té À, TPUE LES NERFS DU COEUR — © -1] 10 PRINCIPAUX OUVRAGES SCIENTIFIQUES DU MÈME AUTEUR De Choreae Indole, Sede et Nexu cum rheumatismo Articulari, Peri et Endocarditide. Dissert. Inaug. Berlin, 1864. Die Lehre von der Tabes dorsualis. Berlin, 1867. S. Libreeht. Principes d'Electrothérapie. Paris, 1853. J.-B. Baillière et fils (Médaille d'Or de l’Académie des Sciences, 1870). Traité de Physiologie. 2 volumes. Saint-Pétersbourg, 1873-74. C. Ricker (En russe). Travaux du Laboratoire physiologique de l'Académie Médico-chirur- gicale de Saint-Pétersbourg. 1874. C. Ricker (En russe). i Methodik der physiologischen, Experimente und Vivisectionen, Mit Atlas. Giessen el Saint-Pétersbourg, 1876. Librairie Ricker. Causeries scientifiques. 1 vol. Saint-Pétersbourg, 1880. C. Ricker (En russe). Recherches expérimentales sur les fonctions des canaux semi-circu- laires et sur leur rôle dans la formation de la Notion de l'Espace. Thèse, Paris, 1878. Gesammelte Physiologische Arbeiten. Berlin, 1888. A. Hirschidals. Bertrage zur Physiologie der Schilddrüse und des Herzens. Bonn, 1898. Martin Hager. POUR PARAITRE PROCHAINEMENT Die Schutzdrüsen der Centralen Nervensystems. (Schilddrüse, Hypophyse Zirbeldrüse und Nebenniere.) Le sens de l'orientation et de l'espace. CN | I: S PLUS NERES DU COEUR ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE Avec une préface sur LES RAPPORTS DE LA MÉDECINE AVEC LA PHYSIOLOGIE ET LA BACTERIOLOGLE PAR ÉLIE DE CYON AVEC 45 FIGURES DANS LE TEXTE 3581 x PARIS Na: FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN. 108 1905 Tous droits réservés, PRÉFACE LES RAPPORTS ENTRE LA MÉDECINE, LA PuysioLoGte ET LA BACTÉRIOLOGIE. Vers le milieu du siècle passé la physiologie de la circulation a subi, grâce aux découvertes des nerfs vaso-moteurs et cardia- ques, une rénovalion complète. Jusqu'alors on croyait pouvoir appliquer directement les lois physiques de l'hydro-dynamique aux phénomènes de la cireula- tion dans les vaisseaux sanguins, en ne tenant comple que de l'élasticité de leurs parois, de leurs diamètres et des variations de résistances dans les capillaires. Les belles recherches de Vorckuanx, de Doxpers, de LupwiG, de Cuauveau et de Marey, qui avaient étudié ces applications à l'aide des procédés pré- cis de la physiologie physique, alors à son apogée, en avaient déduit des lois de la circulation sanguine, qui, au moins dans leurs lignes principales, paraissaient immuables. Ces lois se rapportaient aussi bien à l'étude du fonctionnement du cœur comme pompe hydraulique, qu'aux phénomènes qui régissent la distribution du sang dans les divers organes du corps. Mais la découverte des nerfs vaso moteurs, vaso-construc- teurs, vaso-dilatateurs (Claude BerxarD, Scnirr, Lupwic), celles des fibres inhibitrices dans le pneumogastrique du cœur (frères Wesen celle du nerf dépresseur et des fonctions vaso-motrices des nerfs splanchniques (Cox et Luowic), la découverte enfin des nerfs accélérateurs (frères Cox), avaient bientôt complète- ment bouleversé les notions des physiologistes sur les lois qui président à la circulation du sang dans l'organisme. VI PRÉFACE Les lois de la haemo-dynamique se sont bientôt trouvées insuflisantes pour rendre compte de linfinité des variations que subit la cireulalion sanguine, grâce à la nécessité de s'adapter aux. besoins mulliples des différents organes, en activité et en repos. A celle époque la publication d'une physiologie des nerfs du cœur paraissait répondre à une nécessité urgente. Elle aurait marqué pour le physiologiste la première étape des trans- formalions nouvelles accomplies dans cette branche importante de leur science et servien même temps de point de repère pour de nouvelles investigations. Pour le médecin une telle publication eut été non moins importante. En effet, la nouvelle évolution de la physiologie du cœur el de la cireulalion du sang devait exercer une influence décisive sur la pathologie et Ta Thérapeutique des maladies de l'appareil circulatoire. Aussi l'idée d'écrire une monographie des nerfs du cœur me séduisait-elle déjà en 1870. Mais d'autres travaux d'ensemble, la publication en russe d'un traité de physiologie qui manquait aux étudiants de nos facultés, et surtout la tâche entreprise de codifier les méthodes exactes de l'expérimentation physiologi- que! m'ont obligé, malgré les encouragements de mes collègues et les sollicitations des éditeurs, à remettre cet ouvrage à une époque indéterminée. En paraissant trente-cinq ans plus tard, le livre répond-l à des besoins aussi pressants ? Pour les physiologistes la ques- tion ne saurait être douteuse. La physiologie de la circulation s'est enrichie depuis d'innombrables recherches, dont plusieurs ont notablement élargi nos connaissances des fonctions du sys- (ème nerveux cardiaque et vaso-moteur. D'autre part, certaines recherches, exécutées avec des méthodes moins rigoureuses, et dans un esprit d'innovalion assez aventureux, ont abouti à créer dans ce domaine une confusion regrettable, qui, aux veux des non-initiés, ont paru ébranler les bases mêmes sur 1. Cours de physiologie (en russe), 2 vol. Saint-Pétersbourg, 1872-1873. Die Me- thodik der physiologischen Experimente et Vivisectionen. Giessen, 1876, PRÉFACE VII lesquelles les maitres de notre science avaient établi cette branche de la physiologie. C'est donc rendre service à la physiologie que de Ta débarras- ser de ces hypothèses funestes, qui depuis une dizaine d'années entravent sa marche en avant, et d'établir des vues d'ensemble qui pourront guider les expérimentateurs, désireux de déve- lopper davantage cette branche importante de notre science. Les médecins feront-1ls aujourd'hui aussi bon accueil à une physiologie des nerfs du cœur, qu'ils Pauraient fait il a trente ans ? Il est permis de poser cette question. Les rapports entre la médecine et la physiologie se sont bien modiliés depuis. La médecine était alors en pleine évolution et cherchait ses bases scientifiques dans la physiologie expérimentale qui venait d'être inaugurée par Johannes Müzzer. Elle paraissait rompre à jamais avec l'ancien empirisme et, guidée en Allemagne par Johannes Mëzcer et ses brillants élèves, par Vircuow surtout, en France par MaGexnie et plus encore par Claude Berxam», elle s'engageait avec enthousiasme dans la nouvelle voie si féconde des mé- thodes exactes. Les succès que la pathologie et la thérapeutique obtinrent dès Le début dans les maladies des yeux, du système nerveux, du cœur, des organes de digestion et de sécrétion, etc., furent assez considérables, pour justifier pareille évolution. Appuyée sur l'anatomie et la physiologie, l'anatomie pathologique et la pharmacologie expérimentale, la médecine paraissait devoir conquérir une place définitive dans le rang des sciences exactes appliquées. Ces espérances, hélas, ne se sont pas entièrement réalisées. La collaboration intime de la médecine et de la physiologie n'a pas été de longue durée. Les premiers malentendus furent causés par la déception éprouvée par les médecins de ne pas pouvoir utiliser à leurs propres fins les nombreuses conquêtes de la physiologie el de ne pas toujours trouver dans les nombreuses données sur le fonc- tionnement normal des organes, mises en lumière par la phy- siologie, des réponses, aux questions que les cliniciens devaient VII PRÉFACE résoudre au chevel du malade. Ces déceptions provenaient en réalilé des espérances exagérées que dès le début les médecins avaient mises dans la croissance extraordinaire de la physio- logie. Is ne se rendaient évidemment pas suflisanment compte de la différence des fins que poursuivent ces deux sciences et des moyens dont elles disposent pour les atteindre. En effet, les physiologistes, dès qu'ils eurent entrevu lim- mensité des horizons ouverts par l'évolution de la physiologie comme science exacte, s'étaient hardiment mis à l'étude des fonctions des organes au seul point de vue des lois biologiques cénérales, sans se soucier autrement des applications pratiques que leurs résultals pourraient avoir au chevet du malade. Le côté purement scientifique primait chez eux toute autre consi- dération el plus le champ de leurs investigalions s'élargissait, plus ils perdaient de vue les applications plus utilitaires de la médecine. Tout opposé élait l'intérêt que les médecins portaient aux mêmes recherches. Ces dernières ne leur importaient qu'au- ant qu'ils pouvaient en Lirer parti immédiatement soit pour mieux saisir la genèse des phénomènes pathologiques, soit pour y trouver des indications pratiques pour les combattre. Le physiologiste part des observations isolées, les groupe et en déduit les lois générales ; le médecin, au contraire, part de ces lois générales pour en tirer les applications aux cas spéciaux. La divergence des buts poursuivis devait forcément aboutir à un désaccord chaque fois que le médecin ne parvenait pas à adapter les résultats observés par le physiologiste, soit parce que les phénomènes pathologiques déformaient le fonctionne- ment normal des organes, soit que le médecin ne pouvait pas observer ces phénomènes avec la précision nécessaire pour que les données théoriques leur soient applicables avec profit. Le développement considérable, qu'avaient atteint dans un temps relativement très court les diverses branches de la phy- siologie rendit bientôt impossible aux cliniciens de le suivre. La précision de plus en plus parfaite des méthodes employées en Ex PRÉFACE IX physiologie, précision inconnue aux médecins, ne faisait qu'ac- cumuler pour ces derniers les diflicultés de saisir la nature exacte, et surtout la vérilable portée des faits découverts. Or, dans la science expérimentale, ilest extrêmement difficile, sinon impossible, de se rendre compte des nouveaux faits et d'en sai- sir toute la portée quand on n'a pas été à même de les repro- duire, où au moins quand on ne possède pas les méthodes à l'aide desquelles ces faits ont été découverts. C'est pourquoi au fur et à mesure que certaines branches de la physiologie alter- gnaient un développement très large, les physiologistes eux- mêmes se sont vus dans la nécessité de rétrécir leur champ d'in- vestigations particulières et de se spécialiser dans une ou dans l’autre de ses parties, soit dans la physiologie physique, dans la chimie physiologique, dans lhistologie, dans lembryologie, ele. L'unité des vues, si indispensable pour l'avancement nor- mal d'une science naturelle commençait peu à peu à se perdre mème parmi les physiologistes. Quoi d'étonnant à ce que les cliniciens, déjà absorbés par leurs études médicales proprement dites et par leurs devoirs professionnels, se soient trouvés dans l'impossibilité de suivre les progrès de Ta physiologie et d'en apprécier la véritable portée. Le découragement, qui s’en sui- vit, eut bientôt engendré des doutes sur la possibilité et mème sur l'utilité d'appliquer les données physiologiques aux pro- blèmes de la médecine. Et, comme l'homme est trop souvent porté à déprécier ce qui est en dehors ou au-dessus de son entendement, bien des médecins sont arrivés à mettre en doute la valeur scientifique des conquêtes physiologiques les plus indiscutables. Les études bactériologiques et la grande portée qu'elles ont acquise soudainement pour la genèse de certaines maladies infectieuses ont de leur côté largement contribué à délourner l'attention des médecins de la physiologie. Une grande partie des instituts de pathologie expérimentale se sont presque exclu sivement consacré aux recherches microbiologiques. La décou - verte des bacilles du charbon par Davaixe confirmant d'une façon éclatante l'hypothèse de Pasreur sur l'analogie entre les x PRÉFACE causes des maladies infectieuses et les processus de la fermen- talion, el surtout la création par Robert Kocn des méthodes exactes de culture, qui lui ont permis de démontrer la nature, la propagation el la multiplication du Bacillus anthracis et d'expliquer la manière précise, dont il provoque la maladie du charbon, ont ouvert de tous nouveaux horizons à la pathologie des maladies infectieuses. Les brillants succès, obtenus par Lisren dans le traitement des plaies par l'antisepsie, semblaient prouver que la thérapeutique était également en droit d'attendre de l'étude ultérieure de la bactériologie de précieuses indica- lions pour combattre les maladies infectieuses. Rien n'a donc été plus naturel que l'engouement général du monde médical en faveur de cette nouvelle branche de la médecine. Cet engouement est allé jusqu'à donner aux bactériologistes l'espoir que leur science est dorénavant destinée à devenir la base principale de la médecine. Elle pourrait ainsi se substituer à la physiologie, à l'anatomie pathologique et aux sciences simi- laires qui, vers le milieu du siècle passé, avaient permis à la médecine de renoncer à l'empirisme et d’aspirer à une place parmi les sciences exactes appliquées. Cet espoir est-il fondé? Nous ne le croyons pas. Pour s'en convaincre, il suflit de rappeler que les plus belles découvertes faites en bactériologie, qui peuvent être considérées comme définitives, comme par exemple celles des bacilles de la tuber- culose par Kocu, du choléra, de la diphtérie et de la fièvre typhoïde, par ses élèves Garrky, Fiscuer, LürrLer, par Roux et autres, n'ont été rendu possibles que parce que tout ce groupe de savants était entièrement maitre des méthodes employées avec tant de succès dans la physiologie et dans la pathologie modernes. Le grand essor que prirent dès le début les recherches de Kocu ne fut-1l pas dû, lui aussi, en grande partie au concours que, modeste médecin de campagne, ce savant rencontra, au- près du physiologiste Coux et du pathologiste Couxueiw. D'autre part, les célèbres découvertes de ce dernier sur le grand rôle des globules blancs dans les processus pathologiques, PRÉFACE XI n'ont-elles pas servi de point de départ pour déterminer l'action importante de la leucocytose dans la défense de l'organisme contre les processus morbides ? L'illusion que la bactériologie pourrait à elle seule créer une base suflisante pour la médecine s’est surtout manifestée dans les milieux peu au courant de l'évolution subie par la médecine sous l'influence de la physiologie expérimentale. Etchose triste à constater, pareille erreur a pris naissance el tend à s'enraciner justement dans la patrie de Claude Berxan», l'auteur de l/ntro- duction à la médecine expérimentale ! Je touche ei à un point excessivement douloureux pour tous ceux qui ont à cœur la situation de la physiologie en France. Pourquoi ne l'avouerais-je pas”? En traitant dans celle préface la question des rapports entre la médecine el la physiologie, mon but principal a bien été d'indiquer la grande portée que les progrès de la physiologie du cœur ont pour le diagnostic et pour le (raitement des maladies cardiaques. Mais je voudrais également, à celle occasion, exposer la situation précaire faite à l’enseignement de la physiologie dans les facultés de méde- cine, en France. Certain qu'en le faisant je réponds au vœu de beaucoup de physiologistes français, qui s'épuisent en efforts stériles pour maintenir leur seience à la hauteur où l'avaient placée leurs prédécesseurs illustres : FLcourexs, Le GaLLois, Macennie, LoxGer et surtout Claude BEerNarp. Il y aura bientôt quarante ans que le célèbre chimiste Würrz, rendant compte d'une visite faite aux laboratoires de PAlle- magne, critiqua vivement le triste état des laboratoires scien- üiliques en France. Il insistait particulièrement sur la cave humide, dans laquelle Claude BerxarD avait ruiné sa santé, tandis qu'il enrichissait la physiologie de toutes ses glorieuses et fructueuses découvertes. La brochure de Wërrz produisitune douloureuse impression en France, L'émolion gagna même les Tuileries. À l'invitation de Napoléon HT de lui exposer toute la vérité sur les accusations de Würrz, Claude BerxarD répondit: « Sire, ce que le gouvernement français fait pour la physiologie, est tout simplement misérable », et il exposa dans quelles XII PRÉFACE pénibles circonstances MaGexoiE et lui avaient travaillé au Col- lège de France et LoxGer à l'École de Médecine. La promesse d'une donation de 400000 franes pour Ja construction d’un laboratoire de physiologie fut le résultat de cet entretien. Claude Benxanb consentit au sacrilice d'échanger sa chaire à la Sor- bonne contre celle du Muséum, qui seul disposait de l'empla- cement nécessaire !, Hélas, une fois au Muséum, Claude Berxarp au lieu des 400 000 francs n'en recul que 40000, qui suflirent à peine à installer le petit chalet, qui, après Claude BErxarp, a abrité longtemps Rover et Puiripreaux, et dont Grénanr et GLEyx peuvent actuellement apprécier toute l'insuffisance. En 1869 j'ai fait avec Loxcer une tournée dans les labora- toires à l'étranger. Nous commencämes ce voyage au mois d'août par le laboratoire de Küaxe à Amsterdam et de Doxpers à Utrecht. De là nous partimes directement pour Leipzig, où LupwiG venait de s'installer dans son nouvel Institut. Déjà l'ex- lérieur du bâtiment, bien modeste pourtant en comparaison avec les magnifiques édifices consacrés depuis à la physiologie, frappa vivement LoxGer. Mais quand il aperçut dans la galerie l'installation des courroies de transmissions qui distribuaïent la force motrice aux appareils du laboratoire, il pälit et me dit d'une voix étranglée : « Savez-vous, mon cher Cxox, ce qui me reste à faire, à moi physiologiste français, qui ai passé ma vie à travailler dans la petite cabane au fond d’une cour que vous connaissez, c'est de me jeter la tête la première en bas de cet escalier! » Ce n'est pas sans peine que LupwiG et moi nous réussimes à calmer son émotion. Trente-cinq années se sont écoulées depuis et les physiolo- gistes francais sont en droit de formuler les mêmes plaintes et d'éprouver cerlainement des émotions analogues. La situation de la physiologie el des physiologistes n'a fait qu'empirer en France. Ce n'est certes pas la faute de ces derniers, dont on ne 1. Je tiens ces détails de Claude Bernard qui, tout heureux de la promesse impé- riale, me pria de lui envoyer des plans de laboratoires allemands, qu’il désirait étudier avant de commencer la construction du sien. PRÉFACE XII peut que trop admirer l'amour désintéressé de leur science el l'ardeur avec laquelle ils s'acharnent à sacrifier leur temps el leurs forces aux recherches physiologiques, certains d'avance, que devant l'indifférence du gouvernement et de la plupart des facultés, ils re parviendront jamais à faire proliter Les élèves en médecine des fruits de leurs sacrifices personnels. Tout autre est la situation partout ailleurs, en Europe el aux États-Unis; les gouvernements et les particuliers rivalisent d'empressement pour doter l'enseignement de la physiologie de magnifiques laboraloires et d'un nombreux personnel enser- gnant. Mème de pelits pays comme la Belgique et la Suisse possèdent des instituts de physiologie modèles, comme ceux de Bruxelles', de Liège, de Berne et autres. L'Université de Kolôszwar (Hongrie) vient de s'enrichir d'un nouveau laboratoire parfaitement installé et richement pourvu ; à Vienne on doit inaugurer un nouvel Institut de physiologie qui dépasse en grandeur et en outillage tous les autres. Grâce à Mosso l'Italie vient de créer sur le Monte-Rosa, à 4000 mètres d'altitude, un laboratoire de recherches physiologiques dont profileront les savants de tous les pays. Et pendant ce {temps les physiologistes français n'osent même pas inviter le congrès de physiologistes en France, faute d'un laboratoire digne de les recevoir, d'un outillage indispensable pour permettre à leurs collègues de faire des démonstralions de leurs nouvelles décou- vertes ! L'enseignement de la physiologie dans l'Institut de Ta faculté de médecine à Berlin est dirigé par le titulaire de la chaire et par quatre professeurs extraordinaires, dont chacun dispose d'un laboratoire spécialement destiné, lun aux organes de sens, les autres à la chimie physiologique, à lhistologie et au système nerveux et chacune dispose d’un personnel d'aides-assistants. La Faculté de Paris pour un nombre d'étudiants bien plus consi- dérable ? ne possède qu'un litulaire de chaire, un agrégé et un 1. Dans cette dernière ville M. Sozvay, le Mécène si entendu et si généreux à édifié à ses frais l’Institut qui porte son nom, qui a fait l'admiration des membres du dernier Congrès des physiologistes. 2, Nous conseillons à ceux que cette question intéresse de lire Les rapports si XIV PRÉFACE chef de lravaux pratiques, mais pas de laboratoire vraiment digne de ce nom, qui soit adapté à l'enseignement et aux exer- cices des élèves. Celle méconnaissance du rôle de la physiologie dans l’ensei- gnement médical, pour ne pas dire cette hostilité pour la science que lant de grands savants francais ont illustrée dans le courant du siècle dernier, se manifeste de bien d’autres facons non moins décourageantes : l'Académie des Sciences ne possède pas encore de seclion de physiologie. Le Nestor de la physiologie française, CHaUvEAU, a trouvé siège dans la section d'Économie rurale ! Marey faisait partie de la section de méde- cine el de chirurgie, qui veut bien de temps en temps /olérer* la présence d'un physiologiste. C'est le contraire qui a lieu dans les Académies de Sciences du monde entier. Les physiologistes y occupent une place d'honneur, tandis que les médecins en sont exclus, la médecine n'élant pas encore considérée comme une science exacle. Le grand Vircuow lui-même ne fut admis à l'Académie de Berlin que sur le tard et uniquement grâce à ses recherches de phy- siologie pure. L'Association pour l'Avancement des Sciences, si large dans la création de sections nouvelles, ne possède pas, elle non plus, de Section de physiologie ! Point de Société de physiologie ni à Paris, ni ailleurs. La Société de biologie, qui fut présidée par deux grands physiologistes Clande Berxarp et Marey et dont GLey est le secrétaire perpétuel accorde, 1} est vrai, aux phy- siologistes une large hospitalité ; mais la physiologie n'est qu'une des nombreuses branches de la biologie. Un autre fait bien plus atlristant encore : aucun journal spécial de physiologie, même des dimensions les plus modestes, n'a pu subsister en France ! L'Allemagne compte une dizaine suggestifs du P° W. Ponrer sur l’organisation de l’enseignement pratique à l’Uni- versité Hanvarp à Cambridge (Massachusetts). 1. Je dis tolérer me rappelant d’une injure faite autrefois à Claude BERNARD dans cette section : pendant une discussion en comité secret, un chirurgien modeste, le baron CLoquer, coupa la parole à lillustre savant, en lui rappelant qu’il ne sié- geait là que par tolérance et n'avait pas à intervenir dans la discussion. PRÉFACE XV de revues et de journaux spécialement consacrés à la physio- logie. Parmi ces périodiques l'Archive générale de physiologie, de Prücer publie # ou 5 volumes par an et vient, sous la direc- lion de son fondateur, de dépasser le centième volume. L'Ar- chive dirigée par ExGezmaxx compte plus d'un siècle d’exis- tence et publie régulièrement des volumes supplémentaires ; à la chimie physiologique sont consacrés deux importants périodiques, ete., ele. L'Angleterre, les pays Scandinaves, les États-Unis, ete., possèdent également des journaux et des revues considérables destinés exclusivement à la physiologie. Il existe mème en Europe des archives publiées en langue française consacrées aux recherches physiologiques : mais ils paraissent en Italie et en Belgique !... Quoi d'étonnant, si en France la bactériologie a aisément amené une rupture presque complète entre les médecins et la physiologie. Étant donné le développement actuel de cette der- nière science on ne peut prétendre à en acquérir les connais- sances les plus indispensables au médecin sans un enseignement théorique accompagné des démonstrations expérimentales très complètes et sans des exercices pratiques systématiquement organisés pour les élèves. Il en est souvent tout autrement en bactériologie. Point n’est besoin de charger son cerveau de longues et difficiles éludes préliminaires. Des hommes complè- tement étrangers aux études médicales et entièrement profanes en physiologie ne se croient-ils pas aptes à découvrir facilement de nouvelles formes de bacilles et même d'inventer des sérums infaillibles susceptibles de débarrasser l'humanité des maladies les plus dangereuses? Mais ce ne sont pas uniquement les pro- cédés et les méthodes de recherches qui ont été simpliliés à l'excès. Certains bactériologistes en vogue ont également réduit toutes les maladies qui affligent l'organisme humain à une simple lutte entre des microbes variés et des leucocytes de toutes nuances. Bien plus, le corps humain ne représente plus pour eux qu'un vulgaire champ de bataille destiné à servir aux exploits épiques de ces adversaires acharnés el irréconciliables! La bactériologie aux yeux de ces novateurs et, hélas, aussi De Cox. b XVI PRÉFACE aux yeux de leurs nombreux disciples, est donc appelée, non plus à servir de simple base à l'étiologie des maladies infec- lieuses, mais à transformer ou plutôt à remplacer entièrement toutes les autres sciences médicales : anatomie, physiologie, pathologie, anatomie pathologique el mème la thérapeutique deviennent dorénavant superflus et doivent faire place à la nouvelle et unique « science ». Justement un maitre en bac- tériologie a publié récemment un exposé complet de cette science universelle et infaillible *. Examinons brièvement la partie de celte science, qui constitue la nouvelle physiologie de l'homme en nous servant le plus possible du texte même de l'auteur. « C'est parmi les parasites et non chez l’homme qu'il faut chercher le dernier mot de la création », telle est la conception principale de la nouvelle science. La preuve en est, dans ce fait, que « certaines espèces de poux sont apparus plus tard que l'homme, notamment le pou des vêtements (Pedunculus vesti- menti) » (p. 23). Après avoir cité les exemples « des phénomènes Aarmoni- ques (?) dans la nature » chez les organismes inférieurs, « tels que les guêpes fossoyeuses et les orchidées » (37), M. Merscani- Korr passe à l'exposé de toutes les imperfections du corps hu- main qui n'est pour lui qu'un organisme « désharmonique ». Il commence par énumérer les innombrables désharmonies * de l’appareil digestif, des organes des sens, de l’entendement, etc., etc. Après avoir exposé les défectuosités de la peau humaine, qui « est exposée au contact des microbes », des poils, « pre- mier exemple d'un organisme désharmonique » (79), incapa- bles de protéger la peau contre le refroidissement, l'auteur trouve « qu'à la rigueur l'homme pourrait se passer de dents » qui, sans être aussi nuisibles que la peau et les poils, se trou- 1. Études sur la nature humaine, par Élie Merscunikorr. Paris, 4903, 2* édition. 2. Une interprétation fausse d’une phrase de HEeLmnourz à propos d’une théorie d'harmonie entre le monde extérieur et le monde intérieur (100) a donné naissance à l'idée dominante de l'ouvrage de METSsCHNIKOFF. PRÉFACE XVII vent pourtant en désharmonie avec les « besoins fondamentaux de notre espèce » (80). Mais ce sont surtout les organes de notre appareil digestif qui le désolent… « L'appendice cœcal avec le cœeumm, mais même tout le gros intestin de l'homme est un organe superflu de notre organisme, dont la suppression pour- rail amener des résultats très heureux » (89. Le premier grief contre lappendice vermiforme est qu'il n'existe point « chez les singes inférieurs du vieux monde » et parait ainsi en désharmonie avec l'origine simienne de l'homme. En outre l'appendice cause « souvent une maladie très sérieuse et mème mortelle dans 8 à 10 pour 100 des cas » (88. Le cæcum n'est un « véritable organe de digestion » quechez l'herbivore, ce qui n'empêche d'ailleurs pas l'auteur de recom- mander plus loin à l'homme comme une des conditions de lon- gévité un régime végétarien exclusif. Quant au gros intestin, « 1] doit même être rangé dans la catégorie des organes nuisibles à la santé de l'homme » (93). Comme preuve, l’auteur cite l'exemple d'une femme qui, « depuis 37 ans, porte une fistule inteslinale », et « cette infirmité ne l'a pas empéchée cependant de se marier, d'avoir trois enfants et de gagner sa vie par un tra- vanl pénible » (90). « Le fait prouve bien que cet organe (gros intestin) es£ inutile pour l'espèce humaine » (91). Cet organe abrite en outre beaucoup de microbes « dont quelques-uns sont capables de digérer la cellulose », mais dont d’autres engen- drent des maladies, comme la constipalion, et donnent lieu au développement de « boutons d’acné et d'autres maladies de la peau » (93). Les oiseaux, dont plusieurs, comme par exemple le perro- quet, arrivent à un âge relalivementavancé, « ne possèdent pas de gros inteslin »; preuve certaine que la suppression du gros intestin chez l'homme sera une condition de longévité. « Cer- lains animaux parasites, comme les vers solitaires, ont complète- ment perdu leur propre tube intestinal » et ne se portent pas plus mal pour cela. Aussi, malgré « l'avantage considérable dans la lutte pour l'existence » (92) du gros inteslin, l'auteur le condamne sans appel. . XVIII PRÉFACE L'estomac ne trouve pas grâce non plus devant l’auteur. Ilest sujet aux maladies cancéreuses, et cela plus souvent que l’in- teslin grèle. « Or, cel organe est un de ceux dont l'organisme humain pourrait bien se passer (93). » Donc il faut également le supprimer, ce qui peut se faire sans inconvénient,elcomme preuve, est cité l'exemple « d'une femme qui a subi lablation complète d'une tumeur cancé- reuse » el qui « se porte à merveille » et « n'a jamais eu besoin d'un médecin depuis l'opération (94) ». Le créaleur de la nouvelle « science » n'est guère plus clément pour les « organes des sens et de l'entendement humain ». « Ce n'est pas seulement notre œil, mais aussi tous les autres appa- reils qui nous font connaitre le monde extérieur, accusent une grande désharmonie naturelle. C’est là la cause de notre incer- tiltude au sujet de notre entendement. » « Si l’homme naissait à un élal aussi avancé que l'est le cobaye nouveau-né, il est à présumer qu'il serait beaucoup mieux fixé sur l’évolution de sa conscience du monde réel (101). » La conclusion qui s'impose après cette brillante démonstration est d'une telle évidence que l’auteur croit inutile d'insister davantage. Par contre c'est avec une prédilection particulière que M. Metschnikoff insiste sur les désharmonies de nos organes de la reproduction. Sous ce rapport, aussi, l'organisme humain est bien mal partagé, plus mal même que les plantes. « La vie de l'espèce est assurée chez les végétaux par un ensemble d'appareils et de fonctions des plus merveilleuses. En est-il de même dans l'espèce humaine (101)? » Hélas! trois fois hélas : «l’homme n'a point d'os pénien (104) » et « dans le sexe féminin on est frappé par un phénomène d'ordre inverse ». Ce sexe est affligé « de la membrane virginale ou de l'hymen », qui fait « complètement défaut chez tous les animaux, sans exclure les singes anthropomorphes » (105) ! Les inconvénients de cet exemple d’une désharmonie de l'appareil sexuel sont nombreux. « La perforation de l’hymen a coûté la vie à un grand nombre de personnes des deux sexes. » « L'examen minutieux de l'hymen préoccupe le médecin légiste PRÉFACE ». à» < (106) ». Aussi certains Indiens du Brésil et les indigènes de Kamtchatka considèrent-ils avec raison « comme signe de très mauvaise éducalion de se marier avec un hymen intact ». « Pour éviter cette humilialion, les mères détruisent avec les doigts l'hymen de leurs filles (107). » De tout cela « il n'est pas difficile de conclure que ce rôle est tout à fait nul pour l'humanité actuelle (106) ». Mème « la science n'a pas encore résolu le problème de sa raison d'être (110) ». Il est pourtant facile de deviner le dédain et lantipathie de « la science » pour cet organe. En dehors « du rôle que l'hymen joue dans les relations familiales et sociales » il a encore le défaut de « pouvoir servir la cause des savants qui cherchent à tout prix un organe parliculier à l'espèce humaine (104) ». En outre cet organe, ainsi qu'un autre « exemple de parties inutiles véritablement très nombreuses dans l'appareil génital » de l'homme (le prépuce) présentent ce grave inconvénient que les mêmes savants rebelles aux harmonies de la nouvelle « science » voient dans ces deux organes un des arguments les plus frappants contre la transmission héréditaire des particula- rités organiques acquises". Or, que deviennent la théorie de Dar- win et toutes les filiations de l'homme de Haeckel sans une pareille transmission ? En effet, l'hymen et le prépuce sont détruits, le premier depuis les temps les plus reculés chez les femmes de toutes les races et de tous les peuples, le second de- puis des milliers d'années chez de nombreux peuples d'Orient. Malgré cela, les filles s'obstinent à naître toujours avec des hymens et les garcons avec le prépuce ! Pareille persistance annule également les promesses de « la science » de pouvoir perfectionner « la nature humaine » en nous débarrassant dès notre naissance de tous les organes « inutiles et nuisibles » comme par exemple le gros intestin el en général et de tous les organes qui sont sujets à devenir le siège des maladies et même de ceux dont les représentants de 1. On sait que ce sont les travaux de WeEissmanx dirigés contre pareille trans- missibilité qui avaient le plus contribué à remettre en honneur la théorie et l'évolution de Lamank, autrement rigoureuse que celle de Darwin. XX PRÉFACE la science « ignorent le grand rôle physiologique comme l'eslo- mac » par exemple, ete. Et cela de la même manière que les indigèens de Kamtchatka débarrassent leurs filles de l'hymen et les musulmans et juifs leurs fils du prépuce". L'appel fait dans ce sens par Metschnikoff aux chirurgiens se- fait peut-être entendu par plusieurs d’entre eux. Mais l'espoir de voir naître à un moment donné un homme parfail avec une listule intestinale pour l'évacuation des excré- ments, el une autre, pour introduire dans l'intestin grèle la fameuse « boulette * » chargée d'énergie qui remplacerait tous les aliments, l'estomac étant supprimé, deviendrait irréalisable devant le résultat de l'expérience répétée des milliards de fois sur l'hymen et le prépuce. [Test vrai que « la science » ne re- nonce pas pour cela à l'espoir de perfectionner la nature humaine et à assurer à l'homme la longévité de Mathusalem. Elle a pour cela des moyens moins héroïques, sinon plus scien- üfiques. Si, en général, l'organisme humain est d'une désharmonie déplorable, l'homme possède néanmoins dans son sang des êtres d'une rare perfection qui eux aussi représentent comme certains parasites « le dernier mot de la création ». Ce sont les globules blancs ou leucocytes. « Ces éléments guidés par leur sensibilité* font la chasse aux innombrables » microbes qui pénètrent dans notre organisme, mais « cette sensibilité leuco- 1. Voir les détails dans le discours de MerscaniKkorr dans les Memoirs and Pro- ceedings of the Manchester lilerary and philosophical Society, 1904. Vol. XLY. 2. Des conceptions bizarres de lalimentation, du même genre que la fameuse « boulette », hantent évidemment l'esprit des bactériologistes de l’Institut Pasteur. N'a-t-on pas vu récemment M. Duclaux, sur une interprétation erronée des résul- tats obtenus par deux expérimentateurs américains, recommander à l’homme l'emploi de l'alcool comme.pouvant remplacer avec avantage les autres aliments ! Une pareille conception provient d’une méconnaissance complète des notions les plus élémentaires sur les sources de l’énergétique animale. La « science » confond cette fois l'organisme humain avec une simple automobile, dont la force motrice peut être indifféremment fournie par le pétrole, l’électricité ou l'alcool. On néglige même ce fait que dans Pautomobile l'emploi de ces divers agents nécessite des mécanismes tout différents. Et surtout on ignore complètement que les processus d’assimilation et de désassimilation, qui constituent le fond du métabolisme ani- mal, varient à l'infini avec la nature des cellules et des tissus, et la diversité de leur fonctionnement physiologique 3. Nous verrons plus loin ce que Merscuxixorr entend par le mot « sensibilité ». PRÉFACE XXI cylaire ne se révèle à nous par aucun acte de conscience », Car telle est l'oblusité de cette conscience humaine, qu'elle est incapable de percevoir mème «les sensations particulières des spermies et des ovules » (209 ! C'est sur les qualités guerrières de ces chasseurs infatiga- bles que repose d’après la science le salut de l'humanité. I ne s'agit pas d'ailleurs d'une simple chasse aux microbes : « Si je dis lutte, ce n'est pas par métaphore. Il s'agit bel et bien d'une vraie bataille » (p. 312). Aussi la science imitant les sobriquels des Peaux-Rouges désigne-t-elle les leucocytes sous le nom sonore et très belliqueux de phagorytes. Ainsi baptisés, Les globules blancs ne sont pas seulement doués d'une sensibilité propre. « Ils ont une sorte d'odoral où de goût qui leur permet de reconnaitre la constitution du milieu qui les entoure. Selon l'impression ressentie ils s'approchent des corps qui les provo- quent, ou restent indifférents et mème s'en éloignent » (31% Munis d'une sensibilité extrême, et de sens aussi parfaits que l'odorat et le goût, ces globules batailleurs possèdent encore la science militaire la plus parfaite. Outre leur faculté de recon- naître les ennemis dans l'obscurité, ils ont un système de mo- bilisation qui fonctionne à merveille. Leurs centres de mobilisation et les dépôts de leurs cadres se trouvent dans la moelle des os. Aussitôt que les phagocytes reconnaissent la présence des microbes qui nourrissent des des- seins homicides par infection, ils avisent par une sorte de télé- graphie sans fil tous leurs dépôts". Aussitôt surgissent des millions de combaitants encadrés par les vétérans réunis dans ces dépôts. Et comme les phagocytes ont le goût militaire, et sentent l'odeur de la poudre dès leur âge le plus tendre, la moelle des os par une production accélérée est à mème d’en- voyersur le champ de bataille des quantités inépuisables de jeunes guerriers instruils qui, sitôt arrivés sur les champs de 1. D’après d’autres expérimentateurs cette défense de l’organisme s'opère selon la formule ancienne ubi irritatio, ibi affluxus, simplement par la voie des nerfs; mais la vraie « science » ignore complètement le système nerveux et daigne à peine mentionner son existence dans Pétude de la nature humaine, Leur sensibilité est si inférieure à celle des globules blancs ou des protozouires ! (Voir plus Loin.) XXII PRÉFACE bataille, se mettent à dévorer leurs ennemis. Aussi habiles tac- ticiens que stratégistes sagaces les phagocytes n’en font qu'une bouchée, et le plus souvent la victoire leur est acquise. Mais, même en lemps de paix, quand l'organisme n'est pas menacé d'invasions étrangères, ces infaligables guerriers sont loin de s'adonner à l'oisiveté; leur insaliable voracité les en empèêcherait d'ailleurs. Ils s'occupent alors d'absorber « les épanchements sanguins et les divers autres éléments qui pénè- trent dans les endroits où ils ne peuvent remplir aucun rôle ulile ». En cas d'apoplexie «les phagocytes se réunissent autour du caillot sanguin et le dévorent avec les globules de sang qu'il renferme » (312). En un mot, en temps de paix, en bons gen- darmes comme les appelait Duccaux, ils maintiennent l’ordre à l'intérieur, ramassent les éléments vagabonds et ne reculent pas devant la mise à mort de leurs /rères rouges égarés dans le caillot. Mais toute médaille a son revers. L'excès du militarisme est aussi dangereux aux individus qu'aux États. M. MErscNIKOFF remarque judicieusement que trop de militarisme amène la déca- dence des peuples: trop de phagocytes provoquent peu à peu la déchéance de l'organisme humain ! Il y a deux grandes caté- gories de phagocytes : les petits, les microphages, sont mobiles, «et les grands, tantôt mobiles, tantôt fixes », désignés sous le nom de macrophages. Ces macrophages se déguisent « tantôt sous forme d'une certaine catégorie de globules blancs du sang, de la Iymphe et des exsudals, tantôt sous forme de cellules fixes du tissu conjonctif, de la rate, des ganglions lympha- tiques, ele. » (313). Les macrophages sédentaires forment une sorte d'armée territoriale. Malheureusement à la longue ces macrophages deviennent de vrais préloriens el manifestent la déplorable tendance à s'attaquer aux « éléments nobles » de l'organisme, affaiblis par l'âge et même à les dévorer. La vieillesse et la mort de l'homme ne sont que les #ristes conséquences de l'excès de l'esprit militaire des macrophages. Et comme la science n'affirme rien sans preuves, M. MErsCHNIKOFF PRÉFACE XXII reproduit à la page 316 une préparation de l'écorce cérébrale d'une femme de 117 ans empruntée au D'° Manixesco, qu'il reconnaît être « une aulorité pour tout ce qui louche le sys- tème nerveux ». Sur celte figure (15) on aperçoit une cellule nerveuse, dont les parties atrophiées sont remplacées par des cellules ordinaires. M. Marminesco déclare n'avoir jamais trouvé dans ses préparations traces de macrophages. Pour lui, « l'atro- phie sénile n'est done pas la fonction de l'invasion de la cel- lule nerveuse par les phagocyles ». Mais la « science » qui connait l'art des macrophages de se déguiser en cellules variées, même en cellules de tissu conjonctif, n'est pas dupe de ce déguisement. M. Merscaxikorr n'hésile pas à aflirmer que cette figure 15 représente bien des macrophages pris en flagrant délit de satisfaire leur voracité aux dépens « des éléments nobles ». Pour corroborer cette aflirmation, il produit une seconde figure (16) représentant celle-ci, un cheveu en train de blan- chir. Cette figure est censée montrer des macrophages de l'arme des pigmentophages, en train d'enlever le pigment des che- veux, afin de le déposer dans la peau. Et voilà pourquoi les cheveux blanchissent! Ces pigmentophages accomplissent ainsi de véritables travaux de gnomes de contes de fées. Leur tâche doit être bien lourde, surtout dans les cas de blanchissement subit des cheveux, par suite de violentes émotions: 1ls déplacent alors en quelques heures le pigment entier d'une chevelure abon- dante d'une personne encore jeune ! Exploit d'autant plus méri- toire de leur part, qu’en véritables gnomes ils accomplissent cette rude tâche dans un moment de « surexcitation » pour s'amuser, sans aucun but intéressé, puisqu'ils ne dévorent pas le pigment etse contentent de le déposer ailleurs. L'auteur ne dit pas si ces pigmentophages se chargent aussi de rapporter ce pigment de la peau, dans les cas où les cheveux imparfaitement blanchis reviennent à leur couleur normale. I garde aussi le silence sur l'endroit où les microphages déposent ce pigment chez les nègres dont les cheveux grisonnent. En réalité la figure 16 ne montre qu'un cheveu dont le pig- XXIV PRÉFACE ment se raréfie tout simplement. Elle n'est pas plus probante pour la voracité des macrophages que la figure précédente, Mais la science afirme que «chez les vieux animaux, tels que perro- quels et chiens, la phagocytose des cellules nerveuses peut être facilement constatée » (316). Force nous est done de nous incliner. Comment combattre les funestes tendances des macrophages de s'attaquer aux « éléments nobles »? Comment éviter la vieil- lesse el échapper à la mort violente"? « Notre grand désir de vivre est en contradiction avec les infirmités de la vieillesse et la brièveté de la vie. Cest là la plus grande désharmonie de la nature humaine », déclare M. Merseuxikorr (332). Il semble qu'il suflirait pour vaincre les visées démagogiques des macro- phages, « d'un côté, de renforcer les éléments les plus précieux de l'organisme, et de l’autre, d'affaiblir la tendance agressive des phagocytes » (320). Malheureusement l'auteur reconnait « que ce problème n'est pas résolu, mais que sa solution n'a rien d'impossible » (320). Avant tout, il avait tout naturellement pensé à inventer un sérum spécial à cet usage. Mais quoique « le principe de la préparation de ces sérums soit toujours la même », il a dû y renoncer, Alors il s'est souvenu à propos de sa thèse sur la nocivilé du gros intestin, el surtout du « cœcum, cette par- ie du tube digestif qui renferme le plus de microbes ». Juste- ment «le contenu intestinal des perroquets », dont la longé- vité est proverbiale, « révèle une flore microbienne d’une extrème pauvreté, L'étude comparative des faits confirme donc pleinement cette hypothèse que la flore intestinale abondante, inutile pour la digestion, ne sert qu'à raccourcir l'existence, gräce aux poisons microbiens qui affaiblissent les éléments nobles et renforcent les phagocytes » (331). Ainsi donc, quand il s’agit de détruire «les éléments nobles », l'hostilité héréditaire entre les phagocytes et les microbes 1. La science soutient que les hommes meurent tous d’une mort violente ; c’est encore un désavantage qu'ils ont vis-à-vis des êtres inférieurs, même des éphé- mères qui, eux, meurent d'une mort naturelle. Ah Po" NP TT PRÉFACE XXV s'apaise. Loin de se combattre ils font trève et s'unissent contre l'ennemi commun. Les microbes se mettent à renforcer les microphages afin de pouvoir écraser plus sûrement la noblesse, Alliance peut-être d'une moralité douteuse de la part d'êtres aussi supérieurs, « doués d'une âme immortelle », comme nous le verrons bientôt, mais si excusable par la longue fréquentation de l’homme ! Pour combattre cette alliance il faudrait avant tout suppri- mer le gros intestin, véritable champ de culture pour les mi- crobes homicides. « L'homme guidé par la science exacte doit employer son activité pour tàcher d'aboutir à ce résultat. Malgré les grands progrès réalisés par la chirurgie, on ne peut pas penser à notre époque à éliminer le gros intestin à l'aide du bistouri. Peut-être un avenir lointain s'engagera-t-il dans cette voie. Mais pour le moment il est plus rationnel d'agir contre les microbes nuisibles qui peuplent notre gros inteslin » (p. 332). Justement « un médecin alsacien, Biexsrock, a établi... que ce sont certains microbes qui empèchent la putréfaction du lait. Ce sont notamment les microbes qui fontaigrir le lait en trans- formant le sucre de lait en acide lactique » (333). D'autre part, « un médecin italien, Rovienr, buvait tous les jours un litre et demi de kéfir, c'est-à-dire du lait ayant subi les fermentations lactique et alcoolique. Il constata dans ses urines, déjà au bout de quelques jours, la disparition de l'indi- can... et une considérable diminution des éthers sulfoconju- gués (produits de cette putréfaction) en général. 1 est donc tout indiqué que pour diminuer ces intoxications lentes, qui affai- blissent la résistance de nos éléments nobles et qui excitent les phagocytes, d'introdure dans le régime alimentaire le kéfir ou, mieux encore, le lait aigri » (33%). Voilà donc « l'élixir de vie » tout trouvé, de beaucoup étant bien supérieur, à ce qu'afirme Merscuxikorr, à lous les autres « comme le Sérokomie, Veau bénite de Saint-Germain » autrefois proposés par ses prédécesseurs. Afin qu'il ne reste plus aucun doute sur l'infaillibilité et l'élixir de la vie créé par « la science exacte » en se basant sur la pauvreté de la flore microbienne XXWVI PRÉFACE des perroquets et sur « l'étude de ces ouvrages, pleins d'esprit scientifique (339) », l’auteur ajoute encore un argument irré- sistible destiné celui-ci à calmer les doutes de personnes aux- quelles les inconvénients el même les dangers de la fermen- lation lactique dans le tube digestif ne sont pas inconnus. Il ajoute: « Nous connaissons des personnes qui suivent ce régime et qui S'en trouvent bien » (336). « La science exacte » ne se borne pas à nous assurer «€ à l'aide du kélir ou, mieux encore, du lait aigri » une longé- vilé de plusieurs siècles comme minimum. Elle promet en outre limmortalité, sinon à l'homme, du moins à une certaine portion de son organisme. € On peut donc aflirmer, preuves scientifiques en main, que dans notre corps il y a bien des élé- ments immortels, les ovules et les spermies. Comme ces cellules sont doutes de vie propre et accusent certaines facullés psy- chiques, il devient possible de poser d'une facon sérieuse la thèse de l’immortalité de läme » (351). Poser une thèse, c’est pour les représentants de la « science » la démontrer. Il leur suffit pour cela de confondre « la sensibilité » avec « l'irritabilité » et de prendre celte dernière pour une « faculté psychique ». Deux pages suffisent à l’auteur pour nous démontrer que les « protozoaires, notamment les infusoires », « possèdent égale- ment une àme immortelle ». Et «comme dans le corps humain, il existe également des cellules sexuelles qui sont immortelles, il y a lieu de se demander si elles possèdent également une àme immortelle ». La réponse de la science est affirmative : non seulement nos « cellules reproductrices », mais aussi les phagocytes possèdent une âme cellulaire immortelle « au même üitre que les protozoaires ». Malheureusement, ajoute la « science », «il est aussi vrai que ce fait n'implique nullement l'immortalité de notre âme consciente »... (352). Le sort ulté- rieur des âmes immortelles des protozoaires et des phagocytes, morts glorieusement sur les champs de bataille et celui des ovules et des spermies, restés célibataires, ne nous est pas révélé... Telle est la bactériologie destinée par un des maîtres de cette + D SN A mnte PRÉFACE XXVII science" à former la base de la médecine à la place de la physio- logie. Arrivée à son développement intégral, l'étude de la vie et des mœurs des microbes devrait rendre également inutile l'enseignement des autres branches de Ja médecine, comme l'anatomie, la pathologie, l'anatomie pathologique et même la thérapeutique, ele. Avec une provision de sérums variés et du « lait aigri » Le premier venu pourrait avec avantage remplacer le médecin. Jusqu'ici l'art personnel du grand elinicien était considéré comme jouant dans le traitement souvent un rôle plus important encore que sa science. Mais du moment qu'on ne soigne plus le malade, mais la maladie, — cet art aussi devient une superfluité.… C'est à dessein que nous avons choisi pour notre démonstra- tion la théorie bactériologique la plus extrème, ayant bien soin de l’exprimer par les termes même de son représentant le plus autorisé. Par la hardiesse mème avec laquelle on nous l'offre eomme le dernier mot de la « science », elle jouit d’une très grande vogue, et cela non seulement parmi les profanes qui n'en savent pas le premier mot. Sa séduction repose justement dans l'ingénue simplicité de sa doctrine principale et sur la sincérité indiscutable avec laquelle son auteur en lire toutes les consé- quences, sans crainte de tomber dans l'absurde. Elle n'en est que plus dangereuse. Heureusement la foi aveugle du monde médical dans la toute-puissance des bacilles et dans linfaillibi- lité de leurs produits commence à être fortement ébranlée. Quelques insuccès relentissants de ces produits lancés avec trop de fracas n'ont pas manqué de provoquer un examen un peu plus rigoureux des bases expérimentales qui avaient provoqué les espérances exagérées de la première heure. Les données statistiques publiées ces dernières années sur les résultats obte- nus par l'application des sérums, même réputés les plus effi- caces, ont bien démontré que ces sérums sont à même d'in- fluencer puissamment, dans l'un ou dans l’autre sens, la marche 1. Au fond, cette nouvelle « science » n’est que la résurrection des anciennes croyances que notre corps était habité par des esprits méchants et des esprits bienfaisants, en lutte perpétuelle. Les premiers provoquaient les maladies, la vic- toire des derniers en assurait la guérison! XX VIII PRÉFACE de certaines maladies infectieuses, mais qu'il n’est pas encore permis de les considérer comme des panacées infaillibles. Des doutes aussi surgissent sur le véritable rôle que les ba- cilles jouent même dans l'étiologie de ces maladies. La possi- bilité de produire ces maladies chez des animaux par l'introdue- lion dans leur sang des cultures artificielles de bacilles autorise-t-elle la conclusion absolue que l'infection chez l'homme se produit de la même façon? Ou autrement dit: la présence des bacilles et de leurs poisons suflit-elle pour provoquer chez l'homme sain les mèmes processus morbides? Bien des obser- valions cliniques démontrent, au contraire, que pour que les microbes puissent exercer leur funeste action, un terrain de culture favorable doit déjà exister par suite de modifications pathologiques déterminées. Toutes ces circonstances ont pour ainsi dire imposé aux véri- tables maitres de la science microbiologique l'obligation de modifier entièrement la nature de leurs recherches. Au lieu d'inventer des sérums pour combattre la maladie déjà déclarée, ils dirigent leurs efforts sur l’élaboration de moyens préventifs capables d’empècher la maladie de se produire. C'est ainsi qu'ils sont amenés à mettre au premier plan de leurs recherches l'étude de mesures prophylactiques, soit pour détruire les foyers mèmes de la reproduction de ces parasites, soit pour préserver l'homme des agents intermédiaires de leur transmission et de leur pénétration. Comme en chirurgie, l’asepsie prime à présent l'antisepsie, la prophylaxie et l'hygiène doivent tenir la première place dans la lutte de la médecine contre les maladies infectieuses. Aussi les laboratoires de bactériologie commencent-ils à se transformer en instituts d'hygiène publique’. Les brillants résultats obtenus dans cette voie en Allemagne, en Angleterre et ailleurs, malgré les conditions défavorables du climat et du sol démontrent d'une manière éclatante que gràce à cette évo- lution la bactériologie s'engage dans sa véritable voie scienti- 1. La fabrication des sérums est abandonnée à l’industrie privée, sous la sur- veillance des personnes compétentes. D és à + be “adèl ie RENE +» dr Dci PES PRÉFACE XXIX fique. Ainsi le dessèchement des marées et d'autres mesures d'assainissement de ce genre font plus pour combattre l'infec- lion causée par les fièvres paludéennes, que les sérums inventés pour les guérir. L'amélioration hygiénique des habitations oblient des résullals autrement bienfaisants pour lutter contre la tuberculose que la tuberculine. L'intervention rationnelle des sérums dans les maladies d'origine microbienne ne pourra commencer que le jour où nous connaîtrons la véritable nature de l'action organique ou purement chimique que les poisons bacillaires exercent sur les processus pathologiques. Pour atteindre pareille connais- sance 1] n'existe qu'une seule voie, c'est celle que les pharma- cologistes emploient depuis un demi-siècle avec tant de succès dans leurs recherches sur l’action des médicaments : c'est l'étude de cette action à l’aide des méthodes d'expérimentation exacte de la physiologie et de la chimie physiologique. Une fois en possession des résultats précis de semblables recherches, le médecin pourra en appliquant le sérum faire des observa- tions réellement précieuses sur la manière dont ils intervien- nent dans la marche des maladies. Plusieurs laboratoires de physiologie expérimentale qui, à l'exemple de celui d'Ehrlich et de Pfeiffer, ont imprimé cette direclion à leurs recherches bactériologiques, arriveront égale- ment tôt ou lard à élucider le métabolisme des cellules et à fixer la nature exacte des échanges chimiques qui constituent ce qu'on appelle « la lutte pour la nourriture » entre les cellules. Ceci fait, on n'éprouvera plus de difficulté à fixer l’action exacte que les poisons microbiens peuvent exercer sur ce mélabo- lisme aussi bien dans le traitement des maladies infectieuses que dans les immunisations. Mais même arrivée à un pareil développement la bactériolo- gie ne saurait prétendre à supplanter la physiologie comme base scientifique de la médecine. Les enthousiastes de la mi- crobiologie se sont trop empressés de généraliser leurs obser- vations sur quelques maladies infectieuses. Le fail d'avoir dé- couvert le bacille du charbon, de la tuberculose, de la fièvre XXX PRÉFACE typhoïde et de la diphtérie, ete., ne prouve encore nullement que toutes les maladies auxquelles l'organisme humain est sujet ont également une origine microbienne. Rien n'indique encore que d'autres maladies conlagieuses comme la rage, la syphilis, elc., possèdent ou développent, elles aussi, des bacilles spéciales capables d'influencer leur marche. Tous les efforts faits Jusqu'à présent pour constater la présence de microbes qu'on pouvait accuser de provoquer la fièvre aphteuse et les fièvres éruplives n'ont pas abouti non plus. Mais, mème s'ils aboutissaient, il restera toujours un contingent au- trement considérable des maladies auxquelles les microbes res- tent entièrement étrangers. Toutes les maladies non contagieuses peuvent e0ipso être placées dans cette catégorie. Plus haut nous avons dit qu'il est encore prématuré de décider rigoureusement quel est le rôle exact des microbes déjà connus dans l'éfiologie des maladies infectieuses. Par contre nous connaissons d'in- nombrables facteurs extérieurs et intérieurs susceptibles d’en- gendrer des maladies diverses, dont plusieurs très graves et même absolument mortelles. Les influences atmosphériques comme les variations barométriques, certaines directions du vent, les conditions électriques, la composition de l'air, les changements brusques de la température et bien d’autres fac- teurs encore inconnus, — jouent en effet dans la production des maladies un rôle bien plus considérable que tous les mi- crobes connus jusqu'à ce jour'. Mème les courants d'air et l'hu- midité, en agissant d'une certaine manière sur le corps humain, occupent dans l'étiologie des maladies une place supérieure à celle de bien des parasites étrangers. Un régime alimentaire défectueux, le surmenage physique et intellectuel, les dépressions psychiques provoquent un nombre infini d'altérations pathologiques, pouvant ruiner la santé et mettre en danger la vie humaine. Point n’est besoin 1. Le récent ouvrage excessivement intéressant du Pr BAELz consacré à ce genre d’influences fait vivement regretter que, devant l’envahissement aburissant de la bactériologie, la pathologie expérimentale néglige presque entièrement l’étude de ces actions pathogènes. PRÉFACE XXXI non plas de recourir à l'intervention des macro- ou des micro- phages imaginaires pour expliquer la vieillesse et la mort, par suite des maladies des nerfs ou du cœur. On a également tort de vouloir généraliser le rôle pathologique des bacilles alin de pouvoir attribuer aux seuls globules blancs de dénominations diverses, le rôle exclusif des défenseurs de l'organisme humain contre les agents destructeurs, Môme en dehors des globules rouges du sang dont l'adaptivité ! aux exi- gences multiples de l'organisme importe bien plus à la santé, le corps humain possède encore de nombreux organes merveilleu- sement outillés qui ont pour mission principale de Le défendre et de le débarrasser des substances et des agents nocifs; citons comme exemples le foie et les reins, véritables laboratoires d'assainissement, de désinfection et d'élimination. Rappelons encore la série des glandes, comme les corps thyroïdes et Les glandes surrénales, l'hypophyse, les glandes parothyroïdiennes, la pinéale et d'autres qui, malgré leur exiguïté, jouent, grâce à leurs produits chimiques ou à leur rôle mécanique, un rôle si considérable dans la défense et l'entretien du système nerveux central, qui préside à la circulation et la nutrition {voir ch. 1v. Certes, la mobilité et l'excitabilité extrèmes des globules blancs les rendent particulièrement aptes à subir certaines in- fluences chimiques ou chimiotaxiques qui, 4 l’occasion, débar- rassent le sang des poisons bacillaires. Mais il ressort de la nature même des choses qu'il ne peut s'agir dans ces cas que d'une fonction secondaire de ces globules, puisque l'introduction des parasites du dehors n'est qu'accidentelle. Leur destination constante est tout autre et d'une portée physiologique bien plus grande. Rien n'autorise par conséquent les bactériologistes à considérer l’antagonisme entre les leucocytes et les bacilles comme le facteur dominant de notre organisme qui seul décide de sa vie ou de sa mort. Encore moins justifiée est leur préten- 1. Rappelons comme exemple les observations récentes, si instructives de GauLE sur la multiplication de ces globules dans les hautes régions. De Cxox. XXXII PRÉFACE lion de vouloir remplacer par la microbiologie toute la science médicale plusieurs fois millénaire, qui dans le siècle dernier a reçu son orlentalion définitive par des hommes de génie comme Bicuar, Johannes Muzrer, Vircnow et Claude Bervaro… L'avenir de la médecine dépend du maintien de cette orien- lation vers la physiologie. Tout retour vers l'ancien empirisme sera funeste à la médecine, et, l'expérience de la dernière tren- taine d'années le prouve, non moins funeste aux médecins eux- mêmes. En France, comme en Allemagne et ailleurs, le relà- chement des rapports entre la médecine et la physiologie a coincidé avec un abaissement de l'autorité et du prestige des médecins ; seuls les empiriques et les charlatans de diverses es- pèces en ont tiré profil. Bien des symptômes indiquent, qu'en Allemagne au moins, on commence déjà à s'en rendre un compte exact, L'enseignement pratique de la physiologie y est devenu obligatoire; d'autre part, les derniers Congrès de médecine interne ont été presque exclusivement consacrés aux problèmes de pathologie étudiés à l'aide de la physiologie expérimentale. Symplôme particulièrement rassurant: Ja plupart de ces pro- blèmes concernait la pathologie et la thérapeutique des affec- tions du cœur et des vaisseaux. En effet la physiologie de ces organes est actuellement à même de rendre à ces deux branches de la médecine des services aussi éclatants que l'optique phy- siologique en a rendu à l'ophthalmologie. Le développement de l'enseignement physiologique dans de vasles laboratoires richement dotés doit devenir également la première et la principale préoccupation des Facultés de méde- cime en France. Ce n'est qu'à ce prir que la médecine et les médecins français sauront regagner leur ancienne place d'hon- neur. Pour des raisons qu'il serait trop long d'exposer ici, il est à désirer dans l'intérêt de la physiologie que les laboratoires de recherches pures soient transportés partout dans les Facultés des sciences. La séparation entre la physiologie et la médecine à ce pointde vue aura de grands avantages pour les deux sciences. La principale raison en est que la physiologie, devenue une PRÉFACE XXXIII science exacte, trouvera son cadre naturel parmi les sciences physiques et mathématiques”. Il est presque impossible de s'adonner actuellement avec succès aux recherches de physiologie pure sans avoir préala- blement reçu une instruction intégrale dans ces dernières sciences. L'enseignement purement médical peutencore rendre service aux physiologistes, mais seulement au point de vue de l'indication de nouveaux problèmes à résoudre. La physiologie ne sera. d'ailleurs pas la première science qui, parvenue à la ma- turité d’une science pure et d'une portée plus générale, se sé- pare de la médecine. Mais séparation ne veut pas dire rupture... Les recherches physiologiques gagneront en profondeur et en précision à ètre exéculées dans un milieu de sciences pures. De l’autre côté, les médecins qui ont reçu une instruction phy- siologique complète pourront s'adonner à l'étude de nombreux problèmes de pathologie, armés de pied en cape des méthodes préeises de la physiologie expérimentale. Ce sera là leur meil- leure introduction à la médecine expérimentale rêvée par Claude BErNarD. Paris, novembre 1904. 1. C’est il y a une trentaine d'années que les avantages d’une pareille séparation me sont apparus pour la première fois. Professeur de physiologie à la Faculté des sciences et à l’Académie médico-chirurgicale de Saint-Pétersbourg et y dirigeant deux laboratoires d'enseignement et de recherches, je fus vivement frappé par la différence de l’esprit scientifique, avec lequel les jeunes élèves travaillent dans les deux laboratoires. Pour l'instruction pratique en physiologie leur ardeur et appli- cation furent également grandes. Mais les élèves de la Faculté des sciences étaient bien plus aptes à apprécier les avantages d’une grande précision dans les recher- ches scientifiques et exécutaient ces dernières, non pas pour achever plus ou moins vite un travail qui pourrait leur servir de thèse, mais afin de se perfectionner eux-mêmes dans les différentes branches de physiologie. Mes meilleurs élèves de la Faculté des sciences, comme Tschirief et Pawlof, avaient ensuite complété leurs études à l’Académie de médecine. La physiologie et la médecine s’en sont bien trouvées en gagnant deux maîtres éminents. LES NERFS DU COEUR INTRODUCTION Parmi tous les organes vitaux, c'est au cœur qu'incombe la tâche mécanique la plus complexe et la plus difficile. Depuis les premiers Jours de la vie embryonnaire et durant toute la vie, le cœur ne peut interrompre un seul instant sa besogne sans qu'immédiatement la mort ne s'ensuive. Chargé de distribuer le sang aux parties reculées et les plus infimes de l'organisme, le cœur doit, dans ce travail, se conformer à leurs besoins fonc- tionnels, aux heures consécutives de leur entrée en fonction ; il doit vaincre les résistances inattendues que les troubles fonc- tionnels de tel organe peuvent opposer inopinément au passage libre du sang, augmenter soudain la quantité de ce liquide dans tel autre, qui par suite de modifications accidentelles, en exige davantage, pour surmonter quelque influence nuisible à son acti- vité vitale, restreindre l'afflux sanguin dans un troisième, que quelque processus morbide met momentanément hors d'état de remplir utilement son rôle physiologique. Le cœur doit, en outre, régler la division de son travail sui- vant, d’une part, l’état de nutrition danslequelsetrouve sonappa- reil musculaire, d'autre part, les difficultés et les obstacles que rencontre au moment donné l'écoulement du sang loin des cavi- tés cardiaques. S'il se produit quelque désordre dans son méca- DE Cyox. il 2 | LES NERFS DU CŒUR nisme si complexe de pompe aspirante et foulante, il doit, sous peine de mort de l'individu, y apporter un remède immédiat, et cela sans interrompre son fonctionnement. Chez l'homme adulte il doit se remplir et se vider environ de 115 à 120 mille fois en vingt-quatre heures,.plus de 42000 000 de fois dans le courant d'une année, plus de # milliards de fois pendant la vie d’un centenaire ! Le travail mécanique que le cœur humain, cette pompe minuscule à parois minces et délicates, est d'environ 200 grammètres par chaque contraction, pendant les vingt-quatre heures d'environ 24000 kilogrammètres. Moins heureux que d'autres organes vitaux, comme, par exemple, l'appareil de la respiration ou celui de la digestion, le cœur ne peut obtenir aucun secours de l'intervention de notre volonté. Gràce aux museles volontaires, nous pouvons modifier le rythme et la profondeur de la respiration, alléger ou exagé- rer le travail de ventilation de nos poumons. Nous pouvons, par des modifications quantilatives ou qualitatives, et mème par des abslinences prolongées, intervenir efhcacement dans le jeu de nos appareils digestifs. Nul ou presque nul est le concours que notre volonté peut prêter au merveilleux mécanisme, qui, sans trêve, veille à l'entretien de la circulation sanguine. C’est à l’aide de ses propres ressources qu'il doit se tirer d'affaire chaque fois que notre ignorance ou notre imprudence lui impo- sent un surcroît de travail ou altèrent l'harmonie de son fonc- tionnement. . Cette tâche complexe ne peut s'effectuer avec une perfection si extraordinaire que moyennant certains appareils automatiques qui règlent les mouvements cardiaques, en influencent et en modifient le rythme selon les besoins du moment, enfin, divi- sent le travail du cœur dans les conditions les plus favorables, tant pour la dépense de ses propres forces que pour la distribu- lion la plus économique et la plus eflicace du sang dans les divers organes ; le cœur doit donc être en communication rapide INTRODUCTION 3 avec loutes les parties du corps. Mais ce n’est pas seulemént le rythme, c'est-à-dire la fréquence des contractions du cœur, c'est aussi la force de ses contractions qui nécessite un réglage con- tinuel. Notre volonté ne pouvant intervenir d'aucune manière dans cette opération, c'est encore à l’aide d'appareils automa- tiques qu'elle doit s'accomplir. Le travail mécanique exécuté par le cœur étant considérable et incessant, son approvisionne- ment en matériel nécessaire pour la production des forces motrices doit être maintenu par des appareils régulateurs d'une perfeclion absolue. L'entretien de tous ces appareils automa- tiques particulièrement délicats exige à son tour des soins con- stants et bien appropriés. Les cellules ganglionnaires sont distribuées dans les différentes parties du cœur et reliées entre elles par d'abondants filets ner- veux qui le rattachent d’une part à la moelle épinière et au cerveau, et, par leur intermédiaire, aux nerfs sensibles du corps entier, d'autre part au système du grand sympathique et à ses multiples ganglions qui forment ainsi des centres nerveux sup- plémentaires. De leur côté, les artères et veines coronaires sont également munies d’un système nerveux particulier, destiné à régler d'une manière efficace la circulation du sang dans le muscle cardiaque. Enfin, un système de glandes régulatrices de la circulation et de la nutrition {(Cyon) (thyroïdes, hypophyses, capsules surrénales, etc.) outre son puissant concours à la dis- tribution du sang dans les parties particulièrement délicates de l'organisme, produit encore des-substances chimiques destinées à entretenir en bon état de fonclionnement ce système nerveux ganglionnaire si complexe. Ces glandes règlent selon les besoins du moment leur excitabilité et le degré de leur excitation. Chez les vertébrés supérieurs le système nerveux qui régit les fonctions du cœur possède diverses origines ; une partie de ce système se trouve dans les parois mèmes du cœur, une autre provient du système central : cerveau et moelle épinière : une 4 LES NERFS DU CŒUR troisième, du système ganglionnaire du grand sympathique. Chaque partie de ce système pris dans son ensemble est com- posée de cellules ganglionnaires et de fibres nerveuses. La coopération harmonieuse de ces trois parties assure seule le fonctionnement normal du cœur chez les vertébrés supérieurs adultes. La mise hors fonction de l’une d'elles ne supprime pas nécessairement les contractions cardiaques, mais celles-ci cessent de s'opérer dans les conditions indispensables pour que le cœur puisse remplir normalement son rôle physiologique. TE islnhiits : à RESTE x : sieucanté, + CHAPITRE PREMIER SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE GTA GANGLIONS ET NERFS INTRACARDIAQUES. — APERÇU ANATOMIQUE. Le système ganglionnaire du cœur se trouve dans ses diverses parties disposé par groupes, en ganglions. Les premiers gan- glions découverts par Remak (1) en 1844 dans le cœur de veau sont situés dans le sinus veineux ; ils sont particulièrement nombreux sur la limite de ce sinus, là où 1l touche les oreillettes. Un second groupe de cellules ganglionnaires, découvert par LupwiG (2) en 1848, chezla grenouille, a son siège dans la cloison des oreillettes. Un troisième, les ganglions auriculo-ventricu- laires de Binper (3), — sur la base de cette cloison et dans la paroi de l’orifice auriculo-ventriculaire et dans la partie supérieure du ventricule. Les recherches ultérieures de L. GErLacx (4), CLoerra (5), ScawetGGer-SEIDEL (6), DoGieL (7, Doiez et Tumax- zow (8) ont établi que des cellules ganglionnaires se rencon- trent dans toutes les parties du cœur jusqu'à la limite du deuxième tiers du ventricule. Elles sont très nombreuses dans la partie supérieure du ventricule et deviennent plus rares dans le second tiers ; leur présence n'a pas pu jusqu'à présent être constatée dans le troisième tiers. Seul FriEpLaNper (9) avait prétendu qu’on les trouvait dans loute fraction du muscle car- diaque, affirmalion démentie par les recherches bien plus minu- tieuses des autres auteurs. Les cellules ganglionnaires du ven- tricule sont placées pour la plupart à la périphérie, entre Île péricarde et la substance musculaire proprement dite ; elles * b LES NERFS DU CŒUR sont plus rares dans le muscle lui-même. ScuweiGGer-SEtDEL (6) a signalé, par contre, dans le musele ventriculaire des mammi- fères, de nombreux réseaux nerveux possédant des noyaux (Ker- nanschwellungen) ; ces réseaux nerveux existent dans toutes les parties du ventricule. La structure intérieure de ces cellules ganglionnaires à été étudiée par Remak, LuüpwiG, Binoer et plus récemment par Raxvier (10), chez lequel on trouve une étude complète des questions histologiques et physiologiques se rattachant à la nature des ganglions du cœur. D'après Ranvier, toutes les cel- lules du sinus sont à fibres spirales:; ces fibres sont, ainsi que les fibres droites, de structure nerveuse. Dans les ganglions de Binoer, Ranvier trouve «outre les cellules nerveuses à fibres spirales qui sont appendues à leur pourtour » dans leur inté- rieur, au milieu même des fibres nerveuses, d’autres cellules différentes des premières. Il suppose que la fibre spirale manque à ces dernières. Les nerfs qui se rendent au cœur ont deux origines : la pneu- mogastrique et le grand sympathique. On à minutieusement étudié leur distribution dans les parois du cœur ainsi que leurs rapports avec les cellules ganglionnaires. On à surtout cherché à établir le caractère des fibres nerveuses du cœur d’après leur origine. Mais le pneumogastrique recevant déjà à sa sortie du crâne des filets sympathiques, ilest très difficile de départager exactement dans le cœur même les fibres nerveuses suivant leur provenance. Les terminaisons des fibres nerveuses dans le muscle car- diaque ont fait l’objet des recherches de ScaweiGGEr-SeIeL (6), Laxcernans (11), GErLaca et Raxvier. Nous devons renvoyer à leurs travaux pour les détails de ces terminaisons. La distribution des nerfs cardiaques chez l'homme a été très soigneusement étudiée par Wicxaz (12). Voici en quels termes il expose leurs embranchements: « Les branches des plexus coronaires émettent, même dans les portions supérieures, un grand nombre de rameaux qui pénètrent de suite en dessus du péricarde viscéral et ceux-ci en SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 1 Fiçure 1. — Le système nerveux cardiaque d’une grenouille vu par devant. H. L., veine cave supérieure gauche. — H. r., veine cave droite. — P.v., pulmonaire ouverte par devant. — O0, passage de la valvule supérieure du sinus. — U, passage de la valvule inférieure du sinus. — M. s., fascicule sagittal du sep- tum.— L, branche cardiaque gauche. — R, R;, R:, les deux parties de la branche droite du pneumo-gastrique. S. »., S. k., les deux nerfs du septum. — A;, Ai, le groupe du ganglion cardiaque (Remak) qui entoure l’anastomose entre les deux branches du pneumo-gastrique. — B, les cellules ganglionnaires qui se trouvent dans le septum et qui accompagnent les pneumo-gastriques et leurs embranchements. — S. v., S. ., A:, As, A; forment les groupes de ganglion de LupviG. — Enfin B, B, le ganglion de Broper situé sous la frontière atrio-ven- triculaire (d’après Horrmanx). S LES NERFS DU @ŒUR se divisant de nouveau el en s'analomosant avec des rameaux voisins, forment, en dessous de celui-ci, un plexus à mailles allongées, qui envoie dans les plans musculaires un nombre considérable de petites branches. Dans le liers supérieur de ce plexus, prineipalement dans les’petites branches, on rencontre, outre les ganglions superficiels déjà décrits par Remak, un nombre considérable d'autres plus pelits qui deviennent de moins en moins abondants à mesure que l'on s'approche de la pointe du cœur, et qui disparaissent presque lolalement, envi- ron au point de naissance du deuxième liers du ventricule. Fai dit presque totalement, car les nerfs proches des gros vaisseaux portent des ganglions sur {toute la moitié supérieure du ventri- cule (/oc. cit., p. 926). » Avant d'aborder l'exposé des nombreuses études expérimen- tales faites sur les ganglions du cœur, nous croyons utile de reproduire 1ei les dispositions analomiques des trois centres ganglionnaires, celui de Remak, de Ludwig et de Bidder. Cette disposition est empruntée aux recherches récentes de F.-B. Horrwaxx (13) sur les systèmes nerveux intracardiaques. A celte disposition anatomique des nerfs cardiaques et de leurs ganglions nous allons ajouter une seconde figure, qui représente les filets nerveux intramusculaires dans un faisceau de l'auricule gauche; c’est le filet terminal des derniers embran- chements du plexus cardiaque. Hoffmann, d'accord en cela avec Ranvier, admet que ces ramificalions finissent en filets, et non en terminaisons libres entre les fibres musculaires. Ceci n'exclut nullement la possibilité pour certaines fibres nerveuses de se détacher de ces filets terminaux et de pénétrer directement dans les cellules musculaires. D'après certaines recherches histologiques on doit mème admettre que chaque cellule muscu- laire recoit des fibres nerveuses de plusieurs ramifications ; ainsi chaque libre pourrait innerver plusieurs cellules muscu- laires. On doit pourtant reconnaître que malgré l'excellence des méthodes de coloration employées dans ces études histologiques, bien des points qui concernent les relations entre les fibres SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 9 nerveuses et les cellules musculaires restent encore obscurs. Fi LT va s une varico- rès HOFMANN, fibres nerveuses doubles. €, tion d'imprégni onflement terminal ( interrup T, qui ressemble à un £g ble fibre nerveuse enroulée. - a, b, b'd ‘osité nerveuse bien imprégnée. gnation à la varicosité même, ‘A, Friqure 2. — Distribution d’un faisceau nerveux dans un trabécule de l'oreillette gauche. méthode GoLGr). serait donc prématuré de vouloir Uirer de ces études des conclu- sions physiologiques précises et définitives. 10 LES NERFS DU CŒUR P22 LD EXPÉRIENCES DE NTANNIUS, Bibper Er AUTRES SUR LES NERFS ET LES GANGLIONS INTRACARDIAQUES. La découverte des ganglions dans le cœur par Reuvak, LupwiG et Binper donna bientôt heu à des recherches destinées à élu- cider leur rôle physiologique. Le premier, Vorkuaxx (14) émit nettement l'opinion que l'automatisme du cœur dépend de son système ganglionnaire ; il donna mème une théorie assez com- plète du fonctionnement du système nerveux intracardiaque. Les expériences les plus remarquables faites sur le cœur de la grenouille, expériences restées classiques par la précision de leur exécution ainsi que par l'importance de leurs résultats, apparliennent à Sraxxits. Il les effectua en liant différentes parties du cœur avec des fils de soie. Parmi les nombreuses ligatures de Sraxxius, les suivantes sont les plus importantes : 1) Une ligature, placée exactement au point où le sinus veineux débouche dans l'oreillette, arrète immédiatement le cœur dans une diastole prolongée. Les trois veines caves, ainsi que le sinus véineux, continuent à se contracter selon le même rythme qu'avant la ligature 2). Si, pendant cet arrèt du cœur, on applique à la limite du ventricule et des oreillettes une ligature qui embrasse en même temps le bulbe artériel, le ventrieule com- mence à se contracter, tandis que les oreillettes restent en repos. Souvent le bulbe artériel se met aussi à battre; ses battements sont plus fréquents que ceux du ventricule. Pendant que le cœur est arrêté par la ligature appliquée à la limite du sinus veineux et des oreillettes, une excitation élec- trique ou mécanique de diverses parties du cœur peut provo- quer quelques contractions, tantôt des oreillettes, tantôt du ven- tricule ; ces contractions sont irrégulières etrarement isochrones. La ligature du sinus veineux au-dessus de la limite indiquée n'arrête pas les pulsalions cardiaques ; mais le nombre des bat- LS SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 11 tements des veines caves cesse d'être égal à celui des battements du cœur: ces derniers sont moins fréquents. Les expériences de Srannits furent exécutées peu après la découverte des ganglions de Reuak et de Lupwic. Il est donc out naturel qu'il en ait attribué les effets à des excilalions et à des séparations de ces ganglions produites par les Higatures. Voici comment on essaya d'expliquer les faits que nous venons de relater. Le ganglion de Remak est un centre excitaleur qui provoque les mouvements automatiques du cœur: la ligature du sinus, en la séparant du reste du cœur, doit suspendre ces mouvements. Les ganglions des ventricules possèdent aussi, 1] est vrai, des propriétés excilatrices, mais seuls ils ne sont pas à même de vaincre les effets inhibitoires des ganglions modéra- leurs situés dans la cloison inter-auriculaire: c'est pourquoi, aussitôt que la seconde ligature sépare le ventricule des oreil- lettes, il recommence ses contractions. Srannits laisse indécise la question de savoir quel est l'effet de la ligature elle-même sur les ganglions modérateurs, si elle provoque une excitation parliculière de ces ganglions ou si leur excitation normale suffit à elle seule pour paralyser l’action des ganglions du ventricule. Son expérience avec la ligature des pneumogastriques à de différentes hauteurs de son parcours extra et intracardiaque lui à pourtant montré qu'elle est impuissante à provoquer une excitation prolongée. Presque en mème temps que les expériences de Sraxits, furent publiées sur le même sujet celles de Binper (16). Ce phy- siologiste, ayant constaté que l'excitation mécanique du ventri- cule produit une pulsation pendant l’arrèt provoqué par l'exei- tation du pneumogastrique, attribue aux ganglions, découverts par lui à la base du ventricule, la faculté de produire des con- tractions uniquement par voie réflexe: ils n'auraient donc aucune puissance automatique. Ce pouvoir n'appartiendrail qu'aux cellules ganglionnaires des auricules et du sinus veineux. Ces dernières seraient par conséquent les seules susceptibles d'être influencées par l'excitation des pneumogastriques. Déjà Sraxnius avait observé que l'arrèt du cœur provoqué par 12 LES NERFS DU CŒUR la première ligature n'est pas définitif; que tôt ou tard la partie du cœur séparée du sinus veineux recouvre son activité rythmique. Heinexuax (17) est parti de cette observation pour attribuer l'arrêt uniquement à l'excitation des cellules modéra- trices par la ligature et nullement au retranchement des centres excilateurs du mouvement rythmique. Que le mécanisme des centres modérateurs puisse être mis en excilalion par la section ou la ligature, cela ne fait pas doute. Dès 1849, Lupwic et Horra IS) avaient démontré la possibilité d’exciter directement les nerfs dela cloison inter-auriculaire et de produire ainsi des arrêts de cœur, Cette possibilité, reconnue de nouveau par Ecraarp (19), en 1876. Raxvier (10, p. 151 et suivantes), en IS7T7 et Docier (20), en 1890, l'ont confirmée par l'emploi d’exci- lations électriques et mécaniques. Si, quand on fait usage des excitations électriques, on obtient souvent l'arrêt qu'une fois l'excitation terminée, cela proviendrait de ce que l'excitation directe par les forts courants électriques empêche l’action des nerfs inhibitoires de se manifester. HegipexHaix pouvait done, avec une apparence de raison, attribuer l'arrêt du cœur pendant la première ligature de Sraxnivs à une excitation des nerfs modé- rateurs. Cette conclusion n'avait que le tort d'être exclusive et de ne pas tenir compte de l'effet que la séparation du ganglion de Remax du reste du cœur devait nécessairement exercer sur son arrêt. Aussi l'explication donnée par LupwiG (21) est-elle plus exacte : la ligature de Sraxnits arrêterait les contractions du cœur aussi bien par l'excitation des pneumogastriques que par la séparation du cœur du sinus veineux. Parmi les expériences de Hernexaaix lui-même, il s'en trouve une indiquant de facon très claire que l'éloignement du sinus veineux — comme centre excilateur principal — à sa part dans l'arrêt du ventricule. En effet, il a démontré que la ligature du sillon auriculo-ventriculaire peut exciter le ganglion de Bipper et provoquer une série de pulsations rythmiques du ventricule. Gorz (22) a ensuite confirmé ce fait en montrant qu'il suflit de dénouer la ligature pour mettre immédiatement fin aux pulsa- tions. Il est donc évident que la seconde ligature de Srannius SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 13 rétablit les contractions cardiaques, non seulement parce qu'elle suspend l’action des centres modérateurs et inhibitoires du cœur, mais aussi parce qu'elle est elle-mème une cause d'exci- lation pour le ganglion de Bioper. Elle remplace donc en partie l'excitation automatique provenant normalement du ganglion de Remak, retranché par la première ligature de Sraxxits. GoLrz, afin de s'assurer que la reprise des contractions du cœur n'était pas due à son excitation par Pair ambiant, exécula ses expé- riences sous l'huile. Dans ce cas, l'enlèvement de la seconde ligature de Sraxxius empêcha effectivement cette reprise, Mais, comme l'enlèvement de la première ligature ne parvenait pas à rétablir les contractions cardiaques, Gozrz en conclut que leur arrèt avait pour cause non une excitation des nerfs modérateurs, mais la séparation du reste du cœur du sinus veineux. Cette dernière conclusion est aussi exclusive que celle de Hreibexnaix dans le sens opposé. Il est hors de doute que la partie auriculo- ventriculaire séparée du sinus est privée par ce fait des excila- lions eniliales qui proviennent du ganglion de Rewak, point de départ des contractions du cœur. Mais cela n'empêche nulle- ment que l'excitation des nerfs ou des ganglions modérateurs ne contribue à cet arrèt. Il-n’est nullement indispensable que celte dernière excitation soit causée par la première ligature de Sraxxius elle-même. D'ailleurs, 1l ne serait pas admissible que la simple ligature produisit un arrêt aussi prolongé {trois quarts d'heure et plus). Mais les excitations normales physiolo- giques de ces centres continuant à s'exercer, 1} est tout naturel que le ganglion de Bipper, privé du concours de celui de Reuak, ne parvienne pas à vaincre les résistances provenant de ces centres: de là l'arrêt. La seconde ligature de Sraxxius débarrasse le gan- glion de Biper des entraves apportées par Les centres modéra- teurs et le ventricule recommence à se contracter, tandis que les auricules continuent à être immobilisées par l'action des centres modérateurs situés dans leurs cloisons. Ce n'est qu'ainsi que tous les faits en apparence contradic- toires observés par les divers expérimentateurs trouvent leur explication la plus simple. Cette manière de voir n'est nulle- 14 LES NERFS DU CŒUR [. ment inconciliable avec l'observation de KiuG (23), qu'après la section des pneumogastriques et leur dégénérescence, manifestée par l'ineflicacité de leur excitation électrique, la première liga- ture de Sraxxits est encore à même de produire l'arrêt du cœur. Outre que la dégénérescence des fibres inhibitoires des pneumogastriques n'implique nullement la mise hors fonction des centres modérateurs du cœur, il reste entendu que la sépa- ration du sinus veineux prive le reste du cœur de l'excitation initiale de ses mouvements, dont le ganglion de Reuak est le point de départ. &3: RECHERCHES DE CYON SUR LE CŒUR DE GRENOUILLES SÉPARÉ DU CORPS ET DONT LES PROPRIÉTÉS VITALES SONT MAINTENUES PAR UNE CIR- CULATION ARTIFICIELLE, Un nolable progrès dans l'étude des phénomènes de Srannivs fut accompli par les observations faites sur des cœurs de gre- nouilles séparés du corps, mais maintenus par une circulation artificielle dans les conditions se rapprochant le plus possible de celles où le travail cardiaque s'opère normalement. Lupwi@ et Cvox furent les créateurs de cette méthode appliquée depuis avec un égal succès aux autres organes du corps. Cxox en fit la première application au cœur de la grenouille en 1865. Séparé du corps, le cœur intégral fut mis en communication avec un système de tuyaux en verre, qui lui permettait de rece- voir le liquide destiné à la nutrition (lé sérum de lapin) par la veine cave el de le renvoyer ensuite dans l'aorte par sa propre contraction. Un embranchement de ce système de tuyaux met- tait le cœur en communicalion avec un manomètre à mercure qui enregistrait ses mouvements selon la méthode usuelle. Depuis 1865 la méthode décrite a subi des modifications notables aussi bien au point de vue d'enregistrement des batte- ments du cœur que du choix du liquide nutritif. Parmi les Fr. STSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 5 modifications de la méthode de Cxox, la plus importante fut qu CURE ‘ | | 118 | | IN | BAL Ta 1 L'En À. T DR DE 2 LA ER A LE LR) TT SSSSERSS FiG. 3. — AppareildeGyox pour l'entretien de la circulation artificielle dans le cœur de la grenouille. 00, tuyaux de communication avec la veine cave pp avec l'aorte. — C, B, L,K, N, F, chambre à doubles parois pour faire circuler l’eau à différentes tempéra- tures. — a,b,c,e, [, manomètre à mercure pour l'enregistrement des battements du cœur. — #, robinet pour mettre en communication le cœur avec Ie mano- mètre ou avec les tuyaux et la circulation du sang (voir pour les détails le Recueil des travaux physiologiques de Gxow, Berlin, 1888, u Methodik der phy- siologischen Versuche, St-Petersbourg, 1876). apportée par Fick et BLasius, qui enfermaient le cœur dans un 16 LES NERFS DU CŒUR cylindre rempli d'une solution saline, et inserivaient les oscilla- ions du volume de ce liquide provoquées par les contractions cardiaques. Marey avait en 1874 remplacé dans cet appareil la solution saline par l'air; l'enregistrement des oscillations se fait dans ce cas à l'aide d'un tambour à air. L'emploi simultané du manomètre de Cyox avec un appareil dans le genre de celui de Fick-BLasits (comme par exemple le piston-recorder de Wüizniaws) permet d'enregistrer en même temps les oscillations de la pression cardiaque et celles du volume du cœur. NeweLz-Marrix, Laxéexporrr et leurs élèves ont réussi à appli- quer celle méthode de la circulation artificielle à l'étude du cœur des mammifères séparé du corps; le plus souvent on se sert dans ces cas de plusieurs appareils enregistreurs appliqués simultanément. Cette méthode de la circulation artificielle introduite en physio- logie depuis une quarantaine d'années a acquis une importance capitale dans les recherches expérimentales modernes. On l'a appliquée également aux autres organes, aux poumons (Lupwi et Scumopr), aux reins (Muzrer) au foie (Cyox, Scuræper), à la résurrection des fonclions du cerveau (Cxox,, etc. Récemment, Cyon a employé celle méthode avec succès pour entretenir simultanément des circulations artificielles dans le cœur réuni aux poumons, et dans le cerveau. Ces circulations étant indé- pendantes l’une de l’autre, cette méthode permit d'étudier, par exemple, simullanément l'action de deux poisons cardiaques différents, dont un agirailt sur les centres cérébraux des nerfs du cœur et l'autre sur les centres périphériques. Nous revenons plus loin sur les importants résultats obtenus à l’aide de cette dernière méthode, qui ont une grande portée pour l'interprétation du mode de fonctionnement des nerfs du cœur. Résumons d'abord iei les principaux faits qui concernent l'action des variations de température sur le système nerveux intracardiaque, SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 17 8 4. L / « L ACTION DES VARIATIONS DE TEMPERATURE SUR LE SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE, D'APRÈS LES RECHERCHES DE CYOoN (24). Les effets de pareilles variations de température diffèrent selon qu'elles sont ascendantes ou descendantes, brusques ou lentes. Ces variations agissent différemment, mais avec une régularité parfaite, sur les diverses parties du système nerveux intracar- diaque ; en outre, dans les limites de 4° à 4-37, certaines tempé- ratures sont tout particulièrement favorables au développe- ment des forces exeitatrices de ce système nerveux, comme à celui des forces motrices des muscles. En somme, les recherches minutieuses de Cxox ont établi la diversité des centres nerveux ganglionnaires situés dans le cœur de la grenouille, diversité dans leur manière d'être influencés non seulement par les varia- tions de la température, mais aussi par des excitations élec- triques. Ainsi, par exemple, Cxox observa que l'excitation du sinus veineux, qui d'ordinaire provoque un arrêt diastolique du cœur, produisait, au contraire, un véritable tétanos ou une con- traction télanique de cet organe, une fois qu'il se trouvait dans l’état de repos déterminé par l'élévation de la température. L’excitabilité de l'appareil régulateur dont le fonctionnement permet la contraction rythmique du cœur, c’est-à-dire la distri- bution régulière des excitalions, est entièrement abolie quand la température du cœur de la grenouille est arrivée à + 37°-40°. L'arrèt du cœur est-il dû à un abaissement de la température, l'excitation du même sinus n’est à même de provoquer qu'une seule contraction cardiaque. Une brusque variation de la température de 20° à 40° donne lieu à une forteirritation des terminaisons des pneumogastriques dans le cœur. Cela fut démontré non seulement par le ralentis- sement et la forme des pulsations spéciales dues à cette excila- tion, mais aussi par le fait qu'en introduisant dans le sérum De Cvox. 2 LS LES NERFS DU CŒUR des doses de curare suflisantes pour paralyser leurs terminai- sons cardiaques, on annulait l'effet excitant des brusques varia- lions de température. Les expériences ultérieures de Cxox (25) sur des animaux à sang chaud ont démontré que les brusques élévalions de la tempéralure agissent identiquement sur les centres des pneumogastriques situés dans le cerveau. L'action, que les varialions de la température exercent sur l'amplitude et l'énergie des contractions cardiaques, offre le plus grand intérêt. Nous cilerons textuellement les indications de Cyox : « Des observations faites au cours de mes expériences on peut déduire une loi unique. Si lon décrit sur l'axe de l’abeisse qui correspond aux variations de la température, une courbe de l'amplitude des contractions, il en résulte un maximum et deux minima. Ces derniers correspondent à la première et à la dernière limites de la température, à celles, par conséquent, qui amènent un arrêt du cœur. La courbe monte rapidement à partir du minimum de la température inférieure, de sorte que, déjà à quelques degrés au-dessus de 0, elle atteint, ou peu s'en faut, le maximum : elle se maintient à cette hauteur jusqu'à 15° à 19° environ. Il est rare qu'elle commence à baisser déjà avant, vers 10° par exemple. A partir de 20°, elle baisse ensuite sans discontinuer, jusqu'au minimum provoqué par la température extrème supérieure, 37° à 40°, » Un autre phénomène observé par Cxox mérite d'être relevé. Lorsque le cœur s'approche de cel extrème degré supérieur de chaleur {vers +37), il continue encore à se contracter, maisilne parvient plus à projeter le sang dans le manomètre, Ses con- tractions cardiaques ont la forme péristaltique et se propagent dans la direction de la base du ventricule vers la pointe du cœur. Nous avons déjà indiqué qu'en général il résulte des obser- vations de Cyox que la fréquence des contractions cardiaques augmente avec la température, tandis que leur amplitude diminue. Mais, quand on étudie plus en détail la courbe des énergies “i SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 19 proportionnelles des contractions, en même temps que celle de 1 +2 à +7 =" 2 œ 0 à NN 54 n © © = re 2 # — pour nontre qu'au delà du maximum du nombr sur les contractions du cœur des crenouilles. r L r 22 2 : “4e be = n EQ = == = fn ii © ou 2 na 24 ” © 1 A © F4 do D + = 1 m4 — _— = No © œ a = © “D On ALES Eten À MOSS D em 2) " n Da € + Sr NES à cs NM nm 5 © > T EYES LR PET = LORS É D = = = SR CR RE CSP EE 1 ns €) = Dore i > x 4 SO. er ps vu el 2 = SO nn à Éd Er = > © fi = Eu > «4 D TAC ( leur fréquence dans le même cœur, on remarque aussitôt qu'à 20 LES NERFS DU CŒUR partir de 0° jusqu'à une certaine limite de température, il y a augmentation de fréquence, tandis que l'amplitude de la con- traction reste invariable. IT Y à done, dans ces limites, indépen- dance absolue entre ces deux fonctions. Quand la température continue à augmenter, la fréquence augmente aussi, mais une diminulion d'amplitude dans les contractions commence à se manifester, jusqu'à ce que le maximum de la fréquence soit atteint. Quand la température à laquelle les contractions car- diaques atteignent ce maximum de fréquences est dépassée, on voit alors la fréquence diminuer simultanément avec lampli- tude, jusqu'à ce qu'elles deviennent nulles, l’une et l’autre. Quant à la forme de la contraction cardiaque, Cox a observé qu'elle varie dans le même cœur avec les variations de tempé- rature. Les graphiques de la figure # démontrent que simulta- nément avec l'abaissement de la température, les parties ascen- dante et descendante de la courbe s’allongent de plus en plus. Les observations de Cxox sur la durée des systoles simples montrent que dans les limites de 0° jusqu'à 18°, /a somme de la durée des systoles se maintient à peu près invariable dans l'unité de temps, tandis que la durée de chaque systole isolée augmente à mesure que leur nombre devient moins fréquent dans la même unité de temps, et cela dans une proportion déterminée. Lorsque la température monte de 18° à 34°, la somme de la durée totale des systoles diminue le plus souvent avec l’augmen- tation de la température, de sorte que la durée de toutes les sysloles réunies pendant l'unité de temps n'atteint plus à 34° que la moilié de leur durée avant 18°. La durée de chaque systole est done, dans ces cas, diminuée de moitié, tandis que le nombre de contractions avait doublé pendant la même unité de temps. Les observations de Cxox sur les variations du travail du cœur avec les variations de la température ne sont pas moins instructives. Il conclut, « que ce n’est qu'à un degré de tempé- rature moyenne bien déterminé, que le cœur agit le plus eflica- cement sur la circulation du sang. Son action est moindre par une température moins élevée que par cette température +. SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 21 presque moyenne ; la fréquence des contractions diminue pen- dant le refroidissement, en même temps que leurs amplitudes augmentent. De même, l'effet utile des contractions pendant l'élévation de la température ne peut pas devenir plus considé- rable, étant donné que, si la fréquence des contractions augmente, leur étendue diminue en même lemps. D'après les calculs que j'ai pu établir dans le courant de mes observations, j'ai constaté que le maximum du travail d’un cœur de grenouille se (trouve entre + 18° et26. » Au cours de ces expériences, Cyox avait déterminé également le laps de temps que le cœur soumis à des tempéralures diverses emploie pour arriver par le systole au maximum de sa contrac- tion. En multipliant la durée des systoles par le nombre des contractions accomplies en une minute, il avait aussi obtenu des indications sur l'activité du cœur sous l'influence de diverses températures. Le résultat surprenant de ces mensurations était qu'entre OH 18° la durée des systoles dans l'unité de temps était presque toujours la même. Autrement dit, la durée des systoles augmente dans la méme proportion que la fréquence des pulsa- tions diminue. Ce n'est qu'entre 18° et 34° (il s'agissait du cœur d'animaux à sang froid) que la durée des systoles diminue plus rapidement que n'augmente la fréquence des battements. En d'autres termes, la somme des périodes d'activité du cœur reste tou- jours la même, quelle que soit la rapidité de ses battements. C'est celte loi de la constance des périodes d'activité du cœur, loi, qu'Ex- GELMANX avait, une quinzaine d'années plus tard, formulée comme « conservation de la période de l'excitation physiologique ». Cyox exécula aussi des mensurations analogues sur le travail accompli par le cœur dans une unité de temps sous l'influence de températures diverses. 1 se trouva que le maximum de tra- val était fourni par le cœur d'une grenouille (maintenu en par- fait état de nutrition par le sérum) également à des tempéru- tures comprises entre 1S° et 26°. L'augmentation de l'amplitude des battements à certaines températures basses n'accroit pas ce travail dans le temps, parce que le nombre des pulsations diminue simultanément. 22 LES NERFS DU CŒUR Cela permet de formuler une seconde /oi de la constance du travail du cœur: le travail exécuté par le cœur dans un temps donné reste invariable, quelle que soit la fréquence de ses batte- ments. Cette loi ne subit des exceptions que quand le cœur s'approche de températures extrèmes qui amènent son arrêt, Les deux lois peuvent être résumées dans une loi plus générale: le travail du cœur et ses périodes d'activité restent invariables, quel que soit le rythme de ses battements. Non moins intéressantes sont les modilications subies par l'élasticité du muscle cardiaque pendant les arrèts produits par la chaleur ou par le froid. Ces expériences de Cxox ont montré notamment que le cœur arrèté pendant quelques minutes par suite de la température trop élevée se dilate visiblement; on reconnait celte expansion du cœur à la baisse du mercure dans le manomètre. Cette baisse est moins prononcée que pendant l'arrêt du cœur par suite du froid. L'action de hautes tempéra- tures sur l'élasticité du cœur est donc plus grande que celle de températures basses. Une influence analogue de hautes températures sur les tonus du cœur a été observée depuis également par Binermanx dans le courant de ses expériences sur le cœur de Helixr pomatia. Tout différents sont les phénomènes que l’on observe lorsque, au lieu de soumettre le cœur à des variations de température lentes et graduelles, on lexpose à un changement thermique brusque. Voici les résullats de Cxox: « 1° Sile cœur, qui se contractait à la température de 20° à 29° se trouve soudainement mis en contact avec du sérum ou avec de l'air à 0°, son travail diminue, ses contractions devien- nent péristaltiques, il se dilate graduellement pendant la diastole, bien plus que quand il est ramené à une température plus basse par des transitions moins brusques. Si le cœur reste pendant quelques minutes soumis à la température de 0”, l'amplitude de ses mouvements recommence à augmenter ; peu à peu le cœur se trouve dans l'état (fig. 4) correspondant au refroidissement lent et par degrés. « 2° Par contre, lorsque un cœur, après avoir été maintenu SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 23 pendant quelque temps à 0°,on au-dessous, est mis brusquement en contact avec du sérum et de Fair de 40°, il montre une série de contractions se succédant avec une grande rapidité; finale- ment il entre en tétanos. « 3° Les phénomènes se présentent Lout différemment lorsque le cœur, au sortir d’une température normale, se trouve subi- tement en contact avec du sérum et de Fair à 40°, Alors les contractions, au heu d'être, ainsi que par le réchauffement gra- duel, fréquentes et de courte durée, se produiront espaces el plus amples. » L'interprétation des nombreuses modifications que Cox à observées sur l'action des variations de tempéralures, présentant de grandes diflicullés. En effet, ces modifications pouvaient dépendre de l'action des tempéralures sur les ganglions intra- cardiaques et les autres terminaisons des nerfs dans le cœur, ou sur les fibres musculaires elles-mêmes. De nombreuses recher- ches poursuivies depuis, à l'aide de méthodes analogues à celles employées dans les expériences dont nous venons de parler, avaient pourtant confirmé les conclusions principales de Cxox notamment, que ces modificalions sont dues principalement à l'influence que les variations des températures exercent sur le syslème nerveux intracardiaque. La plupart des phénomènes observés provenaient des excilalions ou des inhibitions, ou enfin, des paralysies temporaires de diverses parties de ce système nerveux. Nous revenons sur cette question dans les chapitres suivants. SAR EXPÉRIENCES SUR LE CŒUR ISOLÉ PAR Lucian, ROSSBACH ET AUTRES. Parmi les autres recherches faites d'après les méthodes de Luwni sur les cœurs séparés du corps, celles de Lrcraxi 26) ont une importance particulière par leurs rapports directs avec les expériences de Sraxnius sur le système ganglionnaire du cœur. Lucian s'est principalement servi des appareils dont 24 LES NERFS DU CŒUR Bowprreu avait auparavant fait usage pour ses études sur la pointe du cœur. Dans ces appareils une seule canule était employée pour mettre le cœur en communication d'une part avec le manomètre enregistreur, d'autre part avec la bouteille de ManorrE qui amenait au cœur le sérum nutrilif, Cette canule, Bowprreu l'introduisait par l'oreillette jusqu'au fond du ventri- cule et appliquait la ligature destinée à la fixer sur la limite du premier el du second tiers de cette partie du cœur; le ganglion de Binper élait ainsi séparé du reste du ventricule. Lucran, au contraire, après avoir introduit la canule de la même manière que Bowprren, la fixait à différentes hauteurs des oreillettes. Le ganglion de Binper, ainsi qu'une partie des filets nerveux et cel- lules ganglionnaires de Lupwi situés dans la cloison intra-auri- culaire, restait par conséquent en communication avec le ven- tricule. Quelle que fût la hauteur exacte à laquelle Lucrani appliquaït la ligature, il observait un phénomène constant : l'apparition des pulsations du cœur par groupes qu'il appelle périodes et qui étaient séparés les uns des autres par des intervalles plus ou moins prolongés, c'est-à-dire par des repos diastoliques. Ces périodes du cœur finissaient d'ordinaire par la réapparition de pulsations de plus en plus isolées, rares et faibles, qui aboutis- saient à l’arrèt du cœur par l'épuisement. Après une discussion approfondie des expériences de Sran- «its, HeipexHaIX, Gozrz et autres, Lucrant constata une diver- cence notable entre les résultats de certaines ligatures dans ses propres expériences el ceux observés par Sraxnius. Ainsi ce dernier, comme nous l'avons vu, obtenait par l'application de la ligature dans le sillon atrio-ventriculaire une série de pulsa- tions du ventricule plus lentes que celles de l'oreillette. Lucian, en appliquant une ligature à la mème place, voyait se produire de véritables contractions télaniques du cœur, pouvant aller jusqu'à un arrêt systolique. W attribue avec raison cette diver- gence à la différence dans l'expérimentation : landis que Srax- its par sa ligalture empêchait le sang de s'écouler du ventri- cule et ne pouvait apercevoir que de faibles pulsations, Lucran, SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 29 grâce à l'introduction d'une canule dans la cavité du cœur, per- mettait au cœur d'accomplir ses contractions complètes, L'enre- gistrement de ces dernières par le Kymographion permettait de préciser leur véritable nalure. Dans son premier travail, Lucraxr inclinail à attribuer les périodes à la ligature et aux modifications qu'elle produit dans le fonctionnement des centres automatiques. Ses expériences concernant l'influence de l'atropine, de la nicotine et de Ta mus- carine sur l'apparition de ces phénomènes semblaient confirmer cette manière de voir. Toutefois de nouvelles recherches sur la question, faites par Rosssacu (27) sous la direction de Kroxecker, ont bientôt démontré que ce n'est pas dans la ligature, mais dans les chan- sgements subis par le sérum qu'il fallait voir au moins une des causes des périodes de Lucraxr. En effet, il suffisait de rempla- cer le sérum employé par le sang défibriné où par un sérum sanguinolent pour que Le cœur, préparé selon la méthode.de Luciani, se contractät dans son rythme ordinaire, sans produire de périodes. Il suffisait même de substituer au sérum une solu- lion de chlorure de sodium à 0,6 p. 100 pour que les périodes disparussent malgré la persistance de Ia ligature, et que Île rythme normal reparût, quoique dans les conditions de fréquence moindre. C'est à la disparition de l'oxygène du sérum que Rôsssaca semble attribuer les périodes de Lucraxi. Sokorow et LucusixGEer (28), dans un travail sur le phénomène de Cneyxe- Srokes, concluent également que les périodes observées par Luciaxt dépendaient, dans les expériences de Rosssacu, de l'asphyxie. A une conclusion identique est arrivé LaxGEexporrr (29) en étudiant les phénomènes par Sraxnius à l’aide d’une méthode différente. Au lieu de séparer le ventricule du reste du cœur par une ligature ou par la section, il se servait d’une pincette qu'il appliquait sur le cœur d'une grenouille laissée 27 sutu. Celle pincelle pouvait être facilement enlevée. Au cours de ces expé- riences il observa, à côté d'un ralentissement considérable des pulsalions dû à la séparation produite par la pincette, une ten- 26 LES NERFS DU CŒUR dance de ces pulsations à se grouper en périodes séparées par des intervalles plus ou moins prolongés. C'est également à l'asphyxie du cœur que LaxGexporre attribue ce phénomène. Si tous les auteurs s'accordent sur la cause déterminante de ces périodes, la manière dont elle intervient dans le fonction- nement du cœur est moins bien établie. C'est là pourtant que se trouve le principal intérêt des périodes de Lucraxi; car, seule, la connaissance du mécanisme intime par lequel lasphyxie influence les diverses parties du cœur pourrait autoriser des con- clusions précises sur les causes réelles de la rythmicité nor- male. L'asphyxie peut se produire par l'absence de l'oxygène ou par l'accumulation de l'acide carbonique. L'absence de l’oxy- gène peut, de son côté, entraver le rythme régulier du cœur soit par la privation d'une substance destinée à entretenir l'exci- tabilité ou la puissance fonctionnelle des parties nerveuses ou musculaires du cœur, soit enfin par l'accumulation dans le sang de substances toxiques, qu'à l'état normal l'oxydation est appelée à détruire, selon l'avis de Cu. Ricuer. C'est à cette dernière pos- sibilité que semble s'arrèter LANGENDORFF. S 6. L'ACTION DES GAZ DU SANG SUR LE SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE DU CŒUR. D'autres données expérimentales permettent pourtant d'expli- quer l'action de l'asphyxie dans la production des périodes de Lucian sans avoir recours à l'intervention de ces substances toxiques. Nous faisons allusion à des expériences de Cxox (30) exécutées en 1867 dans le laboratoire de CLaupe Bernar», à l’aide des appareils qui lui avaient servi pour rechercher l'influence des variations de la température sur le cœur (voir plus haut). Cet auteur n'a étudié l'action de l'acide carbonique et de l'oxy- gène que pendant des intervalles relativement courts. Il saturait le sérum qui circulait dans le cœur tantôt d'acide carbonique, PR SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 27 tantôt d'oxygène, tantôtenfin d'un gazindifférent, Afin d'accentuer les effets de ces gaz, Cyox, en outre, entourait le cœur d'une atmosphère du gaz qu'il s'agissait d'étudier. Ces expériences ont démontré que la présence de l'oxygène dans le sang es/ indispensable pour que les contractions du cœur puissent S'accomplir d'une manière rythmique régulière, c'est-t- dire pour qu'il puisse exécuter un travail utile. Le cœur dont le sérum est saturé d’un gaz indifférent el qui, de plus, est entouré du même gaz, s'arrèle après quelques faibles contractions. 1 suflit de remplacer le gaz indifférent par l'oxygène, où même par l'air ordinaire, pour restaurer les battements réguliers du cœur, D'après Crox, l'oxygène libre n'est pas indispensable pour le travail régulier du #uscle cardiaque, mais sert d’excilant aux centres nerveux automatiques du cœur. L'acide carbonique dont on sature le sérum arrête également les battements du cœur. La suspension est instantanée, si l'on prend soin d'entourer en outre le cœur d'un courant d'acide carbonique. Cxox attribue cet arrêt à lPexcitalion des terminai- sons des pneumogastriques dans le cœur ; il fonde cette conclu- sion sur une expérience dans laquelle ces terminaisons furent paralysées préalablement par laddition de fortes doses de curare. (On ne connaissait pas encore l’action de latropine sur les pneumogastriques.) Dans ce cas le cœur ne s'arrêla pas en diastole ; ses battements devinrent très faibles et prenaient sou- vent un caractère péristaltique ; le ventricule ne se vidait que péni- blement et imparfaitement. Un courant d'oxygène où d'air almosphérique rétablissait instantanément la régularité parfaite des pulsations. L'introduction de l'acide carbonique à fortes doses excite done à un haut degré les nerfs régulateurs du cœur el augmente ainsi les obstacles qui, dans le cœur lui-même, s'opposent au passage des excitations automatiques sur les fibres musculaires. Pendant la diastole provoquée par l'arrêt subit du cœur, dû à l'acide carbonique, une excitation du muscle cardiaque est, d'après Cox, susceptible de-donner lieu à des contractions 1s0- lées. Le muscle n'est donc point paralysé par l'action de ce gaz. 28 LES NERFS DU CŒUR Toutefois des expériences postérieures de Kroxecker (31) et de ses élèves indiquent que l'acide carbonique est également à mème de diminuer à la longue la force des contractions car- diaques. A l'aide de ces données, confirmées depuis dans leurs grandes lignes par Kiu (32), il devenait possible d'expliquer par quel mécanisme l'asphyxie, dans les expériences de Lucraxt, Ross- sacu et autres déterminait les irrégularités du rythme cardiaque désignées sous le nom de périodes, ainsi que la crise aboutis- sant à l'arrêt du cœur par l'épuisement. L'absence de l'oxygène doit y jouer un rôle prépondérant, et cela de la manière suivante : L'absence de l'oxygène libre indis- pensable pour l'accomplissement du processus chimique qui pro- voque les pulsations du cœur rend rares les excitations de l'appa- reil nerveux automatique. Il était plus dificile de déterminer la part exacte qui appartient à l'accumulation de lacide carbo- nique dans la prolongation des pauses diastoliques, les quantités de ce gaz qui s'accumulent dans Le sérum pendant la durée d'une expérience élant trop insignifiantes pour provoquer par elles- mêmes des arrèts diastoliques. De nombreuses recherches poursuivies pendant {rois ans par Hiacmar OEurwazz (33) confirment en grande partie cette manière de voir. Instituées dans le but général d'étudier le méca- nisme intime par lequel l'asphyxie détermine les périodes de Lucrani, ces expériences furent commencées en 1893 dans le laboratoire de Lupwié et achevées depuis chez Ticersrenr à Upsala. L'expérimentaleur suédois a eu heureuse idée d’aban- donner les méthodes qui réduisaient le cœur aux deux tiers du ventricule et de revenir à la méthode première, inaugurée par Cyox en 1865 et consistant à étudier le cœur entier avec toutes ses parlies essentielles, à l'aide d'un système de tuyaux qui permit à l'organe de recevoir le liquide nutritif par la veine cave et de l'envoyer par ses propres contractions dans l'aorte. Grâce à un arrangement spécial, OEnrWALL pouvait en outre enregistrer avec son appareil non seulement les contractions du ventricule, mais encore celles des orcillettes. Les résultats des SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 29 recherches en question ont pleinement confirmé ceux obtenus par Cvox. Ainsi Hiecuar Oenrwazz considère-t-il la constante diminution du nombre des pulsalions pendant lasphyxie comme un fait n'admellant pas d'exception. Les effets produits sur le cœur par la substitution d'un gaz indifférent à l'oxygène ou à l'air (l'hydrogène au lieu de l'azote dans les expériences de Cyox) sont les mêmes que cet auteur a observés, comme aussi ceux de la reprise du fonctionnement du cœur par l'introduction de l'oxygène ou de l'air atmosphérique dans le sérum ou même dans l'air ambiant. Grâce à la circonstance que OEnrwaLz a travaillé sur le cœur entier, les périodes de Lucraxt ne se pro- duisaient pas régulièrement, Il a même observé que le cœur cessait de battre sous l'influence de l’asphyxie sans aucun chan- gement préalable du rythme ou de l'étendue des pulsations (loc. cit., p. 238). C’est à l'absence de l'orygène que Hyecuar OEurwaLz attribue le rôle principal dans la production des modifications que l’asphyxie délermine dans le cœur, cette substance étant une condition indispensable pour les fonctions normales des ganglions et du #uscle cardiaque. A l'acide carbo- nique, l’auteur est tenté d'attribuer un rôle bien moindre. Ce n'est pas qu'il n'ait, lui aussi, observé que sous l'action de l'acide carbonique le cœur s'arrête en diastole, mais il considère que les quantités de ce gaz étaient trop minimes au moment de l'apparition des périodes de Lucraxi. L'observation de ce dernier, que l’atropine n'empêche pas les changements des con- tractions rythmiques, paraissait à cel auteur comme un obstacle à leur interprélation par une excitation des appareils régula- teurs, mais nous verrons plus loin que l’atropine peut paralyser les terminaisons des pneumogastriques tout en laissant intacts les ganglions modérateurs eux-mêmes. Lucian lui-même, dans son premier travail, inclinait déjà à considérer la présence de loxygène comme indispensable à l'étude de l'excitation normale des ganglions du cœur. En 1879 (34), il se prononca plus catégoriquement encore à ce sujet en attribuant les troubles de rythme qu'il avait observés aux chan- gements dans les ganglions cardiaques eux-mêmes, 30 LES NERFS DU CŒUR Tout récemment, W. T. Porrer, dans une communication * faite au Congrès physiologique de Cambridge en août 1898, affirmait que le cœur des mammifères et même que certaines parties de ce cœur peuvent continuer leurs contractions si on leur fournit du sérum sous une pression basse, à condition qu'ils restent entourés d'oxygène à haute tension (Voir plus haut une expérience analogue de Cxox). Les conclusions des expé- riences de Cox sur le cœur des vertébrés à sang froid sont done valables également pour le cœur des mammifères. Aussi bien OearwaLz que Porrer diffèrent de Cox en ce qu'ils considèrent L à tort l'oxygène également nécessaire pour l'accomplissement ‘ du travail du muscle cardiaque. Nous revenons plus loin sur cette question importante. L'oxygène est-il l'excitant normal des ganglions cardiaquès ou son rôle dans le fonctionnement de ces derniers se borne-t-il à maintenir leur excitabilité ? Il est difficile de se prononcer positivement entre ces deux hypothèses. Selon PrLüGer, d'ail leurs, l'excilalion n'était le plus souvent qu'une exagération du même processus qui maintient les éléments nerveux en état d'excitabilité. FA CZ: LES RAPPORTS PHYSIOLOGIQUES ENTRE LES DIVERS GROUPES DES CELLULES CARDIAQUES. Il y a un grand intérêt à déterminer les rapports réciproques entre les divers groupes de cellules ganglionnaires. Les nom- breuses recherches faites à ce sujet, dont nous avons résumé les plus importantes, permettent de formuler dès à présent cer- taines données incontestables. Le point de départ des excitations rythmiques du cœur se trouve dans le sinus veineux. Là-dessus sont d'accord tous les expérimentateurs qui ont étudié la question sans parti pris. Le ganglion de Rewax doit donc être considéré — parrmi les éléments nerveux intracardiaques — comme lini- Ê SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQOUE 31 liateur des mouvements rythmiques du cœur. Ainsi que l'ont démontré Lovëx (35), puis Ticersrror et Srrümerré 136), une seule excitation de ce ganglion suffit pour provoquer une série de pulsations et éventuellement pour accélérer dans une mesure considérable les pulsations constantes. Dans le même ordre d'idées doit ètre classée l'observation de GaskeLz 37), que l'élé- vation de la température du sinus veineux suffit seule pour accé- lérer les pulsalions de tout le cœur; par contre, celle de la température du ventricule est impuissante à agir sur les pulsa- tions des autres parties du cœur. Nous venons d'exposer les recherches de Cxox, d'Orarwazz et d'autres concernant l'importance de l'oxygène comme exci- tateur normal des ganglions moteurs. Or, longtemps déjà avant ces auteurs, Bezozp (38) avait attiré l'attention sur ce fait que, dans le cœur de grenouille, les parties seulement où est situé le ganglion de Rewak sont pourvues de vaisseaux sanguins, et que tout empèchement à l'échange des gaz dans le sinus ralentit les pulsations. Récemment, plusieurs expérimentateurs ont donné une atten- tion particulière aux pulsations des terminaisons des veines caves. ExGEzuaxx (39) a fait chez la grenouille des études très minutieuses sur les contractions spontanées des veines caves séparées du sinus veineux, et il est arrivé à conclure que c'est d'elles que part l'impulsion initiale pour le sinus veineux et, par conséquent, pour le reste du cœur. « De tout point des veines caves on peut produire une révolution complète du cœur et influencer le rythme de ses mouvements. (Loc. cit., 134.) Au moment où EXGELMANX écrivait ces lignes, on ignorait encore la présence de cellules ganglionnaires dans les parois de cette partie des veines caves. Aussi EXGELMAXX a-t-il cru trouver dans ce fait un argument sérieux en faveur de l'origine myogène des contractions cardiaques. Les fibres musculaires seraient donc les seules initiatrices de ces mouvements, tandis que les cellules du ganglion de REmak « n'influenceraient la produelion des excitations du cœur » que par une prétendue action trophique. Depuis la découverte de cellules ganglionnaires dans les veines 32 LES NERFS DU CŒUR caves par À. Doctz (40), celte restriction apportée au rôle du ganglion de Remar tombe d'elle-même. L'observalion des veines caves a suggéré la mème conclusion prématurée que celle des mouvements spontanés de l’uretère. Là aussi, ExGELMANX voyait une preuve que des contractions automatiques pouvaient se produire dans les fibres musculaires sans intervention de cellules nerveuses. A. Docez, Rupe, Marer et surtout Proroporow (41) ont depuis démontré l'existence de nerfs, de cellules ganglionnaires el de ganglions dans toute la longueur de luretère. Il reste donc acquis, en tout cas, que le ganglion de Remak, quelle que soit la source première de son excitation, met, lui, en mouvement rythmique le cœur tout entier. C'est de son excilation que dépend ex premier lieu la fréquence des battements du cœur, Le ganglion de Bipper (sous cette dénomination nous comprenons non seulement le groupe de cellules ganglionnaires à la limite atrio-ventriculaire décrites par ce physiologiste, mais aussi toutes les autres cellules ganglionnaires découvertes par d'autres auteurs dans les parois du ventricule et surtout dans son tiers supérieur) peul certainement servir aussi de point de départ aux contractions du cœur, à défaut des excitations qui lui parviennent du ganglion de Remak, que ces excitations soient d'origine exclusivement réflexe (Gourz et autres) ou non. Mais, à l'état normal, ces ganglions de Bioper sont destinés surtout à déterminer la force des contractions musculaires. Nous verrons plus loin les principales raisons qui militent en faveur de cette interprétation de leur rôle. Quant aux cellules ganglhionnaires disséminées sur le parcours des filets nerveux d'origine pneumogastrique ou sympathique, que LupwiG a constatés dans la paroi inter-auriculaire, leur disposition analomique donne lieu de supposer qu’elles sont destinées à transmettre aux centres ganglionnaires du cœur lui-même les impulsions modératrices provenant des centres nerveux, moelle ou cerveau. Elles seraient donc des appareils régulateurs aussi bien de la fréquence que de la orce des batte- ments du cœur, c'est-à-dire du fonclionnement des ganglions de SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 33 Reuar et de Binper. Nous reviendrons sur ce rôle du ganglion de LuowiG après avoir exposé celui du système nerveux ertra- cardiaque. Mais dès à présent nous pouvons considérer, en termes généraux, que le travail des centres ganglionnaires du cœur est réparti de la manière indiquée entre ces trois ganglions, sans pourtant prétendre que leur délimitation anatomique soil aussi nettement précisée que le sont leurs fonctions physiolo- gIques. Es. EXPÉRIENCES SUR LES NERFS INTRACARDIAQUES DES ANIMAUX A SANG CHAUD. Les données exposées jusqu'à présent ont été acquises presque exclusivement par des expériences sur des grenouilles, et, en petite parlie, sur des tortues. Ces données sont-elles applicables aux cœurs des animaux à sang chaud”? Déjà Hazzer avait con- staté expérimentalement que ces cœurs séparés du corps peuvent continuer à battre un certain temps, moins longtemps toutefois que le cœur des animaux à sang froid. Il résulte néanmoins de certaines observations que ce temps peut, à l'occasion, se pro- longer nolablement. Ainsi Vuzprax (42) a vu chez un chien des contractions (fibrillaires, ilest vrai) de l'auricule droite persister quatre-vingt-treize heures après la mort. Mais les contractions rythmiques durent rarement plus d'une heure. Vazcer et Re (43) en ont observé pendant 72 minutes au maximum. CYox (#4 a constaté que les cœurs des chiens soumis préalablement à des pressions de 2 à 2 et demi atmosphères, etne respirant sous ces pressions que de l'oxygène pur, peuvent continuer à battre régulièrement pendant plus d’une heure, même quand ils sont complètement exsangues (Voir plus haut expérience de Porter). Mais, pour pouvoir soumeltre à des expériences plus prolon- gées le cœur des animaux à sang chaud, il est indispensable d'y élablir une circulation artificielle du sang selon les méthodes appliquées par Cxox (24) et les autres élèves de LubwiG au cœur DE Cvox. 3 34 LES NÉRFS DU CŒUR de la grenouille. Des essais heureux dans cette direction ont été faits, en premier lieu, par NeweLzz Marrix (45) et ses élèves Doxazbsox, Howecz el autres, puis par LaxGexporre (46) et tout récemment par Karz Heprou (47), ete. Des nombreuses expé- riences exécutées par NewELzL Marnx et tout dernièrement par Laxcexoorrr sur le cœur de lapin et celui du chat, les plus intéressantes sont certainement celles instituées pour étudier la manière dont le cœur estinfluencé par les variations de la tem- péralture. Dans un des chapitres précédents (# sont relalées en détail les expériences de Cvox faites sur le cœur des grenouilles dans la mème intention. Ces expériences ont démontré la précision avec laquelle on pouvait déduire les lois de l’action de pareilles varialions. Or, il était particulièrement important de rechercher si les mêmes lois régissent l’action de la température sur les cœurs des animaux à sang chaud. Les deux expérimentaleurs ont pu conslaler que, quant à l'influence exercée sur la fréquence des battements sur les élé- valions lentes comme par les lents changements de la tempéra- ture, l'analogie est complète entre le cœur des animaux à sang chaud et celui de la grenouille. LANGENDORFF insiste avec raison sur la ressemblance parfaite entre la courbe qui représente les rapports de la température et de la fréquence des battements du cœur chez le chat (/oc. cit., 392, fig. 29) et la courbe analogue obtenue par Cvox chez la grenouille (fig. 1, 12 du Recueil des travaux scientifiques de Cox, 52, 12). Pour l'action des diverses températures sur la force des con- tractions, LaxGENDORFF n'a pas réussi à obtenir des données aussi précises que celles recueillies par Cvox sur les grenouilles ; la vilesse de la circulation du sang dans les cavilés cardiaques exercait une influence {rop considérable sur cette force pour permettre d'attribuer wniquement aux varialions de la tempé- ralure les changements oblenus. Dans un autre ordre d'idées, l'analogie entre les cœurs des animaux à sang chaud et ceux des animaux à sang froid paraît ètre moins complète. Les expériences entreprises dans le labo- ratoire de Luowié d'abord par WooczpribGe (48) et poursuivies SYSTÈME NERVEUX INTRACARDIAQUE 30 ensuite par Ticersrepr (49) à l'aide de méthodes plus perfection- nées, ont démontré que, malgré la ligature, malgré mème une mise hors fonction plus parfaite des parties nerveuses situées à la limite auriculo-ventriculaire, les ventricules continuent à se contracter sous un moindre arrêt préalable, Cela indiquerait que les centres nerveux de Binper sont beaucoup moins soumis au ganglion de Remakr chez les animaux à sang chaud que chez les grenouilles. Une plus grande indépendance de ces centres chez les mammifères n'a rien de surprenant en elle-même. Dans tous les cas, il ne s'agit point d'une différence de prin- cipe, et cela d'autant plus que Ticersrenr, lui-même, constate que les ballements automatiques du ventricule deviennent moins fréquents après la séparation. N'oublions pas, d’ailleurs, qu'entre les procédés expérimentaux de ces observateurs et ceux usités dans les ligatures de Sraxius, il existait de notables différences. Tout récemment, Kreuz et RouserG (50) ont tenté de répéter avec plus d'exactitude les expériences de Sraxxits sur des ani- maux à sang chaud. À en croire le résumé de leurs travaux, ils auraient réussi à démontrer que les éléments nerveux du cœur ne jouent aucun rôle ni dans l'automalisme rythmique, ni même dans la régularisation des pulsations cardiaques. Il suflit pour- tant d'examiner avec attention les procédés opératoires de ces auteurs ainsi que le compte rendu de leurs recherches, tel qu'ils l'ont publié, pour se convaincre que si la défectuosité de leurs méthodes n'autorise aucune conclusion sérieuse, les résultats qu'ils proclament ne répondent nullement aux données de leurs propres expériences. Ces résultats ne s'accordent même pas avec les exigences générales de la thèse qu'ils soutiennent. Nous reviendrons encore sur quelques-unes de ces expériences. Si l'on voulait, sans idées préconçues et avec des méthodes réellement précises, vérifier les données de Sranuits chez Îles animaux à sang froid, il faudrait expérimenter sur des cœurs complètement détachés du corps et placés à l'aide d’une cireula- tion artificielle dans les conditions physiologiques les plus rap- prochées de l'état normal. 36 LES NERFS DU CŒUR Tant que les preuves du contraire n'auront pas été fournies par des expériences d'une valeur indiscutable, on sera fondé à admettre que les systèmes nerveux cardiaques des animaux à sang chaud ne se distinguent de ceux des animaux à sang froid que par une différenciation plus parfaite de leurs fonctions, — différenciation nécessilée en première ligne par la multiplicité el la variété des filets nerveux qu'ils reçoivent de la moelle et du cerveau, ensuile par une nutrition plus parfaite, grâce à un système vasculaire très compliqué qui, de son côté, est régi par des nerfs vaso-moteurs. CHAPITRE I SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE.— LES NERFS CENTRIFUGES DU CŒUR 8 1. DiSPOSITIONS ANATOMIQUES. Les nerfs qui relient le cœur au cerveau passent par deux voies : Le nerf pneumogastrique et le grand sympathique. Leur disposition analomique varie dans les détails chez les différents animaux à sang chaud. Nous donnerons ici avant tout la distri- bution des nerfs accélérateurs du cœur dans les animaux chez qui elle a été particulièrement étudiée; celle du nerf dépresseur vient dans le chapitre suivant. Nous ne pouvons considérer comme nerfs accélérateurs que ceux dont les fonctions ont été démontrées par voies d'expériences physiologiques. Nous don- nons ici par conséquent l'analomie de ces nerfs chez le lapin, le chien, le chat et le cheval, pour ce qui est des mammifères, et, pour les vertébrés à sang froid, chez la grenouille, Palli- galor et le crocodile. On verra plus loin que les nerfs accélérateurs du cœur furent découverts par E. et M. Cxox en 1866, chez les lapins el les chiens. Nous prendrons pour base de notre exposé la description anatomique donnée par eux du parcours de ces nerfs, ainsi que les figures publiées plus tard par E. Cvox 51, 52et 53) qui en représentent la distribution. Après son parcours à côté du dépresseur, le nerf sympathi- que du cou aboutitchez le lapin au ganglion cervical inférieur. 38 LES NERFS DU CŒUR La forme et les embranchements de ce ganglion ne sont pas exactement les mêmes de chaque côté. Du côté droit il'est d'or- dinaire moins développé que du côté gauche. L'inverse a lieu pour les premiers ganglions thoraciques supérieurs, bien plus ù RÉNSlORpES du CÔLÉ ne que du côté droit. Les mêmes rap- ports entre les dimensions de ces ganglions s'observent éga- lement chez le chien et le cheval. Parmi les branches qui se tt délachent du ganglion cervical inférieur, plusieurs ont un | parcours très régulier ; les autres varient assez notable- ment chez les différents indi- vidus, ce qui doit tenir à la diversité des races. Au premier rang des branches constantes il faut mettre les deux nerfs qui forment l'anse de Visussexs entourant l'artère sous-clavi- se 4 X 2 culaire. A gauche cette anse Fi. 3. — Nerfs du cœur chez un lapin, Se compose de deux branches d'après Gvox et LupwiG (Voir les ou- , 2 8e vrages SL, 82 et 53). bien neltes, qui se rejoignent s, Sympathique du cou; r, pneumogas- au-dessous de larlère ou un trique; G, dernier ganglion cervical ; : d, nerfs dépresseurs.; V. c. s., veine peu plus bas, en aboutissant cave descendante; #, n. pneumogastri- : 1: . ' que. au ganglion thoracique supé- rieur (Voir les fig. 6, 7, 8, 9 et 10. À droite, les deux branches forment souvent un véritable anneau sans lien avec ce dernier ganglion. Quant aux branches dont le nombre et la marche présentent quelques variations, les unes se rendent au cœur, les autres communiquent avec le plexus cervical. Une branche forme d'ordinaire une anastomose avec le laryngé inférieur. Souvent mème un nerf cardiaque se détache de ce dernier nerf, aussitôt qu'il s'est séparé du pneu- SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 39 mogastrique et avant qu'il contourne la trachée, Parmi les branches dont nous venons de parler, les deux premières, en comptant de dedans en dehors, forment le prolongement du nerf dépresseur. La troisième est Le nerf accélérateur. Ce dernier se Fi6. 6. — Nerfs du cœur chez le chien, côté gauche, d'après Gyox (Voir les mêmes ouvrages que pour les figures précédentes). R. C. Ace, nerfs accélérateurs. On voit le dernier ganglion cervical ainsi que Île premier thoracique et leur communication avec le grand sympathique, l'anse de VIEUSSEN, ele. forme souvent après une anastomose avec le nerf Taryngé infé- rieur. Un autre nerf accélérateur se délache du ganglion thora- cique supérieur. Chez le chien la distribution des nerfs accélérateurs diffère un peu de ce qu'elle est chez le lapin. La figure 6 représente cette disposilion du côté gauche. On voit plusieurs branches très fines qui entourent l'artère sous-claviculaire en dehors de l'anse de Viecssexs. Le plus souvent deux nerfs accélérateurs se délachent 40 LES NERFS DU du ganglion cervical inférieur ; à droite, comme l'avait constaté Cgt. Cerinr S Fi6. 7. — Mèmes nerfs du cœur isolés également du côté gauche chez un autre chien (Figure empruntée à la Méthodique de Cyox). le plexus cervical et lhoracique Cglcer \ Fi. 8. — Les ganglions du grand sympathique (dernier cervical et thoracique) chez un chien, côté droit (Méthodique de Cxox). 0 % e. Cr 2! SCIMIEDEBERG , un FPIBr accélérateur se dé- lache de la branche postérieure de l'anse, Une autre branche part sou- vent du Jaryngé inférieur ou du pneumogastrique immédiatement au-dessous de ce nerf. On voit aussi sur les figures 7 et 8 les branches communiquanten- tre les deux gan- glions dont partent les accélérateurs et . Dans la figure 7, empruntée égalementaux travaux de Cxox, le pneumo- gastrique qui déjà au cou était séparé du sympathique ne tra- verse pas le ganglion cervicalinférieur, mais communique avec lui par une forte anasto- mose. Le premier gan- ghion thoracique, très petit, est réuni au der- nier cervical, non par lanse de Vigrssexs, mais par une forte et courte branche. Les figures 10, 11 et 12 donnent la disposition des nerfs accé- léväteurs chez le cheval: les figures 11 et 12, celle du côté gau- SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES A che ; la figure 10, celle du côté droit, On voit que les rapports entre les dimensions des deux ganglions cervical inférieur el thoracique supérieur rappellent ceux constatés chez le lapin. Fi@e 9. — Le premier ganglion thoracique chez les chiens, côté droit, vu du dos, A et B, les deux premières côtes, résection sous-périostale. Grst, le grand sym- pathique (d'après Gxox, mêmes ouvrages). Les figures permettent de reconnaitre aisément Ja disposition des nerfs accélérateurs. Notons une parlicularité : la branche cardiaque du laryngé inférieur se détache à droite non du gan- glion cervical inférieur, mais du ganglion médial. lie. N.R. Fi. 10. — Nerfs du cou et du cœur chez un cheval (côté droit), d’après Cox. N. L.S., nerf laryngé supérieur. — V, pneumogastrique. — S, sympathique. — Gem, ganglion cervical moyen. — R. Acc, nerfs accélérateurs. — Gst, premier ganglion thoracique. — Gei, ganglion cervical inférieur (Voir pour les détails : Beiträge zur Physiologie der Schilddruese, ete, Bonn, 1898, par Cyox). v MAT. SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 43 Parmi les branches qui se rendent du cœur à ces deux gan- glions, plusieurs certainement sont destinées aux vaisseaux car- diaques. Cxox en à reconnu une qui partait du premier ganglion Fi6. 11, — Nerfs du cou et du cœur chez le cheval (côté gauche), d'après Gyox. D, nerfs dépresseurs — Sy, sympathique. — Vag, pneumogastrique. — G. C.S., ganglion cervical inférieur. — N. th.s, nerf thyroïdien dépresseur (Voir le même ouvrage que pour la figure 10). thoracique. Mais ilest probable que parmi les filets nerveux qui se détachent du dernier cervical ilexiste aussi des vaso-moteurs du cœur, 14 LES NERFS DU CŒUR Par quelles voies les nerfs accélérateurs quittentals la moelle épinière pour arriver aux ganglions qu'ils traversent avant de parvenir au cœur ? Bezou» et Bever (79) en ont indiqué une: un nerf qui du plexus brachial se rend en suivant l'artère ver- tébral au premier ganglion thoracique. Hs lui ont donné le nom Fic. 12. — Le dernier ganglion cervical et le premier thoracique chez le même cheval du côté gauche ; mêmes désigna- üons que la figure 11. de nerf vertébral, Cox à vu le nerf vertébral se rendre du côté gauche au dernier ganglion cervical. Dans les figures 6,7 et8,empruntées aux travaux de Cxox de IS68 (10%), nous voyons chez le chien de nombreuses branches se rendre aux deux ganglions, aussi bien du plexus brachial que des trois premiers nerfs thoraciques. Une grande partie de ces branches contient certaine- ment des fibres vaso-mo- ltrices du cœur: le reste se compose de nerfs accéléra- teurs. Fraxcois-Fraxck (142) confirme ce dernier fait. Le sympathique du cou contient-il également des nerfs accélérateurs”? Bezoz» afirme avoir plusieurs fois obtenu des accélérations en excitant le bout périphé- rique du sympathique. Il reconnnaissait que c'était là un résultat très inconstant. Lrowic contesta le fait. M. et E. Cyox soutenaient également que l'excitation de ces nerfs reste sans effet sur la fréquence des battements du cœur. Par contre, R. WaGxer décla- rait avoir observé à plusieurs reprises un ralentissement comme conséquence d'une irritalion du bout périphérique du sympa oo SYSTÈME NERVEUX EXTR ACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES (En thique. En somme, il était généralement reconnu que ce nerf es! sans influence sur le cœur. Tout récemment, Cvox (5%) a enfin réussi à établir la cause de ces observations contradictoires : il a trouvé que le nerf sympathique du cou peut en effet provoquer une accélération des battements du cœur chaque fois que l'exei- tabilité des ganglions sympathiques auquel il aboutit subit une augmentation considérable, sous l'influence soitde modifications pathologiques (goitre, thyroïdectomie, ete.), soit de l'introduc- lion dans l'organisme des substances toxiques: iode, extraits des capsules surrénales, ete. Ce fait implique comme consé- quence que « les ganglions sympathiques ne sont pas de simples stations de passage pour les nerfs du cœur, mais jouent le rôle de véritables organes centraux qui peuvent produire el influen- cer les excitations de ces nerfs » (53, p. 11%). Les nerfs sympathiques des vertébrés à sang froid contiennent également des fibres accélératrices. C'est indirectement que SCHMIEDEBERG (80) est arrivé à conclure que le pneumogastrique de la grenouille possède aussi le nerf accélérateur du cou {V. plus loin, p. 62). Puis HerbexnaIN, GASskELL et d’autres ont établi que ce nerf est d'origine sympathique et qu'il se joint au pneumogastrique aussitôt après sa sortie du crâne. Des études particulières sur le parcours de ces nerfs accélérateurs chez différents vertébrés à sang froid ont été faites ensuite par Gaskezz et Gapow (138). Nous en indiquons plus loin le résultat principal. N - di « ACTION PHYSIOLOGIQUE DES NERFS EXTRACARDIAQUES. HISTORIQUE. L'accomplissement d'un mouvement simple, la contraction d'un muscle et surtout l'exécution d'un mouvement volontaire coordonné exigent la mise en jeu d'un appareil nerveux très compliqué : cellules ganglionnaires, fibres nerveuses, nerfs moteurs, nerfs inhibiloires, ete. La besogne du musele cardiaque élant beaucoup plus complexe, chargé qu'il est de travailler 46 LES NERFS DU CŒUR sans arrêt et sans fatigue en contractant ses diverses parties d'une manière rythmique etsynchronique, le système nerveux, qui régit el coordonne ses mouvements, doit par suite ètre d'une complication infiniment plus grande encore. C'est en outre un fait connu de tout temps, mème du populaire, que l'état psy- chique, l'émotion de l'âme réagit profontément sur le cœur, ce qui ne peut qu'ajouter à la délicatesse de sa tâche. Néanmoins, pendant des siècles, l'indépendance du cœur du système ner- veux central a élé une doctrine généralement admise par les savants ; il y a à peine un siècle que des anatomistes distingués, comme BEuRExDs, niaient jusqu'à l'existence des nerfs cardiaques! La théorie de l'indépendance absolue du cœur par rapport au système nerveux dale de Gariex qui observa le premier que la ligalure des pneumogastriques el même la section de la moelle n'empêchent pas le cœur de continuer ses battements. Comme les partisans les plus avancés de la théorie myogène actuelle, GaLiex ne voulait reconnaître aux nerfs cardiaques que le rôle de « nerfs de sensibilité » (54. Ce n'est que vers la fin du xvu® siècle que Taomas Wicuis (55) et Ricuarn Lower (56) engagèrent sérieusement la lutte contre les idées de Gauex. Tandis qu'un de leurs prédécesseurs, Piccozommi (57), ayant observé dès 1566 que les animaux périssent après la section des deux pneumo- gastriques, en avail conclu que ces nerfs sont les nerfs moteurs du cœur, Wicuis et Lower afirmèrent au contraire que les pulsa- lions du cœur deviennent plus fortes, plus violentes après la section des pneumogastriques. On peut donc regarder ces deux expérimentateurs comme les premiers qui aient constaté l’action régulatrice desdits nerfs. Is considèrent, en effet, l'accélération observée comme le résullat d'un trouble dans les pulsations causées par la section de ces nerfs. Vazsazva (58) et R. Wusyrr (59), de leur côté, observèrent aussi très exactement l'effet de la section des pneumogastriques sur le cœur. Voici comment vox Bezocp (60) résume, d'après LecarLôts, l'état de la question relalive à l'origine des battements du cœur avant l'apparition de HAzzer : SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 47 Trois opinions diverses étaient soutenues parles analomistes el les médecins : 1) Le pneumogastrique n'exerce aucune action sur les moüvements du cœur. La source de ces mouvements se trouve dans le cœur lui-même (Gate); 2) Le pneumogastrique est une des sources de lexcilation du cœur, lesquelles se trouvent dans le cerveau, dans la moelle el en partie dans le cœur lui-même (Wicus, Lower, Varsazva); 3 Le pneumo- gastrique est le nerfessentiel du cœur (Hirpocrate, PiccoLouint, Borezur, Wuyrr et SrauL). Les belles recherches de Hazcer (61) sur lirritabilité du issu musculaire, ainsi que sur le cœur, semblèrent donner défi- nilivement raison à la première de ces opinions. La doctrine de GaLIEx devait forcément triompher. Ayant complètement séparé le cœur du système nerveux central, ou plutôt croyant l'avoir entièrement séparé, parce qu'il avait coupé les pneumogastriques et le grand sympathique (lin- tercostal), Hazcer vit le cœur continuer à battre régulièrement. Il en inféra que la persistance de ses mouvements était due à la nature irritable de son lissu musculaire et que « le sang était l'excitant qui mettait ce muscle en action ». fgnorant l'existence de ganglions et d’un système nerveux correspondant dans le cœur lui-même, Hazzer ne pouvait pas conclure autrement qu'il pe fit. Pourtant le grand physiologiste était loin de croire les libres musculaires tout à fait indépendantes des nerfs extra- cardiaques : il attribuait à ces derniers une influence sur la sen- sibilité des fibres irritables musculaires du cœur, ce qui, selon notre terminologie moderne, voudrait dire que ces nerfs influen- caient leur excitabilité. Aussi bien, en tant qu'il conférait au sang le rôle d'excitateur et aux pneumogastriques el sympa- thiques celui de régulateurs de Fexcitabilité, Hazcer se rappro- chait remarquablement de nos notions actuelles. Les découvertes de Gazvaxi et de Vorra donnèrent une impul- sion nouvelle aux recherches sur les nerfs du cœur, On ne se contenta plus d'observer l'effet de la section de la moelle ou des nerfs cardiaques, on chercha à les stimuler à Paide de courants galvaniques, c'est-à-dire à provoquer leur fonctionnement nor- LS LES NËRFS DU CŒUR mal. Dans le nombre des expérimentateurs, deux surtout, FowLcer el Hewrozpr (62), observèrent que le rythme et la force du cœur variaient sous l'influence de telles excilations et que, par conséquent, «les pulsalions du cœur se modifient sous l'in- Îluence nerveuse » (Huurozpr). Mais ces observations isolées de Huwsoror, de Fowcer et d'autres, qui semblaient incompatibles avec la doctrine de Pirrilabilité propre du cœur, ne parvenaient pas à ébranler la foi dans les études magistrales de Harzer. C'est à Lecazzois (63) qu'appartient incontestablement le mérile d'avoir, pour la première fois, à l'aide d'expériences directes, soutenu que la moelle épinière exerce une influence sur le cœur. Après avoir coupé la moelle cervicale chez le chien el le chat, il établit que la respiration artilicielle peut encore entretenir la vie de ces animaux et que leur cœur continue à battre. Ensuite il détruisit différentes parties de la moelle et conslala que la destruction subite de la moelle épinière arrête net ces battements. Il observa en outre les changements que la destruction de la moelle produisait, tant sur la force d'écoule- ment du sang hors des vaisseaux sanguins sectionnés, que sur la couleur de ce liquide, el il en tira des conclusions très inté- ressantes sur la force du cœur. Les méthodes étaient, comme on le voit, encore assez défectueuses, mais pour l'époque elles constituaient un progrès considérable, et la conclusion de LeGaLLois, que la moelle épinière était la source des forces qui entretiennentles battements du cœur, trouva alors peu de contra- dicteurs. FLourexs se rapprocha encore plus de la vérité en affirmant, à la suite d'ingénieuses expériences, que la moelle exerce sur la circulalion une double action: sur le cœur et sur les vaisseaux sanguins, assertion à laquelle LecazLois ne tarda pas à acquiescer. Ce fut Wissox Puicir (64) qui atlaqua le premier les expé- riences de LeGarLois, en soutenant que la destruction lente de diverses parties du cerveau et de la moelle n'empêche pas le cœur de battre et le sang de circuler ; il alla mème jusqu'à pré- tendre que pareille destruction n'exercailt aucune influence sur les organes de la circulation. Mais, comme quelque temps après, SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE, NERFS CENTRIFUGES 4,9 lui-même obtenait par des excitations chimiques de la moelle épinière lantôt un ralentissement, tantôt une accélération des battements du cœur, il se vit contraint d'aboutir aux mêmes conclusions que LEGaLLois. En somme, la doctrine de Garnex-Harcer fut fortement ébranlée par les expériences de LecazLois. En dehors des savants cités, les autres maîtres de la physiologie, Macexnie, LoxGer, Jonanxes MüLcer n'admettaient plus que le cœur fût indépendant du cerveau et de la moelle allongée. MaGexnie (65) voyait dans les nerfs provenant de la huitième paire et dans les filets des ganglions cervicaur les voies par lesquelles ces organes influen- cent les contractions du cœur. Il essaya mème, quoique sans succès, d'expérimenter sur les ganglions cervicaux el sur le premier ganglion thoracique, pour démontrer directement cetle influence. J. Müzzer, dans son célèbre Traité de Physiologie, con- sidère le grand sympathique comme la source de la force motrice du cœur. Dans le cerveau el la moelle épinière ne se trouverait que « la cause conservatrice et excitatrice de cette force ». Remak (1), par sa découverte en 1838 de cellules ganglion- naires dans les parois du cœur et par la description détaillée qu'il a donnée en 1844, fit faire un grand pas à la connaissance du mécanisme des battements du cœur. Comme on l’a vu plus haut, Vozkmanx (14) fut le premier qui soumit à l'étude expéri- mentale diverses parties du cœur en vue d'établir sa théorie sur le rôle des ganglions cardiaques ; avec les travaux de Sraxnits, Bioper, Luowic et autres, cette théorie fut bientôt édifiée sur une base que nous considérons comme inébranlable. YA ce LA DÉCOUVERTE DE L'ACTION INHIBITRICE DES NERFS PNEUMOGAS- TRIQUES PAR LES FRÈRES WEBER. Pour pouvoir soumettre les nerfs extracardiaques à une expé- rimentation plus rigoureuse, il fallait un concours de circon- stances particulièrement favorables ; en premier lieu la décou- De Cvox, 4 50 LES NERFS DU CŒUR verle des courants induits par Faranay et la construction de la machine rolalive électro-magnélique, ensuite l'introduction de la méthode graphique en physiologie par LupwiG (66) et la construelion de son kymographe. Grâce à la découverte de Farapay, les frères Weser (67) purent, en introduisant à l'aide des nouveaux courants l'excitation directe de la moelle et des nerfs pneumogastriques, établir l'action inhibitrice de ces nerfs sur le cœur. La démonstration qu'il existait dans l'organisme, des nerfs dont le rôle fonctionnel con- siste à modérer el même à inhiber les mouvements musculaires, marque une dale imporlante dans l'étude des fonctions du cœur. I est ulile de citer ici les paroles mêmes par lesquelles les célèbres physiologistes expliquent le mode de fonetionne- ment de ces nerfs modérateurs : « Le faitest nouveau, qu'un organe musculaire se contractant involontairement puisse être arrèlé dans ses mouvements par l'influence de ses nerfs ; 27 serait sans exemple, si nous voulions considérer les nerfs pneumogastriques comme des nerfs du cœur se terminant dans les fibres musculaires, et l’inhibition du mouve- ment cardiaque comme l'effet de leur action immédiate sur ces fibres. Nous avons bien des exemples de pareils arrêts de mou- vement dans le système des muscles de la vie animale, mais ces arrêts se produisent non par leur mise en activité, mais par leur muse en non-aclivilé, sous des influences s'exerçant sur la moelle épinière, Pareils exemples nous sont donnés par les sphincters de l'anus et de la vessie, qui par leur action permettent le passage des malières. Les faits que la volonté peut modérer certaines contractions convulsives et même arrêter les mouve- ments réflexes qui se produisent plus facilement après l’enlève- ment de cerveau... démontrent que le cerveau peut intervenir en inhibant les mouvements. Mais, comme sur ces muscles invo- lontaires l’action modératrice ne s'exerce pas directement par leurs nerfs moteurs, mais par la voie de la morlle épinière qui entretient leurs mouvements, aussi bien l'influence modératrice des nerfs régulateurs sur les mouvements cardiaques paratt-elle s'exercer, non directement sur les fibres musculaires, mais par la SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 51 voie des appareils nerveux qui mettent le cœur en mouvement et qui se trouvent dans les parois du cœur lui-même. Ainsi Faeti- vité du cœur interrompue par l'excitation des pneumogastriques revient d’elle-mème, malgré la continuation de leur excitation, quand par leur épuisement, les nerfs moteurs, débarrassés de l'action inhibitrice, reprennent leur liberté d'action {67 .» Un peu avant les frères Weger, VOLKkMaANx (68) était déjà par- venu à produire larrèt du cœur en excitant les pneumogas- triques à aide de courants continus. Buoce (69) obtint les mèmes résultats que les Weger, presque en même temps qu'eux, en se servant, lui aussi, d'un appareil électro-magnétique. Si néanmoins l'honneur de la grande découverte reste attaché au nom des frères Weger, c’est que, les premiers, ils ont for- mulé exactement ce mode d'action nerveuse et en ont saisi toute la portée fonctionnelle. Pour Bupr, l'arrêt du cœur à la suite de l'excitation des pneumogastriques était le résultat d’un téta- nos cardiaque ; il croyait donc que l'arrêt se produisait en systole. Ce n'est qu'après avoir eu connaissance des travaux des frères Weser qu'il se rapprocha de leurs vues sur la nature de l'arrêt du cœur, sans pourtant adopter entièrement leur explication du rôle joué par les pneumogastriques. Tandis que les frères Werer, conformément à la doctrine de Remakx et de VoLkManx, voyaient dans les ganglions cardiaques la cause initiale des mouvements du cœur et ne regardaient les nerfs pneumogas- triques que comme les #70dérateurs de l'action de ces ganglions, Bupce restait fidèle aux idées de Lecarzois. Il attribuait l'ori- gine des forces motrices du cœur à la moelle allongée; larrèt du cœur par l'excitation électrique ne devait être considéré, selon lui, que comme un épuisement de ces forces qui norma- lement sont transmises au cœur par ces nerfs. Celle théorie attribuant à l'épuisement des nerfs pneumogas- triques l’arrèt du cœur, fut reprise par Semrr (70), puis par Mozescuorr (71), et soutenue par eux avec une rare vigueur pendant plusieurs années. Entre ces physiologistes, d'une part, PrcuGer (72) et Bezozp (60) d'autre part, s’'engagea alors une polémique retentissante qui aboutit à la défaite complète de la 52 LES NERFS DU CŒUR théorie d'épuisement. Suivant celle-ci, le pneumogastrique se distinguait par une extrème excilabilité. Les courants électri- ques, encore trop faibles pour produire une irrilation dés autres nerfs moteurs, élaient déjà plus que suflisants non seulement pour meltre en action les pneumogastriques, mais même pour les fatiguer, les épuiser, au point que la moindre augmentation de la force des courants parvenait à arrêter leur fonctionne- ment normal. Privéer et BezoLp, tous deux élèves de pu Bors-- Reymoxp, n'eurent pas de peine à démontrer que les faits observés par Semirr et Morescnorr étaient dus à des erreurs manifestes de leur méthode expérimentale, et surtout à la manière défectueuse dont ils maniaient les appareils électriques qui leur servaient pour exciter les nerfs. PrLuGer prouva de la facon la plus péremptoire que l'emploi des excitations excessi- vement faibles a pour premier et seul effet de prolonger les diastoles du cœur, et qu'à aucun moment de l'augmentation de la force des courants excilateurs on ne parvient à observer une accélération des battements. L'usage de la méthode graphique introduite par LuowiG dans l'étude des fonctions du cœur per- mettait de rendre ces observations absolument précises. La théorie de l'épuisement des pneumogastriques péchait d'ailleurs par la base: pour empêcher ces nerfs d'apporter au cœur les forces motrices provenant de la moelle allongée, il y avait un moyen autrement sûr que de les épuiser par des exci- talions trop puissantes, c'était de les couper, et on sait depuis GALIEX que pareille section n'arrête pas les battements du cœur. Pourquoi leur épuisement amènerait-il cet arrèt? La thèse de l'inhibition soutenue par les Weger rencontra encore d'autres adversaires, en dehors des partisans de l’épui- sement. Ainsi Browx-Séquarp (73) et pendant un certain temps aussi GoLrz (74) considérèrent les pneumogastriques comme les nerfs vaso-moteurs du cœur; leur excitation devait produire un rétrécissement des artères du cœur et par conséquent priver cet organe du sang, son excitant normal d’après Hazrer. Par contre, la section des pneumogastriques, en élargissant ces mèmes vaisseaux, augmenterait subitement l'excitation du SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 53 cœur; de là proviendrait l'accélération observée. La thèse de Browx-Séquarp fut victorieusement combattue par Paxou (75, qui observa que l’obstruction complète des artères coronaires, par un mélange de suif, de cire, d'huile et de noir de fumée, n'empêche pas le cœur de continuer ses contractions rythmiques. Les contractions cardiaques s'observent d'ailleurs sur des cœurs exsangues et même privés de vaisseaux, comme chez les gre- nouilles et d’autres batraciens. Le pneumogastrique n'en exerce pas moins son action inhibitrice sur le cœur de ces animaux. En somme, les contradictions que rencontra la belle décou- verte des frères Weger furent peu sérieuses, elles ne dépas- sèrent pas la mesure de l'opposition que soulève habituellement toute découverte de très grande portée qui fait date dans la science. Le crédit presque général dont ne tarda pas à jouir la théorie de l'action modératrice des nerfs pneumogastriques eut mème une petite conséquence préjudiciable à l'étude de l'inner- vation du cœur : satisfaits d'avoir réussi à démontrer rigoureu- sement la nature de l'action que le cerveau exerce sur le cœur par la voie de ces nerfs, les physiologistes négligèrent un peu de poursuivre ces études, et de rechercher S'il n'existe pas d'autres voies nerveuses par lesquelles la moelle pourrait exercer sur le cœur une action excilomotrice, dans le sens que LecazLois attachait à ces mots. Les efforts infructueux tentés par Scmrr et Mocescuorr pour défendre, malgré l'évidence, les fonclions motrices des pneumogastriques, contribuèrent de leur côté à fortifier, chez les physiologistes, la conviction que e’élait dans le système nerveux intracardiaque exclusivement qu'il fallait voir la source des forces motrices du cœur, la moelle n'intervenant que pour modérer, régler ces forces. LES DÉCOUVERTES DES NERFS ACCÉLÉRATEURS DU CŒUR PAR LES FRÈRES CYON. Le mérite d’avoir de nouveau attiré l'attention sur la possi- bilité d'autres communications physiologiques entre le cerveau 54 LES NERFS. DU CŒUR et le cœur en dehors des pneumogastriques appartient à vox Bezoup {60 Ce physiologiste prit pour point de départ de ses recherches les expériences de LecazLois, mais en utilisant les nouvelles méthodes pour exciter les nerfs et la moelle épinière au moyen des courants induits, ainsi que les appareils enregis- teurs pour l'observalion des battements du cœur et de la pression sanguine. On peut trouver d'une sévérilé exagérée le jugement que Bezoup porta sur les expériences de LeGaLLois, ainsi que sur la commission de l'Académie des sciences qui avait déclaré que le travail de ce physiologiste était « un des plus beaux et cer- tainement le plus important qui ait été fait en physiologie depuis les savantes expériences de Hazcer ». Quand LecazLois écrivait: « C'est du grand sympathique que le cœur recoit ses principaux filets nerveux et c'est uniquement par ce nerf qu'il peut emprunter des forces à lous les points de la moelle épi- nière » (63), il était parfaitement fondé à tirer cette conclusion de ses expériences. Lui reprocher d'avoir négligé les fonelions modératrices du pneumogastrique découvertes quarante ans plus tard, et surtout de s'être servi de méthodes peu précises — quand l'époque ne comportait pas l'emploi de procédés plus rigoureux — élail d'autant plus injuste, qu'au fond les résul- tats auxquels avaient abouti les recherches de Bezorp ne diffé- raient guère de ceux de LecazLois, et, disons-le tout de suite, étaient entachés d'erreurs analogues à celles qui avaient vicié les expériences de son prédécesseur. « La section, la paralysie de la moelle cervicale amène une diminution de la fréquence et encore plus de la force des pulsa- tions. L'excilation de la partie cervicale de la moelle épinière, ainsi que de la moelle allongée, au contraire, provoque une accélération proportionnelle à la fin de Fexcitation et une augmentation de la force de propulsion du cœur »: — tels étaient les résultats essentiels des recherches très détaillées de Bezoo. Leur conclusion principale, 1} la résuma lui-même de la manière suivante : « Les fibres motrices du cœur originaires de la partie cervicale de Ta moelle descendant jusqu'à la partie lombaire: elles quittent en grand nombre la moelle épinière, SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAOUE. NERFS CENTRIFUGES 55 les supérieures près de la dernière vertèbre cervicale et de la première dorsale, les inférieures par la partie inférieure de Ta moelle lombaire, passent à travers les ganglions du grand sympathique et se rendent ensuite au plexus cardiaque... (60, p. 321-322). » On voit que résultats et conclusions sont presque identiques à ceux élablis par LeGaLLots que nous avons cité plus haut. L'af- firmation de Bezoup : &« Un système nerveux excilateur du cœur, jusqu'à présent inconnu, vient d'être découvert » (Z c., mème page), était aussi injuste envers la mémoire de Lecarcois que l'étaient ses attaques contre les recherches de ce grand physio- logiste, mort trop jeune pour avoir pu donner foule la mesure de son génie. Dans ses expériences Bezorp Girait de laugmentation de la pression sanguine pendant l'excitation de la moelle épinière, et de sa diminution pendant la section de cette moelle, des conclu- sions sur l'augmentation ou la diminution des forces propul- sives du cœur. Il procédait donc de même que LEGaLzLois, avec cette différence pourtant qu'il mesurait exactement les varia- tions de la pression à l'aide d’un manomètre à mercure, tandis que LecazLois devait se contenter de les apprécier approxima- livement, selon la force plus ou moins grande avec laquelle Le sang s'écoulait des vaisseaux sectionnés. Certes, les méthodes de Bezozp étaient bien plus précises, mais, comme E. et M. Cox (76) le font observer avec raison dans un travail consacré à l'apologie de LecarLois, cette supériorité de méthode rendait moins excusable chez BezoLn que chez son devancier le défaut capital de leur conclusion: c'est d'après les variations de la pression du sang ou de la vitesse de son écoulement qu'ils concluaient aux changements des forces motrices du cœur. Con- naissant déjà l'existence des nerfs vaso-moteurs, leur passage dans la moelle épinière et leur puissante influence sur la pres- sion sanguine, VON BEzoLp, après avoir observé la forte éléva- tion de celte pression sous l'influence de l'excitation de la moelle, ainsi que son affaissement au moment de la section de cette dernière, aurait dû comprendre que ces phénomènes ne pou- 56 LES NERFS DU CŒUR vaient dépendre que de l'excitation des nerfs vaso-moteurs ou de leur paralysie. Les variations dans les forces propulsives du cœur élaient incapables de produire des modifications aussi puissantes dans la pression du sang, tandis qu'au contraire elles pouvaient {rès bien influencer dans un sens ou dans l’autre la fréquence des pulsalions cardiaques. Celle explication si simple échappa à vox Bezocr. Ce furent LupwiG et Fairy (79) qui, par une série d'expériences déci- sives, élablirent d'où provenaient les erreurs dans lexpéri- mentation de ce physiologiste. Ainsi, par exemple, Lupwie et Tux observèrent qu'une accélération des battements du cœur, analogue à celle décrite par Bezoc», se produisait par suite de l'excitalion électrique de la moelle cervicale, même dans les cas où, à l'aide d'un courant galvano-caustique, ils détruisaient tous les filets nerveux reliant le cœur à la moelle épinière. Cette accélération des pulsalions par suite de l'élévation de la pres- sion sanguine ne pouvait donc être que la réaction du cœur contre les augmentations des résistances dans la circulation. Si cette augmentalion de pression se produisait par une occlusion de l'aorte abdominale, le cœur y répondait le plus souvent par la même accélération de ses pulsations que dans les cas d’une excitation de la moelle épinière. Les objections si puissantes de LupwiG et Tuiry s'appliquaient naturellement avec la mème force aux expériences de LEGarLois. La question d'une influence motrice de la moelle sur le cœur par la voie du grand sympathique paraissait donc, en 1864, réso- lue de nouveau dans le sens négatif. Toutefois LupwiG et Tuiry s'étaient abstenus de nier directe- ment la possibilité d'une pareille influence. Leur conclusion se tenait strictement aux résultats mêmes de leurs recherches, qui n'allaient au fond qu'à infirmer les preuves données jusqu'alors, ant par LeGazLois que par Bezo», en faveur de l'existence d’une aclion directe de la moelle par la voie du grand sympathique. La question elle-même restait donc entière. Pour la résoudre, il n'y avait que deux moyens: ou procéder à une expérimenta- lion directe sur les filets nerveux qui du grand sympathique se SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 57 rendent au cœur — ce qui présentait de grandes dificultés, vu la ténuité de ces nerfs et leur situation anatomique, — ou réussir à exciter la moelle épinière, sans mettre en même temps en action le système des nerfs vaso-moteurs. C'est à ces deux moyens de recherches que E. et M. Cxox eurent recours, en 1866, pour amener enfin la solution définitive du problème qui depuis des siècles divisait les physiologistes. Après avoir établi l'existence d’une puissante action directe du cerveau sur le cœur en dehors des pneumogastriques et du sys- (ème vaso-moteur, ils découvrirent les nerfs accélérateurs du cœur qui se rendent au plexus cardiaque par la voie du ganglion cervical inférieur et du ganglion thoracique supérieur. Quelques mois auparavant, en Juin 1866, E. Crox et LunwiG (78) avaient déjà constaté l'existence d'un nerfsensible du cœur qu'ils avaient dénommé le nerf dépresseur. Ce nerf provenant du pneumo- gastrique permettait au cœur de régler par voie réflexe la somme du travail qu'il avait à accomplir, en diminuant les résistances que doil vaincre le sang projeté des ventricules dans le courant circulatoire. Nous revenons plus loin sur le mécanisme de ce nerf. Disons seulement ici qu'au cours de ces recherches les deux auteurs avaient également établi que les nerfs splanchniques sont les vaso-constricteurs principaux de l'organisme. Leur sec- lion paralyse les vaisseaux des organes situés dans la cavité abdominale et, par conséquent, diminue la pression sanguine, dans une mesure presque aussi considérable que le fait la sec- tion de la moelle épinière au-dessous de la moelle allongée. D'autre part, l'excitation du bout périphérique de ces nerfs augmente dans la mème proportion cette pression sanguine. En s'appuyant sur ce rôle physiologique des nerfs splanch- niques, E. et M. Cxox entreprirent, dans le laboratoire de pu Bois-Reymox» à Berlin, une série de recherches tendant à établir l'influence de la moelle allongée sur le cœur. {/s possédaient dans la section préalable des nerfs splanchniques un moyen sûr d'er- clure pendant l'excitation électrique de la moelle l'intervention du système vaso-moteur. Sur des animaux curarisés ils section- nèrent les pneumogastriques, les dépresseurs et le sympathique 5S LES NERFS DU CŒUR du cou, puis les deux nerfs splanchniques. L'excitation élec- trique de la moelle préalablement séparée à la hauteur de l’atlas produisit une accélération considérable des battements du cœur, sans aucun changement dans la pression sanguine. 77 s'agissait donc d'une action directe de la moelle sur le cœur, action qui ne pouvait Serercer que par l'intermédiaire des qan- qlions du grand sympathique, seule voie de communication res- tée intacte, et notamment par le dernier ganglion cervical et le premier thoracique. En effet, l'ertirpation de ces ganglions ren- dit par la suite inefficace toute ercitation ultérieure de la moelle: la fréquence des battements du cœur ne se modifia plus. Ayant ainsi démontré d'une manière irréfutable l'existence de nerfs, grâce auxquels le cerveau peut augmenter directement la fréquence des battements du cœur, ainsi que la voie par laquelle ces nerfs se rendent de la moelle épinière au musele cardiaque, E. et M. Cox s'appliquèrent à les découvrir et à les soumettre à une expérimentation directe. Ils y réussissent chez le lapin et le chien. Leurs expériences établirent la marche de ces nerfs accélérateurs, tels que nous les avons décrits plus haut (1). De quelle nature sont-ils? Voici comment E. et M. Cyox résument les résultats de leurs recherches à ce sujet: «a) les nerfs accéléraleurs ne sont pas des nerfs moteurs du cœur se 1. En France, on désigne sous le nom de nerfs de Cyon surtout les nerfs dépres- seurs. Cette désignation n'est pas tout à fait exacte. Le nerf dépresseur fut décou- vert par Cyox et LupwiG, tandis que la découverte des nerfs accélérateurs est due uniquement aux frères Cxox. En outre, le rôle physiologique des nerfs accélérateurs découverts par les frères Cyon est encore plus considérable que celui du nerf dépresseur, Nous verrons plus loin que ces nerfs doivent très probablement être considérés comme jouant un rôle prépondérant même dans l’automatisme des bat- tements du cœur (ch. v, $ 9). Si dans la littérature physiologique française le dépresseur à pris le pas sur les accélérateurs, cela tient surtout à ce que CLAUDE Benxanb, dans son admirable rapport de l’Académie des Sciences sur le Prix de physiologie expérimentale /1867), accordé à E. Cxon pour la découverte du nerf dépresseur et des nerfs accélérateurs du cœur, à particulièrement insisté sur le mécanisme merveilleux, et alors encore sans exemple dans la physiologie, d’un autoréqulateur nerveux, qui peut déterminer le travail du cœur et la force des rési- stances qu'il doit vaincre, jouant ainsi, pour ainsi dire, le rôle d’une soupape de sûreté (Voir le chapitre 111)... SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 59 terminant dans son muscle, parce que: 1° leur excitation ne produit pas de télanos du cœur ; 2° elle n'augmente même pas le travail du cœur ; en effet, nous avons constaté que les excur- sions de la colonne de mercure du manomèlre diminuent pen- dant que le nombre de battements du cœur augmente : 3° le cœur possède en lui-même les ganglions moteurs ; 4° le curare ne paralyse pas les nerfs accélérateurs ; 5° les nerfs accélérateurs ne sont pas non plus les nerfs vaso-moteurs du cœur, une occlusion de ces vaisseaux ne produisant pas d'accélération des battements : 6° ces nerfs ne peuvent être que des nerfs aboutis- sant aux cellules ganglionnaires du cœur. Leur action consiste à modifier la division de travail du cœur dans les temps. Hs sont donc des antagonistes du pneumogastrique, en ce sens que l'exci- tation de ces derniers nerfs ralentit les battements du cœur en augmentant leur étendue, tandis que les nerfs accélérateurs augmentent la fréquence des battements en diminuant leur cten- due » (T6). D'après la théorie de Cxox, le rôle de ces filets sympathiques différait done essentiellement de celui que leur attribuaient LeGazzois, Bezouv et les autres. Ces derniers considéraient ces nerfs comme chargés d'amener au cœur les impulsions motrices du cerveau et de la moelle, de servir ainsi de voies de trans- mission pour les forces que le muscle du cœur puisait dansles centres du système nerveux. Selon Cxox, au contraire, le cœur possède la source de ses forces motrices dans ses propres gan- glions. L'intervention du cerveau et de la moelle par la voie des pneumogastriques et des accélérateurs n'est destinée qu'à régler l'emploi de ces forces, en les dépensant dans des contrac- lions tantôt rares, mais plus fortes, tantôt fréquentes, mais de force moindre. La théorie des frères Weser stipulait que les libres des pneumogastriques aboutissent aux ganglions et non aux fibres musculaires du cœur ; les frères Cxox adoptaient une terminaison analogue pour les nerfs accélérateurs qu'ils consi- déraient comme de purs antagonistes de la première calégorie des nerfs cardiaques. Ajoutons que dans leur premier travail E. el M. Cxox ne pen- 60 LES NERFS DU CŒUR saient pas que les nerfs accéléraleurs fussent soumis à une exei- lation permanente, tonique. Is avaient bien observé un ralen- üissement des battements du cœur après la section de la moelle cervicale (les nerfs splanchniques étaient coupés auparavant), mais ils l'avaient attribué à tort, comme nous le verrons, uni- quement à la diminution de la pression sanguine. Quelque temps après les recherches des frères Cyox, BrzoLp et Bever (79 publièrent l'exposé de nouvelles expériences sur le rôle de la moelle épinière dans l'innervation du cœur. Les résultats obtenus par eux, tout en étant dans les grands traits d'accord avec ceux de Cyox, en différaient pourtant sur quelques points essentiels. Ces auteurs avaient également cherché à éliminer les variations de la pression sanguine pendant lexei- talion de la moelle allongée, mais cela en sectionnant la moelle épinière au-dessous des ganglions {horaciques, au lieu de couper les nerfs splanchniques, comme le faisaient les Cxox. C’est pourquoi, dans leurs expériences, celte excitation produisait encore, indépendamment de laccélération, une assez notable augmentation de pression. BEezozp el Bever en avaient conclu que les fibres sympathiques, qui, de la moelle, se rendaient au cœur, étaient susceptibles d'augmenter la force des battements ; que c'élaient, par conséquent, des fibres motrices du cœur dans le sens de LEcarzois et des premiers travaux de Bezoz», et qu'elles aboutissaient aux fibres musculaires elles-mêmes. Des recherches successives exécutées par ScumiEepeserG (80) sur le chien, par Bœnx (81) sur le chat, ete., confirmèrent plei- nement les données physiologiques el anatomiques fournies par E. et M. Cox sur les nerfs accélérateurs, el c'est celte dénomi- nation que l'usage leur a conservée. Ainsi done, à la fin de 1866, l'existence de deux espèces de nerfs cardiaques, modérateurs et accélérateurs, fut définitivement établie et reconnue. Les innombrables recherches dont les nerfs pneumogastriques et les nerfs accélérateurs furent l'objet depuis celle époque portèrent sur les origines anatomiques de ces nerfs, leurs rapports réciproques, le mode de leur action sur le cœur el la manière dont ils se terminent à la périphérie, cellules SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES GI ganglionnaires ou fibres musculaires. Pour pouvoir mieux examiner ces différents travaux, nous préférons abandonner l'ordre chronologique et les grouper selon les questions spé- ciales auxquelles ils se rattachent. S 9. ACTION DES NERFS PNEUMOGASTRIQUES SUR LE NOMBRE DES BATTEMENTS DU CŒUR. Par quelles racines les fibres modératrices du pneumogastrique quittent-elles la moelle ? Warcer (82), qui le premier posa cette question, la résolut lui-même d’une manière décisive. Ayant arraché d'un côté le nerf spinal ou accessoire de Waizuis à sa sortie du eràne, il put constater, dix à douze jours après, que l'excitation du pneumogastrique était impuissante à provoquer encore un ralentissement des battements du cœur, tandis que le pneumogastrique de l’autre côté continuait à fonctionner normalement. Comme ce physiologiste avait déjà démontré pré- cédemment qu'un nerf séparé par la section de son centre nutritif dégénère et s’atrophie, il conclut avec raison que les fibres modérairices du pneumogastrique doivent provenir du nerf spinal. Cette conclusion fut ensuite confirmée par Scuirr (83), en 1858, et par Heinexaaix (84), en 1865. Seul Graxnuzzi (85) afirme avoir obtenu, même quatorze jours après l’extirpation du nerf spinal, un ralentissement du cœur par l'excitation du pneumogastrique du même côté. Il croit, par conséquent, que les fibres modératrices quittent la moelle aussi bien par la dixième que par la onzième paire. Les centres des fibres modératrices des pneumogastriques furent approximativement fixés par Weser (67), Ecknarp (86), Lasorve (87) el autres. Chez la grenouille, les parties cérébrales dont l'excitation provoque le ralentissement des battements du cœur s'étendent depuis les lobes optiques jusqu'au bout infé- rieur du calamus scriptorius. Comme l'a constaté Eckuanrp, l'effet de l'excitation atteint son maximum quand les aiguilles qui 62 LES NERFS DU CŒUR amènent le courant électrique sont fixées dans le calamus. C'est en cet endroit qu'il faut chercher le véritable centre. L'excita- lion des lobes optiques des diverses parties du 3°° ventricule et d'autres parties du cerveau provoque le ralentissement des bat- lements du cœur par voie réflexe, comme le produit aussi lexei- {alion des nerfs sensibles des différentes parties du corps. Nous reviendrons plus loin sur ces excitations réflexes. L'aclion modératrice ou inhibition des pneumogastriques sur le cœur a été étudiée et constalée également chez presque tous les vertébrés et même plusieurs invertébrés. Chez les oiseaux, CL. Berxanp (88) observa de notables ralentissements des bat- tements du cœur, mais il ne parvint pas à oblenir un véritable arrêt. Par contre, Erxeropr (89) et R. Wacxer (90), en tétanisant ces nerfs par des courants extrèmement forts, réussirent à arrêter le cœur pendant un temps d’ailleurs bien court. Chez les mam- mifères, où l'influence des pneumogastriques a été étudiée avec plus de soin, l'action modératrice va jusqu'à l'arrêt du cœur, même quand les excitations ne sont pas trop fortes, mais la durée de ces arrèts dépasse rarement une minute. Par contre, chez les vertébrés à sang froid, l'arrêt du cœur résultant de l'excitation des pneumogastriques dure beaucoup plus longtemps, des dizaines de minutes el même davantage. Nous avons vu plus haut que l'élévation de la température diminue l'action inhibitrice des pneumogastriques chez la grenouille (Cxon); par contre, l'abaissement de la température laugmente encore. ScHELskE (91), plus tard Cyox, ont mème observé, qu’une fois l'action inhibitrice des pneumogastriques supprimée par une élévation de la température, et le cœur arrêté environ à 38° à 40°, l'excitation de ces nerfs chez la grenouille produit des mou- vements du cœur, et même un véritable tétanos du musele car- diaque {Cvox. D'après ScamienererG (92) et autres, les pheumo- gastriques des grenouilles contiennent des fibres accélératrices. L'interprétation de ce dernier phénomène a donné lieu à des controverses qui présentent un certain intérêt au point de vue théorique; nous les exposerons plus loin. Mais il ressort claire- ment des observalions sur la force inhibitrice du pneumogas- D. &.. fs SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 63 trique chez les différents vertébrés que l'action de ce nerf est d'autant plus prononcée que la température de leur sang est plus élevée. Parmi les recherches sur les pneumogastriques des invertébrés, 11 faut signaler celles de Freperico (94) sur les céphalopodes, notamment sur le poulpe commun (Octopus vulgaris. Elles ont établi que le nerf viscéral de ces animaux exerce sur le cœur une action inhibitrice, analogue à celle des pneumogastriques chez les vertébrés. Les expériences de Frene- L) et, ricQ ont été confirmées dans leurs résultats par Raxson (9 tout récemment, par S. Focus (95) qui les à complétées. I % avail lieu de supposer que Finhibition obtenue par Foster (96 chez certains gastéropodes en excitant directement le cœur, élait due également à des filets nombreux ou à des cellules gan- glionnaires inhibitrices, quoique ce physiologiste n'eût pas réussi à démontrer chez eux l'existence de nerfs ou de gan- glions cardiaques. Ce fut Raxsou (94) qui découvrit que ces ani- maux aussi possédaient un nerf inhibitoire. Chez les crustacés, le ralentissement des battements du cœur soblient par une excitation de la chaîne ganglionnaire dorsale, comme l'ont démontré Do&ez (97) et ensuite PLarEau (98). Mentionnons encore quelques observations sur l'arrèt du cœur par l'excitation du pneumogastrique faite sur Fhomme. Hexze (99) a provoqué par une telle excitation un arrêt des con- tractions de l'auricule droile chez un individu décapité. Czermak (100) est parvenu à ralentir les battements de son propre cœur en exerçant une pression sur le nerf du côté droit près de l'artère carotide. Tuaxnorrer (101) a mème obtenu chez un homme un arrèt complet du cœur en comprimant simultané- ment les deux pneumogastriques du cou. Cet arrèt a amené une dangereuse syncope. D'autres expérimentateurs ont égale- .ment essayé de ralentir les battements du cœur chez l'homme par des pressions mécaniques sur les pneumogastriques. Ces expériences ne sont pas sans danger, et ne peuvent, en somme, fournir que des renseignements insuilisants sur ces nerfs : mieux vaut donc s'en abstenir. PrLüGer (72) fut le premier à constater que l'excitation du 64 LES NERFS DU CŒUR pneumogastrique ne produit pas immédiatement son effet sur le cœur: c'est-à-dire que la phase latente de l'excitation de ce nerf a une cerlaine durée. L'action inhibitrice ne commence à se manifester qu'après qu'une contraction du cœur a eu le temps de terminer son évolution. Scairr (102) et d’autres ont fait des observations analogues. Mais c'est surtout Doxpers (103) qui a exéeulé des mensurations exactes de la phase latente. D'après ses recherches, la durée de cette phase est plus courte que la période de la contraction du cœur; elle augmente avec la diminution des pulsations, et varie certainement avec les variations de l’excitabilité. Les durées habituelles de Ia latence sont, suivant Doxpers, chez les lapins, de 0,167 secondes pour une période de contraction de 0,205 secondes ; chez le chien, de 0,208 secondes pour une période de 0,343 secondes, et chez le cheval de 0,309 pour une période de 0,857 secondes. Notons cependant que Cxox (104) a observé des latences d’une durée de 5 à 10 secondes, et cela pendant certaines phases de l'action des extraits suprarénaux. Il attribue cette durée extraordinaire à une forte excilation des nerfs accélérateurs que le pneumo- gastrique ne parvient momentanément à vaincre qu'après un certain temps. $ 6. ACTION DES NERFS PNEUMOGASTRIQUES SUR LA FORCE DES BATTEMENTS DU CŒUR. Les deux pneumogastriques exercent-ils une action de force égale sur les contractions du cœur ? Il est très rare que chez le même animal l'excitation des pneumogastriques des deux côtés produise des ralentissements tout à fait égaux. D'ordinaire un pneumogastrique est moins excitable que l’autre. À. B. Meyer 105) et Gaskezz ont bien souvent constaté ce phénomène chez certaines espèces de tortues. Ils ont rencontré chez elles des cas où le pneumogastrique gauche était sans action sur le cœur. Chez des vertébrés on a également observé des différences SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 65 notables entre l’action des deux nerfs pneumogastriques dont l’un est souvent plus puissant que l’autre. Il est donc probable que la distribution des fibres modératrices n’est pas loujours la même dans les pneumogastriques, les variations anatomiques dans la disposition des nerfs cardiaques sont, d'ailleurs, très nombreuses. Mais c'est à tort qu'on cherche à attribuer une pré- pondérance constante au pneumogastrique d'un certain côté. La preuve en est dans les opinions divergentes des observateurs, dont les uns accordent celte prépondérance au nerf situé à droite, tandis que d'autres, au contraire, aflirment que le gauche est le plus puissant. Ces contradictions apparentes trou- veront en partie leur explication dans le chapitre sur les Poisons physiologiques du cœur, où nous exposons l’aclion de plusieurs substances sur l’excitabilité des nerfs cardiaques. Autrement difliciles à concilier sont les nombreuses contra- dictions des auteurs sur le rôle même des nerfs modérateurs du cœur et sur leur mode d'action. 11 est évident que la destina- tion physiologique des nerfs pneumogastriques ne peut être que de régulariser les battements du cœur, de maintenir l'harmonie de leur rythme et de modifier ce rythme selon les exigences variables de la cireulation dans les organes. L’arrèt complet du cœur qu'on obtient par une forte excitation artifi- cielle du pneumogastrique ne doit être considéré que comme une manifestation exagérée, anormale de sa fonction physiolo- gique : le ralentissement des battements. Et ce n’est pas uniquement le rythme de ces battements qui doit être soumis à un réglage d’une précision parfaite: le travail du cœur, lui aussi, doit pouvoir s'adapter aux variations dans la quantité du sang qu'il est destiné à propulser, ainsi qu'à l'importance des obstacles que le passage de ce liquide rencontre dans les différentes parties de l'appareil circulatoire. Les nerfs cardiaques doivent donc régler aussi bien le nombre que la force des battements du cœur. Nous avons vu qu'au moment de la découverte des nerfs accélérateurs les frères Cyox avaient déterminé avec précision le mode d'action des nerfs du cœur: Les pneumogastriques ralentissent les pulsations DE Cyox. 5) 66 LES NERFS DU CŒUR el en augmentent la force, tandis que les accélérateurs en aug- mentent la fréquence et en diminuent la force. En un mot, ces nerfs antagonistes ne font que modifier la division du travail du cœur dans le temps. Lorsque les deux expérimentateurs réussirent à observer le fonctionnement des nerfs du cœur provenant du grand sympa- thique — sans aucune intervention des nerfs vaso-moteurs, — leur attention dut se fixer sur ce fait capital: en même temps que la fréquence des battements du cœur augmentait, leur amplitude diminuait. L'inverse s'observe, comme on sait, pendant l'excitation des pneumogastriques: la hauteur des excursions manométriques augmente en même temps que leur fréquence diminue. Selon la formule de Cxox, l'intervention des nerfs cardiaques laissait donc la somme du travail du cœur constante. Une pareille constance du travail du cœur découlait déjà des recherches failes antérieurement par Cxox pour étudier l'influence des varialions thermiques, (24) sur le nombre, la durée et la force des baltements du cœur. Nous avons vu plus haut {ch. L$ 4) que de ces recherches il à pu déduire les lois générales de la constance du travail et des périodes d'activité du cœur indépendamment de son rythme, notamment que la durée de pulsations du cœur ainsi que leur intensité variaient proportionnellement et en sens opposé à leur nombre dans un temps donné. Cox se croyait par conséquent autorisé à induire de ses nouvelles observations que « l'excitation des nerfs du cœurne modifie que la division du travail dans le temps », lorsqu'il vitque chez les mammifères les nerfs accélérateurs augmentent la fréquence des battements, el en diminuent la force, tandis que l'excilalion des pneumogastriques agit dans le sens inverse. La conclusion paraissait d'autant plus légitime que chez les ani- maux, sur lesquels ces modilications avaient été observées, Les conditions mécaniques de la circulation exigeaient également que tout ralentissement des contractions fût suivi d'une augmen- {ation de leur amplitude, et vice versa. En effet, dans les expé- riences antérieures faites sur des cœurs de grenouilles séparés. SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 67 du corps et dans lesquels un système de {tuyaux en verre, par conséquent à parois rigides, maintenait artificiellement la cireulation, le ventricule ne pouvait évidemment se remplir pendant la diastole que dans des limites très étroites, tandis que dans les conditions de la circulation normale, les condi- Hions sont tout autres. Ici la quantité de sang que le ventricule peut projeter dans l'aorte dépend, toutes les autres circonstances restant égales, de la durée de la diastole. Plus elle sera longue, plus le ventri- cule contiendra du sang au début de la systole; et, comme dans les conditions normales le ventricule se vide entièrement, le travail accompli par la contraction sera plus considérable. Les contractions accélérées avec des diastoles écourtées, doivent, par conséquent être, celeris paribus, moins amples, el vice versa. Les exigences théoriques élaient done à ce point de vue entièrement d'accord avec les observations faites par Cvox au moment de la découverte des nerfs accélérateurs, et la formule donnée de leur action paraissait inattaquable. Les lois de l'uriformité du travail et du rythme du cœur (Marey), de la conservation de la période de l'excitation physio- logique (ExGELMaNN) et de la conservation du travail du cœur (Laxéexporrr), ne sont en réalité que des expressions particu- lières de la loi plus générale déjà formulée antérieurement par Cxox (24). (Voir plus haut, p. 22.) Appliquée aux nerfs extra- cardiaques, la loi de Cyox est une nouvelle preuve éclatante que les phénomènes qui ont amené plus tard Marey, EXGELMANX et LancexporFr à formuler leurs lois, sont en réalité des phéno- mènes nerveux, comme l'avaient soutenu Dasrre, GLEY, KAISER et LanGexporrr lui-même dans ses premières recherches *. Malgré une si éclatante confirmation de cette loi, malgré sa parfaite concordance avec les conditions mécaniques du travail du cœur, il s'en faut de beaucoup que les physiologistes sortent d'accord sur l'influence que l'excitation des pneumogastriques exerce sur la force des contractions. La raison principale de ce 1. Voir aussi à ce sujet, A. Dastre, Recherches sur les lois de l'activité du cœur. Paris, 1882, p. 61. GS LES NERFS DU CŒUR désaccord doit être cherchée d'abord dans la différence des méthodes d'observation, dont les savants font usage et qui sont loin d'offrir toutes le mème degré de précision. A cette première cause de dissentiments il faut joindre la perturbation que les théories sur l'origine myogène des fonctions du cœur sont venues jeter dans l'étude de ces fonctions. Coars,en 1869 (109), émet le premier un avis opposé à celui de Cvox : il soutient que l'excitation des pneumogastriques diminue l'étendue des battements du cœur. Ses expériences furent exécutées dans le laboratoire de LupwiG sur des cœurs de gre- nouilles reliés à un manomètre analogue à celui dont Cxon s'élail servi précédemment (2%) et qui permettait des conclusions exactes sur la force des battements et le travail du cœur. Malheureusement Coars travaillait sur les cœurs de grenouilles à moitié mortes et très insuffisamment nourries (Cyon, 53, p. 207. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer les gra- phiques obtenus avant et après Coars à l’aide des mêmes appa- reils enregistreurs par des expérimentateurs qui avaient également travaillé dans le laboratoire de LupwiG. Les diminu- lions constatées par Coars élaient, d’ailleurs, de peu d'impor- tance, et ne peuvent aucunement être invoquées comme preuve sérieuse que le pneumogastrique diminue les battements du cœur. La même objection s'applique avec beaucoup plus de force encore à toutes les expériences sur des cœurs détachés du corps, soit dans leur intégrité, soit par fragments, et chez lesquels une abondante circulation de liquide nutritif n’a pas été soi- sneusement entretenue. L'enregistrement des battements du cœur par de petits leviers appliqués sur la surface du cœur ou par des pinces cardiogra- phiques ne peut, d'ailleurs, donner aucune indication rigou- reuse sur la force des contractions. Seules méritent d'être prises en considération dans celte question les expériences faites à l'aide des manomètres à mercure, celles qui enregistrent les variations du volume du cœur, celles enfin qui mesurent direc- tement la quantité de sang que le cœur expulse à chaque con- SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 659 traction. Avec le manomètre à mercure appliqué au cœur des vertébrés, on observe toujours une augmentalion des excursions de la colonne de mercure pendant l'excitation des pneumogas- tiques (fig. 13). Certes, quand on expérimente sur des cœurs restés en communication avec le système vasculaire, les excur- sions de la colonne manométrique ne comportent pas toujours des conclusions aussi exactes sur les pulsations cardiaques, que quand il s'agit de cœurs séparés du corps. Mais dans certaines limites de fréquence et d'amplitude les oscillations de mercure donnent des indications d’une précision suflisante sur les varia- lions de la force des contractions cardiaques. Ces limites sont mème très larges dans les applications habituelles du mano- mètre, où les oscillations du mercure ont à vaincre des résis- lances provenant de l'élasticité des vaisseaux, et elles suflisent largement pour résoudre la question qui nous occupe ici. « Ces limites, dit Cxox (53, 254), sont le plus souvent très faciles à établir. Mais, même en dehors de ces limites, les augmentations de ces oscillalions pendant les contractions {trop rares et leurs diminutions dans le cas contraire ne sont pas de nature à induire en erreur sur la nature de leur origine. Quand on obtient des oscillations de ! à 2 millimètres pendant l'excitation des nerfs accélérateurs ou de 100 millimètres et au delà pendant l'exei- lalion des pneumogastriques, comme cela est arrivé si souvent dans nos expériences, on ne peut réellement avoir de doute que le travail du cœur ne soit considérablement plus fort dans ce dernier cas que dans le premier. » Les graphiques (p. 70, fig. 13, 14 et 15), empruntés aux derniers travaux de Cxox, ne laissent subsister aucun doute sur la justesse de cette appré- cation. Plus sérieuse est une autre objection qu'on a opposée aux preuves lirées des observations faites sur l’action des pneumo- gastriques à l’aide du manomètre à mercure: la grandeur des excursions de la colonne manométrique peut dépendre non seu- lement de la quantité du sang jeté par chaque contraction dans l'aorte, mais aussi de Ia diminution des résistances dans l'aorte par suite de la baisse de la pression sanguine. À celte AL LES NERFS DU CŒUR objeclion Cyox 53) répond, premièrement que cette baisse de | 13 Excitation du n« pneumogastrique chez un chien au point a. lrac: 1 ipres CYOoN. Ce tracé, comme les tracés suivants, se lit de droite à gauche, pression, on peut la diminuer en sectionnant dans le thorax loules les branches du pneumogastrique, hormis celles qui se IG. 14. — Pulsations-a clére es Ibidem).! rendent au cœur. Il cite, en outre, les observations où l’exci- {ation des pneumogastriques produit des augmentations de ces F1 15. — Pulsation nti nforcées par suite de Pexcitation du pneumo- gastriqu ec bais peil erceptible de la pression sanguine chez un chien exCUrsSIOnNS, quoique la pression sanguine reste sans change- ment ou même soit considérablement augmentée, comme, par 1. Tous ces gra] | sont réduits de Ia moitié ou des deux tiers de leur SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 71 exemple, après l'ablation des thyroïdes, où après l'injection de substances qui augmentent la pression sanguine, où même sim- plement lorsque la compression de l'aorte augmente d'elle- même a pression sanguine el excite les pneumogastriques (fig. 15). Les recherches faites à Paide d'appareils, mesurant les varia- Lions et Le volume du cœur pendant ses contractions, temoignent également que leur force augmente sous Finfluence de Fexei- lalion des pneumogastriques. De telles expériences furent exé- cutées par Roy et Anar (110), qui observèrent foujours une augmentation de ces variations pendant lexcilation des nerfs inhibiloires. Par contre, Ticersrrpr et Jouaxssox (111), usant de méthodes analogues, ne constatèrent de pareilles augmentations que dans les cas d’excilation faible. Le résultat variait dans lun ou l'autre sens quand les courants excitateurs augmentaient de force; Les variations diminuaient avant l'arrêt complet du cœur quand les excilalions devenaient très fortes. Dans son traité (Physiologie de la Circulation), Tiéersrepr, pour expliquer la con- tradietion entre ses recherches et celles de Roy et Apaur, ditque les excitations employées par ces derniers étaient relativement peu fortes. La contraction ne serait donc qu'apparente, « puis- que, tous les observateurs étant d'accord qu'avec Fexcilation faible des pneumogastriques, les contractions du cœur devien- nent plus étendues » (112, p. 248). Il est évident que les excita- tions par des courants faibles se rapprochent le plus des exei- tations nalurelles, surtout quand il s’agit d'appareils nerveux d'une sensibilité si extrème. Or, ce qui importe le plus dans de pareilles études physiologiques, c'est d'établir le mode de fonc- lionnement normal des organes. Avant de passer aux travaux de PawLcow (108) qui à fait des mensurations directes des quantités de sang lancées par le ven- tricule dans l'aorte, rappelons encore que les recherches de Roy et d’'Apau: ont démontré qu'on ne peut juger des variations de la force du cœur en se servant des résultats obtenus par la mesure des changements de son diamètre. D'autre part, Bay- ss et SrarLixG (113) qui ont observé une diminution de la force 72 LES NERFS DU CŒUR cardiaque pendant l'excitation des pneumogastriques, l'attri- buent à l'asphyxie du cœur, à une dilatation de ses parois, ele., c'est-à-dire à des circonstances ineidentes. Ils sont d'avis qu'en réalité celte force ne diminue pas sous l'influence des pneumo- gastriques. Me Wüiriiam (114) a, pour ses expériences, fait usage de pinces cardiographiques et de leviers enregistreurs posés sur le cœur, c'est-à-dire de méthodes peu aptes à résoudre définilive- ment le problème, Néanmoins lui aussi à pu constater que les excilations faibles des pneumogastriques augmentent la force des contractions cardiaques. Les recherches de PawLow (115) ouvrent une nouvelle voie dans l'étude de l'action des pneumogastriques. Des expériences antérieures (108) avaient déjà amené ce physiologiste à recher- cher, s'ils ne contiendraient pas deux sortes de fibres nerveuses, les unes diminuant, les autres augmentant la force des batte- ments du cœur, et cela indépendamment des variations dans leur fréquence. Avant Pawcow, GaskeLzz (116) et Hernexaax (116), prenant pour point de départ les expériences de Cours (109), avaient cherché à élucider dans quelles conditions une dimi- nution de la force cardiaque pouvait se produire sans une modification de nombre des pulsations. Heipexuaix avait observé que la force des battements diminuait, sans changement dans leur fréquence, lorsqu'on excitait les pneumogastriques chez les grenouilles avec de doubles coups de courants induits se succédant à des intervalles de 2” à 5”; encore ne constatait-on ce phénomène que sur des cœurs fatigués. Ceite observation, qui concordait, d'ailleurs, avec une autre de GAskELL — qu'un arrêt cardiaque ne s'oblient que sar des cœurs en parfait état de nutrition, — aurait dû attirer d'autant plus l'attention de ces auteurs que les résultats de Coars avaient été obtenus, comme nous l'avons dit plus haut, sur des cœurs épuisés e{ mal nourris, que par conséquent ils ne prouvaient rien. En réalité, les conclusions des deux expérimentateurs ten- daient plutôt à reconnaitre que l'arrêt de cœur, à la suite de l'excitation des pneumogastriques, pouvait être amené non SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 13 seulement par une prolongalion de la diastole, mais même par la diminution constante de l'amplitude des pulsations du cœur. GaskELL parvint même à trouver une troisième cause d'arrêt du cœur dans la faculté que posséderaient les pneumogastriques de diminuer considérablement dans le muscle cardiaque la transmissibilité des excitations. Les méthodes employées par GaskeLL pour mesurer la force des battements de cœur ne sont pas irréprochables. La méthode de suspension notamment, appliquée au cœur entier, comme l'avait fait GasreLz, est loin de donner des indications justes sur les variations de la force de contraction cardiaque. I suflit de rappeler la manière excessivement compliquée dont sont distribuées les fibres musculaires dans les diverses parties du cœur, pour comprendre combien il est risqué de vouloir tirer des conclusions exactes sur la force des battements du cœur, par les élongations ou le raccourcissement du cœur entier. (Voir les criliques de cette méthode dans l'étude de Crxox, MyoGex opER NEUROGEN ? (139). En dehors des erreurs particulières dans la détermination des varialions d'intensité des battements du cœur sur les graphi- ques obtenus par des pinces cardiographiques, par le levier enre- gistreur ou la méthode de suspension, etc., les expériences de ce genre exécutées par des physiologistes anglais pendant la dernière vingtaine d'années sont souvent sujettes encore à une autre source d'erreur qu'il est indispensable de relever. Depuis le vote de la loi antivivisectioniste, les physiologistes anglais sont forcés de narcotiser jusqu'à l'insensibilité complète tous les animaux soumis à des expériences de physiologie. Is emploient dans ce but le plus souvent la solution A. C. E. Cette exigence d'une loi absurde n’a d'ailleurs nullement em- pêché la propagation et la généralisation en Angleterre de la pratique des vivisections : nulle part on n'opère avec plus de pré- cision et d'habileté. Malheureusement aussi quand il s’agit d'ex- périences sur les systèmes cardiaque et vaso-moleur, l'emploi des narcotiques les plus en usage chez les physiologistes anglaïs, fausse trop souvent le résultat. Déjà la morphine exerce, comme 74 LES NERFS DU CŒUR on sait, une action considérable sur certaines parties de ces sys- (èmes nerveux. Autrement graves sont les modifications que le chloroforme, l'éther, le chloral et d'autres substances analogues provoquent dans le fonctionnement des centres cardiaques et vaso-moleurs, Outre Faction directement paralysante que ces substances exercent sur certains de ces centres, elles modifient, et môême elles renversent souvent la manière dont ces centres répondent aux excitations réflexes. Déjà en 1873 Cvox signala ces importantes modifications, qui l'avaient puissamment aidé à préciser la première loi de l'excitation ganglionnaire. (Voir plus loin $ 7, ch. 1v.) Nous sommes convaincus que la plupart des indications con- tradicloires, entre les observations sur l'action des nerfs car- diaques et vasomoteurs faites par les physiologistes anglais et celles d'autres physiologistes qui eux n'étaient pas astreints à l'emploi de la solution A. C. E., proviennent justement des modifications que ces substances provoquent dans le fonetion- : nement des centres nerveux. Howerz et Cxox avaient déjà signalé celle source d'erreurs à propos des expériences d'OnivEer et Scuarer sur l'action des extraits de lhypophyse (229). Dans tous les cas les données contradictoires sur l'action du pneumogastrique sur le cœur que nous venons de citer n'étaient - pas de nature à permettre des conclusions définitives. Me LAN LES EXPÉRIENCES DE PAWLOW: LES NERFS QUI RENFORCENT LES BATTEMENTS DU CŒUR INDÉPENDAMMENT DE LEUR FRÉQUENCE: LES NERFS DYNAMIQUES, RENFORCÉS (ACTIONSNERVEN ) DE CYon. La vraie solution du problème soulevé par ces contradictions fut donnée par les recherches dont Pawlow prit l'initiative. Cet habile expérimentateur posa dès le début Ia question, s'il ne se trouvait pas dans le pneumogastrique des fibres ayant des fonc- lions physiologiques diverses, les unes qui diminueraient, les autres qui augmenteraient la force des battements du cœur. La SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 15 question pouvait être résolue par deux voies! la voie pharmaco- logique et la voie anatomique. Si lon réussissait à trouver des substances susceptibles de paralyser certaines fibres nerveuses du pneumogastrique en laissant les autres intactes, le pro- blème pouvait èlre soumis à une expérimentation directe. BocosavLexskY avait constalé que dans certaines phases de l'empoisonnement par la Convallaria matalis, Vexcitation des pneumogastriques provoque une diminution de la pression el un abaissement de la hauteur des pulsations sans influencer leur fréquence. Cette observalion décida Pawcow à choisir ce poison pour ses expériences. En mème temps, 1l eut recours à l’excilalion isolée de diverses branches qui se détachent du ganglion cervical inférieur après sa jonction avec le pneumo- gastrique. La première branche intérieure de ce ganglion paraissait n'agir que sur la force des battements du cœur, dont elle ne modifiait le nombre que d’une manière insuflisante. Cette action consistait en un abaissement de la pression san- guine. PawLow hésita pourtant à tirer de cette série d'expériences des conclusions positives. Un pareil abaissement n'impliquait d'ailleurs pas forcément une diminution de la force cardiaque. Notons, en outre, qu'il ressort de la disposition anatomique des nerfs en question donnée par Pawcow à la page 512! que le nerf qui provoquait cet abaissement était celui que Cxox (52 et 16) à indiqué comme le prolongement du nerf dépresseur. Les expériences de PawLow, destinées à démontrer lexis- lence de nerfs susceptibles d'augmenter la force des battements du cœur sans en modifier leur nombre, ont donné des résul- als plus certains. Pour mesurer les variations de celle force, PawcLow a eu recours à l'appareil perfectionné de Lupwic, dont Sroznikow s'était servi pour mesurer la quantité de sang projeté par le cœur dans l'aorte à chaque systole (115). Il résul- lait de ces expériences que cette quantité augmente constam- ment par suite de l'excitation d’une certaine branche de pneu- 1. Cette disposition est reproduite dans la Physiologie de la circulation de TiGEr- sTEDT, à la page 273. 76 LES NERFS DU CŒUR mogastrique, — la forte branche antérieure, — (ou le grand nerf cardiaque antérieur de Woozprib6e) (118) qui se détache au-dessous du laryngé inférieur, ou avec lui. La fréquence des battements du cœur peut augmenter pendant cette excitation, mais l'augmentalion des forces cardiaques paraît en ètre indé- pendante, puisqu'elle se produit également en dehors de celte accéléralion. L'excitalion directe du pneumogastrique ayant dans plusieurs cas provoqué aussi une augmentation du volume du sang pro- jeté par chaque contraction, PawLow a répété la même expé- rience sur un chien atropinisé. Le résultat variait suivant que l'expérimentateur excitait le pneumogastrique gauche ou le droit; ce dernier paraissait ineflicace, tandis que le premier augmentait notablement le volume du sang projeté. Presque en mème temps que furent exécutées les premières expériences de PawLow, GaskEeLzz (116) publia ses recherches sur le nerf coronaire des lortues: l'excilation de cette branche du pneumogastrique, qui se rend du sinus veineux au ventricule, produisit tantôt une diminulion, tantôt une augmentation des pulsations cardiaques. Gaskezz semble, d'ailleurs, attribuer aux nerfs accélérateurs la propriété d'augmenter les pulsations du cœur et aux pneumogastriques celle de les diminuer (119). D'après ses expériences sur le nerf coronaire, il contiendrait donc des fibres d'origine différente. | Tout récemment, Cox (53) a repris l'importante question de l'influence des pneumogastriques sur la force des contractions du cœur. Ses études sur les rapports entre les corps thyroïdes et les nerfs du cœur ont révélé, quant à l’action de ces der- nières, de nombreuses particularités qui jettent une vive lumière sur le problème en question. On trouvera ces recher- ches exposées plus loin dans le chapitre des poisons physiolo- giques du cœur. Disons seulement ici qu'elles ont permis de varier dans de larges limites l’excitabilité et le fonctionnement des nerfs pneumogastriques et accélérateurs. Cxox a trouvé notammentque la brusque suppression des deux glandes thyroïdes doil amener des troubles très variés dans le fonctionnement SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 71 des nerfs du cœur, troubles dont l'aspect peut encore se modi- fier sous l'influence des actions réparatrices ou compensatrices par lesquelles d'autres organes, les parathyroïdes (Grey) et l'hypophyse, cherchent à remédier à l'absence des thyroïdes, On observe ainsi, dans la sphère de l’activité des nerfs cardia- ques, des manifestations extrêmement curieuses — une vraie anarchie des nerfs du cœur, comme s'exprime Cxox, et ces anomalies aident puissamment à comprendre le jeu régulier des organes à l'état normal. Plusieurs de ces déviations dans le fonctionnement des pneu- mogastriques se rapportent directement au problème de l'aug- mentation de la force cardiaque sous l'influence de ces nerfs. Parmi les nombreuses variations de leur excitabilité, Cxox a rencontré des,cas où le seul résultat de l'excitation des pneumo- gastriques consistait dans une augmentation de la force des bat- tements du cœur avec un très légerralentissement des battements ; mais sans aucune variation de la pression sanquine. Ces augmen- tations des excursions manométriques peuvent aller jusqu'à 15 ou 20 fois la hauteur normale, et cela aussi bien, quand les pneu- mogastriques sont excités directement, que quand ils subissent une excitation réflexe ou due à l'injection d'extraits organiques comme, par exemple, l'extrait de l'hypophyse (voir plus loin au chapitre des poisons physiologiques). Cxox propose de désigner ces pulsations sous le nom de pulsations renforcées (Aktionspulse), pour les distinguer des pulsations habituelles des pneumogas- triques qui sont accompagnées d'une forte diminution de la pres- sion sanguine. Ces pulsations renforcées ou dynamiques se distin- guent encore par ce trait caractéristique qu'elles ne sont interrompues par aucune pause diastolique : l'ascension systo- lique commence aussitôt que la courbe diastolique a achevé sa descente (Voir les fig. 34 et 40, p. 180 et 188). Ces pulsations sont-elles identiques à celles observées par PawLow et obtenues par l'excitation de la forte branche interne du ganglion cervical inférieur ? Il est difficile à première vue de l’aflirmer avec certitude. Malheureusement Pawcow, dans son travail exécuté chez LupwiG (115), ne donne point d'indica- 7 o 4) Ô LES NERFS DU CŒUR tions précises sur les variations de la pression sanguine, qui ont pu accompagner l'augmentation de volume du sang projeté dans l'aorte par les contractions du cœur. Les graphiques et tableaux que cet auteur reproduit dans l'exposé de ses recher- ches antérieures n'indiquent que des augmentations de la pres- sion sanguine, sans aucune élévation perceptible des excursions cardiaques. Or, l'augmentation de la pression sanguine seule peut être obtenue par l'irrilation d'autres branches du ganglion cervical inférieur, qui ne sont nullement des nerfs cardiaques. Ainsi déjà, dans ses premiers {travaux sur les nerfs accélérateurs, Cvox {76 et 52) avait constaté que l’excilation des deux branches qui forment l'anneau de Vieussexs élève la pression sanguine d'une dizaine de millimètres, mais ne modifie aucunement les battements du cœur. Poursuivant ces études plus tard, avec ALopor (124), Cyox trouva que par ces deux branches passent les nerfs vasoconstricteurs du foie : leur excitation élève dans l'artère hépatique la pression de 50 millimètres et plus. Leur section provoque le diabète. Néanmoins Cox incline à admettre l'analogie des pulsations renforcées obtenues dans ses expériences avec celles que PawLow a constatées en irritant la forte branche externe du pneumogas- trique. Les battements du cœur sont figurés, dans le travail de PawLow (115) pardeux graphiquesobtenus à l’aide du manomètre à ressort de Fick. Les augmentations des excursions cardiaques que ces dessins indiquent, comme se produisant au moment de l'irri- tation du nerf en question, sont incontestables, et, quoiqu'elles ne soient pas à comparer pour l'intensité avec les pulsations renforcées (Aktionspulse) de Cox, il faut tenir compte non seu- lement de la diversité des circonstances, au milieu desquelles elles se manifestent dans les expériences des deux physiologistes, mais aussi de la différence des appareils enregistreurs employés par l’un et par l'autre. Après avoir mesuré la vitesse de la circulation sanguine dans les veines pendant l'excitation des pneumogastriques, Cxox s'est convaineu que celle vitesse augmente considérablement pendant les contractions cardiaques ralenties et notablement renforcées ; SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 19 l'augmentation est particulièrement forte dans les veines (hy- roïdes (la vitesse est # où 6 fois plus grande qu'avant l'excila- tion des pneumogastriques), mais elle ne laisse pas d'être encore très notable dans les autres veines du corps. Le mécanisme de celte augmentation est plus complexe que dans le cas observé par PawLow, mais il repose, en partie au moins, sur le même phé- nomène. Ce qui autorise surtout à considérer les pulsations renforcées comme dues à l'excitation des nerfs quittant les pneumogas- triques au-dessous du dernier ganglion cervical, c'est l'observa- Hion suivante : Cyox a plusieurs fois obtenu les mêmes pulsations par voie réflexe en excitant le bout central du ganglion cervi- al, quand les deux pneumogastriques étaient coupés au cou, c'est-à-dire quand les seules communicalions par lesquelles l'excitation pouvait être transmise au cœur élaient le dernier ganglion cervical et le premier dorsal. L'excitation méme réflexe des branches cardiaques de ces ganglions est donc à mème de pro- duire les pulsations renforcées (Noir 53). Toutefois, jusqu'à nouvelles preuves, il ne me parail pas indispensable d'admettre l'existence de fibres nerveuses particu- lières dans le pneumogastrique; on peut considérer les pulsations renforcées comme résultant de l’ercitation simultanée et harmo- nieuse des fibres modératrices du pneumogastrique et des fibres accélératrices du grand sympathique qui sont diversement mélan- gées dans les branches cardiaques du dernier ganglion cervical. Je suppose même que la contraction normale du cœur est, quant à la force et à la durée, la résultante d'une excitation harmo- nieuse de ces deux sortes de fibres ; que, par conséquent, elle a loujours le caractère de la contraction renforcée (A/Ationspulse). Les nerfs dont l'excitation provoque ces contractions, je les désigne sous le nom de Nerfs dynamiques ([Aktions- nerven). Nous reviendrons sur ce sujet à propos de la théorie de l'innervation du cœur. La démonstration faite ici de l'augmentation des contractions cardiaques sous l'influence des pneumogastriques se rapporte uniquement, comme on l'a vu, aux contractions des ventricules, so LES NERFS DU CŒUR L'action de ces nerfs sur les oreillettes du cœur fut, elle aussi, l'objet de nombreuses et ingénieuses recherches qui arrivèrent, presque sans rencontrer de contradiction, à un résultal concor- dant : l'excitation des pneumogastriques diminue la force des contractions des oreillettes. Bayziss et SrarzixG, Franck (125) et autres soutinrent que cette diminution peul se produire mème sans un ralentissement des battements des oreillettes. Dans ses expériences, Fraxck prit soin de couper les pneumogastriques au-dessous des nerfs cardiaques et en mème temps de section- ner la moelle allongée. De la sorte il prévenait les confu- sions pouvant provenir d'une aclion sur les vaso-moteurs des autres branches de pneumogastriques ; dans ces conditions la diminution de la pression sanguine ne pouvait, semblait-1l, reconnaitre pour cause que lirritalion des branches car- diaques de ces nerfs. Une action opposée — ralentissement des battements des oreillettes sans affaiblissementdes contractions de celles-ci — n'a pu être observée, ni par Bayziss et SrarcinG (110), ni par Roy et Apami (110). Presque tous les auteurs sont également d'accord que l’action inhibitrice des pneumogastriques, en ce qui concerne le nombre des pulsations, est plus puissante sur les oreillettes que sur le ventricule. Plusieurs, comme, par exemple, Gaskezr, soutien- nent mème que chez la tortue, l'arrêt de ce dernier n’est que la conséquence de l'arrêt des premiers ; le pneumogastrique n'aurait chez cet animal aucune action directe sur le ventricule. Franck conteste, d'ailleurs, l'exactitude de cette assertion. En tout cas, elle ne serait pas applicable aux cœurs des mammifères ; ceci vient d'être démontré, tout dernièrement encore, par une série d'expériences de Kxozz (126). Cel auteur a étudié les effets variables que produisent les excitations du pneumogastrique sur les quatre parties du cœur dont il enregistrait les variations. Il y aurait quelques réserves à faire sur la sûreté des procédés employés pour ces notations. Mais les recherches de Kxozr fournissent néanmoins plusieurs données précises sur les rap- ports successifs des contractions des quatre parties du cœur. Il résulte notamment de ces expériences que les ventricules peu- SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 8 vent ètre influencés par l'excilalion des pneumogastriques tout à fait indépendamment de la manière dont y répondent les oreil lettes. El il en est de même, soit que l'excitalion ait Heu direc- tement par voie électrique, où par la production de Fasphyxie. La modificalion de l'intensité des contractions des oreillettes est expliquée par Kxozz, de la même facon que par ses prédé- cesseurs. Quant aux ventricules, il a constaté que si, dès le début de l'excitation, les intervalles entre leurs contractions se prolongent, l'intensité de ces contractions augmente notable- ment. Ajoutons encore que KxoLL aussi parait disposé à admettre que Les pneumogastriques contiennent plusieurs espèces de fibres nerveuses. Nous ajouterons ici encore quelques mots sur la question si controversée de la dilatation active du cœur pendant la diastole sous l'influence nerveuse. Une dilatation active du cœur sous Faclion de ses fibres mus- culaires longitudinales est-elle possible, ou la dilatation diasto- lique est-elle due uniquement aux forces élastiques des ventri- cules cardiaques ? La longue controverse qui a eu lieu à ce sujet entre Luccraxi et Mosso s’est lerminée plutôt à l'avantage de la seconde solution du dilemme. Il n'existe aucune preuve que les libres musculaires du cœur puissent par leurs contractions ame- ner une dilalation des ventricules. Mais l'impossibilité d'une pareille dilatation élant même admise, linfluence nerveuse pourrait néanmoins augmenter la dilatation diastohique et cela de la même manière que les nerfs vaso-dilatateurs élargissent les petites artères, c’est-à-dire en inhibant la contraction toni- que de ces fibres musculaires. Pareille action impliquerait naturellement la supposilion que la tonicité du cœur est au moins en partie d'origine nerveuse. Ce n'est qu'ainsi qu'on peul expliquer le fait que la pression intrapéricardiale, nécessaire pour empècher la dilatation diastolique du cœur, doit être plus considérable quand les nerfs pneumogastriques sont imlactes que quand ils sont seclionnés (Srerant, 134). Cela imdiquerail que ces nerfs parlicipent à la dilatation du cœur pendant la diastole. On sait d'ailleurs que les pneumogastriques contien- DE Cox. 6 S2 LES NERFS DU CŒUR nent de nombreux vaso-dilataleurs qui desservent plusieurs organes dans les cavités thoraciques et abdominales. L'observation faite par Srerani (135) que l'excitation du bout périphérique du pneumogastrique nécessite une augmentation de la pression intrapéricardiale susceptible d'empêcher la dila- lation diastolique, parle également en faveur d'une action dila- latrice de ces nerfs. Récemment Cyox à réussi à observer directement une dilata- ion du cœur pendant la diastole provoquée par l'excitation du pneumogastrique. Celle observation fut faite dans des condi- lions qui n'admettent plus lobjection faite aux observations de Stefani, qu'elle pourrait être amenée par une dilatation réflexe des vaisseaux. En effet l'observation de Cyox (132) a été faite dans les conditions suivantes: la circulation cérébrale a été rendue indépendante du cœur et se faisait artificiellement selon la méthode dont nous avons parlé plusieurs fois (voir ch. v,S 9). D'autre part la circulation thoracique a été rendue complète- ment indépendante du reste du corps grâce à une communica- lion directe établie entre l'aorte descendante et la veine cave inférieure, Une partie du sang sortant du ventricule gauche par- courait ainsi les extrémités supérieures ; le reste relournait directement par l'aorte et par la veine cave dans le cœur droit. Or, le pneumogastrique ne possède de vaso-dilatateurs que pour les poumons. L'excilation du bout périphérique de ces nerfs ne pouvait donc aucunement influencer la dilatation diastolique par suite d'une action vaso-dilatatrice, la Higature de la veine cave avant coupé toute possibilité d'un afflux du sang venant de la région abdominale. L'excitalion des nerfs pneumogastriques chez un animal ainsi préparé avait donné à Cvox les résultats suivants: les oscillations manométriques dans les deux sens étaient devenues très considérables : de 4 à 5 millimètres elles sont arrivées à 160-170 millimètres de Ja colonne de mercure. La figure 45 est empruntée à une des expériences de ce genre L 1. Voir plus loin la figure #5 au chapitre 1v,$ 6. SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQOUE, NERFS CENTRIFUGES * S3 On voit que l'augmentation de lintensité des contractions ardiaques pendant l'excilalion du pneumogastrique à été très considérable. Mais ce qui caractérise particulièrement les oscil- lalions cardiaques ainsi obtenues, c'est qu'au maximum de la diastole Le manomètre indiquait une pression négative de 28 millimètres de la colonne de mercure, e'est-à-dire que cette der- nière est descendue d'autant au-dessous de zéro. Étant donné que la région dont le cœur pouvait attirer le sang élait très restreinte dans celle expérience, la hauteur des sys- toles ne pouvait pas dépasser une certaine valeur. On devait done s'attendre à ce que la pression minimale pendant la diastole se liendrait dans les mêmes limites. [n'en était pourtant pas ainsi: elle descendait au-dessous de Ta ligne zéro. Ce phénomène ne peut pas ètre attribué aux oscillations propres du mereure ; avant tout il manquait dans les graphiques les inflexions propres à de pareilles oscillations. Il est également peu probable que l’ab- sence de ces inflexions ait tenu à la coïncidence de leurs phases avec les phases des contractions cardiaques ou en d'autres mots que la systole commencçante empêchait la production de l'in- flexion. En effet, les durées des contractions cardiaques pendant l'excitation du pneumogastrique variaient dans des limites assez larges. D'ailleurs pendant les nombreuses inseriplions faites avec ce manomèlre, mème quand les variations atteignaient la mème valeur, je n'ai jamais observé une descente de la colonne du mercure au-dessous de la ligne de zéro. Le phénomène observé ne peut done être attribué qu'aux conditions spéciales de l'expérience, c’est-à-dire à la manière dont l'aorte et la veine cave avaient été liées au manomètre. Dans tous les cas l'observation de Cxox parle en faveur de l’action nerveuse sur le tonus du cœur, sans pourtant démon- trer d’une manière définitive la faculté du pneumogastrique de produire directement des dilatations diastoliques. Ces expériences avaient démontré encore une fois d'une manière incontestable, que l'excitation du pneumogastrique augmente notablement la force des contractions ventriculaires : la communication directe entre l'aorte et Ia veine cave infé- S4 : LES NERFS DU CŒUR rieure exeluait toute possibilité d'attribuer laugmentation des oscillations cardiaques à une action des vaso-dilataleurs du nerf excité. Les autres questions qui concernent les modes d'action du pneumogastrique du cœur seront discutées plus loin, après l'exposé du fonctionnement des nerfs accélérateurs. S 8. MODE D'ACTION DES NERFS ACCÉLÉRATEURS. Nous avons exposé plus haut la manière dont les frères Cyox ont envisagé le rôle des nerfs accélérateurs. BezoLp, qui au début élait disposé à les considérer comme nerfs moteurs du cœur, s’est plus tard rangé à l'avis de Cxox, qu'ils modilient la fré- quence des pulsalions sans augmenter le travail du cœur. Telle fut également opinion de SenmienegerG (80). Lui aussi a constaté que la hauteur des excursions manométriques dimi- nue plutôt avec l'accélération des battements du cœur: « Sou- vent au maximum de l'accélération, écrit, la différence entre la position du mercure pendant la systole et la diastole est si mi- nime qu'elle devient imperceptible, et il devient difficile d’aper- cevoir les pulsations (80, p.45). » Dans son travail exécuté dans le laboratoire de LupwiG, ScuwieneserG, en discutant la question de savoir pourquoi la lension artérielle reste invariable sous l'influence de l'excitation des accélérateurs, conclut que le nom- bre des pulsations compense la diminution de tension prove- nant de leur moindre étendue. Pour autant que la hauteur de la pression artérielle autorise des conclusions sur le travail du cœur, ScamiEDpE8ErG s'est donc déclaré d'accord avec Cxox : les accélérateurs ne modifient que la distribution du travail dans le temps. Dans ses expériences sur les accélérateurs de la grenouille, SCHMIEDEBERG (128) est arrivé à une conclusion identique. 3œnm 81), qui a donné la disposition des nerfs accélérateurs chez le chat, observa, lui aussi, que la force des contractions SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 85 cardiaques diminue avec l'augmentation de leur fréquence. De même Boworren (129), dans son travail sur les interférences entre les accéléraleurs el les pneumogastriques. [a pu observer plusieurs fois une élévalion de la pression sanguine en même temps que l'accélération sanguine des battements ducæur. Mais lui-même a soin de faire remarquer qu'il n'existe aucune con- cordance entre ces deux phénomènes etqu'ils tiennent évidem- ment, comme laflirmaitdéjà ScumieneserG, à la présence de deux sortes de fibres nerveuses dans les nerfs soumis à Fexcilalion : l'une de ces fibres agit sur la pression sans influencer la fré- quence, tandis que lautre, au contraire, modifie le nombre des pulsalions et reste sans effet sur la pression. Les graphiques que Bowprren reproduit à lappui de celle conjecture la rendent éminemment vraisemblable. Rappelons que déjà, dans son pre- mier travail sur les accélérateurs en 1866, Cxox avait constaté dans l’anse de Vigussexs la présence de purs vaso-constricteurs, sans effet aucun sur la fréquence des battements du cœur. Or le nerf que ScnmiepeBerG reproduit dans son tableau des nerfs cardiaques, comme étant celui qu'il avait soumis à l'excilation, est justement une branche de cette anse. Ajoutons que, chez son chien, cette branche, par une disposition très exceplionnelle, se détache directement de l’anse. Le plus souvent elle provient directement du pneumogastrique, après son passage par le gan- glion cervical inférieur. Un autre élève de LuowiG, Baxr (130), a poursuivi les études commencées par Bowprren : il est d'accord avec ses prédéces- seurs. Ilest vrai que d’autres observateurs, Herbexraix (AT), GaskErL (130, Miss (140), Roy et Apami (110), Bayziss el SraruinG (113), elc., se prononcent dans un sens opposé. Nous reviendrons tout à l'heure sur les recherches des (rois premiers auteurs, dont les afhirmalions se rapportent à des vertébrés à sang froid. Roy el Apami Qnt observé dans la plupart des cas que les contractions cardiaques — celles des oreillettes aussi bien que celles des ven- lricules — augmentaient de volume pendant l'excitation des nerfs accélérateurs, Ces auteurs reconnaissent eux-mêmes qu'il 86 LES NERFS DU CŒUR n'existait aucun rapport entre celle augmentation et les varia- lions dans la fréquence des battements du cœur, Souvent même la première se produisait sans aucune accélération. Mèmes observations chez Baviss et SraruxG. Les résullats de ces recherches ne contredisent done qu'en apparence ceux des ex- périences précédentes. Il s'agit évidemment des mêmes phéno- mènes qu'ont observés Cyox, ScumepeserG el Boworreu, de l'ex- citation de deux différentes sortes de fibres nerveuses. Les varialions dans la distribution anatomique des nerfs provenant du dernier ganglion cervical et du premier thoracique sont si nombreuses, et les fonctions de ces nerfs si diverses —- accélé- raleurs, modérateurs, dépresseurs, vaso-constricleurs pour le foie, vaso-moteurs pour le cœur Tui-même, ele, — qu'on ne peut parler d'une excitation d'un nerf accélérateur que dans le cas où on oblient pour seul effet une augmentation de la fré- quence sans un changement notable de pression. C'est même pour celle raison que le lapin, chez lequel les accélérateurs ont été primitivement découverts par Cxox, se prèle mieux que lout autre animal à ces expériences. La distribution des nerfs offre chez lui une régularité beaucoup plus grande. La confusion entre les véritables nerfs d'accélération de Cxox et d’autres branches du dernier ganglion cervical ne se rencontre que trop souvent. Récemment encore, Tneoporo Muux, dans un travail exécuté dans le laboratoire de physiologie de Berlin a cru expé- rimentersur les nerfs accélérateurs, tandis qu'en réalité il n'avait affaire qu'aux filets nerveux du pneumogastrique de PawLov. Aussi oblenaitl le plus souvent des augmentations el des ralen- ussements des battements du cœur au lieu d'accélération (voir Cox, Mvogen oder Neurogen ? 139, p. 274). I résulte encore d'une autre observation de Roy et Ana que souvent, dans leurs recherches, ils n'avaient nullement affaire à des accélérateurs purs. Aussi aflirment-ils que, les nerfs pneu- mogastriques élant sectionnés, l’excilation des accélérateurs serait impuissante à augmenter la fréquence des battements du cœur. Or, dans toutes les expériences de Cxox qui ont servi à élablir l'existence de ces nerfs, nous trouvons la mention que SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE, NERFS CENTRIFUGES 87 les pneumogastriques avaient élé coupés dès le début. Brzou», LuowiG et Tiny agissaient, d'ailleurs, de même dans leurs recherches antérieures relativement à lPinfluence de la moelle épinière sur le cœur. Tout ce qui précède se rapporte uniquement aux nerfs accé- lérateurs des mammifères. Chez les vertébrés à sang froid l'existence de ces nerfs fut pour la première fois aflirmée par SCHMIEDEBERG (128). Après avoir, à l'aide de l'atropine, paralysé chez les grenouilles les nerfs inhibitoires du pneumogastrique, il constala que l'excitation de ce dernier ne provoquait plus qu'une accélération des battements du cœur. Déjà précédemment Wexor 436 avait fait une observation analogue : quand de fortes doses de curare ont supprimé l'action modéralrice des pneumogastri- ques, on oblient en les excitant une accélération des battements. Bientôt Scnezske (91) publia une autre observation paraissant se rapporter au même phénomène : quand le cœur s'est arrèté par suite d’une élévation de la température à 35° et au delà, l'irrilation du pneumogastrique à laide de l’électricité produit des contractions cardiaques. Ce fait, révoqué en doute par plu- sieurs autres observateurs, fut pleinement confirmé par Cxox (24) qui, dans les mèmes conditions, parvint à obtenir par l'excitation de ce nerf des contractions télaniques ou loniques. Le fait en lui-même élait donc hors conteste: quand les fibres modératrices du pneumogastrique sont mises dans l'impossibi- lité de fonctionner par l'effet soit du curare (Wexpr), soit de l'élévation de la température (Scuecske, Cyox), soit de l'atropine (ScamEnEesERG), son excitation électrique provoque des contrac- lions télaniques ou simplement accélérées. Nous avons vu que ScuMEpeserG en a tiré la conclusion qu'indépendamment de leurs fibres modératrices, ces nerfs contiennent encore des fibres accélératrices. Cxox (137) indiquait la possibilité d'expliquer autrement le même fait: se basant sur l'hypothèse que l'inhi- bition était un phénomène d'interférence, on pouvait admettre que, l'action inhibitrice étant suspendue par une cause quelcon- que, Pirritalion parvenant aux cellules ganglionnaires, libres de toute autre excitation, les met en état de fonctionnement. I S8 LES NERFS DU CŒUR a été prouvé, toutefois, par des expériences ultérieures que l'explication de ScumenererG élait exacte et que les nerfs pneu- mogastriques chez les vertébrés à sang froid contiennent réel- lement des nerfs accélérateurs. Hernexnaix (117), et après lui GaskeLL (131), ont montré que les fibres accélératrices du pneu- mogastrique des grenouilles dérivent du sympathique et le rejoignent à leur sorlie du cerveau. Peu après, GAskELL et Ganow (138) éludièrent les nerfs accélérateurs chez les tortues, les crocodiles, les alligators et autres vertébrés à sang froid. « Ces nerfs cardiaques, qui visiblement accélèrent le rythme des battements et augmentent la force des contractions, ont le mème parcours chez tous les vertébrés à sang froid examinés jusqu'à présent », disent ces auteurs (138, p. 369) Aucun détail n'est donné sur la manière dont les observalions ont été recueillies, ni sur les méthodes à l’aide desquelles on a constaté l'augmentation de la force des contractions. Pourtant quelques preuves indisculables n’eussent pas été inutiles pour légitimer la conclusion que chez les vertébrés en question les accéléra- teurs se distinguent réellement d’une facon si éclatante des mèmes nerfs chez les mammifères. Cette réserve n’enlève natu- rellement rien à la valeur anatomique des recherches faites par (GAskELL et Gapow . $ 9. LES RAPPORTS FONCTIONNELS ENTRE LES NERFS PNEUMOGASTRIQUES ET LES NERFS ACCÉLÉRATEURS. Les relations physiologiques entre ces deux sortes de nerfs constituent pour la théorie de linnervation du cœur un pro- blème d'une importance capitale. Nous avons vu dès le début Cxox (76 et 52) se prononcer en faveur de l’antagonisme absolu entre les pneumogastriques et les accélérateurs. Dans son travail sur l'action de l'acide carbonique et de l'oxygène sur le cœur (30), 1. Je reviens encore sur le rôle des nerfs accélérateurs dans le $9 du chapitre v, SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES s9 le même auteur élait déjà disposé à croire que les fibres de ces nerfs antagonistes se terminent dans des cellules ganglionnaires différentes. Plus tard, dans son mémoire présenté à l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, en développant une théorie du fonctionnement des nerfs inhibitoires basée sur des interfé- rences des excilations nerveuses dans les cellules ganglionnaires, Cvox (137: 52, p. 109) revient sur lantagonisme des pneumo- gastriques et des accélérateurs ; il admet même que, si la pré- dominance des premiers se manifeste par voie d'interférence, ils doivent nécessairement produire une certaine déperdition des forces excitatrices, déperdition largement compensée par une accumulation des forces motrices dans Le cœur, par suite du ‘alentissement des battements du cœur, et, par conséquent, de l'augmentation de leur amplitude. C'est de celle manière que le pneumogastrique modilierait la distribution du travail car- diaque dans le temps. Une certaine prédominance du pneumogastrique sur les accé- léraleurs ressortait aussi de la présence de ces derniers dans son tronc, fait que ScamenererG a constaté chez la grenouille. Dans les conditions normales l'excitation électrique de ce nerf produisait toujours un ralentissement et mème un arrèt du cœur. Cette possibilité pour le nerf inhibiloire de vaincre Fexci- tation de son antlagoniste n'indiquait, d'ailleurs, nullement que dans les conditions normales du fonctionnement de ces deux nerfs, 11 le domine également. La supposilion était déjà inadmissible, alors qu'on ignorail encore que les accéléraleurs se trouvent, eux aussi, dans une excitation tonique. Si le pneu- mogastrique devait toujours détruire l'effet des accélérateurs, la présence de ces derniers nerfs deviendrait superflue. En 1872, Bowprren (129) entreprit d'élucider par des expé- riences ad hoc la question des interférences entre les deux antagonistes. Ces recherches n'aboutirent pas à des résullats décisifs. Ni dans certaines expériences le pneumogastrique, mème légèrement excilé, paraissait vaincre le nerfaccélérateur soumis à une excitation maximale, dans d’autres, par contre, le nerf accélérateur semblait pouvoir contre-balancer l'excitation 90 LES NERFS DU CŒUR du pneumogastrique. Pour approfondir les causes de celle con- tradiction, Baxr (130) institua une longue et minulieuse série d'études qui le conduisirent à des conclusions en apparence absolument opposées aux opinions admises jusqu'alors. Voici les résultats de ses recherches: D) Pendant l'excitation paral- lèle des deux nerfs, aucun compromis ne se produit entre l'ac- ion de Fun et celle de l'autre ; Faction du pneumogastrique supprime toujours celle de laccélérateur, quelle que soit la force respeclive des excilants qui irritent ces deux nerfs ; 2) Après la cessation de Fexcitalion du pneumogastrique, laccé- léralion des pulsations n'est pas produite par les nerfs accélé- raleurs délivrés de laclion antagoniste, mais par un change- ment dans l'état du cœur lui-même. En un mot, les deux nerfs ne seraient plus des antagonistes : ils agiraient sur deux points différents du cœur. Nonobstant linadmissibilité d'une pareille prédominance ab- solue du pneumogastrique, la conclusion de Baxr fut pendant plus de vingt ans considérée comme hors conteste par la ma]o- rilé des physiologistes. Ce n’est qu'en 1892 que Mecrzer (140) souleva contre celte théorie des objections parfaitement moti- vées. Après avoir examiné attentivement les tableaux des expé- riences de Baxr, Mecrzer montra qu'en réalité il en ressortait que, chaque fois que l'accélérateur fut excilé en mème temps que le pneumogastrique, le nombre des pulsations était plus considérable que quand ce dernier fut seul soumis à l'exei- lation et, qu'en outre, « plus l'excilalion de l'accélérateur était puissante, plus considérable était son influence sur le résultat de l'excitation des deux nerfs ». Il résullerait donc des expériences mêmes de Baxr, soumises à une analyse plus appro- fondie, que ses conclusions n'auraient pas dû être si absolues. Mecrzer conclut avec raison que les deux nerfs sont des anta- sonistes, et que l'effet de leur excitation simultanée est la résul- lante de leurs actions réciproques. Vers la même époque une observation faite par Bayziss et SraruixG (113) parut aussi indiquer que les conclusions de Baxr 130) ne répondaient pas à la réalité des faits: après avoir obtenu SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 91 un arrèt des oreillettes en soumettant le pneumogastrique à une excitation de force moyenne, les deux expérimentateurs purent provoquer une accéléralion des baltements du cœur par lexci- talion des accélérateurs. Mais ce n'est que tout récemment que la théorie de Baxr fut battue en brèche par des expériences directes qui ruinèrent défi- nitivement son crédit. Ces expériences très variées furent exécu- tées par Rein Huxr (141) dans le laboratoire de l'Université Jouxs Hopkixs. La conclusion principale que lauteur en ire est la suivante : « Quel que soit le mode de lexcitalion simultanée des accélérateurs et des pneumogastriques, que les premiers soient soumis aux courants électriques pendant l'excitation des seconds, ou vice versa, où enfin que l'excitation des deux nerfs commence en même temps, pendant une période de temps plus ou moins prolongée, le résultat est toujours le mème : l'effet sur la fréquence des pulsations dépendra toujours du rapport entre les forces des excitants appliqués aux deux nerfs... Autant que l'effet de l'excitation de ces deux nerfs se manifeste par les varialions du rythme des contractions ventriculaires, ces nerfs sont des antagonistes purs » (loc. cit, p. NTS et 179. On voit que la conclusion de Rein Huxr est conforme à celle que donnait Cyox en 1866, au moment de la découverte des nerfs accélérateurs. En même temps que le physiologiste amé- ricain, mais par des procédés différents, Crox 53 est parvenu à prouver expérimentalement que la sommation des effets de l'ex- citation simultanée des nerfs pneumogastriques se rapporte aussi bien au rythme qu'à la force des contractions. Celte conclusion a été tirée d'expériences faites en excitant soit direc- tement, soit par voie réflexe, les filets accélérateurs et inhibi- loires qui traversent le ganglion cervical inférieur. Des expé- riences antérieures avaient démontré à Crox que le sympathique du cou peut, dans certaines circonstances, produire des effets accélérateurs sur le cœur, et que, notamment par suite d'affec- tions strumeuses ou de la thyroïdectomie lexcitabilité du svs- tème sympathique, nerfs et ganglions, est considérablement augmentée. Pouvant obtenir la mème exagération de l'excita- 92 LES NERFS DU CŒUR bilité à l'aide d'injections d'iode, substance qui en même temps diminue Pexcitabilité des pneumogastriques (Barsèra, 121), Cvox possédait ainsi le moyen d'abaisser à volonté l'excitabilité des uns et de rehausser celle des autres. Les conclusions de ces nombreuses expériences ont mis hors de doute que : 1° les résullals des excilalions simultanées des pneumogastriques et des accélérateurs dépendent à un haut degré de l'état d'excila- bilité de leurs ganglions cardiaques ; 2° les effets immédiate- ment postérieurs de telles excilalions sont des conséquences directes de celles-ei ; ils diffèrent dans chaque cas selon la nalure de la résullante des excilations simultanées des deux nerfs. Dans plusieurs expériences Cvox à observé qu'en comparant les effets de l'excitation des nerfs antagonistes (avec leurs suites immédiales) sur le rythme des battements et la pression san- guine, on trouve qu'ils se contre-balancent presque entièrement, c'est-à-dire que le nombre des pulsations et la pression moyenne du sang pendant l'excilalion sont égaux à ceux observés pen- dant le même laps de temps avant l'excitation : preuve directe que les deux anlagonistes ne font que varier le mode de travail du cœur selon les besoins du moment. Au lieu de remplir sa fonction par une série de pulsations petites, mais fréquentes, le cœur le fait par des contractions plus rares, mais plus fortes. La somme de l'énergie dépensée par les ventricules reste la même, ou peu s'en faut. L'erreur de Baxr provient apparem- ment de ce qu'il ne s'est servi pour ses expériences que de chiens, chez lesquels la disposition anatomique des nerfs car- diaques est soumise à des variations nombreuses. Rein Huxr à expérimenté sur des chiens, des chats et des lapins; Cxow, sur des lapins et des chiens. D'ailleurs, pour décider la question si le pneumogastrique prédomine réellement quand la force d’ex- citation de deux nerfs est égale, il aurait fallu aussi soumettre à l'excitation en mème temps que ce nerf fous les accélérateurs du même côlé. Les expériences de ce genre exigent également que lon prenne en considération les phases de latence des deux nerfs. La SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE. NERFS CENTRIFUGES 93 latence des accélérateurs est beaucoup plus longue que celle des pneumogastriques, el sa durée, qui varie elle-même dans des limites assez larges, peut aller jusqu'à 107 et mème 207. Cette longue durée indique clairement que les nerfs accélérateurs se terminent dans les ganglions moteurs du cœur, el non dans les muscles. Elle peut aussi s'expliquer en partie par ce fait que, pour manifester son effet sur la fréquence des battements du cœur, l'excitation artificielle des nerfs accélérateurs est obligée de vainere auparavant la résistance des nerfs ralentisseurs. Si la phase de latence des pneumogastriques est plus courte, cela peut tenir à la prédominance des ralenlisseurs ou, comme nous l'avons dit, à ce que le tronc de ce nerf contient toutes les fibres inhibitoires situées du même côté. Tout récemment, d'ailleurs, Cyox a trouvé que dans cerlaines circonstances, telles que la forte excitation de tous les nerfs accéléraleurs par l'injection intraveineuse de l'extrait des capsules surrénales, Ia durée de la latence ds pneumogastriques peut elle aussi devenir notablement plus longue et durer jusqu'à 57 ou 10”, L72 : Ta ë TUPANLLS RDC « A | La "+ L er + : + * t Le " re“ * ” à Le + : ) LA t «* * L) . LE + L T LL * LA 14 ee, L e NU RS ONE ) . à + D QT à « 1 * L L » per pe U 1 L.h aan “ | "4 , 1 F 8 ee To ; ‘48 : L 4” … à = . d DA! Da i 4 L +. Yo L . ‘ / PS4 PF, “ : (A , © r N: ( L n ‘ # n au L L] LL 1 4 ” < LC] L PL ÿ d + à Vis e F0 v Fr) : 4 a « 4 “ del - CHAPITRE HI LES NERFS CENTRIPÈTES DU CŒUR; LE NERF DÉPRESSEUR YA ANATOMIE DU DÉPRESSEUR CHEZ LES MAMMIFÈRES ET LES VERTÉBRES A SANG FROID, Nous avons décrit les mécanismes nerveux à l'aide desquels le cœur peut régler la force et la fréquence de ses contractions. Mais le travail mécanique qu'il accomplit à chacune d'elles ne dépend pas seulement de la masse de sang qu'il projette dans la circulation, et de la vitesse de celle project'on; le sang, à sa sorlie des ventricules, rencontre des résistances considérables qui proviennent de la pression existant dans le système artériel. Une grande partie des forces vives du cœur est dépensée pour vaincre ces résistances, qui, elles, sont déterminées par la pres- sion moyenne existant dans Paorte ou dans Fartère pulmonaire au moment de la contraction des ventrieules. Cette pression moyenne subit des variations constantes en rapport direct avec la quantité de sang contenu dans le système vasculaire, et en rapport inverse avec le diamètre des pelites artères, par les- quelles Le sang pénètre dans les capillaires. Or, ces deux valeurs, la quantité du sang et le diamètre des artères, sont soumises à des fluctualions très considérables; les unes se répèlent régu- lièrement, hées au fonctionnement normal des organes : d'autres sont accidentelles et brusques ; celles-là sont d'autant plus dan- gereuses pour le cœur. Contre les unes et les autres le cœur doit être à même de se protéger par des mécanismes spéciaux. Non seulement il doit ètre en mesure d'écarter les dangers qui 96 LES NERFS DU CŒUR menacent l'intégrité de ses parois, et sa faculté de vider son contenu, mais il faut aussi qu'il puisse diminuer le travail qui lui incombe, si des causes intrinsèques ne Tui permettent pas de faire la dépense des forces motrices nécessaires pour vaincre de grandes résistances. Un de ces mécanismes est donné par le nerf dépresseur décou- vert par Cyox et LupwiG en 1866. Voici en quels lermes Cox et LupwiG ont décrit la position et la marche de ce nerf chez les lapins : « Le dépresseur com- mence par deux racines g et 4 (voir la fig.16 reproduite iei d'après l'original}, dont l’une part du nerf. pneumogastrique, l'autre x En d'une de ses branches, le nerf Ja- ryngé supérieur. Souvent le nerf + Æ + Æ Æ Æ | ME. EL à ne possède qu'une racine; dans LL ce cas elle émane ordinairement du nerf laryngé. Devenu indé- pendant, le dépresseur se dirige 2 aiite vers l'artère carotide et, se pla- cant près du nerf sympathique du cou 4, il suit le mème parcours Fié. 16. — Le nerf dépresseur chez que lui, mais en reste séparé le lapin (d'après Grox et LunwiG). . us : x presque jusqu'à l'entrée dans la g et h, les deux racines du dépres- L seur. — f, le laryngé supérieur. — cavité thoracique. Nous n'avons , pneumogastrique. — 4, le nerf ; s sympathique, — b, le nerf hypo- conslalé sur quarante lapins ulosse, — rc, la branche descen- dante de lhypoglosse.— d, le pneu- qu'une seule exception à ce par- MED ES cours du dépresseur: vers le mi- leu du cou, ce nerf rejoignait le pneumogastrique et rentrait dans sa gaine. À cet endroit le pneumogastrique formait un petit plexus, dont le dépresseur se délachait de nouveau pour suivre son parcours habituel (78). » Avant d'entrer dans la cavité thoracique, le dépresseur forme anastomose avec le ganglion cervical inférieur dont, d'après une descriplion ultérieure de E. et M. Cyox (76) les deux branches LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 97 intérieures constituent sa continuation; ces deux branches se rendent au cœur entre l'aorte et l'artère pulmonaire. I arrive parfois que du côlé gauche un pelit filel nerveux se délache du ganglion cervical inférieur etse rend au dépresseur, A l'endroit où il rencontre ce dernier nerf, on (rouve un pelit ganglion. La figure 7 empruntée à la première communicalion de Cyox et LupwiG, reproduit celte disposition. En 1867, Srenuine (143), expérimentant sur le dépresseur du lapin et du lièvre, a généralement confirmé les données anato- L4) a miques el physiologiques de Cyox et Lunwié. Rover (1 aussi constaté la présence d'une petite intumescence ganglion- naire au point de jonction du nerf dépresseur avec une branche du dernier ganglion cervical. Au sortir de ce gonflement, deux filets du dépresseur se rendent dans le Lissu adipeux eatre l'aorte et l'artère pulmonaire où pénètrent dans la paroi de l'aorte. Kazem Beck (145), auteur d'une élude très étendue sur la marche du nerf cépresseur chez divers animaux, à plusieurs fois observé qu'une branche du sympathique du cou se déla- chait plus haut que le dernier ganglion cervical et formait anastomose avec le dépresseur. D'après ce savant, plusieurs branches du plexus cardiaque entourant l'artère pulmonaire se “endent sur la surface antérieure du ventricule gauche et se répandent entre la musculature du ventricule et le feuillet viscéral du péricarde. D'autres ramifications se propagent sur la surface antérieure du ventricule droit el peuvent être suivies jusqu'à la pointe du cœur où elles entourent les vaisseaux coro- naires. Récemment Cox (53) a décrit plusieurs nouvelles variétés de la marche du dépresseur chez le lapin; une entre autres très rare, déjà observée à la première préparalion de ce nerf dont elle a amené la découverte, consistait en une anastomose longue de plusieurs centimètres, qui, vers le milieu du cou, se déta- chait du pneumogastrique et se rendait au sympathique. Ce n'est que tout dernièrement que Cxox à pu soumettre celte anastomose du dépresseur à l'excitation électrique. Parmi d’autres variétés signalées, il en faut noter une, déjà mentionnée DE Cox, d US LES NERFS DU CŒUR par Rorver: du côté gauche on trouve deux dépresseurs mon- tant le long du sympathique, tout à fait indépendants ou séparés seulement depuis le milieu du cou, l'un d'eux se rend au nerf laryngé supérieur, l'autre au pneumogastrique ou au sympa- thique. Deux variétés chez le mème animal, reproduites par Cvox (146, pl. D, méritent également d’être citées: du côté gauche, on trouvait, en dehors d'un dépresseur se rendant directement au laryngé supérieur, un autre pouvant facilement être isolé dans la gaine même du pneumogastrique sur une lon- gueur de deux centimètres ; plus haut, à la hauteur du laryngé supérieur, celte branche se délachait de nouveau du pneumo gastrique pour se rendre au ganglion cervical supérieur. C'est elle qui forme ce que Cxox appelle la troisième racine du dépres- seur, dont il sera bientôt question. Du côté droit, chez le même lapin, le dépresseur recevait deux racines du laryngé supérieur el une troisième du sympathique. Cette dernière quittait bientôt le dépresseur et se dirigeait vers la glande thyroïde. D'autres fois on voit des filets nerveux émaner du petit plexus que vers le milieu du cou le dépresseur forme avec le sympa- thique. Mais, en général, la marche du nerf dépresseur est très régu- lière chez le lapin, c'est pourquoi cel animal se prète mieux que tout autre aux expériences physiologiques sur ce nerf. Relativement au mode de terminaison du nerf dépresseur dans le muscle cardiaque, on a peu de données. Sumxow (141) a observé dans des cœurs de mammifères certains filets nerveux dont se détachent des fibres ayant des terminaisons toutes par- liculières, analogues à celles que Gorcr a signalées dans les tendons des muscles ordinaires. Elles affectent la forme d’ar- brisseaux terminaux (Endbaümchen) el se trouvent de préférence dans le tissu conjonctif de l'endocarde des oreillettes, surtout dans le septum ; on les rencontre aussi, quoique en moins grand nombre, dans l'endocarde de la partie supérieure des ventri- cules. Quelques expériences sur la dégénérescence consécutive à la section du pneumogastrique et des dépresseurs chez des lapins et des chats ont permis à Swiexow de conclure avec une LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 99 grande probabilité que ces arbrisseaux sont les terminaisons de ce dernier nerf. Chez le chat, le nerf dépresseur à une marche bien plus irré- gulière que chez le lapin. Les premières recherches faites à ce sujet par E. Berxnanpr (148) ont établi que très souvent ce nerf n'existe pas à l’état isolé. Là où il était indépendant, ses rela- lions avec le pneumogastrique et le sympathique présentaient trois variétés : 1° Le dépresseur se Joignait à une petite branche provenant du ganglion cervical inférieur ; 2° Il entrail dans ce ganglion; 3° Au niveau de la première côte il se divisait en plu- sieurs branches qui se rendaient directement au cœur; une de ces branches formait anastomose, avec le ganglion cervical infé- rieur. Kowazewsky et Anauuek (149), sur 50 chats opérés, n'ont 44), au con- rencontré que à fois un dépresseur isolé. Roëver (1 traire, prétend n’en avoir constaté l'absence que 3 fois du côté gauche et 22 fois du côté droit sur 100 sujets opérés. Berxaarpr, Rover et Kazem Beck s'accordent à signaler chez le chat l'existence de nombreuses anastomoses entre Les bran- ches des nerfs accélérateurs et celles du nerf dépresseur. Born (150) a également noté de pareilles anastomoses, aussi bien dans le ventricule que dans l'oreillette. Sur l'anatomie du nerf dépresseur chez le chien, les auteurs sont moins d'accord. Drescarezp (151) n'a pas réussi à trouver un dépresseur isolé chez cet animal : par contre, Berxuarpr (148, p. 16), Roxver (14#, p. 71) et LanGexsacuer (152) affirment l'existence d’un dépres- seur chez le chien. Krerpmanx (153) et FiNkeLsTEIN (154), qui ont étudié l'anatomie du nerf dépresseur dans l'espèce canine, admettent tous deux la possibilité d'isoler ce nerf dans la partie supérieure de la gaine commune du pneumogastrique et du sympathique, non loin du laryngé supérieur. Le plus souvent, en isolant le dépresseur situé entre le pneumogastrique qui est en dehors de ce nerf et le sympathique qui est en dedans, on trouve qu'il possède deux racines, provenant, lune du laryngé, l'autre du pneumogastrique. Kasew-Beck a réussi quatre fois à séparer ainsi le dépresseur jusqu'à son entrée dans le muscle cardiaque. Deux fois mème il a tenté avec succès d'exciter les EUL LES NERFS DU CŒUR bouts centraux de ce nerf, et il a obtenu l'abaissement de la pression sanguine. Suivant Woozpnp6e (155), les fibres du nerf dépresseur se répandent chez le chien surtout sur les surfaces antérieure et postérieure des ven- lricules. Les indica- Lions qu'ELLENBERGER et Baux (156) donnent sur le parcours du dépres- seur chez le chien con- cordent en général avec celles de Krein- MANN. Par contre, on ne trouve aucune dési- gnation de ce nerf sur lafigure détaillée qu'ils donnent des nerfs du cou (fig. 184, p. 527). Selon Cxox (53, p.133), le nerf désigné sur cette figure comme s nerf pharyngien infé- rieur n'est autre que FiG. 17. — Le nerf dépresseur chez le chien (d’après Crox). le nerf dépresseur ; V, nerf pneumogastrique.— D, nerf dépresseur.— ET S, sympathique. — G, C, S, ganglion cervical comme celui-ci, 11com- supérieur. — L, S, laryngé supérieur. —- N, R, mence par deux ra- laryngé inférieur. cines, dont l’une pro- vient du pneumogastrique, l’autre du nerf laryngé supérieur. Cnauveau, dans son ouvrage classique d'anatomie comparée, n'attribue, d'ailleurs, au chien qu'un seul nerf pharyngien. Cyox 146 à récemment expérimenté sur le dépresseur du chien, isolé dans la gaine commune aux trois nerfs. Il n'a pas trouvé chez les animaux soumis à ces expériences une racine provenant du laryngé supérieur, mais, par contre, il décrit dans un cas une fine branche qui se rendait au ganglion cervical supérieur, Dans un autre cas, une branche du dépresseur for- LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 101 mail anastomose avec le nerf {hyroïdien. Nous reproduisons ici les deux dessins donnés par Cyox du dépresseur du chien. Le trajet du dépresseur indiqué dans la figure 101 offre, comme on le voit, une ressemblance parfaite avec celui de ce nerf chez le lapin. Cyox estime que les varialions observées dans la dispo- sition analomique du chien tiennent à la diversité des races étudiées. Chez le chenal, Cxox Am) (157) a, dès 1870, con- slalé par des expériences physiologiques Fexis- tence d'un nerf dépres- seur distinct du pneu- mogastrique et du sym- pathique du cou. On trouvera reproduite ici (ig. 19) la disposition anatomique qu'il a don- née de ce nerf. Chez le cheval, ainsi que l'in- dique ce dessin, le nerf dépresseur possède, en FiG. 18. — Le dépresseur chez le chien sus des deux racines 4 (d’après Gxox). : Me: : Mêmes désignations que dans la figure 17. — et # analogues à celles É Th Get thyroïdien. du lapin, une troisième racine À qui forme une forte anastomose avec le ganglion cervical supérieur E et continue sa marche vers une destination qui n'a pas encore été élablie d'une manière bien précise. La figure 103 montre les rapports intimes de ces {rois racines entre elles et avec les nerfs pneumogastriques et laryngé supérieur. On voit que ces rapports sont assez compliqués et notamment que la troisième racine du dépresseur à trois origines difré- rentes : deux branches procèdent de ces deux nerfs et la troisième € de la racine 4. Conjointement avec le laryngé supé- rieur, ces racines forment un véritable plexus nerveux à la hauteur du gonflement supérieur du pneumogastrique. 102 LES NERFS DU CŒUR En 1880, Fixrezsreix a étudié, au seul point de vue anato- mique, la distribution du dépresseur chez le cheval. Il en donne deux variétés dont l'une ne diffère pas de celle de Cxox, sauf que la troisième racine a échappé à l'attention de FixkELSTEIN. Suivant une seconde variété, le dépresseur effectuerait son par- cours dans une gaine qui lui serait commune avec le sympa thique et le pneumogastrique, mais FrNKELSTEIN n'a pas réussi FiG. 19. — Nerf dépresseur chez le cheval (d’après Con). D, pneumogastrique. — a, b, les deux racines du dépresseur. — À, troisième racine du même nerf. — Æ, ganglion cervical supérieur. — g, sympathique: — C, artère carotide. £ à isoler ces trois nerfs; il suppose l'existence du dépresseur dans le plexus du pneumogastrique qu'il reproduit. Cxox a récemment opéré chez un cheval qui offrait cette seconde variété dans la disposition du dépresseur. Mais il est parvenu, du vivant mème de l'animal, à isoler le sympathique et le dépresseur de la gaine commune et à les soumettre à lexpé- rimentation. La dissection a ensuite démontré que la branche du dépresseur soumise à l'expérience se rendait au ganglion cervical supérieur. Nous avons reproduit cette disposition du dépresseur dans la figure 19 qui représente la distribution des LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 10: nerfs du cou et du cœur chez le cheval ‘p. 102. D'après le résullat de l'expérience, Cyox considère celte branche comme correspondant à la troisième racine du dépresseur. Voici la deseriplion que Knreibuaxx à donnée du dépresseur chez le mouton: à droite il se délachait du laryngé supérieur el, après un parcours libre de 7 ou 8 cen- lüimètlres, 1l entrail dans la gaine du pneumogastrique; à gauche, 11 fallait isoler le dépresseur dans la gaine de ce dernier nerf. J'ai eu récemment locca- sion d'exciler chez un mouton le dé- presseur du côté droit. J'ai trouvé qu'il était, dans son parcours libre, assez étroitement lié avec le sympathique, el qu'il format avec lui un petit plexus à La hauteur du F6: 20. — Les trois racines du dépresseur chez le cheval (d’après Cxon). ganglion cervical Mêmes désignations que dans la figure 19. médian. Lancexsacner et Kasew-Becrk ont aussi constaté la présence du dépresseur chez le porc ; il est beaucoup plus développé du côté gauche que du côté droit, et il n’a que peu d'anastomoses avec le pneumogastrique et le sympathique. KRreIDMANx et FinkELsTEIN, comme avant eux BerxnaroT, ont cherché à déterminer quel nerf du cou correspondrait chez l’homme au dépresseur des animaux. Kkeibmanx indique comme jouant ce rôle une petite branche du laryngé supérieur qui 104 LES NERFS DU CŒUR commence par deux racines el, après un parcours libre, rentre dans la gaine du pneumogastrique où elle doit être isolée à la hauteur du larvngé supérieur. Nous reproduisons 1ct (fig. 21) une des figures données par KREIDMANX d'après le parcours du côté gauche. Ce qui nous à fait préférer celte distribution, e’est qu'elle correspond exactement à celle que nous à offerte der- nièrement un singe chez lequel nous avons soumis ce nerf à l'excitalion électri- que. Fixkezsrein aflir- me n'avoir pu Con- Slater la présence de celle branche que deux fois sur cinq cadavres. I incline à considérer comme le nerf dépresseur chez l'homme, un nerf émanant de la bran- che cardiaque du la- ryngé supérieur. Ce nerf tanlôl resterait isolé sur tout son parcours, lantôt se rattacherait au nerf cardiaque long qui Fic. 21. — Le dépresseur chez l’homme (d’après provient de la partie KREIDMANN). E a et b, les deux racines du dépresseur. — c, nerf la- supérieure du sym- ryngé supérieur, — d, pneumogastrique et sympa- ‘ thique. pathique du cou. Des deux versions sur le parcours du dépresseur chez l'homme, laquelle est exacte ? Il serait d’une très grande importance de le vérifier par voie expérimentale. Cetle constatation ne présenterait en elle-mème aucune difficulté dans un temps où les opérations sur les goitres sont devenues si fréquentes. Rien ne serait plus facile que d'introduire une ‘canule dans l'artère thyroïde d'un goitre destiné à être enlevé ou oblitéré, et de relier LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 1055 cetle canule à un manomètre, L'excilalion électrique momen- tanée d'une des branches nerveuses du cou que nous venons d'indiquer n'offrirait aucun inconvénient; on devrait, bien entendu, éviter la section et même la ligature de ces nerfs. L'effet de dépression sanguine, si caractéristique pour une pareille excitation, une fois obtenu, il faudrait déterminer nettement l'origine et la posilion exacte du nerf, A une époque où plusieurs chirurgiens n'hésitent guère à pratiquer la section du sympathique au cou et même lextirpation des ganglions cervicaux, et cela en se basant sur des fonctions plus que pro- blémaliques de ces importantes parties du sytème nerveux, il est urgent de leur faire remarquer qu'en sectionnant le sympa thique du cou ils détruisent aussi très probablement le nerf dépresseur, c'est-à-dire qu'ils privent le cœur de son principal appareil préservateur et le reste de l'organisme d’un important régulateur de la circulation. Parmi les vertébrés à sang froid, c'est surtout chez les tortues qu'a été observée la présence du dépresseur. Gaskezz et Ganow (158) ont signalé sur la Testudo greaca et la Chelonia ünbricata, une branche nerveuse semblable au dépresseur des mammifères. T. Wescey Misis (159) a vu un nerf de même genre se détacher du ganglion jugulaire chez la Testudo cephala el la Pseudoemys rugala. Kaseu-Becx décrit le nerf dépresseur de l'£rys caspica et de la Testudo ibera. Ce nerf à souvent deux racines prove- nant du ganglion jugulaire et du tronc laryngo-pharvngien. Selon cet auteur, on trouve aussi un nerf analogue chez le brochet (Esox lucius); mais, au lieu de provenir du ganglion jugulaire, il proviendrait du ganglion inférieur du pneumogas- trique (ganglion trunci vagi,. WesLey Miczs, ainsi que Kasew-Becx, ont obtenu chez les tortues un arrèt du cœur et ensuite une accélération par l'exci- tation (centrale ?) de ce nerf. 106 LES NERFS DU CŒUR ROLE PHYSIOLOGIQUE DU NERF DÉPRESSEUR; SON MODE DE FONCTIONNEMENT. L'excitation électrique du bout périphérique de ce nerf reste sans effet visible sur la pression sanguine et sur le nombre des battements du cœur. Mais celle de son bout central provoque immédiatement un notable abaissement de la pression, ainsi qu'un ralentissement des battements. Tel est le fait fondamental établi par Cvox et Lupwié (146) dès les premières recherches expérimentales qu'ils entreprirent après la découverte de ce nerf. L'abaissement de la pression dans ces expériences atteignail le tiers et souvent même la moilié de la pression normale : il se maintenait pendant la durée de l'excitation électrique à cette valeur minimale. Ce n'est qu'au moment où l'excitation cesse que la pression sanguine s'élève de nouveau et revient à la hauteur normale. Il n'en est pas ainsi du ralentissement des battements du cœur qui accompagne la baisse de la pression : celui-ci atteint vite son maximum, bien avant que la pression ne soit arrivée à son niveau le plus bas et, au lieu de se main- tenir, il commence à diminuer, faisant place à un retour des pulsations à leur nombre normal, et parfois même à une légère accélération. Cette désharmonie entre le cours de l’abaissement de la pression et celui du ralentissement des pulsations indiquait déjà assez clairement que les deux phénomènes sont indépen- dants l'un de l’autre. Cyox et LupwiG ont en outre démontré directement celle indépendance en établissant, par des expé- riences ad hoc, que le nerf dépresseur exerce une double action réflexe, l'une sur les centres vaso-moteurs, l'autre sur les centres des nerfs pneumogastriques. La section de ces derniers sufli- sait le plus souvent pour que l'excitation du dépresseur restât sans effet direct sur le nombre des pulsalions. Une ou deux fois, notamment dans leur expérience VI, ils ont même observé LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 107 après celle section une accélération des battements du cœur comme suite d'une pareille excitation. Cox et LupwiG étaient alors portés à considérer ce phénomène comme une suite indi- recte de la pression intracardiaque et peut-être mème intracrà- nienne, comme un effet particulier de la baisse générale de la pression. Nous verrons bientôt qu'il est dû, au contraire, à une action réflexe sur les nerfs accélérateurs qui, pendant l’excita- lion du dépresseur, se transmet à travers la (roisième racine de ce nerf, découverte récemment par Cox. Quant à la baisse de la pression, Cvox et LupwiG avaient constaté, dès le début de leurs recherches, qu'elle était générale, qu'on l'observait aussi bien dans le domaine des carotides que dans celui des artères crurales et qu'elle était particulièrement considérable dans les vaisseaux de l'abdomen. La cause de cette baisse de pression se révélait à l'œil nu par la dilatation des petits vaisseaux aussi bien sur les intestins que sur les reins et autres organes abdominaux. Il était donc évident que l'abaisse- ment de la pression sanguine provoqué par l'excitation du nerf dépresseur résultait non d'un affaiblissement quelconque de la force cardiaque, mais d’une diminution des résistances dans les circuits vasculaires. Mais Cyox et LupwiG tenaient à démontrer cette origine de la dépression sanguine par des expériences directes. Ils ont observé, notamment, que l'excitation du dépresseur devenait presque sans effet sur la pression générale, si en même temps on prenait soin d'augmenter artificiellement les résistances dans la circulation périphérique par une ocelusion momentanée de l'aorte abdominale au-dessous du diaphragme. Toutefois, la confirmation la plus éclatante de leur conjecture sur l’action du dépresseur fut fournie par leurs expériences sur les nerfs splanchniques. Après avoir constaté que la baisse de la pression sanguine était due en majeure partie à la dilatation des vaisseaux abdominaux, ee qui était, d'ailleurs, tout naturel vu l'énorme capacité de ces vaisseaux, les auteurs cherchèrent à établir quels sont les vaso-constricteurs qui dominent la cir- culalion abdominale. C'est ainsi qu'ils furent amenés à décou- 10S LES NERFS DU CŒUR vrir le rôle prédominant que les ner/s splanchniques jouent dans la circulation générale par la grande quantité de nerfs vaso- constricteurs qu'ils contiennent. La section d'un nerf splanchnique parvenait à abaisser de 30 à 50 millimètres la pression sanguine dans la carolide (la pres- sion fut mesurée par un manomèlre à mercure). La section d'un second splanchnique augmentait encore notablement cette dépression. D'autre part, lexeitalion du bout périphérique d'un nerf splanchnique seclionné élevail la pression sanguine fort au- dessus même de sa hauteur primitive. L'élévation de la pres- sion élail presque identique à celle que produit une ocelusion complète de l'aorte à sa sortie du diaphragme. Une fois que le rôle des nerfs splanchniques, en lant que vaso-moteurs princi- paux de l'organisme, eût été établi, il fut aisé à Crox et Lupwi@ de vérilier leur manière d'envisager laction du nerf qu'ils venaient de découvrir: l'excitation du dépresseur succédant à une section préalable des deux splanchniques devait rester sans eflet sur la pression sanguine, ou plutôt n'exercer qu'un effet restreint, Les expériences confirmèrent pleinement cette prévi- sion : landis qu'avant la seclion la pression était diminuée du liers ou de la moitié, ou n'obtenait plus qu'une baisse minime de 10 à 12 millimètres, soit à peine d’un dixième de sa valeur primitive, el cela bien que le ralentissement des pulsalions car- diaques — les pneumogastriques élant demeurés intacts — restàl aussi considérable qu'avant la section des splanchniques. Cette baisse minime de la pression indique en même temps que, st l'action du dépresseur est surtout puissante sur le système vasculaire de labdorren, elle S'étend également aux autres artères du corps. De l'ensemble de leurs expériences, Cvox et Lrowié conclu- rent que le nerf dépresseur exerce une double aclion réflexe: 1° excitante sur les centres des pneumogastriques, et 2° paraly- sante sur les centres des vaso-constricteurs, c'est-à-dire que son excitation diminue considérablement le tonus de ces derniers centres. Par rapport aux centres vaso-constricteurs, le nerf LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 109 dépresseur doit ètre considéré comme un nerf #nhibiteur par voie réflexe. Voici en quels termes les auteurs apprécient la portée phy- siologique du mécanisme nerveux qu'ils venaient de découvrir : « Aux différents procédés par lesquels les diverses parties de l'appareil cireulaloire s'adaptent mutuellement, il en faut ajouter un nouveau, des plus importants à coup sûr, grâce auquel /e moteur principal de la circulation parvient à régler lui-méme les résistances qu'il doit vaincre... Le cœur, quand il est trop rempli, soit par manque de forces propulsives, soit par un afflux de sang trop considérable, subit des excitations qui lui permettent, à laide des nerfs dépresseurs, de modifier le nombre de ses battements, ainsi que les résistances qui s'opposent à son évacualion. » Le mécanisme des nerfs dépresseurs constitue donc comme une soupape de sûreté préservant le cœur de la dilatation excessive et dangereuse qu'occasionnerait une trop grande accumulation du sang dans ses cavités: en cas de danger, ce mécanisme automalique peut amener une dépression du sang en provoquant par voie réflere un ralentissement des battements du cœur et un élargissement des petites artères dans tout le corps. Ce nerf sensible du cœur signale, pour ainsi dire, au cerveau les dan- gers qui menacent le musele cardiaque et, en produisant une paralysie momentanée des centres vaso-moteurs, il ouvre les écluses qui permettent au cœur de se vider sans obstacle !. Leur rôle physiologique ne comportant qu'une intervention accidentelle pour prévenir un trop grand afllux du sang dans le cœur, il s'ensuit que les nerfs dépresseurs ne se trouvent pas dans un état d’excitation tonique ; le plus souvent, leur section ne provoque pas de changement appréciable dans la pression sanguine, comme l'ont démontré Cxox et Lupwic. Les nombreuses recherches expérimentales dont les nerfs 1. Qu'il me soit permis de citer un mot de CLaune BEerNarD dit en décembre 1866 quand, pour la première fois, je lui exposai la découverte des dépresseurs ainsi que celle des nerfs accélérateurs publiée quelques mois après: « Je serais curieux de savoir comment des darwiniens s’y prendront pour expliquer de si merveilleux mécanismes à laide de l'adaptation ou de la sélection. » 110 LES NERFS DU CŒUR dépresseurs furent l'objet depuis 1866 n'ont nullement modifié les bases sur lesquelles Crox et LupwiG en avaient établi le fonctionnement, Comme nous l'avons exposé dans la partie anatomique de cette étude, on a reconnu l'existence de ces nerfs chez différents animaux. Là où les dépresseurs ont pu être soumis à l'expérimentation physiologique, leur mode d’action s'est trouvé être exactement pareil à celui observé chez le lapin. Roëver et Berxuaror chez le chat, Cxox chez le cheval, Kaseu-Beck et Cvox chez le chien, d’autres expérimentateurs encore, ont pu constater que, généralement, c'est par une baisse persistante de la pression sanguine et par un ralentissement passager des pulsations que se manifeste l’action de ces nerfs. Au début, il est vrai, on a de plusieurs côtés essayé d’expli- quer la baisse de la pression observée au moment de l’excitalion des dépresseurs, comme une conséquence indirecte du ralen- tissement des battements du cœur. L'inanité d’une semblable explication résultait déjà des premières recherches de Cyox et Lubwié, qui, comme nous l'avons vu, avaient prouvé par des expériences indisceutables l'indépendance complète de ces deux effets parallèles de l'excilation du dépresseur. Nous reprodui- sons ici deux graphiques (22 et 23) dont chacun retrace un de ces effets: la fig. 22, la baisse de la pression sans ralentissement des battements du cœur, et la fig. 23, un fort ralentissement des battements presque sans baisse de la pression. Dans le premier cas, c'est l'action réflexe sur les pneumogastriques qui a été abolie ; dans le second c’est, au contraire, l’action sur le centre vaso-moleur qui a élé empêchée par les conditions de l'expé- rience (fig. 22 et fig. 23). Sur plusieurs points de détail, les données expérimentales fournies par Cxox et LupwiG sur les dépresseurs ont été élargies ou complétées. Ainsi, dans une étude spéciale, N. SewaLz et D. W. Sreixer (161) ont précisé davantage quelques particu- larités du fonctionnement normal de ces nerfs. En produisant arliliciellement de grandes élévations de la pression sanguine, tantôt par l’occlusion des carotides qui, selon l'observalion antérieure de Sim. Mayer, provoque une LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 111 semblable hausse, tantôt par l’asphyxie, ces auteurs ont pu se convaincre que dans les deux cas la hauteur à laquelle parve- nait la pression était bien moins considérable, quand, préalable ment, les deux dépresseurs avaient été seclionnés. Une F16. 22. — Excitation du nerf dépresseur chez un lapin, chez lequel une injection intraveineuse d’iode a provoqué une paralysie de deux pneumogastriques. On constate une baisse considérable de la pression sanguine sans ralentissement des battements du cœur (d’après Cyon, Recherches sur la physiologie de la thy- roide, etc., p. 153). observation analogue à été également faite précédemment par NawazicuixEe. Il est donc évident que l'intervention des nerfs dépresseurs a pu notablement atténuer les effets de l’asphyxie ou ‘de l’occlusion des carotides sur la pression sanguine. Ces PERS MR à Fc. 293: Excitation du nerf dépresseur; cette excitation provoque surtout un ralentissement des battements du cœur; la baisse de la pression sanguine est insignifiante (d’après Gxow). auteurs ont plusieurs fois observé des élévations de la pression au moment de la section des dépresseurs. Tout récemment, au cours de nouvelles expériences sur ces nerfs, Cxox a fait des observalions analogues. Ce phénomène n'indique nullement l'existence d'un {onus du dépresseur, mais prouve seulement, 112 LES NERFS DU CŒUR selon la Jjudicieuse remarque de SewaLz et Sreixer, l'extrème sensibilité du mécanisme auquel il préside. Pendant l'expéri- mentation l'élévation de la pression dans le cœur était combattue par de dépresseur, mais, au moment même de sa section, l'éléva- tion de la pression, n'étant plus contrariée, a pu alors se produire intégralement. Si dans leurs premières expériences Cox et LubwiG n'ont pas observé celle élévalion, cela tient probable- ment à ce qu'ils opéraient sur des animaux immobilisés par le curare. La récente observalion de Pawzow (165) sur le dépres- seur analogue à celle de Sewazz et Sreixer doit être interprétée de la même manière. Nous avons déjà indiqué les études faites en vue de préciser davantage la distribution des fibres des dépresseurs dans le cœur lui-même, Parmi ces recherches, celles de WoozpripGe méritent une mention spéciale, parce qu'elles ont été exécutées par voie expérimentale. Leur auteur avait done le moyen de vérifier par l'action sur la pression sanguine el la fréquence des battements du cœur si les fibres en question se rapportaient réellement au nerf dépresseur. Ces expériences exécutées dans le laboratoire de Lupwic ont montré que c'est de préférence l'excitation des nerfs silués sur la surface postérieure du cœur qui provoque deux effets identiques à ceux produits par la mise en action des nerfs dépresseurs. En dehors des vaisseaux abdominaux, sur lesquels l'action vaso-dilalatrice due au dépresseur s'exerce d'une manière parti- culièrement prononcée, ÿ a-L-il d'autres artères qui subissent son action ? L'étude de celte question présente certaines diffi- - cullés provenant de l'influence prédominante que le volume des vaisseaux abdominaux exerce sur celui des autres vaisseaux, el surtout sur ceux situés à la périphérie du corps. Cette prédo- minance des vaisseaux régis par les splanchniques est particu- lièrement grande chez les lapins, comme l'avaient démontré les expériences de Cyox et Sreixmaxx en 1870. Elle à pour effet qu'une grande dilatation de ces vaisseaux empèche par vote purement mécanique une dilatation trop prononcée des vais- seaux périphériques, la quantité de sang dont dispose le corps LES NERFS CENTRIPÈTES ! LE NERF DÉPRESSEUR 113 étant limitée, Cet antagonisme mécanique entre la circulation viscérale et la cireulalion périphérique ne doit pas ètre confondu avec un autre antagonisme entre les mêmes systèmes vascu- laires, dû celui-là à l'action réflexe des nerfs sensibles sur les nerfs vaso-moleurs. Cette action, selon Cyox (52, p. 110-127, elc.), est double : 1° Elle provoque une excitation des centres des vaso-constricteurs et par conséquent produit un rétrécisse- ment général des pelites artères, et 2° une inhibition partielle des centres locaur qui dominent les artères appartenant à la mème région que les nerfs sensibles excités, par conséquent une dilatation des vaisseaux de celle région (expériences de SCHIFF, SNELLEN, Lovex et autres). Cette action nerveuse, qui fut plus tard étudiée par Dasrre et Morar (210), doit amener dans certaines circonstances, — par exemple quand les nerfs sensibles de la peau sont soumis à l'excitation — une dilatation des vaisseaux cutanés et un rétrécissement des vaisseaux vis- céraux. Le résultat est, selon l’heureuse expression de ces au- teurs, un balancemententre la circulation cutanée et la circulation viscérale. Quand c'est le nerf sensible du cœur, le dépresseur, qui est soumis à l'excitation, l’antagonisme nécanique entre les deux circulations doit être seul pris en considération. L'action réflexe de ce nerf se manifeste, en effet, par une inhibition générale des centres vaso-constricteurs, c'est-à-dire par une dilatation générale de toutes les petites artères du corps. Mais, grace à l'énorme quantité de sang qui afllue dans les larges vaisseaux abdominaux (où les résistances à cet afflux sont d'ailleurs moindres qu'à la périphérie), il est souvent diflicile de constater avec certitude le relâchement des vaisseaux péri- phériques. Parmi les recherches faites pour étudier lPaction du dépres- seur sur les autres parties du corps, il faut citer le travail de Dasrre et Morar (210) sur la circulation bucco-linguale, et sur- tout l'étude très complète de Bavyriss (171). Cette dernière à passé en revue les effets de l'excitation du nerf dépresseur sur presque loutes Les parties du corps. C'est à DE Cvox. 8 114 LES NERFS DU CŒUR l'aide de Ja méthode pléthysmographique que fut faite l'investi- gation de la plupart de ces effets. Bayziss à pu ainsi constater que le volume des extrémités augmente notablement sous lin- fluence de ces excilalions ; il en est de même pour les intes- ins. Par contre, selon Bayuss, l'action du dépresseur sur la langue est nulle. Sur le cou et la tête Bayriss ne fait que confir= mer les observations de Cox et LupwiG et de Srecuxé. Le volume de l'oreille non plus ne paraissait pas augmenter pen- dant l'excitation du dépresseur; celui du rein a même un peu diminué de # millimètres. Il s'agissait évidemment dans ce dernier cas d’un effet passif sur les vaisseaux du rein par suite de l'énorme afflux du sang vers les intestins. (Voir plus loin.) Hürrue (211) a étudié les effets du dépresseur sur la circula- tion cränienne, à l'aide d’un manomètre fixé dans le bout péri- phérique de la carotide. Il a pu constater ainsi une légère baisse de la pression. Pourtant Bayziss n'a pas réussi à confirmer cette observation. Tout récemment Cyox (53, 20-24) a étudié l’action du dépres- seur sur les vaisseaux des glandes thyroïdes et a pu constater que cette action est très prononcée, el cela malgré l’antagonisme mécanique entre la circulation abdominale et celle des organes périphériques. Cox admet même une action parliculière du dépresseur sur la circulation du corps thyroïde et le passage direct de plusieurs fibres vaso-dilatatrices du dépresseur aux artères de ces corps, soit par la voie des laryngés supérieurs, soit par celle du plexus nerveux que forme souvent le premier de ces nerfs avec le sympathique et le pneumogastrique. Le rôle principal des corps thyroïdes étant, selon Cxox, la protection du cerveau contre les subits afflux de sang par suite de trop grands accroissements de la pression sanguine, il est très naturel que le nerf dépresseur, appelé à combattre les effets de pareils accroissements sur le cœur, intervienne d’une manière directe dans la circulation thyroïdienne. Dernièrement F. Wixkzer (163) a exécuté une longue série d'expériences sur les nerfs dépresseurs dans le laboratoire de von Bascu, confirmant et développant plusieurs points concer- LES NERFS CENTRIPETES : LE NERF DÉPRESSEUR 115 nant le fonctionnement de ces nerfs, qui avaient été établis par Cvox el Lupwic. Une série de ces expériences éludiait influence que l'excitalion du nerf dépresseur produit sur la pression san- guine dans le système veineux. Comme conséquence naturelle de la baisse considérable de Ta pression sanguine dans les grandes artères, par suile de Ta dilatation des pelites artères, la pression veineuse diminuait aussi très notablement. Une observation analogue fut faite par Bayliss, qui a également con- slaté que lexcilalion du dépresseur produit une baisse notable de pression dans la veine cave inférieure (171). Ces données sont entièrement d'accord avec les lois générales de la vitesse de la circulation dans les veines, établie par CYox el SreINmanx. Dans une recherche plus récente (162), WixkLer à éludié Les modilicalions de la pression dans l'oreillette gauche, pendant l'excitation du mème nerf. Comme 1l fallait s'y attendre, cette pression diminue également quelques secondes après la baisse de la pression artérielle, En somme les recherches de Winkler démontrent d'une manière directe que le rôle du nerf dépres- seur est de protéger le cœur contre une trop forte pression, en abaissant la pression d'abord dans tout le système artériel, ce qui facilite l'écoulement du sang du ventricule et diminue lPaf- flux du sang dans les oreillettes. Une recherche histologique exécutée récemment dans le labo- raloire physiologique de Hazce par Kôsrer et Tscnermak (16%) sous la direction de BERXSTEIN, à démontré lexistence de ter- minaisons du nerf dépresseur également au début de la crosse de l'aorte. Des expériences avec augmentation artificielle de la pression dans la crosse de l'aorte ont montré que la dilatation de ces parois peut également exciter les terminaisons périphé- riques du dépresseur el provoquer les mêmes effets que les excilations périphériques des terminaisons nerveuses qui se trouvent dans le cœur lui-même. Ajoutons que Cvox et Lun- wiG dans leur exposé des fonctions du nerf dépresseur avaient déjà signalé la distribution de ces ramificalions dans les parois de l'aorte et de l'artère pulmonaire à leur sortie du ventricule (voir 52, p. 40). Kôüsrer el Tscueruak croient donc à Lort que la 116 LES NERFS DU CŒUR présence de ces ramilicalions diminue en quoi que ce soit le rôle du dépresseur comme nerf sensible du cœur. Bien au contraire elles ne font qu'élargir la signification de ce nerf comme régu- lateur des résistances que le cœur rencontre dans l'appareil cir- culatoire el, par conséquent, du travailque le cœur doit accom- plir. L'existence des terminaisons du dépresseur dans le cœur avait été démontrée expérimentalement en dehors de Cyox ct LuowiG aussi par les recherches de WoocpripGe (155). La démonstration anatomique des ramifications et des terminai- sons de ces nerfs dans le cœur a 6t6 donnée directement entre autres, par SmiRNorr (147) et par WoocpripGe (155) par voie expérimentale. ORIGINE CENTRALE DES DÉPRESSEURS. Par quelles voies les nerfs dépresseurs quittent-ils la boîte cränienne? E. Sparirra et M. CoxsiGr10 (166) ont entrepris de rechercher si les fibres nerveuses du dépresseur pénètrent dans le cerveau conjointement avéc celles des pneumogastriques, ou si elles se séparent de ces dernières à l'endroit de leur jonction avec la branche interne du nerf spinal de Wius. Les expé- riences des physiologistes italiens ont démontré que l’arrache- ment préalable de ce dernier n’abolit pas l'action du dépresseur sur la pression sanguine, tandis que celle sur la fréquence des pulsations disparait. Il en résulte aux yeux de ces auteurs que les dépresseurs contiennent des fibres de deux sortes: les unes, dont l'excitation agit sur le centre vaso-moteur et qui suivent les pneumogastriques jusque dans la boite crânienne ; les autres qui ne provoquent que l'action réflexe sur les nerfs pneumo- gastriques. La présence de deux sortes de fibres nerveuses dans le dépresseur est en elle-même très vraisemblable. Toutefois nous devons observer que les résultats des expériences de Spa- LiTra et CoxsiGcio n'imposent pas cette conclusion d’une manière LES NERFS CENTRIPÈTÉS : LE NERF DÉPRESSEUR 117 absolue. Nous savons par les expériences de Warcer (167) que les fibres inhibitrices du pneumogastrique quittent la moelle par la voie du nerf accessoire de Wiuis. Si done lexcilation du dépresseur n'amène pas un ralentissement des battements du cœur, le fait peut très bien avoir pour cause non la des- lruclion des fibres nerveuses du dépresseur qui se rendent à la moelle, mais celle des fibres du pneumogastrique qui en sortent. Iest vrai qu'il résultait déjà des premières expériences de Crox et LupwiG (par exemple, des exp. IV et V, voir aussi 52, p. #1) que la seclion d'un seul pneumogastrique du côté où se trouve le dépresseur excité n'abolit nullement le ralentissement des pulsations, l'excitation se transmettant également sur le pneumogastrique du côté opposé. KaseueBeck (145) a fait Ta mème observation sur le chien el sur le porc. Si cette action sur le pneumogas(rique contralatéral se produisait toujours et dans toutes les circonstances, la conclusion de Srazrrra et CoxsiGr10 serait légitime. Mais il n’en est pas ainsi : comme l’a tout récem- ment démontré S. Fucus (16$), le ralentissement provoqué wni- quement par le pneumogastrique contralatéral exige une exei- lation du dépresseur bien plus intense. Pour que la conclusion de Spaurrra el Coxsiécio fût inattaquable, il aurait fallu établir que l’excilalion du dépresseur après la destruction d'un seul nerf spinal avaitété exécutée avec des courants /rès forts. Autre- ment l’objection que nous venons de formuler peut toujours être soulevée. S. Fcens a serré bien davantage la question de l'origine des nerfs dépresseurs, et ses expériences lui ont permis d'établir notamment par quelles parties des racines des pneumogastri- ques ils entrent dans la boîte crâänienne. IT s'agissait d'examiner les faisceaux de fibres qui forment les racines réunies des nerfs glosso-pharyngien, pneumogastrique et spinal. Grossmanx (169) ayant constaté que, chez le lapin, les fibres nerveuses prove- nant de la moelle allongée qui forment ces racines traversent le foramen jugulaire en trois faisceaux: supérieur, moyen el inférieur, S. Fucus est parti de là, et a réussi à démontrer par I1S LES NERFS DU CŒUR la section ou l'excitation de ces racines que les fibres du dépres- seur se trouvent dans le faisceau supérieur, le même qui, d'après les recherches de Tn. Beer et A. Kretbt (170), contient également les fibres du pneumogastrique, dont lexcilation provoque un ralentissement ou un arrêt de la respiralion. Dans ce faisceau supérieur on peut facilement distinguer deux filets nerveux, dont l'inférieur est le plus fort. C'est par ce dernier que passe le nerf dépresseur pour se rendre dans la moelle allongée. Toutes les racines du dépresseur suivent-elles celle voie pour arriver au cerveau ? Au moment où furent exécutées les recher- ches dont il vient d'être parlé, on ne possédait sur la troisième racine de ce nerf que les indications anatomiques fournies pour le cheval par Cvox (157) en 1870. Sans doute Bavruss (171) avait déjà attiré Fatlention sur ce fait que lexcilation du bout central du dépresseur après la secüon des deux pneumogas- triques provoque souvent une notable accélération des pulsa- tions, faitqui, d'ailleurs, résullait déjà des premières expériences de Cxox et LupwiG sur ce nerf (52, exp. IV); mais on ignorait encore que dans ce cas l’action réflexe sur les accélérateurs se transmetlait par la voie d’une racine spéciale. Ce n'est que tout récemment que Cox (53) l’a établi à l'aide de lexpéri- mentation physiologique. IT ressort de ses expériences que la troisième racine du dépresseur, aussi bien chez le lapin et chez le chien que chez le cheval {voir fig. 19), traverse le gan- glion cervical supérieur : il est donc à peu près certain qu'elle se rend au cerveau avec les filets sympathiques de ce ganglion. Dans le courant des expériences de Cxox sur le rapport des nerfs dépresseurs avec les corps thyroïdes, il a eu plusieurs fois l'occasion de procéder chez les lapins à la résection des nerfs dépresseurs el sympathiques. L'examen des animaux ainsi opérés plusieurs semaines après la résection, a montré que le bout central du nerf dépresseur est resté jusqu'à un certain point excitable. En effet, les excilations produisaient chez ces animaux, {hyréodectomés en même temps, une légère baisse de la pression sanguine et de notables accélérations des batte- ments du cœur. Une recherche anatomique récente d'Arna- LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 119 xasiu (172) donne l'explication de ces faits en apparence para- doxaux : les fibres nerveuses du dépresseur qui (traversent les premiers ganglions cervicales (3° racine des dépresseurs d'après Cyox) prennent justement racine dans ces ganglions. Nous avons reproduit plus haut la disposition anatomique de Fic. 24. Excitation dufdépresseur chez?un lapint auquel Gley avait enlevé, le 5 mars 1898, les'deux glandes thyroïdes. L'excitation du dépresseur fut faite par Crox et Gex le 19 décembre de la même année. On voit qu'elle à provoqué une accélération notable des battements du cœur avec une légère diminution de la pression sanguine. La grande excitabilité des nerfs accélérateurs chez le lapin est démontrée par la fisure 25. celle troisième racine du dépresseur. Dans ses recherches sur la glande thyroïde, Cox reproduit également une disposition analogue chez le lapin. L'excitation de cette troisième racine du dépresseur produit une accélération notable des battements du cœur en agissant par voie réflexe sur les nerfs accélérateurs. FiG. 25. — Excitation du bout périphérique du nerf sympathique du cou. | I I ym! Cette excitation a provoqué également une considérable augmentation des batte- ments du cœur (de 24 à 45 en 10 secondes) avec une dépression un peu plus pro- noncée que pendant lexcitation du nerf dépresseur. Cetle action réflexe se laisse surtout très facilement observer chez les animaux thyréodectomés, chez lesquels, comme nous le verrons plus loin, l'excitabilité du nerf dépresseur est consi- dérablement augmentée. Nous reproduisons ici deux graphiques (fig. 24 et 25 qui donnent une démonstration éclatante des effets de pareilles excilalions chez un lapin thyréodectomé. Sur les parlies du cerveau que le dépresseur traverse pour 120 LES NERFS DU CŒUR se rendre aux centres des nerfs sur lesquels il exerce une exei- lation réflexe, on ne possède aucune donnée expérimentale pré- cise. SrezuxG (143) a montré, dès l'année 1867, que la section de la partie cervicale de la moelle épinière annule définitivement l'action du dépresseur, au moins sur le système vaso-moteur. Le fait s'explique très aisément: la section de la moelle ayant supprimé toute action du centre vaso-moteur situé dans le cer- veau sur les vaisseaux périphériques, il est évident que l'in- fluence du dépresseur sur ce centre ne saurait plus se mani- fester. $ 4. RAPPORTS DES DÉPRESSEURS AVEC LES CENTRES VASO-MOTEURS , LEURS CENTRES TERMINAUX. La question du trajet que suivent les fibres du nerf dépresseur pour aboutir aux centres nerveux sur lesquels elles exercent leur action se rattache directement au problème de la nature de cette action. On a vu plus haut que Cox et LupwiG, dès leur premier travail, avaient calégoriquement affirmé le caractère inhibitoire de l'action de ce nerf sur le centre vaso-moteur. Cette conclusion leur fut imposée {ant par leurs expériences directes sur les deux splanchniques (voir plus haut), que par l'étude du mécanisme intime par lequel s'exerce généralement l'action des nerfs vaso-dilatateurs. En effet, quelque temps avant la découverte du nerf dépresseur, Cu. Lôvex (173) avait, dans le laboratoire de Luowic, démontré par des expériences déci- sives {excitalion du nerf auriculaire-cervical et d’autres nerfs sensibles) que la dilatation des vaisseaux produite par les nerfs dits vaso-dilatateurs est la suite d'une inhibition de l'exci- talion tonique, due aux cellules ganglionnaires vaso-motrices situées au centre ou à la périphérie. I ne saurait, d’ailleurs, être question d'une autre explication, aussi longtemps qu'on n'aura pas démontré l'existence dans les petites artères de fibres musculaires dont l'excitation produirait directement une LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 121 dilatation vasculaire. À plus forte raison done une dilatation générale des vaisseaux, telle que Ta provoque lexeilalion des nerfs dépresseurs, devrait être attribuée à Finhibilion du tonus des centres vaso-constricteurs. Malgré le caractère inatlaquable de cette conclusion, plusieurs expérimentateurs ont essayé de prouver que le dépresseur n'exerce sa fonction physiologique qu'en excilant un centre vaso-dilatateur, dont on supposait l'existence dans le bulbe ou plus haut dans le crâne. C'est, croyons-nous, Osrrooumorr (174 qui le premier émit l'opinion que le dépresseur pouvait peut- être agir par l'excilation d'un centre vaso-dilalateur. 1 fondait celte hypothèse sur des observations faites à l'aide d’excitations électriques, d'un rythme très lent, appliqué aux vaso-moteurs Ces expériences auraient prouvé que les fibres dilatatrices sont susceptibles d’être mises en jeu par des excilalions plus rares que les vaso-constricteurs situés dans le même tronc nerveux. Grâce à cette particularité, on pouvait obtenir des excilations isolées des vaso-dilatateurs, sans que les vaso-constricteurs entrassent en action. Il serait superflu de discuter ici le bien fondé de cette conclu- sion de Osrrooumorr, par la simple raison que, même admise, elle ne saurait avoir aucun rapport avec le mode d'action du nerf dépresseur. Comme le reconnait d'ailleurs cet auteur lui-même, des recherches sur les nerfs splanchniques pourraient plutôt four- nir des indications justifiant une pareille conception du fonc- tionnement du dépresseur. Des expériences dans cette voie furent exécutées ensuite par Rose Braprorp (175). En excitant le bout périphérique du splanchniqne par des courants d'induc- Hion à des intervalles d'une seconde, 1l afirme avoir obtenu une baisse de la pression sanguine. Ce résultat ne fut pas confirmé par d'autres observateurs. En fait, la Aausse de la pression à la suite d’une excitalion (avec des courants peu fréquents des splanchniques est moins grande qu'après une excitation ordi- naire, mais jamais il ne se produit une baisse de cette pres- sion. Les expériences du même auteur sur les changements de 122 LES NERFS DU CŒUR volume des reins pendant l’excilation des nerfs splanchniques, par des courants à interruptions lentes ou rapides, lui ont per- mis d'observer, en mème temps qu'une baisse de pression, une diminution de volume des reins. Il en conclut que les splanch- niques contiennent des vaso-dilalateurs pour cerlains organes abdominaux. Par (176) aurait trouvé que, quand on exeite les splanchniques par des courants trop faibles pour provoquer une élévalion de la pression, l'écoulement du sang des vaisseaux pancréaliques augmente néanmoins. Jonaxssox (177) à égale- ment trouvé dans les splanchniques quelques vaso-dilatateurs qu'il suppose se rendre aux intestins. Dans le même ordre d'idées, il faut mentionner les expériences de Larronr (178). Ce dernier a essayé d'élablir que les trois premières racines dor- sales contiennent des vaso-dilalateurs pour le foie et que leur section est à mème de rendre ineflicace l'action du dépresseur. D'abord, le premier de ces faits est en contradiction avec les expériences de Cxox et ALaporr (179, voir 52) qui ont démontré par la mensuration simultanée de la pression sanguine dans l'artère hépatique el dans l'artère carotide que les fibres nerveuses, qui du premier ganglion thoracique se rendent au dernier gan- glion cervical une des branches de l'anse de Vieussexs — contiennent, au contraire, des »aso-constricteurs du foie (voir plus haut, p. 78. Leur section produit une vaso-dilata- ion dans le foie ainsi que le diabète. Ce fait expliquerait que l'action du dépresseur produit un effet moindre sur la pression . générale après la section des trois racines dorsales. En effet une telle section équivaudrail presque à celle des splanchniques. C'est par ces trois racines également que, selon CL. BernarD (180) el Cxox (52), passent les vaso-constricteurs des extrémi- tés antérieures. L'observation de Larroxr est aussi en désaccord avec les nombreuses expériences d'autres auteurs qui ont trouvé des vaso-dilatateurs du foie dans les pneumogastriques. Fran- cois Franck et Hacriox 82) concluent, d'autre part, de leurs recherches récentes que les splanchniques possèdent des vaso- dilatateurs pour certaines parties des intestins et pour les reins. I suffit pourtant de jeter un coup d'œil sur les graphiques LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 123 joints à l'exposé de leurs expériences pour se convaincre que ces dernières auloriseraient plutôt des conclusions favorables à l'absence de tels vaso-dilatateurs dans les splanchniques. En effet la vaso-dilatation se produisait non pendant lexcilation de ces nerfs, mais après. Dans loules les recherches dont nous venons de parler, il na pas été non plus tenu suffisamment compte de Fan- lagonisme qui existe entre Ja circulation périphérique et la cireulation abdominale, antagonisme démontré déjà par les travaux de Cyox et Sreinmanx (183 voir 52) en 1870. el dont nous avons parlé plus haut. Souvent même, on a trop négligé aussi le caractère passif des dilatalions qui doivent forcément se produire dans certaines parties des organes viscéraux quand, par suile de la contraction des vaisseaux plus puis- sants de la région voisine, le sang est chassé de cette der- nière. Les preuves jusqu'à présent fournies en faveur de la pré- sence de fibres dilatatrices dans les splanchniques sont donc encore bien problématiques. Lors même que cette présence serait démontrée pour quelques organes, cela ne prouverait nul- lement qu'il existe un centre vaso-dilatateur dans le bulbe ou dans une partie du cerveau, ni que le dépresseur soit à même d'exciler ce centre. Comme le dit avec raison Bien 85) après l'examen détaillé de ses recherches personnelles et de celles des autres auteurs sur ce sujet: « La quantité des vaso-dilatateurs dans les splanchniques est trop insignifiante, ou plutôt le domaine vasculaire qu'ils régissent à une étendue trop faible pour pouvoir exercer une notable influence sur la cireulalion générale où pour pouvoir se manifester par une baisse générale de læpression sanguine pendant l'excitation des splanchniques (461). » [Test vrai que ce même auleur, après avoir ainsi affirmé l'impossibilité d'influencer d'une manière appréciable la pres- sion générale par l'excitation des vaso-dilatateurs des splan- chniques, n'en conclut pas moins, quelques pages plus loin ‘469, que « l’action du dépresseur est probablement (se) une consé- quence de l'excitation réflexe des vaso-dilalateurs des intestins ». Ainsi donc les tentalives d'expliquer l'action du dépresseur 124 LES NERFS DU CŒUR par une excitation réflexe des fibres vaso-dilatatrices des nerfs splanchniques sur un prétendu centre vaso-dilatateur ont plu- Lôl abouti à un résullal opposé. Cox a récemment produit quelques objections rouvelles contre une semblable interpréta- lion de l'action du dépresseur. Dans ses expériences avec des injections d'iodothyrine, il a observé une si grande augmenta- lion de l'excitabilité du dépresseur que les baisses de la pres- sion provoquées par ce nerf dépassaient souvent les deux tiers de la pression normale. Une fois même un animal est mort subitement pendant l'excitation du dépresseur par suite de la paralysie complète de tous les vaso-constricteurs. « Les effets des vaso-dilalateurs, écrit Cxox (53, 106), sont généralement très capricieux el inconstants ; ils exigent toujours une phase latente d'une certaine durée. Par contre, l'action des dépres- seurs est d'une constance absolue : elle se manifeste aussitôt après l'excitation. » La même observation a élé faite par tous les physiologistes qui ont eu l’occasion d'étudier l'action de ces nerfs. Or celle du dépresseur est très longue et persistante. Bayziss 171), qui, comme nous l'avons vu plus haut, a fait une étude très complète de l'action que l'excitation du dépresseur exerce sur les différentes parties du corps, voit également dans ce fait une objection contre l'attribution de cette action à une excitation des centres vaso-dilatateurs. [l'est néanmoins porté à l’admettre, et cela pour deux considéralions. La première est que, selon l'hypothèse de Gaskezz, l’action inhibitrice a un caractère ana- bolique. Or Bayziss n'a pas pu constater que la nutrilion et l'excitabilité du centre vaso-constricteur augmentaient après une longue excitation du dépresseur. En admettant mème ce fait comme indiscutable, il donnerait plutôt à penser que l'hy- pothèse de GaskELL n'a pas un caractère définitif. La seconde considération est lirée des observalions de Brabrorp. Nous venons d'indiquer qu'elles aussi ne prouvent rien en faveur d'une action du dépresseur sur les vaso-dilatateurs. Plusieurs auteurs ont cru pouvoir invoquer à l'appui de cette thèse quelques observalions faites sur l’action de certaines sub- slances qui diminuent l'excilabilité du dépresseur. Ainsi, par LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 12; exemple, GLey et Carrix (186), au cours de leurs intéressantes recherches, sur l'action des produits sécrétés par le bacille pyo- génique sur le système nerveux vaso-moteur, ont observé que l'injection de 10 à 20 €. c. de la solution d'une culture filtrée détermine une grande diminution de lexcitabilité du dépres- seur. Avant en même temps constaté que les réflexes vaso-con- stricteurs n'élaient point affaiblis, ces auteurs ont conclu de leur observation sur le dépresseur que ce nerf agissait sur les vaso- dilatateurs. Cette conclusion n'est nullement forcée : presque toujours, en effet, quand l’action des centres vaso-constricteurs est très accentuée, comme, par exemple, dans l'asphyxie, celle des dépresseurs est diminuée, et cela par la simple raison que ces nerfs ont à vaincre des résistances plus considérables. GLey et Cnarmx ont d'ailleurs fait une autre observation qui indique clairement qu'ils’agissait bien d'une action inhibitrice du dépresseur. En effet, en même {temps qu'ils voyaient diminuer l'excitabilité de ce nerf, ils ont pu constater que l'irritation du bout central du nerf auriculaire-cervical perdait aussi beaucoup de son elflicacité sous l'influence des produits sécrétés par le bacille pyogénique. Or, comme cette vaso-dilatation est provo- quée par un acte inhibitoire, nous avons done là le mème effet que sur le dépresseur. Bien plus, Morar et Dovox ‘187), qui ont pu confirmer l'ob- servalion faite par GLey et Cuarrix sur le dépresseur, ont con- staté que lexcitabilité des pneumogastriques diminue, elle aussi, sous la mème influence. Nous nous trouvons done ici en face du même phénomène que nous avons exposé longuement dans le chapitre relatif aux poisons physiologiques du cœur (132) : conformément aux lois de lexcitalion ganglionnaire formulées par nous, les poisons qui se produisent dans Forga- nisme même, agissent dans un sens identique sur les nerfs de mème catégorie et dans le sens opposé sur leurs antagonistes (troisième loi de lexcilation). L'iodothyrine et l'hypophysine, par exemple, exaltent aussi bien Fexcitabilité des pneumogastri- ques que celle des dépresseurs. La substance active des cap- sules surrénales, lépinéphrine, comme Fa dénommée Aer 126 LES NERFS DU CŒUR ASS) ou la suprarenine (Furrn) agit sur les mêmes nerfs dans un sens diamétralement opposé. La thyroïdeclomie en privant l'organisme de Fiodothyrine et peut-être aussi en aceumulant de l'iode dans le sang (Bareèra, 121), exerce sur les nerfs dépres- seurs et pneumogastriques une dimiution de lexeitabilité. TFsemimwixsky (190) a publié sur les dépresseurs de nombreuses expériences qui l'ont conduit à des conclusions erronées. Ayant constaté que plusieurs produits toxiques, comme, par exemple, le chloral, diminuent l'action du dépresseur — fait déjà reconnu en 1874 par Cvox (53, p. 129-143) el étudié depuis par HerbeNHaix et ses élèves, ainsi que par d'autres — Tscuirwixsky, par un raisonnement dont la justesse nous échappe, croit y trouver la preuve que ce nerf agit en excitant un centre vaso-dilatateur, L'effet connu du chloral sur les ganglions vaso-constricteurs cen- taux et périphériques suflit largement pour expliquer cette dimi- nution de Faclion du dépresseur. Quant à l'rnferversion que Tscmmwixsky aurait observée dans l'action de ce nerf, Cxox a vainement cherché pendant de longues années à l'obtenir chez des animaux soumis à l'influence de divers toxiques ou privés des hémisphères cérébraux : toutes ces tentatives sont restées infruc- tueuses. Pourtant une pareille interversion, analogue à celle que Cxox a découverte sous les mêmes influences dans Faction des autres nerfs sensibles sur les centres vaso-constricteurs, aurait apporté un éclatant témoignage à l'appui de sa pre- mière loi de l'excilalion ganglionnaire (voir S 7, ch. 1v). C'est justement parce que le dépresseur se comporte à cet égard autrement que tous les autres nerfs sensibles du corps, que Cvox, après l'insuecès des tentalives signalées plus haut,'s'est vu amené à admeltre que le mode de communication des fibres nerveuses du dépresseur avec Le centre vaso-constricteur diffère essentiellement de celui des autres nerfs sensibles, autrement dit, qu'entre la terminaison de ces fibres et le centre vaso-con- stricteur se trouve intercalé un appareil intermédiaire qui, quel que soit l'état de ce centre, ne permet qu'une action inlabitrice de leur excitation tonique. Cette hypothèse répond, d'ailleurs, entièrement à la desti- LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 127 nation physiologique du dépresseur. Les récentes expériences de Cyox sur les relations intimes qui existent entre le nerf dé- presseur et les glandes thyroïdes ont permis à Cvox (53) de préciser davantage la nature de cet appareil intermédiaire : «€ Les extir- pations des glandes thyroïdes, ainsi que les injections d'iode, diminuent considérablement et, pour un certains temps, annu- lent presque lexcilabilité du dépresseur. L'iodothyrine, aussi bien d'ailleurs que le phosphate de soude (Bannera), est à même d'augmenter cette excitabilité, et éventuellement de la rétablir, si elle est entièrement abolie. «ILest vrai que sous les deux premières influences les centres et les nerfs vaso-constricleurs voient leur excitabilité Tégère- ment exaltée, mais non au point de ne pouvoir être vaincue par l’action du dépresseur... En effet, la pression sanguine se maintient habituellement à la même hauteur quand Pinjection de l'iodothyrine rétablit cette action momentanément suspen- due... On aurait pu croire que cette suspension dépendait d'une diminution de l'excitabilité du tronc du dépresseur. Mais on peut écarter avec certitude une pareille possibilité par les observations faites maintes fois que, à une certaine phase de Ta thyroïdectomie, l'action du dépresseur sur les pneumogastriques reste encore intacte, tandis que celle sur les vaso-constricteurs est abolie... on est donc forcé d’exclure l'influence de Ta thy- roïdectomie sur les fibres nerveuses du dépresseur fui-même et d'admettre que cette opéralion n'agil que sur /es organes cen- traux de ces nerfs, c'est-à-dire sur les appareils ganglionnaires qui forment leurs terminaisons. Les injections d'iodothyrine, d'iode et de phosphate de soude parlent dans le même sens : e//es exercent leur pleine action sur le dépresseur, méme quand ce nerf est préalablement seclionné et ligaturé. Dans ce cas, ces substances n'agissent évidemment que sur les centres de ce nerf (53, 108-109). » Cyox conclut, en outre, que ces appareils intermédiaires exis- lent en double, un pour chaque dépresseur. Cela ressort avec évidence du fait que souvent un dépresseur est déjà paralysé, quand l'autre est encore en pleine activité, 128 LES NERFS DU CŒUR n'y a naturellement rien de commun entre ces appareils terminaux de nature ganglionnaire qui relient les dépresseurs au centre vaso-constricteur et Iles prétendus centres vaso-dila- lateurs sur lesquels, d'après l'hypothèse, agiraient les dépres- seurs : les premiers, en effet, exercent leur action inhibitrice sur les centres vaso-constricteurs situés dans le cerveau même, tandis que les centres vaso-dilatateurs dont on suppose l'existence dans le cerveau posséderaient des fibres nerveuses spéciales qui, en passant surtout par les nerfs splanchniques, agiraient à la péri- phérie sur les pelies arières. Tout récemment Porrer et Beyer (192) avaient réussi à prou- ver directement que l'action des dépresseurs est bien une action inhibitrice sur les vaso-constructeurs. Ils ont fourni ces preuves par deux solides expériences: la première consistait à exciter, en mème temps, les bouts centraux des dépresseurs et les bouts périphériques des nerfs sp/anchniques. Les dépresseurs agissaient dans ce cas sur des centres vaso-moteurs pendant une élévation de la pression sanguine, produite par l'excitation des vaso- constricteurs des splanchniques. Si ces derniers nerfs contenaïent réellement des fibres vaso-dilatatrices, la baisse de la pression sanguine pendant cette double excitalion, aurait dû être bien plus considérable, que pendant l'excitation des dépresseurs seuls. Or, c'est juste le contraire qu'observèrent Porter et Beyer ; la baisse n'alleignait la moitié de la valeur que dans l'excitation des dépresseurs seuls. La seconde série d'expériences est non moins concluante : ils augmentaient Ta pression sanguine artificiellement par l'injec- tion dans la veine jugulaire de la solution saline physiologique. Dans ce cas également les effets de l'excitation des dépresseurs étaient plutôt plus considérables que pendant l'excitation simul- lanée des nerfs splanchniques (Cyox, 194). Les appareils terminaux des dépresseurs peuvent-ils être mis en activité directement, sans que l'excitalion leur soit trans- mise du centre à la périphérie par la voie des dépresseurs ? Les observations récentes sur les oscillations périodiques de la pression sanguine, connues sous le nom d'ondulations de LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 129 Travee, permettent de répondre d'une manière positive à cette question. . ), LES OSCILLATIONS PÉRIODIQUES DE TRAUBE ET LES NERFS DÉPRESSEURS. On distingue deux genres d'ondulations périodiques dans la pression sanguine : 1° les oscillations provoquées artificielle- ment par la suspension de la respiration, décrites par Tratre (95) et ensuite étudiées par Her (193) et 2° les oscillations périodiques spontanées, que Cxox (196) a le premier observées chez les animaux respirant normalement, et qui furent ensuite l'objet des recherches de S. Mayer (197) et autres. Cxox à pro- posé de ne pas séparer ces oscillations spontanées de celles observées par Trause, les unes et les autres paraissant être pro- voquées par le même mécanisme. Voici les différentes versions émises par les auteurs au sujet de leur origine: 4) les oscillations de Tracer sont dues : 1° à la présence de substances comme le CO* ou autres qui, accumulées dans le sang, excitent le centre vaso-constricteur (FrauBe, Cox, KxozL) ; 2° elles dépendent des impulsions périodiques que le centre respiratoire communique au centre vaso-constricteur (HenixG), ou des excitations transmises à ce dernier centre tant pur les nerfs presseurs et dépresseurs situés dans les parois des vaisseaux, que par d'autres nerfs sensibles (LarscnexserGER el Deauxa, 198). 0) Les oscillations périodiques spontanées de Cyox qui se produisent pendant la respiralion naturelles sont provoquées : 1° par l'excitation des centres vaso-moteurs, dans le cerveau et à la périphérie, due à l'accumulation de CO° ou au manque d'oxygène (Cyox); 2 par les impulsions que le centre respiraloire transmet au centre vaso-moteur par l'inter- médiaire d’un centre nerveux spécial intercalé entre les deux (S. Mayer) ; 3° probablement par des excitations périphériques (Kxozr, 199. DE Cxox. 9 130 LES NERFS DU CŒUR Ces oscillations périodiques, aussi bien celles décrites par Trause que celles observées par Cox, sont ce qu'on appelle dans la physiologie des oscillations de troisième ordre de la pression sanguine. Traure dans sa première communication a déjà fait cette désignation des oscillations observées, dont il a nettement dislingué celles de premier ordre, qui proviennent des balte- ments du cœur, et celles de second ordre, qui sont des oscilla- lions respiratoires. Les oscillations de second ordre sont aussi constantes et normales que les oscillations de premier ordre, tandis que les oscillations de troisième ordre n'apparaissent que dans des conditions anormales, provoquées artificiellement {Frause) où spontanément (Cvox. Les oscillations secondaires ou respiraloires furent étudiées pour la première fois par LupwiG et Enxeropr. Elles furent depuis l'objet de nombreuses recher- ches. Touten différant dans la manière d'expliquer le mécanisme par lequel le mouvement respiratoire provoque ces oscillations de la pression sanguine, tous les physiologistes qui ont fait ces recherches sont d'accord qu'il s'agit là de phénomènes de chan- sement de pression dans la cavité thoracique. Elles sont com- plètement indépendantes de l'action des nerfs vaso-moteurs. Par contre tous les physiologistes nommés plus haut, qui avaient sérieusement travaillé sur les oscillations de troisième ordre, élaient d'accord avec Trause, pour attribuer ces oscillations à l'intervention du système vaso-moteur et pour aflirmer qu'elles n'avaient rien à faire avec les oscillations respiratoires du second ordre. Ce n'est que tout dernièrement qu'une confusion entre les oscillations du troisième ordre et celles du second ordre, commencail à se manifester chez quelques expérimentateurs. L'auteur de cette confusion qu'on croirail presque impossible, est pourtant un physiologiste très expérimenté, Léon FREDERIC. Dans son premier travail sur les oscillations respiratoires de la pression artérielle chez les chiens (200) il parla de l'influence vaso-motrice sur ces oscillations dans des termes qui semblaient indiquer une confusion entre les diverses oscillations. Il parlait très vaguement il est vrai d’une influence vaso-motrice qui LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 131 prendrait part à la formalion des oscillations respiratoires. Ce n'est que tout récemment qu'un élève de Freperico, Léon Piomier, dans un travail exécuté à l'institut de Physiologie de Liège, a neltement souligné la confusion faite par son maitre entre les oscillations de troisième ordre décrites par Fratre et étudiées ensuite par HenxG, Cvox, Kxozz et autres, et les oscil- lations respiratoires. I suflit de jeter un coup d'œil sur les nom- breux graphiques publiés dans le travail de Premier (201, et qui reproduisent parallèlement la courbe de la pression san- geuine et la courbe de la respiration pour voir que Freverice et PLumier ont pris les simples oscillations respiratoires décrites depuis plus de 50 ans, pour des oscillations de Tratee-HerixG. Le texte du travail de Prumier est non moins explicite que les graphiques. PLumer reproche même assez vivement à CYon, à LaTSCHENBERGER et DEanxa, à H.-C. Woo, et à Arthur Bio et Max Reixer de n'avoir pas commis pareille erreur! Par contre il se croit d'accord sur ce point avec Her; et c'est là que se trouve l'origine de son erreur. Nous avons vu plus haut que Here cherchait à expliquer les oscillations de TratrE, par des oscillalions périodiques que les centres nerveux respi- raloires communiquent aux centres vaso-constricteurs. S. Meyer a précisé davantage l'hypothèse de Herixé en admettant lexis- lence d'un centre nerveux spécial intercalé entre le centre respiraloire el le centre vaso-moteur, et destiné à servir d'inter- médiaire entre ces deux derniers. De à à une confusion des oscillalions de Tratse avec les oscillalions respiraloires de second ordre, il y a loin. Le fait seul, que les oscillations de Tracse n'apparaissent qu'exceplionnellement, et dans des con- ditions déterminées, aurait dû empêcher une confusion aussi regrellable, confusion qui n'a élé rendue possible que par le fait que ni Freperico ni Prvmier n'avaient eu l’occasion d'ob- server des graphiques avec des véritables oscillations de FRratse. De pareils graphiques ont pourtant été publiés par de nombreux auteurs, entre autres par Cxox dans son premier travail sur ces oscillations paru en 1874 dans l'Archive de Prevérr (196, où sur la planche des graphiques on trouve, entre autres, 2figures, 132 LES NERFS DU CŒUR e et a, qui représentent les trois ordres d'oscillations: elles sont désignées par les lettres 4, 4, e. Nous en reproduisons plus loin la figure 26. Voir aussi les récents travaux de Cyox sur la glande (hyroide, Fhypophyse, ele. où sont reproduites d'in- nombrables graphiques, qui indiquent clairement la diffé- rence qui existe entre les oscillations de Travre et les oscilla- lions respiratoires. Une confusion d'une tout autre nature est sur le point d'em- brouiller complètement les notions sur la portée des oscilla- lions de troisième ordre. La diversité d’origine de ces oscilla- lions, dont le mécanisme reste pourtant loujours identique, a induit en erreur plusieurs expérimentaleurs novices, qui croyaient découvrir de nouveaux genres d'oscillations, chaque fois que la forme de ces oscillations différait un peu de celle décrile par des auteurs précédents. On est ainsi arrivé à multi- plier sans raison aucune, le nombre des oscillations irrégulières de la pression sanguine. La confusion augmenta encore par suite de la désignation abusive de chaque forme de ces oseil- lations par le nom de lauleur, qui a cru les décrire pour la première fois! Pareille mulliplication de désignations ne fait que rendre plus dificile encore l'entente sur le mécanisme de leur production. | Toutes les oscillations, aussi bien celles qui sont produites artiliciellement ‘Fratee) que celles qui paraissent spontanément Cyon) ont deux traits communs : 1°elles sont toutes de troisième ordre, c'est-à-dire qu'elles superposent sur les deux oscillations normales, celles des pulsalions cardiaques (1° ordre) et celles des oscillations respiratoires (2° ordre); 2° Toutes les oscillations de troisième ordre ont pour origine les variations dans l’excita- lion des centres nerveux vaso-moleurs. C'est pourquoi, dès la découverte des oscillations spontanées, Cxox s'était refusé à leur donner une désignalion spéciale, insistant qu'il fallait leur attribuer le nom de Travre. Et cela aussi bien, afin de rendre hommage à éminent physiologiste et clinicien qui les a con- statées el décrites pour la première fois, que pour éviter toute confusion à l'avenir. Cela n'a pas empêché que les uns dési- LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 133 gnn {ces oscillations spontanées tantôt sous le nom des oscil- lalions de Cvox, les autres sous celui de Sigmund Mayer, qui les étudia trois ans après Cox, en ayant d'ailleurs soin d'éta- blir que Cvox avait été le premier à constater leur existence. Si tous les auteurs, qui ont fait les premières recherches, sur les oscillations de troisième ordre, étaient d'accord pour attribuer leur origine à des phénomènes vaso-moteurs, le mérite d'avoir indiqué pour la première fois le mécanisme de ce phé- nomène, apparlient à LarscnexserGEer el D£anxa. Dans un tra- vail minutieux ils ont cherché à démontrer que les oscillations de troisième ordre sont provoquées par des excilalions qui sont envoyées tour à tour aux centres vaso-moteurs, {tantôt par les libres presseurs et dépresseurs, situés dans les parois des vais- seaux, tantôt par d'autres nerfs sensibles. Ce fut ensuite Bayliss qui avait atliré Fattention sur ce fait important que les oscillations périodiques de troisième ordre disparaissent pendant l'excitation des dépresseurs. Cvox (53) fut amené à reprendre l'étude de celle question au cours de ses recherches sur les glandes thyroïdes et leurs rapports avec les nerfs du cœur, particulièrement avec le nerf dépresseur. Ses expériences sur les animaux thyroïdectomisés, et sur les effets des injections d'iodothyrine lui ont permis d'observer un grand nombre d'oscillations périodiques spontanées de Ta pression sanguine, et d'en étudier la formation et la disparition sous les diverses influences nerveuses. C'est ainsi qu'il a, de prime abord, établi que le nombre et la force des contractions car- diaques sont sans influence sur les oscillations de Trause, comme l'avait déjà observé Heixé. La première condition indispensable pour leur apparition est toujours donnée par une élévation de la pression sanguine, surtout dans la boîte cri- nienne, quelle que soit la cause de cette élévation : accumula- tion de CO®?, manque d'O, ou excitalion du centre vaso-moteur par divers poisons, tels que le cyanure de potassium (Tratse ou le curare, au moment de la disparition de la paralysie, ou enfin des variations anormales de quantités des poisons plysio- logiques du cœur, contenus dans le sang, ces variations devant 134 LES NERFS DU CŒUR forcément troubler dans l'un ou dans Fautre sens la tonicité des nerfs vaso-constricteurs et vaso-dilaltateurs (Cyox). La nature de ces oscillalions reste la même: leur forme varie selon l'état d'excilabilité des centres nerveux dont dépend la pério- dicité des oscillations et selon l'intensité de leur excitation. La grande régularité qui les distingue indique déjà que deux forces antagonistes et contradictoires sont aux prises dans leur production. Les symptômes de cette lutte se manifestent par la succession régulière, presque rythmique, des élévations et des abaissements de la pression sanguine. [ne peut done s'agir dans l'espèce que d'une modification dans les conditions de la lutte des nerfs dépresseurs contre la subite augmentation de la pres- sion, le rôle de ces nerfs élant précisément de combattre ou d'atlénuer une semblable augmentation. Ainsi une notable diminution de Fexeilabilité des dépresseurs doit fatalement aboutir à ces oscillations de Frause. La seclion des dépresseurs ne doit pas forcément supprimer les ondulations de Travee: Fexcilation des centres terminaux de ces nerfs dans le cerveau par la subite élévation de la pres- sion peut provoquer les mêmes effets sur la pression san- guine. Ajoulons que tout à fait indépendamment et presque en mème temps que Cvox, Livox (202) est arrivé à une explication ana- logue de l'origine des oscillations du troisième ordre. Dans le courant des études sur les propriétés hypertoniques et hypoto- niques de certains produits de glandes vasculaires (les poisons physiologiques de Cox Livox fut amené à envisager les oscilla- tions de troisième ordre comme étant produites par l’antago- nisme de ces produits. Il est évident que, suivant qu'une quantité plus ou moins forte de telle ou telle de ces substances actives arriverait dans la circulation, la prépondérance appartiendrait tantôt à des nerfs vaso-constricteurs, tantôt à des nerfs vaso-dilatateurs. Il doit exister normalemententre ces quantités un certain équilibre qui ne saurait être troublé longtemps sans provoquer des pertur- bations visibles dans la pression sanguine. Ce sont ces perturba- LES NERFS CENTRIPETES : LE NERF DEÉPRESSEUR 135 ions qu'on observeen premier lieu après lablation de la thyroïde ou de l'hypophvse. Des introductions artificielles des produits de ces glandes doivent forcément produire des oscillations de la pression sanguine, dont la forme et l'intensité dépendront des quantités de ces produits ainsi que de leurs propriétés. Les oscil- lations spontanées de celle pression dépendent d'une ruplure de l'équilibre entre les innervations loniques des vaso-constric- teurs et des vaso-dilatateurs. IT est donc extrêmement pro bable que, normalement, cet équilibre est maintenu par les aclions antagonistes des diverses substances actives des glandes vasculaires. Fic. 26. — Les trois ordres d’oscillations paraissent ici simultanément."Les parties a, indiquent les pulsations cardiaques; b, les oscillations respiratoires (second ordre); €, les oscillations spontanées de troisième ordre (d'après Cvon. 52. pl. 11). Nous reproduisons ici deux figures (fig. 26 et 27) dont l’une représente les oscillations de la pression sanguine des {rois ordres, 4, b, €. On voit qu'aucune confusion n'est possible entre les oscillations respiratoires (2° ordre) 4 et les oscillations de 3° ordre €. qui proviennent des centres vaso-moleurs. Cette figure est empruntée au travail de Cxox (196). Fic. 27, — (L'’explication se trouve dans le texte p. 19#). La 2° figure empruntée au travail de Cyox (132, p. 258) est particulièrement intéressante parce qu'elle démontre que les oscillations de 2° ordre sont dues uniquement à la respiration et n'ont aucun rapport avec les centres vaso-moteurs. En effet, celte courbe de la pression sanguine a été obtenue sur un chien 136 LES NERFS DU CŒUR dont la circulation cardiaque avait été rendue complètement indépendante aussi bien de la circulation cérébrale que de la circulation abdominale. Il s'agissait d'une des expériences faites d'après la méthode de Cxox pour la résurrection des centres cérébraux dont il a été plusieurs fois question ici (voir ch. v, K 9). Les ondulalions de Traure présentent ainsi une certaine analogie avec Le pulsus bigeminus où trigeminus qui, selon Cvox voir plus haut, page 151), sont le résultat d’une lutte, entre les nerfs accélérateurs et les nerfs pneumogastriques, où tantôt les uns, tantôt les autres prennent le dessus, lutte sou- vent provoquée, elle aussi, par l'introduction artificielle ou par la suppression d'un des poisons physiologiques du cœur, $ 6. LE DÉPRESSEUR COMME NERF SENSIBLE DU CŒUR. Le cœur est-il sensible? Voilà une question à laquelle nul, en dehors de quelques physiologistes, n'hésite à répondre aflirma- livement. Qui, en effet, n'a pas éprouvé des sensations dou- loureuses ou Joyeuses provenant du cœur et se manifestant le plus souvent à la suite de modifications diverses dans le rythme et même la force de ces battements? Si plusieurs phystologistes nient ou révoquent en doute la sensibilité du cœur, c'est en se fondant sur des observations isolées de médecins et de chirur- giens qui, l’occasion leur élant donnée d'opérer sur le cœur humain presque dénudé, par suite de quelque accident fortuit, l'ont soumis à certains attouchements et pressions sans provo- quer la sensation de la douleur". Le cas célèbre du comte de Monigomery, observé par Harvey, est le premier qui donna lieu à la légende de l'insensibilité du cœur. Harcer et plus récem- ment RicueraxD (après une résection des côtes) ont confirmé 1. « Le cœur ne paraît pas posséder de nerfs capables de transmettre des sensa- tions conscientes », écrit dans son excellent Traité de physiologie, paru tout récem- ment, un physiologiste aussi circonspect que TicersrEDT (203, page 170). LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 137 l'observation de Hanvey. Dernièrement, V. Zieussex (20% à eu l'occasion de soumettre à plusieurs expériences le cœur d'une jeune fille rendu très accessible à lobservalion par l'absence des côtes. Lui non plus n'a pas réussi à provoquer des sensa- lions quelconques en excitant directement le cœur. Comment concilier celle apparente insensibilité du cœur avec Le fail — aussi ancien que l'humanité elle-mème — que de nombreux élats d'esprits se reflètent chez l'homme par des sensalions, dont tous, sans hésiter placent le siège dans Le cœur? Comment, d'autre part, admettre l'insensibilité de cel organe, quand une simple excitation du dépresseur chez un animal non narcolisé provoque des cris de douleur extrèmement vifs"? Et les innombrables et souvent terribles manifestations de souffrance qui se produisent chez les malades dans certaines affections cardiaques, comme, par exemple, l’angine pectorale? Si quelques cliniciens s’atlachent — souvent à lort, selon nous — à localiser une grande partie de ces douleurs dans le péri- carde, l'endocarde et même les nerfs intercostaux, il n'en reste pas moins à expliquer comment, dans les observations de Fir- vey et d'autres que nous venons de rappeler, les nerfs du péri- carde et de l'endocarde, qui étaient pourtant touchés et pincés en même temps que le cœur, n'ont pas réussi à provoquer une sensation quelconque. Bien plus, il y a une sensation caractéristique, particulière- ment douloureuse dans l’angine de poitrine, mais qui accom- pagne également Les arythmies quand elles se manifestent par de brusques arrêts du cœur, c'est celles que tous les malades désignent comme l'angoisse de la mort. W ne s'agit nullement ici de la peur de mourir, mais d’une sensation sw? generis de la mort imminente et prochaine. SÉNÈQUE, qui semble en parler par expérience, s'exprime ainsi sur celle sensation : «€ Omnia corporis aut incommoda, aut pericula per me transierunt, nul- per n ; 1. Les faits comme celui-ci, entre autres, observé par GL. BERNARD, que lexeita- tion de la surface interne du cœur provoque des accélérations de ses battements, pourraient à la rigueur être expliqués comme de purs actes réflexes qui ne don- nent lieu à aucune sensation consciente. 138 LES NERFS DU CŒUR lun mile videtur molestius. Quidni? Aliud enim, quidquid est ægrotare ; hoc est animam agere… Mors est non esse id quod ante fuit, sed quale sit jam scio : hoc eri post me, quod ante me fuit. » Voilà une sensalion bien consciente qui pourtant provient, à coup sûr, du cœur. I y a dans l'appréciation de ces faits un malentendu qu'il importe de dissiper aussi bien dans l'intérèt de la physiologie que dans celui de la pathologie. Que lattouchement même un peu violent du cœur ne provoque aucune sensation chez l'homme, cela lient à la circonstance très simple et très connue que ni les nerfs du péricarde viscéral, ni ceux du muscle car- diaque ne possèdent des terminaisons nerveuses susceptibles de nous transmettre les sensations de toucher. Un coup violent porté avec un instrument aigu peut transpercer le cœur sans y provoquer aucune sensalion de douleur, comme, du reste, il n'en provoquerail pas non plus dans un muscle ordinaire. Ge dernier possède pourtant une sensibilité toute spéciale qu'on désigne sous le nom de sens musculaire, et il n’est pas non plus exempt de sensalions douloureuses, mais celles-ci ne sont causées que par des excitalions d'un ordre particulier, comme des crampes, des lorsions où des inflammations du tissu mus- culaire. Il en est de même pour le cœur; cet organe possède, lui aussi, une sensibilité propre qui est éveillée par des excitalions particulières, notanument par les divers états de son fonction- nement physiologique, par des changements dans la forme et le rythme de ses battements, ainsi que par les résistances qu'il ren- contre dans l'accomplissement de sa täche mécanique. Exlrème- ment nombreux sont déjà ces états du cœur, quand ïls ne sont provoqués que par les modifications inhérentes à son rôle de propulseur du sang dans le corps. Mais ils varient à l'infini lorsqu'ils doivent leur origine à des excitations psychiques, à différents états d'âme. « Il en résulte une diversilé tout aussi grande dans les sentiments que notre conscience recoit par la voie des nerfs dépresseurs », écrivait Cox en 1873 (205). « La faculté des nerfs centrifuges du cœur d’être excités par les mou- LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 139 vements de l'âme, et la faculté de ses nerfs centripètes de communiquer avec précision à notre conscience toutes les 1rré- gularités produites par ces excilations dans les battements du cœur, ces deux facultés des nerfs cardiaques créent les condi- lions indispensables pour faire de notre cœur un organe où se reflètent toutes les variations et toutes les qualités de notre âme, Joie ou douleur, amour où haine, malignité où bienveil- lance. » Avant Cyox, dès 1864, CLaupe Berxarp, dans une conférence magistrale faite à la Sorbonne, avait essayé d'établir le rôle du cœur comme organe de nos sensalions émotives. Mais à cette époque on ne connaissait parmi les nerfs du cœur que les fibres inhibitrices des pneumogastriques. Depuis à eu lieu la découverte des nerfs accéléraleurs qui exercent une influence si considérable sur le nombre des baite- ments du cœur; puis celle du dépresseur, le nerf sensible du cœur, à permis d'établir que cet organe est à même d'influencer les centres cérébraux des nerfs vaso-moteurs, pneumogastriques el accélérateurs selon les états différents dans lesquels 11 se trouve; d'autre part, elle a indiqué la voie par laquelle les diverses sensations peuvent se transmettre au cerveau. CYox à done pu serrer de plus près les rapports qui existent entre le cerveau comme organe psychique et le cœur comme organe de nos sentiments. « Ce ne sont pas les poètes seuls, disait-il, qui attribuent celte signification au cœur. Dans toutes les langues, une foule d'expressions et de proverbes dépeignent le cœur comme le siège de nos sentiments et comme Forgane dont l'état détermine jusqu'à un certain point le caractère même de l'homme. I suflit de citer quelques expressions des plus usitées : un cœur dur, un cœur glacé désignent un égoïste ; #7 bon cœur, un cœur chaud — un altruiste. Le cœur se brise, le cœur se serre, avoir le cœur gros, le cœur palpite de joie — toutes ces locutions expriment avec une netteté admirable une série de sentiments que tout homme a éprouvés à un degré quelconque. Tous les hommes sans exception, cultivés ou non, placent le siège de nos sentiments dans le cœur, » 140 LES NERFS DU CŒUR La similitude des expressions à l'aide desquelles les diverses langues traduisent les sensations qu'éprouve le cœur, prouve on ne peut mieux quel haut degré de précision l'homme a porté dans l'analyse de ces impressions. Les poètes ont décrit jusqu'aux plus infimes nuances des sensalions cardiaques. Aïnsi Amarou en sanscrilt, Pérraroce en italien, Horace et HeIxE rendent, dans des termes presque identiques, toutes les ivresses el les souf- frances du cœur provoquées par l'amour. Nous ne pouvons pas entrer ici dans tous les délails des rap- ports entre Le cerveau et le cœur, en tant qu'ils se rattachent aux sensations dont cel organe est le siège. Les fibres inhibi- trices el _accélératrices du cœur sont mises en action par des excilants de nature diverse. La chaleur et le froid, les poisons, les gaz du sang agissent différemment sur ces divers nerfs. Il en est de même pour les excitations psychiques. « Tous les mouvements agréables et joyeux de notre âme excitent les nerfs accélérateurs ; ils font donc battre le cœur plus vite, en diminuant du mème coup l'intensité de chaque mouvement. Les expressions: le cœur palpite de joie, le cœur tremble de Joie, caractérisent à merveille les battements provoqués par l'excitation des nerfs accélérateurs.. Les sentiments tristes et opprimants agissent de préférence sur les nerfs ralentissceurs du cœur... » Comme nous pouvons apprécier les diversités qui se produisent dans Je rythme et la force des battements du cœur, aussitôt que ce rythme et cette force dévient de l'état normal, nous sommes à même de déterminer la nature des nerfs que les émotions psychiques ont mis en état d’'excitation. I faut se garder d'une fausse interprétation de cette action de l'émotion sur le système nerveux, interprétation trop souvent donnée par des psychologues et des philosophes tels que James, Lange, Sergi et autres. Confondant la cause avec les effets, les philosophes matérialistes n'ont que trop souvent pris les effets que les émotions produisent sur le système nerveux cardiaque el vaso-moteur pour les causes réelles de ces émotions. Ainsi pour Jaues, l'émotion est constituée uniquement par l'effet matériel du changement produit dans le fonctionnement des LES NERFS CENTRIPÈTLES : LE NERF DÉPRESSEUR 141 organes dominés par ces nerfs. « Si j'étais devenu entièrement anesthétique, je serais exclu de loute la vie des émotions, aussi bien pénibles que tendres, ef ne mènerais plus qu'une existence plus où moins intellectuelle (206). « Pour James, l'émotion n'est que la conscience que nous avons des réactions organiques, vasculaires, motrices, ete., pro- voquées par cerlains sentiments où certains souvenirs » c'est ainsi que Juzes Soury résume la pensée de James. Lance est plus explicite encore; pour lui, toute la psycho-physiologie de l'émo- lion repose sur des excitations de centres vaso-moteurs ; il désigne même toutes les actions organiques réflexes, qui accompagnent l'émotion,comme dépendantuniquementdes nerfs vaso-moteurs. « L'émotion, dital, est l'effet d’une réaction vaso-motrice sur des excitations particulières. » Il y à du vrai et du faux dans cette manière d'envisager les causes et les effets de l'émotion. L'émolion par elle-même, que je désignerai sous le nom d'émotion primaire, est un phénomène purement psychique, provoqué le plus souvent par des causes également psychiques. Elle se manifeste par une action immé- diate sur les nerfs du cœur, action qui produit tous les effets que nous venons de décrire. La réaction dépend, comme nous l'avons vu, de la nature des excilants ; les uns agissent sur les nerfs accélérateurs, d’autres sur les nerfs inhibiteurs. Si, au moment de celte action, l'homme était complètement anesthésié, comme le désire James, où même si son cœur était réellement insensible el incapable de ressentir le changement dans le rythme et la force des contractions cardiaques, Fémotion reste- rail sans aucun effet sur le système vaso-moteur, ou, du moins en cas d'anesthésie du cœur, n'arriverait pas à la connaissance de la personne. Celle-ci ignorerait done complètement le chan- gement organique produit par l'émotion, el, disons-le tout de suite: les réactions somatiques de l'émotion seraient, sinon nulles, du moins grandement atténuées. Tout autres seront les effets de l'émotion, si la personne émue est douée d'un cœur très sensible, c'est-à-dire dont les nerfs dépresseurs ou éventuellement d'autres branches du pneumo- 142 LES NERFS DU CŒUR castrique {(Wooldridge) sont en plein fonctionnement. Dans ce cas, l'exeilation de ces nerfs sensibles du cœur produiront tous les importants effets vaso-moteurs connus. On voit par là que les effets vaso-moteurs non seulement ne sont pas la cause de lémolion, mais qu'ils ne sont même pas les eflets directs résultant du fait psychique de l'émotion sur le système nerveux. C'est le tœur qui est le premier affecté par l'émotion et les effets vaso-moteurs ne sont que les conséquences secondaires de l'excitation des nerfs sensibles du cœur. Les degrés d'excitabilité des nerfs du cœur présentent natu- rellement de nombreuses varialions individuelles, dépendant en grande partie de la race, des entrainements, du genre de vie, ele. La même émolion psychique, par exemple, produirait des effets Toul autres, sur un Français ou sur un Italien que sur un Anglais ou un Japonais, dont les nerfs, grâce aux con- ditions de race, de climat et surtout d'éducation, sont moins excilables. « Do not show vour feelings » est un des traits carac- térisliques de l'éducation anglaise. Le long entraînement rend moins excitables les nerfs du cœur chez les Anglais, et, par conséquent, allénue considérablement ou supprime entière- ment les effets vaso-moteurs, qui sont la suite de l'excitation de ces nerfs. Selon la théorie de Lange ou de James, l'Anglais, dans ce cas-là, n'éprouverail aucune émotion, ce qui serait naturellement absolument faux: les effets organiques de l’émo- lion seront seuls atténués ou suspendus: on n’en observera pas les conséquences motrices. En un mot, l'Anglais restera maître de lui-même, sans #anifester Son émotion, mais celle-e1 n’en subsistera pas moins. L'observalion des émotions populaires indique bien plus clairement cette différence entre les diffé- rentes races. Les incidents de la guerre de Transvaal, par exemple, auraient provoqué en France de nombreuses chutes de ministères el mème de gouvernements, landis que les Anglais ont supporté pendant deux ans les mêmes émotions psy- chiques; mais cela ne les a pas empêchés de rester calmes et maitres d'eux-mêmes. L'émotion patriotique devant les échecs multiples était chez eux certainement aussi vive, que chez tout LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 143 autre peuple. Mais leurs nerfs cardiaques, surtout leurs nerfs dépresseurs sont moins excilables, moins impressionnables. D'autre part, il faut admettre que les effels vaso-moteurs, qu'ils soient la conséquence de Fexcilation du dépresseur, ou qu'ils soient produits par d'autres troubles organiques, puis- sent provoquer, de leur côté, des émolions que nous appelle- rons secondaires, qui augmentent ainsi les effets de l'émotion primaire. Ceciest surtout le cas quand ces effets vaso-moteurs modifient brusquement la circulation cérébrale. Les explosions passionnelles qui sui ent cerlaines émotions sont souvent la conséquence de pareils troubles dans la cavité crânienne. Mais pour comprendre les rapports de lacte psychique primitif de l'émotion avec ces explosions secondaires, 11 faut suivre Ja filière des processus que nous venons d'indiquer: excitation des nerfs centrifuges du cœur, modifications dans les battements du cœur, ainsi que dans la pression intracardiaque, excitation des nerfs dépresseurs, effets vaso-moteurs produits par cette dernière excitalion, et, enfin, troubles cérébraux comme consé- quence de ces effets vaso-moteurs. Dans une intéressante étude: « Experiments on the Value of Vascular and Visceral Factors for the Genesis of Emotion », Sherringlon (208) a démontré que la section, chez un chien, des nerfs pneumogastriques et de la moelle épinière à la hauteur de la septième vertèbre cervicale, c'est-à-dire Ta rupture de presque loutes les communications nerveuses entre le cerveau d'une part et le cœur et le système vasculaire périphérique d'autre part n'empêche nullement Fanimal de faire preuve des émolions diverses comme la faim, la colère et l'affection, ete. Cela prouve cerlainement que l'émotion psychique peut pro- duire des effets moteurs (mastication, déglutition, ete.) par une action nerveuse directe sur les centres de ces mouvements, sans passer par le syslème nerveux cardiaque el vaso-moteur. Aussi Sherringlon insiste-t1l, avec raison, sur le fait que ces expé- riences démontrent l'erreur de James, de Lange et d'autres, qui ne voulaient voir dans l'émotion qu'un acte vaso-moteur. Mais le résultat de ces expériences n'exclut nullement, que le cœur 144 LES NERFS DU CŒUR ne soil l'organe par excellence de nos émotions, en ce sens, que toutes nos émotions se réfléchissent et agissent sur le fonction- pement de cel organe. Il est hors de doule que la vivacité plus ou moins aiguë des sensations de notre cœur exerce une influence prépondérante sur notre vie pratique, el surtout sur celles de nos actions qui sont provoquées par des états passion- nels. C'est tout un chapitre de psychologie physiologique à étu- dier à divers points de vue, el surtout au point de vue de la responsabilité légale. Une grande exeitabilité des nerfs sensibles du cœur peut, par des angoisses insupportables où par une action trop brusque sur Le syslème vaso-moteur du cerveau, provoquer des actes criminels en dehors de toute anomalie organique et de toute lésion cérébrale. Les émotions secondaires provoquées par des troubles dans la circulation cérébrale ne peuvent d'ailleurs ètre que d’une très courte durée, el cela pour deux raisons: 1° l'existence de nerfs vaso-moteurs dans le cerveau est loin d'être démontrée d'une manière décisive; les troubles de circulation dans la cavité cränienne ont le plus souvent une origine passive, c'est-à-dire qu'ils sont la conséquence des aux ou des reflux de sang dans les autres organes ; 2° grâce à la présence des organes spéciaux, qui agissent comme des aulorégulaleurs de la pression intra- crâänienne, comme, par exemple, Fhypophyse avec la glande thyroïde, ainsi que la glande pinéale (120-123), et qui protègent le cerveau de trop grandes variations de cette pression. Comme Fa très justement relevé François Franck, l'action des vaso-moteurs sur les émotions secondaires ne peut être ni bien profonde, ni bien durable. Nous n'avons pas parlé de l'action du travail intellectuel sur les pulsalions cardiaques et sur la circulation sanguine. Les très intéressantes observations et expériences faites à ce sujet par Mosso, GLey, el autres ne paraissent pas avoir des rela- lions directes avec le fonctionnement du nerf dépresseur. L’ac- célération des battements de cœur observé pendant l'activité psychique peut dépendre uniquement d'une excitation centrale des nerfs accélérateurs. Le problème en question est d’ailleurs LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NEBF DÉPRESSEUR 145 exposé avec beaucoup de compétence dans l'ouvrage de Gley: Études de psychologie physiologique et pathologique (207). Bien entendu, c'est uniquement par l'observation et l'expéri- mentation sur l'homme, et surtout par l'analyse de leurs propres sensations, que les physiologistes parviendront à fixer davan- tage le rôle du cœur comme organe de nos sensations. L'exci- tation électrique du dépresseur chez les lapins ne saurait natu- rellement nous permettre d'enregistrer sur le kymographe les sensations d'amour où de chagrin qu'elle provoque ; mais, comme le remarque avec raison Cxox (53, p. 111), cela ne nous autorise en rien à leur dénier purement et simplement les sensations conscientes. En expérimentant sur les animaux, nous ne pouvons établir que les voies anatomiques qui trans- mettent les sensations du cœur au cerveau. C'est ainsi que nous savons que les dépresseurs sont une des plus importantes de ces voies. Le reste ne peut nous être livré que par l'observation de l’homme sain et surtout de l'homme malade. C'est donc bien à tort que plusieurs physiologistes, notamment Muskexs (209, p. 337), attribuent, pour la solution de ces problèmes, beaucoup moins d'importance aux observations cliniques qu'aux expé- riences physiologiques. 7 2 LE NERF DÉPRESSEUR AU POINT DE VUE PATHOLOGIQUE. Malheureusement, les cliniciens ont bien peu étudié jusqu'à présent la part que les modifications pathologiques dans le fonctionnement du dépresseur peuvent avoir dans certaines ma- ladies du cœur. En général, les découvertes physiologiques ne pénètrent que très lentement dans le domaine de la pathologie, mais celles faites depuis une cinquantaine d'années dans la sphère de l'innervation du cœur se sont récemment heurtées aux théories myogènes, qui n'ont pas peu contribué à en empè- cher lapplication dans la clinique. Si les nerfs du cœur ne jouent aucun rôle important dans le fonctionnement du cœur, DE Cox. 10 146 LES NERFS DU CŒUR si, comme l'afirment His et Romnere, leur présence même dans cel organe n'est due qu'à un accident fortuit, à ce fait que pen dant une certaine période de la vie embryonnaire une partie des ganglions sympathiques, au cours de leur pérégrination, ont pénétré dans le cœur uniquement pour éviter quelques obstacles rencontrés sur la route, il est évident que le système nerveux du cœur est dépourvu aussi de loute importance pathologique. Tous les états morbides du muscle cardiaque, en dehors de ceux qui affectent ses valvules et ses enveloppes, ne seraient que des conséquences de myocardites plus ou moins déguisées : telle est la doctrine qui prévaut dans la clinique des maladies. du cœur. Il est permis d'avoir des doutes sur les bienfaits de semblables théories pour la guérison des maladies cardiaques, Dans le cas spécial du dépresseur, on peut aisément montrer combien il est regrettable que les cliniciens négligent son rôle dans la production de certaines maladies. Parlant plus haut des rapports intimes découverts par Cxox entre le dépresseur et les” glandes thyroïdes, nous avons signalé l'influence que ce nerf doit, grâce à ces relations, exercer sur plusieurs maladies stru- : meuses el, en particulier, sur la maladie de Basepow. Mais il est une autre catégorie d’affections cardiaques dans laquelle le dépresseur joue un rôle plus évident encore, — nous voulons parler de celles qui proviennent d'un surmenage du cœur, causé par des efforts brusques et trop violents ou par ces exercices de sport si exagérément répandus parmi la jeunesse scolaire. Plu- sieurs de ces maladies, entre autres les dilatations et ruptures du cœur, sont certainement dues à la mise hors fonction du nerf dépresseur et de son mécanisme protecteur pour le cœur. Ilen est ainsi notamment pour les accidents cardiaques qu’on observe chez les cyclistes — surtout chez ceux qui parcourent des pays montagneux, ou simplement accidentés. L'état du cœur que les chiniciens allemands désignent sous le nom de Veloherz {cœur de vélocipédiste) est particulièrement intéressant au point de vue qui nous occupe. L'exercice vélocipédique, par la nature de ses mouvements qui mettent en action les muscles de l'abdomen et des jambes, comprime les intestins et chasse LES NERFS CENTRIPÈTES : LE NERF DÉPRESSEUR 147 le sang de la cavité abdominale, Or, les vaisseaux abdominaux constituent le grand réservoir pour le sang qui est distribué dans les diverses parties du corps selon les besoins momentanés de leur fonctionnement. Les nerfs vaso-moteurs sont chargés de cette distribution, el ces nerfs, surtout les vaso-constricteurs et les splanchniques, sont dominés par les nerfs dépresseurs. Chassé des vaisseaux abdominaux pendant l'exercice de la bicy- clette — surtout quand celui-ci exige de grands efforts muscu- laires — le sang afllue en grande partie dans la cavité thora- cique, le cœur se gonfle et se dilate: c’est le moment où, pour lui permettre de s'évacuer, devront entrer en jeu sa soupape de sûreté, le mécanisme du dépresseur. Malheureusement, la même cause qui à provoqué le gonflement du cœur met obstacle au fonctionnement de ce mécanisme : en effet, c'est principalement grâce à la dilatation des vaisseaux abdominaux que le dépres- seur débarrasse le cœur de son lrop-plein et, ces vaisseaux étant mécaniquement comprimés par la tension des muscles abdominaux, le dépresseur devient presque impuissant à rem- plir son oflice tutélaire. C’est la même ineflicacité du dépres- seur, qu'on observe chez les animaux, quand on excite ce nerf, pendant que l'aorte abdominale est fortement comprimée. La sensalion de douleur que le cycliste éprouve vers l’origine de l'aorte, quand il monte une côte un peu raide, indique bien avec quelles dificullés le cœur se débarrasse de son contenu ; elle est comme un cri d'alarme que, par la voie du dépresseur, le cœur adresse au cerveau pour l'avertir du danger dont le menace la mise hors fonction de l'appareil nerveux destiné à le préserver. Si cet avertissement suprème, cet appel à la pru- dence n'est pas écouté, la dilatation, d’autres accidents cardia- ques, et mème la rupture du cœur s'ensuivent fatalement. .» # CHAPITRE IV LES INFLUENCES QUI MODIFIENT, ET LES LOIS QUI DIRIGENT L'ACTION DES NERFS CARDIAQUES 8 1. ACTION DES CHANGEMENTS DE PRESSION SUR LES NERFS DU CŒUR. L'action qu'exercent les modifications de la pression sanguine sur le système nerveux du cœur est d'une haute importance pour son fonctionnement régulier, Nous venons d'exposer un cas spécial de cette action : celle qui se manifeste par l'intermédiaire du nerf dépresseur. Comment les variations de la pression sanguine agissent-elles directement, sur les centres nerveux extra- et intracardiaques ? En d'autres termes, comment se comporte le cœur sous l'in- fluence des variations de pression dans la boîte crânienne et dans la cavité du cœur lui-même en dehors de l'intervention du nerf dépresseur ? Peu de problèmes touchant la physiologie du cœur ont donné lieu à tant de recherches contradictoires. Celles qui furent entreprises dans cette direction avant la découverte du nerf dépresseur ne peuvent plus ètre prises en considération pour la solution du problème ; un important fac- leur inconnu, l'intervention du mécanisme de ce nerf, ayant for- cément compliqué les résultats de ces recherches. Exception toutefois doit être faite pour l'étude de Lupwie et de Triry, au moins pour leurs expériences, dans lesquelles toutes les com- munications du cœur avec le cerveau et la moelle épinière avaient été détruite par voie galvanocaustique. Ainsi qu'il a été dit plus haut (p.19), les deux expérimentateurs avaient observé 150 LES NERFS DU CŒUR très souvent dans ces cas une accélération considérable des battements du cœur, comme suite d'une augmentation de la pression sanguine, provoquée par la compression de l'aorte ou par l'excitation de la moelle épinière, Plus rarement ils obser- vèrent un ralentissement comme effet de l'élévation de la pres- sion. Depuis la découverte du nerf dépresseur, les premières recherches dans celle voie furent exécutées par E. et M. Cvox (76), puis par Bezozo et Srerzixsky. Les résultats obtenus sont presque identiques à ceux indiqués par LuowiG et Tiny. Cvox attribue la différence dans les effets de l'élévation de la pression sur le cœur, tous les nerfs extracardiaques étant détruits, à l’état du cœur lui-mème, c’est-à-dire à sa capacité de réagir contre l'augmentation de la pression artérielle. Bezozp et Srerziski étudièrent également les effets de la baisse de la pres- sion sanguine, qu'ils provoquèrent à l'aide de saignées. Ils éta- blirent certaines limites, dans lesquelles pareille baisse produit une accélération des battements. Au-dessous d'une limite don- née, la dépression sanguine amène le ralentissement car- diaque. Kxozz (212) et Navrocki (213) arrivèrent à des résultats qui, pour une part au moins, élaient en contradiction flagrante avec les recherches précédentes. Le premier nie lout effet constant de l'élévation de la pression sanguine sur la fréquence des bat- tements du cœur. Navrocki obtint des résultats très contradic- toires ; de ses conclusions nous ne relèverons que la suivante qui se rapproche le plus de la réalité des faits : « La pression sanguine peut modifier par la voie des pneumogastriques la fréquence des battements du cœur; l'élévation de la pression augmente le tonus de ces nerfs et ralentit ainsi les pulsations ; une baisse de la pression diminue ce tonus et augmente la fré- quence des battements. » Le travail le plus complet sur la question a été exécuté par S. Tscurmiew (214) à l’aide de méthodes d’une précision incon- testable, Ses expériences sur les effets de l'élévation de la pres- sion se divisent en trois groupes : 1) Les nerfs du cœur (pneu- INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 191 mogastriques, sympathiques et dépresseurs) étaient coupés ; 2) indépendamment de la section de ces nerfs on avait de plus extirpé les ganglions cervicaux inférieurs el Thoraciques supé- rieurs, et 3) on avait seclionné les nerfs du cou et de la moelle épinière au-dessus de latlas. Voici les principales conclusions du travail de Tsenmiew : Des variations brusques et considé- rables de la pression sanguine exercent une action sur le rythme cardiaque, aussi bien après la section des nerfs du cou qu'après l'interruption de toutes les voies nerveuses extracardiaques... Elles impressionnent aussi bien l’appareil modérateur intérieur du cœur que ses ganglions moteurs, en accélérant ou en ralen- lissant les pulsations. Rarement elles les laissent sans change- ment. Le caractère définitif des changements de la fréquence des battements cardiaques dépend de l'action réciproque des excitations de ces appareils nerveux cardiaques... L'accéléra- lion des pulsations s'observe pendant la baisse de la pression sanguine, aussi bien après la section des nerfs du cou, qu'après l’entier isolement du cœur des centres nerveux, du cerveau ou de la moelle... » Ainsi formulées, les conclusions de Tscemriew sont encore incontestables. Les expériences (rès variées de Jonaxssox (215), exécutées aussi avec beaucoup de soin, arrivent en général à des conclu- sions identiques à celles que nous venons de résumer. Cet auteur a surtout insisté sur le rôle prépondérant joué par la vitesse avec laquelle se produisent les variations de la pression sanguine. Plus ces variations sont rapides, plus est prononcée la modification de la fréquence des battements du cœur. Nous devons nous arrêter plus longtemps sur les expériences de Marey (216), exécutées en 1873, également sur le cœur isolé des tortues. La position que ce physiologiste occupe dans la ques- tion est tout à fait particulière. Dès 1859 (217), Marey se pro- nonça d'une manière trop catégorique sur l'influence de la pres- sion artérielle sur la fréquence des battements du cœur. Faisant complètement abstraction du système nerveux extra- et intra- cardiaque, Marey étudia l'action qu'une augmentation de la 152 LES NERFS DU CŒUR tension dans l'appareil circulatoire devait exercer sur le rythme et la force des contractions, à l'aide d'expériences faites sur des animaux dont tous les nerfs cardiaques élaient restés intacts. Il observa ainsi que l'augmentation de pression ralentissait sou- vent les battements, tandis que la diminution les accélérait. Nous avons déjà montré que c'est là un phénomène purement nerveux provenant dans le premier cas de l'excitation des centres des nerfs pneumogastriques par suite de l'augmentation de la pression cérébrale, et dans le second, de l'excitation des accélé- raleurs par suite de l'effet contraire. Mais Marey ne voulait voir dans ce phénomène que la simple application d'une loi hydrau- lique au travail du cœur. « Le cœur règle le nombre de ses mouvements sur les résistances qu'il doit vaincre à chacune de ses systoles ; que si on élève la pression du sang dans les artères, le cœur, devant à chaque systlole soulever une charge plus forte, ralentit ses battements, car chacun d'eux, constituant une grande dépense de travail, devra être suivi d’un plus long repos. » Cette dernière conclusion est trop exclusive. Le cœur peut vaincre des résistances plus grandes par diverses voies : par des contrac- tions plus fortes et plus rares ou plus faibles et plus fréquentes. Il ne suit pas les pures lois hydrauliques applicables, par exemple, à une simple pompe en caoutchouc, parce que, grâce à son mécanisme nerveux automatique, 1l est à même de régler son travail selon les causes de résistance qu'il a à vaincre, et selon les forces dont il dispose. Cela constitue précisément la supériorité du mécanisme cardiaque, qu'il possède un système nerveux lui permettant de varier dans de très larges limites les moyens pour arriver au but. La loi de la division du travail du cœur dans le temps, qui est la caractéristique de l’action des nerfs cardiaques, loi établie par Cxox, est notamment un de ces moyens. L'action des nerfs dépresseurs en est un second, bien plus puissant encore : à l'aide de ces nerfs, au lieu de vaincre les résistances en variant seulement son mode de travail, le cœur Les diminue, et fait ainsi une économie de forces. Il peut de la sorte surmonter les résistances sans même modifier aucunement le nombre de ses battements {(Cxox et LupwiG), comme dans le INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 153 cas où l’action réflexe du dépresseur sur le pneumogastrique est supprimée par la section de ce dernier, — ou même en Îles accélérant par voie réflexe (Bayziss, Cvox). « On n'est plus en droit, écrivait avec raison Vucpiax (218), d'appliquer au jeu de l'appareil cardio-vasculaire les données de la mécanique hydrau- lique, et, si on se laisse entrainer dans cette voie, on risque fort de commettre des erreurs regrettables. » Les expériences de Marey sur des cœurs de tortues séparés du corps furent exécutées dans des conditions bien meilleures, puisque l'influence des nerfs extracardiaques élait écartée. Mais il restait encore les mécanismes nerveux intracardiaques et, comme nous l'avons vu par les nombreuses expériences de Tscuirierr, Jouaxssox et autres, l'augmentation de la tension produit encore des résultats bien différents selon l’état de ces centres nerveux et leur mode d'intervention. Les expériences de Berzop et Susrscminsky (219), Scirr (220) et surtout de 1. LupwiG et LucusixGer (221), sont particulière- ment intéressantes à ce point de vue. Elles démontrent que, dans certains cas d'augmentation de la pression dans les cœurs de grenouilles séparés du corps, l'accélération des battements du cœur est si considérable que l'excitation, même très forte, du pneumogastrique est incapable de la ralentir. Le cœur est dans l'impossibilité absolue de « soulever à chaque systole une charge plus forte » et de « ralentir ses battements », comme l'exigerait la loi hydraulique de Marex : aussi parvient-il au même résultat en soulevant de petites charges à chaque systole, mais en multipliant le nombre de ces systoles. Le travail du cœur tend à rester constant, comme l'avait reconnu Marey (216), mais ce but est atteint par des moyens très divers, que Cox a indiqués dès l’année 1866 (Voir plus haut). Les résultats si variés en apparence que les nombreux obser- vateurs ont obtenus en modifiant la pression sanguine, même sur les animaux dont les nerfs extracardiaques avaient été sectionnés, proviennent justement de l'intervention des mul- liples appareils régulateurs contenus dans le cœur lui-même. Pour observer les effets de pareilles variations sur le musele 154 LES NERFS DU CŒUR cardiaque seul — qui, d'ailleurs, est lui aussi un appareil d'une construction extrêmement complexe, — il faudrait avoir le moyen de paralyser son système nerveux intracardiaque. Or nous possédons bien plusieurs poisons, comme l'atropine, par exemple, qui paralysent absolument les terminaisons des nerfs pneumogasiriques, mais nous manquons de substances agissant d'une manière aussi certaine sur les terminaisons des nerfs accélérateurs et sur leur système ganglionnaire central. Du reste, l'atropine elle-même n'agit que sur les terminaisons des pneumogastriques el reste sans effet sur les ganglions modé- rateurs du cœur lui-même, comme ladémontré Tscnirierr (214), justement à propos des expériences sur les effets des variations de la pression, dont nous venons de donner les conclusions. Tout récemment Kreuz et Roureré (50) ont cru établir que le ventricule des mammifères, même privé de ganglions, avait la faculté d'adapter la fréquence de ses battements aux augmen- tations de la pression. Nous avons déjà signalé la défectuosité des méthodes d'investigation employées par ces auteurs, ainsi que le caractère lout à fait arbitraire de leur affirmation, que certaines ligalures appliquées par eux sur le cœur supprimaient toute action des cellules ganglionnaires. Mais, en admettant même qu'ils aient réussi à travailler sur des ventricules entiè- rement privés de ganglions, quelles preuves fournissent-ils à l'appui de leur thèse? Nous trouvons dans leur travail deux expériences se rapportant à cette question: 51 et 53 (p. 84 et suiv.). Or, dans la première de ces expériences, on nous donne des indications sur les changements de la préssion sans nous apprendre quelles variations de Ja fréquence des battements correspondaient aux changements indiqués. Dans l'expérience 53, cest l'omission contraire qui a lieu. Ce sont les indications sur les variations de la pression qui le plus souvent font défaut. Sur la fréquence même des battements, au lieu de chiffres précis, nous lisons: « sans changement »... « forte accélération », — données trop vagues pour avoir une valeur quelconque. Que le ventricule isolé et privé des cellules ganglionnaires INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 15 puisse réagir'efflicacement contre l'augmentation des résistances, le fait en lui-mème est possible; mais, fût-il exact, on ne sérail pas encore autorisé à en conclure que celle réaction provient du muscle cardiaque lui-même. Il est plus probable que le réseau nerveux qui entoure Îles fibres musculaires y joue un rôle prépondérant. L'interprétation des phénomènes qui produisent les variations de la tension artérielle présente bien plus de difficultés encore quand, pendant ces variations, les nerfs extracardiaques sont restés intacts. Les phénomènes que nous venons de décrire se compliquent alors par l'action que Faugmentation de la pression doit forcément exercer sur les centres de ces nerfs silués dans le cerveau ou dans la moelle épinière. Les centres des pneumo- gastriques sont soumis, chez la plupart des animaux, à une excitation tonique qu'on a attribuée à des causes diverses : elle serait due, d'après Trauge (222), à l'acide carbonique du sang ; d'après Benxsreix (223) et autres, à une action réflexe provenant en grande partie des excitations périphériques, notamment de celle des nerfs spianchniques (Asr,. De nom- breux physiologistes ont considéré la pression qui existe dans la boîte crâänienne comme contribuant au maintien du tonus de ces centres. Le ralentissement des mouvements du cœur, que produisent les compressions directes du cerveau, ainsi que le fait déjà constaté par Cooper, MaGExDIE et autres, que l'anémie cérébrale provoquée par la compression des carotides amène au contraire une accélération des battements cardiaques, — sem- blent permettre d'attribuer une pareille origine au tonus des pneumogastriques (Voir dans le chapitre v, $ 8, les nouvelles recherches de Cyon sur Ia résurrection des centres cérébraux des nerfs accélérateurs après une anémie complète du cerveau). L'existence d'un tonus des nerfs accélérateurs est moins bien établie. Elle a cependant acquis une grande vraisemblance à la suite des expériences de Tscumierr (214), et de Srricker el Wacxer (225) qui ont observé un ralentissement des pulsations après l’extirpalion des ganglions que traversent les nerfs accé- lérateurs. Le tonus en question proviendrait, en partie au 156 LES NERFS DU CŒUR moins, des centres cérébraux de ces nerfs, dont l’origine ana- tomique est encore bien peu connue. Quoi qu'il en soit, les changements dans la pression sanguine doivent le plus souvent se manifester par une variation de la pression intracrânienne qui peut réagir dans l’un ou l’autre sens sur les centres des nerfs cardiaques. Il est très difficile de déterminer de prime abord, d'après une varialion donnée de la fréquence des batte- ments du cœur, sur quel centre cérébral l'action de la pression s'est exercée : un ralentissement peut dépendre aussi bien d'une diminution du tonus des accélérateurs que d’une augmentation de celui des pneumogastriques, et même des deux causes à la fois. On peut en dire autant de l'accélération des battements. Il est extrêmement probable que les augmentations de pression agissent de préférence sur les centres des pneumogastriques et les diminutions sur les centres des accélérateurs. Cela résulte de la plupart des expériences faites jusqu'à présent, ainsi que des observations sur les effets contraires de l'anémie et de l'hy- perémie du cerveau. En ce qui concerne les centres intracar- diaques, nous avons déjà vu que ces effets contraires se mani- festent également dans le sens opposé sur les deux antagonistes. La plupart des observateurs sont d'accord avec Cxox et Tscmimierr, qui affirment que les effets des variations de la ten- sion artérielle sur les nerfs du cœur, dépendent en grande partie de l’état d'excitabilité des divers centres nerveux cardiaques. C'est encore là une raison pour que, dans les limites des règles fixées par les conclusions du travail de Tscnimerr citées plus haut, une diversité des résultats puisse se manifester. Certains résultats de recherches récentes sur les glandes vasculaires, dont la destination physiologique est restée si long- temps un des plus irritants mystères de notre science, ont fait entrer dans une phase nouvelle la question de la tonicité des nerfs cardiaques. Nous parlons des recherches de 'Cxox (53) sur les rapports des nerfs du cœur et de la glande thyroïde ainsi que sur les fonctions de l'hypophyse (120-122-226) et des études entreprises par le même auteur (227) et par HoweLzz (228) sur l'action des extraits de cette glande. INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 157 Ces recherches de Cox sur les fonctions de lhypophyse (120, 229), jettent une lumière nouvelle sur le mécanisme même à l’aide duquel l'augmentation de la tension artérielle agit sur certains centres cardiaques. Après avoir établi que l'excitation de l'hypophyse par laug- mentation de la pression provoque une forte excitation des nerfs pneumogastriques, Cvox chercha à déterminer si l'excitation des terminaisons centrales de ces nerfs, qu'on observe pendant l'augmentation de la pression intracränienne, ne se produit pas par la voie de l'hypophyse. Les compressions de l'aorte abdo- minale avant et après l’extirpation de l'hypophyse lui permirent de constater chez le lapin que tel est réellement le cas : l'aug- mentation de la pression artérielle reste sans effet sur les termi- naisons centrales des pneumogastriques après une pareille extirpation. La pression intracrànienne agit par conséquent sur ces terminaisons par voie réflexe: elle met en excitation l'hypophyse, et c’est cette excitation qui se transmet au pneu- mogastrique. On voit à quel point sont complexes les méca- nismes qui permettent au cœur de maintenir son travail cons- tant. En effet le but immédiat de l’hypophyse est de préserver le cerveau d'une trop haute pression. Mais, si cette pression est amenée par une augmentalion des résistances dans l'appareil cireulaloire, l'intervention de cet organe permet également au cœur de vaincre ces résistances, cette fois par un ralentissement de ses contractions et une augmentation de leur amplitude. Comme on le voit, si les centres des nerfs cardiaques sont à même de modifier notablement leur action sous l'influence des variations dans la tension artérielle, cette faculté n’est pas une chose fortuite, mais possède au contraire une grande portée fonctionnelle, Nous sommes là en présence d'un des nombreux mécanismes automatiques dont nous avons parlé au début de notre exposé, par lesquels il est donné au cœur de régler la circulation dans les divers organes et de parer lui-mème aux divers accidents qui, à éhaque instant, se rencontrent dans l'appareil circulatoire, si complexe par son rôle physiologique ainsi que par la multiplicité de ses organes. 158 LES NERFS DU CŒUR Ajoulons encore que déjà, avant les recherches de Cxox, Roy et Apami (230), en étudiant la compression cérébrale et ses effets sur les centres des pneumogastriques, avaient émis l'avis qu'ils sont probablement destinés à protéger d'une manière quelconque le cerveau contre les dangers de la compression. Des recherches ultérieures démontreront certainement que l'excitation des nerfs accélérateurs par la diminution de la pression cérébrale ou par lanémie du cerveau a une destina- lion également protectrice. En effet, les conséquences de Paug- mentalion de la tension artérielle sur la pression intracrânienne doivent varier en sens opposé, suivant la cause qui l’a amenée. Une compression de l'aorte, par exemple, augmentera certai- nement celte pression. Par contre, un rétrécissement général des petites arlères, tout en augmentant la tension artérielle, pourrait plutôt amener une diminution de la pression intracrâ- nienne et même une anémie cérébrale, comme l’a établi Con 231,232) L'entrée en jeu des pneumogastriques, qui favorise l'écoulement du sang hors de la boîte cranienne, serait d’un grand secours dans le premier cas. L'excitation des accéléra- teurs el les conséquences de l'accélération des battements car- diaques pourraient, au contraire, agir efficacement contre l’ané- mie cérébrale. On voit que les apparentes contradictions constatées par les différents auteurs dans la diversité d'action de la tension arté- rielle sur les centres nerveux cardiaques, ne sont pas le résultat d'accidents capricieux. Ces variations ont, au contraire, une grande portée physiologique et répondent aux besoins de l’orga- nisme qui réagit différemment selon les causes qui ont amené les changements de a tension artérielle. S 2. ACTION DES NERFS SENSIBLES SUR LES NERFS DU CŒUR. Tous les nerfs sensibles, comme tous les nerfs sensoriels, exercent une action réflexe sur ceux du cœur. Dès 1858 CLaupe INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 159 BervarD (233) avait démontré que l'excitation des nerfs sensi- bles ou des racines postérieures de la moelle épinière provoque un ralentissement des battements du cœur. Depuis lors d'innom- brables recherches furent faites pour préciser les conditions dans lesquelles les nerfs sensibles influencent les divers nerfs ‘ardiaques. Ces conditions sont encore plus complexes dans les expériences de ce genre que quand il s'agissait d'étudier les effets de la pression sanguine sur les mêmes nerfs. Non seule- ment, en effet, les nerfs sensibles exercent une action réflexe sur les nerfs du cœur, mais ils en possèdent une autre bien plus puissante encore sur les nerfs vaso-moteurs; c'est-à-dire qu'à côté de leur action directe sur les premiers, ils agissent encore indirectement par l'intermédiaire des varialions de la pression sanguine. | Mais là ne s'arrêtent pas les complications qui meltent obsta- cle à l'interprétation des phénomènes qu'on observe. L'excita- tion des nerfs sensibles agit également sur les vaso-moteurs du cerveau et sur ceux du cœur lui-même: de là une nouvelle source de modifications dans les contractions cardiaques, source d'autant plus difficile à préciser que ces vaso-moteurs eux- mêmes nous sont encore très peu connus. I n'y a donc pas lieu de s'étonner de la diversité des résul- tats qu'on oblient par l'excilation des nerfs sensibles. Les effels de cette excitalion varient d'abord selon que les nerfs extra- cardiaques sont restés intacts, ou non. Dans le premier cas, les nerfs sensibles provoquent le plus souvent des ralentissements des battements du cœur, rarement des accélérations. Le choix du nerf sensible ainsi que la force et la durée de l'excitation ne sont pas sans influencer beaucoup les résultats. Ainsi les bran- ches musculaires du nerf sciatique produisent des accélérations, tandis que les branches cutanées, au contraire, agissent plutôt sur les pneumogastriques (Voir Reyxier, 23%, 133). Les excita- lions faibles provoquent par voie réflexe le plus souvent des ralentissements des battements du cœur. Le contraire a lieu pour des excitalions intenses. En dehors des nerfs de sensibilité générale qui donnent des 160 LES NERFS DU CŒUR varialions notables, il en est d'autres dont les effets présentent plus d'uniformité. Les nerfs intestinaux qui dépendent du grand sympathique exercent une action réflexe plus constante. Aïnsi Gocrz (235) a constaté que l'excitation mécanique du ventre provoque chez la grenouille un arrèt du cœur, phénomène qui ne se reproduit pas après la section préalable des pneumogas- triques. Berxsreix (236) a démontré qu'on peut obtenir le même résultat en exeilant par des courants électriques les nerfs sym- pathiques du ventre. AsP (237) observa que l'excitation du bout central des splanchniques provoque un ralentissement des battements, accompagné d’une forte élévation de la pression sanguine. Cet auteur admet pourtant que dans certaines cir- constances les splanchniques peuvent agir également sur les centres des nerfs accélérateurs. L'action des organes intestinaux s'exerce certainement aussi par la voie de l'excitation des terminaisons nerveuses des pneu- mogastriques dont certains filets agissent par voie réflexe sur le centre modérateur du cœur situé dans la moelle allongée. Un exemple très intéressant de semblables réflexes nous est déjà donné par le nerf dépresseur. E. HeriNG (238) a constaté que les terminaisons du pneumogastrique dans les poumons sont méca- niquement excilées par leur insufation. Et quand celle-ci n’est pas trop forte, elle produit une accélération des battements du cœur. Cette action réflexe a très probablement une importance fonctionnelle. Sur les courbes respiratoires de la circulalion on observe souvent que pendant l'inspiralion le pouls est légère- ment accéléré. L'excitation du nerf laryngé supérieur agit de préférence sur les nerfs accélérateurs. Le nerf laryngé inférieur est sans effet notable sur les nerfs cardiaques. Parmi les nerfs craniens les nerfs optique, olfactif, acous- tique et glosso-pharyngien agiraient, d’après les recherches de Cour et CuarrenTier (239), tantôt sur les pneumogastriques, tantôt sur les accélérateurs. Par contre, le nerf trijumeau, suivant les expériences de HocuGrex (240), KrarscHmer (241) et autres, n'aurait d'action que sur les pneumogastriques. Selon INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 161 les récentes recherches de Cyox (120-226), les terminaisons de ces nerfs siluées dans la muqueuse du nez agissent sur le centre des nerfs pneumogastriques par l'intermédiaire de l'hypophyse, au moins chez le lapin. Cet organe étant détruit, lirritation de la muqueuse nasale à l'aide de lammoniaque ou des sels anglais, par exemple, est sans effel sur le ralentissement des battements du cœur, alors même que les nerfs trijumeaux et pneumogastriques sont restés intacts. L'effet salutaire de l’action réflexe de la muqueuse du nez sur le cœur, en cas de syncope, se produit done indirectement sur les nerfs cardiaques par l’en- tremise de lhypophyse cérébrale. 8 3. LEs PoIsoxs PHYSIOLOGIQUES DU CŒUR. Sous cette dénomination Cvox (132, 107, 231), désigne cer- tains produits de sécrétion interne qui exercent une influence physiologique sur les systèmes nerveux cardiaque et vaso-mo- teur. Celte influence est destinée à assurer l'intégrité de leur fonctionnement en les maintenant dans un état d’excitation tonique ou à un degré d'excitabilité qui facilite leur entrée en fonction. Il est très probable que les deux manières d'agir se confondent le plus souvent. Cxon les a appelées poisons du cœur, parce que leur action offre beaucoup de ressemblance avec celles de certains poisons cardiaques dont il est question plus loin. Souvent, en effet, elles constituent des contre-poisons destinés à combattre les effets de cespoisons extérieurs ; de plus, il n’est pas impossible qu'elles se rapprochent de ces derniers par leur composition chimique. On a, depuis longtemps, reconnu dans l'organisme la pré- sence de produits susceptibles d'agir comme excitants des nerfs cardiaques et vaso-moleurs. Rappelons seulement comme exemple l'acide carbonique. Mais c'élaient là des produits de l'oxydation, ou de la décomposition de substances organiques qui avaient déjà rempli leur rôle physiologique, produits destinés DE Cyox. {1 162 LES NERFS DU CŒUR à être éliminés de l'organisme, leur accumulation pouvant pré- senter de graves dangers. Le groupe des toxines appartient à ce genre de poisons. Tout autres par leur origine et leur rôle sont les poisons physiologiques dont il s'agit. Ceux-e1 sont le produit de pro- cessus synthétiques; des organes — et en première ligne les wlandes vasculaires — les élaborent ad hoc et les versent dans le sang pour qu'ils y remplissent auprès des centres nerveux cardiaques et vaso-moteurs la mission que nous venons d’indi- quer sommairement. D'après Cox, ce qui caractérise ces substances, c’est qu'elles sont élaborées dans des glandes qui remplissent, en outre, dans la circulation du sang, un rôle mécanique correspondant de tous points au rôle chimique de la substance sécrétée. Ainsi les glandes thyroïdes, par exemple, font l'office d'organes destinés à préserver le cerveau contre les grands et subits afflux san- guins ; à l'entrée des carotides dans le crâne, elles forment, pour ainsi dire, des écluses qui détournent une grande partie du sang de ces artères en le renvoyant dans les jugulaires. Elles obtiennent ce résultat en élargissant les vaisseaux glandulaires sous l’action du dépresseur et d’autres vaso-dilatateurs. Voilà pour le rôle mécanique des nerfs thyroïdes. Leur rôle chimique consiste dans la production d'une substance — l’iodothyrine, un des poisons physiologiques du cœur, — destinée à augmenter l'excitabilité du dépresseur et du pneumogastrique, c’est-à-dire des nerfs dont l'action doit faciliter dans une large mesure à la glande thyroïde l’accomplissement de sa tâche physiologique. A ce point de vue, Cxox a étudié jusqu'à présent les produits des trois glandes : de la thyroïde, de l'hypophyse et des capsules surrénales. a) Les produits de la thyroïde. — On n'a encore isolé jusqu’à ce Jour qu'une seule substance du corps thyroïde, laquelle peut être considérée comme son produit normal : c'est l’iodothyrine de Baumaxx. Les recherches de Cxox (53-242) sur l'iodothyrine tendaient à établir l’action qu'elle peut exercer sur les nerfs du cœur et des vaisseaux. Ces expériences furent exécutées sur des INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 163 lapins et des chiens. Voici le résumé des conclusions de plu- sieurs (travaux que l'expérimentateur a publiés sur cette ques- lion: 1) l'iodothyrine introduite directement dans le sang exalle l'excitabilité des nerfs dépresseurs et pneumogaslriques, quand celle-ci est normale où diminuée ; elle la rétablit quand, pour une cause quelconque, comme par exemple le goitre ou la thyroïdectomie, cette exeitabilité est abolie. 2) L'action de l'iodo- thyrine s'exerce sur les deux terminaisons des nerfs régulateurs du cœur : même après la section des dépresseurs et des pneumo- gastriques, l'injection intraveineuse de cette substance augmente ou rétablitinstantanément l'excitabilité. 3) L'iodothyrine diminue notablement l’excitabilité des nerfs accélérateurs et vaso-con- stricteurs. Cyox n'a pas réussi à élucider si elle obtient ce résultat seulement par voie 2ndirecte en renforçant leurs anta- gonistes, ou également par une action directe sur le système sympathique. Les deux actions sont probables. 4) Quand lexei- tabilité des nerfs régulateur, dépresseur et pneumogastrique est diminuée ou abolie par suite d'un empoisonnement avec l'iode, l'atropine ou la nicotine, l'introduction intraveineuse de liodo- thyrine est à même de la rétablir : ainsi une injection de deux centimètres cubes d'iodothyrine, qui renferme 1"5,8 d'iode, suffit souvent, chez le lapin, pour neutraliser l'effet de deux grammes d'iodure de sodium, c’est-à-dire de plus d'un gramme d'iode. Quant à l’excitabilité des pneumogastriques abolie par l'atropine ou la nicotine, l'iodothyrine ne la rétablit pas inté- gralement; elle rend les pneumogastriques susceptibles de pro- voquer des ralentissements des battements cardiaques avec augmentation de leur amplitude, mais ces nerfs ne peuvent plus amener un arrêt complet du cœur. (Nous verrons plus loin les conséquences que nous lirons de ce dernier fait pour la théorie de linnervation du cœur.) L'iodothyrine est donc, en somme, destinée à entretenir les nerfs régulateurs du cœur, les pneumogastriques et les dépres- seurs, dans un parfait état de fonctionnement et à combattre les influences morbides et toxiques qui menacent ce fonclionne- ment. L'absence de liodothvrine provoque des troubles car- 164 LES NERFS DU CŒUR diaques considérables. Comme l'a démontré Cox, chez les animaux goitreux ou thyroïdectomisés, l'excitabilité des dépres- seurs el des pneumogastriques est notablement diminuée, sinon totalement abolie, tandis que celle de leurs antagonistes, les vaso-constricteurs el accélérateurs, estaugmentée. L'iodothyrine remplit ainsi une lâche fonctionnelle très importante. Selon toute probabilité, Ta substance organique encore.inconnue qui concourt avec l'iode à la formation de l'iodothyrine exerce sur le mème système nerveux une aclion toxique analogue à celle de l'iode lui-mème, que Barser4 (121) a constatée. Cette forma- tion est donc doublement utile au fonctionnement des nerfs régulateurs du cœur: elle les débarrasse de deux substances nuisibles et elle en compose un produit qui rend les plus grands services. (Nous faisons ici complètement abstraction de la pro- priélé que possède l’iodothyrine d'augmenter notablement dans l'organisme les oxydations ; la preuve n'étant pas encore fournie que celle influence sur la nutrition s'exerce par l'intermédiaire de l'appareil circulatoire.) Puisque nous venons de mentionner ici les recherches de Barbera sur l'action de l'iode sur le système nerveux cardiaque, nous croyons ulile d'insister davantage sur l’action que cette mème substance exerce sur les nerfs vaso-moteurs. C'est une grave erreur de compter l'iode comme une substance exerçant l’action hypotonique sur la pression sanguine. Cette erreur répandue dans tous les traités de thérapeutique a fait de l'iode une des substances le plus fréquemment employées par les médecins dans les maladies du cœur pour combattre les accidents hypertoniques. Or, l’iode par lui-même est un des agents thérapeutiques qui excitent le plus fortement les nerfs vaso-constricteurs ; c'est donc un agent hypertonique par excellence. Ce fait a été démontré d’une manière indiscutable aussi bien par les recherches de Barsera exécutées sous la direction de Cyox, que par les nombreuses recherches de Cox lui-même dans set éludes sur « Les poisons physiologiques du cœur » ; il a depuis été confirmé par de nouvelles recherches de Launexsacy. L'action de l'iode sur les nerfs accélérateurs indique déjà que INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 165 cette substance agit dans le mème sens sur les nerfs vaso- constricteurs. En effet, presque lous les poisons, qui excitent le système sympathique, agissent de même manière sur les accé- léraleurselsurles vaso-constricteurs. Bien plus, selon la troisième loi de l'excitation des ganglions, les poisons qui excitent les vaso-constricteurs agissent d'une manière opposée sur les vaso- dilatateurs (voir plus loin le S 7, ch. im, sur l'excitation des ganglions). L'iode exerce par conséquent non seulement une action excitante sur les vaso-constricteurs, mais paralysante sur les vaso-dilatateurs. L'antagonisme entre l'iodothyrine et Fiode, dont nous venons de parler plus haut, repose jüstement sur les propriétés hypotoniques de cette substance. C'est ainsi que l'iodothyrine peut être considérée comme le contre-poison de l'iode ; c'est encore comme substance hypertonique que liode peut ètre considéré comme un contre-poison très actif contre des substances hypotoniques aussi puissantes que la nicotine et la muscarine. À ce point de vue l'iode pure peut ètre placée dans la même catégorie de substances que la suprarénine, la substance active de glandes surrénales. Nous reproduisons plus loin la fig. 29 empruntée aux recherches de Cox, qui indique l'action d’une injection de iodure de sodium sur un animal empoi- sonné par la muscarine. On voit la pression sanguine s'élever immédiatement après cette injection et les battements du cœur très ralentis par la muscarine s'accélérer très puissamment. Or, c'est justement sous la forme de iodure de sodium et de iodure de potassium que les médecins emploient le plus sou- vent l'iode comme substance prétendue hypotonique. Les sels de sodium par eux-mêmes agissent déjà d’une manière exei- tante sur les nerfs d'origine sympathique comme les nerfs accé- lérateurs. C'est probablement l'emploi fréquent des iodures de potassium qui à induit les médecins en erreur sur une prétendue action hypotonique de l'iode. En effet, l’action du sel de potassium en grandes doses a une action presque délétère sur le cœur, pro- bablement sur ses fibres musculaires (voir plus loin leS8, ch. v, sur les solutions RixGer, etc.). 166 LES NERFS DU CŒUR Si de Lemps en lemps les médecins observent après l'emploi des iodures de potassium un léger relâchement du pouls, cela n'indique encore nullement que le médicament produit a une dilatation vasculaire : ce relâchement ne provient que de l’affai- blissement de l'action cardiaque et ce n’est certainement pas des effets hypotoniques obtenus par cette voie-là, que les méde- cins cherchent à oblenir. Produire un rétrécissement des petites artères par l'emploi de l'iode, c’est-à-dire augmenter la résistance qui s'oppose à l'évacuation du cœur, et'en même temps affaiblir la force des contractions du cœur, c’est un contresens, dont les conséquences ne peuvent qu'être funestes aux malades cardiaques ; et elles le sont en réalité. En dehors des maladies du cœur d’origine syphilitique, lem- ploi de iodure de potassium ou d’autres préparations analogues doit être soigneusement évilé chez les cardiaques. L'étude des rapports entre les nerfs du cœur et les corps thy- roides nous a donc révélé un des plus importants mécanismes autorégulateurs de la circulation. Tandis que les thyroïdes pro- duisent des substances qui rehaussent les facultés régulatrices du cœur, ce dernier peut par les mêmes nerfs, dépresseur et pneumogastrique, influencer le fonctionnement de ces glandes en activant considérablement leur circulation et en leur facilitant ainsi l’accomplissement de leur tâche comme organes préser- valeurs du cerveau. b) Les produits de l'hypophyse. — Dans leur rôle de préserva- teurs du cerveau contre les dangers de congestions subites, les corps thyroïdes sont puissamment aidés par les fonctions d'un autre organe, l’ypophyse cérébrale, telles que Cxox les a récem- ment établies (120, 243). Pour que les glandes thyroïdes puissent s'acquitter de celte tâche, il est indispensable, en effet, que le cerveau possède un appareil spécial qui lui permette d'invoquer leur intervention, chaque fois qu'il est menacé d’un afflux san- guin excessif. L'hypophyse constitue cet appareil. Enfermée dans une cavité à parois rigides situées elles-mêmes dans l'endroit le plus abrité de la boîte cränienne, se trouvant en communication avec le troisième ventricule du cerveau, abon- Ce à ne | INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 167 damment pourvue de vaisseaux sanguins avec une disposition toute particulière des veines, entourée, en outre, de puissants sinus veineux, l'hypophyse est éminemment sensible aux fluc- lualions de la pression soil du liquide cérébro-spinal, soit du sang. Or, toute pression exercée sur l'hypophyse se manifeste immédiatement par une brusque variation de la pression san- guine et par un notable ralentissement des battements cardiaques dont l'amplitude est considérablement augmentée. Ce ralen- tissement, dû à l'excitation des pneumogastriques, amène de son côté une notable accélération du sang à travers les vaisseaux thyroïdes. L'hypophyse en un mot est l'autorégulateur automa- tique de la pression intracränienne. Telle est, esquissée à grands traits, la fonction mécanique de l'hypophyse. Ce qui nous intéresse davantage ici, c'est son rôle chimique qui consiste à élaborer plusieurs substances suscep- tibles d'exercer une action très forte sur le système nerveux du cœur et des vaisseaux. Comme chez la thyroïde, la fonction chi- mique de l'hypophyse contribue puissamment à l'accomplisse- ment de la mème tâche que sa fonction mécanique. Selon Howezz (228), qui a étudié l’action de l'extrait de l'hypophyse en même temps que Cxox, la substance agissante de lhypophyse est produite par la partie médullaire de cet organe qu'il désigne sous le nom de infundibular body. Quant à Cxox, ses recherches l'ont amené à conclure que l’hypophyse produit plusieurs substances actives, dont l’une agit tout particulièrement sur la force et le nombre des baltements du cœur, tandis que l’autre impressionne de préférence les vaso-constricteurs (229, 243). C’est de la première, désignée par Cxox sous le nom d'Aypo- physine, que nous avons surtout à nous occuper ici. Cette substance — probablement une combinaison organique de phosphore — agit comme l'iodothyrine sur les deux nerfs régu- lateurs, le pneumogastrique et le dépresseur, mais son action est surtout puissante sur le premier. Toutefois, à la différence de l'iodothyrine qui n'agit qu'en augmentant l’excitabilité nor- male ou diminuée de ce nerf, l'hypophysine constitue elle-mème un excilant très énergique. Introduite dans le sang, elle augmente [68 LES NERFS DU CŒUR considérablement Ta force des battements du cœur en produisant un notable ralentissement rarement précédé d'une accélération passagère. Ce ralentissement est accompagné d'une élévation de la pression sanguine. Les pulsalions provoquées par les extraits de l'hypophyse, surtout ceur préparés à une lempéra- ture d'ébullition, ont le caractère des contractions renforcées Aftionspulse) elles que nous les avons décrites plus haut. Elles persistent souvent pendant 5 à 15 minutes. Fi6. 28. — Série des pulsations renforcées chez un chien (Voir 107). (Ge tracé se lit de droite à gauche, comme les figures qui suivent). Cyox (243) a signalé une curieuse particularité de ces contrac- lions : c'est leur tendance à se manifester par groupes ou séries dont chacune dure 60 à 100 secondes et plus, et qui sont inter- rompues par des pulsations normales ou par de petites pulsa- tions accélérées, comme les produit l'excitation des nerfs accé- lérateurs. La figure 28 représente une pareille série chez un chien (Voir aussi plus loin 29). Voici les traits caractérisliques de ces séries (/ypophysen- reihen) : 1) Les excitations ainsi que la section des pneumogas- triques sont impuissantes à les empêcher de se produire ou à en interrompre la continuation. 2) L'atropine, susceptible de paralyser entièrement les pneumogastriques, ne parvient pas toujours à interrompre une série produite par l'extrait de l’hy- pophyse. 3) Dans les cas où l'introduction préalable de l'hypo- physe a empêché l'action paralysante de l’atropine sur les pneu- mogastriques, l'influence de ce poison peut néanmoins modifier le caractère des contractions renforcées, tantôt en les interrom- pant par des pulsalions accélérées, tantôt en diminuant leur amplitude et en les rendant trop fréquentes pour qu'elles puis- sent conserver le caractère des pulsations renforcées. Souvent, INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 169 dans de pareils cas, les pulsations affectent Le caractère de pu sus bigemini. 4) L'excitalion des nerfs accélérateurs parvient à interrompre les séries par des pulsalions accélérées. 5) Souvent l'excitation d’un nerf cardiaque quelconque provoque une nou- velle série de ces pulsations. Des extraits préparés à une température de 38° à 40° pro- duisent rarement de telles séries. Plus souvent la courbe de la pression légèrement augmentée présente des oscillations pério- diques dans le genre de celles décrites par Fraure. Les pulsa- ions renforcées atteignent leur maximum au point culminant de ces oscillalions et déclinent dans la partie descendante de la courbe. F16. 29. — Pulsations renforcées chez un lapin sous l'influence de muscarine et d’iodure de sodium. L'action antagoniste entre l'hypophysine et l’atropine et la nicotine est encore plus forte que celle de l'iodothyrine. Pour- tant, elle aussi est incapable de rendre au pneumogastrique la faculté d'amener un arrêt complet du cœur. Par contre, l'hypo- physine parvient quelquefois à prévenir l'action de l’atropine sur le pneumogastrique. Des expériences comparatives sur l'effet des extraits de lhypo- physe et celui de la muscarine ont montré qu'il existe de nom- breuses analogies entre ces deux poisons. Abstraction faite de la supériorité des premiers comme antidote de l’atropine, la différence d'action des deux substances se manifeste surtout en ceci, que la muscarine abaisse la pression sanguine, tandis que l'hypophysine la relève plutôt. En ajoutant de l'iodure de sodium à la muscarine afin de combattre la baisse de la tension artérielle, Cyox a obtenu des courbes presque identiques à 170 LES NERFS DU CŒUR celles que produisent les extraits de l'hypophyse. Bien plus, 1] a provoqué de la sorte des séries de grandes pulsations renforcées qui ne se distinguaient des séries dues à l'hypophysine que par leur plus courte durée (fig. 29). Même résultat quand la mus- carine agit au moment où la pression sanguine est surélevée par une autre cause, par exemple, après l'excitation du pneumo- gastrique (fig. 30). FiG. 30. — Pulsations renforcées ; muscarine (en €) après l’excitation du pneumogastrique (en a). Quoique l'action des extraits de l'hypophyse et celle de l'iodo- thvrine sur les terminaisons centrales et périphériques des preumogastriques présentent entre elles certaines analogies, Cxox est disposé à admettre la possibilité que ces substances n'agissent pas sur les mêmes filets intracardiaques. L'hypophy- sine exercerait son action sur les cellules ganglionnaires de Binper, qui servent à augmenter la force des contractious ven- triculaires, tandis que l'iodothyrine influencerait de préférence les filets des pneumogastriques qui diminuent la tonicité du muscle cardiaque. L'hypophysine possède, d'après Cxox, comme l'iodothyrine, la faculté d'augmenter les oxydations dans l'orga- nisme. Là aussi la question, s'il s’agit d'une action nutritive directe ou non, est restée en suspens. c) Les extraits des capsules surrénales. — L'action des extraits des capsules surrénales sur les organes de la circulation a été, dans ces dernières ‘années, l'objet de nombreuses recherches INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 171 de la part d'Orrvier et A. ScuÂrer (244), de Szxmoxowicz (245), de Cyeuzski (246), puis de Vericn (247), de Fréxkez, de GorrLies (248), de LanGLois (249) et autres. A quelques détails secondaires près, tous sont d'accord sur la nature de cette action : une augmentalion considérable de la pression sanguine avec un ralentissement des battements du cœur. Les pneumogastriques élant préalablement sectionnés, plusieurs auteurs ont souvent constaté une accélération très persistante des pulsations. L'augmentation de la pression san- guine durait plusieurs minutes (5 à 15). Sur l'explication des phénomènes observés l'accord est moins complet. Ouvier et A. Scnirer attribuent l'augmentation de la pression à une excitation violente des muscles vasculaires et cardiaques ; la section préalable de la moelle épinière ne modi- ferait aucunement, selon ces auteurs, Paction de l'extrait sur la pression sanguine. Pour Szymoxowicz, au contraire, celte action serail due uniquement à une excitation des centres médullaires et vaso-constricteurs. D'après Gorrues, l'extrait des capsules surrénales agirait, en première ligne, sur les ganglions moteurs intracardiaques et ensuite sur les cellules ganglionnaires situées dans les parois vasculaires. Les autres auteurs se partagent entre ces diverses opinions. Quant au ralentissement des batte- ments du cœur, tous l’attribuent d’un commun accord à une excitation des centres des pneumogastriques dans la moelle allongée. Cvox (231, 232) dont les recherches sont de date plus récente, a surtout étudié l’action de l'extrait surrénal au point de vue de la théorie de l’innervation du cœur. Les résultats obtenus par lui diffèrent très notablement de ceux des auteurs précédents, surtout en ce qui concerne les effets de cette substance sur les contractions cardiaques. La puissante action de l'extrait surré- nal sur la pression sanguine, Cyox l'a observée comme ses prédé- cesseurs. Mais, pour ce qui est du ralentissement des pulsations, il ne l’a constalé au cours de ses recherches que très rarement, et encore uniquement comme effet initial el passager aussitôt après l'injection intraveineuse de l'extrait. L'effet dominant sur 172 LES NERFS DU CŒUR le cœur se manifestait, au contraire, par une très forle accé- lération des battements. Chez les lapins aussi bien que chez les chiens, cette accélération élail très persistante et durait presque toujours jusqu'à la fin de l'expérience. L'introduction de la muscarine modifie l'action des capsules surrénales en ceci que l'élévation de la pression sanguine est moins importante ; l'accélération disparait entièrement et fait place à un léger ralentissement, avec augmentation de lamplitude des pul- salions. Pendant l'action maximale de l'extrait surrénal, lexcitabilité des dépresseurs et des pneumogastriques est considérable- ment diminuée, Même des excitalions puissantes ne produisent que des effets très amortis: la dépression est insignifiante, de très courte durée, quelques secondes à peine ; elle est brusque et atteint immédialement son maximum après une phase latente un peu prolongée. L'excitation des pneumogastriques comporte aussi une latence extrêmement longue ; le ralentisse- ment obtenu par les plus fortes excitations n'est que très insignifiant ; en revanche, la baisse de la pression sanguine par suite de cette excitation est souvent assez considérable. La phase latente diminue avec les excitations successives. La pression sanguine {tombe généralement après plusieurs minutes fort au-dessous de la hauteur normale, mais l'accélé- ration des pulsations persiste souvent jusqu’à la fin de l’expé- rience. Pendant cette phase lexcitation des dépresseurs est généralement sans effet sur la pression sanguine ; celle des pneumogastriques est plus accentuée. L'extirpation préalable des ganglions cervicaux inférieurs et thoraciques supérieurs, qui par elle-même diminue notablement la fréquence des pul- sations, modifie les effets de l'injection intraveineuse et de l'extrait surrénal: l'élévation de la pression se manifeste toujours, quoique dans des dimensions un peu moindres ; l'accélération des pulsations est moins importante et manque quelquefois. La section d'un nerf splanchnique, pendant le maximum de l'élévation de la pression, abaisse assez notablement la pression sanguine, mais cette baisse est passagère; la section du second INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 173 splanchnique produit une nouvelle baisse d'une durée un peu plus longue ; toutefois la pression sanguine reste encore fort au-dessus de la normale. De ces expériences Cox tire les conclusions suivantes : 1° L'extrait surrénal excite très violemment tout le système sympathique vaso-constricleur, aussi bien les centres vaso- constricteurs situés dans la moelle allongée que les centres périphériques, ceux des ganglions du grand sympathique et ceux des cellules ganglionnaires terminales. 2° Cet extrait excite également les centres des nerfs accélérateurs, et cela aussi bien dans le cerveau que sur le parcours de ces nerfs et à leur terminaison. 3° Il produit, par contre, une dépression notable de l’excitabilité des nerfs modérateurs — pneumogas- trique et dépresseur. 4° Le ralentissement initial qui se mani- feste souvent est dù à deux causes : au début, quand l'élévation de la pression est encore insignifiante, 1l est provoqué par une excitation des terminaisons des nerfs dynamiques (Aktions- nerven) et probablement du ganglion de Bipper. Au moment où la pression commence à monter notablement, l'élévation passa- gère de la pression cérébrale produit une compression de l'hypophyse, qui de son côté provoque une excitation des pneumogastriques (Voir plus haut, p. 135). Mais cette pression cérébrale est transitoire ; elle diminue bientôt et les nerfs accé- lérateurs prennent le dessus sur les pneumogastriques: les pulsations deviennent plus fréquentes et plus petites. 5° Si les centres vaso-constricteurs, el probablement aussi ceux des nerfs accélérateurs, sont paralysés par l'introduction de fortes doses de chloral, la pression sanguine reste basse, les pulsations deviennent rares et fortes, comme celles qu'habituellement produit le chloral. Tout récemment Cxox a réussi à l'aide d'expériences, dont l'interprétation ne laisse plus de doutes, à préciser davantage l’action que les extraits des capsules surrénales exercent sur la pression sanguine: les centres nerveux vaso-moteurs cérébraux aussi bien que le système sympathique périphérique sont directement influencés par ces extraits. Ces expériences 174 LES NERFS DU CŒUR furent exécutées à l'aide de Ta méthode, dont nous avons déjà plusieurs fois eu l'occasion de parler, qui consiste à établir une circulation artificielle du sang dans le cerveau, entiè- rement indépendante de la cireulalion sanguine dans le cœur et dans le reste du corps. Celle méthode permettait donc d'in- troduire allernalivement les extraits de capsules surrénales tantôt uniquement dans la circulation cérébrale, tantôt dans la circulation du reste du corps. Cxox a pu ainsi constater que les effets de ces extraits aussi bien sur les nerfs cardiaques, que sur les nerfs vaso-moteurs étaient identiques dans les deux cas. Toute excitation du pneumogastrique manquait dans l’un et dans l'autre cas. Cela confirme en premier lieu que le ralentis- sement initial, dont je viens de parler plus haut, est bien dû à l'élévation passagère de la pression cérébrale. Pareille élévation ne pouvait plus se produire dans les expériences en question, puisque dans les deux cas le cerveau était exclu de la cireula- tion générale. Quant à l'élévation de la pression provoquée par l'injection de l'extrait surrénal, elle se manifestait dans le mème sens, quand l'extrait agissail isolément sur les centres cérébraux ou sur les terminaisons périphériques des vaso-constricteurs. De légères différences toutes quantilatives se manifestent entre les deux manières d'introduire les extraits, etc., elc., en faveur de l’action périphérique, surtout grâce à l'absence des troubles respiratoires qui suivent d'habitude les injections des extraits de capsules, et qui sont dus à leur action sur les centres respi- ratoires. Cette action manque naturellement quand le cerveau est exclu de la circulation générale. Cette démonstration éclatante en faveur de la thèse que Szymaxowicz a soutenue dès le début, n'empêche d’ailleurs pas plusieurs adeptes de la superstition myogène de soutenir que les effets des extraits des capsules surrénales proviennent d'une action directe sur les fibres musculaires des petites artères et non sur les nerfs sympathiques, et cela malgré lévi- dence de certains de leurs propres observalions. Ainsi, par exemple, LaxGLey lermine une longue étude expérimentale sur l'action de ces extraits en reconnaissant que presque « tous les INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 175 effets produits sont identiques à ceux produits par l'excitation de l’un ou de l’autre nerf sympathique » (259, p. 256). Cela n'empêche qu'il conclut plutôt en faveur de l'action sur les fibres musculaires, et cela en s'appuyant sur un argument fourni par Lewaxrowski. Ce dernier avait observé que l'extrait surrénal est à même de produire une dilatation de la pupille, quelque temps après l’extirpation du ganglion cervical supérieur, à un moment, où les fibres nerveuses pouvaient ètre considé- rées comme dégénérées. Conclusion d'autant plus extraordi- naire que LaxGLey reconnaît lui-mème, que les effets observés par Lewaxpowski pouvaient aussi très bien être provoqués par une diminution des impulsions passant par le troisième nerf cérébral. En somme, l'extrait surrénal exerce une action excitante sur le système sympathique central et périphérique et une action opposée sur le pneumogastrique et le dépresseur. Il agit donc dans un sens opposé à l’action de l'iodothyrine et de l'hypo- physine. L'entretien de la tonicité des nerfs accélérateurs et vaso-constricteurs est en grande partie l'œuvre des capsules surrénales. Dans une étude récente sur le fonctionnement de la glande pinéale Cyox a examiné également l’action des extraits de cette glande sur les nerfs du cœur (227). E a observé à cette occasion que de très faibles doses de ces extraits ne provoquent qu'une accélération des battements du cœur avec la diminution de leur amplitude ; l'effet sur la pres- sion sanguine est presque nul. Des doses plus fortes de ces extraits augmentent par contre notablement ces battements en les ralentissant. En d’autres termes : des petites doses de ces extraits excitent uniquement les nerfs accélérateurs du cœur, des doses plus fortes agissent également sur les nerfs pneumo- gastriques. On obtient ainsi par l'excitation simultanée de ces deux nerfs des pulsations dynamiques (Actionspulse), qui deviennent facilement irrégulières et forment des pulsations bi et trigéminées. Cvox hésite pourtant à reconnaître aux extraits de la glande 176 LES NERFS DU CŒUR pinéale le caractère des poisons physiologiques dans le sens indiqué plus haut. En effet des expériences comparatives faites avec des phosphales de soude et des phosphates de chaux avaient montré que ces deux substances agissaient sur le cœur exactement de la mème manière que les extraits de la pinéale. Il se peut done que les effets observés par Cxox ne sont pas dus qu'aux sels de phosphates de chaux et autres, accumulés dans les concrélions de celte glande, et nullement à des substances actives produites par une sécrétion ad hoc. Nous venons de voir que les produits des glandes thyroïdes et de l'hypophyse agissent, les uns sur les nerfs pneumogas- triques, dépresseurs et vaso-dilatateurs, les autres sur les nerfs accélérateurs du cœur et vaso-constricteurs. Aussi toutes ces substances sont-elles en réalité antagonistes entre elles. Loin de nuire au bon fonctionnement des nerfs régulateurs de la circulation, leur antagonisme en est une condition indispen- sable. L'appareil circulatoire n'est pas, en effet, un simple appareil hydraulique fonctionnant dans des conditions immua- bles. La circulation du sang doit se modifier sans cesse pour s'adapter aux multiples besoins de chaque organe. Tantôt c’est le cerveau, tantôt c'est l'estomac ou le système des museles volontaires, qui exige un aflux de sang plus considérable afin de pouvoir accomplir sa tâche fonctionnelle. La quantité de sang dont dispose l'organisme est loin, en effet, de suflire à un fonctionnement simultané de tous les organes du corps. L’appa- reil de la circulation doit également s'adapter aux innom- brables modifications qu'exercent constamment sur le corps les influences extérieures, telles que les variations de la tempéra- ture, de la pression barométrique, de l'humidité de l'air ambiant, etc. Les conditions de la cireulation varient aussi avec l'état de repos ou de travail, avec l'attitude du corps (couché ou debout, elles sont différentes le Jour et la nuit. Tantôt c'est une accélération des battements du cœur, avec une diminution ou une augmentation de la pression sanguine, qui répond le mieux au besoin momentané de l'organisme ; tantôt, tout l'opposé, Dans des condilions normales Ja somme des périodes d’acti- INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 177 vité et du travail du cœur dans un temps donné reste, ilest vrai, la mème, quelle que soit la rapidité des pulsations cardiaques. Mais cette constance du travail du cœur (Voir ch. 1, S4) ne peut s'obtenir que grâce à lantagonisme entre les fonctions des divers nerfs du cœur. {Voir plus haut, p. 65.) Pour que le cœur puisse varier son rythme selon les besoins momentanés de l'organisme, sans que la somme de son travail utile soit dimi- nuée, l'intervention de nombreux appareils régulateurs (nerfs accélérateurs, nerfs modérateurs, dépresseurs el vaso-moteurs du cœur) est indispensable. La quantité de sang dont dispose l'organisme entier est éga- lement presque constante. Mais, pour que chaque organe puisse disposer, à un moment donné, de la quantité de sang qui lui est nécessaire, le jeu automatique des nerfs vaso-constricteurs el vaso-dilatateurs affectés au service de cet organe doit inter- venir de manières diverses. C'est donc sur l'harmonie entre loutes les influences anlago- nistes et modératrices des nerfs que repose le fonctionnement normal et régulier du cœur et du reste de l'appareil cireulatoire, Les glandes qui, par leurs sécrélions el produits divers, main- tiennent les nerfs antagonistes en bon état de fonctionnement, remplissent par conséquent un rôle physiologique d'une portée considérable. Il est évident que, suivant qu'une quantité plus ou moins grande de telle ou telle de ces substances actives arri- verait dans la cireulation, la prépondérance apparliendrait tantôt à certains nerfs, tantôt à certains autres. Il doit donc exister normalement entre ces quantités un rapport harmonieux qui ne saurait être troublé longtemps sans provoquer des accidents plus ou moins graves. Ce sont ces perturbations qu'on observe en premier lieu après lablation de la thyroïde ou de l'hypophyse. Ainsi j'ai pu constaler que les ballements irrégu- licrs du cœur, qu'on désigne sous le nom de pulsus igeminus où lrigeminus, sont aisément provoqués par des introduelions artificielles des produits de l’une ou de l'autre glande, ces pul- salions étant dues aux troubles de l'harmonie entre les nerfs modérateurs et les nerfs accélérateurs du cœur. De Cvox. 12 178 LES NERFS DU CŒUR $ 4. LES ORIGINES DES ARHYTHMIES, DES ASSYSTOLIES ET D'AUTRES IRRÉGULABITÉS DES BATTEMENTS DU CŒUR. Les pulsations étranges qu'on désigne comme pulsus bige- minus et trigeminus furent pour la première fois décrites et éludiées par Trauee. Depuis, plusieurs auteurs onl essayé d'en déterminer les causes et les origines. Dans ses études sur les rapports entre les nerfs du cœur et les corps thyroïdes, Cox a eu l’occasion d'observer que ces pulsations anormales se pro- duisent constamment à la suite de la thyroïdectomie ou de l'introduction de substances toxiques agissant sur l'une ou l'autre catégorie des nerfs cardiaques. On voit, dans ce cas, se produire des pulsations, irrégulières en apparence, mais qui néanmoins présentent loujours deux traits caractéristiques : 1° le nombre de ces pulsalions dans Punité de lemps est toujours égal à la moitié du nombre des pulsalions antérieures et posté- rieures à leur apparition ; 2° la première moitié d'un pouls bigéminé possède le plus souvent plus d'amplitude que la suivante. Cyox considère donc qu'en réalité un pulsus bigémi- nus se compose de deux pulsations : la première est due à la prédominance du pneumogastrique, la seconde à celle des nerfs accélérateurs. I les désigne comme des pulsations doubles, dues à un désaccord dans l'innervation de ces deux antago- nistes. Il suflit d'augmenter arlficiellement l'excitation de l’un d'eux pour lui donner la prédominance : si c'est le pneumogas- {rique qui est excité, on obtient les grandes et lentes pulsations régulières qui appartiennent à l'excitalion de ce nerf. Si c'est un accélérateur, les pulsations deviennent aussi régulières, mais pelites et fréquentes. Plusieurs fois Cyox a réussi à couper une série de ces pulsations doubles en excitant le nerf dépres- seur: dans ces cas la prédominance de lun ou de l’autre des nerfs antagonistes du cœur élaitévidemment provoquée par voie INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 179 réflexe. Nous donnons ici plusieurs figures qui sufliront à démontrer l'exactitude de ces explications, FIG, 91. Cette figure est empruntée aux études sur la glande thyroïde de Gyon. On y constate que la ligature subite d'un nerf accélérateur au point à a suffi pou arrêter immédiatement le pulsus bigeminus. On voit aussi. dans la même étude de Cvox. des accès de pulsations doubles reparaître par suite d’une excitation réflexe ou directe d’un des antagonistes, chaque fois que, par Peffet FiG. 32. — lei c’est l’excitation du nerf dépresseur qui a réussi à couper les pul- sations doubles (voir 53, p. 55, fig. 10). de troubles dans l’'innervation cardiaque, 1l existe un désac- cord entre l’action du pneumogastrique et celle de l’accéléra- teur. L'augmentation de l’excitabilité d'un croupe de nerfs et FiG. 33. — Montre un pulsus bigeminus provoqué par lexcitation électrique simultanée des nerfs accélérateurs et pneumogastriques (emprunté à CYON). la diminution de celle de leurs antagonistes est la cause la plus fréquente d'un pareil désaccord. Les dernières expériences de Cvox sur les poisons physiolo- 180 LES NERFS DU CŒUR giques du cœur ont donc apporté de nouvelles preuves à l'appui de cette interprétalion du pouls bigémineux. Ainsion y observe souvent, quand ce genre de pulsations apparait au moment où le cœur exécute des contractions renforcées (Aclionspulse), que le pouls double se compose d'une pulsation renforcée à laquelle est accotée une petile pulsation accélérée. L'origine de ce pouls est ainsi rendue encore plus frappante. Voici quelques figures qui démontrent avec quelle facilité on peut produire le pulsus bigeminus par l'excitation des nerfs car- diaques, à condition que les nerfs antagonistes du cœur soient soumis snultanément à l'excitation électrique ou chimique. Dans les graphiques suivants les pulsus bigemiuus ou trige- minus sont provoqués par des injections simullanées de deux poisons cardiaques antagonistes. Fic: 34. Série de pulsations renforcées sous l'action de l'hypophysine. Fic. 35 Les pulsations Goubles proviennent dans ce gi iphique de Pinjection simultanée de Ï] hvp physin: qui excite Île pneumogastrique et de l’atropine qui paralyse ces nerfs te par contre les nerfs accélérateurs. Plus haut, à la page 169 nous avons reproduit dans la figure 29 les pulsations irrégulières provoquées par des injec- tions simultanées de deux poisons antagonistes, la muscarine et l'iodure du sodium: la muscarine excilte violemment le INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 181 pneumogastrique ; l'iodure de sodium paralyse ce nerf et excite les nerfs accélérateurs. Fi. 36, — Fin de la même série que la fig. 33; le pneumogastrique étant entière- ment paralysé par l’atropiue, Fic, 37. Fi. 38.— Les fig. 37 et 38 reproduisent les pulsations bigéminées et trigéminées provoquées par l'injection simultanée de l'extrait surrénal qui excite les nerfs accélérateurs et la muscarine qui excite leur antagoniste, le pneumogastrique. Ces deux fiscures sont empruntées aux recherches de Cyox sur Les poisons physio- logique S du CŒœuTr, FrG. 39. — Changement du pulsus trigeminus en pulsus bigeminus par l'excitation du dépresseur et disparition de ces 1rrégularités après l’excitation. On voit par ces graphiques que le désaccord dans l'intervention des nerfs antagonistes du cœur peut se manifester également 182 LES NERFS DU CŒUR par des pulsations triples, pulsus trigeminus. Deux pulsations de ce genre doivent ètre considérées comme égales à six pulsations ordinaires. D'habitude la première partie d'un pulsus trige- minus représente une pulsation due au pneumogastrique, et les deux suivantes, des pulsations accélérées. ilant donnée cette origine du pulsus bigeminus, on comprend que la durée d'une pulsation double doit être égale à celle de deux pulsations nor- males. Il en est ainsi, en effet, comme l'avait déjà démontré KxoLz autrefois. Le fait que le nombre des pulsus bigeminus dans l'unité de temps reste toujours égale à la moitié du nombre des pulsations antérieures el postérieures à leur apparition, donne une grande régularité réelle à l'irréqularité apparente de ce genre de pul- salions. Toutes les irrégularités des battements du cœur qu’on observe aussi bien chez l'homme que dans les expériences sur des animaux, sont loin de pouvoir être attribuées à des causes aussi nettes et précises que celles que nous venons de décrire. Leurs manifestations sont très diverses et cette diversité s’observe souvent dans le même cas à des intervalles très rapprochés. Les irrégularités cardiaques se manifestent d'habitude aussi bien dans le nombre que dans la force des contractions succes- sives; ce qui complique l'étude de pareilles irrégularités, c’est que très souvent elles sont accompagnées de troubles vaso-mo- teurs, respiratoires et autres. Dans les expériences faites sur des animaux, surtout celles sur le cœur des animaux à sang froid ou à sang chaud séparé de l’organisme, on réussit souvent à fixer les causes immédiates de ces troubles cardiaques ; et ceci grâce à la perfection des méthodes graphiques qui servent à les enregistrer. Les troubles allorythmiques qu'on observe chez l'homme se prètent beaucoup plus dificilement à l'interpréta- tion. En effet, les systèmes d'enregistrement des pulsations car- diaques et de la pression sanguine chez l'homme n'admettent pas des conclusions bien rigoureuses. C'est done souvent par l'analogie avec les observations faites sur les irrégularités car- 2 Ten INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 183 diaques chez les animaux, que le clinicien peut arriver à une interprétation juste des troubles cardiaques qu'il observe chez un malade. À ce point de vue, les études expérimentales de Kvocz sont particulièrement intéressantes. Kxozrz a, en effet, étudié tout spécialement les irrégularités cardiaques que pro- voque l'augmentation de résistance à l'évacuation des deux ventricules. Les obstacles mécaniques provoqués par certains troubles valvulaires du cœur chez l’homme peuvent en effet présenter de grandes analogies avec les conditions expérimen- lales créées par Kxozz. Plusieurs cliniciens avaient donc raison d'attribuer certaines irrégularités des pulsations cardiaques aux obstacles opposés par quelques affections valvulaires. Moins heureux était l'essai d’assimiler de pareilles irrégularités au pulsus bigeminus, observé chez les animaux, dont nous venons d'exposer longuement l'origine nerveuse. Ni chez l'homme, ni chez les animaux l'augmentation de résistance à l'évacuation des ventricules ne peut provoquer des pulsus bigeminus et tri- geminus aussi réguliers que ceux dont nous venons de repro- duire plusieurs exemples. Cette assimilation repose, sur une confusion, commise, si Je ne me trompe, pour la première fois par Wexkexracu (250), qui, dans une étude très intéressante sur les irrégularités des battements cardiaques chez l'homme, est arrivé à la conclu- sion, que les obstacles à l'évacuation des ventricules doivent provoquer des extra-systoles, qu'il supposait être la cause du pulsus bigeminus. Il est possible que les difficultés de se vider que les ventricules rencontrent dans certaines affections des valvules cardiaques, peuvent donner naissance à quelques extra- systoles. LanGEexporrr avait déjà admis une possibilité pareille. Mais les changements qu'une extra-systole provoque dans la courbe de la pression sanguine ne ressemblent que bien peu à un pulsus bigeminus. Il faudrait que dans un cas pathologique de pareilles extra-systoles se produisent dans un certain laps de temps avec une régularité parfaite comme durée el comme intensité, pour qu'un véritable pulsus bigeminus se produise ; et ceci est presque impossible. Une pareille régularité des 1S4 LES NERFS DU CŒUR extra-systoles ne peut être obtenue chez un animal que par une régularité parfaite des ercitations artificielles, mais jamais par la seule modification des obstacles que le cœur rencontre à se vider. HE. Hermixe (251) à développé davantage la thèse erronée de Wexkexpacu, surtout en vue de pouvoir attribuer à ces irré- gularités cardiaques chez l'homme une origine myogène; il a ainsi greffé une erreur sur une autre : l'extra-systole, aussi bien que le pulsus bigeminus, ontune origine purement neurogène. Ceci n'empêche d'ailleurs nullement que certaines affections myocardiaques doivent rendre particulièrement irréguliers les battements du cœur, mais ni le pulsus bigeminus, ni les extra- systoles n'ont rien à voir dans de pareilles irrégularités. Parmi les irrégularités cardiaques ce sont surtout les assys- tolies chez l'homme dont il serait important pour le médecin de pouvoir délerminer la cause el l'origine. Les arrêts du cœur dépendent-ils d'une excitation du pneumogastrique, ou d’une interruption dans l’excitalion rythmique, c'est là un premier point important pour le diagnostique d’une affection cardiaque. Rien n'est plus facile que d'établir une pareille distinelion chez l'animal, à l'aide d'une analyse de la courbe de la pression sanguine, où d'une inspection du cœur lui-même. L'alternative est plus difficile à décider chez l'homme. Je suis à même de donner quelques indications générales à ce sujet grâce à des observations, que j'ai eu l'occasion de faire sur moi-même pen- dant une longue maladie du cœur. On peut attribuer presque avec certitude une arythmie ou une asystolie à une excilalion du pneumogastrique dans les deux cas suivants! 1° quand les arrèts du cœur sont accompa- gnés d'une grande angoisse analogue à celle que j'ai décrite plus haut (page 138) comme caractéristique pour l’angine de poitrine ; 2° quand ces arrêts sont provoqués dans le cours d’une affection cardiaque par des troubles stomacaux, par exemple aussitôt après l'introduction dans l'estomac d’une nourriture indigeste quelconque. Ici il s'agit évidemment d'une excilalion réflexe des fibres pneumogastriques du cœur. Mais dans les deux cas, pareille distinction devient plus difficile à établir, INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES [S5 quand le malade est en même temps atteint d'une sclérose avancée des artères périphériques. Chez les sclérotiques d’un âge avancé on observe en effet des arrêts de cœur, qui se pro- duisent régulièrement sans provoquer chez le malade aucune sensation pénible; il s'agit done, dans ces cas, souvent des interruptions simples des pulsations cardiaques déjà très ralen- lies par suite d'un manque d'excilation. Dans le courant d'une myocardite infectieuse J'ai observé chez moi deux formes différentes d'arrèts du cœur. L'une se manifesiait par accès à des intervalles d’un ou de deux jours. Celle forme débutail ordinairement par un accès de tachycardie; les pulsations devenaient subitement, et sans aucune élévation de température, très accélérées jusqu'à 120-130 et plus par minute; ces pulsations étaient petites, régulières et rappelaient celles que provoquent les nerfs accélérateurs. Puis, des asys- tolies commencent à se produire rares, par exemple, au début, un arrèt du cœur après cinq pulsations, puis après (rois, puis après chaque pulsation. J'ai pu observer pendant ces accès le phénomène curieux suivant: malgré ces arrêts le nombre des pulsalions dans un certain laps de lemps, par exemple dans trois, quatre minutes, restait le mème qu'avant l'attaque; chez moi 80 pulsations dans une minute, était la moyenne normale du pouls; en 3 minutes j'arrivais à compter 240 pulsations, malgré les nombreux arrèts. Ces crises, que j'ai observées surtout au début de la myocar- dite infectieuse’, étaient évidemment provoquées par une excitation des ganglions ou des terminaisons périphériques des nerfs accélérateurs, situés dans le sinus veineux; à en juger par le siège des douleurs aiguës, c’est dans le voisinage de cette région que la myocardite, probablement, avait débuté. La seconde forme des asystolies était beaucoup plus pénible, L. Je fus atteint de cette myocardite infectieuse à Wiesbade, par suite d'une attaque d'influenza, qui y règne d’une manière endémique. A cette occasion, il n'est pas sans intérêt de rappeler que déjà Garrod, dans sa célèbre monographie sur la goutte, s’est prononcé très énergiquement contre l'envoi des goutteux pour faire leur cure à Wiesbade. Il déclarait en même temps les eaux de Wiesbade particulièrement funestes pour les goutteux dont le cœur n’est pas intact ! 186 LES NERFS DU CŒUR souvent même très douloureuse; celte asyslolie ne procédait pas par crises; mais au début de la maladie les intervalles libres de tout arrèt ne duraient pas plus de 8-10 minutes el ne se produisait qu'une ou deux fois par heure. La sensation dou- loureuse, que j'éprouvais au moment de l'arrêt, était localisée vers la sortie et l'entrée des grands vaisseaux ventriculaires. J'avais la sensalion comme si le cœur se contractait à vide, comme par exemple dans les expériences sur le cœur séparé du corps, quand avant son arrêt complet par suite de hautes tem- péralures (voir ch.1, $ 4) il exécutait des contractions quasi péristaltiques. Très probablement les valvules atteintes remplissaient insuf- fisamment leurs fonctions, à moins que le muscle cardiaque, atteint lui aussi, ne se contractait plus qu'imparfaitement. La cause de cette seconde forme de l'asystolie doit être cherchée soit dans une irrégularité de la production des excita- tions automatiques, soit dans des obstacles momentanés qui en empèchaient la transmission à travers les nerfs intracardiaques. Dans le courant de cette phase de la maladie, je suis arrivé à pouvoir par un effort de volonté provoquer ces arrêts. Je pouvais ainsi expliquer à des collègues consultants le mode de leur produelion. Bien plus : pendant plusieurs mois, après que les arrêts spontanés avaient cessé, il me suffisait de réfléchir au mécanisme de leur production, pour provoquer instantané- ment plusieurs arrèts. Même au moment où j'écris ces lignes, plus de deux ans après la crise aiguë, je ne puis en invoquer le souvenir, sans que les battements du cœur ne deviennent immédiatement irréguliers et que les arrêts ne se reproduisent. Je n'ai eu ainsi que trop d'occasions de regretter que dans ma controverse avec les adeptes de la théorie myogène, l'erreur ne se trouvait pas de mon côté... En général, on peut distinguer les irrégularités des battements du cœur dues au système nerveux cardiaque, de celles pro- voquées par les élats inflammatoires des fibres musculaires, par celte différence que les premières conservent encore en certain caractère de périodicité régulière, comme c’est le cas INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES [87 avec les pulsations bigéminées et (rigéminées, tandis que les secondes ne laissent reconnaître aucune régularité, ni dans la force, ni dans la fréquence des battements du cœur. & 5. LE TÉTANOS DU CŒœŒURr. Le cœur est-il susceptible de répondre par de véritables con- {ractions tétaniques à des excilations qui se succèdent dans des intervalles assez courts pour permettre leur sommation? Comme nous le verrons, la réponse à cette question louche directement aux problèmes les plus essentiels de l'innervation du cœur. LuvwiG et Horra (252) en 1849 et Ecknarp (253) en 1858, à la suite d'expériences qui paraissaient très concluantes, s'étaient prononcés dans un sens négatif. La démonstration faite par Marey que la contraction cardiaque normale n'était qu'une simple secousse musculaire et non une contraction tétanique semblait corroborer l'opinion de LupwiG et d'Ecrknaro. Cependant en 1866 dans le courant des expériences exé- cutées sur le cœur de grenouilles isolé du corps et maintenu en bon état de fonctionnement, à l’aide de circulation artificielle, Cyox à pu constater, que dans certaines conditions déterminées de véritables contractions tétaniques pouvaient se produire. (Voir plus haut ch. 1, $ 4.) Ces conditions indiquaient, en outre, que si dans l’état de fonctionnement normal le cœur n'est pas sus- ceplible d'entrer en télanos, cela ne tient nullement aux parti- cularités spéciales de ses fibres musculaires, mais à la présence de fibres imhibitrices et de cellules nerveuses. En effet, il suf- fisait d'amener l’arrèt du cœur et d'exelure l'intervention régu- lière de ces appareils inhibitoires par l'élévation de température jusqu'à environ 40° pour qu'une excitation arlificielle du sinus veineux où du pneumogastrique provoque un létanos parfait du cœur. En parlant plus haut des études de Cyox sur l'action des variations des températures sur le cœur {chapitre 1, $ #, nous [SS LES NERFS DU CŒUR avons déjà cité ce fait observé par SCHELSKE, un peu avant Cvox. Nous reproduisons 1er un craphique montrant l'effet d'une pareille excitation du pneumogas(rique. Fic. 40. létanos d'un cœur, {arrêté à la température de 40”, Ce télanos ful provoqué par l'excitation du sinus veineux (Emprunté au travail de GYon Mvog n od r Neurogen », lrchives de Pflüger, 285); lire de droite Le lélanos ainsi provoqué dure pendant loule la durée de l'excitation du sinus veineux. Il est impossible d'obtenir une courbe létanique plus caractéristique. La sommation des Con- tractions à la hauteur des systoles est incontestable. (La courbe va de droite à gauche. Comme dans les autres expériences de ce cenre, le télanos ou les contractions lélaniques ne pouvaient ètre oblenues que lorsque les conditions des expériences indiquaient nettement que les facultés inhibitrices du pneumogastrique, ou de ces ter- minaisons nerveuses dans le cœur, avaient été abolies. Ainsi. par exemple, Cyox a pu obtenir un tétanos du cœur spontané, quand le cœur refroidi lentement jusqu'à 0° fut brusquement mis en contact avec du sérum et de l'air ayant plus de 40. En effet, les appareils inhibitoires du cœur, qui sont excités par les variations descendantes de la température, cessent presque complètement d'être excitables, quand la température atteint 0°. Dans ce cas la brusque élévation de température de 0° à 40° provoque, par conséquent, instantanément le tétanos d'un cœur, dont les fonctions inhibitrices sont presque suppri- mées. Il en est de même dans les expériences avec des tempé- ralures ascendantes : entre 37 et 40° le cœur continue encore à exécuter des contractions, mais ces contractions deviennent péristaltiques et se propagent de la base du cœur vers la pointe. Elles ne produisent, par conséquent, aucun travail utile, le cœur INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 189 dans ces conditions ne pouvant plus se vider, À cette température les appareils régulateurs du cœur sont également hors fonction (voir les graphiques de la différente forme des tétanos du cœur, observés par Cyox (255) dans son travail « Télanos du cœur » paru dans le Journal de physiologie et de pathologie générale, 1900). é Les expériences de Cxox furent exécutées sous la direction de LupwiG qui, en voyant leurs résultats, revint de son ancienne opinion, sur l'impossibilité d'obtenir un létanos du cœur. Lucrani, Rossacu et d’autres élèves de LupwiG, qui faisaient leurs recherches également sur un cœur séparé du corps, avaient de même oblenu des contractions télaniques du cœur. Ce n'est qu'en 1884 que Kroxecker et SriruiNG (254) crurent devoir exprimer des doutes sur la possibilité de produire un télanos du cœur. Le fait, sur lequel Kroxecker S'appuyait pour contester le tétanos du cœur, était l'observation, que dans une certaine phase de sa contraction, le cœur perd son excitabilité. Cette phase a été étudiée particulièrement par Marey et dési- gnée par lui comme la phase réfractaire du cœur. L'observation de KroxECKkER ne pouvait être considérée comme un argument contre Les létanos du cœur que dans le cas où la phase réfrac- laire serait un phénomène purement musculaire ; c'est-à-dire dépendrait uniquement des propriétés particulières des fibres musculaires. Telle fut en effet lPinterprétalion qu'au premier moment Kroxecker donnait à son observation. Mais déjà les expériences de Cyox sur l'influence des températures sur le cœur avaient montré que le phénomène, désigné plus tard comme phase réfractaire, était un phénomène purement ner- veux : les températures élevées en abolissant lirritabilité des nerfs régulateurs, abrégeaient en mème temps la phase réfrac-" laire ; au contraire, le refroidissement des centres nerveux du cœur, prolongeaient cette phase. Tout récemment Cox à pu démontrer en refroidissant les centres cérébraux du pneumo- gastrique à l’aide de la circulation artificielle, établie dans le cerveau, que les températures basses en agissant cetle fois uniquement sur ces centres prolongent également la phase ré- 190 LES NERFS DU CŒUR fractaire. De nombreuses expériences d'autres auteurs avaient également établi l'origine nerveuse de la phase réfractaire. Rap- pelons seulement les recherches de Dasrre, de GLey, de Kaiser el de Laxcexporrr. D'autre part, des recherches très minu- lieuses de vox Basen ont, plus fard, démontré d'une manière indiscutable, qu'une sommation des excitalions peut parfaite- ment se produire, et cela mème dans un cœur normal. La possibilité d'un tétanos d'un cœur a été également démontrée par Marey et par RouGer (256); par ce dernier, dans certaines circonstances parliculièrement intéressantes. RouGer produisait un télanos du cœur en excitant simultanément le pneumogas- trique et le muscle cardiaque lui-même, c'est-à-dire presque dans les mêmes conditions que Cyox, dans les télanos à basses températures (voir plus haut). Plus récemment À. WaLrner (257) a réussi à oblenir un télanos parfait du cœur de la mème ma- nière que Cvox et RouGer, mais en se servant de la muscarine pour l'excitation du nerf pneumogastrique ; de mème O. Frank. Dans les prochains chapitres je reviendrai encore sur la grande portée qu'a pour la théorie des battements du cœur la démon- stration de l'origine nerveuse du tétanos et de la phase réfrac- taire du cœur. En somme, la possibilité de produire dans des conditions dé- terminées un véritable tétanos du cœur démontrée pour la pre- mière fois par Cxox, est actuellement reconnue par presque tous les physiologistes. Ni la phase réfractaire, ni le caractère parti- culier de Ta contraclion cardiaque, comme secousse muscu- laire (Marey, ne sont en contradiction avec celte possibilité. S 6. La Loi pe Bowprren. Il nous reste encore à traiter un autre problème important, intimement lié au mode de fonctionnement des nerfs du cœur. Cest la question si importante de la relalion qui peut exister INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 191 entre la force des battements du cœur et Pintensité de lexcita- tion. Cette question est d’une grande portée théorique. Bowprren a, comme on sait, élabli que, Fexcitabilité du cœur d'une gre- nouille étant constante, la force des contractions cardiaques reste indépendante de intensité de l'excitation. « L'excitation minimale est en même temps l'excitation maximale », selon la formule de Kroxecker. Le cœur, comme s’est exprimé Ranxvier, . donne « Lout ou rien ». On a observé depuis que le cœur des mam- mifères semble se comporter d'une manière analogue. Zieus- SEN, ayant eu l'occasion d’exeiler chez une femme le cœur qui n'élait recouvert que de la peau, est arrivé à une conclusion semblable : « L'effet de l'excitation, c'est-à-dire la contraction musculaire, quand elle se produisait, paraissait loujours d'une force égale, qu'elle fût provoquée par des courants faibles ou plus forts. » La loi de Bowpicra conserve-t-elle sa valeur quand, au lieu d'excitations artificielles, ce sont des excitations physiologiques qui provoquent normalement les contractions cardiaques? Ki l’on admet, avec Krowecker, que «le cœur ne peut pas ètre amené à se contracter par des excilations mécaniques ou élec- triques » (262), c'est-à-dire que les excitants extérieurs n’agis- sent sur le cœur qu'en favorisant certaines échanges chimiques, qui constituent les véritables excitants cardiaques, la réponse ne saurait faire de doute : la loi de Boworreu s'appliquerait éga- lement aux excitalions normales. Mais, d'autre part les faits qui indiquent que la force des battements du cœur varie dans des limites très larges sont nombreux. Souvent ces variations sont spontanées ou se produisent sous l'influence d’excitations nerveuses, no- lamment par l'entrée en jeu des nerfs accélérateurs ou modéra- teurs. La variation, dans ce cas, est si brusque, qu'il est impos- sible de l'attribuer, comme le font plusieurs partisans des hypothèses myogènes, à une modification considérable qui se serait produite sous l'influence nerveuse dans l'état du muscle cardiaque. Pareille explication a, en outre, Le défaut capital de 192 LES NERFS DU CŒUR ne rien expliquer, en réalité, puisqu'elle ne peut même pas déterminer la nature de cette modification. Il est bien plus rationnel d'admettre que pour le muscle car- diaque la force des contractions se trouve sous la dépendance de l'intensité des excitalions normales, où, du moins, qu'elle est subordonnée à la nature des nerfs et des cellules ganglion- naires produisant l'excitation, el peut-être aussi, à l’élat donné des fibres nerveuses ou de leurs terminaisons. Mais les augmen- talions ou les diminutions de la force des contractions cardia- ques dépendant des fonctions particulières des nerfs qui peuvent faire varier celle force, 11 resterait encore à déterminer les con- dilions spéciales dans lesquelles se produisent ces variations. Nous avons vu plus haut que l'excitation des pneumogastri- ques où de cerlaines de leurs branches augmente la force des contractions. Pareille augmentation peul avoir des causes diverses, Elle pourrait, par exemple, dépendre d'une simple prolongation de la période diastolique : Le ventricule ayant eu plus de lemps pour se remplir de sang en rejetterait une plus grande quantité dans les artères; une autre cause possible serait l'accroissement de Fexecitabilité des cellules ganglionnaires mo- Lrices où des fibres nerveuses motrices. IFy aurait mème une troi- sième possibilité: les nerfs dynamiques seraient des nerfs vaso- moteurs du eœur, destinés à augmenter les forces motrices des muscles ou les quantités des excilants cardiaques. Ilest difficile, pour ne pas dire impossible, de déterminer dès à présent laquelle de toutes des conjeclures répond à la réalité. Les rap- ports entre la fréquence des pulsations et leur force sont très complexes. La durée des différentes parties qui constiluent une évolution cardiaque complète peul aussi modifier ces rapports dans des limites assez Jarges : ainsi, par exemple, une systole très courte, mais suivie d'une diastole un peu prolongée, peut, sans changer la fréquence des pulsations, permettre aux ventri- cules de se remplir davantage et d'exécuter un travail plus con- sidérable, Mais on comprend que ce sont là des cas exception- nels el qu'en général les pulsalions plus fréquentes doivent être plus faibles, comme les pulsations plus lentes, ceteris paribus, INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES [HA doivent être plus fortes, el vice versa, Une contraction Un forte des ventricules, c'est-à-dire | expulsion d'une plus grande quantité de san&, les résistunces dans | appareil circulatoire restant les mûmes, peut prendre un temps plus long: laug mentalion de lu force des contractions pourrait ainsi pur elle môme produire un ralentissement TA a À VER ESS VS VS VS WE VER. VS VW VIS VE VIS) VE A WE VS VE YA. VW VE VA Fie. 44. Pulaations roentorccos provoquées par voie 1 ex: éxcitatioi Î bout contral du sympathique du cœur (Cvon) La validité de la loi de Bowmiren pour les contraclions nor males du cœur est contredile également parle fait que certains poisons agissant incontestablement sur les nerfs du cœur peu vent diminuer où augmenter la force des contractions, I est vrai que les partisans de cetle loi objectent que ces poisons introduits dans le sang peuvent en même temps modilier direc lement lexcitabilité où la contracthibilté musculaire. Mais pa reitle objection n'est plus admissible quand ces poisons agissent uniquement sur les centres cérébraux des nerfs cardiaques SITE pouvoir pénétrer dans lu cireulalion générale, comme dans le expériences de Cvox avec la cireulalion artilicielle, établie dan la boile crânienne, Or, cerluins de ces poisons introduits dans lu circulation cérébrale à l'exclusion de la cireulation ardiaque modiient dans une large mesure ti force des battements du cœur, Lei les modilicalions ne peuvent ôtre attribuée qu ex lu saivement aux changements de la force des excitants nerveux La réfutalion de lu loi de Bowmiren eat devenue encore plu éclatante duns les expériences où la circulation cérébrale étant isolée de lu circulation cardiaque, colle demmère à été elle méme exclue de lu circulation générale du coi pn, par Létabli lhi von la 194 LES NERFS DU CŒUR sement d'une circulation directe entre l'aorte descendante et la veine cave inférieure {méthode de Cyox). Nous repro luisons ici trois graphiques d'une expérience semblable dont la démons- tralion nous paraissail décisive, FiG. 42, — Reproduit la courbe de la pression sanguine au moment où la circu- lation cérébrale avait été complétement abolie et où Ta circulation cardiaque est limitée aux organes thoraciques (voir plus haut, la fig. 27, p.137). On voit sur cette courbe deux senres d’oscillalions : les pri- maires, dépendant de la contraction cardiaque; et les secon- daires correspondant aux oscillations respiratoires. (C'est à cette courbe que, dans le chapitre im, S 5, j'ai renvoyé Fréperico et d'autres physiologistes qui confondent les oscillations secon- daires respiratoires avec les oscillations de TRAUBE de troisième ordre, provoquées par l'action des centres vaso-moteurs. Ici en cffel toute action vaso-motrice était exclue par les conditions mêmes de l'expérience. Fic. 43 Cour! le la pression sanguine aussitôt après l'établissement le Ja circulation artificielle dans le cerveau. On voit dans la figure #3 qu'aussitôt la circulation rétablie dans le cerveau, les pulsalions cardiaques sont devenues bien plus fortes. En effet, les centres des nerfs pneumogastriques et ceux des nerfs accélérateurs ayant été ranimés avaient instan- tanément renforcé les pulsations cardiaques. On voit sur le graphique quelques pulsations dues à la prédominance de l’exci- INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 195 tation du pneumogastrique. Vingt secondes après, cette prédo- minance avait disparu. La collaboration harmonieuse entre les centres antagonistes élait rétablieetles pulsations cardiaques avaient pris nellement le caractère de pulsations dynamiques Actionspulse (lig. #1 FiG. 4%. — Cette même courbe 20 secondes après le rétablissement de la circulation. On voit donc dans ces deux graphiques un renforcement des battements du cœur par suite de la résurrection des centres Fic. 45. Graphique emprunté à la même expérience ; on voit l'effet de l’exei- tation du pneumogastrique entre a et b, On voit que la pulsation b et les deux voisines descendent au-dessus de la ligne zéro du manomètre (v. plus haut, p.82) nerveux cérébraux. c'est-à-dire par intervention des nouveaux excitants venus du cerveau. Au mème ordre de phénomènes appartiennent les renforcements ou les affaiblissements des 196 LES NERFS DU CŒUR battements du cœur, qu'on observe sous l'influence de diverses émotions et du travail intellectuel. Là aussi il ne saurait être question d'une modification quelconque dans les conditions physiques ou chimiques des fibres musculaires du cœur. En somme la loi de Bowprren du « tout ou rien » n’est vala- ble que quand il s'agit d'excitalions artificielles, appliquées à la pointe du cœur. (Voir au chapitre suivant, $ 6, les schémas du fonctionnement de nerfs et ganglions intracardiaques.) . YA Les LOIS DE L'EXCITATION DES GANGLIONS CARDIAQUES ET VASO- MOTEURS. Dans le précédent paragraphe nous avons parlé de la consta- tation faite par Scuezske et Cyox, qu'avant l’arrèt du cœur par suite de haute lempérature, les appareils régulateurs intracar- diaques cessent de fonctionner. Si pendant cet arrêt on exeite les nerfs pneumogastriques, le cœur recommence à battre et entre même en contraction tétanique. Nous voyons qu'un nerf, qui normalement arrête et ralentit les battements du cœur, devient un nerf moteur quand les cellules ganglionnaires se trouvent hors de fonction. En d’autres mots cette observation indique que la fonchon de ces nerfs cardiaques peut étre ren- versée, quand au lieu d'agir sur des ganglions en état de fonc-. tionnement, us agissent sur des ganglions en repos. Aussi longtemps que cette observation très curieuse était restée isolée, Cyox ne l'avait utilisée que pour développer son hypothèse de l'action des nerfs modérateurs, basée sur l’inter- férence entre deux processus d’excilalion venant de directions différentes, qui se rencontrent simullanément dans les cellules ganglionnaires el cela sous des angles déterminés par la dispo- sition anatomique des fibres nerveuses. Plus lard pourtant, dans le courant de ses études sur les centres vaso-moteurs Cyox a eu l'occasion de faire ‘plusieurs observations analogues, qui INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 197 lui ont permis de généraliser leur portée physiologique. On sait que les effets de l'excitation de nerfs sensibles sur les centres vaso-moteurs sont très variés : tantôt ils se manifestent par une augmentalion de la pression sanguine, c'est-à-dire par une exagéralion de son excitation tonique, tantôt par une baisse de la pression provenant d'une diminution de ee tonus. Nous avons vu dans le chapitre 1v, $ 2 que l'action des nerfs sensibles sur les centres cardiaques n'est pas moins variée. A l'aide de nombreuses recherches sur les détails desquels il est inutile d'entrer ici, Cxox est arrivé à celle loi générale que cette diversité d'excilations réflexes est motivée en première ligne par l’état dans lequel se trouvent les centres ganglionnaires car- diaques ou vaso-moteurs au moment où l'excitation réflexe les atteint: quand ces centres se trouvent en repos, la nouvelle excitation les rappelle à l'activité; au contraire, elle inhibe l'action de ces centres, quand ils sont déjà en état d'excitation (voir les travaux de Cxox (p. 52). Ainsi, par exemple, on peut modifier à volonté la réaction des centres vaso-constricteurs en diminuant notablement leur excitation tonique, soit en enle- vant les deux hémisphères cérébrales, soit en narcotisant les animaux par du chloral et des substances analogues, soit enfin en mettant les animaux en état opnoétique. Cette première loi d'excitation ganglionnaire à donné lieu à une longue contestation de la part de Heibexaaix, qui ne s'y rallia qu'après une polémique de plusieurs années, par un tra- vail fait en 1876 avec Grirzxer. Bien plus, dans un travail ultérieur, fait avec Bousxorr (53, p. 113), Heipexuax à élargi la loi que Cvox avait appliquée uniquement aux cellules ganglion- naires cardiaques et vaso-motrices, en démontrant qu'elle est également valable pour les cellules de la substance corticale du cerveau, qui préside aux mouvements des muscles volontaires du corps. Les récentes recherches de SaerriNGrTon et HerixG, sur linhibition des museles volontaires, ont pour pour point de départ des phénomènes analogues. Tout récemment les nombreuses recherches sur les poisons physiologiques du cœur ont amené Cyox à formuler deux nou- 198 LES NERFS DU CŒUR velles lois de l'excitation des cellules ganglionnaires : 1) les substances et les agents (thermiques où mécaniques), agissant normalement dans l'organisme, qui sont à même d'exciter ou d'inhiber les terminaisons centrales des nerfs du cœur, influen- cent d'une manière identique les terminaisons périphériques des mêmes nerfs. 2) les substances et les agents (thermiques ou mé- caniques) qui agissent comme exeilants sur les nerfs et gan- glions accélérateurs, produisent un effet opposé sur les nerfs et ganglions inhibiteurs. Dans le chapitre suivant nous revien- drons sur la portée de cette dernière loi pour la théorie d’inner- vation du cœur; rappelons seulement que ces lois avaient été déduites aussi bien de l'ensemble des nombreuses expériences sur les substances actives des glandes thyroïdes, de l'hypophyse et des capsules surrénales, que des recherches plus anciennes sur l'action que les variations des températures, les gaz du sang et les modifications de la pression sanguine, exercent sur les terminaisons périphériques et centrales des nerfs cardiaques. Nous avons déjà exposé plus haut l’action de la variation des températures sur les terminaisons périphériques des nerfs pneu- mogastriques. Les recherches exécutées par Cxox en 1873 (258) sur les centres pneumogastriques situés dans la moelle allon- gée, avaient établi que ces cellules ganglionnaires réagissent sous l’action de brusques variations de la température chez les animaux à sang chaud exactement de la même manière que les terminaisons périphériques des mêmes nerfs chez la gre- nouille. Ces recherches furent exécutées à l’aide de sa méthode établissant la circulation artificielle dans la cavité crânienne. Les brusques variations de la température ascendante et descendante s'obtenaient par le changement instantané des récipients, con- tenant du sang diversement tempéré, destiné à la circulation. Nous avons déjà exposé plus haut les recherches de Cyox rela- tivement à l'action des gaz du sang sur le système nerveux intracardiaque, recherches dont les résultats furent confirmés depuis par plusieurs savants, notamment par Hyaczuar OEnrwaL. On savait, par les expériences de Trause, que l'acide carbo- nique agit dans un sens identique sur les centres nerveux des INFLUENCES ET LOIS DES NERFS CARDIAQUES 199 pneumogastriques. Cox, étudiant l'action des mêmes gaz sur les terminaisons centrales des pneumogastriques et des accélé- aleurs, à en grande partie confirmé que si CO* est un excitant pour les terminaisons centrales et périphériques des premiers de ces nerfs, O agit dans le sens identique sur les nerfs accélé- rateurs. De l'étude de l'influence que les variations de la pression | exercent sur les terminaisons des mêmes nerfs, il résulle, comme nous l'avons dit plus haut que les variations ascendantes excitent le plus souvent les terminaisons périphériques et cen- rales des nerfs modérateurs, tandis que les varialions descen- trales d Î lérate land » | l | dantes produisent un effet analogue sur celles des accélérateurs. O es exceplions à cette règle générale dépendent soit d'actions E { tte règle g le d lent t d'act propres des substances qui produisent ces variations, soit d'un état particulier du système nerveux cardiaque. At: À 2 L'LNSES TL EI nife ten, «ir cdares 7 tt le . eo ù LS. L L2 p | SALUT L AA, re, à N°! LE " , 1 LEUR. à f. Er L æ . LE [ è . A dt, es 4 La Le : = : £ e — wiu a fran 4 TER TER CHAPITRE V THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR S 1. MYOGÈNE OU NEUROGÈNE ? Nous avons analysé les mécanismes automatiques et régula- teurs, connus jusqu à ce Jour, qui permettent au cœur de rem- plhir sa fonction vitale avec une perfection sans pareille. Depuis qu'au commencement de ce siècle la doctrine de Gaziex et de HALLER, qui considéraient le cœur comme indépendant du système nerveux, a été ébranlée jusque dans ses fondements par les travaux de LEecazcois, de nombreuses découvertes scienti- fiques, mettant à la disposition de l'expérimentateur des méthodes d'une précision irréprochable, ont rendu possible une étude plus approfondie des mécanismes nerveux extra et intra- cardiaques. La découverte des ganglions du cœur (Reuak, LuowiG, Binper) et de leur mode de fonctionnement (Vorkmaxx, Sraxxius), la découverte des fonctions inhibitrices des pneumo- gastriques (frères Weger), celle des nerfs vaso-moteurs (CLAUDE BerxarD, Scuirr), du nerf dépresseur (Cox et LupwiG), des nerfs accélérateurs (E. et M. Cxox) ont créé des bases solides et iné- branlables pour la théorie de l'innervation du cœur. Le retour aux idées de GaLiEx, qui se manifeste dans les recherches de plusieurs physiologistes contemporains, ne peut être considéré que comme un mouvement passager el sans avenir. Nous disons « retour aux idées de Gariex » et non à celles de Harrer, car, ainsi que nous l'avons fait remarquer plus haut ‘eh. n,$ 4), le grand physiologiste du xvur* siècle reconnaissait aux nerfs 202 LES NERFS DU CŒUR du cœur une part dans l'entretien de l'excitabilité du muscle cardiaque. Or, les jeunes protagonistes des théories myogènes S'efforcaient d'enlever au système ganglionnaire et nerveux du cœur la part considérable et déterminante qu'il exerce dans le fonctionnement et la régulation de son mécanisme. Cette élite de nos organes cellulaires ne Jouerait qu'un rôle tout à fait secondaire, presque celui de parasites inutiles, dans le cœur. Les fibres musculaires qui, jusqu'à présent, n'étaient considé- rées que comme les producteurs du travail mécanique dans l'organisme, en quelque sorte comme la machine produisant la force motrice, seraient chargées elles-mêmes de remplir les fonclions régulatrices et réparatrices du cœur; c'est d'elles que parliraient les exciltations, ce sont elles qui conduiraient ces excilations, les subiraient et ÿ répondraient par des contrac- Uions rythmiques. L'irritabilité, lautomatisme, la rythmicité apparliendraient en propre aux cellules musculaires. Pour ce qui est des ganglions de Revak, de LunwiG, de Binper et autres, de ces nombreux nerfs aux ramifications multiples, de ces plexus à mailles étroites qui forment autour des fibres muscu- laires un réseau si serré, pour ce qui est même des terminai- sons nerveuses de ces fibres, peu s’en fallait qu'on ne regardât leur présence dans le cœur comme une gêne pour l'exereice des facultés merveilleuses, des capacités innombrables, dont les cellules musculaires du cœur seraient douées depuis les pre- mières heures de la vie embryonnaire! Pendant quinze ans quelques physiologistes s'étaient appliqués avec énergie et per- sistance à rechercher des preuves expérimentales quelconques à l'appui de cette conception bizarre du fonctionnement du cœur et, chose à peine croyable, la stérilité absolue de leurs efforts ne décourageait nullement les adeptes de cette théorie. I y a quelques années, un semblant de preuves parut enfin récom- penser tant de zèle, Nous parlons des recherches de His jr. sur les contractions rythmiques du cœur des poulets, dès les pre- miers Jours de leur vie embryonnaire, quand on ne réussit pas encore à constater la présence d'aucun élément nerveux dans ses parois. Nous verrons tout de suite le peu de valeur de cette THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 203 constatation négative; elle fut néanmoins le point de départ d'une transformation complète de la théorie myogène. Ke croyant sûrs de leur triomphe, les partisans de cette théorie sont arrivés à dénier au système nerveux cardiaque, à ces admirables mécanismes régulateurs, dont nous venons de décrire ici le fonctionnement, tout rôle physiologique. Quelques myogénistes plus généreux voulaient bien accorder à ces nerfs, pourtant en grande partie centrifuges, le rôle un peu effacé des nerfs sensibles. Ces exagéralions auraient dû suflire pour prouver linanité de toutes les théories par la démonstration ad absurdum. Il n'en élait rien pourtant. Par son apparente simplicité la théorie myogène continuait à se maintenir et même à gagner beaucoup de partisans, surtout dans le monde des cliniciens, et cela au grand détriment des malades cardiaques. La théorie était en effet très séduisante pour les médecins : du moment que tous les fonctionnements du cœur reposaient sur les vertus extraor- dinaires de la simple fibre musculaire, il devenait oiseux de s'adonuer aux études difficiles du système nerveux cardiaque. La pathologie des maladies du cœur, à part quelques affections valvulaires, se réduisait à une seule maladie : la myocardite. La thérapeutique de ces mêmes maladies se simplifiait égale- ment; du moment qu'il ne s'agissait que d'un muscle, il suffi- sait de recourir à la gymnastique musculaire et à d’autres exer- cices destinés à forlifier les muscles cardiaques. Le meurtrier système d'Orrrez et bien d'autres furent les fruits funestes de cette simplification. Aussi longtemps que les sévices, exercés par la théorie myo- gène, restaient limités aux laboratoires, les autres physiolo- eistes, demeuraient fidèles à la théorie neurogène, telle qu'elle fut créée par le milieu du siècle passé, par les grands maitres de notre science, tels que les frères Weger, Vorkuaxx, LübwiG, CLaupe Berxarb, et autres, pour ne parler que des morts, l'avaient établie, se contentaient de regretter la confusion créée dans des chapitres établis de la physiologie expérimentale. En présence de la tournure nouvelle prise par lhypothèse 204 LES NERFS DU CŒUR depuis les recherches de His, Rouserc, Kreu et autres, tour- nure qui en faisait presque un véritable danger, grâce à la faveur qu'elle gagnait dans le monde des cliniciens, les neurogénistes entamèrent une campagne contre les entrainements de la nou- velle école : elle fut courte et décisive. De nouvelles recher- ches expérimentales ont fourni des preuves irrécusables de l'inanité de l'hypothèse myogène ; elles ont élargi et consolidé les bases de la théorie neurogène de manière à la mettre désor- mais à l'abri de loute contestalion. Aussi vit-on bientôt le représentant principal de la théorie myogène, ExGeLMaANx, faire volle-face {v. plus loin p. 222). D'autres se sont convertis plus ou moins ouvertement. Il ya des errements scientifiques, qu'il ne suffit pas de réfu- ter ; il faut encore rendre leur retour impossible, C'est pour- quoi je crois utile de reproduire ici les principaux arguments apportés pour et contre la théorie myogène dans la controverse de ces dernières années. Les expériences décisives, qui ent rendu cette hypothèse dorénavant insouteuable, viendront ensuite (v. $ 8). Les arguments sur lesquels on s'appuyait pour atlibuer une origine myogène au rythme et à l’automacité du cœur élaient de natures diverses : les principaux furent empruntés à l’em- bryologie et à l'anatomie comparée; les autres reposaient sur. des faits de pharmacologie et de physiologie expérimentale. 2. ARGUMENTATION BASÉE SUR L'EMBRYOLOGIE ET L'ANATOMIE AN COMPARÉE. Le point culminant de ces arguments est le fait que le cœur commence à se contracter d’une manière rythmique dès les : premiers Jours de la vie embryonnaire, quand on ne réussit pas encore à constater la présence d'éléments nerveux dans ses parois (His jun... Ce qui ôte à ce fait un peu de sa signification au point de vue de la théorie myogène, c'est cet autre fait, connu THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 205 depuis bien longtemps (Ecknarp, Prever el autres), que cer- laines contraclions cardiaques d’un embryon commencent aussi avant la formation des cellules musculaires. Si le premier fait pouvait ètre invoqué contre l’origine nerveuse des contractions cardiaques chez les adultes, le second devrait l'être avec un droit égal, et nous amènerait à cette seconde conclusion : l’origine des contractions cardiaques des adultes ne réside pas non plus dans les fibres musculaires. L'étrangeté de ces conclu- sions démontre en réalité que des manifestations premières de la vie embryonnaire on ne peut rien induire, en aucun sens, relativement aux fonctions vitales chez les adultes. Nous igno- rons à peu près tout sur l'origine et la nature des forces inhé- rentes aux embryons dans le premier stade de leur développe- ment. Ce serait donc un étrange raisonnement que celui, qui de notre impuissance à reconnaitre cette origine à l’aide de nos moyens d'investigation actuels, conclurait à l'inanité de toutes. les données physiologiques acquises sur la vie des adultes. A l'état de germes embryonnaires, le cerveau d'un futur Shake- speare et celui d'un candidat à l'imbécillité ne présentent point à l'observateur de différences matérielles accessibles à ses organes des sens ; mais l'insuffisance de ces organes ou de nos instru- ments d'optique ne nous autorise nullement à conclure que ces germes sont identiques ou qu'en réalité les qualités des deux cerveaux ne diffèrent en rien. De pareils arguments tirés de notre ignorance des condi- tions de la vie embryonnaire sont d'une faiblesse qui saute aux yeux. Aussi a-t-on cherché à étayer la thèse myogène sur des faits positifs puisés dans le développement embryonnaire, Ainsi His jeune el RomeerG croient avoir trouvé, dans le dévelop- pement des ganglions sympathiques, une preuve irréfutable que les cellules ganglionnaires du cœur ne sont que des organes de sensibilité. En effet, en 1850, Küziiker avait attiré l'attention sur les ressemblances de structure entre les ganglions spinaux et les ganglions sympathiques. Il avait alors émis l'hypothèse que ces derniers descendent des premiers ; Oxopr parait avoir prouvé dernièrement celte descendance. « Les ganglions svm- 206 LES NERFS DU CŒUR pathiques, écrit His, appartiennent par conséquent, d'après leur développement embryonnaire, au domaine des racines postérieures. Toutes les fibres nerveuses de ces racines, leurs cellules ganglionnaires, leurs terminaisons sont, d'après lopi- nion générale, sensibles. Donc les ganglions sympathiques doi- vent appartenir au système sensible (p. 4). » « Nos recherches sur la structure intime des ganglions cardiaques ne sont pas encore achevées. Zl est à supposer que ces ganglions se com- portent comme les ganglions sympathiques dontils descendent... Le principal résultat de nos recherches est que les ganglions sont loujours sympathiques... Done les ganglions du cœur sont aussi sensibles. Ils ne peuvent pas avoir en même temps de fonctions motrices. » Voilà le raisonnement qui sert de base principale aux preuves embryologiques de l’origine myogène des contractions cardiaques chez les adultes. En raisonnant de la mème manière on prou- verait avec autant de raison que tous les nerfs sensibles qui passent par les racines postérieures, ainsi que les ganglions spinaux, sont « des nerfs moteurs el ne peuvent pas avoir en même temps de fonctions sensibles ». En effet, le grand sym- pathique contient des nerfs et des ganglions vaso-moteurs el, en général, des nerfs moteurs pour les muscles lisses. Ces nerfs el ces ganglions descendent des ganglions spinaux et du domaine des racines postérieures, donc les nerfs sensibles sont des nerfs vaso-moleurs, ele. On pourrait aller loin, si l’on accordait à des raisonnements de ce genre une valeur probante en matière scientifique. Aussi quel contresens que de prendre pour des nerfs centripèles les nerfs accélérateurs et les nerfs inhibiteurs ! KroNEcKER à déja justement relevé Île caractère arbi- traire de pareilles preuves. Etil ajoute avec raison que les tra- vaux de Gusrar Rerzius (263), une des premières autorités dans le domaine de lembryologie et de lhistologie du système nerveux, établissent que « le type des cellules ganglionnaires (du cœur) ressemble d'une manière frappante à celui des grandes cellules ganglionnaires des organes centraux par exemple, celui des cornes antérieures de la moelle épinière ». Les preuves histo- THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 207 logiques négatives ont d'ailleurs peu de valeur. L'impossibilité de démontrer jusqu'à présent l'existence de fibres nerveuses dans les cœurs des embryons ne prouve nullement leur absence. Bien plus, His jeune et RouserG émettent cette étrange opinion que la présence mème des éléments nerveux dans le cœur n'est dû qu'à ce hasard(! que quelques ganglions spinaux avaient pen- dant leur migration rencontré fortuilement quelques obstacles qui les foreèrent d'entrer dans le muscle cardiaque. Hexsex n'a jamais voulu admettre la théorie de la pénétration des fibres nerveuses formées ailleurs dans les tissus embryonnaires. Les belles découvertes récentes d'Araruy prouvent mieux en- core à quel point il faut èlre circonspect dans des conclusions basées sur des données histologiques négatives. N'a-til pas réussi à démontrer l'existence de fibres nerveuses même dans les cellules vibratiles, qu'on considérait jusqu'à présent comme susceptibles de se mouvoir à l'aide des seules propriétés de leur tissu, sans aucune intervention nerveuse ? Plus sérieux en apparence sont les arguments tirés de Fanatomie comparée. Mais là aussi l'argumentation porte à faux. Certes, l'étude des fonctions chez les animaux inférieurs peut être d'une grande utilité pour la physiologie. Mais elle risquerait aussi de devenir une dangereuse source d'erreurs, si on voulait simplement appliquer aux vertébrés supérieurs, et surtout à l'homme, les résultats d'observations faites sur des êtres occupant un degré infiniment plus bas de l'échelle z0olo- gique. « L'étude des êtres inférieurs est surtout utile à la physiologie, a dit avec raison Ccaupe BErxarDb, parce que chez eux la vie existe à l'état de nudité, pour ainsi dire. » Elle nous permet de remonter des fonctions simples aux fonctions plus compliquées, mais ne nous donne pas le droit de conclure à l'identité de deux phénomènes qui ne présentent que des analogies. Les animaux d'une différencialion supérieure ont besoin d'organes autrement compliqués que ceux dont la vie se réduit à quelques processus presque exclusivement végéla- tifs. De ce que certaines propriétés des tissus peuvent suflire à l'exercice d'une fonction simple chez ces dernières, il ne s'en- 208 LES NERFS DU CŒUR suit nullement qu'elles soient sullisantes chez les animaux supérieurs où les fonelions sont infiniment plus compliquées. Ainsi que le fait justement remarquer Kroxecker, la propaga- tion de l'excitation et du mouvement dans les plantes n’est pas sans offrir des analogies avec certains phénomènes du fonction- nement cardiaque. On constate dans les plantes de la structure mème la plus élémentaire une tendance à une division de travail en diverses parlies. Dans les végétaux plus développés, celle division du travail est déjà beaucoup plus nellement pronon- cée ; ainsi, par exemple, lexcitalion à lieu dans une partie dif- férente de celle où se produit le mouvement. Quoi d'étonnant que chez des animaux celle division s'opère d’une manière bien plus tranchée ? La faculté rythmique du musele cardiaque, qui peut suffire à la foncüion rudimentaire d'un cœur de mollusque, sera abso- lument insuffisante chez un vertébré où la tâche mécanique du cœur, autrement compliquée, nécessite l'intervention des nerfs et des cellules ganglionnaires. Vouloir attribuer aux muscles cardiaques seuls l’automatisme et la rythmicité des mouvements du cœur, même chez les vertébrés, cela était très compréhensible à une époque où on ne connaissait que très vague- ment l'existence des nerfs extracardiaques et où le système nerveux intracardiaque élait totalement inconnu. Croit-on que Gaziex où Hazrer auraient un seul instant hésité à admettre le rôle prédominant que joue ce système dans la production des mouvements cardiaques, s'ils avaient possédé les données ana- lomiques et physiologiques découvertes dans le courant de ce siècle? Il est permis d'en douter. sa ARGUMENTS PHARMACOLOGIQUES. Quels sont les arguments que les expériences physiologiques sur le cœur des animaux vertébrés fournissent aux partissans de l'origine myogène des contractions cardiaques? On peut les THÉORIES DE LINNERVATION DU CŒUR 209 diviser en deux groupes : 1° Ceux qui se fondent sur certains effets des poisons cardiaques; 2° ceux qui sont tirés des expé- riences sur les parties du cœur qu'on suppose privées de cel- lules ganglionnaires. Parmi les poisons, ceux dont l’action à la plus grande portée théorique se trouvent l'atropine, la muscarine et la nicotine. Nous laisserons de côté Les expérientes contradictoires faites avec plusieurs poisons cardiaques sur des cœurs embryon- naires. Outre qu'elles ne peuvent avoir qu'une valeur très rela- üive pour la physiologie du cœur des adultes, elles sont, sur les points principaux en flagrant désaccord les unes avec les autres. Il suflit d'opposer aux expériences si concluantes exécu- tées par Pickerixé (265) avec la muscarine et l'atropine sur des cœurs très jeunes, entre le cinquième et le onzième jour de la vie embryonnaire, à celles faites par Borazzi sur des cœurs dgés de quatorze à dix-neuf jours, pour se convaincre qu'on ne peut accepter sans les plus expresses réserves les preuves fournies par les études toxicologiques sur des cœurs embryonnaires en faveur des théories myogènes. Quant aux expériences sur les cœurs adultes, rappelons que le pharmacologiste qui a le premier étudié l'action de l’atropine et de la muscarine à l'aide des méthodes les plus précises fournies par la physiologie, ScamiepeserG (266), a conclu sans hésitation en faveur de l'action antagoniste de ces deux poisons sur les terminaisons nerveuses et les cellules ganglionnaires. Ce sont justement des études faites dans le laboratoire de LunwiG sur l'action si intéressante de ces toxiques, qui lui ont permis de construire son schéma théorique de l'action nerveuse et gan- glionnaire du cœur, lequel, aujourd'hui encore, répond assez exactement aux exigences d’une grande partie des données physiologiques. Il est vrai que GaskeLL (26), l'inventeur de la théorie myogène du rythme cardiaque, a émis une hypothèse opposée aux con- clusions de ScamieDeserG. Pour lui, la muscarine n'exerce pas une action excitante sur le mécanisme inhibilolre, mais une action paralysante sur l'activité motrice des fibres musculaires DE Cxox. 14 210 LES NERFS DU CŒUR cardiaques, dont l'atropine, au contraire, augmente la force et la conductibilité. Basée, comme les expériences de SCHMIEDEBERG, sur des observations faites sur des cœurs de grenouilles et de tortues, l'hypothèse de Gaskezz est surtout en contradiction flagrante avec les résultats obtenus récemment chez les mam- mifères. La question controvefsée, de savoir si ces poisons cardiaques opèrent sur les terminaisons des nerfs ou sur les muscles, vient, en effet, d'èlre tranchée en faveur de la première solu- lion par les expériences de Cxox relatées dans les pages précé- dentes, IT résulte de ses recherches que liodothyrine, les extraits de l'hypophyse et ceux des capsules surrénales exercent une action spécifique sur le système nerveux cardiaque. Les deux premières substances augmentent les forces fonctionnelles des pneumogastriques et des dépresseurs et diminuent celles des nerfs accélérateurs et de leurs terminaisons. L'extrait des capsules surrénales agit inversement : il augmente l’action des accéléra- teurs et paralyse celle des pneumogastriques et des dépresseurs. Or tous les poisons précités agissent dans un sens identique sur les terminaisons centrales el périphériques de ces nerfs: leur action se produit donc sur des éléments nerveux el non muscu- laires. La même conclusion ressort également du fait que ces poisons agissent en mème lemps et dans le même sens sur les fibres modératrices du cœur que sur les nerfs dépresseurs : 0r ces derniers nerfs n'ont que des centres ganglionnaires. I y a plus: des recherches de Cow, il résulte également que ces poisons physiologiques sont des antagonistes de certains poisons extérieurs du cœur. Ainsi l'iodothyrine et l'hypophysine paralysent l'action de l'atropine et augmentent celle de la mus- carine ; l'extrait des capsules surrénales est un antagoniste de la muscarine et opère dans le même sens que l’atropine. Ces poisons extérieurs du cœur agissent donc sur les mêmes parties des ner's cardiaques, c'est-à-dire sur leurs terminaisons. Bien plus, #/s agissent aussi dans le méme sens sur le nerf dépresseur que sur le pneumogastrique. | Il résulte donc à l'évidence de ces recherches que, contrai- THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 211 rement à la thèse de Gaskezz, latropine paralyse les Lerminai- sons nerveuses des pneumogastriques el excile celles des accé- lérateurs ; elle diminue la force des battements du cœur en augmentant leur fréquence. La muscarine, au contraire, exeite les premières et par cela même paralyse les dernières; elle augmente l'amplitude des contractions cardiaques et diminue leur fréquence. Pour s'en convaincre de visu, 11 suffit de regar- der les quelques graphiques que nous reproduisons plus haut page 180. Les fig. 34, 35 el 36 montrent l’action de latropine sur les pulsalions renforcées produites par lhypophyse. Voir aussi plus haut les fig. 37 et 38 montrant l’action de la mus- carine après l'augmentation de la pression par lextrait sur- rénal ou après l'excitation du pneumogastrique. Ainsi donc les arguments pharmacologiques qu'on voulait lirer de l'action de l’atropine et de la muscarine se retournent contre la théorie myogène. Les faits expérimentaux les plus récents confirment el élargissent considérablement les conclu- sions que SCHMIEDEBERG avait lirées de prime abord de l'étude de ces poisons ; celles-ci parlent nettement en faveur de l'origine neurogène des contractions des muscles cardiaques. La con- naissance des poisons physiologiques du cœur à apporté à l'appui de cette théorie un supplément de preuves d'un ordre analogue, que nous considérons comme irréfutables. £n effet, le rôle si considérable de ces poisons dans le fonctionnement régulier du cœur devient, par le fait méme qu'ils le remplissent par l'intermédiaire des éléments nerveux, une démonstration éclatante que le fonctionnement de cet organe est sous la dépen- dance absolue de son système nerveux et ganglionnaire. Les lois de l'excitation ganglionnaire exposées dans le cha- pitre précédent, surtout les deux dernières lois, ainsi que les observalions dont elles découlent, sont absolument irréconci- liables avec les bases de la théorie myogène. En effet, comment expliquer que certaines substances, qui exercent une action spécifique sur les terminaisons cérébrales des nerfs cardiaques, agissent identiquement de la même manière sur leurs terminaisons dans le cœur lui-même ? 212 LES NERFS DU CŒUR On ne pourrait pas, dans le cas donné, tourner la difficulté, comme on l'avait fait à plusieurs reprises, en émettant la supposition, d'ailleurs inadmissible, que les cellules muscu- laires du cœur possèdent les mêmes propriétés que les cellules ganglionnaires. Un fait resterait toujours inexplicable, c'est que la même substance puisse exercer en même temps deux influences opposées sur la même cellule musculaire. En un mot, les faits tirés des observations pharmacologiques, qu'on voulait utiliser à l'appui de la thèse myogène, en consti- tueraient la réfutation la plus péremptoire. $ 4. ARGUMENTS D'ORDRE PHYSIOLOGIQUE. Il nous reste encore quelques mots à dire des arguments empruntés à l’expérimentation physiologique sur le cœur. De nombreuses études faites à ce sujet nous ne relèverons que les principaux résultats qui ont été utilisés en faveur de la théo- rie myogène. Tous les observateurs, quelque théorie qu'ils professent sur la contraction cardiaque, s'accordent à reconnaître que c’est dans le sinus veineux (ou plus haut encore) qu'il faut chercher le point de départ de ces mouvements. Les divergences commen- cent lorsqu'il s'agit de préciser les voies par lesquelles les con- tractions du sinus se propagent depuis cette partie du cœur jusqu'aux ventricules. Pour les partisans de la théorie myogène, la propagation ne s'opère nullement par les voies nerveuses et ganglionnaires, mais elle s'effectue directement de cellule musculaire à cellule musculaire. ENGELMANX (268) émit le premier cette opinion en se fondant principalement sur ce fait, signalé en 1874 par Ficx (269), que le sectionnement en zigzags des parois ventriculaires n’em- pèche pas la contraction intégrale du ventricule. Or, au moment où ExGELMaNx répétait l'expérience de Ficx (1875), on ne con- naissait pas encore l'existence des filets nerveux à mailles très THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 213 étroites, qui pénètrent le cœur dans tous les sens et entourent toutes les cellules musculaires ; ce fut Raxvier qui donna, en 1880, la première description de ce réseau (10) dont la présence a été pleinement confirmée (voir plus haut p. 91) par les recherches postérieures de Heymaxs et Demoon (270), exécutées avec les méthodes de Gor&r. On ignorait également, à l'époque où ENGELMaANX émit son hypothèse, par quelles voies muscu- laires Ia {transmission pouvait s'opérer des oreillettes aux ven- tricules, les fibres musculaires de ces deux parties du cœur paraissant complètement indépendantes. Il y avait là une difi- eulté d'autant plus grande que, d'autre part, on était depuis longtemps fixé sur l'existence de fibres nerveuses passant des oreillettes aux ventricules. Depuis, il est vrai, PaLapiNo, GASKELL, His jeune et autres ont découvert quelques petits faisceaux musculaires qui relieraient les premières aux secondes. Mais ces quelques faisceaux pouvaient-ils être sérieusement considérés comme suffisants pour transmettre l'excitation des oreillettes à toutes les cellules musculaires des ventricules ? Si ces faisceaux jouaient réellement le rôle, si important, que la théorie myogène leur attribue, leur section devrait suffire pour arrêter les con- tractures des ventricules. Or, tel n'est pas le cas. La démonstration de Raxvier et autres de filets nerveux pourvus d'innombrables anastomoses enlevait d'ailleurs tout prétexte d'expliquer le phénomène à zigzags de Fick par la voie musculaire ; elle rendait par conséquent l'hypothèse d'ExceL- MANN au moins superflue. oument en faveur de la trans- On chercha done un autre arg mission par les voies musculaires. ExGezmaxx (271) mesura la vitesse avec laquelle l’excitalion se propage à travers les parois des oreillettes de la grenouille, et, l'ayant trouvée de beaucoup inférieure à la vitesse de la propagation dans les nerfs moteurs du même animal, il en conclut que les muscles seuls peuvent transmettre l'excitation aussi lentement. Comme le remarque jus- tement KroxEeCKkER (262, p. 53), cette conclusion n'est nullement forcée, puisque l’on « connait, par exemple, une conductibilité nerveuse bien plus lente encore dans les voies de la dégluli- 214 LES NERFS DD CŒUR ion ». La lenteur de la conductibilité dans les expériences d'ExGesmanx lient d'ailleurs à bien d’autres causes. Lui-même reconnait qu'elle était fort au-dessous de la conduetibilité nor- male. Le fait est que la vitesse de Ta propagation à été mesurée sur des cœurs suspendus, dont la vitalité n'était pas entretenue par une cireulalion artificielle. Ces cœurs étaient donc en étal d'asphyxie où d'anémie : « Dans des conditions normales, reconnait lui-même ExGezmanx, la vitesse de propagation de l'excitation dans le cœur est si grande que toutes les parties du cœur semblent se contracter simultanément (271, p. 479). » Wazer et Rein ont trouvé, pour les cœurs de mammifères frai- chement séparés du corps, une vitesse de 8 mètres par seconde. (Celle qu'ExGecmanx a constatée chez les grenouilles était de 30 millimètres environ par seconde.) Rien ne prouve, d'ailleurs, que dans les expériences d'Ex- GELMANX l'excitation se soit propagée directement par les fibres nerveuses sans passer par les cellules ganglionnaires. Et dans ce dernier cas, le plus probable, la vitesse de la propagation devait forcément être très ralentie. Cox ‘273) et autres ont montré que dans la moelle épinière des grenouilles cette vitesse est de beaucoup moindre que dans le tronc nerveux : 1 à 3 mètre par seconde, précisément parce que l'excitation passe à travers des cellules ganglionnaires. Kaiser 274) a, entre autres, attiré l'attention sur une cause d'erreur dans la méthode employée par ExGELuaNX pour mesurer la vitesse de propagation. « Déduire la vitesse de propagation des différences de durée entre les phases latentes n’est pas un procédé applicable au cœur, parce que celte durée subit des varialions bien plus considérables par suite des changements dans lexcitabilité des points excités que par suite de leur distance des ventricules (p. #4). » En un mot, il n'existe aucune raison sérieuse d'admettre que le muscle cardiaque constitue une exception, en ce sens que ses libres transmettent aux diverses parties du cœur les excitations qui les mettent en activité. Par contre, d'autres recherches, exécutées dans le même a Rat dns 2 THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 715 ordre d'idées, ont mis en lumière un fait qui peut être considéré à juste titre comme une réfutation de la propagation de l'exei- lation par le muscle cardiaque, cette base indispensable de toute théorie myogène. Nous avons déjà mentionné plus haut l'observation faite par de nombreux auteurs que les ventricules peuvent continuer leurs mouvements, les oreillettes restant dans le repos absolu. Récemment Kxozz (voir plus haut, ch. 1, ST à observé ce fait pendant certaines excilations des pneumogastri- ques. ExGeLManx à lui-même constaté que l'excitation de l'oreil- lette dans le voisinage du sinus provoque les contractions du ventricule, tandis que l'oreillette reste absolument immobile. Tout dernièrement encore, le même phénomène a été confirmé ), également partisan de la théorie myogène. par Horruaxx (275 Dans ces divers cas, les plus minutieuses investigations n'ont pas réussi à découvrir la moindre trace d’un changement de forme de l'oreillette. ExGezmanx cherche à désarmer lobjection qui résulte de ce fait, en supposant, ou qu'il existe des contrac- tions invisibles, ou que la contraction et la propagation de l'exei- tation à l’intérieur de la fibre musculaire sont deux processus complètement indépendants l'un de l'autre. Ilest à peine néces- saire d'indiquer à quel point les deux suppositions sont arbi- lraires et invraisemblables. C’est, d’ailleurs, un des traits caractéristiques de la théorie myogène, que pour expliquer les faits incontestables qui la contredisent, elle n'hésite pas à mul- tiphier à l'infini les conjectures gratuites et à doter les cellules musculaires des propriétés les plus multiples. Nous rappellerons seulement l'hypothèse de la conduetibilité « irréciproque » de la fibre musculaire pour rendre compte des mouvements anti- péristaltiques du muscle cardiaque. Tout récemment Nanixe Lomarixe a publié dans sa thèse les résultats des expériences faites sous la direction de Kroxecker (276) qui constituent dans le mème ordre d'idées une preuve éclatante que la transmission des excitations normales s'opère dans le cœur par voie nerveuse, la ligature d’un des nerfs cardiaques visibles à l'œil nu sur la surface du cœur suffit pour meltre en désaccord le rythme des contractions des oreillettes et des ventricules. Souvent les 216 LES NERFS DU CŒUR oreillettes restent en diastole pendant que les ventricules con- tinuent leurs pulsations. Nous arrivons enfin au dernier ordre de faits physiologiques qui seul donne, en apparence au moins, quelque raison d’être à la théorie myogène. Nous parlons des expériences faites sur la pointe du cœur, c'est-à-dire sur la partie inférieure du ventri- cule, dans laquelle les recherches histologiques n'ont pas réussi jusqu'à présent à découvrir l'existence des cellules ganglion- naires, au moins en groupes ou en nombres. Celte pointe peut néanmoins, comme l'a démontré pour la première fois Merc- xowicz, se contracter d'une manière rythmique dans certaines conditions déterminées. Avant tout, il importe de poser la question suivante : quelle pourrait bien être la destination physiologique des ganglions cardiaques dans cette partie du ventricule? Il serait difficile de répondre d'une manière satisfaisante à pareille question, à moins qu'on ne veuille admettre que ces ganglions soient placés dans les parois de la pointe du cœur afin de servir d'argument contre l'origine myogène des battements du cœur! Heureusement les preuves contre cette théorie ne manquent pas, même parmi les observations faites sur la pointe du cœur. Quel est en réalité le phénomène dominant de ces observations? Que, séparée du reste du cœur, cette pointe demeure immobile et n’exécute sous l'influence des excitants isolés que des contractions isolées. Pas de trace d'automatisme. Si la pointe est à mème d'exécuter une série de contractions rythmiques, c'est seulement quand elle est influencée par des agents persistants, tels que le passage à tra- vers le muscle cardiaque d’un courant continu ou d’une solu- tion sanguine artificielle. D'après les recherches de GaskeLz, ce ne serait pas le passage de cette solution sanguine étrangère qui sert d'excitant (BERNSTEIN), mais la tension sous laquelle elle est introduite. Quoi qu'il en soit, BerNsTEIN a démontré qu'un cœur de grenouille laissé in situ, avec la pointe du ventricule séparée seulement par des pinces à branches rondes, continue à battre en dehors de celte pointe qui, elle, peut rester des journées et même des semaines entières sans exécuter une seule contraction. 2 THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 217 Loin donc de pouvoir ètre invoquées comme preuve de l’auto- matisme du muscle cardiaque, les expériences sur la pointe du cœur démontrent précisément l'absence de cette faculté. Mais, oppose-t-on, les contractions provoquées par des exci- lations continues sont souvent rythmiques. Ceci semblerait indiquer que les cellules musculaires possèdent au moins la rythmicité. Nullement, Pour que cette preuve fût suffisante, il faudrait que la pointe du cœur fût entièrement libre de filets nerveux, de gonflements à noyaux, lesquels se trouvent en si grand nombre à l'intersection des anastomoses nerveuses ; enfin qu'elle fùt même privée de terminaisons nerveuses. Ces dernières, qu'on néglige à tort dans la discussion, pourraient parfaitement jouer le rôle d'organes centraux analogues aux cellules ganglionnaires. ENGELMANX à réuni dans un chapitre spécial de son dernier travail toutes les recherches qui démon- trent « que, dans le cœur adulte des vertébrés, les fibres ner- veuses intracardiaques peuvent normalement produire les excitations motrices et servir ainsi de centres automatiques pour les mouvements cardiaques... Autant que je vois, con- clut-il, on pourrait concilier tous les faits concernant la pro- duction des excitalions dans le vertébré adulte avec l'origine neurogène des battements du cœur dans le sens indiqué ». II reconnait même que, dans le fonctionnement des nerfs extra- cardiaques et l’action de certains poisons du cœur, on pourrait trouver maint fait à l'appui de cette origine. « Mais, conclut-il, il n'est pas permis de donner dans toutes les circonstances la préférence à cette origine sur l'origine myogène des mouve- ments cardiaques. Déjà, parce qu'elle ne peut pas expliquer le mouvement des cœurs embryonnaires et d’autres cœurs qui contiennent des cellules musculaires, mais non des fibres ner- veuses.…. » (268, p. 562). Il ne s'agit done plus des cœurs adultes des vertébrés qui nous occupent aussi, mais des cœurs embryon- naires qui, dans les premières phases de leur action, n'ont aucune tâche mécanique à remplir, et de ceux des animaux inférieurs, dont la tâche est d’une simplicité élémentaire. Chez certains de ces animaux, la circulation s'accomplit, mème sans 218 LES NERFS DU CŒUR qu'ils possèdent un cœur, ce qui, du reste, n'autorise aucune conclusion contre l'utilité de cet organe. Les recherches expé- rimentales toutes récentes de Berue (204) basées en partie sur les remarquables {travaux histologiques d'Araruy (205) semblent démontrer d'une manière certaine la possibilité de produire des actes réflexes sans l'intervention des cellules qanglionnaires, uniquement à travers des réseaur nerveur. Ces réseaux si développés dans le muscle cardiaque du ventricule peuvent done se passer parfaitement des cellules ganglionnaires pour remplir leur rôle physiologique. Le muscle cardiaque n'est pas le seul susceptible d'exécuter des contractions rythmiques. Remak (277) a observé que le diaphragme, les parois musculaires des grandes artères, ete., se contractaient rythmiquement — souvent jusqu'à 48 heures après la mort — sous l'influence d’excilants extérieurs, et même parfois sans qu'une aclion semblable fût visible. Au même ordre de faits se rapportent les nombreuses observalions de Scuirr (278) el d’autres sur les mouvements rythmiques des muscles volontaires, après la section de leurs nerfs et la des- truction de la moelle épinière. De tous les faits sus-men- lionnés ne résulle pas encore la preuve que ces contrachons se produisent sans l'intervention des fibres nerveuses ou de leurs terminaisons. La dégénérescence de ces organes, avant- courrier de leur mort définitive, peut y provoquer des pro- cessus chimiques qui servent d'excilants. Il est aussi très pro- bable que la disparition des fibres inhibitoires favorise dans une large mesure l'apparition des mouvements en question (Kro- NECKER). L'excitation de ces nerfs produit, il est vrai, des con- tractions rythmiques ; mais cela peut tenir, soit à l'épuisement facile des nerfs et muscles privés de la nutrition habituelle, soit, aussi, pour les nerfs du diaphragme, du cœur, des artères, des pectoraux chez les oiseaux, ete., à l'habitude contractée pendant la vie d'exécuter des mouvements régulièrement inter- rompus par des intervalles de repos. Et c'est là un point capi- {al qui infirme en grande partie les preuves expérimentales de la théorie myogène : presque toutes ont été acquises par des GRAS ni Le Éd 0 ee À SR. 4 ie THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 219 recherches ‘sur des cœurs séparés du corps et chez lesquels la nutrilion normale n'avait pas été entretenue. Or, un fait essen- liel du fonctionnement du musele cardiaque est précisément celui que soutiennent Kroxecker el ses élèves, entre autres Mar- rius (279), à savoir que le muscle ne peut pas travailler en s'ali- mentant de sa propre substance, qu'il ne peut le faire qu'aux frais de liquides nutritifs extrinsèques. Les expériences exécutées sur des cœurs suspendus, morcelés, brûlés, sont faites en réa- lité sur des débris de cœur en pleine décomposition, et dont, par conséquent, les propriétés diffèrent considérablement de celles des cœurs vivants et normalement nourris. Rien donc ne permet d'appliquer à ces dernières les résultats d'observations faites sur les autres. C'est Justement afin de conserver aux organes isolés du corps leurs conditions vitales que Cvox et les autres élèves de Lupwic ont institué un ensemble de procédés destinés à y maintenir la circulation du sang. La théorie myogène rencontre, comme nous l'avons vu, les plus grandes diflicultés pour expliquer les manifestations les plus élémentaires de l'activité cardiaque, telles que, par exemple, la transmission de Fexcitation à travers les diverses parties du cœur, Elle devient tout à fait impuissante à inter- préler des phénomènes plus complexes du mécanisme cardiaque : ainsi, notamment, le synchronisme des contractions dans les deux moitiés du cœur et la régularité avec laquelle les contrac- tions des ventricules succèdent à celles des oreillettes sont des faits absolument rebelles à toute explication par la théorie myo- gène. Comment de simples cellules musculaires sauraient-elles coordonner leurs actions d’une manière si parfaite sans lin- tervention des fibres nerveuses et des cellules ganglionnaires, auxquelles cette lâche incombe dans le reste du corps? Les cellules musculaires posséderaient la rythmicité et même lau- tomalisme, qu'elles seraient encore incapables à elles seules de rendre les mouvements de deux moiliés du cœur synchroni- ques ou de décider les ventricules à se contracter après que les oreilletles ont terminé leur évolution. C'est avec raison que H.-E. HerixG (280) insiste dans son der- 22() LES NERFS DU CŒUR nier travail sur cette insurmontable difhculté. 1] attire, entre autres, l'attention sur un fait qui met à néant toutes les tenta- lives d'explication tirées du voisinage et du contact direct des parties du cœur en question. « La contraction des veines pré- cède toujours celles des oreillettes... » écrit-il. « Les veines caves et les veines pulmonaires sont si éloignées les unes des : autres que cette séparation locale rend incompréhensible com- ment les fibres musculaires pourraient amener les contractions simultanées de ces veines (p. 172). » Sans l'intervention des neurones la coordination des mouve- ments du muscle cardiaque serait donc une impossibilité absolue. Dans son premier travail sur le rôle du système ner- veux intracardiaque, Vozkmanx (14) s'est exprimé de la manière suivante: « Les ganglions avec les fibres nerveuses qui les relient forment un système complet, qui sert de base anatomique pour le principe coordinateur, grâce auquel les contractions des innombrables faisceaux musculaires se suivent dans un ordre combiné et conforme au but. » Depuis 65 ans que le rôle des centres nerveux et ganglionnaires du cœur a été ainsi for- mulé, rien n'est venu infirmer la justesse de ces paroles. Au contraire, les innombrables recherches effectuées depuis ce temps sur le fonctionnement du cœur n'ont fait que la con- lirmer. Les observations sur la pointe du cœur ont fait ressortir le rôle des filets nerveux dans la coordination des contractions cardiaques ; la découverte de l'action régulière des nerfs pneu- mogastriques et accélérateurs nous a appris comment les exei- tations extérieures interviennent dans le mécanisme de la coor- dination des mouvements cardiaques; mais la formule de VoLkmaxx n'a pas cessé d’être exacte. La suppression de l'action coordinatrice des centres nerveux provoque des contractions fibrillaires, le délire du cœur, comme dans l'expérience de KroneckEr et Scamey (281), dans le cas d'une embolie subite des artères coronaires, ete. Encore est-il certain que les contractions fibrillaires ne proviennent pas des excilations désordonnées qui frappent directement les fibres musculaires; autrement la {étanisation du cœur entier provo- él 2 THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 221 querail des contractions télaniques. Bien plus admissible semble l'explication donnée par Kroxecker, GLEY et autres, à savoir qu'elles sont provoquées par des excilalions nerveuses. La fibre musculaire du cœur est-elle en général susceptible de réagir à des excilalions mécaniques, électriques où chimiques en dehors de l'action intermédiaire des fibres nerveuses ? Cette question attend encore une solution définitive. Jusqu'à présent aucune preuve sérieuse n'a été fournie en faveur de l'excitabilité directe des fibres musculaires cardiaques. La théorie myogène manque done de première base, indispensable. L'exposé détaillé de la controverse sur la valeur de lhypo- thèse myogène s'est terminé, comme on à vu, par sa complète réfutation ; nous avons démontré que c'est dans les ganglions cardiaques que se trouve l'origine de lautomatisme du cœur, principalement dans les groupes de sinus véneux, découverts par Remak. En somme, l'ancienne formule de Volkmann, que nous venons de citer, a conservé toute sa validité el exprime le mieux la véritable solution du problème. Tous ceux qui pen- dant la seconde moitié du siècle passé avaient sérieusement étudié le fonctionnement du cœur sont restés fidèles à cette formule. Lax&exporre qui pendant quelque temps penchait vers lhypo- thèse myogène, vient de reconnaitre dans une longue étude « Der Herzmuskel und die intracardialen Nerven » (282) que la théorie neurogène, telle qu'elle fut formulée par Volkmann, répond bien mieux à nos connaissances acluelles de la physio- logie du cœur. La démonstration de linanité de l'hypothèse myogène n'ex- clut d'ailleurs nullement la nécessité pour les muscles car- diaques d'être doués de plusieurs propriétés particulières, que ne possèdent pas les autres muscles striés. Pour pouvoir exé- culer pendant toute la vie des contractions ininterrompues, pour pouvoir s'adapter aux innombrables influences de la vie orga- nique et obéir spontanément à toutes les excitations des nerfs extraintracardiaques, les muscles cardiaques doivent posséder des qualités vitales infiniment supérieures à celles des autres muscles. Si les admirateurs de la fibre musculaire cardiaque, 222 LES NERFS DU CŒUR au lieu de dépenser tant de recherches pour une vaine démons- lralion de Ta prétendue inulilité du système nerveux intracar- diaque, s'étaient appliqués à étudier les propriétés physiques et chimiques de ces fibres musculaires, nos connaissances sur son mélabolisme seraient certainement plus avancées. N D: La rexraTIVE D'ENGELMANN DE SAUVER L'HYPOTHÈSE MYOGÈNE EN LA COMBINANT AVEC LA THÉORIE NEUROGÈNE. Vers la fin de 1899 ExGezuaxx à publié une note préalable sur linnervalion du cœur, que nous reproduisons ici: « Les aclions que les nerfs exercent sur le cœur sont, d'après les expériences de l'auteur, extraordinairement variées el _com- pliquées : en appliquant au cœur de la grenouille des exei- lalions exclusivement réflexes et en se servant uniquement de la méthode de suspension, on a pu démontrer l'existence de quatre sortes d'actions fonctionnelles des nerfs : 1° changement de la fréquence des pulsations ; 2° de la grandeur et de la force des contractions cardiaques ; 3° de la conductibilité motrice ; de l'excitabilité artilicielle des parois cardiaques. Tous ces effets peuvent se manifester dans le sens positif et négatif, et inégalement dans les différentes parties du cœur... » (283). En un mot, lous les changements du fonctionnement du cœur qu'ExGezmanx en 1897 altribuait exclusivement aux propriétés de la fibre musculaire du cœur devaient, en 1899, être provoqués par les nerfs intracardiaques. À en juger par cette note préalable ExGezmaxx semblait donc retirer aux muscles cardiaques les quatre propriétés qu'il avait énumérées, et les rapporter sur les nerfs et les ganglions du cœur. Il paraissait, en effet, inad- missible qu'il voulût attribuer ces qualités aux nerfs, tout en les conservant à la fibre musculaire : la coexistence de mêmes propriétés d'excilabilité et de la faculté de modifier la force des battements, devait rendre impossible tout fonctionne- ment régulier du cœur. La publication détaillée des recherches THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 224 qui avaient amené ENGELMaANx à reporter sur les nerfs cardiaques les fonctions qui jusqu'alors étaient la propriété exclusive de la fibre musculaire, à paru dans le courant de l’année 1900 (284. Sans insister davantage sur la théorie myogène, ENGELMANX s'exprime ainsi sur la possibilité d'une pareille coexistence : « Celle théorie (la myogène) enseigne donc que la production des excitants automatiques du cœur et leur transmission ryth- mique dans les différentes parties du cœur s'accomplit normale- ment et constamment, par la substance musculaire exclusivement sans la coopération de ganglions et de nerfs cardiaques. » Dans une critique détaillée et très rigoureuse Cox a dé- montré qu'une pareille conception de l'activité du cœur est avant tout incompatible avec les faits les plus connus: elle devrait, en outre, si on voulait l'appliquer sérieusement au fonctionnement du cœur, aboutir à une confusion inextricable : « normalement et constamment, dit en effet Cxox, les muscles devraient seuls faire fonclionner le cœur sans aucune interven- tion des nerfs et des ganglions. Ces derniers ne devraient agir que par intervalles dans des circonstances anormales ! Une aussi étrange distribution de travail, reviendrait à peu près à ceci: les jours de la semaine le cœur fonctionnerait sans l'interven- lion des nerfs, ce n’est que les dimanches et les jours de fête que les nerfs et les ganglions entreraient en service ! » ENGELMANX n'explique pas comment l'exeitant pourrait faire un choix entre les deux voies qu'il doit parcourir; Comment le cœur se lirera-t1l d'affaire quand l'excitant se (rompera de route, ou quand deux excitants suivront, l'un la fibre nerveuse, et l’autre la fibre musculaire ? On arriverait ainsi à des troubles cardiaques autre- ment graves même que le délire du cœur (contractions fibril- laires, trémulalions, elec.) que provoque la piqüre de KRroxECkER ou le passage de courants électriques interrompus, à travers la substance du cœur. D'ailleurs le seul fait, que les nerfs pneumo. gastriques et accélérateurs du cœur se trouvent en excitation tonique, c'est-à-dire envoient continuellement des excitalions aux nerfs el aux ganglions cardiaques, suflit pour rendre abso- lument impossible la combinaison imaginée par ENGELMANX. 224 LES NERFS DU CŒUR En outre un examen détaillé de la méthode de suspension employée par ce physiologiste dans les expériences en question, ainsi que des résullats auxquels il croyait être arrivé, a dé- montré clairement que rien ne l'autorisait à attribuer les observations qu'il avait faites aux fibres nerveuses plutôt qu'aux fibres musculaires. Bien plus, la manière de poser le problème, la méthode graphique employée, le choix des ani- maux pour les expériences, les méthodes d'excitation, comme la discussion des résultats prétendüment obtenus; en un mot, tout dans cette recherche d'ExGeLuaxx est entièrement défec- tueux... Ces recherches d'Engelmann n'ont que le mérite d'avoir souligné son abandon des errements myogènes. » C'est ainsi que Cyox conclut son analyse de ces recherches (139). Rien de surprenant si Muskexs, l'élève d'ExXGELMANN, ainsi que HrnixG Jr. et d'autres jeunes adeptes de l'hypothèse myogène combattent eux-mêmes cette mulliplicité de facultés, dont 1l a gralifié la fibre musculaire du cœur. $ 6. LES DIVERS SCHÉMAS DU FONCTIONNEMENT DU CŒUR. Nous avons vu que la division du travail du cœur est la con- séquence d'un accord harmonieux entre l’action des nerfs accé- lérateurs et celle des nerfs modérateurs. Cet accord peut se produire aussi bien dans les centres cérébraux que dans les centres intracardiaques de ces nerfs. Bien plus, les récentes recherches de Cox sur les glandes régulatrices de la cireulation (thyroïde, hypophyse, etc), l'avaient amené à admettre la possibilité pour de pareils accords d'accomplir également dans les ganglions des glandes sympathiques, traversées par les nerfs cardiaques. Voici quel serait d'après Cxox le schéma de la distribution des nerfs intracardiaques dans le cœur lui-même : Les nerfs accélérateurs se rendent pour la plupart aux gan- glions de Remak qui, comme nous l'avons vu plus haut, déter- l[HÉORIES DE L INNERVATION DE CŒUR 225 minent la fréquence des pulsations: les fibres cardiaques des pneumogas(riques auraient, par contre, un parcours intracar- diaque plus compliqué. Une partie de ces fibres se rendrait par les nerfs de la cloison interauriculaire aux ganglions de Bipper, qui règlent la force des contractions ventriculaires (V._ plus haut, p. 98). Ce seraient là les fibres qui renforcent des batte- ments des ventricules. Mais, l'augmentation de l'amplitude de ces contractions devant forcément influer sur la durée de chaque évolution du cœur, il est évident que, pour conserver l'accord harmonieux entre les battements du cœur et leur force, les cel- lules ganglionnaires de Bipper doivent être en communication avec celles de Reuak, afin de pouvoir réagir sur la fréquence des battements. Les fibres inverses (rücklaufende Fasern), qui se rendent de ces ganglions dans les parois des oreillettes, rempliraient, selon Cxox, cette lâche coordinatrice de la fré- quence el de la force des battements cardiaques. Une autre partie des fibres modératrices des pneumogastriques est destinée à agir directement sur la fréquence des battements; elle atteint ce but en prolongeant la période diastolique et en retardant ainsi le début de la prochaine systole. Le mécanisme par lequel ces fibres parviennent à prolonger la diastole serait, selon Cyox, analogue à celui qui permet aux nerfs vaso-dilata- teurs d'annuler ou de diminuer l'excitation tonique venant d'une autre source, ici du système nerveux moteur dans le cœur, là-bas des nerfs vaso-constricteurs dans les petites artères. Ces libres inhibitrices proprement dites des pneumogastriques dimi- nueraient donc la tonicité des muscles cardiaques, et c’est pro- bablement par cette voie qu'elles prolongent la phase diastolique. Cxox ne croit pas absolument indispensable que ces fibres agissent sur des cellules ganglionnaires qui reçoivent égale- ment les fibres motrices du cœur : les deux fibres antagonistes pourraient se rencontrer dans le réseau terminal pour aboutir ensemble aux plaques motrices. C'est dans ces dernières que pourrait se produire l'acte inhibitoire. Les nerfs pneumogastriques du cœur suivraient donc deux voies dans cel organe: les uns traverseraient les ganglions de DE Cxox. 15 226 LES NERFS DU CŒUR Bioper el ne se rendraient qu'ensuile à ceux de Rewak où ils se rencontreraient avec les fibres accélératrices : les autres se ren- draient directement aux cellules motrices ou inhibitrices. Les premiers formeraient les ner/s dynamiques: ils agiraient avant tout sur les ventricules dont ils augmentent la force des con- tractions en réagissant en moins de temps sur leur fréquence. Les seconds, les nerfs inhibitoires proprement dits, seraient répandus dans loutes les parties du cœur: abaissant la tonicité du musele cardiaque, ils prolongent ainsi la phase diastolique et diminuent indirectement la fréquence des pulsations. C'est de ces derniers que dépendrait la diminution de la force des contractions des oreillettes que tous les auteurs s'accordent à considérer comme la conséquence de l'excitation des pneumo- gastriques. Ce seraient aussi ces fibres nerveuses qui, violem- ment excilées, peuvent amener l'arrêt complet du cœur. Il nous est impossible d'exposer ici toutes les raisons, tirées d'observalions et d'expériences, que Cxox invoque à l'appui de son schéma de la distribution des nerfs intracardiaques dans l'intérieur du cœur, ainsi que de leurs actions réciproques. Les principales sont emprunlées à ses dernières recherches sur les poisons physiologiques du cœur. Nous avons vu plus haut que déjà Gaskezz, Heinexaaix et autres attribuaient diverses fonc- tions aux fibres nerveuses des pneumogastriques. Mais c'est surtout PawLow qui à pris à tâche de démontrer l'existence chez ces nerfs de deux sortes de fibres : celles qui diminuent la pression sanguine, et celles qui augmentent le travail du cœur sans influencer le nombre des pulsations. Dans ses expériences sur les poisons du cœur, Cyox a très souvent obtenu, par l'excitation des pneumogastriques, une diminution de la pres- sion sans ralentissement aucun ou une augmentation des pul- salions avec ou sans ralentissement, mais sans diminution de la pression. Les pulsations renforcées qu'on obtient par l'exci- lation de l'hypophyse ou par l'effet des extraits de cette glande sont le prototype de ce dernier genre de pulsations. Nous avons vu qu'elles forment des séries régulières d'une longue durée, interrompues par des pulsations normales ou accélérées. Se. THÉORIES DE LINNERVATION DU CŒUR 227 L'atropine et la nicotine paralysent, selon Cox, les deux sortes de fibres des pneumogastriques. Mais, landis que l’action paralysante de ces poisons sur les fibres dynamiques peut ètre abolie par l'influence de liodothyrine où de lhypophysine, il n'en est pas de mème pour les fibres inhibitrices proprement dites; leur paralysie résiste à l'influence de ces poisons physio- logiques. On pourrait expliquer cette différence de la manière suivante: l'iodothyrine et lhypophysine possédant la propriété d'augmenter considérablement lexcitabilité des cellules gan- glionnaires de Bivper qui régissent la force des contractions ventriculaires : telle excilation qui, se produisant sur les fibres inhibitrices des pneumogastriques paralysées par latropine reste ineflicace ; mais elle pourrait, sous l’action de l'iodothyrine, deve- nir suflisante pour mettre en activité ces cellules ganglionnaires. Les observations de Cvox sur le pulsus bigeminus prêtent un appui au schéma de l’innervation du cœur que nous venons d'exposer. Le schéma de l’innervation du cœur que nous venons d'indi- quer, d'après les récentes recherches de Cxox, ne peut natu- rellement être regardé comme définitif, De même que les schémas plus anciens de Scamiepesere et de Hermaxx Muxk, ou celui plus récent de Kaiser, il ne saurait avoir d'autre préten- lion que celle de rendre raison des faits actuellement connus et d'offrir un point de départ pour les recherches nouvelles. Nos connaissances relativement à l'innervalion du cœur sont encore trop incomplètes pour permettre d'en donner à l'heure présente une théorie définitive. Nous avons déjà signalé l'insuilisance de nos renseignements en ce qui concerne l'action des nerfs vaso-moteurs de cet organe. Une autre lacune provient de notre ignorance des processus chimiques intimes qui accompagnent les contractions du muscle cardiaque et qui sont la source de ses forces motrices. Ici nous sommes réduits à de vagues hypo- thèses, fondées elles-mêmes sur les données bien imparfaites encore que nous possédons quant aux échanges chimiques dans les muscles dépendant de la volonté. Gaskezz a émis une con- jecture très ingénieuse sur le rèle des nerfs dans ces actions chimiques: chaque fibre musculaire posséderait deux sortes de 228 LES NERFS DU CŒUR fibres nerveuses: l'une, qui exercerait une action chimique calabolique, destructive, l'autre dont l'action chimique serait, au contraire, reconstruclive, anabolique ; la première produirait l'état de contraction de muscle; la seconde, l’état de repos. Mais, tant que nous ignorerons en quoi consiste le mélabolisme des muscles, cette hypothèse ne sera pas d'un grand secours pour l'interprétation des phénomènes dont il s'agit. Appliquant sa théorie aux nerfs du cœur, GaskeLL considère que les nerfs accélérateurs produisent une action catabolique, et les nerfs modérateurs une action anabolique. Cxox a présenté plusieurs objections à cette explication, notamment celle-ei, qu'elle implique chez la cellule musculaire la faculté de reconnaitre la source de l'excitation nerveuse qui lui parvient; la cellule « devait donc être non seulement /oute-puissante, comme le veut ENGELMANX, mais encore omnisciente » (53 p. 132). A moins qu'on n'altribue sa diversité d'action à des appareils spé- ciaux intercalés entre les nerfs et les fibres musculaires. Mais cela irait à l'encontre de la doctrine myogène, dont Gaskezz est un des promoteurs, et rendrait, par conséquent, superflue lhy- pothèse elle-mème, créée en vue de cette doctrine. | En outre, comment admettre que l'accumulalion des subs- lances indispensables pour l'accomplissement d’une contraction cardiaque soit justement une cause d’empéchement pour cette contraction ? C'est pourtant là une conséquence forcée de l'hypo- thèse de GaskeLz, qui admet que l’anabolisme est la cause de l'arrèt du cœur pendant l'excilation des nerfs pneumogastriques. Certes, les processus chimiques pendant le repos du musele doivent différer de ceux qui accompagnent la contraction mus- culaire. Mais ce serail confondre les effets avec les causes que de vouloir attribuer à ces processus différents la faculté d'amener la contraction ou de décider du repos musculaire. Q $ 7. LE MÉCANISME D 'INHIBITION DES NERFS PNEUMOGASTRIQUES. L'hypothèse de Cxox sur le rôle des interférences dans l'in- hibilion nerveuse est déja indiquée dans le chapitre précédent THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 229 à propos de la première loi d’excilation ganglionnaire, Disons seulement que récemment Mecrzer et d'autres physiologistes inclinent également vers une hypothèse analogue: l'action inhibitrice d'un nerf ne dépendrait que d'une sorte d'interfé- rence entre deux excilalions venues simultanément de deux sources différentes. La discussion de l'action physiologique des nerfs du cœur a jusqu'à présent laissé de côté la question si intéressante du mécanisme par lequel les nerfs pneumogastriques exercent leur faculté imhibitrice. C'est 1à un problème de physiologie géné- rale qui ne pourra être résolu avant que les phénomènes d’'ex- citation et d'excitabilité nerveuses, surtout dans leurs rapports avec les cellules ganglionnaires, n'aient {trouvé une explication définitive et satisfaisante. L'inhibition cardiaque a été, néan- moins, l'objet de nombreuses hypothèses et théories. CLAUDE Berxarp (88), Cox /160), Raxvier (10) et tout récemment Kaiser (274) l'ont considérée comme un phénomène d'interférences entre les excitations diverses, analogues aux interférences qu'on observe dans le domaine de la lumière, des sons, etc. RosexTHAL, à propos de l'inhibition dans le centre nerveux respiratoire, a émis une autre hypothèse. En étudiant les phé- nomènes où un mouvement continu se transforme en un mou- vement rythmique, RosenxrnaL à pris pour point de départ ce fait que le mouvement continu à toujours une résistance à vaincre avant de pouvoir se manifester. « Qu'on se représente un tuyau placé verticalement, fermé en bas par une plaque maintenue par un ressort, dans lequel l'eau s'écoule continuel- lement d'un réservoir. L'eau montera dans le tuyau jusqu'à ce que la pression atteigne la hauteur nécessaire pour vaincre la résistance du ressort; la plaque s'ouvrira et l'eau s'écoulera. La diminution de la pression permettra au ressort de fermer de nouveau la plaque, jusqu'à ce que le niveau de l’eau arrive à la hauteur première, ele. L'eau s’écoulera ainsi à des intervalles dépendant de la force du ressort et de la vitesse avec laquelle l'eau entrera dans le bout supérieur du tuyau. » (Die Athemberw- gungen, Berlin, 1862. 230 LES NERFS DU CŒUR Les nerfs inhibiloires Joueraient le rôle de pareils ressorts ; ils formeraient des résistances que les excitalions des nerfs moteurs auraient à vaincre afin de pouvoir produire leur effet. Le schéma de Rosexrnaz fut modifié par Brezocp, et ensuite par Hermaxx. Ce dernier choisit comme modèle un tuyau rempli d'un liquide dans lequel monteraitune bulle de gaz. La rythmi- cité s'obliendrait plus aisément par ce schéma que par celui de Rosexrnaz. Mais le principe reste le même: il s'agit toujours d'un mouvement continu ayant à vaincre une résistance qui serait variable dans sa force. Cette théorie, très ingénieuse dans son application à la rythmicité du cœur et par conséquent à l'intervention inhibi- trice des pneumogastriques, fut dernièrement soumise à une discussion approfondie par Iiacmar OrnrwaL (33). Mais pas plus que l'hypothèse de l'interférence, celle de la résistance ne saurait prétendre à donner une solution définitive du problème. Elle ne peut que satisfaire plus ou moins notre besoin de saisir le mécanisme intime d'un phénomène auquel, quand on étudie le fonctionnement du système nerveux, on se heurte à chaque pas. A ce dernier point de vue, il est impossible de contester l'intérêt que présentent les observations dé GaskeLz et autres sur la diminution de la {ransmissibilité de l'excitation à travers le tissu cardiaque pendant l'excitation des pneumogastriques. Comme nous l'avons vu plus haut (p. 118), Gasrezz (116) admet la possibilité que l'arrêt du cœur par suite de l'excitation des pneumogastriques dépende d'une diminution ou abolition de la conductibilité du tissu cardiaque. Mc. Wicuian (114), et ensuite Bayuiss et SrarzixG (113), ont également conclu de leurs expériences que l'arrêt des ventricules seuls ou des ventricules et des oreillettes, pendant que le sinus veineux continue ses contractions, dépendrait d'une diminution de la conductibilité dans les fibres musculaires. Cette diminution par suite de l’exci- lation des pneumogastriques n'a été, il est vrai, démontrée directement par aucun de ces auteurs. En la supposant réelle, elle s’'expliquerait bien plus aisément par l'action de cette exci- tation sur les ganglions de la frontière atrio-ventriculaire qui, THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 231 conformément aux expériences de MarcHaxD, amènent normale- ment le retard de la contraction ventriculaire sur celle des oreillettes. Pareille explication de l'action inhibitrice des pneumogas- triques par une diminution de vitesse dans la transmission des excilations serait très admissible ; elle aurait mème l'avantage de se baser sur l’analogie avec d’autres actions inhibitrices où une diminution de la transmissibilité a été directement provo- quée. Nous n'avons qu'à rappeler les recherches de Cxox (52, 231) sur la diminution de la conductibilité de la moelle épinière pendant l'excitation des centres inhibitoires des aclions réflexes. Dans ces expériences, Cox, usant des méthodes instituées par Hecmaozrz, a mesuré directement la vitesse de la propagation dans les centres nerveux, et il en a démontré d'une manière certaine la diminution notable sous l'influence des centres inhi- bitoires situés dans le cerveau. Des données expérimentales recueillies ultérieurement par le même auteur (52, 233) sur le mécanisme intime de l'inhibition de l’action réflexe peuvent également s'appliquer à l'inhibition des contractions cardiaques. Il résulte de ces observations que, dès le début de l'excitation cutanée, malgré l'excitation du #halamus opticus considéré comme l'appareil inhibitoire de l’action réflexe, la tonicité du musele commence à augmenter, mais que néanmoins sa COn- traction est considérablement retardée. Cette contraction esi dans ce cas plus forte qu'avant l'excitation de l'appareil mhibi- toire. Le retard dans la contraction en augmente donc la force (par la sommation), conune la prolongation de la diastole donne plus d'amplitude à la contraction cardiaque suivante. On voit qu'il existe certaines analogies entre l'inhibition de la contraction cardiaque par les pneumogastriques et celle de l'acte réflexe affaiblissant la conductibilité dans les neurones et produisant l'accumulation des forces excitalives pendant l'inhibition; « le retard dans la production réflexe, concluait Cox (52, p. 236), provient d'une augmentation des résistances qui s'opposent à la transmission de lexcitation à travers les cellules ganglionnaires ». 232 LES NERFS DU CŒUR Les observations de Gaskezz, de Bayziss et STARIING, sur les retards que subit la contraction ventriculaire pendant l'exci- tation des pneumogastriques n'ont probablement pas d'autre raison d'être que cette augmentation des résistances dans les neu- rones du cœur. Loin de dépendre d'une diminution de conduc- tibilité dans le {issu musculaire du cœur, ces phénomènes ont une origine purement nerveuse. C'est donc bien à tort que Horruaxx et autres les invoquèrent comme un argument à l'appui de la théorie myogène. On n'est pas autorisé à attri- buer des propriétés hypothétiques à des tissus musculaires pour expliquer des phénomènes qui ailleurs dépendent du système nerveux, ainsi que le fait a été démontré d'une manière pré- cise et incontestable. 58: LES EXCITANTS NORMAUX DU CŒUR. Il ne sera possible de construire une théorie complète de l'action inhibitrice des nerfs modérateurs du cœur que quand on connaîtra exactement la nature des excitants physiologiques qui provoquent l'automatie cardiaque. Ces excitants sont-ils d'origine chimique ou mécanique? La première origine est de beaucoup la plus probable. Nous savons déjà par les expériences de Cox 30), de Hysazuar OEarwaLzz (33) et celles toutes récentes de Porter, que la présence de l'oxygène est une condition indispensable pour la production de ces agents. Mais, landis que Cvox considérait l'oxygène comme indispen- sable pour Ta production des excitations cardiaques, Kruc, Orurwazz, Porter et autres semblaient admettre que la pré-" sence de ce gaz élait surtout nécessaire pour rendre le muscle cardiaque à même de remplir ses fonctions mécaniques. Plus récemment KroxECKER à communiqué à la Société physiologique de Berlin les résultats des recherches exécutées dans son labo- ratoire sur le même sujet, qui ne paraissent pas laisser de doute, que, si oxygène est indispensable pour le fonctionnement du THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 233 cœur, c'est bien par son action comme excitant des contractions cardiaques dans le sens de Cxox, et nullement par la production des forces motrices du muscle cardiaque. En effet, si dans la pointe du cœur préparée selon la méthode de KronEckER, on entrelenail, au moyen de la canule de perfusion, la circulation artificielle du sang, et si on remplacçait l'oxygène de ce sang par CO, la force des battements du cœur restait presque la même qu'auparavant. Vans ces expériences les battements étaient naturellement provoqués par des excitalions électriques. I résulle done de la possibilité du muscle cardiaque de répondre aux excilations par des contractions régulières, même si le sang est privé de O, que l'impossibilité pour le cœur entier de se contracter régulièrement et spontanément, quand dans ces expériences Cyox remplaçait ce gaz par quelque gaz indifférent, ne pouvait dépendre que de l’absence de l'excitant normal du cœur. C'est-à-dire que l'oxygène, comme Cxox l’a reconnu en 1867, sert d'excitant pour les cellules ganglionnaires motrices du cœur (52, 82). Nous avons vu, d'autre part, que, dans certaines limites, la fréquence et la force des battements sont des fonctions directes des variations de la température cardiaque, et cela aussi bien chez les vertébrés à sang froid {Cxox) que chez les mammifères (NewezLz-Marrix, LaxGexporrr). Existe-t-il une corrélation entre le rôle de l'oxygène et les variations thermiques dans la pro- duction de l'automatisme ? C'est possible, mais en l'absence de toute indication sur la nature de cette corrélation, il serait pré- maluré d'émettre des hypothèses à ce sujet. Peut-être s'agit-il ici des phénomènes analogues à ceux que Prcuéer a étudiés, et qu'il a désignés sous le nom de chaleur d’explosion (Erplo- stons-100rme). Les nombreuses observations faites sur l'excilalion des mou- vements cardiaques par le liquide de Rixcer et autres solutions inorganiques de même nature présentent certainement un puis- sant intérêt pour l'étude des excilants physiologiques des nerfs et des ganglions du cœur. Ces solutions salines exigent-elles la présence de l'oxygène libre afin de pouvoir exercer leur action 234 LES NERFS DU CŒUR excitante ? C'est probable. De nombreuses recherches spéciales dirigées dans ce sens dans ces dernières années avaient donné des résultats de la plus haute portée pour le problème en question. Mentionnons d'abord les travaux sur l'action des sels inorga- niques sortis du Laboratoire de physiologie de Berne, sous la direction de KroxeckER, ainsi que ceux de W. H. Howezz (Labo- raloire de Johns Hopkins University) el de son élève GREEN. Pecacie Berscuasxorr (286) a étudié la dépendance de la fré- quence des battements du cœur de son liquide nutritif. Elle à observé que le sang trop dilué par la solution saline physiolo- gique produit des contractions plus rares. L'adjonction du chlorure de calcium au liquide de Rixéer augmente sa puissance excitante ; il en est de même quand on ajoute le bicarbonate de soude (0,1 p. 1000). Des nombreuses conclusions de l'important travail de HowezL 287) exécuté surtout sur des morceaux de la veine cave de tortue plongés dans des liquides nutritifs de composition diverse, nous ne relevons ici que les deux suivantes : 1° dans des conditions normales l’excitant qui produit des contractions car- diaques dépend de la présence du calcium de ces liquides ; une certaine quantité de potassium est pourtant indispensable pour des contractions rythmiques ; 2° le tissu musculaire du ventri- cule de la grenouille et de la tortue n’est pas susceptible de contractions automatiques mèmes quand il est rempli du sang, du sérum ou du liquide de Rincer contenant un mélange de polasse, de soude, et de calcium, dans les mêmes proportions que dans le sang; 3°le contraire a lieu, quand on soumet à l'action des mèmes liquides les parties veineuses du cœur. Il me parait résulter avec évidence de ces trois faits que l’ac- lion excitante de ces sels inorganiques ne peut s'exercer que sur les parties nerveuses et ganglionnaires se trouvant dans le sinus veineux mais pas sur le muscle, ou plutôt sur les réseaux nerveux de la pointe du cœur. Quand on examine de plus près les expériences de Porter exécutées au Congrès physiologique de Cambridge pour démon- DL THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 235 trer l'action de l'oxygène à haute pression ainsi que celles de F. S. Locke (290), on doit reconnaître que l'oxygène doit être considéré comme l'excitant principal, aussi bien pour les cel- lules ganglionnaires des parties supérieures du ventricule que pour les ganglions de Remak. Il nous est impossible d'entrer ici dans le détail des nom- breuses recherches publiées récemment par Porter, Locke (290, 291), Howerc (287-289), Læœs (292) et leurs élèves, par Scatc- KING (293) et autres sur la résurrection du cœur ‘à l'aide de solutions inorganiques, salurées d'oxygène. Ces expériences sont cerlainement destinées à exercer une influence considé- rable sur nos connaissances du fonctionnement du cœur. Ainsi, par exemple, Kourragxo (294) vient de réussir à rétablir les contractions rythmiques du cœur d'un enfant, vingt-quatre heures après sa mort, à l’aide d'une circulation artificielle de la solution saline de Locre (CaCL,, KCL, NaHCO, environ 0,02, NaCL 0,9 et Dextrose 0,1 pour 100), saturée d'oxygène. Par la transfusion d'une solution analogue H. E. Herixe (295) est parvenu à rétablir les contractions cardiaques chez un singe mort accidentellement, et cela à trois reprises différentes : 4 heures et demie, 28 heures et demie et 53 heures après le décès : pendant les intervalles le cadavre du singe fut congelé jusqu'à rigidité complète. Le principal intérêt des expériences de HerixG réside dans l'observation que le nerf pneumogastrique n'agit que pen- dant 6 heures après la mort, tandis que l’action du nerf accélé- rateur peut être provoquée, même au bout de 53 heures. Cela indiquerait: 1° que les relations entre les accélérateurs et les ganglions, qui président à l’aulomatisme du cœur, sont bien plus intimes et bien plus directes que celles du nerf pneumo- gastrique; 2° que les nerfs accélérateurs sont au moins aussi résistants que les ganglions de l’automatisme, ce qui concorde d'ailleurs avec le fait, qu'on n'a pas trouvé jusqu'à présent de poison cardiaque capable d'amener leur paralysie complète. Les conditions chimiques dans lesquelles certaines solutions inorganiques sont à même de rétablir ou d'entretenir le fonc- 236 LES NERFS DU CŒUR Hionnement du cœur sont encore très controversées. L'accord n'est complet que sur les trois points suivants : 1° La présence simultanée des trois sels, qui entrent égale- ment dans la composition normale du sang (sels de chaux, de soude ou de potasse), est le plus favorable pour le rétablisse- ment et l'entretien des battements du cœur. 2 Parmi ces sels, ceux de chaux sont les plus importants et agissent sur l'augmentation des battements. Ceux de potasse ne peuvent ètre employés qu'à très petites doses, sans quoi 1ls pro- voquent des arrêts du cœur avec une grande diminution de l'excitabilité musculaire E. Gross (296). 3° La saturation d'oxygène est indispensable pour toute solu- lion destinée à rétablir et à entretenir le fonctionnement du cœur. Pour préciser davantage le rôle de ces sels comme excitants normaux du cœur, Cxox avait étudié parliculièrement l'action du glycéro-phosphate de soude et du glycéro-phosphate de chaux sur les nerfs du cœur. Il résulte de ces expériences que les sels de soude agissent principalement en accélérant les batte- ments du cœur, tandis que les sels de chaux augmentent nota- blement leur intensité, tout en diminuant légèrement leur fréquence. Ces deux sels ne paraissent pas exercer d'influence directe sur le système nerveux vaso-moteur. Cyox compare l'action du glycéro-phosphate de chaux sur le cœur à celle de plusieurs substances actives des glandes vascu- laires, notamment de l'hypophyse. Les excilants mécaniques, en {ant qu'augmentation ou dimi- nution de la tension du muscle cardiaque, ne paraissent pas jouer un rôle dominant dans l’automatisme du cœur. Cela res- sort de ce fait qu'après un repos prolongé, le cœur peut recom- mencer à se contracter sans qu'aucun changement de tension extérieure ou intérieure ait précédé ces contractions. Par con- ire, ces excilants mécaniques n'exercent une action considérable que sur la régularisation du rythme et la force des contractions. Les expériences relatées plus haut paraissent ne laisser aucun doute à ce sujet. PES THÉORIES DE LINNERVATION DU CŒUR 237 $ 9. LA RÉSURRECTION DES CENTRES CÉRÉBRAUX CARDIAQUES : L'INFLUENCE CONSTANTE QUE LE CERVEAU EXERCE SUR L'AUTOMATISME DU CŒUR. La lutte contre l'erreur myogène n'a pas été stérile. Elle a permis, au contraire, d'élargir notablement les bases de Ja théorie neurogène, en élucidant davantage les rapports entre le cerveau et le cœur. Voici en quels termes Cyox avait terminé, en 1898, son étude sur l'innervation du cœur dans laquelle 11 avait réfuté longue- ment les errements myogènes : « Nous avons vu que les cœurs des vertébrés à sang froid, et même celui des mammifères, peuvent, pendant un laps de temps assez long, continuer leurs contractions rythmiques, quand, isolés du reste du corps, 1ls sont maintenus dans de bonnes conditions de nutrition et de température. Ce fait autorise-t-il à conclure d'une manière absolue que chez ces animaux et surlout chez les vertébrés supérieurs l'automalisme du cœur est entièrement indépendant du système nerveux central? C'est-à-dire, que ce dernier sys- (ème qui intervient déjà si eflicacement dans la régularisation des battements du cœur, est incapable de les provoquer ?... Dans l'état actuel de nos connaissances on ne saurait même pas afhrmer positivement que chez les mammifères les centres ner- veux du cerveauou des ganglions sympathiques ne fournissent pas, à l'état normal, des excitants qui provoquent lautoma- tisme.…. Il n'y à point contradiction entre cette possibilité et l'existence d’un aulomatisme des centres intracardiaques. Ce dernier pourrait très bien coexister avec celui des centres aulo- matiques situés dans le cerveau ou dans les ganglions du sym- pathique ; il pourrait mème n'être qu'un auxiliaire où un sup- plément de ces derniers. » (160, p. 1). Pour répondre à la question ainsi posée sur le véritable rôle des centres nerveux dans l'automatisme du cœur, Cxox à entre- pris, au début de 1899, des recherches spéciales. A l'aide de sa 238 LES NERFS DU CŒUR méthode d'isolement du cerveau de la circulation cardiaque voir plus haut page 193), il a cherché à établir les modifica- tions que subissent les contractions du cœur, après la sépara- lion physiologique de ces centres nerveux, le laps de temps pendant lequel ces centres peuvent encore être rappelés à la vie, après l'interruption de la circulation dans la boîte crânienne, el les effets d'une pareille résurrection de leurs fonctions. Dans le courant de ces études Cxox à pu étudier directement le degré de résistance que plusieurs centres nerveux opposent à l’inter- ruplion de la circulation sanguine, el déterminer d’une ma- nière précise la longueur de l'intervalle, après lequel une circu- lation artificielle est encore susceptible de rétablir les fonctions éleintes de ces centres. Les centres choisis pour ces observa- tions élaient: 1° ceux de la respiration; 2° ceux qui produisent le réflexe cornéen ; 3° les centres vaso-moteurs ; 4° les centres des nerfs cardiaques. Les effets de l'interruption et du rétablissement de la cireu- lation sur ces centres se manifestent dans un sens identique. Par contre, ils différent notablement au point de vue de la durée selon le choix des animaux {chien où lapin), leur âge et leur taille. 1° Les centres de la respiration sont les moins résistants à l'interruption de la circulation. Les mouvements respiratoires se modifient au point de vue de la profondeuret de la fréquence, aussitôt après la ligature des artères carotides et des vertébrales. [ls cessent cinq, dix et rarement jusqu'à vingt minutes après; les mouvements respiratoires du thorax persistent souvent plus longtemps que ceux de la tête. La respiration recommence instantanément après l'établissement de la circulation intra- crâänienne. 2° Les centres du réflexe cornéen se maintiennent très long- temps après l'arrêt de la circulation cérébrale ; souvent jusqu’à vingt, vingt-cinq minutes. Ils reviennent également après l'éta- blissement de la circulation artificielle, mais plus lentement et persistent longlemps après la cessation de cette dernière cireu- lation. THÉORIES DE L'INNERVATION DU CŒUR 239 3 L'arrèt de la circulation cérébrale se manifeste instanta- nément par une augmentation de la pression sanguine due à l'excitation des centres vaso-constricteurs. Celle augmentation persiste avec des oscillations périodiques souvent pendant plus de trente minutes. L'effet du rétablissement de la circulation artérielle est également immédiat et consiste presque toujours en un abaissement de la pression sanguine de courte durée. 0 4° Enfin les centres cérébraux des nerfs cardiaques conser- vent leur vitalité pendant un quart d'heure environ après l’ar- rèt de la circulation. Le rétablissement de la circulation artifi- cielle augmente immédiatement la force des battements du cœur en les ralentissant légèrement. Nous avons déjà reproduit les deux figures 43 et 4%, qui montrent cet effet de la résur- reclion des centres des nerfs cardiaques. L'augmentation des battements du cœur dépendait dans ce cas de la rentrée en fonctionnement harmonieux des nerfs accélérateurs et inhibi- leurs. Bien plus importante encore était une autre observation de ce genre faite par Cxox dans les expériences sur les lapins. La résurrection des centres cérébraux par la circulation artificielle réussit également chez un lapin à condition pourtant, que la respiralion artificielle ne tarde pas trop à ètre établie après la ligature des carotides et des artères vertébrales. Mais, en géné- ral, les lapins résistent moins bien que les chiens aux arrêts de la circulation cérébrale, comme l'a déjà démontré Sacarné dans ses expériences, exécutées dans le laboratoire de Marey. Il suf- fit souvent de donner aux lapins après la ligature des carotides une position fortement inclinée pour provoquer un arrèt com- plet du cœur. La respiration artificielle immédiatement rétablie, est impuissante à animer le cœur. Par contre Cyon a réussi à rétablir immédiatement les battements du cœur, en rétablissant la circulation artificielle dans le cerveau. Dans cette erpérience l'automatisme du cœur, qui a cessé de fonctionner, a été rappelé à la vie uniquement par le rétablissement des fonctions des cen- tres cérébraux des nerfs du cœur. Les expériences plus récentes de Friepexruaz (191) dans les- 240 LES NERFS DU CŒUR quelles l'arrêt de la circulation cérébrale, ou son rétablissement furent effectués par la simple ligature ou le relâchement des artères carotides et vertébrales, avaient parfaitement confirmé les faits observés par Cvox: le rélablissement de la circulation cérébrale suflisait pour rétablir l'aulomatisme arrêté du cœur, dans tous les cas où la respiration artificielle était commencée à temps. Malgré la fausse interprétation donnée par FRIEDENTHAL à ces expériences (voir Cox. Myogen ou Neurogène) (285), mal- gré les nombreuses défectuosilés de sa méthode d’enregistre- ment, cette confirmation garde toute sa valeur. La portée de cette observation pour la théorie de l'innervalion du cœur est considérable : du moment qu'il est établi que ces centres cérébraux sont à même de provoquer des battements automatiques du cœur, il devient évident que les centres céré- braux interviennent dans le fonctionnement normal du cœur plus efficacement qu'on ne le supposait jusqu'à présent. Depuis la découverte des nerfs accélérateurs du cœur, la théorie des frères Cxox, que les nerfs cardiaques ne sont que des réqula- teurs de la force et de la fréquence des battements du cœur à été généralement adoptée. La nouvelle observation de Cxox semble indiquer que celte théorie était trop absolue et que le problème de l’automatisme du cœur exige certaines modifications. En effet, le choix entre les deux alternatives s'impose à présent: 1) l'automatisme du cœur est dans l'état normal exercé unique- ment par les centres nerveux automoteurs du cœur et le cer- veau n'intervient que pour le réglage de ces appareils automa- tiques. Le pouvoir automoteur du cerveau n'interviendrait dans ce cas que pour remplacer et pour renforcer les centres intra- cardiaques, quand pour une raison temporaire quelconque, ils seraient hors d'état de remplir leur tâche fonctionnelle. 2 L'automatisme du cœur est exercé normalement chez les vertébrés supérieurs par les centres automoteurs du cerveau ; ceux du cœur n'entrent en fonction que pour remplacer les cen- tres cérébraux quand, pour une raison quelconque, la commu- nication entre le cerveau et le cœur serait interrompue tempo- rairement ou définitivement. Dans ce dernier cas la durée lHÉORIES DE LINNERVATION DU CŒUR 241 pendant laquelle les ganglions intracardiaques pourraient rem- placer les centres aulomoteurs cérébraux ne serait que limitée. Le choix entre ces deux alternatives ne saurait ètre fait, qu'après de nouvelles expériences dirigées dans le même sens que celles de Cxox sur la résurrection des centres cérébraux par la cireulation artificielle du sang. La méthode en est tout indi- quée: elle doit être analogue à celle que Cxox à employée pour rendre la circulalion cardiaque et la circulation cérébrale tout à fait indépendantes l'une de l'autre {voir pages 194 et suiv.. Les principales questions à poser sent celles-ci: combien de temps les centres automatiques du cœur peuvent-ils mainte- nir les fonclions du cœur chez les vertébrés supérieurs, après une interruption complète de {oule communication nerveuse avec le cerveau et la moelle épinière? Ou en d'autres termes : l'intervention périodique ou temporaire des centres nerveux cérébraux n'est-elle pas indispensable pour inciter où pour soutenir le fonctionnement des appareils automatiques intra- cardiaques? L'intervention purement régulatrice des centres cérébraux dans le fonctionnement de ces appareils aulomaliques est-elle suffisante pour maintenir ces appareils périphériques en bon état de fonctionnement, pour empècher et éventuelle- ment pour réparer les nombreux troubles, auxquels ces appa- reils sont exposés pendant la durée de la vie? Quelles que soient les réponses à ces questions fondamentales que nous venons de poser 161, on doit reconnaitre dès à présent que la nouvelle observation faite par Cyox est Lout à fait irré- conciliable avec une origine myogène de l'automalisme du cœur. On peut done considérer celte observation comme une réfutation définitive de celte hypothèse. Le fait que les centres cérébraux sont à même de provoquer l’'automalisme du cœur soulève encore une question eomplé- mentaire: par quelle voie s'effectue celte action automatique du cerveau ? Mème dans le cas, où la première des alternatives exposées plus haut se confirmerait, l'existence de nerfs extra- cardiaques spéciaux pour celle voie ne serait nullement indispensable. En effet, nous avons déjà vu plus haut qu'il était DE Cox, 16 242 LES. NERFS DU CŒUR possible par une excilalion des nerfs pneumogastriques de rétablir les battements rythmiques du cœur arrêté (Cyox); d'au- tres expérienees avaient démontré qu'on peut obtenir le même résultat par lexcilalion des nerfs accéléraleurs (HewxG jun.) En outre, la première loi de lexcilation ganglionnaire de Cxox (voir chapitre iv, S 7) rend parfaitement compte du mécanisme d'une pareille action des nerfs cardiaques, Or, dans les expé- riences que nous venons de décrire, il s'agit également des arrêts dans le fonctionnement des appareils automatiques du cœur. On peut donc facilement admettre que dans mes expé- riences sur la résurrection des centres cérébraux, le rétablisse- ment des fonctions du cœur s'opérait par la voie des mêmes nerfs pneumogastriques où accélérateurs qui, à l’état normal, ne servent qu'à régulariser les battements cardiaques. BIBLIOGRAPHIE ABRÉVIATIONS : . g. P. Archiw f. die Gesammte Physiologie (Priicer). .f. P. Archio für Physiologie v. du Bois-Reymond {ExGermanx). f. A. Arcluv für Analomie (Recuerr, His). W. Centralblall für medicinische Wissenschaften. P. Centralblatt für Phystologre. P. Archives de Phystologie. V. Archiv für Pathologische Anatomie und Physiologie (Vircnow. R. 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Méthode de Cyon pour l'étude du cœur es Fe séparé th corps, et dont les propriétés vitales sont maintenues par une cculation arbificielle. ; . .,....,/. . ; ot “ANT L'action des variations de température sur Je ctètiie nerveux intracardiaque. Expérience de Cyon. ; Expériences sur le cœur isolé par Luceiani, RSSbae h æ AT L'action des gaz du sang sur le système nerveux intracardiaque du cœur. Lu ; 71: FFE : Les rapports physiologiques énfre les Tac, groupes ds elite cardiaques. ; SR SR CE V A) à Expériences sur les HT tee do des animaux à sang OR TU AU hi PAR PME Th 6 il ne un a CHAPITRE H SYSTÈME NERVEUX EXTRACARDIAQUE ; LES NERES CENTRIFUGES DU COEUR Disposition anatomique. . Aclion des nerfs extracardiaques : historique. Découverte de l'action inhibitrice des nerfs is Un par les frères Weber. : Découverte des nerfs accélé râteurs duc cœur par les frères c yon. Action des nerfs pneumogastriques sur le nombre des battements du cœur. Pages, [SA] 10 30 33 254 LES NERFS DU CŒUR 6. SJ N + . JDN Aclion des nerfs pneumogastriques sur la force des battements du cœur. . Expériences de Pawlol : lea nerfs qui renforcent tes battemenis du cœur, indépendamment de leur fréquence : les nerfs dyna- miques, renforcés (Aktionsnerven) de Cyon. . Modes d'action des nerfs accélérateurs. 9. Rapports fonclionnels entre les: nerfs pneumogastriques ‘el ‘les Derts accélérateurs. : . ... + 2 2 COR CHAPITRE HI LES NERFS CENTRIPÈTES DU COEUR. LE NERF DÉPRESSEUR . Anatomie du nerf dépresseur chez les mammifères et les vertébrés à sang froid. . Rôle physiologique du nerf HER son mode de fonctionne - ment. . Origine centrale des du nu . Rapports des dépresseurs avec les centres Vaso- o-moteus : les centres terminaux de ces nerfs. , ; Les oscillations périodiques de Traube et les nerfs dépressenr à . Les nerfs dépresseurs comme nerfs sensibles du cœur. . . Les nerfs dépresseurs au point de vue pathologique. . CHAPITRE IV. LES INFLUENCES QUI MODIFIENT ET LES LOIS QUI DIRIGENT L'ACTION DES NERFS CARDIAQUES Action du changement des pressions sur les nerfs du cœur. Action des nerfs sensibles sur les nerfs du cœur. Les poisons physiologiques du cœur : iodothyrine, hyp6pIÉ suprarenine. . . PrË Origines des arythmies, des ssystolies et d'autres irrégularités ‘des battements du cœur. Les tétanos du cœur. . La loi de Bowditch. . Les lois de l'excitation des ganglions tata ques et vaso- moe CHAPITRE V | THÉORIES DE L'INNERVATION DU COEUR . Myogène où neurogène ? ; . Argumentations basées sur F embryologie et r anatomie comparée. . Arguments pharmacologiques. : .: .:. : .., . 2400000 LL + TABLE DES MATIÈRES 4 nent: d'ordre physiologique. 7. nr. - l'entative d'Engelmann de sauver l'hypothèse Hfyogène en 4” D ban avec la’(héorie neurogène. . . . . .,. émas du fonctionnement du système nerveux du cœur. canisme d'inhibition des nerfs pneumogastriques. . cilants normaux du cœur. 9. Li résurrection des centres cérébraux cardiaques ; l'influence constante que le cerveau exerce sur l'automatisme du cœur, DIOGRAPHIES nue 7, . 4 À RAT ù- “is \. ne ” ’ 7 s NV y et: re" ait L) ‘ en AU ET " LS \ 74 0 LA LM L h, #e ' : ‘ 5 | 3 | D Ê | Gyon, Élie de pl e \ ». Ba: nets du coeur x é — LÉ . ho . vo 4 vai: DT RÉ — en ne 0e pe ns © o ù S nr sp et - +, Leu Sun eee" Tr Pr CP Ta, rt + Ft 1 De - : “ SALSA QE ct « rome 14 de ado … rdv fn - = ane ru — = > — + - Ê mt ee du : —_- D + mms …. 2 ee pen D he mpeg rires tend à « ne PE tn een es ts qqn ce EL à vd Ge ue tre entatree » ph Te. nette PE tnt ot ne Ur De gate ny … v ON een, Las er 20 LS Phare dat 2 3 Pras + — PPT PA aan nd ! De «0 16 04. pghad en er A …. Eh à s > he mere 2 de eo me mr Le HR a np AA. miens ne - + > . … en = » + d pe mec à = - —. , > due ns et pra ” + ar de » mans hotes RTE tons here es < — red. v è r . È Cons ss ss Ace du Rs CD © 08 dd . ms - De ohms pe Qree vre =. 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