^^ ED.PEIIRÎER-J.SALMON ILAVIE DES ANIMAUX n ILLUSTRÉE LJ^JS OISEAUX .msK im^ kTr~-^l^ 1^ l\ A^^:>^ rX. QL674 .S35 f^ fr-' r -W:^ n -^-. ^-^ .^--v ^, H ^r^r^- pc^-o- .Se\ 0^ 1 FOR THE PEOPLE FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY ~^'}^^^%f r^f^ :;K*!/^. .:/" im . .J< ^9i .^V '.^P^^^^^^-^ F^-Ç.^r/^^^4?^ r^m ^rê^^'^y^^- l^^l^'rwr '^^^^fS^^^ u f.rrC^, JfMfrl _^(«^A/^^ LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE Les Oiseaux iririt* LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE ET FILS, PARIS EDMOND PERRIER LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE Les Mammifères Par A. MENEGAUX A 1 D E - N A T U B A L I s T E AU M L' S É r M 2 vol. gr. in-8 avec 80 pi. en couleurs ei nombreuses photogravures par W. K.I HNERT. 40 Ir. L es Oiseaux Par J. SALMON CONSEBVATllK ADJOINT Uf MISÉIM d'hISTOIRE NATLBELLE DE LILLE 2 vol. gr. in-8 avec 63 pi. en couleurs ei nombreuses photogravures par \\'. KlllNERT. 40 Ir. 1715-04. — CoRBKiL, Imprimerie Éd. Crkté. LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTREE sors LA DIRECTION DE EDMOND PERRIER DDECTELR DU MLSÉLM d'hISTOIKE NATrBELLF. DE PIBIS, MEMBRE DE l'aCADÉMIE DES SCIENCES Les Oiseaux,^ JULIEN SALMON CONSERVATEUR ADJOINT DU MUSÉUM d'histoire NATURELLE DE LILLE 63 PLANCHES EN COULEURS ET NOMBREUSES PHOTOGRAVURES D'après les Aquarelles et les Dessins originaux de W. KUHNERT PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIERE et FILS ig, RCE HAUTEFEIILLE, PRÈS DU BOULEVARD SAINT-GERMAIN Tous droits réservés. • ••• (^0(^ oé. ^é^f't- ^"^ ■^' LA VIE DES ANIMAUX ILLUSTRÉE Les Pigeons Les Pigeons ou Colombidés établissent la transition entre les Passereaux et les Gallinacés, mais ils forment cependant, par leurs caractères, leurs mœurs et leur mode de reproduction, une famille très homogène. Caractères. — Ils sont de taille mo^yenne ; leur corps est ramassé; leur tête petite ; leur cou et leurs pattes sont courts. Le bec, chez ces Oiseaux, est assez grêle ; il est mou à la base, corné à la pointe, celle-ci bombée et plus ou moins crochue. Les narines, en forme de fente longi- tudinale, sont percées dans une épaisse membrane et recouvertes d'une écaille renflée et nue. Les ailes sont de longueur médiocre, mais pointues. La queue, ordinairement composée de douze rectrices, exceptionnellement de quatorze ou seize, est généralement courte, un peu arrondie. Les tarses, courts, scutellés, se terminent par quatre doigts articulés au même niveau, et dont trois dirigés en avant et unis à la base, le quatrième en arrière libre; les ongles sont courts et presque droits. Cette disposition des pattes permet à l'Oiseau une marche assez facile sur le sol, mais peu rapide. Le plumage serré, lisse, est formé de grandes plumes rigides, larges, arron- dies, duveteuses à la base; les couleurs tendres y prédominent, relevées parfois au cou et à la poitrine par de jolis reflets métalliques. Les deux sexes portent sensiblement la même livrée. Au point de vue anatomique, les Pigeons ressemblent beaucoup aux (ialli- nacés; ils n'en diffèrent que par quelques particularités, telles que la brièveté des CiKcums, le plus grand développement du système pneumatique, mais ce qui La vie des animaux illustrée. IV. — I [2] LES PIGEONS. 2 les caractérise surtout, c'est l'existence d'un jabot pair qui, à l'époque de la reproduction, sécrète un liquide crémeux destiné à l'alimentation des jeunes. Habitat. — Les Pigeons sont répandus dans toutes les contrées de la terre. Ils vivent par couples ou en bandes nombreuses dans les forêts elles steppes, aussi bien que dans les régions montagneuses. La plupart des espèces sont migratrices, quelques-unes sont sédentaires. Mœurs. — On admet généralement que les Pigeons sont des Oiseaux fort bien doués sous tous les rapports. I.,eurs mteurs sont douces et sociables. Ils sont gais, vifs, prudents et même craintifs; leurs allures, assez gracieuses, sont intéressantes à observer. Excellents voiliers, ils se meuvent aussi avec aisance sur le sol. Les organes des sens, surtout la vue, sont, chez eux, bien développés; mais la faculté la plus curieuse qu'ils présentent est une forme spéciale de la mémoire dont il sera question plus loin à propos des Pigeons voyageurs. Leur voix, variable selon les espèces, présente un caractère qui est propre à cet ordre d'Oiseaux, c'est le roiicoiileineiit. Malgré la douceur de leurs mœurs, les mâles se livrent parfois quelques com- bats, et ils ont alors une façon spéciale de combattre, se servant peu de leur bec qui est trop faible, mais se lançant par contre de vigoureux coups d'aile qui finissent par renverser un des adversaires. Leur nourriture est presque exclusivement végétale; les graines en forment la base. Au contraire des autres Oiseaux, ils boivent d'un seul trait, en plon- geant leur bec dans l'eau et en aspirant celle-ci entre leurs mandibules. Les Pigeons sont monogames et les unions paraissent durer toute la vie. Il y a une ou deux pontes par année : chaque couvée se compose de deux œufs d'un blanc pur que les parents couvent alternativement: de ces deux œufs, l'un donne généralement naissance à un mâle, l'autre à une femelle. Les petits naissent presque nus et ont besoin pendant longtemps des soins de leurs parents avant de pouvoir quitter le nid. On a vu, à propos des caractères anatomiqucs, que le jabot des Pigeons sécrétait, à l'époque de la reproduction, une substance crémeuse qui servait à l'alimentation des jeunes. Mais au contraire de tous les autres Oiseaux, ce n'est pas le mâle ou la femelle qui vient apporter la nourriture dans le bec des petits; ce sont ces derniers qui introduisent le bec dans celui de leurs parents pour }' recueillir la bouillie laiteuse, plus ou moins mélangée de graines àdemi-digérées, qui leur est offerte. Il résulte de cette particularité qu'un Pigeon est dans l'impossibilité de nourrir et d'élever un petit Oiseau d'une autre famille que la sienne. Le nid est placé dans des endroits très variables, tantôt sur les branches d'un arbre, tantôt dans un buisson ou dans une crevasse de rocher. Il est négligem- ment construit et peu solide. Classification. — Les Colombidés forment un groupe tellement homogène qu'il est inutile d'y établir des subdivisions. Nous verrons successivement les différents genres d'après l'ordre de leurs affinités qui les lient d'une part aux Passereaux, d'autre part aux Gallinacés. LES COLOMBARS. 13] LES COLOMBARS Les Colombars et les genres voisins forment un terme de passage entre les Passereaux et les Pigeons proprement dits. Caractères. — Ils ont un corps lourd, trapu. Leur bec épais, robuste, est renflé à l'extrémité en forme de pince solide; leurs ailes sont de longueur médiocre, pointues, sub-obtuses ; leur queue mé- diocre, arrondie ; leurs tarses courts, scutellés, en grande partie emplumés; leurs doigts larges et plats, réunis à la base par une membrane formant une sorte de plante de pied. Leur plumage est orné de teintes mé- talliques très vives où domine le vert. LE COLOMBAR D'ABYSSINIE {Pha- lacrotreroii cibyssiiiica). — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o"',33 de long. Il a le dos vert-olive, le ventre jaune; la tète, le cou et la poitrine d'un vert cendré; les plumes des ailes noirâ- tres bordées de jaune ; la queue noire à la base, d'un gris argenté dans sa seconde moitié ; l'iris rouge, l'œil entouré d'un cercle dénudé bleuâtre; le bec bleuâtre à la base, rougeàtre à la pointe; la cire recouvrant les narines, d'un rouge sale ; les pattes jaune orangé foncé. Habitat. — Le Colombar habite l'Afrique centrale et méridionale. Mœurs. — Son existence est essentielle- ment arboricole. Il se tient en sociétés de dix à vingt indi- vidus sur les branches des grands arbres, particulière- ment sur les sj'comores, dont l'épais feuillage l'abrite merveilleusement contre les fortes chaleurs de la journée. Parfois, on le rencontre par paires, et même dans chaque bande les couples ne se séparent pas. Cette particularité, qui indique chez cet Oiseau un instinct très développé de sociabilité, le rapproche des Perroquets avec lesquels il a encore d'autres ressemblances. Ce n'est pas sans raison, d'ailleurs, que les Co- lombars sont parfois désignés sous le nom de Pigt'oiis-Per)-oqia'ls ; leurs cou- Jj^>y^ t-^J ^ Le Colonicallc hérisse. [4] LES PIGEONS. 4 leurs vives, les postures singulières qu'ils prennent en grimpant sur les branches des arbres ou en s'y reposant, leur vol rapide, bruyant, les font ressembler beaucoup à des Psittacidés, pour l'observateur non prévenu. Les Colombars se nourrissent surtout de fruits et de baies. Ils nichent dans les creux des arbres. Les Ptii.onopks. — Proches parents des Colombars, les Ptilonopes sont ori- ginaires de la Malaisie et de i'Occanie. Ils vivent sur les coteaux boisés, se nour- rissent exclusivement de fruits, notamment de figues, de bananes. Le Colomgalle hérissé. — Près des Colombars et des Ptilonopes, se place une espèce très curieuse, le Colomgalle hérissé [Alectra'uas pulcherrimus). Son plumage est presque entièrement d'un beau bleu indigo, à l'exception des plumes du cou et de la poitrine qui sont blanches, étroites, rigides, et sont sus- ceptibles de se hérisser en une sorte de crinière. Cet Oiseau vit dans l'Afrique méridionale et occidentale et à Madagascar. Il se retire dans les bois pendant la nuit et le milieu du jour ; le reste du temps il parcourt les plaines en bandes nombreuses, à la recherche des baies et des graines qui forment le fond de sa nourriture. Les Carpophages ou Muscadivorf.s. — Ils habitent l'Océanie. Leurs mœurs sont celles des Colombars. LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS Caractères. — Les Oiseaux que l'on réunit dans le genre unique Colombes présentent les caractères suivants : bec faible, droit, presque égal en longueur à la tète, membraneux et recouvert d'une cire épaisse, molle, dans sa première moitié, corné à la pointe qui est renflée et arrondie ; narines étroites, oblongues, horizontales, percées dans la cire; ailes allongées, pointues, sub-obtuses ; queue ample, ordinairement composée de douze pennes, arrondie ou tron- quée à angle droit; tarses courts, plus ou moins emplumés au-dessous de l'ar- ticulation. On ne peut guère établir dans ce genre que les deux subdivisions reconnues par Degland et qui sont les suivantes : 1° Espèces à tarses plus courts que le doigt médian, assez emplumés au-des- sous de l'articulation, et dont l'aile ne porte, en dessus, ni bande, ni taches transversales noires :.... Grand Ramier: 2° Espèces à tarses aussi longs que le doigt médian, médiocrement couverts au-dessous de l'articulation, et dont l'aile est relevée, en dessus, par des bandes ou des taches transversales noires :.... Petit Ramier, Bi\et. LA COLOMBE RAMIER OU GRAND R\îA\ERyColumba palumbus L.). — Dési- gnée encore sous les noms de Palombe ou de Pigeon des Rois, cette espèce est la plus forte du genre; sa taille est deo°',45. Degland la décrit de la façon sui- vante : Caractères. — Le mâle adulte, en été, a la tête, le cou, le croupion et les 5 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [5] couvertures supérieures de la queue d'un cendré bleuâtre ; le dos et les couver- tures des ailes d'un cendré brun ; le derrière et les côtés du cou d'un vert doré, à reflets bleu et cuivre rosette; la partie inférieure du cou ornée de chaque côté d'un croissant d'un blanc de plomb ; le bas du cou en avant et la poitrine d'une couleur vineuse a. reflets ; le ventre, les flancs et sous-caudales d'un gris bleuâtre ; les rémiges primaires brunes bordées de blanc, les secondaires d'un gris brun; la queue d'un cendré foncé en dessus, passant au noir vers l'extré- mité, avec une large bande transversale d'un gris bleuâtre en dessous; le bec rouge de chair, avec le bout jaune orangé et les narines couvertes d'une sorte de poussière blanche; les pieds rouges, les ongles brun de corne, l'iris jaune pâle. La femelle ressemble au mâle, mais le croissant blanc du cou est moins étendu En automne, les deux sexes ont des teintes moins pures. Les jeunes ont une teinte terne et ne commencent à être marqués de blanc que vingt-cinq à trente jours après leur sortie du nid. Habitat. — Le Pigeon ramier habite toute l'Europe, mais il s'y trouve irré- gulièrement répandu. Il est très abondant en Suède et dans les forêts de l'Alle- magne. En France, il est sédentaire dans un grand nombre de localités, migrateur dans d'autres. Il va passer l'hiver dans le nord-ouest de l'Afrique. A l'époque de ses migrations, on le trouve presque partout. Mœurs. — Le Ramier mérite bien son nom de Pigeon des Bois ; son exis- tence est essentiellement arboricole. Mais il se fixe aussi volontiers dans le voi- sinage des habitations que dans les régions désertes; on le voit fréquemment nicher dans les jardins des grandes villes. Il paraît avoir une certaine prédi- lection pour les forêts de conifères, probablement parce que les graines de ces arbres entrent dans son régime. Bien qu'il passe la plus grande partie de son existence dans les cimes des grands arbres, il marche aisément sur le sol, le corps horizontal ou redressé, en inclinant sans cesse le cou en avant, mouvement qui est familier à tous ses con- génères. Son vol est élégant et rapide ; quand il prend son essor, ses ailes frappent l'une contre l'autre en produisant un claquement, qui se transforme ensuite, pendant le vol, en une sorte de sifflement. Son chant est un roucoulement sonore. « Lorsqu'on observe le Ramier en pleine nature, disait Degland en 1867, c'est-à-dire dans les forêts ou dans les campagnes, et lorsqu'on étudie ses mœurs au sein de nos cités populeuses, il semble qu'il y ait en lui deux Oiseaux. Dans le premier cas, on voit qu'il est farouche, méfiant, qu'il fuit l'homme du plus loin et ne se laisse jamais surprendre; dans le second cas, il montre autant et plus de confiance que les races de Gallinacés et de Pigeons qui vivent dans nos demeures depuis des siècles. Ainsi les Ramiers qui habitent les Tuileries, le Luxembourg, loin d'être effarouchés par le nombreux public qui en fréquente les promenades, se rendent familiers au point de venir prendre dans la main, dans la bouche même, les aliments qu'on leur présente. Nous en avons vu jus- qu'à cinq sur les épaules, les bras, les doigts d'un de leurs pourvo3'eurs jour- [6] LES PIGEONS. 6 naliers, et c'était chose excessivement curieuse de les voir se chasser à grands coups d'aile et de bec, pour la possession d'une mie de pain. Peu de nos Oiseaux les mieux domestiques sont à ce point confiants. » Dans les forets, le Ramier passe la nuit et le milieu du jour caché dans le feuillage ; le malin et une partie de l'après-midi, il va à la recherche de sa nour- riture composée de graines, de baies et de fruits : il mange surtout des graines de céréales et de graminées : pois, fèves, haricots, blé, navette, glands, faînes ; il paraît aussi très friand des petites fraises des bois. Au printemps et en été, on le rencontre par couples. Le mâle, avant l'accou- plement, se montre très excité. « Il ne peut rester en place, dit Brehm, il vole, s'élève dans l'air obliquement, frappe violemment les pointes des ailes, qu'on entend battre de très loin, descend en planant, et continue ce jeu pendant long- temps. Sa femelle le suit quelquefois: mais, d'ordinaire, elle reste perchée, et l'attend tranquillement. Il revient généralement auprès d'elle après avoir exécuté ses évolutions aériennes. Jamais je n'ai vu deux mâles se battre pour posséder une femelle. » Le Ramier établit son nid dans les grands arbres, sur les branches qui ont une direction oblique par rapport au sol, et à une faible distance du tronc. C'est au mâle qu'est dévolu le rôle le plus actif; c'est lui qui, durant des heures entières, va ramasser sur le sol ou sur les arbres voisins, des bûchettes, des brindilles, des racines, que la femelle assemble à son gré. La construction achevée présente l'aspect d'une plate-forme presque à claire-voie, dont les maté- riaux sont grossièrement enchevêtrés, et qui paraît exposée à s'effondrer au moindre vent. Mais il n'en est rien, comme l'a fort bien montré O. des Murs, par la remarque suivante : « A la négligence apparente, dit cet auteur, avec laquelle semble construit le nid du Ramier et celui de toutes les espèces forestières de Pigeons, nous croyons que l'on a toujours été dans l'erreur, quant à l'appré- ciation qu'on en a faite, et au jugement qu'on en a porté. Ce nid, qui parait effectivement plutôt une ébauche qu'une œuvre achevée, est tellement léger que, du pied des arbres où il pose, on voit le jour au travers, et qu'on peut non seulement compter en quelque sorte les bûchettes qui le composent, mais même apercevoir la femelle quand elle s'y trouve. Nous voyons, au contraire, dans ce fait, non un indice de négligence de ces Oiseaux, mais une preuve de leur instinct. Sauvage et inquiet comme est le Pigeon ramier, il a besoin de voir ce qui se passe auprès et autour de lui, même et surtout quand il couve. De là, ce tissu lâche et à claire-voie qu'offre le nid, et qui permet à l'Oiseau de plonger, pour sa propre sécurité, jusqu'au bas de l'arbre dont il occupe le faîte. » Brehm, de son côté, affirme n'avoir jamais vu un seul de ces nids qui eût été renversé par le vent. Parfois le couple s'empare du nid abandonné d'un autre Oiseau, ou même d'un Ecureuil et l'approprie à ses besoins. Il y a, en général, deux couvées par an, la première dès la fin de mars, la seconde à la fin de juin. Le nombre des œufs n'est jamais de plus de deux par couvée, et quelquefois même d'un seul. Ces œufs sont oblongs, presque égale- 7 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [7] ment obtus aux deux bouts, et d'un blanc pur ou d'un blanc légèrement teinté de bleuâtre. Les parents semblent témoigner peu d'attachement envers leur progéniture, fait assez singulier si l'on songe à la tendresse qu'ils se prodiguent ii l'époque de l'accouplement, et que les poètes ont souvent célébrée. Si, en effet, on chasse la femelle de son nid, elle abandonne ses œufs ou ses petits. Ces derniers naissent presque nus comme tous les autres Pigeons. Ils ont longtemps besoin des soins de leurs parents qui les nourrissent d'abord de la substance crémeuse sécrétée par leur jabot, puis de graines ramollies, et les réchauffent alternativement jusqu'à ce que leurs plumes aient commencé à pousser. Les repas sont, chez ces Oiseaux, réglés avec une précision mathéma- tique : le premier a lieu vers neuf heures, le second vers quatre ou cinq heures. Jamais les petits n'ont à manger en dehors de ces heures régulières. A l'automne, les Ramiers qui se disposent à émigrer se réunissent en bandes nombreuses ; ils se répandent alors dans les champs et les prairies, où ils vont glaner les grains de blé, de chanvre, de millet, laissés par les moisson- neurs. L'époque des brouillards arrivée, ils se dirigent vers le sud, en bandes com- pactes. Ils voyagent de préférence de grand matin et par la brume, évitant ainsi la rencontre des grands Oiseaux de proie qui guettent leur passage. Chasse. — La chasse au Ramier se pratique en grand dans certaines localités, notamment dans les Pyrénées-Orientales, à ses passages annuels du printemps et de l'automne, en même temps que celle du Colombin dont il sera question plus loin. Le Ramier étant considéré comme nuisible aux récoltes, sa chasse est d'ailleurs permise en tous temps. Captivité. — Malgré son naturel assez farouche, le Ramier s'apprivoise faci- lement et peut être conservé dans une grande volière. Sa reproduction offre cependant d'assez sérieuses difficultés. LA COLOMBE COLOMBIN {Columba œnas L.). — Caractères. — Le Colombin est d'une taille inférieure à celle du Grand Ramier ; il ne mesure que o'".'ib de long. Son plumage en est aussi très différent. Le mâle, au printemps, a la tête, le cou et le dessus du corps d'un cendré bleuâtre, plus clair sur le croupion et les sus-caudales ; les reflets métalliques des côtés du cou sont d'un vert violet; la poitrine est d'un rouge vineux; le reste de la face inférieure et les sous- caudales d'un cendré bleuâtre ; les ailes, de même couleur que le dos, sont mar- quées de deux taches irrégulières noires ; les grandes rémiges sont noirâtres, lisérées de gris ; la queue, d'un cendré bleuâtre dans ses deux tiers antérieurs, est noire dans le reste de son étendue, avec la rectrice latérale de chaque côté marquée de blanc en dehors ; le bec rouge avec la pointe jaune ; l'iris rouge brun; les pieds rouges. En automne, les teintes de l'un et l'autre sexe sont plus sombres, et les reflets métalliques du cou tirent sur le verdcàtre. Habitat. — Le Colombin est répandu dans toute l'Europe jusqu'en Sibérie. En France, il s'établit surtout dans les grandes forêts du centre et du nord. [8] LES PIGEONS. 8 Il émigré dans le nord de l'Afrique, à l'automne, en compagnie souvent du Grand Ramier. Mœurs, -- Par ses allures et par ses mœurs, il diffère peu du Ramier. Ses mouvements paraissent cependant un peu plus vifs, sa démarche plus dégagée ; il s'agite et roucoule presque toute la journée. Sa nourriture se compose de graines de céréales, de légumineuses, de chènevis, de glands, de semences de pin et d'autres conifères. D'un naturel très farouche, il fuit le voisinage de l'homme, et habite de pré- férence les grands bois toulTus. Un couple de Colombins est, d'après Brehm, un vrai type d'amour conjugal. Le mâle ne quitte pas sa femelle; il reste près d'elle, la distrait par ses roucou- lements et l'accompagne si elle est chassée de dessus ses œufs. De plus, les deux parents déploient, pour défendre leur couvée, un courage remarquable que l'on chercherait en vain chez les couples du Grand Ramier. Le Colombin niche dans les cavités des vieux troncs d'arbres, ou dans l'angle de bifurcation des grosses branches. Les œufs au nombre de deux, rarement de trois, sont semblables à ceux du Ramier, mais un peu plus petits. Il y a deux et même trois couvées par année. Le Colombin a beaucoup d'ennemis à redouter, notamment les Oiseaux de proie et les petits Carnassiers. Brehm, cependant, cite un exemple peut-être unique où l'on trouva sur un même arbre un nid de Colombin et au-dessous, dans un trou de l'arbre, un nid de Martes. Chasse. — Les Colombins émigrent à des époques très régulières. Aussi sont-ils l'objet de chasses très importantes à leur passage dans le midi de la France, notamment dans les Pyrénées, où ils sont désignés à tort sous le nom de Bisets. Le premier passage a lieu au mois de mars, et dure une vingtaine de jours. Le passage d'automne commence dans les derniers jours de septembre et se prolonge souvent jusqu'en novembre. C'est par troupes de dix à quarante et même cent individus que voyagent ces Oiseaux, en compagnie souvent de bandes semblables de Ramiers. Les chasseurs des Pyrénées emploient différents modes de chasse en usage depuis fort longtemps, et tous plus ou moins meurtriers. Le plus simple consiste à placer à terre ou sur des arbres assez élevés, dans un endroit de passage connu, quelques Colombins en bois sculpté et peint, des- tinés à attirer l'attention des Oiseaux de passage. Ceux-ci, croyant voir une de leurs bandes au repos, viennent planer au-dessus des arbres ou se posent à terre. L'alarme est aussitôt donnée par une sentinelle qui fait lever la troupe en temps opportun, pendant que les chasseurs, cachés dans une hutte disposée à cet effet, peuvent tirer a volonté. Cette chasse, quelque simple qu'elle paraisse, exige cependant assez de sang-froid et une certaine expérience. Le plumage des Colombins, comme celui de tous les Pigeons, d'ailleurs, est fort serré, de sorte que le plomb qui frappe la poitrine de l'Oiseau n'a pas la force de pénétrer dans les chairs; les Colombins alors s'éparpillent, s'élèvent à une grande hau- teur et sont bientôt hors d'atteinte. Aussi les vieux chasseurs recommandent-ils 9 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [9] de ne tirer que quand la bande est au-dessus de la tète du tireur ou l'a un peu dépassé. Dans certaines localités, on emploie pour chasser les Colombins d'immenses filets méthodiquement disposés dans des endroits convenablement choisis. On donne à ces emplacements les noms de palomiéres ou de p.iiitii'7'es, selon que l'on y prend surtout des Ramiers ou des Colombins. On choisit entre deux chaînes de montagnes une gorge large à son ouverture et qui aille en se rétrécissant : à son extrémité doit se trouver une surface plane et unie d'environ cent pas carrés, qu'on appelle yb///t' dans le pays. L'embouchure étroite est entièrement fermée par des filets dont le nombre varie suivant la largeur de la gorge. Ces filets, qui ont chacun huit ou neuf mètres de largeur, sur dix-huit de hauteur, sont hissés, par le moyen de poulies, à des arbres qui n'ont pas moins de 25 à ?5 mètres d'élévation. Ils sont masqués, sur le devant, par une seconde rangée d'arbres élagués dans le bas, pour donner passage aux Oiseaux. Environ 3o mètres en avant des filets est une trèpe, qui consiste en trois troncs d'arbres plantés en triangle, à six pas les uns des autres, rapprochés et liés ensemble par le haut avec une chaîne de fer. Sur leurs cimes réunies, on construit une cabane qui est occupée par un des chasseurs. Des deux côtés de la gorge, le long de la crête des montagnes, sont également disposées, d'espace en espace, des cabanes sur des arbres ou sur des éminences naturelles. Chacune de ces cabanes recèle un chasseur. Lorsqu'une volée de Colombins ou de Ramiers, engagée dans la gorge, veut franchir la crête, le chasseur le plus à portée lui lance un matou, espèce de palette blanchie et emplumée, qui imite grossièrement un Oiseau de proie. Les Oiseaux effrayés rétrogradent et fondent souvent jusqu'à terre. Ils sont ainsi maintenus successivement, d'un chasseur à l'autre, dans la direction des filets. Au moment où ils dépassent la trèpe, le chasseur posté dessus leur décoche, à son tour, tou- jours en queue, jamais par devant, un Oiseau empaillé ou un matou. Les Colombins épouvantés se jettent les uns sur les autres : on lâche une détente, et Oiseaux et filets, tout est précipité pêle-mêle à terre. Captivité. — Le Colombin s'apprivoise encore plus aisément que le Ramier, et se reproduit en captivité, fait qui s'observe rarement chez le Ramier. L/V COLOMBE BISET OU PIGEON DE ROCHE {Columba livia L.). — Cette espèce est la plus intéressante du genre Colombe; on la considère comme la souche de toutes les races actuelles de Pigeons domestiques. Caractères. — Sa taille est de o°',32. Son plumage est d'un gris ardoisé, avec des reflets chatoyants verts et vert violet sur les côtés et le bas du cou; le crou- pion d'un blanc pur; les ailes barrées transversalement de noir et marquées d'une grande tache de même couleur sur les pennes les plus rapprochées du corps; les rémiges et les rectrices terminées de noir; la rectrice la plus externe blanche sur ses barbes externes dans presque toute son étendue; le bec brun, la cire qui recouvre les narines d'un blanc farineux; l'iris et les pieds rouges. [iO] LES PIGEONS. 10 La femelle a la même livrée que le mâle, mais les teintes en sont moins vives; elle est aussi de plus petite taille. Les jeunes, à la sortie du nid, ont aussi des teintes ternes, mais ils se distin- guent aisément desColombins par leur croupion blanc et la large bande noire de l'aile. Variétés. — On a décrit comme espèces distinctes du Biset [C. Liria) de simples variétés géographiques, parmi lesquelles le C. amaliœ, le C. affinis, le C. inteviiiedia. Cette dernière seule, ou Biset sauvage de l'Inde (C. interme- dia de Strickelandi, pourrait être considérée jusqu'à un certain point comme une race distincte du Biset d'Europe. Elle difl'ère de celui-ci par la couleur du croupion qui est bleue au lieu d'être blîfnche. Mais ce caractère tiré de la cou- leur du croupion n'a qu'une faible valeur, il est très variable et disparait même complètement sous l'influence de la domestication seule. Il n'y a donc, en réalité, qu'une seule espèce de Biset sauvage. Habitat. — Le Biset habitait autrefois une grande partie de l'Europe et de l'Asie; les côtes rocheuses de la Suède, de la Norvège, de l'Angleterre, de l'Ecosse, et toutes les îles et côtes du bassin méditerranéen; certaines régions de la Russie, les bords du ^'oIga, le Caucase. En France, il nichait sur les bords de la Meuse, sur quelques rochers des bords du Rhône, et dans un grand nombre d'autres localités, Pyrénées, Bre- tagne, Normandie. Aujourd'hui, les individus qui vivent encore à l'état sauvage et se sont con- servés purs de tout mélange, tendent à devenir de plus en plus rares dans les régions où ils ont subsisté, et à se croiser avec les races communes des pigeon- niers actuels. Mœurs. — Le Biset s'établit de préférence sur les rochers et les falaises escarpées des bords de la mer, rarement dans l'intérieur des terres. De là lui est venu son nom de Pigeon de Roche. Aux hides, il niche dans les grottes et les cavernes, près des rivières, en compagnie des .Martinets, et on le désigne sous le nom de Pigeon de Montagne. C'est un Oiseau très farouche, dont la circonspection est plus grande encore que celle de tous ses congénères. Son vol est plus beau et plus léger que celui du Ramier, et aussi rapide que celui du Colombin. Il monte très haut dans les airs, et y décrit de vastes cercles; lorsqu'il redescend, il plane un moment avant de prendre pied, alin d'amortir sa chute. Son genre de vie dilfère peu de celui du Colombin. Comme ce dernier, il est d'une régularité parfaite dans ses habitudes. Les individus d'une même bande passent la nuit en commun dans des rochers inaccessibles. Dès le lever du soleil, ils sortent de leur abri et se mettent en quête de nourriture, après quelques évolutions préliminaires. C'est alors que les mâles se montrent dans toute leur beauté. Ils enflent leur jabot, hérissent les plumes brillantes de leur cou, étalent leur queue, laissent pendre les ailes et roucoulent avec animation, en abaissant et relevant le cou alterna- tivement et en décrivant chaque fois un demi-cercle. Paisibles et sociables, ces Oiseau.x n'ont de querelles sérieuses qu'à l'époque 11 LES COLOMBES OU PIGEONS PROPREMENT DITS. [11] des amours, mais sans qu'il s'ensuive jamais de dangereuses batailles. Cepen- dant ils montrent dans la recherche de leur nourriture une certaine jalousi- qui se manifeste de la façon suivante : quand l'un d'eux a trouvé une abone dante pitance, il la couvre de ses ailes, comme s'il voulait empêcher ses voisins de profiter de sa bonne fortune. Les Bisets se nourrissent, comme leurs congénères de la même famille, de graines de céréales et de légumineuses, blé, colza, lentilles, lin, fèves sau- vages : en même temps ils avalent aussi des petits cailloux. Gerbe a trouvé dans l'estomac de l'un d'eux une grande quantité de petits Mollusques. Les nichées ont lieu deux fois par an. Dès le commencement du printemps, les mâles roucoulent avec ardeur, et recherchent chacun une compagne. » Une fois le couple uni, dit Naumann, il ne se sépare plus; les deux époux restent ensemble, même hors de la période des amours. Les exceptions sont rares. Le mâle cherche un endroit pour construire son nid : l'a-t-il trouvé, il y demeure, et crie, la tète penchée vers le sol, jusqu'à ce que la femelle arrive. Celle-ci accourt, la queue étalée et relevée, l'agace et fouille avec son bec les plumes de sa tète. Puis tous deux se caressent et l'accouplement a lieu. Lors- qu'il est accompli, ils s'élèvent dans les airs en se jouant, en battant bruyam- ment des ailes, puis ils se reposent et s'occupent silencieusement à lisser leur plumage. Ce manège se répète plusieurs jours de suite; enfin, le mâle pous- sant sa femelle devant lui, jusqu'à l'endroit où doit être construit le nid, va chercher des matériaux, les apporte dans son bec et les remet à sa compagne, qui se charge de les coordonner. » Le nid, placé dans un endroit inaccessible, caverne, anfractuosité de rochers, a une forme aplatie, avec une légère excavation au centre pour recevoir les œufs. Il est grossièrement construit îi l'aide de branches sèches, de brindilles d'herbes, de chaumes desséchés. Les œufs, au nombre de deux, sont d'un blanc pur ou très légèrement lavés d'une faible teinte azurée. Ils sont couvés alternativement par le mâle et la femelle : par le mâle durant le milieu du jour, par la femelle le reste du temps. La durée de l'incubation est de seize à dix-huit jours. Les petits éclosent successivement à un jour ou deux d'intervalle ; ils sont d'abord nourris par la substance crémeuse sécrétée par le jabot de leurs parents, puis avec des graines ramollies, à moitié digérées; enfin ils reçoivent la même nourriture que les adultes. Leur complet développement demande environ un mois, mais ils restent un peu plus longtemps encore en compagnie de leurs parents. Comme les autres Pigeons, ils ont pour ennemis naturels et redoutables, les Oiseaux de proie et les petits Carnassiers. Captivité. — Le Pigeon Biset présente une remarquable aptitude à la domes- tication, mais cette aptitude, qui, si l'on considère les mœurs un peu farouches de cet Oiseau à l'état sauvage, semble au premier abord paradoxale, présente un caractère particulier : le Biset domestique conserve toujours, malgré les soins dont on peut l'entourer, une certaine indépendance, et il est loin de faire preuve de la même soumission, du même esclavage passif qui caractérisent les races actuelles de nos colombiers modernes. [12] LES PIGEONS. 12 Si l'on vient h le déranger pendant ses couvées, il abandonne le colombier ; certains auteurs ont même voulu trouver dans ce fait l'origine du nom de fiiyai'd qu'on lui donnait autrefois, nom qui a cependant une tout autre origine. La domestication du Biset remonte à la plus haute antiquité. En France, avant 1789, c'était le Biset qui formait le fond de la population des colombiers ou fuies \ de là, selon Cornevin, l'appellation de fuyard ou mieux de fuard donnée dans l'ancienne langue française au Pigeon des fermes. Le type domes- tique est peu différent de l'espèce sauvage; il en a conservé la livrée générale et le genre de vie; mais sa taille est un peu plus forte, et son plumage s'est pigmenté de noir ou de brun. Il subsiste encore sous cette forme et dans une demi-liberté dans certaines localités, notamment en Hollande. Des variétés nombreuses, que les éleveurs ont obtenues par la sélection arti- ficielle et des croisements savamment combinés, sont issues les races domes- tiques actuelles qui méritent de faire l'objet d'un chapitre spécial. LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES L'étude des différentes races de Pigeons domestiques présente un très grand intérêt. Elle forme un des chapitres les plus importants de la biologie, car elle montre les variations considérables que peut subir une espèce sous l'influence de la domestication et d'une sélection artificielle sagement rai- sonnée. Historique. — Les premiers documents qui font mention du Pigeon domes- tique remontent à l'époque de la quatrième dynastie égyptienne. Puis nous apprenons par Pline, qu'au temps des Romains, les Pigeons étaient élevés avec beaucoup de soins, soit pour la table, soit pour le plaisir des amateurs ; on tenait compte de leur généalogie : certaines espèces très appréciées valaient, dit-on, jusqu'à Syo francs la paire. Dans l'Inde, en 1600, un historien de la cour d'Akber-Khan nous apprend qu'il existait alors dix-sept races distinctes, dont huit étaient estimées surtout pour leur beauté. A la même époque, les Hollandais étaient déjà très passionnés pour l'éle- vage des Pigeons, ainsi que nous l'apprend Aldrovande, et la plupart des races actuelles étaient créées, mais non perfectionnées comme elles l'ont été depuis. De nos jours, des sociétés colombophiles se sont fondées dans le monde entier; tandis que certaines d'entre elles s'occupent plus particulièrement de l'amélioration des races d'alimentation ou de fantaisie, les autres cherchent à perfectionner les races de messagers. Origine des races domestiques. — Les belles recherches de Darwin ont démontré que toutes les races connues de Pigeons domestiques descendaient du Biset et aussi de ses variétés décrites plus haut, mais qui n'en sont nulle- ment distinctes spécifiquement. Les principales raisons émises par le célèbre naturaliste pour justifier cette théorie sont les suivantes : 13 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [13J Toutes les races de Pigeons domestiques, même celles qui paraissent offrir les plus grandes dissemblances, diffèrent moins entre elles et du Bizet sauvage que de toute autre espèce de la famille des Colombides. Elles ont toutes la même conformation, les mêmes habitudes, la même voix, la tendance à un même système de coloration, et ne se distinguent souvent du Bizet que par des caractères d'ordre purement tératologique dont on ne trouve pas d'exemple chez les autres Colombides ; C'est en vain que l'on chercherait dans tout l'ordre des Pigeons un bec comme celui du Tumbler, un jabot comme celui du Boulant, une queue en éventail comme chez le Pigeon-Paon. De plus, toutes ces races se croisent aisément entre elles et avec le Bizet et donnent des métis indéfiniment féconds, avec une tendance à reproduire sou- vent le type primitif du Bizet. Cette particularité de retour atavique vers l'ancêtre primitif est très nette en ce qui touche à la coloration : Les éleveurs savent que quand apparaît, à la suite d'un croisement, un sujet plus ou moins bleu, les ailes sont presque infailliblement marquées des deux bandes noires caractéristiques du Bizet. Si, d'ailleurs, on admet pour les races de Pigeons domestiques l'existence de plusieurs souches distinctes, on est par cela même obligé de supposer que ces souches ont été assez nombreuses, et qu'il y en a eu au moins sept ou huit bien caractérisées. Or, il est douteux que ces espèces primitives, qui devaient avoir les mêmes habitudes que le Bizet, c'est-à-dire vivre sur les rochers, dans des endroits inaccessibles, fussent entièrement disparues avant la période historique. On n'a jamais constaté non plus un retour à l'état sau- vage des espèces domestiques; tandis que le Bizet de colombier a repris sa liberté dans certaines localités avec des caractères à peine modifiés. Aussi, nous conclurons avec l'illustre auteur de VOrigine des espèces : « Il est tout à fait improbable que l'homme soit autrefois arrivé à faire repro- duire libiement, à l'état domestique, sept ou huit espèces supposées de Pigeons, qui seraient totalement inconnues à l'état sauvage, et qui ne redeviennent nulle part marronnes; ces espèces, bien que très semblables au Bizet sous presque tous les rapports, présentant, sous d'autres, des caractères très anor- maux lorsqu'on les compare aux autres Colombides ; la réapparition occasion- nelle de la couleur bleue et des diverses marques dans toutes les races, autant quand elles restent pures que quand on les croise ; la fécondité complète de tous les métis; toutes ces raisons, prises ensemble, nous permettent de con- clure, avec beaucoup de certitude, à la descendance de toutes nos races domes- tiques de Pigeons de la Coliimha liria et de ses sous-espèces géographiques. » Nous allons voir d'ailleurs que la plupart des races domestiques, particuliè- rement les races de fantaisie, ne sont en réalité que des Bizets dont certains caractères d'ordre presque tératologique ont été soigneusement cultivés et entretenus pendant des milliers de siècles à travers les générations de ces Oiseaux, par la sélection artiticielle. Mode de formation des principales races. — De quelle façon ont donc pu être créées les variétés nombreuses qu'on exhibe dans les expositions à la curiosité du public et à l'appréciation des amateurs enthousiastes? La vie lies animaux illustpée. IV. — 2 |14] LES PIGEONS. li Le lîi/.et, maintenu dans une demi-captivité, se reproduit indéfiniment de par les lois de l'hérédité, avec des caractères identiques, mais cet Oiseau est susceptible de variations très nombreuses, si l'on vient a le priver entièrement de sa liberté, à le changer de climat ou à modifier son alimentation. Sous l'influence de ces conditions nouvelles, et d"autres encore peu connues, il a pu apparaître spontanément, parmi certains sujets d'une même couvée, quelques anomalies plus ou moins sérieuses qui auront attiré l'attention des éleveurs. Dès lors, par une sélection consciente ou inconsciente, ces anomalies se seront reproduites et fixées en donnant naissance chacune à une variété particulière. De nos jours, c'est encore sur ce principe que se basent les éleveurs pour conserver et perfectionner les races qu'ils élèvent en vue des concours. Ils choisissent, dans une couvée, les sujets qui présentent au maximum les carac- tères, j'allais dire les monstruosités, qui sont propres a la race cherchée, ils les font accoupler de nouveau avec des sujets semblables, et ainsi de suite, en sacrifiant ou éloignant tous ceux qui ne sont pas purs. Plus tard, des croise- ments entre ces races anormales ont produit des races avec caractères intermé- diaires. C'est à cette sélection artificielle, patiemment suivie, et à d'autres conditions secondaires d'élevage, que l'on doit la production et la conservation de la plu- part des races dites de fantaisie. Classification — Il est difficile d'établir pour les Pigeons domestiques une classification rationnelle, non seulement parce que le nombre des races et des sous-races augmente chaque jour, mais aussi parce que certaines d'entre elles, issues de croisements compliqués, ne trouveraient place dans aucun groupe. D'autre part on ne connaît pas non plus la généalogie de chaque race pure, ou plus exactement les différents termes par lesquels chaque série se relie au Bizet considéré comme le type primitif. Nous suivrons donc forcément un ordre artificiel, en nous basant sur les particularités morphologiques principales qui caractérisent chaque type. Ce système aura l'avantage de rappeler l'origine des diverses races, qui, pour la plupart, sont dues à des anomalies devenues héréditaires par une sélection longtemps continuée ; il se trouvera aussi en parfait accord avec le synopsis de Cornevin reproduit à la fin du chapitre, et qui est d'une réelle utilité pour la détermination rapide des races et des sous-races. Nous étudierons donc successivement : r Les races peu différentes, par leurs caractères morphologiques, du Bizet sauvage : Bi-{et de colombier et ses sous-races, Mondains : 2" Les races caractérisées principalement par une particularité tirée de la forme générale du corps et de la structure du bec : Romains, Messagers, Carriers, Polonais, Tiunblers ; 3" Les races caractérisées principalement par une disposition spéciale de cer- taines plumes du tronc et de la tête : 15 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [151 CulbiiliTiils à épi, Craralés, Coquilles, Jacobins, Tainbuitrs; 4" Ixs races caractérisées principalement par des dispositions spéciales des plumes de la queue : Sivifls, Pii^eoiis-Poules, Pii^eons de Modèiie, Pigeons-Paons ; 5° Les races caractérisées principalement par un œsophage très dilatable : Boulants, Maillés de Cau.x. Les cinq groupes établis ci-dessus peuvent être considérés comme autant de branches émanées d'une même souche, le Bizet sauvage, et s'étant différenciées chacune dans un sens différent, tout en présentant, de-ci de-là, quelques anasto- moses entre leurs ramifications, d'où sont nées plusieurs races dont la généa- logie est impossible à débrouiller. Remarques. — Parmi les caractères morphologiques secondaires utilisés dans cette classification, il en est qu'on retrouve dans les races les plus éloignées les unes des autres et qui doivent être considérés comme des anomalies incons- tantes d'une faible valeur caractéristique. Ce sont notamment : Ia\ présence de plumes aux lai-ses et aux doigts. On trouve accidentellement ce caractère, non seulement sur des races domestiques, mais aussi sur le Bizet sauvage. La frisure des plumes. Elle est due à un recroquevillement des plumes, se luaniiestant par des ornements variés : cravates, coquilles, huppes. Le soyeux des plumes. C'est l'aboutissant d'une modification des plumes dont le premier terme est la frisure. Elle est caractérisée par la disparition du rachis ou sa division. i"' GRorpi;. - RACES PEr distinctes Dr bizet sal:vace. Ce groupe comprend, d'une part, les races qu'il est impossible de différen- cier du Bizet, autrement que par la coloration ou des particularités spéciales physiologiques, et, d'autre part, une race sans caractères bien tranchés, qui montre une tendance de retour au type primitif. LE BIZET DE COLOMBIER.— H a été décrit et étudié plus haut: nous n'v reviendrons pas. On peut lui rattacher, a titre de sous-races, les variétés suivantes que nous diviserons, comme l'a très judicieusement fait Cornevin, en : i" Sous-races différenciées par la coloration : .Montagnarde, Lune, Satinette, Heurtée, Maillée; 2° Sous-races différenciées par des particularités physiologiques : Volante a tête lisse. Tournante à tête lisse, Culbutante à tète lisse, Pigeons Rieurs. La première division comprend des Pigeons qui ne se distinguent du Bizet que par la coloration seule. La seconde comprend des Pigeons, qui, avec un plumage variable, présentent dans le vol des particularités spéciales ; ces particularités se retrouvent aussi dans d'autres races très éloignées du Bizet. jlG! LES PIGEONS. 10 Soi s-RACE MoNTAGNARDK. — Lcs Pigcons montcignards ont la tctc, le cou, la gorge noirs, rouges, chamois ou bleus, et le reste du corps blanc. Sous-KACiî LuNiî. — Elle est caractérisée par un plumage blanc satiné, lisse, avec un plastron d'un brun rouge et deux barres de même couleur sur les ailes. Les pattes sont courtes et abondamment emplumées. Sous-race Satinkttk. — Les Pigeons de cette sous-race ont, comme leur nom l'indique, un plumage d'un gris-perle satinette. Leurs pattes sont aussi forte- ment emplumées. I! en existe plusieurs variétés. Sous-RACE DES Heurtés. — Il existait des Heurtés nettement caractérisés dès 1676. Ces Pigeons sont remarquables par l'opposition tranchée qui existe entre la coloration du front et de la queue d'une part, et celle du reste du corps d'autre part. Les uns ont le front et la queue noirs, bruns, bleus ou jaunes avec le corps blanc; d'autres ont au contraire le front et la queue blancs, et le reste du corps noir, brun, rouge, bleu, fauve ou maillé. Sous-RACE Maillée. — Ces Pigeons sont ainsi appelés à cause de leur type de coloration; les plumes des couvertures des ailes portent, à l'extrémité, une tache triangulaire de couleur variable, mais qui tranche sur le reste du plumage. Les variétés de Pigeons maillés sont nombreuses. Toutes sont très proli- tiques et d'un bon rendement pour l'élevage. Sous-RACE DES VoLANTS OU Mo\TE-AU-ciEL. — Désignés aussi sous le nom de Pigeons-Hirondelles, ces Oiseaux doivent leur nom à l'habitude qu'ils ont de s'élever dans les airs à une grande hauteur et d'y planer longtemps. A part la coloration, qui est variable et donne lieu à de nombreuses variétés, c'est le seul caractère qui les distingue des Bizets. Cette sous-race est connue depuis fort longtemps, car Belon, cité par Darwin, a vu en Paphlagonie, en i555, ce qu'il décrit comme une chose nouvelle, des Pigeons qui s'élevaient à une telle hauteur qu'on les perdait de vue, et reve- naient ensuite au colombier sans s'être séparés. Sous-KACE DES TOURNANTS OU Claqueurs. — Les Tournants se font remarquer par les allures singulières des mâles à l'époque des amours. Ils s'élèvent à quel- ques mètres au-dessus de leurs femelles, décrivent en volant cinq ou six cercles, alternativement à droite et à gauche, en faisant claquer bruyamment leurs ailes au point de détériorer l'extrémité des grandes rémiges. Sous-RACE DES CuLBUTANTS A TÈTE LISSE. — • On doune le noiB de Cuibiitanls à des Pigeons qiii présentent la singulière particularité d'exécuter, soit en volant, soit en marchant, de véritables pirouettes en arrière. Le nombre et la rapidité des culbutes sont variables selon les sujets: ordinai- rement, on assiste à trois ou quatre culbutes successives, quelquefois davantage et jusqu'il quarante par minute. Il existe des Pigeons culbutants chez plusieurs races distinctes. Ceux dont il est question ici, les Culbutants à tète lisse, ont le port et les caractères morpho- logiques du Bizet. 17 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [il On peut expliquer ces culbutes soit par une propriété physiologique com- mune a diverses races, ce qui n'éclaircit en rien le problème, soit par une ano- malie encore inconnue dans la structure du S3^stème nerveux, anomalie devenue hérc'ditaire par la sélection et localisée dans le cervelet, le bulbe ou la moelle, ou peut-être même dans les canaux semi-circulaires de l'oreille interne. Dans cette h3^pothèse, il _v aurait peut-être lieu un jour de faire des Culbu- tants un groupe tératologique particulier. Sous-RACE m:s Rieurs. — Aux sous-races basées sur des particularités ph_\sio- logiques, il convient d'ajouter ici les Pigeons Rieurs, qui ne diffèrent en rien du Bizet, mais qui se font remarquer par une voix très singulière, pro- fonde, mélancolique, très différente à la fois et du roucoulement normal et de celui du Pigeon-Tambour. Ils sont originaires de l'Arabie ; ils étaient déjà connus de Moore en 1733. LES PIQEONS MONDAINS. — Cette race n'a, pour ainsi dire, que des carac- tères négatifs, car on donne communément le nom de Mondains à des Pigeons qui ne se rapportent à aucune race bien définie, et qui proviennent de croise- ments divers avec retour à un type voisin du Bizet. Le tour des j-eux est toujours rouge. Le port et l'allure sont les mêmes que chez le Bizet. Cependant certains amateurs assignent aux Mondains des caractères très précis, mais de peu d'importance. On distingue les gros, les moyens et les petits Mondains'^ les premiers sont d'une taille presque égale à celle des Montauban. Les seconds forment une excel- lente race de produit, s'éloignant peu du colombier, et donnant jusqu'à six et huit couvées par année. II' GROrPE. — RACES CARACTÉRISÉES PRINCIPALEMENT PAR UNE PARTICULARITÉ TIRÉE DE LA FORME GÉNÉRALE DU CORPS ET DE LA STRUCTURE DU BEC. A ce groupe appartiennent trois types très différents en apparence : les Romains ou Runls, remarquables surtout par leur taille énorme ; les Messagers et les Carriers, dont le bec fort et allongé est muni à sa base de caroncules charnues très développées, ainsi que la peau dénudée entourant l'œil ; les Barbes ou Polonais, a. bec court, muni également de morilles très développées. Mais on trouve de nombreux termes de passage des uns aux autres. LES PIQEONS ROMAINS. — Les origines de cette race sont assez obscures. Il existait en Italie, au temps de Pline, des Pigeons remarquables par leur forte taille, et dont les représentants actuels sont les gros Pigeons de Campanie. On admet généralement qu'ils sont les ancêtres des Pigeons romains, mais il faut alors avouer, dans cette hypothèse, que l'élevage les a profondément modifiés. D'après P. Breschet, la race actuelle et ses variétés ont été créées à Paris, et cet auteur trouverait plus rationnelle l'appellation de Pigeons parisiens que celle de Pisreons romains. 18 1 LES PIGEONS. . 18 Les caractères généraux de cette race sont les suivants : taille supérieure a celle de tous les autres Pigeons et voisine de o'°,5o; corps lourd, massif, porté horizontalement; tète large et forte; bec gros, légèrement arqué; iris perlé; filet rouge autour des3'eux; morilles blanches, unies ; ailes à longues rémiges et portées bas; queue longue. Les Pigeons romains volent lourdement et gauchement, malgré leur grande envergure qui peut dépasser un mètre. Ils sont recherchés pour leur poids élevé qui permet d'obtenir rapidement de gros Pigeonneaux; mais leur élevage est rempli de dilHcultés. Peu prolifiques, ils ajoutent a cet inconvénient celui de casser parfois leurs (eufs, par suite de leur lourdeur et de leur gaucherie; ils ne sont pas non plus assez vifs pour se soustraire aux attaques des Oiseaux de proie, des Chats et des petits Carnassiers. Il en existe plusieurs variétés qui sont : les Bleus, les Fauves, les Chamois, les Rouges, les Noirs, les Gris-piqués et les Minimes, dont la description nous entraînerait trop loin. L'origine de ces variétés mérite cependant d'être contée, car elle montre comment les éleveurs savent perfectionner une race dans un but déterminé, a l'aide de croisements bien combinés. J'emprunte les lignes qui suivent à un article de M. P. Breschet, lu au Congrès ornithologique de njoo : « Avant 1840, d'après les anciens auteurs que j'ai connus, nous possédions, de date immémoriale, les Romains bleus et les Romains fauves, les deux seules variétés existant jusque-la. Les cinq autres ont été constituées de 1840 à iH??, a Paris tout spécialement. Comme ceux d'aujourd'hui, les amateurs de l'époque se réunissaient au marché aux Oiseaux. Je regrette de ne pas connaître, pour leur rendre hommage, les noms de ceux qui, les premiers, eurent l'heureuse idée d'enrichir notre pays des cinq variétés nouvelles, ^'oici du moins ce qui m'a été dit et ce que j'ai vu : « Vers 1840, Paris possédait une belle collection de Bagadais de forte taille; il y avait les blancs, les bleus et les noirs unicolores, les chamois, les noirs et les rouges papillotes de blanc : dans ces trois dernières variétés, le chamois, le noir et le rouge dominaient comme fond. On avait aussi le Cavalier blanc, d'une bonne taille également, un peu haut de jambes, avec une belle tète, le bec blanc et fort, le tour des yeux rouge, l'iris couleur de vesce grise, le corps tenu horizontalement et se rapprochant comme ensemble du Romain. Puis un autre Pigeon, gros et trapu, venant de Bordeaux, appelé Pigeon liirc, aux couleurs mal définies, principalement noires ou bleues, avec une tète forte, la morille très développée, le tour de r(x:il inùvi} (couleur du fruit appelé mure) : l'iris tantôt perlé, d'autres fois jaune. » C'est avec ces trois sortes de Pigeons que l'on est parvenu à créer les Ro- mains chamois, les rouges, les noirs, les gris-piqués et les minimes. « On a marié des Romains bleus, les uns avec les Bagadais noirs, les autres avec le Turc, pour obtenir les Romains noirs: les Romains fauves l'ont été d'un côté avec les Bagadais chamois et rouges, pour avoir les Romains de ces couleurs, et d'un autre côté avec le Cavalier blanc: puis les produits de lu LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [19] ce dernier mariage ont été alliés aux Bagadais noirs, ce qui a donné le (iris- piqué. M Dans les premiers rapprochements de ces quatre races, on obtint des résul- tats surprenants comme force et rusticité; ce qui, du reste, arrive presque tou- jours dans les croisements. « Comme il est souvent difficile de former des séries nombreuses de diverses races, les premiers éleveurs s'étaient distribué la besogne et s'étaient, suivant leurs moyens, réservé des parts plus ou moins fortes. Ils avaient soin, d'ailleurs, de conserver des exemplaires purs des types qui servaient à leurs croisements. On comparait les produits, et chaque dimanche, au marché aux Oiseaux, on consta- tait les progrès, on notait les insuccès. Les premiers pas n'étaient pas les plus ditliciles : on avait obtenu de fortes et grossières charpentes; il s'agissait main- tenant, pour ainsi dire, de les raboter, de les polir pour les mettre en harmonie avec les types primitifs des Romains. « Chez les produits de l'alliance avec le Bagadais, il fallait diminuer la lon- gueur et la courbure du bec et de la tête, rétrécir le rebord qui entoure les yeux, grossir le cou en le raccourcissant un peu et en lui ôtant de son aspect cou de cygne, abaisser la taille, rendre le corps plus horizontal, allonger le col, redresser les talons, rendre le plumage plus abondant, moins collant, élargir les rémiges et les rectrices. ■' Chez les produits demi-sang de Turc, il fallait modifier beaucoup la tête, allonger le bec, diminuer les oreilles trop développées en forme de bourrelet, rougir le tour de l'œil (que ce Pigeon porte muré), faire disparaître l'œil de coq dont il est assez souvent doté ; enfin allonger le vol. « Le Cavalier laissait en héritage aux Gris-piqués l'œil de vesce, assez dillicile à reietcr. « En harmonisant les formes, en donnant la couleur aux yeux, il fallait encore embellir les nuances et supprimer les plumes disparates. » C'est ainsi, par une sélection rigoureuse et longtemps poursuivie, que l'on est arrivé à créer les races et sous-races de Pigeons romains avec tous les caractères qu'en exigent les grands connaisseurs. Sous-RACE Dii MoNTAUBAN. — On considère généralement les Pigeons Mon- tauban comme une sous-race des Romains, et issus du croisement de ces der- niers avec les Nonnains. — Leur taille atteint presque celle des Romains ; mais leur bec est plus mince, leur corps plus incliné, leurs ailes et leur queue plus développées. — Ils ont l'avantage d'être assez prolifiques. LES PIGEONS MESSAGERS. — Le terme de Pigeons iJU'SSciiieis s'applique à une race ayant des caractères bien définis, et aussi aux nombreuses variétés de Pigeons dits l'oyagetiis qui sont souvent très différents des vrais Messagers. Cette confusion vient de ce que les premiers Pigeons employés pour trans- mettre des correspondances appartenaient à la race des Messagers de Perse. De plus, nos l'oyageurs actuels possèdent assez bien de sang de la race dite Messagers. L'un d'eux, le Pigeon l'oyageiir de Bej-rout/i, appartient probablement à la 120] LES PIGEONS. 20 race connue depuis la plus haute antiquité sous le nom de Messager de Jias- surah. Il établit une transition très marquée entre le Bizet primitif et les autres Messagers, ceux-ci se reliant insensiblement aux Carriers. Cornevin donne de la race du Messager la diagnose suivante : « Bec de longueur variable, dont la mandibule supérieure supporte des caroncules quelquefois lisses, quelquefois chagrinées, toujours bien séparées sur la ligne médiane; œil cerclé d'un ruban blanc, d'épaisseur diverse. Ailes longues, s'étendant jusqu'aux trois quarts de la queue. « Faculté de revenir au colombier après avoir été transporté à de grandes distances. Tête ronde, grosse, large entre les deux yeux qui ont quelque chose de hardi; cou bref et relativement gros. Corps ramassé; membres courts. Plumage épais, serré et de colorations multiples, encore que le bleu, le noir, le rouge et le chocolat soient les dominantes. » On distingue trois sous-races de Messagers : i" les Messagers à bec ordinaire ou Aweisois; 2° les Messagers à bec court ou Liégeois; 3" les Messagers à fanon ou de Be)-roiilli. — De ces sous-races est né le Pigeon voyageur actuel dont il sera question plus loin. LES PIGEONS CARRIERS. — De formes élancées, élégantes, les Carriers attirent de suite l'attention par la longueur de leur bec et le développement réelleinent monstrueux des caroncules nasales ou moi-illes ainsi que de la mem- brane chagrinée qui entoure les yeux. Le bec a o"', 04 de longueur; les caroncules charnues qui en enveloppent la base forment une sorte de chou-fleur de o"',io de circonférence ; l'œil est entouré d'un ruban de peau chagrinée, verruqueuse, d'environ o"',o3 de diamètre. Tel est le résultat d'une sélection patiente et longue, qui a transformé peu à peu ces Oiseaux élégants en véritables curiosités foraines ! Les Pigeons carriers sont maintenus en captivité dans les volières d'amateurs, malgré leur caractère sauvage et peu sociable: peu prolifiques, ils ne sont consi- dérés que comme une race d'agrément. Le Pigeon cavalier provient sans doute du croisement entre un Carrier et un Pigeon grosse-gorge. Sous-RACE DU BA(;.\r>Ais. — Les Bagadais ne di lièrent des Carriers que par un développement moindre des caroncules nasales, un bec légèrement arqué, des formes moins élégantes. lien existe des variétés de diverses couleurs. Du croisement entre le Bagadais et le Romain est né le Pigeon turc. Sou.s-RACR DU Dragon. — Celte sous-race parait résulter de croisements effec- tués entre des Pigeons volants et des Carriers. LES PIGEONS VOYAGEURS. — Historique. — On a vu plus haut que des Pigeons de différentes races, particulièrement ceux du groupe des Messagers, se faisaient remarquer par la facilité avec laquelle ils revenaient au colombier, après en avoir été transportés à une grande distance. Cette particularité lut utilisée dès l'antiquité. La Perse parait avoir été le berceau des premières races élevées en vue du transport des dépêches. ^'1 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. |21j On trouve aussi des preuves de l'existence des Pigeons voyageurs en Kgypte et en Grèce; les noms des vainqueurs aux jeux olympiques étaient cxpc'dics dans toutes les directions à l'aide de Pigeons. Les Romains employèrent plus tard couramment ce moyen de communica- tion, notamment au siège de Modène (43 avant J.-C). Au temps des Croisades, les Pigeons voyageurs jouèrent aussi un grand rôle. Nous les retrouvons ensuite, à une époque plus rapprochée de nous, lors des investissements des villes de Leyde et de Harlem en Hollande, de 1572 à 1374. Mais les races employées à cette époque étaient certainement très différentes de la nôtre. Il faut arriver au xix' siècle pour constater un effort sérieux de la part des éleveurs, en vue de perfectionner l'instinct particulier du Pigeon messager. C'est à la Belgique qu'appartient l'honneur d'avoir tenté les premiers essais. En 181 5, Rothschild de Londres apprit le premier, grâce à la poste par Pi- geons, le désastre de Waterloo et en profita pour faire une heureuse spéculation. Enfin, en 1870, ces Oiseaux ont laissé dans l'histoire de France un souvenir inoubliable, lors du siège de Paris. Investie de tous côtés, la capitale n'eut pendant longtemps aucun autre moyen de communication avec la province. Des ballons emportaient les Pigeons parisiens hors de la ville, et les fidèles messagers revenaient au colombier porteurs d'importantes dépêches. Origine des races actuelles. — Les premiers Pigeons employés au trans- port de messages appartenaient a des races très variées. C'est par une sélection et des croisements longuement étudiés que les colombophiles sont arrivés à créer la race actuelle, en essa^'ant de fixer sur un même tj'pe les qualités essen- tielles suivantes, développées au plus haut degré : la faculté de retour au. colom- bier, la rapidité du vol, l'endurance à la fatigue, et sans tenir compte du plu- mage ou d'autres particularités secondaires *. Le D' Deneuve a esquissé, dans un rapport au Congrès ornithologique de 1900, l'origine probable du Pigeon voyageur actuel, ainsi que le type vers lequel tendent tous les efforts des éleveurs. « Les premières expériences, dit cet auteur, avaient mis en concurrence des Cravatés, des Volants, des (lainits, des Becs anglais, des Petits Boulants, etc. A notre avis, les principaux éléments dont on a tiré le Pigeon messager contemporain ont été puisés dans ces variétés, auxquelles il est bon d'ajouter le .S';«c';7t', le Cumulet, le Bi^et enfin. « Le volatile que Buffon assimilait au Turc est certainement le même que notre confrère Chapuis désignait sous le vocable de Camus. Cet Oiseau a beau- coup d'attachement à son colombier; mais son vol est lourd et épais. Le Volant, au contraire, a tous les défauts opposés ; les produits de ces races nous fourni- raient un voyageur passable, sur les descendants duquel nous trouverions les morilles du Camus et les yeux blancs du planeur de l'azur. « Les principaux centres colombophiles étaient en Belgique, dès les débuts : Liège, Verviers, Gand, Anvers et Bruxelles. Chaque grenier avait un élevage particulier, d'où naquirent certaines races très remarquables. ri PI. XWIII. — Piijeons domestiques vuli;nires, du j,'roupe des pigeons dits ruyngcurs (Photoj^rapliie W. y\. Spooiier et C"). [22] LES PIGEONS. 22 « LWiii'L'rsois était liaut sur pattes, avec un bec long et une envergure remar- quable. Son voisin, le Liégeois, était détaille plutôt petite, IVeil très peu entouré de chair, parfois jaboté, bas sur pattes. << A Verviers, on possédait une collection de sujets se rapprochant des Liégeois, tandis qu'à Gand, et dans le Brabant, on ne s'écartait guère de r.-\nversois. " D'où, pour nous résumer, on peut conclure que deux races bien distinctes se trouvaient en présence : VAiii'crsoise et la Liégeoise. Par suite des croise- ments multiples qui ont été opérés à chaque saison à l'aide de ces races d'élite, il nous serait bien diflicile, à l'heure actuelle, de vous présenter, dans toute leur pureté, des sujets de chacune de ces deux variétés. Cependant, pour rendre hommage à la vérité, je dois ajouter que quelques rares colombiculteurs d'Anvers et de Liège en ont conservé à l'état primitif, à titre de curiosité. « Les qualités spéciales à chacune de ces deux races sont les suivantes : « L'Anversoise peut vo3'ager avec succès dés qu'elle a atteint plusieurs mois, et ses étapages peuvent être poussés à des distances relativement éloignées ; tandis que la Liégeoise réclame davantage de patience et d'application de la part de celui qui l'élève; elle doit être ménagée jusqu'à l'âge de deux ans, époque à laquelle elle a atteint, à peu près, son développement complet. " Alors, nous nous trouvons en présence d'une race voyageuse exquise, d'une endurance à toute épreuve, laquelle, dans les voyages aux extrémités du monde, brillera toujours au premier rang. « Pour revenir à notre élevage national, ce n'est guère que depuis la fatale cam- pagne de 1870 que le Pigeon messager est entré dans nos mœurs, aux jours si tristes dont le souvenir ne peut s'effacer de notre mémoire. Emportés par nos ballons au delà des lignes ennemies, lâchés au milieu d'un ciel noir, chargé de brumes glaciales, les Pigeons partirent des différentes villes de province et. grâce à eux, Paris, entouré par un cercle de fer et de feu, put communiquer avec le reste de la F'rance. " Avant cette époque, bien peu de personnes s'occupaient de colombiculture, et c'est au moyen des deux races sur lesquelles je viens d'appeler votre attention que nous avons formé à Paris, puis en province, nos patriotiques colombiers. Aujourd'hui, par suite des croisements répétés, les types spéciaux se sont con- fondus et ne forment plus dans notre pays qu'une seule espèce dite Pigei»i mes- sager.Toutefois, en Belgique, deux variétés très distinctes peuvent se retrouver, le mélange des races n'étant pas aussi complet que chez nous. ;< En terminant, qu'il me soit permis d'indiquer quel serait le type idéal du Pigeon de guerre, celui que nous cherchons et souhaitons à nos successeurs : ce serait un juste milieu entre les deux types accusés, c'est-à-dire un Pigeon de hauteur moyenne, bien planté, avec la poitrine épaisse, le sternum profond, les os du bassin rapprochés, les ailes ramassées, le petit vol large, la tète régulière en lorme de poire ou de toupie, l'ieil vif, entouré d'une membrane blanche ou grisâtre. C'est notre standard à nous, colombophiles, et celui sur lequel nous basons à la fois nos espérances patriotiques et nos recherches patientes. » La faculté du retour au gîte chez le Pigeon voyageur. — La merveilleuse taculté qui permet au Pigeon de letrouver son pigeoimier est restée longtemps 23 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [23; inexplicable. Des h\pothcscs plus ou moins ingénieuses lurent successivement proposées, puis réfutées, mais de nos jours le problème s'est cependant singu- lièrement éclairci. Et d'abord, pourquoi le Pigeon mis en liberté à une certaine distance de son pigeonnier tend-il à y revenir aussitôt? A cette question, la réponse est aisée. Si le Pigeon a des petits, l'amour ma- ternel, très développé chez cet Oiseau, suffit à lui faire accomplir un effort inouï pour retrouver sa couvée. En dehors de cette circonstance exceptionnellement favorable, on est obligé de faire appel à d'autres considérations, parmi lesquelles les habitudes. Comme toutes les espèces domestiques, et même, pourrait-on dire, comme tous les animaux sédentaires, le Pigeon est adapté à un genre de vie, a un régime, à des habitudes, auxquels toute dérogation lui est désagréable. Il est très attaché à son gite ; il y trouve une nourriture spéciale et toute préparée qu'il lui serait impossible de se procurer dans la campagne. Transplanté loin de son pigeonnier, même s'il n'a pas de petits, il cherchera donc à y rentrer le plus tôt possible, sous l'influence de cet instinct commun à tous les êtres vivants : l'ins- tinct de la conservation. Voilà pourquoi le Pigeon rentre au gîte. \^o\'ons maintenant comment il retrouve sa route, comment il parvient à s'orienter à des centaines de kilomètres de distance de son pigeonnier. Est-il guidé dans ce retour par un instinct ou un sens particulier r Les hypothèses les plus variées ont été émises pour expliquer ce qu'on appelle le sens du retour chez le Pigeon voyageur. On fît d'abord appel à une acuité spéciale de la vue qui permettait à l'Oiseau, en s'élevant à une grande hauteur, de distinguer son domicile de très loin. Puis on crut à un développement particulier de l'odorat, etc. Mais toutes ces hypothèses ne valent même pas la peine d'être discutées. L'une d'elles, cependant, due à Viguier, est curieuse à rappeler en raison de son originalité : « Un point de l'espace, a dit cet auteur, peut être déterminé par l'intersection du méridien magnétique (ligne isogone) avec le parallèle magnétique (ligne iso- cline), ou avec une ligne comprenant tous les points où l'intensité magnétique est la même (ligne isod^name). Doué d'un sens magnétique approprié, un animal pourrait avoir une perception inconsciente de la direction dans laquelle les différences de l'intensité magnétique s'accusent le plus (méridien magnétique) et de celle où l'intensité de l'action magnétique reste la même (ligne isody- name); il posséderait ainsi les éléments d'une direction générale pour revenir au point de départ dont son sixième sens lui a lait percevoir les conditions magnétiques. « L'organe qui recueillerait les influences magnétiques serait les canaux semi- circulaires de l'oreille interne. " Ck'tte conception de la faculté de retour n'est pas éloignée de la vérité, mais elle peut être ramenée à une interprétation beaucoup plus simple, basée sur ce que nous apprennent les lois élémentaires de la ph3'siologie, sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir l'existence d'un sens spécial. [2/i] LES PIGEONS. 24 Le commandant Rcynaud a déjà mis en relief, depuis longtemps, cette remarque que les animaux susceptibles de retrouser facilement leur gîte à dis- tance revenaient en suivant exactement en sens inverse le chemin qu'ils avaient parcouru pour s'en éloigner. C'est la loi du contre-pied. Dans ce cas, les sens ordinaires, la vue, l'odorat, etc., mis en œuvre par la mémoire visuelle, olfactive, etc., suffisent à l'animal pour lui faire reconnaître sa route. Il faut cependant pour cela certaines aptitudes ou mieux une certaine éduca- tion dont on trouve un exemple même chez l'homme. C'est ainsi que les habi- tants des steppes, des déserts, ou des forets de l'Afrique centrale parcourent sans s'égarer des distances énormes, tandis qu'il est des gens qui ne peuvent visiter un appartement sans s'y perdre aussitôt. Chez le Pigeon, la question de distance n'a aussi qu'une importance secon- daire, car il est de règle que la faculté de retour au gîte chez les animaux soit en raison inverse de leur rapidité de locomotion. La loi du contre-pied ne peut cependant, à elle seule, expliquer comment un Pigeon, emporté dans un panier à plusieurs centaines de kilomètres de son colombier, y revient non pas en suivant le trajet inverse de l'aller, mais bien en ligne droite, par le chemin le plus court. 11 faut alors, pour expliquer ce phéno- mène, avoir recours à une nouvelle faculté qui vient en aide à la première et qui fait partie de ce qu'on appelle la inénwire du nioin-oneiit. Il existe en effet, chez l'homme et chez tous les animaux, un organe chargé de recueillir les sensations de translation, lesquelles sont ensuite communiquées au système nerveux central. Grâce à cette perception des mouvements, l'animal peut, par un réHexe conscient ou inconscient, selon le cas, maintenir son équi- libre dans l'espace, par le souvenir du mouvement précédemment accompli et l'appréciation de celui qu'il doit opérer pour le corriger. Il peut aussi rester relié, par une faculté spéciale de la mémoire, à son point de départ, et, une fois rendu à la liberté, s'orienter immédiatement vers ce point de départ, sans la moindre hésitation. Mais il s'en faut de beaucoup que cette faculté soit également développée chez tous les Pigeons vo3'ageurs, puisque, sur une centaine appartenant à un colom- bier, on n'en compte guère plus de cinq ou six qui soient des sujets d'élite, ce que les amateurs appellent des « tètes de pigeonniers ». Il semble donc que, par un entraînement progressif, le Pigeon acquière la faculté d'enregistrer automatiquement dans sa mémoire toutes les phases de ses déplacements, sans que la vue ait à intervenir, et qu'il remplace, dans l'usage du contre-pied, le déroulement inverse des actes de l'aller par des abréviations d'abord légères, le remplacement d'un arc par sa corde, par exemple, puis de plus en plus grandes, jusqu'à ce qu'il arrive au retour rectiligne. On voit de suite, par ce qui précède, comment on peut, par des sélections et une éducation convenables, exalter, chez les Pigeons naturellement prédisposés ;i cet exercice, la faculté d'orientation, et arriver ainsi à des résultats en appa- rence merveilleux. /,c dressage du Pigeon roi/ageur. — Les Pigeons dressés au transport des 25 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [25] dépêches sont Tobjei d'une éducation spéciale et d'un entraînement progressif*, mais tous les individus d'une iiiénie couvée, dont les parents ont été soigneuse- ment sélectionnés, sont loin d'avoir les mêmes aptitudes, et, quels que soient l'art et l'expérience du colombophile, c'est du hasard que dépend surtout la valeur de ses principaux sujets. Les premiers exercices que l'on fait exécuter aux futurs messagers consis- tent dans ce qu'on appelle l'adduction. On accouple les jeunes mâles et femelles avec des sujets déjà dressés, et on les habitue a rentrer ensemble au pigeonnier, les jeunes suivant leurs aines. Puis on les soumet à des épreuves d'entrainement en les lâchant à des distances de plus en plus grandes de leur colombier. Cette éducation demande à être suivie pendant trois ans; à ce moment, les sujets qui ont montré leurs réelles aptitudes sont propres a effectuer des parcours de plusieurs centaines de kilomètres. La rilesse du vol dépend, indépendamment des variations individuelles, d'un grand nombre de facteurs. Il faut tenir compte de la force et de la direc- tion du vent, de la température et d'autres conditions atmosphériques. Dans des conditions favorables, cette vitesse peut atteindre i Soo mètres à la minute. Il existe à cet effet des tables de mo\'ennes, dressées d'après de nombreuses observations, et qui permettent aux colombophiles de juger approximati- vement du temps que mettent leurs messagers pour accomplir un parcours connu. De l'utilisation du Pigeon voyageur. — Depuis la guerre de 1870, l'élevage du Pigeon voyageur a pris en France un grand essor, et les progrès réalisés à ce jour permettent de prévoir encore de plus belles espérances. De puissantes sociétés colombophiles se sont formées, et on estime à 100 000 le nombre des Pigeons qui pourraient être mobilisés en temps de guerre. Limité autrefois au service des places fortes, l'emploi des Pigeons voyageurs s'est étendu aujourd'hui au service des armées en campagne, grâce aux persévé- rantes expériences du commandant Reynaud. On a créé, en effet, des colom- biers mobiles dont le fonctionnement est le suivant : L'ne voiture analogue aux voitures d'ambulance est aménagée de façon à ser- vir de colombier. Chaque couple de Pigeons y possède sa cage spéciale où il mène la même existence que dans un colombier ordinaire; il peut s'y promener, y manger et couver tout à son aise. La voiture est attachée au quartier général et le suit dans ses déplacenients. A-t-on besoin de renseignements sur cer- taines positions de l'ennemi, ou désire-t-on une réponse rapide à un message expédié à quelque corps de troupes voisin, on envoie un éclaireurqui emmène avec lui un Pigeon enfermé dans une boite étroite attachée à la selle et dont la lorme intérieure épouse exactement celle de l'Oiseau, en ne laissant dépasser que la tête. Dès que l'éclaireur le juge utile, il consigne les résultats de sa mis- sion sur un bout de papier qu'il roule et place dans un étui fixé à la patte du Pigeon; puis il ouvre la boîte, et le Pigeon revient à la voiture-colombier d'où il était parti avec une vitesse mo3'enne de 80 kilomètres à l'heure, ce que ne pourrait faire aucun cavalier. [2G1 LES PIGEONS. 'X Les essais effectués jusqu'à présent ont montré que des Pij^eons arrivés dans une localité à midi pouvaient être utilisés le lendemain matin: emportés à 40 kilomètres de leur voilure et remis en liberté, ils la rejoignaient aussitôt sans difficultés. On voit par la quels immenses services est appelée a rendre la colombophilie militaire. Les expériences de làchersen nieront fourni des résultats encore plus surpre- nants. Ici, non seulement les Pigeons emmenés très loin des côtes, dans des directions quelconques, regagnent sans peine leur colombier, mais des Pigeons installés à bord d'un vaisseau comme ils le sont dans les voitures-colombiers, et lâchés de la terre, parviennent à retrouver leur habitation Hottante. On ne peut, dans ce dernier cas, opérer sur des distances aussi considérables que sur terre, mais il est certain que Ton peut s'attendre encore a de nouveaux progrès, tels qu'un système de communication entre deux bâtiments évoluant en pleine mer et plus ou moins éloignés l'un de l'autre. Les appareils destinés à contenir les dépèches envoyées par Pigeons sont assez variés. Le plus simple consiste en un fuseau de plume d'oie qui s'attache à une plume de la queue et dans lequel on glisse un lin parchemin roulé sur lui- même et portant le texte de la dépêche. On utilise plus fréquemment des étuis porte-dépêches: ce sont des étuis métal- liques à fermeture hermétique, du poids de quelques grainmes -seulement et que l'on attache a la patte de TOiseau. La simple pression sur un ressort suffit à ouvrir ou à fermer l'étui porte-dépéches. LES PIGEONS BARBES OU POLONAIS. — Dapiès Fulton, cette race est originaire du nord de l'Afrique. Elle était cependant connue en Angleterre, paraît-il, en 1(587. Le nom de Polonais ne rappelle donc nullement son lieu d'origine. Les Pigeons barbes ont une taille inférieure à la moyenne, des formes trapues. Leur bec, blanc ou rosé, est extrêmement court, large, convexe; leur tête large et aplatie. L'n large ruban oculaire, charnu, mamelonné, rouge, entoure l'ceil; des morilles roses, lisses, extrêmement développées, entourent la base du bec. La brièveté du bec et le prodigieux développement des caroncules charnues de la base du bec, résultat d'une méticuleuse sélection, empêchent ces Pigeons de pouvoir nourrir leurs petits ; aussi doit-on les faire élever par des Pigeonnes d'une autre race. LES PIGEONS TUMBLERS OU CULBUTANTS COURTE-FACE. — Cette race est probablement le dernier terme d'une série dont l'origine se trouve dans les Culbutants de la Perse. Elle a dû être importée en Angleterre après l'an 1600. « En 1763, dit Darwin, dans un ouvrage dédié à Mayor, les Courtes-faces Amande (Almond-Tumblersi sont complètement décrits; mais l'auteur, un éleveur de Pigeons de fantaisie, dit expressément, dans sa préface, qu'après beaucoup de dépenses et de soins ils étaient arrivés .i un tel point de perfection et si dillérents de ce qu'ils étaient vingt ou trente ans auparavant, qu'un ancien .'T LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. f-27, éleveur les aurait condamnes pour la seule raison qu'ils n'étaient pas conformes au type, que de son temps on regardait comme le bon. Il semblerait qu'il \- ait eu à cette époque un changement un peu subit dans les caractères du Culbu- tant courte-face, et on peut croire qu'il a dû apparaître alors un Oiseau nain et un peu monstrueux et qui serait l'ancêtre des différentes sous-races Courtes- Faces actuelles. Cette supposition me paraît justifiée par le fait que les Culbutants courtes-faces naissent avec un bec court, mais, comme chez les adultes, propor- tionné à la grandeur de leur corps, différant, par là, beaucoup des autres races qui n'acquièrent que lentement, pendant le cours de leur croissance, leurs caractères spéciaux. » Les Tumblers sont de très petite taille; ils ont un port extrêmement redressé, la poitrine saillante, la queue étroite, portée au-dessus des ailes; celles-ci longues et traînantes, les tarses courts et nus, d'un rouge vif; la tête arrondie avec le front élevé ou même proéminent; le bec d'une brièveté extrême, assez semblable à celui du Chardonneret; l'œil entouré d'un étroit filet noir. Les amateurs ne considèrent comme de bonne race que ceux dont le bec n'excède pas o"",oi6 ; chez quelques-uns, il se réduit à o^.oilî. Ce curieux produit de l'élevage artificiel a perdu la plupart des caractères de l'ancienne race dont il dérive, notamtnent la faculté de culbuter. L'appellation de Culbutants ou Tumblers est donc mauvaise, la particularité la plus saillante de ces Oiseaux étant le développement anormal et presque monstrueux de la tête, et que les éleveurs exagèrent à plaisir, à l'aide de manœuvres manuelles diverses exercées sur les jeunes peu après leur naissance. Il est évident que de semblables Oiseaux sont encore plus incapables d'ali- menter leurs jeunes que les Polonais décrits plus haut. Parmi les nombreuses variétés de Tumblers, toutes très appréciées en An- gleterre, se trouve VAlmond tricolore. Son plumage est uniformément papilloté blanc, jaune, rouge et noir, mais l'Oiseau subit plusieurs mues avant d'arriver à posséder ses nuances caractéristiques. Des Tumblers dérivent les deux sous-races suivantes : Sous-race Courte-Face a tète chauve [Bald lieads). — Ces Pigeons n'ont pas, comme leur nom semble l'indiquer, la tète chauve, mais blanche, ainsi que les cuisses, la queue et les rémiges primaires, tandis que le reste du plumage est coloré. Ils proviennent du croisement d'un Tumbleravec un Culbutant à tête blanche. Ils ont conservé de ce dernier non seulement la tête blanche, mais aussi la faculté de culbuter. Ils aiment à voler en tournoyant durant des heures entières et en exécutant de temps en temps leurs curieuses pirouettes. Aussi se plai- sent-ils peu en volière. Sous-UACE Courte-Face haruue {Beards). — Cette sous-race est ainsi appelée parce que les Oiseaux qui la composent ont une petite tache blanche en forme de bavette sous la base du bec. Les Beards ont la taille et les habitudes des Bald heads ; ils proviennent du croisement de ces derniers avec d'autres Tuinblers. 2S] LES PIGEONS. 28 111- GKOLPi;. — RACES CAKACIKHISIŒS PHINCIPALKMEN r PAR INE DISPOSITION PAKTi- CILIÈRE DE CERTAINES PLUiMES DU IRONC ET DE LA TP.TE. La lornit: du corps et du bec varie dans chaque race de ce groupe, mais dans des limites assez restreintes. Quelques-unes se rapprochent beaucoup du Bizet; les autres s'en éloignent d'autant plus que la fantaisie des amateurs a cherché l'exagération d'un plus grand nombre de particularités conventionnelles. Ce groupe montre donc, mieux qu'aucun autre, la prodigieuse quantité de variétés que peut fournir une seule espèce sous l'intluence de la sélection arti- ficielle. Le caractère dominant de chaque race sert à la désigner; c'est ainsi que nous verrons successivement: les Pigeons cravatés, les Pigeons capucins, les Pigeons à épi ou Culbutants à épi, les Pigeons à toupet ou Tambours, les Pigeons à cri- nière, les Pigeons frisés. LES PIGEONS CRAVATÉS. — Us sont, en général, de petite taille ; la particu- larité qui les caractérise est la présence, sur la poitrine, d'une sorte de fraise formée de plumes recroquevillées et frisées. Ils possèdent, jusqu'à un certain point, la faculté d'enfler leur œsophage, mais à un degré beaucoup moindre que les Boulants. Sociables, familiers, sédentaires, ils sont d'un élevage facile et d'une grande fécondité. Se basant sur des caractères d'une importance presque insignitiante, les ama- teurs ont multiplié considérablement le nombre des variétés de concours. Citons les plus connues, réparties, d'après Cornevin, en trois groupes : Le premier formé des sous-races à tarses nus : les Tunisiens, les Chinois, les Anglais, les Dominos, les Heurtés ; Le second formé des sous-races à tarses cmplumés : les Brunettes, les Sati- nettes, les Blondinettes, les Turbitéens, les Vizors ; Enfin, le troisième comprenant les sous-races naines. Liis Crav-vtés TUNISIENS- — Ils sout de très petite taille. Leur poitrine est proéminente, leur tête arrondie, rejetée en arrière, avec les yeux saillants, le bec court et crochu; leurs tarses sont courts et rouges, leurs ailes longues. Leur plumage est bleu, noir ou blanc, la fraise limitée au jabot. Les Cravatks chinois. — Ils ne diffèrent des Tunisiens que par un plus grand développement de la cravate, celle-ci formant en avant une touffe exubérante, et se prolongeant sur les côtés du cou et en arrière en une sorte de collerette. Les Cravatés anglais et les Cravatés fr.vnçais. — Us sont peu différents les uns des autres; ils se font remarquer par leur taille plus forte et un plumage plus agréable. Les uns sont à tète lisse, d'autres huppés, etc. Les Cravatés hominos. — Assez semblables aux Cravatés à épi, ils s'en dis- tinguent par des formes plus arrondies et une coloration différente. •^"•' LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [29 Ils sont originaires de l'Asie Mineure. Les Cravatés heurtés. — Ils rappellent par leur t_\pe Je coloration les Heurtés voisins du Bizet. Mais leurs formes sont celles de la race des Cravatés, dont ils présentent tous les caractères généraux. Ils sont le produit de croisements divers. Le deuxième groupe des Cravatés comprend des races d'origine orientale. Ce sont des Pigeons d'une taille supérieure à celle des Cravatés européens; leurs formes sont aussi plus trapues; leurs tarses et leurs doigts emplumés. Les Bruxettes. — Le fond du plumage des ailes et de la queue est gris et les plumes bordées de gris mélangé de brun. Les Satinettes. — Les plumes du manteau sont d'un fauve foncé, les cou- vertures caudales bleu violet et les grandes caudales également bleu violet, marquées à l'extrémité d'une tache blanche lisérée de noir. Les Bluettes. — Les ailes sont d'un beau bleu clairet barrées de blanc. Les Su-verettes. — Les ailes sont d'un gris argentin, barrées de blanc et a vol blanc. Les Blondinettes. — Issues du croisement entre le Cravaté tunisien et les sous-races précédentes, les Blondinettes ont des caractères mixtes; les variétés de coloration sont très nombreuses, mais habituellement les ailes plus foncées que le reste du plumage, et les plumes de la queue portent à l'extrémité une tache blanche caractéristique. Les Turiutéexs. — Ils proviennent de divers croisements de Cravatés. Leur caractère essentiel est la présence sur le front et sur chaque joue d'une petite tache ovale de la même nuance que celle des ailes, avec le reste du corps d'un blanc pur. Les Vizors. — Ils dérivent du croisement de diverses sous-races du groupe avec le Domino; on a essayé d'obtenir, par ce moyen, des Pigeons qui, avec les caractères des Cravatés du deuxième groupe et leur plumage, en diffèrent par la couleur de la tête qui doit être identique à celle du manteau et de la queue. On voit, par les exemples qui précèdent, que si l'on élève toutes ces variétés au rang de sous-races, la liste peut en devenir illimitée, car on ne prévoit pas où s'arrêtera la fantaisie des amateurs. Les Damascènes. — Il faut encore citer cependant une sous-race naine de Cravatés, remarquable par ses allures élégantes et sa gentillesse : celle des Pigeons Damascènes. La tète est ronde et forte, le bec très court et noir, l'œil saillant, entouré d'un filet bleu qui contraste avec l'iris perlé ou blanc sablé de rouge. Le plumage est d'un gris pâle, barré de noir sur les ailes; les plumes de la queue sont ornées à l'extrémité d'un croissant noir. Cette sous-race est originaire de la Palestine. LES PIGEONS CAPUCINS, NONNAINS OU JACOBINS. — La particularité caractéristique de cette race consiste en une sorte de capuchon, formé de plumes relevées, fines et molles, qui entoure la tête, descend sur les côtés du cou, et s'étale en cravate sur le jabot. Ce capuchon n'est qu'une exagé- ration de la cravate qui caractérise le Pigeon cravaté chinois. La vie dks animaux illistrée. I\'. — 3 [30] LES PIGEONS. :'.0 Les Jacobins sont de taille mo^'enne ou petite; leur corps est élancé, leurs ailes et leur queue longues: leur bec court, surmonté de morilles blanches, l'œil entouré d'un mince filet rouge. Les variations du plumage caractérisent un certain nombre de sous-raccs; on distingue : Les Jacoiuns anglais à robe foncée, avec les extrémités blanches ; Les Jacobins français, de petite taille, et chez lesquels la tête, la queue et les rémiges sont blanches; le reste du corps brun, rouge, chamois, jaune ou panaché; Les Jacobins ai.lk.mands ou à visière, qui présentent sur le front une petite touffe de plumes redressées : Les Jacobins espagnols au plumage papilloté blanc et noir, rouge et blanc, avec la tête, le vol et la queue blancs; les pattes fortement emplumées; Les Jacobins a qukue de Paon, qui proviennent sans doute d'un croisement avec le Pigeon-Paon. Les Jacobins étaient connus avant l'an 1600, mais les caractères qu'ils possé- daient à cette époque étaient beaucoup moins marqués qu'aujourd'hui. Ces Pigeons ont un vol laborieu.K; ils sont très familiers et s'élèvent sans difficultés. LES PIGEONS COQUILLES. — Ils se reconnaissent de suite à une rangée de plumes redressées s'étendant en arrière de la tête, d'un œil à l'autre. Leurs formes et leurs couleurs varient beaucoup. Aussi ne peut-on considérer cette race comme bien homogène. Il existait déjà des Pigeons coquilles en 1600. Cornevin les divise en sous-races à tarses emplumés et sous-races à tarses non emplumés, bien que la présence de plumes aux tarses soit un caractère de peu de valeur, puisqu'il est inconstant. Au premier groupe appartiennent les A'o;/«a/;/s capes, les Coquilles liollaiidais. barbus, Iclc de luort, brésiliens. Au second groupe appartiennent les Pigeons cannes, les (Coquilles russes, les Coquilles sa.xous, les Sapajous, les Élourneaiix coquilles, les Moines à bavette. LES CULBUTANTS A ÉPL — Le caractère distinctif commun aux Pigeons de ce groupe consiste dans la présence d'un petit bouquet de plumes en arrière de la tête. Mais une particularité beaucoup plus intéressante et qui pourrait acquérir une grande importance s'il était prouvé qu'elle est liée à une anomalie anatomique héréditaire, se manifeste dans les allures de ces Oiseaux. La plupart, en effet, présentent dans leur vol de singulières habitudes qui ont été décrites à propos de certaines sous-raccs du Bizet; on trouve parmi eux des Volants, des Tournants, des Culbutants. Les 'Volants a épi. — De même que leurs proches parents, les Volants à tête lisse, étudiés plus haut, ces Pigeons ont l'habitude de s'élever et de planer dans les airs, à une hauteur prodigieuse. Leur plumage présente de nombreuses variétés. Les Tournants a épi ou Ringslagers. — Ils ont les formes générales du Bizet :{1 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [311 et les allures des Tournants a tête lisse. Leur plumage, assez variable, a pour caractères constants la présence d'une bavette blanche en croissant et d'un épi en arrière de la tète, ce qui justifie la place qu'ils occupent ici dans la clas- sification. Les Pigeons bouvreuils. — De formes mo3'ennes, ils se font remarquer par leur épi extrêmement pointu. Les Pigeons de Lahore. — Ils sont d'une taille relativement forte; leurs formes sont trapues, leurs allures lourdes. Leur bec, relativement large, est surmonté de caroncules charnues, l'œil entouré d'un filet rouge; les tarses courts et nus. Leur plumage est assez caractéristique: il est noir en dessus, à l'exception de la queue, et blanc en dessous. Les Pigeon's de Lowt.vn ou Culbutants indiens. — Ce sont des Culbutants terriens. « Légèrement secoués, dit Darwin, et posés à terre, ces Oiseaux commencent une série de culbutes qu'ils continuent jusqu'à ce qu'on les relève pour les calmer, ce qui se fait en leur soufflant contre le museau, comme lorsqu'on veut réveiller un sujet h3'pnotisé. Si on ne les relève pas, on prétend qu'ils conti- nuent à se rouler par terre, jusqu'à ce qu'ils en meurent. Ces particularités sont parfaitement établies, et le cas est d'autant plus digne d'attention que cette habitude est héréditaire depuis l'an 1600, la race étant nettement décrite dans le Aj'eeu akbery. Les Pigeons Mookee ou Prêtres trembleurs. — Cette sous-race, originaire également de l'Inde, se fait remarquer, non plus par la faculté d'exécuter des culbutes, mais par un tremblement convulsif du cou. Les Mookee sont d'une taille inférieure à celle du Bizet. Ils ont la tête très petite, aplatie, le bec court, l'œil sans filet, l'épi très pointu, le cou grêle et rejeté en arrière, les ailes et la queue longues, les tarses nus et rouges. LES PIGEONS TAMBOUR OU A TOUPET. — Ces pigeons constituent une race nettement caractérisée. Ils présentent, à la base du bec, une touffe de plumes allongées, frisées et redressées en toupet: leurs ailes sont longues; leurs pattes sont emplumées. Leur voix ne ressemble à celle d'aucun Pigeon; c'est un roucoulement plusieurs fois répété se continuant pendant plusieurs minutes et que l'on a comparé au son du tambour. Ils émettent aussi d'autres sons que l'on peut rendre par les deux s3ilabes glou-gloti. Ils étaient connus au temps de Moore, en 17^5. On en connaît deux sous-races différentes. Sous-race du Tambour dk Boukharie. — Elle se fait remarquer par le grand développement du toupet qui s'étale en une large huppe retombant de tous côtés et couvrant les yeux et le bec; la tête porte aussi, en arrière, une coquille très fournie. Ces Pigeons sont originaires de l'Asie; on en connaît plusieurs variétés ne se distinguant que par les couleurs de leur plumage. Leur élevage demande beaucoup de soins, car le grand développement des [32] LES PIGEONS. 32 plumes de leurs pattes les gêne beaucoup et leur toupet leur supprime presque la faculté de la vue. Ils doivent être maintenus à l'abri de l'humidité et dans un colombier d'une extrême propreté. Sous-race du Tamisovk de Dresde. — Chez cette sous-race, le toupet est redressé, il n'atteint pas le même prodigieux développement que dans la sous-race précédente. Les variétés basées sur le plumage sont aussi très nombreuses, mais quelques- unes d'entre elles sont dépourvues de la voix spéciale décrite plus haut. Les Tambours d'Ai.tenbourg. — On peut rattacher aussi aux Pigeons tam- bours une race désignée sous le nom de Race a favoris ou Tambours d' Allen- bourg. Ces Pigeons, dont la faculté de tambouriner est portée au plus haut degré, se font remarquer par une petite touffe de plumes de chaque coté de la tète, et une sorte de palmature entre les doigts médian et interne. Leurs formes et leur taille se rapprochent de celles des Culbutants. LES PIGEONS A CRINIÈRE OU NÈGRES. — D une taille et de formes sem- blables au Bizet, avec les pattes abondamment emplumées, ces Pigeons sont caractérisés par une collerette de plumes redressées, recroquevillées, qui, partant en arrière du cou sur la ligne médiane, retombent en double crinière sur les côtés. La race ancienne avait la tète et le devant du cou noirs, le reste du corps blanc, d'où le nom de Nègre, qui lui avait été donné; mais il existe aujour- d'hui des variétés plus communes, qui, au lieu d'avoir la tête noire, l'ont bleue, chamois ou rouge. LES PIGEONS FRISÉS MILANAIS. — Ils se reconnaissent à la disposition frisée des plumes du dos, des ailes et du plastron. La frisure des plumes est, comme la présence de plumes aux tarses, une particularité inconstante et peu caractéristique. Les amateurs ont cependant créé une race de Pigeons frisés, d'après un ensemble de caractères tirés en outre du port, de l'allure et d'autres particu- larités analogues. Mais le nombre des variétés de cette race peut être considé- rable. Il en est à tarses nus, d'autres à tarses emplumés, les uns sont à coquille, les autres à tête lisse; toutes les variétés de plumage peuvent s'y rencontrer. IV (iKOUPr.. — RACES CAKACTÉRISÉE.S 1>K1NC1PALEME.\T PAR LNE DISPOSITION SPÉCIALE DES PIA MES DE LA QIEIE. Ce groupe, assez hétérogène, renferme des Pigeons dont le caractère domi- nant réside dans une disposition particulière des plumes de la queue. Mais, en même temps que cette particularité, les éleveurs ont cherché à en développer d'autres pour mieux faire ressortir les contrastes. Il serait difticile, aujour- d'hui, à un observateur non prévenu, de reconnaître, parmi ces formes anor- males et de pure fantaisie, la moindre parenté avec le Bizet primitif. On répartit les Oiseaux de ce groupe en trois sections : la première formée de^ \i:i LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [33] races chez lesquelles la queue a pris un développement considérable en lon- gueur : tels sont les Pigeons swifts; La seconde renfermant les races à queue courte : les Pigeons-Poules, les Pigeons de iModène; La troisième renfermant des races dont la queue est plus ou moins épanouie en éventail : les Pigeons-Paons. LES PIGEONS SWIFTS OU RAPIDES. — Us sont caractérisés par une oppo- sition très accusée entre la grande longueur des ailes et de la queue, et la brièveté des autres parties du corps. Leur bec, court, est orné de morilles assez bien développées; leurs tarses sont courts et nus. Il résulte des caractères précédents que ces Pigeons ont un corps élancé; aussi les avait-on appelés Pigeons-Hirondelles, nom d'autant plus mal choisi que les Swifts, malgré leur grande envergure, ont un vol très lent. Il conviendrait mieux de les appeler, à l'exemple de certains auteurs, Pigeons du Caire, parce qu'ils nous sont fréquemment envo\'és de l'Kgypte, bien que leur véritable patrie d'origine soit l'Inde. LES PIGEONS-POULES. — Ces Pigeons ont perdu, par la sélection et des croisements multiples, toute ressemblance extérieure avec la race primitive. Ils ont des formes trapues, ramassées. Leur cou est fortement arqué et rejeté en arrière; leur bec moj'en, recouvert de morilles blanches: leurs tarses courts et nus; leurs ailes et leur queue courtes; l'Oiseau peut relever celle-ci vertica- lement, comme le font certains Passereaux. Il faut joindre à ces caractères une particularité curieuse qui rapproche les Pigeons-Poules des Pigeons-Paons : c'est le tremblement convulsif du cou, observable seulement chez quelques variétés. Par suite de cette particularité, l'Oiseau prend une position très recherchée des amateurs : il rejette le cou en arrière et se « rengorge » en redressant la queue. Il existe plusieurs sous-races de Pigeons-Poules. L'une d'elles, le Pigeon- Poule romain, dont la taille est énorme, provient sans doute d'un croisement du Pigeon romain avec le Pigeon-Poule ordinaire. LES PIGEONS DE MODÈNE. — Ces Pigeons ressemblent beaucoup aux Pigeons-Poules, mais leur cou n'est pas animé de mouvements convulsifs; leur queue est plus courte, à peine relevée ; un filet rouge entoure l'œil. Ils sont originaires de l'Italie, où on les apprécie en raison de leur grande . fécondité. On en distingue deux sous-raccs ; les (Ja^^i et les Scliielli. Les Gazzi ont la tête, les ailes et la queue diversement colorées, et le reste du corps blanc. Les Schietti ont un plumage dans lequel entrent toutes les combinaisons possibles de nuances. LES PIGEONS-PAONS. — Ils attirent l'attention par leurs formes singulières et l'étalement en éventail des plumes de la queue. r.îil LES PIGEONS. .ii Leur taille est au-dessous de la mo\ennc; leur tète petite, avec un bec grêle et court, l'œil sans filet; leur cou grêle, fortement arqué, de façon à amener la tète au contact de l'éventail de la queue; leur poitrine proéminente: leurs ailes longues, traînantes, leurs tarses courts. Le nombre des plumes de la queue est variable, on peut en compter jusqu'à quarante-deux, mais les amateurs attachent moins d'importance au nombre des plumes qu'à la manière plus ou moins parfaite dont elle.s sont disposées en éventail. Ces curieux Pigeons sont d'un caractère très familier; ils sont assez féconds et très attachés à leur colombier. D'ailleurs, leur vol est très laborieux. Ils existaient dans l'Inde avant l'an iGoo et ne sont apparus en Europe qu'un peu plus tard. En 1677, Willughby en décrit un dont la queue portait vingt-six rectrices; en 1735, Moore en décrit un autre qui en avait trente-six; et en 1824 Boitard et Corbié constatent dé|à qu'on pouvait en trouver qui en avaient jusqu'à quarante-deux. Parmi les multiples sous-races de Pigeons-Paons aujourd'hui répandues dans les régions du globe, il en est une qui se rapproche assez bien du type ancien, c'est le Pigeon-Paon de Java. Quant aux variétés basées sur la coloration du plumage, la liste en est consi- dérable et n'a que peu d'intérêt. V' CROUPE. — RACES CARACTERISEES PRINCIPALE.ME.NT PAR INE PARTICll-ARITE DE STRICTURE DE L'ŒSOPHAGE QLl LE REND CONSIDÉRABLEMENT DILAIABLE. LES PIGEONS BOULANTS. — La race du Pigeon boulant ou Grosse-gorge est la plus distincte de toutes les races domestiques. Elle est décrite comme il suit, par Cornevin : oesophage très grand, très dila- table, que l'Oiseau gontle quand il boule. Corps et membres allongés: générale- ment des vertèbres surnuméraires; port redressé. Bec plutôt long que de dimen- sions moyennes; œil sans filet, avec iris généralement rouge; cou long, dos étroit et un peu ensellé, poitrine étroite; ailes longues, relevées, plaquées, et dont les pointes ne se croisent pas; queue étroite arrivant à peu près à ras de terre; jambes très longues; tarses également allongés, emplumés ou nus, ainsi que les doigts suivant les groupes. Ces Oiseaux ont un aspect très curieux: les mâles surtout, car ils peuvent se gonfler plus que les femelles, et leur tète disparaît entièrement derrière la boule énorme que forme leur œsophage distendu. On peut artitîciellement les gonfler, lorsque, selon l'expression des amateurs, ils ne veulent ^z.s jouer, en leur soufflant dans le bec avec un tube. Ils prennent alors un aspect assez comique, et se pavanent fièrement, le corps redressé, en cherchant à rester gonflés le plus longtemps possible. Bien que cette race fût connue en l'an lùoo, et que, depuis cette époque, les éleveurs n'aient pu qu'exagérer les particularités qui la caractérisent, on retrouve assez facilement, avec un peu d'attention, la voie par laquelle elle est dérivée du Bizet. La propriété que possèdent les Boulants de pouvoir gonfler leur œsophage M5 LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [35] n"est que l'exagc'ration de la propriété qu'ont tous les Pigeons de se rengorger; elle a été bien étudiée par Lesbre et Cornevin, à qui nous empruntons les lignes suivantes : Ll- Pi.m.'on-Paoii et le Pi;^eon Boulant anglais. » L'animal fait grosse gorge à volonté, par un mécanisme produisant une déglutition d'air, comme dans le tic du Cheval; aussi est-ce avec raison qu'on qualifie parfois les Pigeons boulants de liqueurs. Toutefois, l'air avalé par le Cheval tiqueur arrive d'ordinaire dans l'estomac et l'intestin, tandis que chez le Pigeon cet air ne dépasse pas le jabot, l'orifice de communication avec le proventricule étant tenu exactement fermé. Il est probable que les plis mu- ::»!! LES PIGEONS. :H) queux rayonnant autour de cet orifice contribuent à son exacte fermeture. La plupart des auteurs d'ouvrages d'aviculture, ou même d'iiistoirc naturelle, font jouer au jabot le principal rôle dans la formation de la boule; c'est tout à fait à tort, ainsi que Lesbre et moi nous en sommes assurés par la dissection ; c'est à l'œsophage que revient la part de beaucoup la plus grande. » Une insufflation comparative de l'œsophage et du jabot chez le liizet et le Boulant fait prendre à l'œsophage du premier la forme d'un fuseau, et à son jabot celle d'une poche transversale dilatée. Celui du second frappe par sa dis- position en sac ellipsoïdal très développé; son jabot n'est guère plus dilaté que celui du Bizet. Voici quelques chiffres comparatifs, qui démontrent de la façon la plus certaine que c'est l'œsophage qui s'est modifié chez le Pigeon boulant, que c'est lui qui se dilate tout particulièrement quand l'Oiseau boule. Le rôle du jabot dans cet acte est, sinon nul, du moins très effacé relativement à celui de l'œsophage. Hi/.(-l. lïoiilanl. Largeur transversale maxima de rœsophagc o"',o3 om.og — — du jabot o"',077 ©".oSS » Nous avons constaté, en employant la méthode du déplacement d'eau, que la capacité de l'œsophage et du jabot du Bizet était de 114 centimètres cubes, tandis que celle du Boulant était de 597 centimètres cubes, soit plus de cinq fois plus considérable. « L'étude histologique comparative de l'œsophage et du jabot dans le Bizet et dans le Boulant n'a révélé aucune diâérence essentielle : seulement la paroi de ces organes est. à égalité de tension, plus mince chez celui-ci que chez celui-là; il est clair qu'elle doit s'amincir en proportion de la dilatation éprouvée, ainsi qu'un ballon de caoutchouc qu'on insuffle. « ... Le Pigeon commence à se rengorger vers l'âge de trois mois, mais ce n'est que quand il est apte à la reproduction qu'il peut dilater complètement son œsophage. « La présence de la boule force l'animal à porter la tête en arrière, à se tenir droit, campé sur ses pattes dans une attitude spéciale. Il n'est pas très solide, car un coup de vent le renverse; son vol est laborieux. « Malgré tout cela, il est très recherché des amateurs qui le prisent d'autant plus qu'il boule davantage. Et, comme tout est solidaire dans l'organisme, cette exagération entraîne celle de l'allongement du corps et de l'attitude redressée, de sorte qu'on a pu dire avec raison que ce sont les e.xagérations organiques du Boulant qui en font la valeur. » Les descriptions de Boulants faites par les auteurs anciens confirment d'une façon éclatante cette dernière proposition, basée sur des considérations mor- phogéniques. Le Pigeon boulant n'a pas toujours été, comme nous l'apprend Paul Vac- quez, le long pigeon, a. la tête longue, au cou long, aux ailes étroites et longues. FI. WIX. — Pigeons domestiques vulgaires iPhotograpliie W. M. Spooner et C») (texte page 38). ::: LES RACES DE PIGEONS DOMESTIQUES. [37] il queue longue attachée à un long corps, placé sur de hautes et longues jambes, que les spécialistes exposent dans les expositions d'aviculture sous le nom de Boulant français, anglais, allemand ou gantois; mais il fut pendant plus de deux siècles un Pigeon de taille mo^'enne ayant les formes ordinaires, quoique plus élancées, d'un Pigeon commun, un peu plus haut sur pattes, et possédant l'étrange faculté de développer, de gonfler démesurément son oesophage. Ce n'est qu'à partir de i8-25 que le Boulant primitif prit, peu à peu, sous l'influence d'un élevage et d'une sélection appropriés, les caractères qu'on lui connaît aujourd'hui, en se partageant d'autre part en plusieurs sous-races peu distinctes l'une de l'autre, et qui sont les suivantes : Les Pigeons boulants français ou d'Amiens. — Cette sous-race détient le record de la taille. M. R. Fontaine (de Lille) en a obtenu un spécimen qui attei- gnait o"',5o de longueur, les pattes avaient o'",2o. Les Boulants français ont un bec grêle, assez long, un corps long, une poitrine étroite, des jambes très allon- gées; leur jabot renflé a une forme hémisphérique; ils portent les ailes croisées en forme d'X sur la queue; leurs pattes sont nues. — Les variétés de plumage sont nombreuses. Les Pigeons boulants lillois. — De plus petite taille que les précédents ; leurs formes sont sveltes et élégantes, leur gorge est ovoïde et non sphérique; leurs tarses sont également nus, mais le doigt médian seul est garni de petites plumes. Ils présentent aussi de nombreuses variétés de coloration. Les Pigeons boulants anglais ou Powters. — Leur taille est à peu près celle des Boulants français; ils s'en distinguent surtout par leurs ailes qui reposent sur la queue sans se croiser, et par leurs pattes très emplumées. Les Pigeons boulants de Poméranie. — Assez voisins des Powters, ils s'en distinguent par leurs ailes croisées à l'extrémité, leurs pattes courtes, très emplumées, la forme de leur gorge. Les Pigeons boulants allemands. — Ils sont d'une taille moyenne; leur gorge est ovoïde, leurs pattes emplumées. Leur plumage est uniformément jaune, brun ou gris perlé avec barres alaires blanches. Les Pigeons boulants hollandais ou néerlandais. — Ils sont de petite taille; leurs pattes sont courtes; leurs formes ramassées. L'une des variétés les plus estimées est le Boulant gantois dominicain. Les Pigeons boulants Brunner. — De petite taille, de formes sveltes, et offrant un plumage varié, ils nous conduisent aux formes naines suivantes. Les Pigeons boulants Pigmy [Powter Pigmy). — C'est la forme naine du Bou- lant anglais. Les Pigeons boulants d'Amsterdam. — Cette sous-race naine se fait remar- quer par ses formes trapues, ses jambes courtes, ses tarses nus, et la dilatation considérable de l'œsophage plus prononcée que chez aucun autre Boulant. Toutes ces sous-races et variétés de Boulants dérivent d'une souche com- mune, le Boulant grosse-gorge des anciens. Celle-ci s'est divisée en trois bran- ches principales: les Boulants anglais, les Boulants français et les Boulants de :W] LES PIGEONS. :î8 Poniéranie, d'où sont nées toutes les sous-races et variétés connues, à la suite des croisements et de la sélection artificielle. Les Pigeons boulants, malgré la grande taille qu'ils peuvent acquérir quel- ques-uns pèsent jusqu'à (ioo grammes), ne sont guère considérés que comme une race de fantaisie. Leur élevage présente d'ailleurs beaucoup de dilliculiés; ils sont peu produc- tifs, et demandent à être tenus dans un état de très grande propreté. Par suite de la conformation spéciale de leur gorge, ils ne peuvent nourrir leurs petits ; la cause en est, non pas dans un défaut de sécrétion de leur jabot, comme on le croyait autrefois, mais bien dans la difiiculté qu'ils éprouvent dans l'acte de la régurgitation. Cette difficulté de la régurgitation s'explique par la distension de la tunique musculaire de l'œsophage. Les Pigeons maillés de Cai:x. — Aux Pigeons boulants se rattache la race des Pigeons maillés, appelés aussi Mondains de Caux. Ces Pigeons ont les formes générales des Mondains; leur plumage est maillé et de diverses façons: leur œsophage est très dilatable, mais à un degré moindre que celui des Bou- lants. Ils paraissent dériver d'un croisement entre une espèce très ancienne de Grosse-Gorge, le Grosse-gorge ardoisé à vol blanc, et le Mondain. On en connaît plusieurs variétés désignées sous les noms de Maillés feu. Maillés noyer, Maillés jacinthe. Ces désignations se rapportent à la teinte du plastron et des côtés du cou, le fond du plumage étant gris bleuté. Les Maillés de Caux sont des Pigeons d'une taille assez volumineuse, presque égale à celle des Montauban: ils sont très prolifiques et, pour ces deux raisons, sont très estimés des éleveurs. LES PKiEONS nO.MESTIQl'ES VILGAIRES C . En dehors des races précédentes qui sont déterminées chacune par un ensemble de caractères relativement lixes, il existe des Pigeons ne pouvant se rattacher à aucune race déterminée. Ce sont les Pigeons de ferme ou races comestibles, élevés sans grand souci de leur généalogie, le but principal des éleveurs étant d'obtenir le plus grand nombre de gros Pigeonneaux. On a vu quelles étaient, parmi les races pures, celles qui donnaient à ce point de vue les meilleurs résultats; les unes, de grande taille et assez prolifiques, s'éloignant peu du colombier, conviennent la plupart du temps à toutes les exploitations agricoles ; les autres, telles que les Pigeons voyageurs (non sélectes, ni entraînés en vue du transport des dépêches), d'une taille moyenne, susceptibles d'aller chercher au loin leur nourriture à travers la campagne, sur les places des villes, dans les rues, et de retrouver facilement leur gite, conviennent mieux dans certains cas particuliers. f) PL XXIX. — Pigeons domestiques vulgaires (plaiiclie page 3()). SYNOPSIS DES RA.CES DE PIGEONS iD'appks Cownemn, légèrement modilié;. Section I. — Races à œsophage non modifié. Sous-section I. — Races à queue de dcpeloppemeiit moyen et portée /lori^ontalcinent. Pas de filet oculaire, l'or- mat moyen Bizet (Sous-races : Montagnard, Lune, Sali- , nette, Heurté, Maillé, Volant à tête lisse,) Tournant à tète lisse. Culbutant à tête' l''' lisse). 1 Groupe. J Format variable, \ p [ caractères peu distinctifs .... Mondain (Sous-races : Gros, Moyen, Petit). I '■'' Catégorie. Bec de dimensions moyennes. D 1^ Bec dedimensions variables. Dispositions spéciales de certaines plumes du tronc et de la tête. lll' Le plus grand format de l'es- \ g \, pèce Romain (Sous-race : Montauban). j y Catégorie. Bec variable Messager (Sous-races : Anversois, Liégeois,/ Bec surmonté \ Beyrouth, Pigeon voyageur, type actuel). ^ II'- de caroncules i Bec long Carrier (Sous-races : Bagadais, Dragon'. i Groupe. tr. développées. Bec court Polonais ou Barbe. V 3'" Catégorie. — Brièveté du bec et de | la face, portée au maximum Tumbler. / Une cravate Cravaté (Sous-race à tarses nus : Tunisienne, Chinoise, Anglaise, Française, Domino, ' Heurtée. Sous-races à tarses emplumés : Brunette, Satinette, Bluette, Silverette, Blondinette Turbitéenne, Vizor. Sous-race naine : Damascène). Un capuchon Jacobin ou Nonnain. Une coquille Coquille (i" Sous-races à tarses nus : Hollan' daise. Barbue, Brésilienne, Nonnain cape. ,^ ^.,„„ „ c- • . 1 • /- , Groupe. 2» Sous-races a tarses emplumés : Carme, Russe, Sa.xonne, Sapajou, ttourneau co- quille. Moine à bavette). L'n épi Spicifer (Sous-races : Ringslager, Bouvreuil, Lahore, Mookee, Lowtan). Un toupet Tambour i Sous-races : Tambour de Boii- kharie, T. de Dresde, T. d'.Mtenbourg). Une crinière Nègre. Frisure des plumes .... Milanais frisé. Sous-section II. — Races à queue de longueur au-dessus de la moyenne. Bec, tête et pattes courts; ailes et corps \ allongés Swifts. SoijS-section III. — Races à queue brùre, relevée, non étalée. Pas de filet oculaire ; cou agité de mouve- ments convulsifs Pigeon-Poule. Un lilet oculaire; pas de mouvements convulsifs Pigeon de Modène (Sous-races : Gazzi.Schietti). Sous-SECTioN IV. — Races à queue très fournie, se relevant et s'étatant. Corps arrondi ; taille au-dessous de la moyenne Pigeon-Paon (Sous-races à tarses nus : Écos- saise, .\nglaise,.'Mlemande, Inverse, Guva- naise. Sous-races à tarses emplumés : Indienne, ( Indienne huppée des Philippines). Section II. — Races à œsophage modifié. Port droit; jambes longues Boulant ou Grosse-Gorge (Sous-races : Écos- saise, Néerlandaise, Lilloise, .Mlemande, / V Hongroise. ^ Groupe. Sous-race naine : .\msterdam.) Port droit. Plumage maillé Maillés de Caux. /Groupe. \' 40] LES PIGEONS. 40 i.A VIE .\v (:oi.ombii;r. Les Pigeons domestiques, quelle que soit la race à laquelle ils appartiennent, ont une existence bien différente de leur ancêtre primitif, le Bizet sauvage. Les uns, élevés pour le seul agrément des amateurs, sont tenus dans une complète captivité; les autres, élevés en vue de la production de la chair, sont uénéralement laissés en demi-liberté. Les premiers réclament des soins spéciaux; la liberté leur serait funeste, car ils seraient incapables de trouver par eux-mêmes leur nourriture; de plus ils pourraient se croiser avec des races communes; ils doivent être maintenus dans des volières spacieuses, convenablement aménagées. Dans chaque volière, on dispose une ou plusieurs cages analogues à celles qui seront décrites plus loin, et qui leur serviront à nicher; on y place égale- ment des perchoirs, des mangeoires, et de l'eau où ils puissent se baigner. Le sol est recouvert d'une couche de sable fm dans lequel ces Oiseaux aiment à se rouler, à la façon des Gallinacés. Les parois de la volière, les cages, les per- choirs sont passés à la chaux. La propreté la plus scrupuleuse est de rigueur, car sans cette précaution les parasites ne tarderaient pas à envahir le colom- bier. Il n'est pas sans importance non plus de protéger la volière contre les incursions des Rats, des Souris et des Chats, autant que contre les intempéries des saisons. Pour les races vulgaires, et laissées en demi-liberté, le pigeonnier le plus pratique consiste, pour chaque couple, en une caisse en planches bien assem- blées, dont la paroi supérieure inclinée forme toit, et dont la paroi antérieure est munie de deux portes à coulisseaux. Devant chaque ouverture se trouve une planchette horizontale sur laquelle l'Oiseau peut se poser avant d'entrer dans la cage. Ces pigeonniers sont adossés à un mur élevé, orienté vers le sud-est; ils doivent être distants l'un de l'autre de 4 a 3 mètres, et placés à 3 mètres au moins du sol. L'installation d'un colombier pour Pigeons voyageurs est un peu différente. Ici un même local est commun à plusieurs couples, qui doivent pouvoir nicher sans se gêner les uns les autres. Une mansarde élevée convient parfaitement. L'éleveur peut y entrer à volonté pour soigner ses pensionnaires, ou constater leur rentrée au gîte. Dans ce dernier but, on a inventé de nombreux systèmes de trappes ou cli- quettes, qui fonctionnent automatiquement. Le Pigeon traverse d'abord une rangée de cliquettes qui s'écartent devant lui quand il entre, et qui se refer- ment aussitôt, l'emprisonnant en quelque sorte dans l'antichambre de sa demeure; en même temps, un signal avertisseur prévient le colombophile qui vient constater la rentrée de son élève et lui donner les soins dont il peut avoir besoin. L'alimentation des Pigeons voyageurs est des plus simple : la petite féverole, la vesce, le blé en forment la base. Accessoirement, on y joint un peu de maïs, .'il LES ECTOPISTES. [41J du chcncvis, du millet, et a l'époque de la mue, ou lorsqu'ils rentrent de vo3'age, un peu de graine de lin et de verdure. Âlalgré tous les soins dont on peut les entourer, les Pigeons sont sujets ù dill'érentes affections : la diphtérie, les attaques épileptiformes, l'arthrite de l'aile, la conjonctivite, la morve, la gale, les vers intestinaux, la vermine. Bien que toutes ces maladies soient connues des éleveurs, et forment un chapitre important de la zootechnie, il est préférable de les éviter par des mesures prophylactiques; une extrême propreté du colombier et une alimentation choisie sont des précautions d'une grande importance. LES ECTOPISTES Caractères. — Les Ectopistes sont caractérisés par un bec médiocre, à bords mandibulaires légèrement flexueux; des narines linéaires percées dans une membrane renflée; des ailes longues, pointues, subaiguës; une queue longue, flabelliforme, à pennes très étagées; des tarses courts, robustes, un peu emplumés au-dessous de l'articulation ; l'ongle du doigt médian large et médiocrement recourbé. L'ECTOPISTE MIGRATEUR [t'clopisles migraloriiis). — Camcthrc^. — La taille de cet Oiseau est d'environ o",4o. Son plumage est en dessus d'un bleu ardoisé, avec des reflets bleus et violets à la base du cou; en dessous d'un roux vineux, avec la région anale et les sous-caudales blanches; les grandes rémiges sont noirâtres, bordées de blanchâtre; les scapulaires, semblables au dos, portent des petites taches irrégulières noires brillantes; les rectrices médianes sont d'un noir ardoisé, les latérales cendrées, passant au blanc vers la pointe et marquées chacune d'une grande tache noire sur les barbes internes; le bec est noir, l'iris orangé, avec les paupières nues et rouges; les pieds rouges. La femelle est d'une taille un peu inférieure à celle du mâle; son plumage est plus terne, le dos tire sur le cendré. Habitat. — L'Ectopiste migrateur se rencontre dans tous les Etats de l'Amé- rique du Nord. Il s'égare accidentellement en Europe, notamment en Angle- . terre, en Norvège, en Russie. On le désigne fréquemment sous les noms de Tourlcrellc du Canada, Ptij^con de passaf^e, Pigeon voyageur. Pigeon sauvage d'Amérique. Mœurs. — C'est le plus sociable de tous les Pigeons; il vivait autrefois en bandes innombrables de plusieurs millions d'individus. Les récits que nous ont rapportés Audubon et Wilson, à ce sujet, sont réellement fabuleux. A certaines époques de l'année, les Ectopistes émigrent, non pour changer de climat, mais pour se diriger vers les régions qui leur offrent le plus de nourriture. Jadis, pendant plusieurs jours, on assistait au délilé de leurs bandes immenses, longues de plus de deux milles, larges d'un quart de mille. Le ciel en était obscurci et le bruit qu'elles produisaient en volant rappelait le grondement lointain du tonnerre. [\2] LES PIGEONS. 42 Audubon a compté le passage successif de cent soixante-trois bandes sem- blables en l'espacô de vingt minutes! Tant que la région traversée ne promet pas une ample moisson de graines et de baies, les bandes continuent leur route en volant à une très grande hauteur et avec une grande régularité, sans me me paraître affectées par les coups de fusil : mais l'apparition d'un Oiseau de proie provoque la plus vive panique dont Audubon nous a laissé le curieux tableau. (( Je renonce à vous décrire, dit cet auteur, l'admirable spectacle qu'offraient leurs évolutions aériennes lorsque, par hasard, un Faucon venait à fondre sur l'arricre-garde de l'une de leurs troupes : tous à la fois, comme un torrent, et avec un bruit de tonnerre, ils se précipitaient en masses compactes, se pressant l'un sur l'autre vers le centre; et ces masses solides dardaient en avant en lignes brisées ou gracieusement onduleuses, descendaient et rasaient la terre avec une inconcevable rapidité, montaient perpendiculairement de manière à former une immense colonne; puis, à perte de vue, tournoyaient, en tordant leurs lignes sans fin qui représentaient la marche sinueuse d'un gigantesque Serpent. « 11 est extrêmement intéressant de voir chaque troupe répéter de point en point les mêmes évolutions qu'une première troupe a déjà tracées dans les airs. Ainsi, qu'un Faucon vienne à donner quelque part sur l'une d'elles : les angles, les courbes et les ondulations que décriront ces Oiseaux dans leurs efforts pour échapper aux serres redoutables du ravisseur seront reproduits sans dévier par ceux de la troupe suivante. Et si, témoin d'une de ces grandes scènes de tumulte et de trouble, frappé de la rapidité et de l'élégance de leurs mouve- ments, un amateur est curieux de les voir se reproduire encore, ses désirs seront bientôt satisfaits : qu'il reste seulement en place jusqu'à ce qu'une autre troupe arrive. »... Aussitôt que s'annonce quelque part une abondance convenable, les Pigeons se préparent à descendre, et volent d'abord en larges cercles, en passant en revue la contrée au-dessous d'eux. C'est pendant ces évolutions que leurs masses profondes offrent des aspects d'une admirable beauté, et déploient, selon qu'ils changent de direction, tantôt un tapis du plus riche azur, tantôt une couche brillante d'un pourpre foncé. Alors, ils passent plus bas par-dessus les bois, et par instants se perdent dans le feuillage, pour reparaître le moment d'après, et s'élever de nouveau au-dessus de la cime des arbres. Enfin les voilà posés ; mais aussitôt, comme saisis d'une terreur panique, ils reprennent leur vol avec un battement d'ailes semblable au roulement lointain du tonnerre; et ils parcourent en tous sens la forêt, comme pour s'assurer qu'il n'y a nulle part du danger. La faim cependant les ramène bientôt sur la terre, où on les voit retournant très adroitement les feuilles sèches qui cachent les graines et les fruits tombés des arbres. Sans cesse, les derniers rangs s'enlèvent et passent par-dessus le gros du corps, pour aller se reposer en avant, et ainsi de suite, d'un mouvement si rapide et si continu que toute la troupe semble être en même temps sur ses ailes. La quantité de terrain qu'ils balayent est immense, et la place rendue si nette que le glaneur qui voudrait venir après eux perdrait complètement sa peine. » 'i:! LES TOURTERELLES. /i:'.; Malheureusement, c'est en vain que l'on chercherait aujourd'hui, dans toute l'Amérique, le théâtre de ces spectacles grandioses. L'Kctopiste des États-Unis a eu le même sort que le Bizet de l'Europe. Sous l'influence des chasses acharnées qu'on lui a faites, ses bandes immenses se sont éclaircies, décimées. Les petites troupes que l'on rencontre encore de nos jours ne donnent plus aucune idée des prodigieuses légions du temps d'Audubon. Dans un grand nombre de localités, on ne rencontre même que quelques couples isolés, et il est à craindre que cette espèce ne disparaisse bientôt de la faune du Nouveau Monde. Les Ectopistes nichent sur les plus hautes futaies, au milieu des forêts. Leur nid, formé de brindilles sèches entre-croisées, est placé à la bifurcation des branches. Un même arbre en porte un grand nombre. La ponte est de deux œufs semblables à ceux du Bizet. Chasse. — La chair des Ectopistes est assez délicate; aussi fait-on à ces Oiseaux une chasse acharnée dès qu'ils se montrent dans un pa3's. Mais leurs apparitions sont très irrégulières, et dépendent de l'abondance plus ou moins grande des graines et des fruits. On les tuait par milliers lorsque, dans leurs migrations, leurs légions immenses s'abattaient sur les arbres d'une foret pour y passer la nuit. On les prenait aussi par centaines dans des lilets posés sur leur passage. Le résultat de semblables carnages a été la disparition presque complète de ce précieux gibier. Captivité. — Placés dans une volière convenable, les Ectopistes supportent la captivité pendant plusieurs années. LES TOURTERELLES Caractères. — Les Tourterelles ont des formes plus élancées, plus sveltes, que les Pigeons des genres précédents. Leur bec est droit, grêle, peu renflé à l'extré- mité; leurs lorums dénudés, leurs narines oblongues, étroites, horizontales, surmontées d'une écaille légèrement convexe, formée par la cire; leurs ailes allongées, subaiguës; leur queue médiocre, arrondie; leurs tarses longs et nus. L\ TOURTERELLE DES BOIS [Tiirliir aiiritus). — La Tourterelle des bois, ou Tourterelle commune de l'Europe, mérite une description complète, car on la confond fréquemment avec les Tourterelles communes des Oise- leurs, qui sont d'origine asiatique. Caractères. — Sa taille est d'environ o"',29. Le mâle adulte a la tète et le dessus du cou d'un cendré bleuâtre, les plumes du dos, du croupion et les sus-caudales d'un brun roux, marquées de brun et de cendré en leur milieu; le devant du cou et la poitrine d'une teinte vineuse; le reste des parties inférieures blanc; un demi-collier noir, coupé obliquement de raies blanches, orne les faces latérales du cou: les couvertures alaires sont noires, et bordées de roux de rouille; les rémiges brunes, bordées de gris roussàtre; les rectrices médianes ]W' LES PIGEONS. 44 d'un brun loussàtrc, les latérales noirâtres et terminées de blanc, la plus externe de chaque côté bordée de blanc en dehors ; les paupières nues et rouges, l'iris rouge jaunâtre, le bec brun bleuâtre, les pieds rouges. La femelle est de plus petite taille que le mâle; ses teintes sont moins vives, son collier moins étendu. Les jeunes ont des teintes sombres, et, avant la première mue, leur collier est à peine indiqué. Habitat. — La Tourterelle des bois est très répandue dans toute l'Eu- rope, mais particulièrement dans les régions méridionales. Elle est abon- dante également en Afrique et dans le nord-ouest de l'Asie. Mœurs. — Sans être un Oi- seau essentiellement migra- teur, la Tourterelle com- mune de l'Europe vient se reproduire de préférence dans les régions tempérées. Elle s'établit alors dans les bois, au voisinage des champs cultivés, là où elle est sûre de toujours trouver en abondance les graines qui forment le fond de sa nour- riture. Son arrivée a lieu par couples, vers le commencement d'avril; son départ s'ef- fectue, par petites familles, à la fin de l'été. En dépit de son naturel sauvage et mé- fiant en liberté, les poètes, frappés de la grâce de ses mouvements, de la douceur de son roucoulement, des marques de ten- dresse que le mâle témoigne à sa femelle, ont voulu voir dans la Tourte- relle le symbole de l'amour conjugal. On ne peut, en effet, s'empêcher d'ad- mirer les mœurs douces et sociables de ce charmant Oiseau, autant que la grâce de ses allures. La Tourterelle a un vol aisé, rapide, silencieux; a terre, elle marche avec élégance; poursuivie par un Oiseau de proie, elle se glisse adroitement au milieu des branches, pour lui échapper. Son genre de vie ne diffère pas de celui des autres Pigeons sauvages. Elle se nourrit de petites graines, de blé, de pois, de semences de pins. Son nid est grossièrement construit à claire-voie, dans les branches d'un arbre, à une faible hauteur, parfois même au milieu d'un buisson épais. On y trouve généralement deux œufs d'un blanc pur, que les parents couvent alterna- tivement. Captivité. — Les Tourterelles communes, prises jeunes, s'apprivoisent facilc- '// ^c.*.. . La Tourterelle des bois. 45 LES TOURTERELLES. [45] ment, et deviennent d'une remarquable familiarité. On peut les maintenir en volière ou en cage. Elles donnent avec les autres espèces des métis dont quelques-uns sont féconds. LA STREPTOPÉLIE RIEUSE OU TOURTERELLE A COLLIER (*) [Titrtiir risoriiis). — Caractères. — Le plumage de la Tourterelle à collier est d'une teinte Isabelle presque uniforme; les parties inférieures et la tête sont plus claires; les ailes noirâtres; le collier noir s'étend en un croissant continu sur la nuque et les côtés du cou ; l'iris et les pattes sont rouges, le bec brun. Habitat. — La Tourterelle à collier, ou Pigeon rieur, est originaire de l'Asie; on la trouve aussi dans le nord-est de l'Afrique et l'Arabie. Mœurs. — La particularité qui la distingue le mieux de la Tourterelle commune est son cri. Celui-ci comprend, outre un roucoulement sonore, quelques notes qui imitent assez bien le rire d'une personne, et que l'on peut traduire par bi-hi-hi-hi. C'est d'ailleurs ce qui lui a valu son nom. On rencontre la Streptopélie rieuse dans les forêts des steppes. Elle vit en bandes assez nombreuses, qui, lorsque la nourriture fait défaut, entreprennent de grandes migrations analogues à celles de l'Ectopiste migrateur d'Amé- rique. Captivité. — La Tourterelle à collier supporte la captivité plus facilement encore que la Tourterelle commune; aussi la voit-on fréquemment en volière ou en cage. Ses allures sont gracieuses, sa douce familiarité agréable. D'après E. Oustalet, c'est de la Tourterelle à collier propre à l'Inde et à la Chine {Turtur douraca Hogs.) que dérivent les Tourterelles h/ondes des oise- leurs. Cette espèce, dont la domestication remonte à la plus haute antiquité, fut importée en Europe, il y a environ trois siècles, par les Hollandais. Les Tourterelles blondes domestiques n'ont donc rien de commun avec les Tourterelles communes de l'Europe; le croisement de ces deux espèces ne donne d'ailleurs que des métis inféconds. Sous l'influence de la domestication, la Tourterelle à collier primitive a subi quelques modifications, notamment une sorte de décoloration du bec, qui de noirâtre est devenu rosé^ des pattes et des yeux qui de rouges sont devenus également rosés; le plumage est aussi fréquemment frappé d'albinisme. LA CHALCOPÉLIE AFRICAINE OU PIQEON-NAIN (C/;c7/co/;tVÙ7 afra\— Cette Tourterelle, dont quelques auteurs ont fait le type du genre spécial Chalcopelia, se fait remarquer autant par ses allures élégantes que par la couleur métallique de ses ailes. Caractères. — Sa taille n'est que de o"',20. Elle a la tête d'un gris cendré, le dos et la queue brun marron avec le croupion noir; la poitrine rougeàtre, le reste de la face inférieure du corps blanc; les ailes noires, avec les rémiges secondaires offrant des reflets métalliques; l'iris et les pattes rouges; le bec noir. Cl PI. XXX. — Tourterelles à collier (Photographie NN'. .M. Spooiier et C"). La vie des ANIMAI^X ILLLSTRÉt. IV. [4G] LES PIGEONS. 46 Habitat, — La Chalcopélie africaine, comme l'indique son nom, a pour patrie l'Afrique; elle est surtout commune au sud du 14'-' degré de latitude. Mœurs. — Elle se tient dans les épais buissons, à proximité de quelque cours d'eau, dans les régions où pousse une riche végétation. Vivant par couples ou par petites familles, elle y trouve toujours une abon- dante nourriture. Aussi est-elle sédentaire partout où elle s'établit. Ses allures sont extrêmement élégantes. Son cri a un timbre mélodieux, très particulier; il se compose d'une seule note que l'Oiseau répète un grand nombre de fois successivement et de plus en plus vite. La Chalcopélie niche dans les buissons touffus, à peu de distance du sol, ou dans quelque trou d'un arbre vermoulu. LES MELOPELIES Les Mélopélies et genres voisins forment un groupe de Pigeons dont certains auteurs ont fait la sous-famille des Zeiia'idiiia.'. Par leur existence essentiellement terrestre, que révèlent leurs caractères morphologiques, les Oiseaux de cette sous-famille, ainsi que leurs proches parents, les Phaps et les Gouras, établissent une transition des Pigeons aux Gallinacés. Leurs formes sont élégantes, leurs tarses élevés, leurs ailes de longueur moyenne, leur queue allongée, de forme variable. LA MÉLOPÉLIE LEUCOPTÈRE. — Répandue irrégulièrement dans la plus grande partie de l'Amérique, cette espèce se fait remarquer par la singularité de son chant mélodieux et varié. Aussi est-elle très appréciée dans ce paj's comme Oiseau de volière. LES COLOMBI-MOINEAUX Désignés en Amérique sous le nom de Pigeons Je terre {Ground dores , les Colombi-Moineaux ont des formes trapues, une tète petite, un cou court, des ailes de longueur moyenne, une queue courte et arrondie, des tarses complè- tement nus, un bec court et faible. LE COLOMBI-MOINEAU PASSERINE [Cliavui'pelia passerhia). — Caractères. — La laille de cette charmante espèce n'est que de o"',i8. Dans son plumage domine le brun grisâtre ; la tète et la nuque sont d'un gris bleuâtre, la gorge blanchâtre, les couvertures des ailes tachetées de brun à reflets métalliques, les rémiges brunes sur les barbes externes, rouge brun sur les barbes internes, les rectrices noires, les externes bordées de blanc en dehors, l'iris orange, le bec et les pattes rouges. Habitat. — Le Colombi-Moineau passerine habite le sud des Etats-Unis, la Floride, les Antilles. 'i* LES COLOMBI-PERDRIX. 17 Mœurs. — Il vit dans les pâturages et les plaines herbeuses; il s'établit volontiers près des villages où croissent des orangers. On le rencontre fréquemment perché sur les haies qui bordent les routes et faisant entendre son roucoulement sonore et plaintif. Il vole peu, et ne parcourt jamais un grand espace d'une seule traite; par contre, il court sur le sol avec autant de rapidité qu'une Poule. D'un naturel très sociable, il forme des bandes de dix à quinze individus qui restent unies même pendant la période des amours. Le nid du Colombi-Moineau passerine est habituellement situé sur une branche horizontale d'oranger, à une faible distance du sol; exceptionnel- lement il est placé dans quelque buisson ou même sur le sol. Il est composé de menues branches, de feuilles sèches, de mousse d'Espagne. La femelle pond deux œufs d'un blanc éclatant; elle fait deux couvées par année, l'une en avril, l'autre en juin ; quelquefois une troisième, quand la saison est favorable. Les deux parents prennent une part égale à l'incubation et à l'éducation des jeunes. Chasse. — Cette espèce semble appelée à disparaître devant la chasse qu'on lui fait pour se procurer sa chair délicate autant que son beau plumage. Captivité. — Le Colombi-Moineau passerine s'acclimate facilement dans nos pays, et s'y reproduit même en captivité. On le nourrit de millet, d'alpiste, de navette, et de temps à autre on lui donne quelques larves de Fourmis ou des ^'ers de farine. LES GÉOPÉUES Les Géopélies sont originaires des îles de la Sonde. Elles se reconnaissent, à première vue, à leur taille petite, élancée, à leur queue longue étagée, et à leur plumage élégamment rayé. LXGÉOPÉL\E STRIÉE (Geopelia striata). — Appelée aussi Pigeon-cpcrrkr., cette espèce a un plumage d'une teinte fauve rayée de noir. Ses mœurs n'offrent pas de particularité spéciale. Elle s'élève très bien en captivité, comme le? Golombi-Moineaux. LES COLOMBI-PERDRIX Ces Pigeons doivent leur nom a la forme générale de leur corps, qui les fait ressembler assez bien aux Perdrix de nos champs. Caractères. — Ils ont un bec relativement fort et bombé à l'extrémité, des tarses longs, épais, des doigts courts armés d'ongles solides, fortement recourbés, des ailes courtes, arrondies, sub-obtuses, une queue large, arrondie, la base du bec et les lorums formant une ligne continue, dénudée, papilleuse. lis LES PIGEONS. 18 LA COLOMBI-PERDRIX CYANOCÉPHALE i^Staniœ)ias cyanocephaLi . — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o'",3o. Il a le sommet de la tète d'un bleu ardoisé, la face, la nuque et la gorge noires, une ligne naso-oculaire blanche, les rémiges et les rectiices externes brunes ; le reste du corps d'un ixuige brun-chocolat, passant au rouge vineux à la poitrine; le bec rouge à la base, bleuâtre à la pointe; les pattes rouges. Habitat. — La Colombi-Perdrix habite l'ile de Cuba et l'Amérique centrale, où son aire de dispersion s'étend au sud jusqu'au Brésil, au nord jusque dans la Floride. Malheureusement, les chasses acharnées qu'on lui a faites ont amené sa disparition dans un grand nombre de localités où elle était autrefois abondante. .Mœurs. — Elle se plait dans les grandes forêts dont le sol est rocailleux. Ses allures sont lentes et graves; elle marche le cou tendu, la queue légèrement relevée, tout en cherchant parmi les feuilles sèches les graines, les baies dont elle fait sa nourriture; elle mange aussi, paraît-il, de petits Colimaçons. En s'envolant, elle produit un bruit semblable à celui que fait la Perdrix d'Europe, et cette particularité s'ajoute encore à la ressemblance extérieure de ces deux Oiseaux. Elle se perche sur les branches des arbres pour se reposer, ou y passer la nuit. Son nid, placé le plus souvent sur un Tillandsia, est négligemment construit; la femelle }' dépose deux œufs blancs. LES PHAPS Caractères. — Les Phaps ont des formes ramassées, massives: leurs tarses sont courts, leurs doigts longs, leurs ailes longues, aiguës; leur queue courte. Leur plumage à reflets métalliques leur a valu le nom de Pigeons bi-ou^cs. LE PHAPS LUMACHELLE. — Caractères. — Cette espèce est la plus ancien- nement connue. Sa taille est d'en\iron o"',3.^. Elle a la tcte et le dos bruns dvcc le front, une bande sous l'œil et la gorge, d'un blanc jaunâtre; la partie infé- rieure du corps d'un rouge vineux tirant sur le gris au ventre; les ailes semées de taches allongées d'un bronze cuivré et vertes, à reflets métalliques; la queue brune en son milieu et d'un gris foncé sur les bords; l'iris d'un brun rougeàtre : le bec noir, les pattes rouges. Habitat. — Le Phaps lumachelle se rencontre dans tout le continent austra- lien, mais, dans certaines localités, il n'est que de passage. Mœurs. — 11 fréquente les grandes plaines incultes, couvertes de buissons et de bruyères, à proximité d'un cours d'eau ou d'un étang. Sa nourriture se compose essentiellement de graines de toute espèce. Il niche sur les arbres, à peu de distance du sol. Son nid est, comme celui des autres Pigeons, construit assez légèrement ; on y trouve deux œufs d'un blanc pur, que les parents couvent alternativement. La reproduction a lieu en août et en février; les jeunes une fois sortis du nid. 40 LES N ICO BARS. !V,)] «e réunissent en bandes nombreuses qui parcourent la campagne en quête de nourriture. C'est le moment que choisissent les chasseurs pour leur faire une guerre acharnée, car leur chair est très délicate. Captivité. — En captivité, les Phaps s'apprivoisent comme lesautres Pigeons exotiques et se reproduisent même en volière. On les désigne vulgairement sous le nom de Colombes vertes d'Australie. LE LONQUP LOPHOTE {Ocfphaps lophotes). — Cet élégant Oiseau se fait remarquer par une longue huppe effilée qu'il porte derrière la tête. Sa taille est de o"',33. Il a la tête, le devant du cou, la poitrine, le ventre gris cendré; le dos brun olivâtre clair, les couvertures des ailes d'un vert bronzé brillant et lisérées de blanc pur, les rémiges et les rectrices d'un brun verdàtre et terminées de blanc; le bec noir, les pieds rouges. Il habite l'Australie; on le rencontre en troupes assez nombreuses dans les terrains inondés, sur les bords des rivières. Il vit très bi.n en captivité. C'est dans le groupe des Phapidés qu'il faut ranger l'espèce que les oiseleurs désignent sous le nom de Colombe poignardée [Plilog-œnas eruentata). Cet Oiseau doit ce nom à une large tache rouge de sang qu'il porte sur le jabot et qui tranche sur les teintes foncées métalliques du reste du plumage. LES QÉOPHaPS. — Plus recherchés encore que les Phaps, pour la délicatesse de leur chair, les Géophaps de l'Australie se reconnaissent à leur bec plus court, à leurs ailes courtes et arrondies, contrastant avec leurs tarses élevés. On leur donne aussi le nom de Colombi-Cailles. Leur existence est beaucoup plus terrestre que celle des Phaps. Ils construisent fréquemment leur nid sur le sol. LES LEUCOSARCIES. — Ils habitent aussi l'Australie. Déplus grande taille que les Phaps, leur chair n'en est pas moins très estimée. Ils s'accommodent très bien de la captivité et on les voit fréquemment dans les jardins zoologiques de l'Europe. LES NICOBARS Les Pigeons de Nicubar, ou simplement les Nicobars, rappellent, par leurs caractères et leur genre de vie, les Gallinacés. Caractères. — Ils ont des formes trapues ; un bec fort, dont la eire forme à la base une petite éminence arrondie; des pattes fortes et élevées; des ailes lon- gues; une queue courte, arrondie; un plumage lâche, abondant. LE NICOBAR A CAMAIL {Calœiias tiieobariea . — Caractères. — Cet Oiseau se reconnaît ii première vue, aux plumes allongées, séparées, qui revêtent la région du cou et des épaules d'une sorte de camail. Sa taille est d'environ o"',3'S. Son plumage est presque entièrement d'un vert foncé varié de vert clair, à [50: LES PIGEONS. 50 /i .-<* ^-^ éclat métallique, avec quelques plumes dorées dans la région du cou ; la queue est blanche ; le bec noir; l'iris et les pattes d'un rouge foncé. Habitat. — Les Pigeons de Nicobar habitent, comme leur nom l'indique, les îles Nicobar, mais i's sont très répandus dans la Nouvelle-Guinée, les Philippines et les îles avoisinantes. Mœurs- — La confor- mation de cet Oiseau permet de songer, au premier abord, qu'il doit mener une existence as- sez différente de celle des autres Pigeons. Il est, en effet, adapté à vivre sur le sol plus que sur les arbres. Malgré ses gran- des ailes, son vol est lourd, laborieux. Par contre, il marche sans fatigue sur le sol, et, s'il faut en croire les récits de certains voyageurs, il peut parcourir en peu de temps une centaine de kilomètres. Il nage aussi assez facilement, ce qui expliquerait l'étendue considérable de son aire de dispersion. Il se nourrit surtout de graines et niche à terre, comme la Perdrix. Le Goura couronné. LES GOURAS Les Gouras, dont certains auteurs font une famille spéciale, sont des Pigeons de très grande taille, caractérisés principalement par la présence, sur la tète, d'une énorme huppe de plumes soyeuses, disposées en éventail, et que l'Oiseau peut relever ou abaisser à volonté. Ce somptueux ornement, joint aux formes lourdes et massives de ces Oiseaux, à leur queue longue et arrondie, à leurs tarses hauts et forts, leur donne un aspect très singulier. LE GOURA COURONNÉ [Goura coronaici . — Caractères. — Le Goura cou- ronné est de la taille d'une Poule ordinaire; il mesure o", 73 de long. 51 LES DIDUNCULIDES. [51] Son plumage est d'un beau bleu-ardoise avec les épaules d'un roux châtain; les ailes sont rayées transversalement d'une bande blanche ; la queue présente près deTextrémiié une bande semblable d'un gris cendré ; les plumes de la huppe, allongées, décomposées, sont de la même couleur que le corps; l'iris est rouge-vermillon ; les pattes couleur de chair. Habitat. — Les Gouras sont originaires delà Nouvelle-Guinée et de l'Australie. ^^, Mœurs. — Leurs mœurs sont essentiellement terrestres. Ils flfjj errent dans les forêts, par petites troupes, ramassant les ■ ' graines et les fruits tombés des arbres et dont ils font leur nourriture. Ils volent peu, mais ils se perchent sur les basses branches des arbres pour passer la nuit, ou lorsqu'ils sont effrayés. Captivité. — Les Gouras ornent aujour- d'hui les parcs de la plupart des jardins . zoologiques. Ils se reproduisent aisément en cap- tivité ; la femelle ne pond qu'un seul œuf. Bien que leur chair soit très délicate, l'é- levage de ces Oiseaux n'a pas encore pris une bien grande extension. LES DIDUNCULIDES Cette famillt; ne comprend que deux gen- res, dont l'un est complètement éteint de- puis plus de deux siècles. Caractères. — Les Didunculidés ont d'étroites affinités d'une part avec les Pi- geons, d'autre part avec les Gallinacés. Ils s'éloignent cependant des uns et des autres, par la forme de leur bec. Celui-ci est ro- buste, deux fois aussi haut que large, très comprimé, à mandibule supérieure très recourbée et se terminant par un crochet, à mandibule inférieure coupée carrément à deux profondes échancrures. y^^?i '^' ^ Le Diduncule strisrirostre. a pointe et portant sur ses bords LE DIDUNCULE STRIQIROSTRE [Diduncuh,sslrigirostris\-Caractères.-Lc Diduncule stngirostre a des formes massives, une tète grande, un cou relativement long, des tarses forts et nus, des doigts armés d'ongles longs, recourbés, aigus; des ailes concaves, arrondies, obtuses; une queue de longueur moyenne, arrondie. [^~1 LES PIGEONS. 52 Sa taille est d'environ o^jSo. Il a la tète, le cou, la poitrine, le ventre d'un noir vert brillant, le reste du corps d'un brun châtain fonce, les lorums, les paupières et le bec d'un jaune orangé; l'iris et les pattes routes. Habitat. — Il a pour ,,,^^ patrie les îles Samoa, où .^-^«<^r'^^ ^ ^^^^^^j.-:^ Mœurs. — LeDiduncule strigirostre se plaît dans les régions montagneuses boisées. Il vit en petites troupes errant dans les fo- ~j* rets pendant la plus grande partie de la journée, ne se perchant sur les arbres que "*' . pour dormir ou à l'appro- "^ .,\,^ • ' che de quelque danger. Son vol est lourd et très bruyant. Le Dronte. Sa nourriture se compose de substances végétales, principalement de bulbes et de racines. Il niche à terre, parmi les buissons, à la façon des Gallinacés. LE DRONTE [Didus ineptiis'. — Le Dronte ou Dodo était un grand Oiseau de la taille du Cygne, aux formes lourdes et massives. Son bec était semblable à celui du Didunculc strigirostre, ses tarses courts et forts; ses doigts, armés d'ongles solides, étaient très aptes à gratter la terre, tandis que ses courtes ailes étaient impropres au vol. Son plumage était lâche, formé de plumes décomposées. Il habitait les îles Mascareignes ; il y était même autrefois très abondant. Découvert en i 598 par des marins hollandais, son extermination fut extrême- ment rapide et en 1679, on ne trouvait déjà plus un seul individu vivant. Assez mal doué dans la lutte pour l'existence, il est disparu de la faune actuelle, comme tant d'autres espèces. Les Gallinacés Les Oiseaux de l'ordre des Gallinacés présentent des caractères généraux nettement tranchés. Caractères. — On les reconnaît à première vue, à leurs formes ramassées, à leurs pattes fortes, bien adaptées à la marche et à la course ; à leurs ailes courtes et arrondies, peu propres au vol. Leur tête est petite; elle présente fréquemment des places nues et calleuses, ornées chez les mâles de crêtes et de lobules cutanés érectiles. Le bec des Gallinacés est généralement court et puissant; il est convexe en dessus, recourbé à la pointe; la mandibule supérieure recouvrant l'inférieure. Les narines sont percées à la base du bec, dans un espace resté membraneux, et elles sont recouvertes d'une écaille cartilagineuse. Les ailes sont courtes et arrondies, bombées en forme de bouclier ; les muscles du vol sont peu développés. La queue, de forme variable, comprend de douze à quatorze rectrices ou davantage. Les tarses, courts ou de longueur mox'enne, sont toujours forts et épais, et très emplumés. Les doigts, au nombre de quatre, sont disposés trois en avant et un en arrière; les antérieurs sont libres ou unis plus ou moins à la base par une membrane, calleux en dessous ; ils sont armés d'ongles recourbés, propres a gratter la terre; le doigt postérieur est inséré un peu plus haut que les autres, il manque quelquefois ; au-dessus de lui existe un ergot aigu, dirigé en dedans, et surtout développé chez les mâles. Le plumage est rude et serré; les plumes qui le composent sont larges, à tige épaisse ; les mâles présentent souvent une belle parure à éclats métalliques ; chez quelques espèces, les plumes du croupion et les sus-caudales prennent un grand développement et forment des ornements variés. La structure des organes internes, particulièrement du tube digestif, est celle des Oiseaux essentiellement granivores. Habitat. — Les Gallinacés sont répandus dans toutes les contrées du globe, mais chaque partie du monde a des espèces qui lui appartiennent en propre. On lui rencontre dans les plaines comme dans les forêts, dans les prairies couvertes de hautes herbes aussi bien que dans les plaines arides et sablon- neuses, sur les rivages de la mer ou parmi les rochers des hautes montagnes. Mœurs. — Ils vivent généralement en petites sociétés. Mauvais voiliers, La vie des animaux illlstbée. I » . — 3 \h'i\ LES GALLINACES. mais bons coureurs, leurs mœurs sont essentiellement terrestres ; ils recherchent sur le sol leur nourriture composée de graines, de baies, de bourgeons, de vers, d'Insectes; aussi leur genre de vie est-il assez uniforme, chez les diffé- rentes espèces. Leurs facultés intellectuelles sont peu développées; ils ne savent pas distin- guer, comme tant d'autres Oiseaux, un ennemi dangereux d'un passant inoffensif : ils fuient devant la Crécerelle comme devant un grand Oiseau de proie. Leurs mœurs, calmes et paisibles, ne sont troublées qu'à l'époque des amours par la jalousie des mâles. On ne peut pas dire qu'ils sont polygames, dans l'acception ordinaire de ce terme : il }' a, en réalité, union libre, un Coq vit avec plusieurs Poules, mais la fidélité conjugale est souvent enfreinte de part et d'autre ; il en résulte entre les Coqs des combats extrêmement violents et acharnés. Les Gallinacés construisent leur nid sur le sol, dans quelque dépression abritée par de hautes herbes. Ce nid est grossièrement construit à l'aide de quelques brindilles et de plumes. Le nombre des œufs est relativement consi- dérable ; la femelle seule les couve et s'occupe de l'éducation des jeunes. Ceux- ci naissent couverts d'un duvet qui fait bientôt place à un plumage différent de celui des adultes, et peu après leur éclosion, ils sortent du nid pour chercher eux-mêmes leur nourriture. Il n'y a pas d'exemple d'affection maternelle plus profonde que celle de la Poule pour ses Poussins : cette affection contraste singulièrement avec la parfaite indifférence du Coq. Les Gallinacés sont exposés, par leur mode de nidification et leurs faibles moyens de défense, à devenir la proie d'un grand nombre d'animaux : Carnas- siers, Rapaces, etc., mais leur facile multiplication les préserve d'une destruction totale. Classification. — L'ordre des Gallinacés présente de nombreuses affinités avec les ordres voisins. Certaines familles le relient aux Pigeons, d'autres aux Echassiers; les Mégapodidés paraissent même le relier à la fois aux uns et aux autres. Nous étudierons successivement les familles suivantes : les PléfocUdés, les Tétraonidcs, les Tiiruicidés, les Phasiaiiidcs, les Méléagridi's, les Numididés, les Mégapodidés, les C.racidés. LES PTEROCLIDES Les Ptéroclidés, qui, pour certains auteurs, établissent le passage des Gal- linacés aux Outardes, ont, d'autre part, de nombreux caractères communs avec les Pigeons. Caractères. — La forme trapue de leur corps contraste avec la longueur des ailes et de la queue. Ils ont la tète petite, élégante : le bec court, plus large que haut à la base, à mandibules arrondies; les narines surmontées d'une membrane entièrement emplumée ; les ailes longues, aiguës, la première :î les gang as. [55] rémige la plus longue de toutes ; la queue conique, prolongée par les deux rectrices médianes sous l'orme de deux brins filiformes ; les tarses courts, emplumcs ; les doigts également courts, nus ou emplumés; le doigt posté- rieur, quand il existe, est rudimentaire et inséré plus haut que les autres. La couleur du plumage est en parfaite harmonie avec le milieu où vivent ces Oiseaux, c'est-à-dire avec la teinte particulière du sol des déserts et des plaines sablonneuses. Habitat. — Les Ptéroclidés habitent l'Afrique et l'Asie. Mœurs. — Par leurs allures, leurs mœurs, leur genre de vie, les Ptéroclidés tiennent à la fois des Pigeons et des Tétras. Aux qualités de coureurs com- munes à tous les Gallinacés, ils joignent celle de bons voiliers. Cette dernière particularité les rapproche des Pigeons, dont ils ont aussi les mœurs mono- games, et la façon d'élever leurs petits. , ■ ■ Ils présentent une adaptation parfaite à l'existence spéciale qu'ils mènent dans le désert. Grâce à leur vol puissant, ils peuvent parcourir sans difficulté une immense étendue de terrain dans ces régions peu fertiles où la nourriture est rare: de plus, ils échappent aisément à la vue de leurs ennemis, car la cou- leur de leur plumage se confond avec celle du sable. Cette famille comprend les deux genres Gangn et Syrrhapte. LES QANQAS Caractères. — Les Gangas ont un bec médiocre, des ailes longues, étroites, pointues, la première rémige étant la plus longue, les autres étant de dimen- sions graduellement décroissantes ; une queue médiocre, conique, les deux rectrices médianes prolongées parfois en brins filiformes ; des tarses courts, emplumés seulement en avant; des doigts nus, les antérieurs réunis jusqu'à la première articulation par une membrane, le pouce rudimentaire; des ongles robustes, recourbés. LE QANQA CA.TA [Ptcrocles alchcila). — Caractères. — Le Ganga cata mesure environ o'",27 de long. Le mâle adulte a le front et les joues d'un roux jaunâtre ; le tour des \eux, la gorge, et une ligne allant de l'œil à l'occiput, noirs : le dessus de la tète, le dos, les scapulaires, variés d'olivâtre, de jaunâtre, de roussâtre, de noir, sous forme de bandes transver- sales plus ou moins distinctes ; les sus-caudales rayées transversalement de noir et de jaunâtre ; le cou d'un roux cendré; la poitrine ornée d'un large ceinturon d'un roux orange, bordé en dessus et en dessous d'une étroite bande noire; l'abdomen, les jambes et les sous-caudales blancs avec quelques barres transversales brunes et jaunes ; les couvertures supérieures des ailes d'un cendré olivâtre, marquées de marron rouge, et terminées par une bordure jaune et brune; les rémiges primaires à tige noire, brunes en dedans, cendrées en dehors ; la queue d'un cendré bleuâtre, les pennes externes terminées et bordées extérieurement de blanc; les médianes noires et prolongées en deux 1561 LES GALLINACES. i brins filiformes; les autres terniinces de blanc et rayées de jaune; le bec brun de corne ; les pieds cendrés, l'iris brun. La femelle présente, dans son plumage, les mêmes couleurs que le mâle, mais différemment réparties. Les jeunes ont aussi une livrée spéciale très élégante. Habitat. — Le Ganga cata habite les déserts de l'Afrique, de l'Asie, le midi de l'Europe, l'Espagne, la Sicile; il est sédentaire en Provence, dans la plaine de la Crau. Mœurs. - 11 ne se plait, de même que les autres espèces, que dans les immenses déserts, ou les steppes couverts de quelques rares buissons rabou- gris. Sa marche, son vol, le dilférencient fort peu des Pigeons. Son nom arabe Khata ou Khadda est une onomatopée de son cri. Méfiant et craintif, il se laisse difficilement approcher. D'ailleurs, il lui est bien facile de se dissimuler à la vue du chasseur le plus expérimenté; il lui suffit pour cela de se blottir sur le sol, dans une immobilité complète : la teinte de son plumage se confond admirablement avec celle des terrains qu'il fréquente. Chaque espèce de Ganga présente aussi ce même moyen merveilleux de défense par homochromie : le plumage gris rougeàtre du Ganga des sables s'accorde avec la couleur des plaines argileuses ; celui du Ganga brûlé avec la couleur dorée des sables du désert : celui du Ganga ra3'é avec les différentes nuances du sol des steppes. Le Ganga cata est un Oiseau très sociable; il vit en bandes nombreuses, très unies; parfois cependant, sans cause apparente, de violentes querelles, heureu- sement de peu de durée, amènent un trouble momentané dans la paisible société. Le genre de vie de ces bandes nomades est des plus monotones. Avant le lever du soleil, les Gangas sont en mouvement, ils parcourent les touffes d'herbes, les buissons, en quête de leur nourriture, graines, jeunes pousses d'herbes, baies, etc. Dans les pays cultivés, ils viennent piller les champs de blé, de maïs, les rizières mises à sec après la moisson. Vers neuf heures ils prennent leur vol par bandes de plusieurs centaines et vont s'abreuver au ruisseau voisin, puis ils retournent se reposer et digérer, en se vautrant dans le sable, sous les chauds rayons du soleil. L'après-midi, ils font un nouveau repas, vont boire de nouveau et se rendent ensemble à l'endroit où ils doivent passer la nuit. Les Gangas sont monogames; à l'époque de la reproduction, c'est-à-dire au printemps, pour ceux qui vivent dans le sud de l'Europe, à l'entrée de la saison des pluies pour les espèces des climats tropicaux, les couples se séparent. Une légère dépression du sol, au pied de quelque buisson, ou parmi de hautes herbes, suffit pour l'installation du nid qui est des plus primitif. Les œufs, au nombre de trois ou quatre, ont une forme assez semblable à ceux des Pigeons; ils sont également obtus aux deux bouts; leur couleur est d'un fauve clair avec des taches irrégulières, des traits déliés d'une nuance plus foncée. Chasse. — Les Gangas étant extrêmement méfiants, leur chasse demande, pour réussir, de grandes précautions. Le meilleur moyen consiste à rechercher l'endroit où ils viennent s'abreuver dans la journée; on _\- établit ii portée de 5 LES SYRRHAPTES. 57] fusil une hutte bien dissimulée, et on se place a l'aflût, un moment avant l'heure a laquelle les Oiseaux viennent se désaltérer, ce qui a lieu, comme on a vu, presque a heure tixe. LE GANQA DES SABLES (Pterock'S arenarii4s). — Caractères. — Le Ganga des sables, ou Ganga unibande, est la plus grande espèce du genre. Sa taille est de o^tlSo. Il fait partie de quelques espèces dont les rectrices médianes ne se prolongent point en brins filiformes. Son plumage est presque entièrement d'un gris rougeàtrc tacheté de jaune et de cendré; la gorge porte une tache triangu- laire noire, la poitrine un large ceinturon de même couleur allant d'une aile à l'autre; l'abdomen, les fiancs, les cuisses sont d'un noir profond, ainsi que le dessous des pennes caudales; le bec est noirâtre, l'iris brun, la partie nue des tarses gris bleu foncé. Habitat. — Il habite les plaines arides et sablonneuses de l'Asie et de l'Afrique, le midi de l'Europe, Espagne, Grèce, les déserts sablonneux avoisinant la mer Caspienne, le Caucase. Mœurs. — Ses mceurs sont exactement les mêmes que celles du Ganga cata. Le Ganga brûlé [Pterocles exustus) et le Ganga j-a}\' (P. LiclUensleinii). • — Ces deux espèces ont aussi un plumage en parfaite harmonie avec les déserts où ils vivent. On les rencontre dans les mêmes contrées que le Ganga cata, mais ils ne quittent pas les régions tropicales de l'ancien continent. Leurs mœurs n'offrent aucune particularité spéciale. LES SYRRHAPTES Caractères. — Les Syirhaptes diffèrent des Gangas par leur bec grêle, beau- coup plus court que la tête ; leurs tarses sont courts et complètement emplumés, ainsi que la face supérieure des doigts; le pouce est tout à fait atrophié. Chez les mâles, la première rémige et les deux rectrices médianes se transforment en deux brins filiformes. LE SYRRHAPTE PXÏi.M)OX\L[Syn'liaplcs paradoxiis). — Cet Oiseau doit son nom de paradoxal h. la forme curieuse qu'affecte la première grande plume de l'aile et les deux rectrices médianes ; ces plumes sont amincies, acuminées et ressemblent plus à des soies qu'à des plumes. Caractères. — La taille du Syrrhapte est de o'°,23 à o"',24 sans compter les rectrices médianes qui dépassent la queue de o^iio. Son plumage est, en dessus, d'un jaune grisâtre, tacheté transversalement de noir; en dessous d'un gris cendré avec un plastron formé de raies transversales noires et blanches sur la poitrine; la tête est d'un gris roussàtre avec une ligne orangée partant de chaque œil et s'étendant sur les cotés du cou ; la première rémige noire, les autres d'un gris roussàtre avec rachis noir: les rectrices d'un gris foncé avec la pointe blanche : le bec et l'iris brun. La femelle ne porte pas de plastron. 158! LES GALLINACES. Habitat. — l.c Svrrhapte paradoxal habite les hauts plateaux de l'Asie cen- trale, la Russie sur les bords de la mer Caspienne. Il se reproduit dans l'Europe septentrionale, Norvège, Suède, Jutland. Accidentellement il s'est égaré jusqu'en Allemagne, en France, en Angleterre. Le Syrrhapte ou Poule des déserts. Mœurs. — De même que les Gangas, le S_vrrhapte paradoxal est aussi un habitant des vastes plaines et des déserts sablonneux; on le désigne en Orient sous le nom de Poule des déserts. Ses mœurs étaient peu connues jusqu'en ir" Le Rouloul à crête. 3ô LES CAILLES. [87] D'autres Colins originaires de l'Amérique centrale et méridionale ont aussi été importés en Europe et acclimatés sans grande difficulté. Parmi eux, citons le Colin Alasscna, qui se fait remarquer par son plumage presque entièrement noir, tacheté de blanc. Les Roulouls. — On range habituellement près des Francolins le genre Roulouls représenté dans l'Inde par trois ou quatre espèces dont les mœurs sont les mômes que celles des Perdrix, mais qui, par l'éclat de leur plumage et la présence d'une huppe sur la tête, rappellent les Faisans. LES CAILLES Caractères. — Le genre Caille a pour caractères : un bec court, élevé à la base, comprimé à la pointe, à mandibule supérieure recourbée ; des narines basales, latérales, étroites, percées sous une écaille membraneuse; des ailes courtes, sub- obtuses; une queue courte, arrondie, les sus-caudales recouvrant et dépassant notablement les rectrices; des tarses minces, lisses, médiocrement allongés, des doigts légèrement unis à la base par une membrane, le pouce court et élevé ; des ongles courts, médiocrement arqués. Habitat. — Les Cailles sont représentées par une quinzaine d'espèces répan- dues dans toutes les parties du monde. Mœurs. — Leurs mœurs et leurs allures les distinguent nettement de tous les autres Perdiciens. Ce sont d'abord des Oiseaux migrateurs, s'établissant et se reproduisant par- tout où ils trouvent une nourriture abondante. Aussi leur nombre est-il très variable d'une année à l'autre, dans une même localité. D'un naturel peu sociable, les Cailles ne se réunissent en bandes qu'à l'époque des migrations. Les jeunes se dispersent et vivent solitaires dès qu'ils peuvent se passer des soins de leurs parents. Malgré leur peu de fidélité conjugale, les mâles se montrent très ardents à l'époque des amours, ils se battent fréquemment entre eux, et oublient à ce moment tous les dangers qui les menacent. Leur nourriture consiste en jeunes pousses d'herbes, en graines et en Insectes. Les mâles se distinguent généralement des femelles par quelque attribut spécial. Une particularité commune à toutes les espèces est une tendance naturelle à l'engraissement, particularité qui leur est commune avec les Ortolans et fait de ces Oiseaux un gibier très délicat. LA CAILLE COMMUNE (Cotitrni.x commimis). — Caractères. — La Caille commune est la seule espèce européenne. Sa taille est d'environ o'",i6 à o'", 17. Ses caractères sont les suivants, d'après Degland: « Dessus de la tête noir, varié de roussàtre, avec trois bandes longitudinales d'un blanc roussàtre, dont une sur la ligne médiane, les deux autres au-dessus de chaque œil ; dessus du [88] LES GALLINACÉS. 30 cou et du corps, sus-caudales, d'un brun cendré, avec des taches noires, des raies transversales roussàtres et des traits d'un blanc roux jaunâtre sur les tiges des plumes; gorge d'un roux brun, entourée de deux bandes noires, séparées l'une de l'autre par du blanc jaunâtre; dessous du corps d'un roux clair, un peu plus foncé au bas du cou et à la poitrine, avec des raies longitudinales blanches sur la tige des plumes, et des taches brunes et rousses sur les riancs ; joues bru- nâtres, parsemées de petites taches roussàtres; ailes d'un brun grisâtre, avec des taches, des raies transversales et des zigzags sur les couvertures et les rémiges; queue brunâtre, avec des raies transversales et un trait longitudinal d'un blanc jaunâtre sur sa penne externe ; bec noir ; pieds couleur de chair; iris brun noi- sette. » La femelle a des teintes plus foncées en dessus, la gorge blanchâtre, et la poi- trine d'un roussàtre tacheté de brun. Habitat. — La Caille commune se rencontre non seulement en Europe, mais aussi en Asie, en Afrique; dans la Nouvelle-Zélande et l'extrémité australe de l'Amérique. Elle est très répandue dans toute la F"rance où elle arrive en avril et en mai, pour repartir en septembre. Mœurs. — Elle s'établit de préférence dans les plaines cultivées, les prairies, les vignobles; jamais on ne la voit dans les régions élevées, ni dans les bois; elle semble fuir de même le voisinage de l'eau. Ses allures sont très différentes de celles des Perdrix. Elle marche rapide- ment, mais sans grâce, la tête rentrée, la queue pendante. Par contre, elle court avec une agilité remarquable, surtout lorsqu'elle est poursuivie, et qu'elle cherche un refuge dans quelque broussaille. Son vol est brusque, saccadé, peu élevé, et de peu de durée; pendant ses migrations seulement elle s'élève assez haut dans les airs, et encore s'abat-elle souvent sur le sol pour franchir, en courant, un certain espace. Elle arrive ainsi à faire près de cinquante lieues en une nuit. En temps ordinaire elle semble très paresseuse à se mouvoir, et ne prend son vol que quand elle est vivement pressée. La Caille est un Oiseau peu sociable; elle vit presque solitaire; non seulement les mâles se livrent entre eux des combats acharnés, mais ils maltraitent encore leurs femelles. Envers les autres Oiseaux, elle se montre d'une parfaite indiffé- rence. Son cri sonore et retentissant est bien connu ; pendant la belle saison, on l'entend le soir dans presque tous les champs cultivés, et il contribue pour une large part à l'animation des vastes plaines de la campagne. « Tant que le soleil est au-dessus de l'horizon, dit Brehm, la Caille reste silencieuse et cachée dans les champs, au milieu des chaumes et des herbes; vers midi, elle prend un bain de sable, se chautl'e au soleil, ou s'endort: vers le soir, elle devient vive et active. C'est alors qu'on entend son cri, qu'on la voit courir et voler, chercher sa nourriture et se joindre à une compagne, ou livrer bataille à un rival. « Elle se nourrit de graines de toute espèce, de feuilles, de bourgeons et d'Insectes. Elle semble même préférer ceux-ci; mais elle parait ne prospérer 37 LES CAILLES. [89] qu'à la condition de se nourrir pendant plusieurs mois de grains de blé. Elle a besoin d'avaler de petites pierres pour faciliter sa digestion, et il lui faut de l'eau fraîche pour étanclier sa soif; mais la rosée amassée sur les feuilles lui suffit. » La Caille niche dans les champs de blé, de luzerne, de colza, quelquefois dans les prés. Elle ne commence à travailler à son nid qu'au commencement de l'été. A cet effet, elle creuse, dans le sol, une légère dépression qu'elle tapisse d'herbes sèches. La ponte, est de huit à quinze œufs légèrement pyri- formes, d'un brun jaunâtre, avec des taches foncées disposées d'une façon très variée ^ , , La femelle couve pendant dix-huit à vingt jours, et avec une ardeur telle, qu'en cas de danger elle se laisse parfois tuer sur son nid plutôt que de l'aban- donner. Le mâle, durant ce temps, erre, insouciant, dans la campagne envi- ronnante, en quête de nouvelles amours. F2n général, il n'y a qu'une seule cou- vée par année; une deuxième cependant peut avoir lieu quand la première a été détruite. Les jeunes Cailles, une fois nées, se montrent vives et alertes ; elles croissent rapi- dement, et au bout de cinq à six semaines elles sont déjà aptes à entreprendre leur grande migration vers le Midi. Ces migrations des Cailles s'efléctuent d'abord isolément; les départs ne se font pas régulièrement pour tous les individus d'un même canton. Mais, peu à peu, le hasard rassemble les groupes épars, à mesure qu'ils avancent, et en arrivant dans les pays méridionaux où elles vont hiverner, les Cailles forment de véritables légions. Celles qui viennent du nord de l'Europe se rassemblent dans l'Archipel grec, l'Italie, et en général sur toutes les côtes méditerranéennes, attendant un vent favorable pour gagner l'Afrique. Toutes les voyageuses, malheureusement, n'atteignent pas leur séjour hivernal. Beaucoup tombent dans la mer et se noient. La grande émigration a lieu en septembre et octobre, mais elle se continue souvent plus tard, jusqu'au commencement de l'hiver. Chasse. — La Caille est un gibier très estimé; aussi la chasse-t-on un peu partout. Mais cette chasse prend les proportions d'un véritable carnage dans les régions méditerranéennes, où ces Oiseaux se rassemblent en grand nombre à l'époque des migrations. Brehm raconte que jadis dans l'Ile de Capri, située à l'entrée du golfe de Naples, l'évéque de l'île percevait une dîme sur les Cailles que l'on y capturait, et La Caille commune. [90] LES GALLINACÉS. 38 bénéficiait ainsi d'une somme de 40000 à 5oooo francs. A Rome, on mit en vente, en un seul jour, 17000 Cailles. En Egypte, on en prend des quantités considérables non seulement à leur arrivée en automne, mais aussi à leur départ en mars. On ne se contente pas de les tirer au fusil; on les prend à l'aide de filets, de lacets, de gluaux. Il est à craindre que ces massacres n'amènent rapidement une diminution importante de ce précieux gibier. Captivité. — La Caille vit très bien en captivité et peut même s'y reproduire. Dans certaines localités, on a la coutume barbare de profiter du caractère jaloux et querelleur des mâles pour les faire battre entre eux, à la façon des Coqs domestiques. C'est en Chine et aux Philippines que ce sport singulier a pris naissance. Il se pratiquait aussi du temps des Romains, et il s'est perpétué depuis dans plusieurs villes d'Italie. Les règles du combat ne varient que par quelques détails dans les différents pays. On place deux Cailles vis-à-vis l'une de l'autre, sur une longue table, et, entre elles, on jette quelques grains de millet ; les deux adversaires se lancent d'abord des regards menaçants, puis fondent l'un sur l'autre avec rage, se donnent de vigoureux coups de bec, jusqu'à ce que l'un d'eux reste maître du champ de bataille. Ces combats sont parfois le sujet de paris importants. Élevage. — L'élevage des Cailles ne présente aucune difficulté. Les pré- cautions à observer sont très simples ; elles ont été fort bien résumées par Rémy Saint-Loup, à qui nous empruntons les lignes suivantes : « Placées dans une volière, d'une surface un peu supérieure à un mètre carré, un couple de Cailles s'accoutume aisément à la captivité. Le sol doit être bêché par endroits, sablé en d'autres places, et planté de petits bouquets de buis qui forment des abris. « Une moitié de la volière sera couverte, l'autre moitié simplement grillagée, et l'exposition sera choisie de manière à permettre l'accès des premiers rayons du soleil. (i Le blé, le sarrasin, le millet sont une bonne nourriture; le chènevis ne doit être donné qu'en très faible proportion, tandis que la verdure, mouron ou salade, ne peut nuire. « LaCaille dépose sesreufs dans une excavation du sol qu'elle creuse elle-même, mais sans lui donner grande profondeur. Instinctivement, elle choisira la place qui lui paraîtra le mieux abritée des regards, et c'est pour cette raison qu'il est utile de disposer de petits buissons dans la volière. « Une première ponte donne ordinairement de cinq à huit œufs; elle a lieu en avril. Si on prend soin d'enlever ces ceufs, il se produit, à une ou deux semaines d'intervalle, une deuxième ponte plus abondante. Quelquefois, il arrive que la Caille pond une troisième fois, de sorte que dans l'année on peut récolter de trente à quarante ceufs. Pour l'incubation, on utilise des Poules de petites races que l'on choisit douces de caractère, et que l'on place sur les œufs dans une boîte d'élevage, c'est-à-dire dans une caisse à deux compartiments séparés par 39 LES TURNIX. [91] une grille dont les barreaux sont assez écartés pour laisser seulement passage à des poussins. Comme pour la plupart des petits Gallinacés, on donne aux poussins de Caille des œufs de Fourmis, les premiers jours, puis le régime devient le même que pour les jeunes Faisans. Dès qu'il est possible, on donne à la couvée libre accès dans un jardin clos de murs, où elle se trouvera mieux que dans n'importe quelle volière. Naturellement, il faut surveiller la croissance des ailes, et couper quelques plumes d'un côté, si l'on n'a pas l'intention de faire une étude spéciale sur le départ définitif des jeunes Cailles. » LES CAILLES NAINES. — On a créé le genre Excalcfactoria pour quelques petites espèces de Cailles remarquables par leurs ailes plus courtes et plus arron- dies et leur plumage assez différent dans les deux sexes. La Caille naine de Chine {Excalefactoria chinensis) habite les provinces méri- dionales de la Chine, la Birmanie, le Bengale, les Philippines. LES TURNICIDÉS Les Turnicidés tiennent à la fois, par leurs caractères, des Perdrix et des Outardes. Caractères. — Ils se font remarquer par leur bec grêle, presque droit; leurs narines oblongues, se prolongeant jusqu'au milieu du bec; leur queue très courte, entièrement cachée par les sus et sous-caudales; leurs tarses grêles, terminés par quatre doigts dont trois dirigés en avant, ou trois doigts seulement, le pouce faisant complètement défaut. Cette famille repose presque uniquement sur le genre Turnix, dont une seule espèce se rencontre en Europe. LES TURNIX Caractères. — Aux caractères propres à la famille, il convient d'ajouter, pour le genre Turnix, la forme des ailes qui sont suraiguës, les trois premières rémiges étant les plus longues, la hauteur médiocre des tarses qui égalent à peine le doigt médian, enfin la disposition des doigts au nombre de trois seulement et armés d'ongles minces, pointus, légèrement recourbés. LE TURNIX D'AFRIQUE {TufJiix syli'alicus). — Caractères. — Cette espèce mesure environ o", iG de long. Elle a la tête d'un brun foncé, parcourue de trois raies jaunes longitudinales; le dos irrégulièrement traversé de raies en zigzags, noires et brun roux; les plumes des ailes jaunâtres, marquées d'une tache noire sur les barbes internes, d'un jaune roux sur les bords externes; la gorge blanche; le jabot brun roux, chaque plume y étant bordée d'un liséré clair; les lianes d'un brun roux, variés de taches foncées; le ventre d'un blanc pur; les rémiges bordées en dehors d'un liséré clair; l'a-il jaune, le bec jaunâtre, les pieds d'un [92] LES GALLINACÉS. 40 Habitat. — Le Turnix d'Afrique, ou Tuniix sauvage, Tin-iiix de Gibraltar, habite le nord de l'Afrique, l'Espagne, la Sicile. Mœurs. — 11 vit solitaire dans les plaines sablonneuses couvertes de brous- sailles. D'un naturel très craintif, il s'enfuit en courant au moindre bruit, et se cache dans les hautes herbes. Ce n'est que lorsqu'il est vivement poursuivi qu'il prend son vol, et encore ne s'élève-t-il qu'à une faible hauteur pour retom- ber aussitôt et se blottir dans quelque fourré. Sa nourriture se compose d'Insectes, surtout de Fourmis, et de graines de légurnineuscs. 11 niche dans les buissons, les touffes d'herbes; son nid consiste en une simple dépression creusée dans le sable et tapissée de quelques brins d'herbes. La femelle pond de si.x à dix œufs assez semblables comme forme à ceux de la Caille, et parsemés de points, de taches irrégulières brunes ou violettes sur un fond jaunâtre. LE TURNIX BATAILLEUR {Turnix yugnax). — Cette espèce, différente delà précédente par son plumage, est surtout abondante à Java. Mœurs. — Elle se tient dans les régions sèches, cou- vertes de broussailles. Ses mœurs et son genre de vie ne la distinguent en rien de son congénère ^ ,y africain. A l'époque des amours, les Turnix se font remar- quer par leur humeur bel- liqueuse. Aussi, avec un sujet captif, peut- on attirer facilement ces Oiseaux dans des pièges disposés à cet effet. Captivité. — Les Javanais tiennent souvent en cage les Turnix batailleurs. Il les nourrissent d'Insectes di- vers, de Sauterelles, de riz et les font combattre entre eux comme les Chinois font combattre les Cailles. Les Pédioxomes. • — La fa- mille des Turnicidés est re- présentée en Australie par quelques genres tels que les Pédionomes, dont le principal caractère distinctif est la présence de quatre doigts au lieu de trois que possèdent les Turnix. Auagis. 41 LES LOPHOPHORES. [93] Les Thinocorii>i':s. — Au groupe des Turnicidés, on peut joindre une famille très curieuse composée des trois genres Thinocore, Attagis et Chionis. Par leurs formes générales, leurs allures, leur plumage, ces Oiseaux se rap- prochent des Francolins et des Perdrix. Par d'autres caractères, ils se rappro- chent des Phasianidés. La particularité la plus intéressante qu'ils présentent est la structure de leurs narines. Celles-ci sont recouvertes, ainsi que la base du bec, par une sorte de membrane cornée qui les protège, lorsque l'Oiseau cherche sa nourriture en ouvrant les œufs de Cormorans et de Manchots, dont il se nourrit. Les Thinocoridés habitent l'extrémité méridionale de l'Amérique et les îles antarctiques de l'hémisphère austral. L'Attagis vit plus particulièrement au Chili et aux îles Malouines. On en con- naît deux ou trois espèces dont le plumage coloré en roux, varié de brun et de jaune, est mou et soyeux comme celui des Gelinottes. Leurs mœurs sont peu connues, mais, sous ce rap-port, on considère ces Oiseaux comme représentant, dans l'Amérique du Sud, les Gangas de l'ancien continent. LES PHASIANIDÉS OU GALLINACÉS VRAIS Caractères. ■ — Cette famille est la plus caractéristique de tout l'ordre des Gallinacés. Elle comprend des Oiseaux de taille moyenne, aux formes ramas- sées, bien adaptés à la marche et à la course, mais mauvais voiliers. La tète des Phasianidés présente constamment des parties dénudées, notam- ment les joues et le tour des yeux; elle est surmontée d'une crête charnue ou d'une touffe de plumes aux couleurs éclatantes. Le bec est généralement fort, un peu courbé et déprimé à la pointe. Les ailes courtes et arrondies. La queue, généralement longue, présente, sur- tout chez les mâles, de longues couvertures disposées sous forme d'ornements variés. Les pieds sont forts ; les trois doigts antérieurs, armés de griffes puis- santes, sont parfaitement disposés pour gratter la terre; le doigt postérieur est faible. Enfin, un dernier caractère important est la présence, chez les mâles, d'un ergot puissant placé assez haut sur les tarses. Habitat. — Les Phasianidés sont répandus sur toute la surface du globe. Mœurs. — ■ Leurs ma-urs sont celles des Gallinacés en général. On verra, à pro- pos de chaque genre et de chaque espèce, les particularités qui leur sont propres. Classification. — Les Phasianidés formant le groupe le plus homogène et le mieux caractérisé de l'ordre, nous étudierons successivement les différents genres sans chercher à établir de divisions secondaires. LES LOPHOPHORES Caractères. — Le genre Lophophore a pour caractères : un bec de la lon- gueur de la tète, robuste, à mandibule supérieure légèrement voûtée, assez large il la base, recourbée à l'extrémité; des narines rapprochées, en forme de crois- Hl. XXXII. — Le Loplioplioro resplendissant (Texte, p. 94). La vie des animaux illustrée. I V . [94] LES GALLINACÉS. 42 sants; des ailes moyennes, sur-obtuses, les quatrième et cinquième rémiges les plus longues; une queue courte, ample, arrondie sur les côtés; des tarses robustes, emplumcs jusqu'au-dessous de l'articulation et munis, chez les mâles, d'un éperon fort et acéré. Le tour des yeux est nu ; une huppe formée de plumes filiformes à la base, et terminées en palettes à l'extrémité, orne la tête. LE LOPHOPHORE RESPLENDISSANT (') {Lopliopliorus impe/auus). — Carac- tères. — Cet Oiseau est l'un des plus beaux Gallinacés que l'on connaisse. Sa taille est d'environ o'°,70. Le mâle a les plumes du sommet de la tête, des joues et de l'occiput, d'un vert doré métallique; la partie postérieure et les côtés du cou d'un rouge rubis; la nuque et les plumes du manteau d'une teinte cuivrée à reflets pourprés et violets; le bas du dos d'un blanc pur, la queue d'un roux vif; les rémiges primaires noires, les secondaires vert doré; la gorge, la poitrine, l'abdomen d'un noir à reflets dorés; l'iris brun, le tour des yeux rouge vif; le bec couleur de corne; les pattes gris verdàtre. La femelle, de plus petite taille que le mâle, porte une livrée moins somp- tueuse. Elle a la gorge blanche et le reste du corps d'un brun jaune clair, tacheté, rayé et moiré de brun fonce. Habitat. — Le Lophophore resplendissant se rencontre sur les premiers con- treforts des monts Himalayens, à une altitude de 2 000 à 3 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il est connu dans ce pa}'s sous le nom de Monaiil. Son nom spécifique lui vient de ce qu'il fut introduit pour la première fois en Europe par lady Impey. Mœurs, — Ses mœurs nous sont connues par la relation qu'en a faite Moun- taineer en 1864. Depuis cette époque, les différents auteurs n'ont fait que reproduire ses récits ou les confirmer. « Depuis les premières cimes qui s'élèvent au-dessus de la plaine, jusqu'à la limite des forêts, partout on rencontre le Monaul. Dans la montagne, c'est un des Oiseaux les plus abondants. « Lors de l'arrivée des premiers Européens dans les montagnes des environs de Mussuri, il y était très commun, et maintenant on l'y observe encore quelque- fois. Pendant l'été, on le voit rarement, les lianes à la végétation luxuriante empêchant le regard de plonger dans la profondeur de la forêt; maison peut l'apercevoir alors au voisinage des champs de neige, surtout le matin et le soir. Cependant, personne ne peut, à ce moment, conclure du nombre d'individus qu'il voit au nombre de ceux qui habitent la contrée. Mais les froids arrivent, les lianes, les plantes qui recouvrent le sol se dessèchent, et alors la forêt parait remplie de ces Oiseaux. Ils se réunissent en grandes bandes et, en plusieurs endroits, on peut, dans un seul jour de chasse, en faire lever plus de cent. En été, presque tous les mâles et quelques femelles montent vers les hauteurs; en automne, jeunes et vieux se rassemblent sur les points où le sol est couvert d'une épaisse couche de feuilles sèches; ils y cherchent des larves et des (■) PI. XXXU. — Le Lophophore resplendissant (Planche, p. gï). 43 LES LOPHOPHORES. [95] Insectes, et, à mesure que la saison avance, ils descendent vers la plaine. Dans les hivers rigoureux, quand la neige est épaisse, ils viennent sur les versants méridionaux des montagnes, sur les points où l'on voit la première neige fondre. Ils arrivent aussi sur les collines, là où la neige ne persiste pas. Les femelles et les jeunes demeurent souvent au voisinage des villages, et on les voit alors en grand nombre dans les champs. Par contre, tous les vieux mâles restent dans les forets, quelque intense que devienne le froid, quelque épais que soit le tapis neigeux qui recouvre la terre. Au printemps, tous remontent vers la mon- tagne. « Les bandes qui, en automne et en hiver, s'étaient réunies dans un certain district de la forêt, se répandent maintenant sur une telle surface, que chaque Oiseau paraît isolé. On peut souvent franchir un mille et plus, sans en aperce- voir un seul; puis, tout à coup, l'on arrive à une localité de quelque cent pas de diamètre où une vingtaine de ces Oiseaux se lèvent l'un après l'autre. Ail- leurs, ils sont espacés dans toute la contrée ; on en trouve un ici, un autre là, deux un peu plus loin, et ainsi de suite. Les femelles forment des compagnies plus unies que les mâles; elles descendent plus bas; elles quittent l'abri de la forêt pour se rendre dans des endroits où donnent les rayons du soleil, et s'avancent près des habitations humaines. Les deux sexes se séparent souvent. Dans les vallées, sur les flancs humides des montagnes, on trouve par douzaines des femelles et des jeunes, sans un seul mâle adulte ; tandis que dans l'intérieur des forêts et sur les hauteurs on ne rencontre que ceux-ci. En été, les Lopho- phores se dispersent bien plus encore, et ils ne forment pas de couples propre- ment dits, car on en voit souvent plusieurs ensemble. Se sont-ils accouplés ou non, cela reste douteux; il est possible que les couples se fondent au moment où la femelle commence à couver. Toujours est-il que le mâle ne semble nulle- ment s'inquiéter ni de sa compagne, ni de sa progéniture. « Du mois d'avril jusqu'à l'entrée de l'hiver, le Monaul est craintif et prudent ; mais, sous l'influence du froid, de la neige qui lui rend plus pénible la recherche de sa nourriture, sa crainte, sa prudence disparaissent, au moins en partie. Dès le mois d'octobre, cet Oiseau se montre plus souvent dans les endroits dégarnis de buissons, il ne cherche plus autant à se dérober aux regards. Au printemps, quand il est efl'rayé, il s'envole souvent fort loin, et si on le fait lever une seconde fois, il ne se laisse plus approcher. En hiver, on le tue sou- vent à la course ; ou bien, s'il est perché sur un arbre, on peut assez facilement arriver au pied de cet arbre et le tuer. « Quand on le chasse en forêt, il s'envole silencieusement, sans courir aupara- vant; dans les prairies et dans les clairières, il court avant de s'envoler, surtout s'il n'est pas poursuivi de très près. Quand il se lève alors, c'est bruyamment, et en lançant un sitllement perçant, qu'il répète un grand nombre de fois jus- qu'à lassitude, et qu'il fait suivre souvent de son cri plaintif ordinaire. Lors- qu'on a fait lever un ou deux Monauls, tous les autres deviennent attentifs à leurs cris ; s'ils appartiennent à la même bande, ils se lèvent aussi tous à la fois; s'ils sont séparés, ils s'envolent successivement. Aux cris du premier, un second prend sa volée; le cri de celui-ci détermine un troisième à partir, et [06] LES GALLINACÉS. U ainsi de suite. Kn hiver, ils se montrent plus indépendants les uns des autres; ils sont, comme toujours, parfaitement sur leurs gardes; mais, avant de s'en- voler, ils attendent généralement d'avoir été effrayés eux-mêmes. Des poursuites réitérées les rendent timides et craintifs, leur font abandonner une contrée, surtout au printemps, où ils trouvent partout une nourriture abondante, tandis qu'en hiver ils sont confinés, pour les conditions d'existence, dans des localités plus circonscrites. « La femelle semble moins timide que le mâle. Le vol de celui-ci est très singu- lier; quand il a à franchir un long espace, il glisse dans l'air, sans battre des ailes, mais en agitant ses rémiges d'un mouvement tremblotant. C'est à ce moment surtout qu'il apparaît dans toute sa splendeur. « Le cri du iMonaul est un siHlemcnt plaintif: on l'entend retentir dans la forêt à toute heure du jour, mais surtout le soir et le matin, avant le lever du soleil. Dans la saison froide, ces Oiseaux, maintenant réunis, font surtout entendre leur voix un peu avant de se percher sur des arbres ou sur des rochers pour y passer la nuit. « LeMonaul se nourrit de racines, de feuilles, de jeunes pousses, d'herbes, de toute espèce de baies, de noix, de graines, d'Insectes; en automne, il chasse ceux-ci dans les feuilles sèches; en hiver, il va souvent paître dans les champs de blé et d'orge. Son bec est parfaitement conformé pour qu'il puisse fouir le sol. Dans les forêts élevées, on voit souvent des Monauls en très grand nombre cherchant ainsi leur nourriture dans les clairières et dans les endroits décou- verts. « La saison des amours commence avec le printemps. La femelle construit son nid sur un buisson, dans une touffe d'herbes; elle y pond cinq œufs, d'un blanc sale, semés de points et de taches d'un brun rougcàtre Les jeunes éclosent à la fin de mai. » Chasse. — Lâchasse de cet Oiseau ne présente aucune difficulté, surtout en autonme, lorsque les arbres sont dégarnis de feuilles, et que la vue peut s'étendre au loin dans la forêt. On le tire de préférence lorsqu'il s'est perché sur quelque branche pour s'y reposer. Sa chair est différemment appréciée par les gourmets. Les uns la trouvent suc- culente, d'autres la trouvent détestable. Acclimatation. — La beauté du plumage des Lophophorcs, et la haute valeur de leur dépouille justifient bien les efforts tentés par les aviculteurs pour acclimater ces superbes Oiseaux en Europe. Disons de suite que les résultats obtenus jusqu'aujourd'hui permettent d'es- pérer la réalisation de cette délicate entreprise. C'est à lady Impeyque l'on doit l'importation en Europe des premiers Lopho- phores vivants. Puis on en vit dans les jardins zoologiques de Londres, d'Anvers, de Paris. Mais les premiers essais de reproduction et d'élevage ne furent pas très heureux. Cependant M. Pomme, en 1866, réussit à mener à bien quelques couvées, grâce à des soins tout spéciaux qu'il a décrits dans le Bulletin de la Société 45 LES LOPHOPHORES. [97] d'Acclimatation de Paris. Il avait placé un couple de Lophophores dans une immense volière de ibo mètres de superficie et plantée de quelques jeunes épicéas; au centre de la volière s'élevait une cabane destinée à servir d'abri à ces Oiseaux contre la pluie et les ardeurs du soleil. M. Pomme nourrissait ses captifs d'un mélange, par parties égales, de fro- ment, de sarrasin et de petit millet rond; il y ajoutait des choux, de la salade, des Vers de terre, et une pâte composée d'œufs durs hachés et de pain émietté. La femelle pondit seize œufs dont cinq seulement purent éclore; parmi ceux- ci trois périrent accidentellement, les deux survivants parvinrent à l'état adulte, et furent les deux premiers Lophophores qui aient vu le jour en F"rance. Depuis cette mémorable expérience, de nombreux amateurs sont parvenus à faire reproduire des Lophophores en France. Les procédés d'incubation et d'élevage sont sensiblement les mêmes que ceux qu'on emploie pour les Faisans, mais ils diffèrent par une foule de détails secondaires selon les convictions ou l'expérience de chaque éleveur. « Les uns veulent de grands espaces, les autres des parquets de petites dimensions; les uns assurent que les œufs de Fourmis sont nécessaires, les autres qu'il ne faut pas en donner. « Certains recommandent de ne pas laisser couver la femelle Lophophore, certains qu'il vaut mieux lui laisser le soin de l'incubation et de l'éducation des jeunes, de sorte qu'en fin de compte, dit Rémy Saint-Loup, il est très diflicile de concilier tous ces avis. « Pourtant, nous pensons qu'il faut un terrain sec, des espaces gazonnés et des espaces couverts d'une couche épaisse de feuilles mortes, qui formeront un excellent terreau. « Dans ces feuilles mortes, on apportera, autant que possible, des larves de divers Lisectes, des Vers de terre, des graines de plusieurs plantes, des plantes même, des fraisiers par exemple. Pour les jeunes, il se trouvera dans ce terreau la meilleure des nourritures et celle qu'ils rechercheront le plus volontiers, parce que leur instinct d'Oiseaux piocheurs aura ainsi satisfaction. » L'élevage des Lophophores est pratiqué avec moins de difficulté dans les envi- rons de leur pays d'origine, notamment à Calcutta d'où proviennent la plupart des dépouilles apportées en Europe. Usages. — • On se fera une idée de la quantité considérable de Lophophores utilisés chaque année dans le commerce, en considérant qu'a Londres, dans une seule vente, il fut adjugé 4o3d dépouilles de ces Oiseaux. Toutes les plumes sont utilisées; arrachées une à une, elles sont collées sur des bandes de toile et constituent un des articles les plus somptueux du com- merce de la mode ; les plumes rouges du cou et les plumes vertes de la naissance des ailes sont particulièrement appréciées. LE LOPHOPHORE DE LHUYS {Lophophonis Lhuysiï). — Cette espèce, d'une taille supérieure à celle du Lophophore resplendissant, ne porte qu'une huppe très réduite; les plumes de la queue présentent des reflets bleus métalliques comme les couvertures des ailes. [98] LES GALLINACÉS. 4G Habitat. — Il est ori}?inaire de la Chine. On le trouve dans les régions les plus cicvccs du Moupin, les frontières occidentales du Setchuan et aussi dans la Yunnan. Mœurs. — Il vit par petites troupes dans les prairies découvertes au-dessus de la région des forêts, et vient se percher sur les arbres pour dormir. Il se nourrit surtout de substances végétales, et notamment de certaines racines qu'il déterre adroitement à l'aide de son bec puissant. Les Chinois lui font une chasse tellement active, que, d'après David et Ous- talet, l'espèce est inenacée de disparaître. LE LOPHOPHORE DE SCLATER [Lophophorus Sclaleri). — La troisième et dernière espèce connue est le Lophophore de Sclater, chez lequel la huppe est remplacée par des petites plumes courtes, relevées sur le sommet de la tète. Il habite l'Indo-Chine. LES TRAGOPANS Caractères. — Les Tragopans ont un corps épais ; le bec court et faible : des tarses courts, forts, munis d'un ergot; des ailes moyennes, une queue courte et large. Les mâles portent de chaque côté de la tète des appendices charnus érectiles, en forme de cornes, d'où le nom de Faisans cornus donné à ces Oiseaux. Ils portent aussi de chaque côté de la gorge des lobes charnus ou bavettes. Habitat. — Les Tragopans sont propres au sud de la Chine et à l'Himalaya. Il en existe plusieurs espèces. LE TRAQOPAN A TÊTE NOIRE {Ccriornis mdauocephala). — Caractères. — Le Tragopan à tète noire, ou ./e;r^7% mesure de o™,7oà o^^So de longueur. Il a les plumes du sommet de la tète noires, à pointe rouge ; la nuque, le devant du cou et le pli de l'aile d'un rouge écarlate; les plumes du manteau brun foncé, parcourues de raies noires très fines et de taches en forme de gouttelettes blanches encadrées de noir; la poitrine et le ventre noirs variés de rouge sombre, pointillés de blanc ; les rectrices et les rémiges rayées de brun. Habitat. — Le Tragopan à tête noire habite l'ouest de l'Himalaya. Mœurs. — Les mœurs des Tragopans sont très semblables à celles des Lopho- phores. Ces Oiseaux se nourrissent de graines, de feuilles, de bourgeons, de baies, d'Insectes. L'été, ils habitent les sombres et épaisses forêts situées au-dessous de la limite des neiges; l'hiver, ils descendent dans les forêts de chênes, de noyers, où abondent les taillis et les fourrés impénétrables. Ils vivent par petites troupes de trois îi dix ou douze individus. Vient-on à effrayer une de ces compagnies, tous les individus qui la composent s'enfuient en poussant des cris perçants, les uns se glissent sous les buissons, d'autres cherchent leur salut sur les branches des arbres ; leur vol est très rapide et accompagné d'un bruissement particulier. 47 LES COQS. [99] Le genre de vie du Tragopan à tète noire nous est connu par la relation qu'en a laissée Mountainecr : « Au printemps, dit-il, quand la neige commence à fondre, les Jewars quit- tent leurs quartiers d'hiver; ils se séparent et se répandent dans les endroits les plus retirés, les plus tranquilles des forêts, dans la zone des bouleaux et des rhododendrons blancs, montant jusqu'à la limite supérieure de la forêt. En avril, ils s'accouplent; c'est à ce moment qu'on rencontre le plus de mâles, pro- bablement parce qu'ils sont en quête d'une compagne. Ils crient beaucoup, et tout le jour. « Perchés sur une branche ou sur quelque tronc d'arbre renversé, ils semblent avoir moins souci d'être vus. Leur cri d'amour ressemble à celui qu'ils pous- sent quand on les effraye ; il est plus perçant, et ne se compose que d'une s3'llabe, ivue, lancée avec force, comme le bêlement d'une Chèvre égarée : on l'entend à plus d'un mille de distance. » La reproduction terminée, le Tragopan à tête noire descend, peu à peu, par petites familles, dans les régions où il doit hiverner. Captivité. — Les Tragopans supportent fort bien la captivité et deviennent même très familiers. On peut en voir aujourd'hui dans presque tous les Jardins zoologiques d'Europe. LE TRAQOPAN DE TEMMINCK [Ceriornis Tcmminckii). — Cette espèce, dont le plumage est assez semblable à celui du Tragopan à tête noire, habite le sud-ouest de la Chine. D'après Oustalet, c'est un Oiseau assez rare. « Il vit isolé sur les montagnes boisées et ne sort guère des taillis, où il fait sa nourriture de graines, de fruits et de feuilles. Son cri, très sonore, peut être rendu par les syllabes oua deux fois répétées : c'est de là que lui vient son nom chinois de Oua-Oua-Ky. C'est un gibier très estimé qui ne peut être capturé qu'au piège ou au collet. Pris vivant, ce magnifique Oiseau peut être gardé quelque temps en cage, mais il est d'une complexion délicate. » Panni les autres espèces connues, et dont on ne sait que peu de chose touchant les détails de leurs mœurs, citons le Tragopan salyrc, qui se rencontre dans l'est de l'Himalaya, et le Traa^opan de Cabol, du sud-est de la Chine. LES COQS Caractères. — Le genre Coq [Galliis] a pour caractères : un bec moins long que la tête, robuste, voûté, à pointe recourbée; des ailes courtes, concaves, très arrondies ; une queue moyenne, généralement verticale et recouverte par les sus- caudales allongées et gracieusement recourbées en faucille; des tarses de la lon- gueur du doigt médian, scutellés, armés d'éperons arqués et aigus; des doigts unis à leur base par une courte membrane; un plumage abondant, orné souvent de couleurs vives. La face, le tour des yeux sont généralement nus; le sommet de la tête porte une crête charnue ; des appendices de même nature pendent sous le bec. [100] LES GALLINACÉS. 48 Le dimorphisme sexuel est très accentué. Les œufs des différentes espèces sont uniformément blancs. Ce genre est, de toute la famille des Gallinacés, le plus riche en races et variétés. Cependant, il n'en existe que quatre espèces vivant à l'état sauvage et dont une seule paraît être la souche des innombrables variétés qui peuplent nos basses-cours. Les Indes et la Malaisie sont leur berceau d'origine. Chacune d'elles a une aire de dispersion qui lui est propre, mais toutes ont les mêmes mœurs, le même genre de vie. Ces quatre espèces sauvages sont : le Coq de Bankiva, le Coq de Stanley, le Coq de .lava, le Coq de Sonnerat. LE COQ DE BANKIVA [Galliis Bankiva, G. ferrugiueiis). — Caractères. — Le Coq de Bankiva est un bel Oiseau dont la taille est d'environ o"'.6o. Nous en reproduisons l'excellente description classique tirée de Brehm : « Il a la tète, le cou, les longues plumes pendantes de cette dernière région d'un jaune doré brillant; les plumes du dos d'un brun pourpre, d'un rouge brillant au milieu, bordées de brun jaune; les longues couvertures supérieures et pen- dantes de la queue de la même couleur que les plumes du cou ; les couvertures moyennes des ailes d'un brun châtain vif; les grandes à reflets vert noir; les plumes de la poitrine noires, à reflets vert doré ; les rémiges primaires d'un gris noir foncé, bordées d'un liséré plus clair; les rémiges secondaires rouges sur les barbes externes ; les internes noires ; les plumes de la queue noires, les médianes brillantes, les autres ternes ; l'œil rouge-orange; la crête rouge; le bec brunâtre ; les pattes d'un noir ardoisé. » La Poule est de plus petite taille ; sa queue est dirigée plus horizontalement, et chez elle, la crête et les appendices rostraux ne sont qu'indiqués. Elle a les plumes longues du cou noires, bordées de blanc jaunâtre; celles du manteau tachetées de brun noir; celles du ventre isabelles; les rémiges et les rectrices d'un brun noir. Le Coq de Bankiva présente des variétés locales très nombreuses. habitat. — Son aire de dispersion est plus étendue que celle des autres espèces; elle comprend l'Inde septentrionale jusqu'à Sinde, du côté de l'ouest, rHiniala3'a jusqu'à une altitude de 4000 pieds anglais, Burmah, la péninsule malaise, l'Indo-Chine, les Philippines et les îles de la Sonde jusqu'à Timor. LE COQ DE STANLEY [Gallus Slanleyi, G. Ihicatiis). — Le Coq de Stanley diil'ère peu du précédent par son plumage ; sa crête est jaune bordée de rouge. Il se fait remarquer par sa voix très singulière. On ne le rencontre qu'à Ceylan. LE COQ DE JAVA [Gallus furcalus). — Caractères. — Le Coq de Java, ou Coq tacheté, surpasse les espèces précédentes par l'éclat de son plumage. Il a les plumes delà collerette longues, mais non pointues, d'un vert fonce à ^lO LES COQS. [101] éclat métallique et entourées d'un liséré étroit d'un noir de satin; les plumes longues et étroites de l'épaule et des couvertures supérieures des ailes d'un vert noir brillant, bordées d'une bande large d'un jaune doré foncé, très vif; les plumes du croupion très longues, d'un vert noir brillant au milieu, et bordées de j aune clair ; les grandes couvertures et toutes les plumes de la face inférieure du corps d'un noir foncé, très brillant; les rémiges primaires d'un noir brun, les secondaires brunes, bordées en dehors de jaune fauve; les plumes de la queue d'un vert métallique, à reflets superbes; l'œil jaune clair ; les parties nues des joues rouges, bordées en dehors et en bas de jaune doré ; la crête bleue à sa base, violette à sa pointe ; la mandibule supérieure noire, l'inférieure jaune ; les pattes d'un gris bleuâtre clair. La Poule est plus petite. Ses joues sont complètement emplumées. Elle a la tète et le cou d'un gris brun, les plumes du manteau vert doré, bordées de gris brun, avec la tige rayée de jaune d'or; les grandes couvertures et les rémiges secondaires sont d'un gris foncé brillant, moirées de jaune ; les rémiges primaires sont brunâtres, les rectrices brunes à reflets verdâtres et bordées de noir; la gorge blanche ; la poitrine et le ventre couleur Isabelle. LE COQ DE SONNERAT {Gallus Sonnerati). — Caractères. — Le Coq de Sonnerat ou Coq sauvage de l'Inde, ou KatukoU, comme l'appellent les Indiens, diffère surtout des autres espèces par la forme de sa collerette. Les plumes en sont longues, étroites, arrondies à l'extrémité ; leur tige s'élargit en formant un disque corné, puis s'amincit pour s'élargir de nouveau en forme de spatule. Les barbes de ces plumes sont d'un gris foncé ; la tige elle-même est d'un blanc brillant à sa base, d'un jaune roux vif à l'extrémité, de sorte que l'aspect de ces plumes est celui de lamelles cartilagineuses rayées de couleurs vives. Les plumes du dos sont longues, étroites, d'un brun noir et rayées longitudi- nalement de blanc ; les petites couvertures des ailes sont dépourvues de barbes, et leur tige est aplatie en palette ; les plumes du croupion sont grises, à tige et à liséré plus clairs ; les couvertures supérieures de la queue d'un vert foncé brillant: la face inférieure du corps d'un gris noir; les flancs jaunes tirant sur le brun rouge vers les bords et au milieu ; l'reil est jaune brun clair, la crête rouge ainsi que les barbillons, les pattes et le bec jaunes. La Poule a une livrée moins variée et moins brillante. Habitat. — Le Coq de Sonnerat est originaire de l'Inde. Certains auteurs décrivent, en outre des quatre espèces dont il vient d'être question, trois Coqs désignés sous les noms de Gallus Temmincki, G. ameus, G. giganteus. On admet aujourd'hui que ce sont de simples variétés des précédents. Mœurs. — Mais, si les ornithologistes sont bien fixés sur les descriptions des Coqs sauvages, ils savent peu de chose sur leur genre de vie. Ces Oiseaux habitent en effet des régions peu accessibles, et n'ont guère pu être observés jusqu'ici que dans l'Inde. Le Coq de Bankiva se tient principalement dans les hautes montagnes et ne [102] LES GALLINACÉS. 50 descend jamais au dessous de i ooo mètres d'altitude. Le Coq de Stanley est commun aussi dans les régions montagneuses. Le Coq de Java habite les fourrés les plus impénétrables des hautes forêts. On le rencontre parfois sur le bord des chemins, recherchant quelque nourriture dans les excréments des bestiaux, mais au moindre bruit, il disparait dans quelque taillis impéné- trable. Les Coqs sauvages se nourrissent de graines, de bourgeons, d'Insectes, notamment de Termites. C'est surtout le matin qu'ils se mettent en mouve- ment et font retentir les airs de leurs cris sonores. Ils sont querelleurs et batailleurs au même degré que les Coqs domestiques. Leurs mœurs sont pol3'games. Chaque Poule dépose ses œufs dans quelque dépression du sol où elle a amassé des herbes et des feuilles sèches. Elle fait preuve de toutes les qualités d'une excellente mère, tandis que le Coq ne parait témoigner aucune affection à sa progéniture. Chasse. — La chasse des Coqs sauvages se pratique fort peu, en raison des difFicultés qu'elle présente. D'ailleurs, la chair de ces Oiseaux est relativement coriace, bien que d'un goût excellent, selon Jerdon. Captivité. — Le Coq de Bankiva présente de remarquables aptitudes à la domestication. Il n'en est pas de même des autres espèces, et même quand on fait couver leurs œufs par des Poules domestiques, les jeunes, une fois déve- loppés, ne manquent pas de s'échapper ii la première occasion. Acclimatation. — De l'Asie, leur berceau d'origine, les Coqs ont été trans- portés par l'homme dans toutes les contrées du globe. Ils se sont acclimatés partout, mais de préférence dans les régions chaudes et tempérées. Leur domestication et la création de races spécialement élevées en vue de l'alimen- tation de l'homme, remontent à une haute antiquité. Historique. — D'après les documents les plus anciens, les Coqs ont été introduits en Chine sous une dynastie régnant 1400 ans avant Jésus-Christ. Ces Oiseaux ne sont ni mentionnés dans l'Ancien Testament, ni figurés sur les monuments égyptiens. On n'en a pas trouvé de traces dans les habitations lacustres de la Suisse. Théognis et Aristophane en font mention en 400 à 5oo avant Jésus-Christ. D'après Darwin, il en est figuré sur quelques cylindres babyloniens (vi" ou vu' siècle av. J.-C), et sur la tombe des Harpies en Lycie (600 ans av. J.-C). « Nous pouvons donc fixer à peu près, dit l'illustre naturaliste, vers le vi' siècle avant Jésus-Christ, l'époque de l'arrivée en Europe de l'espèce galline. Au commencement de notre ère, elle devait déjà avoir voyagé plus à l'ouest, car Jules César l'a trouvée en Bretagne. >' L'étymologie du mot Coq est assez embrouillée. Il est probable que ce nom vient de (Joq, nom celtique de cet Oiseau. Mais, d'après Rey, les Gaulois n'auraient jamais eu le Coq pour emblème : « le prétendu Coq si-aiilois est fils de la Révolution; c'est en 178g, avec la garde nationale, qu'il a pris naissance ». Quant au Coq des girouettes, son origine n'est pas bien certaine. " Il était, dit Rey, depuis un temps immémorial en usage dans toute la chrétienté. C'est 51 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [103] un symbole de vigilance qu'exercent les ministres du culte, et une indication qu'ils doivent adresser leurs prières au Ciel dès le lever du soleil. » LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES Origine. — On admet, depuis les mémorables travaux de Darwin, que le Coq de Bankiva est la souche de toutes les races de Coqs et de Poules domestiques. Les preuves de cette unité d'origine des races gallines sont moins faciles ii éta- blir que celles de l'unité spécifique des races de Pigeons. Néanmoins, on peut invoquer à l'appui de cette hypothèse les faits suivants ; Le Coq de Bankiva est l'espèce sauvage la plus voisine, par ses caractères, de certaines races domestiques telles que les Combattants. De part et d'autre, on constate la même conformation, le même cri, le même plumage. Le Coq de Bankiva est une espèce abondamment répandue, d'un apprivoise- ment facile, et présentant des variétés locales nombreuses. Elle est la seule des quatre espèces sauvages qui, croisées entre elles ou avec les races domestiques, ait donné des métis féconds. Enfin, on constate fréquemment chez des races domestiques nettement carac- térisées, telles que les races Cochinchinoise, Dorking, Bantam, Soyeuse, un retour au type primitif, c'est-à-dire des individus qui présentent accidentellement des caractères et un plumage semblables à ceux du Coq de Bankiva. Etant donnée l'innombrable quantité de races domestiques distinctes qui peu- plent aujourd'hui la surface du globe, il }' a lieu de s'étonner, cependant, qu'une seule espèce ait pu produire autant de variétés différentes. Mais la formation des premières races domestiquées date d'une époque très reculée, et Darwin a montré comment le nombre des variétés avait pu depuis cette époque s'accroître insensiblement, dans des proportions considérables. « On sait, dit cet auteur, qu'au commencement de l'ère chrétienne, les Ro- mains avaient déjà six ou sept races, et Columelle recommande comme les meilleures, « les sortes qui ont cinq doigts et les oreilles blanches ». C_)n con- naissait en Europe, au xv'' siècle, plusieurs races qui ont été décrites; et à peu près à la même époque, en Chine, il 3' en avait sept portant des noms distincts. « Actuellement, dans une des îles Philippines, les naturels, quoique à demi barbares, distinguent par des noms différents non moins de neuf sous-races de volaille. Azara, qui écrivait à la fin du siècle dernier, raconte que, dans l'inté- rieur de l'Amérique du Sud, où on se serait le moins attendu à trouver des soins de cette nature, on élevait une race à peau et os noirs, parce qu'elle était productive, et sa chair bonne pour les malades. Or tous ceux qui se sont occu- pés de l'élevage de la volaille, savent combien il est impossible de maintenir les races distinctes, sans prendre les plus grandes précautions pour séparer les sexes. Peut-on donc admettre que, autrefois et dans les pays peu civilisés, ceux qui ont pris la peine de conserver distinctes des races qui avaient pour eux une certaine valeur, n'aient pas parfois détruit les Oiseaux inférieurs, et conservé les meilleurs ? Il n'en faut pas davantage. [104] LES GALLINACÉS. 52 « Nous ne prétendons pas qu'autrefois, personne ait songé à créer une race nouvelle, ou à modifier une race existante d'après un type de perfection idéal, mais ceux qui s'occupaient de la volaille devaient chercher à obtenir et à élever les meilleurs Oiseaux possible; cette marche, dont le résultat était la conser- vation des Oiseaux les plus parfaits, devait à la longue modifier la race aussi sûrement, quoique beaucoup moins rapidement que ne le fait de nos jours la sélection méthodique. Il sutHt d'une personne sur cent ou même mille, se livrant à un élevage attentif de cette nature, pour que ses produits deviennent supé- rieurs aux autres, et tendent à former une nouvelle famille, dont les différences spéciales, augmentant lentement et graduellement, comme nous l'avons vu pré- cédemment, finissent par acquérir l'importance de caractères d'une sous-race ou même d'une race. Les races négligées peuvent s'altérer, tout en conservant par- tiellement leurs caractères, mais revenant ensuite à la mode, elles peuvent être ramenées à un degré de perfection très supérieur à celui de leur type pré- cédent; c'est ce qui est arrivé tout récemment aux races huppées. « Une race entièrement négligée disparaît toutefois et s'éteint, comme cela a été le cas pour une sous-race huppée. Lorsque, dans le cours des siècles passés, il est né un Oiseau offrant quelque point anomal de conformation, tel qu'une huppe d'Alouette sur la tête, il est probable qu'il aura dû être conservé, en vertu de cette passion pour la nouveauté qui a, par exemple, conduit quelques per- sonnes à produire et à élever en Angleterre des races sans croupion, ou des Oiseaux frisés dans l'Inde. « De pareilles anomalies sont ensuite conservées avec le plus grand soin, comme indice de la pureté et de la bonté de la race ; c'est d'après ce principe que, il y a dix-huit siècles, les Romains estimaient le plus, chez leurs volailles, un cinquième doigt et les lobes auriculaires blancs. « Ainsi, l'apparition incidente de caractères anomaux, même très légers au premier abord; les effets de l'usage ou du défaut d'usage, peut-être ceux de l'influence directe du climat et de la nourriture ; la corrélation de croissance; le retour occasionnel vers d'anciens caractères depuis longtemps perdus ; les croi- sements des races, quand il s'en est déjà formé un certain nombre; mais, par- dessus tout, une sélection inconsciente poursuivie pendant une longue série de générations, sont autant de circonstances qui, à mon avis, lèvent toutes les diffi- cultés qui semblent s'opposer à l'admission de l'opinion, que toutes les races descendent d'une souche primitive unique. » On a vu plus haut pour quelles raisons le Coq de Bankiva est considéré comme cette souche primitive unique. Classification. — « Une classification naturelle des races gallines, a dit Dar- win, n'est pas possible, car elles diffèrent les unes des autres à des degrés divers, et n'offrent pas de caractères subordonnées les uns aux autres, qui per- mettent de les classer par groupes sous d'autres groupes. Elles sembleùt toutes avoir divergé d'un type unique par des voies différentes et indépendantes. » Et, en effet, tous les ornithologistes qui ont essayé de rattacher les innom- brables variétés à un certain nombre de types morphologiques ne sont arrivés qu'à établir des classifications forcément artificielles. 53 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [105] L'une des meilleures cependant est celle que nous empruntons à Cornevin. Elle a l'avantage, par sa disposition, de faciliter la détermination rapide de chaque race, et de présenter une série de formes qui s'éloignent graduellement de plus en plus du type primitif. Une première grande division est basée sur la présence ou l'absence de coccyx, ce qui établit la distinction des races Uropfgidées et des races Anuro- pygidces. Puis dans chacune de ces divisions, la présence de cinq ou quatre doigts donne lieu à la formation des groupes Pentadactyles et Tétradactfles. Enfin, comme autres caractères secondaires utilisés dans la dichotomisation, on remarque les particularités tirées des crêtes, des huppes, de la vestiture des tarses, etc. Nous retrouverons aussi, dans les caractères des races domestiques de Coqs, quelques particularités accidentelles étudiées à propos des Pigeons, ce sont la frisure et le soyeux des plumes. SYNOPSIS DES RACES GALLINES (D'après Cornevin). Article 1. — Races Uropygidées. Groupe I. — Races U. Tétradactyles. Section I. — Races a crête. Sous-section I. — Races à tarses nus. 1° Non cravatées. Catégorie I. — Races à crètr simple et dentée. j Port trùs redressé ; corps longiligne, bec puissant Combattant. j*" 1 ' ç Oreillons ^ Tarses gris Commune. Si.iture Port , clans les rouges. ;> - rosés Scotch-Grey. moyenne ^ordinaire l^ieu.x se.xes. J ou un ou s'en Oreillons ^ Plumage varié Brœckeletde laFriie. peu au- / rappro-/ Crête ren [ blancs. ' — blanc Ramelslohe. dessous., chant. ' v-Pr^-P chez ' ^""^'"""^ """"S*-'^ Gournay. laPou^e i (Joues blanches Espagnole. Oreillons) Tarses noirs Minorque. blancs. ) Joues \ — gris noir longs. Andalous. c I ( rouges. J — gris et minces.. Bressane.' 3 j ' — jaunes Leghorn. S-/ Crète droite 1 ^ .,, j. i • H 1. I Oreillons rouges assez développes ; tarses \ Hp,>TL.vnc i jaunes ; queue courte Plymouth-Rock. Forte { Port I stxcs. j stature. J ordinaire., ^ . (Oreillons blancs et rouges de développe- / Crète ren- i ment moyen; tarses gris bleuâtre Elberield. versée chez/ Petits oreillons blancs et rouges; tarses la femelle, j gris blanc rosé Coucou de RenneS. [ Oreillons blancs ; tarses ardoisés Barbezieux. Tronc de dimensions \ moyennes, mais ( Port ordinaire. Crétecouchéechez la femelle. Tarsesgris. Courtes-pattes, tarses rudimentaires. j iPort redressé. Tarses proportionnés à la taille et ver- dàtres Naine de combat, p ^Tarses très courts et jaunes Nangasaki. J. I — proportionnés au corps et rosés. .. Scotch-Grey. Bantam. Plumage soyeux Soyeuse. Cou nu A cou nu ou de Tran- sylvanie. [106] LES GALLINACÉS. 54 Catéuouie II. — Races à crélc sans indcnlaliuns. i Tarses jaunes. (^)ueue petite et inclinée Malaise. Port redressé. < — gris plombé; margeolles et oreillons lie de vin.. De Bruges ou Combat- Stalure i ' l^nt du Nord. moyenne./ p ... j, ^ Oreillons rouges, tarses jaunes, queue très longue... De Yokohama. .,,':' .*" ■ , , Oueue longue au maximum, couleurs très vives et al horizontale.' ^ .. " ni ;„ variées Pnœnix. J-'t iturc au-dessous de la moyenne; queue traînante De Sumatra. Catégorie 111. — Races à crcle fraisée. 1 Crète Oreillons blancs. Tarses gris De Hambourg. I . \ — rouges. — jaunes De Dominique. , , , /Oreillons rouges. Petites plumes raides moyenne. i horizontale, r j ,? -i « • • jimxcini... 1 autour de 1 œil Orpington. f Crète projetée sui -o u O [ Crète projetée sur les ycu.x Red-Cap. (Crète plaquée ^ Oreillons blancs. Tarses gris Du Mans. l-orte stature. ^ horizontale, i — rouges. — jaunes Wyandotte. «^1 Stature ordin. i I I par le corps, ( Qp^(g horizontale, oreillons blancs, tarses gris Campine courtes-pattes _ I rudimentaire l °' ' par les tarses. ' 1 Oreillons rouges, queue sans faucilles Sebright. rormesnaines. ; ui <■ n p.,„».iTn ( — blancs, queue avec faucilles Baiitam. Plumage i, Stature ordinaire Frisée du Chili. frisé. 1 Forme naine Petite frisée. 2° Cravatées. Catégorie 1. — Races à crête simple et dentée. Cravate confondue avec barbe et favoris A tète de hibou ou Cosaque. Cravate, barbe et favoris De Mantes. Catégorie II. — Races à crête fraisée. Cravate, barbe et favoris Barbue d'Anvers. Sous-SECTioN 11. — Races à tarses emplumés. Non cravatées. Catégorie I. — Races à crête simple et dentée. [Tarses jaunes, doigts emplumés, queue rudimentaire Cochinchinoise. „ . \ — noirs ou gris foncé, peu emplumés Langshan. Grande stature, j _ jaunes, doigts nus. . Sherwoods. ( — couleur chair, peu emplumés, queue courte Coucou de Malines. iTous les caractères delà grande Cocliinchinoise avec plumage Formes naines. ] toujours fauve Naine de Pékin. (Tarses blanc rosé, fortes manchettes, queue bien développée.. Bantam pattu. Catégorie II. — Race à crête lobée. Grande stature. — Queue assez relevée avec deu.x faucilles formant fourche... Brahma-Pootra. Section II. — Races li huppe ou à épi. Sous-SECTioN I. — Races a tarses nus. Cxtégorie I. — Races n'ayant qu'une huppe. ■Stature > l'kimage à dispo- ^ Pas de cravate: margeolles bien développées... De Hollande. moyenne.' sition normale ('Cravate; margeolles rudimentaires De Padoue. L- 1 Tous les caractères de la Hollandaise de format ordinaire et plumage l'orme } très blanc Hollandaise naine. naine. | .j,^^^ j^^ caractères de la Padoue de forme ordinaire Padoue naine. 55 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [107J Catégorie II. — Races ayant simullanémcnt uiw huppe ou un épi et une crête. ( Crète à 2 cornes avec petite huppe ou épi, margeolles très Forte \ l'^sde ) dLveloppées De la Flèche. slature. ^ cravate. ( Crète lobée quelquefois en gobelet, margeoUcs ordinaires. De Caumont. Cravate Urévecœur. Stature un peu au-dessous de la moyenne Faisane. Sous-SECTioN II. — Races à tarses emplumés. Stature ^ Petit épi; une cavité dans une crête e.^ktrêmement rudimentaire. . . De Bréda. moyenne. ' Huppe étirée en arrière ; crête à 2 cornes Ptarmiqan. Groupe II. — R. U. Pentadactyles. Section I. — Races à crête. Catégorie I. — Races à crête simple. Stature ^ Tarses nus, pas de cravate Flamande. moyenne.' — emplumés, cravate De FaveroUes. Forte stature. — Tarses nus, pas de cravate De Dorking. Catégorie II. — Race à crête fraisée. Forte stature. — Mêmes caractères que la Dorking à crête simple Dorking fraisé. Section II. — Races à huppe ou à épi. _ „ i Tarses nus, crête lobée, quelquefois en gobelet, accom- tature i Peau 1 » ^ t o ' ".. ;,, ', , pagnant la huppe, plumage bicolore De Houdau. ordinaire. ' blanche ./ ^ '^ ° 1 • ■ . 1 -. u- c ix (Tarses emplumés, lorte huppe, crête bicorne Sultane. Stature au-dessous de la moyenne sans atteindre au nanisme. Peau noire, huppe avec crête fraisée, orjillons et niargeolles violacés, plumage très dou.x. Nègre Article II. — R. Anuropygidées. Groupe 1. — R. An. Tétradactyles. Catégorie I. — ■ Races à crête. Stature ordinaire. Pas de faucilles, ni de vertèbres coccygiennes Sans croupion. Stature naine. Mêmes caractères que ci-dessus, avec nanisme , Sabot. Groupe U. — R. An. Pentadactyles. Catégorie II. — Race à huppe. Stature au-dessous de l'ordinaire Pas de faucilles; huppe ; barbe ; tarses em- plumés Huppée sans queue. I'' GROUPK - TYPE RACE CU.MMUNE RACES UROPVGlDliES TÉTRADACTYLES. TARSES NUS. CRÈTE SIMPLE ET DENTÉE RACE DES COMBATTANTS. — Les Combattants ont pour caractères: une attitude fière, redressée, un bec fort et crochu ; un cou long et fort, peu arqué ; une poitrine large; un dos court; des cuisses fortement musclées ; des jambes lon:;ues, fortes, couvertes de fines écailles et armées d'un ergot puissant; des doigts longs, étendus, le doigt postérieur bien appliqué sur le sol; une crêle simple et droite; des yeux grands à pupille noire; la queue serrée, étroite, bien relevée; les oreillons et les barbillons courts; le plumage serré et lisse. [1081 LES GALLINACÉS. 56 Cette race est très voisine du Coq de Bankiva, mais la plupart de ses carac- tères ont été exagérés par l'élevage et la sélection artificielle au détriment de la belle harmonie de ses formes. Le Combattant anglais actuel parait être, aux yeux des profanes, plutôt un type monstrueux qu'une race perfec- tionnée. Son importation en Europe date d'une époque assez reculée, car César y fait allusion dans ses Commentaires. Les Combattants sont, comme leur nom l'indique, d'un caractère très batail- leur, qui se manifeste chez les jeunes dès l'âge de cinq à six semaines. Ces ardeurs belliqueuses ne sont pas l'apanage des Coqs ; elles existent aussi, mais à un plus faible degré, chez les Poules. C'est surtout à la race des Combattants que s'appliquent ces lignes de BufFon : « Les hommes, qui tirent parti de tout pour leur amusement, ont bien su mettre en œuvre cette antipathie invincible que la nature a établie entre un Coq et un Coq; ils ont cultivé cette haine innée avec tant d'art, que les combats de deux Oiseaux de basse-cour sont devenus des spectacles dignes d'intéresser les peuples polis, et en même temps de développer ou entretenir dans les âmes cette précieuse férocité, qui est, dit-on, le germe de l'héroïsme. On a vu, on voit encore tous les jours, dans plus d'une contrée, des hommes de tous états accourir en foule à ces grotesques tournois, se diviser en deux partis, chacun de ces partis s'échauffer pour son combattant, joindre la fureur des gageures les plus outrées à l'intérêt d'un si beau spectacle, et le dernier coup de bec de l'Oiseau vainqueur renverser la fortune de plusieurs familles. C'était autrefois la folie des Rhodiens, des Tangriens, de ceux de Pergame ; c'est aujourd'hui celle des Chinois, des habitants des Philippines, de Java, de l'isthme de l'Amé- rique et de quelques autres nations des deux continents. » Les combats de Coqs, très en honneur en Angleterre, en Belgique et dans le nord de la France, sont souvent l'objet de paris importants. Ils sont, pour les amateurs, dans ces contrées, ce que les courses de Taureaux sont pour les Espagnols. Certains dimanches, on voit les coquelcux — c'est ainsi que s'appellent les fer- vents de ce genre de sport — se réunir dans une salle spécialement aménagée à Cet effet, et mettre an parc, tel est le terme consacré, leurs élèves favoris. Ceux- ci ont subi, préalablement, une véritable toilette de guerre. On leur a amputé la crête, les oreillons et les margeolles, pour qu'ils otfrent moins de prise au bec de leur adversaire, et on a muni leurs ergots de longs éperons en acier. L'amputation de la crête et des autres appendices cutanés de la tête se pratique de bonne heure, lorsque les jeunes Coqs n'ont encore que six à sept mois. L'éperon d'acier s'adapte à l'aide d'une courroie, un moment avant le combat. Les deux champions désignés sont placés l'un en face de l'autre dans une arène recouverte de sable fin. Autour de l'arène des bancs sont disposés en amphithéâtre, pour les curieux et les parieurs. A un signal donné, la bataille commence. Les deux Coqs se précipitent l'un 57 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [100] vers l'autre, les plumes hérissées, les yeux brillants, et entrent en lutte. Ils se servent davantage de leurs pattes formidablement armées, que de leur bec; ils s'en portent des coups violents, en s'élançant l'un sur l'autre et se soulevant au- dessus du sol. Il est rare que l'un d'eux abandonne le champ de bataille; le plus souvent, le vaincu, s'il n'est tué net, reste terrassé et agonisant jusqu'à ce qu'on l'ait remplacé par un nouveau combattant. Indépendamment de son aptitude à ce genre original d'exercice, la race des Combattants anglais a, entre autres qualités, celle de fournir aux gourmets une chair fine et délicate. De plus, elle est d'une grande fécondité. De sorte que les efforts des éleveurs tendent aujourd'hui vers deux buts bien différents. Tandis que quelques-uns élèvent ces volatiles en vue d'exalter soit leurs qualités de lutteurs, soit leurs caractères de fantaisie, d'autres essaient de produire abondamment et d'améliorer une volaille justement appréciée. Aussi les sous-races de Combattants sont-elles nombreuses et variées.- Sous le rapport de la coloration du plumage, les Combattants anglais se répartissent dans les sous-races suivantes : Noire, Blanche, Coucou, Pailletée ou l^apillolée, Pile, Pile blanc. Dorée à ailes de Canard, Argent ée a ailes de Canard, Rouge à plastron noir. Rouge à plastron brun. Les variétés dites à ailes de Canard présentent sur les ailes des localisations pigmentaires rappelant celles que l'on voit chez les Canards. RACE COMMUNE. — Cette race, qui rappelle par ses formes, ses allures, son plumage, le Coq He Bankiva, ne présente pas de caractères bien fixes, car elle n'a pas été l'objet d'une sélection rigoureuse. Néanmoins, malgré les variétés locales sous lesquelles on peut la rencontrer, elle est aisément reconnaissable. Son corps est bien proportionné, ses formes élégantes; son plumage a les nuances brillantes et les reiiets verts et dorés du Coq de Bankiva. La tète porte une crête simple, verticale, d'un développement moj'en, bien dentée; les mar- geolles sont bien développées et pendantes; les oreillons blancs ou rouges; la queue est ornée de faucilles longues et gracieusement recourbées; les tarses gris. Le plumage de la Poule est d'un fauve plus ou moins cendré. On rencontre cette race dans la plupart des fermes. Son élevage réclame peu de soins, sa chair est excellente et sa fécondité remarquable : la Poule donne en moyenne i5o œufs par année, elle se montre bonne couveuse et bonne mère. Les sous-races principales sont les suivantes : 1° La sous-race de Caussade ou de Gascogne, reconnaissable à son plu- mage noir. 2" La sous-race du Gàtinais, qui a un plumage gris. 3" La sous-race des Ardenncs, qui diffère peu de la race type. La Poule créole de la Plata n'est que la race commune de l'Europe, intro- duite depuis plusieurs siècles dans l'Amérique du Sud, où elle vit à l'état de demi-liberté. Sous l'inHuence de ce nouveau genre de vie, du climat et de la Pli XXXIII. — Coq et Poules. — Race Andalouse itexte, paj^e ni). La vie des AN1MAU.X ILLUSTRÉE. IV. g [110] LES GALLINACES. ÔS nourriture, elle a pris des caractères particuliers. Sa taille s'est amoindrie, son plumage est devenu roussâtre ou jaunâtre. Par leurs allures, et leur genre de vie, les Poules cre'oles de la Plata se rapprochent beaucoup des espèces sauvages. Vives, alertes, volant facilement et se perchant volontiers sur les arbres, elles forment des petites bandes de quatre à cinq individus d'un naturel assez sauvage. La Poule de Jérusalem n'est aussi qu'une sous-race asiatique de la race commune. Coqs. — Race commune. RACE COUCOU D'ECOSSE (Scolcli Grey). — Les races dites Coucous doivent leur nom à ce que leur plumage ressemble à la face ventrale du Coucou, c'est- à-dire qu'il est rayé de brun noir ou de brun roux sur un fond gris clair. D'après leur origine géographique on distingue : les Coucous Je Rennes, ou de France, les Coucous Mali)ies, les Coucous J'Écosse. ■ Les deux premières sous-races sont de très forte taille et d'un type voisin du Pl3'mouth-Rock. RACE DE BRAEKEL, OU CAMPINE A CRÊTE SIMPLE. — Très estimée en Belgique et dans le nord de la France, cette race se distingue de la race com- 59 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [111] niLinc par sa taille qui est plus petite, et son plumage dit craj-oinié, doré ou ^cnté. La Poule est une excellente pondeuse. argenté LA RACE DE RAMELSLOHE et celle de GOURNAY se rangent à côté de la précédente. LA RACE ESPAGNOLE. — Les Coqs et Poules de race espagnole ont un aspect très caractéristique. Ils sont de haute taille, leur port est fier, redressé; leur plumage presque uniformément noir; le grand développement de leur crête, droite, profondément dentée, leurs longs barbillons rouges, leur face nue, verruqueuse, d'une pâleur livide, donnent à ces Oiseaux un aspect très singulier. Cette race n'est encore considérée que comme une race de fantaisie. La Poule est bonne pondeuse, mais sa chair est peu appréciée. Pendant l'hiver, parles froids rigoureux, la belle crête des Coqs est sujette à se geler. Outre la race noire typique, il existe une sous-race blanche. RACE DE MINORQUE. — Les Coqs et Poules de Minorque, très répandus en Angleterre, se distinguent de la race espagnole par la couleur des joues qui est rouge au lieu d'être blanche. On la dit originaire des îles Baléares, mais en réalité, elle provient d'une race améliorée de la péninsule Ibérique, connue sous le nom de Castillane ou Aiida- loiise noire. C'est une race rustique, peu sujette aux maladies, s'engraissant facilement; la Poule est une excellente pondeuse, mais n'a que peu de qualités pour couver. LA RACE ANDALOUSE (•). — Elle se rattache très intimement à la race de Minorque, dont la distingue seulement son plumage maillé d'un gris ardoisé. LA RACE D'ANCONE. — Elle ne ditïère aussi de la Minorque que par son plumage coucou. Les races Espagnole, de Minorque, Andalouse, d'Ancône, bien que formant un groupe assez homogène, ne proviennent pas toutes, comme leur nom pour- rait l'indiquer, de l'Espagne. Une seule d'entre elles, la Minorque, provient de ce pays. Les autres sont des races sélectionnées, moins connues en Espagne que partout ailleurs. LA RACE BRESSANE. — Cette race est très ancienne. Son nom rappelle celui de la province où elle a été l'objet d'un éleviige tout particulier. Elle provient, d'après certains auteurs, d'un croisement entre le Coq espa- gnol et la Poule commune. Ses caractères sont les suivants : la crête est grande, très dentelée, droite (■) PI. XX..Nin. — Coq ot Poule.1. — Race Andalouse (Planche, page 109). [112] LES GALLINACÉS. 60 chez le Coi.], tombante chez la Poule; les oreillons sont blancs ou sablés de rouge; les tarses gris et fins; la poitrine large, le squelette léger. C'est une race très estimée tant pour la délicatesse de sa chair et ses aptitudes à l'engraissement que pour la ponte et l'incubation. On en distingue dcu.v variétés principales, celle de Bourg dom le plumage est caillouté, et celle de Louhans dont le plumage est entièrement noir à reflets métalliques verts et violets. RACE DE LEQHORN. — Les allures du Coq de Leghorn ont l'élégance et la fierté de celles du Coq commun. Ses caractères en sont aussi peu différents: tête fine, surmontée d'une belle crête simple, droite, dentée; bec et pattes jaunes, oreillons de grandeur moyenne et couleur blanc-crème; barbillons allongés; dos court, plastron large ; queue bien garnie, fortement relevée. La Poule porte la crête renversée, sa queue est moins fournie. Les origines de cette race sont à rechercher dans le croisement de l'Andalouse et d'une race également méditerranéenne, celle de Livourne. Mais elle a sur- tout été sélectionnée et élevée aux environs de New- York, de sorte que certains auteurs en font une race américaine. Sa création ne remonte pas au delà de 1 835. Les Poules de Leghorn sont surtout recherchées comme pondeuses, car leur chair est peu appréciée. Une bonne pondeuse produit annuellement environ i No œufs du poids de 56 grammes. Les différentes sous-races sont caractérisées par leur plumage ; ce sont : la Rouge, la Blanche, la Noi)-e, la Brune ou Dorée, la Coucou et la Pile. La première est la plus connue : chez le Coq, la tête et le camail sont rouge orangé; les lancettes ainsi que les petites et moyennes couvertures des ailes d'un rouge foncé; le plastron, l'abdomen et les rectrices noires ; les grandes couvertures de l'aile et les faucilles noires à reflets verts ou violacés: les rémiges primaires noires, sauf les barbes externes bordées d'un liséré bai brun; les rémiges secondaires et les couvertures de la queue noires bordées d'un liséré brun. La Poule a le plastron marron clair avec la tige des plumes blanche, le camail jaune doré, rayé de noir, la queue noire et le reste du plumage couleur perdrix. RACE DE PLYMOUTH-ROCK. — Cette race est caractérisée par une forte taille, une crête simple et droite dans les deux sexes; des tarses jaunes, une queue courte, un plumage coucou uniforme. Les joues et les oreillons sont rouges, les margeoUes bien développées. Créée en Amérique, elle provient du croisement de la Cochinchinoise et de la Dominique. Bonne pondeuse et bonne couveuse, d'un caractère peu querelleur, elle est très estimée pour ces diverses qualités. Les œufs sont gros et d'un beau blanc. Cl LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. |11S] RACE D'ELBERFELD. — C'est une race de forte taille, très estimée en Alle- magne. Ses caractères tiennent à la fois de [p. race commune et de la race de Padoue. On en décrit trois sous-races principales : i" la Dorce; 2" VArgentée\ 3° la Noire. La première a le camail d'un fauve doré ; les couvertures des ailes d'un rouge-acajou traversées par une double bande noire brillante; les couvertures et la queue noires marquées de teintes chamois, les faucilles et les rectrices noires à reflets verts, les pattes gris bleuté; les oreillons blancs et rouges. Dans la sous-race argentée la couleur blanc d'argent remplace la teinte fauve doré. La troisième sous-race est presque entièrement noire. RA.CE DE BARBÉZIEUX. — Aux races de haute stature, telles que la PI3'- mouth-Rock et l'Elbcrfeld, il convient d'ajouter la race de Barbézieux, dont les affinités avec la race dite espagnole ne sont pas douteuses. Le port est fier, le plumage dominant est le noir. Élevée principalement dans l'ouest de la France, cette race est appréciée à la fois pour sa chair et ses qualités de pondeuse. RACE COURTES-PATTES. — La seule particularité ethnique de cette race est la brièveté des tars(>s, qui ne mesurent que 3 ou 4 centimètres. Cornevin la considère comme une forme monstrueuse de la race commune. Un fait qui jus- tifie cette hypothèse, est la difficulté qu'éprouvent les éleveurs à conserver ce caractère anormal dans des couvées successives; les sujets qui ne sont pas le produit de sélections très sévères, tendent à reprendre des tarses élevés. Douces, sédentaires, les Poules courtes-pattes sont d'excellentes couveuses. RACE A COU NU, OU DE TRANSYLVANIE. — Cette race, assez abondante en Trans3'lvanie, ne présente comme caractère distinctif qu'une dénudation com- plète de la partie supérieure du cou, laissant à nu la peau qui est d'un rouge écarlate. Par ses autres caractères, elle ne se distingue pas de la race commune. Les échantillons qui figurent dans les jardins zoologiques d'Europe et dans les expositions avicoles sont de simples objets de curiosité. C'est probablement du croisement du Coq à cou nu de Transylvanie et d'un Combattant qu'est née la race dite à cou nu de Madagascar, dont l'apparition dans la liste des innombrables variétés de fantaisie est de date récente. Races tianies du 1''' ^-ruupe. Race de Nan(;asaki. — Outre sa forme naine, la race de Nangasaki est encore remarquable par la brièveté de ses tarses, sa crête simple relativement énorme, son attitude redressée, la tête venant presque au contact de la queue fortement relevée; la poitrine proéminente, les ailes pendantes. Les joues sont nues et rouges ainsi que les oreillons, les margeolles très développées, le bec et les pattes rouges. [11/,] LES GALLINACÉS. G2 Originaire du Japon, cette race fut introduite en Europe vers 1854. On en connaît trois variétés basées sur les caractères du plumage ; ce sont : la Blanche, la Blaitclif à queue noire et la So}-euse. Les Poules de Nangasaki sont d'un caractère très doux ; on les utilise pour l'incubation des œufs de P^tisans et de Perdreaux. La 7~ace itaiiie de Combat, la }-ace naine d'Ecosse, la ?"i.7c't' naine So)'ense, sont des variétés tcratologiques de races normales vues précédemment : Combattants, Coucou d'Ecosse, race commune. Elles n'ont d'intérêt que pour les amateurs de curiosités, mais elles montrent en même temps comment une patiente sélection et un élevage particulier per- mettent de fixer des anomalies originairement accidentelles. 11« GROfPE. —TYPE MALAIS RACES UROPYGIDÉES TÉTRADACTYI.ES. — CRKTE SA>"S INDEN'TATIONS RACE MALAISE. — Les Coqs Malais rappellent par leurs formes et leurs allures les Combattants anglais, ou mieux encore la race sauvage primitive. Leur port est très redressé, leurs formes élancées ; ils ont un cou très long, une poitrine large, des épaules saillantes, des jambes fortes et nerveuses pourvues d'ergots puissants ; une queue petite, habituellement pendante, relevée seulement quand l'Uiseau est excité ; un plumage serré surtout dans la région du cou. Leur tête, en apparence fine et allongée, est relativement large; elle est sur- montée d'une crête mamelonnée; le bec est fort et crochu; les joues et les oreillons sont rouges, les pattes jaunes. Cette race est très répandue dans l'archipel Malais, les Philippines, les iles de la Sonde, Madagascar et les îles de la mer des Indes. Son caractère très querelleur la fait rechercher par les amateurs de combats de Coqs. Elle donne, avec différentes autres races domestiques, des métis remarquables par le grand développement de leurs muscles pectoraux, mais qui en se croi- sant entre eux retournent rapidement au t\'pe Malais pur. Les principales sous-races sont : la Blanche, la A'o/re, la Rousse, la Pile et la Noire-rouge. La sous-race noire ou Indienne est considérée par quelques auteurs, mais à tort, comme une race distincte. RACE DE BRUGES OU COMBATTANT DU NORD. — Cette race paraît être le résultat d'un croisement entre le Combattant anglais et le Malais. Ses caractères sont les suivants, d'après Cornevin : crête simple, rudimcn- taire, de couleur lie de vin foncée, ainsi que les margeolles et les oreillons. Queue presque horizontale. Par sa taille, son port, sa crête, son corps large en avant et étroit en arrière, elle tient de la Malaise; par sa physionomie, son plumage, ses instincts batail- leurs, elle rappelle le Combattant anglais. Ses tarses sont plombé foncé. 63 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [115] Bien que d'un élevage facile, elle n'est pas très recherchée comme race de produit ; sa chair est médiocre, son aptitude à l'incubation est faible. On l'utilise en Belgique, pour le combat, après lui avoir fait subir les mêmes mutilations qu'aux Combattants anglais. Ses variétés de coloration sont nombreuses. RACE DE YOKOHAMA. — Cette superbe race, originaire du Japon et de la Corée, n'est élevée en Europe que pour son plumage décoratif. Ses caractères la rapprochent beaucoup de la Malaise ; mais elle s'en distingue par le dévelop- pement considérable des plumes de la queue disposées en panache et son atti- tude presque horizontale. Son élevage est très délicat ; le froid lui est funeste, et son caractère batailleur ne permet pas de la laisser en compagnie des autres Oiseaux de basse-cour. On en connaît deux sous-races : la Ferrugineuse et la Blanche. RACE PHÉNIX. — Originaire aussi du Japon, et importée en France en 1882, la race Phénix est très proche parente de celle de Yokohama, mais elle se fait remarquer par un développement plus considérable encore des plumes de la queue et la richesse de son plumage. C'est aussi une race de pure fantaisie et d'un élevage très délicat. Les deux variétés principales sont V Argentée et la Dorée. RACE DE SUMATRA. — On peut la considérer comme une forme demi-naine de la race de Yokohama. Son plumage est entièrement noir. Elle provient non pas de Sumatra, mais de l'Amérique, où elle a été créée et sélectionnée. III» GROUPE. — TYPE IIA.MBOURG RACES UROPYGIDÉES TÉTRAHACTYLES A TARSES NUS. CRÈTE FRAISIÎE RACE DE HAMBOURG (*). — L'origine de la race de Hambourg est assez embrouillée. Les Anglais, les Hollandais, les Français revendiquent chacun l'honneur de l'avoir sélectionnée et fixée. Quoi qu'il en soit, elle est très répandue dans tous les pays du nord de l'Europe. Son caractère essentiel est dans la forme de sa crête; celle-ci est une masse charnue en forme de plateau élargi en avant, pointu en arrière, hérissé de petits monticules réguliers, et surplombant le bec dans les deux tiers de sa longueur. Le corps est bien proportionné, la tête petite, le bec court et fin; les joues et les margeolles rouges ; les oreillons ronds, plats et blancs; le dos incliné; les ailes moyennes, la queue grande et bien portée ; les tarses courts et minces. Il en existe cinq sous-races principales qui sont: La Pailletée argentée, la Pailletée dorée, la Noire, la Crayonnée argentée, la Crayonnée dorée. Les deux dernières forment pour certains auteurs la Race de Campiue. PI. \.\.K1V. — Coq et Poules de Hambourg. — Variété pailletée argentée (Planche, page 116). [lia] LES GALLINACÉS. r,', Les sous-races pailletées sont caractérisées par la présence d'une tache noire ;i l'extrémité de chaque plume; cette tache est lancéolée sur les longues plumes du camail, arrondie dans les autres régions. Dans la variété argentée que représente notre planche, les plumes du camail sont blanches, flammées de noir; la poitrine, l'abdomen, les cuisses présentent les disques noirs caractéristiques sur fond grisâtre; les ailes portent deux barres noires transversales; les plumes de la queue sont longues, élégamment recour- bées et sont marquées chacune, à l'extrémité, d'un disque noir. Les sous-races cra3'onnées sont caractérisées par la présence sur chaque plume de barres noires transversales. La race de Hambourg est très appréciée pour sa beauté, son élégance, et pour son aptitude à la ponte. Les Campines, notamment, sont connues en Angleterre sous le nom ait Poules pondant Ions les jours. Cette appellation est peut-être exagérée, mais on peut estimer à 23o œufs environ, de 5o grammes chacun, la production annuelle d'une seule Poule. La qualité de la chair est différemment appréciée par les amateurs. La Canipine à conrlcs-pattes n'est qu'une variété tératologique analogue à la Courtes-Pattes décrite plus haut. RACE DE DOMINIQUE. — Cette race, originaire d'Amérique, se place ici près des Hambourgs à cause de sa crête fraisée, horizontale, et de son plumage coucou, mais elle est le résultat du croisement entre la Lcghorn et la Dorking fraisée. C'est une race rustique, féconde, d'un élevage facile. RACE D'ORPINOTON. — La création de cette race est de date toute récente. Elle a été obtenue pour la première fois en Angleterre, en i885. Sa généalogie est assez compliquée; on ne cite pas moins de dix races a3'ant concouru à sa formation, parmi lesquelles la Langshan, la Plymouth-Rock, la Minorque. RACE DU MANS. — Par ses caractères, la race du Mans tient des Hambourgs et des La P'ièche; son origine est inconnue. Elle est remarquable par son aptitude à l'engraissement, et la renommée des Chapons et des Poulardes du Mans est restée célèbre : les premiers atteignent le poids de 5 kilogrammes, sous l'inllucnce d'un gavage particulier. RACE WYANDOTTE. — La Wyandotte a des formes trapues ; ses barbillons sont de longueur moyenne, ses oreillons rouges, sa queue courte et fournie, sa crête fraisée, large en avant, pointue et recourbée en arrière, son bec et ses pattes jaunes. Issue d'un croisement compliqué où figurent la Hambourg et la Brahma, elle a hérité de la première une grande aptitude à la ponte et de la seconde une remarquable précocité. l"'!. XXXIV. — Coq et Poules de Hambourg. — Variété pailletée argentée (texte, page ii5|. 65 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [117] Sa chair est peu appréciée en France, mais très recherchée en Amérique, son pays d'origine. On distingue les variétés /?/a;;f/;t', Noii-e, Argentée, Dorée et Coucou. Dans la variété Argentée, les amateurs recherchent avec un soin tout spécial la régularité des taches noires de la poitrine. Races naines du UT groupe. RACE SEBRIGHT. — On ne connaît pas les croisements qui ont donné nais- sance à cette race, dont le créateur est sir J. Scbright. Sa conformation la rapproche de la Hambourg; sa crête est fraisée; ses joues, oreillons et margeoUes rouges; ses tarses gris; ses ailes pendantes, sa queue simple et très relevée; son plumage maillé. Les trois sous-races sont la Dorée, V Argentée, la Citronnée, mais dans toutes les trois se retrouve la disposition maillée du plumage. RACE BANTAM A PATTES NUES. — Les amateurs donnent le nom de Ban- tam à la plupart des races naines. Ce nom n'indique pas, par conséquent, leur origine, en particulier celle de la Bantam à pattes nues. Celle-ci a le port et la conformation des Hambourgs; les variétés de plumage sont: Xa. Noire ou Java- naise, la Blanche, la Perdrix, la Dorée, V Argentée et la Soyeuse. RACE FRISÉE DU CHILI. — Cette race est connue depuis très longtemps, Aldrovande l'a signalée vers la fin du xvi' siècle. Elle se faiJ remarquer par la disposition frisée de ses plumes, notamment sur la poitrine. Ses caractères sont ceux de la race commune, à l'exception de la crête qui est fraisée. Il existe aussi une race frisée exactement semblable à la précédente, mais de plus petite taille encore : on l'appelle la Petite frisée. IV'- GROL'PE. — TYPE DE MANTES RACES UROPYGUjÉES TÉTRAnACTYl.ES CRAVATÉES. — TARSES NUS RACE DE MANTES. — Cette race, dont les caractères tiennent à la fois de la Houdan et de la race commune, a été l'objet d'une sélection et d'un élevage par- ticuliers dans les cantons de Mantes, Houdan et Bonnières, du département de Seine-et-Oise. Elle fut créée en 1 875 par Voitellier qui en donne la description suivante : « Le cou et les pattes sont de longueur moyenne, le dos long, les reins larges, les épaules moyennement écartées, mais très saillantes, et la poitrine très carénée. Si elle diffère par sa forme et ses proportions de la race de Houdan, elle lui ressemble par son plumage caillouté noir et blanc. Elle n'en a pas la huppe, et sa crête est simple, de dimensions moyennes, peu proéminente sur le bec, peu profondément dentée, portée droite chez le Coq et pliée sur elle-même vers [118^ LES GALLINACÉS. ^ OT. son milieu ciiez la Poule. Les barbillons sont très réduits. La gorge est un peu moins fournie que chez la Houdan et les favoris le sont au contraire davantage. La queue est de moyenne longueur et ne forme pas chez le Coq un immense panache donnant beaucoup de prise au vent ; les plumes de la queue et celles qui recouvrent l'abdomen sont cependant relativement molles et s'ébourilTent faci- lement. Les tarses sont marbrés noir et blanc rosé, ainsi que les doigts qui sont au nombre de quatre seulement. » La race de Mantes est d'un engraissement facile, sa chair est délicate. La Poule est bonne pondeuse et les Poussins précoces. RACE BARBUE OU COSAQUE. — Connue aussi sous le nom de Race à tôle de Hibou, elle doit son nom au grand développement des petites plumes frisées de la tête qui lui forment une sorte de barbe à favoris, et à la disposition de la crête qui présente deux cornes non ramifiées. Autrefois très répandue en Hollande, elle ne se rencontre plus que sur les bords de la mer Noire. RACE BARBUE D'ANVERS. — Forme naine analogue à celle des Bantams; elle est caractérisée, outre sa petite taille et sa crête fraisée, par une cravate de petites plumes frisées avec barbe et favoris. Répandue en Belgique, où elle est connue aussi sous le nom de Race iiaiiip A)iversoisc. V GROUIH-;. — TYPE COCHlNClllNOlS RACES UROPYGHlKES TKTRADACTYLES A TARSES EMPLUMl'S Les Coqs et les Poules de ce groupe paraissent, au premier abord, tellement éloignés du type primitif, le Coq de Bankiva, que l'on serait tenté de rechercher leur origine dans une souche distincte. .Mais « si l'on réfléchit, dit Cornevin, d'une part, que la brièveté de leur queue et de leurs ailes, ainsi que la massivité de leur corps sont des caractères acquis, qui ne se trouvent point sur des Oiseaux sauvages, où ils seraient une cause d'infériorité; que, d'autre part, on a vu quelquefois, sur des volailles communes et en dehors de tout croisement, apparaître spontanément des plumes aux tarses ou aux doigts (ce qui n'est qu'une manifestation de l'identité histologique des plumes et des écailles\ les hésitations disparaîtront et on les rattachera au Coq de Bankiva ». Hàtons- nous aussi d'ajouter que ces races d'origine asiatique ont été considérable- ment modifiées par la sélection depuis leur introduction en I^urope. RACE DE SHANQ-HAI. — Plus connue sous le nom de Race Cochiiichiuoise, ou Cocliiii, elle provient, non pas de la Cochinchine, mais du Tonkin septen- trional et du sud de la Chine. Elle fut importée en Angleterre en 1X43 et en France en i84("), par l'amiral Cécile. . Les Cochins sont de très haute stature; leurs formes sont lourdes et mas- sives. Us ont une tête relativement petite, un cou gros et court, un dos court 67 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [110] et large, des épaules saillantes; des ailes et une queue très courtes; des tarses forts, de longueur mo_venne, emplumés ainsi que les doigts. La crête est simple, peu développc'e; les joues, les oreillons et les margeolles sont rouges, le bec et les pattes jaunes; le plumage abondant affecte une forme duveteuse, touffue, sur les cuisses. Les cinq sous-races principales sont : la Clianiois, la Blanche, la Nuire, la Coucou et la Perdrix. La variété Fauve est une modification du plumage cha- mois; la variété .4rtfo/5tv provient du croisement des sous-races Blanche et Noire. Les Poules cochinchinoises offrent une part égale de qualités et de défauts. Elles n'atteignent leur développement complet qu'à un âge assez avancé, et la durée de leur fécondité ne dépasse guère trois ans. Leur aptitude à la produc- tion des œufs est moyenne ; ces œufs sont relativement petits, de couleur jaune foncé; la ponte persiste pendant une partie de l'hiver. « Le défaut général des Poules de cette race, dit G. Marois, c'est qu'elles sont des couveuses infatigables, et que, à cause de leur poids, parfois elles écrasent leurs œufs; mais elles sont d'excellentes mères et conductrices de poussins qu'elles défendent au besoin ; les jeunes ont, comme les père et mère, un naturel calme et tranquille. Comme nourriture, cette volaille n'est pas ditticile : du blé, du maïs, du sar- rasin, une pâtée lui suffisent; elle digère facilement. Comme volaille de table, jusqu'à l'âge de cinq à six mois, le Poulet est assez agréable au goût; mais après cet cage, la chair, filandreuse, n'est pas de très bonne qualité; aussi n'a-t-elle aucune renommée chez nos gourmets; d'ailleurs, on n'aime pas les volailles à pattes jaunes. « Cette race n'est pas bien précoce; le squelette est grossier, la peau dure; les jeunes Poulets ne se développent que lentement. a La Poule Cochinchinoise, quand elle couve, s'abstient presque de toute nourriture; pendant le travail de l'éclosion, il faut la lever avec précaution pour la faire manger. Tout en gloussant, elle répond, au moment de l'incubation, aux mouvements et aux cris des petits dans l'œuf. La coquille de l'ceuf de cette race est formée d'un calcaire épais et dur. Malgré l'humidité dégagée par la mère, celle-ci est obligée d'aider son Poussin à sortir de la coquille en brisant cette enveloppe; parfois même, l'éleveur lui-même est obligé d'aider à l'éclosion. « La Poule est d'un naturel très doux; elle ne s'éloigne jamais de son parquet; elle ne gratte pas, elle ne dévaste pas les jardins ou prairies; elle ne cherche pas querelle à ses compagnes. Le Coq lui-même n'est pas batailleur; il manque même de hardiesse", malgré sa taille et son apparence majestueuse, avec un Coq d'une autre race, il se montre plutôt craintif et poltron. » L'une des qualités les plus importantes de la race Cochinchinoise est de per- mettre d'augmenter, par des croisements bien combinés, le format moyen de produits d'une même basse-cour. RACE DE LANQSHAN. — La race de Langshan est originaire de la Chine. Elle fut importée en Angleterre par le major Croad et c'est à A. Geoffroy Saint- Hilaire et à de Foucault que l'on doit sa propagation en France. [1201 LES GALLINACÉS. 08 C'est la race la plus volumineuse de toutes; le poids du Coq atteint 5 kilo- grammes; celui de la Poule 3'"-',5oo. Ses caractères, ses allures et ses qualités la rapprochent tellement de la Cochinchinoise que pour dilTérencier ces deux races l'une de l'autre, nous reproduisons ci-dessous un tableau comparatif intéressant, extrait de la Zouteclutie de Cornevin : Race Cochinchinoise. Bec jaune. Tarses jaunes. Tarses et doigls très cmplumcs. Peau jaune. Ailes peu développées. Cliair médiocre. Très grande propension à couver. Voix rauque. Brécliet ordinaire. Queue rudimentaire. Rack Lanoshan. B3C couleur corne ou blanc. Tarses gris plombé. Tarses et doigts peu cmplumés. Peau blanche. Ailes normalement développées. Cliair ordinaire. Propension ordinaire à couver. Voix assez pénétrante. Bréchet très développé. Queue moins rudimentaire. Le plumage de la race type est uniformément noir, à rellets métalliques. Mais la fantaisie des éleveurs a déjà essayé de mettre à la mode d'autres variétés, parmi lesquelles la Bleue, la Blaudie et la Soyeuse. RACE SHERWOODS. — Peu connue en France, cette race est le résultat de croisements entre des Grands Combattants blancs, des Cochinchinois et des Brahmas. Elle a été créée par le seul fait du hasard, dans une ferme de la Vir- ginie dont elle porte le nom. RACE COUCOU DE MALINES. — L'origine de cette race est inconnue, mais sa parenté avec les volailles indo-chinoises de grande taille n'est pas douteuse. Elle est répandue en Belgique depuis une époque assez reculée. Elle a des formes lourdes et massives, une crête simple, dentée, une queue courte, des tarses forts, couleur de chair, garnis de petites plumes sur le côté externe; le port et l'allure des Langshans. Son plumage est coucou ou ardoisé uniforme. Excellente pondeuse, bonne mère, caractère pacilique, chair délicate, telles sont ses principales qualités. RACE DE BRAHMA-POOTRA. — Il n'existe aucune relation d'origine entre la race de Brahma-Pootra et le tleuve du même nom. Apportée aux Etats-Unis en i853, par un navire qui arrivait des Indes, puis introduite en Europe, elle se répandit assez rapidement. Sa parenté avec la Cochinchinoise est indéniable; elle ne s'en distingue que par sa crête lobée, sa queue un peu plus longue et relevée, son plumage moins soyeux et d'une coloration différente. Ses qualités et ses défauts sont ceux de la Cochinchinoise. « Primitivement, dit Cornevin, les Brahmas étaient de plumage gris et le dessous de leur tronc se rapprochait de la nuance du Cochinchinois Perdrix; mais les éleveurs, utili- G9 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [121] sant les indications que l'on possède aujourd'hui sur la formation des races composées, ont créé deux nuances dans la race Brahma-Pootra, l'Herminée et l'Inverse. Elles ne sont transmissibles que par une élimination très attentive des sujets ne rentrant pas dans le type, et la consanguinité n'aide guère à ^^^'''?''T^-^ ^ V.--- Poules de Brahma-Pootra, fixer ces nuances; aussi ne les considérerons-nous que comme formant des variétés. La variété hcnninée est constituée par des individus a\'ant le plumage blanc, sauf pour les plumes du camail rayées longitudinalement de noir au milieu, les rémiges primaires qui sont noires, les rémiges secondaires qui ont les barbes externes blanches et les internes noires, les lancettes tachetées de noir comme [12-2] LES GALLINACÉS. 70 au camail. Les rcctrices et les faucilles sont noires, sauf les deux faucilles furcoïdcs qui ont une bordure blanche. Le dessous du corps a l'apparence blanche, mais en soulevant les plumes, on voit qu'elles sont grises à la base. La variété' Inverse, ou gris fonce, se distingue de la précédente par la prédo- minance du noir dans le plumage au lieu du blanc et surtout parce que le plastron, les pectoraux, le ventre, les cuisses et les jambes sont noirs ou noirs à petites taches blanches, tandis que ces régions sont blanches chez la première. Formes naines du V" groupe. RACE NAINE DE PÉKIN. — Connue aussi sous le nom de Bantam naine, cette race n'est que la reproduction au tiers de la Cochinchinoise fauve. Elle fut directement importée de Chine en Angleterre vers i8()o. RACE BANTAM PATTUE. — Elle dérive de la Bantam du groupe précédent, mais ses pattes sont considérablement emplumées. VK GKOUPE. — RACES HUPPÉES-TYPE PADOL'E i" Races huppées sans crcte. Les races huppées sont caractérisées par le développement considérable d'une iiuppe de plumes touffues, au détriment de la crête, qui est rudimentaire ou nulle. Le développement de la huppe s'accompagne d'une déformation corréla- tive du crâne qui devient d'autant plus bombé que la huppe qu'il supporte est plus fournie. Deux races très voisines l'une de l'autre représentent ce groupe et sont assu- rément les plus ornementales des races d'amateurs. RACE DE PADOUE. — On ne connaît pas l'origine exacte de la race de Padoue, et l'étymologie de son nom n'est pas moins obscure. Certains auteurs lui reconnaissent de nombreuses affinités avec la Ham- bourg. La race de Padoue a la tète de grosseur moyenne, mais entièrement cachée par l'énorme huppe qui la recouvre; le corps ramassé, les ailes longues, la queue longue et bien portée, les jambes fines, les doigts longs; pas de mar- geolles, mais une cravate ou barbe enveloppant les mandibules et les joues; les tarses et les doigts sont d'un gris ardoisé. Bien que la race de Padoue ait de réelles qualités pour la ponte, une chair délicate et un caractère familier, on ne peut guère la considérer que comme une race de fantaisie. Le grand développement de sa huppe demande des soins tout spéciaux si l'on veut éviter la production d'ophtalmies qui amènent la perte de l'un ou des deux yeux. Les sous-races, basées sur les nuances du plumage, sont nombreuses; on 71 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [1231 cite : l'Argentée, la Dorée, la Chamois, la Coucou, l'Hermincc, la Noire, l'Ar- doisée, la Blanche. RACE HOLLANDAISE. — Elle ne se distingue de la race de Padoue que par la présence de margeolles très développées, sans barbe ni cravate. Elle en a d'ailleurs toutes les qualités. Les sous-races sont les suivantes : Noire à huppe blanche, Bleue à huppe blanche, Bleue h huppe bleue. Blanche à huppe noire. Blanche à huppe blanche. Coucou. Les races de Padoue et Hollandaise présentent toutes deux des formes naines correspondantes. 2° Races possédant à la fois une huppe ou un épi, et une crête. RACE DE LA FLÈCHE. — Cette race tire son nom de la localité où elle a été sélectionnée et fixée. Dans sa généalogie se retrouvent la Padoue, la Crève- cœur, la Barbézieux. Elle a pour caractères : une crête représentée par deux petites cornes sur les cotés de la tête, réunies à la base par un troisième lobe médian, plus petit, s'avançant jusque sur le bec; un épi de petites plumes redressées sur le sommet de la tête; des oreillons blancs très développés, des joues rouges et nues, des margeolles très longues; une tète et un bec relativement forts; une queue movenne recourbée en un élégant panache; des tarses épais, d'un gris foncé. C'est une race de forte taille, atteignant, chez le Coq, le poids de G kilogrammes. Son plumage est entièrement noir, à reflets verts et violets. Les Poules de La Flèche sont de bonnes pondeuses et de médiocres cou- veuses. La qualité qui les fait rechercher est leur tendance à l'engraissement sous l'influence d'un régime convenable. Depuis très longtemps les éleveurs de la Sarthe ont orienté leurs efforts de perfectionnement d'après cette précieuse qualité; ils sont arrivés ainsi à obtenir une race dont la chair est extrêmement fine, blanche et savoureuse, mais dont l'élevage demande quelques précau- tions. On n'a cherché à créer, dans la race de La Flèche, qu'une seule variété : celle qui est dépourvue d'épi. RACE DE CRÈVECŒUR. — La race de Crèvecœur, dont le nom rappelle celui d'une petite localité du Calvados, est abondamment répandue dans toute la Normandie et en Angleterre. Elle a pour caractères essentiels : une huppe très développée coexistant avec une crête bicorne à la base du bec. C'est une race d'assez forte taille et bien proportionnée. Elle a la tête assez forte, les joues recouvertes de favoris, les oreillons rouges, en partie cachés par les plumes, le bec droit, généralement noir; les margeolles de longueur moyenne, un corps massif, une queue bien développée, des tarses forts et noirs. Son plumage est entièrement noir, à reflets verts, mais on trouve une sous- [124] LES GALLINACÉS. "72 race ardoisée et une autre blanclie passant au roussàtre avec. l'âge et sous l'in- fluence du soleil. La Poule de Crèvccœur donne de gros œufs; elle est assez bonne pondeuse, mais mauvaise couveuse. Elle aime à parcourir les prairies, les vergers. Néanmoins elle engraisse faci- lement et sa chair est très appréciée. RACE DE CAUMONT OU DE PAVILLY. — Certains auteurs considèrent cette race comme une simple variété de la Crèvecœur dont elle a les qualités et les défauts. C'est aussi à simple titre de variété qu'il faut citer les sous-races de Merle- rault et de Caux, celle-ci étant le produit non encore fixé d'un croisement entre la race de La Flèche et la Crèvecœur. RACE FAISANE. — Elle parait résulter du croisement des trois races : Crève- cœur, Hambourg et Bréda. Elle a le plumage de la Hambourg, la crête et la barbe de la Crèvecœur. RACES A TARSES EMPLUMÉS RACE DE BRÉDA. — La race de Bréda est, pour les uns, originaire de la Belgique et de la Hollande, pour d'autres de l'Amérique. On la nomme aussi race à bec de Corneille en raison de la forme de cet organe. Sa crête, rudimentaire, est représentée par une petite capsule cornée située à la base du bec. Sa huppe est formée d'une petite touffe de plumes rigides, sur le sommet de la tète. Ses tarses, emplumés dans les deux sexes, sont bleuâtres. La seule qualité remarquable de cette race est son aptitude a l'engraisse- ment. Race de Gueldre. — Considérée par certains auteurs comme une variété de la Bréda, et par d'autres comme une race distincte, elle se fait remarquer par son plumage coucou. Race Ptarmican. — De formes élancées, la race Ptarmigana des caractères analogues à ceux de la Bréda, c'est une race de fantaisie. vil' CiROLPE. — TYPE I- AVKROI.I.ES ET HOLDAN RACES UROPYGIDÉES PENTADACTYLES RACE DE DORKINQ. — La racedeDorking a été créée en Angleterre vers la tin du xYur siècle. Son nom rappelle celui d'un bourg du comte de Surrey. Elle a été particulièrement sélectionnée en vue de la production de la chair, comme l'indiquent son corps volumineux, sa poitrine large, à plastron proé- minent, son dos large. Sa crête est simple, dentée, droite chez le Coq, renversée chez la Poule ; ses joues et ses oreillons rouges, ses margeoUes bien dévelop- pées ; ses tarses nus et courts, à écailles lisses, de couleur blanc rosé, sa queue très garnie, à larges faucilles recourbées. 73 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [125] Les sous-races les plus communes sont la Grise et l'Argentée; à côté d'elles se rangent la Dorée, la Blanche, la Coucou et la Frisée. RACE DORKINQ A TÊTE FRAISÉE. — Le caractère seul de la crête permet de fonder une race distincte pour la Dorkingà tète fraisée, qui par tous ses autres caractères ne diffère pas de la Dorking a crête simple, . RACE FLAMANDE. — Répandue dans toute la Belgique et le nord de la France, la race tiamande a beaucoup d'affinités avec la Dorking et la race commune. RACE DE FAVEROLLES. — La création de la race de Faverolles remonte à une quarantaine d'années. Son nom est celui d'une petite localité du départe- ment d'Eure-et-Loir, voisine de Houdan. Elle a été obtenue par des croisements multiples entre la Houdan, la Cochin- chinoise, la Brahnia herminée et la Dorking. De son ancêtre la Houdan, elle a hérité la cravate et les cinq doigts; de la Cochinchinoise, l'allure lourde et le plumage fauve; de la Brahma herminée, le plumage clair et les tarses garnis de manchettes; de la Dorking, le plastron cou- leur saumon. Cette volaille est d'une rusticité remarquable, bonne pondeuse et bonne cou- veuse. Son développement est très rapide; elle permet d'avoir des poulets qui, engraissés à quatre mois, arrivent à peser de 2 à3 kilogrammes. RACE DE HOUDAN. — La renommée de cette race ne date que d'une tren- taine d'années. Sa généalogie n'a jamais été nettement établie; on sait seulement que les premiers sujets de race pure furent obtenus par un habile aviculteur de Saint-Côme, petit hameau de Seine-et-Oise, voisin de Houdan. L'élevage prit rapidement une grande extension dans toute la contrée, et cette précieuse volaille se répandit un peu partout. Elle fut l'objet d'intéressants rapports au Congrès ornithologique de iqoo, par MM. G. Marois et J. Philippe; nous empruntons à ce dernier auteur le passage suivant : « ... C'est une volaille vive, alerte, toujours en mouvement, très élégante de plumage, de formes et d'allures. « Les signes distinctifs de la race pure sont un plumage caillouté blanc et noir par moitié, irrégulièrement marqué, sans trace de jaune ni de gris, sans liséré d'aucune sorte ; une huppe très fournie, ronde comme une boule chez la Poule, et, chez le Coq, composée de plumes fines rejetées en arrière; une cravate épaisse et saillante; des oreillons blancs et courts, parfois sablés de rouge et cachés par les favoris; des barbillons de dimensions moyennes et plutôt longs chez le Coq, très courts chez la Poule : la crête du Coq présente deux lobes affectant la forme vague de deux feuilles de chêne irrégulièrement dentées; ils sont séparés par un lobe beaucoup plus court, droit, et dont la partie antérieure PI. XXXV. — La Poule domestique et ses poussins (texte, p. 128). La vie des ani.maux illustrée. IV. — lO [126] LES GALLINACÉS. 74 s'avance légèrement sur le bec; la Poule n'otlVe qu'une crête rudimentaire en forme de petit papillon. « Dans les deux sexes, les pattes sont fortes, courtes, roses, avec des taches légèrement grises ou marbrées, sans plumes ; elles portent cinq doigts, trois antérieurs et deux postérieurs bien distincts, bien détachés. « Chez le Coq, le port de la tète est fier; l'œil est vif et l'ensemble de la physionomie a un air légèrement agressif; la Poule, au contraire, a les appa- rences d'une bonne bête, bien débonnaire, mais il ne faudrait pas trop s'y fier. « La Houdan, malgré sa grosseur et la huppe qui lui cache presque les yeux, est une volaille très active; elle aime à vagabonder; aussi lui faut-il de grands espaces où elle se charge de trouver, du reste, une partie de sa nourriture. Il est difficile, sinon impossible, de la maintenir en parquet, et l'on calcule qu'un minimum de lo mètres carrés par tête lui est nécessaire si l'on ne peut lui donner son entière liberté; dans ce cas elle exige des rations plus abondantes qu'aucune autre espèce de Poule, même de taille supérieure; elle est vorace, mais tout ce qu'on lui donne lui profite; avec elle, rien de perdu et l'on retrouve, payée avec usure en œufs et en viande, la valeur des aliments qu'elle a consommés. « Cette race n'est pas couveuse, il est excessivement rare qu'elle demande à entrer en incubation; dans notre région, pour suppléer à cette fonction natu- relle qui manque à notre Poule, nous avons recours aux couveuses et aux éleveuses artificielles. Grâce à ces appareils, portés dès à présent, comme chacun sait, à un point proche de la perfection, il nous est possible de faire éclore en tout temps, en toute saison et en aussi grand nombre que nous le désirons, les poussins dont nous avons besoin pour alimenter en volailles les marchés qui absorbent toute notre production. « Pondeuse de premier ordre, la Houdan donne par an de i25à i8o œufs du poids moyen de 65 grammes ; elle ne suspend guère sa ponte qu'à la mue et pendant les très mauvais temps. « Les Poulettes nées enfévrierproduisent leurs premiers a'ufs en août; celles écloses en avril commencent à pondre en octobre, et, bien soignées, continuent une bonne partie de l'hiver. «Les poussins sont d'une rusticité exceptionnelle; ils naissent revêtus d'un duvet blanc et noir; leur développement est très rapide, et ils prennent leurs premières plumes sans se ressentir presque de cette espèce de crise qui, à ce moment, chez les autres races, emporte tant de petits Poulets. « Comme précocité, la Poule qui nous occupe ne le cède à aucune autre; à trois mois, si elle a été bien préparée, c'est-à-dire si elle n'a souffert ni de la faim, ni du froid, on peut la mettre à l'engraissement; elle pèse alors de 1200 à i3oo grammes; trois semaines de gavage à la farine d'orge, malaxée avec du lait caillé, la porteront au poids de 1760 à 1800 grammes. «On se sert, en général, pour forcer l'engraissement, de machines appelées gaj'eiises, qui simplifient le travail et le rendent beaucoup plus rapide et plus régulier. (' Dans notre région de Houdan, la race qui en a pris le nom prospère à 75 LES COQS ET LES POULES DOMESTIQUES. [127] souhait sur un sol calcaire, dans un climat sec et tempéré : c'est proprement son terrain d'élection; elle ne peut se maintenir sur aucun autre; les terrains argi- leux, humides, lui sont néfastes ; elle y contracte le plus facilement du monde diverses maladies, le coryza entre autres, et surtout des abcès aux pattes; mais il va sans dire, et l'expérience en a été faite cent fois, que partout où on peut l'établir dans les conditions requises, ses qualités se conservent égales à celles qu'elle possède en son lieu d'origine. « C'est sur les territoires de Houdan, de Dreux et de Nogent-le-Roi que se pratique principalement l'élevage de la race dont nous nous entretenons ; les soins qu'on lui donne ne dilîèrent pas sensiblement de ceux que réclament les autres races exploitées avec intelligence et méthode. « ... Dans les fermes où l'on s'occupe spécialement du commerce des œufs, c'est à la Houdan pure que l'on donne la préférence; mais maintenant, partout où l'on exploite le Poulet gras, c'est à la Faverolles qu'on s'adresse. » RACE SULTANE. — Cette race, originaire de la Turquie, se rapproche beaucoup de la variété Padoue blanche. Ses formes et son plumage sont très décoratifs; c'est une race de luxe d'un caractère très familier. RACE NÈQRE. — Parmi les races de fantaisie les plus remarquables par leur originalité, la race nègre tient une des premières places. Elle est de petite taille; son plumage, entièrement blanc, est formé de longues plumes soyeuses ; elle a la crête, les joues, les barbillons d'un violet noirâtre, les oreillons bleuâtres; lapeau et les os noirs. La forme de sa crête est très-curieuse; celle-ci est aplatie, fraisée, aussi large que longue, et forme une sorte de cou- ronne au-dessus de la base du bec ; une petite huppe dirigée en arrière lui fait suite. La race nègre a un autre intérêt que ses curieuses particularités : la douceur de son caractère et son aptitude à l'incubation la font rechercher pour l'élevage des faisandeaux et des poussins de races naines. Vin- OROI'PE.— RACES SANS CROUPION RACE DE WALLIKIKI [Rumplessdes Anglais). — Cette race a pour caractères essentiels : l'absence complète des vertèbres coccygienncs, et par conséquent l'absence de la région du croupion et de la queue. La tête, assez forte, porte une crête lisse, sans dentelures, et un épi. Le corps est ramassé, trapu; les tarses fins, d'un gris brun, munis d'éperons très développés. Les joues sont rouges et nues, les oreillons blancs. Le plumage offre plusieurs variétés : Blanche, Noire, Dorée, Argentée, Coucou, Pile, F'errugineuse, Ardoisée. L'origine de cette race est très discutée. Elle était connue d'Aldrovande qui la décrivit en 1645 sous le nom de Coq de Perse. Plusieurs auteurs lui ayant [128] LES GALLINACÉS. 76 attribué une origine ceylanaise, M. La3fard fit remarquer que les races sans queue existaient bien à Ceylan à l'état domestique, mais non à l'état sauvage, et que Wallikiki ou mieux IVallikikilli, qui signifie Coq des bois, ne se rap- porte pas à la volaille que nous désignons sous ce nom en Europe, laquelle est désignée à Ceylan sous le nom de Choki-Kukullo ou Poule de Cochinchine. D'autre part, une race sans queue ni croupion est connue depuis très long- temps dans le nord de l'Europe et ne paraît pas avoir été importée d'Asie. Il semble donc que l'on puisse considérer les races sans croupion comme des cas tératologiques héréditairement fixés par la sélection, et pouvant apparaître dans des races diverses : c'était l'avis de Darwin, c'est aussi celui de Tegetmeier. La Wallikil<:i dont il est ici question a des allures vives, des mœurs vaga- bondes. Elle prospère très bien dans les fermes isolées, voisines des grandes forêts. Mais une entrave à sa reproduction est la difficulté qu'éprouve le Coq à cocher sa Poule; il ne peut se maintenir en équilibre sur elle en raison de l'absence de croupion, et la fécondation est souvent le fait du hasard. RACE SABOT. — On désigne sous ce nom une forme réduite et plus ramassée de la Wallikilso- pliloii thibétain. LES ARGUS Caractères. — Les Argus ont pour caractère essentiel le développement con- sidérable des plumes du bras par rapport à celui des rémiges primaires. Leur queue, formée de douze rectrices, acquiert aussi un développement énorme. Ils présentent encore comme particularités remarquables, une dénudation presque complète des joues et de la partie antérieure du cou, et un plumage ocellé qui leur donne une certaine ressemblance avec les Paons. PI. XXXVII. — Le Faisan versicolore (texte, p. i36). PI. XX.WIU. — Le Kaisan de Mongolie (texte, p. iS/). 89 LES ARGUS. 141i L'ARGUS GÉANT {Argus gigaiilciis). — ■ Caractères. — Le plumage de l'Argus géant est remarquable moins par la vivacité des teintes que par l'élégance du dessin, dont aucune description ne pourrait donner une idée exacte. Le fond du plumage est forméde teintes ocreu- ses, rousses et brunes, réparties d'une façon très variée, et semées de points, de raies, ^ de taches, tantôt plus foncées, tantôt plus claires. Les longues plumes des ailes portent chacune une rangée de grandes taches ocellées brillantes encadrées d'un cercle foncé doublé d'un li- séré clair. La taille de cet Oi- K^i-'.-iMY -'-s. L' .Argus gOant. seau est de i°',8o à 2 mètres, dont i^.So pour la queue. La femelle est de plus petite taille, son plumage est beaucoup plus simple. Habitat. — L'Argus géant habite les îles de la Malaisie. Mœurs. — Il se tient dans les épaisses forêts des régions montagneuses. Sa nourriture consiste en Insectes, Limaces, Vers, bourgeons et graines diverses. La vie des ANIMALX ILIL'STBÉE. IV. I I [142] LES GALLINACÉS. 90 Ses mœurs sont polygames comme celles des Faisans. C'est à l'époque des amours que les mâles se montrent dans toute leur beauté; ils se promènent fièrement, les ailes entr'ouvertes et traînant à terre, et ils font entendre alors des cris singuliers, ronflants, pour appeler leurs femelles. LES ÉPERONNIERS OU POLYPLECTRONS. — On donne ce nom à quelques espèces originaires de l'Inde, cl qui établissent une transition entre les Argus et les Paons. Leur principal caractère réside dans la présence aux tarses, de deu.x à si.x ergots ou éperoJis\ ils portent aussi sur la tète une huppe de plumes minces, effilées, et leur plumage est ocellé. Le ChtJiquis {Polyplectron chiiiquis) ou Paon du lliibet est une des plus belles espèces ; on le voit souvent figurer dans les grands jardins zoologiques. LES PAONS Caractères. — Les Paons se distinguent de tous les autres Gallinacés par une particularité très caractéristique : leurs plumes sus-caudales sont très développées, à barbes lâches, soyeuses ; elles sont constellées de taches ocellées et peuvent se redresser pour s'étaler en roue. Les Paons sont les plus gros des Gallinacés : ils ont un bec épais, recourbé, une tête petite, surmontée d'une aigrette ou d'un épi, un cou allongé; des tarses moyens munis d'ergots peu développés, des ailes courtes. Habitat. — Ce genre n'est représenté que par deux espèces du sud de l'Asie, et qui ont toutes deux les mêmes mœurs. LE PAON VULGAIRE [Pavo cristatus). — Caractères. — Le Paon vulgaire a la tête, le cou, la poitrine et la partie inférieure du corps d'un beau bleu foncé à reflets verts; le sommet de la tête marqué d'une tache noire, l'œil sur- monté de deux petites bandes blanches; le dos d'un vert bronzé, chaque plume étant bordée de noir; les rémiges primaires d'une teinte chamois foncé, les secondaires d'un brun noirâtre à reflets bleus, les plumes de la queue d'un vert bronzé et semées de taches ocellées noires encadrées de vert. Chez cette espèce, les plumes de la huppe ne portent de barbes qu'à leur extrémité. La Paonne a la tête et le haut du cou bruns, l'aigrette moins développée, la partie inférieure du corps variée de blanc, les rémiges brunes, les plumes de la queue dépourvues d'ocelles et moins longues que chez le mâle. Habitat. — Le Paon vulgaire est originaire des Indes et de Ceyian, on l'y trouve encore à l'état sauvage. LE PAON SPICIFÈRE {Pai'o mutkiis). — Caractères. — Le Paon spicifère surpasse en taille et en beauté le Paon vulgaire. Il a la tête, le cou et la huppe 91 LES PAONS. [143] d'un vert foncé à reflets bleus; la poitrine d'un vert bleu à reflets métalliques dorés, le ventre vert bleu foncé; le dos d'une teinte cuivrée brillante, variée de vert et de brun clair; les rémiges primaires d'une teinte chamois, les secon- daires noires à reflets bleus; les couvertures des ailes d'un vert foncé, les grandes plumes de la queue semblables à celles du Paon vulgaire, mais avec des couleurs plus éclatantes. La Paonne a un plumage presque identique à celui du mâle, mais sa queue est moins longue. Habitat. — Cette espèce est originaire des îles de la Sonde. Mœurs. — Les Paons habitent les jungles, les forêts des régions monta- gneuses ; ils recherchent de préfé- rence les régions où le sol est couvert de buissons épais, de hautes herbes, et où l'eau est en abondance. Ils ne craignent pas de s'aventurer dans les plantations où ils se sentent suffisamment cachés. -»*»•,'• Le Paon spicifère. Dans plusieurs parties de l'Inde, ils sont considérés comme des Oiseaux sacrés et inviolables. Aussi se sont-ils multipliés abondamment et ne témoi- gnent-ils aucune défiance envers les Hindous. Leurs plus grands ennemis sont les Tigres et les Chiens. C'est lorsqu'ils sont perchés que ces Oiseaux se montrent dans toute leur splendeur, et on s'imagine facilement quel joli spectacle ils offrent à la vue de l'Européen qui rencontre une de leurs bandes. Leur vol est lourd et bruyant; quand ils sont poursuivis, ils cherchent d'abord leur salut dans la course et ne prennent leur volée que quand ils ont gagné une certaine avance. Le régime des Paons est celui des Gallinacés en général; ces Oiseaux man- gent des baies, des graines, des jeunes pousses, des Insectes et quelquefois de petits animaux, notamment des Serpents. La reproduction a lieu, soit au printemps, soit après la saison des pluies, suivant les régions. Le nid du Paon est établi sur quelque lieu élevé, sous un buisson, dans la [144] - LES GALLINACÉS. 92 forêt. Il est compose de quelques ramilles, de feuilles sèches, le tout grossière- ment assemblé. La ponte est d'une dizaine d'œufs environ, que la femelle couve avec ardeur. Chasse. — Le Paon sauvage est un gibier peu recherché. Sa chasse n'offre d'ailleurs aucun intérêt, cet Oiseau sans défiance se laissant facilement tirer ou prendre dans les pièges les plus simples. Captivité. — On ne sait à quelle époque le Paon vulgaire fut introduit en Europe. Alexandre le Grand ne le connaissait pas comme Oiseau domestique, puisque l'Histoire nous apprend qu'il fut saisi d'ctonnement quand il l'aperçut pour la première fois dans sa campagne des Indes; elle nous dit aussi qu'il en apporta plusieurs individus en Europe. En Grèce, on les montrait pour de l'argent, comme on exhibe aujourd'hui des bêtes rares ou intéressantes. Dans l'Empire romain, le Paon joua aussi un grand rôle; Vitellius et Hélio- gabale servaient à leurs convives des plats énormes de langues et de cervelles de Paon, assaisonnées avec les épices des Indes les plus chères. Le Paon était encore rare en Europe au xv" siècle. Les barons anglais, pour donner des preuves de leur richesse, le faisaient servir rôti et orné de ses plumes, dans les festins d'apparat. Bien que sa chair passât à cette époque pour se conserver presque indé- finiment, il est probable que ce plat luxueux n'était présenté que pour le plaisir des yeux. Le Paon est un des Oiseaux qui ait le moins varié sous l'influence de la domesticité. Cela tient probablement, comme l'a montré Darwin, à ce qu'il est rarement élevé en nombreux troupeaux et que, de cette façon, la sélection n'a pas les mêmes facilités pour répandre et perpétuer les variétés anormales. Une race assez distincte paraît avoir été obtenue sous l'influence de la domes- tication, c'est le Paon dit à épaules noires. Il apparut brusquement en .Angle- terre au milieu d'un troupeau de Paons vulgaires blancs et pies. La race blanche, très appréciée pour sa beauté et sa rareté, n'est aussi qu'une variété accidentelle. Élevage. — L'Histoire nous renseigne fort peu sur les premiers essais d'éle- vage des Paons. « On ne sait au juste, dit Remy Saint-Loup, à quelle époque l'élevage des Paons fut essayé dans les pays de l'Europe moyenne et septentrionale. Cepen- dant, Olaiis Magnus, archevêque d'Upsal (i35o), dit que pour leur beauté et leur excellence on en élève un grand nombre en Suède. « Un nommé Jean Bruyer rapporte aussi qu'en Normandie, aux environs de Lisieux, on nourrissait de son temps des troupeaux de Paons, dont les proprié- taires tiraient un bon revenu, en les vendant à des poulaillers, qui les portaient dans les grandes villes pour les festins de noces et pour les repas somptueux des grands seigneurs. « Ces beaux Oiseaux ont été portés dans tout le monde, et on en peut trouver aussi bien dans l'Amérique que dans l'Asie et l'Europe et l'Afrique. Il y a des 93 LES DINDONS. [145] nations qui les ont particuliùicnient protégés, il y en a d'autres qui n'en ont pas voulu sur leur territoire. Si les Hindous les considèrent depuis fort long- temps comme des Oiseaux sacres que les prêtres doivent soigner et qu'il est défendu de tirer, il s'est trouvé que les Suisses, à une certaine époque, se sont appliqués a les détruire, et cela, dit Buffon, en haine des ducs d'Autriche contre lesquels ils s'étaient révoltés et dont l'écu avait une queue de Paon pour cimier. » Le Paon s'est très facilement acclimaté dans noire pays; il s'y reproduit à volonté, mais il ne peut être considéré que comme un Oiseau de luxe. Dans la basse-cour, il se rend désagréable, non seulement par ses cris, mais par son caractère querelleur. Il aime à faire de fréquentes incursions dans les jardins et les potagers qu'il dévaste. Aussi est-on parfois obligé de l'enfermer en volière, ce qui nécessite de vastes emplacements. La nourriture des Paons est à peu près la même que celle des Dindons. LES DINDONS OU MÉLÉAQRIDÉS Caractères. — Les Gallinacés de la famille des Méléagridés ont pour carac- sères: un cou dénudé couvert de papilles verruqueuses vivement colorées ; une caroncule charnue, pendante mais érectile, située à la base de la mandibule tupérieure; un bouquet de crins au milieu du thorax, chez les mâles; enfin, la faculté de relever et d'étaler la queue en éventail comme le font les Paons. Habitat. — Un seul genre, originaire de l'Amérique du Nord, représente cette famille. LES DINDONS Caractères. — Aux caractères de famille décrits plus haut, on peut ajouter que les Dindons sont des Oiseaux de forte taille, a\'ant un bec court et fort, à arête bombée; des tarses élevés; des doigts longs; des ailes arrondies, obtuses; une queue arrondie formée de dix-huit rectrices pouvant se développer en éventail, un plumage dur, abondant, à reflets métalliques. LE DINDON VULGAIRE [Meleagris gallopavo). —Caractères. — Le Dindon sauvage ou Dindon sauvage d'Amérique mesure jusqu'à i"',3o d'envergure. Son plumage est entièrement d'un brun métallique, avec les couvertures de la queue rayées de vert et de noir, les rectrices moirées, rayées et finement ponctuées de noir; la peau dénudée du cou est bleue, les barbillons rouges, ainsi que les pattes. La femelle se distingue du mâle par des caroncules et des plumes caudales moins développées; les sujets âgés seuls portent à la poitrine la touffe de crins caractéristique. Habitat, — Le Dindon sauvage d'Amérique, autrefois très répandu dans toute l'Amérique du Nord, tend ii devenir de plus en plus rare dans les limites de ri4(>] LES GALLINACÉS. 04 son aire de disperaion qui sont : au nord, le Canada: au sud, le Texas et la Floride; à l'ouest, les confins des grandes plaines des États-Unis. Mœurs. — C'est un habitant des grandes forêts; on le rencontre aussi bien dans les régions humides et marécageuses qui bordent les grandes rivières, que dans les régions montagneuses. Il est partout sédentaire. Avant les chasses acharnées qu'on lui a faites, il se montrait d'un naturel peu farouche, et il ne s'envolait même pas devant l'homme. Mais de nos jours, il est devenu l'un des gibiers les plus difficiles à approcher. Ses moeurs sont polygames; il vit en sociétés de trois à vingt individus. Son cri est un glougloutement exactement semblable à celui des Dindons domestiques de nos basses-cours. Il se nourrit des fruits du châtaignier, du hêtre, de graines et baies diverses, de Sauterelles et autres Insectes. Il meta nu les graines et les Vers en grattant la terre au pied des arbres. Dès le mois de février, commence l'époque des amours, qui dure environ trois mois. Les allures de cet Oiseau sont à ce moment intéressantes à observer, et elles ont été fort bien décrites par Audubon : « Les femelles, dit cet auteur, se séparent et s'envolent loin des mâles, qui les poursuivent avec persévérance. Les deux sexes se perchent à part, mais à peu de distance l'un de l'autre. Quand la femelle fait entendre un cri d'appel, tous les mâles lui répondent par des sons répétés avec rapidité. Si le cri de la femelle est venu de terre, les mâles s'y élancent aussitôt, puis, à peine l'ont-ils touchée, qu'on les voit épanouir et redresser leur queue, porter la tête en arrière jusque sur leurs épaules, abaisser leurs ailes avec une secousse convulsive, et, marchant avec une gravité solennelle, repoussant l'air de leur poitrine par des secousses rapides, ils s'arrêtent d'espace en espace pour écouter et pour regarder; et ils continuent ces mouvements, soit qu'ils aient ou non aperçu la femelle. Dans ces moments, il arrive souvent que les mâles se rencontrent, et alors ils se livrent des combats acharnés qui se terminent par des blessures, souvent même par la mort des plus faibles, qui succombent sous les coups multipliés que les vainqueurs leur portent à la tête. « J'ai plusieurs fois assisté au spectacle de deux mâles qui, tantôt avançant, tantôt reculant, suivant qu'ils avaient repris ou perdu l'avantage, les ailes tom- bantes, la queue à demi relevée, les plumes en désordre et la tête sanglante, se livraient à une lutte des plus violentes. Si, au milieu du combat, l'un desdeu.x, pour respirer, cède et lâche prise, il est perdu : car l'autre, le poursuivant avec énergie, le frappe violemment des ongles et de l'aile, et réussit en peu de minutes à le renverser à terre. «Vers le milieu d'avril, quand la saison est sèche, les Poules s'occupent à chercher une place pour déposer leurs œufs. » Le nid, composé seulement de quelques feuilles sèches, repose par terre, dans un trou que la lemelle creuse au pied d'une souche, ou dans la cime tombée de quelque arbre à feuilles mortes; quelquefois sous un buisson de sumac et de ronces; ou bien entîn, au bord d'un champ de cannes, mais toujours en place sèche. Les œufs, couleur de crème brouillée, pointillés de roux, sont rarement 95 LES DINDONS. [147] au nombre de vingt. Il y en a plus souvent de dix à quinze ; quand la Poule va pondre, elle s'approche toujours de son nid avec une extrême pre'caution, presque jamais deux fois de suite par le même chemin, et avant de quitter ses œufs, elle n'oublie pas de les couvrir de feuilles; de sorte qu'on peut bien voir l'Oiseau, mais qu'il est très diffi- cile de mettre la main sur le nid. De fait, on en trouve peu, à moins qu'on n'en fasse partir la femelle à l'impro- viste, ou qu'un Lynx à l'œil perçant, un Re- nard ou une Corneille, après avoir sucé les œufs, n'en aient disper- sé les coquilles aux en- virons. » Les jeunes croissent très vite. Au bout d'une quinzaine de jours, ils peuvent s'envoler sur les basses branches des arbres pour y passer la nuit sous l'aile ma- ternelle. Le jour, ils quittent les bois et s'ap- u.'-<^. prochent des clairières, où ils trouvent en abon- dance des baies, des mûres et des Insectes. Outre l'homme, les Dindons ont de nombreux ennemis, dont les plus dangereux sont les Lynx, qui viennent dévaster les nids, dévorer les jeunes ou sucer les œufs, et les grands Hiboux, qui les assaillent pendant leur sommeil. Chasse. — • Sous l'influence des chasses meurtrières qu'on leur a faites, les Dindons sauvages sont devenus extrêmement difficiles à approcher. Mais l'habi- tude qu'ils ont de gratter la terre pour chercher leur nourriture, décèle souvent leur présence et permet de les surprendre au fourré. L'hiver, par les temps de neige, ils restent engourdis sur les branches des arbres, et sont alors faciles à tirer. Le Dindon sauvage du Mexique. LE DINDON SAUVAGE DU MEXIQUE [Meleagris gallopavo me.xicana). — Caractères. — Le Dindon sauvage du Mexique est tellement semblable au Dindon vulgaire d'Amérique que la plupart des auteurs le considèrent comme une variété locale de ce dernier. Il s'en distingue surtout par les plumes de la [148] LES GALLINACÉS. 00 queue qui sont pointillées de blanc, et par les rémiges primaires qui sont cou- pc'es par des barres mêlées de noir, de brun et de blanc. II semble aussi qu'il puisse atteindre une plus grande taille. Habitat. — Mœurs. — Sa patrie est, comme son nom l'indique, le Mexique. Darwin et Tegetmeicr l'ont considéré comme la souche des Dindons domes- tiques actuels. Ses mœurs sont exactement les mêmes que celles du Dindon vulgaire. LE DINDON OCELLÉ .Mcleai^ris ocellata). — Cette espèce vit à l'état sauvage dans le Honduras, le Guatéléma et le Yucatûn. Elle se fait remarquer par le peu de développement des caroncules charnues du bec, l'absence de poils rigides à la poitrine, et surtout par son plumage à reflets éclatants d'un beau vert bionzé. La queue présente, sur chaque plume, des barres noires et dorées, disposées en forme d'ocelles, d'où le nom donné a cet Oiseau. Le Dindon ocellé n'a point été domestiqué, on a môme rarement l'occasion de le voir dans les grands jardins zoologiques de l'Europe. LES DINDONS DOMESTIQUES Les Dindons domestiques, répandus aujourd'hui dans le monde entier, des- cendent vraisemblablement du Dindon sauvage du Mexique. La domestication n'a apporté que peu de variations dans les caractères de l'espèce primitive. La taille s'est abaissée, le plumage a montré accidentellement une tendance à l'al- binisme et, fait remarquable, la fécondité a diminué. Les éleveurs se sont, d'ailleurs, peu attachés à la création de races améliorées en vue de la production de la chair et des œufs ; les uns n'ont eu en vue que la fixation de certaines particularités du plumage, d'autres ont essayé d'accroître la taille et le poids de leurs élèves. C'est en Sologne que l'élevage et l'engraissement des Dindons a été le mieux pratiqué; on est arrivé à produire des Dindonneaux qui, engraissés à partir de l'âge de huit mois, pèsent de 9 à 12 kilogrammes. Les variétés basées uniquement sur la couleur du plumage sont : la Blanche, la Grise, la Rouge, la Jaspée, la Bronzée, l'Ardoisée et la Noire. La variété Bronzée (*) est actuellement, de toutes, la plus estimée. Son plumage est à peu près le même que celui du Dindon mexicain, mais les amateurs appré- cient particulièrement les sujets qui ont le corps à la fois élancé et volumi- neux, la poitrine et le dos larges; les caroncules et les verrucosités du cou d'un rouge vif, le dos, la poitrine d'un bronzé brillant, chaque plume se ter- minant par une étroite bande noire, les couvertures des ailes semblables à celles du dos, mais formant par leur ensemble deux larges masses noires très brillantes; les rémiges, d'un brun sombre, régulièrement teintées de barres blanches ou grises. Ci PI. XXXIX. — Les Dindons bronzés. «.)7 LES PINTADES. [149 Les Dindons bronzes atteignent des poids énormes : on en a vu peser jusqu'à iq kilogrammes; mais il est probable que c'est au détriment de la délicatesse de la chair, car, à ce dernier point de vue, les petits Dindons noirs de Norfolk sont les plus appréciés. Parmi les rares variétés accidentelles dignes d'intérêt, il faut rappeler celle qui présente une huppe. Cette particularité aurait pu, si elle avait été cultivée, être l'origine d'une race nouvelle fort intéressante, démontrant d'une façon irré- futable comment un caractère anormal apparaissant accidentellement peut, sous l'influence de la sélection, se transmettre héréditairement et donner lieu à une race nouvelle. Le croisement du Dindon avec la Poule ordinaire et avec la Pintade a pro- duit des hybrides très curieux présentant des caractères de l'un et de l'autre ascendant. LES PINTADES OU NUMIDIDÉS Caractères. — Les Numididés ont un corps ramassé, un bec fort et crochu, des ailes courtes, une queue moyenne, mais des sus-caudales très longues; des tarses moyens, dépourvus d'éperons chez quelques espèces, des doigts courts; leur tète porte des ornements variés, huppe, cimier, appendices cornés, etc. Leur plumage, uniforme, est parsemé de taches perlées claires, et il est le même dans les deux sexes. Habitat. — Les Numididés sont originaires de l'Afrique et des îles avoisi- nantes, INLadagascar, la Réunion, mais quelques individus domestiqués trans- portés en Amérique \- ont trouvé un climat tellement favorable qu'ils ont pu se multiplier et retournera l'état sauvage. La famille des Numididés ne comprend qu'un seul genre. LES PINTADES Les différentes espèces de Pintades présentent entre elles tant de rapports communs que l'on peut les réunir en un seul genre dont les caractères ne sont autres que ceux décrits plus haut. Toutes ont les mêmes mœurs. LA PINTADE VAUTOUR {Numida ridlurina). — Caractères. — La Pintade vulturine ou Pintade royale est de la taille d'une grosse Poule. Elle a la tête recouverte d'une peau nue, ridée, d'une couleur bleuâtre, parsemée de quelques plumes courtes, soyeuses, le camail formé de plumes bleues à nervure blanche, effilées, recouvrant comme d'une pèlerine le devant de la poitrine et une partie du dos. Le reste du plumage est formé de plumes d'un gris bleuté, parse- mées de points blancs; les tarses sont gris, sans ergots, l'œil gris chez les jeunes, grenat chez les adultes. tiabitat. — Cette espèce habite la côte nord-est de l'Afrique. Mœurs. — Elle recherche, comme ses congénères, les localités couvertes de [150J LES GALLINACÉS. !I8 buissons et de taillis laissant entre eux des espaces nus, les steppes, les versants peu escarpés des montagnes, les forets d"Euphorbiacées arborescentes, les mon- tagnes ravinées et sauvages, mais où pousse une végétation luxuriante. « Les Pintades, dit lîrehm, fuient l'homme. Elles sont moins prudentes que craintives; dans tout animal de grande taille elles voient un ennemi. Un trou- peau de Hœufs les effraye, la vue d'un Chien les met complètement hors d'elles, La Pintade vautour ou rovale. celle d'un homme les surexcite au dernier point. Il n'est donc pas facile d'observer leurs allures; dans tous les cas, on ne le peut qu'à la condition de les approcher avec mille précautions. Lors- que l'on a entendu le cri d'une compagnie, il faut s'avancer dans sa direction, dans le plus grand silence, et l'on peut alors voir les Pintades franchissant une clairière, courant au milieu des rochers, passant au travers des buissons. Comme les Indiens dans leurs excursions belliqueuses, ces Oiseaux se suivent en lon- gues files, un à un, et ce que l'un fait, les autres le répètent. Il est très rare de rencontrer un couple isolé; des familles de quinze à vingt individus s'observent plus fréquemment; mais, le plus souvent, on voit des compagnies formées de six à huit familles. L'union la plus intime règne au sein des familles comme des compagnies, car la Pintade a des instincts sociaux très développés. L'ne de ces compagnies est-elle effrayée, elle se divise par familles, qui se divisent à leur tour; chacun des individus qui la composent ne s'inquiète que de lui-même, chacun s'enfuit, courant ou volant, vers la retraite la plus proche; mais dès que le danger s'est un peu éloigné, les mâles font retentir leur voix, et toutes accou- 99 LES PINTADES. [151] rent à ces cris. Ce n'est que là où les Pintades sont beaucoup chassées, qu'elles s'envolent lorsqu'on les eftVa\e ; partout ailleurs, elles cherchent aussi longtemps qu'elles peuvent leur salut dans la course. Souvent elles courent plusieurs minutes devant le chasseur, avant de s'envoler, mais en se tenant toujours hors de la portée d'un fusil chargé de plomb. Elles savent, en outre, habilement profiter de chaque bloc de roche, de chaque buisson, pour se dissimuler. Un vieux mâle conduit la bande. Toujours en avant, c'est lui qui indique la ligne de retraite, qui donne le signal du départ. » Les Pintades passent la nuit sur des lieux élevés où elles se savent en sûreté, soit sur les branches des grands arbres, le long des cours d'eau, soit sur des rochers escarpés, inaccessibles aux animaux carnassiers. Leur régime varie suivant les localités et les saisons. Dans la saison des pluies, elles se nourrissent principalement d'Lisectes. Plus tard, elles mangent des baies, des graines, des bourgeons. Elles produisent d'immenses dégâts quand elles se répandent dans les plantations. En un instant, elles creusent dans la terre d'énormes trous, mettent les graines à nu, et les mangent. La reproduction a lieu au printemps de leur pays. La monogamie est la règle. La femelle fait son nid à terre et y dépose une douzaine d'œufs. La croissance des jeunes est très rapide. Les Pintades ont de terribles ennemis dans tous les Carnassiers qui pullulent en Afrique; les Chacals et les Renards détruisent aussi un grand nombre de couvées ; les grands Rapaces leur font la chasse. Brehm trouva une Pintade dans l'estomac d'un énorme Serpent boa. Chasse. — La chasse à la Pintade n'offre d'intérêt que la capture d'un excel- lent gibier, car ces Oiseaux se laissent atteindre avec la plus grande facilité. A la vue d'un Chien, elles vont se percher sur l'arbre le plus voisin et le chas- seur peut les tirer tout à son aise. Dans les steppes du Kordofahn, on emploie d'excellents Lévriers qui les attrapent à la course. A la Jamaïque, où ces Oiseaux sont redevenus sauvages, on sème à l'endroit où ils se tiennent d'ordinaire, des grains imbibés de rhum : les Pintades avalent ces grains, s'enivrent, titubent et, incapables de s'enfuir, se laissent ramasser par le chasseur. Captivité — La Pintade vulturine fut importée de Zanzibar à Paris en 1871. Mais sa sensibilité au froid est un obstacle à sa reproduction. Les autres espèces se sont acclimatées plus facilement et peuplent aujourd'hui un grand nombre de basses-cours. LA PINTADE HUPPÉE (,i'V«;«ùYa cristata). — Cette espèce, qui se reconnaît à la huppe noire qu'elle porte sur la tête et à la présence d'éperons aux tarses, est originaire du bassin du Zambèze. De même que la Pintade vulturine, elle est peu répandue, à l'état domestique, en Europe. [152| LES GALLINACÉS. Kio LA PINTADE MITRÉE {I\'iimida milj\itai. — lOlle se fait remarquer par le grand développement des parties charnues de la tète et du cou qui forment une sorte de casque corne, conique, d'un pouce de hauteur. Son plumage est noirâtre, parsemé de taches blanches plus grandes que chez les autres espèces. LA PINTADE PTILORHYNQLIE [Niimida ptilonorhyncJia). — Appelée aussi Pintade à pinceau, ou Pintade à caroncules bleues, elle est caractérisée par la présence d'un pinceau de poils raides à la jonction de la tête et du bec, et par une collerette de plumes ébouriffées vers la base du cou. Par ses autres carac- tères, elle se rapproche beaucoup de la Pintade mitrce; elle est d'ailleurs origi- naire de l'est de l'Afrique. Les anciens la désignaient sous le nom de Poule africaine. LA PINTADE VULGAIRE 'j, OU PINTADE A CARONCULES ROUQES {Numida melea^^ris). — Caractères. — La Pintade vulgaire a la tête dénudée, surmontée d'une callosité noirâtre, conique, comprimée latéralement, et recou- vrant une éminence osseuse spéciale; les barbillons bleuâtres à la base, rouges dans le reste de leur étendue ; les joues et les oreillons blancs, le cou en partie dénudé, d'une teinte bleu cendré passant inférieurement au violet; les tarses gris brun, les doigts rouges à l'extrémité. Son plumage est parsemé de petites taches blanches sur un fond gris de plomb, mais les variétés dues à la disposition de ces taches et à la couleur plus ou moins variable du fond, sont fréquentes. Les principjles répondent aux dénominations suivantes : Blanche, Lilas, Rouge, Grise, Quadrillée, Pointillée. Elles sont le plus souvent le produit de la domestication et de la sélection artificielle. Habitat. — Elle est originaire de l'Afrique occidentale et des iles du Cap Vert. Domestiquée depuis une époque très reculée, puis abandonnée de nouveau à l'état sauvage, elle fut réintroduite en Europe par les Portugais qui créèrent pour elle le nom de Pintade, ou Poule peinte de piiilado, peint, bigarré . Mœurs. — Ses moeurs n'offrent pas de particularité spéciale qui la distingue des autres espèces. Captivité. — L'élevage de la Pintade domestique n'offre pas plus de difficultés que celui des autres Oiseaux de basse-cour. Les jeunes Pintadeaux, cependant, passent par une période critique, à l'âge de six semaines, lorsque leurs caron- cules commencent à pousser. A l'âge de sept ou huit mois, lorsqu'ils sont bien engraissés, leur chair est très délicate, elle rappelle un peu celle du Faisan des bois. Les Pintades domestiques ont une aptitude plus prononcée à la ponte que leurs congénères vivant à l'état libre. Elles fournissent une moyenne de quatre- vingts œufs par an. Ces œufs sont petits, d'une couleur jaune, tachetés de (■) PI. XL. — La Pintade vulgaire iPianclie, p. i56). 101 LES MÉGAPODIIDÉS. [153] façon assez variable; leur poids est en moyenne de do grammes, leur saveur agréable. Malheureusement ces Oiseaux ont la réputation d'être turbulents, querelleurs, leur cri est désagréable, et ils ont la fâcheuse manie d'aller déposer leurs œufs dans les cachettes les plus retirées. La Pintade donne, avec la Poule commune, le Dindon et le Paon, des hybrides qui n'ont d'autre intérêt que leur originalité. LES MEGAPODIIDES Caractères. — La famille des Mégapodiidés, dont la place dans la classifica- tion a été longtemps discutée, comprend des Oiseaux de taille moyenne, pour- vus d'un bec robuste à arête fortement convexe, de tarses forts et élevés, cou- verts de larges écailles, terminés par des doigts longs et forts, insérés tous au même niveau, armés d'ongles puissants, recourbés. Leur plumage est généra- lement de couleur sombre; les côtés de la tête et du cou sont fréquemment dénudés. Habitat. — Les Mégapodiidés habitent différentes iles de l'Océanie, notam- ment l'Australie. Ils se répartissent en quatre genres principaux : les Mégacéphales, les Leipoas, les Talégalles, les Mégapodes, qui ont été l'objet d'une remarquable monogra- phie de M. Oustalet, à laquelle nous empruntons les considérations générales suivantes sur leurs mœurs et leur genre de vie. « La plupart d'entre eux se tiennent dans les forêts humides, dans les jungles qui bordent les plages maritimes ou l'embouchure des grands fleuves ; et quelques-uns seulement préfèrent les plages arides et sablonneuses, à peine couvertes d'une végétation rabougrie. Ils se nourrissent de graines et de fruits mûrs, qu'ils ramassent sur le sol et qu'ils savent découvrir au milieu des détritus végétaux, en grattant avec leurs pattes, à la manière de nos Gallinacés domestiques. Comme ces derniers ils sont pulvérateurs, c'est-à-dire qu'ils se roulent dans la poussière pour se débarrasser de leurs parasites. Quand rien ne les inquiète, ils marchent aisément, en relevant fortement les pattes, et en faisant le gros dos, si l'on peut s'exprimer ainsi. Par la gravité de leurs allures, ils rappellent à la fois les Faisans, les Poules et les Pintades. Mais lorsqu'un danger les menace, ils cherchent à s'y soustraire soit en courant rapidement sur le sol pour chercher un refuge sous le couvert, soit en prenant lourdement leur vol vers un arbre voisin. Arrivés là, ils se croient en sûreté, et restent immo- biles, accroupis sur une branche, le cou tendu, offrant un but facile aux coups du chasseur. En picorant à droite et à gauche, ils gloussent à la manière des Poules; en outre, les mâles, quand ils se battent, ce qui leur arrive assez fré- quemment, ou lorsqu'ils sont irrités par la présence de quelque Oiseau étranger, poussent un cri de guerre, aigre et discordant. A l'état sauvage leur caractère est entièrement farouche, mais il se modifie singulièrement sous l'influence de l'homme. Ces Gallinacés, qui dans leur pays natal se tiennent constamment [154] LES GALLINACÉS. 102 cachés dans les fourrés les plus épais, s'habituent à vivre au grand jour, dans le voisinage d'autres Oiseaux; ils accourent au moindre appel et poussent la familiarité jusqu'à prendre leur nourriture dans la main de la personne chargée de leur entretien « Par leur régime, leurs allures et leur structure intime, les Mégapodes, les Talégalles et leurs alliés se rattachent donc nettement à l'ordre des Gallinacés, et, comme j'ai essayé de l'établir, ressemblent, à certains égards, aux Pintades et plus encore aux espèces américaines qui constituent la famille des Cracidés. Mais ils diffèrent essentiellement, non seulement des Hoccos et des Pénélopes, mais de tous les représentants de la classe des Oiseaux, par leur mode de repro- duction. Il est de règle en effet, parmi les Oiseaux, que les œufs soient déposés dans un nid plus ou moins artistement construit et soient couvés, tantôt par la mère seulement, tantôt par les deux parents qui tour à tour remplissent ce pénible devoir. « Tout autrement se comportent les Mégapodiidés. Il résulte en effet de notes prises par les voyageurs aussi bien que des observations faites dans les jardins zoologiques, que les Mégapodiidés ne couvent jamais leurs œufs, qu'ils ne s'occupent dans aucun cas de l'éducation des petits, que ceux-ci, dès leur nais- sance, sont déjà assez forts pour trouver leur subsistance, qu'ils ont de très bonne heure le corps revêtu de plumes normales, les ailes et la queue bien développés et ressemblent parconséquent, sauf pour la taille, àdesOiseauxadultes. Les Gallinacés ordinaires étant des piwcoces, les Mégopodiidés sont des ultra- prcvcoces, s'il est permis de s'exprimer ainsi. « Si les Mégapodiidés ne prennent pas la peine de couver leurs œufs, ils les placent du moins dans des conditions particulières de façon à les soume.cre à une sorte d'incubation artificielle. Ils les déposent, en effet, tantôt dans des tas de terre, de sable, de détritus végétaux péniblement amassés, tantôt dans de simples excavations pratiquées dans le sable, près du rivage de la mer. La cha- leur nécessaire au développement de l'embryon est obtenue, dans le premier cas, par la fermentation des feuilles et des autres substances végétales mélan- gées à la terre humide, dans le second cas, par l'action directe des rayons solaires qui échauffent la couche sablonneuse immédiatement en contact avec les œufs. « En raison du volume des œufs, qui se succèdent lentement, la saison de la ponte dure fort longtemps chez les Mégapodiidés, et sans doute ce fait est en rapport avec les habitudes particulières de ces Oiseaux qui ne sauraient s'as- treindre à rester pendant plusieurs mois accroupis sur les œufs, et qui, d'autre part, ne pourraient les abandonner sans inconvénient pendant un certain temps dans un nid découvert, puisque ces (cufs, en raison même de l'étendue de leur surface, se refroidiraient avec une grande rapidité. En revanche, si le volume considérable de l'œuf est un inconvénient pour les parents, il constitue un avantage pour le jeune qui, logé dans une coquille spacieuse, peut pousser très loin son développement, et sortir tout armé pour le combat de la vie. Il sulfit du reste de mettre un jeune Mégapode en regard d'un poussin de nos basses- cours, pour voir combien le premier est plus robuste à sa naissance. » 103 LES MÉGACÉPHALES. [155 LES MÉGACÉPHALES Caractères. — Les Mégacephales ont pour principal caractère la présence d'une saillie dure, arrondie, en forme de casque, surmontant leur tête dénUdée. Leurs ailes sont moyennes, arrondies; leur queue médiocre, arrondie, un peu échancrée au milieu ; leurs tarses robustes, leurs doigts longs. LE MÉQACÉPHALE MALÉO [Megacephalon maleo). — Caractères Cet Oiseau a les parties supérieures du corps, les ailes et la queue d'un brun très foncé, glacé d'olivâtre et tirant sur le noir; les parties inférieures d'une belle teinte rosée qui disparaît après la mort de l'Oiseau. Le casque est noir; les parties dénudées de la tête et du cou noirâtres; le tour des j^eux d'un jaune rosé, le bec couleur de corne, les tarses d'un noir bleuâtre. Habitat. — Il habite File de Célèbes. Niœurs. — Les Mégacephales se tiennent dans les forêts voisines des rivages de la mer; ils se perchent et s'accroupissent volontiers sur les arbres. A terre, leur démarche est majestueuse comme celle des Dindons. Leur cri est étrange et profond. Ils se nourrissent de graines et de semences analogues à celles des Légumineuses. L'époque de la reproduction est pour eux les mois d'août et de septembre. « On les voit alors descendre, dit Oustalet, vers le bord de la mer pour y dépo- ser leurs œufs. Dans ce but, ils choisissent une plage éloignée des habitations et formée par un sable grossier résultant de la désagrégation de roches volca- niques. En arrière et souvent à une assez grande distance du rivage, s'étend une forêt qui sert de retraite aux Maléos. C'est de là que chaque jour, durant la saison de la ponte, on voit sortir plusieurs couples de ces beaux Oiseaux. Après avoir parcouru souvent une douzaine de kilomètres, les Maléos rencon- trent enfin une place à leur convenance, au-dessus du niveau des plus fortes marées. Aussitôt ils se mettent à l'œuvre, grattent le sol avec ardeur, font jaillir le gravier sous leurs pieds et pratiquent des excavations qui ont de i'°,2o à i°',5o de diamètre sur o"',3o à o^.tio de profondeur. La femelle pond un œuf et le couvre de sable, puis le couple regagne son abri dans la foret. Les naturels affirment qu'au bout de treize jours la même paire revient et qu'un nouvel œuf est déposé, et cette assertion parait conforme à la vérité, car, d'après les obser- vations de M. Wallace, ce laps de temps indique probablement celui qui est nécessaire pour qu'un œuf arrive à maturité. » Les œufs des Mégacephales ont une forme ovale régulière; leur couleur est d'abord d'un rouge-brique, puis elle passe au jaune et enfin au blanc pur. On trouve souvent, dans un même trou, les œufs de plusieurs couples. Les parents ne prennent aucun souci de leur progéniture ; d'ailleurs les jeunes une fois éclos sont, comme ceux des autres Mégapodiidés, complètement déve- loppés et capables de se suffire à eu.x-mcmes. [156] LES GALLINACÉS. lOi LES L El PO AS Caractères. — Le genre Leipoa est caractérisé par un bec relativement faible et court, des ailes larges, arrondies, concaves, une queue longue et arrondie forrr>ée de quatorze rectrices; des tarses robustes, médiocrement allonges, des doigts courts. Les plumes de la tête sont allongées en forme de huppe. LE LEIPOA OCELLÉ {Leipoa oceltatà). — Le Leipoa ocellé a les parties dénu- dées d'un bleu clair, passant au noirâtre après la mort; les plumes du dos et des épaules ornées de bandes transversales grises, blanches, noires et rousses; les rémiges brunes, à barbes externes marquées de lignes brunâtres en zigzag sur fond jaune ; les rectrices d'un brun noirâtre, bordées de gris fauve, et cachées par les sus-caudales d'un gris roux rayées de noir; une large bande de plumes noires à tige blanche couvre le menton et la poitrine. Sa taille est celle d'une Dinde. Habitat. — Il habite le sud-ouest de l'Australie. Mœur.«i. ■ — Il se tient de préférence dans les plaines couvertes débroussailles, où se trouvent çà et là quelques clairières dont le sol est formé d'un gravier fer- rugineux. D'une timidité extrême, il se réfugie sur les arbres quand il est poursuivi, ou se glisse dans les broussailles avec tant de précipitation qu'il s'y enlace parfois sans pouvoir se dégager. Sa nourriture se compose de graines et d'Insectes orthoptères ou hémiptères dont les téguments sont mous. Son cri, lugubre, ressemble au roucoulement du Pigeon, mais il est plus sourd, plus profond. La partie la plus intéressante de son histoire est celle qui a trait a sa repro- duction. De même que la plupart des Mégapodiidés, en effet, les Leipoas ne couvent pas leurs œufs. Ils les enfouissent dans des buttes formées de sable, de détritus végétaux, qu'ils construisent eux-mêmes. L'incubation a lieu sous l'influence de la chaleur solaire et de celle produite par la fermentation des détritus végétaux. Ces buttes, appelées mounds ou tHinuli, ont la forme de dômes de i mètre à i",5o de hauteur, et de 12 à 14 mètres de circonférence. Ils sont situés dans les clairières. Mâles et femelles y travaillent de concert. A l'éclosion, les jeunes traversent le rempart de feuilles qui les protégeait et sont aptes à courir et à voler. Ils trouvent même parfois comme premier ali- ment, des Fourmis qui s'étaient établies dans cette sorte de couveuse arti- ficielle. LES TALÉGALLES Caractères. — Les Talégalles ont le bec fort, à arête recourbée, les joues et les côtés du cou presque entièrement nus, couverts seulement d'un léger duvet, (1) PI. XL. — La Pintade vulgaire (texte, p. i52). 105 LES TALEGALLES. [157^ la peau de ces régions étant ornée de teintes vives, et susceptible de se dilater en simulant des pendeloques et des caroncules ; les ailes médiocres, arrondies; la queue allongée, voûtée ; les tarses très robustes, scutellés; les doigts longs et forts. On les a subdivisés en trois sous-genres : Catheturits^ .Eprpodiiis et Talc- g-allus. Au premier appartient l'espèce désignée sous le nom de Talégalle ou Cathé- ture de Latham. LE CATHÉTURE DE LATHAM {Catheliirus Lalhami . — Caractères. — Celte espèce, appelée par les colons du nom de Dindon ou Coq des Buissons, mesure environ o'°,-jj de longueur. Son plumage est en dessus d'un brun- chocolat, en dessous d'un brunclair rayé de gris d'argent ; les parties nues de la tète et du cou sont d'ur rouge écarlate, les fausses caron- cules d'un jaune vif; le bec gris l'œil et les pattes brun clair. La femelle est semblable au mal Habitat. — Le Cathéture de Li; tham habite presque toute la parti orientale et septentrionale de l'Australie. Il est cependant de- venu rare dans certaines régions par suite des déboisements et sous l'influence de la chasse ac- tive qu'on lui a faite. Mœurs. — Il se rencontreaussi bien dans les forêts de l'intérieur que dans celles qui avoisinent la côte. Il vit par couples ou par petites familles. « D'un naturel farouche et défiant, dit Oustalet, à la moindre apparence de danger, il s'empresse de chercher un abri dans le fourré; mais quand il ne peut se cacher assez vite, quand il est serré de trop près par les Chiens, il s'élance sur une branche basse, et de là, par une série de bons successifs, gagne les points les plus élevés de l'arbre, pour s'envoler de la vers une autre retraite. « Pendant la chaleur du jour, il se perche également, et cette habitude lui est fatale, car, dit M. Gould, le chasseur profite de la sieste de l'Oiseau pour s'en approcher sans bruit et le descendre d'un coup de feu. Le Talégalle de Latham est en effet extrêmement recherché, à cause des qualités de sa chair, qui est tendre et savoureuse. » De même que les Mégapodes et les Leipoas, le Talégalle de Latham ne couve pas ses œufs. Plusieurs couples de ces oiseaux travaillent en commun à l'édification d'un tumulus fait de substances végétales diverses qui ne tardent La vie des animaux illustrée. 1\'. — 12 La Catliéturc de Latham. [158] LES GALLINACÉS. M) pas à entrer en décomposition et à dégager une certaine chaleur. Les femelles déposent leurs œufs dans cette couveuse artificielle et ne s'occupent plus dès lors de l'avenir de leur progéniture. La forme de ces tumuli est celle d'un cône. Il en est qui mesurent jusqu'à 2 mètres de hauteur et 4 mètres de diamètre à la base. Cet édilice est construit de la manière suivante : « Les matériaux nécessaires à sa construction sont enlevés de la surface du sol, qui se trouve ainsi nettoyé à une distance de 45 mètres à la ronde ; ils sont invariablement amoncelés de la manière suivante : l'Oiseau gratte la terre avec ses pattes robustes et, au moyen de ses longs doigts, terminés par des ongles énormes, il rejette en arrière de lui les matériaux qu'il tend sans cesse à ramener vers un centre commun. Quelquefois même, il leur fait franchir de la sorte des obstacles que l'on jugerait presque insurmontables : c'est ainsi que M. Ramsay a remarqué, sur les bords de la rivière Richmond, une pleine char- retée de débris végétaux, qui avaient été traînés par les Talégalles d'une rive à l'autre d'une petite crique ayant au moins 3(3 mètres de largeur. A de rares exceptions près, les tumuli ne s'élèvent point dans un terrain en pente. Leur portion centrale consiste en feuilles réduites en poussière et mélangées avecdu terreau, autour desquelles sont disposés des matériaux plus grossiers, dont la décomposition est moins avancée ; enfin, vers l'extérieur se trouve un revête- ment très épais de feuilles mortes, de branches et de rameaux encore intacts. » Quand le tumulus est l'ouvrage d'un seul couple, les œufs sont très réguliè- rement disposés autour de son axe central; mais quand il renferme les œufs de plusieurs couples, sa disposition est quelconque. Les œufs du Talégalle de Latham sont d'un blanc pur ou jaunâtre, à coquille finement granuleuse; leur forme est variable. Ils ont un goijt agréable et sont très riches en principes nutritifs. Aussi les colons et les indigènes en font-ils parfois une ample récolte. Les petits Talé- galles, arrivés au terme de leur éclosion, prennent rapidement un tel dévelop- pement qu'ils font éclater leur coquille en une multitude de fragments ; et aussitôt, ils se mettent à courir à droite et à gauche, ramassant les Vers et les Insectes qu'ils rencontrent avec autant d'agilité que des poussins âgés d'un mois. Captivité. — Le Talégalle s'acclimate facilement en Europe. Il supporte les rigueurs de nos hivers, et se reproduit aussi aisément qu'en Australie. Il faut néanmoins, pour réussir, mettre cet Oiseau dans un vaste parc et non dans une basse-cour, et lui procurer de la terre et des feuilles mouillées pour qu'il puisse construire ses tumuli. Les allures du Talégalle, en captivité, sont celles des Gallinacés domestiques. Le mâle aime à se promener en se pavanant comme les Coqs et les Dindons, en faisant entendre une sorte de gloussement qui se transforme en un cri gut- tural, ronliant, quand l'Oiseau est irrité. Les Talégalles sont d'un naturel très doux, très familier. On peut les aban- donner dans un parc ou un jardin; ils ramassent les ^'ers, les Chenilles, les Limaces, sans jamais toucher aux plantes potagères. Leur chair est exquise, paraît-il. 107 LES MÉGAPODES. [159] LES MEGAPODES Caractères. — Les Mégapodes, qui ont donné leur nom à la famille entière, se distinguent des Talégalles par un bec plus faible, des ailes médiocres, arrondies, une queue courte, des tarses et des doigts plus robustes et plus allon- gés, terminés par des ongles très puissants. Il en existe un grand nombre d'espèces qui se font toutes remarquer par leur livrée sombre, uniforme, et la dénudation de la tète et du cou. Habitat. — Ils vivent dans les îles de l'Océanie. Mœurs. — Ils se tiennent dans les forêts et les broussailles, dans le voisinage de la mer. Leur nourriture consiste en fruits, graines. Vers, Insectes. Très agiles à la course, ils volent lourdement; ils so perchent souvent sur les arbres pour dormir ou échapper à un danger. Leur mode de reproduction présente les mêmes curieuses particularités qui ont été décrites à propos des Talégalles. Les œufs sont déposés dans d'énormes tumuli, formés de sable, de terre, de détritus végétaux. Ces tumuli sont parfois l'œuvre de plusieurs générations, ils atteignent alors des dimensions énormes : jusqu'à plus de 4 mètres de hau- teur et 45 mètres de circonférence ; ils sont placés sur le rivage, hors des atteintes de la marée, cachés par des jungles, et ombragés par des arbres au feuillage épais. C'est du moins le cas pour leMégapode de Duperrey. « Les indigènes, dit Oustalet, affirment qu on ne voit jamais qu'une seule paire de Mégapodes à la fois sur un tumulus, que les œufs sont pondus le soir, qu'ils se succèdent à quelques jours d'intervalle, qu'ils sont toujours placés vertica- lement et chacun dans un trou distinct. Immédiatement après la ponte, l'Oiseau se hâte de ramener la terre par-dessus l'œ^uf, de combler entièrement le trou et de remettre toutes choses en état : on peut néanmoins toujours reconnaître qu'un tumulus a reçu récemment la visite des Mégapodes, car dans ce cas les parois portent les traces laissées parles pattes des Oiseaux, et la terre n'est pas encore assez tassée pour que, à l'aide d'une petite baguette, il ne soit poj^sible de reconnaître la direction des trous fraîchement creusés. Les naturels sont particu- lièrement habiles dans ce genre de recherches; en se servant de leurs mains seu- lement, ils pratiquent dans le monticule de terre une excavation de plus en plus profonde, et finalement mettent la main sur les œufs qui, lorsqu'ils sont frais, sont d'une grande fragilité. Un semblable travail exige beaucoup d'adresse et de patience, car il faut souvent fouiller à près de 2 mètres de pro- fondeur. C'est en elfet à cette distance du sommet du tumulus que se trouvent généralement les œufs. Ceux-ci, toutefois, ne sont pas aussi éloignés de la paroi externe qu'on pourrait le croire, les trous creusés par l'Oiseau étant dirigés obliquement en bas, de dedans en dehors. » Les jeunes sortent de l'œuf entièrement développés, et se mettent aussitôt à courir et à voler, comme ceux des autres Mégapodiidés. >« [1001 LES GALLINACÉS. 108 LES CRACIDES Caractères. — Les Cracidés sont des Oiseaux détaille mcncnne, aux formes élancées. Leur bec, plus long que chez les autres Gallinacés, est rcnHé et re- courbé à la pointe; il est recouvert à la base d'une cire épaisse très dévelop- pée. Leurs ailes sont for- tement arrondies, leur queue longue, arrondie, , ,..;■' leurs tarses longs, assez robustes, leurs doigts longs et minces insérés au même niveau. Un ca- ractère assez particulier réside dans la forme des plumes, dont la tige est considérablement élargie vers la partie moyenne où les barbessontremplacées par du duvet. Habitat. — Cette famille est exclusivement compo- ™, sée d'espèces américaines. w 'np . LES HOCCOS ^ Caractères. — Indépen- "^ damment des caractères pro- pres à la famille des Cracidés, les Hoccos présentent encore comme particula- rité distinctive: une huppe ou cimier placé sur le sommet de la tète, et formé de plumes redressées, inclinées en arrière, à leur origine, puis recourbées en avant à l'extré- i.c iiocco HiobicOrc. mité; les joues, le cou et le croupion garnis de plumes molles, duveteuses, tandis que le reste du corps est recou- vert de plumes dures et fermes. Le poignet de l'aile est armé d'un éperon obtus. Habitat. — Les Hoccos sont propres à r.\mérique centrale. LE HOCCO (jLOBICÈRE i^C m X globicera). — Caractères. — La taille de cette espèce est intermédiaire entre celled'unegrosse Poule et celle d'un Dindon. Son plumage a une teinte bronzée uniforme, avec le ventre blanchâtre. Le bec est noir, les caroncules qui garnissent la base du bec, d'un jaune vif. 100 LES PENELOPES. ICI Habitat. — Lu Hocco globicùre habite, comme ses congénères, les forêts de l'Amérique tropicale. Mœurs. — On le rencontre par groupes de deux a quatre individus. 11 court sur le sol avec une grande rapidité, mais se perche volontiers sur les arbres pour se reposer. Son vol est lourd, de peu de durée. Il aime à se rouler dans la poussière à la façon des autres Gallinacés ou Pul- vérateurs, mais il ne gratte pas le sol de ses pattes comme la plupart de ces der- niers. . Sa voix a un timbre guttural très singulier. Il la fait surtout entendre à l'époque des amours. Le matin, il quitte la forêt et vient s'abattre dans les clairières, au bord des ruisseaux. Sa nourriture se compose principalement de fruits. Il construit son nid sur les arbres, à l'aide de bûchettes et de brindilles gros- sièrement assemblées. La femelle ne pond que deux œufs qu'elle couve pendant un mois environ. Captivité. — Les Hoccos ne sont pas encore très répandus dans les volières des amateurs. Si les adultes s'acclimatent et s'apprivoisent très facilement, les jeunes, par contre, sont très difficiles à élever. On ne cite que quelques rares aviculteurs qui soient arrivés à faire reproduire ces Oiseaux en captivité. Les Pauxis. — On a créé ce genre spécial pour une espèce voisine des Hoccos et qui se fait remarquer par un bec très surélevé à la base, ce qui donne à l'Oi- seau une physionomie très particulière. De plus, la tête ne porte qu'une huppe très courte. Les mœurs des Pauxis ou Hoccos à casque, Pierres de Cayeiine, etc., sont les mêmes que celles des autres Hoccos. Les Oréophases. — Au groupe des Hoccos se rattachent aussi les Oréophases ou Hoccos de montagne, qui établissent une transition vers les Pénélopes. LES PENELOPES Ce genre est le t3'pe d'un groupe delà famille des Cracidés, caractérisé par des formes plus sveltes, l'absence d'éperon au poignet de l'aile, la présence d'une huppe allongée retombant sur l'occiput, un bec moins élevé à la base, une dénu- dation plus complète des joues et de la gorge. Habitat. — Ces Oiseaux habitent tous les forêts de l'Amérique centrale et tropicale. L'un d'eux se rencontre cependant dans le sud des Etats-Unis. Leurs mœurs ne diffèrent pas sensiblement d'une espèce à l'autre. Mœurs. — Us vivent dans les forêts en troupes plus ou moins considé- rables. On est averti de leur présence par leurs cris gutturaux singuliers en rapport [162] LES GALLINACES. 110 avec la conformation spéciale de leur trachée. C'est surtout au lever et au coucher du soleil qu'ils se font entendre. Ils se nourrissent de baies, de fruits, d'Insectes. Leur nid est placé dans les branches des arbres; chaque couvée est, en général, de trois ccufs. Chasse. — On chasse assez activement les Péné- lopes, et ce gibier hgure souvent sur les marchés américains, bien que sa chair soit peu délicate. Captivité, — Les Pénélopes s'apprivoisent facilement en captivité.Usde- viennent même parfois d'une fami- liarité désagréable. Mais le climat de l'Europe ne leur est pas favorable et on n'a pu jusqu'ici les faire reproduire en captivité. I.'lloazin hupoé. LES HOAZINS Caractères. — Le genre Hoazin est caractérisé par des formes très élancées, un cou mince, une tête petite, des ailes longues, obtuses: une queue longue, élargie à l'extrémité; un bec de la longueur de la tète, convexe, large à la base; des tarses courts, des doigts et des ongles longs. Les plumes de l'occiput et du sommet de la tête sont longues, étroites, pointues, relevées en une sorte de huppe; celles du cou minces et pointues. L'HOAZIN HUPPÉ {Opisthocovius cristatiis). — Caractères — L'espèce unique du genre Hoazin a la tête, le cou, le dos d'un fauve brun à reflets vert bronzé, avec quelques raies longitudinales blanches; la poitrine blanchâtre, le reste des parties intérieures d'un marron clair; les ailes et la queue marquées de raies blanches transversales sur un fond marron; les parties dénudées de la face et du cou, ainsi que les pattes, d'une teinte couleur de chair. La taille de cet Oiseau est d'environ o'",6o. Habitat. — H habite la Guyane et le Brésil. Mœurs. — Il vit en bandes nombreuses dans les forêts. Son existence est plus arboricole que celle des autres Cracidés. A m LES HOAZINS. [163j On le rencontre le plus souvent sur les arbustes qui bordent les lacs et les rivières. Sa nourriture se compose presque uniquement de fruits, notamment de certaines espèces d'aroïdées. Sa voix est très forte, et c'est moins un cri qu'un hurlement. Il établit son nid dans les buissons, au-dessus de l'eau. Ses œufs, au nombre de trois ou quatre, sont d'un blanc grisâtre, tachetés de rougeàtre ; ils ressemblent par leur forme à ceux des Péné- lopes, et par leur dessin à ceux des Râles. Une particularité curieuse que pré- sente cet Oiseau est l'odeur infecte qu'il exhale et qui lui a fait don- ner le nom d'Oiseau puant. Cette odeur, forte et pénétrante, rappelle celle du fumier de Cheval, ou mieux celle du Bouc. On s'imagine ai- sément le goût dé' sagréable que peut avoir la chair de cet Oiseau et le peu d'enthousiasme que l'on met à le chasser. LES MÉSITI- ^- t^*^ DÉS. — A la suite des Mégapodiidés, Le Mésite varié. se place la petite fa- mille des Mésitidés, représentée par un seul genre originaire de Madagascar. Les Mésitidés appartiennent aussi bien aux Gallinacés qu'aux Echassiers, et ils peuvent être considérés comme faisant partie des nombreux termes de passage qui existent entre ces deux ordres. Caractères. — Le genre unique Mésiles est caractérisé comme il suit : bec presque aussi long que la tète, droit, comprimé, à pointe mousse; narines basales, linéaires, se prolongeant par un sillon jusque vers le milieu du bec; ailes courtes, sub-obtuses, dépassant un peu la queue; celle-ci, de longueur moyenne, légèrement arrondie sur les côtés; tarses médiocres, de la longueur du doigt médian, dénudés au-dessus de l'articulation, doigts allongés, libres ou faiblement unis à la base par une mince membrane; ongles faibles, comprimés, recourbés. Lorums dénudés. L'espèce représentée dans notre texte est le Mésite raric {Mesites variegatus). [164] LES GALLINACÉS. 112 Cet Oiseau mesure environ o°',3o de long. Son plumage est, en dessus, d'un roux feuille morte ; la poitrine est d'un jaune clair, tachetée transversalement de noir; la gorge blanche, les côtés de la tète et du cou marqués par une raie jaune clair passant immédiatement au-dessus de l'œil, une autre sous les lorums et soulignée par une tache noire; le ventre est roux avec des raies irrégulières noires. Habitat. — Le Mésite varié habite Madagascar. Il fut rapporté pour la pre- mière fois en Europe, par le D' Bernier, chirurgien de la marine. Les Èchassiers Les Oiseaux de l'ordre des Echassiers ont une physionomie particuhère, malgré les formes très variées que présentent les différents genres. Leur exis- tence spéciale dans les localités marécageuses se révèle par des caractères généraux communs, dont le plus frappant est la longueur souvent démesurée des jambes, en grande partie dénudées, ce qu'exprime très bien le nom d'Échas- siers qui a été donné à ces Oiseaux. Un autre caractère assez constant, est la longueur et la gracilité du cou. Quant à la forme du bec et des ailes, la disposition des doigts, on observe des variations trop considérables pour pouvoir les réunir en un seul type mor- phologique. Certains Echassiers sont plus particulièrement adaptés à la course, leurs pieds sont dépourvus de doigt postérieur; d'autres nagent et plongent comme les Palmipèdes, leurs doigts sont réunis à la base par une membrane. Les Echassiers proprement dits vivent dans les marais, sur les bords des rivières et des lacs, ils marchent sur les fonds vaseux, mais ils courent peu, nagent rarement; leur vol est rapide, de peu de durée. En volant, ils laissent leurs jambes pendantes, ou étendues en arrière, au lieu de les replover sous le corps, comme la plupart des autres Oiseaux. Leur nourriture consiste en Vers, Mollusques, l nsectes. Grenouilles, Pois- sons, petits Reptiles. La plupart des Echassiers sont migrateurs et errants. Les uns sont polygames, ils nichent à terre et les petits en naissant sont en état de recueillir eux-mêmes leur nourriture : d'autres sont monogames, ils nichent sur les arbres, sur les roseaux, leurs petits restent au nid jusqu'à ce qu'ils soient en état de voler. La mue est, chez ces Oiseaux, ordinairement double. Classification. — ■ Les Echassiers peuvent être divisés en trois grands groupes ; A. Les Echassiers coureurs, représentés par les fainilles suivantes : i" Les Outardes ou OtidiiIés\ 2" Les Kamichis ou Palamédéidcs; 3° Les Pluviers ou Charadriidés\ 4° Les Bécasses ou Scolopacidès ; La vie des ANIMAIX ILLLSTRÉE \' . |3 [166 LES ÉCHASSIERS. 2 5" Les Ai'oceltes on Récuri'iroslr'idi's ; B. Les Poules d'eau et les Foulques ou Ralidés; C. Les Echassiers proprement dits, représentés par les familles suivantes : 1 " Les Grues ou Gruidés ; 2° Les Hérons ou Ardéidcs ; 3° Les Cigognes ou Ciconidés; 4" Les Ibis ou Tantalidcs\ 5° Les Flamants ou Phcnicoptcridés. Les Echassiers du premier groupe vivent dans les endroits découverts: prairies, plaines, plages sablonneuses ou boueuses de la mer, des rives des fleuves et des lacs. Ils courent avec une grande vitesse, grâce à la disposition de leurs pieds. La plupart nichent sur le sol, et les jeunes quittent le nid aussitôt la naissance. Les Echassiers du deuxième groupe ont de nombreuses affinités avec les groupes voisins; ils présentent aussi des termes de passage des Echassiers vers les Gallinacés et vers les Palmipèdes. Néanmoins, par l'ensemble de leurs caractères et leurs habitudes, ils forment un groupe bien spécialisé. Quant aux Echassiers du troisième groupe, ils répondent exactement à l'idée que l'on se fait ordinairement du type le plus parfait de l'ordre. Ce sont de grands Oiseaux à la démarche grave et compassée, au vol lourd, mais soutenu et élevé. Ils vivent dans les régions humides, marécageuses; leur nourriture est essentiellement animale. Ils ne pondent qu'un petit nombre d'œufs et les jeunes restent longtemps au nid avant d'être en état de se suffire à eux-mêmes. A chacun de ces trois groupes correspondent des caractères morphologiques particuliers en rapport avec les habitudes variées des espèces qui les composent. LES OUTARDES OU OTIDIDÉS Les Ocididés rappellent par leur corps massif, leur physionomie générale, la structure de leur bec et jusqu'à leurs habitudes, les Oiseaux de l'ordre des Gallinacés. Mais par tous leurs autres caractères ils sont de véritables Echassiers. Caractères. — Leur bec est fort, déprimé à la base, voûté et courbé vers la pointe; leurs ailes amples, concaves, recouvrant la queue, celle-ci généralement courte; leurs tarses robustes, de longueur moyenne, réticulés; leurs doigts courts, au nombre de trois. Habitat. — Mœurs. — Ils habitent les plaines désertes, arides et sablon- neuses de l'ancien continent. Ils sont bien adaptés à la course, tandis que leur vol est lourd, peu rapide. Leurs mœurs sont polygames. Par leur genre de vie, ils ont plus d'un trait commun avec les Gallinacés. Les principaux genres de cette famille sont : les Outardes, les Houbaras, les Syphéotides. LES OUTARDES. [167] LES OUTARDES Caractères. — Les Outardes ont un bec plus court que la tête, robuste, élevé et large à la base, la mandibule supérieure dessinant une courbe bien prononcée depuis les narines jusqu'à la pointe, qui est échancrée ; la mandi- bule inférieure rectiligne; des narines basales, elliptiques, percées dans la membrane qui entoure la base du bec; des ailes amples, concaves, sub- aiguës; une queue médiocre, large, arrondie; des tarses deux fois aussi longs que le doigt médian, et recouverts d'un réseau de petites écailles hexagones; des doigts courts, épais, réunis à la base, et bordés latéralement par une étroite membrane rugueuse. L'OUTARDE BARBUE C)(Otis larda). — Caractères. —L'Outarde barbue, ou grande Outarde, a la tête d'un cendré foncé avec une bande médiane longitu- dinale rousse; le cou d'un blanc lustré, et présentant, de chaque côté, un espace violet couvert de duvet, et le dos d'un jaune roux rayé transversalement de noir ; la partie mo\'enne des ailes blanche, le bord des ailes d'un cendré brun, la queue blanche coupée de deux bandes noires, la poitrine couverte d'un large plastron d'un roux foncé écaillé de noir; l'abdomen d'un blanc grisâtre, avec la partie duveteuse des plumes d'un rose vineux ; le bec brun, l'iris jaune orangé, les tarses gris. La base de la mandibule inférieure porte de chaque côté une petite touffe de plumes allongées. L'Outarde barbue mâle atteint i mètre à i", lo de longueur; la femelle est beaucoup plus petite, mais porte une livrée analogue. Habitat. — L'Outarde barbue habite une grande partie de l'Europe et l'Afrique septentrionale, mais elle tend à devenir de plus en plus rare. En France, où elle apparaissait autrefois par bandes de plusieurs milliers d'indi- vidus, elle n'est plus aujourd'hui signalée que très accidentellement. Mœurs. — On ne peut la considérer comme un Oiseau migrateur, car ses voyages sont très irréguliers, ils dépendent de l'abondance plus ou moins grande de nourriture dans un endroit donné. Les pays de plaines où l'on cultive des céréales, les steppes sont les régions qu'elle affectionne particulièrement. Elle évite avec autant de soin les grandes forets que le voisinage des habitations. C'est un Oiseau craintif, farouche, défiant, ayant toujours l'œil au guet, fuyant de loin à la moindre apparence de danger. On la rencontre généralement en compagnies de quatre à dix individus. Sa démarche est lente et mesurée, mais en cas de nécessité, elle court avec une grande rapidité. Avant de prendre son vol, elle fait d'abord deux ou trois bonds, comme pour prendre son élan, puis s'étant enfin élevée à une certaine hauteur, elle glisse dans l'air O PI. XLI. — L'Outarde barbue (Planche p. 168). [168] LES ECHASSIERS. i avec une grande viteïrse, le cou tendu en avant, les pattes en arrière, le tronc légèrement incliné. Sa voix est une sorte de ronflement difficile à traduire, mais à la vue d'un ennemi, elle émet aussi parfois un cri ou sifflement aigu. L'Outarde barbue se nourrit surtout de substances végétales : feuilles vertes, jeunes pousses d'herbes, graines de céréales. Dans les pays où abondent les Insectes, elle fait de ces derniers une ample destruction, mais sans les recher- cher spécialement. Ses mœurs sont polygames. A l'époque des amours, les mâles piaffent et font la roue comme les Dindons; ils prennent les postures les plus singu- lières, gonfîent leur gorge, laissent pendre leurs ailes, renversent la tête en arrière. La jalousie qui les anime est fréquemment l'origine de luttes violentes, et les vaincus sont chassés loin du troupeau. « Les coups d'ailes qu'ils se por- tent, dit le D' Dorin, sont si violents, qu'on rencontre souvent, chez les derniers, non seulement des ecchymoses considérables, mais encore des dénudations à toute la face inférieure des ailes, sur les humérus, les radius et les cubitus. » Après l'accouplement qui a lieu en février, les femelles s'isolent et se prépa- rent à s'adonner, chacune de son côté, aux soins de l'incubation. L'Outarde barbue niche dans les champs de blé, de sarrasin, de seigle, dans les steppes. Elle choisittrès soigneusement l'emplacement de son nid, au milieu des herbes les plus hautes, mais dans une sorte de clairière, où la terre, nue et battue sur une étendue de 2 à 3 mètres, lui permet, en cas de besoin, de prendre rapidement son essor. Elle creuse alors, en grattant la terre, une petite exca- vation, et y dépose deux ou trois œufs ovales, courts, à grain grossier, d'un gris cendré olivâtre, semés de taches irrégulières d'un brun plus ou moins foncé. La femelle se montre alors plus farouche que jamais : elle ne s'approche de son nid qu'avec une grande prudence, en rampant et en évitant de se montrer. Dès qu'elle aperçoit quelqu'un, elle se couche à terre. Un ennemi s'avance-t-il, elle rampe dans les blés sans être vue. Le danger la surprend-il, elle s'envole, mais bientôt elle s'abat dans les moissons, et se sauve en courant. Si Ton touche à ses œufs, elle les abandonne, excepté dans le cas où les petits sont près d'éclore. L'incubation dure environ trente jours. Les jeunes naissent couverts d'un duvet laineux, brunâtre, tacheté de noir, qui se confond avec la teinte du sol. Ils se nouriissent surtout d'Lisectes, que leur mère récolte pour eux et leur donne. A l'âge d'un mois, ils peuvent voler et ils commencent à mener la même existence que les adultes. Chasse. ■ — L'Outarde barbue est, selon l'expression des chasseurs, un gibier noble. Elle mérite cette considération, non seulement à cause de sa taille élevée, de l'originalité de son plumage et de la majesté de sa démarche, mais aussi en raison de la difficulté que l'on éprouve à s'en approcher à portée de fusil. PI. XLI. — L'Outarde barbu.- ilexle p. 1671. .f •«»■■ TMi:' \ ^ Jis / y c^> ^:/y -«^ (i.TiK.iap. I 5 LES OUTARDES. Hj'.)] Les pièges et les lacets ne sont, pour cette chasse, d'aucune utilité, car cet Oiseau méfiant ne se laisse pas prendre à des embûches grossières. Le chasseur doit donc remettre à un iieureux hasard le plaisir de ce beau coup de fusil. En Russie, on fait poursuivre les Outardes par des Lévriers; en Asie, on les chasse au Faucon. Dans les pays du Nord, on profite, l'hiver, de leur engour- dissement pour les poursuivre à cheval et les tuer à coups de bâtons. Mais le procédé de chasse le plus usité, dans les localités aujourd'hui peu nombreuses où cet Oiseau est encore abondant, consiste à se mettre en embus- cade dans un chariot extérieurement garni de paille, et que l'on fait avancer vers la troupe que l'on convoite jusqu'à une distance convenable. Les Outardes, peu défiantes à la vue d'un objet auquel elles sont accoutumées, se laissent approcher plus facilement. Captivité. — L'Outarde barbue étant un gibier très recherché, on a essayé de l'élever en captivité. Mais jusqu'ici, les résultats ne paraissent pas encourageants, en raison du caractère farouche de cet Oiseau. Cependant, d'après Nordmann, elle vit en demi-domesticité, au milieu d'autres Oiseaux de basse-cour, dans les fermes de la Russie méridionale. L'OUTARDE CANEPETIÈRE {Otis Ictrax). — Caractères. — L'Outarde canepetière se distingue de l'Outarde barbue par sa taille moindre qui n'excède guère o°',45, par l'absence de plumes sous la mandibule inférieure, et par les caractères de son plumage. Le mâle adulte a les parties supérieures du corps d'un jaune clair, tachetées et rayées de noir; les côtés de la tête et le devant du cou, d'un cendré foncé ; un collier blanc descend en sautoir, des oreilles vers la gorge; un demi-collier de même couleur, mais plus large, et suivi d'une autre bande également noire, orne la poitrine; le bord des ailes, les couvertures supérieures et infé- rieures de la queue, le ventre, sont blancs; les rémiges d'un brun foncé, les rectrices blanches barrées transversalement de noir ; le bec et les pieds gris, l'iris laune. En automne, le collier blanc et les ornements noirs de la poitrine dis- paraissent. La femelle, de plus petite taille que le mâle, est presque entièrement d'un jaunâtre clair, rayé de noir; elle a les couvertures supérieures des ailes blan- ches tachetées de noir, le ventre blanc. Habitat. — L'Outarde canepetière, petite (outarde ou Poule Ac Cartilage, a une aire de dispersion assez étendue. Elle habite, en général, toutes les contrées chaudes et tempérées de l'Europe, et le nord de l'Afrique. Elle a été observée accidentellement en Angleterre, en Belgique, en Hollande. En France, elle se cantonne de préférence dans les plaines de la Champagne et de la Beauce : elle arrive au printemps, et repart de septembre à novembre. Mœurs. — ■ Ses mœurs sont à peu près les mêmes que celles de l'Outarde barbue; mais ses allures sont plus vives. Elle court très rapidement; son vol est léger, rapide, soutenu. Elle est timide et craintive à l'excès : la vue d'un Oiseau de proie l'inquiète. [170] LES ÉCHASSIERS. G et sous l'influence d'un danger imminent, elle prend les postures les plus grotesques. Son régime est à la fois animal et végétal, mais les Insectes, Vers, Mol- lusques, en formenfnéanmoins le lond. La Canepetière est un Oiseau sociable; elle vit par bandes d'une dizaine d'in- dividus, qui ne se séparent qu'à l'époque des amours. A ce moment les mâles se livrent aux mêmes évolutions que celles qui ont été décrites pour l'Outarde barbue. Ils font la roue, hérissent les plumes de leur collerette, laissent pendre les ailes. Ils se provoquent aussi en combat singulier; le plus faible, généralement le plus jeune, est chassé hors de la société, tandis que le vainqueur se promène fièrement autour des femelles. Puis l'accouplement a lieu. La Canepetière établit son nid dans les champs, parmi les herbes. Ce nid est une excavation creusée dans la terre et tapissée de quelques herbes. Les reufs, au nombre de trois ou quatre, ont le volume des œufs de Poule, mais ils sont également arrondis aux deux bouts; leur couleur est d'un brun olivâtre avec des macules irrégulières d'un brun roux. Les jeunes, une fois éclos, se montrent extrêmement gloutons; ils se jettent avec avidité sur les Insectes, notamment sur les Sauterelles et autres Ortho- ptères ; ils mangent aussi des Vers, des Limaces, des petits Escargots. Chasse. — La Canepetière a une chair estimée, rappelant assez bien celle du Faisan. On la chasse de la même façon que l'Outarde barbue, mais cependant avec plus de chances de succès. La Canepetière, en effet, ne reste pas toujours en rase campagne; elle s'aven- ture dans les endroits montucux et un peu couverts, où elle est plus facile à tirer. Quand elle est surprise ou poursuivie, elle se tapit d'abord contre terre, cherche à se cacher, puis, au dernier moment, elle s'envole brusquement et bruyamment, en ligne droite. Captivité. — L'élevage de la Canepetière présente de grandes difficultés, en raison du caractère timide et craintif de cet Oiseau. LES HOUBARAS Caractères. — Les Houbaras ont le bec aussi long que la tète, très déprimé dans les deux tiers de sa longueur a partir de la base, les narines presque médianes, latérales, s'ouvrant dans des fosses nasales larges se prolongeant en un sillon au delà du milieu du bec: les ailes allongées, amples, sur-obtuses, le sommet de la tête, le bas et les côtés du cou ornés de faisceaux de plumes décomposées. Aux caractères distinctifs tirés de la forme du bec et des ornements du cou. s'ajoutent la couleur des ailes, variées de blanc et de noir, et celle de la queue, marquée de trois bandes transversales. Habitat. — Le genre Houbara est représenté par deux espèces dont l'une, 7 LES KAMICHIS. [171] la Hoiihara onciiilde, habite particulièrement le nord de l'Afrique, et l'autre, la Houbara de Maçqiiceii, est propre à l'Asie. La première se montre presque régulièrement chaque année dans le midi de l'Europe. La seconde n'}' apparaît qu'accidentellement. Mœurs. — Les mœurs des Houbarassont les mêmes que celles des Outardes. LES PALAMÉDÉIDÉS La famille des Palamédéidés a été fondée pour deux genres d'Oiseaux de l'Amérique tropicale, auxquels on peut assigner les caractères suivants : Caractères. — Ces Oiseaux ont un corps lourd, massif, un bec crochu rap- pelant à la fois celui des Outardes et celui des Gallinacés; des ailes amples, longues, sur-obtuses, armées au poignet de deux éperons robustes ; des tarses épais, réticulés, de la longueur du doigt médian ; des doigts allongés, au nombre de trois, les deux antérieurs réunis à la base par une étroite palmature, le pos- térieur armé d'un ongle robuste et droit comme celui des Alouettes. Les Palamédéidés ne comprennent que les genres Kamichi et Chauna, chacun d'eux n'étant représenté que par une seule espèce. LES KAMICHIS Caractères. — Les Kamichis ont pour caractères distinctifs ; le front orné d'une corne mince, longue d'environ o'",i5; la ligne naso-oculaire emplumée, la tête et le cou garnis de plumes courtes et veloutées. LE KAMICHI CORNU (Palamedea cornuta). — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o'",8o de longueur. Son plumage est presque entièrement d'un brun noir, à l'exception du ventre et du croupion qui sont d'un blanc pur, du sommet de la tète qui est blanchâtre, du haut de la poitrine dont les plumes sont d'un gris argenté et bordées de noir, des petites couvertures qui sont d'un jaune rougeàtre. L'iris est orangé, le bec brun noir avec la pointe blanchâtre, les taises d'un gris ardoisé. Habitat. — Le Kamichi cornu habite le Brésil, la Guyane, la Colombie, où il est désigné vulgairement sous le nom de Aniuma. Mœurs. — 11 se tient dans les grandes forêts vierges, où il vit par cou- ples durant la saison des amours, et par bandes de quatre à six individus pen- dant le reste de l'année. Il cherche sa nourriture, essentiellement végétale, dans les endroits bas et marécageux. Sa démarche est lente et grave. Il construit son nid sur le sol, mais toujours très près de l'eau. La ponte est de deux (tufs blancs, de la grosseur de ceux de l'Oie. Les petits, à peine éclos, sont déjà en état de courir et de chercher leur nour- riture. [1721 LES ÉCHASSIERS. LES CHAUNAS Caractères. — Les Cliaunas se distinguent des Kainichis par l'absence de corne frontale, celle-ci remplacée par une huppe occupant la région de la nuque; par une ligne naso-oculaire nue. Les plumes de la tête et du cou sont molles, mais non veloutées. LECHAUNA CHAVARIA (*) [Chaiiua chavaria\. — Caractères. — La taille de cet Oiseau est un peu plus faible que celle de son congénère, le Kamichi, elle n'est que de o^jl-îtS. La tête et la huppe sont grises ; les joues, la gorge, le haut du cou blancs; la nuque et la partie antérieure de la poitrine d'un gris cendre foncé, le manteau brun foncé; le bord des ailes, le ventre et le croupion blan- châtres; la ligne naso-oculaire et les lorums d'un rouge de chair; l'iris jaune, le bec noir, les tarses d'un rouge clair. Habitat. — Le Chauna chavaria habite le sud-est du Brésil et la Plata. PAœurs. — Il fréquente les marécages, ou les bords des rivières, dans les endroits où l'eau est peu profonde, le courant peu rapide. Bien que vivant près de l'eau, il ne nage pas. Sa démarche est lente et majestueuse comme celle des Kamichis. Son vol est léger et facile. Il s'élève quelquefois dans les airs à une grande hauteur en décrivant des cercles, comme les Urubus, au.xquels il res- semble d'ailleurs par ses allures et ses longues ailes. Son cri est fort et perçant ; il le fait entendre aussi bien dans le jour que pen- dant la nuit; le mâle et la femelle se répondent alternativement. On rencontre le Chauna chavaria soit isolé, soit en sociétés de plusieurs indi- vidus, soit par couples. Son existence est celle du Kamichi. Il recherche sa nourriture parmi les plantes marécageuses, mais il mange aussi des petits Poissons, des Vers, des Grenouilles. Il niche dans les roseaux, comme les Poules d'eau. Captivité. — Le Chauna chavaria s'habitue mieux à la captivité que le Kamichi. Il s'apprivoise même facilement, et lorsqu'il a été pris jeune, il vit en parfaite intelligence avec les Oiseaux de basse-cour. LES CHARADRllDES Le groupe des Charadriidés a une composition assez hétérogène. Certains genres établissent une transition vers les Outardes; d'autres, tels que les Glaréoles, mériteraient presque d'être isolés dans une famille spéciale. Les Charadriidés, dont le t}pe est le Pliii'ier, sont des Échassiers coureurs, vivant dans les plaines marécageuses ou dans les steppes arides et incultes. Cl PI. \1.11 . — Le Chauna chavaria. 9 LES GL ARE OLE S. [173] Le seul caractère général qui soit constant dans tous les genres, c'est que le bec n'est corné que dans son dernier tiers, il reste membraneux dans les deux tiers postérieurs. LES GLARÉOLES -^ Caractères. — Les Glaréoles ont un bec beaucoup plus court que la tète, convexe, plus large que haut à la base, plus haut que large vers la pointe, à bords mandibulaires dessinant une courbe bien prononcée; des narines ovales, basales, obli- ques; des ailes beaucoup plus lon- gues que la queue, sur- aiguës ; une queue four- chue, des tarses médio- cres, minces, réticulés sur les côtés de l'articulation tibio-tarsienne, scutellés dans le reste de leur étendue; des doigts grêles, le médian et l'externe réunis à la base par une petite membrane. LA QLARÉOLE PRATINCOLE [Gla- reola pratiiicola). — • Caractères. — La Glaréole pratincole a la tète et le dos gris brun; la gorge d'un jaune roussàtre, entourée d'un cercle brun; la poitrine, le ventre et le croupion blancs; les extrémités des rémiges et des rectrices noires, l'iris brun, le bord des paupières rouge ; le bec et les pieds bruns. Sa taille est d'environ o^.'in. Habitat. — Elle habite l'Europe méridionale et orientale, l'Asie et l'Afrique septentrionales. Elle est connue vulgairement sous ditférents noms : Poule des sables, Perdrix de mer, Hirondelle de marais, noms qui rappellent, les uns ses habitudes, l'autre la forme de son corps. Mœurs. — La Glaréole pratincole est un (Jiseau migrateur. Elle arrive dans le midi de la France vers le milieu d'avril et repart vers la lin d'août, voyageant par petites troupes de quinze à vingt individus. Elle se plaît dans le voisinage de l'eau, sur les plages sablonneuses de la Méditerranée, sur le bord des étangs. On la reconnaît de loin à ses allures qui ne permettent pas de la confondre avec aucun autre Echassier. Elle court très bien et vole encore mieux. Sa course La vie des animalx illustrée. IV. — 14 La Glaréole pratincole. [i'ii] LES ÉCHASSIERS. 10 est saccadée comme celle du Pluvier, mais avec cette différence que tout en courant, elle hoche continuellement de la queue. Son vol ressemble à celui de la Mouette, il est remarquable par sa rapidité, sa variété, ses brusques détours. Dans les pays où elle doit se reproduire, la Glaréole vit par couples. On la rencontre, courant ou volant, faisant la chasse aux Insectes, aux larves, aux Libellules, aux Sauterelles, surtout le soir, vers le coucher du soleil. Elle déploie dans ses évolutions autant d'adresse et d'élégance que les Hirondelles, ce qui ajoute encore à la ressemblance qu'elle présente avec celles-ci. La Glaréole niche sur les rives inclinées des marais, dans les steppes dégarnies d'arbres. Son nid consiste en une simple excavation tapissée de chaumes et de racines. Chaque couvée est de quatre œufs courts, ventrus, d'un jaune d'ocrc avec des points et des taches foncés formant des marbrures irrégulières. Le dévouement que montre la mère pour sa progéniture est bien digne de remarque : lorsqu'on s'approche de ses petits, elle accourt en criant, pour les défendre, et ne craint pas de fondre sur les Chiens. La même affection unit tous les individus d'une même bande; lorsque l'un d'eux est tué, les autres viennent en poussant des cris, se poser près de son cadavre, et se laissent tuer à leur tour plutôt que de s'enfuir. Chasse. — Oij chasse surtout les Glaréoles en Hongrie et en Russie. Leur chair, quand elle est grasse, est très succulente. Captivité. — On a pu conserver des Glaréoles pendant plusieurs mois en captivité, en les nourrissant de pain trempé dans du lait, et d'Insectes. Elles s'apprivoisent facilement. LES ŒDICNÈ/HES Caractères. — Aux caractères du groupe s'ajoutent, pour le genre Œdi- cnèmc, un bec de la longueur de la tête, ou plus court, épais, triangulaire, légè- rement déprimé à la base, comprimé dans sa moitié antérieure ; des narines linéaires, étendues jusqu'au milieu du bec; des ailes moyennes, aiguës, n'atteignant pas l'extrémité de la queue, celle-ci conique, composée de douze rectrices; des tarses longs, minces, recouverts d'un réseau de petites écailles; des doigts courts, épais, bordés et réunis à la base par une étroite membrane. L'ŒDICNÈME CRIARD [Œdicnemus crepitans). — Caractères. — Cet Oiseau, dont la taille est d'environ o'",4o, a un plumage assez uniforme rappe- lant celui de l'Alouette : sur un fond roussàtre, se détachent de longues mèches brunes marquant le centre de chaque plume; les lorums, la gorge, le ventre, les cuisses, sont d'un blanc pur; les rémiges noires, avec une tache blanche sur les deux premières, les autres terminées de blanc: les rectrices noires à la pointe, blanches sur les côtés; les paupières, l'iris et la base du bec sont jaunes, le bout du bec noir, les pieds d'un jaune-paille. La femelle porte le même plumage que le mâle. 11 LES ŒDICNEMES. [175] ^^•^ Habitat. — L'Œdicnème criard habite toute l'Europe, particulièrement les contrées méridionales, le nord de l'Afrique et l'Asie occidentale. Sédentaire sur les rivages de la Méditerranée, il est migrateur partout ailleurs. Mœurs. — Il s'établit de préférence dans les plaines crayeuses et sablon- neuses, mais on le trouve aussi parfois dans les prairies humides. Il a des mœurs presque nocturnes; ce n'est qu'après le coucher du soleil qu'il se met en mou- vement pour rechercher sa nourriture exclusivement animale : Insectes divers, petits Limaçons, Lézards, Campagnols, etc. Brehm, qui observa cet Oiseau en Afri ses allures singulières. « C'est, dit-il, un ami de la solitude, qui peu de ses semblables. Il ne se lie à aucune mais il les étudie toutes et sait conformer conduite aux résultats de son expérience, ne sait ce que c'est que la confiance: tout animal lui semble suspect, si- non dangereux. Il observe tout, en toutes circonstances, et se laisse rarement tromper. Il sait qu'il est aussi en sûreté sur les toits en ter- rasse des maisons d'Egypte, que dans nos plaines sablonneuses ; au voisi- nage d'un bois de pins, que dans les cam- pos d'Espagne ou qu'au sein du désert. La confiance qu'il montre en Egypte n'existe qu'en apparence : il se tient sur ses gardes tout aussi bien que chez nous. Cependant, il est rare qu'on l'aperçoive ; il a vu l'homme qui se dirige sur lui, bien avant que celui-ci ait pu soupçonner sa présence. Se trouve-t-il dans une plaine, loin de tout fourré où il puisse se chercher un abri, il se rase et, grâce à la teinte couleur de terre de son plumage, il disparaît complètement aux regards. Un fourré est-il dans son voisinage, il y court rapidement, mais ne s'}' arrête pas ; il le franchit en toute hâte, et gagne les champs du côté opposé à celui par lequel arrive l'ob- servateur. Dans le campo ou dans le désert, il commence par se raser ; mais si on continue à l'approcher, il se lève, court toujours hors de la portée du fusil, se retourne de temps à autre, s'arrête, recommence à courir, et gagne bientôt une avance suffisante, sans qu'il ait été obligé de recourir à ses ailes. Un cava- lier ne peut pas mieux le surprendre qu'un piéton ; il sait que ce n'est que du cheval sans cavalier qu'il n'a rien à craindre. « Sa marche, tant qu'il n'est pas presssé, a quelque chose de raide, de trotti- nant; quand il est poursuivi, il court avec une rapidité étonnante. Son vol est léger, assez facile, mais rarement soutenu ; l'Œdicnème criard sait bien que le Faucon a encore de meilleures ailes que lui. » Sa voix singulière et retentissante se fait entendre après le coucher du soleil. L'Œdicnème criard. [170J LES ÉCHASSIERS. 12 L'Œdicnème criard aime beaucoup à se désaltérer : il franchit souvent plusieurs kilomètres pour aller chaque soir étancher sa soif dans quelque cours d'eau. Au printemps, les mâles se livrent souvent des combats, pour la possession des femelles. La construction des nids a lieu en avril. L'Œdicnème niche dans quelque dépression du sol, dans des endroits pier- reux et les guérets. Sa ponte se compose de deux à quatre œufs, relativement gros si on les compare au volume de l'Oiseau, et de la forme des œufs de Poule; leur couleur est gris jaunâtre ou roussàtre; ils sont tachetés, mouchetés irrégu- ièrement, de gris brun ou de brun foncé. Les pettis, une fois nés, apprennent très vite à capturer les Insectes qui for- ment le fond de leur nourriture, et aussi à se blottir dans les retraites naturelles qu'ils rencontrent à l'approche de quelque danger. Chasse. — L'Œdicnème criard est très difficile à chasser. On a vu plus haut, à propos de ses mœurs, avec quelle adresse il échappe à ses ennemis, sans toutefois les redouter. Aussi ne connaît-on aucun moN'en infaillible pour le capturer ou pour le tirer au fusil. Captivité. — En captivité, il s'apprivoise facilement. LES COURVITES Caractères. — Le genre Courvite est caractérisé par des formes élevées, un bec relativement long, mais plus court que la tête, déprimé à la base, recourbé à la pointe; des narines basales, s'ouvrant dans des fosses nasales peu profondes, ne se prolongeant pas en un sillon; des ailes moyennes, suraiguës, une queue courte, large; des tarses longs et grêles, scutellés; des doigts courts, au nombre de trois seulement. Habitat. — Les Courvites sont propres aux contrées chaudes de l'Afrique et de l'Asie; l'un d'eux fait de fréquentes apparitions en Europe. LE COURVITE ISABELLE [Cursoriiis isatielliniis). — Caractères. — Le Cour- vite Isabelle a, comme son nom l'indique, un plumage couleur Isabelle s'harmo- nisant parfaitement avec la couleur du sable des déserts. Deux lignes noires, séparées par une bande blanche, partant de l'œil et se dirigeant en arrière, limitent l'occiput qui est d'un gris bleu; les rémiges sont d'un brun noir avec l'extrémité jaune rougeàtre ; les rectrices, à l'exception des deux médianes, tachetées de noir et terminées de blanchâtre ; l'iris est brun clair, les jambes bleuâtres, les pieds jaunâtres. La taille de cet Oiseau est d'environ o'°,25. Le mâle et la femelle ne diffèrent pas l'un de l'autre. Habitat. — Le Courvite Isabelle habite toute l'Afrique; il se montre acciden- tellement en Europe. Mœurs. — Il se tient dans les déserts les plus arides, les plus desséchés, là 13 LES PLU VI AN S. [1771 où ne pousse qu'une maigre végétation. Ce n'est pas un Oiseau migrateur, mais il entreprend souvent de grands voyages ; il apparaît subitement dans des régions où on n'est pas habitué à le rencontrer, puis il disparaît aussi rapidement qu'il est venu. C'est surtout à l'époque des amours, que les mâles sont ainsi portés à errer loin de leur domaine. Par ses allures et son genre de vie, il mérite bien le nom de coureur du désert qui lui a été donné. <( Cet Oiseau, dit Brehm, a quelque chose de trop spécial dans ses allures pour qu'on puisse le méconnaître. On voit le mâle et la femelle courir avec une rapidité incroyable, toujours hors de portée de fusil, à quinze pas environ l'un de l'autre. Tant que l'Oiseau court, son corps, ses pattes, se meuvent avec une telle rapidité qu'on ne peut les distinguer. On dirait un Oiseau sans pattes, mû par une force qu'on ne peut s'expliquer. Tout à coup, il s'arrête, il regarde autour de lui, il ramasse quelque chose à terre, et reprend sa course. Là où il n'est pas beaucoup chassé, il se laisse approcher, mais jamais à une distance où le plomb pourrait l'atteindre. On peut ainsi le suivre pendant des heures sans qu'il s'envole. » Néanmoins, son vol est aussi rapide que celui du Vanneau. Le Courvite construit son nid dans quelque touffe d'herbe, au milieu des pierres. Ce nid consiste en une simple dépression creusée dans le sol. Les œufs, au nombre de trois ou quatre, ont le volume de ceux des Pigeons; ils sont courts, ventrus, d'un gris jaunâtre, et semés de points et de traits irréguliers bruns ou cendrés. Chasse. — La chasse du Courvite est assez difficile, car cet Oiseau est très défiant. Il faut, pour l'approcher, tourner autour de lui, en décrivant de grands cercles concentriques. Le plus souvent on le prend dans des pièges. LES PLUVIANS Les Pluvians établissent une transition entre les Courvites et les Pluviers. Ils ont encore la forme du bec des premiers, mais ils se rapprochent des seconds par leurs tarses médiocres, leurs doigts latéraux allongés et leur physionomie générale. LE PLUVIAN D'ÉQYPTE [Plui'ianus ccgfptius\. — Caractères. — Le Pluvian d'Eg\pte mesure environ o°',22. Il a le front, la partie supérieure de la tête et du cou, le dos, amsi qu'une bande en écharpe ceignant le bas du cou, d'un noir profond nuancé de verdâtre ; une bande de même couleur couvre les côtés de la tète depuis les narines jusqu'à la nuque en passant par l'œil. Le reste de la tète et du cou, la gorge, le ventre sont blancs; la poitrine et les flancs d'un brun roux pâle; toute la partie supérieure des ailes d'un gris bleuâtre, les rémiges noires à la base et à l'extrémité, blanches au milieu; les rectrices d'un gris bleuâtre avec l'extrémité blanche. La femelle a le même plumage que le mâle. Habitat. — Le Pluvian d'Egypte habite les bords du Nil et de quelques autres cours d'eau de l'Afrique. ; 178] LES ÉCHASSIERS. 14 Mœurs. — Il se tient sur les plages sablonneuses. Ses mœurs sont peu sociables. On ne le trouve généralement que par couples ou par petites bandes de six à dix individus au plus. « Tout voyageur qui a parcouru l'Egypte, dit Brehm, connaît cet Oiseau, vif, léger, agile, élégant. On le voit avec i sa famille, courant sur le sable, volant à la surface de l'eau, étalant aux re- gards ses belles ailes rayées de blanc et de noir. Sa course rapide n'est pas saccadée comme celle du Courvitc Isa- belle, et rappelle plu- tôt celle du Pluvier. V. Le Pluvian d'E{;yptc. Son vol est vif, facile, mais peu soutenu ; c'est au plus si le Pluvian vole d'un banc de sable à l'autre, et en rasant la surface de l'eau. C'est pendant son vol qu'il fait entendre son cri un peu sifflant : tschip, Ixcliip, trdit. Il crie encore quand il est posé ou qu'il court; il est aussi bavard que le Courvite Isabelle est silencieux. » C'est pour cette raison que les Arabes ont donné à cet Oiseau le nom d'aivr- lisseiif du Crocodile. Le Pluvian se nourrit d'Insectes, de Vers, de petits coquillages qu'il ramasse sur le sable; il va chercher jusque dans la gueule des Crocodiles les débris d'aliments qui sont restés entre leurs dents. Cette dernière particularité, si curieuse qu'elle paraisse, est cependant exacte, et avait été remarquée depuis 15 LES PLUVIERS. [179] les temps les plus anciens. C'est sans doute au Pluvian que se rapportent les récits que Hérodote et Aristote consacrent à un Oiseau qu'ils désignent du nom de Trochilus. C'est en un endroit découvert, dans le sable même de la plage, que le Plu- vian dépose ses œufs. Ceux-ci ont une coquille mate, d'un jaune d'ocre rous- sàtre ; ils sont parsemés de points, de stries, de taches d'un gris rougeâtre, ou d'un brun châtain, assemblés en dessins variés. LES PLUVIERS Caractères. — Les Pluviers ont pour caractères : un bec plus court que la tète, droit, comprimé vers la pointe; des narines étroites, linéaires, s'ouvrant dans des sillons nasaux prolongés au delà du milieu du bec ; des ailes sur- aiguës, pourvues, au poignet, d'un tubercule mousse ; des tarses élevés, minces, couverts sur toutes les faces d'un réseau de plaques hexagones; trois doigts en avant, le pouce rudimentaire ou nul. Leur plumage, varié en dessus de nombreuses taches, et leur queue ornée de plusieurs bandes transversales permettent de reconnaître ces Oiseaux à pre- mière vue. LE PLUVIER DORÉ [Charadriiis aitratiis). — Caractères. — Le Pluvier doré est en dessus d'un noir profond, varié de taches d'un jaune d'or, celles-ci disposées en forme d'écaillés sur le bord des plumes; la gorge, le devant du cou, la poitrine, l'abdomen sont d'un noir lustré encadré de blanc au prin- temps, tacheté de gris jaunâtre avec le ventre blanc, en automne; les côtés de la tête, du cou et de la poitrine varies de taches cendrées, brunes ou jaunâ- tres ; les rémiges sont noires à tige blanche vers l'extrémité ; les rectrices brunes barrées de jaune; le bec, l'iris et les pieds noirs. Habitat. — • Le Pluvier doré habite l'Europe, l'Asie, le nord de l'Afrique. Sédendaire en Angleterre et en Allemagne, il est de passage régulier en Belgique, en Hollande et en France. Il passe l'hiver dans quelques départements lorsque l'hiver est très doux. Mœurs. — Le Pluvier doré est un Oiseau très sociable. Il vit en bandes plus ou moins nombreuses, parcourant les plaines des terrains secs et élevés, recherchant les Insectes, les Vers, les larves dont il se nourrit. Gai, vif, agile, il est à la fois bon coureur et bon voilier. Dans les régions où il vient s'abattre pour se reproduire, on entend retentir de tous côtés son cri mélancolique et plaintif. Il construit son nid à terre, dans quelque dépression qu'il tapisse d'herbes et de chaumes desséchés. Ses œufs, au nombre de trois à cinq, sont relativement gros, d'un jaune olivâtre, avec des points, des taches d'un brun foncé ou d'un brun rouge très irrégulièrement répartis. Il ne fait, en général, qu'une couvée par an, à moins qu'on ne lui ait dérobé ses œufs. [180] LES ECHASSIERS. 10 Ses ennemis sont, en effet, très nombreux; les Renards, les Martes, les Fau- cons, les Buses, les Mouettes détruisent très souvent ses couvées. Chasse. — La chair du Pluvier doré est très estimée, si l'on en croit le proverbe : Qui n'a mangé ni Pluvier, ni Vanneaux, Ne sait ce "que gibier vaut. Cependant, elle a parfois un goiît huileux plus ou moins agréable. Dans le nord de la France, on capture les Pluviers au tilet, en les attirant à l'aide d'un appeau. Captivité. ■ — Le Pluvier doré vit très bien dans les jardins, qu'il débarrasse des Vers et des Limaçons. L'hiver, on le nourrit de mie de pain et de petits morceaux de viande cuite. Le Pluvier fauve qui est propre à l'Asie, à l'Afrique et à l'Océanie, et le Pluvier varié ou Vanneau-Pluvier à\i nord de l'Europe et de l'Amérique, ont sensiblement les mêmes moeurs que le Pluvier doré. LES GUIGNARDS Les Guignards, ou Pluviers des Alpes, se distinguent à peine par leurs carac- tères du genre Pluvier. Ils ont un bec plus mince et moins renflé que ces der- niers, des formes moins trapues. LE QUIQNARD DE SIBÉRIE {Eudromias movinellus). — Caractères. — Le Guignard commun ou de Sibérie, en plumage d'été, a le dos et la partie supé- rieure des ailes d'un noirâtre lavé d'olivâtre, chaque plume étant encadrée de roussàtre, le dessus de la tète noir, la face et les sourcils blancs, la gorge blanche, le bas du cou et le haut de la poitrine d'un cendré rayé transversalement de roussàtre, ces régions étant limitées en bas par une étroite bande noire, doublée d'un large ceinturon blanc; le haut de l'abdomen et les Hancs d'un roux vif, le milieu de l'abdomen noir, le ventre et les sous-caudales blancs, les rectrices ter- minées de blanc pur; le bec et l'iris bruns, les pieds d'un cendré verdàtre. En automne, le plumage du mâle et de la femelle passent en dessus au gris foncé, les parties blanches de la tète se teintent de roussàtre, la poitrine devient grise. Habitat. — Les Guignards habitent le nord de l'Europe, l'Asie, l'Afrique. Ils sont de passage régulier en France en mai et en août. Mœurs. — Ils voyagent en bandes très nombreuses et viennent s'établir, pour nicher, sur les plateaux élevés des montagnes. Leurs mœurs, leurs allures, sont • aussi paisibles, aussi charmantes que celles des Pluviers. Ils font leur nid dans une dépression peu profonde du sol, qu'ils tapissent de quelques racines sèches et de lichens.. La couvée est de trois ou quatre œufs p^'riformes, d'un gris roussàtre ou olivâtre avec de grandes taches noires vers le gros bout. Chasse. — Il est peu d'Oiseaux plus faciles à chasser que les Pluviers. On peut LES GRAVELOTS. [181] les approcher de très près, et quand l'un des individus de la bande est tiré, les autres, au lieu de s'enfuir, se mettent à tournoyer au-dessus du cadavre de leur compagnon et se laissent fusiller à volonté. LES GRAVELOTS Les Gravelots sont de plus petite taille que les Pluviers et les Guignards. Leur bec est mince, plus court que la tète. Ils se reconnaissent à un bandeau de couleur variable qui orne leur front et à un large collier situé au bas du cou. Il en existe plusieurs espèces dont la plus connue est le Gravelot nain. LE GRAVELOT NAIN [Aegialites minor). — Caractères. — Le Gravelot nain est de la taille d'une Alouette. Il a les joues, le sommet de la tête, le dos et les ailes d'un brun cendré, les rémiges latérales, le ventre, la poitrine d'un blanc pur: une double bande transversale noire encadrant une ligne blanche couvre le front: une ligne naso-oculaire noire se prolonge un peu en arrière de l'œil; l'iris est brun, les lorums d'un Jaune doré : le bec noir, les pattes rougeàtres. Habitat. — Cet Oiseau, désigné aussi sous les différents noms de Plu- vier des Philippines, Petit Pluvier à collier, Plui'ier de rivage. Alouette de mer, a une aire de dispersion assez étendue. On le ren- contre dans une grande partie de l'Europe, surtout dans les contrées méridio- nales, en Asie et en Afrique. Mœurs. — Il vit en sociétés moins nombreuses que les Guignards. Il s'établit sur les rives des cours d'eau, des étangs, au bord de la mer, quelquefois dans les champs sablon- neux, à une assez grande distance de l'eau. Ses mouvements sont vifs et légers; il court avec une rapidité surprenante- en volant, il pousse souvent de petits cris aigus. Ses moeurs sont presque noctur- nes, comme celles de la plupart des Charadriidés ; il ne déploie toute son activité que le matin de très bonne heure, et le soir, après le coucher du soleil. D'un naturel doux et paisible, il témoigne à sa compagne et à ses petits le plus grand attachement. Devant l'homme, il n'est craintif que dans les régions où on lui fait la chasse. Le Gravelot nain. [18-2] LES ÉCHASSIERS. 18 Il se nourrit d'Insectes, de larves, de coquillages qu'il va parfois cherclicr sous les pierres du rivage, et même dans l'eau. Pour construire son nid, la femelle se contente de creuser une légère dépres- sion dans un endroit sablonneux de la rive, à une centaine de pas du bord de l'eau. Elle pond en mai, trois ou quatre œufs pvriformcs d'une couleur gris jaunâtre, semés de points et de taches d'un brun noir. Elle couve surtout pendant la nuit; le mâle la relaie de temps en temps. Les jeunes éclosent au bout de quinze à seize jours; ils sont d'abord nourris par leurs parents, mais ils sont très vite en état de se suffire à eux-mêmes. Aussitôt que les couvées sont terminées, tous les jeunes Gravelots d'un même canton se réunissent et se mêlent aux troupes des autres petits Echassiers qui se disposent à émigrer. LE QRAVELOT HIATICULE ou Grand Pluvier à collier. — D'une taille un peu supérieure à la précédente, cette espèce s'établit particulièrement sur les dunes et les plages sablonneuses de nos côtes. Son aire de dispersion, ses moeurs, sont analogues à celles du Gravelot nain. LE QRAVELOT DE KENT OU PLUVIER A COLLIER INTERROMPU. — Il af- fectionne aussi les rivages de la mer de préférence aux bords des cours d'eau. Il se mêle, au printemps et à l'automne, aux bandes de Gravelots hiaticules et aux autres Echassiers qui fréquentent à cette époque le voisinage de nos côtes. LES HOPLOPTÈRES Caractères. — Les Hoploptères tiennent à la fois des Gravelots et des Van- neaux, mais ils sont surtout caractérisés par la présence au pli de l'aile, d'un ergot corné, aigu. Leurs tarses sont minces et élevés, leurs doigts grêles, au nombre de trois seulement. L'HOPLOPTÈRE ÉPINEUX {Hoplopleriisspinosits). — Caractères. — L'Hoplo- ptère épineux mesure environ o'",3o. Il a le manteau d'un gris brun; la tête et la face inférieure du corps noires; les côtés de la tête, du cou, du ventre, la partie postérieure du cou, le croupion et une large bande au milieu de l'aile d'un blanc pur; les extrémités des rémiges et des rectrices noires. Habitat. — Connu aussi sous le nom de Vanneau à éperon, cet Oiseau se ren- contre dans la Sénégambie, l'Abyssinie, l'Egj^pte ; il s'avance dans ses migrations jusque dans la Turquie d'Europe, la Grèce, le midi de la Russie. Mœurs. — Il fréquente de préférence les rives des lacs à eau saumàtre, les bords des grands fleuves. Son genre de vie est à peu près le même que celui du Van- neau. Mais il vit en petites sociétés ou par couples. Il se nourrit d'Insectes, de coquillages, de ^'ers qu'il ramasse sur le sable. l'J LES VANNEAUX. [1831 Ses allures sont vives et joueuses, sa course rapide, son vol élégant, son carac- tère remuant et querelleur. Il est toujours en mouvement, la nuit aussi bien que le jour. L'activité extraordinaire qu'il déploie explique bien cette légende arabe, qui dit que le siksiik, nom sous lequel il est désigné en Egypte, ne dort jamais. La moindre chose inaccoutumée lui fait pousser des cris perçants. Il s'élance en criant jusque sur les Corbeaux, les Oiseaux de proie, et les met en fuite par ses démonstrations belliqueuses. L'Hoploptère épineux niche dans les champs humides ou sur les bancs de sable qui bordent les lacs. Sa ponteest de trois ou quatre œufs d'un gris olivâtre ou d'un jaune verdàtre, pointillés et tachés de noir et de brun cendré. LES SARCIOPHORES OU VANNEAUX A CARONCULES. — Ces Oiseaux, reconnaisables aune caroncule membraneuse insérée à la base du bec, et à unesaillie cornée en avant de l'œil, servent de tran- sition entre les Hoplo- ptères et les Vanneaux. Leurs mœurs tiennent d'ailleurs et des uns et des autres. Ils sont propres au con- tinent africain. LES CHÉTUSIES. — Certains auteurs ont éta- bli ce genre pour quel- ques espèces très voisines des Vanneaux, mais qui se distinguent de ceux-ci par des tarses plus élevés, un bec plus allongé, plus mince, des jambes dénudées sur une plus grande étendue, des formes plus trapues, et l'absence de huppe sur la tète. Ils habitent l'Asie et l'Afrique. Leurs mœurs sont celles des Vanneaux. Ces près d'eux que se range aussi une espèce de la Nouvelle-Zélande : VAiiarliytichus frontalis. LES VANNEAUX Caractères. — Le genre Vanneau est caractérisé par un bec plus court que la tète, mince, brusquement renllé, des narines linéaires, longitudinales, les sillons nasaux s'étendant jusqu'aux deux tiers du bec; des ailes amples, subaiguës, pour- vues au poignet d'un éperon corné; une queue médiocre; des tarses longs, minces, réticulés de toutes parts; quatre doigts^ dont trois en avant, un en ar- L'Anarhynque de la Nouvelle-Zélan Je. [184] LES ÉCHASSIERS. 20 rière, articulé assez haut, ne portant à terre que par l'extrémité de l'ongle; une tête ornée d'une petite touffe de plumes relevées; un plumage coloré par grandes masses. LE VANNEAU HUPPÉ [Vauelliis ci-islaltis). — Le Vanneau huppé est un Oiseau bien connu des chasseurs au marais. Caractères. — Sa taille est d'environ o°',34. Son plumage est, en dessus, d'un vert foncé à reflets métalliques rouges et dorés. Le sommet de la tête, la gorge, le haut de la poitrine, et une ligne au- dessous de l'œil sont noirs; toutes les autres parties de la tête, du cou et de la face inférieure du corps sont blanches; les rémiges sont noires, la queue blanche dans sa première moitié, noire dans le reste de son étendue; le bec et l'iris sont noirs, les pieds d'un rouge clair. La femelle porte une huppe plus courte que le mâle: son plumage a des redets moins brillants. En automne, les deux sexes ont un plumage terne. Habitat. — Le Vanneau huppé est répandu dans toute l'Europe: on le trouve aussi en Asie et dans l'Afrique septentrionale. IVlœurs. — C'est un Oiseau migrateur: son passage au printemps dans le nord de la France a lieu dans les premiers jours de mars; son passage d'au- tomne a lieu vers la hn de novembre ou le commencement de décembre. Il voyage en bandes nombreuses qui vont s'abattre dans les marécages, les plaines basses et humides. Cependant, on ne peut pas le considérer tout à fait comme un Oiseau de marais, car dans certaines contrées, telles que les steppes arides de la Russie, on le rencontre dans les parties entièrement désertes, couvertes d'un sable mouvant et n'offrant, çà et là, que quelques îlots de ver- dure. « Celui qui a pu observer les mœurs et les allures du Vanneau, dit Brehm, apprend vite à l'aimer, et pourtant il excite parfois la colère de l'homme. Le chasseur hait en lui l'Oiseau vigilant qui avertit souvent de la présence d'un ennemi tout le gibier d'eau ; mais pour celui qui n'est point passionné pour la chasse, le Vanneau est toujours un être agréable à voir, qu'il vole ou qu'il coure. C'est un des premiers messagers du retour du printemps ; il arrive chez nous en même temps que l'Etourneau et que l'Alouette; nous le voyons souvent que l'hiver règne encore, et lorsqu'il a fort à souffrir de la faim. Pour lui, plus que pour les autres Oiseaux, on a remarqué que la grande bande immigrante était précédée de quelques avant-coureurs, chargés, dirait-on, d'an- noncer leur arrivée et de préparer les logements. Souvent, leurs espérances sont cruellement déçues : c'est ce qui arrive quand le temps vient à changer. Une neige qui tombe assez tard au printemps recouvre leurs aliments. Ils semblent espérer un meilleur avenir; ils ne peuvent se décider à la retraite : ils vont d'une source à l'autre, errent dans le pays, mais, tout en espérant, ils pâtissent, ils maigrissent et finissent par périr. En général, cependant, les immi- grants arrivent au bon moment et supportent sans accidents les derniers retours de l'hiver. A l'époque des migrations, on entend souvent jusque dans la nuit leur 21 LES VANNEAUX. [185] voix caractéristique ; et pendant le jour, on en voit, surtout dans les plaines et les valle'es, au bord des rivières, des bandes nombreuses qui continuent leur voyage. Une fois arrivés dans leur patrie, les Vanneaux se dispersent, chaque paire demeurant fidèlement unie. Alors commence la vie d'été avec ses joies et ses plaisirs, mais aussi avec ses soucis et ses peines. ■' Le Vanneau évite, autant que possible, le voisinage des habitations; il sait qu'il a tout à craindre non seulement de l'homme, mais des Chats et des Chiens qui pourraient décou- vrir son nid. Il est d'ail- leurs d'un naturel très défiant surtout quand il a des œufs ou des petits ; sa vigilance se traduit alors par des cris per- çants,etquandun danger le menace, il entre dans une agitation extrême, attaquant son ennemi avec impétuosité. Les individus d'une même bande montrent entre eux une grande solida- rité, les Oiseaux de proie eux-mêmes prennent la fuite quand ils sont har- celés par quelques Vanneaux Ceux-ci, en effet, ont un vol rapide, aisé, soutenu ; ils se jouent dans les airs avec une agilité sur- prenante et souvent font preuve d'une grande hardiesse. La nourriture des Vanneaux est exclusivement insectivore. Elle se compose de Vers, de larves, de Mollusques aquatiques ou terrestres. L'eau parait leur être indispensable; ils s'abreuvent souvent, et aiment beaucoup à se bai- gner. Le Vanneau huppé niche dans les prairies marécageuses, parmi les joncs et les herbes. Il choisit, pour construire son nid, une petite motte de terre à l'abri de la crue des eaux, en tond l'herbe du sommet, et dépose dans cette sorte de corbeille naturelle trois ou quatre œufs olivâtres, avec des points et des taches gris, bruns et noirs. La femelle couve seule, mais les deux parents font preuve d'une égale soUi- Le Vanneau huppé. [186] LES ÉCHASSIERS. 22 citudc envers leur progéniture ; ils se montrent à ce moment plus hardis que jamais, et ils ont recours à mille ruses pour tromper leurs ennemis. Quand un Carnassier s'approche, ils cherchent à détourner sur eux-mêmes son attention: un mouton, en pâturant, menace-t-il de marcher sur le nid, les deux Oiseaux se précipitent sur lui les plumes hérissées, le harcèlent et le détournent de sa route. Les Milans et les Faucons sont les rares ennemis devant lesquels ils soient impuissants; en pareil cas, ils ne doivent bien souvent leur salut qu'à la rapi- dité avec laquelle ils se précipitent dans l'eau, mais où parfois ils se noient. Chasse. — On chasse peu le Vanneau, dont la chair n'est d'ailleurs pas un mets très délicat. Ses œufs sont cependant très appréciés dans certains pays. Captivité. — Les Vanneaux captifs, quand ils ont été pris jeunes, sont fort divertissants. Ils s'apprivoisent rapidement, reconnaissent leur maître et viennent chercher leur nourriture dans sa main. L'anecdote suivante de M. Carlyle, reproduite par Olph. Gaillard, est un exemple de cette familiarité naturelle du Vanneau, et de l'art avec lequel il sait se concilier l'amitié de ses plus grands ennemis : « On donna deux \'anneaux à un ecclésiastique, qui les mit dans son jardin. L'un mourut bientôt: mais l'autre vécut d'Insectes, qu'il trouvait abondamment jusqu'à ce que l'hiver vint l'en priver. La nécessité le contraignit de s'approcher de la maison, et il s'ac- coutuma peu à peu aux dillérents bruits qui s'y faisaient entendre. Un petit cri demandant l'hospitalité lui ouvrit la porte de l'arrière-cuisine; il devint en peu de temps beaucoup plus familier, et le froid se faisant sentir davantage, il pénétra jusque dans la cuisine, non pas sans de grandes précautions, car elle était ordinairement habitée par un Chien et un Chat ; mais il parvint à s'attirer leur affection au point de venir régulièrement chaque soir s'établir au coin du feu, et d'y passer la nuit à côté d'eux. Aussitôt que le piintemps parut, il continua ses visites et resta dans le jardin; mais à l'approche de l'hiver, il revenait toujours se réfugier dans la cuisine, et retrouver ses anciens amis, qui le recevaient cordialement. Il poussait la familiarité jusqu'à l'insolence ; il s'arrogeait sans réserve les droits qu'il s'était d'abord acquis avec timidité. Il s'amusait souvent à se baigner dans le vase rempli d'eau où le Chien buvait, et si celui-ci venait l'interrompre, il témoignait la plus vive indignation. » LES HUITRIERS Caractères. — Les Hu'itriers sont caractérisés par un bec beaucoup plus long que la tête, médiocrement fendu, robuste, aussi haut que large à la base, puis rétréci, comprimé et plus haut que large: des ailes allongées, suraiguës, atteignant presque l'extrémité de la queue ; celle-ci médiocre, composée de douze rectrices; des tarses robustes, médiocrement allongés, couverts de toutes parts d'un réseau d'écaillés; des doigts courts, épais, au nombre de trois, bordés de larges callosités ; des ongles courts et larges. L'HUITRIER-PIE [Hœmatopus ostralegus^. — Caractères. — Le plumage de cet Oiseau est d'un noir lustré, à l'exception du croupion, de la poitrine, de [23 LES HUITRIERS [187] l'abdomen et d'une barre sur l'aile, qui sont d'un blanc pur : l'iris est d'un rouge vif, les bords libres des paupières jaune-orange ; le bec rouge à la base, brunâtre à l'extrémité ; les pieds rougeàtrcs. Sa taille est d'environ o°',42. I] :lu:(: — L'Huitrier-Pie habite les cotes mariiimesde l'Europe, les régions »>^- L'Huitrier-Pie. tempérées de l'Asie, et l'Afrique septentrio- nale. Ses migrations ne s'étendent jamais bien loin ; les bandes d'Huîtriers qui habitent les côtes de la Baltique viennent passer l'hiver sur les côtes de France et d'Es- pagne; celles qui habitent l'Islande passent simplement de la côte septentrionale à la côte méridionale, quittant les régions envahies par la glace pour venir sur les côtes baignées par le Gulf-Stream. Mœurs. — Les Huîtriers sont des Oiseaux très sociables, vivant en troupes la plus grande partie de l'année. Ils sont très vifs et très remuants. Sur le sol, ils courent avec rapidité ; ils peuvent aussi se soutenir aisément sur les sables vaseux grâce à la conformation de leurs pattes. Leur vol est facile, rapide et bas. Sans être des Oiseaux nageurs, ils entrent fréquemment dans l'eau et plongent même en cas de besoin. Leurs allures sont très intéressantes à observer: « Plus vigilants que les autres Oiseaux de rivage, dit Brehm, ils trouvent toujours à s'occuper. Chaque petit Oiseau qui passe près d'eux, ils l'observent; un grand, ils le saluent de leurs cris ; pas un Canard, pas une Oie qui échappe à leurs regards. « Mais voici que s'approchent de nos Huîtriers d'autres Oiseaux qu'ils savent être des ennemis. Dès qu'un de ceux-ci apparaît, que ce soit un Corbeau, une [188] LES ECHASSIERS. 24 Corneille ou une grande Mouette, un Huitrier donne le signal de l'attaque; tous se lèvent, fondent sur l'ennemi, crient pour dénoncer sa venue aux autres Oiseaux, et le poursuivent avec fureur. En cela, ils ressemblent tout a fait aux Vanneaux, mais leurs armes sont meilleures, la victoire leur est plus fidèle. Les autres Oiseaux de rivage savent parfaitement ce que signifient leurs cris; ils distinguent très bien le cri d'appel du cri d'avertissement. Partout où se trou- vent des Huîtriers-Pies, ce sont eux qui jouent le rôle principal, qui règlent et commandent, en quelque sorte, les allures des autres Oiseaux. » Le nom d'Huitriers ne signifie pas que ces Oiseaux se nourrissent d'Huîtres, mais ils mangent une grande quantité de petits Mollusques bivalves, de Vers, de Crustacés et même de petits Poissons. A l'époque des amours, les couples se séparent; on entend alors retentir le chant des mâles et on assiste parfois aux combats qu'ils se livrent pour la pos- session des femelles. Les nids sont placés sur les dunes, sur les grèves, parmi les débris de coquilles et les cailloux roulés, au milieu des herbes ou des fucus rejetés par la mer. La ponte est de deux ou trois œufs, d'un roux sale ou jaune verdàtre, avec des traits irréguliers et des taches d'un brun noir. La femelle les couve seule, pendant la nuit et une partie de la journée, mais le mâle la remplace si elle périt. Les jeunes éclosent au bout de trois semaines; ils sont très vite en état de courir, de nager et d'éviter les plus grands dangers qui les menacent. Chasse.- — Les Huîtriers se laissent difficilement approcher parle chasseur. D'ailleurs, leur chair a un goût très désagréable. Captivité. — En captivité, ils s'apprivoisent facilement, vivent en assez bonne intelligence avec les autres Oiseaux de basse-cour, leur servent même de sentinelles en les avertissant par leurs cris perçants de l'approche de quelque ennemi. LES TOURNE-PIERRES Caractères. — Les Tourne-pierres ont un bec à peu près aussi long que la tète, conique, à arête aplatie, à pointe dure, comprimée, mousse; des ailes étroites, suraiguës, dépassant un peu l'extrémité de la queue, celle-ci composée de douze rectrices ; des jambes peu dénudées au-dessus de l'articulation ; des tarses médiocrement allongés, épais, garnis en avant de petites plaques imbri- quées, et en arrière de fines écailles; quatre doigts, presque libres, dont trois antérieurs, le pouce de la longueur du tarse. LE TOURNE PIERRE VULGAIRE OU INTERPRÈTE {Strepsilas interpres). — Caractères. — Le Tourne-pierre interprète a un plumage d'un dessin très varié. Le front, les joues, une large bande qui traverse la nuque, le bas du dos, la gorge et une bande transversale sur l'aile sont d'un blanc pur; une ligne en arrière de l'œil, le devant et les côtés du cou, la poitrine noirs; le dessus de la tète rayé longitudinalement de blanc et de noir: les rémiges noirâtres; le 25 LES BÉCASSES OU SCOLOPACIDÉS. [189] manteau tacheté de noir et de rouge; l'iris et le bec sont bruns, les pattes jaune- orange. La taille de cet Oiseau est d'environ o"',22. Habitat. — Le Tourne-pierre interprète habite le nord de l'Europe et de l'Amérique, mais, à l'époque de ses migrations, il se répand dans toutes les parties du monde. Il se reproduit dans les régions arctiques. Mœurs. -- C'est un des Oiseaux les plus communs que l'on rencontre sur les bords de la mer. Son nom de Tourne-pierre lui a été très justement appliqué; il a, en eft'et, l'habitude de faire rouler avec le bec les petits objets qu'il trouve sur la plage quand la mer s'est retirée, pour happer les petits Crustacés qui se cachent des- sous. Il fouille aussi de son bec les touffes de varechs, les anfractuosités des roches; il sonde les bancs de sable pour y attraper quelques Vers. C'est un Oiseau très vif, courant et voletant de place en place, en faisant entendre son petit cri d'appel. Tout le jour, il est en mouvement. Son vol est extrêmement rapide et aisé. De tous les Oiseaux qui vivent au bord de la mer, il est l'un des plus prudents et des plus craintifs. Il niche sur les bancs de sable, mais parfois aussi dans l'intérieur des terres, parmi les hautes herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs à peu près semblables à ceux du Van- neau. LES BÉCASSES OU SCOLOPACIDÉS Cette famille renferme un nombre considérable d'espèces d'Oiseaux de rivage et de marais assez dissemblables, et qui n'ont de commun entre elles que la structure du bec et le genre de vie. Le bec des Scolopacidés a une forme et une longueur variables, mais il est toujours plus long que la tête, grêle, plus ou moins cylindrique, flexible ; la mandibule supérieure est formée de deux branches qui jouissent d'une assez grande mobilité et font l'office de pince lorsque l'Oiseau enfonce son bec profon- dément dans le sable pour y capturer les petits Vers dont il se nourrit. Tous les Oiseaux de cette famille vivent sur les bords fangeux des rivières, des lacs, de la mer, dans les prairies humides, les marécages. Ils ont une nourriture exclusivement animale, composée de "\'ers, Mollusques, Insectes, qu'ils capturent en fouillant la vase avec leur long bec merveilleuse- ment conformé pour cette existence spéciale. Leurs mœurs sont sociables. Leurs habitudes nocturnes ou semi-nocturnes. Tous sont migrateurs, et presque tous subissent chaque année une double mue. On les répartit dans les sous-familles suivantes : Les Courlis ou Numéniens ; Les Barges ou Limosiens; Les Bécasses ou Scolopaciens : La vie dks animais illustuée. I \ ■ — l 5 luoi LES ECHASSIERS. ■>c> Les Bécasseaux ou Tringiens ; Les Chevaliers ou Totaniens : Les Phalaropes ou Phalaropodiens. LES NUMÉNIENS Caractères. — Les Numénicns sont de grands Echassicrs aux formes élé- gantes, élancées. Ils doivent leur nom à la forme en croissant de leur bec. Ils ont pour caractères distinctifs ; une mandibule supérieure sillonnée dans les trois quarts de son étendue, dure, obtuse, lisse à l'extrémité ; des tarses presque entièrement réticulés sur toutes les faces ; quatre doigta-, les trois anté- l'ieurs unis à la base par deux palmatures égales. LES COURLIS Caractères. — Le genre Courlis a pour caractères : un bec beaucoup plus long que la tète, grêle, très arqué, mince à l'extrémité, la mandibule supérieure dé- passant et recouvrant l'inférieure; des ailes longues, suraiguës; une queue courte, légèrement arrondie ; des tarses allongés, scutellés dans leur partie anté- rieure et inférieure, réticulés dans le reste de leur étendue; des doigts courts, le médian beaucoup moins long que le tarse, le pouce ne por- tant à terre que par son extrémité. Le plumage ne varie presque pas, suivant le sexe ni même suivant l'âge. LE COURLIS CENDRE {N^uuieiiius \irqiijli.r. — Caractères. — La taille du Courlis cendré est d'environ o"',ôo. Son plumage est entièrement d'un cendré clair, nuancé de roux et tacheté de brun; l'iris et le bec sont bruns, les pieds gris de plomb. Habitat. — Le Courlis cendré, ou Grand Courlis, habite l'Europe et l'Asie. L'hiver, il émigré jusqu'en Grèce, en Sicile, en Afrique. Il fréquente les bords des cours d'eau et des lacs aussi bien Le Courlis cunJré. Mœurs, que les côtes de la mer, les pays de plaine comme les pays de collines, mais 27 LES COURLIS. 101 il se plaît painiculièrement dans les vastes toundras des pays septentrionaux. Dans ses migrations, il ne suit aucun itinéraire régulier, et traverse indifférem- ment les montagnes ou les steppes. D'un naturel très sociable, il se réunit volontiers à ses semblables pour former de petites troupes. Il est prudent et méfiant iiTexcès, et à l'approche d'un ennemi, il est, comme le ^'anneau, un des premiers à lancer le signal d'alarme. Sa démarche est élégante et mesurée. Il fait de grands pas et, quand il se hâte, il ne double pas le nombre de ses pas, mais il en augmente l'étendue. Son vol est aisé, régulier, mais peu rapide; il plane quelquefois avant de se poser. La nourriture du Courlis consiste en Vers, Mollusques, Insectes, petits Poissons, qu'il ramasse dans les terrains vaseu.v que l'eau met à découvert en se retirant. 11 niche en général sur les plages ou les endroits marécageux. La femelle construit son nid, simple dépression tapissée de quelques herbes, sur une petite élévation du sol, et pond trois ou quatre œufs ventrus, d'un jaune verdàtre, semés de taches grises, rousses et noirâtres. Chasse. — On chasse le Courlis le long des côtes ou au marais. Dans le pre- mier cas, le procédé le plus intéressant est la chasse en bateau, mais elle demande de la part du chasseur une grande prudence et une grande habileté. Les jeunes Courlis arrivés les premiers dans nos pa3's se laissent facilement attirer quand on imite leur cri, mais les vieu.x sont extrêmement défiants et dif- ficiles ù approcher. La chasse au filet n'est pas moins délicate. Fréquemment, ces Oiseaux rusés se posent près des filets qu'on leur a tendus mais n'en approchent pas. La chair du Courlis est assez estimée ; elle rappelle un peu celle de la Bécasse. Captivité. — Ces Oiseaux supportent facilement la captivité quand on les met dans des volières spacieuses ou de grands parcs. Il faut leur donner une nour- riture variée dans laquelle la viande doit entrer pour une grande part. LE COURLIS A BEC GRÊLE (Niimeiiiiis lenuiroslris). — Le Courlis à bec grêle est de plus petite taille que le précédent; il mesure environ o", 40. Son plumage est moins uniforme; le blanc pur et le roussàtre dominent au croupion et il la face inférieure du corps. Il habite plus spécialement l'Egypte, l'Algérie, la Sicile. Ses mcEurs sont les mûmes que celles du Courlis cendré. LE COURLIS CORLIEU {Ntimeiiiiis PIuvupus). — Cette espèce, très semblable aux précédentes par ses caractères et ses moeurs, a une aire de dispersion aussi étendueque le Courlis cendré, mais elle est beaucoup moins commune. LE COURLIS DE LA BAIE D'HVDSON iNinueiiiiis /indsnuicus). —DansV Amé- rique di.1 Nord, le genre Courlis est représenté par une espèce peu ditférente de [102] LES ÉCHASSIERS. 28 celle de l'ancien monde, et qu'on appelle le Courlis de la baie d'Hudson. Son apparition a été signalée en Islande et dans le nord des îles Britanniques, à l'époque des migrations. LES LIMOSIENS Les Limosiens ont la mandibule supérieure sillonnée jusqu'à l'extrémité, qui est molle, déprimée, lisse ; leurs tarses sont scutellés en avant, réticulés en arrière; leurs doigts interne et externe souvent unis au médian par une pal- mure. LES BARGES Caractères. — Les Barges sont des Échassiers d'assez forte taille, ayant un corps épais, massif, un bec près de trois fois aussi long que la tète, mou et tiexible dans toute son étendue, fort et haut a la base, légèrement dé- primé, aplati vers son extrémité; des ailes allongées buraiguës, la première rémige dépassant les au- tres; une queue courte, égale; des tarses grêles, plus longs que le doigt médian, celui-ci plus ou moinsuni àrextcrne et à l'interne par une mem- brane. LA BARGE COMMUNE [I iniosa a'gocephaLi. — Caractères. — La Barge commune mesure environ o"".4i ii o"',42. Elle a le dessus de la tète et le cou d'un roux ardent, strié de noir; les plumes du dos et les sca- pulaires noires bordées de roux ; les couvertures des ailes cendrées; les rémiges noires avec une tache blanche ; la poitrine et les flancs roux zébrés de noir; l'abdomen d'un blanc pur; la queue noire bordée de blanc : le bec orangé à la base, ^^.^ brun à l'exirémité : l'iris brun-noisette; les pieds noirs. Habitat. — La Barge commune ou à queue noire ■ habite l'Europe, l'Asie, l'Afrique. Elle est de passage régulier en France durant les mois de mars, avril, septembre et octobre. Mœurs. — Les prairies humides, les marécages, sont les en- droits où elle se plaît le mieux. Elle ne fréquente les bords de la mer que très accidentellement. Sa nourriture se compose de ^'ers, de larves et d'Insectes aquatiques, de frai de Grenouille. Lii Bari>e commune •i!) LES BECASSES l'.Ci D'un caractère très sociable, on la voit toujours en très grandes troupes. Son vol est rapide, sa voix criarde. Elle construit son nid dans les herbes et les joncs des marécages qu'elle fré- quente. Ses œufs, généralement au nombre de quatre, sont renflés, pyriformes, d'une couleur olivâtre foncé, avec des points et des taches roussàtres ou bruns. Captivité. — Les Barges s'apprivoisent très vite en captivité. Dans quelques régions du nord de la France, on conserve ces Oiseaux dans les jardins, après leur avoir amputé le bout des ailes. Ils détruisent un grand nombre de larves et d'Insectes, mais l'hiver, ils périssent souvent, faute de cette indispensable nour- riture. LA BARQE ROUSSE (Limosa riifa). — Cette espèce, qui habite plus particu- lièrement les régions tempérées et l'extrême nord de l'Europe, a un plumage très semblable à celui de la Barge commune, et n'en diftère pas sous le rapport des mieurs et du «enre de vie. LES SCOLOPACIENS Les Scolopaciens forment un groupe très naturel et bien caractérisé. Ils ont une tète comprimée latéralement, et dont les côtés sont comme coupés verticalement; des yeux gros et reculés vers l'occiput; des ailes plus courtes et plus arrondies que celles des autres Scolopacidés. Leur bec est creusé d'un petit sillon médian dans sa partie terminale molle et renflée. Ces Oiseaux vivent le plus souvent solitaires ou par couples. Leurs mœurs sont semi-nocturnes. Dans leur vol, ils décrivent de brusques crochets, et la plupart ont la singulière habitude de se laisser tomber lourdement à terre et d'y rester immobiles avant de se mettre en marche. Leur nourriture consiste surtout en "\'ers. Limaces, larves, etc. LES BECASSES Caractères. — ■ Les Bécasses ont le bec près de deux fois aussi long que la tête, droit, à pointe obtuse et comme barbelée sur les côtés ; les narines creusées dans une rainure profonde; les ailes médiocres, amples, aiguës; la queue très courte ; les jambes entièrement emplumées jusqu'aux tarses, caractère presque unique chez les Echassiers ; les tarses courts, épais ; les quatre doigts totalement divisés; le médian de la longueur du tarse. Le plumage varie peu suivant le sexe et suivant les saisons. LA BÉCASSE COMMUNE [Sculopa.x rusliaila\ - Caractères. — La taille de la Bécasse commune est très variable; cette particularité, jointe à quelques varia- 11941 LES ECHASSIERS. 30 tions légères dans le plumage, avaient même conduit certains naturalistes à dédoubler cette espèce en plusieurs autres. En général, on peut admettre que la Récasse commune mesure envion o"',4o. Son plumage est, en dessus, varié de marron, de roussâtre, de jaunâtre, de cendré, avec des taches et des raies transversales noires : en dessous, il est d'un roux jaunâtre avec des traits bruns en zigzags. Habitat. — La Bécasse commune est très répandue dans toute l'Europe : on la rencontre aussi en Asie et dans l'Afrique septentrionale. En France, elle est surtout abondante dans la Bretagne. Mœurs. — Les dates de son passage dans un pays, lorsqu'elle émigré au prin- temps pour aller se reproduire dans le nord, ou lorsqu'elle se dirige à l'automne vers le midi, sont très variables et paraissent dépendre surtout des conditions atmosphériques. En général, elle arrive dans le nord de la France en mars; elle repart à la fin d'octobre et son passage dure jusqu'au i5 novembre. La route qu'elle suit dans ses vo\'ages est aussi très variable d'une année à l'autre. La Bécasse commune se tient de préférence sur la lisière des bois dont le sol est humide et couvert d'une épaisse couche de terreau. C'est là qu'elle trouve la nourriture qui lui convient. Elle enfonce son bec dans les tas de feuilles ou dans le sol humide, pour découvrir les Vers, les larves, les petits Mollusques qui s'y cachent : elle visite les bouses de Vaches où elle trouve une grande quantité d'Insectes. Ses allures, son genre de vie, présentent beaucoup d'intérêt, mais sont très dirticiles à observer en raison de son naturel craintif et défiant. Le jour, elle ne se montre jamais à découvert. Ce n'est qu'au crépuscule qu'elle commence à courir de côté et d'autre. Elle court avec rapidité. En s'envolant, elle produit un bruit caractéristique bien connu des chasseurs. " En voyant une Bécasse vivante, dit Brehm, on est tenté de la prendre pour un des Oiseaux les plus stupides; ce serait là une erreur : ses sens sont très développés ; elle est très prudente, rusée ; elle sait parfaitement de quelle res- source lui est son plumage couleur du sol ou couleur d'écorce, et quand elle se rase, elle sait toujours choisir un endroit où elle soit en sûreté. L'ne Bécasse couchée, immobile parmi des feuilles sèches, des morceaux de bois, a côté d'un fragment d'écorce ou de racine, échappe à l'œil le plus exercé. Elle demeure dans cette posture tant qu'elle croit devoir le faire ; quand elle est poursuivie, elle laisse le chasseur l'approcher à quelques pas, avant de se lever. Elle s'envole alors, mais pour gagner le côté opposé du buisson près duquel elle était. Elle fait toujours en sorte qu'il y ait des arbres et des buissons entre elle et le chasseur. Avant de s'abattre, elle décrit souvent une ligne longuement ondulée: quand elle a atteint le fourré, elle continue à s'y enfoncer assez loin, fait souvent un crochet et trompe ainsi le chasseur. Elle sait que celui-ci la cherchera là où il croit l'avoir vue s'abattre. « Comme les autres Oiseaux de la même famille, la Bécasse commune s'in- quiète peu des autres animaux, et même de ses semblables, autant, du moins, que l'amour n'est pas en jeu. Elle va son chemin sans se préoccuper des Oiseaux 31 LES BECASSES. [vro] animal le plus qui sont dans le voisinage. Cependant, elle se métie de tout doux, le plus inolïensif lui est suspect. » Les mâles se livrent de furieux combats; ils se poursuivent dans les airs, se saisissent mutuellement et tombent parfois ensemble sur le sol. La Bécasse a une voix peu agréable ; elle ne fait enten- dre que quelques cris rau- ques. étouffés, ou parfois une sorte de sifflement. Après l'accouplement, la femelle cherche, pour nicher, un endroit abrité, derrière un buisson, sous une grosse racine ou dans la mousse. Elle profite d'une dépres- sion déjà existante, ou en creuse une elle-même, qu'elle tapisse gros- sièrement d'herbes sèches, de petits brins de bois. On doit admettre cependant que la cons- truction de ce nid n'est pas le fait d'un arran- gement dû au hasard. La description sui- vante, empruntée à un méticuleux observa- teur, Lescu_ver, le dé- montre bien : " ...J'aperçus en effet, à quelques pas en avant, quatre œufs dans une jolie coupe, composée de feuil- les sèches, établie dans une petite cavité, sur une pente légère d'un terrain très résistant. A neuf centimètres au-dessus du nid, il y avait une tige de ronce desséchée, d'un diamètre de quinze millimètres et qui apparaissait comme l'anse d'un panier. La Bécasse entrait d'un côté et sortait de l'autre. Cette petite branche, d'une longueur de soixante-dix centi- mètres, aboutissait à droite et à gauche à un tremble et à un saule de l'âge du taillis. Huit autres brindilles du genre de la première, amenées en avant et en arrière de cette ligne, complétaient les obstacles des abords de celte rési- dence. I.a Bécasse commune. H9G| LES ÉCHASSIERS. « Presque au milieu du bouleau et du saule, se dressaient deux autres petites ronces très vivaces et couvertes de feuilles vertes. « La cuvette du nid avait, à la partie supérieure, un diamètre de ii centi- mètres, en profondeur 4 centimètres, et pour cube intc'rieur 200 centimètres; l'épaisseur était pour le fond de -ib millimètres, et pour les parois de 2 centi- mètres à la base et de 2 ou 3 millimètres au point le plus élevé. « Le 5 avril, c'est-à-dire di.x-huit jours après, j'y retournai; les jeunes étaient éclos et partis. Je pus donc sans inconvénient pren- dre le nid, en désagréger toutes les parties et constater ce qui suit : Il 11 y avait quatre cent trente feuilles sè- ches de chêne et de tremble. Elles avaient été plaquées les unes contre les autres, ra- massées à terre au moment de leur em- ploi, et alors un peu mouillées et très flexi- bles, elles s'étaient prêtées facilement à cette opération. Elles avaient été du reste reliées par leurs queues et par quelques brindilles de bois et de mousse, et il en était resté un feutrage d'une certaine adhérence. v ".. de notre fidèle compagnon, de (aire de temps a autre de courts arrêts, mais seule- ment dans les places où on peut épauler facilement. Quand on connaît bien la région où on chasse, on ga- gnera beaucoup de temps en \ w / f-' ' 'ÎP'3M?f v'^V^lF ' "^ s'astreignant pas à battre ^, toutes les parties d'un bois, f: . ' ■ f# T U(n ■• ' celles notamment où de mé- / '-^«iwk.^- moire d'homme, par suite de la nature du sol ou de l'expo- sition, on n"a jamais rencon- tré de Bécasses. On sait les lieux d'habitation de la dame au long bec : les fouil- lis de feuilles et surtout les larges « miroirs » qui sont les excréments liquides et blancs qu'elle laisse, en sont des indices certains. C'est là qu'il faut con- centrer toute notre attention. Il est nécessaire de mar- cher toujours à bon vent, car, bien que le fumet de la Bé- casse soit de ceux que le Chien évente de loin, cela facilitera la recherche. On par- courra ainsi tous les endroits susceptibles de receler le précieux Oiseau. Mis en éveil par le bruit du chasseur et du Chien qu'il entend d'assez loin, celui-ci, après avoir démêlé la direction d'où vient le danger, se met à piéter et, malgré ses petites pattes, il court très vite. Mais le Chien a éventé sa trace et le voilà qui s'attache à ses pas. La quête s'accentue car la voie devient plus chaude : un vieux Chien habitué à toutes les ruses de la Bécasse, a bientôt le sentiment de la direc- tion qu'elle suit dans sa fuite; il coupe alors la voie en forçant en avant et en décrivant un circuit de manière à lui couper la retraite et à la placer entre son maître et lui. Déroutée par cette manœuvre, la pauvre bête s'arrête, demeurant dans l'immobilité la plus complète, quoique debout, et se demandant de quel côté fuir encoie. A ce moment, le Chien est en plein arrêt, regardant alternativement par terre d'où lui viennent les émanations de la fugitive et jetant à son maître un regard intelligent semblant lui dire : attention! elle est là. C'est un moment solennel, plein d'émotion et où tout le sang afflue au cœur du vrai La Bécasse et ses jeunes. 35 LES BECASSINES. ^l'M, chasseur dans l'attente du départ de l'Oiseau à bonne portée, récompense de ses pénibles recherches. Mais ce monient ne dure qu'un instant, la Bécasse ne tenant pas bien l'arrêt après la fuite apeurée qu'elle vient de faire, surtout si le temps est sombre et humide. Au contraire, si elle a été surprise par l'apparition subite et silencieuse du Chien, pendant qu'elle était en train de vermiller sous la jonchée de feuilles, tournant et retournant à droite et à gauche, au moyen de son long bec, la couverture du sol (la Bécasse ne se sert jamais de ses pattes pour gratter le sol comme les Gallinacés), jugeant qu'il est trop tard pour fuir, elle espère échapper aux regards grâce à sa livrée feuille-mortc qui se détache peu du sol. Alors elle se tapit, se rase, tout le corps allongé et collé à terre, y com- pris le cou, la tête et le bec. Dans cette position, elle tient ferme et longtemps l'arrêt et donne amplement au chasseur le temps d'approcher et de se préparer à la tirer. Celui-ci s'efforcera d'avancer en décrivant un circuit, de manière à avoir le gibier entre son Chien et lui. Enfin elle s'envole lourdement, en faisant beaucoup de bruit. Elle est gênée, en effet, comme le sont les Hirondelles et les Martinets à cause de leurs pattes trop courtes, pour déployer ses longues ailes en même temps qu'elle quitte le sol; elle appuie alors son bec à terre et donne un vigoureux coup de jarret qui lui fait faire comme une cabriole pendant laquelle elle bat l'air violemment pour prendre son vol. C'est là ce qui explique le mouvement relativement long de son envolée. » Captivité. — En captivité, la Bécasse perd son naturel craintif et s'apprivoise facilement. Sa nourriture doit consister surtout en Vers de terre qu'elle ramasse d'ailleurs très bien elle-même dans les gazons, puis on l'habitue à manger du pain, des (eufs de F'ourmis, etc. LES BÉCASSINES Caractères. — Les Bécassines ditTèrent peu des Bécasses par leurs caractères généraux, mais elles s'en distinguent principalement par leurs formes plus élancées, leur bec plus grêle, leurs jambes dénudées, leur taille moindre et leur plumage rayé longitudinalement. L.\ BÉCASSINE ORDINAIRE 'Gallinago scolopacimis) — Caractères. — La Bécassine ordinaire mesure environ o"',25. Son plumage est, comme chez la Bécasse, varié de roux et de noir, mais ces couleurs sont différemment disposées. Toutes les parties supérieures du corps sont noires, avec une raie longitudinale médiane d'un blanc roussàtre, et deux bandes semblables de chaque côté sur les épaules et le dos; le cou, la poitrine et les flancs sont d'un roux clair, tachetés de brun, l'abdomen blanc; le bec brun, l'iris noir, les pieds d'un verdàtre pâle. Au printemps, les couleurs deviennent plus vives. La femelle porte en toute saison le même plumage que le mâle. habitat. — La Bécassine ordinaire habite l'Europe, l'Asie et une partie de l'Afrique. Elle est de passage sur tous les points de la France au printemps et à l'au- tomne. L'hiver elle est commune dans les terrains montagneux du midi. Mœurs. — D'un caractère peu sociable, elle voj'age isolément ou par paires traversant sans s'arrêter les terrains secs, recherchant, au contraire, les régions :20() LES ECHASSIERS. :JG humides, marécageuses. Elle s'établit dans les grands marais, les tourbières, où le sol, couvert d'herbes, de joncs, est d'une faible consistance. Sa nourriture se compose de Vers, d'Insectes, de Mollusques. Elle fouille de son bec les terrains fangeux, les mousses, ramassant de-ci de- là quelque proie. Bien que ses habitudes soient moins nocturnes que celles de la Bécasse, c'est surtout au crépuscule qu'elle se montre active. La Bécassine est craintive, défiante, mais elle est plus gaie, plus joyeuse que la Bécasse. Sa démarche est aisée, rapide. Son vol est très irrégulicr, rapide et étendu. Elle s'élève haut dans les airs, décrit de grands cercles puis se laisse tomber obli- quement en fermant les ailes. En cas de danger, elle cher- che quelquefois son salut en plongeant sous l'eau. C'est à l'époque des amours, que les mâles se livrent sur- tout à leurs évolutions aériennes. En prenant leur essor, ils poussent un petit cri rauque. Pendant le vol, les vibrations de leurs grandes rémiges produisent un bruit très singulier. Le nid de la Bécassine est placé dans une légère dépression, au milieu des plantes maré- cageuses, entouré d'eau de toutes parts. Les plantes, en continuant à croître, fi- nissent par le recouvrir et le cacher en- tièrement. La ponte a lieu en avril; elle est de quatre ou cinq œufs, un peu renflés, quelquefois p_\riformes, de couleur variable; en général, ils sont maculés, tachetés de brun sur un fond verdàtre ou roussàtre. La femelle couve seule pendant quinze ou dix-sept jours. Les petits naissent couverts d'un léger duvet, mais à l'âge d'une di- zaine de jours, ils sont déjà couverts de plumes et quelques semainesaprcs, ils commencent à voler. Les Bécassines échappent plus facile- ment que les Bécasses aux petits Carnas- siers, en raison de leur habitat spécial. mais elles sont encore exposées aux atta- ques des Oiseaux de proie. Des crues d'eau subites noient parfois tous les nids d'un canton. 'Jf^^^ La Bécassine ordinaire. Chasse. La Bécassine s'engraisse beaucoup pendant l'été. Sa chair devient 87 LES BECASSINES. fJOll alors très délicate. Mais la chasse de cet Oiseau est très diflicile. I)ans les pays où il est très abondant, on le prend avec des tilets ou traiiicaux. Dans certains cas, on attire les mâles à portée de fusil en imitant, avec un appeau, le cri des femelles. Mais la chasse la plus intéressante est la chasse au Chien d'arrêt. Les conditions les plus favorables pour réussir cette chasse sont de posséder un bon Chien, d'être un excellent tireur, de ne se mettre en route que par un beau temps clair, sans trop de vent. Toutes ces conditions étant remplies, le chasseur n'est pas encore assuré de rentrer avec le carnier bien rempli. Qu'on en juge par le passage suivant extrait d'un article de M. Leddct dans la Chasse moderne : « Le Chien doit être tenu très près. On lui fera battre les joncs, les roseaux et les grandes herbes en marchant tout doucement, tournant, revenant au besoin en arrière, mais reprenant toujours la marche à bon vent pour faciliter la quête. Il faudra toujours être sur le « qui-vive » et prêt à tirer, car au moment où on s'y attend le moins, une Bécassine pourra partir en arrière alors qu'on est en train d'en tirer une autre en avant. A l'arrêt, le Chien parait parfois moins ferme que pour toute autre espèce de gibier; sa queue bat légèrement et lentement à droite et à gauche : c'est que la Bécassine, si elle, tient d'abord assez bien l'arrêt, ne tarde pas à couler dans les joncs; de là, l'hésitation du brave compagnon, sur la direction qu'elle a prise. Il sait qu'elle est là, qu'elle fuit, mais où? Alors il suit, le nez à terre, plein de prudence, tout en s'animant à la poursuite; mais celle-ci n'est pas longue ; la Bécassine ne piète pas longtemps; arrêtée une seconde fois, un instant, elle se lève. Vive émotion! Elle a jeté, en s'envolant, son cri d'effroi caractéristique, et la voilà déjà hors de portée, grâce à son vol rapide. D'abord elle a fui en ligne droite comme pour s'éloigner au plus vite, semblant penser, dans son instinct très fin, que ces premières secondes lui sont moins dangereuses parce que son ennemi, surpris, n'est pas encore prêt. Puis, tout à coup, comme si elle pensait que le moment du danger était venu, elle fait, coup sur coup, deux ou trois crochets irréguliers, vivement dans plusieurs plans, manœuvre susceptible de dérouter même les meilleurs tireurs, et tout en conti- nuant à s'éloigner; enfin, se croyant sans doute en dehors de la zone dangereuse, elle file de nouveau en ligne droite en montant rapidement dans les airs. On a beaucoup discuté et on discute encore sur la question du tir de la Bécassine au moment où elle s'envole. Les uns prétendent qu'il faut lui laisser faire son pre- mier vol rectiligne en avant, ainsi que ses crochets avant de la tirer, ce qui per- met de bien épauler et de la tirer posément. Les autres, et je suis du nombre, la tirent au cul levé, à peine au-dessus du couvert d'où elle sort, au premier moment où elle parait et avant qu'elle n'ait fait ses crochets. Pour cela, il faut toujours être prêt et épauler vivement en tirant un peu haut, jetant pour ainsi dire son coup de fusil sans viser. Ce tir a le double avantage de pouvoir bien plus sou- vent être pratiqué à bonne portée et de permettre de doubler la Bécassine après qu'elle aura exécuté ses crochets si elle n'est pas tombée au premier coup. Comme la moindre blessure suffit pour l'arrêter, le second coup même tiré de loin, aura encore la chance d'être couronné de succès. Il arrive même, si on a ■>ty> LES ECHASSJERS. aS l'habitude de tirer vite « au coup d'épaule », qu'on a le temps d'envo}er son second coup avant que l'Oiseau n'ait commencé ses crochets si déconcertants. » Captivité. — Les Bécassines peuvent être conservées quelque temps en captivité, mais leurs habitudes nocturnes n'en font pas des Oiseaux très diver- tissants. LA BÉCASSINE DOUBLE OU GRANDE BÉCASSINE [Galliiiagu major). — Cette espèce diffère surtout de la Bécassine ordinaire par sa taille plus forte et son plumage où doinine le noir sur un fond plus clair. Elle habite le nord de l'Europe et la Sibérie en été, et ne descend dans les contrées tempérées et méridionales qu'à l'automne. On la rencontre le plus souvent solitaire ou par groupes de deux a trois indi- vidus. LA BÉCASSINE SOURDE OU PETITE BÉCASSINE {Galliuago irallimila . — Cette Bécassine, dont la taille n'est que de o'", i(j a o'°, i 7, est encore désignée dans certaines provinces sous les noms de Bécol et de Jaquct. Ses mœurs sont les mêmes que celles de la Bécassine ordinaire. Elle est très abondante en France à ses passages d'automne et du printemps. . C'est un gibier très recherché, car sa chair est plus délicate que celle des autres Bécassines. Elle est aussi moins difficile à chasser; lorsqu'elle s'élève dans les airs, son vol a moins d'étendue et il présente moins de crochets. LES TRINGIENS Les Tringiens sont des Échassiers de petite taille, dont le bec est rarement plus long que la tète, et dont les doigts sont presque entièrement divisés ; l'externe et le médian sont seuls unis par une très courte membrane. Leurs tarses sont de la longueur du doigt médian. Leur bec a la forme générale de celui des Scolopaciens, mais l'extrémité en est peu dilatée et sans sillon médian. Chez la plupart d'entre eux, les rectrices médianes se terminent en pointe et dépassent notablement les latérales. On les désigne quelquefois, iwcc laison, sous le nom de coiireiiis Je riragc. LES BÉCASSEAUX Les différents genres que l'on a établis dans le groupe des Tringiens se dis- tinguent entre eux par des particularités si peu sensibles, qu'on peut les réunir en un seul sous le nom de Bcccissciiiix, dont les caractères sont ceux de la sous-famille. LE BÉCASSEAU SANDERLINQ [Tringa areimria L.) — Caractères. — Cette espèce se distingue de toutes les autres de la famille par l'absence du pouce. Sa taille est de o™, i5 à o", i(î. En été, son plumage est presque entièrement d'un noir tacheté de blanc et de roux, avec l'abdomen d un blanc pur. En hiver, toute la face inférieure du corps est blanche : le dos passe au gris cendré. :iO LES BECASSEAUX. 203 Habitat. — Le Bécasseau Sanderling, ou Saïuio-iiiig des sables, habite les con- trées boréales de l'ancien et du nou\'eau monde; il descend, en automne et en hiver, sur les rivages des pays tempérés. Il est de passage régulier sur les côtes du nord de la France, de l'Angleterre, de la Belgique, de la Hollande. Mœurs. — Il vit en bandes nombreuses en hiver, et par paires en été. Toute son existence se passe sur les bords de la mer; il ne s'avance que très rarement dans l'intérieur des terres. Sa marche est élégante, son vol rapide. C'est un Oiseau peu bruyant, inollénsif, mais peu craintif; souvent il se mêle aux bandes d'autres petits Echassiers. Sa nourriture se compose des petits animaux que les vagues rejettent sur le rivage, Vers, Mollusques, Crustacés. On le voit suivre la vague qui se retire, reculant rapidement quand une autre arrive, et continuant ce manège durant des heures entières. Le Sanderling des sables se reproduit dans les régions arctiques. Il niche sur les bords de la mer. Sa ponte est de trois ou quatre œufs, par- semés de taches brunes, irrégulières, sur un fond verdàtre. LE BÉCASSEAU CANUT OU M AUBÈCHE ^Tringa camitiis). —Caractères. — La taille de la Maubèche est d'environ o",25. Son plumage varie beaucoup selon les saisons. En été, la livrée du mâle est, comme chez la plupart des espèces du genre, variée de noir, de loux et de blanc. En hiver, le plumage des deux sexes prend une teinte cendrée en dessus, et blanche rayée de noir en dessous. Celui des jeunes est toujours très bariolé, car il passe insensiblement par des transitions graduelles à celui des adultes. Habitat. — Mœurg. — Le Bécasseau Maubèche habite les régions arctiques des deux continents. Il vient passer l'hiver dans les régions tempérées; on le trouve à ce moment en assez grande abondance sur nos côtes de la Picardie. 11 repart nicher au printemps dans les prairies marécageuses des contrées boréales. Sa noui'riture se compose de ^'ers, de petits coquillages marins. Ses (eufs sont d'un gris verdàtre, lavé de roussàtre, et couverts surtout au gros bout de taches arrondies, noirâtres, plus ou moins confluentes. LE BÉCASSEAU MARIllME ^Triuga marilima\. - L'aire de dispersion de cette espèce est la même que celle de la Maubèche, dont elle a exactement les mœurs. LE BÉCASSEAU COCORLI [l'i iiiga subarcuala. — Le Bécasseau Cocorli habite, comme les précédents, les rivages des contrées septentrionales, mais l'hiver il étend ses migrations jusqu'en Afrique. LE BÉCASSEAU CINCLE OU BRUNETTE. _ L'habitat et la zone de dispersion du Bécasseau Brunetie sont les mêmes que ceux du Cocorli. '20 V LES ECHASSIERS. ■',(> Cet Oiseau niche, comme ses congénères, dans les endroits marécageux ; il pratique une dépression au milieu des herbes et des joncs qui bordent les marais et 3"^ dépose trois ou quatre (cufs semblables à ceux de la Maubèche. Sa préférence marquée pour les rivages maritimes lui a valu le nom d'Alonct/e de mer. LE BÉCASSEAU PLATYRHYNQUE •Triiiga plalyrhynchus). — Il habite aussi le nord de l'I-^urope et de l'Amérique; il est de passage régulier en France. Il niche dans les marais. Ses mreurs n'offrent rien de particulier. LE BÉCASSEAU MINULE (7V/';/i,'c7 minuta). — Caractères. — Cette petite espèce ne mesure que o"", i3. Son plumage est, en dessus, d'un noir tacheté de roux sur la bordure des plumes, en dessous d'un blanc pur; la face, les côtés et le devant du cou sont d'un roux clair, finement tachetés de brun: les rémiges noires à baguettes blanches ; le bec, les pieds et l'iris noirs. Habitat. — Le Bécasseau minule habite le nord de l'Europe et de l'Asie, mais il étend ses migrations jusque dans l'Afrique australe. Il est de passage régu- lier en France. Mœurs. — Dans ses voyages, rivières. Il forme des bandes plus ou moins nornbreuses, mais qui ne se mêlent pas aux autres petits Echassiers. C'est un Oiseau léger, vif, actif, confiant, volant rapidement et bon coureur. Sa nourriture se compose de Vers, d'Insectes, de petits coquillages, qu'il ramasse sur les bords vaseux des cours d'eau et des étangs. Il niche dans les contrées marécageuses du nord de l'Europe, dans la Sibérie. On a aussi trouvé son nid au Groenland. Ses œufs, au nombre de trois ou quatre, sont lisses, à grain lin, brillants, d'un gris jaunâtre, semés de taches d'un gris cendré, sur lesquelles reposent des points d'un brun foncé ; ces dessins sont plus abondants et même confluents vers le cros bout. Le Bécasseau minule. il suit toujours les côtes ou le cours des 41 LES COMBATTANTS. [20b] Le Bécassiîvu Temmia. — C'est une espèce très voisine du .Minule, mais qui se rencontre plus particulièrement dans les zones tempérées. L'AcTiTUKi; RôussET. — ^ Cette espèce, originaire de l'Amérique, ne diffère des Bécasseaux que par sa queue plus allongée. Elle apparaît accidentellement en Europe. LES TOTANIENS Les Totaniens ont des formes plus élancées que les Scolopacidés précédents; leurs tarses sont minces et élevés; ils se terminent par quatre doigts dont l'externe et quelquefois l'interne sont unis au médian par une palmure; leur bec grêle, à mandibule supérieure sillonnée seulement jusqu'à sa partie moyenne, effilée à l'extrémité et recouvrant la mandibule inférieure; leur plu- mage est émaillé de taches oblongues. Ces Oiseaux ont le même genre de vie que tous les petits Echassiers. Ils fré- quentent les bords vaseux des cours d'eau, ou les rivages de la mer. Leur nourriture se compose de ^"ers, d'Insectes, de coquillages. Mais la particularité la plus curieuse de leurs mœurs est que quelques-uns d'entre eux nichent, non seulement dans les herbes des marécages, mais aussi sur des arbres élevés. Quelques-uns ont l'habitude de se tenir fréquemment sur un seul pied, l'autre étant iiéchi sous les plumes. Ils se meuvent aussi parfois dans cette position, en sautant, sans poser l'autre pied à terre. LES COMBATTANTS Caractères. — Les Combattants ont pour caractères : un bec de la longueur de la tète, droit, médiocrement flexible, sillonné dans ses deux tiers postérieurs, a peine renflé à l'extrémité; des narines basales, latérales, coniques; des ailes longues, suraiguës, dépassant la queue qui est courte et arrondie ; des jambes largement déplumées au-dessus de l'articulation; des tarses grêles, allongés; quatre doigts dont l'externe et le médian unis par une palrnature ; le pouce très court. Les mâles se distinguent des femelles par leur taille plus forte et par une collerette de très longues plumes qui se développe chez eux à l'époque des amours. LE COMBATTANT ORDINAIRE (.\A7c/R'/c'5/7i/^«j.v). — Le plumage de cet Oiseau subit de telles variations suivant l'âge, les saisons, et même suivant les individus, qu'il serait impossible d'en donner une description d'ensemble. — En général, les parties supérieures sont d'un brun varié de noir et de roussàtre, les parties inférieures blanches. Quant aux plumes de la collerette, elles présentent, sur un fond noir bleu, brun roux ou blanchâtre, des dessins plus foncés extrêmement variés. La VIE DES ANIMAUX ILLUSTREE. I\. l6 r20G LES ECHASSIERS. 't> Habitat. — Les Combattants habitent les contrées septentrionales et tem- pérées de l'ancien continent; mais quelques-uns se sont parfois égarés jusqu'en Amérique. Ils sont de passage régulieren France durant les mois d'août et de septembre, lorsqu'ils vont passer l'hiver dans les contrées méridionales, et au printemps lorsqu'ils vont se reproduire dans leur véritable patrie. Ces passages s'effectuent suivant un certain ordre: a l'automne, les mâles passent les premiers, puis les femelles et ensuite les jeunes; le contraire a lieu au printemps. \n grand nombre d'entre eux se reproduisent en Hol- lande, en Angleterre, et même en France dans le Boulonnais. Mœurs. — Les Com- battants vivent dans les marais et les prairies hu- mides, quelquefois dans le voisinage de la mer. Leurs allures varient beau- coup suivant les saisons. Avant et après l'époque des amours, les mâles et les femelles diffèrent peu les uns des autres, mais con- sidérablement pendant cette période. L'amour exerce sur les Combattants une influence plus grande que sur les autres Oiseaux. Tant qu'ils ne sont pas soumis à son empire, ils ont les allures des autres Échassiers de rivage : mais, dans la saison des amours, on ne peut plus les comparer à aucun autre Oiseau : leur démarche est gracieuse; ils marchent plus qu'ils ne trottinent: ils sont fiers et comme conscients de leur dignité ; ils volent rapidement, planent souvent, se détournent brusquement et facilement. Jusque vers l'époque des pariades, les Combattants sont pacifiques, sociables; ils restent unis, se mêlent pour quelque temps seulement à d'autres Oiseaux, vaquent gaiement à leurs occupations dans l'intérieur d'un certain district, et paraissent à des heures fixes en certains endroits. Comme tous les Tringiens, ils sont vifs et actifs avant le lever du jour, après le coucher du soleil, et même toute la nuit par le clair de lune; ils ne dorment et ne se reposent que dans le milieu du jour. Le matin et le soir ils sont fort occupés à chercher les divers animaux aquatiques, les Insectes, les Vers terrestres, les graines dont ils se nourrissent. Ce genre de vie change dès qu'arrive l'époque des amours. Le Combattant montre alors combien il mérite son nom. Les mâles sont con- tinuellement en lutte, sans cause appréciable; il est même probable que la pos- session d'une femelle n'en est pas le mobile, car ils se battent pour une .Alourhe, Le (".ombatuint ordinaire. •43 LES COMBATTANTS. \-20i: Le Combattant. un Ver, un Insecte, pour tout et pour rien, qu'il }' ait ou non des femelles dans leur voisinage, qu'ils soient libres ou captifs, qu'ils aient passé en cage quelques heures ou plusieurs années, et quelle que soit l'heure de la journée. Ces combats ont lieu en des places déterminées, véritables champs de ba- taille, sur quelque élévation tapissée d'un gazon court. Jamais plus de deux adversaires ne se battent ensemble. Naumann a fort bien décrit ces sortes de duels : « Deux mâles qui se provoquent, dit-il, commencent à trembler, à hocher la tète; ils hérissent les plumes de la poitrine et du dos, relèvent celles de la nuque, étalent leur collerette, fondent l'un sur l'autre, se portent des coups de bec ; les verrucosités de la tête leur servent de casque, leur collerette de bouclier. Les attaques se suivent, se précipitent avec une rapidité étonnante; l'ardeur de ces Oiseaux est telle qu'ils trem- blent de tous leurs membres. Ils se reposent par mo- ments. Knfin, le combat fmit comme il avait commencé, par un tremblement général de l'Oi- seau et par des hochements de tête. Le Combat- tant semble lancer un coup de bec à son adver- saire, et celui-ci lui répond de la même façon. Tous deux secouent leur plumage, et retournent a leur ancienne place; s'ils sont trop las, ils se séparent pour quelque temps. (( Ils n'ont d'autre arme que leur bec mou, en massue à son extrémité, à tranchants émoussés; ils ne peuvent se blesser, faire couler leur sang; il est même rare qu'ils penlent quelques plumes; le pis qui puisse arriver à l'un d'eux, c'est d'être pris par la langue et tué ainsi par son adversaire. Il n'est pas invraisemblable que, dans leurs attaques, leur bec ne se recourbe quel- quefois, et il est probable que c'est là l'origine des tubérosités, des saillies que portent sur leur bec les vieux mâles, qui sont les batailleurs les plus acharnés. ■•) Les Combattants nichent généralement très près de l'eau. Leur nid consiste en une dépression creusée dans le sol, tapissée de quelques chaumes et de brins d'herbe secs. Les œufs, au nombre de trois, quatre ou cinq, sont ven- trus, p3'riformes, d'un gris verdàtre ou jaunâtre, avec des points et des taches d'un brun roux et d'un brun noir. La femelle couve seule pendant dix-sept à dix-neuf jours, tandis que le mâle continue à se battre avec ses semblables. Chasse. — On chasse peu les Combattants; leur chair n'est bonne à manger qu'en automne. Ils se laissent prendre facilement dans des collets. Captivité. — En captivité, ils s'apprivoisent très vite, et conservent leur caractère batailleur. On les nourrit d'abord avec quelques Insectes, puis on les habitue a manger du pain trempé dans du lait, de la viande hachée, enfm, du pain ordinaire. Ils peuvent vivre dans ce.s conditions durant plusieurs années. [-^OS] LES ÉCHASSIERS. LES CHEVALIERS Caractbres. — Les Chevaliers ont le bec une fois et demie aussi lon^; que la térc, droit ou un peu retrousse, grêle, à mandibule supérieure coniprinu'e à la pointe, fléchie sur l'inférieure qui est un peu plus courte; des tarses longs et minces, le doigt médian aussi long ou un peu plus long que la partie nue des jambes. Leurs autres caractères ne les distinguent pas des Combattants. Les Chevaliers sont des Oiseau.x sociables, aux mœurs douces et paisibles. Ils vivent sur les bords des eaux douces, ou les plages maritimes. Leurs allures légères et précipitées offrent une particularité digne de remarque. Lorsque quelque chose les affecte, ils s'arrêtent, dressent le corps, l'inclinent brus- quement, et répètent ce mouvement plusieurs fois de suite. Dans leurs migrations, ils présentent les mêmes habitudes que les Com- battants. LE CHEVALIER GRIS OU ABOYEUR Totanus griseits . — Caractères. — Le Chevalier aboyeur, en plumage d'été, a les parties supérieures noires, la tête et le cou rayés longitudinalenient de blanc, les plumes du dos bordées de blanc et de brun rougeàtre; les parties inférieures d'un blanc pur, avec le cou, la poitrine et les flancs tachetés longitudinalenient de noirâtre; la queue blanche, les deux rectrices médianes zébrées de brun cendré; le bec noirâtre, l'iris noir, les pieds d'un brun verdàtre. Habitat. — Il habite le nord de l'Europe et de l'Asie. Dans ses migrations il s'étend jusqu'en Afrique, et passe régulièrement dans plusieurs départements de notre pays, notamment dans le Gard, la Savoie, dans la Picardie et le Nord. Mœurs. — Il vit par petites troupes de six à douze individus. On le rencontre sur les bords des fleuves, des lacs et des rivières, rarement près des plages maritimes, et toujours dans des endroits découverts. Sa nourriture se compose non seulement de Vers, de Mollusques, mais aussi du menu fretin qui nage à la surface de l'eau. Il est d'un naturel très craintif, et en cas de danger, il n'hésite pas à se mettre à la nage pour s'éloigner et se mettre en sûreté. LE CHEVALIER STAGNATILE OU A PIEDS VERTS [l'ohvnis st.igiicitilis). — Caractères. — Cette espèce mesure environ o", -24. Le mâle et la femelle adultes, en été, ont le dessus de la tète et du cou d'un blanc cendré, rayé longi- tudinalement de noir; les plumes des parties supérieures du corps d'un cendré rougeàtre varié de taches noires; tout le dessous du corps d'un blanc pur, avec quelques petites taches noires sur les joues, le cou, la poitrine et les flancs; les rémiges noirâtres ; les rectrices blanches avec bandes noires, à l'exception des deux médianes qui sont d'un gris cendré et rayées diagonalement de brun; le bec noir, l'iris brun ; les pieds d'un vert-olive clair ou jaunâtre. 45 LES CHEVALIERS. [209; En hiver, les plumes des parties supérieures passent au cendré clair, celles de la nuque rayées de brun, les autres bordées de blanchâtre; le croupion devient blanc. Habitat. — Le Chevalier à pieds verts habite les contrées orientales de l'Europe, et l'Asie. Il se montre dans le nord de l'Afrique à l'automne. Il est de passage irrégulier dans quelques localités de la France. Mœurs. — On le rencontre près des lacs, des rivières; rarement sur le bord de la mer, en compagnie souvent d'autres Oiseaux de rivage, tels que les Barges, et même les Canards. Ses allures et ses mœurs en font l'espèce la plus caractéristique du groupe, ainsi que Brehm l'a très bien fait remarquer : « On peut dire que le Chevalier à pieds verts réunit en lui toutes les qualités des autres Oiseaux de sa famille. Il en a toute la gaîté, toute l'agilité, toute la vivacité; il a une tenue fière, pourrait-on dire; il marche vite, légèrement, le corps horizontal; il aime à entrer dans l'eau; il nage, en franchissant souvent des espaces assez considérables; il plonge, en ramant avec ses ailes; il vole généralement en ligne droite, en battant forteinent des ailes, et décrit des courbes hardies et élégantes ; il se laisse tomber brusquement jusqucs auprès du sol, puis il ralentit son impulsion par des coups d'ailes. « De tous ses congénères, il est assurément le plus prudent, le plus méfiant, le plus propre, par conséquent, pour jouer le rôle de guide. A toute heure du jour on le voit en mouvement; il ne dort, en effet, que vers midi, et peut-être vers minuit; mais son sommeil est si léger que le moindre bruit suffit pour l'éveiller. Un homme s'approche-t-il, il l'observe attentivement et avec méfiance. Il fuit le cavalier comme le fantassin, le batelier dans son canot, comme le conducteur sur sa voiture. Toute apparition inaccoutumée lui fait prendre la fuite, et il se montre d'autant plus craintif qu'il a moins affaire à l'homme. Il n'est nullement sociable; il ne s'inquiète guère de ses semblables, bien qu'on voie parfois plusieurs de ces Oiseaux réunis. Ce n'est pas lui qui se joint à ses compagnons, ce sont eux qui le suivent. Son cri d'appel s'adresse à tous les Oiseaux du rivage; et ce cri est pour eux le signal que tout danger est passé. « On ne sait quelles sont les proies dont le Chevalier à pieds verts se nourrit de préférence. Il mange des animaux aquatiques de toute espèce, probablement des Insectes, des larves, des Libellules; des têtards de Grenouilles, de petites Grenouilles, de petits Poissons. Naumann l'a vu prendre, avec une satisfaction visible, des Girins qui se tenaient à la surface de l'eau et les pour- suivre même dans l'eau. » Le Chevalier à pieds verts niche dans les régions tempérées de l'hémisphère boréal. Il établit son nid dans les marécages, les tourbières; il choisit à cet effet une petite éminence gazonnée, y creuse une légère dépression, et la tapisse grossièrement d'herbes et de chaumes. Sa ponte est de trois ou quatre reufs d'un jaune verdàire, avec des taches irrégulières brunes, oblongues, en zigzags ou en virgules. Chasse. — Le Chevalier à pieds verts, lorsqu'il est bien engraissé, a une chair -MO LES ECHASSIERS. 40 assez délicate. Mais le caractère défiant et craintif de cet Oiseau en rend la chasse très dillkile. On le capture cependant quelquefois dans des pièges, en l'attirant avec un appeau. Captivité. — Il peut vivre en volière durant plusieurs années, lorsqu'il est bien soigné. Il s'apprivoise facilement. LE CHEVALIER GAMBETTE OU A PIEDS ROUGES (ToLviiis calidfis). — Caractères. — La taille de cette espèce est d'environ o'°,2(|. Son plumage d'été est, en dessus, d'un brun cendré olivâtre, rayé longitudinalement de noir; en dessous, d'un blanc pur, mais chaque plume finement rayée de noir au centre; les rémiges primaires sont noires, les secondaires noires à la base, blanches dans le reste de leur étendue ; la queue blanche, à l'exception des quatre rectrices médianes qui sont barrées de noirâtre; le bec est rouge à la base, brun à la pointe; l'iris brun; les pieds d'un beau rouge-vermillon. Habitat. — Le Chevalier à pieds rouges, désigné dans le Bourbonnais sous le nom de Gambette en raison de la longueur de ses tarses, est l'espèce la plus commune de l'Europe. Il se reproduit dans les régions tempérées; un grand nombre de couples restent sédentaires dans le midi de la France. Dans le nord, on le trouve aussi bien dans les marais d'eau douce que dans le voisinage de la mer. On le prend en grande quantité dans d'immenses filets à son arrivée en automne. Mœurs. — De tous les Chevaliers, c'est le plus sociable. Un individu de son espèce vient-il h passer, il l'aperçoit de fort loin, l'invite à s'arrêter par un sifflement de rappel, note d'une originale interrogation, qui ne manque jamais son effet, et le nombre augmente ainsi de tous les individus qui viennent à passer dans la journée. Cette note de rappel, ajoute .AI. Hardy à qui nous empruntons ces lignes, fait aussi venir la majeure partie de nos Échassiers, les Chevaliers gris, brun, sylvain, les Bécasseaux, les Barges, et même le Pluvier suisse lorsqu'il est isolé; le Chevalier cul-blanc et la Guignette vulgaire font exception. Le Chevalier à pieds rouges se nourrit de \'ers, de petits Crustacés et Mollusques d'eau douce ou salée. Il niche en petites colonies parmi les hautes herbes des prairies humides, marécageuses. La ponte est de quatre œufs, renflés, d'une teinte roux clair, ou jaune ver- dàtre, avec des taches irrégulières d'un gris foncé, d'un roux brun ou d'un brun noir, suivant qu'elles sont superficielles ou profondes. Chasse. — On prend cette espèce en grande quantité à l'aide de filets dans la plupart des marais de nos contrées. Sa chasse ne présente pas de difficultés. Captivité. — Un Chevalier à pieds rouges, conservé en captivité dans un jardin, vit en très bonne intelligence avec les autres petits Echassiers qu'on lui donne pour compagnons: Pluviers, V^anneaux, Combattants. On met à profit son remarquable instinct de sociabilité et la faculté qu'il 47 LES GUIGNETTES. |21i] possède d'attirer près de lui par son cri d'appel particulier les autres Échassiers, pour l'utiliser comme appelant. LE CHEVALIER BRUN. — Il habite le nord de l'Europe et de l'Amérique; il est de passage régulier en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, dans la Russie et l'Italie. Il fréquente de préférence les marais d'eau douce, et se montre beaucoup plus défiant que le précédent. LE CHEVALIER SYLVAIN [Totauiis ffhveola). — II habite les conti-ées orien- tales et septentrionales de l'Europe, l'Asie et le nord de l'Afrique. Il est de passage régulier en France. On le trouve généralement isolé ou par paires, dans les marais d'eau douce, sur les bords des rivières et des lacs. Il se reproduit dans les contrées froides et tempérées de l'hémisphère boréal, niche dans les marécages, et quelquefois aussi parmi les bruyères. On l'a vu aussi s'établir dans des nids abandonnés sur les arbres. Son cri est plus agréable que celui des autres espèces, c'est une sorte de court ramage que l'Oiseau fait entendre avant de se poser. LE CHEVALIER CUL-BLANC {Tolaiiiis ochi-opiis). — Cette espèce, qui doit son nom à la couleur de ses plumes du croupion, est répandue dans toute l'Europe, dans une grande partie de l'Asie et de l'Afrique. Elle est sédentaire dans quelques localités du midi de la France, et de passage régulier dans presque toutes les autres régions. Elle recherche, comme la précédente, les étangs d'eau douce, les bords des rivières. Son nid est généralement placé près de l'eau, mais on a observé chez cet Oiseau une particularité qui lui est commune avec les Sylvains : dans certaines localités il dépose ses œufs sur un arbre, dans le nid abandonné d'un autre Oiseau. LES GUIGNETTES Les Guignettes, que certains auteurs rangent dans le même genre que les Chevaliers, se distinguent de ceux-ci par des tarses moins élevés, une queue plus ample et arrondie. LA GUIQNETTE VULGAIRE (Aclilis hypoleiicos). — Caractères. — La Gui- gnette vulgaire mesure environ o"',i8 à ©".ic). Elle est en dessus d'un brun olivâtre à reflets pourpres ou verdàtres, chaque plume marquée sur sa tige d'une raie noire, et sur ses barbes de zigzags de même couleur; toute la face inférieure du corps blanche; les sourcils également blancs; les joues, les côtés du cou et de la poitrine rayés de noir sur fond blanc; les deux rectrices médianes de la couleur du dos, les autres blanches rayées de brun ; le bec est cendré, l'iris brun, les pieds d'un cendré verdàtre. [212 LES ÉCHASSIERS. 48 Le mâle et la femelle portent la même livrée durant toute l'année, mais en hiver, les reflets du plumage sont moins intenses. Habitat. — Cet Oiseau a une aire de dispersion très étendue; on le rencontre dans toute l'Europe, une grande partie de l'Asie, et en Afrique. Mœurs. — Il fréquente les bords des fleuves, des rivières et des lacs, et niche sous presque toutes les latitudes de son aire de dispersion. Dans notre pa\'s, il se reproduit notamment dans le Boulonnais et dans certaines localités sur les bords de la Seine. La Guignette a des allures très spéciales qui la distinguent de tous les autres Totaniens, comme l'a fait remarquer M. Hardy. Son vol est bas et saccadé. Elle balance constamment la queue à la façon des Bergeronnettes. Elle plonge très bien et très longtemps, surtout quand elle est poursuivie par un Chien, ce que ne font pas les autres Totaniens. Elle se perche aussi fréquemment soit sur les buissons, soit sur les arbres. Dans ses migrations, elle ne voyage que la nuit. Elle se fait encore remarquer par sa prudence et sa défiance. Dès qu'elle voit un ennemi ou une chose inaccoutumée, elle se précipite dans les fourrés les plus épais, ou si elle se trouve à proximité d'une pièce d'eau, elle plonge aussitôt. Les Oiseaux de proie, l'Épervier même ne la capturent que difficilement. La (juignette se nourrit de Larves, de ^'ers, de Limaces, d'Araignées, d'Insectes, de Mouches, qu'elle happe au vol, ou ramasse sur les feuilles qui couvrent le sol humide. Sa façon de chasser est très curieuse à observer : elle se tient à l'affût dans les hautes herbes: dès qu'elle aperçoit une proie, elle s'a\ancc prudemment, silencieusement, le cou rentré, puis subitement elle s'élance le bec en avant et happe le petit Insecte ou le petit Ver qu'elle convoitait. Le cri de la Guignette est un sifflement clair et perçant, mais, à l'époque des amours, les mâles font entendre une sorte de trille assez agréable. Chaque couple choisit, pour nicher, un endroit convenable et n'en souffre aucun autre dans le voisinage. Le mâle parait très excité : il vole en décrivant des zigzags; il chante, il tourne autour de sa femelle. Celle-ci cherche un endroit de la rive à l'abri des hautes eaux; et la, dans un buisson, de préférence dans un fourré de saules, elle construit un nid avec des brindilles, des joncs, des feuilles sèches. Ce nid est si bien caché qu'on a de la peine à le trouver, malgré l'inquié- tude que témoignent les parents, inquiétude qui en trahit l'emplacement. Les œufs, au nombre de quatre, sont tantôt courts, tantôt allongés, pyriformes, fmement grenus, lisses, marqués, sur un fond jaune roux clair, de taches dont la teinte varie selon qu'elles sont plus ou moins profondes : les inférieures étant grises, les mo3'ennes brun roux, les supérieures brun noir. Les parents ne veulent pas être troublés; si on leur enlève un œuf, ils abandonnent leur nichée. Le mâle et la femelle couvent alternativement. Les jeunes éclosent au bout de deux semaines d'incubation; la mère les réchauffe quelque temps, puis les conduit dans les fourrés de saules. Là, ils savent se cacher à mer- veille, et on ne peut les trouver sans l'aide d un bon Chien, quoique leurs parents volent autour d'eux, en poussant des cris plaintifs. .\u bout de huit 40 LES LOBIPÈDES. '213] jours, les plumes des ailes et de la queue apparaissent; à quatre semaines, les jeunes prennent leur volée et deviennent indépendants. La Guicnette grivf.i.ke (Aclilis maciilaria). — Cette espèce est propre à l'Amérique du Nord, mais elle s'égare parfois en Europe. Son genre de vie est exactement le même que celui de la Guignette vulgaire de nos pays. LES TOTANIENS DE L'AMÉRIQUE DU NORD Dans l'Amérique du Nord, les Chevaliers et les Combattants sont remplacés par des genres très variés et qui n'en dilTèrent nullement sous le rapport des mceurs et du genre de vie. Tels sont les Btitrariiies ou Chevaliers à loiig-iie queue et les SynipJiéinies. Quelques individus de ces espèces américaines se sont parfois égarés jusque dans les régions septentrionales de l'Europe. LES PHALAROPODIENS Les Phalaropodiens sont caractérisés par la disposition palmée de leurs doigts, ce qui leur donne un faux air de Palmipèdes; par tous leurs autres caractères, ils appartiennent à la famille des Scolopacidés. Leurs pieds sont de longueur médiocre; les trois doigts antérieurs sont réunis à la base par une palmature qui se prolonge sur les côtés des dernières pha- langes en une membrane festonnée. Grâce à cette particularité, les Phalaropodiens sont les Oiseaux nageurs les plus accomplis. Us courent aussi avec une grande vitesse, mais la mer est leur habitat de prédilection. On les répartit dans deux genres différents : Les Lobipèdes ; Les Phalaropes. LES LOBIPÈDES Caractères. — Les caractères du genre Lobipède sont les suivants : bec plus long que la tête, droit, pointu, comprimé, très grêle, régulier de la base à la pointe; des narines basales, latérales, semi-lunaires; des ailes allongées, suraiguës, atteignant l'extrémité de la queue, celle-ci courte et presque cunéi- forme; les doigts unis à la base par une palmure ; le pouce est allongé et grêle; le médian plus court que le tarse. LE LOBIPÈDE HYPERBORÉ (Lobipes hyperboreiis). — Caractères. — Le Lobipède h3-perboré ou Poule d'Odiii des Irlandais, a le dessus de la tête, la nuque, un trait en arrière des yeux et les parties supérieures du corps, d'un brun cendre, avec quelques taches roussâtres sur le haut du dos; la gorge et le ventre blancs, les côtés et le bas du cou ornés d'un collier roux vif, les flancs gris; les r21/i] LES ÉCHASSIERS. 50 ailes de même couleur que le dos mais offrant une bande transversale blanclic; rextrémité des grandes couvertui'es lisérée de blanc. Les rémiges brunes à tiges blanches, les rectrices latérales grises bordées de blanc, les médianes brunes; le bec et l'iris bruns; les pieds brun verdâtre. La femelle ressemble au mâle, mais ses couleurs sont plus vives et présentent en dessus des reriets veloutés. En hiver, le plumage, dans les deux sexes, passe en dessus au cendré pur, en dessous au blanc ^ rosé. La taille de cet Oi- seau est d'environ o^.iS. Habitat. — Le Lo- bipède hyperboré ha- bite les régions arc- K^i*»* ^«-^^■•*». , tiques des deux mondes. Il est abondant en Ecosse, en Islande et en Laponie ; il est de passage irrégulier sur les côtes maritimes du nord de la France, de la Hol- lande, de l'Allemagne, a la suite de violentes tempêtes immenses qui les projettent en bandes sur notre littoral. Mœurs. — Le Lobipède a, comme son congénère le Phalarope, une existence bien spéciale. Ce sont l'un et l'autre de vrais Pélasgiens. Us passent la plus grande partie de leur vie à nager sur la mer ou sur les grands lacs salins des contrées boréales, péchant les \'ers, larves et Insectes qui forment leur nourriture. « Ces Oiseaux, dit Brehm, sont on ne peut plus attrayants; ils ont des mou- vements légers et gracieux; ils sont admirablement doués; ils sont à l'aise sur la terre ferme comme dans les marais, dans l'eau comme dans l'air. : gros œufs coinme ceu.x du Vanneau; ces œufs sont pyrifonnes ou arrondis, à coquille mince, terne, d'un roux clair ou d'un jaune olivâtre, semés de points plus ou moins nombreux, noirâtres et violets. Les deux sexes les couvent alternativeinent pendant dix-sept à dix-huit jours; ils témoignent à leur progéniture beaucoup de sollicitude; ils entourent, en poussant des cris d'inquiétude, l'homme qui s'est approché. Dès que leurs petits sont secs, ils les conduisent à un endroit où ils puissent se cacher: plus tard, ils les mènent dans de grandes Haques d'eau, et cntin, quand ils com- mencent à voleter, il les conduisent à la mer. LES ECHASSES Les Echasses frappent l'observateur le plus indifférent par la longueur démesurée de leurs jambes et de leurs ailes. Aussi leur nom est-il bien justifié. Caractères. — Les Oiseaux de ce genre ont un bec environ une fois et demie aussi long que la tète, presque droit, arrondi à la base, légèrement déprimé vers le milieu, coinprimé en avant, sillonné dans la moitié de son étendue, à mandibules inégales et infléchies l'une vers l'autre à la pointe; des ailes très longues, suraiguës, dépassant la queue; celle-ci de moyenne longueur, égale; des jambes nues sur presque toute leur étendue; des tarses très longs, minces, réticulés; le doigt médian est réuni par une palmure à l'externe, et par un simple repli membraneux à l'interne. L'ÉCHASSE BLANCHE {Himaiitopiis caiididiis\ — Caractères. — L'Echasse blanche ne mesure pas moins de o", 40 de longueur. Son plumage d'été est presque entièrement d'un blanc pur tirant sur le rose à la poitrine et à l'ab- doiricn; la nuque, les ailes et le dos sont d'un noir à reflets verdâtres; la queue cendrée; le bec noir, l'iris et les pieds rouges. Habitat. — Elle est propre à l'Europe méridionale, à l'Afrique et à l'Asie. On la désigne aussi sous les noms d'l'\'hassc à nmiileaii noir, ou t'clmssc a».v pieds rouges. En France, elle fréquente les plages du Midi, et apparaît quelquefois dans les marais de la Normandie, de la Picardie. Ses migrations sont irrégulières. Un grand nombre de couples ne quittent pas leur station d'hiver, et s'y reproduisent. Mœurs. — C'est donc un Oiseau de marais autant qu'un Oiseau de littoral, comme le fait remarquer Brehm. « L'Echasse aux pieds rouges, dit-il, aime les eaux salées, sans avoir LES ÉCHASSES. [219] cependant son existence liée a leur présence. On ne peut pas dire qu'elle soit un Oiseau maritime. On la voit parfois sur les côtes, au milieu des Totanidés et des Avocettes; mais d'ordinaire on la rencontre dans les petits étangs et, pendant la saison des amours, dans les grands lacs d'eau douce ou saumâtre. Elle paraît être plus sociable que les auties Totanidés. Vivant par paires pendant la sai- son des amours, elle est, tout le reste de l'année, par bandes de six à douze individus, et en hiver par trou- ^'-. pes extrêmement nom- breuses. Ce n'est que dans le Soudan que j'ai rencontré des Échasses isolées, et encore étaient elles en compagnie d'au- tres Oiseaux de la même famille. « Les petites ban- des d'Echasses semblent s'inquiéter fore peu des autres Oiseaux ; les grandes troupes se mêlent sou- vent à d'autres Échassiers, sur- tout aux Avocettes; il se pour- rait cependant que ces réunions fussent déterminées plutôt par des conditions locales que par un instinct de sociabilité. (' L'Échasse aux pieds rouges a dans ses mœurs et ses allures beaucoup de points communs avec les Totanidés, mais, grâce à ses longues jambes, elle peut s'avancer plus loin dans l'eau pour chercher sa nourriture. On la surprend rarement au bord de l'eau ; on la voit plutôt là où l'eau est assez profonde, marchant ou nageant; sa démarche n'est nullement maladroite, ni vacillante; son vol est léger, beau, rapide, gracieux. En s'envolant, elle bat rapidement des ailes, et lorsqu'elle atteint une certaine hauteur, elle vole plus lentement, plus posément; avant de s'abattre, elle décrit en planant une ou plusieurs lignes ondulées. En volant, elle étend directement en arrière ses longues pattes, ce qui lui donne un aspect singulier, qui la fait aisément reconnaître. » Sa nourriture se compose principalement de Vers, de larves, de Mouches et d'Insectes aquatiques. Les Échasses sont des Oiseaux naturellement craintifs, mais quand ils ont L'Échasse blanche-. [2201 LES ÉCHASSIERS. 50 une fois été chassés dans un endroit, leur détiancc devient extrême, et ils ne se laissent plus approcher. Ils nichent dans les marais, dans quelque îlot a. l'abri des grandes crues. Leur nid est formé d'herbes et de roseaux secs; il est placé généralement au milieu des hautes herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs d'un brun verdatre ou )aunâtre clair, parsemés de taches noires confluentes au gros bout. Les Poules d'eau ou Rallidés Les Rallidés pourraient être définis des Èchassiers nageurs, en raison de leur genre de vie, que révèlent d'ailleurs des caractères morphologiques très nets. Caractères. — Ces Oiseaux ont un corps comprimé latéralement, une tète petite, un cou mince, de longueur moyenne; un bec comprimé, rarement plus long que la tète: des jambes fortes; des tarses médiocres; des ailes courtes et arrondies, parfois armées d'un éperon corné; une queue médiocre ; les doigts au nombre de quatre, le médian aussi long que le tarse, le pouce bien développé, portant plus ou moins sur le sol; un plumage épais, serré, et un duvet court mais abondant. Habitat. — Us sont répandus sur toute la surface du globe. Mœurs. — Doux, paisibles, timides, ils sont cependant peu sociables, et vivent en général solitaires. On les rencontre dans les endroits humides et marécageux. Tous marchent et courent remarquablement bien, nagent et plongent avec facilité, mais leur vol est lourd, pénible. Aussi n'entreprennent-ils jamais de grandes migrations. Leur nourriture est à la fois animale et végétale. Leurs habitudes sont plus crépusculaires que diurnes. Utilité. — La plupart des petits Echassiers de la famille des Rallidés peuvent être considérés comme des Oiseaux utiles. Il est vrai que leur existence dans les marais, les étangs, n'appelle pas sur eux l'attention des agriculteurs, mais on leur doit la destruction d'un grand nombre de larves d'Insectes nuisibles, notam- ment des Tipules. Dans quelques régions marécageuses où ces Oiseaux sont abondants, les jar- diniers utilisent leurs qualités d'insectivores en les laissant courir dans les pota- gers après leur avoir amputé l'aileron pour qu'ils ne puissent s'envoler. Classification. — Les deux seules divisions rationnelles que l'on puisse établir dans cette famille sont celles des Rallicns et des Fuliciens. La vie des animaux illlstrée. ' > • '7 [222j LES POULES D'EAU OU RALLIDES. Z Puis, à côté d'elles, se rangeront, à titre de groupes satellites : les Pan-ides, les Chionidés, les Eurvpvgidés, les Cariamidés, les Psophiidés. LES RALLIENS Les Ralliens ont des tarses épais, des doigts lisses, ou garnis d'un très mince repli membraneux; le pouce articulé presque au niveau des autres doigts. LES RALES Caractères. — • Les Râles ont un bec plus long que la tète, élevé à la base, puis comprimé, mince à l'extrémité; des ailes courtes, subaiguës; une queue ^ courte, conique, formée de =">-.^ ../ , '^ douze rectrices molles, sen- siblement courbées; des jambes peu dénudées; des tarses médiocres, robustes, scutellés; des doigts longs, grêles, les trois doigts anté- rieurs bordés d'une mince membrane, le médian plus long que le tarse, le pouce court; jt- , le front couvert de plumes. .->^W •f-- ^ ^^ r LE RALE D EAU [Ralltis ^ »^ ' Ji/«.7//Vm5'i. — Caractères. — Le Râle d'eau mesure envi- ron o"',27. Il est en dessus d'un roux olivâtre, tfammé de taches noires au centre des plumes; d'un cendré bleuâ- tre sur les côtes de la tête, le *>•■■•'-;— :cH, devant du cou et la poitrine; '"^ *>■ ' d'un blanc rayé de noir sur les iws.^ ^^'^^l'-i^- flancs; d'un roux de rouille sur le ventre rJ^-^.^p^^ ^ et le croupion. Les rémiges et les rectrices sont noires, rî^vAviCi.' i.eHâiedVau. celles-ci bordées de brun olivâtre: le bec ^ --■ - rougeâtre ; l'iris d'un rouge orangé: les pieds d'un brun rougeâtre. — En au- tomne, la couleur cendrée est moins pure et les flancs variés de roussâtre. Le mâle et la femelle portent le même plumage. :'. LES RHYCHÉES. [2231 Habitat. — Le Râle d'eau habite toute l'Europe, une partie de l'Asie et l'Afrique. En France, il est de passage dans les régions septentrionales, sédentaire dans le midi. Mœurs. — Il se tient, comme le dit Naumann, » dans les marais où l'homme n'aime pas à s'aventurer, les lieux déserts et humides, où l'eau des marécages se cache sous un épais tapis de plantes entremêlées de buissons, les pièces d'eau couvertes de joncs et de roseaux, au voisinage même ou au milieu des forêts; les fourrés d'aulnes et de saules, entremêlés de joncs et de hautes herbes, coupés par des canaux, des étangs ou des marécages ». Cet habitat lui convient parfaitement, car il est très craintif et se cache à la moindre apparence de danger. Sa marche est gracieuse et légère. Il court avec une grande rapidité, la tête et le cou tendus en avant, les jambes fortement fléchies. Quand il est pressé, il franchit tous les obstacles avec une célérité remar- quable, glissant sur les feuilles flottantes, traversant les fourrés les plus serrés. Il nage et plonge avec facilité, mais son vol est pénible, peu soutenu. Il se nourrit principalement d'Insectes, de Vers, de larves; il mange aussi des graines de graminées. Le nid du Râle d'eau est toujours profondément caché dans les roseaux et les hautes herbes, sur le rebord de quelque fossé. Il est lâchement construit à l'aide d'herbes sèches, sa forme est celle d'une coupe assez profonde. Les œufs, au nombre de six à dix, sont allongés, à coquille lisse; leur couleur est d'un blanc lavé de jaune et de verdàtre, avec des points et des taches arrondis d'un gris violet surtout abondants au gros bout, et sur lesquels se montrent d'autres taches superficielles d'un brun rouge. Les jeunes quittent le nid dès qu'ils sont éclos. Ils sont de bonne heure très agiles, se glissent au milieu des herbes comme des Souris et nagent avec facilité. Captivité. — Le Râle d'eau perd, en captivité, son naturel craintif. On en cite même qui sont ainsi devenus très familiers. La douceur de ses mœurs et ses allures gracieuses lui conquièrent toutes les sympathies. LES RHYCHEES Près des Râles, se rangent le genre africain des Rh_vchées ou Rdlcs-Bécasses. Ces Oiseaux, dont les caractères sont à peu près les mêmes que ceux des Raies, ont des mœurs qui tiennent à la fois de ces derniers et des Bécasses. Ils vivent dans les marais, les champs humides, se montrent rarement à décou- vert, et en cas de danger, se précipitent dans les buissons et les fourrés les plus épais. Ils courent très rapidement sur le sol dur ou vaseux, mais leur vol est vacil- lant, incertain, de peu de durée. [2241 LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. LES COURLANS Caractères. — Les Courlans ont le bec plus long que la tète, vigoureux, for- tement comprimé latéralement, à arête dorsale convexe; des tarses hauts et minces; des doigts entièrement séparés, armés d'ongles longs, acérés, recour- bés; des ailes obtuses, atteignant le milieu de la queue, celle-ci de longueur moyenne. LE COURLAN GÉANT (A}\imus '{ig-^is ■ — Caractères. — Le Courlan géant est à peu près de la taille d'une Poule ordinaire. Il a la tête, la partie antérieure du cou et les cuisses d'un gris ardoisé; l'occiput et le haut du cou d'un brun roux; le dos et les couvertures des ailes d'un vert olivâtre; le bas-ventre et le croupion noirs; les rémiges, les flancs et le bas de la poitrine d'un roux de rouille vif; les rectrices noirâtres, l'iris rouge, le bec jaune verdàtre à pointe grise, les tarses couleur de chair. Habitat. — Il est propre aux contrées chaudes de l'Amérique où il est connu sous le nom de Se>'i\ikin\i. Mœurs. — Il fréquente les étangs et les bords des ruisseaux couverts de joncs, de hautes plantes aquatiques, les pièces d'eau stagnante dans les forêts. Il se tient généralement caché dans les hautes herbes, mais décèle sa pré- sence par son cri perçant très singulier. Son genre de vie est celui des Râles. Captivité. — Les Courlans captifs deviennent vite familiers, et se contentent du régime le plus vulgaire. Ils sont très intéressants à observer. Leurs allures rappellent celles des Râles. Ils marchent avec élégance et rapidité, courent avec une vitesse incroj-able. Le soir, ils s'élèvent en voletant sur un arbre ou un objet élevé et font entendre leurs cris singuliers. Bien que vivant en assez bonne intelligence avec les autres Oiseaux de basse- cour, ils peuvent devenir insupportables par leur voracité, comme le démontre l'anecdote suivante ayant trait à un Courlan captif observé par d'Azara. i-i' LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. IJ Habitat. — La Foulque noire, désignée, suivant les pays, sous les noms de Ironique inoi-cUc, ou Macroiilc, ou Macreuse, est répandue dans une grande partie de l'Europe, en Asie et en Afrique. Elle se reproduit dans plusieurs départements de l'ouest, du centre et du midi de la France. Elle est aussi très abondante, pendant Tété, en Hollande où l'on fait un grand commerce de ses œufs. Mœurs. — Elle s'établit de préférence dans les pièces où l'eau est dormante et profonde, et dont les bords sont garnis de joncs et de roseaux élevés. Moins craintive mais aussi prudente que la Poule d'eau, elle ne craint pas de se fixer dans le voisinage des endroits habités. Ses mœurs sont aussi plus sociables, excepté à l'époque des amours, où chaque couple défend son domaine, non seulement contre ses congénères, mais aussi contre les autres Oiseaux aquatiques; elle se réunit en bandes immenses. Sa nourriture se compose d'Insectes aquatiques, de larves, de Vers, de petits Mollusques, et aussi de substances végétales, graines, herbes tendres. Elle recherche ses aliments tout en nageant ou en plongeant, selon qu'ils se trouvent à la surface ou au fond de l'eau. On lui a reproché, à tort ou à raison, de piller les nids des petits Oiseaux. Comme le montre déjà la structure de ses pattes, la Foulque noire vit plus dans l'eau que sur la terre, où elle descend rarement, et seulement vers midi, pour se reposer et pour lisser son plumage. Elle court encore assez bien sur un sol lisse et uni, mais elle nage mieux qu'elle ne court, et cette allure doit être regardée comme étant son allure naturelle. Du reste, on peut dire qu'elle passe la majeure partie de sa vie à nager. Ses pattes sont des rames excellentes; ce qui peut leur manquer en largeur, elles le possèdent et au delà en longueur. Elle plonge parfaitement, et ne le cède pas, sous ce rapport, à beaucoup de Palmipèdes. C'est en plongeant qu'elle prend la plupart de ses aliments; c'est aussi en plongeant qu'elle fuit devant le danger. Son vol, quoique plus parfait que celui de la Poule d'eau, est cependant lourd et pénible: aussi se décide- t-elle difficilement à prendre son essor. Lorsqu'elle y est contrainte, elle prend un fort élan, et court, en voletant, à la surface de l'eau, qu'elle frappe de ses pattes avec une telle force, qu'on entend à une grande distance le bruit qu'elle produit de cette façon. Sa voix est perçante et semble exprimer l{œiv ou kujv; lorsqu'elle est excitée, elle répète ce cri deux ou trois fois: on dirait alors l'aboiement d'un jeune Chien. Elle fait entendre en outre un cri dur, bref: /r//^, ou bien une sorte de sourd grognement. La Foulque noire établit son nid parmi les herbes au bord de l'eau. Ce nid n'est souvent qu'un frêle esquif fiottant à la surface de l'eau, et enchâssé entre quelques touffes de joncs. La ponte a lieu en mai ; elle est de sept à quinze œufs, couleur café au lait, et couverts d'une multitude de petits points bruns, parfois réunis en taches. L'éclosion a lieu au bout de vingt à vingt et un jours. Les petits naissent couverts d'un duvet noir, sauf à la tète qui est d'un rouge feu. Ils courent de bonne heure parmi les roseaux et les hautes herbes, mais reviennent passer la 13 LES FOULQUES. 2:',3 nuit dans leur nid jusqu'à ce qu'ils puissent se passer détinitivemcnt de leurs parents. Chasse. — Bien que la Foulque noire ait une chair d'un goût peu agréable, on lui fait cependant la chasse par simple amu- sement. Dans les marais du nord de la France et de la Hollande, on lâchasse au Chien d'arrêt. Dans le Midi, lors- que ces Oiseaux arrivent en bandes immenses à l'automne, on leurfait une véritable guerre d'exter- mination. On organise dans ce but d'im- portantes battues en barques le long des côtes. Les bar- ques, au nombre dune centaine, sont divisées en deux groupes : les unes portent les chasseurs, à rai- son de un ou deux par barque, les autres sont des- tinées aux ra- v masseursdegi- ^^'^ ^ »^ - ^ bier. On cite des chasses de ce genre où il fut tué près de mille Foulques en une seule journéi.. Kn italie, on attrape aussi ces Oiseaux en grandes quantités dans des filets tendus sur leur passage, et on les expédie ensuite sur les marchés oii, en raison du peu de valeur de leur chair, ils sont vendus à des prix insignifiants. En Lorraine, on chasse les Foulques au mois de septembre et voici, d'après le baron d'Hamonville, le procédé que l'on emploie : « On réunit sur un étang un certain nombre de barques montées chacune par un chasseur posté à l'avant et par un marinier qui doit, sans quitter l'arrière de la nacelle, la diriger avec un aviron. Toutes les embarcations étant placées en ligne et à égale distance les unes des autres, quittent ensemble la chaussée, s'avançant en bataille vers la queue de l'étang. Dès l'abord, on peut tirer quelques pièces qui se sont laissé La Foulque noire. 2:ViJ LES POULES D'EAU OU RALLIDES. 14 surprendre, mais en général, elles filent devant les chasseurs et se laissent con- duire jusqu'à la queue de l'étang. C'est alors que, se sentant pressées de trop près, elles s'enlèvent, rebroussent sur les bateaux et viennent passer entre les tireurs. Comme la Foulque vole droit et à peu de hauteur, on conçoit combien de victimes tombent à cette première attaque. " J'ajoute que ces Oiseaux ne quittant jamais l'étang et se portant invariable- ment du côté traqué à celui qui ne l'est pas, on peut recommencer plusieurs fois la même manœuvre avec les mêmes chances de succès. » Captivité. - - La Foulque noire, placée dans un parc convenable où se trouve une grande pièce d'eau, s'habitue très vite à la captivité et peut même s'}' repro- duire. LA FOULQUE A CRÊTE {Fulica cristata . — Cette espèce, caractérisée par la forme de sa plaque frontale prolongée en arrière par deux tubercules membra- neux, et par quelques particularités secondaires dans le plumage, est propre à l'Afrique. Ses moeurs ne diffèrent pas de celles de la Foulque noire. LES HÉLIORNES OU QRÉBIFOULQUES. — Les Héliornes sont des petits Oiseaux de l'Amérique du Sud, dont les caractères tiennent à la fois, comme leur nom l'indique, des Foulques et des Grèbes. On les rencontre dans les endroits solitaires et tranquilles, sur les rives ombragées des marécages. Ils se nourrissent d'Insectes aquatiques, de graines, et mènent le même genre de vie que les Foulques. LES PARRIDES Les Parridés se rattachent intimement aux Fuliciens. Ce sont des Oiseaux adaptés a un genre de vie spécial dans les marécages où pousse une végétation luxuriante. Les uns sont propres à l'Amérique tropicale, les autres à IWsie. LES .lACANAS Caractères. — Ils sont caractérisés par des formes sveltes, un bec long et mince, des tarses élevés, des doigts longs et grêles, armés d'ongles très longs : des ailes allongées, étroites, pointues, une queue médiocre: un plumage abon- dant, serré, vivement coloré. Ils portent, comme les Foulques, un ergot pointu au poignet de l'aile, et une plaque membraneuse sur le front. Habitat. — On rencontre des Jacanas dans presque tous les marais d'eaux dormantes de l'Amérique tropicale. Mœurs. — Ils marchent et courent sur les feuilles flottantes de nénuphars avec une légèreté et une rapidité remarquables, en s'aidant parfois de leurs ailes. 15 LES HYDROFAISANS. i23r) Par contre, ils sont très maladroits sur le sol uni ou dans les hautes herbes. Leur vol est lourd, de peu de dure'e. Ils nagent et plongent aisément. Ils se nourrissent d'Insectes aquatiques, de larves, de graines. A l'époque de la reproduction, les couples vivent chacun dans un domair.e assez étendu, mais dont ils chassent tous les intrus. Leur nid est grossièrement construit au bord d'un marais ou d'un fossé. Les (cufs, au nombre de quatre ou six, sont marqués de points jaune brun sur un fond bleuâtre ou gris de plomb verdàtre. LES HYDROFAISANS Les Hydrofaisans représentent en Asie les Jacanas de l'Amérique, mais ils se distinguent principalement de ces derniers par l'absence de plaque frontale, et le grand développement de leur queue. ^ \l L'HYDROFAISAN DE CHINE (HrdropliasiLiniischirurgus). — Caractères. — La taille de cet Oiseau est d'environ o"',5o chez le mâle, et de o°',55 chez la femelle. Il a la tête, la partie antérieure du cou, le haut de la poitrine d'un blanc pur, la partie postérieure du cou d'un blanc jaunâtre, et séparée de l'antérieure par une ligne noire ; le dos et la queue brun olivâtre foncé, à reflets pourpres, la poitrine d'un brun noir ; les deux premières rémiges noires, les autres blanches ainsi que les couvertures des ailes ; l'iris brun, le bec bleu à la racine, verdàtre à la pointe, les tarses d'un vert bleuâtre pâle. Habitat. — L'H_\'drofaisan de (^liine habite les Indes, Ceylan, Java, les Phi- lippines. Il vient passer l'été dans le sud de la Chine. Mœurs. — Connu aussi sous le nom de Chirurgien ou Pana de la Chine, cet Oiseau vit dans les lacs et les étangs, nageant ou courant à la recherche de sa nour- riture, composée surtout de petits Mollusques aquatiques : Lymnées, Paludines. l.'llvdroraisan de- Chine. iSiîo; LES POULES D'EAU OU RALLIDES. 10 Son vol est droit, soutenu, sa voix sonore, étrange. Lorsqu'il est blessé, il plonge aussitôt dans l'eau et peut rester submergé, dit- on, près d'un quart d'heure. Son nid est placé tantôt au milieu des tiges de riz, tantôt sur des feuilles tlottantes. LES CHIONIDÉS Près des Rallidés se place une petite famille d'Oiseaux qui tiennent à la fois des Charadriidés, des Rallidés, et des Mouettes. Ils sont essentiellement caractérises par la présence d'une gaine cornée qui recouvre la base du bec et les narines, et par une face nue, verruqueuse. Cette famille ne comprend qu'un seul genre. LES CHIONIS Caractères. — Les Chionis ont un corps gros et massif; un bec de la lon- gueur de la tête, robuste, conique, légèrement comprimé, à arête convexe ; des narines s'ouvrant vers le milieu du bec, et protégées par un fourreau corné ; des ailes médiocres, aiguës, armées d'un éperon ; une queue moyenne, presque carrée : des tarses trapus, épais, à peine aussi longs que le doigt médian, entièrement ré- ticulés; des doigts allon- gés, bordés d'une mince membrane ; le pouce bien développé. LE CHIONIS BLANC [Cliio)iis all\i]. — Carac- tères. — Le Chionis blanc mesure environ o^iO*) de longueur to- tale. Tout son plumage est d'un blanc éclatant ; les parties nues de la face sont couleur de chair; le bec verdàtreavec la pointe " -" noire et une tache d'un rouge brun vers le milieu; 'iris gris bleu, cerclé de rouge brun. Le Chionis blanc. Habitat. — 11 est propre aux terres australes. On le dési- gne aussi vulgairement sous le nom de P/^'-(.'o«a?z/art7/,/!/t'. Mœurs. — Son genre de vie est peu connu. Il se tient sur les rochers à fleur d'eau qui bordent les plages maritimes; quelquefois il s'aventure assez loin en mer, et se pose sur les vagues pour se reposer. 17 LES C AU RALES. [237] C'est un Oiseau très sociable. Sa nourriture se compose surtout d'œufs de Cormorans et de Manchots. La structure de son bec lui est, dans ce but, d'un utile secours, par la disposition de la lame cornée qui protège ses narines quand il brise la coquille de ces œufs. LES EURYPYQIDÉS Parmi les groupes qui établissent une transition des Râles aux Echassiers proprement dits, se place la famille des Eurypygidés. Ces Oiseaux tiennent des Hérons par la forme de la tête, du cou, des ailes, par la nature de leur plumage, et des Râles par la structure du bec et celle des pieds. Ils ne sont représentés que par le seul genre suivant. LES CAU RALES Caractères. — Les Caurales ont des formes très élancées, un bec long, droit, fort, pointu, comprimé latéralement, convexe en dessus, des ailes larges, légèrement subaiguè's ; une queue très longue, à pennes larges, des tarses élevés et grêles, le doigt postérieur bien développé ; un plumage lâche, abon- dant, orné de couleurs variées. LA. CAURALE SOLEIL [Einypyga Hélias). — Caractères. — La Caurale soleil ou Héron soleil mesure environ 0^,44 de long. Elle a la tête et la nuque noires, la gorge et une ligne sur les côtés de la tète blanches; le cou ra_yé de brun et de noir; le dos et les couvertures des ailes rayés de roux de rouille sur fond noir; le croupion et la queue rayés de blanc et de noir, ainsi que les rémiges ; tout le dessous du corps d'un blanc jaunâtre ou brunâtre; l'iris rouge, le bec et les pattes jaunes. Habitat. — Cet Oiseau est répandu dans toute l'Amérique du Sud. Mœurs. — 11 fréquente les bords des grands fleuves et les rivages de la mer; la couleur de son plumage s'harmonise si bien avec la teinte du milieu où il vit, que sa pré'^ence n'est souvent décelée que par son cri d'appel, consistant en une sorte de sifflement doux et prolongé. « Son beau plumage, gris, jaune, vert, noir, blanc et brun, dit Schomburgk, fait de la Caurale soleil un des plus beaux Oiseaux de ces contrées si riches en types éclatants; il est splendide surtout lorsqu'il étale ses ailes et sa queue comme un Dindon, et les fait miroiter aux rayons du soleil. On le voit dans les clairières des forêts, surtout sur les bords des cours d'eau, solitaire, rarement par paires. « Il se nourrit de Mouches et d'autres Insectes, qu'il poursuit avec une agilité surprenante. Toujours en mouvement, portant la tête en tous sens, il va cherchant sa proie sur le sol et sur les feuilles des plantes les moins élevées. La vie des ANIMAIX ILLUSTRÉE. IV. l8 238J LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. 18 Son œil perçant découvre-t-il un Infecte, aussitôt il ralentit son pas; il s'avance lentement, puis il lance habilement son cou en avant, saisit sa proie et l'avale. » La Cau aie .'■okil niche sur les arbres, à une faible hauteur. Elle construit un nid solide à l'aide d'herbes, de racines agglutinées avec de la vase, de l'argile. La ponte est de deux œufs d'un jaunâtre-carmin pâle, ils sont parsemés de taches d'un rouge-brique et de quelques points d'un brun violacé. Captivité. — Les Caurales qui ont été importés dans les Jardins zoologiques de l'Europe se sont montrés d'un apprivoisement facile. Si on les place dans des conditions convenables en leur procurant de l'eau et des matériaux pour la construction de leur nid, ils se reproduisent sans difiiculté sous notre climat. LES CARIAMIDbS Cette famille a été établie pour un genre d'Oiseaux du nouveau continent, qui présente des caractères le rattachant, d'une part aux Râles, d'autre part aux Grues. LES CARIAIVIAS Les Cariamas sont des Oiseaux très singuliers dont la physionomie et les mœurs rappellent plus ou moins le Serpentaire. Caractères. — Ils ont un corps allongé, un cou long, une tête relativement forte, des ailes médiocres, sur-obtuses, un bec plus court que la tète, largement fendu, droit à la base, crochu à la pointe ; des jambes très dénudées, des tarses élevés, des doigts courts, des ongles recourbés, pointus, rappelant les serres d'un Oiseau de proie. Leur front est orné d'une huppe de plumes redressées; leurs lorums nus; les plumes du ventre molles et duveteuses. LE CARIAMA HUPPÉ (Dicholopiis cristaius). — Caractères. — Le Cariama huppé est un grand Oiseau d'une taillej de o^.SS environ. Son plumage est presque entièrement gris, chaque plume étant marquée de lignes très fines, ondulées, alternativement claires et brillantes. Les plumes de la tète et du cou sont d'un brun noir, les rémiges brunes, avec les barbes internes rayées de blanc, les rectrices brunes, avec la pointe blanche; l'iris jaune-soulre, les lorums bleuâtres ; le bec et les tarses rouges. Habitat. — Cet Oiseau est propre à l'Amérique méridionale. Mœurs. — Bien que la disposition de ses pattes le rapproche des Oiseaux de rivage, il a un genre de vie bien différent de ces derniers. Il ne vit même pas près des eaux, mais bien sur la lisière des forêts, dans les plaines et les collines rocailleuses, où les bosquets alternent avec des massifs de hautes herbes et des buissons. C'est un Oiseau très craintif; il fuit l'homme de très loin, et comme la couleur de son plumage se confond merveilleusement avec celle du milieu qu'il lu LES CARIAMAS. [2391 habite, il est bientôt devenu invisible, mais sa voix forte et retentissante trahit souvent sa présence. Il se nourrit d'Insectes et surtout de Reptiles : Lézards, Serpents; d'où le nom de Cigogne des serpen Is qui lui a été donné; il mange aussi les petits Oiseaux, et m è m e Le Cariama liuppé. On rencontre habituellement les Cariamas par paires, et menant une existence paisible, mais à l'époque des amours, avant que les couples ne se soient formés, les mâles se provoquent et se livrent des combats acharnés. Pendant le combat, ils prennent les postures les plus singulières, hérissent leur plumage, exé- cutent des bonds fantastiques, témoignant ainsi de l'ardeur belliqueuse qui les anime. Les Cariamas nichent sur les arbres peu élevés. Leur nid est formé de branches sèches et d'argile. La ponte est de deux œufs blancs parsemés de quelques points d'un roux de rouille. Chasse. — La chasse du Cariama est difficile, car cet Oiseau est craintif et se dissimule fort bien dans les buissons. La meilleure façon de le chasser quand on l'a fait lever est de le poursuivre à cheval, jusqu'à ce qu'il soit épuisé. Il cherche alors un arbre où on peut le tirer, ou parfois il se tapit contre terre et se laisse prendre à la main. Captivité, — Les Cariamas captifs deviennent rapidement aussi apprivoisés que des Oiseaux de basse-cour. Ils perdent toute timidité, viennent prendre dans [240] LES POULES D'EAU OU RALLIDÉS. 20 la main la nourriture qu'on leur lend et vivent en bonne harmonie avec leurs compagnons de basse-cour. LES PSOPHIIDÉS Les Psophiidés, de même que les familles précédentes, établissent une tran- sition entre les Râles et les Grues. Cette famille repose sur le genre suivant. LES AGAMIS Caractères. — Les Agamis, appelés vulgairement Oiseau.\-lruinpettes, ont pour caractères : un corps épais, un cou de longueur moyenne, un bec plus court que la tête, conique, bombé supérieurement, un peu comprimé latéralement, à pointe crochue; des ailes courtes, bombées, sur-obtuses ; une queue très courte, co- nique; des tarses allongés, scutellés ; des doigts courts, l'externe légèrement uni au médian par une faible palmature; des ongles crochus, acérés. La tète et le cou sont garnis d'un plumage ve- ^ louté, le ventre est recouvert de plumes duve^ teuses. L'AGAMI BRUYANT [Psophia crepitans). — Caractères. — Cet Oiseau mesure envi- ron o°,55 de long. Son plumage est orné de teintes sombres : la tête, le cou, le haut du dos, les ailes, le bas de la poitrine, le ventre et le croupion sont noirs; le pli des ailes est d'un noir pourpre à retiets bleus ou verts: l'aisselle d'un gris de plomb ou gris argenté, le haut de la poitrine d'un bleu d'acier à retiets bronzés, mais ces reflets varient sui- vant l'incidence de la lumière; l'iris brun roux, les lorums couleur de chair, le bec blanc ver- dàtre, les tarses couleur de chair. Habitat. — Les Agamis sont propres à l'Amé- rique méridionale, chaque espèce a une aire de dispersion spéciale. L'Agami bruyant se rencon- tre au nord du tleuve des Amazones. Mœurs. — Ils vivent en bandes nombreuses dans les forêts. Par leurs allures, ils rappellent beaucoup les Grues ; ils ont parfois de brusques accès de gaieté pendant lesquels ils exécutent les danses les plus bizarres, puis ils reprennent leur gravité habituelle. L'Agami bruyant. 21 LES AGAMIS. [241] Quand un danger les presse, ils peuvent courir très rapidement, mais leur vol est tellement lourd qu'ils ne peuvent le soutenir longtemps. Le fleuve des Amazones est pour ces Oiseaux un obstacle infranchissable : ils tombent à l'eau avant d'atteindre la rive opposée. Les Agamis se nourrissent de fruits, de graines, d'Insectes et de Vers. On leur a donné vulgairement le nom d'Oiseaiix-trompetles, en raison des cris singuliers qu'ils émettent, mais qui ne rappellent en rien le son de la trom- pette. Ils consistent en un appel perçant, auquel succède durant une minute environ un roulement sourd qui va en s'affaiblissant de plus en plus. Les ornithologistes ne sont pas encore bien fixés sur l'origine de ce dernier bruit ; l'Oiseau l'émet le bec fermé; aussi avait-on cru qu'il était produit par l'air des sacs aériens refoulé lentement au dehors par l'orifice de la trachée; mais aujourd'hui cette explication est contestée, sans qu'on en ait fourni d'ailleurs une autre. Les Agamis font leur nid soit sur les arbres, soit à terre. Ils pondent une dizaine d'œufs d'un vert clair. Les jeunes une fois éclos restent plusieurs mois en compagnie de leurs parents, puis ils se réunissent à d'autres familles de la même espèce en constituant des bandes de plusieurs milliers d'individus. Captivité. — Les Agamis s'apprivoisent très facilement. A Cayenne, on prend les jeunes lorsqu'ils sont encore au nid, on les nourrit avec du manioc humecté d'eau, du pain trempé, des bananes, un peu de viande, et quand ils sont adultes, on les utilise comme gardiens de troupeaux : ils conduisent les Oies dans la prairie, les canards à la mare. Ces aptitudes remarquables ont été maintes fois observées en Europe, chez des sujets captifs. Malheureusement, le climat du nord de l'Europe ne permet pas à ces Oiseaux de s'y reproduire. Chasse. — On chasse parfois l'Agami, dont la chair blanche et d'un goût agréable rappelle un peu celle du Hocco. Les Grues LES QRUIDÉS Les Gruidés se distinguent nettement des autres familles du groupe des Echassiers proprement dits. D'autre part, ils présentent encore quelques affinités lointaines avec les Râles et leurs familles satellites. Caractères. — Ces Oiseaux ont le corps allongé, le cou long et mince, la tête petite et gracieuse, le bec de grosseur moyenne, droit, pointu, un peu com- primé sur les côtés, à arête dorsale mousse, de même longueur ou un peu plus long que la tête; les narines médianes, allongées, percées de part en part; les ailes amples, aiguës; une queue courte et arrondie ; les jambes longues, dénudées bien au-dessus de l'articulation: les doigts au nombre de quatre, les antérieurs médiocrement allongés, l'externe et le médian unis à la base par une étroite palmure, le pouce médiocre, élevé, ne portant sur le sol que par l'extrémité; la tête et le cou en partie nus ou garnis d'ornements variés, les lorums emplumés ou velus. Habitat. — Les Gruidés sont cosmopolites, mais ils ne s'éloignent guère des zones tempérées. Mœurs. — Ils vivent dans les terrains marécageux. Leur nourriture est à la fois animale et végétale. Ce sont des Oiseaux migrateurs effectuant chaque année, à époque fixe, de grands voyages parfaitement ordonnés. Ils attirent l'attention par leurs allures nobles et gracieuses. Quelquefois, cependant, ils se livrent à des bonds et à des danses désordonnées qui contras- tent singulièrement avec leur gravité ordinaire. Leur voix est forte et perçante; leur vol puissant, élevé. Leur naturel est très sociable; leurs sens bien développés. L'une de leurs qualités les plus remarquables est la prudence, aussi échappent-ils à la plupart des dangers qui menacent les autres Oiseaux. Us nichent sur le sol même, dans les marais. 23 LES GRUES. [243] LES GRUES Caractères. — Les caractères du genre Grue sont les suivants : bec sensible- ment plus long que la tête, peu fendu, un peu fléchi et obtus à l'extrémité, a bords mandibulaires tranchants ou finement échancrés; narines elliptiques, percées dans un large sillon, qui s'étend au delà de la moitié du bec; ailes longues, sub-obtuses; les trois ou quatre rémiges secondaires allongées, larges, arquées, a barbes décomposées et formant panache sur la queue, qu'elles recou- vrent complètement : celle-ci très courte ; tarses très longs, robustes, entièrement réticulés; doigts latéraux courts; vertex et tour des yeux nus chez les adultes. LA GRUE CENDRÉE [Grtis cinerea). — Caractères. — La Grue cendrée ou Grue commune a presque tout le plumage d'un beau gris cendré, à l'exception des régions suivantes. Le front, le dessous des yeux, les lorums sont d'un noir profond à reflets bleu verdàtre, le devant du cou d'un brun noir, et séparé du noirde l'occiput par une large bande blanche; les rémiges et les rectrices noires, le vertex marqué d'un espace presque nu et rouge; le bec noir verdàtre, l'iris rouge brun, les pieds noirâtres. Sa taille est d'environ i™,3o à i'",4o. Le mâle et la femelle portent la même livrée. Habitat. — La Grue cendrée habite l'Europe et l'Asie dans leurs zones tem- pérées, et le nord de l'Afrique. Elle est de passage en France dans le Centre, l'Est et le Midi. Mœurs. — On peut dire avec Brehm, que c'est un des Oiseaux les plus gra- cieux, et en même temps les plus prudents et les mieux doués. Tous ses mouvements sont élégants, toutes ses allures sont intéressantes au plus haut degré. « Ce grand Oiseau bien conformé, agile, aux sens bien déve- loppés, parfaitement intelligent, a conscience de ses qualités et il le montre dans tous ses actes. Il s'en va à pas légers, mais mesurés, tranquillement, dignement ; ce n'est que lorsqu'il y est forcé qu'il se hâte et qu'il court; c'est sans effort qu'il s'élève du sol, après avoir fait un ou deux bonds; en quelques coups de ses puissantes ailes, il gagne une hauteur suffisante, puis, le cou et les pattes étendus, il continue son vol tranquillement, mais rapidement, vers le but qu'il s'est proposé d'atteindre. Cependant, ce même Oiseau, à certains moments, se livre à des exercices récréatifs : il saute de joie, il prend les postures les plus singulières, il ouvre les ailes, il danse, ou bien il s'envole et décrit des cercles superbes. » Néanmoins, même dans ces évolutions excentriques, la Grue n'est jamais grotesque. Une de ses qualités les plus remarquables est la prudence, et cette qualité se manifeste d'autant plus que l'Oiseau est plus âgé. Elle apprend plus rapidement que tous les autres Échassiers à juger des choses, et dirige en conséquence sa manière de vivre. Elle n'est pas craintive, mais prudente au plus haut degré; aussi est-il fort difficile de la surprendre. Seule, elle veille sans cesse à sa sûreté; réunie à ses semblables, elle pose tou- [244] LES GRUES. 24 jours des sentinelles, qui ont à veiller au salut commun; a-t-elle été dérangée d'un endroit, elle }' envoie des éclaireurs avant d'y retourner. La Grue cendrée vit en bons rapports avec ses congénères, et même avec les autres Echassiers; ce! n'est cependant qu'avec les espèces les plus voisines [qu'elle contracte réellement amitié. Quant à celles qui lui sont inférieures, elle cherche à leur faire sentir sa suprématie. Elle semble avoir besoin de société, mais cette société, elle la choisit. Elle voue à sa compagne une fidélité inébranlable; elle a pour ses petits la plus grande tendresse; elle témoigne à ses congénères une certaine estime. Cepen- dant, il arrive que des Grues se mettent en colère, se combattent avec fureur, non seulement à l'époque des amours, mais encore pendant les vo3'ages, à l'occasion de leurs autres réunions. On a vu plusieurs Grues fondre sur une de leurs compagnes, la maltraiter à coups de bec et la mettre dans l'impossibilité de continuer sa route. La Grue^^cendrée a une nourriture très va- riée : elle mange des céréales, des fruits, des 'Vers, des Insectes de divers ordres, des Gre- nouilles, des Reptiles et autres petits ani- maux. Dans les régions cultivées, elle produit parfois'des dégâts importants lorsqu'elle s'abat sur les moissons. Les migrations des Grues ont toujours lieu à des époques fixes; elles se font du nord au midi et du midi au nord. Ces Oiseaux voyagent en troupes nombreuses, disposées sur deux lignes formant un triangle, de façon à fendre l'air plus facilement; chaque individu de la bande occupe à tour de rôle le sommet du triangle, puis se place au dernier rang dès qu'il est fatigué. Ce qui a trait aux voyages de la Grue cendrée a été fort bien observé et décrit par Brehm. « D'après mes observations, dit cet auteur, les Grues arrivent par bandes dans le Soudan, au mois d'octobre,'^et y fréquentent les grands bancs de sable qui émergent au milieu des fleuves. C'est aussi sur ces lies qu'elles demeurent pendant tout l'hiver : elles ne les quittent que quand celles-ci se transforment en presqu'îles. Aux Indes, elles apparaissent à la même époque, et se fixent dans les localités analogues. On les voit traversant nos contrées au commencement d'octobre et a la fin de mars; elles volent dans les hautes régions de l'atmosphère en bandes nombreuses, toujours disposées en coin ; de temps à autre seule- l.a Grue cendrée. PI. XLlll. — La Grue de Mandchourie (Texie. p. 246). 25 LES GRUES. [245] ment, elles décrivent des cercles desordonnés, et s'abattent sur le sol pour y manger, mais elles ne s'arrêtent jamais longtemps. Elles poursuivent leur route le plus rapidement qu'elles peuvent. Ces bandes suivent invariablement, toutes les années, une direction déterminée ; c'est la route ordinaire de tous les Oiseaux migrateurs, et il faut des circonstances extraordinaires pour les en faire dévier. Ainsi, mon père vit une bande de Grues attirée par l'incendie du village d'Ernstroda, en Thuringe, tournoyer longtemps au-dessus des flammes. Les cris perçants de ces Oiseaux dominaient encore les cris des travailleurs, les gémissements des incendiés, les mugissements des bestiaux, le crépitement des flammes, le bruit des bâtiments qui s'écroulaient. » Les Grues voyagent à toute heure du jour, on les voit traversant l'air du lever au coucher du soleil, on les entend à tous les instants de la nuit. Lorsqu'elles se dirigent vers le nord, elles s'assemblent à certains endroits, sur les îlots, au bord des côtes notamment, et elles partent de là en commun pour traverser la mer. Avant d'entreprendre leur voyage vers le sud, elles se réunissent comme les Cigognes dans des localités déterminées, d'où elles partent toutes un jour, prenant leur vol en poussant de grands cris. Lorsqu'on voyage le long d'un des fleuves du Soudan oriental, à l'époque de leur arrivée, on les voit, on entend leurs cris perçants jour et nuit. Parvenues aux lieux où elles doivent passer l'hiver, elles s'abattent, rasent le sol, cherchent une ile qui leur convienne et dont une autre bande n'ait pas encore pris possession. « Tout le temps qu'elles séjournent dans les pays étrangers, elles vivent en bandes nombreuses et admettent parfois dans leur compagnie des espèces voi- sines, par exemple, en Afrique, des Anthropoïdes demoiselles; aux Indes, des Grues tutigones; des Grues leucogéranes et des Grues neigeuses à Siam et dans le sud de la Chine. Tous les matins, elles s'en vont dans les champs pour y chercher leur nourriture, retournent après à leurs îles, y passent le jour et la nuit, s'y livrent à divers jeux, nettoient et lissent leur plumage, soin que rend nécessaire la mue qui se fait continuellement. « C'est par bandes qu'elles s'en vont, c'est par bandes encore qu'elles revien- nent dans leur patrie; mais là, elles se séparent en petites troupes, qui elles- mêmes se divisent en couples, et chaque couple cherche un lieu convenable pour se reproduire, lieu bien différent de celui que ces Oiseaux habitent dans leurs quartiers d'hiver. Aux Indes et dans le Soudan, la Grue cendrée est un Oiseau de rivage; dans le nord de l'Europe et de l'Asie, c'est un Oiseau de marais. Elle gagne les grands marécages des plaines, surtout les tundras, et dans les marais où elle s'établit, elle recherche les endroits couverts de joncs et de graminées, d'où elle peut découvrir un vaste horizon, où par conséquent, elle se sent le plus en sûreté. Ce sont là ses pâturages, c'est de là qu'elle part pour aller dans les champs où elle prélève ses impôts. Elle n'aime pas les marais où croissent beaucoup de buissons, des roseaux élevés, à moins toutefois qu'ils ne soient assez étendus pour qu'elle n'ait pas à y redouter la visite de l'homme. « A peine arrivé dans sa patrie, chaque couple de Grues prend possession de l'étang où il veut nicher, et ne souflVe aucun autre couple dans un certain >4(3] LES GRUES. 26 espace. Il laisse passer sans s'en inquiéter ceux qui se dirigent vers les con- trées plus septentrionales, et se borne à les saluer de cris perçants. « Lorsque les marais verdissent, que les buissons se couvrent de feuilles, les Grues commencent à construire leurs nids. Elles apportent des branches sèches sur quelque petit ilôt de gazon, sur un buisson peu élevé, ou sur quelque autre endroit analogue; sur ces branches, elles déposent sans trop d'art, une plus ou moins grande quantité de chaumes, de feuilles sèches, d'herbes, de joncs, et exca- vent légèrement le milieu de cette construction. La femelle 3' pond des œufs grands, allongés, à coquille épaisse, à grain grossier, presque ternes, de couleur gris vert, brunâtre, ou vert clair, et marqués de taches grises et rougeàtres, sur lesquelles se montrent d'autres taches d'un brun rouge et d'un brun foncé. Les deux parents les couvent alternativement. Tous deux défendent leur progéniture contre les ennemis qui la menacent, lorsque celui qui ne couve pas et qui monte la garde aux environs du nid ne peut suffire seul à cette défense. Chez les Grues captives qui couvent, on peut voir avec quelle fureur celle qui est en sentinelle fond sur tout animal qui s'approche du nid, sur l'homme lui- même, quelque habituée qu'elle soit à sa présence. En liberté, par contre, même lorsqu'elles couvent, elles fuient l'homme, qui est pour elles le plus dangereux ennemi. » Les Grues cendrées ne trahissent jamais l'emplacement de leur nid ; elles possèdent, au contraire, au plus haut point l'art de le cacher, de le dérober aux regards. Non seulement elles l'établissent dans des endroits peu accessibles, au milieu des joncs et des hautes herbes, mais quand elles doivent y entrer ou en sortir, elles le font avec d'infinies précautions, ne se montrant à découvert qu'à une distance assez grande du point où reposent leurs œufs. A ces précautions, leur vient aussi en aide la couleur de leur plumage durant la période de l'incubation. On a remarqué en elTet que les Grues, en cette saison, salissent leurs belles plumes, en les lissant avec leur bec enduit du limon ferrugineux des marais, de sorte qu'elles prennent la teinte du milieu environnant. Il ne faut sans doute voir là qu'un cas de mimétisme occasionnel mais qui néanmoins peut être d'une réelle utilité pour cet Oiseau. Chasse. - — L'excessive prudence de la Grue rend sa chasse très difficile. On ne peut tuer cet Oiseau qu'à l'affiàt. Sa chair n'a d'ailleurs pas un goût bien agréable. Captivité. — La Grue, prise )eune, s'apprivoise facilement et s'accommode volontiers du régime le plus simple. Elle mange avec plaisir des pois, des fèves, du pain, des pommes de terre, des fruits, mais ne dédaii;ne pas non plus la viande. Elle s'attache très vite à son maitre, et à la maison où elle a été élevée. LA GRUE DE MANDCHOURIE (*) {G>-iis viridirostris). — Caractères. — Cette belle espèce se distingue de la Grue cendrée par son plumage, où la couleur gris cendré est remplacée par une teinte d'un blanc pur. (■) PI. XLIIl. — La Grue de Mandchourie (Planche, p. 244). 27 LES anthropoïdes. [247] Habitat. — Mœurs. — Elle est originaire du nord de la Chine. Ses mœurs sont exactement les mêmes que celles de sa congénère la Grue cendrée. ha Grve A'STiGoyE [Grus autigotie) et la Grue leucogérane sont deux espèces asiatiques dont les mœurs ne présentent pas de particularité spéciale. LES ANTHROPOÏDES Caractères, — Les Grues du genre Anthropoïde se distinguent des autres par leur bec arrondi, à peine plus long que la tête; leur tête ornée de chaque côté et en arrière de deux touffes de longues plumes effilées; leur jabot garni aussi d'une touffe de plumes, leurs couvertures alaires très allongées, pointues, dépassant la queue. L'ANTHROPOÏDE DEMOISELLE, OU DEMOISELLE DE NUMIDIE [Anthro- poides virgo). — Caractères, — La taille de l'Anthropoïde demoiselle est à peine de un mètre, environ. Son plumage est d'un gris bleuâtre, avec les joues, le devant du cou, d'un noir lustré; les rémiges d'un noir profond, les touffes de plumes des côtés de la tête d'un blanc éclatant. L'iris est rouge ; le bec noir verdàtre à la base, jaune clair à la pointe; les pieds d'un brun noirâtre. Habitat. — Elle habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique, mais elle est surtout abondante dans la Russie méridionale, la Grèce, la Turquie, et de passage dans un grand nombre d'autres parties de l'Europe. Mœurs. — L'Anthropoïde demoiselle paraît préférer les grandes plaines, les steppes, aux régions marécageuses. Ses mœurs, ses habitudes sont celles de la Grue cendrée, mais elle est encore plus gracieuse, plus élégante, et c'est ce qui lui a valu son nom de Demoiselle. Ses facultés sont au moins aussi développées que celles de ses congénères. Elle met une extrême prudence dans le choix de ses lieux de repos; lorsqu'une bande doit s'ébattre en un point déterminé, toujours quelques éclaireurs la précèdent. A l'époque des amours, elle se livre à des jeux, des danses, des évolutions curieuses dont le récit pourrait passer pour fabuleux s'il n'avait été rapporté par des naturalistes dignes de foi, tels que Nordmann, cité par Degland. C'est le soir et le matin que les Demoiselles s'adonnent de préférence à ces exercices; elles choisissent, à cet effet, un endroit convenable, très nivelé, sur le bord d'un ruisseau. Là, placées en cercle sur un ou plusieurs rangs, elles sautent et dansent d'une manière burlesque les unes autour des autres, s'avan- cent l'une vers l'autre, s'arrêtent, et se retournent en tenant le cou tendu, baissé ou relevé, et les ailes déployées; pendant ce temps, d'autres se disputent le prix de vitesse ; elles courent dans une direction sans but appréciable, retournent à leur place à pas lents et mesurés, et toute la bande pousse alors des cris, et témoigne sa joie par des sortes de salutations, par des gestes et des mouvements mimiques des plus bizarres. [248] LES GRUES. 28 L'Anthropoïde demoiselle recherche, pour nicher, les endroits tranquilles des steppes. Elle construit son nid sur un sol bien asséché, à l'aide d'herbes et de petites branches. La ponte est de deux ceufs à peu près semblables à ceux de la Grue cendrée. 'lM(*i-- A ' \ ■- L'Anthropoïde demoiselle. Les deux parents les couvent alternativement et, plus tard, ils défendent coura- geusement leur progéniture contre tout ennemi. Captivité. — L'Anthropoïde demoiselle s'apprivoise avec une très grande faci- lité. Elle est recherchée dans certains pays, comme Oiseau de basse-cour, non seulement pour la beauté et l'élégance de ses formes, mais pour ses qualités de gardienne, qui peuvent être comparées à celles de l'Agami. 29 LES BALÉARIQUES. [2^0] LES BALÉARIQUES Les Baléariques ou Grues couronnées ont les formes générales des Grues précédentes, mais elles s'en distinguent par de nombreux caractères. Caractères. — Elles ont le bec de la longueur de la tête, à mandibule supé- rieure déprimée à la base, puis légèrement courbée à l'extrémité ; les narines petites, ovales, percées obliquement; les ailes allongées, sub-obtuses; la queue courte, tronquée; les tarses minces, élevés, complètement réticulés, ainsi que la partie nue des jambes; leur front proéminent, couvert de plumes veloutées ; la tête ornée en arrière d'un faisceau de plumes filiformes contournées en spirale ; le cou garni de plumes longues, lancéolées; les joues et la gorge nues. LA BALÉARIQUE PAVONINE (*) [Balearica pavonina). — Caractères. — La Baléarique pavonine a le front et le dessus de la tête couverts d'un duvet noir et velouté, l'occiput orné d'une touffe de plumes filiformes, spiralées, d'un jaune d'or, le cou et le corps d'un cendré clair brunâtre, les plumes du bas du cou et de la poitrine longues, étroites, pointues; les côtés de la tête garnis d'une peau nue, blanche dans la région de la tempe, rouge vif sur les joues, et se termi- nant sous la gorge par un fanon également d'un rouge vif; les couvertures supérieures des ailes blanches; les rémiges primaires et les rectrices noires ; les secondaires d'un brun marron, et s'étendant jusqu'à l'extrémité des rémiges primaires et de la queue; l'iris blanc, le bec et les pieds noirâtres. Sa taille est d'environ un mètre. La femelle ne diffère guère du mâle que par sa taille moindre. Habitat. — La Baléarique pavonine était connue des anciens sous le nom de Gt^iie des Baléares, parce qu'elle habitait jadis ces îles, mais aujourd'hui son habitat est limité à l'Afrique septentrionale et occidentale. Elle est remplacée dans le centre et le sud de l'Afrique par une espèce très voisine. Mœurs. — Elle fréquente les rives des lleuves couvertes de buissons, les forêts clairsemées. Pendant la saison des pluies, elle vit par paires ; le reste de l'année, on la rencontre en bandes plus ou moins considérables qui, chaque jour, viennent sur les bancs de sable des fleuves pour s'y abreuver. Elle se mêle parfois avec les Anthropoïdes demoiselles qui habitent les mêmes contrées, mais sans jamais se lier intimement avec elles. Ses moeurs sont douces, sociables. A l'époque des amours, elle exécute des danses singulières analogues à celles qui ont été décrites à propos de l'Anthro- poïde demoiselle, mais l'originalité de ces évolutions est encore rehaussée par la brillante livrée de cet Oiseau, et la grâce de ses allures. La Baléarique pavonine se nourrit principalement de graines, mais elle mange aussi des fruits, des bourgeons, des Insectes, exceptionnellement des coquil- lages et des petits Poissons. ("i PI. XI.IV. — La Baléarique pavonine (Planclie, p. 252l [250] LES GRUES. 30 Elle niche habituellement sur le sol, mais certains auteurs croient pouvoir affirmer qu'elle fait aussi son nid dans les arbres. Ses œufs, au nombre de deux, sont d'un brun olivâtre foncé ou jaunâtre, marqués de taches oblongues, les unes profondes, roussâtres ou d'un gris vineux, les autres superficielles, d'un brun roux, souvent confluentes au gros bout. Chasse. — La chasse de la Baléarique pavonine est encore plus difficile que celle des autres Grues, en raison de son caractère prudent et défiant. On ne peut guère tirer cet Oiseau que dans un affût bien disposé à cet effet dans un endroit qu'il fréquente habituellement. Captivité. — En captivité, la Baléarique pavonine se fait remarquer par sa douceur et sa familiarité. Elle semble aimeret rechercher la société de l'homme. On la voit fréquemment dans les Jardins zoologiques, suivre d'une allure grave et mesurée les promeneurs qui passent près d'elle. Quand elle nage, on la voit remuer ses pattes avec une telle vitesse que, malgré l'absence totale de palmatures, elle glisse rapidement à la surface de l'eau. Tout en nageant, elle regarde de tous les côtés et elle baisse la tète à chaque coup de patte. De temps à autre elle s'arrête, se pose sur quelque branche, sur une tige de roseau, de préférence sur un morceau de bois flottant; elle nettoie son plumage, l'oint de matière grasse, se remet à nager ou s'en va dans les roseaux et dans les herbes, pour les fouiller. L'étroitesse de son corps, la longueur de ses doigts lui sont alors d'un grand secours. Elle peut, grâce à ses formes sveltes, se glisser au milieu des fourrés les plus serrés: grâce à l'étendue de ses doigts, elle peut courir très facilement sur des surfaces recou- vertes à peine d'une mince couche d'herbes ou de joncs ; ses doigts couvrent une telle surface, qu'elle se soutient là où d'autres Oiseaux enfonceraient; ils lui servent aussi à grimper aisément le long des roseaux. D'une seule patte, elle peut embrasser plusieurs tiges, et monter et descendre ainsi sans danger. Sur le sol ferme, elle marche facilement, rapidement, à grands pas. Lorsqu'elle est chassée, elle court aussi vite que le Chien qui la poursuit. Souvent, on la voit s'avancer assez loin sur la surface de l'eau recouverte de quelques feuilles, puis s'envoler. Elle plonge admirablement, et lorsqu'un danger la menace, elle dis- paraît subitement sous l'eau. A l'aide de ses ailes, elle nage rapidement entre deux eaux, sort de temps à autre le bec pour respirer, et continue ainsi sa fuite. Elle vole péniblement, lentement, en ligne droite, en rasant d'ordinaire la sur- face de l'eau, avec le cou et les pattes étendues. Ce n'est que quand elle a atteint une certaine hauteur que son vol devient plus facile. Brehm n'est pas le seul à avoir été victime d'aventures du genre de celles-ci : « Nous chassions un jour une Poule d'eau, dit-il, qui disparut subitement. Je savais où elle s'était cachée, mais ce ne fut qu'après de longues recherches que je l'aperçus, tapie contre la rive, de telle façon qu'on n'entrevoyait que le rouge de son bec. Elle était à un endroit où l'on n'aurait pas cru qu'un petit Passereau pût se cacher. « Une autre fois, je tirai une Poule d'eau dans un petit étang où ne pous- saient que quelques touffes d'herbes, et qui n'avait pas douze pas de diamètre : 31 LES BALÉARIQUES. [251] elle disparut. Nous fîmes à plusieurs reprises fouiller Tétang par un bon Chien de chasse, mais en vain. Un des chasseurs se déshabilla, entra dans l'eau, explora le fond et la surface et ne put trouver trace de l'Oiseau. « Une autre Poule d'eau que je tirai plongea immédiatement et ne reparut plus. Un de mes amis chercha une perche, en frappa l'eau partout où l'Oiseau pouvait être; celui-ci reparut et on le tua. Une autre encore, qui disparut de la même façon, fut après de longues recherches trouvée au fond de l'eau, cram- ponnée à des herbes ; nous pûmes la prendre avec la main. » Un observateur méticuleux, Lescuyer, en a donné la description suivante, en faisant remarquer que la Poule d'eau, de même que la Morelle, ne dispose pas ses matériaux au hasard : « Pour en composer le fond, dit-il, les parois et la garniture intérieure, elle cherche et arrache au besoin des feuilles de jonc. Etant moins lourde que la Morelle, elle ne se croit pas obligée d'en réunir les tiges pour les fondations. Elle cherche ordinairement, dans des eaux peu profondes, une touffe de joncs bien enracinés et offrant beaucoup de résistance. Au milieu de cette toutfe, elle emboite ses premiers et plus gros matériaux. Ensuite, elle place et plaque les unes sur les autres, des feuilles de joncs et d'arbres. En les mouillant et en les pressant, elle obtient une certaine adhérence. Les feuilles de jonc composant les parois sont croisées et contournées de manière à donner toute la solidité désirable. Les plus minces et les plus souples sont naturellement réservées pour l'intérieur. « Ce nid, construit sur pilotis, comme celui de la Morelle, se trouve ainsi fixé au sol et ne bouge pas plus que la touffe de joncs avec laquelle il fait corps. « Une fois seulement, j'ai vu une Poule d'eau établir son nid autrement qu'à l'ordinaire. On venait de lui détruire celui qu'elle avait fixé dans des joncs. Alors l'idée lui vint d'en faire un second sous un vieux tronc de saule qui de la chaussée de l'étang était incliné au-dessus de l'eau. « Il est bon de faire remarquer que les nids de Morelle et de Poule d'eau ne sont faits que pour la période de la ponte et de l'incubation. A peine éclos, les petits vont à l'eau. Plusieurs fois j'ai pris dans ma main des œufs qui s'agi- taient ; les petits faisaient de nouveaux efforts, ouvraient la coquille, se sauvaient, s'élançaient à l'eau, se mettaient à nager et même à plonger. Ils étaient alors d'autant plus intéressants, qu'ils ont l'avant de la tête orné de plumes d'un rouge vif. » « Les jeunes, dit Brchm, nagent à côté de leurs parents, ou derrière eux, et sont attentifs à tous leurs mouvements; ceux-ci ont-ils pris quelque Ver ou quelque Insecte, ils accourent rapidement pour le recevoir. Au bout de peu de jours, ils sont capables de chercher eux-mêmes leur nourriture, et les parents se contentent de les conduire, de les avertir, de les protéger. Au premier signal, ils disparaissent en un clin d'oeil. Après quelques semaines, ils se suffisent à eux-mêmes. Les parents se préparent alors à faire une seconde couvée. » Celle-ci a-t-elle également réussi, le spectacle devient encore plus attrayant. « Au moment où les jeunes de la seconde ponte arrivent sur l'eau, dit Nau- [252] LES GRUES. 32 mann, ceux de la première, à demi adultes maintenant, accourent, les reçoivent avec amitié, leur prêtent secours, les guident. Grands et petits, jeunes et vieux, ces Oiseaux ne font tous qu'un cœur et qu'une âme, si j'ose m'exprimer ainsi. Les aînées font avec leurs parents l'éducation de leurs jeunes sœurs: elles leur témoignent amour et sollicitude, leur cherchent des aliments, les leur apportent dans leur bec, les déposent devant elles, tout comme les parents l'ont fait autre- fois pour elles-mêmes. » PI. XLIV. — La Baléarique pavonine (Texte, p. 249). ^*?«:wi*«*-- r uL Les Hérons ou Ardéidés Caractères. — Les Ardéidés sont de grands Échassiers ayant un corps mince, comprimé latéralement, un cou long et grêle, une tète petite, aplatie, un bec long et droit, profondément fendu, des ailes bien développées; une queue courte et arrondie; des tarses élevés, des doigts longs et déliés, l'ongle du doigt médian dilaté et pectine sur son bord interne, le pouce long, articulé dans le prolongement du doigt externe, cette dernière particularité facilitant à ces Oiseaux la faculté de percher. Leur plumage est mou, lâche, à teintes variées; il est agrémenté chez les adultes de divers ornements qui disparaissent après la saison des amours. Habitat. — Cette famille, très riche en espèces, est représentée dans toutes les parties de la terre à l'exception des zones arctiques. Mœurs. — Tous les Ardéidés fréquentent le bord des eaux; les uns se tien- nent sur les rivages maritimes, d'autres près des lacs, des rivières et des étangs. Leur nourriture est exclusivement animale; elle consiste en Insectes, Mollus- ques, Vers, Crustacés, Poissons, petits Oiseaux et petits Mammifères. Ils sont d'un naturel triste, indolent, marchent gravement et lentement. Ils prennent parfois, pour se reposer, les postures les plus singulières, le cou replié, la tête cachée entre les épaules. La plupart ont des habitudes semi-nocturnes. Tous sont migrateurs ou errants. Les uns vivent solitaires, d'autres en petites troupes, mais à l'époque des migrations, ils s'assemblent souvent en bandes immenses. Ils nichent sur les arbres ou dans les roseaux. Leurs œufs, dont le nombre varie de trois à six, ont une couleur uniforme. Les jeunes, une fois éclos, ont encore longtemps besoin de leurs parents avant de prendre leur essor définitif. PI. XLV. — Le Héron cendré (Texte, page 254). La vie des animaux illustrée. 1 » • '9 [254] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 2 Nous allons étudier successivement les différents genres de cette famille, c'est-à-dire les Hérons proprement dits, les Aigrettes, les Garde-Bœufs, les Cra- bicrs, les lîlongios, les Butors, les Bihoreaux. LES HERONS Caractères. — Les Hérons sont caractérisés par un bec beaucoup plus long que la tête, régulièrement conique, plus haut que large: des sillons nasaux larges et profonds; des ailes sub-obtuses, une queue médiocre: des jambes emplumées sur la moitié de leur longueur; des tarses longs, épais, scutellés en avant, réticulés en arrière; le doigt médian, d'un tiers moins long que le tarse, uni à l'interne par un repli membraneux, et à l'externe par une large membrane se prolongeant sur les côtés des doigts; un cou long et grêle, com- plètement emplumé. Le gris et le cendré disposés par grandes taches sont les couleurs dominantes du plumage. Les plumes de l'occiput, sont, chez les mâles, effilées, allongées en une huppe pendante, celles du jabot forment un fanon en avant du cou; les scapulaires sont allongées, étroites, décomposées. LE HÉRON CEJ^DRÉ {') {A?-dea ciuerea). — Caractères.— La taille du Héron cendré est de i^jOÔ à i",i5. Son plumage est très varié, mais une description sommaire permet cependant de s'en faire une idée assez exacte : le front, le sommet de la tête, le cou, le bord des ailes, le milieu du ventre et les cuisses sont d'un blanc pur; le dos et les ailes d'un cendré bleuâtre; une ligne allant de l'œil à l'occiput et se continuant sur une huppe de longues plumes effilées, trois rangées de taches en avant du cou et les rémiges primaires, d'un noir pur; une cravate de longues plumes effilées pendant au-devant du cuu, d'un blanc lustré; le bec et l'iris jaune; les pieds brunâtres lavés de jaunâtre. Habitat. — Le Héron cendré habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique. En France, on le rencontre toute l'année dans le Languedoc, le Roussillon, à l'embouchure du Rhône. Il séjourne de mars à septembre ou octobre, dans le nord de la France, la Hollande, quelques contrées de l'Allemagne, le sud de la Russie, la Suisse, l'Italie. Mœurs. — Le Héron cendré est un Oiseau triste, solitaire, méfiant, très craintif. Cependant, dans certaines héronnières où il est protégé, il perd de sa sauva- gerie naturelle et s'enfuit à peine à l'approche de l'homme. Il se tient sur les rives des étangs, des lacs, des ruisseaux, parfois au bord de la mer, mais toujours dans les endroits où l'eau est peu profonde. Sa vie entière se passe à pêcher des Poissons et divers animaux aquatiques. Aucun régime animal n'est plus varié que le sien ; outre les Poissons qui constituent la base de ce régime, le Héron mange aussi des Mollusques d'eau (') PI. XLV. — Le Héron cendré (Planche, page 253). 3 LES HÉRONS. [255] douce et marins, des Insectes, des Grenouilles, des Lézards, des Limaces, des Rats d'eau, etc. On le voit marcher dans l'eau à pas lents, silencieux, le cou Héchi, le bec incliné en avant. Une proie se montre-t-elle, le cou se détend comme un res- sort, et en un clin d'œil, elle est happée et avalée. Mais le plus souvent, le Héron reste immobile à la même place durant des )ournées entières, debout sur une seule patte, le cou replié, la tête enfoncée entre les épaules, attendant philosophiquement que ses proies ordinaires passent à bonne portée. La voix de cet Oiseau est un cri rauque que l'on peut traduire par les sjilabes krat'ik. Les Hérons nichent en véritables colonies sur les arbres élevés, qui bordent certains étangs. Ces lieux de rassemblement s'appellent des héronnieres. Très nombreuses au moyen âge, lorsque la chasse au Faucon était en honneur, ces héronnieres tendent à disparaître de plus en plus devant le déboisement des marais. On ne cite plus aujourd'hui que pour mémoire celles des environs de Fontainebleau, si célèbres au temps de François I", et dans toute la France, à peine en subsiste-t-il deux ou trois, dont la plus importante est celle du parc d'Ecury (Marne) près des marais de ChampigneuUes ; Lescuyer nous en a laissé une étude très complète dont nous extrayons quelques passages : « Les arbres sur lesquels elle était établie étant morts , les nids furent reconstruits à loo mètres plus au nord, c'est là que je les ai trouvés en i865. Ils étaient placés sur des aunes et des frênes, hauts de i6 à 19 mètres, généra- lement sans branches jusqu'à la hauteur de 8 à 10 mètres, d'une écorce lisse et difficile pour les Grimpeurs, ayant le pied dans l'eau et la vase. De la sorte, les nids sont non seulement d'un accès diflicile pour les dénicheurs, mais encore inaccessibles aux Ecureuils, Fouines, Martres. « En 1871, M. le comte de Sainte-Suzanne a creusé un petit canal pour assainir ces terrains marécageux. Depuis lors, des Fouines et des Martres ont visité les nids et ont surtout pris des œufs. « Les taillis et quelques arbres ayant été coupés en 1872, près de la héron- nière du côté du château, un certain nombre de nids ont été reportés dans la direction opposée. En 187?, une dizaine de ces nids s'avançaient presque à l'extrémité du bois, c'est-à-dire de 80 à 180 mètres en avant des autres, et à i5o mètres environ d'une ferme. « Le groupement de ces nids, comme d'autres faits que nous avons signalés et que nous signalerons, donne à penser que les Hérons se sont préoccupés du moyen de protéger leurs nichées contre leurs ennemis de l'air, aussi bien que contre ceux de la terre. En effet, l'enceinte de la héronnière affecte la forme d'un ovale ayant pour grand diamètre, du nord au midi i 10 mètres, et du levant au couchant, 90 mètres. « Au centre de l'ovale et en raison de la profondeur du marais, il y a très peu d'arbres, et par suite très peu de nids, en sorte que presque tous les nids for- ment pour la héronnière une imposante ceinture. De quelque côté que viennent les Oiseaux de proie et les Corbeaux, ils se trouvent en face d'une ligne de [256] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 4 Hérons, et ils trouvent dans le nombre, les tourbillonnements et les cris de ces Oiseaux, de véritables épouvantails qui suffisent le plus souvent pour effrayer et éloigner les agresseurs. « En iS63, j'ai trouvé au sud-est de la héronnière, sur le même arbre, douze nids contenant douze œufs et vingt-huit petits, total quarante. Si l'on y ajoute les pères et mères de ces douze nids, on a, pour cet arbre, soixante-quatre individus. « Comme on le voit, les Hérons aiment à vivre en société et non isolément, comme la plupart des autres Oiseaux. « Ils sont souvent si rapprochés que d'un seul point j'en ai touché quatre et vu les œufs et les petits de huit autres. « Ces nids sont établis dans les crochets que forment les branches à leur naissance, et composés de baguettes de bois mort, solidement enchevêtrées les unes dans les autres; celles qui servent de base à l'édifice ont environ 2 centi- mètres de diamètre ; elles sont recouvertes de brindilles sur lesquelles on trouve quelquefois de petits joncs et des végétaux herbacés. « Je n'ai vu ni les feuilles sèches, ni les plumes, ni la mousse mentionnées par quelques auteurs, comme faisant partie de l'ameublement que le Héron prépare pour ses petits. « Il est à remarquer que ces nids, au lieu d'être appuyés contre le tronc d'un arbre ou contre quelques grosses branches comme ceux de Buse, de Bondrée ou de Milan, sont le plus souvent perchés sur les extrémités des cimes. Cet emplacement le plus rapproché de l'espace libre, permet à l'Oiseau de prendre son vol, quoiqu'il ait de taille i",2i5 et d'envergure i"',~6, sans compter qu'il lui offre de sérieuses garanties contre les dénicheurs de toute espèce. « Il lui faut d'autant mieux calculer la force de résistance qu'il trouvera dans les matériaux qu'il emploie et dans les branches qui doivent les porter et les contenir, « Toutes ces constructions sont en forme de coupe, c'estii-dire plus ou moins demi-sphériques et creuses. A l'époque de mes visites, beaucoup étaient aplaties, parce que les jeunes et les pères et mères s'étaient maintes fois posés sur les bords. Pour se renseigner sur les proportions de ces nids, il faut mesurer ceux qui contiennent des œufs. « Ils ont, en général, en hauteur de o"',3o à i mètre, en largeur de o^.-^o à I mètre; et pour la cuvette, en profondeur de o'",o5 à o'",22, en largeur de o-^.So à o'",4o. << En moyenne, l'épaisseur des parois est de o'",io et celle du fond o'", 25. « Le plus souvent, la hauteur de o'°,Go n'est atteinte que par la superposition de deu.\ ou trois nids. « L'un d'eux nouvellement fabriqué avec beaucoup de baguettes vertes, pesait 9'""',3oo. » La ponte est de trois ou quatre œufs, d'un blanc azuré' pâle et légèrement verdàtre, sans taches. Parfois, ils sont couverts de points ou de plaques nua- geuses de matière crétacée blanchâtre. 5 LES HÉRONS. [257] « Le mâle et la femelle couvent et vont alternativement chercher leur nourriture. « Les petits sont des mois avant de pouvoir prendre leur vol, mais leur pre- mière croissance est rapide et ils ont alors besoin de beaucoup de nourriture; aussi les pères et mères sont-ils sans cesse en mouvement pour suffire aux besoins de toute la famille. « Il n'est pas rare alors de les voir voler avec des Couleuvres qui se débattent encore; mais le plus souvent ils apportent dans leur œsophage de la menue nourriture qu'ils dégorgent dans le bec de leurs petits : on les voit très rarement transporter de gros Poissons. « L'opération de dégorgement est curieuse. Le petit place et enfonce son bec dans celui de son père ou de sa mère et saisit ainsi la nourriture qui était empochée et qui lui est en quelque sorte vomie. « Je n'ai trouvé sur les nids aucune provision, comme cela se pratique chez les Oiseaux de proie; mais j'y ai vu des pelotes de poils de Mulots et de Cam- pagnols, pelotes que les Hérons, comme les Chouettes, ne digèrent pas et qu'ils rejettent par le bec. « La sollicitude des pères et des mères est extrême. « Le i" mai 1872 à deux heures du matin, j'étais à la héronnière, la nuit était profonde. Pour écrire mes notes je n'ai vu assez clair qu'à 3 h. 5o. Or, dès trois heures j'entendis, sans pouvoir les distinguer, des pères et des mères qui partaient. Ce mouvement d'aller et venir se généralisa petit à petit et de plus en plus, pour ne finir qu'à la nuit. « Aux heures principales des repas, c'est-à-dire le matin et le soir, les piaule- ments des petits, les cris d'impatience et de joie qu'ils poussent sans cesse, produisent une cacophonie très animée et fort singulière. « La première éducation des Héronneaux se prolonge jusqu'à la fin de juin. « A cette époque, la plupart d'entre eux vont dans le voisinage essaj'er leur vol, chercher de la nourriture et prendre les forces dont ils auront besoin un mois plus tard, pour entreprendre leur migration. « Ils se répandent alors dans les marais voisins, où, à défaut de Poisson, ils trouvent beaucoup de petits animaux à avaler. « De cinq à huit heures du soir surtout, on voit, comme toujours, les pères et les mères quitter la héronnière pour allerpratiquer la chasse au crépuscule. « Cette vie de famille dont nous venons de parler est bien remarquable, mais nous la trouvons chez presque tous les Oiseaux, et nous sommes habitués à ne plus nous en étonner. » LE HÉRON A TÊTE NOIRE {Ardea melanocephala .— 11 est propre à l'Afrique et ne fait que de rares apparitions en Europe. Ses mœurs sont les mêmes que celles du Héron cendré. LE HÉRON POURPRÉ (") [Ardea purptirea). — Il doit son nom à la couleur d'un roux ardent qui domine dans son plumage à la tête et au cou. (') PI. V, p. 57, lome I. — Le Pygargue vocifer ei le llcron pourpre. [2ô8J LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. G Il habite les régions tempérées de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, le midi de la France, et n'est que de passage dans les autres départements. Ses mœurs diffèrent un peu de celles du Héron cendré. D'après Degland, le Héron pourpré fréquente non seulement les marais, mais encore les bords des rivières et des ruisseaux couverts de joncs et de roseaux. Il se déplace peu pendant le jour, mais vers le soir, on le voit voler aux alen- tours de son nid avec sa femelle. 11 n'est pas farouche comme le Héron cendré et se laisse facilement approcher, mais il exécute alors les gestes les plus bizarres. Il niche parmi les roseaux, rarement sur les arbres; ses œufs, au nombre de trois, sont un peu plus petits et plus verts que ceux de ses congénères. LES AIGRETTES Caractères. — Les Aigrettes ont à peu près les mêmes caractères que les Hérons, mais leurs formes sont plus sveltes; leur bec est plus mince, moins élevé à la base ; leurs jambes dénudées sur une plus grande étendue et en partie scutellées; elles se distinguent encore par un plumage entièrement blanc à tous les âges et en toute saison, et par les aigrettes que forment, à l'époque des amours, les plumes du dos et les scapulaires. L'AIQRETTE BLANCHE (Esrretla all>a). — Caractères. — L'Aigrette blanche est de la taille du Héron cendré. Tout son plumage est d'un blanc pur éclatant, l'iris jaune brillant; la partie nue des paupières verdàtre, le bec noir, les pieds brun verdàtre. Habitat. — Elle habite le sud-est de l'Europe et le nord de l'Afrique. Elle est de passage dans quelques localités de l'est et du midi de la France. Mœurs. — Comme le Héron cendré, l'Aigrette blanche habite les pièces et les cours d'eau de toute espèce; elle préfère surtout les marais étendus, et, dans ceux-ci, les lieux les plus tranquilles, où elle est le moins exposée à se trouver en contact avec l'homme. Par ses allures, elle diffère peu des Hérons, mais elle est plus gracieuse. L'Aigrette blanche niche sur les arbres ou dans les roseaux, suivant les localités. L'AIQRETTE GARZETTE {Eg-rella Gar-^etla).— L'Aigrette garzette a aussi un plumage entièrement blanc, mais sa taille n'est guère que de o°',55 à o^jôo. Habitat. — Elle habite particulièrement les contrées méridionales de l'Eu- rope, l'Afrique, l'Asie jusqu'au Japon, l'Australie. Mœurs. — Elle niche en colonies dans les marais, parmi les joncs et lesroseaux. Ses mœurs ne diffèrent pas de celles des Hérons. Utilité. — Les longues plumes fines et soyeuses des Aigrettes ont toujours été l'objet d'un commerce important. Elles servaient jadis à composer les superbes panaches de nos preux chevaliers; aujourd'hui leur usage est très répandu dans la mode. 7 LES GARDE-BŒUFS. [259] Aussi le nombre des Aigrettes diminue-t-il de jour en jour, devant les chasses sans merci qu'on leur fait dans tous les pays qu'elles habitent. Il }■ aurait donc un grand intérêt à élever ces Oiseaux en domesticité. Domestication. — « Avoir ces volatiles sous la main, dit Ernest Olivier, pouvoir leur enlever au moment précis où elle a atteint tout son développement leur précieuse parure, nullement endommagée par l'action des pièges ou des armes à feu ; supprimer les fatigues et les frais considérables de la chasse qui, se faisant au m.oment de la chaleur dans les régions basses et marécageuses, par conséquent, malsaines, entraine avec elle tout un cortège de fièvres et de mala- dies; et, en outre, accroître chaque année par des naissances la population de sa volière, sont des résultats tentants pour un éleveur intelligent qui comprendra qu'une large rémunération est attachée à la réussite d'une telle entreprise et qui n'hésitera pas à avancer quelques capitaux qu'il retrouvera rapidement avec un bénéfice considérable. » Le même auteur donne la description d'un parc à Aigrettes, qu'il visita en Tunisie. Nous en extrayons le passage suivant, reproduit aussi par J. Forest dans un article de la Revue scientifique. « Un marchand naturaliste de Tunis a acheté à une petite distance de la ville un terrain clos de murs où l'eau peut être amenée en quantité plus que suffisante. Dans ce terrain, il a fait entourer et recouvrir d'un grillage une superficie de 540 mètres carrés où se trouvaient quelques gros figuiers et tamaris. Puis il s'est procuré de jeunes Aigrettes (Egrelta gar^ettci) prises au nid, qui ont grandi et se sont habituées facilement à la perte de leur liberté ; l'année dernière quelques femelles ont pondu et ont mené à bien trente petits. « Aujourd'hui ( 1 895), la volière comprend environ deux cent cinquante Oiseaux, superbes de plumage et en parfaite santé, qui se promènent et volent avec aisance dans l'espace qui leur est affecté. « Ces Oiseaux sont nourris avec de la viande de Cheval ou de Mulet hachée en petits morceaux, qui leur est distribuée deux fois par jour. « Les plumes précieuses du dos sont enlevées deux fois par an, en mai et septembre. Mais ce n'est que quand l'Oiseau est arrivé à l'âge de trois ans qu'elles atteignent toute leur beauté, et la première plumaison, celle de mai, est toujours la meilleure. « Chaque Oiseau en fournit 7 grammes dans ses deux plumaisons de l'année, soit 35 francs par tète (à 5 000 francs le kilo). » On voit par cet exemple quels immenses avantages on pourrait retirer de l'élevage des Aigrettes dans nos colonies africaines. LES GARDE-BŒUFS Caractères. — Ce genre se distingue des Hérons par des formes ramassées, un bec court et vigoureux; les Garde-Bœufs n'ont des Hérons ni le cou déme- surément long, ni les longs pieds. [2Q0] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 8 LE GARDE-BŒUF IBIS {Biibukiis Ibis). — Caractères. — Le Garde-Bœuf Ibis ou vulgairement Héron des Bœufs a, comme les Aigrettes, un plumage d'un blanc éclatant, mais le haut de la tête, la partie antérieure de la poitrine et le dos sont ornes de longues plumes "décomposées d'un roux de rouille; la partie nue des paupières, l'iris, le bec et les pieds sont jaunes. Sa taille est de o'",46 à o°',47. Habitat. — Il habite particulièrement le nord-est de l'Afrique et le nord de l'Asie. Mais il fait de fréquentes apparitions dans le midi de l'Europe. Mœurs. — Il vit en troupes nombreuses qui fréquentent indistinctement le bord des eaux et les plaines découvertes ou les grands bois. Sa nourriture se compose de petits Poissons, de Grenouilles, de Vers, de Mollusques, d'Insectes, particulièrement d'Insectes parasites des grands ani- maux. Il se perche en Afrique sur le dos des Buftles, en Asie sur les Éléphants et leur rend les mêmes services que certaines espèces d'Etourneaux, en les débarrassant des tiques fixées dans l'épaisseur de leur peau. « On conçoit facilement, dit le voyageur Delegorgue, combien il est aisé de soupçonner la présence d'un Buffle, lorsqu'à travers les grandes herbes, on voit se mouvoir cette blancheur supportée à plusieurs pieds du sol. » Le Garde-Bœuf Ibis niche en colonies, dans les marécages, au milieu des roseaux; il n'est pas rare de trouver, dans une même touffe, quatre ou cinq nids à côté les uns des autres ou superposés. Sa ponte est de trois ou quatre œufs, à coquille très fragile, d'un blanc verdàtre pt\le. Captivité. — En captivité, cet Oiseau s'apprivoise facilement, fait la chasse aux Mouches et aux Insectes, et se familiarise avec son maitre au point de venir chercher sa nourriture dans la main. LES CRABIERS Les Crabiers se distinguent au premier abord des autres Hérons par l'épaisse touffe de plumes allongées et pendantes qui ornent la partie postérieure de leur tête, par leurs tarses relativement élevés, et par leur bec bicolore. Ils ont aussi des habitudes un peu spéciales. LE CRABIER CHEVELU {Biiphiis conmtus). — Caractères. — Le Crabier chevelu, ou Héron crabier. a la tête ornée de longues plumes jaunâtres ravées de noir et d'une dizaine de plumes blanches bordées de noir retombant en arrière de l'occiput; le cou, le haut du dos, les scapulaires d'un roux clair, le reste du plumage blanc ; le bec bleu à la base, noir dans le reste de son étendue; l'iris, les paupières, les lorums et les pieds jaunes. Sa taille est un peu moindre que celle des Garde-Bœufs. Habitat. — Il est propre à certaines régions de l'Europe méridionale et orientale, et à l'Afrique occidentale. Mœurs — Il vit dans les marécages couverts de joncs, de roseaux, de hautes LES BLONGIOS. [261] herbes, ou sur les bords des rivières. Sa nourriture consiste surtout en petits Crabes, d'où lui est venu le nom de Crabicr, et en Insectes, Vers, Gre- nouilles, etc. 11 niche rarement sur les arbres, mais souvent dans les roseaux, en compagnie d'autres espèces. Il est peu farouche et très sociable, mais il fait preuve d'un naturel hardi et courageux lorsqu'il est attaqué. LES BLONGIOS Caractères. — Les Blongios pre'sentent des caractères intermédiaires entre les Hérons et les Butors. Us ont un bec allongé, de la longueur de la tête et finement denté à l'extrémité; des tarses médiocres, des jam- ) bes emplumées jusqu'à l'articulation ; des ailes lon- gues; une queue courte; un plumage coloré par grandes masses. LE BLONGIOS HMH{Ardetta minuta).— Carac- tères. — Le Blongios nain mesure environ o",35. Il a le dessus de la tête, le dos, les scapulaires, les rémiges et les rectrices d'un noir verdàtre ; les couvertures des ailes, les côtés du cou et tout le dessous du corps d'un jaune roussàtre. La femelle diffère du mâle en ce que les par- ties foncées du plumage sont d'un brun noir, et les parties claires d'un jaune pâle. Habitat. — Le Blongios nain habite pres- que toute l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Il arrive dans le nord de notre pa3's en mai, et repart en automne. Mœurs. — • H se plaît dans les marais couverts de hautes plantes maréca- geuses; ceu.x de la Hollande, de la Hongrie, de la Grèce paraissent à cet effet lui convenir parfaitement. Ses habitudes sont complètement nocturnes. Il reste toute la journée caché dans les roseaux ou parmi les branches d'un arbre, immobile, et se dérobant presque entièrement à la vue. Il sait à merveille choisir des endroits dont la teinte générale s'harmonise par- te Blongios nain. faitement avec celle de son plumage. En mêmejtemps, il prend^des postures très (■) Pi. XL\1. — Le Butor étoile (Texte, page 262). [262] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 10 singulières, qui le font souvent méconnaître. Quand il est au repos, il a le cou incliné vers la terre, et paraît de très faible taille. En marchant, il tient la tête en avant et avance d'un pas rapide, en hochant continuellement la queue. Dans ces circonstances il ressemble un peu à un Râle. Son vol est assez rapide, et très vif. Il volette, au moment où il s'élève, et au momentoù il va se poser, il plane quelques instants, puis se laisse tomber. Son adresse à grimper est merveil- leuse, et il rivalise, sous ce rapport, avec tous les autres Oiseaux. Lorsqu'un danger le menace, il s'élève rapidement le long des tiges de roseaux, avec une adresse réellement surprenante. Aussi est-il très difficile de le chasser de sa retraite dont il ne sort d'ailleurs que le soir. Sa nourriture se compose principalement de petits Poissons, de Reptiles, de Vers, d'Insectes. Son nid est grossièrement construit, et cependant solide; il est fait de ro- seaux secs, de feuilles, de joncs; l'intérieur est tapissé d'herbes et de joncs. Il est ordinairement établi sur une vieille souche de roseaux, au-dessus de l'eau; plus rarement on le trouve sur le sol, et exceptionnellement à la surface de l'eau. Au commencement de juin ou au milieu de ce mois, dans les mauvaises années, les pontes sont achevées. Elles sont de trois ou de quatre, quelquefois de cinq ou six œufs, petits, à coquille mince, lisse, sans éclat et d'un blanc tirant sur le vert bleuâtre. La durée de l'incubation est de seize à dix-sept jours. Les petits, en naissant, sont couverts d'un duvet roux de rouille. Les deux parents les nourrissent, ils apportent la nourriture dans leur jabot et la rejettent au bord du nid. Si on ne les trouble pas, ils demeurent au nid jusqu'au moment de prendre leur essor; les effraye-t-on, ils s'enfuient en grimpant le long des tiges de roseaux. Les parents aiment leurs petits avec beaucoup de tendresse, et il n'est pas facile de les chasser d'auprès d'eux. LES BUTORS Caractères. — Les Butors ont des formes ramassées, un cou médiocre, un bec de la longueur de la tête, légèrement échancré et un peu Héchi à l'extré- mité de la mandibule supérieure, des ailes sub-obtuses, une queue courte : des jambes complètement emplumées jusqu'à l'articulation; des tarses médiocres, plus courts que le doigt médian ; des doigts et des ongles longs et forts. Ils sont encore caractérisés par la disposition de leur plumage ; les plumes de la partie supérieure du cou sont remplacées par un fin duvet; celles du devant et des côtés sont, au contraire, longues, touffues; le reste du corps est ra3'é diagonalement de lignes foncées. Le mâle et la femelle portent la même livrée. LE BUTOR ÉTOILE (*) [Botiiui-iis stellaris]. — Caractères. — Le Butor étoile est un Oiseau trop facilement reconnaissable pour que son plumage mérite une (•} PI. XLVl. - U- Butor étoile (Planche, page 261). 11 LES BUTORS. ' [203] description détaillée. Le sommet de la tête est noir, le duvet qui recouvre le cou est roux; tout le reste du plumage est d'un roux jaunâtre clair, parsemé de taches allongées noires et brunes, disposées longitudinalement. Les taches du cou et de la poitrine forment par leur en- semble trois raies longitudi- nales régulières. Le bec est brun en dessus, jaune en des- sous; le tour des 3'eux, les pieds et l'iris d'un jaune ver- .j^*" dàtre. ■'\^^^^ Habitat. — Le Butor étoile habite toute l'Europe, l'Asie et le nord de l'Afrique. On le ,' trouve toute l'année dans le midi de la France, et sur quelques points de l'ouest; il n'est que de passage dans les autres régions. Mœurs. — Il fréquente exclusi- vement les lacs, les étangs, les J. marais couverts de roseaux élevés. Mieux que tous les autres Oiseaux du groupe des Hérons, il excelle dans l'art de prendre les postures les pi us singulières, affectant même parfois une physionomie des plus stupides. Brehma tracé de ses al- Itl. ÉÊIk^^^^V lures le tableau suivant ; « Est-il tranquille, dit ce natu- raliste, il penche un peu son corps en avant et retire son long cou, de façon que la tête semble reposer sur la nuque ; en marchant, il lève le cou; lors- /-Ijrr'T^ qu'il est en fureur, il gonfle son plumage, hérisse les "plumes de sa nuque, ouvre le Le Butor étoile. bec et se tient prêt à attaquer. Lorsqu'il se cache pour 'éviter un danger, il s'assied sur ses tarses, et redresse son tronc, son cou, sa tête et son bec de manière que le tout forme une seule ligne, dirigée obliquement en haut; dans cette posture, il ressemble moins à un Oiseau qu'à un vieux pieu pointu, ou à une touffe de roseaux morts. Sa démarche est lente, paresseuse; il ne met qu'après réflexion un pied devant l'autre. Son vol est silencieux, mais lent et maladroit en apparence; il bat nonchalamment ses grandes et larges ailes ; ce n'est qu'au moment où l'Oiseau s'élève dans l'air, que les coups d'aile se précipitent un peu. Pour gagner une certaine hauteur, le [264] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. 12 Butor décrit quelques spirales, en voletant, non en planant; lorsqu'il s'abat, il descend de la même façon jusqu'au niveau des roseaux, puis, tout à coup, il i'erme les ailes et se laisse tomber verticalement. Ce n'est que la nuit qu'il s'élève jusque dans les régions supérieures de l'atmosphère; le jour il ne fait que raser le sommet des roseaux. C'est également la nuit, pendant qu'il vole, qu'il pousse son cri d'appel, sorte de croassement rauque comme celui du Corbeau, et que l'on peut rendre par krat ou kraotih. » Pendant la saison des amours, il fait souvent entendre un cri grave qui retentit au loin, et que l'on a comparé avec plus ou moins d'exactitude au mugis- sement du Taureau. D'après certains auteurs, ce serait pour rappeler cette particularité de sa voix qu'on aurait créé le nom de Butor. Le Butor étoile se nourrit surtout de Poissons, de Grenouilles, de petits Mam- mifères qu'il capture de la même façon que le Héron. Ses habitudes sont crépusculaires et nocturnes. D'un naturel paresseux, indolent, il reste des journées entières perché sur la même branche. Il vit solitaire ou par couples. Son nid est placé au milieu des roseaux et dans un endroit bien caché, peu accessible. La structure de ce nid varie suivant les localités et les conditions du milieu. Le plus souvent, le Butor choisit, dans le fourré le plus épais, un certain nombre de roseaux, les coupe vers le milieu de façon à ce qu'en tombant et s'cnchevétrant les uns sur les autres, ils forment une sorte de plate-forme sus- pendue; puis sur cette première assise, il dispose des joncs, et les entrelace grossièrement pour former le nid proprement dit. La ponte a lieu en mai; elle est de trois ou quatre œufs d'un brun jaunâtre ou d'un roux olivâtre sans taches. La femelle couve seule : pendant ce temps, le mâle la nourrit, et il la distrait par ses cris singuliers. L'incubation dure de vingt et un à vingt-trois jours. Les jeunes sont nourris quelque temps par les parents avant de prendre leur essor. Chasse. — On emplojait autrefois des Faucons dressés pour la chasse au Butor. De nos jours, on le chasse au Chien d'arrêt, mais il est souvent difficile d'approcher cet Oiseau à portée de fusil. D'ailleurs, sa chair est peu estimée à . cause du désagréable goût de marécage dont on ne peut la débarrasser. Le Butor de la baie d'Hudson {Botaiiriis Freti Hndsonis). — Cette espèce remplace dans l'Amérique septentrionale le Butor étoile de l'Europe. Elle a les mêmes mœurs que ce dernier. On l'a rencontrée quelquefois accidentellement dans le nord de l'Europe. LES BIHOREAUX Caractères. — Les Bihoreaux ont, comme les Butors, des formes ramassées, mais ils s'en distinguent par différents caractères. Us ont un bec de la longueur de la tête, épais et relativement élevé à la base, infléchi à la pointe, l'inflexion portant sur les deux mandibules, la supérieure échancrée; des ailes larges, sub- . obtuses; une queue courte, égale; des tarses aux deux tiers emplumés, réticulés 13 LES BIHOREAUX. [263] dans leur partie nue; des tarses médiocres, de la longueur du doigt médian, couverts en avant de deux rangées de plaques hexagonales, et finement réticulés en arrière et aux articulations. Ils ont aussi la partie supérieure du cou dégarnie de plumes, l'occiput orné d'une huppe de plumes filiformes, des yeux remarquablement grands. LE BIHOREAU D'EUROPE [Mj-cticorax eiiropaeus). — Caractères. — Le Bihoreau d'Europe a le dessus de la tête, le haut du dos, les épaules d'un noir à reflets verdàtres, les longues plumes de l'occiput blanches, le reste des parties supérieures du corps d'un gris cendré; toute la face inférieure du corps d'un blanc pur; le bec noir, les lorums et les pieds d'un jaune verdàtre, l'iris rouge. habitat. — L'aire de dispersion du Bihoreau est très étendue. On rencontre cet Oiseau non seulement en Europe, mais aussi en Asie, en Afrique, et même en Amérique. Commun dans le midi de la France, il n'est, dans le nord, que de passage. Mœurs. — Toutes les régions marécageuses ne lui conviennent pas égale- ment bien, comme le fait remarquer Brehm, qui étudia de près cet Oiseau en Egypte. « Pour que le Bihoreau d'Europe s'établisse dans une contrée, dit-il, il faut que celle-ci soit riche en arbres ; c'est sur les arbres qu'il va se reposer, c'est sur les arbres qu'il établit son nid. Des marais éloignés de toute forêt ne l'héber- gent jamais, ou seulement d'une façon tout à fait irrégulière et passagère; par contre, il se montre souvent en quantité incroyable dans des terrains bas, abon- damment arrosés et où se trouvera un seul groupe d'arbres, convenablement disposé. Il n'est pas nécessaire que la place de repos soit au voisinage d'un marais; peu importe à l'Oiseau d'avoir toutes les nuits une grande distance à franchir pour arriver à son domaine de chasse et pour en revenir. Il n'y a d'exception que pour la saison des amours, et cela est facile à comprendre « Hors l'époque des amours, le Bihoreau consacre sa journée au repos et au sommeil; ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'il se met en route et en chasse : ses allures diffèrent donc notablement de celles des autres Ardéidés. Les petits pas qu'il fait rendent sa démarche remarquable. Son vol s'exécute par des coups d'aile relativement rapides, souvent même précipités, mais complètement silen- cieux, et que suit un court glissement dans l'air. « D'ordinaire, on voit la bande nocturne à une grande hauteur, formant un amas confus et désordonné; souvent, elle est assez nombreuse pour couvrir un quart de l'horizon. A mesure qu'elle approche des marais, elle s'abaisse de plus en plus, et avant de se poser, elle plane un instant. D'ordinaire, le Bihoreau d'Europe semble ne pas aimer les mouvements trop brusques, et cependant il est très agile et adroit; il grimpe parfaitement et se meut au milieu des branches avec autant de facilité que le Blongios. « Sa voix est rauque, mais retentissante; elle rappelle le croassement du Corbeau. » Le Bihoreau d'Europe se nourrit, comme ses congénères, de petits Poissons, de Mollusques, de larves, d'Insectes. [2(JG] LES HÉRONS OU ARDÉIDÉS. l 'i Son nid est généralement placé à la bifurcation de deux, grosses branches d'un saule, aune hauteur moyenne. Il est assez grossièrement construit et res- semble un peu extérieurement à celui d'une Corneille; il est formé de branches sèches lâchement assemblées, et revêtues intérieurement de quelques feuilles et d'herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs d'un bleu pâle verdâtre. La femelle couve seule, mais lorsque les jeunes sont éclos, les deux parents sont fort occupés à les nourrir. Il arrive même qu'ils modifient en cette période leurs habitudes, et vont pêcher même dans la journée. Peu de temps après que les jeunes ont pris leur premier essor, ils se joignent à leurs parents et aux familles voisines pour effectuer leur migration vers le midi. Captivité. — Le Bihoreau d'Europe, malgré l'existence spéciale à laquelle il est adapté, supporte facilement la captivité. Dans les Jardins zoologiques, on le conserve vivant plusieurs années de suite en le nourrissant de Poissons, mais c'est un Oiseau peu divertissant, car il dort presque toute la journée. Les Cigognes ou Ciconiidés Les Ciconiidés forment la seconde famille des Échassiers proprement dits. Caractères. — Le caractère principal des Oiseaux de cette famille est la pré- sence de membranes interdigitales larges, se prolongeant en bordures sur les côtés des doigts. Ils se font encore remarquer par leurs tarses réticulés de toutes parts, leurs doigts médiocrement allongés, le pouce court, articulé sur le côté interne; des ongles courts, le médian entier sur son bord interne. On pourrait encore ajouter qu'ils ont le menton dénudé ainsi qu'une grande partie de la face ; des narines basales s'ouvrant dans des sillons presque nuls, un bec moins fendu que celui des Hérons, et dont la forme caractérise les diffé- rents genres. Mœurs. — Les Ciconiidés ont la démarche grave et mesurée des Hérons. Leur vol est aisé, mais lent. Ils sont sociables, doux, confiants, taciturnes, et n'émettent aucun cri, soit qu'ils volent, soit qu'ils se reposent. Presque tous sont migrateurs. Aux Ciconiidés nous rattacherons quelques genres exotiques, séparés par certains auteurs en quelques familles indépendantes, mais dont les affinités avec la Cigogne d'Europe sont très étroites. LES CIGOGNES Caractères. — Les Cigognes ont pour caractères : des formes robustes, une poitrine large, un cou de longueur moyenne, une tète de grosseur moyenne; un bec très fort, droit, plus long que la tête, épais a la base, échancré à la pointe; des narines étroites, oblongues, percées de part en part dans la substance cornée du bec; des ailes longues, amples, sub-obtuses ; une queue médiocre, arrondie; des tarses longs et robustes; le pouce petit, mais portant sur le sol; des ongles larges, aplatis; la peau des lorums et de la face nue, verruqueuse, les plumes du jabot longues, pointues, pendantes. [268] LES CIGOGNES OU CICONIIDES. IG >.-' .r» X LA CIGOGNE BLANCHE [Ciconia alba).— Caractères. — La Cigogne blanche a tout son plumage d'un blanc plus ou moins pur, à l'exception des rémiges et des grandes couvertures des ailes qui sont noires: la peau nue de la face est noire ; celle du menton d'un noir rougeàtre ; l'iris brun foncé ; le bec et les pieds rouges. Sa taille est de i", i5 à i",2o. Habitat. — La Cigogne blanche est ré- pandue dans tout l'ancien continent, mais elle devient rare dans plusieurs contrées de l'Europe. En France, elle n'est guère que de pas- sage au printemps et à l'automne. Mœurs. — Elle arrive par couples ou par petites troupes, au mois d'avril, et va se reproduire dans le nord de l'Europe, particulièrement en Hollande. Elle repart en bandes immenses vers la fin de juillet, pour aller passer l'hiver en Afrique. Ses migrations se font avec une grande régularité, et on a pu dire que la Cigogne blanche est, mieu.\ que l'Hirondelle, la messagère du printemps. Néanmoins, cette assertion s'est montrée parfois en défaut. Les Cigognes voyagent la nuit; elles par- courent d'une seule traite d'immenses distan- ces, et ne s'arrêtent que rarement dans les pays qu'elles traversent. Chaque année, elles reviennent dans la localité où elles ont passé l'été précédent, et quelquefois dans le même nid. Elles recherchent les plaines étendues, basses, non accidentées, riches en cours d'eau et surtout en marais. Elles évitent, au contraire, les plaines sèches et élevées, « La Cigogne, dit Brehm, est un des Oiseaux de marais les plus parfaits; il est juste de dire qu'il n'en est pas que nous ne connaissions aussi bien. Elle a dans tout son être quelque chose de digne. Sa démarche est lente et mesurée: elle tient le corps assez relevé; son vol, qui est précédé de quelques bonds, est assez lent, mais beau, facile, et surtout remarquable par les superbes lignes spirales qu'il représente. Quand elle est debout, la Cigogne rentre un peu le cou; la pointe de son bec est légèrement inclinée vers la terre, mais jamais elle ne prend une posture aussi singulière et aussi désagréable à l'œil que celle de la plupart des Hérons, et même quand elle est au repos, elle montre encore une certaine dignité. Rarement, elle court : c'est une allure, d'ailleurs, qu'elle ne pourrait soutenir longtemps sans lassitude, tandis qu'elle peut marcher plu- La Cigogne blanche. 17 LES CIGOGNES. [269] sieurs heures de suite. Le vol ne la fatigue pas; elle bat peu des ailes et, très rarement, elle en donne des coups précipités; mais elle sait à merveille tirer parti du vent, des courants aériens. « Quand elle se repose, elle se tient sur un pied, le cou replié, la tète en arrière et couchée sur l'épaule. Si on l'inquiète, elle fait claquer bruyamment ses mandibules l'une contre l'autre. Elle traduit de la même façon ses impres- sions agréables. » On s'accorde à reconnaître à la Cigogne blanche un caractère doux, paisible, inoffensif. Cependant, quand elle est en danger, elle se défend coura- geusement. Très sociable, elle vit en bonne intelligence avec ses semblables. Elle aime le voisinage de l'homme, s'établit près des habitations et même sur les toits des maisons lorsqu'elle }' trouve un emplacement convenable. Dans certains pays, tels que la Hollande, où cet Oiseau jouit d'une consi- dération spéciale, on lui prépare pour niches de grandes roues de voiture supportées à plat par un long mât; elle trouve là une sorte d'aire sur laquelle elle construit son nid. Malgré la confiance qu'elle témoigne envers l'homme, elle devient méfiante si elle a une fois été chassée ou inquiétée. Le baron d'Hamonville a rappelé, à ce sujet, un fait curieux : « Pour donner une idée de l'esprit de réflexion de ces Oiseaux, dit-il, je rappellerai que les Cigognes de Strasbourg, parties en 1870 aux premiers coups du bombardement, furent quatre ans sans revenir dans leur cité favorite. Un poète n'eijt pas manqué de dire qu'elles partageaient la douleur de leurs amis et protecteurs, et qu'elles ne se sentaient pas le courage de revenir partager avec eux le deuil de la patrie perdue. « La Cigogne blanche se nourrit d'animaux de diverses espèces. Elle chasse les Grenouilles, les Lézards, les Poissons, les Serpents, les Insectes, les petits Rongeurs; les Crapauds semblent cependant lui causer une certaine aversion. Dès son arrivée dans le pays où elle doit se reproduire, elle se met aussitôt à réparer son ancien nid ou à en construire un nouveau. Ce nid est toujours placé sur un endroit élevé, soit sur un arbre, soit sur une tour abandonnée, quelquefois cependant au milieu d'un marais. Dans les pays où elle est protégée pour les services qu'elle rend en détruisant les Serpents et autres Reptiles nui- sibles, et où les habitants lui préparent des sortes d'aires, comme il est dit plus haut, elle s'établit très volontiers sur ces plates-formes d'un genre spécial. Son nid est grossièrement construit. Des branches de la grosseur du pouce, des épines, des mottes de terre et de gazon en forment le fond; des branches plus fines, des tiges et des feuilles de roseaux forment une seconde couche, au-dessus de laquelle en existe une troisième, celle qui sert de berceau aux jeunes, et cette dernière couche est composée d'herbes sèches, de fumier, de paille, de chifl'ons, de papier, de plumes. Le mâle et la femelle apportent ces matériaux dans leur bec; mais la femelle seule les coordonne. Les Cigognes se livrent à ce travail avec une telle ardeur, qu'un nid est construit à nouveau en huit jours, et qu'un Pi. XI.VII. — Le Marabout à sac et le Jabiru du Sénégal (Texte, pages 272 et 273). I.A VIE DES ANIMALX rLUSTRf.E. IV. 20 [270] LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 18 nid ancien est réparc en deux ou trois jours. Au moment où la construction commence, la défiance des propriétaires s'éveille, et pendant que l'une des Cigognes est en quête de matériaux, l'autre monte la garde autour du nid. En même temps, elles claquent du bec sur tous les tons et sur tous les rythmes. Au milieu ou à la fin d'avril, la femelle pond son premier œuf, et, si elle est âgée, elle pond les trois ou quatre autres en quelques jours. Ces œufs sont ovoïdes, à coquille lisse et fine : ils sont blancs, tirant quelquefois sur le jaunâtre ou le verdàtre. La femelle couve seule avec beaucoup d'ardeur pendant vingt- huit ou trente et un jours ; le mâle la nourrit, veille sur elle, la protège et quitte rarement le nid. Lorsque les jeunes sont éclos, la sollicitude des parents redouble, et jamais ils n'abandonnent ensemble le nid. Au commencement, les jeunes sont nourris principalement d'Insectes, de Vers, de Sangsues, de larves, de Coléoptères, de Sauterelles; plus tard, ils reçoivent une nourriture plus substantielle. Les parents les empâtent et les abreuvent en leur apportant de l'eau dans leur jabot; plus tard, ils se contentent de régurgiter devant eux leurs aliments. Le spectacle de la vie de famille des Cigognes est intéressant, sinon agréable. Au commencement, leur voisinage est supportable, mais plus tard, elles causent bien des désagréments. Le toit qu'elles habitent est affreusement sali, des substances alimentaires qu'elles laissent tomber se putréfient et exha- lent une grande puanteur. Souvent, des Orvets, des Couleuvres, d'autres ani- maux vivants qui s'échappent de leur bec, roulent en bas du toit dans la cour et inspirent du. dégoût et de la terreur. Cependant le plaisir que cause une pareille famille est plus grand que les désagréments qu'elle amène. Dans les premiers jours, les jeunes Cigognes se tiennent assises sur leur tarses; plus tard, elles se lèvent; mais les parents apportent de nouveaux branchages pour garnir le nid et les einpêcher de tomber. Elles apprennent bientôt à connaître la contrée; elles donnent immédiatement des preuves de la puissance de leur vue, car elles aperçoivent de loin leur mère qui revient, chargée de nourriture, la saluent dans les premiers temps par leurs mouvements, plus tard par leurs claquements de bec : leur croissance demande deux mois pleins. \'ers la fin de cette période, elles commencent à faire l'essai de leurs ailes; elles se dressent sur le bord du nid, battent des ailes, et se risquent facilement à voler du nid jusque sur le toit. Les parents semblent prendre plaisir à les considérer: ils les instruisent, répètent devant elles tous les mouvements du vol, les attirent hors du nid. Après des exercices préliminaires, le moment vient enfin où les jeunes Cigognes osent se fier à leurs ailes. Chaque jour, elles entreprennent avec leurs parents une excursion aux alentours, et reviennent chaque soir à leur nid. Bientôt l'attachement qu'elles ont pour leur berceau va se perdant ; l'époque, d'ailleurs, approche, à laquelle toutes, jeunes et vieilles, vont quitter le pays et entreprendre leurs migrations. Cette époque arrivée, toutes les familles de Cigognes d'une même contrée se réunissent en un lieu déterminé, d'ordinaire dans une prairie marécageuse, le nombre des nouvelles arrivées va croissant de jour en jour. Vers la Saint- Jacques, à la fin de juillet, des épreuves ont lieu, et à la suite de ces épreuves, 10 LES JABIRUS. [271] il est quelquefois arrive' que des individus incapables d'entreprendre le voyage ont été tués par les autres. Bientôt toute la bande se met en route. Après avoir longuement claqué du bec, les Cigognes s'élèvent dans les airs, tournent encore quelque temps en cercle au-dessus des lieux qu'elles abandon- nent, puis elles se dirigent à tire-d'aile vers le sud-ouest, en ramassant d'autres émigrantes sur leur passage. Captivité. — La Cigogne blanche est susceptible de s'apprivoiser et de s'attacher à son maître. On en cite qui vécurent dans une basse-cour et se montrèrent aussi privées qu'un Chien domestique. Lâchées en demi-liberté dans un parc, elles le débarrassent des Vers et des Insectes. Cet Oiseau a joué un rôle important dans l'antiquité. Les Egyptiens le pla- çaient au nombre des divinités bienfaisantes; les Romains en firent l'emblème de la piété filiale. Un fait digne de remarque est que dans tous les pays, les Cigognes ont toujours été l'objet, sinon d'une certaine vénération, tout au moins d'un certain respect. On n'a d'ailleurs jamais songé à les chasser, car leur chair a un goût très désagréable. Utilité. — L'utilité de la Cigogne, au contraire, paraît évidente. Elle dévore un grand nombre d'animaux nuisibles, Vers, Insectes, Chenilles, Serpents, Rats, Mulots, Taupes. Les quelques dégâts qu'elle peut commettre dans certaines contrées, en s'attaquant aux jeunes couvées de Bécasses et aux Levereaux, ne semblent avoir été signalés jusqu'ici qu'à titre d'exception. Dans l'Alsace, la Hollande, les habitants essaient, au contraire, de favoriser la multiplication de la Cigogne blanche, en lui préparant, sur les toits des maisons, des caisses pour qu'elle puisse y nicher, ou bien ils construisent une sorte de plate-forme élevée, généralement formée d'une roue de voiture fixée à plat au sommet d'un long mât et sur laquelle l'Oiseau peut facilement construire son nid. LA CIQOQNE NOIRE [Ciconia nigra). — Caractères. — La Cigogne noire a le plumage d'un brun noirâtre à reflets violets, pourpres et vert doré ; le bas de la poitrine et l'abdomen seuls sont d'un blanc pur; le bec, les parties nues de la face et de la gorge d'un rouge vif; l'iris brun, les pieds d'un rouge foncé. Habitat. — Elle habite particulièrement les régions méridionales de l'Europe, de l'Asie, et l'Afrique occidentale. Elle est de passage en France, à l'automne. Mœurs — Ses mœurs diffèrent sensiblement de celles de la Cigogne blanche. Les forêts marécageuses et sauvages paraissent lui convenir beaucoup mieux que les étangs peu boisés à proximité des lieux habités. Elle est d'un naturel farouche et peu sociable. LES JABIRUS Caractères. — Les Jabirus sont les plus grands et les plus élancés de tous les Ardéidés. Ils ont le bec très allongé, déprimé, recourbé en haut à l'extrémité, recouvert à la r272] LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 20 base d'une cire épaisse, en forme de selle; les ailes longues, sub-obtuses; la queue courte, carrée; les tarses très élevés, les doigts unis à la base par un repli mem- braneux, le pouce allongé, portant en entier sur le sol ; les ongles faibles et courts. Ce genre comprend trois espèces, l'une de l'Afrique, l'autre d'Amérique, la troisième de l'Australie. Chez l'espèce américaine, la peau de la tête et du cou est nue, parsemée seulement de quelques soies courtes, elle est en même temps flasque et pendante en forme de fanon. LE JABIRU DU SÉNÉGAL {') [Mfcteria senegalensis . — Caractères. — Le Jabiru du Sénégal est un grand Oiseau qui mesure environ r",5o de long. Il a la tête, le cou, les ailes et la queue d'un noir brillant à reflets métalliques; le reste du plumage d'un blanc éclatant; l'iris et la cire d'un jaune doré; le bec rouge, avec une tache noire en son milieu ; les pieds d'un gris brun, marqués de rouge à la naissance des doigts. Habitat. — Il est propre ii l'Afrique, mais il n'y est pas très commun. On le trouve plus particulièrement dans l'ouest et le sud-ouest. Mœurs. — Il vit par paires sur les bords des grands fleuves, et parfois au voisinage de la mer. Ses allures graves, élégantes, nobles, jointes à la beauté de son plumage, produisent une profonde impression sur le voyageur qui rencontre cet Oiseau pour la première fois. Il marche majestueusement, le bec incliné vers le sol, la mandibule inférieure reposant presque sur le cou. Il ne saute ni ne danse jamais comme le font les Grues. Il se sert de son bec avec une adresse remarquable : il ramasse des petites pierres, ou des Insectes, les jette en l'air et les rattrape. Malheureusement, il est d'un naturel très craintif, et ne se laisse pas aisément observer. Son régime ne paraît pas diflerer beaucoup de celui des Cigognes. Il mange des Insectes, notamment des Sauterelles, et un grand nombre de petits ani- maux : Reptiles, Poissons, etc. Son nid est construit sur les arbres et ressemble à celui de la Cigogne blanche. Le mâle et la femelle paraissent avoir l'un pour l'autre un profond attachement et ne se séparent pas de toute l'année. Captivité. — Le Jabiru du Sénégal figure aujourd'hui dans la plupart des Jardins zoologiques. Il vit très bien en captivité, et malgré son naturel craintif, il s'apprivoise au point de se laisser caresser par son maître. Il vit en parfaite harmonie avec tous les autres Oiseaux. LES MARABOUTS Caractères. — Les Marabouts ont le corps robuste, massif; le cou épais, nu ou couvert de quelques plumes duveteuses, la tête dénudée; le bec énorme. PI. XLVll. — Le Marabout à sac et le Jabiru du Sénégal (Planche, p. 269). 21 LES MARABOUTS. [273] quadrangulairc à la base, pointu à rextrétnité; les ailes amples et obtuses; la queue moyenne, les tarses longs et robustes; les doigts unis à la base par une mince palmure, le pouce bien développé. LE MARABOUT A SAC {*) [Leploplilos crumenifer). — Caractères.— hc Mara- bout à sac a un aspect singulier et peu attrayant, que lui donne son énorme bec, sa tête et son cou dénudés, d'une couleur rougeàtre, et parsemés de quelques soies courtes, son jabot proéminent. Les parties supérieures de son plumage sont d'un vert foncé à reflets métalliques; les rémiges et les rectrices noires, les grandes couvertures des ailes bordées entièrement de blanc; la nuque et le dessous du corps d'un blanc pur; l'iris brun, le bec d'un jaune sale; les tarses noirâtres. Sa taille est d'environ i'°,6o, dont près de o"',5o pour le bec. Habitat. — Le Marabout à sac habite le sud de l'Asie et l'Afrique centrale. N[œurs. — On est sûr de le rencontrer dans toutes les localités où se trouvent des abattoirs. Il vient s'emparer, en effet, de tous les déchets, de toutes les viandes corrompues qu'on lui abandonne. Sa voracité est incroj'able; il avale des morceaux énormes, des os, des débris de toute nature ; on a trouvé une fois dans l'œsophage de l'un de ces Oiseaux, une oreille entière et un pied de Bœuf. Les allures du Marabout à sac sont indolentes, compassées, elles lui donnent parfois un air grotesque qui lui a valu les sobriquets les plus divers : Adjudant, Conseiller privé, Frac, etc. Bien que d'une prudence excessive, il devient hardi et agressif dans certaines localités de l'Asie où il se sent protégé. Il pénètre dans les abattoirs et même dans les maisons. Les habitants se gardent bien, d'ailleurs, de le chasser, car il est pour eux d'un précieux revenu, SCS belles plumes ayant une grande valeur commerciale. Mais le Marabout à sac ne se contente pas pour nourriture des débris que l'homme lui abandonne. Il se partage, avec les Vautours, toutes les charognes disséminées dans la plaine, et grâce à la force de son énorme bec, il sait se réserver une large part à chaque curée. Il pêche aussi sur le bord des rivières, il la façon des Hérons. Chasse. — Dans les pays où le Marabout n'est pas l'objet d'une protection spéciale, comme à Calcutta et quelques autres localités du sud de l'Asie, la chasse de cet Oiseau est très difficile. Les indigènes emploient cependant un procédé qui réussit très souvent, ils attachent un os de mouton à une ficelle et le jettent au milieu d'un tas de débris de viande. Le Marabout avale l'os attaché à la ficelle et se trouve pris comme à un hameçon. Captivité. — On rencontre fréquemment aujourd'hui des Marabouts à sac dans les Jardins zoologiques de l'Europe. Ils supportent facilement la captivité, et vivent en bonne intelligence avec les autres Oiseaux. Ils se montrent habi- tuellement d'un caractère très doux, tout en exerçant sur leur entourage une (■) PI. \LVli. — Lu .Marabout ;i sac et le Jabiru du Sénégal (Planche, p. 269). [274] LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 00 certaine suprématie qu'ils savent maintenir au besoin par quelques vigoureux coups de bec. Utilité. — Les plumes des Marabouts sont, dans l'Inde, l'objet d'un commerce très important. Aussi protège-t-on ces Oiseaux le plus possible en leur pro- curant de la nourriture et en facilitant leur reproduction dans certains marais disposés dans ce but. Chaque année, un massacre partiel a lieu ; les Oiseaux sont immédiatement plumés, les corps sont vidés, salés et fumés, les plumes servent ii confec- tionner des écrans. Les Becs-ouverts ou Anastomes. — On range parmi les Cigognes le genre Anastome caractérisé par une structure spéciale du bec, dont les deux mandi- bules laissent entre elles, vers leur milieu, un espace vide. Les Becs-ouverts ou Anastomes habitent les uns l'Afrique centrale, d'autres le sud de l'Asie. Ils ont à peu près les allures et les mœurs des Cigognes. LES OMBRETTES Caractères. — Les Ombrettes ont pour caractères un bec plus long que la tête, épais à la base, comprimé latéralement, à arête vive en dessus, un peu renflé en des- sous, la mandibule supé- rieure recourbée a. la pointe et dépassant l'inférieure; des ailes allongées, sub-obtuses; une queue médiocre, presque carrée ; des tarses unpeu plus longs que le doigt médian, les doigts antérieurs sou- dés à la base par un re- pli membraneux, le pouce court, portant à terre sur toute sa lon- gueur, l'ongle du doigt médian denticulé. L'OIMBRETTE DU SÉNÉ- GAL [Scopiis umbrctta). — Caractères. — L'Ombrette ou Scops du Sénégal mesure environ o^.do de long. Tout son plumage est d'un brun terre d'ombre presque uniforme ; le ventre un L'Ombrette du Séné.cal. 23 LES BALÉNICEPS. [273] peu plus clair que le dos, les rémiges foncées et brillantes; les rectrices mar- quées de plusieurs bandes d'un brun-pourpre; l'iris est brun, le bec noir, les pieds noirâtres. Habitat. — Elle habite l'Afrique centrale et méridionale, et Madagascar. Mœurs. — L'Ombrette du Sénégal ressemble davantage, extérieurement, à un Corbeau qu'à un Echassier. Mais sa démarche est légère, gracieuse, me- surée; son vol ressemble à celui de la Cigogne. On ne rencontre cet Oiseau qu'auprès des petits cours d'eau qui traversent les forêts, et sur les rives ombragées des rivières. Son genre de vie est celui des Oiseaux de marais. L'Ombrette se nourrit surtout de Poissons, mais elle mange aussi des Mol- lusques, des Reptiles, des Grenouilles, des Vers, etc. Elle se met en mouve- ment au crépuscule. Peu craintive, mais prudente, elle ne se laisse pas appro- cher de près. Son nid est généralement placé sur un mimosa, à la bifurcation des branches inférieures: il est fait de rameaux de diverses grosseurs assemblés avec de l'argile. Sa forme est celle d'un dôme de i'",5o à 2 mètres de hauteur: l'intérieur en est partagé, d'après J. Verreaux, en plusieurs compartiments. Les jeunes éclosent presque nus, et restent longtemps dans ce nid avant de prendre leur essor. LES SAVACOUS Les Savacous sont, par leurs caractères, très voisins des Ombrettes. On les désigne aussi parfois sous le nom de Becs-cii-ciiillcr, parce que leur mandibule supérieure à crête dorsale obtuse et arrondie rappelle la forme d'une cuiller renversée. Les Savacous habitent les forêts du Brésil, le long des rivières et des fleuves. Leur genre de vie est assez analogue à celui des Ombrettes. LES BALENICEPS Caractères. — Les Baléniceps attirent l'attention par la forme en apparence monstrueuse de leur bec. Celui-ci ressemble à un sabot renversé ; il est très large, bombé, à bords arrondis; l'arête dorsale, légèrement incurvée, se termine brusquement par une petite pointe crochue; la mandibule inférieure, concave, rentlée, s'cmboite dans la supérieure, et s'insère sur la tête par une membrane dure, coriace. Ces Oiseaux ont encore parmi leurs caractères principaux : des ailes amples, sub-obtuses, une queue courte et carrée; des tarses très élevés, de la longueur du doigt médian : des doigts longs, les antérieurs réunis par une membrane a la base; le pouce portant sur le sol; l'occiput surmonté d'une petite huppe. LE BALÉNICEPS ROI [Balœnkeps rex).— Caractères. — Le Baléniceps roi a toutes les parties supérieures du corps d'un brun bleuâtre plus ou moins >76| LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. loncc, avec les plumes du manteau et les couvertures supérieures des bordées de blanchâtre ; les rémi- ges et les rectrices noirâtres ; les parties inférieures d'un gris ccn- <» dré; l'iris jaune clair, le bec cou- * leur de corne, les pattes noires. Habitat — CetOiseau * singulier n'est pas très commun; on le rencontre dans quelques marais des bords du Nil blanc et de ses affluents. Mœurs — Le Baléni- ceps ressemble, par sa démarche et son vol, au Marabout. Lorsqu'on l'effraie, il s'envole en rasant la surface de l'eau, décrit des cercles en pla- nant, ou va se percher sur la cime d'un arbre voisin. Sa nourriture se com- pose surtout de Pois- sons. Il se reproduit il la saison des pluies, c'est-à-dire du- rant les mois de juillet et août. Son nid est placé sur une petite éminence, près du bord de l'eau, au milieu des joncs et des hautes herbes. L'Oiseau creuse au sommet de l'éminence choi- sie une petite dépression, et sans autre aménagement il y dépose ses œufs. Captivité. — On a quel- quefois pu rapporter des l^aléniceps vivants en Eu- rope, mais ces Oiseaux sont excessivement rares : ils ne figurent que très rarement dans les Jardins zoologiques. 24 ailes ^ •imuxv^i'i'v. I.e Balcniceps roi. zo LES SPATULES. [277] LES SPATULES Caractères. — Les Spatules doivent leur nom à la forme singulière de leur bec. Celui-ci est épais à la base, mais aplati dans le reste de son étendue, les deux mandibules se dilatanten spatules; '•**i«*»''. 5Ï- La Spatule blanche la mandibule supérieure est cannelée et sil- lonnée à sa base, et terminée en crochet à l'extrémité. Indépendamment de cette particularité remarquable, les Spatules ont encore pour caractères : des ailes amples, aiguës; une queue courte, des )ambes a moitié nues: des tarses longs et forts, les doigts antérieurs réunis à la base par une membrane profondément découpée. Chez les Spatules adultes, la face et le menton sont nus en partie ou en totalité. Les sept ou huit espèces connues ont les mêmes mœurs que la Spatule blanche dont il va être question. Toutes sont propres aux contrées chaudes de l'ancien et du nouveau continent. LA SPATULE BLANCHE [PlalaL'a leucorodia). — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o"',70. Tout son plumage est entièrement blanc, à l'e.Kception [278 LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 2G de la gorge et des lorums qui sont d'un jaune pâle ; l'iris est rouge, le bec noir à pointe jaune, les tarses noirs. Les plumes occipitales sont allongées, effilées, et forment une sorte de huppe. La femelle ne diffère du mâle que par une taille un peu plus faible. Habitat. — La Spatule blanche habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique septen- trionale, mais elle est surtout abondante en Hollande, le long du Danube, et sur les bords de la mer Noire. Elle est de passage régulier en France au printemps et à l'automne. Mœurs. — Elle voyage au printemps, en petites troupes de trois ou quatre individus: à l'automne, elle repart en bandes nombreuses que l'on peut recon- naître de loin à leur façon de voler : tous les individus qui composent chacune de ces bandes se placent les uns à côté des autres en formant une longue ligne qui s'avance presque de front, comme celles formées par les Ibis et les Pélicans. La Spatule blanche recherche les bords vaseux des cours d'eau, l'embouchure des fleuves, des rivières, les bords de la mer. Sa nourriture se compose de Vers, d'Insectes, de Mollusques, qu'elle recueille en fouillant la vase à l'aide de son bec. C'est un Oiseau doux, sociable, dont les mœurs et les habitudes se rappro- chent beaucoup de celles de l'Ibis. Même pendant la saison des amours, les sociétés ne se dispersent pas par couples. Les nids d'une même bande sont parfois construits en véritables colonies soit sur les arbres, soit dans les roseaux. Chacun de ces nids est large, grossière- ment construit à l'aide de branches sèches et de tiges de roseaux: il est tapissé intérieurement de feuilles sèches et de joncs. La ponte est de deux à quatre œufs oblongs, blancs ou bleuâtres, sans taches, ou avec des taches presque effacées, roussâtres et verdàtres. Les jeunes ne se séparent de leurs parents que quand ils sont en état de se reproduire, c'est-à-dire vers l'âge de trois ans. Chasse. — La chasse de cet Oiseau se pratiquait autrefois au Faucon, mais elle est aujourd'hui tout à fait délaissée. Captivité. — Les jeunes Spatules s'habituent facilement a la captivité. Leurs moeurs douces, sociables, permettent de les laisser au milieu des Oiseaux de basse-cour. LES TANTALIDÉS Les Tantalidés ont de nombreuses affinités a la fois avec les Hérons et avec les Cigognes. Ils se distinguent et des uns et des autres par la forme de leur bec qui est allongé, comprimé et arqué comme celui des Courlis. Ce sont des Oiseaux migrateurs, de mœurs très sociables, fréquentant les bords des fleuves et des rivières, se perchant fréquemment sur les arbres. Leur régime est essentiellement animal. 27 LES IBIS. :279] LES IBIS Caractères. — Les Ibis ont un bec très long, arqué, très épais, tétragone à la base, arrondi, obtus à la pointe ; des narines basales, situées au fond de deux sillons qui s'étendent sur toute la largeur du bec; des ailes longues, suraiguës; une queue courte, égale; des tarses de moyenne longueur, épais, réticulés; des doigts longs, réunis à la base par une membrane jusqu'à la première articulation; le pouce portant entièrement sur le sol. La tête et le cou sont plus ou moins dénudés. Quelques-unes des rémiges secondaires et scapulaires olfrcnt des barbes décomposées formant une sorte de panache. L'IBIS SACRÉ [Ibis religiosa). — Caractères. — L'Ibis sacré mesure environ o'",73 de long. Il a la tête et les deux tiers du cou dénudés et d'un noir mat; L'Ibis sacré. les extrémités des rérniges et les scapulaires d'un noir à reflets bleuâtres; l'iris rouge; le bec et les pieds noirs. Habitat. — Il habite l'Afrique orientale, notamment la Nubie et rAb3fssinie; il n'apparait en Egypte qu'au moment de la crue du Nil. [280] LES CIGOGNES OU CICONIIDÉS. 28 On l'a observé accidentellement en Grèce. Mœurs. — Dès qu'il est arrivé dans la région où il doit se reproduire, Tlbis choisit un endroit convenable où il établira plus tard son nid; de là, il entre- prend quelques excursions dans les environs pour chercher sa nourriture. On le voit alors courir dans les steppes, soit par paires, soit par petites bandes, faisant la chasse aux Insectes, et particulièrement aux Sauterelles. Il se joint sou- vent à d'autres Echassiers tels que les Pique-Bœufs, et s'approche avec eux des troupeaux de bestiaux, sans craindre les bergers qui d'ailleurs ne le poursuivent pas. A mesure que l'inondation progresse, il s'éloigne des rives du fleuve et remonte vers les terrains plus élevés. Sa démarche est grave et mesurée; son vol ressemble à celui de la Cigogne. Les anciens Egyptiens avaient voué à cet Oiseau un culte particulier. Prenant l'effet pour la cause, ils voyaient en lui une divinité bienfaisante, qui donnait la fertilité à leurs terres en amenant la crue bienfaisante du Nil. Ils embaumaient son corps et même ses œufs. Une autre cause de la vénération dont il était l'objet tenait sans doute aussi à la douceur de ses mœurs, à la grâce de ses allures, et à cette réputation imméritée qu'on lui faisait, de détruire les Serpents venimeux. L'Ibis se nourrit presque exclusivement d'Insectes; il mange aussi des Gre- nouilles, des Vers ; ce n'est que très exceptionnellement qu'il mange quelques petites espèces de Serpents. Il niche sur les arbres, dans les forêts inondées. Son nid est formé de branches lâchement entrelacées, il est tapissé intérieurement d'herbes et de feuilles. Ses œufs ressemblent à ceux de la Spatule blanche, mais ils sont plus petits, leurs dimensions sont à peu près celles des œufs de Poule ordinaire. Leur couleur est d'un blanc pur ou blanchâtre, quelquefois faiblement lavée de jaunâtre, avec quelques rares taches irrégulières, inconstantes, d'un brun roux. Captivité. — L'Ibis supporte très bien la captivité et s'acclimate en Europe, mais ne s'y reproduit pas. Chasse. — On chasse peu cet Oiseau, dont la chair est cependant, dit-on, très savoureuse. LES FALCINELLES Caractères. — Les Falcinelles ont un corps plus trapu que les Ibis, des jambes plus élevées et plus grêles; leur tète n'est dépourvue de plumes qu'autour desyeux: leur plumage est orné de teintes métalliques disposées par grandes masses. LE FALCINELLE ÉCLATANT [Falcinellus igneiis). — Caractères. — Cet Oiseau, designé par Butfon sous le nom de Coin-lis if Italie, a le sommet de la tète d'un brun foncé; le dos, les rémiges et les rectrices d'un brun noir à retlets violets ou verdâtres; le cou, la partie supérieure des ailes et toute la face inférieure du corps d'un brun châtain: le bec et l'iris bruns; les pieds verdâtres. 26 LES ENDOCIMES. [281] Habitat. — Il habite le sud-est de l'Europe, l'Asie et l'Afrique septentrionale. Il est de passage régulier dans le midi de la France. Mœurs. — Le Falcinelle éclatant recherche les marais vaseux, les vallées inondées. Ses allures sont aussi tranquilles, aussi graves que celles de l'Ibis. Il marche dans l'eau, à pas mesurés, nage quelquefois pour passer d'un ilôt à un autre. C'est un Oiseau aux mœurs douces et sociables. Sa nourriture se compose de Vers, d'Insectes aquatiques et de coquillages. Il établit son nid sur les arbustes ou les arbres dont le pied baigne dans l'eau des marais ou de la rivière qu'il fréquente. Ce nid est fait de petites branches, de chaumes et de racines. Les œufs, au nombre de trois ou quatre, sont d'un beau bleu verdâtre uniforme. A l'automne, les Falcinelles émigrent en bandes immenses, de plusieurs milliers d'individus. Ils volent comme tous les Tantalidés, c'est-à-dire les uns à côté des autres, en une ligne qui s'avance de front. Captivité — Les jeunes Falcinelles s'apprivoisent très vite en captivité. On les nourrit d'abord de viande et de pain blanc, puis quand ils sont adultes, on les soumet au même régime que les autres Echassiers voisins avec lesquels ils vivent en bons rapports. LES ENDOCIMES Les Falcinelles sont représentés en Amérique par un genre très voisin : les Endocimes qui se distinguent du précédent par la dénudation complète de la région de l'a^l, des joues, du front et du menton. LENDOCIME ÉCARLATE (Eudocimus riiber). — Caractères. — Cet Oiseau, mieux connu sous le nom d'Ibis rouge de Cayeiine, mesure environ o"',(3o de longueur. Son plumage est, comme son nom l'indique, d'un beau rouge-vermillon. L'iris est jaune, le bec noirâtre à la pointe, rougeàtre à la base; les parties nues de la tête sont couleur de chair; les pattes jaunâtres. habitat. — L'Endocime écarlate habite l'Amérique tropicale. Mœurs. — Il se tient à l'embouchure des fleuves, sur le bord de la mer, dans ces régions privilégiées où le sol et le climat produisent une végétation luxu- riante ; et l'on s'imagine aisément le magnifique spectacle que produit une bande de ces Oiseaux à la robe écarlate, au milieu des massifs touffus et richement colorés des plantes tropicales. L'Endocime écarlate supporte la captivité, mais il perd généralement, sous notre climat, les belles nuances de son plumage. Les Flanimants ou Phénicoptères Les Phénicoptères ont des caractères mixtes qui en font des Échassiers aussi bien que des Palmipèdes. S'ils ont les tarses allongés des premiers, ils ont aussi les pieds palmés des seconds. C'est une famille de transition que l'on pourrait appeler du nom d'EcIiassicrs-Palviipcdes. Elle ne comprend qu'un seul genre. LES PHENICOPTERES Caractères. — Les Phénicoptères ont des caractères distinctifs très nets. Ils ont des formes élancées, un cou très long, très flexible. Leur bec est plus long que la tète, plus haut que large, mais épais, recourbé à angle obtus en bas, dans sa moitié antérieure. Gerbe compare la forme de ce bec à celle d'une tabatière faite avec certains coquillages, la mandibule inférieure représentant la tabatière, la supérieure, le couvercle. Les Phénicoptères se font encore remarquer par la disposition de leurs pieds ; ils ont, en effet, des tarses excessivement grêles et allongés ; les doigts antérieurs unis jusqu'aux ongles par une palmure échancrée au centre; le pouce petit, ne portant à terre que par son extrémité, les ongles courts, larges et plats. On connaît aujourd'hui six espèces appartenant à ce genre. La mieux connue est la suivante, que l'on rencontre en Europe. LE FLAMMANT ROSE (*) [Phenkopterus roseiis). — Caractères. — Le Flam- mant rose mesure en moyenne \'^,bo de long. Tout son plumage est d'un beau rose clair, avec des teintes plus vives sur la tète, le dos, les barbes externes des pennes caudales : les couvertures supérieures des ailes sont d'un rouge ardent, les rémiges d'un noir profond, le bec rouge rose, quelquefois d'un rouge-orange pâle, avec la pointe noire, l'iris jaune clair brillant, les pieds d'un rose rouge. (■) PI. XLVIll. — Le Flammant ou PliOnicopiOre rose (Planche, page 284). 31 LES PHÉNICOPTÈRES. [283] La femelle est d'un blanc rosé, avec le dessus des ailes vivement coloré en rouge. Les jeunes sont d'abord d'un gris cendré avec des taches noirâtres sur les rémiges secondaires et les rectrices; en avançant en âge, leur plumage se colore progressivement en rose en passant par un stade où il ressemble à celui de la femelle. Habitat. — Le Flammant rose habite le midi de l'Europe, l'Asie occidentale et le nord de l'Afrique. Il est surtout abondant à l'embouchure des fleuves qui se jettent dans la mer Caspienne et la mer Noire. En France, il se reproduit dans les vastes étangs salés qui avoisinent l'em- bouchure du Rhône. On le rencontre accidentellement dans la Savoie, l'Alsace et dans quelques autres localités. Mœurs. — Il fréquente les marais salins, les lagunes où l'eau est peu pro- fonde ; il séjourne rarement près des étangs d'eau douce. Excepté à l'époque des amours, on le trouve rarement isolé ou par paires. Il forme la plupart du temps des bandes immenses de plusieurs centaines et même de milliers d'individus. Le spectacle d'une de ces bandes est bien fait pour émerveiller l'observateur le moins enthousiaste. " Quand le matin, dit Cetti, on regarde de Cagliari dans la direction des lacs, on croit les voir entourés d'une digue de briques rouges, ou bien l'on croit apercevoir une grande quantité de feuilles rouges, flottant à la surface de l'eau. « Ce sont les Phénicoptères, qui se tiennent là en rangs, et dont les ailes roses produisent cette illusion. L'aurore ne se pare pas de plus vives couleurs; les roses de Pestum n'étaient pas plus brillantes que ne l'est cet Oiseau avec ses teintes d'un rose ardent, ses teintes d'une rose rouge nouvellement épanouie. « Les Grecs ont tiré le nom du Phénicoptère de la couleur de ses ailes ; les Romains ont accepté ce nom, et les Français n'ont fait que suivre le même ordre d'idées en lui imposant le nom de Flambant ou de Flammant. •> Quand une bande de Flammants s'est abattue sur le bord d'un lac, les indi- vidus qui la composent se groupent suivant un certain ordre qui rappelle la marche d'un escadron en bataille. Aussi les Sénégalais appellent-ils ces Oiseaux des Soldais anglais. Défiants et farouches, les Flammants se laissent difficilement approcher. Il semble qu'un certain nombre de sentinelles soient préposées à la garde de chaque troupe, car à la moindre apparence de danger, un cri rauque et reten- tissant poussé par quelques individus se fait entendre, et tous, comme à un signal, prennent leur essor. Les allures des Flammants ressemblent à celles des autres grands Echassiers, mais elles sont beaucoup plus lentes, plus irrégulières, plus vacillantes. Dans l'eau comme à terre, ces Oiseaux prennent les postures les plus singulières. Pour se reposer, ils contournent leur long cou, en renversant la tête sur le dos, et se posent sur une seule patte, l'autre étant fléchie sous le ventre. Quand ils nagent, leur cou fléchi en S les fait ressemblera des Cygnes. [284] LES FLAMMANTS OU PHÉNICOPTÈRES. 32 Leur attitude, lorsqu'ils barbotent dans la vase, est très remarquable : ils ne fléchissent que le haut du corps, et avancent leur long cou vers la surface de l'eau de façon que leur bec et leurs pieds soient sur le même plan. Tout en fouillant la vase, ils tournent la tête de façon que leur mandibule supérieure fonctionne comme si elle était inférieure. Le nom de Becharu ou Bec-en-cliarrue donné à ces Oiseaux dans le Languedoc rappelle fort bien cette particularité. Les Flammants se nourrissent principalement de Vers, de Mollusques, de Crustacés. Ils nichent dans les golfes tranquilles, parsemés d'ilôts, comme on en trouve dans la mer Caspienne, ou dans les étangs les plus fréquentés, comme ceux de Valcarès. Leur nid consiste en un amas de vase desséchée, formant un cône d'environ o'",!:'o de hauteur et dont le sommet tronqué et excavé est destiné à recevoir les œufs. Ceux-ci sont au nombre de deux; leur couleur est d'un blanc pur très mat, sans taches, leur surface est rude au toucher, crayeuse. Quelque extraordinaire que cela puisse paraître, la femelle les couve en enfourchant le nid, comme un cavalier enfourche son cheval. Les jeunes, à peine éclos, sont déjà en état de courir et de nager, mais ils ne peuvent prendre leur vol que quelques mois après. Chasse. — Les anciens estimaient beaucoup la chair du Flammant rose; la langue et la cervelle étaient pour eux un régal. Héliogaballe entretenait une troupe de chasseurs chargés spécialement de lui procurer ce délicieux gibier. La chasse aux Flammants est difficile en raison de leur caractère farouche et de leurs remarquables qualités de prudence. Cependant, à l'époque de la mue, ils perdent pendant un moment leurs grandes rémiges et ne peuvent plus voler, de sorte qu'on peut les capturer plus facilement. Captivité. — Pris jeune, le Flammant montre les mêmes aptitudes à la domestication que les autres grands Echassiers. PI. XLVIIl. — Le Flammant ou Phcnicoptère rose (Texte, page 282). Les Palmipèdes Les Palmipèdes pourraient être appelés les Oiseaux nageurs par exceWencc, ou encore Oiseaux d'eau. Tous leurs caractères, en effet, révèlent une adaptation parfaite à une exis- tence aquatique. Le plus saillant de ces caractères est la structure des membres inférieurs; ceux-ci sont courts, insérés très en arrière sur le tronc; les doigts antérieurs, et quelquefois aussi le pouce, sont unis par une palmure entière ou festonnée. Les Palmipèdes ont des formes lourdes et ramassées, un cou relativement long, une poitrine large; un plumage épais, serré, formé de plumes rigides où la matière cornée prédomine sur la matière spongieuse, permettant à ces Oiseaux de glisser facilement sur l'eau ; cette dernière faculté est encore favorisée par l'existence de la glande du croupion qui sécrète une substance huileuse empêchant les plumes de se mouiller. Mais si tous les Palmipèdes sont, grâce à leur conformation spéciale, d'excel lents nageurs, ils présentent entre eux des aptitudes très différentes au point de vue du vol. Les uns, pourvus de très longues ailes, fendent l'espace avec une rapidité égale à celle des meilleurs voiliers que nous avons vus jusqu'ici. D'autres, munis seulement d'ailes plus ou moins atrophiées, volent peu ou point. Les premiers passent la plus grande partie de leur existence en pleine mer; les seconds n'abandonnent pas les rivages, La forme du bec chez les Palmipèdes est variable selon la nourriture que prennent ces Oiseaux; il est tantôt bombé, à bords tranchants, tantôt large et plat, tantôt allongé et pointu; la première forme se rencontre chez les Palmi- pèdes rapaces, qui vivent principalement de Poissons; la seconde forme se voit chez les Palmipèdes qui cherchent leur nourriture dans la vase; la troisième enfin est propre à ceux qui se nourrissent de Vers, de Crustacés et autres petits animaux aquatiques. Les Palmipèdes vivent en grandes troupes, mais ils sont monogames. Les uns habitent les eaux salées, les autres les eaux douces. Presque tous sont migrateurs. Utilité. — Un grand nombre d'espèces sont utiles à l'homme: les unes four- Pl. XLIX. — Le Pélican onocrotale ou Pélican blanc (Texte, page 287). La vie des ANIMALX ILLUSTRÉt. IV. — 21 [280] LES PALMIPÈDES. 2 nissent ù l'industrie de la plume des matières premières de grande valeur, d'autres sont utilisées pour leur chair ou leurs œufs. Classification. — Les Palmipèdes se divisent en quatre grands groupes, d'après les caractères tirés de la forme du bec, des pieds et des ailes. Chacun de ces groupes, à son tour, se compose d'un certain nombre de' familles naturelles qui sont les suivantes ; i" groupe. — Palmipèdes totipalmes : Les Pélicans ou PéUcanidés, Les Phaétons ou Phaétonidés. 2' groupe. — Palmipèdes grands voiliers : Les Pétrels et les Albatros ou Proccllaridés, Les Mouettes ou Laridés. 3' groupe. — Palmipèdes lamcUirostres : Les Cygnes, Oies, Canards ou Aiiatidés. 4° groupe. — Palmipèdes brachyptères : Les Grèbes ou Podicipidés, Les Plongeons ou Colymbidés, Les Pingouins ou Alcidés. Les Manchots ou Aplénodytidés. Les Palmipèdes du premier groupe tirent leur principal caractère de la mem- brane qui unit le pouce au doigt interne et qui fait que tous les doigts sont palmés. Ces Oiseaux ont de plus des jambes courtes, un corps massif: la marche sur le sol leur est pénible, mais par contre ils ont un vol puissant. Les petits sont longtemps nourris par leurs parents avant d'être en état de prendre leur essor. Les Palmipèdes du deuxième groupe sont remarquables par la longueur de leurs ailes, ce qui leur permet un vol soutenu à une grande distance du rivage. Ils sont aussi d'excellents nageurs, mais ne plongent pas. La marche et la course leur sont relativement faciles. Les petits restent aussi longtemps au nid avant de pouvoir voler. Les Palmipèdes du troisième groupe sont surtout caractérisés par la forme de leur bec; celui-ci est aplati, et garni sur les côtés de petites lamelles per- mettant à ces Oiseaux de recueillir leur nourriture dans la vase. Ils sont excellents nageurs et plongeurs. Leur vol est en général rapide et soutenu. A terre, ils se meuvent maladroitement et ne peuvent courir sans le sgcours de leurs ailes. Les Palmipèdes du quatrième groupe doivent leur nom à la brièveté de leurs ailes. La position de leurs jambes tout à fait en arrière du corps, leur donne une attitude caractéristique. Ils sont mauvais voiliers, mauvais marcheurs, mais ils nagent et plongent avec une remarquable habileté. Les jeunes, à peine éclos, nagent aussitôt avec autant de facilité que les adultes. LES PÉLICANS. (2871 LES PELICANS OU PELECANIDÉS Les Pélécanidés, ou Slégaiiopodes de quelques auteurs, sont de grands Oiseaux au corps allongé, dont les caractères essentiels sont les suivants : leur bec, de forme variable, est long, profondément fendu, généralement crochu à l'extré- mité ; leurs narines étroites, linéaires. La peau qui unit les deux branches de la mâchoire inférieure est susceptible de se dilater en une poche plus ou moins grande. Ils ont des ailes longues, pointues; des pattes insérées peu en arrière du corps, le pouce long. La plupart ont la face dégarnie de plumes. Ces Oiseaux vivent près des côtes, ou sur le bord des lacs, des étangs. Assez bons voiliers, ils peuvent s'aventurer en mer, mais ils s'éloignent géné- ralement peu du rivage. Leur nourriture se compose essentiellement de Poissons. On les répartit dans deux sous-familles qui sont celles des Pélécaniens et des Frégatiens. LES PÉLÉCANIENS Les Pélécaniens ont la mandibule infe'rieure droite ou presque droite, les tarses nus; les membranes interdigitales étendues jusqu'au bout des doigts; la queue arrondie ou cunéiforme. LES PELICANS Caractères. — Les Pélicans sont principalement caractérisés par une énorme poche insérée sous la mandibule inférieure, et formée par la membrane très dilatable de cette région. Ils ont le bec droit, large, déprimé, plus long que la tète, fendu jusqu'à l'angle postérieur de l'œil ; la mandibule supérieure très aplatie, crochue et comprimée à l'extrémité; la face nue; les ailes allongées, aiguës; la queue ample, légèrement arrondie; le bas des jambes dénudé sur une faible étendue; les tarses courts et forts, l'ongle du doigt médian lisse sur son bord interne. LE PÉLICAN ONOCROTALE (*) iPeleaviiis onocrotalus). — Caractères. — h& Pélican onocrotale ou Pélican blanc a tout le plumage d'un blanc nuancé de rose clair, à l'exception de la région du jabot qui est d'un jaune d'ocre, et des rémiges qui sont noires. Le bec est bleuâtre dans sa plus grande partie, jau- nâtre vers l'extrémité, avec les bords des mandibules rouges; l'iris rouge; les pieds rosés, nuancés de jaune-orange. (') PI. XLIX. — Le Pélican onocrotale ou Pélican blanc (Planche, page 285). [288] LES PALMIPÈDES. 4 Sa taille est en moyenne de i^j^jG. Les jeunes ont un plumage brun cendré plus ou moins foncé selon les régions; ils n'acquièrent que progressivement la splendide livrée des adultes. La femelle est semblable au mâle, mais déplus petite taille. La belle couleur rose qui teinte presque toutes les plumes disparaît après la mort de l'Oiseau. Habitat. — Le Pélican onocrotale habite les contrées orientales de l'Europe et l'Afrique. Il se montre accidentellement en France. Mœurs. — Il vit en bandes immenses sur les lacs, les rivières, à l'embou- chure des fleuves, et sur les bords de la mer. Il a, comme ses congénères, des allures assez lourdes, lorsqu'il est à terre; mais par contre il nage très bien, et son vol est relativement aisé. — Cette faculté du vol, en apparence paradoxale si l'on considère le poids de l'Oiseau, est due au grand développement du système pneumatique. D'une voracité insatiable, il détruit une quantité considérable de Poissons; il en emplit sa poche gutturale qui prend alors des dimensions énormes; puis, quand il est repu, il se perche sur un rocher ou un arbre près du rivage, le cou renversé, la tête appuj'ée sur le dos, et il attend paisiblement que l'ample pro- vision de nourriture dont il s'est garni soit digérée. Quand sa poche est par trop pleine, il la vide sur le sable, semble prendre plaisir à en contempler le contenu, qu'il ne tarde pas à avaler de nouveau. La façon de pécher des Pélicans est très curieuse. Elle a été fort bien décrite par Nordmann : « Après avoir choisi un endroit convenable, une baie où l'eau soit basse et le fond lisse, ils se placent tout autour, en formant un grand croissant ou un fer à cheval; la distance d'un Oiseau à l'autre semble être mesurée; elle équivaut à son envergure. En battant fréquemment la surface de l'eau avec leurs ailes déployées, et en plongeant de temps en temps, avec la moitié du corps, le cou tendu en avant, les Pélicans s'approchent lentement du rivage, jusqu'à cequeles Poissons réunis de la sorte se trouvent réduits à un espace étroit; alors commence le repas commun. » Gerbe reproduit ce récit de Nordmann, et le fait suivre de la remarque suivante, qui ne manque pas d'intérêt : « La manière dont s'y prennent les Pélicans pour capturer le Poisson, rap- pelle un singulier procédé de pèche mis en usage par certaines peuplades de l'Afrique centrale. Voici, d'après le major Denham, en quoi consiste ce procédé qu'il a vu employer dans le lac Tchad, près de Lari : « Une quarantaine de « femmes entrent dans le lac avec leur pagne passé entre les jambes et noué « autour des reins ; elles se rangent sur une ligne, le visage tourné vers la terre, à « un certain éloignement des bords, et poussent les Poissons devant elles en les « serrant de si près, qu'on les prend avec la main, ou qu'ils sautent à terre. » Il y a ici une telle analogie de procédé, que l'on est tenté de se demander si l'Arabe de ces contrées n'aurait pas emprunté aux Pélicans qui, du reste, abondent dans le lac Tchad, leur moyen de pêche. » C'est surtout le matin que les Pélicans s'adonnent à la pêche, ^'ers dix heures 5 LES PÉLICANS. [289 1 du matin, ils sont tous rassasiés et gagnent alors les bancs de sable qu'ils ont adoptés, ou un groupe d'arbres, pour s'y reposer, digérer et en même temps nettoyer leur plumage et le graisser. Cette dernière occupation demande beau- coup de temps, carie peu de souplesse du cou rend l'opération difficile et néces- site des positions très singulières, surtout quand il s'agit de nettoyer les plumes du cou. Quand la toilette est terminée, les Oiseaux, alourdis par tout ce qu'ils ont absorbé, prennent les poses les plus variées, suivant qu'ils sont sur les arbres ou sur le sable. Sur les arbres, ils se placent d'habitude perpendiculairement aux branches, le cou profondément rentré entre les épaules ; tandis qu'à terre on les voit sou- vent couchés à plat sur le ventre. Jusque vers midi de nouveaux individus viennent incessamment se joindre aux premiers et la troupe augmente de minute en minute. Dans l'après-midi, entre trois et quatre heures, les rangs s'éclaircissent, et les Pélicans partent de nouveau en troupes pour faire de nouvelles prises. La der- nière chasse dure jusqu'au coucher du soleil, et alors toute la compagnie vole vers la place OL^elle doit passer la nuit. Là où les arbres font défaut, les Péli- cans choisissent pour dormir un banc de sable uni, ou une île solitaire. Le Pélican onocrotale est d'un naturel paisible ; il vit en bonne intelligence avec ses semblables et avec les autres animaux qui ne le provoquent pas. II niche à terre, mais dans le voisinage de l'eau, dans les endroits couverts de hautes herbes. La ponte est de trois ou quatre œufs d'un blanc pur, très mat, revêtus d'une couche de matière crétacée d'un blanc laiteux. Chasse. — On se livre surtout à la chasse au Pélican dans le midi de l'Europe. Cette chasse se pratique à l'affût. Elle est généralement très fructueuse, car il n'est pas besoin, pour tuer ces Oiseaux, décharger à gros plomb : la moindre blessure leur est fatale. La chair des Pélicans est peu estimée, car elle exhale une odeur désagréable. Captivité. — Pris jeunes, les Pélicans s'habituent facilement à la captivité, et deviennent même très familiers. Malgré leur régime exclusivement piscivore, on arrive à les nourrir avec du pain et de la viande. LE PÉLICAN FRISÉ [Pelecanus crispus). — Cette espèce doit son nom à la disposition frisée des plumes de la partie supérieure du cou. Son plumage est blanc nuancé de roux sur la poitrine. Elle habite l'Europe orientale, l'Asie et l'Afrique septentrionales. Ses mœurs, ses habitudes, sont les mêmes que celles du Pélican blanc. LE PÉLICAN BRUN. — Il habite les Antilles, le Pérou. Sa façon de pêcher diffère sensiblement de celle du Pélican blanc. Il attrape les Poissons en plon- geant de haut après avoir décrit dans l'air quelques cercles au-dessus de l'eau. Les autres espèces de Pélicans, dont l'une est propre aux régions australes, ne présentent point de particularité spéciale. [290] LES PALMIPEDES. LES FOUS Caractères. — Les Fous ont le bec plus long que la tète, robuste, droit, conique, épais à la base, fendu au delà de l'angle postérieur de l'ieil: les bords mandibulaires finement dentelés en scie, la mandibule supérieure légèrement tléchie à l'extrémité; les narines basales se prolongeant dans deux sillons de la face supérieure du bec; les ailes allongées, atteignant presque l'extrémité de la queue; celle-ci médiocre, conique; les tarses courts, le doigt médian plus long que le tarse et muni d'un ongle pectine sur son bord interne. Ils ont aussi, outreleurs caractères, des mœurs bien spécialesqui les distinguent des autres Pélécanidés. LE FOU DE BASSAN {Siila basSi.vta). — Caractères. — Le Fou de Bassan a tout son plumage d'un beau blanc, avec le vertex, l'occi- put et une partie de la nuque d'un jaune d'ocre, les ré- l.e Fou de Bassan. miges noires; les paupières, la partie nue des joues et de la gorge d'un noir bleu, l'iris jaune, le bec bleuâtre, les pieds d'un brun verdàtre, les doigts rayés longitudinalement de vert jaune, les membranes interdigitales d'un brun de suie. 7 LES CORMORANS. [^2911 La femelle ne dill'ùre du màle que par sa taille moindre. Les jeunes ont d'abord le plumage d'un brun cendre tacheté de blanc; ils ne prennent la livrée d'adulte qu'à l'âge de trois ans. Habitat. — Le Fou de Bassan habite les mers de l'hémisphère nord. 11 est commun en Ecosse, aux îles Hébrides et en Norvège. On le voit parfois sur les côtes de France et même dans l'intérieur des terres, quand il y a été entraîné par des tempêtes. Mœurs. — C'est un habitant de la haute mer. Il ne fréquente le rivage que pour nicher ou parfois pour }' passer la nuit, et encore choisit-il de préférence dans ce but les rivages des îlots escarpés, ou les rochers qui surgissent isolés au milieu de la mer. Il se nourrit exclusivement de Poissons. Sa manière de voler et sa façon de pêcher sont très remarquables. Il glisse dans les airs avec la rapidité d'une flèche; tout à coup il voltige, ou décrit des cercles sans presque battre des ailes, ou s'élève à des hauteurs prodigieuses. C'est en plongeant qu'il attrape sa proie. Quand il est repu, il se pose sur l'eau, se laisse flotter au gré des vagues et s'endort parfois d'un sommeil profond. Son cri est rauque, saccadé, et rappelle celui de l'Oie. Le Fou de Bassan niche parmi les rochers, en véritables colonies. Mac-Gilli- vray évaluait à vingt mille le nombre de ces Oiseaux qu'il rencontra en visitant l'île de Bass, et, d'après des observateurs modernes, ce chiffre n'a pas sensible- ment diminué. Les nids sont construits à l'aide de plantes marines, principalement de fucus. La ponte a lieu en mai; elle ne se compose que d'un ou deux œufs un peu renflés, à surface rude, recouverte d'un enduit crayeux d'un blanc nuancé de verdâtre. Chasse. — A certaines époques de l'année, on pratique de véritables mas- sacres de Fous de Bassan et on les envoie sur les marchés des grandes villes. Captivité. — • Cet Oiseau supporte facilement la captivité et peut même deve- nir très familier, on en a vu qui vivaient en demi-domesticité dans les maisons, au milieu des Chats et des Chiens. LES CORMORANS Les Cormorans forment, comme les Fous, un genre bien spécialisé par ses caractères et ses habitudes. Caractères. — Ils ont le bec de la longueur de la tête, épais, droit, com- primé, fendu au delà de l'angle postérieur de Tceil, à bords lisses ; la mandibule supérieure arrondie en dessus et terminée en crochet; la mandibule inférieure, plus courte, tronquée; les ailes allongées, subaigucs, ne recouvrant que la base de la queue; celle-ci longue, arrondie, composée de pennes raides, élastiques ; les tarses courts, le doigt médian d'un tiers plus long que le tarse, et pourvu d'un ongle pectine, le doigt externe plus long que les autres. [2921 LES PALMIPEDES. 8 On compte de nombreuses espèces de Cormorans réparties dans toutes les contrées du globe, mais dont les moeurs sont les mêmes que celles des espèces européennes dont il va être question. Toutes ont un plumage dont la couleur dominante est le brun noir en dessus, noir mêlé de blanc en dessous. LE CORMORAN ORDINAIRE [Phalacrocorax carbo). — Caractères. — La taille du Cormoran ordinaire est d'environ o", 77. Son plumage est presque entièrement d'un vert noirâtre à reflets métalliques; la peau dénudée de la face et de la gorge est jaunâtre ; les rémiges et les rectrices sont noires, les flancs marqués d'une tache blanche ; l'iris vert ; les paupières verdâtres, les pieds noirs. Chez les mâles, à l'époque des amours, le sommet de la tête est orne de petites plumes effilées, soyeuses, d'un blanc argentin. Les jeunes ont un plumage d'un cendré foncé en dessus, jaunâtre ou gris clair en dessous. Habitat. — Le Cormoran ordinaire habite l'Europe, la Sibérie et le nord de l'Amérique. D'après Degland et Gerbe, il vit sédentaire en France sur quelques points des côtes de l'Océan, et se montre de passage régulier, au printemps et à l'automne, dans beaucoup de localités de nos départements septentrionaux limitrophes de la mer. Il se reproduit dans le Boulonnais, sur les falaises qui bordent la mer depuis iMontreuil jusqu'à Dieppe, sur presque toutes les côtes rocheuses et les îles de la Bretagne, et dans les rochers de Biarritz. Mœurs. — Les Cormorans s'établissent sur les bords de la mer, à l'embou- chure des fleuves, dans les endroits où le courant est rapide et l'eau peu pro- fonde. Ils se réunissent parfois en bandes très nombreuses dans les régions où les Poissons abondent, car ils font de ceux-ci une destruction incroyable. Accidentellement, quelques individus s'égarent au milieu des terres et s'v fixent, s'ils trouvent une place convenable pour pêcher selon leurs besoins. Les Cormorans poursuivent leurs proies dans l'eau en se submergeant com- plètement, et en nageant avec une rapidité vertigineuse. Une fois repus, ils regagnent la terre et vont se reposer, soit sur un arbre, soit sur un bloc de rocher. Dans certaines îles habitées par ces Oiseaux, on les voit rangés en file, comme une compagnie de soldats, assis sur la pointe des rochers et tous tournés dans la même direction. Ils aiment à se sécher au soleil en prenant une attitude très curieuse : le corps droit, le cou rentré, les ailes entr'ouvertes. Au point de vue de leurs instincts, on peut dire des Cormorans qu'ils sont prudents, rusés et méfiants. Ils se montrent toujours agressifs et méchants envers les autres Oiseaux, sur- tout quand la jalousie et la voracité sont en jeu. Pour établir leur nid, ils choisissent les excavations et les crevasses de rochers en des points peu accessibles ; quelquefois ils nichent sur les arbres. Dès qu'ils se sont fixés en un endroit, ils ne s'en laissent pas facilement déloger. 9 LES CORMORANS. [2931 Ils construisent leur nid à l'aide de branches, de joncs et autres matériaux, et en tapissent l'intérieur d'herbes vertes. L'époque des amours commence généralement en avril ; les œufs sont pondus en mai. Ces œufs, au nombre de quatre ou cinq, ont une forme allongée ; leur couleur est d'un bleu verdàtre, dissimulée par une couche crétacée blan- châtre. Le mâle et la femelle couvent alternativement pendant quatre semaines, et nourrissent en commun leurs petits. Ils leur apportent une grande Le Cormoran ordinaire. quantité de petits Poissons qu'ils viennent dégorger dans le nid. Aussi les jeunes Cormorans grandissent-ils très vite sous l'influence de ce régime abondant. A la mi-juin, ils prennent leur volée et sont en état de se suf- fire à eux-mêmes. Chasse. — Le Cormoran ordinaire exhale une odeur forte et désagréable, dont la peau reste imprégnée, même quand elle a été séchée. Sa chair est réputée dé- testable, bien que les Lapons et les Arabes en fassent, paraît-il, beaucoup de cas. Aussi cet Oiseau est-il peu chassé.. Son caractère prudent, méfiant, ne permet d'ailleurs pas de le tirer facilement. Captivité. — Les Cormorans supportent très bien la captivité, à condition qu'on mette à leur disposition une pièce d'eau très poissonneuse. Ils sont intéressants à observer et perdent leur naturel farouche, les Chinois ont utilisé depuis longtemps cette aptitude des Cormorans à la domesticité pour les dresser à la pèche. Ce genre de sport, dont on eut récemment le spectacle en France, se pratique de la manière suivante : i:294] LES PALMIPÈDES. iO Le pêcheur se tient sur un radeau de bambous, large a peu près de o'^go, long de 3 à 7 mètres, et mis en mouvement à l'aide d'une rame. Quand les Cor- morans doivent pêcher, le pêcheur les pousse ou les jette à l'eau, et quand ils ne plongent pas, il bat l'eau de sa rame ou même frappe les Oiseaux jusqu'à ce qu'ils aient plongé. Aussitôt que le Cormoran a un Poisson, il reparaît à la sur- face avec son Poisson dans le bec, dans l'intention de l'avaler ; mais un fil ou un anneau de métal qui lui entoure le cou l'en empêche, et il regagne bon gré mal gré le radeau. Le pêcheur se hâte d'arriver pour ne pas laisser échapper sa proie, car il s'élève parfois, surtout quand l'Oiseau a affaire à de grands Poissons, un véritable combat entre lui et sa victime. Quand le pêcheur se trouve assez près, il lance sur son Cormoran une espèce de filet, en forme de poche, assujetti a une perche, l'attire ainsi sur le radeau, lui prend son Poisson et, après avoir desserré l'anneau qui l'cmpeche d'avaler, lui donne quelque nourriture comme récompense. Il laisse quelque repos à son Oiseau et le renvoie de nouveau au travail. Il arrive parfois que le Cormoran cherche à s'enfuiravec sa proie. Le pêcheurs'em- presse alors de le poursuivre; il réussit quelquefois à l'atteindre, mais d'autres lois aussi ses tentatives sont vaines. Quand un Cormoran a pris un Poisson trop grand pour qu'il puisse à lui seul s'en rendre maître, on en voit quelques autres accourir, ce qui amène par- fois un combat, les Cormorans cherchant réciproquement à se disputer la proie. Dans ces circonstances, l'intérêt des spectateurs est à son comble, et l'on voit des paris s'engager en faveur de l'un ou de l'autre des Oiseaux. Utilité. — Le Cormoran doit être classé parmi les Oiseaux nuisibles à l'homme. D'une voracité remarquable, il détruit une quantité considérable de Poissons. LE CORMORAN HUPPÉ ^Plialacrocorax crislatiis). — Caractères. — Le Cormoran huppéest d'un vert foncé à reflets bronzés, avec les scapulaires et les couvertures des ailes encadrées de noir velouté. Il porte, comme son nom l'indique, une sorte de huppe ou de toupet sur le sommet de la tète. Habitat. — Il habite les côtes occidentales de l'Europe et quelques iles de la Méditerranée. On le rencontre aussi sur nos côtes de la Manche et de l'Océan, notamment aux îles Jersey et aux environs de Cherbourg. Mœurs. — Ses mœurs ne diffèrent pas de celles du Cormoran ordinaire. Il niche dans les crevasses des rochers. Son nid est formé principalement de plantes marines. LE CORMORAN PYQMÉE {Phalacrocora.\ pygvuvus . — La taille de cette espèce n'est que de o°',5o à o^.SS. Son plumage est d'un noir verdàtre, et par- semé à la tête, au cou et sur les jambes, d'un grand nombre de points et de traits blancs formés par des petites plumes effilées. habitat. — Le Cormoran p3'gmée habite l'Asie septentrionale et occidentale, l'Europe orientale et l'Afrique septentrionale. Mœurs. — Il niche de préférence sur les arbres, en compagnie des Hérons, dont il aime la société. 1 1 LES ANHINGAS. r295 LES ANHINGAS Les Anhingas ont été définis avec raison, par certains auteurs, des Cormorans il bec droit. Caractères. — Ils ont pour caractères : un corps allongé, un cou extrêmement long; une tête petite, plate; un bec long, droit, fusiforme, pointu, à bords dentelés vers l'ex- trémité, tranchant dans le reste de son étendue; des jambes insérées très en arrière du corps; des tarses courts, gros et forts ; des doigts larges; des ailes relati- vement courtes, subai- guës ; une queue très longue, à pennes flexi- bles. Habitat. — Les espè- ces qui composent ce genre sont disséminées les unes en Amérique, d'autres en Afrique, en Asie, en Australie. Mais toutes ont le même genre de vie. L'ANHINQA VUL - CAIRE [Plotus au- hinga) . — Caractères, — L'Anhinga vulgaire est un peu plus grand que le Cormoran or- dinaire, en raison de la longueur de sa queue. 11 a la tète, le cou et toutes les parties inférieures d'un noir velouté à reflets ver- dàtres; l'occiput et le front tachetés de brun gris ; le dos et la partie supérieure des ailes marqués de petites taches plus claires; les scapulaires et les couvertures des ailes ra\'ées longitudina- lement de blanc; les rémiges et les rectrices noirâtres ; l'iris rouge-orange foncé; le bec brun gris en dessus, brun rouge tirant sur le jaune en dessous; la gorge d'un jaune rougeâtre; les tarses d'un brun gris ou jaunâtres. [2901 LES PALMIPÈDES. 12 Habitat. — Cette espèce liabitc rAmériqucdu Sud et la partie méridionale de l'Amérique du Nord. Mœurs. — Les mœurs des Anhingas ont été étudiées par divers naturalistes, dans les différentes contrées du globe où se rencontrent ces Oiseaux, et les obser- vations qu'ils ont recueillies concordent exactement avec celles qu'en a tracées Brehm, qui s'exprime ainsi : « Les Anhingas habitent les fleuves, les lacs et les marais, dans les environs desquels se trouvent des arbres, surtout quand, au milieu de ces cours d'eau, il y a des îles boisées. Ils quittent les arbres le matin et commencent leur chasse, puis y reviennent pour y dormir ou s'y reposer; c'est sur des arbres que se trouve d'habitude leur nid. Cependant il leur arrive quelquefois de se reposer, comme les Cormorans, sur des rochers, mais c'est seulement quand ils ne peuvent trouver d'arbre. Les merveilleux marais du sud des Etats-Unis, d'une si prodigieuse richesse en animaux, où les fleuves et les lacs formés par les pluies, de l'Afrique centrale, de l'Asie méridionale et de la Nouvelle-Hollande, suflisent à tous les besoins de la vie, sont fréquentés par un grand nombre d'Anhingas. On ne peut pas dire que ces Oiseaux soient aussi sociables que les Cormorans, car on n'en voit presque jamais plus de dix à vingt réunis; cependant ils se tien- nent ensemble volontiers à cinq et même jusqu'à huit sur une même partie de lac, d'étang ou de rivière, et souvent plusieurs de ces petites familles se réu- nissent le soir sur les arbres qui leur offrent l'abri préféré pour dormir. Pendant la saison de la ponte, ils se réunissent sur les places favorables en nombre encore plus grand. « Il n'est presque pas possible de trouver un nom mieux choisi que celui d'Oiseau à cou de Serpent, que les Hottentots ont donné aux Anhingas. Leur cou rappelle réellement le Serpent, mais encore il se meut d'une manière ana- logue. Quand l'Oiseau nage entre deux eaux, il se transforme lui-même en Serpent, et quand il se prépare à se défendre ou à attaquer un ennemi, il lance son cou en ayant avec une rapidité tellement foudroyante, qu'on ne peut s'em- pêcher de penser à l'attaque de la "\''ipère. « Tous les Anhingas déploient leur puissance d'action sur l'eau ; ce sont des nageurs consommés et des plongeurs plus parfaits encore. Un Cormoran n'est qu'un maladroit auprès d'eux. Ils l'emportent sur tous, du moins dans leur ordre, quoiqu'il me paraisse difficile qu'ils soient dépassés par un autre plongeur ou nageur. Lorsqu'ils peuvent pêcher sans être distraits et qu'ils se sentent en sûreté, ils nagent en enfonçant à moitié leur corps au-dessous de la surface ; mais sitôt qu'ils aperçoivent un homme ou un animal dangereux, ils s'immergent si profondément qu'il n'va plus que leur cou mince qui se montre à la surface. « Le vol des Anhingas ressemble à un tel point à celui des Cormorans qu'il arrive de confondre les deux genres d'Oiseaux. Ce vol parait se faire sans effort, et néanmoins il est très rapide et se soutient longtemps. << Pendant la saison des amours, l'Anhinga s'élève, d'après Audubon, à des hauteurs si considérables qu'il échappe quelquefois à l'œil, et décrit en se jouant des courbes, pendant des heures entières. Aux heures de midi, il se repose, à la manière des Cormorans, sur des branches sèches ou sur les iles rocheuses du 13 LES FRÉGATES. [297] rieuve, déploie les ailes, et s'évente avec elles de temps en temps, comme pour se rafraîchir. Tout Anhinga qui voit un de ses congénères dans cette position, ne manque jamais de se réunir à lui; c'est pourquoi une place choisie pour lieu de repos, au milieu du Beuve, est couverte, d'habitude, à certaines heures, par plusieurs Anhingas qui la signalent de loin. Ces Oiseaux tiennent à ces places avec autant d'entêtement qu'à celles qu'ils choisissent pour dormir et aux- quelles ils reviennent toujours, même lorsqu'on les en a chassés plusieurs fois. » Ils sont sociables avec leurs congénères de la même espèce, mais ils se tien- nent à l'écart des autres Oiseaux vivant dans les mêmes lieux : Pélicans, Cor- morans, Frégates. Leur façon de pêcher est la même que celle des Cormorans. Ils nichent généralement sur les arbres. En captivité, ils se comportent comme les Cormorans. LES FREGATIENS Les Frégatiens ont la mandibule inférieure recourbée à l'extrémité dans le même sens que la supérieure; des tarses recouverts par les plumes allongées des jambes; des membranes interdigitales échancrées ; une queue généralement fourchue. Leurs habitudes sont aussi un peu différentes de celles des Pélécaniens. LES FREGATES Les Frégates sont ainsi appelées à cause de leurs formes élancées et de leur vol rapide, par analogie avec les vaisseaux du même nom et qui sont les plus fins voiliers. Caractères. — Elles ont un bec robuste, plus long que la tête, droit, mais à pointe fortement crochue; des narines basales, courtes; des ailes très longues, suraiguês ; une queue allongée et fourchue ; des tarses très courts, en grande partie cachés par les plumes des jambes; des doigts réunis par une palmature dans leur moitié postérieure seulement: le médian plus long que le tarse; des ongles aigus et recourbés. Leurs allures et leurs mœurs sonten rapport avecces caractèrestrès particuliers. LA FRÉGATE MARINE {Fregala marina). — Caractères. — La Frégate marine mesure environ un mètre de long. Le mâle et la femelle adultes ont tout le plumage d'un noir à reflets verts et bleuâtres ; les parties dénudées de la gorge et du bec sont rouges, les pieds d'un rouge brun, l'iris noir. Les jeunes ont la tête et le cou blancs, le reste du plumage semblable à celui des adultes. Habitat. — L'aire de dispersion de cet Oiseau est limitée aux régions intcrtropicales. 12981 LES PALMIPEDES. 14 Mœurs. — La Frc'gatc marine, désignée aussi sous le nom de 1- régate-Aigle ou Aigle de iiwr, est considérée par la plupart des naturalistes comme l'Oiseau dont le vol est le plus rapide. C'est cette rapidité du vol et l'habitude qu'elle a de planer dans les airs qui lui ont valu les appellations précédentes ; on ne peut la comparer sous ce rapport qu'aux grands Oiseaux de proie. Elle se nourrit exclusivement de Poissons La Frégate marine. qu'elle saisit à la surface de l'eau, ou à de petites profon- deurs, en fondant sur eux avec la vitesse d'une flèche. Elle poursuit les Fous, les Mouettes, et leur ravit les proies qu'ils ont capturées. Son territoire de pêche n'est jamais bien éloigné du rivage, car elle recherche les endroits où l'eau est peu profonde. Lorsqu'elle est rassasiée, elle gagne quelque pointe de rocher, ou un arbre élevé sur la côte, et la, dans une immobilité absolue, elle se livre tranquillement il la sieste. Ses allures sur le sol sont maladroites ; elle ne nage pas non plus. On voit donc combien son genre de vie est étroitement spécialisé. La frégate marine niche en colonies de plusieurs centaines d'individus dans les excavations des rochers ou sur les arbres, en des localités toujours les mêmes, où les générations se succèdent depuis des temps infinis. 15 LES PHAÉTONS. ["2'J9] Les nids sont formes de petites bûchettes détachées des arbres, ou enlevées à d'anciens nids, et assemblées avec art; ils sont placés le plus près possible du bord de l'eau. La ponte est habituellement de deux œufs d'un blanc teint parfois de rougeàtre ou de verdàtre. Le développement des jeunes est très lent. Captivité. — On connaît peu le genre de vie des Frégates captives; les habi- tants de la Caroline parviennent, dit-on, à apprivoiser cet Oiseau. LES PHAETONIDES Les Phaétonidés forment une famille intermédiaire entre les Pélicans et les Albatros. Par leurs caractères morphologiques, ils se rapprochent davantage des premiers, mais, par leurs œufs, ils sont très voisins des seconds. Ils ont un vol aisé, précipité, interrompu souvent par des sortes de chutes: mais ils planent rarement. Ils s'aventurent assez loin en mer et capturent les Poissons dont ils font leur nourriture à la manière des Cormorans. Cette famille ne comprend qu'un seul genre. LES PHAÉTONS Caractères. — Les Phaétons sont des Oiseaux de taille moyenne. Leur bec, plus long que la tète, est droit, pointu, terminé par un petit crochet, moyenne- ment lendu, dentelé sur les bords, non sillonné en dessous ; leurs narines basales, courtes ; leurs ailes allongées, suraiguës; leur queue est prolongée par les deux rectrices médianes qui simulent de loin deux brins de paille, d'où le nom de Pailk'-eii-qiieue employé parfois pour désigner ces Oiseaux. Leurs tarses sont courts, les doigts antérieurs réunis par une membrane, le pouce court et faible. Les différentes espèces de ce genre habitent les mers tropicales. LE PHAÉTON ÉTHÉRÉ [hhaëlon œtheriis). — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o"',9o dont près de o^.So pour les longues plumes latérales de la queue. Son plumage, bigarré suivant un mode très compliqué, est en dessous d'un blanc teinté de rose, en dessus il est ondulé de noir; le bec est rouge de corail; l'iris brun noir; les tarses, les doigts et la palmure rouges dans leur quart postérieur, noirâtres dans le reste de leur étendue. Habitat. — Le Phaéton éthéré ne s'éloigne guère de la zone torride ; aussi les navigateurs le désignent-ils sous le nom d'Oiseau des tropiques. Mœurs. — Tous les naturalistes sont unanimes à admirer la grâce et le vol aisé de cet Oiseau. << Quand ils ne sont pas inquiétés, dit Bennett, ils accompagnent souvent les navigateurs des jours entiers, jusqu'à ce que le bâtiment ait dépassé leur circons- cription ou qu'une autre cause les force à s'en éloigner. Toute leur puissance de mouvement se déploie dans la pèche aux Poissons. « Comme les grands Sternidés, ils se balancent sur la même place, guettent avec attention ce qui se passe au-dessous d'eux et fondent tout à coup, les ailes [300] LES PALMIPÈDES. 10 déployées, et presque perpendiculairement, sous l'eau, avec tant de force qu'ils disparaissent et s'enfoncent à une profondeur de quelques pieds, ce qui nécessite un grand travail des ailes et des jambes pour se relever. » Cependant quelques autres observateurs affirment qu'en se pré- cipitant sur sa proie, il ne se laisse jamais sub- merger. La reproduc- tion des Phaé- tons a lieu à des époques différen- tes selon les ré- gions. D'après Ben- Le Pliaéioii éthcrc. neit, elle commence en août et septembre, pour l'Australie ; d'après Wedderburn et Hurdis, en mars et avril, aux iles Bermudes, et aux îles Bahama à peu près à la mciTie époque. Ces Oiseaux préfèrent certaines îles aux autres, et particulièrement celles que l'homme ne fréquente pas. On a remarqué que là où ils ne sont pas dérangés, ils déposent tout simplement leur œuf par terre, sous d'épais fourrés ; tandis qu'ils choisissent les excavations et les cre- vasses des rochers dans les îles fréquentées. Chaque couple ne pond qu'un seul œuf, dont le fond est d'un brun-chocolat assez clair que relèvent des taches et de petits points plus ou moins grands et d'un brun plus ou moins foncé. Le mâle et la femelle couvent tous deux et avec tant de zèle qu'ils ne s'envolent pas à l'arrivée d'un homme, et qu'ils se contentent de chercher à se défendre avec leur bec : ils finissent même quelquefois pardevenir agressifs. Les individus qui couvent par terre quittent leur œuf à midi, tandis que ceux qui ont choisi des excavations pour nicher, couvent à cette même heure de midi. Les petits, d'après Bennett, ressemblent plus à une houppe à poudrer qu'à un Oiseau: ils sont ronds comme une balle et recouverts d'un abondant duvet, d'une grande souplesse et d'une blancheur de neige. Plus tard, il revêtent leur livrée de premier âge. Ils sont alors tachetés, et ce n'est qu'à la suite de plusieurs mues que leur plumage devient d'une blancheur absolue. C'est à la troisième année qu'apparaissent ces belles couleurs roses en même temps que poussent les longues pennes de la queue. Les Mouettes On comprend sous le titre de Mouettes, le deuxième groupe des Palmipèdes, ou Palmipèdes longipennes. Tous les genres de ce groupe sont intimement lies par l'ensemble de leurs caractères morphologiques, par leur genre de vie et leurs allures, à un tel point qu'on peut les désigner collectivement sous l'appellation vulgaire de Mouettes. Leur organisation est appropriée à un vol rapide, aisé, longtemps soutenu, qui leur permet de s'éloigner à des distances considérables des côtes. Ils nagent facilement, mais ne plongent pas. Leurs ailes sont longues, aiguës, effilées, dépassant l'extrémité de la queue; leur bec solide, à bords tranchants. On peut considérer les Palmipèdes longipennes comme les Rapaccs de la mer. La plupart se nourrissent surtout des cadavres d'animaux qui llottent à la surface de la mer. D'autres chassent surtout les Insectes, ont des moeurs crépusculaires et assez semblables à celles des Hirondelles et des Martinets. Ces Oiseaux passent toute leur existence en pleine mer; ils ne fréquentent les rivages qu'à l'époque de la reproduction. Les jeunes sont longtemps nourris dans le nid par les parents, avant de pou- voir prendre leur essor. Les Palmipèdes longipennes comprennent deux grandes familles : 1° Les Albatros et les Pétrels ou Procellaridés ; 2° Les Goélands et les Mouettes ou Laridés. LES PROCELLARIDÉS Caractères. — Les Procellaridés ont pour caractères essentiels un bec rentlé et crochu, composé en apparence de plusieurs pièces articulées; des narines tubulaires; un pouce nul ou remplacé par un ongle rudimentaire. Ce spnt des Oiseaux pélasgiens par excellence : toute leur existence se passe en mer, à une grande distance des côtes; ils ne viennent à terre que pour se reproduire. On les divise en deux sous-familles : les Diomédiens et les Procellariens. PI. L. — L'.Mbatros hurleur (Texte, p. 3o2). La vie des ANI.MAUX ILLUSTRÉE. IV. [302] LES MOUETTES. LES DIOMEDIENS Chez les Diomc'dicns, les narines s'ouvrent à rcxtrémité de deux tubes très courts, situés de chaque côté de la mandibule supérieure, dans une longue et profonde rainure; le pouce fait défaut. Cette sous-famille ne comprend qu'un seul genre. LES ALBATROS Caractères. — indépendamment des caractères propres à la famille, les Albatros ont un corps robuste; un bec plus long que la tête, comprimé, à man- dibule supérieure profondément sillonnée, à bords tranchants et se terminant par une pointe fortement crochue, à mandibule inférieure tronquée à l'extrémité, de manière à s'emboîter dans le crochet de la mandibule supérieure; des ailes très longues, subaiguës; une queue courte ou arrondie; des tarses courts, épais, réticulés, le doigt médian beaucoup plus long que le tarse; des ongles faibles et droits. Ces Oiseaux ont, malgré leur taille gigantesque, un vol facile et vigoureux. Aussi les navigateurs leur ont-ils donné le nom de Vaisseau.x de guerre. Toutes les espèces sont propres aux mers australes et à l'Océan pacifique. L'ALBATROS HURLEUR ("i \Diomedea e.xulans). — Caractères. — L'Albatros hurleur, vulgairement connu sous le nom de Mouton du Cap, mesnre environ i^jyo de long. Tout son plumage est blanc, à l'exception des ailes qui sont brunes; le bec est jaune, les pieds d'un jaune rougeàtre. Les jeunes ont d'abord un plumage brun, puis tacheté, avant de prendre la livrée des adultes. Habitat. — Cet Oiseau habite, comme ses congénères, les mers australes. Ce n'est que très exceptionnellement que quelques individus s'égarent sur nos côtes. Mœurs. — Bien qu'on ne puisse considérer l'Albatros comme un Oiseau migrateur, on a cependant constaté qu'il effectuait parfois d'assez longs voyages et s'avançait au nord jusqu'au détroit de Behring. Tous les naturalistes s'accordent à admirer le vol de ce Wiuiour des mers. « C'est un beau spectacle, dit Bennett. de voir cet Oiseau magnifique, plein d'énergie et de grâce, doué d'une force exceptionnelle, voguer dans les airs. C'est à peine si l'on remarque un mouvement des ailes après le premier essor et l'élan qui porte ce puissant Oiseau dans les airs ; on suit son ascension et sa descente, dont les différents mouvements semblent opérés par une même puissance, à laquelle il ne paraît appliquer en rien sa force musculaire. Il frôle presque en {'} PI. L. — L'.Mbatros hurleur (Planche, p. 3oi). 3 LES ALBATROS. [3031 planant le gouvernail des bateaux, et cela avec une hardiesse incroyable. Quand il voit un objet tlotter, il fond sur lui les ailes largement déployées, s'en empare, nage quelque temps, puis se relève, se met à tournoyer et reprend son explora- tion... Dans ses mouvements, dit-il à un autre endroit, l'on ne remarque aucun effort, mais de la force et de l'énergie réunies à une grâce toujours égale. Il sillonne les airs très gracieusement, se penche d'un côté à l'autre, rase les vagues mouvantes de si près qu'il semble y mouiller ses ailes; puis il se remet à planer avec la même liberté et la même facilité d'allures. Son vol est si rapide, qu'on ne l'aperçoit plus que dans un grand lointain, quelques instants après qu'il a passé devant le navire, montant et descendant avec les vagues, et parcou- rant un immense espace en quelques secondes. » Ses qualités de nageur ne sont pas moins remarquables; il flotte légèrement à la surface des vagues, et avance avec rapidité; il lui est plus difficile de plonger. Lorsqu'il veut prendre son essor, il est obligé de parcourir d'abord un certain espace avec une extrême rapidité en courant à la surface des flots. L'Albatros est, de tous les Procellaridés, celui qui s'aventure le plus loin en pleine mer. On le rencontre à des distances immenses des côtes. Sa nourriture consiste surtout en Mollusques céphalopodes, mais il recherche aussi les cadavres des grands animaux marins : Phoques, Baleines, etc. Aussi le nom de Vautour des mers, que lui ont donné quelques auteurs, est-il parfai- tement mérité. Il accomplit dans l'Océan l'œuvre d'assainissement qui est dévolue sur les continents à certains Oiseaux de proie. C'est sa voracité incroyable qui l'oblige à parcourir des espaces aussi étendus, à la recherche de quelque cadavre isolé ; c'est elle aussi qui le pousse à attaquer les petits Oiseaux de mer, pour leur ravir les proies qu'ils ont capturées. On le voit souvent suivre les navires, pour happer les résidus de toute nature que l'on jette par-dessus bord. Les longues tempêtes, bien loin de lui être favorables, l'empêchent au con- traire de chercher sa nourriture, et c'est surtout à ce moment qu'on le voit s'approcher des navires. M. Marion de Procé, cité par Degland, raconte en ces termes la rencontre qu'il fit d'un bande d'Albatros occupée à dépecer le cadavre d'un énorme Cétacé : « Les uns, dit-il, volaient majestueusement autour de notre navire; d'autres, reposés sur l'eau, le regardaient passer avec indifférence : quelques-uns s'enfui- rent, mais la plupart restèrent autour du cadavre, sans paraître s'apercevoir de notre passage. Le canot mis h la mer, nous fûmes bientôt au milieu des Alba- tros : là nous pûmes choisir nos victimes. On les eût pris à la main, si on n'avait pas craint leurs morsures; mais pour éviter ce danger, nous les étour- dissions d'un coup d'aviron. » L'Albatros hurleur se reproduit aux mois de novembre et de décembre. Il choisit, pour nicher, les versants des collines couvertes d'herbes. Son nid est composé de roseaux, d'herbes sèches et de feuilles, ces matériaux étant plus ou moins bien assemblés dans une légère dépression. La ponte n'est généralement que d'un seul reuf. |304] LES MOUETTES. 4 L'ALBATROS CHLORORHYNQUE. — Cette espèce a le même habitat que l'Al- batros hurleur. Ses mceurs n'oirrent de particularité que dans la construction de son nid, qui, parait-il, est fait de substances végétales et de boue. Chasse On peut capturer facilement les Albatros en mettant à profit leur grande voracité. Il suffit de leur lancer un hameçon attaché à une ficelle et amorcé avec un peu de viande. Ils se précipitent sur cette proie inattendue et se font prendre. LES PROCELLARIENS Les Procellariens sont caractérisés par la forme de leurs narines, lesquelles s'ouvrent à l'e.Ktrémité d'un tube unique ou de deux tubes adossés l'un à l'autre au-dessus de la mandibule supérieure, et par l'atrophie de leur pouce, celui-ci représenté seulement par un ongle rudimentaire. Ces Oiseaux ont une existence essentiellement pélasgique. L'agitation qu'ils manifestent à l'approche des tempêtes leur a valu le nom d'Oiseaux des tempêtes. LES PÉTRELS Caractères. — Les Pétrels ont pour caractères : un bec plus court que la tête, épais, renflé à la base, comprimé et crochu à la pointe; la mandibule supé- rieure garnie sur son bord interne de lamelles courtes et obliques, la mandibule inférieure creusée en gouttière, tronquée et relevée à l'extrémité; des narines proéminentes s'ouvrant par un seul orifice; des ailes longues, suraigucs; une queue courte, arrondie ou conique; des jambes très dénudées, des tarses médiocres, réticulés; les doigts antérieurs réunis par une palmure, le médian plus long que le tarse ; le pouce remplacé par un ongle court, acéré. LE PÉTREL GLACIAL {Procel/aria glacialis). — Caractères. — Le Pétrel glacial ou Fiilmar a la tête, le cmi et le dessous du corps d'un blanc pur, les parties supérieures du corps d'un bleu cendré, les ailes noirâtres: le bec jaune, les pieds nuancés de bleuâtre et de jaune; l'iris brun. La femelle porte le même plumage que le mâle. En automne, les deux sexes ont la tête et le cou teintés de cendré clair; les parties supérieures plus foncées qu'en été. La taille de cet Oiseau est d'environ o"',43. Habitat. — Il habite les mers glaciales de l'hémisphère nord. Il apparaît accidentellement sur nos côtes, quand il y est jeté par les tempêtes. Mœurs. — Le Pétrel glacial, de même que l'Albatros, ne s'approche de la terre ferme qu'à l'époque de la reproduction. Le reste de l'année, il passe son existence en pleine mer. Doué d'un vol puissant, il glisse, pour ainsi dire, en planant à la surface des flots, ne battant des ailes que pour s'élever. Il se maintient dans les airs par les plus grandes tempêtes, sans presque se reposer. LES PETRELS. [3051 Il nage aussi avec une grande adresse dans les courants rapides, au milieu des écueils;' mais il ne plonge pas. Le Pétrel glacial ne craint point cependant le voisinage de l'homme; il vient fréquemment voltiger autour des navires. i( Lorsqu'on dépèce une Baleine, dit HolboU, cet Oiseau est si audacieux que l'on pourrait en tuer des milliers, avec des avirons et des gaffes. Il témoigne le même mépris du danger quand il est sur son nid, dont il n'est presque pas possible de l'éloi- gner. Il est très sociable à l'égard de ses pareils ; aussi, quand les observateurs le rencon- trent isolé, le considèrent-ils comme égaré. Il ne s'occupe guère des autres Oiseaux, quoiqu'il vole au milieu d'eux et qu'il se reproduise sur les mêmes montagnes. » Sa nourriture se compose de Mollusques, de Poissons morts, de cadavres d'ani- maux marins: Phoques, Ba- leines. Le Pétrel glacial niche dans les hautes régions du nord de l'Europe, notamment à Saint-Kilda, l'une des Hébrides, en Is- lande et au Spitzberg. Il construit son nid dans des trous de ro- chers, sur les hautes falaises. Sa ponte n'est que d'un seul œuf d'un blanc pur. Les jeunes Pétrels sont, à la naissance, couverts d'un long duvet bleu gri- sâtre. Quand on veut les prendre, ils lancent un jet de salive visqueuse d'odeur désagréable. Chasse. — Il n'est pas bien difficile de se procurer des Albatros, car ces Oiseaux sont très peu farouches. Vers la fin d'août, les petits deviennent très gras ; ils se dispersent alors sur les écueils où on peut les massacrer par milliers. Les habitants de la baie d'Hudson les salent et s'en nourrissent, bien que leur chair soit d'un goût détestable. Le Pétrel du Cap [Procellaria capetisis). — Le Pétrel du Cap, appelé aussi Pétrel Damier, a. cause de son plumage tacheté de noir et de blanc, habite l'hémisphère austral. Ses mœurs ne diffèrent pas de celles du Pétrel glacial. Le Pétrel Hasite [Procellaria Hasitata). — Cette espèce est propre aux mers des Indes. [300J LES MOUETTES. Les Ossikragks. — Près du genre Pétrel se rangent les Ossifrages, ou Briseurs d'os, qui ne s'en distinguent que par leur forte taille, leur bec puissant, renllé et très tranchant sur les bords. Ils appartiennent aussi aux mers de l'hémisphère sud. LES PUFFINS Caractères. — Les Puffins ne se distinguent des Pétrels que par leur man- dibule inférieure pointue et courbée en bas dans le sens de la mandibule supé- rieure; par leurs narines ouvertes à l'extrémité de deux tubes distincts, par leurs tarses plus courts, de la longueur du doigt médian. Leurs habitudes sont crépusculaires et nocturnes. Le jour ils se tiennent cachés dans des trous de rochers. LE PUFFIN DES ANGLAIS {Puffiiiiis Angloniuil — Caractères. — Le Puftin des Anglais mesure environ o™,35 de long. Il a le dessus et les côtés de la tète, le dessus du cou et tout le reste des parties supérieures, }' compris les ^-v -- iimiii '•"''"^ Le Puflin des Anelais. ailes et la queue, d'un brun noir lustré; le dessous du cou et du corps d'un blanc pur; les côtés de la région anale et les barbes externes des sous-caudales latérales d'un brun noirâtre; le bec gris noirâtre, Tiris brun; les pieds jau- nâtres. Habitat. — Il habite les mers septentrionales de l'Europe et de l'Amérique. On le rencontre aussi, mais moins communéinent, sur une partie des côtes occidentales de l-'Afrique. 7 LES PUFFINS. [307] Mœurs. — Le Puftîn des Anglais attire l'attention par la rapidité et l'impé- tuosité de son vol. Il tourne et se meut non seulement de tous les côtés, mais aussi de haut en bas, de telle façon que tantôt on aperçoit son dos de couleur sombre, tantôt son ventre blanc. Il s'élance parfois sur les vagues, les traverse, puis s'élance de nouveau dans les airs. Ces évolutions rapides et variées sont surtout intéressantes à observer lors- qu'une troupe nombreuse de ces Oiseaux prend ses ébats en pleine mer : tandis que les uns disparaissent dans les flots, d'autres s'élancent dans les airs, ou glissent avec rapidité entre les vagues, et la vivacité, la variété des allures de tous ces Oiseaux forme un spectacle charmant. Les Puffins passent presque toute leur existence en pleine mer. Au mois de mai, ils s'approchent des côtes pour se reproduire. Ils nichent dans les trous des rochers, ou bien ils creusent, à l'aide de leur bec, un profond sillon qu'ils tapissent de quelques herbes, et y pondent un seul œuf d'un blanc pur. Le mâle et la femelle couvent avec ardeur pendant plusieurs semaines. Quand on les approche, ils ne s'enfuient pas, mais ils manifestent leur colère par des cris étranges rappelant l'aboiement d'un Chien ; en même temps ils prennent leur posture de combat, relèvent la queue en éventail, et lancent à leur agresseur de vigoureux coups de bec. Les petits naissent couverts d'un long et épais duvet d'un gris brun. Leur développement se fait très lentement ; ils ne peuvent sortir du nid qu'à l'âge de plusieurs mois. Mais à ce moment ils sont fort gras et leur chair est très estimée. Chasse. — Les Puffins adultes sont difficiles à chasser, en mer, à cause de leur incessante activité. On capture plus facilement ces Oiseaux à l'aide d'hameçons amorcés, comme on le fait pour l'Albatros, LE PUFFIN CENDRÉ (Pitffinus cinereus). — Le Puffin cendré a un plumage très semblable à celui du Puffin anglais. Il habite l'océan Atlantique et la Méditerranée. Il vient se reproduire dans les îles qui avoisinent Marseille, Toulon, Hyères. Il niche dans les trous de rociiers et pond sur le sol, sans construire de véritable nid, un seul œuf blanc grisâtre. Sa nourriture se compose de Poissons, de Mollusques et de Crustacés qu'il saisit en rasant la surface de l'eau. De même que les autres espèces, le Puffin cendré ne sort des rochers qu'au crépuscule, et déploie toute son activité à l'approche des tempêtes. Le Puffin majeur [Puffinus major). — Cette espèce habite aussi l'océan Atlantique. Elle est très commune en Islande et à Terre-Neuve. Le Puffin Yelkonan. — Sur les côtes de la mer Noire se rencontre aussi une espèce de Puffin très voisine des précédentes et que l'on appelle le Puffin Yelkonan. Le Puffin obscur. — 11 habite particulièrement le golfe du Mexique et les côtes de la Floride. [308] LES MOUETTES. LES THALASSIDROMES Caractères. — Les Thalassidromes sont des Procellariens de petite taille, dont les ailes ressemblent à celles des Hirondelles, d'où le nom de Pétrels- Hirondelles donné à ces Oiseaux. Leur bec est petit, faible, mais fortement crochu; leurs narines s'ouvrent par un seul orifice; leurs ailes sont étroites, aiguës: leur queue médiocre; leurs tarses grêles. Ils ont des mœurs et des habitudes très semblables à celles des Puffins et des Pétrels. Les différentes espèces ont presque toutes un plumage identique d'un brun de suie. Elles se distinguent entre elles par la forme de la queue et la longueur des tarses. Degland établit les trois divisions suivantes : 1° Espèces chez lesquelles la queue est égale, un peu plus courte que les ailes, et dont le doigt médian, y compris l'ongle, est plus long que le tarse: Thalassidrome tempête. 2° Espèces chez lesquelles la queue est égale, bien plus courte que les ailes, et dont le doigt médian, y compris l'ongle, est beaucoup plus court que le tarse : Thalassidrome de Leach. 3" Espèces chez lesquelles la queue est fourchue, et dont le doigt médian, y compris l'ongle, est à peu près de la longueur du tarse : Thalassidrome cul-blanc. Thalassidrome de Buhver. LE THALASSIDROME TEMPÊTE {Thalassidro- ina pelig'ica . — Caractè- res. — Le Thalassidrome tempête a presque tout son plumage d'un brun de suie, à l'exception des plumes latérales du bas- ventre qui sont blanches avec la pointe noire. Les grandescou- vertures des ailes et les rémiges secondaires sont ordinairement bordées de blanchâtre; les rec- trices latérales blanchâtres à la Le Tluilassidrome tempCte. base. Le bec, les pieds et l'iris sont noirs. La taille de cet Oiseau est d'environ o™, i3. Habitat. — Le Thalassidrome tempête est répandu sur toutes les mers d'Europe. 9 LES GOÉLANDS OU LARIDÉS. [309] Mœurs. — La singularité de ses habitudes et la couleur de son plumage ont été la source d'une foule de légendes et lui ont valu les noms les plus divers : Hirondelle de tempête. Oiseau de Saint-Pierre, Oiseau diable, etc. Il se montre surtout le soir, ou à l'approche d'un ouragan. (Jn le voit suivre en bandes nombreuses le sillage des navires, saisissant les proies que l'agitation de la mer ramène à la surface : petits Mollusques et Crustacés, fretin de Poissons. Il vole avec une grande vitesse, ou plane au-dessus des flots, effleurant les vagues de ses pieds, ou en parcourant les sinuosités comme l'Alouette parcourt les sillons des champs. Il vient se reproduire à terre dans les îles ou sur les côtes rocheuses. En France, on le voit nicher sur les côtes de la Bretagne et de la Provence. La femelle pond un seul œuf dans un trou de rocher, sans construire un nid véri- table. Après l'éclosion, la femelle abandonne son petit pendant la journée, mais vient chaque nuit lui apporter à manger. Lorsqu'on veut s'emparer d'un de leurs petits, ils lancent à l'agresseur un jet de salive visqueuse d'une odeur insupportable. C'est là leur seul moyen de défense. Il semble qu'il y ait plusieurs couvées par an. LE THALASSIDROME OCÉANIEN, OU DE LEACH [Tlialassidrovia oceanica). — Cette espèce est d'une taille un peu supérieure à celle du Thalassidrome tempête, mais son plumage en diffère très peu. Elle se tient de préférence sur les côtes de l'Amérique, particulièrement dans le golfe du Mexique, les Antilles. LE THALASSIDROME CUL-BLANC [Thalassidroma leucorhoa). — Il habite principalement les Orcades et Terre-Neuve, et n'apparaît que très accidentel- lement dans les mers d'Europe. Son régime parait se composer principalement de Poissons. LE THALASSIDROME DE BULWER [Thalassidroma Bubveri). — Cette espèce se reconnaît à son plumage complètement noir en dessous. Elle se rencontre surtout près des côtes de l'Afrique occidentale. Elle niche à Madère et aux Canaries où on lui fait la chasse après l'époque de la reproduction. Les habitants s'emparent des jeunes encore au nid et les salent pour s'en nourrir. Les chasseurs sont guidés, dans leur recherche, par l'odeur fétide qui s'exhale des trous de rochers qui recèlent ces Oiseaux. LES GOELANDS OU LARIDES Caractères. — Les Laridés sont caractérisés par un bec de longueur variable, comprimé, droit ou légèrement courbé à l'extrémité, à bords tranchants et lisses; des narines percées de part en part dans la substance cornée du bec; des [310J LES MOUETTES. 10 doigts au nombre de quatre, les antérieurs unis par une paimature entière, le pouce, quand il existe, libre et articulé sur le tarse. Ces Oiseaux vivent autant sur les rivages qu'en pleine mer, mais ils s'éloignent souvent à une distance considérable des cotes. Ils s'assemblent généralement en grand nombre pour nicher. Leurs habitudes sont diurnes. On peut les répartir en quatre sous-familles naturelles qui sont : Les Stercoraires ou Lcslridiens; Les Goélands ou Lariens; Les Sternes ou Sier?iieiis\ Les Becs-en-ciseaux ou Rhvnchupieus. LES LESTRIDIENS A cette sous-famille appartiennent les genres caractérisés par la présence d'une membrane ou c-//v très développée qui enveloppe une grande partie du bec, et par une queue cunéiforme. LES STERCORAIRES Caractères. — Les caractères de ce genre sont les suivants : bec un peu moins long que la tète, robuste, à mandibule supérieure terminée par un onglet crochu qui paraît surajouté, à mandibule inférieure anguleuse à la ren- contre de ses branches; narines latérales, linéaires, obliques, plus raprochées de la pointe du bec que de la base; ailes longues, pointues, suraiguës; queue inégale, les deux rectrices médianes souvent très prolongées; tarses médiocres, grêles, delà longueur du doigt médian; pouce court, touchant à peine le sol, ongles grands et crochus. Les Stercoraires ont des mœurs bien différentes de celles des autres Laridés. Ce sont des Oiseaux voraces, querelleurs, hardis, poursuivant les Sternes, les Mouettes et autres Oiseaux de mer pour leur ravir les proies qu'ils ont capturées. lis vivent isolés, et ne s'attroupent qu'à l'époque de la reproduction. Le plumage des différentes espèces est sujet à de grandes variations suivant l'âge, les saisons, et même suivant les individus. Le mâle et la femelle portent cependant la même livrée. LE STERCORAIRE OU LABBE CATARACTE (Stejxoraritis catarractes) . — Caractères. — Cet Oiseau mesure environ o",.^7 de long. Son plumage est, en dessus, d'un brun foncé ra3'é de roux de rouille; en dessous d'un brun cendré nuancé de roussâtre; les plumes de la nuque et du cou sont etHlées, comme usées, celles du reste du corps sont, au contraire, arrondies: l'iris est brun rougeàtre, le bord libre des paupières garni de plumes blanches, le bec brun à la base, noir à la pointe; les pieds noirâtres. Il LES STERCORAIRES. [311] Habitat. — Le Labbe cataracte habite les mers arctiques et antarctiques. Mœurs. — Il attire l'attention par la rapidité et l'adresse de ses mouvements. Il court vite, nage avec vigueur; il vole en fendant l'air avec rapidité, plane sans battements d'ailes. En somme, il a toutes les allures d'un Oiseau de proie. C'est en effet le prédateur le plus terrible parmi tous les Oiseaux pélasgiens; il ne vit en bonne intelligence avec aucun autre. Sa voracité est en rapport avec son besoin incessant d'action; il est toujours en chasse, soit qu'il vole, soit qu'il nage. N'aperçoit-il pas d'Oiseau dans les environs, il va lui-même en chasse, fond sur les Poissons, court sur le rivage et recueille tout ce que les flots ont rejeté, ou attrape, sur le bord, des Vers et des Insectes. Aussitôt qu'il aperçoit de loin d'autres Oiseaux de mer piscivores, il accourt vers eux, les observe, attend qu'ils aient fait une proie, fond sur eux, les attaque, et cela avec autant de force et d'adresse que de courage et d'audace, et continue ses poursuites jusqu'à ce que les Oiseaux lui abandonnent le butin qu'ils viennent de faire. Il lui arrive même fréquemment de s'emparer aussi de l'Oiseau qu'il tourmente. Graba raconte qu'un Labbe brisa d'un coup de bec le crâne d'un Macareux. D'après d'autres observateurs, on l'a vu quelquefois étrangler des Mouettes et des Plongeons lummes, et les déchirer en morceaux. Il s'attaque aux Oiseaux morts ou malades qui flottent sur la mer; et s'il épargne les valides, c'est que ceux-ci se sauvent en plongeant dès qu'il approche. Il pille hardiment les nids des Oiseaux qui couvent, et emporte non seulement les œufs, mais les jeunes et les vieux qu'il y trouve. Un individu que Degland conserva en captivité^ avalait des Chats nouveau-nés vivants, sans les dépecer. C'est au milieu de mai que les couples se dirigent pour se reproduire, soit sur les plateaux des montagnes, soit vers les versants recouverts d'herbe et de mousse. Ils s'y confectionnent un nid de forme circulaire, en herbe ou en mousse. La ponte a lieu en juin; elle est de deux œufs, d'un vert jaunâtre sale, tachetés de brun. Une place à couver, que visita Graba, était peuplée de près de cinquante couples. Nul autre Oiseau ne vient jamais nicher dans le voisinage immédiat du Labbe cataracte, cartons redoutent ce dangereux voisin. Le mâle et la femelle couvent à tour de rôle pendant quatre semaines environ; au com- mencement de juillet, on trouve dans la plupart des nids les jeunes recouverts de leur duvet d'un gris brunâtre. A l'approche d'une personne, ils quittent leur nid avec toute la rapidité dont ils sont capables, sautillent, courent, s'élancent à terre et se cachent. Les vieux, à l'arrivée de l'ennemi, s'élèvent dans les airs en poussant des cris terribles et fondent sur lui avec une ardeur incomparable. Ils redoutent aussi peu l'homme que le Chien, et administrent même souvent au premier de terribles coups sur la tête. Les habitants de Féroë, prétend Graba, portent sur leur chapeau un couteau sur lequel les vieux viennent s'embrocher dans leur élan. A mesure que l'on approche du nid, les vieux entourent de plus près leur importun visiteur, et finissent par se lancer sur lui obliquement, à tel point que l'on se baisse instinctivement pour éviter un coup sur la tête. Les jeunes sont nourris, au début, de Mollusques, de Vers, d'œufs et d'autres [312] LES MOUETTES. 12 aliments de même nature, réduits en pâtée dans le jabot, puis ils reçoivent de petits morceaux de viande et de Poisson, ou de jeunes Oiseaux; ils mangent aussi, lorsqu'ils sont devenus assez indépendants, les différentes baies qui pous- sent dans les environs de leur nid. A la fin d'aoïit, ils ont atteint toute leur taille, ils voltigent encore quelque temps, et finissent par gagner la haute mer vers la mi-septembre. LE STERCORAIRE PARASITE (Stcrcorariiis parasitictts). — Caractères. — Le Stercoraire parasite est un peu moins grand que le Labbe cataracte: il ne mesure que o", 40. Il est en dessus d'un noir de suie avec le derrière et les côtés du cou d'un jaune d'ocre; en dessous d'un blanc plus ou moins pur, avec les flancs d'un brun clair. Les rectrices médianes dépassent les autres de o'°,o8 à o°,i I. Le bec est bleuâtre à pointe noire, la cire verdàtre, les pieds bleuâtres; l'iris brun roussâtre. Habitat. — C'est l'espèce la plus commune. On la rencontre dans toutes les mers boréales de l'Europe, de l'Asie, de l'Amérique; et elle apparaît acciden- tellement dans les régions tempérées. Mœurs. — En dehors de l'époque des amours, le Stercoraire parasite ne vit que sur mer, et souvent à une grande distance de la terre ferme. Son vol ressemble beaucoup à celui du Faucon ou du Milan et permet de le distinguer de loin des Goélands et des Mouettes. Il aies mêmes mœurs que le Labbe cataracte; mais en raison de sa taille, plus faible, il ne s'attaque qu'aux petits Oiseaux de mer. Il niche sur les rochers qui bordent la mer. Son nid, formé d'herbes et de mousses, est construit avec art. La femelle pond deux œufs d'un brun grisâtre ou jaunâtre, parsemés d'un grand nombre de taches irrégulières noirâtres, souvent confluentes au gros bout. LE STERCORAIRE ROMARIN Stercorariiis pomariiiiis). — Cette espèce habite les côtes septentrionales de l'Atlantique, notamment celles de l'Amérique du Nord, Terre-Neuve, l'Islande. A la suite des ouragans, elle est quelquefois jetée sur les côtes de France et même à l'intérieur des terres. C'est ainsi qu'on a signalé la capture de plusieurs de ces Oiseaux dans les vallées de la Savoie. LE STERCORAIRE LONQICAUDE [Stercofariiis loiigicwidiis". — Bien qu'originaire des régions arctiques, le Stercoraire longicaude apparaît quel- quefois dans l'Europe tempérée lorsqu'il y est jeté par la tempête en compa- gnie des Pomarins. ?-» LES L ARIENS Les Lariens se reconnaissent à leur bec solide, crochu; à leurs narines inédianes; à leur queue généralement égale ou échancrée. 13 LES GOÉLANDS OU MOUETTES. [313] On n'en compte pas moins de quatre-vingts espèces répandues dans toutes les parties du globe, et qui ont toutes le même genre de vie qu'exprime très bien leur nom vulgaire de Corbeaux de mer. De même que ces derniers, ils sont d'une grande voracité; ils se repaissent de tous les cadavres qui flottent à la surface des flots, et parfois s'attaquent aux Oiseaux de plus faible taille. Deux genres établissent la transition entre les Stercoraires et les Goélands ou Mouettes : ce sont les R/iodostaties et les Pagophiles, mais leurs mœurs ressemblent à celles des Goélands dont il va être question. LES QOÉLANDS OU MOUETTES Caractères. — Les caractères des Goélands sont les suivants : bec généralement plus court que la tête, robuste, très comprimé dans toute son étendue, la mandibule supérieure arquée et crochue à l'extrémité, l'infé- rieure plus courte, taillée en biseau; narines latérales, linéaires, fendues longi- tudinalement au milieu du bec; ailes longues, pointues, suraiguës; queue carrée ou échancrée ; bas des jambes peu dénudé ; tarses médiocres, de la lon- gueur du doigt médian, minces, scutellés; doigts antérieurs réunis par une pal- mure complète; pouce libre mais très réduit. Ce genre est représenté par un très grand nombre d'espèces rapportées par certains auteurs à plusieurs sous-genres, mais C. Degland et Gerbe ont groupé très logiquement de la façon suivante les espèces qui ont été signalées en Europe : I" Guélaiids dépourvus de capuchon à tous les âges et sous toutes les livrées. A. Espèces dont la queue est égale, le pouce bien développé, le manteau d'un gris cendré paie à l'âge adulte, et chez lesquelles les rémiges n'ont jamais de noir (Goélands proprement dits) : Goéland bourgmestre (Larz/s glaucus); Goéland leucoptère [Larus leucopterus). B. Espèces dont la queue est égale, le pouce bien développé, le manteau d'un gris d'ardoise foncé à l'âge adulte, et chez lesquelles le noir domine sur les rémiges, à l'état parfait : Goéland marin [Larus marinus) ; Goéland brun [Larus fuscus). C. Espèces dont la queue est égale, le pouce bien développé, le manteau, à l'àge adulte, d'un gris bleuâtre plus ou moins clair, et chez lesquelles le gris ou le blanc domine sur les rémiges, à l'état parfait : Goéland argenté [Larus argentatus); Goéland d'Audouin [Larus Audoiiini) ; Goéland railleur [Larus \elastes) ; Goéland cendré [Larus canus). D. Espèces dont la queue est légèrement échancrée dans le jeune âge, égale à l'état adulte, et chez lesquelles le pouce et l'ongle de ce doigt sont rudimentaires : L314j LES MOUETTES. i4 Goéland tridactylc [f.ai-iis tridaclj-lus). 2° Goélands poiirni^ à l'clat adulte., et pendant les ainoiirs seulement, d'un capuchon foncé (Mouettes). A. Espèces dont la queue est égale, le capuchon unicolorc, le manteau gris brun à l'âge adulte, et chez lesquelles le noir domine sur les rémiges : Goéland leucophtalme {Larus leucophthalmus) ; Géoland atricille [Larus atricitla'. B. Espèces dont la queue est égale, le capuchon unicolorc, le manteau gris bleuâtre à l'âge adulte, et chez lesquelles le gris cendré ou le blanc doniinent sur les rémiges, à l'état parfait : Goéland ichthyaëte [Larus icht/ij\ietus] : Goéland rieur [Larus ridibundus) ; Goéland mélanocéphale [Larus melanocephalus); Goéland Bonaparte [Larus Bonapartii -, Goéland pygmée [Larus minulus). G. Espèces dont la queue est notablement fourchue à tous les âges et chez lesquelles le capuchon, à l'état adulte, est limité par une étroite bande plus foncée : Goéland de Sabine (Larus Sabinei). Nous n'étudierons que quelques-unes de , ces espèces, qui ont d'ailleurs toutes à peu près les mêmes mœurs. LEQOÉLANDRIEUR (Larus ridibundus). — Caractères. — Le Goé- land rieur mesure entre o°',37eto°',38. Le mâle adulte, en été, a la tête et la gorge d'un brun foncé tirant sur le rous- sâtre,aveclespaupières entourées de petites plumes blanches; le cou blanc, le dessus du corps ainsi que les couvertures supérieures des Le Goéland rieur ou Mouette rieuse, ailes d'un Cendré très clair; la poitrine, l'abdomen et la queue d'un blanc teinté de rose, cette der- nière couleur disparaissant après la mort de l'Oiseau; l'iris brun, le bec et les pieds rouges. La femelle ressemble au mâle, mais elle est de plus petite taille. En hiver, chez les deux sexes, la tète devient presque blanche avec seulement deux taches noires sur les côtés. 15 LES GOÉLANDS OU MOUETTES. [315] Les jeunes passent par plusieurs mues compliquées avant de revêtir la robe des adultes. Habitat. — Le (ioe'land rieur, ou Mouette rieuse, est répandu dans beaucoup de contrées de l'Europe. Il est abondant en France durant toute l'année sur les côtes et les marécages du Languedoc et du Roussillon, et de passage régulier sur les côtés de la Manche et de la mer du Nord, au printemps. Mœurs. — Tout ce que l'on peut dire sur les mœurs du Goéland rieur s'applique, à quelques légères différences près, aux autre espèces. Ces Oiseaux sont sociables, paisibles; ils vivent toute l'année réunis en familles ou en troupes nombreuses. Ils fréquentent peu la pleine mer, et se tiennent de préférence dans les baies, les rades, les ports, les lacs et les étangs. Accidentellement, ils s'avancent dans l'intérieur des terres, au cours d'une violente tempête ou à l'approche d'un ouragan. Les qualités qu'on leur reconnaît habituellement ne sont pas précisément très flatteuses : ils sont en effet lâches, voraces et criards. Leur régime se com- pose de proies mortes ou vivantes qu'ils ramassent sur les grèves, à marée basse, ou à la surface des flots; ils mangent indifféremment des Mollusques, des Crustacés, des petits Campagnols, des jeunes Oiseaux, ou des détritus de Poissons et de gros Mammifères. Leur vol est aisé, sans être très rapide, et s'exécute sans efforts. Ils nagent bien et avec grâce, mais ne plongent point. A terre, ils marchent à pas précipités, mais néanmoins avec une certaine gravité. Les Goélands ne font pas de nid proprement dit; ils déposent leurs œufs dans les rochers ou sur le sable nu, ou bien ils utilisent une légère dépression du sol qu'ils tapissent de quelques brins d'herbes ou de mousses. Les petits naissent couverts d'un épais duvet; ils restent longtemps au nid avant de pouvoir prendre leur essor. Le nombre des œufs varie de deux ii quatre; leur coloration et leur forme ne diffèrent pas suivant les espèces. Ils sont d'un gris olivâtre ou jaunâtre, avec des taches cendrées et brunes plus ou moins foncées. Chasse. — La chasse à la Mouette se pratique sur les côtes, â marée basse. C'est plutôt un sport destiné à exercer l'adresse du tireur, qu'une chasse véri- table. Captivité. — Ces Oiseaux s'habituent très bien à vivre en captivité, à condition de recevoir un régime convenable, composé surtout de Poissons et de viande. Degland et Gerbe citent le cas d'un Goéland rieur qui vivait en liberté dans le Jardin zoologique d'Anvers. Il se permettait quelquefois des absences de plu- sieurs jours qu'il allait passer sur les bords de l'Escaut ou sur la côte voisine, mais il revenait constamment au Jardin. LE GOÉLAND ARGENTÉ {') {Larus a!-f:r(^ulc!tus). — Caractères. — LcGoéland argenté est une des plus belles espèces du genre. Les mâles et femelles adultes ont, en été, la tête, le cou, lapoitrine,rabdomen et la queue d'un blanc pur : le dessus PI. Ll. — Le Goéland argenté (Planche, p. 3i6K [316J LES MOUETTES. 16 du corps d'un cendré bleuâtre avec l'extrémité des scapulaires blanche ; les couver- tures supérieures des ailes et les rémiges secondaires pareilles au dos, ces der- nières terminées de blanc; les rémiges primaires noires vers le bout, mais ter- minées de blanc; le bec jaune d'ocre, l'iris jaune clair, les pieds couleur de chair. Les jeunes passent par plusieurs mues successives avant de revêtir cette livrée caractéristique qu'ils n'acquièrent qu'à l'âge de trois ans. La taille des mâles est environ de o'",62, celle des femelles, de o°',56. Habitat. — Mœurs. — Le Goéland argenté, ou à Dtaitleau bleu, hahiK^ les par- ties septentrionales et orientales de l'Europe. Il est commun sur les côtes de France. D'après Degland et Gerbe, il se repro- duit sur les hautes falaises de Dieppe, sur celles de la Bretagne, au.\ îles Auri- gny, Jersey, Ouessant, Belle-Ile, etc. Il établit son nid dans les anfractuosités des rochers coupés à pic, dans des endroits inabordables, d'autres fois au pied même des rochers ou sur le sable. Ce nid est composé de quelques menues racines, d'herbes sèches et de zos- tères marines. La ponte est de deux ou trois œufs qui varient beaucoup pour la forme et la couleur; ces œufs présentent, sur un fond brun roux plus ou moins foncé, des taches irrégulières variant du gris cendré au noir. Le Goéland argenté se nourrit de petits Poissons, de Crabes et d'Etoiles de mer qu'il recueille sur les plages, à marée basse. Par son genre de vie et ses allures, il ne se distingue nullement des autres Goélands. LE GOÉLAND TRIDACTYLE(Z.a;;/5 tridactylits .— Caractères.— Cetteespèce doit son nom de tridactyle à ce qu'elle a le pouce et son ongle rudimentaires. Son plumage est d'un blanc éclatant, à l'exception du manteau et du dos qui sont d'un cendré bleuâtre, et des premières rémiges, terminées de noir. Habitat. — Le Goéland tridactyle habite en été les régions arctiques ; en automne il descend dans les régions tempérées et méridionales; on le voit alors assez fréquemment sur nos côtes maritimes de France. Mœurs. — Il se montre plus souvent dans l'intérieur des terres, que les autres Mouettes. Au printemps, il remonte le cours des fleuves et apparaît quelquefcMS dans les marais. Une de ses qualités les plus remarquables est sa sociabilité : il est rare de rencontrer un Goéland tridactyle isolé, généralement il forme des troupes immenses où règne la plus parfaite harmonie. En dehors de l'époque des amours, il est silencieux, mais durant toute cette période, il ne cesse de faire entendre son cri singulier qui ressemble au son d'une petite trompette. Le Goéland tridactyle niche dans les crevasses des rochers escarpés, en sociétés extrêmement nombreuses. Ces colonies sont un des spectacles les plus curieux qu'offrent les îles rocheuses des régions du Nord. PI. LI. — Le Goéland arijenté (Texte, p. 3i5). 17 LES STERNES. [^317] •. Celui qui n'a jamais vu une montagne d'oiseaux occupée par les Mouettes tridactyles, dit Holholl, ne peut pas plus se faire une idée de la beauté parti- culière de ces Oiseaux que de leur nombre. On pourrait comparer peut-être une pareille localité à un gigantesque colombier habité par des millions de Pigeons de même couleur. » Tous les vo\'ageurs ont confirmé l'exactitude de cette comparaison de Holboll. Les nids des (loélands tridactyles sont principalement formés de fucus, mais pendant le cours de l'année, les excréments de ces Oiseaux les comblent parfois presque entièrement. Les œufs, au nombre de trois par couvée, sont d'un blanc sale, nuancés d'olivâtre ou de jaunâtre avec des taches, les unes profondes, d'un cendré clair ou noirâtres, les autres superficielles, brunes avec des petits points d'un noir profond. LES STERNIENS Les Sterniens forment un groupe bien distinct parmi les Laridés. Ils ont des formes élancées; un bec faible et droit, pointu à l'extrémité, des narines pres- que basales; des ailes très longues, étroites, une queue fourchue; des doigts réunis par une palmure échancrée. Le nom d'Hirondelles de mer, sous lequel on les désigne quelquefois, est bien justifié non seulement par la forme de leurs ailes et de leur queue, mais aussi par leur communauté d'allures avec nos messagères du printemps. Les Sterniens ont un vol rapide, élégant, capricieux. Ils rasent la surface de l'eau et saisissent au passage les petits Poissons ou les Insectes dont ils se nour- rissent. LES NODDIS Ce genre établit une transition des Goélands aux Sternes. 11 se rattache aux premiers par quelques caractères tirés de la forme du bec et de la queue, et par des palmures entières aussi développées que celles des (joélands. Ils ont des habitudes plus solitaires que les Sternes, et ils s'éloignent quelque- fois très loin des côtes. L'espèce la mieux connue est le Noddi niais {Anoiis slolidus) qui habite parti- culièrement le golfe du Mexique. LES STERNES Caractères. — Les Sternes sont caractérisés par un bec généralement de la longueur de la tète, pointu, très comprimé dans toute son étendue, l'arête de la mandibule supérieure dessinant une courbe très peu accentuée; des ailes géné- La v,e des animaux illustrée. 1\ . — 23 l318] LES MOUETTES. |s ralcment plus longues que la queue, celle-ci plus ou moins fourchue; des tarses courts, minces; des doigts courts et grêles, le médian aussi long que le tarse; des membranes interdigitalcs médiocrement cchancrées, l'ongle du doigt médian fort et très recourbé. De même que pour les (}oélands, certains auteurs se sont plu a dédoubler le genre Sterne en plusieurs autres genres ou sous-genres basés chacun sur des particularités peu importantes. C. Degland a été mieux inspiré en groupant toutes les espèces de Sternes de la façon suivante : A. Espèces à manteau cendré, à queue peu fourchue, beaucoup plus courte que les ailes; à plumes occipitales médiocrement allongées et pointues ; et chez esquelles le doigt médian, y compris l'ongle, est plus court que le tarse : Sterne Tschegrava [Slcrna caspin) ; Sterne Hansel [Slei'ita ajifflica). B. Espèces à manteau cendré, à queue bien fourchue, un peu plus courte que les ailes ou de la même longueur ; à plumes occipitales allongées et pointues; et chez lesquelles le doigt médian, y compris l'ongle, est à peu près aussi long que le tarse : Sterne Caugek {Sie?'iia cantiaca) ; Sterne voyageuse [Stcrna ajfinis) : Sterne de Berge iSlenia Bcri^ii). C. Espèces à manteau cendré, à queue très fourchue, un peu plus courte ou un peu plus longue que les ailes : à plumes occipitales médiocres, arrondies: et chez lesquelles le doigt médian, y compris l'ongle, est généralement plus long que le tarse : Sterne hirondelle [Slcrna hinnido)\ Sterne paradis (.S'/cn/a paradisca); Sterne de Dougall {Slci-na Doiigallii) ; Sterne naine [Stenia minuta). D. Espèces à manteau brun, à queue très fourchue, un peu plus courte que les ailes; à plumes occipitales médiocrement allongées, arrondies; et chez lesquelles le doigt médian, y compris l'ongle, est plus long que le tarse : Sterne fuligineuse iSterna fuliginosa). LA STERNE WXROf^DEVAJE [Sterna hirundo . — Caractères. — La Sterne hirondelle mesure environ o°',4o dont o"",! 3 au moins appartiennent à la queue, l'échancrure seule ayant environ o'",o8. Elle a tout le dessus de la tête d'un noir profond, les parties supérieures du corps et des ailes d'un cendré bleuâtre, avec les scapulaires et les rémiges termi- nées de blanchâtre; les joues, la gorge, le cou et la queue d'un blanc pur, la poitrine et l'abdomen d'un blanc lavé de cendré brillant; l'iris brun noir, le bec et les pieds rouges. Habitat. — Cette espèce, connue aussi sous le nom de Picrre-Garin, a une aire de dispersion très étendue qui comprend toutes les régions tempérées de l'hémi- sphère boréal. l'.l LES STERNES. f3i9j Klle est très commune sur les eûtes maritimes de la France. Mœurs. — La Sterne hirondelle se plaît à l'embouchure des Heuves ou près des étangs d'eau salée. De même que les élégants Passereaux dont elle porte le nom, elle passe presque toute son existence dans les airs. Son vol est puissant et rapide. Rarement elle se pose sur l'eau et rarement aussi elle descend à terre où elle se meut maladroitement. Elle se nourrit de petits Pois- sons, de Mollusques et autres petits animaux marins; elle cap- ture sa proie à la surface de l'eau en se laissant tomber d'aplomb, mais sans se sub- merger. C'est surtout vers le coucher du soleil qu'elle se met en chasse; sa voracité est très grande. En volant, elle fait enten- dre sa voix criarde et désagréable. La Sterne hirondelle niche habituellement sur les plages maritimes, mais elle s'établit aussi dans les prairies marécageuses peu éloignées de la mer. A cette époque, elle se réunit en bandes nombreuses qui nichent presque en colonies. Ses œufs, au nombre de deux ou trois, varient considérablement sous le rap- port des dimensions et des couleurs. L'ennemi le plus redoutable de la Sterne hirondelle est le Faucon. » La plu- part des Palmipèdes, dit Naumann, cheichent à échapper aux Rapaces en plon- geant; ce n'est pas ce que fait la Sterne hirondelle; elle évite admirablement les attaques du Faucon, et, à chaque attaque, elle s'élève davantage dans l'air. Quelquefois, elle se laisse tomber verticalement ou exécute brusquement quel- ques crochets hardis; en même temps, elle se rapproche de plus en plus des nuages jusqu'à ce que, épuisé, l'Oiseau de proie soit contraint d'abandonner la partie. Mais s'il ne peut réussir à s'emparer des adultes, le Gerfaut prend les jeunes sans beaucoup de peine. Ce rapace, d'ailleurs, parait être l'ennemi né des Sternes hirondelles, et capture souvent les jeunes qui viennent de prendre leur essor. » Les Corbeaux, les grands Goélands prédateurs détruisent aussi nombre de jeunes, bien que les parents les défendent avec un courage héroïque. Parmi les diverses espèces de Sternes, il convient de signaler les suivantes, qui offrent certaines particularités intéressantes dans leurs mœurs ; La Sterne hirondelle. [320j LES MOUETTES. 20 LA. STERNE TSCHEQRAVA Slcriia dispLi . — La Tschegrava se fait remar- quer par sa forte taille, qui est d'environ o'",bb. Elle habite le centre de l'Asie, le sud de l'Europe, une partie de l'Afrique : elle est très commune sur les bords de la mer Caspienne. Craintive et défiante, cette espèce est moins sociable que les autres .Sterniens. Elle se nourrit principalement de Poissons d'assez forte taille. Elle niche en nombreuses sociétés dans les grandes dunes, au bord de la mer. Son nid est établi sur le sable nu, et rarement dans les roseaux. LA STERNE CAUGEK {Slcma t\iiitiaca). — Répandue abondamment sur toutes les côtes de l'Europe, elle apparaît dans le nord de la France et la Belgique vers le mois d'août et aussi en mai. Elle niche sur les plages maritimes, se fait remarquer par sa voix criarde et l'instinct de sociabilité qui unit tous les individus d'une même bande. LA STERNE NAINE [Steriia minuta . — Caractères. — Vulgairement appelée petite Hiro)idelle de mer, cette espèce ne mesure que o"',22 de long. Elle a le front et le dessous du corps blancs, le haut de la tête et la nuque noirs, le manteau et les ailes d'un gris cendré; l'iris brun, le bec iaune-orange, à pointe noire, les pieds rouges. Habitat. — On la rencontre dans toute l'Europe tempérée, l'Asie, l'Afrique, et, dit-on, dans l'archipel Indien et en Australie. Elle est de passage sur les côtes du nord de la France en mai et en août. Elle niche en nombreuses colo- nies sur nos côtes du midi. /VlœurS' — Elle se plait surtout à l'embouchure des Heuves, dans les régions où des bancs de gravier émergent de l'eau. Sa nourriture se compose non seulement de petits Poissons, mais aussi d'In- sectes, de Crustacés, de larves diverses. Elle niche dans de simples dépressions du sol ou entre les petits galets amassés par les eaux sur les bords des fleuves ou des lacs. LES QUIFETTES OU HYDROCHÉLIDONS Les Guifettes ne se distinguent guère des Sternes que par des ailes plus allongées, et des palmures plus échancrées. LAQUIFETTE NOIRE [Hjdrochelidon iiig-ra). — Caractères. — La Guifette noire a la tête, le cou, la poitrine et une partie de l'abdomen d'un noir profond; le dos et la moitié postérieure des scapulaires d'un noir cendré, le bas-ventre et les sous-caudales d'un blanc pur; les petites et moyennes couvertures des ailes blanches, les plus grandes et les rémiges secondaires d'un cendré bleuâtre, avec la pointe plus foncée et la tige blanche : la queue d'un blanc pur, l'iris noir, le bec et les pieds rouges. Habitat. — La Guifette noire habite les zones tempérées de l'hémisphère nord. LES GVIFETTES OU HYDROCHELIDONS. [321] ■>^ Elle est commune sur les côtes delà Méditerranée, et apparaît accidentellement dans le nord de la France, dans les marais de l'Artois et de la Picardie. On la voit au printemps sur les lacs de la Suisse. Mœurs. — Ses mœurs sont très différentes de celles des Sternes, bien qu'elle ait toutes 'es allures de ces dernières. Elle recherche non pas les embouchures des tieuves, mais les grands étangs, les marais aux eaux tranquilles. Ses habitudes sont diurnes: toute son existence se passe à voler au-dessus de la surface de l'eau, c'est-à-dire à chasser les Insectes, les larves aquatiques et les petits Poissons dont elle fait sa nourriture. Les Guifettes ne s'emparent pas de leur proie en fon- dant dessus; elles chassent à la façon des Hi- rondelles; elles rasent la surface de l'eau, exé- cutent des crochets, plus par plaisir, semble-t-il, que par nécessité; elles planent longtemps, et quand elles aperçoi\'ent une proie, elles ne se laissent pas tom- bersurelle brusquement et presque vertica- lement à la manière des Oiseaux plon- geurs : elles des- cendent plus obliquement, etiasaisissent avec leur bec, sans plonger entièrement. " Ces mouvements, dit Brehm, s'exécutent cependant avec une grande rapidité; aussi, voir une Hydrochélidon pécher, c'est assister à un spectacle toujours changeant. Lorsque le vent est violent, l'Hydrochélidon est contrariée dans son vol. Plus encore que chez ses congénères, ses ailes sont trop longues, relativement au poids de son corps et à la puissance de ses muscles. Mais quand le temps est beau, elle règne dans l'air en souveraine; elle s'élève jusque dans les nuages, en décrivant les cercles, les crochets les plus gracieux: puis, de cette hauteur, elle redescend sur quelque petite pièce d'eau pour l'explorer et y continuer sa chasse. Contrairement aux autres Sternidés, elle se montre sans crainte et confiante à l'égard des autres êtres vivants. Dans nos contrées, elle fuit encore l'homme, mais dans le midi de l'Europe et en Egypte, où personne ne lui est hostile, elle pèche et vaque à ses occupations tout à côté de l'homme; elle arriveen volant si près de lui, qu'on croirait pouvoir la prendre avec la main. Cependant, ses allures changent, une fois qu'elle a été chassée, et des pour- suites réitérées peuvent la rendre extrêmement défiante et prudente. La Guit'ette noire. f322] LES MOUETTES. 2J Elle ne s'inquiète guère des autres Oiseaux, bien qu'elle soit fort sociable et qu'il soit très rare de voir un individu isolé. Les membres d'une même bande sont très attachés les uns aux autres; ils demeurent toujours ensemble; ils vaquent en commun à leurs occupations ; sauf quelques agaceries peu sérieuses, ils vivent entre eux dans la meilleure harmonie. Le malheur qui frappe l'un des membres d'une pareille société est profondément ressenti par les autres. Un coup de feu a-t-il fait tomber à terre une Hydrochélidon, ses compagnes se réunissent autour d'elle, non par jalousie comme on l'a prétendu, mais par compassion, pour essayer de la secourir; peu courageuses de leur naturel, elles n'osent s'attaquer qu'à des adversaires qu'elles savent bien inférieurs à elles sous le rapport du vol, et elles fuient timidement tous ceux qui pourraient leur être dangereux. Les Hydrochélidons nichent dans l'intérieur des marais. Elles construisent leurs nids les uns près des autres, sur de petits monticules de vase qui émergent au-dessus de l'eau, dans des touffes d'herbes ou de joncs, sur des îlots flottants de joncs, de roseaux, sur des feuilles de nénuphar: mais, alors même qu'ils flottent, ces nids sont souvent détruits par une subite crue des eaux. Excep- tionnellement, on en trouve au milieu des feuilles de roseaux élevés, ou même sur des buissons. Le nid des Hydrochélidons varie suivant l'endroit où il est établi; mais, en somme, il ressemble à celui des autres Sternidés. Le fond en est formé d'une couche souvent considérable de matières végétales, au centre de laquelle est creusée une légère dépression. Des feuilles sèches, des joncs, des roseaux, des racines, sont les matériaux de cette construction, toujours gros- sièrement établie. Au commencement de juin, on y trouve généralement trois (eufs, rarement deux ou quatre. Ces œufs sont courts, fortement ventrus, à coquille mince, finement grenue, terne, d'un brun foncé, parsemé de taches et de points d'un brun rouge et d'un brun noir. Les jeunes éclosent après quatorze ou seize jours d'incubation; ils quittent le nid quinze jours après, quand ils savent un peu voler. Les parents montrent pour eux beaucoup de sollicitude, les défendent en cas de danger avec un courage extraordinaire. Lorsque les jeunes peuvent voler, ils suivent encore longtemps leurs parents dans toutes leurs excursions, leur demandant sans cesse à manger; et souvent encore, il les tourmentent ainsi pendant qu'ils émigrent. » LA QUIFETTE FISSIPÈDE OU STERNE ÉPOLVANTAIL Ilydrochclidou fis- sipes). — Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente. On la rencontre dans les mêmes régions. Elle est très commune en France. Elle niche dans les endroits marécageux, parmi les roseaux, quelquefois sur les grandes feuilles de nénuphar qui flottent sur les eaux. Son nid est construit avec art, à l'aide d'herbes sèches et de feuilles de roseaux. On prend cette espèce en grandes quantités dans nos marais pour appro- visionner les marchés des grandes villes. LES BEC-EN-CISEAUX. [323] LES RHVNCHOPIENS Les Rliynchopiens ont pour caractère essentiel la forme de leur bec, celui-ci formé de deux mandibules inégales, la supérieure la plus courte, comprimées latéralement, a bords tranchants. Cette famille ne comprend que l'unique genre suivant : LES BEC-EN-CISEAUX Caractères. — Les Oiseaux de ce genre doivent leur nom à la disposition en viseaux de leurs mandibules. Ils ont encore pour caractères : un cou allongé, une tête petite, des ailes très longues, une queue moyenne et fourchue ; des tarses médiocres, grêles, un pouce très réduit, une membrane interdigitale fortement échancrée. LE BEC-EN-CISEAUX ORIENTAL (/?/n-"co/'Sor/e;7/a//5). —Caractères. —Cette espèce a le front, la face, la queue, les Hancs et les extrémités des grandes cou- vertures des ailes d'un blanc pur; le dessus de la tète et du cou, la gorge et le manteau d'un brun noir ; l'iris brun; le bec et les pieds rouges. Sa taille est d'environ o°',45. Habitat. — Le Bec-en-ciseaux oriental, ainsi que ses trois ou quatre congé- nères du même genre, habite les mers tropicales. Mœurs. — Ses moeurs sont crépusculaires ou nocturnes. Pendant le jour, il se tient immobile et généralement couché, sur les bancs de sable, à l'embou- chure des fleuves. Mais dès le coucher du soleil, il se met en mouvement, fait entendre son cri, et se dirige vers la surface des flots pour commencer sa chasse. Il se nourrit surtout d'Insectes et de Mollusques. La structure particulière de son bec est, sans aucun doute, en rapport avec le genre de nourriture qui convient le mieux à cetOiseau, mais n'a pas encore reçu néanmoins d'explication satisfaisante. « Le vol du Bec-en-ciseaux oriental, dit Brehm, est léger, beau et singulier en même temps, caries ailes doivent être fortement relevées pour que leurs extré- mités ne troublent pas la surface de l'eau. La longueur particulière du cou de ces Oiseaux rend possible une pareille manière de voler, et leur permet de tenir leur corps à quelques pouces au-dessus de la surface des eaux, dans lesquelles ils doivent néanmoins plonger une bonne partie de leur bec. Le Bec-en-ciseaux chasse sur des étendues de plusieurs lieues du cours du fleuve, surtout alors qu'il habite en nombreuse compagnie la même ile et que, comme conséquence, son territoire de chasse se trouve partagé parles autres. Dans l'Afrique centrale, il déserte rarement le fleuve pour aller chasser dans le voisinage, sur les étangs formés par les pluies, tandis que dans le sud-est et dans l'ouest du continent, il [324] LES MOUETTES. 24 se plaît a chercher, comme son congénère d'Amérique, des parties plus tran- quilles de la mer. On entend souvent les bandes volantes pousser leur plainte particulière, petit cri qu'il est difficile de rendre par des mots et qui n'est com- mun à aucun des Oiseaux que je connais. » Les Bec-en-ciseaux nichent dans des cavités creusées dans le sable. Ils pondent de trois à cinq œufs semblables a ceux des Sternes. Les Cygnes, les Oies et les Canards LES ANATIDES Les Anatidés forment la troisième grande division de l'ordre des Palmipèdes, celle des Palmipèdes lamdli)-oslres, caractérisés par un bec déprimé ou arrondi, recouvert en grande partie d'une peau molle riche en filets nerveux et dont les bords des mandibules sont garnis de petites lamelles transversales dentiformes. Ces Oiseaux ont un corps lourd, ramassé, un cou long et très mobile; des ailes médiocres dépassant rarement l'extrémité delà queue; des tarses courts, les trois doigts antérieurs réunis par une palmure complète; le pouce libre et parfois muni, chez les meilleurs plongeurs, d'une petite membrane natatoire isolée. Un caractère qui, avec la structure du bec, leur est assez spécial, est la forme de la langue; celle-ci est épaisse, charnue, garnie de nombreuses papilles, et très mobile. Les Anatidés sont de bons voiliers, ils parcourent de longues distances d'un vol rapide et soutenu. Ils sont aussi d'excellents nageurs et plongeurs. Ils habitent les lacs, les étangs, se nourrissent de Vers, Mollusques, qu'ils vont pêcher dans la vase, les bords de leur bec fonctionnant comme un crible pour retenir les proies de petites dimensions tout en laissant écouler l'eau au dehors. Beaucoup d'espèces ont des habitudes crépusculaires ou nocturnes. Les uns sont polygames, d'autres monogames, mais tous sont très féconds; les femelles couvent seules; les petits naissent couverts d'un duvet épais et abandonnent le nid aussitôt après leur naissance. La famille des Anatidés se divise en cinq sous-familles naturelles qui sont : Les Cygnes ou Cygniens\ Les Oies ou Aiiser-iens ; Les Canards ou A>iaiieiis; Les Hydrobates ou Fuliguliens; Les Harles ou Mergiens. La vie des animaux illustrée. IV. — 24 f326J LES CYGNES. LES OIES ET LES CANARDS LES CVGNIENS Les Cygniens sont des Palmipèdes de grande taille, pourvus d'un cou exces- sivement long et hors de proportion avec la hauteur des jambes. Leurs lorums sont nus, leurs ailes amples, à rémiges cubitales ou brachiales plus longues que les grandes primaires. Leur trachée-artère est sans renflement, mais elle forme, chez quelques espèces, des replis qui se logent dans l'épaisseur du ster- num. Ce sont des Oiseaux essentiellement nageurs. Cette sous-famille ne comprend qu'un seul genre. LES CYGNES Caractères. — Les Cygnes se distinguent aisément, à première vue, des autres genres voisins par leurs formes générales, leur cou allongé mais gra- cieux. Ils ont encore pour caractères : un bec de la longueur de la tête, d'égale lar- geur dans toute son étendue, épais à la base qui est renllée ou surmontée d'un tubercule charnu; des narines médianes, latérales, des ailes amples, subaiguës; une queue courte, arrondie ou carrée; des tarses épais, de la longueur ou plus courts que le doigt interne; des palmures amples, entières; un pouce très petit, ne portant à terre que par l'extrémité de l'ongle. Les différentes espèces de ce genre se rencontrent dans toutes les contrées de la terre, mais se répartissent de la façon suivante : r Espèces d'origine européenne ou asiatique : Cygne muet, CN'gne chanteur, Cygne de Bewik; 2° Espèces d'origine américaine : Cygne à cou noir. Cygne à cou blanc de la Plata et du Chili; 3° Espèce d'origine australienne : Cygne noir de la Nouvelle-Hollande. LE CYGNE CHANTEUR [Cygnus férus). — Caractères. — Le Cygne chanteur ou C)-gnc sauvage mesure environ i^jbo de long. Son envergure varie entre 2°',5o et 3"°, 60. Il a tout le plumage d'un blanc pur, avec le dessus de la tête et le haut de la nuque légèrement teintés de jaunâtre; le bec, dépourvu de caroncule charnue, est noir dans sa partie antérieure, jaune dans le reste de son étendue, les lorums nus et jaunes, l'iris d'un brun noir, les pieds noirs. La femelle ne dilTère du mâle que par sa taille un peu moindre. Les jeunes sont d'abord d'un gris clair, avec le bec et les pieds rougeàtres, puis après la deuxième mue, ils sont maculés de blanc; enfin, ils prennent le plumage des adultes. Habitat. — Le Cygne chanteur habite les régions du cercle arctique; l'hiver, 3 LES CYGNES. [327] il émigré dans les zones tempérées et même jusque dans le nord de l'Afrique. Mœurs. — La description des mœurs et du genre de vie du Cygne chanteur s'applique également à toutes les autres espèces. Par leurs allures, les Cygnes diffèrent de presque tous les autres nageurs. L'eau est véritablement leur domaine; ils ne vont pas à terre volontiers, et ils ne se décident à voler que quand la nécessité les y contraint. Leurs pattes, insérées très en arrière de leur corps, ne leur permettent pas de marcher facile- ment; leur démarche semble lourde et vacillante. Ils ne volent qu'avec de grands efforts, surtout au moment où ils s'enlèvent de dessus l'eau, mais ils le font rapidement lorsqu'ils sont arrivés à une certaine hauteur; lorsqu'ils sont à terre, ils prennent difficilement leur essor, aussi n'aiment-ils pas à s'y abattre. Avant de s'envoler, ils étendent le cou horizontalement, battent des ailes, frappent de leurs larges pattes palmées la surface de l'eau, et ainsi, moitié volant, moitié courant, ils franchissent de quarante à quatre-vingts pas, en produisant un bruit assez fort. Ce n'est qu'après ce trajet qu'ils ont un élan suffisant pour pouvoir s'envoler. Ils étendent alors leur cou dans toute sa longueur, étalent large- ment leurs ailes, en frappant l'air à coups redoublés, et produisent un bruisse- ment assez désagréable, entendu de près, mais qui, de loin, ne manque pas d'une certaine harmonie, et rappelle un peu le son lointain d'une clochette. Pour s'abattre, ils descendent les ailes étendues et immobiles, ils arrivent obli- quement à la surface de l'eau, la touchent, glissent assez loin sur elle, et étendent leurs pattes pour ralentir leur vitesse. Les Cygnes se nourrissent de végétaux aquatiques, de racines, de feuilles, de graines, d'Insectes, de larves, de Vers, de Mollusques, de petits Reptiles, de Poissons. Ils ne sont pas herbivores au même degré que les Oies, ni carni- vores comme les Canards; pour le régime, ils tiennent le milieu entre ces deux familles. Ils prennent leurs aliments en barbotant; ils enfoncent leur long cou dans l'eau, y cueillent des plantes, ou remuent la vase pour y prendre de petits ani- maux. Ils ne peuvent vivre dans des eaux profondes, si des myriades de petits animaux ne peuplent les couches supérieures de ces eaux. En captivité, ils s'habituent au régime le plus varié; mais ils préfèrent tou- jours les substances végétales. Sous le rapport de l'intelligence, les C3'gnes ne le cèdent pas aux autres Lamel- li rostres. Ils sont prudents, judicieux; ils règlent leur conduite suivant les circons- tances, suivant les dispositions que l'homme leur montre ; mais il est rare qu'ils dépouillent entièrement leur timidité et leur sauvagerie naturelles. Dans leurs mœurs, tout respire un sentiment de contentement d'eux-mêmes, de conscience de leur dignité, d'amour de la domination, qui se traduit vis-à-vis de leurs semblables du même sexe en querelles, vis-à-vis des animaux plus faibles en despotisme. Ce n'est qu'entre Cygnes de même espèce que se forment des sociétés nombreuses, et ils ne souffrent au milieu d'eux aucun étranger; un Cygne isolé préfère même rester solitaire, que de se mêler à d'autres Oiseaux. Ils sont méchants pour les espèces plus faibles qu'eux; la domination qu'ils conquièrent facilement sur elles ne semble pas les satisfaire; souvent, ils poursuivent d'autres Oiseaux [328J LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 4 nageurs, les attaquent avec fureur, les tuent, sans autre motif apparent que celui de faire preuve de leur force. La voix du Cj'gne se traduit par une sorte de gloussement sonore. Elle a donné lieu, dans l'antiquité, aux légendes les plus curieuses, mais que Schilling a réduites à leurs justes proportions. « Le Cygne chanteur, dit-il, charme l'amateur, non seulement par sa beauté, sa grâce, sa prudence, mais encore par sa voix l'orte, riche en notes pures et variées ; il la fait entendre à toute occasion ; c'est un cri d'appel, d'avertissement. Quand il est réuni à ses semblables, il semble causer avec eux ou rivaliser à qui chantera le mieux. « Lorsque par les grands froids, la mer est couverte de glace dans les endroits non occupés par les courants, que les Cjgnes ne peuvent plus se rendre là où l'eau peu profonde leur garde une nourriture abondante et facilement acces- sible, alors on voit ces Oiseaux se rassembler par centaines sur les points où des courants maintiennent la mer libre et leurs cris mélancoliques racontent leur triste sort; souvent alors, dans les longues soirées d'hiver, et pendant des nuits entières, j'ai entendu leuis cris plaintifs retentir à plusieurs lieues. On croit entendre tantôt des sons de cloches, tantôt des sons d'instrument à vent; ces notes sont même plus harmonieuses ; provenant d'êtres animés, elles frappent nos sens bien plus que des sons produits par un métal inerte. C'est bien là la réalisation de la fameuse légende du chant du Cygne ; c'est, en effet, souvent le chant de mort de ces superbes Oiseaux. Dans les eaux profondes, où ils ont dû chercher un refuge, ils ne trouvent plus de nourriture suffisante; affamés, épuisés, ils n'ont plus la force d'émigrer vers des contrées plus pro- pices, et souvent on les trouve sur la glace, morts ou à moitié morts de faim et de froid. Jusqu'à leur trépas, ils poussent leurs cris mélancoliques... » Telle est l'origine du fameux chaut du Cr^ue, célébré par les poètes. « Il faut bien leur pardonner leurs fables, dit BufFon, en parlant de ces derniers : elles étaient aimables, touchantes; elles valaient bien de tristes et d'arides vérités, c'étaient de doux emblèmes pour les âmes sensibles. Les Cygnes, sans doute, ne chantent point leur mort: mais toujours, en parlant du dernier essor et des derniers élans d'un beau génie prêt à s'éteindre, on rappellera avec sen- timent cette expression touchante : c'est le chant du Cygne. » A l'époque des amours, les Cygnes mâles se livrent entre eux de violents combats pour la possession d'une femelle. Ils donnent souvent des témoignages de jalousie, d'envie, de fourberie. Par contre, le mâle et la femelle d'un même couple ont l'un pour l'autre une grande fidélité, et, une fois unis, ils le sont pour la vie. Les parents ne témoignent pas moins de tendresse à leur progéni- ture; si le mâle ne prend pas part directement à l'incubation, il reste toujours auprès de sa femelle, veillant sur elle, se couchant à ses côtés, la distrayant par sa présence. La femelle construit le nid ; le mâle se borne à lui apporter dans son bec les matériaux qu'il est parfois allé chercher au loin. Le nid est très grand, construit sans art, formé de toutes sortes de plantes aquatiques et d'une dernière couche de joncs secs. La femelle cherche de petits îlots bien abrités pour l'y établir; à défaut, elle r, LES CYGNES. [3291 entasse des plantes, en forme un îlot flottant et assez grand pour porter le couple. Chaque couvée est de six à huit œufs, à coquille épaisse, d'un blanc sale ou d'un vert pâle sale; l'incubation est de cinq à six semaines; les jeunes éclosent couverts d'un duvet épais; ils restent environ un jour dans le nid, à se réchauffer et à se sécher, et sont ensuite conduits dans l'eau, où ils apprennent à chercher leur nourriture : la femelle les porte souvent sur son dos ; la nuit, elle les garde sous ses ailes; en cas de danger, elle les défend avec vaillance, leur prodigue ses soins jusqu'à ce qu'ils aient leur plumage complet, et qu'ils soient en état de se suffire à eux-mêmes. Ils quittent alors leurs parents, et pour toujours. Si, l'année suivante, ils reviennent à leur lieu natal, les parents les traitent comme des étrangers et les chassent hors de leur domaine. Chasse. — La chasse au Cygne est difficile, car cet Oiseau est craintif et pru- dent. Elle se pratique surtout à l'époque des migrations. La chair du Cygne âgé est dure et coriace. Aussi la seule raison de cette chasse est de se procurer des plumes très appréciées dans le commerce. LE CYGNE NAIN, OU DE BEWICK [Cygniis miuor). — Cette espèce, dont les caractères diffèrent peu de ceux du Cygne sauvage, n'atteint, chez les mâles, qu'une taille de i"',26. Elle habite l'Islande, la Sibérie et se montre accidentellement de passage dans le nord de l'Europe, notamment en France. LE CYGNE MUET [Cygniis maiisueliis). — Caractères. — Le Cygne muet a tout son plumage d'un blanc éclatant; le bec rouge, avec l'onglet, les narines et les bords des mandibules noirs ; l'iris brun foncé ; le bord libre des paupières, les lorums, et la caroncule charnue qui surmonte le bec, d'un noir profond; les pieds d'un noir rougeâtre. Sa taille est de i"',46 environ. La femelle porte la même livrée que le mâle, mais sa taille est moindre. Les jeunes, d'abord couverts d'un épais duvet gris chez les mâles et gris brun chez les femelles, revêtent d'abord un plumage d'un brun cendré avant d'ac- quérir progressivement la livrée éclatante des adultes. Habitat. — ' Le Cygne muet habite les contrées orientales du nord de l'Europe. Il émigré jusque sur nos côtes de France, pendant les hivers rigoureux. Mœurs. — Par ses moeurs et son genre de vie, il ne se distingue pas du Cj'gne sauvage. C'est à cette espèce qu'il faut rapporter les Cygnes domestiques que l'on élève pour l'ornement des pièces d'eau dans les parcs. Il se fait remarquer, en effet, par une grande aptitude à la vie captive. Son régime est omnivore. Sa longévité est très grande : elle peut atteindre cent ans. On rencontre fréquemment dans les couvées du Cygne muet des jeunes qui, à la naissance, sont déjà entièrement blancs. C'est sur cette particularité acciden- telle que certains auteurs avaient voulu créer-la race dite du Cygne invariable. Captivité. — Les qualités qui font du Cygne l'un des ornements les plus recherchés des pièces d'eau de nos parcs, ne pourraient être mieux mises en relief [330] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. que par ces lignes emphatiques de Bufton : « Les grâces de la figure, la beauté de la forme répondent, dans le Cygne, à la douceur du naturel; il plaît à tous les yeux, il décore, il embellit les lieux qu'il fréquente; on l'aime, on l'applaudit, onj l'admire; nulle espèce ne le mérite mieux. La nature, en effet, n'a répandu sur aucune de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l'idée de ' ses plus charmants ouvra- ges : coupe de corps élé- gante, formes arrondies, gracieux contours, blan- cheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon, tout, dans le Cygne, respire la volupté, l'enchantement que nous font éprouver la grâce et la beauté. Tout Le Cygne blanc ou muet. " nOUS l'annonce, tOUt justifie la spirituelle et riante mythologie d'avoir donné ce charmant Oiseau pour père à la plus belle des mortelles. » Cependant, bien que les auteurs grecs et romains parlent fréquemment du Cygne, dans leurs écrits, l'origine de la véritable domestication de cet Oiseau est entourée de la plus grande obscurité. En France, il semble que les premiers essais remontent au xv'' siècle. Les Cygnes en captivité ne réclament pas de bien grands soins, s'ils peuvent disposer d'une grande pièce d'eau où ils trouvent des graines, des plantes aqua- tiques, des Vers, des Grenouilles, des Insectes, de l'herbe. Il sutlit d'adjoindre à ces aliments naturels un peu d'avoine, ou quelques pâtées de son et de farine, pour compléter leur régime (*). LE CYGNE A COU NOIR (**) [Cygniis iiigi-icollls). — Caractères. — Cette espèce a, comme son nom l'indique, la tête et le cou noirs ; le reste du plumage est d'un blanc pur; le bec gris; une ligne naso-oculaire et les pattes rouges. HuhitJt. — Il vit à l'état sauvage dans l'Amérique du Sud, mais il est aujour- d'hui tout à fait acclimaté en Europe. LE CYGNE NOIR DE LA NOUVELLE-HOLLANDE (**') [Cygnus atratus). — Caractères. — Le Cygne noir est d'une taille un peu inférieure à celle du (') PI. LU. — Cygnes domestiques et leurs jeunes iPlanche, p. 332|. (") PI. LUI. — Cygnes blancs domestiques et Cygnes noirs (Planche, p. 332). ("*| PI. LIV. — Le Cygne noir de la Nouvelle-Hollande (Planche, p. 332). 7 LES CYGNES. [331] Cygne muet. Il a tout son plumage noir, avec les bordures des plumes tirant sur le gris noir, les rémiges primaires et plusieurs rémiges secondaires d'un blanc éclatant ; le bec dépourvu de caroncule, d'une couleur rouge-carmin, avec une bande en arrière de la pointe et l'extrémité des deux mandibules qui sont blanches; l'iris rouge, les pattes noires. Habitat, — Il est originaire de l'Australie, où on le trouve à l'état sauvage. Mais il est exposé à disparaître en raison de la chasse acharnée qu'on lui fait. Il se montre en quantités innombrables dans les parties peu explorées de l'intérieur. D'après Bennett, on trouve parfois réunis des milliers de ces Oi- seaux, et ils sont si peu craintifs qu'on peut en tuer sans peine autant qu'on veut. En hiver, les Cygnes noirs arrivent en Australie et s'y tiennent dans les lacs et dans les grands étangs, réunis par petites bandes, probablement formées chacune par une famille ; au printemps, c'est-à-dire pendant nos mois d'automne, ils se dirigent vers les endroits où ils nichent. Mœurs. — D'après Gould, la saison des amours du Cygne noir aurait lieu d'octobre a janvier: cet auteur trouva des œufs nouvellement pondus au milieu de janvier et des jeunes couverts de duvet dès le mois de décembre. Le nid con- siste en un grand amas déplantes marécageuses et aquatiques de toute espèce; il est tantôt flottant, tantôt établi sur quelque îlot. Les œufs, au nombre de cinq à sept, sont d'un blanc sale ou d'un vert pâle, couverts de taches confluentes d'un vert fauve. Ils ont o°',i2 de long et o^joS de large, et ne sont dès lors guère plus petits que ceux du Cygne muet. La femelle couve avec ardeur pen- dant que le mâle veille fidèlement sur elle. Les jeunes éclosent couverts d'un duvet roux ou grisâtre. Dès le premier jour de leur existence, ils nagent et ils plongent et peuvent ainsi échapper à bien des dangers. Le Cygne noir a beaucoup des habitudes du Cygne muet; toutefois, il crie beaucoup plus fréquemment. Dans la saison des amours, notamment, il fait souvent entendre son cri singulier, assez semblable à un son de trompette étouffé, mais difficile à exprimer. Une note basse, peu distincte, est suivie d'une seconde plus haute, sifflante, mais également peu distincte. L'Oiseau ne semble les lancer qu'avec effort. En criant, il étend son long cou sur l'eau. Le Cygne noir semble être aussi querelleur avec ses semblables, aussi despote etméchantavec les animaux plus faibles, que ses congénères européens, surtout que le Cygne chanteur, avec lequel cependant il vit en assez bonne harmonie, hors la saison des amours. Captivité — Le Cygne noir fut importé pour la première fois en France vers 1807, à la Malmaison. Il s'acclimata très rapidement, et aujourd'hui, il est presque aussi commun dans les jardins zoologiques que le Cygne muet. Les jeunes sont un peu plus frileux que ceux de ce dernier; on les élève avec des pâtées de farine d'orge mélangée à des herbes hachées, du pain trempé dans du lait, de l'avoine écrasée, etc. On leur donne aussi un peu de viande hachée, des œufs durs, puis des Escargots, des Crustacés. Le seule race domestique créée par les éleveurs depuis la domestication des Cygnes est la race pie-noire à bec rouge. [332] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. LES ANSERIENS Les Anscriens ont des caractères qui les distinguent nettement des autres Anatidés. Leur bec est plus étroit à l'extrémité qu'à la base; la mandibule inférieure est découverte de la base à l'extrémité; leurs jambes sont placées très peu a l'arrière du corps; leurs tarses sont élevés; leurs ailes longues; leur trachée ne présente, à sa partie inférieure, ni renflements, ni replis. Ces Oiseaux sont plus marcheurs que les autres Anatidés. Ils vont peu sur l'eau et recherchent plutôt leur nourriture en broutant l'herbe des prairies qu'en barbotant dans la vase; aussi leur régime est-il essentiellement végétal. Ils ont un vol élevé, soutenu, mais peu rapide. LES PLECTROPTÈRES Les Plectroptères sont des Oies de forte taille, ayant un corps allongé, un cou long, un bec grand et fort, pourvu, comme chez les Cygnes, d'une caron- cule charnue à la base de la mandibule supérieure; des jambes hautes, des doigts longs, entièrement palmés; des ailes longues pourvues, au poignet, d'un ergot puissant. Au genre Plectroptère appartiennent plusieurs espèces considérées, par cer- tains auteurs, comme de simples races. Telles sont : l'Oie de Guinée, ou de Gambie; l'Oie de Siam; l'Oie de Chine, de Madagascar, etc. LES CYGNOPSIS Le genre Cygnopsis a été créé pour quelques espèces d'Oies qui, par l'en- semble de leurs formes, rappellent autant les Cygnes que les Oies. LE CYGNOPSIS DU CANADA {Cygnopsis canadensis). — Caractères. —Cette espèce, appelée aussi Oie à cravate, a la tête et le cou noirs, à l'exception d'une bande blanche un peu en arrière de la gorge; la poitrine et le ventre d'un blanc grisâtre; le dos gris brun, les rémiges primaires d'un brun foncé, les secondaires et les rcctrices noires; l'iris gris brun, le bec et les pattes noirs. Habitat. — .autrefois très répandue dans toute r.\mérique du Nord, l'Oie à cravate tend à restreindre de plus en plus son habitat. Mœurs. — Ses mœurs sont les mêmes que celles des Oies sauvages de l'Europe dont il va être question. PL LU. — Cygnes domesiiques et leurs jeunes (Texte, p. 33o). PI. LUI. — Cygnes blancs domestiques et Cygnes noirs (Texte, p. 32oK PI. LIV. — Cygne noir de la Nouvelle-Hollande (Texte, p. 33o|. 9 LES OIES. [333] Son aptitude a la domestication, et à la production avec les Oies communes d'hybrides d'un engraissement facile, la fait très apprécier des éleveurs. LES OIES Caractères. — Les Oies ont le bec à peu près aussi long que la tête, très élevé à son origine, un peu renflé au bout; la mandibule supérieure garnie de lamelles espacées, saillantes, en forme de dents, et dirigées en arrière; l'onglet supérieur presque aussi large que l'extrémité du bee, et médiocrement courbé; leurs ailes sont longues, aiguës, dépassant la queue, celle-ci moyenne, arrondie sur les côtés ; leurs tarses épais, presque aussi longs que le doigt médian. Toutes ont un plumage sans éclat, peu varié et où dominent les teintes grises. L'OIE CENDRÉE (Aiiser cinereus). — Caractères. — L'Oie cendrée mesure de o°',8o à un mètre. Son plumage est d'un gris cendré assez uniforme; les plumes des parties supérieures sont d'un cendré brun et lisérécs de blanchâtre, passant au blanc pur vers le croupion; celles du ventre et les sous-caudales également d'un blanc pur. La femelle est d'une taille moindre; son plumage est, en dessus, d'un cendre plus clair. Habitat. — L'Oie cendrée, ou Oie première, Oie sauvage, habite les contrées orientales de l'Europe. Elle est de passage régulier en France à l'approche des grandes gelées et immédiatement après l'hiver. Mœurs. — De même que ses congénères, l'Oie cendrée est un Oiseau sociable, vivant et voyageant par troupes. Elle fréquente les bords de la mer, les étangs, les prairies. L'été, elle se reproduit dans les contrées boréales; l'hiver, elle descend dans les régions tempérées. Les bandes d'Oies qui vivent à l'état sauvage affectent dans leur vol une disposition géométrique qui leur est commune avec les Grues et autres grands Échassiers. Tous les individus d'une même troupe se disposent en forme de V renversé; d'autres fois, ils se placent en une seule ligne oblique. Leurs voyages s'accomplissent pendant la nuit, et l'on est averti de leur passage par les cris qu'ils ne cessent de faire entendre tout en volant. D'un naturel craintif et détiant, l'Oie cendrée s'enfuit à la moindre apparence de danger, en poussant de grands cris. Elle ne se mêle jamais aux autres espèces. Mais si elle ne contracte pas amitié avec ses congénères, par contre, l'union qui retient les membres d'une même famille est très intime: aussi est-il exces- sivement rare de rencontrer une Oie cendrée seule. Jusqu'à l'entrée du prin- temps, les individus d'une même famille ne se séparent pas ; à l'époque du retour, ils sont souvent encore réunis et les parents ne chassent leurs petits, âgés maintenant d'un an, qu'au moment où ils vont nicher de nouveau. L'Oie cendrée se nourrit surtout de graines et de jeunes pousses de végétaux. Dès leur arrivée au printemps, les couples déjà formés se choisissent des ti [334] LES CYGNES. LES OIES ET LES CANARDS. 10 localités convenables pour y construire leur nid; les jeunes mâles de deux ans cherchent une compagne; tandis que les Oies encore incapables de se reproduire se réunissent sur d'autres points des marais. L'Oie cendrée choisit avec beaucoup d'intelligence l'endroit où elle va établir son nid. Celui qui va à la recherche de ce nid doit se persuader qu'il ne le rencontrera que dans les parties du marais les plus écartées, les plus cachées, les plus inaccessibles. Chaque paire niche l'une près de l'autre, mais chacune a son domaine propre, dans lequel elle ne souffre aucun intrus. Le mâle fait ardemment la cour à sa femelle; il tourne autour d'elle, dans une attitude fière, en hochant la tête, et la suit partout. On dirait un jaloux qui surveille toutes les démarches de sa compagne ; il combat courageusement tout mâle encore céliba- taire qui se montre devant lui; il veille soigneusement à la sécurité de sa , femelle. Souvent, les combats entre mâles rivaux deviennent très violents; les deux adversaires se prennent au cou avec leurs becs, se frappent des ailes avec une telle violence qu'on entend de fort loin le bruit de chaque coup. Les femelles assistent d'ordinaire à la lutte, et, le cou étendu et incliné, babillent activement sans qu'on puisse reconnaître si leurs cris répétés : taahtahtat, tahtat, tatatat, doivent exciter ou dimi- nuer l'ardeur des combattants. Après l'accouplement, la femelle s'occupe acti- -> vement à ramasser les matériaux destinés à la construction de son nid, el le mâle l'accompagne • pas à pas. Celui-ci ne prend pas une part di- recte au travail, mais il le surveille et veille cons- tamment [à la sûreté de sa compagne. Ses regards ex- plorent continuellement tous les alentours. L'Oie com- mence par rassembler les matériaux qui sont le plus à sa portée; elle les choisit avec plus de soin ensuite et souvent va en chercher fort loin. La base du nid est formée de branchages, de chaumes, de feuilles de ro- seaux, de joncs, etc., le tout grossièrement entrelacé; c'est au point que le nid est, dans les premiers jours, bc.mcoup plus élevé qu'il ne le sera plus tard, lorsque l'Oiseau l'aura foulé. L'excavation en e-t tapissée de substances plus délicates, plus fines ; enfin, plus l.'Oie cendrée. U LES OIES. [335] tard, du duvet recouvrira les œufs. Dans les nids des vieilles femelles, on trouve de sept à dix et jusqu'à quatorze œufs; les jeunes n'en pondent guère que cinq ou six. Ces œufs ressemblent tellement à ceux de l'Oie domestique qu'on ne peut guère les en distinguer. Ils ont de o^.ogo à o"',096 de long et de o°',o6o à o^jOÔS de large; leur coquille est lisse, terne, à grain assez grossier, d'un blanc jaunâtre sale, tirant parfois sur le vert. Si l'Oie est vieille, le premier œuf est pondu au commencement de mars et l'incubation commence au milieu, au plus tard à la un de ce mois. A ce moment, elle arrache tout son duvet, en revêt le bord interne de son nid, et en recouvre les œufs chaque fois qu'elle les quitte. Au bout de vingt-huit jours, les jeunes éclosent; ils restent environ un jour dans le nid, puis la femelle les conduit à l'eau et leur apprend à chercher leurs aliments. Des lentilles d'eau, des graminées aquatiques sont leur première nourriture; plus tard, ils s'en vont paitre dans les champs et les prairies. Le soir, jeunes et vieux reviennent au nid; mais, après deux semaines, celui-ci devient trop petit pour les jeunes, et ils choisissent un endroit pour dormir au voisinage de leur mère. La vigilance du mâle augmente dès que les jeunes sont éclos. La mère marche ou nage la première; les jeunes la suivent, serrés les uns contre les autres; le père couvre en quelque sorte la retraite, la tête haute, regardant de tous côtés, inquiet sur la sûreté des siens, observant avec défiance le moindre objet suspect. En cas de danger, c'est lui, le premier, qui donne le signal de la fuite. « C'est un véritable plaisir pour l'ami de la nature, dit Naumann, que d'assis- ter, bien caché par une belle soirée du mois de mai, aux ébats d'une famille d'Oies sauvages. Au coucher du soleil, elles apparaissent, l'une ici, l'autre là, mais toutes en même temps; elles sortent des fourrés de roseaux; elles nagent, elles gagnent la rive ; le père de famille redouble de vigilance; il veille à la sécurité des siens. Quand la bande est arrivée au pâturage, c'est à peine s'il ose prendre le temps de manger; s'il soupçonne quelque danger, il avertit sa famille par quelques faibles cris ; si le danger est réel, il pousse un cri plaintif et prend la fuite. Dans ce cas, la mère se montre plus courageuse, plus soucieuse du salut de ses petits que du sien propre; par ses cris d'angoisse répétés, elle les invite à fuir et à se cacher, et si l'eau n'est pas trop éloignée, à la gagner, s'y précipiter et y plonger. Ce n'est que quand ils sont à peu près en sûreté qu'elle se décide à se sauver à son tour. Mais jamais elle ne s'envole bien loin, et dès que le danger a disparu, elle est de nouveau là pour rassembler les siens. C'est aussi à ce moment que le père rejoint sa famille. La mère est avec ses petits dans des herbes déjà assez hautes ; le père est absent, par quelque hasard ; qu'on se glisse alors vers elle sans être aperçu, puis qu'on se montre tout à coup, elle se lève en poussant de grands cris; elle vole tout autour de l'endroit où elle a été ainsi surprise, et les petits de se cacher aussitôt dans les sillons, dans les inégalités du terrain, de rester silencieux et tranquilles. L'on peut souvent alors les prendre l'un après l'autre, sans que ceux qui restent cherchent à fuir, tan- dis qu'ils courent droit vers l'eau lorsque ceux dont on s'est emparé se mettent [336] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 12 à crier. Tant que les jeunes ne peuvent voler, ils plongent avec beaucoup d'adresse, et cherchent à se sauver de cette façon. A la vérité, ils ne peuvent rester longtemps sous l'eau, mais ils n'en plongent que plus souvent. « Pendant les quatre semaines qui suivent l'éclosion, les parents sont conti- nuellement en éveil; ils voient partout un danger, auquel ils cherchent a sous- traire leur progéniture, mais parfois ils se trompent dans le choix des moyens de salut. Leurs allures sont pleines d'énigmes et de contradictions ; si les parents ne trouvent pas leurs jeunes en sûreté sur le petit étang isolé où ils sont nés, ils les conduisent, généralement au crépuscule, le soir ou le matin, vers une pièce d'eau plus étendue. Il est assez singulier qu'on puisse alors chasser devant soi, comme des Oies domestiques, ces Oiseaux généralement si pusillanimes. La crainte des parents, qui n'osent s'éloigner de leurs petits, atteint dans ces circons- tances un degré indescriptible. Si on arrive au milieu d'eux, si on en prend un, la femelle s'élance contre le ravisseur, le poursuit assez loin, puis clic revient pour rassembler ses autres petits épars et les entraîner dans l'endroit où elle avait l'intention de les conduire. Si la bande est ainsi arrêtée non loin de son point de départ, elle revient parfois sur ses pas ; mais de pareilles poursuites, même répétées plusieurs fois, ne parviennent pas à détourner la lemelle de son dessein, quand bien même plusieurs de ses petits auraient péri de cette façon. On a bien souvent pris tous les jeunes d'une famille en train d'émigrer de la sorte; on les a reportés à leur étang natal, et le soir suivant, quelquefois à la même heure, on les retrouvait sur le même chemin, et cela autant de fois que l'on renouvelait l'expérience. « D'autres Oies ont des intentions toutes différentes ; elles conduisent leurs petits d'un grand étang vers un étang plus petit, et recherchent ainsi la solitude. Mais les unes comme les autres ont la même fixité, la même ténacité dans ce qu'elles ont une fois conçu. Il en est d'autres, enfin, dont les actes sont inexpli- cables. Elles entreprennent à pied, avec leurs petits, des trajets considérables, dans le seul but de changer de demeure. Plus d'une fois, les Oies cendrées qui nichaient près de l'étang de Badez, dans le duché d'Anhalt, ont eu l'idée insen- sée d'émigrer vers un autre étang, situé à deux milles et demi de la, alors que leurs petits avaient à peine deux semaines, et cependant elles avaient à faire tout ce trajet à découvert, à traverser plusieurs routes, un grand nombre de chemins, la vallée de la Nuthe, où sont plusieurs villages et plusieurs moulins, à passera un quart de mille au plus de la ville de Zerbst. Il est probable qu'à peine la dixième partie d'entre elles, deux ou trois familles au plus, atteignait le but. La cause de ces émigrations est difficile à préciser; peut-être sont-elles déterminées par le manque d'eau. « Si les parents meurent avant que les jeunes aient toutes leurs plumes, un grand nombre de ceux-ci périssent ; les orphelins vont, il est vrai, rejoindre d'autre familles, mais peu de femelles les acceptent; aussi, celles qui le font réunissent-elles souvent un très grand nombre de petits. J'en vis un jour une qui avait ainsi autour d'elle soixante et quelques jeunes, qu'elle conduisait et guidait comme si tous eussent été siens. Ne trouvent-ils aucune famille qui les admette dans son sein, ils demeurent ensemble: mais, privés des soins pater- 13 LES OIES. [337] nels et maternels, ils périssent rapidement pour la plupart. Si, au moment de la perte de leurs parents, leurs plumes ont déjà poussé, ils ont un sort moins malheureux. « A mesure que les jeunes grandissent, le père s'en inquiète moins. « A l'époque de la mue, qui chez lui précède toujours d'une à deux semaines celle de la femelle, il quitte sa famille et, aussi longtemps qu'il ne peut voler, se tient caché dans les roseaux. « Lorsque la femelle mue à son tour, les jeunes sont capables de voler et peu- vent se passer de guide. » Captivité. — Prises jeunes, les Oies cendrées s'apprivoisent très facilement. Cette espèce est d'ailleurs la souche des différentes races domestiques. L'OIE DES MOISSONS OU OIE VULGAIRE {A?iser sylreslî-is). — Caractères. — L'Oie des moissons ou Oie sai/raife est un peu plus petite que la précédente. Elle a la tête, le haut du cou et les parties supérieures du corps d'un cendré brun, les plus longues scapulaires étant bordées de blanc, le croupion noir; le bas du cou, la poitrine, le haut de l'abdomen d'un cendré clair roussàtre ; le bas- ventre et les sous-caudales blancs; le bec noir à la base et à l'onglet, jaune- orange au milieu; le bord libre des paupières d'un gris noirâtre, l'iris brun, les pieds rouge-orange. La femelle ne se distingue du mâle que par sa taille plus faible et les teintes moins pures de son plumage. Habitat. — L'aire de dispersion de l'Oie des moissons est à peu près la même que celle de l'Oie cendrée. Elle apparaît dans le nord de la France en hiver et au commencement du printemps. Mœur^. — Ses mœurs sont entièrement semblables à celles de l'Oie cendrée, mais dans ses voyages elle ne s'applique pas, comme celle-ci, à longer les bords de la mer. Utilité. — Une regrettable particularité que l'on s'accorde à lui reconnaître est de produire des dégâts considérables dans les champs de blé et de colza où elle s'arrête durant ses migrations. Captivité. — Elle présente aussi une aptitude facile à la domestication, mais surtout pendant l'hiver. En Crimée, cette espèce, au contraire de la plupart de ses congénères, vit à l'état sauvage durant tout l'été et redevient volontairement domestique à l'ap- proche des grands froids. L'OIE RIEUSE OU A FRONT BLANC {Auser albifrons). — Caractères. — Cette espèce se reconnaît à la grande tache d'un gris clair qu'elle porte sur le front. Elle a les parties supérieures d'un brun cendré varié de roussàtre ; les ailes grises tachetées de blanc ; la poitrine d'un cendré blanchâtre, avec de larges bandes transversales foncées ; le ventre d'un blanc pur ; le bec jaune à pointe blanche ; l'iris brun, les pieds couleur orange. Habitat. — Mœurs — L'Oie rieusehabite le nord des deuxmondes. Elle est de [838] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 14 passage régulîer dans les régions tempérées. En France, on la voit l'hiver et au printemps venir s'abattre en troupes nombreuses dans les champs cultivés. Sa nourriture se compose surtout de graminées et de graines diverses. Elle niche dans les marais. On peut facilement l'habituera la domesticité et la faire vivre dans une basse- cour, après avoir pris soin de lui amputer l'extrémité des ailes. Elle s'accouple volontiers avec les auti es espèces. L'OIE A BEC COURT [Anser brachfrhr)ichus). — Elle est à peine différente par ses caractères et ses mœurs de l'oie sauvage. On la rencontre dans l'Europe orientale. L'OIE NAINE [Anser erythropus). — L'Oie naine n'est qu'une miniature de l'Oie rieuse. Sa taille n'excède pas o'°,56. Elle habite les régions du cercle arctique, et apparaît dans l'Europe tempérée à l'époque des migrations, mais elle est néanmoins considérée comme une espèce rare dans notre pays. Chasse. — La chasse aux Oies sauvages se pratique comme celle des Canards, soit à l'affût, soit en bateau, à Varlequin. Dans certaines régions du Nord, on profite de l'époque où ces Oiseaux sont en mue et ne peuvent voler; on les poursuit en canots et on les capture vivants ou bien on les assomme à coups de bâton. Une chasse plus intéressante et qui se pratique dans les étangs de nos contrées est décrite comme il suit par le baron d'Hamonville : « Quand le froid est très vif, surtout si le sol est couvert de neige, le chasseur part au coucher du soleil et va se placer à l'affijt près d'un ruisseau, sur lequel il sait que s'abattent les Oies et les Canards sauvages. Il se dissimule le mieux possible contre un tronc de saule, un buisson d'épine ou un poteau, se couvre d'un vêtement blanc et attend immobile, le fusil à la main. Dès que le crépuscule commence, les Anatidés se mettent en mouvement, et aussitôt que le chasseur entend le sifflement d'aile caractéristique, il porte le fusil à l'épaule sans attendre qu'il aperçoive le gibier qui est à portée dès qu'on le distingue. « Quand la troupe, au lieu de passer au-dessus de la tête du tireur, s'abat à ses pieds, ce qui arrive souvent lorsqu'il a bien choisi sa place, il doit attendre que les Oiseaux, repliant à moitié leurs ailes, étendent leurs pattes pour se reposer et forment une masse confuse ; d'un seul coup, il peut faire une chasse superbe. » Utilité. — Les Oies sauvages, à quelque espèce qu'elles appartiennent, pro- duisent parfois des dégâts importants lorsqu'elles s'abattent dans les terrains cultivés. Mais comme elles représentent une partie non négligeable du gibier de marais, on peut dire qu'elles paient largement les quelques déprédations qu'elles commettent. D'autre part, leur duvet et leurs plumes sont très estimés. Quant aux espèces domestiquées, il n'est pas besoin d'insister sur les res- sources qu'elles offrent pour l'alimentation et pour l'industrie plumassière. 15 LES OIES DOMESTIQUES. [339] LES OIES DOMESTIQUES {*) Les Oies domestiques de nos basses-cours dérivent de VOie cendrée, qui a fourni, grâce à la sélection artificielle et à des croisements bien combinés, les six races principales suivantes : La race commune ou Oie première ; la race de Toulouse, la race d'Embden; la race frisée, la race à épi, et la race de combat. La domestication de l'Oie cendrée remonte à une haute antiquité ; on en a la preuve dans quelques vers d'Homère et dans l'histoire célèbre des Oies du Capitole (388 av. J.-C.)- L'élevage méthodique de cet Oiseau date aussi d'une époque assez reculée, car en i555, Belon signale déjà deux variétés de la race domestique, dont l'une étaittrès appréciée en raison de sa taille et de sa fécon- dité. LA RACE COMMUNE (**). — La race commune ou séquanienne est d'une taille un peu supérieure à celle de l'Oie sauvage dont elle dérive. Son plumage est d'un cendré plus foncé au cou, aux ailes et au dos, plus clair sur les parties inférieures ; les pattes d'un jaune oran- gé; le bec non caroncule. Le dimorphisme sexuel est parfois très accentué, au point que les mâles adultes sont presque en- tièrement blancs, mais, d'après Cornevin, ce ca- ractère n'a aucune fixité. L'Oie commune est ré- pandue dans toute l'Eu- rope; son élevage se pra- tique dans toutes les ré- gions où existent de gran- des prairies et des étangs; son régime se compose, en elfet, essentiellement d'herbe. L'Oie de Toulouse. C'est une race très rus- tique, féconde, d'un poids moyen de 4 kilogrammes ; le poids du plumai^c seul est de 340 grammes. 0 PI. LV. — Oies domestiques, race commune iPlanclie, p. 340 (") PI. LVI. — Oies domestiques (Planche, p. 340). [340] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 10 LA RACE LOURDE DE TOULOUSE.— L'Oie de Toulouse se fait remarquer par son corps lourd, trapu. Klle présente sous l'abdomen un repli cutané qui par l'engraissement acquiert un volume énorme et pend jusqu'à terre. Son plu- mage est d'une teinte générale grisâtre. Un caractère distinctif apparu récemment dans cette race mais qui s'est fixé définitivement est la présence d'un autre repli cutané appelé bavette, et situé sous la gorge- L'Oie de Toulouse est d'un développement précoce, et d'un engraissement facile. Son poids moyen est dj 7 kilogrammes. En la soumettant à un régime spécial, son foie s'hypertrophie dans des proportions énormes ; on en a obtenu qui pesaient jusqu'à 3 kilogrammes; ce sont les foies gras bien connus des gourmets. LA RACE LOURDE D'EMBDEN. — La race dite d'Embden diffère peu de la Toulousaine. Elle est originaire de la Westphalie, mais c'est surtout en Angle- terre qu'elle a été l'objet d'un élevage intensif. On la reconnaît à des formes moins massives que celles de la race de Toulouse et à son plumage blanc dans les deux sexes. LA RACE FRISÉE OU DE SÉBASTOPOL. — L'Oie de Sébastopol est une race de petit format. Son plumage est blanc; la plupart des plumes de la tète, du cou et des ailes sont relevées et frisées. On la rencontre surtout dans les régions du bas Danube. Elle fut importée en Angleterre et en France vers i856, après la guerre de Crimée. Elle n'a guère d'autre qualité que son originalité. LA RACE A ÉPL — Cette race, caractérisée par la présence, au sommet de la tête, d'un petit bouquet de plumes redressées en épi, ne diffère pas, sous les autres rapports, de la race commune. LA RACE DE COMBAT. — La race dite de combat ne diffè; e de la race commune que par sa tète forte et arrondie, son bec court et épais. Elle se fait remarquer par son naturel farouche et batailleur. Elevage. — L'élevage des Oies domestiques ne diffère pas, dans ses grandes lignes, de l'élevage des Canards, dont il sera question plus loin. Il faut mettre à la disposition de ces Oiseaux une prairie où iis iront brouter les jeunes pousses d'herbes, et une pièce d'eau où ils pourront se baigner. Les Oies ne pondent qu'une fois par an, au mois de mars ou avril ; la durée de l'incubation est de vingt-huit jours. Les jeunes éclosent donc au moment où la végétation est assez avancée et permet de leur procurer la verdure dont ils sont très friands. PI. L\'. — Oies domestiques, race commune (Texte, p. Sîg). PI. LVl. — Oies domestiques (Texte, p. 339). 17 LES OIES DOMESTIQUES. [341] A cette différence près, la nourriture des jeunes Oisons est celle des Canetons. On pratique surtout l'élevage des Oies en vue de la production de la chair et des œufs. Cependant la récoite des plumes et du duvet entre pour une part importante dans les bénéfices des éleveurs. D'après J. Bruyère, •< le duvet dit de cj-i/iie provient, la plupart du temps, de l'Oie; il vaut de i8 à 20 francs le kilogramme. Le duvet le plus estimé se récolte sur l'Oie vivante. Cette manière de procéder est surtout en usage dans le Poitou. Les paysans plument leurs bêtes deux fois par an. Us agissent avec beaucoup de douceur et de soins et ne blessent que fort rarement l'animal. La première récolte se fait après la ponte, et la deuxième en août. On commence à plumer les Oies vers l'âge de trois mois, quand le duvet est mûr. Pour être mûr, le duvet doit se détacher de lui-même; si on l'enlève trop jeune, il se con- serve mal, les Vers l'attaquent, et, de plus, on cause une souffrance inutile à l'Oiseau. « Dans le département de la Vienne, on écorche l'Oie grasse avant de la livrer à la consommation. La peau est fendue sur le dos et détachée du corps de la bête, très soigneusement, pour ne pas abîmer le duvet. Ces peaux excessivement souples, d'une remarquable blancheur, dont le duvet est brillant et so3'eux, ont une valeur marchande de 3 à 4 francs; elles sont aussi belles que les véritables peaux de Cygne. Une seule fabrique à Poitiers en prépare chaque année trente à quarante mille. « On envoie ces peaux d'Oies en Angleterre et en Amérique. La chair est vendue sur le marché local, ou expédiée aux Halles de Paris, où elle est débitée. Une Oie rapporte ainsi à son propriétaire de 9 à 12 francs. On voit que l'élevage en est rémunérateur. » La conservation des plumes d'Oies et autres Palmipèdes est très simple: il suftit de les passer dans une étuve ou un four de boulanger pendant plusieurs heures, puis de les secouer énergiquement à l'air, et les repasser encore un moment au four. Avant I'SSq, c'est-à-dire avant l'apparition des premières plumes métalliques il écrire, les grandes plumes d'Oie, de Pélican, de Cygne, de Grue, étaient très employées. Leur préparation était peu compliquée. Pour les débarrasser de la matière grasse que renfermaient les tu\'aux, on passait ces derniers dans un bain de cendre ou de sable chauffé à une certaine température. Il n'y avait plus ensuite qu'à choisir celles qui étaient bien rondes, transpa- rentes, sans taches blanches, et à les tailler avec art. 11 est permis de supposer que les premières plumes métalliques introduites dans le commerce étaient loin de réaliser le type de perfection qu'elles ont atteint depuis cette époque, car beaucoup de nos grands écrivains, parmi lesquels A'ictor Hugo et Alexandre Dumas, restèrent longtemps fidèles à la plume d'Oie aujourd'hui complètement détrônée. La vie des AMMAIX ILLUSTRÉE. 'V. 2j [342] LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. IS LES BERNACHES Caracthres. — Les Bernaches forment un genre très voisin des Oies propre- ment dites et dont les caractères distinctifs sont les suivants : le bec, beaucoup plus court que la tète, est mince, droit, concave, plus large et plus élevé à la base que dans sa partie antérieure ; les lamelles sont complètement cachées par les bords mandibulaires ; l'onglet est médiocre, très recourbé; les narines médianes, elliptiques; les ailes longues, aiguës, la queue courte, arrondie; le bas des jambes einplumé ; les tarses plus longs que le doigt médian. Les Bernaches se distinguent encore des Oies par des formes plus ramassées, un cou plus court, une tcte large. LA BERNACHE NONNETTE [Beriiicla leiicopsis). — Caractères. — La Ber- nache nonnette mesure environ o^jbS de long. Elle a le front, les joues et la gorge d'un blanc plus ou moins pur ; les lorums, les parties supérieures et postérieures de la tète, le cou, le haut de la poitrine, d'un beau noir lustré; les plumes du dos, les scapulaires et les couvertures supé- rieures des ailes d'un gris cendré, terminées de blanc et marquées vers le bout d'une large bande transversale noire; le croupion et les sus-caudales médianes noires, les sus-caudales latérales blanches, les rémiges et la queue noires, le reste du plumage d'un blanc grisâtre, onde de brunâtre; l'iris, le bec et les pieds noirs. La femelle ne diffère du mâle que par sa taille plus petite. Habitat. — La Bernache nonnette habite les contrées les plus froides des deux continents: elle apparaît dans les régions tempérées, notamment en France, durant les hivers rigoureux. Mœurs. — <( La Bernache à collier, dit Brehm, est bien faite pour attirer notre attention. Elle se distingue des autres Anséridés par la grâce, l'élégance de ses allures, par sa sociabilité, ses mœurs paisibles, et elle ne leur cède en rien sous le rapport de la finesse des sens. Elle marche bien, que le sol soit ferme ou vaseux; elle nage facilement: elle plonge parfaitement, mieux, dans tous les cas, que les Oies; elle vole aussi plus aisément qu'elles, mais il est rare que ces Oiseaux, quand ils volent de compagnie, adoptent la disposition en coin; ils forment plus souvent une masse désordonnée. Lorsqu'une bande s'envole, on entend comme un roulement de tonnerre dans le lointain; lors- qu'elle franchit les hautes régions de l'atmosphère, elle produit un bruissement plus fort que celui des autres Anséridés, mais plus sourd que celui des Canards. Le cri de la Bernache à collier est fort simple; son cri d'appel est difticile à noter bien exactement, on pourrait cependant le rendre par kiiaeiig. Quand elle cause, elle fait entendre un son rauque et dur : Icroch ; quand elle est en colère, elle souffle et siffle. > Comme les Oies, les Bernaches sont sociables entre elles, vivent réunies, mais à l'écart des autres Oiseaux aquatiques. L'une d'elles s'est-elle par hasard l'.l LES BERNACHES. :5'i3] ï écartée de la bande, elle vole avec inquiétude de coté et d'autie, jusqu'à ce qu'elle ait retrouvé ses compagnes; se trouve-t-elle au milieu de congénères, elle se montre douce et paisible, par la raison, sans doute, qu'elle a conscience de sa faiblesse. Vis-à-vis de l'homme, elle se monri-e comme un enfant du pôle, qui n'a pas eu souvent occasion de connaître l'ennemi né de tous les animaux. Moin' craintive que tous les autres Anséridés, elle ne devient déliante qu'après des poursuites réitérées. .. ' On a dit qu'on pouvait tuer tous les individus d'une famille, l'un après l'autre, à coups de pierre ou de bâton ; ce qui est cer- tain, c'est qu'on prend les Bernaches dans des pièges beaucoup plus facilement que toutes les autres espèces d'Oies. « Les Bernaches diffèrent des autres Anséridés sous le rap- elles de l'herbe ei des plantes aquatiques, mais aussi beaucoup d'Insectes et de Mollus- ques. Dans le nord, elles paissent sans doute tous les végétaux qui V croissent ; dans nos pays, elles préfèrent l'herbe fraîche. » Chasse. — La Bernache nonnette est l'objet d'une chasse impor- tante sur les côtes du nord de l'Europe, particulièrement en Hollande. Sa chair est très estimée. Cuptivité. — Cet Oiseau s'élève assez facilement en captivité, tique livrée, il est l'un des plus beaux ornements d'une basse-cour. Au genre Bernache se rattachent plusieurs autres espèces dont les principales sont : La Berxache a collier, ou Oie cravatée du Canada. — Elle est caractérisée par une large bande blanche qui s'étend en forme de croissant sous la gorge en remontant en arrière jusqu'aux 3'cux. Elle est très répandue dans l'Amérique du Nord. port du régime l-a Bernache iionnctte. Par sa magni- r3i4^ LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 20 La Beknache Ckavan]-. — Cette espèce a la tète, le cou, la poitrine et la queue noires, avec une tache blanche de chaque côté du cou : les ailes grises avec les rémiges brunes; le bas de la poitrine, les flancs, le dos brunâtres: le bas-ventre blanc, le bec, les pieds et l'iris noirs. Klle habite les mêmes régions que la Bernache nonnettc. et se montre dans l'Europe tempérée, notamment dans le nord de la France en hiver. Ses mtuLirs sont plus aquatiques que celles des espèces précédentes. Néanmoins elle s'habitue facilement à la domesticité. La Bernache a cou roux. — Elle présente, comme l'indique son nom, sur le devant du cou et de la poitrine, une sorte de plastron d'un roux rougeàtre, bordé de blanc; la gorge et les parties supérieures de la tête et du cou noires. Elle a pour patrie le nord-ouest de l'Asie, et ne se voit que très accidentel- lement en France. LES CHENS Caractères. — Les Chens sont surtout caractérisés par la forme de leur bec qui est mince à l'extrémité et terminé par un onglet très large, membraneux et couvert de rides obliques à la base de la mandibule supérieure. Ils ont aussi des tarses plus élevés que les Oies, et un plumage très différent. Les deux sexes portent la même livrée. LE CHEN HYPERBORÉ [C/icii hypcrboreiis;. — Caractères. — Le Chen hyperboré, ou Oie des neiges, a un plumage entièrement blanc, à l'exception du front qui est d'un roux de rouille, et de la moitié postérieure des rémiges qui est noire; le bec est rouge en dessus, blanchâtre en dessous, avec l'onglet bleu, le bord libre des paupières d'un rouge vif, l'iris gris brun, les pieds jaunâtres. Habitat. — C'est un habitant des régions arctiques; il s'aventure accidentel- lement dans le nord de l'Amérique, de l'Asie, et plus rarement encore en Europe. Mœurs. — En raison de son habitat spécial, ses mœurs sont peu connues. On le chasse cependant avec ardeur dans les régions habitées où il fait quelque apparition : la chair des jeunes est, parait-il, très délicate. LES CHENALOPEX Caractères. — Les Chenalopex, vulgairement appelés OiesReJiards, pré- sentent des caractères qui rappellent à la fois les Ansériens et les Anatiens. Ils ont des formes élancées, un cou long et mince : des tarses élevés, des ailes longues, aiguës, armées d'un éperon saillant au poignet. Leur bec, plus court que la tête, est pourvu, sur les côtés du front, d'un petit bourrelet charnu : la mandibule inférieure est en partie cachée par la mandibule •Jl LES CHENALOPEX. I-J'iô] supérieure, les lamelles ne dépassant pas les bords de cette mandibule; l'onglet est large, recourbé. LE CHENALOPEX D'ÉQYPTE [Clicnalope.x œgypliaca). — Caractères. — Cet (Jiseau a un plumage très bigarré et dont nous résumerons brièvement la description : la tète et le cou sont d'un blan; légèrement Isabelle ; la poitrine, le ventre <;omplètement rayés de fines lignes noires sur un fond roussâtre; le dos gris et noir; les grandes rémiges et les rectrices noires, les petites et mo3'enne£ couvertures des ailes d'un blanc pur; le bec rougeàtre à arête et onglet noirs, l'iris orange, les pieds rougeàtres. Habitat. — Il habite le nord de l'Afrique, particulièrement la Haute- Egypte. Mœurs. — Il vit en bandes nombreuses sur les bords des cours d'eau et des marécages d'eau douce, et manifeste une préférence très marquée pour les régions boisées. C'est d'ailleurs dans les forêts qu'il se fixe: et c'est de la qu'il s'envole pour faire quelques incursions dans la campagne. Brehm, dans ses voyages en Afrique, observa fréquemment cet Oiseau et en parle dans les termes suivants : « Le Chenalopex d'Egypte, dit-il, est un Oiseau aussi beau que bien doué. Il rivalise à la course avec le Plectroptère de Gambie; il nage la poitrine pro- fondément enfoncée dans l'eau, sans effort, comme le croit Naumann : lorsqu'il est poursuivi, il plonge rapidement, demeure longtemps sous l'eau, y nage assez loin, s'aidant de ses pattes et de ses ailes; il vole bruyamment, mais facilement. Lorsqu'un grand nombre de ces Oiseaux sont réi'nis, ils s'élèvent en désordre; mais quand ils ont un grand espace à franchir, ils adoptent la formation en triangle. Le cri du Chenalopex d'Egypte ne rappelle que de loin celui de l'Oie domestique. Il est moins fort et rauque : on dirait les sons d'une mauvaise trompette. Quand quelque chose l'inquiète ou l'irrite, il pousse des cris très singuliers ; on entend d'abord des sons rauques : kachl:, kachJ;, auxquels suc- cèdent des cris durs : taeug, taeng ; le tout finit par se confondre en une phrase que l'on peut noter : taeiig, tacng terri' laeiig taeng tacng laeiig. Il crie surtout au moment de s'envoler, plus rarement en volant. « Par ses mœurs, le Chenalopex d'Egypte montre bien qu'il appartient a la famille des Oies. Il est toujours prudent, toujours sur ses gardes et montre une grande défiance. Quand il a été chassé, il devient aussi craintif qu'aucun autre Anséridé : il sait apprécier les distances, distinguer le blanc de l'indigène, qu'il redoute moins. " Mais ses mœurs ne sont pas trop à son avantage. C'est un des Oiseaux les plus despotes, les plus méchants qui existent; il ne vit même pas en paix avec ses semblables. Au moment des amours, les mâles se livrent des combats achar- nés, mortels, du moins en captivité; ils se poursuivent en criant, se mordent, se donnent des coups d'aile. Quelques-uns tyrannisent tous les autres habitants de l'étang où ils sont, soumettent à leur domination, non seulement les Canards, mais encore de grandes espèces d'Oies; deviennent de plus en plus I346J LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 22 hardis et téméraires, et dans certaines circonstances, ne redoutent pas d'attaquer l'homme lui-même. Si l'on place à côté d'un pareil mâle, accouplé ou non, un de SCS semblables, il fond sur lui comme un Oiseau de proie et cherche à s'en débarrasser. Il ne peut le tuer à coups d'aile et de bec, mais il l'épuisé jusqu'au moment où il pourra lui sauter sur le dos, le prendre à la nuque, lui enfoncer la tète sous l'eau et le noyer de la sorte. « Ces allures méchantes et batailleuses sont le plus puissant obstacle apporté à la multiplication de ce bel Oiseau. c( Le Ghcnalopex d'Egypte a un régime mixte. « Comme l'Oie sauvage, il pait dans les champs ; comme les Canards, il bar- bote dans la vase; il prend même des animaux aquatiques en plongeant. Pen- dant le jeune âge, il est très friand de Sauterelles; lorsqu'il est adulte, il mange bien des substances animales, mais il semble dédaigner les Poissons. « Dans les contrées dépourvues d'arbres, le Chenalopex d'Egypte niche a terre ; mais là où les rives du fleuve sont boisées, là où se trouve seulement un arbre au voisinage de l'eau, il établit son nid sur les arbres. Dans le nord-est de l'Afrique, il préfère à tout autre un mimosa épineux, dont j'ai déjà souvent parlé, le harahsi. Son nid est fait en grande partie avec des branches de l'arbre lui-même', intérieurement, il est tapissé d'herbes et de brindilles. Le nombre des (eufs varie de quatre à six, d'après mes observations; mes chasseurs nègres m'ont dit cependant en avoir trouvé de dix à douze dans un seul nid. Ces œufs sont arrondis, à coquille épaisse et lisse, d'un blanc jaunâtre ou grisâtre. Dans le nord-est de l'Afrique, le Chenalopex ne niche que sur les arbres, et toujours isolément, jamais en colonie. La saison des amours coïncide avec le retour du printemps. Elle tombe au commencement de mars, en Egypte : à l'entrée de la saison des pluies, c'est-à-dire au commencement de septembre, dans le Soudan. D'après des observations faites sur des individus captifs, la durée de l'incubation est de vingt-sept à vingt-huit jours : la femelle cou\e seule. I.e niàle se tient près d'elle en sentinelle, et par ses cris l'avertit de l'approche du danger. Une fois par jour, dans l'après-midi, la femelle quitte .^es oeufs, après les avoir soigneu- sement recouverts de duvet. Les jeunes sont conduits à l'eau de bonne heure. Ils échappent facilement aux poursuites, même sur une lie découverte, où ils ne trouvent ni herbes, ni buissons pour se cacher. Lorsqu'un danger menace. ils courent à l'eau le plus vite possible, et plongent à merveille. Leur éducation se fait comme celle des jeunes Oies cendrées, et lorsqu'ils ont atteint la taille définitive, ils se réunissent en sociétés avec leurs semblables. " Les grandes espèces d'Aigles et les Crocodiles sont les seuls ennemis natu- rels des Chenalopex. Je n'ai cependant jamais vu d'Aigle fondre sur une Oie. et quant aux Crocodiles, je suis obligé de m'en rapporter aux observation-' d'autrui. » LES CÉRÉOPSIS Caractères. — Le genre Céréopsis a été créé pour une seule espèce austra- lienne caractérisée par un corps épais, un cou court, une tête petite et surtout par une conformation particulière du bec. LES CÉRÉOPSIS. 8'i7' Le bec des Ceréopsis est court, obtus, très épais, recourbé à l'extrémité; il est recouvert dans les deux tiers de son étendue par une cire très développée dans laquelle sont percées les narines. Ces Oiseaux ont encore pour attributs : des ailes larges, une queue courte, des tarses longs et forts, des doigts courts, unis par une palmure large- ment échancrée. LE CEREOPSIS DE LA NOUVEL ^ LE-HOLLANDE (Cercopsis Xoiw- Hollaiidijvi. — Caractères. ■ — Le plumage de cet Oiseau est d'un gris cendré à reflets brunâtres, chaque plume du dos étant mar- quée vers l'extrémité de taches noires, arrondies; la moitié ter- minale des rémiges secondaires, les rectrices et les couvertures inférieures de la queue sont d'un brun foncé. L'iris est rouge, le bec noir, la cire jaune verdàtre, les pieds noirâtres. La femelle ne diffère du mâle que par sa taille un peu moin- "'^f-.*,^ dre. ~.- Habitat. — Ainsi que l'indique son nom spécifique, cet Oiseau est originaire de l'Australie, où on le désigne aussi sous les noms de Oie à capuchon, ou Oie-Poule, etc. Très commun autrefois dans diverses régions de l'Australie, il tend aujour- d'hui à devenir de plus en plus rare, à la suite de la chasse qu'on lui a faite. Mœurs. — De tous les Ansériens, le Ceréopsis de la Nouvelle-Hollande est le plus mauvais nageur. Il passe la plus grande partie de son existence à brou- ter l'herbe des prairies, et ne se met à l'eau que quand il y est obligé. Lorsqu'il est poursuivi, il cherche son salut dans la course, car son vol est lourd, pé- nible. Le Ceréopsis de la Nouvelle-Hollande se fait encore remarquer par son na- turel querelleur. Il ne vit en bonne intelligence avec aucun autre Oiseau, et à l'époque des amours, il s'attaque avec témérité à tous les animaux indistinc- tement. Les sujets captifs sont même à craindre pour l'homme : on en a vu se précipiter sur leur gardien. Après l'accouplement, la femelle s'occupe avec ardeur de l'édification du nid. Celui-ci est construit avec des matériaux choisis et assemblés avec plus de soins que chez les autres Ansériens; l'intérieur en est uni et tapissé de plumes. Le Ceréopsis de la Nouvelle-Hollande. [3'i81 LES CYGNES, LES OIES ET LES CANARDS. 2', Les œufs sont petits, arrondis, à coquille lisse, d'un blanc jaunâtre. La durée de l'incubation est de trente jours. Captivité. — Le Céréopsis de la Nouvelle-Hollande fut importé pour la pre- mière fois en Europe vers i83o. Il s'y est parfaitement acclimaté et reproduit. Les jeunes s'élèvent aussi fa- cilement que les Oisons, mais les vents froids de l'hiver sont pour eux à redou- ter. Leur chair est très délicate. .Malheureusement, il est à craindre que l'élevage des Céréopsis ne prenne pas une grande extension, en raison du caractère réel- lement féroce de ces Oiseaux. De plus, la ponte a lieu en décembre, c'est-a-dire à l'époque du printemps de leur patrie. Aussi jusqu'à présent ne sont-ils recherchés par les amateurs que pour l'originalité de leur aspect. LES TADORNES. |34'Jj LES CANARDS PROPREMENT DITS LES ANATIENS Les Anatiens se distinguent principalement des autres groupes de la famille des Anatidés par divers caractères tirés de la forme du bec et des pattes. Caractères. — Leur bec est aussi large ou même plus large vers l'extrémité qu'à la base, la mandibule inférieure s'emboîte dans la supérieure qui la recouvre presque entièrement; leurs tarses sont courts et placés très en arrière du corps, le doigt externe est plus court que le médian, le pouce est petit, lisse ou pourvu d'une palmure rudimentaire. Les Anatiens ont un tronc court, ou comprimé de haut en bas, un cou rela- tivement court si on le compare à celui des Cygnes ou des Oies. Mœurs. — Ils sont excellents nageurs, et plongent quand ils doivent aller chercher leur nourriture au fond de l'eau. Ilsfréquentent de préférence les eaux douces dans l'intérieur des terres. Leur régime est à la fois animal et végétal. A l'approche de l'hiver, ils s'assemblent en bandes nombreuses qui émi- grent à des distances souvent considérables. La plupart des espèces ont une chair très délicate et constituent le principal gibier des marais. LES TADORNES Caractères. — Les Tadornes n'ont pas de caractères bien tranchés. Par leur port élancé, leurs jambes relativement longues, ils rappellent beaucoup les Oies. Leur bec est plus court que la tète, concave au milieu, aplati et un peu retroussé à l'extrémité. Les mâles, à l'époque des amours, portent un tubercule charnu à la base de la mandibule supérieure. Les Oiseaux de ce genre ne se distinguent des autres Canards que par leurs allures plus vives, plus légères et par leur singulière habitude de nicher dans des terriers. LE TADORNE WLOWRE {Tadotna Belonii). — Caractères. — Le Tadorne vulgaire ou de Belou a la tête et le cou d'un vert sombre; la poitrine d'un roux vif, cette couleur se prolongeant en une sorte de collier jusque sur le haut du dos ; le milieu de l'abdomen noir, les lianes d'un blanc pur ainsi que le dos : le croupion, les couvertures supérieures des ailes, les rémiges primaires noires; le miroir des ailes d'un vert pourpre; la queue blanche à bout noir; le bec rouge- sang ainsi que la tubérosité charnue qui caractérise les mâles; l'iris brun, les pieds couleur de chair. Sa taille est de o"',6o environ. La vif. des animai \ ii.n sthée. I » • — 2b 350 LES CANARDS PROPREMENT DITS. 2 La femelle se distingue du mâle par sa taille plus petite et l'absence de protu- bérance à la base du bec; elle a le front et les joues marqués de blanc, le roux de la poitrine tirant sur le blanc. Les deux sexes conservent leur brillante livrée durant toute l'année. Habitat. — Le Tadorne vulgaire est un des .Anatidés les plus communs du nord et de l'ouest de l'Europe. En France, il est presque partout de passage régulier. Use reproduit à l'em- bouchure de la Seine, dans le Boulonnais et quelques régions du midi. Mœurs. — Il s'établit de préférence au voisinage de la mer, près des lacs salés ou saumàtres. Sa nourriture consiste principalement en substances végétales, graines de graminées aquatiques, de céréales, jeunes pousses d'herbes; mais il mange aussi très volontiers des petits Poissons, des Lisectes, des Mollusques, des Vers, etc. La particularité la plus intéressante dans ses habitudes, a trait à son mode de reproduction. Ce canard, en effet, niche non pas à découvert, mais dans des excavations du sol. « Le printemps, dit Bâillon, nous ramène des Tadornes, mais toujours en petit nombre. Dès qu'ils sont arrivés, ils se répandent dans les plaines de sable dont les terres voisines de la mer sont ici couvertes : on voit chaque couple errer dans les garennes et y chercher un logement parmi ceux des lapins. Il y a vrai- semblablement beaucoup de choix dans cette espèce de demeure, car ils entrent dans une centaine avant d'en trouver une qui leur convienne. On a remarqué qu'ils ne s'attachent qu'aux terriers qui ont au plus une toise et demie de pro- fondeur, qui sont percés contre des ados ou monticules et dont l'entrée exposée au midi peut être aperçue de quelque dune fort éloignée. Les lapins cèdent la place à ces nouveaux hôtes et n'y rentrent plus. Les Tadornes ne font aucun nid dans ces trous ; la femelle pond ses œufs sur le sable nu, et lorsqu'elle est à la tin de sa ponte, elle les enveloppe d'un duvet très épais et très soyeux dont elle se dépouille. » Pendant la durée d'incubation, le mâle reste assidûment sur la dune: il ne s'éloigne que pour aller, deux ou trois fois par jour, chercher sa nourriture dans la mer. Le matin et le soir, la temelle quitte ses œufs pour le même besoin et le mâle la remplace. Plusieurs auteurs mettent en doute les assertions de Naumann et de Baldius d'après lesquelles le Tadorne nicherait parfois dans des terriers contigus à ceux des Renards. D'après Baldius, le Tadorne nicherait aussi parfois sur les arbres. Les habitants de Sylt et d'autres îles de la mer du Nord favorisent la repro- duction de cet Oiseau, dont les œufs et le duvet recueilli dans les nids après l'éclosion des jeunes sont une source de grands profits. Le procédé employé est le suivant : On pratique dans de petites dunes, couvertes d'un gazon ras, des couloirs qui se croisent au centre et où ces Oiseaux viennent nicher. A chaque emplacement destiné à recevoir un nid, on adapte un couvercle en gazon, fermant exactement, mais pouvant être retiré à volonté, ce qui permet :j LES TADORNES. [351] de visiter le nid. L'emplacement lui-même est recouvert demousseet de fumier atin que les Tadornes trouvent a leur portée tous les matériaux nécessaires. Ces Oiseau.K prennent régulièrement possession de ces demeures, quelque voisines qu'elles soient des habitations. Ils s'habituent tellement à l'homme qu'ils en supportent la vue même pendant qu'ils couvent. Si on ne dérange pas la femelle, elle pond de sept à douze œufs, voluinineux, blancs, lisses, à coquille solide, et se met activement à couver. Si, comme cela arrive à Sylt, on lui enlève succes- sivement ses œufs, elle peut en pondre vingt ou trente. Peu à peu elle les entoure de duvet, et les en recouvre soigneusement quand elle les quitte. Elle est si attachée a sa couvée, qu'elle ne l'abandonne qu'au moment où on va la saisir. Les Tadornes qui nichent dans les terriers artificiels de Sylt sont telle- ment privés, qu'ils ne se dérangent pas quand on enlève avec précaution le couvercle du nid, et ils ne s'éloignent que de quelques pas quand on les touche. Avant de visiter le terrier, on a soin d'en fermer l'ouverture, afin que les Oiseaux ne s'y bousculent pas et ne s'effrayent pas. Ceux qui habitent un cou- loir court, fermé en arrière, se laissent facilement prendre sur leurs œufs; ils se défendent à coups de bec, soufHent comme un chat en colère, poussent des cris assez perçants, plutôt de rage que de crainte. On est obligé quelquefois de chasser ces Oiseaux de dessus leurs œufs à coups de bâton, car ils mordent les doigts et font des blessures assez douloureuses. Captivité. — Pris jeunes, les Tadornes sont faciles à élever, mais, au contraire delà plupart des espèces domestiques, une grande pièce d'eau où ils trouvent une partie de leur nourriture leur est indispensable. On ne peut cependant les considérer que comme des Oiseaux de luxe destinés à orner une basse-cour, car leur reproduction en captivité est presque impossible. Utilité. — Les habitants des lies du nord de l'Europe ne chassent pas le Tadorne, dont la chair a un goût huileux désagréable. Ils lui facilitent, au contraire, les moyens de nicher, comme on l'a vu plus haut, et ils retirent un grand profit des œufs et du duvet que renferment les nids. Le duvet a presque la valeur de l'édredon. LE TADORNE CASARKA [Tadorna Casarka). — Caractères.— Le Casarka est considéré par quelques auteurs comme un genre distinct des Tadornes, en raison de l'absence de tubercule charnu sur le bec des mâles. Le Casarka vulgaire a la tête et lapartie supérieure du cou d'un gris-souris, limité par un collier noir; le reste du cou, le dessus et le dessous du corps d'un roux à reflets rougeâtres ; les couvertures supérieures des ailes d'un blanc-crème, les rémiges noires; le miroir des ailes d'un vert brillant, la queue noire. Sa taille est celle d'un Canard domestique ordinaire. La fenielle est de plus petite taille et ne porte pas de collier noir au cou. Habitat. — Il habite les contrées orientales de l'Europe. Il est abondant en Perse, en Russie, dans l'Inde. On le trouve aussi dans quelques régions du sud de l'Afrique et en Egypte. Mœurs. — Ses ma^urs sont les mêmes que celles du Tadorne vulgaire, mais il paraît préférer les eaux douces aux eaux salées. [352] LES CANARDS PROPREMENT DITS. LES DENDROCYQNES Les Dcndiocygnes ou Caimrds des arbres, CiTiiards pcrclwurs, ont des formes élancées et gracieuses, un bec mince, à arête lisse, arrondie, et presque droite jusqu'à la pointe, à lamelles saillantes en dehors; des ailes arrondies, subobtuses, une queue arrondie et courte; des tarses robustes, des doigts longs, unis par une palmure échancrée ; un plumage varié. LE DENDROCYQNE VEUF {Dendrocygna ridiuila). — Caractères. ~- Cette espèce, désignée aussi sous les noms de Canard de Maragnoii, (Canard perclteiir à face blanche, mesure environ o°',45. Elle a toute la face et la gorge blanches; l'occiput et la partie postérieure du cou noirs ; le bas du cou et le haut de la poi- trine d'un beau brun rouge; le dos et les côtés de la poitrine d'un brun noir oli- vâtre : les ailes brunes, chaque plume bordée d'un liséré clair; les flancs d'un gris jaunâtre rayés de noir; l'abdomen et la queue noirs ; l'iris, le bec et les pieds d'un bleu noir. Habitat. — Le Canard de Maragnon habite l'Amérique méridionale. (3n le rencontre aussi en divers points de l'Afrique méridionale et occidentale, notam- ment sur les rives du Nil bleu. Mœurs. — Il vit en bandes nombreuses dans les marais des steppes, dans les prairies marécageuses qui bordent les lacs et les cours d'eau. De même que ses congénères du même genre, il aime à se percher sur les arbres où il passe la plus grande partie de la journée. Il ne se met que le soir a la recherche de sa nourriture, composée essentiellement de végétaux aqua- tiques. A l'époque des amours, les couples se séparent et chacun d'eu.x se construit un nid dans le creux d'un arbre. Captivité. — Cet Oiseau est domestiqué depuis très longtemps en Amérique. Il attire l'attention par la beauté de son plumage, ses allures élégantes et sa familiarité. Introduit en Europe vers i833, il s'y est pou propagé, car il lui faut, pour prospérer, le climat du Midi. Sa nourriture est la même que celle des autres Canards domestiques. LES CANARDS Les Canards proprement dits sont les représentants les plus caractéristiques de la famille des Anatidés; aussi donnerons-nous l'exacte description des carac- tères de ce genre, d'après Degland : Caractères. — Bec un peu plus long que la tète, médiocrement élevé à la base, ensuite déprimé et à peu près d'égale hauteur des narines à 1 onglet, par- faitement arrondi au bout, un peu moins large dans sa moitié postérieure que 5 LES CANARDS. [;î53] dans son tiers antérieur qui est sensiblement dilate; lamelles courtes, celles de la mandibule supérieure un peu visibles, au profil, environ sur la moitié postérieure du bec, et notablement dirigées >- -^ en arrière; onglet supérieur médiocrement courbé, ne fai- sant pas saillie à l'extrémité du bec; narines presque basales, assez rapprochées, élevées, médiocres, ovales; ailes de mo3'cnne longueur, aiguës; queue courte, légèrement cunéiforme; tarses épais, de la longueur du doigt médian. *>• *i( 1^- >,- .^(^ LE CANARD SAUVAGE [Aiias Inischas). — Caractères. — Le Canard sauvage a la tête et le haut du cou d'un vert brillant, la poi- trine d'un roux marron, limité en haut par un collier blanc; le haut du dos d'un brun cendré, finement raj'é en zigzags de gris blan- châtre; les épaules moirées de gris blanc, de brun et de noirâtre; les ailes brunes, avec miroir d'un bleu superbe en- cadré de blanc ; le bas du dos et le croupion d'un vert noir, le dessous du corps gris blanc, très finement raj'é de noirâtre; la queue grise, les quatre rectrices médianes d'un vert noir, relevées et re- courbées en demi-cercle ; le bec vert jaunâtre avec l'onglet noir; l'iris brun rougecàtre; les pieds d'un rouge-orange. Sa taille varie de o^jôo à o",55. La femelle a tout le plumage varié de brun sur un fond gris rougeàtre ; la gorge et une raie sourcilière blanches ; les rectrices médianes non recro- quevillées; l'iris brun, le bec gris verdàtre. Les variétés accidentelles ■ sont nombreuses. Habitat. — Le Canard sau- vage ou commun est abondam- ment répandu dans tout l'hé- misphère nord, depuis le cercle polaire jusqu'aux tropiques. Il n'habite les con- trées méridionales que pendant l'hiver. En France, il est surtout abondant en no- vembre et décembre, etrestedansnosmarais, jusqu'à l'époque des grandes gelées. Le Canard sauva" [354J LES CANARDS PROPREMENT DITS. 6 Mœurs. — Ses migrations s'effectuent par bandes immenses de centaines d'individus qui voyagent de jour comme de nuit, mais principalement le soir, en observant la disposition caractéristique en triangle comme la plupart des Anatides. Il fréquente les lacs, les rivières, les étangs, les eaux salées aussi bien que les eaux douces. Mais il niche de préférence dans les marais couverts de roseaux et de plantes aquatiques. Le Canard sauvage est un des Oiseaux les plus voraces que l'on connaisse; il recherche sa nourriture en barbotant dans l'eau ou dans la vase et se montre peu soucieux du choix de ses aliments. Il mange les jeunes feuilles et les pousses tendres des herbes, des plantes aquatiques, des bourgeons, des graines, des tubercules; il fait la chasse à tous les animaux aquatiques, depuis les Vers jusqu'aux Poissons et aux Reptiles; il semble toujours en proie à une faim insatiable. Ses habitudes, ses allures, ne diffèrent pas sensiblement de celles de son congénère domestique, mais il est plus agile, plus vigoureux que ce dernier. Le Canard sauvage ne craint point le voisinage de l'homme, mais il est cependant très prudent. Envers ses semblables et les autres Oiseaux, il se montre d'un caractère très sociable. Peu après son arrivée dans le pays où il doit se reproduire, il s'accouple, non sans quelques batailles préalables entre les mâles, mais une fois unis, les couples se témoignent un vif attachement réciproque, et choisissent un endroit convenable pour y construire leur nid. A cet effet, chacun d'eux recherche un endroit tranquille, sec, sous un buisson, sous une touffe de plantes, et le plus près possible de l'eau; assez souvent il niche sur les arbres et prend alors possession d'un nid abandonné de Rapace ou de Corneille. Il semble mettre plus de soin dans le choix de cet emplacement, quand le nid est construit à terre que quand il est sur un arbre. Ce nid est formé de branches mortes, de feuilles sèches, lâchement entrelacées; l'intérieur en est plus tard tapissé de duvet. Les œufs, au nombre de huit à seize par couvée, allongés, à coquille solide, luisante, d'un blanc verdàtre ou jaunâtre, sont difticiles à distinguer de ceux du Canard domestique. La durée de l'incubation est de vingt-quatre à vingt-huit jours. La femelle couve seule, et elle le fait avec le plus grand dévouement. Avant de quitter ses œufs, elle les recouvre soigneusement de duvet, qu'elle s'arrache à elle-même: elle les quitte, en rampant dans l'herbe, et n'y revient que quand clic est convaincue qu'aucun danger ne les menace. Après leur naissance, les jeunes restent encore un jour dans le nid à se réchauffer, puis ils vont à l'eau. Si le nid est élevé au-dessus du sol, ils sautent en bas, sans souffrir de leur chute; jamais leur mère ne les descend dans son bec, comme on l'a prétendu. Us passent leur première jeunesse cachés dans les herbes, les joncs, les plantes aquatiques, et ce n'est qu'au moment où ils essayent leurs ailes qu'ils se montrent sur l'eau, dans des endroits découverts. La mère emploie toute sa prudence, toute sa sollicitude pour les faire échapper aux regards de l'homme et de leurs autres ennemis; elle cherche à détourner 7 LES CANARDS. 357^ l'attention sur elle-même. Si l'ennemi ne lui semble pas trop redoutable, elle l'attaque avec courage et réussit souvent à le mettre en fuite. Les jeunes, en revanche, lui témoignent beaucoup d'attachement; ils obéissent au moindre signal, se cachent dès qu'elle le leur ordonne, et restent immobiles au milieu des herbes, jusqu'à son retour. Leur croissance est très rapide; à six semaines ils peuvent voler. Le père ne partage en aucune façon ni les soins de l'incubation, ni ceux de l'éducation. Dès que la femelle se met à couver, il l'abandonne, il en cherche une autre, et quand il n'en trouve plus, il va rejoindre ses seniblables et errer avec eux. Pendant ce temps, la mue survient ; il perd son plumage de noces, et revêt sa terne livrée d'été, qu'il ne porte guère que quatre mois, et qui passe au plumage de noces, soit qu'il y ait une mue, soit qu'il y ait simplement chan- gement de couleur des plumes. C'est à ce moment aussi que les jeunes muent pour la première fois; et alors, mâles et femelles, jeunes et vieux se réunissent pour passer l'automne en société et émigrer ensemble à l'entrée de l'hiver. Les Canards sauvages ont à craindre de nombreux ennemis : les Renards, les Loutres, les Putois, les Belettes, les Rats d'eau, viennent souvent dévaster leurs nids; les grands Oiseaux de proie leur font aussi la chasse, mais avec un succès variable selon le cas. Seyfferlitz eut occasion d'observer, en quelques heures, les diverses ma- nœuvres qu'employa une bande de Canards pour échapper à ses ennemis. Ces Canards, à la vue d'un Pygargue qui s'avançait lentement vers eux, s'élevèrent aussitôt dans l'air, et se mirent à voler au-dessus de l'eau de côté et d'autre, sachant bien que le Pygargue n'était pas capable de les attraper au vol. Celui-ci, en effet, abandonna sa chasse. Alors, ils se rabattirent sur l'eau et se mirent à chercher leur nourriture. Un faucon apparut, ils ne s'envolèrent plus, mais ils plongèrent continuellement jusqu'à ce que l'Oiseau de proie, dont toutes les tentatives avaient été vaines, eût disparu. Plus tard, arriva un .Milan: les Canards se groupèrent aussitôt, se serrant les uns contre les autres, battant des ailes, de façon à lancer continuellement de l'eau dans l'air, ils se trouvaient entourés d'un nuage de pluie; le Milan voulut le percer, mais il en fut tellement étourdi qu'il dut aussitôt abandonner ses poursuites. Chasse, — La chair des Canards sauvages est universellement estimée. Aussi fait-on a ces Oiseaux une chasse acharnée, ils constituent le principal gibier de marais de notre pays. Cette chasse est la plus intéressante de toutes les chasses au marais. Elle se pratique la nuit, à l'aftut, et nécessite une installation spéciale, dans un endroit convenablement choisi. Dans certaines régions, elle est la source de revenus importants ; la plus grande partie des Canards sauvages apportés sur les marchés représente le produit de ce genre de chasse exercé par des profes- sionnels. Elle mérite donc de nous arrêter un instant. La mare. — Quel que soit le terrain de chasse dont on dispose, bords de la mer ou marais de l'intérieur, le choix de la mare où l'on attirera le gibier à portée de fusil n'est pas sans importance. [3:> le prince de Monaco. Nous en donnons la description d'après un article de De Lesse. « Un damier d'étangs long de i5 kilomètres, large de 3 au plus, couvre une grande partie du domaine ; le plus vaste a 4 hectares, c'est l'étang de Herses. La plupart sont naturels, mais, pour augmenter les chances d'attirer le gibier, quelques étangs artificiels ont été creusés dans ce sol spongieux, opération favorable en même temps à la récolte de la tourbe. << L'ensemble est diviséen groupes d'étangs. Chacun a son garde attitré, logé dans un chalet démontable très coquet et confortable. Outre son service de sur- veillance, ce garde a fort à faire, comme nous le verrons, à donner ses soins aux appelants. X Tous les étangsdequelque importance possèdent plusieurs huttes(troispour une nappe de 3 hectares environ;. U LES CANARDS. 359j « Mais voici où l'organisation "Stratégique » atteint son plus haut degré de perfection. " Ghacunedeces huttes est reliée téléphoniLjticiuciil à sa voisine, puis aux mai- sons des gardes, et l'ensemble du réseau a pour point de concentration le pavil- lon de chasse du prince situé au centre même du marais. Enfin ce pavillon communique avec le château et le fil terminus aboutit à la chambre à coucher de Son Altesse. « Autour des étangs serpente un chemin deronde macadamisé, de i mètre à peine de large, mais fort bien entretenu. « Supposons qu'à une heure quelconque de la soirée ou de la nuit, ou bien au petit jour une bande d'Oiseaux sauvages s'abatte sur un des étangs. Le prince est aussitôt prévenu par le garde ; celui-ci indique en même temps la force du vol et la nature des Oiseaux. Aussitôt le prince enfourche une des motocyclettes toujours prêtes dans le vestibule, et par le petit chemin déjà mentionné arrive dans le voisinage de l'étang, quitte sa monture et se dirige vers la hutte en lon- geant les abris continus hauts de r',8o, en nattes de roseaux qui régnent autour de chaque étang, percés de place en place de meurtrières à volets. «En principe, c'est la canardière à main qui est utilisée le plus souvent. Mais si les vols sont nombreux et denses, les gardes amènent le canon mobile du calibre de 43 millimètres; il est monté sur roues pneumatiques et port^ le i ouïe o à 120 et 140 mètres. Plus de cinquante canards peuvent être abattus d'un seul coup avec cette arme meurtrière. " Les huttes sont établies autant que possible sur l'extiéme pointe des langues de terrain ménagées en avancée autour de l'étang; de cette façon, elles pos- sèdent un regard qui leur permet de balayer un secteur demi-circulaire de 100 mètres de rayon à peu près. " Pour un même étang, elles ne sont pas symétriques sur les deux bords, mais s'alternent. La surface de l'eau est ainsi entièrement battue par ces véritables forts en miniature. " Le terme est absolument exact : en effet, les plus importantes parmi ces huttes sont agencées un peu comme nos forts à coupole. Elles contiennent un allùt fixé sur une plaque tournante qui forme plancher et se meut sotis l'impulsion d'un mécanisme. " Sur l'affût, le garde place un des canons, si l'objectif en vaut la peine, et le braque par une vue dans la direction voulue coïncidant avec une fenêtre donnée. « Ces fenêtres, distantes les unes des autres de 5o centimètres, ont à peu près i5 centimètres sur le plus petit côté et sont percées sur le pourtour de la hutte. Or il se pourrait que le vol de sauvagine fût placé entre deux fenêtres, d'où impuissance pour le canon central. « Aussi, par un jeu de ficelles glissant sur des rouleaux verticaux couplés entre chaque groupe d'ouvertures, les parois latérales de ces fenêtres, qui sont en grosse toile, entraînent ou élargissent à volonté les vues, suivant ainsi les évo- lutions du vol à détruire. » L'ouverture se déplace donc dans le sens horizontal et sans bruit jusqu'à la fenêtre voisine. :;c,() LES CANARDS PROPREMENT DITS. li! " Quand la surface de l'eau est couverte de gibier, ce qui arrive parfois dans les très bonnes années, un signal de la hutte principale peut provoquer une décharge générale, grâce au filet téléphonique dont les mailles enserrent tous les étangs. La lune brille suffisamment, l'étang est noir de sauvagine, tout est prêt: le canon est pointé sur le gros de la troupe ; par d'autres fenêtres passent les gueules de trois ou quatre canardières maniées par des gardes. Une énorme détonation retentit, suivie du fracas des battements d'ailes et des cris des vic- times, tintamarre cherà l'oreille du huttier. « Quel peut être le résultat ? Le chiffre de trente canards représente un beau maximum, mais relativement très rare. " Un filet disposé en travers de l'étang suivant la largeur, si cet étang est assez vaste, arrête les morts et les démontés. Aidé par le tlot, il guide la plupart jusqu'à une petite loge grillagée en cul-de-sac, pratiquée sur la berge aux extré- mités du filet ; là, on recueille les victimes très rapidement. >< Chaque étang possède sa barque qui sert à ramasser les fuyards. " Aux époques de grands passages, une telle opération peut se renouveler a des étangs différents plusieurs fois de suite en l'espace de quelques heures. '< Le lendemain etles jours suivants, les chasseursauChien d'arrêt feront mer- veille, avec de bons i-en-ierers, car beaucoup d'Oiseaux médiocrement atteints sont restés dans U;s herbes. Kn outre, ceux qui sont valides, quand une partie de leur bande a été détruite, n'abandonnent pas leurs frères malheureux et restent dans le pays.» LES RACES DE CANARDS DOMESTIQUES Indépendamment de diverses espèces exotiques, appartenant aux genres Tadorne, Chipeau, Sarcelle, Aix, etc., et dont l'élevage en Europe n'a d'autre intérêt que de peupler les .lardins zoologiques et les volières de charmants Pal- mipèdes, on ne considère comme véritables Canards domestiques que les races dérivées du vulgaire Canard sauvage de nos contrées. Ces races sont les suivantes : Race normande ou de Rouen : — d'Aylesbury ; — de Pékin : — de Cayuga : — de Duclair ou à bavette; — du Labrador : — Chanterelle; — à huppe; — à bec courbé ou Polonaise : — du Pingouin. Historique. — » Presque tous les naturalistes, dit Darwin, admettent la descendance de ces diverses races du Canard sauvage commun {Anas boschas): les éleveurs, par contre, ont d'autres idées à ce sujet. A moins de nier que la 13 LES RACES DE CANARDS DOMESTIQUES. \^ianard sauvage. Les ceul's de Canards du Labrador ont une teinte d'un noir de suie, nuiis à mesure que la ponte s'avance, ils deviennent de moins en moins foncés. RACE CHANTERELLE. — Les Canards de la race Chanterelle sont remar- quables par leur petite taille, leur vivacité et leur loquacité inlassables. A l'exception de leur bec relativement court, ils ne se dilTérencient pas de la race commune. RACE HUPPEE Celte race ne présente comme particularité intéressante que la présence d'une huppe sur le sommet de la tète. Ce caractère peut apparaître spontanément dans diverses races et se fixer défi- nitivement par la sélection artificielle. RACE POLONAISE ou A BEC COURBÉ. — Le nom de PuhmaLse, donné à cette race, ne rappelle pas du tout son pays d'origine. Les Canards polonais sont, en réalité, des Canards de la race commune, chez lesquels est apparue accidentellement une courbure du bec, comme est apparue une huppe dans la race précédente. Ce caractère a ensuite été soigneusement cultivé par certains éleveurs et a produit une race qui n'est, en réalité, qu'une monstruosité héréditaire. D'ailleurs, on remarque parfois aussi la présence d'une huppe chez ces Canards à bec courbé, ce qui vient augmenter leur aspect grotesque. Leur plumage est généralement blanc. Ils sont connus depuis une époque très reculée; Willughby les avait signalés en 1676. RACE DU PINGOUIN. — Les Canards Pingouins sont ainsi appelés à cause de leur attitude redressée, comme celle des Pingouins. Us sont originaires de l'archipel Malais. Néanmoins, ils doivent être considérés comme le résultat d'une particularité morphologique anormale soigneusemrnt cultivée par les éleveurs. Les Canards Pingouins n'ont pas un plumage défini. Ils s'accouplent et donnent des métis avec la plupart des autres races domes- tiques. D'après Cornevin, il s'est accouplé au Jardin zoologique de Londres, avec l'Oie d'Egypte, et a produit un hybride très curieux. Elevage. — Les Canards domestiques, de même que les Gallinacés, exigent, pour prospérer en captivité, et être de quelque profit à leurs éleveurs, certains soins particuliers, basés sur l'observation des mœurs de ces Oiseaux. Aussi nous paraît-il intéressant, à ce point de vue, de reproduire les conseils suivants d'un aviculteur expérimenté, Rémy Saint-Loup : « Les Canards sont des Oiseaux d'eau, et c'est pour cela qu'il semble naturel PI. LVII. — Canards domestiques, race commune ( Teite. p. 3ôi). 17 LES RACES DE CANARDS DOMESTIQUES. [365] de les placer dans des conditions normales en établissant leur demeure dans le voisinage d'une rivière, d'un ruisseau ou d'une mare. Les éleveurs assurent que les Canards s'élèvent très bien en dehors de ces conditions ; qu'il suffit de les parquer dans un enclos où un peu d'eau leur est apportée dans un baquet plat et que même, de cette manière, les Oiseaux grandissent et engraissent plus vite. Ceci est exact, mais il ne faut pas en conclure que cette méthode est toujours préférable. « Il y a en effet autant de manières d'élever des Canards qu'il y a de résultats à obtenir. Le cultivateur ou le fermier qui possède une bande de Canards qui doivent lui procurer un revenu accessoire à côté d'autres revenus d'agriculture qui exigent tout son temps a tout avantage à laisser ses Oiseaux aller à l'eau. Cette manière d'élevage se fait dans beaucoup de localités ; les Oiseaux habitent une hutte, un poulailler, une écurie quelconque pendant la nuit, et, le jour venu, s'en vont gagner la rivière ou la mare voisine. Là ils trouvent une grande partie de leur nourriture s'ils peuvent se promener sur une étendue considérable. Des têtards de Grenouilles, des Insectes, des plantes aquatiques sont à leur portée, ils en profitent. Le soir, une poignée de grains ou une pâtée complète l'alimentation, qui est ainsi économique. Le rendement est-il considérable? En général, non, excepté dans des conditions tout à fait particu- lières et qui sont rares. Le plus souvent la bande de Canards diminue, soit du fait des maraudeurs, soit par suite d'accidents: il arrive assez souvent que les Canards se prennent à des lignes de fond et se noient. Les œufs se perdent si les Canes sont lâchées avant l'heure de la ponte. « Cette manière d'avoir des Canards ne peut guère être classée comme un mode d'élevage dont on puisse établir la valeur économique. « Le paysan qui parque ses Canards sur un ruisseau d'eau courante est dans de meilleures conditions. Il est délivré du souci de renouveler l'eau des réser- voirs et des abreuvoirs, mais il doit nourrir entièrement les animaux, et ici la dépense est considérable, attendu que les Canards jouissent d'un fort bel appétit, surtout quand ils prennent de l'exercice. « C'est pour cette raison que les aviculteurs ont imaginé d'imposer du repos a leurs hôtes, en réduisant le baquet d'eau courante à un baquet d'eau stagnante. Dans ces conditions, le Canard profite mieux de la nourriture, mais il est essen- tiel d'entretenir les réservoirs dans le plus grand état de propreté, d'en renou- veler l'eau fréquemment. Sans cette surveillance, le parquer à Canards ne tarde pas à enfermer des animaux d'une malpropreté repoussante et leur santé s'altère. « Le sol du parquet devra très souvent être balayé et sablé, surtout si les animaux sont nombreux dans un petit espace. Le trop grand nombre dans un espace restreint est une cause des maladies qui peuvent décimer en très peu de temps les animaux enfermés. Dans le terrain consacré aux Canards, un hangar devra être établi qui servira d'abri pendant la pluie et sous lequel seront disposées les huttes. Ces huttes, que chacun construira ou choisira à sa guise chez les constructeurs, seront disposées de manière à permettre largement l'accès de l'air, et seront assez nombreuses pour que, dans aucune d'elles, les Oiseaux ne soient La vie des AM.MAIX ILLUSTRÉE. ' > . 27 [300 LES CANARDS PROPREMENT DITS. IS entassés. Chaque soir, il faut s'assurer que les Oiseaux sont également répartis dans chaque case, parce qu'il arrive qu'ils se réunissent en grand nombre dans certaines et désertent les autres. Pendant la nuit, ils se bousculent, se couchent les uns sur les autres, et les plus délicats sont quelquefois étouffés. « Les huttes ou cabanes à Canards doivent toujours être disposées de manière à ce que le nettoyage du sol ou du plancher puisse être fait commodément et fréquemment. « Il n'est pas sans importance d'insister sur ce point. On voit généralement dans les campagnes les Canards logés dans quelque coin inaccessible, entassés dans un bourbier immonde que l'on rend propre et salubre quand on a le temps, c'est-à-dire le plus rarement possible. « Cette négligence a des effets désastreux, elle est très difficile à combattre et si l'on fait à ce sujet quelques observations, si l'on se permet de dire aux fer- miers que les animaux doivent coucher sur une litière absolument propre, ils répondent que sur ce sujet ils en savent de père en fils plus long que les cita- dins. La dépense de litière parait à quelques-uns un luxe dispendieux; la paille est d'une valeur trop élevée, mais la sciure de bois peut rendre d'excellents ser- vices, soit qu'on l'emploie seule, soit qu'on la mélange de terre ou de sable; la tourbe peut également rendre des services pour cet usage. On peut aussi faire coucher les Canards sur des claies ou des planches qui seraient chaque matin lavées à grande eau. Chacun doit s'ingénier suivant les circonstances où il se trouve; mais le principal est de veiller à la parfaite salubrité du logement des animaux, et la propreté est la première condition. Il y a beaucoup d'éleveurs qui connaissent l'importance de ces règles d'hygiène pour le profit économique, les autres se décideront à les imiter. « S'il s'agit de Canards d'agrément ou plutôt d'ornement, les conditions d'éco- nomie ne règlent plus la méthode. Les animaux de luxe, quels qu'ils soient, sont d'un entretien dispendieux; ils ne peuvent être une source de revenus que pour les personnes qui s'occupent spécialement de leur élevage, non pas au point de vue artistique ou sportif, mais au point de vue commercial. Ces per- sonnes ont assez l'expérience de cet élevage industriel pour que nous n'ayons pas de conseils à leur donner, elles savent que la réussite est due bien plus à l'habileté commerciale qu'à des pratiques particulières d'aviculture. « Les Canards d'ornement doivent être élevés à proximité d'une pièce d'eau, grande ou petite; autrement, ils perdent tout leur intérêt. Si la pièce d'eau est enclavée dans des grillages, dans une immense volière, ces Canards pourront nager et voler à leur guise; si leur domaine est découvert, il faut les empêcher de prendre leur vol. Différents procédés sont employés dans ce but. Le plus simple consiste à couper quelques rémiges d'une aile, de telle manière que l'Oiseau déséquilibré ne se risque plus à voler. Un procédé plus barbare, mais plus radical, attendu qu'ainsi on n'a pas à surveiller la croissance des plumes, consiste à amputer le dernier article de l'aile charnue qui correspond à la main de l'Oiseau. On trouve enfin dans le commerce une sorte de bague en caoutchouc que l'on adapte à l'aile, de manière à maintenir le bras contre la main, et à empêcher ainsi l'extension de l'organe et par conséquent le vol. L'emploi de ces 19 LES CHIPE AUX. [3G7] bagues paraît assez pratique. Le parc à Canards sera disposé suivant le goût de chacun : gazonné en certains endroits, sablonneux ou rocailleux en d'autres; mais il est recommandé, pour obtenir la reproduction des petites espèces, de placer à une faible distance de l'eau, dans les roseaux, des abris ou des paniers en forme de bouteille, dans lesquels la Cane viendra cacher ses œufs. Certaines espèces s'accommodent fort bien de ces bûches creuses dont on se sert pour faire nicher les Perruches; il est bien entendu que leur dimension doit être proportionnée au volume des Oiseaux. « Si la pièce d'eau est très petite, enfermée dans une volière, elle doit être peu profonde pour se nettoyer facilement. « Des troncs d'arbres pourvus de quelques branches seront placés aussi dans la volière, pour que les Canards puissent se percher. « L'abri ou le panier destiné à la ponte sera placé non pas sur le sol, mais à une faible hauteur; l'entrée en sera tournée du côté le moins en vue et des bran- chages ou une planche formeront un palier qui permette à la Cane d'y accéder. Ces Oiseaux aiment à cacher leurs œufs, il faut tenir compte de cet instinct et le favoriser. Pendant l'incubation, il faudra placer du foin ou de la paille faisant litière autour du nid, parce que la Cane, lorsque les petits sont éclos, a l'ha- bitude de les jeter dehors pour leur ouvrir de nouveaux horizons. Il est avan- tageux pour eux de faire leur entrée dans le monde sur un sol un peu capitonné. En terminant ce qui est relatif au choix de l'emplacement pour l'élevage des Canards de rapport ou de luxe, nous signalerons une observation qui semble un peu paradoxale, et qui cependant est juste. Les Canards craignent l'humi- dité; le terrain où ils se reposent doit être sec, les huttes ou cabanes doivent de même se sécher facilement. « Il faut, par conséquent, ménager des pentes dans le sol qu'ils occupent et construire l'abri dans un terrain qui soit en contre-bas. Comme pour beaucoup d'autres animaux, il faut aménager leur parc de manière à leur laisser le choix d'une place au soleil ou d'une place à l'ombre, d'un bain dans l'eau pure ou d'une sieste sur le sable ou la litière sèche. Que les Canards soient donc heu- reux, et leur satisfaction récompensera l'aviculteur. « LES CHIPEAUX Caractères. — Les Chipeaux se distinguent des Canards et genres voisins par le grand développement et la disposition des lamelles qui garnissent les bords de la mandibule supérieure; ces lamelles, visibles extérieurement dans les trois quarts du bec, sont longues, saillantes et détachées comme les dents d'un peigne. Ces Oiseaux sont les meilleurs plongeurs delà famille. Lorsqu'ils sont pour- suivis et blessés, ils plongent pour échapper à leur ennemi, au lieu de s'envoler comme la plupart de leurs congénères. Leur vol est cependant aussi soutenu et plus rapide que celui des vrais Canards. [nos LES CANARDS PROPREMENT DITS. 20 LE CHIPEAU BRUYANT Chaiilelasmiis slrepera). — Caractères. — Le Chi- pcau bruyant mesure environ o'^jÔû de long. Il a presque tout le plumage mou- cheté ou vermiculé de noir et de blanc, le dessus de la tête noir avec une raie médiane d'un brun roussàtre; le miroir des ailes formé par trois bandes trans- versales, l'une blanche, l'autre noire, la troisième d'un roux marron; le crou- pion et les couvertures inférieures de la queue d'un noir pur; l'iris brun clair, le bec noir, les pieds d'un rouge-orange avec les palmures noirâtres. La femelle, de plus petite taille que le mâle, s'en distingue encore par sa livrée; les plumes des parties supérieures sont d'un brun noirâtre, bordées de roux clair; la poitrine d'un brun roux tachetée de noir: les sous-caudales grises ainsi que le croupion. Habitat. — Le Chipeau bru_\ ant habite les vastes marais du nord de l'Europe. Il est commun en Suède, en Russie, en Hollande. Il vient hiverner dans les régions tempérées et jusqu'en Italie. En Amérique, il est représenté par plusieurs variétés peu différentes de notre espèce européenne. On le connaît en Picardie sous le nom de Ridenne; il arrive dans ce pays, d'après Des Murs, au mois de novembre, lorsque soufflent les vents du nord- est ; lorsque ces vents persistent plusieurs jours, les Ridennes continuent leur route jusque dans le Midi et ne reparaissent qu'à la fin de février, aux premiers vents du sud. Mœurs. — Le Chipeau bruyant est la seule espèce du genre ; ses mœurs se dis- tinguent donc de celles des autres Canards par les particularités signalées plus haut. Sa nourriture est assez variée; elle se compose de plantes et de graines aqua- tiques, d'Insectes, de Vers, de coquillages et même de petits Poissons. Il niche dans les marais et les prairies, parmi les joncs et les hautes herbes. Sa ponte est de huit ou neuf œufs, d'un gris jaunâtre ou verdàtre très pâle. La chair des Chipeaux est excellente lorsque ces Oiseaux sont bien gras. LES CANARDS SIFFLEURS OU MAREQUES Caractères. — Les Marèques ont pour caractères essentiels : un bec plus court que la tête, légèrement rétréci vers l'extrémité, garni de lamelles larges et espacées ; des narines petites, très écartées; des ailes aiguës. Les espèces de ce genre doivent leur nom à leur cri d'appel particulier, qui est une sorte de sifflement aigu. Une autre particularité qui les distingue encore des vrais Canards, est qu'au lieu de barboter dans la vase, elles se nourrissent surtout d'herbes et de plantes diverses qu'elles broutent à la manière des Oies. LA MARÈQUE PÉNÉLOPE Mureca penelope\ —Caractères. — LaMarèque pénélope a le dessus de la tète d'un blanc jaunâtre; les côtés de la tête et le cou d'un roux marron pointillé de noir; la poitrine d'un cendré lie de vin, l'abdomen blanc; le dos et les flancs d'un brun cendré, rayés de zigzags, les uns noirâtres ■2i LES FILETS. m*] les autres blanchâtres; les ailes variées de brun et de gris, le miroir vert encadré par deux bandes noires; la queue noire ; l'iris brun, les pieds cendrés ; le bec bleu noir. Sa taille est d'environ o'",47. La femelle est un peu plus petite que le mâle. Son plumage est assez différent: il présente une teinte générale d'un roux tacheté de noir. Habitat. — La Marèque pénélope ou Vingeo)i habite les contrées orientales de l'Europe; elle est de passage régulier en France, en Allemagne, en Hollande, en Italie. Quelques couples nichent parfois dans notre pays. Mœurs. — C'est une des espèces les plus sociables ", on la rencontre toujours en bandes très nombreuses qui viennent s'abattre dans les marais ou sur les rives des lacs et des fleuves. Son régime est omnivore, comme celui de ses congénères, mais les substances animales y entrent pour une grande part. Elle niche toujours au bord de l'eau. Sa ponte est de huit a dix œufs d'un gris verdàtre sale, sans taches. La Marèque pénélope a des allures très vives, un vol rapide ; ces qualités jointes à son naturel défiant rendent difficile la chasse de ce Canard. Sa chair est cependant très estimée. Captivité. — On l'élève facilement en captivité, pourvu que l'on mette à sa disposition une grande pièce d'eau et qu'on lui procure une nourriture animale abondante. Elle se fait remarquer par sa gaieté et sa vivacité. LA MARÈQUE AMÉRICAINE [Mareca americana). — Cette espèce, appelée aussi Canard siffleiir d'Amérique, représente sur le nouveau continent la Ma- rèque pénélope de l'Europe. Elle habite le nord de l'Amérique, et se reproduit abondamment dans le voisi- nage de la baie d'Hudson. Dans ses migrations^ elle s'avance jusqu'aux Antilles et commet parfois des ravages importants dans les rizières, pendant la saison des pluies. LES PILETS Les Pilets se distinguent essentiellement des genres voisins par leur queue allongée, pointue. LE PILET ACUTICAUDE OU CANARD A LONGUE QUEUE [Da/ila acuta). — Caractères. — Le Pilet acuticaude a la tète brune, le devant du cou et tout le dessous du corps d'un blanc pur ; le dos et les flancs rayés de zigzags noirs et cendrés; les rémiges brunes lisérées de gris; le miroir des ailes formé d'une large bande d'un vert pourpre, bordée en dessus d'une bande rousse et en dessous d'une bande blanche ; les rectrices brunes, les médianes dépassant les latérales d'environ o^.oS ; celles-ci cendrées et frangées de blanc; le bec d'un bleu noi- râtre; les pieds d'un cendré rougeàtre ou noirâtre; l'iris brun. [370j LES CANARDS PROPREMENT DITS. 22 Sa taille est de o'",(">Jî à û"',65, de la pointe du bec à l'extrémité de la queue, celle-ci étant prolongée de o"',()8 à o'", i o par les rectrices médianes. La femelle, d'une taille un peu plus faible, a le plumage varié de brun et de roussàtre. Habitat. — Le Filet acuticaude habite, en été, le nord de l'Europe et de l'Amérique; l'hiver, il descend dans le midi des deux continents; il est de pas- sage régulier en Hollande, en Allemagne, en France, en Italie; il se reproduit même dans quelques marais du centre de la France. Mœurs. — C'est une espèce bien connue des chasseurs, qui le désignent sui- vant les pays sous les noms caractéristiques de : Pennard, en Picardie ; Bouis, en Provence; Canard-Faisan. Canard paillc-cn-queiic, etc. Sa chair est très estimée. Le Pilet se croise volontiers, en liberté, avec le Canard sauvage vulgaire. D'un naturel sociable et peu farouche, il s'habitue aisément à la domesticité. On peut rapporter au genre Pilet un certain nombre d'espèces exotiques très ornementales, telles que le Canard de Baliania [Dafila bahaniensis', qui est comparable par la beauté de son plumage et la grâce de ses allures aux Canards carolin et mandarin. LES SARCELLES Le groupe des Sarcelles est composé d'un certain nombre d'espèces de petite taille, aux formes élégantes et bien proportionnées, et qui présentent, en outre des caractères génériques communs, les mêmes mœurs, les mêmes habitudes. Caractères. — Les caractères du genre Sarcelle sont les suivants, d'après Degland : » Bec presque aussi long que la tète, assez élevé à la base, droit à partir des narines, étroit, demi-cylindrique, un peu plus large à l'extrémité qu'au milieu ; lamelles presque entièrement cachées ; mandibule inférieure visible, à la base, sur une très petite étendue; onglet supérieur petit, en grain d'orge, crochu ; narines basales, très rapprochées, percées près du sommet, larges, ovales, un peu obliques : ailes assez longues, aiguës ; queue courte, conique; tarses un peu plus courts que le doigt médian. » Les Sarcelles sont plus vives, plus alertes que les autres espèces de Canards. Elles voyagent en bandes très nombreuses qui dans leur vol n'observent pas un ordre régulier. Leur nourriture se compose de plantes aquatiques, d'Insectes, de Mollusques, qu'elles ramassent le plus souvent à la surface de l'eau ; elles plongent rare- ment. LA SARCELLE COMMUNE OU SARCELLE D'ÉTÉ {Querquedula circia). — Caractères. — La Sarcelle d'été mesure environ o^.Sô de long. Le mâle adulte a le dessus de la tête d'un brun noirâtre; le dessus du corps et les Hancs rayés en zigzags de noir et de blanc; la face et la partie supérieure du cou d'un brun rougeâtre pointillé de blanc : la gorge noire : les parties latérales de la tète 2:î les sarcelles. [371] ornées d'une ligne blanche partant desycux et allant longer le brun delà nuque; la partie inférieure du cou et la poitrine émaillées de croissants noirs et rous- sâtres disposés en écailles ; les parties inférieures du corps blanches; le miroir des ailes bordé de blanc ; le bec noirâtre ; les pieds cendrés ; l'iris brun clair. La femelle, plus petite que le mâle, est d'une teinte générale brune en dessus, d'un blanc roussàtre en dessous, avec la gorge blanche, la poitrine et les flancs tachetés de brun. Habitat. — La Sarcelle d'été habite le centre et le midi de l'Europe, l'Afrique septL'ntrit)nale. Elle est de passage régulier en Hollande, en Belgique et en France. Elle est sédentaire dans quelques localités de notre pays. Mœurs. — Les époques des migrations pour la Sarcelle d'été sont les mois d'octobre, de novembre, et ceux de février, mars. A ce moment toutes les familles d'un même canton se réunissentpour entre- prendre leurs voyages en commun. La Sarcelle d'été choisit, pour faire son nid, les bords des marais et des rivières couvertes de hautes herbes. Elle affectionne particulièrement les eaux peu profondes où elle ramasse, en barbotant, les Insectes, les Vers, les coquillages dont elle fait sa principale nourriture. D'un naturel peu farouche, elle se laisse facilement approcher par le chasseur, mais quand elle est blessée, elle plonge aussitôt, et devient introuvable. Domesticité. — Les Sarcelles sont d'une domestication facile; elles s'appri- voisent très vite ; leurs allures vives et gaies, leurs mœurs pacifiques en font un précieux ornement des pièces d'eau de nos parcs. A l'automne, elles s'engraissent beaucoup et leur chair devient très délicate. LA SARCELLE SARCELLINEOU SARCELLE D'HIVER {Qiterqiiediila crecca). Caractères. — La Sarcelline ne mesure que o'°,32 de long. Elle a la tête et le cou d'un roux marron avec une ligne d'un vert brillant bordée de blanc allant de l'œil à la nuque: le dessus du corps et les flancs rayés de zigzags blancs et noirs ; la poitrine d'un blanc rougcàtre varié de tac les noires ; le-ventre blanc jaunâtre ; les ailes brunes ornées d'un miroir noir et vert bordé de blanc; le bec noirâtre ; les pieds cendrés ; l'iris brun. La femelle a un plumage plus uniforme, où domine le brun, les parties latc raies de la tête présentant une bande d'un blanc roussàtre tachetée de brun. Habitat. Mœurs. — La Sarcelle sarcelline habite les mêmes régions que la Sarcelle commune ; elle est plus abondante en France que cette dernière. Elle niche aussi dans les marais. Ses aptitudes à la domesticité et la délicatesse de sa chair font regretter que son élevage ne soit pas plus répandu. On rencontre assez fréquemment dans les basses-cours des Jardins zoologiques un certain nombre de Sarcelles exotiques dont les moeurs sont les mêmes que celles des Sarcelles d'Europe. Ces Oiseaux ne sont élevés en captivité qu'à un point de vue ornemental. [372J LES CANARDS PROPREMENT DITS. 24 Telles sont : la Sarcelle de Formose, la Sarcelle soucroucoii ou de (layenne, la Sarcelle à faucilles, \-^ Sarcelle du Brésil, la Sarcelle du Cap, etc. LES CAIRINAS Caractères. — Les Cairinas, appelés aussi Canards musqués ou Canards de Barbarie, ont le corps cylindrique et allongé, le cou mince, le bec étroit, entouré à la base d'excroissances charnues qui s'étendent jusqu'aux narines ; des ailes très développées; une queue relativement longue. LE CANARD MUSQUÉ [Cairina moschata). — Caractères. — Le Canard niusqué est d'une taille un peu plus forte que celle du Canard domestique vul- gaire. Le mâle à la tète d'un noir vert métallique, le dos, les ailes, d'un vert foncé à reflets pourpres, quelques-unes des couvertures des ailes blanches; toutes les régions inférieures d'un noir brun. La femelle est un peu plus petite que le mâle ; son plumage est presque entièrement d'un brun noir sans éclat. Depuis que cette espèce a été acclimatée en Europe et domestiquée, trois variétés ont été créées; ce sont : la Blanche, la Bronzée et la Panachée. La variété panachée présente, disséminée dans toutes les régions, mais particulièrement sur la tête, le cou et le plastron, des taches blanches plus ou moins étendues; les caroncules charnues de la base du bec sont noires tachetées de blanc, tandis que chez les autres races, elles sont rouges. Habitat. — Le Canard musqué est originaire de l'Amérique du Sud où il vit encore à l'état sauvage. Son nom de niuscinélux vient de la légère odeur qu'il exhale à certains moments. Mais l'origine des multiplesdénominations qu'on lui a attribuées : Canard de Barbarie, Turc, Polonais, Canard d'Inde, de Guinée, de Lrbie, est très difficile à débrouiller, d'autant plus que cette espèce est également très abondante dans le centre de l'Afrique. Cornevin fait à ce sujet les réflexions suivantes : « On se demandera d'abord, dit-il, comment un Oiseau connu dans l'ancien continent, seulement depuis trois cent cinquante ans — car il aurait été introduit en Européen i55o — fut appelé Canard des Indes par Conrad Gesner qui le décrivit, et Canard de Lybie [A. lybica\ par Belon (i555); puis comment il a pu se répandre si rapi- dement dans toute l'Afrique et être le seul que possèdent les tribus nègres, si longtemps confinées dans leurs forêts, leurs hautes herbes et à peu près isolées du reste du monde. « Mais, si l'on considère que ces tribus cultivent le manioc, le tabac, le maïs, l'arachide, la patate, et, en quelques endroits, le haricot, plantes d'origine incontestablement américaine, on est amené à songer à deux hypothèses. « Dans l'une, on admettrait qu'il y a eu, à une époque indéterminée, mais PI. I,\'1II. — l,e (Canard mandarin (Texte, p. 1*7-11. LES CAIRINAS. 13731 antérieure à la découverte de Christophe Colomb, des rapports entre l'Afrique et l'Amérique, hypothèse qu'appuient diverses découvertes archéologiques récentes. » Dans l'autre, on accepterait que les relations n'ont commencé qu'à la fin du xV siècle et on considérerait comme vraisemblable que jusqu'à la conquête de l'Amérique et même un peu plus tard, l'Afri- que centrale était encore à l'état de sauvagerie et ne bé- néficiait pas des con- • quêtes agricoles si nom- breuses faites sur le Nil Le Canard musqué ou de Barbarie. — Variété panachée. OU la Méditerranée. Serait venue la chasse aux esclaves dans le continent noir et leur envoi en Amérique, où ils se seraient initiés à la connaisance des végétaux et des animaux cultivés dans le nouveau monde. Quelques-uns de ces esclaves auraient été ramenés par les Portugais, possesseurs de colonies en Amérique et en Afrique, pour exploiter ces dernières, et ce seraient ces noirs rapatriés qui auraient rapporté avec eux les plantes et le Palmipède américains qui nous occupent. '( Dans l'état actuel de la science, il est impossible de se prononcer formelle- ment pour l'une ou pour l'autre. » 374] LES CANARDS PROPREMENT DITS. 26 Mœum. — Le Canard musqué se tient à l'embouchure des tleuves, dans les marais des savanes. Il se nourrit de Poissons, de Mollusques, d'algues et de plantes aquatiques. Il passe la nuit sur les arbres et s'}- réfugie en cas de danger. Son vol est très rapide, mais lourd. Son genre de vie ne diffère pas de celui des Canards sauvages de l'Europe, mais, au contraire de ceux-ci, il a des mœurs sédentaires. Captivité. ■ — Le Canard musqué était autrefois la seule espèce domestique connue en Amérique. Il est aujourd'hui abondamment répandu dans toutes les contrées du globe. Son élevage ne présente pas plus de difficultés que celui des diverses races vulgaires, et offre même quelques avantages particuliers. Le Canard musqué peut très bien se passer d'eau. Sa grosse taille le fait rechercher des éleveurs, bien que sa chair soit inférieure à celle des Canards de Rouen, car elle prend chez les adultes une légère odeur de musc surtout à l'époque de l'incubation. Néanmoins, son croisement avec les races domestiques produit un h3'bride connu sous le nom de Mulard, possédant des caractères mi.xtes et une taille supérieure à la moyenne. LES AIX Caractères. — Les Ai.\ sont caractérisés par un corps allongé, un cou mince, de longueur moyenne, une tête grosse; un bec court, mince, à onglet fortement recourbé, surplombant la mandibule inférieure; des ailes moyennes, étroites- aiguës; une queue allongée; des jambes courtes, épaisses; un plumage orne de couleurs vives: les plumes de la tête allongées en huppe. Les deux espèces les plus répandues de ce genre sont désignées vulgairement sous les noms de (Jaiuvd niandariii et Caim)\i caroliii. LE CANARD MANDARIN (') (Aix galo-iciilata). — Le Canard mandarin possède un plumage très bariolé dont la description est la suivante : Les plumes de la tête se prolongent en arrière en une huppe qui est d'un vert bleu pourpré dans sa partie antérieure, d'un vert brun dans sa partie posté- rieure, d'un blanc jaunâtre sur les côtés, cette dernière couleur s'étendant autour et en avant de l'œil. Les plumes effilées des côtés du cou sont hérissées en une sorte de crinière d'un rouge-cerise; les plumes du devant du cou et de la poitrine d'un rouge brun. Le dos est d'un brun clair; la partie inférieure et médiane du corps blanche. La poitrine présente latéralement deux larges bandes noires alternant avec deux autres bandes blanches irrégulières disposées en ceinture; les flancs sont d'un brun jaunâtre. De la partie inférieure du dos naissent deux éventails de plumes redressées, PI. LXllI. — Le Canard mandarin (Planche, p. 'i~2). 27 LES SOUCHETS. [375 bleues à la base, d'un jaune brun dans le reste de leur étendue et bordées de blanc. Les rémiges sont d"un gris bleuâtre, bordées de blanc; la queue d'un vert foncé à reflets métalliques. Le bec est rouge avec la pointe jaunâtre; les tarses d'un jaune rouge. En été, ces beaux Oiseaux perdent leur crinière; l'éclat de leurs couleurs diminue. Mâle et femelle sont alors difficiles à distinguer l'un de l'autre. Habitat. — Le Canard mandarin habite le Japon, le nord de la Chine, le bassin du fleuve Amour. Il fut introduit pour la première fois en Europe en i83o, au Jardin zoologique de Londres. Mœurs. — Ses mœurs à l'état sauvage sont peu connues, mais elles ne paraissent par différer sensiblement de celles des Palmipèdes de la même sous- famille. Cet Oiseau se nourrit surtout de plantes aquatiques, d'Insectes, de Gre- nouilles, de graines et baies diverses. Il niche sur les arbres et aime à s'}' reposer. Captivité. — Le Canard mandarin est l'un des plus beaux Oiseaux de basse- cour. .Mais son élevage est assez délicat. Les jeunes doivent être protégés contre le froid et la pluie; il faut leur donner une nourriture choisie dans laquelle doivent entrer les œufs durs, le sang de Bœuf, les œufs de Fourmis. Ses ma^urs en captivité sont intéressantes à observer. Il est monogame et l'affection que se témoignent les deux individus d'un même couple] explique pourquoi les Chinois font de cet Oiseau le s3'mbole de la fidélité conjugale. LE CANARD DE LA CAROLINE {Aix sponsa). — Caractères. — Le Canard de la Caroline ressemble beaucoup au Mandarin: il a aussi la huppe bleue bordée sur les côtés d'une raie blanche; mais les plumes du cou ne forment pas de crinière; la gorge estmarquée de blanc, la poitrine est d'un rougeàtre pail- leté de blanc. Habitat. — Il représente, en Amérique, le Canard mandarin de l'ancien con- tinent. Il habite les Etats-Unis en été, et émigré en hiver dans l'Amérique centrale. Mœurs. — Ses mœurs sont les mêmes que celles des autres Canards vivant à l'état sauvage en Amérique, tels que les Canards musqués. Captivité. — On l'élève en captivité, comme le Mandarin. Il réclame les mêmes soins minutieux que ce dernier. LES SOUCHETS Caractères. — Les Souchets ne peuvent être confondus avec aucun autre genre voisin. Ils se reconnaissent à l'évasement excessif de leur mandibule f37G] LES CANARDS PROPREMENT DITS. 2H supcricurc à l'extrémitc, le grand développement et la disposition finement pcc- tinée des lamelles qui en garnissent les bords. LE SOUCHET COMMUN [Spatula clfpeata). — Caractères. — Le Souchet commun, ou Rouget de rivière, a la tête et le cou d'un beau vert foncé à reflets; la poitrine d'un blanc pur, le ventre et les Hancs d'un roux marron; le dos et le croupion d'un noir verdàtre; les scapulaires blanches tachetées de noir; les petites couvertures des ailes d'un bleu clair, les grandes couvertures secondaires noirâtres terminées de blanc, les rémiges brunes; le miroir de l'aile d'un vert foncé métallique ; la queue blanche, avec les deux pennes médianes et les barbes externes des suivantes brunes; le bec noir verdàtre en dessus, jaunâtre en dessous, l'iris jaune; les pieds jaune-orange. Sa taille est d'environ o°,5o. La femelle se reconnaît à la couleur de la tète, qui est d'un roux très clair, marqué de petits traits noirs. Habitat. — • Le Souchet est répandu dans tout le nord de l'Kurope et de l'Amérique. Il émigré l'hiver dans les régions tempérées et méridionales. En France, il n'est que de passage à la fin d'octobre et en mars. Mœurs. — Ses mœurs ne diffèrent pas sensiblement de celles des autres Canards. Sa nourriture cependant parait se composer essentiellement d'Insectes, de Mouches aquatiques, de frai de Grenouille et de substances végétales. Il niche sur les bords des lacs et des étangs, parmi les joncs et les hi.utes herbes, dans des endroits peu accessibles. Sa chair est très savoureuse. LES FVLIGUUENS Les Fuliguliens se distinguent des Canard-^, avec lesquels on les a souvent confondus, par des formes plus ramassées, un cou plus court, des jambes insérées très en arrière du corps, des palmures larges, le doigt externe allongé, égal au médian, le pouce bordé d'une large membrane. On les désigne avec raison sous le nom de (la)iards plongeurs. Ils vivent de préférence sur les eaux salées, et se nourrissent e.xclusivement de petits Poissons, de \'crs, Mollusques et Crustacés qu'ils capturent en plongeant. LES FULIGULES Caractères. — Les caractères de ce genre sont à peu près ceux du genre Canard, à l'exception de la forme du bec, qui est ici plus large à la base qu'à la pointe, et des légères particularités caractéristiques de la sous-famille. LA FULIGULE MORILLON [Fuligula cristaLv. — Caractères. — La Fuligule morillon a la tète, le cou et la poitrine d'un noir à reflets violets, les plumes de '^0 LES F U LIGULES. ■.m ancien la nuque longues, effilées, se prolongeant en une huppe pendante; le dos, les ailes, la queue d'un brun noirâtre à reflets bronzés, avec un large miroir d'un blanc pur sur les ailes; l'abdomen et les flancs noirâtres; le bec bleu clair avec l'onglet noir: l'iris jaune, les pieds bleuâtres, les palmures noires. La taille de cet Oiseau est d'environ o",4o. La femelle porte une huppe plus courte; son plumage est d'un noir mat, parsemé de points et détaches roussàtres. Habitat. — La Fuligule morillon habite les régions arctiques de continent; elle descend l'hiverdans les contrées tempérées. Mœurs. — Ses mi- grations s'effectuent en bandes nombreu- ses, bruyantes, qui viennent s'établir sur les eaux vives qui ne gèlent pas. En été, elle ne se nourrit presque ex- clusivement que de substances végétales, de racines tubercu- leuses, de jeunes plantes, de jeunes pousses d'herbe, des fleurs et des fruits de diverses plantes aquati- ques; elle prend en outre des Insectes, de petits Poissons, des coquilla- ges. Pendant ses migrations, elle a un régime plus animal, et à ce moment, sa chair, fort savoureuse en tout autre temps, prend un fort goût huileux désa- gréable. La Fuligule niche assez tard, rarement avant le milieu de mai. Elle s'éta- blit toujours à cet effet dans un lac ou un étang dont les bords portent une abondante végétation, et c'est au milieu des roseaux, des joncs, des herbes qu'elle établit son nid. Il lui est indifférent que les eaux sur lesquelles elle se fixe soient douces ou salées. Parfois, elle niche tout au voisinage de lieux habités, dans de très petits étangs; mais alors, quelques jours après que ses petits sont éclos, elle les conduit à une pièce d'eau plus étendue. Après leur arrivée au printemps, les Fuligules demeurent longtemps avec les autres Canards, sans songer à se reproduire. A la fin d'avril, elles deviennent vives et inquiètes; les mâles font entendre leur cri d'amour, les couples se séparent, les amours commencent. D'après Naumann, la femelle La Fuligule morillon. [378] LES CANARDS PROPREMENT DITS. :iO choisit soigneusement son mâle, et les rivaux ne se livrent pas de combats. Le nid est formé de roseaux, de joncs, d'herbes sèches assez solidement entre- lacés ; l'excavation en est profonde et soigneusement tapissée de duvet. Les œufs, en général au nombre de huit ou dix, sont grands, arrondis, ternes, fine- ment grenus, gris ou d'un vert olivâtre. Tant que la femelle pond, le mâle reste fidèlement à ses côtés, veille sur elle, l'avertit de l'approche d'un danger. Mais dès qu'elle a commencé à couver, il la quitte et se joint à d'autres mâles, sans plus s'inquiéter d'elle. La femelle expose sa vie pour sa progéniture, et après quelques jours d'incu- bation, elle n'abandonne jamais ses reufs. Les jeunes éclosent le vingt-deuxième ou le vingt-troisième jour. Aussitôt éclos, la mère les conduit à l'eau, et ils se mettent immédiatement à plonger. Pendant les premiers jours, ils ne quittent pas les fourrés de plantes aquatiques où ils trouvent un abri assuré. Leur mère dispose pour eux, au milieu de ces fourrés, des lieux de repos, en courbant plusieurs tiges de roseaux, qu'elle revêt même de feuilles de plantes aquatiques; ils s'3' rendent souvent pour s'y reposer, s'y nettoyer, s'y chauffer au soleil. En cas de danger, ils cherchent leur salut en plongeant. Si les poursuites se multiplient dans un endroit, leur mère les conduit dans une autre localité plus tranquille, en suivant le plus possible le cours de l'eau. Au besoin, elle franchit avec eux, sur terre, des espaces assez considérables. Les jeunes croissent rapidement, mais ils ne commencent à voler que quand ils ont atteint leur taille définitive. A partir de ce moment, les mâles viennent rejoindre leurs femelles, et tous forment alors de nombreuses sociétés. La Fuligiile à collier, la Fiiligitle milou'niaii, la Ftiligiile iniloitin, ont à peu près le même habitat et les mêmes mœurs que la Fuligule à crête. Ces différentes espèces font leur apparition régulière en France pendant l'hiver. La Fuligule roussdtre, dont certains auteurs font un genre à part, vit par couples ou par petites compagnies dans l'est et le sud-est de l'Europe, et se montre aussi quelquefois en France. Elle est plus connue sous le nom de Sifjleur huppé. Ses allures sont plus lourdes, sa marche plus pénible que celles de ses congé- nères, mais elle ne s'en différencie nullement par ses mœurs et son genre de vie. La Fui.ir.ULE nyroc.\. ou a iris blanc. — Habite les régions tempérées et méri- dionales de l'Europe. Elle vient fréquemment nicher dans nos marais où elle se construit, parmi les joncs, un nid tlottant comme celui des Foulques. Elle paraît jouir au plus haut degré de la faculté de plonger et de rester longtemps sous l'eau lorsqu'elle veut se soustraire à un danger. LES GARROTS Caractères. — Les Garrots se distinguent des Fuligules par leurs formes trapues, la structure de leur bec, celui-ci allant en s'atténuant de la base à la 31 LES HARELDES. SIQ] pointe, mais s'élargissant cependant un peu plus au niveau des narines; leur queue allonge'e, étagée. Ils sont propres aux régions arctiques. Leur vol est rapide et élevé; leur marche sur le sol est au contraire vacillante, pénible. LE GARROT VULGAIRE {Clangula glaucion). — Caractères. — Le Garrot vulgaire a la tête et le haut du cou d'un vert foncé à reHets pourpres, avec une tache blanche à la base du bec; le dessus du corps d'un noir profond; les rémiges primaires noires, les secondaires blanches sur leurs barbes externes, la queue d'un cendré noirâtre; le dessous du corps blanc, avec des raies noires transversales à la région anale ; les Hancs d'un noir cendré. Habitat. — Le Garrot vulgaire habite les contrées les plus septentrionales des deux continents; l'hiver, il descend dans les pays méridionaux et se montre alors de passage en France au printemps et à l'automne. Mœurs. — Très maladroit sur le sol, cet Oiseau nage et plonge avec une remarquable habileté. Son vol est rapide et accompagné d'un sifflement aigu. Il fréquente les rivières et les lacs d'eau douce plutôt que les eaux salées. Sa nourriture se compose principalement d'Insectes aquatiques, de frai de Pois- sons, de Mollusques et de Crustacés. Au genre Garrot appartiennent encore quelques espèces qui visitent acciden- tellement notre pays; ce sont : le Garrol islandais, le Garrot albéule et le Garrot histrion. LES HARELDES Ce genre a été fondé pour une espèce qui a des affinités très étroites avec les Garrots, mais s'en distingue par son bec plus étroit à l'extrémité, ses narines ouvertes plus près du front, sa queue plus étagée, plus aiguë, prolongée par les deux rectrices médianes. LA HARELDE GLACIALE {Hardda glacialis). — Cet Oiseau a un plumage varié de blanc et de noir fuligineux variable suivant l'âge, le sexe et les saisons. 11 habite les contrées les plus septentrionales des deux mondes et se montre accidentellement dans le nord de l'Europe. Sa nourriture consiste surtout en petits Mollusques bivalves et en plantes marines. Il niche sur les bords de la mer Glaciale. Les Eniconettes. — La particularité la plus curieuse de ce genre très voisin des Fuligules, est la forme des rémiges tertiaires qui sont contournées en dehors comme chez les Eiders. UEniconetle de Steller habite les contrées boréales des deux mondes, elle est rare dans notre pays. 380 LES CANARDS PROPREMENT DITS. 32 LES EIDERS Les Eiders sont assurément les plus intéressants des Fuliguliens. Caractères. — Ce sont des Oiseaux d'assez grande taille dont les caractères sont les suivants ; Leur bec est aussi long que la tête, élevé et renflé à la base, à arête convexe, un peu déprimé en arrière de l'onglet, celui-ci très large, voûté, couvrant toute l'extrémité du bec; les mandibules portent des lamelles espacées, petites, entiè- rement cachées; les côtés de la mandibule supérieure sont couverts de plumes sur une assez grande étendue. Les Eiders ont encore pour caractères : des ailes courtes, étroites, aiguës, une queue courte, conique, des tarses très courts, un pouce long et grêle. Leur plumage, très épais, variable suivant les sexes, l'âge et les saisons. L'EIDER VULGAIRE [Somalo-ui mollisshna). — Caractères. — L'Eider vul- gaire atteint la taille de o™,65. Il a le dessus de la tête d'un noir violet velouté, cette couleur étant disposée sous forme d'un^' dont le sommet répond au front; les joues, le sommet de la tête et l'occiput d'un blanc teinté de vcrdâtre; le cou. le dos, les petites couvertures des ailes, les scapulaires d'un blanc pur, celles-ci à barbes décomposées; la poitrine d'un blanc teinté de rougeàtre; l'abdomen, les flancs, les sous-caudales et le croupion d'un beau noir; presque toutes les rémiges noirâtres, les sept plus rapprochées du corps effilées, recourbées en fau- cille, blanches à la base et terminées de noir; les rectrices noirâtres; le bec d'un vert mat, les pieds d'un jaune vert, l'iris brun. La femelle est de plus petite taille que le mâle. Son plumage est roussàtre, tacheté longitudinalcment de brun. Les jeunes n'acquièrent cette brillante livrée qu'à l'âge de trois ans. Habitat. — L'Eider vulgaire habite les mers glaciales du cercle arctique. Il est très abondant en Islande, au Groenland, au Spitzberg, à Terre-Neuve, en Laponie. On le rencontre aussi, mais moins communément, en Suède et en Norvège. Dans ses migrations, il apparaît quelquefois en Angleterre, en Allemagne, en France. Mœurs. — Ses uKcurs ont été fort bien observées et décrites par Brehm à qui nous empruntons les lignes suivantes : " L'Eider est un Oiseau marin, dans toute l'acception du mot. Sur terre, il ne se meut que péniblement, lourdement et en vacillant; il trébuche et tombe à chaque instant. Son vol est pénible ; les coups d'aile précipités et continuels qu'il est obligé de donner le fatiguent beaucoup. En général, il ne vole qu'à une faible hauteur et en ligne droite au-dessus de la surface de l'eau. Ce n'est que sur l'eau qu'il se montre agile. Il nage le corps moins enfoncé que les autres F'uligulidés, et plus rapidement qu'eux ; il plonge à une plus grande profondeur. HolbôU et Faber assurent tous deux que l'Eider cherche parfois sa nourriture :i3 LES EIDERS. [381] à une profondeur de vingt-cinq brasses et qu'il peut demeurer jusqu'à six mi- nutes sous l'eau ; il n'est dépassé que par un de ses congénères, l'Eider superbe, qui plonge jusqu'à soixante-cinq brasses et peut demeurer neuf minutes sub- mergé. J'ai souvent vu plonger ces Oiseaux, mais jamais je n'ai remarqué qu'ils plongeassent aussi longtemps. J'ai trouvé qu'ils reparaissaient à la surface de l'eau au bout d'une minute et demie, deux minutes au plus. « Le cri du mâle, sans être très fort, est une sorte de grognement qui peut s'ex- primer par : ahoiix, alioiix, alioii.x; celui de la femelle est : A"orr, kon\ korrerr, répété plusieurs fois. « Sous le rapport des sens, l'Eider ne semble pas le céder aux autres Fuligulidés et quant à l'inteUigence, il leur est supérieur. Sur mer, il est très prudent; il ne laisse que très rarement les bateaux de pêcheurs l'approcher à portée du fusil. .Mais il remarque bientôt si l'on est bien disposé à son égard, et il finit par se comporter parfois comme un Oiseau domestique, surtout au moment de la ponte. « Les Eiders nichent assez tard, jamais avant la fin de mai, leplus souvent en juin et juillet. Quand le moment des pontes est venu, les couples gagnent la terre en trébuchant et cherchent un endroit convenable pour y construire leur nid. Ce qu'il leur faut avant tout, c'est la sécurité; aussi préfèrent-ils les îles cou- vertes en partie de petits buissons. Là où l'homme cherche à tirer profit des Eiders, il ménage à ces Oiseaux des abris, il dispose sur la côte de vieilles caisses, des pier- res recouvertes de plan- ches et de fascines, et d'autres cachettes sem- blables. Autant l'Eider est craintif dans toute autre saison, autant il se montre confiant main- tenant. Assuré de la pro- tection de l'homme, il ne se laisse déranger par rien. Il arrive tout près des fermes, il entre mê- me dans les cabanes de pécheur pour y chercher un lieu de ponte, et l'on a souvent vu de ces Oiseaux venir construire leur nid dans une écurie, dans un appartement, dans un four a pain et devenir gênants pour les habitants de la maison. Les premiers jours, le mâle accompagne sa femelle dans ses excursions; il arrive avec elle à terre le matin; La vie des animaux illustrée. ' v. 25 L'Eider vulgaire. [r582J LES CANARDS PROPREMENT DITS. 'M à midi, il s'envole vers le fjord, gagne en nageant la iiaute mer, et revient le soir; il recommence le même manège et, quand la femelle pond, il monte la garde auprès du nid; mais dès que la ponte est achevée, il abandonne son nid et sa femelle, et va à la mer retrouver ses compagnons. Sur certains rochers de la Norvège, on voit ces Oiseaux rc'unis en grand nombre, formant comme une couronne continue autour de l'ile. « Le nid est construit très simplement. Il est fait avec les substances que l'Oiseau trouve dans son voisinage, et qu'il entrelace grossièrement: ce sont des branchages, des algues marines, de l'herbe, de la paille, mais il n'en est que plus abondamment tapissé à l'intérieur d'un duvet précieux, impôt que l'homme prélève sur ces Oiseaux pour leur faire payer sa protection. Chaque couvée est de quatre à di.x œufs, le plus généralement de six ou huit. Ces œufs sont ovoïdes, à coquille lisse, d'un vert sale ou d'un gris verdàtre. « Peu de jours après la ponte, la femelle couve déjà avec persévérance: là où elle est habituée à l'homme, elle n'abandonne pas ses œufs quand on l'approche", elle se contente de baisser la tête contre le sol, d'ouvrir un peu les ailes, pour se rendre invisible. La couleur de son plumage s'harmonise généralement si bien avec celle du sol, qu'un œil inexpérimenté l'aperçoit difficilement. J'y ai souvent été trompé, et j'étais fort étonné de me sentir tout à coup pincer vio- lemment au pied par une femelle d'Eider que je n'avais pas vue. Dans les îles même qui sont éloignées de toute habitation, les Eiders se laissent approcher de très près avant de s'envoler. « Quant à ceux qui nichent près des maisons, on peut les prendre, regarder leurs œufs et les remettre sur leur nid sans qu'ils songent à s'envoler. Je me suis souvent amusé à m'asseoir à côté d'un de ces Oiseaux, à le caresser, à glis- ser ma main sous son ventre, entre lui et ses œufs, et très souvent l'Eider ne songeait pas à s'enfuir. Quelques-uns mordaient mes doigts, comme en jouant: d'autres ne donnaient pas le moindre signe de mécontentement. J'en enlevais du nid et les portais un peu plus loin ; ils revenaient comme si rien ne leur était ar- rivé; ils mettaient le duvet en ordre, et, en ma présence, reprenaient leur fonc- tion de couveuses. Les plus craintifs se sauvaient et toujours souillaient les œufs de leurs excréments ; mais jamais ils ne volaient loin et ils ne tardaient pas à reve- nir prendre place sur leurs œufs. Si rien ne la dérange, la femelle quitte son nid le matin, mais, avant de s'éloigner, elle a soin de recouvrir les (eufs de duvet. Elle s'en va vers la mer aussi rapidement que ses mo\'ens le lui permettent; elle plonge avec activité pendant environ une demi-heure; elle remplit outre mesure son jabot de coquillages et revient à son nid. « Les mâles sont toujours plus craintifs, même au commencement de la ponte, quand ils accompagnent les femelles à terre et qu'ils montent la garde auprès du nid. S'approche-t-on d'eux, ils s'agitent beaucoup, lèvent et baissent la tête, appellent leur femelle, se sauvent, moitié volant, moitié culbutant, jusqu'à la mer. « Après vingt-cinq à vingt-six jours d'incubation, l'éclosion a lieu. Les jeunes sont de charmants petits Oiseaux, couverts d'un duvet abondant et assez bigarré. Dès le premier jour de leur existence, ils nagent et ils plongent, ils 35 LES EIDERS. :{8:iJ courent assez bien, mieux que leur mère. Dès qu'ils sont secs, celle-ci les conduit à la mer, qu'elle ne quitte que lorsque ses petits sont fatigués ou quand les vagues, trop fortes, ne leur permettent pas de demeurer sur son dos. Si le nid est assez éloigné de la plage, le voyage de la jeune famille est long et pénible. L'homme vient alors souvent à son aide; il prend les jeunes dans un panier et les porte à la mer, suivi de la femelle, qui avance en titubant et le laisse agir. « La mer est en eflét l'endroit où les jeunes Eiders sont le plus en sûreté, le plus à l'abri des Faucons, des Corbeaux, des Mouettes prédatrices, leurs pires ennemis. Souvent, plusieurs femelles se réunissent avec leurs petits, et c'est alors pour l'observateur un spectacle des plus variés, des plus intéressants. La femelle se voit-elle poursuivie par un canot, elle nage de toutes ses forces pour se mettre hors de portée; puis elle laisse le canot arriver jusqu'à quelques pas d'elle, et ne se décide à s'envoler qu'à la dernière extrémité. Ses petits en sont- ils séparés, ils se dirigent vers la terre, grimpent et sautent sur la plage, courent de côté et d'autre et, en un instant, tous sont cachés entre les pierres et les inégalités du sol. Le danger est-il passé, on les voit se lever, courir vers l'eau en ligne droite, puis s'approcher en nageant, soit de leur mère, soit d'une autre femelle. Lorsque la mère est tuée avant que les jeunes puissent se passer d'elle, ceux-ci se joignent à une autre famille, dont la mère les prend sous sa protection et les traite comme ses propres petits. L'amour maternel est d'ail- leurs très développé chez les Eiders; les femelles se volent mutuellement les (cufs; plus tard, quand elles se réunissent, elles font en commun l'éducation des jeunes. Ces derniers croissent très rapidement; après une semaine, ils peuvent presque se passer de soins maternels; ils restent néanmoins avec leurs parents jusqu'au printemps et, dans leur seconde année, ils se réunissent aux vieux mâles. « Dans leur première jeunesse, les Eiders mangent surtout de petits Crustacés et des Mollusques ; plus tard, ils se nourrissent à peu près exclusivement de coquillages, sans dédaigner pour cela les petits Poissons ou les autres ani- maux marins. » Les Corbeaux et les Mouettes prédatrices détruisent les œufs et les jeunes ; les Faucons, les Renards bleus attaquent aussi les adultes; l'homme les détruit avec les armes à feu, ou les prend dans des filets. En automne, au Groenland, on en abat souvent une vingtaine d'un seul coup de fusil, quand on peut appro- cher assez près d'une bande. » Captivité. — Les Eiders ne supportent pas la captivité. Toutes les tentatives d'élevage sont restées jusqu'ici infructueuses. Utilité. — Mais ces Oiseaux, à l'état sauvage, n'en constituent pas moins une des plus grandes richesses de certains pays du nord. Sur les côtes de la Norvège et de l'Islande, les Eiders sont protégés par des lois spéciales, en vue de la récolte des œufs et du duvet que renferment les nids. Cette récolte doit se faire avec les plus grandes précautions pour ne pas effa- roucher les femelles qui, autrement, iraient recommencer leur couvée dans une autre station. [384] LES CANARDS PROPREMENT DITS. 30 On a soin de laisser chaque lois au moins un œuf dans chaque nid. Peu de temps après, les femelles pondent de nouveau, se dépouillent une fois de plus de leur duvet; parfois les mâles se dépouillent a leur tour, et la même récolte peut être recommencée plusieurs fois durant la saison. Le duvet recueilli de cette façon est placé dans une grande chaudière modéré- ment chaufl'ée et agité continuellement. Cette opération le débarrasse des Insectes et autres impuretés qu'il contient. Il est ensuite nettoyé à la main, puis livré au commerce sous le nom d'ciifeiioii. L'EiDEK A TKTE GRISE (5owtî/(?r/c7 spccUibiUs. — Cctte cspèce, très voisine de la précédente, habite les mêmes régions et a les mêmes nueurs. LES MACREUSES Caractères. — Les Macreuses ont le bec à peu près aussi long que la tête, robuste, gibbeux à la base, déprimé et élargi à l'extrémité, l'onglet et les lamelles disposés comme chez les Eiders; des ailes moyennes, subaiguës; des tarses plus courts que le doigt interne ; une queue courte, conique : un plumage géné- ralement sombre, mou et velouté. LA MACREUSE ORDINAIRE {Oidemia nigra). — Caractères. — La Macreuse ordinaire mâle atout le plumage d'un noir velouté, la base du bec, les narines, e bord libre des paupières d'un jaune-orange, le reste du bec et les tarses noirs : l'iris rouge. La femelle n'a pas de protubérance à la base du bec; son plumage, où domine le brun foncé, passe au cendré clair sur les joues, la gorge; la plupart des plumes des autres régions sont bordées de blanchâtre. En vieillissant, elle tend à ressembler au mâle. Habitat. — La Macreuse ordinaire habite les régions du cercle arctique; elle se répand en hiver dans les contrées tempérées, et se montre alors de passage dans presque tout le nord de l'Europe. Elle visite notamment nos côtes mari- times de l'Océan en quantités prodigieuses, à l'époque des grandes gelées. Mœurs. — Ses mœurs sont à peu près celles des Euligules. Elle plonge avec une remarquable habileté. Sa nourriture se compose de petits Mollusques, de Vers, de petits Poissons, et surtout d'Anatifes. L'origine de ce dernier nom, donné à des Crustacés de l'ordre des Cirripèdes, mérite d'être contée. « On prétendait, et tous les savants de l'époque disputaient le pour et le contre, que les Macreuses étaient le produit de certains coquillages appelés, pour cette raison, Anatifères (producteurs de Canards), ou de la pourriture de cer- tains arbres apportés par les flots sur les côtes de l'Ecosse et des Orcades. Or, voici ce raisonnement : ces Mollusques sont très abondants en ces parages, vers certaines époques de l'année, au point de couvrir d'assez grands espaces de la mer: ils sont munis alors d'un appendice membraneux et frisé en forme 37 LES ÉRIMISTURES. [385] de petites plumes recourbées, s'élevant au-dessus du niveau de l'eau ; et sou- vent, du soir au matin, à d'autres époques, toutes ces petites flottilles dispa- raissaient comme par enchantement; et à leur place qu'j' voyait-on, tout d'un coup? Des bandes de Macreuses qui s'en nourrissaient! « Comme on n'avait jamais su ni où, ni comment nichaient ces Oiseaux qui, par parenthèse, plongent quelquefois jusqu'à dix mètres au fond de l'eau, il n'en fallut pas davantage pour accréditer cette fable dont Hector Boëthe et Cardan furent les plus ardents propagateurs, et en conclure que les Macreuses devaient leur naissance et leur multiplication si extraordinaires à ces Mollusques. Ces auteurs appelaient alors la Macreuse le ou la Claque. « Toujours est-il, conclut Des Murs, à qui nous empruntons ces lignes, que c'est par cette voie de conséquence de leur origine prétendue que l'Eglise a rangé pendant longtemps les Macreuses parmi les aliments maigres. » La Macreuse niche dans les endroits marécageux des régions arctiques. Sa ponte est de huit à neuf œufs d'un blanc grisâtre ou jaunâtre. Les jeunes restent dans l'étang qui les a vus naître jusqu'à ce qu'ils soient capables de voler, puis ils gagnent les bords de la mer et attendent que l'hiver les oblige à émigrer vers les contrées tempérées. LA MACREUSE BRUNE [Oidemia fuscà). — Elle ressemble beaucoup à la pré- cédente et a la même aire de dispersion. LA MACREUSE A LUNETTES [Oidemia perspicillata). — Cette espèce habite particulièrement le nord de l'Amérique et n'est que très rarement de passage sur nos côtes. LES ÉRIMISTURES Les Erimistures se séparent nettement par leurs caractères de tous les autres Fuliguliens. Ils ont le corps allongé, le cou gros et court ; le bec très élevé et renflé à la base, déprimé, relevé et élargi à l'extrémité ; les lamelles de la mandibule supé- rieure petites, peu visibles, celles de la mandibule inférieure remplacées par une sorte de striation ; l'onglet terminal très petit; les ailes très courtes, bombées; la queueallongée, conique ; les tarses courts. L'ÉRIMISTURE LEUCOCÉPHALE [Erimisturalcucocephala).— Caractères. — L'Erimisture leucocéphale a la tête et le haut du cou blancs, avec le vertex noir et un collier de même couleurà la partie moyenne du cou ; les parties supérieures d'un roux zébré de noir; les parties inférieures d'un roux pourpre ; le bec bleuâtre, les pieds rougeàtres. Habitat. — Il habite l'Europe orientale, l'Asie et le nord-ouest de l'Afrique. On l'a observé accidentellement en France. Mœurs. — Son genre de vie est semblable à celui des Canards en général. Ses allures vives et son éclatante livrée attirent de suite l'attention, comme le [3861 LES CANARDS PROPREMENT DITS. :38 témoignent ces lignes de Buvr\ : « Les Canards à tète blanche, dit-il, que l'on voit toujours deux à deux, sont une apparition des plus charmantes. Leur bec bleu de ciel tranche vivement sur leur tète blanche, sur leur plumage brun ; leur port est on ne peut plus gracieux. Ils lèvent la queue presque verticalement et glissent rapidement comme une barque à la surface de l'eau. Quand on les chasse, il est rare qu'ils s'envolent; mais ils nagent si rapidement, qu'il estfort difficile de les atteindre. L'Érimisture leucocèphale nage le corps profondément enfoncé dans l'eau ; on n'aperçoit que la tète, le cou et la queue; il rame vigou- reusement avec ses larges pattes palmées, et rivalise avec les Cormorans pour la rapidité et l'adresse a. plonger. » LES MERCI ENS Les Mergiens sont caractérisés par la forme de leur bec et la disposition des lamelles qui garnissent les bords mandibulaires. Ils ont, en effet, le bec long, droit, épais et déprimé à la base, puis effilé et cylindrique à l'extrémité qui est crochue; les lamelles dentiformes, saillantes, dirigées en arrière. Cette sous-famille ne comprend qu'un seul genre. LES HARLES Caractères. — Indépendamment des caractères de la sous-famille, énumérés plus haut, les Harles ont encore pour attributs : des ailes aiguës, médiocrement allongées, une queue moyenne, arrondie; des jambes placées très en arrière du corps; des tarses plus courts que le doigt interne; des palmures larges, le pouce inséré très haut. Ce sont des Oiseaux éminemment aquatiques, excellents nageurs et plon- geurs, poursuivant leur proie au fond de l'eau. Leur vol est puissant et rapide. LE HARLE BIÈVRE [Mergus mcrgansef). — Caractères. — Le Harle bièvre mâle a la tète et la moitié supérieure du cou d'un noir verdàtre à reflets bronzés: le haut du dos, les épaules, les grandes rémiges noirs, le croupion gris ondulé de noir; la queue grise; toute la face antérieure et le dessous du corps, les cou- vertures des ailes, d'un beau blanc nuancé de rose jaunâtre: les plumes du sommet de la tête, allongées, effilées, et légèrement redressées, faisant paraître la tête plus grosse qu'elle n'est en réalité. Le bec est rouge brunâtre; l'iris et les pieds rouges. Sa taille est d'environ o^.ôô. La belle teinte rose de la poitrine disparaît peu à peu après la mort de l'Oiseau. La femelle est de plus petite taille que le mâle. Elle a les plumes de la tête et de la partie supérieure du cou d'un brun roux. Les jeunes sont semblables à la femelle; ils ne prennent la livrée des adultes qu'à l'âge de trois ans. 39 LES HARLES. [387] Habitat. — Le Harle bièvre habite, l'été, les régions arctiques de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. L'hiver il émigré vers les contrées tempérées. 11 est de passage régulier en France à l'automne et au printemps; il est d'autant plus abondant que la saison est plus rigoureuse. Mœurs. — Le Harle bièvre attire l'attention non seulement par son beau plumage, mais encore par son activité incessante et son habileté à plonger. Il se nourrit principalement de petits Poissons, de Crustacés, d'hisectes aquatiques. « C'est un spectacle fort divertissant, dit Naumann, à pro- pos d'une espèce voisine, que d'observer une bande de ces Harles en train de pécher. Ils nagent serrés en masse ; l'instant d'après ils ont disparu, et l'on voit les bouil- lonnements de l'eau qu'ils agitent. L'un après l'autre, ils reparaissent, mais séparés et souvent à trente ou cinquante pas de l'endroit où ils avaient plongé. Ils se rassemblent, plongent de nouveau, et continuent longtemps ce manège. Une ouver- ture de quelques pieds carrés à peine de surface, dans la glace suffit pour plonger et pour che leur nourriture sous la couc glacée qui recouvre la rivière ; ils retrouvent toujours cette o verture pour respirer et sort ce qui prouve qu'ils voient parfaitement, même sous l'eau. Si le cours d'eau qu'ils habi- tent n'est pas assez pois- sonneux, ils en fouillent le fond pour prendre des Gre- nouilles, des Insectes, etc. Les Harles ont pour singulière habi- tude de plonger tous ensemble. Ils agissent ainsi pour surprendre les Poissons, et les poursuivre à la fois dans toutes les directions ; il en résulte que celui qui a échappé à l'un devient la proie de l'autre. Mais je n'ai jamais remarqué qu'en plongeant ces Oiseaux prissent un certain ordre, qu'ils se disposassent en demi-cercle, restassent ainsi tout le temps qu'ils plongent, de manière à rabattre les Poissons et à s'en emparer plus sûrement. » Le Harle bièvre niche au bord des eaux, dans une dépression du sol, entre les pierres, parfois aussi sur les arbres, lorsqu'il y trouve une disposition à sa convenance. Il pond de douze à quatorze œufs blanchâtres, nuancés de verdàtre, sans taches. La femelle couve seule, et s'occupe de l'éducation des jeunes. Le Harle bièvre. [388] LES CANARDS PROPREMENT DITS. 40 Lorsque le nid est placé sur un arbre, les jeunes, une fois éclos, gagnent le sol en sautant simplement hors du nid; l'abondant duvet qui les recouvre amortit leur chute. La mère les conduit aussitôt sur l'eau qu'ils ne quittent plus désormais. Ils se nourrissent d'abord d'Insectes qu'ils ramassent à la sur- face, mais au bout de quelques jours, ils sont déjà en état de plonger comme leurs parents, et d'attrapper des petits Poissons. Captivité. — ■ Les Harles sont beaucoup plus farouches que tous leurs congé- nères de la même famille. On n'est pas encore parvenu à les élever en domes- ticité. Plusieurs espèces du genre Harle se rencontrent en Europe, mais toutes ont sensiblement les mêmes mœurs que le Harle bièvre. Ce sont : LE HARLE HUPPÉ \^Mergus serrator). — Le Harle huppé doit son nom à une énorme touffe de plumes pendantes d'un noir vert qui orne sa tête. Il habite les contrées du cercle arctique ; il est quelquefois de passage en France. C'est, parait-il, un grand destructeur de petits Poissons. LE HARLE COURONNÉ {Mergits aiciillatiis). — Il est propre à FAmérique du Noi-d. LE HARLE PIETTE {Mergiis albellus). — Le Harle piette est de plus petite taille que le Harle bièvre. Le plumage du mâle en robe de noces est presque entièrement blanc avec une tache noire entre l"(ieil et le bec, une raie de même couleur à la nuque, au dos et sur les ailes. Il habite, l'été, les contrées boréales des deu.\ mondes et vient hiverner dans les régions tempérées et méridionales. Sa nourriture secompose essentiellement de petits Poissons et de Crustacés. Aussi est-il très redouté des pisciculteurs. Les Pingouins ou Plongeurs Les Plongeurs, ou Palmipèdes brachyptères, forment la quatrième et dernière division de l'ordre des Palmipèdes. Ils sont caractérisés par la brièveté excessive de leurs ailes et la position de leurs jambes insérées très en arrière sur le tronc. Ce sont donc de mauvais voiliers et de mauvais marcheurs. Mais ils excellent à nager et surtout à plonger. Leur existence se passe tout entière sur les eaux; ils ne viennent à terre que pour se reproduire. La plupart vivent en troupes nombreuses et nichent presque en colonies. Les Palmipèdes bradnplères comprennent les familles suivantes : 1° Les Grèbes ou Podicipidès; 2" Les Plongeons ou Colj-mbidés; 3° Les Pingouins ou Alcidés; 4" Les Manchots ou Aptènodj-tidés. LES PODICIPIDES Caractères. — Les Podicipidès ont une phj'sionomie et des caractères qui les distinguent nettement de tous les autres Palmipèdes. Leur corps est large, ovale, déprimé, leur cou allongé et mince, leur tète petite, leurs lorums dénudés. Ils ont des tarses très comprimés latéralement, scutellés, des doigts garnis sur les côtés de larges expansions membraneuses lobées, l'externe plus long que le médian; des ongles très larges et très aplatis; des ailes courtes, aiguës, les scapulaires égalant ou dépassant les rémiges primaires; une queue molle; un plumage soyeux et lustré. La vie des ani.madx illistrée. IV. — [390] LES PINGOUINS OU PLONGEURS. LES GRÈBES Caractères. — Indépendamment des caractères énumérés plus haut à propos de la famille, les Grèbes présentent encore comme particularité importante la forme de leur bec, celui-ci étant droit, aussi long ou plus court que la tète, large à la base, comprimé à l'extrémité, à bords rentrants. La tète des mâles, chez la plupart des espjces, porte divers ornements à l'époque des amours. Les Grèbes ont, comme tous leurs congénères de la même famille, une existence essentiellement aquatique. Mais ils préfèrent les eaux douces aux eaux salées. Ils vivent isolément ou par petites familles qui émigrent l'hiver dans les régions tempérées. Malgré la brièveté de leurs ailes, ils volent relativement bien. LE GRÈBE HUPPÉ [Podiceps crishitus). — Caractères. — Le Grèbe huppé mesure environ o'°,5i à o'",b2. Il a toutes les parties supérieures du corps d'un beau brun noirâtre; les plumes de la nuque allongées en une huppe bifide aplatie; les joues et la gorge blanches, encadrées en bas par une large collerette d'un roux ardent en dessus, d'un noir lustré en dessous ; le devant du cou, les couvertures supérieures des ailes, les rémiges secondaires et toutes les parties inférieures du corps d'un blanc argentin lustré; les côtés de la poitrine et les Hancs teintés de roux; le bec brun en dessus, rougeâtre sur les côtés et en dessous, avec la pointe blanche; les pieds d'un brun vert en dehors, d'un jaune verdàtre en dedans ; les lorums et l'iris rouges. La femelle, en plumage de noces, ne se distingue du mâle que par sa collerette moins large et sa huppe moins développée. Les jeunes naissent couverts d'un duvet rayé de gris et de noir. Ils sont ensuite d'un brun nuancé de noirâtre et de roussàtre en dessus, blancs en dessous; enfin, à trois ans, ils revêtent la livrée des adultes. Habitat. — Le Grèbe huppé a une aire de dispersion assez étendue qui comprend le nord de l'Europe, de l'Asie, de l'Amérique. Il est de passage régulier en France en automne et au printemps. Mœurs. — Toutes les espèces de Grèbes ont les mêmes mœurs; et tout ce que l'on peut dire à ce sujet sur le Grèbe huppé se rapporte également à ses congénères du même genre. « Aucune autre espèce d'Oiseaux, dit Naumann, n'a des habitudes aussi aquatiques que les Grèbes, et l'on n'en connaît pas jusqu'ici qui, au moins à certains moments, ne s'arrête plus ou moins longtemps sur la terre ferme. Ces Oiseaux ne sont à terre qu'à la dernière extrémité, par exemple, quand ils sont frappés à l'aile, et même alors ils restent tout près de l'eau pour pouvoir s'y rejeter au plus vite. Ils ont constamment besoin d'eau, même pour prendre leur essor, car ils ne peuvent le faire à terre, s'ils sont poses sur une surface y LES GRÈBES. [:i'Jl j unie. Ils passent la moitié de leur vie à nager, l'autre moitié à plonger, et tandis que d'autres Palmipèdes gagnent le rivage ou l'intérieur des terres pour se délasser, se chauffer au soleil, ces Oiseaux restent sur la surface de l'eau. Quand ils se livrent à un repos absolu, leur corps flotte comme un morceau de liège, les jambes sont relevées et supportées par les ailes, leur bec est enfoncé dans les plumes du dos et des épaules. C'est ainsi que d'habitude, et par un temps calme, ils se reposent et dorment; quand l'eau est agitée, et qu'ils craignent d'être poussés vers le rivage par le vent, ils laissent pendre leurs jambes dans l'eau, et par des mouvements particuliers restent à peu près à la même place. » Leurs formes générales, et surtout la structure de leurs pieds, leur permettent de nager et de plonger avec une remarquable perfection ; ils fendent les eaux avec une rapidité incroyable. Sur le sol ils sont assez maladroits et se traînent plus qu'ils ne marchent. Malgré le peu de développement de leurs ailes, ils volent assez facilement. Ils s'élèvent d'abord au-dessus de l'eau par des élans successifs, portent le cou en avant, étendent leurs longues pattes, et faisant mouvoir rapidement leurs ailes, ils avancent en ligne droite avec une assez grande vitesse. Les Grèbes se nourrissent principalement de petits Poissons, d'Insectes, de Grenouilles, de végétaux aquatiques. Une particularité très curieuse qu'ils présentent, est d'avaler toutes les plumes qui flottent à la surface de l'eau, et même celles de leur propre corps. En ouvrant leur tube digestif, on y trouve généralement de petites pelotes formées par ces plumes et mélangées aux aliments. Au printemps, les Grèbes vivent isolés ou par couples. Ils se réunissent h l'automne en bandes de quarante à cinquante individus et émigrent vers les régions tempérées. Ils viennent alors s'installer dans les lacs, les grands étangs bordés de joncs et de roseaux et font entendre leurs cris sonores, éclatants; mais lorsqu'ils pressentent le moindre danger ils restent silencieux, prêts à plonger sous l'eau, où ils peuvent rester submergés pendant près de dix minutes. Ces Oiseaux sont en effet craintifs, méliants, rusés. Le Grèbe huppé est le plus farouche de tous. Peu de temps après leur arrivée dans le pays où ils doivent se reproduire, les Grèbes se dispersent, des couples se forment et chacun prend possession d'un certain domaine au centre duquel il établira son nid. Ce nid est placé près des roseaux et des joncs, à une certaine distance de la rive, parfois même au milieu de l'eau; il est formé de plantes aquatiques que les Oiseaux vont chercher au fond de l'eau, et qu'ils assemblent avec quelques tiges de roseaux; il ressemble à une masse d'herbes flottantes, amoncelées par le vent, avec une dépression centrale pour recevoir les œufs. Ceux-ci, au nombrede trois ou quatre, sontoblongs,égalementpointusauxdeux extrémités. Leur couleur est d'abord d'un blanc pur, mais elle dégénère bientôt en jaune de terre glaise. Le mâle et la femelle couvent à tour de rôle et avec une singulière ardeur, ce qui du reste est nécessaire, car les œufs sont d'habitude à moitié plongés dans l'eau. Si Ton découvre un nid que l'Oiseau vient de quitter. [392] LES PINGOUINS OU PLONGEURS. on s'aperçoit que non seulement les reufs, mais le nid tout entier ont une certaine chaleur. Le mâle et la femelle témoignent une affection extraordinaire à leur couvée, notamment la femelle, qui se démène avec terreur quand on s'approche desacou- vée, pousse des cris plaintifs et expose sa vie sans hésitation. Dans ces circons- tances,elle quitte ses œufs, les recouvre rapidement, avant son départ, de ma- tières qui ont servi à construire le nid, ne s'éloigne pas beaucoup et revient aussitôt que cela lui est possible. Si on lui prend un œuf après l'autre avant qu'elle couve, on peut l'amener à pon- dre vingt œufs et plus. Les jeunes sont élevés par les deux parents; néanmoins, le père prend les fonc- tions de gardien. Au commencement, les poussins sont nourris de larves d'Insectes, que le père et la mère leur présentent avec le bec; plus tard, ils laissent tomber leur becquée dans l'eau, ce qui force les petits à l'atteindre en plongeant. En cas de danger, ces der- niers vont chercher refuge sous l'aile protectrice de leur mère. Captivité. — Le Grèbe huppé peut vivre quelque temps en captivité, pourvu qu'il ait à sa disposition une petite pièce d'eau où il puisse trouver des petits Poissons et des Insectes. Il s'apprivoise même assez facilement. Malheu- reusement le froid lui est funeste et il périt inévitablement si l'hiver est rigoureux Chasse. — On fait aux Grèbes une chasse acharnée pour se procurer leur précieux plumage qui sert à fabriquer des manchons et à border des manteaux. LE QRÈBE JOUQRIS [Podiceps grisegoia). — Le Grèbe jougris a un plu- mage assez semblable à celui du Grèbe huppé, mais les joues et la gorge sont d'un gris de Souris, et il ne porte pas de collerette. Son bec est jaune à la base, noir à la pointe. Il habite l'Europe, l'Asie, l'Amérique. En France, il est peu commun. 7) LES PLONGEONS OU COLYMBIDES. [393] Le Grèbe oreillard, qui habite les contrées septentrionales et orientales de l'Europe, n'est aussi que de passage irrégulier dans notre paj's. Le Grèbe a cou noir, rare dans le Nord, est assez commun dans quelques localités du midi de la France. Toutes ces espèces ont le même genre de vie que le Grèbe huppé, auquel elles ressemblent d'ailleurs beaucoup par leurs caractères morphologiques. LE GRÈBE CASTAQNEUX [Podiceps fluvial ilis). — Caractères. — Le Grèbe castagneux ne mesure que o",23 à o"',24 de long. Il est, en dessus, d'un noir brillant lavé d'olivàtPÉ; en dessous, roussàtre avec le milieu de l'abdomen d'un cendré noirâtre : le devant et les côtés du cou sont d'un roux marron vif, les lorums blancs ; le bec, jaune verdàtre à la base, noir à la pointe. Habitat. — Son aire de dispersion est à peu près la même que celle du Grèbe huppé. Il est commun en France, où on le désigne vulgairement sous les noms de Plongeur uaiti. Plongeur des fleuves. Plongeur des marais. Mœurs. — Le Grèbe castagneux est un Oiseau migrateur. Dans certaines localités de notre pays, cependant, il est sédentaire, mais la chasse qu'on lui a faite l'a presque complètement détruit. Les endroits où il s'arrête de préférence sont les étangs tranquilles, sur lesquels poussent çà et là des roseaux et des joncs, ainsi que certaines plantes des vastes marais. Il préfère aux eaux claires les eaux fangeuses et troubles, où il trouve en bien plus grande quantité les Insectes et les larves qui forment sa principale nourriture. Ses mœurs sont celles des autres Grèbes, mais il a des allures plus élégantes. Son nid est placé au milieu des roseaux, des joncs, des herbes et des plantes aqu^iques, et n'est pas très caché; souvent même il est complètement à décou- vert, mais il est toujours aussi éloigné que possible des rives. Ce nid consiste en monceaux de substances végétales entassées sans ordre, comme celui du Grèbe huppé, mais il est relativement plus grand et légèrement excavé au sommet. La ponte est achevée à la fin d'avril ou dans les premiers jours de mai ; elle esc de trois à six œufs, petits, allongés, dont la couleur est celle des matières qui composent le nid. Le mâle et la femelle couvent à tour de rôle pendant vingt à vingt et un jours ; ils se montrent très occupés de leur nichée et conduisent, instruisent et défendent leurs petits absolument comme le fait le Grèbe huppé. Captivité. — Le Grèbe castagneux supporte encore mieux la captivité que les autres espèces. LES PLONGEONS OU COLYMBIDES Les Colymbidés ou Plongeons ressemblent beaucoup aux Grèbes, et certains auteurs réunissent ces deux familles en une seule. Cependant, on distinguera toujours les Plongeons des Grèbes aux particularités suivantes : les premiers [394] LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 6 ont les lorums emplumés, les doigts réunis par des palmures entières, le pouce seul lobé à son bord inférieur ; les ongles peu déprimés, les tarses réticulés et non scutellés ; les plumes scapulaires atteignent à peine le milieu des grandes rectrices. [>cs Plongeons fréquentent les eaux salées de préférence aux eaux douces; cependant, à l'époque des migrations, on les rencontre aussi sur les fleuves et les grands lacs de l'intérieur. Ils se meuvent dans l'eau d'une manière si rapide et disparaissent sous l'eau avec une telle promptitude qu'il est difficile de les chasser au fusil; aussi, en Picardie, leur donne-t-on le nom de Margeurs de plomb. Ils sont encore plus maladroits sur le sol que les Grèbes. Le procédé par lequel ils disparaissent aussi aisément sous l'eau est assez curieux; ces Oiseaux, à l'approche d'un danger, deviennent subitement immo- biles, et leur corps s'enfonce sous l'influence de la pesanteur seule. Le nom d'InuiierffCiiis sous lequel les désignent certains auteurs serait plus exact que celui de Ploug-eoiis. Cette famille n'est représentée que par un seul genre dont les caractères viennent d'être indiqués. LE PLONGEON CAT-MARIN [Colymbus sepientrionalis . — Caractères. — Le Plongeon cat- marin a la tête et les côtés du cou d'un gris cendré, le devant du cou d'un roux marron vif; les parties supérieures du corps et des ailes d'un noir brun, avec quelques raies blanches à la nuque: le dessous du corps blanc, les côtés de la poitrine et les flancs raj'és de quelques lignes noires; le bec noir, l'iris rouge ainsi que la membrane sous-maxillaire, les pieds d'un noir verdàtre. Sa taille est d'environ o'",62. . « Habitat. — H habite les mers arctiques: l'Islande, la Norvège, les îles Lof- foden ; l'hiver, il apparaît régulièrement sur nos lacs maritimes et sur les lacs de la Suisse. Mœurs. — Cet Oiseau est, comme ses congénères, un véritable Oiseau de mer, il ne fréquente les eaux douces qu'à l'époque des amours, et l'hiver, au moment de ses migrations. En dehors de ces époques, il habite la mer et s'y livre avec ardeur à la pèche. Il iustifie bien le nom qu'il porte, car il est un plongeur consommé et peut certainement rester sous l'eau aussi longtemps que le Plongeon glacial, c'est-à-dire environ huit à dix minutes. Comme les Grèbes, les Plongeons vivent presque exclusivement sur l'eau. Ils parcourent à la nage d'immenses espaces avec rapidité ; ils flottent le corps hors de l'eau, ou l'enfon- cent si profondément qu'il ne reste de visible qu'une petite ligne du dos; ils se meuvent soit lentement, soit avec une étonnante rapidité; ils plongent sans elTori ;ipparent, et sans bruit: sous l'eau, ils ont le cou allongé, les plumes serrées au corps, les ailes collées sur les flancs, et ils filent comme des flèches, tantôt dans une direction, tantôt dans une autre, parfois a peine au-dessous de la surface, parfois aussi à des profondeurs de plusieurs mètres, en ramant seulement avec les pieds. Ils luttent de vitesse avec les Poissons les plus LES PLONGEONS OU COLYMBIDÈS. \}m] rapides, et les forcent; ils nagent et plongent aussitôt nés. Ils plongent dans toutes les occasions où ils se croient plus en sûreté dans l'eau que dans les régions les plus élevées des airs. Ils sont dépaysés sur la terre ferme; parfois cependant ils vont s'}' égarer, mais cela moins fréquemment que la plupart des Oiseaux aquatiques, les Grèbes exceptés. La marche sur le sol est pour eux un mo\'en de locomotion très pénible. Il leur est même difficile de se tenir debout; on ne les voit dans cette position que derrière les vitrines de nos mu- sées publics, selon l'expression pittoresque de M. Hardy. En réali- té, ils se tiennent le corps penché en avant, et quand ils sont obligés de se mouvoir, ils rampent et se glissent ma- ladroitement, le ventre touchant presque à terre. " Ils sentent si bien, dit M. Har- dy, qu'ils ne peuvent plus ^9"-' fuir lorsqu'ils sont à sec sur le rivage, qu'ils n'approchent nos côtes qu'alors que le vent vient de terre et que la mer est fort calme. Alors ils aiment à longer le rivage de très près ; mais que le vent vienne à changer, qu'il doive même changer pour venir du large, on les voit aussitôt prendre leur vol et gagner la haute mer. Grâce à cet instinct, je n'en ai jamais vu de surpris par la tempête et de tués sur les lames qui battent les rochers du rivage, comme nous le voyons pour les Guil- lemots, les Pingouins, les Fous, etc. Les Plongeons volent facilement malgré la brièveté de leurs ailes, mais ils ne peuvent s'élever dans l'air, qu'en prenant un vigoureux élan. La voix de ces Oiseaux est sonore, éclatante. Leurs sens sont très déve- loppés; l'une de leurs plus grandes qualités est la prudence, ce qui indique chez eux des facultés assez développées. Lorsqu'ils ne peuvent fuir, et qu'on les attaque, ils donnent de vigoureux coups de bec. Le Plongeon cat-marin se nourrit, comme ses congénères, de petits Poissons; il paraît rechercher particulièrement les sardines et les petits Pois- sons plats. Lorsqu'il est sur le point de nicher, il choisit pour s'établir les petits étangs d'eaux tranquilles, bordés de roseaux. Son nid est construit de roseaux et de plantes de marais assemblés sans précaution apparente. Il est situé dans quelque ilôt d'un étang, ou très près de la rive. Le Plongeon cat-marin. [396] LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 8 La ponte est de deux ceufs d'un brun clair, olivâtre ou roussâtrc, avec des points et des taches noirs, quelquefois confluents au gros bout. I.e mâle et la femelle couvent alternativement. L'éclosion a lieu vers le mois de juin. LE PLONGEON IMBRIN {Colymbiis i^iacialis). — Caractères. — Le Plongeon Imbrin a les piirties supérieures et les côtés du corps d'un noir profond, et parsemés de petites taches blanches carrées; la poitrine et l'abdomen blancs; deux colliers formés de petites raies longitudinales blanches, l'une à la partie supérieure, l'autre sur le bas du cou; l'iris rouge, le bec et les pieds noirs. Habitat. — Il habite les contrées boréales des deux mondes. On le voit parfois sur nos côtes de France, en hiver, et même dans l'intérieur des terres, à la suite des ouragans et lorsque les eaux sont hautes. Mœurs. — Il a les allures et le genre de vie du Plongeon cat-marin. C'est à lui que s'appliquent ces lignes de AL Shirley : « De tous les Oiseaux de mer de notre hémisphère boréal, dit-il, le Plongeon est le plus beau et le plus puissant; c'est l'Aigle de l'Océan. Intrépide navigateur, il est aussi le plus prudent et le plus vigilant des Oiseaux. Même en pleine mer, et quoique aucun bâtiment ne soit en vue, il est perpétuellement en alerte, surtout au temps de la ponte et de la couvée. A l'instant où il vient de plonger et s'apprête à déguster la proie qu'il a saisie, il jette encore de tous côtés un regard de défiance. Lorsqu'il veut rester immobile, il peut nager sous le niveau de la vague, son arrière-train entièrement submergé, son cou tendu horizontalement, comme couché à fleur d'eau. Mais pour mieux apprécier son adresse et sa hardiesse de nageur, il faut l'observer par une brise d'est : aucune embarca- tion, aucune créature vivante ne se montre à l'horizon; les Mouettes elles- mêmes ont été balayées par le vent et dispersées sur les marécages de l'inté- rieur des terres; un navigateur seul n'a pas eu peur du grain : c'est notre Plongeon. Prenez votre télescope, et vo\'ez comme ce téméraire enfant des flots nage contre le vent, fend la vague, secoue l'écume, et vient affronter les lames qui déferlent autour des récifs. » Le Plongeon Imbrin niche dans les îles rocheuses, solitaires. La ponte est de deux œufs couleur de suie olivâtre ou verdàtre, avec des taches et des points noirs plus ou moins apparents. LE PLONGEON \JJÎAME [Colj-nibits arcticiis . — Le Plongeon lumme est d'une taille inférieure a celle de l'Imbrin, mais il en diffère peu par son plumage. Il habite les parties septentrionales des deux continents. L'hiver il se répand dans diverses contrées de l'Europe. Les montagnards de l'Ecosse l'ont appelé OisL'aii'Jc pluie, parce qu'il fait entendre, ii l'approche de l'orage, un cri particulier. On le désigne aussi sous le nom de Grande Poule des lacs. Il construit son nid dans les roseaux, sur les bords des lacs salés situés parfois très loin dans l'intérieur des terres. La forme et la coloration de ses œufs présentent des variations assez fré- quentes, comme chez l'Imbrin. LES GUILLEMOTS. [397] LES ALCIDES Les Alcidcs ont des formes générales qui les rapprochent des Plongeons, mais ils sont principalement caractérisés par des scapulaires plus courtes, des tarses moins comprimés, l'absence de pouce, le doigt externe plus court que le médian, enfin par une mandibule inférieure généralement couverte de plumes sur une grande étendue. Ces Oiseaux nichent dans des trous; ils ne pondent le plus souvent qu'un seul œuf. Au moment de la reproduction, ils forment des colonies immenses, en se réunissant à d'autres Oiseaux de mer, tels que les Mouettes. Les rochers escarpéssurlesquels ilss'établissent portent, dans le Nord, le nom de Vog-elherg ou montagnes d'Oiseaux. Bien qu'on y trouve nichant côte à côte des Pingouins, des Guillemots, des Macareux, des Cormorans, des Mouettes, chaque espèce occupe une place déterminée sur les étages des rochers. Les montagnes d'Oiseaux sont, pour les habitants des régions glacées, une importante source de profits, et elles sont régulièrement visitées par de hardis chasseurs qui recueillent surtout les œufs et les jeunes, comme on le verra plus loin à propos des Guillemots. On divise les Alcidés en deux sous-familles : les Guillemots ou Urieus, les Macareux et les Pingouins ou Alcieiis. LES URIENS Les Uriens comprennent les espèces qui ont le bec lisse, convexe, médio- crement comprimé, peu élevé, et presque droit; les tarses réticulés. LES GUILLEMOTS Caractères. — Les caractères de ce genre sont les suivants : le bec est allongé, droit, pointu, très légèrement échancré à l'extrémité des deux mandi- bules; les narines étroites, percées de part en part, à moitié fermées par une membrane emplumée ; les ailes moyennes, suraiguës; la queue courte, arrondie ; les tarses courts, réticulés. Les Guillemots sont des Oiseaux très sociables, nichant dans les rochers en véritables colonies. Malgré leur peu d'aptitude à voler, ils émigrent l'hiver des régions glaciales qu'ils habitent et viennent en bandes immenses sur les côtes maritimes des régions tempérées. Ils se nourrissent de frai de Poissons, de Vers, de Crustacés, etc. LE GUILLEMOT A CAPUCHON irria troile'. — Caractères. — Le Guillemot '398 LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 10 il capuchon doit son nom à la disposition des couleurs de son plumage. Il a en effet la tète, le cou et toutes les parties supérieures du corps d'un noir de suie plus ou moins velouté; le dessous du corps d'un blanc pur, avec quelques taches noires sur les flancs; le bec noir cendré, les pieds d'un brun jaunâtre, avec la membrane interdigitale noire, l'iris brun roussâtre. Le mâle et la femelle portent la même livrée. En hiver, le plumage des deux sexes présente des taches blanches au cou et sur les joues. La taille de cet Oiseau est de o"',42 à o"',43. Habitat. — Le Guillemot à capuchon habite les mers glaciales. Il apparaît l'hiver le long des côtes du nord de l'Europe. En France, on le rencontre depuis Dunkerque jusqu'à Bayonne. Il est même sédentaire dans certaines îles de la Manche et du golfe de Gascogne. Mœurs. — Les diverses espèces de Guillemots ont les mêmes mieurs, et celles du Guillemot à capuchon peuvent être prises comme exemple à cet égard. En dehors de l'époque de la reproduction, ces Oiseaux ont une existence essentiellement aquatique. Ils nagent avec beaucoup d'adresse et enfoncent alors le corps dans l'eau, à peu près jusqu'à la ligne qui sépare la teinte du dos de celle du ventre; ils plongent parfaitement et rament sous l'eau des pieds et des ailes, avec beaucoup de rapidité et de facilité ; ils peuvent rester sous l'eau quelques minutes. Ils traversent les airs rapidement, en faisant siffler leursailes; mais ils ne vont pas loin d'une seule traite. Lorsqu'ils veulent gagner leur nid, ils volent à une hauteur considérable au-dessus de la surface des eaux; le reste du temps ils rasent les flots. Leurs pieds ne sont pas propres pour la marche sur la terre ferme, aussi les y voit-on très rarement. D'habitude, ils se meuvent en glissant, car ils avancent très difficilement sur la plante des pieds; parfois ils courent en dansant, pour ainsi dire, sur les doigts, et en s'aidant de leurs ailes pour se tenir en équilibre; de sorte que leur progression terrestre est, à proprement parler, plutôt un vol imparfait qu'une marche. Leur voix est un bruit de crécelle, un criaillement continuel qui a des intonations diverses, et semble retentir parl'ois comme oerr ou eef>\ Les jeunes sifflent. La réputation de stupidité qu'on a faite à ces Oiseaux n'est nullement jus- tifiée, car partout où ils ont été chassés, ils se montrent extrêmement défiants. Les Guillemots choisissent, pour établir leurs nids, des rochers escarpés et crevassés. Les régions où ils trouvent ces endroits favorables sont précisément celles où ils trouveront aussi en abondance des Crustacés et des Poissons pour leur nourriture. La falaise ou la montagne habitée par une bande de Guillemots au moment de la reproduction présente un aspect très curieux ; elle devient, selon l'expres- sion de Brehm, une énorme ruche d'Abeilles : « Un nuage d'Oiseaux l'environne constamment, on en voit des milliers et des centaines de mille, qui semblent rangés en bataille, leur poitrine blanche lournée vers la mer, sur toutes les saillies, sur les pics, sur les corniches, sur tes pointes et partout en général où ils peuvent se poser; tandis que d'autres 11 LES GUILLEMOTS. ':!iiO centaines de mille volent de haut en bas ou réciproquement, et que d'autres multitudes pèchent ou plongent dans la mer. La plus grande montagne, les parois de rocher les plus étendues, sont couvertes d'Oiseaux; chacun d'eux se suffit à lui-même et jamais on ne voit de querelle s'élever autour des nids. Tous semblent rivaliser de complaisance, si l'on peut ainsi dire, et chacun cherche à venir en aide à son voisin. Les couples sont très étroitement unis. Avant la ponte, posés l'un à côté de l'autre, ils se caressent, se frottent mutuellement le cou ; si l'un descend à la mer, l'autre le suit; ils pèchent en commun, puis reviennent vers leur nid. Plus tard, ils partagent tous les soins de l'incubation. La fe- melle ne pond qu'un seul œuf, très grand il est vrai, en forme de toupie, à coquille résistante, grossièrement granuleux et marqué de taches foncées sur un fond clair, mais si diver- sement tacheté, que sur cent œufs, c'est à peine si on en trouve deux qui soient pareils. Le fond passe du blanc au jaune, au gris, par toutes les nuances; les petites taches et les petits points qui se trouvent en plus ou moins grande abondance sur la coquille, se réunissent en ' couronne sur la grosse ou sur la petite extrémité, d'autres fois sont distribués également sur toute la surface de l'teuf. Les Guillemots ne construisent pas à proprement parler de nid, ils pondent leurs œufs sur la pierre nue sans même se donner la peine d'enlever les cailloux nombreux qui descendent du haut des pentes escarpées. Aussitôt la ponte^terminée, commence l'incubation ; et ces soins ne sont pas seulement partagés par le mâle et la femelle du couple, mais, d'après des renseignements dignes de foi, sur toutes les montagnes d'Oiseaux, on voit des suppléants complaisants prendre la place des légitimes propriétaires du nid et couver avec ardeur pendant un certain temps. On croyait, dans le temps, que cette opération s'accomplissait dans la position assise, mais qui- conque visite une montagne d'Oiseaux s'aperçoit bien vite que les Lummes prennent à cet effet la même position que les autres Oiseaux. « Le jeune éclôt après une incubation qui va de trente jours jusqu'à trente- cinq quelquefois. Ce petit être ressemble bien plus à une boule de laine noir grisâtre qu'à un Oiseau, mais grâce aux soins dont l'entourent ses parents et tous les autres Lummes inoccupés, il se développe rapidement, perd son duvet et au bout d'un mois est déjà couvert de plumes. Bientôt les petits abandonnent le coin de rocher où ils sont nés, pour aller à la mer. » LeGuillemot à capuchon. iidii LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 12 LE aUIlXEMOT QRYLLE [Uria (irylle;. — Caractères. — Cette espèce a, en été, tout le plumage d'un noir profond, à l'exception des moyennes couver- tures supérieures des ailes et la moitié des grandes rémiges secondaires qui sont terminées de blanc; l'iris est brun, le bec noir, les pieds rouges. Kn hiver, le plumage est tacheté de blanc. habitat. — Le Guillemot Grylle est désigné vulgairement sous le nom de Colombe de mer, ou de Guillemot à miroir, en raison de la tache d'un blanc pur qui orne ses ailes. Il habite les régions du pôle arctique et apparaît irrégulièrement sur nos côtes septentrionales. Mœurs. — Ses allures ne le distinguent pas des autres Guillemots. Il est aussi d'un naturel doux, tranquille, mais peu sociable. On ne le rencontre guère que par couples ou par petites bandes. Pour nicher, il ne parait pas s'attacher spé- cialement à une localité préférée: mais il installe son nid partout où il trouve des fentes de rochers convenables. Chasse. — Dans les pays du Nord, notamment au Groënkind, aux iles Féroé, en Norvège, on chasse les Guillemots pour se procurer soit leurs œufs, qui sont consommés sur place ou expédiés dans d'autres pays, soit les jeunes qui sont salés et conservés pour l'hiver, soit leur plumage employé dans la literie. La chair des adultes a une forte odeur d'huile qui la rend inmangeable, mais les Lapons ne paraissent pas cependant la dédaigner. Le dénichage des Guillemets est un exercice très périlleux; il faut, pour arri- ver dans les trous où nichent ces Oiseaux, escaladerdes rochers abrupts, où l'on peut à peine poser le pied. Certains chasseurs intrépides se servent dans ce but de longues cordes auxquelles il se tiennent suspendus à une vingtaine de mètres de hauteur; ils explorent de cette façon toutes les anfractuosités des falaises. Par la gelée on emploie un procédé très destructif et qui consiste à venir effra}'er pendant la nuit les Guillemots posés sur leurs nids. Les Oiseaux, troinpéspar l'obscurité, se précipitent du haut des rochers et viennent se briser la tête sur les glaces. Malgré les chasses régulières qu'on leur fait, les Guillemots n'en restent pas moins très nombreux dans toutes les stations où ils ont été signalés: et cepen- dant, ils ont encore pour ennemis, indépendamment de l'homme, les (Gerfauts, les Stercoraires et autres Oiseaux rapaces. Captivité. — On a pu conserver quelque temps des Guillemots en captivité, mais il ne semble pas que l'on puisse faire dans nos régions un élevage pro- ductif de ces Oiseaux. LE GUILLEMOT ARRA [Uria arra). — Cette espèce a été considérée par certains auteurs comme une simple variété du Guillemot à capuchon. Il en est de même du Giiilleinol bridé [Uria ringria). LE GUILLEMOT DE MANDT [Uria Mandlii, qui habite plus spécialement le le Spitzberg et le Groenland, est peu différent du Guillemot Grylle. 13 LES MERGULES. [■401] LES MERQULES Caractères. — Les Mergules se distinguent des Guillemots par leur bec très court, épais, renflé, aussi large que haut à la base, par leurs narines amples, operculées, leurs tarses scutellés, en partie aréoles. Ils ont aussi des formes plus trapues, une tête plus arrondie. Leurs mœurs ne diffèrent pas de celles des Guillemots. r>e Mergule nain, en LE MERGULE NAIN [Mergulus aile). — Caractères. plumage d'été, a la tète, le cou, le dessus du corps et les ailes d'un noir profond; la poitrine, l'abdomen et les sous-caudales d'un blanc pur; la queue noire, les sca- pulaires noires bordées de blanc: le bec noir, les pieds d'un brun jaunâtre; l'iris noirâtre. La femelle est un peu plus forte que le mâle, mais son plumage est le même. Habitat. — Le Mergule nain est un habitant des ré- gions polaires; les vo\'ageurs l'appellent, l'O/^'ea;/ de glace, parce que sa pré- sence en bandes nom- breuses indique ordinai- rement le voisinage de grandes masses de glace. Il est surtout abondant au Groenland. Par les hivers rigou- reux, ou à la suite d'un ouragan, il s'égare quelquefois sur les côtes du nord de l'Eu- l-e Mergule nain. rope : Grande-Bretagne, France. mœurs. — De même que les Guillemots, le Mergule nain passe la plus grande partie de son existence sur les eaux et ne vient à terre que pour nicher. Il dort sur les flots, la tête cachée sous les plumes, et ne paraît être dans son élément qu'au milieu des vastes océans. Ses allures sont très gracieuses. C'est de tous les plongeurs le plus vif, le plus adroit. Bien que la marche lui soit presque impossible, il sait se glisser rapidement entre les pierres. Son vol est aussi moins pénible que celui de ses congénères de la même famille. La nourriture des Mergules nains consiste principalement en petits Insectes qui vivent à la surface de l'eau ; on trouve rarement des restes de Poissons dans lUJ LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 14 l'estomac des individus que l'on tue. Quand ils chassent, on les voit disséminés sur une grande e'tendue de la mer, nager avec précipitation, plonger, pour- suivre leur proie par de rapides mouvements de tête, et toujours prendre quelque chose. Dans les îles des hautes régions du Nord, à l'époque de la ponte, les Mergules se réunissent en bandes innombrables. Sur les côtes du Spitzberg, par exemple, on les voit, dit Malmgren, partout en grand nombre, et on entend nuit et jour, à une lieue de distance de la côte, des cris continuels qui partent des flancs de la montagne qu'ils ont choisie. Dans les environs de l'Islande, ils ne nichent, dit P'aber, que sur une localité, à l'extrémité nord de la petite île de Guinso. Chaque couple cherche, au milieu des débris de rocher, une petite place convenable pour y installer son nid. La ponte est d'un seul œuf, blanc, à reflets bleuâtres, et à peu près du volume d'un œuf de Pigeon. Les Stariques. — Aux Guillemots se rattache le genre Starique {Phaleris) caractérisé par un bec plus court que la tête, comprimé, échancré à la pointe, a mandibule supérieure convexe, à mandibule inférieure saillante, des ailes courtes, suraiguës; des jambes insérées très en arrière du corps, des tarses courts, grêles, une queue courte. Ils doivent leur nom à une petite touffe de plumes dont leur tête est ornée, et qui retombe en plumet sur le front ; des plumes effilées entourent aussi la base du bec. Ce genre établit une transition entre les Guillemots et les Macareux. LE STARIQUE HUPPÉ (Phaleris cristalella). — Caractères. — Le plumage de cet Oiseau est, en dessus, d'un brun noirâtre; en dessous, d'un cendré bleuâtre: l'iris est brun, le bec rouge, les pieds bleuâtres. Sa taille est très inférieure à celle des Guillemots. Habitat. — Le Starique huppé habite les régions arctiques de l'.Xmérique et de l'Asie; il n'est pas rare dans la mer de Behring. Mœurs. — Il se tient en sociétés nombreuses sur les rochers au bord de la mer. Son genre de vie est le même que celui des Guillemots; cependant il a des habitudes moins aquatiques que ces derniers, et passe une partie de son exis- tence sur le rivage. LES ALCIENS Les Alciens ont le bec sillonné sur les côtés des deux mandibules, très com- primé, très élevé; la mandibule supérieure crochue à l'extrémité: les tarses scutellés en avant. Les caractères des deux genres MacarciLx et Pingouin, qui composent cette sous-famille, préser.tent assez d'intérêt pour que nous donnions leur description complète, d'après C. Degland et Gerbe. LES MACAREUX. [4U3J LES MACAREUX Caractères. — Bec aussi haut ou plus haut que long, à arêtes vives, celle de la mandibule supérieure saillante en avant du front et surmontant le niveau du crâne, un peu tle'chie et échancrée à la pointe, garnie à la base d'une peau papilleuse; narines très étroites, linéaires, percées de part en part dans une peau nue; ailes aiguës; queue courte, légèrement arrondie sur les côtés; tarses plus courts que le doigt interne, l'ongle compris, minces, réticulés, avec quelques scutelles peu larges vers le milieu de la face antérieure; ongles des doigts externe et médian falciformes, celui du doigt interne très arqué. Les moeurs de l'espèce suivante résument celles de toutes les autres. LE MACAREUX ARCTIQUE {Fraterciila arctica). — Caractères. — Le Maca- reux arctique ou Macareux moine a le dessus de la tète et du cou, et toutes les parties supérieures du corps d'un noir lustré, cette couleur se prolongeant en avant sous forme d'un large collier à la base du cou; les joues, le menton et toutes les parties inférieures d'un blanc pur; le bec gris de fer, avec la base teintée de bleu, et la pointe rouge; l'iris blanchâtre; le bord libre des paupières, les commissures du bec et les pieds d'un rouge orangé. Le mâle et la femelle portent la même livrée. La taille de cet Oiseau est d'environ o",3o. Habitat. — Le Macareux arctique habite les régions les plus septentrionales des deux mondes, et certaines localités de l'ouest de la France. Il est de passage dans les autres réaions de nos côtes. Mœurs. — Brehm, qui étudia sur place les mœurs du Macareux moine, nous en a laissé une relation si complète et si exacte que nous la reproduisons ici. « Ce qui me frappa tout d'abord dans cet Oiseau, dit-il, ce fut la façon vraiment surprenante dont il vole sur les vagues, qu'il rase sans paraître jamais en quitter la surface. Il emploie à cet effet ses ailes aussi bien que ses pieds, et se transporte rapidement d'une lame à une autre lame, comme un Poisson moitié nageant et moitié volant; il frappe l'eau des ailes et des pattes tout à la fois, décrit une courbe après l'autre, se pliant au caprice des flots et avançant sans cesse avec une rapidité et une force tout à fait merveilleuses. De son bec il fouille la lame tout en volant, et en cela il m'a rappelé singuliè- rement le Bec-en-ciseaux. Quand il se lève de la surface des eaux pour s'envoler, il le fait avec une rapidité si extraordinaire et en ligne si directe que l'on tire toujours trop en arrière, au commencement. Pour la nage, il n'est dépassé par aucun autre membre de la famille ou de l'ordre auquel il appartient. Il repose légèrement sur les vagues, ou s'enfonce à volonté au-dessous de leur surface; il plonge sans etfort et sans bruit et reste sous l'eau deux ou trois minutes: au dire des naturalistes, il descendrait à une profondeur de 3o brasses. Sur terre, il marche à petits pas et en vacillant, mais cependant très rapidement; il peut s'enlever dans les airs, et se laisser tomber sur le sol tout d'un trait et sans hésitation. [Wi] LES PINGOUINS OU PLONGEURS 10 «Quand il est tranquille, il repose habituellement sur la pointe des pieds et sur la queue, ou bien encore, il est couché à plat sur le ventre. Comme ses congé- nères, il remue sans cesse la tête et le cou, rnême au repos, comme s'il cherchait quelque chose autour de lui. Ce mouvement de tête fait une impression très bizarre sur le spectateur. « Sa voix ne se distingue de celle des espèces voisines que par sa profondeur, lille se rapproche beaucoup de celle de l'Alque torda; elle sonne bas, paraît exprimer orr, orr, et ressemble par moments au ronflement d'un homme endormi, à ce que dit Faber: quand il est irrité, sa voix rappelle le grognement d'un petit Chien. « Jai vécu des jours entiers dans la société des Macareux, ce qui m'a permis de bien les étudier sur leurs montagnes à nids; j'ajouterai que cette étude m'a procuré une vive satisfaction. Je regarde le Macareux moine comme le plus actif et le plus intelligent de tous les Oiseaux de sa famille. Quand on le voit assis, tranquille devant son trou, on est tenté de croire, avec Faber, qu'il est sot et ennuyeux; et quand on apprend qu'à la vue de l'homme, au lieu de se précipiter ii la mer, il se glisse dans son nid, au fond duquel il s'accule en grommelant et en se défendant, et qu'il se laisse prendre sans même songer à la fuite, on est tenté de croire qu'il y a chez lui plus que de la sottise. « Ce qui confirme dans cette opinion, c'est la façon dont il se conduit en capti- vité, lorsqu'il a été enlevé de la place à nids et transporté à quelques centaines de pas de la mer, comme je l'ai fait. Là, bien qu'abandonné à une complète liberté, il est si ahuri, qu'il semble avoir complètement oublié l'usage de ses ailes; on peut le jeter en l'air sans qu'il essaye de s'envoler: il se laisse retom- ber lourdement à terre : il tient tête à ceux qui s'approchent, voire même aux Chiens, mais jamais il ne songe à fuir. « Mais on prend de lui une autre opinion quand on le poursuit sur la mer, son véritable élément; alors on peut apprécier son intelligence. Cependant, le Macareux moine n'est pas précisément très prudent, ni très farouche, et cela par la raison toute simple qu'il ne vient à l'idée de personne de l'inquiéter aux endroits qu'il habite; ceci fait qu'il ne craint nullement l'approche des bateaux, mais il devient très soupçonneux et très craintif aussitôt qu'il se voit poursuivi. J'ai pu m'en convaincre moi-même. Je ne veux pas dire par là que ce soit un Oiseau bien intelligent, je consentirai même à ce qu'on l'appelle sot. Contrai- rement à ses congénères, il n'est ni très sociable, ni très tolérant. Peut-être y a-t-il plus de disputes entre les Macareux qu'entre les Lummes; quant à moi, je n'ai rien vu de semblable: il m'a même paru que la plus parfaite intelligence régnait entre eux. Au besoin le Lumme sait se servir avec succès de son bec aigu: et il a plus que tout autre Oiseau de ce genre l'occasion de le faire, pour la raison qu'il doit se défendre souvent dans son trou contre les agresseurs. Tous ceux que j'ai arrachés de leur nid se servaient de leur bec avec beaucoup de force et d'adresse ; et l'un d'eux, que j'avais laissé libre un peu loin de la mer, accueillit si bien un gros Chien de basse-cour qui s'approchait de lui un peu trop imprudemment, qu'il lui lit passer à tout jamais l'envie de recom- mencer l'attaque. 17 LES MACAREUX. r'.05 « La nourriture du Macareux moine se composj de Crustacés et de petits Poissons; c'est avec ces derniers qu'il élève ses jeunes. Je ne saurais dire à quoi lui sert son hec pour prendre sa proie, et je ne m'en occuperai pas autrement, comme l'ont fait d'autres naturalistes; je me bornerai à dire qu'il sait en faire usage avec beaucoup d'adresse. A terre, il doit manger aussi des plantes vertes; je n'ai d'ailleurs fait aucune observation personnelle à ce sujet. « Comme le Macareux moine se reproduit partout en compa- gnie des Lummes et des Al- ques, et qu'il est proba- ble qu'il ne forme jamais de colonie à part, tout ce qui a été dit sur les mœurs de ces derniers lui est applicable. Ai milieu d'avril ou ai commencement de mai selon que la neige fond plus tôt ou plus tard, il se rapproche des montagnes , et cherche au plus vite la place de son ancien nid, ou bien s'en creuse un nouveau. En cela, il sedistingue des Lummes et des Alques, car ja- mais il ne dépose son (euf sur la terre nue. <( Les Macareux ne creusent pas toujours des trous : chaque fente de rocher ou crevasse un peu sombre leur est bonne pour nicher, et ce n'est qu'à leur défaut qu'ils se mettent à creuser; c'est du moins ce qu'il m'a semblé. Beaucoup de Macareux couvaient sur les Nyken, au milieu de grosses pierres, dans les cre- vasses, les fentes et les anfractuosités des parois en ruines des rochers: mais il n'_v en avait probablement pas assez pour le nombre immense des Oiseaux, car la tourbe molle qui constitue le sol était partout creusée et minée. Les l.e Macareux moine ou arctique. PI. LI\. — Le Pingouin lorda (Texte, p. 406). La vie des animaux illustrée. IV. — 3o [4061 LES PINGOUINS OU PLONGEURS. l.S deux sexes semblaient travailler à la construction du nid, car j'ai vu autant de femelles que de mâles autour des trous. Ils se servaient de leur bec et de leurs pattes; cependant, je ne saurais dire comment ils s'y prenaient, pour la raison qu'ils cessaient tout travail aussitôt que l'on approchait. Pendant qu'ils creusent, ils sont recouverts d'une telle poussière, ou plutôt ils sont si couverts de boue, que l'on peut à peine reconnaître les couleurs de leurs plumes; mais ils se nettoient avec le plus grand soin avant de se mettre à couver. Chaque couple ne pond qu'un seul œuf, un peu plus gros que celui d'une Oie domestique. La coquille a le grain grossier et inégal, sa couleur est toute blanche, mais la tourbe la colore bien vite en jaune et plus tard en brun. Les deux parents couvent. J'ignore quelle est la durée de l'incubation : on dit qu'elle est d'environ six semaines. Le jeune éclôt avec un duvet long, épais, d'un noir foncé et d'un gris clair; il piaille beaucoup pendant les premiers jours; plus tard il crie plus fort, mais il n'apprend le on- paternel que lorsqu'il a pris son essor. Il grandit assez lentement, aussi reste-t-il longtemps au nid. 11 ne le quitte que lorsqu'il a toutes ses ailes et se jette alors avec les vieux à la mer. Le père et la mère lui témoignent la plus vive affection; ils lui apportent le Poisson de très loin, s'exposent pour lui au danger, et le défendent avec beaucoup de courage. L'un et l'autre couvent avec beaucoup de persévérance, et le mâle lui-même prend sa part de l'élevage; quand il perd sa femelle, il pourvoit seul à la nourriture du petit. Enlève-t-on l'œuf au couple, il en pond un second ; si l'on prend ce second, il en pond souvent un troisième, ordinairement dans le trou. Si l'on s'empare des deux vieux à la fois, d'autres couples couvent l'œuf et élèvent le jeune. <( Les habitants de la contrée enlèvent d'ordinaire le premier (euf, mais ils laissent le second et vont chercher plus tard le jeune avant qu'il s'envole. Ils le mangent ou le salent pour l'hiver. » LES PINGOUINS Caractères. — Bec à peu près de la longueur de la tète, droit, plus élevé au niveau de l'angle maxillaire qu'à la base, à mandibule supérieure échancrée et fortement recourbée à l'extrémité; mandibule inférieure infléchie à la pointe, dans le sens de la mandibule supérieure; narines marginales, très étroites, linéaires, presque entièrement fermées par une membrane emplumée: ailes suraiguës; queue pointue, tarses un peu plus courts que le doigt interne, l'ongle compris, couverts, en avant, d'une série de scutelles, réticulés en arrière et sur les côtés ; ongles médiocrement recourbés. LE PINGOUIN TORDA (*) {Alca lot\ia). — Caractères. — Le Pingouin torda, appelé aussi Pelil Pingouin ou Pingouin vuicroptcre, ne mesure que o^.SS environ de longueur. CI PI. Ll\. — Le Pingouin torda (Planche, p. 4o5). 19 LES PINGOUINS. [407] Il a la tête, la gorge, la partie supe'rieure de la face antérieure du cou, la totalité des faces latérales et postérieure d'un noir tirant sur une couleur de suie rougeàtre, avec une ligne d'un blanc pur, qui du haut du bec se rend aux yeux; le dos, les sus-caudales d'un noir profond; les scapulaires d'un noir brunâtre; le bas de la face antérieure du cou, la poitrine, l'abdomen et les sous-caudales d'un blanc pur; la queue noire; le bec noir à l'extérieur, jaune-orange à Tinté- rieur, avec trois rainures courbes sur la mandibule supérieure, celle du milieu blanche et la plus étendue, deux ou trois rainures également sur l'inférieure, correspondant aux précédentes, la plus longue blanche; les pieds noirs, l'iris brun. Telle est la livrée d'été pour les deux sexes. En hiver, la teinte blanche se prolonge sur la gorge et les côtés de la tête; dans cette dernière région, elle est entrecoupée de noir. Les rémiges sont noires, les secondaires terminées de blanc, ce qui forme sur l'aile une large bande transversale éclatante. Habitat. — Le Pingouin torda habite les mers glaciales des deux mondes, et quelques contrées tempérées de l'Europe. Il est de passage en hiver sur nos côtes maritimes du nord. Il se reproduit dans quelques localités de la Bretagne et de la Normandie. Mœurs. — C'est un Oiseau essentiellement pélasgien, et dont les mœurs diffèrent peu de celles des espèces précédentes. Il se nourrit principalement de petits Poissons et de Crevettes qu'il pèche dans la pleine mer. 11 ne vient à terre que pour se reproduire. D'un caractère très sociable, le Pingouin torda niche en véritables colonies sur les rochers escarpés. Il choisit, pour déposer ses œufs, les fentes et les crevasses des rochers. La ponte est d'un seul œuf de grande taille, allongé et ornementé d'une manière variable : en général, il est d'un blanc grisâtre ou légèrement bleuâtre, avec des points et des taches irrégulières nombreuses vers le gros bout, les unes superficielles, noires, les autres profondes, d'un gris cendré ou vineux. Le jeune, en naissant, est couvert d'un duvet brun noir. A peine développé, il se jette dans la mer du haut du rocher où il est né et se met à nager et à plonger presque aussi habilement que ses parents. LE PINGOUIN BRACHYPTÈRE {Alca impennis). — Le Pingouin brachyptère ou Grand Pingouin est une espèce récemment disparue de la faune actuelle. Caractères. — Sa taille était d'environ o^jôn. Ses ailes extrêmement courtes, et dont les extrémités n'atteignaient même pas le croupion, étaient absolument impropres au vol. Le plumage du mâle et de la femelle, en été, est décrit par C. Degland et Gerbe, dans les termes suivants : « Tète, derrière et côtés du cou, gorge, dessus du corps, d'un noir profond, avec une grande tache blanche, ovalaire, entre l'œil et la mandibule supérieure; devant du cou, poitrine, abdomen et sous-caudales d'un blanc pur; couvertures supérieures des ailes pareilles au manteau; rémiges noires, les secondaires terminées de blanc: queue noire; bec également noir, avec huit sillons à fond [408] LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 20 blanc sur la mandibule supérieure, et dix ou onz.e sur l'inférieure: pieds noirs; iris brun foncé. » Habitat. — Le Grand Pingouin habitait les mers septentrionales des deux mondes, les côtes du Groenland, la baie de Baffin, le nord-ouest de l'Islande, les Orcades. D'après M. Preyer, il ne nichait pas sur les côtes mêmes du Groenland, du Labrador, ni même de Terre-Neuve, mais bien sur des ilôts disséminés le long de ces côtes. Il s'égarait accidentellement en France. Mœurs. — On sait aujourd'hui, par les récits des navigateurs et les documents recueillis à diverses sources, qu'il vivait en sociétés nombreuses comme les Pmgouins tordas et les Manchots, de vie que ces derniers. Sa nourriture consis- tait essentiellement en Poissons d'assez forte taille. Il nichait dans les fentes et les crevasses des rochers escarpés, dans le voisinage des glaces flottantes. Sa ponte était d'un seul œuf énorme, pyri- forme, mesurant o'",i2 à o°',i3 suivant le grand axe, et o°',07 à o'\o8 suivant le petit axe, d'une teinte d'un roux isabelle, avec des taches, des raies irrégulières noduleuses, et des zigzags superficiels noirs, d'autres profonds d'un gris violet ou cendré. Doué de faibles moyens de défense, cet Oiseau a eu le même sort que le Dronte, dont les ailes étaient impropres au vol, et depuis 1846, aucun naviga- teur ne l'a plus jamais signalé. L'intérêt qui s'attache aux espèces récemment disparues de la faune, ne nous permet pas de passer sous silence les détails historiques recueillis jusqu'ici sur le Grand Pingouin ou Great Aiik des Anglais. Nous les exposons d'après les extraits de Nilson, reproduits d'autre part dans la Faune de F Europe occidentale par Olphe-Gaillard. I.c pingouin bracliyptcrc ou Grand Pinj^ouin. •Jl LES PINGOUINS. ^iOO] Historique. — ce Cet Oiseau paraît avoir été commun surtout le long des côtes de l'Amérique septentrionale, entre les 45'- et bb" degrés latitude nord, et avoir suivi une ligne oblique vers le nord-est, en s'avançant du côté de l'Islande méridionale, de Saint-Kilda, des Féroë, des Orcades, etc. Dans cette zone, plusieurs iles ont été dénommées d'après la grande quantité de Pingouins qui s'y rencontraient. Les navigateurs qui, au xvi" siècle, se dirigeaient vers le banc de Terre-Neuve, nous apprennent que l'on y trouvait et détruisait à cette époque un grand nombre de ces Oiseaux. Chaque année, ces localités étaient visitées par plusieurs centaines de vaisseaux anglais, français, espagnols, hollandais et portugais; tous s'approvisionnaient plus ou moins abondamment d'Oiseaux etd'œufs qu'ils se procuraient sans peine. Nous lisons dans les relations de ces voj'ages que, sans compter le nombre prodigieux de Pingouins qui servaient de nourriture à l'équipage, ou en salait encore une plus grande quantité, dont on emplissait des tonneaux. On en tuait plusieurs milliers à la fois, de telle sorte qu'en moins d'une heure, on pouvait en charger une trentaine de barques. Il ne fallait que se rendre à terre avec des bâtons pour les assommer... Ces récits pourraient paraître exagérés de prime abord; mais ils ont été confirmés d'une manière inattendue, il y a peu d'années. Un naturaliste distingué de la Nor- vège, Peder Stuvvitz, trop tôt enlevé à la science, visitait en 1841 l'île nommée actuellement Funk Island, qui était considérée avec de justes raisons comme ayant été la véritable ilc aux Pingoiiijis visitée autrefois par les navigateurs. Sur la côte nord-ouest, Stuwitz trouva des amas considérables d'ossements de l'espèce en question... « Dans le même endroit, l'écueil présentait une petite déclivité du côté de la mer. On y voyait encore des enceintes de pierres, dans lesquelles les Oiseaux étaient chassés et renfermés jusqu'à ce qu'ils fussent tués. On racontait que cette île étant dépourvue de bois, on brûlait les corps des Pingouins « for to boil the Kettle », et pour remplacer le combustible... Il n'est pas difficile de se repré- senter les suites que durent avoir ces boucheries. L'espèce diminua sensiblement sans que, pendant tout le xvu'' et le xvm' siècle, on cessât de lui faire la guerre. " Le professeur Steenstrup a démontré que le Pingouin brachyptère se trouvait autrefois en Danemark, et que même il s y reproduisait. Ce savant a découvert plusieurs fragments de squelette dans les Kjokken-moddigcrne, ou débris de cuisine des anciens insulaires. « Le Pingouin est devenu ensuite de plus en plus rare, même dans les régions situées à l'occident de la zone qu'il habitait. On l'a cependant vu nicher sur quelques écueils de l'Islande. En 181 3, l'équipage d'une embarcation partie des îles Féroif, aborda à Reikenaes Fugleskjaer, où il détruisit une vingtaine d'in- dividus. En i83o et i83i, vingt-sept Oiseaux furent tués à la fois sur un autre récif voisin de celui-ci. Depuis cette époque jusqu'en 1839 ou 1840, on en captura encore une dizaine. Les derniers que l'on put se procurer, en 1844, sur une petite île des côtes de l'Islande, étaient un mâle et une femelle, qui furent envoyés à Copenhague. » PI. L\. — Le Gorlou doré (Texte, p. 411). [410] LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 22 Depuis cette époque, on n'a plus jamais rencontré le Grand Pingouin. Il est devenu un spécimen rarissime dans les collections ornithologiques des grands musées. Le D'' W. Blasius, dans un mémoire sur VAlca iinpeuuis, signale l'exi- stence, dans tout le monde entier, de 77 peaux de Grands Pingouins, de 9 squelettes, de 68 œufs, les préparations anatomiques de deux sujets conservés au musée de Copenhague, et quelques ossements ayant appartenu à cent sujets différents. Captivité. — On a eu parfois l'occasion d'observer les habitudes du Grand Pingouin en captivité. Flemming raconte qu'il lui fut apporté vivant dans l'île de Glas, un de ces Oiseaux capturé à Saint-Kilda. " Il était amaigri, et parais- sait malade; pourtant il se remit au bout de quelques jours, grâce à une abon- dante alimentation de Poissons et à une certaine liberté qu'on lui laissa d'aller à l'eau, tout en le maintenant prisonnier au moyen d'une ficelle attachée à la patte. Malgré cet obstacle, il plongeait et nageait sous l'eau avec une si grande agilité, qu'il déjouait toutes les poursuites qu'on lui faisait en barque. Quand on lui donnait à manger dans sa cage, il renversait la tête en arrière et témoi- gnait d'une grande terreur en s'agitant et en poussant de petits cris plaintifs et étouffés. » Mac-Gillivray en cite deux autres, capturés vivants dans les mêmes régions en 1829 et 1884. L'un d'eux fut d'abord nourri avec des pommes de terre trem- pées dans du lait, puis avec des Poissons. Il se montrait d'une grande voracité. Ces différents captifs conservèrent toujours leur naturel craintif et ne vécurent pas bien longtemps. LES MANCHOTS OU APTENODYTIDES Les Manchots sont adaptés à un genre de vie analogue à celui des Pingouins; cependant ils diffèrent de tous les Plongeurs précédents par des caractères particuliers. Caractères. — Ils ont le corps presque conique, aminci de bas en haut, le cou de longueur moyenne, la tête petite; le bec :i peu près égal en longueur à la tête, droit, fort, sillonné, à bords tranchants; des tarses élevés; quatre doigts, les trois premiers réunis par une palmure, le pouce rudimentaire. Mais le caractère le plus important que présentent ces Oiseaux réside dans la structure des ailes. Celles-ci sont réduites à de courts moignons dépourvus de rémiges, et les plumes qui les revêtent ont la forme d'écaillés. Les Manchots ont encore pour attributs particuliers la présence d'un plumage très riche en duvet, sorte de fourrure épaisse qui, jointe à un développement considérable de la graisse sous-cutanée, leur permet de résister à la température glaciale des régions qu'ils habitent. Habitat. — Les Manchots sont propres aux mers antarctiques. Il en existe plusieurs espèces qui se groupent sous les trois genres : Manchots proprement dits, Sphénisques et Gorfous. 23 LES GORFOUS. [411] LES MANCHOTS Les Manchots proprement dits sont les plus grands représentants de la famille. Leurbec est long, mince, droit, recourbé à la pointe, la mandibule supérieure sillonnée longitudinalement, l'inférieure large à la base. LE MANCHOT DE PATAQONIE Ap/otodytcs patagonica). — La taille de cet Oiseau est d'environ un mètre; son plumage est, en dessus, d'un gris ardoisé brillant, avec les ailes noirâtres, la tête et la gorge noires; en dessous d'un blanc pur; une tache jaune en arrière de l'œil se prolonge jusque sous la gorge. Le bec est noir à la base, jaune a l'extrémité et en dessous, les pieds noirs. Habitat. — Le Manchot de Patagonie habite les côtes de la Terre-de-Feu, les îles Falkland et la Nouvelle-Géorgie. Il se reproduit fréquemment sur les côtes de la Patagonie. Mœurs. — Ses moeurs ne diffèrent pas sensiblement de celles des Gorfous dont il va être question. LES GORFOUS Les Gorfous ont le bec plus robuste que les Manchots, aplati à la base, la mandibule supérieure rayée obliquement et recourbée en crochet à pointe mousse. Leur tête porte, au-dessus des yeux, des touffes de plumes allongées de cou- leurs vives. FOU DORÉ (*) [Eudytes chrysocoma). — Caractères. — Le Gorfou doré ou Gorfuu sauteur est de la taille d'un Canard ordinaire. Il a la tête, le cou, le dos, les ailes noirs ; la poitrine, le ventre et le dessous des ailes blancs; les touffes de plumes qui ornent la tête d'un beau jaune d'or ; le bec rouge brun, les pieds grisâtres. Habitat. — Son aire de dispersion est assez étendue et comprend la plupart des régions froides de l'hémisphère austral. Mœurs. — Les diverses espèces des genres Manchot, Gorfou et Sphénisque, ont sensiblement les mêmes allures et les mêmes mœurs. Le vol leur est absolument impossible; la marche sur la terre ferme leur est très pénible. Ils rampent plutôt qu'ils ne marchent; pour descendre les pentes des rochers, ils se couchent sur le ventre et se laissent glisser en s'aidant de leurs pattes et de leurs ailes. Au repos, ils se tiennent le corps presque droit, en prenant appui sur la queue. L'eau est leur véritable élément; ils nagent et plongent avec une remarquable habileté. Quelques-uns, comme le Gorfou sauteur, exécutent même des évolu- l") PI. LX. — Le Gorfou doré (Planche, p. 409). '.12' LES PINGOUINS OU PLONGEURS. 24 lions très curieuses : ils s'élancent hors de l'eau par un effort énergique, restent un instant suspendus dans l'air, puis disparaissent dans les vagues en plon- geant à une grande profondeur. Leur nourriture consiste en Poissons, Mollusques et autres petits animaux aquatiques qu'ils vont chercher en plongeant au fond de l'eau. Lorsque arrive l'époque de la reproduction, c'est-à-dire à la fin de septembre, les Manchots se réunissent en bandes immenses sur certaines iles escarpées et nichent en véritables colonies de Sooooà 40000 individus. Ces petites républiques sont parfaitement organisées, chacun y a sa place et son rôle à remplir. « Certaines espèces se creusent des trous pour y déposer leurs œufs. Elles choisissent à cet effet un endroit plan et y tracent un espace qui prend la forme de carré. Chaque carré sert à la pose d'un nid et est creusé. Le nid consiste en un trou en forme de fourneau, de deux à trois pieds de profondeur. L'entrée en est large mais très basse, l'excavation est reliée aux souterrains voisins, de sorte que l'on peut pénétrer dans la profondeur par les côtés. Des chemins particuliers circulent autour de la place de couvaison, et ces chemins sont aussi aplanis et aussi unis que ceux de nos villes. Chaque couple qui possède un trou constitue une famille et, en général, tous les Oiseaux qui habitent la même place appar- tiennent à la même république. Le mâle est assis à côté de la femelle qui couve. Il la remplace quand elle quitte le nid, de sorte que l'œuf n'est jarnais aban- donné. Mais cette conduite semble dictée aussi parce fait que les Apténodytidés se volent réciproquement leurs ceufs. Quelques espèces poussent même ce pen- chant au vol si loin, qu'elles s'enlèvent les œufs de vive force. Il peut arriver qu'on trouve des jeunes de tout âge dans un même nid. L'œuf ressemble à celui des Oies domestiques; il est tacheté de vert sur un fond brun. Tous les Apténodytidés cou- vent avec beaucoup d'ardeur et ils n'abandonnent jamais leur nid. A l'approche de l'homme, ils agitent la tète avec des mouvements très drôles et cherchent à se défendre de leur mieux à grands coups de bec. Les femelles prennent l'œuf, au dire de Bennett, entre la cuisse et le côté du ventre et le serrent si fort qu'elles parviennent quelquefois aie transporter ainsi à de grandes distances. Pendant le temps de l'incubation, les màlcs vont du nid à la mer, pour y chercher la nourriture de la femelle et plus tard celle de la petite famille; ils s'acquittent de cette besogne avec tant d'ardeur qu'ils suffisent parfaitement aux besoins de la mère et des petits. » Captivité. ■ — Les jeunes Manchots sont susceptibles de s"appri\'oiser. On a même pu en conserver quelque temps en captivité dans plusieurs grands jardins /.oologiques de France. Les Coureurs ' L'ordre des Coureurs renferme deux groupes d'Oiseaux assez différents l'un de l'autre, mais qui présentent des caractères tellement particuliers que l'on est obligé de créer pour eux un groupe spécial. Ces Oiseaux sont incapables de voler, en raison de leurs ailes rudimentaires, mais ils sont merveilleusement adaptés à la course. Quelques-uns de leurs caractères anatomiques les rapprochent davantage de la classe des Mammifères que de celle des Oiseaux. Leurs os lourds et massifs ne sont pas sans analogie avec ceux des Ongulés. Leur sternum est plat, sans bréchet. Ils ne possèdent pas de clavicules et leurs côtes sont dépourvues d'apophyses uncinées. Leurs plumes ont une structure particulière ; chez certaines espèces, elles res- semblent à des poils. Néanmoins, nous faisons des Coureurs le dernier groupe des Oiseaux, parce qu'ils semblent former une exception et ne pouvoir se rattacher avec certitude à aucun des types étudiés jusqu'ici. Nous étudierons successivement les familles des Strutliionidés, des Casuarides, des Cr]-ptiiridés et des Aplérygidés. LES AUTRUCHES OU STRUTHIONIDÉS Les Oiseaux de cette famille ont une physionomie particulière et un ensemble de caractères qui les distinguent de tous les autres. Leur grande taille, leur cou long et grêle, plus ou moins dénudé, leurs tarses extrêmement robustes et élevés, terminés seulement par deux ou trois doigts ; leur plumage formé de plumes molles, décomposées, sont autant de particu- larités qui frappent au premier coup d'œil. Les uns habitent l'Afrique, d'autres l'Amérique, d'autres enfin l'Australie. LES AUTRUCHES Caractères. — L'Autruche a la tète aplatie, dénudée ainsi que la plus grande PI. L\l. — 1, 'Autruche Chameau, race des SomaUs itexte, p. 4141. Lx VIE DES ANIMAUX ILLISTRÉE. I\ . 3l [414] LES COUREURS. 2 partie du cou ; le bec droit, de la longueur de la tête, a pointe arrondie et déprimée ; les narines oblongues protégées par une membrane qui se prolonge jusqu'au milieu du bec ; les yeux grands et brillants, la paupière supérieure garnie de cils ; les jambes longues, très robustes, nues ; les tarses écailleux : les doigts au nombre de deux, dont l'un, Texterne, n'a pas d'ongle : les ailes rudi- mentaires pourvues dun double éperon, les rémiges remplacées par des plumes longues, molles, flottantes; la queue dépourvue de rectrices, celles-ci remplacées également par des plumes semblables à celles des ailes ; le corps recouvert d'un plumage décomposé, crépu, avec un espace nu et rouge au milieu de la poitrine. Ce genre n'est représenté que par une seule espèce, mais dans laquelle on distingue quatre races. L'AUTRUCHE CHAMEAU (*) {Strhthio cameliis). — Caractères. — La taille de cet Oiseau atteint jusqu'à 2°", 60 chez les mâles. Ces derniers ont les plumes du corps d'un noir de charbon, celles des ailes et de la queue d'un blanc éclatant: les pattes dénudées, d'un rouge de chair; l'iris brun, le bec jaune de corne. Les femelles ont les plumes du tronc d'un gris brun tirant sur le noir vers la queue et les ailes, les plumes de ces dernières régions étant d'un blanc sale. Le plumage des jeunes ressemble à celui de la femelle. Habitat. — L'Autruche habite les déserts de l'Afrique. Très répandue autre- fois partout où se trouvaient quelques oasis, elle tend aujourd'hui à devenir de plus en plus rare devant la chasse acharnée qu'on lui a faite. Sa forte stature, ses tarses robustes, sa démarche expliquent le rapproche- ment que les Anciens avaient fait entre cet Oiseau et un autre animal non moins caractéristique, le Chameau. De cette comparaison est né le nom de l'espèce, lequel traduit aujourd'hui pour les biologistes, non pas seulement une grossière ressemblance entre ces deux animaux, mais un exemple frappant de l'influence des milieux sur l'organisme. L'Autruche et le Chameau, bien qu'appartenant à deux groupes zoologiques très éloignés, en s'adaptant tous deux au même milieu physiologique, ont pris, de ce fait, des caractères commun s. Mœurs. — L'Autruche est un Oiseau sociable qui vivait jadis en troupes considérables. On ne la rencontre plus maintenant que par petites familles composées généralement d'un mâle et de trois ou quatre femelles. Grâce à la longueur de ses jambes, elle peut rivaliser de vitesse avec le Cheval de course, mais non avec les Oiseaux bons voiliers. La vue est de tous ses sens le plus parfait. Ses facultés intellectuelles paraissent fort peu développées. L'Autruche est un Oiseau très craintif, défiant et irascible. Sa gloutonnerie est proverbiale ; en captivité, elle avale tout ce qu'elle ren- contre sur le sol, chiffons, pierres, morceaux de bois, de fer, etc. Bien que son régime soit omnivore, elle préfère cependant parmi les aliments végétaux la luzerne, le trèfle, le chou, certaines espèces de cactus, des graines de maïs, d'avoine, de blé. Mais elle mange aussi volontiers des dattes et autres fruits sucrés, des Insectes, des coquillages, des Lézards, etc. T) PI. LXI. — L'Autruclie Chameau, race des Somalis iplanche. p. 4i3). 3 LES AUTRUCHES. [415] Quoi qu'on en aii dit, elle boit souvent et beaucoup : un individu adulte absorbe de six à huit litres d'eau par jour, en été, et quatre à cinq en hiver. [.'Autruche fait son nid dans le sable. C'est au mâle que sont dévolus les pre- miers travaux de construction de ce nid, si l'on peut appeler ainsi une énorme excavation de un mètre de diamètre sur o"',3o de profondeur. La femelle pond un nombre d'œufs variable, habituellement douze à quinze. A mesure qu'elle pond, elle exhausse les parois du nid en creusant avec son bec un fossé circulaire et rejetant au-dessus d'elle le sable qu'elle en extrait. De sorte que peu à peu le nid prend l'aspect d'un cône tronqué au sommet duquel repose la couveuse. L'incubation dure de quarante-deux à quarante-huit jours. Le mâle et la femelle se relaient alternativement. Les œufs de l'Autruche sont les plus gros que l'on connaisse; leur poids moyen est de i 400 grammes. Ils présentent une coquille épaisse, résistante, luisante, d'un blanc jaunâtre. Les jeunes Autruchons, aussitôt nés, sont aptes à courir et à chercher leur nourriture. Le mâle se charge spécialement de leur éducation, et les défend courageusement en cas de danger. Chasse. — L'Autruche a été chassée de tout temps avec la plus grande activité. Il est fait mention de cet Oiseau dans différents passages de la Bible et dans les hiéroglyphes des monuments égyptiens. Certains peuples de l'Ethiopie, les Striitlioplmges de Strabon,se nourrissaient surtout de la chair des Autruches. Les Grecs et les Romains en recherchaient les plumes pour faire des parures et divers objets d'ornement. Aussi les procédés de chasse sont-ils nombreux et variés. L'un des plus anciens et qui est encore en usage chez les Bushmen et les Somalis se pratique de la façon suivante : le chasseur se place à l'affût dans un endroit fréquenté par ces Oiseaux. Il se revêt de la peau desséchée d'une Autruche, engage la main droite dans le cou et la tète, et imite par des mouvements bien combinés les allures et la marche de l'animal vivant. Les Autruches s'approchent sans défiance, croyant avoir affaire à un de leurs semblables, et le chasseur qui de la main gauche tient un arc armé d'une flèche empoisonnée, peut les tirer à bonne portée. Lorsque les Bushmen découvrent un nid d'Autruche, ils en enlèvent les reufs, s'y cachent en attendant le retour de l'Oiseau; quand celui-ci apparaît, ils le tuent ou le capturent avant qu'il soit revenu de sa surprise. Les Arabes se livrent aussi passionnément à la chasse de l'Autruche. Montés sur des Chevaux rapides, les chasseurs se rendent dans le désert, cherchant un troupeau d'Autruches. Quand ils l'ont découvert, ils se dirigent vers lui, font choix du sujet qu'ils désirent capturer et le poursuivent de toute la vitesse de leurs coursiers. Pendant que l'un d'eux s'attache à ses pas et le suit dans tous les détours qu'il fait pour se dérober, un autre cherche à lui couper le chemin, puis reprend le rôle du premier, qui, à son tour, coupe alors [41(ii LES COUREURS. 4 au plus court. Ils se relayent ainsi jusqu'à ce que l'Autruche soit épuisée. D'or- dinaire, au bout d'un quart d'heure, ils sont bien près de l'atteindre. Un dernier effort qu'ils font faire à leurs coursiers, et ils sont sur elle ; alors ils lui portent un coup violent sur la tête ou sur le cou, qui la fait tomber à terre. Quelques chasseurs capturent aussi les Autruches au lasso ou dans des pièges. Captivité. — Domestication. — Les Autruches s'apprivoisent facilement, surtout quand elles sont jeunes. Placées dans des conditions convenables, elles peuvent se reproduire en captivité et être l'objet d'un élevage régulier. Certaines tribus africaines pratiquaient déjà cet élevage depuis longtemps, lorsqu'il fut entrepris par des colons européens. Les premiers essais de domestication et d'élevage des Autruches furent faits par des Français; ils furent d'abord couronnés de succès, puis délaissés pour diverses raisons économiques, tandis que les Anglais de la colonie du Cap, au prix d'importants sacrifices, perfectionnaient les procédés que nous avions employés et créaient une industrie nouvelle qui a pris aujourd'hui une extension considérable. La première autrucherie africaine fut établie au Transvaal, en \S6? ; un grand nombre d'autres furent fondées successivement. En 1875. on comptait près de 22000 Autruches apprivoisées dans les possessions anglaises de l'Afrique australe; on en comptait plus de 400000 en iSqi. Des entreprises semblables furent faites en Floride, en Californie, et don- nèrent d'excellents résultats. En Algérie, les autrucheries n'ont pas encore pris le même développement que dans la colonie du Cap, et ce fait est d'autant plus regrettable que le sud de l'Algérie présente pour ce genre d'élevage toutes les conditions désirables. Les Autruches élevées en captivité sont placées dans d'immenses parcs, divi- sés en autant d'enclos qu'il y a de couples. On les nourrit avec de l'orge, du fourrage vert, des légumes, choux, betteraves, etc. ; un de leurs aliments pré- férés consiste en feuilles d'Opuntia rulgaris, ou figiiie'- de Barbarie, que l'on a hachées après en avoir enlevé les épines. Elles mangent volontiers aussi des Sauterelles et de gros Insectes. Elles boivent beaucoup, et aiment à se baigner. Comme une femelle pond, en moyenne, une soixantaine d'œufs par année, mais qu'elle ne peut en couver que dix à la fois, il est avantageux d'emplo_\'er dans cet élevage l'incubation artificielle. Des couveuses d'un modèle spécial ont été construites dans ce but, et c'est à ces appareils habilement employés que les Anglais doivent l'extension rapide de leurs autrucheries. Utilité. — L'Autruche n'a guère été utilisée comme béte de trait que dans des circonstances accidentelles ou pour l'agrément des promeneurs. Tout le monde connaît l'Autruche attelée du Jardin d'Acclimatation de Paris. Mais il semble néanmoins que dans certaines régions, elle pourrait rendre dans ce but de réels services. La chair de l'Autruche est différemment appréciée par ceux qui en ont goûté. 5 LES NANDOUS. [''17] Elle ressemble assez bien à celle du Bœuf, mais possède un goût particulier. D'anciennes peuplades de l'Ethiopie, les Struthophages de Strabon, en faisaient leur nourriture habituelle. La graisse est très appréciée par les Arabes. Les œufs d'Autruche peuvent être employés dans la préparation des crèmes et des pâtisseries. Un seul œuf représente la valeur de vingt à vingt-cinq œufs de Poule. Mais ce qui donne à l'élevage de l'Autruche une importance commerciale énorme, c'est la production des plumes, dont la valeur atteint parfois jusqu'à 600 francs le kilogramme. La récolte des plumes se fait à l'époque de la mue, c'est-à-dire vers le mois de juin ou de juillet. Elle doit être pratiquée avec précaution, pour ne pas faire souffrir inutilement l'Oiseau. Les plumes sont alors triées et classées en différentes catégories. Celles des mâles sont les plus estimées. On les blanchit, puis on les teint par des procédés de coloration spéciaux et on les livre au commerce de la mode. Elles servent pour la parure et la fabrica- tion de divers objets de luxe. LES NANDOUS Caractères. — Les Nandous ont le bec aussi long que la tète, déprimé, large à la base, arrondi à la pointe; la mandibule supérieure surmontée d'une arête cornée distincte, les tarses longs, robustes, réticulés, trois doigts réunis à la base par une palmure étroite, les ongles comprimés et obtus; les ailes analogues à celles des Autruches, et terminées par un appendice corné ; la tête et le cou emplumés, à l'exception des lorums et de la région qui entoure l'oreille. LE NANDOU D'AMÉRIQUE [Rhea americana). — Caractères. — Le Nandou d'Amérique a les parties supérieures de la tête et du cou, la partie antérieure de la poitrine, et une ligne naso-oculaire noires ; le milieu du cou jaune ; la gorge, les joues, les côtés du cou d'un gris de plomb clair; le dos, les côtés de la poitrine et les ailes d'un cendré brunâtre ; la face inférieure du corps d'un blanc sale; l'iris gris-perle; le bec et les pieds d'un gris brun; les parties nues de la face couleur de chair. La femelle porte à peu près le même plumage que le mâle, mais sa taille est plus faible. Elle ne mesure que i^.SS environ, tandis que le mâle mesure environ i",65. Habitat. — Les Nandous sont propres à l'Amérique du Sud. Ils représen- tent sur ce continent les Autruches de l'Afrique. Ils vivent dans les immenses pampas et les steppes. « Véritable Oiseau des steppes, dit Brehm, le Nandou ne se trouve ni dans les montagnes, m dans les forêts vierges; mais dans les pays de collines, il est aussi abondant que dans la plaine ; il aime à visiter les forêts clairsemées d'algarrobes, de même que les bosquets [418] LES COUREURS. de myrte et de palmiers, isolés, comme autant d'iles, au milieu de hautes herbes. Dans les pampas et dans les steppes, il est peu d'endroits où il fasse complètement défaut, on le voit partout où il trouve de l'herbe à manger, et même sur les bords des lacs salés, où le sol est blanchi par le dépôt du sel. iM. /^'^^^t'^e^^ Le Nandou d'Amérique. « Unmàle vit aveccinq ou sept femelles, rarement plus ou moins. Une famille, ainsi formée, habite un domaine qu'elle défend contre ses semblables. Après la saison des amours, plusieurs familles se réunissent et l'on peut ainsi rencontrer des bandes où l'on compte soixante individus ou plus. Autant chaque famille est unie, autant sont peu solides les liens qui retiennent ces bandes. A la pre- 7 LES NANDOUS. Î419] mièrc occasion, elles se dispersent; les familles qui les composaient allant se joindre à d'autres. » Le nom de Nandou, donné à cet Oiseau par les Indiens, est une onomatopée du cri que pousse le mâle dans la saison des amours. Ce cri appelle les femelles et provoque au combat les autres mâles. Après les amours, le mâle et la femelle font entendre un sifflement qui va d'abord en augmentant de force, puis qui diminue : c'est le signal du rappel de la famille. Les jeunes pépient comme les Dindons. Boecking n'a jamais entendu de cri de douleur ou d'effroi; mais, lorsqu'il est en colère, le Nandou souffle d'une manière singulière et difficile à décrire. Le goût excepté, tous les sens du Nandou paraissent bien développés, et son intelligence n'est nullement bornée. D'après Boecking, cet Oiseau est un excellent observateur, et il sait comment se conduire suivant les circonstances. Autour des habitations où on le laisse en paix, il devient assez confiant pour circuler au milieu des Chevaux et des Bœufs, et ne s'écarter que du chemin de l'homme ou d'un Chien. Il paît au milieu des troupeaux, sans crainte ; il est en quelque sorte à demi domestique. Il évite les cavaliers; mais il ne fuit pas devant le blanc qui n'est pas accompagné de Chiens; c'est tout au plus s'il se détourne d'une centaine de pas, en regardant avec curiosité plutôt qu'avec crainte. Il fuit au contraire avec anxiété le gaucho qui le chasse, et emploie toutes les ruses dont il est capable pour lui échapper. Jamais on ne le voit auprès du rancho d'un indigène, et il ne se mêle à ses troupeaux que loin de sa demeure. On l'aperçoit plus souvent au milieu des bandes de Cerfs des steppes, et l'on voit alors, tantôt un Nandou, tantôt un Cerf lever la tête, et, à l'approche d'un danger, tous fuir dans la même direction. Pendant les pluies, le Nandou mange surtout du trèfle et des Insectes; plus tard, comme nous l'avons dit, il recherche les lieux où ont pâturé les bestiaux; l'herbe qui y croit est celle qu'il préfère. Il montre pour les plantes alimentaires venues d'Europe une prédilection qui fait honneur à son goût, et si une troupe de Nandous parvient à découvrir les champs d'alfa ou le jardin potager d'un colon, il faut que celui-ci exerce la plus grande surveillance s'il veut conserver une feuille verte. Par contre, le Nandou rend quelques services, en mangeant, tant qu'elles sont encore sur tige, des graines épineuses. Ces graines, très nom- breuses en certaines localités, sont un fléau pour les éleveurs de bétail. Elles s'accrochent à la queue et à la crinière des Chevaux, à la toison des Moutons, s'}' feutrent, rendent la laine et le crin tout à fait impropres aux usages qu'on en fait; souvent même elles causent la mort de l'animal; l'irritation qu'elles exercent sur sa peau l'affolent et il se blesse; or une blessure, qui ne tarde pas à four- miller de vermine, amène régulièrement la mort de l'animal. Au commencement du printemps, c'est-à-dire en octobre, le Nandou mâle qui a deux ans révolus est capable de se reproduire. Il réunit de trois à sept femelles, rarement plus; puis, il chasse à coups de bec et d'ailes les autres mâles de son domaine. Il exécute devant les femelles des danses tout â fait singulières; il va à droite et à gauche, les ailes écartées, pendantes: il se met à courir très rapidement, décrit avec une agilité incroyable trois ou quatre [4201 I^ES COUREURS. 8 crochets, ralentit sa course, s'avance majestueusement, se baisse et recommence le même manège. En même temps, il fait entendre un cri, une sorte de sourd mugissement, et donne tous les signes de la plus grande excitation. En liberté, il dépense son courage et son ardeur en attaquant 'ses rivaux; en captivité, il attaque aussi bien son gardien que toute personne qui se présente, et cherche à les frapper avec le bec, avec les pieds. Dans les pampas, d'après Boecking, la ponte commence au milieu de décembre. Quelque temps auparavant, on trouve déjà des œufs isolés, provenant de femelles précoces, qui ont pondu avant que le mâle eût disposé le nid. Ce nid consiste en une dépression peu profonde; il est situé dans un lieu sec, à l'abri des inondations, caché le plus possible, et protégé, sur les côtés, par des chardons ou de hautes herbes. Le Nandou profite souvent des trous que creusent les Taureaux sauvages, quand, appuyant l'épaule à terre, ils se meuvent en cercle, à l'aide de leurs pattes de derrière, pour se débarrasser des larves qui sont sous leur peau. Si le Nandou ne trouve pas un trou de ce genre, il s'en creuse un lui-même, le tapisse de quelques chaumes, de quelques herbes. La femelle y pond de sept à vingt-trois œufs. D'Azara avance que l'on trouve souvent de soixante-dix à quatre-vingts œufs dans un même nid. Darwin assure que leur nombre ne dépasse jamais quarante à cinquante; Boecking, par contre, dit que, à la vérité, les gauchos croient que l'on trouve parfois cinquante œufs, mais que lui n'en a jamais vu plus de vingt-trois : la moyenne était de treize à dix-sept. Les œufs varient de grosseur; les uns ont le volume d'un œuf d'oie, les autres ont jusqu'à o°',i4 dans leur plus grand diamètre. Tout autour du nid, dans un rayon d'une cinquantaine de pas, on trouve des œufs abandonnés, plus récents que ceux déposés dans le nid. L'œuf de Nandou est d'un blanc jaunâtre terne; il est semé de petits points d'un jaune vert, qui entourent les pores. Mais, quand l'œuf est exposé au soleil, il se décolore rapidement, et au bout de huit jours il est d'un blanc de neige. Quand tous les œufs sont pondus, le mâle se charge seul de les couver. Les femelles le quittent, mais elles restent ensemble et n'abandonnent pas leur district. Le mâle couve la nuit et le matin, jusqu'à ce que la rosée soit évaporée; il se lève de temps a autre, suivant la température, pour aller chercher sa nourriture. Parmi les animaux, le Nandou n'a pas beaucoup d'ennemis. De temps à autre, un adulte devient bien la proie du Couguar; un jeune, celle du Renard ou de l'Aigle ; mais ces cas sont rares. Il est rare aussi qu'un nid soit détruit. Ce qui est très singulier, c'est l'aversion que le Vanneau armé témoigne au Nandou, bien que celui-ci soit pour lui bien inoffensif. Un Nandou s'approche-t-il de l'endroit où se tient un couple de ces ^^'lnneaux, ceux-ci fondent sur lui, en poussant des cris, comme les Corneilles qui poursuivent un Faucon. Ce manège divertit quelque temps l'Oiseau géant; par des sauts de côté, des coups d'aile, il évite les coups qui lui sont portés; mais bientôt la persistance de ses tour- menteurs lui devient insupportable et il quitte la place, non toutefois sans être poursuivi à une certaine distance. Des ennemis pour lui plus insupportables l'I. l.XII. — Le Casoar unicaronculé (texte, p. 42-1). 9 LES NANDOUS. [421] que nuisibles sont encore une espèce de Moustique et un Entozoaire que l'on trouve, en toute saison, entre la peau et les muscles, enroulé sur lui-même. Enfin, les deux plus redoutables ennemis du Nandou sont le feu et l'homme. A l'époque où se reproduit cet Oiseau, les bergers ont l'habitude d'incendier les chaumes qui couvrent les steppes. L'incendie se propage, attisé par le vent; il effraye tous les animaux, il détruit un grand nombre d'êtres nuisibles, mais il détruit aussi les couvées des Oiseaux qui nichent à terre. Chasse. — Pour chasser le Nandou avec des armes à feu, il faut être bon tireur. Cet Oiseau a la vie dure, et il va souvent très loin avec une balle dans le corps. Dans cette chasse, et lorsqu'il s'agit d'aborder une bande de Nandous, le chasseur se tient sous le vent, avance en rampant sur les pieds et sur les mains, et agite un morceau d'étoffe dans le but d'attirer l'attention de ces Oiseaux, qui sont fort curieux et ne peuvent résister à la tentation de voir quelque chose de nouveau. Les Nandous, dont l'attention est éveillée par cette manœuvre, gardent d'abord quelque défiance, mais la curiosité l'emporte et bientôt le chasseur voit la bande arriver, le mâle en tête, marchant tous le cou tendu, craignant, dirait-on, de faire du bruit. Ils vont en même temps de côté et d'autre, s'arrêtent, reculent; mais si le chasseur n'a pas perdu toute patience, ils finissent par venir à quelques pas de lui. Lorsqu'on a pu approcher d'un troupeau de ces Oiseaux, que l'un d'eux est tombé, les autres l'entourent aussi longtemps qu'il s'agite, et en exécutant les bonds les plus singuliers : on dirait que leurs pattes et leurs ailes sont atteintes de convulsions. Le chasseur a tout le temps de tirer un second coup. La détonation ne les effraye pas; lorsqu'on les manque, au lieu de s'enfuir, ils s'avancent pour voir la cause du bruit qui les a frappés. Un Nandou blessé suit autant qu'il peut la bande à laquelle il appartenait, puis se détourne et va périr solitaire. Les Indiens font la chasse au Nandou de la même façon que les Arabes font la chasse à l'Autruche. Montés sur d'excellents Chevaux, ils poursuivent l'Oiseau dont ils veulent s'emparer jusqu'à ce qu'ils en soient à bonne portée ; ils le cap- turent alors en lui lançant autour du cou un lasso formé de deux pierres réunies par une longue lanière. Ils emploient aussi dans cette chasse des Chiens dressés. Captivité. — Elevage. — Le Nandou se montre, en captivité, d'un caractère doux et familier. Son élevage a d'abord été pratiqué sans aucune difficulté en Amérique, lorsque, par suite de la chasse acharnée qu'on lui faisait, on le vit devenir de moins en moins commun. En Europe, il s'est acclimaté facilement, et il n'est pas de Jardin zoologique qui ne possède quelques-uns de ces intéressants et utiles Oiseaux. On le voit aussi dans les grands parcs où il vit dans une demi-liberté. Il se nourrit d'herbes, de légumes, d'Insectes, de Mollusques, il faut aussi lui donner de temps en temps un peu de viande. Utilité. — Les plumes de Nandou sont connues dans le commerce sous le nom de plumes de ^'autou^; elles servent surtout à confectionner des plumeaux; une certaine quantité est employée pour la parure. Les petites plumes duve- teuses servent à faire des boas et des manchons. On fait aussi avec la peau de la région du ventre des tapis de luxe. [4221 LES COUREURS. 10 Quant a la chair de cet (3iseau, elle est peu appre'ciée. Mais les œufs peuvent servir dans la pâtisserie comme ceux des Autruches: un icuf de Nandou équi- vaut à une quinzaine d'œufs de Poule. LE NANDOU DE DARWIN [R/ica Danvini). — Cette espèce, signalée pour la première fois par Darwin et d'Orbigny, habite la Patagonie. Sa taille est plus faible que celle du Nandou d'Amérique, mais elle ne s'en distingue pas sensiblement par ses mœurs et son genre de vie. LES EiVlOUS Caractères. — Les l'>mous ou Emeus, connus aussi sous le nom de Dromées ou Casoars d'Aiisiralic, ont le port des Autruches, mais leurs formes sont plus ramassées, leurs jambes moins hautes, leur cou moins long. Ils ont le bec droit, comprimé latéralement, sillonné le long de l'arête, arrondi à l'extrémité; les narines relativement grandes, médianes, recouvertes d'un opercule membraneux ; les jambes emplumées jusqu'à l'articulation tibio- tarsienne; les tarses épais, scutellés ; trois doigts armés d'ongles puissants: les ailes et la queue offrent une structure analogue à celle des Autruches et des Nandous. La tète et la gorge sont les seules parties dénudées. Tout le reste du corps est couvert de plumes dont les tiges dédoublées et flexibles sont pourvues de barbes lâches. L'ÉMOU DE LA NOUVELLE-HOLLANDE (Droiiuicus Xora'-HolLvidia.']. — Caractères. — Cet Oiseau a environ 2 mètres de hauteur. Son plumage, assez uniforme, est d'un brun mat, plus foncé à la tête, au milieu du cou et du dos, plus clair sur les parties inférieures ; l'iris est d'un brun vif, le bec couleur de corne foncée ; les pattes brunâtres, la partie légèrement dénudée au-dessus de l'articulation bleuâtre. Habitat. — Il habite la partie orientale de la Nouvelle-Hollande. Mœurs. — Les mœurs des Emous à l'état sauvage sont incomplètement connues. Toutefois, on doit à Ramel les premiers documents précis sur le genre de vie de ces Oiseaux. « Partout où il v a de l'herbe et de l'eau, dit ce vo\a2eur, on entend, au lever et au coLicher du soleil, le cri guttural de l'Emou, qui rappelle le bruit du tam- bour. Dans les parties vierges du continent, il aime à paître sur les vastes plaines ou sur les collines basaltiques; mais dans les lieux fréquentés par les troupeaux de Bœufs et de Moutons, les individus en petit nombre qui ont survécu à cette aurore de la civilisation, cherchent les abris des taillis ou des forêts, prennent leur nourriture dans les ravins ou les vallées étroites, donnant toujours la pré- férence à la végétation luxuriante des terrains où ont campé les Moutons. « Comme le Chameau, l'Emou peut avaler une grande quantité de liquide, et, par une température moyenne, vivre plusieurs jours sans renouveler sa provi- sion. Même par les fortes chaleurs de l'été, j'en ai rencontré dans les lieux 11 LES ÉMOUS. [423] éloignés de l'eau, à des distances de quinze et vingt milles. Quand il veut boire, il s'arrête sur la rive pendant quelque temps et regarde avec le plus grand soin s'il n'}' a pas d'ennemis; tout à coup, il se précipite vers l'eau, en prend une bonne provision, remonte avec promptitude, et s'il ne voit aucun danger, il se retire tranquille- ment. « Chasse. — On chasse l'Eniou soit à l'aide de bons Chiens dressés, soit à l'affût, lorsque l'on a re- connu d'avance une place où cet Oiseau vient se désaltérer. Captivité. — Éle vage. — L'Emou vit très bien en captivité. Originaire d'un pays où le climat est tem- péré, il s'acclimate facilement en Eu- rope. Aussi tous les na- turalistes, à l'exem- ple de Is. Geoffro}' Saint-Hilaire, ont-ils depuis longtemps préconisé l'élevage de ce paisible et utile Oiseau. Les premiers es- sais de reproduction en captivité furent e tïe ctués presque simultanément au Muséum de Paris et à la ménagerie de lord Derby, en An- gleterre, vers 1845. Ils furent couronnés d'un plein succès. De nos jours, les Emous se sont répandus dans tous les Jardins zoologiques et un grand nombre de parcs. Leur élevage n'otfre aucune difficulté ; il peut devenir une source de bénéfices importants : on doit donc souhaiter qu'il se développe de plus en plus. Utilité. — La dépouille de ces Oiseaux n'a pas la même valeur que celle des I.'Émeu ou Casoar de la Nouvelle-Hollande. [424] LES COUREURS. 12 Nandous et des Autruches, car les grandes plumes ornementales des ailes et de la queue font ici défaut. Mais les œufs sont assez estimés, et la chair se rapproche de celle du Bœuf. " ... Les grands Oiseaux inailés, dit Geoffroy Saint-Hilaire, dans un rap- port au ministre de l'Agriculture, pourraient nous offrir de semblables avan- tages, comme produisant rapidement une viande aussi abondante que saine. Ce seront de véritables Oiseaux de boucherie., terme nouveau auquel il faut bien recourir pour désigner des usages nouveaux. » Les œufs d'Émou pèsent en moyenne 700 à 800 grammes ; chacun d'eux représente la valeur de seize à vingt œufs de Poule. Leur coquille, résistante, d'une belle couleur verte, peut être utilisée pour la fabrication de divers objets d'ornement. LES CASUARIDÉS Les Casoars, bien que très voisins des Autruches par l'ensemble de leurs caractères et leurs mœurs, en doivent être cependant séparés en raison de la forme de leur bec, de la structure de leurs ailes qui portent des baguettes arrondies, pointues, ébarbées, et en raison aussi de l'appendice osseux qui sur- monte leur tête. Leurs formes sont ramassées, leur cou relativement court et épais. LES CASOARS Caractères. — Les Casoars ont le bec droit, comprimé latéralement, à arête dorsale convexe; la mandibule supérieure est légèrement infléchie à la pointe, et échancrée ; les narines petites, allongées, s'ouvrant au fond d'un long sillon ; la tête surmontée d'une crête osseuse recouverte d'une masse cornée de forme variable; le cou nu dans sa partie supérieure et présentant en avant quelques appendices charnus ; les ailes courtes, dont les rémiges sont remplacées par des tiges cornées arrondies, sans barbules; les tarses courts et épais; trois doigts, l'ongle du doigt interne deux fois aussi long que les autres ; les plumes de presque tout le corps, courtes et raides, dépourvues de barbules et assez sem- blables à des poils. Le mâle et la femelle ne diffèrent l'un de l'autre ni par la taille, ni par le plu- mage. LECASOAR UNICARONCULÉ 0 (Ca5»c7r/»i- uiiiappcttdiculalus). —Caractères. — Ce Casoar a le plumage entièrement noir, avec la face d'un vert bleu, l'occiput vert, le cou violet en avant, rouge en arrière; l'iris brun rouge, le bec noir, les pattes d'un gris jaunâtre. (■ PI. L.Ml. — Le C.asoar uniL-aronculO (planche, p. 420). 13 LES CASOARS. [425] Habitat. — La patrie des Casoars est l'Inde. Tous les vo3'ageurs qui parlent du Casoar à l'état de liberté s'accordent à dire qu'il habite les forêts les plus épaisses et s'y tient tellement caché, qu'il est rare de l'apercevoir. Au moindre indice de danger, il fuit et disparaît aux regards de l'homme. Dans les îles presque désertes, il ne doit pas être rare, mais on ne le rencontre jamais qu'isolé. Les faits tendent ii prouver combien il est ditïicile de pouvoir l'observer : ainsi, dans la Nouvelle-Guinée, MuUer n'a jamais trouvé l'occasion de voir un Casoar, et cependant il a souvent rencontré la piste de l'Oiseau et l'a souvent entendu dans les buissons ; à Céram, Vallace ne put en capturer un seul, bien qu'il se fût convaincu de la présence de cet Oiseau dans tous les lieux qu'il visita. Ceux que l'on voit en Europe ont été pris tout jeunes et élevés par les indigènes, ce qui explique pourquoi ils sont si généralement privés, doux, confiants, tandis qu'en liberté, ils paraissent posséder les qualités opposées. Bennett dit que les deux premiers Mooruks qu'il put se procurer avaient été apportés par des indigènes de la Nouvelle- Bretagne, à bord de VObéi'oii et vendus au capitaine Dawlin. Les indigènes assurèrent qu'il était impossible de prendre de vieux Casoars, tant ils sont craintifs et défiants; ils fuient au moindre bruit, et, grâce à leur rapidité, ils atteignent bien vite des fourrés, qui, pour l'homme, sont complètement impé- nétrables. Ce n'est que dans les premiers jours qui suivent l'éclosion qu'on parvient a s'emparer des jeunes. Ceux que posséda Bennett étaient très appri- voisés; ils couraient partout dans la cour et dans la maison, arrivaient sans crainte vers toute personne qui avait l'habitude de leur donner à manger. Avec le temps, ils devinrent si hardis, qu'ils troublaient les domestiques dans leurs travaux; ils entraient par toutes les portes ouvertes, suivaient les gens pas à pas, fouillaient tous les coins de la cuisine, sautaient sur les tables et les chaises, dérangeaient le cuisinier dans ses travaux. Si l'on essayait de les prendre, ils se sauvaient rapidement, se cachaient sous les meubles, se défen- daient à coups de bec et de pattes. Les laissait-on tranquilles, ils retournaient spontanément à leur place accoutumée. Si la servante voulait les chasser, ils la frappaient, lui déchiraient les vêtements. Ils couraient dans l'écurie au milieu des Chevaux, mangeaient avec eux au râtelier. Ils entraient souvent dans le cabinet de travail de Bennett en poussant la porte, s'}' promenaient tranquil- lement, examinaient tout, puis s'en allaient. Chaque chose nouvelle les captivait, tout bruit les attirait Dans leur démarche, les Casoars diffèrent beaucoup des Autruches. Ils ne courent pas; ils trottent le corps horizontal, les longues plumes du croupion relevées, ce qui les fait paraître plus hauts du derrière que de l'avant. Les pas ne se succèdent pas très rapidement; mais quand le Casoar veut fuir, il déploie une vitesse surprenante. Il se détourne très adroitement ; il bondit jusqu'à i°',3o et i'°,(5o de haut. Sa voix peut se rendre par liojili, liniili, hnith. prononcé faiblement et du fond de la gorge : c'est là son signe de contentement; car, lorsqu'il est irrité, il souffle comme le Chat et le Hibou. La vue est le plus parfait de ses sens; après vient l'ouïe; enfin, l'odorat paraît assez développé. Quant au goût, il est difficile de se prononcer, et pour le [426] LES COUREURS. 14 toucher, on peut dire simplement qu'il existe. Son intelligence ne le fait pas diiférer ii son avantage des autres Brévipennes. Il est plus piudent, inais aussi plus méchant c]ue les Struthionidés. Toute chose inaccoutumée, si elle ne l'effraye pas, l'excite, le met même en fureur. Il se précipite alors sur son adversaire, que ce soit un homme ou un animal; il saute sur lui, et cherche à l'atteindre avec son bec ou avec ses pattes. C'est surtout pendant la saison des amours qu'il se comporte de la sorte. Les gardiens du Jardin zoologique de Londres ont appris par expérience que l'on ne saurait être trop prudent avec les Casoars. Après l'accouplement, la femelle fond quelquefois avec fureur sur le mâle et le tue. Quelques-uns de ces Oiseaux sont excités par tout ce qui les frappe; ils se précipitent sur les gens vêtus d'habits de couleurs voyantes; ils deviennent dangereux pour les enfants, et vont même jusqu'à enlever l'écorce des arbres. Les gardiens de tous les Jardins zoologiques où se trouvent des Casoars les craignent plus que les grands Félins; on peut, chez ceux-ci, reconnaître leurs dispositions à l'expression de leurs traits; avec le Casoar, il faut être toujours sur ses gardes, car l'on est exposé à chaque instant à en recevoir un mauvais coup. Les Casoars ne dédaignent pas les aliments tirés du règne animal; mais, en somme, ils sont herbivores. On croit que, dans leurs forêts natales, ils se nour- rissent surtout de substances végétales molles, de fruits succulents, et qu'ils ne touchent pas aux graines, qui résisteraient à l'action de leurs organes digestifs. On a vu de ces Oiseaux captifs avaler des pommes entières, mais les rendre telles quelles dans leurs e.xcréments. Dans les Jardins zoologiques, on leur donne un mélange de pain, de grains, de pommes coupées en morceaux, et ce régime leur convient parfaitement. On les a vus quelquefois avaler les Poulets et les Canetons qui les avaient approchés de trop près. Captivité. — Les Casoars furent importés pour la première fois en Europe vers i5m7. Kn 1671, un Casoar à casque fut envoyé à Louis Xl\ et vécut quatre ans à Versailles. Depuis cette époque, diverses espèces furent introduites dans les Jardins zoologiques et leur reproduction s'obtient assez facilement. Malheureusement, l'élevage de ces Oiseaux n'a pas pris une grande extension; ils sont d'ailleurs d'un caractère assez farouche. LES CRYPTURIDÉS La famille des Crypturidés a de nombreuses affinités avec certains groupes d'Oiseaux de l'ordre des Gallinacés, notamment avec les Turnicidés. Néanmoins, ses caractères sont assez spéciaux pour qu'on puisse l'en séparer nettement et la ranger dans l'ordre, assez hétérogène d'ailleurs, des Coureurs. Caractères. — Les Crypturidés sont des Oiseaux de petite taille, aux formes ramassées. Ils ont la tête petite et aplatie: le bec long, mince, arque; les ailes courtes, arrondies, obtuses, atteignant à peine le bas du dos; la queue dépourvue de rectrices et entièrement cachée par les sus-caudales; les tarses 15 LES TINAMOUS. [427] relativement loni^s et forts, scutellés en avant, les doigts longs, le pouce très développé, mais inséré très haut et ne touchant pas le sol; les ongles courts et forts. Habitat. — Les Crypturidés, vulgairement appelés Tinamoiis, habitent l'Amé- rique méridionale. On en connaît plusieurs espèces groupées d'après certains ornithologistes, dans plusieurs genres différents. LES TINAMOUS Les caractères généraux de ce genre ont été énumérés précédemment en même temps que ceux de la famille entière. L'espèce la plus connue est le Tinamou ou Rh\nchote roussàtre. LE TINAMOU ROUSSATRE {Rhyiicholus rufes'ceus). — Caractères. — Le Tinamou roussàtre mesure envi- ron o'",42 de long. Son plumage est rayé de noir sur un fond rous- sàtre, avec la gorge blanche ; l'iris brun roussàtre, le bec brun, les pattes couleur de chair. Habitat. — Il habite le Brésil et la République Argentine. Mœurs. — Son existence se passe presque entière- ment sur le sol. Il parcourt les buissons, les hautes her- bes, et mène le même genre de vie que les petits Gallinacés de nos pays cultivés. Son vol est lourd, pénible. Par contre, il court avec une remarquable agilité et, en cas de danger, il sait se blottir dans les fourrés les plus épais, avec une grande rapidité. On le rencontre presque toujours solitaire. C'est un Oiseau très craintif et qui se laisse difficilement approcher, car il est partout activement chassé. Sa nourriture consiste en graines, fruits, feuilles. Insectes. Il niche sur le sol, dans quelque buisson touffu. Ses œufs, au nombre de sept à neuf par couvée, ont des colorations très vives mais variables; ils sont en général d'un gris foncé, nuancé de violet; leur surface est polie, glacée. Chasse. — Les Tinamous sont considérés en Amérique comme un gibier très délicat : aussi leur fait-on une chasse acharnée. Etant donnés les faibles moyens de défense de cet Oiseau, il est à craindre que l'espèce ne vienne à disparaître. l.e Tinamou roussàtre. |428] LES COUREURS. iC Captivité. — On a essayé d'acclimater et de domestiquer les Tinamous en Europe, mais les essais tentés jusqu'à ce jour ne paraissent pas devoir donner de brillants résultats. LES APTÉRYGIDÉS Les Aptérvgidés forment, dans l'ordre des Coureurs, une famille bien spécia- lisée, et représentée par un seul genre. De même que les Autruches, les Apté- rvgidés ont des ailes réduites à de courts moignons rudimentaires, le plumage décomposé; les tarses bien adaptés à la marche, mais ils sont pourvus de quatre doigts. Leur bec a aussi une forme qui l'éloigné de celui des Coureurs étudiés précédemment : il est long, mince, arqué, et les narines sont placées plus près de l'extrémité que de la base. LES APTÉRYX Les caractères de ce genre singulier et unique de la famille viennent d'être énumérés. Ce sont ceux de la famille. L'APTÉRYX AUSTRAL (■) (Aptc'rrx — XXX. Tourterelles à collier 45 — XXXI. Le Tétras urogalle ou grand Coq de bruyère 61 — XXXll. Le Lophophore resplendissant 93 — XXXIII. Coq et Poules. Race .^ndalouse 109 — XXXI V. Coq et Poules de Hambourg. Variété pailletée argentée i ib — XXXV. La Poule domestique et ses poussins , 123 — XXXVl. Jeunes poussins à leur première sortie en liberté i32 — XXXN'II. Le Faisan versicolore M» — XXXX'Ill. Le Faisan de Mongolie M" — .XXXIX. Les Dindons bronzés >4^ — -XL. La Pintade vulgaire '5fi — XLl. L'Outarde barbue "'>< — .XLll. Le Chauna c ha varia '7- — XLllI. La Grue de Mandchourie 244 — XLIV. La Baléarique pavonine -^'- La vie des animaux illustrék. ' »■ "^ •'- [430] Planciiu XLV. — XLVI — XLVll. — XLVI II — XLIX, — L, LU, — LUI — LIV. — LV. — LVI. — LVIl, — LVIll, — LIX — LX, — LXI, — LXIl. — LXlll, TABLE DES PLANCHES. 18 Le Héron cendré 253 Le Buior étoile 261 Le Marabout à sac et le Jabiru du Sénégal 269 Le Flammant ou Phénicoptère rose 284 Le Pélican onocrotale ou Pélican blanc 285 L'Albatros hurleur 3oi Le Goéland argenté 3 16 Cygnes domestiques et leurs jeunes 332 Cvgncs blancs domestiques et Cvgnes noirs 332 Cygne noir de la Nouvelle-Hollande 332 Oies domestiques, race commune 340 Oies domestiques 340 Canards domestiques, race commune 364 Le Canard mandarin 372 Le Pingouin torda 4o5 Le Gorlou doré 409 L'Autruche Chameau, race des Somalis 4'3 Le Casoar unicaronculé 4^0 L'Aptéryx austral ou Kiwi 42** TABLE DES MATIÈRES Les Pigeons i Les Colombars 3 Le Colombar d'Abyssinie, 3. Les Colombes ou Pigeons proprement dits 4 La Colombe ramier ou grand Ka- mier, 4. — La Colombe colombin, 7. — La Colombe biset ou Pigeon de roche, 9. Les Races de Pigeons domestiques . . 12 Le Bizet de colombier, i5. — Les Figeons mondains, 17. — Les l'i- geons romains, 17. — Les Pigeons messagers, 19. — Les Pigeons car- riers, 20. — Les Pigeons voya- geurs, 20. — Les Pigeons barbes ou polonais, 26. — Les Pigeons lumblers ou culbutants courte- face, 26. — Les Pigeons cravatés, 28. — Lesi Pigeons capucins, non- nains ou jacobins, 29. — Les Pi- geons coquilles, 3o. — Les Cul- butants à épi, 3o. — Les Pigeons tambour ou à toupet, 3i . — Les Pigeons à crinière ou nègres, 32. — Les Pigeons frisés milanais, 32. — Les Pigeons switts ou ra- pides, 33. — Les Pigeons-Poules, 33. — Les Pigeons de Modène, 33. — Les Pigeons-Paons, 33. — Les Pigeons boulants, 34. Synopsis des races de Pigeons 3g Les Ectopisles 41 L'Eclopiste migrateur, 41. Les Tourterelles 43 La Tourterelle des bois, 43. — La Streplopélie rieuse ou Tourterelle à collier, 45. — La Chalcopélie africaine ou Pigeon nain, 45. Les Mélopélies 46 La Mélopélie leucoptére, 4(1. Les Colombi-Moineaux 46 Le Colombi-.Moineau passerine, 46. Les Géopélies 47 La Géopélie striée, 47. Les Colombi-Perdrix 47 La Colombi-Perdrix cyanocéphale, 48. Les Phaps 48 Le Phaps lumachelle, 48. — Le Longup lophote, 4g. — Les Géo- phaps, 4g. — Les Leucosarcies, 49. Les Nicobars 49 Le Nicobar à camail, 49. Les Gouras 5o Le Goura couronné, 5o. 1-ES DiDUNCULlDÉS 5l Le Diduncule strigirostre. 5i. — Le Dronte, 52. Les Gallinacés 53 Les Ptéroclidés 54 Les Gangas 55 Le Ganga cata, 55. — Le Ganga des sables, 57. Les Syrrhaptes 5/ Le Syrrhapte paradoxal, 57. Li;s Tétbaonidés 5g Les Tétraoniens 59 Les Lagopèdes 60 Le Lagopède blanc, 60. — Le La- gopède d'Écosse, Ô2. — Le Lago- pède muet, 62. Les Tétras 63 Le Tétras urogalle ou grand Coq de bruyère, 63. — Le Tétras lyre, 66. Les Gélinolles 6g La Gelinotte des bois, 6g. l^es Cupidons 70 Le Cupidon des prairies, 71. Les Perdiciens 71 Les Tétragaltes 71 Le Tétragalle du Caucase, 71 . Les Perdrix 72 La Perdrix grecque, 73. — La Per- [432] TABLE DES MATIERES. 20 drix rouge, jb. — La Perdrix de roche ou Gambra, 77. Les Stariu'S 77 La Siarne ou Perdrix grise, 7'^. Les Francoliiis 82 Le Francolin vulgaire, 82. — Le Pterniste à cou roux, 83. Les Colins 83 Le Colin de la Virginie, 84. — Le Colin de Californie, 85. — Le Colin de Gambel, 85. Les Cailles 87 La Caille commune, 87. — Les Cailles naines, 91 . Les Turnicidés 91 Les Turnix 91 Le Turnix d'Afrique, iii. — Le Turnix batailleur, 92. Les Phasianidés ou Gallinacés vrais.. . 98 Les Lophophores 93 Le Lophophore resplendissant, 94. Le Lopliophore de Sclater, q8. Les Tragopans 98 Le Tragopan à tête noire, 9S. — Le Tragopan de Temminck, 99. Les Coqs 99 Le Coq de Bankiva, 100. — Le Coq de Stanley, 100. — Le Coq de Java, 100. — Le Coq de Sonnerat, lOI . Les Coqs et les Poules domesliques, . io3 Synopsis des races gallines io5 Race des Combattants, 107. — Race commune, 109. — Race Coucou d'Ecosse, iio. — Race de Braekel ou Campine à crête simple, 110. — Race de Ramels- lohe et race de Gournay, m. — Race espagnole, rii. — Race de Alinorque, iii. — Race anda- louse, III. — Race d'Ancône, 1 1 1. — Race bressane, 111. — Race de Leghorn, 112. — Race de Ply- mouth-Rock, 112. — Race d'El- berfeld, 11 3. — Race de Barbé- zieux. ii3. — Race Courtes- Pattes. 1 13. — Race à cou nu ou de Transylvanie, 1 13. — Race de Nangasaki, 11 3. — Race Ma- laise, 114. — Race de Bruges ou Combattant du Nord, 114. — Race de Yokohama, 1 15. — Race Phénix, 1 15. — Race de Sumatra, 1 15. — Race de Hambourg, 1 15. — Race de Dominique, 116. — Race d'Orpingion, 1 16. — Race du Mans, 1 16. — Race Wyan- dotte, 116. — Race Sebright. 117. — Race Bantam à pattes nues, 117. — Race frisée du Chili, 117. — Race de Mantes, 117. — Race barbue ou Cosaque, 118. — Race barbue d'Anvers, 1 18. — Race de Shang-haï, 118. — Race de Langshan, 119. — Race Shei- vvoods, 120. — Race Coucou de Malines, 120. — Race de Brahma- Pootra, 120. — Race naine de Pékin, 122. — Race Bantam pat- lue, 122. — Race de Padoue, 122. — Race hollandaise, i23. — Race de La Flèche, i23. — Race de Crèvecœur, i23. — Race de Cau- mont ou de Pavilly, 124. — Race faisane, 124. — Race de Bréda, 124. — Race de Dorking, 124. — Race Dorking à tête fraisée, 12?. — Race flamande, i25. — Race de Faverolles, i25. — Race de Houdan, 1 25. — Race sultane, 1 27. — Race nègre, 127. — Race de W'allikiki, 127. — Race saboi, 128. — Race de Ghoondook ou race huppée sans queue. 12S. Les Faisans. i32 Le Faisan ordinaire ou Faisan de Colchide, i33. — Le Faisan ver- sicolore, i36. — Le Faisan vé- néré, 137. — Le Faisan de .Mon- golie, 137. — Le Faisan doré, 137. — Le Faisan d'.A.mherst, i38. — Le Faisan argenté, i38. Les .\rffus 140 L'.Vrgus géant. 141. — Les Épe- ronniersou Polyplectrons. 142. Les Paons i4>. Le Paon vulgaire, 142. — Le Paon spicifère. 142. Les Dindons ou Mélèagridés 145 Les iJindons 145 Le Dindon vulgaire, 145. — Le Din- don sauvage du .Mexique. 147. — Le Dindon ocellé, 148. Les Dindons domestiques 148 Les Pintades ou Nimidiués 149 Les Pintades 149 La Pintade vautour, 140. — La Pin- tade huppée, i5i. — La Pintade à 21 TABLE DES MATIERES. [433] miirée, i52. — La Pintade piilo- rhvnque, iSa. — La Pintade vul- gaire ou Pintade à caroncules rouges, i52. Les .\U:oai'ODIidés Les Méf{acéphales Le Mégacéphale maléo, i55 Les Leipoas Le Leipoa ocellé, i56. Les Talégalles Le Cathéturc de Latham, xbj. Les Mt'gapodes Les Cracidés Les Hoccos Le Hocco globicère, i6o. Les Pénclopes Les Hoa \ins L'Hoazin huppé, 162. — Les Mési- tidés, i63. Les Ëchassiers Les Outardes ot Otididés Les Outardes L'Outarde barbue, 167. — L'Ou- tarde canepetière, 169. Les Houbarcis Les Palamèdéidés Les Ka m ich is Le K.amichi cornu, 171. Les Chaunas Le Chauna chavaria, 172. Les Charadriiûès Les Glaréoles La Glaréole pralincole, 173. Les Œdicnénies L'Œdicnème criard, 174. Les Courvites Le Cûurvite isabelle, 176. Les Pluvians Le Pluvian d'Egypte, 177. Les Pluviers Le Pluvier doré, 179. Les Guignards Le Guignard de Sibérie, 180. Les Gravelots Le Graveloi nain, 181. — Le Gra- velot hiaticule, 182. — Le Gra- velot de K.enl ou Pluvier à col- lier interrompu, 182. Les Hoploptères L'Hoploptère épineux, 182. — Le.s Sarciophores ou Vanneaux à caron- cules, i83. — Les Chétusies, i83. Les Vanneaux Le Vanneau huppé, 184. i53 i55 1 56 i56 i5g 160 160 161 162 i65 166 167 170 171 171 172 172 ,73 '74 176 177 17g 180 181 182 i83 Les Iluitriers 186 L'Huîtrier-Pie, 186. Les Tourne-pierres 188 Le Tourne-Pierre vulgaire ou inter- prète, 188. Les Bécasses ou Scoi.opacidés 189 Les Numéniens 190 Les Courlis 190 Le Courlis cendré, 190. — Le Courlis à bec grêle, 191. — Le Courlis corlieu, 191. — Le Courlis de la baie d'Hudson, 191. Les Limosiens 192 l^es Barges 192 La Barge commune, 192. — La Barge rousse, 193. Les Scolopaciens igS Les Bécasses 193 La Bécasse commune, 193. Les Bécassines 199 La Bécassine ordinaire, 199. — La Bécassine double ou grande Bé- cassine, 202. — La Bécassine sourde ou petite Bécassine, 202. Les Tringiens 202 Les Bécasseaux 202 Le Bécasseau sanderling, 202. — Le Bécasseau canut oumaubéche, 2o3. — Le Bécasseau maritime, 2o3. — Le Bécasseau Cocorli, 2o3. — Le Bécasseau cincleou Brunette, 2o3. — Le Bécasseau platyrhyn- que, 204. — Le Bécasseau mi- nule, 204. — Le Bécasseau Tem- mia, 2o5. — L'Acliture rous- set, 2o5. Les Totaniens 2o5 Les Combattants 2o5 Le Combattant ordinaire, 2o5. Les Chevaliers 208 Le Chevalier gris ou aboyeur, 208. — Le Chevalier stagnatile ou à pieds verts, 208. — Le Chevalier gambette ou à pieds rouges, 210. — Le Chevalier brun, 211. — Le Chevalier Sylvain, 211. — Le Chevalier cul-blanc, 21 1 . Les Guignettes 211 La Guignetie vulgaire, 211. — La Guignette grivelée, 21 3. Les Phalaropodiens 2 1 3 Les Lobipèdes 2i3 Le Lobipède hyperboré, 2i3. Les Phalaropes 2i5 [434] TABLE DES MATIERES. 22 Le Phalarope dentelé, 2i5. Les Récurvirostridés 2i<) Les Récurvirostres ou Avocettes .... 216 Le Récurvirostre avocetie, 216. Les Echasses 2 1 S L'I-^chasse blanche, 21 S. Les Poules d'eau ou Rallidés 221 Les Ralliens 222 Les Râles 222 Le Râle d'eau, 222. Les Rhvchées 223 Les Courlans 224 Le Courlan géant, 224. — Les No- tornis, 225. Les Crex 225 Le Crex des Prés, 22?. Les Por^anes 227 La Porzaiie maroueite, 227. Les Gallinules ou Poules d'eau 22S La Poule d'eau ordinaire. 229. Les Porphyrions 23o LePorphyrion bleu, 23o. — Le Por- phyrion à dos vert, 23 1. Les Fuliciens 23 1 Les Foulques 23i La Foulque noire, 23 1. — La Foul- que à crête, 234. — Les Héliornes ou Grébifoulques, 234. Les Parridés 234 Les Jacanas 234 Les Hydrofaisans 235 L'Hydrofaisan de Chine. 235. Les Chionidés 236 Les Chionis 236 Le Chionis blanc, 236. Les Eurypy-gidés 237 Les Caurales 237 La Caurale soleil, 237. Les Cariamidés 238 Les Cariamas 23>S Le Cariama huppé, 238. Les PsoPHiiDÉs 240 Les Agamis 240 L'.^gami bruyant. 240. Les Grues 242 Les Gruidés 242 Les Grues 243 La Grue cendrée, 243. — La Grue de Mandchourie, 246. Les Anthropoïdes 247 L'Anthropoïde demoiselle, ou De- moiselle de Numidie, 247. Les Baléariqucs 249 La Baléarique pavonine, 249. Les Hérons ou Ardéidés 253 L es Hérons 234 Le Héron cendré. 254. — Le Hé- ron à tête noire, 257. — Le Héron pourpré, 257. Les À igretles 258 L'Aigrette blanche, 25S. — L'Ai- grette garzetie, 258. Les Garde-Bœufs 259 Le Garde-Bœuf ibis, 260. Les Crabiers 260 Le Crabier chevelu, 260. Les Blongios 261 Le Blongios nain, 261 . Les Butors 262 Le Butor étoile. 262. Les Bihoreaux 264 Le Bihoreau d'Europe. 265. Les Cigognes ou Ciconiidés 267 Les Cigognes 267 La Cigogne blanche, 268. — La Ci- gogne noire, 271. Les Jabirus 271 Le Jabiru du Sénégal, 272. Les Marabouts 272 Le Marabout à sac, 273. Les Ombrelles 274 L'ombrette du Sénégal. 274. Les Sai'acous 275 Les Baléniceps 275 Le Baléniceps Roi, 275. Les Spatules 277 La Spatule blanche, 277. Les Tanlalidés 278 Les Ibis 279 L'Ibis sacré, 279. Les Falcinelles 280 Le Falcinelle éclatant, 280. Les Endocimes 281 L'Endocime écarlate. 281. Les Flammants ou Phénicoptères. . . 282 Les Phénicoptères 282 Le Flammant rose, 282. Les Palmipèdes 285 Les Pélicans ou Pélécanidés 287 Les Pélécaniens 287 Les Pélicans 287 Le Pélican onocrotale, 287. — Le Pélican frisé, 289. — Le Péli- can brun, 289. Les Fous 290 Le Fou de Bassan, 290. Les Cormorans 291 Le Cormoran ordinaire, 292. — Le 23 TABLE DES Cormoran huppé, 294. — Le Cor- moran pygmée, 294. Les Anhiugcis 295 L'Anhinga vulgaire, 295. Les Frégatiens 297 Les Frégates 297 La Frégate marine, 297. Les Phaétonidés 299 Les Phaétons 299 Le Phaéton éthéré, 299. Les Mouettes 3oi Les Procellaridés 3oi I^es Diomédiens 3o2 Les Albatros 3o2 L'Albatros hurleur, 3o2. — L'Al- batros chlororhynque, 304. Les Procellariens 3o4 Les Pétrels 3o4 Le Pétrel glacial, 304. Les Puffins 3o6 Le Puffin des Anglais, 3o6. — Le Puffin cendré, 307. — Le Puffin majeur, 307. — Le Putïin Yelko- nan.307. — Le Puffin obscur, 307. Les Thalassidromes 3o8 Le Thalassidrome tempête, 3o8. — Le Thalassidrome océanien, ou de Leach, 309. — Le Thalassidrome cul-blanc, 309. — Le Thalassi- dromede BuUver, 309. Les Goélands ou Lapidés 009 Les Lestridiens 3 10 Les Stercoraires 3 10 Le Stercoraire ou Labbe Cataracte, 3 10. — Le Stercoraire parasite, 3i2. — Le Stercoraire pomarin, 3 12. — Le Stercoraire longicaude, 3l2. Les Lariens 3i2 Les Goélands ou Mouettes 3i3 Le Goéland rieur, 314. — Le Goé- land argenté, 3i5. — Le Goéland iridaclyle, 3 16. Les ^terniens 317 Les Noddis 317 Les Sternes 317 La Sterne hirondelle, 3i8. — La Sterne Tschegrava, 32o. — La Sterne Caugek, 320. — La Sterne naine, 320. Les Guifettes ou ILdrochélidons . . . 320 La Guifeite noire, 32o. — La Guit'ette fissipède ou Sterne épou- vantail, 322. MATIERES. [435] Les Rhynchopiens 323 Les Bec-en-eiseaux 323 Le Bec-en-ciseau.\ oriental, 323. Les Cygnes, les Oies et les Canards. . 325 Les Anatidés 325 Les Cygniens 326 Les Cygnes 326 Le Cygne chanteur, 320. — Le Cygne nain ou de Bewick, 329. — Le Cygne muet, 329. — Le Cygne à cou noir, 33o. — Le Cygne noir de la Nouvelle- Hollande, 33o. Les Ansériens 332 Les Plectroptères 332 Les Cygnopsis 332 Le Cygnopsis du Canada, 332. Les Oies 333 L'Oie cendrée, 333. — L'Oie des moissons ou Oie vulgaire, 337. — L'Oie rieuse à front blanc, 337. — L'Oie à bec court, 338. — L'Oie naine, 338. Les Oies domestiques 339 La Race commune, 339. — La Race lourde de Toulouse, 340. — La Race lourded'Embden, 340. — La Race frisée ou de Sébastopol, 340. — La Race à épi, 340. — La Race de Combat, 340. Les Bernaches 342 La Bernache nonnelie, 342. — La Bernache à collier, 343. — La Ber- nache Gravant, 344. Les Chens 344 Le Chen hyperboré, 344. Les Chenalopex 344 Le Chenalopex d'Egypte, 345. Les Céréopsis 346 Le Céréopsis de la Nouvelle-Hol- lande, 347. Les Canards proprement dits 349 Les Anatiens 349 Les Tadornes 349 Le Tadorne vulgaire, 349. — Le Ta- dorne Casarka, 35i . Les Dendrocygnes 352 Le Dendrocygne veuf, 352. Les Canards 352 Le Canard sauvage, 353. Les Races de Canards domestiques.. 3ôo Race commune, 36i. — Race de Rouen, 36i. — Race de Duclair, 362. — Race d'.\ylesbury, 362. — ■ [■'.30] TABLE Race de Pékin, 363. ~ Race do Cayuga, 363.— Race Mignonne, 363. — Race noire du Labrador, 363. — Race chanirelle, 364. — Race huppée, 364. — Race polo- naise ou à bec courbé, 364. — Race du Pingouin, 364. Les Chipeaux Le Chipeau bruyant, 368. Les Canarils siffleurs ou marèques. . La .Marèque pénélope, 368. — La Marèque américaine, 369. Les Pilels Le Pilet acuticaude ou Canard à longue queue, 369. Les Sarcelles La Sarcelle commune ou Sarcelle d'été, 370. — La Sarcelle sarcelline ou Sarcelle d'hiver, 371. Les Cairinjs Le Canard musqué, 372. Les Ai.x Le Canard mandarin, 374. — Le Canard de la Caroline, 375. Les Souchets Le Souchet commun, 376. Les Fuliguliens Les Fuligules La Fuligule morillon, 376. — LaFuli- gule nyroca ou à iris blanc, 378. Les Garrots Le Garrot vulgaire, 379. Les Hareldes La Harelde glaciale, 379. — Les Eniconettes, 379. Les Eiders L'Eider vulgaire, 38o. Les Macreuses. La Macreuse ordinaire, 384. — La Macreuse brune, 385. — La Ma- creuse à luneues, 385. Les Erimistures L'Erimisture leucocéphale, 385. f^es yfergiens /. es Harles Le Harle bièvre, 386. — Le Harle huppé. 388. — Le Harle cou- ronné, 388. — Le Harle Piette, 388. Les Pingouins ou Plongeurs DES MATIERES. 24 Li;s PoDiciPiDKS 389 Les Grèbes 390 Le Grèbe huppé, 390. — Le Grèbe jougris, 392. — Le Grèbe casia- gneu.x, 393. Les Plongeons ou Cûlymbidés 393 Le Plongeon cat-marin, 394. — Le 367 Plongeon imhrin, 396. — Le Plongeon lumme, 396. 368 Les Alcidés 397 Les Uriens 397 I-es Guillemots 3m7 369 Le Guillemot à capuchon, 397. — Le Guillemot Grylle, 400. — Le (juillemot Arra, 400. — Le Guil- 370 lemot de Mandt, 400. Les Me'gules 40. Le .\lergule nain, 401. —Le Starique huppé, 402. 372 Les A Iciens ... 402 Les Macareux 4o3 374 Le Macareux arctique, 403. Les Pingouins 40Ô Le Pingouin torda, 406. — Le Pin- 375 gouin brachyptère, 407. Les Maiichols ou Apléiwdytidés. . . . 410 376 Les Manchots 41 1 376 Le Manchot de Patagonie, 411. Les Gorfous 411 Le Gorfou doré, 411. 378 Les Coureurs 4 1 3 Les Autruches ou Struthiomdés 4i3 379 Les Autruches 4i3 L'.Autruche Chameau, 414. Les Xanduus 417 380 Le Nandou d'.Amérique, 417. — Le Nandou de Darwin, 422. 3S4 Les Émous 422 L'Émon de la Nouvelle-Hollande. 422. Les Casuabidès 424 385 Les Casoars 424 Le Casoar unicaronculé, 424. 386 Les Crypturidés 420 386 Les Tinamous 427 Le Tinamou roussâire, 427. Les AprÉBYcmÈs 42^ Les Aptéryx 428 389 L'Aptéryx austral. 428. TABLE ALPHABÉTIQUE Acanlhylis, 1, 236. Accenteur, I, 3oo. Accentoriens, 1, 299. Accipiter. I, 92. Accipitriuns, 1, qi. AeJon. I, 3o8. Aegil/i.ilus. I, 332. .\egotheles, I, 222. .^garnis. Il, 240. Agapornis, 1, 17. AgeUiius. 1. 467. Agrobates, 1, 3o8. Agrodromes. I, 383. Algies, 1, 45. et Fai 273. I.-44- Aigles et baucons. Aigrettes, II, 258. .■Ii7/ii(ri(4', I, 244. Aij, II, 374. Alauda, I, 388. Alaudidés, I, 385. Albatros. Il, 3o2. Alca. II, 406. Alcédiniens, I, 197. Alcedo, I, [98. Alcidés, II, 397. Alciens, II, 402. Alectos, I, 401. Alimoche, 1, 1 13. Alouettes, 1, 88. Amadines, I, 449. Amadiniens, I, 449. Amazones, I, 10. Ainmodroines, I, 406. Amnicoles, I, 3i3. Aiiipelis, I, 36'5. Anas, II, 353. Anabatidés, 1, 263. Anarli\ iiques, II, i83. Anastomes, 11, 273. Anatidés, II, 325. Anatiens, II, 349. Anliingas, II, 2g5. Anis, 1, 169. Anonialocorax, I, 41)0. Anser, II, 3.<3. Ansériens, II, 332. Anthiens, 1, 379. Anthropoides, II, Anthrostomes, 11, Anthiis. I. 38o. Aptenodytes, 11, 411. .-Vpténodytidés, 11, 410. AptérigIdés, 11, 428. Apternes, 1, 145. Aptéryx, 11, 428. Aquilâ, I, 45. Aquiliens, I, 44. Aracari, I, 2i5. Arachnotères, I, 25o. Arapongas, I, 36(i. Ararauna, I, in. Aras, 1, J4. Archibuses, I, 78. 247- 229. Ardea, II, 254. Ardéidés, 11, 253. Ardelta, 11, 260. Argus, 11, 140. .\rtamidés, I, 344. ,\sioniens, 1, i3i. Astrapies, I, 5 12. Astrildiens, I, 452. Astrilds, I, 453. Asluriiui, 1, 97. .■\telornis, I, 181. Attagis, 11, 93. Atticores, 1,364. .•\utours, 1, 95. Autours chanteurs, I, 97. Autruches, 11, 413. .\voceites, II, 2i5. Babillarde, I, 3o5. Bâcha, I, 73. Bagadais, 1, 341. Balbuzards, 1, Sp. Baléariques, II, 24g. Baleniceps, II, 274. Baltimores, I, 4116. Bankiva, II, 100. Barbus, 1,210. Barges, II, 192. Barila, I, 5o"2. Bataras, I, 342. Batrachosiomes, I, 222. Bava, I, 459. Bécardes, I, 353. Bécasseaux, II, 201 . Bécasses, II, 193. Bécassines, 11, 198. Bec-en-ciseaux, II, 323. Bocs-en-cuiller, II, 274. Becs-croisés, I, 406. Becs-ouverts, 1 1, 273. Bengalis, I, 452. Bentevé, I, 35i. Bergeronnettes 1, 372 et 378. Bernaches, 11, 342. Bettet, I, ig. Bihoreaux.ll, 263. Bizet, II, g. Bizet de colombier. II, i5. Blongios, II, 260. Boarule, I, 377. Bombycilla, I, 335. Bondr'ées, I, 73. Bonnetier, I, 403. Bolaurus, II, 261 . Boulants, 11, 34. Bourdonneur, 1. 247. Bouscarles, I, 3i 3. Bouvreuils, I, 414. Brèves, I, 270. Bruants, I. 400. Bruants des roseaux, I, 3g8. Bubo, I, 134. Buboniens, I. i3i. Bubulcus, II, 25g. Bucconidés, I, 211. Bucérotidés. I, ig3. Bucorves, I, ig5. " Budytes, I, 379. Bulbul, I, 277.' Buphaga, 1, J77. Buphus. 11. .09. Busaigles, 1, 78. Busards, I, 98. Buses, I, 75. Buses huppées, I, 72. Butalis, I, 348. Buteo, I, 75. Butéoniens, 1, 70. Butors, II, 261 . Cacatois, I, 29. Cailles, II, 87. Cairiiias, II, 372. Calamodyta, 1, 3i5. Calamohérpe, 1, 3i2. Calamoherpiens, 1, 3o8. Cal .ndres, I, 393. Calaos, I, 194. Calliopes. I, 2g7. Callipsiltacus, I, 25. Callistes, 1, 371. Callocéphales, I, 33. Calures, 1, 218. Calvptorhynques, i, 32. Campéphagidés, 1, 344. Campéphiles, 1, 141. Canards, II, 352. Canards domestiques. II, 36o. Canard musqué, 11, 372. Canaris domestiques, I, 437. Canards sitlleurs, 11, 368. Cannabina, 1, 437. Cannéliphages, 1, 5 12. Caparacoch, 1, 121. Capitonidés, I, 212. Caprimulgidés, 1, 220. Caprimulgiens, I, 225. Caprimulgus, 1, 225. Capucins, 11, 26. Caracaras, 1, 101. Cardinal vert, 1, 404. Cardinaux, 1, 417. Carduelis, I, 427, Cariamas, 11, 238. Cariamidés, II, 238. Carine, I, 124. Carouges, I, 465. Carpodacus, I, 411. Carriers, II, 21. Casoars, 11, 424. Casse-noix, 1, 401. Cassicans, 1, 342. Cassiqucs, I, 4fi4. Casuaridés, 11, 424. Casuanus, 11, 424. Catharte;, 1, 111. Calhéture, II, 07. Caurales, 11, 237. Centropodiniens, Céphaloptères, 1, 365. Céréopsis, 11, 347. Certhia, 1, 255. Certhiidés, 1, 254. Certliiens, 1, 2.S4. Cerlhilauda, 1. 387. Certhioliens, I, 25i . Ceryles, I, 2o3. Cevx, I, 204. Chalcites, I, i63. Chalcopélie, II, 45. Cliainœpelia, II, 46. Chardonnerets, 1, 427, Charadridés, II, 172. Charadrius, 11, 179. Chasmarhvnchus, I,3f,, Chat-huant, I, 127. Channa, II, 172. Chélidons, I, 36i. Chelidopterix, I,6g. Chenalop;x, 11, 344. Chens, 11, 344. Chétusies, II, i83. Chevaliers, 11, 207. Chevêches, I, 123. Chevèchettes, I, 124. Chimachin-a, I, 101. Chingolos, I, 405. Chionidés, II, 236. Chionis, II, 236. Cliipeaux, II, 367. Chiromacfiivris, I, 368 Chiioxiphia, I, 368. Chirurgien, II, 235. Chiamydéres, I, 5oH. Chloropics, I, 146. Chocards, I, 487. Chordeiles, 1, 228. Choucas, !, 485. Chouettes, 1, 128. Chrysococcyx, I, i63. Chr'ysomitris, I, 4?o. Chrysotis, 1, 10. Cicônia, 11, 267. Ciconiidés, II, 266. Cigognes, il, 266. Cincles, I, 272. Cinclidés, 1, 272. Circaètes, 1, 70. Circiens, I, gS. Cisticoles, 1, 317. Clangula, II, 379. Coccothranslex, I, 417. Coccothranstiens, I, 417 Coccy^us, 1, i65. Coccyziens, 1, 164. Cochevis, I, 3^2. Comptes. I. i."^o. [438 Colibris, I, 244. Coliidés, 1, 175. Colins, 11, si Coiious, I, 175. Collocatia, 1, 238. Colombars. 11, 3. Colombes, 11,4. Colombidés. Il, 1. Colombin, 11, 7. Colonibi-perdrix, 11. 47 Colymbidés, 11, 3()3. Col'ymbus, 11, 394." Combattants, 11, 204. Commandeurs. 1, 404. Condor, I. 108. Conuridés, 1, 1 1. Conurus. I, 12. Coqs, 11, 99. Coq de brijyère. 11, 63. Coqs domestiques. 11, io3. Coquilles, 11, 3o. Coracùi. 1, j88. Coraciidés, 1, 17S. Coracines, 1, 365. Coracopsis, 1, 9, Corbeaux, I, 47q. Corbiveaux, I, 487. Cormorans, II, 291. Corneille, 1, 482. ' Corviens, 1, 47c). Corvus, 1, 480. " Corvdalles, 1, 38S. Coryllis, I, 21. Corypliiles. 1, 22. Corythéoles, I, 174. Corythus, 1, 410. Couas, 1, 167. Coucals, I, 168. Coucous, 1, 157- [58. Coucous dorés, 1, i63. Coucous-faisans, 1, i6q. Coucous terrestres, 1, i6li. Coulicous, 1, 164. Coureurs, 11, 413. Courique, 1, 10. Courlans, 11, 224. Courlis, 11, iqo. Courvites, H', 176. CouroU, I, 180. Couroucous, I, 217. Cotingas, 1, 365-366. Cotingidés, I, 366. Coturnix, II, 87. Cotvles, I, 3o3. Crabicrs, 11, 259. Cracidés, II, 160. Craspedophora, I, b\\t. • >avatés. II, 26. Craves, I, 488. Crax, il, 160. Crécelle, I, 3i5. Crécerelles, 1, 86. Crex, 11, 225. Crossoptilons, 11, 140. Crotopnagidés, 1. ibq. Crvpturidés, 11, 426." Cul-blanc, 1, 292. Cul-blanc (hirondelle), I, 36 1. Cucuhdés, I, 157. Cuculiens, 1, i.St. Culbutants, il, 3o. Cupidons, II, 70. Cursoriiis, 11, 176. Cyanacorax, 1, 496. TABLE ALPHABETIQUE. Cygnes, II, 326. Cygniens, II, 326. C'ynclirames. I, 398. Cyanocittes, 1, 407. Cygnopsis, 11, 332. C'ypsélidés, 1, 23 1. Cypselus. I, 233. Dacéloniens, I, 2o5. Dasypiiles, I, 35. Demoiselle, 11, 247. Dendrobates, I, 145. Dendrochélidons, I, 239. Dendrocittes, I, 5o3. Dendrocolaples, 1, 262. Dendrocygnes, H, 352. Deroplyus, 1, 9. Dicées,' I, 25o. Diclwlopus, II, 238. Dicrurus. I, 343. Didunculi -.es. II, 5i. Didiis. 11, 52. Di/illodes. 11, 5ii. Dindons, 11. 145. Dindons domestiques, II, 148. Dioch, I, 459. Diodons, 1,92. Diomedea. II, 3o2. Diomcdiens, 11, 3o2. Dnlichon\ x, I, 467. Domicella. 1, 21. Draine. 1, 284. Drumœus, 11, 422. Drongos, 1, 343. Dronte, 11, 52. Dryocopes, 1, 40. Ducs, 1, 134. Durs-becs, I, 410. Echasses, II, 217. Echassiers, 11, i65. Echelette, I, 257. Echenilleurs, I, 345. Ectopistes, 1, 41. Edoliidés, 1, 343. Effrayes, I, [29. Egretta, 11, 25"8. Eiders, 11, 38o. Elanions, 1, 63. Emberi^a. 1, 400. Embériziens, I, 395. Emeu, II, 422. Emouchet, 1, 92. Emous, 11, 422. Endocinies, II, 280. Engoulevents. 1, 225. Enicuies. I, 374. Eperon niers. II, 142. Eperviers, I, 92. Epimaques, \, 5i •. Eriniistures, II, 385. Erytlirospizes, I, 4i3. Erythrosiernes, I, 34g. Estrelda. I, 452. Etourneau.'i, I, 470. Eudromias. Il, 180. Eud\-na}nis, 1, 162. Eudytes, 11, 411. Eupétiens, I, 372. Euphèmes, I, 25. Eupliones, I, 3y i. Euplectes. 1, 436. Eurylaimidés, 1. 184. Eur'ypy^ii, 11. 237. Eurypygidés, 11. 237. EurVstomes, I, 180. Eutoxéres, 1, 246. Excalefactoria, II, 91. Faisans, II, i32. Falcinelles, 11, 279. Ealcinclles, I, 5i2. Falcirostre, I, 262. Falconelles, I, 335. Falconidés, 1, 44. Falconiens. 1, 78. Faucons, 1, 80. Faucons-vautours, I, 100. Faucon de nuit, I, 228. Fauvettes, I, 3o2. Flammants, II, 280. Flùteurs, 1, 5o2. Formicivora, 1, 269. Foulques, II, 23 1 . Fourmiliers, 1, 265, 169. Fourniers, 1, 266. Fous, 11, 290. Francolins, 11, 82. Fratercula, II, 403. Frégates, 11, 297. Frégatiens, 11, 297. Freux, 1, 484. Frinr/illa, I, 423. Fringillaires. 1, 403. Fringill'dés, 1, 395. Fringilliens, I, 421. Frisés (Pigeons), 11, 32. Fulica, 11, 23 1. Fuliciens, 11, 23i. Fuligules, 11, 376. Fuliguliens, II, 376. F'urnaridés, 1, 26?. Galbulidés, 1, 209. Galéoscoptes, 1, 276. Galerida, I, 392. Gallinacés, II," 53. Gallinago, II, 198. Gallinula. 11, 220. Gallinules, II, 22IS. Gallophasis, II, 140. Gampsonyx, 1, 69. Gangas. 11, 55. Garûe-bteufs. Il, 258. Garrots H. -''78. Garrulaxes, 1, 276. Garruliens, I, 41.18. Garrulus. 1, 498. Geais, I, 498. Gécines, I, 146. Gelinottes, 11, 6<). Geococcyx, I, iô6. Géopéliés, 11, 47. Géopliaps, 11. 49. Geopsittacus, 1, 36. Gerlauts, 1, 79. Gittagines, 1, 414. Glare'oles, 11, 173. Glaucopiens, I, .5o3. Gobe-mouches. 1, 346. Gobe-mouclies nains. 1, Goélands. Il, .îii. Gonoleks, 1, 341. Gorfous, II, 411. Gorges-bleues. 1, 287. Gouras, II, bo. Gracula. I, 475. Grallaires. I, 270. Grallines, 1. 373. Gravelots. 11. 181. Grand-Duc. 1. 134. ■20 Grèbes, II, 390. Grébit'oulques, II, 234. Grimpereaux, I, 2.55. Grisette, I, 3o6. Grives, I, 281. Gros-becs, I 417. Gruidés, II, 242! Grues, II, 243. Grus. Il, 243. Guacharos, I, 223. Gubernalrix, I, 404. Gubernctes, I, 353. Guifettes, II, 320. Guignettes, II, 210. Guillemots, II, 397. Guira, I, 171. Guiracas, 1, 420. Guit-guits, I, 25i. Guêpiers, I, 186. Guignards. II, 180. Gymnocéphale,':, I, 366. Gymnodéridés. I, 365. Gypaètes, I, io5. Gypogéranidés, I, io3. Gyps, I, 1 16. Hœmjtopus. Il, iXh. Halcyons. 1. 207. HalcVons du Paradis, I, 200. Halcvons-scies, 1, 204. Hali'aëtus, I, 58. Hareldes, II, 379. Harl'angs, I, 122'. Harles, II, 386. Harpactes, I, 216. Harpagus, g2. Harpies, I, 54. Héliornes. Il, 234. Hélotarses, I, 62. Henicognalhus, I. 14. Hérons, II, 254. Hcrpethotheres. I. 91. Hcteralochii. I, 5o3. Hta, I, 10. Hiboux, I, 1 19 et i3i. Hiboux des terriers. I, 125. Hierax. I. 91. Iliero/j/co,' I, 80. lliinantopus. Il, 217. Hirondelles. 1. 3,ï8. Hirundinidés, I. 3,54. Hinindo. I, 358. Hoazins. Il, 162. Hobereaux. 1. 84. Hoccos. 11. 160. Hochequeues. 1. 375. Hoploptcrts, 11, 1.S2. Houbaras, II, 170. Huitriers, M, 186. Hulottes, I, 127. Huppes, 1, 18g. Hupupidés, I, i8q. Hvacintlie (arai, 1, 16. Hydrochélidons. II, 320. Hydrol'aisans. 11, 235. Hvdnipsalis, 1. 23o. tfypoUiis. 1. 309. Hypolriorchis. I. S4. Ibicter. 1. 102. Ibijaux, I, 23o. Ibis, II, 278. Ictéridés, I, 463. Icterus, I, 46,'>. Ictinies, 1, 64. TABLE ALPHABETIQUE. [439] léracides, 1, 83. Indicateur, I, i5^. Indicatoridés, I, iS^. Iphantes, I, 466. Jabirus, II, 270. Jacamars. I. 209. Jacanas, 11, 23^. Jaco, I. i. Jacobins, II, 26. Jaseurs, 1, 335. Jean-le-Blanc, 1,71. Jean-le-Rieur, I, 2o!i. Kakapo, I, 37. Kamichis, II, 171. Kéiupa, I, i36. Kittes, I, 5o3. Kiwi, 11, 421S. Klecho, I, 240. Kobez, I, 89. Lagopèdes, II, 60. Lan^rayens, I, 344. Laniidés, 1, 337. Lanius, I, 338. Laridé,-;, II, 309. I, ariens. II, 3i2. Larus, II, 314. Lavandières, I, 375. Leiolhrix, I, 333. Leipoas, 11, i56. Leptoplilos, II, 272. Leptosomidés, I, 180. Lesbiens, I, 247. Lestridiens, II, 3io. Leucosarcies, II, 49. Licmetis, I, 34. Ligurinus, I, 422. Liiiiiisa, II, 192. Limosieniî, II, 192. Linaria, I, 439. Linottes, \, 437. Litorne, I, 284. Lobipèdes, II, 212. Locustelles, I, 3r4. Longue-Haleine. I, hb. Lonf;up, II, 49. Lopfiaëtes, I, "53. Lophophores, II, 93. Lopliorines, I, 5i \. Lophorniens, I, 24t"i. Loriots, I, 504. Loris, I, 20. Loris vrais, 1,21. Loxij, I, 407. Lo.xiens, I, 406. Luscinioles, I, 3i3. Macaguas, I, 91. Macao, I, i5. .Macareux, II, 403. Machetes, II. 204. -Macreuses, II, 3S4. Macrodipteryx. I, 23o. Macronyx, I, 386. Mahalis^ I, 461. Malaconotidés, I, 341. Malcoha, I, 168. Malures, I, 277. .Manakins, I, 368. .\ïanchots, II, 41 1. .Mandarins, I, 450. .Mandarin (Canard), II, 374- .Manucodes, I, 5io. .Maracava, I, 16. .Marèques, II, 368. iMartinets, I, 233. Martins, I, 474. iMartins-Chasseurs,I,2o5. Martins-Pèclieurs, I, 19g. iMaubéche, II, 202. Mauvis, I, 284. Mégacéphales, II, i5.t. Mégalophes, I, 353. Mégalonyx, I, 270. Mégapodes, II, iSg. Mégapodiidés, II, i53. iMeinates, I, 475. JMélanerpes, I, 148. Metanocorypha, I, 393. Méléagride's, II, 145. Meleiigris, II, 145. Melierax, I, 97. Mélittophages, I, 188. Mellipliagidés, I, 248. Melliphagiens, I, 231 . Mélopélies, 11, 46. Mélopsittacus, I, 2:1. Menures. I, 270. Ménuridés, 1, 270. Mergiens, II, 386. itérions, I, 277. Mergules, II, 401. Mergus, 11, 386. Merles, I, 279. Merles des rochers, I, 290. Merles moqueurs, I, 275. Méropidés, I, 186. Merops, I, 186. Mésangeais, I, 5oo. Mésanges, I, 323. Mésitidés, 11, i63. Messagers, II, 19. Microglosses, I, 3o. Micropsiuacidés, I, 23. Milans, 1, 61 et 65. Milvagos, I, 101. Milviens, I, 61. Milvtis, I, 65. Mimidés, I, 275. Mimus, I, 273. Mizomèles, I, 253. Moineau.x, I, 442. Molothres, I, 4118. Momots, I, 182. Monarcha. I, 35o. Mondains, 11, 17. Moniifringitla, 1,427. Moqueurs, I, 192. Moqueurs (Merlesl, I, 275. Mores, 1, 414. Motacilla, 1, 375. Motacillidés, I, 3/2. Motacilliens, I, 374. Motteux, I. 292. Mouchet, I, 3bi. Mouettes, II, 3oi-3i3. Mulard, II, 374. Munia, I, 451. Muscicapa, I, 346. Muscicapidés, I, 346. Musophages, I, 173. Musophagidés, I, 172. Myiagra, 1, 35o. M'ycteria, II, 271. .Mvothéridés, I, 269. iXactinda, I, 229. Nandous, II, 417. Nanodes, I, 20. Nasique, I, 34. Nasiternc, I, 23. Nauclercs, I, 67. Nectariniens, I, 248. Nègres, 11, 32. Nélicourvi, 1, 459. Néinoricoles, I, ^79. Nèoplirons, I, 1 12. Nestors, I, 34. Nicobars, 11, 49. Nivcrolles, I, 426. Noddis, 11, 317. Nonnains, 11, 26. Nonnettes, I, 328. Notarnis, 11, 225. Nucifraga, 1, 491. Numéniens, II, 190. Numenius, II, 190. Numida, 11, 149. Numididés, II, 149. Nyctales, I, 126. Nyctea, I, 122. Nyctibius, I, 23 1. Nycticorax, 11, 264. N'vctidromes, 1, 23o. Nycliornis, I, 189. N'vmphiques. I, 25. Octopteryx, 1, 171. Œdicnénie, II, 174. Oies, 11, 333. Oies domestiques, II, 33q. Oiseau des Iropiques, II, 294. Oiseau-Lyre, I, 271. Oiseau si'ffleur, 1, 842. Oiseau.\ à cloches, I, 367. Oiseaux barbus, 1, 212. Oiseaux des tempêtes, II, 304. Oiseaux à moustaches, I, .iii. Oiseaux-Mouches, I, 241. Oiseaux de Paradis, I, 504. Oiseaux-.Souris, 1, 173. Oiseaux-Trompettes, II, 240. Ombrettes, II, 278. Opislhocomus, II, 162. Oricou, I, 1 15. Oriolus, 1, 504. Orites, 1, 829. Organistes, 1, 371. Ornismvens, 1, 247. Orthotomes, I, 3 18. Ortolan, 1, 401. Ossifrages, II, 3o6. Otididés, II, 166. Olis, II, 167. Otocoris, I, 393. Otog\-ps, I, M 5. Glus', 1, i32. Outardes, II, 167. Oxylophes, I, 162. Paddas, I, 451. Pagophiles, II, 3i3. Pii/œnrnis, I, 18. Palamedea, II, 171. Palamèdéidés, 11, 171. Paléornithidés, I, 17. Palmipèdes, II, 285. Pandion, I, 60. Panures, I, 33i. Paons, H, 142. Para. Il, 235. Paradisiers. I, 5o8. Pardalotes, 1, 334. Paridès, I, 323. Paroares, I, 421. Parridés, II, 284. Parus, I, 324. Passer, I, ^42. Passereaux, I, 395. Passerelles, I, 405. Passériens. I, 441. Passérines, I, 403. Passérinettes, I, 307. l'astiir, I, 474. Pavo, II, 142. Pégot, I, 3oo. Pék'canidés, U, 287. Pélécaniens, II, 287. Pèlerin, I, 80. Pélicans, II, 287. Pénélopes, II, 161. Percnoptères, I, 1 13. Perdiciens, 11. 71. Perdrix, II, 72. Péricrocotes, I, 845. Perisoreus, 1, 5oo. Perroquets, I, 1. Perroquets nocturnes, I, 36. Perroquets vrais, I, 7. Perruches, I, 12-26. Petit-Duc, I, i33. Pétrels, II. 3oj. Pétrocincles, 1, 290. Petrœca, I, 35o. Pézopore, I, 36. Phaëtonidés, II, 299. Phaëtons, II, 299. Phalacrvcorax, U, 292. Phalacroteron, II, 3. Phalaropes, II, 214. Phalaropodiens, II, 212. Phaleris, II, 402. Phaps, 11, 48. Pharomacres, I, 218. Phasianidés, II, gS. Phasianus, II, i32. Phénicoptères, II, 281. Philetœrus, I, 460. Philomela. I, 288. Phœnicophœiniens, I. 167. Phonygames, I, 342. Phragmites, I, 3i5. Phyllopneustidés, 1.3i8. Piayes, I, 167. Pica, I, 493. Picidés, i; 137. Piciens, I, 139. Picoïdes, I, 145. Pics, I, 137-142. Picumniens, I, i52. Pie de paradis, I, 5 12. Pies, 1, 493. Pies-grièches, I, 337. Pigeons, II, I. Pigeons proprementdits. 11,4. Pigeons domestiques, II, 12. Pigeons voyageurs, II.20. Pilets, II, 369. Pingouins. Il, 406. Pinsons, I. 423. Pintades, II, 149. Pionas. L 1 1- Pionidés, I, 9. [-i-iOl TABLE ALPHABETIQUE. 28 Pipiri, 1, 35i. Pipis, 1, 38o. Pipra, 1, 36S. Pipridés, I,3f)<. Pique-Bœuf, 1, 476. Piroilcs, 1, 5o3. Pitclious, I, 307. Pittidés, I, 270. Platalea, 11, 276. Pl;uvcercu=, I, 24. Piatycerques, 1, 23. Plectrophaiies, I, 3qt3. Plectroptùres, 11, 332. Plissolopliidés, I, 29. Plocéiens, I, 467. Plocépasséndés, 1, 441. Ploceus, I, 457. Plongeons, II, 393. Plongeurs, II, 389. Plolus, 11, 295. Pluvians, II, 177. Plu/iers, II, 179. Piidager, I, 229. Podarges, I, 221. Podargiens, I, 221. Podiceps, II, 390. Podicipidés, II, 389. Pûdoces. I, 490. Pceocephalus, I, 9. Polyboridés, I, lôo. Polyburus, I, 102. Polvplectrons, 11, 142. Pnlvlelis, I, 24. Porphyrions, II, 23o. Por%^ana, II, 227. Porzanes, II. 227. Poules d'eau. 11, 22S. Poules domestiques. 11, io3. Pouillots, 1, 319. Pralincola, I, 29Î. Prionitidés, 1, 181. Prionops, I. 341. Priotèles, I, 2iS. Procellaria, II. 304. Procellaridés, II. 3oi. Procellariens, II, 304. Prognés, I, 364. Promcnips, I, 23o. Proyers, I, .^02. Prosthéniaderes, I, 2'2. Psarisome, I, i85. Psepliotes, I, 24. Pseudaëtes, I, 54. Pseudiigr\p/ius, I, 109. Psilorhini, I, 14S. Psittacidés, I, 7. Psitlacutii, 1, 12. Psittacules, I, 1 1. Psitlaciis, I, 8. Psophia. Il, 240. Psophiidés, 11, 240. Pleridophora, I, 5 1 1 . Pternures. I, 53. Ptéroclidé-s. Il, 54. Ptéroglo^ses, I. 2i5. Ptilonorhvnques. I. 3o6. Ptiloris, [, 5i2. Plilurnis, I, 2.=i3. Ptvnx. I, 128. Piiffinus. II. 3oD. Pvcnonotidés, I, 277. P'ygargues, 1, 56. Pyrangas, I, 37i. Pyrrhocorax, I, 4HS. Pvrrhodes. I. 22. Pi-rrhula, I, 414. l'yrrhulauda, I, Siq. Pyrrhuliens, 1, 410. Quéléas, 1,459. Quiscales, I, 469. Râles, II, 222. Rallidés, II, 221. Ralliens, II, 222. Riillus, II, 222. Rancaca, I, 102. Rapaces, 1,41. Rapaces nocturnes, 1, 119. Récurvirostres, II. 2i5. Reçu rvirost ridés, 11, 21 5. RéguloVde, I, 320. Regulus, I, 320. Rémiz, 1, 332. Républicains, I, 460. Réveilleurs, I, 5oi. Rliampliastidés, I, 2i3. Rliamphocèles, I.371. Rhea, II, 417. Rliipidures, I, 35o. Rhodostaties, II, 3i3. Rhynchées, II, 223. Rlt'ynchotus, II, 427. Rhyncopiens, II, 323. Roitelets. 1, 320. RoUes, I, 180. Rolliers, I, 178. Romains, II, 17. Roselins, I, 411. Rossignols, I, 287. Rossignol du Japon. I, 333. Rostrham, I, 69. Rouges-Gorges, I, 285. Rouges-Queues, 1, 207. Rouîouls, II, 87. Rousseline, 1, 383. Rousserolles, I, 3i 1. Rubis de la Caroline, I, 247- Rupicoles, I, 369. Ruticilla, I, 297. Sacristain, I, 292. Salanganes, I. 238, Sarcelle, II, 370. Sarciophores, II, i83. Sarcorarnphes, I, 107. Savacous. Il, 274. Savanas, I, 352. Saurophagus, I, 35 1. Saxicdla. 1, 292. Schi^orliis, I, 174. Scolopacidés, II, 189. Scolopaciens. Il, 193. Scolopax, II . 193. Scops, I, i33. Scopus. Il, 273. Scolornis, I, 23o. Scythrops, I, 164. Secrétaire, I, io3. Séleucides, I, 5i2. Sénégalis, 1, 454. Sentinelle, I, 386. Séricules, 1, 5o8. Serins, !. 433. Serinus, 1, 433. Serpentaire, I, io3. Sifilets, I, 5ii. Sirlis, I, 387. Sitta, 1, 259. Sittace, I, i5. Sittelles, 1, 259. Sittiens, I, 259. Sizerins, I, 439. Siimateria. Il, 38o. Sonnerai, II, loi. Sonneur, I, 367. Souchets, II, 375. SouV-Mangas, I, 24g. Spatules, II, 276. Speolylo, I, 125. Spermestes, I, 450. Spilocirque, I, 100. Spilornis, I, 73. Spizaëtes, 1, 32. Spizelles, I, 405. Starique, II, 402. Starnes, II, 77. Stéatornithiniens, 1,223. Stéganures, I, 454. Stercoraire, I, 1 13. Stercoraires, 11, 3 10. Sternes, II, 317. Sterniens, II, 317. Stipitures, I, 3i8. Stournelles, I, 468. Slrepera, I, 5oi. Strepsilas. II, 188. Streptopélie, II, 45. Slrigiceps, I, 98. Strigidés, I, 1 ig. Strigiens, I, 129. Stringopidés, I, 36. Slringops. I, 37. Strix, I, i3o Struthio, II, 414. Struthionidés, II, 413. 5turnidés, I, 470. Sturnus, I, 471. Sucriers, 1, 25i. Sula, II, 290. ■ Surnies, I, 121. Swifts, 11, 33. Sylvia, I, 3o2. Sylviens, 1, 3o2. Sylviparidés, I, 333. Symés, I, 204. Svnallaxes, I, 264. Syrnium. I, 127. .Nyrrhaptes, II, 57. Tachoniis, I, 237. Tadornes, II, 349. Talapiots. I, 263." Talégalles, II, 157. Tamatia, 1, 211. Tambour, II, 3i. Tan.igridés, I, 370. Tantalidcs, II, 277. Tanysiptéros, 1, 206. Tariers, I, 295. Tarins, I, 43b. Taxostomes, I, 276. Téléphones, 1, 341. Témias, I, 5o3. Temmures, I, 218. Téte-Chèvre, I, 226. Tétragalles. Il, 71. Tétraonidés, II. .Sg. Tétraoniens. Il, 59. Tétras, 11, 63. Textor, I, 461. Thalassidromes, II, 3o8. Thamnolés, I, 291. Thamnophilidés, I, 341. Thaumalea. 11. 137. Thinocoridés, II. 93. ThrasJëlus, 1. 54. Tichodromes, I, 256. Tiercelet, I, 94. Timaliidés, I, 276. Tinamous, II, 427. Tisserins, I, 457. Tithys, 1, 298. Tocks, 1, igS. Todidés, I, i83. Todiers, I, i83. Todiramphes, I, 207. Todirostres, 1, 333. Torche- pot, I, 2.S9. Torcols, I, i52. Torotoro, I, 204. Torquilliens, I, i52. Toucans. 1, 214. Touracos, 1, 173. Tourne-pierres, II, 188. Tourterelles, II, 43. Totaniens. Il, 204. Tolanus, II, 207. Trachyphonus, 1,212. Traine-buisson, I, 3oi. Tragopans, II, gS. Traquets, I, 2g2. Trichoglosses, I, 22. Trichoglossidés. I, 20. Tringa, II, 201. Tringiens. Il, 201. Trochilidés, I. 241 Trochiliens, 1. 244. Tnichitus, I, 246. Trochilus. Il, 179. Troglodyte, 1, 267. Troglod'ytidés, I, 267. Trogonidés, I, 21 5. Trombettière, I, 413. Tropidorhynques, I, 253. Troupiale>, I, 463 61467. Tumblers, 11. 27. Turdidés. I, 278. Turdiens, I, 279. Turdoides, I, 277. Turdus. >, 280. Turnicidés. II, 91. Turnix. Il, 87. Turtur. II. 43. Tvrannidés. I, 35o. Tyrannus, I. 35i. Tyrans, 1, 35i. L'iula, 1, 128. Ululiens, I, 121. Upupa, I, 189. Uraètes, I, 5i. Uragues, I, 412. Uria, II, 397. Uriens, II, 397. Urubitingas, 1.53. Vanneaux. II. i83. Vanellus, 11. 184. Vautours, I. 105-107. Vautours proprement dit?, I, 1 14. Venturons, 1. 433. Verdiers. I. 421. Veuve. I. 454. Viduieiis, 1, 454. Xiphorhyiu-hus. I, 262. Yunx, I, i52. Zanclostomes, I, 167. Zonotrichia, I, 4o5. • C0R8EIL. Imprimerie Fd. Crktè. nr-^^ /■:.*/ mer - m. .rKfl/i4f. -r,^aA ''"Jh ww .^^ Wm^ WZ V'I -^ ^^ MàM^-'^^^^i: ^^^^ S^; CD 5 ri- <=-< M AMNH LIBRARY 00099358 1 ^1 ^J T- ih>:-/ i^ lAUJ ^^^t ^/^-^-^ a2DP > V? >s»^ >» ^: ^ r