantes qui périssaient ainsi nécessairement. Un fermier a donné des ordres pour qu'on ne tuât pas les rats kangaroo dans ses terres, parce qu'ils lui avaient rendu de grands services en détruisant les chardons qui étaient si nuisibles. (Ibid.)

Œutm die Moa. À une réunion de la Société philosophique de Christcurch, dans la Nouvelle Zélande, au mois d'août dernier, le président, le docteur Haast, a fait quelques observations sur des œufs de Moa qu'on avait reçus récemment du Muséum colonial, en les comparant aux œufs d'oiseaux vivants. Les différents modèles d'œufs étaient étalés sur la table. Le président dit que le premier œuf sur lequel il désirait attirer l'attention de la société était un œuf dont les morceaux avaient été découverts par l'honorable Walter Mantel, et qui avaient été réunis par lui après un long travail. L'œuf original, dont un modèle avait été pris par le docteur Hector, était au Muséum bri- tannique. Le second modèle était celui du plus gros œuf qui ait été trouvé. Il a été découvert dans la péninsule de Kai&oras, entre les jambes d'un squelette humain, qui avait été enterré assis, et cette cir-

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LES MONDES. 291

constance a fait conclure que le moa avait une grande antiquité^ car dans les traditions les plus anciennes des Maori, il n'est pas fait men- tion qu'un pareil mode d'inhumation ait été adopté. L'œuf a été ensuite présenté à l'exposition de Otago, et le modèle a été fait par le docteur Hector, sur les mesures qu'il en avait prises. Le troisième et dernier modèle était celui d'un petit œuf qui est maintenant dans le Muséum colonial, qui a été trouvé à Otago, et qui renferme les os d'un jeune moa. [lbid)

Mie veltaïque de Leland. M. Edwin Leland, de Worces* ter, Massachusett, a inventé une nouvelle pile dont le principal avan- tage est un fonctionnement continu qui n'exige aucune surveillance, pourvu qu'on ne la laisse pas manquer des réactifs excitateurs, toujours nécessaires. L'invention consiste à placer dans la coupe poreuse, con- tenant l'élément de platine, du sulfate de mercure seul ou mélangé d'oxyde noir de manganèse, et à faire baigner cette coupe dans de l'eau en contact avec le zinc. On prétend que cette disposition a une efficacité certaine, et qu'elle est très-économique, parce que le mer- cure, après la décomposition du sel, tombe au fond du vase sous la forme métallique, et qu'il peut ainsi servir de nouveau*

Suivant le témoignage de l'inventeur, l'action énergique qui se pro- duit dès que les pôles sont mis en communication se continue indé- finiment, ou du moins aussi longtemps que le sulfate de mercure n'est pas entièrement décomposé ; on peut laisser la pile travailler pendant des semaines et des mois, sans autre peine que celle de renouveler le sulfate et l'eau qui s'est évaporée. On n'a pas plus besoin de l'acide nitrique, dont les émanations ont des effet si désagréables et si nui- sibles, [laid.)

Importante Innovation dans la ffravnre nur verre et sur métaux. Nous avons déjà mentionné ce fait curieux, découvert par M. Tilghman, qu'un jet de sable, sous l'impulsion d'un fort courant de gaz ou de vapeur, a le pouvoir de creuser une surface de verre ou de métal, et de traverser de part en part la pierre la plus compacte. Nous signalons aujourd'hui un nouveau progrès dans la même direction, qui donne des résultats plus remarquables encore par des procédés plus simples; l'invention en est due à M. F. Morse, de New-York.

L'appareil employé par M. Morse consiste tout simplement dans une boite de laquelle dépend un tube étroit long de 2a,5, sans l'emploi d'aucun mécanisme intérieur ou autre. De ce réservoir on laisse tom-

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ber le long du tube un mélange d'émeri et de corindon en poudre âne. L'objet qui' doit être gravé, tel qu'une coupe d'argent, un verre démontre, une plaque de verre, etc., est placé bous l'extrémité du tube; au bout de quelques minutes U opération e6t faite, et l'on trouve avec étonnement qu'elle a produit une magnifique ornementation, vraiment admirable par la pureté des lignes et l'exactitude du dessin. Nous en avons vu des échantillons sur des articles de verre et d'ar- gent, qui surpassaient tout ce qu'aurait pu produire la main de l'artiste graveur le plus habile.

On a soin de renouveler la provision de poudre du réservoir à me* sure qu'elle s'épuise ; une jeune ouvrière peut être chargée de cette fonction. Pour l'explication du procédé, nous devons ajouter que l'ob- jet a été préalablement recouvert d'une feuille de papier découpée suivant les lignes du dessin, de manière à laisser découvertes les par- ties de la surface correspondantes à ces lignes, en protégeant tout le reste contre l'action incisive de la poudre.

Ce n'est rien moins, suivant toutes les apparences, qu'une révolu- tion dans l'art de la gravure. On Cat fondé à le croire par le succès dçs essais pratiques qui-en sont faits à New -York. (Ibid;)*

Télégramme» en Post-Office* Les télégrammes expédiés par l'administration des postes dans le Royaume-Uni, pendant la se- maine finissant le 31 décembre 4871, se sont élevés au nombre de 482929. Ceux de la semaine correspondante de l'année 1870 s'élevè- rent seulement à 141 041. ©ififcrence en faveur de 1874,38888. (Ibîd.)

Télégraphe* australiens, M. Crackenell, le surintendant des télégraphes de Queensland, a fait sa tournée d'inspection dans le nord. Il a parcouru la ligne de Cardwell à l'embouchure du Norman, et il a trouvé, sur tous les points, les travaux en bon état d'avance- ment. La longueur du fil, de Brisbane à Cardwell, est de 1 032 milles, et par l'addition des 393 milles de Cardwell à Normanton, on a une longueur totale de 1 425 milles entre Brisbane et le golfe. Cette ligne sera plus courte d'ehviïon 600 milles que celle du <r South Australian Transcontinental. » Le. câble qui a été expédié en Angleterre pour Port-Darwin arrivera en temps opportun, et, dans deux mois, 1 850 milles seront ajoutés au réseau télégraphique qui met la Grande- Bretagne en communication avec ses colonies, (fbîd.)

LES MONDES. S 93

PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE

Sur la vision de» couleur». Conférence faite à Royal Insti* tution le vendredi 24 mars 1871 , par M. le professeur J. Clerk. Maxwell, M. A. LL. D. F. R. S. Toute vision est une vision des couleurs, car c'est seulement par l'observation des différences de cou- leurs que nous distinguons les formes des objets. Parmi ces diffé- rences de couleurs» je comprends les différences de lumière et^ d'ombre.

Ce fut à Royal Institution même, au commencement de ce siècle, que Thomas Young fit le premier énoncé distinct de la doctrine de la vision des couleurs que je me propose d'expliquer aujourd'hui. Nous pouvons la formuler en ces termes : c Nous sommes capables de sentir trois différentes sensations de couleur. Une lumière de diverses sortes excite ces sensations dans des proportions différentes, et c'est par les diverses combinaisons de ces trois sensations primaires que sont pro- duites toutes les variétés de couleurs visibles. » Il y a dans cet exposé un mot qui doit fixer notre attention, c'est le mot sensation. Il semble presque banal de dire que la couleur est une sensation ; et cependant c'est par la simple reconnaissance de cette vérité élémentaire que Young a établi la première théorie sérieuse des couleurs. En effet, autant que je sache, c'est Thomas Young qui, le premier, partant du fait bien connu de l'existence de trois couleurs primaires, a recherché l'explication de ce fait, non dans la nature de la lujnière, mais dans la .constitution de l'homme. Même parmi ceux qui ont écrit sur la couleur depuis le temps de Young, les uns ont cru devoir étudier ou analyser les propriétés des pigments ou matières colorantes, les autres, les rayons de lumière. Ils ont cherché à connaître la lumière par l'étude, en examinant quelque chose de la nature extérieure, quel- que chose placé hors d'eux-mêmes.

Cela posé, si la sensation que nous appelons couleur a quelques lois, il doit y avoir quelque chose dans notre nature qui détermine la forme de ces lois; et je n'ai pas besoin de dire que la seule évidence que nous puissions obtenir par rapport à nous-mêmes dérive de la conscience.

La science de la couleur doit donc être essentiellement regardée comme une science mentale. Elle diffère, il est vrai, de la plus grande partie de ce qu'on appelle science mentale par l'emploi considérable.

22

»4 LES MONDES.

qu'elle fait des sciences physiques» et, en particulier, de l'optique et de l'anatomie. Mais ce qui prouve qu'elle est évidemment une science mentale, ce sont ieé nombreuses retooUrces qu'elle fournit aux diverses opérations de l'esprit.

Ici, dans cette chaire, nous nous sentons toujours sur un terrain plus solide, quand nous avons affaire aux sciences physiques. Je commence- rai donc par montrer comment nous appliquons les découvertes de jtowton à la manipulation de la lumière, afin de vous donner l'oc- casion de sentir par vous-mêmes les différentes sensations de la couleur.

Avant l'époque de Newton, on supposait la lumière blanche comme Jtplns puni de toutes les choses connues. Quand Ipi lumière se mon- trait eotorée, on s'imaginait que c'était par une sorte de contamina- tion résultent du contact avec des corps grossie». Ne regardons-nous pas encore aujourd'hui la lumière comme l'emblème de la pureté, tien que Newton nous ait appris que sa pureté ne consiste pas daue la simplicité.

Faisons apparaître sur l'écran le spectre prismatique {Cescpérienee wf faite). Voici les couleurs simples dont la lumière Manche est loti* jcrart composée. Nous pouvons distinguer une grande variété de ttihte* on nuances dans le passage de l'une à l'autre ; mais c'est seu- lement quand nous employons de puissants spectroecopes, ou quand bous profitons nous-mêmes des travaux de ceux qui ont dessiné le Upectre, que nous pouvons nous apercevoir de l'immense multitude d'ebpèces différentes de couleurs, dont chacune a fourni matière à oae êfiide toute spéciale. Toute augmentation du pouvoir de nos instru- ments accroît dans la même proportion le nombre des lignée visibles dabs le spectre.

Toute lumière, comme Ta prouvé Newton, est cottipoftée de ces rayons pris en proportions différentes. Les objets que nous appelons colorés, quand ils sont éclairés par la lumière blanche, font un choix de ces rayons, et nos yeux ne reçoivent qu'une partie de la lumière qui tombe sur eux. Mais s'ils reçoivent seulement lés pure rayons d'une couleur simple du spectre, ils ne se montrent que de cette cou- leur. Si je place ce disque contenant des carrés de papier alternative- ment rouges et verts dans les rayons rouges, il paraît tout rouge, mais les carrés rouges sont plus brillants. Si je le place dans les rayons verts, les carrés paraissent tous verts, mais les carrés rbtiges sont maintenant plus sombres. Cette expérience est donc l'explication ' optique des couleur* des corps, quand ils sont éclairé* par la lumière

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LBS MONDES. 295

Manche; Ils décomposent .la lumière blanche en ses parties consti- tuante^ absorbant les unes et repoussant les autres.

Voiei deux solutions transparentes (expérience)* L'une parait jaune , elle contient du bichromate de potasse; l'autre parait bleue, elle con- tient du sulfate de cuivre. Si je transmets la lumière de la lampe élec- trique & la fois au travers des dçux solutions, la trace sur récran paraît verte. Le spectre va nous permettre d'expliquer ce résultat* La solution jaune intercepte l'extrémité bleue du spectre, ne laissant que le rouge, l'orangé. 1* jaune et le vert» La solution bleue intercepte l'extrémité rouge, ne laissant que le vert, le bleu et le violet» La seule lumière qui puisse passer au travers des deux solutions est donc la lumière verte, comme vous voyez. C'est de la même façon qu'un mélange de deux matières colorantes, l'une bleue, l'autre jaune, pa- (

raitvert. La lumière qui tombe sur le mélange se troute tellement absorbée par les particules jaunes et par les bleues, qu'il ne reste plus, que du vert. Mais le mélange de lumière bleue et de lumière jaune- n'engendre pas le vert, comme vous le verrez en laissant tomber cea deux lumières à la fois sur la même partie de l'écran.

Un exemple bien frappant de la force de l'imagination en pareille matière, c'est que nombre de personnes non-seulement en sont veaues à croire, d'après l'évidence du* mélange des matières colorantes, que le bleu et le jaune engendraient le vert, mats se sont même persua- dées qu'elles pouvaient découvrir les sensations séparées de bleu et de jaune dans la sensation du vert.

Nous nous sommes servis jusqu'ici de l'analyse de la lumière £ar les substances colorées. Il nous faut revenir actuellement, toujours <* mus la conduite de Newton, au spectre prismatique. Newton non- seuletnent c a entrouvert tout entière la robe éclatante du jour, » mais il a montré encore à la recomposer de nouveau. Nous avons ici un spectre, mais, au lieu de le recevoir sur un écran, nous le faisons passer à travers une lentille asset large pour recevoir tous les rayons coloré*. Ces rayons, suivant les lois bien connues de l'optique, con- courent à former une image du prisme sur un écran placé à distance convenable. Cette image est formée par des rayons de toute couleur, et vous voyez que le résultat est blanc. Mais si j'arrête quelques-uns des rayons colorés, l'image cesse d'être blanche, elle devient colorée ; et si je ne laisse passer que les rayons d'une seule couleur, l'image du prisme parait de cette couleur.

J'ai ici une disposition de lentes qui me permet de séparer une, deux ou trois portions de la lumière du spectre, et de les faire servir à la formation d'une image du prisme, à lVxetasion de toutes les

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296 LES MONDES.

autres couleurs. Ceci me donne un pouvoir absolu sur les couleurs du spectre, et je puis produire sur l'écran toutes les nuances possibles de couleur, par la distribution particulière et les dimensions des fentes à travers lesquelles passe la lumière. Je puis aussi, par l'interposition d'une lentille sur le trajet de la lumière, vous montrer une image am- plifiée des fentes, ce qui vous permettra de voir les différentes sortes de lumière qui composent le mélange.

Les couleurs sont actuellement le rouge, le vert et le bleu, et le mé- lange de ces trois couleurs est, comme vous le voyez, presque blanc.

Essayons l'effet du mélange de deux de ces couleurs. Le rouge et le bleu forment un beau pourpre ou cramoisi ; le vert et le bleu forment un vert de mer ou un bleu de ciel ; le rouge et le vert forment du jaune.

Nous réalisons actuellement un fait qui n'est pas universellement connu. Il n'est aucun peintre qui, pour produire un beau jaune, mé- lange son rouge avec du vert. Le résultat serait une sorte de gris sale. La nature lui fournit des jaunes très-brillants, et il en profite. Quand il fait un mélange de peinture rouge avec du vert, la lumière rouge émise par la peinture rouge est dépouillée de presque tout son éclat par les particules de vert qui la recouvrent, et la lumière verte ne s'en trouve pas mieux, car elle est sûre de tomber au milieu des particules de peinture rouge. Mais quand le «pinceau avec lequel nous peignons est composé des raypns de la lumière, l'effet de deux couches de cou- leur est très-différent. Le rouge et le vert forment un jaune très*écla- tant, que nous pouvons montrer comme ayant l'intensité du plus pur jaune du spectre.

J'ai maintenant disposé les fentes de manière à transmettre le jaune du spectre. Vous voyez qu'il est semblable en couleur au jaune formé par le mélange du rouge et du vert. Il diffère néanmoins du mélange en ce qu'il est strictement homogène au point de vue physique. Le prisme, comme vous voyez, ne le divise pas en deux parties comme il fait du mélange. Combinons actuellement ce jaune avec le bleu du spectre. Le résultat n'est pas vert certainement; nous pouvonsen faire de l'œillet, si notre jaune est d'une teinte chaude; mais si nous choisissons un jaune verdâtre, nous pouvons produire uu beau blanc.

Vous avez vu maintenant les plus remarquables des combinaisons de couleurs ; les autres en ^diffèrent en degré, non en genre. Je vous prierai actuellement de ne plus songer. aux arrangements physiques qui vous ont permis de voir ces couleurs, et de concentrer votre attention sur les couleurs que vous avez vues, c'est-à-dire sur certaines sensations dont vous avez eu conscience. Nous sommes ici entourés de difficultés

LES MONDES. 297

d'un genre tout spécial que nous ne rencontrons pas dans des recherches purement physiques. Tous nous pouvons éprouver, ces sensations, mais aucun de nous ne saurait les décrire. Elles ne sont pas seulement notre propriété particulière, elles sont en outre in- communicables. Nous avons des noms pour les objets extérieurs qui excitent nos sensations, mais non pour les sensations elles-mêmes.

Quand nous regardons un vaste champ de couleur uniforme, qu'elle soit réellement simple ou composée, nous trouvons que la sensation de couleur apparaît à notre conscience comme une et indivisible. Nous ne pouvons pas discerner directement les sensations élémentaires dont elle est composée, comme nous pouvons distinguer les notes composantes d'une corde musicale. Une couleur, par conséquent, ne peut être regardée comme une chose simple, dont la qualité est capable de variation.

Pour faire qu'une qualité soit du domaine d'une science exacte, il faut la concevoir comme subordonnée aux valeurs d'une ou . de plusieurs quantités variables, et le premier pas, dans son analyse scientifique, est de déterminer le nombre de quantités variables nécessaires et suffisantes pour déterminer la qualité de la couleur. Nous n'avons pas besoin d'expériences compliquées pour prouver que la qualité d'une couleur peut varier de trpis, et seulement de trois manières indépendantes.

Ce qui peut s'exprimer en disant, avec les peintres, que la couleur peut varier de teinte, de nuance et d'ombre.

Le plus bel exemple d'une série de couleurs variant de nuances, c'est le spectre lui-même. Une différence de nuance, c'est la différence entre des couleurs consécutives dans le spectre. La série de nuances dans le spectre n'est pas complète ; car, pour obtenir les nuances pourpres, il nous faut mêler le rouge avec le bleu.

La teinte peut se définir le degré de pureté d'une couleur. Ainsi, le jaune clair, le chamois et le café au lait forment une série de couleurs ayant presque la même nuance, mais déteintes différentes. Les teintes correspondent à une nuance donnée, forment une série, commençant avec la couleur la plus accentuée, et finissant par une teinte parfaite- ment neutre.

L'ombre peut se définir le défaut plus ou moins grand de clarté. Si nous commençons par une teinte d'une certaine nuance, nous pouvons former une gradation de cette couleur au noir, et cette gradation est une série d'ombres de cette couleur. C'est ainBi que nous pouvons dire que le brun est une ombre obscure de l'orange.

La qualité d'une couleur peut varier de trois façons différentes,

iV8 LES MONDES.

indépendantes l'une de l'autre ; rtotre nia pouvons pas en oenfeevolr d'autres. De fait, si nous assortissonsune couleur à une autre, defaçori à les faire ooneorder en nuance, en teinte et en ombre, H dévient absolument impossible de distinguer les deux couleurs. Il y a donc trois, et seulement trois modes de variation dont les couleurs Soient susceptibles.

J'ai soigneusement évité d'introduire dans cette période de nos études rien de ce qui pourrait porter le nom d'expérience scientifique; aûn de montrer que nous pouvons déterminer le nombre de quantités de variations dont est susceptible la couleur avec les -seules ressources de notre expérience ordinaire.

Voici un point dans cette chambre si je désire spécifier la position; j'y arrive en donnant les grandeur^ de trois distances, à savoir : la hauteur au-dessus du parquet, la distance du mur derrière moi, et ht distance du mur à gauche.

Ce n'est que l'un des modes de détermination de la position d'un point, mais c'est un des plu** convenables. Cela posé, la couleur dé* pend de trois choses. Si nous appelons ces trois choses les intensités des trois sensations primaires de la couleur, et si nous pouvons jus qu'à un certain point mesurer ces trois intensités, nous pouvons considérer la couleur comme spécifiée pour ces trois mesures. De cette manière, la spécification d'une couleur ressemble à la spécification d'un point dans la chambre, en ce sens qu'elle résulte de trois me- sures différentes.

Faisons un pas de plus, et supposons les sensations de couleur mesurées sur quelque échelle d'intensité, et que nous ayons trouvé un point pour lequel les trois distances, ou coordonnées, contiennent le même nombre d'unités que les sensations contiennent de degrés d'intensité. Alors, nous pouvons dire, au moyen d'une utile conven- tion géométrique, que la couleur est représentée, à notre imagination mathématique, par le point ainsi fixé dans la chambre; et, s'il y à plusieurs couleurs, représentées par plusieurs points, les relations chromatiques de ces couleurs seront représentées par lés relations géométriques des points. Cette méthode d'exprimer lés rapports des couleurs est d'un puissant secours pour l'imagination. Vous trouverez ces rapports des couleurs établis d'une manière excessivement claire dans le Manuel dès couleurs de M. Benson, l'un du très-petit nombre de livres sur la couleur les données reposent sur des expériences légitimes;

Jl est encore une manière plus commode représenter les rapporte des couleurs, au moyen du triangle dés couleurs de Young. fi est

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LUS MONDES* 999

»WPQWfW* 4* aprfeqtiH pur h *urfacf> plue 4'iWft feuille 4? Papier toutes les couleurs imaginables ; pour te faire, il faut ibsolugient uq «sepaee à trois dimsnsjon^, Si cependant nous considérogp seulement <?fë contours égelePtfflt fanges , c'esttà-dire des couleur^ dans lesr quelle ]% powme des intensive des trois sensations est la pièmçj alors U y a possibilité de représenter p^r des points sur un plan les variions 4e teinte et de nu^ncef A cet effet, traçons un plan çoupanf selon dep longueur ég?le? les trois lignes représentant les sensations Primaire?* La portas de ce ptyn, contenue dans l'espace PU nous ayons distribué Dos couleurs, formera un triangle équilatéral. Les trois çpuleurs primaires seront aux trois angles, le blanc ou gris sera au milieu, la teinte ou le degré de pureté de chaque couleur sera exprimé par sa distance du point du milieu, et sa nuance dépendra de la posi- tion angulaire de la ligne qui la joint avec le point du milieu.

C'est ainsi qu'au moyen du triangle d'Young on peut exprimer géométriquement les idées de teinte et de nuance. Pour comprendre ce que Ton entend par ombre, nous n'avons qu'à supposer l'accrois- sement ou la diminution d'éclairement de tout le triangle, de sorte qUfr, pAr rajustement du tné&anfcnfe d'éotatatg», nevpumldiwMre représenter au triangle d'Young toutes les variétés possibles de c**w leur. Si rtous prenons maintenant deux couleurs dans le triangle, et que nous les mélangeas en toute proportion, nous trouverons k eo*u leur résultante dans la ligne qui joint les couleurs composantes au point correspondant à leur centre de gravité.

Je n'ai rien dit de la nature des trois sensations primaires, ou des coulçurp particulières auxquelles elles ressemblent le plus. Quand H s'agit de tracer sur le papier les rapports entre les couleurs actuelles, il n'est pas nécessaire de connaître ce que sont les couleurs primaires, fîoue pouvons prendre trois couleurs quelconques , provisoirement, pour ^ngles d'un triangle, et déterminer la position, par rapport ^ ellçs» d'une autre couleur quelconque observée, de façon, à forrtier une sorte (le caste de couleurs.

De toutes les couleurs que bous voyons, celles qui sont efcitéep pfur k* différents rayons du epwtre prismatique ont la plus grande impor- tance scientifique. Joute espèce de lumière est formée de l'un de ces rayons ou d'une combinaison de quelques-uns de ces reyons, Lee couleurs de tous les corps aaturete sont composées des couleurs du speftttt. Si, par conséquent, nous pouvons former une carte chroma- tique du spectre, exprimant les rapports entre les couleurs de ses dif- férentes parties, les couleurs de tous les corps naturels seront p*f

300 LES MONDES.

même comprises entre certaines limites de la carte déterminées par les positions des couleurs du spectre.

Mais la carte du spectre va nous aider aussi à connaître la nature des trois sensations primaires. Puisque chaque sensation est essentiel- lement une chose positive, chaque sensation comparée de couleur doit se trouver dans le triangle qui a pour angles les couleurs primaires. En particulier, la carte du spectre doit être entièrement dans le trian- gle des couleurs de Young, de sorte que, si quelque couleur dans le spectre se trouve identique avec Tune des sensations de couleur, la carte du spectre doit se montrer sous la forme d'une ligne ayant un angle aigu au point correspondant à cette couleur. (La fin au pro- chain numéro.)

CALORIQUE

Sar lee eipériemeee de pelarleatâen de te étale» *

par M. Ttnball (i). Le célèbre professeur a seulement voulu nous apprendre comment il fait les expériences sur la polarisation de la chaleur dans son cours de Royal Institution. Il va sans dire qu'il s'agit ici de la chaleur obscure, car, pour la chaleur Lumineuse, il n'y a pas de difficultés. Voici comment l'auteur décrit son appareil :

« Deux grands prismes de Nicol, pareils à ceux que j'employais dans qies expériences sur la polarisation de la lumière par les matières nébuleuses, ont été placés en face d'une lampe électrique, et ajustés de manière à pouvoir tourner l'un et l'autre autour de leur axe hori- zontal. On a fait passer à travers les deux prismes le faisceau de rayons émis par la lampe, rendus légèrement convergents au moyen d'une lentille. Entre les deux prismes se trouvait une auge contenant une solution d'iode dans du sulfure de carbone, en quantité suffisante pour intercepter la lumière solaire la plus intense. Derrière ces mêmes prismes, on avait disposé une pile thermo-électrique, munie de deux réflecteurs coniques. La face postérieure de cette pile recevait la cha- leur provenant d'une spirale de platine, traversée par un courant élec- trique réglé par un rhéostat.

« L'appareil était arrangé de telle manière que, lorsque les sections principales des prismes de Nicol se trouvaient placées à angle droit

( (l) Pkilosophical Magazine, t. XXXIX, p. 280-282. Archives de Genève, t. XXXVIII, p. 196.

r

LES MONDE»; 301

Tune de l'autre, l'aiguille du galvanomètre, en communication avec la pile, indiquait une déviation de 90 degrés en faveur de la source postérieure de chaleur. On a alors tourné l'un des prismes, de manière à rendre parallèles les sections principales. Aussitôt l'aiguille du gal- vanomètre, après être revenue à zéro, a dévié du côté opposé jusqu'à 90 degrés.

« En continuant à tourner le prisme, de manière à rendre de nou- veau les sections principales perpendiculaires Tune à l'autre, le fais- ceau calorifique s'est trouvé de nouveau intercepté , et l'aiguille, après être descendue à zéro, est remontée à sa première position du côté opposé. Le flux de chaleur polarisé dans cette expérience est telle- ment, abondant qu'on réussit, en déplaçant promptement le prisme de Nicol, à faire faire plusieurs tours à l'aiguille aimantée. Ces essais ont été faits avec le galvanomètre très-sensible employé dans mes expé- riences sur la chaleur rayonnante. Mais l'action est assez forte pour agir sur un galvanomètre peu sensible, destiné aux expériences de cours, et pour forcer l'aiguille de six pouces de long, munie d'index de papier, à décrire un arc de près de 180 degrés. »

L'emploi du filtre d'iode et de la lumière électrique permet de dé- montrer de la manière la plus frappante tous les phénomènes de réflexion, de réfraction, de polarisation ptane et circulaire, de double réfraction, ainsi que la formation d'images invisibles, soit par les mi- roirs, soit par les lentilles. L'auteur cite, en particulier, l'expérience suivante : Les prismes de Nicol se trouvant placés à angle droit l'un de l'autre, l'aiguille du galvanomètre indiquait 78 degrés en faveur de la spirale de platine chauffée, placée derrière la pile. Une plaque de mica ayant été disposée en travers du faisceau obscur, avec sa section prin- cipale inclinée de 45 degrés sur celle des prismes de Nicol, aussitôt l'aiguille, après être retombée à zéro, est remontée à 90 degrés du côté opposé.

Quant à la polarisation circulaire, les prismes de Nicol ayant été placés à angle droit l'un de l'autre, l'aiguille du galvanomètre indi- quait 86 degrés en faveur de spirale de platine. Une plaque de cris- tal de roche, taillée perpendiculairement à l'axe, ayant été disposée eu travers du faisceau obscur, aussitôt l'aiguille est retombée à zéro, pour remonter jusqu'à 90 degrés du côté opposé.

On peut se faire une idée du pouvoir de pénétration de la chaleur employée, par le fait qu'elle a pu traverser douzb pouces environ de spath d'Islande et une auge d'un pouce et demi remplie de la solution d'iode.

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LÇg MONDES.

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MAGNÉTISME

Sur le* cause* de la déviation dee eonapa* de marin* à bord des navire» en fer, par M. ArsOn. Le compas dt marine, soumis comme il eet, à bord des constructions en fer- à des forces démtrices complexes, n'indique plus au navigateur le norf magnétique; il est constamment tenu dans une attitude qui en diffère assez pour rendre son utilisation dépendante d'une correction souvent considérable et dont les lois sont complexes. Ces corrections sont né- cessaires sur tous les navries et prennent quelquefois une importapca telle, que certains d'entre eux seraient inutilisables sans le ftftoui* d'une compensation convenable. Il existe, en effet, des exemples nom* breux de constructions dans lesquelles l'aiguilla étant dirigée pair tes Influences magnétiques qu'elles exercent avec plus de puissance que par celles qu'exerce la terre, le compas est absolument impuissant * fournir une indication utile au navigateur et pend tous ses droits t la confiance.

Le tableau suivant, extrait d'une notice sur les erreurs des dérapas, publiée par M. Darondeau, ingénieur hydrographe de la marine fou* çaise, montre à la fois l'étendue et la gravité de la question ;

V

Déviations maxime observées à bord de navires en /er.

n i i,i iluiJ>

NAVIRES EN FER

VBridan

Le Narval

{/Australie.,

Le Passe-Patiout* . ,

Le Çhaptal

LeSolon,

UÂnacréon

Le Comte d'Eu

La Beine-Hertenee. ..

DÉVIATIONS

m*

44 52 45 40 57

48 54

**», f

43'

34 00

S 30

0 30 00 00

NAVIRES EN FER.

Le Faon

Le dauphin

Le Calon.

La Salamandre,

L' Eclair eur

Le Pétrel

UAverne..

L'Australie

le Newton

DÉVIATIONS

2!» 4»'

29 00

34 00

28 00

48 09 34 15

49 30 43 iS 24 00

te

Beaucoup de savants ont étudié cette qu&tioo si intéressante au

point de vue de la sécurité de la navigation. L'illustre Poncttet est le

premier qui ait soumis les phénomènes en jeu aux lois de l'afl*]jrfB

mathématique ; après lui, M* Airy, l'un des savants les plus haut

LES MONDES 303

placés de l'Angleterre, puis M.' Archibald Smith et le corps entier de l'amirauté ont traité la question, et, à défaut de moyen matériel de produire la compensation parfaite des causes perturbatrices qui agissent sur le compas, se sont bornés à 'déterminer des règles à l'aide des- quelles en peut déduire la déviation que doit éprouver un compas dans une orientation quelconque au moyen de la connaissance exacte, rele- vée sur le fait, de huit déviation* connues dans certaines orientations déterminées.

On comprend quelle difficulté une méthode semblable présente dans l'application; elle est telle que les hommes de la marine marchande, même en Angleterre, n'en font aucun usage, et qu'ils en sont réduits, à l'heure présente, à l'emploi d'un compas dont les indications inexactes les exposent à des dangers sérieux. * Cette peinture de la situation faite à la marine, à défaut d'une bous- sole exacte dans ses indications, n'est pas exagérée ; car il ne se passe pas d'année que l'on n'ait à enregistrer des sinistres qui n'ont pas d'autre cause, et M. Arson cite, & l'appui de ce dire, deux accidents dont les causes ne laissent à ses yeux aucun doute. C'est d'abord la perte du Gknarcky, arrivée en décembre 1868, vaisseau en fer chargé de 4 900 tonnes de fer laminé, sorti de la Clyde et échoué dans la baie de Dublin, sur l'inexactitude des indications de son compas. C'est ensuite celle du transport à vapeur la Sèvre, qui s'est perdu le 20 février dernier, en doublant le cap de la Bogue, occasionnant la mort de cinquante-cinq personnes parmi lesquelles il faut compter le capitaine et le pilote. Ces malheurs n'ont eu bien certainement pour causé que l'imperfection des indications données, à bord de ces navires en fer, par leurs compas.

: M. Arson est parvenu à donstrtlire un appàrtil cottiéctettt qu'il appelle Compensateur et qui remplit le rôle important de soustraire le compas k toutes les influences perturbatrices ^ui l'entourent abord, de façon que les indications, en quelque latitude qu'on les considère, sont absolument exactes.

Ge rébnltsft est obtenu au moyen deux compensations distinctes qui doivent toutes deux la variabilité de leur action au déplacement des organes qui sont chargés de les produire. L'une est spéciale au magnétisme permanent, autrement dit à l'aimantation fixe imprimée aux œuvres du navire par les opérations mécaniques de la construc- tion; l'autre est particulière au nfegnétistte induit, autrement dit à cette aimantation instantanée qui est développée dans le fer parf'aô- tfon inductrice de la terre. M. Arson expose les lois mathématiques suivies par ces causes déviatrices, et fait voir par quelles dispositions

Esfëj «î*x' 'fia v*n * ' *'■

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304 Lhd MONDES.

mécaniques le compensateur en établit la correction dans toutes les orientations et dans toutes les latitudes.

11 insiste sur ce point très -important du mérite de son appareil, à savoir qu'il assure la correction des forces perturbatrices, non-seule- ment dans toutes les orientations, mais aussi dans toutes les latitudes. Il fonde cette affirmation sur les considérations suivantes : puisque l'aiguille est supposée toujours maintenue dans la direction du nord- sud magnétique, la variation dans l'intensité magnétique de la terre, résultant du changement de latitude, ne saurait produire de perturba- tion, et la variation que cette influence exerce par yaduction sur le fer du navire, agissant dans le même sens et avec la même intensité sur le fer du compensateur, l'équilibre qui est établi entre ces deux actions, en un point quelconque du globe, subsistera partout.

L'appareil qui produit cette compensation est renfermé dans une enveloppe dont les dimensions dépassent peu celles des appareils con- sacrés ; il peut être installé en un point quelconque du plan milieu du navire. Passant aux détails de la construction de l'appareil, M. Arson fait remarquer qu'il compose les organes compensateurs de faisceaux de fils d'acier trempé aimanté, et de faiaceaux.de fil de fer doux, per- mettant de proportionner exactement l'intensité des forces i exercer.

Il fait aussi connaître comment il est parvenu à construire des aiguilles de compas qui répondent toutes à la condition d'éprouver les mêmes déviations sous les mêmes influences déviatrioes, et qui peuvent par conséquent se remplacer l'une l'autre dans l'usage, bénéfice qui n'appartient pas, on le sait, à deux aiguilles quelconques.

Ce résultat est important, non-seulement parce qu'il permet de munir chaque instrument d'aiguilles de rechange, mais parce qu'il fournit aussi le moyen de construire tous les appareils compensateurs sur un même modèle.

Les conditions à observer pour faire usage de l'appareil se résument ainsi :

Si le compas doit indiquer la marche à suivre, on amènera le cadran du répétiteur dans cette direction, puis on gouvernera le navire jusqu'à ce que le compas fournisse la même indication que le répé- titeur.

Si le compas doit faire connaître la route suivie, on amènera le cadran du répétiteur dans la même orientation que la rose du com- pas ; ce dernier se déplacera aussitôt par l'influence du compensateur, •et on le suivra dans son mouvement de déplacement jusqu'à ce que le répétiteur et le compas n'indiquent plus tous deux qu'une seule et même direction : ce sera celle de la marche suivie par le navire.

LES MONDES. 30S

En un mot i le compas fournira des indications exactes dans toutes les orientations et dans toutes les latitudes, à la seule condition que le cadran du répétiteur soit orienté comme la rose du compas. (Com- munication faite à la Société des ingénieurs civils, le 4 août 4874 .)

HISTOIRE NATURELLE

I«fi Investigation» tent-itiarliiM. Depuis que les sondages ont été pratiqués pour la pose des câbles télégraphiques sous-marins, une certaine émulation dans l'étude du fond de la mer a pris un développement suffisant pour devenir l'objet d'expéditions spéciales ; celle de M. W. Carpenter, entreprise sous les auspices du gouvernement anglais, celles de M. Agassiz, en Amérique, concourent à jeter les fondements de notions précises sur l'inconnu dans le domaine des eaux. La topographie du fond de la mer et la biologie des abîmes 'océaniques sont les points principaux sur lesquels portent tes observations. Le premier ne peut être résolu que par une quantité de sondes multipliées, à l'aide desquelles on pourra dresser des cartes du relief sous-marin. Le second a pour but de compléter les connaissances sur la faune de ces régions inexplorées. Un patient classificateur, M. de Folin, officier de marine, a «entrepris l'étude des mollusques de toute nature qui peuplent ces immenses étendues d'où seule la sonde peut ramener des spécimens. «Joignant à ses observations personnelles l'examen des échantillons recueillis par leff navigateurs sur divers points du globe, il forme dans Les fonds <de la mer (*) une encyclopédie des objets ramenés à la surface, « Que ne- doit-on pas attendre d'inves- tigatiqps nombreuses étendues point par point à toutes les côtes d'un pays, à tout un bassin géographique, à toutes les profondeurs d'une des grandes divisions des mers et enfin «aux mers entières? Nul doute que la réunion d'un nombre* considérable d'observations, d'abord isolées et notées simplement par ordre chronologique, puis ensuite coordonnées, n'ait une influence marquée sur une foule de questions encore inabordables de la géographie physique du globe, s Les espèces non encore décrites sont l'objet d'une^ détermination pour laquelle il faut remanier des classifications. C'est ainsi que M. de Folin a repris la classe de Chemnitzida, sur laquelle il nous communique l'étude suivante : -.

(*) F. Sa*yf éditeur. .

30fi LES MONDER

Note dur la cla»«llicuUon 4«a chen*nU*lda.

En cherchant à mettre un certain ordre dans la classification des nombreuses coquilles appartenant à la famille des ckbmnitztda9 nous avions procédé ep nous Casant sur des principes dont L'exactitude nous était démontrée par l'observation de faits bien établis* Ainsi nous avions d'abord remarqué que ces coquilles pouvaient être séparées en deux groupes, l'un comprenant les tests allongés presque cylindriques, ayant une longueur plus grande que* trais fois leur diamètre. Le second devant au contraire renfermer les individus ventrus coniques dont le diamètre était au moins du tiers de leur longueur. Cette différence si caractérisée nous avait servi à opérer une première section, mais elle ne pouvait suffire; il était indispensable de trouver de nouveaux motifs de séparation, et il nous parut commode de distinguer dans le premier groupe ies coquilles dont la columelle était simple, de celles qui pré- sentaient des dente ou plis sur cette partie. La même distinction pou- vait être faite également dans le second groupe et nous obtenions ainsi quatre subdivisions. Cependant il était encore possible de pousser plus loin cette méthode et de se servir de l'ornementation afin de sé- parer chaque subdivision en quatre nouvelles catégories, savoir : celle des coquilles lisses, celles ornées longitudinatement , celles ornées dans le sens de la spire et enfin celtes pourvues d'une ornementation double, c*est-à-dire dans l'un et l'autre sens en même temps. Par nous arrivions à la séparation parfaitement définie de seize genres, qui se trouvaient ainsi très-nettement caractérisés, et nous supposion s avoir pourvu à tous les cas. Mais, sur la remarque que nous en fit notre ami et collaborateur le docteur P. Fischer, nous ne pouvions comprendre dans le même genre les coquilles présentant une seule dent à la columelle et celles qui se trouveraient en avoir deux. Ceci admis, il devint nécessaire pour compléter cette méthode de classifi- cation d'ajouter au* quatre catégories des deuxième e{ quatrième groupes des sous-genres auxquels nous affecterons les numéros bissés de ces diverses catégories; les coquilles ayant deux dents se trouveront dès lors classées sous ces numéros. Nous réserverons les mêmes numé- ros ter pour les coquilles montrant trois dents, etc. Quant aux déno- minations ii donner à ces sous-genres, nous avons adopté pour les numéros quelques noms pris dans les synonymes de lp. famille, en y ajoutant deux nouveaux. Nous laisserons le soin de dénommer les numéros ter à ceux qui rencontreront des chemnitzida pourvues de trois dents. Le tableau qui suit résume la méthode.

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308 LES MONDES.

REVUE ÉTRANGÈRE, PAR M. J.-B. VI0LLET,

Ii» fabrication du thé, par M. J. Macpherson. On connaît très-imparfaitement en Europe les procédés employés pour la fabrication du thé. Il uqus paraît donc intéressant de donner l'extrait d'un travail qui vient d'être publié par M. Macpherson, et se trouvent quelques détails sur l'état ancien et moderne de cette fabrication.

Si l'on peut s'appuyer sur des expressions vagues et obscures de quelques écrits très-anciens du pays, le thé semble avoir été connu en Chine, au moins comme drogue médicinale, longtemps avant l'ère chrétienne. Le principal moraliste des Chinois, Contactas, 550 ans avant cette ère, a écrit, dans une de ses compilations, un passage obscur qui semble se rap- porter à l'infusion des feuilles de thé. * Qui soutient, dit-il, que le thé est amer? Il est aussi doux que le Csy. » De Tan 600 à l'an 900 de notre ère, cependant, les allusions au thé consommé comme breuvage sont plus fréquentes et plus certaines ; et un auteur qui a écrit pendant cette période .décrit un mode de préparation qui- a beaucoup de rapport avec celui qui est encore en usage dans notre temps. Il fait mention d'un très- grand nombre de variétés de thés, qu'il regarde comme s'élevant à plu- sieurs mille ; il conseille aussi de recueillir les feuilles par un temps clair et beau, de les agiter avec les mains, 'de les sécher sur le feu et de les em- paqueter soigneusement. On a des motifs de croire que ce procédé n'a pas été celui des premiers temps, mais qu'il a été indiqué par quelque découverte accidentelle ; et , en effet, l'écrivain que nous venons de citer, semble penser que le thé a été originairement préparé en briquettes, et qu'après avoir réduit ces briquettes en poudre, on en préparait une sorte d'infusion médicale dont on faisait usage dans les banquets, pour exciter l'appétit ou stimuler la digestion, comme on pourrait le faire aujour- d'hui avec une infusion .derue ou de camomille. Les feuilles employées pour fabriquer ce thé en briquettes étaient passées à la vapeur, ce qui facilitait l'extraction des sucs amers ; et on les séchait au soleil ou sur un feu de charbon. Un autre auteur dit que les feuilles étaient réduites en poudre, après avoir été fléchées, et que l'on en formait ensuite des bri- quettes ; mais on sait que les. feuilles entières et même les branches de la plante étaient employées pbur la préparation de ces briquettes, et que cet usage existe encore dans le pays. Cette antique méthode de fabriquer le thé en pains se rapporte remarquablement à celle qui est usitée parmi quelques tribus d'Assam, et qui est citée par Bruce et par d'autres voya- geurs. Ces tribus paraissent bien connaître les usages du thé, car une

LES MONDES. 309

conversation entre le lieutenant Charlton et son domestique indigène a conduit, en 1830, à la découverte delà variété du thé d'Assam. Le moyen d'extraire des feuilles vertes les sucs amers n'est pas tout à fait le passage à la vapeur, comme chez les Chinois; il constate en une courte immersion dans l'eau bouillante, immersion qui doit produire à peu près le même effet. Les leuilles, après la cueillette, sont jetées dans un vase plein d'eau, on les chauffe jusqu'au moment le liquide commence à bouillir. On le fait alors couler, puis on enterre le thé dans une fosse revêtue de feuilles sèches, et on le laisse dans cet état pendant deux ou trois mois, jusqu'à l'arrivée des marchands venant des Etats voisins, du pays des Birmans ou de l'Asie centrale ; alors on le tasse fortement dans des tronçons creux de bambou ou dans des pots en terre, et on les ex- pédie pour la consommation. Cette méthode est évidemment fort impar- faite, mais il importe de la connaître pour juger du goût de ces peuples et de la nature du produit qui convient aux consommateurs de thé ea briquettes, parce que ce produit ne doit nullement posséder l'arôme dé- licat du thé de Pekoë ; car on ne pourrait le leur faire apprécier, qu'en changeant leur palais. Ce thé doit au contraire présenter un goût fort, un parfum de thé vert, et conserver une grande partie des sucs acres qui doivent être incomplètement extraits. C'est du moins ce qu'indique le mode de fabrication, qui doit conserver à la feuille ses principales pro* priétéa. Dans cet état de choses, il est difficile de savoir quel est le peuple qui, le premier, a découvert l'usage du thé en feuilles.

Les Chinois possèdent une histoire qui, malgré ses imperfections, et l'incertitude de ses dates, nous permet de regarder l'usage du thé comme remontaot aux temps les plus reculés. D'un autre côté, les tribus presque sauvages des frontières de l'Inde, pour la plupart dépourvues d'une langue écrite, ont perdu presque toutes leurs traditions orales qui ont été si dé- figurées ou si obscurcies que Ton ne peut y accorder qu'une faible cen- confiance* Mais il ne faut pas croire que les usages relatifs à leurs aliment» ou à leurs breuvages aient pu se perdre aussi facilement, et il est, au contraire, extrêmement propable que les usages relatifs à l'emploi de» produits de la nature ont se conserver d'âge en âge. Aussi des tribu» telles que celles des Singpbos et des Norahs sont-elles, non-seulement en possession des usages de la fabrication du thé, mais en (relation pour le commerce de cet article avec les Birmans et les Chinois. On n'a pas d'ob- jections sérieuses à produire contre la supposition que la plante' et les usages du thé ont été, à une époque très~éloignée, introduits de l'Inde septentrionale dans la Chine. NoL-seulement les moyens de traiter la plante, tels qu'ils &ont mis en pratique par lies tribus peu civilisées du nord-est de l'Inde, sont les plus primitif* de ceux dont nous avons con-

23

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310 LES MONDES.

naissance, mais on sait parfaitement que le premier degré de leur per- fectionnement 9e retrouve encore chez les tribus des frontières de la Chine ; on sait en outre que les semences de l'arbrisseau à thé sont, de toutes les graines que nous connaissons, les moine propres à se disséminer naturellement. Peu d'animaux s'en nourrissent ; elles sont trop lourdes pour être transportées par le vent ou même par les cours d'eau ; la grande quantité d'huile qu'elles contiennent tourne rapidement au rance» et las altère Avec un* remarquable rapidité, si elles ne sont pas plantée? aussitôt après leur maturité. Ces conçidératiuns ne aont même pas les seul** qui semblent désigner le royaume d'Astem pomme le berceau de l'espèce de la plante. Les variétés que Ton rencontre dans les districts dn nord-ouest de la Chine se rapprochent, dit-on, plus du thé d'Assam qup las variétés à petites feuilles, d'un vert sombre, qui croissant dans les montagnes de Bohea et dans les autres districts du sud de la Chine, et ceci sembla prouver que l'espèce a été modifiée par la température plus élevée du climat, et par la différence des modes de culture, ce qui a né» eesftilé des modifications dans la manière de traiter les feuilles. On sait bien* en effet, que l'influence d'un climat sec et chaud est de ralentir la croissance de la plante, et d'en développer à un haut degré les qualités astringentes, ce qui exige nécessairement dans la eultuse et la manuten- tion des modifications propres à satisfaire le goût da la généralité des eonpommeteurs*

Mous avons passé en revue les principaux points de l'antique histoire de la fabrication du thé, et montré combien on a fait peu da prcgrfa depuis t,00ô ans dans cette voie. Un arrêt si long doit avoir une cause. Quoique les principaux traits du procédé aient été ooaaervés, on a' eqpen<]ant trouver quelques moyens de détail pour f n rendre l'effet plus certain, et moins dépendant de l'inconstance des opérations faites à feu nu et soumises aux variations du temps et de l'humidité. U est probable que la préparation d'aucun aliment végétal de la même importance n'est restée dans une semblable stagnation pendant une si longue durée. Con- sidérons les progrès qui cnt été obtenus dans le simple brûlement du café, on dans le traitement du cacao, et le degré de certitude et de per- fection auquel on est parvenu dam l'exécution de cet opérations. Mais cas deux produits sont préparés en Angleterre, tandis qu'il n'est pas possible d'y fabriquer le thé, et c'est probablement è cela que tient le peu de pro- grès réalisés dans ce travail. Autant que nous pouvons le savoir, on ne posiède que des opinions plus ou moins exactes relativement à l'effet produit par les méthodes actuelles sur les feuilles vertes du thé, car il ne parait pas qu'aucun chimiste ait encore entrepris d'étudier les propriétés des feuilles brutes et vertes, ni 4'an faire l'analyse aux diverses phase*

LES MONDES. 311

de leur fabrication. On va facilement comprendre combien une pareille Ntbtrehe aérait néeeesaire, lorsque nous aurons eiposé sommairement les dirersee méthodes employées pour la fet>rjpation du tfcé mt et 44 thé vert.

Pour le thé noir, quelques cultivateurs le sèchent complètement au soleil, ou bien finissent de le sécher dans une bassine en fer. Le plus grand nombre opèrent à feu nu. Quelques-uns chauffent les feuilles vertes sur des bassines de fer presque jroijgps; d'ftutrcts sq cervent de bassines beaucoup moins chaudes; d'autres enfin n'emploient pas de bassines. Quelques-uns font fermenter les feuilles de thé noir, mais sans aucun moyen de contrôler l'état et l'avancement de la fermentation. D'autres personnes trouvent que la fermentation est nuisible bu tout au-moins inutile. Quelques-unes font fermenter le thé avant de Je prGsperj d'autres ne le pressent qu'après, Très- souvent on ne presse le t^é qu'une geuje lois pour en extraira l'excès des sucs amers, Pans g'autjrç? cas, il e$t PF/egsé 0( tprdty trois ou quatre fois. Souvent, on l'exposp au soleil j>ep- dont un temps qui vwe.de deux à vingt heures, tondis <jue, d^ps d'aubes cas, pp qe l>xpose pas du tout au soleil. Il arrive fréquemment (ju'on le étouffe sur un feu de charbon, pendant plusieurs périodes qui, prise? eqsem&le, constituent un total de vipgt-quaUe heures^ fagdjs (pie c)^e d'autre* caltiveteurs, tout aqssi nombreux, on se contenue a> tppîs pp quatre heures. 11 n'y a donc pas liai} de s'étonner, si l'ofi irpi^ve à ppjne deux boitas de thé qui se ressemblent exactement.

U fabrication des tbés verjs est ppun?i$e aux mêmes varia^iQûs. .Ceuj de qualité inférieure sout séchés au sojeii e{ finalement achevés sur Jps edus pn leur donnq une coloration artificielle. Les meilleurs thé$ verts sont, au contraire, préparés dans l'intérieur du p^ys, Ton con- serve leur couleur verte naturelle en lés s£eh?nt rapidement dans 4e? bassinée enfer. Ces thés ne demandent aucnp nioyjep ar^c^ 4e qo^q- iBtion.

Le grand objet que Ton doit s'efforcer d'atteindre m*ifltenant $st de trouver un système de moyens pour sécher artificieUepiept le thé, avec écoqomie et propreté, système que l'on puisse confier avec sécurité à des ouvriers ignorants, sans craindre des dommages pour le? appareils o,u pour le thé. Ces appareils doivent présenter la plus grande surface pos- sible de chauffe, être réglés de manière à ne pas dépasser un /n^ximum M température, tout en permettant d'élever ce maximum selon le besoin. Enfin les appareils devraient être placés dans des ateliers bien 4ispoaép et bien ventilés. Il serait même désirable que l'installation pût avoir lieu dans de? édifices déjà construits. Il est probable que le choix du moyen de desBkcatioa doit se faire entre les appareil* à eau chaude, à yiu chaud

312 LES MONDES.

ou à vapeur. Le mécanicien qui résoudrait ce problème rendrait un ser- vice signalé et durable aux planteurs et aux consommateurs de thé. (Journal of the Society of Arts.)

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DO LUNDI 12 FEVRIER 1872

M. Delaunay regrette l'insertion, dans les Comptes rendus, d'une Note de M. Renou. intitulée : Réponse à la dernière Note de M. De» launay, sur t Annuaire météorologique de l'Observatoire de Paris pqur 1872. « II me suffit, dit-il, d'avoir montré dans quel esprit sont conçues les attaques que l'on dirige, ici et ailleurs, contre les nou- velles publications de l'Observatoire. Tant que l'intérêt de la science sera véritablement en jeu, on me trouvera toujours prêt à discuter. Mais, dans la circonstance actuelle, personne ne s'y trompe, il s'agit de toute autre chose. Je ne donnerai pas à mes adversaires la satisfac- tion de les suivre sur le terrain ils voudraient m'entratner. »

M. Serret, à l'occasion de cette même note, fait des observations très-sévères qu'il termine ainsi : a Quel est le but final auquel on veut atteindre ? C'est M. Marié Davy qui est en cause bien plutôt que notre savant confrère, le directeur de l'Observatoire. Mais il est difficile d'admettre qu'on puisse se figurer que le mérite d'un physicien de la valeur de M. Marié Davy aura subi quelque atteinte, parce qu'il se sera glissé quelques erreurs dans les chiffres que ce savant aura rele- vés ou fait relever par un de ses aides. Ce n'est pas dans le sein de l'Académie des sciences, assurément, qu'on obtiendra ce résultat ; mais il se peut qu'en dehors de cette enceinte on ait plus de succès.

Et voilà pourquoi je réprouve de toute mon énergie ces critiques stériles, qui peuvent être faites de bonne foi, mais qui, dépassant le but auquel elles tendent, risquent d'entraîner de déplorables consé- quences. »

—M. Le Verrier pense qu'en comité secret M. Serret, mieux informé, pourra changer d'avis.

Réponse à M. Frémy , par M. Pasteur.

« Voici une des propositions de M. Frémy :

« Les phénomènes véritables de fermentation se manifestent donc toujours avant l'apparition des moisissures. »

**•'

LES MONDES.

\

313

J'oppose à cette proposition la dénégation la plus absolue, et si M. Frémy le désire, je lui indiquerai le moyen très-simple d'avoir tou- jours des moisissures avant l'apparition des fermentations.

Voici une autre assertion de M. Frémy :

« La fermentation alcoolique peut 6e produire avec les substances azotées les plus diverses, et notamment avec la gélatine, composé arti- ficiel (sic) soluble clans l'eau et dénué par conséquent de toute struc- ture organique proprement dite. »

J'oppose encore à cette proposition une dénégation absolue.

Cette première communication de M. Frémy contient une page beau- coup plus sérieuse que toutes les autres. Cette page commence ainsi :

« La réponse qui m'a été faite dans la dernière séance, par M. Pas- teur, est beaucoup plus importante que les précédentes ; je me réserve de la discuter longuement dans la suite de ce débat... »

Il s'agit, en effet, de l'expérience sur le jus naturel de raisin, qui, mis au contact de l'air privé de germes, doit forcément, dans l'opinion de H. Frémy, entrer en fermentation, et, au contraire, ne pas fermen- ter du tout, dans la théorie des germes extérieurs. La vraie question était là, et l'on s'étonne à bon droit que M. Frémy ait écrit douze pages d'explications avant d'en venir à cette expérience décisive. M. Frémy me répond : je ne puis discuter cette expérience : vous n'avez pas dit comment vous la faisiez. Sur ce point, je veux encore me taire : M. Frémy me permettra de choisir mon heure. Mais voici une autre expérience identique, faite sur le sang. Assurément, M. Frémy ne dira pas que l'altération du sang au contact de l'air ne rentre pas dans sa définition générale des fermentations.

D'un autre côté, si l'hémi-organisation existe quelque part, ce doit être à coup sûr dans le sang naturel pris sur l'animal vivant en pleine santé, b

M. Pasteur décrit ici les dispositions de ses expériences de 1863 sur le sang frais ; puis il continue ainsi :

c Dans la prochaine séance, je discuterai les huit expériences de la dernière Communication de M. Frémy.

« tën terminant, j'adresse mes remerdments à ceux de nos confrèresN qui, en mon absence, ont bien voulu me prêter l'appui de leurs convic- tions. Devant leurs manifestations et les miennes, M. Frémy se pose en victime. Cependant, il ne devrait pas oublier que si nos répliques le troublent, c'est lui qui les a provoquées.

« Au moment je prenais ici, contre M. Liebig, la défense d'une opinion qui, après tout, appartient à la science française, pourquoi M. Frémy s'est-il fait, d'une manière au moins inopportune, le cham-

314 LES MONDES.

«

I*kto la science aUertaode* avec laquelle j'ai hâte de reprendre un débat dont je itië ftfte distrait à regret ?

a En attendant, je me mets de nouveau à la complète disposition1 de VÀcadéttie. Je siiis prêt à répéter devant meg confrères toutes niés ex- périences. Ma situation est pourtant bieh autre que celle de M* Frémy. Poitt notre cohfrère, qui prétend que M matières fermentescibleê trou- vent en elles-mêmes leurs ferments, chaque cause d'erreur bénéficie à son opinion. Pour inoi, qui soutiens qu'il n'y a pas de fermentations spdftt&tiée*, je suis têtu d'éloigner toute cause d'erreur et toute influence perturbatrice; Je ne puis maintenir mon sentiment qu'au moyen des expérience* les plus irréprochables ; le sien, au contraire, profite de toute expérience insuffisante, et c'est seulement qu'il a trouvé son appui. C'est ce que j'espère démontrer d'une manière palpable daiis une des prochaines séances.

« L'expérience sur le Sang frais sortant de l'artère ou de la veine de l'animal vivant peut être répétée avec le même succès sur l'uririe natti* telle. M. Frémy objecte que l'expérience sur le sang n'est pas démon- strative : bien entendu* il ne peut en donner aucune raison sérieuse. Mais, pour l'urine, il ne peut soutenir que ce n'est pas un liquide fer* mentescibte proprement dit, puisqu'il est démontré que d'est un fer- ment organisé vivant qui provoque la fermentation ammoniacale. Mais je veux aller plus loin. Quoique je n'en aie jamais fait l'épreuve, je dé- clare ici à M. Frémy que, quand il le voudra, je répéterai l'expérience que je viétis de décrire pour le sang et l'urine* eh me sortant nu laiï naturel pris DANS le pis de la tacre, et voici ce que j'affirme par avance : ce kit gardera indéfiniment son alcalinité au contact l'air pur, et donnera lieu à aucune fermentation quelconque; il éprou- vera simplement une oxydation chimique directe qui donnera un léger goût et une odeur faible de suif à la matière grasse.

En résumé, j'affirme que les quatre liquides les plus altérables de l'économie atiimalè et végétale, à savoir : le sang, l'uriné, le lait, le jus de raisin, sont incapables d'éprotiver aucune fermentation au con- tact de l'air pur, patde que le corps des animaux et des *égét*K est terme à Tlhtttrduction des germes extérieurs ferments, dans les conditions de satntè et de vie normales. Lorsque cette introduction est possible, il en résulté plus souvent des états maladifs, parfois terribles.

Je pourrais donc reproduire la question que j'ai faite intérieure- . ment & M. Frémy, doue cette nouvelle forme :

M. frérot eonfetterdit-il ses efreùrt si je déffièntr'afe qtie dri Mit naturel, pris dans le pis de la vache (far un mode opératoire iden-

LES MONDES. 315

TigUB A tËLTJl OU» IB TISK9 DB DÉCEIBX PB TTTH YOIX PO** Utf t**»)

et mis ao contact, de l'air privé do germas, ne peut éprttuver aucune fermentation (juelcraque ? »

Communication de M. Chevreul, relative à Vhistoire des fer- mente , d'après van Helraontl J'avoue n'avoir rien compris a l'exposé des doctrines de van Helmont soit en entendant, soit entrant M. Chevreul ; je comprends moins encore pourquoi l'illustre doyen la section de chimie a cru devoir introduire cet épisode dans là' diffus*' sion engagée devant l'Académie. Je me borne à citer sa conclusion : . a L'étude des œuvres de van Helmont est une des plus fructueuse* que je connaisse, à un double égard, d'abord aux idées qu'un homme livré à l'étude des sciences naturelles peut se faire en s'abandohnani à la pente de son esprit, puis à la légèreté avec laquelle plupart des personnes qualifiées de savants ont parlé de ces œuvres dans en connaître le fond. »

mj. pinte accompagnant la présentation d'une èrochure intitule* t t L'étude et temeignement de la géographie » ; par II. Levasse»?*

Oh fc'àcèorde généralement à reconnaître aujourd'hui tftfe Gel eÉH sdgnethè'ftt est insuffisant èrt France, et le Ministre de ridattflcWoit {mbliqttô ftê préoccupe de lui donnef , dans lé» établissement* pitoé» siôus soù Sutorité, #tos d'hflportânce qu'il n'en à M jU^Ù'tei.

fl importe donc de déterminer les conditions et les méthodes foi plhé proptte à rendre cet enseignement fructueux.

La première de toutes ces conditions, celle sans laquelle les riteR- leures méthodes sont complètement frappées d'impuissance, c'est d'a- voir de bons maîtres, instruits et zélés, îl appartient à TAdînini^ratlon de les attirer, de les former, de les encourager.

Les méthodes doivent se proposer un double but : faire voir et faire comprendre la géographie, la rendre sensible et intelligible.

On fait voir la géographie à l'aide de cartes, de plans», de reliefs, d'image Chaque lieu géographique a une forme déterminée et se trwire,dans un oerUin rapport de position avec d'autres lieux; il faut avoir vu et vu souvent cette forme et ce rapport pour en conserver un* impression qui soit nette et dont le souvenir soit facile à évoquer Lors- qu'on en a besoin. Je n'insiste pas sur cette partie de la méthode au subside laquelle tout le monde est d'accord. Cependant, beaucoup de maîtres sont loin de la pratiquer auss^i régulièrement et aussi scrupu-. kusemsnt , qu'ils le devraient. L'Académie des Sciences, qui possède dans son sein la Section de Géographie, rendrait assurément à cet en-

316 LES MONDES.

geignement un grand service en usant de sa haute influence pour sti- muler les cartographes français et pour propager l'habitude des cartes bien faites. Nous avons les cartes de la Marine et les cartes de la Guerre qui sont de très-beaux travaux, quels que soient les reproches souvent fort exagérés qu'on ait adressés depuis quelque temps à ces dernières, et le Ministre de la Guerre, en particulier, a bien mérité des Ecoles en entreprenant tout récemment de tirer sur report les en- virons des grandes villes à 80*66, et de les livrer au commerce au prix de 50 centimes la feuille. 11 est beaucoup moins difficile d'appren- dre à connaître les signes d'une carte d'état-major que les lettres d'un livre dont l'assemblage forme les sons et les mots, et il est bon que beaucoup de Français soient exercés à cette lecture. Mais ces cartes sont à grande échelle. Des cartes à petite échelle, c'est-à-dire des cartes géographiques proprement dites, nous en avons peu qui soient bonnes, et c'est de ce côté qu'il importe surtout de mettre notre maté- riel d'enseignement au niveau de celui de certains autres peuples.

On fait comprendre la géographie en montrant la relation des faits géographiques entre eux. Chacun de ces faits a sa physionomie pro- pre : c'est pourquoi il convient de les décrire, ou du moins de décrire les faits assez importants pour fixer l'attention. Aucun de ces faits n'est isolé ; il tient à d'autres faits par des rapports de cause et d'effet : c'est cette chaîne qu'il faut faire voir. Par la description, l'étude de la géographie évite le grave inconvénient de n'être qu'une nomenclature rebutante pour la mémoire ; par l'enchaînement, elle a le même privi- lège ; elle a de plus l'avantage de mieux fixer le souvenir des faits en les liant en quelque sorte les uns aux autres, d'élever l'enseignement de la simple connaissance des phénomènes jusqu'à l'intelligence des lois qui les gouvernent, et de donner à l'ensemble des études géogra- phiques une certaine unité et un caractère véritablement scientifique.

Le point de départ de cet ensemble d'études est dans la géographie physique dans l'ordre suivant : Une des études que le géographe doit faire d'abord est celle des climats ou de l'atmosphère

2* De l'atmosphère, le fgéographe descend sur la terre, et, pour en comprendre la conformation, il doit s'adresser à la* Géologie...*.

Le géographe aborde beaucoup plus facilement ensuite l'étude du relief du sol

A* L'eau descend les pentes en contournant les obstacles. Qui con- naît bien le système général du relief et les pentes d'une contrée peut tracer d'avance le cours des rivières et marquer dans la vallée centrale la place sera le lit du fleuve....

La terre une fois décrite, le géographe la peuplera des végétaux

LES MONDES. 317

et des animaux caractéristiques de chaque région, de façon que la géo- graphie soit bien, comme le dit son nom, une « description de la

terre

Après la description de la terre, il convient de parler de l'homme qui habite cette terre ; quand le théâtre est préparé, il est temps

d'y introduire l'acteur

Quand la nature et l'homme ont été placés ainsi en présence, . il est temps d'étudier les œuvres que celui-là accomplit à l'aide des forces et des matériaux que celle-ci fournit. C'est la géographie écono- mique Ce que nous recommandons, sinon comme absolument nou- veau, du moins comme peu pratiqué jusqu'ici, c'est la méthode consis- tant à grouper et à comparer ces divers points de vue, afin de donner à la science géographique plus d'unité et à l'enseignement de la géogra- phie plus de variété, plus d'attrait , plus de puissance de pénétration dans les jeunes intelligences.

Rapport sur un procédé de conservation des grains par le vide, présenté par M. Louvel, dans la séance du 30 janvier 1871. L'ap» pareil très-simple de M. Louvel consiste en un vase cylindrique en tôle clouée, terminé par deux calottes sphériqùes. Cette espèce de grenier mobile est placé verticalement sur des supports à' une hau- teur convenable pour que le chargement du grain et son extraction puissent s'opérer avec facilité. La calotte supérieure est percée de trois ouvertures, qui sont : un trou d'homme par lequel on introduit le blé, fermé par un tampon mobile posé sur une rondelle de caout- chouc et assujetti par des boulons, de manière à assurer une fermeture hermétique très-solide ; 2# une 2mê ouverture portant un robinet de prise d'air auquel on adapte un tuyau lorsqu'on veut faire le vidé ; 3* une 3*1* ouverture sur laquelle est fixé un petit manomètre, de Bour- don, pour accuser la pression intérieure. La calotte inférieure n'a qu'une seule ouverture qui donne issue au grain; elle est agencée de manière que le grain tombe immédiatement, sans aucune main- d'œuvre, dans le sac qui doit le recevoir ; elle est fermée par un tam- pon intérieur fortement assujetti, sur le rebord de l'ouverture, au moyen d'une vis de rappel qui se manœuvre de l'extérieur. La capa- cité de l'appareil est de 10 mètres cubes; il peut contenir, par consé- quent, 100 hectolitres de blé. Le vide se pratique dans cette grande capacité au moyen d'une pompe, qui peut fonctionner à bras d'homme ou par la vapeur. Le vide à opérer ne porte jamais que 'sur la diffé- rence qui existe entre la capacité du vase et le volume du blé qu'il contient; et le vide n'a pas besoin, dans la pratique, d'être poussé très*loin : il suffit qu'il soit porté, à l'origine, à 10 ou 12 centimètres

318 LES MONDES

de mercure pour assurer la mort des insectes ; l'appareil peut e&iuite revenir sans inconvénient à une pression plus forte. M. Louvel estime à 750 francs le prix marchand du grenier de 100 hectolitres, et à 800 francs celui de la pompe qui peut d'ailleurs servir pour plument* réservoirs, ce qui, avec les accessoires, tuyaux, manomètre, porterait le prix total de l'appareil à 1 650 francs.

Les avantages que M. Louvel attribue à son procédé sont de mettre le blé à l'abri de toute altération spontanée ; de le garantir de toute cause d'altération provenant de l'extérieur, des influences atmosphériques, de l'attaque des insectes, des déchets de toute nature auxquels il est ex- posé dans les greniers ; de faire que le charançon non-seulement ne se multiplie pas, mais qu'il n'exerce aucun ravage sur le grain, qu'il y meure et se dessèche au bout de peu de jours*

La farine, le biscuit de mer, les légumes secs peuvent être conser- vés dans le même appareil ; il en serait de même, probablement» pour beaucoup d'autres denrées alimentaires*

, M. Louvel fournit, à l'appui des assertions qui précèdent, les résul- tats d'une expérience faite à la ferme expérimentale de Vinoenneej avec toutes garanties désirable», par les hommes les plus compétents et les plus dignes de confiance.

Trois appareils de 50 hectolitres chacun ont- été mis en expérience le 15 juillet 1867; ils renfermaient : le premier, du blé de belle quan- tité, auquel on avait ajouté 20 litres environ de charançons parfaite* ment vivants. Le deuxième contenait un tonneau de biscuit de ma- rine, avarié, à demi détruit par les insectes, et dans lequel on avait reconnu la présence de larves et de charançons vivants* Dans le troi* sième, on avait introduit dix sacs de farines, de 401 kilogrammes; dites du type de Paris.

Le vide fait dans les trois appareils à Qn<4Q de Teeroure, ils ont été abandonnés, dans un lieu découvert, aux intempéries de l'air, au so- leil, à la pluie, à la gelée, et n'ont été ouverts que le 24 'janvier 1868, plus de six mois après la mise en expérience. Les manomètres avaient un peu baissé, la pression était, à l'intérieur, de 0**40; oe*te différence a été attribuée par les expérimentateurs à la vaporisation d'une portion de l'eau par la dilatation de l'air. Le blé n'avait éprouvé aucune altén ration; il était très-sec, il avait conservé intacte la faculté de germer;. il a pu être vendu au cours des qualités de choix. Les charançons étaient tous morts, desséchés, friables. Le biscuit avait conservé l'apparenee qu'il avait au commencement de l'expérience, mais les insectes étaient complètement détruits et desséchés ; enfin les farines étaient parfaite-* ment conservées.

LES MONDES 319

En présence de ces résultats* la commission est d'avis que le pro- cédé de conservation des grains dans le vide, présenté par Mi le doc- teur Louvel, atteint le but qu'il s'est proposé) que ce procédé est appli- cable industriellement; qu'il serait particulièrement utile pour le transport des farines, si facilement altérables; et qu'il maintient dans un parfait état de conservation ; qu'il pourrait être employé avec avan- tage pour assurer la conservation des grands approvisionnements.

Elle propose à l'Académie de donner son approbation aux efforts persévérants de l'auteur pour atteindre ce résultat important. Les con- clusions de ce rapport sont adoptées.

L'Académie décide,- en outre, sur la proposition de la commission^ que les résultats obtenus par M. Louvel seront soumis à l'examen de la commission chargée .d'examiner le concours pour les prix des arts insalubres.

«-* Mopport sur un mémoire de M* Kl*it%, intitulé ; « Etudes sur les farces moléculaires dans k$ liquides en mouvement ; *t application à l'hydrodynamique. Concluions. «Le gi*nd mémoire de M* Kleiti* sur les Forces moléculaires dans les liquides, a un mérite que nous sommes beureux de reconnaître* Dans une matière si épineuse, si peu explorée malgré le grand nombre de recherches dont elle a été l'objet, et pour laquelle les faits constatés ne sont eux-mêmes nombreux qu'en apparence, des questions simplement soulevées et nettement posées ont déjà une valeur très-réel lé. On a vu d'ailleurs que M. Kteits a mis en relief plus explicitement qu'il n'avait encore été fait le problème principal, et les formules, avec un seul coefficient variable et inoonnu, sa solution devra être cherchée ; qu'il est arrivé à plusieurs théo- rèmes remarquables; qu'il a corroboré des principe* non encore reçus généralement; qu'il a perfectionné l'établissement de l'équation du mouvement permanent des cours d'eau* etc« Ses recherches, ainsi que l'examen qu'elles provoquent, avancent de toutes manières la question, et montrent sur quoi les investigations ultérieures devraient porter.

Son travail, et la persévérance avec laquelle il l'a poursuivi malgré les difficultés dont le sujet est hérissé, sont dignes d'éloges. Nous pro- posons à l'Académie de lui en donner le témoignage* et de le renier* cier de sort intéressante communication» s Les conclusions de ce rap- port sont adoptées.

M. Baudon adresse une note tendant à réfuter l'opinion émise par M. Goze, sur le morcellement et la- fusion des belles, H conteste qu'il y art, dans l'organisme humain, des tissus assez résistants pour arrêter subitement des projectiles mus avec une grande vitesse, en provoquant un degré de chaleur capable d'en opérer la fusion par- tielle.

t t

320 LES MONDES.

M. Duchemin adresse une note relative à la construction des para- tonnerres. Nous la reproduirons intégralement.

M. Rabâche adresse un mémoire relatif à des problèmes restés in- solubles Jusqu'ici dans les diverses sciences.

M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées delà correspondance : Vart de faire le vin, par H. J. Ladrey; Une bro- chure de M. P. Sirand, intitulée : Educations expérimentales de vers à soie, faites en 1870 et 1871, d'après le procédé Pasteur.

M. H Fondet, président du tribunal civil de Châlons-sur-Saône, adresse, comme complément aux documents qu'il a déjà transmis à l'A* cadémie, relativement à l'invention de la photographie, une copie du traité intervenu entre Joseph- Nicéphore Niepce et Jucquee Mandé Daguerre, en date du 13 mars 1830. Cette pièce sera transmise à M. Chevreul, et déposée ensuite dans les archives de l'Académie. Il y a vingt ans que Je rai publiée dans mon répertoire d'optique moderne.

M. Félix Plateau lait hommage d'une brochure intitulée : Recherches expérimentales sur la position du centre de gravité chez les insectes. Nous publierons prochainement l'analyse que l'auteur a bien voulu en faire pour nous.

Sur le pouvoir ré/lecteur des miroirs en verre argenté, note de M. G. Woif, présentée par M. Delaunay. « L'usage de plus en plus fréquent des miroirs en verre argenté dans les instruments astronomiques donne un grand intérêt à la question de savoir quelle proportion de la lumière incidente utilisent ces miroirs, soit à l'état neuf, soit après un assez long emploi. Nous ne possédons à ce sujet, à ma connaissance, que deux nombres donnés par L. Foucault : l'un 0,75, se rapporte à l'argen- ture obtenue par le procédé Drayton ; l'autre, 0,92, communiqué verba- lement à plusieurs de ses amis par Foucault, représente la quantité de lumière réfléchie par l'argenture obtenue par le procédé de M. Ad. Martin. La différence de ces deux nombres mesure le progrès accompli par l'in- troduction de ce dernier procédé, qui l'emporte encore sur l'autre parle prix de revient, la facilité et la sûreté de son emploi.

« J'ai cherché à compléter ces données en mesurant : 1* la quantité de lumière réfléchie par l'argenture neuve sous les diverses fàctdërices; la proportion réfléchie par une argenture déjà ancienne ; la perte de lumière qui se produit lorsque le rayon lumineux se réfléchit succes- sivement sur deux miroirs, les plans d'incidence étant parallèles ou rec- tangulaires.

« Voici les résultats obtenus :

LES MONDES. 3*21

« !• Miroir de verre plan, poli au papier, argenture neuve.

Incidence à partir de la normale. 10° 20° 30» 40* 50* 60» 70° 80* Proportion de lumière réfléchie. 0,93 0,94 0,94 0,94 0,92 0,94 0,94 0,93

. c Le? variations correspondantes aux diverses incidences sont de l'ordre des erreurs d'expérience, et ne suivent aucune loi.

m Miroir plan argenté depuis plusieurs années, gui avait été complè- tement noirci, et dont la surface a été polie au tampon. Argenture très- inégale et fortement éraillée.

Incidence à partir de la normale. 10° 20° 30° 40° 45° 50° 60° Proportion de lumière réfléchie. 0,85 0,83 0,84 0,88 0,9 i 8,88 0,87

« L?8 variations du pouvoir réflecteur tiennent ici à l'hétérogénéité de la surface.

« Quantités de lumière utilisées par les divers instruments astrono- miques, abstraction faite de l'effet des oculaires.

Neaf. Ancien.

{• Lunette, objectif à deux verres indépendants 0,80 0,80

Télescope à miroir argenté et prisme à réflexion totale. 0,84 0,78

3* Sidérostat de L. Foucault, u n miroir plan et un objectif. 0,75 0,70 4* Appareil à deux miroirs plans et un objectif de

M. Lœwy : Plans de réflexion parallèles 0,70 0 60

PJans de réflexion rectangulaires 0,67 0,58

Nébuleuses découvertes et observées à V Observatoire de Marseille, par M. E. Stephan.

Sur la théorie des roues hydrauliques : théorie de la roue à réaction ; par M. de Pambour.

Equation aux dérivées partielles des vitesses, dans un solide homogène et ductile déformé parallèlement à un plan, par M. J. Roussinesq. La théorie de la déformation plane des solides ductiles comprend, non-seulement les lois de la distribution des pressions exercées aux divers points de ces corps, lois dont j'ai résumé les prin- cipales dans deux précédents articles (Comptes renoue, 22 et 29 jan- vier 4872), mais encore et surtout la détermination des déplacements que les molécules y subissent les unes par rapport aux autres. Les augmentations de ces déplacements, pendant un temps infiniment petit, dépendent elles-mêmes des vitesses des divers points à l'instant considéré; ce nouveau problème se ramène en définitive à déterminer les vitesses produites dans tout le corps à une époque quelconque, ou seulement les rapports qu'elles ont entre elles, car la vitesse absolue d'une ou de plusieurs molécules sera directement donnée dans chaque question particulière, et Ton en déduira celles de toutes les autres.

322 LES MONDES,

Citons ce résultat curieux d'analyse. La condition d'incompressi- bilité revient à dire que, de$ deux composantes de la mime en chaque pêi^t suivant lw normale* « deux systèmes de cylindres orthogonaux, nh&cvnp §$t égale à la dérivée d'une certain^ fonc- tion ty suivant la direction de Vautre, dérivée prise avec son signe pour l'une d'elles, et avec un signe contraire pour Vautre.

Sur quelques points du calcul inverse des différences, par M. Ed. Combescure.

Détermination de la liaison géométrique qui existe entre les éléments de la courbure des deux happes de la surface des centres de courbure principaux d'une surface donnée, par M. A. Mannheim.

Sur Cemploi des lames élastiques vibrantes comme moyen de propulsion, par M. du Tastes. —En réponse à la Note de M. Giotti insérée dans le Compte rendu du 15 janvier, il se borne affirmer qu'il n'a été fait à Tours aucune expérience relative au propulseur à lame élastique, autre que les siennes, exécutées sur un petit modèle, et que le bateau construit aux frais dq M. Ciotti n'est qu'une reproduction du dispositif que lui-même a fait connaître & Jtf. Ciotti. C'est ce que peuvent affirmer plusieurs personnes nota- bles de Tours, qui sont au courant de la question.

Sur la température de la surface solaire. Réponse au fl. P. Secchi,y&r M.'Ë. Vicaire. «C'est un fait bien connu que le rayonnement n'est pas un phénomène purement superficiel, qu'il émane d'une couche d'épaisseur sensible, et, eomme preuve que cette épaisseur augmente avec la température, je suis heureux de pouvoir citer la belle observation du P. Secohi sur la transparence du fer incandescent. D'après cet aperçu, la loi de Newton serait, on le voit, la loi du rayonnement élémentaire, eelle de Duiong et Petit donnerait le rayonnement total des corps d'épaisseur indé- finie, et en particulier des corps athermanes d'épaisseur notable, comme ceux sur lesquels ees physiciens ont opéré. Peur les corps plus ou moins diathermanes d'épaisseur limitée, on aurait des lois intermédiaires. •' ''*->'•

Or, pour le Soleil, si l'on admet, avec H. Paye et avee le P. Secchi, que la masse intérieure est an moins aussi ehaude que ta suiface, nul doute qu'on ne soit dans le cas d'une épaisseur indé- finie, surtout après les expériences de M. Pranckland sur le pou- voir éclairant des gbz comprimés. La loi de Newton ne serait donc nullement applicable.

Mais si l'on revient à l'hypothèse du noyau obscur, et je deman- derai prochainement à l'Académie la permission de lui exposer

LES MOiNDES. 323

les raisons qui me portent à le faire, la théorie que je viens d'es- quisser nous explique pourquoi le Soleil, s'il émet incomparable^ aient plus de chaleur que ne l'indiquerait la loi de Newton, en émet cependant moins que ne l'exigerait la loi de Dulong et Petit. C'est que la couche rayonnante se compose de deux parties ? les granulations lumineuses et le milieu relativement ofcseur dans lequel elles flottent. Ces dernières parties, peu épaisses, eu égard à leur pouvoir émissif, rayonneraient, suivant la loi de Newton, une quantité très-faible de chaleur; les granulations, au contraire, se comportant comme des corps d'épaisseur indéfinie ou au moins très-grande, suivraient à peu près la loi de Dulong et Petit.

J'ajouterai encore une réflexion. Quelle que soit la loi réelle, la proportionnalité conduira évidemment à des résultats d'autant moinB erronés que les termes à comparer seront plus rapprochés l'un de l'au- tre. Or, en prenant pour terme de comparaison un thermomètre à la température ordinaire, la proportionnalité donne, pour le Soleil, des millions de degrés ; si l'on part d'un foyer de locomotive, on ne trouve plus que 420 000 degrés au maiimum ; si Ton prend les charbons de l'arc voltaïque, on en revient à quelques milliers de degrés. Ne faut-il pas conclure de qu'en prenant son terme de comparaison tant soit peu plus haut «a le trouverait égal è la température même du Soleil.»

-^ Sur les raies d'absorption produites dans le spectre par les som huions des acides hypoazotique, hypoehlorique et chloreux, par M. D* Gernez. «*- M* Kundt a vu le premier que l'acide hypoazotique liquide donne un spectre d'absorption, dont la position moyenne coïn- cide avee des raie? du spectre d'absorption de la vapeur.

Ces bandes ne se montrent, à la température ordinaire, que dans la région du spectre qui n'est pas entièrement absorbée par la coloration rouge intense du liquide ; mais M. Gernez a constaté qu'à la basse température, le liquide très-peu coloré laisse passer les rayons verts et une partie des rayons bleus, et l'on observe alors un plus grand nom- bre de raies dont on peut vérifier la coïncidence avec les raies les plus saillantes du spectre de la vapeur.

Cette circonstance l'a conduit à essayer de diluer l'acide hypoazoti- que pour obtenir un liquide qui ne fût que peu coloré à la température ordinaire et qui laissât passer toutes les couleurs du spectre, et à cher- cher leur action sur la lumière. Il a reconnu que l'acide hypoazotique se dissout à la température ordinaire, sans altération, dans la benzine, la nitrobenzine, le sulfure de carbone, le chloroforme, etc.; que ces dissolutions présentent les mêmes raies que l'acide hypoazotique liquide, mais qu'on en distingue un plus grand nombre si la dissolu*

324 LES MONDES.

tion, convenablement étendue; n'absorbe totalement que la région violette du spectre : les raies que l'on observe, tout en restant moins distinctes que celles du spectre d'absorption de la vapeur, forment un système qui s'en rapproche davantage, à mesure que l'on opère sur un liquide plus transparent et avec une source lumineuse plus intense, telle que la lumière de Drummond.

Béponse aux objections faites par M. Ledieu à l'emploi du gyroscope marin, par M. E. Dubois. « Les expériences que nous venons de faire, dans un canot du Bougainville, en rade de Brest, nous ont démontré que la triple suspension à la Cardan que porte l'instrument lui donnera à bord d'un navire, même par mauvais temps, toute la stabilité désirable ; nous avons pu aussi, à l'aide d'une alidade très-légère, fixée sur l'aiguille du gyroscope, en relevant un point très-éloigné de la côte, nous assurer de l'invariabilité presque absolue du plan de rotation. Je dis presque absolue, parce que, eu égard aux besoins de la navigation,, nous pouvons, pour les trois ou quatre minutes que dure le changement de cap du bâtiment, négliger l'influence, sur la position relative du plan de rotation, du mouvement de rotation de la Terre. »

Observations relatives aux expériences communiquées récem- ment par M. A. Pôey, concernant l'effet de la lumiàreviolette sur la végétation, par M. Baudrimont. « J'ai, depuis Tannée 4858, fait dés expériences du même ordre sur des végétaux appartenant à diver- ses familles, et j'ai obtenu des résultats tout à fait inverse* de ceux qui sont annoncés par M. Pôey. Je puis affirmer que toutes les cou- leurs, sans exception, ont été défavorables à la végétation, et que nulle ne Ta été plus que la violette : toutes les plantes éclairées par cette couleur sont mortes les premières ; après le violet, la couleur la plus funeste a été le vert. Le bleu, situé entre les deux, au point de vue optique, n'a point donné d'aussi mauvais résultats.

Pour ce qui concerne les animaux, les expériences qui ont été faites ne sont point asstz nombreuses pour qu'il soit possible d'^rieif dé- duire de positif. »

Aurore boréale du A février. Les Comptes-rendus donnent l'analyse des récits de cinquante observateurs nouveaux.

M. Zaliwski adresse une Note concernant la théorie du siphon. Il signale comme Tune des particularités qui sont dignes de remarque, que. le siphon peut fonctionner sans que^sa petite branche plonge dans le liquide.

PARI*. TYP. WAlJAR, RUE BONAPARTE, 44.

9. 1872;

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

Éâtk descendance de l'homme et la «élection sexuelle»

par Ch. Darwin. Vol. in-8° de xv-452 pages. Paris. Reinwald, 15, rue des Saints-Pères, i 872. Cet ouvrage a pour but d'étendre à l'homme la trop célèbre doctrine de l'origine des espèces par évolution et transmutation ; il a été traduit en français par M. Moulin ié, de Genève, et il est enrichi, nous dirions mieux, travesti, par une préface de M, Garl Vogt, qu'on dirait écrite, comme celle de Madame Clémence Royer, dans le but unique de compromettre au plus haut degré le vénérable M. Dar- win, en lui imprimant vigoureusement, cruellement, les stigmates odieux de l'athéisme et du matérialisme. Comme on pourrait croire que nous exagérons, nous nous faisons un devoir de citer ces quelques lignes, p. xi, de la préface :

« Démontrer qu'il n'j a pas de place, ni dans le monde inorganique, ni dans le monde organique, pour une force tierce indépendante de la matière, et pouvant iaçonner celle-ci suivant son gré ou son caprice, tel est, ce me semble, le véritable noyau de ce qu'on est convenu d'appeler le Darwinisme; son essence intime ne peut se définir aytrement, suivant mon avis. 11 n'importe que les uns suivent cette di- rection, pour ainsi dire instinctivement, sans se rendre compte des derniers résultats auxquels elle doit nécessaire- ment conduire, tandis que les autres savent directement le but vers lequel ils tendent; l'important est que cette direc- tion se trouve, comme on dit, dans l'air, qu'elle s'imprime par le milieu spirituel dans lequel vit l'homme scientifique à tous les travaux, et qu'elle s'assoie même à côté de l'adver- saire pour corriger ses épreuves avant qu'elles ne passent à la publicité... »

Quelle sortie, et aussi quelle inconséquence ! Parler de monde spirituel, quand on a dit carrément de la nouvelle école : « On ne part plus de tidèe d'un principe immatériel de la vie qui n'est combiné avec le corps

9, t. XXVII, 29 février 1872. 24

326 LES MONDES

que temporairement, et qui continue son existence même après la destruc- tion de cet organisme par lequel seul il se manifeste..» On part du prin- cipe que force et m±tière ne sowt qu'un, que tout, dans les corps or- ganiques comme inorganiques, n'est que transformation et transposition incessantes de la la matière. » (Page th.)

Le darwinisme consisterait donc essentiellement à nier Dieu et à nier l'âme en général, l'àme humaine en particulier, et cette double néga- tion ferait le nec plus ultra} le terme final, la grande conquête de la science moderne. A ce compte, Darwin serait un hypocrite, car il n'a jamais nié ni Dieu ni l'âme. À ce compte aussi, tous les savants véritables, mathématiciens, physiciens, astronomes, etc., seraient des menteurs ou des dupes; puisque nous voyons les plus éclairés de tous, les Claude Bernard, les Tyndall, les Thomson, s'incliner respectueusement devant le mystère de la vie et de l'esprit. Ah! pourquoi donc faut-il que la lo- gique et le bon sens aient fatalement disparu du monde ? Pourquoi faut-il que, manquant à toutes les règles du raisonnement, la prétendue science s'obstine à donner aux faits une tendance et une portée qu'ils n'ont nullement. José dire du livre de Darwin, comme de tous les livres de son école, que parmi tous les faits, et en nombre immense qui s'y trou- vent, il n'en est pas un qui ne puisse être accepté par la foi la plus sincère; et que les conclusions opposées à nos dogmes chrétiens sont des assertions gratuites complètement en dehors et au delà des faits. Je vais le prouver en quelques lignes. Cari Vogt résume ainsi le livre de la descendance de l'homme : « M. Datwin prend l'homme tel qu'il se pré- « sente; aujourd'hui il examine s°s qualités corporelles, morales et intel- « lectoelles, et recherche les causes qui doivent avoir concouru à la « formation de ces qualités si diverses et si compliquées. Il étudie les « effets qu'ont produits ces mêmes causes en agissant sur d autres orga- « nismes, et trouvant des effets analogues, il conclut que des causes « analogues ont été en jeu. La conclusion finale de ces recherches, a conduites avec une sagacité rare et égalée seulement par une érudition a hors ligne, est que l'homme, tel que nous le voyons aujourd'hui, est « le résultat d'une série de transformation 3 accomplies pendant les der- « nières périodes géologiques. »

Evidemment la conclusion n'est pas enfermée dans le3 prémisses, et ce n'est plus de la science, de la science positive surtout, qui n'admet que des faits et des lois, mais une conjecture et une hypothèse. Admet- tons que restant mieux dans le domaine de la science, M. Darwin ou M. Vogt : fassent à cet énoncé ces corrections : Doivent avoir concouru, lisez, pourraient avoir concouru; Il conclut que des causes analogues ONT ÉTÉ en JEU, lisez ; que des causes analogues auraient fpu être enjeu;

LES MONDES 327

L'HOMME TEL QUE NOUS LE VOYONS ÀUJOUAL'HUI EST LE RÉSULTAT, lisez :

Vhommê tel qu'il est aujourd'hui pourrait scientifiquement ou abstr active- ment parlant être le résultat; %• qu'ils renoncent à la prétention de vou- loir imposer comme un fait ce qui n'est qu'une possibilité théorique ; les droits de la logique auront été respectés, la liberté de la science aura été sauvegardée sans qu'elle ait assumé la fatale responsabilité d'opposer des transformations imaginaires à un fait presque historique et à un dogme accepté par toutes les sociétés chrétiennes et digne, par consé- quent, du respect de tout homme éclairé. Il faudrait encore admettre que les lois de ces évolutions et de ces transformations explicatives, non moins que la loi de la gravitation universelle de Newton, supposent et affirment un législateur suprême : c'est certainement le fond de la pensée de M. Darwin. Savants, savants, faites de la science et ne faites pas de la re- ligion ; accumulez les découvertes et les faits, multipliez efforts sur efforts pour pousser aussi loin que vous le pourrez l'explication scientifique des phénomènes de la nature ; mais gardez-vous d'opposer vos prétendues conquêtes aux traditions de l'humanité et aux révélations de la foi; ce n'est pas à vous, c'est à nous à juger si vos progrès sont conciliâmes ou inconciliables avec nos dogmes.

Pour mieux faire ressortir encore l'étrange aberration d'esprit qui entraine la nouvelle école à outrer, à l'excès, la portée des faits qu'elle découvre, qu'il me soit permis de citer un second passage de la préface de M. Vogt, page vu.

« On part du principe que force et matière ne sont qu'un... Et en appliquant ce principe à l'étude des corps organisés et en ^affranchissant, en un mot, de toute idée préconçue et implantée, on arrive non-seulement à des résultats et a des conclusions qui doivent rejaillir fortement sur d'autres domaines, on est même conduit à la conception d'expé- riences et d'observations qui auraient été impossibles, ini- maginables, dans une époque antérieure, toutes les pensées étaient dominées par l'idée d'une force vitale particulière. Dans ces temps-là un mouvement était le résultat d'une volonté dictée p#r cette force vitale, aujourd'hui il est de- venu la conséquence nécessaire d'une irritation du système nerveux... (1) Aujourd'hui nous décapitons un animal, nous

(i j Quel galimatias ! Admettons que l'organisme humain sort une maohine 1 Cette machine n'en aura pas moins ses mouvements volontaires? Or, comment comprendre

328 LES MONDES.

le faisons moijbir complètement (sic /), mais après cette mort iious injectons dans la tête du sang d'un autre animal de la même espèce, battu et chauffé au degré nécessaire, et cette tète rouvre ses yeux ; et ses mouvements nous prouvent que son cerveau, organe de la pensée, fonctionne de nouveau et de la même manière, comme avant la décapitation. »

On pourrait croire que j'invente ce langage étrange, et cependant c'est bien le fameux Cari Vogt qui parle, mais qui parle pour ne rien dire. En effet, qui oserait croire et affirmer que cette expérience soit la néga- tion du principe de vie et de mouvement des animaux ; que le cerveau d'un animal bien mort devient après comme avant la mort l'organe d'une pensée actuelle, parce qu'il a été injecté de sang chaud. Ah! M. Vogt, si vous étiez moins prévenu et moins ignorant, vous ne ver- riez dans cette belle expérience de M. Brown-Sequard que la confirmation éclatante d'une affirmation très-mystérieuse de Moïse, d'une parole ré- vélée : le sang est l 'âme des animaux, la cause médiate des mouvements de l'organisme animal. Si l'on y avait bien pensé, ou plutôt si l'heure avait sonné, car chaque découverte a son heure, il y a longtemps que ces textes des livres saints auraient inspiré la brillante expérience faite il y a seulement quelques années, et qui est devenue à son tour un trait d'union entre la science et la révélation.

Répétons-le encore en terminant, la conclusion que M. Vogt veut in- fliger à Darwin ne résulte en aucune manière des faits et des raisonne- ments légitimes du livre de Darwin. Plus que douteuse pour les êtres privés de raison, la transmutation des espèces est bien moins démontrée encore dans son extension à l'homme. C'est un système quelquefois spé- cieux, mais ce n'est nullement une théorie ; le monde de Darwin n'est pas du tout le monde réel (le monde de la Genèse), essentiellement dis- continu, où les transitions lentes sont l'exception, les sauts brusque3 sont la règle générale, la variabilité des espèces se montre à peine et n'atteint pas les caractères essentiels, où, au contraire, l'invariabilité, la fixité des espèces est un fait plus éclatant que le jour.

Ce qui frappe aussi dans le livre de Darwin, c'est sa crédulité extrême. Sa grande autorité en faveur de l'antiquité de l'homme est M. Boucher de Perthe, autorité aujourd'hui démolie. Les terrains d'Abbeville sont ré- cents : il est trop probable que la fameuse mâchoire a été mise en place par des ouvriers malins ! et M. Boucher de Perthe a poussé la crédulité

une machine à mouvement* volontaires sans mécanicien ! Et quel peut être le mécani- cien de l'organisme humain, l'agent qni provoque l'irritation du système nerveux dont le mouvement est l'effet nécessaire, sinon une entité distincte de la machine intelligente tt active T

i

LES MONDES. 329

jusqu'à invoquer dans une réunion de spirites l'Ame du sauvage qui avait animé la trop bruyante relique. Au moins n'était-il pas matérialiste.

Il faut absolument à Darwin que l'homme soit primitivement sauvage, et par conséquent qu'une race sauvage puisse passer par elle* môme, in and in, de la barbarie à la civilisation. Rien n'est plus douteux, rien n'est plus contredit par l'histoire. Sir John Lubbock lui-môme ne cite pas un seul exemple authentique de cette civilisation sur place ; il aurait seulement montré, ce sont les propres expressions de Darwin, qu$ quelques sauvages ont un peu progressé dans quelques-uns de leurs arts simples (p. 193). N'importe, révolution et la transmutation sont des dogmes essentiels, devant lesquels tout doit s'incliner. Et voyez iusqu'où va le parti pris! Jusqu'à la négation des faits les plus certains : « Un équipage égaré de quelque pays à demi-civilisé, naufragé sur les côtes, n'aurait pas, si on en juge d'après le peu d'influence qu'exercent la plupart des missionnaires, produit d 'effet marqué sur les indigènes, à moins qu'ils ne fussent déjà quelque peu avancés. » Quelques-uns ont voulu faire de M. Darwin un bonhomme. Mais cette phrase est pleine d'habileté et de ruse ! Voyez, en effet, ces réserves perfides, à demi-civilisés ! (pourquoi pas civilisés !) la plupart des missionnaires1, à moins qu*ils ne fussent déjà quelque peu avancés. Mais ce sont des finesses cousues de fil blanc ! Nier que les missionnaires aient civilisé le* sauvages, c'est nier le soleil.

M. Cari Yogt ose encore stigmatiser l'intolérance des dogmes chré- tiens ! Et cela dans un moment où, à Genève, au centre de la révolte et de la liberté de conscience, lui, Vogt, demande en vain pour les catholiques une hnmble place au soleil ! Alors que des cris de rage retentissent contre nous de tous les points de l'horizon! C'est vraiment par trop au- dacieux. — F. Moigno.

Electro-aimant monstre. M. Henry Morton nous écrit, en date du 10 février : c A la page 106 du volume courant des Mondes, vous faites mention du gros aimant construit récemment en Amérique. Cet instrument n'a pas été commandé pour moi personnellement, mais pour notre collège, sur des plans étudiés et dressés par M. le profes- seur A.-M. Mayer et moi. En outre, il n'a pas été calculé de telle sorte qu'il pût soulever un poids de 40 à 50 tonnes, ce qui aurait été absolument impossible, d'après toutes les expériences connues, mais seulement un poids de 4 à 5 tonnes , tout ce que la théorie permettait d'espérer, et qu'il porte réellement. J'espère pouvoir vous envoyer bientôt un compte rendu des merveilles qu'il a déjà accomplies. »

M. Morton écrit en outre : « A ce que vous avez dit de l'Institut Stevens, ajoutez, je vous en prie, que dans notre cabinet de physique,

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330 LES MONDES.

toutes les armoires regorgent d'appareils et instrumente français. J'ai fini par acheter peu à peu le catalogue enlierdeM.Salleron,etvous savez que la collection toute française des instruments d'optique commandée par feu M. Banker à MM. Soleil et Duboscq remplit ici une salle im- mense. Nous avons été enchantés tout récemment , M. le professeur Meyer et moi, des résultats que nous a donnés le magnifique réfrac- tomètre intefférentiel, dont vous avez le premier donné la descrip- tion dans le Cosmos il y a quelques années. La délicatesse de ses indications surpasse tout ce que nous pouvions imaginer, a

Oxygène à bon marché, ammoniaque préparée avee l'azote de l'air. La livraison du 23 février de Chemical New'ê contient une note qui a pour titre : Sur l'utilisation des substances perdues des liquides de la fabrication du gaz , communiquée par M. Smith à la Société philosophique de Manchester, et dans laquelle je lis, page 92, colonne II, ligne 4 et suivantes : « On rencontre dans les hauts fourneaux un autre cyanure remarquable, le cyanure de titanium, logé au cœur du foyer sous forme de très-beaux cris- taux couleur de cuivre. Quelques minerais de fer irlandais con- tiennent jusqu'à 40 pour cent d'acide titanique, et en raison de la faculté remarquable possédée par ce métal d'absorber et de condenser l'azote , il est permis de penser qu'il est appelé à jouer un rôle spécial dans la chimie de l'avenir. » Ce rôle, je le connaissais depuis plusieurs mois, et sa découverte sera une source de gloire et aussi de richesses très-grandes, nous l'espérons du moins. Je prie mes lecteurs de relire dans les Mondes du il janvier, tome XXVI, page 45, ligne 5 et suivantes, l'article un peu mystérieux, je l'avoue, dans lequel j'annonce que l'oxygène sera bientôt le résidu secondaire d'une opé- ration dont le produit principal payera largement tous les frais. Ils y verront qu'après avoir fait absorber l'oxygène de l'air par le manga- nate de soude, M. Tessié du Motay, au lieu de laisser l'azote se perdre, le faisait absorber au sein d'une seconde cornue par une substance merveilleuse, qui le rend à l'état d'ammoniaque quand elle est ensuite traversée par de l'hydrogène. Or, cet absorbant n'est pas autre que le titane dont M. Smith a entrevu le rôle, et qu'il dit assez abondant dans la nature. Il nous tardera d'apprendre que M. Tessié du Motay a continué ses premiers essais.

LES MONDES. 331

ASTRONOMIE PRATIQUE

Phénomène* d'astronomie pratique pour l'année

18»», par M.-J. Glàisuer; traduit de l'anglais par M. Franquet, lieutenant de vaisseau en retraite. Extrait de la Revue maritime et coloniale. MARS. La Lune sera à gauche de l'étoile p' du Scor- pion dans la matinée du 2, et à droite et proche la planète Saturne dans la matinée du 5. Elle sera dans le voisinage de Vénus dans la soirée du 7 ; dans la matinée du 9 jusqu'à 7 h. 42 m., elle précédera Mer- cure, après quoi elle passera à gauche de cette planète. Mars se trou* vera à l'Ouest de la Lune dans la soirée du iO ; Jupiter et la Lune se- ront près l'un de l'autre dans la matinée du 49 ; dans l'après-midi du même jour, la Lune et Uranus seront dans le plus grand rapproche- ment ; dans la matinée du 29 , la lune précédera l'étoile p' du Scorpion jusqu'à 5 h. 54 m. du matin, après quoi l'étoile précédera la Lune* Voici les heures des phases ou changements de la Lune.

D. Q. Le 2 à 7 h. 28 m. du soir à Londres, 7 h. 38 m. à Paris.

N. L. Le 9 à 0 h. 59 m. du soir à Londres, 1 h. 08 m, à Paris.

P. Q. Le 17 à 2 h. 25 m. du matin à Londres, 2 h. 34 m. à Paris.

P. L. Le 25 à \ h. 43 m. du matin à Londres, 1 h. 52 m. à Paris.

La Lune est à son périgée dans l'après-midi du 6 ; son apogée a lieu le 18 dans la matinée.

Mercure. Le lever de cette planète précède le lever du Soleil.de quelques minutes pendant les deux ou trois premiers jours du mois, et l'intervalle dont le coucher du Soleil suit celui de la planète diminue jusqu'au 18, alors Mercure se couche 4 m. après le Soleil. A partir de cette époque, il devient étoile du soir : vers la fin du mois il est bien situé pour les observations, car le dernier jour il se couche à 8 h. 20 m. du soir, 1 h. 50 m. après le soleil. Il se trouve en conjonction avec la Lune dans la matinée du 9; en conjonction supérieure avec le Soleil dans la soirée du 10 ; dans son nœud ascendant pendant la matinée du 21; il est près de Mars daus l'après-midi du 24, et à son périhélie le 26.

Vénus se lève le 1er à 5 h. 34 m. du matin, ou environ 1 h. 15 m. avant le Soleil ; le 16 à 5 h. 21 m., ou 51 m. avant le Soleil ; et le 31 à 5 h. 0 m., ou 37 m. avant le lever du Soleil; l'intervalle entre le lever de6 deux corps devient ainsi de plus en plus petit. Vénus est pro- che de la Lune dans la nuit du 6 au 7.

2 LES MONDES.

Mars est étoile du malin : l'intervalle entre le coucher du Soleil et coucher de la planète diminue à mesure que le mois s'écoule et s'é- id de 1 h. -12 m. le 1er (quand Mars se couche à 7 h. '21 m.), à i. 23 in. vers le 16, et se réduit à un peu moins de 1 h, vers le 34, and la planète se couche à 7 h. 34 m. Mars est près de la Lune dans près-midi du 10.

Jupiter se couche à 3 h. 10 m. du matin le h", ou 1 h. i" m. avant lever du Soleil ; cet intervalle va jusqu'à 2 h. Il m. vers le 16, la mète se levant tous les jours de plus en plus matin, et il est de 2 h. m. le dernier jour, quand Jupiter se couche à 3 h. 3. in. du matin, piter sera stationnaire parmi les étoiles dans l'après-midi du 15, jusqu'à 13 h. 30 m. dans la matinée du 10, il sera situé à l'kst de Lune, mais passé ce moment, il sera à l'Ouest de notre satellite. Saturne est étoile du malin. Voici les moments de son lever tous les q jours du mois : le 1" à 4 h. 38 m. du matin ; le 6 à 4 h. 20 m.; H à 4 h. 11m.; le 16 à 3 h. 43 m.; le 21 à 3 h. 25 m.; le 26 à i. 6 m.; et le dernier jour' à 2 h. 47 m. du malin. Il se trouvera A ichc de la Lune dans la matinée du 5 jus ju'à8 h. 5 m.

Eclipse* pour 189*. En 1872, il y aura deux éclipses de eil et deux de Lune, les deux dernières sont très-petites; en même îpB elles sont les seules éclipses visibles en France. Par ordre de e, les quatre éclipses sont:

a première, éclipse partielle de Lune, le 22 mai au soir; elle corn- nce à 10 h. 41 m., t. in. de G., et finit à 11 h. 56 m. même temps >utez 9 minutes environ pour avoir le tempB moyen de Paris). Au ment de la plus grande phase, 11 h. 18 m. du soir, t. m, de G., h. 27 à Paris, la 9* partie environ du diamètre de la Lune sera is l'ombre.

A deuxième est une éclipse annulaire de Soleil visible en Asie, is une partie de l'océan Pacifique, danB l'Archipel des Indes Orieu* ;s et dans l'océan Indien. Elle commence le 6 juin à 1 h. 29m. du tin par 5* 45 de latitude Nord et 65° de longitude Est ; elle est à son ieu vers 3 h. 27 m. et finit à 5 h. 11 m. du matin, t. m. de G., 27e 32' de latitude Nord, et 15b* 36' de longitude Ouest. a troisième est une éclipse partielle de Lune encore plus petite que lipse 1 , car au moment du plus grand changement, il n'y aura is l'ombre qu'un peu plus du 43' du diamètre de notre satellite. clipse commencera le 15 novembre à 5 h. 2 m, du matin et unira h. 37 m. t. m. de G., n'ayant duré que 33 m. Le milieu de ;lipse a lieu à 5 h. 19 m. du matin, t, ni. de G. , 5 h. 2& m. à

LES MONDES. 333

La quatrième et dernière éclipse de l'année est une éclipse de Soleil, mais elle est surtout visible en mer autour du pôle Sud et dans la plus grande partie de la mer du Sud, tandis que la ligne Nord de simple contact traverse le continent de l'Amérique méridionale et le divise en deux parties dans la plus petite desquelles, la partie Sud, le phéno- mène est visible. L'éclipsé centrale commence à être générale le 30 no- vembre à 4 h. 97 m. du soir par 15° i' de latitude Sud et 173° 12' de longitude Ouest ; elle est à son milieu à 6 h. 43 m. par 53* 43* de la- titude Sud et 403° 34* de longitude Ouest, et elle finit à 8 h. \ m. du soir, t. m. de G., 8 h. JO m., t. m. de P., par 41° 20' de latitude Sud et 42° 33 de longitude Ouest. La plus grande durée de la totalité du phénomène est 47 secondes.

REVUE ÉTRANGÈRE, PAR M. J.-B. VIOLLET.

0uv le Phylloxéra TMtatrlx #Je la vigne, par M. le doc- teur «Léger (4). —Cet insecte, dont le classement laisse encore de Tin- certitude, appartient à la grande famille des pucerons ou aphidiens, et spécialement à une espèce qui. an lieu d'attaquer les feuilles on les autres parties aériennes des plantes, choisit, pour exercer ses ravages, les parties enfouies dans la terre. Il est de la forme d'an œuf un peu allongé, d'une couleur orangée ; il est muni de trois paires de pattes, d'une paire d'antennes articulées, d'une trompe implantée du côté du ventre ; mais il est dépourvu d'appendices creux déposant une liqueur mielleuse, comme on en voit chez les antres pncerons ; il n'a pas non plus de touffes de duvet. On le ren- contre, surtout lorsqu'il approche de sa métamorphose, attaché en groupe aux racines des ceps, à l'état de larves sans ailes, qu'il est impossible de confondre avec toute autre espèce de pucerons. Par- venu à l'état d'insecte ailé, le Phylloxéra se distingue des autres pucerons en ce que ses petites ailes sont horizontales et non en forme de toit. Il a de gros yeux noirs, sphériques, de dimension

(1) On trouvera dans le Bulletin d'encouragement pour finiuslrie nationale (jaillet 4874, page 146) le rapport officiel d'une commission instituée par le gouvernement pour l'étude de cette nouvelle maladie de la vigne et la reoherohe des moyens de s'opposer ans ravages très-sérieux de ce fléau . Nous avons cm, à oause de l'importance du sujet, ne devoir pas omettre la publication du travail de M. le Dr Jaager. Ce n'est pas un double emploi, parce que l'on y trouvera d'assez nombreux détails complé- mentaires.

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exagérée et une tache sur le front. Ses antennes se composent de trois longs articles, portant on style plus menu et articulé.

Ce que Ton sait des mœurs de cet insecte ne diffère pas de celles des autres pucerons de racines, c'est-è-dire que les larves sans ailes se donnent des œufs productifs sans fécondation et prennent un développement rapide pendant tout Tété, jusqu'à ce que Ton-voie enfin apparaître une génération ailée dont on ne connaît encore que les femelles (2). Les œufs, relativement gros, d'un beau jaune, pon* dus par les mères ailées, donnent au bout de quelques jours les pe- tites larves qui, de deux à cinq autres jours après, selon les circon- stances, errent en cherchant sur les racines de la vigne des places qui leur conviennent pour s'y fixer, c'est-à-dire des crevasses et surtout des blessures dans l'écorce.

Alors elles enfoncent leur trompe dans les parties molles du tissu végétal, pour vivre à partir de ce moment d'une manière fixe et constante, en se nourrissant aux dépens de la plante, jusqu'à la ponte de leurs œufs. Leurs piqûres, qui attaquent principalement les jeûnes racines, occasionnent une sorte de brûlure suivie de pourriture. Hors de terre, on observe d'abord sur les feuilles des taches jaunes qui s'étendent progressivement, envahissent toute la surface de la feuille et en déterminent la chute; les raisins s'arrê- tent alors dans leur croissance, et parviennent cependant à leur maturité lorsque la plante n'est pas trop fortement attaquée; mais ils se dessèchent dans le cas contraire, et plus tôt ou plus tard, le cep finit toujours par périr.

L'invasion de ces insecles ne s'étend guère sous terre, de racine à racine, et les petits paraissent se porter d'un cep à l'autre par les extrémités des branches. On a cependant constaté, par des ex* périences, qu'ils passent quelquefois aussi d'une racine à une autre, sous la terre, lorsque la distance est petite* Les individus ailés peuvent naturellement porter le fléau beaucoup plus loin, et sur* tout dans la direction du vent.

Les circonstances favorables pour l'accroissement de l'insecte sont la sécheresse et la chaleur de l'atmosphère, ainsi que la sé- cheresse du sol.

La France méridionale seule, jusqu'à ce jour, a, depuis 1863, été soumise aux attaques de cet ennemi, aussi redoutable que l'oïdium, et même plus funeste encore, puisque l'on n'a jusqu'à présent trouvé aucun autre moyen de l'arrêter que de submerger les ra-

(*) Le Phylloxéra malt » été obterrétout récemment.

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cines; mais ce moyen n'est praticable que dans les vignobles de niveau, et d'ailleurs il exige des circonstances spéciales. Quelques personnes ont essayé d'environner les racines d'obstacles destinés à repousser les insectes, ou bien de les arroser de substances pro- pres à détruire ces parasites ruineux, mais une partie des expéri- mentateurs n'ont observé aucun effet appréciable, et les autres n'ont obtenu que des succès douteux. On regarde donc générale- ment, dans le midi de la France, le mal comme très-redoutable et beaucoup de propriétaires se décident à arracher leurs vignes ma* lad es, pour consacrer pendant quelques années le sol à d'autres cultures (i). {Wùrtembergischeswochenblatt fur landund Forotmr- thschaft.)

Heefcereh* de l'acidité existante dan» lea huile*,

par M. Alwin Rumplei.— -Pour reconnaître si une huile ne contient pas d'acide libre , l'auteur verse dans un verte à expériences, jusqu'à 0m, 026 environ du fond, une solution de carbonate de soude assez concentré et préparé avec de la soude chimiquement pure. Ce carbonate doit être cristallisé, parce qu'une petite quantité de soude caustique , contenue dans le carbonate de soude non cristallisé, produit toujours une émulsion d^ns une huile quelconque. On verse une quantité de la soluSion convenable, égale environ à celle de l'huile à essayer, on agite soigneusement le mé- lange, et on le laisse reposer pendant quelques minutes. Si l'huile est parfaitement neutre, elle s'élève et forme une couche en se réu- nissant au-despus de la solution saline; mais si elle contient de l'a- cide, il s'y forme aussitôt une émulsion blanche et graisseuse, qui forme au-dessus une couche composée au plus de quelques gouttes. Quand la quantité d'acide est forte, l'émulsion devient si épaisse que l'on peut tourner le tube sans la faire déborder. On rend la

(l) M. le ministre de l'agriculture et du commerce, dans une circulaire qu'il veint d'adresser aux préfet*, indique les moyens suivants, recommandés par une commission centrale, constituée près de son ministère, pour la recherche des moyens destinés à combattre le fléau :

a La commission conseille aux viticulteurs d'arracher scrupuleusement tout plant de vigne dont les racines sont attaquées par le puceron, de remuer profondément le sol et de brûler sur place le cep et les racines, en ajoutant les broussailles nécessaires pour soumettre la terre infectée de pucerons à un fort écobuage.

« Dans le cas l'insecte attaque les feuilles, il y développe des galles placées à leur face intérieure, véritables nids, pleins d'œufs et d'insectes destinés à se répan- dre sur les racines. Pour arrêter leur propagation, il est indispensable d'enlever aveo le plus grand soin toutes les feuilles attaquées. »

33K LES MONDES,

réaction encore pins marquée si, après avoir agité, on verse dans le verre à expériences nne solution un peu concentrée de chlorure de sodium; et si Ton agite encore un peu, on voit, en effçt, l'huile se rassembler et l'émnlsion se former beaucoup plus rapidement sur la surface, que quand on ne se sert pas de chlorure de sodium. La réaction est surtout plus frappante encore quand on mêle 0m,ÛJ6 de hauteur de solution de carbonate de soude, avec 0",013 de hau- teur d'huile de navette; qu'après avoir agité, on verse encore 0B,013 de hauteur d'huile de navette contenant de l'acide libre, et enfin que l'on agite de nouveau. Après la première partie de l'ex- périence on observe, conformément à ce qui a été dit plus haut nne prompte séparation d'huile claire, tandis qu'après la seconde partie, l'émulsion se manifeste immédiatement. L'auteur croit ren- dre un service aux personnes intéressées dans la question, en pu- bliant sa méthode, qui peut être exécutée par des personnes étran- gères à la science, et qui conduit plus vite et plus sûrement au but que l'essai ordinaire l'on emploie une lame de laiton. Une huile qui, d'après le procédé de l'auteur, donne une émulsion, devient toujours verte sur la lame de laiton avivée, lors même qu'il fau- drait attendre pour cela quelques jours. M. flûmpler remarque d'ailleurs en passant qu'il n'a trouvé aucune huile végétale, fabri- quée avec le secours des machines, qni pût soutenir son analyse, excepté celles qu'il a préparées lui-même par nne méthode de son invention. Il est possible cependant que beaucoup des huiles qu'il a essayées fussent naturellement exemptes d'acide, mais se fussent altérées et eussent pris de la rancidité par leur séjour dans les ma- gasins; beaucoup sont d'ailleurs traitées par des méthodes qui ne les rendent neutres que dans l'imagination des acheteurs « par exemple, par l'ébullition avec l'eau. (Deutsche industriczeîlmg et Dingltrs polyteehnisehes Journal.)

Hydrozlnelte découverte à Aroiizo. M. le professeur Cossa a dernièrement démontré par l'analyse qn'une matière blan- châtre et terreuse, qui couvre souvent les dépôts de calamine, dans les mines d'Argentiera (district d'Aronzo, au nord de Gadore) et que les mineurs rejettent comme inutile, est un carbonate pur hydraté de zinc. Ce minéral a été découvert en 4803 parSmiihson, qui Ta nommé hydrozincile.

M. le professeur Cossa, par des analyses répétées, a trouvé pour la formule de ce minéral :

3C0' + 8zn04-6H,0.

LES MONDES. 337

ASTRONOMIE PHYSIQUE

L'écllpte du soleil du 1 1 décembre. Observations de M. J.-Normann Lockyer. a Je portai alors mes regards surjla cou- ronne. On ne pourrait rien s'imaginer de plus beau. Ce qui m'a le plus impressionné, c'est sa sérénité. Toute l'éclipsé était au centre de la couronne, et celle-ci était du blanc d'argent le plus pur.

J'examinai ensuite le spectre d'une flamme au-dessus du point le soleil avait disparu. Je découvris un beau spectre de l'hydrogène, avec la raie 1 474 qui s'étendait un peu au delà, mais qui était très- faible dans toute sa longueur, et s'élargissait en bas, comme la raie P. Mais j'ai été frappé de la vivacité de la raie C, et de la continuité du spectre, car il n'y avait pas de protubérance dans la fente. Les protu- bérances ne s'élè vent pas à cette hauteur. Le spectre était incontesta- blement celui d'un gaz incandescent.

J'observai ensuite au polariscope; M. Becker m'avait préparé deux oculaires qui s'adaptaient rapidement à une petite lunette ; l'un con- tenait un polariscope de Savart, l'autre un double quartz. Dans le polariscope de Savart, je vis des lignes verticales partout, sur les protu- bérances de la. couronne, sur le disque obscur de la lune, et sur le reste du ciel. U n'y a pas eu de méprise dans cette observation, car j'ai parcouru trois fois le ciel dans des sens différents et j'ai été sur-* pris de voir qu'il n'y avait pas d'interruption dans les lignes. J'essayai alors le «Jouble quartz. J'y vis des cônes faiblement colorés, çà et ; ici du jaunâtre, du brunâtre, avec du vert de chaque côté de la jonction ; voilà toutes les couleurs que j'ai remaquées.

Latente photographique de M. Davis était au-dessous du lieu. nos télescopes avaient été établis; et aussitôt après que les observation» que j'ai rapportées furent terminées, je descendis pour voir le succès de son travail. Je reçus à mi-chemin la bonne nouvelle qu'on avait < cinq belles photographies, » et elles étaient en effet fort belles ; celles qui avaient été prises au commencement et à la fin de l'éplipae se res- semblaient merveilleusement ; il y avait çà et là, je pense, de légers changements, mais j'en parle avec toute réserve, en attendant qu'elles aient été examinées avec plus de soin que ne le permet le temps dont nous disposons, et qu'elles aient été comparées avec celles qu'on aura prises à Ootacamund, à Avenashi, et, je l'espère, à Jaffha et au cap Sidmouth.

2u

338 LES MONDES

Télégramme reçu de Jaffna : a Polarisation radiale extrêmement prononcée, à 35* au-dessus des protubérances ; couronne incontesta- blement solaire à cette hauteur, et très-probablement à la hauteur de 50\ d

De Trincomalee, M. Mosely m'informe qu'il a observé avec soin la couche de la ligne brillante d'Young, qu'il ne Ta pas vue, et que la fraie 1 474 a été observée plus haut que les autres raies.

ObflerTRtlons dn capitaine Nlaelear. L'instrument dont je me suis servi était un double équatorial à deux réfracteurs de 0 pouces montés sur la même base, chacun à une extrémité de Taxe de déclinaison. À l'un était adapté -un spectroscope de 6 prismes pro- venant de Kew, d'un grand pouvoir dispersif, et qui avait été prêté par M. Spotti3woode. À l'autre était fixé un barreau pivotant, portant un oculaire, et un spectroscope de 7 prismes à vision directe, qui peuven t être amenés à volonté au foyer de l'objectif ; les deux tubes ont été rendu s exactement parallèles, de sorte que le même objet était observé dans les deux télescopes. Je me suis servi moi-même presque pendant tout le temps du spectroscope à 6 prismes, et M. Pringle de celui à vision directe avec lequel il s'était exercé constamment les jours précédents. Je joins aux miennes les observations qu'il a faites. Au commencement de l'éclipsé la fente du spectroscope à 6 prismes a été placée tangen- tiellemént au point de contact, celle du spectroscope à vision directe a été dirigée dans le sens normal à ce point, et sa largeur était telle que les raies d'absorption étaient très-distinctes, mais pas trop fines. Aucun changement n*a été observé dans le spectre solaire ordinaire. La fente ayant été tenue pendant le quart d'heure suivant tangentiellement à corne septentrionale du croissant, la raie G a été très-brillante sur. toute sa longueur ; Pétait brillante, mais mince. La fente a été ensuite placée dans le sens normal à la corne du croissant, et quatre raies brillantes près de G (en outre de la raie G elle-même) sont devenues vîéibles, et elles variaient toutes les cinq dans leur longueur, mais pas toutes ensemble ; leur longueur en moyenne était du 1/8 de la hauteur du spectre visible.

A 6 h. 51 m. temps moyen, vingt-cinq minutes après le contact, fcur une grande protubérance, la longueur de C a atteint la moitié de la hauteur du spectre ; neuf minutes après la corne du croissant était sur une autre protubérance; leurs positions devaient être à peu près à 13* du nord, et presque au nord.

A 7 h. 8. T. M., je regardai au spectroscope à vision directe, et outre les raies de l'hydrogène et celles a près de D, » j'observai une

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autre raie brillante un peu plus réfrangible que la raie de l'air entre h et F. La raie 1 830 de Kirchhoff était très-faible, et elle disparut bien- tôt ; peu après je vis la raie F double à peu près avec la hauteur ordi- naire, 4/8 du spectre.

A î h. 23 m. T. H., étant revenu au spectroscope à 6 prismes nor- mal à la corne du croissant, j'observai très-distinctement lès raies D, E et b l'hydrogène ; plusieurs raies commencèrent alors à se montrer; autantqufc j'ai pu en juger, c'étaient toutes celles du fer, depuis le milieu entre D et E jusqu'au delà de 6. Celles-ci persistèrent et d'autres survinrent. J'appelai M. Lockyer pour voir le phénomène, .et nous l'observâmes ensemble pendant deux ou trois minutes, jusqu'à ée que le moment vint de prendre place pour observer la totalité» Pendant ces deux ou trois minutes la corne du croissant a passer de N. 38* E. à N. 70* E. ou au delà, et les raies ne furent pas perdues de vue jusqu'à ce que je fis mouvoir le télescope, et je plaçai la fente tangentiellement au point la lumière deyait disparaître, en l'y maintenant avec le mouvement en ascension droite. En regardant à travers le spectroscope, on voyait le champ rempli de raies brillantes» et la lumière était juste assez forte pour me permettre de distinguer les positions de toutes les raies solaires bien connues.

À mesure que la totalité s* avançait la lumière diminuait, et les raiet augmentaient prodigieusement, rapidement, en nombre et en épjatr jusqu'à ce qu'il parût que chaque raie du spectre solaire fut interver- tie ; ensuite elles s'évanouirent, non pas instantanément, mais ai ra« pidement que je n'ai pu remarquer Tordre de leur disparition, excepté que D et b de l'hydrogène et quelque autres entre D et 6 restèrent Le* dernières. Puis elles s'évanouirent et tout fut dans l'obscurité* Alors j* fis mouvoir l'instrument à droite et à gauche, mais je ne vis rien i j'allai au spectroscope à vision directe, mais je ne vis rien ; je dirigeai le télescope sur le bord de la lune, avec l'oculaire, j'y mis iespectros* cope, mais il n'y avait pas assez de lumière pour qu'on pût voir un spectre ; je pointai avec soin le télescope, d'abord sur le disque ebseur de la lune, puis sur une partie brillante de la couronne, maie pas de spectre. Je regardai alors la couronne à l'œil nu, je vis une gloire brillante autour de la lune, une forme étoilée à six pointes, quelque chose comme le nimbe qui environne la tête d'un saint, qui entendait à un diamètre et demi. Je regardai dans le chercheur, et je vie la même forme, mais moins grande et moins brillante; j 'examinai alors avec le réfracteur de six pouces et l'oculaire, et je ae vie rien qu'une vive lumière autour de la lune, ne s'élevaat pas plus haut que la grosse protubérance très-visible dans le quadrant sud-est.

_l

340 LES MONDES.

Je vais maintenant donner un extrait du rapport de M. Pringle. Il a observé au spectroscope à vision directe adapté au télescope de six pouces, et il s'est occupé avec moi à examiner la corne septentrionale du croissant, dans la fente normale au limbe du soleil.

« Jusqu'à 6 h. 47 m. (temps moyen), raies brillantes C, près de D et F ; d'un éclat uniforme, et variant légèrement dans leur hauteur normale. A ce moment la raie F brille, G reste brillante, la raie près de D très-faible. A 6 h. 54 m. toutes les raies acquièrent une longueur égale à trois ou quatre fois leur longueur normale, ce qui indique une protubérance à la corne du croissant. Pendant les dix minutes suivantes peu de variations dans les raies. A 7 h, 4 m. une grande protubérance à la corne du croissant ; les raies brillantes atteignent huit ou neuf fois leur hauteur normale. À 7 h. 4 m. 30 s., une raie brilante apparaît au côté le plus réfrangible de F, et tout contre elle ; F s'allonge considérablement et se courbe vers le rouge. Toutes les raies mentionnées ci-dessus sont maintenant brillantes, F plus longue que les autres, et reste courbée; la raie près d'elle a le tiers de sa lon- gueur. A 7 h. 13 m. trois raies brillantes observées en 6, visibles seulement à la pointe extrême de la corne du croissant.

Observations de l'éeltpse du f t décembre f allée à ^eodoeottah, par M. L. Respighi. Pour vérifier le phénomène de l'interversion des raies du spectre au bord extrême du soleil, j'ai disposé le plan de dispersion perpendiculairement à ce bord au point do second contact.

Trente secondes avant la totalité, l'image spectrale du croissant lumi- neux était déjà suffisamment affaiblie pour qu'on pût l'observer à l'œil nu, sans le secours d'un verre noirci ; c'est alors que les raies obscures du spectre solaire sont devenues distinctes, et même plus fortement marquées qu'auparavant, et elles étaient courbées parallèlement au bord brillant du soleil; mais quelques secondes avant la totalité, ces raies disparurent complètement, et le spectre devint continu, sans présenter, immédiatement avant la totalité, l'interversion des raies, quoique j'observasse le phénomène avec la plus grande attention. Je ne voudrais cependant pas que l'on pensât que je nie absolument le renversement des raies, car il n'est pas impossible qu'à ce moment une couche mince de brouillard, ou que la lumière brillante de l'at- mosphère répandue sur le spectre du limbe du soleil m'ait empêché de voir les raies brillantes.

Au moment précis de la totalité, le champ du télescope présenta un spectacle des plus étonnants. La chromosphère sur le bord qui a été

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le dernier à s'éclipser, surmontée sur un espace d'environ 50 degrés par deux groupes de protubérances, l'un à la droite et l'autre à la gauche du point de contact, était reproduite dans les quatre raies du spectre, C, Dâ, F et G, avec une lumière d'une intensité extraordinaire, et le contraste le plus surprenant des plus brillantes couleurs, de sorte que les quatre images spectrales pouvaient être comparées directement et leurs différences facilement remarquées.

Par suite de l'achromatisme de l'objectif, toutes ces images étaient bien définies, et ressortaient en certaines zones colorées, avec les teintes des images chromatiques de la couronne. J'ai appliqué princi- palement mon attention à comparer les formes des protubérances dans les quatre raies spectrales, et j'ai pu constater que la forme fon- damentale, le squelette ou le tronc et les principales branches étaient fidèlement indiqués ou reproduits dans les images, mais leur étendue était la plus grande dans le rouge, et elle diminuait successivement dans les autres couleurs jusqu'à la raie G, dans laquelle le tronc seul était reproduit. Dans aucune des protubérances ainsi comparées, je n'ai vu, dans l'image jaune D3, des parties ou des branches qui ne fussent pas contenues dans l'image rouge C Cependant les zones co- lorées de la couronne devenaient continuellement plus fortement mar- quées, une dans le rouge correspondant à la raie G, une dans le vert, coïncidant, probablement, avec la raie 1474 de l'échelle de Kirchhoff, et une troisième dans le bleu, coïncidant peut-être avec F.

La zone verte qui environnait le disque de la lune était la plus bril- lante, la plus uniforme et la mieux définie. La zone rouge était aussi très-distincte et bien définie, tandis que la zone bleue était faible et indistincte. La zone verte était bien définie au sommet, quoique moins brillante qu'à la base; sa forme était sensiblement circulaire, et sa hauteur d'environ & ou 7'. La zone rouge présentait la même forme et approximativement la même hauteur que la zone verte, mais sa lu- niière était plus faible et moins uniforme. La hauteur de la zone verte a été estimée par comparaison avec le diamètre de la lune, et d'après la distance observée des raies spectrales des protubérances.

Ces zones colorées brillaient sur un fond faiblement éclairé, sans aucune trace marquée de couleur. Si la couronne contenait des rayons d'une autre espèce, leur intensité doit avoir été si faible qu'ils ont été noyés dans l'éclairement général du champ.

Bientôt après le milieu de l'éclipsé totale apparut sur le bord orien- tal du limbe, à environ 140 degrés du point nord, un beau groupe de protubérances formées de jets assez bas, mais très-brillants, dont quelques-uns étaient rectilignes, d'autres courbés autour du limbe

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du soleil, et présentant les déviations compliquées et tous les carac- tères des protubérances dans le voisinage de taches solaires. X-'éc^at et la couleur de ces jets étaient si vifs qu'ils présentaient l'apparence de feux d'artifice.

Lçç espaces entre ces jets étaient tout à fait obscurs, de sorte que la zone rouge de la couronne paraissait y manquer totalement* Mais cq n'était peut-être qu'un effet de contraste à l'éclat extraordinaire des jets voisins. J'ai pensé qu'il fallait l'attribuer à cette particularité, à cause qu'on observe souvent, au moyen du spectroscope, en debpr? des éclipses totales, l'apparence d'interstices, ou espaces obscurs, eitfre des protubérances d'un éclat considérable.

Le manque d'assistants pour noter le temps, et pour inscrire les ob- servations à mesure qu'elles étaient faites, m'a occasionné quelque perte de tçmps» et l'éclipsé totale était déjà à sa fin avant que je m'en lusse aperçu.

La zone verte et la zone rouge étaient bien développées au limbe i l'ouest comme au limbe à l'est, tandis que la bleue était faible et mal défini?. Bientôt après l'apparition de la chromosphère au bord oppst, une couche de raies brillantes, séparées par des espaces obscurs, s'é- tendit subitement sur le spectre du limbe du soleil, qui apparut alors au delà de celui de la lune ; mais je n'ai pu conbtater si elles étaient dues à une interversion générale ou partielle des raies du spectre so- laire, parce qu'elles ont été trop tôt noyées dans un flot de lumière, qui mit fin à la totalité de l'éclipsé.

Environ une demi-heure après l'éclipsé totale, le soleil fut caché

t É

par des nuages, de sorte que je ne pus observer la fin de l'éclipsé par- tielle. ,

Plus tard, lorsque le ciel était devenu suffisamment clair, j'observai au spectroscope l'état de la chromosphère et des protubérance8,qui existaient au-dessus d'elle ; mais à cause de l'état nuageux du ciel, du vent violent qui dominait, et du peu de temps qui était à ma disposi- tion, le dessin n'était pas suffisamment distinct et détaillé. (Naturet 25 janvier 1872.)

f}u* le température 4e le eurfeee eelelre, par M* &

Vicaire. c L'Académie s'est occupée, dans ses dernières séances, de la température de 1* surface solaire, et des nombres bien différents ODt été produits* Le R. P. Secchi évalue cette température à 10 000 OQO 4a 4*8tf * au ipojns, M. gpœrer à 37 00Q. Si l'on joint à eplales ré- sultats obtenus par PouiUet, gui trouvait de» valeurs comprises entre

LES MONDES 3U

1 461 et 1 761 degrés, suivant les diverses hypothèses que l'on pouvait faire relativement au pouvoir émissif de la surface du Soleil, ou est obligé de reconnaître que l'état de la science sur cette question est aussi peu satisfaisant que possible.

Ge qu'il y a de plus surprenant, c'est que les résultats les plus op- posés, ceux de Pouiliet et du P. Secchi, ont été tirés d'un même phé- nomène, la radiation calorifique du soleil, dont ces savants ont mesuré l'intensité par des procédés à peine différents en principe. Une diffé- rence aussi énorme dans les résultats ne provient évidemment pas des observations) mais de la manière dont elles ont été interprétées* C'est ce que j'ai reconnu, en effet, par un examen plus approfondi t et, de eet examen, je crois pouvoir conclure que l'évaluation de Pouillet est infiniment plus voisine de la réalité que celle du P. Sepchi.

Le P. Secchi mesure la radiation solaire en exposant & l'action de cette radiation un thermomètre à boule noircie placé dans une enceinte de température connue. Il observe l'excès de la température du ther- momètre sur celle de l'enceinte, excès qu'il corrige de l'absorption atmosphérique. Admettant alors la loi de Newton sur le rayonnepmnt des divers corps en présence, et attribuant à ces corps un pouvoir émissif égal à l'unité, il exprime l'équilibre des températures par l'équation

(1) * * = «T, d'où T='-^,

dans laquelle T, t et 9 représentent les températures du Soleil, du thermomètre et de l'enceinte, et « le rapport de la surface apparente du Soleil à la surface totale d'une sphère concentrique thermomètre.

Cette équation (dont je change seulement les lettres) suppose toute- fois que « eBt une très-petite fraction de l'unité.

Au moyen de cette équation, le P. Secchi explique d'abord un fait observé par lui et par M. Waterston. C'est que l'excès thérmométri- que / 9 est toujours le même, quelle que soit la températun» de l'enceinte. S'il est, par exemple, de 19 degrés avec l'enceinte à léw, il aura encore la même valeur quand on la portera à 60 degrés, et même, d'après M. Waterston, jusqu'à SâO degrés. Ce fait résulterait simplement de ce que Ton eet effectivement dans les conditions eu l'équation (1) est applicable» o'estpà-direque « est très-petit.

Mais cette explication me semble insuffisante, car, lorsqu'on passe de zéro à 60 et surtout à 320 degrés, la loi de Newton cesse d'être appli- cable. Il faut recourir à la loi de Dûlong et Petit, et celle-ci, au con- traire, s'applique en toute rigueur, autant du moins que l'on considère

3U LES MONDES.

seulement l'échange de chaleur entre le thermomètre et l'enceinte.

Or, il résulte de cette loi que, pour un même excès t 0, la vitesse de refroidissement, et, par conséquent, la quantité de chaleur cédée par le thermomètre à l'enceinte dans l'unité de temps est multipliée par 1,0077" = 1,585, lorsque 0 passe de 0 à 60° et par 1,0077™ = 5,412 pour 220 degrés. Si, néanmoins, ce thermomètre reste en équilibré avec le même excès de température, c'est qu'il reçoit d'autre part, et ce ne peut être que des rayons solaires, une quantité de chaleur égale- ment croissante.

Nous arrivons donc à ce résultat paradoxal, que le thermomètre reçoit du Soleil d'autant plus de chaleur qu'il est lui-même plus chaud. Cependant le fait en question ne semble pas pouvoir être contesté, et la conséquence est rigoureuse.

D'autre part, il est bien évident que ce n'est pas la radiation solaire qui se modifie à mesure que le thermomètre s'échauffe. C'est donc la faculté d'absorption du thermomètre pour cette radiation qui se trouve augmentée.

N'y a-t-il pas un effet de thermochrose ? Le thermomètre reçoit des rayons lumineux, il émet des rayons obscurs. Sa faculté d'absorp- tion pour les premiers augmenterait plus vite que sa faculté d'absorp- tion et, par conséquent, aussi d'émission pour les derniers, à mesure qu'il se rapproche de la température à laquelle il deviendrait lumineux lui-même. Comment se fait-il que ces deux pouvoirs varient juste- ment de telle façon que l'excès de température reste constant? C'est un point qui mériterait sans doute une étude plus approfondie.

Nous n avons pas tenu compte de l'action de l'air sur le thermo- mètre; comme elle dépend seulement de l'excès de température, elle ajoute un terme constant aux pertes par rayonnement et ne modifie pas les conclusions précédentes. Encore est-il fort probable que cette perte elle-même augmente avec la température de l'enceinte, car celle-ci étant ouverte par devant, l'air qu'elle contient ne doit pas en prendre complètement la température.

Revenons maintenant à la tempéraiure solaire.

Pour suivre aussi près que possible la marche adoptée par le P. Secchi, j'établirai l'équation d'équilibre du thermomètre en con- servant les mêmes hypothèses. Je négligerai de même le refroidisse- ment dû à l'air, bien que, dans les basses températures, il égale presque celui qui est au rayonnement. Seulement, au lieu de la formule de Newton, j'adopterai la formule exponentielle de Dulong et Petit. L'équation devient alors

LES MONDES. 345

équation dans laquelle a = i ,0077. On en tire

logfa' a6) -Hong i "~ Auge*

Faisons maintenant avec le P. Secchi « = et * 0 ~ 29,02;

supposons d'ailleurs 5 = 0. Le calcul nous donne

T = 4398%

résultat presque identique à celui de Feuillet.

Ainsi, lorsqu'on applique à l'expérience du P. Secchi la loi de Du- long et Petit, comme Pouillet l'avait fait pour les siennes, on retrouve presque identiquement le même résultat que ce dernier savant. Il y a donc concordance dans le point de départ expérimental, et cette con- cordance eût paru plus complète si, dans le calcul précédent, j'avais introduit l'action de l'air ambiant sur le thermomètre.

On a d'ailleurs très-exactement

et, par conséquent,

am = 10;

c'est-a-dire que chaque augmentation de 300 degrés décuple le fac- teur aT de la radiation solaire. On est donc bien à l'aise pour tenir compte de toutes les corrections possibles sans atteindre des tempéra- tures très-élevées.

Il reste maintenant à décider lequel des deux modes de calcul offre le plus de garanties. Le choix ne peut guère être douteux. La loi de Newton est certainement inexacte, même dans des limites très-res- freintes de température. Celle de Dulong et Petit a été établie par ces physiciens jusgu'à 300 degrés; Pouillet annonce l'avoir vérifiée jusi qu'à plus de 4 000 degrés. En supposant qu'elle cesse d'être vraie au delà, elle ne peut pas être absolument éloignée de la vérité pour les températures de i 400 ou 1 500 degrés auxquelles on arrive en l'ad- mettant. Donc aussi ces températures ne peuvent pas être absolument éloignées de la vérité.

Quelle que soit donc la correction que l'on veuille faire subir à la température d'environ i 400 degrés à laquelle nous sommes parvenus,

346 LES MONDES.

qu'on la double, qu'on la triple ou plus encore, on ne pourra pas du moins se refuser, ce me semble, à admettre la conclusion suivante :

La température de la surface solaire est entièrement comparable à celle de nos flammes.

On peut mettre cette conclusion en évidence d'une manière peut- être plus saisissante en partant des observations de Pouillet.

D'après ce savant, chaque centimètre carré de la surface solaire émet, en une minute, un peu moins de 85 calories. Un mètre cafté émet donc 850 000 calories. C'est à peu près la chaleur que dégageât en brûlant 400 kilogrammes de houille, soit pour une heure 6 000 ki- logrammes.

Or 6000 kilogrammes sont la consommation de vingt locomotives, lesquelles brûlent chacune plus de 300 kilogrammes par heure sur une grille d'environ 1 mètre carré.

On peut admettre, d'après les expériences* de Péclet, que la moitié au moifis de la chaleur de cette houille se dégage par rayonnement. Donc une surface double de celle qu'offrent ces grilles réunies, c'est- à-dire une surface de grilles de 40 mètres carrés, ou si Ton veut de 80, pour tenir compte des deux faces de la couche de combustible, r&y&n^ itérait autant de chaleur que 1 mètre carré de la surface BOiaire.

Si maintenant on veut bien réfléchir que la température sur ces grilles est loin d'être uniforme et n'atteint nulle part 2 000 degrés ; que celle d'un chalumeau d'oxygène et d'hydrogène est de 2 500 de* grés ; que, d'après la loi de Dulong et Petit, une augmentation de température de 600 degrés suffit pour centupler le rayonnement; que, si l'on ne veut pas admettre cette loi dans les hautes températures, on ne peut du moins contester que la radiation ne croisse beaucoup plus vite que la température, comme cela est bien évident pour les radiations lumineuses, on sera encore ramené invinciblement à la con- clusion déjà, énoncée.

Il 'serait prématuré de chercher à représenter la température de la surface solaire par un nombre précis. Mais je pense qu'on ne s'avan- cerait pas beaucoup en affirmant qu'elle est inférieure à 3 000 degrés.

PHYSIQUE MOLÉCULAIRE

Une expétteleee relative à la <e;ae»tleii de la vapeur véftfcNtiaife, par M. J. IUteàu. Ott feait, d'après un travail de

LES MONDES. 347

M. Duprpz(4)j que lorsqu'un yese plein d'eau est retourné, l'orifice ouvert ta bas, il n'est pas nécessaire, pour que l'eau y demeure su»» pendue, que cet horificesoit très-étroit: à l'aide de précautions partie»* lières,M. Duprez a soutenu ainsi l'eau dans un tube vertical ayant près de 80»» de diamètre intérieur.

Gela étant, supposons que, de l'eau étant suspendue de la sorte avec une surface libre qui regarde le sol, on mette en oontaot arec cette sur- face une très-petite bulle creuse d'eau ; l'air qu'elle contient devra aus* •ilôt être chassé, par la pression de son enveloppe, dans l'intérieur dis liquide, à travers lequel il s'élèvera ensuite en vertu de sa légèreté spécifique. C'est, du reste» ce que j'ai vérifié par 1'expérienoe : ou a pris un petit tube de verre de 4*" à peu près de diamètre intérieur, effilé à une extrémité de manièveà y présenter un orifice d'environ 0n*, à de diamètre, et l'on a fermé ce tube à «on extrémité large au moyen d'un bouchon de liège enduit de saindoux ; en touchant la pointe de l'ef filament aveo un morceau de papier à filtre imbibé d'eau distillée, on parvient à introduite dans le petit orifice une colonne de ce liquide ayant au plus un millimètre de longueur; alors en enlonçantle bouchon avec précaution, on voit apparaître à l'orifice effilé une bulle creuse, qui peut arroir moins d'un millimètre de diamètre, ut qui persisté eA général sept à huit secondes. Pour cette opération, la partie large du tube doit être entourée de plusieurs couchée d'une étoffe non oondutt» tries» afin d'empêcher l'influence de la chaleur des doigts. Ayant ainsi la faculté de se procurer de très-petites bulles creuses d'eau, on a suspendu de l'eàu dans un tube de verre maintenu verticalement à l'aide d'un support convenable* Ce tube n'avait qu'un centimètre de diamètre intérieur; avec un semblable diamètre, la suspension s'o- père trèe-aisément: il suffit, après avoir rempli d'eau le tube* de le fermer en appliquant simplement sur l'orifice un morceau de papier* puis, lorsqu'il est retourné et fixé, de faire glisser latérale- ment le morceau de papier, pour laiieer l'brlfioe libre* On a produit ensuite, par le procédé indiqué ci*dèssus, une bulle creuse d'eau de moins d'un millimètre de diamètre, et on l'a transportée sous la surface libre de l'eau Buspendue ; or, aussitôt le contact établi avec cette surface, la petite bulle s'est détachée de l'orifice effilé, et l'air qu'elle contenait* pénétrant dans le liquide, a monté à travers celui-ci ; l'ex- périence répétée plusieurs fbis a toujours donné le même résultat.

Maintenant imaginons que, d'une certaine distance au-dessous de la surface de l'eau suspendue» monte un courant de vapeur d'eau visible.

(\) MétAbfa ttt un*à$ parittùtiir <U Ciqultibre dit îiquiitt (ttÉfcOÏBXb bt l'Aca4£mii . XXYi, MJ , «t t, XXVÎH , i 801).

348 LES MONDES.

Si cette vapeur se compose de vésicules, chacune de celles qui vien- dront se mettre en contact avec la surface liquide devra introduire dans l'eau une bulle d'air microscopique, qui prendra aussitôt un mouvement ascensionnel, de sorte que l'ensemble de ces petites bulles devra former, dans l'eau du tube, un nuage qui s'y élèvera lentement, et en altérera la transparence.

Or M. Duprez a bien voulu, à ma prière, essayer l'expérience. L'eau était suspendue dans un tube en verre de 43M de diamètre intérieur ; un petit vase en métal présentant un orifice de plusieurs centimètres de diamètre et contenant une certaine quantité d'eau, était installé sur une lampe au-dessus de la surface libre de l'eau du tube ; l'orifice de la bouilloire était à 12 centimètres environ de cette surface. On a obtenu ainsi une ébullition continue, et un courant de vapeur visible s'élevant vers la surface de l'eau suspendue ; mais, bien que l'expérience ait été prolongée pendant une demi-heure, aucun nuage ne s'est montré dans l'eau du tube. La vapeur venait se condenser sur la paroi extérieure de celui-ci, qu'il fallait essuyer de tempe à autre, mais l'eau intérieure conservait toute sa transparence.

Il me parait bien difficile, d'après cela, de conserver encore un doute sur la non-existence de l'état vésiculaire. En effet, il n'y aurait ici, me sembie-t-il, que trois objections à présenter : on pourrait dire ou bien que les bulles d'air, en pénétrant dans l'eau, s'y dissolvent à cause de leur extrême petitesse et de la pression capillaire considéra- ble qu'elles éprouvent de la part du liquide ambiant ; ou bien que toutes les vésicules éclatent en atteignant la surface de l'eau ; ou bien enfin qu'elles roulent sous cette surface dont elles demeurent séparées par une mince couche d'air ou de vapeur gazeuse, jusqu'à ce qu'elles arrivent au bord extérieur du tube, pour s'échapper ensuite dans l'air environnant.

Mais la première de ces suppositions doit nécessairement être reje- tée, car d'abord l'eau du tube avait été préalablement agitée pendant lontemps avec de l'air, pour l'en bien saturer, et, en second lieu, pen- dant qu'elle était soumise à l'action de la vapeur, elle s'échauffait, et devait perdre ainsi ce qui pouvait lui rester de faculté dissolvante; aussi voyait-on, après quelque temps, des bulles d'air relativement grosses se former sur la paroi intérieure du tube vers le haut de celui- ci, c'est-à-dire se rendait la portion la plus chaude de l'eau.

La seconde supposition, sans être tout à fait inadmissible, est, du moins, bien peu probable : on a vu que nos petites bulles de moine d'un millimètre n'éclataientnullementau contact de la surface de l'eau ; pourquoi en serait-il autrement de toutes les vésicules? Dira-t-on que

LES MONDES. 349

leur enveloppe est beaucoup plus mince que celle de nos petites bul- les? Mais, si les vésiculesexistent, leurs enveloppes doivent .être assez épaisses pour être incolores, sans quoi un nuage éclairé par le soleil n'aurait pas un éclat si vif; elles doivent, d'ailleurs, avoir une grande persistance, vu la longue durée des gros nuages.

Enfin, quant à la troisième supposition, est-il vraisemblable que toutes les vésicules puissent rouler sous la surface de l'eau, sans qu'une partie au moins viennent la toucher? D'ailleurs M. Duprez a répété l'expérience, en faisant çn sorte, par ses. procédés, que cette surface fût concave et se maintint telle malgré l'augmentation de volume du liquide due à la dilatation par la chaleur et à la condensa- tion de la vapeur ; or, dans ce cas, un grand nombre de vésicules auraient rouler vers le sommet de la cavité, s'y accumuler, et con- séquemment se mettre bientôt en contact avec la surface liquide; et cependant rien n'a été changé au résultat, aucun nuage n'a troublé la transparence de l'eau.

Je regarde donc l'expérience ci-dessus comme constituant sinon une preuve convaincante, du moins un argument très-puissant contre l'hypothèse de l'état vésiculaire.

. Qu'il me soit permis de rappeler ici une autre expérience, que j'ai décrite dansla8ma série de mes recherches Sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur . L'une des principales objections qu'on a élevées contre l'état vésiculaire, c'est que l'air contenu dans une vésicule serait soumis, de la part de la pellicule liquide, à une pression considérable, d'où résulterait que cet air se dissoudrait dans la pel- licule^ puis passerait de à l'extérieur, et qu'ainsi la vésicule serait bientôt réduite à une petite sphère pleine. Or, quand on développe, sur la surface d'une solution de savon de Marseille formée d'une par- tie de ce savon et de quarante parties d'eau distillée, une calotte lami- naire d'un centimètre environ de diamètre, et que cette calotte est maintenue dans une atmosphère saturée de vapeur d'eau, elle persiste quelquefois au delà de 24 heures, après être devenue entièrement noire, et, dans ce cas, on assiste à un phénomène curieux : la calotte décroît progressivement, et finit par s'annuler ; d'où il suit que l'air emprisonné a passé peu à peu à travers la lame. A la vérité, cette lame est beaucoup plus mince que celb qui constituerait une vési- cule ; mais, d'autre part, la théorie indique, d'après la difiéreace des liquides et des diamètres, qu'à l'intérieur d'une vésicule d'eau la pres- sion serait plus de mille fois aussi forte qu'à l'intérieur de notre calotte d'eau de savon quand celle-ci a ses dimensions originaires.

350 LE8 MONDES:

Répanae à quelle* objeetlanft ««r la lharaat*i*ft- tl«n des liquide» par leur* propre* vapeurs par le R. P. §tnna ftalai»*, par M. Charles Tomunso*, F. R. S. Dans les Mondet du 21 décembre 4871, le R. P. Sanna Solàro m'a fait l'honneur d'introduire quelques remarques sur mes deux preniiers mémoires publiés par les Mondes du 1$ octobre et du 2 novembre précédents, mémoires dans lesquels mes efforts tendaient à démontrer la véritable action des noyaux pour séparer un gaz ou une tapeur de sa solution sursaturée. Appliquant l'expression de solutions gazeuses sursaturées à l'eau de Selle ou de SedKtz et au vin de Champagne, et remarquant que dans un grand nombre de cas des noyau* sépa- raient leurs gaz il y avait une action précisément semblable à belle c[ui opère la séparation des vapeurs de leurs liquides près du point d'ébul- lition, il ne me semblait pas déraisonnable de supposer que ces der- niers liquides sont constitués comme les premiers. En outre, dans les deux cas, l'opinion reçue est que les noyaux agissent en apportant Pair, dans lequel, dit-on, le gaz ou la vapeur se répand pour s*ééhâp- per ensuite, tandis que, suivant ma théorie, je m'applique à établir que le gaz ou la vapeur adhère à un corps gras ou huileux par sa na- ture, ou qui a été frotté par les mains, et auquel l'eau n'adhéré pas ; qu'il suffit, en effet, d'introduire un tel corps dans la solution pour voir qu'il se couvre immédiatement de petite» bulles de gaz ou de va. peur. Ces bulles s'échappent de la surface aussi longtemps qu'elle e st plus ou moins couverte par une couche de ihatière qui peut ftre tou- chée par un gaz ou une vapeur, et ne peut l'être par l'eau. Un cailfou siliéeuxqui a été exposé à l'air d'une chambre ou frotté par les matas, et qu'on introduit dans une solution de gaz ou de vapeur, se courte de bulles immédiatement; mais si on le brise en deux morceaux, et qu'on le remette dans la solution, on ne voit pas une bulle sur les faces provenant de la brisure, parce que ces faces sont dans leur état de pureté naturelle. Si l'air devait intervenir pour la production du phé- nomène, comment serait-il apporté par les surfaces impures plutôt que par celles qui sont pures ?

Certains liquides contiennent eux-mêmes leurs noyaux ; c'est le cas du lait, par exemple. Ce liquide, placé sur le feu, se charge graduelle- ment de vapeur, et il arrive un moment où, les particules de beurre disséminées dans la masse ajoutant leur action à la force expansive de la chaleur, la vapeur se dégage en telle abondance qu'elle projette le liquide hors du vase.

Une baguette de verre qu'on a rendue chimiquement pure, plon- gée dans une solution sursaturée, ne donne pas lieu à l'apparition

LES MONDES. 351

d'une seule bulle ou de vapeur, parce qu'elle adhçre avec une égale force à l'eau et au gaz, ou à l'eau et à la vapeur. Si ensuit* on fait sécher la tige de verre dans l'air poussiéreux d'une chambre, et qu'on la replonge, quand elle est sèche, dans la même solution, elle mani- feste une action de noyau; mais si la dessiccation s'est faite d&ns l'air pur de la campagne, elle se montre inactive, parce qu'elle est en<we dans un état naturellement pur, ou dans un état catfoirisé» Cette re» marque s'applique aux solutions salines sursaturées.

11 m'est difficile de répondre à des objections de la nature de cell es que m'adresse M. Solaro, car il refuse quelquefois d'admettre conyne exact le compte que je rends de mes expériences sans paraître les avoir refaites lui-même pour les vérifier. Par exemple, il ne peut compren- dre comment une cage d'une fine toile métallique peut être descendue dans un liquide à la température de l'ébullition en conservant une partie de l'air qu'elle contenait. « La cage, dit-il, était descendue dou* cernent dans l'eau, et par conséquent, à mesure que sa partie infé- rieure descendait, l'air devait sortir doucement aussi par Ut partie su » périeure. » Si, au lieu de faire cette critique, M. Solaro avait fait Tex* périence, il ne se serait pas placé dans la position d'un homme qui, apprenant que les faits seraient contre lui, répliqu çxait : « Tant pis pour les faits. »

Ailleurs, au sujet de l'ébullition que je produis par le contact d'un corps impur avec le liquide, M. Solaro dit : « L'ébullition arriverait sans le contact, quelques instants plus tard, » Cependant te vérité est que l'ébullition n'arriverait pas; car j'avais disposé le bain d'eau chaude de manière à maintenir le liquide un peu au-dessous de son point d'ébullition.

Autre part encore, j'observe que les vases de verre employés pour le chauffage et la distillation des liquides sont fréquemment parsemés de petits points charbonneux qui agissent comme d'exroUents noyaux et qui ont préservé plus d'un vase de la destruction, M. Solaro me fait dire que ce sont des points imperceptibles à l'œil} ce que je n'ai jamais dit. Tout chimiste qui, fait bouillir des liquides dans des vases de verre a remarquer des tourbillons ascendants de vapeur partant de cer * tains points de la surface du verre, et constater que ces points étaient de petites taches noires de charbon, qui possèdent à un haut degré la propriété noyalique. On n'est donc pas fondé à dire, à cette occasion, que « lorsque tout l'air ou le gaz a disparu, le phénomène a cessé, mais seulement alors, et pour cette raison, « Chtoun de cm pointe peut rester actif pendant plusieurs heures, et Von »n# peut soutenir sérieusement que l'air s'en dégage pendant toute cette durée.

3*2 LES MONDES,

M. Solaro pose cette question : « Pouvons-nous supposer qu'un corps quelconque se purifie par le simple contact d'un liquida chaud, quel qu'il soit? L'action de liquides bouillants pour rendre des corps chimiquement purs est connue de toute personne qui a distillé de l'acide sulfarique, ou des liquides alcooliques ou éthérés, et Ton peut ia reconnaître sans être absolument imprégné de l'idée que toutes les substances qui favorisent la vaporisation agissent en apportant de l'air. Du sable nettoyé par ébullition dans de l'acide sulfurique, le lavage et l'action de la chaleur, ou du mercure convenablement purifié, intro- duits dans l'eau bouillante, devraient y apporter de l'air, suivant la théorie soutenue par M. Solaro ; mais le fait est qu'ils produisent des soubresauts, tandis qu'un peu de sable ou de mercure non nettoyé arrête merveilleusement les soubresauts et rend l'ébullition calibe (ex- périences 9 et 12).

Les noyaux permanents, tels que le charbon de bois et d'autres corps poreux, agissent, si je ne me trompe, en vertu de leur propriété d'ab- sorber le gaz et les vapeurs. Un morceau de charbon peut agir pendant des jours et même des mois pour entretenir la vaporisation d'un liquide ; et peut-on un instant supposer qu'il fournisse aussi longtemps de l'air en dégageant de la vapeur ?

Si j'ai omiB quelques points dans les objections de M. Solaro, c'est que je ne veux pas répéter tout ce que j'ai dit dans mes deux premiers mémoires. Je me borne à rappeler que j'ai remarqué les différents résultats qu'on obtient relativement à la température, selon qu'on chauffe un liquide en exposant le flacon à une flamme placée au-des- sous, ou en plongeant le vase dans un bain d'huile chaude, ou par l'emploi d'une autre source de chaleur. J'ai montré aussi combien il était improbable que des gaz tels que l'azote, qui sont si peu solubles dans l'eau, spécialement dans l'eau bouillante, pussent continuer à exister dans ce liquide pendant une longue ébullition. J'ai souvent répété l'expérience de M. Grove, dans laquelle de l'eau recouverte d'une couche d'huile était indéfiniment rebouiliie. J'ai recouvert de l'eau d'une couche d'huile de paraffine, et je l'ai fait bouillir plusieurs fois par jour pendant une semaine. J'ai trouvé que si l'ébullition est un peu vive, la couche d'huile se brise en globules qui sont entraînés au fond du tube. Si l'ébullition est moins vive, la surface de l'huile s'ouvre et laisse entrer de l'air, sur lequel elle se referme ; cet air après être descendu, s'élève en bulles à la surface. Il peut arriver ainsi que dix ou douze bulles d'air forment une sorte d'anneau au contact la surface avec le verre. Si alors on chauffe le fond du tube avec la flamme d'un* petite lampe à esprit de vin, on voit souvent une bulle

i V

LES MONDKà, 353

de vapeur monter à la surface, traverser l'huile et s'emparer d'une, ou de deux ou de trois de ces bulles d'air qu'elle entraîne vers le fond; mais eelles-ei parfois éclatent et se disséminent en une multitude de petites bulles qui rencontrent les parois du tube et y restent longtemps. On serait tout à fait porté à croire qu'elles sont fournies par l'eau et non par l'air. Il est curieux de voir avec quelle facilité une bulle de vapeur s'attache à une bulle d'air* Je présume que c'est l'origine de l'air que M. Grove trouva dans des liquides bouillants, d'après la forme qu'il donnait à ses expériences.

Je termine en donnant les résultats de quelques expériences que j'ai faites depuis la réception du mémoire de M. Solaro.

lr» Expérience. De l'eau distillée fut chauffée dans un flacon 'ca« tharisé à flamme d'une lampe à esprit de vin. Il se forma deux tour- billons de bulles de vapeur, qui montaient en partant de deux taches noires très-petites, mais parfaitement visibles, au fond du flacon.

2e Expérience. Une lime en queue de rat, introduite dans l'eau bouillante, donna naissance à un dégagement de vapeur presque de tous les points de sa surface. La lime fut lavée dans de l'eau de savon, et elle se montra encore active en un ou deux points. Elle fut lavée dans de l'alcool, et persista néanmoins à être active aux mêmes points. Ces points furent examinés de près, et reconnus pour être des taches de rouille. La lime fut en conséquence immergée dans de l'acide sul- furique dilué et séchée dans un air chaud; cette opération la rendit complètement inactive. Maintenant, je le demande à mon honorable contradicteur, pourquoi l'action noyalique, après les deux premiers lavages, ne s'étendait-elle pas à toute la surface de la lime? Pourquoi était-elle limitée à ces deux points ? Suivant sa théorie, les corps à sur- face rugueuse sont les noyaux les plus efficaces, parce qu'ils apportent le plus d'air.

3e Expérience. La même lime fut légèrement frottée dans une main qui avait été rendue grasse par un peu d'huile. Dès qu'elle fut introduite dans l'eau chaude, elle se couvrit de bulles qui se détachaient ensuite de sa surface, et le phénomène dura plusieurs minutes, c'est-à- dire aussi longtemps que la température de l'eau resta très-voisine du point d'ébuliition.

4e Expérience. Une baguette de verre catharisée introduite dans l'eau bouillante ne donna pas lieu à l'apparition d'une bulle. Elle fut enduite d'un peu d'huile de castor, et, à peine remise dans le liquide, elle fut couverte d'une multitude de petites bulles adhérentes aux di- vers points de sa surface, tandis que de grandes bulles partaient des mêmes points pour s'échapper au dehors.

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854 LES MONDES.

5# Expérience. Un tube Çui contenait de l'esprit de bois, bouil- lant à 60°, fat plongé dans un flacon d'eau chaude. Une baguette de 1er» catharisée, qui avait été exposée pendant une heure à l'air de mon jardin, se montra inactive' dans le liquide expérimenté. Hais après W$J avoir été passée dans une main légèrement graissée de saindoux, elle

%j;;^r produisit une telle explosion de vapeur qu'une moitié de l'esprit de bois

té' jaillit hors du tube. Le résultat fût le même avec de l'éther et du bi-

sulfure de carbone.

MÉCANIQUE PHYSIQUE.

l'Inffuence de la chaleur dur r élasticité du eaout choue, par M. J. Schmulewitsch, docteur en médecine. On sait que W. Thomson a établi, à propos des coefficients de dilatation des corps par la chaleur, la formule

à l'aide de laquelle on peut déterminer la quantité de chaleur que ces corps absorbent en se dilatant ou qu'ils dégagent en se rétractant. Les brillantes expériences de Joule vinrent encore confirmer cette for- mule. Pour déterminer les quantités de chaleur absorbée par les corps au moment de leur dilatation, il se servait de fines aiguilles thermo- électriques fixées sur ces corps, et d'un galvanomètre. Les chiffres ainsi obtenus par lui concordent admirablement avec la formule de Thomson. Parmi les corps nombreux que Joule examina se trou- vaient entre autres des morceaux de caoutchouc taillés les uns en Forme de prismes et les autres en cylindres. Sous l'influence d'une dilatation mécanique de ceux-ci, Joule remarqua à sa grande surprise une déviation de l'aiguille aimantée, non dans le sens de l'abaisse- ment, mais de l'élévation de la température. Seulement, il ne fit que constater le fait et ne s'en occupa pas davantage. Quant à moi, cette circonstance m'intéressait au plus haut degré; voici pourquoi : en étudiant la physiologie du tissu musculaire; je m'étais posé celte ques- tion : Quel rapport existe entre la faculté que possède notre organisme de produire du mouvement mécanique et la température ambiante. Comme c'est au système musculaire que sont rattachés nos rapports dans l'espace avec le monde extérieur, la question devenait celle-ci :

LES MONDES. 3ft&

Dans quel rapport varie la puissance des muscles -pour soulever des fardeaux avec les variations de leur propre température ?

Les résultats que j'ai obtenus se sont trouvés complètement d'accord aVec les chiffrés que j'étafe en froit d'itdtoti jrtbrtf, tn m'appuyant sur les lois de la théorie mécanique de la chaleur. J'ai If ouvé, en effet, que la même «aust (irritation) produit dans un munie plus d'effet mécanique qulnd sa température est plus élevée ; dauêtt cas, le muscle transforme da la chaleur en mouvement, le ne plasfcrai pas ici les détails de celte expérience, je veux simplement attirer l'attention du lecteur sur un fait qui m'étonna au début de mon travail. Lorsqu'on élève la température d'un muscle, il ne s'allonge pM comme les autres corps, il se rétrécit au contraire; je cherchai alors un mitre corps qui se comportât de même sous l'influence de la chaleur, et je trouvai le caoutchouc, (tomme, d'après Joule, le caoutchouc, en se dilatant, n'absorbe pas 4e chaleur, mais en dégage au contraire, en pouvait déji théoriquement prédire que sous l'influence de la chaleur il devait non pas s'allonger, mais se raccourcir. C'est aqssi ce que confirme pleinement l'expérience. Oans l'espoir de trouver l'explication de Ce phénomène et d'éclaircir en même temps par analogie un point de la physiologie musculaire, je me livrai sur cette question à un exapen plus rigou- reux. J'ai constaté que le caoutchouc ne se raccourcit psi constamment parla chaleur, que ce fait ne se produit qu'en soumettant le caout- chouc à une traction considérable, et qu'il se r&ccouwk quand elle est plus faible. P& suite, j'ai trouvé qu'il existe pouf ta cylindre quel- conque en caoutchouc un certain poids moyen pour lequel il conserve, à des températures différentes, une longueur oottMMte. Ce repos ap- parent s'est ensuite montré à mes yeux comme la somme algébrique de deux actions moléculaires. Pendant que d'un côté la chaleur agit sur le caoutchouc en le dilatant normalement, d'un autre côté elle aug- mente son élasticité. On peut représenter graphiquement cette action de la façon suivante . Imaginons un système de coordonnées dans le - quel on prend les poids pour abcisses et les allongements qu'ils produisent, pour ordonnées. Ainsi be sera l'allongement produit par un poids de 10 gr., de l'allongement pour 20 gr., fg pour 30 gr., hi pour 40 gr., etc. En réunissant les points extrêmes de ces coordonnées, nous obtenons la ligne ai qui représente la courbe de dilatation du caoutchouc à' des températures peu élevées. Le lecteur remarquera que cette courbe n'est pas une ligne droite, comme cela se présente pour certains métaux, car j'ai trouvé qu'elle répond aftse* exactement à la formule

y2*zax*-t-bx,

m;

350 LES, MONDES.

c'est-àrdjfw que c'est uae hyperbole dont la convexité est tournée vers

l'axe. Si mainteaaat le caautchoiw s'allongeait simplement par la

chaleur, cet allongement serait le même pour les différentes tractions; à une température plus élevée, à 50 degrés, par exemple, le caout- chouc s'allongerait d'une certaine quantité ak~ci = em, etc., et nous aurions alors comme courbe de dilatation du caoutchouc la ligne ko. Supposons maintenant qu'au lieu d'allongement il se produise une aug- mentation d'élasticité, ou, ce qui revient au même, une diminution de moitié, en fait de dilatation ; on aurait alors sous l'influence de la cha- leur, pour un poids de 0 gr., un allongement de 0, pour 10 gr. êp = Jifl, .pour 20 gr. dq -= J de, pour 30 gr. fr => \fg, pour 40 gr. hs = J hi. Nous aurons ainsi obtenu, sous l'influence d'une augmen- tation d'élasticité, la courbe as. Mais, comme nous disions que par la chaleur les deux effets se produisaient, la courbe réelle de dilatation sera celle que l'on obtiendra par l'addition algébrique des deux courbes oo et ko, c'est-à-dire kl. Si, maintenant, nous observons les rapport!

LES MONDES. 387

dès deux courbes ac et kty nous remarquerons qu'ils concordent par- faitement avec les résultats de l'expérience; ces courbes se croisent en un point u ayant lequel la courbe kt se trouve au-dessous de *e, tandis qu'après le point u, c'est la ligne ac qui de f descend au -dessoudée ftt, ce qui signifie, en d'autres termes, que le caoutchouc s'allonge sous l'influence de la chaleur, tant que la oharge à laquelle il est soumis ne dépasse pas le point w, qu'il se raccourcit au contraire quand la charge dépasop ce point.

L'augmentation de l'élasticité du caoutchouc sous l'influencé de la chaleur présentait pour moi un double intérêt. D'abord on avait -tou- jours admis comme loi que la chaleur diminuait* l'élasticité des corpti, ensuite, si la chaleur raccourcit les muscles pour la même raison que le caoutchouc, ma découverte mettait fin à une question de physiologie sur laquelle se livraient depuis longtemps de si ardentes discussions, à savoir quelle part revient à l'éla6ticité des muselés dans la produc- tion du travail mécanique. On se rappelle que j'ai constaté que la cha- leur permettait aux muscles de produire une plus1 grande somme de travail mécanique, et nous trouvons- maintenait qfte la obaleur aug- mente leurs propriétés élastiques, il est donc -évident que la faculté des muscles de produire du travail mécahiqufe ttetttf à leurîélastioitéw ' :

En vue des conclusions importantes quUbefetposrtbtedeUrer par déduction du principe : que chaleur augmente l'élasticité dh caout- chouc, je cherchai de nouvelles preuves à l'appui de ma thèse et je les trouvai en effet. Sur ma' figure, on peut voir facilement que « le rac- courcissement du caoutchouc par la chaleur ^est réellement produit par l'augmentation de l'élasticité, la grandeur du raccourcissement doit nécessairement dépendre de la force de tension: On voit, en effet, que le caoutohouc qui ne perd in longueur que la Quantité -et so*fe un poids de 20 gr. perd la quantité <f? à une tension de 40 gr. Restait à vérifier ce lait par l'expérience. Dans celles que j'entrepris, *u lieu de poids, je me servais, pour produire les tractwiis, d'une coule violon, qui attachée,, d'un côté, à un point .fixe, était :âe . r-aptoe i*- liée au cyUudre de caoutchouc en expérience. Je détermina» le rao- couroiflsement du caoutchouc sous l'influence de la chaleur, par l'élé- vation de la note donnée par la corde sonore. Cette;élévàtion duaeneqt nécessairement plus faible avec de petites tractionsqu'avec destgrandee. Mes expériences confirmèrent pleinement, cette hypothèse. H prendp un cylindre assez fort en caoutchouc, et J'en fixe solidement leé Aeupi extrémités, au moyen de* vis, dans deux montuies pourvue» ét^eve* «hefs. De ceux-ci, l'un serti à fixer un. des bouts du caoutchouc au fond d'une petite boite en fer-blanc longue et étroite, tandis qu'au

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crochet de l'autre bout attache la corde à violon ; celle-ci passe sur xm poulie et va s'enrouler autour d'une vis, qui permet d'augmenter à volonté le degré de tension de la oorde et du cylindre en caout-

ehouc

On fixe la vis et la poulie sur une caisse de résonnance. Sur Tune des planchettes formant paroi, on dispose Tune derrière l'autre la poulie» et la boite en fer-blanc,' de telle façon que la ligne formée par le caoutchouc et la corde soit située dans un plan passant par le grand axe de la planche» De cette manière on diminue autant que possible le frottement sur la poulie, et la traction se trouve plus également ré- partie sur la corde et le cylindre en caoutchouc. Je donne ici comme «temple les chiffres provenant d'une des mes nombreuses expériences. Je verse* dans le vase de l'eau à la température de R., puis je tourne la vis de la corde jusqu'à ce que celle-ci donne un son équiva- lent à 299,07 vibrations par seconde, et, d'après les résultats obtenus Paris, j'admets pour la» 435 vibrations.

D'après notre échelle tonique, 392 vibrations par seconde corres- pondent à un ton compris entrerai, bémol et roiatJe fais alors auraoyen d'un siphon écouler l'eau froide, et je la remplace par de l'eau à 50° R. J'obtiens maintenant un son de 341,78 par seconde, compris par con- séquent entre roi» diète et de notre échelle. J'ai donc obtenu une élé- vation de 49*71 vibrations par seconde. J'augmente ensuite lataneion du cylindiede caoutchouc et de la corde en tournant la vis jusqu'à ce que j'obtienne un ton de 474,54 vibrations entre «8bémol eUt de noire échelle. En remplaçant l'eau à 8 degrés par de l'eau à 50 degrés» j'obtiens maintenant un ton de 522 vibrations par seconde entre uU et ut4 dièzede notoe échelle. J'ai donc obtenu ici une augmentation de 41*46 vibrar liens par seconde, c'est-à-dire 21/2 fois plus forte qu'avec 1* .traction ptoa faible appliquée précédemment. J'ajouterai que j'avais déterminé la hauteur des sons différents sous de fortes et de faibles tensions à l'aide de deux cordes tendue* différemment sur le monooUorde, de telle façon que, à longueur égale, les nombres de vibrations qu'elles don- naient étaient, dans le cas prisent, entre eux comme 322*47 et 474>M, La. simple comparaison des raccourcissements absolus des cordes me permt déjà de tirer une conclusion sur l'élévation du sba soue de tartes ou de faibles tensions» On peut faire encore une autre expéricttoe pins frappante et plus concluante pour la question à démontre* et qui petrt ètte exécutée à peu de frais. Mon point de dépari est fa formule ommum du nombre de vibrations (élévation du son) pour les xorpe *<»- Mtê élatfiflpies .de forme cylindrique mis en vibration toansteiadt :

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Supposons maintenant un corps de ce genre en vihr^tion < up cy- lindre de caoutchouc dans le cas actuel ; si noijs le mettons dans des conditions telles que/ le rayon r restant constant, ainsi qpç h} longueur l, on obtienne cependant une autre valeur pour N, il sera évident que ces conditions auront altéré la coefficient, de, dilatation Q et cela dans les mêmes proportions que la valeur N, Je fixe unç petite corde en caoutchouc eptre deux petites pièces danois soU4en>en,t atta- chées sur une planche à une certaine distance, puis je plonge ce petit appareil dans l'eau chaude. Je ne change donc par .cette opération ni / ni r du second membre de notre équation ; si la chaleur augmente réellement la valeur de Q, il en sera de même de N, l'élévation du ton. C'est effectivement ce qui arrive toujours, sans exception qtdans ffcp proportions d'autant plus fortes que la tension primitive ^ara,^té plus considérable. . .

Cette expérience peut nussi servir comme exemple vj6itye de Ift trans- formation d'une espèce de mouvement en un autre «~< cJiMeqr e& vis brations sonores.

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ACADÉMIE DES SCIENCES

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SÉANCE DU LUNDI 19 FEVRIER 18*12

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M. Président araence à l'Académie la perte douloureux tacite vient de faire dans la personne de M. S Un. Laugiar, Jfembi* dttlaâeer lion de Médecine et de Chirurgie, décédé à PariSi le 46 février I89& i

~ Réponêe de M. Serrtt à M. Le Verrier \ r* *Mé Le.Varcier.** «'explique pas, dit-il, ma double réolamaûon cooêemw^riûacrtioaau Compte rendu de deux Notes, dont: L'une *V pea été lue m eéme% tandis que l'autre a été effectivement lue par hu-mème^ ainsi que d»l'aî reconnu, ee qui serait, dama part, à ses jttux» une imttûaéqiiefioft. -

« A cela je réponds : que. je Jri&me rkaseittoû delà piemière if oit, par la raison qu'il n'en a pas été. donné lecture, à la séaaee» Quant kJft deuxième Note, qui émane de notae savant confrère lui-même, j'en blâme également l'insertion; mais il est clair que tfest -par un motif tout différent La Note dont il s'agit renfemuant jiae.proposit isu .qui cen^ stitue un acte évident de polémique, l'Académie Lavait fûnntàement écartée de son ordre du jour et l'avait réservée pour un comité «sactoet; en conséquence, cette. Note ne devait pas, selon moi, èti» livoré à la publicité. v>

360 LES MONDES.

«r M. LeVerrier a ajouté que, quand au fond, il pense que, mieux in- formé, je pourrai changer d'avis en comité secret. Sur oe point, je ferai remarquer à notre confrère que je ne me suis en aucune façon préoc- cupé de savoir si les erreurs signalées dans les publications de l'Obser- vatoire existent ou non. Au point de vue je me suis placé, cela n'a aucune importance. »

M. LeVerrier répond : « M. Serret déclare qu'il ne s'est point occupé de savoir si les séries publiées dans Y Annuaire météorologique sont exactes ou non, ce qui ne l'empêche pas d'assurer, sans hésitation, que la propositron faite à l'Académie de donner une édition authentique des séries météorologiques qui lui ont été soumises depuis cent ans est « un acte évident de polémique. »

c Je regrette que notre confrère n'ait pas cherché à connaître la ques- tion à laquelle il voulait se mêler ; autrement, il aurait promptement reconnu que la proposition faite par moi à l'Académie est exclusive- ment scientifique

« Un de nos plus habiles météorologistes, M. Renou, déclare que les nombres publiés par M. Delaunay sont eux-mêmes erronés. Cette situa- tion ne saurait se prolonger sans inconvénient pour la science... M. De- launay a introduit dans son Annuaire météorologique des séries qui diffèrent en beaucoup de points des séries données par ses prédéces- seurs, y compris M. Arago. Et, puisqu'il soutient l'exactitude de ses nombres, il est trop clair qu'il accuse d'erreur les séries antérieure- rement publiées. J'ai proposé et je persiste à proposer qu'une édition authentique des séries météorologiques soit donnée par l'Académie. Ma demande est toute scientifique, et notre confrère M. Serret me per- mettra de regretter qu'après avoir pris le droit d'attaquer injustement M. Renou, il prenne encore le droit d'altérer ma pensée. »

Nouvelles observations au tujet des communications et des ex* périmces de M. Frémy> par M. Pasteur.

« Je remarque tout d'abord que, sur les huit expériences, il y en a six. laites au libre contact de l'air ordinaire, sans que notre confrère .ait prie la moindre précaution pour détruire ou pour éloigner les pous- sières en suspension dans l'air ou celles qui sont répandues à la surface 'des parois des vases et des matières dont il s'est servi. Ces six expé- riences pourraient donc être invoquées par moi, non comme des preu- ves de mon opinion, parce qu'elles ne réunissent pas les conditions d'expériences délicates et probantes, mais tout au moins comme inca- pables d'infirmer, en quoi que ce soit, les résultats de mes recherches. Ce sont des fermentations, comme on en a fait de tout temps, se trouvent réalisées certaines conditions propres à la naissance et à la

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multiplication des ferments, mais qui ne peuvent, en quoi que ce soit, servir à résoudre la question de l'origine de ces organismes.

Parmi les huit expériences de M. Frémy, il y en a deux imitées de celles que j'ai publiées, et M. Frémy s'est attaché à détruire les ger- mes que l'air et les poussières à la surface des objets pouvaient appor- ter; dans ces expériences, néanmoins, notre confrère a vu naître des ferments vivants. La première de ces deux expériences porte sur l'orge germée, et la seconde sur le lait. L'expérience sur le lait est la seule qui ait une apparence de valeur, car M. Frémy a vu se produire des or- ganismes dans du lait qui avait subi une température de 1 15 degrés, et j'ai affirmé jadis que cette température était plus que suffisante pour rendre le lait inaltérable lorsqu'on l'exposait ensuite au contact de l'air pur.

Mais l'expérience de M. Frémy a été mal faite, car voici un vase dont l'ouverture du col effilé est tournée vers le bas, et le lait reste in- tact, quoiqu'il se trouve depuis une douzaine de jours à une tempéra* ture comprise, jour et nuit, entre 28 et 30 degrés. Un vase pareil, qui ne s'était pas altéré au bout de plusieurs jours, a été découvert, tt le surlendemain, on pouvait y distinguer au microscope au moins trois sortes d'organismes. Aujourd'hui le lait est caillé par suite des fermen- tations que ces organismes ont provoquées

M. Pasteur, après avoir terminé sa lecture, dépose sur le bureau de l'Académie deux tubes contenant l'un du moût de raisin, l'autre du moût d'orange, moûts naturels, exposés au contact de l'air privé de ses germes. Ces liquides n'éprouvent aucune altération et ne donnent naissance à aucun organisme, ni ferments, ni moisissures. Pourtant,

le premier tube, celui du moût de raisin, est à une température de 30 degrés depuis le 13 janvier, et celui de l'orange, à la même tem- pérature depuis le 8 février.

Sur la demande que lui en adresse M. Frémy, M. Pasteur fait don de ces deux tubes à son confrère, en le priant d'en observer le contenu ' au microscope, et de 's'assurer à la fois de la présence de l'air atmos- phérique, notamment du gaz oxygène, et de l'absence de tout orga- nisme.

Pendant le comité secret, qui a suivi la séance, M. Pasteur a fait chercher du papier de tournesol rouge, a brisé, en présence de M. Frémy, le ballon de lait conservé qu'il venait de présenter à l'Aca- démie comme preuve de l'erreur grave commise par M. Frémy dans sa sixième expérience, et il a reconnu que ce lait était encore alcalin comme le lait frais naturel. M. Frémy a même goûté ce lait, et s'est trouvé dans la nécessité de déclarer qu'il n'était pas du tout altéré. »

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362 LES MONDES.

'— Remarquas au *ujtt des expériences M. Woif sur U réflecteur de$ miroir* en terre argenté ; par M. Dslftunay. Le ré- sultat des expérience» de M. Wolf présente un intérêt tout spécial au jnoment Ton construit, pour l'Observatoire de Paris, l'instrument dont M 4 Lœwy a fait connaître le principe à l'Académie, dans sa séance du 2 octobre dernier. C'est, du reste, à l'occasion de cet instrument nouveau que les expériences de M. Wolf ont été entreprises. Dam l'instrument dont il s'agit, la lumière subit successivement deux ré* flexions sur des miroirs plans, inclinés de 45 degrés, et placés, l'un en dehors de la lunette, en avant de l'objectif, l'autre à l'intérieur, entre l'objectif et l'oculaire. Là, le phénomène se complique en raison de l'angle variable formé par les plans dans lesquels s'effectuent ces deux réflexions successives, d'où il résulte [que la polarisation de la lumière doit jouer un rôle et influer sur la proportion de lumière ré- fléchie sur le second miroir. AL Wolf a trouvé qu'en réalité l'influence nuisible due à la polarisation de la lumière se réduit à fort peu de chose* D'après ses expériences, la perte de lumière due à 4a succession des réflexions sur les deux miroirs est de 14 pour 400, si Los plans de réflexion sont parallèles, et de i 8 pour 1 00 s'ils sont perpendiculaires; «;. c'est donc en moyenne une perte de 16 pour 100 : M. Lœwy, dans sa

note du 2 octobre, l'évaluait à environ 15 pour 100. Il en résulte que, même dans le eas le, plus défavorable au point de vue de l'effet de la polarisation, l'addition des deux miroirs à une lunette de 9 pouces d'ouverture ne réduira pas la quantité de lumière arrivant à l'oculaire dans une aussi forte proportion que le ferait la substitution d'un objec- tif de 8 pouces à celui de 9.

. Sur Us phénomènes qui donnent naissance aux cmroies boréales. Note de M. le maréchal Vaillant. « L'atmosphère qui en* veloppe notre terre ne peut pas se répandre d'une manière vague et indéfinie dans les espaces célestes : elle se termine à une surface plus ou moins nette et tranchée, et cette surface, par même qu'elle fait la-séparation de deux milieux de densités différentes, doit être la cause et le lieu de réflexions analogues à celles qui se produisent sur un verre non étamé.

Supposons qu'un grand courant magnétique ou électrique, c'est la même chose, du moins quant à ce qui nous occupe -en ce moment, s'élance vers le zértilh magnétique et vienne jusqu'à une certaine dis- tance de cette surfaoe séparative dont nous avons parlé, nous verrons une réflexion d'autant pins intense que le jet réfléchi aura été plus violent et sa source rapprochée davantage du sommet de la coupole; cette réflexion sera l'aurore boréale. Le sommet de la coupole sera

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correspondant m prolongement de l'aie général des courants élec- triques. Rappelons que le. pâte magnétique du point central des cou- rants «oraespond, sur la sur&ce de notre globe, à 35 ou 80 degrés.de latitude nord-ouest. C'est vers le sommet de chaque jet,, point de con- coure apparent de« jets cureonviMsins, qu'on doit voir les rayons de l'aurore boréale se rapprocher, se réunisse croiser même, pour tous les observateurs ; c'est «m effet ce qui arme et ce qui confirme la théorie.. Finissons, en disant que le jet électrique central est animé à son ppint de départ d'une vitesse rotative dans le sens de l'est à l'ouest, parallèlement . au mouvement général de la terre, de 400 à 500 lieues par $4 heures.

Dans l'aurore du A février,, le sommet du jet aurait été, d'après les observations les mieux constatées, à 35 ou 40 lieues de distance de la surface de la terre* »

~ Faits relatifs à quelques peints particuliers de ihistoire de r alcool propylique* Note de MM. J. Pierre et JEd. Puchot. -* L'alûool propylkfue monofaydraté, s'il existe comme espèce chimique et s'il peut se produire par te simple mélange de ses deux éléments* ne parait pas pouvoir être distillé sans décomposition* Lorsqu'on soumet à la distillation un mélange, en proportions quelconques» d'eau et d'alcool propylique, la température d'ébullition du mélange est toujours infé* heure à celle du liquide le plus volatil, mais .elle ne s'abaisse jamais au-dessous de 8&»,3. Au commencement de la distillation, d'un pareil mélange, il se sépare toujours une certaine quantité d'un produit formé d'eau et d'alcool propylique, et qui bout vers 88°, 5. lorsque le mélange, a été fait dans ces proportions, il distille entièrement, sans dédoublement, à la température fixe de 88° ,3. Le seul produit hydraté distilkble sans dédoublement que nous ayons pu observer eBt celui qui contient 29°,4 d'eau pour 400 d'alcool, ou 8 équivalents 78 cen- tièmes pour 1 équivalent d'aleool propylique.

Sur Remploi des lames élastiques vibrantes comme mat/en de propulsion. Note de M. Giotti.

w M* le général commandant l'Ecole d'appliestion de l'artillerie et du génie sollicite le concours de l'Académie, pour la reconstitution de la bibliothèque de cette Ecole ; il prie également ceux de ses membres qui auraient des ouvrages en double de vouloir bien en disposer pouç cet objet. '

Sur l'analyse spectrale de la lumière zodiacale, par M. Res- pighi. « Ayant lu dans le Compte rendu de la séance de l'Académie des sciences du 22 janvier dernier une note de M. Liais sur l'analyse spectrale de la lumière zodiacale, note de laquelle résulterait la preuve

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que le spectre de cette lumière est continu, je crois opportun de faire connaître à l'Académie un certain nombre d'observations qui profitent que le spectre de la lumière zodiacale est réellement discontinu et pré* sente plusieurs raies brillantes »

M. Respighi cite en outre deux observations très-intéressantes. La première, confirmant une observation semblable faite par Angstrôm en mars 1867, tendrait à montrer l'identité delà lumière de l'aurore bo- réale avec la lumière zodiacale, et par suite la probabilité de l'identité de leur origine.

La seconde est un spectre stellaire extraordinaire qui, à sa connais- sauce, n'a pas encore été signalé, et qu'il a eu la bonne fortune d'ob- server dans la nuit du £4 décembre 1874 , à l'Observatoire royal de Madras. Le spectre de l'étoile de 2* grandeur y du Navire ne présente aucune raie obscure bien distincte, mais parfois plusieurs raies bril- lantes, parmi lesquelles on en distingue une assez vive dans le rouge orange, deux très-vives et larges dans le jaune et une beaucoup plus intense et plus large dans le bleu. La raie rouge orange se trouve entre les deux raies C et D, éloignée de la raie D d'environ un tiers de la distance CD. Le premier rayon jaune coïncide probablement avec la raie D et est séparé du second rayon jaune, aussi large que le pre- mier, par une zone presque obscure, ayant environ la moitié de la largeur desdits rayons. Le quatrième rayon est environ moitié plus large que les rayons jaunes, et tombe entre les raies F et G, à une distance de F égale au 1 /8 environ de la distance FG. Son éclat est très-intense. Sur la totalité du spectre, et principalement sur la partie comprise dans les rayons jaunes et dans le bleu, se trouvent diverses raies brillantes, mais fines et très-faibles.

M. Lockyer et M. Pogson, directeur de l'Observatoire de Madras, auxquels M. Respighi a montré ce spectacle extraordinaire, ne furent pas moins surpris que moi, à la vue de ce spectre singulier, p

Sur la recherche la planète perdue (99) Dike. Note de MM. Lœwy et Tisserand. a Dike, la 99* petite planète, a été décou» verte à Marseille le 98 mai 4868 par M. Borelly, qui l'a observée de- puis ce jour jusqu'au 42 juin ; les observations manquent à partir de cette époque, soit à cause de la faiblesse de l'astre, qui était seulement de la 43° grandeur lors de la découverte, soit à cause de circonstances atmosphériques défavorables ; on n'a même pas calculé de suite les éléments, de telle sorte qu'on ne l'a pas observée non plus à l'oppo- sition de 4869. En 4870, M. de Gasparis, partant de trois des obser- vations de M. Borelly, a calculé les éléments de Dike, non pas en vue de la retrouver, mais simplement pour la reconnaître parmi les asté*

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roïdes qu'on découvrirait dans l'avenir. C'est tout ce qujpn sait à ce sujet, et depuis la planète ne figure plus dans les recueils astrono- nomiques qu'à raison de son numéro d'ordre. Nous nous sommes proposé de rechercher tout ce qu'on pouvait conclure des quinze jours d'observation de 1868, comprenant un mouvement héliocentrique de 5 degrés environ, pour l'opposition de 1872; la planète a accompli pendant ce temps les trois quarts de sa révolution ; nous avons voulu fixer la zone dans laquelle il faut la rechercher.

Nous nous contenterons d'indiquer ici que, pendant plus d'un mois, du 1er* mars au 8 avril, l'époque la plus favorable pour la découverte, la planète restera comprise dans une zone presque rectangulaire, lon- gue de 27° dans le sens de l'équateur9 et large de dans le sens du cercle horaire.

Détermination des caractéristiques des systèmes élémentaires de culriquee, par M. Zeuthen. M. Chasles fait la remarque suivante.; a J'éprouve une double satisfaction, dans ce moment, en pouvant ajouter que déjà M. Maillard, jeune professeur attaché à la section mathématique des hautes études, a lait de cette question si importante le sujet d'une excellente thèse pour le doctorat, thèse soumise à U Faculté des sciences en juillet 1870, et qui, le 16 décembre 187 1^ a obtenu les éloges les plus mérités et les plus flatteurs du jury d'exa- men (MM. Serret, Briot, Ossian Bonnet).

« Ainsi que j ai eu l'honneur de le dire à l'Académie dans le cours de mes communications concernant 'cette théorie des deux caracté- ristiques, ce qui manque principalement, pour que la théorie des courbes d'ordre supérieur soit aussi complète, ou du moins aussi avancée que celle des coniques, c'est de connaître les caractéristiques des systèmes élémentaires de chaque ordre de courbes. {Comptes rendus, t. LXII, p. 326) Or tel a été le sujet des recherches de MM. Maillard et Zeuthen. s

Sur les courants d'induction produits dans les bobines d'un électro-aimant lorsqu'on met une masse métallique en rotation entre ses pôles. Note de M. J.-L. ëoret. L'étude des courants d'induction qui se produisent dans les bobines ou les masses polaires d'un électro- aimant, entre les pôles duquel on met en rotation un disque ou une sphère métallique, a été dernièrement l'objet de plusieurs communi- cations à l'Académie.

« Je demande la permission de rappeler qu'en 1857 j'étais arrivé à des résultats tout à fait concordants avec ceux que M. Violle et M. de Jacobi ont récemment obtenus. Dans un mémoire intitulé : Sur les variations d'intensité que subit le courant électrique lorsqu'il produit

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un travail vnècanique (publié en extrait dans les Campées rettdvs, t. XLV, p. 301, 1857 ; et in extenso dans les Mémoires &r la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, t. XIV, p. 83?, 1888); j'avais cherché à donner la démonstration expérimentale de ce fait t dans tous les cas un courant électrique produit un travail méca- nique positif, on observe une diminution d'intensité* du- courant ; et» inversement, l'intensité augmente si le travail mécanique est néga* tif . J'avais étudié le cas spécial l'on fait tourner rapidement une sphère métallique entre les pôles d'un électro-aimant ;} j'avais trouvé que lorsqu'on met ht sphère en rotation, l'intensité du courant passant dans les bobines de l'aimant .subit une petite augmentation, qui cesse quand la vitesse est devenue constante ; puis, lorsque le mouvement se ralentit, le courant s'affaiblit un peu.

Mesure de la polarisation dans Vêlement voltaîque. Note de M. E. Branly. Je me suis proposé de mesurer, au moyen d'un électro- mètre, la force électromotrice de polarisation développée sur une lamé du pôle positif, quand l'intensité du courant augmente, depuis zéro jusqu'au maximum qu'elle peut atteindre avec l'élément employé.

J'ai employé un élément de Volta à un seul liquide. Une auge pris- matique en verre, de 40 centimètres de long et 4 centimètres de large, contenait de l'eau acidulée avec 4/50 d'acide sulfurique; dans toutes les expériences qui suivent, on y versait 750 centimètres cubes du mé- lange. Aux extrémités de l'auge se trouvaient les plaques polaires larges de 4 centimètres, l'une en zinc amalgamé et l'autre en cuivre.

Les expériences prouvent que la force électromotrice de polarisation décroît quand l'intensité du courant diminue, et d'autant plus rapi- dement que le courant est plus faible.

Nouvelle méthode de production et propriétés du protoxyde de fer anhydre, par M. G. Tissandier. a La nouvelle méthode consiste à faire agir l'acide carbonique. sur le fer chauffé au rouge. Thenard a démontré que le gaz acide carbonique oxydait le fer en se transfor- mant en oxyde de carbone, mais il n'a pas parlé de l'oxyde de fer formé. Nous avons constaté que la réaction est la suivante :

«

Fe 4- COa = FeO + GO.

En effet, nous avons chauffé 46gr,700 de fil de fer, enroulé en spi- rales, dans un tube de porcelaine chauffé au rouge et traversé par un courant d'acide carbonique. Après l'expérience, le fer pesait 47«r,350; il avait, par conséquent, absorbé l8r,65 d'oxygène. En redressant les spirales de fer oxydées, et en les grattant avec un pinceau, nous avons recueilli 7«r,32 d'un oxyde noir cristallin. Ce produit a été soumis à

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l'analyse à plusieurs reprises; Nous l'avons dissous dans l'acide chlorhydrique, additionné de quelques gouttes -d'acide nitrique, et nous avons précipité le fer par l'ammoniaque. Nous avons trouvé 77,69 pour 100 de fer métallique, ce qui correspond, à quelques milligram- mes près, à la formule FeO, contenant théoriquement 77,77 pour 400 de fer. Ge protoxyde de fer anhydre est noir, brillant, d'un bel aspect cristallin. Il est attirable par l'aimant ; c'est donc aussi un oxyde de fer magnétique. Il se conserve sans altération dans l'atmosphère ; mais, chauffé au contact de l'air, à la température du rouge vif, il augmente de poids, dans la proportion de 7,40 pour 400, et se transforme en oxyde Fe' 0\ Il décompose la vapeur d'eau sous l'influence de la cha- leur, d'après la réaction suivante :

3FeO 4- HO = Fe3 (V + H.

Il se dissout très-facilement dans l'acide chlorhydrique, qu'il colore en vert, quand on opère à l'abri du contact de l'air, et dans l'acide nitrique. L'acide sulfurique, même à chaud, n'agit pas sur cet oxyde.

Le protoxyde de fer anhydre a été obtenu pour la première fois par M. Debray, en faisant passer un mélange d'acide Carbonique et d'oxyde de carbone sur du sesquioxyde de fer chauffé au rouge. Le produit ainsi préparé est amorphe, et n'a pas l'aspect cristallin de celui qu'on obtient par notre méthode. »

Sur riodure d'amidon, par M. E. Duclaux. L'iodure d'amidon n'a pas de composition constante» L'iode, mis en contact avec une solution aqueuse d'amidon, n'agit sur ce corps que lorsque l'eau ambiante en renferme déjà une certaine quantité à l'état libre. En d'autres termes, il se dissout d'abord dans l'eau, puis se partage entre l'eau et l'amidon, et c'est seulement alors qu'apparaît la couleur bleue. Les quantités d'iode libre dont la présence est nécessaire dans l'eau, avant que le bleu ne se produise, augmentent, toutes choses égales d'ailleurs, avec la température, ce qui explique la déco- loration à chaud de riodure d'amidon formé à froid. A0 Le moment l'iode commence à agir sur l'amidon peut être rapproché ou re- tardé par des causes quelquefois à peine apparentes, et auxquelles on ne peut attribuer aucun caractère chimique. Enfin l'état d'équilibre obtenu entre l'iode, l'amidon et l'eau varie sous l'influence du temps, absolument comme cela a lieu dans les cas d'absorption exercée par le charbon.

~- Sur la fermentation alcoolique du sucre de lait, par M. Blond lot. CoHciuêiw** « De ces expériences il résulte, ce me Semble, que le lait entier est susceptible de produire un ferment alcoolique spécial,

»

368 LES MONDES.

qui exige, pour fonctionner, des conditions différentes de celles que réclame le ferment normal représenté par la levure de bière. La spé- cialité de ce nouveau ferment est surtout caractérisée par trois ordres de faits. Le premier, c'est qu'il réclame l'agitation pour entrer en acti- vité ; le second, c'est qu'il n'agit que d'une manière intermittente, et exige une sorte de repos dans l'intervalle ; le troisième, c'est qua, tandis que le ferment alcoolique ordinaire agit déjà à quelques degrés au-dessus de zéro, le nouveau ferment ne commence qu'au-dessus de 20 degrés à manifester son action, qui est à son maximum vers 30 ou 40 degrés, au-dessus desquels elle ne tarde pas à s'arrêter ; de sorte qu'il suffit de chauffer le liquide pendant quelques minutes entre 35 et 40 degrés pour faire perdre au ferment toute sa vertu.

Il m'a semblé que ces expériences pouvaient contribuer à résoudre la question controversée, relativement à la fermentation alcoolique. En effet, si, comme le prétend M. Liebig, la fermentation était corré- lative à une simple décomposition du ferment, pourquo celui-ci aurait-il deux manières d'agir si différentes? D'où viendrait la néces- sité de l'agitation, et surtout l'intermittence, la décomposition chi- mique du ferment devant se produire d'une manière continue? Au contraire, d'après la théorie de AL Pasteur, la fermentation alcoolique étant le résultat d'une fonction vitale, on comprend qu'elle présente le caractère intermittent qui appartient à un certain nombre de fonc- tions organiques, soit dans les plantes, soit dans les animaux. On comprend aussi qu'elle soit limitée à une température déterminée comprise entre 20 et 40 degrés, l'organisme rudimentaire qui la pro- voque étant, en quelque sorte, à celui du ferment normal que repré- sente la levure de bière ce qu'est à une plante des régions tempérées une plante tropicale qui s'engourdit et cesse de végéter au-dessous d'un certain degré de température. Enfin, dans la théorie de M. Lie- big, comment s'expliquer l'arrêt de fermentation à quelques degrés au- dessous de 40, la décomposition des matières organiques qui doit la provoquer ne s'arrétant pas plus au-dessus de 40 qu'elle ne cesse au- dessous de 20 degrés ? Dans le système de germes, au contraire, ces phénomènes s'expliquent très-simplement, en admettant qu'au-des- sous de 20 degrés ils s'engourdissent, et qu'au-dessus de 40 ils ne tardent pas à périr, ainsi qu'il arrive à une multitude d'organismes rudimentaires. »

PARIS. TTP. WAUffiR, RUB BOftÂPARTI, 44.

N* 10. 4872.'

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

I/attro*e delà Justléé.—- Au moment noua donnions le bon à tir& du premier article de M. Duchesne-Thoureau, nous avons appris avec bonheur que, sous le patronage de la Société des agricul- teur* de France, M. Duchesne doit produire, à l'Exposition universelle de Lyon, de très-nombreux et très-riches spécimens de ses cultures. La lettre qui le convie à cette solennité est coùçue en termes trop Hàtteirts pour que nous hésitions à la reproduire. La voici :

o Votfe savez que la Société des Agriculteurs de France fait, à l'oc- casion de l'Exposition universelle de Lyon, une exhibition de viticul- ture aussi complète que possible.

« n faut donô que les hommes d'initiative comme vous nous vien- nent en aide pour cette Exposition, qui comprendra vins, cépages, cultures, etc.

« Je compte tout particulièrement sur vous, pour nous préparer les spécimens les plus complets de votre système, auquel je réserverai toute la place que vous voudrez bien nous demander.

« Ce sera une heureuse occasion de mettre en relief toutes les expé- rimentations que vous m'avez fait l'honneur de m'exposer,et qui m'ont infiniment intéressé, comme vous le savez. »

Signé : Comte de La Loyers, prési dent de la Section de Viticulture.

D'avance et sous de pareils auspices, il nous est permis de prédire à M. Duchesne-Thoureau un succès bien mérité*

Lainière oxhydrique; mm! d'oxygène. L'éclairage du boulevard des Italiens a complètement cessé. La Ville n'avait concédé l'usage du sol que pour un mois, et les expériences se sont prolongées pendant deux mois entiers sous le contrôle du délégué de l'autorité municipale. Les chiffres de la consommation des gaz oxygène et hydro- gène sont bien ceux que la Compagnie Tessié du Motay avait énoncés ; il est resté quelques doutes sur l'intensité de la lumière qui seront levés par de nouvelles expériences photométriques, faites dans le la- boratoire municipal; et il sera pleinement constaté, nous l'espérons, que la lumière oxhydrique l'emporte autant au point de vue de l'éco- nomie qu'au point de vue de l'excellence comme agent 'd'éclairage

10. t. XXVII, 7 mars 1872. 27

370 LES MONDES.

public. Il nous semble impossible aussi qu'on repousse la demande de canalisation de l'oxygène, qui serait pour un grand nombre d'indus- tries un immense bienfait, qui accroîtrait les ressources de la ville sans lui imposer aucunes charges, et qui inaugurerait une ère nouvelle d'applications imprévues. Par exemple, il a été procédé dans l'hôpital militaire de Versailles à une première série d'expériences sur l'emploi de l'oxygène dans l'assainissement des lieux habités par un grand nombre de malades, et ces expériences ont donné d'excellents résul- tats. Repousser l'oxygène ce serait repousser presque la vie, puisque l'oxygène est l'agent le plus actif de la vie organique, son élément le plus essentiel.

A ce que nous avons dit de l'entrée en possession de l'oxygène de l'air, nous devons ajouter que la faculté d'absorption de l'oxygène par le titane était un fait connu, découvert par un chimiste allemand, M. Kop, mais qu'on ignorait complètement ce fait capital qu'à 300 de- grés déjà l'azoture de titane cède spontanément au courant d'hydrogène qui le traverse son azote transformé en ammoniaque. En présence de cette nouveauté, la commission de Berlin n'a pas hésité à accorder à M. Tessié du Motay le brevet d'invention qu'il demandait, mais elle s'est empressée de le publier. Ce n'est pas, sans doute, pour que l'in- venteur français soit gêné ultérieurement dans la prise de ses brevets étrangers. On ignorait aussi jusque dans ces derniers temps la pré- sence du titane en assez grande abondance dans certains minerais de fer, ceux d'Islande, par exemple, et de Suède, qui en contiennent de 40 à 30 pour 100. Ce métal restât-il relatiyement rare et cher, il n'en servirait pas moins à l'extraction de l'oxygène, parce qu'il se régénère dans chaque opération, et qu'il n'aura besoin d'être remplacé que de loin en loin et par petites quantités.

A propos d'oxygène, on annonce que M. Kirkpatrick croit avoir trouvé le moyen de l'engendrer à froid, même en quantités suffisantes pour la production de la lumière oxhydrique. Son moyen consiste à faire un mélange de chlorure de chaux du commerce, avec cinq fois son poids d'eau, et à le traiter par un hydrate ou composé hydraté de nickel ou de cobalt, en solution ou en suspension dans l'eau ; la réac- tion a lieu immédiatement, le chlorure se décompose, l'oxygène se dégage avec effervescence, et on peut l'emmagasiner immédiatement dans un gazomètre ou un sac en caoutchouc. Nous regrettons de ne pouvoir indiquer, même approximativement, le prix de revient de l'oxygène ainsi obtenu.

Dernière» nouvelles académique*. M. Dumas a fait.

J

LES MONDES. 37i

lundi dernier, le plus grand éloge des ventilateurs employés par M. Guibal, ingénieur français établi dans le Hainaut, à l'aération des houillères, pour empêcher l'accumulation du grisou et ses explo- sions. Le prix de revient du nouveau ventilateur serait de 335 francs au lieu de 2 à 3 000 francs; et la dépense de son fonctionnement annuel serait réduite dans une proportion aussi grande, quelques cen- taines au lieu de quelques milliers de francs. Un grand nombre de ces excellents appareils serait déjà en usage , et, depuis leur adoption, il ne serait survenu dans le Hainaut qu'une seule explosion dans un puits qui n'était pas ventilé. C'est vraiment merveilleux!

M. Ferdinand Barrault a fait en Algérie, en 1865, de grandes plantations d'Eucalyptus globulosa. Le succès a été si grand que» six ans après, en 1871, la hauteur moyenne des jeunes plants était de 45 mètres, et leur circonférence moyenne, à 1 mètre du sol, de la,14.

M. le colonel Carron, directeur du laboratoire de chimie de l'école d'artillerie, bien connu par ses recherches sur l'acier, a constaté, par de nombreuses expériences, que soumis, même longtemps, à une température de 20 degrés au-dessous de zéro, le fer ne subit pas la modification moléculaire qu'on a désignée du nom d'état cristallin, et qu'il ne devient pas plus cassant* C'est la conclusion à laquelle était arrivée la Société philosophique de Manchester, et qui semblait tout à fait contraire à un grand nombre de faits sans doute mal interprétés.

Programme de» prix de l' Académie royale des Science» de Belgique. Pour 1873. I. Résumer et simplifier la théorie de l'intégration des équations aux dérivées partielles dés deux premiers ordres. IL Examiner et discuter, en s'appuyant sur de nouvelles expériences, les causes perturbatrices qui influent sûr la dé- termination de la force électro-motrice et de la résistance intérieure d'un élément de pile électrique; faire connaître en nombre ces deux quantités pour quelques-unes des piles principales.-* III. On demande un exposé des connaissances acquises sur les relations de la chaleur avec le développement des végétaux phanérogames, particulièrement au point de vue des phénomènes périodiques de la végétation, et, à ce propos, discuter la valeur de l'influence dynamique de la chaleur so- laire sur l'évolution des plantes. IV. Exposer le mode de reproduc- tion des anguilles. V* On demande de nouvelles recherches poi% établir la composition et les rapports mutuels des substances albumi- noîdes. YL On demande la description du système houiller du bas* gin de Liège.

La valeur de la médaille d'or attribuée comme prix sera de mille

372

LES MONDES.

francs pour la première, la cinquième et la sixième question ; elle res- tera de six ctnts francs pour les deuxième, troisième et quatrième question* Lee manuscrit* devront être écrits lisiblement, rédigés eu latin, en français ou ea flamand, et adressés, francs de port, à M. Ad« Quetelet, secrétaire perpétuel, ayant le 1er juin 4873.

Pour 4874. I. On demande de nouvelles expériences sur l'acide urique «t ses dérivés, principalement au point de vue de leur structure chimique et de leur synthèse. II. On demande : un résumé cri- tique succinct des observations connues relativement au polymorphisme des Mucédinéea; la détermination exacte ne s'appliquerait-elle qu'à une seule espèce de la part qui revient, d'abord, à la propre nature du végital son énergie spécifique), ensuite, aux conditions extérieures de son développement ; la preuve positive, ou la néga* lion suffisante, du fait que des champignons de ferment [Micrococcus, soogîoeai palmella, lepiothrix, arlhrococcusytnicodtrma, etc.), daw des circonstances quelconques , peuvent se transformer en champi- gnons supérieurs.

lie* ballon» dirigeable». Expériences de M. Henry Giffard, en 4863 et 4866, et de M. Dupuy de Lôme, m 4872, par M. Gaston Tissànwsr. (5 gravures avec texte* In-iS. vn-72 pages» Prix: 1 fr. Dentu, 4872.) En rendant compte de l'expérience de Jl. Dupuy de Lôme, je n'ai pas cm devoir rappeler les deux cé*àà*fes as- censions de M. Giffard, dans un laiton non petfpetr des bfaad'bemifees, mais "par des machines à vapeur de la forée de sept chevaux. Mois avions pensé que ce n'était pas le lieu, et nous àouvenant de la délica- tesse extrême, de la noble indépendance d'esprit de M. Giflant, avions craint qu'il ne nous reprochât de l'avoir mis en jeu1 agrément. Nous n'ignorons pas que la solution de M. Dupuy de Lôme avait de ti es -ft ombreux et de très intimes points de coataet avec celte de son glorieux prédécesseur : la ferme allongée du ballon; la nature de l'étoffe jrevétue de vernis de caoutchouc; remploi de l'hydrogène fabriqué avec les mêmes batleriee ou tonneau* par l'action de l'acide sulftarique sur le fer au contact de l'eau ; l'adjonction d'une hétiee et d'un gouvernail; et jusqu'au concours du même collaborateur, il. Yon. fiais la priorité de M. Giflard n'était pas en doute, et il n'errait nulle- ment songé à arrêter M. Dupuy de Lôme dans son élan. Nous devions donc garder k silènes, comme l'avaient fait de leur côté plusieurs de nos confrères de la presse. M. Gaston Tissandier, très-compétent dans ces- matières, aéroneute très-expéarimeiité, nTa pas été de notre avis» 11 a cru M. Giflard victime d'upe injustice bien au-dessous de lui, en réalité,

LES MONDES. 373

et il plaide éloquemment sa cause. Nous lui savons gré d'avoir cité les lignes que nous avons publiées dans Y Univers pendant le siège, et qui n'étaient qu'une reproduction de circonstance d'un article publié sept années auparavant dans les Mondes du i5 octobre 1863, et dans lequel' noue affirmions de la manière la plus solennelle que S. Giflkrd atsflt' complètement résolu le problème du ballon dirigeable.

« Forme de l'aérostat, tissu enduit, machine|à vapeur, condenseur/ hélice, gouvernail, tout est complètement arrêté, tout pourra être prêt» dans quelques mois de travail quand l'heure aura lonné... Fatfti do' Cbamp-de-Mars, l'aérostat dompté fera le tour de Paris, et reviendra au Champ-de-Mars, absolument comme un cheval de course part du poteau et y revient. Par un temps calme ou par un vent très-faible, sa vitesse sera de iQ mètres par seconde, de 600 mètres par minutes, de 35 kilo- mètres par heure. Les provisions de charbon et d'eau suffiront à uti voyage de trois jours et de trois nuits ; c'est-à-dire pour parcourir detix fois la France dans sa plus grande longueur... » Une autre gloire trèS- pure de M. Giffard, c'est qu'il a,fait seul les frais énormes (plus d'un mit lion), de ses innombrables expériences* F. Moigno.

Assassinat des otages. Sixième conseil de guerre. Compte rendu in extenso des débats, par L.-P. Guénin, sténographe. In-18 jésus de 390 pages. À la librairie da Y Echo de h Sot bonne, 7, rue Guénégaud. 4872. Nous n'avons pas besoin d'insister sur le douloureux intérêt qu'excite et qu'excitera à jamais tout ce qui se lattath* à la journée néfaste du 24 mai 1871. Or, il existe sur le trop mêamaUb Avtaenofttdt cette journée de nombreuses relations j mais aucun* m saurait avoir une valeur comparable à celle d'un compte resdt» exact et complet des séances du conseil de guerre ont été jugés les assassins des nobles victimes. C'est ce compte rendu que ren-

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ferme le volume que nous avons sous les yeux, et, pour montrer à quel point il est exact et complet? nous nous bornerons à dire qu'il a pour auteur u& sténographe chargé de suivre ces débats, dont il présente tout simplement le compte rendu sténographié, sans que l'auteur se soit permis d'y jouter, d'y supprimer, d'y changer un seul mot. Cet ouvrage est dons, dans sa sévère simplicité, un document inappré- eiaWe pont l'étude d'un des plus terribles épisodes de notre histoire eesfetoporaiiie.

Nomenclature usuelle de 55© libres textiles, avec in- dication de leur provenance, leurs usages, etc., par *** (Bernardin), conservateur du Musée commercial-industriel et professeur du cours de marchandises à la maison deMelle-lez-Gand (Belgique); grand in-8°de

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374 LES MONDES.

80 pages. Gand , chez Annoot-Braeckman, 1872, - L'auteur de cet intéressant travail commence par établir qu'il existe uu nombre prodigieux de produits naturels dont l'industrie pourrait retirer de grands avantages et qu'on laisse complètement inutiles. Quelle est la cause de cet abandon? c L'ignorance, répond-il, ou l'inatten- tion. Le remède est donc facile à indiquer : Etudier, faire connaître les produits exotiques, attirer l'attention sur tous ceux de ces produits que l'industrie pourrait utiliser. C'est, poursuit-il, afin de contribuer ï'"'. pour une faible part à l'introduction de nouveaux produits, que je

publie cette notice ou nomenclature, à la quelle j'ai travaillé pendant de longues années. J'ose espérer que les industriels et les commerçants, aussi bien que les voyageurs et les consuls, y trouveront des rensei- gnements utiles. » Non-seulement nous partageons cette confiance de

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l'auteur, mais encore nous espérons que le prompt épuisement de la première édition de son travail le décidera à en publier une seconde, contenant quelques explications de plus, qui le mettront à la portée d'un bien plus grand nombre d'industriels, et par suite multiplieront les services qu'il peut et doit rendre.

*

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CORRESPONDANCES DES MONDES

M. Trêve, capitaine de vaisseau à Cannes, Applteatten du gyroMope et du pendule de Foucault 4 la navi- gation. — a Au mois de juin dernier, c'est-à-dire quelques jours après la lutte dans Paris, j'ai confié à notre célèbre ingénieur, M. E. Bourdon, mon projet d'utiliser son ingénieuse et si élégante petite machine barométrique en vue d'un très-rapide mouvement à donner à un tore un peu volumineux. M. Bourdon a bien voulu accepter cette idée, et l'expérimenter, mais les résultats n'ont pas répondu, jus- qu'à ce jour du moins, aux prévisions théoriques. Est-ce à dire qu'il faille déjà renoncer à un semblable système ? Je ne le croîs pas. M. Bréguet, l'un de nos savants les plus accessibles aux travailleurs, m'a déjà offert le concours d'une petite machine hydraulique que je suis bien curieux de voir à l'œuvre... Mais, pour cela, il faut d'abord que je recouvre ma santé !

J'ai voulu aussi me rendre compte de tout le parti que l'on pouvait tirer des théories de « Foucault. » Vous vous rappelez ôa belle expé- rience de la verge fixée au centre d'un tour qui met en évidence

LES MONDES 3T5

l'indépendance du plan d'oscillation de la verge, par rapport au mouvement de rotation du tour ; d'où, son incomparable démonstra- tion, du mouvement de la terre par le pendule, au « Panthéon, » sanc- tuaire bien digne de recevoir une aussi éclatante manifestation du génie humain.

Voici le projet que m'a suggéré l'étude de ce double mouvement.

Le tour sera le navire :

La verge ou tige sera fixée au centre d'un habitacle:

Donnez-lui un mouvement d'oscillation dans le plan du méridien ; ce mouvement, on le sait, restera indépendant de toutes les évolutions du navire, de tous les caps qu'il pourra prendre.

Reste à entretenir ce mouvement oscillatoire et, pour cela, il faut faire intervenir l'action de l'électricité sous la forme de deux petits électro- aimants fixés sur le diamètre d'une rose des vents suspendue par en haut. Au mois de juin dernier, j'ai soumis ces vues à mon aimable ami M. Dumoulin-Froment, le gendre et l'habile successeur de M* Froment, qui m'a promis de les examiner de très-près.

Pas moins que lui, je ne me dissimule toutes les difficultés pra- tiques que comporte l'éxecution d'un pareil procédé, mais elles ne me troublent pas, parce qu'on en a résolu de plus grandes, et encore parce qu'il y a toujours à acquérir dans ces sortes de luttes. »

M. Ed. Soymié, à Etel. Gyroscope transformé en ins- trument de réflexion. «A chaque extrémité de Taxe je place un miroir plan perpendiculaire à l'axe et de telle sorte que la surface réfléchissante soit extérieure à l'instrument. Chaque miroir est un cercle pour éviter tout changement dans le centre de gravité du gyroscope.

Voilà tout mon appareil.

Remarquez maintenant que Taxe du gyroscope est sensiblement dans l'axe du monde et que chacune de ses extrémités, au lieu de percer la voûte céleste à une étoile quelconque (comme veut bien le dire M. A. Ledieu (dans votre dernier numéro) que je n'ai pas l'hon- neur de connaître), rencontre la voûte céleste aux deux pôles. Donc avec le gyroscope à réflexion on observera aussi bien la déclinaison qu'avec l'étoile polaire.

Pour cela, prenant un compas de relèvement, on se placera à peu près dans le méridien passant par le gyroscope et l'on tournera l'ali- dade de façon à faire coïncider le fil de l'alidade avec son image sur le miroir tournant dans le plan de l'équateur.

Que la- mer soit grosse ou belle, l'observation sera aussi rigoureuse qu'avec la polaire. En effet9les oscillations du navire feront que l'image

376 LES MONDES

ne se produira pas toujours au même point du miroir; mais peu im- porte, l'œil et le fil étant dans un plan sensiblement verlical (ou du moins aussi sensiblement vertical que pour le relèvement de la polaire) et perpendiculaire à Téquateur, seront dans le méridien. »

Notre jeune ami n'ignore qu'une chose, c'est que le gyroscope, quand il doit tourner avec une vitesse extrême, est un instrument de précision d'un prix énorme et très- difficile à manier.

M. DfeiR*, professeur à Melkks-Gand. Questions. « Ad- mettant comme démontrée l'existence dans la mer de courants à diverses profondeurs et dans des directions différentes, je demande à connaître les causes qui déterminent :

Les courants qui vont des pôles à l'équateur et vict-versa \

Les courants de la surface, dans les bas-fonds et dans les couches intermédiaires ;

Les mouvements, les uns gyratoires, et les autres obliques ;

Enfin, tes courants qui passent de la surface vers le fond, et des fonds vers ia surface. »

Le R. P. Frédéric Fauva, à Manille. aiétéorof raphe du

R. P. Secchl. « Je suis heureux de pouvoir vous envoyer quel- ques exemplaires des courbes météorograpliiques que j'ai, pu obtenir avec le météorographe du P. Secchi. Il y a déjà deux ans et demi qu'il fonctionne dans notre observatoire de l'athénée municipal de Manille.

Les échantillons que je vous envoie se trouvent réduits au 1/9 de la superficie de ceux que donne le météorographe. Nous avons déduit les courbes de tension et d'humidité de celles qu'on obtient avec le carré qui fait son mouvement en deux jours, pour que l'on puisse les comparer avec celles du carré décadique. »

Ces résultats sont vraiment merveilleux, et Ton est confondu de voir réalisé dans les lies Philippines, aux antipodes, un progrès considérable que l'on ne voit pae encore poindre à Paris.

M. Edmond Martin, à Paris. Emploi de l'air comprimé dans lWro*tatlo*. a Je m'étonoe que M. Dupuy de Lôme n'ait pas cru devoir utiliser la grande compressibilité des gaz pour em- magasiner, au liâu de le perdre, l'hydrogène dont il gonfle son ballon.

Afin de compenser les dégonflements causés par l'ouverture des soupapes, M. Dupuy de Lôme a imaginé un ballonet ou ballon in- térieur — dan* lequel il injecte de l'air au moyen d'une pompe. Ne serait-il pas plus simple, au moyen de cette même pompe, de soutirer

LES MONDES 377

l'hydrogène du ballon et de le conserver, sous un volume très- limité, dans un récipient adhérent à la nacelle ?

Cette modification permettrait à l'aéronaute de diminuer ou d'aug- menter le volume du ballon et, par conséquent, d'opérer des descentes ou des ascensions successives sans perte ni renouvellement de gaz.

Cette propriété, d'ailleurs, qu'ont les gaz de se réduire considérable- ment de volume a déjà été mise en pratique avec quelque avantage ; c'est maintenant, je crois, et plus que jamais l'occasion d'en faire une sérieuse et plus complète application. »

M. Taouvé, à Parti. Fixation de» vibration» «onore»,

« Le» Éludes sur les vibrations moléculaires du mercure et des liqmdss en général f par M. Barthélémy, que vous avez publiées dans les Mondes du 4 janvier 1872, m'ont vivement intéressé. Je vous sou- mets, sous toutes réserves, l'idée quelles m'ont suggéré : Ne serait-il pas possible d'obtenir un cliché direct de la surface liquide en vibra- tion? Le mercure étant très-dense, il continuerait à vibrer sous une couche minée de cire ou de toute autre substance appliquée à chaud, qui, en se solidifiant, pourrait conserver l'empreinte de la déformation de la surface du liquide vibrant. Peut-être obtiendrait-on un meilleur résultat en soumettant directement aux vibrations un métal en fusion? Je vous soumets cette hypothèse, sous toutes réserves; car je n'ai ni le temps de faire ces expériences ni les diapasons nécessaires à cette étude, n

M. Pichault, ingénieur à Seraing. Fait »i«f ailer de

tatioM. Je me trouvais, un jour, dans un wagon de chemin de fer, sur la ligne de Tour» à Paris, près de Blois, si ma mémoire est fidMe, à côté d'un sous-officier de dragons, qui rejoignait son corps. Mon compagnon emportait, avee hii, un sac d'équipement, sur lequel était liée une paire de bottes, munie do se» éperons. Chemin faisant il arriva que, par hasard, l'une des bottes se mit dans sa poûlion nor- male, la semelle dirigée suivant l'axe de la voie* Vous savez que pour le voyageur, qui fournit une longue course, tout es* sujet de distrac- tion. Mes regards tombèrent sur la botte et sur l'éperon, dont la pro- preté et le brillant faisaient d'abord honneur aux habitudes d'ordre du régiment. Pendant que je me livrais à des réflexions d'un genre tel que peut en inspirer une paire de bottes, et dont je crois devoir vous faire grâce, je remarquai que la molette do rèperttt tournait sur son axe, lentement, ftftfe d'dne matière continue. Comme il n'y avait pas à cette rotation de raison d'être bien apparente, j'en fus frappé et me

378 LES MONDES.

mis à examiner, de plus près, ce phénomène physique ou mécanique. Je priai le sous-officier de dragons me confier sa botte; ce qu'il fit avec la meilleure grâce du monde, quoi que ma demande pût sembler avoir de singulier. L'éperon était à peu près neuf, en fer, ou en fonte malléable; la molette, bien en fer, je crois, tournait avec une grande facilité, et paraissait assez exactement centrée. Je remis la botte sur la banquette, la molette se mit à tourner comme auparavant en sens in- verse du mouvement des roues du wagon. Je crois bien me rappeler cette circonstance. Le train courait à peu près du sud au nord. Je retournai la botte, bout par bout, la semelle dirigée suivant Taxe de la voie, la molette tourna dans le même sens que la précédente fois. En tournant la semelle perpendiculairement à la voie, dans un sens ou dans l'autre, ou à peu près perpendiculairement, toute rotation cessait. Dès que la pointe de la semelle inclinait un peu à droite ou à gauche de cette es- pèce de position neutre, la molette se mettait à tourner, et à tourner toujours en sens inverse des roues du wagon. Le même phénomène se reproduisait, dans toutes ses phases, quand la botte était posée sur les genoux , quoique d'une manière moins nette que sur la banquette. Il cessait, au contraire, complètement, quand on tenait la botte suspendue en l'air par la main ; et la deuxième botte imitait en tous points la pre- mière, bien que sa molette fût un peu moins bien centrée ; ce qui lui faisait prendre un mouvement de rotation, non plus uniforme, mais périodiquement accéléré, puis retardé.

Tels sont les faits. Quelle en est la cause? Cette cause est «elle sim- plement d'ordre mécanique, la rotation de la terre ou des wagons, les vibrations, etc., ou faut-il faire intervenir une cause physique, l'élec- tricité, le magnétisme, etc.?

»

M. Charles Tellier, à Auteuil. A propoa d'âne aMefce.

Je passais il y a deux jours devant une affiche du Cirque, mon- trant deux singes exécutant des voltes de haute école.

L'imitation était curieuse et involontairement me vint celte pensée : que peut-être était un argument en faveur du système depuis long- temps émis, et préconisé en dernier lieu par Darwin, que l'homme n'était qu'un singe perfectionné, celui-ci n'étant lui-même que le pro- duit de successives modifications.

Mais, presque immédiatement aussi, mon esprit repoussa cette idée' et s'attacha à un autre ordre de suggestions.

Loin de voir dans cette imitation une analogie, un trait d'union ai- dant au classement de l'homme dans les espèces inconscientes, j'y vis au contraire un indice de sa suprématie sur tout ce qui respire.

LES MONDES. 37$

Cet indice, c'est que l'homme seul sait apprendre, puis instruire.

L'animal, qu'il soit le sioge de mon affiche, le chien savant, l'élé- phant docile, etc., etc., pourra exécuter des prodiges de soumission, d'adresse ; mais , quel qu'il soit , il ne saura les apprendre ni aux animaux de son espèce, ni à d'autres.

Seul, l'homme peut, non-seulement comprendre, mais apprendre à ses semblables, à ses inférieurs ce qu'il sait.

Instruire constitue donc une prérogative spéciale à l'homme et traçant entre lui et la brute une absolue démarcation.

Il y a donc une émanation spiritualiste, démontrant en lui l'exis- tence d'un principe qui n'existe pas dans les autres êtres de la créa- tion. C'est à ce titre qu'il m'a paru utile de faire ressortir cette consi- dération et d'en préciser l'importance au point de vue philosophique.

H. Charles Teluer. fabrication de la glace par la vaporisation de l'&ker vlnlque favorisée par an cou- rant d'air. Permettez-moi de revenir sur les avantages de mon nouveau procédé.

L'air comprimé, tel qu'il a été employé jnsqu'ici pour produire le froid, ne pourrait enlever que 1 calorie par 425 kilogram mè- tres, produits par sa dilatation, soit 635 calories, par force de che- val produite.

Mais il s'en faut de beaucoup que, pratiquement, ce rendement poisse être obtenu* Les transmissions de mouvement, les frotte- ments, pertes de calorique, enfin le haut degré de l'eau employée pour absorber le calorique dégagé, tout cela fait que le chiffre est réduit, dans la pratique, de moitié et parfois plus, suivant le degré de perfection des appareils assez nombreux qui ont été réalisés oa qu'il est possible d'établir.

Quand, au contraire, on fait passer l'air dilaté sur un bain d'é- \her, cet air se chargera des vapeurs de ce corps. Mais ces vapeurs n'ont pas pu se produire sans emprunter du calorique latent. Nous avons donc maintenant deux sources frigorifiques mises en jeu par la même action. Le calorique de dilatation de l'air; Le calo- rique latent des vapeurs générées par le passage de l'air, et ce der- nier résultat est si important qu'il peut doubler le rendement d'un appareil employant seulement l'air comprimé.

Pour se rendre compte de ce fait, il suffit de considérer qu'un mètre cube d'air peut se saturer de 465 grammes d'ôther; que ces vapeurs, pour se former, auront exigé 43 calories; que, par consé- quent, tandis que l'air seul en se dilatant produira, suivant une

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détente moyenne, l'absorption d'environ 35 calories, chargé d'ither il entraînera une quantité totale de 78 calories.

J'ajouterai que précisément, par la compression, tottt l'éther vaporisé se trouve liquéfié et que par conséquent sans opération chimique ultérieure, par le seul jeu de la machine employée, il est aisé de ramener à l'état liquide les vapeurs et, par conséquent, de rendre constante l'action que j 'indique.

Végétation extraordinaire. —M. Victor Chatel nous signale un fait qui aéra peut-être le point de départ d'une découverte impor- tante : « L'an dernier, une de mes vignes, cultivée dans une serre chauf- fée seulement pendant les grands froids, développa pendant l'été des jets d'une longueur inaccoutumée. Le pied de cette vigne, plantée à l'extérieur de la serre, dans le voisinage du fourneau de chauffage, «ê trouva recouvert alternativement, pendant l'hiver, d'un dépôt de -houille et de coke. Fayt-il attribuer cette végétation extraordinaire à la présence et à l'intervention du charbon, qui a pu soit absorber en plus grande quantité la chaleur solaire, soit ozoniser l'air qui pénètre dans le sol, soit fournir à la plante de l'acide carbonique naissant? Un autre fait me porterait à admettre cette influence mystérieuse dont on pourra peut-être tirer parti. Un abricotier dont le pied et le tronc étaient entourés, sur une hauteur d'un mètre, de gros morceaux de houille, a manifesté une végétation de vigueur tout à, fait anormale... Quoi qu'il en soit, ces deux faits m'ont amené à organiser des expé- riences comparatives sur un grand nombre de plantes potagères, de pleine terre et de châssis, sur des herbages, sur des semjs de blé, d'avoine, de seigle, de trèfle, etc., et je vous tiendrai au courant des résultats quelles me donneront. »

Nous avons reçu les observations de l'aurore boréale du 4 février,

qu'ont bien voulu nous adresser nos chers correspondants :MM. l'abbé Trébéden, professeur au petit séminaire de Nantes. F. Terby, docteur es sciences à Louvain; J. Pichaud, ingénieur à Seraing, etc., etc. Nous avons lu ces relations avec intérêt, mais on nous pardonnera de ne pas les publier ; parce que nous voyons quelque inconvénient à noyer les phénomènes dans une mer de détails bien difficiles à saisir et à concilier. Nous les résumerons en prenant de chaîne ce qu'elle contient de vraiment nouveau.

LES MONDES. 381

PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE

Importante de la déclivité dan» l'arborieftlture, •ystème Hoolbrenlt , par M. Duchesne - Touheau. Le malheur est bon à quelque chose; la gelée a compromis la plu- part de mes beaux cépages, à tel point qu'il y a urgence de les couper. Je vous enverrai donc l'un de ces jours un colis, résumé des spéci- mens magnifiques, pouvant servir d'études aux amateurs , et que vous étalerez, si bon vous semble, dans votre cour; et, au grand ébahisse- ment de ceux qui croient et veulent que mes cultures soient mortelles, je leur fournirai la preuve du contraire.

Mais, avant d'entrer en matière, permettez-moi de vous reporter à ce qui se passait il y a dix ans : jamais, à aucune époque, le monde agricole n'avait été surexcité à un plus haut degré ; quelle pouvait donc être la cause de cet émoi?

Tout simplement un homme, un paysan, arrivé des contrées qu'ar- rose le Danube, affichait hautement la prétention, non-seulement d'a- méliorer et modifier nos cultures, mais de les bouleverser de fond en comble, et, grâce à des procédés nouveaux, d'augmenter dans des pro- portions incalculables, inouïes, la production de la terre; par suite, la richesse de la France.

Naturellement chacun s'empresse et veut savoir en quoi consiste le procédé qui procure ce maximum de production inconnu, exagéré, semble-t-il.

Quel n'est pas l'étonnement , l'ébahissement des amateurs; pour obtenir ces résultats si prodigieux, il suffit tout simplement d'incliner les rameaux des arbres, ou de la vigne, sur une pente, ou déclivité rectiligne, qui peut varier sans inconvénient, de 15 à 20 centimètres par mètre d'allongement du rameau.

C'est tout le secret, tout le système est là. A première vue, avant d'avoir expérimenté et de s'être rendu compte, sinon physiologi- quement, mais au moins par les résultats, il faut avouer que bon nombre de personnes, ne comprenant pas toute l'importance du degré d'inclinaison, furent tentées de ne voir qu'une chose insignifiante, voire même une mystification.

Or, comme dans ce bas monde il n'est pas possible de proclamer une vérité et d'introduire un [progrès sans se trouver en face de gens qui ont une position à défendre, et qui ne se laissent pas dépasser et

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382 LES MONDÉS.

encore moins détrôner sans résistance, on devine l'accueil qui atten- dait Hooîbrenck et sa, méthode auprès des hommes qui émargent aux caisses de l'Etat, ou dont fortune, l'avenir, etc., reposent sur la vente d'un livre , et, en un mot^; sur la conservation des choses

, Du reste, Hooîbrenck, ne dissimulant peut-être pas assez son tut, affichait la prétention de faire table rase'de tous les procédés eut ture viticole et arboricole en usage jusqu'à ce jour. * Il n'en fallait pas tant pour déchaîner contre lui tout le ban cf l'ar* rièré ban de ceux qui, de près ou de loin , touchent à la viticulture et à l'horticulture.

Et il était d'autant plus facile de battre en brèche lui et sa Méthode, que, pour le commun des martyrs , le ployage ou plutôt la mise en déclivité, formant la base de son système, diffère assez peu, comme je l'ai dit tout à l'heure , des procédés de ployage généralement appli- qués, pour que la simple nuance qui la distingue soit considérée comme insignifiante.

Aussi ses concurrents n'eurent-ils pas de peine à lui créer de graves embarras et à soulever contre lui une opposition des plus acharnées; si habilement dissimulée, d'ailleurs, sous des apparences de rondeur et de bonne foi, que tout le monde s'y laissa prendre, jusqu'à vous- même, monsieur le Directeur qui, n'ayant d'autre aspiration que celle de vulgariser le progrès, aviez si parfaitement pris le change, que voué étiez à cent lieues de supposer qu'il existât, sous la calotte des cieux, un pionnier obscur autant qu'intrépide et assez téméraire pour oser prendre en mams une cause complètement perdue en apparence , mais donnant les prodigieux résultats que vous avez constatés.

Loin donc de regretter mon labeur obstiné, je me félicite au con- traire de ma persistance, ne fut-ce que par le motif qu'elle m'a suscité un généreux défenseur.

Mais, revenant au fait principal, je tranche dans le vif pair une dé- monstration saisissante qui, mieux que tous mes dires et assertions, prouve d'abord combien est puissante l'influence de la déclivité, et établit non moins victorieusement ce fait : que Vhomme ignore jus- qu'à quel degré il peut commander aux végétaux.

Voyez, en effet, dans la planche ci-contre, jusqu'à quelles extrêmes limites j'ai, de par ma volonté, relégué, transporté l'axe médullaire du végétal, dont uDe coupe transversale est soumise à votre examen.

Comment ce phénomène si accentué s'est-il produit? Par le seul fait de l'inclinaison de l'arbre, à quelques centimètres au-dessous de la ligne horizontale.

LES MONDES*

Et je vous prie de ôroln qut M n'est point un spécimen isolé , accidentel, Je possède toute Une eollaction de blocs et d'études du même genre, empruntés a des arbres de diverses espèces et grosseurs, ebei lesquels, au gré de mon caprice, je déplace et transporte l'axe médullaire, sur tel point que bon me semble. Quelle est donc, la culture, si «avanie qu'elle toit, dont on puisse attendre des résultats sem- blables et démontrant aussi énergiquement la puissance de l'homme sur tas végétaux?

Or, vous dirai-Jft,vquand on réalise à plaisir de pareilles traoafqr- matioBs, est-il donc étonnant que l'on puisse demander et obtenir a son gré du végétal un effort dans un autre sens, dans le sens de la fructification, du développement ligneux, «te

Comme je tiens essentiellement a convaincre vos lecteurs, permettez- moi de relater une expérimentation qui peut-être établit mieux encore que le degré de déclivité n'est pas, à beaucoup près, une chose aussi oiseuse que les professeurs veulent bien le prétendre.

Lorsqu'un jardinier dresse un espalier, ou contre-espalier avec deux tiges s'élevant parallèlement, il est bien rare que l'une de ces tiges ne soit pas plus vigoureuse que l'autre. Alors, que fait le jardinier? Il tnaline quelque peu la branche la plus forte, tandis que l'autre, la plus faible, est laissée dans la position verticale.

Il arrive alors que la branche faible sembla profiter smla de tout l'afflux de sève, grandir, se développer démesurément, tandis que celle précédemment la plus forte, sais que l'on. * limpletowt incMnée, sur ce Miel fait se trouve comme déshéritée et paralysée dans sa

croissance, et la preuve, c'est qu'il suffit de la ramener à la position verticale pour qu'elle reprenne son essor et sa vigueur première.

D'où il résulte ce fait positif et particulièrement intéressant, que toute branche ou tige semble perdre et perd, eu effet, quelque peu et même beaucoup de sa puissance végétative, selon qu'elle est plus ou moins inclinée:

Or, ici, je semble être en contradiction avec moi-même, puisque, d'une part, je prétends et affirme, avec Booïbrenck, que la mise en déclivité d'une tige, ou branche, détermine un afflux de sève consi- dérable, et que, d'autre part, j'avoue ici que le simple dérangement de sa position verticale atténue savégëtation.

Hais loin d'être en contradiction avec moi-même, comme on serait tenté de le supposer, si je me pince volontairement dans cette condi- tion ambiguë, ce n'est que pour rendre plus palpable et plus tan- gible la loi découverte par Hoolbrenck; loi qui n'a été comprise par personne jusqu'à ce jour, si ce n'est par l'auteur, et encore n'avait-il pas réussi à l'expliquer.

Voici donc, d'après moi, ce qui aurait lieu : Toute branche, tige ou ramille de vigne ou d'arbre, déplacée de sa ligne verticale et in- clinée à tel degré que ce soit, jusques et y compris la ligne horizontale, a ptrdu de sa vigueur par le fait de cette déviation.

Tandis qu'au contraire, la même branche, ou tige, amenée, inclinée au-deuoui de la ligne horizontale, acquiert par cette inclinaison une puissance inconnue, d'autant plus considérable que sa position

LES MONDES. 385

est plus exactement rectiligne, et qui à elle seule provoque le développe- ment de tous les bourgeons par suite d'une énormité de feuillages dont l'ampleur et l'épaisseur diffèrent essentiellement des feuillages provenant d'une tige verticale. Une preuve concluante, s'il en fut ja* mais, de la supériorité de la pente rectiligne sur la position horizon- tale, c'est que, dans le premier cas, la récolte de fruits est pour ainsi dire illimitée, si le terrain est suffisamment fertile, et les bourgeons se développent en presque totalité quelle que soit la longueur du rameau, tandis qu'à la ligne horizontale il faut raccourcir énormément la branche et se restreindre à une production très-modérée.

Quant au rameau dont la courbure serait en forme d'arc, comme le pratiquent les vignerons, il a un immense désavantage sur la posi- tion rectiligne déclive, en ce que les seuls bourgeons qui occupent le sommet de l'arc se développent follement, et toujours au détriment des autres, qui restent à l'état latent, ne contribuant en rien à l'émis- sion des feuillages ni des fruits.

Je ne crois pas avoir trop longuement insisté sur ces divers détails, que bon nombre de vos lecteurs n'avaient sûrement jamais soup- çonnés, et que ceux ayant mission d'éclairer le public s'étaient bien gardé de leur expliquer, car ils sont la clef de toute une doctrine inédite, et près de laquelle toutes les autres théories ne donnent que de bien pâles résultats.

Maintenant je ne peux me dispenser d'expliquer les causes qui semblent déterminer une affluence de sève aussi considérable dans les rameaux inclinés au-dessous de la ligne horizontale.

Toutes les expérimentations auxquelles je me suis livré semblent confirmer que l'effet qui se produit dans ce cas est identiquement le même que dans le syphon.

Et ce qui le confirme, c'est de laisser la parole au végétal, qui tranche la question beaucoup plus sûrement que tous les dire, discus- sions et controverses auxquelles et moi et d'autres pourrions nous livrer.

Parmi les végétaux de nos contrées, je n'en connais pas dont la fibre lacrymale épanche autant de liquide . que la vigne. J'ai donc ex- ploité cette tendance, et voici comment :

Dans une rangée de vignes, de même âge, analogues comme plant, et dans un sol aussi uniforme que possible, j'ai choisi quatre cépages de force égale, auxquels j'ai conservé un seul rameau, autant que possible de même grosseur et longueur.

Sur chaque cépage le rameau conservé occupait une position dif- férente, l'un vertical, l'autre oblique, un autre horizontal, et un der- nier sur la position déclive.

386 LES MONDES.

Lorsque le mouvement de sève fut bien prononcé* j'opérai le même jour et à longueur égale la section des tiges ; la vigne* provoquée par cette section* laissa couler une quantité de sève, que je recueillis aveo grand soin et en van dos, pour éviter toute déperdition.

Rien, ce me semble, ne pouvait être plus concluant qu'une expé- rimentation de oe genre soigneusement faite, et il advint que, selon mes prévisions, la branche déclive avait distillé infiniment plus d'eau que celles occupant tout autre position,

C'est une expérience que chacun peut tenter, si bon lui .'semble, et que j'ai plusieurs fois renouvelée, toujours obtenant le même ré*

sultat* J.DUGBEôNE TflOUREAU.

[La suite prochainement.)

SCIENCE EN BELGIQUE

SÉANCES DE L'àGAJ>ÉMIE DES SCIENCES DE BRUXELLES, NOVEMBRE 1871

PhénoMièuM périodique* * iVof» de Jf> De Borrê. -* M. A. Oe Borre a fiait accompagner ces observation! dete remar* ques suivantes : « Je crois que les entomologistes et général** , merit tous les naturalistes devraient se préoccuper béaoeoup fins qu'ils tie le font de la question des dates et de toutes les autrte questions statistiques qui se rattachent à la vie annuelle de* êtres* Ainsi, foute espèce annuelle a une période ; cette période devrait être étudiée de manière à ett déduire le potot maimhui* qoaiH a* nombre d'individus, point à trouver dans l'intervalle qui êépare la première observation de dernière que Ton a faite de ftspèce pendant l'année. Parmi les insectes, il est beaucoup d'espèeus <p*i vivent plusieurs années à l'état de larves et qui, alors, ne se Mon- trent pas tous les ans à l'état parfait avec la même abondtoeo, comme lé» hannetons ; l'étude statistique de ce phénomène pério- dique ert ôtitcfre iiàportàlite. D'autres espèces, au contraire , se montrent deux fois par an ; il y attirait à étudier quels rapporte ta ' peut établir entre les deux générations hivernale on estivale et automnale, tant pour les datée que pour l'abondance des fndf» viduô...*

ro»to»«urle*1p*HaMMfte»ta de tente en !£••> par

M. Autes Pflttsft (Hnpyi* ûe M. ML «vetolc*. ) «—

LES MONDES,

387

Depuis vingt à trente ans, je suis avec l'attention la plus grande les nombreux travaux que fait M. Perrey pour rassembler tous les documents relatifs aux tremblements de terre. Ce phénomène re- marquable n'a commencé à être étudié, avec suite et ténacité, 'sur les divers points du globe, que depuis l'impression régulière des documents, dont l'Académie de Bruxelles a accueilli la publication. J'ai suivi avec le plus vif intérêt ces observations, pour étudier les relations qu'elles pourraient avoir avec les étoiles filantes et les météores en général.

Ces notes se font entièrement par les soins et aux frais d'un mo- deste professeur de sciences; et j'ai toujours pensé que notre Aca- démie se rendait utile à la science, en aidant un ëavant aussi actif et aussi désintéressé à produire le résultat de ses pénibles travaux : je demande donc à la classe de vouloir bien encore con- tinuer son concours en votant leur publication dans le recueil des mémoires in-8°.»

Note sur le roulement des rouleaux et des roues sur un plan d'appui ; par M. J. De Tilly. ( Rapport de

M, Stelehen. ) « Dans la première partie de sa note, M. De Tilly fraite de l'équilibre d'un rouleau pesant, posé sur un plan d'appui horizontal, dans le but d'établir quelques notions prélimi- naires à la question de la seconde partie : le mobile étant d'abord avec une simple vitesse de translation, quelles sont les forces qui agissent à un instant quelconque, et quelles sont les di- verses phases du mouvement?

L'auteur discute quelques questions particulières avec plus de succès que je n'avais pu le faire dans mon eswi ; j'y af^Mf * . en effet, rencontré une difficulté qui n'existe pas, dès qu'on part du principe évident que le frottement est toujours opposé an sens de la plus grande vitesse du point de contact mobile avee to plan d'appui.

Quand on corps pesant homogène roule sar un plan d'appui horteontal, la pression dynamique est la même que la presasicm étatique, car la résultante des réactions âlnërtie tangenfieltes et des forces centrifuges est constamment nulle. C'est pour avoir omis involontairement la considération des forces d'inertie tangen- tieiles que j'ai été amené à admettre d'abord une diminution de pression.

Sans sortir de la question, on parvient aisément & prouver, dans le cas de o> constant, que la résultante totale dés force d'iner-

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tie est nulle, on que la résultante centrifuge est nulle, ou que la résultante centrifuge est égale et directement opposée à celle des forces d'inertie tangentielles; il suffit d'examiner la force d'inertie d'une molécule dm placée à une distance quelconque de Taxe du solide, et celle d'une masse dm dm, placée aune distance égale et contraire; les force de dm et de dm' sont égales et directement opposées, ce qui donne la propriété énoncée.

M. De Tilly présume que quantité Z ou A doit croître avec la vitesse du mouvement : moyennant les observations de M. Fèvre, faites sur les amplitudes d'oscillation d'un cylindre roulant sur des courbes en bois, j'ai reconnu que la quantité A augmente, en effet, sensiblement avec la moyenne vitesse d'oscillation ou avec l'écart initial.

Dans la seconde partie, l'auteur traite de la théorie mécanique des voitures à un et à deux trains, et me semble tenir compte de toutes les circonstances de la question plus exactement qu'on n'avait pu le faire jusqu'à ce jour. Il y avait défaut de précision dans la manière de concevoir le prpblème; ce qui provenait sur- tout de ce qu'on ne mettait pas en évidence le rôle de la réaction horizontale du sol contre les roues. '

INDUSTRIE

SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT. SÉANCES DE JANVIER ET DE FÉVRIER.

Impét mur le tel pour 1m produits chimiques.

M. Lamy fait un rapport sur une lettre de M. Kulhmann, président du syndicat des fabriques de produits chimiques, demandant le concours de la Société à l'appui de la réclamation que présente ce syndicat con- tre le droit de 40 francs par 400 kilog., qu'on propose de faire peset sur le sel destiné aux fabriques de produits chimiques. Les conclu- sions de ce rapport sont que les comités des arts chimiques et du com- merce, pénétrés du devoir qui incombe à la Société d'encouragement, de soutenir et de défendre les intérêts de l'industrie nationale, surtout dans les circonstances si difficiles le pays a besoin du concours de tous les dévouements et de toutes les lumières, sont d'avis qu'il y a lieu de prendre en considération les observations et la demande for- mulées par H. Kuhimann, et d'appeler l'attention de M. le Ministre

LES MONDES. 389

des finances et de MM. les Membres de l'Assemblée nationale sur les inconvénients et les dangers que la Société trouve à l'établissement d'un impôt de 10 francs par 100 kilog. sur le sel qui sert de matière première à la plus importante de nos industries chimiques. Approba- tion et remerciements.

Parachute* de* mine*. M. Haton fait un rapport sur un parachute pour puits de mines, qui a été présenté à la Société par M. Jacquet aîné, constructeur de machines, à Arras. Après avoir décrit l'appareil de M. Jacquet aîné et l'avoir comparé aux combinai- sons analogues qui avaient déjà été mises à exécution, telles que celle de M* Fontaine et autres, le rapporteur fait remarquer les avantages spéciaux que présente ce parachute, qui lui ont valu d'être employé, depuis quelques années, dans plusieurs mines, à Lens, Bezenet, etc., il a déjà prévenu de nombreux accidents. Approbation et remer- ciements.

Instrumenta de précision. Niveaux. M. de laGournerie fait un rapport sur les niveaux de diverses formes et les niveaux de pente, dits clitographes, que M. Lefebrre, constructeur d'instruments de précision, rue Saint-Antoine, 495, a présentés à la sofeiété. Le rap- porteur fait remarquer les soins que le constructeur a pris pour que ses instruments fussent adaptés à toutes le circonstances de la construction des machines ou des bâtiments, à l'ajustage des pièces des machines et aux autres usages auxquel ils sont destinés. Grâce à ces prévisions, ces niveaux sont maintenant extrêmement répandus dans les ateliers ; ils rendent, chaque jour, des services réels. Ses clitographes, ou niveaux de pente parlants, montrent la pente des lignes à vérifier, au moyen d'une division suivant la tangente qui est gravée sur un arc circulaire, ce qui simplifie plusieurs opérations. Une alidade à pinnules, conve- nablement placée, permet de faire des mesures d'altitude et de pente à de petites distances. Approbation et remerciements.

Appareil à, eau de Seltz. M. Bouilhet (H.) fait un rap- port sur un appareil pour la préparation de l'eau de Seltz, fabriqué par M. Maldinet, rue Saint- Anastase, 12. Cet appareil est fondé sur le même principe que celui qui a été inventé, il y a plus de 25 ans, par M. Briet. La modification faite par M. Maldinet consiste dans le remplacement, par une vanne percée de petits trous, du tuyau régulateur qui mettait les deux compartiments du vase en relation, et qui réglait le niveau de l'eau dans le vase supérieur. , Pour faire fonctionner l'appareil de

*

390 LES MONDES.

M. Maldinet, après avoir rempli d'eau la carafe supérieure, avoir mis les sels dans le réservoir inférieur, et vissé les deux vases dans leur position définitive, il 6ufût de tirer le bouton qui ouvre la vanne pour faire descendre dans le vase inférieur la quantité d'eau qui est nécessaire à la réaction, et de refermer ensuite cette vanne. Le gaz qui 6e dégage passe sans difficulté par les trous de la vanne, et sature l'eau du vase supérieur en la traversant, tandis que l'eau supérieure ne peut pas en- vahir le vase inférieur.

Le comité des arts économiques propose de remercier M. Maldinet de la communication qu'il a faite à la Société* .

Ces conclusions sont adoptées par le Conseil.

Chaudière* à vapeur , flotteur avertisseur. M> Le-

coauvre fait un rapport sur le flotteur avertisseur de M. Gillet, quai de Jemmapes, 248. Outre l'aiguille mobile indiquant le niveau de l'eau et le sifflet avertisseur qui annonce le danger, M. Gillet a muni son flot- teur d'un appareil qui arrête le moteur lui-même, quand le niveau de l'eau est trop baa ou trop haut» L'application de flotteur à des ma- chines à vapeur d'une grande puissance présenterait peut-être quel- ques difficultés, à cause de l'adhérence des tiroirs contre les surfaces fixes qui les supportent, et il serait peut-être nécessaire en ce cas d'em- ployer un tiroir équilibré. Cette application ne pourrait peut-être pas être faite non plus aux chaudières dont le flotteur est déjà employé à faire mouvoir plusieurs organes, comme des robinets de vapeur pour diminuer la combustion, les registres des cheminées, etc. Sous le bé- néfice de ces réserves, approbation et remerciements.

fréta jM»ur rfaeutlna de fer. M. Baude lit, au nom du comité des arts mécaniques, un rapport sur le frein articulé de M. Stil- mant pour enrayer les trains de chemin de fer. C'est le coin qui est le mode de transmission dont M. Stilmant se sert pour communiquer aux sabots la force développée par le garde-frein pour enrayer les roues, cette puissance est transmise, par des articulations diverses, à des coins qui la reportent sur deux pièces de fer suspendues au châssis et qui les écartent lorsque le frein doit agir. Ces pièces sont assemblées avec une bielle qui fait, dès lors, presser le sabot contre la jante des roues du wagon. Le frein de M. Stilmant peut développer une pression de 8 000 kilogrammes sur chacune des roues. Son action est aussi rapide qu'on puisse le désirer et est continue. Il n'a pas le défaut qu'on re- marque dans quelques-uns des freins ordinaires qui, en agissant par le poijis du mécanisme abandonné à lui-même! enrayent trop brusque-

LES MONDES, 391

meut et causent un choc sur la roue, d'où résulte un tressaillement du wagon, par lequel l'adhérence de la roue sur le œil est considérable- ment diminuée* Les pressions sont bien réparties, transmises par de larges surfaces, et elles ne tendent pas, eomme dans les freins ordi- naires, à produire une torsion sur l'arbre horizontal et à diminuer, par là, l'efficacité de l'appareil en en déformant les pièces; aussi a*t-on re- marqué que le frein- Stilmant rentre rarement aux ateliers de répara- tion. Ces avantages ont d'abord été constatés au chemin de fer de l'Est, puis reconnus par les autres compagnies, et maintenant il y s* sur les divers chemins de fer, plus de 3 500 appareils de ce genre qui fonction* nent d'une manière satisfaisante* Ces freins, qui coûtent 4 fr. iO par kilogramme» pèsent 750 kilog. pour le tender et 450 kilog. pour les wagons ou fourgons. Des freins à main, construits d'après les mêmes principes, pesant 180 kilog. pour 2 sabots ou 90 kilog. pour un seul sabot, ont été placés sur les trains de marchandises et y font un très- bon usage. Le comité des arts mécaniques estime que le frein de M. Stilmant constitue un véritable progrès dans l'exploitation des che- mins de fer ; il propose, en conséquence, de remercier l'inventeur de son intéressante communication. Approbation et remerciements*

tte^e 4e brouette en fer. H. Baude lit, au nom du comité des arts mécaniques, un rapport sur les roues de brouettes en fer que M. Marché a présentées à la Société. Ces roues, par un heureux em- ploi du fer forf é et de la fonte, ne sont guère plus lourdes* ni guère plus chères* que les roues en bois; leur assemblage a une grande soli- dité et leur durée est beaucoup phis considérable que celle des roues ordinaires. Le service municipal de la ville de Paris en a fait l'essai, et les agents qui «a ont surveillé l'emploi paraissent s'en louer beau- coup. Approbation et remerciements à l'auteur.

Gabarit plastique. M. Homberg lit, au nom du comité des arts mécaniques, un rapport sur un gabarit ou calibre plastique que M. Rjégel, carrossier, avenue d'Eylau, 16. à Paris, a présenté à l'exa- men de la Société. Cet instrument, qui sert à prendre, sur l'épure, la forme des courbes à placer sur les panneaux ou autres pièces de la car- rosserie, et à les transporter sur ces pièces sans éprouver de déforma» mation dans le transport, se compose d'un grand ressort d'acier por- tant, sur l'une de ses faces, des appendices en cuivre, frottant l'un sur l'autre, et munis de vis de pression qui permettent de les rendre rigides dans la position qu'on a donnée au ressort le long de la courbe do l'é- pure ; ces vis de pression immobilisent ainsi le ressort dans la forme

392 LES MONDES.

qui résulte de cette courbe et le rendent propre à la transporter sur les pièces à façonner. Une plus grande étendue des surfaces frottantes sou- mises à l'action des vis de pression améliorerait probablement encore l'instrument en augmentant sa plasticité, et rendrait son emploi plus commode et plus étendu. Le comité a trouvé le principe de l'appareil de M. Riégel ingénieux et susceptible d'applications utiles. Approba- tion et remerciements.

Halles non oiccatlve» et siccative». M. Barrai Ht, au nom du comité des arts chimiques, un rapport sur un mémoire pré- senté par M. le docteur Sacc , professeur à l'université de Neuchâtel (Suisse), contenant des expériences sur l'action que l'acide nitrique et la soude caustique exercent sur les huiles non siccatives et siccatives.

Ce travail fournit une grande quantité de faits précis et bien étudiés.

Pour l'acide nitrique, les huiles non siccatives donnent les résultats suivants : l'huile d'olive prend l'aspect du suif; l'huile d'amandes dou- ces ne s'oxyde pas sensiblement; l'huile de ricin se change, en totalité, en acide oxalfque; l'huile de coton fournit une espèce de cire.

Les huiles siccatives : l'huile de chènevis se change, presque en en- tier, en acide subérique ; celle de noix donne une espèce de suif; celle de poisson ne donne pas d'acide subérique, mais un corps gras solide ; les huiles de pavot et de lin ont une ressemblance évidente.

Pour la soude caustique, l'huile de ricin est la seule qui se solidifie immédiatement ; les huiles de coton et de noix restent limpides ; celles de colza, lin, amandes, pavots, sésame, arachide et baleine s'émulsion- nent, et celles d'olive, de chènevis et de poisson se prennent en masse butyreuse.

Ces renseignements, qui peuvent servir à faire distinguer les diverses espèces d'huiles les unes des autres, sont très-intéressants pour les sa- vants et pour les industriels. Le comité propose de remercier M. Sacc de son intéressante communication.

Produit des chemin* de fer pour l'Etat. -7- M. Baude, vice-président de la Société, donne communication au conseil d'un ta- bleau dans lequel sont résumées les recettes que l'Etat a perçues, en 1870, sur les chemins de fer des six grandes compagnies françaises, soit en impôts versés en numéraire par les compagnies, soit en économies réalisées par suite de services gratuits ou à prix réduit sur divers trans- ports d'intérêt public imposés par le cahier des charges.

Les résultats de ce tableau, qui est détaillé par nature des frais et par compagnie de chemins de fer, peuvent être résumés en total ainsi qu'il

LES MONDES. % 393

suit, en se bornant à citer ce qui est relatif à l'ensemble des chemins de 1er.

Les impôts divers perçus sur les chemins de fer et sur les valeurs émises par les compagnies s'élèvent, en 4870, à la somme de 56 493 798 ff.

Le économies réalisées par l'Etat pour le trans- port gratuit des dépêches, des agents des contribu- tions; pour le transport, à prix réduit, des militai- res, du matériel de guerre, des matières pour l'ad- ministration des finances, des télégraphes et pour les prisonniers, sont de 4 44 260 484 fr.

Produit total pour l'Etat 200 454 282 fr.

Si Ton se rappelle que l'Etat à engagé, dans la construction des che- mins de fer, en travaux en nature, subventions et garanties d'intérêts, une somme d'environ 4 300 000 000 f r.

On trouve, en définitive, que le fisc à retiré en 1870 un intérêt

de 45 1/2 pour 400

des fonds qu'il a engagés dans cette opération, et les détails du tableau montrent que, si ce chiffre est réduit, dans les années suivantes, par la diminution des transports militaires , il demeurera encore à un taux élevé, constituant toujours ce qu'on peut appeler, en termes du com- merce, un bon placement.

Enfin la longueur totale des chemins de fer, qui est en exploitation, est de 46 084 kilom.

Le profit de l'Etat par kilomètre est de 42 464 fr.

Si Ton veut se rendre compte des profits réalisés par les autres inté- ressés, on trouve que les compagnies ont dépensé pour la construction

des chemins de fer 6 500 000 000 fr.

Les produits nets de l'exploitation ont été de. . . 386 000 000 fr.

L'intérêt du capital émis a donc été de 5 fr. 95 pour 400 seulement.

fourneau à gaz pour petit atelier. M. Debray présente à la Société, de la part de M. Wiesneg, place de 4a Sorbonne, à Paris, les perfectionnements que cet artiste a faits aux fourneaux à gaz de M. Perrot. Il a réduit beaucoup les dimensions de l'appareil. Le gaz passe d'abord dans un réservoir horizontal qu'il traverse en aspirant l'air atmosphérique par trois orifices ; et leur ouverture est réglée, à volonté, par une petite plaque tournante. De le gaz est conduit sous

394. LES MONDES.

le creuset par six tubes partant du réservoir, dirigés non pas sur le centre de l'appareil, mais d'une manière excentrique, pour donner à la flamme un mouvement rotatoire autour du creuset qui est léché par elle dans toutes ses parties. Elle se termine à un dôme qui surmonte le creuset, et les gaz de la combustion, avant de se rendre dans la che- minée, circulent ensuite entre l'enveloppe intérieure eh terre réfrac- tai re qui est placée autour du creuset, et l'enveloppe extérieure de l'ap- pareil, laquelle n'a pas plus de 25 centimètres de diamètre.

M. Wiesneg, par cette installation ingénieuse du fourneau, a pu donner ainsi les moyens de fondre 500 grammes de cuivre, de fonte ou d'autres métaux plus fusibles dans un espace très-limité et à peu de frais, car l'appareil entier ne coûte que 70 francs, et peut faire partie de l'outillage d'un grand nombre de petites industriel. Ces fourneaux sont déjà très-recherchés pour cet usage.

Affinage de l'or* M. Debray donne connaissance à la 8o+ ciété d'un procédé pour l'affinage de l'or, qui a rendu dernièrement des services assez importants dans une circonstance particulière se trouvaient les hôtels des monnaies de France et d'Angleterre. L'or te* nant de l'Australie est ordinairement mélangé de divers métaux» L'af- ' finage ordinaire suffit, en général, pour le purifier, mais il est arrivé dernièrement que de l'or presque pur ne fournissait, après avpir été convenablement traité, que des monnaies cassantes, friables comme une brique mal cuite. Les opérations antérieures ne donnaient tueua avertissement, la ionte, le laminage, le découpage en flans se paawtent comme à l'ordinaire, et le flan était ductile K solide et sonçrç; mai*, après le coup de balancier, la pièce produite était friable et désagré- gée. Les recherches faites à cette occasion ont montré que cette singu- lière propriété tenait à une très-petite quantité, bien moins qu'au mil- lième quelquefois, de divers métaux, parmi lesquels le plomb parait être celui qui a le plus d'action. Les quantités de cet alliage étaient, d'ail- leurs, considérables'; en Angleterre, 23 000 kilog. d'or avaient été re- jetés déjà comme impropres à la fabrication des monnaies ; la banque de France en possédait pour 25 millions de francg, et les frais pour sou- mettre cette masse à un affinage régulier auraient été très-élevés.

C'est alors qu'on a pensé, en Angleterre , à faire passer un courant de chlore gazeux sur le métal fondu et recouvert d'une couche de bo- rax comme à l'ordinaire. Le chlorure d'or ne pouvant pas se formel cette haute température, à laquelle il se décomposerait au contraire, les antres métaux sont chlorurés et en peu d'instants l'affinage est com- plet. Les parcelles d'argent qui pourraient s'y trouver ne sont pas per-

LES MONDES. 398

dues, parce que ee chlorure se dissout dans le borax qui sert de cou- verte à l'or fondu.

Inftammablltté de* Halle» de pétrole. M. Cramer (Emile), ingénieur civil, rue Saint-Lazare, 46, soumet à l'examen de la Société un petit appareil pour mesurer la température à laquelle une huile de pétrole donnée doit s'enflammer. Une mèche allumée, à ren- trée d'une capacité qui contient un peu de pétrole et qui admet l'abcès facile de l'air, détermine, par conductibilité, la vaporisation du liquide et la formation d'un mélange explosif. Ce mélange s'échauffe, prend feu et produit une petite détonation autour de la mèche, tandis qu'un thermomètre plongé dans cet espace fait connaître la température qui a déterminé l'explosion, (Arts économiques.)

Moulage* en fer et elment. M. Paliard lit, au nom du co- mité des arts mécaniques, un rapport sur les vases et constructions moulés en fer et ciment de M. Monier, jardinier-rocailleur, avenue Ulrich, 44. Après avoir décrit le procédé qu'emploie M. Monier pour faire des constructions diverses, vasques (Je fontaine, bassins, rivières, vases à fleur et d'ornement, cloisons, etc., moulées en ciment de Port- lând avec une âme en treillage de fer, le rapporteur fait l'historique de ce genre de constructions , dont le principe a été appliqué plusieurs fois. Il cite notamment le plafond du théâtre de l'Opéra-Comique à Pa- ris, qui a été formé d'après ce système, d'un treillage en fer enduit de plâtre, et qui a résisté , depuis plusieurs années, à des épreuves sé- rieuses ; il montre ainsi tout le parti qu'on peut tirer de ee procédé. Les applications qu'en a faites M. Monier semblent bien combinées, et elles paraissent remplir convenablement les conditions nécessaires pour le but qu'il s'était proposé. Elles fournissent, pour la décoration des jardins, des vases et constructions de formes très-diverses et d'une bonne exécution , à un prix très^modéré, et le comité pense qu'il y a lieu d'encourager leur emploi. Approbation et remerciements.

Gaffe de sauvetage. M. de Freminville présente au Conseil, au nom du comité des arts mécaniques, un rapport sur une gaffe de sauvetage qui a été présentée par M. Legrand (J.), fabricant de pro- duiti^ehimiques, au Havre. Cette gaffe est destinée à Becourir les per- sonnes qui seraient tombées d'un quai danô un bassin ou un canal ; ce qui constitue un accident très-fréquent, parce que lés quais ne peuvent pas avoir de parapets, et sont encombrés de cordages et d'appareils de toute nature. Elle est composée de manière à permettre d'accrocher le

396 LES MONDES.

noyé par ses vêtements, s'il a perdu connaissance, et, dans le cas con- traire, à lui fournir, par une traverse et des flotteurs, des moyens de s'accrocher et d'aider lui-même à son salut. Enfin, pour prévoir le cas le manche de la gaffe viendrait à casser par les efforts faits pendant le sauvetage, ce manche est doublé, dans toute sa longueur, d'un fil de cuivre essayé à une charge de 200 kilog., qui, sans augmenter beau- coup son poids, donne une sûreté complète contre tout événement de ce genre. M. Legrand a distribué à ses frais un grand nombre de ces gaffes au Havre et à Rouen ; elles ont rendu de grands services en opé- rant de nombreux sauvetages, et ont été adoptées par plusieurs cham- bres de commerce. Cet appareil, très-simple, est d'une utilité incontes- table ; l'auteur le livre gratuitement au public, et ne demande qu'à le faire connaître, pour que son usage se généralise. Approbation et re- merciements.

ASTRONOMIE

Conjonction de Jupiter et Uranui le S Jnln iSï*, par M. Camille Flammarion. Les planètes Uranus et Jupiter se rencontrent le 5 juin prochain au même point du ciel. C'est un phénomène astronomique doublement intéressant, tant au point de vue du calcul qu'au point de vue de l'observation. Les mouvements planétaires sont trop exactement connus aujourd'hui, il est vrai, pour que la constatation de l'instant du minimum de la distance puisse ap- porter aucune correction aux tables des deux planètes ; on doit l'es- pérer, sans contredit; mais la constatation n'en sera pas moins inté- ressante pour cela, et, tandis que les deux astres poseront dans le même champ de la lunette ou du télescope, la comparaison des diamètres, de l'éclat relatif , de la couleur, de l'aspect général des deux mondes lointains, pourra être faite avec avantage. Ces conditions de

, rapprochement sont fort rares.

Nul n'ignore (car lequel d'entre nous n'élève pas de temps en temps ses regards vers le ciel?) nul n'ignore que le brillant Jupiter trône depuis un an au-dessous des Gémeaux, et se trouvait au 1" janvier dernier tout à fait sur le prolongement de la flèche qui aurait été tirée de Castor àPollux. Il s'éloigne un peu vers la droite jusqu'au 15 mars, puis reviendra sur son chemin , se retrouvera, au 25 mai, juste sur la

ligne droite dont nous venons de parler, et continuera sa rétrograda-

LES MONDES.

397

tion vers Test, jusqu'à la fin de l'année, pour revenir vers l'ouest en janvier 1873. Dans ce mouvement, il passera au-dessus de Régulas le 29 octobre.

Uranus, dont le balancement annuel n'a qu'une amplitude 7 fois moindre, gravite dans cette région céleste depuis plusieurs années. Son mouvement est direct de janvier à avril, rétrograde d'avril à no- vembre, et redevient direct ensuite. C'est au mois de juin que Jupiter l'atteindra.

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Marche respective de Jupiter et Uranus dit 10 Avril *u 25 Juin Iffl

Figure! (1).

\\ ) Dans cette petite carte, la position d'Uranus est indiquée par les troi» point* surmontés d'un tint. 29

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398

LES MONDES.

La marche respective des deux planètes en avril, mai et juin, que donne notre première carte, montre leur position successive facile à reconnaître au premier coup d'œil en se repérant sur Castor et Pollux. Il est impossible de remarquer à l'œil nu Uranus, astre apparent de 6-7° grandeur, à moins de conditions de vue et de visibilité excep- tionnelles; mais une faible lunette, une simple jumelle, permet de le trouver.

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Marche des Jeu* planèles Je midi à minyit

h* 5 Juin

Figure 2,

Pour connaître l'instant précis de leur rapprochement et le mesurer, examinons la journée pendant laquelle il doit avoir lieu. C'est le 5 juin. Calculons les positions respectives des deux planètes pour cha- que heure de ce jour, de midi à minuit. Nous obtenons les nombres suivants :

LES MONDES.

*399

Atfoension droite.

Déclinaison .

Midi

8 h.

3 m.

59 s.

8 h,

» 4 m. 8 s.

20* 56' 46*

20°

57' 31"

4 h.

4

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9

41

30

2

3

9

36

29

3

5

10

31

27

4

7

10

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5

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11

19

25

6

11

11

13

23

7

13

12

7

22

8

15

12

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20

9

17

13

55 55

18

40

19

13

49

16

il

21

14

43

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14

Minuit

8h

4m

.23 s.

8 b.

4 m. 15 g.

20° 55 37

20'

'57 12

A 5 heures, la différence d'ascension droite entre les deux planètes n'est que de 2 secondes 9 et la différence en déclinaison n'est que de lf 6*.

A 6 heures, Jupiter passe par la même ascension droite qu'Uranus ; la différence des déclinaisons est de 1' 10".

En résolvant le triangle, on trouve que le minimum de la distance des deux planètes aura lieu à 5 h. 29 m. 53 s. A cet instant, la diffé- rence en ascension droite sera de 1 seconde, celle des' déclinaisons sera de 1' 8" et la distance des centres de i' 9* 8.

Le diamètre de Jupiter étant alors de 33*4, et celui d'Uranus de 3"8, on voit que du bord de Jupiter au disque d'Uranus, la distance ne sera que de 51'2 : une fois et demie environ la largeur de Jupiter seule- ment 1

Quel rapprochement ! Le premier satellite de Jupiter est éloigné du centre de Jupiter de 6 fois son demi-diamètre. Ainsi Ùraous se trouvera, en vertu des perspectives célestes, à une distance moindre que la dis- tance angulaire du demi-diamètre de l'orbite du premier satellite. On sait que le deuxième est à 9 fois 1/2 la même mesure, le 3" à plus de 15 fois, et le 4e à 27 fois le rayon du globe de Jupiter.

Les satellites circulant à peu près dans le plan de Péclîptique, et Uranus devant se trouver au-dessus du pôle de Jupiter, la belle planète se présentera dans le champ du télescope entourée de 5 satellites, dont 4, lui appartenant, planeront à l'est et à l'ouest, tandis qu'Uranus bril- lera au nord. Il sera utile de comparer entre eux ces cinq astres et de constater de combien l'éclat d'Uranus dépassera le leur.

0

Flgutt S, DiMMoa «ppurente minimum des deux ditque» de Jupiter et Sntmtne. Eohelle de 1 millimètre de 1 waonds d'are.

A 5 heures et demie, le 5 juin, la lumière du jour s'opposera aux observations, de sorte que l'instant précis de la conjonction restera voilé par la lumière du jour pour le méridien de Paris. Le soleil ne se couchant qu'à 7 h. 56 m., et le crépuscule durant, ce jour là, 45 mi- nutes à Paris, on ne pourra commencer l'observation qu'à 8 h. 40 m., d'autant plus que Jupiter se trouvera alors précisément à l'occident. II se couchera lui-même à 10 h. 58 ni. On peut, par notre Beconde carte connaître la position relative des deux planètes à 9 heures du soir, au moment le plus favorable pour l'observation.

Ces conjonctions, ces grands rapprochements sont très-rares. Pour les calculer nous pouvons remarquer que la révolution de Jupiter autour du soleil étant de 4 332 jours, la planète revient tous les douze ans environ au même point du zodiaque, aprèe avoir fait le tour du ciel. En vertu du mouvement annuel de la Terre, cette routa dodécennale n'est pas droite d'ailleurs, mais formée de boucles entrelacées. Si

LES MONDES. 401

Uranus était immobile lui-même, Jupiter reviendrait donc tous les douze ans environ passer par la même heure d'ascension droite. Mais Uranus accomplit lui-même, dans 4e même sens, une révolution de 30686 jours, ou 84 ans. II en résulte qu'en douze ans, il s'est avancé du septième de son cours. Pour l'atteindre, Jupiter est obligé de s'avan- cer, par conséquent, du 7* de 4 332 jours, c'est-à-dire de 619 jours ou 20 mois et demi environ, avec une variation dépendante de la station et rétrogradation due au mouvement de la Terre. Ce n'est donc qu'au bout de treize ans, six mois, 24 jours, en moyenne, que les rencontres peuvent arriver. Mais, d'autre part, les trois orbites, de la Terre, de Jupiter et d'Uranus ne sont pas situées dans le même plan. Quoique ce soient les plus faibles du système planétaire, les inclinaisons de leurs plans sur l'écliptique sont de 18f40" pour Jupiter, et de 0°, 46'30", pour Uranus. Les déclinaisons des deux planètes varient indépendamment l'une de l%utre d'année en année, et elles peuvent être très-différentes lorsque les deux planètes passent par la même heure (f ascension droite.

Ainsi la dernière fois que ce passage s'est produit, en 4858, le 22 mai, par 3 h. 49 m. d'ascension droite, la différence de déclinaison n'est pas descendue au-dessous de 32*. En 4845, le calcul montre que la rencontre a eu lieu le 8 février par 0 h. 15 m. d'ascension droite, et que la différence des déclinaisons n'est pas descendue au-dessous de 26'.

Il faudrait sans doute remonter à plusieurs siècles pour rencontrer une conjonction absolue des deux astres, une occultation d'Uranus par Jupiter, et, dans tous les cas, elle n'aurait pas été observée, puisque la découverte d'Uranus ne date que de 1781.

Pingre, l'auteur de la Comêtographie, a calculé par approximation que la période qui ramènerait toutes les planètes en ligne droite (con- jonction générale) doit être évaluée à plus d'un million d'années. Il supposait qu'elles ont été créées dans cette situation, puis lancées cha- cune sur son orbite, et que la combinaison de leurs mouvements de translation ne reproduira le même fait qu'après cet immense intervalle de temps.

Vivons maintenant dans l'espérance d'avoir une belle soirée le 5 juin. Si des nuages assombrissent le ciel de France, que l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre ou l'Allemagne nous remplacent dans cette observation. Le plus important encore serait que l'observation puisse être faite en un lieu qui aurait la nuit lorsque le temps moyen de Paris ne compterait encore que 5 heures 1/2, comme, par exemple, à Bombay, Delhi, Calcutta, Canton ou Péking. Camille Flammarion,

402 LES MONDES.

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DCJ LUNDI 36 FÉVRIER 1872

Le compte rendu officiel de cette séance très-riche en communica- tions, sinon intéressantes du moins importantes, remplit 85 pages in-4», et nous avons à le réduire à quelques pages !

Sur l'invention de la méthode Balard, de conservation des vins par le chauffage, par M. Balard. C'est une réponse très-nette, très-vive, aux réclamations de M. de Vergnette-Lamotte, que M. Ba- lard s'efforce de battre surtout par ses propres armes, ses relations avec M. Pasteur et les lettres qu'il lui lui a écrites. Voici sa conclu- sion : « M. Pasteur n'a donc pas seulement le mérite que lui accorde

M. Thenard (le mérite de la théorie de la Conservation par la chaleur), il est réellement l'inventeur, le propagateur convaincu de la méthode de conservation des vins par la chaleur, et si notre pays, grâce à ces pratiques, voit la richesse publique s'augmenter par l'exportation de nos vins ordinaires, les plus altérables, d'un bas prix, et susceptibles d'être consommés par la partie la plus nombreuse des peuples qui ne cultivent pas la vigne, c'est à lui en toute justice qu'on doit en rap- porter l'honneur. »

M. Thenard ne revient pas sur la question de priorité : mais il rabaisse la valeur de la conservation par la chaleur et donne la préfé- rence à la conservation par congélation. « La congélation a pour but de concentrer le bouquet d'un vin qui en est doué ; mais qui, par des circonstances quelconques, est trop aqueux et simultanément peu acide ; elle ne s'applique ni aux vins communs, ni aux vins complets et de haute qualité... Le chauffage n'améliore pas un vin, et le dété- riore toujours dans une certaine mesure, mais il sauve d'une perte complète les vins trop peu solides pour se conserver spontanément... Sûr une bonne table on ne se servira jamais de vin chauffé ; à l'oc- casion, on se servira de vins congelés.

Sur l'hydrodynamique des cours d'eau, par M. de Saint- Venant. Le but de ce grand mémoire est de créer une théorie qui établisse des relations entre les vitesses individuelles aux points des sections et les pressions dont les composantes tangentielles à leurs faces sont les frottements intérieurs du fluide. L'auteur cite ce résultat cu- rieux de calcuï confirmé par les expériences de M. Poiseul : e Pour l'eau à 10 degrés, l'unité superficielle étant le mètre carré ei l'unité de

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LES MONDES. 403

poids étant le kilogramme, on trouve pour le coefficient de frottement la valeur sensiblement constante rfej , malgré la grande variété des vitesses des charges ou des pentes j motrices et aussi des diamètres, à la condition qu'ils seront plus petits qu'un millimètre. »

Sur l'application probable des symétries quadruple, dodécuple et Iridodécuple, c'est-à-dire des périodes de 90 jours, de 30 jours et de 10 jours, aux retours moyens des phénomènes électriques de r atmosphère } par M. Charles Sàlnte-Claire-Deville. L'auteur constate, par ses observations, que depuis deux ans presque aucune des échéances mensuelles, entre le 9 et le 46, ne s'est passée sans qu'on ait signalé des orages ou des aurores boréales; que sur 27 mois consécutifs, deux seulement, juin et décembre 1870, n'ont pas été signalés en Angleterre et dans une petite partie de l'Europe avoieinante par des phénomènes électriques. La période de 30 jours, ou dodécu- ple, lui semble démontrée, et il en serait presque de même'de la pé- riode de 10 jours ou trïdodécuple.

Théorème sur le spiral réglant des chronomètres, par M. Phil- nrs. Le savant académicien a déjà démontré ce premier théorème : a foutes les fois que la forme d'un spiral est telle qu'il n'existe, pen- dant le mouvement, aucune prebsion contre Taxe du balancier, il arrive que, pendant le mouvement, le centre de gravité de ce spiral est constamment sur l'axe du balancier. » Il démontre aujourd'hui le théorème inverse : « Toutes les fois que la forme d'un spiral est telle que, pendant le mouvement, son centre de gravité soit constamment sur Taxe du balancier, il arrive que celui-ci n'éprouve , pendant le mouvement, aucune pression de la part du spiral. »

Sur V aurore boréale du 4 février et sur quelques nouveaux résuU tats d'analyse spectrale, par le R. P. Segchi. L'apparition prochaine de l'aurore fut signalée par d'énormes perturbations magnétiques, à 5 h. 47 m.. .. Le pôle des rayons a oscillé autour de la prolongation de l'aiguille d'inclinaison.*.. L'axe de symétrie de l'aurore n'était pas dans le méridien magnétique, mais du côté de Test. L'aiguille de déclinaison oscillait d'environ \ /2 degré à Test et à l'ouest; le barreau de la force horizontale était grandement troublé. Le spectre de la couronne était" très-vif; on voyait la raie jaune, 5 560 d'Àngstroëm, sur toutes les par- ties du ciel; une raie rouge, peut-être C, dans les colonnes rouges; des raies nombreuses dans les régions vives de l'air. Cette fois, comme presque toujours, l'aurore a précédé de quelques jours un changement de temps. Dans les jours qui ont précédé, l'activité solaire était très, grande ; le 3, la cbromosphère était comme formée de longs poils di- rigés régulièrement de l'équateur vers les pôles...

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404 LES MONDES.

Le R. P. Secchi a profilé de quelques belles soirées pour examiner de nouveau le spectre d'Uranus ; il y a retrouvé les trois bandes déjà signalées, dans le rouge, le jaune et le bleu ; cette dernière, comme l'ont vu MM. Vogel et Huggins, coïncide avec la raie f.

Jupiter, dans ces mêmes soirées, a présenté un aspect admirable : la bande équatoriale, d'une couleur rose très-prononcée, était parse- mée d'un grand nombre de nuages jaunâtres ; au-dessus et au-des- sous, il y avait un grand nombre de zones très-déliées. Dans la soirée du S, le troisième satellite se montrait presque noir, lorsqu'il passait sur le milieu de la planète, et notablement plus petit que son ombre.

M. Ch. Saih te- Claire- De ville présente la troisième année, 4870, des Nouvelle» météorologiques, recueil mensuel contenant les données météorologiques pour 61 stations de la France et de l'étran- ger, publié par le double concours de l'ObBervatoire météorologique contrai de Monteouris et la Société météorologique de France.

M. Airy, astronome royal d'Angleterre et président de la Société royale de Londres, est nommé associé étranger en remplacement de sir John Herschel, par 49 suffrages sur 5 1 votants ; les deux voix per- dues ont été données à M. Tehebicheff.

Dans un second scrutin, M. Agassiz est nommé associé étranger en remplacement de eir Rodenck Murchison, par 50 suffrages contre 1 1 donné à M. Bunsen.

Détermination des inclinaisons du plan de l'aile aux différents instants de sa révolution, par M. Marey. Par un mode d'expérimen- tation très-ingénieux, M. Marey est parvenu à construire deux courbes : la courbe des hauteurs de l'aile et la courbe de ses mouvements d'ar- rière en avant... De ces deux courbes réunies, il déduit une troisième, celle du parcours de l'aiie à chacune de ses révolutions, et arrive par une seconde expérience à déterminer l'inclinaison de l'aile à chacun des points de la troisième courbe. Celte inclinaison semble à première vue

exclusivement par la résistance de l'air ; elle croit, en effet, tesse de l'aile, et cesse avec cette descente même. Au bas de ; l'aile revient brusquement à son inclinaison normale, qui ron 30 degrés au-dessous de l'horizon, et remonte en abais- se son bord postérieur, ce qui fait qu'elle offre à l'air une e résistance.

l'emploi des courants secondaires pour accumuler ou 'rans- i effets de ta pile vollaïque, par M. Gastom Plante. Nous ailleurs le résumé de ce mémoire avec des figures dont s auront les prémices. - la taie brillante de couleur jaune-citron dans le spectre des

LES MONDES. 405

aurores boréales, par M. Piazzy Smyth. L'astronome royal affirme que cette raie existe toujours, qu'elle occupe toujours la même place, et coïncide avec la raie 5 579. (Le R# P. Secchi dit 5 560.)

Exposition sommaire d'une théorie géométrique de la cour- bure des surfaces, par M. Mannheim. Cette théorie a pour base le

* théorème suivant : « Lorsqu'une figure de forme invariable se déplace, en restant assujettie à quatre conditions, à un instant quelconque, les normales issues de tous les points de cette figure aux surfaces trajec- toires de ces points rencontrent deux mêmes droites : ces deux droites sont deux axes simultanés de rotation pour tous les déplacements qu'on peut faire subir à leur figure mobile. » *

Note sur quelques relations entre les quantités angulaires des polyèdres convexes, par M. Léon Salanne. L'auteur arrive à ce théorème très-général : a Dans tout polyèdre convexe, l'excès de la somme des dièdres sur la somme des angles solides est égale à l'excès du quadruple du nombre des faces sur 8. »

Détermination des caractéristiques des systèmes élémentaires de cubiques douées d'un point double, par M. Zeuthen.

Sur la théorie des roues hydrauliques ; théorie des roues à réaetion, par M. de Pambour.

Sur les forces électromotrices développées au contact des métaux et des liquides inactifs, par M. J.-M. Gaugain. Sa con- clusion est que le frottement contribue pour une part très-seusible au développement de la force motrice, manifestée dans les expériences ; que cette force, par conséquent, n'est pas due tout entière à une action chimique.

Les deux nouveaux isomères du bromure de propyline. Au bromure de propyline correspondent, quant à présent, les isomères suivants isolés : Brombydrate de propylène brome, bouillant à 120°, bromhytlrate de bromure d'allyle, bouillant de 162° à 164°; dibom- hydrate d'allylène bouillant à 114°.

Sur Viodure d'amidon, par H. Personne. L'auteur rappelle que dans le tome LXI des comptes rendus de l'Académie, il a énoncé avant M. Duclaux, le fait que : l'iodure d'amidon n'est pas une véri- table combinaison, mais bien a le produit de la fixation de l'iode sur l'amidon, de la même manière qu'une matière colorante est fixée sur un tissu ou sur le charbon animal, et qu'on devait regarder ce com- posé comme une teinture, une véritable laque. »

Recherches expérimentales sur l'influence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie, par M. P. Berp. Citons quelques-unes des conclusions de

406 LES MONDES.

l'auteur. L'influence du gaz oxygène ou acide carbonique sur l'écono- mie animale est en rapport direct avec la force élastique de ces gaz dans les atmosphères confinées respirent les animaux. Cette force élastique à son tour dépend de la proportion centésimale et de la pression manométrique... Les moineaux seront tués: par l'excès d'acide carbonique lorsque la force élastique de ce gaz dans l'air au récipient sera équivalente à celle de 25 centièmes environ dans un mé- lange gazeux à la pression normale ; 2* par défaut d'oxygène, lorsque la force élastique de ce gaz est de 3,5. Lorsque dans un air suroxygéné on porte la pression à 4 ou 5 atmosphères, l'oiseau commence à don- ner des signes de malaise. La pression de \ 5 atmosphères d'air cons- titue une limite extrême à laquelle des moineaux ne pourraient être soumis sans périr rapidement dans de violentes convulsions : Uoxy- gène, lorsque sa proportion dans le sang est augmentée d'une ma- nière notable, se comporte comme un poison et tue en déterminant des convulsions.

Recherches sur la respiration des poissons, par M. [N. Grevait. Citons quelques résultats d'expérience. Deux tanches ont absorbé 5ec,06 d'oxygène et ont exhalé 5<",3 d'acide carbonique pour chaque litre d'eau, et l'azote a été exhalé dans la proportion de i/4 4. Une tanche privée de vessie natatoire absorba tout l'oxygène, 7M,48 par litre d'eau respirée, exhala 40 centimètres cubes d'acide carbonique et n'absorba point d'azote. Les poissons jouissent de la propriété d'extraire l'oxygène combiné avec les globules sanguins ou avec l'hé- moglobine. Les globules rouges du sang de poisson peuvent enlever l'oxygène aux globules rouges ou à l'hémoglobine du sang d'un autre animal. Ce fait donne peut-être l'explication du mode de respiration du fœtus dans le placenta maternel.

Sur les modifications anmtomiques qui se produisent dans ta moelle épmiêre à la suite de V amputation d'un membre et de la sec» tion des nerfs de ce membre, par M. Vulhan. Ces modifications consistent essentiellement en une diminution en tous sens des dimen- sions de la moitié correspondante de la moelle dans cette région. Cette diminution des dimensions n'est pas due à une altération réelle de structure ; il s'agit d'une atrophie simple, due en grande partie à la diminution du diamètre des fibres nerveuses, qui des racines des nerfe viennent prendre place au milieu de ce centre nerveux.

Sur l'action combinée de la morphine et du chloroforme. Conclusions. On peut obtenir chez l'homme l'anesthésie beau- coup plus rapidement en combinent l'action du chloroforme et de la

te ; 9* cette anetfhfeie est de f\w longue durée, et peut sepr*-

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longer avec de faibles doses de chloroforme ; les risques d'accidents mortels sont ainsi écartés. La morphine s'emploie par injection sous- cutanée de chlorhydrate.

Sur ta nature essentielle des corpuscules organisés de l'atmo- sphère et sur la part qui leur revient dans les phénomènes de fermen- tation, par M. Bêcha». L'auteur formule et démontre les propo- sitions suivantes : les microzymas atmosphériques sont des ferments de même ordre que ceux de la craie ; les microzymas de la poussière des rues de Montpellier sont doués des mêmes propriétés que ceux de l'atmosphère et de la craie ; les microzymas du tuf calcaire de Cas- telnau,'près de Montpellier, sont fonctionnellement différents de ceux de la craie et de l'atmosphère ; l'influence des microzymas atmosphé- riques peut être réduite à zéro ; 5* l'influence des microzymas atmo- sphériques et d'une matière putrescible peut être réduite à zéro.

Sur V existence de la Bauxite à la Guyane française, par M. Sta- nislas Meunier. Ce minéral qui provient de la Pointe-du-Diamant, au Mabury, est vraiment constitué par l'hydrate d'alumine simplement coloré par l'oxyde de fer ; on poivra l'exploiter pour la fabrication de l'aluminium.

sur V aurore boréale du 4 février 4872, par M. Laussedat. La discussion d'un grand nombre d'observations conduit l'auteur à ces conclusions : les rayons blancs et les rayons rouges de l'aurore bo- réale forment une coupole dont le centre se déplace avec l'observateur; les rayons des colonnes convergentes sont les éléments des méri- diens magnétiques tracés, en quelque sorte, matériellement à travers l'atmosphère ils forment des strates probablement situés à des hau* teurs très-différentes ; le point de convergence étant purement fictif (c'est le point de fuite de la perspective sphérique), il ne saurait être question de chercher la parallaxe ; maw on peut et on doit déterminer la parallaxe de rayons nettement définis qui seraient visibles simulta- nément de deux stations ; 4* les déplacements pins ou moins brusques du point de convergence, les mouvements ondulatoires des rayons se trouvent expliqués ou du moins rattachés à la même cause que les changements de direction de l'aiguille aimantée, changements qui se trouvent en quelque sorte reflétés dans le ciel par les rayons de l'aurore

boréale dont la tendance est toujours de s'orienter parallèlement à l'ai-

«

guille aimantée.

Mémoire sur des fait* dont on peut déduire : une théorie des aurores boréales et australes, fondée sur l'existence de marées atmo- sphériques ; 2* TinductUm, h Vaide des aurores, de V existence d'es- saims d'astéroïdes à proximité du globe t&rrettre, par M. J. SilbbA-

408 LES MONDES.

mânn, Nous analyserons bientôt ce mémoire important. Les marées atmosphériques dont parle M. Silbermann sont les résultats des pas- sages des essaims d'astéroïdes, et c'est à cette cause toute cosmique que M. Silbermann attribue les aurores polaires. Il insiste sur ce fait que les aurores de jour sont aussi fréquentes que les aurores de nuit, et il invite les astronomes à les observer.

De remploi des greffes épidermiques pratiquées avec des lambeaux de peau de lapin pour la guérison des plaies rebelles. La conclusion est que la transplantation d un lambeau cutané du lapin sur une plaie ul- cérée ou difficile à guérir chez l'homme a donné de bons résultats.

Etude sur les embouchures du Nil et sur les changements qui se sont produits à ces embouchures pendant plusieurs siècles, par M. La- cousse, ingénieur hydrographe. A l'embouchure de Damiette, la pointe principale s'est avancée de 3 mètres environ par an dans les deux cents dernières années. A l'embouchure de Rosette, pendant la même période, l'avancement aurait été, de 1687 à 1800, de 10 mètres par an, et de plus de 35 mètres dans les soixante années qui ont suivi. Une étude attentive de Port-Saïd a amené M. Lacousse à considé- rer comme certain que l'issue du canal de Suez dans la Méditerranée pourra être maintenue à la profondeur nécessaire, sans que les frais d'entretien dépassent les proportions que de pareilles dépenses doivent toujours garder avec le prix des travaux de premier établisse- ment. Il estime qu'il est indispensable de prolonger chaque année les jetées d'une quantité égale à l'avancement général de la plage, avan- cement qui était primitivement de 60 mètres par an, et qui n'est plus que de 35 mètres.

Complément des dernières séances.

Des méthodes qui concourent à démontrer la stratigraphie des météorites ; par M. St. Meunier. Démontrer que des météorites de types divers ont été en relations stratigraphiques, c'est-à-dire dé- rivent d'un même gisement originel, c'est fournir à la science une no- tion dont l'importance m'a paru assez grande pour réclamer le plus grand nombre possible de preuves. Dès à présent, quatre méthodes, complètement indépendantes entre elles, concourent à cette même dé* monstration : L'étude lithologique des brèches polygéniques ; l'examen des passages minéralogiques entre divers types ; la con- statation de la coexistence, en fragments distincts, de divers types dans la même chute; la transformation de certains types en d'autres types.

LES MONDES. 409

Conclusion. Il résulte de chacune de ces quatre méthodes d'in- vestigation que des météorites de types divers proviennent d'un gisement, et par conséquent la notion de la Stratigraphie météorique peut être considérée comme définitivement acquise à la science, et par conséquent à l'astronomie physique. Car on ne saurait méconnaître le caractère astronomique de recherches qui tendent à démontrer l'an- cienne existence d'un astre aujourd'hui disparu, et qui s'efforcent d'en reconstituer les principaux éléments au moyen des débris que nous en avons.

Observations relatives à l'action des conjonctions écliptiques sur les éléments du magnétisme terrestre, par M. Diamilla Muller. « Le déplacement de l'aiguille pendant toute la durée de l'éclipsé a été, k Florence, de 3' 9", mais ce déplacement ne correspond pas au mo- ment de la totalité du phénomène solaire. Pendant le maximum de la phase, le déplacement n'était que de 0'54" par rapport à la position de l'aiguille au commencement de l'éclipsé. »

Etude morphologique des diverses espèces de levures alcooliques, par M. le Dr Engel, agrégé à la Faculté de médecine de Strasbourg. « J'ai eu le bonheur de trouver une méthode rapide, facile et cer- taine de faire fructifier les ferments alcooliques. Il en résulte que les ferments alcooliques constituent deux genres botaniques très-caracté- risés, dont je donnerai le diagnose plus bas.

Les ferments de fruits sont au nombre de quatre bien étudiés et de deux douteux ou imparfaitement observés. Ges ferments se trouvent presque toujours à la surface des fruits, et alors ils y restent à l'état de vie latente, sans se développer et sans végéter. Lorsque, au contraire, l'épiderme se fissure ou que la queue du fruit commence à se détacher, le ferment, ou ses spores , se met en contact avec le jus sucré du fruit'; alors le ferment végète et se reproduit, mais toujours sous la forme de ferment, jamais sous celle de moisissure, La fermentation alcoolique existe dans la nature, quoiqu'on l'ait nié. Tant qu'une cerise Montmo- rency (pour citer un exemple) est intacte, elle a une saveur particulière; lorsque la queue commence à s'en détacher ou que l'épiderme se tis- sure, la cerise non-seulement change de couleur, mais elle prend aussi un goût vineux, et son suc présente déjà un grand nombre de cellules de ferment.

Le ferment panaire est une espèce différente de la levure de bière.

Jamais je ne suis parvenu à faire germer les spores des ferments sur des substances végétales qui ne contiennent que peu ou pas de sucre; mais dès qu'elles sont en contact avec des liquides sucrés, elles germent en reproduisant le ferment.

410 LES MONDES.

-r- Observations relatives à une communication de M. Boussin- gault, sur une matière sucrée apparue sur les feuilles d'un tilleul, par M. Harting. a Une observation récente me permet d'affirmer que la miellée est produite par un puceron, YAphis tiliœ, vivant à la face inférieure des feuilles du tilleul, et laissant tomber ses excréments liquides sur la surface des feuilles sous-jacentes. Ces excréments con- tenaient uniquement du sucre de canne. Or, la manne de Liebfrauen- berg, comme la manne du Sinal analysée par M. Berthelot, renferma, avec le sucre de canne, du sucre de fruit et de la dextrinp. Donc, con- clut M. Boussingault, elle n'est par formée par les déjections des pu- cerons.

Recherches sur la composition des gaz qui $$ dégagent des fu- merolles de la solfatare de Pouzzoles, par IVi. S. de Luca.

« Il existe à la solfatare de Pouzzoles une grande fumerolle, connue sous le nom de Bouche de la soif atare , de laquelle s'échappent en grande quantité des gaz et des vapeurs, sous une forte pression* et dans lesquels, outre l'acide carbonique, l'hydrogène sulfuré, l'acide sulfu- reux et une grande proportion de vapeur d'eau démontrent la présence de composés de fer et d'ammoniaque et de traces de matières arseni- cales. Les gaz provenant de l'intérieur de la grande fumerolle, pris à une profondeur d'environ 3 mètres de son ouverture extérieure, sont complètement absorbés par une solution de potasse et ne contienpent par conséquent pas d'air atmosphérique. Dans l'intérieur de la grande fumerolle et sur ses parois extérieures, il ne se condense pas de soufre cristallisé, tandis que, sur les fumerolles secondaires qui sont à décou- vert et dans les grottes chaudes, on observe constamment cette conden- sation dans les points l'air arrive le plus facilement. Les émana- tions d'acide carbonique pur sont rares à la solfatare de Pouzzoles ; mais, dans les localités froides et plus rapprochées de la mer, et à une certaine profondeur du sol, il se dégage, le matin surtout, de fortes proportions de ce gaz.

M. Boussingault fait remarquer que la composition de l'émanation gazeuse des fumerolles de la solfatare est précisément celle des éma- nations gazeuses des volcans des Andes équatoriales. »

Observations, à propos d'une Note récente de M. de Seyn es, sur les microzymas, par M. A. Béchamp.

« M. J.-C. de Seynes, dit : Pour M. Béchamp, les bactéries ou les microzymas s'associent pour former une cellule; ce sont les travail- leuses chargées de tisser les cellules.

Jen'ai dit nulle part que *les bactéries ou Us microzymas s'associent pour former une cellule. J'ai distingué , au contraire , très-expressé-

LES MONDES. 414

ment, les circonstances dans lesquelles ces microzymas évoluent en bactéries, et celles ils sont facteurs de cellules.

Parmi les faits signalés à l'occasion de l'aurore boréale du 4 février, nous enregistrerons les suivants :

H. Tacchini, à Païenne, a constaté la présence d'un maximum de taches manifeste au moment de l'aurore boréale. Ko outre, les observations qu'il a faites le matin du 5 démontrent que toute la surface du soleil était dans des circonstances anormales. Le bord entier était couvert de belles flammes; vers le pôle nord, elles arrivaient à plus de 20 secondes, par un arc de 36 degrés à droite et à gauche, correspondant à une belle région du magnésium, qui, dans le bord occidental, s'étendait jusque près de l'équatcur. Dans cette partie, à 50 degrés du pôle, on observait une magnifi- que protubérance, qui s'élevait à 2' 40", et à partir de ce point, par un arc de 40 degrés, le bord présentait de nombreuses flam- mes brillantes; l'atmosphère était tout encombrée de petits filets lumineux, de points brillants, offrant une hauteur de 2 minutes.

M. Fron croit pouvoir énoncer les propositions suivantes : 4* Le développement des phénomènes auroraux est lié à l'ampleur du courant équatorial à la surface de l'Europe, et leur naissance tient à qne augmentation soudaine dans l'afflux d'électricité prove- nant des régions équatoriales. L'écoulement de cette électricité est favorisé par la présence des centres de dépresssion baromé- trique, et c'est autour d'eux et quelquefois à une grande distance que se produisent les manifestations électriques. Chacune des dépressions barométriques correspond à l'axe d'un mouvement tournant ou d'un cyclone existant dans l'espace, et c'est parallèle- ment 4 cet axe que se dardent les rayons auroraux. Les mauvais temps qui suivent souvent les aurores ne seraient autre chose que la conséquence ordinaire de l'arrivée des courant? équatoriaux et de la présence des dépressions barométriques. Enfin, le* aurores font donc partie essentielle de notre atmosphère, et doivent être considérées comme soumises aussi au double mouvement de rota- tion et de translation.

M. Breton, Ingénieur en chef à Grenoble, croit pouvoir affir- mer que l'intersection des deux plans visuels dans lesquels une colonne lumineuse remarquable de l'aurore a été vue de Grenoble et du Pont-de-CLaix, à 8 kilomètres environ de Grenoble, a ren. contré le méridien de Grenoble à 33 250 mètres au-dessus du niveau de Grenoble, ou à 33 460 mètres au-dessus de la mer, et à 47 800 mètres au sud de Grenoble.

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La partie de la ligne d'intersection des deux plans visuels, qui était visible de Grenoble, a une longueur de 82 kilomètres. L'illu- mination s'e9t propagée dans cette étendue en 5 ou 6 secondes, c'est-à-dire avec une vitesse de 14 à 15 kilomètres par seconde.

M. Diamilla Muller, à Milan, croit pouvoir admettre que la variation moyenne produite sur une aiguille aimantée par une aurore boréale a lieu en sens contraire de la marche séculaire de l'aiguille, c'est-à-dire que l'aiguille aimantée est repoussée vers l'est lorsque la déclinaison augmente annuellement, et vers l'ouest lorsque la déclinaison décroît.

Si l'aurore polaire, qui devrait être appelée aurore magnétique, n'était que la décharge lumineuse du fluide qui, de l'équateur aux pôles, forme la force dirigeante de l'aiguille aimantée, ses varia- tions anormales indiqueraient la cause du phénomène en une espèce d'agglomération de ce fluide aux pôles magnétiques qui, pour rétablir l'équilibre, se résoudrait en une décharge violente, et par conséquent lumineuse. »

Sur Vorigine des aurores polaires, par M. H. Tarry. On peut ranger en deux catégories bien distinctes les opinions qui ont été produites relativement à Torigii - cîrs aurores polaires: celles qui attribuent à ces phénomènes une cause atmosphérique, comme aux pluies de poussière ou de sang, et celles qui leur attribuent une cause cosmique, comme aux étoiles filantes et aux aréolithes.

L'état de Ja science semble assez avancé , surtout après les nombreuses observations auxquelles a donné lieu la belle aurore boréale du 4 février dernier, pour qu'on puisse, au contraire, affirmer que les auiores polaires sont dues à une cause cosmique.

Sa théorie fait remonter l'origine des aurores polaires aux grands bouleversements qui se produisent dans la photosphère. f*a fré- quence des apparitions aurorales, les variations de la déclinaison magnétique et l'abondance des taches solaires sont des phénomènes intimement connexes entre eux, manifestant la même période avec un maximum tous les dix ans.

M. Silbermann, des faits depuis longtemps observés par lui, déduit: une théorie des aurores boréales et australes, fondée sur l'existence de marées atmosphériques ; l'indication, à l'aide des aurores, de l'existence d'essaims d'étoiles filantes à proximité du globe terrestre. Nous reviendrons sur sa communication.

PARI*. TTÏ. WALDER. RUE BONAPARTE, 44.

■é

N* «■ 1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

—■Nous nageons depuis hier, 12 mars, dans un brouillard de matière cosmique qui remplit et obscurcit l'atmosphère, et répand une odeur désagréable. L'analyse spectrale de- l'étincelle électrique tirée au sein d'air atmosphérique actuel comprimé, ne montrerait-elle pas la raie caractéristique des aurores boréales.

Réaction. Le contre-coup de la victoire remportée par l'Alle- magne fut une protestation vive, presque insolente de quelques chi- mistes allemands contre la gloire déLavoiùer et de la chimie française. Dans son histoire de la chimie moderne, M. Wurtz n'avait pas hésité à dire : a La chimie est une science française; elle a été fondée par La- voisier d'immortelle mémoire» » Dans une brochure ou plutôt dans un pamphlet, que ses éditeurs eurent le front d'adresser à notre Académie des sciences en la sommant d en accuser la réception, M. Kolbe, pro- fesseur à l'Université de Leipzig, dénonça cette phrase au monde savant comme une outrecuidance dépassant de beaucoup toutes celles dont la France est si coutumière. Un autre chimiste allemand, M.Volhard, plus violent encore, aUajusqu'à déclarer que Lavoisier n'était pas même un chimiste> mais un simple fermier général. De la part de M. Kolbe, ce réquisitoire passionné était plus qu'une inconvenance, il était presque une ingratitude. En effet, peu de temps avant la guerre, M. Wurtz» dans son remarquable rapport sur les hautts pra- tiques des twiver&itis allevuinikéSj il ne ménageait pas son admi- ration pour la belle organisation de la science au delà du Rhin, avait presque donné la première place au laboratoire de H. Kolbe, à Leipzig, à coté d'Hofmann de Berlin ; ses plans étaient reproduits en détail et le maître n'y recevait que des éloges, M. Kolbe méritait donc un châ- timent : il l'a reçu.

Les attaques contre le fondateur de la chimie moderne ont amené une énergique protestation de- la Société chimique russe, qui compte beaucoup de membres d'origine allemande, et cette protestation a été accueillie par la Société chimique allemande de Berlin dont M. Kolbe est membre* Cet incident l'a conduit à offrir sa démission, qui a été acceptée, et à traiter d'écolier* dominants chimistes qui n'avaient cependant rien de françajg pour attirer sa colère. (Revue scientifique)*

OtaervateiM Mtl*ti*l. Un décret du Président de la Ré- publique, en (bote du & mars, reconstitue tes deux observatoires de Paris et Marseille.

N* !!• t. XXVII, H hmM 1*W. 30

414 LES MONDES.

Les travaux de l'observatoire de Paris comprennent : L'études des lois de r univers fondée sur l'observation continue et systématique des astres et le perfectionnement des méthodes d'après lesquelles s'opère cette observation ; 2* Les études de météorologie et de phy- sique du globe en France et à l'Etranger; la concentration, la discus- sion et la publicité des documents recueillis dans les diverses stations météorologiques françaises, ou par les soins des commissions dépar- tementales. La préparation des avis relatifs aux variations du temps expédiés chaque jour dans l'intérêt de la navigation et de l'agriculture.

Le personnel comprend : un directeur (15 000) ; quatre astronomes titulaires (9 000 fr.), dont trois sont attachés spécialement aux travaux astronomiques, et le quatrième (avec un supplément de traitement de 1 000 fr.) chargé de la direction de météorologie et de physique du globe ; , huit astronomes et physiciens adjoints , de première (5 500 fr.),de seconde (4 500 fr.) et de troisième classe (3 500 û\);un chef du bureau des calculs (5 500 fr.) ; des aides astronomes ou phy- siciens de première (2 500 fr.), de deuxième (2 000 fr.), et de troisième classe (1 500 fr.) ; des calculateurs ; un secrétaire agent comptable (5 000 fr.)

Tous les ans, l'observatoire est inspecté par une commission com- posée : des membres du bureau des longitudes qui ne font pas partie de l'établissement, de deux membres de l'Institut désignés par l'Aca- démie des sciences ; et de cinq personnes choisies par le Ministre dans les grand corps de l'Etat; cette commission se réunit à l'observatoire le premier mercredi du mois de mai; elle nomme son président et son secrétaire, visite l'établissement, entend les explications du directeur, et présente au Ministre un rapport détaillé sur le personnel, le maté- riel, l'état des travaux et des publications.

Le Directeur est nommé par le Gouvernement sur une double pré- sentation de deux candidats, par le bureau des Longitudes et l'Acadé- mie des sciences. Les astronomes titulaires sont nommés par le Gou- vernement, après avoir pris l'avis du bureau des Longitudes. Les astronomes ou physiciens adjoints sont nommés ou promus d'une classe à l'autre par le Ministre, après avis du bureau des Longitudes. Les aides astronomes ou physiciens sont nommés ou promus dans chaque classe par le Ministre, sur la proposition du Directeur. Le chef du bureau des calculs et le secrétaire agent de la comptabilité sont nommés par le Ministre, sur la proposition du Directeur. L'article 3 du décret mentionne parmi les devoirs du Directeur celui de faciliter les travaux personnels des savants astronomes et physiciens, et de leur prêter sfil y a lieu le secours de l observatoire.

Le personnel de l'observatoire de Marseille, tout à fait indépendant

LES MONDES: 415

de robservatoire de Paris, comprend un directeur (8 000 fr.); un as- tronome adjoint (3 500, 4 500 ou 5 400 fr., suivant qu'il appartient à la troisième, à la deuxième, ou à la première classe) ; deux aides- astronomes (1 500, 2 000 ou 2 500 frM suivant la classe).

Télégraphe de* Antilles. Les communications télégra- phiques sont ouvertes entre la Guadeloupe et l'Europe par New-Yorck.

Carte géologique de l'Angleterre. M. le professeur Ramsay a été élu directeur de la carte géologique d'Angleterre, en remplacement de sir Murchison..

Société* des Ingénieur* télégraphiâtes. Séanee Inau- gurale. — Cette société nouvelle, qui rivalisera bientôt sans doute avec la Société des ingénieurs civils de Londres, a tenu sa première séance à la fin de février sous la présidence d'un des grands maîtres et des plus puissants promoteurs de la télégraphie électrique, M. C.- William Siemens. Nous extrayons de son discours, que nous avons lu avec intérêt, le passage dans lequel il circonscrit le domaine de la nouvelle société.

« Les problèmes de la science électrique pure se dressent à chaque pas devant l'ingénieur télégraphiste. Les moyens d'épreuve de l'isole- ment des câbles, la détermination du point du câble sous -marin ou un défaut d'isolement s'est produit dans des circonstances très* variées, le moyen d'enregistrer les dépèches par la simple fluctuation de la tension électrique, sont des problèmes qui l'intéressent au plus haut degré, et qui sont en même temps du ressort des mathématiciens et des physiciens les plus profonds. D'un autre côté, il est à peine un problème de science électrique pure qui soit sans intérêt pratique pour l'ingénieur télégraphiste; et si nous considérons que l'électricité n'est représentée] actuellement par aucune Société savante, prenant rang à côté des Sociétés chimiques et astronomiques, je suis d'avis que toutes les questions d'électricité pure doivent faire partie essentielle de notre programme. Les phénomènes d'électrisation et de polarisa- tion, d'induction spécifique et de conduction ; les lois qui règlent les ondes électriques , l'influence de l'élévation de température sur la conduction ou sur la force potentielle résidant dans une bobine de fils de forme donnée traversée par un courant, sont des questions qui touchent d'aussi près les savants électriciens que la pratique journa- lière de l'ingénieur télégraphiste, et qui, à aucun titre, ne peuvent rester en dehors de nos études. Viennent ensuite par ordre : le choix des matériaux propres à assurer la conduction et l'isolation, les

416 LES MONDES.

meilleurs appareils d'utilisatiop des courants Cibles, les instrumente pour produire, alterner, renverser, diriger le* courants électrique instruments qui, quoique essentiellement liés à h science physique» mettent en jeu nécessairement des considérations et des oomhijtyisopp mécaniques, etc. Ceci nous amène aux questions d'ordre purement mé- canique, comme la coDstructiorrdes appareils pour l'enregistrement et l'impression des dépèches ; les modes de suspension et de protection des conducteurs sous-marins ou aériens ; la construction des machines pour la confection, la pose et la réparation des câbles sous-maring. Ces questions nous conduisent à leur tour à celles des modes plus gé- néraux de transport des matériaux à travers des contrées accidentées et inhospitalières, de navigation, delà recherche de la profondeur et de la nature du fond des mers, des effets des courants marins, et ainsi de suite. Je pourrais aller plus loin encore et comprendre dans notre programme les informations statistiques relatives à ta nature et à l'accroissement probable de la correspondance trlégraphique, sans lesquelles il est impossible de choisir le mode de construction des lignes et les instruments qui conviennent le mieu* à chaque cas par- ticulier. »

a Le télégraphe électrique, dit en terminant M. Siemens, est appli- cable avec les plus grands avantages positifs à la communication entre deux points situés à grande,distance l'un de l'autre* Grâce à son fonctionnement, New-York et Calcutta sont tout près de nous au point de vue du temps, et ne sont l'un et l'autre que des faubourgs de notre métropole. Il est même très-probabç qu'une dépêche envoyée d'un des faubourgs de Londres à l'autre exigerait plus de temps qu'une dé- pêche expédiée directement en Amérique ou dans les Indes, parce que le trajet à travers Londres exige des changements incessants de direc- tions. Cela est si vrai que Ton a déjà songé à remplacer, au moins en partie, dans les districts populeux, le télégraphe électrique par des tubes pneumatiques qui rendraient beaucoup plus rapide rechange des correspondances et du trafic dans les grandes cités* Cette ques- tion déjà soulevée rentre aussi dans nos attributions, s

Bonne nouvelle pour lee amateur* de Jardin** Ua

de mes savants amis, M. le docteur Alfred Smee, est entrasp de pu- blier sous ce titre : Mon jardin, un très-beau volume dans- lequel il donne la description complète de son jardin d'expérimentation de Beddington, comté de Surrey, avec les détails et résultats de ses expé- riences sur la culture des fleurs et des fruits ; le nombre de* fruits cultivés et étudiés par M. Smee comprend 700 espaces ou ge&nes* Son beau volume sera enrichi de 400 gravures sur bois*

i LES MONDES. 417

| iléeeavertea tmlie* m Jérugalem. Urte lettre, en date

du 10 février, dit : « Il semble probable que quelques nouvelles dé- couvertes et inscriptions sont sur le point d'être mises au jour. En outre de l'inscription grecque appartenant au temple (duplicata de celle de M. Ganneau), et de deux pierres Nabuthéennes, on a décou- vert des fragments d'un prisme basaltique, avec lettres et figures de deux inscriptions [phéniciennes; l'une de ces inscriptions contourne une peinture placée au centre.

Société de» Ingéniera»* allemand*, - Cette Société compte aujourd'hui 2 000 membres; son revenu annuel est de 50000 francs.

Lampe* à pétrole. Le journal,, de la Société des arts fait le plus grand éloge des lampes à pétrole de M. Silber, 56, Wood Street, Cfieapside, qui donnent saae peine et à volonté une lumière de 12 à 40 bougies, et qui sont applicables avec de grands avantages à l'éclai- rage des gares de chemins de fer ou des phares, et à la production des signaux. Une qualité incomparable de ces lampes, c'est qu'elles peuvent brûler alternativement de l'huile minérale ou les huiles végé- tales ordinaires, sans qu'il soit jamais nécessaire de couper les mèches.

I** Ittoé ration du Ml p** rtaspêt proportionnel ou* leo facture* irree projet de loi et commentaire» m l'appui, par M. Ch. Tbllibr. In -8°, 43 pages. Paris. Librairie Internationale* C'est une nouvelle brochure de notre [ami venue bien à propos, car nous savons de bonne source que Y impôt sur les fac- tures gagne du terrain, et qu'il a presque seul au moment présent les sympathies delà commission du budget. Le but principal de M. Tel- lier, cette fois, est de prouver que l'impôt sur les factures peut non- seulement combler le déficit du budget de 1871, mais encore amener dans un très-court délai, presque subitement, la libération du terri- toire. En effet, pour libérer le territoire il faut pouvoir contracter un emprunt de quatre milliards, et pour pouvoir contracter cet emprunt de quatre milliards, il suffit d'en assurer l'intérêt annuel, 200 mil- lions, et parce que). le déficit du budget est de 180 millions, c'est une gamme totale de 380 million» qu'il faut procurer au trésor. Or, et nous croyons à ses chiffres^ M. Tellier n'hésite pas à dresser le tableau suivant :

A \ fi pour cent l'impôt sur les facturée, produirait 500 milltobs.

l& i miHïard.

3j4 1 500 millions;

i ....... 2 milliards.

L

4ig LES MONDES.

Donc déjà à 1/4 pour cent, chiffre qui n'aurait rien de trop oné- reux, l'impôt sur les factures, en outre des 380 millions exigés par l'emprunt et la couverture du déficit du budget, donnerait 120 mil- lions, c'est-à-dire de quoi renoncer aux taxes peu productives, et par conséquent inopportunes, déjà votées, ou qui sont à l'étude; l'excédant, par exemple, de la taxe sur les lettres.

Dans ma conviction profonde, la France ressuscitera matériellement et financièrement le jour l'Assemblée nationale votera, à une grande majorité, le premier article du projet de loi de M. Tellier :

< TOUS IMPÔTS EXISTANT ACTUELLEMENT SONT SUPPRIMÉS ET REMPLACÉS PAR UNE TAXE UNIQUE DONT LE TAUX SERA FIXÉ CHAQUE ANNÉEPAR LA DÉLÉGATION NATIONALE. CETTE TAXE SERA APPLICABLE A TOUTES LES FAC- TURES, NÉGOCIATIONS, TRANSACTIONS, QUELLE QU'EN SOIT. LA NATURE, fi

Association française pour l'avancement des sciences.

Nous savions depuis longtemps qu'un groupe assez nombreux de savants français, MM. Balard, Berthelot, Briot, Broca, Claude Ber- nard, Combes, Cornu, Decaisne, Delaunay, Descloizeaux, de Luynes, Dumas, Friedel, P. Gervais, A. Girard, J. Huchette, Lacaze-Duthiers, Laugier, Levasseur, Loewy, Marié-Davy, G. Masson, Pasteur, Serret, Tisserand etj Wurtz, avaient résolu de fonder, à côté de l'Association scientifique de France, présidée par M. Le Verrier, une Société nou- velle dont le but serait aussi de favoriser par tous les moyens en son pouvoir les progrès des sciences, leurs applications pratiques, et la diffusion des connaissances scientifiques ; mais nous avons été surpris de trouver dans le journal anglais Nature de jeudi dernier les statuts de la Société. Son capital sera formé au moyen d'actions de 500 francs souscrites par les membres fondateurs ; elle commencera ses opéra- tions dès que les souscriptions auront atteint le chiffre de cent mille francs. Les associés non fondateurs paieront une cotisation de 20 fr. par an, dont ils pourront s'exonérer par un seul paiement de 200 fr. Les membres seraient partagés en quatre sections : 1" sciences mathé- matiques : mathématiques, astronomie, géodésie, mécanique, naviga- tion, génie civil ; 2e sciences chimiques et physiques : physique, chimie, météorologie et physique du globe; 3* sciences naturelles : zoologie, zootechnie, botanique, géologie et minéralogie; 4* sciences écono- miques : agronomie, ethnologie et géographie. »

Tout ce que nous pourrions dire sur ce projet serait prématuré ; bornons-nous à faire des vœux pour sa réussite, non cependant sans exprimer le regret que dans le domaine des sciences et du progrès, comme dans le domaine de la politique, le vent souffle trop vqrsla

LES MONDES. 419

division et l'annulation par conflit des forces mes de notre chère France. F. Moigno.

Ballon captif. Il y aura décidément à l'Exposition de Lyon un immense ballon captif, construit sur le même modèle que celui de l'Exposition de 1867. Les amateurs pourront donc faire une petite ex- cursion à 500 mètres d'altitude et contempler le riche panorama de Lyon et de ses environs et tout le cours du Rhône. Par un temps clair, la vue pourra s'étendre des Cévennes au Mont-Blanc.

Petite cause d'un grand effet. Il n'est pas rare de trouver parmi les pommiers plantés en plein air de pauvres arbres allanguis, tordus, rabougris, etc. Comment et pourquoi ces troncs disgraciés sont* ils condamnés à ne reprendre jamais leur élan primitif? M. Felizet, vétérinaire à Elbœuf, croit avoir trouvé le mot de cette énigme dans la rencontre suivante : Il vit un jour un vieux pépiniériste de village marquer, avant de les arracher, d'un coup de serpette chacun, de ses jeunes arbres du même côté ; il lui demanda pourquoi il agissait ainsi : « Monsieur, lui répondit le vieux Sachant ; si vous voulez réussir vos arbres dans la transplantation, conservez à vos entes leur soleil de pépinière, à vos greffes leur soleil df œilletons et d'anneaux. » Les efforts des arbres tordus et rabougris n'auraient pas d'autre but que de leur faire reprendre leur orientation primitive.

Conférence rurale. M. Victor Chatel continue son utile apostolat, et va traitant, dans les villages voisins de Valcongrain, de la culture hâtive des pommes de terre; de la culture des légumes en plein champ ; des meilleurs dispositions adonner aux fosses à fumier ; de la taille des arbres ; de la destruction des insectes, etc. Que de bonnes choses à dire sur tous ces sujets pour hâter le progrès, et occu- per utilement les esprits, en prenant sur le temps qui, hélas! partout, est donné le dimanche au cabaret, la grande place de la vie rurale, non* seulement en France, mais chez tous les peuples modernes, (Journal d'agriculture.) v

Prix proposé. Un prix sera décerné par la Société des agri- culteurs de France, en 1872, au meilleur ouvrage ou mémoire ayant pour objet '.d'établir, au point de vue de la production* agricole, les principes théoriques et pratiques de l'irrigation propres aux différentes contrées de la France. Voici quel devrait être le plan de ee travail :

Fixer autant que possible les principes théoriques de l'irrigation envisagée cçmme science agricole, en les basant tout à la fois sur

4M LE» MONDfB.

F étude Aetf ltils naturelles qui s'y rapportent et sur celte ées laite acquis;

Etablir d'une manière bien définie les règles sur lesquelles doi- vent s'appuyer les procédés de Fart ptatiqtie, et les justifie? tant par une analyse raisonnée que par les enseignements de l'expérience, comme aussi motiver convenablement toute! les différences qui peu- Vent résulter de la diversité des circonstances locales;

3e Enfin concilier ou expliquer les divergences d'appréciation qui peuvent se rencontre? encore entre des auteurs et entre des praticiens estimés sur les questions essentielles.

Le prix consistera en une somme de 2,000 francs et une médaille.

Un encouragement pourra être donné au mémoire qui aura obtenu le second rang.

Les mémoires manuscrits ou imprimés devront être remis au Secrétariat général de la Société, 43, rue du Bac, à Paris, avant le 1" janvier 4873.

Cltftt lacustre» Au lae de Sienne. Le gouvernement suisse avait résolu depuis longtemps de dessécher la très-longue éten- due de terrain entre le lao de Morat et le ktc de Biênne, Pour y par* venir, on avait jugé nécessaire l'abaisser le niveau de ee second lac, et pour cela de construire un canal de déversement de ses eaux dans le lac de Neufchâtel. Au commencement de cette année, les vannes furent ouvertes et les eaux du lac de Bienne s'écoulèrent dans le lac de Neuf- châtel. A mesure que le niveau baissait on apercevait de phis êk plus des pieux très*nombreux solidement enfoncés dans le lit du lac. On résolut alors de creuser le sol autour des pieux dans le but de feoheN cher des citée lacustree. Or ces fouilles ont amené la découverte d'un trèaMgrand nombre d'objets intéressants confiés jusqu'ici à la garde du docteur Gros* de Locrass: des morceaux de corde tressées avec; du chanvre, des vases, des cornes de oerf, des hachettes en pierre, des ustensiles de cuisson, etc. La plus précieuse de ces trouvailles est une hachette en néphrite, longue de seize centimètres, large de sept cen- timètres, la plus grande qui ait jamais été trouvée en Suisse. Les osse- ments extraits des fouilles ont été examinés par M. le docteur Uhlmann de Munich ; ce sont des os de cerf, de cheval, de bœuf, de sanglier, de cochon, de chèvre, de castor, de chien, de rat, avec un grand nombre d'os humains. [Nature).

AMtofe fc#*éMe du 4 tf**le#j * Elle a brillé de totrte sa magnificence députe le* frontières de la Russie jusque!] dans te PuncJjab (Indes orientale*) on Ta observée dans la nuit, de « fc. à M h. §(%

LBB MOADË& 4M

Haataajm»aaal«aeade laffrance, par M. de Saporta. Compte rendu par M. Albeet Gàïïdry. —a M. de Saporta commence son travail par t'px wep fes Alg**a U HOlU M ffiféîstance opi- niâtre (ce sont ses propres expressions) de plusieurs types d'Algues, Chondrites, Syphonites, Cancellophycus ; certaines formes du milieu du secondaire ont eu une grande ressemblance avec des •spèoé» du «Hariva et atee de» e*pèéé» tertidfre». Cette pefstetànce 4*» végétaux iafé»iilr» ne aaufait étartner «a stfvant edutrie II» de Saporta, qui a de» éonnaiséances étendues dans dive*9«» ,br»aeb£s la paléontologie, car il n'ignore pat que l'étude «tes loesile» a souvent fourni l'oédaaion d'observer que les animadx peu élaré» en organisation ont une longévité bien supérieure à otite des Quadf npèdas le» plu» pet feètionné»* On dirait que les êtres le» plue simples ait été moins délicats, moins susceptibles .d'être impressionnée par tes changement» géologique».

Aptes l'exeaae» de» Algues, M. de Saporta aborde celui dé» plantes terrestre». Sqnisétacées, Fougères, Conifère», Cyeadée», rare» Monotfotylédonés, Il cité pas de dicotylédones angiodpen» met. Le» plantes qu'il a observées lui iudfqaent que la France avait à l'époque jaressiqaeune iùoyenmf anfloellè de t$* C, e'es* à*dfte k peu près la même température qui existe aujourd'hui dans te» contrées tropicales, A en juger par les données actuelles, oa devrait croira qna la Végétation a été pauvre, monotone, conttpo- •ée presque partout d'essefcces coriace» ari feiriKage dur et maigre ; te» Cyeadées jurassiqae» étaient encore phfs petites que le» Cyea- $éa» actuelle»* La végétation semblerait à cet égard avoir tonné ail étrtuge centras!» «vee le monde arrivai. En effet, à répartie Meaitta, quand elle était hixririante, \éé Stres terrestres étalent çhétifs) de» Ineeêtee^ de» Scorpions, des MitleMpattes, des Reptile», en gtaérat de ptetite taille, troublaient seuÎ9 to dilentfé dé* vastes . totèt» bonifierez Ad contraire, à l'époque jtfassfqae, le monde Mimai avait cOnqui» sur tarre ferme une grande importance ; à laver K&, eaa ite voyait (14» encore des MamibifSres aùsfsi nombreux éf ausdf perfeettoanéa que ceux de Y époque tertiaire; maïs lés Ae£tiles é'étaient beanotfup développés ; tandis qfne de* fefltyt*- éaftifes, des Pté»iotoa*rfe$, des Tétéosatres régnaient dans les mefrsf, la» HéHdo»aure», le* Méfcâfiofrdttres régnaient snt les éérattoent». Fa«t4t peaae* tfue ée» prf»9a!fts Qtradrtfpéde» Mutent pont domai- nes les campagnes dont végétsrtloa étdK rrfté et débiter

> , l'H 1

m LES MONDES,

CORRESPONDANCES DES MONDES

M. le docteur Cirillo Ronzoni, professeur de physique au Lyeée royal cTAvila. Théorie du pendule de Voueault. Dans te 7 (5 février 1872) de votre très -accréditée revue hebdomadaire des sciences les Mondes j'ai lu avec plaisir comment M. J*-A. Serret, dans son mémoire sur ie pendule de Léon Foucault, lu dans la séance du lundi 29 janvier dernier de l'Académie des sciences, a fait usage des intégrales rigoureuses des équations du pendule conique. Dans la soin* tion, il s'agit d'assigner la vraie nature du mouvement du pendule simple en ayant égard au mouvement de rotation diurne de la Terre. Puisque déjà moi aussi, depuis l'année 1853, j'ai publié à Padoueun mémoire dont je vous prie d'accepter un exemplaire que vous recevrez par la poste, sur le même sujet, et dans lequel j'ai employé les équations du pendule conique (voir page 7), permettez que je vous parie briè- vement du procédé géométrique et analytique que j'ai suivi, et que je vous expose mes conclusions, qui en s'accordant avec celles de M. Serret, me paraissent suggérer quelque nouvelle expérience intéressante qu'on peut faire encore, je crois, avec le pendule de Foucault.

Au lieu de la méthode de la variation des arbitraires judicieusement appliquée par M. Serret dans son mémoire susdit, j'ai employé celle des axes mobiles, opportunément choisis, c'est-à-dire, précisément,que je rap- porte le mouvement du pendule à trois axes orthogonaux avec l'origine au centre de la Terre, et dont l'axe des * est dirigé selon la verticale du point de suspension du pendule, et les deux axes horizontaux des x et y tournent, avec un mouvement uniforme, autour de la même verticale dans le sens sud-ouest-nord-est, avec une vitesse angulaire exprimée par &>.sinL; w étant la vitesse angulaire absolue de la Terre par seconde autour de l'axe de rotation diurne, et L la latitude géographique du lieu d'observation. La quantité w.sinL, comme on le sait, est la composante, relative à la verticale, de la vitesse angulaire absolue de la Terre, en supposant que cette dernière vitesse soit décomposée, selon le principe de la décomposition des mouvements rotatoires, en deux, au* tour de deux axes perpendiculaires entre eux, dont l'un coïncide avec la verticale du point de suspension du pendule.

J'ajouterai comment j'ai rendu aussi matériellement sensible cette dé- composition du mouvement rotatoire au moyen d'un appareil imaginé

r

LES MONDES 4*3

et construit pour moi, qui se trouve décrit dans mon mémoire (pa- ragr. 4, 2;, et que je conserve encore chez moi.

L'intégration par moi offerte des équations différentielles du pendule conique a été faite dans la supposition que le rapport de l'arc de dévia- tion initiale du pendule au rayon correspondant soit une frac tion assez petite pour qu'on en puisse négliger, sans erreur sensible, les puissances supérieures à la troisième.

Or, voici mes conclusions :

4. La projection, sur le plan de l'horiion, de la trajectoire du pendule, relative aux axes mobiles susdite, est une ellipse (voir page 44) dont le demi grand axe et le demi petit axe se trouvent respectivement exprimés par aB et par aP, a étant la longueur du pendule, B et P deux arcs de rayon égal à l'unité, qui mesurent, l'un la déviation initiale du pendule et l'autre la déviation correspondante au demi petit axe qui est exprimé par

P " V F (B "" ïï B$) w,8in L' (v# p# i3)'

g est l'accélération apparente par seconde produite par la gravité dans la libre chute des corps.

â. Le temps d'un nombre entier i d'oscillations, ou mieux, d'une allée du pendule de Tune à l'autre extrémité du grand axe de l'ellipse, est, à très-peu près, exprimé comme dans le pendule simple ordinaire, par

-*<A

g (V.P.iS)-

3. L'azimut du plan qui contient le pendule au bout du nombre % d'os- cillations est donné par l'expression

i = -<nY/^.»8iûL— tic (v. p. 45).

ou bien, en désignant avec * le temps d'une oscillation, par

t =i vc.osinL.

Cette expression de l'azimut *{ montre bien de quelle manière le grand ave du méridien va s' écartant du méridien suivant la loi du sinus déjà éta- blie par M. Foucault, et par conséquent comment l'oscillation du pendule, considérée comme si elle était plane, va en s'écartant de la même ma- nière du plan du méridien, ce qui est enfin ce qu'a conclu de son côté aussi M. Serret. (Les Mondes, n* cité, p. 2S4.)

4. Les. oscillations du pendule, sensiblement planes, pendant que la déviation initiale est seulement de quelques degrés (p. 45 et 46), devraient.

i

V, 3

1

484 Lm MONDES.

devenir visibleme&t elliptiques avee un ptndulè «fômmount fcttg et avec une déviation initial^ oanvenaMet Or, la formate ,

J(b iB»)oi.sinL ô(J = ^J (V. ^. 15)

donnerait, pou? le demi petit axe, une valeur de plus d*Wi dSmtaïUf- m#re déjà pour un pendule long de 100 mètres'êéarté de 26°.

Ce résultat montrerait donc la possibilité de tttcpèrWnce, Jrttfsqu'oh petit avoir un point de suspension du pendule élevé d'une centaine mettes aft-deseut de ta terre, m le prenant au sommet ht voûte d'une haute ceupefre de quelque ftrand temple. Une petite digue de sable fin ou cendre d'autre poudre placée «ur le soi dans la direction fcetft axe de l'ellipse dont il s'agit, effleurée par la pointé inférieure &fa pendule dans «on passage, indiquerait fil l'écart 4e la verticale a réelle- ment lieu et en signerait la mesure. L'oicillation la plus opportune pour l'observation devrait être la première, car ojle &t celle la somme des influences dues à la réaction de l'appareil .est encore très- petit*, Pans ulte QiçmvtiQnfcomm dans toute? les successive* deoor^bf*. impair, le pendule passerait à côté de la verticale du povU eje suspension 4 droite fa fob&rwteitr qui regarde Ifi pendue du point de départ Mtfal de ta masse oscillante*

Je ne sais si cette expérience a Jamais été faite m d* moins propo- sée par personne. Elle me semble intéressante, parce qu'elle renfermerait une nouvelle preuve de la rotation diurpe de la. Terre.

Que les physiciens qui sont dans des conditions favorables veuillent bien en faire fessai* le ne manquerai pas de faire taoî-méthe de mon côté si les moyens ne me font pas défaut.

M. Edouard Lagout, à Troyes. Réforme de l'enseigne- ment primaire des sciences raisonnement.

« L'esprit deï<mf<**4 d* Vécok pfimtirt n'eif pas mûr pamrle* conceptions abstraites ni pour les syllogismes et l'enseignement doit être réformé en vue de cette inaptitude.

GoroUwret* «~ La rtforiae doit être faite 4*n» le sen* d'usé méthode Daterai etawsw* iVsprit, éctori par ta lumière intérieure, *oo- gtefera de* fente aéceseairea qui eonteottot la raison

Mue *n(*U*fe, *~ La première application de ta métboda est un qpitQute 4e gfoiaétrifi résumant Us eonftoenses faites par M* Edouaid Lagout dans de nombreuses salies publiques et scolaires. Le titre de L'umage eat ; TnfAytntiftt ( tocAtut prompt) , fpomésriè m trois le- ç$mt> «fie. figures confiée*; il wûfer* 60 Matunsa, chetlMtgNUM, »

LES MONDES. 425

ÉLECTRICITÉ

mémoire sur l'emploi des courant* secondaire» j

pour accumuler on transformer les effets de la plie voltaïque, par M. Gaston Planté. Si l'étude des moyens de production de l'électricité voltalque est aujourd'hui, à juste titre, l'ob- jet de nombreuses investigations, la recherche des moyens d'accumu- lation ou de transformation des effets d'une source d'électricité donnée n'offre pas un moindre intérêt; de même qu'en mécanique, l'étude des appareils destinés à accumuler ou transformer les forces présente une importance non moins grande que celle des machines motrices proprement dites.

Sans rappeler ici les effets remarquables produits par l'induction, les travaux de MM. Grove et Poggendorff ont fourni d'autres solutions du problème de la transformation d'un courant d'une tension donnée, en un courant d'une plus haute tension, à l'aide de la polarisation vol- talque (4).

Les résultats que j'ai obtenus depuis, et les batteries secondaires que j'ai fait connaître, ont permis à la fois d'accumuler et de trans- former le travail de la pile, par l'emploi d'un courant secondaire d'une énergie exceptionnelle, développé dans des conditions particulières (2). Mais il importait de rechercher si ces effets pouvaient être obtenus sans une trop grande perte de la force primaire employée à charger les batteries secondaires; de connaître, en un mot, le rendement de ces appareils considérés comme récepteurs, et de perfectionner leurs dispositions de manière à obtenir le meilleur rendement possible.

Tel est l'objet du présent travail. Les figures 1 et 2 représentent les dispositions que j'ai adoptées en dernier lieu. La première est destinée à la production des effets de quantité ; la seconde, plus spécialement à la production des effets de tension. Les couples secondaires sont formés de deux lames de plomb enroulées en hélice comme les pre- miers que j'ai décrits ; mais ces lames, sont séparées par deux ou trois paires de bandes étroites de caoutchouc, C C C, G C C, ûg. \9 substi- tuées à la toile grossière employée d'abord pour tenir à distance les

(1) Philoiophical Transactions, 1843,' et Annales de Poggendorff, 1843 et 1844.

(2) Comj tes rendus de l'Académie des sciences, t. L, 1860, t. LXVI, 1863, et Annales de Chimie et de Physique, série, t. XV.

31

4LHi Ltd MONDES.

électrodes. La disposition en lames parallèles associées par séries de rang pair et de rang impair que j'avais également employée, offrait l'avantage d'une construction plus facile ; mais les vises à rainures en gutta-percha, nécessaires pour les contenir, subissaient, avec le temps, un retrait ayant pour effet de rapprocher les lames et d'occasionner des contacts ; l'opacité de celte substance empêchait, en outre, de suivre les phénomènes à l'intérieur des couples secondaires.

Fig. t.

Le vase en verre, contenant les lames de plomb immergées dans l'eau acidulée, est recouvert d'un disque en caoutchouc durci qui porte les pièces métalliques destinées à fermer le circuit secondaire quand le couple est chargé. Les extrémités des deux lames de plomb commu- niquent,à l'aide des pinces G H, à la fois, avec la pile primaire formée de deux éléments de Bunsen de petite dimension, et avec les lames de

r

LES MONDES.

4M

cuivre M M'. La lame M est disposée au-dessous d'une autre lamelle de cuivre R, dont l'extrémité prolongée, formant ressort, peut être abaissée à l'aide du bouton B, et la lame M se trouve ainsi en com- munication avec la pince A ; la lame M' est, d'autre part, en commu- nication constante avec la pince A', et c'est entre les branches de ces deux pinces que sont placés les fils métalliques destinés à être portés à l'incandescence ou jusqu'à la fusion par le passage du courant secondaire. Les lames de plomb de l'appareil représenté figure 1 ont, à peu près, 0^,50 de longueur sur 0m,20 de largeur, et leur surface totale est égale à 0mq,40 décimètres carrés environ.

Fig. 2.

Dans l'appareil représenté figure 2, les lames des couples secon- daires ont 0",12 de largeur sur Om,48 de longueur, l'écartement des lames est de 0,003, et leur surface utile est d'environ 0m%8 décimètres.

La résistance de chacun de ces couples chargés, mesurée par la méthode employée dans le mémoire précédemment cité, a été trouvée équivalente à 8m,77 de fil de cuivre de 4 millimètre de diamètre.

Ces couples sont disposés, en deux rangs, au nombre de vingt, et communiquent avec les ressorts d'un commutateur destiné à les associer

&8 LES MONDES.

successivement en surface, ou quantité, pendant la charge, et en série ou tension pour recueillir la décharge. Ce commutateur, de forme analogue à l'un de ceux que j'ai décrits dans le même travail, se compose de deux cylindres CC, C'C (fig. 2), dont l'un est defetiné à relier tous les pôles des couples secondaires de rang pair, l'autre, tous les pôles des mêmes couples de rang impair , par l'inter- médiaire de ressorts tels que rrr. Ces deux cylindres sont reliés à un troisième cylindre on à une règle plate arrondie de matière isolante placée entre eux deux, portant des lamelles de cuivre distribuées obli- quement à sa surface, et destinées à frotter, à un moment donné, contre les ressorts rrr. Le système peut faire un quart de révolution autour de Taxe a a', suivant qu'il s'agit d'associer les couples secon- daires en quantité ou en tension. Pour charger la batterie, on fait aboutir les rhéophores d'une pile composée de 2 à 3 éléments de Bunsen (2 éléments peuvent suffire), à des bornes 1 1' en relation par des ressorts avec les extrémités des cylindres C C, G G. Le courant se divise ainsi entre les 20 couples qui forment la batterie, et développe dans chacun d'eux une force électromotrice inverse égale à une fois et demie environ celle d'un couple de Grove ou de Bunsen. C'est grâce à cette association en surface de tous les couples secondaires que la bat- terie peut se charger ; car s'ils étaient disposés à la suite les uns des autres, en tension, la force électromotrice des éléments de Bunsen destinés à la charge, et supposée égale à 2 ou 3 unités, ne pourrait développer une tension égale à 30 dans les vingt couples secondaires. Quand la batterie est chargée, ce que l'on reconnaît à un phénomène qui sera décrit plus loin, on tourne le commutateur de telle sorte que les extrémités des lamelles obliques de la règle placée entre les cylin- dres viennent frotter contre les ressorts r r , comme le montre la ligure. Les couples secondaires se trouvent ainsi associés en tension, et, en réunissant deux batteries, c'est-à-dire quarante couples, on obtient, pendant la décharge, une force électromotrice égale à celle de 60 élé- ments de Bunsen ; par suite, tous les effets que peut produire une pile de cette énergie, la lumière électrique, l'incandescence de fils de pla- tine de 2 mètres de longueur, etc., etc. Une seule batterie secondaire de vingt couples donnant une décharge équivalente au courant de 30 grands éléments de Bunsen suffit pour produire l'arc voltatque.

Le même appareil, bien que destiné plus particulièrement à la pro- duction d'effets de tension, peut servir également à la manifestation de puissants effets de quantité, à l'aide de pinces qu'on adapte aux cylin- dres métalliques qui répartissent le courant principal dans tous les couples secondaires. Lorsque la batterie est chargée, on tourne le

LES MONDES. 429

commutateur de manière à iseler les cylindres des ressorts qui les font communiquer avec les couples secondaires. Si l'on dispose alors entre ces pinces un gros fil de platine de 2 millimètres de diamètre, et qu'après avoir enlevé toute communication avec la pile, on ferme à l'aide du commutateur le circuit secondaire,, ce fil est porté à l'incan- descence et même jusqu'à la fusion, par suite de la grande quantité d'électricité fournie, en quelques instants, par l'ensemble des couples secondaires associés ainsi en surface. Une seule batterie de vingt couples suffit pour réaliser cette expérience.

En étudiant attentivement le mode d'action des couples secon- daires à lames de plomb, on observe un certain nombre de phénomènes qu'il importe de prendre en considération pour accumuler, le mieux possible, dans ces appareils, le travail de la pile, et en obtenir le meil- leur rendement.

Lorsqu'un couple secondaire de grande surface, tel que celui qui est représenté figure 1, est neuf, c'est-à-dire lorsque les lames de plomb qui le composent n'ont jamais servi à transmettre de courant dans un voltamètre, et qu'on vient à le faire traverser par le courant de deux couples de Bunsen, le gaz oxygène apparaît presque immédiatement sur la lame positive ; une portion oxyde, en même temps, la surface de la lame, et celle-ci ne tarde pas à être recouverte d une couche brune très-mince de peroxyde de plomb» D'un autre côté, l'hydrogène, après avoir réduit la faible couche d'oxyde dont le plomb peut être couvert par l'exposition à l'air, ne tarde pas à apparaître, et si, au bout de quelques instants, on essaie le courant secondaire produit par l'ap- pareil, on constate qu'il est déjà très-énergique par la vivacité de l'étincelle produite, lorsqu'on ferme et qu'on rompt aussitôt le circuit secondaire, avec un conducteur en cuivre peu résistant. Mais le courant ainsi obtenu est de très-courte durée. Il produirait bien l'incandes- cence d'un fil de platine très-fin qui ne permettrait pas une dépense rapide du courant, mais ne rougirait, pas un fil de même métal de gros diamètre, qi)i exige le passage prolongé d'une grande quantité d'élec- tricité.

Gela vient de ee que la couche de peroxyde de plomb produite à la surface de la lame positive est très-mince, et que se trouvant rapide- ment réduite, dès qu'on ferme le circuit secondaire, elle ne peut fournir une quantité suffisante d'électricité ; mais si, après avoir fermé le cir- cuit jusqu'à extinction du courant secondaire, on recommence de nou- veau à charger l'appareil, les lames se trouvent alors dans un état un peu différent de celui elles étaient dès le commencement. Pendant

«2 LES MONDES.

Si je m'arrête ici et si j'omets l'hémistiche qui termine la strophe, £6 n'est point parce que la physique serait arrivée à aucune conclu- sion hostile à ce qu'exprime cet hémistiche', même dans sa significa- tion la plus profonde, mais simplement parce que ce qu'y affirme le poète est en dehors du domaine de la science. Pour nous, qui nous appliquons à l'étude de la physique, nous n'avons à nous occuper que de la c Nature, » et notre pensée sur la nature ne pouvait être plus heureusement exprimée que par la figure employée par le poète, car* notre vocation, les jouissances et l'instruction qu'elle procure, ne se bornent pas à enregistrer des faits et des phénomènes, ni même à in- venter des machines à vapeurs et des télégraphes électriques; mais à rechercher et à découvrir les relations entre les différentes parties qui composent un système, et que nous considérons comme aussi étroi- tement unies entre elles que le sont les différents organes et les fonc- tions diverses du corps vivant lui-même.

Cet esprit de recherches, cette faculté et ce désir, développés au sein des agents naturels, et ayant pour but de découvrir la connexion qui existe entre ces agents, ont donné, pendant un certain temps, un intérêt très-vif à la discussion dont l'objet était de savoir si la* lu- mière et la chaleur sont des choses essentiellement différentes, ou si elles sont substantiellement identiques. Il n'y a pas un si grand nombre d'années que Melloni, l'excellent expérimentateur et le savant investigateur, ayant isolé une lumière brillante d'un faisceau de rayons solaires et la trouvant impuissante à influencer les appareils thermo- scopiques les plus sensibles, en concluait que la lumière et la chaleur étaient essentiell°ment différentes. Mais, en tirant cette conclusion, Melloni oubliait qu'il se servait d'un instrument d'une délicatesse infi- niment pluH grande que les appareils thermoscopiques; il oubliait que l'œil humain, et le sentiment intérieur qui correspond à l'œil, étaient capables d'être vivement excités par une quantité de force qui, trans- formée en chaleur, devait défier tous les thermomètres du monde pour la découvrir. Dans la suite, Melloni modifia lui-même sa conclusion.

Il n'y a pas si longtemps que le Principal Forbes travaillait ardem- ment à démontrer le point important que la chaleur rayonnante, comme la lumière, est capable d'être polarisée. Depuis lors, Kno- blauch, Foucault, Fizeau et Seebeck ont appliqué leur grande habi- leté dans les expériences à cette question d'identité ; et les excellents investigateurs de la Provostaye et Desains ont poussé l'analogie entre *a lumière et la chaleur jusqu'au point de prouver que l'aimantation d'un rayon de lumière, au sens attaché à cette expression par Faraday,

LES MONDES. 433

avait son correspondant dans l'aimantation d'un rayoïi de chaleur. Mais c'était dans leurs cabinets particuliers que ces expérimenta- teurs observaient leurs effets ; et les résultats étaient, dans certains cas, si petits, qu'ils exigeaient, de la part d'un observateur exercé, la plus grande attention pour les découvrir. Or, la science a fait dfes progrès; nos moyens d'expérimentation s'accroissent à mesure que nos connais- sances se développent, et j'ai la confiance que les découvertes et les perfectionnements récents me donneront le moyen de rendre évidents, ce soir à vos yeux, des effets qui jusqu'ici avaient été confinés dans des cercles bien trop limités ; dans le fait, quelques-uns d'entre eux n'ont été vus que par les observateurs qui les ont annoncés et décrits les premiers. Et si les circonstances, qui souvent rendent impossibles les expériences de cours d'une nature délicate, nous sont favorables, nous pourrons faire avancer la question un peu au delà des limites que l'ob- servation lui avait assignées jusqu'à ce jour.

La chaleur se présente à nous sous] deux aspects : quelquefois elle est associée à la matière ordinaire danB laquelle elle pénètre par voie de conduction; d'autres fois elle a 'est pas associée à la matière ordi- naire, mais, comme la lumière, elle s'écoule dans l'espace avec une vitesse immense. Sous celte dernière forme, elle est appelée chaleur rayonnante. La chaleur rayonnante nous arrive du soleil d'une ma- nière évidente et palpable, mais alors elle eBt mélangée à la lumière. Permettez-moi d'abord de défaire ca mélange.

Lorsque la lumière est réfractée, elle est démêlée dans le spectre. Le spectre de la lumière électrique est projeté ici sur l'écran, et l'on fait mouvoir sur lui successivement des rubans rouge, vert et noir d'un pouce environ de largeur. Le ruban rouge placé dans le rouge du spectre parait rouge; lorsqu'on l'en éloigne, sa couleur disparaît, et arrivé dans le vert il devient noir. De même, Le ruban vert porté du vert au rouge, devient d'un noir intense dans cette partie du spectre. Le ruban noir est noir dans toutes les régions du spectre.

Le ruban rouge ne s'échauffe pas dans le rouge, ni le vert dans le vert ; mais le vert s'échauffe dans le rouge et le rouge dans le vert. 11 n'y a de la chaleur que il y a l'absorption ; et la chaleur est l'équivalent de la lumière absorbée.

Le noir absorbe tous les rayons de lumière, colorés ou non colorés ; c'est pour cela qu'il est noir. S'il pouvait parler, il nous dirait la cha- leur de chaque couleur. Mais la chaleur existe au delà des couleurs. Placez l'œil près du rouge, mais en dehors de lui, la chaleur reçue par la rétine est beaucoup plus grande que lorsque l'œil est plongé dans le rouge. L'objectif est ici hors de toute proportion avec le subjectif.

434 LES MONDES.

On a ensuite prouvé l'existence de cette chaleur. Toutes les bandes colorées ont été interceptés, et avec un diaphragme percé d'une ouver- ture circulaire, on a projeté sur l'écran un cercle rouge bien défini. Une pile thermo-électrique, avec sa face tournée vers la lampe, a été alors amenée par degrés vers le passage du rayon. On aurait vu son image sur l'écran, si elle avait réellement pénétré dans la lumière; mais, dans un intervalle bien marqué entre la pile et le rayon, une grande dévia- tion du galvanomètre témoigna de la présence de la chaleur en dehors du faisceau lumineux. On substitua une solution opaque (4) au verre rouge. Ici encore il y a une image, un cercle, mais c'est un cercle invL sible ; c'est un cercle de chaleur rayonnante au lieu d'être un cercle de lumière , et l'aiguille du galvanomètre ne retombe pas , quoique toute force visible ait disparu. L'aiguille ne revient pas à zéro lorsqu'on 6 ubstitue au verre rouge la solution entièrement opaque.

Voilà pour la réfraction : nous avons ici de la chaleur rayonnante qui se comporte comme la lumière. Voyons maintenant pour la ré- flexion. Un faisceau de lumière émané d'une lampe électrique et dirigé en haut, a été ensuite réfléchi par un miroir plan, et lorsqu'on eut intercepté la lumière par l'interposition de la solution opaque, Ton a reconnu qu'un puissant rayon de chaleur réfléchie restait encore. Avec l'appareil à réflexion totale (employé ensuite) le faisceau tombe perpendiculairement à sa direction primitive, parce qu'il est réfléchi totalemeut par l'hypothénuse ; on a encore intercepté la lumière, et on a obtenu une forte déviation de l'aiguille du galvanomètre produite par le faisceau de chaleur qui a éprouvé la réflexion totale. Ainsi, la lu* mière et la chaleur se comportent de la même manière dans la réflexion ordinaire et dans la réflexion totale.

On a alors démontré l'action des lentilles sur des faisceaux de lumière et des faisceaux de chaleur, et lee rayons de chaleur invisibles ont été concentrés au foyer aussi facilement que les rayons de lu- mière.

On a au6si fait tomber un faisceau de lumière sur un miroir con- cave, et au foyer, qui était parfaitement visible dans la poussière de l'air, on a placé la pile thermo-électrique avec sa face couverte ; la lumière ayant été interceptée par la solution opaque, et le papier qui couvrait la pile ayaat été retiré} l'aiguille du galvanomètre éprouva aussitôt une déviation.

On a ensuite décrit et expliqué la double réfraction de la lumière par le spath d'Jalande. On l'a démontrée en faisant passer à travers le

( 1 ) Solution d'iode dam du bisulfate de carbone.

LES MONDES. 435

spath un faisceau circulaire qui donnait sur l'écran deux images circu- laires, et l'on a intercepté la lumière avec la solution d'iode. En amenant la pile thermo- électrique de manière que sa face fût tournée vers la lampe et sur le passage de l'une ou l'autre image, on obtenait une déviation de / l'aiguille. De ces deux images, l'une est ordinaire et l'autre est extraor- dinaire. En plaçant la pile sur le passage de l'image ordinaire, et en faisant tourner le spath, on ne faisait pas changer la déviation de l'ai- guille ; mais si l'on faisait tourner le spath lorsque la pile était sur le passage de l'image extraordinaire, la déviation de l'aiguille cessait aus- sitôt. Pourquoi ? En ôtant la solution opaque et en faisant tourner le spath, on voyait l'image extraordinaire tourner autour de l'image or- dinaire; par conséquent, lorsque le spath tournait, le passage du rayon extraordinaire était écarté de la face de la pile. Nous avons ici la preuve que le faisceau de chaleur a aussi son image ordinaire et son image extraordinaire.

On a enfin touché légèrement aux phénomènes de polarisation. C'est un fait généralement admis des physiciens de nos jours que la lumière est propagée par les ondulations d'un milieu éthéré, et que ces ondulations ne se font pas, comme dans le son, suivant la ligne de propagation, mais transversalement à cette ligne. Dansl'éther dont les ondulations donnent naissance à la propagation de la lumière, on sup- pose que les molécules oscillent dans un sens transversal à la marche de l'onde. Si Ton suppose que ces oscillations se produisent autour de l'axe d'un rayon, et dans un sens qui lui soit perpendiculaire, on peut concevoir qu'en traversant certains milieux, la liberté de ces molécules soit gênée, que leur courbe soit mutilée, et qu'un des côtés de leur mouvement étant détruit, l'onde soit alors formée de mouvemensrecti- lignes dans un certain plan perpendiculaire à l'axe du rayon. On peut encore concevoir qu'en entrant dand certains milieux, le mouvement curviligne se partage en deux systèmes d'oscillations rectiligne» per- pendiculaires l'un à l'autre. C'est exactement ce qui arrive dans le cas de la double réfraction ; le rayon ordinaire émerge sous la 'forme de deux rayons différents polarisés dans des sens opposés. La tourmaline a la propriété d'éteindre toutes les vibrations, excepté celles qui sont parallèles à Taxe du cristal ; ainsi une lame de tourmaline taillée dans ce sens laissera passer toutes les vibrations parallèles à l'axe et inter- ceptera toutes les autres. Un faisceau de lumière qui a traversé une lame de tourmaline est par conséquent incapable de traverser une au- tre lame placée dans un sens perpendiculaire, tandis que si les axes des deux plaques sont parallèles, la lumière ne sera que très-peu in- terceptée par la seconde plaque. On le prouve aussi facilement que la

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430 LES MONDES.

polarisation par deux rhombes de spath doublement réfringents.

Le spath doublement réfringent dcnne deux images de rayons circu- laires émanés de la lampe; la tourmaline est noire dans l'une et bril- lante dans l'autre.

Nicol supprima Tune des images. Il coupa un parallélépipède de spath en deux suivant une section très-oblique, polit les deux surfaces, et les colla l'une à l'autre avec du baume de Canada. Le rayon ordi- naire, pour entrer dans le baume, doit passer d'un milieu plus dense dans un milieu moins dense ; à cause de son obliquité, il éprouve la réflexiox^ totale , et le rayon extraordinaire passe seul. On obtient de cttte manière un faisceau intense de lumière polarisée.

On se servit alors des deux magnifiques prismes de Nicol de M. Spottibwoode, et l'on vit que le rayon lumineux était entièrement éteint lorrqueles plans suivant lesquels on faisait passer lesondulations étaient perpendiculaires l'un à l'autre ; en interposant une lame de mica, on faisait aussitôt apparaître de nouveau sur l'écran l'image cir- culaire de lumière.

On plaça alors devant la lampe la solution d'iode, de sorte que tout signe visible de la présence d'une force disparaissait. On mit ensuite en place la pile de Melloni, qui interceptait le rayon après qu'il avait traversé le second prisme de Nicol ; en faisant tourner le prisme on ou- vrait le passage à la chaleur comme on l'avait fait auparavant pour la lu- mière, et la déviationde l'aiguille accusait aussitôt le passage de l'onde de chaleur. Le prisme étant ramené à sa position primitive, le rayon de chaleur était de nouveau éteint; mais, comme dans le cas de la lu- mière, l'interposition d'une lame de mica changeait assez le plan de polarisation pour laisser passer quelques rayons à travers le second prisme de Nicol, et par conséquent pour produire une déviation dans le galvanomètre. La polarisation des rayons de chaleur a une grande signification, car elle détruit tout à fait l'opinion qui a eu cours autre- fois, que les vibrations de la chaleur rayonnante étaient longitudi- nales.

Le professeur décrit et exécute ensuite la grande expérience de Fa- raday, l'aimantation, ou, comme on l'appelle maintenant, la polarisa- tion magnétique circulaire d'un rayon de lumière* On fait passer un rayon lumineux, polarisé par un prisme de Nicol, à travers un mor- ceau de verre pesant placé entre les pôles d'un électro-aimant, et ensuite à travers un autre Nicol, de manière que le rayon soit éteint; lorsque l'électro-aimant est 'rendu actif! le rayon tourne asser pour qu'une partie traverse le second prisme qu'il ne pouvait traverser auparavant*

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LES MONDES. 437

Le même phénomène a lieu lorsqu'on fait passer un rayon de chaleur à travers certaines substances placées sous l'influence du ma- gnétisme; et, par des recherches patientes et très-soignées, de la Pro- vostaye et Dessains ont réussi à mesurer les déviations produites de cette manière dans le plan de polarisatioji.

Notre dessin montre la disposition de l'appareil qui sert à faire cette expérience (une des plus délicates et des plus difficiles qu'on ait jamais faits devant un grand auditoire), de manière qu'elle puisse être bien vue et parfaitement comprise par tous les membres de l'assemblée. Le faisceau parallèle émis par la lampe électrique A traverse d'abord la solution opaque B (qui intercepte la lumière et ne laisse passer que la chaleur), puis il passe parole prisme de Nicol C (où il est polarisé); en- suite il traverse le pôle creux P, passe par le bloc de verre pesant D, puis par l'autre pôle de l'aimant dans le second prisme de Nicol, qui a son plan de polarisation perpendiculaire à celui du premier Nicol : après ces passages il est presque entièrement arrêté. Une pile thermo* électrique E est placée à la suite, et au delà de cette pile, un cube rempli d'eau chaude, et un écran mobile, pour neutraliser l'effet des rayons de chaleur qui échappent à la polarisation. Le galvanomètre H a son cadran éclairé par un faisceau émané d'une autre lampe. On reçoit sur le tableau blanc une image agrandie de l'aiguille et de l'écran mobile en se servant d'un miroir concave. La partie la plus difficile de l'expé- rience est de maintenir l'aiguille en repos au zéro du galvanomètre ; le temps permet de le faire non pas d'une manière absolue, mais suffi- sante pour atteindre le but désiré. En fermant le circuit autour de l'électro-aimant , on produit une déviation marquée de l'aiguille, et en ouvrant et fermant alternativement le circuit à des instants qui correspondent aux impulsions, on fait parcourir à l'aiguille du galva- nomètre un arc de 180° ; on démontre ainsi une fois de plus l'identité de la lumière et de la chaleur rayonnante.

Au delà du violet, à l'autre extrémité du spectre visible, il y ^ de faibles rayons de chaleur; à mesure qu'on parcourt le spectre, les rayons augmentent d'intensité, et atteignent un maximum dans un espace obscur en dehors des rayons rouges, mais tout le spectre visible contient de la chaleur. Une grande richesse de couleurs se trouve dans l'espace comparativement étroit du spectre visible, et produit toute cette beauté qui charme les yeux dans les choses de la nature et de l'art. Mais, si vous me demandez comment il se fait que la lumière soit ainsi composée, comment la nature extérieure tamise cette lu- mière, et donne par elle aux fleurs des champs et aux feuilles des

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LES MONDES.

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arbres des forêts leurs riches trésors de beauté; comment il arrive que nous-mêmes nous ayons le sentiment du beau que ces agents développent; comment il se fait que l'homme gagne à la contem- plation de «cette beauté l'élévation et la perfection de l'esprit; je vous dirai que réponse doit être laissée à la recherche des philoso- phes. Mais je pense qu'ils ne pourront donner qu'une solution ap- proximative, et que le dernier mot du problème sera toujours hors de leur portée.

OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE

Sur la vision des couleur*. Conférence faite à Royal Insti- tution le vendredi 24 mars 1871, par M. le professeur J. Clerk Maxwell, M. A. LL. D. F. R. S. [Suite et fin.) Je vous ai déjà montré comment nous pouvons opérer le mélange de trois quel- conques des couleurs du spectre, et faire varier la couleur du mélange en altérant l'intensité de l'une des trois composantes. Si nous plaçons cette couleur comparée côte à côte avec quelque autre couleur, nous pouvons altérer la couleur composée jusqu'à ce qu'elle se montre exactement semblable à l'autre. On peut y arriver avec la plus grande exactitude quand la couleur résultante est presque blanche. J'ai donc construit un instrument que je puis appeler une boite à couleur, avec le dessein d'y faire des mariages entre deux couleurs. Il n'y a qu'un seul observateur à la fois qui puisse s'en servir, et comme cet appareil nécessite la lumière du jour, je ne l'ai point apporté ce soir avec moi. C'est tout simplement la réalisation de la construction de l'une des propositions de Newton dans ses Leetiones Opticœ, il indique le moyen de prendre un rayon de lumière, de le séparer en ses éléments constituants, de jouer à volonté avec ces couleurs constituantes à l'aide de fentes, et ensuite de les réunir pour en reformer un rayon. L'ob- servateur regarde dans la boite à travers une petite fente. Il voit un champ circulaire de lumière, consistant en deux demi-cercles divisés par un diamètre vertical. Le demi-cercle à gauche se compose de lu- mière qui a été affaiblie par deux réflexions à la surface du verre. Celui de droite est un mélange de couleurs du spectre, dont les posi- tions et les intensités sont réglées par un système de fentes.

L'observateur forme un jugement concernant les couleurs des deux demi-cercles. Supposons qu'il trouve celui de droite plus rouge que

440 LES MONDES.

l'autre, il le dit, et l'opérateur, au moyen de vis placées en dehors de la boîte, modifie la largeur de l'une des fentes, de façon à rendre le mélange moins rouge; et ainsi de suite, jusqu'à ce que le demi-cercle droit se trouve avoir exactement la même apparence que le gauche, et que la ligne de séparation soit devenue presque invisible*

Quand l'opérateur et l'observateur ont pratiqué ensemble pendant quelque temps, ils arrivent à bien se comprendre, et l'ajustement des couleurs se fait avec une beaucoup plus grande rapidité.

Quand le mariage est reconnu parfait, on enregistre les positions des fentes, indiquées au moyen d'une échelle, et l'on mesure soigneuse- ment, avec une échelle divisée, la largeur de chaque fente. Le résultat enregistré d'une observation s'appelle une éqx^atxon de couleur. Il établit qu'un mélange de trois couleurs est, dans l'opinion de l'ob- servateur (dont le nom est donné), identique avec une teinte neutre, que nous pourrons appeler blanc étalon. Chaque couleur est spécifiée par la position de la lente sur réchçlie,. qui indique sa position dans le spectre, et par la largeur de la fente, qui est une mesure de son in- tensité.

Pour faire la- carte du spectre,nous prenons trois points pour termes de comparaison et nous les appelons les trois couleurs étalons. Les couleurs étalons sont choisies d'après les mêmes principes que ceux qui guident l'ingénieur dans le choix des stations dans toute opération d'arpentage. Ces stations doivent'être parfaitement visibles, invariables, et non situées sur une même ligne droite.

Sur la carte du spectre, vous pouvez voir les rapports des diverses couleurs du spectre avec les trois couleurs étalons, ainsi que les rap- ports de l'une à l'autre. Il est manifeste que le type vert que j'ai choisi ne peut pas être une des vraies couleurs primaires, car les autres couleurs ne sont pas toutes contenues dans le triangle formé par leur réunion. Mais la carte du spectre peut être considérée comme consis- tant en deux lignes droites qui se rencontrent en un point. Ce point correspond à un vert à un cinquième environ de la distance de la raie b à la raie F. Ce vert a, d'après les mesures prises par Ditsheiner, environ 510 millionièmes de millimètres de longueur d'onde. Ce vert est, sinon le vert primaire véritable, au moins celui qui s'en rap- proche le plus pour notre œil. En allant de ce vert jusqu'à l'extrémité rouge du spectre, nous trouvons les diverses couleurs disposées pres- que exactement en ligne droite. Ceci indique que chaque couleur est chromatiquement équivalente à un mélange des deux couleurs qui la borne de part et d'autre, et sur la même ligne droite. L'extrême rouge est considérablement au delà du type rouge, mais sur la même ligne

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droite, et nous pouvons, par conséquent, alors même que nous n'au- rions pas d'autre preuve, considérer le rouge extrême comme le rouge primaire véritable. Nous verrons, néanmoins, que le rouge primaire véritable n'est exactement représenté en couleur par aucun rayon du spectre. Il se trouve quelque peu au delà du rouge extrême, nuis sur la même ligne droite.

Du côté bleu du vert primaire les équations de couleur sont rare- ment aussi exactes. Cependant les couleurs se trouvent sur une ligne presque droite. Il ne m'a pas été possible de découvrir aucune diffé- rence chromatique commensurable entre l'extrême indigo et le violet. Les couleurs de cette extrémité du spectre sont représentées par une série de points très-rapprochés les uns des autres. Nous pouvons sup- poser que le bleu. primaire est une sensation peu différente de ceUe qu'excitent les rayons du spectre rapprochés de G.

Maintenant, la première chose qui se présente généralement à l'es- prit en face de ce résultat, c'est que la dutfsion du spectre est bien loin d'être simple. Entre le rouge et le vert, nour avons une série de cou- leurs en apparence très-différentes l'une de l'autie, et ayant des carac- tères si marqués, que deux d'entre elles, l'orangé et le jaune, ont reçu des noms séparés. Les couleurs entre le vert et le bleu, d'un autre côté, ont une ressemblance naturelle avec l'une ou l'autre des couleurs extrêmes, et jamais des noms distincts pour ces couleurs n'ont été po- pulairement reconnus.

Je ne me propose pas de concilier le désaccord entre l'expérience ordinaire et l'expérience scientifique. Ce désaccord montre seulement qu'il est impossible, par un simple acte d'introspection, de faire une véritable analyse de nos sensations. La conscience est notre seule au- torité ; mais la conscience doit être soumise à un examen méthodique, pour obtenir des résultats dignes de foi.

J'ai ici, grâce à l'obligeance de M. le professeur Huxley, un dessin du tissu sur lequel tombe la lumière au fond de l'œil. On y voit un léger entrelacement de barres et de cônes ou chevilles, et l'on conçoit que le mode dont nous percevons la forme doit être un acte conscient variable avec les barres particulières sur les extrémités desquelles tombe la lumière, absolument comme le dessin sur le tissu formé par un métier Jacquard dépend de la manière dont les cartons percés agissent sur le système de barres mobiles de cette machine. Dans l'œil nous avons d'un côté la lumière tombant sur ce merveilleux tissu, et de l'autre, nous avons la sensation de la vue. Nous ne pouvons com- parer ces deux choses ; elles appartiennent à deux catégories opposées. La métaphysique tout entière les sépare comme un vaste abîme. Il est

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442 LES MONDES.

possible que l'on fasse des découvertes en physiologie par le tracé de la marche de la réaction nerveuse', depuis tes fibres les plus fines jus- qu'au cerveau sentant ;

Mais cela ne nous rendrait pas plus savants que nous ne sommes , relativement à ces sensations de couleurs que nous ne pouvons con- naître qu'en les éprouvant nous-mêmes.

Toutefois, quoiqu'il soit impossible d'arriver à connaître une sensation par l'étude , ahatomiqué de l'organe qui la transmet, nous pouvoûs nous servir de la 'sensation comùié d'un moyen d'investiga- tion de structuré anatomiquë.

Un exemple remarquable de ce fait, c'est la déduction de la théorie d'Helmholfz sur la structure de la rétine, d'après celle de Young rela- tive à la sensation de la couleur. Young établit" l'existence de trois sensations élémentaires de la couleur ; Helmholtz établit l'existence de trois systèmes de nerfs dans la rétine, dont chacun a pour fonction, quand il subit l'action de la lumière ou de tout autre agent d'ébranle- ment, d'exciter en nous Tune de ces trois sensations.

Aucun anatomiste n'a pu jusqu'ici distinguer ces trois systèmes de nerfs par l'observation microscopique, mais il est admis en physiologie que l'unique manière dont peut varier la sensation excitée par un nerf particulier, consiste dans les degrés d'intensité. L'intensité de la sen- sation peut varier depuis l'impression la plus faible jusqu'à la douleur insupportable; mais quelle que soit la cause excitante, la sensation sera la même quand elle atteindra la même intensité. Si Ton admet cette doctrine de la fonction d*un nerf, il est légitime de conclure du fait que la couleur peut varier de trois manières différentes, que ces trois modes de variation résultent de l'action indépendante de trois nerfs ou de trois système de nerfs différents.

Quelques observations très-remarquables sur la sensation de la cou- leur ont été faites par M. Sigmund Exner, dans le laboratoire phy- siologique de M. le professeur Helmholtz, à Heidelberg. Tout en re- gardant la lumière intense d'une couleur brillante, il exposait son œil à des alternatives rapides de lumière et d'obscurité en agitant ses doigts devant ses yeux. Dans ces circonstances, il voyait apparaître dans le champ de la vision une structure déliée toute particulière que beaucoup d'entre nous ont quelquefois observée par accident. M. Exner établit que le caractère de cette structure varie avec la cou- leur de la lumière employée. Avec une lumière rouget on voit un tissu veiné; avec une luinière verte le champ paraît couvert de petits points âoirs ; avçc une lumière bleue, on voit des taches glus grosses que Tes 'points remarqués dans le vert, et d'une couleur plue pâle.

LES MONDES. 443

Ces apparences se présentent-elles à tous les regards, et ont-elles pour cause physique quelque différence dans l'arrangement des nerfs des trois systèmes dans la théorie de HelmhoJtz? c'est ce que je ne puis dire; mais je suis sûr que si ces systèmes de nerfs ont une existence réelle, il n'y a pas de méthode plus vraisemblable pour démontrer leur existence que celle qui a été suivie par M. Exner.

»

DALTONISME OU CECITE RELATIVE AUX COULEURS.

La plus complète évidence que nous possédions par rapport à la vi- sion des couleurs, nous est fournie par la cécité relative aux couleurs (eolour Blindness). Un nombre considérable de personne, dans chaque grande société, sont incapables de distinguer entre certains couples de couleurs qui forment un contraste frapppant aux yeux du commun des hommes. Le Dr D al ton, fondateur de la théorie atomique de la chimie, nous a donné le récit de son infirmité.

La véritable nature de cette particularité de vision a été signalée pour la première fois par Sir John Herschel, dans une lettre écrite à D al ton, en 4832, lettre qui n'a été connue dans le monde savant que lors de la publication de la vie de Dalton par le Dr Henry. Ce défaut de la vision consiste dans l'absence de Tune des trois sensations pri- mitives de la couleur. La vision incomplète des daltonistes a pour cause les intensités variables de deux des sensations au lieu de trois. La meil- leure description d'un cas de daltonisme est celle de M. le professeur Pôle, qui en était atteint. (PkiL Transact., 1859.) .

Dans tous les cas examinés avec un soin suffisant, la sensation ab- sente semble ressembler à celle que nous appelons rouge. La raie P de la carte du spectre représente le rapport de la sensation absente aux couleurs du spectre, déduit des observations faites avec la boîte à cou- leurs de M. le professeur Pôle.

S'il était possible de montrer la couleur correspondant à ce point sur la carte, il serait invisible, absolument noir, pour M. le professeur Pôle. Comme elle ne se trouve pas dans la série des couleurs du spec- tre, nous ne pouvons pas la mettre en évidence. Et de fait, les dalto- mistes peuvent apercevoir l'extrémité du spectre que nous appelons rouge, bien qu'elle leur paraisse plus obscure qu'à nous, et qu'elle n'excite pas en eux la sensation que nous appelons rouge. Dans le diagramme des intensités des trois sensations excitées par différentes parties du spectre, la figure supérieure marquée P est déduite des observations de M. le professeur Pôle; celle qui est au-dessous, mar- quée K, es fondée sur des observations faites par un observateur très- attentif du type normal.

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444 LES MONDES.

La seule différence entre les deux diagrammes, c'est que, dans le plus élevé, la courbe rouge est absente. Les formes des deux autres courbes sont presque les mêmes pour les deux observateurs. Aussi nous avons grandement raison de conclure que les sensations de cou- leurs que voit M. le professeur Pôle sont ce que nous appelons vert et bleu. Ceci est le résultat de mes calculs ; mais H. le professeur Pôle s'accorde, avec tous les autres daltonistes que je connais, à nier que le vert soit une de ses sensations. Les daltonistes se trompent toujours à propos des objets verts et les confondent avec les rouges. Les couleurs sur lesquelles ils n'ont aucun doute sont certainement le bleu et le jaune, et ils persistent néanmoins à dire que le jaune, et non le vert, est la couleur qu'ils sont capables de voir.

Pour expliquer cette différence, il faut nous rappeler que les dalto- nistes apprennent les noms des couleurs par la même méthode que nous. On leur dit que le ciel est bleu, que le gazon est vert, que l'or est jaune, et que les habits des soldats sont rouges. Ils observent une différence dans les couleurs de ces objets, et ils supposent souvent qu'ils voient les mêmes couleurs que nous, seulement pas aussi bien. Mais si nous jugeons d'après le diagramme, nous voyons que le plus brillant exemple de leur seconde sensation dans le spectre est, non dans le vert, mais dans la portion que nous appelons jaune et que nous leur apprenons à appeler jaune. La figure du spectre, au-dessous des courbes de M. le professeur Pôle, a pour objet de représenter à des yeux ordinaires ce qu'un daltoniste verrait dans le Bpectre. J'ose à peine attirer sur elle votre attention, car si vous en étiez à croire qu'une figure peinte peut vous mettre à même de voir avec les yeux d'autrui, ma conférence de ce jour aurait été certainement faite en vain.

SUR LA. TACHl JAUNE.

Certaines expériences sur les couleurs indiquent des différences considérables entre la vision de diverses personnes, appartenant toutes au type ordinaire. Une couleur, par exemple, qu'une personne, en la comparant avec le blanc, déclarera nuance d'œillet, sera déclarée ver- dàtre par une autre. Cette différence ne résulte cependant d'aucune diversité dans la nature de la sensation des couleurs chez les diffé- rentes personnes. Elle est exactement de la même nature que celle que l'on constaterait si l'une des personnes portait des lunettes jaunes.

En fait, beaucoup d'entre nous ont, vers le milieu de la rétine, une tache jaune au travers de laquelle passent les rayons avant d'atteindre l'organe sensitif ; cette tache semble jaune parce qu'elle absorbe les rayons qui avoisinent la raie F, et qui sont d'une couleur ï>leu ver-

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LES MONDES. 445

dàtre. Quelques-uns d'entre nous ont cette tache étonnamment déve- loppée. Par cette raison mes observations propres du spectre dans le voisinage de la raie F, n'ont pas grande valeur. Je dois à M. le pro- fesseur Stokes la connaissance d'une méthode au moyen de laquelle chacun peut voir si son œil présente cette tache jaune. Elle consiste à regarder un objet blanc à travers une solution de chlorure de chro- mium, ou bien up écran sur lequel est projetée de la lumière ayant traversé cette même solution. (Le professeur fait ^expérience.) Cette lumière est un mélange de lumière rouge avec la lumière si énergique- ment absorbée par la tache jaune. Qnand elle passe sur la surface ordinaire de la rétine, elle possède une teinte neutre ; mais quand elle tombe sur la tache jaune,la lumière rouge atteint seule le nerf optique» et nous voyons une tache rouge flottant comme un nuage rosé sur le champ éclairé. *

Il est très-peu de personnes qui ne puissent découvrir la tache jaune de cette façon. L'observateur K, dont on a employé les équa- tions des couleurs pour la préparation de la carte du spectre, est un du petit nombre de ceux qui ne voient pas chaque objet comme à tra- vers des lunettes jaunes. Quant à moi, la position de la lumière blan- che sur la cçirte du spectre est sur le côté jaune du blanc vrai, même quand je fais tomber la lumière sur des parties extérieures de la rétine; mais aussitôt que je regarde directement, elle devient beaucoup plus jaune, comme le montre le point W. G. C'est un fait curieux que nous ne voyions pas cette tâche jaune en toute occasion, et que nous ne re- gardions pas comme jaunes les objets blancs. Mais si nous portons pendant quelque temps des lunettes de couleur, ou si nous restons dans une chambre éclairée par des fenêtres toutes d'une seule cou- leur, nous arrivons bientôt à reconnaître comme blanc le papier blanc. Ceci montre que c'est seulement quand il se produit quelque altération dans nos sensations, que nous avons conscience de leur qualité.

Il est, relativement à la sensation des couleurs, plusieurs faits inté- ressants que je ne puis que mentionner en passant. En premier lieu, les bords de la rétine sont presque insensibles au rouge. Si vous tenez dans votre main une fleur rouge et une fleur bleue aussi loin à l'écart que vous pouvez , sans cesser de voir votre main , vous perdrez de vue la fleur rouge, alors que vous apercevrez encore la bleue. En second lieu, si la lumière vient à diminuer, les objets rouges deviennent proportionnellement plus sombres que les objets bleus. Un troisième fait curieux, c'est que, en prenant des doses suffisantes de santonine, on peut produire artificiellement ce genre de cécité de couleur caracté-

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risée par l'absence de sensation du bleu; ee genre de daltonisme est décrit par le Dr Edmond Rose, de Éerlin.' li est 'seulement temporaire, et ne semble entraîner d'autres conséquences sérieuses que des maux de tète. J'ai à vous demander pardon' de ne pas avoir suivi un cours de médecine sur ce sujet, ne fût-ce que pour être devenu capable de vous donner des renseignements de première main sur la cécité rela- tive aux couleurs.

INDUSTRIE

SOCIÉTÉ DECOURAGEMENT. SÉANCES DE JANVIER ET DE FÉVRIER.

pésinfectlon <|e« vidanges d'usines. M. Gérardin expose la suite de ses travaux sur l'assainissement des rivières in- fectées par les eaux chargées des résidus d'établissements indus- triels. En 1869 et 1870 il a obtenu l'assainissement de la rivière le Croult, de Gonesse à Saint-Denis ; son procédé continue à être em" ployé à la féculerie de Gonesse, et il y produit de très-bons ré- sultats. Pendant l'hiver de 1871-72, cette féculerie a laissé écou- ler dans le Groult 24, 000 tonnes de jus (Je pommes de terre, sans qu'il en soit résulté d'infection putride. Les poissons vivent dans la rivière ; les herbes vertes et même le cresson de fontaine conti- nuent à y pousser. On peut donc considérer le problème de la dé- sinfection des eaux de féculeries comme définitivement résolu. M. Gérardin annonce à la Société qu'il espère pouvoir expéri- menter prochainement l'efficacité de son procédé sur d'autres eaux industrielles.

sténographie mécanique. M. Gensoul présente 4 la Société un système de sténographie mécanique qu'il a inventé, et un appareil qui en est la réalisation pratique.

Lorsqu'on çntend un discours, l'oreille est successivement frappée par des sons divers qu'on appelle des syllabes; on doit donc considérer la syllabe comme l'unité de parole. D'autre part, lorsqu'on veut exprimer la parole par l'écriture, il faut analyser la manière dont fonctionne l'opgane qui émet les syllabes, et on est amené à exprimer les divers éléments de ces sons paj* des lettreç. Ainsi, la lettre est, en réalité, l'unité d'écriture. C'est de cette différence d'unité que provient la lenteur avec laquelle la parole est traduite en écriture. Cette lenteur a deux causes diffé-

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rentes . i* l'obligation de tracer 3 eu 4 lettres pour représenter un son émis instantanément, et le temps nécessaire pour effectuer le dessin qui forme chaque lettre. Ces deux causes réunies ren- dent récriture environ sept fois plus lente que la parole.

Quand on a voulu rendre l'écriture assez rapide pour suivre la parole, on ne s'est occupé que de la seconde de ces causes, et on a remplacé les figures compliquées, qui constituent les lettres usuelles, par des signes d'une exécution plus rapide; mais ce per- fectionnement, qui permettait de doubler à peu près la vitesse de l'écriture, était encore bien loin d'être suffisant. C'est alors que sont intervenus divers systèmes abréviatifs, tels que l'adoption de l'écriture phonétique, la suppression des articles, la réduction des mots à leur radical, l'omission des voyelles, etc., etc. Par ces di- vers artifices, on a atteint ce résultat constituant aujourd'hui la sténographie, qu'un sténographe habile peut suivre la parole, avec une grande contention d'esprit, pendant quelques minutes seule- ment, et que, pour obtenir la reconstitution intégrale du texte, il est forcé de se mettre immédiatement au travail et de faire appel à toute sa mémoire, à toute son intelligence.

La sténographie mécanique supprime les deux causes cpi ren- dent l'écriture incapable de lutter de vitesse avec la parole. Au lieu d'écrire successivement et une à une les lettres d'une syllabe, elle les frappe toutes simultanément , d'un seul coup, et assimile ainsi parfaitement l'écriture à la parole.

L'appareil de M. Gensoul se compose de trois petits claviers jux- taposés, contenant quatre touches doubles, dont les combinaisons diverses suffisent pour représenter toutes les consonnes et les voyelles. Le clavier de gauche, qui occupe les quatre derniers doigts de la main gauche, est affecté aux consonnes initiales des syllabes, celui de droite exprime les consonnes finales; le clavier du milieu, qui est mis en mouvement par les pouces (Jes deux mains, exprime les voyelles médianes. Deux touches supplémentaires sont mises en action par les poignets, et celle de droite représente l'e muet.

En se servant de cet instrument, l'opérateur frappe d'un seul coup toutes les lettres d'une syllabe, comme le pianiste frappe si- multanément toutes les notes de l'accord harmonique qu'il veut produire, et cette opération ne prend pas sensiblement plus de temps que l'émission de la voix qui a articulé cette syllabe.

Le mécanisme de l'appareil est disposé de manière que chaque touche, en, se mouvant, fasse abaisser un caractère qui, après s'être encré en traversant un pinceau longitudinal^ s'imprime sur

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une bande de papier qu'un mouvement d'horlogerie déroule conti- nuellement, et qui cependant est retenue un instant par un petit ressort au moment la touche s'abaisse pour imprimer un carac- tère.

Les signes sont donc aussi rapides qu'on puisse le désirer; ils sont tracés avec la même perfection, quelle que soit la rapidité du jeu; ils sont complets et représentent textuellement le discours sténographié.

Le3 bandes qui les portent peuvent être lues à toute époque, par toute personne connaissant l'alphabet employé, et sans qu'il soit besoin de recourir à la mémoire de l'auditeur pçur compléter le texte.

Un exercice de quelques mois suffît pour que l'opérateur suive la parole.

La sténographie mécanique n'occasionne ni contention d'esprit, ni fatigue sensible. On [peut, avec cet appareil, sténographier in- définiment.

On pourrait dire qu'elle photographie la parole.

L'appareil est, dès à présent, complet et fonctionne d'une ma- nière normale, ainsi que le montrent des discours sténographiés pendant les dernières séances du Conseil de la Société d'encoura- gement. L'usage qui en sera fait amènera certainement, dans l'a- venir, des perfectionnements utiles et des applications nouvelles; on peut prévoir, par exemple, qu'en le mettant en communica- tion avec un appareil télégraphique on puisse télégraphier un dis- cours et l'imprimer à une distance quelconque, avec la même ra- pidité que son tracé par le sténographe sur une bande de l'ap- pareil, mais, tel ^u'il est, il satisfait déjà à tous les besoins de la sténographie.

Galvanomètre vertical à fléau, par M. Boubdoqzi, prépa- rateur du cours de physique à V Ecole supérieure de pharmacie de Paris. Lorsque, dans les cours publics, on veut rendre visible à un auditoire tout entier la production de courants électriques, on fait usage de l'une ou l'autre des deux méthodes suivantes : ou bien on emploie un très-grand galvanomètre vertical dont les indications peuvent être vues de loin, ou bien on projette sur un écran l'image très-agrandie d'un galvanomètre ordinaire. Ce dernier procédé, qui est seul capable de montrer les courants très -faibles pour lesquels les grands galvano- mètres sont insensibles, est absolument interdit à tous les établisse- ments qui ne disposent pas de grandes ressources expérimentales.

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M. Bourdouze l'est proposé, en construisant l'appareil que nous al- lons décrire , de rendre sensibles pour tout un amphithéâtre les mani- festations, mêmes les plus faibles, des courante, sans faire appel à l'em- ploi si dispendieux des projections. Voici la description de cet appareil, re présente dans la figure ci-contre :

L'organe essentiel est un fléau de balance AB en acier aimanté, dont l'horizontalité peut toujours être rigoureusement obtenue à [l'aide de petits contre-poids mm'. On fait varier à volonté la sensibilité du fléau, comme dans les balances de précision, en élevant ou en abaissant Bon centre de gravité, à l'aide du bouton de vis m". Il porte en son milieu une longue aiguille verticale CD, qui vient indiquer sur un cadran di- visé les moindres oscillations.

Le fléau est placé à l'intérieur d'une large bobine plate FF'. Cette disposition permet d'obtenir une action continue dans toute l'amplitude de la déviation. Cela posé, et l'aiguille verticale étant très-exactement au zéro, on reconnaît que des courants électriques, mêmes très-faibles, passant dans le fil de la bobine, suffisent pour imprimer au fléau des

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mouvements considérables et cependant très-doux. Oa aura weidépde la sensibilité de cet instrument quand nous aurons dit qp'il accuse par une très-grande déviation le courant produit d^ps la pile t|}ermo-élec- trjqne par l'approche de la main, c'est-à-dire qu'il se prête à l'exécution de toutes les expériences de cours, même les plus délicates.

Souvent on détériore 1^ galvanomètres of dipaires en faisant passer par inadvertance un coufant un peu fort dans le fil : }es pôles çpfyt détruits ou renversés. Dans cet appareil , cet accident n'a aucune gravité. Il suffit pour le réparer, de frotter le fléau ayec un petit éleo tro-aiffyapt qfii rétablit les pôles c}an& leur situation primitive.

pour disppper l'instrument, il n'est pa6 nécessaire que le plan verti- cal, passant par le barreau, se confonde avec le méridien magnétique; il suffit que la partie de ce plan qui contient le pôle austral du fléau fasse avec la partie australe de l'aiguille de déclinaison un angle plus petit que 90 degrés. On peut, en retournant au besoin le barreau sur son support, satisfaire à cette condition, pour toutes les orientations du cadran.

En résumé, le galvanomètre à fléau que nous venons de décrire me parait répondre à un besoin de l'enseignement, puisque seul jusqu'ici il allie une dimension qui le rend ^visible de loin à une sensibilité qui permet de l'employer dans les expériences les plus délicates.

Réfrigérateur dynamique de M. J.-B. Toselli, rue du Faubourg Saint-Martin, 236, à Paris. Imaginez un disque D, fait par un tube métallique, plié en spirale sur lui-même, dont une extrémité reste ouverte, et l'autre est en communication avec un tube horizontal, qui constitue l'arbre de rotation passant par son centre.

Ce disque, tournant sur lui-même avec une faible vitesse (un tour par seconde), plonge à moitié dans de l'eau ordinaire de la cuve E. On comprend très-facilevent que, par son mouvement, la surface extérieure de ce disque est continuellement mouillée, et que la partie qui se trouve en dehors de l'eau, en contact avec l'air, doit pour cela s'évaporer.

C'est justement cette évaporation qui enlève au tube une certaine quantité de chaleur latente ; et comme, à chaque tour du disque, une certaine quantité d'eau s'introduit dans le tube, cette eau, se trouvant forcée de céder au tube la chaleur qu'il perd par ladite évaporation sur 9a surface extérieure, elle abaisse sa température, et, une fois au bout de son parcours, elle retpmbe dans la cuve £ plus froide qu'elle ne l'était auparavant

Or, cette quantité d'eau qui voyage intérieurement ^u tube refrigé- *ate\ir, au lieu de la faire retomber immédiatement dajis J.a puvp E, on

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la fait passer par le tube A dans un serpentin que je trouve dans la cuve C, pleine du liquide que l'on veut refroidir. il est naturel que cette eau froide, passant continuellement par ledit serpentin et retom- bant par le tube B dans la cuve E, emporte la chaleur qui se dégage

du liquide de la cuve C, laquelle chaleur disparaît sur la surface évaporante du disque réfrigérateur.

Jusqu'à présent, le maximum d'effet utile que M. Toaelli a obtenu en exposant son réfrigérateur dynamique au aoleil est la différence de 18 degrés centigrades entre l'eau du réfrigérateur et celle d'une autre cuve également exposée au soleil, mais qui n'était pas frappée par le réfrigérateur ; c'est-à-dire que celle-ci marquait 4- 18", 3 centigrades, alors que celle de l'autre cuve marquait -+- 3(i°,5.

Le degré d'abaissement que l'on peut obtenir dans une masse d'eau est plus ou moins grand) suivant la degré de sécheresse de l'air am- biant. Le minimum que l'on peut obtenir est de trois degrés centi- grades. M. Toselli a ajouté à cet instrument un ventilateur F pour rendre l'évaporation plus rapide et l'effet utile plus considérable ; il a même essayé d'augmenter le nombre des disques, leur dimension ei la vitesse de leur mouvement, mais il n'a pas pu dépasser les degrés d'a- baissement déjàobtenus.

Il est bien facile d'apprécier les grands services que ce nouveau rn^yen d'abaisser la température de l'eau par une rotation lente peut rendre aux fabricants de bière et d'eaux gazeuses, aux distillateurs. aux établissements d'hydrothérapie, etc. Nous croyons même que cet instrument est appelé à avoir un grand succès à bord des navires, pour

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transformer rapidement et en grandes quantités l'eau de mer en eau potable. Nous reviendrons bientôt sur cet important argument.

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DO LUNDI 4 MARS 1872

Sur ^hydrodynamique des court d'eau, par M. de Saint- Venant (suite). La conclusion de cette seconde partie est que l'analyse savante et habile de Poisson, de Navier, de Savary, etc., n'a pas encore réussi à faire découvrir les relations véritables entre les vitesses et les composantes des pressions.

Sur un ventilateur appliqué à Vaérage des minée, par M. Guibal. Les pièces déposées par M. Guibal sont : un tableau synoptique, indiquant par des courbes l'état de la ventilation dans les charbonnages du Hainaut, année par année, de 1840 à 1870, et d'où il résulte f jusqu'à l'évidence que jusqu'à l'invention du ventila- teur Guibal, en 1861, les besoins de la ventilation n'avaient pas été suffisamment satisfaits ; un tableau numérique indiquant le mouve- ment des appareils de ventilation dans le Hainaut, de 1860 à 1870 ; d'où il résulte que, dès que le ventilateur Guibal a été connu, on n'en a plus construit d'autres, et que, grâce à ce ventilateur, la force affec- tée à l'aérage, qui était de 67 chevaux par mille ouvriers, s'est élevée dans les dix années à 136 chevaux, ce qui donne une juste mesure de l'assainissement que les houillères ont du éprouver ; un tableau comparatif des effets et des prix de revient des principaux appareils de ventilation en usage, tableau qui permet d'apprécier et la puissance etl'économie du système Guibal et justifie lapréférence que lui accordent les ingénieurs. Le fait capital, c'est que, sauf une exception due à des circonstances toutes particulières, aucune des houillères l'appareil Guibal est en usage, n'a été frappée jusqu'ici d'explosion de grisou.

MM. Félix Lucas et Gazin soumettent au jugement de l'Académie l'ensemble complet de leurs recherches expérimentales sur la durée de l'étincelle électrique.

-— M. Quételet, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, des letyres et des beaux-arts dp Belgique, annonce que cette Académie,

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érigée â Bruxelles et instituée en 1772, par lettres-patentes de Marie- Thérèse, se propose de célébrer cette année le centième anniversaire de sa fondation. La solennité est fixée aux 28 et 29 mai prochain.

Spectre d'absorption du chlore et du chlorure d'iode, par M. Gernez. Le chlore parfaitement purifié était renfermé dans un tube de 4m,68 de longueur, fermé à ses deux extrémités par des glaces parallèles, et disposé horizontalement; on y faisait passer un faisceau de lumière Drummond, et Ton obseryait à l'aide d'un spectroscope à deux prismes. Dans la région la moins réfrangible, et jusqu'à la place occupée par la raie D, le spectre est continu ; mais un peu au delà commence un système de raies qui ne présente aucune analogie avec les raines fines, presque équidistantes, des vapeurs de brome ou d'iode. Elles ont un aspect et une intensité variables avec la région du spectre que l'on considère, et s'étendent jusque vers le violet qui est entière- ment absorbé, dans le cas de la source lumineuse dont il s'agit.

Le protochlorure d'iode, à la températurejde 40 degrés, donne, sous une épaisseur de 30 centimètres, assez de vapeurs pour produire un spectre d'absorption composé d'une vingtaine de raies fines, d'intensité sensiblement égale, et dont la distance diminue très-peu depuis l'extrême rouge elles commencent, jusqu'un peu au delà de la raie D elles finissent ; deux autres raies assez intenses apparaissant dans le jaune, et Ton n'en distingue pas dans le reste du spectre. Ce système de raies est analogue à celui de l'iode et du brome.

Sur le fer cristallisé ou brûlé, par M. Caron. Une barre de fer de Franche-Comté, dont la qualité et les propriétés nerveuses avaient été préalablement vérifiées par les moyens en usage, a ;été coupée en petit morceaux. Les uns ont été chauffés au blanc soudant, dans un feu de forge ordinaire ; d'autres, placés dans un tube de por- celaine, ont subi la même température peu près), dans un courant, soit d'azote, soit d'hydrogène. Après un refroidissement semblable, tous les morceaux, sans exception, ont présenté dans leur cassure l'aspect cristallin du fer brûlé, avec les mêmes propriétés et les mêmes défauts ; de sorte que la détérioration du métal serait due non à l'ab- sorption d'un gaz particulier, mais à une modification de la constitu- tion moléculaire. Chauffés au blanc soudant, ils ont repris toutes leurs qualités.

Plusieurs morceaux de cette même barre de bon fer ont été exposés, pendant plusieurs mois, dans l'usine frigorifique de M: Charles Tellier, à Auteuil, à des températures variant de zéro à 18 degrés ; d'autres sont restés à l'air pendant le grand froid de l'hiver dernier, c'est-à-dire à 20 degrés. On a essayé de casser toutes ces barres dans des condi-

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tions différentes, soit quand elles étaient froides, soit quand elles étaient revenues à plusieurs degrés au-dessus de zéro; ion tes se sont comportées, sous le rapport de larésistance, comirre ht barre originaire, et n'étaient nullement cristallisées. M. Garon ajoute : « Ces expériences n'ont porté que sur du bon fer ; il en est [autrement pour le mauvais, et je ne puis nier que la fragilité de ce métal mal travaillé ne soit augmentée sensiblement par le froid. »

Des étkin acétiques àè la dulàitè, par M. 6* Boïïchardat. Après avoir étudié tour à tour : la dulcite ttiàcélique '; la dutcitane diacétique, la dulcite htxac'étîque , la duMné pêntacétomonû- chlorhydrique , la dulcine yeûtàcétique , l*autetnr conclut : l'acidfe acétique et ta dulcite fournissent un grand nombre de combinaisons neutres, que Ton peut rattacher à deux séries principales, et que Ton peut formuler d'arfe façon générale.

C,2H14JO,a4-n C4H4 Ô4 nH'O',

n pouvant prendre toutes les valeurs de 1 à 6 pour la série correspon- dante a la dulcite \ et

C" Hu 0" -+-m C4 H4 O4 [tn 4- 1) H*0>,

m pouvant prendre toutes les valeurs de 4 à 5 pour fat série ïâ <ftrt- cirine.

Sromhyâratcs et chlbrhy titrâtes â'Hllylène, par M. Rfeiouu J°î/allylène s'unit directement et d'uh'é riianière tkpide % frôîd à l'acide broiahydrique en solution aqueuse fee'è-dôVi centrée, et erù- plojpée eu frè's-jjrand excès. Le produit de la combfiiaîson^ ïe'ÔïbronY- hidrâte d'alîyîëne, quand il est rectifié, est uto ïïqttide touillant dPe 114 à 115 degrés. Sa fôrtoule estOH%2HB* 6u (CH«,CB2*. tiW) identique avec méthylbromacétol de M. Lihnèmànn. L'ànyfèïfe s'unit directement avec i'acide chlôrhydriqûe à irôrd, '^tiand le 'met en contact avec une solution aussi concentrée que possible. Le dfe- Chlorhydrâte d'allylène est un liquide bouillant à 6Ô-Wflegréï6onfme le méthylchloràcétol de M. Linnemann, avec lequel il est péut-êtïe identique.

Sur la pyruvine, par M. êjchlagdenhaufen. La pyruvipe

LES MONDES. 435

((? H«, H1, Cff 0») 0»; elle bout à 24« degrés; le produit ébullition change de couleur et devient acide.

Le eratœgus Àronià dans ses rapports avec V aubépine et tazé- roiier d'Italie, par M. Plaxcbon. Il est très-probable que ïe era- tœgus aronia est un métis ou produit fécond de deux races d'Une même espèce, races dont Tune , sauvage, serait le eratœgus ôxtfacàn- ïhus> et l'autre le eratœgus âiaroltiS] forme très-perfectiohnéë par la culture de ce même oxyacantha.

Sur Vorigine dès aurores fyôïatres* par M. Von feiuMHAUER. La connexité çui semble exîstë'r entre les planètes proprement dites, leurs satellite*, lés comètes, les astéroïdes ou étoiles filafttes, les météorites (petites planètes) et la lumière zodiacale (disque d 'asté- roïdes ou de matière cosmique) a conduit l'auteur, il y a. vftfgt-'ëëpt ans déjà, à assigner aux aurores bôtéàles une origine eosmicjfae*. De- puis, cette hypothèse lui a paru de plus en plus affirmée Jfer les faits. « Un grand amas de particules, ou peut-être un nuafce gàfceux cok- nàique Viendrait heurter avec une grande vitesse Tebveloppe élastique de notre globe ou atmosphère. Là, arrêté brusquement, il TejàiRirait latéralement, s'étendrait sur cette sphère élastique, et finalement, sous l'influence de l'attraction exercée par les pôles de l'aimant terrestre, se dirigerait en majeure partie, sous forme de rayons, vers le pôle bo- réal; » Comment croire à cet arrêt; à cette réflexion par l'àtmoléphfèré ?

De V action réciproque des acides et des bases alcalines acidulées séparéspar une cloison poreuse, par M. Ed. Làndrin. On^lacç.daùs le vase extérieur un volume déterminé (100 centimètres cubes) d'une solution alcaline, de titre connu, et dans le vase intérieur poreux 60 cen- timètres cubes d'une solution acide, titre également déterminé. Au bout de ce temps, on dose f acide et la base non entrés en combinaison et l'on en conclut, par différence, le poids du sel formé. Les' nombres du tableau conduisent aux conclusions suivantes : Le poids des sels formés dans chaque expérience sont éminemment variables; il en est de mèmç de vitesse de combinaison. Ces poids ne sont jamais pro- portionnels aux équivalents des corps employés. Les poids corres- pondent sensiblement aux attractions électives qu'on attribue aux corps depuis longtemps. La vitesse de réaction est moindre pour les carbonates que pour leurs bases respectives. La soude se combine à lucide chlorhydrique avec une énergie bien plus considérable que la potasse,' énergie tellement grande qu'en très-peu de temps l'acide disparait.

Sur Verrwèr que Fan commet dans le procédé de dosage de Ta-

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zole par la chaux iodée, par H. L. Kessler. Nous publierons cette note intégralement.

M. le docteur Eugène Robert croit pouvoir expliquer la fermen- tation du vin en futaille, à l'époque de la floraison de la vigne, par l'abondance des germes du mycoderma vini dans l'atmosphère au printemps et en été.

Il signale en outre ce fait curieux qu'un obus de 50 centimètres de longueur, qui avait été rempli d'eau et fermé, s'est fendu pendant la nuit du 9 au 10 décembre 1871, dans toute sa longueur, en deux par- ties à peu près égales. F. Moigno:

M. Bulard adresse une Note relative aux phénomènes qui lui ont permis déjà d'établir des prévisions météorologiques et séis- miques.

M. É. Alix a vu que le nerf dépresseur présente, chezllûppo- potame, une disposition semblable à celle qui a été signalée chex le cheval, avec cette différence qu'il est très-grêle ; cette gracilité coïncide avec le faible volume de la carotide primitive, que Gratiolet a signalé comme un fait important

Iodo-aulf atea. ■*- Dans la séance de l'Académie des sciences de Bologne, du 29 mai dernier, M. le professeur J. Selmi a donné lecture d'un mémoire de M. le professeur S. Zinno,de Naples, sur la préparation de l'acide iodo-sulfurique et des iodo-sulfates. L'acide iodo-snlfurique est encore peu connu et le professeur Zinno l'ob- tient par la réaction de l'acide sulfurique sur l'iodure d'amidon. Après une étude approfondie, l'auteur est parvenu aux moyens suivants de préparer l'acide et ses sels: Ie avec les sulfates alcalins et l'iodure d'amidon ; 2* en faisant dissoudre des proportions déter- minées d'iode dans la solution de ces sulfates; 3* en traitant par l'iode les hypo-sulfates alcalins; en faisant agir l'acide sulfurique sur l'iodure d'amidon, ou même directement sur l'iode. Mais il re- commande la deuxième méthode comme la meilleure, et c'est d'ail- leurs la seule qui lui ait fait obtenir les trois iodo-sulfates de soude, de potasse et d'ammoniaque. Chacun de ces trois sels est soluble dans l'eau, mais très-peu dans l'alcool : le premier et troisième sont en partie effervescents. Ces trois sels sont d'ailleurs décompo. sables par la lumière directe ou diffuse et par la chaleur.

Pariti Tjp. Walto, rue ftmap&rto, 44.

F

iV 12.

1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

La science dans nouvelle vie nationale de l'Alle- magne. -^,Tel est le titre et le sujet d'un discours prononcé au sein de la dernière réunion, à Roètock, du Congrès des naturalistes allemands, par le trop célèbre M. R. Virehow, professeur à l'université de Berlin.

Notre confrère M. Alff'ave, publie ce discours tout au long dans la Revue scientifique (16 mars i 872), quoiqu'il ne constate aucun progrès accompli, qu'il n'annonce aucune découverte nouvelle, et que ce ne soit en réalité qu'une longue et perfide déclamation philosophique ou antiphilosophi- que et encore plus antireligieuse. Nous ne le reproduirous pas, mais comme signe caractéristique du temps, nous citerons les pas>ages dans lesquels Fauteur affirme mieux les prétentions étranges et tyranniques de la nouvelle science alllemande. Pour excuser sans doute ou faire ou- blier ses désolantes sorties contre la France aux débuts de la guerre, M. Virchow débute presque par rendre à la science française un solennel hommage, rétroactif il est vrai, qui ne se rapporte qu'aux morts, et qui n'a rien de bien flatteur pour les vivants : « 11 nous sied, en effet» au moment ou une certaine presse, mal informée, déverse le mépris et l'injure sur nos infortunés voisins, de nous souvenir avec gratitude du temps la richesse émanant de l'exaltation des facultés intellectuelles produite par la France! gagnait toutes les autres nations. (Acclama* tions.) Aucun peuple ne mettait à en jouir p'us de zèle et d'ardeur que l'Allemagne. Ces grands hommes, les Lavoiskr, les Laplace, les Gay. Lussac, les Jussieu, les Guvier, les Dupuytren, les Laënnec, resteront tou- jours vivants dans l'histoire de l'humanité. Quand les natuialistes alle- mands se réunirent (en 1822), nous devons l'avouer pour être honnêtes, ce que l'on pouvait appeler alors la science allemande était encore dans les langes; la science courante , la science élémentaire , les manuels même étaient français. Parcourez la littérature de cette époque et vous trouverez qu'à de très-raves et très-brillantes exceptions près, l'érudition des livres la majorité puisait ses connaissances était française, comme les sources mêmes de la pensée, et cjstte période dura, jcsqu'après 1830.»

M.Virch w a-t-il eu la conscience de la portée de ce solenneiaveu. Jus. qu'après 1 830 la France marchait à la tête des nations savantes du monde é Sa décadence daterait de quelques années api es 1830 (1). Si c'était vrai,

(1) M. Virchow n'était pas en droit de s'arrêter à 1830, M. Berthelot, dam une lettre tres-coneiUante adressée an Tempt, le 21 février dernier, disait arec beaucoup

1». t. XXVH, 21 mars 1872. 33

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nous serions autorisés à chercher la cause de ce fait. Or, je défie qu'on en trouve d'autre que celle-ci : La France après 1830 a été moins chré- tienne, moins autoritaire, moins elle-même; elle a été plus irréligieuse, plus révolutionnaire, plus cosmopolite, et surtout plus allemande. Jus- qu'en 1830 elle donnait à l'Allemagne sans en rien recevoir, depuis 4830 elle a trop r* çu de l'Allemagne : la libre pensée de Luther, le matéria- lisme de Goethe, l'idéalisme de Kant, le socianisme de Stràt&s, le natura- lisme de Humboldt; et elle serait presque subitement déchue, c'est M.Vir- chow qui l'atteste. Ces doctrines homicides ont pu n'être en Allema- gne qu'un excitant, parce que, pour la race allemande, qui vit de rêves et d'abstractions, les erreurs restent longtemps des erreurs; tandis que les erreurs d'un peuple spirituel et positif deviennent forcément et promp- tement des crimes. Inoculées au génie français qui est à la fois raison, logique, action, les doctrines allemandes ont été des poisons ou des dis- solvants énergiques. Mais grâce aux mesures odieuses que M.Vircbow ré- clame, l'Allemagne aura son tour. En effet, voyez ce qu'il ose provoquer : « Peu de gens connaissent nettement la mesure dans laquelle l'école de l'avenir, l'école dont sortiront les générations futures, doitressentir l'in- fluence de la science moderne ; la mesure dms la quelle nous pouvons e3pérer que cette science même deviendra ta source d'une vie intense nou- velle pour notre nation : ce ne sera pas seulement^ l'abolition des dissi- dences politiques et de race, l'unification du pouvoir, mais une véritable fusion des esprits, l'établissement de tous les membres de la famille poli- tique sur le même sol intellectuel... 11 faut arriver è uneexitt nce intel- lectuelle commune, il faut q ;e l'être intérieur soit le même chez tous, de sorte qu'on puisse dire en abordant un allemand, pour être d'accord avec

de modération : i Le concours de l'Allemagne, de la France et de l'Angleterre ee re- trouve à chaque grande époque dau9 l'histoire de la science moderne. Je pourrais poursuivre cette démonstration jusque dans les temps présents, et montrer comment aucun des trois peuples n'a jusqu'ici dégénéré de son passé; comment les substitutions, la théorie des éthers, celle des alcools polyntomiques, ia dissociation, la notion det ferments organisés, les méthodes de synthèse des principes organiques ont été sur- tout établies par des découvertes françaises ; tandis que la théorie des radicaux et oeile des éléments polyatomiques sont plutôt des découverte* allemandes; la théorie électro- dynamique et la méthode des doubles décompositions ont été inventéas en Angleterre. Enfin, la grande doctrine de l'équi\alenoe des forces naturelles, plus spécialement dé- signée sous le nom de théorie mécanique de la chaleur, a été aperçue d'abord par un allemand (Mayer) et par un anglais Joule. Développée depuis par un mathématicien allemand (Clausius), elle a été établie en chimie principalement par les expériences des savants français et des savants anglais et danois... £n fait, l'initiative des idées et des découvertes réside depuis plus de deux cents ans au sein de trois peuples : an* glais, français, allemand. Leur union et leur sympathie réciproque est indispensable sous peine d'un abrutissement général dans la civilisation. »

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lui, Je ne me borne point à parier de nos communes frontières ; je suis assuré de me rencontrer avec lui sur le terrain de la la même pensée (panthéiste, matérialiste, socianiste, naturiste!). »

Voilà la théorie, écoutez la pratique, et voyez s'il est possible d'imagi- ner quelque chose de plus odieux.

«Lorsqu'un peuple est soumis à l'instruction obligatoire, que chacun est forcé de subir V éducation que VEtat lui prescrit; lorsque le minimum que tout citoyen doit posséder de connaissances est fixé par la loi, la première conséquence que cet état réclame est la fixation d'une série de principes fondamentaux de la science, identiques pour tous, qui rendent impossibles ]es différences absurdes que Ton remarque chez presque toutes les nations cultivées. »

M. Virchow a au moins un mérite, il est franc, il étale au grand jour les aspirations despotiques de la science allemande et du gouverne- ment allemand. Car, qu'on le remarque bien, le trop fameux projet de loi sur l'Inspection des écoles est l'exécution du programme de M. Virchow, instrument trop docile de M. de Bismarck. Donc, plus d'illusion possible ! Enseignement obligatoire entraîne principes obligatoires, science obliga- toire. Nous tombons bien au-dessous des doctrines de Sparte, qui se bor- nait à vouloir fondre dans un même moule le physique de ses citoyens! Ce sont les intelligences que MM. Virchow et de Bismarck veulent façonner dans le moule du Pangermanisme. La gloire de sparte dura trente ans, la gloire de l'empire allemand sera-t-elle beaucoup plus longue? Et l'on ose reprocher à la majorité des hommes sensés en France la défiance que leur inspire l'instruction obligatoire importée de Prusse !

Voyez M. Virchow veut en arriver : effacer avant tout le catholi- cisme, ou plutôt le christianisme; car, écoutez bien, ce sont les livres saints qui lui inspirent cette sauvage horreur :

« On a beau jeu à se glorifier du progrès de la science, à louer les mer- veilles de l'analyse spectrale : il n'en est que plus monstrueux d'adopter la description du ciel telle qu'elle e*t contenue dans le premier livre de Moïse.. . 11 n'y a, en effet, aucun rapprochement possible entre des hommes pleins des faits que nous enseigne l'analyse spectrale, qui considèrent les corps célestes comme en voie d'évolution et de mutation perpétuelle, constitués, du reste, d'éléments analogues à ce->x qui composent notre globe, et d'autres hommes qui se représentent le ciel sous la forme d'une gOrte de scène située dans la région tout est bleu (hilarité), et peu- plent cette scène d'objets empruntés à leur imagination ou à celle de tout autre. »

Est-ce bêtise, est-ce ignorance, est-ce mauvaise foi? M. Virchow ne sait donc pas que l'un des meilleurs commentaires de la Genèse, au juge-

4M LES MONDES.

ment du génie d'Ampère, était la cosmogonie de Laplace ; que l'unité dt matière du ciel et de la terre est plutôt affirmée que niée par Moïse : In principio creavU Deus cœlum et terram ; que la création de Moïse n'est au tond qu'une évolution grandiose et maintenue dans de justes limites; que la doctrine de la mutabilité des deux et de la terre est toute bibli- que: cœli peribunt...sicvt opertoriummutàbis eos et muta&un*ur, etc., que l'immutabilité des cieux n'était qu'une doctrine aristotélienne. M. Virchow plaisante-toi ou se prend- il au sérieuxllorsqu'il ajoute : a Vous persuaderez à un orthodoxe de la plus belle eau que l'hy- drogène brûle dans le soleil, que cette combustion est la cause de notre existence, même sur la terre ; mais cette idée n'aura rien de commun avec le reste de ses convictions ; elle sera chez lui comme un corps étranger dans le sein des tissus organiques, comme un ver intestinal, permettez-moi cette comparaison médicale, qui se loge dans l'orga- uisme intérieur d'un animal* Il y aura donc pour lui deux ordres différents de choses, qui se pourront développer simultanément, mais resteront deux existences à part, vivant chacune de sa propre vie. Cet homme, s'il cherche à poursuivre son développement, se dédoublera : ne pouvant concilier ses opinions et ses croyances, il perdra la foi et peut-être doutera des faits scientifiques eux-mêmes. C'e6t ainsi que l'on devient un misérable sceptique. »

Que signifie , je le répète , cet amphigouri ridicule et presque nauséabond, qui aboutit forcément à cette conclusion que la science est une déesse impitoyable, à laquelle il faut tout sacrifier, même sa foi, même sa religion; qui exige, avant tout, que l'intelligence soit ramenée à l'état de table rase. 11 faut réellement se tenir à deux mains pour se faire l'écho de ces stupides déclamations. M. Virchow, vrai- ment, ne sait pas ce que c'est que l'analyse spectrale, pour l'opposer ainsi sans cesse à ma foi ! C'est un perroquet qui répète les sons qui ont frappé son oreille. Je faisais de l'analyse spectrale, je formulais le premier les doctrines fondamentales que chaque matière en combustion a ses raies propres et caractéristiques ; je défendais la possibilité de l'origine commune du soleil et des planètes, l'unité atomique de la matière, le nombre limité des éléments et leur diffusion universelle longtemps avant que MM. Kirchoff et Bunsen étudiassent les raies des corps avec le prisme ; j'ai été le premier écho des observations d'analyse spectrale céleste , cette analyse est pour moi une seconde nature et non pas un entozoaire, elle est le dernier mot de cette parole des livres saints, qu'une étoile diffère d'une autre étoHe dans sa clarté. 11 me semble, cependant, que je suis un orthodoxe d'assez belle eau. Ah ! si M. Virchow était autre chose qu'un biologiste ma-

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térialiste et s'il savait ce qu'est ma foi ! Il parlerait bien autrement.

Voyez se dessiner de plus en plus sa haine de la vérité religieuse : « Nest-il pas totalement inhumain, totalement contraire à la nature, cet engouement avec lequel on s'attache à la tradition ? Pour nous, qui accomplissons la tâche difficile de suivre par le moyen des sciences biologiques les phénomènes de la vie dans ses différentes manifesta* tions, nous nous heurtons bientôt à l'antique problème de l'esprit et de l'âme. On ne peut arrêter l'examen de ces questions par la simple affirmation que voici : a Je crois qu'il est une âme personnelle, qui a peut être séparée du corps, qui peut s'en isoler, et avoir une exis- « tence indépendante... » Non, avec les gens qui nous tiennent ce lan- gage et qui se disent fixés 6ur ces idées (c'est-à-dire avec tout ce que l'humanité à compté de génies bienfaisants), il n'y a pas d'entente pot» sible. b

M. Virchow ment d'abord quand1 il prétend que l'idée préconçue d'âme personnelle l'empêche en quelque manière que ce soit de suivre par le moyen des sciences biologiques les phénomènes de la vie dans ses différentes manifestations. Que ne laisse-t-il de côté la notion de cette Ame spirituelle et indépendante, qu'il est parfaitement sur de ne pas rencontrer à la pointe de son scalpel. Que ne se borne- t-ii à Ja notion toute matérielle de l'âme ou des âmes qu'il définit si singu- lièrement : c En cherchant ce qui a été décrit sous le nom d'âme, je trouve toujours une série d'actions organiques se rattachant toujours à certaines régions, qui sont exactement déterminées. Il est donc im- possible que la force s'en aille et délaisse l'organe ; elle lui est absolu- ment et étroitement liée : il manque, rien de son activité ne se montre. »

a Qnand le Naturaliste continue à analyser le cerveau, à localiser les différentes fonctions intellectuelles dans ses diverses parties et à mon* trer l'inanité du dogme de l'unité de l'âme, en se fondant sur la topo- graphie des organes, ohl alors le savant n'est qu'un matérialiste l »

Les âmes qu'il définit ainsi et dont il a fini par doter chaque cellule, qu'il accumule au nombre de milliards de milliards dans chaque être Vivant, n'ont évidemment rien à faire avec l'âme esprit des saines phi- losophes, avec l'âme immortelle des chrétiens I Pourquoi donc se préoccupe-t-il tant de celle-ci? Ce secret, il va nous le dire; c'est en même temps le secret de l'école à la lois scientifique, religieuse et po- litique dont il se fait le grand prêtre 1 Ecoutez-bien.

« S'il était possible d'employer la plupart des hommes cultivés à faire une analyse purement objective de l'esprit humain, si chacun pouvait s'accoutumer à ne jamais s'occuper de choses dont, par le fait,

m tes MONDES.

aucun homme ne peut rien Bavoir, nous écarterions du coup un bon nombre de difficultés. Mais l'opposition que nous font les religions dites positives est tellement audacieuse, que, si indifférent que Ton soit à ces questions personnelles de foi et de sentiment, la. législation du pats et les efforts des naturalistes (les naturalistes, les savants, instruments d'un gouvernement persécuteur! quelle honte!) ne peuvent plus désormais 86 borner à traiter simplement ces sujets d'impalpables. Nous aurons de la peine a trouver une juste limite en pareille ma- tière, mais nous constatons que les termes de la convention de paix ne sont pas mieux respectés par la partie adverse. Puisque le syllàius attaque l'ordre social, je crois que Tordre social peut attaquer le syllabus. Nous revendiquons cette égalité de droit qui doit être main- tenue partout. Nous devons nous contenir quand notre adversaire se contient, mais quand l'équilibre de cette tolérance réciproque est rompu, nous avons à nous demander : a La vie nationale peut-elle parvenir à se constituer définitivement alors qu'il est impossible, à côté des querelles théologiques, de marquer un domaine commun pour tous, sur lequel la Nation construira son édifice scientifique nou- veau, SUR LEQUEL ELLE FUISSE LIBREMENT FORMULER SES TUES UNIVER- SELLES. D

Ce sont purement et simplement les prétextes imaginaires d'une guerre à outrance contre l'Eglise catholique. Affirmer que le Syllabus et les définitions du concile* du Vatican sont des attaques violentes contre Tordre social allemand, c'est plus qu'une odieuse calomnie, c'est une sottise dont on est honteux au fond. Affirmer que le but final de l'Eglise est d'écraser les aspiration* de tous les esprits indépen- dant*, et d9 arriver 9 à force de dogmatiser le monde et la raison, à supprimer toute pensée indépendante , est une véritable folie. L'Eglise, nos adversaires le savent trop bien, n'a aucune force coercitive maté- rielle et morale, et elle n'aspire en réalité qu'à être le garde-fou de la pauvre raison humaine. Elle ne dit qu'une chose aux gouverne- ments, comme aux peuples et aux individus, c'est que les prétendues libertés dont on veut faire Tordre social moderne, la liberté de penser, la liberté d'examen, la liberté de conscience, la liberté de la presse, la liberté de réunion, etc., etc. conduisent infailliblement à toutes les erreurs, à tous les bouleversements, à toutes les révolutions imagi- nables ; qu'elles aboutissent fatalement au renversement de Tordre so- cial, à l'effondrement des nations et plus encore à la perte éternelle des âmes. Le Syllabus et le Concile ne disent rien de plus* J'ajoute et je termine par là, qu'il faut être plus que naïf pour convertir en espé- rances réelles ces illusions lamentables.

LEO MONDES. i6*

« Plus l'homme apprend à bien penser, pins les cercles de la science qui s'ouvrent à sa pensée sont étendus, pins le nombre des objets s'accroît dans la sphère qui lui est accessible, plus aussi cet homme se fait un devoir d'être loyal dans les questions qu'il se pose à lui-même ; ainsi l'on peut espérer trouver dans les progrès de la science le motif d'un zèle plus ardent pour une morale élevée, la source d'efforts de plus en plus considérables pour atteindre la Véracité, l'honorabilité, la fidélité, dans tous les rapports sociaux. Tel est but qui présente à notre patrie les plus belles perspec- tives ; telle est l'espérance dont notre Assemblée est pénétrée et avec laquelle elle marche à la rencontre de l'époque nouvelle qui s'ouvre devant nous. Si nous parvenons à pairs que notre méthode

SOIT LA MÉTHODE DE TOUTE LA NATION, QU'ELLE NB SOIT PAS SEULEMENT LA CAUSE DE PROGRÈS MATÉRIELS, PAR SON APPLICATION DE PLUS EN 9LU8 EFFICACE AU TRAVAIL, MAIS QU'ELLE DEVIENNE CHEZ NOUS LA RÈGLE ABSOLUE DE LA LOGIQUE ET DE LA MORALE, NOUS AURONS FONDÉ NOTRE VÉRITABLE UNITÉ NATIONALE. (Grand et UnivtTStl (UStlk-

timent de V Assemblée.) b Ah! si nous étions ennemis de l'empire d'Allemagne, nous n'aurions, pour avoir la certitude d'être bientôt vengés, qu'à hâter l'accomplissement du vœu si follement applaudi de M. Virchow, vœu qui n'est au fond qu'un délire! Ce biologiste si orgueilleux ne sait pas Iq premier mot de la nature humaine* Non, mille fois non, la science sans la foi [ne moralise pas, ne sanctifie pas plus les nations que les individus ; elle enfle, elle gonfle, elle perd, elle amène des réactions terribles, et bientôt l'homme si fier de la posséder est livré à son sens réprouvé. F. Moigno.

Nomination. M. Rolland, directeur général des manufac- tures de l'État, a été élu membre de l'Académie des sciences, en remplacement de M. le général Piobert,par 42 voix sur 56 votants, et quoique la section l'eût placé au second rang. Nous ne pouvons qu'applaudir à ce choix judicieux de la majorité ; M. Rolland est tout à fait digne d'elle comme homme et comme savant.

Société* aavante* de Vrance. La réunion annuelle des savants français, tenue à Paris sous les auspices et par les soins du Ministre de l'Instruction publique, commencera le lundi !•* avril, à midi précis, à la S or bonne, et continuera les mardi 2, mercredi 3, et jeudi -4 avril.

Tolérance!— Un seul des professeurs de la Faculté des scien- ces de Strasbourg, M. Scbimper, botaniste éminent, aaccepté la

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place qui lai a été offerte dans l'Université allemande. M. Shira. per n'est point d'origine allemande, mais bien d'origine française ; son père était pasteur protestant à Niderbronn ; et le ministre de l'instruction publique en France, non-seulement lui avait offert, mais lui avait donné la chaire de paléontologie au Muséum d'his- toire naturelle, avec un traitement bien supérieur à celui dont il jouissait autrefois, quoique très-inférieur à celui que donne la nou- velle Université allemande. Son refus est donc très-grave, mais on assure, d'une part, qu'il n'a pas le courage de se séparer de la collection qu'il a formée pour la ville de Strasbourg, de l'antre, que lès médecins lui ont interdit l'échange du climat de l'Alsace contre celui de Paris, comme très-préjudiciable à une santé déjà ébranlée* Tolérance donc et miséricorde.

Contour» de zootechnie. Le concours ouvert pour deux chaires de zootechnie aux Écoles de Grignon et de Montpellier est fermé. Le jury a présenté en première ligne M. André Sanson, en seconde ligne M. Gobin, en troisième ligne M. Bénard. Il paraîtrait que M. Sanson aura le droit de choisir entre les deux chaires de Grignon et de Montpellier. Nous le félicitons sincèrement de son succès.

Enoelgnement rapérleur d'ag rlenlture. A la de- mande du conseil de perfectionnement de l'École centrale des arts et manufactures, un décret du ministre de l'agriculture et du commerce a décidé la création au f sein de cette École d'un en- seignement supérieur agricole ayant pour but non-seulement de faire des ingénieurs agricoles, mais encore de faire pénétrer la connaissance des choses rurales dans un grand nombre d'intelli- gences qui jusqu'ici y restaient fermées. 11 paraît que celte créa- tion serait due à l'initiative de M. Dumas, président du conseil d'administration.

Il y aurait dans cette école une autre chaire plus impor- tante à créer et qui serait mieux dans les habitudes de son enseignement, une chaire d'artillerie, théorie et pratique. On sait le rôle qu'ont joué les anciens élèves de cette école, ingénieurs civils, dans ls dernière guerre, la part qu'ils ont été appelés à prendre dans l'armement de Paris assiégé; ces circonstances peuvent se présenter de nouveau, et i) faudrait que cette fois nos ingénieurs fussent mieux préparés à la mission qui pourra leur être conférée. L'École centrale, d'ailleurs, est riche, et elle trouverait sans peine dans son propre budget les ressources nécessaires à l'inauguration

LES MONDES. M5

du nouvel enseignement, comme elle a fait pour renseignement

agricole,

<

Etat de» récolte». <— Sauf de très-légers dégâts produits par les gelées, soit de l'hiver, soit de la fin de février, la situation des récoltes en terre est partout satisfaisante, et sur la surface entière de la France l'aspect de lavégétation est plein de promesses d'abon* dance.

I/es eatalo*nes 4'bertlcalture et *e aeolegle, *

M. Sacc réclame instamment» dans le Journal a' Agriculture, la pu- blication de catalogues complets dans lesquels toutes les plantes et tous les animaux demandés par le commerce seraient rangées dans Tordre alphabétique latin avec leur nom vulgaire suivi du nom des vendeurs et du prix de vente. Par exemple, dit M. Sacc, où, celui qui demande des orangers faits et des vignes d'Amérique, pourrait-il apprendre aujourd'hui qu'il faut demander les orangers à M. Rivière, d'Alger, et les vignes d'Amérique à M. A.-N. Bar- maux, de BollwillerîM. Sacc nous a appris, par parenthèse, que M. Georges Barrai venait d'ouvrir, rue des HaHes, 34, une maison de commission et consignation des denrées agricoles et prodoits industriels, avec succursales à Londres et à Paris.

Unité» de mesures. Société centrale d'agriculture de France approuve les pétitions faites par le public agricole dans le but que la vente des grains et des farines se fasse sur tous les mar- chés publics aux 100 kilogrammes, ou quintal métrique; que les bois de feu et de charbon soient partout mesurés au stère ; que les arbres sur pied ou abattus soient achetés au volume réel ; que les pièces équarries soient partout mesurées de deux en deux centi- mètres pour les pourtours, et de vingt en vingt centimètres pour les longueurs, etc.

Association française contre l'abus de* boissons aleoolfqnes. Grâce à 1'iniliative d'un grand nombre de celé- brités médicales, MM. Barlh, Baillarger, Bergeron, Bouchardat, Chauffard, Dechambre, Fauvel, Larrey, Hérard, Roussel, etc., il vient de se fonder à Paris une société ayant pour but de combattre les progrès incessants de l'abus des boissons alcooliques. Le siège provisoire de la Société est 46, rue de Lille, chez son président, M. Barth ; la cotisation annuelle des membres et des correspon- dants normaux est actuellement de 20 francs.

' 4«6 LK8 MONDES.

ANALYSE SPECTRALE

I/aMoclfltlon «peetroffeoplque Italienne, par M. H.

Tàrry. Le spectroscope est incontestablement le seul instrument capable d'enrichir la science de nouvelles découvertes sur la constitua tion physique du soleil.

A Rome, le père Secchi, directeur de l'Observatoire du collège romain, et M. Respigbi, directeur de celui du Cap i tôle, furent les premiers astronomes italiens qui purent se servir de ce précieux moyen d'observation ; mais à l'occasion de l'éclipsé de soleil du mois de décembre 4870, les Observatoires de Padoue, Naples et Palerme en furent aussi pourvus, et, à partir de ce moment, l'observation attentive du soleil fut faite régulièrement dans chacune de ces villes.

Chaque astronome toutefois travaillait pour son compte personnel, ne s'occupant que des questions spéciales qu'il s'était proposé de résoudre parmi les multiples et intéressantes séries d'observations speetroscopiques qu'il y a à faire sur le soleil.

Fi était évidemment beaucoup plus profitable aux progrès de la science de s'entendre pour se diviser la besogne, de manière à éviter les doubles emplois et à concentrer les efforts sur les points les plus importants qui exigent de longues séries d'observations spéciales, ce qu'il n'est pas possible d'obtenir d'un seul observateur en un lieu unique.

C'est ce qu'ont parfaitement compris les astronomes italiens, et de même qu'une vaste association s'est déjà formée en 4870, sous la direction de MM. Denza et Schiaparelli, pour l'observation des étoiles filantes en un réseau qui embrasse l'Italie entière, le père Secchi et MM. Tacchini (Palerme), Respigbi, Lorenzoni (Padoue) et de Gasparis (Naples), 6e sont entendus pour former une association dont le but est de soumettre la surface du soleil à une surveillance tellement bien combinée que rien de ce qui se passe d'important sur notre astre cen- tral ne puisse leur échapper.

C'est le 5 octobre 1871 que cet accord s'est établi à Rome par la rédaction d'un programme que MM. Tacchini et Secchi ont formulé et auquel les autres astronomes italiens ont immédiatement adhéré.

Voici l'analyse de ce programme auquel, dans l'intérêt de la science, devraient adhérer les savants des autres pays, car en pareille matière, si l'on veut faire de rapides progrès dans l'étude des questions si inté- ressantes qu'on n'entrevoit que depuis quelques années, le concours

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de tous les astronomes exercés n'est pas de trop et une association spectroscopique internationale serait un puissant moyen d'action.

I. Nomenclature des travaux à entreprendre.

Nombre, grandeur, position relative et direction des protubé- rances;

Dessins circonstanciés dans les circonstances les plus critiques ou les plus intéressantes;

Position des facules et taches près du bord et dessin général du disque solaire;

Étude de la composition du spectre ; observation des raies ren- versées; déterminer le mieux possible leur position, notamment celles des raies BC-Ba vues par Respighi, f et h vues par Angstrôm et Lorenzoni ;

Description et étude continue, aussi longtemps que possible, des protubérances vives et à forme variable, de leurs phases et de leur spectre ;

Dessin des divers aspects d'une même protubérance avec les raies du spectre correspondant à chacun (feux ;

Observation spéciale des taches du soleil ; examen de la relation qui existe entre l'aspect intérieur et l'aspect extérieur au bord du soleil ;

Mesure des diamètres du soleil à l'aide du chronographe et de l'équatorial pour les ascensions droites, des cercles méridiens et des héliomètres pour les déclinaisons;

Lors de l'apparition des phénomènes extraordinaires, tels qu'ex* plosions, protubérances élevées, etc., porter son attention au nord pour vérifier s'il ne se produit pas en même temps une aurore bo- réalty ainsi que cela a été observé à Palerme en août 1874 ; surveiller en même temps les appareils magnétiques.

C'est grâce à l'exécution de cette première partie du programme de l'association des spectroscopistes italiens, que, lors de l'aurore polaire du 4 février dernier, de bonnes observations du soleil ont été faites en Italie' et qu'on a pu constater une fois de plus la coïncidence de ce phénomène remarquable avec une agitation extraordinaire à la surface de notre astre central.

IL Bigles relatives à V exécution et à la publication des travaup,

V Pour la description complète des protubérances, chaque obser- vateur sera de service pendant un mois et examinera dans cet inter- valle le bord entier du aoleiJ, sans préjudice de l'examen qu'en

4ftS LES MONDES.

pourront Caire les autres, quoiqu'il soit préférable qu'ils s'occupent des autres parties du programme ;

Pour plus de précision, on limitera la fente à ou du bord, et pour le dessin on se servira d'une échelle très-agrandie ;

La position des facules et taches au bord et la hauteur des pro- tubérances se mesureront par projection sur un écran, ainsi que cela se fait à Rome et à Païenne ;

Un système d'avertissements télégraphiques très-simple sera organisé pour que l'observateur de service prévienne des mauvais temps tous les autres, qui devront dès lors faire de leur côté les obser- vations des protubérances ;

Une fois son mois d'observations terminé, chaque observateur devra, le plus tôt possible, former un tableau sur papier blanc avec crayon n' 2, pour qu'on puisse promptement et exactement le reporter sur la pierre lithographique ; les dessins des protubérances seront faits en rouge sur papier noir ; des notes et réflexions pourront les accompagner ;

La publication en sera faite dans le Journal des sciences natu- relles de Palerme, sous la direction du professeur Tacchini et avec le concours d'un artiste distingué, déjà familiarisé avec ces reproductions, M. Fraunfelder;

On publiera chaque année 24 planches dont 12 pour les obser- vations des protubérances;

En outre des astronomes, les physiciens et chimistes qui se livrent aux études spectroscopiques pourront faire partie de la nouvelle société ;

On demandera au Gouvernement les fonds nécessaires pour la publication, et les livraisons imprimées seront immédiatement expé- diées en Italie et à l'étranger.

Le concours du gouvernement italien n'a pas fait défaut à cette belle entreprise. A peine ce programme était-il adopté que M. Tacchini adressa un rapport au ministre de l'instruction publique d'Italie et en obtint non-seulement des fonds pour la publication des travaux déjà faits, mais la franchise télégraphique pour qu'en cas de mauvais temps l'observateur de service pût prévenir en deux mots les trois autres stations.

Le premier fascicule des Mémoires de la Société des spectrosco- pistes italiens a déjà été publié ; il contient d'intéressants mémoires des membres de la Société et des planches ehromolithographiepies d'une rare perfection.

Voilà on en est en Italie» Gomme toujours, la France s'est laissé devancer.

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ÉLECTRICITÉ

Mémoire inr l'emploi de» eearanto aeeondalree pour Accumuler on transformer le* eflfate de la plie Toltalque , par M. Gaston Planté. (Suite et fin.) Il est donc nécessaire de former un couple secondaire pour en obte- nir le maximum d'effet qu'il peut donner après le passage du courant principal, pour produire, par exemple, l'incandescence d'un fil de pla- tine de 1 millimètre de diamètre prolongée pendant une minute. On y parvient en le faisant traverser fréquemment par un courant, et fer- mant aussi fréquemment le circuit secondaire. Mais on peut abréger beaucoup le temps nécessaire h la formation d'un couple secondaire en faisant passer le courant principal tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. On conçoit que les phénomènes d'oxydation ou de réduction décrits ci-dessus, produits alternativement à la surface des mêmes lames par le courant principal lui-même, activent beaucoup la modi- fication moléculaire des surfaces de ces lames, et, par suite, la forma» tion du couple secondaire. Chaque fois qu'on change le sens du courant, on observe, s'il y a un galvanomètre dans le circuit, un ren- forcement notable du courant principal pendant les premiers instants, ce qui s'explique aisément, parce que la force électromotrice inversé du couple secondaire s'ajoute, dans ces conditions, à celles de la pile. Cet effet, observé depuis longtemps avec des voltamètres à lames de platine, est ici particulièrement marqué, en raison de l'intensité de la force électromotrice développée par des électrodes de plomb.

Lorsqu'un couple secondaire est bien formé, c'est-à-dire lorsque le passage prolongé du courant principal dans un sens ou dans l'autre a successivement accumulé, une fois pour toutes, à la surface de» lames, des couches, relativement plus épaisses qu'à l'origine, de per- oxyde de plomb ou de plomb réduit très-divisé, les gaz qui tendraient à se dégager aussitôt qu'on fait passer le courant principal, sont com- plètement absorbés par la surface des lames pendant un certain temps, à tel point qu'avec un couple secondaire de moins de 1/2 mètre carré de surface, soumis à l'action du courant de deux petits couples de Bunsen, il peut s'écouler 8 ou 10 minutes avant qu'aucun des gaz n'apparaisse à la surface des lames. Tout le travail du courant pri- maire s'accumule, en quelque sorte, dans l'appareil, sous forme

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470 LES MONDES.

d'oxydation de plomb d'une part, d'autre part de réduction de plomb oxydé produit par la fermeture antérieure du courant secondaire, pour être rendu de nouveau , sauf une perte inévitable, sous forme de courant secondaire, par la décomposition inverse de ces mêmes pro- duits; et lorsque les gaz commencent à se dégager* on est ainsi averti que la pile n'effectue plus sensiblement de travail utile à la production du courant secondaire.

Ainsi, l'apparition du dégagement des gaz dans un couple secon- daire préalablement bien /orme, devant un phénomène indicatif du maximum de la charge que peut prendre le couple, et il n'y a plus beaucoup d'avantage, pour accroître les effets secondaires, à prolonger l'action du courant principal. On a eu l'occasion de vérifier ce fait un grand nombre de fois par l'expérience, soit en recueillant les effets du courant secondaire dans un voltamètre, comme on le verra plu* loin, pour la mesure du rendement; soit en produisant l'incandescence d'un fil de platine d'une longueur et d'un diamètre déterminés. On a reconnu, dans ce dernier cas, par exemple, qu'en chargeant successi- vement le couple secondaire jusqu'à l'apparition du dégagement de gaz, puis en prolongeant le passage du courant principal quelque temps après, on n'augmentait pas sensiblement la durée de l'incandescence du fil de platine*

. Lorsque les couples secondaires restent quelque temps sans fonc- tionner, il faut, pour obtenir de nouveau le maximum d'effet qu'ils peuvent donner, faire passer pendant une heure environ le courant principal ; mais ensuite le maximum de la charge est obtenu en 7 à 8 minutes. Il importe également de les faire traverser par le courant principal toujours dans le même sens ; car les inversions de courant qui, dans les premiers temps de l'usage de ces couples, sont utiles pour les former en préparant les surfaces, auraient ensuite pour effet de détacher les dépôts d'oxyde ou de métal réduit qui y adhèrent, et faci- litent la production d'un courant secondaire de plus longue durée. Ces dépôts d'oxyde, de métal réduit ou de sel formés autour des électrodes, bien que très-minces, jouent un rôle important dans la production du courant secondaire, et surtout dans la conservation de la charge prise par la batterie, ainsi qu'on le verra plus loin. Si minces que soient ces dépôts, ils peuvent être formés de diverses substances. La partie la plus superficielle est formée d'un mélange de protoxyde et de sulfate de plomb, qui reste adhérent ou tombe peu à peu au fond du vase. Car, à la suite d'un long usage des couples secondaires, on trouve à la partie inférieure du liquide une poudre ou des pellicules précipitées, formées

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Je protoxyde et de sulfate de plomb. Sauf ces parcelles qui se déta- chent à la longue, le couple secondaire ne s'altère point, même par un long usage ; caries effets d'oxydation et de réduction s'opèrent toujours sur la même matière, formant une couche mince à la surface des lames de plomb.

La présence du sulfate de plomb formé au contact de l'eau acidulée n'empêche point, par suite de la nature peu agrégée du dépôt qu'il forme, les actions oxydantes ou réductrices de se passer au-dessous de sa surface, de sorte que lorsqu'un couple secondaire est bien formé, les gaz sont absorbés pendant la charge du courant principal, sans qu'on voie aucun changement de teinte se produire sur les lames, à l'inverse de ce qu'on observe avec des lames neuves, qui passent suc- cessivement par les nuances les plus claires et les plus foncées du peroxyde de plomb, ou reprennent rapidement la teinte du métal, suivant le gaz qui agit à leur surface.

Ici, dans un couple formé, tout se passe sous les dépôts de protoxyde ou de sel qui couvrent la surface d'une couche rougeâtre et blanchâtre sur quelques points ; de même que l'oxydation et l'attaque du zinc amalgamé se produit sous la couche de mercure, sans aucun effet visi- ble, et les lames ne changent plus d'aspect sous l'influence du courant principal. Ce n'est que dans le cas l'on ferait passer un courant principal notablement plus intense que celui qu'on emploie ordinaire- ment et en sens inverse du sens habituel, que l'on détacherait les dépôts de la surface des lames, et qu'on les ferait tomber en larges lamelles au fond du vase. On serait alors, dans ce cas, obligé de reformer le couple secondaire par l'action d'un courant principal plus faible pro- longé longtemps dans le même sens, pour obtenir de nouveau le maxi- mum d'intensité du courant secondaire.

C'est, en somme, un dépôt galvanique de peroxyde de plomb qu'il s'agit de produire dans ces couples secondaires, aux dépens de la sur- face du métal qui n'est pas pénétrable, et cependant le plus épais possible, pour acccumuler, sous cette forme, le travail de la pile, et, en même temps, assez adhérent à la surface de la lame pour pouvoir subir, sans se détacher, une série indéfinie de réductions et de réoxy- dations successives.

Cette considération m'a conduit à essayer de produire le peroxyde de plomb sur les lames aux dépens du liquide, afin de pouvoir en accumuler une plus forte épaisseur, et, pour cela, de former ce liquide d'un sel de plomb plus ou moins étendu. Mais alors l'eau acidulée par l'acide sulfurique ne peut plus être employée ; car cet acide précipite les sels de plomb; et si l'on emploie d'autres dissolutions acides conte-

472 LES MONDES.

nant ce métal, le plomb se dépose sur la lame négative sous forme d'aiguilles cristallines qui établissent rapidement des contacts avec la lame positive, et arrêtent ainsi toute décomposition ultérieure.

Si Ton a recours à des dissolutions alcalines, le plomb se dépose sous une forme spongieuse qui augmente rapidement de volume (1) et présente un inconvénient analogue au précédent; de plus, le per- oxyde de plomb, une fois déposé, ne tend pointa s'attaquer au sein de la dissolution alcaline, comme au sein de l'eau acidulée par l'acide sulfurique, de sorte qu'on n'obtient plus, dans ces conditions, qu'un très-faible courant secondaire. Je me suis donc arrêté, jusqu'ici, à l'emploi de l'eau acidulée au 1/10 par l'acide sulfurique qui a tou- jours fourni, par son action sur le peroxyde de plomb, un courant secondaire d'une intensité supérieure à celle de toutes les autres com- binaisons acides ou alcalines.

Un phénomène particulier aux couples ou batteries secondaires à électrodes de plomb est celui de la conservation de la charge prise par ces couples ou batteries. Si l'on fait passer, pendant une demi- heure environ, le courant de deux couples de Bunsen à travers un couple secondaire préalablement bien formé, et qu'on abandonne ce dernier à lui-même peudant 48 heures, sans fermer le circuit secon- daire, on peut obtenir, au bout de cet intervalle, un courant secon- daire encore assez intense pour porter à l'incandescence un fil de platine d'un demi-millimètre à un millimètre de diamètre. On sait que les électrodes de platine retiennent assez longtemps la faculté de produire un courant, une fois polarisées; mais ce courant est extrème- ment faible, comparé à celui qu'elles produisent, aussitôt après la rupture du courant principal. Le fait de la conservation de la charge avec les électrodes de plomb s'explique de la manière suivante : le peroxyde de plomb formé à la surface de la lame positive tend à se réduire spontanément dans l'eau acidulée, alors même que le circuit est ouvert; il passe à l'état de protoxyde ou de sulfate de plomb ; mais cette altération est tout à fait superficielle, car elle est produite par le voisinage immédiat du liquide ; si le dépôt a une certaine épaisseur, le peroxyde de plomb sous-jacent se trouve protégé, par

(1) Le dépôt galvanique du plemb sous cette forme, qu'on pourrait appeler V éponge de Saturne, présente un curieux effet de combinaison, en quelque sorte mécanique, de plomb et d'hydrogène. Ce gaz n'est ni combiné ni allié chimiquement au métal» car il disparaît par la simple pression; mais il contribue à augmenter le volume du métal d'une manière remarquable, à l'instar du gaz ammoniac dans l'amalgame d'ammonium.

LES MONDES/ 413

oette altération même de sa surface, contre l'action du liquide, et peut rester ainsi inaltéré pendant plusieurs jours. Si l'on forme alors seu- lement le circuit, l'état électrique que tendent à prendre les lames détermine la réduction, malgré la couche de protoxyde ou de sel qui reste adhérente, ou quelquefois se détache partiellement et tombe au fond du liquide.

Il semble difficile, au premier abord, de concevoir une couche d'oxyde ou de sel non conducteur préservant une électrode de l'attaque du liquide, quand il ne circule point de courant dans l'appareil, et impuissante à la protéger, dès qu'il y a un circuit électrique formé. Mais on sait, d'autre part, combien l'intervention de la force élec- trique est puissante pour modifier ou déterminer des actions qui n'au- raient point lieu sans elle, et l'on peut d'ailleurs citer certains cas dans lesquels un effet analogue peut être facilement mis en évidence.

Si l'on emploie, par exemple, un voltamètre à eau acidulée dans lequel le pôle positif est formé par une couche de mercure, et le pôle négatif par un fil de platine, il se forme à la surface du mercure, dès les premiers instants du passage du courant principal, une couche de sulfate de mercure insoluble qui affaiblit bientôt d'une manière no- table l'intensité du courant. Vient-on à renverser le sens du courant, cette couche superficielle n'est plus un obstacle à l'action électro-chi- mique ; le sulfate de mercure est immédiatement balayé de la surface du mercure, comme s'il était chassé par un courant d'air ; il entre en suspension dans le liquide, tandis que la surface du mercure s'éclaircit, et donne bientôt naissance à un dégagement régulier d'hydrogène.

Dans un voltamètre à électrodes de plomb, les choses se passent de la même manière quand le courant principal est suflisamment éner- gique et qu'on vient à en changer le sens. Le protoxyde de plomb ou le sulfate formé se détache en écailles de la lame métallique et tombe au fond du vase. On conçoit donc que si, au lieu de changer le sens du courant principal, on ferme seulement le circuit du courant secondaire qui circule à l'intérieur du couple en 6ens inverse du courant principal, et avec une force électromotrice moindre, les réac- tions chimiques se produisent également sur les lames sous une couche superficielle mauvaise conductrice, sans la détacher nécessai- rement pour cela de la surface à laquelle elle adhère.

Ainsi la protection de la couche de peroxyde de plomb sous-jacente, par l'altération même de la couche d'oxyde ou de sel tout à fait su- perficielle, est la vraie cause de la conservation de la charge dans *les couples ou batteries secondaires à lames de plomb.

Le mot de charge est employé ici, à défaut d'un autre plus exact,

|74 LES MONDES,

pour désigner l'effet résultant de la préparation ou modification de la surface des lames de plomb ; car il ne semble pas y avoir de charge proprement dite, comme dans un condensateur. Il est possible néan- moins qu'il se produise un effet d'influence ou d'induction entre deux lames métalliques de grande surface, telles que celles qui cons- tituent le couple secondaire, séparées par une couche de liquide pou- vant jouer le rôle de lame isolante; mais la majeure partie, pour ne point dire la totalité, de l'effet [produit par le couple secondaire est incontestablement due aux actions chimiques produites au sein du liquide par les électrodes modifiées sous l'influence du courant prin- cipal.

Cette propriété que possèdent les couples secondaires de conserver facilement leur charge après le passage du courant principal est pré- cieuse, en ce sens qu'elle permettra de charger successivement, avec une même pile, tel nombre de couples ou de batteries secondaires que Ton voudra jusqu'à épuisement complet du courant de cette pile, et de réaliser ainsi, avec une faible source d'électricité dont le travail aura été accumulé dans plusieurs appareils, les effets les plus intenses que puisse produire la pile voltaïque.

Dans l'appareil précédemment décrit (ûg. 1), on a constaté la production du courant secondaire, et les effets de quantité qu'il peut fournir, en interposant sur son passage un fil de platine de 4 milli- mètre de diamètre et de 7 à 8 centimètres de longueur, qui se trouvait porté à l'incandescence pendant une minute environ. Mais si Ton em- ploie un fil de platine de -^ de millimètre de diamètre, et d'une lon- gueur suffisante pour ne point être fondu immédiatement par le pas- sage du courant secondaire (5 à 6 centimètres de fil de ce diamètre opposent une résistance suffisante pour un seul couple secondaire), on peut obtenir une incandescence prolongée de ce fil pendant une dixaine de minutes environ. Avec un galvanomètre à fil fin et long, on obtient une déviation qui peut se maintenir parfaitement constante pendant plus d'une demi-heure. Ces résistances opposées à un cou- rant dans lequel la quantité a plus d'importance que la force électro- motrice jouent le rôle de modérateurs ou de régulateurs et transforment ainsi les effets d'un courant essentiellement temporaire et inconstant, en un courant d'intensité relativement constante» On conçoit qu'il faille d'autant plus de temps pour dépenser l'effet chimique accumulé sur une grande surface que l'issue fournie au courant qui en résulte est plus étroite. La durée de la décharge des couples secondaires dépend donc à la fois de la dimension de leur surface, de l'épaisseur

LES MONDES. 475

de la couche de peroxyde de plomb déposé, et de la résistance du con- ducteur avec lequel ou ferme le circuit.

—C'est avec des couples secondaires se trouvant dans les conditions de préparation et de formation indiquées plus haut comme les plus favorables à l'accumulation du travail de la pile dans ces appareils* que j'ai mesyré le rendement, c'est-à-dire le rapport du travail élce« trique qu'ils peuvent effectuer au travail électrique qu'il a fallu dé- penser pour les charger.

Un couple témoin à sulfate de cuivre et à lame de platine» préala- blement pesée, a été ajouté à la pile principale destinée à charger un couple secondaire.

On a arrêté le passage du courant principal, dès que le dégagement de gaz a commenté h se manifer ter, le couple secondaire se trouvant alors, aittfci qu'on l'a vu plus haut, chargé à saturation. La lame de platine du couple témoin, couverte de cuivre, a été pesée après Tes* périence.

Cela fait, on a déchargé le couple secondaire, en fermant son circuit par un voltamètre à sulfate de cuivre muni d'une autre .lame de platine préalablement pesée, et on n'a arrêté l'expérience que lors- que l'action du courant secondaire a été complètement épuisée.

En comparant, d'après les dépôts de cuivre obtenus, le travail du couple secondaire avec celui de la pile primaire servant à le charger, on a trouvé que la proportion ou rendement était de ■£& à fà.

On a donc un t récepteur assez parfait du travail de la pile vol- talque, et l'on s'explique ainsi l'intensité des effets que ces couples ou batteries secondaires permettent d'obtenir en dépensant, dans un temps très-court, la force d'un courant primaire recueillie pendant un

certain temps.

Les causes de perte de travail correspondant aux ^ , ou -^ que Ton ne retrouve point dans le rendement sont les suivantes :

1* La réduction spontanée dans l'eau acidulée d'une petite portion du peroxyde de plomb à mesure qu'il se dépose sur la lame positive, cause d'autant plus influente que la surface du couple secondaire est plus grande, la couche déposée étant plus mince, et que la charge dure plus longtemps. Avec une batterie d'une surface extrêmement grande par rapport à celle de la pile principale servant à la charger, cette cause de perte croîtrait elle-même d'une manière indéfinie, et la batterie ne pourrait presque pas se charger.

La formation incomplète du couple secondaire ; une portion des gai se dégage alors , ainsi qu'on l'a vu plus haut , sans produire

«« LES MONDES.

d'effet chimique utile pour la production ultérieure du courant secon- daire.

La polarisation ou développement d'une force électromotrice in- verse à l'intérieur du couple secondaire lui-même pendant qu'il fonc- tionne. 11 en résulte que, lors de la décharge du couple secondaire, on ne recueille point la portion de travail dissimulée, par cet effet. Pour retrouver cette portion de travail dépensée par la pile princi- pale, ilfaudrait déterminer le travail qui serait produit par les résidus(i), et l'ajouter au rendement ; encore ne la retrouverait-on pas entière- ment par suite de la perte résultant des repos du couple secondaire entre chaque essai des résidus.

—La batterie secondaire à lames de plomb, disposée pour produire des effets de tension, offre un rendement inférieur à celui des couples secondaires destinés aux effets de quantité, et moins susceptible d'une mesure exacte, par suite de petites différences inévitables dans la ré- sistance de chacun des couples qui la composent; cet appareil n'en est pas moins un organe de transformation efficace, permettant d'obtenir, après un certain temps d'action d'un faible courant, les effets les plus intenses de la pile voltaïque, tels que la lumière électrique, la com- bustion des métaux, etc.

Le rôle que peuvent jouer ces instrument» dans l'électricité dyna- mique est comparable à ceux de toutes les machines qui servent , en mécanique, à accumuler ou transformer les forces, telles que h levier, les ressorts, la presse hydraulique, le mouton, etc. Dans cette dernière machine, par exemple, une masse pesante, soulevée peu à peu à une grande hauteur, par une série d'efforts successifs, est ensuite aban- donnée a elle-même, et rend, par sa chute, sous forme d'un grand et unique effort, la majeure partie du travail dépensé pendant un autre temps. Dans les batteries secondaires dont il s'agit, la somme (1rs action* chimiques produites par une faible source d'électricité distribuée sur un grand nombre de couples secondaires développe une somme de forces électromotrices qui , réunies lors de la fermeture du circuit secondaire, rendent, sous forme d'un courant très-intense de couru», durée, la somme des actions accumulées pendant tout le temps qu'a duré la Charge de la batterie. Les effets de quantité correspondent a la cbute d'une masse très-pesante soulevée à une petite hauteur; les effets de tension à la chute d'une masse moins pesante soulevée à une grande hauteur.

(t) Les couples secondaires donnent des résidus analogies à eeox de la buut#iilû Leyde, V. Annaltt de Chimitei de Physique, •• série, t. XV, p. 19.

LES MONDES. *77

Ces rapprochements montrent , une fois de plus, le lien qui existe entre les diverses manifestations de la force ou du mouvement en gé- néral, et la variété des effets qu'on peut .espérer d'obtenir, par ana- logie, de la force électrique.

PHYSIQUE

Expérience nouvelle pour démontrer dans les éco- les la cause mécanique de l'ébullltlon , par M. Félix Marco. Je prends un tuyau thermométrique avec son bulbe sphérique à une extrémité. Je casse le bulbe en sorte qu'il reste un tuyau avec une 6orte d'entonnoir à bords irréguliers. Je plonge ce tuyau dans l'eau d'un matras, de sorte que l'entonnoir soit ap- puyé sur le food du matras. J'ai ainsi une petite masse d'air empri- sonnée par l'entonnoir et par l'eau. Je chauffe ensuite l'eau avec une flamme à l'esprit de vin jusqu'à l'ébullition; alors, en plaçant convena- blement la flamme, on voit des bulles de vapeur partir continuellement de l'entonnoir.

Il est évident que chaque bulle, pour sortir de sa prison, doit abattre la muraille d'eau qui l'entoure et vaincre la résistance de cette muraille qui est égale à la pression atmosphérique qui s'exerce sur la surface de l'eau, plus la pression due au poids du liquide, plus la cohésion du liquide.

Maintenant, on sait que dans l'eau qui bout dans un récipient il y a toujours des bulles d'air attachées à la paroi par adhésion, et que les bulles de vapeur partent toujours de ces bulles d'air, une fraction des- quelles seulement se détache de la paroi pour venir crever à la surface, tandis que le foyer charge toujours de nouvelle vapeur la portion qui reste adhérente à la paroi. Et si l'on dépouille l'eau de ces bulles d'air l'ébullition ordinaire n'a pas lieu. Cela est établi par nombre d'expé- riences parmi lesquelles je cjterai celles de Dufour qui a porté des gouttes d'eau suspendues dans un mélange d'huile de lin et d'essence de girofle au delà de 148° sans qu'il y eût ébullition. Mais en touchant ces globules suspendus au sein de l'huile avec une tige de métal ou de bois, c'est-à-U ire en leur apportant de l'air, M. Dufour a vu l'ébul- lition se produire immédiatement.

M. Kremers (i) a trouvé par un gran-1 nombre d'expériences que

(i) Les Monies, 1871, txxvi, png. 87.

478 LES MONDES.

l'eau privée d'air autant que possible peut être chauffée de 408° À 200* sans bouillir d'une manière continue.

Donc, la cause mécanique de l'ébullitlbn, C'est que dans l'eau il y a toujours des bulles d'air saturées dfe vapeur qui abattent la paroi d'eau qui les entoure lorsqu'elles ont acquis une tension supérieure à la résis* tance de cette paroi qui est égale à la pression atmosphérique qui s'exerce sur la surface du liquide, plus la pression due au poids de la colonne liquide qu'il y a dans le vase, plus la cohésion du liquide.

Ordinairement on ne tient pas compte de ces deux dernières résis- tances que doit vaincre la bulle de vapeur pour sortir de sa prison, parce qu'elles sont ordinairement beaucoup plus petites que la pre- mière, et l'on dit seulement qu'un liquide bout lorsque la force élastique de sa vapeur fait équilibre à la pression que la surface â\X liquide supporte.

M. Tomlinson, dans un travail sur les solutions sursaturées et l'action des noyaux [1), décrit cette expérience. Il prit une cage de 38 millimètres de longueur sur 46 de largeur faite d'un fil de fer très- fin, tel que celui qu'on emploie pour la construction des blutoirs en usage dans la meunerie. Deux cages semblables avaient été préparées ; l'une d'elles fut parfaitement nettoyée et tenue au milieu d'un courant de vapeur d'eau pure bouillant dans une éprouvette, de manière à mettre sa température en équilibre avec celle de l'eau. Ensuite on la descendit doucement dans l'eau aptes en avoir éloigné la lampe. Il n'y eut aucune production de vapeur, aucun des effets qui se seraient produits, si l'air avait été un noyau. On avait une masse d'air au milieu du liquide, et cependant il ne s'y répandait pas de vapeur. Les interstices du tissu métallique, dit M. Tomlinson, devaient être incomparablement plus grands que les molécules de l'air, et néanmoins on ne constatait aucun dégagement de vapeur. Cette première cage, qui avait été préalablement purifiée, fut remplacée par la seconde, et celle-ci avait été laissée dans l'état son constructeur l'avait apportée. Elle fut suspendue dans le courant de vapeur de l'eau du tube, puis descendue dans la même eau dès qu'on eut écarté la lampe. Aussitôt elle fut couverte de bulles de vapeur, mais on ne remarqua aucune pénétration de vapeur dans la cage, ni aucune expansion d'air ou de vapeur au-dessus de l'enveloppe métallique.

On pourrait croire, au premier abord, que cette expérience ébranle la démonstration de la cause mécanique de l'ébullition des liquides que jai donnée, et qui est d'accord avec les idées des physiciens sur le

(1) Voir le* Mondes, 1871, t. XXVI, p. 281 .

LES MONDES. 479

phénomène de l'ébultition. Mais je ne erois pas que cela soit, parce que dans l'expérience de M. Tomlinson, Pair emprisonné dans cage (puisqu'il dit : on avait une masse d'air au milieu du liquide) est em- pêché de sortir par la capillarité, c'est-à-dire l'adhésion de l'eau au tissu métallique, et la cohésion même de l'eau.

On peut encore demander pourquoi l'ébullition d'un liquide comme l'eau ne se fait qu'à une température déterminée, tandis que l'évapo- rationsefait à toutes les températures; la réponse est facile. Dans Tébullition, chaque bulle de vapeur, pour sortir de sa prison, doit vaincre la pression atmosphérique ainsi que je l'ai démontré ; et pour cela il faut la température à laquelle la vapeur a une tension qui fait équilibre à cette pression. Au contraire, dans l'évaporation, chaque molécule de vapeur, pour voler dans l'air, n'a qu'à yaincre cohésion qui la lie aux autres, et, cela fait, elle peut pénétrer sans autre obstacle parmi les molécules de l'air elle trouve de la place sans ètte obligée de les reculer et de vaincre pression atmosphérique.

HISTOIRE NATURELLE

Reehes»ekM expérimentale» sar la position du cen- tre de gravité chez le» Insectes, par M. Félix Plateau. L'étude des conditions d'équilibre des êtres vivants n'est possible, j'ai à peine besoin de le rappeler, que si l'on connaît, dans chacun d*eùx, la situation du centre de gravité (1). Aujourd'hui que la mécanique des articulés a fait des progrès considérables, grâce à l'emploi de procédés d'investigation empruntés à la physique, il m'a paru qu'il y aurait une utilité réelle à décrire une méthode facile pour la recherche du eetttre de gravité chez les articulés et à exposer les résultats que sou applica- tion aux insectes m'a permis d'obtenir.

(1) J'ai appelé, dans mon travail, position relative du centre de gravité sa position par rapport aune quelconque des parties du corps (anneau, hanche, etc.), et j'ai nommé position absolve du centre de gravité le nombre qu'on obtient en dàoùhuit le rapport entre la distance du centre de gravité à l'extrémité postérieure dn corps et la longueur totale de l'animal. Les quotients 0,5<\ 0,67, par exemple, obtenus de cette manière, signifient que la distance du centre de gravité à l'extrémité posté- rieure est les cinq dixièmes on les soixante-sept centièmes de la longueur du corps. Ils montrent, immédiatement et indépendamment de la forme et de l^étendire des an- neaux, si le centre de gravité est.au mHien de l'insecte, plus rapproché de fcfttè ou plus voisin de l'orifice oral.

460 LES MONDES.

Je ne puis, malheureusement, dans un simple résumé, donner une description de l'instrument que j'ai employé. Une description trop courte et sans figure est nécessairement peu claire et perd toute utilité. Je dirai seulement que cet instrument reproduit, à peu près, en petit, et avec quelques perfectionnements, celui que Borelli avait imaginé pour déterminer la position du centre de gravité de l'homme. Quant aux résultats de mes expériences, je dois également renoncer à les présen- ter sous la forme qu'ils affectent dans mon travail1 ; c'est-à-dire, sous celle d'un nombre considérable de chiffres réunis en plusieurs ta- bleaux. Je me bornerai donc à énoncer les conclusions générales que j'a^ cru pouvoir en déduire, en les appuyant, au besoin, de quelques exemples :

Le centre de gravité dés insectes est situé dans le plan vertical médian qui passe par l'axe longitudinal du corps. 2* Il occupe une positition à très-peu près identique chez les insectes de même espèce et de même sexe dans la même attitude.

Il est rare que la forme extérieure du corps permette de détermi- ner, sans expérience, la position exacte du centre de gravité ; je citerai, comme exemple, les résultats qui m'ont été fournis par la famille des odonates. Tous ses représentants ont presque le même aspect exté- rieur et, cependant, malgré cette quasi identité de structure, j'ai trouvé dans les positions relatives du centre de gravité les différences suivantes :

Agrion puella, femelle, premier tiers du 3e anneau abdominal.

Agrwn sanguinea , bord postérieur du anneau abdominal.

Libellula conspurcata, femelle, bord postérieur du métathorax. Libellula vulgata, femelle, sillon entre le thorax et l'abdomen. Aeschna grattais, femelle, milieu du anneau abdominal.

4" Le centre de gravité n'occupe pas la même position chez les deux sexes d'une même espèce ; il est tantôt plus, tantôt moins reculé chez les femelles que chez les mâles et sa situation dépend des rapports exis- tant entre les diverses dimensions des individus.

On aurait pu croire que le centre de gravité était toujours situé plus en arrière chez les femelles dont l'abdomen est, en général, plus volu- mineux que celui des mâles.

Sous des métamorphoses de la larve en insecte parfait le centre de gravité relatif se rapproche de la tète, le centre de gravité absolu s'en éloigne au contraire.

Cette contradiction apparente s'explique facilement : le thorax des larves est généralement très-réduit et les anneaux de l'abdomen nom-

LES MONDES. 481

breux. Le centre de gravité tombe donc inévitablement dans un anneau abdominal. Chez l'insecte parfait, le thora* a acquis des dimensions considérables et le nombre des anneaux abdominaux a diminué. Le thorax se prolongeant Jonc davantage en arrière, a marché, en quelque sorte, à la rencontre du centre de gravité -qui reste sensiblement dans la région médiane du corps, et l'abdomen se raccourcissant, la distance de son extrémité au point en question diminue.

Pendant la station, le centre de gravité est placé à la base de l'abdomen ou dans la partie postérieure du thorax et ordinairement au milieu de la longueur du corps.

Pendant la marche d'un insecte son centre de gravité se déplace constamment autour d'une position moyenne, mais de quantités trop faibles pour pouvoir être mesurées.

En effet, si l'on fait les expériences à l'aide d'Orlhotpères sauteurs, sauterelles ou acridiens, on constate que les déplacements de leurs énormes membres postérieurs amènent des changements dans la situation du centre de gravité; mais ces changements étant très- faibles, on arrive à cette conclusion qu'il serait impossible de les mesurer chez les insectes ordinaires.

On ne constate de déplacement du centre de gravité, lorsqu'un insecte passe de la position du repos à celle du vol, que chez les espèces les ailes sont couchées ou croisées sur le dos à l'état de repos. Le déplacement est horizontal et d'arrière en avant. Ce déplacement est, par exemple, chez les espèces suivantes :

Vytiscus dimidialus 0,045 de la longueur totale du corps.

Bydropkilus piceus 0,028 » »

Melolontha vulgaris 0,053 » »

Notanecta glauea 0,032 » »

Locusta viridissima 0,054 » »

Vespa vulgaris 0,023 » »

Plusia gamma 0,025 » »

EristalU tenax 0,037 » »

9* Pendant le vol actif, le centre de gravité oscille continuellement autour d'une position moyenne qui répond aux instants les extré- mités des ailes se trouvent au point de croisement de la courbe en huit qu'elles décrivent dans l'air.

40° Chez les insectes aquatiques, le centre de gravité est plus voisin de la face inférieure du corps que de la face supérieure.

11° Pendant la natation, les mouvements des pattes postérieures en

4»2 LES MONDES.

forme de rames déterminent des oscillations du centre de gravité autour d'une position moyenne qui répond à la situation des pattes natatoires placées au milieu de leur course. Ces oscillations du centre de gravité amènent un balancement continuel du corps autour d'un axe transversal passant par le centre de gravité moyen et lui font, par conséquent, parcourir un chemin légèrement ondulé.

CALORIQUE PRATIQUE

Appareil ventilateur calorifère du docteur J. Casse, de Bruxelles. L'appareil ventilateur calorifère est destiné surtout aux écoles, hôpitaux, ateliers, salles de réunion, en un mot, à toute pièce se trouve une agglomération de personnes.

Le nom de l'appareil indique sa double destination ; il renouvelle l'air et le chauffe dans des proportions convenables. Toutefois, comme on le verra plus loin, il peut servir uniquement à la ventilation, sans donner de chaleur.

L'introduction constante de l'air neuf, dans des conditions voulues d'échauffement ou de fraîcheur, doit être évidemment considérée comme une des choses les plus importantes, au point de vue des grandes réunions d'individus. Dans ce but, depuis de longues années, on a employé différents systèmes, dont les uns réalisent réchauffement seul, d'autres la ventilation seule ; quelques-uns réalisent le* deux à la fois, ipais avec des appareils présentant des complications, ou appliqua^ dans un sens tout différent le principe qui nous a guidé.

L'enseipble des expériences faites jusqu'aujourd'hui, ejt spéciale- ment pap le général Morin et tant d'autres savants, tendit à {aire regarder ^'aspiration comme le système le plus rationnel pour l'éva- cuation d# l'air vicié et l'introduction de l'air neuf. Nous sopunes ptarti de ce principe, en réunissant dans notre appareil ces deux conditions et en y appliquant le procédé de la ventilation renversée, c'est-àldire : évacuation de l'air vicié par le bas de la salle, et introduction de l'air neuf au niveau du plafond.

De plus, nous avons tâché de réunir à la fois la simplicité, l'activité et l'économie, et dans ce but nous avons fait construire l'appareil de la manière suivante :

TJn foyer, alimenté par l'air de la salle dans laquelle il est placé et

LES MONDES. 483

dont tes produits de combustion sont directement portés au dehors, est placé dans une caisse en (Ole (fig. 1) ou en maçonnerie [fi'j. 2). Cette caisse, par sa partie inférieure, communique directement avec l'air extérieur, et, par sa partie supérieure, avec la salle dans laquelle elle est placée, au niveau du plafond de celle-ci. Cette communication se fait par un registre à coulisse, dont les lames sont inclinées de haut en bas, afin de permettre au courant d'air, passant dans son intérieur, de se diriger obliquement vers le plafond de la salle.

Coupe. Coup*, face.

FlQ.i.

Cette caisse contient en outre deux tuyaux, communiquant inférieu- rement avec l'air de la salle, au niveau du plancher, le pluB loin

possible (te l'orifice d'entrée de l'air neuf, et supérieurement, au dehors, avec l'air extérieur.

Fio. 2.

Avec des dispositions semblables, voyons comment fonctionnera l'appareil. L'air extérieur arrivant dans la caisse en A, s'y échauffe et sort par l'orifice supérieur, comme dans les calorifères ordinaires, pour aller s'étaler le long du plafond de 1a salle. Les tuyaux d'évacua- lion, à leur tour, jouent le même rôle que la caisse ; l'air qui s'y trouve étant échauffé, s'y dilate, et, en vert» de cette propriété, qui lui donne une légèreté plus grande, sort par l'orifice supérieur. Les o ri fines infé- rieurs des tuyaux étant en communication directe avec la salle, au

t

LES MONDES. 485

niveau du plancher, l'air de celle-ci y pénètre à son tour, pour sortir également par l'orifice supérieur de ces tuyaux d'appel.

Il résulte de ce fait que les couches d'air supérieures sont constam- ment ramenées vers le bas, et tes inférieures évacuées à l'extérieur. Ce double mouvement apporte ainsi un renouvellement considérable de l'air, en évitant, dans un appareil bien confectionné, les vents coulis des portes et des fenêtres.

Outre l'orifice d'entrée de l'air chaud, on peut, en dehors de l'appa- reil et dans la chambre même, en établir un autre, communiquant directement avec l'air extérieur, et l'orienter autant que possible vers le nord.

Cet orifice est destiné à amener l'air frais qui viendra, dans le cas d'uue température trop élevée et alors que l'on ferme l'orifice d'arrivée de l'air chaud, remplacer nécessairement l'air aspiré par le tuyau d'évacuation. Il est évident que cet orifice doit être également muni d'un registre destiné à régler l'entrée de l'air extérieur.

Pendant l'été» les conditions de renouvellement seront les mêmes. Seulement dans cette saison, pour éviter de faire du feu dans les pièces les appareils sont placés, nous faisons aboutir l'extrémité de tous nos tuyaux d'évacuation dans une cheminée l'on établit un foyer d'appel.

Si la. difficulté était trop grande pour appliquer ce dernier moyen ou qu'il n'y eut qu'une seule cheminée, on pourrait remplacer le foyer par une couronne de becs de gaz.

Dans Jes cas où, comme pendant l'été, la température extérieure excède celle qui doit exister à l'intérieur, l'air à introduire dans la salle ne devant plus être chauffé, mais refroidi, on fait communiquer l'ori- fice inférieur de la caisse, destiné à amener l'air extérieur, avec des caisses réfrigérantes, dans lesquelles celui-ci perd une partie de son calorique.

La caisse externe de l'appareil, comme nous l'avons déjà dit, peut être faite en tôle ou en maçonnerie. Dans le premier cas, on peut rem- placer les tuyaux d'aspiration par des enveloppes concentriques. La partie interne comprend alors le foyer, la médiane sert à l'expiration de l'air neuf et l'externe à l'évacuation de l'air vicié. Une disposition qui permet d'utiliser la plus grande quantité de calorique, consiste à envelopper le tuyau à fumée, à sa sortie de l'appartement, par le tuyau d'aspiration de l'air vicié. La chaleur que le premier développe encore à sa sortie de l'appartement est ainsi utilisée au profit du second.

Quand la caisse extérieure est faite de tôle, l'appareil peut être placé au milieu de la pièce ou contre l'un des murs. Dans le premier cas

35

48(i LES MONDES.

l'air neuf sort sur tout le pourtour de l'appareil. Un mouvement de glissement produit par un levier fait tourner dans son intérieur une plaque en tôle percée à jour, qui vient, quand la température est trop élevée, diminuer l'afflux de l'air chaud.

Dans le second cas, on lui donnera la forme décrite à propos du registre et indiquée fig. I.

Quand la caisse est faite en maçonnerie (fig. Il), la déperdition du calorique étant moindre qu'avec la tôle, on pourrait, dans une saison plus chaude, pour remplacer le foyer d'appel dont nous avons parlé plus haut, faire du feu dans l'appareil, en ayant soin de fermer le re- gistre de sortie de l'air chaud et d'ouvrir celui de l'air frais. L'air chaud de l'intérieur de la caisse ne pénètre pas dans la salle et l'appel de l'air vicié se produit comme à l'ordinaire.

C'est dans les appartements que cette dernière disposition est la meilleure; car la caisse externe en maçonnerie dans laquelle on ren- ferme les tuyaux d'aspiration, permet de conserver aux cheminées leur décoration, tout en réunissant les avantages du procédé. De plus, on pourrait chauffer plusieurs chambres superposées, en les mettant en communication avec la caisse prolongée aux divers étages.

Dans les pièces de grande dimension, comme rue du Miroir, à l'école communale, le diamètre des tuyaux d'aspiration devenant très-large, ceux-ci, au lieu de se trouver dans l'intérieur de la caisse, s'y accolent jusqu'au plafond et reçoivent dans leur intérieur le tuyau à fumée. La cloison qui sépare la caisse du tuyau d'aspiration étant en tôle, la transmission du calorique se fait aisément dans leur intérieur.

Les avantages de notre procédé sont :

i* De donner un renouvellement considérable d'air à une tempé- rature convenable ;

D'économiser le combustible ;

3* De ne pas présenter de complications ;

D'amener les ondes sonores de haut en bas, avantage considé- rable pour un local d'école, il importe d'éviter des efforts de voix de la part des professeurs.

Je remercie M. le docteur Caze de sa communication^ et j'oserai presque le prier d'installer dans une de mes Salles du Progrès, un de ses calorifères ventilateurs dont on m'a dit tant de bien. Ce serait un moyen efficace de faire apprécier en France sa belle et bonne combi- naison. — F. M.

LES MONDES. 487

AaCHÊOLOGIE

Le* découverte» et le* étude* paléoetlftimlofflqiies de l'Italie centrale au Contre* et à l'ExpoislUon de Bologne : Rapport du chevalier Michel-Etienne de Rossi. Conclusions. Comme je l'ai promis au commencement, je dois maintenant résumer la matière traitée dans le premier, le second et le troisième rapport, ainsi que dans d'autres écrits ; afin que les conclusions actuellement nombreuses disséminées dans l'analyse des différents faits, se trouvant [réunies en, un seul corps et par ordre chronologique, puissent mieux présenter l'état actuel de la paléoethno- logie dans l'Italie centrale. Mais avant d'entrer dans la question, je dois avertir que ces conclusions historiques ne toucheront à aucun point qui n'ait été traité dans l'analyse ; et que je ne les étendrai pas au delà de ce que j'ai déjà fait dans chacun des chapitres.

Epoque archéolithique. Les dépôts géologiques de nos fleuves nous ont fourni des ustensiles appartenant à des peuples témoins de la nature quaternaire. Nous avons découvert qu'ils ont habité près des montagnes, et nous en avons reconnu une habitation insulaire au fossé del Gupo près de Monticelli. Nous avons remarqué la petitesse et l'élé- gance relative de leurs armes, d'où nous avons conclu que, probable- ment ils étaient mieux déposés que les autres peuples archéçlithiqyes à faire des progrès dans les arts industriels. Mais jusqu'à présent uous n'avons pas découvert leurs tombeaux, ni aucyn foyer qui leur ait certainement appartenu. Je crois pourtant avoir reconnu ces peuplades dans les traditions primitives de nos histoires, et pouvoir leur appli- quer le nom connu d'Aborigènes. Les auteurs noi$ disent précisément au sujet des Aborigènes qu'Us demeuraient sur les montagnes, dans les cavernes, et près des cours d'eau ; et ils leur attribuent les n,oms archaïques du Tibre : Albula, Rumon et Serra, noms qui rappellent la nature quaternaire de ce fleuve. Il semble donc que les pierres travail- lées qui ont été déposées par l'Albula dans son état diluvjal appar- tiennent à un peuple qui n'est pas tout à fait inconnu, mais qui a uu nom et une place, quoique reculée et vague, dans les anciens sou- venirs.

Un autre anneau rattache les Aborigènes archéolithiques aux époques qui ont suivi : c'est le développement de l'art dans leurs usten- siles, qui semble quelquefois se rapprocher de l'adresse uéaliftique. En outre, la coïncidence vérifiée en plusieurs points de leurs demeures

4*8 LES MONDES.

avec celles des peuples néolithiques qui les ont suivis est un indice d'une descendance non interrompue; coïncidence que nous verrons ensuite se continuer avec \t% demeures historiques des habitants très- anciens de l'Italie centrale.

Il reste à étudier l'abaissement graduel du niveau des eaux quater- naires, ou le changement des conditions géologiques dans leurs rap- ports avec le développement de l'industrie humaine et la descente de l'homme dans la plaine. J'ai déjà fait un assez grand pas dans cette étude. Car ayant constaté qu'à l'arrivée d'Enée dans le Latium, c'est- à-dire environ sept siècles avant la fondation de Rome, le Tibre n'avait encore pu porter son embouchure dans la mer, et descendait alors directement des collines comme dans l'époque quaternaire ; m'étant assuré que dans les temps voisins de la fondation de Rome le Tibre avait laissé depuis peu hors de son lit les marais du forum et du Véla- brum qui n'étaient pas encore comblés; et enfin «ayant même constaté tout ce que ce fleuve conservait de sa nature torrentielle à l'époque de Rome républicaine, j'ai pu conclure hardiment, avec certitude, que la tin de la période quaternaire du Tibre ne pouvait pas se perdre trop dans l'obscurité des siècles antérieurs à l'histoire, puisqu'il présentait des traces d'un pareil état dans des temps pleinement historiques. D'après ces principes nous devons nous attendre à d'heureuses décou- vertes qui multiplient les données conduisant à des conclusions aussi importantes.

Epoque néolithique. L'art de travailler les instrument de pierre arrive chez nous à sa plus grande perfection et surpasse celui de tous les autres peuples. L'homme de cette époque habita toutefois, au moins en partie, dans les cavernes et descendit des montagnes dans la plaine. Nous avons découvert une de ces cavernes dans le Mont délie Gioie, au confluent de l'Amené et du Tibre, et justement fut bâtie la ville historique d'Autemne. Dans cette caverne néolithique apparut un fragment de corne de renne [cervus tarandu s), animal dont l'existence en Italie est controversée; et que, en outre, on estime être uniquement quaternaire et archéolithique. Cette découverte concorde merveilleuse- ment avec celle de la mâchoire supérieure appartenant peut-être au même animal, ou du moins à une espèce voisine, trouvée dans les tombeaux néolithiques de Canlaiupo. La faune quaternaire commence donc à entrer dans la période néolithique. Nous avons des preuves qui nous font Croire que vers le même temps de nouveaux habitants sont venus de la mer dans notre pays.

Outre la pierre, ceux-ci commencèrent à travailler et à faire cuire l'argile; ils fabriquèrent des vases en terre; ils travaillèrent les os; ils

LES MONDES. 480

aiguisèrent les dents de squale; ils entreprirent le commerce peut- être avec l'Orient, d'où il parait qu'ils ont reçu les haches en jadéite. Tous ces événements, que la recherche soigneuse des monuments dits préhistoriques nous indique jusqu'à l'évidence, sont des faits qui n'ont pas été oubliés dans les traditions romaines, et par conséquent ne sont pas séparés de l'histoire par un intervalle de temps incalcula- ble. Nous trouvons très-vivant chez les anciens Romains le souvenir des armes de pierre, à tel point qu'Auguste les a recueillies comme armes des héros (arma heroum) en les cherchant précisément dans les cavernes. Un très-grand nombre d'auteurs rappellent les armes de pierre dans les premiers pas de l'industrie de leurs ancêtres. Ces rémi- niscences pourraient même se rapporter encore à l'époque antérieure à la période archéolithique elle-même. On n'est pas sans avoir des sou- venirs des premiers essais de l'art céramique, lorsque pocula sibi pri- mum fecit ogre s Us. Les vicissitudes éprouvées par les Aborigènes de la part des nouveaux peuples conquérants venus de la mer, que nous racontent les auteurs, correspondent aux nouveaux objets de l'art étranger, que nous voyons apparaître parmi les objets travaillés de l'époque néolithique.

Mais continuons de résumer les découvertes. Quelques tombeaux néolithiques trouvés à Gantalupo nous fournissent cinq squelettes de ce temps, dans lesquels nous reconnaissons deux types et peut-être deux races ; les brachicéphales et les dolichocéphales. Ce n'est pas seulement la forme du crâne qui nous porte à reconnaître la distinc- tion des deux races; il y a encore beaucoup d'autres caractères. Voilà donc un exemple palpable du mélange de deux peuples.

Les silex votifs, c'est-à-dire, les monnaies de pierre trouvées dans les eaux du Vicarello, coutume religieuse qui s'est conservée dans la suite des temps jusqu'à l'ère chrétienne, démontrent comment un pareil rite a été enseigné aux romains, d'après une habitude non interrompue, par les peuples qpi existaient au moins à l'époque dite néolithique. Mais un autre lien religieux rattache directement les peuples néolithiques aux Romains. Dans le droit fécial (jus feciale) était prescrit l'usage de la hache de pierre pour le sacrifice du porc; et comme ce rite regardait les droits internationaux, il est clair qu'il avait pris naissance à l'époque la multiplication des peuples et le développement de la civilisation exigeaient le respect réciproque et la reconnaissance des limites des territoires assignés à chacun. Les Eques enseignèrent aux Romains le jus feciale, c'est pourquoi ils ont con- servé religieusement l'usage de la pierre dans les rites solennels. Il t*t même probable que ce peuple a encore employé pendant longtemps

490 LLS MONDES.

la pierre comme ustensile. Car les anciens auteurs nous le dépeignent comme le plus grossier parmi les peuples limitrophes de Rome et le plus rebelle à la civilisation, et à peine dompté récemment par un certain Résius son chef. On remarquera que c'est précisément dans le pays des Eques que j'ai trouvé les tombeaux néolithiques dont j'ai parlé, et qu'à raison de la grossièreté longtemps prolongée de ce peuple, ils ne pourraient avoir été de beaucoup antérieurs aux temps des Romains. Une autre réminiscence presque historique de l'époque néo- lithique est Télégone, fondateur de Tusculum, qui a la lance armée d'une dent de squale, aculeo marinœ belluœ. L'antre de Cacus et le Lupercale peuvent être des réminiscences du même temps. Le marais historique de la Chèvre nous restitue jusqu'à une arme de pierre dont nous pouvons dire qu'elle appartient à la Rome néolithique. Je m'arrête ici pour ne pas aller au delà des limites que je me suis im- posées; mais d'autres noms et d'autres traditions pourraient trouver leur place parmi les traces de la période néolithique. Quelle que soit la valeur de chaque donnée considérée séparément, il est évident d'à* près l'ensemble de ces données que la période néolithique ne peut pas être de beaucoup antérieure aux temps décidément historiques. Ce qui confirme cette même conclusion, c'est qu'aujourd'hui on trouve fré- quemment beaucoup d'armes de pierre associées à des objets en bronze. Moi-même j'ai trouvé la monnaie gro&sière œs rude dans un chantier d'armes néolithiques ; beaucoup de couteaux en silex ont été trouvés dans des tombeaux étrusques, et une fois même un ces grave librale a été trouvé déposé dans un tombeau avec un couteau de forme par- faitement néolithique.

Epoque du bronze. Nous ne savons pas exactement si, et de com- bien, l'apparition des métaux est antérieure chez nous à la véritable histoire. Nous ne savons même pas si l'usage de ces métaux a été une invention indigène ou le fruit du commerce avec les étrangers. Le manque d'armes en cuivre pur, un celt trouvé avec une écriture cer- tainement phénicienne, les indices d'un commerce déjà commencé à l'époque de la pierre, favorisent l'hypothèse de l'importation des mé- taux par une voie étrangère. L'âge de bronze est signalé par les armesde ce métal faites d'une forme spéciale, paalstab, celt, etc., qu'on a re- gardées jusqu'à présent comme préhistoriques parce qu'elles ont été trouvées dans les habitations lacustres de la Suisse, dans les terres marines de l'Emilie et dans les tumuli d'au delà des Alpes. Mais nous trouvons ces armes associées à Yœs rude, et par conséquent elles lui sont contemporaines. En effet, ce qui prouve que Yœs rude est contem- porain de la première apparition du bronze dans l'industrie, c'est

LES MONDES. 491

lVnorme masse de cette valeur monétaire qui, dans les eaux du Vica- rello, venait à la suite de la monnaie de pierre, et précédait l'amas votif de Yœs signatum monnaie marquée. Nous savons que les armes de bronze de la forme dite préhistorique ont été employées par les Etrus- ques, et nous en trouvons en abondance dans leurs tombeaux.

Nous avons découvert près de Narni un trésor de bronzes nom- breux avec Y ces rude, mais principalement de paalstab, de celt et autres armes plus connues. Ces armes sont fondues et façonnées , elles ont des poids et des dimensions déterminés; presque toutes sont rompues comme les quadrilatères du premier ces signatum ; ce qui prouve qu'elles ont servi comme valeur monétaire. Ayant examiné leurs poids nous avons trouvé qu'ils étaient des multiples ou des parties aliquotes de Vœs grave librale romain (livre romaine), et l'on reconnaît ainsi qu'il y avait un système de poids et de mesures primitives en usage autrefois dans l'Ombiie, et contemporain des ustensiles que nous ap- pelons préhistorisques. Ceci est une découverte du plus haut intérêt pour les origines et le développement de la science numismatique pri- mitive, mais surtout elle rattache directement les armes dites préhis- torique* à la monnaie romaine. Une autre donnée rapproche l'âge de bronze des époques historiques et le confond avec elles. La religion romaine, qui oonsacre dans ses cérémonies l'usage du bronze et inter- dit l'usage du fer, nous apparaît formulée pendant le règne de ce mé- tal ; les rites du collège des Arvales (le plus ancien collège sacerdotal romain) en sont une preuve éclatante. La quantité et l'usage du bronze prédomine encore au temps d'Ancus Marcius ; la fabrication du fer à l'époque des derniers rois de Rome était donc récente, et le nouveau métal était encore précieux dans le Latium. C'est une question riche en résultats, mais d'une discussion longue et difficile, que celle de sa- voir combien de noms, et quelle partie de la véritable histoire entrent ainsi dans l'époque du bronze.

Epoque du fer. Aujourd'hui presque tous les paléoethnologistes re- connaissent que cette époque entre dans l'histoire. Chez nous je crois que l'histoire existait déjà lorsque ce métal est entré dans le Latium. Mais il nous reste à découvrir à quel moment de notre histoire corres- pond l'introduction du fer dans l'industrie. Il est certain qu'au com- mencement ce métal fut considéré dans le Latium comme une rareté etunobjetprécieux.Telle était la condition de l'époque l'éruption du péperino surprit et ensevelit la célèbre famille des vases du latinm; bien que nous y trouvions déjà développés les premiers rudiments de l'ait architectonique. On y conservait cependant, au moins en partie l'usage de la sépulture très-archaïque dans les dolmen. L'Ëtrurie avait déjà

492 LES MONDES.

fait tant de progrès avec son influence dans la Latium, qu'elle en avait presque détruit l'art céranique indigène; elle y introduisait ses poteries et ses bronzes, elle dominait en somme le commerce du peuple gros- sier qui l'habitait. Dans ce même temps, et peut-être dans des condi- tions semblables, vivaient les habitants de la plaine sur le Tibre, dont nous avons vu, conservés parles frères Arvales, les va6es en terre peu différents de ceux du Latium. J'ai déjà indiqué la très-grande proba- bilité, augmentée chaque jour par beaucoup d'indices, que les vases du Latium étaient des ouvrages des anciens latins prisci latini. Les der- nières études, inédites pour la plus grande partie, mais lues dans plusieurs réunions académiques différentes de Rome, et qui seront publiées prochainement, ont démontré jusqu'à l'évidence que les érup- tions finales du cratère d'Albano sont arrivées pendant l'époque de Rome royale et républicaine, et après l'apparition de Yaes grave /i- brale. Vues grave a été trouvé déjà cinq foisdans la roche du Peperino et au-dessous, on Ta même trouvé associé aux célèbres poteries dites préhistoriques du mont A lbano, lesquelles perdent par même néces- sairement ce nom vague et obscur. Mais nous avons déjà dit qu'à l'époque des vases albanais le fer était encore un métal précieux. Il est dont-, certain que le premier usage du fer dans le Latium corres- pond à la première période de l'histoire romaine. Mais cette question demande encore des études profondes et attend de nouvelles décou- vertes, qui certainement ne manqueront pas. Nous pouvons néanmoins, en attendant, conclure des résultats déjà obtenus que dans l'Italie cen- trale toutes les époques dites préhistoriques sont reliées entre elles et enchaînées dans un développement progressif, dont elles ont laissé des traces indélébiles. Nous pouvons affirmer en outre que les ouvrage* nommés préhistoriques de notre sol sont en grande partie le travail du temps dont nous retrouvons les rapports avec l'histoire.

Telle est la moisson abondante, toute nouvelle et inattendue dans la science paléoethnologique, que j'ai recueillie dans le champ qui n'est pas très-étendu de l'Italie centrale, et que j'ai apportée à l'expo- sition et au congrès de Bologne. [Atti del V Académie Pontificia d* Nuovi Lincei, 21 janvier 4872.)

Cet épilogue est un rayon de soleil qui chasse bien loin les ténèbres amoncelées par la fausse science. F. M.

HORTICULTURE

Jardin* maraîcher*» delà garnlaon de Valeoclenlie*.

C'est une bien petite chose, en apparence, c'est une grande chose

LES MONDES. 493

en réalité ; et je remercie le Bulletin de l'Association scientifique d'avoir enregistré les détails que je suis si heureux de reproduire : les diverses parties de terrain coucédées à la garnison forment une super- ficie totale d'environ cinq hectares ; trois hectares à l'infanterie, deux hectares à la cavalerie. Voici les produits obtenus :

Cavalerie. Directeur du jardin : M. Deplas, lieutenant au dra- gons. Jardinier en chef: M. Pillard, brigadier. Le rendement des pommes de terre a été satisfaisfant , et il y a eu peu de tubercules gâtés. 12,000 choux des meilleures espèces ont été plantés cette année et ont fuurni une précieuse ressource pour la marmite. Les autres lé- gumes, carottes, oignons, poireaux, navets, etc., étaient de la plus belle venue et en quantité plus que suffisante pour les besoins de la garnison.

L'effectif de la cavalerie, deux cent trente hommes, étant peu nom- breux et les produits du jardin très-abondants, on a pu d'abord aug- menter les bonis par escadron, donner aux cavaliers des légumes en quantité considérable, et, par suite des économies réalisées, porter de 300 à 480 grammes la ration de viande distribuée à chaque homme par jour. Chaque cavalier a pu, en outre, recevoir tous les jours une forte ration d'excellent café, et même un peu d'eau-de-vie, avantages considérables, bien propres à améliorer ou à conserver la santé du soldat.

Infanterie. Directeur du jardin : M. Moreau , lieutenant au 65a de ligne. Jardinier en chef : M. Marchand, sergent. L'effectif de la ligne était, le 31 août, de mille quatre cent trois hommes. A partir du mois de juillet, le jardin a fourni chaque jour, en carottes, navets, choux, etc., de 150 à 200 kilogrammes de légumes pour l'ordinaire. Depuis le mois d'août, la distribution journalière de légumes s'est élevée à environ 480 kilogrammes. Cette quantité considérable de lé- gumes frais, qui sera longtemps encore donnée à l'infanterie, en même temps qu'elle procure aux soldats un meilleur ordinaire, a aussi pour résultat d'augmenter le boni de chaque compagnie de 80 à 90 fr. et même de 100 à 120 francs par mois. Elle a permis aussi, par suite de l'économie qu'elle procure, d'améliorer la quantité de café qui est distribuée quatre fois par semaine aux soldats. Chaque fantassin rece- vait donc au mois d'août, outre sa ration de pain, chaque jour, 300 grammes de viande et plus de 300 grammes de bons légumes qui ne coûtent rien à l'Etat. Il serait impossible de donner aux militaires une semblable nourriture, au prix sont toutes les denrées alimen- taires, si la garnison n'avait pas comme précieuse ressource les jqj- dins qu'elle cultive. Le jardin de l'infanterie a produit cette année

494 LfcS MONDES.

S8 0O0 choux pommés, très-beaux. Les pommes de terre étaient très-grosses et pour ainsi dire pas malades. Leur rendement a été de plus de dix fois le poids des tubercules plantés, et il est suffisant pour la consommation des compagnies jusqu'au commencement de l'hiver.

En présence de semblables résultats, on ne peut qu'applaudir à la mesure bienveillante prise par les autorités militaires de concéder aux troupes de la garnison des terrains pour rétablissement de jar- dins potagers.

La Société d'agriculture de Valenciennes, ayant pris la louable dé- termination d'encourager par des récompenses les intelligents et labo- rieux efforts des jardiniers militaires, nous la prierons de vouloir bien décerner pour les travaux de Tannée 4871, savoir :

Une médaille de vermeil à SI. Deplas, lieutenant au 7* dragons, directeur du jardin ;

Une médaille d'argent à M. Pillard, brigadier au même régi- ment, chef jardinier ;

Une médaille en vermeil à M. Moreau, lieutenant au 65e régi- ment de ligne, chargé de la direction du jardin;

4* Une médaille d'argent à M. Marchand, chef jardinier, sergent au môme régiment.

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DU LUNDI 11 MARS 1872

Sur V hydrodynamique des cours d'eau, par M. de Saint- Venant. «C'est dans une toute autre direction que celle des travaux analy- tiques, qui supposent la régularité des mouvements réels, qu'il con- vient de chercher les valeurs diverses à attribuer au coefficient de frottement pour les divers points des cours d'eau ordinaires les mouvements plus ou ir oins tumultueux n'offrent de variations continues que dans les vitesses moyennes locales ou de translation des groupes... Il faut mettre enjeu diverses causes physiques : la rugosité des parois, les dimensions plus ou moins grandes des sec- tions transversales, les pentes, etc., qui donnent naissance à des pertes de force vive et à des résistances spéciales bien plus con- sidérables que les simples frottements résultant des vitesses variant

LES MONDES. 498

avec coutinuité. La théorie et l'expérience prouvent, en effet, que le coefficient de frottement, inférieur à un 7488 millième pour l'écoulement dans les tubes de très-petit diamètre, peut varier du simple au centuple et plus, dans les cours d'eau ayant certaines profondeurs et certaines vitesses, a

Sur les aurores boréales, par M. le maréchal Vaillant.— C'est une causerie plutôt qu'un mémoire, et les aurores boréales y ont une très-petite part; mais l'illustre maréchal formule en passant des conquêtes intéressantes de sa longue habitude d'observation des faits météorologiques.

La formation des cumuli a lieu presque toujours comme celle des nuages à giboulées dans les moments la température de la journée s'élève beaucoup et assez brusquement* Il est rare que, passé 4 ou 5 heures après midi, on soit exposé à recevoir des gi- boulées.

Après une journée orageuse, vers 4 ou 5 heures du soir, surtout au mois de juin, alors que la température de la journée commence à décliner, on voit d'énormes cumuli perdre peu à peu leur aspect arrondi, se fondre, pour ainsi dire, dans des formes plus vapo- reuses.

Le plus petit rideau de brouillard qui s'élève du sol terrestre vers 8 ou 9 heures du matin donne lieu immanquablement à un orage dans le cours de la journée. Un courant d'air, sortant d'un bois un peu plus chaud que la lisière extérieure, produit de même mn orage dans la journée. Il n'est pas rare pour le voyageur qui s'est élevé sur des collines voisines, dont kt hauteur ne dépasse pas peut-être 400 ou 500 mètres, de voir des éclairs à la surface du rideau de nuages qui lui cache la plaine, d'entendre le tonnerre et d'apprendre, en rentrant dans les villages qu'il a quittés le matin pair le plus beau temps du monde, que ces villages ont été inondés par la pluie ou ravagés par la grêle.

Toutes les fois que la terre s'échauffe, il y a chance de mauvais temps; toutes les fois qu'elle se refroidit, il y a chance de beau temps.

Sur les courbes aplaties, par M. A. Cayley.

Sur ta proportion de l'ozone contenu dm* l'air de lu cam- pagne et sur son origine, par M. A. Houkeau. -** La proportion d'ozone contenu dans l'air est variable, et parait augmenter à me- sure qu'on s'élève au-dessus du sol. Il est certain que l'atmosphère n'en renferme pas un 261 millième de son poids. Il dérive, pour la plus grande partie, du moins, de ce qu'on a apfielé i'étectrwité

496 LES MONDES.

atmosphérique:. Ne pourrait-on pas considérer les nuages et la terre comme formant ensemble les parois d'un vaste condensateur analogue à mon tube ozoniseur, et à l'aide duquel l'atmosphère serait perpétuellement électrisée, et perpétuellement aussi rendue active aux papiers iodurés ?

Sur les moyens de protéger les habitations contre le danger aVune fulguration provoquée par les tuyaux de gaz, etc., par M. de Fonvielle. M. de Fonvielle appelle l'attention sur les point suivants : la néces- sité de signaler aux architectes le danger résultant de l'habitude trop commune d'établir des tuyaux à gaz dans le voisinage imihédiat des paratonnerres ou des objets susceptibles d'en faire la fonction ; la né- cessité de s'assurer que les tuyaux de gaz aboutissent jusqu'au sol hu- mide sans solution de continuité et sans diminution notable de con- ductibilité ; la nécessité de placer les compteurs à gaz le plus près possible du réservoir commun, et le plus loin possible de la face que l'orientation de l'édifice rend susceptible de recevoir le premier choc des orages ; la recommandation à faire aux architectes de veiller à ce que les tuyaux de décharge se prolongent jusqu'au ruisseau ou au moins jusqu'au sol ; et de s'assurer que les tiges des paratonnerres ne peuvent être mises en communication avec les gouttières par l'eau des orages.

Notice sur les prédictions des tremblements de terre, par M. Coura- bary. « M. Bulard, directeur de l'Observatoire d'Alger, nous avait communiqué, il y a plus d'un mois, un bulletin relatant des prévisions qu'il avait faites relativement aux perturbations atmosphériques dans certaines régions limitées ; ce que nous avions trouvé de plus remar- quable c'était la prévision de mouvements séismiques ou de tremble- ments de terre pour le 23 et 24 janvier 1872. Ce fait, s'il était isolé, pourrait être mis sur le compte du hasard, mais il a des antécédents : ainsi M. Bulard annonçait des mouvements séismiques pour le 12 et 13 décembre 1869, et le 13 décembre, à 4 h. 45 in. du matin, on a ressenti à Smyrne une secousse de tremblement de terre. Les fortes perturbations atmosphériques que M. Bulard annonçait comme devant se produire à des époques déterminées ont toutes exercé leur action sur nos régions ; ce sont celles des 29 et 30 novembre 1869 , 26, 27 et 28 décembre 1869; 13/14, 15 et 16 octobre 1871; 13 et 14 dé- cembre 1871 ; 7, 8 et 9 janvier 1872. Ces coïncidences ne sauraient passer inaperçues * il faut leur donner un libre cours.

L'apparition de l'aurore polaire du 4 février à l'Ile de la Réunion est signalée par deux lettres adressées à M. le maréchal Vaillant, et par une longue lettre de M. Aug. Vinson, adressée à l'Académie.

LES MONDES 497

Relations entre l'apparition des aurores et le mouvement de la lune, par M, Henry de Parville. Notre confrère n'hésite pas à se mettre en désaccord avec l'opinion qui a encore cours dans la science, et à formuler la proposition suivante : c La production des phénomènes atmosphériques d'une grande amplitude est réglée parles mouvements combinés du soleil et de la lune. Bourrasques, orages, aurores et leurs corollaires ; variations barométriques, thermométriques, magné- tiques, sont les effets d'une même cause et obéissent aux mêmes lois. Les grandes perturbations coïncident toujours avec certains points as- tronomiques critiques, qui se déduisent de notre théorie de l'équilibre atmosphérique. » Cette théorie est loiir [d'être prouvée. F. Mt

M. Janssen est de retour à Paris, sain et sauf, après avoir fixé la position actuelle dans l'Inde de l'équateur magnétique pour la décli- naison, fait un grand nombre d'observations astronomiques et de phy- sique terrestre, et rapportant une collection d'animaux vivants ou conservés.

Détermination des caractéristiques des systèmes élémentaires de cubiques, par M. G. Zeuthen. Sat prata liberunt !

Quantité de magnétisme des électro-aimants, par M. Cazin. Gomme appendice à son mémoire du 6 juin 1871, M. Cazin a abordé la solution expérimentale du problème suivant : a Exprimer la quantité de magnétisme appliquée à chaque pôle d'un électro-aimant cylin- drique, dont le noyau est un tube dépassantjla bobine, en fonction de l'épaisseur e et du rayon r du tube, de l'intensité i du courant, des dimen- sions de la bobine. Après avoir établi par des expériences préliminaires les propositions suivantes : Quand on rapproche l'électro-aimant du conducteur de la bobine, la distance polaire du noyau augmente sensi- blement ; La distance polaire augmente avec l'épaisseur du tube jusqu'à ce que celle-ci ait atteint une certaine valeur ; Pour les tubes de même épaisseur et de diamètres différents, la distance polaire est sensiblement la même ; La distance polaire ne dépend pas de l'in- tensité du courant, M. Cazin s'efforce ensuite d'évaluer les influences respectives des dimensions de la bobine, de l'intensité des courants, de l'épaisseur du tube; et arrive enfin à la formule

£ Ci

m = s ;(A -f- Br) c » arctang * -y-.

s est le nombre de tours; A, B, C sont des constantes ne dépendant que des unités adoptées; et qui ont des valeurs données par les équations

A—40-*0,072582, B=10-40,3i2io4, C = 0,3i706o,

498 LES MONDES.

quand on prend pour unité de longueur le décimètre, pour unité de ma- gnétisme celle qui, appliquée en un point, et agissant sur une égale quantité appliquée en un autre point, à la distance de 1 décimètre, produit une force de i décigramme à Paris, et évaluant Tare en se- condes. On passe à l'unité de Gauss en multipliant par 99067,87. Si le noyau était plein on ferait e = i. Si l'on suppose, *«=1,e3*=r = i,t = 1 on a rn0 = 26,297 ; telle est la quantité de magnétisme développée à chique pôle d'un cylindre plein, ayant un rayon d'un décimètre lors qu'il est aimanté par un seul tour de fil parcouru par un courant ca- pable de dégager un milligraipme d'hydrogène. C'est une nouvelle constante du magnétisme.

Etudes sur les densités de l'acide chlorhydrique, par M. Kolb. L'auteur s'est proposé de répéter pour l'acide azotique les essais densimétriques qu'il a déjà faits pour l'acide chlorhydrique.il a repré- senté par une courbe les densités obtenues par lui, et il a constaté que cette courbe, depuis l'origine jusqu'à la densité 1,190 environ est une ligne parfaitement droite, dans laquelle se trouvent compris les acides types du commerce; ce n'est que dans le voisinage de la densité 1,190 que la courbure se prononce.

Sur les relations qui existent entre les aurores polaires, les protubérances y les taches solaires et la lumière zodiacale, par M* Tarry. Le rapprochement des observations d'aurores polaires et 4e? observations spectroscopiques conduit M. Tarry à constater que sur 42 aurores polaires survenues dans un intervalle donné, il n'y en a que sept qui n'étaient pas accompagnées de protubé- rances, explosions ou autres. Ces faits sont de nature à rendre ex- trômement probable la relation de cause à effet qui parait exister entre ces deux classes de phénomènes. D'un autre côté, l'observa- tion constate que les apparitions d'aurores polaires coïncident avec une extension remarquable de la lumière zodiacale ; et que les va. riations de la lumière zodiacale sont liées à l'apparition des taches solaires. Tous ces phénomènes seraient dqnc étroitement unis.

Nous remercions M. Tarry d'avoir rappelé le passage de notre Répertoire d'optique moderne dans lequel nous avons consigné cette observation de H. Colla, ancien directeur de l'Observatoire de Parme : o 11 se produit constamment, dans la direction dn mé- ridien magnétique, une lueur singulière, analogue à la lumière zodiacale, ayant la forme d'une zone parallèle à l'horizon, large de 10 à 12 degrés, et dont l'intensité augmente avec les perturba- tions de l'aiguille aimantée. x> Nous avions dit de cette lueur magné, tique qu'elle était l'élément permanent des aurores polaires, qui

LES MONDES. 499

n'en seraient que l'exagération périodique. Il importe grandement de la retrouver et de voir si elle ne présenterait pas la raie caracté- ristique commune aux aurores polaires et à la lumière zodiacale, récemment signalée par M. Respighi.

Théorie géométrique du mouvement des planètes, par M. Résal. Cette note a pour principal objet de faire voir comment les consi- dérations de l'accéléra ion conduisent simplement aux formules données par Lagrange dans sa Théorie géométrique des aphélie*. Les équations auxquelles elle conduit permettent de résoudre d'une manière très-simple le problème du mouvement d'une planète dans un milieu résistant.

Expérience acoustique tendant à démontrer que la translation dun corps m vibration donne lieu à une longueur d'onde différente de celle que produit le mime corps dans une position fixe. M. Mayer prend quatre diapasons 1, 2, montés sur caisses résonnantes et donnant la note ut1 = $56 vibrations par seconde ; il met à l'unisson parfait les n" 1 et 2; il place le 4 devant une lanterne magique avec une petite balle de bon liège (5 millimètres de diamètre)» suspendue par un filament de soie et effleurant une de ses branches.

Le diapason 4 reste devant la lanterne, la balle effleurant une de ses branches; le diapason 2 attaché à sa caisse .est tenu à la main et mis en vibration à une distance de 20 mètres du n*l, et l'on constate que la branche du diapason 1 vibre à l'unisson avec le n* 2. Mais si après avoir détaché le diapason vibrant n* 2 de sa caisse, et s'être rapproché rapidement du n* 4, on pose le diapason 2 sur sa caisse et l'on s'arrête, la balle de liège reste en contact avec la branche du diapason n°4 , celui- ci ne vibre plusà l'unisson; sans aucun doute, parceque dans la marche le ton du diapason n9 2 a changé. Nous ne dirons pas comment avec deux autres diapasons semblables mais amenésjà faire quelques vibra- tions de moins, M. Mayer est parvenu à estimer la variation et à mon- tres qu'elle est de signe différent suivant que le diapason marcheur 2, s'approche ou s'éloigne du diapason immobile 4 .

Note sur les draguages exJcutés dans la fosse du Cap-Breton durant famée 4874. Conclusions. Au-dessous de, la zone des Laminaires, il existe trois zones profondes, bien distinctes, de 24 à 30 brasses, zone des corallines : les mollusques, les crustacés, les Bryozoaires et les Hydrozoaires y sont très-abondants .

De 40 à 50 brasses, zone profonde des coraux, se développent les Polypiers, les Gorgones et les Brachyopodes ;

3# De 400 à 250 brasses, zone à\Brisopsis avec quelques mollusques, DentaUum gracile, Nassa semis triât a y Lucina Fkxuosa. En ajoutant la

500 LES MONDES

zone littorale et la zone des Laminaires, on arrive à constater l'exis- tence de cinq zones; au-delà de 2S0 brasses doit commencer celle des A bysses.

Résumé de rechercfies anatomiques sur les Lombriciens terrestres (vers de terre), par M. Edmond Perrier. L'ensemble des faits semble indi- quer que, d'après la position des pores génitaux, on pourrait déjà établir trois familles dans Tordre des Lombriciens. Dans la première les pores génitaux sont en avant de la ceinture; dans la seconde ils sont en arrière; la troisième, outre les deux rangées de soies latérales, possède une ran- gée de soies dorsales.

Sur les rapides changements de coloration provoqués expérimentale- ment chez lei crustacés, par M. Georges Pocchet. Dans deux commu- nications antérieures, M. Pouchet a signalé la propriété dont jouissent certains poissons de modifier la couleur de leur peau selon la qualité des radiations lumineuses du fond ils vivent, et prouvé que cette faculté a pour point de départ l'œil, en sorte qu'elle cesse sur ranimai aveugle ; et que de plus l'action, cause des modifications, est transmise de la rétine et du cerveau aux éléments pigmentés contractiles ou chromoblastes de la peau par les nerfs crâniens et le grand sympathique. Il montre aujour- d'hui que cette faculté appartient aussi à un certain nombre de crustacés de la famille des salnotes, par exemple à la grande crevette ou palemon qui, lorsqu'on la place dans des conditions déterminées, passe directe- ment du jaune, qui est la couleur propre des tissus, au rouge plus ou moins rabattu; le bleu est transitoire et ne se montre pas quand ranimai revient du rouge au jaune ; comme chez les vertébrés, cette faculté est soumise à la qualité des radiations qui frappe l'œil mosaïque des ar- ticulés.

Noie sur un trait particulier de la êonstitution des Pyrénée* , par M. Leymertje. L'auteur a vu le premier qu'à partir de Saint-Michel et d'Au- rignac une bande extérieure à la chaîne, cachée jusque-là par le dépôt tertiaire delà plaine, commence à se relever sous la forme d'un chaînon qui se prolonge sans discontinuité, parallèlement à la chaîne elle-même jusqu'aux Corbières, formant comme une sorte de bourrelet marginal al- longé, subordonné aux hautes montagnes; et le but de la note de M. Ley- merie est de faire voir que cette lisière avancée joue un rôle intéressant dans l'orographie et la géologie des Pyrénées.

M, Laussedat annonce qu'il poursuit incessament son projet d'appa- reil pour l'observation du passage de Vénus, et qu'il espère l'amener bien- tôt à bonne tin.

La section de mécanique présente la liste suivante de candidats à la place vacante par suite du décès de M. Piobert : En première ligne, M. Tresca; en seconde ligne et par ordre alphabétique, MM. BoussineSq, Brette, tiaton de la Goupillière, Lévy, Ré* al, Rolland. F. Moigno.

i !■

PARIS. TV*. WALDEB, AUK B0H APARTE, 44.

13' 1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE SEMAINE

lMêiMmeit «e population» Un décret du Prési» dent de la république, en date du 8 mars, décide que le dénombre- ment officiel de la population aura lieu dans le cours de cette année.

Contre* do Salnt-Brlenc. Le 1* juillet prochain , la 38* session du congrès scientifique de France s'ouvrira à Saint- Brieuc. L'agriculture y tiendra une place importante.

Industrie ouvrière. Le Journal des fabricants de sucre dit, dès aujourd'hui, que la campagne 1872-1873 se présente dans des conditions' exceptionnelles ; qu'il faut s'attendre à une quantité de sucre qui ne pourra être au-dessous de 350 à 400 millions de kilo- grammes. La consommation de la France n'étant que de 27Ç à 280 million», il sent nécessaire <f ouvrir largement les portes de l'expor- tation.

IiO télégraphe et loo «dues contrôle» 4e ouere. M. Lefranc, directeur de la fabrique de sucre de Flavy-le- Martel, annonce qu'il a enfin reçu l'autorisation de relier son usine centrale aux râperies par une ligne télégraphique particulière.

Ctetm 'don eom paédlooloo. Pour la première fois , cette année, M. Gubler, professeur de thérapeutique, a pris pour sujet de son cours l'usage médical des eaux minérales. Il a ténu à établir dans sa première leçon que la France ne le eède en rien à l'Allemagne en fait d'eaux minérales ; qu'il n'est , dans le traitement des maladies chronique*, aucune indication à laquelle on ne puisse répondre à l'aide de sources françaises; et que, s'il devait être décidé lequel des deux pays l'emporte, l'avantage devrait rester à la France, par le nombre, la variété de minéralisation des sources, la douceur du climat et la va- riété des sites»

Eneel* neinent oupérleur en Fronce « M. Paul Bert, professeur de physiologie à la faculté des sciences de Paris, n'hésite pas à formuler cet arrêt : c L'enseignement supérieur en France, il faut en dire autant de l'enseignement secondaire, est une vieille con* struction mal conçue, mal bâtie, mal distribuée, et qui va s'écroulant sur nos tètes; gardons-nous bien d'y faire à grands frais d'insuffisantes et peu durables réparations. Il faut y porter hardiment le marteau... L'université de France, cet antique automate qui n'a jamais vécu que

N* 13. t. XXVII, 28 mari 1872. 30

SOi LES MONDES.

d'une vie factice, se meurt aujourd'hui; les jeunes universités fran- çaises vivront et grandiront par l'individualisme, la concurrence et la liberté. »

Université de Zurich. Le nombre des élèves de cette Uni- versité, aujourd'hui connue dans le monde entier, n'a pas cessé d'aug- menter depuis sa fondation, surtout parce que sa renommée lui a valu le concours des professeurs les plus éminents.Xes élèves suisses sont inférieurs en nombre aux élèves étrangers, de toutes les nations de l'Europe : Russes, Polonais, Hongrois, Français, Américains et même Asiatiques. Il a été impossible d'admettre en 1871 tous les candidats qui se sont présentés.

Itfuée de sauterelles. Adélaïde, dans l'Australie du sud, a été visitée, dans les derniers jours de décembre 1871, par une armée de sauterelles. Elles formaient un nuage tellement épais qu'elles ob- scurcissaient entièrement l'atmosphère. Elles venaient du nord, et dévoraient tout sur leur passage ; dans le jardin botanique de la ville, elles n'ont laissé que le sol nu.

Mines de métaux précieux en Bsllvle.— Dans le Ghaco, sur ' la route de La Paz à Fungas, on a trouvé un minerai d'argent qui contient la moitié de son poids d'argent pur (t2 000 onpes par tonne) . Sur les montagnes de Llisa et de Condormana, près de Saint- André-de- Mochaca, ainsi qu'à Vilaquil, à 24 kilomètres de La Paz, on a décou - vert 4ps veines d'or très-riches.

ïesslles de la république de l'Il%imt*M.*«*On rencontre une quantité considérable de fossiles des époques tertiaire et quater- naire, sur la côte de Manabi et près de Punin. A Côté du mastodonte, on trouve le cheval fossile, dont la race était complètement éteinte quand les habitants actuels sont venus dans la contrée.

Pluie de pierres à Rosano.— Au mois de décembre dernier, une violente tempête se termina par une pluie de pierres, allant du nord-ouest au sud-est et qui a causé de très-grands dommages. Les pierres ne cessaient pas de tomber pendant dix minutes en très-grand nombre et assez grosses, depuis le volume d'une noix jusqu'au volume d'un œuf de pigeon.

Klnes d'or. On annonce la découverte de mines d'or très-im- portantes dans le district de Transvaal, près Nathal, et à Manitola, dans le Canada.

Allumage éleetrlque du gaz. Les lanternes des rues de la ville de Gœttingue ont été simultanément allumées, pour la pre- mière fois, par l'électricité, le 15 mars dernier.

V

LES MONDES. 803

CORRESPONDANCES DES MONDES

M. Victor Chatel, à Valcongrain. Action de hontlto mfniie mr la végétation. Je viens vous remercier d'avoir bien voulu reproduire dans votre très-important journal une partie de ma lettre, revue obligeamment par, vous ; mais je regrette que vous ayez supprimé ce que j'ai dit du rôle important, principal, peut-être même exclusif, du gaz carbonique dégagé «-sous l'action de l'oxygène de la houille pulvérisée. Je vous prie instamment de vouloir bien dire que c'est seulement à cet état que je l'emploie.

Dans les expériences que je fais en ce moment, les feuilles de la ciboule, de la ciboulette, du persil, des petits oignons repiqués, des scorsonnères, de l'herbe de ma pelouse et de mon herbage ont verdi, en huit jours, d'une manière remarquable.

J'avais seulement semé à la surface du sol une couche de ce pous- sier, de moins d'un centimètre d'épaisseur.

Maintenant, dans mes semis de graines, je la mêle, à la fourche, avec la terre.

Je dois ajouter que partout la chaux a été mélangée au charbon, l'eflet a été à peu près nul dans le même espace de temps. Je pense qu'elle a empêché le dégagement de l'acide carbonique ou s'en est empalée en enrobant les molécules de. charbon, et qu'elle ne mettra qu'ultérieurement ce gaz à la disposition des plantés.... ou bien y aurait-il eu formation de craie? L'effet du plâtre a été apparent, mais peu important. *

J'ai aussi déposé près dçs racines de plusieurs vieilles quenouilles de poiriers, qui meurent par la tête, une couche de 2 à 3 doigts d'é- paisseur de ce charbon dans un rayon de 18 pouces.

Ne pourrait-on pas essayer ce moyen pour détruire ou éloigner le phylloxéra des vignes ? Il serait au moins intéressant de rechercher quel effet pourra produire le gaz carbonique qui se dégagera dans le sol, dégagement qui pourrait être provoqué par l'addition au charbon d'une petite quantité, par exemple, d'acide nitrique étendu d'eau, ou d'une autre substance.

J'écris, du reste, à M. Gaston Bazile et à mon bienveillant corres- pondant, M. le comte de Lavergne, et j'espère que vous voudrez bien mentionner à la date d'aujourd'hui le moyen que je propose.

504 LES MONDES.

M. l'abbé Choyer, à Angers. I* végétation et le carbone.

M. Victor Chatel vient d'annoncer dans Les Mondes un ensemble

*

d'expériences auxquelles s'attache un véritable intérêt» Il s'agit de constater, par des essais répétés, l'influence du charbon de terre sur le développement des végétaux en général, et sur celui de la vigne en par- ticulier. J'ai déjà sollicité bien des fois, et malheureusement sans succès, les tentatives qui nous sont aujourd'hui promises.

Voici par quelles observations j'ai été conduit à la conviction que le sol carbonate agit puissamment sur le cep. L'Anjou possède un gisement d'anthracite qui se prolonge du nord-ouest au sud-est, dans la direction des schistes encaissants, sur une longueur de vingt lieues environ et sur une lieue à peine de largeur. Ce qui frappe tout esprit qui observe, c'est que le bassin charbonneux dont il vient d'être parlé, est partout couvert de vignes qui produisent un excellent vin, très- chargé d'acide carbonique, tandis qu'en dehors de ce gisement très- effilé, le vin qu'on peut obtenir est presque sans valeur. Il y a donc une relation manifeste entre le sol chargé de carbone et l'excellence du produit de la vigne qui le recouvre.

Autre indice. La veine houillère est accompagnée de rochers de marbre (carbonate de chaux), qui s'étendent de chaque côté à des dis* tances plus ou moins considérables.

Tout près d'Angers, se voit un de ces gisements calcaires qui suk parallèlement les couches ardoisières sur une longueur de huit kilo- mètres environ, mais n'ayant en moyenne que de cinquante à cent mètres de largeur. Gomme celui du bassin anthracitifère, le sol calcaire se montre exclusivement couvert de vigne dont le vin est d'une qualité supérieure,

Voici maintenant une expérience qui peut jeter un grand jour sur la vérité soupçonnée par M. Chatel et par moi-même. Elle peut influencer avantageusement la direction des essais à faire.

Des considérations purement géologiques m'ont amené à penser que le bain dans lequel s'est formée la roche dont nous faisons aujourd'hui de la chaux, aurait pu et laisser dans les terres meubles qui avoi- sinent la couche de marbre des particules invisibles de calcaire. S'il en était ainsi, la présence de ce carbonate non apparent devait m'ètre révélée par des réactifs. J'ai donc laissé tomber de l'acide azotique sur un grand nombre d'endroits du sol, et j'ai vu mes prévisions se jus- tifier de tous points. En partant de l'affleurement de la roche, l'effer- vescence diminuait à mesure que je m'éloignais de chaque côté. J'ai pu «livre ainsi le calcaire dans les terres meubles jusqu'à trois et quatre cents mètres du rocher franc. C'est aussi à peu près rétendue q«e recouvrent les vignes.

LES MONDES. 505

Afin de me démontrer à moi-même que ce n'était pas le marbre décomposé par les pluies qui avait produit la particularité si remar- quable que je venais de constater, j'ai répété les mêmes essais sur des parties du sol qui se trouvaient plus élevées que l'affleurement carbo- nate. Partout les résultats ont été les mêmes.

S'il faut une explication aux phénomènes de végétation qui viennent d'être décrits, je rappellerai, ce que tout le monde sait, que la décom- position des particules de marbre ou de carbone par les radicelles de la vigne et des plantes en général se fait d'autant mieux que la ma- tière est plus divisée.

Est-il besoin d'ajouter qu'en couvrant le pied des plantes de pous- sière de charbon aussi ténue que possible, et mieux encore, de solu- tions carbonatées, on devra augmenter les chances de succès dans les tentatives qui vont être faites.

M. le docteur Eugène Robert à Belle vue. La pierre meulière.

Le silex meulière ne continue-Ml pas encore à se former? Telle est la question que j'ai l'honneur de vous adresser.

11 est admis en principe que les pierres, une fois formées, ne s'ac- croissent plus, ni par întussusception , ni par juxtaposition : non crescunt lapides, a dit Linnée ; c'est-à-dire que depuis les temps géo- logiques anciens, antérieurs aux phénomènes actuels , il n'y a pas d'exemple que les couches calcaires et siliceuses aient augmenté de volume ou aient acquis de nouvelles stratifications ; un fait contraire, ou quelque chose d'approchant, mériterait le plus sévère examen ; aussi, c'est ce que je réclame pour ce que je crois avoir vu.

Dans les eaux qui stagnent au-dessus des plateaux à meulière, no- tamment au bord des étangs, il n'est pas rare de rencontrer des pierres de cette nature, isolées et qui servent de réceptacle à une foule d'êtres organisés des deux règnes, végétal et animal. Or, ayant eu l'idée 4e briser une de ces pierres couverte d'alcyonelie des étangs, je crois bien avoir reconnu que ce polypier d'eau douce faisait corps avec elle ; c'est-à-dire qu'il paraît se fondre dans la masse siliceuse. C'est sans doute ce qui a fait dire à M. Raspail, qui a si bien étudié ce po- lypier (Chimie organique, p. 531), qu'il l'avait toujours rencontré, empâté exclusivement sur des pierres siliceuses ( meulières ou cail- lasses).

. Quoi qu'il en soit, il semble partir des anciennes surfaces de la meu- lière des végétations siliceuses qui se perdent elles - mêmes dans le tissu du polypier (I).

(1) Si» aussi toen, il était question de la spongille des étangs, on concevrait jusqu'à

506 LES MONDES.

Quelque étrange que cela puisse paraître, je ne serais pas, pour ma part, surpris de voir un polypier d'eau douce continuer la formation de la meulière , toutefois, dans des limites très-restreintes ; car, si je ne suis pas dupe encore d'une illusion, je citerai des concrétions piso- lithiques siliceuses qui remplissent les cavités de la meulière en place au milieu des argiles : examinées à la loupe, ces concrétions sont, non- seulement adhérentes à la surface des cavités, mais se sont encore in" corporées dans la masse de la roche , c'est-à-dire en ont augmenté le volume.

A l'appui de ces observations, invoquerai-je encore les orbicules siliceux qui me semblent se former de nos jours au milieu de la terre rougeàtre du diluvium. M. Alexandre Brongniart, à qui j'ai eu l'hon- neur de remettre, il y a plus d'une trentaine d'années, des orbicules de cette nature, que j'avais recueillis dans la tranchée du chemin de fer de la rive gauche ; cet illustre minéralogiste, dis-je, n'était pas éloigné de croire à leur formation toute récente. On peut encore aujourd'hui recueillir les mêmes orbicules près de la Chapelle-des-Flammes , à Bellevue, dans les talus du chemin de fer et à l'entrée de la route des Gardes.

Qu'y aurait-il, d'ailleurs, d'étonnant, de voir la silice se déposer en- core de nos jours à la surface des pierres , de quelque nature qu'elles soient, lorsque nous voyons ce minerai former de grandes incrusta- tions cristallines dans l'écorce des bambous et l'épiderme de la paille ! La terre n'a pas dit son dernier mot dans son enfantement des roches; qui sait si, dans les profondeurs de la craie, les silex pyromaques géodiques ne continuent pas à se remplir, tantôt de cristaux du plus pur quartz hyalin , tantôt de mamelons de calcédoine ou de corna» Une?

M. L. de Nivelle, AS, rue Croix -des -Petit s- Champs. lut- preft»lon photographique. Il m'a été impossible de sou- mettre.à un contrôle rigoureux les affirmations de mon honorable cor- respondant, et tout ce que je puis faire c'est d'appeler l'attention de de quelque généreux Mécène du progrès sur les résultats merveilleux qu'il se dit en mesure d'obtenir : s'ils sont réels ils deviendraient le point de départ de la plus brillante des industries. F. Moigno.

un oertain point que ce polypier, pénétré naturellement de cristaux de silice (spi- rales), eût une certaine relation avec la meulière; mais, au dire de Raspail, la silice que Ton est exposé à rencontrer dans l'alcyonelle (Chimie organique, môms page), ap- partiendrait exclusivement à des grains de sable qui s'attachent à son tissu et restent emprisonnés dans le tube.

LES MONDES. 507

«C'est, comme le nom vous l'indique, un mode d'impression. avec coloration chimique simultanée sur toute espèce de substance : tous les tissus de soie, laine et coton, le bois, le papier, l'ivoire, le cuir, le marbre, la pierre, etc...

Je reproduis, dans des conditions d'exactitude de nature, impossibles à l'art, des fleurs, des feuilles, des plantes avec leurs tiges et leurs ra<* cines, eussent-elles la ténuité de filaments chevelus.

Je reproduis des gravures, des dessins dans les conditions de leurs dimensions, ce que ne fait pas et ne peut pas faire la photographie qui a à subir les réductions des objectifs, et dont les épieuves, même les plus remarquables, subissent toujours la concentration des rayons lu- mineux au centre et la diffusion des mêmes rayons aux extrémités, ce qui produit le mou, le flou, l'atone.

Les applications industrielles de mes procédés sont appelées à révo- lutionner cent industries diverses, sans concurrence possible, puisque je dispense des frais si coûteux de dessin et de gravure, et que je puis varier à l'infini mes tirages sans être obligé à un tirage de centaines d'exemplaires puisque j'économise les frais de dessin et de gravure. »

M. Feknaot) Hamel, 34, rue Godot-de-Mauroy. Emploi du permanganate de potame litre, pour le dosage de l'aelde aulfareax et de» «al A tes. —Tous les chimistes savent que le permanganate est un réactif précieux pour reconnaître la pré- sence des moindres traces d'acide sulfureux dans l'acide chlorhydrique, ainsi que celle des composés nitreux dans les acides azotique, sulfu- rique, etc., parce que la coloration violette du permanganate de po- tasse disparaît instantanément, dès qu'une petite quantité de ces corps se trouve en mélange des acides peroxygénés. M'étant servi avec suc- cès et promptitude de cette réaction en maintes circonstances pour constater la pureté des acides ci-dessus, j'ai pensé que l'on pourrait aussi, à l'aide du permanganate de potasse, arriver à doser ces corps; et ne trouvant nulle part indiqué ce genre de procédé, je l'ai étudié avec soin.

En général, pour doser l'acide sulfureux contenu dans une liqueur, on en colore la dissolution avec quelques gouttes d'indigo et l'on y verse, au moyen d'une burette graduée, du chlorure de chaux titré. À cette liqueur, je substitue le permanganate de potasse dissous dans de l'eau acidulée' par de l'acide chlorhydrique, que je verse ensuite titrée dans de l'acide sulfureux, préalablement 6aturé d'une dissolution de car- bonate de soude. A la moindre coloration violette stable, le titrage est terminé, et par le. calcul ordinaire de la burette, j'obtiens la valeur de

5«6 LES MONDES.

l'acide sulfureux contenu dans le liquide. Je me fonde pour le calcul sur la fôrfflule des réactions suivantes :

Mu' 67 KO 4- 5S0* = KO, 2MnO -+• 5S03.

Et je titre le permanganate de potasse avec de l'acide oxalique, suivant les indications de Herapel. Cette méthode est très-commode et surtout très-rapide pour les produits du commerce (acide sulfureux et sul- fites).

Elle m'a paru préférable au procédé même de l'iode et l'amidon, parce qu'elle ne laisse aucune incertitude.

MM. Voisin et Dronier, 41, rue Saint-Fargeau, Paris: Sel* excitateur* pour plie* électrique». oc La pile au bichro- mate de potasse est d'un usage très-répandu, mais à côté des qualités précieuses qu'elle possède, elle a plusieurs inconvénients :

1* Chargement long et incommode;

V Dépôt d'oxyde de chrome sur les charbons qui les salit et les dé- truit rapidement;

Polarisation rapide.

Notre sel excitateur à base de bichromate supprime les deux pre- miers, et amoindrit considérablement le troisième.

Il est solide ; par conséquent facilement transportable. Pour s'en servir, il faut et il suffit d'en mettre 200 grammes dans une pile tenant un litre, verser l'eau dessus, agiter une minute au plus : la dissolution est complètement faite et la pile prête à fonctionner.

Le point le plus important est qu'il n'y a plus aucune espèce de dépôt sur les charbons ni sur les zincs; l'intensité de la pile est la même qu'avec les chargements faits dans les meilleures proportions, et sa constance plus grande.

Notre produit, au point de vue scientifique, est très-curieux, car aucune combinaison, à l'état solide, ne renferme une proportion aussi grande d'acide sulfurique, ainsi qu'on peut en juger par sa formule de composition qui est :

9 (SO», HO) -f- 2 (Cr 0', KO),

que l'on peut finalement établir par

2 (2S0S, KO) -1- 2 (2 S0É, CrO») •+• 8 HO,

l'on retrouve le composé d'acide chromique et d'acide sulfu- rique signalé par Gay-Lussac et confirmé par les expériences de M. Balles

LES MONDES 80»,

Une considération importance, c'ait que cette pile est souvent entre les mains des enfants et des jeunes gens pour faire fonctionner des petits moteurs, des bobines de Ruhmkprff, des télégraphes, etc.; avec le chargement à l'état solide, les parents n'auront plus à craindre la maniement et le transport toujours dangereux de l'acide aulfinrique ; de même pour les personnes qui s'en serrent pour faire Jènotionnet les apparetts éleotro»médicaux; en outre, on sera toujours assuré, en mettant exactement la quantité déterminée du sel excitateur chromique dans te quantité correspondante d'eau, d'avoir toujours même iuteû* site et même durée, ce qui, jusqu'à oe jour, n'avait pas lieu, vu que les proportions employées étaient généralement Imtes àl'aibHrataie.

En outre, le sel excitateur chromique que noue produisons, étant solide, se prête au chargement dotons les genres de piles, cloisonnées, à ballons, vase poreux, sable, etc., comme, par exemple, le sulfate de cuivre, s Ce sel excellent simplifie considérablement la production de l'électricité. F. M.

M. Ëm&E Dtjcemtn, à Paris. E*Mi enr in eonntruetton de» paratonnerre». Dans la séance de l'Académie des sciences du 48 mars 1867, je fis une communication au sujet (Pun coup de foudre, et sur l'efficacité d'un paratonnerre, qui ne présentait pas de solution de continuité , mais qui avait ceci de remarquable, que son conducteur venait aboutir dans la citerne du phare de Fécamp, cons- truite au milieu d'une masse crayeuse, sur le sommet d'une falaise, et à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer. C'est qu'en effet une citerne, placée surtout dans de telles conditions, ne satisfait pas aux règles de la science. Il faut que le centre qu'atteint la partie infé- rieure du paratonnerre représente sûrement l'humidité du sol, de ma- nière que le fluide électrique ne trouve aucune résistance dans son écoulement. Aussi l'instruction de la Commission des paratonnerres, publiée en 1855, prescrit-elle sagement c de mettre toujours les con- « ducteurs de paratonnerre en communication, par de larges surfaces, t avec des nappes d'eau intarissables, a Si l'on pouvait chaque fois remplir ce programme, les paratonnerres bien construits ne laisse- raient certainement rien à désirer. Malheureusement il est à remar- quer qu'il n'est pas toujours possible d'atteindre de véritables nappes d'eau; et souvent, trop souvent, il en résulte que les constructeurs se contentent de déposer l'extrémité de la tige conductrice dans un mi- lieu plus ou moins humide et à une très-faible profondeur. Ici ap- paraît une question capitale que j'ai cherché à résoudre : Est-il possible de découvrir si un terrain satisfait aux conditions de sécurité pour l'installation du paratonnerre T

MO LES MONDES.

Selon moi, lorsqu'il ne s'agit pas d'une poudrière qu'il faut pro- téger extraordinairement et à tout prix contre la foudre , l'étude du sol et de la végétation qui s'y produit peut être un indice suffisant pour l'observateur. Car l'épuisement de l'électricité par le sol n'est possible qu'autant qu'on admet l'absence de terrains secs, pierreux ou calcaires. Or, tout terrain qui n'est pas assez végétal et assez riche pour produire des arbres centenaires, doit être prudemment aban- donné, les gros arbres ne pouvant vivre qu'en raison d'une humidité considérable, et dont l'étendue, peut défier celle des nuages orageux. Si Tonne se trouve pas en présence de ces circonstances, il faut avoir recours au forage d'un puits, et rejeter bien loin l'idée du vieux sys- tème de la fosse remplie de charbon, si celle-ci ne devait pas se trouver placée dans ces conditions favorables et avoir même une étendue suf- fisante. Autrement la condensation de l'électricité menacerait bien da- vantage l'édifice qu'on veut protéger, que l'absence de tout para- tonnerre.

dernièrement j'installais, dans une propriété de l'Eure, un paraton- nerre. J'avais rencontré ces conditions de végétation luxuriante que je signale et que je crois excellentes. J'ai eu soin de conduire, en l'en- tourant de charbon , la partie inférieure du conducteur à une profon- deur égale au moins à celle que peuvent atteindre les plus profondes racines des arbres. Aussi, le résultat de l'épreuve suivante, qui diffère sur un point des expériences qui ont été faites jusqu*ici, est-il venu me confirmer dans mes prévisions.

Usant des appareils en usage : pile, galvanomètre, et d'un fil de cui- vre recouvert de gutta-percha , j'ai pu établir et vérifier la communi- cation par la terre, en agissant sur la pointe du paratonnerre, et en utilisant la conductibilité de la sève d'un gros arbre placé à une cer- taine distance et dans le centre du tronc duquel j'avais préalablement fait pénétrer plusieurs tiges de fer, prévoyant que, si toutes les parties du conducteur étaient en relation suffisante avec la terre, l'humidité de l'arbre, fût-elle acide ou alcaline , me mettrait en communication avec le réservoir commun (1). J'ai pu ainsi constater que l'écart de l'aiguille du galvanomètre diminuait d'autant plus que je ramenais davantage vers la surface terrestre la partie inférieure du conducteur,

(1) La sève ett conductrice da fluide électrique, au point qu'âne plante placée dans un vaie de verre rempli de terre et couvert extérieurement d'une feuille d'étain m'a permii, pendant plusieurs mois, de soutirer l'électrioité eu utilisant l'intéressante maouine de Holtz, que construit si consciencieusement M. Ruhmkorff. La plante faisait l'office da la tige métallique de la bouteille de Leyde et transmettait des oon> motion» violentes, sans qu'elle semblât se ressentir du passage de fluide.

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! sacrifier.

LES: MONDES. 311

Ce qui prouve, à mon avis, que la conductibilité augmenter jusqu'à un certain point, en raison de la longueur ou de la surface des parties de l'appareil qui communiquent avec l'humidité, et qu'il importerait à l'avenir de ne jamais négliger d'évaluer, par tous les moyens possibles, quelle doit être la surface du fer ou autre métal qu'il faut utilement

{>

Le fi. P. Denza, à Moncalieri. Plaie 6e sable et phéno- mènes cosmique» observés en Italie dan» la première décade de mars tSVft. Finie de table. M.' le. professeur Tacchini, astronome à rObsemtoire royal de Païenne, et M. le doc- teur Conti, directeur de la station météorologique de Cosenaa. (Italie méridionale), aussi bien que M. le professeur BeÛuoci, assistante l'Ob- servatoire météorologique de l'Université de Pérouse (Italie centrale), m'ont annoncé que le jour 10-11 courant une pluie de poussière jaune rougeâtre est tombée dans ces régions. Cette pluie a suivi les vents du sud, qui ont soufflé avec force en Italie* pendant les jours précédents. Le sable a été recueilli aussi à Rome. .

Il est très-probable, sinon certain, que cette pluie de sable a été amenée dans nos contrées par les contre-courants atmosphériques, rappelés vers nous par d'autres courants, qui, des régions polaires, se sont avancés avec violence vers l'équateur pendant les derniers jours de février. Le retard a été peut-être causé par les fortes pressions qui dominaient sur l'Europe méridionale les premiers jours de ce mois.

M. Harnold Tarry et moi-même attendions avec anxiété le phé- nomène, qui n'a été que la conséquence naturelle d'un pareil mouve- ment atmosphérique. C'est pour cela que cette nouvelle pluie a con- firmé une fois de plus la belle série de ces phénomènes périodiques qui nous arrivent de l'Afrique, et non d'ailleurs.

Une autre pluie de sable très-limitée a été observée à Cosenza par M. Conti, le 27 février, lors des passages de la grande dépression ba- rométrique qui a envahi nos contrées dans les derniers jours de février.

Phénomènes auroraux et lumière zodiacale. Dans ces premiers jours de mars, nous avons traversé une période de phénomènes cos- miques, et surtout électriques, très-remarquables. En voici la note :

Mars 1. Lumière aurorate à Florence (observée aussi en Russie et en Ecosse) . ~

4-3. Lumière zodiacale très-brillante dans presque toute l'Ita- lie, de Monoalieri jusqu'à Païenne et Messine; elle s'élevait jusqu'aux Pléiades. ,(

SIS LES MONDES.

4. Lumière zodiacale splendide. Lueurs aurorales an *ord

de Moncalieri.

5. Lumière todiacale très -brillante. Lumière aurorale k Apte,

Moncalieri, Païenne. 6* Àurempelaiie à Messine (Sicile).

7. Lumière aurorale à Moncalieri et à Gènes. (Aurore polaire

à Haparanda, Thurso, Londres.)

8. Aurore poMre à Moncalieri (observée aussi fc Londres

eUTburso).

9. Aurore polaire à MeûcaUeri* Légères Mtooinsée trem-

blement de terre à Gèace.

Pendant ces jours, nous avons observé des perturbations presque continuelles dans les aiguilles aimantées. Le 5, la chromosphère du soleil a été très-agitée, et nous avons observé de belles protubérances, qui ont été observées aussi à Palerme, Padoue, etc.

Députe le S, le ciel a persiflé presque toujours couvert et pluvieux, et les aurores du ï , 8, 9 ont été observées à travers les nuages.

Pendant les mois de janvier et février, nous avons observé les phé- nomènes suivants :

Janvier S. Lumière aurorale à Modène.

7. Lumière aurorale à Aoste, Gênes, Modène, Florence» 10. Tremblement de terreàMoncalieride£.-N.-E.-0.-S.-0. f S. Apparition aurorale à Aoste.

30. Lumière aurorale à Volpeglino.

Février 2. Apparition aurorale à Modène.

4. Grande aurore polaire dans toute l'Italie. Secousses de

tremblement de terre à Moncalieri et à Florence.

5. Lumière aurorale à Moncalieri et à Rome,

6. » à Monoalieri.

8. » à Aoste et à Gènes*

9. » à Gênes.

10. à Volpeglino, près de Tortona.

26. » à Mondovi.

27. Aurore à Gènes, Alexandrie, Volpeglino.

5MMM. Grand halo lunaire dans tout le nord de l'Italie, jus- qu'à Florence. Son diamètre était de 44 degrés en- viron.

Lumière zodiacale brillante, durant plusieurs jours et dans un grand nombre de stations. Bourrasques et perturbations magnétiques dans les jours susdits.

LES MONDES, 5*3

ÉLECTRICITÉ

Machine mag néto-électrlqae k eonranta continu»

die M. Qromme. Cette ingénieuse machine qui a été décrite ici sommairement au mois de juillet 1871, lors de sa présentation à l'Aca- démie des sciences, a fait de grands progrès depuis cette époque.

Nous. donnons ici une série de figures que nous empruntons à la Bévue industrielle de MM, Fontaine et Buquet; la machine qu'elles représentent est celle que construit M. Breguet pour les labora- toires et en vue des usages médicaux et de la télégraphie électrique.

On fabrique pour la production de la lumière et pour la galvano- plastie industrielle des machines beaucoup plus grandes, très-com- pactes et donnant sous un volume relativement très-réduit des quantités considérables d'électricité.

Mais nous laisserons aujourd'hui de côté les applications de la machine Gramme et nous nous bornerons à en exposer le principe, qui a été jusqu'ici mal présenté.

La machine se compose d'un aimant entre les pôles duquel tourne un électro-aimant de forme nouvelle qui mérite une description minu- tieuse.

Cet électro-aimant est formé par une bague ou anneau de fer doux sur lequel est enroulé un fil conducteur isolé, ne présentant aucune solution de continuité; on peut le concevoir comme formé par un électro-aimant droit ordinaire recourbé en cercle, le bout d'entrée et le bout de sortie du fil étant soudés pour établir la continuité du conduc- teur isolé. Cet organe peut à juste titre recevoir le nom d'électro- aimant sans /fit, car le fer doux et le fil conducteur sont absolument continus. Dans les fig. 2 et 5 on voit la coupe A du fer doux et du fil qui l'entoure ; les figures 1 et 3 montrent l'éiectro-aimant E dans son ensemble.

L'éiectro-aimant sans fin est mobile autour de son axe de figure sur un arbre aa qui reçoit le mouvement soit au moyen de courroies, soit au moyen d'un pignon et d'une roue (fig. 1 et 2), munie d'une manivelle M.

Etudions maintenant comment le courant se produit dans le fil de l'éiectro-aimant sans fin :

Ce fil, avons- nous dit, est sans solution de continuité ; mais il est disposé en sections ou éléments, composés chacun de cent spires,

37

Ci

514 LES MONDES,

par exemple; le bout de la dernière spire d'un des éléments en ques tion est le commencement de la première spire de l'élément suivant ; l'ensemble du fil est donc divisé en 40 sections (par exemple) toutes égales entre elles et formant un tout continu.

Gela posé, examinons expérimentalement la production du courant dans une des sections ou éléments et pour cela attachons ses deux bouts à deux fils venant d'un galvanomètre. On part de la ligne (que nous appelons ligne de partage) perpendiculaire à la ligne des pôles ; et Ton fait faire à l'élément considéré une série de mouvements suc- cessifs de 40 degrés, après chacun desquels on donne le temps à l'ai- tguille du galvanomètre de reprendre sa position de repos. On voit que pendant tout le temps que ledit élément reste au-dessus de la ligne de partage les courants qui s'y produisent sont d'un même sens, que nous appellerons positif; et que, quand ensuite le même élément est au-dessous de la ligne de partage, les courants sont de sens négatif, c'est-à-dire opposé à celui de la première moitié du cercle.

Cette expérience permet aussi de constater que le renversement du sens du mouvement amène le renversement du sens du courant.

Il est facile maintenant de s'élever, de la connaissance du phéno- mène produit dans un des éléments, à celle du phénomène général produit dans l'ensemble de la machine. Tous les éléments qui sont au-dessus du plan de partage sont à la fois le siège de courants, tous de sens positif. De plus, par la construction de la ma- chine, ils s'ajoutent en tension. Ils peuvent être inégaux entre eux ; mais pour une vitesse déterminée du mouvement, leur somme est évidemment toujours la même, car à mesure qu'une spire passe du dessus au dessous du plan de partage, elle est remplacée par une autre. D'autre part, les éléments qui sont au-dessous du plan de partage sont le siège de courants négatifs dont la somme est constante et égale à celle des courants de la partie supérieure. Ainsi, la machine réduite aux organes que nous avons décrits jusqu'ici, présente deux séries d'éléments produisant des courants égaux et de sens contraires ou, en d'autres termes, deux courants en opposition, qui, par conséquent, ne circulent ni l'un ni l'autre. On ne saurait mieux comparer ce système qu'à celui formé par deux piles Daniell de 20 éléments chacune, mises en opposition par leurs pôles de même nom.

Enfin se présente le mode employé pour recueillir les courante, mode qui est indiqué par la comparaison même que nous venons de faire. Pour recueillir les courants des deux piles en opposition, il suffit, comme on sait, de mettre les deux bouts d'un circuit en contact avec les points de réunion des pôles semblables ; aussitôt, les deux courants

LES MORDES.

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qui 8e faisaient équilibre l'un à l'autre et s'arrêtaient l'un l'autre, se mettent à circuler ensemble dans le circuit ; les piles étaient en opposi- tion, elles sont maintenant en quantité. C'est le même moyen qu'em- ploie M. Gramme et cet ingénieux artifice vient achever son inven- tion. *

Les diverses sections de l'électro-aimant sans fin sont reliées à des pièces métalliques rayonnantes R, de cuivre rouge (fig. 4 , 2 et B), toutes isolées les unes des autres quoique très-voisines. Le bout finis- sant à chaque section et le bout commençant à la suivante sont atta- chés à un des rayons R, qui sont, par conséquent, en même nombre que les sections. Les pièces R ont la forme de rayons , comme on voit (fig. 1, 2 et 5) ; mais, arrivées près du centre, on les a, pour plus de commodité, recourbées à angle droit, et, se continuant parallèlement à Taxe, elles viennent se présenter, toujours isolées les unes des autres, en un cercle concentrique à l'anneau et sur la face opposée (fig. 2,

et 5).

Deux trotteurs F (Bg. 4, 2 et 3), présentant la forme de disques, en cuivre rouge, appuient sur les extrémités des pièces R , en deux points qui sont précisément sur la ligne de partage, c'est-à-dire dans l'endroit les courants égaux et de sens contraire, produits dans les deux moitiés inférieure et supérieure à l'anneau , viennent s'opposer. Par suite, les deux courants se mettent à circuler ensemble dans le circuit extérieur qu'on fait aboutir aux frotteurs F.

Cette machine, avons-nous dit, donne des courants continus ; la continuité résulte de ce que, d'une part, la production du courant est continue comme le mouvement, et de ce que, d'autre part, les trot- teurs F appuient à la fois sur plusieurs des pièces R, d'où il résulte que le circuit n'est jamais rompu.

On voit qu'il n'entre pas dans la composition de cette machine de commutateur redresseur comme on est obligé d'en employer avec la machine de Pixii (ou de Clarke) et ses dérivées, quand on a besoin de courants de même sens*

Maintenant que la machine est connue du lecteur, npus n'hésitons pas à dire qu'il est difficile d'en concevoir une plus simple et plus sy- métrique.

Si l'on en examine les effets, on voit qu'elle donnera lieu aux plus intéressantes études. Ainsi, il est bien clair que la puissance delà ma- chine croit avec la puissance de l'aimant et avec les dimensions de deux organes principaux, aimant et électro-aimant; mais il reste à dé-» terminer le rapport] entre la puissance et la grandeur de l'appareil. D'un autre côté, la qualité du courant obtenu varie avec le nombre

LES MONDES. 517

total des spires enroulées sur l'anneau ; avec du fil plus gros on a plus de quantité, avec des spires plus nombreuses on a plus de tension ; on peut, dès à présent, affirmer que, si ton perd en quantité, en gagne en tension st inversement; il y a encore cependant bien des études à faire sur ce point.

Enfin nous avons déjà constaté un (ait que nous croyons intéres- sant : la force électro-motrioe croit proportionnellement à la vitesse de rotation de l'anneau. Cette loi se vérifie dans les limites de nos expé- riences; mais il est douteux qu'elle se vérifie pour de très-grandes vi- tesses, parce que la désaimantation du fer doux demande un certain temps, et que le fonctionnement de la machine dépend de la fixité dans l'espace des pôles de l'électro-aimant, malgré le mouvement du fer doux. Il reste donc à déterminer la'vitesse à laquelle correspondra le maximum de tension de la machine, et au delà de laquelle la tension ira probablement en diminuant.

La résistance théorique de la machine est le quart de la résistance totale du fil enroulé sur l'anneau; il suffit d'un peu d'attention pour s'en rendre compte. Mais la résistance réelle est moindre parce que chaque frotteur appuie toujours sur plusieurs des pièces R de jonction entre les éléments et que La résistance des éléments ainsi fermés par le frotteur est supprimée de la résistance du circuit. Quoi qu'il en soit, il est évident que cette résistance ne change pas avec la vitesse de rotation.

Nous terminerons par cette observation capitale, que la machine de Gramme doit être considérée comme un élément de pile, et que plu- sieurs de ces machines peuvent être groupées en tension ou en quan- tité somme des éléments ordinaires.— A. Nuubst Bie&cxt.

TRAVAUX PUBLICS

Le» Tramway*, on chemin» de fer dan» le» grande* ville», par R. Francisque Mickl. « Paris, tel qu'on le fait, sera toujours impraticable, son développement sera retardé et man- quera d'harmonie si nous n'avons des moyens de circulation et de transport directs, faciles, rapides et peu coûteux.

Les omnibus, en effet, seul moyen de locomotion pratiqué jusqu'à présent, sont insuffisants, lents, incommodes , et ne font que « ca-

5119 LES MONDES,

raionner ceux qui ont du temps à perdre, sans satisfaire à ua moment donné au vingtième des besoins, tout en coûtant cher. »

Quant à la voiture de place, son prix e6t trop élevé, et elle ne rend, somme toute, que peu de services ; sans compter que, le plus souvent, on ne peut se faire transporter à grande distance qu'en employant la ruse ou en transigeant avec le cocher.

De tous les moyens proposés pour la solution du problème de la lo- comotion et des transports dans les villes, les chemins de fer sont ceux qui répondent le mieux £ tous les besoins et qui permettent une com- munication et un transport économiques, rapides et même instantanés des voyageurs et des colis dans l'intérieur de Paris.

On a proposé d'établir A Paris un chemin 4e fer. souterrain sembla- ble au Metropolitan raihoay de Londres ; mais la commission envoyée à Londres par le préfet et k conseil municipal de la Seine a rejeté en principe ce projet qui, à Paris, était irréalisable sous tous les rapports.

Etablir des chemins de fer daas les rues, comme cela se pratique en Amérique, est inadmissible, surtout à Paris. On doit donc s'arrêter aux chemins de fer suspendus.

Le seul projet qui satisfasse à la condition la plus complète du pro- blème : aller partout, l surtout d&ns les centres compactes, dans les quartiers populeux , c'est-à-dire les quartiers ouvriers et manufactu- riers, ce seul projet, dis-je, qui, en même temps qu'il est le seul ad* iftistfible est le plus économique, est celui que M. Arsène Olivier deLan- dreville a exposé dans son intéressante brochure sur les Chemin de fer dan» Paris et dans les grandes vitles (1 )

En 1 868, M. Arsène Olivier a fait breveter le principe de son projet : la surélévation de la voie au-dessus des maisons, et l'emploi pour la locomotion d'un appareil funiculaire.

Il peut paraître hardi d'établir une voie à une semblable hauteur : l'élévation maximum des maisons, à, Paris, ne doit pas dépasser 25 mètres; en surélevant la voie de â mètres au-dessus de cette alti- tude, on ne dépasse pas certains niveaux auxquels, en Amérique et en Angleterre, passent des trains très-pesamment chargés pour arriver au centre des cités.

. Dans le projet de M. Arsène Olivier, des colonnes élégantes* en fonte, destinées à supporter la voie , ayant environ de 50 à 60 centi-

(1) Chemins de fer dans Paru et dans les grandie villes, par Arsène Olivier do Lu* dreviUe, édition, avec figures et planohes, prix : l fr.

Paris, librairie Centrait de* arts et manufactures, Auguste Lemoine, éditeur, }5, quai Malaquais.

LES MONDES. M9

mètres de diamètre et de 23 à 38 mètres de hauteur (semblables, en un mot, à celles qui se trouvent à la gare du Nord, à Paris, qui n'ont rien d'extraordinaire comme dimension), seraient placées, soit dans les cours des maisons, soit extérieurement et contre leur façade. Elles supporteraient un radier ou plancher en fer, que nous décrirons plus loin. Au-dessus de leurs chapiteaux s'appuieraient, supportées par des cornières, des traverses métalliques reliant entre elles les deux colonnes formant ainsi une paire; deux autres parties, fortement armées et fixées aux premières, posées transversalement, formeraient le tablier de la Toie,

Perpendiculairement à ces poulrages, d'une travée à l'autre, se trou- verait un palier en forte tôle rivée ou en fer à double T, d'une grande force, avec un poids relativement faible qui supporterait les rails, sur lesquels rouleraient des wagons très-légers, mus au moyen d'une chaîne ou corde sans fin; un moteur à vapeur fixe, placé à des dis- tance» convenables, mettrait ce système funiculaire en mouvement.

820 LES MONDES.

La voie, ainsi établie, serait recouverte d'une galerie à toiture de zinc, supportée par des colonnettes en fonte très-légères. (Fig. I.)

Les parois de la galerie porteraient des châssis de verre double, que l'on pourrait, à chaque station , ouvrir et fermer à volonté au moyen d'une disposition mécanique spéciale.

La disposition d'établissement de voie, imaginée par M. Olivier, et la suppression de la locomotive, permettraient d'atteindre des portées considérables, de 80 à 100 mètres, et même 150, d'une rigidité et d'une solidité parfaites. En supposant leç portées maximade60 à 80 mètres, suivant l'espacé~à franchir, dans ligne de la Madeleine à la Bastille, 45 immeubles au plus seraient à toucher; d'après la disposition des colonnes que nous avons indiquée, les fondations seraient simplement formées d'un puits de 2 mètres environ de diamètre, rempli de béton et de dés en pierre, dans lesquels seraient scellées les colonnes. Au point de vue de l'achat d'immeubles, il suffirait, dans la majeure partie des cas, de payer une indemnité de surcharge au propriétaire du terrain sur lequel reposeraient les colonnes.

Etablissement de la voie. La figure II représente l'établissement du palier sur les colonnes. Sur les plaques de tôle ou tablier, M. Arsène Olivier propose de placer une couche de sciure de bois ou de tan in- jectés, de 10 centimètres de hauteur environ, afin d'atténuer autant que possible le bruit du roulement des wagons et de la corde remorqueuse sur les poulies. Sur cette couche (fig. III), il place des madriers ou traverses de bois injecté sur lesquelles sont fixés les rails.

La corde remorqueuse , comme on le voit dans la figure, roulerait au milieu de la voie sur des anneaux en fer ou en acier ; elle se com- poserait d'un câble sans fin en fils métalliques, recouvert de chanvre goudronné; elle serait mue par un moteur fixe et desservirait simulta- nément les deux voies en sens contraires.

A ce câble, au moyen d'un crochet automoteur s s'amarrerait le wagon (fig. IV) ; ce crochet se débrayerait automatiquement par la rencontre d'un excentrique placé au début de la voie, quelques mètres avant la station ; ce même mouvement de débrayage ferait agir un frein sur les roues du véhicule afin d'annihiler les effets de la vitesse acquise; il suffirait, pour se remettre en marche, de débrayer le frein, et cette manœuvre accrocherait automatiquement le wagon à la chaîne motrice.

Les wagons proposés par l'auteur du projet sont légers et à ciel ou- vert; ils pourraient contenir environ 50 personnes.

Exploitation de la ligne. M. Arsène Olivier croit qu'on devrait établir des stations tous les 300 mètres ; ces stations auraient deux

IE8 MONDES,

LES MONDES.

ascenseurs marchant en sens contraire, ascenseurs qui, au moyen d'une' ingénieuse combinaison mécanique, seraient mis en mouve- ment au moyen de la chaîne motrice. Chaque station aurait une salle d'attente placée au-dessous du radier, ou au même niveau, suivant les cas. A chaque station serait placé un tourniquet-compteur pour la perception du prix de transport, que M. Olivier croit devoir être de 1 0 ou 15 centimes au plus. Une fois dans l'enceinte de la Compagnie, on pourrait prendre n'importe quel train et n'importe quelle correspon- dance sans payer de nouveau.

11 y aurait des trains toutes les deux ou trois minutes, depuis cinq heures du matin jusqu'à une heure après-minuit; de cette façon, le tramway pourrait être utilisé parles ouvriers pour se rendre à leurs ateliers; le soir, après la fermeture des théâtres.

Dans son intéressante brochure, l'auteur propose le tracé de plu- sieurs grandes lignes dans Paris : nous prendrons ici, comme exem- ple, la ligne qui irait de Montrouge à la Cliapelle-Saint-Denis; c elle « suivrait le côté droit en amont de la Seine, passerait sur la cour du a palais des Thermes, enjamberait le canal de la Seine, du bras gau-

she, passerait sur les casernes, au-dessus du Tribunal de commerce, a laissant son dôme à gauche, franchirait le péristyle du Théâtre- a Lyrique, traverserait le square de la tour Saint-Jacques, puis, suî- a vant le côté pair du boulevard Sébastopol, éviterait l'église Saint-

Leu, passerait sur le square des Arts-et-Métiers , irait jusqu'à la « gare de Strasbourg, en tournant l'église Saint-Laurent, et de à la a Chapelle.

a La perspective des monuments n'aurait rien à redouter, puisque s la ligne du chemin de fer dominerait toujours l'horizon du piéton.

LES MONDES. 53»

. t Lorsque le chemin de fer viendrait à traverser une place, un sup* «plément d'ornement pourrait être ajouté à la voie; on obtiendrait c ainsi un édifice qui* Ban* grandes dépenses, sériait du meilleur caspeét.

a En 4866, les omnibus, qvec 40000 chevaux et 656 voitures, ne c transportèrent que 407 000 000 4e personnes, dont 46 000000 d'im- c péri aie, à raison de la moyenne de 18 1/2 centimes par chaque t voyageur.

a Si Paris, avec sa population flottante, compte 2000000 d'habi- e tants> et qu'on veuille admettre qu'un million sorte de chez soi tous a les jours et monte dans nos wagons, pour aller et revenir, j'aurais a 2000000 x 365 = 730 millions, seulement à 10 centimes, formant « la somme énorme de 73 000000 fr.

« J'aurais à ajouter les rapports du factage des colis, qu'il m'est « impossible d'évaluer dans ce court exposé .

*

« De 107 000 000 de voyageurs des omnibus a à 730000 000 de notre chemin,

« différence £23 000 000, aujourd'hui obligés d'aller à pied ou de prendre des voitures. »

- En résumé, le projet de M. Arsène Olivier est parfaitement réali- sable, et, si nous ne craignions de nous répéter, nous dirions qua c'est le projet le plus pratique et le mieux conçu de tous ceux qui ont été proposés. Dans le début, à cause de l'immensité de l'idée, l'auteur a craint que ses moyens fussent insuffisants : depuis, toutes les per- sonnes compétentes lui ont affirmé que la chose était exécutable, et un ingénieur, qui passe pour très-distingué, son homonyme (un Nor- mand!...) a reconnu tous les mérites du projet, conçu et breveté en

1868 en le copiant en 4872, et en le présentant à te Commission ée$

tramway*.

CHIMIE APPLIQUÉE

Distillation sèche des bols. Lettre de M. Paul Chipoff, à Soudslaw, près Kostroma, Russie. Dans la livraison du 19 octobre du tome XXVI de votre revue Les Mondes, j'ai trouvé insérée la note de M. Maiclie, concernant la distillation sèche du bois ; voyant que vous vous intéressez à cette fabrication, j'ai pensé vous être utile en vous communiquant quelques données, que j'extrais des livres de l'usine de mon père, située dans le gouvernement de Kostroma, une usine,

524 LES MONDES

qui travaille déjà depuis 30 ans, et dont la spécialité est précisément la distillation sèche du bois.

Cette usine distille annuellement de 15000 à 46 000 mètres cubes de bois, dont la majeure partie consiste en bois de bouleau. Je vous envoie avec cette lettre les dessins de l'appareil pour la distillation sèche du bois, et du réfrigérant à travers lequel passent les produits de la distillation. En comparaison des dimensions de mon dessin del'appa- pareil distillatoire, le dessin du réfrigérant est à peu près trois fois plus grand. Veuillez excuser cette discordance, j'ai trop peu de temps pour refaire les dessins; toutefois ils sont assez compréhen- sibles.

Dans l'usine de mon père ces appareils sont au nombre de 44, dont 2 ou 3 se trouvent constamment en réparation. Pourtant ils ne sont pas tous de la même grandeur; les plus grands contiennent un cylindre, qui reçtoit 2 { mètres cubes de bois et le travaille pendant 48 heures, dont 40 sont employées pour le refroidissement de l'appareil ; le cylindre le plus petit reçoit 4 ^ mètres cubes de bois et le travaille pendant 24 heures. Nous avons commencé par construire les appareils de la dernière dimension et les avons agrandis graduellement ; mais la pra- tique nous a appris que ce sont ceux de la première dimension qui sont les plus convenables. Des appareils encore plus grands ne possède* raient pas la sûreté et la prestesse du travail qu'ils doivent avoir, et en même temps présenteraient plus de danger, car avec une pareille usine on a à chaque minute à craindre un incendie.

Le procédé de l'usine à l'égard de l'acide pyroligneux se distingue par la décantation soigneuse des matières goudronneuses ; c'est pour- quoi nous le faisons passer par 40 grandes cuves, posées sur le chemin qu'il parcourt, en se rendant de l'usine, il est distillé, dans l'appar- tement où il subit les transformations ultérieures. Il y arrive, par con- séquent, comme un fluide homogène, d'une couleur brune, tirant sur le rouge ; il est reçu dans une cuve couverte et mise en relation avec une chaudière à vapeur. Après avoir mis dans cette cuve autant de chaux qu'il faut pour saturer l'acide, on ferme la cuve ; on procède à la distillation à la vapeur de l'alcool méthylique, qui est mis en liberté par suite de la décomposition du pyrolignite de méthyl en présence de la chaux. La vapeur d'eau, chargée de la vapeur de l'alcool méthy- lique, passe par plusieurs cuves, ces vapeurs rencontrent de la chaux calcinée et du charbon de bois, qui les privent de la plus grande partie des huiles volatiles qui accompagnent l'acide pyroligneux; enfin, ces vapeurs sont condensées par un réfrigérant. La solution de pyrolignite de chaux est travaillée de lamaniçreordinairejpour produire

S? 1 ^.Coupe verticale-

Appareil pour la flishîlatior. sèche du bois

Appareil refnf érint : la iuliDiLon s«cK(: du bn

r-.- P.Méa rJWrt»*

LES MONDES 539

l'acide acétique, dont nous fabriquons plusieurs sels, comme le sel de plomb et le sel de chaux pour les fabriques de calicot peint.

Quant à l'alcool méthylique, il est reçu impur et très-aqueux ; pour le purifier v on le conduit dans une cuve, revêtue intérieurement de plomb, Ton met de la chaux calcinée et on le laisse plusieurs jours, en le remuant de temps en temps ; ensuite on le soumet à une distillation fractionnée. Méthodiquement et graduellement ces opéra- tions sont répétées trois fols, et enfin on obtient un alcool très-pur, qui à l'aide de l'eau d'une source pure est dilué à 85° Frallea et livré ainsi au marché. A cause de l'accise considérable pour l'alcool éthylique en Russie, l'alcool méthylique pur est une marchandise très-demandée ; mais l'usine de mon père est la seule en Russie qui en fabrique ; la difficulté et le danger de la fabrication en sont Jes raisons. Il faut dire aussi qu'en distillant 15 000 à 16 000 mètres cubes de bois, nous trou- vons dans l'acide pyroligrieui seulement 3 000 à 4 C00 kilog. d'alcool méthylique ; une quantité moindre ne couvrirait pas les frais de fabri- cation et d'installation des appareils. Et puip les procédés de cette fa- brication, qui avant nous n'était exploitée nulle part en grand, ont coûté beaucoup d'argent à mon père, et beaucoup de labeur au direc- teur de l'usine, M. Paulowsky, qui les a inventés et appliqués, ainsi que les appareils pour la séparation de l'alcool méthylique de l'acide pyroligneux, à l'aide de la vapeur, simultanément avec la saturation de cet acide par la chaux.

Je ne puis rien dire des chiffres de M. Maiche, si ce n'est que la dis- tillation sèche du bois, même dans notre pays, qui en abonde encore t n'est pas une occupation sûre et lucrative. Selon moi, il est impossible d'en obtenir plus de 7 0[0 de bénéfice, même en travaillant une quan- tité de bois assez considérable, comme 15 000 mètres cubes, que je crois très-difficile de surpasser, et alors que le prix de l'acétate de plomb est assez haut. Vous pouvez en juger par les chiffres suivants : par mètre cube de bois distillé, nous obtenons :

Pyrolignite de chaux. . 16,5 kilog. Alcool méthylique à 85# Fr. . . . 0,25 Goudron 8,2

Le goudron en * Russie est une marchandise comme une autre : il sert à graisser les rouej de» voitures de campagne. D'ailleurs je ne comprends pas l'assertion de M. Maiche, comme si le goudron de bois ne serait bon qu'à brûler. Je l'ai distillé en grand et j'ai recueilli les deux huiles, lourde et légère. Je n'ai pas encore fini mon travail, je n'ai pas encore réussi à purifier entièrement l'huile légère, mais je l'ai

526 LES MONDES.

obtenue assez pure pour servir à l'éclairage; avec l'huile lourde, j'ai préparé un composé, que je regarde comme l'acide trinitrdcrévique, et que je crois être bon pour remplacer en teinture l'acide picrique. Enfin, ce qui a entièrement réussi, c'est la fabrication, avec ces huiles et avec la poix qui reste après la distillation du goudron, d'un enduit pour les conduits d'eau en chanvre pour les pompes qui servent à éteindre les incendies.

Dans le cours de l'année, l'usine est arrêtée pour 3 à 4 semaines, pendant que nos rivières se débarrassent de la glace, ce qui arrive tou- jours Vers les Pâques; l'usine travaille donc 11 mois, et cela nuit et jour, sans s'arrêter pour les fêtes. La construction de l'usine a coûté à mon père plus de 320,000 francs. Par jour elle obtient :

Pyrolignite de* chaux 819 kilog.

Alcool méthylique, . . . . 221 Goudron 409

Dans nos appareils pour la distillation sèche du bois, nous employons comme combustible les gaz permanents de la distillation, parce que nous n'avons pas besoin de grand éclairage pendant la nuit ; et la construction des appareils pour recevoir le gaz, le purifier, le con- server, et des conduits pour le distribuer dans l'usine coûterait trop cher. En outre, comme combustible pour la distillation, nous con- sommons tout le charbon qui reste après la distillation du bois, car, à cause de l'abondance du bois en Russie^le transport élève tellement le prix de notre charbon, qu'il est entièrement impossible pour nous de concourir dans nos villes avec le charbon qui y est apporté par les ha- bitants des villages qui les entourent. Nous, ne mesurons pas le f gaz ni le charbon, et nous ne connaissons pas la quantité que nous en consommons ; mais ils ne nous suffisent pas pour la distillation et nous sommes contraints de recourir au bois de chauffage (pin et sapin) en proportion de 0,623 de mètre cube pour chaque mètre cube de bois distillé.

Enfin je dois signaler encore les chiffres suivants des différents trais par kilog. de pyrolignite de chaux :

Matériel pour réparer l'usure, éclairage, etc. . fr. 0,22

Main-d'œuvre. 0,48

Frais généraux ...... 0,575

Eau pour la réfrigération et pour les réservoirs. 0,15

Extinction du capital de construction et actif. . 0,41

Pour l'appréciation de la qualité de notre pyrolignite de chaux, 'il

r

LES MONDES. . 637

faut dire que pour fabriquer avec le pyrolignite \ kitog, d'acétate de plomb, nous avons besoin de 4,48 kilog. de pyrolignite de chaux.

Je finis cette lettre en vous donnant la description des dessins que je vous envoie. Le n°'l représente l'appareil pour la distillation sèche du bois; À est le cylindre en tôle l'on met le bois à distiller et qu'on ferme hermétiquement avec le couvercle B ; ce couvercle est retenu en place par une vis C. Par le tuyau D sortent les produits de la dis* tillation pour se rendre dans le réfrigérant. E est le foyer dans lequel brûlent les matériaux qui chauffent le cylindre ; la fumée en sortant du foyer se rend dans le conduit qui s'entoure en spirale autour du cylindre, de sorte qu'elle passe successivement par les sections verti- cales de ce conduit F, G, H, I, J, K. Les gaz permanents de la dis- tillation sèche du bois, en sortant du réfrigérant, se rendent par la tuyau L dans le foyer. Le dessin 2 représente l'appareil réfrigérant; les gaz de la distillation entrent par le tuyau A et passent dans la tuyau B, qui est horizontal et perpendiculaire au premier. De B ils passent dans quatre tuyaux C, qui commencent tous en B et vont pa* rallèles les uns aux autres et en s'inclinant un peu jusqu'au tuyau D, horizontal et parallèle à B. Le tuyau D est réuni avec le tuyau F, qui lui est parallèle par un tuyau vertical E. Du tuyau F les gaz passen par quatre tuyaux G, parallèles les uns aux autres et un peu incli* nés jusqu'en H. De là, par un tuyau courbé 1, tous les produits cou denses découlent dans la petite cuve J ; quand J est pleine, son con- tenu s'écoule par le tuyau R et, par le canal M, se rend dans les cuves* dans lesquelles l'acide pyroligneux est décanté. Comme le niveau du liquide en J est constant et bouche toujours l'ouverture du tuyau Î, les ' gaz permanents sont contraints de se rendre par le tuyau L qui les conduit dans le foyer du cylindre à distiller le bois. Les tuyaux B, C, D, E, F, G et I sont immergés dans une cuve ovale N qui est remplie d'eau froide, sans cesse renouvelée.

INDUSTRIE

SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT. SÉANCE BU VENDREDI 22 FÉVRIER 1873.

Lega de H. Herplit. M. Herpin, qui a été, pendant près de de 40 ans, membre du Conseil, et dont le souvenir sera longtemps douloureusement présent dans le cœur de ses collègues, a voulu donner à la Société un souvenir durable de l'intérêt qu'il lui por-

828 LES MONDES.

tait. Dans la répartition de sa modique fortune, il lui a légué une rente annuelle de 300 francs.

Déftlnfectl#n des eaux d'ég#ut«. A'Leicester, les eaux des égouts, dont le volume est de 32,000 mètres cubes par jour , étaient clarifiées, depuis plusieurs années, par leurs mélange avec du lait de chaux, et cette clarification était très-bien organisée et établie sur un système double pour pouvoir fonctionner d'une manière continue. Les eaux sales étaient élevées par des pompes dans un grand bassin, et elles recevaient, au passage, une quantité déterminée de lait de chaux, avec laquelle elles étaient mélangées par des agitateurs puissants. Dans ce bassin l'eau troublée dépo- sait rapidement un précipité floconneux et vaseux de carbonate de chaux, qui entraînait mécaniquementtoutesles matières en sus- pension. Le liquide surnageant demeurait clair et était écoulé à la rivière. Une 2* opération du même genre superposait à ce dépôt nne couche nouvelle, et lorsque, après plusieur précipitations de même sorte, le dépôt était en assez grande quantité, des vis d'Ar- chimède, placées au fond du bassin, le reprenaient pour le faire égoutter et d'autres machines le répartis saient sur de larges bas-* sins de dessiccation, sur lesquels ensuite il était repris pour être emporté par eau ou par chemin de fer.

Ce procédé avait plusieurs défauts; l'excès de chaux, qui était nécessaire, causait un dégagement et, par suite, une perte regret" table d'ammoniaque ; mais le principal inconvénient consistait dans les décompositions secondaires qui avaient lieu dans le bas- sin de précipitation, au sein des couches qui avaient été déposées les premières. Ces réactions causaient un dégagement de bulles de gaz qui s'élevaient à travers le liquide qu'on leur avait superposé, et s'opposaient à la formation des couches subséquentes de dépôt et, par conséquent, à la clarification ; les eaux étaient donc souvent envoyées troubles à la rivière.

Cette méthode vient d'être abandonnée, et la commission muni- cipale a adopté le procédé de clarification de MM. Forbes (D.) et Price (A. P.) , qui emploient pour agent de précipitation le phos- phate d'alumine, dont on trouve des quantités considérables dans les mers occidentales et surtout dans l'Ile d'AUo-Vela, qui peut en fournir 10 millions de tonnes. Ce phosphate contient 39 pour 100 d'acide phosphorique et 27 pour 100 d'alumine. Il est pulvérisé, et ensuite traité par l'acide sulfurique ou l'acide hydrochlorique, dans la proportion de 7 d'acide pour 10 de phosphate naturel. Il devient

l

LES MONDES. 320

ainài soluble et en pâte ferme, et constitue un antiseptique puis- sant.

Cette pâte, dissoute dans de l'eau, est mélangée, au lien du lait de chaux, avec les eaux d'égont, et elle produit un précipité abon- dant, qui laisse l'eau dans un état de pureté et de limpidité très- satisfaisant; si l'on veut une purification plus complète, on y ajoute une petite quantité de lait de chaux, qui décompose les phospha- tes alcalins, et laisse l'eau surnageante exempte de toute odeur et de goût désagréable. Cette eau pourrait servir à tous les usages ; les poissons y vivent parfaitement, et au bout de plusieurs mois la chaleur de l'été n'y développe ni putréfaction ni odeur désa- gréable.

Cette méthode de clarification utilise toutes les constructions qui avaient été faites par la ville de Leicester/et elle produit une puri- fication plus parfaite des eaux, quoiqu'elle ne soit pas entière- ment exempte de l'embarras que causent les décompositions secon- daires dans les couches déjà précipitées pendant que de nouvelle eau leur est superposée, pour être clarifiée à son tour. Mais le dé- pôt a une plus grande valeur, et la purifi cation est plus parfaite. Elle a été essayée en aval de Londres, en emp loyant une tonne de phosphate d'alumine pour 1 500 mètres cub es d'eau ; le précipité contenait 62,26 pour 100 de phosphate, 20,41 de matières organi- ques correspondant en azote à 0,69 pour 100 d'ammoniaque. Elle a été appliquée, pendant plusieurs mois, à Tottenham, l'on te- nait à laisser la rivière de Léa exempte de souillures, et les résul- tats ont été très-satisfaisants. Il est à remarquer, d'ailleurs, que les eaux clarifiées contenant des sels ammoniacaux et autres ma- tières solubles ont pour l'irrigation une valeur bien supérieure à celle qu'aurait l'eau pure des rivières, en sorte qu'à tous les points de vue le nouveau procédé parait avoir des avantages incontesta- bles. (Mecanic's Magazine.)

£xp«ftltl+n a ni venselle de Tienne en 1& K t. L'em- placement réservé aux diverses nations a été réglé ainsi qu'il suit t pour l'Autriche-Hongrie, dans la salle des beaux-arts ou dans la salle des machines 30 pour 100, dans le palais de l'Industrie 33 pour 100, dans la rotonde 50 pour 100 ; la Hongrie aura une place considérable, qui lui permettra de mettre en évidence toute son importance économique. L'Angleterre, la France, et l'Allemagne ont été mises sur le même pied, et, quant à la Russie, à l'Italie et à l'Orient, et les autres pays, ils ont reçu un espace convenable et

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830 LES MONDES.

dans les proportions qui avaient été observées dans la dernière Exposition universelle de Paris.

Le prix de location du mètre carré d'espace est fixé ainsi qu'il suit pour les exposants: dans le palais de l'Industrie 10 florins, dans la salle des machines et dans les cours du palais de l'Industrie 4 florins, dans un emplacement couvert aux frais de F exposant 3 florins et dans le parc un florin ; dans les salles des beaux-arts et dans l'exposition des amateurs, il ne sera prélevé aucun prix de lo- cation. (Renseignements particuliers du consulat d'Autriche.)

Culture pastorale de» hautes vallées des Pyrënéea.

Bapport de M . Huzard sur une communication de M. Calvet, garde général des forêts. La nourriture du pasteur est formée de céréales inférieures, mais, seigle, sarrazin, trè3-peu de froment, des pommes de terres, un demi-litre de lait par jour, parfois des œufs, un porc salé d'une valeur de 100 francs pour l'année entière à une famille de 8 personnes, de la viande fraîche le jour de la fête locale, du vin pour le chef de famille une fois par quinzaine, avec excès, au cabaret, lors des marchés ou foires du canton. Cette nourriture, toute en produits du travail personnel, est évaluée i 20 centimes par tête et par jour; une famille de 5 personnes, citée pour exemple, consomme, par jour, 4 fr. 21 de produits.

On ne peut sortir de cette situation que par l'exploitation des bêtes à cornes, qui sont l'instrument de toute civilisation pastorale avancée, et le meilleur parti qu'on en puisse tirer sera obtenu par l'association des pasteurs pour l'exploitation du fromage par la voie des fruitières. Organisées d'abord en Suisse, elles ont été en- suite adoptées dans le Doubs, elles ont apporté un commerce de sept millions de francs en fromages de Gruyère, ainsi que dans le Jura, qui se trouve aussi favorisé. Elles pourraient faire naître dans les trois départements principaux des Pyrénées (i'Ariège, les Hautes Pyrénées et les Basses-Pyrénées) un gain de vingt millions, en échange d'une exploitation actuellement sans ré- sultats et sans valeur.

Chemin de fer d'exploltatlan rurale. Pertew universel de M. Corbiu. Rapport de M. Mangon.—M. Gorbin a repris la question importante des transports à petites distances; il a cherché à en résoudre les difficultés pratiques, et il est arrivé à des résultats qui sont assez satisfaisants. Il a diminué le poids et la dimension de chacun de ses waggonnets, de manière que la charge du train fût répartie sur une plus grande longueur du

LES MONDES. 831

chemin de fer et qu'elle ne dépassât pas, sur chaque paire de roues, une limite assez faible. Il a pu, dès lors, réduire les dimensions des cadres du chemin de fer sans que leur solidité fût compromise, et les rendre plus légers, plus maniables et plus faciles à trans- porter et à déplacer.

Ces cadres, composant la voie, sont formés d'échelles en bois lé* ger de 5m, 30 de longueur, dont les longrines sont garnies, h l'arête intérieure, de bandes de fer plat ou de fer d'angle fixées par des clous ou des vis. Les extrémités de ces longrines sont garnies de petits sabots en fer, disposés de manière qu'on puisse réunir les échelles bout à bout par de simples chevilles en bois. Le train qui circule sur ce chemin est formé par de simples plates-formes sur lesquelles on pose ou des corbeilles ou des civières à claire-voie contenant des matières à transporter. Le premier de ces waggon- nets est à quatres roues; les autres sont à deux roues placées à l'arrière, et pour l'avant ils reposent, par une barre de traction ri- gide, sur une goupille en fer fixée à l'arrière du waggonnet précé- dent. Cette disposition donne une grande flexibilité au train, et réduit le nombre des paires de roues et, par suite, les résistances et les chances de déraillement.

M. Corbin a formé trois types de chemins de fer portatifs ayant

d'entre-voie 0m, 33, 0m, 475, O, 68

pesant par Ire courant de voie . . . 3k, 600, 5\ 200, 9 kilos, et coûtant par mètre courant de voie. 2 fr. 50, 3 fr. 50, 4 fr. 50 les waggonnets à 4 roues coûtent . . 20 fr., 30 fr., de 75 à 125 fr.

Ce chemin de fer offre, pour la légèreté, la solidité et la facilité d'installation et de manœuvre, des avantages tout à fait remarqua- bles , il se prête à tous les usages, et peut même être établi sur les terrains humides d'une consistance médiocre. Il a été employé, avec succès, pendant l'automne dernier, dans plusieurs fermes Toisines de sucreries, et il semble propre à faire des transports à travers les prairies dans lesquelles on craint les détériorations causées par les roues de voitures.

En résumé, M. Corbin a employé des combinaisons ingénieuses, et a organisé un matériel qui paraît devoir être utile; mais surtout il a rendu un service en attirant de nouveau l'attention sur l'em- ploi des chemins de fer portatifs en agriculture.

Cemmeree et HntMe dee laine» , ee» tauftea* -*

M. Tisserand entretient la Société de l'état dans lequel se trouve

532 LES MONDES.

la production de la laine, industrie importante qui donne lieu à un commerce de près de 300 millions par an, et qui, de tout temps, a été l'objet d'une grande sollicitude de la part du gouvernement, et de plaintes assez vives de la part des agriculteurs.

Le prix des laines rangées dans l'ordre suivant : 1" mérinos ; métis mérinos; soutbdowns purs; solognots purs; sou- thdowns -solognots; charmoise-solognots; soutbdowns -limou- sins; 8° landes purs, a été pour les produits du domaine de la cou- ronne :

!• 3* 7*

Avant 1865 2f,40 2f,83 2f,25 lf,90 ' 2f,09 2f,27 2f,18 lf,35

Delààl87t 2,06 2,18 2,18 2,12 2,03 2,06 2,40 1,39

Moyenne génér.. 2%ÏT iyiï 2^22 l',98 2f,06 2f,14 2f,32 lf,37

Ces moyennes montrent que la dépréciation qu'ont subie nos laines porte bien moins sur les laines indigènes que sur les laines fines; plusieurs de ces nombres semblent même indiquer parmi elles une augmentation de valeur progressive, tandis que les laines fines se déprécient de plus en plus

M. Tisserand n'hésite pas à attribuer l'abaissement du prix des laines indigènes à l'importation des laines d'Australie et de la Plata.

La France a été envahie, comme les autres contrées de l'Europe, par ce mouvement. Jusqu'en 1836, ses importations de laine n'ont guère dépassé une valeur de 14 millions de francs; en 4856 elles sont de 47 millions, en 1866 elles sont de 76,000 tonnes de laine valant 212 millions de francs, et en 1869 elles s'élèvent à 100,000 tonnes valant 215 millions de francs.

Ces modifications dans le commerce des laines ont fait faire des hypothèses exagérées. On a calculé qu'avant 1875 l'Europe rece- vrait 400 millions de livres de laines étrangères lavées, et que les prix seraient avilis à un tel point que l'existence de nos troupeaux en serait compromise. La réalité sera, heureusement, loin de cette supposition. Les charges de la production australienne sont plus considérables qu'on ne pense : la mortalité est très-grande dans les troupeaux pendant les sécheresses ; la main-d'œuvre est è un prix très-élevé ; les transports de la bergerie au port d'embarquement sont très -difficiles ; le fret, le transbordement, les frais de magasi- nage s'ajoutent à ces dépenses, et ces causes réunies produisent un minimum assez élevé au-dessous duquel le prix des laines ne pourra jamais s'abaisser. Les hauts prix du commencement du siècle ne se reproduiront plus. Les laines fines ne pourront être

LES MONDES. W3

produites que dans des conditions limitées et, pour ainsi dire, ex- ceptionnelles, mais le prix sera encore suffisant pour permettre la production des laines indigènes, et il parait devoir être toujours compris entre 2 et 3 fr. pour le kilogramme de laine en suint.

Si l'on fait attention à l'augmentation du prix de la viande qui est survenue depuis quelques années, à la division actuellement adoptée entre les races dans lesquelles la laine est la production principale, et la viande est l'accessoire, et celles la viande est le principal produit, la laine étant considérée comme complé- mentaire seulement, on conçoit qu'un bon choix des races, fait en tenant compte du sol et des circonstances de l'exploitation, puisse mettre les éleveurs dans des conditions qui rendent l'industrie productive.

Hoissoaiienee. -*- H. M an go n présente à la Société la mois- sonneuse que M. Albaret, rue de Viarmes, 29, à Paris, a installée, et qui est bien supérieure à toutes celles qui étaient connues anté- rieurement. H dépose sur le bureau la description et le dessin de cette machine, et demande qu'elle soit l'objet de l'examen de la Société*

TranemlMlon de forces. M. Mangon présente aussi, an nom de M. Peltier, fabricant d'instruments d'agriculture, rue Fontaine-au-Roi, 10, à Paris, les perfectionnements apportés ré- cemment aux transmissions de mouvement à grande distance, en employant la poulie de M. Hirn.

Cette transmission télédynamique est faite au moyen d'un petit câble en fil de fer de quelques millimètres de diamètre, soutenu dans son parcours par des poulies d'un grand diamètre à gorges profondes. La pratique avait fait reconnaître la nécessité de garnir lefonddela gorge en gutta-percha ou en caoutchouc ; mais ces matières, continuellement malaxées par l'action du câble, se déformaient s'altéraient rapidement. On est parvenu â résoudre cette difficulté en formant la garniture de trois bandes de cuir mises â la suite l'une de l'autre, mais terminées â leur extrémité par un bout rentrant qui est fixé à un tendeur au moyen duquel on peut toujours obtenir une surface lisse et régulière au fond de la gorge.

Ces câbles télédynamiques sont déjà très-employés en agricul- ture ; ils donnent le moyen d'employer la force motrice prise à une roue de moulin distante de .800 â 700 mètres ou plus, jusqu'à la ferme elle fait marcher des barattes et d'antres machines.

534 LES MONDES.

méeaulqtic, Essai d'une pompe centrifuge de MM. Neut et

Dumont > par M. Tresgà. Cette -pompe, du diamètre de 0.60, était actionnée par une forte machine looomobile de la construction de MM. Borré et Baudet de Lille, et elle aspirait, à niveau constant, dans le grand bassin des docks St-Ouen sur le quai duquel elle était placée. La pompe a fait 18.260 tours en 44 minutes, soit 425 tours par mi- nute ; la machine 3.850 révolutions en 4t minutes, soit 94 tours par. minute*.

Le volume d'eau débité par seconde par un orifice de 0n* 1 057, et sous une charge moyenne de 0m 70, sur le centre de cet orifice, doit être estimé à 263 455 litres par seconde.

Ge débit, élevé à 6m.955, correspond/en eau élevée, à un travail par seoonde de 4825. 34 kilogrammètres, chiffré que nous aurons à com- parer à celui qui exprime le travail moteur de la machine. Le travail correspond par minute à 3.145 24 kilogrammètres. Pour ce travail moteur la pompe fournit en eau élevée 1 825 34 kilo- grammètres, ce qui fournit pour la valeur de son rendement 1.825 34 : 3.145 24 = 0.580.

Les pompes de MM. Neut et Dumont, bien que ressemblant à toutes les pompes centrifuges, ont été successivement améliorées d'après les enseignements de l'expérience, et sous ce rapport les entreprises d'épuisement qui ont été faites sous leur direction n'ont pas été sans influence sur les qualités que possèdent aujourd'hui ces appareils, soit au point de vue de la sûreté du fonctionnement, soit sous le rapport de la simplicité de la construction.

Le volant est entièrement construit en fonte ; les aubes sont formées d'une seule pièce avec le moyeu, et s'y rattachent solidement à l'aide de fortes nervures.

Cependant la forme de ces aubes laisse encore à désirer, et il serait possible de rendre encore les différences de section moins brusques, et par conséquent plus favorables, sous le rapport de l'effet utile.

On sait que l'un des inconvénients de ces appareils à force centri- fuge a consisté pendant longtemps dans les introductions d'air qui se faisaient par les coussinets. Cet air, en vertu de sa légèreté spécifique, se cantonnait au centre de la pompe qui, après un certain temps, cessait de fonctionner pour cette cause. Pour s'opposer à cette rentrée d'air, plusieurs constructeurs ont déterminé, avec succès, un petit excès de pression d'eau en dehors des boites à étoupe qui se trouvaient ainsi isolées de l'air extérieur.

Dans les nouvelles machines de MM. Neut et Dumont, cet excès de pression est déterminé à l'intérieur de la boite à étoupe par l'action de

LES MONDES. 535

la pompe elle-même, qui chasse une partie du liquide par une tuyau latéral sur le point à préserver. Ce tuyau était, dans la pompe de Saint-Ouen, rapporté sur le corps principal ; depuis lors les construc- teurs le font venir de fonte avec les enveloppes et établissent ainsi une double communication qui détermine un courant continu, bien propre au nettoyage des surfaces et au refroidissement des parties frottantes dans le cas un échauffement quelconque tendrait à se produire.

Dans ces conditions les pompes centrifuges sont devenues des appa- reils rustiques, dans lesquels les dérangements sont peu à craindre, et elles se. trouvent parfaitement appropriées aux grands épuisements toutes les fois que la hauteur d'aspiration ne dépasse pas 6 à 8 mètres.

(Annales du Conservatoire.)

ASTRONOMIE PRATIQUE

Phénomène» d'astronomie pratique pour l'année

1999, par M.-J. Glaisher; traduit de l'anglais par M. Franquet, lieutenant de vaisseau en retraite. Extrait de la Revue maritime et coloniale. AVRIL. La Lune. Dans l'après-midi du 1er, la Lune et la planète Saturne seront proches l'une de l'autre; il en sera de môme pour la Lune et Vénus dans la soirée du 5 ; dans la soirée du 8, Mars se trouvera à droite de la Lune, la distance entre les deux corps devenant plus grande à mesure que la nuit s'avance. La Lune sera près de la planète Mercure dans la matinée du 9 ; et pendant la soirée du 15, Jupiter sera à l'Ouest de la Lune. Le même soir Uranus suivra la Lune jusqu'à 11 h. 0 m. environ, la planète se trouvant un peu au Sud, après quoi Uranus précédera la Lune. Saturne sera pour la se- conde fois près de la Lune dans la nuit du 28, et à sa droite dans la matinée du 29.Voici les heures des phases ou changements : D. Q. Le lAr à 2 h. 32 m. du matin à Londres, à 2 h. 41 m. à Paris. N. L. Le 8 à 0 h. 32 m. du matin à Londres, à 0 h. 41 m. à Paris. P. Q. Le 15 à 10 h. 11 m. du soir à Londres, à 10 h. 21 m. à Paris. P. L. Le 23 à 1 h. 37 m. du soir à Londres, à 1 h. 47 m. à Paris. D. Q. Le 30 à 8 h. 21 m. du matin du Londres, à 8 h. 30 m. à Paris.

La Lune est à son périgée dans la soirée du 9 , et dans la matinée du 27 pour la seconde fois ; elle est à son apogée dans la matinée du 15.

Mercure* Au commencement du mois, Mercure se couche près de 2 h. après le Soleil, et est plus favorablement situé qu'iaucune autre

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période de Tannée pour être observé comme étoile du soir, mais l'intervalle dont le coucher du Soleil précède celui de la planète diminue très-rapidement jusqu'au 25 le Soleil se couche 4 m. après la planète. Mercure se couche le 1" à 8 h. 24 m., et le 20 à 7 h. 52 m. Il est à sa plus grande élongation orientale (19° 7') dans la matinée du 5, en conjonction avec la Lune dans la matinée du 9, stationnaire parmi les étoiles dans la soirée du 14, en conjonction avec Mars dans la matinée du 20 , en conjonction inférieure avec le Soleil dans la soirée du 24, et dans son nœud descendant le 28 au soir.

Vénus. L'intervalle entre le lever de cette planète, et le lever du Soleil varie très-peu dans le cours du mois.Vénus se lève le 1er à 4 h. 58 m., ou 37 m. avant le Soleil, et depuis ce moment jusqu'au 15, l'intervalle diminue jusqu'à 32 m., ce jour-là la planète se levant à 4 h. 33 m. et jusqu'à 30 m. le 30, jour elle se lève à 4 h. 5 m.

Hars. Cette planète est visible pendant quelques moments chaque soir après le coucher du Soleil ; elle se couche à 7 h. 36 m. du soir le 5, ou 57 m. après le Soleil; à 7 h. 39 m. du soir le 15, ou 44 m. après le Soleil; et à 7 h. 43 m. le dernier jour ou 23 m. après le Soleil couché. Elle est dans son plus grand rapprochement par rapport à la Lune dans la soirée du 8.

Jupiter. Le coucher de cette planète se fait de meilleure heure cha- que matin, en sorte que le temps pendant lequel on peut la voir dimi- nue considérablement dans le cours du mois. Le 5, Jupiter se couche à 2 h. 44 m. du matin ou environ 2 h. 45 m. avant le lever du Soleil; le 20 à 2 h. 49 m. du matin, et le 30 à 1 h. 14 m., alors son coucher précède le lever du Soleil de 3 h. 21 m. Il sera en quadrature avec le Soleil le 10 et près de la Lune le 15.

Saturne est encore étoile du matin et se lève lel" à 2 h. 43 m, du matin, 2 h. 52 m. avant le lever du Soleil; cet intervalle va jusqu'à 3 h. 15 m. vers le 15 et jusqu'à 3 h. 43 m. le 30 Saturne se lève à 0 h. 52 m. du matin. Il sera près de la Lune dans la soirée du Ier ; en quadrature avec le Soleil dans la matinée du 10; dans le voisinage de la Lune pour la seconde fois dans la nuit du 28, et stationnaire parmi les étoiles dans la matinée du 30.

LES MONDES. 537

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DO LUNDI 48 MABS 1873

M. Serret, contrairement il me semble aux usages de l'Académie, croit, avant tout Jugement de la commission à laquelle elle a été ren- voyée, devoir faire remarquer que la transformation et l'analyse dont M. Boussinesq a fait usage dans sa dernière note sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du premier ordre, se trouvent développées tout au long, avec de nombreux détails, dans le traité du Calcul diffé- rentiel et intégral de Lacroix (2ad édition, tome II, pages 504 et suivantes).

M. de Saint- Venant fait remarquer que le Jeune et très-habile ma- thématicien accusé de ce plagiat, connu déjà par des travaux de premier ordre, que l'Académie met aujourd'hui môme sur la liste de ses candidats, est simple professeur de mathématiques dans le petit collège communal de Gap ; loin par conséquent de toutes les sources d'érudition.

Sur V hydrodynamique des cours d'eau, par M. de Saint-Venant. Cette troisième note est consacrée presque tout entière aux progrès que M. Bou38inesq, sermonné par M. Serret, a fait faire à cette redoutable ques- tion, en afiectant la valeur du coefficient de frottement de fonctions mo- nômes du rayon moyen de la section (quotient de son aire par son péri- mètre mouillé et de sa vitesse contre les parois). On obtient ainsi en effet que le fluide, bien qu'homogène par nature, soit traité comme une masse mécaniquement hétérogène, donnant lieu, pour les mêmes mou- vements relatifs intérieurs, à un développement de forces qui varient d'intensité d'un point à l'autre, c'est-à-dire dont le coefficient spécifique dépend des coordonnées des divers points de la masse fluide ; et même du temps, s'il n'y a pas permanence. Dans ces conditions nouvelles, dit M. de Saint* Venant, le problème de l'établissement dans chaque cas des équations différentielles du mouvement, et ensuite de leur intégration approchée, aura encore une difficulté souvent grande, mais il ne pré* sentent plus cette désespérante énigme contre laquelle des esprits distin- gués se sont heurtés en vain.

Sur un phénomène de cristallisation à" une solution saline très«con« centrée, par M. Cheyeeul. L'illustre et infatigable doyen de la section de chimie a reconnu dans l'eau, des matières azotées avaient macéré et subi une fermentation, commencement de décomposition putride, trois acides azotés au moins analogues à ceux déjà découverts dans le suint, La solution concentrée de l'un des trois sels de ces acides, liquide épais à

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pellicule transparente et incolore, abandonnée à l'évaporation spontanée, dang une capsule hémisphérique de 7,5 centimètres de diamètre, aprésenté une excroissance d'un blanc pur, épaisse de 3 centimètres, et dont la cap- sule fut bientôt couverte. C'était la première fois que cette matière se solidifiait sous forme de petits cristaux microscopiques, par une sorte de cristallisation grimpante. Des trois acides trouvés par M. Chevreul dans l'eau des cadavres ont macéré , Tan se rapproche des acides ca- proique et caprique; uni à la baryte il cristallise en longues aiguilles; les deux autres forment avec la baryte des sels qui, parfaitement séchés, ««servent des années entières leur forme vitreuse. «La capsule que je mets sous les yeux de l'Académie, dit II. Chevreul, est bien précieuse, fille refermait une préparation dont l'origine remonte à une trentaine d'années, et qu'avaient respectée l'obus prussien, et plus tard les flammes incendiaires de la Commune de Paris. »

Sur la formation du chloral, par MM. A. Wurtz et G. Vogt. Par- tant de l'aldéhyde, ces messieurs la convertissent, au moyen de l'alcool et du gai chlorhydrique, en éther monochloré (corps de Wurtz et de Fra* polli); puis, l'éther monochloré à son tour a étéjxmverti successivement en éther tétrachloréet en chloral. De sorte qu'ils obtiennent du chloral avec de l'aldéhyde, do l'alcool, du gaz chlorhydrique et du chlore ; or, ce sont précisément les produits qui sont en présence dans la prépa- ration du chloral. MM. Wurtz et Vogt ont voulu rechercher si dans cette expérience on ne pourrait pas remplacer l'alcool par l'eau, et ils ont opéré de la manière suivante : De l'aldéhyde pure, et refroidie est mé- langée avec de l'eau glacée dans la proportion des poids moléculaires ; le liquide refroidi à 10° est mélangé avec précaution avec environ son poids d'acide chlorhydrique moyennement concentré et refroidi à 10\ Dans le mélange incolore ou très-légèrement fauve, on dirige immédia- tement un courant de chlore, le liquide étant refroidi. Au bout de quelques heures on chauffe légèrement en continuant de faire passer du chlore, et en ayant soin de mettre le vase s'opère la réaction en com- munication avec un récipient, à l'aide d'un tube recourbé qui plonge dans ce dernier. Dès que la température s'élève vers 100 degrés, on voit distiller peu à peu un liquide visqueux, mélange d'hydrate d'aldéhyde dichlorée avec de l'hydrate de chloral, en poids sensiblement égal à celui de l'aldéhyde employée. Traité par la potasse caustique, le mélange se dé- double en chloral et en chloroforme. L'action du chlore sur l'aldéhyde donnant naissance à de l'acide chlorhydrique, on s'est demandé si l'ad- dition de cet acide peut être regardée comme une condition nécessaire à la formation du chloral, et s'il ne suffirait pas d'ajouter de l'eau, pour arriver au même résultat. 50 grammes d'aldéhyde ont été mêlés à

LES MONDES. 830

20 grammes d'eau, les deux liquides sont refroidis à xéro. En 4 minutes la température s'est élevée à 19°, 5, celle de l'air ambiant étant de 15 de- grés. On a ajouté 80 grammes d'eau à 16% et l'on a vu le thermomètre s'élever à 32°; on ajoute encore 50 grammes d'eau et l'on fait patser le chlore pendant 6 heures à \ ; puis pendant deux jours au bain-marie. recueille dans le récipient 40 grammes d'hydrate visqueux d'où Toa retire, par distillation, un mélange d'aldéhyde dichlorée et de chloral.

—Remarquée sur la note présentée par M. te maréchal Vaillant au sujet des aurores boréales, par M. Ch. Sàinte-Clàibe-Devilli. M. Ch. De* ville maintient avec raison le rapprochement entre les orages terra» très et les orages magnétiques eu aurores boréales. Les deux phéno* mènes ce sont pas identiques, mais analogues ou équivalents. Les orages gjnt très-rares près des pôles les aurores sont presque habituelles, et presque continuels dans les régions équatoriales dénuées d'aurores. Il maintient en outre que les phénomènes de température sous l'influence desquels se déterminent les perturbations atmosphériques» sont sujets à des variations périodiques, ayant pour cause les variations, périodiques aussi, dans les propriétés du milieu interplanétaire, li n'est pas vrai d'ail- leurs que les orages électriques soient un phénomène aussi accidentel et aussi local que le croit M. le maréchal Vaillant. Lorsqu'on verra que du 12 au 13 février, il y a un orage à Santiago, et le lendemain 14, an orage à Paris et sur plusieurs points placés dans l'intervalle, il ne peut plus être question d'un fait isolé.

Recherches sur la conservation des vins, par M. ns VebgJIETTB» Là- motte. L'auteur se résume ainsi : « Me plaçant au point de vue de la consommation et de l'importation de nos grands vins de Bourgogne, j'ai pris deux méthodes qui existaient dans la science pour conserver et améliorer les vins, c'est-à-dire la congélation et le chauffage, et j'ai étudié, pendant un grand nombre d'années, la plupart du temps sur des vins que j'ai récoltés, dans quelles conditions ces deux méthodes pou- vaient être actuellement appliquées aux grands vins de la Côte-d'Or. Voilà le but de mes recherches. Je n'ai aucune prétention sur les ques- tions théoriques relatives aux ferments des vins, qui ont été émises par 11. Pasteur, et dont je lui laisse toute la responsabilité.

M. Pasteur affirme que, de 1840 à 1850, M. de Vergnette-Lamotte n'a introduit que des erreurs dans la question du chauffage des vins, qu'à cette époque le chauffage entre 50 et 75 degrés p'était pour lui qu'une épreuve qu'il fallait faire subir à un échantillon de vin à exporter* Si l'échantillon résistait à cette épreuve de la chaleur, le vin était d'une santé robuste, il pouvait voyager. Dans le cas contraire, il fallait s'abs- tenir de l'expédier. Or tout cela est erroné. Daus son second travail dto

540 LES MONDES;

1865, postérieur de trois semâmes à la prise du brevet de M. Pasteur, M. de Vergnette-Lamotte propose de placer des vins de Bourgogne sous un toit, dans un grenier, pendant deux mois, juillet et août. Donc il n'a pas inventé la méthode de M. Pasteur.

Dans son mémoire de 1 850, M. de Vergnette-Lamotte dit, il est vrai : « Nous avons toujours réussi, en faisant varier la température du bain de 60 à 75 dégrés, à préserver les vins de qualité soumis à ces essais de toute altération. » Mais ii ajoute immédiatement : « 11 n'en était pas de même pour ceux qui, d'une santé douteuse, ne présentaient point cette composi- tion normale sans laquelle les vins ne se conservent pas. Dans ce cas Us ne résistent pas à l'épreuve. » M. de Vergnette n'a donc pas résolu le problème de la conservation des vins pçr la chaleur et la gloire en reste tout en- tière à M. Pasteur.

M. Dumas annonce à l'Académie la perte tout à fait imprévue qu'elle vient de faire dans la personne de M. François-Jules Pritet, un de ses plus éminents correspondants, enlevé par une fièvre pernicieuse, le 13 mars, à Genève. Ses premières études furent consacrées à l'entomolo- gie; les vingt dernières années de sa vie ont été consacrées à la paléon- tologie, science qu'il a dotée d'un traité classique en 4 volumes et de nom- breux mémoires sur les fossiles de la Suisse et les poissons fossiles du Liban. Il consacrait une partie de sa très -grande fortune à répandre la connaissance des richesses archéologiques de la Suisse.

—M. Rolland est nommé membre delà section de mécanique par 39 voix sur 56 votants, contre 4 4 données à M. Tresca, 1 à M. Bresse, 1 à M. Bous- sinesq.

Sur l'extension ewtraordinire de la lumière zodiacale et sa coïnci- dence avec la reprise des apparitions d'aurores polaires, par M. Tàrry. Notre collaborateur fait une bonne action en rappelant ce passage du chapitre VIII du Traité physique et historique des aurores boréales, par M. de IfAïKAff. Le chapitre est intitulé : De la correspondance des reprises des aurores boréales avec les apparitions de la lumière zodiacale ou avec les accroissements de l'atmosphère solaire. « Depuis cinq à six ans que les aurores boréales, suite ordinaire, selon notre hypothèse (Cassini et moi), des grandes extension» de l'atmosphère solaire, sont devenues si fré- quentes, les taches ? du soleil l'ont été aupsi beaucoup. On sait encore qu'au commencement [du dernier siècle, après l'invention des lunettes, on ne voyait jamais le soleil sans taches, et il y en avait quelquefois des masses si considérables, que le P. Scheiner dit en avoir compté jusqu'à 50. Elles devinrent ensuite plus rares, de sorte que depuis le milieu du siècle, jusqu'en 1670, c'est-à-dire dans l'intervalle d'une vingtaine d'an- nées, on n'en peut trouver qu'une ou deux, et qui parurent même fort

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LES MONDES. 541

peu de temps. Or, comme nous l'avons vu, il y eut un giand nombre d'aurores boréales au commencement du xvi' siècle jusqu'au delà de i62J, après quoi l'on n'en entendit plus parler jusqu'en 1686, époque de la vingtième reprise. »

Dans une seconde note Sur la périodicité des pluies de sabla observées au sud de V Europe, M. Tarry s'attache à démontrer que les trois pluies de sable des 25 décembre 1870, 27 juin 1874 et 10 mars 1872, s'expliquent par les cyclones qui, après avoir traversé notre continent du nord-ouest au sud-est, éprouvent vers les régions tropi- cales un mouvement de recul. A l'appui de cette opinion, il rappelle l'avertissement donné par lui, dès le 28 février 1872, à plusieurs ob- servatoires du sud de l'Europe d'une pluie de sable qui devait surve- nir dans les premiers jours de mars, et qui s'est produite en effet à Rome, à Parme, à Moncalieri le 40 et le 11 mars.

Remarques sur le mémoire de Legendre. Intégration de quelques équations aux différences partielles, par M. E. ra Combesgurb. Le but de l'auteur est de rétablir assez simplement les détails omis volon- tairement par Legendre et d'introduire quelques observations qui pa- raissent avoir échappé à l'illustre auteur.

De F influence du froid de F hiver sur les graines, par M. Duglàux» Après avoir démontré que le froid de l'hiver est la condition néces- saire et suffisante de l'éclosion régulière de la graine de vers à soie, M. Duclaux a voulu savoir si cette même influence s'étendait aux graines végétales, il a reconnu que cette influence est réelle et suffi- sante dans certains cas, mais qu'elle n'est pas nécessaire. S'il est des graines qui, comme les graines des vers à soie, ont besoin de passer l'hiver pour s'ouvrir, il en est qui peuvent germer aussitôt mûres, pourvu qu'on leur fournisse les conditions favorables ; la majorité des semences est même dans ce cas.

Sur les spectres d'absorption dçs vapeurs de soufre, (T acide sèU* nieux et d'acide hypochloreux, par M. Gernsz. Dégagées dans un tube de 50 centimètres de longueur les vapeurs de soufre produisent une extinction graduelle qui part du violet pour s'étendre presque dans le rouge, mais on ne distingue aucun indice de raies. Si l'on continue à élever la température, la vapeur se dilate énormément, et Ton voit bientôt reparaître le vert, le bleu et le violet, avec des faisceaux de raies très-nettes qui sillonnent la région violette et bleue, et s'étendent jusque dans le vert. Au moment de la vaporisation de l'acide sélé- nieux, on voit apparaître un système de raies d'absorption très-nettes, particulièrement dans le violet et dans le bleu ; on n'en trouve pas dans la région du spectre la moins réfrangible, Le spectre d'absorption

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5tt LES MONDES.

de l'acide hypochlorique et chloreux ; mais la colonne d'absorption doit être longue d'un mètre au moins.

Sur les isomères de la trichforhydHne, reproduction de la glycé- rine, par MM. Friedel et Silvà. De la discussion de la formule du méthylchloracétol C H1, G Cl', C H3, ces messieurs avaient conclu que quel que soit le mode de chloruration employé, il ne doit fournir qu'un seul chlorure CsR5Cl*. Ils ont vérifié cette conséquence en trai- tant le méthylchloracétol par le chlore au soleil et par le chlorure d'iode ; ils n'ont obtenu en effet qu'un seul trichlorure, qui, dissous dans l'eau, n'a laissé qu'un résidu noir liquide. Ce liquide noir s'est résolu par plusieurs distillations fractionnées, et deux autres ayant tous deux pour composition <? H4 Cl», et qui sont deux propylènes di chlorés. Le chlorure de propylène CH*, CH Cl, CH* Cl, devait se prêter à la pro- duction de|la trichlorhydrine. Pour s'en assurer, on l'a préparé à l'aide de Fiodure d'éthyle, on l'a enfermé par petites portions dans des tubes scellés avec du chlorure d'iode sec, et Ton a chauffé à la température de 180 degrés pendant quelques heures. La réaction terminée, on a ou* vert les tubes à la lampe, pour laisser échapper l'acide chlorhydrique formé, et Ton a traité le résidu par la potasse et par le sulfite de soucie pour diBSoudre l'iode. Le liquide huileux a été lavé à l'air, séché au chlorure de calcium, puis soumis à des distillations fractionnées, répé- tées un grand nombre de fois. Une portion assez abondante qui passe vers 455 degrés, entre 450 et 460 degrés, est de la trichlorhydrine mé- langée avec une trace de tétrachlorure, douée de la faculté de fournir de la glycérine. On est donc arrivé à produire la glycérine avec le chlorure de propylène qui peut être préparé sans partir de la glycérine elle-même.

Transformation de V acétone en kydrure d'hexylène (dipropyle), par M. Bouchard at. Le résultat principal de ce travail est que la pinaconne, sous l'influence d'agents énergiques d'hydrogénation, peut donner un carbure d'hydrogène contenant le double d'équivalents de carbone contenus dans l'acétone, corps générateur. Ce carbure d'hydrogène est identique avec le carbure obtenu au moyen des alcools hexatomiques, mannite et dulcite, sous l'influence des même agents.

Faits relatif s à la diphény lamine, par MM. Girard et Dslâîr. Ces messieurs établissent, contrairement aux assertions de MM. Dus- sard et Bardy : que l'intervention du chlorure de phényle n'est pour rien dans la préparation de la diphénylamine par la réaction en vase clos du phénol, de l'acide chlorhydrique et du chlorhydrate d'aniline; que la diphénylamine ne se produit en chauffant vers 255 degrés du sulfophénate de soude sec, en présence d'aniline libre, que dans

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LES MONDES. 543

le cas le sulfophénate de soude ou bien l'aniline employée oonte- , naît une petite quantité d'un sel d'aniline ; que la production de la diphénylamine par Faction de l'iodure ou du bromure de phényle sur l'aniline ne s'observe qu'autant que cet iodure bu ce bromure renferme une trace d'acide libre ou bien l'aniline une trace d'un sel d'aniline ; que le sulfophénate de soude et le cyanure de potassium ne réa- gissent pas en produisant du benzonitrUe , non plus qu'en chauffant en vase clos entre 340 et 320 degrés un mélange de 150 grammes de phénol, 50 grammes de chlorhydrate d'ammoniaque et de 25 gr« d'acide chlorhydrique.

Quelques observations de bile incolore, par E. Rima. Les faits ne sont pas encore assez nombreux et les observations sopt trop incomplètes pour qu'on puisse les expliquer d'une ma- nière satisfaisante; on peut dire seulement que dans quelques cas, surtout chez les annimaux, la bile incolore coïncidait avec l'ictère et que, dans tous les cas, le foie présentait une dégénérescence graisseuse plus ou moins avancée.

Action combinée de la morphine et du chloroforme, par M. Gui- bbrt. Quand le sujet a subi une injection hypodermique de 1 à 2 centigrammes de chlorhydrate de morphine, le premier effet du chloroforme, employé à la manière ordinaire, est de produire un état d'analgésie avec conservation de l'intelligence des sens et des mouvements volontaires, qui suffira dans la pratique des accouche- ments et des opérations de petite chirurgie pour émousser très-no- tablement la sensibilité et la douleur. Quand on prolonge suffissam- ment et sans interruption les inhalations de chloroforme, on ob- tient le sommeil avec anesthésie et résolution des muscles, état précieux pour les grandes opérations.

Voici comment M. Guilbert procède dans les accouchements : Il pratique 41'avant-bras l'injection sous-cutanée d'environ! cen- tigramme de chlorhydrate de morphine, au moment la femme commence à supporter difficilement les douleurs.Un quart d'heure environ après l'injection, il commence l'inhalation du chloroforme, en la suspendant chaque fois que la contraction utérienne s'arrête* On voit ensuite succéder à l'agitation, à l'anxiété, an décourage- ment, un état de calme, de bien-être, de quiétude, dont la femme témoigne la plus vive reconnaissance. « Quand on prévoit l'anû- vée prochaine des grandes douleurs, il ne faut pas craindre de re- courir à une nouvelle injection épidermique d'un demi-centigramme de morphine. »

Des greffes cutanées, par M. Oojbr. Au lieu d'implanter

UA LES MONDES.

dans les plaies de petits fragments d'épiderme, comme M. Reverdin, ; M. Ollier recouvre par de larges lambeau de 4 et 8 centimètres carrés, pris soit sur le sujet lui-même, soit sur d'autres individus, . la peau dont il veut hâter la cicatrisation ; c'est-à-dire qu'il la ferme t par unjB couche cutanée empruntée ailleurs, par une véritable auto- . plastie. Avant d'enlever le lambeau, il applique sur la peau un mé- j lange; réfrigérant, glace ou sel ; quand elle est gelée, c'est-à-dire

devenue blanfehe, exsanguine et insensible, il taille le lambeau com- . prenant la totalité du derme , et le transporte sur la plaie il se

greffe parfaitement.

Sur les gonidies du lichen, par M. Ed. Borhbt. Le thullus du li- chen est formé d'un tissu filamenteux généralement incolore (hypha),

' et de cellules colorées en vert, en jaune, en bleu ou en brun, goni-

- dits, et qui présentent une ressemblance extrême avec celles de

' quelques algues inférieures. M. Bornet est arrivé aux conclusions

' suivantes : les gonidies ne croissent pas plus de l'hypha, que

l'hypha des gonidies ; 2* la présence de celles-ci est nécessaire pour

le développement de l'hypha dont la croissance s'arrête quand les

gonidies font défaut. Les lichens seraient donc en réalité parasites

sur les algues, mais ce parasitisme aurait différents degrés.

—Découvertes d'un abondant gisement de H£mirhynchus Deshayes dans le calcaire grossier de Puteauxt par M. Stanislas Meunier.— Ce gisement se trouve dans une carrière de moellons appartenant à M. Delarivière ; les poissons sont réunis en nombre prodigieux et conservés jusque dans les moindres détails de leur squelette et , de leurs téguments. Ils semblent se rapporter tous à une même .es- pèce très-rare qui atteint parfois I mètre de longueur, avec une largeur moyenne de 42 centimètres, et présente une nageoire con- tinue aussi bien sur le dos que sous le ventre.

Les comptes rendus enregistrent de nouvelles observations de l'aurore Jwréale. du 4 février, par le P. Denzaà Moncalieri; par

. M. Mohn, directeur de l'observatoire de Christiana; par H. Goum- vary, directeur de l'observatoire de Coqstantinople.

Le R. P. Denza communique l'observation d'une pluie de sable et de phénomènes cosmiques survenus dans la première décade de mars 4773. F. Moigno.

Le compte rendu signé de M. Dumas avait 60 pages in-4\

—Typ. Waider, toc Bonaparte, 44,

M. 4872.

* j

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

Les élève» des écoles professionnelle» et loi d'or- ganisation utilitaire. Les jeunes gens qui ont obtenu des diplômes de bachelier es lettres ou es sciences, ceux qui prit pris des inscriptions dans une faculté de l'Université, les élèves de l'Ecole cen- trale de l'industrie et du commerce) des Ecoles des arts et métiers, de l'Ecole des beaux-arts, du Conservatoire de musique ou ceux qui ont été déclarés admissibles à ces écoles, enfin les élèves des Ecoles vété- rinaires et d'agriculture sont admis avant le tirage au sort, sur la pré- sentation de leurs certificats d'études et après un examen déterminé par le ministre de la guerre, à contracter des engagements condition- nels d'un an.

Ces engagés ne restent qu'une année sous les drapeaux; mais ils s'habillent, se montent, s'équipent et s'entretiennent à leurs frais.

Si, à l'expiration de cette année, ils ne satisfont pas aux examens prescrits par les règlements, ils peuvent être maintenus une deuxième année sous les drapeaux.

Ces jeunes volontaires d'un an, en rentrant dans leurs foyers, re- çoivent tttl brevet de sous-officiefr, ou une commission équivalente. Les conditions dans lesquelles ils devront être employés seront déter- minées par les lois spéciales qui régleront l'organisation l'armée.

Un sursis jusqu'à l'âge de vingt-trois ans peut èti-e accordé par le& autorités militaires aux engagés volontaires qui, avant sis i*ëifdre spqe tes drapeaux, exprimeront te désir de compléter leurs éttéèl dans une faculté ou dans tes écoles auxquelles ils appartiennent*

Association française contre l'a bas da tanne et des

Moisson* alcooliques. M. le docteur Jules Guérin a cru de-

*

voir, à l'occasion de la nouvelle association, présidée par M. Barth, rappeler que celle dont il est fondateur et président a eu l'initiative de la croisade contre les deux abus qui tendent à détériorer physiquement et moralement la grande famille humaine ; qu'elle a droit par cofllé- quent au partage de l'intérêt et dès encouragements de l'Académie*

Académie de médecine. - M. Barth, président de l'Acadé- mie de médecine, s'est efforcé par une chaleureuse allocution de ra- nimer l'ardeur des diverses sections et de leur tracer le programme des

No 14* t. XXVII, 4 avril 1872, 39

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travaux de l'avenir. < La chirurgie, dit-il, mettant à profit l'expérience fournie par les malheurs de la guerre, a traité la question de l'infec- tion purulente, de la pernicieuse influence de l'alcoolisme dans les maladies chirurgicales, du meilleur mode de pansement des plaies. Elle pourrait mettre en discussion la comparaison des amputations dans la continuité et la contiguïté des os, le meilleur système d'am- bulances volantes pour le relèvement et le transport des blessés. La médecine et l'hygiène ont traité la question de l'abus de l'alcool et des maladies qui en sont la conséquence. M. Joly a traité la question des maladies que détermine l'abus du tabac, mais la question n'a pas été soumise à la discussion de l'Académie. Elles pourraient rechercher les causes du maintien du blanc de plomb dans l'industrie, ses dangers et les avantages de la substitution du blanc de zinc ; traiter la question du phosphore, etc. La chimie et l'hydrologie pourraient mettre en relief la valeur des diverses eaux minérales de France, et distinguer les moyens de suppléer par les produits de sources artificiellement mo- difiées aux produits des sources allemandes dont nous n'aurions pas l'équivalent. La médecine pourrait mettre utilement en discussion la recherche des causes qui influent sur la détérioration de la santé des femmes dans les grandes villes. Enfin, l'Académie pourrait aborder la discussion du choléra, discussion depuis si longtemps ajournée, et qui pourrait être mise en délibération d'autant plus à propos que les

esprits sont, en ce moment, libres de préoccupations immédiates. i AMoelatlon générale de* médecin* de Vranee.

L'Assemblée générale annuelle se tiendra les dimanche 7 et lundi 8 avril, dans le grand amphithéâtre de l'Assistance publique, avenue Victoria, à deux heures précises. La soirée confraternelle, dans les sa- lons du Grand-Hôtel, aura lieu le dimanche à 8 heures.

Bulletin de aanté Hebdomadaire, déeèa du *S an

t9 mars. Variole, 4; rougeole, 41; scarlatine, 2; fièvre ty- phoïde, 10; érysipèle, 3; bronchite aiguë, 45 ; pneumonie, 60; dyssen- terie, 3 ; angine couenneuse, 6; croup, 17 ; affections puerpérales, 18; autres affections aiguës, 198; affections chroniques, 367, dont 155 par la phthisie ; affections chirurgicales, 60 ; causes accidentelles, 10. Total 825 décès contre 844 dans la semaine précédente.

Préparation de l'oxygène. On nous demande pourquoi les procédés si simples de préparation de l'oxygène de MM . Kirkpatrick et Mallet ne sont pas plus employés en grand. Voici la réponse :

Par le procédé Kirkpatrick, il faut 11 kilogrammes d'hypochlorrte de chaux (GaO, Cl 0) pour donner 1 mètre cube d'oxygène ; et le prix

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moyen de lliypochlorite est deOfr.35; donc la dépense, parle fait seul de l'hypochlorite, serait de 3 fr. 85 par mètre cube. Ce ne serait pas trop cher pour des expériences de projection, mais ce serait beaucoup trop cher pour l'éclairage public.

L'inconvénient radical du procédé Mallet tient à ce que le chlorure de cuivre se volatilise à 250 degrés, température à laquelle se dégage l'oxygène.

Nous savons que l'usine de Gommines, près Lille, dans le but de procéder en grand aux expériences de cession par l'air atmosphérique de l'oxygène et de l'azote transformé en ammoniaque, s'est procuré 500 kilogrammes de titane. M. Tessié du Motay invitera l'Académie des sciences et la Société d'encouragement à constater par elles-mêmes le succès de ces opérations si riches d'avenir. F. Moigno.

Photographie vitrifiée. M. Dagron a résolu complète- ment et pour la première fois, si nous ne nous trompons pas, le pro- blème important de la photographie industrielle vitrifiée sur émail, sur porcelaine, sur faïence, etc., etc. Sans doute que les émaux photogra- phiques de MM. Lafont de Gamarsac, Poitevin et autres, ne laissent rien à désirer au point de vue de l'art, mais ce n'était pas encore une industrie que tout le monde puisse pratiquer et dont les produits soient accessibles à toutes les bourses. M. Dagron ne prétend à aucune dé* couverte ou invention nouvelle. Il ne cédera aux amateurs que des tours de main dont il a le secret, et qu'il pratique à coup sûr dans ses ma- gnifiques ateliers de la rue Neuve-des-Petits-Champs, 66. Les échan- tillons que nous avons entre les mains sont vraiment très-beaux*

lnjeetear. M. Giffard va installer très-prochainement, sur les locomotives du chemin de fer du Nord, un injecteur perfectionné qui continuera glorieusement celui dont le brevet d'invention est près d'ex- pirer. Ce nouvel appareil présente des avantages considérables, qui le feront certainement préférer à son rival américain, l'injecteur Sellers, que Ton appliquera concurremment sur une même locomotive. Il est très-simple et se règle automatiquement ; il fonctionne sous tontes les pressions et peut s'appliquer au-dessous comme au-dessus des locomo- tives. En outre, et c'est ce qui l'a fait déjà adopter par la marine fran- çaise, il empêche complètement l'entraînement de l'air par l'eau d'alimentation, et son introduction dans la chaudière d'abord, puis dans les condensateurs à surface dont il diminuait le vide. Il est vrai- ment impossible d'imaginer un outil plus simple, moins volumineux et plus efficace.

En même temps que son injecteur, M. H. Giffard montera, sur un

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wagon dont il a fait l'acquisition et qui roulera tour à tour sur nos diverses voies ferrées, le mécanisme merveilleux inventé par lui il y a longtemps déjà, par lequel il prévient le mouvement de lacet, de telle sorte que, debout même sur le marchepied, alors que la voie est la plus accidentée, on écrit avec autant de facilité que si Ton était k son bureau. Ce perfectionnement capital, obtenu par des moyens faciles et peu dispendieux fera, comme l'injecteur, le tour du monde. . Disons enfin que notre ami va réaliser dans les ateliers de M. Flaud, avenue Suffren, 14, la production régulière en grand de l'hydro- gène par le procédé de la décomposition de l'eau au contact du fer incandescent, que nous avons décrit naguère. Cet hydrogène sera utilisé par M. Jules Godard pour le gonflement de ballons avec lesquels il fora des ascensions périodiques libres. Les amateurs seront admis dans la nacelle à des prix assez peu élevés, pour que chacun puisse s'accorder le plaisir d'un voyage dans les airs.

Crffttal an carbonate de plomb. M. Clemandot a eu l'idée de substituer au minium et aux autres oxydes de plomb dout on se sert pour faire le cristal, le carbonate de plùinb oucéruse ordinaire. Tous les sels de plomb peuvent être employés dans ce but, à la con- dition qu'ils ne renferment pas de matières organiques dont l'action réductrice s'exerçant sur les matières maintenues en fusion dans les creusets donnant des résultats nuisibles à la beauté du produit.

Le cristal ainsi produit est, paralt-il, d'une belle apparence et d'une limpidité plus grande, et présentant une plus grande puissance de réfraction plus convenable ; l'inventeur attribue la teinte verdâtre du cristal ordinaire à la présence d'une petite quantité de fer résultant de l>inploi des outils de fer dans la fabrication des oxydes de plomb chaud. Une raison analogue lui fait préférer la céruse provenant de la méthode dite hollandaise au carbonate de plomb, dont la formation a été déterminée par le passage d'un courant d'aoide carbonique dans une dissolution d'acétate tribarique de plomb, ainsi que cela se fait à Cli(*y.

J*t<£*wMenjr Peprez. L'insertion dans les Mondes de la note de M. Marcel Deprez sur son Intégrateur, appareil servant à calculer mécaniquement la valeur des aires, les coordonnées du centre de gravité, et les moments d'inertie des figures planes, nous a valu une longue lettre imprimée de M. Antoine Favaro, professeur chargé de cours à l'Université de Padoue. Le savant professeur réclame, en termes très-courtois, pour M. Amsler, comme l'avait déjà fait M. Goulier, professeur à l'école d'application du génie de Fontainebleau, la prio- rité de h détermination au moyen de son Plannuètre des moments

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perfectionné, non-seulement des aires, mais aussi du contre dp gftyitp et des moments d'inertie. M. Deprez ignorait ces perfectionnements dont aucun ouvrage français n'a parlé, et, dans uns réponse à M. F$- varo qui ne se fera pas longtemps attendre, il rendra pleine et entière justice au célèbre inventeur suisse, avec lequel il s'est nus en rapport, pour ajouter à ses planimètses un nouveau mécanisme, le transforma- teur fonctionnel, qui étend, dans une mesure énorme, la portée de - l'intégrateur, et permet d'opérer sur des portions de circuit, tandis que le planimètre exige impérieusement que l'on opère sur des circuits fermés.

Agriculture. Pans sa séance du 27 mars, le conseil de la So- ciété des agriculteurs a voté une somme de 20 000 francs pour venir en aide à l'organisation, au sein de l'Exposition universelle de Lyon, des deqx expositions spéciales d'agriculture et de viticulture.

Il sera ouvert, le lundi 21 août prochain, à Montpellier, un con- cours pour la chaire d'agriculture qui vient d'être ouverte dans cette ville.

M. Sanson rappelle avec raison à ceux qui tendent à faire trop de théories, que la valeur nutritive des herbes de pâturage est d'environ uu tiers plus forte que celle du foin; et qu'une surface donnée, par conséquent, peut nourrir et engraisser trois bœufs à l'herbage au lieu de deux à l'êtable.

La dénonciation du traité de commerce avec l'Angleterre inquiète les amis de l'agriculture, parce que le marché anglais est notre prin- cipal débouché, que le quart de nos exportations prend cette direc- tion, et que dans le chiffre total d'un milliard 250 millions, les pro- duits agricoles figurent pour 250 millions, un cinquième.

On vient d'organiser, dans l'abattoir de La Villette, un marché de vente en gros des viandes à la criée.

-«•Les ouvriers agricoles du comté de Warwicksesont mis en grève, demandant que la journée soit de dix heures, que chaque heure soit payée 40 centimes, que le salaire soit de 22 fr. 50 c. par semaine, et que le travail cesse le samedi à 4 h. 1/2.

Pétrole. La quantité totale d'huile de pétrole, brute ou raffinée, exportée d'Amérique, en 1871, a atteint le chiffre énorme de 60 mil- lions de litres. Le revenu des sources a dépassé 75 millions de francs.

Ctfllté de» association» eontre le» danser» d'expl*^ »ion de» machine» à vapeur. Une association anglaise de ce genre, Midland steam Boiler Association, a sous sa surveillance 3 044 chaudières ayant été l'objet pendant l'année de 12000 examens; quatre seulement ont été brisées sans autre accident» En dehors de

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l'Association, il y a eu 66 explosions de chaudières à vapeur, causant, 12 morts et 113 blessures graves. A Manchester, l'Association soumet à son examen annuellement 5*764 chaudières, il n'y a eu aucune explosion, tandis qu'en dehors de l'Association on a compté 66 explosions, 50 personnes tuées et 107 blessée*.

lie système métrique en Autriche.— La Gazette de Vienne du 2 mars publie la loi du 23 juillet 1871 , introduisant le système métrique en Autriche. L'étalon du mètre est un bâton en verre, en la possession du gouvernement autrichien, qui, à la température de la glace fondante, est égal à 999 millimètres 99764 du mètre prototye déposé à Paris. L'étalon du kilogramme est un kilo de cristal dont le poids dans le vide est égal à 999 milligrammes 9978 du kilogramme prototype de Paris.

Le nouveau système de poids et mesures pourra être appliqué dans le commerce dès le mois de janvier 1873; il sera obligatoire et exclu- sivement employé à partir du !•* janvier 1876.

Préparation du pot Main m. M. le professeur Dolbear, de Bethany-College (Virginie), décrit dans V American chemist un nou- veau procédé de préparation du potassium. Il prend un large mor- ceau de potasse caustique blanche et le dissout dans l'eau ; il traite la solution par l'hydrogène sulfuré, comme on le fait communément, pour la transformer en sulfure de potassium. 11 évapore ensuite la so- lution jusqu'à ce qu'elle devienne solide en se refroidissant ; il mêle la masse jaunâtre ainsi obtenue avec un peu plus de son poids de limaille ou rognures de fer, et il introduit le mélange dans un alambic pour procéder à sa distillation ; on chauffe l'alambic sur un fourneau jus- qu'à ce qu'il ait atteint le rouge clair, et Ton reçoit les produits de la distillation au sein d'un bain d'huile de houille ordinaire.

nouvelle petite planète. M. Luther, directeur de l'Obser- vatoire de Bilk, a découvert, le 15 mars à *3 heures, une nouvelle pe- tite planète de 11e grandeur. Sa position était :

15 mars, W* 18m59«,16. T. M. de Bilk. Asc. D. 12h7»26%73.

Décl. 10° 17' 26",5.

Son mouvement diurne en Asc. D. 60",6 ; en Décl. + 3',8. M. Luther propose de l'appeler Peitho.

Bassin houtller de la Tamise. * Dans la conviction d'un géologue anglais très-exercé, M. Godwin Austen, la dépression de la vallée de la Tamise est physiquement la continuation de celle qui, s'é- tendant de Valenciennes par Douai, Béthune, Thérouane jusqu'à Ga-

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lais, renferme le grand bassin de houille de ces contrées. Il en con- clut qu'on est en droit de supposer que le cours de ce banc de houille coïncide avec la ligne de la vallée de la Tamise, et qu'on peut espérer de l'y rencontrer en creusant assez profondément. Il parait que ces sondages sont aujourd'hui résolus.

Moteur sam feu. Une invention qui permettrait d'exploiter les veines de houille sans l'emploi de matières explosibles aurait une grande valeur ; car il est reconnu que plusieurs des plus terribles ex- plosions de feu grisou ont suivi les coups de mine. M. W. Ferth, de Leide, inventeur d'une machine à tailler la houille, en action depuis plusieurs années dans une des houillères de Ardley, offre aujourd'hui un prix de 500 livres (3 125 fr.) à celui qui réalisera la meilleure ma- chine à tailler la houille mise en mouvement par l'air comprimé et adaptée à l'exploitation des veines de charbon de terre ou de minerais de fer de diverses formes. (Athenœum.)

Photographie du soleil. Durant les dix dernières années, on a pris à l'Observatoire de Kew 2 778 photographies du soleil et de ses taches ; et nous apprenons, non sans une douloureuse surprise, que cette enregistration photographique continue de la surface du soleil aura bientôt cessé. 11 nous semble qu'en présence des phénomènes si remarquables que l'on sait maintenant se produire incessamment au sein de la grande masse de matière qui constitue le centre de notre système planétaire, phénomènes en relation intimç avec le développe- ment de la vie animale et végétale sur notre terre, cette détermination est très-importante. [Athenœum.)

H. Huxley. Le Times annonce que le candidat préféré pour le rectorat de l'université de Saint- Andrews est M. le professeur Huxley.

Soulier* Imperméable*. On exploite en ce moment en Angleterre, sur une très-grande échelle, un brevet d'invention très- ingénieux, qui consiste à rendre imperméable à l'humidité le cuir des bottes et des souliers, en aspirant l'air qui remplit les pores et le rem- plaçant par une substance qui adhère aux fibres, s'unit entièrement à elles, et fortifie ainsi le cuir sans lui rien faire perdre de son élasticité. (Nature.)

four à puddler rotatolre. On parle beaucoup en Angle- terre d'un nouveau fourneau à puddler rotatoire^ inventé par un Américain, M. Dank, et si excellent qu'une société de maîtres de forges des différents districts, dans un traité fait avec l'inventeur, se serait engagée à construire en six mois 200 nouveaux hauts four-

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neàux sur le plan tracé par lui, et à lui payer à l'expiration de ses six mois une somme de 50,000 livres sterling (1,250,000 francs), que les fourneaux soient montés ou non. Ce serait une révolution dans la pro- duction du fer et de l'acier. (Nature.)

Procéda Tilghmann de taille et de gravure par un

Jet de sable. Soumis à l'examen du Conseil de l'Institut Fran- klin, ce procédé si simple et si ingénieux a été déclaré grandement utile et digne de toute approbation. Il a, dit le rapport, tout ce qu'il faut pour devenir universel ; quelques-uns des produits du nouvel art sont vraiment remarquables ; les verres gravés et ornementés par son moyen sont comparables à ceux que l'on n'obtenait jusqu'ici que par l'emploi de l'acide fluorique ; et l'absence de toute matière étrangère au sein des creux, quelque profonds qu'ils soient, leur donne une su- périorité incontestable. Le Conseil décerne à M. Tilghmann sa grande médaille.

Planotyne. C'est le nom d'une nouvelle machine américaine pour graver sur bois. Elle a quelque peu la forme d'une machine à coudre, et son principal organe est une pointe verticale en acier main- tenue rouge par un jet de gaz enflammé. Au-dessous de cette pointe on dresse le morceau de bois de pommier qui doit recevoir la gravure , et qui a reçu le dessin ; par un double mouvement de va-et-vient et de haut-et-bas, la pointe suit le trait du dessin, et pénètre dans le bois en le brûlant et le creusant ; quand le dessin est ainsi gravé en creux, on en prend l'empreinte avec du métal d'imprimerie, et l'on obtient un cliché qui peut servir à l'impression typographique. On assure que le contact du métal fondu n'altère en rien le bois, et qu'un même creux peut donner un nombre indéfini de clichés.

Ptrë^omène éjectr^ifie. M. Lockelt affirme qu'en appro- cha^ le bout de sa canne de la chute du Niagara, il a entendu le bruit caractéristique d'une étincelle électrique ; et qu'en répétant l'expérience pendant la nuit, il a vu réellement l'étincelle électrique jaillir entre l'eau élpçtrisée et le bout de sa canne.

Caz contenu* dan* la lteollle. H. le docteur E. Mayer, dans une analyse récente de houille restée assez longtemps au contact de l'^ir, a trouvé qu'elle contenait, sur 100 parties de gaz : 15,9 d'acide carbonique; 20,4 de gaz des marais; 53,à d'azote; 1,7 d'oxygène. Cette si grande proportion d'azote, surtout s'il était dans une sorte d'état naissant ou assimilable, ne nous donnerait-elle pas le secret des expé- riences de M. Victor Chatel.

Effyptlan Hall et M. le prof e»«eur Fepper. Le célèbre

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directeur de Pohftëchnic Institution, M. Pepper, s'est to forcé de quitter cet établissement qui lui devait sa prospérité ; et il va fonder dans Egyptian Hall, Piccadily, complètement restauré, avec son si in- génieux collaborateur, M. Tobyn, l'organisateur des spectres, une ins- titution semblable, à laquelle tout promet un succès immense. Vulga- risateur éminemment habile, abondamment pourvu d'admirables instruments de projection et autres, M. Pepper saura donner un grand attrait à l'exposé de toutes les nouveautés de la science, de l'industrie et des arts» F. Moigno.

ACCUSÉS DE RÉCEPTION

La Théorie géogénlque et la Science des Anciens, par l'abbé R. F. Choyée, chanoine honoraire, etc. (In-8° de J60 p. Paris, Lethiel- leux, libr., et au bureau des Mondes; prix : 2fr. 4872.)— Un des carac- tères distinctifsdela vraie religion, c'est d'être toujours attaquée; mais ces attaques incessantes changent de nature suivant les époques. Le dix- huitième siècle, si léger, si frivole, croyait beaucoup faire en lançant contre les vérités les plus respectables des plaisanteries et des quolibets; notre siècle, plus sérieux, demande à la science, dont il est surtout occupé, des armes pour essayer d'ébranler les vérités révélées; c'est donc à mettre dans tout son jour le merveilleux accord de la science et de la foi que doivent surtout s'attacher aujourd'hui les défenseurs de notre sainte religion. Quel but plus élevé peuvent se proposer les hommes de zèle et de savoir ? Et, grâce, à Dieu, ils ne font pas défaut dans notre cher pays. Parmi eux, nous nous faisons un devoir et un plaisir die signaler M. l'abbé Choyer, dont les études aussi ingénieuses que soli- des, contiennent un nombre considérable de faits, de vues, d'arguments qui ne peuvent manquer de produire un très-grand bien. Nous serions heureux de pouvoir les résumer ici ; mais ils sont déjà résumés de telle sorte, dans le petit volume de M. Choyer, que nous craindroiûs que les abréger encore ce ne fût les tronquer par trop.

On pourrait s'étonner de voir que ce volume si court contient une sorte d'appendice sur science des anciens. Cet appendice n'est pas unhors-d'œnvre; Use rattache au contraire d'une manière intime au sujet principal; car il a pour but de montrer que Moïse, même humai- nement, pouvait et devait comprendre parfaitement la valeur des expressions qu'il employait, le sens des faits qu'il affirmait. Les détails dais lesquels entre, à ce sujet, M. l'abbé Choyer, sont généralement

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d'un très-grand intérêt, et montrent que, mime indépendamment de la lumière qui lui venait d'en haut. Moïse était bien autrement avancé qu'on ne se le figure généralement : « d'où ilsuit, ajoute notre auteur, que, s'il nous était permis de supposer pour un instant Moïse présent au milieu nous, le plus grand étonnement de cet illustre historien serait, sans doute, de nous entendre disputer sur des faits qui vraisemblable- ment ne lui paraissaient pas susceptibles de deux interprétations. »

Traité élémentaire de ekfmte arganlque, par

M. Berthelot, professeur au Collège de France et à V Ecole de pharmacie. Grand in-8° de xvr, 604 pages. Prix : 43 fr.. Paris, Dunod, 1872. Voici comment le savant auteur indique le but et le plan de son ouvrage : « Dans ce livre, résumé de douze ans d'ensei- gnement, la chimie organique est exposée et coordonnée d'après la méthode de la formation successive des composés; c'est l'application sous forme élémentaire des doctrines qui ont servi de base à mon Traité de chimie organique fondé sur la synthèse, publié en 1860... Le nombre des composés organiques qui ont été réellement préparés s'é- lève aujourd'hui à plus de dix mille; le nombre de ceux qui peuvent être fabriqués par les méthodes connues est littéralement infini ; il est donc nécessaire d'adopter quelque principe simple de classification pour coordonner l'étude de ces composés. J'ai adopté comme principe général et dominateur la fonction chimique; en d'autres termes, j'ai partagé mon ouvrage en grandes divisions comprenant les carbures d'hydrogène, les alcools et les éthers, les aldéhydes, les acides, les al- calis, les radicaux métalliques composés, les amides enfin... Les cadres généraux étant tracés, ainsi que leurs divisions principales, je me suis attaché à décrire avec détails un petit nombre de corps fondamentaux, envisagés comme les types de leurs classes repectives. Tels sont l'acé- tylène, l'éthylène, le formène, la benzine, parmi les carbures d'hydro- gène; l'alcool ordinaire, la glycérine, les sucres, parmi les al- cools, etc. J'ai présenté l'histoire de chacun de ces corps d'après un plan d'exposition général susceptible d'être appliqué à tous les corps du même groupe : formation par synthèse et par analyse ; prépara- tion; propriétés physiques; action de la chaleur; action de l'hydrogène, de l'oxygène, du chlore, de l'eau, des hydracides; enfin action des acides et des bases. Tel est le cadre uniforme qui se retrouve dans l'histoire individuelle de chacune des substances décrites comme types, et qui peut être appliqué sans difficulté à toutes les substances analogues de moindre importance... Je me suis efforcé principalement de maintenir la généralité de la science au milieu de la description des faits particu-

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liers. » L'auteur s'est toujours renfermé dans ce cadre éminemment rationnel, et Ta développé avec une richesse de détails qui donnent à son ouvrage une valeur tout à fait hors ligne.

Quelque* nets sur l'Instruction publique en France,

par M. Michel Bréal, professeur au Collège de France. Tn-18 Jésus de 407 pages. Hachette, 1872. Prix : 3 fr. 50. De nos désastres sont résultées bien des leçons trop chèrement payées pour que nous ne nous efforcions pas de faire que du moins elles nous soient profitables. Parmi les points sur lesquels se trouve ainsi portée notre attention, l'un des principaux, c'est l'instruction publique, dont l'insuffisance dans notre pauvre pays a été démontrée d'une manière qui malheu- reusement ne peut laisser aucun doute, et ce point est incontestable- ment celui auquel il e6t essentiel de remédier avant tout. Mais quelle est bien exactement la nature du mal, par quelle cause a-t-il été amené et par quels moyens peut-il être plus sûrement guéri? Ces importantes questions sont traitées d'une manière on ne peut plus remarquable dans l'ouvrage qui nous occupe. L'auteur examine successivement l'enseignement primaire, l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur, et partout il montre une connaissance approfondie de ce qui se fait et une rare intelligence de ce qu'on devrait faire. Membre de l'Université, il la critique toujours avec une modération parfaite; et, profondément versé dans l'art d'enseigner, il ne propose que des ré- formes facilement praticables. Un de nos plus habiles critiques, qui a lui-même appartenu logtemps à l'Université, termine ainsi un compte rendu de l'ouvrage de M. Bréai : « Ce livre est si curieux, si plein de faits et d'idées, qu'on ne sait plus s'arrêter quand on en parle. Lisez-le, faites-le lire à vos amis. C'est le bélier dont il faut battre en brèche le vieil enseignement. » Nous ne pouvons mieux faire qu'en adoptant ces mêmes paroles pour conclure notre appréciation de l'ou- vrage en question.

Journal d'un diplomate en Italie, notes intimes pour servir à V histoire du second empire (4859-4862), par M. Henry d'Odeville. ln-48 jéeus de vi, 326 pages. Hachette, 4872. Prix : 3 fr. 60. Cet ouvrage est trop en dehors de la spécialité des Mondes pour que nous entreprenions d'en rendre un compte détaillé, et il renferme sur les événements d'Italie quelques appréciations que nous ne saurions partager; mais c'est justice de reconnaître qu'il indique chez l'auteur un remarquable talent d'observation et que, sous une forme anecdotique, souvent amusante, toujours intéressante, il con- tient beaucoup de détails instructifs et d'aperçus dignes d'attention.

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Géométrie analy **<!** A trol* 4ta}?«*l*>aft, par M. J.

Rotogbt, docteur èp pciences, agrégé de l'Université» etcv et M. Ch. Housel, ancien élève de l'JEcole normale. tn-8° dp iy:435 pages. Hachette, 4872. Pour donner une idée du cadre de l'ouvrage qui nous occupe , noitè cfôydrid iie fcouvoiir irtiëii* foirti que de réunir ici les titres des douze chapitrée dbnt il se compose : ligne droite et le plan. SiiH&ces algébriques.* Notfoné sur les surfaces second degré. Ellipsoïde. Hyperbcfldïde à une nappe. Paraboloïde elliptique. Paraboloïde hyperbolique. Caractères des surfaces du second degré. Détermination des sur- faces du second degré. Coniques sphériqùes. Surfaces homo- focales.

Voici maintenant quelques-unes des observations par lesquelles les auteurs, dans leur préface, font connaître la marche qu'ils ont suivie : t En commençant ce traité, nous avons cherché à établir aussi géné- ralement que possible, à propos de la ligné droite et du plan, les for- mules qui se rapportent aux coordonnées obliques, sans lesquelles le calculateur est quelquefois embarrassé, même "poufr des cas très- simples; mais nous n'avons pas négligé d'établir directement, quand il y a lieu, les formules relatives aux axes rectangulaires.

c Dans les observations qui s'étendent aux surfaces quelconques, noua n'avons pu nous empêcher, vu l'importance du sujet, de Sortir du programme de l'Ecole polytechnique, en parlant de la courbure des surfaces. Nous avons rapporté les définitions et les mesures don- nées par Sophie Germain, par Gauss et dernièrement par M. Roger... Quant aux surfaces du second degré, notre point de vue consiste à les considérer comme engendrées par le mouvement d'une conique à centre sur une conique fixe... De cette façon on trouve directement les équations les plus simples et les propriétés de ces surfaces.;. On nous pardonnera de chercher à introduire, pour établir la continuité» le calcul directif, l'on réalise le symbole de l'imaginaire pat une di- rection perpendiculaire. C'est ainsi (pie nous avons obtenu le volume de l'hyperbololde à deux nappes, en considérant cette surface comme complétée par l'ellipsoïde qui comble le vide laissé entre les deux nappes. »

Nous regrettons de ne pouvoir pas reproduire en entier cet exposé préliminaire. Ce que nous venons d'en donner suffira pour se faire une idée de l'intérêt que présente l'ouvrage de MM. Bourget et Housel.

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I* »l**èto Mw pendL*«t l'*|*#ëttl»ae «• ifttft, part M, Tbibyj de lowûtrt. #9àt profité de Poppositioa de Ma» eu 4*H pour continuer des observation* commencées depuis 4864 j une fltaîe fedesstns Représente les tâches qui ont été visible* La grjode a** triangulaire '«|«i ô| la plus remarquable de cette* planète et qwe l#i P. Seeehi désigna successivement dans ses foéatëires sofas le non d* Soerpian, 4e éditai Atlantique et de mer de Cook, était parfeilfesweÉ vieiMe du 84 en 3D taon et du g au 4 4 mai, pendant la adirée, ffest cette région que j'avaia obseivée en 1864, du »ntt afosafttftv entt»e4et 40 h; et le 92 et le décembre à »ketire»; eh #867 je l'ai deflBîitèe 44 février, entre 5 et 6 heure*. Ûe grafcd Oeéan est en rap- port, dans sa partie méridionale, a*ec deux baoflkfes sombres, Tune qui le précède dans le mouvement de rotatien-et qui à été ebeervée en 4974 , le 36 (Amer, entte 9 et 40 heures ; du 90 mars au 9arrft, et»e 44 mai, également dans la soirée ; c'est un large détroit que le P. BetehÉdé*" sigûfl sous nom de Marco Polo/ Je l'avais 4ès*fcié eu 4*64, dans lés soirées du 86 novembre au 7 décembre* et eu 4865 dans celles du tau 7. jeaviae. l/autre bande sombre suit le canal Atlantique et a été 6gu- ré*en 1874 dans le* soirées d* 44 *u44 fbars; elle est tataswfuaWe par dei danfelurètf qu'elle préttntè sur son bord septentrion*}, 01 je ' l'erarokiervée aussi en 4867, les soirs du 8, du 8 et du 44 février*. EUe-eouamuaiquepaffwot canal étroit, que Je n'ai pu distinguée en 4671, mate deot j'M remarqué la trace le 3 février 1867, entre -6 et & fc., avec une tache très-visible, presque triangulaire et voisine du jWtorlm ^ ' réal ; ce canal de communication a été dessiné en 4858, par le savant diseotaMPâB MOteettatoife romain, qui te désfeftMlJUS le ftOti *'/l*M* et p\un\Xud de Cenal d* Fntnktin. ' ' ' *•• •«'

Apnée avoir passé en revue ees principales régions soiibrts, dotit if est utile do suivre itopeet k chaque opposition tfin Tétanie Ws 'éiéinéîM néoeMaites à des comparaisons peetant sur ube longue édite d'àïtiéêè , disette quelque* mots des taches polaires : les néigés'dfr pélë Boflfàt sont seitées constamment visibles pendant nos observations 4*874 , mais elles présentèrent des différences d'éclat et de grandeur. Il àf^- ' riva d'observer la tache polaire sous forme d'une région brillante très- restreinte sur le bord de la planète, mais entourée jusqu'à une certaine distance d'un espace blaeeet ssnséclet. Otte teirtarqefe tftefcbftïè slvèr

40

*58 LES MONDES.

une observation consignée dans l'un des mémoires du P. Seechi, sur la planète Mars et il dit : a On croit voir une grande tache polaire* * mais en réalité elle est très-pefife et entourée d'un espace moins « blanc, » (Observation faite au Collège romain le 25 juillet 1858).

La tache polaire méridionale fut visible du 25 au 28 mars, et surtout du 3 a* 4f ibaî , pendait 4a mirée : la concavité supérieur© tola grande tAàke désignée plus haut bous le nom de €knal Atlantique, présentait pendant sette dernière période une teinte blanche eioeesivem&nt pro- noncée'ctjHrfois même plus marquée que la tache polaire boréale. La réapparition de ces neiges méridionales aprèé une période déterminée' pat la durée de rotation de la planète, observée chaque jour vers la même heure;, s'explique par leur extension assez Notable datas une di- rection.; elles dépassaient ainsi périodiquement la limite des régions visitfles. On se rappelle, au sujet de ces différences d'éclat et de cesin- termilenoeB de visibilité que, déjà en 4749, Maraldi observait des changements d'aspect et même une disparition momentanée de la tache polaire méridionale. J'ajouterai enfin, qu'en 4874, l'apparition cons- tant* de la tache boréale e\ les courbes décrites par les régions sombres sur le disque. apparent accusaient l'inclinaison du pôle septentrional du côié de la terre.

Afin de recueillir des données relatives à l'influence de l'atmosphère de Ma*$ sur l'aspect de eette planète, j'ai noté avec grand soin les ob- servations .qui onUéuni les conditions suivantes.: sérénité .du eîel, image tr&~oette du disque, mais effacement notoblede grandes -taches habituellement bien visibles. C'est le 23 mais, dq 9 h. 45 m. à 9 h. 30 m., que j'ai vu se réaliser le mieux ces conditions;. maJgrtlagmnde netteté 4e l'image et la sérénité du ciel, les taches, trè^-marquées la veiUe,: yere la même heure, étaient si effacées^u'ua dessin précis a été impossible. .

».

«prie temps H«e le« planète* metiiteimt * tomfeer dans le Soleil, par M. Càmflle Flammarion.— On sait que la

force qui retient les planètes sur leurs orbites est la résultante de l'attraction solaire d'une part, et d'autre part dfe la force centrifuge créée par la translation;, et que l'équilibre est à ce que oes deux forces contraires ont constamment la même valeur. Ainsi, à la dis- tance à, laquelle la Terre se trouve du Soleil, sa pesanteur vers l'astre central

270

et la force centrifuge .créée par son mouvement

LES MONDES. pj

»V==/2lj .R=0,09ô00000000000039e41 X 1 48400000000 s= 0n,005882.

La planète tend en même temps à tomber de 588 centièmes de milli- mètre après une seconde, en vertu de l'attraction, et à s'éloigner de la même quantité en vertu de la force centrifuge. Si Ton suppose que la Terre soit arrêtée dans son cours, on annule par même la force centri- fuge, et en abandonnant ainsi la planète à la première des deux forces qui la maintiennent, on la verra tombe* sur le Soleil avec une vitesse uniformément accélérée. Elle emploierait environ 64 jours & tomber, et elle arriverait sur l'astre avec une vitesse de 600 000 mètres pendant la dernière seconde.

Le calcul de la durée de la chute d'un corps planétaire sûr le Soleil, ou d'un satellite sur une planète, ou d'un objet situé à une grande hauteur sur la Terre ne peut plus être une simple application de la loi de la chute des corps à la surface du globe, mais doit tenir compte de la diminution progressive de la pesanteur, en raison inverse du carré de la distance. Aussi ne peut-on arriver au calcul qii'à l'aide de formules assez laborieuses, dont la plus simple est encore assez com- pliquée, comme on peut le voir :

*V^^=^?+i(r'+*)awœs

Les traités de mécanique rationnelle n'ont pressenti aucun rapport simple entre ce problème ' et celui du mouvement des corps célestes, et l'on voit même les résultats différer dans certaines applications, par exemple, quant au temps que la Lune mettrait à tomber sur la Terre.

Voici cependant les chiffres que Ton obtient en calculant le temps que les planètes emploieraient à tomber jusqu'au centre du Soleil, si la force centrifuge qui les en empêche était supprimée par l'arrêt de leur mouvement de translation* Le calcul est fait, en prenant % pour base les distances moyennes de chaque planète au Soleil.

Mercure 15J°nr»,55 .

Vénus 39 ,73

La Terre 64 ,57 f . .

Mars 121 ,44

Jupiter 765. ,87

Saturne 1901 ,93 .

Uranus 5424 ,57

Neptune;. 10628 ,73 i

Ces durées de la chute des planètes dans le Soleil ont déjà été cal-

560 LES Mût? DES.

culées 4att6 différente traité» d'astronomie, car la question qui noua

oçflupg ici est à plusieurs titres fort intéressante par elle-même. On les trouvera notamment, presque indentiques, dans l'Astronomie popu- Iqirç d'Arago, t. III, p. 356, à l'exception de Neptune seulement.

^ l'inspection cçtte série de nombres, un premier faiÇ frappp à'^jjftnj ftQtr? ^Pt*0!* : . c*est 9Me ces nombres sont entre eux comble \$% ^ijftça çpnjéqf des çubep <j[es distances, et qu'il ne serait pas né- cpftjffLJrq ge }esf c^culer fpu^ (Ijreqtement pour les obtenir. Ainsi, par j^e^|e>r§i^9p^çfl08idérpivs Saturne, sa distance au Soleil est de 9,53885; le cube de cette distance est 867,931, dont la racine carrée Sffi4H|>4f mQa «r lfk proportion ......

64,57. 1

ou

X = 64,5*? X 29,4» as 4903,

$ ajpçi pgif r .%gw planète .

Çetl$ pjrerçùçre 09051 dération, qui nous rappelle la troisième loi de Kepler, nous conduit maintenant à approfondir davantage le sens de ces nombres. Or, voici une propriété bien singulière au premier abord qui se manifeste en les comparant attentivement : c'es{ qu'en les mul- tipliant tous par un même coefficient, en apparence foftuit (5,656856), on reproduit Tannée même de chaque planète :

Mepcare,. , 45,5)5 X 6,6568»d=**' MJM%

¥éqqs, 39,73 X 5,656196 a* 224,7007

« , U Terre, «4,57 X 5,656866 m 365,2594

Mars, 421,44 X 5,656856 *s 686,9396

Jupiter, 765^87 X 5,656856 0= 4332,0*48

Sqtunie, 4201,03 X 5,656856 os 40750,2408

... luiras, 5424,57 X 5,656866 30686,8*08

Neptune, 10628,73 X 5,656606 9 60126,7200

Quel rapport existe entre l'année des planètes et le temps qu'elles emploieraient à to&ber dans le Soleil?. Ce rapport est évident, comme ou le voit; mais quel ordre est-il? Quel est ce coefficient si remar- quable 5,656856? ...

Assimilons un instant la chute de la Terre dans le Soleil à la moitié d'une ellipse extrêmement aplatie dont le périhélie aérait presque tan- gent au Soleil. L'ellipse aurait pour grand axe la distance actuelle de la Terre au Soleil, ç'est*à-dire la moitié, du diamètre actuel de l'orbite terrestre. Les carrés des temps étant entre eux comme les cubes des rfîstaàceé, la révolution de la Terre le long de cette nouvelle ellipse ferait

LES MONDES. m

dotinéé par la racine carrée dii cube de | ou de -, et pirf «ftMqtiétil

365 256 serait de ' ' = 128 jours. La moitié de cette révolution, ou, ce

qui revient au même, comme nous venons de le poser, le temps de la

chute jusqu'au Soleil, serait donné par la moitié de la racine carrée

i 365 256 ' V * \

de -, ou par '-— . Mais la moitié de la racine carrée de 5, c'est la o 5,657 o

irâWnfe carrée de ±. Donè; &afts'fcà jfes êim^1*»!»»!»^!»^^ <fc (dwfe 4^at il fc'agjt n'est autre que la révolution aopuell^ nquUtyliéQ

par k Racine iéarrée de 4r. ' ' : '' ' !*

Or, la racine carrée de 32, c'est notre coefficient 5,656856.

Ainsi, notre problème se pose maintenant dans de* termes qui for- mulent une loi extrêmement simple :'.__. . .„i

La durée de la chute de toute planète dans le Soleil, ou de tout satel- lite sur sa planète, n'est autre que la révolution divisée par la racine

d6 32 ! 5,656856*

Appliquée à la Lune, cette simple formule dônfte pour la durée de sa chute sur la Terre et jusqu'au centre ; 4 jourfc 19 heures 55 min.

On conçoit qu'elle puisse servir de la même façpn soit pour calculer la chute d'un bolide dont on connaît la hauteur, soit pour calculer la hauteur d'un corps doit m moquerait la durée de chute. A. de Hum- boldt rapporte, au tomt 111 de son Cosmos, p. 3^7, que l'astronome Gall de Berlin, en tenait compte de la décroissance rapide que l'attrac- tion du globe terrestre subit à des distances notables, s'est intéressé à calculer de quelle hauteur serait tombée l'enclume d'airain par laquelle Hésiode supposait mesurer la hauteur du ciel, laquelle avait mis neuf jours et neuf nuits à tomber. Dans ma formule, ce calcul peut être fait en une minute, en posant :

R = 9 X 5,656856 = pp|,91 1704,

50,91 a W

27.32a 60,27*'

h = v'7t)0200 = 91,4 = 581870 kilomètres, v ou, en retranchant la distance du centre de la Terre à la surface >

h = 575500 kilomètres. ,

Il serait facile de trouver up grand nombre d'applications utije^ de ç£tl$ formée* Iflajs, .indépçndammqtf de toute application^ j',ai$eçsé qu'il pouvait être intéressant de faire connaître ce rapport si simple

s

36*

LES MONDES.

qui relie la durée de la révolution des corps céleste» au problème gé- néral du calcul de leur chute vers le centre qui les gouverne.

MÉCANIQUE

. 1m compggMeur» d'air du Mont-Cenl». On sait que les machines qui perçaient le tunnel du JMont-Cenis étaient mues au moyen de l'air comprimé. Nous représentons ci-joint le compresseur d'air qui a été installé à Bardonnèche, à quelque distance de l'ouver- ture du tunnel.

&JG.&.

L'agent compresseur était l'eau qui, contenue dans un réservoir F et dans un tuyau cylindrique f9 comprimait l'air contenu en B (fig. 2) ; sous l'influence de la pression de la colonne /, la soupape t s'ouvrait de bas en haut et laissait passer l'air comprimé de la chambre de compression B dans le réservoir R.

C'est sur ce principe qu'était fondée la machine que nous représen- tons fig. 4 et 3, et qui est due à feu l'ingénieur français Sommellier

A est la colonne d'eau comprimante, B la chambre de compression, (fig. 3) CGC des tubes pour conduire l'air comprimé de la chambre de compression dans' le réservoir C. EE, valve d'alimentation de l'eau;

LES MONOKS. BtW

ment ; quand tmla levé. «ll« Ouvrt )m rtcJpfonte latéraux de décharge M quand ta Vtflmlfiae rite kg fémie. Quand on aftalfifrc la1 vaHa F, U 'VW !3 noraraadmw tp aiq«mp *j mwp am,t JMtWM jmr| raotf 93dsdno9 'hh îami JiJgiw «,i jrwd »d9dnos 'a :ic9n»]na»,p 8*iha 'j

.-«inoh sai ttw

56* LES MONDES.

qui relia la durée de la révolution des corps célestes au problème gé- nén] du MkuLdi lanjbJiM im lf rPntr T- les gouverne, valves d MtSMHMÏ ; L, levier pour SVfpr U Valve a aiiuÏBUiaTruii, et L', levier pour faire agir celle d'écoulement ; MM, récipient de décharge qui communique avec le canal N pour faire écouler l'eau utilisée au dehors ; PP, le niveau de l'eau quand 1* machine est prête à fonctionner.

La valve d'alimentation E se meut verticalement '; à l'endroit elle eat placée, la colonne d'eau prend une forme annulai» ; Us sorte que l'agent comprimant, au lieu de se mouvoir suivant le sens d* l'axe de la colonne en restant cylindrique, est transformé en une vaine annu- laire qui s'écoule autour de la valve et reprend, au-dessous, une forme cylindrique. La section de la veine annulaire est calculée de façon à être égale à la colonne cylindrique de compression, de façon que, dans toute la hauteur, la section de la colonne comprimante soit la

LES MONO*». 568

Htent ; iprand &*Ia Wi* elle OuvH* 1*6 ricipientB latéraux de décharge toft quand en l'abaisse elle Hs ferme. $uand on Btalèto la> valve F, la partie de iareolôftne d'éau qui èét tti-4e&ot!s de eèfrntfsé; en même temps que la chambre de compression B, en communio&tibtt âvétt Fafr efctérkrti^et atow l'eau en H et éb B prendra àaWWHetftefat te ntVfeau PP déterminé par le niveau de YteA dens le eanàî:d'*<!ha{*prtiiént« et da&s le réservoir M. cfîâmbre de compression B sertt fiotàfltèfae d'air jusqu'au niveau* tf, et les parties de colôfcnfe éôhtyrimantc contenues dans le syphon au-dessous de la valve E, et dans la portion annulaire ne sera plus soumise & aucune pression, excepté à celle de l'atmosphère.

La soupape G, placée au haut .64 b chambre de compression, en se soulevant, permet à l'air comprimé de passer de B dans le réservoir D ; puis, en se refermant, elle l'empêche d'en sortir. Les soupapes HH, «VM'lRTORt dftdetoft en &im,.ftxw1ter£ à l'Mf.d* p&tftrfir:$ans la ctqmfyre B, lorsque l'eau après .ly.camvww ftftt jffi*VIBBP W* -1* valve Fv , ..,.■;,./:-:..

Il ^t 4ipé, de comprendre le jeu du a>mpr*8peu?. §yi$o*qps flW Jepdepx v#Lviç& £ et Fspnt ferjnéep, et que le niveau 4ft l'wi* 4*Wfr Qtamfrrp Bj mt PP. flupposona que çetfc cfcajnhfla soit pleine 4'W atmosphérique, et qqe les SQupras HH soient lerpiées. . jAispçns Rabaisser maintenait (a vajve E ; la Qûloqoç 4,'ea^ A A A. %p m#tr* imiQédi^inept en mouvement, e^lle s'élèvera eh Ç, ai ctyupffir mefa l'air i^tenu dajop peUe chancre, jusqu'à ce que fr ipup^pe G #pU flHitevjfc ; akH9> ce pèjne air con^pripé p^netrçi* dan* le x/éft- pi#it b,i'€^u s'élèyerajuaqtfàpp flu'eUevWvk c'es^-dirç jwgi^i te qp'eUe ai} perdp toute sa, fore? de pompr^jqj) ; la valve G subirp, alçtrs d'çn dessous une pression due 1$ pjreQeiop staff que de la çoloûoe pc^grupjinte, tendis qu'çn sens contraire elle sypgpflera ui# pressjop ijouble la passion statique de la coIpwq 4A, gui ept due à *4 pre*- *îon, <te l'air jcçmprimé en D,

. , ^a colonnç 4'eau AA reste en ce moment & l'état 4e nepp*t Si ^ous jfcf jqpi)* 1* ^lye E au moyen du levier L, et si poijs quvç pm an moyen 4u lèvre L' 1^ valve F, l'eau contenue en 9 s'échapper^ dw le ftésejvw ftt e* de sera évacuée par le canal N ; à causette U. pression 4* l'atJWWbft)*, te ^f ** ftra ^ 8 » mais tes soupape fl& styivri- i$nt (le dalws en 4fttefl8* wm qua les petites soupapes 4'wétër#- ùoa Mf etltaui yiftndr* .occuper le wv»au PP. JUprs^le fiowjp^e^^r ew^Çi&i |pn^p«: de nouvee*. Jl s^fira, fiow *wir me autre « pulsation, » de fermer la valve F et tk'wmP la f«J|rePf

Les iraroptftt* .# («w vataw *m$ pwfarti pw w*

566 LES MONDES.

spéciale W (fig. 4) qui fait mouvoir le balancier S sur lequel sont placés des excentriques d'une forme particulière, lesquels produisent automatiquement l'ouverture et la fermeture des valves E et F au moment voulu.

Les gravures ci-jointes sont extraites du journal anglais l'Enginee- ring, et nous les devons à M. Auguste Lemoine, propriétaire dt la librairie centrale des ArU et Manufacturée, 15, quai Malaquais, seul dépositaire et représentant en France de cette excellente feuille.

CHIMIE

lar an nouveau dl«»olvAnt de l'iodure plombique et de mu application à la pHnrmacle, pur M. Donato Tomasi. Il y a quelque temps , en faisant réagir une solu- tion d'acétate plombique, acidulée par quelques gouttes d'acide acétique sur une solution d'iodure potassique additionnée de car- bonate de sodium, en vue d'étudier l'action de l'acide carboni- que naissant sur l'iodure plonfbique, je fus assez surpris de voir que, tandis que l'acide carbonique se dégageait avec une vive effervescence, le précipité jaune d'iodure plombique, au fur et à mesure qu'il se produisait, -dispiraissait immédiatement. Au pre- mier abord, je crus que l'iodure plombique se combinait à l'acétate de sodium pour former un nouveau composé soluble dans l'eau, liais bientôt je m'aperçus que ce n'était qu'un simple phénomène de dissolution. En effet, la solution d'acétate sodique renfermant l'iodure plombique abandonnée à elle-même pendant queltpie temps laissait déposer de jolies paillettes cristallines jaunes d'or, qui n'étaient autre chose que de l'iodure plombique cristallisé. Cette propriété dissolvante de l'acétate de sodium par rapport à l'iodure plombique mérite d'au* tant plus d'être signalée, que celui-ci est fort peu soluble dans la plu- part des liquides. L'alcool, l'éther, le chloroforme, l'acide acétique, la glycérine, etc., ne dissolvent pas les moindres traces d'iodure plom- bique. Ce composé ne se dissout que dans 4 235 parties d'eau froide et dans 494 parties d'eau bouillante (Wurtz, Chimie médicale). D'après l'officine de M. Dorvault, 5 parties d'iodure se dissoudraient dans 300 parties d'eau bouillante, ou bien dans 42 partie d'afcide pyroli- gneux dilué de 444 parties d'eau. '

Voilà la courte liste des dissolvants de l'iodure plombique.

LES MONDES. 567

Tl est à observer que, si cet iodure se dissout avec beaucoup de faci- lité dans les solutions d'acide iodhydrique ou des iodures alcalins, et dans le chlorure d'ammonium, c'est parce qu'il forme avec ces diffé- rents composés des combinaisons doubles, bien définies, et représen- tées par les formules suivantes :

Combinaison d'acide iodhydrique et d'io'dure plombique,

Pb"PJH = Pb',SjlH Iodure double de potassium et de plomb,

Pb'T,Kl = Pb"||lK Iodure double de sodium et de plomb,

Pbr,IsNal = Pb"jJlNa

Combiçainaison d'iodure plombique et de chlorure d'ammonium,

[(AzH4)'Cl],,PbffP(Hî(ï).

J'ai rappelé ces quelques faits afin que l'on ne puisse pas les con- fondre avec les véritables solutions.

L'acétate de sodium en solution concentrée peut dissoudre, ai-je dit, de grandes quantités d'iodure plombique.

50 ce. de cette solution peuvent dissoudre i gramme d'iodure; la même quantité de cette solution bouillante dissoudrait plus de S gr. d'iodure. Quelques gouttes d'acide acétique augmentent la solubilité de l'iodure plombique dans l'acétate sodique.

50 ce. de solution concentrée à frdid d'acétate sodique, addition- nés de 4/5 de centimètre cube d'acide acétique et chauffés à l'ébulli- tion, peuvent dissoudre jusqu'à 6 grammes d'iodure ; 90 ce. de solu- tion sursaturée et bouillante d'acétate sodique acidulée par quelques gouttes d'acide acétique, peuvent dissoudre jusqu'^ 8 grammes d'io- dure, ce qui ferait 40 p. 400. Si l'on ajoutait une trop grande quantité d'acide acétique, la solubilité de l'iodure plombique ne serait pas du tout augmentée.

Un* des premiers partis que l'on puisse tirer de ce fait, c'est, sans doute, de l'appliquer à la préparation de l'iodure plombique cristallisé.

On sait que ce composé s'obtient ordinairement en dissolvant l'io- dure plombique;dans un grand excès d'eau bouillante. Ce procédé*

M8 IBS MONDES.

comme je l'ai pu constater en diverses occasions, ma paru toujours être fort long, très-ennuyeux, et peu pratique*

Rien que pour obtenir une treqtaiue (le grammes d'iodure w*toUi**i il faut employer plus de 10 litres d'eau bouillante, et les chauffer peur dant un temps assez long. Pour obtenir oes 30 gramme* d'içdure d'après mon procédé, il ne faudrait employer qu'une centaine, de grammes de solution d'acétate sodique.

Voici en deux mots de qhelle manière on doit procéder dans la pré- paration de l'iodure cristallisé.

On chauffe à l'ébullition de l'acétate de sodium cristallisé et de l'eau dans les proportions suivantes :

Eau distillée 400 grammes.

Acétate sodique 160 »

Acide acétique.. .,....., « qq. gouttes.

D'un autre côté, on délaye 8 grammes d'iodure plombique dans une très -petite quantité d'eau, de façon à en faire une pâte très-épaisse. On projette ensuite celle-ci par petite quantités à la fois dans la solution d'acétate de sodium, en ayant soin d'agiter continuellement le liquide. Quand tout l'iodure s'.est dissous, on laisse refroidir. Après douze heures, on épuise la masse d'abord par une petite quantité d'eau froide, et ensuite par de plus grandes quantités, jusqu'à ce que l'iodure $oit entièrement débarrassé de l'acétate. On recueille les cristaux d'iodure sur un filtre, on les lave, on les sèche et finalement on les conserve dans un flacon.

Voici encore une application utile que l'on peut faire de la solubi- lité de l'induré plombique dans l'acétate de sodium.

Parfois l'iodure plombique est souillé par du chromate plombique; pour reconnaître l'existence de ce dernier composé, il faudrait, d'après l'officine de Jf Dorvault, qûq 4 gramme d'iodure plombique trituré avee 4 grammes de sel ammoniac et q. s. d'eau pour former une pâte de consistant* de miel, perdit complètement sa couleur jaune. D'après cet essaj, un iodure de plomb conserverait une teinte d'autant plus intense qu'il renfermerait plus de chromate. Cette méthode, qui est fort bonne pour reconnaître si l'iodure est souillé ou non dechrom*!*, ne doit pas être très~pratique> ce me semble, quand il s'agit de doser, même d'une manière approximative la quantité de chromate.

Voici le procédé que4 je propeeB d'y substituer : chauffer pendant 15 minutes 0 gr. 5 d'iodure plombique dans 50 ce* de solution sata- rée d'acétate sodique acidulée par quelques gouttes d'aorte acétique. Si l'iodure est pur, il doit se dissoudr* entièrement; ai, *u contraire,

»

LES MONDES. 3«0

il reftfMrmfi du chromate plota bique ; eelm-c* se dépose par le refroi* dlstottfent au fond du ballon.

Veut-on maintenant savoir an juste? combien ces 0 gf . 5 renferment de ehf&*àtti ; eh bien, on n'a qu'à recueillir sur «n iltre, préalable- ment taré, poudre insoluble dans l'acétate antique, la laver, la sé- éher, etftaaletoeftf lapeser.

1 8#t PJMare du filtre et P' le poids du filtre contenant le précipité ; F-tP représentera ptâdé de ce dernier.

Ce ptoéédé, quoique trèe^siteffle, est fort exaèt. Aussi ai*je ptt con- stater et doser avec la plus grande facilité 0 gr. 002 de chromate que j'avais mélangés avec 0 gr. 5 d'iodure.

Je te#urinerai cette note en signalant encore une application que l'on peut faire de la Solubilité de ftodute plombique dans l'acétate de sodium. ,

La glycérine, comme je l'ai déjà dit dès le' commeneemenft, ne dis- sout pas les plus petites quantités d'iodure piotabiqtte; mails elle peut en dissoudre des quantités assez considérables, si elle est additionnée d'acétate sodique.

Ce glyeérolé, qui tient f iodiire, non pas«eq suspension, mais en joàiftofe, tàcit, oe me semble, être plus actif que la pommade à l'ioduré plombique»

Quant à la présence de l'acétate sadique, je pense qu'il me doit avoir aneune influence fâcheuse dans les divers tas èù Von voudrait s'en servir, comme, par exemple, dans le traitement de la matrice, l'uleé- ratien des paupières, etc. On prépare ee glyeérolé en broyant dans un mortier en porcelaine les substances suivantes, jusqu'à ce que l'ioduré pkmlbique ait complètement disparu :

Solution saturée d'acétate sodique. . 15 ce.

ÇJyçérine, 25 ce.

lodure plombique 0*%4

Eau de rose qq. goutte*.

Si Ton trouve que ce glyeérolé est frop visqueux, ofi pfeut l'étendre avec une certaine quantité d'eau.

fffctfétufe* gélatine* osmn^ome, par M. Ernest MoNratt, cfe Valenciemes. «€eé trois substances sont èouvent confondues lès nfteâ avec les autres, de des erreurs qui peuvent aVoir des inconvé- nient*, Ohé* ebons à en faire connaître la différence.

I/ossétaé est une substance qui se trouve toute formée dans l'orga- nisme. On la trouve dans- la chair des jeunes animaux et principale-

»

!

570 LES MONDES»

ment dans les cartilages et les os** Cette dernière substance peut con- tenir jusqu'à 40 0/0 cfosséine. En traitant les os par de l'acide étendu, les sels calcaires se dissolvent, et on obtient l'osséine pure.

L'osséine est insoluble dans l'eau comme la viande, mais la cuisson * n'agit pas de la même façon sur ces deux substances. Mise dans l'eau bouillante, l'osséine se gonfle, et, au bout d'un certain temps, elle est cuite d'un façon convenable sans avoir subi aucune altération, mais si à partir de ce moment on prolonge l'ébullition, l'osséine se décompose et se dissout dans le liquide ; le produit de cette décomposition n'est autre chose que de la gélatine.

La gélatine est un corps qui ne se trouve pas tout formé dans l'or- ganisme; c'est une substance d'une production artificielle, ou le résul- tat d'une décomposition chimique opérée par l'eau bouillante sur l'osséine.

On obtiendra donc de la gélatine en faisant bouillir .plus ou moins longtemps des tissus qui contiennent de l'osséine; l'osséine se trans- formera en gélatine qui se dissoudra dans le liquide.

L'osséine, qui est insoluble dans l'eau, doit se comporter autrement dans la digestion que la gélatine qui s'y dissout en toute proportion. On sait que la tête de veau, que les pieds de mouton, etc., formés presque exclusivement d'osséine, sont nourrissants. Les chiens peuvent se nourrir d'os, ils s'assimilent l'osséine et rejettent une me* tière blanchâtre (album grœcum) composée entièrement des sels con- tenus dans les os» Dans l'organe digestif du chien, l'ospéine est donc extraite des os comme nous pourrions le faire au moyen d'acide étendu.

Si l'osséine est nourrissante, il. n'en est pas de même de la gélatine. On pensait que le bouillon devait ses propriétés nutritives à la gélatine qui s'y trouve dissoute; de les préparations de bouillons concentrés qui se prenaient en gelée par le refroidissement et que l'on donnait aux convalescents pour réparer leurs forces ; mais l'on reconnut que l'on prolongeait leur faiblesse et qu'un état maladif s'en suivait bien- tôt. C'est que, dans l'illusion l'on se trouvait que . la gélatine était nourrissante, on ne songeait pas à donner une nourriture plus conve- nable aux convalescents qui s'affaiblissaient de jour en jour.

Mais la gélatine a bien d'autres inconvénients : elle n'est pas assi* milée par les organes, et elle trouble les fonctions digestives»

Après de nombreuses expériences faites par une commission sur les propriétés de la gélatine, cette subsance fut proscrite des hôpitaux.

A ce même point de vue, on peut dire que l'instinct guide les ani- maux comme l'expérience a pu diriger l'homme, car les chiens et les

LES MONDES. K7{

p

rats, si avides de véritable» substances alimentaires, délaissent complé- ment la gélatine.

Le bouillon d'excellente qualité, c'est-à-dire celui qui est fait avec de la chair musculaire de bœuf, ne contient d'alleurs qu'une très- faible proportion de gélatine, 2 à 3 grammes par litre. L'odeur aromatique de ce bouillon, sa couleur. et l'action stimulante qu'il exerce sur l'estomac sont dues à une substance appelée communément oswazôme.

L'osmazôme, qui est sohible, constitue le principe sapide des viandes ; aussi la viande qui a bouilli perd-elle une grande partie de son goût que l'on retfourve dans le bouillon.

La viande des vieux animaux contient plus d'osmazôme que celle; des jeunes, les viandes noires en contiennent plus que les blanches, en6n les cartilages et les os en sont tout À. fait dépourvus. Le bouillon fait avec ces dernières substances' efet incolore et sans goût i il ne con- tient'c[ue delà gélatine. .. ' .

C'est l'osmazôme qui, sous l'action de la chaleur du four, caramélise la surface des rôtis et développe leur arôme. C'est encore l'osmazôme qui colore les sauces en brun rougeàtre. Si la sauce provient d'ani- maux adultes, on n'y trouve presque pas de gélatine ; elle se compose de graisse et d'une dissolution d'osmazôme qui ne se prend pas en gelée par le refroidissement comme le ferait la gélatine.

Lorsque la sauce est bien faite, la partie colorée par l'osmazôme est parfaitement limpide et se sépare d'une manière nette* de la graisse qui snrnage.

En évaporant cette dissolution, on obtient l'osmazôme solide soûs forme de petits cristaux brun-rougeâtfes»

Ce produit n'est autre chose que le bouillon Liebig ou extrait de viande [Extract ofmeat). On le prépare en grand dans diverses con- * trées du sud de l'Amérique, peuplées de troupeaux inuombrables de bœufs, de vaches et de taureaux. Liebig a bien soin de prévenir les ' consommateurs que, dans sa préparation, il n'entre pas la moindre pareille de gélatine ; en effet, ta . gélatine agirait tout à fait contre le but qu'il se propose d'atteindre et qui est celui-ci : obtenir une sub» stance qui nourrisse beaucoup sous un petit volume et qui puisse se conserver longtemps; or, œm^seulement la gélatine tiendrait ici une place inutile, mais, s'altérant prompterafent, elle nuirait bientôt à la conservation du produit En réalité cet extrait lui-même n'est guère plus nourrissant que la gélatine dont on cherche à le débar- rasser avec tant de soin, et .c'est à tort qu'on veut lui faire jouer un rôle important dans la nutrition. Il est, en effet, prouvé par Fana-

572 LES MONDES.

*

lyse chimique que les propriétés nutritives de oefc extrait sont limitées, et que, s'il rend des services, ce n'est pas tant comme aUtaen^ 'que comme stimulait très-biëfafaiiaiit. II peut ansai être utilisé eèmihe assaisonnement pour relever le goût de certains alimente et fcvo* riaei? la Ûigestidn. ' '

Ce que Ton dit de L'entrait de bouillon, comme valeur nutritif on peut* la dire à plus farte raisoto du bouille» hiKméme; il faut donc re- venir de ce préjugé si répandu qui fait du bouillon pur uneaubfctanee trèb-ndunrissante. Il peut à la vétité pbsséder des propriétés ttimu- lantes favorables au rétablissement dtla senti, mais pane; que le bouillon est stimulant, cela ne veux pas dite qu'il soit nourrissant* On peut d'ailleurs s'en rendre compte d'après une analyse laite par M. Ghevrtuk

bodvlIt>n d'exoeltente qualité avait été prépara & la manière or* dinadr* atec de la *iaade de bœuf et dee légumes.

Sur 1 000 grammes de ce bouillon, Ton trouvait 97it,ti d'qau et* 27*,5 d'extrait tiblido obtenu par évapoTation< Cet extrait solide con- tenait;

SSlfe™6) 5«b**»prww«#è8toflaBi«i i w . j |V

1 Substance organique provenant des légumes. ' ' 1 6 ( Sel de cuisine employé pour la confection du bouillon. * 10 Phosphates.de potasse, de soude, chaux, de magnésie. ' 0,o

La vdlctar nutritive bouillon ne pedifraét s'etphqnwrquoparla matière organique provenant de la viande; oii, ostfte matière est en ai petite quantité, ftte, fùt*éne très**nourriiaaiite, efte ne pourrait appor- ter u« appoint aérleux à L'alimentation. .< > \

Il faudrait, en effet, prendre 1 000 $r. de bouillon pur* soit la con- tenance de trois assiettes à soupe polir n'obtenir que lOfrw dfc nour- rituftre.

Il «fan serait pw de mtm du lait qui contient, jnon paa un titrait de viande, mai» bien, une substance équivalente à la viande mépiat ' llcontieût eq plus une matière grasse et une matière suec^e. La réunion de Ces trois » sobsttnees dans des proportions, déterminées ceftBtitife un aliment complet, c'est-à-dire petxvapt servi» seul à la nutrition» Aussi peufcen nourrir des enfiatita pendant dépannées entières eichisideaaeût avec du laid, ce que, daps aiHSBDe<6iroeflla£a&oe, on ne pourrait obtenir avec dubouillan pur. .

Yoiûir d'aprèe Af Payeo^ i'analyfite du kitide vache* ; .

LES MONDES. 573

Sur 1000 gr. de ce lait on trouve 864 gr. d'eau et 436 gr. d'extrait solide dont la composition suit (1) : Caséine, substance analogue à la viande* ••••• 43 gr.

Beurre 37

Lactose, substance analogue au sucre. ....... 52

Sels (chlorure de sodium et phosphate de chaux et de mag.). 4

436 gr.

Pour revenir aux substances qui nous occupent, l'osséine, la géla- tine et l'osmazôme, nous dirons que l'on confond souvent ces diffé- rentes substances, et que la chimie, en étudiant leus propriétés, en les précisant d'une manière nette, a rendu le plus grand service à la science alimentaire.

En résumé, l'osséine est une substance organisée comme la viande; cuite à point et relevée par un assaisonnement approprié, elle se digère facilement.

L'osmazôme, substance complexe, a un arôme très-prononcé qui se développe surtout par la chaleur du four, de même que l'arôme du café ainsi que toutes ses propriétés s'obtiennent par le grillage.

L'osmazôme n'est pas nourrissante, mais elle possède des propriétés stimulantes bien déterminées ; elle excite l'appétit et favorise les fonc- tions de l'estomac.

La gélatine est de l'osséine qui a été décomposée par la chaleur ; non-seulement elle ne possède aucune valeur nutritive, mais elle trouble les fonctions Jigestives. Quand elle est pure, elle est sans cou* leur, sans odeur et sans goût, de plus, elle s'altère avec la plus grande facilité. C'est pour ainsi dire une matière inerte dont la composition chimique est exactement la même que celle de la colle forte. »

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DU LUNDI 25 MARS 4872

L'élection que l'Académie a faite de M. Rolland, pour remplir la place laisée vacante dans la section de mécanique, est approuvée, M. Rol- land prend place parmi ses confrères.

(1) Noos avons pris les analyses sur nne même quantité da bouillon st de lait afin de mieux montrer la différence entre les valeurs nutritives de ces danx aliments.

41

574 LbS MONDES.

Note sur l'emploi simultané des appareils électriques à induction et de? appareils à déformation des solides pour l'étude des lois du mouvement des projectiles et de la variation des pressions dans Vâme des bouches à feu, par M. le général Morin. Le but principal de cette note est de ré- sumer et de discuter les recherches expérimentales de M. le capitaine A. Noble, de l'artillerie royale d'Angleterre, sur les lois du*mouvement des projectiles dans l'àme des canons; il conclut ainsi :

« Le chronoscope de M. le capitaine Noble ou d'autres appareils électriques analogues qui utilisent les indications de l'étincelle d'in- duction permettent de déterminer avec une précision suffisante pour l'étude des questions d'artillerie la loi du mouvement si rapide des projectiles dans l'àme des bouches à feu ;

L'appareil de compression muni de cylindres en cuivre que l'action du gaz déforme plus ou moins fournit sur l'intensité des pres- sions développées en différents points de la longueur de l'àme des indications qui permettent de comparer les effets des diverses variétés de poudre et qui, dans leur ensemble, concordent avec les lois indi- quées par Piobert ;

L'appareil analogue proposé, vers 1866, par H. Tresca, et dans lequel, au lieu des cylindres en cuivre on emploie des cylindres en plomb que la pression des gaz oblige à s'écouler sous forme de jets coniques, dont la longueur est en rapport direct et déterminé avec l'in- tensité maximum des pressions, donnerait des résultats bien plus précis encore, attendu que les jets de plomb atteignent des longueurs de plusieurs centimètres, ainsi que l'ont montré de premiers essais exécutés sous la direction de M. de Reffye ;

Les méthodes graphiques indiquées plus haut permettent, par la quadrature des courbes des pressions et par la construction de la loi des vitesses du projectile , de vérifier a posteriori l'exac- titude des indications fournies par les appareils, et montrent le degré de confiance qu'on doit accorder aux conséquences que l'on en déduit;

5" Enfin, les conséquences et les expériences qui y ont conduit ont, pour l'étude des nouvelles bouches à feu et des poudres qu'il con- vient d'y employer, une telle importance, que Ton doit vivement dési- ter que des recherches analogues soient exécutées le plus tôt possible furuiie nouvelle Commission des principes du tir, à laquelle le Gou- vernement donnerait les moyens les plus larges d'exécution et toute la liberté d'action nécessaire pour conduire à bonne fin ces études dé- licates et difficiles.

Réponse de M. de Vergnette-Lamottc aux observations de M* Pas-

LES MONDES. 575

tair.— « En résumé, si l'Académie veut bien remarquer que mop Mémoire de 1850, qui a' soulevé de si nombreuses critiques, a éj,é publié il y a vingt-deux ans, elle m'accordera, je l'espère, qu'il avait déjà jeté quelque lumière sur cette question, si neuve alors, du chauf- fage des vins.

Ainsi, après avoir confirmé le principe d' Appert, j'avais abaissé & {K> degrés la température du chauffage, température que j'avais d'abord portée à 95° C.

Je signalais, dans ce travail, le grand défaut du chauffage qui des- sèche et maigrit les vins.

Enfin, après avoir fait mes réserves sur les effets nuisibles qu'il pouvait avoir sur certains vins, je disais qu'il m'avait toujours donné d'excellents résultats avec les vins blancs.

Ces observations ont aujourd'hui la consécration du temps. Aussi l'Académie me permettra de lui dire, en terminant, que si, dans ce dé- bat, j'ai fait tous mes efforts peur laisser de côté devant elle des ques- tions personnelles et irritantes, j'entends ne rien abandonner de ce qui peut m'appartenir dans les travaux qui ont été publiés sur le chauffage des vins. »

Réplique de M. Pasteur à la communication qui précède, -r « En résumé, Appert, ainsi que je l'ai publié le premier /dans nos Comptes rendus (séance du 4 décembre 1865), a affirmé la possibilité de la conservation des vins par le chauffage, mais il ne l'a pas démon- trée, M. de Vergnette, en 1850, s'est attribué le mérite qui revient* à Appert d'avoir le premier appliqué la chaleur aux vins, et il a obscurci complètement laquestion gardes erreurs palpables. J'ai, le premier, non- seulement démontré la conservation possible de tous les vins naturels, les plus communs comme les plus fins, par une action préalable de la ehaleur, à 60 degrés, ne fût-ce que pendant une minute; j'ai donné, en outre, la théorie complète de cette pratique. En France comme à l'étranger; le temps et la raison ont déjà fait justice de toutes les asser- tions contraires. En Bourgogne notamment, je sais que l'on s'étonne des prétentions de M. de Vergnette et des affirmations gratuites de son ami M. Thenard, qui a cru pouvoir traiter ex abrupto, devant le Con- seil général de la Côte-d'Or, en 1869, une question de priorité, n'ayant qu'une connaissance très-insuffisante du sujet, o

M. Thenard, dans une note très-courte, se justifie et du silence gardé par lui en 1855, dans son exposé du livre scientifique de M* de Vergnette-Lamotte, sur son mémoire de 1850 et le chauflaf* des vins, et de la justice qu'il a cru devoir rendre plus tard à son honorable compatriote, lorsque M. le maréchal Vaillant, ignorant peut-être les

V7» LES MONDES.

travaux d'Appert et ceux de M. de Vergnette-Lamotte est venu, devant la Bourgogne étonnée, élever un piédestal à M. Pasteur. « Ce n'est qu'à regret, dit en terminant H. Thenard, que je suis entré dans cette discussion, la science n'a rien à gagner, et des hommes de mérite beaucoup à perdre; mais, puisque je suis contraint de parler, je dois dire ce qui, pour fnoi, est la vérité : ce qu'il y avait d'acquis à la question en 4854, c'est que, Appert, par la méthode de chauffage en vase clos à 70 degrés, préservait les vins des maladies auxquelles, sans le chauffage, ils sont naturellement sujets, mais ils les rendait sujets à d'autres maladies commercialement tout aussi dangeureuses. C'est ce qu'avait découvert M. de Vergnette-Lamotte dans son mémoire de 1850.

Sur les dégâts produits par la foudre à Atolri, en frappant un para- tonnerre. — La foudre a fondu la pointe en cuivre du paratonnerre jusqu'au diamètre de 1 1 millimètres ; quittant les conducteurs, franchis- sant une distance de 10 à 12 mètres, creusant une tranchée rectiligne, elle est allée frapper deux tuyaux du château-d'eau voisin et les a bri- sés, quoique ces tuyaux fussent en communication avec un troisième de 15 centimètres de diamètre et de 15 kilomètres de longueur; en même temps elle lançait en l'air les tampons qui les fermaient , et déformait les grilles de plomb de la boite de division de l'eau. Ce fait montre combien il faut avoir de circonspection lorsqu'on réunit des tuyaux aux paratonnerres, ou qu'on les place simplement dans leur voisi- nage. Le R. P. Secchi croit que les tuyaux ont été brisés par explosion, sous la pression delà vapeur engendrée par l'énorme chaleur de la dé- charge; cela est bien difficile à croire.

Considérations théoriques ayant trait à l'artillerie rayée. Effets de la résistance de Vair sur un solide de révolution animé d'un mouvement de rotation simultané, par M. Y. Albenque. L'idéal à réaliser serait un projectile de forme allongée restant constamment tangent à la trajec- toire décrite par son centre de gravité; or, non -seulement le mouve- ment de rotation est loin d'avoir permis d'atteindre ce résultat, mais en- core il est certain qu'avec lui on ne l'atteindra jamais. Cette conclusion est peu encourageante.

M. Léon Dalemagne communique les résultats qu'il a obtenus dans la silicatisation des matériaux calcaires.

Dans une lettre transmise par le Ministre des affaires étrangères, M. Gauldrée-Boileau signale plusieurs secousses de tremblements de terre survenues en janvier dernier à Lima, à Callao et à Arequipa. La secousse du 20 janvier a coïncidé avec une des plus fortes marées de Tannée,

LES MONDES. 577

Sur la détermination des brachislochrones, par M. Bresse. « La méthode que j'emploie est analogue à celle au moyen de laquelle Jac- ques Bernoulli résolut le problème posé par son frère Jean : seulement je considère , au lieu d'un point pesant, un point soumis à des forces quelconques, avec cette seule condition qu'il existe des surfaces de ni* veau et une fonction des forces. M 'appuyant sur le résultat connu du problème de minimum de Fermât, j'en conclus très-simplement : que labrachistochronedoit avoir son plan oscillateur sans cesse nor- mal aux surfaces de niveau, à chaque point de rencontre ; que la force accélératrice totale est égale à la force normale à la surface de ni- veau, mais que ces deux forces sont symétriquement situées par rap- port à la tangente à la trajectoire, la première du côté de la concavité la seconde au dehors. Cela conduit aux équations différentielles de la courbe demandée, savoir, quand l'arc s est pris pour variable indépen- dante. »

Recherches géométriques sur le contact du 3me ordre de deux surfaces. par M. Mannhem.— Généralisant le théorème de M. Dupin. « Théor. 1. Dès que deux surfaces sont osculairices en un même point, dans trois de leurs sections différentes, mais arbitraires, elles le sont encore dans toutes les sections possibles faites à partir du point de contact par une surface cou- pante quelconque; M. Mannheim démontre les trois théorèmes suivants :

Théor. II. Dès que deux surfaces ont en un même point un contact du 3* ordre dans quatre de leurs sections différentes, mais arbitraires, elles ont encore le même contact dam toutes les autres sections possibles faites à partir du point de contact par une surface coupante quelconque.

Théor. III. Dès que deux surfaces, passant par un même point à, admettent trois normalies respectivement osculairices entre elles, ces deux surfaces ont en a un contact du ordre.

THÉOR. IV. Les centres de courbure des développées de toutes les sec~ tions faites dans une surface par des plans passant par une même tangente à cette surface, et qui correspondent au point de contact de cette tangente, sont sur une ellipse. »

Etude physique du plan d'épreuve, par M. Volpicell. On a ra-, cours au plan d'épreuve pour déterminer les trois rapports suivants : rapport entre la charge reçue par plan d'épreuve et la charge que possède l'élément superficiel touché par le plan lui-même, sans inter- vention de l'influence électrique ; rapport entre la charge induite sur le même plan d'épreuve communiquant avec le sol tant que dure l'in- fluence et sa distance à l'inducteur ; rapport semblable au premier, mais dans le cas le corps touché par le plan et lq plan lui-même, sont tous les deux soumis à l'influence électrique.

578 LES MONDES.

Les causés desquelles dépendent ces effets sont au nombre de qua- tre : la nature et la quantité de l'isolant annexé au plan d'épreuve; â° la forme et les dimensions de ce dernier; la manière dont' il est approché, puis séparé du corps touché; l'intensité plus ou moins grande de l'induction, si elle a lieu. M. Volpicelli étudie avec soin chacune de ces causes et en déduit le6 précautions à prendre pour ap- précier sainement les indications.

Sur un nouveau type de cristaux idiocyclophanes, par M. Jean- netàt. Herschel a donné le nom d 'idiocyclophanes à des cristaux signalés par Brewster, au travers -desquels on aperçoit à l'œil nu, sans le secours d'aucun instrument, les anneaux colorés que l'on ne voit d'habitude qu'au moyen des appareils de polarisation. Le cristal si- gnalé par M. Jeannetat est un cristal d'axinite. Ayant eu l'occasion de faire dresser parallèlement l'une à l'autre deux surfaces de ce cristal transparent et violacé, et regardant dans une direction à peu près nor- male aux faces, ou mieux dans la direction d'un des axes optiques, il aperçut deux régions franchement hyperboliques, et, dans l'intervalle, des régions de différentes couleurs. M. Jeannetat dit lui-même que ce phénomène avait été signalé par Herschel qui l'attribue au dichrolsme que possède Taxinite.

Sur le spectre d'absorption de la vapeur de soufre, par M. Salît. « Le fait observé par M. Gernez, que la vapeur de soufre doit être surchauffée pour donner un spectre, ne m'avait pas échappé ; j'avais même constaté que les raies sombres de ce spectre coïncident avec les bandes lumineuses du spectre du soufre dans la flamme de l'hydro- gène, et qu'elles présentent leur maximum du côté le plus réfrangible.

Sur une nouvelle classe de combinaisons de la dulcile avec les kydracides, par M. G. Bouchardat. Ces composés s'obtiennent en mettant la dulcite en contact avec Tadide chlorhydrique, l'acide îodhy- drique, l'acide brorahydrique aqueux, saturés à zéro; ils semblent correspondre tous à un hydrate de dulcine G14 H44 -f- 4H*0* qu'on n'a pu encore obtenir ; ils diffèrent complètement des éthers que la dulcite forme avec les mêmes hydracides.

Action du brome sur le protochlorure de phosphore ■, par M. Prin- VAtfiT. Conclusion. La production des chlorobromures Ph Cl*Bt» et FhCl'Br* par l'action du brome sur le protochlorure de phosphore est en contradiction avec les idées d'atomicité soutenues par certains chi- mistes ; car, d'après eux, le corps possible dans ces circonstances est Ph Cl1 Brs. Au point de vue formulaire (je ne dis pas au point de vue efaMiq&t) on pourra être séduit par les analogies qu'expriment «w- attfoe suivantes s

et enfin

LES MOiNDES. 579

Âoide phosphorique. Acide pyrophoaphorique.

Ph H1 = Ph Ha 0? HO

Ph Cl» Br* a= Ph CfBi* -f- CIBr,

Aoide hypophosphoreux.

2 (Ph tt> 0*) = Ph H' -f- Ph H%

2 (Ph CP Br* = Ph CP B£* 4- Ph Cl1 ,

Ph K8 4- 0" = Ph 05, 3 KO, Ph Cl1 -h Br8 = Ph Br6, 2 Cl Br.

Sur les crocodiliens fossiles de Saint-Géraud-le-Puy^ par M. É. Vaillant» En résumé, on peut voir par là, comme déjà plusieurs observations l'avaient fait pressentir, que cette faune, déjà si riche pour les autres classes de Vertébrés supérieurs, n'était pas moins bien partagée pour le6 Reptiles, à en juger par ceux que je viens tiiéfi- tionner. Des trois espèces citées, deux se rapportent à un sous-genre qui ne nous est pas connu dans la nature vivante; la troisième, au contraire, se rapproche des Crocodiles de l'ancien monde, et en parti- culier de ceux de l'Afrique ; cependant il faut remarquer qu'elle pré- sente certains caractères de* Cilmansdu nouveau continent, fait d'au- tant plus digne d'intérêt que certaines espèces des couches supérieures au London-Clay, telles que les C. ffastingsiœ, Owen, et C. Ilantoniensis, Owen, nous offrent des particularités analogues; et ces couches, ran- gées par la plupart des géologues dans l'éocène supérieur, peuvent jusqu'à un certain point être rapprochées des couches miocènes du Bourbonnais.

Considérations générales sur técorce des Ericinées9 par M. A. Gris. L'absence d'un suber sous-épidermique, la mortification rapide du prosenchyme, l'existence d'un périderme intra-libérien sont les traits généraux de la structure de l'écorce dans les Ericinées. D'autre part, l'organisation de la couche herbacée, la présence ou l'absence et la structure intime du prosenchyme, l'apparition plus ou moins précoce d'un périderme interne variant dans le nombre de ses couches et la manière d'être de ses éléments sont autant de traits anatomiques pro- pres à caractériser les genres. Nous ajouterons que la mortification précoce du prosenchyme montre une fois (te plus le peu d'importance physiologique de cette partie de Técorce, dont l'élément véritablement essentiel est le tissu cribreux.

Observations sur l'existence de la matière minérate dans tes plantes, par M. A. Baudrihont, de Bordeaux. M. Sacc avait dit

qu'il n'y a point de rapport chimique entre la matière organique <W

580 LES MONDES.

plantes et leurs cendres. M. Baudrimont avait révoqué cette assertion en doute comme contraire à l'ensemble des faits observés. M. Sacc Ta maintenue en l'appuyant de faits qui devaient être pris en considéra- tion; cette persistance a conduit M. Baudrimont aune longue série d'expériences dont il formule comme il suit les résultats favorables, il nous semble, à l'opinion de M. Sacc : Il y a de la matière minérale dans toutes les plantes, même dans celles qui paraîtraient n'en pas devoir contenir d'après les circonstances dans lesquelles elles croissent et vivent; la matière minérale contenue dans un végétal doit s'y trouver au moins dans deux conditions distinctes : simplement dis* soute dans le suc végétal, soit comme n'ayant point encore pu être utilisée, soit comme inassimilable, ou comme produit de déjection ; unie ou fixée avec la matière organique. Ce dernier mode d'union a lieu en proportions variables], depuis la quantité la plus minime, celle qui est indispensable à la production de la matière organique , jusqu'à une limite l'action réciproque des parties devient nulle ; la variabilité des proportiQns relatives de la matière organique et de la matière minérale indique .qu'elles ne sont point unies entre elles comme les éléments des composés fondamentaux de la chimie le sont entre eux. Au heu d'une combinaison intime, en proportions définies entre les éléments des molécules, ainsi que cela est et de- meure indubitable pour l'acide chlor hydrique, l'eau, l'ammonia- que, etc., etc., l'acide carbonique, il n'y a qu'une simple réunion adhésive avec conservation de la structure fondamentale des pro- duits organiques.

Sur le gonolobus condurango, par M. Trjàna. On parle beaucoup, sous le nom de condurango ,• d'un nouvel agent thérapeu- tique qui ne serait rien moins qu'un antidote ou spécifique du cancer. M. Triaua n'a pas vit* en mesure de vérifier les guérisons dont on a fait tant de bruit ; mais il sait : que, parmi les maladies guéries par cette plante, plusieurs étaient, si non de nature cancéreuse, du moins t. ut aussi graves et toul aussi incurables ; que cette plante possède des propriétés antisyphylitiques et dépuratives réelles. Sa note est tout6 botanique; elle a pour but de prouver que le condurango, d'après ses caractères, est une espèce de gonolobus qui doit être nouvelle, et qu'il appelle gonolobus condurango.

—Présence de la dunite en fragments empâtés dans les basaltes de Vile Bourbon. Le fait de la présence de la dunite dans le ba- salte de Bourbon m'a paru mériter d'être signalé,* parce qu'il révèle l'existence, dans les profondeurs du globe et sur de très-vastes éten- dues, d'une roche connue seulement jusqu'ici sur les hautes mon-

\

LES MONDES- 881

tagnes qu'elle constitue près de Nelson, à la Nouvelle-Zélande, roche qui, suivant la remarque de M. Daubrée, offre le caractère intéressant de reproduire dans sa constitution minéralogique le type très-rare de météorites auquel appartient la pierre tombée à Chassigny, dans la Haute-Marne, le 3 octobre 1815.

Sur les aurores boréale* et leur origine cosmique, par M. Donàti. Le savant directeur de l'Observatoire de Florence, fait hommage d'une leçon faite récemment par lui, dans laquelle il soutient que les aurores boréales peuvent bien dépendre d'un échange d'électricité entre le soleil et les planètes, et suppose que cet échange est peut- être la cause qui modifie l'état électrique naturel de la terre et produit nos aurores boréales.

Sur les propriétés de la moelle des os, par M. Felz. —Suivant l'auteur, les lacunes osseuses du tissu spongieux des extrémités longues et de la substance intertubuleuse des os plats sont en communi- cation directe avec le système veineux, et le tissu spongieux pour- rait être considéré comme un tissu de sinus caverneux à parois so- lides. Il démontre par des expériences nouvelles que, par l'intermé- diaire du tissu médullaire des os, on peut introduire à volonté toute espèce de substance liquide ou en suspension moléculaire dans le sys- tème veineux.

Expériences sur la génération spontanée , par MM. Legros et Onimus. <c Nous enlevons une portion de la coque d'un œuf, près de la chambre à air, en laissant complètement intacte la membrane enveloppante, dite membrane de la coque, et nous plongeons cette partie de l'œuf dans de l'eau très-fortement sucrée. Au bout de quel- ques heures, le mouvement d'endosmose a fait pénétrer dans l'œuf du sucre, comme cela est facile à constater par les réactifs ordinaires- Cet œuf est ensuite plongé dans de l'eau sucrée en fermentation, à une température de 35 à 37 degrés. Au bout de deux à trois jours, mais surtout «après sept ou huit jours, on constate au microscope la présence, dans le blanc d'oeuf, des spores de la fermentation sucrée. » Voilà l'expérience, voici le raisonnement et la conclusion. L'air extérieur n'a pu pénétrer dans l'intérieur de l'œuf! Il n'y avait primitivement au- cun germe, ni dans le blanc ni dans le jaune de l'œuf! La membrane est partout continue, et elle ne renferme normalement aucune ouver- ture ! Donc les spores ont été engendrés spontanément! Ce sont évi- demment des assertions gratuites et fausses; car qui ne sait que les œufs en vieillissant se vident de matière et se remplissent d'air. M. Donnée recteur de l'Académie de Montpellier, croyant avoir trouvé la pie sur le nid, apporta, il y a quelques années, à l'Académie, une expérience analogue ; mais il ne tarda pas à s'apercevoir qu'il s'était

58« 1M MONDES

grossièrement trompé, et il eut la franchise d'en convenir, MM. Legros et Onimus l'imiteront-ils ? 11 n'y avait que M. Charles Robin qui, à l'Académie des sciences, pût se faire l'écho d'une expérience faite si légèrement,

Sur la marche de la putréfaction cadavérique chez les sujets alcoolisés, par M. Chàmpottillon. Rapprochant divers faits observés' par lui dans les derniers jours de l'insurrection sur de nombreux cada- vres d'iosurgés et de militaires, M. Champouillon croit pouvoir affir- mer que l'ivrognerie crée dans l'organisme une sorte d'adynamie morbide analogue à l'adynamie des fièvres putrides, et capable de fa- voriser la rapidité d'action dés causes de décompositions post mor- tem ; et que la putréfaction cadavérique, chez les sujets alcoolisés, prend et conserve une avance marquée sur le début de la putréfaction chez les individus relativement. F. Moigno.

Les Comptes rendus avaient 57 pages et étaient signés Elie de Beau- mont.

REYUE ÉTRANGÈRE, PAR M. J.-B. VIOLLET.

Communication entre l'Angleterre et l'Amérique.

Sur ce sujet deux propositions sont à Tordre du jour. Suivant la pre- mière, qui est actuellement soumise à l'examen des diverses chambres de commerce, les gouvernements anglais et américain feraient l'ac- quisition de tous les câble existants, et s'empareraient de l'exploita* tion de toutes les lignes futures. Suivant la seconde, il ne s'agirait que de la construction d'une nouvelle ligne sous-marine, en concurrence avec celles qui existent. Ces deux propositions ont un but commun, entièrement à l'avantage du public : elles tendent à une grande réduction dans le prix des télégrammes.

Laboratoire de physique de l'Institut de technologie de MaMaehusettrt. Un rapport sur le laboratoire de physique de l'Institut de Technologie de Massachusetts a été présenté au profes- seur J. D. Runkle, président de l'Institut, par E. C. Pickering, pro- fesseur de physique. Le but qu'on s'est proposé dans rétablissement du laboratoire a été de se procurer des appareils et des instruments pour faire les expériences de cours les plus ordinaires, de fourrir une place Ton puisse faire des recherches d'un ordre élevé, et de fournir des professeurs de physique pour les nombreux collèges qui surgis- sent maintenant sur tout le continent de l'Amérique. Des détails sont donnés, sur un certain 1* ombre d'expériences d'un ordre élevé qui ont été exécutées avec succès dans le laboratoire pendant le cours de l'an*

LES MONDES 583

Sar le commerce des huître», à New-York. Nous extrayons d'une notice assez étendue, publiée par le New-York Jour- nal of Cwmercè, quelques détails qui nous paraissent intéressants.

Le commerce des huîtres, à New- York, dit ce journal, emploie près de 450 bâtiments à toiles, montés par 700 matelots, et produit des millions de boisseaux d'huîtres par an. On voit souvent le long des quais de New-York près de 60 bâtiments à huîtres, amarrés à la fois. Ces bâtiments, solidement construits, et divisés en plusieurs comparti- ments qui peuvent contenir des milliers de boisseaux d'huîtres, coûtent de 16 000 à 27 000 francs chacun.

La saison commence au 4" octobre et se prolonge jusqu'au milieu de mars ou au itr avril. La flotte huitrière se compose principalement de sehooners de 85 à 250 tonneaux, et recueille les produits des dra- gages opérés sur les bancs de York river, de Key Port, de City Island, de Cow fiay, etc. De New- York, les huîtres sont embarquées en barils dans leurs coquilles, ou bien ouvertes et déposées avec delà glace dans des baquets que les chemins de fer transportent à Boston, à Providence, à Portland, à Chicago et même à San-Prancrsco. La répartition des chargements entre les commerçants en détail donne lieu à un mouve- ment considérable d'affaires dont la rapidité étonne toujours ceux qui en sont témoins pour la première fois.

Ce commerce, à New-York, dépend beaucoup de la température. Quand les nuits sont claires et fraîches et que les étoiles brillent, lea consommateurs encombrent les restaurants ; si le mauvais temps s'op- pose à la promenade, on augmente 1er* expéditions par les chemins de fer, mais le pri* de détail ne varie jamais.

Ce commerce exige un degré de perfection très*délicate dans l'organe du goût. Un consommateur habile peut dire d'où provient le malheu- reux bivalve qu'il Ta engloutir, et se prononcer d'avance sur sa qualité, ou même sur son âge. Les commerçants en gros de New- York ont versé dans cette industrie plus de 46,000,000 de francs, et reçoivent chaque année une quantité d'huîtres que l'on estime moyennement à plu* de 2,500,000 boisseaux. Pendant les chaleurs, les huîtres sont expédiées sur left chemins de fer dans des wagons munis de réfrigérants, ce qui constitue un perfectionnement tout récent.

Comme toutes les autres branches d'industrie, le commerce des huîtres a ses chances mauvaises. H n'y a pas plus de trois ans, plu- sieurs centaines de propriétaires de bancs, principalement les petits» ont été ruinés par les ravages du Tambour, (Pagonias chromis), poisson de mer qui est la terreur des huitriers. Des troupes innom- btftbie* 4e te singulier habitant des eaux profondes ont fait irruntiq^

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584 LES MONDES

au milieu des bancs et les ont profondément dévastés en dévorant des centaines de mille boisseaux d'huîtres dans l'espace de trois jours. Ce poisson, remarquable par le bruit qu'il produit en voyageant sur les eaux, brise les écailles entre ses mâchoires, les réduit en petits frag- ments, sur le corps du mollusque, et ne laisse derrière lui que la des- truction et la ruine*

Exploration* de» région» arctique» , par M. Noa- denskjold. On a publié récemment en Suède, en Danemark et en Allemagne, plusieurs relations de voyages dans les régions arctiques. Parmi ces ouvrages, on doit distinguer le mémoire de M. le professeur Nordenskjôld, sur une expédition poussée jusqu'au Groenland, en 1870, mémoire réimprimé d'après les comptes rendus de l'Académie des sciences de Suède. M. Nordenskjôld y décrit entièrement le voyage qu'il a fait sur les glaces intérieures du Groenland en compagnie du doc- teur Berggren de Lund, et de deux Esquimaux. Après avoir parcouru une cinquantaine de kilomètres, et monté jusqu'à une hauteur de 600 mètres sur la glace, les voyageurs furent obligés de revenir sur leurs pas, comme d'autres explorateurs qui avaient entrepris une ex- pédition semblable en partant de la côte opposée. Tous n'avaient aperçu autre chose qu'un glacier d'une étendue qui semblait illimitée et d'un aspect désolé. Selon toutes les apparences, la partie intérieure du Groenland est totalement occupée par un immense glacier, opinion énoncée, il y a déjà longtemps, par Rink et soutenue plus récemment, en 4871, par le docteur Robert Brown, dans un mémoire lu devant l'association Britannique d'Edimbourg. Sur cette lugubre surface de glace, les explorateurs n'ont vu aucun être vivant, ni aucune moraine. Les seules traces d'organisation qu'ils y aient aperçues étaient quelques diatomacées ou petites plantes microscopiques que Ton trouve fré- quemment sur la glace. Le reste de leur temps a été employé à recueillir des plantes fossiles de l'époque miocène ou des couches crétacées de Disko et de Noursoak, dans lesquelles ils ont trouvé un certain nombre d'espèces nouvelles, différentes de celles qui avaient été recueillies par MM. Brown et Wimper, en 1867. Parmi les plus intéressants résultats de cette expédition figurent des pierres météoriques, auxquelles quel- ques géologues croient cependant pouvoir assigner une origine sim- plement terrestre. M. Nordenskjôld les a décrites dans une séance récente de la Société géologique. (Athenœum.)

Méduse ou poisson gélatineux. La masse de cet animal contient une si grande proportion d'eau, qu'on en a vu un perdre les

LES MONDES 385

99 centième* de son poids (15 kilog.), en se desséchant, pendant une exposition de quelquesjours au soleil. M. le professeur Agassiz, en écri- vant sur l'aspect peu attrayant de cette lourde masse, dit que, pour s'en faire une idée exacte, il faut être assez heureux pour le rencontrer na- geant lentement, vers midi, et étalant son large disque semi-transpa- rent avec son manteau flexible, divisé en lobes, réfléchissant les rayons du soleil, et laissant flotter derrière lui ses tentacules, à une distance d'un grand nombre de mètres. Lorsque nous rencontrâmes, dit-il, une de ces volumineuses méduses, près de notre canot, nous essayâmes d'en mesurer approximativement les dimensions. Elle se tenait tran- quillement près de la surface et ne parut nullement inquiète, lorsque nous étendîmes une de nos rames au dessus de son disque, dont le diamètre, ainsi que nous pûmes le constater, était de 2 mètres i3 cen- timètres.

Nous fîmes reculer lentement le canot le long de ses tentacules, qui flottaient complètement déployées, et en les mesurant de la même ma- nière, nous trouvâmes qu'ils couvraient un espace d'environ 34 mètres. Cette énorme masse provient d'une hydrolde qui n'a pas plus de 0 m. 012 millimètres de longueur. (Scientific American.)

Emploi de l'aelie earbollque pour le collage de» pa- piers de tenture. Le Journal of Aplied Chemiitry conseille d'introduire une petite quantité d'acide phénique dans la colle employée pour poser les papiers de tenture, ou dans la lessive, et dit que ce moyen écarte tous les insectes. Il neutralise aussi l'odeur désagréable que produit la colle en se décomposant. On conseille d'employer l'acide à l'état cristallin et de faire la dissolution, en élevant la température.

Longévité. Le nommé Thomas Fitzgerald , à Rhinecliff, sur l'Hudson, état de New- York, a maintenant 108 ans. Sa femme en a 400. Ils sont tous les deux en bonne santé. (Ibid.)

Falsification de» eo en pondre.* Les os broyés pour les usages agricoles sont, dit-on, falsifiés maintenant au moyen des dé- chets de tour et de râpe, provenant de l'ivoire végétal. (Noix du Phy- tekphas macrocarpa.) On peut découvrir cette fraude en portant à la chaleur rouge une partie 'de la poudre suspecte. Les échantillons fal- sifiés laissent beaucoup moins de cendre ou de diverses matières mi- nérales que les os purs. Us contiennent aussi beaucoup moins de phosphate de thaux.

586 LES MONDES.

Quelques notes sur les diamants des mines d'Afri- que. — Nous trouvons, dans le Scientific American, quelques notes sur les diamants récemment découverts en Afrique, et devenus l'objet d'une vive attention.

Ces diamants ont été trouvés dans des terrains d'alluvion, dans l'hématite brune et dans des agglomérats ; mais, dans presque tous les cas, les roches d'où ils proviennent appartiennent aux formations mé- tamorphiques aurifères. L'aspect de la surface ne peut donner aucune indication. Au Brésil , on trouve les diamants accompagnés de l'itaco- lumite, ou pierre flexible, tandis que, dans les célèbres mines de Gol- . conde, on les rencontre dans des terrains humides, si tendres, que les chercheurs écrasent les mottes avec leurs pieds pour y découvrir les pierres. On trouve des diamants bruts de presque toutes les formes ; mais, dans tous les cas, leurs surfaces sont caractérisées par une structure cristalline caractéristique qui les fait distinguer des autres pierres par les pionniers. Aucune lime ne saurait entamer un dia- mant, que l'on peut cependant réduire en poudre dans un mortier d'acier. Les principaux défauts des diamants sont les fissures et la coloration qui peut prendre toutes les nuances, du bleu, du rouge, du jaune et du brun. Le célèbre diamant bleu * de M. H ope, a attiré beaucoup l'attention à l'Exposition de Londres en 18*1. Les diamants noirs sont communs au Brésil et sont maintenant fort employés pour la construction des appareils à percer les rochers. Un diamant de 01 carats a été vendu, en 1858, 89100 fr.

Ornements transparents, par M. Springmuhl. La ZéiUckrift fur Carberei décrit plusieurs procédés de M. Springmûhl pour exécuter des ornements sur verre. Ainsi, il blanchit la laque en écailles et la colore avec diverses solutions d'aniline ; il étend ensuite cet teintes sur le verre ou sur le mica, aprèé lés avoir chauffés. Le coton-poudre, dissous dans l'éther et coloré par une des teintures d'aniline, donne de très-belles pellicules diversement colorées, que Ton peut découper sur detf patrons et fixer ensuite sur des surfaces transparentes quelconques.

Vanadaté minéral de bismuth, par M. Frenzel. M. Frenzel a décrit dernièrement, dans le Journal fur Praktùche chimie^ sous le nom de CacherUe, un nouveau minéral trouvé à Schnecberg, en Saxe, dans la mine Pucher. Ce minéral contient pour 100, 73 parties d'oxyde de bismuth et 27 pour 100 d'acide vana- dique.

Cellules cristallines, par M. Hermànn-Kabsten. Le jour-

les Mondes. 387

nal ùie natur appelle l'attention sur la découverte faite par l'auteur de cellules organiques dont l'enveloppe membraneuse affecte une forme cristaline. Si les cellule» prennent réellement et eenservent la forme angulaire des cristaux, ce fait est des plus remarquables et peut conduire à de très*importantes considérations.

Le ehloral pour les maux de dents. Le docteur Page nous apprend, nans une lettre adressée au Médical Journal de Londres, que depuis quelque temps il a employé avec succès l'Hydrate de chloral, non-seulement comme sédatif interné dans les névralgies dentaires, mais encore comme topique appliqué sur les dents cariées. Quelques grains de l'hydrate solide introduits, sur la pointe d'une plume, dans la cavité dentale, s'y dissolvent promptement, et la dou- leur se calme, ou mêmfe disparaît. Il peut être nécessaire de renouveler une ou deux fois l'application du remède. [Ibidem.)

Moyen d'augmenter le vtlnne des erlstmns. Pour faire croître des cristaux de substance» toiles que le sucre, le bora«, l'alun, etc., le professeur Schultze recommande l'emploi de» solutions gélatineuses, notamment de la pectine et de la gélatine. Les cristaux •e séparent dans la masse, et ils augmentent de volume uniformément dans toutes leurs dimensions. De cette manière on évite les irrégula- rités et tous les défauts de leur forme. La détermination de la quan- tité de matière gélatineuse à employer est l'affaire de quelques expé- riences. [Scientific American JournaL)

Pression barométrique. ~" Lorsqu'une tempête éclate aux États-Unis, la pression minimum ne vient pas des contrées de l'Ouest, mais elle commence avec la tempête, et voyage avec elle vers l'Est. {Ibidem.)

Soulèvement » la surfaee de la terre. M. Botello a décrit dernièrement deux exemples de soulèvements contemporains parfaitement authentiques. On a observé dans la province de Zamora que, du village de Villar-don-Diégo, il est maintenant possible de voir la moitié supérieure du clocher de l'église de Remifarzes, village de la province de Valladolid, tandis qu'il y a vingt-trois ans, on apercevait à peine la pointedu clocher. Le même phénomène s observe avec des circonstances semblables dans la province d'Alava; car on peut y voir aujourd'hui, du village de Salvatierra, la totalité du village de Salduende, tandis que du même point, en 1847, on apercevait à peine la girouette du clocher. Les quatre points mentionnés sont sur une ligne passant de l'ouest à l'est, et sensiblement parallèle au système du Sancerrois. Il

388 LES MONDES.

existe une distance de 225 kilom. entre les deux points extrêmes de la ligne de soulèvement*

Incendie de Chicago. Parmi les résultats désastreux du dernier incendie de Chicago, il en est un qui n'a pas été publié dans les journaux. Nous avons le regret d'apprendre par le Harper*s Weçkiy9 la destruction totale des bâtiments et des collections de l'Académie des sciences de cette ville. Cette institution, qui devait son origine àl'éner-* gie de feu M. Robert Kennicott, et qui était arrivée à son dernier état de prospérité sous la direction du docteur \Villiam Stimpson, avait déjà pris un rang élevé parmi les établissements scientifiques du pays. Ses publications renfermaient des matériaux de la plus grande valeur, et son musée était pour son importance le cinquième des États-Unis. Quoiqu'on les crût à l'épreuve du feu, les bâtinpents, comme les autres de la même nature à Chicago, ne présentèrent que peu de résistance aux flammes, et tout ce qui y était renfermé a été détruit. La perte comprend, outre les collections d'histoire naturelle de l'Académie, un grand nombre d'invertébrés marins appartenant à la Smithsonian- Institution, qui avaient été envoyés au docteur Stimpson pour être étudiés. Le cabinet paiticulier de ce savant, et une grande masse de manuscrits précieux qui lui appartenaient, comprenant des mémoires étendus sur les mollusques, les rayonnes et les crustacés du Nord de l'Amérique , avec de nombreux dessins, ont été anéantis. (Jbid.)

Voyage d'exploration dn doctenr JL Babel. Après un voyage d'exploration de sept années dans l'Amérique du Sud, le docteur A. Babel, autrefois habitant de Hasting6*on-the-Hudson, est revenu à New-York, il s'occupe activement à préparer pour l'im- pression les résultats de ses travaux. Parmi les régions parcourues par ce savant, on peut citer la plus grande partie de l'Amérique centrale, les Cordillières des Andes dans la Colombie, l'Equateur et le Çérou, et finalement les lies Chinchas et les Galapagos. Pendant tout ce temps, le docteur Habel s'est occupé activement à recueillir des renseigne- ments sur l'histoire naturelle et physique de ces contrées, spécialement dans les branches de l'ethnologie, de la météorologie et de la zoologie. H avait déjà fait quelques communications sur ses voyages à l'Acadé- mie des sciences de Paris, et à d'autres corps savants, et nous pou- vons prévoir que son rapport 'détaillé présentera beaucoup d'intérêt. Les dépôts de guano des lies Chinchas ont été complètement explorés par le docteur, qui les a trouvés d'une structure bien plus compliquée qu'on ne l'avait supposé jusqu'ici. (Ibid.)

Paris. Typ. Waldar, rue Boaapartd, 44.

15. 1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

Réunion de» dëlégaé* des Soelëté» gavante». Le

jeudi 4 a eu lieu à la Sorbonne, bous la présidence de M. Jules Si- mon, ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts, la séance générale qui clôt la réunion des délégués des sociétés savantes des départements.

A une heure, M. le ministre a ouvert la séance et donné la parole à M. Blanchard, membre de l'Institut, secrétaire de lat section des sciences du comité des travaux historiques.

Nous donnons plus loin le rapport de M. Blanchard.

If. le ministre a pris ensuite la parole et a insisté sur les devoirs de la science envers le pays et sur les devoirs de l'Etat envers la science. Ce discours a été couvert d'applaudissements.

M. Blanchard a ensuite appelé les noms des savants auxquels dr s médailles d'or et d'argent ont été accordées, ce sont :

médailles d'or : MM. Grenier (Charles), professeur à la faculté des sciences de Besançon. Travaux de botanique. Grandidier (Alfred), Voyages scientifiques à Madagascar. Houzeau, professeur à l'école des sciences et lettres de Rouen. Travaux sur l'ozone.

Médailles d'argent : MM. Boussinesq, professeur au collège de Gap. Travaux de mécanique mathématique. Tourdes, professeur à la faculté de médecine de Strasbourg. Travaux de médecine légale. Faivrp, doyen de la faculté des sciences de Lyon. Travaux de physiologie végé- tale. Fromentel, à Gray (Haute-Saône). Travaux de paléontologie. Re- boul, professeur à la faculté des sciences de Besançon. Travaux de chimie. Cailletet, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or). Travaux de chimie agricole et industrielle. Mazure, à Bar-le-Duc (Meuse). Travaux sur l'agriculture de la Sologne. Chautard, professeur à la faculté des sciences (le Nancy. Travaux de météorologie. Coquelïn, à Beauficel (Manche). Travaux de météorologie. Tassin, à Soissons (Aisne). Travaux de mé- téorologie. Crova, professeur à la faculté des sciences de Montpellier. Travaux de physique. Raoult, professeur à la faculté des sciences de' Grenoble. Travaux de physique. Mussy, à Montluçon (Allier). Carte , géologique TA'riége.

M. Saint-Réné Taillandier, secrétaire général du ministère de l'ins-

N<> 15. t. XXVTI, 11 avril 1872. 42

mo LES MONDES.

truction publique, a lu l'arrêté du ministre qui accorde le titre d'officier de l'instruction publique et d'officier d'académie :

Officiers de Vinstruction publique : MM. Lejolis (Auguste), prési- dent de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, Travaux d'his- toire naturelle. Reynaud (Léonce), inspecteur général des ponts et chaussas, directeur des phares. Achèvement de la publication des œuvres de Fresnel.

Officiers d'académie. MM. Boisse, président de la Société de géologie de l'Aveyron, membre de l'Assemblée nationale. Travaux de géologie. Drouet (Henri) , sous-préfet de Vouziera (Ardennes). Travaux de malacologie. Dupuy (l'abbé), professeur d'histoire na- turelle au séminaire d'Auch. Travaux d'histoire naturelle. Ordi- naire-Lacolonge, chef d'escadron d'artillerie. Travaux de mécanique. Peslin, ingénieur des mines à Tarbes. Travaux de mécanique. Pomel, membre de la Société de climatologie d'Alger. Travaux d'his- toire naturelle.

M. Janssen a ensuite tracé rapidement les faits principaux qui se rattachent à son expédition dans l'Inde, pour observer l'éclipsé de soleil du 12 décembre 1870.

M. Ollier, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Lyon, a terminé la séance par une très-intéressante communication sur la greffe ani- male et sur la reconstitution des os par le périoste.

Voici le rapport de M. Blanchard :

* Malgré l'absence de nos confrères des sections d'histoire et d'ar- chéologie, le comité des sciences a eu le désir de vous réunir cette année. De toute part dominait uiusentiment qu'on se plaît à constater. Loin de se montrer abattus par les événements survenus dans le pays, les hommes d'étude jugeaient d'une façon unanime que plus que ja- mais ils avaient un devoir à remplir devant la nation : instruire, et t ravailler avec ardeur à l'accroissement de la science. Dès le jour une sorte de tranquillité a permis de penser, les travaux un moment abandonnés ont été repris, de nouvelles questions ont été agitées, de sérieuses espérances ont été données pour l'avenir. D'ailleurs, nous avions à considérer parmi les œuvres accomplies dans les deux der- nières années des résultats remarquables et à signaler des efforts vrai- ment dignes d'attention.

Dans ces derniers temps, les géomètres, les mécaniciens, les phy- siciens ont accordé un très-vif intérêt aux études nombreuses et fort liverses de M. Boussinesq, de Gap, jeune auteur ardent au travail qui se distingue par un tour d'esprit ingénieux, un raisonnement

(

LES. MONDES 591

élevé et une grande habileté dans les calculs. Aux yeux des juges les plus autorisés, une explication simple et rationnelle des phénomènes les plus délicats de l'optique donnée par M. Boussinesq a paru à la fois satisfaisante et exempte des difficultés comme des contradictions qui existaient dans les théories précédentes ; des travaux relatifs à la flexion et aux déformations des tiges et des plaques métalliques ont prouvé que les formules en usage n'étaient exactes que pour des modes particuliers ; des calculs portant sur les ondes périodiques et par suite sur la houle et le clapotis dans le cas d'une profondeur unie, offrent une précision , qui manquait, du mouvement des vagues, n'ayant été étudié que dans le cas idéal d'une profondeur infinie.

M. Boussinesq a traité des ondes se propageant dans les canaux et le succès lui a permis de réaliser un vœu formulé par Clapeyron, qui exprimait le regret de voir les forces de l'analyse demeurées impuis- santes contre les difficultés théoriques de la question. Dans des re- cherches sur l'influence des frottements dans les fluides animés soi1 de mouvements réguliers, soit de mouvements tourbillonnants et tu- multueux, le professeur de Gap est encore parvenu à mettre le calcul en accord avec les faits.

Dans la plupart des circonstances, lorsqu'un homme produit des œuvres d'une haute valeur, on découvre, au moins à l'origine, l'ii;- fluence exercée ou par un maître, ou par des exemples tout proches. Les pensées fortes et le travail soutenu se manifestent peu dans un isolement continu; aussi pareille manifestation chez l'auteur privé d'une communication fréquente de ses idées touche profondément.

M. Boussinesq me force à faire cette remarque : N'ayant appartenu à aucune de nos grandes écoles, seul il a étudié les mathématiques spéciales, et, fort jeune encore, il n'a eu d'autres leçons que celles d'un savant de Montpellier (1). A vingt ans, professeur au collège d'Agde, et un peu plus tard au collège du Vigan, il est depuis 1865 professeur au collège communal de Gap. Les occasions de conférer sur les grands problèmes de la mécanique et de la physique doivent être assez rares dans le chef-lieu du département des Hautes-Alpes, et néanmoins, dans cette résidence, M. Boussinesq est parvenu à se pla- cer en peu d'années au rang des savants distingués de notre pays ; les éloges donnés à ses travaux au sein du comité, comme à l'Académie des sciences, en sont la preuve. Un tel exemple doit garder contre tous les découragements.

A l'époque actuelle, la météréologie est en faveur. Des hommes

(1) M, Roche, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier.

592 LES MONDESJ

èminents dans la spience, fort préoccupés de multiplier les observa- tions, d'apporter dans l'étude des faits une rigueur extrême, de réunir une abondance de documents capables de rendre les comparaisons vraiment instructives, ont fait un appel qui a été entendu. Sur une infinité de points de la France, des personnes placées dans des condi- tions très- diverses ont pris goût à l'observation, et, heureuses de con- courir à un vaste dessein, elles constatent et elles notent toutes les particularités atmosphériques de chaque jour avec un soin scrupuleux. Ainsi se prépare la connaissance complète de la météréologie de la France, peut-être la découverte de grandes lois générales. Le travail scientifique accompli, notre agriculture sera la première sans doute à en ressentir le bienfait.

Il serait impossible de citer en ce moment tons les observateurs qui

se sont fait remarquer ou par l'exactitude ou par la durée des travaux,

mais le comité tient à donner un témoignage d'estime à ceux dont les

longues séries d'observations peuvent dès aujourd'hui contribuer à

établir la carte des lignes isothermes et de toutes les autres courbes

représentant les divers éléments météréologiques. C'est M. Chautard,

de l'Académie de Stanislas de Nancy, déjà connu par des mémoires

de chimie et de physique ; M. Tassin, de la Société d'horticulture de

Soissons, qui a installé un observatoire dans les meilleures conditions

possibles ; c'est encore M. Goquelîn Beauiicel, près Sourdeval) qui,

dans le département de la Manche, poursuit depuis longtemps ses

études avec une admirable régularité.

Deux physiciens également professeurs dans nos facultés, M. Grova à Montpellier et M. RaouH à Grenoble, se livrent depuis une vingtaine d'années à des expériences délicates sur divers sujets et particulière- ment sur l'électricité. D'abord rapprochés par la nature de leurs recher- ches, ensuite éloignés par leurs fonctions, ils ont l'un et l'autre tra- vaillé avec conscience, avec persévérance, avec talent, et parfois on a vu se produire entre eux quelque dissentiment. Le comité n'a pas voulu séparer de tels adversaires, il les réunit pour donner à chacun pareils éloges et marque égale d'estime.

Parmi les résultats des travaux récents de M. Kaeuit, nous devons signaler la constatation d'un fait remarquable. Par une expérience analogue à celle de Graham, le physicien anglais, sur une propriété du palladium, le professeur de Grenoble a reconnu que le nikel em- ployé pendant douze heures comme électrode négatif, dans u* volta- mètre a eau, condense au moins cent cinquante fois son volume d'hydrogène et dégage tout le gaz absorbé dès qu'il est retiré du cir- c uit et plongé dans l'eau, M. Raoult a exécuté une longue suite d'ex-

LES MONDES. 593

périences sur la production de la chaleur, et dernièrement il a démon- tré cfue Flntenëité de la chaleur dégagée par un courant électrique est indépendante dp la nature de la pile dont le courant tire sa source^

Après une série de recherches' mr la loi générale de variation de la polarisation suivant l'intensité du courant qui traverse un voltamètre, et d'études sur l'acoustique, M. Crova a donné un important mémoire sur des phénomènes d'interférence produits par des réseaux parallèles. II a fait tombe* la fumière reçue par une fente étroite sur un système de d'eux réseâlux à stries bien équidistantes, et il a vu les spectres diffractés, . parfaitement sillonnés de bandes noires d'interférences; ce» bandes sont parallèles aux raieà des spectres diffractés, «i )e parallélisme est com- plet entre la direction commune dis stries des deux réseaux çt çejje de la fente. M; Croira explique le phénomène par l'interférence des rayons ttànsmis normalement à travers le premier réseau et diffractés par le secorid avec ceux qui ont d'abord subi la diffraction et ensuite la transmission. Pat la projection du phénomène, il a su rendre visible à tout un auditoire une des plus belles expériences de la physique.

Tout le monde a entendu parler de l'ozone, sujet de préoccupation et de recherches assidues de la part de chimistes et del physiciens d$s plusr habiles. L'ozone, on le sait, est un oxygène dont les propriétés sont exaltées ; il émet une odeur très-sensible, il oxyde l'argent et décompose d'une manière instantanée l'iodure de potassium sur les- quels l'oxygène ordinaire n'a aucune action. Vers l'annéç 1785, un physicien de la Hollande, Van M arum, avait produit l'ozone par l'électrisation. Van Marum était oublié ; nui ne conservait le souvenir des expériences du savant qui avait enseigné avec éclat dans la ville de tlarlem. Mais, en 1840, un célèbre professeur de l'université de Bâle, M. Schœnbein, renouvela la découverte du siècle dernier, et tout aussitôt il lui donne une importance extrême en dénonçant la présence de l'ozone, c'est-à-dire de' l'oxygène actif et odorant au sein de l'air atmosphérique.

On comprend tout de suite l'intérêt immense qui. s'attache alors au fait dévoilé. Les questions se pressent ; on voudrait savoir quelle action l'ozone exerce sur les êtres organisés, sur les conditions de salubrité de l'air que nous respirons. Si l'intérêt grandit, les difficultés de la recherche demeurent considérables : l'ozone n'a pu encore être obtenu à Pétat de pureté ; il est en quelque sorte noyé dans l'oxygène ordinaire, et telle' est néanmoins l'énergie de cet oxygène odorant, qu'en proportion infiniment petite, il produit des effets d'oxydation des plus prononcés. Pour reconnaître la présence de l'ozone et en dé- terminer les variations dans l'atmosphère, M. Schœnbein avait imaginé

594 LES MONDES.

l'emploi d'un réactif très-sensible, un papier imprégné d'amidon et d'iodure de potassium.

L'auteur se croyait assuré du succès, cependant les doutes les plus graves ne tardèrent pas à se propager : on s'était aperçu que le réactif est impressionné par diverses substances aussi bien que par l'ozone.

Un membre de l'Académie de Rouen, M. Houzeau, qui, depuis plus de quinze ans, apporte dans ses recherches les plus grands soins et une persévérance digne d'être louée, a singulièrement étendu nos con- naissances sur le sujet. L'ozone avait été produit en frappant l'air au moyen d'étincelles électriques, le savant de Rouen l'a fait naître par un procédé purement chimique, l'action de l'acide chlorhydrique sur du bioxyde de baryum (1). Ce résultat a été le point de départ de l'étude de l'ozone répandu dans l'atmosphère. Il s'agissait avant tout de découvrir un réactif sûr ; M. Houzeau parait l'avoir touvé.

Un papier coloré en rose par le tournesol et sur une portion en- duit d'iodure de potassium neutre, n'est pas attaqué par les sub- stances autres que l'ozone qui agissent sur le papier inventé par M. Schœnbein. Après s'être livré à de nombreuses expériences propres à dissiper les incertitudes sur la valeur du réactif, M. Hou- zeau s'est appliqué à reconnaître les circonstances dans lesquelles l'ozone se manifeste au sein de l'atmosphère. Avec l'expérimentateur, nous essaierons d'en donner l'idée.

L'oxygène odorant existe à l'état normal dans l'air de la campagne, il atteint au maximum la proportion de 1/140000. D'un jour à l'autre, la quantité varie dans la même localité comme elle varie dans le même temps entre des lieux éloignés. L'ozone peut être constaté fréquemment dans les petites villes, tandis qu'il est a peu près nul au milieu des grandes agglomérations de population. Suivant les saisons, il est plus ou moins abondant : au printemps, il apparaît en propor- tion inaccoutumée ; en hiver, il ne se montre que très -faiblement.

Surviennent d'impétueux mouvements de l'atmosphère, des oura- gans, des bourrasques, et l'ozone s'accroît d'une façon prodigieuse. Il faut garder une extrême réserve avant de conclure ; cependant, après les études de M. Houzeau, il est difficile ne pas attribuer à l'ozone la salubrité de l'air des campagnes.

Une dernière et récente expérience est venue jeter une nouvelle clarté sur les propriétés de l'ozone. A l'aide d'un appareil simple, le chimiste de Rouen a obtenu dans un litre d'oxygène ordinaire de 60

(1) Voir un rapport de M. Cahours, Comptes rendu» V Académie des sciences, t. 70, p. S69.

LES MONDES. 595

k 120 milligrammes d'oxygène odorant. En telle proportion, ce n'est plus l'ozone réparti à dose minime procurant à l'air les qualités qu'on apprécie sur la montagne ou dans la forêt en pleine végétation ; con- centré, il est dangereux pour la respiration, il brûle les tissus orga- niques, noircit et corrode l'argent, décolore avec beaucoup plus d'é- nergie que le chlore. A son contact un mélange en parties égales d'hydrogène phosphore et d'oxygène, détonne avec violence. L'ozone concentré trouvera peut-être un emploi industriel important ; c'est au moins l'espérance très-légitime de l'auteur.

Le comité décerne une médaille d'or à M. Houzeau et cette récom- pense, croyons-nous, semblera bien justifiée.

Un membre de la Société d'émulation du Doubs, professeur à la fa- culté des sciences de Besançon, M. Keboul, a marqué sa place parmi les chimistes distingués. Avec un véritable succès, il s'est occupé de J'action des acides chlorhydrique et bromhydrique sur divers carbures d'hydrogène. Des composés pleins d'intérêt ont été obtenus, des cas d'isomérie ont été rencontrés, et dans les interprétations l'auteur a fait preuve d'habileté et d'esprit scientifique.

On a souvent parlé des beaux travaux de M. Cailletet (de Chàtillon- sur Seine), relatifs à la cémentation du fer, à la dissociation des gaz dans les fourneaux métallurgiques, aux gaz dissous par la fonte et l'a- cier en fusion. En dernier lieu, ce chimiste a étudié la loi de coin près - sibilité des gaz sous des pressions très-supérieures à celles dont avaient disposé les précédents expérimentateurs. D'autre part, M. Cailletet a signalé l'influence des rayons colorés sur la décomposition de l'acide carbonique par les végétaux et il a montré qu'une atmosphère absolu- ment privée d'acide carbonique détermine l'asphyxie des plantes.

Chaque année, les connaissances géologiques de la France font un pas : nous l'avons constaté dans toutes nos réunions. Cette fois, j'ai à vous annoncer la publication de la carte du département de l'Ariége par un savant ingénieur des mines, M. Mussy. Le texte explicatif, mis au jour en 1870, et plusieurs mémoires spéciaux signalent à l'attention les traits géologiques les plus frappants de la contrée. L'auteur s'est appliqué à la recherche des gites de substances minérales et à déter- miner ceux dont l'industrie pourra profiter. Tout devait le convier à cette étude, car dès les temps de la domination romaine l'arrondisse- ment de Saint-Girons a été l'objet de certaines explorations, et le canton de Vicdessos est réputé pour l'abondance et la qualité des minerais de fer qu'il fournit. Une sorte de porphyre verdàlre, l'ophite, ordinai- rement enveloppée par d'autres roches, et de la sorte assez difûcile à découvrir, a été l'objet d'un sérieux examen de la part de M. Mussy.

596 LES MONDES.

À cet égard, les observations de l'auteur de la carte géologique de l'Ariége sont fort instructives pour l'histoire d'une roche qui à une remarquable importance dans les régions pyrénéennes. Si je n'avais k faire la mesure du temps, je vous entretiendrais encore deB travaux de géologie et de paléontologie de M. Magnan, de Toulouse; de M. Bleicher, de la Société d'histoire naturelle deColmar;de M. Pomefl et de M. Nicaise, de la Société de climatologie d'Alger; je m'occuperais de l'histoire de l'homme préhistorique, pour laquelle MM. Trutat et Cartailhac, de Toulouse, ne cessent de réunir des matériaux; enfin des habitations lacustres que M. Garrigou vient de découvrir au voisinage des Pyrénées : nous en parlerons un jour avec le développement né- cessaire.

On sait de combien de préoccupations a été l'objet la Sologne}: vaste région désolée, rebelle à la culture, paraissait d'autant plus déshéritée qu'elle est environnée de pays riches. Le sol sablonneux ou argileux (SI formé de débris arrachés au massif granitique centre de la France. Le quartz, le feldspath, le mica1 abondent, tandis que les matériaux calcaires, indispensables à la végétation, font absolument défaut. Agri- culteurs, chimistes, ingénieurs se sont mis à l'œuvre pour améliorer la Sologne, mais l'amélioration est lente à se produire. Partout l'ab- sence de marnières voisines oblige à des transports trop coûteux, le sol est demeuré stérile. M. Masure, naguère professeur au lycée d'Orléans, s'est occupé de la question qui touche si vivement l'intérêt du pays, et ses recherches auront une utilité réelle pour ceux qui voudront entre- prendre de fertiliser l'ingrate contrée.

L'habile et consciencieux investigateur a examiné les terres à la fois sous le rapport physique et sous le rapport de la composition chi- mique. Déterminant avec rigueur la proportion du sable dont elles sont chargées, dosant les substances qui exercent la plus grande in- fluence sur la végétation, comme l'azote, l'acide phosphorique et la potasse, comparant ensuite les éléments minéraux contenus dans les récoltes venues dans lés terres de Sologne et dans celles d'autres ré- gions, il a constaté que les premières, aussi riches que les autres en azote et en potasse, étaient beaucoup plus pauvres en acide phosphî- rique. L'indication est précieuse ; les agriculteurs se trouverit assurés d'obtenir de bonnes récoltes en introduisant de la chaux et des phos- phates naturels.

Une de nos médailles sera le signe de l'estime accordée à l'ouvrage de M. Masure (1).

(1) Rtuiêi sur Us terrains agricoles de la Sologne, 1870.

LES RONDES. 897

4

Toutes les personnes qui s'occupent de nos végétaux indigènes con- naissent le nom de M. Grenier. Le savant botaniste, membre de la Société d'émulation du Doubs et professeur à la Faculté des éciences de Besançon, est l'un des auteurs de cette flore française restée en fa- veur parmi les étudiants. Après l'ensemble, M. Grenier a repris une portion circonscrite pour en faire un tableau complet. Près de sa ré- sidence, le savant voyait les montagnes du Jura couvertes d'une bril- lante végétation. La montagne est toujours le grand attrait du bota- niste. Une excursion suffit pour voir les plantes qui croissent sur les terrains les mieux exposés au soleil, celles qui se plaisent sous le cli- mat tempéré, celles qui aiment le voisinage des neiges et des glaces. En un gros volume plein d'observations, M. Grenier a décrit toute la végé* tation de la chaîne du Jura (1). Le livre, pensons-nous, peut servir modèle, et ce sentiment a déterminé le comité à offrir une médaille d'or à l'auteur.

M. Faivre, de l'Académie de Lyon, se livré depuis plusieurs annéeè à des expériences très-délicates, dans le dessein de s'assurer des con- ditions essentielles à la vie et au développement des différentes parties des végétaux. Ce sont des études qui méritaient d'être signalées dès aujourd'hui, mais que nous devrons exposer avec détails un peu pftis tard.

Nous avons toujours beaucoup apprécié les investigations vraiment profitables à la science effectuées dans les pays lointains. Naguère, le comité tenait compte à M. le docteur Mourier de ses observations mé- téorologiques au Japon. Il y a deux ans, nous nous abandonnions au charme de faire entrevoir les beaux résultats obtenus dans l'explora- tion de la Chine, de la Mongolie et du Thibet oriental par l'abbé Ar- mand David.

Jamais voyage accompli par un seul homme n'avait procuré à la fois autant de lumière pour la géographie physique et autant de tré- sors pour les sciences naturelles. Il y avait peu de probabilité d'avoir bientôt à parler d'autres recherches très-considérables, exécutées dans une contrée lointaine. Ce que personne n'attendait s'est pourtant réa- lisé. Une terre dont on s'occupe en France avec prédilection depuis plus de deux siècles, la grande lie de Madagascar, a été récemment, pour Alfred Grandidier, le théâtre d'un magnifique ensemble d'études et de récoltes précieuses.

L'habitude des grands voyages, contractée de bonne heure, et une solide Instruction scientifique, avaient préparé l'explorateur pour des

(1) Flore de la ehains juraaiquê*

598 LES MONDES,

travaux sérieux de nature fort diverse. A vingt ans, M. Grandidier, assez favorisé du sort pour adopter le genre de vie qui lui plaisait, prit la résolution de se rendre utile à la science.

En 1857, il partait en compagnie d'un frère à peine plus âgé que lui et d'un savant, alors ignoré, aujourd'hui célèbre (4), pour une ex- ploration de l'Amérique du Sud, et ensuite seul, pendant plusieurs années, il a visité successivement les Indes anglaises, Ceylan, Zanzi- bar, la côte orientale d'Afrique* C'étaient des contrées déjà plus ou moins bien connues et le jeune voyageur concevait le dessein de por- ter ses investigations sur un pays inexploré. Madagascar, encore de- meuré soustrait en grande partie aux recherches des géographes et des naturalistes, s'offre désormais comme une tentation.

En 1865, M. Grandidier aborde la grande lie africaine; des obsta- cles invincibles mettent à néant son espoir de pénétrer dans des lieux qui n'ont jamais été visités par des Européens. Sans se déconcerter, il profite de son séjour sur quelques points de la côte pour se familiari- ser avec la langue et les mœurs des habitants. Vers le milieu de l'an- née 1860, lo voyageur se retrouva à Madagascar avec la pensée de parcourir les provinces du Sud et de l'Ouest. Il obtient quelques suc- cès, mais ses notes et divers objets recueillis devaient être consumés dans un incendie. M. Grandidier ne se décourage pas ; bien décidé à réaliser son projet, il revient en France, se procure des instruments, s'assure de tous les sujets qui méritent une attention spéciale, et vers la fin de l'année 1867, il se remet en route. Au mois de mai 1868, il atteint de nouveau la côte occidentale de la grande terre.

Pendant près de deux ans et demi, il entreprend de nombreuses explorations et il traverse trois fois l'Ile entière sous différentes latitu- des. Malgré les difficultés qu'opposent les méfiances des indigènes, malgré le danger d'être mis en pièces comme le pire des sorciers, partout il relève les positions géographiques, il mesure la hauteur des montagnes ; il reconnaît le parcours et les sources des cours d'eau, il observe les conditions de l'atmosphère, il recueille les plantes et les animaux.

Chacun a lu des récits la végétation de Madagascar est présentée comme offrant toutes les magnificences. On se tromperait fort, en sup- posant qu'à cet égard l'île entière est également bien partagée, les des- criptions ne se rapportent qu'à la côte orientale.

M. Grandidier nous montre au sud, après les dunes, un plateau d'un aspect désolé sur lequel s'élèvent à peine quelques arbutes rabougris ;

(1) M. Janssen.

LES MONDES. r>99

à l'ouest, encore la pleine nue et sabloneuse. De la côte nord jusqu'à Tananarive, la capitale de l'île, il nous fera voir un pays presque dé- sert, des plaines arides semées de quelques lataniers et de petits bois. Puis il nous peindra les aspects de la grande chaîne de montagnes gra- nitiques où apparaissent seulement, accrochés aux flancs des ravins, de rares bouquets de végétation. De la capitale jusqu'à la source de la plus large rivière de la côte orientale, le Mangourou, sur les alen- tours du plus grand lac de Madagascar, le lac Aloxtré, sur toute la partie située au sud de Tananarive, avec le voyageur, nous appren- drons à connaître la configuration et la nature du sol, la distribution des eaux, les groupes de population. Pour la première fois, nous avons l'image exacte de ces contrées.

M. Grandidier nous a éclairé tout à coup relativement aux forma- tions géologiques qu'on observe sur la grande terre. Il a découvert un grand nombre d'animaux et ces découvertes ont un intérêt considé- rable. La faune de Madagascar se compose presque exclusivement de types particuliers ; à ce sujet, noire voyageur nous a instruits de cer- tiines relations avec la faune du eontinenl africain. Tl n'y a peut-être pas plus de deux ou trois siècles que vivaient à Madagascar des ani- maux aujourd'hui disparus. Dans des marécages de la côte occiden- tale, M. Grandidier a rencontré en grand nombre les débris d'une petite espèce d'hippopotame associés à des restes de tortues gigantes- ques et du fameux oiseau qu'on appelle Tépyornis. On se souvient de ces œufs énormes apportés en France il y a une quinzaine d'années. Toutes les suppositions furent émises à l'égard de l'oiseau dont ils pro- venaient. M. Grandidier nous a enlevé toute espérance de voir jamais l'animal vivant, mais il a procuré les matériaux qui ont permis de le reconstruire en partie.

Les makis, jolis et étranges mammifères, jusqu'ici rattachés à l'or- dre des singes, contribuent à donner une physionomie curieuse à la faune de Madagascar. Les recherches de notre voyageur ont beaucoup accru nos connaissances sur ces charmants animaux.

De nouvelles espèces ont été rencontrées dans les petits bois de la pauvre région occidentale, une, entre autres, au corps tout blanc, avec Je sommet de la tète noir; les nombreux sujets rapportés ont fourni l'occasion d'apprécier plus sûrement qu'on ne l'avait fait encore les affinités naturelles de ces mammifères.

Chacun éprouvera une impression vive en considérant les belles éludes de M. Alfred Grandidier sur les habitants de Madagascar. Les différentes peuplades ont été observées par le savant voyageur avec toute la rigueur scientifique ; tous les moyens d'investigation ont été

600 LES MONDES.

employés pour remonter aux origines; les descendants des Arabes, qui à une époque fort ancienne envahirent la grande lie africaine, ont été l'objet de recherches des plus attentives.

En examinant les nombreuses photographies rapportées par M. Gran- didier, les yeux demeurent ravis et l'âme fortement émue. La vie d'un peuple presque barbare qui a reçu l'atteinte de la civilisation euro- péens apparaît dans une réalité saisissante. On avait donné des vues de la grande ville de Tananarive çt de quelques groupes d'hahitations ; mais ces images, absolument imparfaites, ne frappaient pas l'esprit.

Maintenant, nous comprenons l'entassement des cases de la popu- leuse cité, nous voyons l'aspect des villages; dans la cérémonie qui s'accomplit nous sentons la foule; le naturel et la variété des attitudes sont tels, qu'on se croirait sur la scène elle-même. Des portraits d'hommes et de femmes de toutes conditions passent, et involontairement on cherche à deviner le caractère et les sentiments de chaque individu. L'examen achevé, si grande est l'illusion, qu'on emporte en son cœur des sympathies et des antipathies comme si les personnages eux-mêmes avaient apparu.

En ce moment se prépare le vaste ouvrage qui fera connaître Mada- gascar sous un jour tout nouveau.

. M. Grandidier apporte à l'exécution les soins, la conscience, le zèle qu'il a mis dans ses recherches. Douze à quinze volumes et 500 plan- ches suffiront à peine à l'auteur pour nous décrire tout ce qu'il a vu.

Je ne pouvais mieux terminer, messieurs, qu'en vous parlant de ce t>eau voyage à Madagascar, qui nous comble de satisfaction pour les connaissances qu'il nous a procurées, et parce qu'il fera honneur à notre pays.

flairée de la Société royale de Lendrea. Le président, M. Airy, donnera sa première soirée le 27 avril, dans Barlington House.

Nouvelle lampe de *&reté de» mines.— On a fait, avec un certain succès, le 25 mars, à Coal-Fxckange, l'essai d'une nouvelle lampe de sûreté qui s'éteindrait immédiatement au sein d'une atmo- sphère explosive, et qui aurait l'avantage de garder ses parois en verre sans toile métallique, et, par conséquent, de donner beaucoup plus de clarté.

Douille en Suède. h'Aftçn Bladet de Stockolm annonce la découverte, dans les houillières de Raus, à la profondeur de 425 mè- tres, d'un lit de houille ayant trois mètres d'épaisseur. La sonde a tra- versé un certain nombre d'autres veines intéressantes.

LES MONDES. 601

SCIENCE EN AUTRICHE

,i I

t ÀN1Ii¥M PAI^B PAU .M. LE CûilTïi MàR^HAIL,

I. Optique. 1. Phénomènes interférefitièls notweàltx. -*- M. le professeur Dïtschéinerapassé en revue tous'Iès phênbrhëries qu'offre le spectre observé à travers une lunette dont l'objectif est couvert, ' sù^'chafcune de ses moitiés, parf des plaqites de crtét&l VTOpàiltoèuii différente, deux niçois étant placés en avant de l'ocutaUfe et ' de f la feinte. Lès flaques de cristal étant placécà sorte que les ditections d'oscillitidn des rayons, qui les traversent à vitesse égalé, soient pa- rallèle^ et verticaux entre elles et dirigées sous lin angle de \& degrés vers les directions d'oscillation" des niçois disposés parallèlement oïl en croix, on apercevra deux espèces de raies d'interférence. Les unes seront \le^ minima du premier otd ré, Rapprochées les unë^desWfes eh groupes Séparés paf d^s espaces gâns raies; les seconds sèrbntdes minima dh deuxième ordre, larges et plus ou * moins uftsciires. Les groupes 'de minima du pfemîer ordre, apparaissant sur les divers points 'Sd spectre, ont une largeur toute différente et promptemerit va-' riatttf; et semblent être tout aussi irrégulièrement rtpîirtîs qtie Ceux dû' Second ordre. Toutefois, M. Diîsdheihei11 a trou vê'^eS' formules* propres â cléterrniher à pKdrf les pbirité âur lesquels â oîvêht apparaître' ces raies, moins dans les régions les plus înipbrtgrfVfès du* spefctre. Les ][>héhotoènéB manifestés, 'lès nîdotë ' étant dfepteéï pkfcllf'ètem>nt ou en croix, ne sont complémentaire^ que par rap'port à dés jointe du Spectre striciemeiit définis, lés mlnimà du premier el du secotfd'dfdte riè passant' pas fou jours simultanément à leurà fhaxi fnà rekpfctetifg, dès quVn imprime à un hicdl une conversion de la tateutde WdègrtS*. Éi l'on é^&Hihënté avec la lumière rt tin pdïaW$ifc,leg phénomènes ne se' manifestent 'éôrfforinément aux formules, que sous la Condition que Iris deux rayons/ traversant la piaque disposée sur le C(Hé de l'arête féfrangiMè du prisme,' aierit subi un retard tfér rapport à ceux qui traversent la sedoridè plaque, ' : '

* '#. Ûbùïeuh c&mpVérrientaires. Oh peut obtenir des cotrplefede ces couleurs âù mo^én du schistoscopë de éhïckè, en remplaçant dàrià Tapparèit pVêsentémenf 'en usagé des lameftèâ de mica ou desélèriitfe. 3'épaistfeùr différente par' deux 'plaques de quartz d'épaisseur égale et taillées parallèlement a feur axe optique, qù'oîi place èïïtre'të hifcôl et fa lotipé dichroscdpïque.' t'tmé de ces' plaquefc est fixée nornïalement

43

602 LES MONDES.

au rayon visuel, son axe optique formant avec le plan de polarisation du nicol et delà loupe un angle de 45 degrés; l'autre, dont Taxe op- tique e6t normal à celui de la plaque fixe, tourne autour d'un axe ver- tical au rayon visuel et normal ou parallèle à l'axe optique de la plaque tournante. On peut ainsi, en tournant une seule plaque, obtenir toutes les épaisseurs voulues, à partir de U et, ronséquemment, tous les tou- pies de couleurs correspondants.

3. J/mgueurs d'ondes. M. Ditscheiner a rectifié les longueurs d'ondes, antérieurement constatées par lui, et a trouvé ainsi des valeurs quelque peu moindres et parfaitement d'accord avec celles admises par MM. Angstrôm et von der Willingen. tas longueurs rectifiées sont pour les principales lignes de Praunhofer : B, 687,41, C. 656,32, Da. 589,74, Db. 589,40, E. 527,13, b. 517,40, F. 486,22, G. 434, 1S, H. 396,89, H'. 393,53. (M. le professeur L. Ditscheiner. Acadé- mie impér. de Vienne, séance du 9 mars 4874 .)

II. Climatologie. i . Courants atmosphériquei JTité en de- dans dé la zone tempérée septentrionale. (Voir Académie impériale de Vienne, Comptée rendue, juillet 4869.) Lors de la transition de l'hiver k l'été un changement évident s'opère, tant dans la direction que dans la température des courants atmosphériques, par une suite nécessaire de l'interversion des différences de la température de 1a mer de celle des continents. Des centres de froid s'établissent durant l'hiver dans les régions nord des deux continents, desquels émanent des cou* raats d'air froid, du côté 0. vers le N.-E., et du côté E. vers leN.-O. L'air chaud équatorial afflue du côté 0., en même temps que l'air re- froidi venant du pôle nord s'écoule du côté E., établissant ainsi un contraste frappant entre les températures des côtes 0. et E. des deux continents. En été, les régions intérieures des continents deviennent des eeniree de chaleur, la température allant en augmentant sous un même parallèle à mesure qu'on procède des côtes vers l'intérieur, la pression de l'air sur les régions continentales éprouvant ainsi une di- minution. Ces points de minimum barométrique deviennent des cen- tres d'attraction par rapport à l'air moins chaud des mers ambiantes et provoquent ainsi une tendance générale des courants atmosphé- riques à se porter des mers vers la terre ferme. Les vents de mer sont devenus des vents froids, et ceux provenant de l'intérieur des conti- nents, des vents chauds. Les deux côtés de la rose des vents thermiques ont interverti presque complètement leurs caractères propres, seule» ment, en été comme en hiver, les courants S.-S.-E., S. et S.-S.-O. restent chauds, et les courants N.-O., N.-N.-O et N. restent froids. Les

LES MONDES. 603

modifications par suite de Tété sont moins sensibles en Europe, les vepts de mer S.-0. et 0. ont déjà prévalu en hiver ; toutefois la direc- tion des vents se tourne davantage vers le N. et, contrairement à ce qui a eu lieu en hiver, abaisse légèrement le chiffre de la température moyenne.

L'Asie orientale, les vents de terre N.-0., froids, et secs, ont dé- cidément prévalu dans le cours de l'hiver, .subit, iors du passage de l'hiver a l'été, une interversion tout aussi sensible, les vents de mer E., S.-E. et 8., frais et humides, prenant le dessus* et provoquant ainsi un abaissement de température, qui, venant s'ajouter à celle plus con- sidérable, provoquée en hiver par le courant polaire, explique pleine-, ment la basse température des régions orientales de l'ancien continent. Cette modification est moins complète en Amérique; en premier lieu, par suite de la moindre étendue de la terre ferme, interrompue vers le nord par des golfes et des grands bassins d'eau douce, puis par l'effet du golfe du Mexique situé au sud. La direction des vents, penchant déjà en hiver vers l'ouest plus que vers le nord/ tourne en été vers le sud-ouest; ceux de l'est et du sud-est, venant de l'Atlantique, ne sont pas fréquents* Bien qu'amenant de la pluie, ces courants ne peuvent déprimer la température,' autant que le font, sur les côtes de l'Asie orientale, les vents de mer proprement dits venant de l'est et du sud- est. Les extrêmes des climats d'hiver et d'été se. manifestent donc moins*, énergiquement dans l'Amérique orientale que dans les régions de l'Asie situées sous les mêmes latitudes. Le type du climat y est moins continental en hiver et moins maritime en été. Par contre, la température de cette région de l'Amérique et, en quelque sorte, aussi selle de la Sibérie, éprouve des changements considérables autant que fréquents, probablement par suite de la prépondérance assez égale- ment développée de courants atmosphériques venant du nord et du sud. (H. le docteur J. Hann. Académie imp. des sciences de Vienne-/ séance du t> juillet 1871.)

2. Anomalies de la température en mai 1871 La température de ee raoiB est restée au-dessous de toutes celles qu'on a constatée» pour mai depuis l'établissement d'observations météorologiques à l'Ob- servatoire de l'Université de Vienne. Sauf deux jours oùila tempéra- ture a dépassé très-peu sensiblement (+0,1 et +0,5) la moyenne normale, elle est restée constamment 3°,45 R. au-dessous de la nor- male, la moyenne mensuelle n'ayant jamais dépassé 9*, 37 R., résultat analogue à celui de mai 1851, dont la moyenne a été 9*,56 R. La moyenne, à 2 heures, a été 12*,26 R. en mai 1871, et de 11*,23 R. en mai 1851 . La distribution des courants atmosphériques, telle que

604 LES MONDES,

la donne le tableau suivant, semble indiquer plutôt un courant froid et humide de l'Atlantique, qu'une source de froid si/uéé sur le conti- nent. ' .'••-.■-

■» »

N. NE, E. SE. S. SO. 0. NO.

1871 10 2 4 6 2 3 41 33

Nombre normal 0 8 9 44 9 41 21 17

.871jplus -r •* 20 16

J moins 6 $ 8 7 8 . . «-

Les vents 0. et N.-O. ont donc notablement prévalu en 1871. Les anomalies de température du mois de mai de 1770 (époque à la- quelle ont commencé à Vienne les observations météorologiques régu- lières) à 1871, se répartissent ainsi :

An-dessous do la normale* Au-dessus de la notariale.

fiDutre *- 4 et 3 R. 2 années. Entre -H I et 0 IL 24 années.

» 3 et 2 » 8 » » •+- 1 et •+- 2 » 12 »

» 2 et 14 » » •+- 2 et-+-3 * 10 »

» 1 tt 0 » 25 o » -H 3 et -t-4 » 2> » '

Somme... 49 Somme... 48

j * i ' * A

' . * I «1 I1

Les arinées les plus chaudes ont été 1797 {moyenne de> faaal : -4- 45c,77 R.). La température moyenne la plus basse en mat équftfetit à la moyenne d'Àpenfade (55° lat. N.) et la température la plus hàtflfr du même mois à celle de Messine (38* 15e lat.' N.).;(M. C. J«tLWteK, Académie imp. des sciences d<e Vienne; «tèànée û\ï# juin 1871;) * 3; Jjpvque* de floraison. Les résultats d«s feitt afttifatfcwir M espèces végétales, la plupart ligneuses et toutes eomnnittéay dan* 24 stations et durant une période de <fht an?, peuvent s* rèsitaîer ainsi t '

a. Les oscillations entre les époques de floraison les plus: avancées, se traduisant par -des différences 40 à 50 jolir*, ne ee nttLttffestfcnt notablement que sur les espèces printanières les pitre précoces, teNee que la perce-neige, l'hépatique et le éoutoleij ? Mîés ne tt'élètttf! qtfè 20 à 35 jours pour celles moins précoces. " ; **•

b. Les moyennes mensuelles, calculées su* lés'fespèces dont ta flo- raison tombe dans un même mois, ne ditàimient que par degré* à mesure qu'on s'approche de l'été :

<

Avril. . . , 2». jqnrs

Mai v 25

Juin*. ' iV »

LES MONDES. 605

, fi. LpSjéppques de$ floraisons les plus précoces et les plus tardives tjéyient $\xn chiffre, égal, bien qu'en sens opposé, de l'époque nor- male :

Mars*... 4- 19,1 à 18,5 jours.

Avril.... M- 44,4 à 14,4 »

Mai -+- 12,9 à 12,6 »

Juin.... -f- 12,0 à 12,4 »

Ces différences ne portent que sur un petit nombre de jours, même pour une seule et même espèce. (M. Ch. Fritsgh, Acad. imp, des sciences de Vienne; séance du 15 juin 4871.)

PHYSIQUE DU GLOBE

. Programme n'en nMervatlnm phyalçae* gui font être exécutées dan» le tunnel de» Aine», par le Père Seeehi, l'ingénieur Manill la -Mû lier et le Père Denzn.

-*» Dans la séance de r Académie des sciences du i 8 septembre dernier, le secrétaire perpétuel M. Elie de Beaumont, présenta la belle et com- plète collection de» roches traversées par le tunnel des Alpes, qu'il venait de reœwoir de M. Sismoada, et parla de la succession de ces rbches dans les diverses sections du percement.

A. cette occasion M. Paye fit observer qu'il y aurait grand intérêt « à mettre à profit l'ouverture de ce magnifique tunnel, traversant dos « couches dont il a permis d'explorer si complètement la nature, pby- a eique, pour étudier la marche du pendule en des points convena- it blement cboiBis, à l'intérieur et à l'extérieur de la montagne, de « manière à raettce en évidence l'attraction de sa masse. »

•Tel est le point de départ des expériences dont nous allons exposer te programme. L'idée en ayaatété exprimée à l'Académie des sciences lie France, les Italiens oat tenu à ce que Y exécution d'une œuvre scientifique éminemment nationale fût, comme le travail même du pàreement, accomplie paraux.

L'ingénieur DiamiUa-Mùller, encouragé par M. Le Verrier, ainsi que le constate le père Denza dans son rapport adressé à d'Académie des sciences de Turin (séance 19 novembre 1871), prit l'initiative de ces recherches ; après avoir obtenu la coopération des directeurs des Observatoires de Rome et de Monealieri, et s'être assuré de l'appui de

606 LES MONDES.

la direction technique des travaux du percement, il convint avec èes collaborateurs d'un jour pour arrêter sur les lieux le programme des expériences à faire.

Cette visite dans l'intérieur du tunnel eut lieu les 7 et 8 no- vembre 1871. On constata à l'aide d'une série d'observations faites de 10 en 10 minutes, dans la chambre centrale de la galerie, de onze heures à midi, le 8 novembre, que les instrumenté donnaient les in- dications suivantes :

m. m.

Pression atmosphérique 642,0

. Température intérieure de la chambre» . 24°,8

Température de la galerie 49°,0

Inclinaison magnétique 6i°,57

Il existait dans la galerie un courant assez vif, d'environ 3 mètres par seconde, dirigé de Bardonnèche vers Modane il neigeait depuis deux jours. Le passage du train, à midi, ne fit pas changer la tempé- rature ; l'inclinaison magnétique en subit seulement une diminution de 9 minutes pendant quelques instants.

Après cette visite qui permit de constater que rien ne s'opposait à l'heureuse issue de leurs recherches, les observateurs convinrent eu programme suivant composé de trois parties distinctes.

1' Observations du pendule. Ces observations destinées à compter le nombre des oscillations et déterminer l'allure du pendule à l'inté- rieur et à l'extérieur de la montagne, pour en déduire l'attrkction de sa masse et les variations de la pesanteur qui en résultent, doivent être regardées comme les plus importantes et les plus difficiles du pro- gramme.

H a été établi en principe d'exécuter les expériences au milieu de la galerie, il y a déjà une chambre latérale de six mètres de long, sur quatre de large, pouf* recevoir les instruments et les observateurs ; puis de les répéter, ou, si cela est possible, de les exécuter simultané- ment au sommet de la montagne qui correspond verticalement a une différence de hauteur de 1,600 mètres avec cette station, circonstance qui ne s'est jamais encore réalisée.

Si Ton ne rencontre pas trop de difficultés dans l'installation des sta- tions supérieures, on répétera les observations au quart de la longueur de la galette il existe de chaque côté une chambre plus vaste que la première, et aussi au point correspondant de la montagne. ' Ces observations seront faites avec les pendules à réversion que possèdent l'Observatoire astronomique de Vienne et la Commission géo-

LES MONDES. 607

désique suisse, mis à ta disposition des observateurs. D'autres pen- dules seront également fournis par l'Angleterre et par d'autres nations.

Les instruments astronomiques seront fournis par l'Observatoire du collège romain l'on étudie déjà le pendule envoyé par M. Littrow, le directeur de l'Observatoire de Vienne. L'heure sera transmise télé- graphiquement par le directeur de l'Observatoire de Turin. On s'est déjà assuré par des expériences préléminaires faites dans le tunnel que la marche des convois ne nuira pas à la précision des observations.

2* Observations magnétiques. Les recherches magnétiques por- teront surtout sur l'intensité du magnétisme terrestre et les variations que peut lui faire subir l'influence de la montagne; on s'est assuré que celle des masses de fer qu'elle contient n'est pas à craindre, ou qu'au moins il sera facile d'en tenir compte, à l'aide d'observations répétées faites au dedans et au dehors de la galerie (1). Les autres éléments du magnétisme terrestre pourront être déterminés dans le voisinage de la montagne et peut-être même dans le souterrain.

On se servira pour les recherches des instruments magnétiques an- glais que possède l'Observatoire du collège romain, et qui ont déjà Fervi à déterminer les constantes magnétiques de Païenne, Augusta, Naples et Moncalieri ; on y joindra un système complet d'appareils magnétiques de Lamont, déjà commandé à Munich.

3* Observations sur la température des roches. Ces observa- tions, de grande importance pour la géologie, ont été recommandées par le professeur Siemonda. La température des roches a déjà été me- burée en divers endroits et à diverses profondeurs, pendant le travail du percement. Ou les répétera tranquillement et longuement, de ma- nière à obtenir, s'il est possible, des valeurs plus approchées, et à reconnaître, en outre, le changement que la température de la roche pourrait avoir subi dans le voisinage des parois mis récemment en con- tact de l'air.

Pour obtenir des résultats plus précis, on pénétrera à une plus grande profondeur et on entreprendra une série d'observations thermiques dans l'air et dans la roche, à la base, aux flancs et à la cime de la montagne, pendant tout le temps du séjour des observateurs, qui ne Mira pas moindre d'un mois.

Les instruments, soigneusement étudiés et comparés à l'Observatoire «le Moncalieri, seront probablement les thermomètres dont se sont servis les ingénieurs du percement pour ces recherches; les uus seront

(1) Ce ferait le cas de recourir an gyroscope proposé et essayé récemment par M. Dubois, de Brest, dont on pourrait séeJamer le concours. M.

608 L6S MONDES*

fournis par Je professeur Sismonda* las autres par la Direction des tra- vaux, sur Tordre du Gouvernement* \Evtrait du Actes de l'Aca- démie royale des sciences de Turin, vol. Vit.

» »

PHYSIQUE

Bu mouvement Meenatoauel ftpontaiié de» liquide» daw» le» tube» capillaires, par M. C. Decharme* » Lorsqu'on plonge dans un liquide irien fluide (l'eau pure, par exemple), Tex- trémité d'un tube capillaire ouvert à ses deux bouts, et préalable- ment mouillé par le liquide, celui-ci s'élance dans le tabe avec une grande vitesse initiale ; vitesse qui se ralentit «à mesure que le liquide approche de son niveau final, qu'il atteint aveé une extrême lenteur dans les tabès très-étroits.

C'est ce mouvement ascensionnel spontané que je me suis proposé d'étudier, d'abord en lui-même, puis en le comparant à celui- qui résulte de l'écoulement sous pression constante (expériences de M, Poiseuille), et enfin dans ses rapports avec les propriétés phy- siques et chimiques des liquides soumis à l'expérience. ' '

Nous allons donner un premier aperçu de cette étude en résumant quelques phénomènes généraux qui résultent d'expé- riences nombreuses faites sur des liquides de nature très-différente.

En faisant varier successivement : l'espèce et la température du liquide, le diamètre et l'inclinaison du tube (les autres conditions demeurant constantes), on trouve entre les longueurs des colonnes liquides soulevées, et par suite entre les vitesses et les temps correspondants, les relations suivantes :

Chaque liquide a une vitesse ascensionnelle qui lui est propre et qu'on pourrait appeler sa vitesse capillaire, en se servant d'un tube de 1 millimètre de diamètre ; le liquide et le tube étant A une température fixe, 0°, par exemple, et en prenant pour évaluation de la vitesse, ou l'espace parcouru au bout d'une seconde par le liquide, ou, plus exactement, le rapport entre la différentielle de l'espace et celle du temps, au point* correspondant de la courbe figurative du mouvement ; rapport qu'on obtient avec une approxi- mation suffisante, en construisant la tangente en ce point et en prenant les valeurs numériques des deux côtés du triangle dont cette tangente est l'hypoLhénuse*

LES MONDES.

Pour un même tube, conservant la même inclinaison, et pour des liquidas, diffûmite, pris à lu même .température l&vitwqs ' ' ascensionnelles ne sont pas eu rapport direct avec les longueurs totales que doivent atteindre ces liquides. Ainsi, tous les liquides visqueux, comme l'acide sulfurique, la glycérine, les huiles, etc., ont une vitesse initiale, et même on peut dire une vitesse perma- nente, plus faible que celle de tous les liquides très-fluides, tête que l'alcool, le sulfure de carbone, l'étlier, etc. Et cependant le$ premiers s'élèvent capillairement beaucoup plus haut que lefe derniers. Cette vitesse n'est point d'ailleurs en raison inverse exactement de la durée d'ascension, ni en raison inverse de \k densité du liquide. La loi de ce phénomène parait complexe. Les courbes figuratives des mouvements correspondants peuvent seules jusqu'alors, ainsi que les formules théoriques ou empiriques, représenter cette loi.

3' Parmi les liquides mis en expérience (1) (plus de 180), la dis- solution aqueuse de chlorhydrate d'ammoniaque est celui qui possède la plus grande vitesse ascensionnelle, vitesse qui va crois- sant avec la proportion du sel dissous, et qui surpasse celle de l'eau d'une quantité d'autant plus grande que la température mi plus élevée.

Le chlorure de lithium, en dissolution aqueuse, le seul liquide jusqu'alors qui, après la dissolution de sel ammoniac, s'élève capillairement plus haut que l'eau pure, a une vitesse bien moindre que celle de l'eâu, vitesse qui d'ailleurs est dépassée par celle d'un grand nombre de dissolutions aqueuses.

Il est à remarquer que la dissolution alcoolique de sel ammoniac est, pour des conditions identiques, moins rapide que l'alcool anhydre, quoiqu'elle s'élève linalemertf plus haut. Le chlorure de lithium ralentit également la vitesse de son dissolvant, mais sfe solution alcoolique n'atteint pas tout à fait la même hauteur finale que l'alcool lui-même.

Pour un même liquide et pour la même inclinaison du tube, la vitesse capillaire s9accroît à mesure que le diamètre augmente.

Pour un même liquide et un même tube, la vitesse augmente avec rinclmaison du tube.

A mesure que le temps augmente, ces différences de vitesse * diminuent successivement, finissent par s'effacer, puis se mani-

(1 ) Choisis notammtnt parmi les ohlorures, les iodures, les bromures ot les divers tels d'ammoniaque, de potasse, de lithium et de glaoinium.

LES MONDES.

LES MONDES. Ml

f estent en sens contraire, les hauteurs finales diminuant ellea-mémes à mesure qne les diamètres augmentent. Par suite, les courbes se rapportant à un même tube et à un même liquide ne se coupent pas (ne se rencontrant qu'à l'origine); tandis que les courbes rela- tives è un même liquida et à des tubes de différents diamètres» placés sous la même inclinaison, se coupent à des distancée d'au* tant plus rapprochées du point de départ que les diamètres dit r fèrent davantage.

Pour tous les liquides, la vitesse capillaire augmente avec te température. L'eau elle-même, dans Se voisinage de son maximum de densité, ne fait pas exception à cette loi. Toutefois, on peut dire que si cette vitesse augmente d'une manière continue entre 0*f et 10* ou au-delà, elle croit d'autant plus rapidement due la tempéra- ture s'élève davantage* Cette vitesse peut être doublée; pour cer- tains liquides, en passant de 0* à 50° *

La planche ci-jointe représentant les courbes figuratives du mouvement ascensionnel de quelques liquides de nature très^ différente , peut doner une idée génère le du phénomène*, ' '

MÉGANIQUE NAVALE

» r

4 i « * « « I

I * »

§ar le roulis de» nu vires, par M. Macouork ÏUnkinê. Extrait delà communication lue au meetimj des naval àrchttgcts (Lowlrfes, mars 4872). Dans les Transactions de l'Institut des naval architecte, année 1861, M. Fraude a donné une expression de l'inclinaison sur l'horizon d'un navire qui roule sur une mer agité^ Appelons :

Tm la durée de l'oscillation de la lame ;

T, la durée d'une oscillation complète du navire roulant en eau calme ,

/ le temps compté à partir d'un instant le navire occupe le boiïl* met ou le creux d'une vague ; . ;

l'inclinaison de la laine à l'instant t ;

a, l'inclinaison du navire sur l'horizon au même instant;

e l'inclaison maximum de la lame ;

A, a, des constantes.

L'expression donnée par M. Froude revient à *

à ttrot instant, 0, se compose de deux termes qui ont chacun une loi distincte périodicité. Le premier est périodique comme 6m et repré-

sentç une fraption posante de K qui dépead du rapport »; le

<5ohd rèpfcéfthte uh mouvement périodique tiont l'amplitude est À.

L'inclinaison du navire sur la lame, 0OT 0, , a pour maximum

t i , . ..... » -

eT.»

rpg rps "T'A

' La présence du terme en A', dans 0S , augmente donc la valeur de 1 dans le Rapport i a la quantité

14-A- T> =ft.

*

M. Rankine considère le cas un navire, initialement droit et im- mobile, reçoit le choc d'une lame à l'instant t0. Les conditions initiales supposées sont exprimées algébriquement par les équations simulta- nées :

En partant de l'expression générale de 0, , ces dernières équations conduisent, pour A, à la valeurs partjçuliçr£ . * .

d'où pont la quantité A, l'expression cdtresjtondante

D'après cela, si à l'état initPal le ttatire est supposé : .' Au sommet de la lame, on a fo=0, et3 pour *,*, ilwefct

A'-l-t^;

i * i i ' 'i

V Au point de la lame la plus inclinée, t0 = —^ par suite k, est

LE9'M0NDE»J

f,

-i+G$r.:

En général, 4, est compris en tie les valeurs. 6', i\k". ,-,.,.,

.Des, ilçux .termes qui figurent dans l'expression, i(e .fl,».la nrejpier,a. une-, pr.ê>aace en.. quelque aorte [orcèç, des que J# *jve;iu 4c-,^a,nieç «Stylle. Biep des. causes- introduisent lp .terni*; en,. A, fcjje fui^l'af^n 414 vent, celle des petites lames superposées aux grades, ou manjiue, d'ipifarptfté des grandes, vague» elte-mâmes,, É-J-WW?- ,, , ,,, ,j

ÉLECTRICITÉ ,

HJf»flLWl|«f ^Xf^rieiw** apr Ae , polpww», w»UM*t *fl

4V|^flhiM*Tî P0»* M. l*abH Labobwe.. -r J.'ai lait, connaître, il y», quelouçe qnnéea, dans fes MoncUs, le moyen: de .r«urqduiïa .facilement l'expérience .du pqisson volant. Ui*fi feuille ide:, papier argenté,., dé-. eouj)ée;sur le ffl<>àfli}d© la figure i, est,plaoéet,si#j,le conducteur d'un» machine éleçtetque^.Qn lui présenta- la. lipuJflil'ijp.e^CLtpieuirtaWs*lM ladite s'élèïe et bb tient >suepeo.dueefltr#1l,'iexçilaieureJ le condwth tejW df ja mcJtioe- -l'ai donné de ce fait.une, eptplîeguflB.qiH foynia êtflej^.sfiulp vrBi»> elle a, été oopfwaée plue tyrd per ifp, la^rienoea p|us. jw;çci^6 lie -M- (Jaugairi&ur.le.wKÏrue sujet. ,. : ,..-, .,.,,. ,„| ;.„,, Voici de nouvelle» expériences. fond4es.en< grande .partie- sur les Ht£mflft tpgses. - ; .,.,. y. ., •■ - ... ..■■■„.■

Pour rendre leur exécution plus facile, il faut d'abord fixer sur le

6M LES MONDES

conducteur un large plateau métallique à bords arrondis, et se munir d'un excitateur à manche de bois, pour ne pas décharger trop facile- ment le plateau quand on en approche l'autre extrémité. On découpe une feuille de papier argenté sur le modèle de la figure 2, et Ton in- cline les deux pointes supérieures, Tune en avant, l'autre en arrière ; cette feuille s'élève et reste suspendue comme la première, entre l'ex- citateur et le plateau métallique ; mais de plus, elle prend sur elle- même un mouvement de rotation extrêmement rapide. Ce mouvement est à l'effet de recul produit par l'électricité qui se dégage des deux petites pointes courbées en sens inverse. En un mot, c'est l'expérience bien connue du tourniquet électrique ajoutée à celle du poisson volant!

On réussit également en donnant à la feuille argentée la forme de la figure 3, et en courbant légèrement la pointe supérieure.

Ces figures, qui prennent en tournant sur elles-mêmes l'apparence d'un cône suspendu dans l'air, font penser naturellement aux trombes, dont la suspension tient peut-être aux mêmes causes. J'ai essayé de rapprocher de ce phénomène naturel les conditions de l'expérience, en courbant sur elle-même la feuille argentée et lui donnant la forme d'un véritable cône dont la base est munie de deux dents placées en sens inverse, ainsi qu'on le voit dans la figure 4. Cet objet, qui doit être aussi léger que possible, se tieçt suspendu en tournant sur lui- même lorsque la machine est chargée d'électricité positive; mais, lorsque l'électricité est négative, il se dresse seulement sur sa pointe qui semble adhérer au plateau métallique et lui servir de pivot sur le- quel il tourne rapidement. Quelques rugosités sur le contour suffisent quelquefois pour déterminer le mouvement gyratoire.

La figure 5 s'élève très-fatilement lorsqu'on présente la boule de l'excitateur au contour supérieur ; et, pour la faire tourner sur elle- même, il suffit de courber en sens inverse les deux pointes inférieures ; l'effet de recul est produit alors par l'électricité qui s'échappe vers le plateau métallique. En y ajoutant un corps, une tête et deux bras, on a une figurine qui se tient suspendue entre le conducteur et l'excita- teur, et qui tourne sur elle-même lorsque les pieds sont courbés en sens inverse. Si l'on présente l'excitateur aux pieds, elle se dresse sur la tête et tourne sur le plateau lors même qu'on l'abandonne, en reti- rant tout à fait l'excitateur.

A l'explication que j'ai donnée du poisson volant, j'ajoutais : que Ton devait tenir compte aussi du mouvement de recul qui se produit à chaque pointe, ces mouvements opposés agissant comme régula- teurs; car, si la feuille descend vers le conducteur, l'aigrette plus

LES MONDES. «15

vive qu'elle lance de ce côté l'en éloigne ; et le même effet se produit à l'autre extrémité si elle remonte vers la boule de l'excitateur. M. Gau- gain n'admet pas cette cause ; mais, d'après les expériences précé- dentes, puisqu'un effet de recul se produit sur les pointes inclinées, il est évident qu'il doit également se produre sur les pointes ver- ticales.

M. Gaugain n'admet pas non plus qu'une mince feuille de papier puisse fournir presque indéfiniment de l'électricité positive d'uu coté, et de l'électricité négative de l'autre: je ferai observer sur ce point, que la quantité de l'électricité naturelle associée aux molécules est énorme; si l'un des fluides que possède une goutte d'eau était répandu sur ua nuage , ce nuage lancerait la foudre; il n'est donc pas éton- nant qu'une mince feuille de papier puisse fournir très-longtemps de l'électricité positive et de l'électricité négative. Cependant l'on est eu droit de demander quel changement s'opère dans l'objet qui subit cette double perte. Je répondrai par une conjecture que je crois bien près la vérité : ce que l'on nomme fluide neutre mis en jeu dans tous les corps, n'est autre chose que la chaleur; et le poisson volant qui perd à la fois de l'électricité positive et de l'électricité négative se refroidit; mais la quantité de chaleur perdue est si minime, que l'équilibre est rétabli continuellement par le rayonnement des corps environnants. I

Toutes les figures précédentes s'élèvent plus facilement sur un con- ducteur chargé d'électricité positive, que lorsqu'il est chargé d'élec- tricité négative. Maintes fois j'ai constaté cette différence sur la ma* chine électrique ordinaire transformée en machine de Hollz; car, d'après sa constitution, que j'ai fait connaître, cette machine fournit

m LES MONDES.

plus souvent même qu'on ne le voudrait, tantôt l'électricité positive, tantôt l'électricité négative. Cette différence d'action tient h ce que l'électricité négative s'échappe plus facilement d'un corps que l'élec- tricité positive.

Le moyen suivant, fondé sur cette propriété, permet de reconnaître promptement à quelle électricité l'on a affaire : un disque de papier argenté est placé sur le plateau métallique électrisé ; on lui présente la boule de l'excitateur, et aussitôt ce disque prend un mouvement de va et vient si l'électricité e6t positive ; mais, si elle est négative, il se relève simplement sous la boule de l'excitateur, et adhère en quelque sorte au plateau sur lequel il n'éprouve qu'un léger frémissement. Dans le premier cas, l'électricité positive qui s'échappe plus lentement du disque est repoussée avec lui par l'électricité de même nom, et va se décharger sur l'excitateur pour revenir au plateau ; et, dans le se- cond cas, l'électricité négative qui s'échappe promptement du disque le laisse presque entièrement déchargé sur le plateau dont il n'est repoussé que pendant des instants excessivement courts , ce qui se traduit pajr un frémissement. On peut même ajouter que c'est l'exci- tateur, pl^cé au-dessus du disque qui, en facilitant la décharge, le retient sur' le plateau ; car, si l'on retire l'excitateur, le disque est re- poussé au loin.

\>i figure 6 a été calquée sur la forme que l'on, donne aux trombes dans les planches qui les représentent. Le papier d'argent ainsi taillé, s'élève et se tient suspendu plus facilement que toutes les autre»

* *

figures; il s'élève aussi beaucoup plus facilement que la figure 4 quand on le façonne comme elle en cône creux, tout en lui conservant la forme d'une trombe. C'est une chose digne de remarque que les trombes naturelles prennent justement la forme qui convient le mieux à leur suspension danç l'air par les forces électriques. Je me servirai de cette expérience pour expliquer leur formation; mai» cette explica- tiori serait déplacée dans la présente note, lp, chose Qtant trop impor- tante et exigeant trop de détails pour être traitée d'une manière in- cidente.

PHYSIQUE MOLÉCULAIRE ET ATOMIQUE

TLem <pimenatoM des atome*. Aux hypothèses si invrai- semblables d'indivisibilité, (le rigidité absolue, de ténacité infinie et factions mystérieuses à distance qu'on a toujours faites sur les atomes,

LES MONDES. 617

les chimistes et les physiciens modernes en ont ajouté une autre, qui consiste à dire que les atomes sont infiniment petits, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de dimensions appréciables. Cette manière de voir qui re- lègue ainsi la notion des atomes dans le domaine de la métaphysique, n'est guère d'accord avec les faits de la chimie. La première objection qu'elle y rencontre est celle-ci : Si les atomes sont infiniment petits, pourquoi toutes les actions chimiques ne s'accomplissent-elles pas avec une vitesse infinie, c'est-à-dire dans un temps infiniment petit ?(1) Beau- coup d'autres questions d'une aussi grande importance resteront éga- lement sans solution tant que des hypothèses hasardées empêcheront de considérer les atomes comme des portions réelles de la matière occupant des espaces finis et non incommensurables dans les corps qu'elles constituent.

Dans ce qui suit nous allons montrer comment on est conduit à cette dernière manière d'envisager les atomes et à déterminer, approxi- mativement du moins, la mesure de leurs dimensions.

I. 11 y a trente ans environ, Cauchy a dit relativement à la con- stitution des corps que « les couleurs du prisme montrent que la sphère des actions moléculaires dans les corps transparents liquides ou solides, est comparable à la longueur d'onde des rayons lumineux. » Cette proposition, qui parut d'abord si étrange au monde savant, a été confirmée depuis par un grand nombre d'hommes de science distin- gués qui se sont produits pendant ces trente années, et elle est au- jourd'hui généralement admise ; seulement la manière dont elle a été formulée n'est pas favorable pour en faire saisir la signification véri- table. « La sphère des actions moléculaires » ne présente rien de bien net à ceux qui ne sont pas parfaitement familiers avec les mathéma- tiques, et ce qu'elle présente aux mathématiciens est, selon nous, com- plètement faux; car nous ne pouvons nullement croire à des attrac- tions et répulsions s'exerçant entre des centres de forces suivant des lois différentes. Ce qui, au contraire, résulte bien clairement des calculs de Cauchy, c'est que dans les corps sensiblement homogènes» des portions contiguës dont les dimensions sont des fractions suffisam- ment petites de la longueur d'onde, ne sont pas identiquement sem- blables entre elles. Ainsi, dans une masse d'eau, des cubes contigus

(1) H me semble reconnaître, non sans un profond regret, que l'illustre physicien se sert indifféremment des mot» molécules et atomes. Les actions chimiques sont non des «étions atomiques, mais des actions moléculaires j aussi se^font-elles aréole temps* Se peut-il que la notion si simple de moMcvb, ce qui constitue le corps, os qui est tel que, quand on l'a entière on a le corps, que quand on ne Pa plus entière on n'a plus le corps, ne s'impose pas à un si grfend, esprit. Si au mot atome on ne substitue pas partout molécuU, la note de M. Thomson est inintelligible.

44

618 LES MONDES.

d'un centième de millimètre de côté sont sensiblement semblables, tandis que des cubes contigus d'un millionième millimètre de côté sont très-sensiblement différents. 'Pouf mieux comprendre en quoi consiste cette dissemblance, figurons-nous un bloc! de maçonnerie fait en briques de 20 centimètres de longueur. Considérons-y d'abdrd deux longueurs adjacentes de 200 mètres; l'unepourra contenir neuf cent c(uatre-vingt-dix-neuf briques et deux môHié9, et Vautre rtnlte briques entières, lies cubes qui auront ces longueurs de 200 mètres pour dîtes pourront être considérés comme semblable^. Considérons maintenant, darâ le même bloc de maçonnerie, detix longueurs àcljaôenteâ 40 centratètres seulement. L'une pourra contenir uiie brique entière et deux moitiés, et l'autre deux briques entières : les cubes qui auront fc&'lbn'guêurs potar côtés seront d'une structure éénsikleraerit (fifre - réntfc -C'est wne felie dissemblance entre les parties contiguOs très- petites qui, dan* lès corps transparente, résulte de la disposition des tftentofcfe 'et de léttà intervalles. L'optique dynamique (tembritre Jpie BSattë 'titi eorp» le diamètre d'an atome tm plutôt là" distance dti cenlre 8*un atome au centre de l'atome plus rapproché est à peu près fcgdle au dix-millième de la longueur d'onde, c'est-à-dire à* un vingl- toilBonième millimètre.

II.' -*■ n y a une dizaine d'ànttéeà, nous avons fait de nombreuses expériences sur Kétectrioité développée par le contact des métatat. Ces expériences, Ique noua avons décrites dans uùe lettré au docteur Joule publiée dans lès Aèies de la Société littéraire »'tf tâcnéifiçfue de Afan- èkèkter, ùotis ont montré que des plaques de xinc et de cuivre reliées TOttfetnble par un fil métallique très-fin sf attifent comme des plaques -fermées d'un seul métal et mises efreôm m imitation avfefc les deux golfes d*ùh élément galvanique doritto. f&rcfe électromotirice est égale aux th)is quarts de celle d'un élément de Daniel. '

"D'après les données expérimentales publiée^ par les 'Actes de la So- ciété royak dfe l'Année 1860; deux plaques dumême métal reliées par tm teï élément électrique et placées l'une près tie Tstutre à une distancé trts- petite par rapport, à leur diamètre, s'attirent avec urte force de deux dix-millionièmes de milligramme par chaque portion des deux surfaces opposées, égale au carré de leur (jUstance ,

Gela étant, supposons deax petites plaques métalliques, L'une ée •sine, l'autre de cuivre , ayant un centimètre carré de superficie et un <fix-mittiè'me de millimètre d'épaisseur et touchant chacune, par Pun de ses angles, une petite boule métallique d'un dix-millième de milli- mètre de diamètre. Sans rompre leur communication avec .la petite boule, talons d'abord les deux plaques écartées l'une de l'autre, et

LES MONDES. 619

puis faisons-les tourner autour du petit globe jusqu'à ce qu'elles de- viennent parallèles et distantes l'une de l'autre d'un dix-millième de millimètre. D'après ce qui vient d'être dit, les deux plaques arrivées dans cette position s'attireront avec une force de deux grammes. Le travail produit, pendant leur mouvement de rotation, par la force variable d'attraction, est, comme il est facile de le démontrer par la mécanique rationnelle, le même que celui d'une force constante de 2 grammes agissant sur une distance d'un dix-millième de milli- mètre, c'est-à-dire qu'il est égal à deux dix-millièmes de millimètre- gramme.

Si, parle même procédé que tout à l'heure, nous joignons à la plaque de cuivre une nouvelle plaque de zinc, à celle-ci une nouvelle plaque de cuivre et ainsi de suite jusqu'à ce que nous obtenions une pile formée par 50000 plaques de zinc, 50 000 mille plaques de cui- vre et 10O000 intervalles, chaque plaque et chaque intervalle ayant un dix-millième de millimètre d'épaisseur, le travail produit par l'at- trastioa totale de la pile sera de 2 centigrammemètres. Et comme la pile pèse 8 grammes, le travail sera d'un quart de centigraqiraemètre pair gramme de métal. Considérant que, d'après l'équivalent de chaleur de Joule, il faut 4030 centigranamemè très de travail pour éieyer d'un degré centigrade la température d'un gramme de zinc ou de cuivre, la étalent? à laquelle équivaut le travail de l'attraction électrique de la pile ne pourrait en élever la température que de êdrôT ^6 degré. Si, au lieu de 0,001 de millimètre, l'épaisseur de chaque plaque et de chaque intervalle n'était que d'an dix-millionième de millimètre, le travail de l'attraction' de la pile aurait pour équivalent une quantité de chaleur capable d'élever la température de la pile de 62 degrés. Cela est encore admissible, vu l'état de nos connaissances ou plutôt de notre manque de connaissances sur la chaleur de combinaison du zinc et du cuivre. Mais si les plaques et leurs intervalles étaient encore quatre fois plus minces , c'est-à-dire d'une épaisseur d'un quarante millionième de millimètre, le travail de leur attraction produirait 990 fois phis de chaleur qu'il n'en faut pour élever de 10 degrés cen- tigrades la température de la pile; c'est évidemment beaucoup plus que n'en produisent le cuivre et le zinc en entrant en combinaison chimique. Car si leur chaleur de combinaison était aussi considérable, un mélange de poudre de ces deux métaux, fondu en un point, pro- duirait une chaleur suffisante pour embraser et fondre le mélange tout entier; (te même qu'une grande quantité de poudre attirer allumée en ii* de Bée points s'enflamme tout entière sans nouvelle application de chaleur. Donc des plaques de cuivre et de zinc d'environ un trente

620 LLS MONDES.

i

millionième de millimètre d'épaisseur, serrée» alternativement les unes contre les autres, forment déjà presque une combinaison chimi- que, si toutefois on peut rendre ces plaques métalliques aussi minces sans diviser leurs atomes.

NT. La théorie des attractions capillaires nous apprend que lors- qu'on gonfle une bulle liquide, une bulle d'eau de savon, par exem- ple, le travail produit par sa résistance à la dilatation est le même que si c'était une membrane élastique douée d'une force contractile con- stante. Pour une bulle d'eau très-mince, cette force contractile, qui doit être considérée comme proportionnelle aux longueurs , est de 16 milligrammes par millimètre et le travail produit par son gonfle- ment est en milligrammemillimètres, environ 16 fois ls nombre de millimètres carrés dont s'augmente la surface de la bulle; pourvu seu- lement qu'elle ne soit pas rendue assez mince pour que son coefficient de contractilité en diminue.

D'un autre côté, dans un article « sur l'effet thermal de la dilatation d'une membrane liquide » publié dans les Actes de la Société royale du mois d'avril de Tannée 1858, j'ai démontré que, d'après la se- conde loi de la thermodynamique , pour qu'une bulle liquide, en se gonflant, ne baisse pas de température, il faut augmenter de la moitié de sa valeur sa force vive dans la production de chaleur. Donc la force vive produite par la lormation d'une bulle d'eau dont la température est maintenue constante, augmente de 24 milligrammemillimètres par chaque millimètre carré dont s'accroît sa surface.

Gela posé, soit une bulle d'eau d'un millimètre d'épaisseur, et sup- posons que, par le gonflement, sa surface soit devenue dix mille et une fois plus grande ; le travail produit par chaque millimètre carré de la bulle primitive, c'est-à-dire par chaque milligramme d'eau , sera de 240 006 milligrammemillimètres ; l'équivalent de chaleur de ce travail est une élévation de plus d'un demi-degré de la température de la bulle.

L'épaisseur à laquelle la bulle s'est réduite par ce gonflement est très-approximativement d'un dix-millième de millimètre, et l'obser- vation ordinaire des bulles de savon (qui sous le rapport de la con- ractilité doivent différer très-peu des bulles d'eau pure) montre qu'à cette épaisseur la contractilité de la membrane ne diminue pas. Mais si Ton suppose que, la bulle continuant à se gonfler, son épaisseur se réduise à un vingt-millionième de millimètre, le travail produit sera deux mille fois plus grand que celui dont nous venons de parler et équivaudrait à une quantité de chaleur mille cent trente fois plus considérable que celle qui élèverait d'un degré la température de la

LES MONDES 621

bulle ; cela est évidemment inadmissible, car une chaleur bien moin- dre réduirait la bulle en vapeur. Il faut donc nécessairement que la force contractile diminue lorsque l'épaisseur de la bulle n'est plus que d'un dix-millionième de millimètre. Or, dans aucune théorie mo- léculaire, on ne peut admettre que la contractilité d'une membrane liquide diminue tant qu'il y a plusieurs atomes dans son épaisseur.

IV. La théorie des gaz fondée, il y a cent ans, par Daniel Ber- nouilli est arrivée, dans ce dernier quart de siècle , à un tel degré de perfection par les travaux de Herapath, Joule, Clausius et Maxwell, qu'on y trouve aujourd'hui l'explication de toutes les propriétés non chimiques des gaz.

Bien qu'on ne sache pas ce que c'est qu'un atome, on peut admettre comme une vérité scientifique établie , qu'un gaz est formé par des molécules en mouvement que des chocs ou influences réciproques empêchent de suivre des lignes droites avec des vitesses constantes et qui sont distribuées de telle manière, que la longueur moyenne des 4 parties presque rectilignes de la trajectoire de chaque molécule est égale à plusieurs fois la distance moyenne du centre de la molécule au centre de la molécule la plus voisine. Si ces molécules étaient des globes élastiques durs et agissant les uns sur les autres par leur con- tact, leurs trajectoires seraient des zyg-zags, composés de parties rectilignes subissant des changements brusques de direction. C'est en partant de cette hypothèse que Clausius a prouvé, par une simple application du calcul de probabilités, que la longueur de la trajectoire libre parcourue par chaque molécule entre deux chocs consécutifs, est au diamètre de ce globe dans le rapport de tout l'espace dans lequel les globes se meuvent à huit fois la somme de leurs volumes. De quoi il résulte que le nombre de globes contenus dans l'unité de volume est égal au carré de ce rapport divisé par le volume d'une sphère dont le rayon est égal à la longueur moyenne de cette trajectoire. Mais nous ne pouvons admettre que les molécules d'aucun gaz soient des globes élastiques durs. Deux quelconques d'entre elles doivent, dans tous les cas, agir l'une sur l'autre, de telle manière que lorsqu'elles arrivent très-près l'une de l'autre elles subissent un changement de direction et de vitesse. Ces actions réciproques (que nous appelons forces) étant différentes à différentes distances , doivent varier avec ces distances suivant une certaine loi. Or, si les molécules étaient deg globes élastiques durs agissant seulement par leur contact, la loi de la force serait : zéro lorsque la distance entre deux centres serait plus grande que la somme des rayons, et répulsion infinie lorsque cette distance serait moindre que la somme des rayons. L'intervalle entre

i

,i

622 . LES MONDES.

ces deux limites doit évidemment être un peu rétréci; et nous admet- tons, quant à nous, comme beaucoup plus probable que les molécules qui constituent les gaz sont élastiques molles. Car, d'après les expé- riences de Maxwell sur les variations de la fluidité des gaz, le temps qui s'écoule entre deux chocs consécutifs des molécules gazeuses est indépendant de la vitesse avec laquelle ces molécules se meuvent, ce qui ne saurait avoir lieu que pour des molécules élastiques molles ; pour des molécules dures, le temps qui s'écoule entre deux choes con- sécutifs serait inversement proportionnel aux vitesses du mouvement des molécules.

Nous savons par les travaux de Joule, Maxwell et Glausius, que la vitesse moyenne des molécules de l'oxygène, de l'azote et de l'air atmosphérique est, à la température et à la pression ordinaires, d'en- viron 500 mètres par seconde et que le temps moyen entre deux chocs consécutifs est d'un cinq mille millionième de seconde. H en résulte que la longueur moyenne de la trajectoire de chaque molécule entre deux chocs consécutifs est d'environ un dix-millième de millimètre. Maintenant, comme nous avons abandonné l'hypothèse des molécules élastiques dures, dimensions des molécules et chocs avaient «ne signification parfaitement nette, il nous faut définir ces termes. Pour cela remarquons que, lorsque deux molécules se heurtent, la dis- tance de leurs centres est minimum, et que, lorsqu'elles se quittent, en vertu de la répulsion qui suit le choc, cette distance augmente* Si les molécules étaient dures, le minimum de la distance des centres serait égal à la somme des rayons; mais en réalité il est très-différent dans différents chocs ; et nous pouvons, en considérant seulement Je cas de molécules égales, définir le rayon d'une molécule la moitié de la moyenne de la plus courte distance des centres dans un grand nombre des chocs.

Le diamètre d'une molécule sera d'après cela le double du rayon ainsi défini, et son volume une sphère de ce rayon ou de ce diamètre» La définition du rayon que nous venons d'adopter n'est pas tout à fait exacte, mais nous l'admettons ici pour nous rendre plus facile la com- binaison que nous nous proposons de faire des résultats obtenus par Glausius et Maxwell.

D'après les expériences de Cagniard la Tour, Faraday, Regnault et Andrews sur la condensation des gaz, il faut admettre qu'aucun gaz ne peut être rendu quarante mille fois plus dense qu'à la pression et à la température ordinaires, sans que son volume soit devenu plus petit que la somme des volumes de ses molécules. Donc, d'après le grand théorème de Clausius cité plus haut, la longueur moyenne

LES MONDES. 623

de la trajectoire entre deux éhotte 'éonrfeécutifs ne peut pas être plus

SFW& ff*« <Ùwi &$$. ■*»* !iÇ diarçfttre de 1§, mol^cjgtteft lp nombre dfi, moJécwlefJ Uaoç J'untfétdç. vpfoLfpfl ne peut déposer ^0 000 000 divisé par le volume d'uije sphère ay.tyft cette longueur moyennç pouç

La lopgueur 4e ï* tt^GtPH?? ét^/it égale, coroifle ijoub yenons 1q démontrer tout à l'Eure, à ur dix*milUèmp de millimètre, 1q dia- mètre des inoléc^le^ gazeuseç ne doit pas être moindre que cinq di*- millionièrae* de .millimètre, et le nombre de molécules dans un cetir limètre çpbe de.gaj, à la densité ordinaire , pe peut être plus granfl que 6* 10". . . ', . ï\ Y. .'Z.11...

Quant aux solides et aux liquides, leur densité étant de cjpq à sei^e mille t£û.i§ plus grande que celle fies, ga*, Jbe ngipbre de leurs molécules da^fi iuv centimètre cube est de# X10*4 à 102?f. ^a diptazjpe d^ cçqtr^s

de (feia i^oUi#^-n^)4vWW «ei9y (Je quatorze gjx^^onièinqs à quwapte-six dut-millionièmes de inilliuiètre. . . ' ,

, ^e^quatfQ démonstratif qijp . nous venons de .doi^npr établissent toutes que dans les liquides et dans les solides transparent*» ou trans- hicidest la distance jgsqy.wne des centras <fô deu* og^oléculesi-captiguôg est comprise entrç up ^ivmilUpuijème et deux pgnt-ipillkpuèmes df millimètre.

Pour bo}19 jteç une id4e de la maïu&e dqni, d'après ce qpi pré- cède, cep. corps sont constitua, figurona-noua une goutte de pluie ou un globe verre de la grosseur d'un pois , et supposons-les grossis jusqu'à égaler le volume de la terre, leurs atomes étant grossis dans la p^èrjf p. proportion.. ^ sphère .^insj.otytpnue serq. coqposép de pertes sphèfe§ pl^s grosses qne des graine de plomb et plus petites que des

balles de cricket ou des oranges. . ,

William Thomson,

Professeur à l'Université cfé Glascow.

{Nature.) ..•'■:• . .

(Tf a&Mtioti «âopruntée h ta Rnw$ sciêfittftui, de M. ©ennér^BAiltière.)

PHOTQGIUCPIE

••»/

Société française de PHOTôGRAFHtE. Séance t>u 12 Janvier 1872*

»

Conservation de* épreuve* Mcn préparée* an pa- pfer alfeuwlvé. M. Davanne a constaté, tant sur de nombreuses épreuves de ses collègues que sur les siennes, que l'altération ne se

624 LES MONDES*

produisait sur des images convenablement soignées que si elles étaient exposées à des agents de chloruration ou de sulfuration. Il insiste sur- tout sur la nécessité d'un bon lavage après l'hyposulfite de soude.

Les épreuves, dit-il, ne doivent être séchées qu'après essais; et comme mode de vérification , il recommande surtout celui si simple que tous les photographes ont sous la main consistant à recueillir quelques gouttes de la dernière eau dans une soucoupe et d'y laisser tomber un cristal de nitrate d'argent, sans agiter ; la moindre trace d'hyposulfite de soude puisqu'il suffit d'une trace de matière organique dans l'eau pour produire cette réaction et qu'il y a grande chance qu'une eau s'écoulant de papiers albuminés contienne toujours quel- ques traces de matières organiques. L'iodure bleu d'amidon est aussi un excellent réactif, mais il faut le préparer; il ne se conserve pas et par conséquent on ne l'a pas toujours sous la main comme le flacon de nitrate. La dépense de nitrate d'argent est tout à fait insignifiante, car un gramme pulvérisé donnera une quantité suffisante pour une centaine d'expériences.

M. le Président remet aux titulaires (voir le 4 du Bulletin de l'année 1871) les médailles décernées par le jury pour l'exposition de 1870.

M. Balard rappelle à ce sujet combien cette exposition de 1870 était remarquable, non-seulement par la beauté des œuvres exposées, mais aussi par les spécimens de tous les procédés divers qui y étaient re- présentés.

Subitement interrompue par les malheureux événements de 1870, cette exposition n'a pu avoir toute la publicité, tous les éloges qu'elle méritait; néanmoins le Jury qui, sur la demande de la Société de la Photographie, avait été nommé par le libre suffrage de tous les expo- sants a pu terminer sa tâche difficile, et la société pense être l'inter- prète des exposants, en . remerciant aujourd'hui les hommes qui ont accepté cette délicate mission de faire un choix dans les œuvres de leurs collègues.

UTraTelle méthode pour préparer le eolledloa, par

M. le docteur Van Monckhoven. Je dissous dans 1 litre d'alcool et dans 1 litre d'éther 40 grammes de pyroxyle, sans attacher d'im- portance à sa qualité, bonne ou mauvaise; je verse cette solution dans un grand vase contenant 10 litres d'eau et je secoue vigoureusement le tout. Le pyroxyle se sépare et on le reçoit sur un filtre en mousseline; i'alcool et l'éther peuvent être retirés de l'eau, préalablement filtré par la distillation.

LES MONDES. 625

Le nouveau coton poudre pèse, selon sa quantité primitive, de 90 k 35 grammes ; il apparaît après avoir été séché en petites masses très- dures et très-légères qui ne rappellent en aucune façon le pyroxyle ordinaire* Il est fort difficile de faire prendre feu à ce coton précipité, car il brûle à peine. Il se dissout complètement dans l'alcool, cir- constance fort importante lorsqu'il s'agira de faire un collodion parti- culier très-riche en alcool pour de longues expositions.

Mais la qualité capitale du coton préparé par ce procédé c'est qu'il donne un collodion excellent même quand on a employé dans l'origine le pyroxyle le plus détestable.

On peut l'iôdurer avec les sels les plus variés sans que sa consistance en soit modifiée. (La fin au prochain numéro.)

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE BU LUNDI 1er ÀVBIL.

De la théorie des aurores polaires, par M, de la Rive. L'illustre physicien persiste plus que jamais à considérer les aurores polaires comme un phénomène qui se. passe dans l'atmosphère, ce qui n'est pas douteux, et qu'elle a pour cause l'électricité atmosphérique, ce qui est vrai encore, mais en partie seulement, comme nous allons le dire 'fout à l'heure. « L'atmosphère, dit M. de la Rive, est chargée d'élec- tricité positive dont l'intensité va en augmentant à mesure qu'on s'é- lève, et que la terre elle-même est chargée d'électricité négative, et cela quelle que soit la cause de ce dégagement d'électricité. Cela admis, il est facile de comprendre que ces deux électricités tendent constamment à se réunir, d'une part par l'intermédiaire du globe terrestre, d'autre part par l'intermédiaire des couches supérieures de l'atmosphère avec l'aide des vents contre-alisés, et que cette réunion, qui a lieu dans les ' régions polaires, est accompagnée, quand l'électricité a un certain de- gré d'intensité, d'actions perturbatrices sur l'aiguille aimantée et de la circulation de courants électriques dans les fils électriques, en même temps que d'effets lumineux dans l'atmosphère, effets dont l'apparence * est plus ou moins modifiée par l'action du magnétisme terrestre. Cette explication, conforme aux lois connues de la physique, trouve encore sa confirmation dans les phénomènes de divers genres, principalement météorologiques qui accompagnent l'apparition des aurores. Certaine-

626 LES MONDES.

nient que l'électricité atmosphérique ou plutôt les courants électriques pés d* magn^Ueme terrffctrftjouwU un r^le important dm J*Jffû£pc- tiqu 4e l'aurore boréale, huîs à la condition que l'artmospbsre soea envahie par une manière cosmique qui puisse, s'illumioeraoua l'in- fluence des courants et donner ainsi des raiee identiques qpelqu^foja £ celles de la lumière zodiacale, qui est aussi de la matière çesfpiqpp illuminée. L'aurore boréale est donc un phénomène l la fois teUur rique et cosmique; M. de la Rive ne le dit pa$qssez. L'électricité sft- laixe 4oit*elle intervenir pour exalter l'électricité ou le n>agpét^me terrestre, cornue le veulent MM. Becquerel et de 1^ Rive, fl'çst pa* impossible.

* Seconde communication sur fhktoirt 4e la Febmentàtion, par M. E. Cbevrecl. L'illustra doyen examine Unir à tour :

Chapitre l. L'anologie et la différence existant entre les idées gé- nérales de Stahl et celles de van H.dmont;

Chapitre IL Les écrits chimiques de Stahl envisagés au point de vue général ;

Chapitre IN. La théorie de la fermentation de Stahl ;

Chapitre IV. La théorie de la combustion de Stahl ;

Chapitre V. Conclusion générale des chapitres précédents. Les théories de la fermentation et de la combustion de Stahl ont le carac- tère physique plutôt quç le caractère chimique. > \

Citons seulement ces dernières lignes ; « Stahl admettait l'impos- sibilité de connaître par l'expérience les propriétés des corps qu'il con- sidérait comme principes des autres, à. l'état de pureté* 4'sù il con- cluait que la pensée seule était capable de recopnaltre lctis corps siipp}es comme distincts les uns des autres. De cçtte opinion exprima par Sfehl, je tire la conséquence rigoureuse que l'analyse chimique était impos- sible, puisqu'il admettait en fait qu'on n'avait point à sa. disppa^qn de types matériels nettement définis, au sens de tau* les çhûftifltee, pour y ramener avec certitude le$. corps qu'on se serait proposé de sé- parer d'une matière soumise à l'auflyw chimique ayee Vintçnpûp .d'en pçnnaître la cpmposition. ;> ' -,

Note sur {' association nouvellement [ondée en Italie squslç ti^rç^e Société de spectrosgopie, par M. Faye. Lçs lecteurs des Mondes ont connu les premiers l'existence et le programme fje ^ nquypUe So- ciété. M. Faye fait connaître ce programme à son to.ur, le- discute > le critique et le complète au besoin. 11 a bieu peine à croire que l'appw- tion fugitive d'une protubérance au bord du soleil puisse xetçntir jus- qu'à nous et produire ici un orage magnétique ou une aurore boréale; que les phénomènes de la chromosphère exercent une ^t^a^yp*ible

LES MONDES. 627

sur les dimensions du soleil; que le speciroscope soit le seul instru- ment qui puisse amener des découvertes sur la- constitution pVysiqu$ du soleil, .etc. Il maintient que l'étude de la rotation solgdre et de§ mouvements des taches restera toujours la base première des études solaires... Il émet en finissant un Vœu dont nous nous faisons avec bonheur l'écho, et qui ne peut pas ne pas être exaucé, « Je voudras qu'ij nous fût possible, en France, de fonder un simple laboratoire à la fois spectroeco pique, photographique et chimique, chaque jpur l'image eomplètedu disque solaire serait enregistrée par |a photographieaveptous ses accidents, l'on superposerait à petto image complète et irrécusable le dessin de la chromosphère obtenu par la spectroscope ; chaque jour on ferait l'analyse ehimique détaillée de l'enveloppe §pjaire ; ou enfin on préparerait les expéditions qui ont pour but dp mettre à profit les éeiipses totales. Une étude ainsi dirigée est plutôt du ressort d'up laboratoire que d'un observatoire astronomique, car l'on y verrait plus de flacons et de réactifs que de lunettes et d'horloge^, plie abou- tirait bien vite à de grands résultats et se relirait d'ailleurs trèç-bien aveo la Société italienne dont l'organisation assure à ses trayau^ unp continuité à laquelle nous pe saurions prétendre dan§ un établiss- ement isolé et sous un ciel moins favorable. Ajoutons que labo- ratoirelfpbysico-chimique ne resterait pas forcément limité au? études solaires; M. Janssen nous a montré, dans son beau travail sur (es raies telluriques du spectre, une voie nouvelle pour l'étyuft /J^nptre pr pr e atmosphère, car ces raies donnerait, &m notre fal hygroi^^r trique général des indications qu'on demanderait en vain au; raslrur ments de la météorologie ordinaire.

D* VhfpQthèH des vents alizés *yr ft s^il, par M- Fayb. -t- Confirmant une hypothèse de M. ZûUppfvta H. $^çfei,qurait trouvé sur le soleil les indjcps de l'existence 4e ^oura^tg gj^pér.aju^ ^U^nt de requateurauxpWeBdaosl.es hautes régions de la cbromosnbfcip tçjy pénètrent le» protubérances élevées. JM. F&ye ne çrpit pa^a I4 légiti- mité des inductions par analogie dans le passade, dé? plates au sptejj. a Sans doute, dit- il, il viendra un tepips ou le Soleil, encroûté comme la Terre, pourra quelque temps avoir, connue eHeajijpui;d'htyi, 4?s noewj, des continents et une vaste atmosphère avec ses nu^gçseî §e$ vents alizés; mais il n'en est pas encore là. Aujourd'hui le £oieil est insti- tué comme il y a des n>i liions d'années, pour émettre |ine prodigieuse quantité de chaleur et de lumière; or ce fait seul lui iffiRQÇe une con- stitution physique qui peut et même qui doit être essentiellement différente de la nôtre, bien que les lois générales de la mécanique, de U physique et de la chimie restent les menées pour lui copime pour

628 LES MONDES.

nous. La différence la plus frappante consiste en ce que, dans le Soleil, la masse interne ne pouvant contribuer largement à la dépense incessante de la surface par voie de conductibilité, il faut qu'elle y supplée par des courants ascendants qui mettent en communication continuelle cette surface avec l'intérieur. Or, cette communication continuelle, supprimée depuis longtemps pour les astres éteints et encroûtés comme la Terre, ne peut s'opérer sans réagir sur toute la constitution physique et mécanique du Soleil, sans faire disparaître toutes ces analogies de détail dont nous parlions tout à l'heure. ...

On fera fausse route chaque fois qu'on voudra supposer au soleil une atmosphère semblable à la nôtre, avec ses nuages, ses réfractions régulières, ses vents alizés, etc. ! Les taches ne sont pas des nuages, mais de simples dépressions... Les réfractions de la vaste atmosphère solaire sont réduites à rien... Il n'y a à la surface aucune trace d'un mouvement d'ensemble des pôles vers l'équateur, ni de l'équateur vers les pôles. '.'. tCette grande atmosphère ne saurait même pas renverser les milliers de raies du spectre. •• L'analyse spectrale m'a donné rai- son sur tous les points. » La grande découverte de M. Rirchhoff s'est donc évanouie.

M. Charles Sainte-Claire-Deville, en présentant le bulletin de l'Observatoire météorologique de Montsouris, s'exprime comme il suit:

« J'ai le regret d'annoncer à l'Académie que ce sera sans doute la dernière fois que je pourrai lui présenter les travaux de l'Observatoire que j'ai été chargé de fonder en 4869, et que j'ai maintenu jusqu'à ce jour au milieu des plus grandes difficultés. Une lettre de M. le Mi- nistre de l'Instruction publique, en date du 9 mars, m'annonce, en effet, que l'Observatoire météorologique de Montsouris doit perdre son autonomie pour devenir une simple station, placée sous l'autorité du directeur de l'Observateire de Paris. Je ne dois point omettre de dire que M. le Ministre a bien voulu m'adresser ses remerctments pour les services que j'ai pu rendre dans l'accomplissement de ma tâche, et témoigner de favorables intentions à mon égard. Mais tous mes confrères me croiront assurément si j'affirme que ma meilleure récompense est dans la conscience du service que j'ai rendu à la mé- téorologie, en jetant les bases d'un établissement Spécial qui n'exis- tait point encore en France, et dont le développement introduira, j'espère, un jour des progrès réels dans l'étude des phénomènes atmosphériques, au double point de vue de la théorie et des applica- tions.

A en juger par le récit de la Revue scientifique, ces adieux auraient soulevé une véritable tempête. M. Le Verrier aurait déclaré que ce

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qui se passe à Montsouris peut faire les affaires de quelques personnes, mais que cela ne fait en aucune manière les affaires de la science ; que, subordonner un établissement à un autre est un acte sans précé- dent, contraire à toutes les traditions scientifiques*

S'adressant directement à M. Delaunay et s'exprimant avec la plus vive indignation, M. Ghasles s'écrie : « Jamais on n'a vu un confrère se comporter d'une pareille façon vis-à-vis d'un confrère. L'intérêt de la science n'est ici nullement en jeu ; il s'agit exclusivement de l'am- bition jalouse de certaines personnalités remuantes... Je demande que l'Académie décide que les deux secrétaires perpétuels iront représenter à M. le Ministre combien est inique la mesure qui vient de frapper le personnel tout entier de l'Observatoire de Montsouris. M. Delau- nay, qui serait déjà allé prendre possession de Montsouris, se tait; M. Dumas appuie la proposition de M. Chasles, qui sçra discutée lundi prochain en comité secret. Depuis longtemps nous nous faisons violence pour ne pas nous mêler à ces douloureux conflits. Mais nous avions prévu et nous avions souvent dit que l'ambiton des personnalités remuantes dont parle M. Ghasles amènerait un éclat dont M. Delau- nay pourrait bien être la victime; et nous avons été douloureusement impressionné quand M. Serret, sans mission est venu faire, en pleine académie, non pas seulement l'apologie, mais l'apothéose d'un fonc- tionnaire qui devait fatalement faire éclater ces scènes si pénibles.

M. Decaisne fait hommage des dernières livraisons de la Mono- graphie du Poirier, faisant partie du jardin fruitier du Muséum et contenant : l'introduction générale , l'organographie, les descriptions et les figures de toutes les espèces de poiriers sauvages ; l'étude d'un groupe remarquable de poiriers à cidre, désignés sous le nom de Sau- gers, et enfin l'énuinération des arbres à cidre classés par provinces.

Sur le choix des moyens de traitement dans les maladies chirurgicales de l'adolescence, par M. Gosselin.— Ces maladies sont : l'ongle incarné; le valgus douloureux outarsalgie; l'ostéite épiphy- saire suppurante aiguë ; l'exostose épiphysaire ; l'exostose sous-un- guéale; les gros polybes fibreux naso-pharingiens. Le but du mémoire de M. Gosselin est d'indiquer l'influence exercée par l'âge du sujet sur le choix des moyens de traitement de ces maladies et de démon- trer la proposition générale suivante : c Les maladies chirurgicales spontanées spécales des jeunes gens ont de la tendance à s'accroître ou à récidiver tant que dure l'adolescence. Elles perdent ces tendances une fois que l'âge adulte est arrivé. »

Du mouvement ascensionnel spontané des liquides dans les

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tubes capillaires, par M. Degharme. Nous avons publié cette note

ci-dessus.

Sur la sorbite, matière sucrée analogue a la mannite, trouvée dans le jus des baies du sorbier des oiseleurs, par M. Joseph Bous- singàïlt. Le§ sorbes, comme les cerises, les prunes, les pommes, etc., »ç regdeflt pas à beaucoup. près l'alcool correspondant à leur teneur çu sucre, Dan*j le vin de sorbes fermenté, il est resté 17 grammes de sucre, réducteur par litre ; et comme c'est dans les baies du sorbier que Pelouse, a découvert un sucre non fermentescible, la sôrUne, il était naturel de supposer que dans le vin de sprbes c'était ce sucre qui avait échappé, à. la fermentation; il y avait donc ïieu de le chercher. Ce vin fut traité par le sous-acétate de plomb ; le précipité abondant séparé, o.q fit passer dans le liquide un courant d'acide sulfhydrique pou/ en éliminer le plomb mis en excès. Le sirop que l'on obtint, mis .pendant un mois dans une étuve à 60 ou 80°, déposa une matière gé- latineuse, .transLucide, d'un jaune pâle, qu'on enferma dans un flacon elle pass$ l'hiver. Au printejnps elle avait subi une transformation complète : on trouva .une masse visqueuse renfermant une multitude de très-petits cristaux aciculaires. Ces cristaux isolés, recristallisés, purifiés, sont Ja sorbitey substance analogue à la mannite et à la dulGite, dont la composition est : carbone, 37,58; hydrogène, 7,88 ; oxygène, 54,54, et la formulé CH^O". Elle fond à HO ou iii de- grés, forme avec l'eau un sirop dans lequel les cristaux n'apparaissent qu'après un temps très-long ; elle est inactive et ne réduit pas la li- queur cupro-flolassique.

Sur -quelque* trwhiwacéUUe* métallique y par M. A. Clermont. Ces nouveaux sels sont : le trichloraoétate acide de potasse, en beaux octaèdres transparents : KO,C4Cl',HOC' Cl*0" ; le trichlora- cétate de nickel, encristaux prismatiques ratfîés, C4 Cl'O4, NiO-f-4HO; le trichloracétate de manganèse, C4, CPO3, MgO-i-4HO ; le trichlora- oétate de lithine en prismes, C4 Cl'O8, LÎO-+-4HO. Ces sels se rap- prochent par leur composition des acétates correspondants, et le type acétique garde ses propriétés principales malgré l'introduction du chlore, comme M, Dumas l'a reconnu depuis longtemps.

. » Identité dis bromhydrate et iodhydrate de propylène brome muée tes dibrombuirate et codobromhyirate d'allulèm* Dibromhy- drate d'acètilène, par M. Reboui,. En se laissant conduire par l'a- nalogie, le bromhydrate de propylène brome étant identique avec le d'ibromhydraté d'allylène, le bromhydïate d*éthytène brome ^t te di- bromhydrate d'acétylène doivent être uq seul et même corps ; et, par

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suite, l'éthylène brome et le neonobromhydrate d'acétylène sent aussi identiques.

~ M. Crova fait hommage d'on mémoire imprimé portant pour titre : Considérations théoriques sur les échelles de températures et sur le Coefficient de ditotoêton des gaz parfaits. U répond aux attaques de M* Mohr, pro- fesseur à l'Université de Bonn, contre l'échelle (eeotkraie.ee te zéro ab^ Édlu. StttvantM; lfobr la seule échelle raisonnable serait l'échelle taàé» fittle dans les deux sens; c'est une grande erreur.

Des lettrée de& consuls de France à Gorfotr été Janine; signaient les tretobtements de terre qui ont fortement ébranlé la côte de inspire, dans le contant de février dernier»

«-* Recherchés géométriques sur le contact du troisième Ofdreèe deux sur** fite*, par M. A. MaNRHeim (suite).

f »— /Sur tes phénomènes dr interférences f^odmlrpdrlh^érsatixparûliétee^ p&rll. A. Gxota. Pour étudier les: lois expérimentale» es oes pbéno* tttoés/ JWfeit usage, soit de la méthode de projection que j'ai déjà dé- crite, soit d'un appareil qui permet de les observer uu moyen d'un ocu- laire tCôn Veinent; Cet appareil efct composé dflin tyattme de lentilles analofetos 4 celle de Toofriaire terrestre de* kuuUee. Bn îose de la fente éclairés*, sont disposées deux lentilles» da mime foyer, qui donnent une Image te la fente renversée et de môme gtasdeur 5 on eri observe l'image virtuelle agrandie au moyen d'un oculaire convergent* Le- diaphragme» que L'on pWée ordinairement entre les deux lentilles, est remplacé par le système Aes deux réseaux, mobiles l'un par rapport à l'autre, et dont la eurftoe nori striée est recouverte d'un écran en laiton noirci.. Lee bandes dès- epectws et les franges de l'ouverture s'obtiennent. ainsi avec une très- •grffâdé netteté, surtout si Ton éclaire la fente avec la flamme ttonodhro- tnartique dn sodium* Cet appareil constitue un véritable réfractôrnètre -i&terftréntiel, -gui peut recevoir plusieurs applications. . .

Si le diamètre apparent de l'ouverture éclairée est un peu plus grand, lee rayons incidents sur les réseaux sous des angles différents donnent naissance à un système de franges qui corespondent, comme les bandée ides spectres, à des différences de marche proportionnelles à k distance -de» réseaux, et dont ies lois sont, par suite, analogues à celles des bandes ffa& Spectres ditiractés. M. Crova apprend à calculer le nombre des bandes eontenues dans un spectre, en fonction de la distance deç réseaux ; et il applique les fur mules obtenues à la mesure de la longueur des ondula- tions et des indices de réfraction au moyen des roseaux*

Sur l'analomie des cloisons que présentent les feuilles de certains Jun- cus, par M. DevAt-Jouve. Les cloison* sont rarejueQt planes, mais presque toujours en verre de montre, avec la convexité dirigée en haut;

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à leur contour répondent, sur les feuilles sèches une saillie, sur les feuilles fraîches une légère dépression. Le réseau qui les parcourt ne forme qu'une couche, et montre un point central avec des rayons régulier» allant du centre à la circonférence. La présence d'un semblable réseau dans des plantes monocotylidones mérite l'attention des botanistes.

M . J. Girard présente des photographies de coupes transversales de tiges diverses. Elles mettent en évidence, d'une façon irrécusable, la constitution des végétaux ; une coupe de Bigonia montre la structure des bandes d'écorce modifiée qui s'étend entre la moelle et les lames corti- cales; une autre coupe de Canna indique le mode d'enroulement de la feuille autour de la tige; le même fait se retrouve pour le Mais. Ces épreuves sont obtenues par les procédés photographiques ordinaires ; les tiçes ont été coupées en tranches minces, mises à macérer danB une so- lution de gomme diluée et d'acide acétique, et. placées ensuite entre deux lamelles de verre* La lumière solaire, réfléchie par un miroir plan, est employée comme mode d'éclairage; un petit objectif; d'un centimètre de diamètre, donne une image amplifiée du sujet interposé dans le trajet des rayons lumineux.

M. Chablis fait hommage à l'Académie, de la part de M. le prince Boncompagni, des livraisons de Juillet et août 1871 au Bulletin* dibiblio- grafia $ di ttoria délie scien*e matematiche e fiêiche. La première renferme des recherches historiques fort étendues de M. Stelnsohneider sur divers ouvrages du moyen Age relatifs à l'aimant. Dans la deuxième se trou- vent trois articles sur le même sujet. Le premier, du P. T. Bertelli, a été motivé en partie par une communication faite à l'Académie dans note séance du 10 mai 4870, par notre confrère de l'Académie des Inscriptions, M. d'Avezac. Le P. Bertelli y constate l'existence de dix-sept manuscrits» dont quatre appartiennent à la bibliothèque du Vatican, contenant le petit Traité intitulé : Bpistola de Magnete, composé en 1269 par Petrus Peregrinus de Maricourt, et dédié à Siger de FoucaucouflL Les deux sui- vants sont de M. Boncompagni : le premier renferme des renseignements sur trois différentes éditions de ce petit traité, faites successivement à Augsbourgen 1558, à Londres en 1800 et à Paris en 1838; le deuxième donne des renseignements sur deux éditions, Tune en latin et l'autre en français, faites à Bologne en 1504, d'un Opuscule de Dominique-Marie No- vare maître de Copernic, intitulé : Pronostieon in annum Domini MDUIL

Le compte rendu signé par M. Dumas contenait 63 pages. F. Moigno.

PARIS. « TTP. VALDia, SUS BOMAPAMTB, 44.

» *«• 1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

EmbelllMement* de Parte. Avec les beaux jours, Parte reprend sa physionomie ancienne. Les rues sont propres, les jardins sont plus soignés, l'édilité parisienne s'est piquée d'honneur; maison estime que, pour 1872, la dépense d'entretien des jardins et planta- tions des promenades et squares dépassera quatre millions*

On compte environ deux millions pour le bois de Boulogne ; un million pour celui de Vincennes ; les Tuileries, deux cent mille francs; le Luxembourg, cent mille francs; les squares, le parc Monéeaux, les buttes Chaumont et les boulevards, six cent mille francs.

C'est à peu près le double de ce que coûte la dépense annuelle, en temps normal, pour l'entretien de ces mêmes promenades. Mais tout le monde y gagnera, et l'on ne peut . qu'approuver les mesures que l'administration a su prendre à cet égard*

. On a encore réalisé une amélioration dans la voîerïe de Paris. On supprime enfin tous les regards d'égout qui existent encore dans le milieu de la chaussée de certaines rues, pour les transporter sur les trottoirs ils sont bien mieux à leur place. Tout le monde a pu voir les inconvénients et les dangers de ces plaques de fonte larges et glis- santes au milieu de la voie publique, et dont le service était si .gênant '< pour la circulation. (Annales industrielles») '

r «

' Èiola prëwentlve» contre l'aleooll«me. L'assemblée , nationale a eu, , dans ses dernières séances, à fixer les droits de con- t sommation sur lçs liqueurs alcooliques. Ces droits ont été augmentés; t et, pour les liqueurs de table, ils seront perçus proportionnellement à . la quantité d'alcool qu'elles renferment. Sur un amendement présenté > par M. le docteur Théophile Roussel, on a fait une exception pour l'absinthe. D'un côté, l'absinthe sera considérée comme alcool pur et * payera les mêmes droits que ce dernier ; d'un autre côté, la prépara- . lion concentrée connue sous le nom d'essence d'absinthe ne sera plijs fabriquée et vendue qu'à titre de substance médicamenteuse dans les,, officines des pharmaciens, et conformément aux prescriptions de l'or» donnance royale du 29 octobre 1846. C'est un progrès que les dures nécessités du budget ont forcé de restreindre, mais qui, grâce à la per-

1*. t. XXVII, 18 avril 1872. 45

«34 LES MONDES.

sévérance des médecins et des hygiénistes, surtout de ceux qui ont en même temps le mandat de député, promet pour l'avenir des modifica- tions plus importantes dans les lois fiscales propres à rendre plus diffi- cile, et par suite à diminuer dans les masses l'abus des boissons alcooliques.

Industrie. Victoire de la France. Le Gouvernement hon- grois a ouvert un concours universel l'année dernière, pour la construc- tion d'un pont monumental en fer et maçonnerie sur le Danube, à Pesth, L'importance de l'ouvrage justifiait ce concours, puisque le pont doit avoir cinq cents mètres de longueur et seize mètres de largeur.

Le monde industriel, a répondu à l'appel du gouvernement hongrois, qui n'a pas reçu moins de $0 projets émanants de 30 ingénieurs ou cons- tructeurs divers.

Tous les pays industriels étaient représentés à ce concours : l'Angle - terre par MM. W. Collet Homeraham de Londres, William et James Dredge de Londres, Campbell Johflston et Cie de Londres, etc., etc.; la Belgique par MM. Finet Charles et Cie de Bruxelles, par la Société de Sclessin, par la Société de Seraing ; l'Allemagne par MM. Schmick de Francfort, Kessier d'Esslingen, Benckiser de Pforcheim, H&rkort de Westpbalie; l'Autriche et la Hongrie par MM. de Ruppert, directeur delà construction des chemins de fer autrichiens, Schmidt de Vienne, la So- ciété autrichienne de construction de Vienne, Klein Schmoll et Gaertner de Vienne; la Suisse, la Hollande, la Russie par divers ingénieurs ou constructeurs, et enfin la France par ses premières maisons, Cail et Cie, la Société de Fives-Lille, le Creuzot, Ernest Gouin et Cie, Castor et Her- sait, etc.

Les projets remis le 1er décembre au ministère des travaux publics de Hongrie, après avoir été exposés au public, ont été soumis à l'examen d'une Commission de treize membres qui les a étudiés dans tous leurs détails. Dans sa dernière séance, le 9 mars, elle a donné le premier prix du consours au projet présenté par MM. Ernest Gouin et Cie de Paris, à la majorité de 10 voix sur 12 votants; le deuxième prix a été donné à la Société autrichienne de construction de Vienne.

Pour ceux qui ont visité l'Exposition, les choix de la Commission se trouveront justifiés par l'élégance des projets, le choix judicieux des orne* ments et la hardiesse de la construction.

Conformément aux conditions du programme du concours, le gouver- nement hongrois est entré aussitôt en négociations avec la maison Er- nest Gouin et Cie pour lui confier l'exécution de cet important travail.

Comme nous le disions au commencement, l'industrie française reprend

LES MONDES. 63S

sa place dans le monde, et nos centres industriels ainsi qne nos ouvriers vont en ressentir les salutaires effets. (Annales industrielles.)

Sommation confraternelle. Nos lecteurs se rappellent avec quelle sévérité M. Dubrunfaut a jugé le projet d'application, à l'extraction du sucre des mélasses du sucrate d'hydrocarbonate 4e chaux de MM.Boivin etLoiseau. Impatient de connaître le résultat des expériences, nous demandions de temps en temps à nos jeunes amis des nouvelles de leur installation. A notre dernière lettre, datée du mardi 9 avril, M. Boivin répondait : « Je ne puis encore satisfaire votre curiosité, attendu que nous sommes dans la période des essais pratiques manufacturiers, et que nous avons résolu de ne laisser voir notre extraction du sucre des mélasses que lorsque le travail en sera * régulier. Hais soyez bien convaincu que vous serez des premiers à recevoir la bonne nouvelle, en reconnaissance de l'intérêt que vous nous témoignez. » Or ce même jour le Journal des fabricants de sucre enregistrait la sommation suivante de M. Dubrunfaut :

« Nous avons émis une opinion motivée sur le travail alcalin qui se pratique à La Villette, dans deux raffineries, sous la rubrique et à l'aide d'un agent chimique nouveau (sucrate d'hydrocarbonate) qui9 selon les inventeurs, offrirait les moyens d'extraire utilement le sucre des mélasses. Nous avons pu étudier ce procédé et cet agent à l'aide des brevets qui datent de 1865, et en rendant compte de nos études k cette même place, il y a deux ans, nous avons témoigné notre scepti- cisme sur la réalité de l'agent en tant que composé chimique défini, et nous avons en outre manifesté notre étonnement sur l'inexécution in- complète du brevet, quand il était de notoriété que la raffinerie de La Vfllette offrait tous les moyens utiles de démonstration, si les procédés brevetés eussent été une vérité. Nous avons mis, à la même époque, les inventeurs en demeure d'eïécuter, ce qui, selon nous, est impos- sible, savoir : L'extraction du sucre des mêlasses à laide du sucrate à9 hydrocarbonate. Deux années se sont écoulées, une usine nouvelle a été organisée à grands frais, et, malgré les promesses chaque jour réitérées, elle ne fournit aucune démonstration. IL serait temps, cepen- dant, après sept années d'attente, de justifier, dans l'opinion publique, l'existence d'un brevet, qui, sans cette justification, n'aurait été qu'une mystification. »

L'homme éminent qui fut si longtemps notre ami nous permettra- t-il de lui demander si cette sommation est vraiment digne de celui que son talent, ses services rendus, son âge, ont mis, en France et dans le monde entier, à la tète de la grande industrie du sucre ?

636 LES MONDES.

Se peut-il qu'il laisse encore tant de jeu à la passion ; qu il ne tienne aucun compte des désastres des deux années qu'il jette si durement au visage de ses jeunes confrères ; et qu'il mette en avant une impossibilité alors qu'il sait que cette prétendue impossibilité n'a pas fait reculer devant une dépense de plusieurs centaines de mille francs et la construction d'une grande usine. Pourquoi, cher maître, dans ' l'intérêt de votre gloire, n'attendez-vous pas plus patiemment, et n'ad- mirez-vous pas au lieu de gourmander avec tant de mauvaise humeur? Malgré votre science, vous ne savez pas tout, et le doute, à tout âge, est une grande sagesse. F. Moigno.

médecine. Faculté de médecine de Bordeaux. Par délibé-

' ration, en date du 2 mars 4 872, la ville de Bordeaux s'est engagée pour une période d'au moins douze années consécutives: à fournir le»

' bâtiments nécessaires à l'installation définitive de la Faculté dont elle sollicite la création; à approprier ces bâtiments aux besoins de l'en-

' seignemeut et à les pourvoir du mobilier et de la bibliothèque indis- pensables; 3° à pourvoir annuellement à toutes les dépenses de répara-

' tion et d'entretien des bâtiments ; à verser chaque année, en fin d'exercice, dans les caisses du Trésor, une somme égale à l'excédant que les dépenses au compte de l'Etat, relatives au personnel, au maté- riel de l'enseignement et à l'administration de ladite Faculté, présen- teraient sur les recettes faites par le Trésor. Le conseil municipal a voté en outre une somme annuelle de 149000 francs, afin de pourvoir aux dépenses prévues de la nouvelle institution, et un crédit éventuel de 330 000 francs pour l'appropriation des locaux.

Décès à Paris du 30 mars au 5 avril. —Variole, 4; rougeole, 14 ; scarlatine, 1 ; fièvre typhoïde, 33; érysipèle, 8; bronchite aiguë, 16; pneumonie, 64; dyssenterie, 2 ; diarrhée cholériforme des jeunes en- fants, 2; engine couenneuse, 8 ; croup, 22; affections puerpérales, 8 ; ~ autres affections aiguës, 231 ; affections chroniques, 330, dont 158 par la phthisie pulmonaire ; affections chirurgicales, 90; causes acciden- telles, 21. Total 884 décès contre 826 la semaine dernière.

Peste des steppes. M. Bouley écrit de Vienne, il représente la

' France dans la conférence internationale qui a pour but de rechercher

les moyens d'atténuer la propagation de la peste des steppes, que la

question est pratiquement résolue par une méthode qu'il exposera

bientôt devant l'Académie.

Nomination. M. Baudrimont, pharmacien en chef de l'hôpital Sainte-Eugénie, est nommé professeur de pharmacie chimique à l'Ecole supérieure de pharmacie en remplacement de M. Lecanu, décédé.

LES MONDES

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Signe certain de longévité. M. Gib Duncan formule les conclu- sions suivante» : Personne ne peut dépasser 70 ans avec une épiglotte (luetfef pendante; l'affaissement de l'épiglotte amène la fin de la vie . vers 70 ans; une épiglotte toujours verticale et non relâchée donne les meilleures chances d'atteindre une extrême limite de longévité.

Des températures élevées excessives dans les maladies, par M. Peter. La chaleur, ce signe le plus certain de la vie dans l'animalité, devient par son excès même l'indice le plus certain de la mort ;

Les températures excessives, avantcouxrières de la mort, forment des névroses convulsives au choléra, et de celui-ci aux autres maladies aiguës une progression décroissante dont la raison est l'état d'intégrité plus ou moins complète de l'organisme du mourant;

Le poumon, organe direct de la calorification dans l'animal, étant la surface d'absorption de l'oxygène, est un agent direct de réfrigéra* tion, de sorte que supprimée sa fonction la température s'élève dans des proportions incompatibles avec la vie.

La toux chez les malades de la poitrine et du larynx, put M. le docteur Salles- Girons. Si la toux n'avait pas d'autres incon- vénients que ceux que nous lui voyons chei les personnes d'assez bonne santé, nous n'y ferions pas attention ; mais chez les malades de poi- trine elle est une des principales causes de l'aggravation du mal par les secousses de l'organe et l'excitation des tissus qui en sont la consé- quence.

Dites à qui tousse de s'arrêter de tousser, et, le prenant sur le fait, d'exécuter votre conseil; voyez ce qui arrive. Il met sur sa bouche sa main ou le mouchoir, et peu à peu il reprend le mouvement respira- toire ; il se garde de parler quelque temps, il résiste à la démangeaison du fond de la gorge, etc., etc.

J'apprends qu'en Allemagne, depuis quelques temps, dans les Ecoles primaires, défense est faite aux enfants de tousser et qu'il y a des punitions contre la toux.

Cette nation a juré de passer devant nous en toutes choses!

Après un siècle de cette éducation, les morts de la poitrine auront peut-être diminué d'un quart; la toux est pour plus que cela dans la mortalité de la phthisie.

Nouveaux Anestkésiques. Les Bromures d'Ethyle et de JUéthyle. Le bromure d'éthyle ou éther bromhydrique (G2 H* Br.) est un liquide peu volatil que l'on obtient en distillant quatre parties de bromure de potassium en poudre avec cinq parties d'un mélange consistant en deux parties d'acide suif urique fort et une partie d'alcool

U3fe LES MONDES.

rectifié. Ce corps est un anesthésique général très-puissant et tout à fait inoffensif. Une atmosphère contenant 8 à 9 pour «cent de vapeur de bromure d'éthylc produit rapidement et sans danger par inhalation la perte de la sensibilité générale; la respiration reste tranquille, le pouls calme et la transition du premier au second degré du narco- tisme est si prompte que k période -d'excitation musculaire est à peine appréciable.

Lorsque l'on pousse l'anesthésie à l'extrême, la résistance cardiaque est bonne; enfin, quand on cesse l'inhalation, le retour à la connaissance est rapide ; il se produit en trois ou oinq minutes, car l'insolubilité du liquide dans le sang en favorise l'élimination.

Le bromure de méthyle (C H4 Br.) est gazeux à la température ordi- naire; on l'obtient avec un mélange à une basse température de 50 parties de brome, 200 d'alcool méthylique et 7 de phosphore. Sous l'influence du froid il devient liquide, mais bout à 55° Fahr. Il a les mêmes propriétés et les mêmes défauts que le bromure d'éthyle ; c'est un anesthésique général, mais de plus, c'est comme lui un puissant désinfectant et c'est comme tels que ces deux corps pourraient entrer dans la pratique; ils détruisent et décomposent les matières organiques, et leur grande volatilité les rendrait d'un précieux secours dans cer- taines maladies.

Association générale. M. Tardieu reste président de l'Associa- tion des médecins de France par 800 suffrages sur 1 400 votants. Beau- coup de médecins avaient pensé à M. Bouillaud; mais, d'une part, M. Bouillaud avait décliné toute candidature, et d'ailleurs il croit à Dieu et à l'âme, et il a la naïveté de penser encore que l'anatomie et la physiologie sont les deux pierres angulaires de la médecine. M. Damoiseau, président de la Société médicale deTOrne, ardent partisan de M. Bouillaud, osa parler, dans les salons du Grand- Hôtel, de la candidature de son maître à un professeur de la Faculté de Paris •- a Ah 1 cher confrère, s'écria celui-ci, n'allez pas vous aviser de mettre en avant le nom de M. Bouillaud, il est impossible! » ht un instant après : c Vous, mon cher Damoiseau, vous en êtes encore à croire à l'âme. » « Oui, mon illustre ami, répondit M. Damoiseau ; non-seulement j'y crois, mais je sais que les nécessités de la logique exigent absolument que je passa* par l'âme pour connaître le corps: * {Extrait de la France médicale.)

allons-nous , hélas ! L'autre jour, je rencontre pour la pre- mière fois, sous ma main, un numéro de la République française, journal du grand Gambetta, président de l'avenir. Je jette un coup d'oeil sur le feuilleton intitulé Critiqué religieuse, et la première

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phrase qui frappe mon regard est celle-ci : c Nous croyons volontiers comme Dupuis qu'il n'y a plus que Us sots et les ignorants qui croient aux idées révélées. » Grand merci, monseigneur ! Je oours à la fiA de l'article pour savoir à quel docteur je devais adresser mes reraerciments. Mais l'article est anonyme et n'a pour signature qu'une terrible déclaration de guerre, ou menace de mort qui m'a fait froid dans les os : a Les deux adversaires, la tradition ou l'Eglise et l'expé- rience ont fini par rompre avec éclat, et, dédaignant toute hypocrisie, ils se préparent à livrer un combat terrible, un vrai combat ptur l'existence, car il s'agit de savoir qui l'emportera de l'homme ou des dieux (pour l'auteur il n'y a pas de vrai Dieu, il n'y a que de faux dieux inventés par l'homme), de la science ou de la foi, de l'Eglise ou de la civilisation I s Quel flot de barbarie condensé dans cet antago- nisme impie ! Vous verrez bien ! Voyez comment elle se manifeste déjà.

Hécatombe de nourrissons. Une nourrice qui perd soixante- quatre nourrissons I Est-ce possible! et c'est cependant ce qu'af- firme un de nos médecins inspecteurs, qui donne le nom et l'a- dresse de cette odieuse femme, une des mille faiseuses d'anges de notre chère et belle France ultra-civilisée. Le plus étrange, c'est que ses propres enfants, au nombre de quatre, sont très-bien portants, et que les enfants de ses filles, qu'elle a élevés aussi, sont tous bien venus !

Agriculture. Le prix des céréales. Les céréales ont dé- cidément persisté à rencontre de toutes les statistiques, de tous les calculs officiels et commerciaux. Aujourd'hui, on ne sent la pénurie des offres nulle part. Les récoltes en terre promettent une riche mois- son. Les ports d'Amérique, de la Russie, de la Baltique ont plus de grains a nous offrir que nous n'en pouvons acheter. Il n'y a plus de cause de hausse possible que dans un printemps qui serait funeste aux récoltes en terre. Dieu nous préserve de cette cause de hausse.

Les luzernières et la cuscute dans le Midi. M. Gautrelet, agri- culteur à Aiguës-Mortes, dès qu'il reconnaît quelques filaments de cuscute, s'empresse de couper avec un instrument tranchant, à dix centimètres en terre, les tètes de luzerne qui en sont couvertes. Il prend soin qu'il n'en reste aucune, et va même un peu au delà du cercle le parasite s'est montré. On enlève avec soin les tètes de lu- zerne et de cuscute, pour que le terrain en soit bien purgé. C'est au printemps, et même en été, tant que dure la végétation, que l'on opère. Au bout d'un mois, on constate que la luzerne, délivrée de la

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plante parasite, sort de terre avec une telle vigueur, qu'à la coupe sui- vante les vides sont remplis.

Culture des betteraves. Après une période assez longue d'une température remarquablement douce , nous avons eu une reprise de froid ; le thermomètre s'est abaissé au point de congela* tion, et une neige assez abondante, qui n'a point persisté, est tombée dans différentes localités. Depuis, le thermomètre s'est relevé, et nous sommes en pleines giboulées de mars, qui n'ont d'autre effet que de retarder un peu les travaux de préparation du sol pour les- quels» d'ailleurs, il n'y a point de retard.

Le froid que nous signalons n'a eu aucune action sur les betteraves encore peu nombreuses déjà semées; sa prolongation n'aurait pu que retarder un peu la levée qui, avec des terrains meubles et suf- fisamment humides comme ils le sont cette année , promet de se faire dans de bonnes conditions. Partout on se prépare à l'ense- mencement qui, jusqu'à présent, n'avait guère été entrepris que dans le département du Nord, généralement les terres sont prêtes de bonne heure et Ton se trouve bien de semer hâti- vement.

La betterave, dont il faudra de grandes quantités pour alimenter les usines nouvelles qui s'établissent ainsi que pour suffire aux .agrandissements, est très- recherchée, et nos fabricants traitent en hausse sur l'année dernière. On paye couramment 20 à 22 fr.y et on parle môme de prix plus élevés. Beaucoup de nos lecteurs ont connu la betterave à 16 fr. et au-dessous de ce prix, considéré alors comme rémunérateur ; c'est donc une hausse de 30 à 40 pour 100 sur cette racine qui est devenue véritablement, dans toute la région du Nord, la providence des cultivateurs.

Nous trouvons très-juste , pour notre part, que le sol profite des bénéfices de l'usine, et l'argent a d'ailleurs, comme toutes choses, changé de valeur depuis vingt ans. Mais quand on paye de la ma- tière première ce prix, celui qui l'emploie a plus que le droit d'être exigeant sur sa qualité, et il doit se rendre compte d'avance du produit qu'il en peut retirer. Le cultivateur serait le premier à tarir la source d'une richesse qui profite à tous s'il ne s'associait aux efforts du fabricant pour améliorer la race de nos betteraves, et pour ne confier an sol que des graines propres à produire les meil- leures plantes à sucre. De part et d'autre, on ne saurait exercer une vigilance trop grande sur ce point d'où dépend , dans une très- grande mesure, l'avenir même de l'industrie du sucre.

L'activité en vue de l'industrie du sucre n'existe pas en ce mo-

\

LES MONDES. . <54i

ment que dans les champs, elle est très-grande aussi dans tous nos ateliers spéciaux de construction de Paris, de Lille, de Saint-Quentin et de Yalenciennes dont plusieurs ne peuvent plus accepter d'au- tres commandes. Les prix du fer, de la fonte, du cuivre ont, par des causes diverses , augmenté dans de grandes proportions , et les usines établies cette année devront, dès lors, coûter un prix plus élevé que celles établies les années précédentes l'on vit les mé- taux à un prix si bas. C'est une raison de plus pour travailler éco- nomiquement, et la forte production de cette année commande à nos fabricants beaucoup de sagesse en même temps que le déve- loppement de toute leur initiative et de toute leur intelligence.

(Journal des Fabricants de sucre.)

Ingénieurs agricoles. Par suite du décret rendu sur la proposition de M. Dumas, l'Ecole centrale des arts et manufactures comprendra dé- sormais dans les programmes de ses cours renseignement supérieur agricole, pour lequel elle admettra, dès cette année, des élèves dans les mêmes conditions d'instruction que les autres candidats. Les études continueront d'être communes pendant les trois premiers semestres ; elles deviendront spéciales à l'agriculture pour certains cours à partir du quatrième semestre.

Exposition de Lyon. Le Journal officiel promulgue la loi qui alloue une subvention de 200 000 francs à l'Exposition universelle de Lyon qui veut faire une belle place à l'agriculture.

Etat des cultures. Sauf ce qui concerne la vigne dans plusieurs régions, dit le Journal d'agriculture, et quelques arbres fruitiers,, toutes les récoltes se comportent de manière à n'inspirer aucune crainte aux cultivateurs.

MÉCANIQUE PRATIQUE

Atelier souterrain et «ous-murln. Système François Durand, applicable à tous les travaux : Tunnels, Siphons, Jetées, Digues, Quais, Barrages, et principalement à la traversée des Fleuves et des Bras de mer. Nous appelons d'une manière toute particu- lière l'attention de nos lecteurs sur l'atelier de M. Durand, qui nous semble un trait de génie, et recevra infailliblement les applications les plus inattendues. F. Moigno.

De tous les moyens employés jusqu'ici pour les constructions au-dessous du. niveaux des eaux, le plus fréquemment usité pour les fondations de digues, jetées, barrages» piles et culées de ponts, etc., etc., consiste à entourer l'emplacement du travail à

642 LES MONDES.

construire d'une enceinte étanche ou à peu près, dite batardeau ; les batardeaux les plus en usage sont formés de pieux et palplancbes profondément enfoncés dans le sol et soutenant une épaisseur de terre argileuse destinée à empêcher le passage des eaux dans l'intérieur à mesure que s'opère l'épuisement.

Un autre système, appliqué dans les rivières très-profondes, consiste dans l'emploi de tubes en tôle, remplis de béton, que l'on enfonce gra- duellement, après avoir fait le vide en refoulant lair dans l'intérieur du tube. Ge système exige des appareils extrêmement coûteux.

Enfin, un troisième moyen qui n'a, croyons-nous, reçu d'applica- tion qu'au tunnel sous la Tamise à Londres : magnifique travail à un de nos compatriotes, l'ingénieur Brunel, consiste à laisser entre le travail à construire et le lit du fleuve une épaisseur de terre suffisante pour soutenir, dans le court espace déblayé en avancement des maçon- neries, la charge des eaux supérieures.

On avançait ainsi pas à pas au moyen de précautions fort ingénieuses, mais malheureusement extrêmement onéreuses et insuffisamment ef- ficaces contre les dangers constants qui menaçaient les travailleurs et l'œuvre elle-même.

Aussi, malgré la réussite et l'achèvemont de ce travail, l'idée de contruire des tunnels ou passages sous-marins a-t-elle être aban- donnée avec des moyens analogues.

L'invention de M. François Durand va permettre de construire les passages sous les fleuves avec une dépense comparable à celle d'un tunnel ordinaire de mêmes dimensions en terrain ferme et, par suite, avec une économie énorme, dans beaucoup de cas à un prix inférieur à celui d'un simple pont.

Sa supériorité sur le système de batardeaux est aussi très-grande, par suite du coût élevé du batardeau lui-même et surtout des épuise- ments qui sont nécessaires pendant tout le cours du travail.

Elle offre de plus l'avantage de permettre la pose à sec du béton au lieu de l'immersion, différence radicale pour la solidité de cette nature de maçonnerie.

Un passage à l'embouchure de chacun de nos grands fleuves, U Seine, la Loire, le Rhône, la Gironde, permettant de mettre en com- munication des rives séparées sur de grandes longueurs par l'absence de ponts rendus impossibles à cause des besoins de la grande naviga- tion, nous parait devoir être l'application la plus immédiate et la plus heureuse du système de M. Durand. Des concessions à péage seront la juste et efficace rémunération des capitaux engagés.

De pareils passages devront être construits sous les grands fleuves

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LES MONDES. 643

de toute l'Europe et en nombre plus considérable dans les pays du Nord, les glaces, au dégel, déracinent les piles des ponts et en ren- dent par conséquent l'édification onéreuse et incertaine.

Mais ne se bornent pas les applications du procédé de M. Du- rand.

Pour les travaux en mer, par exemple, tels que fondations de jetées, digues, quais, etc., ont est obligé aujourd'hui d'immerger des enro- chements en grande quantité, dont la majeure partie est perdue pour la solidité de l'ouvrage et lui devient même nuisible par l'obstacle « irritant » pour ainsi dire, qu'elle apporte à l'action des eaux et qui en augmente les ravages.

Nous signalerons notamment la grande jetée de Cherbourg, dans laquelle on a été obligé d'employer des caissons en charpente de forme conique et de grande dimension, de façon à permettre l'immersion des enrochements par grandes masses ne pouvant être dispersées par la mer.

De plus, ce procédé ne donne à la fondation qu'une base relative- ment fragile, puisque l'équilibre fortuit qui s'est établi entre ces blocs lancés à l'aventure peut être détruit un jour par une cause impossible, non-seulement a prévoir, mais même à reconnaître.

Avec le système de M. Durand, on pourra construire sur le sol des monolithes très-considérables régnant sur toute la longueur du travail à établir, et l'on sera maître de leur Taire offrir à l'action des eaux la sijrface la plus convenable.

Enfin, nous trouverons une utile et fructueuse application dans les fondations de barrages en rivière, dans la. constructions de siphons ou conduites forcées d'une rive à l'autre, etc.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur les applications de ce système, qui sont aussi nombreuses et variées que le sont elles-mêmes toutes les phases des travaux hydrauliques, nous contentant d'avoir indiqué le champ vaste et inattendu de ces grands travaux, dont la construction se trouvera simplifiée et améliorée pour la plupart, et rendue facile pour ceux qui étaient regardés jusqu'ici, sinon comme impossibles, du moins comme impraticables.

Description de t appareil. Le principe de l'invention consiste à envelopper le travail à construire, quelle que soit sa section, d'une toile suffisamment forte (1) pour ne pas permettre au travers l'infiltra- tion de l'eau.

(1) Le commerce livre actuellement de» tabee de toile résistant eam •aratesNni à 10 atmosphère» de pression. On pourrait donc, aaaa eortir âm eàoeet eossBee* travailler à une preesien de plu» de 109 mètre» ton» 1'c*q*

614 LES MONDES.

Un bouclier, construit en forte tôle et en fonte, et d'un poids suf- fisant pour se maintenir au fond de l'eau, malgré le volume (Tair intérieur, soulève et soutient cette toile sur une lougueur assez grande pour y travailler et forme ainsi une chambre de travail d'une section supérieure à celle à donner à l'ouvrage lui-même. Cette chambre est représentée sur la coupe en long par la lettre d.

Le bouclier est traversé à sa partie centrale par des poutres métal- liques sur lesquelles on accumulera le poids nécessaire à la stabillité de l'appareil, de façon à ce que son centre de gravité se trouve entré les roues du chariot C qui le soutient et qui nous permet d'en régler l'avancement.

Enfin, un tuyau G, dont la partie supérieure est soutenue par une bouée, permet d'établir un courant d'air, et la ventilation se fera ainsi naturellement. Ce tuyau sert de plus de soutien à la toile e qui se trouve ainsi constamment guidée dans son avancement.

Marche du travail. Supposons que l'on ait à construire un pas- sage pour voiture sous la Seine, par exemple, et que les rampes d'ac- cès soient préparées jusqu'au niveau supérieur des eaux. - Après avoir exécuté le draguage nécessaire pour que l'extrados de notre voûte se confonde avec le lit du fleuve dans sa traversée et en émerge aux deux rives par une pente douce, nous plaçons notre bou- clier en avant de notre tète d'entrée, construite à sec, à laquelle nous fixons l'extrémité de notre sac-, logé aussi lui-même complètement dans la partie antérieure de notre appareil, auquel nous donnons l'in- clinaison du sol.

Nous commençons ainsi la construction de l'amorce de notre pas- sage : radier, piédroits, voûte et chape, et nous mettons en mouve- ment l'appareil de manière que l'anneau maçonné soit toujours engagé tous l'enveloppe métallique.

La toile ne servira ainsi que de couvre-joint entre les deux surfaces.

Arrivés à la fin de notre pente, à la plus grande profondeur, il fau- dra marcher horizontalement, ce qui sera très-facile, le chariot portant sur des rails que nous pouvons régler à notre guise en nous appuyant sur le radier déjà construit.

Puis, arrivés vers l'autre rive, nous ferons l'opération inverse pour sortir graduellement des eaux par une rampe semblable à celle par laquelle nous sommes entrés ; enfin la tète de sortie sera construite à ' sec et le travail sera terminé.

. La toile est donc restée, prise, à sa partie inférieure! entre le sol et le radier, sa partie supérieure protégeant la voûte jusqu'à la prise com- plète de la chape qui l'enveloppe. «—A» Lioic.

LES MONDES. 645

CORRESPONDANCE DES MONDES

M. Jules Girard, à Parts. Réponse à cette question : Admettant comme démontrée l'existence dans la mer de courants à diverses profondeurs et dans des directions différentes, quelles sont les causes déterminantes ?

Courants qui vont des pôles à Véqualeur et vice-ver sa. L'ori- gine des courants généraux et les directions qu'ils suivent semblent dus à la distribution inégale de la chaleur à la surface du globe. Le profes- seur Carpenter, à qui Ton doit plusieurs explorations sous-marinés importantes, a confirmé cette hypothèse au moyen d'une expérience simple et ingénieuse : une cuve oblongue est munie à une extrémité d'une lame métallique touchant d'un côté la surface du liquide qu'elle contient et faisant saillie extérieurement; on place sous cette partie une lampe à alcool. Du côté opposé, une griffe retient un morceau de glace flottant sur le liquide. La chaleur détermine, à partir du point de contact de la lame métallique, un courant de surface, rendu sensible par des petits corps flottants tenus en suspension, tels que de la sciure de bois. Lorsque le courant de surface rencontre le bloc de glace, il s'infléchit, forme un contre-courant qui retourne sous la lame chauffée. Il y a donc dans cette expérience, l'équateur est représenté par ré- chauffement de la surface et le pôle par le bloc de glace, une compen* fiation et un équilibre entretenus par le courant de surface et le contre* courant. Telle eBt la théorie des courants généraux.

Les courants de surface dans les bas- fonds et dans les couchée intermédiaires. Les courants marins sont en grand ce que sont ceux des rivières ; nous avons à chaque instant occasion de voir que ceux-ci sont soumis à des perturbations, telles que les exhaussements du fond du chenal ; il s'en suit une déviation en rapport variable avec la nature de ces obstacles provoquant souvent un contre-courant. Dans les courants marins la même chose a lieu, seulement elle est accompa- gnée, sur une large échelle, de tant de circonstances complexes, qu'il est fort difficile d'attribuer à l'une d'elles particulièrement tel ou tel effet. •••

H. le baron Etjc4ne dit Mesnil, à Volnay.— De eombastf •», de 1* fermentation et des vertu» de la poussière*—

La combustion est l'oxydation des corps par l'oxygène de l'air. La

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646 LES MONDES.

fermentation est l'oxydation des corps par l'oxygène qui résulte de la décomposition de l'eau .

La combustion n'a lieu [qu'à la température de la chaleur rouge ; placez une lame de fer poli dans un récipienl sous la pression de 10 atmosphères d'oxygène, elle ne sera pas ternie par la rouille. La com- bustion parait être l'effet d'une pile électrique qui donae de la chaleur sans électricité. Soit que la chaleurjsoit l'électricité elle-même, soit que le calorique soit produit par la réunion immédiate des deux élec- tricités, ce qui parait plus probable, on pense généralement qu'un filet de vapeur sur du charbon incandescent se décompose pour se re- former et que la chaleur en devient plus intense; on pense encore que le bois vert bien allumé donne des rayons plus brûlants que le bois sec. &i ces observations sont exactes, il s'ensuit qu'il y a dans le foyer décomposition et recomposition de l'eau, par conséquent double choc électrique ; sans cet effet, la chaleur du foyer serait diminuée de toute celle nécessaire pour vaporiser l'eau. Dans tous les cas, le calo- rique latent mis à nu ne suffirait pas pour expliquer l'intensité de la chaleur réalisée,

La fermentation opère la décomposition de l'eau et l'oxydation des corps combustibles par le plus grand froid, et dans les cuves elle dé- veloppe une chaleur considérable, résultat de la réunion immédiate des deux électricités. Il faut cependant pour qu'elle attaque le carbone du sucre plus de 10 degrés de chaleur.

Elle est évidemment le résultat de l'action d'une pile électrique donnant du calorique sans électricité, comme si l'on remplaçait le zinc par du fer dans un bain galvanique. Dans les vieux termes de la science cette action s'appelle la double affinité chimique. Ainsi une chaudière à vapeur subit et l'ardeur de la flamme et la chaleur de la vapeur et du liquide à. une haute température et sans s'oxyder pendant 10. ans, . parce qu'elle n'est pas dans les . conditions de la fermentation, tandis qu'un fusil vernis et graissé qui a reçu quelques gouttes de pluie se trouve ,1e iendemaint chargé de rouille, parce que la goutte d'eau pénétrée, d'air trouve dans l'air de l'oxygène et de l'acide carbonique et s'est décomposée sur le fer qui s'est trouvé dans les con* ditiçns de la fermentation qui agit malgré le plus grand froid.

Nos éuves de vendange se conduisent exactement comme le fusil de chasse.

Sous l'influence d'un pigeage et d'un triturage avec l'oxygène de l'atmosphère, un levain de fermentation se produit* du gaz acide car- bonique se dégage. L'oxygène atmosphérique qui est en contact avec le chapeau de la cuve, complète les éléments d'une pile électrique

LES MONDES. 647

végétale et une forte ébullition accompagnée de chaleur verse dans la cuve une quantité considérable d'acide carbonique. L'eau a été dé- composée, son oxgène a attaqué environ la moitié du carbone du sucre de raisin et s'est répandu au dehors ; la molécule de l'hydrogène de l'eau t'est unie, par l'effet électrique, à l'autre molécule de carbone qui est demeurée, et elle constitue l'alcool qui est ainsi formé dans la cuve dans la proportion de 10 à 14 pour cent, et l'eau est ainsi trans- mutée en alcool.

, Prenez un mètre cube de vendange, mutez-le en l'entourant de glace ; laissez fermenter un second mètre cube; après la lermentation, celui-ci pèsera moins que le premier de tout le poids de l'acide carbonique éliminé ; distillez l'eau du premier mètre cube, vous verrez quelle est de plus de 10 pour cent plus volumineuse que celle qui reste dans le métré cube fermenté, elle est unie à l'alcool.

Cette création est de la chimie très-naturelle et toute naturelle. Ce- pendant ce système est ma propriété exclusive comme l'observe en riant M. Robinet.

L'opinion contraire, dont on ne rit pas, qui est enseignée au public depuis sept ans malgré mes protestations, et qui a même passé le détroit avec de grands applaudissements, voit dans l'acte de ia fer- mentation l'œuvre d'atomes animés renouvelés des Grecs et du faux Lucrèce et tels qu'on peut les percevoir à son aise dans un rayoa de soleil qui, traversant la mince ouverture d'un volet, vient éclairer un appartement obscur et tout un nouveau monde d'histoire naturelle. Ce sont des vibrions, des my codermes, dont les uns fabriquent le via et d'autres le défont. C'est l'ami et l'ennemi tout à la fois; ils tuent même les malades dans les hôpitaux, et pour bien faire et les guérir, il faut les arrêter en les brûlant sur le seuil de la porte de l'établissement. Suivant M. Pasteur, ces espèces de gnomes tombent perpendiculaire- ment du ciel, ils ne remontent pas de terre et ils ont la sagesse de ne pas s'engager dans le bec d'un vase recourbé.

Ce qui confirme la croyance des savants dans les vibrions qui fa- briquent la bière, c'est que, lorsque la levure de bière est en action, ' on voit aller et venir, par l'effet de la pile électrique, des espèces de pe- tits bonshommes. Cependant Thenard observa, il'yaSOans, que lorsque la levure était exposée à la chaleur de l'eau bouillante, elle perdait ses propriétés de ferment. En effet, puisque le système Pasteur tue les mycodermes à 60 degrés, à plus forte raison ces vibrions doivent être tués à 100 degrés. Mais Thénard observe encore qu'après huit jours la levure de bière reprend sa puissance de ferment.

Ceci s'explique chimiquement : l'ammoniaque est le principe élec-

C48 LES MONDES.

trique qui fabrique la bière ; dans le nord ont met des triparties dans la bière. C'est l'ammoniaque qui constitue la pile d'attraction de la partie azotée de nos Tins, soit qu'ils soient à l'amer, soit qu'ils soient à la fermentation putride. Or, la levure de bière qui est une matière végeto- animale se décompose à nouveau et produit à nouveau de l'ammo- niaque prêt à fonctionner.

Si l'on suivait les savants dans leurs nouvelles pages d'histoire natu- relle, les vibrions morts se trouveraient ressuscites; cependant jusqu'à présent,— j'en excepte le phénix des anciens,— ce qui est mort est bien mort Ainsi donc, cette poussière vivante, si utile et en même temps si destructive, aurait encore la vertu spéciale de la résurrection.

Je vais passer en revue les différents systèmes sur les causes de la fermentation. Ghaptal pensait qu'elle était le résultat d'un élément particulier au raisin qu'il appelle le ferment et qui, combiné avec le sucre, réalisait l'alcool. D'après ce système, M. Abel Petiot achetait mes vins bien cuvés; arrivé chez lui; il les plaçait dans une étuve de 18 à 25 degrés de chaleur et dosait chaque futaille de 15 kilogrammes de sucre la bonde garnie d'une soupape hydraulique ; la fer- mentation durait trois mois, ensuite il mettait en bouteilles.

Ce vin, à Chàlons-sur-Saône, était brûlant à couper la bouche, mais après cinq mois de navigation dans les mers de l'Inde, il parait qu'il était trouvé très-convenable et très-fondu. M. Abel Petiot pensait, par cette longue fermentation, avoir détruit le principe fermentescible; il n'avait fait que de muter la liqueur par une charge extraordinaire d'alcool.

2. M. Dubrunfaut a dit nouvellement que l'acide carbonique n'at- taque pas le carbone sans l'intervention de l'eau ; il s'est exprimé d'une manière incorrecte,— l'acide carbonique ne peut pas attaquer le carbone, il aurait du dire l'eau n'attaque pas le carbone sans l'in- tervention de l'acide carbonique.

3. M. Pasteur, pour soutenir son Système des Vertus de la poussière animée, propose dans les Monda deux expérimentations.

Placez la vendange dans un vase se terminant par un col recourbé elle ne moutera pas. Les expériences de M. Pasteur sont honorables, ainsi qu'il le dit, mais il a tort d'agir sur de petites masses dans des vases trop petits. Il y a 50 ans, Mlle Gervais nous racontait que nous perdions notre alcool et notre parfum, qu'il fallait boucher hermé- tiquement les cuves et les terminer par un bec recourbé plongeant dans l'eau; évidemment les bactéries se seraient noyées en traversant ce bain et un courant assez fort d'acide carbonique.

LES MONDES: 649

Cependant la fermentation marchait, seulement elle durait trente jours au lieu de six ou huit.

En second lieu prouver, encore plus fort, que le vinaigre est fabri- qué par des vibrions, comme un certain poisson chinois,

Mettez, dit-il, dans une futaille mère de vinagre, de l'eau bouillante; la mère de vinaigre sera tuée, elle ne fonctionnera plus. Ce sont des expériences en petit et pour un mois. Journellement nos ouvriers ont un petit quarteau de vin qui passe au vinaigre par la chaleur et la vi- dange ; alors tout bon vin qu'ils remettent dans ce fût devient vinaigré. Ils font bien tout ce qu'ils peuvent, ils échaudent leur petit quarteau, enfin ils me l'apportent; je le traite par l'acide sulfurique étendu d'eau, je détruis l'acide acétique et sa double affinité chimique et la mère de vinaigre est décidément morte.

Depuis bien des années je m'étais aperçu que l'air contenu dans le vin était la cause de nos ruines, et tout mon travail consistait à l'éK- miner, mais je ne pouvais me servir des machines pneumatiques du laboratoire parce que ce sont de fragiles joujoux. Iiafallu inventer une puissante pompe pneumatique qui travaille trois mois sans avarie et qui fait le vide à 2 ou 3 centimètres de mercure près. J'ai donccommencér par des vins à l'amer. Le gai que contient ce vin a une odeur acide et une saveur extrêmement acre, maïs je n'ai pas pu le faire analyser parce que je place le tonneau debout sous une cloche de fèr et que j'ai1 à faire le vide sur un milieu d'air atmosphérique. Mats après une heure, l'opération terminée, le vin qui était trouble, acte «i pâle, de- vient rouge, clair et sapide.

J'ai traité de même par le départ de l'air des vins à la fermentation putride ; ce qui est détruit dans le vin ne peut se rétablir complé* tement, mais le vin devient potable.

Enfin si vous traitez par la machine pneumatique des vins qui ont six mois, vous brisez les capsules de la fibre, voué enlevez du gaz acide carbonique, le vin se conduit sagement sans faire de dépôt dans le tonneau, et il n'est plus exposé à ces violentés fermentations' qui le détruisent et le prédisposent à l'amer qui est la maladie de nos vins fins, taudis que la fermentation putride attaque le bordelais et nos vinsgàmais.

La congélation du vin produit un effet semblable à 'celui de la ma- chine pneumatique, indépendamment du départ de l'eau.

Si une pièce est gelée, que vouô veuillez la faire rouler, le vin s'é- chappe par la bonde ave'c la plus grande violence, parce Çue la con- gélation a détruit et rompu la fibre du vin et ses* capsulés, l'air est

060 LES MONDES.

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libéré et il s'échappe avec une grande force* Ce sont ces vésicules microscopiques dont M. Pasteur fait des mycodermes*

Le système Pasteur du chauffage des Tins à ciel ouvert qui n'est pas celui d'Àppert ni de M. Abel Petiot qui m'a enseigné, il y a 20 ans, à chauffer les tins à vase clos à 45 degrés, le système Pasteur fait un effet semblable à celui de la pompe pneumatique, parce qu'à 60 degrés la fibre du vin est ramollie et perd sa ténacité. Les gaz sont dilatés dans une proportion plus considérable que les liquides et s'échappent en partie ; dors le vin est en meilleure condition. ,-" Mais ce système est impraticable parce qu'il nous fait perdre notre arôme et une partie d'alcool qu'il faut rajouter.

Dans les feuilles publiques il est dit que ce chauffage fait gagner des millions à la Bourgogne, ce qui m'étonne beaucoup, car je ne connais personne qui s'en serve.

: J'espère que mon système de traiter les vins par le vide aura le sort ée ma lampe de sûreté et que dans quelques trente ans la science vou- dra bien l'accepter. Quand aux maîtres chaix, aux tonneliers et aux fabricants de lampes, ils ne voient en toute chose qu'une seule chose, leur profit, et j'ai vu inventer dans mon voisinage, par M. Montey, un cric à soutirer dont ils ne veulent absolument pas, parce qu'il sou- tire trop bien et qu'il ne laisse pas assez de dépôt.

Pour la théorie de la fermentation, elle n'a pas changé depuis Chap- tal, Thénard et Gay-Lussac ; Thénard dont la chimie fait produire l'alcool par la combinaison du ferment et du carbone du sucre, et nul jnsqu'aujourd'hui n'a parlé de la décomposition de l'eau.

Cependant, dans une cuve de 30 pièces au moins, 10 pour cen (2 pièces) sont transmutées en alcool. Cet alcool n'a pu tomber per* pendiculairementdu ciel comme la poussière animée, et l'eau s'échappe par la même direction. Qu'est donc devenue cette eau, et comme il ne s'agit que de connaître ses atomes d'oxygène et d'hydrogène, de suivre le cHemin pris par l'oxygène,' d'attaquer le carbone du sucre et de de s'extravaser et le chemin de l'hydrogène de s'unir au carbone, il y a quelque chose de parfaitement simple, tpii n'a aucun caractère alchimique.

. C'est donc ainsi que marche la fermentation et qu'elle produit le pain, le vin et la bière. Et la pratique confirme cette théorie. Cette campagne 4871, ayant vendangé tard, j'avais 3 degrés au gleucoœno- mètre, j'avais du vin passable. M^is malgré qu'il ne fit pu très*froid; la cuvaison ne marchait pas; j'ai mis en mouvement les agents élec- triques, j'ai fait transvaser la vendange dans une autre euve; les vi- gnerons s'y sont prêtés quoique le travail fût considérable^ le résultat

LES MONDES. 651

a été heureux en raison d'une seconde saturation d'oxygène atmosphé- rique.

M. Edmond. Dubois, à Brest* Logarithme* hyperbo- lique* et népérien*. « En lisant la note insérée dans un des numéros des Mandes sur la différence qui existe entre les loga- rithmes hyperboliques et les logarithmes népériens, je me suis de- mandé s'il est possible que tous les auteurs modernes qui ont parlé de logarithmes aient fait Terreur qui leur est reprochée.

Je n'ai pas sous les yeux le texte anglais des tables de sir Napieil mais je me demande si l'auteur de la nots n'a pas tout simplement mal placé son point P.

Supposons, en effet, avec sir Napier, qu'un mobile parcourt unifor- mément la ligne aê, en partant de a à l'origine du temps, et un autre la ligne AB, en partant du point B (tel que AB = a), et avec une vi- tesse proportionnelle à sa distance au point A ; en appelant ap le loga- rithme népérien de AP et en posant

apssy et BP = *>

on aura les deux équations de condition

d'où, en intégrant, et désignent par log les logarithmes hyperbo- liques :

y= kl (puisque la constante est zéro) et

log (*■+») = W -h log a (puisque pour t = a la constante égal* log a).

On a donc, en remarquant que ap = log népérien de AP ou (a+x),

log népérien de (a -+- x) = kt

et

. (a -4- x) . .

654 US MONDES.

d'où, en désignant les logarithmes népériens par L.

L(a + s) = llog(ï±îy

Mais Napier a supposé A- = A, puisque à l'origine du temps les deux vitesses tout égales ; et comme il a Tait aussi a = 1 , on a

L()+«}=Iog ()+«). »

Edouàh» Somfc, à Etat. Eitenslon de l'octant à mémmré d'en m«ini 1*©° «M pratique et ISO* en «fcéerle (c'est-à-dire » Italie). Soit ABM un octant qui, tel qu'on l'exécute, peut mesurer un angte de 90*. Si l'on fait varier le petit miroir n en n' de 35* de façon à produire sur l'instru- mot WH erreur additive de 50°, l'oculaire ne pourra plus être

situé en a; il faudra le porter en <y sur .la ligne que suivra désormais le rayon réfléchi sur n'. Mais on peut remarquer que les angles obser- vés devront être augmentés 50% de aorte que l'angle 90* deviendra 140°. c. o. r. î.

LES MONDES 633

t

Si Ton faisait tourner le petit miroir de 45°, l'angle additif serait 20° et l'angle 90° du limbe deviendrait 180°, mais seulement en théorie; alors, en effet, le point o serait en M [ri étant alors perpendiculaire à ÀM), et l'instrument ne pourrait plus se construire.

Basé sur cette considération, on peut construire un octant ayant deux oculaires o et o' et deux petits miroirs n et ri inclinés l'un sur l'autre d'environ 20* à 25° ou plus, suivant ce que permet la construc- tion de l'instrument. Ces deux miroirs sont posés côté à côté, comme si ne faisant d'abord qu'un seul petit miroir entièrement étamé, on le coupait par un plan parallèle au plan de l'instrument et que Ton fasse tourner Tune des deux moitiés de l'angle voulu pour en avoir une en n et l'autre en n' : reste à ôter la moitié du tain de chacun des deux petits miroirs ainsi formés. De plus, ils sont tous deux enchâssés d'une manière invariable dans une même monture, qui rend impossible la variation d8 l'angle qu'ils forment.

On a ainsi deux instruments en un seul, et comme chacun des deux systèmes permet de mesurer les angles compris entre l'angle addition* nel et 90° sur le limbe* on peut déterminer rigoureusement avec l'instrument même l'angle des deux miroirs une fois pou* toutes et le vérifier si l'on veut chaque fois qne Ton peut observer dainis ces limites on même angle par chacun des systèmes.

Le sextant peut être aussi modifié de la même manière; mais l'ex- tension y est moins considérable, de sorte que cette Modification con- vient plutôt à l'octant en le mettant au-dessufe dii sextant, parce qu'avec un limbe moins étendu on peut ainsi observer dfes angles plus grands et que le rayon de l'octant peut être plus lorig que celui du sextant, sans être plus encombrant, ce qui fera de celui-là, il faut l'espérer, l'instrument pratique* : - '

M. l'abbé Pujo, à Juilly. Théorème d'arltHmëttque.

Voici un* théorème formulé et démontré par un de mes collègues, le professeur de philosophie, qui ne dédaignera* 'de faire- de temps en tempe quelques heureuses excursions dans le domaine dés mathéma- tiques/ «• . -

Tout nombre entier qui est un carré exact a mnombreimpair de diviseurs. •' '•• ' ■»

Soit N = ** le nombre 'donné. Supposons écrits dans Tordre de leur grandeur tous les diviseurs de ce nombre : 1, a, 6, c... n,., i;-*y

654 LfcS MONDES.

j

I

a

b c

N = { n

m

9

m m

1

k

*

Quand on dirige le nombre par un diviseur < n, on obtient comme quotient un diviseur > n. Donc, le diviseur < n et > n forme une série de groupes composés chacun de 2 termes (In'), (al), (M), (ci)... Ces groupes renferment évidemment un nombre pair de diviseurs. Gomme il reste encore le diviseur n , à ce nombre il faut ajouter 1 pour avoir le nombre total. Donc, etc. *

Réciproque. Tout nombre entier qui a un nombre impair de diviseurs est un carré exact.

Soit encore N le nombre donné ; i , a, b, c... w... t, *, /, N, la suite de ses diviseurs.

. Chaque fois qu'on divisera N par l'un quelconque de ses diviseurs, on obtiendra un autre diviseur comme quotient. On formera ainsi un certain nombre de groupes de deux termes conjugués : (IN), («/). (A*)... Mais il restera nécessairement un diviseur, n, par exemple, n'entrant dans aucun groupe. Or, n divise le nombre, et il ne peut donner pour quotient aucun des diviseurs qui le précèdent ni aucun des diviseurs qui le suivent. Donc, il se produira lui-même; donc, N=na.

Corollaire. Il résulte des deux propositions précédentes que tout nombre entier qui n'est pas un carré exact a un nombre pair de diviseurs.

. > Ces propositions, je le sais, ne dépassent pas la force des exercices que Ton pose ordinairement sur les diviseurs d'un nombre. Mais en- core fallait-il y songer et trouver cette démonstration élémentaire.

On sait que les nombres premiers à partir de 5 sont compris dans la formule 6 n;fctf

On sait aussi que la réciproque n'est pas vraie. : Les valeurs défectueuses de n- sont données par les S formules sui- vantes :

(1) n = «a* =1= « =b t,

(2) n = tel^»±r,

dans lesquelles « et I sont deux nombres entiers*

LES MONDES. 6S*

PHOTOGRAPHIE

SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHOTOGRAPHIE. SÉANCE DU 12 JANVIER 1872.

(Suite et fin.)

Renforeement de» épreuve» négatives et de» pn»U tlve» tr»n»i*»rente» au moyen de l'arane.— M.Liesegang insiste, dans les Photographisches Archivcn, sur les avantages précieux qui recommandent l'urane pour le renforcement.

Voici, selon lui, la formule qui présente, le dosage le plus conve- nable :

Sucre 1 partie.

Permanganate rouge de potasse i »

Nitrate d'urane . I »

Eau 30 à 50 »

Cette modification du reoforçage de sels concilie une épaisseur con- sidérable de la couche de collodion avec une transparence parfaite dans lie clairs, et elle rendra de grands services dans tous les cas Ton aura besoin d'une teinte translucide. La solution s'applique après le fixage du cliché, mais die doit être étendue avec de l'eau pour ne pas agir avec trop d'énergie sur la pellicule* L'image prend d'abord une teinte bleuâtre, qui brunit graduellement, et en même temps la pellicule augmente d'épaisseur, sans que les grands clairs perdent toutefois rien de feurs transparence.

. Le reoforçage à l'urane est préférable dans la plupart des cas, à tous ceux dont Le mercure constitue la base. Lorsque le rentorçage est complet les glaces sont bien lavées et recouvertes d'une solution de gomme ou de dextrine.

Si l'on négligeait cette précaution, l'application du vernis ramène- rait la pellicule à sa première faiblefse.

Lorsqu'on mélange les ingrédients de la formule, il se forme ordi- nairement un précipité brun foncé, qui est d'ailleurs tout k fait inof- fensit. 11 est important d'ajouter quelques gouttes d'acide suifurique dès que les sels sont dissous.

Il n'y a pas de meilleur moyen pour procéder au virage des épreu- ves positives transparentes que de les traiter par le bain que nous décrivons ainsi.

> < *.

656 LES MONDES.

Le renforçage à l'urane est presque aussi efficace que le mercure ou le sulfure de potassiam pour les noirs foncés; pour les tons bleus et blancs, il est bien préférable à ceux-ci; en outre, la préparation de ce bain est d'un emploi facile, plus simple et plus sûr dans ses résultats que celui des bains à base de mercure.

Coneervatlon des épreuves au sels d'argent, par M. Caret Léa. Pas un seul des échantillons produits par méthode d'impression et de virage ordinaire n'a disparu.

Les procédés employés étaient les suivants :

A. Sensibilisation sur un bain de nitrate à 40 grains; fumiga* tions ammoniacales pendant 5 minutes et virage :

1. A la chaux;

2. Chlorure Alcalin ;

3. Benzoate d'ammoniaque;

4. Virage au citrate (Hardwich);

5. Bain fixateur additionné d'or (mélange fait à chaud, employé trois heures après),

B. Bain de nitrate ammoniacal virage.

6. Benzoate;

7. A la chaux;

8. Chlorure alcalin ;

9. Citrate;

10. Même traitement que le n* 5.

Toutes ces épreuves ont été lavées pendant quinze heures et aucune pe montre la moindre trace d'altération. Je conclus que quand les épreuves ont été faites par n'importe lequel de ces procédés et qu'elles 4onnen,t des signes d'altération, il faut que l'opérateur ait commis quelque grave erreur. Le défaut tient généralement à l'emploi d'hy- posulfite ayant déjà servi; à ce. qu'on fixe trop d'épreuves dans une quantité d'hyposulfite insuffisante; enfin à ce que les lavages sont mal faits ou qu'ils n'ont pas été assez prolongés.

. . Moyen de .préparer Mi-méme >dea verre* inato, par

MAL Youflûaufl et Nagel. Pour faire soi-même des verres mats on mêlera de la gomme avec du lait et l'on recouvrira la glace. Ceci don- nera une surface très-fine.

- M. Nagel , à Hoboken, donne an autre moyen : il recouvre la glace d'une solution d'arrow-root. On feit bouillir cette substance, on y ajoute quelques gouttes d'ammoniaque, on filtre et l'on s'en sert à

LES MONDES. 657,

l'état de sirop épais. Ce procédé donne un moyen excellent de recou- vrir l'envers des négatifs et d'y travailler alors dans la perfection soit avec le crayon, soit avec l'estompe.

Le Pule aie employé comme préservateur de la coa- ehe aenaiMe, par M. Thomas Sutton. Je venais de recevoir deux caisses de pale aie de MM. Ind Coope and C°, et j'en débouchai immédiatement une bouteille qui fut transportée dans mon laboratoire et le contenu étendu sur des glaces humides et sur d'autres sèches préparées au collodion bromure et sensibilisées ensuite. Le résultat fut excellent dans les deux cas. Le développement arriva au degré d'inten- sité voulu sans addition de nitrate d'argent; le cliché était d'une couleur verdâtre (non actinique) après avoir été verni, tt vert noirâtre avant.

Une des particularités de ce procédé, c'est que l'image n'est jamais rouge, mais toujours verte, même au moment elle apparaît faible- ment sur la glace.

J'ai fait des expériences avec des plaques sèches et avec des glaces. humides et j'ai eu un plein succès. Cependant la couche n'est pas aussi sensible que celle qui est traitée avec certains préservateurs aie»» lins.

Quand on verse le bain de la euvette sur le filtre, il se forme à la surface des cloches mousseuses, et dans cet état il n'est pas de bonnes, conditions pour nitrater du papier albuminé.

Voici le moyen que j'emploie pour obvier à cet inconvénient,moyen qui permet en cinq minutes de purifier un bain de 80 onces*

On préparera une solution de

Camphre 1 partie*

Alcool 6 parties.

On prendra 80 grammes de cette solution qu'on ajoutera à 2 demi litres de bain d'argent; il prendra une apparence graisseuse qu'on fera disparaître en secouant vigoureusement, on filtrera ensuite, toujours sur un filtre neuf. Pour éviter que le bain ne se colore après cette opération, ee qui n'arive qu'après un long usage, on fera bien, après chaque sensibilisation, d'y ajouter un peu de solution de camphre.

Photographische* Archiv., déc. 1871.

658 LES MONDES.

ASTRONOMIE

Comptes rendus de la Société Royale astronomie de Londres.

&ar les observations télescoplqaes des phénomènes tus en contiguïté avee le limbe de la lune, pendant les éclipses de soleil, et les conséquences qui en ont été dédattes, par le professeur Grant. L'application du spec- troscope aux observations de la matière rouge qui enveloppe la photo- sphère solaire, enveloppe qu'on anoinmée la Chromosphère , a provoqué quelques allusions aux observations télescopiques antérieures du même phénomène, révélé pendant les éclipses de soleil, et aux conséquences qu'on en a déduites. Je demande la permission de soumettre à la So- ciété astronomique quelques remarques sur ce sujet.

En admettant qu'il existe une pareille enveloppe et que son épais- seurs en soit plus considérable, on peu se demander sous quelle forme elle se présenterait pendant les éclipses de soleil.

Puisque le diamètre apparent de la lune est quelquefois supérieur, d'autres fois égal, d'autres fois inférieur au diamètre apparent du so- leil, il est évidemment possible que l'existence de l'enveloppe ait été quelquefois révélée par le phénomène d'un cercle de lumière rouge environnant le disque de la lune pendant les éclipses légèrement tota- les du soleil.

C'est en examinant toutes les observations enregistrées des éclipses de soleil dont j'ai pu avoir connaissance depuis le commencement du dix-septième siècle jusqu'à l'éclipsé "annulaire de 1847, en les analy- sant et en les disposant suivant qu'elles ont été totales, annulaires, presque totales ou presque annulaires, que j'ai été conduit, dans l'hi- ver de 1850-51, à annoncer l'existence d'une' enveloppe de matière superposée à la photosphère du soleil.

Lorsque Ton tient compte tfun grand nombre d'écHpscs de soleil, observées suffisamment en considérant les limites de Vombre ou de la pénombre de la lune, on voit que la lune déborde légèrement sur toutes les parties du disque du soleil', et que9 toutes les fois que cela a lieu, on aperçoit sur le bord de la lune un arc ou bande de lumière rouge, d'où ton peut conclure qu'il existe uneyareiUe bordure sur tout le contour du disque solaire. (Monthly Notices, 8 décembre 1871).

LES MONDES. 659

tar le ■aemmneMt 4e la matière lancée par le «olell, et en particulier sur l'explosion observée par le pro- fesseur Tosag de l'Amérique, par M. Richard A. P&ogtor, B. A. Nos lecteurs connaissent l'observation de M. Young. A cette occasion. M. Proctor communique un extrait d'une lettre que sir G. Herschel lui a adressée en mars 1871 (peu de semaines, hélas t avant sa mort).

Après avoir parlé de la photographie de la couronne, par M. Bro- thers (et avoir remarqué en passant que « la couronne est certaine- ment «Ira-athmosphérique et tiifra-lunaire, »), sir John Herschel continue comtne il suit :

Je puis très-bien concevoir de grandes éruptions de matières gazeuses lancées de dessous la photosphère, et je puis admettre, au moins, la possibilité que cette vapeur soit lancée à de grandes hauteurs ; mais je ne suis pas encore parvenu à concevoir une éruption réelle de par- ticules lancées avec une vitesse de deux ou trois cent milles par se- conde» Mais maintenant se présente la grande question : qu'est-ce que la photosphère? Quelles sont ces choses qui rayonnent avec une telle intensité, flocons, nuages, ce qu'on voudra, qui donnent réellement toute la lumière et la chaleur du soleil (ou au moins les -fâ ) ? et si les protubérances, etc., sont des matières éruptives, pourquoi la force éruptive ne lance-t-elle pas en haut cette matière lumineuse ? Grâce à la bienveillance des observateurs de Kew, j'ai eu les héliographies des des deux grandes explosions de taches que je crois vous avoir mention- nées comme n'ayant pas existé le 9, et qui étaient dans leur plein dé- veloppement le 10, toutes deux, grandes et manifiques, et comprenant une surface de perturbation d'au moins 2' (54 000 milles). Elles ont été toutes les deux presque absorbées, ou en voie de l'être rapidement le 11. J'étai9 convaincu que l'explosion s'était produite trèsrspudaine- aux environs de minuit, Eh bien, les courbes de déclinaisons magné- tiques de Kew m'ont été envoyées, et voyez ! tandis qu'elles marchent aussi tranquillement que possible les 6, 7, 8 et 9, il se fait .brusque- ment, dans la courbe, à 11 heures 1/2 du soir* du dernier jour (le 9) un grand écart qui se continue jusqu'à 3 heures 1/2 du matin du 10. Puis une tranquillité relative jusqu'à 11 h. du matin, et alors (au mo- ment où se produit la résçrption des tâches), un état violent et con~ vulsif de perturbation qui se prolonge le 11 et la plus grande partie du 42. Je voudrais bien savoir si quelque chose a été lancé de ces trous en cette occasion, et, si cela est, que se passe-t-il dans l'intérieur du soWl?(/Wd).

660 LES 'MONDES.

. Note sur «n point spécial dan* détannflmitea de* élément» 4e l 'orbite 4e le Ititte d'âpre* le» etaeee» rations méridionales 4e la lmte, par Gbousb Bidwi

àiby, astronome royal. Dans une discussion des o*H*eeiioBS des éléments de l'orbite de la lune, déduites des observations, faites à Greenwichde 1750 à 1830 et qui ont été publiées dans le volume XVII des Mémoires de la Société, j'ai trouvé à la page 54, pour l'un des résultats obtenus par l'examen des observations des distanees au pôle nord, une inégalité dans l'inclinaison, exprimée par

2", 02 x sinus de la longitude du nœud.

Et dans la continuation de la discussion, comprenant les résultats des observations faites de 1750 à 1851, et imprimées dans le volume XXIX des Mémoire*, j'ai trouvé à la page 21 :

1'', 87 x sinus de la longitude du nœud.

Il est probable que ces termes peuvent provenir, du moins en partie, d'une valeur erronée du demi-diamètre employé dans les rédactions. (/6td).

Sar les lignes géodéslques dans an elltpaoîde, par

le professeur Çàtley. [Extrait).

Sur le eol de Platon, par W. R. Birtb. Je viens de terminer l'examen de 133 observations, faites par différents observateurs, sur les terrains de Platon, ef j'en ai déduit la courbe ci-jointe, que j'ai le plaisir de communiquer à la Société, dans la pensée qu'elle point l'intéresser. Les observations ont été faites suivant la forme indiqués, une teinte claire ayant une valeur de 0, 33 ; une moyenne, la valeur de 0,50 et une teinte obscure celle 0,66; ses valeurs plus grandes et plus petites ont été employées pour exprimer un sol très-obscur ou très-clair. On sait, depuis longtemps, que les plai nés grises paraissent le*plus obs- cures sous une grande hauteur du soleil, mais je ne suis pas sûr qu'on ait essayé jusqu'à présent d'exposer graphiquement la progression des teintes, et de montrer leur connexion avec l'altitude du soleil, ee que font les deux courbes d'une manière évidente. La courbe ponctuée est celle des altitudes du soleil sur le parallèle de 60* aux équinoxes ; la courbe contraire, celle de la'progression des teintes, dont les inflexions indiquent une variabilité assez considérable, surtout dans les teintes foncées. Un fait remarquable, c'est que la courbe chromatique suit presque parfaitement la courbe des altitudes, d'où l'on peut conclure

\ -

LES MONDES. 661

que l'influence du soleil atteint à peine son effet complet, et que l'état moyen du sol de Platon est un peu plus clair qu'il ne le serait sous la seule influence du soleil. (Ibid.) -

Oeeultatlena par la lanc et éellpaee de* satellite* de JTnpIter, par John Tebbutt.

Encore nn naat sw le temps que les planètes met. traient à tomber dans le Soleil, par M. Coloman Szily, de Bude (Z/onyrte).— Dans le 14 éesMondts, AL C. Flammarion calcule le temps que les planètes emploieraient à tomber jusqu'au centre du Soleil, si la force centrifuge qui les en empêche était supprimée par l'arrêt de leur mouvement de- translation. Ce calcul fait, M. Flamma- rion prouve que ces nombres sont entre eux comme les racines carrées des cubes des distances. En approfondissant davantage le sens de ces nombres» l'auteur signale une propriété comme il dit, bien singu- lière au premier abord qui se manifeste en les comparant attentive- ment : c'est qu'en les multipliant tous par un même coefficient, eu apparence fortuit (5,656856), on reproduit Tannée même de chaque planète. Enfin, il se trouve que 5,655856 n'est autre que la racine carrée de 32. Donc;, dans sa plus simple expression, la durée de chute (/) dont il s'agit n'est autre que la révolution annuelle (T), multipliée

1 T

par la racine carrée de —, ou l = -— —.

M. Flammarion arrive à cette formule extrêmement simple, par une voie tout à fait empirique, en comparant attentivement la durée de chute, la distance au Soleil et la révolution annuelle pour chaque planète.

Je veux prouver dans ce qui suit que ce rapport si simple n'est pas fortuit, odmme on croirait au premier abord, mais que ce rapport est une conséquence immédiate des lois de la mécanique rationnelle et de la troisième loi de Kepler.

En effet, la formule générale, qui exprime la durée de la chute d'un corps planétaire vers le Soleil, est

* l%ar* 1 a 2a* . (I) *=ysj-=ga.aïccee— 3 htfw »».

Dans cette formule, I signifie le temps que la planète emploierait i tomber vers le Soleil par le chemin xt a la distance initiale de la pla- nète au centre du Soleil, g la pesanteur à la surface du Soleil, et r le rayon du Soleil.

En cherchant te temps que la planète emploierait à tomber jusqu'au

47

btà LES MONDES.

centre du Soleil, posons X=a. Nous trouvons

d'où

Mais* d'après la troisième toi de Kepler,

d?0*

•*^LÊ...

i «

Sa combinant Ici formule (S) avec la, formule (î)j en troure facilement

». .

± l

qui n'est autre chose que la formule empirique de M. Flammarion.

A«b

PHYSIQUE

. »

Aetto» die la tanière »«r las <tol««lmi* <*teds 1* felMlfnre *e earb#ite> et- nouveau p%esei<*#e à ftat- dleatlra eontlaue, par te R. P. Feangisgo SMftÀi* PfeotBtnuar.

J— H y a déjà plusieurs années que dam mes leçons expérimentales je me sers de thermomètres à solutiofrr saturée diode dans le bisulfure de carbone. Ce qui m'a décidé à choisir ce liquide est son grand coefficient de dilatation quHe rend propre à mottre* à un nombres* auditoire les variations même très-faibles de température. Ayant ensuite comparé le coefficient do eette sslutiôh avec celui du bisulfurede carbone, j'ai re- connu que sens * f aeif en de* la lumière 1* premier surpassait le eeoont éé 0,W / et quelquefois même éê 0,î* ; mais que dans l'Obscurité ces deux coefficients étalent à peu près égaux; de sorte qu'un thefemomètte * ***■ Mien dfiodb dans le ttmltae de carbone etoiite ou feéesnd en passant

r i

LES MONDES. M8

de kt lu artère dans l'obscurité ou rédptoqi)eai0it, towmême^unttier* momètre àr mercure reste sensiblement statioanaire»

Ge phénomène n'est pas aussi extraordinaire qu'il pourrait le paraître à première vue* La solution saturée diode dans la bisulfure de carbone est un corps doué d' unjtrès-faible pouvoir réflecteur, parfaitement opaque, al qui n'éprouve pas de changement chimique sous l'influence de la lu- mière; par conséquent les radiations lumineuses réfléchies par 1er mer- euito sont au contraire absorbées par la solution d'iode ou transformées en chaleur qui augmente la température et le volume de la solutièu elle-même. Les thermomètres à solution d'iode dans le bisulfure de can^ boue peuvent donc être utilisés dans la photométrie. Voici un photo- mètre très*sftmple que j'ai construit et dont je me suis servi dans quelques .expérience* : deux thermomètres, l'un à mercure, l'autre à solution sa<- tuvée d'iode dans le bisulfure de carbone, sont placés l'un près de l'autre sur la même table. La graduation du thermomètre à mercure est faite dfe la manière accoutumée, sauf que l'échelle est divisée en cinquièmes db 4egré; maison a fait la graduation du thermomètre à selutioft d'iodfe en le comparant dans l'obscurité avec le thermomètre & mercure. Ces deux thermomètres marchent d'aeoocd dans l'obscurité; mais sous Fac- tion de la lumière le- thermomètre à solution d'iode est d'autant plus élevé au-dessus du thermomètre à mercure que l'intensité de la lumière est plus grande.

Après les belles expériences dyws lesquelles Tyndall sépara la chaleur obecure de la lumière au moyen des solutions opaques de l'iode dans le bisulfure de carbone, il n'y a pas de raison de croire que les radiations obscures puissent exercer une influence notable sur les indications rela- tives des deux thermomètres qui constituent le photomètre. Néanmoins, pour mieux connaître jusqu'où s'étend la diathermanéité des solutions japaçnes de fiode, j'ai renfermé deux bons thermomètres à mercure dans doux tubes égaux de verre, de manière que la boule de l'un restât dé- couverte et que celle de l'autre fût plongée dans une solution saturée * iode dans le bisulfure de carbone. Tantque les deux thermomètres sort .vestes dans y obscurité, et soumis aux radiations de sources obscures, ils ont, constamment donné les mêmes indications ; mais ayant été trans- portés à une lumière un peu- vive, celui dont U boule était plongée dans la solution est resté un ipeu plus haut que Tautre/et la différence s'est élevée jusqu'à un degré- lorsque le soleil éclairaitdir&etement la chambre -où je faisais l'expérience. Noue pouvons donc admettre que la diathet*» n*anéité des solutions saturées d'iode dans le sulfure de* carbone détend à toutes les radiations obscures, et par conséquent que les radiations obscures -ne peuvent p%s altérer notablement les indications do mon photomètre. (AttiddFAxademia ScwUifiea ds' NwmlAncrt, 1 mai, i$li.)

664 LES MONDES.

inr l'Intensité de la lumière solaire et d'antre» gourées lumineuses, par le R. P. Provbnzali. Avant d'ex- poser les observations que j'ai faites sur la lumière du soleil et d'autres sources lumineuses, je crois qu'il est nécessaire de remarquer que les deux thermomètres dont se compose le photomètre, doivent être cons- truits avec la même qualité de verre ; parce que l'expérience m'a fait voir que la différente qualité de verre altère quelque fois notablement les indications relatives des thermomètres. Ayant exposé à une même source de chaleur obscure trois thermomètre» à solution saturée d'iode avec des boules du même diamètre, mais formées avec des verres de trois qualités différentes, les variations apparentes des volumes liquides ont été comme les nombres 1 ; 1,3; 1,5. Je crois qu'on doit attribuer ces différences principalement à la différente diathermanéité des verres. Déjà Melloni avait fait observer dans sa thermocrote que les différentes espèces de verres, même également transparents, ont souvent des pou- voirs différents pour absorber et transmettre la chaleur obscure. Plus récemment Tyndall, après avoir rendu incandescente une lame de pla- tine au moyen d'un faisceau de rayons obscurs fortement concentrés par une lentille, s'aperçut qu'une lame de verre de vitre interposée entre la source de chaleur et le platine, en affaiblissait beaucoup l'in- candescence, tandis que cette incandescence n'était pas sensiblement affaiblie par un verre d'une autre qualité, et qu'avec un verre noir tout à fait opaque elle Tétait moins qu'avec le verre de vitre. Il me semble que même dans les observations météorologiques faites avec des thermomètres à mercure, on ne devrait pas négliger l'effet de la différence de diathermanéité du verre sur les indications des thermo- mètres.

J'arrive maintenant aux observations que j'ai faites avec le nouveau photomètre, au mois de mai dernier, sur la lumière solaire diffuse et directe. Le matin jusque vers le lever du soleil les deux thermomètres ont marqué à peu près le même degré de température; il en a été de même le soir à partir d'une demi-heure environ après le coucher du soleil. A 8 heures du matin dans une salle du cabinet de physique dont les fenêtres étaient fermées, la différence moyenne des deux ther- momètres a été de 0°,2; la plus grande a été de 0°,4 lorsque le ciel était presque parfaitement serein, et la plus petite de 0°,1 pendant que le ciel était entièrement couvert Ail heures la différence moyenne des deux thermomètres a été de 0°,3 ; la plus grande a été de 0%5 pen- dant que le ciel était partiellemeut nébuleux et la plus petite de 0%1 pendant qu'il pleuvait à verse. A l'air libre,[comme il fallait s'y attendre, j'ai trouvé les différences plus grandes et plus variables : ainsi à

r

LES MONDES. 665

8 heures elles ont varié de 0%3 à 0°,7, et à il heures de 0°,5 à !•. Au moment de la plus grande différence le ciel était parsemé de cumuli fortement éclairés, et au moment de la plus petite il était très-obscurci par une nuée très-épaisse. La moyenne pour 8 heures, à l'air libre, a été de 0°,5, et pour 11 heures de 0°,7. |En transportant le photo- mètre à l'air libre j'ai observé plusieurs fois un phénomène assez cu- rieux au premier aspect ; les deux liquides thermométriques marchaient en sens contraire, le mercure descendait et la solution d'iode montait» C'est qu'à l'air libre la température était un peu plus basse, et que l'in- tensité de la lumière était bien plus grande qu'à l'air confiné.

Quant aux radiations directes du soleil à l'air libre, la différence moyenne des deux thermomètres exposés au soleil dans les jours sereins a été de 5°,i à 8 heures, et de 7°,7 à 41 heures. En comparant ces différences entre elles, on a le rapport de 1 à 1,5. On obtient à peu près le même rapport en comparant les différences 0,5 et 0,7, obtenues aux mêmes heures à la lumière diffuse de l'air libre, et les autres dif- férences 0,2 et 0,3 obtenues à la lumière diffuse de la salle. Il suit de que l'intensité de la lumière indiquée par le photomètre a augmenté de 8 heures à 11 heures dans le même rapport de I à 1,5, tant à l'air enfermé qu'à l'air libre et au soleil.

J'ai fait aussi des expériences sur la lumière phosphorique, sur celle des décharges électriques sous la forme de panache et de lueurs, qui ne sont visibles que dans l'obscurité, et sur les radiations lunaires : le photomètre s'est montré sensible à toutes ces lumières. Pour les ra- diations lunaires, dès le 17' jour de la lune d'avril, on avait eu à l'Ob- servatoire du collège romain des signes probables d'échauffement au photomètre avec le réfracteur de Mertz. Mais l'air ayant été très- agité dans cette soirée, il n'a pas été possible de prendre des mesures pré- cises, ni de calculer l'influence que les causes perturbatrices pouvaient exercer sur les indications du photomètre. J'ai donc répété l'expérience dans une chambre entièrement fermée et construite exprès il y a quel- ques années pour les expériences d'optique. J'ai placé derrière les verres de la fenêtre qui regarde le midi une lentille biconvexe de 247 millimètres de diamètre, et au foyer de la lentille la boule d'un thermomètre à solution d'iode avec des divisions de l'échelle assez grandes pour qu'on pût distinguer facilement les centièmes de degré. C'était le 16e jour de la lune de mai, entre 10 et 12 heures du soir, et beaucoup de nuages, dont quelques-uns assez denses, couvraient le ciel. A chaque nuage qui passait devant la lune le liquide du thermo- mètre baissait, et il remontait quand la lune se découvrait. La varia- tion de la colonne liquide dans ces ces circonstances s'est élevée à j de

•M LES MONDES.

millimètre, ce qui correspond dans ce thermomètre à '^ de degré centi- grade. {AttidelPAccademia Sdmtificia de Nuoci Lincei, \ 1 juin 1871

Note préliminaire anr un fuit renarqnanf e «n'+n enserre an contact de certains liquides de tensions superficielles très-dllTérentes. par M. Va* der MbNsbmjgghe. Chaque fois qu'un liquide à forte tension superficielle et conte* fiant des gaz en dissolution est mis en contact avec un liquide à faible tension, il y a un dégagement plus ou moins prononcé des gaz dissous dans le premier liquide.

« Ce principe que je publie aujourd'hui pour prendre date, mais que je me propose de vérifier en détail dans un mémoire spécial, peut se démontrer par un très-grand nombre d'expériences. Pro- visoirement je n'en citerai que quelques-unes.

I. 11 suffit d'introduire une gouttelette d'alcool ou d'éther dans de l'eau distillée remplissant à moitié un petit flacon de trois à qpatre centimètres de diamètre, et d'agiter le liquide, pour cons- tater une vive effervescence après l'agitation ; cette expérience a été décrite depuis longtemps par M. Duprez (1), mais sans explica- tion. Il est impossible d'attribuer l'effervescence observée à de l'air introduit par l'agitation, puisque l'alcool ou l'éther seul et l'eau seule ne donnent à cet égard aucun résultat marqué.

L'expérience réussit de même avec la benzine, le sulfure de car- bone, la créosote, l'essence de térébenthine, les huiles d'olive» de lavande,, de lin, de colza, de pétrole, d'amande douce, etc. On n'a même qu'à agiter l'eau distillée après y avoir plongé une baguette de verre portant des traces d'un corps gras quelconque, pour voir se produire nettement un dégagement de petites bulles de gaz.

Si le flacon contenant l'eau distillée n'est pas parfaitement dé- barrassé de toute matière grasse ou éthérée, il se forme bientôt de nombreuses bulles gazeuses aux points de la paroi intérieure cette matière est attachée.

IL Une goutte d'huile qui s'étale à la surface de l'eau distillée produit un dégagement de petites bulles gazeuses qu'on observe aisément au microscope : ce dégagement est, selon moi, la vraie cause de la formation des figures de cohésion, comme les appelle &L Tomlinson, c'est-à-dire de la séparation de la lame étalée en une infinité de parties constituant d'abord une sorte de réseau, et se décomposant peu à peu eu lentilles de moins en moins larges,

(1) Butletine de V Académie Royale de Belgique ^ÏZB, Vf série, t. V, page 402.

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jusqu'à ce que, le dégagement gazeux venant A cesser, les petites lentilles demeurent indéfiniment. J'ai pu suivre au miccoscope tou- tes les phases du phénomène, dues évidemment aux innombrables petites bulles gazeuses qui se dégagent au-dessous des lamelles.

L'expérience pent se faire avec toutes les huiles fixes ou volati- les, le sulfure de carbone» la créosote» l'esprit de bois, etc.

Quand une huile quelconque est maintenue en contact prolongé avec l'eau, on sait que la surface de séparation des deux liquidas perd bientôt sa transparence. Ce fait si connu s'explique par le dé- gagement de très-petites bulles de gaz quirésiniflent pins ou moins l'huile, et qui la rendent impropre à se laisser traverser par la Lu- mière.

III. On a observé depuis longtemps que Peau entre d'autant plus difficilement en ébullition qu'elle est mieux débarrassée des gaz qu'elle tient en dissolution. Ce qui précède fait prévoir que si l'on mêle l'eau distillée avec de l'alcool, par exemple, on peut chasser une grande quantité des gaz dissous. C'est en effet ce que con- firme une expérience récente de M. Kremers : ayant ajouté une partie d'esprit-de-vin à trois parties d'eau et chauffé fortement, cet observateur a vu le point d'ébullition s'élever aisément à 109* et même beaucoup au delà, à mesure que le liquide volatil s'était évaporé en plus forte proportion. Je regarde cette expérience comme une vérification bien curieuse de mon principe.

Les liquides à faible tension favorisent aussi bien le dégagement des bulles de vapeur que celui des bulles de gaz : c'est ce que dé- montrent des expériences frappantes de M. Toralmson ; ce physi- cien a observé que des corps gras empêchent les soubresauts, tandis que des corps solides parfaitement débarrassés de toute matière grasse ne produisent pas du tout le même effet.

IV. On sait que les mouvements browniens ou moléculaires «e produisent avec le plus d'énergie dans un mélange d'eau distillée et d'un liquide volatil quelconque ; dans ce cas, cm mouvements me paraissent être une conséquence très-simple d& ma proposition générale. Quant à leur existence dans un liquide homogène, il s 'agi. rait de savoir si les parcelles microscopiques dont on a vu les fai- bles trépidations, n'étaient pas plus ou moins grasses; dès lors ces parcelles devaient nécessairement donner lieu à un dégage- ment gazeux, et conaéquemment changer de temps en temps.de position. Si les corpuscules sont absolument purs, ils ne peuvent manifester les petits mouvements en question; aussi plusieurs

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observateurs ne sont jamais parvenus à constater les déplace- ments browniens dans un. liquide homogène.

Appareil pour la démonstration de» lois de la ré- flexion des ondes sonore*, par M. Chaïïtard. a Weber a imaginé un petit appareil très-simple : c'est un petit bassin en bois, de forme elliptique, dans lequel on met une nappe de mercure. Les ondes produites par un filet de même liquide, tombant à l'un des foyers, se propagent et se réfléchissent vers l'autre foyer en donnant lieu à une suc- cession de courbes, d'ondes, dont il est facile de suivre.la marche. Mais cette manière de procéder ne permet qu'à un petit nombre de personnes d'être témoin de l'expérience. A l'aide d'une disposition que M. Ehr- mann, mon habile préparateur, a réalisée d'un façon très-heureuse, il est facile d'utiliser le vase elliptique de l'appareil de Weber. Le mouve- ment ondulatoire, au lieu d'être excité à l'un des foyer par la chute de gouttelettes de mercure, est provoqué par un petit trembleur électrique dont l'armature porte une tige terminée inférieurement par une lame de platine mince et circulaire d'environ 2 millimètres de diamètre. Cette lamelle plonge dans le mercure du vase et, en participant aux mouvements du trembleur, provoque dans le bain une série d'on- dulations qui se reproduisent identiquement au foyer opposé. se touve un gros fil dont le bout inférieur, pendant l'état de repos du mercure, s'arrête à i/2 millimètre environ de la surface. Si, au con- traire, une protubérance se forme à ce foyer, alors la pointe plonge dans le mercure. Supposons maintenant que cette tige ainsi qu'une sonnerie soit interposée dans le courant d'une pile et cela par l'inter- médiaire du bain : il en résultera que tant que la surface 6era au repos, ou tant que les ondes qui y seront provoquées ne convergeront pas au second foyer, la sonnerie demeurera muette, tandis qu'elle se fera en- tendre, au contraire, si les ondes viennent se réunir à ce dernier point. Diverses dispositions secondaires, permettent de faire varier de place la tige fixe ou la tig«5 oscillante, et de démontrer ainsi que pour toute position de ces dernières, différente de celle des foyers, le courant reste ouvert et la sonnerie silencieuse, tandis qu'il en est autrement si les deux tiges, convenablement réglées de hauteur, correspondent cha- cune à l'emplacement des foyers de l'ellipse. Enfin, le socle de l'appareil est muni de trois vis calantes à l'aide desquelles il est facile de régler le niveau de la surface de mercure. »

Expériences pour démontrer que réieetrfolté me porte à la snrfaéedes eorps, par M. A. Terquem. «On prend une cage d'oiseau quelconque, soit en bois et fil de fer, soit toute de métal; on la suspend à des. conducteurs isolés, en communî-

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cation avec une machine électrique. On peut placer dans la cage, comme je l'ai fait, un éleetroeçope à. feuilles d'or, y mettre des. mor- ceaux de clinquant, des .barbes de plume, des balles de sureau : rien ne bouge tandis qu'on tire de fortes étincelles de la cage. On suspend en dedans un faiseeau de fil de lin et au-dessous un autre semblable: le faisceau intérieur reste uni; dans celui qui est extérieur, tous les brins divergent fortement, et l'on entend les aigrettes qui en sortent à l'approche de la main.

On peut encore coller des bandes de papier le long des parois; on voit les bandes extérieures g'écar&r fortement, les intérieures rester verticales. Enfin, on peut introduire un oiseau dans la cage et montrer qu'il est complètement indifférent aux phénomènes de charge et de décharge dont la surface extérieure de la cage est le siégp. »

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DU LUNDI 8 AVRIL.

M. le Président annonce la perte douloureuse qu'elle vient défaire dans la personne de M. Ernest Laugier, membre de la section d'Astro- nomie, gendre de M. Mathieu, neveu par alliance de François Arago. le 22 décembre 1812, mort le 5 avril 1872, M. Laugier n'avait pas pas encore soixante ans. 11 s'est éteint presque subitement, épuisé par une anémie profonde consécutive elle-même d'un diabète.

Deuxième note sur la cristallisation des sels barytiques dont les acides proviennent de l'eau de macération des cadavres, par M. Cheyreul. Les cristallisations ont la forme d'un cratère volca- nique tranchant sur un fond transparent à la fois par son opacité et son éclat. M. Ghevreul est heureux que M. Elie de Beaumont Tait comparé à l'Etna.

M. Decaisne annonce la mort survenue à Tubingue, le 1er avril, de M. Hugo Mohl, correspondant très-éminent de la section de bota- nique, célèbre par ses travaux sur la structure des tiges des fougères et des palmiers.

Suite d'un mémoire sur les lois des marées atmosphériques et les conséquences qu'on en peut tirer au point de vue du système des Mondes. Pour donner une idée du travail de l'infatigable observa- teur des phénomènes aériens, il faudrait le reproduire tout entier, car il se compose de plusieurs séries nombreuses de faits et d'affirmations condensés à l'excès. M. Silberman n'hésite pas à affirmer qu'il n'est

«70 LES MONDES.

pas nécessaire que le §oleil toit chaud pour procurer à la terre la chaleur indispensable à la me ; et je pourrais ajouter que dans sa con- viction intime l'hypothèse qui fait du soleil ua globe feu de eat non* seulement improbable) mais inadmissible ou même ridicule, ou con- traire à cette loi générale de la création : le détordre, le chaos, la fa* talitt, sont choses purement apparentes mais nm réelles pour ceux qui savent voir; mais l'ordre et Vharihenie, ainsi que l'économie la plus ptévoyante , la plus admirable, régnent par tous les Menées* C'est la conclusion de sa lecture.

m- De f altération des muselés qui se produit $om l'influence des lésions traumatiquts ou analogues des nerfs, action trophique dos centres nerveux sur le Ussumusculaire, par M. Vulpiàn.— Conclusion ; c La substance grise du centre spinal et de ses prolongements, ou de* parties correspondantes dans l'isthme de l'encéphale, exerce, par l'in- termédiaire des fibres nerveuses motrices, une véritable action trophique sur les muscles, oomme elle en exerce une indubitable sur les nerfs moteurs eux-mêmes. Et l'ensemble des faits, soit cliniques, soit expé- rimentaux, que je ne puis développer ici, nous montre que la cause de l'atrophie musculaire, soit dans les cas de lésions traumatiques ou ana- logues des nerfs moteurs, soit dans certains cas de lésions de la moelle épinière, est la suppression et non l'exaltation morbide de l'influence trophique des noyaux de substance grise d'où naissent ces fibres ner- veuses motrices.

Sur l'altération des eaux sulfureuses, des Eaux-Bonnes au contact d'un air limité, par Louis Martial « Les réactions subies par Peau sulfureuse des Eaux-Bonnes au sein des réservoirs se réduisentgé- néralement à deux : la transformation rapide du monosulfure de so- dium en bisulfure, avec production équivalente de silicate de soude; 2* la transformation lente et progressive, toujours partielle, du bisulfure de sodium en hyposuliite de soude, par simple fixation d'oxygène.

Note sur l'âge du soulèvement du pays de Bray en Normandie 9 par M. A. de Lafpabrnt. « Le trait caractéristique du Bray est la dtesymétrie frappante du soulèvement, relativement à l'axe anticlinal de la contrée. En partant de la bordure méridionale de la vallée de Bray, on voit affleurer successivement, les unes au-dessous des autres, toutes les couches du terrain crétacé, puis celles de l'étage portlandien, enfla les argiles à gryphées virgules, plongeant régulièrement au sud-ouest et se relevant vers le centre du Bray, au point d'atteindre, en certains endroits, une altitude de 280 mètres, égaie à celle du sommet de la fa- laise crayeuse méridionale. Puis, au moment les couches jurassi- ques, presque horizontales, sont arrivées à former l'arête culminante

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de h conWée, une/cassure brusque interrompt la continuité des assises» Tantôt cette cassure met la tanche horitontale des couche» à découvert sur le flanc d'un talus escarpé qui, parfois, «tient 4*0 mètres de hau- teur, et dont le pied est marquépar un ravin ; tantôt elle passe par l 'axe même d'un mamelon, sans que la topographie la révèle en rien, - *

Gei accident a trop bien marqué sou empreinte sur l'orographie lia bassin parisien pour qu'il n'y ait pas lieu de lui assigner une plan à part dans la sérielles mouvements dei'écouee tenrrestre, d'autant mieux que la direction nord 45 degrés à 46 degrés ouest ne correspond à au- cun système moderne et ne pourrait être qu'une réouverture du sys- tème très ancien du Morbihan. Je crois donc devoir proposer la création d'un système du pays de Bray et de la vallée de la Semé pour carac- tériser cette double fracture, orientée, dans son ensemble, nord45~de- grés à 46 degrés ouest, et dont l'âge est étroitement défini par son în~ tercalation entre le dépôt du calcaire grossier supérieur et celui des sables de Beauchamp.

Observations relatives aux faits signalés récemment par Jf . ChQtnpouillon, sur la putréfaction cadavérique chez les sujets alcoolisés, par M. Gauthier de Clàubry. Un nombre considérable de cadavres provenant des batailles de rues, en juillet 1830, avaient été enfouis sur divers points, et en nombre beaucoup plus grand qu'ail- leurs à l'entrée du Champ-de-Mars, devant le pont d'Iéna. Ils apparte- naient tous à des individus frappés par des projectiles ou des armes de guerre, étant tous également trouvés soumis aux mêmes condition» atmosphériques, et ayant été enfouis dans le même temps, d'où devaient résulter, d'une manière générale, des conditions analogues de putréfaction.

Lorsqu'au mois de juillet 4840 l'exhumation en fut opérée pour leur transport à la colonne de la Bastille, on les trouva, côte à côte, dans les rangées supérieures comme dans les rangées inférieures, dans quatre états différents. Un certain nombre étaient réduits à l'état d'os- sements ; d'autres étaient réduits à l'étal de gras de cadavre;— pour une partie, la putréfaction était en pleine activité ; et enfin, il s'en trouvait dont la conservation était telle que les familles ont pu facile* ment les reconnaître à des caractères qu'elles avaient elles-mêmes signalés.

Il faut bien que des causes particulières aux individus aient exercé une large influence sur l'altération de ces corps, et rien ne démontre qu'il ne se soit pas présenté quelque chose d'analogue dans les faits signalé» par M. Champouillon, qui n'en restent pas moins d'une réelle importance.

672 LES MONDES

. M. Lecoq de Boisbaudran prie l'Académie de vouloir bien com- prendre, parmi les pièces admises au Concours du prix Bordin, pour Tannée 4872, les communications qu'il a successivement adressées sur lf constitution des spectres lumineux»

M. la ministre de l'instruction publique prie l'Académie de dési- gner deux de ses membres pour faire partie de la commission qui doit être chargée d'inspecter annuellement l'observatoire de Paris, confor- mément au décret du 5 mars 18T2. M. Le Verrier voudrait qu'avant la nomination copie du décret fiXt envoyée à tous les membres, et que l'Académie s'entendit, dans une discussion préliminaire, sur la portée des. nominations qu'elle a à faire. La discussion aura lieu dans la séance prochaine..

M. le secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la correspondance : Le tome VIII de la Revue de Géologie (années 1868 et 1869), par MM. Delesse et de Lapparent. Comme les volumes antérieurs, le volume actuel contient le résumé et la discussion des travaux de géologie récents, et plus particulièrement de ceux qui ont été publiés à l'étranger ; des analyses inédites de roches, et quelques communications qui ont été faites directement à cette Revue. Le premier volume du Cours d'analyse infinitésimale (partie élémentaire), par M. Ph. Gilbert, qui est présenté à l'Académie par M. Puiseux. « Dans ce volume, dit M. Puyseux, les notions usuelles du calcul dif- férentiel et du calcul intégral sont exposées avec la clarté et la méthode qui caractérisent les autres ouvrages du savant professeur de Louvain. Les théories analytiques, plus élevées ou d'une application moins im- médiate, feront la matière d'un second volume. »

Recherches sur les substitutions, paa M. C. Jordan.

-— Sur un système particulier d'équations aux différentielles par- tielles, par M. Combescure.

Sur la volatilisation apparente du sélénium et du tellure, et sur la dissociation de leurs combinaisons hydrogénées, par M. A. Ditte. Le sélénium et l'hydrogène chauffés ensemble à 440 degrés produisent une quantité d'acide sélénhydrique qui augmente depuis 150 degrés, point de fusion du sélénium, jusqu'à 250 degrés, puis diminue quand on chauffe au delà... Réciproquement, l'acide sélénhy- drique, soumis à l'action de la chaleur, éprouve déjà vers 450 degrés une décomposition sensible, mais très-lente; la quantité dissociée atteint, vers 270 degrés, une valeur à partir xle laquelle elle décroit peu à peu, et passe vers 520 degrés par un minimum. Au-dessus de 530 degrés, l'acide sélénhydrique se décompose peu à peu et d'une manière continue, quand on élève davantage la température. Au sein

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d'un tube contenant du sélénium et de -l'hydrogèns, plongé partielle- ment dans une enceinte à température fixe, il existe une région du tube le sélénium se dépose constamment, de manière à former un anneau circulaire, à l'état liquide quand la température est supérieure à son point fusion, à l'état solide, quand elle est inférieure.

Le tellure peut, comme le sélénium, se combiner directement à l'hy- drogène et donner de l'acide tellurhydrique, qui permet d'obtenir un anneau de cristaux tout à fait comparable à celui du sélénium et pro- duit dans les mêmes circonstances. Avec un tpbe partiellement chauffé, l'acide tellurhydrique produit dans la partie chaude se décompose à une température moins élevée, et l'on voit se former des cristaux de tellure d'une blancheur éclatante, des prismes pouvant atteindre 20 mil- limètres de longueur, et le phénomène ne s'arrête encore que lorsque tout le tellure a disparu au fond du tube. On peut ainsi, par une. vola- tilisation apparente, transporter avec une quantité limitée d'hydrogène une quantité indéfinie de tellure comme de sélénium; en même temps qu'ils se transportent, ces deux corps cristallisent, de telle sorte que, vis-à-vis d'eux, l'hydrogène joue le rôle d'un véritable agent minérali- sateur.

Sur les propriétés réductrices de Fhydrogène et des vapeurs de, phosphore et leur application à la production de dessins, par M. B. Re- nault. — Lorsqu'on dirige un jet d'hydrogène froid sur une feuille de papier Berzélius, imprégné d'un sel oxydé d'argent, tel que phosphaté, azotate, arsénite, sulfate, carbonate, oxalate, l'argent est ramené à l'état métallique et le*papier noircit instantanément. L'hydrogène, dans les mêmes circonstances, ne réduit pas les chlorure, bromure, iodure, cyanure, sulfocyanure d'argent tout k fait purs. Si donc, au moyen d'une encre renfermant un chlorure ou un bromure alcalin (il est préférable d'employer un sel ammoniacal), on trace ou on imprime un dessin sur un papier imprégné d'azotate d'argent et légèrement paraffiné, et si l'on soumet ce papier à l'action réductrice de l'hydrogène, il noir- cira sur toute son étendue, sauf aux points l'encre a formé un sel irréductible ; le dessin resté blanc se détachera alors sur le fond de- venu noir. Le chlorure noirci laisse passer les gaz avec facilité ; cette propriété permet d'obtenir un certain nombre d'épreuves de mêmes dessin. Si l'on place, en effet, une feuille de papier sensibilisé sous le dessin primitif, dont les traits doivent avoir traversé l'épaisseur du pa- pier et être bien secs, on obtiendra sa reproduction exacte en dirigeant perpendiculairement à sa surface un jet d'hydrogène ; ce gaz ne pas- sant qu'à travers les traits, réduit les points correspondants de la deuxième feuille, et l'on a en noir une épreuve directe du tracé primi-

674 LES MONDES.

tif, épreuve que l'on peut alors fixer et virer en modifiant, s'il ; t lieu* las procédés ordinaires, en les adaptant an sel d'argent qui a servi à sensibiliser la feuille de papier. A l'hydrogène on peut substituer avantageusement l'asote ou l'acide oarbontque qui. ont traversé préa- lablement un tune rentoilant des fragments de phosphore ; ces gaz noircissent ator* aon-seulement les sels oxydés d'argent, mais ceux de mercure et de cuivre. Quand* après avoir traversé le tube à phosphore, le gae, quel qu'il soit* asote, acide carbonique ou hydrogène, se répand dans l'air, il est lumineux dans l'obscurité*. Si l'on dirige le jet ga- zeux de façon à l'étaler sur des feuilks de papier imprégnées de car- bonate de cuivre, elles noirciront.

Sur une combinaison de bioomjdc de chrome et de dichromaie potassique, dkhromato halkhromique [(Cr 0*)' (Cr 0*) KO] H* 0, par M. Dokato Tomm a'si. Nous publierons cette note intégralement.

Recherches sur le rôle des matières organiques du soi dans' tes phénomènes de la nutrition des végétaux, par M. L. Granbeau.— 11 résulte de l'ensemble des faits consignés dans mon mémoire : 1* que les sols fertiles renferment les éléments nutritifs minéraux sous la forme nous les offre le fumier de ferme et notamment le purin ; 3* que la fertilité d'un sol est étroitement liée à la richesse en élé- ments minéraux de la matière organique soluble dans l'ammoniaque qu'il renferme ; que les substances organiques sont dans la nature le véhicule des aliments minéraux, qu'elles les extrayent du sol pour les présenter sous une forme immédiatement assimilable aux racines des végétaux. »

Analyse chimique si microscopique de la pluie de sable mUéo~ .rique tombée en Sicile, les 9, 10 si il mars 1873, par M. Silvestir. Mille grammes de pluie contenaient 698 milligrammes de matières minérales insolubles (bicarbonates de chaux, de fer, de. magnésie et sulfate de chaux), de matières minérales solubles (chlorure de potas- sium, sulfate de soude, chlorure de sodium), de matières organiques* Examinée au microscope, la poussière météorique a montré des vésir cules sphériques, discoïdes, protéiformes ; quatre espèces de (liaioméafe et trois espèce» d'infusoires à mouvement inquiet et rapide.

Recherches sur la composition chimique du vert de Chine. \a vert de Chine ou lokao, est une véritable laque, contenant une torts proportion de matières diverses : chaux, alumine, oxyde de fer, *vee ^beaucoup d'humidité. Il se dissout en petite quantité daps l'eau froide* fi se dissout aisément dans les solutions des carbonates de potwt et de joudSt Pour obtenir la matière coloraule pure, faites dissoudre lOOgraimts

LÈS MONDES. 67»

de carbonate d'ammoniaque pure dans quatre litres d'eau distillée ; joutez iOO grammes de lokao pulvérisé et agitez de temps eo temps; Après quatre Jours la liqueur sera devenue d'un vert bleu très-fôûcé ; on filtre, et Ton évapore au bain-marie, dans une capsule plate, de manière à chasser complètement le carbonate d'anftnoniaque en excès. On obtient ainsi 60 pour 100 de lokafne ammoniacale, matière bleue parfaitement so- Iublé dans l'eau ; que Ton obtiendra pure» en ajoutant de l'alcool ai la dissolution de Vert de Chine dans le carbonate d'ammoniaque. Sa com- position chimique est: carbone 50,98; hydrogène 5,52 ; azote 2,125; oxygène 41,27$. Sa formule est 'C4,BM0*JAsH40. La lokaïoe pure C H*4 0", doit être considérée comme un acide faible ou glucoside. Ces messieurs appellent lokaétine le produit insoluble du dédoublement de la lokaïne ammoniacale sous l'action de l'acide sulfurique étendu d'eau; sa formule serait C* H1 0'\ Elle est très-peu soluble dans l'eau; avec le temps elle s'y gonfle à la manière de la gomme adragaûte ; les plus faibles traces d'alcali la font virer au violet Elle forme dans la liqueur ammoniacale des flocons rouges qui redeviennent violets au contact de l'air.

Polymorphisme du Mucor Muceâo, par MM. VaN TtfedbK* et LT- MororaR. -*- « En résumé, l'évolution du Mwsor Mutedo comprend au- jourd'hui huit tonnes reproductrices : l' l'appareil sexué qui donne par voie de conjugaison l'oral ou rygospore ; 2* six systèmes distincts de spo- ranges qui, sous rapport du nombre des spores et de la dimension de columelle, s'écheloùnent ainsi : sporange terminal, sporanges latéraux isolés, appareils cireinombellé, héiicostylé, thamnidlen et chaetocladîen; les spores myeélfemies* Ce» huit appamils ayant caractère commua d'engendrer leurs corps reproducteurs par voie» de formation endogène; on voit que* dans l'état actuel de nos connaissances, le polymorphisme si riche du Muoor Mucedo s'exerce, en définitive, dans un champ fort res- treint. »

Magnétisme terrestre, par M. Diakll^Muller. D'une carte d'es- sai des lignes isogones de la mer adriatique, l'auteur déduit les remarques suivantes:

« La variation totale de la boussole, à partir de Corfou Jusqu'à Venise, est, en chiffres ronds, de 3* 30' (plus exactement 26',4).

«Les perturbations que Ton y rencontre présentent le plus grand in* térét pour les marins. Les plus importantes sont au nombre de trois : *

« !• La ligne = H0 30', qui semble détournée de sa marche régulière par l'influence du mont Valebit qui a une extension de près de W milles marins; «

676 LES MONDES.

«c 2* Le rocher Porno, autour duquel se trouve une grande perturbation symétrique, de plus de 2 degrés, mériterait la plus grande attention des marins;

La ligne de Lissa (10°30% qui peut être influencée par la même cause de perturbation du rocher Porno.

Sur l'origine cosmique des' aurores boréales, par M. Diamillà-Muller. L'auteur croit avoir émis le premier, en 1854, l'idée que l'aurore bo- réale avait pour cause le courant magnétique produit par l'influence so- laire. Voici quelle serait aujourd'hui sa théorie complète.

« Un courant magnétique (nous le nommons ainsi faute de mieux) par- tirait du soleil vers ses planètes selon qu'elles sont plus près plus loin de lui, d'un côté ou d'un autre côté. Quant à la terre, ce courant arrive- rait dans une position moyenne située entre l'équateur et l'écliptique. De cette place, qui serait l'équateur magnétique, partiraient deux courants opposés vers les pôles magnétiques d'où le même courant serait renvoyé au soleil. Par conséquent, la direction de ces courants serait de Téqua- teur aux pôles, et non des pôles à l'équateur. Si la surface de la terre ne présentait aucune cause locale de perturbation dans la direction des cou- rants, ceux-ci seraient placés géométriquement de part et d'autre par rapport à l'équateur magnétique, et Taxe magnétique passerait par le centre de la terre. L'irrégularité des directions des courants serait .donc l'effet d'une modification locale et accidentelle produite par ces perturba- tions. L'aurore polaire serait simplement l'effet d'une suspension acciden- telle du renvoi du courant au soleil. Le courant, faute de pouvoir con- tinuer sa route de retour, s'agglomérerait aux pôles et, pour rétablir l'équilibre, se résoudrait en une décharge lumineuse. Et alors, comme dit justement M. Donati, le phénomène lumineux se rendrait visible de l'orient à l'occident, suivant le mouvement diurne de notre planète.

M. A. Latoughb adresse une note sur Futilité qu'il y aurait, au point de vue de l'agriculture, à faire parvenir l'eau de la mer jusque dans l'intérieur des continents. 11 propose, pour cela, l'établissement d'un sys- tème de canalisation suivant les lignes de chemins de fer, et communi- quant avec des réservoirs situés sur le rivage de la mer, des machines élèveraient l'eau à une hauteur convenable.

Les comptes rendus signés Elie de Beaumont avaient 52 pages. ï. Moigno,

PARIS. TTP. WALDKR, RUE BOHAPARTÏ, 44.

47. 1872.

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE DE LA SEMAINE

Bulletin hebdomadaire de la manié, Le nombre des décès du 12 au 19 avril a été : variole, 5; rougeole, 25; scarla- tine, 2 ; fièvre typhoïde, 42; érysipèle, 6, bronchite aiguë, 39; pneu- monie, 67; dyssenterie, 4; diarrhée cholériforme des enfants, 3; an- gine couenneuse, 6; croup, 44; affections puerpérales, 7; autres affections aiguës, 248; affections chroniques, 334, dont 478 phthisies pulmonaires; affections chirurgicales, 55; causes acciden- telles, 27. Total 825 contre 844 la semaine dernière.

Etat des récolte*. Les agriculteurs sont beaucoup plus con- tents des récoltes dans le nord de la France que dans le midi. Il est néanmoins imposssible de dire quels seront les résultats définitifs; mais on peut affirmer que jusqu'à présent il n'a été fait aucun mal aux récoltes les plus importantes dont l'état continue à être satisfaisant.

Une température propice a favorisé l'ensemencement des bet- teraves qui poussent partout avec une grande activité dans les meil- leures conditions. Les jeunes betteraves sont déjà levées sur un cer- tain nombre de points, notamment dans le Nord : tout est donc pour le mieux jusqu'à présent.

Séance solennelle de la Société d'encon rarement, Cette séance générale pour la distribution des prix et médailles, qui n'avait pas eu lieu depuis deux ans, a présenté le plus vif intérêt. Après un rapport sur l'ensemble des concours ouverts par la Société, rapport quelque peu attristant, parce que le nombre des concurrents a été trop petit, et que, sur ce petit nombre, deux ou trois seulement ont été couronnés, M. Barrai a lu une notice historique très-touchante sur M. Combes, l'un des secrétaires perpétuels de la Société; M. Moll a fait une lecture très-piquante sur le rôle par trop annulé des femmes en agriculture, rôle par trop amoindri, par trop nul, par trop négatif même, clans notre chère France; M. Tisserand' a énuméré avec beau- coup d'art et de cœur les titres de M. Boussingault, à la grande mé- daille Thénard, décernée cette année pour la première fois et qui est destinée à récompenser les grands services rendus à l'agriculture : au jugement des savants français et étrangers, M. Boussingault est le fondateur de la chimie agricole moderne, le créateur des stations agricoles savantes, le promulgateur éclairé et convaincu de la grande loi de la restitution au sol des éléments emportés par les récoltes. La Société a décerné en outre : un prix de 4 000 fr. à M. Coupié, pour son

No 17, t. XXVII, 25 avril 1872. 48

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encre des écoles ; nn prix de 1 000 fr. à M. Aman, pour son filtre à sable ; deux prix de 4 000 francs, l'un à M. Thiéron, de Mont auge, pour son ouvrage sur l'agriculture et les classes rurales dans le pays toulousain ; l'autre à M. Tochon, de Chambéry, pour son histoire de l'agriculture de la Savoie; un prix de 500 francs à M. Sirand, pour la production de graine saine de vers à soie ; deux médailles d'or, dont l'une à M. Bourbouze, pour de nouveaux instruments de physique; cinq mé- dailles de platine, Tune à M. Merget, pour son étude des vapeurs mercurielles, l'autre à M. Houzeau, pour ses études sur l'ozone ; 14 médailles d'argent, dont une à, M. Chutaux, pour, sa pile au bichro- mate de potasse , une à M. Corbin, pour son porteur universel , une à M. Deprez, pour sa réglette des tiroirs, une à M. Gaiffe, pour sa nic- kelure galvanique, une à M. Wiessnegg, pour son fourneau à gaz ; 9 médailles de bronze ; 22 médailles d'encouragement aux contre- maîtres et ouvriers présentés par leurs patrons. Nous publierons, dès qu'ils auront été imprimés, les rapports de prix et de médailles, parce qu'ils sont une expression assez fidèle des progrès de l'industrie. Des comptes du trésorier et du censeur, il résulte que l'état des fonds de la Société est très-satisfaisant.

Société nationale d'encouragement des travailleur* * Industriel*», et Exposition universelle d'économie do* mestlque au Palais tle l'Industrie en juillet 189 f. Il s'est formé à Paris, 23, rue de la Chaussée-d'Antin, sous la prési- dence de M.Troncin du Mersan, une société ayant pour but d'honorer, d'encourager, de récompenser par tous les moyens possibles les tra- vailleurs industriels ; la cotisation est de 20 francs; le diplôme obliga- toire de iO francs. Pour son début, elle organise au Palais de l'Indus- trie une exposition internationale des produits nécessaires à la vie de l'ouvrier, comprenant : les aliments, le vêtement, l'habitation, les objets de ménage, les outils et procédés industriels, les moyens de dé- veloppement moral et matériel, les médicaments, etc.

Petites Annales de Chimie. M. Maumené m'a demandé défaire sous ce titre, dans les Mondes, le compte rendu des travaux desthimistes ses confrères, au point de vue de sa Théorie générale des actions chimiques, appelée peut-être à éclairer le chaos actuel de la chimie organique. Certain d'avance que toute question personnelle sera soigneusement écartée, et qu'il ne s'agira que de science pure, appréciant en outre les services que M. Maumené, vulgarisateur habile et entraînant, est appelé à rendre à l'œuvre de progrès qu'il me tarde d'inaugurer, j'ai cédé à son désir : sa théorie est nettement formulée, très spécieuse, très-générale ; mais c'est à l'œuvre ou par l'application à un grand nombre de combinaisons qu'on peut la juger.-*- F. Moigno.

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ACCUSÉS DE BÉCEPTÏON

Histoire die l'Economie politique die» anciens peu» pies de l'Inde, de l'Egypte, de Judée et de la Grèee,

par M. Du Mesnil-Marïgny. (2 voï, in-8° de 487 et 442 pages ; prix 16 fr, Paris, Henri Pion, 1 872.) Le titre de l'important ouvrage que nous avons sous les yeux parait d'abord quelque peu étrange, car il fait remontrer à des époques très-reculées une science que généra- lement on regarde comme toute moderne; c'est par la réponse à cette difficulté que débute l'auteur: a On a prétendu, dit-il, que l'économie politique, cette science dont le but est le bien-être de l'humanité, ne remontait pas au 'delà du dernier siècle, comme si les hommes n'avaient pas dû, dès les premiers âges, profondément réfléchir sur les moyens qu'ils pouvaient mettre en œuvre pour accroître leur aisance.

Ainsi que M. Jourdain faisait de la prose, on fit autrefois de l'éco- nomie politique sans peut-être le savoir et surtout sans se rendre compte que c'était une science... Gomment l'économie politique n'au- rait-elle pas fait autrefois de grands progrès? Les peuples n'entourèrent jamais|de plus d'hommages qu'aux âges primitifs la personne qui parvenait à accroître leur bien-être... Lorsque, de ces siècles reculés, nous passons aux temps historiques, nous voyons que tous les législa- teurs, Minos, Moïse, Lycurgue, Solon, etc., méditèrent longuement sur cette science, et qu'il en a été de même des philosophes qui se sont le plus illustrés : Socrate, Platon, Xénophon, Aristote, etc. Nous pouvons même voir que déjà l'on possédait dans leur plénitude nombre de notions judicieuses et d'une application journalière, dont quelques écoles économiques modernes ont voulu attribuer la découverte à leurs fondateurs. Deux exemples le prouveront suffisamment.

« On a dernièrement déféré à Adam Smith l'honneur d'avoir le premier fait ressortir l'importance de la division du travail. Que l'on ouvre les ouvrages de Platon et de Xénophon, l'on verra que cette im- portance y est signalée en termes les plus clairs. La distinction entre Ja richesse de valeur et la richesse d'usage, si essentielle à établir pour apprécier avec exactitude les phénomènes économiques, n'a été, sui- vant plusieurs publicistes, exposée que dans le siècle dernier. Nous voyons cependant cette distinction mise en lumière par Aristote... Bien plus, en jetant les yeux sur les diverses institutions des Athéniens, on ne peut s'empêcher de reconnaître qn'ils étaient fort bien rensei-

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gnés sur les questions de rechange, du crédit et de la monnaie. Les annales de ce peuple témoignent même que nous n'aurions que bien peu à leur apprendre en matière d'impôts et sur toutes les combinai- sons auxquelles on peut soumettre les finances d'un Etat.

a 11 n'est pas jusqu'au système protecteur, dont plusieurs écono- mistes font remonter l'origine à CromweU ou à Golbert, qui n'ait été mis en pratique, comme nous le prouverons, longtemps avant l'ère chrétienne. Il sera même démontré que, dans l'Attique, les unités de mesure qui servaient à apprécier les longueurs, les poids, les capaci- tés, ainsi que les monnaies, dérivaient toutes d'une longueur primitive et d'un cube d'eau distillée (ou, plus exactement, d'eau de pluie) ayant cette longueur pour côté;

c On se demandera peut-être, ajoute notre auteur, comment il a été possible à nos érudits de prétendre que l'économie politique était une découverte moderne. C'est que, plus linguistes qu'économistes, ils n'ont pas toujours été à même de saisir le véritable sens des locutions grecques et latines relatives à cette science. »

Nous n'avons pas besoin de dire qu'on ne saurait faire à M. Du Mesnil-Marigny ce même reproche ; il est tout naturel en effet qu'un économiste aussi distingué ait parfaitement compris les textes qui ont rapport à la science qui est l'objet de ses constantes études, mais ce qui est très-digne d'attention, c'est qu'un économiste connaisse les auteurs anciens aussi bien qu'un érudit de profession, et y ait recueilli un aussi grand nombre de passages qui servent de bases à 6es appré- ciations et répandent sur son ouvrage un vif intérêt. Nous citerons surtout à ce propos, en regrettant de ne pouvoir la reproduire ici à cause de son étendue, la remarquable étude de M. Du Mesnil-Marigny sur le système métrologique d'Athènes, et spécialement sur la déter- mination du pied attique, d'où découlait tout ce système, comme le nôtre découle du mètre.

Les justes éloges que nous donnons au travail de M. Du Mesnil- Marigny ne vont pas jusqu'à affirmer qu'un ouvrage qui réunit tant d'idées n'en contienne pas quelques-unes sur lesquelles on peut être d'un autre avis que l'auteur, et sur lesquelles l'auteur lui-même pour- rait revenir dans une seconde édition. Nous faisons surtout des réser- ves au sujet de quelques appréciations comprises dans la partie rela- tive à l'histoire des Juifs,

Procédé» de photographie an eharbon, aux encres dimpreaalon et aux sel» d'argent, catalogue initiateur de M. A. Màrion. In-8° de 123 pages. Prix : 4 fr. au magasin d'articles

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de photographie, cité Bergère, 16. Nous n'avons pas à apprendre aux lecteur des Mondes que M. Marion est un des hommes qui ont le plus contribué aux progrès de la photographie. Les procédés, les appa- reils et les substances qu'indique la nouvelle édition de son important catalogue montrent que les tristes événements que nous avons tra- versés ne l'ont pas détourné de son œuvre ; s'ils ont retardé l'impres- sion du catalogue en question, l'auteur a profité de ce retard pour l'a- méliorer et l'enrichir, a De spécial au charbon qu'il devait être, dit l'auteur, il décrit maintenant des formules nouvelles à l'argent, relève de l'oubli le procédé papier et le fait entrer résolument dans le do- maine de la portraiture, dont le monopole, comme on sait, était en* tièrement dévolu au collodion. Cette découverte heureuse a été corro- borée par une autre ; nous voulons parler du châssis-cuvet* de M. le Dp Schaëb, dont la disposition ingénieuse permet d'opérer au collodion humide partout, en pleine lumière et sans laboratoire. Nous avons en outre la satisfaction d'annoncer qu'après renseignements précis sur le plus remarquable et le plus pratique des procédés connus, nous sommes aujourd'hui en mesure d'en donner la description et de livrer les ustensiles pour la mise en œuvre. Nous voulons parler de VRélio- typie Edwards, procédé d'impression à l'encre grasse et à la presse typographique. » Ces quelques lignes empruntées à la préface du Catalogne initiateur de M. Marion suffisent pour donner une idée de l'intérêt qu'a cette publication pour tout artiste et tout amateur.

L'Algérie, quelques mots de réponse à la brochure la Vérité sur V Algérie du général Ducrot, par E. Ducos, inspecteur général des ponts et chaussées, ancien inspecteur général des travaux civils de l'Algérie. In-8° de 39 pages, Paris, Dunod, 1872, prix : 4 fr. A une brochure plus que décourageante publiée récemment sur l'Algérie par le général Ducrot, M. Ducos répond : i°en établissant d'après des données officielles les produits etles ressources de l'Algérie; et en rédui- sant à leur chiffre exact les sacrifices que cette possession coûte annuel- lement à la France ; en constatant que l'insurrection qui éclata en Algérie au mois de février 4871 a été loin d'avoir l'importance qu'au- rait dû, ce semble, lui donner la terrible situation se trouvait la France, et de plus que cette insurrection s'est limitée aux territoires encores dépourvus de voies de communications, en sorte que la con- quête commencée par la guerre, doit évidemment s'achever par les tra- vaux pacifiques de la civilisation. Le haut intérêt que présentent ces questions se trouve singulièrement accru en ce moment qu'un assez grand nombre d'Alsaciens et de Lorrains, voulant à tout prix demeurer

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françaîô, vont s'établir sur cette terre qui, convenablement gouvernée et administrée! ne peut tarder à devenir réellement une seconde France.

Léo Incendie» moderne», ou les composés détonants; les engins explosibles, les amorces et les exploseurs électriques, les feux liquides, le pétrole, etc., par M. J. Chàutàkd, professeur à lafacuité des sciences de Nancy, etc., in-J2 de 106 pages avec figures.'Garnier, 187i, prix 1 fr. 25, au profit des victimes de Fontenay. Ce titre que nous ve- nons de reproduire est développé de manière à indiquer tous les sujets traités dans l'ouvrage ; mais ce n'est qu'en lisant l'ouvrage lui-même qu'on peut se faire une idée de l'intérêt que l'auteur a su répandre sur tous ces sujets pa r la richesses des détails et la lucidité des expli- cations.

Eftftal de naturall*atlon de» végétaux utile» m l'agrU ealtare, entre les parallèles 30° et 46°, plus particulièrement aux puis- sances composant le bassin méditerranéen, la province d'Alger prise pour type, par F. Gallàis, maire de Ruffec (Charente). In-t2 jésus de 108 page, prix : 1 fr. Angoulème, imprimerie Charentaise de A. Na- daud 4 868. -~ Ce petit ouvrage consiste d'abord en une étude topo- graphique, géologique et météorologique sur l'Algérie. L'auteur donne ensuite d'intéressants détails sur les plantes cultivées dans cette contrée et sur celles qui, probablement, y réussiraient. Il emprunte la liste de ees dernières aux flores d'un grand nombre de contrées, et tire grand parti des intelligents essais faits dans la Nouvelle-Hollande par le directeur du jardin botanique de Sidney.

Cours élémentaire de géologie appliquée , litho- logie pratique on étude générale et particulière des roeueo, etc., par M. Stanislas Meunikr, aide-naturaliste de géo- logie au Muséum d'histoire naturelle , docteur es sciences , etc. In-8* de rv-454 pages, avec figures dans le texte. Dunod, 4872. M. Stanislas Meunier, se conformant à l'usage généralement adopté, donne le nom de roche à tout minéral ou assemblage de mi- néraux formant des masses assez considérables pour jouer un rôle important dans l'économie de Técorce terrestre. Pour chaque roche, il a soin de donner : l'étymologie du nom adopté dans l'ouvrage ; Une synonymie suffisante ; une description succincte des variétés choisies comme types et l'indication des autres variétés importantes; 4* la composition chimique et, quand il se peut, la composition mi-

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néralogique, point trop souvent négligé dans les ouvrages litholo- giques ; les divers gisements ; les notions ou au moins les hypo- thèses relatives à l'origine et au mode de formation ; enfin les prin- cipales applications industrielles et agricoles.

Comme moyen de déterminer les roches, l'auteur fait un assez grand usage de la méthode dichotomique, et il dit à ce sujet : « On sait qu'on a fait en botanique, en zoologie et même en minéralogie des clefs dichotomiques. Cependant, malgré les grands services que rend cette méthode, on n'avait pas, jusqu'en 1867, époque d'une pu- blication que nous avons faito sur ce sujet, étendu le système dicho- tomique à la détermination des roches... Les données dont on peut disposer pour construire une clef dichotomique sont peu nombreuses et souvent difficiles à discerner. Toutefois il nous a paru qu'en recourant aux caractères chimiques et en ne faisant intervenir que les plus saillants, on pouvait donner de chaque roche une définition qui la séparât de toutes les autres. »

Avant l'étude des roches, principal objet de l'ouvrage, M. Stanislas Meunier expose sommairement tout l'ensemble de la géologie, donnant ainsi à 6es lecteurs des notions indispensables pour l'intelligence de plusieurs questions relatives aux roches, spécialement à leur gi- sement.

Ii'impdt sur le capital, son application, ses avantages, ses applications, par Henri Mekier, manufacturier, membre de la So- ciété d'économie politique, etc. In-18 jésus de 176 pages. Paris, Guillaumin, rue Richelieu. Prix : 4 fr. La question qui fait le sujet principal du petit ouvrage que nous avons sous les yeux est trop en dehors du cadre des Mondes pour que nous puissions l'approfondir ici. Bornons-nous à dire que l'éminent manufacturier qui a signé cet ouvrage y a fait preuve de connaissances économiques très-sérieuses, en sorte que son travail mérite l'attention de quiconque se préoccupe des moyens de relever dans notre malheureux pays Ja fortune pu- blique. Nous avouons du reste que le plan de M. Menier ne nous fait point oublier celui de M. Tellier, que nous avons exposé dans nos nu- méros du 10 juillet et du 17 août 1871. Nous ne pouvons donc mieux faire que d'engager nos lecteurs à étudier sérieusement les deux sys- tèmes et à les comparer avec l'attention que mérite une question de cette importance.

, le lendemain de la mer*, ou la Vie future selon la science,

par M. Louis Figuier. Notre ami veut que nous annoncions que

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son livre étrange est aujourd'hui à sa quatrième édition. Nous le fai- sons, mais non sans une certaine tristesse, car cette vogue n'est-elle pas un signe des temps dont il avait été dit : les hommes ne sup- porteront plus les saines doctrines, ils s'entoureront de maîtres chatouillant agréablement leurs oreilles , et se tourneront vers les fables. Voyez, en effet, de quelles fables la plume habile de M. Figuier endort ses lecteurs ! Et il appelle cela la vie future selon la science, et il se pose en adversaire acharné du matérialisme I C'est lui-même qui parle. F. Moitzro.

«Si, pendant son séjour ici-bas, l'âme humaine aperdu de sa force et de ses qualités primitives, si elle a été le partage d'un individu per- vers, elle ne quittera pas la terre. Après la mort de cet individu, elle ira se loger dans un autre corps humain, en perdant le souvenir de son existence antérieure... Ces incarnations dans un corps humain peuvent être nombreuses. Elles doivent se répéter jusqu'au moment les facultés de l'âme se sont assez développées, ses instincts se sont assez améliorés et perfectionnés... Alors, seulement, celte âme pourra quitter la terre et s'élancer dans l'espace pour passer dans l'or- ganisme nouveau qui fait suite à celui de l'homme dans la hiérarchie de la nature... Les enfants morts en bas-Age ont un sort analogue (75 et 76). L'espace habitent les âmes ainsi purifiées est occupé par l'éther, l'éther planétaire ; c'est ce que les principales religions, d'accord avec le langage vulgaire, appellent le ciW (67). Nous croyons que l'habitant des espaces éthérés a un corps; que l'âme, sor- tant du séjour terrestre, vient se loger, s'incarner dans un corps, comme elle avait fait ici-bas; seulement, ce corps doit être pourvu de qualités infiniment supérieures à celles qui sont l'apanage du corps humain... Un faible tissu matériel, animé par la vie, un diaphane et vaporeux manteau de matière vivante, c'est ainsi que nous nous re- présentons l'être surhumain (81). Chez l'être surhumain, la respi- ration du milieu éthéré suffit à l'entretien du corps matériel... Dès lors, la nécessité du manger et du boire est supprimée chez lui (82). Puisque notre pensée dévore l'espace, il est à croire que le corps de l'être surhumain, dans lequel domine le principe spirituel, doit avoir cet admirable privilège de franchir l'étendue avec une rapidité dont la vitesse de l'électricité nous donne la mesure (85). Autres privilèges de l'être surhumain : sens perfectionnés; sens nouveaux, dont nous ne pouvons avoir l'idée ; point de sexe ; affections d'un ordre out à fait supérieur : « La véritable charité, la charité pour l'univers entier embrasera les cieux. L'amour Dieu viendra dominer ces aSec-

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tions multiples de toute la hauteur de sa puissance infinie, et le grand . élan des sentiments d'amour pour nos semblables sera couronné par la sublime adoration du créateur des mondes (95-96) x »

a Comment se multiplie l'espèce?— La reproduction est l'œuvre des habitants des mondes inférieurs, c'est-à-dire de la terre et des pla- nètes La reproduction est inutile aux êtres fortunés qui vivent

dans l'éther planétaire. Le renouvellement de ces bataillons d'élus se fait par les arrivées des mondes inférieurs (96).

« Après un intervalle dont nous n'essayerons pas do fixer la durée, l'être surhumain meurt (108) et sonâme entre dans un corps nou- veau, armé de facultés encore plus puissantes Et ce n'est pas à

une troisième ni à une quatrième incarnation que peut s'arrêter la chaîne de créations sublimes que nous entrevoyons flottant dans l'in- fini des cieux Après avoir parcouru cette longue succession d'étapes

et de stations dans les cieux, les êtres que nous considérons doivent arriver finalement en un lieu. Ce lieu, selon nous, c'est le soleil (114). Ce qui entretient la radiation solaire, ce sont les arrivées conti- nuelles des âmes dans le soleil. Ces ardents et purs esprits viennent remplacer les émanations continuellement envoyées par le soleil, à travers l'espace, sur les globes qui l'environnent (175).

« Les êtres spiritualisés réunis dans le soleil envoient sur la terre et sur les planètes des émanations de leur .essence , c'est-à-dire des germes animés....; qui distribuent 6ur les planètes la vie, l'organi- sation, le sentiment et la pensée La formation des plantes et la

naissance des animaux inférieurs, tel est le résultat de l'action des rayons solaires sur notre globe. Puis commence la série des transfor- mations des âmes à travers les corps des différents animaux, qui doit aboutir à l'homme, à l'être surhumain et à toute la guirlande des métempsycoses célestes, dont le dernier terme est l'habitant du so- leil (334)... Notre système diffère de la métempsycose des anciens et des orientaux , en ce que nous n'admettons pas que l'âme humaine

puisse jamais revenir dans le corps d'un animal La rétrograda*

tion n'est pas notre doctrine. L'âme peut, dans sa marche progressive,

, s'arrêter un instant, mais elle ne revient jamais en arrière Le

dogme Oriental de la métempsycose méconnaît la grande loi du pro- grès, qui est, au contraire, le fond de notre doctrine (355) Quant

aux doctrines de Darwin et autres transformistes, nous en différons en ce qu'ils ne considèrent, eux, que la structure anatomique, tandis que nous ne considérons, nous, que les facultés de l'âme. Nous sommes guidé, non par l'idée matérialiste qui diririge et inspire ces savants, mais, au contraire, par un spiritualisme raisonné (388).»'

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Panorama du .Tout-Savoir. Sciences du Raisonnement.

M. Edouard Lagout coutinue sa propagande active, en vue du soulagement des classes nombreuses subissant une horrible famine intellectuelle. M. Lagout, auteur de l'Équation du beau, est trop ingénieux pour ne pas étudier le chemin du vrai, conduisant au savoir utile.

Nous avons encouragé son Tout- Savoir appliqué au monde vital, et l'éclatante publicité donnée par les Mondes à l'opuscule résumant sa dernière prédication à Troyes, l'a sans doute stimulé et lui a valu un précieux succès d'estime quand il a exposé un Tout-Savoir technique en conférence publique à Troyes.

Les quatre sciences du raisonnement ont été exposées par leurs bases fondamentales mises en relief par l'auteur :

L'analyse se résume par la balance, la géométrie se résume par le carré, l'arithmétique se résume par le groupe, la mécanique se résume par le levier.

Comme la Société a voté l'impression de la conférence, nous la lirons pour en donner le résumé à ;nos lecteurs. En attendant, nous sommes à même d'affirmer un fait qui (prouve combien les masses sont affamées de savoir intellectuel, du vrai pain quotidien. C'est la première fois peut-être qu'une séance d'algèbre, de géométrie, d'arith- métique et de mécanique est chaleureusement applaudie des audi- teurs. Et cependant, c'était un dimanche, de 4 h. 1/2 à 5 h. 1/2, heure de la promenade, jour de grande foire, c'est-à-dire jour de fête pour nombre de gens.

L'auteur voulait s'arrêter après la géométrie de peur de fatiguer l'attention. Continuez, lui répondit-on, un enfant de 10 ans vous suivrait sans efforts.

Et à la fin un autre à dit : pourquoi les jeunes gens de l'École normale primaire ne sont-ils pas ici?

CORRESPONDANCE DES MONDES

M. us comte MAftâCHALL, à Vienne. SCIENCE EN AUTRICHE. I. Lumière de Drummond. M. le docteur van Monckhoven a présenté à l'Académie un chalumeau de construction nouvelle, ser- vant à produire la lumière de Drummond par la combustion du gaz hydrogène, du gaz d'éclairage ou de l'alcool. Cet appareil est pourvu

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d'un mouvement micrométrique à ressort, qui permet de régler avec une précision rigoureuse la distance du courant de gaz en combustion à l'objet sur lequel on veut le faire agir. L'inventeur fait agir la flamme sur un mélange à parties égales de magnésie caustique et car- bonatée. Ce mélange est aussi plastique que le plâtre à l'état humide, et, après être séché, émet une lumière plus vive que la chaux; seule- ment, les points échauffés donnent lieu à des cavités qui, après 7 à 8 minutes, déplacent le centre lumineux. La chaux n'a point cet incon- vénient; par contre, celle qui entre dans le commerce renferme tou- jours des substances étrangères' donnant lieu à une fusion, et par suite à une cessation de la lumière ; de plus, elle attire l'humidité atmosphérique, et doit, par cette raison, être conservée dans des vases hermétiquement clos. M. Monckhoven a chercher à obviera cet incon- vénient par l'emploi du marbre blanc à la place de la chaux caustique. On fait, à cet effet, tailler en parallélipipèdes les déchets des marbriers et on les expose sous cette forme à la flamme du chalumeau à gaz explosif, qui transoforme instantanément en chaux caustique les points devant émettre la lumière, et l'on peut ainsi opérer pendant plusieurs heures sans toucher à l'appareil. L'expérience terminée, il suffît de retourner le morceau de marbre pour faire agir la flamme sur un point non encore entamé. [Académie impériale des sciences; séance du il mai 1871.)

II. magnétisme terrestre. Les modifications des trois élé- ments du magnétisme terrestre : la déclinaison, l'inclinaison et l'inten- sité horizontale se succèdent dans le cours d'une période de 26 \ /3 jours. En 1870, la modification périodique de la déclinaison était, à Pra- gue, =0',705 sin [x + 190° 20'), x étant =0 le 0 janvier 1870, et = 360° le 0 janvier 1871. Cette oscillation est un peu plus considé- rable pour Vienne. En 1 870, l'oscillation de l'inclinaison est à peu près un tiers de celle de la déclinaison, et celle de l'intensité près de 24 unités de la quatrième décimale. Il serait possible que ces modifications périodiques fussent l'effet de la rotation du Soleil, vu qu'elles s'opèrent suivant une période moyenne de 26,33 jours. Ce serait une première tentative de déterminer la durée de la rotation synodique à l'aide de l'aiguille aimantée. On arrive ainsi à une pé- riode de rotation vraie du soleil de 24,55 jours, presque identique à la valeur (24,541 jours, selon M. SpOrer) constatée pour la rotation des taches du soleil en dedans de la zone équatoriale solaire par la voie d'observations astronomiques. (M. Ch. Hornstein. Académie impériale des sciences de Vienne ; séance du 15 juin 1871 .)

III. Aurores boréales. M. le docteur À. Boue avait public,

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dans le tome XXII des Comptes rendus de l'Académie de Vienne, un catalogue des aurores boréales connues et mentionnées à l'époque de sa publication. M. E. Bloek, astronome à l'Observatoire de Pulkowa, près Saint-Pétersbourg, a signalé dans une lettre adressée à l'Acadé- mie, en date du 10 octobre 1 871, plusieurs erreurs ou omissions dans le catalogue en question. C'est ainsi que M. Boue n'aurait cité que 14 des 33 aurores observées à Upsal en 1740, et 12 de 53 signalées en 1760 dans la même localité, et que,, des 106 aurores signalées à Cum- berlaud-House, de 1820 à 1821, dix seulement auraient été citées dans le catalogue en que s ti op. Dans une lettre en date de Zurich, 4 décem- bre 1870, M. H. Fritz met à la disposition de l'Académie de Vienne, pour être publié, soit séparément, soit comme supplément au travail de M. Boue, son catalogue des aurores boréales, disposé chronolo- giquement en même temps que d'après les continents et les latitudes sous lesquelles ces phénomènes ont été obervés. [Académie impériale des sciences de Tienne; séances du 2 novembre 1871 et du 4 jan- vier 1872.)

IV. Météorites des Indes-Orientales. L'une de ces mé- téorites, tombée à Shergotty, le 25 août 1865, ressemble extérieure- ment à celles de Stannernen, Moravie (1807), et se compose de py- roxène» de fer oxydulé magnétique et d'un silicate incolore nouveau, nommé maskélynite (d'après M. le prof. Maskelyne, du Musée britan- nique, auquel on doit de beaux travaux sur les météorites), apparte- nant par sa cristallisation au système tessecal, et par sa composition chimique à la série des labradorites. La météorite de Shergotty est la première connue, dans laquelle on ait constaté la présence de ce nou- veau silicate et du fer oxydulé magnétique. L'autre météorite, tombée le 25 mai 1865, près de Gopalpour, porte à sa surface des indices de la situation qu'elle a occupée en traversant l'atmosphère. Sa pâte est tufoïde, entremêlée d'agglomérations globuleuses ; ses substances con- stituantes sont le péridot, la bronzite, la pyrite magnétique, la chro- mite, le fer nickelifère et un minéral de nature feldspathique. Sa structure, qui se retrouve chez un grand nombre de météorites, semble permettre de supposer que sa masse, originairement rigide, a subi une friction, qui l'a réduite en globules et en poussière, réunis par la suite en uuc masse cohérente. (M. G. Tsguermak. Académie de Henné; séance du 22 février 1872.)

V. Trilotoites. M. J. Barrande vient de publier la partie de son grand ouvrage sur la Bohème centrale, traitant des Trilobites des dépôts siluriens de cette région. L'auteur, malgré les recherches les plus consciencieuses, n'a pu constater sur les animaux de cet ordre,

LES MONDES* 689

bien qu'ils aient occupé une des plus longues périodes géologiques, un indice quelconque d'un développement graduel. Une grande partie des espèces de la faune primordiale tient une place assez élevée sur l'échelle organique des crustacés, et quelques espèces du genre fora- doxide ne le cèdent, quant à leurs dimensions, qu'à un petit nombre d'espèces de la seconde faune, appartenant au genre Asaphe. Il est à remarquer que presque tous les genres de la seconde faune se retrou- vent dans la première et qu'aucun genre nouveau n'apparaît vers le milieu de la période paléozoïque, bien que l'ordre, dans 8a totalité, fût encore dans toute sa vigueur. La théorie transformiste pose en principe que les développements d'un animal quelconque soient une répétition des formes par lesquelles ses ancêtres ont passé. Dans les Trilobites, au contraire, le tronc de quelques-unes des espèces les plus anciennes est divisé en un grand nombre de segments, tandis que la métamorphose des Trilobites prouve que ces segments sont peu nombreux dans les formes embryonales. Les irrégularités qui se ma- nifestent dans l'apparition et la distribution verticale des Trilobites sont si considérables, que la supposition d'un développement rétro- grade à partir de la faune primordiale ou de la seconde faune se trouve mise hors de discussion. La zone silurienne centrale de la Sardaigne, de la France, de l'Espagne et du Portugal ne compte pas une seule espèce de Trilobites qu'on ne retrouve dans celle de la Bohème centrale. Des 75 genres de Trilobites présentement admis, 42 se re- trouvent en Bohème, les 33 autres étant exclusivement propres à la zone septentrionale (Scandinavie, Russie, Canada, etc.), dont la faune semble avoir précédé celle de la Bohème. Six genres sont exclusivement représentés dans cette dernière. Le nombre des genres de Trilobites siluriens est presque le double de celui des Céphalopodes (qui, du reste, font entièrement défaut dans la faune primordiale) des deux premières faunes. Par contre, les Céphalopodes prennent le dessus sur les Trilobites, quant au nombre des espèces, durant la période d'exis- tence de la troisième faune. Selon M. Barrande, l'apparition et la dis- tribution des espèces en dedans d'un dépôt quelconque pourrait s'ex* pliquer par quatre suppositions différentes : par la propagation verticale, quant aux espèces passant d'un dépôt à un autre de date moins reculée; par la filiation ou la métamorphose d'espèces préexistantes; par des immigrations du dehors; par la rénova- tion, c'est-à-dire par la naissance de formes qu'on doit, considérer comme absolument nouvelles et autochthones ; en d'autres termes, comme résultat d'une génération spontanée. Selon M. Barrande, la majeure partie des espèces de toutes les faunes siluriennes ne peut

690 LES MONDES.

s'expliquer que par un procédé de rénovation, et le nombre de celles* transmises par propagation normale est encore assez considérable et les espèces immigrées sont très-peu nombreuses. Quant à la filiation, elle parait absolument impossible. Le nombre des Trilobiles immigrés est proportionnellement le double de celui des Céphalopodes, bien que ceux-ci soient doués d'organes locomoteurs plus parfaits. On serait porté à admettre que des courants marins aient favorisé l'immigration des Trilobites. La dernière partie de l'ouvrage de M . Barrande est des- tinée à mettre en regard les théories paléontologiques avec les faits dûment avérés. La faune antéprimordiale est encore à peu près incon- nue, si toutefois elle a existé. Les formes placées au plus bas degré de l'échelle organique, telles que les For amini fera et les Polypes, font entièrement défaut dans la faune primordiale* de même que certaines divisions d'une organisation plus élevée, telles que les Céphalopodes el les Conchifères ; les Protozoaires y sont rares et les Héléropodcs ne pa- raissent que dans les dernières phases de cette faune» Les Brachiopodes y ont acquis \\a développement marqué, bien que fort inférieur à celui des Trilobites. Les formes intermédiaires entre YEozoon des dépôts laurentiens inférieurs, qu'on suppose être le plus ancien des orga- nismes connus, et les animaux en partie très-haut placés sur l'échelle organique de la deuxième faune silurienne font donc entièrement défaut. La portion du système cambrien, représentant une période plus ancienne que la faune primordiale de Bohème, et correspon- dant à l'étage B. de M. Barrande, renferme des Bràchiopodes du genre Ligule, des Ptéropodes, des Bryozoaires, des Annélides, des Astérides, des Polypes, des Spongiaires et des Algues, sans aucun vestige de Trilobites, qui, en Bohème, apparaissent subitement en masses au début de la faune primordiale, de même que les Céphalopodes à celui de la seconde faune et les Poissons vers la fin de la troisième faune. L'auteur termine son ouvrage par la conclusion, que les faits constatés sur la faune silurienne de Bohème sont en contradiction si évidente avee la théorie du développement par transformation successive, que cette faune semblerait faite exprès pour servir à la réfutation de la théorie en question. [Institut impérial de géologie; séance du 21 novem - bre 1871.)

D. S. STBOUMBO, professeur à t Université d'Athènes.

1 . Ampère, le créateur de Pélectro-dynamique, a montré par unesuite d'expériences la nature électrique du magnétisme.

Ses appareils électro-dynamiques ont été diversement modifiés par les physiciens qui ont eu pour but d'en faciliter et d'en simplifier l'usage.

L'expérience suivante, a l'avantage de faire voir au moyn d'une feule disposition l'action directe et l'action réciproque à la fois.

Fig. 1.

Le coupant électrique aehzm. fig, t delà pile 1\ passant par le fil, qui fait plusieurs tours autour du fer doux F, développe, comme on sali par l'expérience d'Ampère et d'Arago, la propriété magnétique, et fait appa- raître deux pôles N et S à ses extrémités.

Cest l'action directe.

Les deux pôles magnétiques N et S du fer F développent deux pûtes magnétiques s et n s-jp le fer doux ï", qui est mis en contact avec F. Ces pôles s et n agissent sur un tll qui, après avoir fait plusieurs tours autour du fer doux F, est attaché au galvanomètre G. On volt alors l'aiguille du galvanomètre dévier fortement dans le sens L et accuser un courant électrique.

C'est l'action réciproque .

On constate ainsi que, de-même que le courant électrique développe par son action sur le fer F la propriété magnétique, de mime le magnétisme s «1 n agit réciproquement et développe par son action sur le fer F' un cou- rant électrique.

La transposition des pôles de la pile qui sont en communication avec

les deux extrémités du fil du F, change mutuellement lei pâles magné- tiques N et S, et par conséquent ceux de F', d'où il résulte une dévia- tion de l'aiguille du galvanomètre G en sens contraire L'.

Fig. 2.

2. Dans le casque les deux pôles magnétiques de nom contraire se- raient centralisés, ils ne pourraient pas développer un courant électrique au fll de la bobine. Ce qui est confirmé par l'expérience fig. 2. Deux ai- mants réunis par leurs pôles contraires N et 8, étant Introduits dans la bobine BB, ne peuvent pas donner lieu à uo courant électrique dans le fll de la bobine BB et par conséquent le galvanomètre G' reste en repos.

La neutralisation des deux pôles magnétiques N et S réunis, peut être interprétée de deux manières : Etant attirés mutuellement, les deux pôles Net S, n'exercent pas d'action magnétique extérieure, comme il est démontré par l'expérience du paradoxe magnétique. 2* Les pole3 magné tiques N et S étant assimilés à deux courants électrique1* de sens con- traire, ne peuvent exercer aucune action extérieure inductivt, ce que noua démontrons par l'expérience suivante.

LES MONDES. 693

Un fil mince decuivre couvert de soie, plié su milieu et enroulé doubla

autour du lube de verre V V, flg. 3, étant traversé par le courant de la

pile P, ne peut pas magnétiser le ±11 d'acier ab introduit dans le tube

VV; il le magnétise au contraire quand il eit simple (l).

Bg.4.

3. L'expérience, 11g. i fait voit que le courant électrique de la pile P passant par la bobine B B développe jar son action un courant induit au fil de la bobice p, dont les deux extrémités a a sont réunies par le fil aoa. Ce courant induit rend alors magnétiques les fils de fer doux /'pla- cés au centre de la bobine a et attirent fortement une pièce de fer doux placée aux extrémités des fils de fer f.

En comparant l'expérience iig. I , avec l'expérience flg. 4, on voit qu'à la disposition flg. t, c'est le magnétisme n et s qui donne lieu & un cou- rant induit accusé par le galvanomètre G ; à la disposition flg. i, c'est l'inverse qui a lieu, c'est le courant ioduit au fil de la bobine p qui donne lieu au magnétisme des fils de fer /.

M. Fayb, Pasty-Pari». Rectification. a Vous dites, en terminant un résumé de ma dernière communication i l'Académie : La grandi découverte de M. Kirchhoff s'est donc évanouie?

Vous ne me ferez pas le chagrin de présenter une telle assertion comme étant le résultat ou la conclusion légitime de mes paroles.

6»4 LES MONDES.

Quand je dis, quelques lignes plus haut, que l'analyse spectrale m'a donné raison sur les produits que j'ai étudiés moi-même, c'est de l'analyse de M. Rirchhoff que j'ai voulu parler; c'est la grande dé- couverte de M. Kirchhoff qui, entre les mains de ses savants conti- nuateurs, est venue confirmer certaines vues sur la nature physique du soleil que j'ai longtemps défendues. Cela voudrait-il dire, par hasard, aque cette grande découverte n'existe plus? Personne n'a jamais con- testé, personne ne contestera cette grande et féconde découverte : au- tant vaudrait nier la lumière elle-même.

Je vous prie donc de vouloir bien m'accorder cette petite rectifica- tion sans importance pour vous; elle est capitale pour moi, car j'ai- merais mieux n'avoir jamais' écrit une ligne sur le soleil que de passer, devant te public, pour le dépréciateur d'une pareille décou- verte. »

Comme il est certain que M. Kirchhoff n'a pas inventé le principe de l'analyse spectrale, comme, par exemple, j'avais énoncé quinze ans avant lui et démontré par expérience le fait capital que tous les divers éléments chimiques ont leurs raies essentielles et caractéristiques, pour moi la grande découverte de Kirchhoff, dans le domaine de l'analyse spectrale solaire, a été le fait, du renversement des raies primitivement brillantes de la lumière solaire et leur transformation en raies noires identiques de position, par l'absorption des vapeurs en suspension dans l'atmosphère solaire. Or, M. Faye affirme aujourd'hui, et il avait af- firmé déjà, que l'atmosphère solaire ne saurait renverser les milliers de raies du spectre ; voilà pourquoi je me suis écrié : « La grande décou- verte de M. Kirchhoff est donc évanouie. Mais M. Faye peut reporter l'absorption et le renversement des raies à la photosphère et à la chro- mosphère, et maintenir la découverte de M. Kirchhoff; j'ai donc été trop loin. F. Moigno.

M* Màcquorn Rankine, Glascow. Réclamation.— a Dans l'ex- trait très-fidèle de ma communication sur le roulis des navires [les Mondes^ 14 avril, p. 611), il y a pourtant une omission que je désire rectifier. On n'y trouve pas l'opinion que j'ai émise dans le mémoire original, que le choc théoriquement supposé d'une lame de grandeur finie contre un navire initialement droit et immobile, ne se réalise jamais dans la pratique ; et, par conséquent, qu'on n'a pas à craindre les augmentations de l'inclinaison maximum du navire sur la lame qui sont exprimées par les valeurs du rapport k. Je crois enfin qu'il n'y a que l'observation directe qui puisse donner l'amplitude À du terme libre des oscillations.

LES MONDES. «85

M. DucHE8NE-Tfl0UREAU, à Chat Mon- sur- Seine. —Action de la

houille sur végétation. a Vous avez touché bien

juste dans votre application de lignites aux végétaux, et permettez- moi de vous apporter ici un complément de preuves à votre appui.

Avant que nos forges (si nombreuses dans la forêt de Chàtillon) eussent été condamnées au repos forcé, chaque usine, forge ou haut- fourneau, avait un personnel plus ou moins nombreux, auquel on fournissait le chauffage pour le four et le foyer.

Or, tous les ans, quand venait l'époque d'agencer et semer les jardins, je voyais ramasser avec grand soin et précieusement enfouir dans le sol tous les débris de ce chauffage, écorces, ramilles pour- ries, etc., et les planches garnies de ce complément étaient toujours magnifiques en légumes, dont la végétation était même plus riche que celles le fumier avait été le plus largement distribué. Cela m'avait souvent frappé, et votre notice, si pleine d'intérêt, m'a rappelé ce fait que je m'empresse de vous signaler, »

Studiosus, à Rome. Réclamation. Permettez-moi de vous signaler qUe la découverte de M. Flammarion, sur la relation entre le temps de révolution d'une planète autour de son centre et celui de sa chute dans le même centre, est très-connue (Mondes, p. 561). Dans V Astronomie de Soutint, t. IF, p. 60, nous avons ce problème dans des termes presque équivalents.

Le temps périodique est

p r " »

le temps de la chute

De on trouve

et en faisant a », comme suppose M. Flammarion,

2i= 4.2 V5 = VÏIÏ2 as ^2

et

T T p

«96 LES MONDES.

CHIMIE

PETITES ANNALES DE CHIMIE, \.

Théorie générale de l'action chimique, par M. E.-J.

Maijmenê. « La chimie est restée jusqu'en 4864 dépourvue de toute règle certaine pour prévoir une action chimique ou même pour l'ex- pliquer exactement. La loi des proportions définies était le seul guide auquel on pouvait se confier pour donner, a posteriori, aux résultats des analyses, une précision indépendante des erreurs d'expérience. La loi des proportions multiples, corollaire de la précédente, paraissait augmenter nos ressources au même point de vue; mais il était impos- sible de tracer, à priori, les limites d'une action chimique et de don- ner la vraie formule de cette action. . .

Les hommes les plus habiles avaient essayé de combler ce vide par des tâtonnements plus ou moins heureux. Sans parler des hypothèses électriques dont tous les détails sont contraires aux faits connus, cha- cun sait quelle importance on a cru pouvoir attacher dans ces derniers temps à l'hypothèse des types et substitutions; un moment cette hypo- thèse a paru résoudre le problème dont je parle : tout composé appar- tient à un type et lorsqu'un corps agit sur ce composé, l'action con- * giste toujours en une substitution* Mais cette hypothèse reposait sur une erreur évidente : le chlore ne peut se substituer à l'hydrogène auquel il ne ressemble en rien et il a bien fallu reconnaître qu'il n'y a rien de scientifique, ni dans l'idée de type, qui n'a pu recevoir une définition précise, ni dans l'idée de substitution, contraire à toute logique quand elle conduit à la substitution du chlore à l'hydrogène. Ce qui est incontestable, c'est qu'aucune prévision fondée sur cette hypothèse ne peut être réalisée.

La théorie, dont j'ai développé le* bases depuis 1864, nous donne la solution presque complète de ce desideratum. Elle trace à priori les limites de l'action chimique : elle se résume tout entière en deux lois très-simples qui permettent de prévoir les détails de l'action et de calculer ces détails, quand on connaît un ou plusieurs d'entre eux. Elle montre, par conséquent, dans quelles conditions le chlore peut pren- dre la place de l'hydrogène malgré leur dissemblance. Elle prouve que ce remplacement n'est jamais, une substitution comme on l'avait cru bien à tort, car il se forme en même temps des corps plus ou moins

LES MONDES. «97

nombreux, très-différent» de celui qui subit l'action chimique, et éprouve une dislocation complète.

Ce n'est plus une simple hypothèse, comme toutes celles dont on s'était contenté jusqu'ici, c'est une théorie véritable, uniquement fon- dée sur un principe des plus certains, l'axiome fondamental de la mé- canique, l'iDESTTTÉ DE I. 'ACTION ET DE LA RÉACTION.

Voici comment cet axiome conduit à deux lois générales pour repré- senter toutes les actions chimiques :

Soit AB la surface de séparation de deux corps, incapables de se mêler, par exemple de l'acide azotique et du mercure. Lorsqu'une action chimique est produite entre ces deux corps, notre esprit la rap- porte â une cause double, une affinité du mercure pour l'acide et une deuxième affinité de l'acide pour. le mercure. C'est une erreur.

L'affinité est une force unique.

Dire que l'acide azotique agit sur le mercure ou que le mercure agit sur l'acide azotique, c'est exprimer sous deux formes une seule et même action.

Envisagée de l'acide au mercure, cette action tend à s'exercer jus- qu'à une certaine profondeur à partir de la surface AB, par exemple im. Laissons pour le moment de côté toute considération hypothétique ; nous n'avoue aucun besoin de connaître le nombre des molécules de mercure enfermées dans cette profondeur, leur vraie forme, etc.; la profondeur d'activité sera la marne en tout autre point /, et toujours telle que ih = t'm. La ligne mh parallèle à AB, représente donc la li- mite d'activité dans le sens de l'acide au mercure.

MaiB cette activité peut être envisagée dans le sens contraire, dans le sens du mercure à l'acide, et son identité dans les deux sens en- traîne l'égalité de profondeur dans l'acide comme dans le mercure. C'est une énergie potentielle indépendante des masses placées au delà de oette profondeur. On peut donc regarder comme un axiome l'énoncé suivant : -

608 . LES MONDES

L'action chimique de deux corps en contact s'exerce entre deux couches de chacuh de ces corps infiniment petites et d'une égaie épais- seur•.

Ces deux couches ont des poids proportionnels à leurs densités. Soient :

M, M' les poids respectifs des deux couches en contact (sur une même longueur).

D, D' les densités des deux corps dont les couches sont contigués, nous aurons la proportion

|T| M, M'::D:D'.

Les poids M, M' sont des poids quelconques; mais il est facile de

' les remplacer par les poids chimiques ou les équivalents. Prenons

M = E, c'est-à-dire un équivalent du premier corps, M' représentera

un certain nombre d'équivalents du second corps; on aura M' = nE' et

la proportion |T| pourra être écrite

jTJ E :nE'::t):D/;

sous cette forme, elle donnerait facilement le nombre wE* ; mais on peut la rendre encore plus commode pour le calcul. Divisons les anté- cédents par D, les conséquents par D, il vient

21 |:nf::i:i;

d'ailleurs

E

= V, le volume atomique du premier corps,

Ef

-- = Y', le volume atomique du deuxième corps ;

et ilçus sommes conduits à

V:nV':: 1: i d'où V-nV et par suite

formule générale des ACTIONS DE CONTACT (1).

(1) C nom ptat p&rsttre nu pen imputait : aprte rtttarion on nconaattr*, l'Mpfere, qu'il est towi exMt que tout antre mot dont on oroinit l'emploi nwilWnr.

LES MONDES. 699

D'après cette formule le nombre des équivalente du corps dont le vo- lume est V, qui tendent à agir sur 4 équivalent du corps dont le volume est V, s'obtient par le simple quotient de ces volumes atomiques.

La formule est générale : je ne crois pas nécessaire d'expliquer ici que tous les états des corps mis en contact se réduisent à 0 : solide et solide ; solide et liquide ; solide et gaz, etc., et que ces 6 états ne présentent en réalité qu'un seul et unique cas, celui de tin solide et un liquide, incapables de se dissoudre ou de se mêler. Je dirai seu- lement que lorsqu'un des deux corps est gazeux, il faut considérer que l'action chimique n'est produite par ce corps qu'après une liquéfaction préalable, absolument identique à celle que produisent le refroidisse- ment ou la pression. Ainsi le chlore, dans toutes les actions de con- tact, commence par prendre l'état Faraday l'a obtenu : il forme un liquide D = i ,33 et son volume atomique est

Ce volume, employé pour le calcul de plusieurs milliers d'expé- riences, n'a pas offert une seule exception.

Les actions de contact ne sont pas les seules qui puissent se présen- ter : dans un nombre de cas aussi grand, les deux corps peuvent se mêler (ou 6e dissoudre) avant de produire leur action ce qui est la seule alternative possible.

Ce cas des actions de mélange est représenté par une deuxième for- mule, mais tout aussi simple que la première. Le mélange amène les deux corps à une densité commune, quel que soit le rapport de leurs poids, et il est clair que le mélange peut toujours être représenté par une série plus ou moins nombreuse de couches voisines entre les* quelles sont logées n couches parallèles de celui des deux corps qui existe en plus grande quantité, n pouvant être égal à 0. Lorsque la chaleur devient suffisante pour déterminer l'action chimique, les deux couches voisines de chacun des deux corps ayant même densité, et par conséquent même poids, sont les seules qui agissent, et, par consé- quent, l'action a lieu entre des poids égaux.

Soient toujours M, M'; E, E' les poids et les équivalents des deux corps : cette fois M = M', et si nous prenons M = E pour le premier corps, nous aurons pour le deuxième corps M' = nE' = M ; et, en éga- lant ces deux valeurs de M, E es nE'; d'où

S »=§-

formule générale des ACTIONS de MÉLANGE,

700 LES MONDES.

Cette formule |M| convient à toutes les actions chimiques de deux

corps qui peuvent se mêler ou se dissoudre avant la naissance de ces actions. En effet, nous trouverions encore ici les 6 cas généraux dont il a été parlé plus haut (ou plus exactement les 5, car le premier cas d'un solide et un solide ne peut offrir de mélange) et les 5 cas se rédui- sent également à un seul, celui d'un liquide et un liquide capables de mélange ou dissolution. Je n'insiste pas : la chose est trop simple.

Telles sont les deux règles générales pour calculer toutes les actions chimiques, car toutes ces actions sont comprises dans Tune des deux classes indiquées.

Actions de contact, lorsque les deux corps se touchent sans mé- lange ni dissolution;

Actions de mélange, lorsque les deux corps entrent en mélange ou dissolution avant la température de l'action chimique.

Dans toutes, un équivalent de l'un des deux corps agit sur n équiva- lents de l'autre corps et ce nombre n est déterminé, pour les actions de contact, par la formule

V

Jcl n = yti quotient des volumes atomiques.

pour les actions de mélange (ou dissolution) , par la formule

i E

|M I n = «7, quotient des équivalents.

Nous ne considérons que deux corps : lorsqu'il y en a plus de deux, toujours on peut les réunir en deux' groupes sans aucun inconvénient quelconque. J'aurai soin (le faire remarquer, dans les premiers exemples de ce genre, la facilité du calcul.

Remarque. - Les formules donnent souvent pour n un nombre fractionnaire : par exemple 2,34 ou 11,74. Cela signifie que l'action a lieu entre 1 équivalent du premier corps et 2,34 ou 11,74 équivalents du deuxième. 11 n'y a qu'un léger inconvénient arithmétique. Pour rester dans la rigueur absolue, on peut calculer

\ 00 équivalents du 4" corps et 234 du deuxième,

ou , avec une erreur légère,

10 équivalents du 1er corps et 23 du deuxième,

Presque jamais cette erreur n'a d'importance, et on peut la commettre à cause de la facilité du calcul. Voici, en général, les simplifications dont une longue étude m'a montré la possibilité :

LES MONDES. 701

De 0,00 à 0,15 la partie décimale peut être supprimée.

0,18 à 0,23 » confondue avec 0,20 ou -

0,23 à 0,26 » ' » 0,3*

0,28 à 0,38 » » 0,23

0,45 à 0,58 » » 0,50 t

0,60 à 0,68 » » 0,67 {

0,68 à 0,78 » » 0,75 \

0,80 à 0,99 » * 1

Mais il est toujours bon de s'assurer que ces à peu près n'entraînent aucune erreur notable, ce qui est vrai dans l'immense majorité des cas.

Ces préliminaires sont suffisants pour permettre de bien comprendre l'exposé, que je vais présenter dorénavant dans les Mondes, des travaux de chimie qui me paraîtront mériter d'être mis sous les yeux des chimistes avec l'explication par ma théorie. Je ferai voir, par de nom- breux exemples, quelle ample moisson de découvertes cette théorie, si sûre, indique et calcule à priori. J'ai cru devoir donner à ce travail la nom de Petites Annales de Chimie. Eu général, au lieu d'être un ré- pertoire du passé, elles seront un répertoire de r avenir, et si je ne leur donne pas ce titre, c'est par une modestie dont j'espère que bientôt mes excellents confrères (même de l'Académie) ne me refuseront pas l'aveu. »

CHIMIE-PHYSIQUE

La décomposition de l'eau par le aine en eommani* cation avec un métal pins négatif, par J. H. Giadstonï, Ph. D. F. R. S., et Alfred lRiBA, F. G. S. Le zinc pur ne peut dé- composer l'eau pure,môme à 100° C, maïs à une température beaucoup plus élevée on sait qu'il se combine avec l'oxygène de l'eau. Davy soumit de l'eau pure pendant deux jours à l'action d'une pile de lames d'argent et de zinc séparées seulement par du carton, sans obtenir de l'hydrogène. Mais Buff a reconnu qu'une très-petite trace de gaz pouvait être formée à la température ordinaire par un couple de lames de zinc et de platine. Dans une série d'expériences dont nous avons déjà publié une partie, nous avons pu constater si, en mettant les deux métaux l'un contre l'autre, et en augmentant ainsi la tension électrique du liquide, on pouvait produire à la température ordinaire cette combinaison du zinc avec l'oxygèae qui s'opère sans le second métal à une très-baute température. On a appliqué Tune contre l'autre avec le marteau des|feuilles minces de zinc et de cuivre, et on les a mises dans un vase avec de l'eau distillée. On obtint de

702

LES MONDES.

petites bulles de gaz. Mais ou fit l'expérience d'une manière plus parfaite. On taïssa reposer une feuille de zinc dans une solution un peu étendue de sulfate de cuivre Jusqu'à ce qu'elle fût recouverte de cuivre spongieux. On lava parfaitement les métaux dans de l'eau distillée, et on les plongea ensuite dans une bouteille d'eau distillée munie d'un tube abducteur. De petites bulles apparurent promptement et Ton reconnut qu'il s'était formé de l'hydrogène et de l'oxyde de zinc. On fit deux expériences quantitatives ; on recueillit et on mesura le gaz au bout de vingt-quatre ou de quarante-huit heures. La quantité de gaz en centime très cubes est, dans la troisième et la quatrième colonne de la table ci-jointe, corrigée de la température et de la pression. La température moyenne dans la deuxième colonne est simplement la moyenne entre le maximum et le minimum pendant les vingt-quatre heures.

JOUES.

TEMPÉRATURE MOYENNE

EXPÉRIENCE A

SXfiKiXNCK B |

1

42.8

417.1

49.6 |

2

12.2

93.8

37.5

3

11.7

73 8

27.6

4

11.1

66.2

24.7

5 et 6

10

49.3(X2)

17.5 (X2)

7

8.9

44.4

44.9

8

10.3

40.9

45.8

9

10

40.9

44.8

40

7.8

33.8

40.3

41

6.7

28.0

9.4

42 et 13

6.1

24.9(X2)

7.7 (X 2)

44

6.1

20.4

7.6

45

7.2

34.4

40.3

46

10

30.0

40.2

47

8.3

29.4

8.5

48

6.7

20.0

7.6

49 et 20

6.1

47.2(X2)

5.7 (X 2)

21

4.4

20

6.6

22

5

15.3

4.8

Intervalle

44

10

20.5

5.5

45 et 46

10.5

22.5(X2)

6.5 (X 2)

47

11.1

22.3

6.5

48

11.1

24.4

8.4

49

11.1

20.5

7.4

Intervalle

82

10

18.0

4.7

83

10

48.9 -

6.1

84

10 (X 2)

44.0

5.1

LES MONDES.

703

Dans l'expérience A on a employé 33,4 grammes d'une feuille de linc ; cette feuille avait 2,6 mètres de longueur et 0,05 de largeur. Les plis de la feuille étaient séparés par de la mousseline. Dans l'expérience B on a employé un mètre d'une feuille semblable chiffonnée.

Les deux expériences ont marché d'un pas égal pendant trois mois ; la quantité d hydrogène qui s'est dégagé a diminué graduellement, maison a reconnu en même temps que cette quantité dépendait à un certain de- gré de la chaleur du jour. On a vu au microscope que les bulles d'hy- drogène ne se formaient pas sur le zinc, mais au milieu des cristaux de cuivre, et quelquefois qu'elles apparaissaient sur le verre à une certaine distance du métal. D'après le rang qu'occupe le platine dans la série électro-chimique, nous avions prévu que l'effet serait encore plus mar - qnô avec ce métal à l'état d'épongé sur le zinc On le flt déposer du tétrachlorure, et naturellement on le lava à fond. Il n'y avait que &,7 grammes de feuille, mais on obtint les quantités suivantes :

TEMPÉRATURE

JOURS

MOYENNE '

VOL, EN CG.

i

11.7

143.6

2

11.4

93.6

3 et 4

10

38.8 (X*)

5

8.6

26.0

6

40.8

31.0

7

9.4

17.1

8

7.7

12.3

L'action fut donc d'abord environ cinq fois aussi grande que dans le cas du cuivre, mais elle diminua plus rapidement, sans doute parce que le zinc se recouvrit plus promptement d'oxyde. Pour (qu'on ne puisse pas prétendre que l'oxygène libre qui se trouve ordinairement dans l'eau distillée avait provoqué cette action, l'expérience a été répétée avec de Peau aussi privée d'oxygène qu'on pouvait l'obtenir par l'ébullition. On employa un mètre de la même feuille de zinc recouverte de cuivre et le ré* sultat fut à peu près comme auparavant ; on obtint 40 centimètres cubes de gaz, le premier jour, à une température moyenne de 9* C. On profita de cette disposition pour examiner l'effet d'une température élevée. On chauffa le contenu de la bouteille jusqu'à près de 100° G. sans ôter le tube abducteur et on obtint 123,5 G.G. d'hydrogène en dix minutes. On laissa refroidir l'appareil avec l'ouverture du tube sous l'eau, et la production

704 LES MONDES.

du gaz redevint faible; deux jours après on le chauffa de nouveau presque au point d'ébullition, et il donna 93,4 C.C. en dix minutes; après une nouvelle période de deux jours, il donna 64,1 C.C. ; et après trois autres jours, 132,1 dans les trente premières minutes ; 108,4, dans les trente minutes suivantes; 94,3, dans le troisième intervalle de trente mi- nutes, et 89,9 dans le quatrième.

Le fer et le plomb dans des circonstances semblables décomposent aussi l'eau pure, et Faction du magnésium est considérablement augmentée par son contact avec le cuivre. L'effet du métal plus négatif est le même que celui qui aurait été produit par une augmentation de chaleur.

Sous un point de vue pratique cette expérience peut servir pour pré* parer facilement de l'hydrogène pur. A un point de vue théorique son intérêt semble consister en ce que la dissociation d'un composé binaire par le moyen de deux métaux peut se produire à des distances infiniment petites, lorsqu'elle ne pourrait avoir lieu lorsque la couche du liquideest assez épaisse pour offrir une résistance au courant et dans la corrélation entre cette force et la chaleur.

Note. A la suggestion de M. le professeur Stokel, nous avons essayé de constater si l'influence bien connue des pointes jouait un rôleimpor* tint dans cette séparation du gaz hydrogène. On prit deux lames minées de cuivre, Tune polie, l'autre rugueuse, avec du cuivre déposé par Té* lectrolyse; on les sépara de lames minces de cuivre simplement avec des morceaux de mousseline ; on plia les métaux l'un sur l'autre à chaque extrémité et on les martela ensemble. On plaça chaque couple dans l'eau, et pendant quelques jours il se forma do très- petites bulles de gaz; mais seulement à la jonction des métaux, et en quantités à peu près égales à chacun des couples.

Comme on pouvait s'y attendre, ce zinc joint au cuivre est capable de décomposer des liquides autres que l'eau. Le chloroforme cède facilement à son influence, et l'iodure d'éthyle que le professeur Frankland décom- posait par le zinc, seulement par une gît nie chaleur, se. décompose rapi- dement à la température ordinaire* (Lu à h Société royale, le 1 4 mars J872.)

ASTRONOMIE

Mont hly Notices nz il Société Royale astronomique de Londres (suite) HépaaM aax Notes and Queries faite* par l'astraname royal sur le» a Observation* de u Argo et m aéfca- leme, s Monthly Notices, R. A, à. du 9 juin 187!, pages 233 et 234, par M. F. Abbott.

LES MONDES. 705

Ilote mr la prétendue déeouTe#te de H. Abbott iar de fraude changement* dan* la nébuleuse d'Argo,

par M. R.-A. Progtor, B. à. Destin de M. Abbott. Le capi- taine Herschel a certainement raison. M. Abbott a supposé que les espaces obscurs (vus dans la monographie de sir J. Herschel) corres- pondaient à la lemniscate, ce qui prouverait qu'il s'est produit un changement complet dans la forme de la nébuleuse. A l'échelle des dessins de M. Abbott la lenmiscate aurait environ 2/5 de pouce de longueur; ce serait alors un objet très -petit et à peine visible. Le champ de vue de M. Abbott a un diamètre qui surpasse la longueur de l'espace rectangulaire compris dans la monographie de sir J. Herschel. C'est exactement comme si un observateur, avec un petit télescope d'un grossissement assez faible pour embrasser un champ de 4°8r, re- gardait la forme de la nébuleuse ainsi observée comme une vue de la région qui environne immédiatement le trapèze. Il est très^fâcheux que par son erreur M. Abbott ait fait perdre un temps très-précieux à sir J. Herschel, l'astronome royal, M. Lassell et d'autres.

Sur le epeetre de l'Hydrogène à une baiMe preeolen,

par M. G. -M, Seabroke.

Occultation de t du Capricorne par la lune, 18 no- vembre lt*9t, obaervée à forest-liodge, Mareelleld,

par M. le capitaine William Noble.

Eeltpae du »• eatelllte de Jupiter» 4 décembre 1891,

par M. le capitaine William Noble.

Elément» et épnémérlde de la comète de Tenipcl,

par M. J.-R. Hind, F. R. S. Les éléments suivants ont été calculés sur une observation du docteur Winnecke, à Garlsruhe, le 5 novembre, et deux observations à l'observatoire de M. Bishop, les 8 et iO no- vembre.

" Passage au périhélie, 1871, décembre. 20.29115 temps moyen de Greenwich.

Longitude du périhélie 263* 33' 52"

» du nœud ascendant. ... 147 28 38

Inclinaison * 82 31 21

Log. distance périhélie 9.8321610

Mouvement rétrograde.

Comète IV, 1991, découverte par M. Tempel, à Milan,, le S novembre. Les éléments calculés par MM. Oppolzer et Schulhof, sont les suivants :

47

706 LES MONDES.

T = Décembre 20.4 155. T. M. de Berlin.

22* 25' 39 J2= 145 19 53

t = 192 7 40 log q = 9.87628 {Ibid.)

Sur la lumière zodiacale, par M. le capitaine Topman. Pendant un séjour d'environ trois années dans la Méditerranée, j'ai eu plusieurs occasions d'examiner la lumière zodiacale. Quelquefois, mais très-rarement, elle était si brillante et ses limites si bien déOnies, qu'il était facile de les tracer sur une carte d'étoiles avec une grande exactitude. Dès le commencement, ces observations m'ont paru pré- senter beaucoup d'intérêt, et j'ai tâché de les continuer à chaque occa- sion favorable, surtout de grand matin lorsque la vue est le plus sen- sible. Après décembre 4870, aucune occasion semblable ne s'est présentée, parce que les planètes de Vénus et de Jupiter sont restées pendant des mois au milieu d'elle, justement lorsque l'écliptique était le plus favorablement élevé au-dessus de l'horizon.

La variation de sa lumière est très-remarquable. Quelquefois elle acquiert un éclat qui n'est pas sensiblement affecté par les plus bril- lantes planètes qui sont au milieu d'elle, et après un intervalle de quelques jours sa lumière peut devenir très-faible.

Sa grandeur apparente dépend certainement de la subtilité de la vue de l'observateur, de la pureté de l'atmosphère et de l'inclinaison générale de son axe de symétrie sur l'horizon. Un illustre astronome du continent m'a assuré autrefois qu'il l'avait vu souvent achever le cercle dans le ciel, avec un petit maximum d'éclat semblable à un nuage à l'opposé du Soleil; les observations bien connues de M. Liais viennent à l'appui de ce fait.

Mais la vue d'un observateur en particulier peut être considérée comme constante, et par conséquent Ton peut admettre qu'il y a réel- lement de grandes variations dans l'intensité de la lumière zodiacale, non-seulement près du Soleil, mais dans chaque partie de la zone qu'elle occupe.

Un autre caractère, peut-être plus singulier, est la position variable de l'axe apparent de symétrie relativement au plan de l'écliptique. Il est vrai que cet élément ne peut pas être déterminé avec exactitude, mais il y a des circonstances une erreur de 3 ou -4 degrés est inad- missible. Ces circonstances ont été choisies pour faire le6 esquisses de la lumière zodiacale que j'envoie aujourd'hui, et qui prouvent, non- seulement que son axe est incliné sur l'écliptique, qui s'éiève à 20 de-

LES MONDES. 707

grés dans les mois d'août et 4e septembre, m?is que son plan ne passe pas par le Soleil. Six observations du matin s accordent à placer le nœud oriental à 40 degrés en arrière du Soleil, et la seule observation du soir place le nœud occidental à 42 degrés en avant du Soleil.. Dans le premier cas, Taxe passe du nord au sud ; dans le dernier, il passe du sud au nord. L'observation du matin du 7 janvier 1870 place l'axe parallèlement àl'écliptique et à 3 degrés au nord, et dans cette occa- sion, une erreur de 3 degrés sur sa position absolue était très-impro- bable, car 3 degrés d'azimuth à l'horizon paraissent embrasser un grand espace. K

L'effet de la réfraction pour élever la partie inférieure du bord le plus incliné plus haut que la partie supérieure est tout à fait inappré- ciable.

Il serait extrêmement intéressant de comparer des observations de cette nature faites, simultanément ou à peu près, à de grandes distances d'un côté et de l'autre de l'équateur.

Pour conclure, je dois faire observer que les dessins ont été faits sur des cartes qui ne contenaient que des étoiles ; l'écliptique a été tracé après coup. J'envoie les dessins originaux. (Sfontkly Notices, 12 jan- vier 1872.)

Un Ancien passage de Mercure. Communiqué par le Rev. A. Freeman, Al. A., membre du Collège Saint Jean, Cambridge. Un passage de Mercure a été observé au Collège Saint- Jean, à Cam- bridge, en 1782. Le manuscrit ce passage a été enregistré, et qui n'a jamais été publié, existe encore. 11 parait avoir été écrit de la main du docteur Isaac Pennington. ,

Retard du régulateur.

Qm

a

: 4».5

12 novembre 1732.

Equation du temps. .

14 - XI

il :

: 32 +

: 38 : 22.^ 51 :

à riiorlogre.

Entrée de Mercure...

temps vrai.

Entrée » Sortie de Mercure. ...

H : lv :

29 : :

à l'horloge, temps vrai.

Sortie »

m:

: 53 :

à l'horloge. »

Cette observation est la plus précieuse, parce que des nuages avaient empêché le docteur Nevii Maskelyne d'achever l'observation à Green- wich. Dans les Observations deGreenwich, pour 1782, il fait cette remarque : a Au moment le Soleil sortit d'un nuage, je vis d'abord Mercure avec la lunette achromatique de 4,0 pouces, grossissant

708 LES MONDES,

200 fois; il faisait une grande échancrure dans le limbe du Soleil, à â h. 49 m. 43 s. temps vrai, et à 2 h. 54 m. 55 temps vrai, j'ai constaté d'abord que la lumière apparaissait entre le bord du Soleil et Mercure. »

La moyenne des observations de Maskelyne donnerait^ h. 52 m. 24 s. , ce qui serait un peu plus tard que l'entrée du centre de Mercure. En prenant 24 s. pour la longitude orientale de Cambridge, c'est une dif- férence de \ m. des observations du collège Saint-Jean. La durée du passage a été de 1 h. 24 m., ce qui est une durée d'une longueur re- marquable* [Ibid.)

ACADÉMIE DES SCIENCES

SÉANCE DU LUNDI 15 AVRIL.

Sur Vintensité des forces capables de déformer, avec continuité, des blocs ductiles, cylindriques, pleins ou évidés et placés dans diverses circonstances, par M. de Saint- Venant. Le but de ce mémoire, acte de justice et de charité, est de prouver que M. Tresca, premier candidat de la majorité de la section pour la place vacante dans la section de la mécanique, n'a pas commis les erreurs que quel- ques personnes lui reprochent ; qu'il n'a pas fait la pression égale en tous sens, ni même en trois sens rectangulaires principaux, ce qui eût entraîné l'absence de toute résistance au glissement ou de toute solidité; qu'il n'a pas non plus introduit de traction dans tout un ordre de faits ne comportant que des pressions ; qu'il a eu égard exactement aux conditions qui sont à remplir aux limites des solides plastiques considérés par lui. Il est probable que M. Tresca sera élu en remplacement de M. Combe.

Recherches sur la dissociation cristalline, par MM. P. A. Favri et C. A»Valson.— Lorsqu'un sel se dissout, il se produit deux phénomènes inverses; il y a d'abord une dissociation des molécules salines qui servent d'assises dans l'édifice géométrique constitué par le sel solide. Il y a de la part du sel sur le dissolvant une action con- traire à laquelle nous donnons le nom de coërcitive. La contraction du volume total, le retard du point d'ébullition, la moindre tension des vapeurs émises par. le dissolvant à une basse température sont autant de faits qui semblent mettre cette action hors de doute. Un second phénomène considérable et très-apparent de la dissociation

LES MONDES. 709

cristalline est l'élément thermique qui donne la mesure du travail effectué intérieur et extérieur ; le troisième phénomène est la con- traction du volume total, s Les auteurs étudient tour à tour ces trois phénomènes sur six aluns : alumino-potassique ; alumino-ammonique ; chromo-potassique; chromo-ammonique ; ferrico-potassique ; ferrico- ammonique. Nous ne pouvons qu'énumérer les principaux faits observés par eux. L'eau exerce son action dissociante avec une éner- gie plus grande sur les deux aluns ferriques. L'alun ferrico-ammo- nique est le seul qui entre en fusion bien au-dessous de 85 degrés. Les deux aluns potassique et ammonique , lorsqu'ils ne renferment plus que dix équivalents d'eau, dégagent en se dissolvant plus de 42000 calories. Pour rendre compte de ce phénomène qui s'explique en partie, par le fait que le sel en se dissolvant reprend un certain nombre d'équivalents d'eau, en partie, par la contraction qui accom- pagne la dissolution et qui entraînerait un dégagement considérable de chaleur à cause de la grande résistance de l'eau à la compression, exige peut- être pour son interprétation complète qu'on admette que la chaleur latente de l'eau est considérablement diminuée, lorsque le corps est associé aux éléments salins des aluns cristallisés... Lorsqu'on soumet à une ébullition suffisamment prolongée les aluns de chrome violets dissous dans l'eau, ils deviennent verts et incristallisables, et les solutions de ces sels, ainsi modifiés, ne laissent plus précipiter qu'une partie de l'acide sulfurique qu'elles renferment lorsqu'on les traite par l'oxyde de barium.

L'Académie procède à la nomination de deux de ses membres qui devront faire partie de la commission chargée d'inspecter l'Obser- vatoire de Paris : le scrutin donne à M. Charles Sainte-Claire*Deville 44 suffrages ; à M. Chasles 45; à M. Elie de Beaumont, 9; à M. Serret 8. M. Gha6les n'acceptant pas, en raison de l'état de sa santé, les deux commissaires de l'Académie sont définitivement M. Charles Sainte- Claire-Deville et M. Elie de Beaumont.

De l'influence des forces centrifuges sur V écoulement perma- nent varié de Veau dans les canaux prismatiques de grande lar- geur, par M. Bous6iNESQ. Dans l'étude de l'écoulement permanent varié de l'eau, on admet jusqu'ici que la pression est [régie par la loi hydrostatique aux divers points d'une même section normale. Cette hypothèse peut être acceptée quand la petite inclinaison des filets fluides, par rapport à l'axe rectiligne du canal, n'éprouve de change- ments sensibles que sur une grande longueur, de manière que la courbure de ces filets, et par suite les forces centrifuges développées par le mouvement, soient à peu près négligeables. Mais il n'en est plus

710 LfcS MONDES.

ainsi aux points l'inclinaison des filets change sur une longueur finit de quantités comparables à sa valeur propre ; car les variations éprouvées, d'une section à l'autre, par la partie non hydrostatique de la pression, sont alors de même ordre de grandeur que celles de la partie hydrostatique. Aussi l'équation usuelle du mouvement perma- nent tombe- 1- elle en défaut dans ces circonstances, et notamment quand il s'agit du ressaut occasionné au bas d'un canal d'assez forte pente par un barrage ou par toute autre cause capable de produire du gonflement. Le but du mémoire de M. Boussinesq est de faire entrer en ligne de compte la courbure des filets, et l'influence de cette courbure sur la pression. 11 se termine par l'étude des circonstances intéressantes que présentent rétablissement et la destruction du ré* gime uniforme en amont ou en aval des points le régime existe, dans les rivières, les torrents à pente modérée et les torrents rapides.

Recherches sur les oiseaux fossiles, par M. Alphonse Mone- Edwards. * Au moment ces recherches touchent à leur fin, et avant que le dernier fascicule de mon ouvrage soit livré au public, je demapde à l'Académie la permission de lui exposer en quelques mots les résultats auxquels j'ai été conduit par ces études, qui n'ont pas duré moins de douze années. » Un résultat curieux est que le coq, que l'on croyait originaire des Inde6, aurait été le contemporain en France des premiers âges de l'homme. Dans le célèbre gisement de Sansan, dé- partement du Gers, l'auteur a trouvé des gallinacés de grande taille, à peine inférieurs au paon el de véritables faisans. La singularité des formes des oiseaux éocènes lui fait vivement regretter de ne pas con- naître ceux de la période crétacée.

Animaux fossiles du Leberon (Vaucluse), par M. Albert GA.UDRT. Nous publierons cette note intégralement.

M. Trémaux lit un mémoire intitulé : « Répulsion universelle, par vibrations éthérées ou autres, modifiée par la moindre vitesse du corps plus dense, qui ne peut rendre directement au corps moins dense toute la force vive qu'il en reçoit.

M* L.-V.Turquan adresse un mémoire sur l'intégration en termes

fixés de l'équation / (x, y, -JÇj « 0 du premier ordre et de degré

quelconque.

M. L.-V. Turquan adresse en outre la description d'un appareil destiné à indiquer la présence du grisou dans les mines. Cet appareil consiste en une sonnerie mise en jeu par un mouvement d'horlogerie dont le balancier est arrêté au moyen d'un obstacle qui a la forme du fléau d'une balance, et dont un des bras de levier, moins pesant que

LES MONDES. 71 f

l'autre, se trouve engagé dans une cage de toile métallique, il est retenu par une corde en fil de coton imprégné de salpêtre épuré et qui conserve toute sa résistance.

Le grisou pénètre avec l'air extérieur dans cette cage, et quand il a atteint des proportions convenables, il s'enflamme au contact d'une lampe qui y brûle, et par produit en quelques secondes la combus- tion du Qi de coton. Dès lors, le balancier du mouvement d'horlogerie est rendu libre; la sonnerie se met à jouer, et les mineurs, avertis du danger, doivent se retirer. En même temps, on est averti de la néces- sité d'activer l'aération de la mine et de l'assainir.

Le gérant de l'agence consulaire de France à Mostar adresse une note eur le tremblement de terre qui s'est produit, aux mois de février et mars derniers, dans l'Herzégovine. Du 7 février, trois jours après l'aurore boréale du 4, au 3 mars, on a pu enregistrer plus de 50 se- cousses avec détonations.

M. Lœwy annonce la découverte de deux nouvelles planètes trou- vées la première (119) à Paris, le 9 avril, par M. Paul Henry ; la se- conde (120) à Marseille, le 10 avril, par M. Borelly; la planète (11 9) est un peu plus brillante que (120); elles sont toutes les deux à peu près de onzième grandeur. Voici leurs positions.

Asc. dr. Dist. pol.

119 13 avril. 10*20" 46" T.M.Paris. 13M5m41%81 98o20'43",<5

120 9 48 21 1158 58,56 94 54 2,9

Sur un procédé d'intégration par approximation successive d'un* certaine équation de la p las to dynamique, par M. Ed. Cobh bbscure.

Sur la chaleur de formation des composés oxygénés de Va&ole^ par M. Berthelot. De la comparaison entre trois séries de détermi- nations thermiques de la formation des acides nitriques etnitreux, par MM. Favre, Troost et Hautefeuille, Thotnsen, M. Berthelot tire les conclusions suivantes :

La discordance entre ces trois séries d'expériences est extrême : elle me parait trop grande pour pouvoir être expliquée par la différence des méthodes et des instruments, quelle que soit la part d'erreur attribuable à ceux-ci. Il me semble plus probable que certaines des équations ad- mises par les auteurs sont inexactes ; lés propriétés physiques singu- lières de ce que l'on est convenu d'appeler la vapeur nilreuse ou l'a- cide hyponi trique ne répondent guère à celles d'un composé défiai et complètement formé ; peut- être d'ailleurs le caractère lent et progressif de certaines réactions vient-il compliquer les mesures.

712 LES MONDES.

En tous cas, ces mesures, prises les unes et les autres par des expé- rimentateurs exeercés, montrent quelle modestie est imposée aux sa- vants dans l'exposition de leurs résultats, et combien nous devons nous garder d'envisager nos observations personnelles comme la mesure unique et définitive de l'erreur et de la vérité.

M. Gillot réclame contre M. Gruner la priorité du fait que si Ton soumet pendant un temps assez long un morceau de fer à un courant gazeux élevé à une température de 400 à 500 degrés, et contenant une quantité suffisante d'oxyde de carbone, on obtient constamment de l'a- cier. Mais il n'admet pas avec M. Gruner la réduction de l'oxyde de fer par le carbone en nature ; il admet, au contraire, avec M. Leplay, que le carbone en nature n'a aucune action sur le fer et sur ses oxydes.

M. Lecocq de Boisbaudran a constaté que si l'on fait passer l'é- tincelle d'induction au travers d'un tube contenant de la vapeur d'eau raréfiée, Use forme de belles stratifications blanches dont la lumière se résout en quatre raies principales , grasses et nébuleuses , quoique vives, et en deux autres raies nébuleuses beaucoup plus faibles. Il n'y a pas de traces des raies de l'hydrogène.

Statique des cultures industrielles : le houblon, par M. Muntz. Le but principal de ces expériences est de déterminer les quantités de principes assimilés pendant le développement du houblon, et par suite, les éléments définitivement enlevés au sol par la récolte. Le but secondaire est l'étude de l'assimilation des principaux éléments à di- verses phases du développement de la plante, en comparant la compo- sition des différents organes à deux époques de la végétation. En par- tant des résultats des analyses, on trouve que le 17 septembre, époque de la cueillette, les éléments assimilés, ramenés à l'hectare, contenant en moyenne 6 316 plants, étaient

kU.

Eau ... , 11270,270

Carbone 2624,361

Hydrogène . 315,547

Oxygène 2011,393

Azote 91,141

Acide phosphorique 22,699

Magnésie 24,352

Potasse 41,812

Soude 0,455

Matières minérales non déterminées . . . 133,278

16535,288

LES MONDES. 713

Nouveaux faits pour servir à Vhistoire des phénols, par M, L. Dussart et Ch. Bar© y. Le but de cette note est de confirmer par de nouveaux faits cette thèse des auteurs : que les phénols ont avec les alcools proprement dits un grand nombre de propriétés communes, et que pour vaincre l'inertie de leurs molécules, il suffit, le plus souvent, de l'emploi plus énergique de la chaleur et de l'action prolongée du temps. Ils démontrent que, dans sa combinaison avec l'acide sulfurique, le phénol conserve l'énergie de sa molécule et peut se prêter aux trans- formations des composés analogues de la série des alcools proprement dits. Ils maintiennent, contre MM. Girard et de Lair, que le phénol, chauffé à 250* en présence de chlorhydrate d'aniline et d'acide chic- rhydrique, se combine pour donner de la diphénilamine.

Sur une détermination plus précise de certains genres de coni- fères jurassiques par l'observation de leurs fruits, par M. deSAPORTA. —«Les genres jurassiques ou plutôt oolithiques,dont je viens de déter- miner les affinités par l'observation combinée des rameaux et des fruits, sont au nombre de huit, dont un représente les Walchiées,deux les Àraucariées, deux les Séquoiées et trois les Cupressinées. De ces huit types, trois paraissent avoir survécu : ce sont les Araucaria, Ar» tkrotaxis (Echinostrobus) et Widdringtonia. Il est digne de remarque que tous les trois sont actuellement relégués au sud de l'équateur, cir- constance qui donne la mesure des changements survenus et de l'inté- rêt même qui s'attache à l'étude de l'ancienne végétation jurassique* »

Premiers effets de la fécondation sur les œufs de poissons : sur l'origine et la signification du feuillet muqueux et glandulaire chez les poissons, par M. Ch. VanBambbrg. « En résumé : sous l'in- fluence de la fécondation , le disque germinatif de l'œuf des poissons osseux se sépare en deux couches : une supérieure, moins riche en gra- nulations vitellines, qui se segmente ; une inférieure, très-chargée de granulations, ne prenant aucune part au fractionnement, et dans la- quelle les cellules se développent par voie endogène ;

La couche inférieure du disque germinatif fécondé, tout en ne participant pas à la segmentation , fait néanmoins partie du blasto- derme; nous ne pouvons donc la comparer, à l'exemple de Lereboul- let, au vitellus nutritif ;

3* Cette couche intermédiaire, qui sépare le blastoderme fragmenté du globe vitellin, se compose d'un bourrelet périphérique plus épais et d'une partie centrale mince;

4* La couche intermédiaire acccompagne le reste du blastoderme dans son développement autour du globe vitellin , sur lequel elle s'étale ;

La partie centrale mince est l'homologue du feuillet muqueux ou glandulaire. »

714 LES MONDES.

Découverte d'un squelette humain de Vâge d\k renne, a Lau- çerie-Basse (Dordogne), par MM. Massenat, Ph. Laiakde et Cae- tailhac. Ces Messieurs ne craingnent pas d'affirmer que le squelette trouvé par eux est celui d'un sauvage de l'âge du renne, victime d'un éboulement des rochers bous lesquels il s'abritait. Il était situé à près de 3 mètres au-dessous de la surface des foyers de l'époque du renne, au- dessous d'une couche de rochers. La tète était au nord-est du côté de la Vezère, les pieds au sud-ouest, vers le rocher. 11 était allongé sur le côté et tout à fait accroupi ; la main gauche sous le pariétal gauche, la droite sur le cou ; les coudes touchant à peu près les genoux, un pied rapproché du bassin. Les os étaient presque en place, il y avait eu à peine un léger tassement des terres ; mais la colonne vertébrale était écrasée par l'angle d'un gros bloc, et le bassin était brisé. Nous ne pouvons admettre, s'écrient ici|les découvreurs, qu'il s'agisse d'une sé- pulture quaternaire, d'un squelette que l'âge de la pierre polie pour- rait revendiquer... Son âge ne peut être un seul instant douteux... Suivant eux, quoiqu'ils ne le disent pas explicitement, c'est un homme tertiaire enfoui sous un éboulement, non enseveli... Et sans s'en douter ils ajoutent immédiatement leur condamnation. Sur le squelette nous avons trouvé une vingtaine de coquilles, disséminées par couples, deux sur le front, deux près des deux humérus, quatre dans la région des genoux ; deux sur chaque pied; sans traces de vêtements; et deux de ces coquilles sont de grosses porcelaines de la Méditerranée... Avouez que voilà un bien drôle d'ensevelissement par éboulement. Les coquilles se trouvent là, tout exprès, pour se grouper symétriquement deux à deux le long du squelette sans que le choc les dérange et les écrase.— F. M.

De l'enseignement de la géographie dans les écoles primaires, par M. de Rouyille. <c L'heure est venue de secouer notre insou- ciance pour les notions géographiques? Comment? En refaisant notre éducation par l'enfance de l'école? Par quelle méthode? Par l'appli- cation à des notions plus générales de notions spéciales et locales, que l'enfant possède sans les avoir apprises et sans en avoir conscience : géographie du village, de la commune, du canton, du département, de la France, de l'Europe, du monde.

Lueurs polaires observées à Paris dans la soirée du 10 avril, par M. Chapelas. Dès le matin on constate autour de l'horizon une brume épaisse, légèrement piquante aux yeux, brouillard sec (en- vahissement de matière cosmique) qui s'étendant toujours, couvre en- tièrement le ciel et devient d'une densité telle qu'en plein midi on peut fixer le soleil ; le vent a sauté du nord au sud. 8 h. 30 m., aurore boréale naissante; 9 h, 45 m,, nébulosités polajuses avec teinte rouge

LES MONDES. 715

très-foncée ; 9 h. 23 m ., joli rayon d'un beau blanc d'argent, long de près de 40 degrés, qui disparaît premptement; 9 h. 30 ni., plaques rouges s'étendant depuis «de Céphée jusqu'au delà des pieds de Persée ; 9 h. 3H m., plusieurs beaux rayons alternativement blancs, rouges et verts ; 9 h, 45 ni., le phénomène a disparu.

De la prévision des aurores magnétiques à\Vaide des courants terrestres. Aurore boréale du 10 avril, par M. Sureau, directeur du télégraphique de Brest. Note de M. Tabry. La station de Brest, le câble transatlantique se réunit au fil télégraphique qui joint Paris à l'extrémité ouest du réseau français, est très-bien placée d'une ma- nière exceptionnelle pour donner de pareils avertissements. En effet, les courants terrestres qui se produisent dans les fils télégraphiques à l'approche des aurores magnétiques parai ssent sur tout dirigés de Touest à Test, et ils sont plus énergiques sur les lignes longues que sur les lignes courtes. Le 4 février dernier, les courants continus dans les fils télégraphiques s'étaient produits à Brest dès 2 h. 30 m., et, à 3 heures du soir, toute communication entre cette station et Paris était complè- tement interceptée. On sait combien a été belle l'aurore qui a suivi. Le 10 avril, les mêmes courants continus ont été observés simultané- ment en France et en Amérique dès 1 h. 30 m. du soir. A Saint-Pierre- Miquelon, on constatait la présence de courants très-forts dans le câble transatlantique, et sur le fil de Brest à Paris on observait un courant continu donuant au galvanomètre une déviation de 3 à 5 degrés qui, à deux heures, atteignait 10 degrés.

A 5 heures du soir, M. Sureau m'adre6sa un télégramme qui a été transmis (tardivement) à l'Observatoire de Paris, pour m'informer de ce qu'il observait et m'avertir qu'il y aurait une aurore le soir. Une absence m'empêcha de profiter de l'avertissement ; mais s'il existait en France une association d'observateurs attentifs à noter les circonstances lumineuses, magnétiques et spectroscopiques des aurores, de même qu'il existe en Italie une association pour l'observation des phénomènes qui se produisent dans l'atmosphère solaire, les membres de cette as- sociation eussent pu être prévenus à temps, et l'aurore qui a été aperçue dans la nuit du 10 au 11 à Thursô, Hernosand, Stockolm et Brest eut pu l'être dans un beaucoup plus grand nombre de stations. C'est un fait qu'il est utile de constater.

Voici maintenant le détail des observations recueillies à Brest par M. Sureau.

Dans le câble transatlantique, des courants faibles se produisent de lh30" à 8 heures du soir, le 10 avril. A 8h10m le spot (la tache, nom donné au signal lumineux) oscille et dépasse l'écran qui réfléchit le

716 LES MONDES.

signal du miroir; le travail devient impossible par intervalles jusqu'à iOh5m. A partir de ce moment, l'interruption devient absolue et se continue jusqu'à 4h45m du matin, le H avril. La conséquence des perturbations fut une aurore boréale visible à Brest, de 8 heures du soir à minuit.

Etude sur les aurores boréales en général, à propos de tau- rare boréale du 4 avril 1872, par M. Heis, de Munster. A Munster, chaque aurore boréale est observée avec soin; les détails sont suivis et notés de minute enlninute. Afin de déterminer la hau- teur ou la parallaxe de ces apparitions, le Dr Heis s'est entendu avec un certain nombre d'observateurs plus ou moins éloignés, qui s'at- tachent à reporter sur une carte les rayons les plus remarquables, en ayant soin de noter l'heure. On a obtenu de cette manière des résultats fort intéressants. Toutefois, M. Heis s'est assuré, par la discussion de ces données, qu'une distance de 32 kilomètres entre les stations n'est pas suffisante pour faire ressortir une parallaxe sensible dans la posi- tion des rayons auroraux.

Le savant professeur a inséré dans sa lettre un tableau destiné à mettre en évidence la simultanéité des aurores boréales et australes sur les deux hémisphères, ainsi que des perturbations magnétiques qui les accompagnent. 11 s'est appuyé sur des documents qu'il a ob- tenus de son collaborateur, M. Mœrlin, assistant à l'Observatoire astronomique et physique de -Melbourne, en Australie (long., 9h30m34* E.;lat, 37<>49'55").

De janvier i870 à juillet 1871 le nombre des aurores polaires, vues le même jour en Europe et à Melbourne, dépasse 50.

M. Sacc adresse une note relative aux divers principes contenus dans les olives mures. Les comptes rendus n'en donnent que le titre.

ty. C. Alban, d'une étude microscopique attentive de la précipi- tation des métaux les uns par les autres, tire les conclusions sui- vantes : toutes les fois qu'un métal est précipité de ses solutions salines par un autre métal, le métal précipité affecte une forme arbo- rescente microscopique distincte pour chaque métal ; toutes les fois que l'on fait cristalliser un sel, dans des circonstances appropriées, la cristallisation affecte une forme arborescente microscopique, diffé- rente pour chaque sel.

M. Larrey présente un ouvrage imprimé en anglais et portant pour titre : Rapports sur les baraques des hôpitaux avec la descrip- tion des postes militaires aux Etats-Unis.

M. Milne Edwards présente, de la part de l'auteur, la 36 édition de l'ouvrage intitulé : Pre-historic Times as illustrated by ancient

LES MONDES. 717

remains, par sir J. Lubbock, vice-président de la Société royale de Londres. Il ajoute que ce livre contient beaucoup d'observations nou- velles et intéressantes relatives aux peuples primitifs, dont l'existence nous est révélée par les restes de divres produits de leur industrie, dé- couverts depuis quelques années dans des terrains meubles plus ou moins anciens.

M. Chasles présente à l'Académie les deux livraisons de no- vembre et décembre 1871 du Bulletin des sciences mathématiques et astronomiques, ainsi que le numéro de janvier 1872, qui commence la troisième année de cette utile publication. Au sujet d'une courte notice de M. Darboux sur un traité des courbes du troisième ordre de M. Durège, professeur à l'Université de Prague, M. Chasles appelle l'attention de l'Académie sur les progrès considérables que plusieurs branches des mathématiques ont faits depuis quelques années, sur- tout en Allemagne, en Angleterre, ainsi qu'en Italie, a Les nom- breuses citations/dit-il, que renferme cet ouvrage, concernant des recherches accomplies à l'étranger, par divers géomètres, suffiraient pour attester ces progrès, et nous faire reconnaître l'insuffisance de notre enseignement supérieur. Et, en effet, cet enseignement est en- core à très-peu près tel qu'il a été fondé il y a plus de soixante ans, lors de l'organisation de l'Université et des Facultés. Je suis tellement effrayé des conséquences non douteuses de son insuffisance actuelle (je ne parle ici, bien entendu, que des mathématiques), que je prends la liberté d'invoquer la sollicitude de l'Académie, et de rappeler que l'an dernier, sur l'initiative de notre confrère M. Henri Sainte-Claire- Deville, l'Académie avait reconnu qu'il y avait lieu de se livrer à une étude et à une discussion approfondie sur l'état de l'enseignement dans diverses parties des sciences. Des propositions même, formulées nettement par notre très-regretté confrère M. Combes, et par M. Du- mas, nous avaient été communiquées et devaient être le sujet d'un examen préparé. Malheureusement d'autres travaux incessants, et la pensée peut-être que ces questions seraient traitées dans d'autres réu- nions, ont fait ajourner la reprise de ce projet si important, et sur le- quel j'appelle, avec une vive conviction, la participation si légitime de l'Académie. »

Les comptes rendus formant 67 pages in 4* étaient signés par M. Dumas.— F. Moigno.

718 LES MONDES.

REVUE ÉTRANGÈRE, PAR M. J.-B. VIÛLLET,

Sur le» effet* de» excrétions animale» contenue» dan» l'eau, par M. le professeur Chandleu. M. le professeur Chandler a publié dans Y American Chemist et dans le Scientific Ame- rican, des observations nombreuses et importantes sur les effets des matières animales dissoutes dans les eaux.

Les produits de la décomposition de ces matières sont une des plus graves causes d'insalubrité, quoiqu'il n'en soit pas à beaucoup près de même des matières organiques végétales«Ces produits animaux qui souillent les eaux ne sont pas toujours perceptibles au goût. Au con- traire, les eaux qui en contiennent sont souvent recherchées comme très- agréables, bien qu'elles renferment de véritables poisons agissant active- ment à de très-petites doses. On attribue maintenant plusieurs mala- dies des espèces les plus fatales, à l'usage des eaux, empoisonnées par le mélange des liquides des égouts filtrant à travers le sol, et chargés de matières excrémentielles* Beaucoup, d'épidémies dyssentériques éclatent soudainement par suite de l'extravasement des liquides des égouts ou des fosses dans les puits, ou d'une disposition particulière de la saison, sans que l'apparence des eaux indique le danger. Ces eaux, filtrées, limpides et transparentes, ne portent pas moins les germes du mal. Ainsi, dans un couvent de Munich, 31 personnes sur 121 furent atteintes de la fièvre typhoïde ; le bureau de salubrité de la ville reconnut que le puits était souillé par les filtrations d'un égout voisin, et l'épidémie disparut aussitôt après l'exécution des répara- tions. Une cause absolument semblable produisit les mêmes résultats dans une pension nombreuse de jeunes demoiselles à Pittsfield (Mas- sachussets.)

11 en a été de même, en 1866, à Edgewater, dans un quartier de Staten-lsland, un propriétaire s'était avisé d'obtruer un égout de drainage; plusieurs décès furent la suite de cette imprudence.

M. le docteur Stephen Smith, un des commissaires du conseil de salubrité, décrit un cas semblable arrivé par la rupture d'une pompe, pour la réparation de laquelle le temps manquait, à cause des travaux de la moisson. Les habitants de la maison, située sur une élévation, dans les conditions les plus salubres, envoyèrent puiser de l'eau d'un ruissaau voisin qui traversait les dépendances de plusieurs fermes et recevait les eaux de drainage de leur superficie. Deux ou trois semaines après, la famille fut atteinte de fièvre typhoïde de la pire espèce, et s mourut tout entière, à l'exception de deux de ses membres qui n'avaient pas bu de l'eau empoisonnée.

LES MONDES 749

New-York, pendant le siècle dernier, avant ta construction des égouts et l'introduction de l'eau de la Croton , était périodiquement rava gée, à peu d'années de distance, par des épidémies meurtrières, que l'on attribue maintenant à l'infection des puits par les liquides des fosses. En effet, ces épidémies ont disparu avec leurs causes.

Le choléra, bien qu'il ne paraisse pas être causé à son origine par la mauvaise qualité de l'eau, est cependant propagé parles puits et les cours d'eau infectés.

A Exeter, en Angleterre, on compta, en 1832, 4 000 décès cholé- riques. On amena ensuite d'un canton voisin, situé à 3 kilomètres en amont, et an-dessus du point la rivière recevait les produits des égouts de la ville, un volume suffisant d'eau pure ; aussi, au retour du choléra, en 4849, necompta-t-on que 44 cas, et, en 4 854, n'en vit-on presque aucun.

A Londres aussi, en 4834, l'eau fournie par la Compagnie de South - wark contenait des produits d'égouts, tandis que celle de la Compagnie de Lambeth était très-pure. Les tuyaux des deux compagnias passaient dans les mêmes rues, et fournissaient l'eau indistinctement des deux côtés. Parmi les personnes servies par la Compagnie de Southwark, les décès s'élevèrent à 430 pour 40 000, et furent seulement de 37, aussi sur 40000, parmi les personnes qui recevaient l'eau de la Com- pagnie Lambeth. Durant l'épidémie précédente, 4848 à 4849, la diffé- rence avait été en sens inverse, les décès parmi les clients de Lambeth, ayant été de 425 pour 40000, tandis que parmi ceux de South - wark, ih n'avaient été que de 4 18 pour 40 000. Mais, à cette époque, la prise d'eau de la Compagnie de Lambeth était à un point plus bas en aval.

Un autre exemple frappant a été observé à Londres. La fameuse pompe de Broadsfreet fournissait l'eau dans un des quartiers les plus élégants du West-End. Pendant l'épidémie de 4848-4849, cette pompe tua 500 personnes en une semaine, par la dissémination du choléra. La portion riche de ce quartier se réfugia à Brompton, campagne à la mode pendant l'été, et située à 8 kilomètres en amont, mais bientôt le choléra y éclata. Le bureau de salubrité découvrit alors, par une en- quête, que ces émigrés avaient conservé l'habitude d'envoyer chercher à la pompe de Broadstreet l'eau nécessaire pour leur thé, et avaient ainsi importé le choléra. Un exemple singulier fut celui d'une demoi- selle âgée qui s'était retirée à Hampstead, à 5 kilomètres de la pompe de Broadstreet, et qui y envoyait tous les jours sa femme de chambre pour emplir sa théière. Ces deux personnes furent seules attaquées du choléra à Hampstead.

720 LES MONDES.

On sait qu'en Islande un sixième des décès proviennent de la présence, dans le foie, d'hydatides qui sont des larves du taenia des chiens, et que les jeunes sangsues qui se trouvent dans l'eau des fon- taines se fixent quelquefois sur le pharynx.

Tous ces faits et quelques autres analogues, que nous ne rapportons pas, prouvent que l'eau contribue puissamment à la dissémination de maladies des plus graves, notamment de la fièvre typhoïde et du choléra. De 1856 à 1866, on a compté, en Angleterre, 21 000 décès par le cho- léra et 150 000 par la ièvre typhoïde. On est fondé à croire que les trois quarts au moins de ces décès auraient pu être prévenus par de sévères précautions pour maintenir la pureté des eaux, et les admi- nistrations ne sauraient prendre trop de moyens pour en assurer aux populations la salubrité et l'abondance. (American Ghemist et Scientific American.)

Causes dea variation* atmoapliériqiie*, par Sir Ch. Lyell. Dans la nouvelle édition de ses Principes de Géologie, sir Charles Lyell étudie de nouveau toute la question de l'influence rela- tive des causes astronomiques de la distribution de la terre et des mers sur les différences des climats ; et, après avoir comparé et discuté un grand nombre de nouvelles observations, insiste sur les opinions qu'il a exprimées précédemment. IL croit donc que, malgré l'influence in- contestablement exercée, dans certaines limites, sur la température par les phénomènes séculaires de l'astronomie, la cause réelle à la- quelle on doit attribuer les effets les plus importants est encore la distribution géographique des terres et des mers. Le point le plus re- marquable de cette question, point sur lequel on a souvent occasion de revenir avec le plus d'intérêt, est la discussion des causes des courants océaniques qui a été dernièrement traitée d'une manière très -supé- rieure par M. le docteur Carpenter. Sir Charles Lyell fait voir que la théorie qui attribue la circulation océanique à des différences de den- sité est fondée sur des observations fautives ou inexactement expli- quées. Il prouve, en se référant aux observations des officiers de la marine royale d'Angleterre, que les courants du détroit de Gibraltar, par exemple, qui avaient souvent été invoqués, sont dus principale- ment aux phénomènes de la marée.

D'un autre cAté, l'astronome royal d'Ecosse, dans une notice récente sur les thermomètres de l'Observatoire d'Edimbourg, regarde comme probable une connexion entre les phénomènes météorologiques et les taches du soleil. [Athcnœum.)

FIN DU XXVIIe VOLUME. PARIS. TTP. WÀLDER, RUS- BOlfAPARTl, 44.

TABLE ALPHABÉTIQUE

DES NOMS D'AUTEURS.

ABBOTT (F.)* Argo et sa nébuleuse, P. 704.

ADAM. Coueense automate,| p. 56, 114»

ADRIANSE (A. ). Dosage de l'acide phos- phorique, p. 80.

AGABS1Z. Collection d'histoire naturelle, p. 225. Investigations sous-marines, p. 305. Nommé associé étranger p. 404* Méduse ou poissons gélati- neux, p. 584.

AIR Y. Nommé assooié étranger, p. 404. Soirée de la Société royale de Londres, p. 600. Eléments de l'orbite de la lune, p. 660.

ALAJDOF. Irritabilité de la moelle épl- ni ère, p. 147.

ALBAN (G.). Précipitation des métaux, p. 716.

ALBARET. Moissonneuse, p. 538.

ALBENQUE (Y.). Sur l'artillerie rayée, p. 576.

ALIX(E.). Nerf dépresseur chez l'hippo- potame, p. 456.

ALKER. Cuivre galvanique, p. 48*

AL WIN RUMPLER. Recherche de l'aei* dite existante dans les huiles, p. 835.

AMAN. Prix de 1,000 fr. p. 678.

AM8LER. Intégrateur, p. 548.

ANDERSON. Feutres pour toitures, p. 156.

ARGELANDBR. Tremblements de terre, p. 150.

ARLINCOURT (d'). Relais télégraphiques, p. 2, 22. Télégraphe autographique, p. 104.

ARMENG AUD. Couseuse automate, p. 116

ARMSTRONG (Sir William). Enolume monstre, p. 51.

ARSON. Causes de la déviation des com- pas de marine, p. 302.

TABLES DU 70MB XXVII.

B

BAER. Prix, p. 150.

bâillon: Développement de la fleur et du fruit, p. 276.

BALARD. Génération spontanée, p. 213. Sur les expériences de M. Pasteur, p. 244. Théorie de la fermentation, p. 265. Conservation des vins par U chauffage, p. 402.

BAMderg (Van). Fécondation des mars de poisson, p. 713.

BARBIER (Ph.). Production du cymène par l'hydrate d,eseence de thérébentiue, p. 242.

BARDOU. Instruments emportés par M. Janssen sur la côte de Malabar, p. 132.

BARDY (Oh.). Transformation du phénol en alcaloïdes, p. 219. Histoire des phénols, p. 713.

BARRAL. Notice sur M. Combes, p. 677.

BARRANDE (J.). Trilobites, p. 688.

BARRA ULT (Ferdinand). Eucalyptus glo- bulosa, p. 371.

BARRET. Photogravure, p. 3.

BARTH. Allocution à TAcadémie de mé- decine, p. 545. Association contre l'abus des boissons alcooliques, p. 465.

BARTH (Johann-Ambrosiusj, Dénigre- ment des travaux de Lavoisier, p. 39.

BARTHELEMY . Etude des vibrations mo- léculaires des liquides, p. 26.

BATAL1N. Action de la lumière sur le tissu de quelques plantes, p. 148.

BAC DE. Produit des chemins de fer pour l'Etat, p. 392.

BAUDON. Morcellement des balles, p. 319.

B AUD RI MONT. Effet de la lumière vio- lette sur la végétation, p. 824. - Exis *

II

LES MONDES.

tanoe de la matière minérale dans les plantes, p. 579. Nommé professeur de pharmacie chimique, p. 636.

BEAUMOVT(Eliede). Inspection de l'Ob- servatoire, p. 709.

BEC H AMP (A.), fermentation alcoolique par Ja levure de bière, p. 217. Mi- crozymas. p. 410. Corpuscules de l'Atmosphère, p. 407. Fermenta al- cooliques et autres, p. 475.

BECHER. L'éolipse du soleil du lt dé- cembre* p. 337.

BECQUEREL. Influence do la neige sur la température du sol, p. 83. Effets chimiques des décharges électrique*, p. 166. Température du sol, p. 248.

BELLUCCI. Pluie de sabb, p. 511.

BENSON. Manuel des couleurs, p. 298.

BERD (F.)* Pression barométrique et phé- nomènes de la vie, p. 405.

BERG8MA (P. A.). Variation diurne de l'inclinaison magnétique à Batavia, p. 77.

BERT (Paul) . Enseignement supérieur en France, p. 501 .

BERTHELOT. Recherches sur l'état des

. corps dans les dissolutions, p. 126, 169,

208. Traité élémentaire de chimie

organique, p. 554.— Composés oxygénés

de l'azote, p. 711.

BlERENS DE HAâN. Intégrales définies. p. 80.

birte (W. R.)Surle sol de Platon, p. 660.

BLANCHARD. Germes répandus dans l'air, p. 214. Rapport à la réanion des délégués des Sociétés savantes, p. 590.

DLASERNA. Sur l'atmosphère solaire, p. 240.

BLEICHER. Potidonia minuta,-?. 165.

BLONDLOT. Fermentation alcoolique du sucre de lait, p. 3B7.

BLOTJIN* Procédé pour rendre le pétrole moins inflammable, p. 173, 276.

BOBIERRE. Composition de la chaux phosphatée de Tarn-etGaronue, p. 37. Etudes chimiques sur les landes de Bretagne, p. 239.

BOfJlLH&T (H.). Appareil à eau de Seltz, p. 389.

BOIT AL (Fabius). Eclairage oxhydrique, p. 45.

BOI Vira. Sommation confraternelle, p. 635

BONCOMPAGNI (le prince). Bulletin de bibliographie et d'histoire des sciences, p. 632.

BORNET. Sur les gonidies du lichen, p. 544.

BOMOD1N. Dérivées d'une série îsocaprile, p. 147.

BORRB (A. de) . Phénomènes périodiques, p. 386.

BOTELLO . Soulèvement à la surface de la terre, p. 587.

BÔTTCHER (L. A.). Prix Baer, p. 1*0.

BOUCHARD AT (G. ) . Ethera acétiques de la dulcite, p. 454 . Transformation de l'acétone en hydrure d'hexylène, p. 542. Combinaisons de la dulcite avec les hydracide*, p. 578.

BOUE (A.). Aurores boréales, p. 687.

BOULEY. Peate des steppes, p. 636.

BOUNIAKOWSKY. Congruenccs bi- uômes exponentielles, p. 145. - Théo- rie des résidus, p. 147.

BOURBOL'ZE. Médaille d'or, p. 679. Galvanomètre à fléau, p. 448.

BOURDON (E.; Pendule appliqué à la na- vigation, p. 374.

ROURGET. Machines à air chaud, p. 276.

BOURGET (J.) Géométrie analytique à trois dimensions, p. 556.

BOURGOIK (E.). Sur la nature complexe de la cathartine, p. 87. Faits pour servir à l'histoire de l'acide azotique, p. 88.

BOUSS1NESQ . Ondes lumineuses dans un milieu homogène, p. 172. Distribu- tion des pressions dans un milieu ho- mogène, p. 255. Intégration d'une équation aux dérivées partielles, p. 276, p. 321, 537. Médaille d'argent, p. 589. Ecoulement de l'eau dans les canaux, p. 709.

BOUSSINGAULT. Matière sacrée sur les feuilles d'un îiîleul, p. 167. Sorbite trouvée dnns les baies du sorbier, p. 630.

BRANLY (E.) . Mesure de la polarisation dans l'élément voltaïqne, p. 366.

BRAUN (le R. K. Charles). Studi vopra yli strumenti mmjnetici, p. 83.

RRÉAL (Michel). Quelqnes mots sur l'in- struction publique en France, p. 535.

BRESSE. Détermination des brachisto- chrones, p. 577.

BRETON . Hauteur de l'aurore boréale du 4 février, p. 411*

BRETON (Kii lippe). Moyens de rendre visible l'acide carbonique, p. 85.

BRONGNI ART. Plantes tostilesde l'époque jurassique, p. 262.

BrCcke. Couleurs complémentaires, p. 601.

BRAMVT. Poil du rhinocéros, p, 145. Histoire naturelle des alcides, p. 147. Restes de mammifeies dans l'Altaï, p. 149. ïdothea «nfomon, p. 15t. L<- pas anatifera, p. 151. Poil de mam- mouth, p. 151 .

BULARD. Prévisions météorologiques, p. 456. Prédictions des tremblements déterre, p. 496.

C

CAILLETET (L.j. Origine du carboné fixé par les végétaux, p. 126, » Mé- daille d'argent, p4 589,

LES MONDES.

ni

CALVET Culture pastorale dei hantes ▼allées des Pyrénées, p. 580.

CARBY A. Conservation des épreuves aux sels d'argent, p. 656.

CARPENTER (W.). Investigations sous- marines, p. 305. Causes des courants océaniques, p. 720.

CABRÉ (F.). Fabrication da la glaoe, p. 224.

GARQN. Sur le fer cristallisé ou brûlé, p. 459. Action du froid sur le fer, p. 371.

CARTAILHAC Squelette humain, p. 714.

CARVALLO. Duplication du cube, p. 87. ■— Intégration d'une équation différen- tielle, p. 16t Mémoires de mécanique

rationnelle, p. 215, 275.

CASSE (J.). Appareil ventilateur calori- fère, p. 482.

CATALAN* Rapport de la circonférence au diamètre, p. 216.

CAVLEY (A.). Sur les courbes aplaties, p. 495. Lignes géodésiques dans un ellipsoïde, p. 660.

CATROL. Terrain inférieur de laClape, p. 206.

GAZIN. Durée de l'étincelle électrique, p. 452. Quantité de magnétisme des électro-aimants, p. 497.

CHARRIER. Modifications de l'acide ni* treux au contact du sol, p. 180.

CHACORNAC. Formation des nébuleuses, p. 161.

CHAMBERLAIN (Henry T.). Nouveau procédé de fabrication du sucre, p. 286»

CHAMPOUILLON. Putréfaction cadavé- rique chez les sujets alcoolisés, p. 582.

CHANCEL Contraction des solutions de sucre au moment de l'inversion, p. 240.

CHAJfDLER. Effets des excrétions ani- males ooatenoea dans l'eau, p. 718.

CHANTRAN (S.). Fécondation des éore- visses, p. 220.

CHANTRE. PaJaffites du lac de Paladru, p. 244.

CHAPCLAS. Aurore boréale du 4 février, p. 240. Lueurs polaires da 10 avril, p. 714.

CHASLES. Axes harmoniques des courbes géométriques, p. 88, 160. Protesta* tion, p. 629. Bulletin des séanoes mathématiques, p. 717.

CHATEL (Victor). Végétation extraordi- naire, p. 380. Conférence rurale, p. 419. —Action de la houille menue sur la végétation, p. 508.

CHATJTARD. Médaille d'argent, p. 589. Appareil pour démontrer les lois de la réflexion au son, p. 668. Les in- cendies modernes, p. 682.

CHEVRBTJL. Touchant cri d'inquiétude, p. 89. Leçon donnée à M. Dubrunfaut, s. 210. Recherches sur la teinture, p. 267. Histoire des ferments, p. 815. 626. Cristallisation d'une solution

v saline très-concentrée, p. 537. —Cria* tallisation des sels bai y tiques, p. 669.

CHIPOFF (Paul). Distillation sèche du bois, p. 523.

CHOYER (l'abbé). La végétation et le car- tonne, p. &04. La théorie géogé* nique, p. 553.

CHRISTOFLE DE BOUILHET. Statue de Notre-Dsme-de-la-Garde, p. 150.

CHUT AUX. Médaille d'argent, p. 678.

CIOTTI (E ). Emploi des Urnes élastiques vibrantes comme moyen de propulsion, p. 216, 363.

CLARETIE (Jules). Dépenses faites dans les cafés concerts, p. 1.

CLBMANDOT. Cristal au carbonate de plomb, p. 548.

CLERK MAXWELL. Théorie de la cha- leur, p. 81.

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COBLENCE. Procédé économique de oli- ché galvanique, p. 82.

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COURES. Sa mort, p. 208.

COMBESCTJRE (Ed.). Calcul inverse des différences, p. 322. Intégration de quelques équations, p. 511. Equa- tions aux différentielles partielles, p. 672 Equation de la plastodynamique, p. 711.

CONTI. Pluie de sable, p. 511.

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WOLLEY. Scienoe nautique, p. 225.

WURTZ. Réaction contre le* détracteurs

de Lavoisitrvp. 413, Formation du chloral, p. 538.

YOUNG (C.-À.). Explosion sur U soleil

p. 33. YOUNG (Tnomas). Vision des couleurs,

p. 293. YOGNGMAN. Préparation des verres , mata, p. 656. YVES. Photogravure, p. 8. .

ZALIW8KI. Théorie du siphon, p. 324. ZÉDB. Navigation aérienne, p. 123, 405. CEVTHBN. Caractéristiques des cubiques,

p. 365, 497. ZINNO (S.), Iodo-suifates, p. 456.

i

TABLE ALPHABÉTIQUE

PAR ORDRE DES MATIÈRES

A propos d'une affiche, p. 378.

Abus dn tabac, p. 92.

Académie de médecine, p. 545*

Acide chrysophanique, p. &7 ; carbo- nique considéré comme comburant, p. 176, 208.

Acides dans les essences, p. 280.

Acidité dans les huiles, p. 335.

Action dn chlore sur le chlorure d'isopro- pyle, p. 41 ï de la lumière sur le tissu de quelques plantes, p. 148 ; de la chaleur sur les oxy chlorures de silicium, p. 173; de fiodure plora- bique sur des acétates, p. 176; de l'oxyde de oarbone sur le fer et ses oxydes, p. 252;— de la houille menue sur la végétation, p.* 503 ; du brome sur le protochlorure de phosphore, p. 578 ; de la lumière sur les solutions de l'iode dans le sulfure de oarbone, p. 662 ; de la houille sur la végétation , p. 695; calorifique des décharges électriques, p. 166 ; combinée de la morphine ej du chloroforme, p. 406, 543 ; trophique des centres nerveux sur le tissu musculaire, p. 670

Actions capillaires et densités, p. 172.

Administration militaire dans l'antiquité, p. 173.

Aerolithe à Searmont, p. 185.

Aéorstat à hélice, p. 222, 237.

Affinage de l'or, p. 394.

Age dn soulèvement dn pays de Bray, p. 670.

Agriculture, p. 549.

Aile d'un insecte, qu'est-ce? p. 230.

Air comprimé, son emploi dans l'aérosta- tion, 376.

Tabue» du tomb XXVII.

Albuminuries métalliques, p. 42.

Alcool propylique, faits relatifs à son his- toire, p. 363.

Algérie <i'), p. 681.

Allumage électrique an gac, p. 502.

Altération des eaux sulfureuses des Eaux* Bonnes, p. 670.

Altération des muscles par des lésions) traumatiques, p. 670.

Alun complexe do la solfatare de Pouz- zoles, 207.

Amidon dans les testicules, p. 206.

Ammoniaque préparée avec l'azote de l'air, p. 380.

Amblygonte de Montebras, p. 129.

Analyse de l'amblygonite de Montebras, p. 129 i de la pluie de sable tombée en Sioile, p. 674 ; des gaz dn sang, p. 261 1 279 ; spectrale de la lumièr zodiacale, p. 262, 363.

Ànesthésiques nouveaux, p. 637.

Animaux fossiles du Leberon, p. 710.

Ankylose du neuvième petit oarpe, 151.

Annales de l'Observatoire physique Russie, p. 153.

Anneaux observés dans les ascension arérostatiques, p. 166.

Année (!') scientifique, p. 226.

Annuaire du bureau des longitudes, p. 82; de l'Observatoire de Bruxelles, p. 229; météorologique de l'Obser- vatoire de Paris, p. 49, 259, 270.

Anomalies des artères, p. 149; de la température en mai 1871, p. 603.

Anthracite dans l'Amérique centrale, p. 98.

Anus anormal à l'aisne droitejp. 169.

Appareil à écrire pour les aveugles, p. ! 162 ; à eau de selz, p. 389; pour { la combustion des huiles de pétrole, p. ! 69; pour mesurer la température cU

»*

XVI

LES MONDES.

détonation, p. 128; pour la démons- tration des fois de la réflexion du son, {>. 668 ; d'induction produisant de 'électricité statique, p. 65 ; autogra- phique Meyer, p. 2, 17; nouveau pour utiliser la torcc du vent, p. 121 ; ventilateur calorifère, p. 482; —indi- cateur du grisou, p. 710.

Application des piles secondaires aux mo- teurs, p. 152; du gyroscope à la navigation, p. 374.

Arboriculture, procédé de M Duchesne- Thoureau , p. 381.

Archéologie prehi » torique, p. 183.

Argo et sa nébuleuse, p. 704.

Art de faire le vin, p. 320.

Artillerie rayée, p. £7*.

Assassinat des otages, p. 373.

Association française contre l'abus des boissons alcooliques, p. 465, 545; française pour l'avanceanentdf.8 sciences, p. 418; générale des médecins de France, p. 546, 638 ; spectroscopi- que, p. 466.

Atelier * ou terrain et sous-marin, p. 641

Atmosphère solaire, p. 240.

Attaques contre la gloire de Lavoîsier, p.

413.

Auréoles lumineuses observées en ballon, p. 131.

Aurore de la justice , p. 869; boréale' du 4 lévrier, p. 221, 240, 288, 324, 409, 407. 411, 420/496, 544; du 10 avril, p. 715.

Aurores boréales, ç. 362, 539, 540, 687;

, observées à Louvain en 1871 , p. 101; et leur origine cosmique, p. 681.

Axas harmoniques des courbes géomé- triques, p. 160.

B

Ballon captif, p. 419. Ballons dirigeables, p. 872. Barraqnes des hôpitaux, p. 710. Bassin houiller de la Tamise, p. 550. Bauxite à la Guyane française, p. 407 . Bibliographie des arts textiles, p. 144. Bile incolore, p. 543. Bobine d'induction d'une grande force,

p. 60. Bolide observé à Nancy, p. 243. Brachistoehrones, p. 577. Brevets d'invention, p. 107. Brochures allemandes dénigrant Lavoi-

sier, p. 39. Bromhydrate depopylène, p. 630. Bromhydrates et chlorhydrates d'ally-

lène, p. 451. Bromures de méthyle et d'éthyle, p. 637. Bronze et fer phosphores pour l'artillerie,

p. 187. Bulletin de l'Observatoire de Monteouxis,

p. 169;— de bibliographie et d'histoire des sciences, p. 632; des sciences mathématiques et astronomiques . p. 717 ; de santé hebdomadaire, p. 546, 677; météorologique mensuel, p. 270.

Calcul inverse des différences, p. 322.

Candidature de M. Résal, 87; de M. Uaton de la Goupîllière, p. 162 ; de M. Huxley, p. 551; de M. Bour- get.p 276.

Canons do campagne, p. 276.

Caoutchouc, moyeu de le tixer au bois et au métal, p. 288.

Caractéristiques des systèmes élémentaires de cubiques, p. 365, 405, 497.

Carbone (le) et la végétation, p. 504; fixé par les végétaux, son origine, p. 126.

Carte géologique de l'Angleterre , p. 415.

Catalogues d'horticulture et de zoologie, p. 465.

Cause de la fermentation alcoolique, p. 218;— mécanique de l'ébullition, p. 477.

Causes de la déviation des compas sur If s navires en fer, p. 302; des variation» atmosphériques, p. 720.

Cécité relative aux couleurs, p. 443.

Cellules de levure de bière, p. 161 ; cristallines, p. 586.

Centra do gravité chez les insectes, p. 320. 479.

Ce ri u m, sa place dans la série des élé- ments, p. 152.

Chaire de paléontologie, p. 91.

Chaleur de formation des composés oxy- génés de l'azote, p. 7 il; absoibée pendant l'incubation, p. 164.

Changements de coloration chez les crus- tacés, p. .'i00; magnétiques dans e fer à des températures différentes, p. 07; prétendus dans la nébuleuse d'Arco, p. 705.

Chaudières à vapeur, flotteur avertisseur, p. 390.

Chaux phosphatée de Tarn -et- Garonne, p. 37.

Chemin de fer d'exploitation rurale, p. 530.

Chemins de fer dans les grandes villes, p . 517.

Chemnitzida,?* 306.

Chloral pour les maux de dents, p. 587.

Choidroiite de la Finlande, p. 149.

Chrysophanine, p. 87.

Chute des planètes dans le soleil, p. €61

Cités lacustres du lac de Bienne, p. 420.

Classification des chemnittida, p. 366.

LES MONDES.

xrn

Cliché galvanique, procédé économique,

p. 32. Climatologie, p. 602. Cloisons des feuilles de oertainf junous,

p. 631. Coefficient de dilatation dea gaz parfaite,

p. 631. Cœlentérates, p. 148. Coexistence de deux types lithologiques

dans la môme chute de météorites, p.

430. Collection d'histoire naturelle, p. 325. Coloration du ciel, p. 243. Combinaisons de la dulcite avec les hy-

dracides , p. 578 . Combustibilité du carbone, p. 43* Combustion du carbone par l'oxygène,

p. 176, 208; fermentation et vertus

de la poussière, p. 645. Comète nouvelle, p. 91 ; d'Enoke, p.

148. Comète IV, 1871» découverte par M- Tem-

pel, p. 705. Commerce des huîtres à New- York , p.

583; et baisse des laines, p. 531. Commission chargée d'inspecter l'Obser- vatoire de Paris, p. 709. Communication *ntre l'Angleterre et l'A- mérique, p. 582. Compensateur, p. 303. Compensation complète pour la tempéra- ture du thermomètre à balance, p. 149. Composé spontanément explosif, p. 487. Composés oxygénés de l'azote, p. 711. Composition de la chaux phosphatée de

Tarn-et- Garonne, p. 37 ; ohimiqut

du vert de Chine, p. 674. Compresseurs d'air du Mont-Cenis, p.

562. Concours de zootechnie, p. 464. Conditions de résistance d'un volant, p.

86. Conductibilité électrique des liquides, p.

126. Condurango oontre le cancer, p. 97, 580. Conférence rurale, p. 419. Conformation du placenta ohes la Taman-

dua, p. 42. Congrès de Bologne, p. 487 ; de Saint-

Brieuo, p. 501. Conifères jurassioues, p. 713. Conjonction de Jupiter et Uranus , p.

196. Conséquences des observations de l'éclipsé,

p. 135. Conservation de la viande, p. 47 ; du

sang, p. 216; des vins, p. 267,539,

576; des vins par la congélation, p.

402; des vins par le chauffage, p.

402 ; des épreuves au papier oValba-

mine, p. 623 ; des épreuves aux sela

d'argent, p. 656 ; des grains par le

vide, p. Sl7. Constitution des Pyrénées, p. 500; —dos

spectres lumineux, p. 672.

Construction des paratonnerres, p. 320, 509; chromatique hémisphérique, p. 268; de cartes oéleites très-dé- taillées, p. 255.

Constructions lacustres du lac de Paladin, p. 244.

Contact du troisième ordre deux sur- faces, p 631.

Contagion de la fièvre puerpérale, p* 216.

Contraction des solutions de suera au Bo- rnent de l'inversion, p. 240.

Contre-projet de M. Ch. Tuilier, p. 107.

Coopéra teurs généreux, p. 2.

Corpuscules organisés de l'atmosphère, p. 407.

Coton-poudre, p. 289.

Couleurs complémentaires, p. 601.

Courants atmosphériques d'été, p. 602; «_ d'indootion produits dans les bobines d'un électro aimant, p. 253, 365; d'induotion dans l'appareil de Foucault,

S. 277; électriques obtenus par la exion des métaux, p. 162; secon- daires pour accumuler les effets de la pile, p. 404, 425, 469; qui vont des pôles à l'équateur, et «t'es verta, p. 645.

Courbes aplaties, p. 495.

Courbure de deux nappas, p. 822; «-des surfaces, p. 405.

Cours des eaux médicales, p. 501 ; élé- mentaire de géologie appliquée, p. 87, 68*.

Couseuse automate, p. 56 ; et moteur automatique Garcin- Adam, p. 114.

Couvertures en ardoises, p. 155.

Crâne d'équidé des tourbières de la Somme, p. 165.

CrcUmgut Aronia, p. 455.

Cri d'inquiétude d'un savant illustre, p. 89.

Cristal au carbonate de plomb, p. 548»

Cristallisation d'un* solution saline très- concentrée, p. 527 ; des sels baryti- oues, p. 669.

Cnstaux de chondroiîte, p. 149; Idio* cyolophanes, p. 678.

Critique religieuse, p. 638.

Crooodiliens fossiles de Saint-Géraud-le- Puy, p. 579.

Crues de la Seine, p. 276.

Culture des betteraves, p . 640.

Cuscute et lozernières dans le Midi, p. 639 ; intensive de la vigne et des arbres fruitiers, p. 226; pastorale des hautes vallées des Pyrénées, p. 530.

Cuivre galvanique, p. 48.

Cyanates dans r organisme, p. 164.

Daltonisme, p. 448.

Danger de l'emploi de différents métaux

xTin

LES MONDES.

dans, les distribution» d'eau, p. 113.

Décomposition du sulfure de carbone par

la lumière, p. 217; spontanée de divers bisulfites, p. 163; de l'eau par le zinc, p. 701 .

Découverte d'une propriété nouvelle du .colloùion, p. 114; de deux nouvelles planètes, p. 711 ; d'un squelette hu- main de l'âge du renne, p. 714.

Découvertes taites à Jérusalem, p. 417 ;

paléoethnologiques de l'Italie cen- trale, p. 487.

Déformation des blocs ductiles, p. 708. Dégâts produits parla foudre à Alatri, p.

876. Démonstrations vulgaires de la pesanteur

du gaz acide carbonique, p. 55. Densités de l'acide ohlorhydrique , p.

498. Dérivées d'une série isoeaprile, p. 147. Dérivés du chlorure de tollylène, p. 41 ;

de la désozybenzolne, p. 151. Descendance de l'homme et sélection

sexuell», p. 325. Désinfection des vidanges d'usines-, p.

446; ' des eaux d'égouts, p. 528* Détermination des hrachistochrones, p.

577. Développement des ferments alcooliques,

p. 175. Déviation du fil à plomb par l'attraction

du Catoase, p. 149. Déviations du compas sur les navires en

fer, p. 801. * Diamants des mines d'Afrique, p. 686. Dibrorahydrate d'acétilène, p . 630 . Dichromate haliobromique, p. 674. Dimensions des atomes, p. 616. Diphény lamine, p. 542. Dissociation cristalline, p. 708. Dissolvant nouveau de l'iodurt plombi-

qae» p. 566. Distillation simnltanéefde l'eau et de l'io- dure butylique*, p. 251 ; sèche des bois, p. 628. Distribution des médailles, p. 589. Dosage de l'acide phosphorique, p. 80}— , do l'acide sulfureux et des Bulfites par le permanganate de pousse titré , p. . 507 ; de l'azote par la chaux iodée,

p. 456 ; du glucose, p. 44. Double réfraction du quartz, p. 172. Draguages dans la fosse du Cap-Breton,

p. 499. Duplication du cube, p. 87. Durée de l'étincelle électrique, p. 452; et marche des oourants d'induction, p. 75. Ihxnite dans les basaltes de l'Ile Bourbon, p. 680.

E

Echelles de température des gaz, p. 631 .

Eclairage à la lumière oxhydrique, p. 45, 133.

Eclipse du soleil du 11 décembre, p. 91, 837;— du satellite de Jupiter, p. 705.

Eclipses pour 1872, p. 332; des satel- lites de Jupiter, p. 661.

Ecoles professionnelles et loi militaire, p . 545*

Ecorce des Ericinéee, p. 579.

Ecoulement des liquides dans les espaces capillaires, p. 239 ; de l'eau dans les

canaux, p,

709.

Education (!') maternelle d'après les in- dications de la nature, p. 57.

Educations de vers à soie, p. 320.

Effet de la lumière violette sur la végéta- tion, p. 324.

Effets des variations du travail transmis par les machines, p. 170; des ex- crétions animales contenues dans les eaux, p. 718 ; mécaniques dn mar- teau-pilon américain, p.^ 239; ^ chi- miques résultant de l'action calorifique des décharges électriques, p. 166.

Egyptîan Hall et M. le professeur Pepper, p. 552.

Electrisation par frottement dans le sul- fure de carbone, p. 217.

Eleotro •aimant monstre, p. 106,329.

Eléments de l'orbite de la lune, p. 660 ; de la comète de Tempel, p. 705.

Eléphant blanc, p. 100.

Embellissements de Paris, p. 633.

Embouchures du Nil, p. 403.

Embryogénie du Phthiriui puoi«, p* 147.

Embryologie des animaux inférieurs, p. 152.

Emploi des réchauffeurs en tôle, p. 30 ;—

â

carboliqne pour le collage des papiers de tenture, p. 585 ; des conrants se-

. oondaires pour accumuler les effets de la pile voltaïque, p< 425, 469.

Enclume monstre, p. 5f.

Enseignement de la géographie dans les écoles primaires, p. 714 ; géogra- phique, p. 276 ;— supérieur en France, p. 501 ; supérieur d'agriculture, p.

,464.

Eozoon canadtnse, p. 93.

Ephéméride delà comète de Tempel, p. 705.

Epidémie d'ictère essentiel observée à Paris, p. 182.

Epûtola de maQnHêy p. 632.

EpoDges de la mer Blanche, p. 149.

Epoque arohéolithique, p. 487 ; néo- lithique, p. 488; du bronzé, p. 4&0 ; du fer, p. 49t.

Epoques de floraison, p. 604.

Equation du mouvement vibratoire d'une lame circulaire, p . 215 ; de la plas-

LES MONDES.

XIX

tody nautique, p. 711 ; aux différen- ces partielles des vitesses, p. 321.

Equations générales do l'équilibre, p. 145; aux différentielles partielles, p. 672.

Essai de naturalisation des végétaux utiles, p. 682 ; sur la construction des pa- ratonnerres, p. 509.

Essaims d'astéroïdes près delà terre, p. 407.

Essais sur le titrage des alcaloïdes du quinquina, p. 74.

Etat des oorps dans les dissolutions, p. 126, 163, 208; des récoltes, p. 465, 677 ; des cultures, p. 641. ,

Ethers acétiques de la dulcite, p. 454.

Etoiles filantes, p. 214 ; filantes Ta mouvement hélicoïdal, p. 280.

Etrange préoccupation d'esprit, p.M39.

Etrennes, p. 1.

Etude des vibrations moléculaires des li- quides, p. 26; des aurores boréales en général, p. 716; microscopique du système nerveux, p. 15$ ; physique du plan d'épreuve, p. 577 ; et en- seiguemeutde la géographie, p. 315.

Etudes sur la formation du rouge d'ani- line, p. 31 ; sur l'ozone, p. 150; sur les densités de l'acide cnlorhyari- que, p. 498 ; d'archéologie celtique,

{>. 226 ; chimiques sur le* laodes de a Bretagne, p. 239; micrographi- ques, p. 152; morphologiques sur les levures alcooliques, p. 409 ; pa- léoethnologiques de l'Italie centrale, p. 487.

Eucalyptus globulos a, p. 371.

Eurytomis longipmnls, p. 80.

Eiiatence de Dieu, p. 134 ; de, l'ami- don dans les testicules, p. 206.

Expérience d'électricité, p. 668; -- d'é- lectro-magnétisme, p. 690; curieuse, p. 287 ; pour démontrer la cause de l'ébu lition, p. 477; acoustique, p. 499 ; relative h la question de la va- peur vésiculaire, p. 546.

Expériences de M. Frémy, p. 360; de polarisation de la chaleur, p. 800 ; sur la génération spontanée, p. 581 ; nouvelles sur le poisson volant de Fran- klin, p. 613.

Explorations des régions arctiques, p. 584.

Explosion sur le soleil, p. 38.

Explosions des machines à vapeur, p.

549.

Exposition de Bologne, p. 487 ; de Lyon, p. 641 i universelle d'écono- mie domestique, p. 678 ; universelle de Vienne eu 1873, p. 529.

Extension de l'octant à la mesure de 180*, p. 652.

Extinction des incendies, p. 280.

Extraction du sucre des mélasses, p. 635.

Fabrication des monnaies en Angleterr

S. i 10; de la glace, p. 22 1, 379 ;— uthé, p. 308; du sucre, nouveau procédé, p. 286.

Faculté de médecine de Bordeaux, p. 656.

Faiseuses d'anges, p. 689.

Fait singulier de rotation, p. 377; re« marquable observé au contact de cer- tains liquides, p . 666.

Faits pour servir à l'histoire de l'acide azotique, p. 88 ; nouveaux p >ur ser- vir à l'histoire des phénols, p. 713 ; relatifs à la diphény lamine, p. 542.

Falsification des os en poudre, p. 585.

Fécondation des écre visses, p. 220; des œufs de poisson, p. 713.

Fer et bronze phosphores pour l'artillerie, p. 137 ; cristallisé ou biûlé, p. 458 ;

déposé par voie électro-chimique, p. 38.

Fermentation, p. 645 ; alcooliqne, p. 312 ; alooolique du sucre de lait, p. 367.

Fermentations, p. 13, 84, 264*

Ferments alcooliques, p. 175.

Feutres pour toitures, p. 156.

Fixations des vibrations sonores, p. 377.

Flotteur avertisseur dans les chaudières à vapeur, d. 390.

Forces électromotrices développées au contact des métaux, p. 405 ; mole oulsires dans les liquides, p. 319.

Formation de la leuoine dans la fermen- tation alooolique, p. 218; du chlo- ral, p. 538; —des nébuleuses, p. 161;

du rouge d'aniline, p. 31. Formes oaudales allongées des oiseaux de

Paradis, p. 74. Fossiles de la république de l'Equateur,

p. 502. Fouilles dans le lit du Tibre, u. 96* Four àpuddler rotatoire, p. 551. Fourneau à gaz pour petit atelier, 193. Frein pour chemins de fer, p. 390* Froids de décembre 1871, p. 83.

Gabarit plastique, p. 391.

Gaffe de sauvetage, p. 895.

Galvanomètre vertical à fléau, p. 44S.

Gaz des fumerolles de la solfatare de Pouzzoles, p. 410; * du sang, p. 241, 261, 279 ; contenus dans la houille, p. 352 ; rendue visibles, p. 140.

Gélatine, caséine, osmazoïne, p. 569.

Génération spontanée, p. 213, 244. 581; spontanée des ferments, p. Ht.

XX

LES MONDES.

Géographie de la Perse, p. 150 ; et to- i pographie en France, p. 96. * F

Géométrie analytique à trois dimensions,

p. 556.

Germes des ferments, p. 214*

Gisement abondant de poissons fossiles, p. 644.

Gisements de chaux phosphatée de Saint- Àntonin, p. 37 ; de lignite près de Sméla, p. 148.

Globales du sang, preuve qu'ils fournissent de la fibrine, p. 80 .

Glucose destrogyre, p. 88.

Gonidies du lichen, p. 544.

Gonolobuscondurango, p. 580.

Gravure sur verre et sur métaux, impor- tante innovation, p. 291 ; par un jet de sable, p. 552*

Greffes cntaoées, p. 548; épidermiques pour guérir les plaies rebelles p. 408.

Grêle salée, p. 99.

Guano des lies Lobos, p . 50.

Gulf-Stream, p. 151.

Gymnètre épée, p. 164*

Gyroscope-boussole, p. 3 \ marin, objec- tions, p. 274; de Foucault appliqué a la navigation, p. 374 ; transformé en instrument de réflexion, p. 375.

H

Hécatombe de nourrissons, p. 639

HemipteUa Davidii, p. 206*

Heroirhynchus Desnayes, p. 544 k

Histoire des fermentations , p. 315 , 626; des phénols, p. 713; de l'économie politique des anoiens peu- ples, p. 679 ; naturelle des A loi des, p. 147 ; naturelle des élans, p. 149.

HoteMHeu (le nouvel), p. 90.

Houille en Suède, p. 600.

Huiles siooatives et non siccatives, p. 392.

Huîtres à perles, p. 98.

Hydrodynamique des cours d'eau, p. 402, 452, 494, 537.

Hydrosinoite découverte à Aronzo, p. 836.

Hypothèse des vents alizés sur le soleil, p. 627.

1

Identité de la lumière et de la chaleur

rayonnante, p. 431 Idothea entomon, p. 151. Ile de Madagascar, p. 597* Illusion d'optique en ohemin de fer, p. 53. Impôt (i'i sur le capital, p. 683 ; —sur le

sel pour les produits chimiques, p

Impression photographique, p. 506.

Incendie de Chicago, p. 588.

Incendies (les) modernes, p. 682.

Inclinaison du plan de l'aile aux différents instants de sa révolution, p. 404.

Indications et contre» indications des eaux de Vichy, p. 228.

Industrie sucrière, p. 46, 501.

Inflammabilité des huiles de pétrole, p. 395.

Influence de la température sur les plan tes, p. 79 : de la neige sur la tem- pérature du sol, p. 83; de la cha- leur sur l'élasticité du caoutchouc, p. 147, 354 ; des déplacements de Taxe de rotation de la terre, p. 153 ; des changements de pression sur les phé- nomènes de la vie, p. 405;— des éclipses sur le magnétisme terrestre, p. 409 ; du froid de l'hiver sur les graines, p. 541.

Ingénieurs agricoles, p. 641.

Injecteur, p. 547.

Innovation importante dans la gravure sur verre et sur métaux, p. 291.

Inscription du tombeau de John Her- achel, d. 288.

Institut technologique Stevens, à Hobo- ken, p. 189.

Instruction publique en France, p. 555.

Instruments de précision, p. 389 ; de M. Janssen construits par M. Bardou, p. 132.

Intégrale d'une équation différentielle, p. 161.

Intégrateur de M. Deprez, p. 10, 548. Intégration des équations aux dérivées partielles, p. 537 ; d'équations aux différences partielles, p. 541 ;— de l'é- quation f(x, y, ^~j= o, p. 710.

Intensité de la lumière solaire et d'autres

souroes lumineuses, p. 664. Intervalles mélodiques, p. 276. Invention de quelques étalons de mesure,

p. 87. Investigations sous-marines, p. 805. Iodosulfates, n. 456. Iodure d'amidon, p. 867, 405; plom-

bique, son aotion sur des acétates, p,

176. Irritabilité de la moelle épinière, p. 147. Ibomèresdela trichlorhydrine, p. 542;—

nouveaux du bromure de propylène, p.

405.

J

Jardins maraîchers de la garnison de Va- lenciennes, p. 492.

»ci pour Aea pruuuiui uuumuuoo, p. lencjeuiu», p. *»z.

388 ; proportionnel suc les factures, j Journal d'un diplomate en Italie, p. 555 p. 417. I Jus de rftperie, p. 5.

LES MONDES.

XXI

Laboratoire de physique de l'Institut de technologie de Massaohusets, p. 582.

Lames élastiques vibrantes comme moyen de propulsion, p. 216, 822.

Lampe de sûreté des mines, p. 600 .

Lampes à- pétrole, p. 417.

Landes de la Bretagne, études chimiques, p. 239.

Larves aquatiques, rôle de leurs organes respiratoires, p. 253.

Legs de M. Herpin, p. 527.

Lendemain (le) de la mort, p. 688.

Lêpas anatiftra^ p. 151.

Lettre de M. Janssen, p. 173

Levures lactique et alcoolique, p. 124 .

Libération du sol par l'impôt sur les fac- tures, p. 417.

Libre-penseur spirite, p. 139.

Lignes ellipsoïdes, p. 660 .

Ligue contre l'abus du tabac, p. 92.

Lobe surnuméraire dans le poumon de l'bomme, p. 148.

Locomotive électro-magnétique, p. 107.

Logarithmes hyperboliques et népériens, p. 65t.

Loi nouvelle, p. 91.

Lois de l'écoulement des liquides dans les espaces capillaires, p. 239 ; des ondes lumineuses propagées dans un milieu homogène, p. 172;— des marées atmo- sphériques, p. 669 ; du mouvement des projectiles, p. 574 ; préventives coutre l'alcoolisme, p. 633 ; géomé- triques de la distribution des pressions dans un solide, p. 255.

Lombriciens terrestres, p. 500.

Longévité, p. 685.

Longueurs d'onde, p. 602.

Lueurs polaires observées le 10 avril, p. 714.

Lumière électrique, p. 51 ;— oxhydrique, p. 4, 45, 133, 281 ; oxhydrique; essai d'oxygèue, 369; Drummond, p. 686 ; violette, sou effet sur la végé- tation, p. 324; zodiacale, p. 262, 706; zodiacale, et aurores boréales, p. 540; zodiacale, analyse spectrale, p. 363.

Luzernières et cuscute dans le Midi, p. 639.

M

Maohine magnéto-éleotrique à courants continus, p. 513} perforante à dia- mant, p. 52.

Magnétisme terrestre, p. 675, 687.

Main, sa position ohei l'homme et les ver- tébrés, p. 271.

Maladies chirurgicales de l'adolescence, p. 629.

Mammifères de l'Altaï, p. 149.

Manuel pratique et élémentaire de l'ana- lyse chimique des vins, p. 82.

Mars pendant son opposition en 1871, p. 557.

Marteau-pilon Ptnéricain, ses effets mé- caniques, p. 239.

Matériaux pour la connaissance du basalte,

p. 77. Matière lancée par le soleil, p. 659 ;

minérale dans les plantes, p. 579;

sucrée sur les feuilles d'un tilleul, p.

167, 410. Matinées scientifiques , p. 180. Maxiraa et mini ma des intégrales définies

multiples, p. 148. Mécanique rationnelle, p . 275. Médailles de la Société d'encouragement,

p. 677. Méduse ou poisson gélatineux, p. 584. Mémoires de mécanique rationnelle, p.

215. Mer Caspienne, p. 152. Mesure de la polarisation dans l'élément

voltaïque, p. 366 ; des températures

très-élevées, p. 210. Métamorphoses des cyanates dans l'orga- nisme, p. 164. Météorite, p. 238; de Pallas, p. 150. Météorites aes Indes-Orientales , p. 688. Météréographe du R. P. Seochi, p. 376 . Méthode nouvelle pour préparer le collo-

dion, p. 624; phonomimique, p. 95. Microzymas, p. 410. Mines d'argent, p. 100; d'or, p. 502 ;

de métaux précieux en Bolivie, p. 502.

Miroirs en verre argenté, p. 320, 362.

Mise en valeur des sols pauvres, p. 229 .

Mode d'observation du passage de Vénus, p. 253.

Modifications de l'acide nitreux au contaot du sol, p. 130; dans la moelle épi* nière après une amputation, p. 406.

Moissonneuse, p. 533.

Mon jardin, p 416.

Monographie du poirier, p. 629.

Monstruosités chez les crustacés, p. 80.

Montebrasite. p. 129.

Monument au docteur Piiestley, p. 290.

Morcellement et fusion des balles, p. 319.

Morphine et chloroforme, p. 543.

Mort du docteur Herpin, p. 136 ; de M. Combes, p. 208 ; de M. Laugier, p. 359, 669; de M. Pictet, p. 540;

de M. Hugo Mohl, p. 669 . Moteur sans feu, p. 551 ;— automatique,

Garcin-Adam, p. 114. Moulages en fer et ciment, p. 395 . Moulin à vent, p. 121. Mouvement des projectiles oblongs dans

les milieux résistants, p. 169 ; de la

xxn

LES MONDES.

matière lancée par le Boleil, p. 659;— des liquides dans les tubes oapillaires, p. 60B, 629.

Mouvements du périgée et du nœud, de la lune, p. 159; moléculaires dans le fer à des températures différentes, p. 67.

Moyen de fixer le caoutchouc au bois et au métal, p. 288; d'augmenter le volume dfs cristaux, p. 587 ; de prépa- rer des verres mats, p. 656.

Moyens de protéger les habitations contre la foudre, p* 496.

Muscles de tension chez l'homme, p. 152.

Musée central allemand d'ethnologie, p. 97.

Mycoderma oint, 247, 265.

N

Naissance d'un jeune hippopotame en An- gleterre, p. 97.

Nature complexe delà cathartine, p. 87; et origine des ferments, p. 246.

Navigation aérienne, p. 222, 237.

Nébuleuses observées à Marseille, p. 321.

Nègres brachycéphales, p. 240.

Nerf dépresseur du cheval, p. 150; —chez l'hippopotame, p. 456.

Nickelage, pro édé nouveau, p. 286.

Niveaux, p. 389.

Nomenclature usuelle de 550 fibres tex- tiles, p. 373.

Nomination, p. 636; de M Grove aux fonctions de juge, p. 138; —de M. Rol- land, p. 463, 540.

Notice sur l'appareil d'induotion produi- sant de l'électricité statiquo, p 64 ; sur Ak- tan et Kara-tan, p. 147*

Nouvelles académiques, p. 370; mé- téorologiques, p. 404.

Nuée de sauterelles, p. 502.

O

Objections an gyroscope marie, p. 274.

Observation dn passage de Vénus , p. 500.

Observations de l' éclipse du 11 décembre faites à Poodocottah, p. 340 ; du capitaine Maclear sur l'éclipsé du 11 dé* cembre, p. 338 ; du vj d'Argo et sa nébuleuse , p. 704 ; des planètes à Saint- Péter6bourg, p. 150;— à effectuer dans les ascensions aérostatiques, p. 215; an sujet des expériences de M. Frémy, p. 360;— méridiennes dans l'hémisphère austral, p. 272$ physi- ques dans le tunnel des Alpes, p. €05 ;

télescopiques pendant les éclipses de soleil, p. 658.

Observatoire de Montsonris, p. 628; de Rio- Janeiro, p. 272; national, p. 413; royal d'Edimbourg, p. 51.

Occultation de g du Capricorne par la Lune, p. 705.

Oooultations par la lune et éclipses des satellites de Jupiter, p. 661.

Œufs de Moa, p. 290 ; de poissons , 713.

Oiseaux fossiles, p. 710.

Ophiopogonies, 148.

Or de la Guyane française, p. 94 .

Orbite de la lune, p. 660.

Organes respiratoires des larves aquati- ques, p. 253.

Organisation des grégarines, p. 152.

Origine des levures lactique et alcooli- que, p. 12*, 160 ; des aurores po- laires, p. 412, 455; de l'ozone dans l'air de la campagne, p . 495 ; du carbone fixé par les végétaux à chloro- phylle, p. 126; et nature des fer- ments, p. 246;— cosmique des aurores boréales, p. 581, 676.

Orme épineux des Chinois, p. 206.

Ornements transparents, 586.

Osmazome, p. 569..

Osséine, gélatine, osmazome, p. 569.

Ostéologie de la main, p. 151.

Oxychlorures de silicium, p. 173.

Oxydations produites par l'acide azotique, p. 31.

Oxygène à bon marché , p. 830 ; et lumière oxhydrique, p. 281.

Ozone, à l'état concentré, p. 260; con- tenu dans l'air de la campagne, p. 495.

Pain de santé, p. 109.

Palaffites de Paladin, p. 244.

Pale aie préservateur ae la couche sensi- ble, p. 657.

Panémone, p. 122 .

Pangermanisme, p. 459.

Parachutes des mines, p. 389.

Passage de Vénus , mode d'observation, p 253 ; ancien de Mercure, p. 707.

Pendule de Léon Foucault, p. 262;— ap- pliqué à la navigation, p. 374.

Pénicillium crustaceum, p. 257.

Perfectionnement aux couvertures «n ar- doises, p. 15!»

Périodicité des pluies de sable an sud de l'Europe, p. 541.

Permanganate de potasse titré pour le dosage de l'acide sulfureux, p. 507. .

Peste des steppes, p. 686.

Petite cause d'un grand effet, p. 419.

LES MONDES.

xxtrt

Petites Annales de chimie, p. 678,

Petitesse apparente des objets vus en chemins a?, fer, p. 53.

Pétrole, p. 549; rendu moins inflam- mable, p. 178, 276.

Pétroles de l'empire russe, p. 150.

Phénol transformé en alcaloïdes, p. 319

Phénomène électrique, p. 552.

Phénomènes d'astronomie pratique pour Tannée 1872, u. 535, 381;— de fermen- tation, p. 407; qui donnent nais* •anceaux aurores boréales, p. 362; indiquant l'état du milieu êidéral, p. 253 ; acoustiques observés en ballon, p. 43; aui oraux, p. 411; pério- diques, p. 386; interférentiels nou- veaux, p. 604.

Pholcus opilionciies, p. 77.

Photographie appliquée aux études géo- graphiques, p. 143; —vitrifiée, p. 547.

Photographies des oounes transversales de tiges diverses, p. 632 ; du soleil, p. 551. Photogravure, p. 3.

Photomètre nouveau à indication conti- nue, p. 662. Phylloxéra vastatrixy p. 38 ; —de la vigne,

p. 333.

Pierre (la) meulière, p. 505.

Pierres météoriques des régions polaires, p. 52.

Pile voltaïquede Lc.land, p. 291.

Place du cérjum dans la série des élé- ments, p. 152.

Planète Mars pendant l'opposition de 1871, p. 657; nouvelle, p. 550; perdue (99) Dike, p. 364.

Planètes tombant dans le soleil, p. 558.

PJanomètre polaire d'Amsler, p. 80.

Planotype, p. 552.

Plantes du Japon et de la Mandchourie, p. 149, 151 ; jurassiques de la France, p. 421; foesiles de Bozon, p. 164; fossiles de l'époque jurassique, p.

261.

Pluie de pierres à Rozano, p. 502; de sable, p. 243, 544; de sable et phé- nomènes cosmiques observés en Italie, p. 511.

Pluies de sable au sud de l'Europe, p. 541.

Poids d'uu décimètre cube d'eau distillée, p. 148.

Poil de mammouth, p. 151.'

Poisson de Franklin, p. 61$; gélati- neux, p. 584.

Polarisation de la chaleur, p. 300 ;— dans l'élément voltaïque, p. 366.

Polydactylie, p. 151.

Polyèdres convexes, p. 405

Polymorphisme du tnucor mucftdo, p. 675.

Pompe centrifuge de MM. Neut et Du- mont, p. 534.

Pont monumental sur le Danube , p. 634.

Porteur universel de M. Corbin, p. 530*

Poiidonia minuta^ pi 165.

Position de la main ohez l'homme et les vertébrés, p. 271 ; —du centre de gra- vité chez les insectes, p. 479; de l'équateur magnétique dans l'Inde, p.

497. Positivisme, p. 134. Pouvoir réflecteur des miroirs argentés,

p. 320, 3*>2. Précession des équinoxes, p. 147. Précipitation des' métaux, p. 716. Prédictions des tremblements de terre,

p. 496. *

Pr«- historié Tim$s , p . 716. Préparation de l'ozone concentré, p. 260;

de l'oxygène, p. 546; des verres mats, p. 656; —du potassium, p. 550; du col.odion, nouveau procédé, p. 624;

du zinc pur par l'électrolyse, p.

242.

Preibylês albicena, p. 77.

Pression barométr que, p. 587.

Prévision de certains tremblements de terre, p . 279 ; des aurores magné- tiques à l'aide des courants terrestres,

p. 715. Prévisions météorologiques et séismiques,

p. 456. Principes contenus dans les olives, p. 716.

Prix Baer, p. 150 ; de la Société d'en- couragement, p. 677; d*s céréales, p. 639; décerné*, p. 284; —pro- posé, p. 419; proposés par l'Acadé- mie des sciences de Belgique, p. 371.

Prooédé de vitioulture de M. Duchesne- Thourean , p. 381 ; économique de cliché galvanique, p. 32; nouveau de nickelage, p. §86; nouveau de fabrication du sucre, p. 286; sac- charimétrique nouveau* p. 240; Tilghmann de taille et de gravure par un jet de sable, p. 552.

Procédés de photographie au charbon, aux encres d'impression et aux sels d'argent, p. 680.

Production du cymène par l'hydrate d'es- sence de térébenthine, p. 242; et propriétés du protoxyde de fer anhy- dre, p. 866;— industrielle économique de la glace et du froid, p. 181.

Prodoit des chemins de ier pour l'Etat, p. 392;

Produits nitrés de la benzoîde-anilide, p. 151.

Programme des prix de l'Académie des sciences de Belgique, p. 371 ; des observations à faire dans le tunnel de Fréjus, p. 87;— des soirées de la salle du Progrès, p. 179.

Pronostioum in annum Domini 1504, p . 632.

Propagation, des actions éleotrodynasni- ques, p , 108.

XXIT

LES MONDES.

Propriété des focales des surface» ,. p 216; nouvelle du eollodion, p. 114.

Propriétés du fer éleotaolytique, p. 33 ; du fer déposé par la voie galvanique, p. 145; de. l'ozone, p, 594 ; deJa moelle des os, p. 581; physiologi- ques de divers chlorures, p. 4i ; ~- ré- ductrices de l'hydrogène» p. 673.

Propulseur nouveau, p. 39.

Propulsion par des lames élastiques vi- brantes, p. 322, 863.

Protoxyde de fer anhydre, production et propriétés, p. 366.

Protubérances solaires, p. 249.

Puddlage méoaniqne, p. 289.

Putréfaction cadavérique chez les, sujets alcoolisés, p. 58», 671.

Pyruvino,,p. 454.

Q

Quantité de magnétisme des électro-ai- manti, p. 497.

Quantités angulaires des polyèdres con- vexes, p. 405.

Questions et réponses, p. 140; rela- tives aux courants de la mer, p. 376.

R

Racine de Condurango, p . 97.

Pacines imaginaires des équations, p. i/o*

Raie brillante dans le spectre des aurores boréajes, p. 404.

Raies du spectre de l'aurore boréale.» p. 403 ;— de l'aurore boréale du 4 février, p. 222 ; du speotre solaire, p. 278 ; d'absorption du speotre des aoides hypoazotique % hypochlorique et chlo- reux, p. 323. *

Rapport de M. Blanchard, p. 590; de la circonférence au diamètre, p. 161, 216; annuel de' l'Observatoire, phy- sique de Russie, p. 154.

Rats kangaroo, p. 290* .

Réaction, p. 411 ; entyre le soufre et la vapeur d'eau, p. 242*

Recensement de la population, p. 501.

Réchauffeurs en tôle, p. 50. -•

Recherche de la planète perdue (99)Dike, p. 364 ; de l'acidité dans les huiles, p. 335.

Reoherohes sur l'état des corps dans les dissolutions, p. 126; —sur l'origine des levures lactique et alcoolique, p. 124? sur la fermentation, p. 238,

264: sur la teinture, p. 267; sur les lombrioîens terrestres, p. 500 ; sur la conservation des vins, p. 559;— sur la dissociation cristalline, p. 708 ; sur les oiseaux fossiles , p. 710 : géométriques sur le contact de deux surfaces , p. 577 .

Réclamation, p. 694, 695; de priorité, p. 712.

'■ Récompenses décernées, p. 284. * Récréation de L'ouvrier, p. 99.

Rectification des courbés quelconques, p. 149.

Réflexions sur l'hétérogénèse, p. 213.

Réforme de l'enseignement scientifique supérieur, p. 282; de l'enseignement primaire des sciences de raisonnement, p. 424.

Réfrigérateur dynamîquo, p. 450.

Régulateur pour le chauffage des cou- veuses, p. 241; —thermostatique, p. 241.

Relais automatique de M. d'Arlincourt, P. 2, 22.

Relation entre la pression et la densité de la vapeur, p. 38. .,

Relations entre les aurores polaires, lec protubérances, les tachés solaires et la lumière zodiacale, p. 498; outre les aotions capillaires et les densités, p. 172; entre l'apparition des aurores et le mouvement de la lune, p. 497.

Renforcement des épreuves transparentes au moyen del'urane, p. 655.

Répertoire de météorologie, p . 153.

Réplique de M. Pasteur à M. de Vergnette- Lamotte, p. 575.

Réponse à MM. de Ruolz et Fontenav,

S. 275 ; aux objections à l'emploi u gyroscope marin, p. 326; de M. Renou à M. Delnunay, p. 240; de M. de Seynes à M. Tresca, p. 257 ; de M. Delaunay à M. Renou, p. 312; —de M. Pasteur à M. Frémy, p. 812; de M. Ch. Tomlinson au R. P. Sanna Solaro, p. 350; de M. Serret à M Le Verrier, p. 359 ; de M. de Vergnette- Lamotte à M. Pasteur, p. 574.

Résistanoe des volants, p. 86 ; —de l'air sur un solide de révolution, p. 576.

Respiration des poissons, p. 406.

Restes de mammifères dans' les cavernes de l'Altaï, .p. 149.

Retours périodiques des phénomènes éLac- triques, p. 403.

Réunion des délégués des sociétés sa- vantes, p. 589.

Revendication de priorité, p. 275.

Revue de Géologie, p. 672.

Rôle de l'espaoe dans les phénomènes de dissolution, p. 40; des matières or- ganiques dans la nutrition des végétaux, p. 671.

Rotation du plan de polarisation par l'effet des éteetro-aimants, p. 151; d'une

LES MONDES.

XXV

molette d'éperon dam un wagon, p. 377.

Roue de brouetté en fer, p. 391 .

Ronge d'aniline, sa formation, p. SI,

Roulement des roues sur un point d'ap- pui, p. 387.

Roulis des navires, p. 611.

Rupture d'nn bâtis de machine à -vapeur par le froid, p. 49.

Salle du progrès, p. 177*

Science en Allemagne, p. 457; nau- tique, p. 225.

Séance solennelle de la Société d'encou- ragement, p. 677.

Sécateur à manche de buis, p. 157.

Sélection sexuelle, p. 325.

Séparation des deux tolnidines isomères, P. 258.

Sels de peroxyde de fer, p. 163, 208 ; 1 excitateurs pour piles électriques, p. 506.

Signe certain de longévité, p. 637.

Silicatisation des matériaux calcaires, p. 576.

Société de spectroscopie, p. 626 : des ingénieurs télégraphistes, p. 415; des ingénieurs allemands, p. 417; nationale d'encouragement des travail- leurs, p. 678 .

Sociétés savantes, p. 589 ; savantes de France, p. 463.

Soirée de la Société royale de Londres, p. 600.

Soirées et matinées de science illustrée, p. 177.

Sol de Platon, p. 660.

Soleil (le) du R. P. Secchi, p. 283.

Solution d'un problème capital, p. 3.

Sommation confraternelle, p. 635.

Sorbite dans les baies du sorbier, p. 630.

Soudure du cuivre, p. 287.

Soulèvement à la surface de la terre, p. 587 ; du pays de Bray, p. 670.

Souliers imperméables, p. 551.

Souscription des trois milliards peur la délivrance, p. 187.

Spécifique contre le cancer, p. 97.

Spectre de l'aurore boréale du 4 février, p. 222'; de J'étoile y du Navire, p. 364 ; d'Uranus, p. 404; de IV drogène. p. 705 ;— de l'aurore boiéafe,

S. 403 ; d'absorption du ohlore et u chlorure d'iode, p. 453. Spectres d'absorption des vapeurs de

soufre, etc* p. 541, 578. Spectroscopes liquides, p. 287. Spiral réglant des Chronomètres, p. 403.

Splanehnologie du Rhinochseitê jubahu,

p. 79. Squelette humain de l'âge du renne, p.

714. Statique des cultures' industrielles, p.

712. Statue de Notre-Dame de la Garde, p.

150. Sténographie mécanique, p. 446 . Stomates sur le pétiole des fougères,

p 86. Stratigraphie des météorites, p* 408. Strychnine antidote du chlore', p. 1%. Studi sopra gli strumenti magn ;tici ,

p. 83. x Sucre de lait, fermentation alcoolique, p.

367. Sulfure de carbone décomposé par la lu- mière, p. 217. Suprématie de l'homme sur les animaux,

p. 378; intellectuelle de la France,

p. 284. Sursaturation de la solution du chlorure

de sodium, p. 278 ; —des liquides par

leurs propres vapeurs, p. 350.

Symbole de Legendre (-) p. 147.

Synthèse de l'acide suif ori que, p. 242. Système métrique en Autriche, p. 550;

nerveux des étoiles marines, p. 150;

orthogonal, p . 2 1 6 .

Tatouage au Japon, p. 98. .

Télégrammes du Post-Office, p. 292.

Télégraphe des Antilles, p. 415 ; et usines centrales de sucre, p. 501 ; automatique, p. 2, 17 ; autographi- que do M. d'Arlinoourt, p. 104.

Télégraphes australiens, p. 292.

Température du soleil, p. 44, 161, 210, 276 j de la surface solaire, p. 322, 942;' du sol en décembre 1871, p. 248; de la flamme d'un chalumeau à gaz, p. 211.

Températures d'inflammation et de dé- tonation, p. 128; élevées dans* les maladies, p. 637. ' t Temps que mettraient les planètes à tomber sur le soleil, p. 558.

Tension sensible de Ja yapenr de mercure à basse température, p*. 125.

Terrain inférieur de .la Clape et des Cor* bières, p. 206 ; tertiaire à Madagas- car, p. 43.

Terrains de Platon, p. 660.

Thé, sa préparation, p. 308.

Théorème de Meunier, p 239 ; du spiral réglant des chronomètres, p. 403; d'arithmétique, p. 653.

Théorèmes sur les axes harmoniques dae courbes, p. 83.

XXVI

LES MONDES.

Théorie de la chaleur, p. 81 ; des ré- sidus, p. 147 ; des volants, p. 86 ; -r des machines à air chaud, p. 276 ;

des perturbations, p. 164 ; des aurores po.aires, p. 407, 625 ; de la courbure des surfaces, p. 405; —des roues hydrauliques, p. 321, 405 ; du pendule de Foucault, p. 422; du siphon, p. 324; générale de l'action chimique, p. 690; géogénique et science des anciens, p. 553; géo- métrique du mouvement des planètes, p. 499.

Thermomètres à solution d'iode dans le suif are de carbone, p. 662.

Titrage des alcaloïdes du quinquina , p. 74.

Titres de Nicéphore Niepce à l'invention de la photographie, p. 38.

Tolérance 1 p. 463.

Tollylène, ses dérivés, p. 41.

Toux ohes les maladies de la poitrine, p. 687.

Traité ditdéveloppement de la fleur et du fruit, p. 276;— entre Nicéphore Niepce et Daguerre, p. 320; élémentaire de chimie organique, p. 584 : phy- sique et historique des aurores boréales, p. 510.

Tramways, p. 517.

Transformation du mouvement circulaire en mouvement rectiiigne, p. 153, 275; -«du phénol en alcaloï les, p. 2 19 ; de l'acétone en dipropyle, p 542 ; —du potentiel par ratons vecteurs récipro- ques, p. 71.

Transformations prétendues des bactéries en levures, p. 175.

Transmission des forces, p. 533 .

Travaux de M. Heis sur les étoiles filan- tes, p. 214.

Tremblement de terre dans l'Herzégovine, p. 711.

Tremble méats de terre en 1869, p. 386;

sur la côte de l'Epîre, p . 631 ; en Amérique, p. 676 , observes au moyen d'un niveau, p. 150.

Trichloracétates métalliques, p. 630. Trilobites, p. 6é8. Turbine électrique, p. 18 t. Types de transition parmi les météorite*, p. X07.

U

Unités de mesures, p. 465.

Université d'Edimbourg, p. 97 ; de Zu -

rich, p. 502. Utilité de l'eau de mer dans l'agriculture.

p. 676. ,

Vaisseau de guerre sans tangage, p. 289.

Vanadate minéral de bismuth, p. 586.

Vapeur de mercure à basse température, p. 125; vésicolaire. p. 346.

Vapeurs de mercure, p. 136.

Variation de pression dans les bouches à feu, p . 574 ; diurne de l'inclinaison magnétique à Batavia, p. 77 ; pro- duite par une aurore boréale sur une aiguille aimantée, p. 412.

Variations du travail transmis par les maohines, p. 170; séculaires du pé- rigée et du nœud de la lune, p, 212.

Végétation extraordinaire, p. 380.

Végétation (la) et le carbone, p. 504.

Ventilateur appliqués l'aérage des mines, p. 452.

Ventilateurs de M. Guibal, p. 371.

Vérité (la) snr l'Algérie, p. 681.

Verre de lampe perfectionné, p. 1S7.

Vibrations moléculaires des liquidée , p. 26.

Victoire de la France, p. 634 .

Vision des couleurs, p . 293, 439.

Vitesse de propagation des actions éleo- trodynamiques, p, 103 ; capillaire, p. 608.

Viticulture, procédé de M. Daohaine- Thoureau, p. 381.

Volatilisation du sélénium et du tellure, p. 672.

Voyage d'exploration du docteur A. Ho- bel, p. 588.

Le Cirant-Propriétaire : F. MOIGNO,

Paria. Typ, Walder, rue Bonaparte, 44.

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