HANDBOUND AT THE
UNIVERSITY OF TORONTO PRESS
XI ïï"!
COLLECTION
D'OUVRAGES ORIENTAUX
PUBLIltr-;
PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
SE VEND A PARIS CHEZ ERNEST LEROUX, LIBRAIRE,
RUE BONAPARTE, K° 28;
A LONDRES
CHEZ WILLIAMS AND NORGATE,
1 /j , HEMtIF.TTA SrnEET ( COVKNT - GAnDEN ) ■
PRIX : 7 IV. 5o c.
OGIÉTÉ ASIATIQUE.
COLLECTION D'OUVRAGES ORIENTAUX.
MACOllDI.
LES PRAIRIES D'OR
TEXTE ET TRADUCTIOÎS
l'A R
C. RARRIER DE MEYNARD.
TOME SEPTLEME.
PARIS.
IMPRIMÉ PAR AUT0RISAT10.\ DE M. LE GARDE DES SCEAUX
À L'LMPRIMERIE NATIONALE.
M DCCC LWIII.
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AVERTISSEMENT.
Co volume commence avec ravéïiement dérim'tii de Mamoun, après la chute de l'usurpateur Ibrahim , fils de Mebdi, et se termine au meurtre de Moutazz, en 2 55 de l'hégire; il comprend donc une période d'environ un demi-siècle.
Le lecteur est maintenant trop familiarisé avec la manière de Maçoudi, pour attendre de lui une narra- lion méthodique et soutenue des laits relatifs aux Kha- lifes Abbassides. Le règne du plus illustre d'entre eux, celui de Mamoun, olfre encore un exemple du goût prononcé de notre auteur pour l'anecdote et les digres- sions. Dans les cent pages consacrées à cette époque brillante, à propos de laquelle on évoque, un peu am- bitieusement peut-être, les souvenirs des Médicis et de Louis XIV, si Ton excepte quelques détails sur les me- nées politiques des Alides, la révolte du fils de Mehdi et la dernière expédition contre les Grecs, tout le reste est du domaine de la biographie intime et de l'histoire littéraire.
Mais (juc d'aperçus ingénieux, que de précieuses ré-
II AVERTISSEMENT.
vélations dans ces excursions à travers le champ de la fantaisie! Avec quelle vérité l'esprit libéral et sceptique de Mamoun se révèle clans ses entretiens avec les faux ])rophètes et les thaumaturges éclos au soleil de la libre pensée! Trouverait-on, par exemple, chez un autre chroniqueur arabe , un récit plus piquant, plus caracté- ristique que celui de l'entrevue du Khalife avec le délé- gué des Soufis? Un misérable mendiant, vêtu d'un pagne blanc en lambeaux, se présente un jour au palais, à l'heure où les théologiens, les philosophes les plus illus- tres dissertent en présence du maître. 11 insiste pour être introduit et ivclame le droit de prendre part ;i !;■. discussion. Mamoun a leconnu en lui le représentant d'une secle à peine dégagée de ses langes, mais dont les doctrines, singulier mélange de communisme social et de mysticisme panthéistique, exerceront, un jour, une influence pénétrante sur les destinées du monde orien- tal. Il accueille l'inconnu avec bonté et l'autorise à par- ler. Sans hésiter, le souh lui demande compte de l'au- torité absolue qu'il exerce. Comment faut-il ]'apj)eler? Usurpation, conquête de la force, ou, au contraire, délégation librement consentie et consacrée par le suf- frage populaire P Avec un adversaire autre que Mamoun, le bourreau seul eût été chargé de répondre, et l'impru- dent ambassadeur eût expié sur «le tapis de ciiir des exécutions » son crime de lèse-majesté divine et humaine. Mais le génie du Khalife a compris tout le parti qu'il pouvait tirer de cette singulière rencontre.
Par une évolution habile, il fait bon marché de l'hé- ritage paternel et du serment de fidélité par lequel la conmiuuauté musulmane en a consacré la possession entre ses mains. «Je sais, dit-il, que le peuple estleseul
AVERTISSEMENT. ni
maîlre de ses destinées et qu'en lui seul réside la souve- raineté véritable. Le pouvoir qui m'a été transmis, je ne le retiens que pour obéir à ime nécessité de salut pu- blic. Je ne le retiens, sans mandat il est vrai, mais aussi sans usurpation, que pour maintenir l'ordre dans l'État et assurer l'accomplissement des grands devoirs reli- gieux, le pèlerinage et la guerre sainte. Que la nation se mette d'accord sur le choix d'un chef plus digne que moi de la diriger et je cesse de régner. Va, dit-il à son interlocuteur interdit, je ne veux pas d'autre représen- tant que toi; fais connaître mes intentions à ceux qui l'ont envoyé, recueille les suffrages populaires autour d'un nom unanimement accepté, et j'abdique sur le champ. » Le soufi ne répond pas , et que pourrait-il ré- pondre? Il salue, se retire et court rendre compte de son entrevue à ses compagnons, cachés au fond d'une mosquée. La déclaration de Mamoun est reconnue sage et conforme à la loi de Dieu [clieriai); désarmés pni' cette réponse simple et logique, les û])posants se dis- persent et vont répandre partout finutilité d'une mani- festation contre le possesseur de fait du klialifat. Ainsi, peut-ôlre, fut étoudee dans son germe une conspiration qui eût été fatale à la dynastie d'Abbas.
Signalons encore dans le même chapitre, parmi les faits qui méritent d'attirer plus particulièrement l'atten- tion de l'historien, le récit de la dernière expédition de Mamoun contre l'empire byzantin, et un(; tradition re- vêtue d'un grand caractère d'authenticité sur la maladie et les derniers moments de ce souverain. Le vif éclat qu'il jeta sur les sciences et les lettres aurait mérité, sans doute, une; mention particiilièie de la part d'un eciivain aussi cinienx (|ue iV;lait Maçoudi d'étudier fin-
IV AVERTISSEMENT.
fluence de la civilisation grecque sur le monde musul man. Les renseignements qu'il donne dans le cours de sa vaste compilation sur les emprunts faits par les Ara- bes à leurs devanciers montrent tout ce qu'on eût été en droit d'attendre de son érudition. Son silence à cet égard ne peut donc s'expliquer que par la résolution formelle chez lui et maintes fois répétée, d'éviter toute redite des faits développés dans les deux grands ou- vrages dont le titre revient sans cesse sous sa plume.
Si le premier devoir d'un éditeur n'était de repro- duire jusque dans ses taches et ses imperfections le do- cument dont il entreprend la restauration, j'aurais vo- lontiers élagué du chapitre consacré à Moutaçem-Billah deux ou trois tableaux de genre d'un réalisme révoltant. El-mainoar-ma zoar, dit un proverbe arabe que j'invo- que volontiers, «tâche imposée est d'avance excusée.» Si, dans de telles circonstances, la copie ne reprodin't que faiblement l'original, personne, je crois, ne lui re- prochera cette infidélité de parti pris. Mais même au milieu de ces scories, il y a des parcelles d'or à recueil- lir, et le premier dégoût surmonté, on trouve dans ces débauches d'esprit quelques indications d'une grande valeur soit pour la lexicographie, soit, ce qui vaut mieux encore, pour la connaissance de la vie intime aux pre- miers âges de l'islam. Le même chapitre nous olfre (failleurs, à titre de dédommagement, d'excellentes données sur la révolte du fameux sectaire Babek, et un historique intéressant de la fondation de Samarra, ce siège éphémère de la domination arabe.
A part les noms et les dates par lesquels il débute, le chapitre intitulé « Khalifat de Watik-Billah » est d'un bout à l'autre un hors-d'œuvre où l'humeur no-
AVERTISSEMENT. v
Iliade de IVIaçoudi se donne libre carrière. La preniièro moitié de ce chapitre figurerait mieux dans les galeries littéraires do Taalebi, et la seconde, curieuse exposition des principes de la médecine, revendiquerait sa place dans l'introduction du traité d'Ibn Abi Ossaybyab.
Le règne suivant, celui de Motewekkil, est étudié avec plus de soin , au moins dans ses derniers para- grapbes. On y suivra avec intérêt les développements de l'usurpation des affranchis turcs, les intrigues de cour qui enveloppent dans leur réseau ce Khalife, le plus énergique de sa race, et le jettent désarmé devant les poignards des esclaves ameutés. Parmi les épisodes liumorisliqucs du même chapitre, citons les mésaven- tures du poëte Bohtori et fétrange complainte de Y Ane amoureux, où le génie arabe, qu'on se plaît à représenter imperturbable dans sa gravité, se révèle sous un aspect nouveau, je dirais presque contemporain. Ainsi la pa- rodie avait ses entrées à la cour, et le travestissement inepte de l'amour héroïque et de la grande poésie était comme chez nous, hélas! salué par des applaudisse- ments enthousiastes et généreusement récompensé.
On lira sans surprise les éloges que Maçoudi accorde au règne suivant, celui du parricide Mountasir. Ce prince, durant sa courte dominalion, prodigua ses fa- veurs aux Alides, restaura les tombeaux de leurs an- cêtres et témoigna hautement de son respect pour la mémoire d'Ali. C'en était assez pour mériter les suf- frages d'un historien qui, sans appart(;nir ouvertement au parti chiite, ne néglige aucune occasion démontrer que la cause de la sainte famille a toutes ses sympathies. D'ailleurs, cette prédilection s'explique cbez lui et par le courant (jui entraînait vers ce pai'ti tout homme
VI AVERTISSEMENT.
éclairé, el par des traditions de famille, notre auteur étant né, comme on le sait, en Afrique, sous une dy- nastie issue d'Ali et hostile à l'usurpation abbasside. On s'expliquera de la même manière la fidélité scrupuleuse avec laquelle les insurrections des Alides, sous le règne de Mostaïn et de Moutazz, sont racontées et consti- tuent un récit soutenu au milieu des digressions les plus imprévues.
Parmi les contributions que ce nouveau volume ap- portera à l'histoire littéraire des Arabes, il est juste de signaler une curieuse annotation sur la prosodie et un aperçu sur les mètres nouveaux mis en vogue par Abou '1- Atahyah ; plusieurs extraits des odes de ce même écrivain; im parallèle finement étudié entre Bohtori et Abou Tammam; quelques vers d'Ali, fils de Djehni, un poëte celui-là dans toute l'acception du mot, et qui mériterait une étude spéciale; enfin dilTérents morceaux que l'on doit considérer comme d'utiles variantes aux traditions de YAgliani.
En présence d'un nombre aussi considérable de frag- ments poétiques épars dans le récit et transcrits par les copistes avec une négligence déplorable, c'était un de- voir pour l'éditeur de remonter aux sources originales, toutes les Ibis qu elles lui étaient accessibles. C'est ce qu'il a été possible défaire pour quelques-uns des poètes cités , notamment pour Abou Tammam et Bohtori , ciont les divans existent complets ou j)ar fragments à la Bibliothèque nationale. La comparaison de ces docu- nieuts avec mes copies m'a démontré une fois de plus que le manuscrit de Dehli (lettre D) a conservé fidèle- ment la rédaction de l'auteur, et que Tordre dans le- quel les vers d'une même pièce se déroulent est plus
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conforme au texte original que celui des autres manus- crits. En d'autres termes, il est évident qu'il y eut, dès une époque ancienne, un double courant de rédaction dans les exemplaires des Prairies d'or. Le premier, que j'appellerai le courant indien, à cause de la provenance de la copie D, nous apporte une reproduction plus exacte et plus complète du texte primitif, mais déparée par de graves erreurs de copiste dans le seul manuscrit qui nous l'ait conservée. L'autre rédaction, qu'on pour- rait nommer égyptienne, est représentée par l'édition imprimée à Boulak (lettre K), par le manuscrit de Mu- nich (lettre M), et aussi, quoique avec plus d'indépen- dance, par le manuscrit A. Ces copies ont été décrites pour la plupart dans ia préface du tome premier, et si j'en fais de nouveau mention à propos des vers si nom- breux du présent volume, c'est qu'il importe que le lecteur sache quel degré de confiance elles méritent dans la liste des variantes. On doit ajouter aussi que Maçoudi, selon toute vraisemblance, laisait ses cita tions de mémoire ou sur des notes prises à la bâte; de là l'incohérence des heit dans une même pièce : la lassi- tude des copistes a fait le reste. Toutes les fois que l'é- tude attentive des divans originaux et celle du texte im- primé de VAcjhani m'ont mis sur les traces d'une lacune, j'ai pris .'join de séparer par des points les vers qui ne présentaient aucune liaison entre eux. Pour tous les passages où ces éléments de comparaison m'ont fait dé- faut, je crois devoir solliciter de nouveau l'indulgence de ceux de mes lecteurs qui ont eu à lutter contre de semblables difficultés.
Pourtant je serais le jouet d'une illusion, si j'espérais que cet appel à la critique impartiale, mais bicnveil-
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lante, trouvera de i'écho à Heidelberg, où les )3ublica- tions relatives à l'histoire musulmane sont, depuis quel- ques années, l'objet d'un examen qu'on souhaiterait plus impersonnel et mieux fondé. Dans la préface de ses Fragmenta histoiicorum arabicorum, mon savant ami, M. de Goeje, a déjà fait justice de cette critique à ou- trance, et tout en plaidant sa propre cause, avec autant d'autorité que de verve, il a bien voulu prendre inci- demment ma défense et démontrer l'inanité de la plupart des objections qui m'étaient adressées.
Pouvait-on s'attendre à un autre résultat? L'historien allemand des Khalifes n'appuie ordinairement ses réfu- tations que sur des hypothèses fantaisistes ou sur le té- moignage du Kamoiis. Or, personne n'ignore que cet océan de mots se prête à toutes les explications, et qu'avec un peu de dextérité on peut lui demander la solution non-seulement d'un vers arabe, mais même des énigmes d'un texte assyrien ou d'une inscription hymiarite. Quant au procédé qui consiste à rétablir un passage douteux en y introduisant des variantes que nulle copie n'autorise, s'il est d'une simplicité merveil- leuse , il ne peut scftisfaire le traducteur qui s'est fait un devoir de ne jamais substituer une combinaison ar- bitraire aux leçons, si étranges qu'elles soient, qu'il a sous les yeux.
Il n'est donc pas surprenant que du prolixe examen consacré au tome VI des Prairies d'or dans les Heidcl- hcrijcr Jahrhiicher der Literatar (1872 , n° 2), je n'aie pu tirer que trois ou quatre observations judicieuses, les- quelles figurent dans la liste des corrections. Ce serait une tâche fastidieuse pour moi et sans profit pour Je lecteur d(> donner ici les raisons qui ne m'ont pas per-
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mis d'en recueillir un plus grand nombre. Celle lâche, à vrai dire, ne serait pas difficile et, s'il fallait absolu- ment produire au jour les pièces du procès, je crois pouvoir compter sur l'iiospitalité du Journal asiatique; mais je craindrais de me laisser entraîner à la suite de mon adversaire sur le terrain des arguties et des per- sonnalités; la réponse adressée à la spirituelle préface de M. de Goeje, ne justifie que trop cette appréhension de ma part. Les augures de Rome ne pouvaient, dit-on, se rencontrer sans rire; faut-il que les orientalistes ne puissent s'aborder sans se déchirer? Je laisserai donc à l'aristarque allemand la satisfaction d'avoir le dernier mot, mais qu'il me permette en revanche d'exprimer un vœu que le monde savant ne peut que ratifier. Son His- toire des Khalifes , il faut bien l'avouer, a subi , comme toute chose en ce monde, les atteintes du temps. De- puis la publication de cet ouvrage, si incomplet dans sa prolixité, des documents d'une haute importance ont paru, qui éclairent d'un jour nouveau des événements jusqu'ici négligés ou mal expliqués. Les dates, les noms propres, plusieurs points de détail et même certaines vues d'ensemble gagneraient h être contrôlés sur les textes publiés depuis trente ans et dont le nombre s'ac- croît tous les jours. Si le savant professeur de Heidel- berg voulait consacrer à ce travail de rajeunissement l'activité et les soins minutieux qu'il met à censurer les travaux de ceux qui suivent de loin ses traces, il con- tribuerait plus utilement, et sans nuire à sa réputation littéraire, à la préparation d'une histoire définitive du khalifat d'Orient.
Ce volume, comme ses devancieis, doit beaucoup aux savanles oliservaltons de MM. Derenbourg et de
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Slano, aussi bien qu'au zèle du personnel de Tlmpiiinerio Nationale. Je suis heureux, en approchant du but, de renouveler ici l'expression de ma gratitude envers fous ceux qui m'aident si obligeamment dans l'accomplisse- ment de ma longue entreprise.
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LIVRE DES PRAIRIES D'OR
ET DES MINES DE PIERRES PRÉCIEUSES.
CHAPITRE CXrV.
KUALIFAT D'EI.-MAAIOUN.
El-Mamoun (Abd Allah ben Haroun; son surnom j)atro- iiyinique était Aboa Djâfar, ou , selon crautrcs, Abou l-Abbas; sa mère, originaire de Badeguis, se nommait Meradjil) fut proclamé Klialife à Tàge de vingt-huit ans et deux mois. Il mourut à Bedidoun (lisez Podendouii , IloSsvSov) près de la source Ei-Kochaïrah, de laquelle sort la rivière connue sous le nom de Bedidoun ; on dit que le nom grec de cette source
2 LES PRAIRIES D'OR.
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est Aïdareka. Le corps de Mamoim fut transporté à Tarsous et enterré dans cette ville, à gauche de la Mosquée (année 118 de rhégire). Il mourut âgé de quarante-neuf ans, après un règne de vingt et un ans , sur lesquels il passa quatorze mois à combattre son frère Mohammed , fils de Zobeïdah , comme nous favons raconté ci-dessus (voir t. VI , chap. cxni) ; d'autres historiens disent que cette guerre dura deux années et cinq mois. Pendant toute cette lutte, Mamoun fut salué du titre de Khalife par les populations du Khoraçân, et Ton joignit son nom aux prières publiques dans les grandes villes, à Médine et à la Mecque, ainsi que dans les provinces et districts des pays de plaines et de montagnes que Taher avait soumis, et qu'il occupait pour Mamoun, tandis que Mohammed (Emin) ne fut reconnu khalife qu'à Bagdad seulement, et nulle part ailleurs.
RÉSUMÉ DE SON HISTOIRE ET DE SA VIE; APERÇU DES ÉVÉNEMENTS DE SON RÈGNE.
Mamoun se laissa dominer par Fadl ben Sehl à un tel
CHAPITRE GXIV. ;î
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point que, ce ministre Tayant contrarié jusque clans l'ac- quisition d'une esclave, Manioun finit par le mettre à mort, ou, comme le prétendent quelques personnes, il aposta des gens qui le tuèrent. Son autorité fut alors pleinement re- connue par les ministres qui succédèrent à Fadl ; tels que Ahmed (fds de Khaled), surnommé /(^ Louche; Amr, fds de Maràdah , et Abou Yhadah , qui le saluèrent en leur qualité de vizirs. Amr, (ils de Maçàdali, étant mort en 217, Mamoun confisqua ses biens, mesure que désormais il ne prit à l'é- gard d'aucun autre ministre. Enfin Mamoun subit, en der- nier lieu, l'influence de Fadl, fils de Mcrwan et de Mo- hammed, fils de Yezdad.
Sous son règne, Ali, fils de Riza, mourut empoisonné à Tous et fut enterré dans cette ville; il était âgé de f|uaran(e- neuf ans et six mois, mais ce chiffre est contesté.
Mamoun dirigea des atta([ues satiriques contre son oncle paternel Ibrahim (fils rie Mehdi), surnommé Ihn-Cheldah; le Khalife, qui professail les doctiiiies ch viles, avait crilifjué en ces termes Ibrabini, (pii élail sunnilr :
4 LES PRAIRIES D'OR.
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Veux-tu avoir le bonheur de tuer uu MurJjite (partisan de la doctrine de la foi sans les œuvres) sur le coup et avant l'heure assignée à sa mort?
Répète devant lui la mention du nom d'Ali , et prie pour le Prophète et pour les membres de sa famille.
Ibrahim riposta en ces termes :
Lorsqu'un Chyite balbutie dans son jargon, veux-tu avoir le bonheur de lui faire rendre l'âme?
Prie pour le Prophète et pour ses deux compagnons (Abou Bekr et Omar) , qui furent ses ministres et qui reposent dans la tombe auprès de lui.
Le récit très-curieux des rapports dlbrahim avec Mamoun se trouve dans l'ouvrage intitulé Histoire d'Ihralu'm, fils de Mehdi.
Abou Dolaf Kaçem (fils de Yça), l'Adjélite, se trouvant un jour chez Mamoun , ce prince lui dit : « Kaçem tu as décrit en beaux vers la guerre, le goût que tu as pour elle, et Téloignement que t'inspirent les chanteuses. — Prince des Croyants, demanda-t-il, quels sont ces vers? ■> Mamoun lui cita le suivant :
CHAPITRE CXIV. 5
J-^-*-*' V>-^3 fc-i>iyJl {JiXJ^ Oj-iA3.Ji (^j o^^juwJi J^
J^HW^I iJ^J)j-i y\-A-lt kii-:?jJ> cyLJLiLiaLj iL==-lsîJi (jM^xIj
J^ÀJaJi ^_j^-^ flT^ ^^ l_Jû|L^lj (j>'^^-^-» ^'^^^
J^>^l S^H^j y_^iî 'r'^^^ ^W-^' Si?-'.? r»^^ (j^' L>'
Tirer le sabre hors du fourreau, fendre les rangs ennemis, faire jaillir le sang et abattre les têtes
— « Que vient-il ensuite, ô Kaçem? » — Le poëte poui'suivit ainsi :
Disparaître dans des tourbillons de poussière, alors que le trépas se montre à la pointe des lances vacillantes.
Alors que la mort, hideuse liancéc, sm-gissanl du milieu des llammes, montre ses dents aiguës.
Et s'avance lentement : ses enfants qui semblent illuminés des feux de l'aurore (allusion aux armes élincelantes des guerriers).
Se provoquent comme des coqs dont la voix se répond; fous, ils se dé- chaînent contre des fous;
Pendant que la fiancée fatale réclame pour sa dot les têtes qui tombent en foule au milieu de la mêlée :
Voilà ce qui me charme et m'attire plus que la voix des chanteuses, plus que les gais festins d'une journée rafraîchie par la pluie;
Car je suis le llls du glaive, le champion des combats, je suis la mort qui menace, et le destin qui s'approche.
— «Oui, Sire, ajouta le ])oëte, voilà ce. qui (ail ma joie en face de vos ennemis, quand vos partisans (orti(ient mon
6 LES PRAIRIES D'OR.
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courage et que vous dirigez mon bras. Que d'autres recher- chent les plaisirs de Torgie; ce qui m'attire moi, c'est la guerre, c'est la lutte sans trêve. » Mamoun lui répondit : «Puisque ce genre de poésies est le tien, puisque ton seul bonheur est la guerre, que laisses-tu donc à cette belle en- dormie que tu chantais avec une ardeur à peine dissimu- lée.^— Dans quel passage de mes poésies. Sire.'' demanda Abou Dolaf. — Dans celui-ci :
O toi qui doi'S et condamnes mes yeux à l'insomnie, savoure en paix les douceurs du sommeil;
Dieu sait pourtant combien mon cœur souflVe du crime que tes beaux yeux ont commis !
— «Prince des Croyants, s'écria Abou Dolaf, c'est l'erreur d'une heure d'insomnie et d'accablement. De ces vers, les uns expriment une ancienne supplication, les autres mes aspirations plus récentes. — Kaçem, reprit le Khalife, qu'il est éloquent l'auteur de ce distique :
CHAPITRE CXIV. 7
j-J^^ j^-g-^Jl j.i».î ^ l^Xxr&.lj liXj l^^ Jv^ ^ yl3 o»j«kA^I
Je maudis à cause de foi les jours qui nous séparent : les nuits n'ont pas d'excuse, qui nous retiennent loin l'un de l'autre.
Lorsque deux amanls ne se voient qu'à travers la pensée d'une félicité qui n'est plus, le souvenir s'efface bientôt.
— « Oui, Sire, répondit Abou Dolaf, grande est l'éloquence du chef de la famille hachémite, du souverain a])basside qui a composé ces vers. » Mamoun lui demanda: « Comment ta pénétration d'esprit est-elle amenée à conclure que je suis l'auteur de ces vers, et cela sans hésiter, sans concevoir le moindre doute? — Prince des Croyants, répondit le poète, la poésie est semblable à un taj)is de laine; quand on mêle aux fils ordinaires une laine plus JK'lle el, [)lus fine, sa beauté se distingue au milieu du tissu et brille d'un plus vil" éclat dans l'ensembN' de l'ouvrage. »
Mamoun disait souvent : « Un roi peut tout j)ardonnef, excepté l'atteinte portée à sa puissance, la divulgation de ses secrets et un outrage lait à son harem. » — Il disait encore : «On doit tlill'érer autant que possible de livrer bataille, et, si elle devient inévitable, il faut en donner le signal à la fin
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de la journée; » mais cette maxime est attribuée aussi à Anouchirwân. Voici une autre parole de Mamoun : «iTous les stratagèmes sont impuissants à éloigner la fortune quand elle arrive, et k la retenir quand elle s'éloigue. « C'est le même souverain qui disait quand Tautorité ne lui fut plus contestée : «Quelle grande chose, si elle n'était néant I Quelle royauté, si elle ne devait finir par la mort! Quelle félicité, si elle ne devait être dérue I Quelle journée, ?i l'on pouvait se fier au lendemain ! » Il disait encore : « L'affabilité consiste en un extérieur aimable, un caractère qui réchauffe et féconde les cœurs; en un abord facile, une bienveillance étendue, une large distribution d'éloges. Cette qualité est, pour les gens de mérite, un don et une force; elle est la première des qualité saitnables et le jalon de la puis- sance, la plus louable des habitudes morales, la porte de la popularité et la clef de la sympathie. » — « Les rois des hommes dans ce monde, disait-il aussi, ce sont les généreux, et dans l'autre monde, les hommes pieux. Une grande for- tune dans des mains qui ne savent en faire usage, c'est un
CHAPITRE CXIV. 9
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festin placé au bord d'un égout. Si l'avarice était un chemin , je ne le suivrais pas, une tunique, je ne m'en revêtirais point. »
Mamoun, assistant à une célébration de mariage entre membres de sa famille, fut prié par l'assemblée de pro- noncer une allocution et il s'exprima en ces termes : « Gloire à Dieu! Toute louange revient à Dieu; l'apôtre de Dieu est son élu; le meilleur guide est le livre divin. Le Très-Haut a dit : Mariez ceux de vous qui vivent dans le célibat; unissez vos serviteurs honnêtes à vos servantes vertueuses. S'ils sont pauvres, la bonté de Dieu les enrichira; car il embrasse tout et sait tout [Koran, XXIV, 32). Si, ù défaut d'un verset po- sitif et d'une coutume constamment suivie, le mariage n'a- vait reçu de Dieu que le seul avantage d'unir des créatures étrangères ou amies, l'homme bien insj)iré et habile devrait y courir, l'homme intelligent et sage devrait y tendre avec empressement. Un tel, dont vous connaissez parfaitement la généalogie, vous demande la main de N. votre noble demoi- selle, et lui apporte une dot de tant. Exaucez la prière de
10 LES PRAIRIES D'OR.
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notre client, consacrez l'union qu'il sollicite, et ne pro- noncez que de bonnes paroles alin d'être remerciés et ré- compensés. Je termine en implorant la miséricorde de Dieu pour moi et pour vous. ;>
Tomamah, fils d'Achras , raconte le fait suivant. «Nous étions un jour, dit-il, dans le salon de Mamoun lorsque Yahya, fds d'Aktam, s'.y présenta; celui-ci voyait avec peine le crédit dont je jouissais auprès du khalife. Nous discutions un point de jurisprudence : dans le cours de la discussion, Yahya citant l'opinion d'Omar ben Khattab, d'Abd Allah ben Maçoud , d'Ibn-Amr et de Djabir, je lui réponths qu'ils s'étaient tous trompés et qu'ils avaient méconnu les lois d'une déduction rigoureuse. Ému et scandalisé de ces paroles, Yahya dit au Khalife : « Prince des Croyants , cet homme ose accuser d'erreur tous les compagnons du Prophète à la fois. — Dieu tout-puissant, serait-ce vrai, o Tomamah? me de- manda le Khalife. — Sire,répliquai-je, il ne s'inquiète ni de ce qu'il soutient, ni de ce qu'il condamne; » et, me tournant vers mon adversaire, j'ajoulai : « N'as-tu pas prétendu qu'aux yeux
CHAPITRE GXIV. II
de Dieu la vérité était dans la bouche d'un seul homme!'» Yahya en convint; je continuai: «Ainsi, selon toi, neuf d'entre eu?^ seront trompés et le dixième a dit vrai. Eh bien, moi, j'ai affirmé que le dixième s'est trompé et tu n'as pas dit le contraire. « Mamoun me regarda en souriant et me dit : « Abou Mohammed (surnom de Yahya) ne se doutait pas que tu lui ferais une semblable objection. » Yahya me pressant de m'expliquer, je continuai ainsi : « JN'as-tii pas avancé qu'un seul était dans le vrai? — Assurément, dit-il. — Dieu, ajoutai-je (que son nom soit glorifié et exalté!), peut-il permettre que la vérité ne soit pas proclamée par un des Compagnons de l'apôtre .^ — C'est impossible. — Celui qui le combat et n'adopte pas son opinion, n'a-t-il })as, selon loi, méconnu la vérité?» Yahya en convint. «Donc, m'écriai-je, tu adoptes l'opinion que tu rejetais et tu affir- mes ce (juc tu as d'abord repoussé et réprouvé. Ma déduc- tion est plus rigoureuse (|ue la tienne ; en ell'et, j'ai combattu les autorités, quant à la forme de leur assertion ; or, là où est rapprobalioïKJc Dieu, là est la vérité, je les ai donc repoussées parce qu'elles étaient en désaccord (avec cette approbation de Dieu). Plnsin'l»' l'enchaînemenl des preuves m'a amené à
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l'opinion de l'un d'eux et j'ai rejeté l'opinion de mes adver- saires, tandis que toi , tu as incriminé tes adversaires et quant au sens extérieur, et quant au fond, c'est-à-dire en ce f[ue Dieu ajjprouve. »
Une députation étant venue de Koufah à Bagdad et s'étani présentée chez Manioun, ce prince lui tourna le dos; un vieillard qui était au nombre des délégués lui tint alors ce langage : «Prince des. Croyants, il n'y a pas de main plus digne de nos baisers que la votre, parce qu'il n'y en pas de plus haut placée pour le bien, ni de plus éloignée du mal. Votre pardon enveloppe tous les coupables. Dieu fasse que vos ennemis soient fauchés par votre glaive, chassés par votre colère, écrasés par votre puissance! » Le Khalife dit alors à son ministre (voir ci-dessus, p. 3) : « Amr, l'orateur de cette troupe est le plus éloquent des orateurs; veille à ce que leur requête soit accueillie. « Et en effet ils reçurent satisfac- tion.
Au rapport de Tomamah , fils d'Achras , on dénonça un jour à Mamoun dix habitants de Basrah comme étant des impies qui professaient la doctrine de Manès et les deux
CHAPITRE CXIV. 13
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principes de la lumière et des ténèbres. Après qu'il se les fut fait nommer un par un , il ordonna qu'on les lui amenât. Un parasite, qui les aperçut au moment où on les réunissait, se dit : « Voilà des gens qui s'assemlîlent pour quelque bom- bance; » il se glissa donc au milieu d'eux et les accompagna, sans les connaître, jusqu'au bateau où leurs gardiens de- vaient les embarquer. «Plus de douie, c'est une partie de plaisir, » s'écria notre parasite, et il monta avec eux à bord de l'embarcation. Mais bientôt on apporta des chaînes avec lesquelles on attacha toute hi troupe, y compris l'intrus, qui se disait à lui-même : « Ma gourmandise a fini par m'en- ferrer! » Puis s'adressant aux anciens de la bande : « Pardon , leur dit-il, (|ui êtes vous? — Dis-nous plutôt qui lu es cl si tu comptes parmi nos frères, lui répondirent-ils. — Dieu sail que je ne vous connais guère, répliqua l'étranger. Quant à moi, sans mentir, je suis parasite de mon métier. En sortant de chez moi aujourd'hui, je vous rencontrai. Frappé de votre extérieur agréable, de votre bonne mine, de votre apparence confoitable. je me suis dit : Voici des
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vieillards, des hommes mûrs, des jeunes gens qui s'en vont festiner; en conséquence, je me mêlai à vous, et pris place à côté de l'un de vous comme si j'étais des vôtres. En arrivant dans cette embarcation, la trouvant ornée de coussins et de tapis et voyant ces plateaux, ces sacs, ces paniers bien gar- nis, j'ajoutai : « Ils vont se récréer dans quelque château et parc de plaisance : voici pour moi une heureuse journée. » J'étais encore tout à ma joie, lorsque est survenu ce gardien qui vous a enchaînés et moi avec vous. Cette aventure con- fond mon esprit , dites-moi enfin ce qui se passe. » Ces pa- roles amusèrent et firent sourire les prisonniers; mis en gaieté et belle humeur, ils lui dirent : « Maintenant que tu es sur la liste et que tu as ta chaîne, apprends que nous sommes des Manichéens qu'on a dénoncés à Mamoun ; on nous con- duit en sa présence; il nous demandera qui nous sommes, nous questionnera sur notre croyance et nous exhortera au repentir et à l'abjuration en nous soumettant à différentes épreuves; il nous montrera, par exemple, une image de
CHAPITRE CXIV. 15
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Manès en nous ordonnant do cracher dessus et de la renier; il nous forcera à sacrifier l'oiseau de marais appelé tezredj (nom^^ersan du faisan). Quiconque y consentira aura la vie sauve, quiconque s'y refusera sera mis à morl. Quand tu seras appelé et soumis à l'épreuve, tu diras f|ui tu es et quelle est ta croyance, d'après ce que ton esprit te suggé- ■ rera. Mais ne le disais-tu pas parasite? Or les parasites ont une ample provision de contes et de nouvelles; abrège donc notre traversée jusqu'à Bagdad par le récit de quelque bonne légende, de quelque histoire amusante. » Une fois arrivés à Bagdad, les prisonniers furent conduits en présence de Mamoun; il les appela {)ar leur nom et à lourde rôle; il demanda à chacun d'eux quelle était sa secte, et l'inter- rogea sur la foi musulmane; il les invita à renier Manès en leur montrant son image avec ordre de cracher sur elle et de ladésavouer, etc. A mesure qu'ils refusaient de s'y soumettre, il les livrait au bourreau. On arriva enfin au parasite. Mais comme on en avait fini avec les dix prisonniers vi la
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liste étant épuisée, Mamoun demanda aux gardes quel était cet homme : « En vérité nous n'en savons rien , répondi- rent-ils. Nous l'avons trouvé parmi eux et nous l'avons amené. — Qui es-tu .'^ lui dit le Khalife — Prince des Croyants, je répudie ma femme si je comprends quelque chose à ce qu'ils disaient. Je ne suis qu'un pauvre parasite , » et il lui conta son histoire du commencement à la fin. Le prince s'en amusa beaucoup; puis' il lui fit présenter l'image de Manès. Non content de la maudire et de la renier, le parasite ajouta : «Donnez-la moi, que je la décore d'une belle ordure. Par Dieu, je ne sais si ce Manès était juif ou musulman. » Ce- pendant Mamoun allait le châtier à cause de son parasitisme effréné et de sa témérité, lorsque Ibrahim, fils de Mehdi, qui se tenait debout devant le monarque, lui dit : » Sire, accordez-moi la grâce de cet homme et je vous conterai une singulière aventure de bohème dont j'ai été le héros ; » ensuite, sur l'invitation du Khalife, il poursuivit en ces termes : «Prince des Croyants, j'étais sorti un jour, et me promenais en désœuvré à travers les rues de Bagdad , lorsque
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CHAPITRE CXIV. 17
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j'arrivai devant Je pavillon cFune haute maison d'où s'exha- laient un parfum d'aromates et d'épices , un fumet de casse- roles, dont je fus singulièrement alléché. Je m'adressai à un tailleur et lui demandai à qui appartenait la maison. — « A un marchand de la corporation de la toil(>, me dit-il. — Son nom.^ — Un tel, fils d'un tel. » Je levai les yeux sur le pa- villon ; du treillis en bois qui en garnissait la fenêtre , je vis sortir une main et un poignet comme je n'en avais jamais vu d'aussi beaux. Le charme de cette apparition me fit oublier le parfum de la cuisine et je demeurai là troublé, éperdu. Je demandai enfin au tailleur si le maître du logis se permetlait le néhid (vin de dattes). — « Oui vraiment, me dit-il, et je crois même qu'il traite aujourd'hui; mais ses convives sont des marchands, gens discrets comme lui. » Nous en étions là lorsque deux cavaliers de bonne mine se montrèrent au bout de la rue venant de nolie ('ùlé. — « Voilà ses deux invités, » me diL le tailleur. — Quels sont leurs noms et leurs surnoms palronynnques.^ » Tl me renseigna là -dessus; aussitôt je
' VII. 2
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poussai ma monture et me plaçai entre les deux cavaliers en disant : «Que ma vie soit votre rançon! un tel (que Dieu le récompense ! ) vous attend avec impatience. » Je les escortai jusqu'à la porte ; ils me précédèrent et j'entrai sur leur trace. Le maître de la maison m.'aperçut et, ne doutant pas que je ne fusse introduit par ses amis, il m'accueillit gra- cieusement et me fit asseoira la place d'honneur. Alors , Sire, on apporta la table; elle était richement servie, et nous fîmes honneur à ces plats, dont la saveur l'emportait encore sur le fumet. « Voici déjcà le festin de gagné, me dis-je; reste le mystère de ia main et du poignet. » La table, enlevée et les ablutions terminées, on se dirige vers le salon de con- versation: c'était vme grande et belle pièce, richement ornée. Mon hôte redouble de politesse et se tourne de mon côté eu causant ; les deux convives ne doutent plus alors que je ne sois invité, tandis que l'hôte ne me traitait de la sorte que parce (|u'il nie croyait aiuené par ses deux amis. Nous avions déjà vidé (|i\elqu('s coiipi's, lors(pic une jeune esclave se [)résenta
CHAPITRE CXIV. 19
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gracieuse et souple comme une branche de saule, et nous salua sans timidité. On lui offrit un coussin , on lui a|)porla un luth que Ton plaça sur ses genoux, et elle l'accorda avec une habileté dont je fus frappé. Elle se mit alors à chanter l'air suivant :
Mon rci^arc] a soupçonné sa présence cl l'rôlé son visage et ce regard lancé à la dérobée y a laissé une enipieinte.
Ma main l'a aUirée ; elle a cfileuré la sienne, cl sons le conlact de ma main ses doigls ont frémi amoureusement.
Son souvenir a traversé mon cœur et à mon tour je l'ai blessée; j'igno- rais fjne d'une pensée pût naître une blessure.
— «Vraiment, Sire, la beauté et la perfeclion de ce chant m'avaient troidilé et ému. Elle reprit son liilli cl chanta :
D'un signe je lui ai demande ; Sais-lu à ipiel point je l'ainu'.^ Et elle ma repondu dans ime n-illade : Je suis fidélo à ton amour.
.l'ai su raclier S(ru|)id('nsemenl son secret , et elle aussi a veillé à ce qu'il ne fût pas divulgué.
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« Je criai , j'invoquai mon salut éternel ; mon émotion était si vive, que je n'étais plus maître de moi et ne pouvais me contenir. L'esclave continua son chant :
N'estil pas surprenant que, réunis dans le même lieu, nous ne puis- sions ni demeurer seuls, ni parler de noire amour?
Nos yeux seuls peuvent, à la dérobée, exprimer la passion qui nous torture, le feu qui dévore nos entrailles.
Nous n'avons pour nous comprendre que le frémissement de nos lè- vres, le mouvement de nos sourcils, nos regards à demi voilés et notre cœur, qui échange un salut.
— - «En vérité. Prince des Croyants, Tkabileté et la science de cette chanteuse, le talent avec lequel elle avait su expri- mer les paroles du libretto sans sortir du thème primitif, tout cela m'inspira un mouvement de jalousie : » Jeune fille , lui dis-je, il te reste encore à apprendre. » Ces paroles Tirri- tèrenl, elle jeta son luth et s'écria : « Depuis quand admettez- vous dans votre intiinité d'aussi fâcheux convives.'^ « Je me repentis de ce que j'avais fait en voyant les dispositions de l'auditoire changer à mon éoard. « Y a-t-il un luth ici."^ de-
CHAPITRE CXIV. 21
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iiiantlai-je. — Oui, Seigneur, me répondil-on. » Dès qu'on me Teut apporté, je l'accordai à ma guise et je chantai les paroles suivantes :
Pourquoi ces demeures restent-elles insensibles ;\ ma douleur? Sont- elles sourdes? Le temps les a-t-il renversées?
Hélas! Ceux que j'aimais sont partis au déclin du jour, et l'on m'an- uonce leur départ. Qu'ils meurent s'ils doivent mourir; s'ils vivent, je vivrai!
- — « Je n'avais pas encore teruMué mon cbant, que la belle esclave se précipitait à mes pieds et, les tenant embrassés, me disait : «Seigneur, j)ardonnez-moi, au nom du < ciel. Je n'avais jamais entendu chanter cet air avec une telle perfec- tion. » Son maître et tous ceux qui étaient présents se levè- rent et suivirent son exemple; la joie venait de renaître, les coupes circulaient plus rapidement, on buvait à pleines ra- sades. Je continuai ainsi :
Dis-moi , je l'en supplie, pourrais-tu ui'oublier, lorsque ton souvenir nie l'ait répandre des larmes de sang?
22 LES PRAIRIES D'OR.
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Je me plains à Dieu de l'avarice de cette belle et de ma prodif^alilé; je lui offre du miel, et elle ne me présente que la coloquinte, aux sucs amers.
Je me plains de son éloignement, moi qui ne veux vivre que pour lui prodiguer ma tendresse.
Rends à la vie un amant dont tu as brisé le cœur; ne l'abandonne pas ivre, affolé d'amour!
— « L'enthousiasme de mes auditeurs devint si vif que je craignis qu'ils ne perdissent la raison ; je me tus un moment pour leur laisser le temps de se remettre, puis, reprenant mon luth pour la troisième fois, je chantai :
Ton artiant est en proie à des douleurs poignantes; un fleuve de larmes inonde son corps.
Une de ses mains se lève suppliante pour demander au ciel la fin de ses souffrances, l'autre main s'appuie sur son cœur.
Oh! venez voir un pauvre amoureux que le désespoir fait délirer et dont la main et les yeux peuvent seuls exprimer les désirs!
— «Par mon salut éternel, s'écria l'esclave, voilà, maî- tre, ce qui s'appelle chanter. » Cependant l'ivresse commen-
CHAPITRE CXIV. 23
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çait ù tourner les têtes : le maître du logis qui supportait, mieux que ses deux convives, l'influence du vin, les coniia aux soins de ses propres domestiques et des leurs, et les fil reconduire chez eux. Je demeurai seul avec lui; après avoir encore vidé quelques coupes, il me dit : «Eu vérité. Sei- gneur, je considère comme perdus les jours passés sans vous connaître. Dites-moi qui vous êtes, cher maître. » Ses ins- tances devinrent si vives que je fim's par me nommer. yVus- sitôt il se leva et me baisa sur la tête en disant : « J'aurais été surpris, Monseigneur, que, dans un rang inférieur au vôtre, on possédât de pareils talents. Ainsi donc la royauté était chez moi depuis tantôt et je l'ignorais! » Pressé par lui de raconter mon aventure et le motif qui m'avait attiré, je lui fis connaître l'histoire du repas qu'on apprêtait et l'ap- parition de la main et du bras à la fenêtre. Il appela une de ses esclaves et lui dit : « \ a dire à une telle de descendre. » Il me fit ainsi amener toutes ses esclaves l'une après l'autre. Après avoir examiné leurs mains : « Ce n'est pas cela, m'é- criai-je. « — « Vr.ii Dieu, me dit enfin mon hôte, il ne reste
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plus que ma mère et ma sœur, je vais les faire conduire en votre présence, ri Une telle générosité, une bienveillance si large me laissaient tout surpris; je lui dis alors : «Que ma vie soit votre rançon! avant d'appeler la mère, commencez par la sœur; c'est peut-être celle que je cherche. — C'est vrai, » répondit-il, et il donna des ordres en conséquence. Dès que je vis sa main et son poignet, je m'écriai : « C'est elle, mon cher hôte, c''est elle! » Sans perdre un instant, il ordonne à ses gens de réunir dix vieillards choisis parmi les notabilités du quartier. 11 se fait ensuite apporter une somme de vingt mille dirhems en deux groups [hadrah], et (s'adres- sant aux nouveaux venus) : «Voici ma sœur une telle, leur dit-il , je vous prends à témoins que je la marie au seigneur Ibrahim, fils de Mehdi, et que je lui constitue, aux lieu et place de son mari, une dot de vingt mille dirhems. » Nous donnâmes l'un et l'autre notre consentement au mariage : après quoi je présentai une des bourses à ma jeune femme et partageai l'autre entre les témoins, en leur disant : « Ex- cusez-moi , c'est tout ce dont je puis disposer en ce moment. »
CHAPITRE CXIV. 25
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Ils acceptèrent mon présent et se retirèrent. Mon hôte nie proposa alors de faire préparer dans sa propre maison un appartement pour moi et ma jeune épouse. En vérité, Sire, tant de i,fénérosité et de bonté me rendait tout confus; je le priai seulement de me procurer une litière, désirant con- duire ma femme chez moi. Il y, consentit avec la même complaisance, fit préparer une litière cpii nous transporta dans ma demeure et je vous jure, Sire, qu'il nf envoya un trousseau si maguificpie, qu'une de mes maisons ne pou- vait en contenir les sj)lendeurs. » — Manioun fui émerveillé de la générosité de cet homme; il donna d'abord la liberté et un riclie cadeau au parasite, et il ordonna ensuite à Ibra- him de lui présenter son beau-père; celui-ci devint un des courtisans du Khalife, un de ses familiers, et fut admis, avec les marques de la plus flatteuse bienveillance, aux réceptions intimes , comme en toute autre occasion.
Moberred et Tàlab racontent que Koulloiiin el-Attabi faisait antichambre chez Mamoun lorsque Vahya, fils d'Ak- lani, vint à passer. Attabi lui dit : " Voudrie/.-vous informer
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le Khalife de ma présence? — Je ne suis pas huissier, ré- pondit Yahya. — Je le sais, répliqua le poète, mais vous êtes homme de mérite et le mérite est une protection. — Mais vous me détournez de mon chemin. — Dieu, reprit Attabi, vous a accordé le rang et la fortune; ces deux biens s'accroîtront pour vous si vous en êtes reconnaissant; ils di- minueront si vous êtes ingral. Je suis plus généreux pour vous, que vous ne Têtes envers vous-même, puisque je vous oiTre l'occasion d'augmenter votre fortune €t que vous la refusez. Toute chose, d'ailleurs, est soumise à la dîme; l'homme puissant s'en acquitte en employant son crédit en faveur de celui qui le sollicite. » Yahya se décida enfin à aller prévenir le Khalife; Attabi fut introduit. Ishak, fils d'Ibra- him Moçouli, était présent à l'audience. Mamoun invita le nouveau venu à s'asseoir, il s'informa de sa santé et de ses affaires; celui-ci lui répondit avec un à-propos et une élégance qui charmèrent le prince. Mamoun s'étanl mis à le plaisanter, le vieillard crut que le prince faisait peu de cas de lui et il lui dit : «Sire, il faut caresser avant de
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traire (locution proverbiale; cf. Hariri, p. 52 0 ; Mcï(hini,l, p. 5i.) » Aïamoun ne comprit pas bien l'intention du poète et regarda Ishak , lequel lui (it un signe du coin de l'œil. Le prince fit alors apporter mille dinars et ordonna (ju'on les déposât devant Altabi ; puis il reprit la conversation sur un ton familier, et excita Isliak à se jouer nuilicieusement de son hôte. Ishak se mil donc à le contredire sur tous les sujets de la conversation, sans lui laisser jamais le dernier mot. Altabi en lut tout surpris et, ne. sachant pas qu'il avait affaire à Ishak, il demanda au Khalife la permission d'inter- roger sou interlocuteur sur son nom et sa fîimille. En ayant reçu l'autorisation, il lui demanda : "Qui es-tu et com- ment le nommes-lu.^ — J'appartiens à la race humaine, ré- pondit Ishak, et mou noui est Koulhacal ( mange oignon). — Quant à la race, reprit Koultoum, c'est chose connue; mais je ne comprends rien à ton nom. D'ailleurs on ne s'appelle pas K<)ulha(-al. — Oh ! que tu es injuste ! ri[)osla Ishak, est- ce que Koultoum (mange ail) n'est pas un nom? Or l'oignon vaut mieux (puî l'ail. » — Maudit homme, s'écria le poêle, (pu'l sel dans ses propos! non, je n'ai jamais vu un plus agréable causeur. Le Piince des Croyants veut-il me peimcllre de lui
28 LES PRAIRIES D'OR.
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offrir le cadeau dont j'ai été honoré , car en vérité je suis vaincu? — Non, lui répondit Mamoun , garde ta part entière et nous allons lui faire donner pareille somme. » Isliak re- tourna ensuite dans sa demeure, et il y garda le poète le reste de la journée.
Cet Attabi, originaire de la frontière militaire [djound) de Kinnasrîn et d'el-Awaçim, habitait Rakkali ville du Diar- Modar; il excellait dans la science et la lecture du Koran, dans la littérature et les connaissances, dans l'art épisto- laire et le style cadencé ; sa mémoire , l'élégance de ses ma- nières , la pureté de son élocution , sa parole éloquente , sa supériorité dans la conversation, son talent d'écrivain, le charme de ses allocutions , la perfection de son écriture et enfin son heureux naturel, toutes ces qualités le plaçaient au-dessus de la plupart de ses contemporains. On cite de lui cette sentence : « L'homme a pour langue son secrétaire, pour visage son chambellan, et son ami intime est un autre lui- même. » Il a versifié cette même sentence ainsi qu'il suit :
CHAPITRE CXIV. 29
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L'homme a pour langue son secrétaire; pour visage son chambellan ; Son ami intime est un autre lui-même, et toutes ces choses lui sont nécessaires.
On lui attribue aussi ces paroles : « Quand tu es investi (l'un gouvernement, choisis avec soin ton secrétaire, car ceux qui sont éloignés ne jugeront do ta valeur que par la sienne. Prends un chambellan intelligent, puisque les solli- citeurs, avant d'arriver à toi, te jugeront d'après ce qu'il est lui-même; recherche chez tes conlidents et tes intimes un caractère noble et sympathique, car on mesure le méril(> d'un homme à celui de son entourage. »
Un secrétaire, se targuant de sa supériorité sur un cour- tisan, disait à ce dernier : "Je suis un auxiliaire, tu n'es qu'une ressource; on m'emploie aux afTaircs sérieuses, tu ne sers ([u'au\ futilités; on nous recherche, moi pour la ri- gueur, loi pour le plaisir; moi pour la guerre, toi pf)ur la paix.» I.e courtisan lui répliqua: » Je suis lait pour la la- veur, tu l'es pour la vengeance; j'ai la considération, lu as la servilité; tu restes debout quand je suis assis; tu trembles tandis qu'on me lrait(* en ami. C'est pour me satisfaire ((iie
30 LES PRAIRIES D'OR.
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tu travailles, et tes laborieux efforts contribuent à mon bon- heur. Je suis un associé, tu n'es qu'un aide; je suis un égal, tu es un subalterne, et si l'on m'a surnommé nediin (courti- san), c'est parce qu'on regrette {nadain) de me quitter. » — Mais nous ne pourrions rapporter les faits intéressants ni citer les beaux ouvrages d'Attabi sans nous écarter de notre plan et nous éloigner du but vers lequel nous nous diri- geons; nous n'avons même inséré ici ces fragments que parce que f enchaînement du discours et les développements de la narration nous y ont entraîné.
Le fait suivant est raconlé par Djawhari, d'après Otbi, qui le tenait d'Abbas Deïri. Un homme adressa une requête à Mamoun, dans laquelle il sollicitait une audience et la fa- veur d'être entendu. Sa requête ayant été accueillie, il se présenta chez le Khalife, le salua, et, invité par le prince à faire connaître l'objet de sa demande , il s'exprima ainsi : « Apprenez, Prince des Croyants, que les rigueurs du sort, les caprices et les calamités de la destinée se sont acharnés contre nioi et m'ont enlevé ce que la fortune m'avait ac-
CH^PITUE ex IV. 81
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cordé; il ne me reste pas un domaine qui ne soit ravagé, pas un canal qui ne soit ensablé, pas une maison qui ne tombe en ruine, un capital qui ne soit dissipé. Aujourd'hui je n'ai plus ni sou ni maille (littéral, ni cilice ni bure); j'ai de lourdes dettes, une nombreuse Tainille, des garçons et des filles en bas âge; je suis vieux, les besoins m'assiègent et je n'ai plus la force d'y satisfaire par le travail. Il faul donc qu'un regard généreux du Prince des Croyants tombe sur moi. » Tandis ((u'il parlait, il ne put relenii- un vent : « Sire, s'écria-l-il aussitôt, voici encore une preuve de l'acharnc- ment inouï du sort contre moi; jamais, je vous jure, j)a- reille chose ne m'était arrivée qu'en temps et lieu. » Ma- moun, s'adressant à ses courtisans, leur déclara (lu'il n'avait jamais vu un homme d'un cœur plus robuste, plus ferme, cl d'une àinc plus résolue, el il lui (il c()m[)ler une avance de cinquante mille dirhems.
Voici ce (jue raconte Aboiri-Alahyah : « Mamoun m'ayant lail appeler, je me rendis auprès de lui. .le le trouvai la léle basse, songeur el triste; je n'osais m'a|)procher de lui
32 LES PRAIRIES D'OR.
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clans les dispositions où je le voyais, lorsqu'il leva la tête et me fit signe de la main d'approcher; j'obéis. Il redevint pensif pendant un moment; puis relevant le front, il me dit : «Isniâïi, l'ennui et le désir de la nouveauté sont une des dispositions naturelles de l'âme; elle s'accoutume à l'isole- ment aussi bien qu'à- la société. — C'est vrai, Sire, lui ré- pondis-je, et j'ai exprimé ce sentiment dans un vers. — Quel ost-il?» demanda le prince. Je repris :
L'âme, (juand elle est dévoyée, ne se plaît qu'à passer d'uiM? situation dans une autre.
Mamoun admira ce vers et me dit de continuer; mais je lui avouai que je ne pouvais rien y ajouter. Je passai le reste du jour auprès de lui; après quoi il me fit un présent, et je me retirai. »
On raconte qu'une nuit, ce Khalife ordonna à l'un de ses eunuques favoris de sortir et de lui amener le premier pas- sant qu'il rencontrerait en route, noble ou manant, quel qu'il fut. Cet oiïicier s'éloigna et revint bientôt avec un
CHAPITRE CXIV. ys
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homme du peuple. Auprès du khalife se trouvaient alors Moutaçem son frère, Yahya ben Aktam et Mohammed ben Amr, surnommé le Grec (Roumi); chacun deux faisait cuire un plat de sa façon. Mohammed, fds d'Ibrahim le Tahéride, dit au bonhomme : « Ce sont les intimes du Prince des Croyants que tu vois réunis ici; réponds à toutes leurs ques- tions. — Où donc allais-tu à cette heure? lui demanda Ma- moun; tu avais pourtant encore trois heures de nuit. » Cet homme répondit : « Le clair de lune m'a trompé, et, enten- dant le tekhir d'un imam, j'ai cru, à n'en pas douter, que c'était l'appel à la prière. » Mamoun invita le pauvre homme à s'asseoir, et, quand on fut parvenu à l'apprivoisîer, le prince continua en ces termes : » Chacun de nous vient d'ac- commoder un mets; on va t'apporter un échantillon de chaque plat; tu le goûteras, puis tu nous en diras les mérites et ce que lu y trouves de bon. — Soit, répondit-il; appor- tez. » On lui présenta les plats sur un grand plateau , avec leurs couvercles et sans rien qui les distinguât; seulement ^'"- . 3
34 LES PRAIRIES D'OR.
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chaque cuisinier avait mis à son œuvre un signe particulier. Notre homme goûta d'abord le plat préparé par Mamoun : «Bravo!» fit-il; et après en avoir avalé trois bouchées, il ajouta : « On croirait que c'est tout musc; celui qui a cui- siné cela ne peut être qu'un savant cuisinier, propre, ingé- nieux et élégant. « Il passa au plat de Moutaçem et dit : « Par Dieu! on jurerait quMl est sorti de la même main que l'autre et qu'il a été accommodé avec autant de science. » Puis il goûta celui de Mohammed ben Amr le Grec : «Pour celui-ci , dit-il , c'est l'œuvre d'un cuisinier de race, qui réus- sit tout ce qu'il apprête. » Mais quand il eut goûté au plat du kadi Yahya, fds d'Aktam, il détourna la tête et s'écria : « Pouah ! celui qui a cuisiné cela y a mis une ordure au lieu d'oignon. » Chacun de rire à gorge déployée; notre homme en fit autant; il se mit à plaisanter et à divertir par ses propos l'assemblée, qui le trouva fort amusant. Aux pre- mières lueurs de l'aurore, Mamoun, qui avait compris que l'étranger savait maintenant à qui il avait affaire, lui recom- manda de ne pas divulguer le secret de l'occupation dans
CHAPITRE CXIV. 35
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laquelle il les avait trouvés; il lui fit donner quatre mille dirhems, obligea chacun des cuisiniers cVy ajouter une quote- part proportionnée au rang de chacun et dit à cet homme : « Gare à toi si tu sors, une autre fois, à pareille heure! » A quoi celui-ci répondit: «Que Dieu ne nous empêche pas, vous de l'aire la cuisine, moi de sortir! « On s'informa de son métier, on prit son adresse et il fut dès lors admis au service du Khalife et de la cour, dont il devint le commensal.
Abou Abbad le Secrétaire, qui fut un des familiers de Mamoun , raconte ce qui suit : « Mamoun me disait un jour : «Rien ne m a jamais embarrassé comme la réponse do trois personnes. La première est la mère de Do« 'l-riasetcin (Fadi ben Sehl), lorsque j'allai lui exprimer mes regrets de la mort de son fils et que je lui dis : « Ne vous désolez |)as et cessez de pleurer la mort de votre fils; Dieu Ta remplacé en vous donnant en moi un enfant qui vous tiendra lieu de celui qui nVsl plus; à la confiance que vous lui témoi- gniez en toutes choses, veuillez ne pas substituer de la ré- serve à mon égard. » Elle pleura et me répondit : «Prince
3.
36 LES PRAIRIES D'OR.
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4X-^5 o»jO ^.*lfi Q>x*M-? 5j,x^>l Aij.wl J^i jjl iCiJliJl^j
des Croyants, comment ne regretterais-je pas mon fils, quand je lui dois un autre fils tel que vous? « — En second lieu, ce fut quand on m'amena un homme qui se faisait
passer pour prophète : «Qui es-tu? lui demandai-je.
Moïse, fils d'Amran. — Prends garde! continuai-je; Moïse avait des signes et des preuves manifestes de sa mission : par exemple, le bâton qu'il jeta et qui dévora les sortilèges des magiciens; sa main qu'il retira toute blanche de son sein « (cf. Koran, xxviii, 3i et 32); et je me mis à lui énumérer les preuves qui furent accordées à Moïse pour confirmer son caractère de prophète : «Eh bien, lui dis-je, si tu me montres un seul des signes, un seul des miracles qu'il a accomplis, je serai le premier à croire en ta mission; sinon tu mourras. — Tu as raison , me répondit cet homme; seulement je n'ai produit les signes de ma mission que lorsque Pharaon eut dit : Je suis votre seignew^ suprême [Ko- ran, Lxxix, 2 4); si tu veux en dire autant, je suis prêt à te montrer les miracles que j'ai accomplis devant lui. » — - La troisième circonstance est celle-ci : Les habitants de Kou-
CHAPITRE CXIV. 37
5*K_iù »j-A-*»( Jfc^-Ci j! (0-^>Ji '-'*-fr^^ *^'*-*W (S*'^J^^ XAd><X»
^^ Là^Lça:)^ b^jU»i> IjOkj iùùUi! iCxMJt ^^ Ujijliu.^ Ujbbi 5%J 0vJL«^î vx>ob IJuijCUxli \ii>Si /j* lÂSi-w^ iiilliîî iiÀ-M*jl
fah s'étant coi\certés pour se plaindre à moi de leur gouver- neur, homme dont la doctrine et la conduite avaient toute mon approbation , je leur fis répondre ceci : « Quoique je sois édifié sur le compte de cet agent, j'ai résolu néanmoins de vous donner audience demain dès le matin; choisissez donc un délégué qui soutiendra le débat en votre nom, car je redoute votre loquacité. » Ils me firent la réponse sui- vante : « Le seul homme qui nous paraisse digne de discu- ter en présence du Khalife est aflligé de surdité; si, cepen- dant, le Khalife veut bien le lolérer, (|u'il nous fasse Thonneur de nous en informer. » Je m'engageai à accej)ler patiemment leur délégué, et, dès le lendemain, la députation arrivait. Je fis introduire le sourd, et, quand il fut devant moi, j'invi- tai les assistants à s'asseoir; puis je lui demandai quels étaient ses griefs contre leur gouverneur. « Sire, répondit-il, c'est le plus détestable agent qu'il y ait au monde. L'année 011 vous l'avez nommé, nous avons dû vendre nos harties et nos meubles; l'année suivante, nos épargnes et nos biens- fonds; ef la troisième année, nous voici forcés de sortir do
38 LES PRAIRIES D'OR.
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chez nous et d'implorer ie Prince des Croyants pour que, touché de nos doléances, il nous fasse la faveur d'ordonner sa destitution. — Tu mens, bâtard! m'écriai-je; c'est un homme dont j'admire la conduite et la doctrine, dont j'ho- nore la piété et la sagesse; je l'ai choisi expressément pour vous, parce que je connais vos fréquentes révoltes contre ceux qui vous gouvernent. — Sire, nie répondit l'orateur, vous dites vrai et c'est moi qui ai menti; mais puisque vous admirez la piété, la loyauté, les sentiments intègres, la jus- tice , la modération de cet agent , pourquoi nous l'avoir ex- clusivement laissé pendant plusieurs années, au détriment de tant de provinces dont Dieu a confié les intérêts à votre sollicitude, comme il vous a confié les nôtres.'* Placez-le donc à la tête de ces contrées pour qu'il leur accorde à leur tour les trésors de modération et de justice qu'il nous a pro- digués. — Va-t'en, lui dis-je, et que Dieu te refuse sa pro- tection! Je consens à éloigner de vous ce gouverneur. «
Au rapport de Yahya, fils d'Aktam, le Khalife Mamoun présidait une conférence» de jurisprudence tous les mardis.
CHAPITRE CXIV. 39
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j^«sfc.*>oî t-^Akj ij-ffiK^ iô'^Ks- (jiîAj vW^ aaA* cjUJL oCiî.
Quand les légistes et les autres savants se présentaient pour discuter avec lui, on les introduisait dans une pièce ornée de tapis et on les invitait à se débarrasser de leurs bot- tines. Ensuite on servait le repas; on les priait d'y prendre part. Après avoir renouvelé leurs ablutions, ils pouvaient ôter leurs bottines si elles les gênaient, ou leur kalansouah (bonnet) s'il était trop lourd. Le repas terminé, on appor- tait les cassolettes d'encens; ils en respiraient les arômes et se parfumaient. Ils se rendaient ensuite chez Mamoun, «pii les invitait à s'approcher et entamait avec eux la discus- sion la plus belle, la plus modérée, la plus dépourvue de morgue et de pédantismc. Elle se prolongeait jusqu'au coucher du soleil; on leur servait alors un second repas, et, après s'être rassasiés, ils s'éloignaient. — \ahya continue ainsi son récit : « Le Khalife était, un jour, en séance, lors- que son chambellan Ali, fds de Salili, si; présenta cl lui dit : « Prince; des Croyants, un homme habillé de vêlements blancs d'un lissa grossier, ([u'il porte retroussés, est au seuil du ))alais; il demande à être admis afin de prendi-e pari à
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la discussion. » Je compris que c'était quelque souji, et je voulais faire signe au Khalife de ne pas l'admettre ; mais il me prévint et donna Tordre de le faire entrer. Parut un homme dont la robe était relevée dans la ceinture et qui te- nait ses galoches dans 'les mains; il s'arrêta sur le bord du tapis et dit : « Salut! que la miséricorde de Dieu et ses bé- nédictions soient sur vous ! « Mamoun lui rendit son salut. L'étranger lui demanda la permission de s'approcher; il la lui accorda et l'invita à s'asseoir. Une fois assis : « Me jier- mets-tu, dit-il au prince, de f adresser la parole.*^ — Parle, lui répondit Mamoun, mais de manière à être approuvé de Dieu. » L'inconnu continua ainsi : « Ce trône sur lequel tu es assis, le dois-tu à l'accord unanime, au plein con- sentement des Musulmans, ou bien à la violence que tu as exercée sur eux, en abusant de ta force et de ton pou- voir? » Mamoun lui répondit : « Je ne le dois ni à leur suf- frage, ni à l'emploi de la violence. Un chef qui dirigeait avant moi les afTaires des Musulmans, et qu'ils supportaient de
CHAPITRE ex IV. kl
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gré ou de force, ma transmis à moi et à un autre (Emin) rexercice de cette autorité après sa mort; il a fait jurer à ceux qui étaient présents de la reconnaître; il a exigé pour moi et pour un autre avec moi le serment des pèlerins réu- nis sur le territoire inviolable de la Mecque, et ils font prêté, volontairement ou non. Celui qui avait été investi du pouvoir avec moi a suivi la route où il s'était engagé; de- venu le seul maître, j'ai senti la nécessité d'être reconnu par le suffrage unanime et librement exprimé des Musulmans, dans toute l'étendue de l'empire. Mais, après y avoir réflé- chi, j'ai cru que, si je les abandonnais à eux-mêmes, l'islam serait mis en péril, la foi du serment disparaîtrait, l'EJut serait démembré. J'ai compris que le désoidrc cl le mal do- mineraient; qu'au sein des discordes civiles, les lois de Dieu resteraient sans vigueur; que l'accès de la Maison sainte serait int(Tdit el la guerre contre les infidèles abandonnée, mes sujets n'étant plus réunis sous une autorité (pii les dirige;
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enfin, que le brigandage infesterait les routes, et que le faible serait livré sans défense à Toppresseur. En consé- quence, j'ai pris le pouvoir afin de protéger le peuple, de combattre ses ennemis et d'assurer la sécurité des routes , et je conduirai les Musulmans par la main, jusqu'à ce que, leur suffrage et leur volonté unanime se réunissant sur un chef de leur choix, je puisse résigner entre ses mains mon autorité pour devenir un simple sujet. Sois donc mon repré- sentant aupiès de la communauté musulmane , et, lorsqu'elle se sera mise d'accord sur ce choix, j'abdiquerai le pouvoir. — Salut, répondit l'inconnu; que Dieu vous accorde sa mi- séricortle et ses bénédictions] » Et il s'éloigna. Mamoun char- gea Ali ben Salih de le faire suivre pour savoir où il irait; le chambellan accomplit sa mission et revint en rendre compte en ces termes : «Prince des Croyants, j'ai dépêché quekjues émissaires sur les traces de cet homme: il s'est dirigé vers une miosquée où quinze individus de même ap- parence et mis comme lui étaient réunis. « Eh bien, tu l'as vu:* lui ont-ils demandé. — Oui, répondit-il. — Que l'a-t-il
CHAPITRE ex IV. /i3
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dit? — Kien que de sages paroles; il m'a dit qu'il retenait entre ses mains le gouvernement des Musulmans pour assu- rer la sécurité des routes; pour maintenir le pèlerinage et la guerre sainte; pour protéger le faible contre l'oppresseur et empêcher la violation des lois divines; mais que, lorsque le peuple réunirait ses suffrages sur un chef unanimement élu, il remettrait le pouvoir à ce dernier et abdif|uerait en sa fa- veur. — Nous ne voyons aucun mal à cela. " ont répondu ceux qui l'écoutaient; puis ils se sont séparés. — Mamoun , se tournant alors vers moi, me dit : « Ahou Mohammed, nous avons donné satisfaction à ces gens-là en employant le lan- gage le plus simple. » Je lui ré[)ondis : " Sire, je rends grâce à Dieu, qui vous a inspiié la sagesse et la droiture dans vos paroles comme dans vos actions. »
Yahya, fils d'Aktam, exercanl les l'onclions de juge à Bas- ra!i avant son étroite liaison avec Mamoun, les liahilanls se répandirent en accusations contre ce magistral; dans une requête adressée au Khalife, ils dénoncèrent ses goùls dé- pravés et la corruplioii f|ii(> ses excès semaieni parmi les
M LES PRAIRIES D'OR.
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jeunes gens de ia ville. Mamoun se borna à répondre qu'il aurait accueilli leur plainte si elle eût été dirigée contre les jugements rendus par Yahya; mais ils répliquèrent en ces termes : «Prince des Croyants, sa conduite honteuse, ses crimes se produisent au grand jour et sont de notoriété pu- blique. C'est lui, Sire, qui, dans une poésie trop célèbre, chante la beauté des mignons et les range en différentes classes, selon leurs qualités. » Le prince voulut connaître cette poésie; on lui présenta une kaçideh qui justifiait en partie l'accusation portée contre le juge et les bruits qui couraient sur son compte à cet égard. Voici les vers en question :
Ils sont quatre dont le regard fascinateur condamne à l'insomnie les yeux de leur amant :
L'un a les joies de ce monde devant lui, hypocrite sans espérance d'une autre vie;
Le second a les portes du monde ouvertes, el derrière lui une large part aux plaisirs de l'autre ;
Le troisième, possédant ces deux biens, réunit le monde d'ici-bas à l'autre monde;
CHAPITRE CXIV. 45
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Le quatrième s'est perdu au milieu d'eux et n'est plus possesseur ni de ce monde ni de l'autre.
Mamoun réprouva de pareils vers et en fut scandalisé : « Quoiqu'un de vous les lui a-l-il entendu réciter? leur dit-il. — Sire, répondirent ses accusateurs, il est notoire parmi nous qu'il en est Tauteur. » Le prince les congédia et révo- qua Vahya de ses fonctions. Cest de ce juge et de sa con- duite à Basrah qu'il est question dans les vers suivants d'Ibn Abi Noaïm :
Plût au ciel que Yaliya n'eût pas reçu la vie de Aklaiu cl ([u'il M'eùl ja- mais foulé le soi d'Irak !
Ce juge, le plus dépravé que nous connaissions eu Irak, dans quelle écritoire u'a-t-il pas trempé son halcm?
Dans quel trou n'a-l-il |)oint glissé sou serpent venimeux?
Les vicissitudes de la destinée conduisirent Yahya chez Mamoun et en firent son intime, un dv. ceux auxquels il accordait le plus de privilèges. Le Khalife lui demanda un
ae LES PUAIHIES D'OU.
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jour : «Père de Mohammed, quel est donc l'auteur de ce vers :
Un juge qui condamne l'adultère et qui ne trouve pas un mot de blâme contre un crime plus infâme...
— «C'est Ibn Abi'Noaïm, répondit Yahya, et voici ses propres paroles :
Notre émir est prévaricateur et notre juge sodomite. Oli! les piètres chefs que ceux qui nous conduisent !
Un juge qui condamne l'adultère et qui ne trouve pas un mot de blâme contre un crime plus infâme!
Je n'espère pas la fin de nos maux, tant qu'un fils d'Abbas gouvernera la nation.
Mamoun baissa la tête avec confusion, et, quand il la re- leva, ce fut pour exiler Ibn Abi Noaïm dans le Sind.
Lorsque Yahya escortait le Khalife à cheval, il portait, si c'était pendant l'été, une ceinture (d'or ou d'argent), un manteau (kaha) , un sabre orné de sa dragonne et un turban de mousseline {chachyèh); pendant l'hiver, des kaha de soie
CHAPITRE CXIV. 47
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écrue, des bonnets en martre zibeline, et il se servait de selles ouvertes. Il était si dissolu , si peu soucieux de cacher ses honteux penchants que, chargé par Mamoun de former une troupe de cavaliers destinés à porter les ordres du Kha- life, il la composa de quatre cents adolescents imberbes choisis parmi les plus beaux , et se déshonora en leur com- pagnie. C'est à cette circonstance qu'il est fait allusion dans les vers suivants de Rachid , fils d'Ishak :
0 mes deux amis! contemplez avec admiration le spectacle le plus rare qui se soit offert à nos regards :
Un escadron où l'on n'acce[)le que de jolis minois et de beaux yeux.
Les pages d'Aktam au frais visage, aux joues i\ peine veloutées d'un léger duvet, y sont seuls admi?.
Chacun y a l'iionncur de se tenir devant ses deux maîtres, en raison de sa beauté et de leur laideur.
Celui qui les conduit à la mêlée est un juge dont la iancc rodeînitc porte des coups terribles.
Il les dirige avec sa science et sa prudence dans une lulle de plaisir, el non vers un désastre.
48 LES PHAIRIES D'OR.
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Lorsque l'un de ces braves prend part à l'action , son front et ses mains se courbent vers la terre,
Tandis que , penché sur lui , le Cheïkh agite une flèche qui dépasse ses genoux.
Ceux qu'il a subjugués, il les laisse gisant par terre et tous atteints d'une blessure secrète.
Le même poète a dit de lui ailleurs :
Nous espérions que la justice se manifesterait à nos yeux; mais la dé- ception a succédé pour nous à l'espérance.
Le monde et ses habitants pourraient-ils prospérer lorsque le juge su- prême des Musulmans se livre au vice le plus infâme?
Yahya, fils d'Aktam (fds d'Amr, fils d'Abou Rebah) . était originaire du Rlioracân ; il naquit dans la ville de Merw. Sa famille appartenait à la tribu de Temim. En 2i5 de l'hégire, il s'attira le ressentiment de Mamoun, qui était alors en Egypte, et il partit disgracié pour Tlrak. Il avait re- cueilli la tradition et étudié la jurisprudence auprès des docteurs de Basrah, tels que Otman, siirnomnié Néby, et
CHAPITRE CXIV. ^9
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d'au 1res; il composa plusieurs traités sur les principes et les difTérentes braDches du droit, et se distingua par un ou- vrage intitulé l'Avertissement [tenbih], dans lequel il réfute les doctrines de l'école d'Irak; il soutint aussi de nom- breuses controverses contre A bon Suleïman Ahmed, (ils d'Abou Douad, fils d'Ali.
Sous le règne de Mamoun mourut Chafeyi Abou Abd Allah Mohammed (fds d'Edris, fils d'Abbas, fils d'Olman, fils de Ghafi, fils de Saïb, fils d'Obeid Allah, fils d'Abd Yé- zid, fils de Hachem, fils de Mottalib, (ils d'Abd Menaf), dans la nuit du vendredi (dernier jour) de redjeb, l'an 20/i, au moment où le jour commençait à poindre; il était âgé de cinquante-quatre ans. La prière des funérailles fut récitée par Sery, fils de Hakem, qui gouvernait rEgyi)le à cette époque. Telle est la tradition rapportée par Ikrimah (fds de Mohammed, (ils de Bichr), d'après Rebî (fils de Su- leïman) le Muezzin; elle est également citée par Moham- med (fils de Sofian, fils de Sâïd) le Muezzin, et par d'autres vil. à
50 LES PUAI RIES D'OR.
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traditionnistes d'après le même Rebî, fils de Suleïman. Cha- feyi fut inhumé en Egypte sur le territoire des Tombeaux des Martyrs, dans le cimetière et au milieu des tombes des Benou Abd el-Hakem. Une grande colonne en pierre est pla- cée du côté de la tète et une autre colonne du côté des pieds; sur la plus grande, celle qui est au-dessus de la tête, a été pratiqué un cartouche dans lequel se lit cette inscrip- tion, gravée sur la pierre : « Ici est le tombeau de Moham- med ben Edris Chafeyi, le confident de Dieu. » Le fait que nous signalons est parfaitement connu en Egypte. Chafeyi se rattachait, à la fois, à la famille de Hachem et à celle d'Omeyyah par Abd Menaf, puisqu'il descendait de Motta- lib , lequel était fils d'Abd Menaf. Le Prophète disait : « Nous et les enfants de Mottalib nous sommes comme ceci ; » et il montrait ses deux doigts réunis. On sait, en outre, que les Koreïchites assiégèrent les Benou Mottalib en même temps que les Benou Hacliem, dans le vallon.
La tradition suivante ma été transmise par Fakir, fils de Meskin, d'après Mouzeni , dont il recueillit l'enseignement;
CHAPITRE CXIV. 51
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il me Ta transmise à Oswàn (Syène), ville de la Haute- Egypte : « Mouzeni m'a raconté qu'il visita Chafeyi le matin même de sa mort et lui dit : «Père d'Abd Allah, comment te trouves-tu? » Chafeyi lui répondit : « Comme un homme f|ui va quitter ce monde, prendre congé de ses frères et boire le breuvage de la mort. Je ne sais si, mon àme étant destinée au paradis, je dois la féliciter, ou si, étant condamnée au feu éternel, je dois la plaindre; » et il ajouta ces vers :
De|iiiis que mon cœur s'est endurci et que ma roule (ma croyance) est devenue étroite , je fais de l'espérance l'échelon qui luc conduira vers ton pardon.
Mes péchés me [)araissent grands; mais lorsque je les compare à ta mi- séricorde, ô mon Dieu , celle-ci est plus grande encore!
L'année de la mort de Chafeyi (2o4 de l'hégire) vit mou- rir aussi Abou Daoud Suleïman (fils fie Daoud) Taïaliçi, à l'âge (le soixante et onze ans, et Hicham ((ils de Moham- med , fils de Saïb) Kelbi.
52 LES PBAIRIES D'OR.
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El-Amri raconte qu'un homme qui se faisait passer pour prophète à Basrah, sous le règne de Mamoun, fut enchaîné et traduit devant ce prince. Quand il fut en sa présence, Mamoun lui dit : « Tu es donc prophète et chargé d'une mission? — Pour le moment, chargé de chaînes, lui répon- dit cet homme. — Malheureux, reprit le Khalife, qui t'a séduit? — Est-ce ainsi qu'on parle aux prophètes? répliqua l'autre; en vérité, si je n'étais garrotté, j'ordonnerais à Ga- briel de vous anéantir. — Mais la prière d'un captif n'est pas exaucée. — Les prophètes surtout, lorsqu'ils sont dans les fers, leur vœux ne montent plus jusqu'au ciel. » Mamoun se mit à rire et ajouta : «Qui t'a enchaîné? — Celui qui est devant toi. » Le Khalife reprit : « Nous te ferons délier; mais tu ordonneras à Gabriel d'exécuter ta menace; s'il t'o- béit, nous croirons en toi et à la vérité de ta mission. » Le prisonnier s'écria : « Dieu a eu raison de dire : Et qu'ils se refusent à croire, jusqu'à ce qu'ils voient le châtiment dou- loureux! [Koran, x, 88.) Et maintenant, si tu le veux, fais ce que tu dis. » Le prince lui fit enlever ses liens. Heureux
CHAPITRE CXIV. 53
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de se sentir libre, cet homme s'écria : « O Gabriel I » et en haussant la voix (comme s'il s'adressait au ciel) : « Envoyez qui vous voudrez, et qu'il n'y ait plus rien de commun entre vous et moi; un autre possède les biens de ce monde, et moi je n'ai rien! Il faut être un sot (littér. un proxénète) pour se charger de vos affaires. " On lui rendit la liberté, et il reçut en outre des secours.
« J'étais à une réception chez Mamoun , raconte Tomamah , lils d'Achras, lorsqu'on lui amena un homme qui se donnait pour Abraham, l'ami de Dieu. — « Je n'ai jamais entendu, s'écria Mamoun, une pareille insolence à l'adresse de Dieu. — Sire, lui dis-je, me permeltcz-vous de parler à cet homme.'' — .le le l'abandonne. — Tu sais, tlis-je au pré- tendu prophète, qu'Abraham (sur qui soit le salut!) attesta sa mission par des miracles. — Lesquels."^ — On alluma un grand feu dans lequel on le jeta et il y trouva la fraî- cheur et le bien-être [Koran, \\i. G;)). Nous allons al- lumer un bûcher et t'y p^écipite^; si le feu te traite comme il a trailé Abraham, nous croirons en loi et à les paroles.
54 LES PRAIRIES D'OR.
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— Demandez-moi des preuves plus faciles. — Eh bien, repris-je, les preuves fournies par Moïse. — Quelles sont- elles.3 — Il jeta son bâton, qui, se changeant en serpent, courut et dévora les stratagèmes (des magiciens, Koran, xx> 2 1 et 72); il frappa la .mer avec ce bâton et les flots s'écar- tèrent [ibid. XXVI, 63); enfin sa main devint toute blanche sans qu'il en souffrît [ihid. vers. 32). — C'est encore trop difficile, citez-moi quelque chose de plus commode.; — Les miracles de Jésus .^ — Quels sont ces miracles .3 — Il res- suscita les morts {ibid. m, 43 etpassim). » Notre homme ne me laissa pas continuer la série de ces miracles et s'écria : Laissez-moi donc tranquille avec les preuves de Jésus, puis- que j'apporte la grande catastrophe [ibid. lxxix, 34)- — Non, répliquai-je, il nous faut absolument des preuves. — Je n'ai rien de tout cela, dit-il; j'avais pourtant dit à Ga- briel : Puisque vous m'envoyez chez des démons, donnez- moi du moins quelque signe que je puisse emporter, sinon je ne bouge pas. Mais l'ange s'est fâché et m'a répondu: Tu emportes une catastrophe plus terrible que l'heure (du
CHAPITRE CXIV. 55
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jugement); pars toujours, et vois ce que ces geos-îà le répondront. » Mamoun se mit à rire et dit : « Voilà uq de ces prophètes comme il en faut aux heures d'amuse- ment. »
En Tannée 198, Mamoun dépouilla son frère Kaçem, fils de Récliid, de ses droits d'héritier présomptif. — En 199, Abou 'i-Seraya Sery (fds de Mansour), le Gbeïba- nite, se révolta en Irak, y forma un parti puissant et se réunit à Mohammed (fds d'Ibrahim, fils d'ismàïl, fils d'I- brahim, fils d'ElFIaçan, fils d'El-Haçan, fils d'Ali , fils d'A- bou Talib) surnommé /6/t Tabalaha. A Médine éclata la ré- volte de Mohammed (fils de Suleïman, fils de Daoud, iils d'El-Haçan, fils d'El-IIaçan , fils d'Ali). A Basrah, Ali (fils de Mohammed, fils de Djàfar, Ids de Mohammed, iîlsd'Ali, fils d'El-Haçan, fils d'Ali) et Zeid ((ils de Mouça, Iils de Djàfar, fils de Mohammed, fils d'Ali , (ils d'El-Huçein, fils d'Ali), s'insurgèrent et se rendirent niaîlies de cotte ville. Après la mort d'ibn Tabalaba, (|iii i;ut lieu en celle même aiinét;, Abou 'l-Seraya, qui s'était fait le promoteur de sa cause, pro-
56 LES PRAIRIES D'OR.
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clama à sa place Mohammed (lils c!«.^ Mohammed, fils de Yahia, fils de Zeïd, fils d'Ali, fils d'El-Hureïn, fils d'Ali). Enfin dans la même année 199, le Yémen fut soulevé par Ibrahim (fils de Mouça, fils de Djàfar, fils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'El-Haçàn, fils d'Ali). En 200 de l'hégire, sous le règne de Mamoun, la Mecque et le territoire du Hédjaz s'insurgèrent sous les ordres de Mohammed (fils de Djâfar, fils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'El-Huçeïn, fils d'Ali) , qui se proclama imajn. Les Sebtieh, qui sont une ra- mification des Chiites , embrassèrent sa cause et reconnurent son titre d'imam ; mais ils se séparèrent en plusieurs partis , les uns tenant à leurs croyances avec un zèle exagéré, les autres , plus modérés , suivant la doctrine des Imamites. C'est ce que nous avons expliqué dans nos Discours sur les prin- cipes des religions, et dans nos Annales historiques, ouvrage qui traite des peuples anciens, des races éteintes et des royaumes qui ont disparu ; voir la trentième section de ce livre consacré à l'hisfoin» des Abbassides (4 des manifestations
CHAPITRE CXIV. 57
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des Alides sous leur règne. On prétend que ce même Mo- hammed, fils de Djàfar, commença, au début de sa mani- l'estation , par embrasser la cause de Mohammed ( lils d'I- brahim j Ibn Tabataba, que soutenait Abou '1-Seraya; après la mort d'Ibn Tabataba, Mohammed se porta prétendant et et prit le titre de Prince des Croyants. Aucun des descen- danls du Prophète (jui se levèrent pour la revendication du droit, avant ou apiès lui, ne ])orla ce tilre, excepté le sus- dit Mohammed, lils de Djàfar; sa beauté, le charme de sa personne et ses (pialités accomplies lui valurent le surnom de dihadjeh (brocart). Les événements ([ui se passèrent alors à la Mecque et dans le pays environnant le conduisirent chez Mamoun, qui se trouvait à Mervv, dans le Khora- çan; ce prince lui accorda l'amnistie et l'emmena avec lui. Quand ils arrivèrent à Djordjàn, Mohammed mourut et fut enterré dans celte ville. Nous avons donné les détails de sa mort, son histoire v.l celle de plusieurs autres Alides avec le récit de leur mort en difterentes contrées, dans notre
58 LES PRAIRIES D'OR.
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livre intitulé Jardins des intelligences ou Histoire de la fa- mille d'Ahou Talib.
Une autre manifestation eutlieuà Mécline,sousle règne de Mamoun, celle d'El-Huçeïn (fils d'El-Haçan, fils d'Ali, fils d'Ali, fils d'El-Huçeïn , fils d'Ali) , connu sous le nom d'Ibn el- Aftas. On croit qu'il travailla d'abord à la cause d'Ibn Taba- taba , mais , après la mort de ce dernier, il fit valoir ses propres droits et son titre cVimam. Il surprit la Mecque et se présenta devant les pèlerins qui étaient à Mina sous !a conduite de Daoud (fils d'Yça, fils de Mouça) le Hachémite; Daoud ayant pris la fuite, les pèlerins se dirigèrent vers Arafah et s'arrêtèrent à Mouzdelifah, n'ayant plus de chef issu de la maison d'Abbas. Ibn el-Aftas arriva au Mawkaf (station d'Arafah) pendant la nuit, et ensuite à Mouzdelifah. Comme les pèlerins n'avaient plus d'imam, il célébra la prière avec eux, se rendit ensuite à Mina, y accomplit la cérémonie du sacrifice, puis il entra à la Mecque et dépouilla la Kaabah de toutes ses tentures , à l'exception des voiles blancs de fa- brication égyptienne.
CHAPITRE CXIV. 59
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En Tannée 200 de l'hégire, Hamniad surnommé Kund- gouch (l'oreille dure) s'empara d'Abou '1-Seraya le Haché- mite et l'envoya à Haçan, fils de Sehl, qui le mit à mort et le fit pendre au gibet, sur le pont de Bagdad; nous avons raconté dans les Annales hisloriques les faits con- cernant Abou '1-Seraya, sa révolte, ses guerres, comment il tua Abdous (fils de Mohammed, fils d'Abou Khaled) avec plusieurs généraux d'origine persane, et comment il anéan- tit leur armée.
En la même année, Mamoun députa Ridja, fils d'Abou Dahhak et l'eunur[ue Yarir auprès d'Ali (fils de Mouça, fils de Djâfar, fils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'ElIIureïn, fils d'Ali), surnommé Rida, pour le conduire aiipiès de lui; ils escortèrent lîida en lui témoignant le plus giand resj)ect.
Mamoun ordonna, à la même époque, de faire le recen- sement des descendants d'Abbas, hommes et femmes, en- fants et vieillards; leur nombre s'éleva ii trente-trois mille âmes. Rida (Abou 'l-Hacan Ali, fils de Mou(ja) rejoignil Ma
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moun dans la vilie de Merw, où ce prince lui fit le meilleur accueil; ayant réuni les chefs principaux, il leur déclara qu'après avoir passé eu revue les descendants d'Abbas, fds d'Abd Mottalib et ceux d'Ali, fils d'Abou Talib, il n'avait pas trouvé parmi ses contemporains un homme plus dis- tingué et plus digne du pouvoir que Ali (fils de Mouça) Rida; en conséquence il le fit reconnaître comme son hé- ritier et fil graver son nom sur la monnaie d'or et d'argent. Il donna sa propre fille Oumm el-Fadl à Mohammed , fils de Rida; il interdit le noir sur les vêtements et les drapeaux et le remplaça par la couleur verte, là et partout ailleurs. Quand ces nouvelles parvinrent en Irak, les descendants d'Abbas en furent vivement émus, parce qu'ils se virent ainsi exclus du pouvoir. Le pèlerinage fat conduit, cette année là, d'ordre de Mamoun, par Ibrahim (fils de Mouça, fils de Djâfar) , frère de Rida. Tout ce qu'il y avait d'Abbas- sides à iiagdad, d'accord avec leurs anVancliis et leurs
CHAPITRE CXIV. 61
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créatures, prononcèrent la déchéance de Mamoun et prê- tèrent serment à Ibrahim, fils de Mehdi surnommé Ibii Chiklah, qu'ils élurent Khalife le jeudi 5 de moharrem 202 ou, selon d'autres, 2o3 de Thégire.
En 202 , Don '1-Riaseteïn Fadl, fils de Sehl , fut surpris et assassiné dans son bain , à Serakhs , ville du Khoraçân , (;t dans rhôtel même de Mamoun, pendant que ce prince se ren- dait en Irak. Mamoun parut très affecté de cet événement; il fil périr les meurtriers, puis il continua sa route. Ali Rida, fils de Mouca, mourut à Tous, d'une indigestion do raisin ; on prétend que ce fruit était empoisonné (Safcr 20v3) ; Mamoun récita la prière des funérailles. Uida mourut âgé de cinquante-trois ans, ou, d'après une autre version, de qua- rante-neuf ans et si\ mois; il était né à Médine en v53 de l'hégire. Mamoun lui avait donné en mariage sa fille Oumni- Mabib. de sorte (jue, des deux sœurs, l'une avait épousé Mo-
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hammed. fils de Rida, et l'autre le père de ce jeune homme, c'est-à-dire Ali Rida.
La domination d'Ibrahim, fils de Mehdi, fut pour Ragdad une ère de révolutions. Des gens perdus de vices, prenant le nom de volontaires, -se révoltèrent à la tête de la lie du peuple et de la valetaille. Lorsque Mamoun arriva dans le voisinage de la capitale, Ibrahim, fils de Mehdi, présida encore à la prière le jour des Sacrifices, et disparut le len- demain de cette fête (2o3 de l'hégire) ; le peuple proclama alors sa déchéance. En 2o4, Mamoun fit son entrée à Bag- dad, étant encore vêtu de vert; mais il quitta cette couleur et revint au noir lorsque Taher, fils d'El-Huçeïn, venant de Rakkah, le rejoignit à Ragdad. — Même année, famine en Orient; peste dans le Khoraçân et d'autres pays. Babek le Khorrémite se révolte dans la contrée de Reddeïn avec les disciples de Djavidân, fils de Chehrek; nous avons mentionné déjà cette contrée de Reddeïn, patrie de Rabek, qui fiiit partie de l' Azerbaïdjan, de l'Errân et du Reïlakàn,
CHAPITRE CXIV. 63
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clans un des chapitres précédents , celui où nous décrivons le Caucase, le Bab el-Abwab, et le fleuve Araxe, qui passe sous Beddeïn (voir t. II, p. 76 ).
Mamoun mit ses émissaires à la recherche d'Ibrahim, fds de Mehdi , dans la ville de Bagdad , où il le savait caché , et s'empara de sa personne, dans la nuit du dimanche 1 3 rebî I de l'an 207. Caché sous des vêtements de femme et escorté de deux suivantes, Ibrahim fut arrêté par un nègre de la police dans la rue nommée Derb laouil (Rue longue). Con- duit devant le Khalife, qui rapostroj)ha avec ironie, il lui adressa ces paroles : «Prince des Croyants, la peine du ta- lion donne le droit d'exercer les représailles, mais le pardon est plus voisin de la piété [Koran, 11, 2 38). L'homme, jouet de la fortune et plein d'une confiance aveugle dans les moyens de révolte qui s'oflrent à lui, se livre tout entier aux vicissitudes de la destinée. Dieu vous a mis au-dessus de tout ce qui est généreux, comme il a placé tout ciiminel au-dessous de moi; si vous me punissez, vous serez juste;
m LES PRAIRIES D'OR.
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si vous me pardonnez, vous serez grand. — Oui, cest le pardon que je choisis! « s'écria Mamoun , puis il prononça le iekbir et se prosterna pour prier.
Il voulut néanmoins qu'on laissât sur la poitrine d'Ibra- bim le grand fichu de femme dont il s'était couvert, pour que chacun pût voir dans quel accoutrement il avait été arrêté; il ordonna aussi qu'on exposât publiquement le pri- sonnier dans la salle des gardes; puis il le confia à la surveil- lance d'Ahmed, fils d'Abou Khaled; enfin, après quelques jours de détention , il lui rendit ses bonnes grâces.
Ibrahim l'en remercia dans une poésie dont voici un fragment :
Celui ( Dieu) qui fait le partage des vertus les a recueillies des flancs d'Adam pour en orner le septième imam (Mamoun, septième Khalife).
Celui qui réunira les hommes a réuni lous les cœurs autour de toi ; pos- séder ton amitié, c'est rassembler tous les biens.
Tu prodigues des vertus que le cœur le plus généreux pourrait à peine conlenir ;
Et tu absous un coupable que nul autre n'aurait absous , et pour lecjuel aucune voix n'intercédait.
CHAPITRE CXFV. 65
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Au mois de chàJsan 209, Mamoun descendit à Fem es- silh (canal au-dessus de Warit), pour (épouser Khadidjah (fille d'El-Haçan ben Sehl) surnommée Bouran. A cette oc- casion, Haran se signala par des largesses telles qu'aucun roi n'en avait jamais fait avant ou depuis la prédication de l'islam. En effet, il distribua aux membres de la famille hachémite, aux généraux, secrétaires et autres personnages marquants, des avelines de musc renfermant nn billet où se trouvaient inscrits des noms de terres ou d'esclaves, la désignation de chevaux, etc. Chacun ouvrait l'aveline qui lui était échue en partage, prenait connaissance du billet et y trouvait un lot plus ou moins riche, selon que le sort l'avait plus ou moins favorisé; il se présentait alors à l'agent préposé à la distribution et réclamait telle ferme située dans tel canton dépendant de Ici district, ou l'esclave une telle, avec tel surnom, ou bien un cheval désigné de telle et telle façon. Outre cela, on jeta au peuple des pièces d'or et d'ar- gent, des vessies de musc et des œufs d'ambre gris. On
VII.
è6 LES PRAIRIES D'OR.
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pourvut, pendant toute la durée de leur séjour, non seu- lement aux dépenses de Manioun , de ses généraux , de sa suite et des troupes qui raccompagnaient, mais aussi à l'entre- tien des moukres, des matelots, des portefaix, des valets et goujats, mercenaires ou autres, qui marchaient à la suite de l'armée. Pas un soldat n'eut à acheter sa nourriture ni le ("ourrage de ses bêtes. Pendant qu'il se disposait à remonter le Tigre pour rentrer dans sa capitale, Mamoun dit à Haçan : « Père de Mohammed , as-tu quelque demande à m'adresser? — Sire, répondit celui-ci , je vous prie de me conserver dans votre cœur la place que j'y occupe, car, si je la garde, c'est h vous seul que je le devrai; « le Khalife lui accorda le revenu du Fars et de la Susiane ])endant une année. Les poètes prodiguèrent leurs vers et les orateurs leur éloquence en l'honneur de ces noces. Parmi ces poésies de circonstance, une des plus ingénieuses est ce disti(pio d'Ibn Hazim Bahili :
CHAPITRF CXIV. 67
Que Dieu bénisse cette union en faveur de Haçan et de Bonran. FïIb de Haroun , tu triomphes, et de la fiH^de quel liomme!
Mamoun, lorsqu'on lui rapporta ces paroles, s'écria : «Je ne sais si je dois les prendre en lionne ou en mauvaise part. »
Ibrahim, fils de Mehdi , se présenta, un jour chez ce Kha- life, quekjnes temps après être tombé entre ses mains; Mamoun lui dit en désignant Moutaçcm son frère et Abbas son fils : « Voici ceux qui me conseillaient de te faire mourir. » Ibrahim répondit : « C'est ainsi (ju'ils devaient parler à un souverain, mais sacrifiez vos craintes à vos es- pérances; « et il ajouta ces vers :
Tu m'ns rendu mes biens sans te montrer avare envers moi, cl avant de me les rendre, lu as épargné ma vie;
Tu l'as épargnée sans exiger de compensation, et lu n>e l'as rendue deux fois, puisque tu m'as sauvé de la mort et de la misère.
Ton âme généreuse m'a facilité l'exense de mes fautes, cl lu ne m'as adressé ni un blâme ni un reprorlie.
68 LES PRAIRIES D'OR.
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Ton indulgence, plaidan^ ma cause devant toi-même, m'a servi de té- moin sincère et exempt de tout soupçon.
Les traits intéressants de la vie d'Ibrahim, ses poésies fetnarquables , ses aventures lorsqu'il se cachait à Sov\'aïkat Galib (un des quartiers) de Bagdad, ses pérégrinations pen- dant la nuit où il fut arrêté, tous ces détails se trouvent dans nos ouvrages déjà cités, dont le présent volume n'est que le complément et l'index. Youçoufben Ibrahim le se- crétaire, ami d'Ibrahim, fils de Mehdi , est l'auteur de plu- sieurs ouvrages, entre autres d'un livre intitulé Récits de mé- decins et de rois, concernant les aliments, les boissons, les vêtements, etc., d'un recueil d'anecdotes connu sous le titre de Livre d' Ibrahim , fils de Mehdi, et d'autres ouvrages.
Un des incidents les plus curieux tirés de l'Histoire d'Ibra- him, lorsqu'il errait incognito dans Bagdad , est son aventure avec le barbier. Mamoun, ([uand il entra dans cette ville, mit des émissaires à la poursuite d'Ibrahim, comme nous
CHAPITRE CXIV. G9
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l'avons déjà raconté dans ce même chapitre, et promit une riche récompense à qui indiquerait sa retraite. Laissons parler Ibrahim. « Je sortis, un jour d'été, à l'heure de midi, sans savoir où j'allais; je m'engageai dans une ruelle sans issue et remarquai un noir qui se tenait devant la porte d'une maison. J'allai droit à lui et lui demandai s'il pouvait nie loger dans un coin de sa demeure pour un moment. Il y consentit et me fit entrer; la salle était garnie de nattes et de coussins en ciu'r, tout cela élégant et propre. Puis il me laissa seul, ferma la porte sur moi et s'éloigna. Un soupçon me traversa l'esprit; cet homme savait que ma vie était mise à prix et il était allé me dénoncer. Pendant que je me livrais à ces tristes j)ensées, il rentra escorté d'un por- teur chargé d'une ample provision de pain cl de viande, cfun chaudron neuf avec ses accessoires, d'une jarre et de po- terie, le tout reluisant de propreté. « (Jue ma vie soit votre rançon ! me dit-il , je suis chirurgien el je sais la répugnance
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que vous inspire ma profession, disposez donc de ces objets; ma main n'y a pas touché.» La faim me pressait, je me levai et me préparai un ragoût tel que je ne me souviens pas d'en avoir mangé d'aussi bon. «Comment en usez^vous à l'ésrard du néhid? me 'demanda-t-il. — Je ne le déteste pas, >> répondis-je. Observant la même réserve que pour les aliments, il me présenta des objets d'une grande propreté, auxquels sa main n'avait jamais touché. Il me dit alors : «Puisse ma vie être la rançon de la vôtre! Voulez-vous me permettre de m'asseoir près de vous, et de boire à votre santé le néhid que j'apporterai?» J'y consentis. Après avoir vidé trois coupes, il ouvrit une armoire et en tira un luth. « Seigneur, me dit-il, il ne sied pas à un homme de ma con- dition de vous prier de chanter, mais votre bienveillance m'y donne f[uek(ues droits : si vous daignez y consentir, ce sera beaucouj) d'honneur pour votre esclave. — Comment sais-tu que je suis bon chanteur? » lui demandai-je. Il reprit d'un air étonné :« Diou tnut-puissani ! Votn» répulalion est trop
CHAPITRE CXIV. 71
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grande pour que je ne la connaisse point; vous êtes Ibrahim, fiis de Mehdi, et une récompense de cent mille dirhems est promise par Mamoun à qui vous dénoncera. » A ces mots je pris le luth et j'allais commencer lorstpi'il ajouta : « Seigneur, voucUiez-vous chanter d'abord le morceau que je choisirai? » Sur mou consentement, il ht choix de trois airs tlans lesquels je n'avais pas de rival. Je lui dis alors: « Que lu méconnaisses, je le veux bien, mais ces airs où as-tu appris à les connaître? — J'ai été, merépontht-il, au service d'Ishak, hls d'Ibrahim Moçouli, et je l'ai bien souvent oui parler des grands ar- tistes et des morceaux dans lescjuels ils excellaient; mais qui m'eût dit que je vous entendrais vous-même cl dans ma propre demeure? » Je chantai et demeurai en sa compagnie, lavi (le son caractère avenant. La nuit venui", j(î pris congé (le lui; j'avais eniporti'î avec moi une bourse pleine d'écus d'or, je la lui olliis pour subvenir à ses dépenses en lui pio- mellanl (pi'il l'eeevrnil n\\ jotir une lécotiqjeiise plus grande, «Chose étrange, me dit il, c'est moi (pii voidais vous offrir
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tout ce que je possède en vous conjurant de me faire l'honneur d'accepter, mais le respect seul m'a retenu. « Il refusa donc de rien recevoir de moi ; puis il sortit avec moi et me mit sur le chemin de l'endroit où je voulais aller; alors il s'éloigna et je ne l'ai jamais revu.*»
En 2o6 de l'hégire, sous le règne de Mamoun, mourut Yézid (fils de Haroun, fils de Zadan), originaire de Waçit, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. Il naquit en 117, et fiit un 7>im/j/a des Benou Soleïm; son père avait servi dans les cui- sines de Ziad ben Abihi (voir t. V, p. 20), d'Obcïd Allah, fils de Ziad, de Moçab, fils de Zobeïr , et de Haddjadj , fils de Youçouf. Ce Yézid passe pour un des plus grands et des plus éminents parmi les traditionnistes; il mourut dans la ville de Waçit en Irak. Dans la même année moururent Djerir (fils de Khozaïmah, fils de Hazim); — Cheïbah (fils de Sawar) de Médine; — le jurisconsulte Haddjadj (fils de Mo- hariiinod), surnommé le borgne; — Abd Allah de Médine (fils de Nali), surnommé Vorpvrc, mmvla îles Beiiou Makh
CHAPITRE CXIV. 73
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zoum; — Wehb, (fils de Djerir); — Mouemmel ((ils d'Is- maïl); — Rouh (fils cribadah); — El-Heïlhem (fils d'Adi), dont la gchiôalogie est douteuse, ce qui a fait dire à un poëte :
Si tu places un Aàï dans la famille des Benou Touai , écris dans la liste généalogique le àxà avant Xaîn. (c'est-à-dire au lieu de AH'i nonnne-lo ilùii, imposteur).
En 209 mourut Wakidi (Mohammed, fils d'Amr, fils de Wakid), mcnola de la lamille de liachem, auteur de livres de biograj)hie et d'ex pécfi lions militaires; son autorité comme traditîonniste est laible. Ibn Abi 'l-Azfiar lacontc le fait suivant d'ajHès Abou Sehler-Razi, ([ui le tenait des per- sonnes auxquelles Wakidi lui-même l'avait raconté en ces termes : «J'avais deux amis, dont l'un était (h^ la famille de IJachem, et nous ne formions, |)our ainsi tlire, qu'ime seule âme. Aux aj)proches de la fête (du Jiaïratn) , je me trouvais dans une gêne extrême; ma lemme me dit: « S'il ne s'agissait (pu; de nous, nous pomiions su()|)oiler la misère cl les privations, mais nos païuns cnlaiits! Ils me loiil
lli LES PRAIRIES D'OR.
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pitié et me déchirent le cœur; ils verront les enfants du voi- sinage parés et habillés de neuf pour leur fête, tandis qu ils conserveront, eux, leurs misérables guenilles. Ne pourrais- tu, par un expédient quelconque, trouver de quoi les ha- biller?» J'écrivis à mon ami le hachémite, et le priai de me venir en aide pour l'éventualité qui se présentait. 11 m'adressa aussitôt une bourse cachetée, en m'informant qu'elle contenait mille dirhems. J'avais à peine eu le temps de me reconnaître, lorsque je reçus de mon autre ami une lettre renfermant les mêmes doléances que celles f(ue je venais d'adresser à mon compagnon hachémite. Je lui envoyai la bourse telle qu'elle ui'était j)arvenue, et je nie i-endis à la mosquée où je passai la nuit, n'osant plus H)e présenter devant ma femme. Celle-ci, cependant, lorsque je rentrai, approuva ma conduite et ne me fît pas le moin- dre reproche. Nous en étions là, quand l'ami hachémite entra portant avec lui la bourse toujours dans le même état et me dit : « Avoue-moi franchement l'usage que lu as fait de ce que je t'ai envoyé, » J(> lui racontai la chose telle
CHAPITRE CXIV. 75
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qu'elle s'était passée, et il reprit en ces termes : « Au moment où ton message m'est parvenu^, je ne possédais au monde que la somme que je t'ai fait remettre; j'écrivis donc à notre ami commun pour le prier de me venir en aide et il m'envoya ma propre bourse encore scellée de mon anneau. » Nous fîmes alors trois parts et nous les partageâmes entre nous trois, après avoir, au préalable, mis de côté une somme de cent dirhems pour ma femme. Cependant le i)ruit de cette aventure était parvenu jusqu'à Mamoun; il me fit appeler et je dus la lui raconter de vive voi.v. 11 nous ac- corda une récompense de sept mille dinars, c'est-à<lire deux mille dinars pour chacun de nous et mille pour ma femme. » Wakidi mourut âgé de soixante et dix-sej)l ans.
En cette même année 209, Yahya (fds d'El-Huçeïn, lils de Zeid, fils d'Ali, fils d'El-Ilureïn) mourut à iîagdad, et Mamoun récita la prière des funérailles. Nous a\ons raconté son histoire dans nos ouvrages précédents.
Azhar surnommé Saniinan. (riiarcliand de beurnî) mourut aussi ct'tle année. 11 l'ut fanii tlWbou Djàl'ar Mansour, sous le règne des Omeyyades; ils voyagèrent cl recueillirent en-
76 LES PRAIRIES D'OR.
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semble la lradilion;Mansourlui témoignait beaucoup d'alTec- tion, et il passa de longues années dans son intimité. Quand Mansour devint Khalife , Samman vint de Basrah à la cour ; le prince lui demanda des nouvelles de sa femme et de ses fdles , qu'il connaissait par leurs noms, le reçut avec [distinction et lui accorda une gratification de quatre mille dirhems en lui recommandant toutefois de ne plus se présenter en sollici- teur. Quelque temps après, Samman reparut. « Ne t'ai-je pas recommandé , lui dit le Khalife , de ne pas venir auprès de moi pour solliciter? » — Je ne viens, répondit celui-ci, que pour vous saluer et renouer connaissance. — Je m'en tiens à ce que je t'ai dit, » répliqua Mansour. Et en lui faisant compter quatre mille dirhems, il ajouta : «Ne reviens plus ni pour saluer ni pour quémander. » Une année plus tard, Samman se présenta de nouveau chez le prince et lui dit : « Je ne viens pour l'une ni pour l'autre des raisons que vous m'avez interdites; mais, ayant appris que le Prince des Croyants était malade, j'ai voulu savoir de ses nouvelles. — Je crois bien, lépliqua Mansour, que c'est l'appât d'un présent qui
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t'attire; » et il lui donna une pareille somme de quatre mille dirhems. Une autre année s'écoula; la femme et les fdles de Sammam lui répétaient : « Le Prince est ton ami , retourne chez lui. — Malheureuses, répliquait celui-ci, que lui dirai-je donc? Je lui ai déjà avoué que j'étais venu pour solliciter sa générosité, pour le saluer, pour le visiter quand il élail malade, que lui dire, quelle raison alléguer maintenani?» Mais elles ne voulurent pas en démordre; le pauvre Cheïkh se rendit derechef chez Mansour et lui tint ce discours : « Je ne viens ni vous solliciter, ni vous saluer, ni savoir de vos nouvelles, mais uniquement recueillir de votre bouche un certain hadis émanant du Prophète, que nous avons ensem hle entendu enseigner en fel lieu par tel docteur; il renferme un de ces noms de Dieu qui font accueillir et exaucer la prière de celui qui le prononce. — Ne le recherche pas, s'é- cria Mans()ur,j'eii ai lait l'épreuve, il est inc^lïicace; depuis ([uo tu m'assièges de tes visites, je m'en sers pour demander l\ Dieu de ue pas te ramener chez moi, <'t poiirlant fu reviens toujours avec les élernels mois : saluer, prendre des iwiivelles.
78 LES PRAIRIES D'OR.
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visiter. « Ce disant, il lui fit encore donner quatre mille dir- heriis et ajouta: « Tu as mis tous mes expédients en défaut; reviens désormais quand bon te semblera. »
En 209, Mamoun se rendit en grand cortège à la prison, durant la nuit, pour faire mourir Ibn Aïchah; ce person- nage, issu d'Abbas, fils d'Abd el-Mottalib, se nommait Ibra- him (fils de Mohammed, fils d'Abd el-Wehhab, fils de l'i- mam Ibrahim, lequel était frère de Saffah et de Mànsour). En même temps que lui périrent Mohammed , fils d'Ibrahim V Africain^ et d'autres complices; Ibn Aïchah est le premier descendant d'Abbas qui ait été exposé au gibet depuis la venue de l'islam. En ordonnant son suppfice, Mamoun pro- nonça cette sentence du poète :
Le feu se cache dans les veines de la pierre, mais sous le choc du fer il jaillit et s'allume.
11 y avait à Bagdad un rejeton d'Abbas (fils d'Ali, fils d'Abou Talib), homme riche et opulent, apnt du crédit et de l'autorité, distingué par son esprit et son éloquence; il
CHAPITRE CXIV. 79
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se nommait Ahhas ( fiis d'Ei-Haçan Alewi). Moutarem, qui ne pouvait le souffrir à cause cFun dilTérend survenu entre eux, lit pc'nétror dans le cœur de Mamoun la convicùon que cet homme le détestait, lui et son gouvernement , et qu'il en voulait à sa vie. Or, durant cette même nuit, Abbas ren- contra le Khalile sur le pont (qui réunit les deux quartiers de Bagdad). — « Eh bien, lui dit le prince, ce que tu at- tendais (la révolle) est enhn arrivé! — Prince des Croyants, répondit Ahbas, que Dieu me préserve d'une telle pensée! Au contraire, je répétais cette parole du livre divin : Quelle raison avaient les habitants de Médine et les Arabes no- mades d'alentour ])our se séparer de TApotre et pour pré- férer leur existence à la sienne? {Koran, ix, i2i).»(xHte réponse fit un excellent efTel sur le Khalife, qui permit à son interlocuteur de l'accompagner juscju'à la prison. Après l'exécution d'Ibn Aïchah, Abbas demanda au prince la per- mission de lui adresser (juehfues paroles, cl, après l'avoir obtenue, il s'exprima ainsi : « Je vous conjure par le nom de Dieu d'épargner le sang humain; im roi, s'il s'accoutume à
80 LES PRAIRIES D'OR.
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le vci'scr, ne peut plus s'en assouvir et n'épargne aucun de ses sujets. « A quoi Mamoun répondit : « Si lu m'avais tenu ce langage avant que je fusse monté à cheval, je serais resté et le sang n'aurait pas coulé. » Et il lui fit donner trois cent mille dirhems. — NouS avons raconté, dans les Annales his- toriques, l'histoire d'Ibn Aïchah, du complot qu'il ourdit contre Mamoun et des autres faits qui le concernent.
En 211, Aboa Obeïdah Mâmer, fils de Motanna, qui pro- fessait les doctrines des Kharédjiles, mourut à Basrali pres- que centenaire; personne n'assista à ses funérailles et il fal- lut louer des porteurs pour transporter le cercueil, car, de son vivant, personne, parmi les grands ou le peuple , ne pou- vait le saluer sans être critiqué. Il a laissé de beaux ouvra- ges sur les Journées des Arabes et sur d'autres sujets. On lui doit aussi le livre intitulé Les blâmes, où il donne les généa- logies des Arabes, en démontre les altérations, et formule contre eux plusieurs accusations que la sagesse politique et les convenances ne permettent pas de mentionner. Le poêle
CHAIMTRK CXIV. 81
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Abou Nowas (Haçan, fils de Hani) 11c lui épargnait pas les traits satiriques; ainsi Abou Obeïdah avait coutume de s'as- seoir contre un pilier de la mosquée de Basrah; le poëte, profitant de son absence, écrivit sur ce pilier le distique suivant , oi^i le savant n'est pas ménagé :
Que Dieu bénisso Lot et tons ses sectateurs! Allons, Abou Obeïdah, prononce le mot amen;
Car, selon moi, depuis que la bnrbe a poussé, lu es leur digne rejeton, et te voilà plus que nonagénaire.
En venant prendre sa place contre \v. pilier oii il s'ados- sait, Abou Obeïdah aperçut l'inscription et s'écria : « C'est l'œuvre de cet effronté, de ce débauché qui a nom Abou Nowas. Qu'on cfiiice ces lignes, i)icn qu'elles renferni(>nl une bénédiction en l'honneur d'un prophète ! » •
En la même année :n 1 mourut le poëte Abou '1-Atahyah (Ismàïl, (ils de Karem), qui menait depuis longtemps une vie austère et avait revêtu le froc de bure. Nous avons ra- conté jirécédemmenl rpiciques épisodes cniiciix de ses raj)-
Ml. (1
82 LES PRAIRIES D'OR.
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ports avec le Khalife Réchid (cf. t. VI, p. 333); ajoutons-y cette anecdote. Réchid ordonna , un jour, qu on lui amenât le poëte avec défense de lui parler en route et de lui dire pourquoi on le faisait venir. Cependant un de ses compa- gnons parvint, pendant le trajet, à tracer sur le sable ces mots : «On ne t'appelle que pour te faire mourir; » Abou l-Atahyah improvisa ces vers :
Il se peut que tes craintes s'évanouissent et que tes vœux se réalisent bientôt;
Peut-être que ce qui te semblait aisé ne le sera pas et que les diffî- cuUés que tu redoutais s'aplaniront.
Il accompagnait Réchid dans un de ses pèlerinages; le Khalife mit pied à terre et marcha quelque temps, puis, se sentant fatigué, il proposa au poëte de se reposer à lombre d'une borne milliaire. Après s'être assis, il se tourna vers Abou '1-Atahyah et lui demanda quelques vers propres à ex- citer sa piété; celui-ci improvisa les suivants :
CHAPITKK CXIV. • 83
i «jLaJTî î<x_^ (J-. v_xLu Uy» IjcL wiJJi (jw^ U.»i>vS tiU^kS^
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J'admets que !a fortune te sourie, la mort ne doit -elle pas, un jour, te surprendre?
O toi qui recherclies les biens de ce monde, néglige-les pour l'occuper de les vrais intérêts.
Que ferais-tu de ces biens passagers, puisque romi)re d'iuic colonne te suHit?
Les faits intéressants de la vie d'Abou '1-Atahyah et bon nombre de ses vers sont cités dans nos ouvrages précédents; on y trouvera un choix de ses poésies tiré du divan oii elles sont classées par ordre de rimes; nous en avons donné aussi des fragments dans ce livre, en racontant l'histoire des Khalifes Abbassides (cf. t. VI, loc. laud. et p. 2/10; t. Il, p. 327); voici encore une belle pensée du mêm(! poète:
Ahmed, ignorant ce que j'éprouve, médisait : «Ton amour pour Olbah est-il sincère?»
Et je lui ai répondu en soupirant : «Oui , je l'aime d'un amour qui s'est infdlré goutte à goutte dans mes veines.»
Je voudrais que la mort mît un terme à mes fonrments, car, tant quo je vivrai , je serai le jouet de cette cruelle.
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84 LES PRAiUlES D'UP,.
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Mais, je le sens, je ne puis vivre longtemps; quand on souffre comme moi des angoisses de l'amour, on ne survit pas à ses souffrances.
Que tes soins le comptent dans l'autre vie et dis : « Dieu prenne en pitié notre ami que l'amour a tué! «
Je veux être son esclave, diissé-je (le ciel en soit loué!) ne jamais être son affranchi.
Citons encore parmi ses plus belles poésies le passage suivant :
Otbah, que se passe-t-il entre nous? Ah, puissé-je ne t'avoir jamais vue!
Je suis ton bien , accable-moi , à ton gré , de ton dédain , de tes rigueurs.
Je passe mes nuits dans l'insomnie, les yeus fixés sur la voûte étoiléc.
Etendu sur un lit de charbons ardents et enveloppé du haçek aux pointes aiguës.
Et cet autre fragment remarquable par la singularité de la rime et la beauté de la poésie :
Amis , je souffre d'un mal qui vous est étranger, car l'homme est exempt des souffrances d'aulrui.
CHAPITRE CXIV. 85
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L'amour me brûle comme le cbarbon du yadu (espèce de taniarix); mais malgré ses ardeurs, sa flamme ç«t douce au ctrur qu'elle ronsuuie.
L'amour a épuisé mon corps, mes os , ma vigueur, et dans ce corps dé- cbarné il ne reste que le souffle.
Il n'est pas une beauté qui ne fût ficrc d'inspirer une passion aussi sincère.
Celle que j'aime est loin de mes yeux, et sans elle il n'y a pour moi ni doux propos, ni plaisirs.
Je refuse à mes amis, à mes frères, ce qui me reste de tendresse pour le lui donner, et clic en a même le superflu (le poète joue sur le mot afr qui signifie aussi pardon). •
Voici un autre fragment, généralement admiré :
Plaignez mon cœur des dédains dont il est l'objet; quelle faute croyez- vous qu'on puisse lui reprocbcr?
Grand Dieu! qTiclIc injustice est la sienne depuis qtie je l'aime, et combien sa conduite est coupalile!
Je suis venu lavoir, mais elle n'a pas rempli ses promesses quand jetais près d'elle, cl n'en a tenu aucun compte.
Dieu sait combien de dettes elle avait coniracli'cs envers moi, qu elle n'a point payées à récliéaiuc.
86 LES PRAIRIES D'OU.
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Elle ne m'a accordé une promesse de bonheur que pour me reprendre lout ce qu'elle m'avait donné.
Quel bien, quel avantage peut-on espérer d'une coquette qui renverse le lait qu'elle vient de traire (-locution proverbiale)?
Dieu jugera entre moi et celte beauté injuste, puisqu'elle me refuse le bonheur que je sollicite d'elle.
Que lui importent les messages qu'elle m'adresse, les lettres qu'elle m'écrit?
Quand je brûle de la voir, Otbah s'y refuse et demeure insensible à mes désirs.
Aboù 1-Atahyah rachetait sa laideur par la grâce de ses manières, la douceur de son éloculion et la vivacité de ses sentiments. Une de ses plus charmantes jwésies est celle-ci :
Que d'autres ignorent la saveur de l'amour, je la connais, moi, de science certaine.
J'ai donné honnêtement ma tendresse et je vois qu'on m'en fait un crime.
Otbah , tu n'as laissé à mon corps ni sa chair ni ses os.
Otbah, ne crois pas que je m'aveugle sur ta conduite à mon égard, mais c'est l'amour qui m'aveugle.
CHAPITRE CXIV. 87
t-^î^^o -JLx.Ak(_j ^_)àJ^lci iij'iAj ^j.iûj «Xj<xi! dUi ^j-« /jojvJ^ii iS
Que celui qui ignore mes souffrances en lise les traces sui- mon visage.
Quelques-unes clo ses poésies sortent des mètres ordi- naires; tels sont ces vers :
Le Kadi n'a de soucis que pour un vers ])rovoqiianl , et, si on le blâme , il répond :
Le monde n'est peuplé que de pécheurs. Telle est Ve.rcusc du Kadi, mais retournez le mot (en changeant les points diacritiques, on a (fudr au lieu de azr, ruse au lieu d'excuse).
Le mètre est de quatre /iVou/i (huit longues à chaque hé- mistiche). D'a[)rès cfuelques personnes, les Arabes du désert n'ont jamais employé ce mètre, et il n'est cité ni par Khalil ni par d'aulres prosodistes. Certains poètes cependant ont ajouté au système métrique adojité pai- Khalil ])('n Ahmed; le méclid, par exem])le, qui se compose chc/. ccl aulcur de trois genres et d(!si\ espèc(>s, a reçu plus lard un (piatrième genre composé de deux espèces. ]>a première csijèce de ce quatrième genre, (|ui est de création plus moderne, se rc trouve dans le vers suivant :
88 LES PRAIRIES DOR.
f»\ — ^ 2s L- |._x_-fli -l_Â_j ii ^-*»x.J L»
(jlVjJt jUi^l UoIxj ^ ojSb) (j^ IL«Jv*jj xiUo^ (^ IJUjI <X5 l^
Pourquoi mes yeux privés de sommeil répandent -ils un déluge de )armes?(-->^ — ,_v_-v || _v — ,_aj^_t^).
Et la deuxième espèce du même genre dans ce vers :
Famille de Bekr, ne faiblissez pas, car ce n'est pas le moment de la faiblesse ( _■"--, ^-v^ — || _^ — ,^^ — ).
Ces additions au système métrique et d'autres du même genre traitées par différents auteurs ont déjà été i'oJjjet d'une mention particulière dans nos Annales historiques. Le secré- taire Abou U-Abbas Abd Allah (fds de Mohammed) en-Nachi , originaire d'Anbar, a composé contre Khalil ben Ahmed un livre sur la prosodie, où il traite de diverses questions dans lesquelles Khalil, sortant du système (primitif) des Arabes pour suivre ses vues personnelles et les arguments nécessaires à sa discussion, est arrivé à un résultat qui prouve contre lui-même et détruit ses propres assertions. Le même Nachi a laissé uu grand nombre de beaux vers, entre autres un
CHAPITRE CXIV. 89
S*X— ^i_5 iîOi_A_ib cjykj (Ji^\ \X3j\ ^J^ a<X_>.|j ïtS,x*ni l^À^ J^îj tj^ljm^ Jc^vJî^ fi^j"^] J<jb] lg,Ai j5\Xj i<j^Jua.M -XAJ^
poëme d'une seule pièce en quatre mille vers terminés par une seule et même rime en Jia, dans lequel il passe en revue les systèmes philosophiques et religieux , les sectes et les croyan- ces diverses; on a de cv. même écrivain plusieurs poésies et de vastes compositions relatives à dilTérentes sciences. Un des morceaux les plus réussis de ses poésies est celui-ci, qu'il c()m[)Osa lors de son dé|)art d'Irak jiour l'KgypIe ; il mou- rut dans cette dernière contrée en 298 de riiégire, comme nous ravons dit ailleurs :
0 demeures de nos amis, Irouvcrez-vous une voix pcin- cahnnr liudcui' dévoranle d'un absent?
Elles ne lY-poiiderit pas; mais dans leur silence quel ensei^nemcnl pro- fond pour ceux rpii les iiiterroi;('nl !
Ce désert horrible l'ut jadis animé et riant, celte solitude morne fut le séjour de ceux que nons aimons.
Longtemps nous y avons goûté les plus cliarmaiils plaisirs ; nos récits unissaient une veillée h l'autre;
Nous vidions gaiemcnl la ronpe nialinale, aux sons de la Unie it des cithares.
90 LES PRAIRIES D'OR.
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CA__jj,_j (j^_^Lii (_^^u^ t^^L) ^^xjU^ iJwii.5: ^i'i iiÀ.*« (î^ J, .«^îtX^JL w^î aK>î (jw« j_^«xJî <_aaa»J1 li {j*iUJi pj^'j^ wilii
Ali milieu des roses, des narcisses, de la lavande, de la violelle, de l'iris, du buphtlialmum,
Du parthénium el de loiites sortes de plantes, dont les blanches el sé- duisantes fleurs se mariaient à la fleur rouge du grenadier.
Puis, dans une heure d'insouciance et d'illusion, la destinée a détruit notre félicité parfaite ;
Elle nous a séparés après notre longue intimité et a dispersé nos de- meures, autrefois si voisines.
En 2 12 de Thégire, Mamoun fit proclamer par le héraut, que serait considéré comme anathème et exclu de la' com- munauté musulmane quiconque accompagnerait de quel- que formule pieuse le nom de Moâwiah , ou placerait ce prince au-dessus des compagnons du Prophète; quiconque déclarerait que certaines parties (seulement) du Koran sont créées , etc. On n'est pas d'accord sur les motifs qui lui ins- pirèrent cette mesure à l'égaixl de Moâwiah. Selon une des ver- sions qui ont couru sur ce sujet, elle eut pour origine une tra- dition qu'un des courtisans admis aux veillées cita au Khalife , sur l'autorité de Moutrif (fils rie Mogaïrah , fds de Chôbah)
CHAPITRE CXIV. 91
^^cJI cjIjuLsj^I c_>Ia5o 5'^ydi ^jLo j,jl^ ^JJ j^jl jA=^
Jv_**_-«lj aVaJ cijii *Lis- il ifJùe (j;\j Itf ^r-^-^^ aKxs j!5 *>s!_5 *(^>iJ A_j! o»~À.jLlij A-ftU»» ^j^JaJCjls l^x,* AJs?!^-» ■«'^-iiJ«^5 (j-^
le Takéfito, tradition qui est rapportée par Zobeïi-, fils de Bekkar dans son livre intitulé El-Mouwajfakyal , parce qu'il l'a dédié à son fils MouwalTak. Voici les paroles de Zobeïr : «D'après ce que m'a transmis Medaini, Moutrif (fils de Mo- gaïrah, fils de Gliùbah) racontait le fait suivant : J'accompa- gnais Mogaïrah , mon père, délégué auprès de Moâwiah ; mon père se rendait chez ce prince, conversait avec lui et, à son retour, il me parlait de lui, de son esprit et citait avec com- plaisance ce qu'il avait vu. Mais, un soir, il revint et refusa de souper. Frappé de sa tristesse, et croyant qu'elle était mo- tivée par ({uelque accident survenu parmi nousou dans noire gouvernemeni , j'attendis un peu, puis je me décidai à lui en demander l'explication : «Mon enfant, me répondit-il, je sors de chez l'homme le plus scélérat du monde. — Comment cela.^ — Profitant de ce que nous étions seuls, j'ai dit à Moâwiali : l'rincc des Cro\anls, |)uis(jiie vous êtes maintenant noire chef, p()iir(|iioi ne |)as manifester voire juslice et élendre vos hicnfails? Puisque vous êtes âgé, pour- quoi ne pas jeter vos regards sni- vos frères de Hachem el
92 LES PRAIlilES D'OU.
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*Xi^Awl c:.>!wo (jiw-^ (♦ç.J J^ i lî^ T r*^- f*^"^ ^^' y'j ^ tT-** il aMÎj) dU J ii î*x_£ft ^ Jjij J^ j^li ^i J_^j Jtx4^ ^j5 wol yi (iî viUi Aa«j j.A=i i «Xjû «V* II y_j"*Uî yî^ Uii lÀi:>
resserrer avec eux les liens du sang, car assurément vous n'avez plus rien à craindre de cette famille. — Doucement, doucement, mVt-il répondu; Thomme de la tribu de Teïm (Abou Bekr) est devenu roi, sa justice et ses actes sont connus; il n'en est pas moins mort et sa gloire avec lui; on dit rlfcou Bekr, et c'est tout. Son successeur, l'homme de la tribu de Adi, a fait du zèle et s'est épuisé en efforts pendant dix ans; par Dieu, lui aussi est mort, sa gloire est niorte avec lui et il ne reste que son nom d'Omar. Otman notre frère lui a succédé; certes il n'eut pas de rivaux, ni par sa noblesse, ni par la grandeur de ses actes; mais il est mort, et avec lui le souvenir de sa gloire et de ses grandes actions. En vain on crie cinq fois par jour en l'honneur du Haché- mité : « J'atteste que Mohammed est l'apôtre de Dieu ! » que reste- t-il de tout cela, bâtard? la tombe, rien que la tombe. » Ce serait donc après avoir entendu celte tradition que Ma- moun aurait fait la proclamation dont il est question ci- dessus. Des dépêches furent rédigées pour tout l'empire vouant h l'exécralion le nom de Moâwiah dans les prières
CHAPITRE CXIV. 93
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publiques (du vendredi) ; mais cet ordre provoqua le mécon- tentement et Tindignation de tous; déjà la populace com- mençait à s'agiter, et Mamoun, cédant au conseil qu'on lui donnait d'abandonner cette entreprise, dut renoncer aux projets qu'il méditait.
Sous son règne mourut Abou Arem Nebil, dont le nom est Dahliak (fils de Makhled, fds de Sinan Clieibani), en 2 12 de l'hégire. — Même année, mort de Mohammed (fds de Yourouf) Farabi. — Kn 2 15 . sous le même ivgne, mou- rurent : Ilawdaii (fds do Khalilali, fds d'Ahd Allah, (ils d'Abou Bikrah) , surnommé yl6ou 'l-Achhab; décédé à Bagdad . à l'âge de soixante et dix ans, il fut enterré près la Porte de Baradàn, dans le (piartier oriental de cette ville; - Mo- hammed (fds d'Abd Allah, fds de Moteniia, fils d'Abd Allah, fds d'Anas, (ils de Malek Ansari); - Ishak (fils de Tabbà), moil à Adanali sur la frontière syrienne; — Moâ- wiah (lils (rAiiii , smiionuué Ahon Anir; Kabicah f fils
94 LES PHAIHIES D'OR.
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d'Okbah), surnommé Ahou Amir, de la famille d'Amir ben Sâsâah.
En 217, Mamoun se rend en Egypte et y fait mourir Abdous, qui régnait despotiquement sur cette contrée. En 218, il conduit une expédition dans le pays des Grecs. Il avait entrepris la reconstruction de Tovvanah [Tvdva, au- jourd'hui Kilissèhirar) , ville grecque à l'entrée du défdé, sur la route de Tarsous. Il proposa une capitulation à toutes les places fortes des Grecs en les invitant à embrasser l'isla- misme, et leur laissa le choix entre la religion nouvelle, la capitation ou le sabre ; le christianisme fut abaissé et un très-grand nombre de Grecs se soumirent à la capitation.
Le Kadi Abou Mohammed Abd Allah (his d'Ahmed, fds de Zeïd), originaire de Damas, nous a raconté ce qui suit, dans cette même ville. Lorsque Mamoun (que Dieu ait son àme!) , poursuivant son expédition , vint camper sur le Bedi- doun (Podendon), un ambassadeur du roi de Byzance lui apporta \c message suivant: «Le roi vous propose ou de
CHVPITRK ex IV. / 95
rembourser tous les frais cfe guerre depuis que vous avez quitté votre pays jusqu'à votre arrivée daus cette contrée, ou de restituer, sans rançon ni payement d'aucune sorte , les prisonniers qui se trouvent internés en pays grec; ou bien de réparer et de remettre en bon état les pays musul- mans ravagés par les chrétiens, à la condition que vous met- trez fin à la guerre. » Mainoun se leva, entra dans sa tente, fit une prière de deux rakâl, et, après avoir consulté la volonté de Dieu , il revint et répondit à l'envoyé : « Dis à ton maître de ma part : Relativement à ton olTre de payei- les frais de la guerre, je me suis ra])pelé les paroles que Dieu, en son saint livre, place dans la bouche de Bilkis : «Je leur enverrai des présents , et j'attendrai la réponse de mes envoyés. » Lorsque l'envoyé de la reine se présenta chez Salomon, celui-ci lui dit : « Vous voulez donc augmenter mes trésors .^ Ce que Dieu m'a doimé vaut mieux que les biens qu'il vous a accordés; mais vous, vous mettez votre bonheur dans vos richesses. » [Koran, xxvii, 35-30). A ta proposition de ra- patrier toul prisonnier (niisulman interné chez lesCirecs, je
96 LES PRAIRIES D'OR.
JOj (^_Jfc»*i*^ ùJo Jo j.^xi> JjI A.}y& Ulj «J-W.I aMÎ dlj !^ aljv^^l^ »I»X_:^Î_5 oJU* Ld^t Jl=- i «yie c:^^ aî^L
fii-X\ x-*JL-«5 (;j^-«-îl t^ v-ÀijJ (j_j>ai^ (j^ aKa«^ ^f^y' (S''*'
iy*hÉL iyiSj 3UAi>^lî *rV!^^ *-«è>lAJj OjU-O^ H-***^ ^i" ^-^^^
réponds : Tu n'as en ton pouvoir que deux sortes de pri- sonniers : les uns ont corajjattu pour Dieu et pour leur salut , et ils ont atteint leur but; les autres, pour les biens de ce monde , et ils ne méritent pas' que Dieu brise leurs fers. Quant à ton offre de réparer les dégâts commis par les Grecs sur le territoire musulman, sache que, quand bien môme j'aurais arraché la dernière pierre de la dernière de tes for- teresses, je n'aurais pas encore assez vengé la pauvre femme qui , trébuchant sous le poids de ses chaînes , s'écriait : « O Mohammed , Mohammed ! » Retourne chez ton maître : entre moi et lui il n'y a plus que le sabre. Page, qu'on sonne le départ! » Et continuant sa marche, il ne s'en détourna plus avant d'avoir pris quatorze places fortes. C'est alors qu'il revint sur ses pas et campa sur la rivière Bedidoun, plus connue sous le nom de Kochamih, comme nous l'avons dit dans les pages précédentes (cf. ci -dessus, p. 1); il s'y ar- rêta en al tendant le retour des envoyés qu'il avait laissés dans les places fortes, et il campa sur les bords et à la
CHAPITRE CXIV. 97
source même de cette rivière. Captivé par cette eau fraîche, pure et limpide , par la beauté et la riante végétation du pays il fit couj^er et étendre au-dessus de la source de longues poutres, sur lesquelles on construisit une sorte de portique en planches et en feuillage, et il s'établit sous cet abri rus- tique au-dessous duquel coulait la source. On y jeta une belle pièce d'argent, et on put en lire la légende au fond de la rivière tant l'eau était limpide; cette eau était si fraîche, que personne ne pouvait s'y baigner. Sur ces entrefaites ap- parut un poisson long d'une brasse et brillant comme un lingot d'argenl. Une prime fut promise à qui le rapporte- rait; un fcrrach (valet de pied) se liàtatle descendre, attrapa le poisson et remonta sur la berge; mais, comme il s'appro- chait de la rive ou de la cabane dans laquelle Manioun était assis, le poisson s'agita, glissa à tiaxcrs ses inains et retomba comme une pierre au fond de l.i sourc*-. LVau rejaillit sur la poitrine, le cou et les épaules du Kiialifc cl mouilla ses vête- ments. Le/i'/vv/t/t leflesccndil, rallrapa le poissou et le plaça tout frétilla ni dans une serviette devint le KlialiCe. Au nio-
98 LES PUAIIUES D'OU.
>wJ! .oj^i y^^ i^y*- yi^AÀ)! c:j^>^iji^ jJJij ç^j-kàXî Jl Jy>- jLjC_^i Lij IgJU s>■^^ JjUj (jJ-£ *^* j.-£û U AK*-i iXSj lyÀ^
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ment où il ordonnait de ie faire frire , Mamoun fut pris d'un frisson subit et ne put bouger de place; on eut beau l'envelopper de couvertures et de pelisses , il tremblait comme la feuille et criait : J'ai 'froid ! j'ai froid ! On l'emporta dans sa tente, on le couvrit de vêtements, on alluma un grand feu , mais il continuait à se plaindre du froid. Quand le poisson fut apprêté, on le lui apporta, mais il n'y goûta pas et ne put y toucher tant sa souffrance était grande. Son état empirant, Moutaçem (son frère) interrogea alors Bakhtiechou et Ibn Masaweïh sur la situation du malade, qui était déjà à l'agonie; il leur demanda ce que la science en concluait et si elle pouvait encore lui rendre la santé. Ibn Masaweïh prit une des mains du malade , Bakhtiechou l'autre , et ils lui tâtèrent le pouls en même temps : ses pulsations irrégulières annonçaient une fin prochaine. Leurs mains se collaientà sa peau par l'effet d'une sueur qui sortait de tout son corps et coulait comme un sirop ou la bave d'une vi-
CHAPITUE CXIV. '^ 99
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père. Moulaçem, instruit de cette circonstance, en demanda l'explication aux deux médecins; ils ne purent la lui donner, parce qu'ils ne Favaient trouvée dans aucun de leurs livres, mais ils déclarèrent qu'elle annonçait une prompte décompo- sition de l'organisme. En ce moment, Mamoun reprit con- naissance et sortit de sa torpeur; il ouvrit les yeux, fil appeler des gens du pays et les interrogea sur le nom de la source et de la localité. Des prisonniers et des guides auxquels on <lemanda ce ({ue signifiait le nom de cette rivière, qui est Kochaïrali, le traduisirent par « Etends tes pieds » (c'est-k-dire: Meurs). Le moribond s'émut de cette réponse et en connut de tristes pressenlinionls: il voulut ensuite comiaitre le nom aiahedu pays: on lui répondit qu'il s'ap[)elait y»V//i7.-rt/i (plage, terrain mou). Or l'horoscope tiré au moment de la naissance de Mamoun annonçait qu'il mourrait dans une localité de ce nom; voilà pourquoi ce prince évita toujours de résider dans la ville de Rakkali , craignant d'y trouver la mort. Quand
7-
100 LES PRAIRIES D'OR.
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il entendit la réponse que lui firent ces Grecs, il ne douta plus que ce ne fût le lieu même prédit par son horoscope. — D'après une autre version, c'est le mot Bedidoun, qui si- gnifierait « Étends tes pietls. >« Dieu sait mieux la vérité.
Il fit appeler ses médecins, espérant qu'ils le guériraient; mais, se sentant plus mal, il demanda qu'on le portât hors de sa tente, afin de promener ses regards sur son camp, et d'examiner encore une fois ses soldats et son royaume. C'était pendant la nuit. Quand sa vue plongea sur ces tentes, sur ces longues fdes de troupes, sur ces lumières qui bril- laient au loin; il s'écria : « Ô toi dont le règne ne finira pas, prends en pitié celui dont le règne va finir! » On le rapporta sur son lit. Moutaçem , voyant que son état s'aggravait , chargea quelqu'un de réciter à son oreille la profession de foi mu- sulmane; comme cet homme élevait la voix pour que Ma- moun répétât ses paroles, Ibn Masaweïh lui dit : "Ne crie donc pas, car en vérité il ne saurait maiiilciiani distinguer
CHAPITRE ex IV. 101
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entre son Dieu et Manès. » Le moribond otiviit ies yeux; ils étaient démesurément grands et brillaient d'un éclat extra- ordinaire; ses mains eberchèrent à saisir le médecin; il fit un eiïbrt pour lui parlei' et ne put y réussir; ses yeux se tournèrent vers le ciel et se remplirent de larmes; enfin , sa langue se déliant, il prononça ces mots : « O toi (jui ne meurs pas, prends en pitié celui qui va mourir!" et il expira aussitôt (jeudi, treizième jour avant la fin de redjeb 218). Son corj)s lut transj)orté à Tarsous et inbunK- dans cette ville, conmie nous Favonsditau commencementducbapitre. Les beaux traits de l'histoire et de la biographie de \Ia- nioun, ses conlerences, ses poésies remarcpiables, ses belles (|ualités se trouvant rapportés en détail dans nos ouvrages précédents, nous n'avons pas à y revenir ici. C'est à lui cjue se rapportent les vers suivants d'Vbou 8àïd Makii/.ounii :
F,st-cc que tu ,13 vu Ifs astres protéger Maiiioiiii et sa royaul(^ si solide- ment étahlie?
102 LES PRAIRIES D'OR.
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Non, i)s l'ont abandonné entre les deux places de Tarsous, comme ils avaient abandonné son père à Tous (Mechhed, sépulture de Réchid).
Mamoun répétait fréquemment ces vers :
Quand les disgrâces delà fortune s'acbarnent contre l'homme, le jour vient où elles le renversent.
Elles peuvent le manquer une fois, mais elles ne tardent pas à réparer leur faute ;
Et tandis qu'il se détourne pour éviter leur atteinte, elles le prévien- nent et l'accablent avant qu'il ait pu s'y soustraire.
CHAPITRE CXV.
KIIALIFAT DE MODTAÇEM.
11 fut proclamé le jour même où Mamoun mourait près de la rivière Bedidoun, c'esl-à-dire le jeudi, treizième jour avant la fin de redjeb 218; son nom était Mohammed (fds de Haroun er-Réchid) et son surnom Ahoa Ishak. Un dissen- timent, dont le trône était l'objet, s'éleva d'abord entre lui et Abbas, fils de Mamoun; mais son compétiteur finit par
(JIAIMTUE G XV. lOa
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o^-À-j «:>jU L^J Jl-«L_> A_x»lj ^j^^.;!:^ iiÀAM ^^"5^^ (jLc <j-« j!->*o i»J5 cj^-^^^ iwiiw* f'***^ x*.wi ^_j«> «J^i (J>^j fc^AA»; iLÀ-u( c:5^J«J;lJ <— a-a»» ^i ^^ (j%JoU^ ^jjyitS-^ ^<^ x^ ^^Ij
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lui prêter serment. Moutaçem, à son avènement, était âgé de trente-huit ans et deux mois; sa mère se nommait Mari- dah, fdic de Chébib. Quelques-uns placent son avènement au trône en l'année 219. Il mourut à Sorra-men-râ, en 227, âgé de quarante-six ans et dix mois, après un règne de huit années et'huit mois. Son tombeau est dans le djausak (pa- lais ou pavillon) de cetlo même ville.
IIÉSUMÉ DE SON UiSTOHlE I:T DE SA VIE ; APEllÇU DES ÉVÉNEMENTS DE CETTE ÉPOQUE.
Moulaçem, malgré Tinfluence que Ahmed ((ils dWhou Douad), le juge , exerçait sur son esprit, conserva son vizir Mohammed (Hls d'Abd el-Mélik) Zcvj«ï jusqu'à la fin de son règne. Ce Mohanmied remplit ses fonctions de ministre, non-seulement sous le règne de Moutaçem, mais encore sous son successeur le Khalife W'alik, cl jusqu'à lavcne- nu'iit (!<• Mulcwckkil, l((|ucl , satislaisanl an rcss«'nlinicMf
104 LES PRAIRIES D OR.
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qu'il avait conçu contre lui, le fit mourir. Nous toucherons quelques mots de ce meurtre, plus loin, au chapitre de Motewekkil , sans préjudice du résumé que nous avons donné déjà dans l'Histoire Moyenne.
Moutaçem favorisa l'agriculture: « Cet art, disait-il, ren- lerme de nombreux avantages : en premier lieu, c'est l'a- griculture qui féconde la terre, mère nourricière du genre humain; c'est elle qui permet le prélèvement du kharadj (impôt foncier); elle développe la richesse publique; elle nourrit les animaux domestiques, abaisse le prix des den- rées, augmente les sources du commerce et accroît le bien- être. » Aussi disait-il à son vizir Mohammed ben Abd el-Mélik : «Quand tu trouveras une terre qui, pour une dépense de dix dirhems , me donnera au bout d'un an un rendement de onze dirhems, il est inutile que tu prennes mes ordres à cet égard. » Ce prince était doué d'une vigueur, d'une force corporelle peu comimunes, et d'une grande énergie morale. Voici ce que raconte Ahmed (fils d'Abou Douad), qui fut un de ses favoris : « A l'époque où Moutaçem cessa de raé-
CHAPITRE CXV. 105
«^Jv.itf'! (j*/jJ5 iXl '.^'3 wsAOjJU S^L^I^ dl.«w.Jt j^il ^i*^ oi-la-A_j ijy^\ jjSS i ^jfe'^ l^jLk^j^ liûiiî ji-^j" ^^-^^î *i ^^Liîlifc. Ljuîi ^^aXc ci^^ji iii [«^j^^i jUai jj^*i^ ^^jLXjj sijs^
nager sa santé et ses forces, je me présentai un jour chez lui et le trouvai avec (son médecin) Ibn Masaweïli; le kha- life sortit un moment, après m'avoir recommandé de ne pas m'éloigner jusqu'à son retour. •• Mon cher, dis-je à Yahya ibn Masavveïh , il me semble que le Prince (.les Croyants a les traits altérés; ses forces baissent, sa vivacité diminue. Comment le trouves-tu toi-ménie? — Certes, répliqua le médecin, le prince est solide comme une barre de fer, mais il a dans les mains une hache dont il Irappe sans cesse cette barre, — Comment cela? lui demandai-jc — il reprit : « .Vuparavanl il ne mangeait du poisson qu'on l'assaisonnant d'une sauce faite de vinaigre, de carvi, de cumin, de rue, de céleri, de moutarde et de noix; or, en faisant usage de cette sauce, il évitait les inconvénients de la chair de poisson et les dangers auxquels elle expose le système nerveux. S'il se faisait servir des léles (de mouton on de btruf), il les arrosait aussi de sauces qui rendaient cette nourriture inof- feusivc; el plus légèie; euliii, en loule circouslance, il se ménagf'ail au\ repas cl 1110 (onsuil.iil IV/'cpieinuit'iil. Mais
10() LES PRAIRIES D'OR.
L, siX_A_j3 cuAiii AA3 0.^ U j^jh*.j vA-*«*]i ^^jLAà. A.Aa.Axil^ Je [àAs. ^fS- if^"!^ (j^ cjj l-fc^ o^i»- i ^■A^ t4)-^^' ^j *^'
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aujourd'hui, dès que je lui défends quelque mets, il me désobéit et dit : J'en mangerai au nez et à la barbe d'Ibn Masaweïli! Que puis-je faire à cela? r. Le narrateur ajoute : « Moutaçem, caché derrière le rideau, nous écoutait. — Je répondis au médecin : « Eli bien, Abou Yahya, il faut lui faire violence. — Que ma vie soit la rançon de la tienne, reprit celui-ci, je ne peux le contredire et je n'ose lui tenir tête. » Il achevait à peine de parler que le Khalife se présen- tait devant nous et me disait : « De quoi parlais-tu avec Ibn Masaweïh? — Prince des Croyants, je discutais avec lui sur l'altération de votre visage et sur votre peu d'appétit, ce (jui me mine et me fait dépérir. — Et que t'a-t-il répondu? — 11 s'est plaint de ce qu'après avoir accepté ses conseils et suivi ses prescriptions dans votre régime, vous lui désobéis- sez maintenant. — Qu'as-tu répondu à cela? me demanda le Khalife. » J'essayai de détourner la conversation, mais il ajouta en riant : « Bien, mais est-ce après ou avant qu'd m'aura fait violence?» Une sueur froide me parcourui le
CIIAPITKE CXV. 107
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corps; je compris qu'il avait surpris notre entretien; mais il remarqua mon trouble et me dit : « Ahmed, que Dieu te pardonne I Tu as pris gaiement ce que je croyais que fu n'apprendrais qu'avec tristesse ; mais je ne trouve dans tes paroles qu'une sorte de franchise et de lamiliarité. »
Moutaçem admettait dans son intimité Ali (fils de Djo- neid) Eskafi, homme étrange dans son extérieur, étrange dans ses discours, et doué de ce sans-gêne qui est particu lier aux habitants du Savvad. Un jour, le Khalife dit à Mo- hammed ((ils de Hammad) : « Va demain chez Ibn ei-Djo- neïd et dis-lui qu'il se prépare à voyager à coté de moi dans ma litière. » Mohammed se rendit cho/. celui-ci, lui lit con- naître les ordres du Prince et l'invita à se conformer aux conditions exigées de celui qui a l'honneur (récpiilibrcr la litière d'un khalife. "Quelles <;onditions.^ deinaiula Ibn el- Djoneïd. Dois-je me procurer une autre léte, acheter un(! fausse barbe, ajouter à ma taille? .h; suis tout prêt, cl phis qu'il ne faut. — Comment, lui dit son interlocuteur, tu ne connais |)as encore les conditions recpiises pour accouipa-
108 LES PRAIRIES D'OR.
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gner les Khalifes et voyager de pair avec eux? — Quelles sont-elles? reprit Ali, dis-moi ce que tu en sais. » Ibn Ham- mad, homme poli, élégant et chargé d'ailleurs des fonctions de chambellan, lui répondit en ces termes : « Voici quelles sont ces règles : il faut s'abstenir de pat 1er, de converser et de manger; on ne doit ni cracher, ni tousser, ni éructer, ni se moucher; il faut précéder le maître en montant et le laisser descendre le premier, de peur que la litière ne penche. Le compagnon de voyage qui néglige ces règles ne vaut pas mieux que le lest de plomb dont on se sert pour équilibrer le palanquin. Il ne doit pas s'abandonner au som- meil, même si son maître dort; il faut au contraire qu'il se tienne éveillé et observe les égards dus à son compagnon et les exigences de la place qu'il occupe à côté de lui, car s'ils dormaient en même temps et que la litière vînt à pen- cher soudain d'un côté, lu n'ignores pas l'accident qui pour- rail on résulter.» Ali (fds de Djoneïd) le regardait attenti- vemcnl; ennuyé des explications el du cérémonial déroulés
CHAPITHE CXV. 109
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iojjj-ii^ j*^ tiT^j^' J^^4^ ^-^-^ •^y*'j) yi Jli J^*ÀJ- 5Aj i^xS'jotjLj ^j ^^j ii JUi (Jl^i ^_jJciwj ^Ui.Ji ,j«L*..=>-
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par le chambellan, il rinterrompit et, se servant de lexcla- mation favorite des gens du Sawad, il s écria : « Ah harrha, va dire à ton maître que pour voyager avec lui, il faut être un bâtard et un cornardi » Ibn Hammad alla rapporter ces paroles au Khalife. Celui-ci se mit à rire, lit appeler Ibn el-Djoneid, et lui dit : « Eh quoi! Ali, je l'envoie cher- cher pour voyager à mes cotés, et tu refuses? » Ali répon- dit : « C'est que votre envoyé est un sot, un crétin, qui est venu me faire des propositions pareilles à celles de Djessas de Chach ou de khalaweïh le mime : ne crache pas, ne fais pas ceci, fais cela. » Et il se mit à gesticuler, à faire claquer SCS doigts (littéral, ses lettres sad, c'est-à-dire le médius et le pouce superposés et figurant cette lettre) , à remuer leS mains en ajoutant : «Ne tousse pas, n'éternue pas! » Non, tout cela ne me va pas et je n'en peu\ mais; si vous voulez que je voyage ii vos côtés, il^faut me permettre vents et pets de toute sorte, et vous en permettre tout autant à l'occasion, sinon nous \w ferons pas alV.iirc cnscnihle. " \jh dessus. Mou larcin éclala de rire t'ii Irépignaiil d'aise; après avoir donne
110 LES PUAIKIES D'Oi;.
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libre cours à son hilarité, il lui dit : « Soit, accompagne-moi à ces conditions. — Bien volontiers, >> répondit l'autre. Et il se plaça côte à côte avec le Khalife dans un palanquin chargé sur le dos d'un mulet. Au bout d'une heure de route, et tandis qu'ils traversaient la plaine : «Prince des Croyants, dit Ali, voilà la chose qui se prépare; qu'en dites-vous? — A ton aise, et quand tu voudras, répondit le prince. — Veuillez faire appeler Ibn Hammad. » Le khalife donna des ordres en conséquence. «Viens ici, dit Ali, j'ai un secret à te confier. » Ibn Hammad s'approcha, Ali ne se retint plus et lui tendant sa manche : « Je sens quelque chose qui se promène là-dedans, vois donc ce que c'est. >> Le cham- bellan y fourra sa tête, et suffoqué par une puanteur" into- lérable, il répondit : « Je ne vois rien, mais je ne savais pas qu'il y eût des latrines dans le fond de ta tunique. " Cepen- dant Moutaçem, se bouchant le nez avec sa manche, riait à gorge déployée; Ali, continuant ses bordées sans désem- parer, dit alors à Ibn Hammad : « Tu m'as recommandé de ne pas tousser, cracher, ni me moucher, je me suis gardé
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de le Taire; mais, à mon tour, je vais c. . . . sur toi. » El s' adressant à Moutacem qui, suffoqué par ces miasmes in- cessants, sortait la tête hors de la litière : ^f La marmite est cuite à point, lui dit-il, et je vais me satisfaire. » Moutacem ne pouvant plus y tenir, se mit à crier : <■ Page, qu'on me descende sur-le-champ, ou je meurs! »
Le même Ali, fds d'El-Djoneïd Eskafi se présenta un jour chez Moutacem; après lavoir plaisanté et avoir badiné a\ec lui pendant un moment, le Khalife lui dit : « Eh bien, Ali, pourquoi ne le voit-on plus? Mon cher, tu négliges tes amis, et tu oublies les devoirs de l'amitié. » Ali lui répondit: «Ce que je voulais vous dire, c'est vous qui me le dites; vous êtes donc le diable en personne.^ » Moutacem se mit à rire et lui demanda : « Pf)Mrf[uoi ne viens-tu plus chez moi? — Hélas, répliqua Ali, (pie de fois je suis venu sans pouvoir vous joindre! Vous êtes maintenant un grand personnage, on vous croirait de la (aniillc des Marcrnmah (c'est une fa- mille domiciliée dans le Sawad, dont l'orgueil est devenu proverbial chez les gens de ce pays). — Voilà Sindan le
112 LES PRAiniES D'OR.
^^iu^filj ^ wkiij». lil (ji«XÀ^ U *i Jlsj iij«X^ «*^'*J ^Uvi) (_^
c^A-XJC.-*) «X.Ï bi)i 0I cM^ ^i^!?'J buwwjl kiiÀAJj C^'^^ Ci^X*r>-
Turc , » lui dit le Khalife en désignant un page qui agitait un chasse-mouche au-dessus de sa tête; et, s'adressant à ce ])age: « Lorsque Ali se présentera, lui dit-il , tu me le feras savoir; s'il te confie un billet, tu me le feras parvenir; s'il te charge d'un message, tu m'en instruiras. — Oui, sire, » répondit le page. Ali s'éloigna. Quelques jours après, il revint et demanda Sindan; on lui répondit : " Il dort, » et il se relira. 11 revint à la charge , on lui dit : « Sindan est dans le harem, tu ne peux le voir. » Il revint encore; cette fois on lui dit que le page était auprès du Khalife. Ali parvint cependant à pénétrer chez Moutaçeni par une autre issue ; le Prince lui adressa quelques plaisanteries et réprimandes amicales, et lui dit ensuite : « As-tu une requête à me pré- senter?— Sire, répondit Ali, si vous voyez Sindan, saluez- h' de ma part. — Qu'y a-l-il donc? demanda le Khalife en riant. — Il y a que vous avez placé entre vous et moi un homme plus dilFicih; à voir que vous-même; or je suis im- patient d(> le rencontrer (ît je vous prie de lui transmettre mes salulalions. .. Moutacem céda a son hilarité; il aboucha
CHAPITHE GXV. 113
^ (jo'-j Sj~<i^ aLcIj»^ j ^^>-^ vXiî^ \Aj\j yîtXÀ^ (jv.j_j <wj
5vX_££. ^l_j'>_^_S- Js..«^j diOvj oJ*=- ^-ii-!S JUi cjJaJl (j^ ^l;y-Li vilUi ^) Jlji t.x^ (^j^ J->' t>-« a^Î e;<XJi dixJo^j
(ensuite Ali avec Sindan pour la seconde fois, et recommanda à ce dernier la plus grande déférence à son égard; aussi Ali eut-il désormais ses libres entrées chez le Khalife.
Moutaçem passait une fois par le quartier occidental de Sorra-men-rà; il pleuvailetil avait plu peudantla nuit [)ré- cédenle; le Prince s'était écarté de sou escorte, lorsqu'il aperçut un âne qui venait de glisser (sur le sol détrempé) et avait laissé tomber sa charge de broussailles, cVst-à-dire de ces broussailles épineuses dont on se sert en Irak pour allumer les fours. Son maître, un pauvre vieillard débile, .se tenait auprès, altendaul ([u'uu passant Taidàf à redressei- le baudet; iVIoularem s'arrêta et lui demanda ce qui lui était arrivé. — «Pardon, répondit cet homme, c'est mon àne (|ui vient de laisser tombei- sa charge, et j'attends c|ue quelqu'un m'aide à la relever. » Moutaçem mit [)ied à terre et il se disposait à tirer l'âne de l'ornière , quanrl le vieillard ajouta : « Puissé-je être voire rançon! est-ce pour ce baudel que vous allez salir vos vêlements el souiller les parfums qui s'en exhalent ? — Que t'importe? « lépondit le Prince. Kl. \ I I ■ .s
114 LES PHAIRIKS D'OR.
^uiJî c:*.4-S9 (jv.iaiî cj-* X=s'j.i^\^ a^Xis-ij *Kaj jU.iI J.^5>.|j ^^^' h^^^. J^x«i.Jl c^yi Oo_j ^^* w*.j^Aj_5 iSjJi JàÀj J^=?'_5
AjiL?jJ> *j j^J i.^-<*«4.i v^-^^' 'V j^'-^?^ (£•=*• ^*-* (j'^ («^^•^
descendant, il souleva Tanimal d'une seule main et le tira de Tornière boueuse. Le vieillard était stupéfait et regardait avec admiration le prince, qui venait d'en finir avec l'àne. Ensuile Moutacem, se serrant la taille avec les rênes de son cheval , se baissa vers la charge de broussailles qui étaient liées en deux bottes, les souleva et les replaça sur le dos de l'animal; puis il se dirigea vers un étang, s'y lava les mains et se remit en selle. Le vieillard sawadien le remercia et ajouta ces mots en langue nabatéenne : Che.qoiil (jarini tahoii- taka , ce qui signifie : « Puissé-jc être ta rançon, o jeune homme!» Les cavaliers de l'escorte venaient d'arriver; le Khalife dit alors à un de ses gardes: «Donne quatre mille dirhems à ce Gheïkh, et accompagne-le jusqu'à ce qu'il ait dépassé les postes de vedettes et qu'il ait regagné son vil- lage. »
En 2 19 de l'hégire moururent : Abou Noaïm Fadl (fils de Dokeïn), mawla de la famille de Talhah ben Obeïd Allah, décédé à Koufab ; — Bichr (fils df> (ivatl Merissi: — Abri
CHAPITRE CXV. 115
C:^-- t^ CJ-^ (J>-«*-^ (^ I^ (^? ^^ (:^' J~**^ C:^' t5*^ (^^ J, iÎJs_jLA.j (j-Ji^ ^^ t^i tj-« U^^"^ Lf*^ tiUi_j t-JUs j,l ^jk_*io^ >**^ CJ"^ 'S*'^ 5*X.i&- x^ (J^*>^^ ^^*"*^ ô.J^^ «r^*^
J^_5^^j«^t iUjLç^ (JïÂ*« %am> (jj\ ♦Xjt'j Uô^J) t5«»<_j-« (jJ '^
(jii Là-JLo^ U »*-«i (j^ bpi Wij Aa^ A><3X)fcli Jl iCij«Xil
Allai) (fils do Ritlja) Goudani. — Môme année, Moularem condamno Ahmed ben Hanbal à trente-huit coups de Fouet, pour le contraindre à considérer le koran comme créé. — Même année, mort de Moliammed ( fils d'Ali , fils de Monra, fils de Djùl'ar, fds de Mohammetl , fils d'Ali , fils d'El-Hureïn , fils d'Ali, fils d'Ahou Talib), le 5 de dou'l-hiddjeh 219. Il lut enterré ;i ]ia<j;dad , quarti(M- occidental, dans h' cimetière fies Koreïchites, auprès de son aïeul Mouca, fils de Djàfar, après que Watik eut récite la prière d(>s funéiailles; il moiMul àfréde vingt-cinq ans, et il n'avait (pie sept ans e( huit mois à la mort de son père Ali (fils de Mouca) Rida; mais il y a d'autres opinions à cet égard. On a prétendu aussi qu'il fui empoisonué par Ouinm el-EadI, fille de Ma- moun, lorsqu'elle le conduisit de Médine ii la cour de Monta- cem. Nous ne donnons ici ces détails que parce que les Ima- mifes ne s'accordeni pas sur l'âge qu'il avait au momeni d»- la mort de son père; nous avons réuni d'ailleurs les difïérente.s versions qui ont couis sur ce point |)armi les Cliyiles, connus
•S.
ll(, LES PRAIRIES D'OR.
t^-M^kJ ^^ ci^i» ^.^J v.^s-o_5.'î »^\-\^^ & ^j^^^ 'Xiûyi^ »:>Ux!i /jj|»5^ <_>i)j^»- ^ii.iUi^ *i c:AJl^i l-»«.J5 yUiliaJij jj/*.i»i^^_5 ^y»
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sous le nom de Katyiles, dans notre traité intitulé : Livre de In démonstration, touchant le nom des imams.
Durant la même année 2ig de Thégii-e, Moutacem me- naça la vie de Mohammed (fds de Kaçem, (ils d'Vli, fds d^Omar, fils d'Ali, fils d'El-Huçein, fils dVVli, fils d^Abou Talib. Que Dieu leur fasse miséricorde!) , qui vivait pieuse- ment à Koufah et se signalait par une austérité et une gra- vité de mœurs au-dessus de tout éloge. Sentant ses jours menacés, Mohammed s'enfuit dans le Khoraçân, dout il parcourut plusieurs districts, tels que Merw, Serakhs, Ta- lekàn et Nira; il y lit la guerre, y éprouva différentes aven- tures et vit sa qualité d'imam reconnue par de nombreux prosélytes. Enfin, livré à Moutacem par Abd Allah, fils de Tahor, il fut emprisonné dans un donjon construit au mi- lieu d'un jardin de Sorramen-râ. Ici les versions diffèrent sur le compl(^ de Mohammed , fils de Kaçem : selon les uns, il se- rait mori empoisonné; selon les autres, quelques-uns de ses part isans , venus de Talekàn , réussirent à pénétrer dans ce jar- din, on ils se firenl employer aux plantations et à la culture.
CHAIMTHE CXV. 117
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S'etant munis crccliellos de cordes et de feutres labricjués à Ta- lekàn et ayant percé le donjon, ils délivrèrent le prisonnier et s'enfuirent avec lui. On ignore jusqu'à ce jour ce qu'il est devenu; il a encore aujourd'hui, en 332 de Fliégire, de nombreux adhérents parmi les Zeïdites, qui |)rélendenl pour la plupart (ju'il n'est pas mort, mais qu'il vit nourri |)ar Dieu, qu'il ap|)araitia un jour et remplacera ici-bas le règne de l'iniquité par celui de la justice; en un mot, ils le considèrent comme le niehdi de la communauté musulmane. Le plus grand nondire de ces sectaires habitent dans le dis- trict de koufali, tians les montagnes du Tabarislàn et du Deïlem, et dans plusieurs districts du Khoracàn; leur croyance relativement à ce Mohammed ressend)le ;i celle des hérétiques Keicanites touchant Mohammed, lils de la Hané fitc et à la croyance des Wakililes lonchanl Mouea, fils de Djàfar; ces derniers sont distingués des autres sectes chyites par l'epithèti! de Mainloiurh. Dans notre livre intitulé Dis- cours iur [es principes des relifjions , nous avons exposé leurs
ILS LES PRAIRIES D'OR.
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doctrines; en outre, celles des sectaires exaltés nommés Spiritualistes, les opinions des Mahoinmedites et d'autres par- tisans de l'erreur qui croient à la transmigration des âmes dans le corps d'animaux et. d'autres corps sont mentionnées dans notre livre Du secret de la vie.
Moutaçem recherchait avec empressement les (esclaves) Turcs et les faisait acheter par ses affranchis; il réunit ainsi un(î troupe de quatre mille esclaves, qu'il habilla d'étoffes de brocart, de ceintures et d'ornements dorés, en les distin- guant par le costume du reste de son armée. Il affecta à son service un coips composé de soldats originaires des deux f/au/ d'Egypte, du Haufàn Yémen et de celui de kaïs, et l(\s appela les Maçjrébins; il équipa aussi des hommes venus du Khoraçàn, et en particulier de Ferganah et d'Achrou- snah. Ces Turcs i'ormèrent bientôt une armée nombreuse; ils molestaient la population (h' Bagdad, et lançaient leurs chevaux au galop au milieu des maichés, au grand préju- dice des inlii-nu's <'l des cMlanis. Les habilaiih en tirèreni
CHAPITKK CXV. • 119
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plus d'une lois vengeance et tuèrent plus d'un cavalier qui avait renversé une lemme, un vieillard, un enfant ou un aveugle. Moutacem prit alors la résolution de s'éloigner de sa ca])itale pour s'établir dans une vaste plaine. 11 campa d'abord à llaradàn, à quatre parasanges de Bagdad; mais ne trouvant ce pays ni assez salubre, ni assez vaste, il pour- suivit ses pérégrinations en explorant les diiVérentes locali- tés situées sur les bords du Tigre et au.\ alentours. Il arriva ainsi dans un pays nommé Kaloul , dont le climat lui con- vint; il y avait là un village habité par des Djarniaces ( tribu persane qui s'établit près de Moçoul dans les premières an- nées de l'islamisme) et par des iNabaléens, sur les bords du canal de Katoul, (pii est un des dérivés du Tigre; il y bàtil un cliàtcau, et bientôt les habitants de Ikigtlad, répondant k son appel, éuiigrèrent en masse auprès de lui, et lais- sèrent la capitale presque déserte. Ces! cette circonstance que rappelait un poète nomade dans une [)ièce où, repro- chant à Moutacem sa rléserlinn , il disait :
120 LES PRAIRIES D'OR.
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O loi qui habiles Katoul au milieu des Djarmaces , tu u'as laissé à Bag- dad que d'orgueilleux patrices.
Cependant les troupes qui avaient suivi le Khalife sout- iraient cruellement de la froide température de ce pays; le sol en était dur et peu propice aux travaux de construction ; un des soldats de sa suite a dit à ce px'opos :
On nous annonce que Katoul sera notre campement d'hiver; mais nous comptons sur l'intervention de Dieu, noire maître.
Les hommes tbrmenl entre eux maints projets ; mais chaque jour Dieu suscite quelque événement nouveau.
Découragés par les inconvénients de cette localité et par la difficulté d'y bâtir, Moutaçem s'en éloigna, et, continuant son exploration, arriva dans le pays de Samarra. Il y avait en cet endroit un vieux couvent chrétien; le Khalife demanda à fun des moines qui l'habitaient comment se nommait ce lieu. «' Samarrah, répondit celui ci. — Et que signifie ce nom? reprit le Khalife. — Nous le trouvons, dit le moine, dans nos anciens livres et dans les traditions du passé comme
CHAPITRE CXV. 121
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signiliaiit la ville de Sein, liis de Noé. — Quel est ce pays et de quelle province dépend-il? — 11 lait partie du Tabar- hào et en est une dépendance. » Moutarem examina la con- trée : de vastes plaines se déroulaient sous ses yeux, Tair y était saluhre cl le sol fertile. I''ra|)pé de ces avantages et de la douceur du elinial, il s'y arrêta pendant trois jours, (pi'il passa à lâchasse; il rernarcpia ([ue son appétit ('-lait plus \ il et qu'il mangeait plus que de coutume, ce (pi'il ne man([ua pas d'attribuer à l'influence (\y\ climat et a la salubrité du pays. 11 s'y plut; alois, faisant venir les gens du couvent, il acheta leur territoire au prix de quatre mille dinars; il flt choix tl'un emplacement pour y construire son château, et en jeta les foiulalions. (l'est le (piartier de Soira inen-rà, conim sous le nom de Weziryeh; de lîi le surnom de Weziri donné à nue (pialité de figue su[)érieure au\ autres par sa douceur, la finesse de sa pulpe et la petitesse de sa graine; ni les ligues de Syiie. ni celles d'Krradjàn et de Houlwàn ne peu\enl être compai'ees à cette ligue. I/édilice commen-
122 LES PUAIRIES D'OH.
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çail à s élever; il fit venir des maçons, des ouvriers et arti- sans de tout pays, et se procura des semis et des plantations de toute provenance. Il distribua aux Turcs des lois de ter- lains distincts, et leur tlonna pour voisins les soldats origi- naires de Ferganali, d'Achrousnali et du Khoraçàn, en tenant compte du voisinage respectif de leur contrée natale. Achinas le Turc et ses compagnons reçurent en fief le ter- ritoire nommé Kerkh-Saniaira; (juelques-uns des Ferganieos lurent établis dans le quartier nommé Omari el Djisr (le Pont). On traça le plan de la ville; on délimita les liefs, les ({uartiers et les rues; chaque métier, chaque branche de commerce eut son marché distinct. Chacun se mit à bâtir sa maison; de tous cotés s'élevèrent des conslruclions, des hô- tels et des châteaux solidement bâtis; le pays se couvrit de planlalions et de eanauv dérivés du Tigre et d'autres cours d'eau. Les populations, a|)prenant ([u'une ca[>iliile nou\elli' s'élexail, y accoururent eu Ibule, apportant avec elles les niarcliiindisL's de tout genre cl les appro\ isionnenicnls ini
-CHAPITRE C.W. 123
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menst's qui sont nécessaires à la vie de l'homme el des ani- maux. La vie devint abondante et facile; enfin, <,nàce aux bienfaits d'un gouvernement équitable pour tous, la prospé- rité et le bien-être se répandirent dans tout le pays. Le Kha- life Moutaçera commença les. tra\au\ dont nous venons de parler en 221 de fhégire.
La puissance de lîabek le Khonémite s'était accrue dans les provinces (fHrràn et de Beïlakàn ; ses troupes, formées de la plèbe du pays, s'étaient ré[)andues dans toutes les contrées voisines, où elles avaient cou[)é el mis en fuite l'armée légulière (du khalifal), massacré les chels et semé partout le caniage. VIoutaçem lit marcher contre le rebelle une nouvelle armée sous les ordres d'Alchîn. Après une série de combats acharnés, Babek se trouva bhxpié dans son propre ]Jays; alVaibli par la défection de ses trou[)es et par la mort de ses plus braves partisans, il s(î retrancha, au cœur de rErràn,dans la montaf^ne nommé Bcddein, qui était son pays natal, el qui, maintenant encore en WS'i de Ihe- i;iie, a conservé le nom de fuiys de liahek. Lorsqu'il connut
\2k LE8 PRAIRIES D'OR.
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sa situation et qu il vit l'étendue de son désastre, le rebelle quitta sa retraite et s'enfuit secrètement , n'emmenant avec lui que son frère, son harem, ses enfants et quelques officiers de sa suite, cachés sous des déguisements de voyageurs, de marchands et de conducteurs de caravane. Arrivés sur le territoire d'Arménie, dans les États de Sehl, fds de Sanpat, un des patrices arméniens, ils s'arrêtèrent sur les bords d'une rivière. Près de là un berger faisait paître son trou- peau; ils lui achetèrent un mouton et voulurent se procurer (juelques provisions à prix d'argent. Cet homme s'y refusa, et, sans perdre» un instant, il courut chez Sehl l'Arménien et l'instruisit de ce qui se passait en affirmant que l'inconnu élait certainement Babek.iOr, lorsque le rebelle^ prenant la fuite, était sorti de la montagne où il se cachait, Afchîn crai- gnit qu'il ne se fortiliàt dans quelque forteresse au milieu de ces montagnes inaccessibles, ou bien que, réunissant les populations de ces contrées, il ne formât une nouvelle lioupe, cl (pic, rassemblant les débris de son armée, il ne
CHAPITI'.K CXV. 125
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reconquît son ancienne puissance; c'est pourquoi il fil gar- der toutes les routes, noua des intelligences avec les patrices qui gouvernaient les places fortes et les principales localités de l'Arménie, de TAzerbaïdjàn , de TErràn et du Beïlakàn, et se les attacha par des promesses^ Dès que Sehl reçut les révélations du berger, il monta à cheval avec ([uehpies offi- ciers el une faible escorte. Arrivé dans le lieu où se troii- \ail Baix'k, il mit pied à terre, s'approcha de lui, le salua du litre de roi <'l lui dit : «Sire, venez dans le rhàteau qui vous appartient et où se trouveni vos partisans; Dieu vous olTre en ce lieu un abri contre vos ennemis. » Babek le sui- vit; lorscju'il iirrivu^dans ce château, le prince arménien le fit ass(;oir sur son trône, le combla d'honneurs et lui olVril sa [)r()[)re demeure, à lui (;t à ceux ([ui racc()m|)aj^naienl. On servit le; repas; comme iiehl prenait place à ses côtés, Bahek, avec sa rudesse et son orgueil ordinaires, et ne com- prenant ni sa situation, ni la gravité des circonstances, dit à son hôte : " Ksl-ce que tes pareils mangent à côté de moi?» Sehl se leva et répondit : « Siii", je suis en faute, el personne
19() LES PHAIUIES D'Oi;.
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n'a plus que vous le droit de se plaindre de son esclave, car mon rang ne m'autorise pas à m'asseoir à la table des rois.» Ensuite, faisant venir un forgeron, «Sire, dit-il à Babek, veuillez étendre les pieds. » Et il l'attacha avec de lourdes chaînes de fer. «Sehl, s'écria le prisonnier, c'était donc une trahison P — Fils de prostituée, répliqua l'Arnic- nien, tu n'es bon qu'à garder les vaches et les moutons; quel droit avais-tu de gouverner un royaume, de faire des lois et de commander une armée ? » 11 fit enchaîner tous les prisonniers et dépêcha sur-le-champ un message à Afchîn pour l'instruire de ces nouvelles et de la capture de son ennemi. Au reçu fie la dépêche, Afchîn l'envoya chercher par une troupe de quatre mille hommes sous les ordres d'un de ses lieutenants nommé Bouinadeh. Dès qu'on se fut emparé de Babek et de ses compagnons, on les conduisit à Afchîn; Sehl, (ils de Sanpat, les accompagnait. Afchin accueillit ce dernier avec une grande considération; il lui donna une robe friionneur, une couronne et uii chevnl, ([u'il mena
CHAPrrr.K cxv. 127
j^LàJI "^ ^Ji x^i\ JwAs^ Lt^ -solîu <iwii *-^a5^ *~»Ai;*i,!
^Ui^iii (Jl w^xii^i t^JÙiS'^ j^j^l\ \^j^ls\^ ^r^^ fi-^JJ-f:*^'^ J^^UJL 0«i^«ii J^>1'^ <J>i^ X]^«xJi Jl>;3 X»:^ C^vAj J^L
J^i.^ *Xï tesi^is. ^yj yl(5 y^^Oè vXÀ^i! ti)j^U o^xj alJs-tû! iCjùiis?' iijb ^o»-oj y^ii ^^^ ti^ji_5 j.:r^S_j j»-^-:^'^! ^Wrî'^w
lui-nrif^'me par la bride ; en outre, il Tcxempla de riiupôl ton cier. On enAoyaaii khalife des pigeons porteurs de lettres de victoire. La nouvelle lui accueillie par une explosion d'ac- tions de î^ràces; la joie. Ta llégresse éclatèrent partout; dvs dépêches firent connaître dans toutes les villes la ca|)lure du rebelle (pii a\ail détruit les armées du souverain. Enfin Afchîn, suivi de tontes ses troupes, arriva à Sorra-men rà avec son prisonnier (223 de l'hégire) ; il fut reçu parHaroun, fils de Moutaçeni, par les princes du sang cl les grands du royaume et cam|)a dans Katoul, à cinq parasanges de la capitale Sainarra (autre nom de Sorra-men-ià . On lui en- voya un éléphant gris, (pi'un roi de rinde avait iilVeit autre- fois à Mamoun. (!et animal , d'une faille colossale, était vêtu de l)rocarl vert et ronge et de din'ereules (''lollés de soie de couleurs variées; un(! chauK'lie hacirienne, de liaiiie (aille ci aussi richement parée, lacconipaguait. Al(lnn reçut aussi imv. (lourraoli ( robe ('chancrée pai' (le\anl' de brocart rouge brochée fl'or, dont le [)lasli()u était brodé de piei leries et
128 LIvS PHAIIU KS D'OIV
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de joyaux; une seconde robe d'une valeur moindre; un bon- net haut de forme, semblable au burnous, avec des franges multicolores et enrichi de toutes sortes de perles et de pierres précieuses. On revêtit Babek de la plus riche des deux robes; l'autre fut donnée à son frère; on couvrit la tête de Babek d'un bonnet [kalansoiiah] , et un autre tout semblable fut placé sur la tête de son frère. On fit avancer, en même temps que la chamelle destinée à celui-ci, l'éléphant qui devait porter Babek; il ne put dissimuler son étonnement et demanda ce que c'était que ce monstre gigantesque. Il adniira la beauté de la dourraah et dit : « C'est une marque de la munificence d'un grand et puissant monarque envers un prisonnier dé- chu de son pouvoir, trahi par le destin, abandonné delà fortune , foulé aux pieds par l'adversité et dont la prospérité a élé suivie d'une grande disgrâce. » L'armée fut mise sur deux nies, cavalerie et infanterie, avec armes et armures, drapeaux cl bannières déployés, s'étendanf sur une seule ligne lion inlerrompue de Kaloid à Samarra. Babek, suivi
CHAPITRE CXV. 131
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çàn et promenée dans les villes et les districts de cette con- trée, aux yeux des populations encore impressionnées par les succès rapides de Babek , par sa puissance, le nombre de ses armées, et qui le croyaient prêt à détruire la royauté, à renverser et révolutionner la nation tout entière. Abd Allab, son frère, fut conduit à Bagdad, dont le gouverneur Ishak. fds (Tlbraliim, lui infligea le su])plice c[ue RabeL avait subi àSorra-nicn-rà. I.e cadavre de Babek resta attaché à un long ffibet construit an milieu des dernières maisons de Sor- ra-men-rà; remplacement conserve encore aujounrhui le nom de (Mhel de Bahek, quoique la ville ell(>-niénie soit presque déserte et abandonnée arluellemenl, à l'exception (fun seid quartier, qui a conservé (|uel(iues liabilanls. Après Icxécution de Babek et de son frère, à la suite des .événe- ments que nous venons de laeonler, les orateurs célébrèrenl (U'tle victoire en |)résence cle Monlaeeni, et les poètes la chan- tèrent à Tenvi, Ce jour-là, Ibrahim, lils de Medhi, récila, en guise de hhothah , les \eis (|ni suivi-nl :
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132 LES PRAIRIES D'OR.
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Prince, des Croyants , redisons sans cesse : Louange à Dieu !
Ta victoire est accomplie, qui» Dieu ne cesse pas de combattre pour toi;
Et nuisses-tn toujours trouver en lui un auxiliaire contre tes ennemis!
Reçois les félicitations de Dieu pour ce triomphe éclatant,
Un triomphe tel que les hommes ne peuvent rien lui comparer.
Qu'El-Afchîn, le serviteur de Dieu, ait pour sa récompense bonheur et prospérité,
Car Babek lui a dû une journée funeste (allusion à Koraii, i.xxvi ,
.o).
Cet alTranchi dont tu as toujours éprouvé la force et la constance , Son sabre a enfin inondé de sans,^ un visasse que le bonlieur illuminait; Et le coup (pril a frappé attache au iront d'Arclûii une auréole éter- nelle.
Alchîn nvut une couronne cfor enrichie de pierres pré- cieuses et un diadème dont tous les joyaux, étaient des rubis et des cuici;iu(les enchâssés dans l'or; il fut décoré aussi de
CHAPITRE CXV. 133
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deux wichah (ceintures ou colliers de perles et de pierreries). Son fils Haçan obtint de Moutarem la main d'Outroudjah, fille d'Achinas : sa fiancée fut conduite chez lui en grand cor- tège; l'éclat et la magnificence de cette fête nuptiale dépas- sèrent toute limite. Celte jeune fille était célèbre par sa beauté et ses perfections; le soir même de ses noces, tandis que les grands personnages et beaucoup de gens de condi- tion inférieure prenaient part aux réjouissances, le Khalife chanta la beauté et les grâces des époux, et célébra leur union dans les vers que voici :
L'épouse est conduite ciiez son époux; tille <lc, priuee, elle va retrou- ver un prince.
Lequel des deux, je le voudrais savoir, Icniporle |)ar son rani; et sa ikubicssc?
Est-ce celui qui porte à son cùlé un sabre élinci-laul de pierreries, ou celle qui est parée d'une reiulnrr nia^nirKjne et de pla(|ues d'or ((|ui brillent comme le soleil)?
Dans cette lut'nie année '2'i.î, le roi ^icc l'Iiéophile, fils de Michel, se inelhini a la l<Me de son armée, ;i I.Hiuelle se
Vdli LES PRAIRIES D'OU.
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joignirent les rois des Borcljàn , des Bulgares , des Slaves et d'autres nations voisines, vint assiéger la ville de Zibatra (Sozopétra) , sur les frontières des Khazares , la prit d'assaut , tua la population ou la réduisit en esclavage, et attaqua ensuite la ville de Malatyalî (Mélitène). La terreur se ré- pandit partout, les mosquées et les maisons retentirent de cris de détresse. C'est alors qu'Ibrahim, fils de Medhi, se présentant devant le Khalife Moutaçem, lui récita une longue poésie, dans laquelle il décrivait ces désastres, et l'appelait au secours de ses sujets et à la guerre sainte. En voici un passage :
O Dieu jaloux, tu as vu tout cela, vcuge donc ces l'emmes et punis les forfaits dont elles sont victimes :
Il se peut (jue les hommes aient trouvé dans la mort le châtiment de leurs fautes, mais ([ue dire de leurs pauvres enfants , qui périssent égorgés?
Ibrahim est le piemier qtii ail employé, en poésie, l'ex- pression à Dieu jaloux. Moutaçem se mit aussitôt en cam- pagne <"! |)arlit vétii d'une dourraah en laine j)lanche ci
CHAPITRE GXV. > 135
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coilVé du lurban militaire; il vint camper sur la rive occiden- tale du Tigre, le lundi, 2 du mois djemadi premier, 2 23 de l'hégire. Les enseignes furent déployées sur le pont (de Bag- dad), et la levée en masse, avec ordre de rejoindre le Khalife, fut proclamée dans les grandes villes. De tous les points de fempire musulman accoururent les troupes régulières et les volontaires. L'avant-garde fut donnée à Achinas le Turc, suivi de Mohammed, hls d'Ibrahim; l'aile droite, à Itakh le Turc; l'aile gauche, à Djàlar (fils de Dinar) khayyat ; l'ar- rière-garde, à Boga l'ainé, suivi de Dinar, fds d'Alxl Allah, et le centre àOdjaïf. Le Khalife, passant parla frontière syrienne, entra parla passe de Selamah; Afclun, par la passe d'El-Iladét, et le reste de l'armée, par les autres pas- sages. Le chilï're de celte armée était immense, et il n'a pu ètie évalué avec certitude; les opinions varient en plus ou en moins: le calcul le plus élevé la porte à cinq cent mille li<»niiii('s, le cidcid !<• plus l'aiMc à (l<'ii\ ccnl unllf. Le loi
]-M\ LES PRAIRIES D'OR.
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de Byzance atlaqua Afchîn , mais il tïit repoussé et mis en fuite ; il perdit la plupart de ses patrices et ses principaux officiers, et ne dut !a vie qu'à la prolection d'un néo-chré- tien , nommé Noçaïr, aidé de quelques-uns de ses compa- gnons. D'ailleurs Afchîn négligea Tocca^iion qui s'offrit à lui, ce jour-là, de prendre son ennemi fugitif : «C'est un roi, dit-il, et les rois se doivent sauvegarder mutuellement.» Moutaçem s'empara de plusieurs places fortes, puis il assié- gea Ammouryah (Amoriuni) , dont Dieu lui ouvrit les portes. Un palrice noiinné Lawi (Léon) vint lui-même lui livrer cette place; Bâtis ( Aetius), patrice qui commandait en chef, fut lail prisonnier, et trente mille hommes furent égorgés. Moutarem livra la ville au pillage et à l'incendie pendani les quatre jours qu'il y demeura; il voulut ensuite marcher sur Gonstantinople, en occuper le canal (Dardanelles) et aviser aux moyens de prendre cette capitale par terre vt par mer; mais une nouvelle menaçante le força fie renoncer a ee projet : Ahhas, lils de Manioun, venait d'être salué Kha-
CHAPITRE CXV. K>7
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lile par un certain parti , et il entretenait une correspon- dance avec les Grecs. Moutaçem se hâta de revenir sur ses pas et fit emprisonner Al)has et ses partisans. Le fds de Ma- mouju mourut pendant celte même année. ^"^n 2-i5 de rhégire, le Maziar ll)n Karen ((ils de Bendar llormus?), clieCde la contrée montagneuse du Tabarislàn, lut conduit à Samaira. Ce ciiel", que Matnoun avait cond)lé de laveurs, se révolta sous le règne de Moulacem; liei- dn non)l)re de ses troupes et de leur Ibrce, il refusa d'obéir au Khalife, qui lui avait écrit de se rendre à sa cour. Mou- lacem chargea donc Abd Allah (fils de Taher) de le coni batlre, et Abd Allah lit marcher contre lui son oncle pa- lernel Hacan (fils de Huceïn, lils de Moçab). Ce général, parlant de Nicapour, pénétra juscpfà Sariali, ville du Taba rislàn, après avoir livré plusieurs batailles au Maziar; enliii, ayant été informé pai- ses espions (pie Mohammed, lils ilc Karen (tel était le nom du Maziar), ••lail allé à la chasse ;i\ec peu (!<• itiniidr , il le suipiil, falL-Kpi;! hai(lim«'iil cl \r
138 LES PRAIRIES D'OR.
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lit prisonnier. Le Maziar, quand il fut amené à Samarra, dédara qu'il avait été poussé à la révolte et à la rébellion par Afchîn, dans l'intérêt de leur religion commune et de la croyance qui les attachait Tun et l'autre ayx doctrines du dualisme et du magisme. Afchîn avait été arrêté un jour avant l'arrivée du Maziar, sur la dénonciation de son secré- taire, un certain Sapour. Le Maziar mourut sous le fouet après avoir été promené par la ville , et son cadavre fut pendu à côté de celui de J3abek. Moutarem, auquel le Maziar promit des trésors s'il consentait à le laisser vivre , les refusa et dit ce vers en forme de sentence :
Les lions, Iiôles des fourrés épais, vciilcnl , an jour du combat, leur eiiiieuii mémo et non pas ses dépouilles.
Le gibet du Maziar s'était peu à peu incliné du colé du gibet de Babek, de sorte que les deux corps s'étaient rap- prochés; en outre, le cadavre de Bâtis (Aelius), patricc d'Ainoriiiin, accroché an même cniirnif, s'inclina veis les
CHAPITRE c:XV. KiO
deux autres cadavres, par suite d'une déviation de la po- tence; cette circonstance inspira les vers que voici à Abou Tanimam (Habib, fils d'Aws) :
Les angoisses de mon cœur onl cessé lorstiue. Bal)ck est devenu le voi- sin du Maziar
Et son second dans le vide; mais il n'eût pas été i(! second «([uand ils furent deux dans la caverne.» (Allusion à la fuite du Propll^te et d'Abou Bekr. Kuran , ix, /|0.)
On dirait qu'ils se penclient ensemble |iotu- recueillir uu secret de la bouciic do Bâtis (Aetius).
Afcbîn mourut dans sa prison , après avoir été confronté avec le Maziar, qui déposa contre lui; son cadavre fut en- suite pendu à fiab el-Amnich (Porte du peuple); des idoles qui, dit-on, lui avaient été envoyées furent jetées devant le cadavre, puis on y mil le (eu i^l lous ces vestiges périrent en même temps dans les llammes.
Kn -i-ii) (!«' riiégire nu>uriit \I)()U Dolaf ( Kacim, lils dTca) Adjeli, U' srïd (Ir sa famille, le cliefdr la lril>ii de Adjel et
140 LES PRAIRIES D'OR.
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(l autres branches nées de Rebyâh, poète distingué, guerrier dévoué au\ siens, funeste à ses ennemis; il disait de lui- même :
Au jour du combat, monté sur un cheval généreux, on nie voit inspi- rant l'épouvante au\ montagnes immobiles (c'est-k-dire aux chefs les plus vaillants),
Et au jour du plaisir, agitant une coupe de vin, tandis qu'une branche de myrte ombrage ma léte.
On raconte qu'il asséna un coup de lance si vigoureux à un cavalier, que le fer, traversant le corps de celui-ci, alla percer un autre cavalier placé derrière le premier et les tua tous les deux. Bekr, fds de Naltab, dit à ce sujet dans une de ses poésies :
On disait, lorsqu'au milieu de la mêlée il transpersa deux cavaliers d'un seul coup sans paraître fatigue :
« N'en soyez pas surpris; si sa lance était lonniic d'un mille, elle perce- rail les cavaliers sur tout son parcours. »
Yça, (ils d'Abou DnlaC, laconle que son Irère Dolal ,
CHAPITRE CVV. 141
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celui-là même qui valut à leur père le surnom d'Ahou Dolaf, haïssait et méprisait Ali, fils crAbou Talib, ainsi que ses partisans, qu'il traitait crignorants. Ce même Dolaf , étant un jour dans le salon de son père et en l'absence de celui- ei, tint le propos suivant : « Ces Chyiles prétendent que poui haïr Ali il laut être un bâtard; or vous savez si l'Kmir (il parlait de son propre père) estjaloux et s'il soufTre la moindre médisance sur le compte de son harem ; eh bien, je déclare que j'exècre Ali. » Ycj\ poursuit ainsi son récit : « Au même instant (notre père) Abou Dolaf se montra et nous nous le- vâmes devant lui. — >. J'ai entendu, nous dit-il, les paroles (le Dolaf, la tradition (dont il se raillait) ne peut être dé- mentie, et son autorité ne souffre aucune contradiction. Je jure que cet enfant est le fruit d'une union illégitime et im- [)ure. A|)prenez ([ue ma s(Eur m'envoya, pendani que j'étais malaile, une esclave poui hupielle j'avais de l'inclination; je ne ()us réprimei- mes désirs, (|uoi(pi'elle fut en élal de menstruation, el je la leudis mère de cel enfant. Plus tard, ma suiii me (il clou de celle escfne, lorsque sa grossesse de-
Ik2 LES PUAiniES D'OK.
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vint apparente. » L'inimitié, la haine fanatique cpie les pré- férences d'Abou Dolaf pour le chiisnie et son penchant pour Ali avaient inspirées à Dolaf, devinrent si véhémentes, qu'il alla jusqu'à maudire la mémoire de son père. Ce fait est affirmé par Mohammed (fils d'Ali), originaire du Kouhis- tàn, qui rapporte en ces termes le propre récit de Dolaf: <> Quand mon père mourut, je rêvai qu'un inconnu se pré- sentait devant moi et me disait : l'Emir t'appelle. Je le suivis ; il m'introduisit dans une maison déserte et d'un aspect dé- solé, il me fit gravir plusieurs marches ; puis il me conduisit dans une chambre haute dont les murailles portaient des traces de feu et dont le sol était jonché de cendres : un homme entièrement nu s'y tenait accroupi, la tête appuyée sur ses genoux. — «Dolaf? fit-il comme pour me demander mon nom. — Dolaf, » répondis-je. Il continua ainsi :
Si, une fois morts, nous élions oubliés, la mort serait le rrpos pour tout c(; qui a vécu;
Mais à la mort succèdo le jugement, et nous avons à répondre de toutes nos œuvres.
CHAPITRE C\V. Ili6
4<jjkiajJl ^LiûUJi (^»ijj—« (jj J5^ (*4À^ eAj»X=l t_>l^p| iiAXff._5
/j_j >»l-<w.— tt) kXjJfcji fcji_5 3>» i!^ (j>^ U^ ii*Xji.Aj J,lil wiwj • j^iU^i jLo (jj (<V^>^ C5^^^ V^P' "^■'^ C:?^ '^^ -^^Jf^j
Et il ajouta: « M'as-tu compris;' — Oui, répondis-je, et je m'éveillai. »
Sous le khalifat de Moutaçem, en 22/1 de l'hégire, mou- rurent plusieurs tradilionnistes et célèbres rapporteurs de hadis : Amr ( fils de Merzouk Baliili), originaire de Basrah;
— Âbou'lNôman Hazim (fils de Mohammed, fils de Fadl) Sadousi; — Ahou Eyyoub Suleïman (fils de Harb) Wa- chadji, originaire de Basrah, et tle la tribu d'Azd; — Sàïd (fils d'El-Hakem, fils d'Abou Miriam) , de Basrah ; — Ahmed (fils d'Abd Allah) Goudani; — Suleïman Chadekouni et Ali de Médinc. — En 927 de riiégire : r)iclir cl-IIafi (qui va pieds nus) , décédé à Bagdad ; il était originaire de Merw ;
— Abou'l-Wélid Hirham (fils d'Abd el-Mélik) Tayalesi , dé- cédé à Basrah, âgé de quatre vingt-treize ans; — Abd Allah (fils d'Abd el-Wehhab) Djomahi : — Ibrahim (fils de Yas- sar) Bcmadi. On place aussi à celte date la mort de Mo- hanmied (fils de Kelir) Abdi, mais la vérité est (pi'il mou- rut en 2 2 3.
lUli LES PUAIHIES D'OR.
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Le Khalife Moutaçem mourut dans son château nommé Khakani, sur le Tio;re, le jeudi i8 rébî premier, 227 de l'hégire, et, dit-on , dans la deuxième heure de la nuit ; il était âgé de quarante-huit ans, ou, selon d'autres, de quarante-six ans, comme nous l'avons indiqué au début de ce chapitre. Il naquit à Khould (résidence royale), à Bagdad, l'année ibo, dans le huitième mois de l'année; il fut le huitième Khalife (abbaside), le huitième descendant d'Ab- has, et laissa en mourant huit fils et huit fdles.
Le règne intéressant de Moutaçem , la part ([u'il prit à la conquête d'Amorium, les combats qu'il livra avant d'être nommé Khalife, à l'époque de ses missions en Syrie, eh Egypte, etc., la suite de son histoire après son avènement, les belles actions et les traits de vertu de ce prince racontés par Ahmed (fds d'Abou Douad) le .Tuge, et par Yakoub (fils d'ïshak) Kendi dans dinéienis passages de son traité
CHAPITHE C.WI. U5
cjIjcJÎÎ tj^_^ i b^JSi Uj ia-^jillj ^jUj^Ji jL.viwi UajIxS'
CXJ6 4^«>Ji j*^Jui li ^iii^ fjN>J^)yi C5^^**-* '^^'^i) <^^ ^\ <ÎOo5_5
<..:aAà. ^Ov_(U iiyJitJS- ^li^U ^j<»>jç«.à>. d.^ ^^^ ^AâAxii ii'tij '\^3 ^^ji .^-^3 J~^-?~^3 (:JV^^J (^■!iJ'**'^3 t^**** ^"^ J^^i î^"f CJ^
intitulé Roules des mérites, tous ces détails, en un mot, se li'ouvent dans nos Annales historiques et dans notre Histoire Moyenne,
Ce que nous avons raconté ici n'est (ju'un aperçu, un index de nos ouvrages précédents, tlestiné à réveiller l'at- tention sur des événements déjà anciens et doni le souvenir s'elTace. En Dieu est notre appui 1
CHAPITRE CXVI.
KIIAI.IFAT DR VVATIK-BILLAM .
Haroun (lils de MolianinK'd, lils de Haroun) VVatik-Billali était surnommé /l/;oa Djûjar; si\m.v\v, une esclave grecque, se nommait Karalis. Il fut salué Khalife le jour même de la mort de Moutaçem, le jeudi i8 réhî premier, 227 de l'hégire; il était âgé alors de tnîntf.'et un ans et neuf mois. Il mouiut à Samarra, à l'âge de Irente-sepl ans et six uiois, après un vu. 10
\liÙ LES PRAIRIES D'OR.
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y.^ -X-S'J -^-A-ji ''^Ajj-is i^-i^vKJlt j vil-^^j *^^^ ÎJsJuiU AavO
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règne de cinq ans, neuf mois et treize jours. Selon cFautres historiens, il mourut le mercredi 2k dou '1-hiddjeh 232, à l'âge de trente-quatre ans; son vizir était Mohammed (fds d'Abd el-Mélik), comme nous Tavons déjà dit dans le cha- pitre consacré àMoutarem; d'ailleurs les chroniques pré- sentent de notables différences en plus ou en moins, relati- vement à rage et au règne des Khalifes.
APERÇU DE SON HISTOIRK ET DE SA VIE; PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS HE SON RÈGNE.
Watik était grand mangeur et grand buveur, large dans ses bienfaits, plein de bienveillance pour sa famille et de sollicitude pour ses sujets. Il suivait, en matière de foi, les doctrines de son père et de son oncle relativement au libre arl)itre (cf. t. VI, p. 21). Entièrement dominé par Ahmed (fils d'Abou Douad) et par Mohammed (fils d'Abd el-Mélik) Zeyvat. il no signait aucun décrel sans les consulfei", et ne
CHAPITRE CXVI. 1^7
t.;jcA.XJ AjL«jX-»«*xii ^-S^»- (fc*-*AA»(i (jî cj>)l; J,[;--ci (^■fcAJ ^-*-* S***ji3 dL^^ ^J^i c:-*.Xi^li ^j (jw« Jiï c:AJi (^ cJ.L)-^^ '^
trouvait rien à redire à leurs décisions; en un mot, il les investit de toute l'autorité et leur abandonna le «i^ouverne- menl.
Le fait suivant est raconté par Abou Tammam (Habib, bis d'Aws) le Tayile, surnommé Djaçirni parce qu'il était né à Djarini, village aux environs de Damas, entre la province du Jourdain et celle de Damas. Cette localité, connue sous le nom de Khawlàn et de Djarim, est située à quelques milles de Djabyab et du territoire de Nawa, nommé « Pâtu- rages de Job.» Je me rendais à Samarra, raconte Abou Tammam, dans les premiers jours du règne de Walik; aux abords de cette ville, je rencontrai un Arabe du tb'sert, j eus ridée de l'interroger sur Tannée du Khalife et je lui deman- dai : « Arabe, (pielle est la tribu? — Les Henou Amir, ré- p(Mulil-il. — Que sais-tu de l'armée du Prince des Croyants? — Celui (pii connaît le monde le subjugue. •> (Sur le double sens de ce proverbe, voii- Mcïdani, t. Il, p. /jy, éd. houlak.) Je poursuivis : « Quelle es! Ion opinion sni le Prince des Croyants? — Il met sa conliance en Dieu et Dieu lui suffît:
lU.
us LES PRAIRIES D'OR.
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il a vaincu la révolte et brisé ses ennemis; juste envers ses sujets, il hait ceux qui font le mal. — Que penses-lu d'Ah- med, fils d'Abou Douad? — Un roc qu'on n'ose gravir, une montagne inaccessible. C'est en vain qu'on aiguise les poi- gnards, qu'on tend lacs et filets sur sa route; lorsqu'on le croit perdu , il s'élance avec l'impétuosité du loup ou .se glisse furtivement comme le lézard. — Que dis-tu de Mo- hammed (fils d'Abd el-Mélik) Zeyyat? — Sa méchanceté enveloppe le voisin, comme sa rigueur atteint l'absent; chaque jour tombe une de ses victimes, c{ue ni la dent ni la griffe n'ont déchirée. — Et Amr, fils de Feredj "^ — Un gros homme, vorace et qui aime la vue du sang; on le place en guise de bouclier dans la mêlée. — Quelle opi- nion as-tu de Fadl , fils de Merwan ? — Celui-là est un dé- terré; il ne compte plus parmi les vivants, et il est muet comme la tombe. — Et Abou '1-Wézir, qu'en dis-tu .'' — On le prendrait pour le fameux bélier des Zendiks. Voyez-vous, si le Khalife l'oublie, il mène vie joyeuse et planturouso;
CHAPITRE CXVl. 149
»j-.d> iiij ^3;^ f^y^^ siA^Â a\4I lii ^ji (^ ^i ou«?_^' ^Jl
Jli ^^iwi |i\-i^>~)i à Jyij U 0V.X3 jciuo iiSji |^;«Xi /fi'-fi^ ii^t
AJijj! tKs-j kiUi Jli ^L?^ (jj j^Vfi^i ^ Jyij U c:A.Xi »j*XA<a.ji-
s'il le pousse en avant, il trouve la pluie féconde et les gras pâturages. — Quelle opinion as-tu d'Ahmed , fils deKharib? — Pour celui-là, il mange comme un glouton et digère comme un malade (c'est-à-dire il reçoit beaucoup et donne peu).— Et son frère Iln-ahim? — Etres inanimés, cadavres sans vie, ils ne savent pas quand ils ressusciteront. « {Koran, XVI, 21, 22.) — Que dis-tu d'Ahmed, fils d'Ibrahim? — Que Dieu le récompense! Quel homme bon et palienl! il s'est fait de la patience un juanteau el de la générosité un vêtement intérieur.» Je bii demandai son avis touchant Suleïman, fils de Wehb. — «C'est riiorninc (bi gouverne- ment et la parure du Divan , -> répondit l'Aral)e. Je pour- suivis : "Que penses-tu de son fjère Haçan? — C'était nn rameau verdoyant planté dans le sol de la générosité; (piand il vs'est couvert de feuillage, ils l'ont coupé. — Quelle 0()i- nion as-tu d'Ibrahim, fils de Ribah? — (^est un homme fpie sa générosité ;i encbaîné et que sa bienfaisance a trahi, mais ses prières ne le hiduinnl pas, son Dieu ne le Irom pera pas cl !<• Klialilr, son inailre, ne sera point injuste
150 LES PUAIRIES D'OR.
I[m S\» ^i cO^ JLkJ! dXl^f S^ y^\ i j^ J5lï bt o^)-i
envers lui. — Que dis-tu de Nidjah, fils de Saiamah? — Que Dieu le récompense ! Gomme il sait poursuivre Tobjet de sa haine et atteindre sa vengeance! C'est une flamme qui brille. La familiarité que lui témoigne le Khalife a tari les bienfaits et déchaîné les vengeances. — Arabe, lui dis -je alors, où est ta demeure. >> je veux aller te voir. » 11 reprit : «Que Dieu te pardonne! de demeure, je n'en ai pas, je m'enveloppe de ma tunique, le jour, et de mon manteaii, la nuit; partout où le sommeil me surprend, je dors. — As-tu à te louer de ces troupes? — Je ne m'abaisse pas jus- qu'à solliciter leur générosité, je ne remercie pas ceux qui me donnent, je ne blâme point ceux qui me repoussent. N'as- tu pas entendu le poète de Tayi lorsqu'il disait :
Je ne Tais pas do différence (et rien ne vaut la franchise ) si tu souilles mon honn(!ur ou si lu verses mou sang.
— «C'est moi qui ai dit cela, ni'écriai-je. — Quoi, tu serais le |)oéte tayite? — Oui, vraiment. — Qu(> ton père soil au nombre des élus ! re[)rit-il ; alors tu es aussi raiileiu' de ce \ers ;
CHAPITUE GXVI. 151
^\< ^jlî pl:::^ ji ^^^-^ ^^-^ii jj.iI î*x^ »»x*j xkxs. ^\^
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'^A.r*U X«y ^U>-^ Jjo Ji JJi »iii U^^ Aii_>^i (>a*J
Les bienfaits de ta main, (et peu m'importe) ([u'elie soit généreuse ou avare, ne me consoleraient pas de l'injure que lu fais à mou honneur.
— « Cest moi, répondis-je. — Eh bien, répliqua TArabe, lu es le plus grand poète de Ion siècle. » Je le ramenai avec moi chez Ibn Al)i Douad, auquel je racontai cette aventure; ce ministre le présenta à Watik qui, non content de grati- fier cet homme de mille dinars, lui ht donner aussi, par ses secrétaires et ses olliciers, une somme ([ui l'enrichit lui (ît ses héritiers. » L'ancîcdotc [)récédente provient d'Abou Tamniam. Si elle est aulh('nli(|ue, et je ne la crois pas telle, elle l'ait honneur au talent descriplil" de TArahe ; si elle a été rabri(|uée par Abou Tamrnam et attribuée par lui a ce nomade, le style n'en est (|ue médioereinenl réussi et Ton pouvait attendre mieux de son laleul.
AbouTammam mourut à Moeoul, en ir^S de Thégire; il eut quelques écarts de conduite et un certain déréglenteni de jnœurs qui ramenèrent à négliger ses devoirs religieux, plutôt par Idinlinagc (pir |);ir incrédulité. — Abd Allah
152 LES PIUIRIES D'OR.
t^l ^^-^5 !^J_^ l^lxo t5i>^À* j«ljjlî (j«;lAj bij -UjC^jijI til jLtf> ^^ <XJCx>l*9 AÀ^ jj t^^aj'l U ^^ >„*ii| i^iy^ss-^ t::>l»,ÀA3.Jî c:>lïtl
y._C J^Afcs.ji^ iLSL*i>Jî Vluli^iaJl »*X^ X<i^)j fe!^*«.Jî ÀÀJtX^O
(1),. ••
(fils de Saad) , le Secrétaire, et Ibn Abi '1-Azhar ont reçu, du grammairien Mohammed (fils de Yézid) Moberred, le fait suivant raconté par Haçan (fils de Ridja). « Abou Tammam vint me trouver pendant mon séjour en Perse et demeura longtemps chez moi. Il me revint de différents côtés qu'il ne faisait pas la prière; je chargeai donc quelqu'un de l'ob- server et de le surveiller aux heures canoniques, et je trouvai que cette information était exacte. Comme je cen- surais sévèrement sa conduite, il me répondit : «Crois-tu qu'après être accouru de Bagdad jusque chez toi , après avoir supporté les fatigues de cette longue route, je néglige- rais quelques génuflexions faciles, si je croyais qu'une ré- compense est réservée à qui les accomplit et une peine à qui les néglige?» Je songeai à le tuer, ajoute le narrateur et je ne renonçai à ce projet que dans la crainte ([u'on ne rallril)uât à un autre mobile. » Moberred fait à ce propos les réilcxions suivantes : « C'(>s1 pourtant le inême poëte f|ui a (lit :
CHAPITRE C\VI. 153
o^a^ "ij-^ i C^ a.' i u*^'^ cK**^' ^*^^ (:^^^ '^j'* '*^^
(J^l] MjJàV) jUi! ^JÙ>*Njj SjU^ «r^^Jj ''U*»*^»- *À& ^^-v? !^ <!Uà Jlî t^^I Jjlii fi-\f^ (^^ Ail:rj"»^i»-J( 0^-^' (iT?^
De tous les hommes , le plus astreint au payement de sa dette est celui qui doit à Dieu.
« Quelle différence entre celte parole et le lait cité plus haut! Abou Tammain a donné naissance à deux partis dia- métralement opposés : Tun, celui de ses lanatiques, lui accorde plus rpril ne lui est di'i, lexalte au-dessus de son mérite, et estime sa poésie supérieure à toute autre. Le parti opposé dédaigne et repousse ce poëte, lui dénie tout mérite, critique ce qu'il y a de meilleur chez lui et bafoue les beaux endroits ])ar où il excelle et se dislingue. »
Abd Allah (fds d'El-Haçan, fils de Saad) a recueilli de Moberred le récit suivant. Moberred se trouvait dans le salon du Kadi Abou Ishak Ismàïl (lils (rishak) avec plusieurs personnages dont il cite les noms, et entre autres llareti, contre lequel Ali (filsdeDjehm) le Syrien a composé ce vers :
C'osl toujours jiour aiiiKinccr mir calnslroplir (|ii un vdil ap|>;irailr< ll.ircii ou une conii'lc ,
15a LES PHAIl\iE8 D'OU.
fj]j L^_/_j (;^*««-=»-5 AAj'lx^ -lljf jii <KAjI ^j\Â ^J\^ &jjt^^
j._x_^ ^j^ iij._s>-î a>X,A£>-j Rxjy.lô fj\xA)^ iiÀAjaJ cylr=»-L..sJ^Avl
vers cfune pièce très-connue. La conversation étant venue à tomber sur Abou Tammani et ses poésies, Hareti cita une plainte en vers fort remarquable de ce poëte; mais Moberred n'osa pas le prier de la redire ou de la lui dicter, par res- pect pour le Kadi. Il)n Saad (Abd Allah) poursuit ainsi sa narration : « J'appris à Moberred que je savais ces mêmes vers par cœur, et les lui récitai ; il les loua fort et me les fit répéter jusqu'à ce qu'ils fussent gravés dans sa mémoire. Ce sont les suivants :
Que ma vie soit ta rançon! Abd Allah mon esclave blâme à la Ibis ceux ([ui sont près de lui et ceux qui s'éloignent.
Il est entouré de nobles jeunes gens qui s'acquittent des devoirs de la sincérité et de i'ainitié;
Je les invoque contre toi, et je suis de ceux, qu'une prolection géné- reuse sauvegarde de la pauvreté, etc.
« Je demandai à Moberred (ajoute Ibn Saad) quel était le meilleur poêle d'Abou Tammam ou de Bolitori. — Voici sa réponse : « Abou Tammam se dislingue par des in\ en lions giiicieiises cl des pensées délicates; là on il esl e\rell<Mil, il
CHAPITRE ex Vf. • 155
^jaJjLx-j ^î X<-A^i U_5 o«-^ii^ii <— *••*-^■J' •^^■'«^Jj j:>lÀJi oywJi LjcI_5 J>^r»-ij -ILaj i \^xjss\i RaXa.^]^ âJJ^Jl ^ -isï'j.j^Ji
o«.iaJiAvl^ *ljf j,î »jui aaX^ cjLi (jl t]i <î4jw« JyiJlv|*X;û jl^^Xi
a_jU» iLJ»l-j»JI (j^ w.aJcS_j iC»ol=a. <xa-m»JI (^ ^Sy^i ^ iJ^-^v
l'emporte sur Bohtori et sur tous ceux ([ui l'ont ])récédé parmi les modernes. Mais la poésie de Bohtori est d'un ton plus soutenu et plus égal; ce poète comjwsait une karideh tout entière sans laisser la moindre prise au blâme ni aux sé- vérités de la critique, tandis qu'AI)ou Tammam, après avoir trouvé un vers d'une beauté rare, le fait suivre d'un vers assez faible. Je ne saurais mieux le comparer qu'au pion geur qui retire du fond de la mer perles et fucus et les étale sur la même; ligut;. Si Abou Tammam n'était accusé, comnu' beaucoup d'autres poètes, d'aiiuiM' ses pioduclions en avare, il faïubail éhniinerde ses jxx'sies, ([uchpic nombreuses ([ue soient leurs beautés, tout ce ([ui cJKxpu' le goùl, el il reste- rail le plus grand parmi les poètes ses émules.» (ielle ap- préciai ion (poursuit Ibn Saad) m'engagera à lire les teuxres d'Almu Tannuam sous la diiccliou «le Moberred; apiès avoir suj)j)rimé les passages laiilils et loiil ce (pii clail re[)réhcn- sible,en ne laissanl (pie le hou, je Irouvai (pie les dislicpu's réj)utés classi(pies el cih's non seulemeni par les gens lellrés, mais même pai le peuple, sCicNaiciil ii (•••ni cincpianle; je
156 LES PRAIRIES DOR.
rtfN_A_Wi JLjtiî (jÀJïAj (iLJi (i2-=*^ fV^^-^ o».Iajb».l ^A
ne sache pas un poëte du paganisme ou de l'islam dont on cite un pareil nombre de vers. Moberred ajoutait que Boh- tori avait mis le sceau à la grande poésie , et il me récita ces deux vers qui , disait-il , s'ils étaient insérés dans les œuvres de Zoheïr, passeraient pour lui appartenir :
La sottise d'un ignorant, si excessive qu'elle soit, n'agit pas contre toi avec plus d'eflicacité que la prudence du sage,
Lequel, si tu as irrité un bienfaiteur généreux, t'attribue quelque action blâmable,
Ibn Saad ajoute : « Au nombre des vers de Bohtori cités dans cet entretien, que Mohanmied ben Yézid (Moberred) plaçait au-dessus de ceux des poètes ses émules, sont les suivants à l'adresse des deux fds de Sâèd ben Makhled :
Quand tu vois les indices de la générosité (littéralement les nuages) des deux fils de Sâèd, des signes analogues tannoncenl celle des deux filsdeJVIakblcd;
(>omnic ces deux étoiles (de la petite Ourse) que l'œil observe sans dis- liti;,ni('r si l'une s'élève au-dessus de l'autre.
CHAIMTIU-: CWI. 1^7
(I) , ..
j\ la et (^JJi ovsiûfitj «J^^ 5L^^ J^S-««4 i^^l^ «-^^JJ
Et ceux-ci :
Qui transmettra au Khalife mes remercîmcnls de la pari de celui ([u'il comble de faveurs et de bienfaits?
Sa générosité m'a rendu généreux, et j'in(li(|ue à mon tour la roule de la munificence, comme il me l'a indiquée.
Ses mains ont enrichi les miennes, sa bonté m'a déimuillé de mon avarice, et en me faisant riche, il m'appauvrit;
Car, confiant en- son noble cœur, j'escompte ses bienfaits et j'ai déjà donné ce qu'il me donne.
Et cet autre passage :
J'aurais préféré, quand tu m'as rencontré, (lu'nn glaive bnllàl sur ma tète plutôt que des cheveux blancs.
Ainsi' ([uc ces vers :
Humble par ta modestie et grand p.ir Ion meril'' , il le sied de des- cendre et de monter,
Comme le soleil qui , en s'élevanl , s'éloigne , tandis (pie ses rayons Inmi tieii\ se rapprochent.
158 LES PRAIRIES D'OR.
L>_j.Aiî.^ uA-A.<w*)3 ^^J ^ ^AJ^J >VxJî_j dijlA^ ^^ Ci^"* <^^^
Et ceux-ci en rhonneur de Fath (lils de Khakan ] qui avait attaqué et tué un lion :
Tu lèves ton sabre sur lui, el ta résolution ne flccliit pas; ton i)ras ne tremble pas; la pointe du sabre ne s'émousse point.
Le lion refuse !e combat parce que tu déjoues sa férocité ; il résiste parce qu'il ne sait comment t'éviter.
Et lorsque ton bras s'unit h ta majesté pour le frapper, rien ne s'offre plus au\ coups de ton sabre ( r'est-àdirc que le lion est déjà anéanti).
Et celui-ci :
Les caprices de la fortune ont ruiné mon commerce à ce point que j'ai mis ma jeunesse en gage |)our mes vieux jours.
Cet autre passage adressé à Mountaçir :
l'Jn vérité Ali tient à vous de plus près; et sa main vous parait plus pure que celle d'Ômar;
A cbacun son mérite; mais, au jour du marché, les chevaux qui ont des taches blan( hes aux pieds valent moins que ceux dont le front est marqué de blanc.
cil vprrnK cxvi. 159
Ce vers :
Les chanteuses me reprochent d'oirc vioiix; à qui (levrai-jc (k^ jmiir ilr ma vieillesse?
Après lequel, rap|H'lant la ruj)lure de la paix dans sa propre tribu , il coiilinue en ces termes :
Aux jours de conrorflc, ils liominaienl ces désastres et ces périls.
Mais fermer une |)laie (|ue la j^angrènc rou^'C, c'est, pour le médecin, faire preuve de iié<;liï;ence.
La flèche fpii s'(5<;are atteint pins farilemenl l'arclH r (pu- colle (pii \,i droit au hut.
Kniin les vers (pie voici :
Ce n'est pas Fath, lils de Khakan, (pu reliise ms hienl'ails, mais les destins les accordent ou les suppriment ;\ leur gré.
Sa bonté est im nuage bienfaisant qui a passé sur moi sans m'alleindre; sa munificence est une mer immense qui s'est éloignée de moi.
(lonmie la lune, il éclaire le monde de l'orient à l'occident . mais le lieu où se pose mon pied vsl noir et lénéhreux.
160 LES PRAIRIES D'OR.
Jyb (jj^ JjiAj U l^_^ >i c^Aii iaS U-Ci (j-*->-=? ^ ''^^^
(I) . •■
Puis-je accuser sa générosité lorsqu'elle, s'étend sur le genre humain? Et qui ne serait blâmable d'accuser la pluie ?
Voici ce que rapporte Mohammed, fils d'Abou '1-Azhar : "Malgré sa science distinguée, son esprit cultivé et ses ta- lents, Ibrahim, fils de Moudebbir avait une opinion défavo- rable d'Abou Tammam et jurait que ce poëte n'avait pas le moindre mérite. Je lui demandai un jour ce qu'il pensait de l'auteur de ces vers :
La vieillesse a tracé ses sillons dans les boucles de ma chevelure et ouvert par lu à la mort un chemin spacieux jusqu'à mon âme.
Voilà mes hôles qui disparaissent, mes parents qui m'évitent, j'ins- pire du dégoi'it à mes amis intimes; et l'étoffe (de ma vie) est couverte de pièces.
La vieillesse peut briller d'un certain éclat extérieur, mais elle est la nuit et le dépérissement du cœur.
Et pourtant, bon gré, mal gré, nous espérons toujours ; un nez mu- tilé fait encore partie du visage (proverbe dans le sens de : Il faut se contenter de ce qu'on a).
El de ceux-ci :
CHAPITRE CXVI. 161
L*-A-Li oJIj cyiji u iilj ^l_^ (.::a-_â3 c:>^I U til^
Si lu cherches à atteindre le but en évitant Amr, il t'abusf jusqu'à ce que tu n'aies plus d'issue;
Et tu es comme un sabre ([ui rencontre un obstacle, le brise, puis fléchit et tombe brisé en morceaux.
Que dis-tu de l'auteur de ce vers :
C'est une gloire supérieure à celle des plus grands, mais la véritable gloire est dans une action généreuse.
Et de celui-ci :
Tandis f[ue les autres recherchent la puissance sans les bienfaits, lu mets ta gloire à faire le bien.
Et du vers suivant :
Tu répands sur moi les dignités et les richesses. Je ne me suis jamais présenté ii toi que pour solliciter on pour donner,
Et je deviens à ton gré ou la corde (qui sert à j)niser l'eau), ou le puils (qui l'absorbe).
Qui esl aussi rauteiif de ces \eis :
VII. I 1
162 LES PRAIRIES D'OR.
ji^j — Ji liJj'i; <i^ *- — * — *; iS^'-^-i «^W dkjUs t^tXAJ
Us redoutent ton attaque, car elle est pour eux comme la mort qui ar- rive d'un pas rapide et assuré :
Craignant ta vengeance, leur marche est un glissement furtif, leur appel un signe, leurs paroles un murmure.
Grâce à toi, nos journées sont à l'abri du danger (littér. fourbies comme la pointe d'un sabre) et nos nuits aussi sûres que l'aurore.
Tes hôtes invitent d'autres hôtes et ceux cpie tu héberges offrent aussi l'hospitalité.
Et du vers que voici :
Si tu descends dans une plaine qui a su te plaire, nous n'irons pas camper sur les hauteurs.
« li semblait, ajoute Ibn Abi '1-Azhar, que j'avais attisé la colère cl'Ibn el-Moudebbir contre Abou Tammam , car il se répandit en invectives et en malédictions contre ce poëte. «Puisque vous agissez ainsi, lui dis-je, écoutez le récit que m'a fait un certain Abou Amr (fds d'El-Haçan) , le rhapsode. Son père l'avait envoyé chez Abou Abdallah ibn el-Arabi pour étudier sous sa direction le divan des Hodeïliles. « On
CHAPITRE CXVl. ir)3
S^ *jJi \4A*«Ji ^ -lit j^ *;>^j^ Aj'tKAjU
aMojÇ ^JyjùUxl U *Xxj (j~* aK.-o^ (j-« (_^»«i tM^*- *^**^ aNJst ^ Jvjs^i ^ ^^jLff ii Akg-js? îJtXAX* (^tX^ii <:■)
vint à parler des poënies du mètre redje: , raconte Abou Amr, et je récitai à Ibn cl-Arabi une de ces pièces composée par Abou Tamnian», sans toutefois lui en nomn)er Fauteur; c'est la suivante :
Plus d'un censeur auciuol jp reproche sa crilif|U(' rrcnl , dans sa sottise, que je suis un ignorant.
L'iiomme n'est jamais mieux trompé que par lui niOiiie. Qui donc sera un jour entièrement ton frère ?
Je suis revêtu d'une ctofle neuve, laisse-moi l'user Koi par sa
fierté et son rang illustre,
Homme du peuple par sou langage et sa ronduilc. Je lui ai prodigue mes louanges, comptant sur ses largesses.
Mais il a tranché le fil de l'espérance qui nm ratlnrhnil à lui. après m'avoir captivé par ses vaines promesses.
Puis il est venu s'excuser de son erreur, le cou lendu vers des éloges dont il ne peut plus se passer.
Sérieux ou folâtre, il me regarde de l'aii- d'un prisDuniei- caijtifdans les anneaux de sa chaîne ;
Et (Uiaud je vais lui adresser des reproches, il s'elouue (pi<- sou avarice excite ma surprise
16^ LES PRAIRIES D'OR.
^i ^ i j^_5 ^3j.iwj ^;5j:i^ JU3 j.l::ë jiJ \^i\ ^^>>^» c;Jo»r=- jj^^i ^U. ii^:^ Jlï ^Ol ^Uà^ t^ (jv^^iî J.A.*! (^it <^_5; ^Xï^
Objet unique, toi qui te distingues par ta justice, je t'ai donné la ri- chesse (en te louant), ne la dédaigne pas.
A quoi bon le fourreau sans la iame, et la louange lorqu'elle ne va pas à celui qui en est digne?
« Ibn el-Arabi ordonna à son fils d'écrire ces vers sur la couverture d'un de ses livres. — Que ma vie soit la rançon de la vôtre ! lui-dis-je, ils sont d'Abou Tanimam. — Déchire- les 1 » dit-il à son fils, et la copie fut mise en morceaux. » Tout savant qu'était Ibn el-Moudebbir, sa conduite fut réprélien- sible en cette occasion, car on ne doit jamais dénigrer le mérite en quelque lieu qu'il se trouve, chez un ennemi ou chez un ami, et il faut accepter un service aussi bien des petits que des grands. La tradition a conservé les paroles suivantes du Prince des Croyants Ali : « La science est la brebis égarée du vrai croyant ; reprends ta brebis , même chez les infidèles. » On attribue la sentence cfue voici à Bu- zurdjmihr, fils de Bakhlckan, l'un dos principaux sages de la Perse, dont nous avons parlé précédemment en racontant l'histoire de la dynastie de Sassan, rois de la seconde époque
CHAPITRE CXVI. 165
\.^X^^ L.'xXJi^ IwJUjiJ (iJ*^^»- <J^ ^J-lr^' <J^ t:y*X.ii-i U J.Ai
L-j—J ^bjj (^cJi jU^i^l »4X-tf> JJl« cjU (j^j ^A*Jll JvAa
xAj tXi Iw^jlï (ji iij^jc«5 J.Aà3^ i^j^ ^ (j-« <X |fc^*r>j 0^'^'^î
^^_j-^i Jlï Aj| (j*\.xfc ^jjI ^^ ^^^j, ^j»3 «jUaj^î^j iUij.*» (^
(cl', t. II, p. 206). «J'ai recueilli, disait-il, ce c[u'il y a de meilleur partout où je Tai trouvé, même chez le chien, le chat, le porc et le corbeau. — Qu'avez-vous pris au chien ? lui demanda-ton. — Sa fidélité et la vigilance avec laquelle il défend son uiailre. — Qu'avez-vous pris au corbeau? — Son extrême prudence. — Et au porc? — L'empressement avec lequel il pourvoit à ses besoins. — Et au chai? — Sa voix caressante et ses cajoleries quand il veut oblenir quelque chose. »
On ne jx'ul donc crili([uer des vers comun^ ceux-ci, qui charment le cœur, émeuvent fàme, llallenl l'oreille et en- flamment l'imagination , des vers dont l'auteur, de l'aveu de tout homme bien doué, im|)aitial cl inslruil, a allcinl les limites du beau et le dernier terme tle la perléclion; on ne peut, dis-je, les critiquer, à moins d'être plein de soi- même et de faire lorl à son propre savoir et à son goùl. Ibn Abbas, ainsi que la tradition nous l'enseigne, disait de la passion : «C'est une divinité fpi'on adore ; " el il appuyait
166 LES PRAIRIES D'OR.
i^jJl cjIxj <XA.tfw^ (j^ (j^UJi ij_5 iv^l^:sl cjIaJS (^**o IjUb v_5Lj k-jl v_JlÀ,o «Xï_5 AjIj^ <>k}u j.^1s fj*X)j\ j^m Xkà <_*.i?*j)
j,ljjf ji (^j-£ (.-à.^3 U ;^ J^-^aJi JiX;:^!^ aa^^^X^^ ^coj.)»^ i^UrfiiJi j»i£>^=:- Uùj.AAi «Xï (*-t'''^ '^' oLasj^I ^^y^?-
cette sentence svir ce passage du livre de Dieu : « Vois-tu celui qui a fait un dieu de ses passions? « [Koran, xlv, 22.) Abou Tammam a produit de belles poésies , des pensées dé- licates, et il a fait preuve d'une imagination merveilleuse. Un bon juge en matière de'vers, auquel on demandait son avis sur cet auteur, disait : « Il semble qu'il ait recueilli tout ce qu'il y a de poésie dans le monde, et qu'il en ait choisi la quintessence. » Abou Tammam est fauteur d'un livre intitulé Hamaçah, que quelques personnes dans le pu- blic nomment Kitab el-Khahyah. Cet ouvrage, qui est un re- cueil de poésies de différents auteurs , parut après sa mort. Abou Bekr Souli a consacré un livre spécial à l'histoire d'Abou Tammam, à ses poésies, à ses connaissances diverses et à ses croyances, et il recherche dans les œuvres du poëte les preuves de fexactitude du portrait qu'il a tracé de lui; c'est ainsi qu'il cite ce vers, où il est dit au sujet du vin :
(^uc de mal on poiiriail en diro, si les lioninirs ne Ir iioniniaieiit rosseuco (le loulc chose!
CHAPITRE CXVl. 167
\,_7^_A_jt_rtw ^ g Fifi •-'.■; (jVii <-^>!*^ «î^-^-» (j — ^^-Isi ^-i-UJoi Si)
U.A^i c-^J! JvXx. UaJiJ '. Il jLJa_Jl pllt L_.i
lowià loJJl j^«X-<> Ai t-ys^aj Lii^— j i) L'L*^ di.À^ b«X_iLj
La mort cVAbou Tammain fut pleurée par les poètes et par tous ses confrères en littérature; citons ce passage d'El- Haçan (fils de Wehb) le Secrétaire, poêle élégant qui a réussi aussi bien en prose qu'en vers :
Les nuages qui arrosent ce précieux tombeau à Moroul gémissent dou- loureusement;
Quand ils passent au-dessus de ( eUe tombe, ils répandent à larges ondées leur pluie bienfaisante.
L'éclair en soufflette les parois et la foudre les déchire (en signe de deuil);
Car la terre de ce monument recouvre un llahih (ami, nom d'/Ujoii Tammam) ([ui me donnait le nom d'ami;
Homme de cœur, poêle, esprit pénétrant et cultive, jugement solide, lumineux et fin ;
Dès qu'on le voyait, sa grâce cl s.i lionlc laissaient une im|iri's.si()n lieureusc.
Abou Tammam li' Tayito, la mort nous a plonges dans une slu|ieur profonde ,
Car nous avons perdu en loi nu iiiailrr (|nc nonv nr saurions icnqila- ccr dans le monde entier.
168 LES PRAIRIES D'OR.
L-A-jjJlji <^.«i**ÀJi^ i!^j| j-^^-t^nô IjLaJÎ (^»XjÎ UJ; ^■^] Ok-À-S»
^y* V*"^ -^W:?- (j^«-«^ ,jl-M*si- jU^I 0-w*^j ^^j_^^Ji :>^03 il^yî dUXc yj-^ ia^-À-J JUAju osjI
(j^tSJi ;^L*_j_5 jL»*xJî ^lo oj-SjJl J-A-la-> -j-> J^ jjl
Tu étais pour nous comme un frère qui nous témoignait une amitié sincère, une tendresse de parent.
Depuis que tu n'es plus, les nuits de tes amis présents ou éloignés sont pleines d'amertume.
La fortune se présente à nous sous son aspect le plus laid; elle nous montre un visage chagrin , sombre et ridé.
Il est juste que tu sois mort doucement (en odeur de sainteté) , comme il est juste que la vie pour nous n'ait plus de douceur.
Les poésies crEl-Haçan se distinguent par leur élégance et parleur inspiration élevée; en voici un autre fragment :
Dans l'excès de ta douleur, tes paupières ne veulent plus goûter le repos , ni les douceurs du sommeil.
Tes yeux n'ont plus droit au sommeil , depuis que ton cœur est ravi et retenu comme otage.
Tes flancs recèlent un mal mystérieux, une douleur qui, je le jure , est invisible et cachée.
Mais dois-tu chaque jour prolonger ta visite à ces doucir que tu salues tout bas, à ces traces de campement qui font couler tes larmes?
Interrogeant cette demeure sin* ceux qui riialiilaient et pleurant ceux qui sont partis?
CHAPITRE CXVI. 169
cj-^ ^ u^j '"'^^-^-^ ^^^ ^jL*iI ^,_^£ i <^ jsi <^>^^
(^ji^ iC-^-u, i JJij JJiÀil J-^'^ ci^jJsiL t_>l-£i=î iiAÀ^ (jw« »X^Î (^jiî^jJl «K>ii (JV^^^ C:J>J^^^ t5*^-=*-^ <*>'*^ kj_^ C:J^^*>»^J
On dirait que tu n'as jamais vu, durant les jours qui ne sont plus , un amant victime de sa passion.
Tu as été trompé par les temps heureux où la jeunesse se parait de branches verdoyantes;
Puis elle s'est éloignée de toi comme une ombre, elle a fui comme si elle n'avait jamais existé.
La vieillesse, en lui succédant, a jeté sur la tôle un voile dont la blan- cheur égale celle du coton.
Tu blesses le regard des belles jeunes filles qui le trompent sans res- pect pour ta fidélité;
Klles s'éloignent de loi quand lu les appelles, de loi qui les charmais autrefois.
Mais tu n'as pas d'cxeuse, car tu es un honune iulrlliijent cl tu sais ce qui peut le sauver.
Sous le règne de Walik, en 2.'5o de ri»c\ii[ire, niouiul Ali (fils deDjàd), maiw/a des Benou Makl)zouiii, \\\n des prin- cipaux Iraditionnisles et rajjporleurs de hadis. — En i23i, Walik fil mourir VInncd (fds de Nasr) khozàyr, lors de répreuve j)ublique sur la ii.ilurc du Koraii.
170 LES PRAIRIES !)'0R.
\-À-Mi j.kxa} l^lj -^Aj y^_5 ^C«<XÀJt r'^j-J ^p-» eJ-J^^^-J' (j«>-^'^
A_iUxll éjy^f^S 'i^\Ji ^ AA* ii^y-A^Î^ -l*k>î »5.-|.AïJî »4>^ c:>l_A_J Je (jii*Aà J.AÀJ| (jw« ^j_jjlAi^ U U^ ,3.ji_5.JI /o.-gJ jUi
Il y avait à la cour de ce Khalife et parmi ses courtisans un jeune homme qui se tenait debout à cause de sa jeunesse, n'étant pas encore autorisé à s'asseoir dans les rangs dés personnes plus âgées; mais comme il était spirituel, on lui permettait de prendre part à la conversation avec les autres convives, et de citer tout ce' qu'il savait, tout ce que sa mé- moire lui fournissait de proverbes célèbres, de vers rares, de nouvelles instructives et de réparties improvisées. Watik , dont l'appétit et la gourmandise sont choses connues et no- toires, demandait un jour à ses convives quelles friandises ils préféraient pour s'exciter à boire. L'un d'entre eux cita la canne à sucre; l'autre, la grenade; un troisième, la pomme; un autre, la canne à sucre arrosée d'eau de rose; un autre, rejetant tout cela au nom de la science, préférait du sel ébouillanté; celui-là choisissait la saumure afin d'avoir le gosier sec, comme le font les buveurs de nébid, et pour mie'ux suj)|)orter la force du vin et l'amertume des excitants à la boisson. — " Vous n'y êtes pas, répondit le Khalife; et loi, joiinc liommc, rpu'l est ton avis? — Je préfère, le bis-
CHAPITRE CXVI 171
9- f—i^ (^^y^^ i>i_^ >iJj«Xj ,^l^ kX<w*w« ^lÂX*i.i». Je <5\^ l>
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xJCwtfi^^ Aj^\ Aaa)-w ^U-wiii aX^I^ îjllaAJÎ liKjXJi i<\js=-U^ (jv3'!5\j iiÀAw tj^ t-vLi^Ji ,.iû*xii («^is-j c:>lj^l (J^>^' Is»^ (jli
cuf/ moçcyyar (nom d'une pâtisserie à la mode) , « répliqua celui-ci. Celle réponse s'accordail pariailement avec le sen- timent du prince et touchait juste sa préférence secrète : «C'est bien, c'est parfait , s'écria-t-il, que Dieu t'accorde ses bénédictions!" Et le jeune homme fut autorisé, pour la première lois , à s'asseoir parmi les courtisans.
On croit quWbou Djàfar Mohammed (lils d'Ali, fils de Mouça , surnommé Rida, que Dieu les agrée! ) mourut sous le règne de Watik; nous avons dit, dans le chapitre consacré à Moulaçem, quel était son âge quand il mourut (voir ci- dessus, p. ii5). On cite ce fragment d'une lettre adressée par lui à Watik : «Prince des Cioyanls, l'homme, même le plus favorisé de la destinée, ne peut ohleuir quchjue jouissance qu'entre deux alllictions. Quicoiupic ai)aiidonne un à-comple immédiat pour atlendrc des échéances loin- taines se voil enlever par la lorlune l'occasion favorable, car la loi du destin esl le malheui-, et la règle de la foi lune, le vol. "
Kl) Tannée ylh) de riic'^iic, sons je kiiiiiifil de \\,ilik.
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Abou 1-Abbas Abd Allah (fils de Taher, fils d'El-Huçeïo) mourut pendant le mois de rébî premier. Voici un passage d'une pièce de vers relative à ce personnage lorsqu'il gou- vernait l'Egypte :
On dit que l'Egypte est bien loin : non elle n'est pas éloignée, si le fils de Taher y réside.
Plus loin de nous que l'Egypte sont ceux dont la personne est ici et dont la bonté est toujours absente.
Cœurs morts à la bienveillance , celui qui les visite dans sa détresse pourrait aussi bien visiter les hôtes du tombeau.
Autant Watik aimait la libre recherche et honorait ceux qui s'y adonnaient, autant il haïssait la routine et ses par- tisans; il suivait d'un œil curieux le développement de la science et les doctrines tant des philosophes que des doc- teurs orthodoxes, parmi les anciens et les modernes. Un jour que plusieurs philosophes et médecins étaient réunis à sa cour et discutaient en sa présence sur différentes questions physiques cl inélapbvsiques, le Khalife leur parla en ces
CHAPITKE CXVl. 173
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termes : « Je voudrais savoir comment on acquiert la connais- sance de la médecine et des principes d'où cette science est tirée? Est-ce le témoignage des sens? Ou bien l'analogie et la coutume? Est-elle perçue a priori par rintellig(>nce, ou, au contraire, celte science et sa méthode reposent-elles sur l'enseignement oral, ainsi cpie le prétendent pinsieurs doc- teurs orthodoxes? » Ibn Bakhtiechou, Ibn Masaweïh et Mi- khaïl (son fds) se trouvaient à cette réunion; on cite aussi parmi les assistants lloneïn, fds d'ishak, et Salamawedi. L'un d'eux répondit ainsi au Khalife : « Prince des Croyants, plusieurs médecins, surtout parmi les anciens, ont pré- tendu (jue la seule route qui conduit à la connaissance de la médecine est l'expérience; la médecine est délinie par eux une science due à l'observation réitérée des sens sur un objet sensible et unique, étudié dans ses dilVén'nles ma- nières d'être. Grâce à cet examen , l:i dernière de ses ma- nières d'être se révèle comme la première aux sens qui l'observent, et celui (fui retient la série de ces ol)S(!rvalions
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est dit expérimenté (ou empirique). Cette école ramène l'expérience à quatre principes qui en forment les prémisses et rinlroduction, qui lui donnent le caractère d'étude scien- tifique, la partagent en différentes sections et en sont comme les parties intégrantes. Le premier de ces principes est ap- pelé naturel, parce qu'il embrasse les phénomènes naturels qui se produisent dans l'état de santé ou de maladie, comme le saignement de nez, la transpiration, la diarrhée, lé vo- missement et les conséquences bonnes ou mauvaises qu'ils révèlent à l'observateur. Le second principe est dit acciden- te], parce qu'il consiste dans l'étude des accidents fortuits qui se présentent dans tout être créé; par exemple, l'hé- moriagie plus ou moins abondante qui se détermine chez l'homme à la suite d'une blessure ou d'une chute, l'eau froide ou toute autre boisson absorbée par un sujet sain ou malade, et les résultats salutaires ou nuisibles qui se mani- festent ensuite. Le troisième principe est nommé rationnel, parce qu'il dérive de ïàme raisonnante ; par exemple le mé- decin rêve qu'il soigne une maladie déjà observée et qui se
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déduit de symptômes partaitemenl connus, et qu'il guérit cette maladie; ensuite le médecin évoque ce souvenir, le médite, le retourne dans son esprit, et soumet à la réflexion l'opération spontanée de son intelligence. Il expérimente alois le traitement tel qu'il l'a vu en songe : ou le résultat est conforme à sa vision, ou il y est contraire, et, dans ce second cas, il renouvelle le traitement jusqu'à entière réus- site. En dernier lieu, le principe dil de Iranslation, lequel est de trois espèces, à savoir : l'applicalion d'un seul et même Irailement d'une maladie à une ;nilrc maladie ana- logue, par exemple de l'anthrax peslilenlici à la lumeur i)énigne \unnmci' nemleli ( formicatif)) ; ou hien la Iranslalion du traitement d'un memhic à un autre nicmhic similaire, comme du bras à la cuisse; ou bien <>iilin le passage d'un remède à m\ autre n-nu-de analogue, connue cebn" du sirop de coing au siioj) de néllier sauvage (ou a/erole) dans le relâchement des voies intestinales. Or tout cela, d'après les médecins |)recilés, est fondé sur re\|)ei ience. — Mais il v
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a, Sire , une autre Ecole qui soutient que, pour faire de la médecine une science pratique et facile, il faut ramener les faits pathologiques et les organes oii ils prennent naissance aux principes qui les comprennent et les réunissent tous, puisque leurs différentes manifestations n'ont pas de limites. Cette Ecole déduit le mode de traitement de la nature elle- même et de la maladie prise sur le fait et dans son état actuel , sans tenir compte ni des causes génératrices qui n'existent plus, ni des considérations de temps, de mœurs et d'âge ; enfin sans étudier la nature et les limites de chaque organe , sans observer ni recueillir l'ensemble des faits que présente chaque maladie constatée ou non. Ils appuient leur système sur le raisonnement suivant : C'est un axiome évident et incontestable que deux principes contraires ne peuvent coexister et qu'ils s'excluent mutuellement. «N'en est-il pas de cela, disent-ils , comme, d'une chose extérieure d'où l'on peut déduire l'existence d'une autre chose in- terne et cachée? Or la chose extérieure, quoif|ue supposant
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iùyû^i »Sjjtj)^ L>^'^ iC^sN.il i ;jÎJv^5 iKij.x^ ^if^Jf W^'^ ^JU^•5(l3 iù^i)!^ iUxloil^j c:,liUJS3 ^U^ij Jl5^t_5l43^iwt^ OuLxJ? (ji>iS^ (j^ *X^l*i.J! i ow*j l_j.Jl«j) ;jojJl! (^_j.i i^iyji^j
l'existence (d'une chose cachée), contredit cependant les déductions qu'on en tire et, par conséquent, infirme la certi- tude de la conclusion. » Telle est, Prince des Croyants, l'opi- nion de plusieurs habiles médecins dans l'ancienne école grecque, tels que jNamounius, Sasalius (ThessalusdeTralles?) et d'autres médecins connus sous le nom de méthodiques. « Watik demanda ensuite à tous les docteurs réunis quel était le système qui avait prévalu dans la majorité. Ils ré- pondirent: « C'est l'analogie (ou méthode comparative), » el , à la demande du Prince, ils ajoutèrent d'un commun ac- cord les explications suivantes : «D'après l'opinion de cette école, la méthode et la règle des études médicales ont pour point de départ certaines connaissances qui en forment les préliminaires, par exemple, la notion de l'idiosyncrasie des corps, celle des membres et de leurs fonctions, celle des corps dans l'état de santé et de maladie; la connaissance des variations climatériqnes; celle des faits et gestes et de la pro- fession du malade, ses babiludes, son alimentation, sa bois-
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son et son âge ; enfin la connaissance des forces de la maladie. «Il est établi par l'observation, disent ces médecins, que les différences de forme et de tempérament qui existent chez ranimai se présentent également dans ses organes. Les corps des animaux varient entre eux en raison de l'atmos- phère ambiante, du mouvement ou du repos, des aliments et des boissons qu'ils absorbent, du sommeil ou de l'état de veille, des matières qu'ils expulsent ou qu'ils retiennent, enfin en raison des accidents moraux , comme le chagrin , la crainte, la colère et l'inquiétude. La médecine , en gou- vernant les corps , a pour but de leur conserver la santé dont ils jouissent ou de la rendre à ceux qui l'ont perdue ; or la conservation de la santé suppose la connaissance des causes qui peuvent concourir à ce résultat. C'est donc un devoir pour le médecin qui entreprend une cure non -seule- ment déposséder ces premières connaissances positives, mais, en outre , d'examiner la nature des maladies et celle des corps , l'alimentation , les habitudes, les circonstances de temps, en un mol , l'ensemble des causes qui doivent le guider. » Ces
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doctrines. Prince des Croyants, sont celles d'Hippocrate, de Galien et de beaucoup de médecins anciens et modernes. Ces médecins ne s'accordent pas, il est vrai, sur un grand nombre d'aliments et de remèdes, tout en étant d'accord sur les principes que nous venons d'établir. Ces divergences d'opinion résultent de leurs procédés différents de déduc- tion. Ainsi les uns croient qu'on arrive à connaître la nature des remèdes et des aliments en se guidant d'après leur sa- veur, leur odeur, leur couleur, leurs vertus , l'action et l'influence qu'ils exercent sur le corps; ils soutiennent donc que la seule méthode de déduction qui méiite confiance consiste dans l'analyse des substances, puisque les couleurs, les saveurs et le reste sont soumis aux quatre éléments, selon qu'ils exercent sur elles une impression de chaleur, de froid, de sécheresse, etc. Un autre système, au contraire, prétend que le témoignage le plus sûr, le jugement le |)lus solide que l'on puisse établir sur la nature des remèdes ou des ali- ments, consisti; tlans la connaissance de Icui- action sur le
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corps, abstraction faite de leur saveur, de leur odeur, etc.; et qu'en dehors de cette observation des influences et eflets, il ne peut y avoir ni solution ni jugement infaillibles sur la nature d'un remède soit simple, soit composé.»
Watik s'adressant alors à Honeïn, parmi tous les docteurs réunis, lui demanda quel était le premier instrument de la nutrition chez l'homme ; Honeïn répondit en ces termes : « Le premier instrument de la nutrition est la bouche, et les dents qu'elle renferme. Celles-ci sont au nombre de trente- deux : seize dans la mâchoire supérieure et seize dans la mâchoire inférieure. Dans chaque mâchoire se trouvent quatre dents larges et pointues que les médecins grecs ont nommées incisives, parce qu'elles servent à couper les ali- ments mous comme ils pourraient être coupés par le cou- teau : c'est ce que nous nommons tenaja wa rohayal (doubles et quadruples). A côté de celles-ci, dans chacune des deux mâchoires , se placent deux dents aiguës à leur extrémité et
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Jvjs-Î^ JCÎ ^\^ Ug xi\i (jvxAâiiii yvwjjali 5A.iw J^Asi iijXS J^L-L» JoL»»(^l ^^i i ^_|*!^^iJI yl^ Uj iOtj;i J_yoî l^yÀx) J^ ^jl^ IjCj *jli (jvjuoSiiî (jv.*vj«iàJi 5Xà. (j^X»«ciÎ IgiÀ^ «X»-!^ ^_J*<l^>yî J_^l y,JL5"<Ji ^v-^^5 Uï^ *J^' J,?^5 \.<y^ «Xi>.l^
larges à leur base : ce sont les canines [cnial], qui servent à couper les aliments durs. A côté des deux canines se trouvent, dans chaque mâchoire, cinq autres dents larges et massives : ce sont les adras, que les Grecs ont nommées molaires, parce qu'elles servent k moudre les aliments. Tan- dis que les incisives et les canines n'ont qu'une seule racine, les molaires de la mâchoire supérieure ont trois racines, à l'exception des deux molaires du fond, qui en ont ordinaire- ment quatre; quant aux molaires de la mâchoire inférieure, elles ont chacune deux racines, mais les deux molaires du fond en ont ordinairement trois. Le nombre plus grand des racines appartenant aux molaires est nécessité par le travail plus pénible que font ces dents, et les molaires supé- rieures sont pourvues de plus de racines |)air(î qu'elles sont comme suspendues à la \()ûle du |)alais. »
Watik félicita ce mé'decin de la description (pi'il venait
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cyiiîj J<_<-«m pijJsJl^ .«=^)«X*Jî (j%j ^3^i ^Aij5*Xj c:*^lx/9
iU^Ji caliJjl j^^ iû-*^ cjUawI (J-À.S»- Jis ^ÎM(-^ *^-**i5 <_>l*Aw^l
J^U.Jt JiijUJij yl^Uij ^Lj^lj V^>^ 4^^i ^^^
de lui donner de l'appareil dentaire; après quoi il l'invila à composer pour son propre usage un traité dans lequel il réunirait les notions médicales les plus nécessaires; c'est à cette occasion que Honeïn rédigea pour le Khalife un ou- vrage en trois parties contenant divers renseignements sur les aliments , sur les purgatifs et sur les organes du corps hu- main. D'autres rapportent que Watik fit à Honeïn différentes questions dans cette conférence et dans d'autres réunions semblables, et que ce savant, après y avoir répondu , réunit toutes ses explications dans un traité qu'il intitula Livre des questions naturelles, ouvrage où il touche à différentes sciences. Au nombre des questions adressées par Watik à ce docteur (d'après une autre version, un courtisan était chargé d'in- terroger Honeïn en présence du Khalife, lequel écoutait avec admiration les questions et les réponses) se trouvait celle-ci : «Combien y a-t-il de causes qui déterminent les changements atmosphériques? — Il y en a cincj, répondit lloiicïn, à savoir les saisons, le lever et le coucher des
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^^^ Alo.gi c-ol^ U^ iuoliw^ ajy^ ùsjij\ -«^îj-^i (j\^ (j^-^wJi
^^ (^jv-À-j*. Jlï ^l^^l il«x-ftl xaJuS^ (J.S. j^Aifc.U J.jl-wJI Jb
iiw*»jlj S:>jUj JUwJi ï^ Ulsji^<xJlj LjmaJi^j c->y»4i.j <3l<\iJl
étoiles, les vents, les (conditions respectives des) pays et les amas d'eau. — Combien y a-t-il de saisons? continua le questionneur. — Quatre : le printemps, Tété, l'automne et l'hiver. La température du printemps est un mélange bien équilibré de chaleur et d'humidité; l'été est chaud et sec; l'automne, IVoid et sec ; l'hiver, froid et humide. — Comment les étoiles peuvent-elles exercer une influence sur les varia- lions atmosphériques?» Iloneïn répondit : «Lorsque le so- leil se rapproche des étoiles ou celles-ci du soh'il, le temps devient plus chaud et la chaleur est d'autant plus intense ([ue l'étoile est plus grande; au contraire, lorscpie le soleil s'éloigne d'elles ou (ju'elles s'éloignent de cet astre, la tempé- rature devient plus froide. — Combien compte-ton de vents? — Le vent du nord , le vent du sud, le veiil d'est el le vent d'ouest. L'action du vent du nord est froide et sèclie; celle du vent du sud est chaude et humide; celle des vents d'est et d'ouest tempérée , avec celte difTérence que le vent d'est tend plutôt à la chaleur et à la sécheresse, le vent d'ouest au
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froid et à l'humidité. — Comment classe-t-on les pays? — En quatre groupes, en raison : i° des quatre points cardi- naux; 2° de l'altitude ou de la dépression ; 3° du voisinage des mers ou des montagnes; lx° de la nature du sol. Les quatre points cardinaux sont le Sud, le Nord, l'Orient et le Couchant. La chaleur domine dans le Sud et le froid dans le Nortl; le climat de FOrient et du Couchant est modéré. Les pays diffèrent entre eux par l'altitude ou la dépression, ce qui veut dire que, s'ils sont plus élevés, ils sont plus froids, et plus chauds, s'ils sont plus déprimés. Quant à la différence étahlie par le voisinage des montagnes, en voici la loi : Tout pays dominé au sud par une montagne est plus froid, parce qu'il est séparé du vent du sud et exposé seulement au vent du nord; si, au contraire, la montagne est située au nord, la température de ce pays est plus élevée. » Le questionneur poursuivit ainsi : « Je voudrais savoir quelles
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iixAAlo (_,*-**^^ (_>ji^i».l oi-AJ yl*^AM y£ j»»*i^lj JoL*it kXXjJ! viUi c:^*s=- ' X)y^^ '^t'^' t-:*jfe' (jS Jb ^r•*i^5 *^
Jb c-*J3ji_5 i^i <îuAxs- I^àaIs owI^ y\^ (:J''^'j uÂ-iwI tXAxll
*j-^-=*- vj^^Lv j*j.AJi (iUi jl^ij ^^^!^ (C^aXc ftaJij (^J'i^jJi
sont les différences que le voisinage de la mer établit entre les pays. — Si la mer baigne une contrée au sud, répqndit le savant, la température est chaude et humide; si la mer est au nord, le climat est plutôt froid. — Quelles sont les diffé- rences qui proviennent de la nature du sol.^ — Si le sol est rocheux, Tair est froid et léger; si le sol est pierreux, fair est léger et chaud ; si le sol est argileux, le froid et l'humidité dominent. — Quelle est l'influence des amas d'eau sur l'at- mosphère.' — Le voisinage des eaux stagnantes, des corps ou des végétaux en décomposition , et de tout ce qui est susceptible de se putréfier, corrompt l'atmosphère environ- nante. » Gel échange de questions et de réponses se poursui- vit ainsi longtemps, jusqu'à ce que le Khalife, dont l'atten- tion se lassait, y mît un terme. 11 fil un présent à tous les savants qui s'étaient trouvés à cette conférence, après quoi il invita chacun d'eux à citer de souvenir quelques sentences sur le renoncement à ce monde où loul passe et s'anéautil,
I8G LES PRAIRIES D'OR.
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el ils racontèrent l'un après Tautre tout ce qu'ils savaient de faits de ce genre tirés de 1^ vie des anciens philosophes et des sages de la Grèce, comme Socrate et Diogène. Watik leur dit ensuite : « Vous avez développé ce sujet et vous l'avez orné du charme de votre éloquence, je désire main- tenant que l'un d'entre vous me cite la plus belle sentence qui fut prononcée par les sages qui entouraient le cercueil d'or massif où Alexandre venait d'être déposé (cf. t. II, p. 261). »Un des docteurs répondit ainsi au Khalife: « Toutes leurs paroles sont dignes d'admiration, mais la plus belle sentence prononcée parmi les sages convoqués à cette céré- monie fut celle de Diogène, sentence que d'autres attri- buent à un sage de l'Inde ; la voici : « Alexandre était hier moins silencieux qu'aujourd'hui; mais aujourd'hui il nous instruit mieux qu'hier. » — Abou 'l-Atahyah a fait passer ra|>horismo de ce philosophe dans les vers suivants ;
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La vue de ta tombe eu ce lieu suffit pour m'accabler de douleur lorsque je secoue mes mains pleines de la terre de ta fosse.
Vivant tu me jjrodiguais de sages conseils, mais lu m'instruis mieux encore aujourd'hui que pendant ta vie.
Walik répandit des larmes abondantes et sanglota avec force, et tous les assistants mêlèrent leurs larmes aux siennes. Puis il se leva brusquement cl dit :
Dans les vicissitudes capricieuses de la destinée il y a des chutes et des effondrements.
L'homme était au faite de sa fortune, et le voilii (pii tombe et demeure immobile au fond de l'abîme.
Les jouissances humaines sont éphémères, la vie de l'homnic n'esl qu'un vêlement d'emprunt.
Le récit intéressant des événements qui se produisirent sous le règne de Walik, l'exposé des discussions auxquelles se livrèrent les jiirisconsullcs et les théologiens qu'il réunis- sait en ronlereiire puin- disserter sur les |)rin(ipes et les co- rollaires d<'s sciences (jui sont du domaine de la raison et de
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Lj\j j, Liûilj._>l 4-^=5-3^ <;^J»JL (j*.W*^^ (S^ U^ si\ÀXÂ ^5Xh=>..< *X_^Î j„s;v^Jî |»^j (j«UJlj Jlaa» (^j'j^i J>J^'_j jJi\Ài\ iCiliX-i». JUi ^3jI_j.^ AAAkifc i U.X3 ÏLAàJiJl ^^lï ij^j il/i jt yjî
^Ajiliî /».£ dJis 4^^ls t_>W' iJvJÛ ti SjlAii.l (jw«
la tradition , tous ces détails sont l'apportés dans nos ouvrages d'une date plus ancienne. Plus loin, dans le chapitre con- sacré au khalifat de Kalier-Billali (fds de Moutaded-Billah), nous rapporterons encore quelques traits du caractère des souverains abbassides, pour éclaircir un fait que nous au- rons à mentionner dans riiistoire de ce Khalife.
Watik étant tombé malade, ce fut Ahmed (fils d'Abou Douad), le chef des kadis, qui récita la prière publique, le jour de la fête des Sacrifices (lo" jour de don '1-hiddjeh); ce magistrat mêla à son oraison [khoutbah) des vœux pour le prince et prononça ces paroles : « O mon Dieu, sauvez-le de répreuve que vous lui avez infligée ! » Quant à la date de la mort de Watik, nous en avons parlé au début de ce cha- pitre, il est donc inutile d'y revenir (voir ci-dessus, p. i/|5).
CHAPITRE CXVII. 189
«Olil «>«-«j w^i-c 5!-^L4«J| c-jLoI
À ciUi^ 4X!i ^> J^ydî ilj:> ji ^^i ^ jUJi p^i i yl< ^L» (^L_\_jj (^jvJCjL»^ ^^jO'^'jj (^A^j) iXA.*w <si^ ^^i (j^ (;Jîr*^
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CHAPITRE CXVII.
KHAMFAT DE MOTEWKKKir, - Ar.ALI.AH.
Djàfar (fils de Mohammed, fils do Haroiin) fui ensuite proclamé; il avail craboid reeu le surnom de Mountasir- Billah, mais dès le lendemain de son avènement, Ibn Abi Douad lui donna celui de Molewekkil-Alallali. Ceci se pas- sait le jour même ou mourait le Khalife Walik son frère, cest-à-dirc le mercredi 2/| du mois de don M-liiddjeh, 232 de rhégire. Le surnom patronymique de Motcwekkil était Ahou l-Fadl; il avait vinj^t-sept ans et (|uelques niois (|uaud il fut proclamé; il fut assassiné à l'âge de quarante et un ans, après avoir régné quatorze ans, neuf mois et neuf jours (le mercredi 3 du mois chawal 2 '17). Sa nièic. esclave originaire du Khàrezm, se nonunail Cliudjà.
190 LES PRAIRIES D'OR.
Jyti^ fcjJa-olj aJ^*Àj ISsUviii AÀjff jj îyi^u^ A-w*aÎ (j*,UJ| J^^3
oj_ji_j L_>Ljv-A.Ji »iLA.j (j^ ioUJi 5<x^ Jî l^À^ (j«UJl ^^t>o)
IlESUMÉ DE SON HISTOiaF, ET DE SA VIE; EVENEMENTS PRINCIPAUX DE SON RÈGNE.
A peine en possession du pouvoir, Motewekkil abolit le libre examen, les discussions philosophiques et tout ce qui avait passionné les esprits sous Moutacem, Watik et Ma- moun. Il rétablit Torthodoxie et la soumission à la coutume religieuse, et exigea des chefs de Técoie tradition niste qu'ils enseignassent la tradition, ainsi que les dogmes et les pra- tiques consacrés par la suniiah. Il adopta l'usage des vêtements d'un drap particulier qu'il préférait à toute autre étoffe, et cette mode, suivie par les gens de sa maison, se répandit ensuite parmi le peuple : chacun voulant imiter le souverain, les étoffes de drap atteignirent des prix élevés, et l'on en per- fectionna la fabrication pour répondre à la vogue et satisfaire aux goùls du prince et des sujets. On trouve encore de nos jours f[uelques-unes de ces étoffes; elles sont connues sous
CHAl'ITUE CXVII. 191
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le nom de motewekkUi ; c'est une espèce de tissu de drap Tort beau , bien fabriqué et d'un excellent teint.
Le règne de Motewekkil fut un des plus heureux et des plus prospères, par Tordre qui régna dans fompire, par le maintien de la sécurité et de la justice. Ce khalife ne peut être cité pour sa générosité et sa munificence, mais il ne doit pas être non plus taxé de parcimonie ni d'avarice. Aucun des khalifes abbassides ses prédécesseurs n'avait admis dans son palais les jeux, les frivolités, le goût des boulTonneries et de tous les plaisirs qu'on proscrit ordinairement; Mote- wekkil fut le premier qui les adopta, et les distractions de ce genre qu'il inventa se propagèrent ensuite chex la plupart de ses courtisans et dans le public. I^ersonne parmi ses vizirs et ses principaux secrétaires et olTiciers ne se signala par sa générosité et la noblesse de son caractère, et ne sut s'élever au-dessus de ces habitudes de dissipation cl de frixolilé. Son alTranclii Fath ben khakan le turc, celui de ses favoris qui prit le [)lus d'enqjire mii lui <>! qu'il admit le [)lus souvent
192 LES PHAIRIES D'OR.
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dans son intimité, ne sut jamais, malgré ie crédit dont il jouissait auprès du Khalife, se faire aimer par ses bienfaits ni se faire craindre par ses rigueurs. Ce fut pourtant un homme instruit et un littérateur distingué; il a laissé sur différentes parties de la littérature et de la morale un livre intitulé le Verger [Boustan].
. Motewekkil se fit construire, pendant son règne, un palais d'une forme inconnue jusqu'alors et qui a reçu le nom d'£/- Hiri, « des deux ailes et des portiques. » L'idée lui en fut suggérée par un de ses courtisans qui, dans une causerie du soir, lui raconta qu'un roi de Hirah, de la famille de Nôman et de la tribu des Benou Nasr, passionné pour la guerre et voulant que le souvenir en fût toujours présent à son esprit, avait fait bâtir dans Hirah , sa capitale , un édifice rappelant une armée rangée en ordre de bataille. La partie supérieure du palais, destinée au logement du roi, figurait le centre de l'armée, les deux ailes représentant la droite et la gauche de l'armée étaient réservées à ses principaux courtisans; le pavillon de droite renfermait le vestiaire royal , et le pavillon
CHAPITRE CXVII. 193
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de gauche tout ce qui servait à ses festins; la partie élevée du palais commandait le centre et les deux ailes, et les trois portes du palais y conduisaient. Tel est l'édifice qui porte encore aujourd'hui le nom des deux ailes et celui iVel-hiri en souvenir de la ville de Flirah : le peuple se fit construire des habitations sendilahles, en se conformant au style du palais de Motewekkil , édifice qui est resté célèbre jusqu'à nos jours.
Ce Khalifi; lit reconnaître ses trois fils comme héritiers présomptifs, ;i savoir Mohammed Mountasir-Billah , Abou Abd Allah Moulazz-Iiillah et Moustaïn-BiUah (Mouayyad). Le poêle Ibn el-Mndebbir a rappelé cette circonstance dans les vers suivants :
Cette f'Icction, semblable à {'dlcction snns l'nrhrr, est uiio somrr dr bénédictions ponr le genre humain;
Elle a été établie par Djàrar (Motewekkil) m faveur dr ses trois fils illustres.
Ali, (ils (le Djehm, a dit sur le même sujet
vu. i^i
njii LES PUAIRIES D'OB.
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Dis au Klialiie Djàfar : Prince généreux, fils des Khalifes et des imams, guide de la voie sainte.
Voulant forlifler la religion du Prophète, tu as investi Mohammed de fautorité future sur les musulmans;
Puis tu as donné Moutazz pour successeur à Mohammed, et tn as désigné en troisième lieu le noble Mouayyad.
Motewekkil-Alallah fut promu au khalifat un siècle après rélection cVAbou'l-Abbas SafTah et deux siècles après la mort d'Abou '1-Abbas, fils d'Abd el-Mottalib; mais les opinions ne s'accordent pas sur ce point, et il faut tenir compte tle la divergence des Chroniques, de l'évaluation différente des années de leur règne, et du nombre de mois et de jours que les historiens y ajoutent ou en retranchent. — Motewekkil, peu de mois après son avènement, disgracia Mohanimed, fils d'Abd eî-Mélik Zeyyat, confisqua ses richesses et tout ce qu il possédait et investit de ses fonctions Abou 1-Wézir. Ibn Zeyyat avait inventé, pour torturer les coupables et ceux qui avaient mérité sa colère, un grand cylindre de fer, garni
CHAPITRE CXVll. 195
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de clous, dont la pointe, acérée comme des aiguilles d'embal- leur, se dressait dans l'intérieur. Ce fut dans ce même instru- ment de supplice, où il torturait ses victimes sous le règne de Moutaçem et de Watik, qu'il fut placé lui-même par ordre de Motewekkil, Il pria son ga;rdien de lui faire obtenir de l'encre et une fcuiilie de pa])ier afin d'écrire quelques lignes, et, le Khalife ayant fait droit à sa demande, il écrivit les vers que voici :
Telle est la roule qu'il l'aul suivre; cuU'C la veille et le lendemain il semble qu'on soit le jouet d'un rêve.
Cesse de gémir et prends patience, car les vicissitudes de la destinée frappent une l'aniille après l'autre.
Ce jour-lk Motewekkil était occupé et il ne recul j)as le billol , mais il en prit connaissance dès le lendemain et or- donna (|u'on ]nît ie jjrisonnier en liberté. On ne trouva plus qu'un cadavre. Son incarcération dans ce cylindre avait duré (piaranle jours. Ibn Zeyyat élait un rédacteur habile et im poêle dislingué; on cite de lui ces vers, dans lesquels il
i3.
196 LKS PKAir.IES D'OU.
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excitait Mamoun contre Il)rahim (fils de Mehdi), son oncle, qui venait do se révolter :
Me vois-lii pas qu'une cliose'eu enfanlc une autre, roninic l'élineeUc qui jaillit du briquet (et allume l'incendie)?
C'est ce que nous enseigne l'expérience de la vie, et le souvenir du passé pouvait le rcvélci- l'avenir.
J'ai toujours pensé qu'Ibrahim, dans la situation où il se trouvait, sus- citerait une catastroplic funeste comme sa vie.
Qu'on rappelle au l^rince des Croyants les occupations et la conduite de cet homme, dans les circonstances gaies ou sérieuses :
Lorsqu'il ébranlait les piliers de la chaire sous le poids de son corps, c'était pour chanter les charmes de Leïla, de Meyah ou de Ilind.
Cette poésie est fort longue. Voici un fragment d'une élégie funèbre qti'il composa en l'honneur de Moutaçem-Billah ;
Le sabre du Prophète semblait, dans sa douleur, répandre un lorrenl de larmes;
liC baudrier, la tunique (du Prophète) étaient encore imprégnés de ce parfum de vertu ([ui s'exhalait de sa personne.
CHAPITRE CXVJI. I'J7
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Je l'atteste ( et ce ([ue je dis est si vrai ([uc je suis prêt ù le rt^péter sous la foi du scrmeut):
Jamais un maître aussi sévère n'avait fait tien)l)lerles méchants, jamais uu roi plus juste n'avait protégé les opprimés.
Ou trouvera sou hisloire et des extraits de ses poésies les plus remar((ual)l("s daus uolre Livre Moyeu. — Abou 1- Wézir n'exerça ([ue peu de temps les ronctions de ministre; l(î Khalife lui donna pour successeur Mohammed (fils de Fadl), orij,Mnaire de DJardjaraïa, mais il révocpia bientôt celui-ci et le rem[)iaea |)ar Obeid Allah (lils de ^ahya), eu 233 de riiégire, lecpiel resta eu loiietions justpi;! ce (pi'il lut assassin(''. Nous avons raconté daus le Livre Moyeu les faits (pu" l(; eoueerueut, ses rapporis familiers a\t'e xMote- wckkil et riiisloiie dv Fatli, lils de Kliakau.
Voici ce (pH> raconte Mohammed (lilsde Vezid ) Vloberred : « iMon nom avant éli- pronoucf'- de\aut Molewekkil ;i l.i suite d'une discussion eiilic ce |)riuce et Falli. lils de Kiwikan, relativement au sens (rnn verset du Koran (pu pr(''sentait des variantes (keri), le Khalife adressa un message à Mo-
198 LES PRAIIUES D'OR.
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*X_A_Mi (jâ-A-JVJ j3j._*t>..XJ jl *>S.<w*.4* ,_}.«Sfc.Ui 3^j_A_^^ y)
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hammed (fils de Rarem, fils de Mohammed, fils de Suleï- man) le Hacliémite, son gouverneur à Basrah; celui-ci me fit conduire à la cour du Khalife avec les plus grands égards. Comme je traversais le Canton de Nômanyeh entre Waçit el Bagdad, on m'apprit quon avait établi dans le couvent de Saint-Héraclius un hôpital de fous : j'étais tout près de cet endroit, j'éprouvai le désir de le visiter et j'y entrai suivi d'un jeune homme aussi distingué par sa piété que par son instruction. Un fou s'étant approché de moi, je lui deman- dai : «Pourquoi résides-tu parmi ces gens-là et pourquoi te tiens-tu à l'écart .3» Il baissa les yeux, et haussant le ton de sa voix, il prononça ces vers :
Si l'on décrit mon extérieur, mon corps est clédiarné; si l'on scrute mes sentiments, mon cœur est pur.
Co qui redouble ma tristesse et ajoute à ma soulTrancc, c'est <|ue je ne puis me plaindre à personne de mon amour.
Dans les ardeurs du désespoir, j'appuie ma main sur mon cœur et je me replie sur moi-même.
CllAPimE CXVll. 199
Jfcjb Ui.jlj jij d[^ji ^ c:A.À.-M*5*i t:^S
«X-SlJ!_5 p_^-<y-îi ^^S^-ff5 CJ?'? >>JLx.x^ c:^_^l ;jl ^jy^i»- l»
Jj-V. ^-*J^ j'^j "^y l>" ^3 ^J-^ '^ c>.À*»*.r»-! c>.)*i <X_i=-î U <L^\ ;t-JkJaJCAwl ^J i^ i iS '^ ^ — *— ^ '^^
Ilclas ! quel amour! lli'las, mon pauvre cœur! Si je ne meurs pas de- main, je mourrai le jour suivant.
Mon cœur, sous l'élrcinte du souvenir, est comme une proie dans les crilTes du lion.
Je le complimentai cl le [)riai de continuer, ce (lu'il fit en ces termes :
Que la séparation csl mortelle pour l'âme, que le départ d'une amie est douloureux an cœur!
Ma vie touclie à son terme par rc\ccs de la sonllVauce (|ui ac(ai)le mon âme et mon corps;
Qu'il csl triste de mourir ainsi prisonnier et sous les coups répéli-s de la douleur et des soucis!
Cîiaquc jour mes yeux répandent dos larmes sur une partie de moi- même (pie la mort a envaiiie.
— «C'est très-bien, mecriai-je, (|iic Dieu le récompense et que ta bouche ne reste pas muette! Continue. » Il ajouta CCS vers :'
Dieu .sait que, niali,'ré ma donlenr, je suis inrapahie de dixul-jner ce que j'éprouve.
200 LES PUAIKIES D'OU.
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J'ai deux cœurs, l'un est enfermé ici, l'aulrc est clans une autre contrée;
Mais je ne trouve pour celui qui est ici ni secours dans la patieucc, ni soulagement dans la résignation,
Et je crois que mon cœur absent est, comme mon cœur présent, con- damné aux soufifrances que j'endure.
— « En vérité, lui dis-je, cest parfait! » et je le priai de poursuivre. — Je vois , me répondit-il , qu'à peine ai-je achevé un morceau tu m'en demandes un autre; ce désir est chez toi l'effet d'une grande curiosité littéraire, ou d'une sépa- ration douloureuse. A ton tour à me réciter quelques vers. » Sur mon invitation, le jeune homme qui m'accompagnait lui récita ceux-ci :
Reproches, séparation, adieux, départ; quels ycu\ après tout cela ne fondraient pas en larmes ?
Dieu sait que, si je me résigne, ce n'est pas ù leur absence, et que, si je retiens mes pleurs, ce n'est pas que j'en sois avare.
Non, je le jure par les tourments auxquels je suis condamné, depuis qu'elles s(> sont éloignées, mon ctrur ne désire (ju'elles.
CIIAPITl'.l-: CWII. 201
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J<>Â JJi l<A^j I4JU J^^ >U> ooiU»_^ c5>*^^i-^J^ •^
JUi cjI^ oii 5 *X-iJlji yi-i II!
IjAj*-^ U l^^ ^'O^^ <~^jS y\ Ut^ fi-^^^ <->^J fi^ \^:^j.j Joill t^jJU cyjLw^ cJxUvI 11 ^^Ai j.Ai i^,^ -5.JI ^U U
Je voudrais que, les sept mers veuanl à mou aide, mon corps tout en- tier se transformât eu un déluge de iarmes.
Je voudrais que dans tout mon corps, en guise de membres, il n'y eût eu que des yeux, le jour de la séparation.
Séparation maudite! une montagne qui la riMicontrerait ne larderait pas à s'écrouler.
Le départ, réloignenicnt, les espions, les ciianicaux (cliargés pour le voyage), indices sinistres derrière lesquels se montre le trépas.
— « (7('sl bien, s'rciia le fou , je nie souviens de (juclques vers sut- le sujet que lu xieiisde uie fiiire eiileiidic. \ eii\-lu (|iie j(! te les rceile?" .le le piiai de les diic el il coiitimia ainsi :
Ils sont partis cl les rideaux (du palanquin) se sont rclcrrncs sur eux. Ali! si j'avais été le maître un seul jour, ce départ n'aurait pas eu lieu.
Rii'u ne m'alarmait aujourd'hui, si ce n'est leur éloignenienl lors<iue les cliamcaux , se redressant, emportèrent ces eiières idoles.
O guide de la caravane, arréle-toi alin que je leur adresse nu's adieux, arrête un instant; dans ces adieux, il y a pour moi la mort.
Fidèle à mon serment, je n'ai pas brisé le pacte de mon amour. Que je voudrais savoir ce qu'ils sont devenus rlcpiiis luii' absrnn- si longue!
202 LES PRAIRIES D'OU.
J»_<ww._^ (;;^-=*- o»-s*-v-j l~i '^JH?-'* laÂ-wfci c:»^^) iji^M*.a Î^U» y) j_^ 4.A.Xifci>lj ^£\J f^yt^-Mà (^:>j^^ AAÀi:>_5 -i^'^-c *-^-^» (:?^^
5«X.*i^.j ttXJCjU ^sl^Ji (<;^js^Ji J^xlî ^»>s> (J^Jj '-^■S^-lj
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Moberred poursuit ainsi son récit : «Le jeune homme qui était avec moi s écria : «Ils sont morts! — Hélas! hélas! gémit le fou, s'ils sont morts, moi aussi je veux mourir! « et il tomba expirant. Avant de m'éloigner, je fis laver et en- sevelir le corps, je récitai la prière des funérailles et le fis inhumer. En arrivant à Sorra-men-rà, je fus introduit chez Molewekkil; quoique sous Tinfluence de la boisson, ce prince m'adressa quelques-unes des questions pour lesquelles il m'avait fait venir et je lui rendis réponse. Ensuite le poëte Eohtori, qui se tenait debout devant le Khalife, commença à réciter un poëme en fhonneur de Motewekkil ; or Abou'l- Anbas Saïmari (poëte burlesque) était dans lauditoire. Voici le début de la poésie tle Bohtori :
De quelicbouchc tu souris, de quel regard (sévère) tu rends tesjugc- niciils !
Tabciuitc brille de sou propre éclat, et rien ue rcssenil)lc plus i\ ta beauté que ta uiuuiUceure.
Dis au Rlialifc Djâlar cl-MotPwekkil, lits de Moutaecm.
CM A PI T ni: CXVIi. 203
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/0'«XxAa5 ti aOUsjjl^ AMij ^KJC» »i^ _j.^b (^jv^i^^i ^A>oi L, jUi »j yi il_j„] l_j_-<^ »X.*ioi.J u^AÀ*Ji _jj| J^^-i^li 5:>j..J j.^l3 »«XJÏ>
Au roi bien-aimé, fils du roi (51u de Dieu, au bicnl'aiteur, fds du ven-
deur
Quant à les sujets, leurbonlicur est inviolable, sous l'égide de ta justice;
Mais toi qui as relevé rédilicodo la gloire (jui était renversé et en ruines,
Conserve-toi |)oiu- la religion de Mobamnicd, car sou salut dépend du lieu.
Après l'aveuglement nous avons trouvé, grâce à toi, la huuière (de la religion), et la ricbcsse après le dénûmcnt.
Quand il eut dit ce detuiicr vers, li> poclc marclia à re- culons comme pour se letiier, mais Abou '1-Anbas, se le- vant vivement de sa |)lae(;, dit au Khalife : « l'riiice des Croyants, ordonnez (iifon le ramène, car en vérité j'ai trouvé la |)arodie de son poème. » Sur un sij^ne du prince, le poète revint sur ses pas, et Abou 'l-Anbas se mit à débiter les vers suivants que nous eussions passés sous silence si ce n'était tronquer Tanecdote :
Dans (|uolle lange cs-tu embourbé? De ([uclle main jiourras-tu manger? .1»^ «ondannir à l'ignoniinir la lêle d'Aboii Ybadeli cl Roblori, etc.
20^ LES PRAIRIES D'OR.
^_^ t^*XJi ^^^j^Jl (^^Xav L ^JÎ JlJLs j^i oiJI «j.Ài.S- ij^,_^_5i j^j.Xj^it (Jl W<Xj^ Jb llAjli»- iJijjkaXi »j>j.X.il J-çvwl^j
-0_Jt_j Jlï l^AJÎ; <;^]| L»X^îi d »J-X^ (j-« (J^j' U_5 AjIî^^ k^J^"^
Et il ajouta d'autres vers pleins d'invectives du même genre. Motewekkii fut pris d'un tel accès de rire, qu'il tomba en arrière en trépignant du pied gauche, puis il gratifia le bouffon d'un don de dix mille dirhems. Fath (fds de kha- kan] , lui dit alors : « Et Bolitori; après avoir été satyrisé et abreuvé d'injures, faut-il qu'il s'en aille les mains vides?» Le Khalife lui fit donner dix mille dirhems. « Et ce Basrien. (Moberred), ajouta le courtisan, que nous avons fait venir de son pays, n'aura-t-il pas une récompense égale à la leur.^ — Qu'on lui donne dix mille dirhems, » ordonna le prince. Nous nous retirâmes ainsi sous les auspices de cette bouffon- nerie, sans que Bohtori tirât aucun avantage particulier de son application, de ses travaux et de son talent. A la suite de cette scène, Motewekkii dit à Abou '1-Anbas: « l\aconte-moi l'histoire de ton âne et sa mort, et dis-moi les vers qu'il te récita en songe. — Volontiers, Sire, réj)ondit lebouffttu. Ce baudet était plus sensé que tous les kadis (Misend)le : jamais d'emportement, jamais d(î laux pas. Survint une maladie subilf> qui me l'ridcvii; je le \ is en rév(> <■! lui (lis : "O mon
CIIAPITI'.E ex Vil. 205
*^jl_À_J) (^v-J Wyi AXjivJ ^-T-À.^ C>Lv« -jOvÀi ^^ aXs ^Xtlî Ajj
l»X_S^ i j^S'^j aJ^J ji/*KAAaJ| ij':^» (^ c:*jii5 (^«xJi -^aJI l-g-jJÙifcXi 4^wA5 «>/»l^o cy«Xifc.l; Lj^JolwJ *Liu<*j>. /jli'i 1^ c:>w»
àne, esl-c(^ que Ion eau n'était pas toujours fraîche et ton orge soigneusement mondé? Est-ce que je ne te prodiguais pas tous mes soins. Pourquoi cette mort subite? Que t'est-il arrivé? — Voici, me dit-il : le jour où vous vous arrêtâtes chez le mercier un tel, tandis que vous causiez de la pluie et du beau temps, uneânesse splcndide vint à passer : je la vis, mon cœur s'en é|)iit; je l'aimai d'un amour si violent, que je succombai à ma tristesse, à mon désespoir. — l-lli bien, mon âne, n'as-tu pas fait quelques vers à ce propos? — Si fait, répondit-il, les xoici :
Mon cœur sV.sl ('pris d'une ànt'sso A In porte tl'iui broranlenr. l'îsciavc (le sa f^cntillcssc Et (le son sourire cncliantonr, De son minois plein de finesse. De son leint frais eomtne une (lenr, •l'en .^uis niorl. d'eùl élé faiMesse De vivre dans le désiionnenr.
20() MvS PHAIRIES D'OR.
<_>>JaJ ^A^:il «_^:^^ (J-» Î<X£Ù Jb ^|jjui.ji {^ (Sj^^ l? C:*^** jl.,*»jsi ».;»Aisj ftyifi cliji i_^Ajij. ^i (jvÀxiS (jv-g.A4i >-*ij jOjJCAil
à\.-^ aMI «X-\.& ^j5 c:y«X5».^ <Xj\.*l>^ (j*K.AÀ;sJi ^\ a,«jXj ,5
— « Je demandai à mon âne ce que voulait dire le terme chaharani.]} me répondit : « Ce mot s'applique au\ pins beaux d'entre les ânes. » Motewekkil que ce récit avait égayé, or- donna à ses musiciens et chanteurs de mettre en musique, pour ce jour-là, la chanson de Tàne; jamais on ne le vit manifester une gaieté plus Vive, ni une joie plus expansive. Quant à Abou '1-Anbas, il fut comblé d'honneurs et de pré- sents.
Abou Abd Allah Mohanmied (fils d'Orfah], le grammai- rien , a recueilli le récit suivant de Mohammed (fils de Yézid) Moberred : «Le Khalife Motewekkil dit, un jour, à Abou '1- Haçan Ali (fils de Mohammed, fils d'Ali, fils de Mouça, fils de bjâfar, iils de Mohammed, fils d'Ali, fils d'Abou Talib) : « Quels propos les fils de ton père tiennent-ils contre Abbas, fils d'Abd el-Mottalib? » Ali répondit : « Prince des Croyants, comment la postérité de mon père pourrait -elle parler mal d'un homme, aux fils duquel Dieu a ordonné que ses créatures fussent soumises, tandis qu'il a ordonné aux fils d'Abbas de lui obéir?» Cette réponse lui valut cent mille dirhems; néaninoins sa pensée véritable étail rcl!e-ci:
GllAPrmE ex VII. 207
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« Un homme qui a |)rescnt à ses lils d'obéir à Dieu; » seule- ment il eut recours à une expression détournée [taarid). Ce même Abou '1-Haçnn Ali avait été calonmié au])rès du Khalile : on raccusait de cacher dans sa demeure des armes, des livres et d'autres indices du chiisuK^; une troupe de Turcs et d'agents apostés par oidre du prince envahirent sa maison à l'improviste. On trouva Ali seul dans une chambre oii il se Icnait enfermé; il était vêtu d'ime simple lobe de bure, le sol de sa chambre, entièrement dépourvu de lapis, élail formé de sable et de cailloux; il avait la télé couverte d'une mclhafah (sorte de capuchon) de laine, se recueillait en Dieu et psalmodiait des versets du Koran sur les re- compenses et les chàliments. On s'empara de lui dans raccontrenient où il se trouvait et on le mena chez Mole- wekkil, au nn'lifu de la nuit. Le Khalile, quand le prison- nier panil dcNiuil lui, était occupé à boiic cl Icnait une coupe à la main; en le voyant entrer, il l'accueillit avec con- sidération cl le (il asseoir à ses côtés. /Vpprenant cpic rien de susj)eel ii'a\ait eh- lr()n\e dans sa maison et qu'aucune
208 LES PRAIRIES D'()l\.
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charge ne s'élevait contre lui , il lui tendit la coupe qu'il te- nait à la main: a Prince des Croyants, s'écria Ali, jamais cette boisson ne s'est mêlée à'ma chair ni à mon sang ; veuillez donc m'excuser. » Le Khalife n'insista point, mais il lui de- manda de dire quelques vers ; Ali récita ceux qui suivent :
Ils habitaient les cimes des montagnes, protégés par des cohortes nom- breuses; mais à quoi leur ont servi leurs retraites inaccessibles ?
Après quelques jours de puissance, ils sont descendus de leurs for- teresses pour être couchés dans la fosse; quelle triste chute !
Une fois dans le tombeau, ce cri s'est fait entendre: Où sont les trônes, les couronnes, les vêtements somptueux?
Que sont devenus ces visages rayonnants de bonheur, devant lesquels les rideaux et les voiles s'abaissaient ?
Kt à ces questions la tombe a répondu pour eux : Ces visages, les vers se les disputent.
Ceux qui étaient assis à la table du plaisir, après en avoir épuisé les jouissances, servent eux-mêmes de pâture aux vers.
Ils avaient bâti pour leur défense de solides édifices; châteaux et famille, ils ont tout quitté et sont partis.
CHAPITRE CXVIl. 209
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Les trésors qu'ils amassaient Pl quils cachaient depuis longtemps, ils les ont laissés à leurs ennemis et se sont éloignés.
Leurs demeures sont vides et désolées, et ceux qui les liabilaieni ont été portés au sépulcie.
Mobeired ajoulo : « Tous les témoins de celle scène s'api- toyaient sur le sort d'Ali, persuadés qu'une sentence terriJile allait l'atteindre; mais il n'en fut rien. Motevvekkil répandit des larmes si abondantes, que sa barbe en fut toute mouillée, et fous les assistants pleurèrent avec lui. Puis il fit dispa- raître l'appareil du festin et demanda à Ali : « Abou'I-Hacan, as-tu des dettes? — Oui, répondit-il, je dois quatre mille dinars. » Molewckkil ordonna qu'on rcmîl à Ali cette somme fl ([u'on le reconduisit ensuite à son lot^is a\('c toutes sortes d'égards.
Vloliamnied (fils de Samaâh) le jtifije, (liscij)le de Moliam- nied ben el-Haean ((llied)ani) et d'Abou lianiiab, mourut sous le rè'^ne de Motewekkil, en r.iiiMee î.'iS; (pioique cen- tenaire, il ('lait vififoureuv de corps et d'esprit ; il jouissait de toutes ses facullés, dellorait des vier-;j;es, donq)lait des ehe- v^i. l/l
210 LES PHAIHIKS D'OR.
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vaux difficiles et ombrageux et ne se refusait rien. \ oici ce que rapporte son fils Samaàh : « Mon père Mohammed ben Samaàli m'a dit avoir trouvé, du vivant de Sawar, fils d\\bd Allah, juge sousMansour, une pièce de sa main renfermant ces vers que, selon mon père, il avait lui-même composés ou que du moins il affectionnait :
J'ai dépouillé mes os de leur chair et je les laisse nus et fragiles dans leur mince enveloppe.
Jen ai épuisé la moelle et les voilà comme des fioles de verre à travers lesquelles siiBe le vent.
Si ta main me soulevait et écartait mes vêtements, tu verrais la maigreur de mon corps; mais je le dérobe aux regards.
Ce Mohammed ben Samaàh a laissé de bons ouvrages .sur le droit, ainsi que des traditions recueillies de Cheïbani et d'autres savants : de ce nombre est le Traité des (questions rares, d'après Cheïbani, manuscrit composé de mille folios.
CIIAPITHK CXV
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de son frère, que portait la chamelle baclrienne, savanrait entre les deux rangées de troupes au pas cadencé de son éléphant ; il regardait à droite et à gauche, observait ces sol- dats et cet appareil militaiiv et manifestait ses regrets et son désespoir de n avoir pu répandre leur sang; mais la vue de ces forces immenses ne lui causa aucune surprise. Ce fut le jeudi, deu\ie?iie jour de safer 22.3, que ce spectacle d'une magnificence inouïe fut donné au peuple. Moutarem reçut Afchîii avec considération et lui accorda une place d'honneur; Bahek fut conduit et promené devant lui : <■ Es- tu bien, Babek.^» lui demanda le Khalife; pas de réponse. Il répéta plusieurs fois sa question; le prisonnier continuait a se taire ; Afchîn se pencha vers lui et lui dit : ■ Malheureux, le Prince des Crovants t'adresse la parole et tu gardes le si- lence! » Il répondit enlin : « Oui , je suis Babek. » Moutaçeui se pix)slerna et pria ; puis il lui fit couper le^ mains et les pieds. Voici ce que j'ai trouvé dans les .\nnales de Bagdad. Lorsque Bal>ek Itii tut anuiu'. Moulaceui demeura silen-
130 LES PRAIRIES D'OR.
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cieux pendant un moment; il lui demanda ensuite s'il était Babek. «Oui, réponditcelui-ci, je suis votre esclave et votre serviteur. >- Le vrai nom de Babek était Ilaçan, et celui de son frère, Abd Allah. Le Khalife ayant ordonné de le mettre à nu, les valets lui enlevèrent les vêtements magnifiques qui le couvraient; on lui coupa la main droite et l'on souffleta son visage avec cette main; on (It de même avec la main gauche, et, en troisième lieu , on lui coupa les pieds. Le sup- plicié se tordait sur le tapis de cuir des exécutions dans une mare de sang; il pariait avec volubilité et offrait spontané- ment de grandes richesses. Comme on ne l'écoutait pas, il se frappait le visage avec ses deux moignons. Moutaçem or- donna au bourreau d'enfoncer son sabre entre deux côtes au-dessous du cœur, atin de prolonger le supplice , ce qui fut fait. Enfin il donna l'ordre de trancher la tète; les membres furent réunis au tronçon du corps et attachés au gibet; quant à la tétc , portée d'abord à Bagdad et exposée sur le pont d(> cette ville, elle fut ensuite envoyé dans le Khora-
CHAPITRE CXVn. 211
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— En la même aimée 233 mourut Yahya , fils de Màyin , et en 2 35, moururent Abou Bekr, fils cFAbou Cheïbah et (Obeïd Allah ben Omar) Rawariri, tous deux traditionnistes ('mi- nents. CVsf aussi en 235 que mourut Ishak (fils d'Ibrahim, fils de Morâb) ; il f^ouverua la ville de Bagdad et fut remplacé dans ses fonctions par son fils. Nous avons, dans les Annales historiques, cité quelques traits intéressants de sa vie. De ce nombre est le curieux épisode suivant qui se passa pendant rpril f^ouvernail Haj^dad et dont le récit a été recueilli de sa bouche, par Moura (fils de 8alih, fils de Cheikh, fils d'O- meirah) el-Açedi. Le Prophète lui apparut en songe et lui dit : « Henfis la liberté au meurtrier. » Ishak fut saisi d'une grande frayeur; il examina les rapports qu'on venait de lui adresser fies prisons et, n'y trouvant aucune mention d'un meurtrier quelconque, il fit appeler Sindi et Abbas et leur demanfl.i si r[iie|qiif' indivirlii ne leur axait pas été amené
t>J2 LES PKAIHIES D'OR.
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sous rinculpation d'assassinat. «Oui, répondit Abbas, et nous en avons dressé procès-verbal. « Ishak recommença ses recherches et trouva cette pièce qui s'était glissée au milieu de nombreux dossiers : il ;y était question d'un homme accusé de meurtre par différents témoins et qui avait avoué son crime. Le gouverneur le manda en sa présence et le voyant en proie à une grande terreur, il lui promit la liberté s'il faisait des aveux sincères; cet homme lui révéla les faits suivants. De concert avec quelques complices, ils commet- taient des méfaits de tout genre et violaient toutes les pres- criptions de la loi; ils se réunissaient dans une maison de la ville d'Abou Djâfar Mansour (yipux Bagdad, sur la rive droite du Tigre), qui était le théâtre ordinaire de leurs tur- pitudes. Un certain jour, une vieille femme qui pourvoyait h leurs débauches, y amena une jeune fdle remarquablement belle; cette enfant poussait des cris déchirants en traversant la maison. « Je (juittai mes compagnons (ajoutait le prison- nier) , <>|, courant à elle, je la fis entrer dans une chambre; après avoir calmé son effroi, je voulus connaîlie sou his-
CHAPITRE ex VII. 213
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toirc: «Mon Dieu, s'écria-t-elle, mon Dieu, protégez-moi : cette vieille m'a trompée en me disant (pi'elle avait clans son armoire une boîte d'une beauté incomparable; elle a si bien llatlé ma curiosité , que je l'ai suivie sans méfiance et c'est ainsi qu'elle m'a entraînée chez vous. Mon aïeul est l'Apôtre de Dieu, Fatimali est ma mère et Haçan ben Ali mon père. Que leur mémoire soit ma sauve- garde ! » Décidé à sauver cette jeune fille, je retournai auprès de mes amis et les informai de ce ((ui se passait; mais on eût dit que mes paroles les excitaient davantage, car ils me répondirent : « C'est après avoir assouvi tes désirs que lu cherches à l'éloi- gner de nous! » Ils se précipitèrent vers la pauvre fille; je me plaçai devant elle pour la défendre et la querelle s'en- \cnima à ce point, que je reçus des blessures. .Te me jelai sur le plus acharné au moment où il s'élançait sur elle avec une fureur bestiale, et je le tuai. Puis, icdoublani d'ellbrts pour la défendre, je finis |)ar la lir<'i- saine el sauve de leurs mains; une fois échappée au p<Til qui la menaçait, je la fis sortir de la demeure el je surpris ses paroles: «Que l)i<'U le
2\ti LES PHAIKIES D'OH,
ji »4>Jjj :>î_^i jl yo tX^I J^ kd^i^j iJ\,Ai2AJ! -eUiï <J_5_5 ^î_j
protège comme tu m as protégée; qu'il soit pour toi ce que tu as été pour moi-même!» Cepeudant les voisins attirés par les cris étaient accourus. En me voyant un couteau à la main près d'un homme baignant dans son sang, ils m'arrê- tèrent et me livrèrent en cet état à la justice. » Ishakdit alois au prisonnier : « Je veux reconnaître la protection que tu as accordée à cette femme, je te pardonne, pour l'amour de Dieu et de son Apôtre. — Et moi, répondit cet homme, j(; jure par ceux en laveur de qui vous me j)ardonnez, que je ne retomberai plus dans le crime et que j'éviterai toute ac- tion blâmable jusqu'à ce que je me préseule au tribunal de Dieu. » Ishak lui ht part ensuite de son rêve en ajoutant que Dieu ne laissait pas une telle action sans récompense, et il lui olFrit, en conséquence, une somme considérable; mais cet homme ne voulut rien accepter.
En 207, Motewekkil rendit ses bonnes grâces à Abou Mohammed Yahya (Dis d'Akteni) le kadi, qu'il rappela à Sorra-mcn-rà , pour l'investir des fonctions de Grand-Juge. H disgracia Ahmed ben Abi Douad, et son fils Abou '1-Walid
CHAPITRE CXVII. 215
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Mohammed , qui occupait celte place ; il confisqua sur la for- lune de ce dernier une somme de cent vingt mille dinars et des bijoux pour une valeur de quaranle mille dinars, puis il Texila à Bagdad. Abou Abd Allah Ahmed (fils d'Abou Douad) avait été frappé de paralysie ({uarante-sepl jours après la mortde son ennemi Ibn Zeyyat (en 2^3 de Phégire) ; il mourut en 2/io, vingt jours après la mort de son propre (ils Abou 1 Wélid (Moliammed ben Ahmed).
Ahmed (lils (TAbou Douad) fut, comme on le sait, un de ces hommes privilégiés dont Dieu se sert pour répandre ses bienfaits, un de ceux devant <pii il aplanit la roule du salul et à qui il inspire l'amour du bien et la pratique des bonnes œuvres. On lacoiilc cpic le klialife Moulacem avait réuni quelques courtisans ;i Djaurak (palais |)rès de Bagdad) pour boire le \in du malin et leur axait ordonné i]v pr(''parer cha- cun un plat de sa fa(;on , lorscpTil apcrrut Sallamali, l<' page d'ibn \l)! Douad :.. \oici, (lil-il, I.' pai;c (Tlhu \l)i Douad qui vient s'eucpiérir de ce (pie uous faisons; dans un moment son maître va se présenter; il me |)aileia d'un iel de la la-
216 LES PRAIRIES D'OR.
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mille de Hachem, cFun tel de Koreich, et d'un Ansar, et d'un Arabe, de sorte qu'avec ses requêtes il troublera nos projets de plaisir. Je vous prends à témoins que je n'accueil- lerai pas une seule de ses demandes aujourd'hui. » Il venait à peine de prononcer ces paroles lorsque (le chambellan) Itakh annonça Abou Abd Allah, « Que vousdisais-je? » ajouta le prince en s'adressant à ses convives; et comme ceux-ci l'engageaient à ne pas recevoir le kadi, Moutacen» répondit: «Malheureux que vous êtes! une fièvre d'un an me serait chose plus facile! » Le kadi entra et salua; à peine avait-il pris sa place et commencé à parler que le visage du Khalife se déridait et que la joie se répandait dans tout son être. « Père d' Abd Allah, dit-il ensuite au nouveau venu, chacun de ceux qui sont ici vient d'appréler un plat de sa façon et nous te prenons pour juge en cette affaire. — Qu'on me serve ces mets, répondit le kadi, afin que je puisse y goûter et pro- noncer en connaissance de cause. » On apporta les plats el on les posa devant lui. Il se mit à manger copieusement ilu premier qui lui fut présenté. «Voilà qui est injuste, lui (ht
CHAPIÏUE CXVIl. 217
Ut Jii ^- J'oi U^ yu J'it ^U Jl-j ^-ȉ;jdl >i ^Aiii j^xJi^i
Ulj l-^-^^j i-ïi^ l.^.li-j:i-5l lil l^i^U^ :>l^i *xji3 h^ *XJi_i »»X_££> Ulj l-6-^5y JIJOliL l^isrUo I^aXL »XJii S <X^ j^*>ocl5 \.Juio^ iS'^^ ^ir^J-^ ^J^3 1r*^ '^^^^ *"(r'^'^ <J^ (J*^^"^^ ^i WA î_p^l iC -.^iiJi ^ J^t <kj ^-^^-^^Î ^.j }-^ i^\k*£L> l^X
Moularem. — El pourquoi, Sire? — Il me semble qu'après avoir mangé de ce plat avec tant de plaisir, lu le pronon- ceras en faveur de celui qui l'a préparé. — Prince des Croyants, i-épliqua Ihn ;\.bi Douad, je m'engage à fiiire hon- neur aux autres plats tout autant ([u'à celui-ci. — Soit, dit le Khalife en souriant, cela te regarde. » Le kadi tintsa promesse et se prononça ensuite en ces ternies ? «Le mérite de celui qui a accommodé ce mets, c'est qu'il y a prodigué le poivre en ménageant le cumin; le mérite de cet autre, c'est qu'il y a prodigué le vinaigre et ménagé Thuile. Ce qui rend cet autre plat excellent, c'est que les épices y sont mélangés en égale proportion; quant à celui-ci, l'auteur a fait preuve de goût en y mettant moins d'eau ([ue de honillon;" el il signala ainsi \o mérilc de clia((ii(' ragoût a\('c des doges (jui cliannaicnl celui (pii l'avait prépare. Puis il se mit a table avec les convivcîs, et mangea de la meilleure grâce et du meilleur appélit, eu rappelant les prouesses des grands mangeuis des premieis A^;es de lislam, comme
218 LES PRAIRIES D'OR.
J._A_^ »j_.sû:> ii.J^i 0.£ Aj'Xjt' ij^^ ^Jd5 «Xas /vj -.L<rJ^» 4^L^-=ï. ^ï^-^'j JlXHÎ /cjU-^j ijl^aAil ^ij^^ij ;^Ji «j-«*^-«
Moâwiah, lils crAbou Sofian; Obeïd Allah, fils de Ziad; Haddjadj , fds de Youcouf, et Suleiman, fds d'Abd el-Molik, ou bien celles des plus fameux gourmands de l'époque, comme Meïçarah le marchand de dattes, Dawrak le bou- cher, Hatem le mesureur de grains et Ishak le baigneur. Quand la table fut enlevée, le Khalife lui demanda : «Père d'Abd Allah, as-tu quelque requête à m'adresser.^ — Oui Sire, répondit le juge. — Parle, car nos convives sont im- patients de se divertir. — Eh bien, Prince des Croyants, un membre de votre famille a été disgracié de la fortune; il se trouve dans une situation pénible et il vit misérable- ment. — Qui est-il ? » demanda Moutaçem. Le kadi nomma Suleiman (fds d'Abd Allah) Naufeii. — « Estime ce qu'il lui faut. — Cinquante mille dirhems. — ■ Je les lui donne. — J'ai une autre requête, reprit le juge. — Quelle est-elle.'' — Veuillez rendre à Ibrahim, fds de Moutamer, ses biens domaniaux. — J'y consens, répondit le prince. — Voici une troisième flemancie. — - Accordé, » répliqua VIoutarem; (!<•
ciiAPrrni-: ex vu. 219
AJUki- i JU» (^^Aiaji. ^b (^Cs- \^i^ *=,^ (j-s^ 2>ij.j ^ ii>U- J.Xa£; cjU> w^-eii< J^-^AJ» ^y^ '^i 4r^ dJ??-^-*^' J-^' ^
Jj^JOj A?;-J^ f^^:?^ ^'^. (J^j^- t^*^' ^^'-5 ''^ ^*A>^i^
sort«> que le kadi ne s'éloigna pas avant d'avoir exposé treize affaires pour lesquelles il n essuya pas un seul refus. Il se leva alors et prononça Tallocution suivante : « Prince des Croyants, ({ue Dieu vous accorde de longues années, car votre evistence doinie à vos sujets d(>s canq)agnes fertiles, une vie heureuse et des richesses fécondes! Puissiez-vous jouir d'une félicité parfaite, être coud)lé des faveurs de Dieu et préservé de loul malheur, de loule disgrâce I- Quand d se fut éloigné, Moufacem ajouta : " Kn vérilé, on est fier de connaître un homme lel que lui et heureux de le fréquenler; il l'emporte sur milh; de ses égaux. Avez vous remarqué comme il s'est présenté, comme il a sahu' et pi is la parole:' Avec quel art il a su goûter et louer les mets et s'étendre dans l'entretien, enfin (pielle gaieté il a n'pandiie sur notre re- pas? IVjur repousser une demandi' \niaiil de lui il laudrait être un homme vil et de hasse origine. Vrai Dieu, s'il m'eût demandé séance tenante la valeur dedix millionsdedirhems, je n'aurais su les lui refuser, parce que j,e suis convaincu
220 LES PRAIRIES D'OR.
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qu'en retour de ce don il m'aurait acquis de la gloire en ce monde et une récompense dans la vie future. » — Voici quelques vers du Tayite (Abou Tammam) en Thonneur d'Ahmed, fils d'Abou Douad :
Les perfidies de tous les âges sont effacées par les nobles actions d'Ah- med , fils d'Abou Douad.
Je n'ai jamais voyagé dans le inonde sans devoir à sa générosité ma monture et mes provisions de route;
Ma pensée et mes espérances demeurent stables auprès de toi, alors même que ma caravane erre à travers les pays.
La tradition a conservé l'anecdote suivante racontée par Fath, fils de Khakan : «Je me trouvais, dit-il, auprès de Motewekkil un jour où , ayant l'intention de boire le vin du matin dans (son château de) Djàfari , il avait envoyé quérir ses courtisans et ses chanteurs. Nous nous promenions et ^ s'appuy.inl sur moi, le Khalife prêtait l'oreille à mes dis- cours; nous arrivâmes ainsi sur une ("minence d'où nous pouvions voir lecaniil. Le prince se fit npporter nn (aiilenil
CHAPII UK i:XVll. 221
y.X.> fi.À- ^J-« r^\j),^M l-T-AJ j^i^J */*^-^ ^"^i ^J^^r! (J^r^ ^^^_5
^J^iJJiJi i^j:>Uj UJ\.=^ (^ ^-(p? t^ V""^^^'-^ t^-^h^ U ^^' Ui J^xl! i_j^t=-3 Uj.^^ ^ /«•■4-^>*J <-^>!^'^ fi-^ J-« 1^ iiA^^ll
JwLX_J^-«i ««^Jl^i ,^J.• ^j..i 1^3 *Xji^i! (_>.XAi'^_J j.lxkJi J-AÏi^
et s'assit; tandis ([lul causait avec moi, il apt^rçut une em- barcation attachée tout près de la berge du canal; un ma- telot faisait cuire "dans une grande marmite placée devant lui un sikbadj de bœuf (vinaigrette de viande hachée et assaisonnée de miel), dont Todeur se répandait au loin. «Falh, me dit le Khalife, cela sent le sikhadj ; par Dieu, sens-tu, mon cher, quel délicieux fumet? Qu'on me l'apporte tel quel I » Les valets de pied s'empressant coururent enlever la marmite des mains du matelot; ce que voyant, les mari- niers (le rembarcalioM faillirent mourir de saisissement et (le peur. La marmite aj)portée au Khalife toute bouillante H telle (pi'on l'avait prise fut placée devant nous. Enchanté du parliuM et de la couleur appétissante du ragoût, Mote- wckkil (lcni;ui(l;i une ruiclic de |)aiM, eu cassa un morceau (pi'il me donna, eu prit un autre morceau pour lui et nous mangeâmes l'un et l'autre trois bouchées de ragoût ; après nous, les couilisans et les chanlcurs viiuviil en prendre chacun une boucht'e; ou apporta ensuite le dejenner et les tables iuren! servies. Le repas termine, Vloleuekkil lit videv
222 LES PUAI RIES D'OR.
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et laver la marmite en sa présence et ordonna qu'on la rem- plît de dirhems; on y versa tout le contenu d'un group; mais comme il restait encore dans le sac environ deux mille dirhems, le prince dit au valet qui se trouvait devant lui : "Tu vas prendre ce vase, tu le porteras aux mariniers et tu leur diras : Voici le prix de ce que nous avons consommé de votre ragoût. Puis tu donneras à celui qui Ta préparé Vexcédant de cette somme pour le récompenser de son excel- lente cuisine.» Fath ajoute que le Khalife disait souvent, lorsqu'on lui rappelait le plat du matelot : « Je n'ai jamais mangé rien de meilleur que le sikbadj assaisonné, ce jour- là, par les mariniers. »
Le jurisconsulte Abou '1-KaçemDjàfar (fils de Mohammed, (ils de Hamdan) Moçouli, qui était originaire de Haditat el- Moroul, m'a transmis, dans la ville de Djoheïnah, le récit suivant fait à Abou '1-Haran Salihi par Djahiz. « On m'avait- recommandé au Khalife Motewekkil , raconte Djahiz, pour diriger rédiicalif>n d'un de ses fils; mais quand ce prince me
CIlAPirUK CW 11. 22.)
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vit, il trouva mon j)]iysique déplaisant et, me faisant donner dix mille dirhems, il me congédia. En sortant de chez lui, je rencontrai Mohammed hen Ibrahim (gouverneur de la Perse), qui était sur le point de se rendre à Bagdad; il me proposa de l'accompagner et de descendre le Tigre dans son embarcation. J'y pris j)lace à côté de lui; quand nous arri- vâmes à l'embouchure du canal de Katoid, après avoir quitté Sainarra, Mohammed fit dresser une tente fermée par des rideaux et appela ses chanteuses. Une joueuse de lulh com- mença sur les paroles que voici :
Chaque jour, une rupture, des reproclics ! Le lemps s'c'couio ri notri' colère ne s'apaise point;
Qui me (lira si ce malheur ne frappe cjuc moi seni au nionJc on s'il est <<>mmun à tout ce qui aime ?
Elle s'arrêta, et sur l'ordre du |)iin((' une guilarislc cliaula l'air suivant :
Pitié pour (le p.nivrcs amants (pic je vois ahainlonnés c!(! tous. Avec quelle cruanlé on les repousse, on les <''loi<jnc, ou les sépare, el ils seraient patients !
224 LES PRAIRIES D'OR.
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La joueuse de lulli reprit : « Que doivent-ils faire aiors ? » La guitariste répondit : « Voilà ce qu'ils font ; » et de sa main elle déchira le rideau , nous apparut brillante comme le demi-disque de la lune et se précipita dans le fleuve. Au chevet de Mohammed se tenait un jeune page, qui pouvait rivaliser de beauté avec elle; en voyant cet acte de désespoir, il jeta le chasse-mouche qu'il avait à la main, courut à l'en- droit d'où elle était tombée et la voyant passer entre deux eaux, il s'écria :
C'est toi , après le destin , qui mo jettes dans le gouflVe; peux-lu encore le comprendre ?
Et il se précipita dans le fleuve sur ses traces. Les mate- lots ayant viré de bord, on aperçut les deux amants qui se tenaient entrelacés; puis ils disparurent. Cette scène avait assombri et gravement impressionné Mohammed; il me dit alors : « Amr, raconte-moi une histoire qui puisse me con- soler de la perte de ces deux serviteurs, sinon je t'envoie les rejoindre. » Voici, ajoute Djahiz, b^ récit que je lui fis. « On
CHAPITRE CXVFf. 225
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(J.^ls<^^^-«oi-^*>)l «Xio^ÀJ jlj JJ^XJcJi l*X>iû (ja«j 5A^ /oJslîI
raconte que Yézid, fils d'Abd el-Mélik, présidant, un jour, Taudience de justice, trouva parmi les pièces qui lui fu- rent présentées une requête ainsi conçue : « Plaise au Prince des Croyants (que Dieu le glorifie!) faire venir en ma pré- sence son esclave une telle, pour qu'elle me chaule trois airs. » Yézid courroucé ordonna qu'on lui apportât la tête du coupable; mais il envoya un second messager sur les traces du premier avec Tordre d'amener fauteur de la requête. Quand cet homme lut en sa présence, le prince lui de- manda ce qui avait pu lui inspirer une action aussi hardie. "C'est, répondil-il, ma croyance en votre bonté, ma con- fiance en votre pardon. » Le Khalife le fit asseoir et lorsque tous les Omeyyades, jusqu'au dernier d'entre eux, se furent éloignés, il fit venir l'esclave avec sou luili à la ruaiu. l,e jctuie homme lui demanda cet air:
Doucement, Falimali, modère ta roqnctteric clédaignense, cl, si (ii as juré de me quitter, du inoius sois douce envers moi.
VU. 1 3
22() LES PRAIRIES D'OR.
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L'esclave chanta; ensuite le jeune homme, avec lautori- sation de Yézid , réclama cet autre air :
L'éclair brille dans la direction du Nedjd et je lui dis :■ Eclair, je n'ai j)lus le temps de t'observcr.
Un autre que toi m'occupe , un ennemi altéré de vengeance et de haine, dont la main lient une lame nue, acérée comme la pointe d'une lance.
Elle le chanta aussi. « Parle, dit le prince au jeune homme. — Ordonnez qu'on m'apporte une amphore de vin, » répon- dit-il. On la lui apporta; à peine l'eut-il vidée qu'il se leva brusquement, grimpa au faîte dn dôme sous lequel le Prince était assis, se précipita la tête la première et expira. Yézid s'écria alors : « Nous appartenons à Dieu et nous retournons vers lui. Voyez le sot, l'insensé, qui croyait qu'après lui avoir montré une de mes esclaves je la garderais en ma possession ! Pages, faites sortir cette fille et conduisez-la dans sa famille, si elle en a ; sinon vendez-la.et distribuez l'argent eu aumônes , à l'iutention du mort. » On l'emmena aussitôt; en traversant la cour (lu ])alais, (>lle vit une fosse qu'on avait creusée au
CHAPITRE CXVU. 227
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milieu du palais de Yézid pour recevoir les eaux de pluie; elle échappa aux mains de ses gardiens et prononçant ce vers :
Ceux qui meurent d'amour doivent mourii- ainsi ; l'amour ne vaut rien sans la mort.
Elle s'y précipita la tète en avant et mourut. Ce récit (ajoute Djahiz) consola Mohammed, cl je reçus de lui une belle gratification. » D'autres cependant font figurer dans cette aventure Suleïrnan, fils d'Abd el-Mélik, au lieu de Yézid, fils d'Abd el-Mélik.
Djahiz poursuit ainsi : « Lorsf|ue j'eus transmis ce récit à Abou Abd Allai) Mohammed (fils de Djàfar) Anbari dans la ville de Basrab , il me dit : « Je veux à mon tour le raconter un fait analogue à celui que tu viens de tue rcxc-lcr. Je le dois à reunuque Faïk, qui était mawla de Moliainuied (fils d'Homeïd) Toussi. Ce dernier était assis, un jour, avec quelques intimes et il écoutait une esclave qui, séparée de l'assemblée par un rideau, chantait ces vers :
22« LES PRAIRIES D'OR.
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Belle qui habites ce château, lorsque tu te lèves brillante comme la lune, je soulTre parce qu'un autre que moi te possède;
Mais si Dieu lui-même a voulu que tu me fasses éprouver cette dou- leur, que puis-je faire ?
Derrière Mohammed, un jeune page, une coupe à la main, lui servait à boire; il la jeta à terre, courut k la fenêtre et se précipita dans le Tigre en s'écriant : « Voilà ce que tu dois faire!» Aussitôt la chanteuse déchira le rideau et se jeta clans le fleuve sur ses traces; toutes les recherches faites par les serviteurs pour retrouver les deux victimes furent inu- .tiles et Mohammed, interrompant la fête, se relira.
En 2 33 de Thégire, Motewekkil, irrité contre Omar ben Feredj , originaire de Rokkhedj, écrivain d'un talent supé- rieur, confisqua ses biens et ses bijoux, ce qui représentait environ cent vingt mille dinars. Les biens de son frère furent également confisqués jusqu'à concurrence de près de cent cinquante mille dinars. (Ce dernier qui se nommait) Moham- med obtint ensuite sa grâce et la restitution de ses domaines
CHAPITRK ex VII. 229
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moyennant une somme de vingt et un millions de dirhems. Le Khalife le disgracia une seconde fois cl le condamna à être soufileté tous les jours; d'après le calcul qui en fut fait, le malheureux reçut six raille soufllels; il fut, en outre, re- vêtu d'une robe de bure. Après une réconciliation ])assagère, il encourut pour la troisième fois le courroux du prince et fut exilé à Bagdad, où il résida jusqu'à sa moit.
Le chef des môheds offrit, un jour, au Khalife une fiole d'huile parfumée en y ajoutant ce message : « Un présent, oflert par un inférieur à un supérieur, paraît d'autant plus beau et plus brillant, qu'il est plus léger cl plus mince; mais un piésent qu'un supérieur fait à un iuféiieur gagne par sa grande valeur en importance et eu utilité. »
Ahmed ben llanbal mourut, sous le règne de Motcwekkil, dans la ville de liaj^dad (mois de rebî II, j/ii de l'hégire) et fut enterré à Bab-IIarb (voir ci-après, p. 23i), dans le quar- tier occidental (le la ville; Mohammed, (ils de Taher, récita l;i prière des fulu'•r^ill<^s; jamais aux ol)sè(|u<'s d'un juriscon-
230 LES PRAIRIES D'OR.
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suite on n'avait vu un pareil concours de monde. Les propos les plus divers et les plus contradictoires circulaient parmi la foule; on raconte, par exemple, qu'un des assistants se mit à crier : « Maudissez celui qui persiste dans l'erreur ! » parole qui est en contradiction avec ce que la tradition rap- . porte à cet égard du fondateur de la loi sainte. Au contraire, un des premiers et des plus considérables personnages, qui accompagnait le convoi et qui prenait rang après l'imam du cortège , prononça ce vers d'une voix retentissante :
La mort de Mohammed avait couvert le monde de ténèbres; le monde s'est obscurci après la mort d'ibn Haiibal.
Il entendait par là que le monde s'était déjà obscurci après la mort de Mohammed, et que le trépas d'Ibn Hanbal avait répandu sur la terre des ténèbres aussi épaisses qu'après la mort du Prophète.
Cette même année fut signalée par des chutes d'étoiles comme on n'avait rien vu de pareil ; ce phénomène eut lieu
CHAPITRE CXVll. 231
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dans la nuil du jeudi 6 de djemadi II; mais il sVsl reproduit aussi effrayant en Tannée 323, dans la nuit où les Kamiales attaquèrent les pcMerins (rirak sur la route de koufali au mois de dou M-kàdch; (cf. Ibu d-Aihir, VIII, p. 232). — L'année de la mort d'Ibn Ilanbal fut aussi celle où mourut Mohammed (fils dWbd Allah, fils de Mohammed) Eskali , personnage célèbre parmi les philosophes et Tum des ])iinei pauxdela sectedcsMoutazAîlites. — Va\ 23'i, mori cieDjàfar, fds de Mobachir, qui se distingua par sa prohité el sa piété parmi les docteurs de liagdad. — Eu 236, mort de Djàfar, lils de Ilarl), de la tribu de Hamdan et \\\\\ des ehels de l\ali- lan;cV'stà s(jn père (|ue le (piartier de liai) llaib, dans la partie occidentale de Hagdad, doit son nom. Djàl'ai- lui le doyen des théologiens de cette ville.
Vu rapport d'AbouMIfaran Khayyal , ce fui en 227 de rhégire (pu- mourut Ahou M llodeïl '^Moiiammed, lils d'I^I-
232 LES PRAIRIES D'OR.
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Hocleïl, surnommé AllaJ)\ mais ses disciples ne s'accordent pas sur la date de sa naissance, qu'ils placent les uns en i3 1, les autres en i3/i de l'hégire. Cet Abou '1-Hodeïl s'était ren- contré un jour avec Hicham (fils d'El-Hakem) de Koufah, surnommé iïar/ar, lequel était le chef des anthropomorphites et de ceux des hérétiques qui professaient la même doctrine; Abou '1-Hodeïl, au contraire, rejetait la ihèse de l'anthropo- morphisme et de l'assimilation et soutenait une opinion opposée à celle de Hicham relativement à ïuniié (de Dieu) et à V imamat. Hicham fit donc à son adversaire robjection suivante : « Puisque tu soutiens que le mouvement est vi- sible, pourquoi ne prétends-tu pas aussi qu'il est tangible ?» Abou '1-Hodeïl répondit : « Parce que le mouvement , n'étant pas un corps, ne peut être touché, cette propriété apparte- nant seulement aux corps. — Eh bien , répartit Hicham , ajoute donc qu'il ne peut être visible, puisque la vue ne peut tomber que sur les corps. » Mais Abou '1-HodeïI reprit l'offensive en ces termes : « D'où tires-tu ta proposition que
CHAPITRE CXVH. 233
^j \.M*JU<.j l^b (J^*i (j^ ^ Lfc^ Lg,**#jijlj iijçUJl (jIa^^Î^ -M^ iCJiltf c.A.**Ai iCS^il ^I JoiX^Jî Ll L o»JS3 l^ J.jIj civj!
rattribiit n'est pas l'èlre et n'est pas différent de Tètre? — Hichain répliqua : « De ce qu'il est impossible que l'action ({ue j'accomplis soit moi, et qu'il est impossible qu'elle soit autre chose que moi. Car je n'admets la diversité que pour les corps et les substances qui existent par eux-mêmes; or, comme mon action n'a pas d'existence propre et comme elle ne peut être moi, il s'ensuit qu'elle n'est ni moi, ni différente de moi. Mais voici une autre preuve que je lire de les pro- pres paroles : Abou '1-ITodeïl, lu souliens ([ue le mouvement n'est ni tangible ni visible parce que, selon loi, il est im- possible qu'il tombe sous les sens du toucher et de la vue. Je dis à mon tour : l'ail ribiil n'est pas moi cl iTcsl pas différent de moi, et rarf^uniciit par lequel je soutiens cet axiome est le tien même lorscpie Ui deinonires (pie le mouvenienl n'est susceptible ni d'être louché ni d'èlrc vu.» Abou 'lllodcïl coupa court à la conlroverse sans rien r(''poiidre.
Mort d'Abou Mouea Ferra, un des cheikhs orthodoxes et des plus farauds lhéol()jj;icns de TMcole de U;it;(la(l, en -iiiO
23i LES PRAIRIES D'OR.
^j.» uÀAaw >-<r>J Ià^j «Xi» —uiij^ij r»- -AhJi ^^ IàaJO (_j>< v_âAaw iJ3^_A_x_lî iiS— <* tj^ ^jIj_5j 'Xjvxc 0-j 3^5j.Ai>. cjUMÎ I«X^ <XJs« ^jLwj (vyv—njjîj (*~iV)' ''^■*'**' '■i^Jo Aj'lij /j)_5 Wa* *<X.*i)_j
L^lWo ji (^J ^ c^ i*3^A»*;j ^1 Qj^ QOJ iUU^I yU J^aJî JÎ
de l'hégire. — Waril ben Ata, surnommé Ahoa liodaïfah, mort en l'année i3i de l'hégire, fut le chef el le fondateur de la secte moutazélite et let premier qui établit la doctrine de Vétai mixte, ce qui signifie que le Musulman en état de péché n'est ni croyant ni infidèle. 11 désigna ses sectateurs. par le nom de nioutaz élites , du mot itizal (se séparer). Les détails que nous avons donnés précédemment, au chapitre des Omeyyades, sur les cinq principes soutenus par l'école moutazélite nous dispensent d'y revenir ici (voir, t. VI, p. 20 et suiv.); nous les avons également développés et élucidés dans nos premiers ouvrages.
Nous avons parlé déjà dans ce livre d'Amr, fils d'Obeid, chef et directeur de cette secte, et nous avons dit qu'il mourut en ilxiv de fliégire (t. VI, p. 208 et suiv.). Amr se trouva un jour dans une réunion avec Hicham, fils d'El- Hakem; or Hicham professait fopinion que la qualité d^imain a été textuellement donnée par Dieu el par le Prophète à Ali , lils d'Abou Talib, et après lui à sa postérité j)ui«', c'esl-à-dirc
CHAPITRE CXVII. 235
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à ses fils, Haçan, IIuçoïii et leurs hériliors; tandis que Amr considérait rimamat comme une délégation émanant de la communauté musulmane à toutes les époques. Dans cette conférence, Hicham fit à son adversaire la question suivante : nPour(|uoi Dieu t'a-t-il donné deux yeux? — C'est, répon- dit Amr, afin que je contemple ses œuvres, les cieux, la terre, sa création tout entière, et que j ariiv<î par lu à la connaissance du créateur. — Pourquoi t'a-t-il donné le sens de l'ouïe ? — Pour que j'entende ce qu'il a |)ermis et ce qu'il a défendu, ses ordres et ses ])roliil)ili<)ns. — Pourcpioi une lauffue.^ — C'est afin fpic j'exprime ma pensée et f|U(' j'ins- truise ceux ((u'il est de mon devoir d'initier à la loi de Dieu. — Pourquoi, continua Ilicliam, Dieu a-t-il créé eu loi nnv. inlcllij,M'iic(î ? » — Amr répondit : «C'est pour (pi'elle soit le centre où les sens aboutissent et (ju'elle fasse un choix entre ce (pi'ils aj)porient de bon et de mauvais. — Dieu, reprit Hicham, pouvait-il te doter de tous les sens, et ne pas créer en toi une intelligence vers lacpielle ils se dirigent? — Non,
2:i0 LES PRAIRIES D'OU.
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dit Amr. — Et pourquoi? — Parce que c'est l'intelligence qui dirige les sens à son profit; Dieu n'ayant pas donné aux sens une impulsion propre, il ne pouvait se dispenser de leur créer un moteur qui les dirigeât vers la fin pour la-, quelle ils existent, et ce moteur ne pouvait être que l'intel- ligence qui les met en mouvement et distingue pour eux ce qui est bon de ce qui est nuisible. — Eh bien, s'écria Hi- cham, rimam est pour les hommes ce que l'intelligence est pour les sens, et de même que les sens ne peuvent aboutir ailleurs qu'à l'intelligence, de même les hommes doivent avoir recours à un imam qui leur est indispensable. » Amr ne put opposer à ce raisonnement aucune objection plau- sible. La discussion qiu précède est rapportée par Abou Yra Mohammed (fils de Haroun) lelihraire, originaire de Bagdad, dans son livre intitulé Conférences. Abou Yra mourut à Bagdad dans le quartier de la ville occidentale nommé Bani- lah , en a^y de l'hégire; il laissa plusieurs ouvrages remar-
CHAPlTIiK ex VII. 237
J^rsJij /^Tj^îj JvXiij w^liai J^!^ ^b}Vxl\ <_,L,| »ls^ yU>J5
j*,La_*JI qj i^vû^ji »-:>U ^r>jJ c:Ajk>viI L_>l^°i^ pll^xiîî
quables, entre autres le Livre des Discours, qui traite de l'imamat et d'autres sujets de controverse.
Abou '1-Hureïn Ahmed (fds de Yahya, fils d'ishak) Ra- wendi mourut dans la ville de Rahbat-Malik ben Tawk, ou selon d'autres, à Bagdad, en 2^5, à l'âge de quarante ans environ. 11 a écrit cent quatorze ouvrages. On trouve dans nos Annales historiques la date de la mort des auteurs de discours, des chefs de sectes, des savants versés dans la controverse, dans l'étude des systèmes et des religions, leur histoire, leurs discussions et les différences de leurs doc- trines; ces mêmes détails sont reproduits dans notre Livre Moyen juscju'à l'année 332. Nous nous bornons ici à citer (|uel({U('s noms et à donner une courte notice de ces person- nages, des jurisconsidtes et des trarlitionnisfes.
Kn la même année (lisez en 2/i3) mourut le secrétaire Ibrahim (lils d'Abbas) Souli, écrivain élocpienl et poète dis- tingué; on ne connaît pas de hntihs paiini les anciens et les
238 Ll^^ PRAIRIES D'OR.
modernes quiTaient surpassé en poésie. Dans sa jeunesse, il vécut du produit de ses vers et visita plusieurs rois et émirs dont il fit le panégyrique pour en obtenir un salaire.
Un \aiib rapporte d'après Ishak ben Ibrahim , frère de Zeid ben Ibrahim , l'anecdote que voici. Ishak était gouverneur de Saïmarah et de Sirawân lorsque Souli passa dans cette con- trée; il se rendait dans le Khoraçân, où Mamoun venait de proclamer Ali (fils de Mouça) Rida, héritier présomptif du trône ; Souli avait composé un poëme dans lequel il chantait la suprématie de la postérité d'Ali et proclamait les droits de cette famille au khalifat supérieurs à ceux des autres dynasties. Ishak poursuit ainsi sa narration : « Je louai beaucoup ce poëme et je priai l'auteur de m'en laisser une copie, ce qu'il fit; en retour, je lui donnai mille dirhems et une monture pour son voyage. Plus tard , les vicissitudes de la fortune placèrent Souli à la tête de la direction des do- maines, en remplacement de Mouça, filsd'Abd el-Mélik, dont j'étais un des principaux agents. Voulant faire une enquête sur la gestion de Mouça, Souli me retira mon emploi; il fit
CHAPJTUI-; CWIf. 23'.)
^„t^xo ij' y-*'J (S^y-^-^ jj*"'—^ L_5ykA»<) v_«.À(iOvj( (j) w^^ iJ°J
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ensuite rédiger un rapport où certaines charges pesaient sur moi. .le les discutai en sa jirésence et lui j)résentai des preuves irrécusables; mais il ne les admit point et n'eut pas plus égard au jugement que les .secrétaires exprimèrent en ma fa- veur; il m'adressa même, dans le cours de la discussion, les paroles le» plus injurieu.ses. Enfin ayant exigé le serment des liotihs au sujet d'un rlia|)ilre dudit rapport, comme je le pro- nonçais il mon tour, il m(; dit: " Le serment d'I'ltat ne peut te lif I pMis(|ue lu es hérétique (chiite). » Je lui demandai aussitôt MM cmI relien particulier, et quand il me l'eut accorde- je lui p;nlai en ces termes : «Je ne puis supporter une accusation <pii met ma vie en danger, car si vous écrivez à Motewekkil dans des termes identirpies à ceux dont vous venez de vous servir, j(.' suis perdu. J'acce|)te tout le reste, mais non l'accu- sation d'hérésie. Le véritable héréti([ue est celui qui soutient qu'.Mi, lilsd'Abou'I'alil) , esl supi-rienrà Abbas et cpie la pos- lérili- d'Ali a pbis de droits au khalilat (pie celle d'yVbhas. — De (pii \eM\ Im parlei ? — De vous-même, et je possède celte
•i^o LES PiumiES irou.
^;i CA.\i J=-^ ^^«xi! jJCJtXJi j.Aiisi-t Jli xsJ »«Xj i ki^w 45^»- ^j J^jJôÂj ii^ »^^i_jll 5Js_tf> ^J5;.i*^j t^<^J c^ iSj-=?' ^ ''t^J
J_j..«jtl\ J<.^3i o^J ''^^^^ c^-àSTa- U. »il.3i) (^ J uàX^ c_>L*£.^
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déclaration écrite de votre main;» je iui rappelai alors le poëme en question. Dès que j'eus prononcé ces paroles, il se troubla et ajouta : « Donne-moi mon manuscrit, — ■ Dou- cement, répliquai-je, vous ne l'aurez, je le jure, que si vous vous engagez, par de sérieuses garanties, à ne me pour- . suivre pour aucun des faits de mon administration , à dé- chirer ce rapport et à n'examiner aucun de mes comptes. » Il prononça un serment de nature à nie rassurer et déchira l'état rédigé par son ordre : en retour, je lui rendis sa copie, qu'il cacha dans ses bottines; puis je me retirai et ne fus plus inquiété par aucune poursuite. »
On a réuni en volume la correspondance d'Ibrahim, lils d'Abbas (Souli) , et des extraits de ses discours remarquables ont été recueillis; nous en avons cité plusieurs dans notre Livre Moyen. Parmi les plus beaux, bien que tous soient d'une exquise perfection , nous choisissons le passage sui- vant. «La révolte nourrit d'abord ses enfants, elle les" al- laite du lait de ses mamelles, déroule ses espérances de-
CHAPITHE CXVII. 241
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vaut leur convoitise et leur inspire le goût de ses dangers. Puis, quand ils grandissent libres et tranquilles et qu'ils se laissent dresser sans crainte, quand après Tallaitement coiu- mencc le sevrage, elle leur verse son poison, fail jaillir do son sein du sang au lieu de lait, et subtituc le fiel à leurs aliments. Elle les précipite de leur asile sûr dans la captivité, et du bonheur dans les regrets, à travers la mort, la prison, la licence et le crinu'. Il est rare que celui ([ui se jette avi- dement dans le brasier de la discorde et qui s'abandonne à ses erreurs ne soit pas terrassé et étranglé par elle, lorsque la vérité déjoue ses stratagèmes : la discorde lait de lui une terre aride dans ce monde, et Faliment des flammes dans la vie future, un témoignage de la vérité et un argument contre Terreur. — « Ce sera leur récompense en ce monde, mais le châtiment futur sera plus terrible ( A. oran, v, 37). Ton Dieu nV'st pas un tyran pour ceux qui le servent [ihid. xi.i, /jG). » — iSouli est l'auteur de belles poésies; voici des passa- ges tirés de celles où, de l'aveu d'un grand nond)re de litté- rateurs, il n'a été surpassé par aucun de ses contemporains: vu. iG
'2^12 LES PRAIRIES D'OR.
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Nous possédons des chameaux aux bosses énormes; le désert est trop étroit pour eux; leurs pieds et leur dos scintillent (comme l'éclair).
Avant de verser notre sang, il faut les atteindre; avant de répandre le leur, il faut nous combattre.
La mort attend ceux qui convoitent notre territoire et nos foyers; mais , au jour du malheur, l'accès en est ouvert à tous.
Et ces vers :
Mais quant au généreux Abou Hicham , il est fidèle à sa parole et pro- tégé contre la médisance.
Invisible tant que tu peux te passer de lui , il se montre à toi dès que le danger te menace.
Et ceux-ci :
Que Dieu , lorsqu'il rétribue chacun selon ses oeuvres, récompense celui qui est pour toi un frère illustre et généreux î
Quand je l'ai averti de son erreur, il semblait que je venais le réveiller à l'aurore du jour.
Et les suivants :
CHAPITHE ex VII. 2^3
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Que m'importent les rigueurs du sort? je ne songe qu'à celles (jui me viennent de mes amis.
Je ne songe qu"i\ ceux qui m'accablent lorsqu'ils me voient accablé par le destin.
Ceux que je me réservais (pour le mallieur) et (jui se font les auxi- liaires du malbeur.
P^ii vain l'on me conseille de cherclier une sauvegarde ronire les grandes disgrâces ,
Je n'ai besoin d'être protc-gé que contre mes propres frères.
Une pensée ([ue les friands rer.iinnt hicii de retenir est celle-ci :
La fortune, en le favorisant, le rend jilus sage et mieux instruit de ses caprices,
Kt il semble qu'au moment où elle le comble de ses fa\eurs, «Ile lui fait entendre la menace de ses sévérités.
\()ici lin aiilic passage forl ioniai(|ual)l(', on il s'ricvc au- dessus de tous ses rivaux :
Heureux et bénis soient les jours du passé : ils m'ont coulé des larmes et pourtant je les pleure aujourd'hui.
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2lik LES PRAIRIES D'OR.
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Il en sera certainement de même du présent, dont nous nous plaignons maintenant, et que nous regretterons, lorsqu'il sera loin de nous.
Et celui-ci :
L'homme le plus digne de participer à tes joies est celui qui a partagé tes tristesses;
Quand de généreux voyageurs se reposent dans la plaine, ils songent à ceux qui les accompagnaient dans les stations difficiles.
Comme les vers suivants :
Ne m'accuse pas : car tu cherches la richesse et je n'aspire qu'aux actions généreuses.
Pourrait-on garder les biens qu'on a amassés , quand on a goûté le plai- sir de donner?
Et les suivants :
C'est un lion féroce quand on l'attaque, un pbre bienfaisant quand il possède le pouvoir. '
Sa richesse se révèle aux confins de la terre , sa pauvreté est ignorée de ses plus proches voisins.
CHAPITRE ex VII. 2/15
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t-»*>^-j«-il là_ÀJ5l J^--^Ji 4^1 (^--*ii ytAiJi aNIj !*ktf> JUj ilj iLij j <îi_A_^ 4)"^' Uy^ oot«w U j^LâjJî JovAjiJi x^A«*iî
Ibrahim, fils d'Abbas (Souli) disait : « Il en est des cour- tisans comme des voyageurs qui gravissent une montagne et font une chute : plus ils se sont élevés, plus leur mort est 'Certaine. » Il revendiquait comme son oncle maternel le poëtc Abbas, fds d'Abner. — Voici ce que raconte AI)oa 'I- Abbas Ahmed ( (ils de Djàfar, fils de Ilamilan) lejuge, d'après Suleïman (fds de Hacan, fils de Maklded) d'après Haçan son père : « Ibrahim, (ils tl'Abbas, après avoir récité les vers sui- vants d' Abbas, lils d'Abnel" :
Il promet et ne fient pas-, on le sollicite et il reiuse; on le blâme et il ne s'amende point;
il se plaît à me repousser, et pourlani, s'il in'inlerdisail l'caii fraîche, je n'en boirais plus,
ajoutait: « Kn vérité la pensée ([ui a iiispiié ces vers est belle, Texpression en est douce et cliarme l'oieille, on en trouverait peu d'aussi beaux. Je ne sache |)as (|uant à moi de paroles plus élégantes dans leur sid)tilité, plus aisées dans
2^6 LES PRAIRIES D'OR.
ij.wLa.XJ) **.Îw ^jwo /v*wii£i\..»v) Irfo «kX^vw (j-« /wMOJw) ^jj tii'^j/O S tXi. C»i^ U ^^Xj' lilAxJ IvJUrS» *'AAA^ JjJs tJ-« AÏji*ï IsCw (j^ L>
leur di{IJculté,crun ton plus éloquent el plus juste que celles- ci. » A quoi Haçan répondit : «Ton langage, je le jure, est plus beau que celui du poète. » — Parmi les vers les plus estimés dus à Abbas, fils d'Alinef , on cite ceux-ci :
Supporle d'un ami les fautes ics plus graves, et, si tu souffres de ses injustices, dis : Moi seul je suis injuste
Heureux qui peut s'assoupir la nuit pendant une heure et goûter quel- que repos: le sommeil est si doux !
Ainsi que ces vers :
Détourne volonlairement ton cœur loin d'elle, 6 Abbas, sinon tu mourras du mal d'amour.
Hélas ! demeurâl-elle dans ([uelque contrée au delà du Honm, je n'au- rais pas d'autre séjour que le sien.
Ô toi qui, dans ton amoureuse ardeur, te plains des longueurs de l'ab- sence, patience! tu retrouveras peut-être demain l'objet de ton amour.
Va les suivants :
CHAPITRE CXVII. 247
A-xj^ :>1^ ^ _jjûj <\j^ J*)"* ^'^ o*'*'^^^ ^yj.i>- U->«A:i vîy=?-
Jj.aj LmJI^ Li)to
Je suis plus sobre de visites lorsque je vois ses dédains ou les sym- ptômes qui les annoncent.
fl ne nous repousse pas, mais l'ennui ([uc lui inspire notre amitié le tient à l'écart.
Je tiens (l'Abou Khalifah Fadi (fils de Iloubab) Djoinalii, d'après Riachi, l'anecdote qui suit. Plusieurs habitants de Basrali racontent qu'étant partis de leur pays pour Caire le pèlerina<j(', ils rencontrèrent en route un jeune homme qui, debout sur le bord du chemin , leur criait : « Passants, y a-t-il parmi vous quekjue habitant de liasrah?» Nous nous diri- geâmes vers lui (racontent ces pèlerins) pour savoir ce qu'il voulait. «Mon maître est à l'agonie, nous dilil, et il désire vous confier ses volontés dernières. « Nous le suivîmes; à quelque distance de la roule, un homme gisait étendu sous un arbie; il ne pouvait parler. Nous nous assîmes autour de lui; il s'aperçut de notre présence et leva les yeux sur nous, mais avec peine, tant sa faiblesse était grande. Puis il mur- mura ces vers :
248 LES PRAiniES D'OR.
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<îU3:> (j^ U^ LfcN* xAs. «XaoJî UaJjJ^ sUàS^ »UA,*«^ ^^^Cj». . . *^
liëlas! lin étranger éloigné de sa patrie pleure isolé sur sa triste des- tinée ;
Plus ses larmes coulent aboncbntes, pins la doulein- augmente dans son corps.
Il lomba ensuite clans un long évanouissement; tandis que nous demeurions assis autour de lui, un oiseau vint se per- cher au sommet de l'arbre et commença à chanter. Le mou- rant rouviit les yeux, écouta le chant de l'oiseau et pro- nonça ces vers :
La souffrance de mon cœur redouble au chant de cet oiseau qui se la- mente, dans le feuillage ;
Sa douleur est la mienne et chacun de nous pleure un ami sincère.
11 poussa alors un grand soupir et rendit l'àme; nous ne quittâmes pas le corps avant de l'avoir lavé et enseveli, et d'avoir récité la prière des funérailles. Quand nous l'eûmes enterré, nous demandâmes au jeune homme le nom de son maître; il nous répondit: « Abbas, fils d'Ahnef. " Le récit
CHAPITRE ex VII. 249
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<XjS^ ^£^;a-jj 8v^i (j.* /jO L«5 S)>>^à*- t^ Wj' *^^ (^^jl^J (jV*J^5j **«*j' iCÀ.w liy diii^j jjiAJi ^:^ *'^J>J"^.? oLj" ^ ciUS
(_Js.JC_f-V.Jji t}-*-i»>. «XJOvJij Cl^U^iiJS? CJjl»*iî Jt-O^iL? /«(~A3)^«J)_5
qui précède m'a été transmis (aussi ) par Abou Ishak Zudjadji , le grammairien, d'après Abou U-Abbas Moberred, d'après Mazeni, ol ce dernier déclare qu'il l'avait reçu, tel (jue nous l'avons cité, de plusieurs habitants de Basrab.
Abou Tawr Ibrahim (fdsde Kbaled) Kelbi mourut en 2/io. — En l'année 23'i, ou, selon une autre version, en 289, Motewekkil exila le poète Ali, fils de Djehni, dans le Kho- rarân. Nous avons pailé (ailleuis) de ce personnage; nous avons raconté qu'à soti retour en Irak, lorsqu'il s'approchait de la iVontière (en 2/19 de l'hégire), se trouvant dans le voi- sinage d'Alep, dans une localité nommée Kliachchal , qui dé- pend de Kinnasrîn et d'El-Awaçim, il lut altaqué par une troupe de cavaliers de la tribu de Kelb, qui le mirent à mort. Dans son agonie, il prononça les vers ([ue voici :
Est-ce qu'une nuit noiivclh; s'iijoiite à la nuit, <iu l'auiorc a-tclle dis- paru comme un torrent (jui s'écoule ?
250 LES PRAIRIES D'OR
j.x<i*Jî (_^ KiXXJi^ l-itjjbid^ ^^j,À*»*JCJî' Sjl^lil^ t-Jllo jiî Qj "^ î*X_^ (j-^ Oi— ^— w '*-^J l.À-fl'Xj» *Xi_j -»!5mJÎ wVj.^ ibUj^l (-)tX£
wsUJi ^_j.Xx3î J.ÀAS- ^^J *X^ ^ ^^ J^*^ t-*.jl* (jO t^Jj 0jl
K_li_^ lj<X_À_£i ,i^v_^lî Sk>~À-j Lois La-* ii-«u«^
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^ffi l-À_Jj ^JLi J^A-J U j *X j' ^^ O.AAAW U 1 i> I
Je pense à ceux qui habitent près du Dodjeïl. Mais hélas que je suis loin du Dodjeïl !
Ce même Ali (fils de Djehm) Sami, malgré son aversion pour le Prince des Croyants Ali, fils d'Abou Taiib, et quoi- qu'il fît profession de sunnisme, était doué d'un vrai tempé- rament de poète, plein de verve, de douceur de slyle, et d'abondance. Nous avons parlé, dans un autre chapitre, des attaques dont sa généalogie fut l'objet, et des critiques à l'adresse de la postérité de Samah (fils de Lowayi, lils de Galib). Tels sont les vers suivants qui ont pour auteur le poète Ali (fils de Mohammed, fils de Djâfar) Alewi :
Samah fut un des noires, mais quant h ses fils leur descendance est obscure à nos yeux.
Et quand ils nous apportent des listes 2;énéalogiqups pareilles au rêve d'un dormeur,
Je leur réponds avec ces mots du Prophète, dont toutes les paroles sont empreintes de sagesse :
«Lorsqu'on t'interroge cl que lu ne sais connnent répondre, dis : Dieu seul sait tout. «
CHAPITRE CXVir. 251
oIjLo *>w/iit j^i M.\J> ^J (^ =*- <i5 O — *->-^ '•^^ à^ J~'\-^
Si nous citons ici ce fragment, que nous avions di;jà donné dans un autre passage (cf. t. II, chap. xxiii), c'est que nous avons cru devoir faire mention d'Ali, fds de Djehm dans le chapitre relatif à Motevvekkil , et que, parlant de ses vers, nous devions mentionner également la réponse que Alewi leur adressa. Voici maintenant en quels termes Ali, (ils de Djehm, répondit à son adversaire Ali (fils de Mohammed, fils de Djàfar) Alewi :
Tu ne m'as jamais fait goûter la saveur de l'iinparlialiti^ et lu m'as, au contraire, traité avec la plus violente injustice.
Tu as abandonne sciemment la foi jurée et lu as dépassé toute mesure.
Mais (|uanl à moi, depuis que j'ai reconnu les droits de la famille de Hachem , fils d'Abd Mcnaf,
Je ne sais plus assouvir n)a colère a l'aidi- de rimes ni en simple prose.
Une àmc conmie la niiennt^ repousse toute bassesse, et les hommes d'une naissance illustre (les cliéril's) ne.se l'ont pas la guerre.
252 LES PRAIRIES D'OR.
<Lij^S l^Aj ^ yî J^k-^aj ^ ïs^y-j<J^ L_dijL^5 ijUJî^j
La poésie qu'il composa en prison est bien connue; elle est pleine d'une inspiration qui n'a pas été surpassée; tels sont les vers :
On me repi'oche d'êtj-e piisonnier, je réponds : La captivité ne nie fait aucun tort; une lame finement trempée n'est-elle pas mise au fourreau ?
Ne sais-tu pas que le lion reste fièrement dans son antre, tandis que le vil troupeau des carnassiers erre en liberté?
Si le soleil ne se dérobait à tes regards, l'arkad (deux étoiles de la petite Ourse) ne t'éclairerail pas de ses rayons;
Et- le feu, enseveli dans les veines de la pierre, ne brillerait point, si le briquet ne l'eu faisait jaillir.
La prison, si le crime cl la honte ne t'y ont pas conduit, est la plus douce des demeures et la plus aimable;
Elle donne une nouvelle noblesse à rbonimc généreux; il y reçoit des visites qu'il ne i-end pas; on ie sert avec empressement;
Et le moindre avantage de la captivité est de t'épargner la honte d'être éronduit j)ar des esclaves.
Lfne autre pensée non moins belle est celle-ci :
CHAPITRE CXVU. 253
JLiLj A_À_^ ^-^-s.L? d^-^l^ *3-*'j (Sy^^ (J^^ ^ cl^-*^^
-^j^"^— « L-<_*_^ij o»Jj-j^ -^XJà c.Loul ^w-C cii^M^r».
Ô mes deux amis, que de douceur dans l'amour cl aussi que d'amer- tume! j'ai appris à connaître ce qu'il a de doux et d'amer.
Par l'amitié qui nous unit, dites-moi s'il y a quelque chose de plus touchant qu'une plainte, de plus cruel qu'une séparation,
De plus éloquent dans l'expression de ses sentiments secrets que les yeux d'un amant, surtout s'ils sont baif^nés de larmes?
Voici un autre passage choisi dans ses poésies:
Elle relève son voile loin de moi, la cruelle, et s'éloigne en lépaiulanl des pleurs.
Le plus coiqiable de ses mensonges c'est de, nier la ruplure d'un ser- ment qu'elle a violé , et (juel est le serment ([ui n'est pas violé ?
Kllc feint l'ignorance en regardant mon front et me dit : «Sont-ce des ilicvcux blancs ondes réseaux de perles?»
Ma douleur n'est pas de ces douleuis f|ui admellenl la coiisolalion (>l la résignation ;
Car l'événcmenl qui a blanchi mes clieveux eu uue seule uiiil est une chose grave.
Il n'va en moi, même si je dois être sacrifié', (prime soumission pieuse et un cœur pur.
254 LES PRAIRIES D'OR.
J.AàÀAJI J.>pt ^y^à^î J^5_5 i^^-A-:?: J^^4j-y^] aaSUj
j|«X_A_*iit AJ«X_J l^A-Ji O; La-XS^ t^^a-isi ^L*wJS (JojIî
Citons aussi ce passage excellent :
Mon âme supporte le fardeau que tu lui imposes; la destinée a des alternatives de violence et de douceur.
La patience, quand elle ne se dément pas, a de bons résultats, et l,i bonté est la plus noble des qualités humaines.
Ce n'est pas une honte pour l'homme de perdre sa fortune, la seule honte pour lui e.st de perdre sa force d'âme.
La richesse, si tu la laisses à tes héritiers, n'est que déception, elle est un bien réel si tu la dépenses généreusement.
Et ces vers, non moins remarquables, d'une poésie clans laquelle il se disculpait auprès de Motcwekkil :
La honte de la demande et celle de l'excuse créent une siluation diffi- cile pour de nobles cœurs.
Et ce n'est pas un jeu poiu- l'homme ([ue de suivre cette voie, mais ainsi l'ont voulu les destinées.
Ucnds la faveur à un soUiciteiu- qui s'humilie, h un coupable qui avoue sa faute et qui subit la honte de l'excuse.
Si tu lui pardonnes généreusement, tu seras le plus grand |.armi ceux ^ui ont absous de grands coupables;
CHAPITRE CXVII. 255
Si tu le cliâlies.tu romiais mieux que personne (la loi do) Dieu, et venant de toi, le. cliâliment n'est plus une honte.
On admire aussi les vers suivants qu'il composa loisqu'on l'enchaînait :
Je lui dis lorsqu'elle répandait des torrents de larmes et que son rœur fut embrasf^ par les feux de l'amour :
Ne t'afflige pas à la vue de ces chaînes, pour des hommes généreux les chaînes sont une parure (littéralement des amicaux qu'on porte à la cheville).
La supériorité de son style était telle que peu de personnes purent échapper à ses traits. — Ce même poëte s'(''tant aliéné l'amitié de Mohammed, fds d'Abd Aiiali , eul recours à l'intervention de Waeif le Turc, qui réussit à les réconcilier; mais Warif, l\ son tour, s'étant fiiclié contre lui, le po<'le em- ploya, pour le fléchir, Mohamme<l, lils d'Abd Allaii, auquel il écrivit :
Loiiatif^es et actionsdc grâcesà Dieu, qui tient nos cœurs en tic ses mains! L'I'ïmir a été mon intercesseur auprès d(? celui qui rintcrri'-dait en ma faveur.
256 LES PRAIRIES D'OR.
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_À_» iijils». ^j^i> 1-i-A.Jj (^:>Lfii)l (^ A^^\ y6 ^3
Ali, fils de Djehm, a laissé des poésies d'une rare beauté et des sentences qui sont devenues populaires; nous en avons cité quelques-unes et nous nous bornerons à ce choix. Plusieurs poètes le chantèrent quand il eut été tué, entre autres Abou Saèd, dans les vers que voici :
Répands des larmes, fuis le sommeil et prends garde que le trésor de ta douleur ne s'égare.
Dis : Celui qui était le refuge des fils de Lowayi gît inanimé en Syrie.
Je vous plains, enfants de Djelim ben Bedr, le malheur qui vous frappe est terrible;
Et le trépas lui-même, .s'il connaissait voire disgrâce, pleurerait amè- rement.
La terre recouvre celui qui protégea les veuves et les orphelins, celui qui faisait régner un printemps perpétuel.
Un brave qui perçait de flèches ses ennemis, un lion qui détournait les coups du malheur.
En 2/1 3 de Thégii^e, Motewekkil partit de Damas pour se rendre à Sorra-nien-râ; entre son dépari de cette dernière
CHAPITRE CXVll. 257
y^m wAflJb 0^-*J_j iilsyijî jjijî^ i\jo*xii (^ L>^y^. ^^--i*-«><XJ
ville et son retour, il s'écoula trois mois et sept jours; ce départ inspira à Yézid Mohallebi une longue poésie dont nous ne citerons que ce passage :
Jp crois que la Syrie va se réjouir de la douleur de l'Irak depuis que l'Imam a résolu de s'en éloigner ;
Car si tu quittes (ô prince) l'Irak et ses habitants, r'est que la plus belle femme vieillit par le divorce.
Lorsque leKhalifearrivaà Damas, il ne voulut pas habiter la ville même, à cause de l'atmosphère lourde et des vapeurs malsaines que le voisinage du Gawtah et de ses eaux répan- daient sur Damas. En conséquence, il établit sa résidence dans ie Châteaa de Mamoun entre Dareïa et Damas à une heure de cette dernière ville; ce château, silué sur uik^ hau- teur d'où Ton domine la ville et la plus grande partie du Gawtah, a conservé jusqu'à la présente année 332 de l'hé- gire le nom de Kasr plMamoiin.
Sàid ben Nakis raconte le l'ait suivant : ■< Je me tenais, dit- il, devant !VIote\vekkil,daDS sa tente, près de Damas, lorsque vu. 17
258 LES PRAIRIES D'Oil.
aH] <X.^a^ w«li S4>xjij ^^iJI (jli l«X^j w« (j%JL«j.iî wA^Î U Jlï
l'armée se réunit tumultueusement et réclama sa solde avec des cris séditieux; bientôt les sabres sortirent du fourreau et les ilèches commencèrent à voler. Je m'avançai pour les voir passer au-dessus de la tente, lorsque, le Khalife m'appelant : « Abou Sâid, me dit-il, va chercher Ridja Hadari. » J'obéis; le prince lui demanda : «Ridja, connais- tu la cause de cette manifestation, et que penses-tu qu'il y ait à faire .»^ — Prince des Croyants, répondit celui-ci, voilà bien ce que je redoutais pour vous dans ce voyage, aussi vous âi-je donné les conseils que vous savez pour que vous le diffé- riez. » Le Khalife, se penchant de son côté, reprit : « Laisse- là le passé et communique-moi maintenant ce que la pru- dence te suggère. — Sire, faites distribuer la solde. — Voici ce qu'ils réclament, reprit le prince, mais le but de leur ré- volte je l'ignoro toujours. — l^rince des Croyants, donnez d'abord cet ordre, puis nous aviserons. » Motewekkil ordonna à Obeïd Allah, fils de Yahya, de payer les troupes; Une fois l'argent aj)poité et la distribution conmiencée, Ridja rêve-
CHAPITRl-: ex Vif. 259
J-aJo-Jî ^j-*^-:» '^f^p,\ j..j^\ L yi^î^-« JUi ^U-j J<iw:i
Ja_«-ll ^jl 4^w-»- \y^==^ji i4-sia.£^i| tjJjù] J^i dUs J^;iÀ3 j— ft— *' J^"-*J (j5 ^J^ ^ (jî ^•^-:Si (jV>*^ f^^' J^^5 «-^^^
liant chez le Khalile lui dit : « Maintenant, Sire, faites battre le tambour et annoncer le départ pour l'Irak, vos soldats ne voudront même pas de l'argent qui leur est dû. » En effet, le prince ayant donné ses ordres en consé{|ucnce,les hommes laissant là leur paye, se mirent en route avec un tel em- pressement, que les payeurs s attachaient à eux pour leur donner leur argent et ne |)ouvaient le leur faire accepter. » 8âïd continue en ces termes: « Les Turcs avaient songé à tuer Motevvekkil pendant son st-jour à Damas; mais, la vigi- lance de Boga l'aîné dt\jouant leurs projets, ils travaillèreni d'abord à l'éloigner du Khalife. A cet elfet, ilsjelèrenl dans la tente de Motevvekkil des billets poitant que Uoga Iramail la mort du Prince des Croyants, et que le signal convenu était celui-ci : Hoga devait, un certain jour, se nictire a la tête de ses troupes, cavalerie et infanterie, et cerner toutes les issues du canij»; puis, prenant avec lui (pici(|iics pages d'origine étrangri-e, ils iraient surprendre le prince et acccun- plir leur crime. Viotewekkil lui ces billets et fut épouvanté des révélations (pi'ils renlerniaifnt. Prolondément ému des
260 LES PUAllUES D'OR.
4^ J.J^3 W^^M J^Xi»- *X.i Ç.lï).jî 4-AiXj (_5<>Ji (ji (JVÀ-^Jiil ^A^l
(J-» oij-is^S Jî ^-y^-A-S» li tX'*'=i V!5^ CJ-* *^ »Uw «^i-AXJ cxij
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menées de Boga, il s'en plaignit à Fath (fils de Khakan), lui révéla le complot que Boga avait osé ourdir et prit conseil de Fath. « Prince des Croyants, lui répondit ce con- fident, celui qui a écrit la dénonciation a fourni les preuves du complot et désigné expressément le moment où il doit éclater; c'est lorsque Boga, montant à cheval à la tête de ses troupes, se dirigera aux extrémités du camp et en fermera les issues; c'est alors que la vérité se fera jour. Je vous con- seille donc de garder le silence jusque-là, si le signal en question se réalise, nous aviserons à ce qu'il faudra faire; si, au contraire, la dénonciation est mensongère, nous en rendrons grâces à Dieu. » Cependant les lettres continuaient à se répandre sous Ibrme d'avertissement et ceux qui \ek écrivaient se disaient obligés par le serment qu'ils avaient prêté au Khalife de lui être dévoués en toute' sincérité. Quand ils surent que le Khalife était instruit des faits qu'ils lui avaient révélés el que leur dénonciation était solidement établie dans son esprit, ils écrivirent el jetèrent dans la tente de Boga des billets portant les indications suivantes : <i Un
CHAPITRE GXVII. 261
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certain nombre de pages et de Turcs ont résolu d'assassiner le Khalife dans son camp; ils ont préparé leur plan d'un commun accord et sont convenus d'assaillir le ])riuce en ve- nant par telle et telle direction. Au nom de Dieu, soyez sur vos gardes dans l'intérêt du Prince des Croyants et veillez sur lui pendant telle nuit dans les directions iudirpiées; garde/.-les vous-même avec des hommes sûrs. C'est un con- seil que vous donnent des amis sincères. " Plusieurs billets se succédèrent ainsi, rédigés en ce sens et recommandanlde veillera la sécurité du Khalife. Boga en prit connaissance, et, voyant ({u'ils se renouvelaient sans inteiruplion, il com- mença à craindre; ([iw. c(;s indicaliuiis ne lussent vraies, quand il les rapprocha de ce (pii s'était passé précédemment. Aussi la nuit indiquée étant arrivée, il réunit ses troupes les fit monter à cheval en tenue de guerre et les conduisit sur les points désignés, qu'il occupa et garda en coupant toute connnunicalion avec Molewekkil. Ce prince lut informé de ces dispositions; convaincu que r.o (pi'on lui avait écrit
262 LES PKA1HIE8 D'Oil.
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était la vérité, il s'attendit à être assailli et égorgé; il passa la nuit entière sans manger ni boire, et demeura ainsi jus- qu'au matin, gardé par Boga, mais convaincu, tout au contraire, que celui-ci en voulait à sa vie. Dominé par ses soupçons et effrayé des projets qu'il lui prêtait, il lui dit, quand il se disposait à quitter Damas : «Boga, je ne suis pas satisfait du poste cjue tu occupes auprès de moi; je te donne donc le gouvernement de ce pays en te confir- mant la jouissance de tout ce que tu as déjà en pensions, revenus fonciers, cadeaux, subsides et autres apanages. — Sire, répondit Boga, je suis votre esclave, j'obéirai à vos ordres, commandez selon votre bon plaisir, d Le Khalife le laissa donc en Syrie et s'éloigna; de la sorte les affranchis (Turcs) purent préparer leurs pièges à son insu, et ni leKha- Hfe ni Boga ne furent instruits de leurs Tnachinalions, jus- qu'à l'heure où elles eiiient un dénouement.
Sâid, fils de Nakis, poursuit ainsi son récit : «Boga le jeune, ayant résolu la mort de Motewckkil, fit venir Baguir le Turc. Cri homme, qu'il s'était attaché et dont il s'était
CHAPITRE CXVII. 2fi3
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assuré le dévouement en faisant briller devant ses yeux les plus magnifiques récompenses, était d'une audace extrême et prêt k affronter tous les dangers. « Baguir, lui dilBoga, tu connais ma sympathie p(»ur toi, tu sais que je t'ai placé au premier rang en te préférant aux autres et que je t'ai comblé de faveurs; je suis donc en droit d'allendre de toi une obéis- sance aveugle et ui\ dévouement absolu. J'ai un ordre à te don- ner; mais dis-moi d'abord si ton cœur sera disposé à m'obéir.
— Vous savez ce que \aut ce cœur, réjmndil Tollicier, faites- moi connaître vos désirs afin que je les exécute. — Boga reprit : « Mon fils Fiiris met le désordre dans mon gouver- nement, il a juré ma i)erte et veut répandre mon sang, j'en ai la preuve certaine. — Eh bien, cpiel esl votre dessein? — Le voici : Paris viendra demain clie/. moi; cotnenons du signal suivant : je déposerai mon bonnet a I(M le; silùt ([ue tu verras ce geste, donne-lui la ninii. — (.'esl bien, répli- qua le 'j'urc, mais je crains (pie vos inlenlions ne changtînt ou que vous ne conceviez plus tard de la haine contre moi.
— Je prends Dieu à témoin (pu; tu n'as rien à craindre , » ré-
264 LES PRAIKJES D'OR.
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pondit Bof^a. Le lendemain, à l'arrivée de Paris, Baguir était là prêt à frapper et épiant du regard le moment où son maître poserait son bonnet à terre; mais voyant qu'il n'en faisait rien, et attribuant cela à un oubli, il lui fit signe de l'œil de donner le signal; Boga lui répondit par un refus: le signal ne fut donc pas donné. Faris s'étant éloigné, Boga dit à son émissaire : « J'ai réfléchi ; le coupal)le est bien jeune, il est mon fils et j'ai voulu fépargner pour cette (ois. » — Baguir répondit : « J'ai entendu et j'obéis ; vous êtes le maître, ce que vous avez décidé et résolu à son égard est assurément le meilleur parti. » Boga continua ainsi : « Il s'agit maintenant d'une chose plus grave, plus importante; dis-moi quelle part tu veux y prendre. — Faites-moi connaître vos désirs et ils seront accomplis. — 11 s'agit de mon frère Waçif, reprit Boga; il est avéré pour moi qu'il complote contre moi et mes amis; que, fatigué du rang que nous occupons, il espère nous tuer, nous anéantir et rester seul maître du pouvoir. — Qu'ordonnez-vous à son égard ."^ — Voici ce que tu feras : mon frère viendra demain chez moi; quand tu me verras
CHAPITRE CXVII. 265
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(j-»^-A.ji iCi>-U». c::j^-kia&- iXj^^L U JUj Aj lft:s a-j **>s>*X^ <_^ Aj| ^»XÀfr ^ *X3j->nJCm itXiû JUi aSooI ^5v-s». c^^^i U
descendre du moçalla (estrade couverte d'un tapis où se lait la prière) où il aura pris place à côté de moi, ce sera Je signal, tu te jetteras sui' lui l'épée à la main et tu le tueras. — C'est bien, » répondit le Turc. En effet, lorsque Waçif" se présenta chez son frère, Baguir était là tout prêt à agir; mais il attendit vainement le signe convenu, jusqu'au mo- ment où Waçif se leva et partit. « Baguir, lui dit alors Roga, j'ai léfléclii (pi'il élait mon frère, qu'une alliance et des ser- ments nous liaient l'un à l'autre; jr. n'ai donc pas osé accom- plir ce que j'avais médité. » Boga récompensa son serviteur en cadeaux et en argenl cl laissa passer un temps assez long sans lui parler de rien; puis il le rappela et lui tlit : «Il se présente aujourd'hui, ô Baguir, une affaire plus sé- rieuse encore que celle dont je t'ai <'nlrelenu précédemment. Ton cœur est-il résolu ? — Mon cœur, répondit le Turc, est tel que vous le désirez; parlez et j'obéis. - Boga reprit ainsi : «J'ai la preuve certaine (|ue Mountasir (fils d(; Mot(;wekkil 1 prépare un complot contre moi et contie d'autres per- sonnes : il veut notre mortel je veux lu sienne. Te sens-tu
266 LES PRAIRIES D'OR.
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j^jeX) ^ J_^ij ^.-(^ Aa).* i^v-J uK^-s^ AkXil <^jwr». AaÀ£ Jo».i!_5 «.AaXAJL) l'.g^Aû L^'*^3 J^»i>ii) (•) Ç-^^ '^^^■J^' (jJV^J^J CJ??*^'^
disposé à m'y aider ? » Baguir resta longtemps la tête pen- chée, plongé dans ses réflexions, et s'écria enfin : « Cela ne servirait à rien ! — Et pourquoi ? demanda son maître. — Tuer le fils et laisser vivre le père, reprit-il, votre entreprise demeurerait inachevée, car le père vengerait son fils en vous laisant tous périr. — Eh hien , quel est ton avis ? — Commen- çons par le père; lui mort, i'aff'aire du fils sera plus aisée. — Mais, malheureux, un tel projet est-il possible, est-il réali- sable ? — Assurément, répondit Baguir, et je m'en charge; je ne sortirai de chez le Khalife qu'après l'avoir tué; » puis, foutes les fois que son maître taisait mine d'hésiter, Baguir répétait : « Nous n'avons pas autre chose à faire, » et il ajoutait ces paroles : « Entrez chez le Khalife derrière r{)oi , ou je le tuerai, ou je n'y réussirai point; dans ce cas, tuez-moi et plaçant votre sabre sur mon corps, dites : Cet houune avait voulu égorger son maître ! » Boga comprit dès lors qu'il était décidé et lui confia le soin de préparer le meurtre de Mo- tewekkil.
En 2/17 de l'hégire mouiul Chudjâ, ruère de ce Khalife,
CHAPITRE CXVIi. 267
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(j^ifc (*^-^ cM^^ CJ^"^"'*^J cJ^*^ 3 (V"^ <XÀ,»w ji_j-w (j-« (jfcXi- c:^«X^ ^xaJi je.Àj 5<Xj^ U^ (i5>-'*'^'j ('^•^•**' ^■*-**i j|^'<*' (j-*
cj*X_i.A-9 A_tLA_x.jî_5 k_jL^*<#Ji w»..^kij (j««yî' (JS ^^LxxaIii cK%x1I
et la prière des funérailles lut récitée par Mouutasir (mois de rébî ii, 2à'j). Motewekkil péril assassiné six mois après la mort de sa mère, dans la troisième heure de la nuit du 3cha\val, 2/17, ou selon d'autres, du f\ de ce mois. Il était né à Feni-essilh (canal situé au-dessus de Waçit). — Voici ce que raconte Bohtori : «Un soii- (pic nous ('(ions réunis chez Motewekkil a\ec quelques courtisans, et (pie nous nous en- tretenions cl»; sabres, un des assistants parla en ces lernies : « l'iince des Croyants, j'ai été inlormé qu'il se trouve chez un habitant de Jîasrah un sabie île l'Inde (pn' est iiu()iMj)aral)le et tel f[u'on n'a jamais rien vu d'aussi beau. » Le Khalife fit écrire au ^'ouverneur de Basrah d'iKhrlcr celte amie à (piel- que j)n\ fjue ce fut; des dé|)éches rurent e\pc(li(''cs pai- la poste d hJal et biciitùl ariiva la it'poiisc du L,^(>uvcrneur por- tant ([uc if sabre en cpicslioii ;i\ail él('' vendu ;i un habitant du Yéinen. Motewekkil voulut ([u'on envoyât des aj,'^ents poni rechercher et accpu rir celte arni*- précieuse; des ordres en ce
268 LES PRAIRIES D'OR.
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v_À-iHW*-'l l^^-iû ^ J-^'*' ISjiS^^^ AJ<X^J ^^Jo U^X^ J 4-Ulsl y^A L. fJ.]\ JUi i^yJi j-tL» J^l '^a»- f.^1 |<vX«*^ ^ JliJ
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sens lurent expédiés. Nous étions chez le Khalife (ajoute Boh- tori) quand Obeid Allah, fils de Yahya, apporta le sabre, en annonçant qu'il avait été cédé, par le Yéménite qui le possé dait, pour la somme de dix mille dihrems. Motewekkil fut enchanté de cette trouvaille et remercia Dieu d'avoir ainsi secondé ses désirs; puis il tira la lame du fourreau et en admira la beauté. Quand chacun de nous eut achevé de dire ce qui lui parut convenable, le prince plaça le sabre sous son coussin. Le lendemain, il dit à Fath : «Trouve-moi un page d'une force et d'un courage éprouvés; je veux lui con- fier cette arme pour qu'il se tienne debout derrière moi et ne me quitte pas un instant du jour, tant que je serai en séance. « Il parlait encore lorsque Baguir le Turc s'avança; "Prince des Croyants, dit Fath, voici Baguir le Turc; on m'a fait l'éloge de son courage et de son intrépidité: c'est rhomnie (pii convient au khalife. «Alors Motev.tkkil l'appela lui remit le sabre et lui donna ses ordres, en commençant par lui accorder de nouvelles dignités et par doubler sa pen-
CHAPITRE CXVH. 269
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sion. — J'ailirme, continue Bohlori, que le sabre en ques- tion ne sortit jamais du fourreau depuis le momeni où il fut confié à Baguir jusqu'à la nuit où cet homme s'en servit pour accomplir son crime. »
Bohtori ajoute : « J'ai été témoin d'une action qui m'étonna chez Molevvckkil, la nuit même de sa mort. L'entretien rou- lait sur l'orgueil et sur les habitudes pleines de superlie des souverains, nous venions d'approfondir ce sujet et le prince avait témoigné l'horreur ([ue lui inspirait ce défaut, lorsqu'il se touilla vers la Meccjuo et se prosterna, le Irdul dans la poussière, en s'humiliant devant Dieu; puis il prit une poi- gnée de terre, la répandit sur sa barbe et sur sa lèle en disant : « Je ne suis que le serviteurde Dieu; il est juste (jue celui qui doit devenir poussière s'humilie et répudie l'or- gueil. » Je fus tristement impressionné, ajoulf! Mohtori, et je désapprouvai tacitement .Motewekkil d'avoir répandu de la terre sur sa t^te et sa barbe. Il se {\{ ensuite servir à boire et, quand le vin commença à troubler sii raison, ses rh.ui-
270 LES PRAIRIES D'OR.
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teurs lai firent entendre un morceau qu'il loua fort. Il se tourna vers Fath en disant : « De tous ceux qui ont entendu cet air chanté par Moukharik il ne reste plus que toi et moi, » et il fondit en larmes. Ces paroles m'attristèrent (continue Bohtori) et je me dis : " Second présage funeste !» — En ce moment un des serviteurs de Kabihah entra portant, envcr loppé dans une serviette, un vêtement d'honneur que cette favorite offrait au Khalife : « Prince des Croyants , dit-il , Ka- bihah vous fait dire : Voici un vêtement de gala que j'ai com- mandé pour le Khalife; il m'a paru beau et je le lui adresse pour qu'il le revête. » Le paquet contenait une cloiuraah rouge (cf. ci-dessus, p. 127) d'une beauté incomparable et un mitraf (robe de chambre de forme carrée et de couleurs variées) en soie écrue rouge, aussi fine que le brocart fa- briqué à Dabek. Le prince revêtit la robe d'honneur et s'enveloppa du mitraf. J'épiais quant à moi (dit Bohtori), l'occasion de quelque compliment improvisé qui m'aurait valu le don de ce vêtement, lorsque Motewekkil , faisant un mouvement, tira brusqueuîenl le mitraf dont il s'était enve-
CHAPITRE GXVIl. 271
-Jwiïl A-coù^ yi »)J^ *XJLfi JoUr \ii ^î x>!:>lt (j^ ^jl^^ ff>j dJi^iiî (j^jjij «y-i** i^xjo^j^[f JojÎ il Jv^^l (j^ c^Ul^
loppé et le décliira (Vun bout à l'autre. Alors il le prit, le roula et le remettant au valet de Kabihah qui lui avait ap- porté ce présent, il lui dit: « Va et dis à ta maîtresse qu'elle conserve ce manteau pour m'en faire un linceul a{)rès ma mort. » I3ohtori continue : « Je m'écriai en moi-même : « N'ous appartenons à Dieu et c'est vers Dieu que nous retournons; en vérité les temps sont accomplis! » Cependant le Khalife s'était l'ortement enivré: l'usage était ([ue les valets qui se tenaient à son chevet le replaçassent sur son séant lorsque son corps s'inclinciil sous l'influence de l'ivresse. En ce nio- nienl, il était à peu piès trois heures de nuil, |)arut Maguir aceonq).igné de dix Turcs; leur visage était voilé et les sabres qu'ils tenaient dans leurs mains éliucelaienl à la lueur des flarnbeauv. Ils se pi('(i[)ilèrenl sur nous et allèrent droit au Klialilé. liaguirel un aulr(!Tur(ayaulesralade le trône, Falh leur cria: «Misérables, c'est votre maître 1 » Cejjcndant les pages, les couriisans et les convives s'claieul enfuis en loule
272 LES PRAIRIES D'OH.
Jb ^^jl^_5 ^^jjljC yl£>^ ^^\ j.\S- (j^X^I i *Xa-î ^j ^h ^*kJî ^^jLJU^li» jSXf Aj^ tXi^ tKy^lt ii^'O c:a^.v*-»a.3 (_g;^^J:.£:oi -0.J *.jwo\.iw <JI »«XJii ^^^^i -J^-SJ^s»- t^ ''^•^V'îi ***^ (Xj^i' y^ ^>^jcjlx ^À^î J'-^'^ '^^•^ tK^ J.*i9^-«Mj"5^i ^-SJ^^ i^ s'-*'-'
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hâte; Fath, demearc seul dans la salle, luttait contre les assassins et les repoussait. J'entendis (ajoute Bohtori) les cris poussés par Motewekkil lorsque Baguir le frappa avec Je sabre (]ue ce prince lui avait confié : un premier coup porté du côté droit lui traversa le flanc, un autre coup du côté gauche lui fit une blessure pareille. Fath défendait encore son maître, lorsque fun des meurtriers lui plongea son sabre dans l'abdomen; la lame ressortit par le dos : Fath ne cher- cha ni à s'éloigner ni à se dérober à leurs coups. Je n'ai ja- mais vu un homme d'un cœur aussi ferme et aussi magna- nime : il se jeta sur le corps du Khalife et ils expirèrent ensemble. Les deux cadavres, roulés dans le tapis sur lequel ils avaient élé frappés, furent poussés dans un coin, où ils demeurèrent cette nuit-là et la plus grande partie du jour suivant. Enfin lorsque Mountasir fut reconnu Khalife, il donna l'ordre qu'on les enterrât ensemble. « D'après une autre version, Kabihah les aurait ensevelis dans le manteau même qui avait été déchiré par le Khalife Motewekkil.
CHAPITRE CXVn. 273
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Boga le jeune étail mécontent de Motevvekkil; Mountasir clierchait à se concilier la sympathie des Turcs; il avait au- près do lui Outamich, (ancien) page de Watik.et c'est pour cela qucMole\vckkil haïssait son fils Mountasir, car Outamich travaillait à gagner les cœurs des Turcs en faveur de son maître. D'autre |)arl, le vizir Obeïd Allah ben Khakan et Talh ben Khakan s'claient ('•ioigni'S de .Mountasir et pen- chaient pour Moulazz (antre fils du Khalife) ; ils cherchaient donc à aigrir le cœur de Motevvekkil contre Mountasir. Ce dernier, au conlraiie, attirait dans son j)arli tous les Turcs (|ui étaient éloignés du service de Molewckkil ; il gagna ainsi l'afTection des Turcs et d'un grand nondjre de soldats de Ferganah et d'Achrousneh, jus([u'au jour où s'accomplit révéncmenl que nous venons de raconter. Il y a j)lusi(>urs autres récits du meurtre de Mottcwekkil; nous avons donné la préférence à celui (|u'on vient de lire j)arce qu'il est le mieux écrit et le plus clair; (punit aux auli'<'s versions de cet événement , comme elles se IrouvenI dans notre Livre vu. 18
274 LlvS PUAiniKS DO H.
S)jv.*K «Xjùilj (^^m_5 ^UkXàJÎ »-*£îrs-ij r»_5"*-'' «^Ji iS /e«-^.^Lj
HùsmJ]^ s')Ç*à.j[j *Kl*i*j| l^ÀA» c:A.3^â *Xjj^<X,^ W'^* U^J't? ^^ (J«w_5-aJI L^^rv_*.3 «Jl jijijiji l-r,XAAj A.J j^_jiAAJv pCi-*Àj5^ «^liw.^L»
Moyen, nous n'avons pas à les reproduire dans le présent ouvrage.
Jamais Motewokkil ne se montra plus gai que le jour où il fut assassiné; il se réveilla dispos, joyeux, plein de gaieté; il crut sentir un certain mouvement de sang et se fit saigner ce même jour. Il réunit ensuite ses familiers et ses musiciens et s'abandonna à sa joie, à sa bonne humeur. Mais cette gaieté se changea en tristesse, à cette joie succéda le deuil. Et qui peut se laisser séduire par ce monde, se fier à lui, sans redouter ses trahisons et ses catastrophes, si ce n'est l'homme ignorant et frivole.*^ Le monde est un séjour dont la félicité est de courte durée, dont les joies ne sont jamais parfaites; une calamité y est toujours à craindre; ses plaisirs sont mélangés d'amertume, ses douceurs de violences, ses félicités d'infortunes. Toute chose y est condamnée à périr; à côté du plaisir est la tristesse, à côté de la joie, le deuil; à ce qu'on aime succède ce qu'on abhorre, à la santé la ma- ladie, à la vie le trépas, à la joie la douleur, aux plaisirs les peines. FjCs nobles y sont abaissés, les j)iiissanls humiliés.
CHAPITRE CXVIT. 275
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L^ ^jSk-A^I iUiûljjj l^jjLij^ 1^^-*»..^»- tj tKj^l r»lr»i <-i*-j\^ Jb IX i>'^ V sXj^ pli l^Ài: ji^l«;3 l^J jllxJ!^ ^^^iJi Jv^3 (J«l-=»-J3 J^^^t l^j^\ ^J^ (^yMhS^\ JPyXX\ Ai^Vs». CJkji^ M>^AilK>
les riches spoliés, les grands dépouillés de leur grandeur. Il n'y a dV'Iernel que le Dieu vivant, celui qui ne mourra point et dont la royauté ne cessera jamais, l'Etre glorieux el sage.
Le poète iiohlori l'ait allusion à la perfidie de Mounlasir et à l'attenlat qu'il commit contre son père, dans le passag<' suivani (Tune karideh :
L'héritier du pacte avait donc dissimulé sa perfidie? (lliosc l'iiauf^e que celui qui est investi de ce pacte soit le premier à le trahir!
Puisse le survivant ne pas jouir lonj^tcmps de rhéntap;c de celui (jui n'est plus , piiissciil les chaires imiMiIrnaiies rejeter Ips vmi\ donl il est l'ohjet !
Le règne de Molewekkil, |)ar sa prospérité, sou éclat, par la tran([iiillité dont jouin'ut ses sujets, les actions de grâce et les reinercimenls (pi(! les grands el les petits lui oirrirent, lut certainement une peiiode lieiiicusc' et sans mélange d'inlortune; et comme Ta dil un contemporain de ce prince : « Le Klialiial de Mdievvekkil (''laii plus heaii encore cpie la
..s.
276 LES PRAIRIES D'OR.
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sécurité des routes, que Taisance de la vie, que les espé- rances de l'amour et les jours de la jeunesse. » Un poëte a exprimé la même pensée dans les termes suivants :
Ta société est pour nous plus enviable que la facilité de la vie et la sé- curité des routes,
Plus enviable que les nuits d'amour suivies des douces journées de la lielle jeunesse.
On prétend que dans aucun siècle et à aucune époque il ne fut dépensé autant que pendant le règne de ce Khalife. Ses deux châteaux le Harouni et le DjausctJt Djâfari lui coii- tèrent, dit-on, plus de cent millions de dirhems : il faut joindre à cela ce que lui coûtaient ses affranchis, ses soldats, ses pages [chakirjeh du mot persan chaguird}, qu'il comblait de présents, et qui touchaient, tous les mois, des sommes énormes à titre de gratification et de donation. Il possé- dait, dit-on, quatre mille concubines, qui toutes partagèrent sa couche nuptiale; à sa mort le trésor renfermait quatre millions de dinars et sej)! millions de dirhems. Quiconque
CHAPITRE GXVIl. 277
à'j J^^ wiil cji^i iwtxui^ jUji ujJl cj^l à.xjj\ Ji_jM*^t ^_j'^J
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A^S dLJi JouL» j-aljLc a^j^ *-*^S3?^ Uvl^ (jV»«-=^ t^-*^ y^
se distingua dans sa profession, qu'elle fut sérieuse ou fri- vole, eut part à ses faveurs, s'enrichit sous ce règne et reçut de ce prince des sommes considérables.
Mohammed, fils d'Abou Avvn, raconte le trait suivant : « Je me trouvais à la cour de Motewekkil-Alallah un jour de neïrouz (rquinoxe du printemps, nouvel an des Persans); parmi les personnages présents était Mohammed (filsd'Abd Allali, fils d(î Taher), et le poète Hueeïn (fils de Dahhak), surnommé le débauché {kliali), se tenait devant le prince. Motewekkil Ht signe à un jeune esclave doué d'une physio- nomie charmante de verser une coupe de vin au j)ol'I(' et de lui souhaiter une heureuse année en lui ollianl en juéme teni[)s une rose d'uinhre (jris; après (pioi Motewekkil, se tournant vers h; poëte, lui demanda quelques vcts de cir- constance; lluçeïn improvisa ceux-ci :
Beau comme une perle brilIatUc, il m'a salué en me doimanl uni' rosi- ambrée; il marcliail velu d'une tunique couleur de rose.
Les œillades (|u'il mêlait à chacun de ses salnls l'i raient nailre l'amour dans le cœur d'un sa^e.
278 LES PUAUUES D'OU.
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Je voudrais que sa main nie versât la douce liqueur qui me rappelle des serments maintenant oubliés.
Bénis soicr.t ces temps fortunés où chaque hein-e de mes nuits ni'ap- porlail une promesse d'amour!
Motewc'kkil le complimenta et lui fit donner cent dinars pour chaque distique. iMohammed, fils d'Abd Allah, dit alors au Khalife : « Cet homme a répondu avec empresse- ment à votre ordre, il a récité des vers qui nous ont émus; en vérité, s'il n'était défendu qu'une main se montrât plus généreuse que celle du Khalife, je ferais au poëte un magni- fique cadeau, dussé-je y consacrer ma fortune entière (litté- ralement: mes biens récents et ceux que j'ai reçus par héri- tage). » A la suite de cette observation , Motewekkil fit donner au poëte Huçeïn mille dinars par distique.
On raconte que Mohammed, fils de Bail, ayant été conduit en présence de Motewekkil, et l'appareil de son supplice, le tapis de cuir et le sabre, étant préparé, le Khalife lui de- manda : «Mohammed, qui t'a excité à la révolte? — La misère. Sire, répondit-il. Mais vous êtes l'ombre de Dieu placée^ entre le Créateur et la créature; j'ai, sur ce que vous
CHAPITUE CXVJI. 279
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allez ordonner, deux opinions, et la première qui s'est pré- sentée à mon esprit est aussi la plus digne de vous, c'est la pensée que vous pardonnerez à votre esclave, » et il ajouta ces vers :
Les liotnmos vcuient d'un commun accord que vous versiez mon sang aujourd'liui, ô ^'uidc de la voie du salut, mais le pardon est plus digne d'un noble cœur.
(Jne suis-jo,si ce n'est une nalure criminelle; mais votre clémence est embellie pai- l'éclat de la lumière propliéliquc.
Mon crime placé à côté de votre pardon semble diminuer; accordez- moi votre pardon : il est noble de l'aire le bien.
Vous êtes le meilleur de ceux qui s'empressent ii la gloire, et il n'est pas douteux que de ces deux résolutions vous prendrez la nu-illeure.
— - Oui, je prendrai la meilleure, s'écria Motewekkil.je l'accorde la \ie, lu |)eu\ rentier dans la dcnieure. — Prince des Croyants, répondit Ihn liait, Dieu sait bien oii il place son apostolat. »
I.e meurirc de Motcvvckkil lui déj)l()i('- par les |)()ëles con- tenij)orains; de ce nombre csl Ali, lils de Djeiun. Voici un fraiïment de sa karideh :
280 LES PRAIUIES D'OU.
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Ce sont les esclaves du Khalife qui l'ont tué, carie plus grand malheur des princes est d'avoir des esclaves.
Fils de Hachcm, ai-mez-vous de patience, il n'est pas d'infortune qui ne finisse par s'user avec le temps.
Yézicl (fils de Mohammed) Mohallebi a pleuré ce Khalife dans les vers suivants tirés d'une longue haç.ideh:
11 dormait quand la mort l'a frappé; que n'est-elle venue à lui au mi- lieu des lances brisées ( c'est-à-dire sur le champ de bataille) ?
L'être le plus vil du monde a levé son glaive sur toi (ô prince), <jui n'avais de supérieur que le Dieu unique et éternel.
Ce Khalife avait obtenu ce que jamais personne n'a obtenu, et jamais la réunion d'un corps et d'une âme n'a formé un être qui puisse lui être comparé.
Un autre poëte a dit aussi :
La mort s'est glissée chez lui la nuit lorsque, ses favoris s'étant éloi- gnés , il dormait.
La mort lui a dit : Lève-toi, et il s'est levé. Que de rois ont été appelés ainsi pour mourir, et ont répondu à son appel !
CHAPITRE CXVn. 281
Voici enfin un passage de Hureïn (fils de Dalibak) sur- nommé le déhanché :
Les nuits (c'est-à-dire la fortune) n'ont jamais favorisé personne, sans lui nuire après l'avoir comblé de faveurs.
N'as-tu pas vu les disgrâces du sort accabler le (Khalife) hachcmitc et Fath , fils de Khakan ?
Ali, fils de Djehni , raconte le fait suivant : « Le Prince des Croyants, DjàAir Motewekkil-Alallah, quand il fut élevé à la dignité de Khalife, reçut des cadeaux proportionnés au rang de ceux qui les lui olfraient. Dans le cadeau d'Ibn Taher figuraient deux cents esclaves des deux sexes et parmi eux une jeune fille nommée Mahbouhcli. (faimée). Son premier maître, un habitant de Taïf, avait soigné son éducation, cul- tivé son intelligence et l'avait enrichie des connaissances les plus variées. Elle faisait des vers qu'elle chantait en s'accom- pagnant sur le luth, et léussissail, en un mol, dans tout ce qui distingue; les gens de jnérile; aussi lïit-elle bien accueillie de Motewekkil ; il lui donna une place imporlanlc dans son
282 LES PHAHUES D'OR.
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CXAX3
cœur el lui accorda toutes ses préférences. — « J'entrai un jour chez le Khalife (ajoute Ali) pour m'asseoir au festin; quand j'eus pris place, le prince se leva et pénétra dans une des pièces réservées , puis il revint en riant et me dit : « Mon cher Ali, en entrant (dans le harem) j'ai rencontré une esclave qui avait tracé sur sa joue, en lettres de musc, le nom Djctfar; je n'ai rien vu d'aussi charmant. Trouve quel- ques vers sur ce sujet. » — Moi seul, Seigneur, lui deman- daije , ou MahbouJjeh avec moi ? — Non , toi et Mahboubeh. » Cette jeune fille, se faisant apporter une écritoire et du papier, prit les devants sur moi et composa des vers qu'elle récita; elle saisit ensuite son luth et chanta à demi-voix. Après avoir préludé sur son instrument jusqu'à ce qu'elle eût donné un corps à sa mélodie, elle sourit pendant un ins- tant, puis, a^Jant pris les ordres du Khahfe, elle chanta ces vers :
l'Jlle a Iracé sur ses joues avec du musc le mot Djàjar; je donuerais ma vie poiu reudroit eliarmnul où le musc a laisse son eiiipreiule.
CIJAlMTIii-: ex Vif. 283
l^j^lj ÏKjyA^ <^jKx*b\s- ji oc^ "^ L tiiAj_5 <i JIaj <\^:>Uj^
Si t'ilc a gravé sur sa jonc des lettres parluniécs , elle a grave dans mon cœur de longues lignes d'amour.
Voyez cette esclave qui soumet à ses lois son propre maître, en secret comme en public.
Voyez ces yeux qui ont contemple un homme tel que Djàfar ; ([iie Dieu répande sur Djâlar la pluie de ses bienfaits !
Ali poursuit ainsi son récit : «Cependant mon imagina- tion flollait incohérente et il me semblait c[ne je \w. trouverais pas le premier mot d'un vers. — « Eh bien, Ali, me demanda le prince, où en es-lu de ce que je t'ai commandé? — Par- don, Seigneur, répondis-je, je confesse que ma verve est absente. » — Depuis lors et jusqu'à sa mort, Motewekkil ne cessa de me lancer ce souvenir à la téle<^l d'i-n j)nMulre lo.xte pour me railler. »
«J'entrais une autre l'ois chez lui, raconle le même Ali, pour m'asscoir ii sa table, lorscpi'il m(! dit : « Mon cher Ali, tu sais que je ukî suis fViché avec Mahboubeh ? je Tai con- signée dans son apparicnient en délendani ;i ma suite de cominnni(|n('r avec clic, <■! je ne \('u\ plus lui |)arl(M-. « —
284 LES PRAIRIES D'OR.
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^^r»- <îui.A-j! Ci*.-?.* lliLr». p»ljii ^ Uj.IâÀj 4^>- ^^J^ /frj> <i l_^_jl^ -p^^viXj *>-K,.Aj5 ):>^^ (3-*-^ (^ '-^^ l^jj_j.x2.ji^ ç^j^ UjjJJ
Seigneur, réponclis-je , si vous êtes irrité contre elle aujour- d'hui, faites la paix demain. Que Dieu pi'olonge la félicité du Khalife et lui accorde de nombreuses années ! » Le prince demeura rêveur pendant quelque temps, puis il congédia ses convives et fitenlever le vin qui était servi. Le lendemain , dès que je me présentai, il me dit : « Eh bien, Ali, j'ai rêvé cette nuit que je me réconciliais avec Mahboubeh. » Une jeune esclave nommée Chaiir, qui se tenait devant le prince, lui dit alors : « Je viens d'entendre sortir de sa chambre des paroles dont je n'ai pas 'saisi le sens. » — Viens, me dit le Khalife, nous allons voir ce que c'est; » et il se mit en route nu-pieds. Je le suivis; aux abords de la chambre, nous en- tendîmes Mahboubeh préluder sur son luth et fredonner à demi-voix comme si elle composait un air; puis élevanl la voix, elle chanta :
Je parcours ce palais cl n'y trouve personne qui écoule mes plaintes et nie réponde.
CHAPITRE CXVII. 285
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Ai-je donc romniis un acte de révolte que le repentir ne pourra jamais racheter !•
Qui implorera en ma faveur un roi cpii m'a visitée en songe cl m'a par- donné?
Puis le jour, eu revenant, m'a rendu les dédains de ce maître et l'a séparé de moi.
Motowf'kkil baflit des mains joyeusemonl et je l'imitai : il entra aussitôt chez sa favorite. Celle-ci lui baisa les pieds et se roula le front dans la poussière jusqu'à ce que le Kha- life la relevât; puis nous revînmes sur nos pas et Mald)oid)eli en tiers avec nous. »
« Après le meurtre du Khalife, ajoute Ali, fds de Djelim, Mahhoidieh fut, avec d'autres esclaves de la cour, dévolue à la maison de Bof|[a l'aîné. Un jour que j'entrai chez ce der- nier en ma qualité de conmiensal, il fil écarter le rideau (du harem) et, sur son ordre, ses esclaves s'avancèrent bril- lantes d'ornements et de parures; seule Mahboubeh se montra sans bijoux ni vêtements de prix et vêtue de blanc (en si<^Mi(' de deuil); elle s'assit rêveuse el la tête baissée.
286 LES PRAIRIES D'OR.
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l^açifrinïiUâ chanter; elle s'en excnsa. Celui-ci Fexigea, el fit apporter on Inth, qnon posa sur les genoux de Tesdave. Se vovant dans la nécessité d'obéir, elle garda le lath sur ses genoux et s'en accompagna pour le morceau suivant, qu'elle improvisa :
CamaaaAi» lie poairaii-elle me^ure,si jene rencontre plasD^âlâr. Ce roi qoe j'ai ni ioafflé f(e poussière et de san^? Qoieonqne sooflrait dmqinêtnde ci de maladie a retrouTé la &anlé , Esceplé Xlabboiibdi, qui, si elle savait que ta mort s'acbi^e. L'achèterait de tout ce qn elle possède, pour être portée an lombean.
Waçif, irrité de ce souvenir, envoya l'esclave en prison; elle y fut enfermée et depuis on n'a plus entendu parler d'elle. •
Sous le r^ne de Motevrekldl moururent plusieurs savants, historiens et tradilionnistes . tels soni : \li (fils de Djàfar]
CHAPITRK ex Vil. 287
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Modini, mort à Saniarra, le lundi 27 do don 'l-liiddjoh, •i3/4 do riiogiro, àgô de soixante-<iouzc ans ot quelques mois; oependant la date de sa mort est contestée, et nous avons dit précédemment en quelle année on place cet événonunt.
— Mémo annéo, morl dWhou 'r-Robî, fils do Zalirani. — On no s'accorde pas non plus sur la date i\c la mort do Vahva, (ils de Màyin; les uns adoptent celle que nous avons donnée dans un autix^ passage i]o oe livre (voir ci-dossus. p. 211); les autres, ot c'est le plus grand nondiro. s(> décident pour Tannée 2 33; Yahya dont le surnom paironymique est /l 60a Zaharia , étail un tnawla dos Bonou-Marrah; il mourut à Modino, âgé de soixante-quinze ans ot quelques mois. On croit qu'en la mémo année (233 de Thégire) mourut Tiiis- lorion Ahou "1-Haçan Ali (fds de Mohammed) Medaïni; daulros placent sa mort en 228, sous le règne do Watik.
— I.u o.Mlo année 2 28mouruiYnt Mouseddod hon Musorhod,
288 LES PRAIRIES D'OR.
i y! t)— i^-^ «X-ij oi-*«j.j j,5 t-^jfcUo (^«X/JJÎ ^^UJî «XaJjJI
dont le vrai nom est yl6d el-Mélik, fils d'Abc! el-Aziz; — le jurisconsulte El-Himmani; — Ibn Aïchah, dont le nom est Abd Allah (fds de Mohammed, fils de Hafs) et le surnom patronymique Alou Aid er-Rahman ; i\ appartenait à la tribu de Teïm-Koreïcb. — Sous le règne de Motewekkil mou- rurent en 2 36 : Hodbah, fils de Khaled; — Cheïban, fils de Ferrokh, originaire d'Obollah; — Ibrahim (fils de Mo- hammed) Chafeyi. — En 287 : Abbas (fils de Wélid) Nersi, mort à Basrah; — Abd Allah (fils d'Ahmed) Nersi; — Obeïd Allah (fils de Moâd) Anbari. ~ En 2 38 : Ishak (fils d'Ibrahim) plus connu sous le nom d'Ibii Rahaweïh; — le juge Bîchr (fils de Wélid) Kendi, disciple d'z\bou Yourouf. — Selon quelques-uns, Abbas (fils de Wélid) Nersi ne serait mort qu'en cette année 238. — En 269 : Otinan (fils d'Abou Cheïbah) le Koufien, mort à Koufah; — Sait (fils de Ma- roud) Djahdari. — En 2/io : Cliebab (fils de Khalifeh) Ous-
CHAPITRE ex VU. 289
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fouri; — Ahd el Wahid (fils cfAttab). — En 2d3 : Hicham (filsd'Ammar) de Damas; — Hamid (fils de Maçoud) Nadji; — Abd Allah (fils de Moàvviah) Djomahi; — le kadi Yahya, fils d'Aktam, décédé à Rabadah; — Mohammed, fils d'Abd el-Mélik, fils d'Abou 'I-Gha\varib. — En 2/16 : Mohammed (fils de Monstafa), originaire d'Emèse; — Anbaçah (fils d'Ishak, filsdeChamir) et Mouça (filsd'A])d ol-Mélik).
L'histoire du régne et de la vie de Motewekkil renferme d'autres faits remarquables que nous avons rapportés en détail dans nos deux ouvrages les Annales historiques et le Livre Moyen.
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290 LES PRAIRIES D'OR.
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rf^.g-i;l ioC^w -îUà^Xi^ <.::>»-j\(j (jOoUj (J>*?j'-5 (J^ *•*"**' '^^-' CHAPITRE CXVIII.
KHALIFAT DE MOUNTASIR-BILLAH.
Mohammed (fils de Djâfar) el-Mountasir fut proclamé Khalife dès la première heure du jour, après la nuit où Mote- wekkil fut assassiné (nuit du mercredi 3 du mois chawal, 2/17 de l'hégire). — Son surnom patronymique était Ahou Djâfar; sa mère , une esclave grecque , se nommait Hahcliyeh. 11 avait alors vingt-cinq ans; la prestation du serment eut lieu dans le château nommé Djâfari, construit par Moté- wekkil. Mountasir mourut fan -làS, après un règne de six mois.
BÉSDMÉ DK SON HISTOIRE ET DE SA VIE; PRINCIPAUX EVENEMENTS DE SON RÈGNE.
Le lieu où Molewekkil fut assassiné était celui où Chu-
CHAPITRE CXVIII. 291
^ .»."^L> *XjV*x^^ j_^.>A^^ <XÀ.«m.X|^ iw.^V^,M^^i.U( IsUnfcAJ jCwj»JL«
(jv— f y-P liî^ ii-iij-wjljLîL 5*i_^JLJl /y^jw! civÀ-S^ i(A^UJL iLjUJjî v::>i^jJLi jJaAj ajI^ ^b <!U»«!; tj-^j tilX* Sj^as- jL^ail
*j)j— *=» <i)^^ÀJi 3 is^*-'' fi^ d>^ ^y"^ ^y^ '■^[; (0-'j-^-<*'
weïli avait tué son père Kesra Perwiz; on le nommait Ma- khoareh. Mountasir résida encore sept jours dans ce palais après la mort de son père, puis il s'en éloigna après avoir ordonné de le détruire.
La tradition a conservé le récit suivant raconté par Abou '1- Abbas Mohammed, fils de Sehl, «J'étais secrétaire sous les ordres d'Atfab, fils d'Attab, au bureau des troupes dites Cha- kirieh, pendant le règne de Mountasir. Je montai dans une des salles de l'étage supérieur; je la trouvai garnie d'un tapis de pied fabriqué à Sousendjird , d'une estrade en forme de trône, d'un mousalla (j)elit tapis de prière) et de coussins rouges et bleus. Le grand tapis était bordé de cases renfermant des fi- gures d'hommes et une inscriptioiî en persan, langue que je lisais couramment. Or, à la droite du inousallu.jc remarquai une figure de roi, le front ceint d'une couronne et daiisTalti- hulc de quehpi'un qui parle; j'y lus l'inscription que voici: ' Ceci est riniage de Chirvveïh, meurtrier de son père le roi Perwiz; il régna six mr)is. > Je vis ensuite différents portraits
'9-
292 LES PRAIRIES D'OR.
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t^jsr" jii;.ÀJ yi 0^13^5 iJNjft j.;^i OtAA?y os-Ui) i^AjUJî j!jJl
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de rois et, en dernier lieu, une figure placée à gauche du mousalla et surmontée de la légende suivante : « Portrait de Yézid, fds de Wélid, lils d'Abd el-Méiik, meurtrier de son cousin Wélid, fds de Yézid, fds d'Abd el-Mélik; il régna six mois. « Je m'élonnai de cette circonstance ainsi que du hasard qui avait réuni ces images à droite et à gauche de la place occupée par Mountasir, et je me dis : « Je ne pense pas que ce règne dure plus de six mois; « en effet, mon pressen- timent se réalisa. En sortant de cette pièce, je me rendis chez Waçif et Boga, qui occupaient le deuxième corps de logis, et je dis à Waçif: «Le tapissier n'a donc pas trouvé autre chose à mettre sous les pieds du Khalife que le tapis où sont représentés Yézid , fds de Wélid , meurtrier de son cousin , et Chirweïh, meurtrier de son père Perwiz, lesquels ne survé- curent que six mois à leur crime .^ » Waçif s'émut de mes pa- roles et fit venir Eyyoub, fils de Suleïman le chrétien, au- quel était confiée la garde des tapis. Quand cet homme fut en sa présence, Waçif lui dit : «N'aurais-tu ))as trouvé à
CHAPITUE ex VI If. 29a
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étendre aujourd'hui sous les pas du Khalife un tapis autre que celui qui était sous les pieds de Motewekkil, la nuit de \ événement , tapis qui représente un roi de Perse et d'autres personnages et qui porte des traces de sang? » — ■ Le tapissier répondit : « C'est le Prince des Croyants lui-même qui m'a parlé de ce lapis et m'a demandé ce qu'il était devenu. Je lui ai répondu qu'il avait de vilaines taches et que mon in- tention était de ne plus l'employer, depuis la nuit de l'évé- netnenl. — « Pourtjuoi ne le fais-tu pas laver et parfumer? » a répliqué le Khalife. — Je craignais, répondis-je, ([ue ce ne fût une révélation pour ceux qui verraient sur ce tapis les traces de \ accident. — « 11 est assez connu sans cela » , m'a répondu le princt;, en laisant allusion au ineurlre de son [)ère par les Turcs. En conséquence, nous avons parfumé le tapis et l'avons placé sous ses pieds. » Warif et lioga (irent alors à cet homme la recommandation suivante : « Dès que le Prince des Croyants sortira de rapi)arlement , enlève le lapis et jctic-lc au feu; • el en elfet, sitôt après le départ du Klialife, il lui hrûlé sous les yeux de Wacif et de lioga, —
294 LES PRAIRIES D'OR.
di.]i 0.jtj oJji* jSiiJi IsIm^aJî kiXii ^JiJ^\ jmîxjX] J Jlij -U
Cependant quelques jours plus tard (ajoute Eyyoub) , Moun- tasir réclama de nouveau le tapis en question. — « Où trouver ce tapis maintenant, lui dis-je? — Qu'est-il donc devenu?» fit le prince. Je lui répondis que j'avais dû le brûler, par ordre de Waçif et de Boga. Il garda le silence et ne m'en reparla plus, sa vie durant, »
Vers le même temps Mountasir, se livrant au plaisir, fit appeler le joueur de luth Bunan, fils d'El-Harit, virtuose distingué qui avait encouru son ressentiment. Quand il fut chez le Khalife, Bunan chanta les vers suivants :
J'ai vécu longtemps dans l'attente de l'imam Mohammed, et je né croyais pas que mon attente serait si longue.
J'étais à la fois loin de lui et son voisin, chose étrange! j'étais près de lui par ma demeure et loin de sa personne.
En te voyant (ô Khalife) vêtu du manteau rayé du Prophète, il me semblait dans ces vêtements et sous ce turban voir briller l'astre des nuits.
Je souhaiterais que le jour de la fête pût revenir, car c'est une fête pour moi de contempler ton visage.
CHAPITRE CXVIIF. 295
p ^ w
Ces vers furent récités en effet le lendemain de la fêle du Sacrifice, et Mountasir avait, à cette occasion, dirigé la prière publique. On chanta aussi, pendant la même jour- née, les vers suivants composés par Mountasir :
Tu m'es apparue en rêve, moins avare (d'amour) et plus docile que tu ne t'es en r(''alité.
Que le ma(in ne peut-il s'éloigner et ne plus se montrer! Que la nuit ne peut-elle se prolonger pendant mille ans !
Si le sommeil pouvait se vendre, certes lu en aurais renchéri le cours parmi les hommes.
Ces autres vers qui sont également de sa composition fu- rent chantés en sa présence :
Je t'ai vue dans mon sommeil : il me semhlait que je buvais sur tes lèvres un baiser suave.
Ta main était dans la mienne et nous rc]iosions eiisctnhii; siu' la même couche.
Au moment où j(; m'éveillai, ma uiain droite pressait tes mains, et ta main pressait les miemies;
J'ai passé ma joiu-née entière h chercher le soinuu'il pour te voir dans mes rêves, et le sommeil n'est pas venu.
296 LES PRAIRIES D'OR.
(1)
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/yj! (j^^-j^ib Itf Uj^ ^^à^ j^|^3 4>5b j*kxàjS «^^bi» «^ ij*^«^5
Ce Khalife, après avoir exilé Obeïd Allah (fils de Yahya, fils de Khakan) , prit pour vizir Ahmed , fils d'El-Khaçib ; mais il ne larda pas à s'en repentir. Ahmed était monté à cheval, un jour, avec son escorte, lorsqu'un solliciteur lui tendit un placet pour lui demander justice; le vizir tira son pied de rétrier et porta un coup si violent dans la poitrine de cet .homme, qu'il le tua. Un pareil acte de brutalité s'ébruita parmi le peuple , et un poëte de l'époque dit à ce propos :
Dis au Khalife : « Cousin du Pi-ophète , mets une entrave à ton vizir puis- qu'il rue;
«Attache-ic pour l'empêcher de ruer; puis, si tu veux des richesses, tu en trouveras chez ton vizir. »
Si ce poëte eût été contemporain du vizir Hamid, fils d'Abbas, lorsqu'il remplissait les fonctions de ministre auprès de Mouktadir-Billah, il eût été témoin d'actes de violence analogues à ceux d'Ibn el-Khaçib. C'est ainsi que ce vizir se jeta, un jour, sur quelqu'un qui lui adressait la parole,
CHAPITHE CXVIII. 297
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lui retourna ses vêlements sur les épaules et le frappa rude- ment à la gorge.
Un autre jour, Oumm-Mouça, de la famille de Hachem et intendante du palais, ou une autre femme du même rang, s'étant présentée chez lui pour une réclamation d'argent en vertu d'un message de Mouktadir, le vizir lui adressa dans sa réponse cette parole injurieuse : « Pète et ramasse, compte et ne te trompe pas. » Celte feinme resta interdite; elle coupa court à Tafiaire qui l'avait amenée et courut d'un Irail chez Moukladir cl chez la sultane pour les informer de ce qui lui arrivait; mais le Khalife (c'était justement un jour de concert et de fête) ordonna à ses esclaves musiciennes de prendre celle invective pour ihème de la chanson du jour. On trouvera des détails sur Hamid, ainsi (|ue sur d'autres vizirs des Ahhassides et sur les Kaiihs des Onieyyades jus- qu'à la présente année WSi de l'hégire, dans noire Histoire moyenne.
Je liens d'Abou '1 Ahhas Ahmed (fils de Mohammed, fils deMoura, fils de Ferai) le récil suivant: -. Alniicd, lilsd'KI-
298 LES PRAIRIES D'OR.
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Khaçib, voyait de mauvais œil mon père (Mohammed), qui était un de ses agents. Quelqu'un qui était attaché au service intérieur du palais vint m'avertir que le ministre avait envoyé un étranger dans le lieu de notre juridiction, en lui recommandant de sévir contre mon père et de lui extorquer une somme considérable, dont il me donna le chiffre. Un Katib de nos amis était en ce moment auprès de moi; je m'assis et m'empressai d'écrire ces nouvelles à mon père, sans plus m'occuper de mon ami. Celui-ci s'accouda sur les coussins et s'assoupit; mais il se réveilla bientôt en grand émoi et îne dit : « Je viens d'avoir un rêve étrange; il me semblait qu'Ahmed, fils d'El-Khaçib, debout ici devant moi, m'adressait ces mots : « Le Khalife Mountasir mourra dans trois jours. » Abou '1 Abbas poursuit ainsi sa narration : « Je fis observer à mon ami que le Khahle était alors dans l'hippodrome, occupé au jeu du mail; que ces sortes de songes provenaient de la pituite et de la bile, et enfin que nous sortions de table. Mais nous parlions encore lorsque quelqu'un entra et nous dit : « J'ai rencontré le vizir
GHAPITIŒ CXVIU. 299
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dans les appartements intérieurs [àar el-khaçeh]\ son vi- sage n'était guère souriant, j'ai voulu en savoir la cause et voici ce qui m'a été dit : Le Khalife Mountasir est sorti tout en nage de l'arène du mail, il est allé au bain, puis il s'est endormi dans lebadhcndj (belvédère garni de ventilateurs); le froid l'a saisi, et il a été pris d'une fièvre int|uiétante. Ahmed, fils d'El-Khaçib est accouru chez lui et lui a dit: « Comment, Seigneur, vous le savant, vous le sage du siècle, vous descendez de cheval, épuisé de fatigue, vous entrez au bain , et vous allez encore tout en sueur dormir dans le bad- hendj ! r, — Eh bien, a répliqué Mountasir, crois-tu donc que j'en mourrai? La nuit dernière, quelqu'un m'est apparu pendant mon sommeil et m'a annoncé que je vivrai vingt- cinq ans. J'ai pris ces paroles comme une promesse de lon- gévité et j'en ai conclu (jue telle sera la durée de mon règne. » — Trois jours après il était mort, ajoute Abou M-Abbas, et après constatation de son âge, on trouva qu'il venait d'ac- complir ses vingt-cinq ans. »
Quelques historiens rap|)ortonl que ce prince fut atteint
300 LES PPxAIRIES D'OR.
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d'un refroidissement le jeudi cinquième jour avant la fin de rébî I et qu'il mourut à l'heure de la prière de Yasr, le 5 de rébill. La prière des funérailles fut dite par Ahmed (fils de Mohammed] Moustaïn. Le Khalife Mountasir est le premier souverain abbasside dont le tombeau ne fut pas tenu caché; Habchyeh sa mère sollicita et obtint la permission de lui élever publiquement un tombeau à Samarra.
D'après une autre version , il aurait été saigné avec une lancette empoisonnée par le médecin Taïfouri. Le Khalife méditait alors de disperser les troupes turques et il avait envoyé Waçif à la tête d'une armée considérable contre les Grecs à Tarsous. Un jour, voyant Boga le jeune qui venait au château entouré d'une nombreuse escorte de Turcs, il se tourna vers Fadl , fils de Mamoun , en disant : « Que Dieu me fasse mourir, si je ne les tue pas et si je ne disperse pas leurs cohortes, en expiation du meurtre qu'ils ont commis sur Motewekkil-Alallah ! » C'est alors que les Turcs, effrayés de ces mesures et des projets qu'il méditait contre eux,
CHAPITRE ÇXVIH. 301
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cherchèrent l'occasion de le perdre. Un jour, il se plaii^nit d'une chaleur de sang et se lit poser des ventouses humides ; après qu'on lui eut tiré trois cents onces de sang, il prit une certaine ])oisson et sentit aussitôt ses forces s'en aller. On ajoute que la lancette dont se servit le médecin était em- poisonnée.
Ibn Abi 'l-Dunia a transmis le récit suivant d'un rêve fait par Abd el-Mélik (fils de Suleïraan , fils d'Abou Djàfar). « J'ai vu en songe Motewekkil et Fath, fils de Khakân, au milieu des flammes; Alohammed Mountasir survint et demanda à être admis auprès d'eux , mais on ne le lui permit point. Mote- wekkil, se tournant ensuite de mon côté, me dit : « Abd el- Mélik, répète à Mohammed ces paroles : Tu boiras à la même coupe où tu nous as fait boire. — Le lendemain malin , je me rendis chez Mountasir et le trouvai atteint de la fièvre; je le visitai assidûment , et au terme de sa maladieje l'entendis murmurer ces paroles : «J'ai abrège leur vie et la mienn«' sera abrégée. » — Il mourut en effet de celte maladie. -
302 LES PRAIRIES D'OR.
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Mountasir était un prince cVune large tolérance, d'un esprit solide , très-bienfaisant et recherchant toujours le bien ; il était généreux, poli et modéré dans ses plaisirs. Il s'atta- chait à faire le bien, à répandre la justice et à se rendre d'un commerce si agréable, que jamais un autre Khalife ne pût lui être comparé. Mais, au contraire, son vizir Ahmed, fds d'El-Khaçib, était dénué de bonnes qualités, d'une méchan- ceté insigne et d'une profonde ignorance. Avant ce règne, la famille d'Abou Talib avait été cruellement persécutée et continuellement menacée' dans son existence; on lui inter- disait l'accès du tombeau de Huçeïn et le territoire de Gareï (où se trouve le tombeau d'Ali) à Koufah; tout le parti chiite en était également exclus, en vertu d'un décret rendu par Motewekkil en l'année 236. Ce prince avait, à la même époque, chargé un certain Zeïridj de détruire le tombeau d'El-Iluçeïn, fds d'Ali (que Dieu les agrée!), de le raser au niveau du sol et d'en enlever tout vestige, enlin de punir les pèlerins (pi'il trouverait en ce lieu. Cet homme promit une
CHAPITRE CXVIIl. 303
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récompense à qui porterait le premier la main sur le monu- ment; mais chacun, craignant le châtiment (de Dieu), s'y refusait. Zeiridj, prenant une pioche, commença à démolir le faîte du tombeau de Hurein; les maçons se mirent alors à l'œuvre; ils creusèrent jusqu'à la Ibsse et arrivèrent à la niche où était le cercueil, mais ils n'y trouvèrent lien, pas même quelques vestiges d'ossements.
Les choses restèrent en cet état jus([u'à l'avènement de Mountasir. Ce prince rendit la sécurité à tous; il abolit tout d'abord les persécutions et les mesures d'in([uisilion dont les Alides étaient l'objet; chacun put visiter librement la tombe de Huçeïn et celle des autres descendants d'Abou Talib. Il rendit le don)alne de Fedek au.v enfants de Haran et de Iluçein; il ordonna maiidevée des ibndalions pieuses appartenant à la postérité d'Abou Talib, et défendit que leurs partisans fussent in([uiétés et persécutés. C'est à celle circonstance que se rapporlcnl les vers suivants de Boh- tori :
304 LES PRAIRIES D'OR.
Certainement Ali fut meilleur à vos yeux et plus généreux que ne le fut Omar;
A chacun son mérite; mais quand les paris (de la course) sont ouverts, les chevaux aux pieds marqués de blanc valent moins que les chevaux qui ont des taches blanches au front.
Un autre poëte, Yézid (fils de Mohammed} Mohallebi, attaché au parti de la famille d'Abou Talib, rappelant les épreuves subies par les Chiites avant cette époque et Texci- talion de la plèbe contre eux, s'exprime en ces termes :
Tu as relevé les descendants d'Abou Talib de la honte qu'ils subissaient de siècle en siècle;
Tu as rétabli la concorde dans la famille de Hacliem , et , à l'Iiostilité qui les divisait , tu as vu succéder la fraternité.
Tu as rendu le calme à leurs nuits, et, grâce à tes bienfaits, ils ont oublié leurs ressentiments et leurs liaines.
Si leurs ancêtres avaient su combien tu les honorais, aucun des leurs ne l'aurait emporté sur toi dans leur balance.
En 'i/|8, Mounlasir-Billah décréla la déchéance de .ses
CHVPIÏHE CXVIII. 305
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(l«Hix frères Moutazz et Ihrahini , qui dcvaicnl lui snccéfler. MoU'Wokkil-Alallah leur avait assuiV' la succession au trône par une série de décrets el de conditions stipulées à cet efTet; il avait donné à chacun de ses trois fils, à titre d'apanage, unt; portion de ses Etats, et réglé sa succession dans Tordre suivant: Moliammed Mountasir; après celui-ci, Moutazz, et après Moutazz, Ibrahim Mouayyad. C'est dans cet ordre ([u'il les fit reconnaître sous la foi du serment; après quoi il distribua de grandes richesses et combla h; peuple de cadeaux et de présents. Orateurs et poètes, tous célébrèrenl cette proclamation; parmi les pièces les plus remarquables, citons ces vers, tirés d'une longue kacideh, dont rauteni- est Mervvan, fils d'Abou l-Djunoub:
Ils sont trois rois: iNIolianinird , n.'imbc.'iii du s.iliil ,i\ec l«'(|ii('l Dini (lirii^r (|iii il lui plaît ;
AI)oii Abd Ail.ili . i|iii le ics';('im1)Ic par sa pnic ri i|iii iIoiimc conimcln sais doiiiKT,
300 LES PBAiniF-S D'OU.
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L'excellent Ibrahim, le prolccteur du pciiplo, riiommc pur, fidèle dans ses menaces et ses promesses.
Le premier est la Inmière, le deuxième le salut, Ictroisiènie la justice, et tous les trois sont dirigés par Dieu [mcinli).
Et ces vers non moins parlaits adressés par le même poëte à Motewekkil :
Dixième Khalife, puisses-tu jouir longtemps de la royauté et eu assurer la transmission jusqu'au dixième de tes successeurs!
Ue sorte que tu marcheras à leur tête et qu'ils ressembleront à ces astres étiucelants qui font cortège à la lune brillanir.
Lorsque MoleY\ekkil eut ainsi régie sa succession enlrc SCS trois fils, un poêle connu sous le surnom de Sclami dû dans une ])ièce de vers :
L'élu de Dieu, l'oiseau du boidienr, Djàlar, fils de Moliamnied, ou instituant ses successeurs, a consolidé l'édifice de la religion;
H l'a fortifié eu désignant Mouiitasir-Biilali, et assuré sa solidité on iionunanl ensuite Miiuta/.z et Mouayyad.
CHAPITRE CXVm. 307
J_^— A_jrw (Jw^-aJ^ (J-- <_J 'j-^^ >**^ AjCAjA-I ^•À-* 45-»^ ^^\s
J.. j »Xo w>jifc. a_5«XJij i/ (j*.U^ »uJLx.> iuulil tXxj tX.4k2^À
l-fk-M* 5y-u(U c_>_jj.^ ^ juiji s.^ *i c>JtSo c^V^^' W**** (*"(r^'^
Au nombre des poètes qui ont parlé de cet événement avec la même élégance de pensée et de style, il faut citer Kdris, (ils d'Ahou Hafsali, dans le passage c[ue voici :
La royauté no s'éioiiîiiora jamais de Djàfar, celte lumière du salul, ni de ses fds.
Lorsque le Klialife Djàfar aura termine sa carrière, las de régner, sans (|ue ses sujets soient ias d'obéir,
Moliamtned (Mouiitasir) sera son digne successeur et puisse le peiiiilc le conserver loiii^lemps !
XKnis prolonge avec ton règne (ô Motcwckkil) l'attente de Moliamnied; cela vaut iniriix pour nous et pour lui cpi'unc succession prochaine.
Durant la domination deMountasir, le Yémen, le pays de liawa/idj et Moroul furent agités par les menées d'Ahou '1- (Jiinioud Charihi, qui, adoj)tant la formule : « 1! n'y acfaulre maître que Dieu» (cf. t. 1\', p. 485), forlilia son j)arti en appelant à lui tous les kharédjites du Diar-Rebyàh et du pays des Kurdes. Mountasir lui op[)osa luie armée com- mandée par Sima le Turc; après plusieurs batailles, Sima
308 LES PKAIIUEN 1)01'».
jA..ia.» Ov^xJl i^Js. jvi^ij _5.i«^lj AjJfi ilsi j.AAXÀil ^j jt3
^,_*i^ ^^iUI dLUi^ ^-*^iJ:-Ui pUili !^^
s'empara du rebelle el le livra à Mountasir, qui lui par- donna, lui fil prêter serment et le mit en liberté. Au rapport de son vizir Ahmed, fils d'El-Kbaçib (fils de Dabbak Djor- djani), c'est après avoir fait grâce à Charibi que le khalife prononça ces paroles : « Il est plus doux de pardonner que d'assouvir sa haine, et la vengeance est ce qu'il y a de plus odieux chez celui qui commande. «
x\bou Bekr, fils d'El-Haran, fils de Doreïd, m'a raconle qu'un Katih entendit en songe les paroles suivantes, dans la nuit qui précéda la matinée où Mountasir fut proclamé Khalife :
Voici Wmam Mountasir, le onzième souverain.
Sa volonté, lorsqu'il donne un ordre, est comme le glaive ([ui tranche tout ce qu'il rencontre;
Son regard, lorsqu'il le dirige sur quelqu'un, est comme la fortune qui icpand le bonheur et l'infortune.
Ce prince se montra juste envers ses sujets et sut gagner
cil \IMII\K CXVlll iOO
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V-i )^ÀA> J[jl J JUi wUaJI Jjt^j (5^=*^ ijl-^5jiJ| (j>AAi
le coHir (les grands el des petits, malgré la crainte que sa sé- vérité leur inspirait.
Aboii '1-Haran Ahmed (lils d'Ali, fds de Yahya), plus connu sous le nom d'/è/i cl-Ncdim ((ils du courtisan), m'a transmis le récit suivant , ([ui lui avait été raconté par (son j)ère) Ali, lils de Yahya, l'astrologue : «Je n'ai jamais vu, disait Ali, un homme comparable à Mountasir et qui sùl être généreux avec moins de morgue et d'embarras. Un jour, il remar([ua (iiie j'étais triste et plongé dans mes ré- flexions : en ellet, il y avait à côté de mon domaine une pro- priété dont je désirais faire l'acquisition; j'avais, à iorre d'habileté, décidé celui (|ui la possédait à n)e la vendre, malheureusement je n'avais pas à celte époque la somme nécessaire à cet achat, (^'esl dans de lelles dispositions d'esprit (|n<' j(; me présenlai chez Mouulasir; frappé d(> mon air ;il)allu el de mes préoccupations, il me dit : «.le le trouve, bien soucieux, que l'esl-il donc arri\é?» J'auiais ilésiré lui caclicrcettc histoire el lui laisser ignorei' mon a\enture, mais il nif picss.i (le parler cl je dus lui raconter sans di-guise-
310 LES PRAIRIES D'OR.
iw-A-ft Ci», Ai ^-*-« i^<y^AS. çX» JliJ ji^i <_Àii (j^i^^i cxXjii
J-xSl^ l^Stj--N«*.^ -Uxil ^jAiÙ /e.^î yôî Ijf A^î; t^ ^j^ *i\.i^
vJLjyi -iiLiJi JyJsl (ji J5 -t^UTi ^5Uaj^ e^JsjlL ^xÀi.j ^j_^_ÎU <J j»^\ju»v «îOi (XJcLuwwO iXÀff c:^*Xï Ci^.À.J 4>v^j dLj^À^
AxX* J>XJ <XJC«5 UaJ! jLo (^X*^5^A^I ^i>l~»- (jî JUi (J-A>^
ment raffaire de la propriété. « Combien vaut-elle ? me de- manda le prince. — Trente mille dirhems, répondis-je. — Et sur cette somme combien as-tu par devers toi ? — Dix mille dirhems. » Il coupa court à Tentretien sans me répondre et parut ne plus s'occuper de moi. Il se fit ensuite apporter un encrier et une feuille de papier, apposa son sceau au bas d'un décret dont j'ignorais la teneur, et, faisant signe à un serviteur qui se tenait derrière lui, il lui donna un ordre {[u il me fut impossible d'entendre. Le page partit en loule hâte, et le Khalife chercha à me distraire en faisant lui- même les frais de la conversation, jusrpi'au retour de son émissaire. Quand celui-ci fut en sa présence, Mountasir se leva et me dit: « Ali, rentre, si tu veux, chez toi. » .l'avais estimé, quand le prince m'interrogea, qu'il me donnerait ou la somme entière ou la moitié, aussi me relirai-je consterné. Quand j'arrivai devant ma demeure, mon intendant vint au- devant de moi et me dit : « Un valet du Prince des Croyants est venu tantôt avec une mule chargée de deux gronps d'ar- gent, il m'a remis cette sojume et m'en a demandé reçu. ->
(:iiAprn\K cxviii. .ui
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A.^_5 AjLsi=i (^j^ iLtl;r ''^-«iUj >J;U5 pl>l i^^oXÀi,! ^^ Ji*
Je lie inc j)()sswlais plus île joie, conlinue Ali, el je lenlrui chez moi refusant de croire aux paroles de mon inleucianl jusqu'à 00 (ju'il m'oùL montré les tieux j^roups. Après avoir reiuoroié Dieu de la laveur ([u'il \OJjait de m'aooorcler, je lis appeler sur-le-champ le propriétaire du domaine ou (pies- lion, je le payai intéi^ralemenl et consacrai ma journée aux Ibrmalilés de la j)ris(; de possession et tles témoignages recjuis pour la vente. Le lendemain matin, je me présonlai cluv. Moimlasir, mais il ne me dit pas un mot ([ui eût Irait au domaine et il me lit jamais la moindre question à cel égard juscprà ce que la mort nous séparât pour toujours. »
FadI, (ils d'Abou Talier, ra|)|)orle ce ([ui suit, dans sou livre intitulé Ilisloire des Auteurs, d'après le récit d'Abou Otman Sàkl, lils de Mohammed le jeune, mawla du Mudile. 'I iMounlasii', pcndanl la dui'eo do son règne, admellail dans son iiilimilé (pielcpu's ((mu lisans el onlre aulios iialili (lils de Moliamnioil) , siniiommc llaiiii. lu jour, on causait de r.iinnui ol des aii.K'lieninils du cn-ur; Mouiilasii dcni inda
312 LES PUAilUl'S î)'Oi;.
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wjfc.^ JLîj ti^lSj J^jXiaJ! Aa-Xj! (j-« J_^ii U o^Jc> lxl_5 <jî^>wJi (jl-x-ll} ^-i-A-A-j r'ijv-^^ '-r'y^^ S_5«X£ *^^ Jo ^^^IxJi i^S^M*^ cjj.xJl_5 X.^>s»^ j.5«XJIj aK.£ïVj «XxaJÎ_5 aIjj JtXxJîj «î^j»^ iji?"- ' jî<X.Ji f»^*wj3 *^ Vj'^'? :s\ïj.iî_5 5*5A.j v^«-clAjaj J»^)^!^ a^^-j-j
à rua des assistants quelle était la perte qui afTectait Tâme le plus douloureusement. « Cest, répondit-il, la j)erte d'un ami auquel on s'est idenlifié, c'est la mort d'une personne avec laquelle on est intimement lié. » — Un autre courtisan ré- pondit en ces termes : « Rien n'égale en violence le trouble d'esprit de celui qui aime, et la douleur d'une àme sevrée de l'objet de sa passion. Les reproches des censeurs déchirent les cœurs où règne l'amour et s'attachent aux oreilles des amants comme des anneaux; les tourments de l'amour sont comme un feu ardent qui les consunie; leurs souffrances secrètes font jaillir de leurs yeux des laimes aussi abon- dantes que l'eau versée par la roue hydraulique. Ceux-là seulement peuvent coujprench'e ce que je dis, qui ont pleuré en écoutant une chanson ou en contemplant les ruines (du séjour de l'amie).» — «Pauvre amoureux, repi'it un troi- sième, il n'a partout que des ennemis : le souflle du Vent i'émeul,le scintillement de l'éclair le piive de sommeil; les reproches l'attristent; l'absence le mine; le souvenir est pour lui une souffrance et l'approche de l'objel aimé, uneexcila- lion; la nuit redouble ses tourments; le sommeil lui! loin
ciiAPirivi:: i.wiii. :iio
^^**ifci vXiij, p|_)^ s! jviû ii_5 *i^i jv.A^ ^;s? L; <XxaJI_5 t-jJUL
de ses paupières; la vue de la maison abandonnée le con- sume; Taspect des ruines fait couler ses larmes. C'est en vain que les amants cherchent tour à tour dans l'absence et dans le retour un remède à leurs maux: ce remède est ineflicace et il n'y a pas d'adoucissement à leur souffrance; c'est ce qu'expriment avec éloquence les vers que voici :
On pi(?lciij ((uiiu amant se lasse s'il est prcs de l'objet de son amour, cl que l'absence le guérit de sa passion.
J'ai expérimenté tous les rcmëdes sans v trouver ma guérison : seule- ment il vaut mieux être près du séjour de son amie que d'en être éloigné.
Chacun donna son avis et la conversation roida lonc;- temps sur ce sujet. Mountasir demanda enfin à Salih ((ils de Molianiined) flariri s'il avait jamais été amoureux. «Oui, Sire, n'-pondil-il, et il y a encore trace de cet amour dans mon (-(fiir. — \']l (|uel était l'ohjet de Ion amour?" .Salil» conlinna en ces ternies : ■■ .riiabilais rxissalali, sous le rèy;iie de Moiilarcm. Kaniali, une des esclaves-mères a|)partenaul à U(( liid , ,i\;iii iiiK ji'iini! esclave <|ui élait chargée de sescom
314 LES PRAiniES D'OU.
^♦i' ^j-\^^^ J; ti^A«Jl? (^jî^i^ '^•^^ ov.^.^ <S-^^J '■^^ ^Ir^^y
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missions, s'occupait de ses intérêts et voyait les individus aux- quels sa maîtresse, alors intendante du palais, pouvait avoir allairc. Celte jeune fille passait souvent près de moi, je la saluais respectneuseuient et la regardais avec attention; plus lard je lui écrivis, mais elle chassa mon messager avec des menaces à mon adresse. Je m'asseyais sur sa roule pour lui parler; mais, lorsquelle m'a[)ercevait, elle riait de moi et faisait signe à ses compagnes de se jouer de moi et de me railler. J'ai enfin cessé de la voir, mais il y a encore au fond de mon cœur une llainme qui ne s'éteinlpas, une soil que lien n'apaise, un mal qui se renouvelle sans cesse, — Veux- lu que je fasse venir la iielle.^ lui demanda le Khalife; si elle esLlil)re,jcle la lais épouser; je l'achèle si elle estescla\e. — Prince, répondit Salih, je n'ai pas de plus vif désir, de besoin plus ardent. » Mounlasir faisant appeler Ahmed, fils de Kliarih, lui prescrivit d'expédier un page exclusivcmenl cliargé de celle alfaire avec une lettre très-pressanle poui Ibrahim, fils d'Ishak, et pour l'eunuque tîalih, administra
c.HAPiTrj:: cxviu. .'nr^
U^w«L;ij L^yjuA.^ 2(w'À.À^ l .lA }fi- oVJj l*n.<gj.^ !3>-^ vAil^li
leur (lu harem royal à liagdad. Le messager se mil en roule. L'esclave avait été affranchie par sa maîtresse Kainah, cl elle avait passé de la classe des jeunes esclaves dans celle (les femmes majeures. On la conduisit de\ant Mounlasir, (|ui la regarda attentivement; il vit une i'emme déjà vieille, courbée v.l flétrie par les années, mais ayant conservé quel- (|ues restes de son ancieime beauté : « Veu\-tu (|ue je te marie?» lui dit-il. — Prince, répondit-elle, je nv. suis que volie servante, \olre allranchie, faites ce qu'il vous plaira. » Mounlasir ap[)ela Salili, l'unit à son ancienne maîtresse et lui louinil une dol; ensuite, voulant se divertir, il ordonna qu'on lui ap()orlàt des noix recouvertes d'une feuille de |)l<)inl) et des amandes enduites tie safran et il les répandit (en guise d(! pièces d'or] sur les deux époux.. Celte femme vécul longl(Mn|)s avec son mari, mais celui-ci liiiil par s'en lasser et il s'en sépara, (l'esl à ce mariage «(ue se r;q)porlenl les \ers suivants de Vàkoub 'l'ammar :
QiiL' Dieu .iccoidc ii Ahoii l-J*'a<ll ( Salili une \ic cxciiiiilf de (khiIjIi !
:il(> LES PRAllUES D'Or,.
(VJ iy—'S^ ^ \ 'À il . L^-.Aw\_,£ »_A.Aâ.J I /jjj
Qu'il l'admelte au nombre des saints , car c'est un homme tlonl i'amoui est aussi ardent que sincère !
Il fut amoureux, mais en vile du mariage, et n aspira qu'à le conclure.
Epris qu'il était d'une belle dont les cheveux étaient teints de henné mélangé de noix de galle ;
[-U plus belle des créatures de Dieu sous son diadème incrusté de picrrcric^.
Il eut le don de la patience à son égard, il sut attendre et épier l'oc- casion.
Cette vieille a inspiré une Toile passion à ce vieillard accroupi sur ses îaîons;
ils ont mué tous les deux au temps de Noé, le constructeur de l'arche.
Quelle félicilé il eût goûtée, n'étaient les amandes et les noix plom- bées ! . Que ne s'est-il plutôt esquivé en lui laissant sa dot ?
Car .\bou '1-Djautlau (coguomen jocosimi «verctri») se conlraclc et se ride aiqjrés (r(,'lle.
\l)Ou Oinuii) Sait! (lils tic Mohaïunictl ic jctiiic) racontr et! (jui suit: « Mounlasir, jx'iidant (Jii'il fiait ati })oiivoir,
ciiAPiTUi': cwiii. :u7
^ <\À,*fcv^ ^;'!^ c:*,ôj.c (^^\.jàvii (jiaXAi ovjl^ ^W" ij'^JUw.'»^
(^JL*»i_j Aaï t5^'i *X^ c^/^ U AxJl c:*.j^ij aaJI 4^>-Q^3 l^ C^J-^'^ 'l^j j^_5 <Vjl4 yl<X Aj^i^lî 4^j~s^3 (S^'^-^ (^y^
m'envoya en Egypte avec une mission pour le sultan de ce pays. J'y devins amoureux d'une jeune fille qu'un marchand d'esclaves avait exposée en vente; elle était admirablement faite, d'un extérieur charmant, et ses qualités, ses perfec- tions lui donnaient une grande valeur. J'en offris un bon prix, mais son maître refusa de la vendre moins de mille dinars, somme que je n'avais pas alors à ma disposition. Forcé de partir, j'emportai son souvenir dans mon cœur; un amour sérieux prit racine en moi, et je regrettai d'avoir laissé écha|)pcr l'occasion d'acheter celte esclave. A mon retour, api'ès l'accomplissement de ma mission et le compte que j'en rendis au khalife, il approuva la façon dont je l'avais remplie et m'interrogea sur ma situation et mes besoins. Je lui parlai de la jeune iille et lui révélai l'amour qu'elle m'avait inspiré, mais il me tourna les talons. Plus il se mon- trait sévère à mon égard, plus mou cœur était sous le charme, et plus ma patience s'aiVaiblissail; je cherchai l'oubli auprès d\'iulr(\s femmes, mais je ne lis (pralimenler mon amour, sans li()u\cr aii(tin<; cuiisuliliou. (Icpciidaiii Moun-
318 LES PRAIRIES D'OU.
,_^_^l_^ (Jî 4-aJ:A-> y* «_,,^.Aa.isL /jj *X.^i v>«5 «Xi y\^ »AAaJt <JI l^^îiij l^xà 3^*>s,;tà l^À^ J-«w_5 I^aJÎ jJâÀ* &<y.j>.S- c^jLas^}
lasîr, toutes les fois que je me présentais devant lui ou que j'allais le quitter, se ])laisait à me parler de cette jeune fille et à exciter ma passion pour elle; vainement j'employais en ma faveur ses courtisans, ses intimes, celles de ses es- claves qu'il avait rendues mères et qu'il affectionnait le plus, et jusqu'à son aïeide Oiimm el-Khalifeh, afin d'obtenir qu'il achetât pour moi celle que j'aimais, il ne m'accordait au- cune réponse favorable et me faisait honte de mon peu de résignation. Mais il avait ordonné à son vizir Ahmed, fils 'd'El-Khaçib , d'écrire au gouverneur d'Egypte afin qu'il achetât cette esclave et qu'il la lui envoyât; tout cela à mon insu. Ses ordres furent suivis. Lorsqu'elle fut en sa présence, qu'il l'eut vue et entendue, il me trouva excusable de l'aimer, et il la confia à la surintendante de ses esclaves pour qu'elle perfectionnât son éducation. Un beau jour, il me fit asseoir dans son salon et ordonna qu'on amenât l'es- clave jus([u'au îideaii. Dès ([ne j'entendis son chant je com- ])vis que c'était ell(\ Je n'aurais pas voulu montrer que je l'avais reconnue, mais j'étais à bout de lorres eljf iiahisnies
CH AiMTnr: cxviii. :ii<)
j^\^ L-r._Àwo A.A.x-.«w jj! A.A^il <— v-\.j l»^-^ L^^v^ rr^^ '-' Ji oi— i:-:îl ,_^Jl4-^ *'>«'•« A-*fcÀJ cXjUJI^ cja-aJS^ I4JU c>-«»«^.t
secrètes émotions. — «Sàkl, ([iras-tu donc?» nie dcniunda le Khalife. — Rien, Sire, -• répondis-je. 11 fit choix; iTim air que je hii avais dit avoir cnlcnthi clianter par colle esciav»' avec le plus vit" plaisir; elle le chaula. « Connais-lu ce mor- ceau? » me demanda-l-il. — Vraimcnl oui, Prince, et j'espé- rais obtenir celle qui le chante, mais, aujourd'hui, c'en est lait de mes es])érances; je ressemble à un homnu; ((ui se serait tué de ses propres mains et (jui aurait volonlaire- nicnt appelé la morl sur sa tèle. » — Non. Sàid, répondit le Klialilé, c'est pour toi seul que j'ai acheté cette jeune Idlc, et Dieu m'est témoin que je n'ai vu son visage (|u'une Ibis, lorsrpie j'allai la visiter au moment oii elle se reposait des fatigues du voyage et des ennuis d'un changement de séjour. Maintenant elle est à toi. « Je remerciai le jirince aulaul ([uc je pus hî faire et l'assistance joignit ses renier- cîmi'uls au\ miens; puis il donna ses ordres et la jeune esclave lut ])arér et conduite dans ma demeure, .h» revins ainsi à la \ ic après a\oii failli mourir de désespoir; cllr
:520 LES PUAIRIES D'Ol^.
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cy'vî^-* tji Ajjîlji.â J)_jJS tji dLJi ii5^< JsM \^Mf.s A.«>A(Î j."^ *Xj
i^^s- liUi v.A>.â iXjfej'U ijiJl^i ij^l^aJ tiljS «>..^â!àj lùjc 8 Js,^!»
devint mon épouse préférée et les enfants qu'elle me donna furent les plus aimés de mes enfants, »
Parmi les anecdotes piquantes dont les héros sont de joyeux personnages et des libertins, en voici une qui a été transmise à Abou '1-Fadl, fils d'Abou Taher, par Ahmed, fds d'El-îIarit Djezzar, d'après le l'écit d'Abou 'l-Haran Medaïni et d'Abou Ali Hirmazi. Il y avait à la Mecque un libertin qui réunissait chez lui des hommes et des femmes dans un but des plus suspects : c'était un chérif de la famille Koreïchilc, mais on ne cite pas son nom. Sur la plainte des habitants de la Mecque, le gouverneur l'exila à Arafat. Cet homme y établit sa demeure, puis il revint secrètement en ville, y retrouva ses compagnons de débauche de l'un et de l'autre sexe et leur demanda pourquoi ils se tenaient éloignés de lui. — « Comment te voir, lui dirent-ils, puisque tu ha- biles Arafat? — Une course d'àne de deux dirhems, répli- (pia-t-il, et vous trouverez chez moi la sécurité et le repos, la retraite et le plaisir. » Ceux-ci convinrent qu'il disait vrai et retournèrent chez lui; leurs \isites y furent si fréquentes
CHAPITH!: ex VI II. 321
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que plusieurs enfants et esclaves clo la Mecque devinrent les victimes de leurs désordres. Nouvelle plainte adressée au j^ouverneur; ce dernier se fit amener le coupable: «Ennemi de Dieu, lui dit-il, je t'aviiis chassé de la ville sainte, et tu es allé au Monument vénérable (c'est-à-dire près de Mouzde- lifah; cf. Komn, ii, 19/i) pour y commettre des désordres et des infamies de toute sorte ! — Emir que Dieu favorise! répondit Taccusé, on me calomnie, on me jalouse. » A cela les Mecquoi» répondirent : « Entre nous et lui une seule preuve sullira : réunissez les ânes des loueurs et lâchez-les du côté d'Arafat ; s'ils ne vont pas droit au logis de cet homme, ()ar riiabiludc (jue les libertins et les débauchés leur ont fait prendre tle s'y arrêter, vous lui donnerez raison. — C'est, en elfet, un indice sullisani , » dit le gouverneur, et, sur .son ortin', les ânes lurent rassemblée et mis en liberté. Ils .s'arrêtèrent devant la demeure en question. Le gouverneur en fut informé par ses agcnis, il s'écria (pi'il n'était pas besoin (rautre preuve et lit (h'shabiller le coupable; celui-ci. ;i la vue du bouireaii aiincdc son loticl, dil au i^ouvcrneur:
322 LES PRAIRIES D'OR.
CyLA.J>-«J CdU:>U^3 ^^^jU^Î_j yl^w^r*. jU,ii^î ^L> jJkrOXÀ^^j
^ dJJs5^ àj..Sij^Jî ^JlJrî_5 A.x.Jl£ JL^iiij iu^Ul *^i)î
jjo^xJCj ^ ^4À^ cjLaJS jS &\X^Aâ U Là.J> il la-A«5^î <_>LxJJÎ
u.Emir que Dieu favorise, il faut donc absolument que je sois fouetté? — Il le faut, ennemi de Dieu. — Eli bien, frappez, répliqua le coupable, les coups de fouet ne me seront pas plus douloureux que i(>s sarcasmes que vont nous lancer les habitants de flrak. Les Mecquois, dironl-ils, ac- ceptent en justice le témoignage des ânes, eux qui nous re- prochent de nous contenter d'un seul témoin et de déférer le serment au demandeur. » — Tu ne seras pas fouetté au- jourd'hui, » répondit le gouverneur en riant; puis il lui ren- dit la liberté et cessa de l'inquiéter.
Les faits intéressants de la vie de Mountasir, ses poésies, ses anecdotes amusantes, ses réunions intimes, les lettres et correspondances qui émanèrent de lui avant son avènement au trône, tout cela, ou du moins tout ce que nous avons jugé digne d'intérêt et que nous n'avons pas cité ici, est rap- porté en détail dans nos Annales historiques, ouvrage qui traite des peuples anciens, des races éteintes et des royaumes qui ont disparu. Il en est de même de notre Hisioire moyenne, car ce que nous insérons dans un de nos livres nous ne le faisons point passer dans un autre. S'il en étail aulremonl.
cil APITKE CXIX. 32.H
À^.^.Ai2.j L)Lx5 c_>Uwt ij\_i6 (j^ Li-ftl^ O^jtj ij)%^A«^ )js.>.U
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cjliiil kJJ^^ jLvi^il! *xJI_^i y^ ^*»*.) U» fcj,v»*o»- ^^ oiAÀAJixJl
il n'y aurait aucune dilTéronce entre eux et le tout ne for- merait qu'un seul et même ouvrage. Une lois le préseni livre teroiiné, nous en rédigerons un autre qui renfermera lOLilcs sortes de sujets, sans nous astreindre à un plan ré- gulier, ni à un ordre méthodique de rédaction; nous y réu- nirons, au gré de notre fantaisie, des récits intéressants, des nu'Ianges littéraires et des renseignements \ariés; ce livre sera, s'il plaît à Dieu, la suile de nos j)remiers écrits et \o complément de nos travaux antérieurs.
CHAPITRE CXIX.
KIIAI.IFAT DE MOSTA I N-IU I.LA II.
Ahmed (hls de Mohammed, fils de Moiitarem) Moslaïii hillah fui proclamé le jour iiu"'me (le la moi I de Mounlasir, cY'st-à-dire le dimanche 5 tic rt'-hi II. ■>'iS de Thégire. Son
354 LES PU AI ni KS D'OU.
^ii A_s!^\„J=L h~Mi^ ^,.A«,.x.j !t.X.i.^j ij;^'^ ^-6^ 'J^'*^. M'S'^-^ ^-^^
CJ.'^^X.S J<.^..'i» y.^^^] -N^jlx^ (^Àah cl'^^S AX*^Ai». cxj&^^ ^JC*ii
• )6,_X_ia. Cl'iLXj -pl.X.JjiJS -fcj AjIî^ O.JC^ J-^-^^ A*<«*«0_5 (^vÀaw
surnom patronymique était Abou'I-Ahhas; sa mère, esclave d'origine slave, se nommait Mo{iA:/mr?A-. Il prononça sa propre déchéance et abandonna le khalifal à INIoutazz après avoir régné trois ans et huit mois ou, selon d'autres, trois ans et neuf mois; il fut assassine le mercredi 3 du mois chawal , 202 de l'hégire, à l'âge de trente-cinq ans.
RÉSUiré DE SON HISTOIRE ET DE SA VIE; PÎIIXCIPAUX ÉVÉNEMENTS DE SON l'.ÈGNE.
Mostaïn-Billali prit pour vizir xAbou Mouça Outamich, mais le véritable ministre, celui qui en exerça réellement les fonctions, fut un secrétaire d'Outamich nommé Chiidjd, (ils de Kaçem; après le meurtre d'Outamich et de son secrétaire, le poste de vizir fut occupi' par Ahmed (fils de Salih, fils de Cliirzad). Lorsque le meurtre de Baguir le Turc, par ordre do \Yaçif et de lioga, souleva les affranchis (turcs), Wacil
cil Al'lTilK CXIX. .V2:,
et i)o<,'a sairuiiciit à Haydacl ciiimenniil avec eux le Klialile Moslaïn, auquel ils fixèrenl pour résidence riiùtel de Mo- hainined, nisd'AIx! Allah, iils de Talicr (moharrem 261 de riicj,nie). AJostaiii lui dépouillé de son aulorilé pai- Boi^a cl VVarir, ([ui régnaient en maîtres absolus; puis Bagdad fut assiégée, comme nous l'avons raconté dans le Livre Moyen, Les vers suivants composés à rell<> é|)o<|uc se rap|)orlenl à Mostaïn :
l.f Rliiililc, eiirermr dans mie cage eiilrc Wiiçifel lioi^a,
liépèli; les mois «m'il^ lui iippreiiiieiit , coinine ii; l'erall un |ieiTO(|iiel.
Mostaïn avait exilé en Crète (l'ancien ministre) Alnninl, Iils crid-Kliaril), en 2/1» de l'hégire; plus lard il exila Oheïd Allah (Iils de Yahya, Pds d(> khakan) à lîarkah; il prit alors pom vizir Yra , Iils de Farrokhaiichaii , et j)lara Sàïd, (ils de Uon)eïd,à la h-lc <lii hiircaii des dépêches (secrélaireric d'I'llai). Sàïd avail 01 iif ■,;! iMcinoiic des l'ails les plus inic
■yn\ LES PRAIIUES D'01\.
cl)*X-s»- iiî Lx-X-tf |fcw*.]S (jyw li U^.xaX-0 jlx^^l ^^ i>l:^M»j*
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J_ji_ji wi5tXji_j ^^AJCÀ^ (j;iiAxJi^ ii_A_J»._,« La-jiXjÎj ^^-«-r?
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ressants de l'histoire et des meilleures poésies; versé dans toutes les connaissances, il rajDportait d'utiles traditions et ses (nitretiens étaient instruclifs. Il a composé un grand nombre de beaux vers; nous choisissons parmi les plus admirés les fragments que voici :
Je l'effrayais par la menace d'une malédiction, (juand je craignais de le trouver en faute;
Mais depuis qu'il persévère dans l'injustice, j'ai cessé de maudire le coupable.
Et ces vers :
O ma maîtresse, pourquoi faut-il queje te trouve si avare, et que celui (jui le demande davantage demeure condamné à \\\\ refus?
Tu ressembles au monde d'ici-bas dont on blâme sans cesse les ca- prices : nous le poursuivons de nos reproches et nous sonmies ses esclaves.
El ceux-ci :
Dieu le sait, les biens de ce monde s'éloignent, la vie s'écoule cl les levolutions de la destinée se succèdent.
CHAPITRE C.\l\. 327
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«-xjyi U iisi Uj*xJî /j^ (J-*^ tô*^-^' ^^ c;aJ[»j" LçJ*>Jl '^-(,rÂiJ_5 Ji t^Ji> tjl?^^l UûJvà^ ^^ aKaj^/jvs». fc^iXJlji.X:^'! ^\^
Certes l'absence, même si elle excite tes regrets, inspire à mon cœur plus {l'effroi que la mort.
Je jouissais tle ce monde et de ses plaisirs, tandis que le désespoir ruinait les espérances de mes ennemis.
\ El les vers suivants :
Mon amour pour elle n'est point né d'un regard , suivi d'im si^^no d'in- telligence et de la vue do ses charmes;
Mais la fortune s'est éloignée; peut-on se consoler de la perte de la fortune?
Ainsi (|ue celui-ci :
Ses larmes, lorsqu'elle les laisse couler sur son frais visage, sont des perles (jui se déroulent.
Mais, maigre le talent littéraire que nous admirons chez lui, Sàïd était hostile à la famille crAli; il |)rofessait le suu- nisjnc, partageait les préjugés de cette secte et manifes- lail niivnicnieiil son éloignenient à Tégard du Prince des
328 LES PRAIRIES D'OR.
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CroyaiitSvAli, fils cl' A bon Talib et de sa sainte postérité; c'est ce qui fit dire à un poète :
Nous ne connaissons pas d'homme comparable à Sâïd , iils de Homeïd : Pourquoi fait-il à l'apôtre de Dieu l'affront d'injurier son frère? (Ali, cf. t. IV, p. /15G.)
C'est que le Manichéen tient toujours à la religion de son père.
En efTet, Sâïd était d'une famille qui professait le magisme. Voilà pourquoi un autre" poëte, Abou AliBassir, a dit de lui :
Honte à celui qui revendique la supériorité sur nous et sur les autres hommes !
Notre frère, mais je n'entends pas parler de Sâïd, lils de Homeïd, porte un nom qui sert de date aux dépêches.
Il s'était établi entre Sâïd, fds de Homeïd, Abou Ali Bassir et Abou '1-Aïna un échange d'épigrammes, un com- merce de lettres et de plaisanteries familières, dont nous avons parlé dans l'Histoire Moyenne. Cet Abou Ali Bassir
CMAPlTr\E ex IX. ^20
j^oi (j^^ Sj-A-i Ao jjl» iJ <^iX.Ji j5L*J! J.Ail_5 j:>UJî OwvaJL.
fut un des hommes les mieux doués de son temps : il no ces- sait de publier des vers d'une beauté rare et des sentences proverbiales où il n'avait pas de rivaux. Ibn Mayyadah, dont le goût était mauvais, le considérait comme meilleur |)Ocle que Djérir et le plaçait au-dessus de ses contemporains. La vérité est que Abou Ali dépassa tous les écrivains de sa S[)hère à celte épo({ue , mais qu'il resta au-dessous de Bohtori ; parmi ses vers les plus connus sont les suivants, à l'adi'esse de Moalla, fils d'Eyyoub :
Par la vie de mon pbre, Moalla ne siiiirail passer pour généreux, si la générosité existait encore en ce monde-,
Mais ([uand le sol est stérile, quand les pâturages se dessèchent, les troupeaux broutent l'Iierbe sèche et menue.
On admire aussi ces Vers du même poëte :
Tandis que les adepte» de la science n'en possèdent qui; 1 1' (jui se per- pétue dans les livres ,
.le les dépasse par mon application et mon zèle, ayant |)()ur écritoire mon oreille, et |)oni- cahier de notes mon cieur.
330 LES PRAIRIES D'OR.
î;> — ==- (j— J» l-A_«_:> .y^ (J^'=*V ^^■^ ialacs-5 i^^Xxà Sj\ — ^■^^ ^-^ — •^^ — '*.-*>*,-) ^ ')y-^l ^■ê-? l-À_iiL.t^i
iLi^JiLj (J>ajIv_5 (^«JjÎ^ yljf iiÀAw ^^_J AÀAw.ii StXiù J, ^^is^
On loue également les vers suivants composés au moment où il accomplissait le pèlerinage :
Nous nous dirigions vers la Mecque, à la fois pour le pèlerinage et la visite ( omrah) ;
Mais à la vue de Hirah, le guide de mon chameau se montra iiésitant : «Dépose ici mon bagage, lui dis-je, sans te préoccuper de ceux qui poursuivent leur roule;
Car nous trouverons dans celte ville le repos, un jardin, une taverne, Et de jeunesyiïoni (pages) qui serrent leur taille au-dessous du coude avec une ceinture de chrétien.
Vois-tu d'ici l'incendie que je vais allumer dans cette forêt de ro- seaux? (c'est-à-dire dans les cœurs de ces beaulés h la taille élancée). »
C'est pendant cette même année 2/(8 qu'éclata dans la ville de Koufah la manifestation d'Abou '1-Haçan Yaliya (fils d'Omar, fils de Yahya, fils dEl-Hureïn , fils d'Abd Allah, lils d'Ismàïl, fils d'Abd Allah, fils de Djâfar Tayyar, fils d'Abou Talib).Sa mère se nommait Faiimah (fille d'El-Hu- çein, fils d'Abd Allah, fils d'Ismàïl, fils d'Abd Allah, fils
CHAPITUE C\1X. .S3l
w.v_X_x2_i iiJs-x.^ (Jl <\-»wîj tl^^^ iJ»J^** CJH^^j CrJ^'***^ iv^tki
Aj ^yj J jvi »;_j^ ^jl^_5 O^j'i'i^ J<^x5l ^ibi_5 (j^UJi Jî_^l J>i^i>^ JUj^î (j^ *)^5 <Xy^' (J-* ^^ iiÀ^^ AXJti *^*^^ Jwiwij jS^-ÀJIj AJJà^ ^i^^^ ^^j 4Mi *>sj.& ^ »X4^ (J! ^J*.lÀJi
jt J) ^ LtjLMfcJ *Xj«il cxijjl dUi ij CJyXj ^So ^^ -ebi ^S'^\.S"
de Djàfar Tayyar, (ils d'Abou Talib). .Selon quek|ues-uns, la manifeslation de Yahyaeul lieu en 2 5o; il périt et sa tête fut portée à Bagdad et mise au gibet. Sa mort impressionna le peuple, qui avait voué ses sympathies secrètes au préten- dant; cai- Yahya montra dès le début de son entreprise une grande répugnance à répandre le sang, un grand respect pour la propriété d'autrui, et il donna des preuves de sa justice et de sa modération. Il fut poussé à la révolte par le ressentiment d'un affront dont il fut la victime et par rinjustice et les violences dont il eut à souffrir de In part (le Molewekkil et de ses Turcs.
On se porta en foule chez Mohammed (fils dWbd Allah, lils de Taher) pour le féliciter de la victoire qu'il ven;iit de remporter (sur Vahya); au nombre des courtisans se trouvait Abou Hachem Djâfari (Daoud, fds de Kaçem, fils d'ishak, (ils (I'AIhI Allah, (lis de Djàfar, fils d'Abou Talib) qui n'élail séparé de Djàliir l'ayyar (pic par dois géïK'ralions; per- sonne, ni dans l;i j.iniillc d \i)()n lidib, ni dans la maison
352 LES PHAIHIES I) 0I\.
5^.^U«.-« SwAi^ AXlUiJi c-**aXÀ^ (j!;^i^.r:a. ç^Ami J^Xj\ ^.=^ ^S.1)
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_5.] J.r>j JOCJij U^aJ JjijJS^ii! ^'n^jîyùl]^ ^^J JUà AsJt^AS j..^\ (j-jïJC-»(*ll ^j\:^ «Xj>_j (^jvjuJi ^Uo 4^j L. J^iij _jiù^ »;i:>
de Hachcni el de Korcïch ne jjossédait une généalogie aussi pure que celle de Djàfari. C'était un homme pieux, grave, de mœurs austères, instruit, d'un jugement solide, et d'une Grande lectilude de sentiments et de conduite; son tomlieau est bien connu. Nous avons rapporté son histoire, ainsi c[ue les traditions qu'il recueillit de son père et de ceux de ses ancêtres qu'il connut, dans notre hvre intitulé Jardins des intelligences ou histoire de la famille du Prophète. Djàfari, s'adressant donc au petit-fils de Taher, lui dit: «Prince, le meurtre de cet homme pour lequel on vous adresse des léli- citalions eut été pour le Prophète, s'il vivait encore, un deuil de famille. » Mohammed ne répondit pas un mot et Djàfari s'éloigna en prononçant les deux vers « Fils de Ta- her, etc. » En effet, Mostaïn a\ait ordonné qu'on exposât la tète de Yahya; mais le petit-fils de Taher, en présence des dispositions hostiles qu'd remarqua tiaus le peuple, doiuui l'ordre de la détacher tlu gibet; c'est à ce sujet ([ue Abou Hachem Djàfari prononça les deux vers en question :-
Filsdc Talicr, (juocellr noiiniUiresoil malsaine pour vous, car Incliaii c!u Pi'oplu.'lo PSi un alinicul liiucslc !
ciiAi'iTUK c\ix. :i;i;
:_:SS_^ 't'î'^' i '^^^ J_J-**^ CrW'^^ ■ r—<^-^^ ^y-J (JVJ (:5>-^ S._^_:2i^t
La vengeance, lorsque c'est Dieu ([ui l'exerce, uc peut manquer d'al- Icindro son ])nl.
Un grand nombre de poésies furent composées à l'occa- sioD de la mort d'Abou 'l-Huçeïn (Yahya, fds d'Omar); on les trouvera, ainsi que les circonstances de sa mort, dans notre Mistoirc moyenne. Parmi ces élégies, nous citerons \c iragmcnt suivant d'une longue pièce dont l'auteur est le poêle Ahmed, fils d'Abou Tah(>r :
Saluons l'islam pour la dei'nièrc fois, car il va disparaître en niénu' temps (|ne la famille du Prophète; adressonsdni nos adieux.
l'jn les perdant , nous avons perdu la grandeur et la gloire; le trône des actions généreuses va s'écrouler.
Le .sommeil et le doux repos peuvent-ils clore noire paupière, lors([nc le fils de l'Apôtre repose sous la terre !>
La religion et la foi musulmane ont abandonné la demeure du Pro- phète Mohammed; ce n'est plus qu'une demeure déserte.
Au milieu de lacpielle les enfants du Prophète élu de Dieu ont clé égoi- gés et les membres de sa famille dispersés pour jamais.
Voyez coninu! Di"'.! a marip:é du sceau de sou élection l'âme des rcjc Ions de son apnire : la mort les précède et ils se succèdent ;i sa suite.
33/1 LES PH AIRIES l)'0!\
i.jLc^»! j..3j.JL> <>^A^j Q..I j-«.-*,J_5 »0^-À.£ ii.fiU^Jl tj^^^ l>-=^'^ i-ij—ii ^^Ov-j^ &a,_.î>._-o ^jà.jLis?^ J^-JVJ J»--X_JLj« t_>jA.A^.^ s-^X^a^i
Fils de Taher, la honte est innée en vous et vos perfidies se monlrent avec ou sans voile.
Vos "laives n'ont pas de tranchant contre les Turcs, ils ne déchirent que les héritiers d'Ahmed (le Prophète).
Chaque jour vmis vous abreuvez de leur sang, mais la soif de cette iroupe ne peut être assouvie.
Vos lances se dressent contre les descendants d'Abou Talib, mais les lances des Turcs vous donneront la mort.
Vous mettez au pillage la demeure des fils de Mohammed, mais vos maisons seront la proie des Turcs et de la soldatesque.
Croyez-vous donc que Dieu défendra vos droits lorsque vous violez les droits de son Prophète?
Chafiue matin ces hommes implorent la miséricorde de Dieu, niais il ne pardonne pas à ceux qu'il poursuit de ses vengeances.
Des cadavres pendront au gibet, le mein-trier sera tué, l'homme puis- sant, humilié, et celui qui s'éR-ve abaissé.
\ahya était sincèrement religieux, plein de douceur et de bonté pour les petits, généreux envers les grands, et très- allaché à sa famille, do>tl les intérêts passaient toujours avant les siens. Il avait pris à sa charge les lemnies issues de la
CHAPiTr.K ex IX. 3;i)
<X-x-N_£ mV»"^ *^-**fîS_5 (-.oj-Ji^l 8lii_j Ua^-J ^'Î^^ (j*-Ia>Î (j.vyij
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famille cfAbou Talih et ii consacrait tous ses soins à leur témoigner sa bienfaisance et la tendresse qu'il avait j)our elles. Jamais un faux pas, jamais une action blâmable ne furent signalés chez cet homme. Sa mort excita une douleur immense; ses proches parents, aussi bien rpie les étrangers, le pleur«;rent; les petits comme les grands ressentirent une égale tristesse; de loin comme de près le meurtre de cet homme vertueux provoqua les mêmes regrets. Parmi ceux qui (lé[)lor('renl ci'tle perte douloureuse est un j)oëte de ses contemporains (|ui s'exprime en ces termes :
Yahya n'cisl plus-, les rlicvaux eux-mêmes sont on proie à I.t doiilcnr; lu sabre à la lame polie If pleure;
De rorieiil ii roccident l'Irak le pleure; le lare el la révélation le pleu- rent.
Lcmoçalla, la maison sainle, l'angle ycménile, le hidjr (munpii ferme la Kaaha au nord-ouest) sont tout entiers à leur aflliclion.
(-onuncnl les cicu\ ne sont-ils pas tonibi-s sur nos têtes le jour où re- lenlil re cri : Alxm 'l-lluçrïn est lue ?
Les filles du l'roplu^lf 5e lamenlenl arui'i-emenl ; éperdues de douleur, t'iles rcpandcul des loncn(s dr larnu's;
'^m LES PRAIRIES D OR.
^^-V^— î?" y-r.'y-^ jtiÏA^ 8 Js._A_i 5 \ «X_ — j ii — ^Oj"" — tJ — ^ — ^.?
Ji._A_^_::=. /fS—w^^-Ji «î^—g-S-^ ^w j_g^V_£i)î o_j~A..,w Â^^_j «i^ivxiaJ»
J^^)._J| (^gi^i (*3~J_5 CiJV-w^-^-ii ■ t^ i> — ^'^ — ' — ^ j- — ^*^>>— * aK._>;_3 Jji-X-j (!j~'=*'_j Ji->ft.— 0 (.^i> L» *— -j^-^-A-fi l_à_j)j ^yif) sl^xaj
Leurs cris funèbres annoncent la perte de celte lune briîlanle, perte ilouloureuse, profonde, immense.
Un fer ennemi a déchiré son visage, ce vi/age noble cl charmant, pour lequel j'aurais donné la vie de mon père.
Yahya a laissé dans mon cœur des regfcts dévorants et ces regrets se- ront funestes à ma vie.
Le meurtre de Yahya rappelle celui <rAii et de Huçeïn et le jour fu- neste cil mourut le Prophète.
Que les bénédictions de Dieu demeurent sur eux tous, lanl qu'un affligé répandra des larmes, tant qu'une mère pleurera son enfant !
Au nombre de ceux qui chantèrent cette mort, il faut citer lepoëte Ali (fils de Mohammed, fils de Djàfar Alewi), surnommé Himmani parce que, domicilié dans le quartier des Bcnou-Himman à Koufah , il fut rattaché à cette famille; voici ses vers :
Ô rejetons des ancêtres pieux et de la race riche en vertus,
A la suite de ces journées (combats) il n'y a plus parmi nous que des
cadavres et des blessés.
Que la terre soit couverte de confusion! conibieu de beaux visages n a-
1-olle pas enfouis dans sou sein !
CHAPITRE CXIX. 337
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Ilélas ! la journée qui t'a ravi l'existence (ô Yaliya) a laissé dans mon cœur ulcéré une blessure prol'onde.
Il l'a chanté aussi dans les vers suivants :
La tombe où il repose exhale une odeur de nuise, et sans les cendres i(u'elle renferme elle ne serait pas imprégnée de ce parfum.
De braves et illustres guerriers sont tombés avant lui el un pareil trépas était assigné à l'excellent Yabya.
Comme dans les vers ([ue voici :
Moi et ma famille mous appartenons à voire race comme la mosquée de KLaîf appartient au territoire de Kbaïf (vallée de Mina).
Tous ceux de notre sang ([ue le sabre a renversés ont laissé après eux une tradition plus/)^;i(f(ra;i/e que le sabre.
Ce mente Ali ((ils de Mohammed, fils de Djàfar Alewi) était IVère par sa mère (risniàïl Alewi. Lorsque Haran, fils d'Ismàïl, lequel commandait Farmée qui attaqua Yahya, fds d'Omar, arriva dans la ville de Koufah, Ali (fds de Mohani-
338 LES PRAIRIES D'OR.
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med) Himmani s'abstint de saluer le vainqueur et ne se rendit pas chez lui. Cependant, pas un seul des Hachémites appartenant à la postérité d'Ali, fils d'Abou Talib, ne s'était dispensé de celte formalité. Or Ali Himmani était leur chef [nakîb] àKoufah, le poète, le précepteur, Toratevir accrédité de cette famille, et aucun de ses membres, parmi ceux qui habitaient Koufah à cette époque, n'avait le pas sur lui. Aussi son absence fut-elle remarquée par Haçan, fils d'Is- màïl; il demanda où était Ali, se le fit amener sous bonm' escorte et lui reprocha "de s'être tenu à l'écart. La réponse d'Ali fut celle d'un homme dégoûté de vivre et qui court au-devant de la mort : «Ainsi, lui dit-il, tu veux que je le félicite de ta victoii'e et que je célèbre ton triomphe ! » Il lui récita alors des vers tels qu'un homme qui a fait le sacrifice de sa vie peut seul i^n prononcer de pareils; les voici :
Tu as (égorgé le plus illustre tle ceux qui dirigeaient les pas d'une mon- ture , et Je viendrais te flatter dans mon langage!
.le déplore qu'en me préseutant devant toi il y ait entre nous autre chose ([ue la pointe d'un sabre;
CHAPITRE CXIX. 339
-l^^i <^ o^^ j s- tt^\^ i cxAfljygJiL»*! iii ■T^*A' 3^ (jW^
Mais l'oiseau, lorsque ses grandes plumes sont brisées, bat encore de l'aile le sommet des collines.
— «Il va du sang versé dans ta famille, lui répondit Haçan ben Ismàïl, je ne veux donc pas te reprocher ce langage;» puis il lui donna une robe d'honneur et le fil reconduire chez lui.
Abou Ahmed MouafTak-Billah ayant jeté en prison ce même Ali, fils de Mohammed Alewi , qu'on lui avait dénonce comme préparant une manifestation hostile, Ali lui adressa de sa prison les vers que voici :
Ton aïeul Abd Allab (fils d'Abbas) fut le meilleur des [>èrcs |)our les riciix enfants d'Ali, l'excellent Huçcïn et Haçaii.
Les doigts d'une main sont tous privés de forre lorsque l'anlre main est languissante et faible.
I.e poète, (juand ces vers parvinrent à leur adresse, fut autorisé à fournir caution et put retourner librement ii Kou- fali. On a de lui plusieurs poésies et pièces élégiaques en riioiincnr (flsmàïl, son frère, et d'autres de ses parents, ainsi
3/iO LES PRAIRIES D'OR.
j^b <x.i^ (jU^^i ^lAi»>i UjIaS^jJ lji^5i> ij^ jjfjS' ^ UajI
^j ;bi)i UJ^\J^s^ j\j).Ja^^) j^\y.A> t_>U5'iJ3 (^jv^JliaJl^lAii^l v^_i^A_JI i)«X_t ljc_5 (jo l-ï ^A^gj (j**-^^ c:*^ /J.AJ ^<w«»xî
que des vers contre la vieillesse; nous en avons cité un grand nombre dans la partie des Annales historiques où nous fai- sons l'histoire des descendants d'Abou Talib , et dans un autre livre intitulé : Beautés des faits historiques et curiosités des souvenirs, ou Histoire du Prophète.
Dans une des élégies dédiées à la mémoire d'Abou '1- Huçeïn Yahya , fds d'Omar, où le poète Ali , fils de Moham- med, s'est montré supérieur, et dans laquelle il met sa fa- mille au-dessus des autres Koreïchites, on remarque le passage qui suit :
Sur ma foi, si la famille de Koreïch se réjouit de sa mort, certes il ne se tenait pas à l'écart à l'heure de la lutte.
S'il est mort en face des lances ennemies, c'est qu'il était d'une race qui rougirait de mourir au sein des plaisirs.
Trêve aux insuites ! Les survivants de la race d'Ali savent se conformer aux devoirs que leur ont légués leurs devanciers.
N'en déplaise à votre vanité, ils ont en avec vous de nombreuses séances ( luttes) entre Safa et Moarraf;
Et ils ont reçu d'Adam et de Mohammed, pour le transmettre aux hommes et aux génies, l'héritage des sainis préceptes cl du livre de Dieu.
CIIAPITUE CXIX. 3^1
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Il le célèbre aussi clans une poésie dirigée contre la vieil- lesse; en voici un fragment :
Quand la jeunesse brillait en lui, sa noire clievcliiie iloltait sur sou cou d'une blancheur éblouissante ;
Il ressemblait h l'astre des nuits, l(fl'squ'il est ceint de son cercle argenté dans les régions du ciel.
() fils de celui (Ali) dont les mérites sont l'cmpyrée de la gloire et la parure de la grandeur.
Héritier d'une famille qui jiaraît dans le monde connne les nuages avant-coureurs de la pluie !
Les destinées redoutent leur puissance et ils sont comme uu(> puis- sance qui régit les deslins.
La mort frappe mais n'égalise pas , et tu posséderas loujoins la gloiie et les signes de la vraie noblesse.
Fragment d'une de ses belles élégies a la mémoire de son frère :
C'était l(! fils de ma mère, la moitié <l(i l'àmc (pii niiimi- mon coips; la fortune, eu me l'enlevant, m'a di-chiré h; co'ur jus(|u aux entrailles.
Je n'ai plus aujourd'hui d'autre consolation (|uc la douleur (jui con- sume mes mend)r<'s ,
342 LES PRAIRIES D'OR.
Que le désespoir secret qui remplit mes yeux de larmes , que les vers d'une élégie qui vivra éternellement.
Tu le vois, au sein de la nuit, je murmure ton nom en pleurant; tan- dis que l'homme exempt de soucis se livre au sommeil, je ne dors pas et ne puis dormir.
Pourrais-je te remplacer, ô lumière de ma vie, main droite que le fer a détachée de mon bras ?
Pourrais-je te remplacer pour conjurer le péril, toi qui accueillais les plaintes de chacun et ne te plaignais jamais?
J'ai éprouvé bien des douleurs , mais ta mort est le coup le plus dou- loureux porté à tous les cœurs et une blessure mortelle pour le mien.
Que le trépas après l'avoir îrappé n'épargne personne, que la mort frappe ([ui elle veut.
Puisqu'il n'est plus, les temps sont accomplis et le signal de la sépa- ration et du malheur retentit aux oreilles de la vie.
Ali, fils de Mohammed Alewi, mourut en 260, sous le règne de Moulamid.
En 200, sous le khalifat de Moustaïn, le Tabaristcàn se révolta en faveur d'El-Haçan , lils de Zeid (filsde Mohammed, fils dlsmâïl, (ils d'EI-Haran., fds deZeïd, fils d'EI-Haçan, fils
CM A PI TUE ex IX. 343
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d'El-Haçan, fils d'Ali, (ils d'Abou Talib). Ce prôtendant s'em- para du Tabaristàn ainsi que du Djordjàn après une longue guerre et des combats acharnés; il conserva ces provinces jusqu'à sa mort, arrivée en 270. Son frère Mohammed, fils de Zeïd , lui succéda el se maintint au pouvoir juscpi'à ce qu'il fût attaqué par Râlé, fils de Hortomah; il pénétra alors (en 277 J dans le Deïlcni et fil la conquête de ce pays; plus tard, Rafé reconnut son autorité, devint un de ses partisans, se soumit à sa cause et obéit à ses lois. Ilaçan ben Zeïd et son frère Mohainnird ix-n /eïd avaient revendiijué les droits de la famille du Prophète dans la personne de Rida. Otle même cause fut défendue après eux dans le Tabaristàn par Ihu^an (fils d'yVli el-Ilarain"), surnommé Otrniuh (le sourd), par ses lilsel par le missionnaire [(\i.\\) llaran, lilsdeKaçem, qu'Asfar liia dans le Tabaristàn : ce llaçan appartenait à la r.iniille de lia» an, lils (TMi. fils d'Abou Talib. Nous avons.
344 LES PRAIRIES D'OR.
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dans les Annales historiques, donné l'histoire de tous les descendants d'Abou Talib, aussi bien ceux du Tabaristân que ceux qui se révoltèrent en Orient, en Occident et dans les différents pays du monde, jusqu'à la présente année 332 de l'hégire; mais ici nous nous bornons à un simple aperçu des faits qui ne sauraient être passés sous silence, afin que le souvenir de cette famille ne fasse point défaut à notre livre.
En cette même année 2 5o de l'hégire , Mohammed , fils de Djâfar (fils d'El-Haçan) ,■ se révolta dans la ville de Rey en faveur d'El-Haran , fils de Zeïd, le chef du Tabaristân ; il eut pour adversaires , dans cette ville , les Khoraçâniens appar- tenant au parti des noirs (musawadah. Cf. t. V, p. yd)- Fait prisonnier, il fut conduit àNisapour et livré à Mohammed, fils d'Abd Allah, fils deTalier; il mourut dans la prison de cette ville. — Après lui, un autre prétendant se leva dans la ville de Rey : ce fut Ahmed, fils d'Yça (fils d'Ali, fils d'El-Haçan, fils d'Ali, fils d'El-Huçeïn, fils d'Ali, fils d'Abou Talib), lequel revendiqua les droits de la famille du Pro-
CHAPITRE GXIX. 345
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phète en faveur de Rida. Il combattit Mohammed (fiis d'Ali), fils de Taher, qui était gouverneur de Rey, le chassa de cette ville et le força à se réfugier à Ragdad ; Rey fut alors occupée par le descendant d'Ali,
Durant la même année 2 5o, Kazwîn fut soulevée par Kerki (dont le nom est Haçan, fils d'Ismàïl , fils de Moham- med, fils d'Abd Allah, fils d'Ali, fils d'Kl-Hureïn, fils d'Ali, fils d'Ahou Talib), qui était un des descendants de (Ismâïl surnommé) Arkat; mais, d'après une autre version, la gé- néalogie do Kerki est celle-ci : Haran, fils d'Ahmed (fils de Mohammed, fils d'Ismàïl, fils de Mohammed, fils d'Abd Allah, fils d'Ali, fils d'El-Huçcin, fils d'Ali, fils d'Abou Ta- lib). Combattu par Mouça, fils de Roga, ce prétendant se rendit dans leDeïlcm, puis il se réfugia auprès d'El-IIaçau, fils de Zeïd ïlaçani , et mourut avant celui-ci (c'est-à-dire avant l'année 270).
A Koufah eut lieu la manifestation d'El-IIuçoïn, fils do Mohammed (fils de Ilamzah, fils d'Abd Allah, fils d'El-Fla- çan, fils d'Ali, (ils d'Ahou Talib). Mohammed (fils d'Abd
346 LES PRAIRIES D'OB.
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i^^j-^. aK.a.^0 j_^<XJ) (jAm»-<X-J) uÀifcV (ii-«
Allah, fils de Taher) lui opposa une armée sous les ordres d'Ibn Khakan. Le prétendant fut défait et obligé de se cacher, par suite de l'abandon et de la désertion de ses partisans; ceci se passait en 25i de Thégire.
Dès l'année 2/19, Mostaïn avait donné en fief à son fils Abbas la Mecque, Médine, Basrah et Koufah : son intention était aussi de le faire reconnaître en qualité d'héritier pré- somptif, mais il ajourna-ce projet à cause de l'extrême jeu- nesse de cet enfant. A cette occasion , Yra, fils de Farrokhân- chah ayant invité le poëte Abou '1-Bassir à composer des vers où il conseillerait au Khalife défaire proclamer son fils, Abou '1-Bassir composa une longue kaçideh dont voici quel- ques vers :
Dieu l'a confié la t^arde de sa religion cl le soin de préserver son ])cuplc tlu senlier i^lissanl où d'aulres ont péri ;
Investis ton fils Abbas de la succession, car il en est digne, et ordoune que des lettres répandent ce pacte parmi tes sujets.
CHAPITRE CXIX. 3^7
J^xJ» ,^jl[» jJ^Wd ^ *>^ -ibi CiOO li^î y*.U*l! ^jÎ Jlj>
iLÀ-*« ^ dLJi^ (J^V t5.^-'^^ j>^^ cKs» Uol-iojJo! i)_5 AÀ-« «Xjî^j w^_5 ci>»X_^l aXaJ 5*X>^ c:a»L5 tXÀJ^j (jvXjU_5 {^,j**^
ij^Uxii II L Jt- iiAjUJi iiXA>5î i ^ir Uo JJi (j^ J^lj l^^j
Si les années lui font défaut, sa raison est mûre et le place au rang des vieillards que Dieu dirige vers le bien :
Avant lui, Jean n'était qu'un enfant quand ilretjutle don de la science, et Jésus prêchait dans son berceau. (Cf. Koran, \ix, i3 , et m, 4i.)
AboLi 'l-AbJ)as le Mecquois fait le rccit suivant : « .rélais un des convives assidus de Aloliammed, pelit-fils de Taher, dans la ville de Rey, avant son expédition contre la famille d'Abou Ta! ib-, jamais je ne le vis plus heureux et plus gai c[ue pen- dant les jours qui précédèrent la révolte du descendant d'Ali à Rey; c'était en l'année 25o. Je causais une nuit avec lui; le bonheur régnait dans sa demeure et le rideau venait d'être tiré (c'e.st-à-dire le concert allait commencer). « Je crois que je mangerais volontiers, me dit le prince; que prendrais- jebien? — Une poitrine de francolin ou un morceau d'a- gneau froid, • ré|)ondis-je. Le prince se fit apporter par un page une miche de pain, du vinaigre et du sel, et se mit à manger. La nuit suivante il me dit : « Aboii l-Vhhas, je crois
348 LES PRAIRIES D'OR.
y_^Xj| o»A5 J-'A^^j *1.*i*àJÎ^ (-^ydaJlj t_>LwJiJi_5 -UlaJl J i_>,^ (j*-l^ cx_X_i lj\j..*m}\ c-aaIsÎ u Jbs »_5.4*i t?"*^^ (»-*^^ ^J" • <J^ V^'jyAs^ L^^ l^jlÀt R^iyjiA iijjl^^ iùïj^l jli^i'c:*..^* t^Aiail
que j'ai faim; que me conseilles-tu de manger? — Ce que vous mangiez hier, lui dis-je. — Tu ne distingues pas la nuance qu'il y a entre mes deux questions, reprit-il; hier je te disais : Je crois que je mangerais volontiers", mais je te dis à présent : Je crois que j'ai faim, ce qui est bien différent. » Il se fit servir à souper, puis il m'invita à décrire les plaisirs de la table, les parfums, les femmes et les chevaux. «En prose, ou en vers? lui demandai-je. — En prose,» fit le prince. Je commençai ainsi : « Le meilleur des repas est un mets que l'appétit' assaisonne. — Quelle est la meilleure boisson? demanda-t-il. — Une coupe pleine d'un breuvage qui désaltère et que l'on offre ensuite à un convive chéri.
— Quel est le plus agréable concert? — Le létracorde (le luth, oud, qui n'avait à cette époque que quatre cordes) et une jeune musicienne assise dont le chant est mélodieux et la voix émouvante. — Quel est le parfum le plus suave ? — L'haleine d'une amie tendrement aimée et la présence d'un fils qu'on élève. — Quelle est la plus séduisante des femmes ?
— Celle dont on s'éloigne à regret et vers laquelle on re-
CHAPITRE CXIX. 349
\j ocjL**.»-! ^[i ^;^ ,_^Ài^ !il_5 ^^j^ J^JJ^ îi| j^js.Jt (^fii^i jtjj'i__*_ji La_jU ^^v— o «jù (j~jij CAAi jUji iijU Ala*î jUio iolil_j bySs U^ ^JLiî ^vk^l -^V.i L, ^lÀJi iCjU» vil*>*Àj cjij tXij!
vient avec empressement. — Et parmi les chevaux, quel est le plus vif? — Le cheval qui a les coins de la bouche larges et la prunelle d'un noir foncé; celui qui s'échappe quand il est poursuivi et qui atteint quand il poursuit. — C'est bien parlé, » me dit Ibn Taher, et, s'adressant à un page : •I Bichr, ajouta-t-il, donne-lui cent dinars. — Comment ai-je mérité deux cents dinars.^ demandai je. — Ah! répliqua le prince, ainsi tu ajoutes de toi-même cent dinars? Page, qu'on lui donne d'abord cent dinars comme nous l'avons ordonné, et cent autres dinars pour le récompenser de la bonne opinion qu'il a de notre générosité. » Et je pris congé d'Ibn Taher emportant celte somme; une semaine seule- ment s'écoula entre cet entretien et son départ de Rey. »
Le Khalife Moslaïn connaissait à fond l'histoire et les journées célèbres; tout ce ([ui se rattachait au passé excitait sa curiosité. Voici une an('cdol<' racontée par Mohammed (fds d'EI-flaran) , (ils de Doreid, d'a()rès le récit que lui en avait fait Abnu 'l-lîeïda, maîo/a de Djàfar Tayyar et couleur agréable. « Nous étions venus de Médine en dépulation à la cour de Moslaïn, qui habitait Saman;i ; [);irmi nous se trou-
350 LES PRAIRIES D'OI\.
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valent plusieurs descendants d'Abou Talib et des petits-fils (ïAnsars. Nous attendîmes notre audience pendant un mois environ; enfin nous fûmes admis et chacun de nous put prendre la parole et s'exprimer librement. Mostaïn se montra aimable et familier à notre égard ; il se mit à parler de Mé- dine, de la Mecque et de leur histoire; or personne n'en savait autant que moi sur ce chapitre. Je demandai donc au Khalife la permission de prendre la parole, et, après Tavoir obtenue, je m'entretins avec lui du sujet qui l'intéressait. Le courant de la conversation nous entraîna à traiter de diffé- rents sujets d'histoire, et, quand nous prîmes congé de lui , le prince nous fit donner de l'argent et des cadeaux pour notre bienvenue. A l'entrée de la nuit, un de ses officiers, suivi de quelques soldats turcs et de cavaliers, se présenta chez nous; on me fit monter sur un cheval conduit en laisse qu'on avait amené à cet effet et je fus introduit chez Mostaïn. Je le trouvai assis dans le Djausak (château de plaisance à Sa- marra) ; il me reçut avec bonté, me fit signe d'approcher, el , après m'avoir adressé quelques paroles affectueuses, il mit
CHAPITRE CXiX. 351
l»|j)-i*- (^j *^^-* t*^^' ^M*j a)^jûI J«-îji-lî j-«iJiJ! L^l ^1 f,ljy_r». y_j *J|^ r*VS«^ i>-^ (♦SCst'^ y^iX^i t^S^Ji I^jI ^1
la conversation sur riiistoirc et ies journées des Arabes et sur ceux crentre eux qui moururent du mal d'amour. C'est ainsi que nous arrivâmes à parler des Benou Odrah et des amants célèbres de celte tribu; il me demanda ce que je savais re- lativement à Orwah, fds de Hizam et à ses aventures avec Afrà. «Prince des Croyants, répondis-je, Orwah, fils de Hizam, après avoir quitté Afrà, lille de Ykal, succomba à ses regrets et mourut d'amour pour elle. Une troupe de cavaliers vint à passer, le reconnut et, en arrivant au cam- pement d'Alrà, un des cavaliers chanta d'une voix lugubre :
Demeures dont les liabilanls vivent dansliiidifférence, ]c vous aiiiionco la mort d'Orwaii l)eii Hizam.
Afrà entendit ce chant, elle se montra sur une; hauteur au-dessus (le la caravane el s'écria :
Cavaliers (|ui pressez le pas de vos montures, mallietir! Ivst-eilc vraie la iiotivcllr de la mort d'Orwnli I)oii Hizam ?
Un d«'s vfiyagcms répniidif :
352 LES PRAIRIES D'OR.
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Oui , nous l'avons laissé dans une contrée lointaine où il habitait tour à tour la vaste plaine et les collines.
Elle reprit :
Si vos paroles sont vraies, sachez que celui dont vous annoncez la mort était l'astre qui éclairait les ténèbres.
Que nul jeune homme, après toi , ne goûte les plaisirs de l'amour ! Que les absents ne reviennent plus en sécurité dans leur patrie!
Puisse la femme ne jamais donner la vie à un homme aussi noble que l'était Orwah! Puisse-t-elle être désormais privée des joies de la ma- ternité!
Et vous, je souhaite que vous n'arriviez jamais au but de votre voyage et que les aliments n'aient plus pour vous de saveur !
Elle les interrogea sur le lieu où Orwah était enterré; ils le lui indiquèrent et elle se dirigea de ce côté. Arrivée près du tombeau, elle voulut descendre sous prétexte de satisfaire un besoin; on l'aida à descendre; elle courut au tombeau et s'y prosterna. Bientôt elle poussa un cri aigu qui effraya ses compagnons; ils s'empressèrent autour d'elle et la trouvèrent
CHAPITRE CXIX. 358
étendue morte sur la pierre de la tombe; ils l'enterrèrent alors à côté de son amant. » Mostaïn me demanda si je pou- vais ajouter d'autres détails au récit que je venais de lui ("aire. «Certainement, Prince, répondis-je. Voici une tradi- tion que je tiens de Malek (fils de Sabbah) Adawi, à qui Heïtem (fils de Adi, fils de Hicham, fils d'Orwali) Favait transmise d'après Orwah, son père. «Otman, fils d'Airan , nv'ayant charj^^é de distribuer des aumônes parmi les Benou Odrah, dans le pays habité par une de leurs sous-tribus nom- mée les Benou Minhadah , je rcniaicjuai une tente neuve plantée un peu à Técart du cam[)ement, je nTy diri*^eai : un jeune homme y dormait à l'ombre, et à côté de lui une \ieille femme était assise dans l'ouverlure de la tente. Le jeune homme m'aperçut et nuirnmra d'une voix faible :
J'ai ofi'erl une; réconipense ;\ Vitrraf (sorcier et médecin) du Yi-maiiiidi el à celui de iNcdjràn, |V)ur ([u'ils me reiideni la sauté;
Ils m'ont promis f^uérisoti romnlète; puis ils se soni éloiirnés eu toute hâte avec les amis venus pour me visiter.
VII. 23
35^ LES PRAIRIES D'OR.
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Ils n'ont cependant négligé aucun des sortiiéges de leur art, il n'y a pas de breuvage dont ils ne m'aient abreuvé.
«C'est à Dieu de te guérir, m'otit-ils dit; nos mains sont impuissantes à soulager ton cœur du poids qui l'accable.»
La douleur qui me consume pour Afrà est comme un fer de lance qui déchire ma poitrine et mes entrailles, '
Mon Afrà est ce que j'ai de plus cher ici-bas, et elle me tient lieu de toute autre chose en ce monde.
J'aime la promesse de la résurrection puisqu'on m'assure que, ce jour- là, je retrouverai Afrâ.
Maudites soient de Dieu ces bouches indiscrètes qui vont disant : Une telle est la maîtresse d'un tel !
Il poussa un faible gémissement; j'examinai sa face, il était mort. «Bonne femme, dis-je à la vieille, je crois que celui qui dormait à Tombre de ta tente vient de mourir. — Vrai Dieu, je le crois moi aussi, » dit-elle, et, après avoir regardé son visage, elle s'écria : « Par le maître de laKaabah, il n'est plus! » Je lui demandai le nom de ce malheureux : « Orwali ben Hi/.am des Renou Odrah, répondit-elle, et je suis sa mère. Je te jure que, depuis un an , je ne l'avais pas
CHAPITRE CXIX. 355
# î ».
entendu proférer une plainte; ce matin seulement je l'ai sur- pris disant ces vers :
Si jamais les mères doivent pleurer, c'est aiijonnriuii; car je vois la main de la mort prête ;\ me saisir.
Qu'elles me laissent entendre leur chanl fnntbre, car je ne l'entendrai plus lorsque, couche sur les éjiaules de mes amis, je serai porté an tom- beau.
— « Je ne voulus pas in éloigner avant d'avoir assisté aux lotions funéraires, à l'ensevelissenient, aux dernières prières et à rinluiniation. — <> Dans quel but? nie demanda Otman. • — Afin, répondis-jc, de parliciper aux mérites (de son mar- tyre). » Le Khalife, ajoute Abou 'l-Beida, fit un cadeau à mes compa^^nons, et me gratifia d'une récompense supé- rieure à celle des autres. »
Les aventures et les poésies des anciens martyrs de l'amour sont im sujet des plus intéressants. Voici un récit de ce genre (jue je dois à .Vbou Khalifali Kadl (lilsde Houbab) Djomalii le/nr/f; il le tenait de Mohammed HUsdeSallam)
356 LES PRAIRIES D'OR.
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Djomahi, à qui Abou '1-Hayyadj (fils de Sabik) surnommé Nedjdi et Takef. l'avait raconté en ces termes : « J'étais allé chez les Benou Amir, uniquement pour y rencontrer Meçlj- noun. Je trouvai là son père , un vieillard , et ses frères, hommes dans la force de l'âge; on voyait que le bien-être et l'aisance régnaient dans cette famille. Je leur parlai de Medjnouu; ils pleurèrent et son père me répondit : « En vérité, c'était de mes enfants celui que je préférais ; il tomba amoureux d'une femme de sa tribu qui certes n'aurait pu prétendre à un tel parti; cependant, lorsque la passion qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre s'ébruita, son père refusa de la donner en mariage à mon fds et lui choisit un autre époux. Nous avons alors enchaîné Medjnoun; il se mordait la langue et les lèvres avec une telle fureur que nous craignîmes qu'il ne se les cou- pât; nous lui rendîmes donc la liberté. Il s'est enfui dans ces plaines désertes; chaque jour on lui porte son repas que l'on place en évidence : quand il le voit , il s'approche et mange; lorsque ses vêlements sont usés, on lui en apporte d'autres, et on les place à portée de sa vue. " Je les priai de
CHAPITRE CXIX. 357
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lii-A^wj /jl ciJ<Xi»Jù>^ ii)i«>v^Aj Xib UwJLX**»-^ \m (j^\i *^|)
me conduire près de lui; ils m'indiquèrent un jeune liomme de la tribu. «Il a toujours été son ami, me dirent-ils, et Medjnoun ne se familiarise qu'avec lui seul. » J'allai trouver ce jeune liomme et le priai de me servir de guide. « Si vous voulez ses vers, me répondit-il, je les possède tous jusqu'à ceuxqu'il fit hier; demain j'irai le trouver, et, s'il en a impro- visé d'autres, je vous les apporterai. » Comme je le priais de vouloir bien m'y conduire, il reprit; «Dès qu'il vous verra il prendra la fuite et je crains (|u'il ne m'évite désormais, et que ses vers ne soient perdus pour moi. >■ Mais j'insistai avec tant d'opiniâtreté qu'il ajouta : » Eh bien , allez à sa recherche dans ces solitudes; (|uand vous l'apercevrez, approchez-vous doucement de lui; il cherchera à vous intimider <'i lér.i mine de vous lancer ce qu'il auia à la main; asseyez-vous sans faire attention à lui, mais ohserxez-Ie à la dérobée et, lorsque vous le trouverez plus calme, tâchez de lui recitei" quelque passage de Kaïs, fils de Doreïh; c'est un poêle cfu'il alVectionne. » Je me mis en route le jour même (continue Ahou 'lliayyadjl et dans l'après-midi je trouvai Medjnoun;
358 LES PRAIRIES D'OR.
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v.àI> \J^ ^j!^^ iLsX^nt ijJuSxÀ 'i^À^ y^f^ <^<M*.\s»- (Jjis^ c:aAaj»13 cX^^ AaJ! Ci» JLâÀi iXxAAsU ciAiA*j i.K*^5j (jV^AM cS*^ ^ «-^^ ^"^
aJLv* ju-x-viil aM!^ bl Jli io^" If-A^i) <->.JIaw (^ws»- 4>Î|_j t^Ixi Jtj
assis sur un monticule, il traçait des lignes sur le sable avec ses doigts; je m'approchai sans hésitation, mais il s'enfuit comme un animal sauvage à la vue de l'homme. Il ramassa une des pierres qui étaient à côté de lui; je continuai ce- pendant à m'avancer, je m'assis près de lui et demeurai tran- quille quelques instants, tant qu'il parut vouloir m'éviter. Quand il vit que je restais assis, il se calma et se rapprocha en jouant avec ses doigts. Alors je le regardai et lui dis : » Qu'ils sont beaux ceis vers de Kaïs ben Doreïh :
Je répandrai toutes les larmes de mes yeux, tant est grande l'épou- vante que m'inspirent le passé et le présent.
Demain, me dit-on, ou la luiit d'après, partira une amie qui ne s'était jamais éloignée, mais dont le départ est résolu.
Je n'aurais jamais pensé que mes propres mains me donneraient la mort ; ce qui doit arriver arrive. »
Le fou pleura à chaudes larmes et me dit : « Vrai Dieu ! j'ai été, moi, meilleur poète dans ces vers :
CHAPITRE CXIX. Sb'J
^Ij ^-Mfc-j-i c-A_X.'s jj«fcJÎ L^ Akxi JJLo ,yjti^ (j^^iJlj (J-Jt»
^Vjià \iXJk.A^^ i^*HW c^*^' (jw wy-^^ IjnL^i iXjj j»k'à «ii-j /jlj
Mon cœur n'aimera jamais que la belle Amirite, dont le surnom est Oamm-Amr, bien qu'elle ne soit pas la mère d'Amr.
Ma main, en la touchant, semblait humide de rosée et prête à se cou- ronner de feuilles verdissantes.
J'admire l'acliarnement de la destinée h nous désunir, et elle ne s'apai- sera qu'après nous avoir séparés.
Amour, redouble mes tortures chaque nuit, et toi , ô consolation de mes jours, je t'attends le jour de la résurrection,»
Après cela il s'échappa et je partis. Je revins le lende- main, et, Tayant rencontré, la même scène que celle de la veille se j>assa entre nous; dès qu'il se fut radouci, je lui dis : «Quels beaux vers, vraiment, que ceux de Kaïs! — Les- (juels? ût-il, » Je repris :
Reconnaissez en moi un homme qui est reconnaissant de vos bontés et qui excuse vos rigucuis.
Si la tribu a décidé que nous serions séparés, du moins entrt; toi et moi les relations sont reslét's pures.
Medjnoun pleuia et me dit : " Jejuie ([ue j'ai été supé- rieur à Kaïs dans les vers suivants .
360 LE8 PUAmiES U'OR.
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(j^ «X-Jjj iLÂ.^ (^jvJt^wwjJl j^ OtXi «Xjjj <3^JÎ jiAAMÎ Ikj o\s^
Tu m'as attiré vers toi et, quand tu as captivé mon cœur par des paroles qui forceraient les chamois à descendre dans les plaines rocailleuses.
Tu m'as abandonné incapable de me défendre, et tu as laissé dans mes Hancs le mal qui les consume. »
En ce inoment une gazelle passa devant nous et il s'élança à sa poursuite; quant à moi, je m'éloignai. Je revins le troi- sième jour et ne le rencontrai point; je courus en informer sa famille. On dépécha Thomme qui avait coutume de lui porter sa nourriture; il .revint en disant que les mets étaient restés intacts. Je me mis alors en route avec ses frères; nous passâmes une journée et une nuit entières à sa poursuite, et nous le retrouvâmes , le lendemain matin , étendu mort dans le lit rocailleux d'un torrent. Ses frères le transportèrent ■chez eux et je retournai dans mon pays. »
En 2 48 de l'hégire mourut le Turc Boga l'aîné, âgé déplus de quatre-vingt-dix ans ; personne n'avait pris part à autant de batailles que lui, et cependant il ne fut jamais blessé. Il in- vestit son fdsMouça de toutes les dignités qu'il avait rerues
CHAPITKK CXfX. 301
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lui-môme, réunit autour de lui ses partisans et lui conféra son commandement. Boga était d'une origine infime parmi les Turcs : d'abord simple page de Moutacem, il assista aux grandes batailles de l'époque, y paya de sa personne et en sortit toujours sain et sauf. Il disait souvent que la destinée est une cuirasse; il ne portait jamais d'armure d'aucune sorte, et, quand on le blâmait de son insouciance, il racontait le fait suivant : « J'ai rêvé que le Prophète se montrait devant moi entouré de plusieurs de ses Compagnons et me disait: Boga, tu as été bon pour un homme de mon peuple et les vœux qu'il a formés pour toi ont été exaucés dans le ciel. — Apôtre de Dieu, demandai-jo, quel est donc cet homme? — - Celui que tu as délivré des bétes féroces. — Apolre de Dieu, con- linuai-je, prie ton Seigneur afin qu'il prolonge mes jours. » Le Prophète leva les mains au ciel et pria ainsi : « xMon Dieu, j)rolonge son existence et recule sa dernière heure 1 — Apôtre de Dieu, repris-jc, je demaud** (piatre-vingt-quin/.(; ans. • Aluis (|U('l(ju'un (|ui se tcnail dt-vaiil le l^ropbèlc
362 LES PRAIRIES D'OR.
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J.a)ÎI ij /e^A^ «^■^^/-=^ ii£«XAJ ^^j <XS J.=r-j.J A,A^i^y t^î ^j^
J^A_ft J>.J J^._j ij5 ^_5 di.A* :^! ci^^j U jl kxj kiUl A..|^A!i
ajouta : « Et qu'il soit préservé de tout malheur 1 >- Je deman- dai à cet homme qui il était; il me répondit : «Je suis Ali, lils d'Abou Taiib,» et je me réveillai en murmurant les mots : Ali , fils d'Abou Talib. » — Boga se montra toujours bienveillant et généreux à Tégard des Alides; quand on lui demandait quel était celui qu'il avait préservé des bêtes féroces, voici ce qu'il racontait : « On conduisit devant Mou- taçem un homme qu'on accusait d'hérésie; à la suite d'une délibération secrète qui eut lieu pendant la nuit, le Khalife m'ordonna de livrer le prévenu aux bêtes féroces. J'emme- nai le prisonnier et, indigné de sa conduite, j'allais le préci- piter dans la fosse lorsque je l'entendis prononcer ces pa- roles : >' Tu sais, ô mon Dieu, que tu as été le seul mobile de mes paroles et de ma conduite et que j'ai voulu te plaire par mon obéissance et en soutenant la vérité que tes enne- mis avaient méconnue. M'abandonneras -tu aujourd'hui?» A ces mots, ajoutait Boga, je commençai à trembler, je me sentis ému et la crainte envahit mon cœur; j'arrachai cet homme du bord de la fosse aux lions où j'allais le précipiter.
CHAPITRE GXIX. 363
Ju» AaaaJI oAj <9^Ai5 JUi jo>^tâAAl! Ouol^ I4A3 <«Jwuiik.U (jy^
^^ ^_j\ji) tSJjj «J*^^^ J^^?;) ^ >^^v^ '^'3 V^^^' o«.j^^
je le conduisis dans la partie la plus retirée de mon appar- tement et je Ty cachai. Je retournai alors chez Moutaçem. « Eh bien ? me demanda le prince. — C'est fait, je Tai jeté, répondis-je. — Et que disait-il "^ — Je suis étranger, repris-je ; il parlait arabe, et je ne sais ce qu'il disait; c'était d'ailleurs un homme rude et grossier. » A la pointe du jour, je dis à mon protégé : «Los portes sont ouvertes, je vais te faire sortir avec les hommes de garde ; tu vois que je me sacrifie pour toi et que je te sauve au péril de ma vie : aie bien soin de ne pas te montrer tant que Mou taçom vivra. >« II me le promit ; je voulus connaître son aventure et il me donna l'explication suivante : « Un des agents (\\\ prince s'est précipité sur notre pays, commellant toutes sortes d'excès et de crimes et étouf- fant la vérité pour faiix; triompher l'erreur. Sa conduite me- naçait de corrompre la pureté de la Loi et de renverser le dogn)e monothéiste; ne trouvant |)as d'auxiliaire contre cet homme, je l'ai assailli pendant la nuit et je l'ai tué, car son crime était de ceux que la Loi punit de mort. »
Lorsque Mostaïn se fut réfuL'ié à Bagdad en compagnie de
36/1 LES PRAIRIES D'OR.
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Boga et de Wacif, les Turcs, les Ferganiens et les affran- chis, se révoltant dans Samarra, tombèrent d'accord d'en- voyer une députation au Khalife pour le prier de revenir dans sa capitale. En conséquence, quelques-uns des principaux affranchis se rendirent à Bagdad, emportant avec eux le manteau rayé et le bâton du Prophète, plusieurs objets pré- cieux du trésor royal et une somme de deux cent mille di- nars. Ils supplièrent Mostaïn de retourner dans la capitale de son royaume; ils, se reconnurent coupables, firent l'aveu de leurs fautes et s'engagèrent pour eux et pour leurs collègues à ne plus retomber dans les torts qu'il leur reprochait. Mais, malgré leur attitude humble et soumise, ils reçurent une réponse peu satisfaisante. De retour à Sorra-men-râ, ils ins- truisirent leurs compagnons de l'accueil qui leur avait été fait et leur apprirent qu'ils n'avaient plus à espérer le retour du Khalife. iVIostaïn, lorsqu'il se réfugia à Bagdad, avait emprisonné Moutazz et Moueyyed au lieu de les emmener avec lui; mais, au contraire, se méfiant de Mohammed,
CHAPITRE ex IX. 365
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fils de Watik, il l'avait forcé de l'accompagner à Bagdad; ce même Mohammed réussit plus lard à lui échapj)er à la faveur de la guerre.
Les affranchis convinrent alors do tirer Moutazz de sa prison, de le proclamer Khalife en lui jurant fidélité et obéissance, et de combattre ensuite Mostaïn et ses partisans retranchés dans Bagdad. Ils firent sortir Moutazz et son frère Moueyyeddu lieu nommé Louhuet el-Djauçak, où ils étaient retenus en captivité, et prélèrcnl serment à Moulazz le mer- credi 11 moharrem 25 1 de l'hégire. Le jour suivant, le nouveau Khalife se rendit en grand cortège dans le da?- el- ammali (salle des audiences publiques), où il reçut le s(m-- ment du peuple; il revêtit son frère Moueyyed d'une robe d'honneur et lui passa autour du cou un collier (de j)erles) noir et un collier blanc, le premier comme héritier pré- somptif, le second comme gouverneur des deux villes saintes. Après celte cérémonie, on envoya de Samarra à toutes les grandes villes de l'empire des lettres annonçant la nomina- tion de Moulai-/. Billali; elles furent écrites au nom d(î Djà-
366 LES PRAIRIES D'OR.
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far (fiis de Mohammed) le secrétaire. Moutazz désigna en- suite son frère Abou Ahmed (MouafFak) et quelques mawlas pour aller combattre Mostaïn sous les murs de Bagdad, lis partirent et la guerre éclata dans la ville entre les partis de Moutazz et de Mostaïn; Mohammed, fils de Watik, parvint à se réfugier auprès du nouveau Khalife. La lutte persistant avec acharnement entre les deux armées ( 1 5 saler 2 5 1 de l'hé- gire) , la cause de Moutazz se fortifia tandis que la situation de Mostaïn s'affaiblit de jour en jour; les ravages de la guerre s'étendirent partout. C'est alors que Mohammed (fils d'Abd Allah, fils de Taher) entra en corresjjondance avec Moutazz, se rapprocha de ce prince et inclina vers la paix au prix de la déchéance de Mostaïn. Mais la populace de Bagdad, quand elle fut instruite de ces projets, se souleva avec indignation et se réunit autour du Khalife pour le protéger. Le petit-fils de Taher força Mostaïn de monter sur la terrasse de son château; le peuple, le voyant paraître avec le manteau rayé etlobâlon (insignes du khahfat) l'acclama; Mostaïn démentit
CHAPITRE ex IX. 367
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les bruits relatifs à sa déchéance et exprima sa reconnais- sance envers le petil-fils de Taher. Ce dernier eut ensuite une entrevue avec Abou Ahmed MoualTak à Chemmasyah (faubourg de Bagdad); ils convinrent de déposer le Khalife aux conditions suivantes : on lui accorderait Vaw.an pour lui, pour son harem et ses enfants et pour leurs propriétés parti- culièies; il habiterait la Mecque avec les personnes de sa fa- mille qu'il voudrait emmener, et la ville de Waçit en Irak lui servirait de résidence jusqu'au moment où il se rendrait dans la ville sainte. Moutazz s'engagea par écrit et déclara que, s'il violait une seule de ses promesses, il serait ana- thème aux yeux de Dieu et de son Prophète et que ses sujets seraient relevés du serment d'obéissance à son égard; il serait trop long d'énijujérer ces didérentes clauses. Néanmoins Moutazz ne; tint pas ses engagements et il travailla plus lard à rompre la foi jurée. Mostaïn |)rononra sa j)ropre déchéance le jeudi 3 moharrem 35'i de l'hégire; une aimée entière s'é- lail écoul(''e depuis son anivéeà liagdad juscpi'ii ce moment:
368 LES PRAIRIES D'OR.
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son règne, depuis iejour où il fut investi de rautorité, comme nous Tavons raconté ci-dessus, jusqu à sa chute, avait duré trois ans, huit mois et vingt-huit jours; mais il faut tenir compte des ditTérentes opinions à cet égard dont nous avons déjà parlé. On le conduisit d'abord dans la maison de Haçan, fds de Wehb, à Bagdad , et on le réunit à son harem et à ses enfants ; il fut ensuite emmené à Waçit sous la garde d'Ahmed ben Touloun le Turc, qui n'était pas encore gouverneur de l'Egypte. On sut bientôt. dans le public que Mohammed (fds d'Abd Allah, fds de Taher) s'était montré incapable de dé- fendre le Khalife Mostain , lorsque celui-ci lui avait demandé asile, et qu'il l'avait trahi pour se ranger du parti de Mou- tazz-Billah; c'est ce qui fit dire à un poète du temps, qui habitait Bagdad :
Les Turcs rôdent autour de nous depuis une année révolue, et l'iiyèiie (c'est-à-dire le petit-fils de Taher) n'est pas sortie de son antre.
Elle s'y est blottie dans l'abjection et le mépris, et lorsqu'elle s est montrée, c'est pour étaler les hontes de ses perfidies.
CHAPITRE GXIX. 369
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Les droits de Mostain n'ont pas été respectés et les destins ont conspiré contre lui;
Ils ont accumulé la honte, la lâcheté et la bassesse et imprimé une tache ineffaçable sur la famille de Talier.
Après la déchéance de Mostain, comme nous venons de le raconter, Abou Ahmed Moua(T;ik se rendit de Baq-dad à Samarra; Moutazz hii conféra une robe d'honneur, une cou- ronne et deux ivichah (voir ci-dessus . p. 1 33) ; il distribua aussi des robes d'honneur aux généraux de sa suite. Obcid Allah ((ils d'Abd Allah, fils de Taher), frère de Mohammed (fils d'Abd Allah), apporta au nouveau Khalife le m;mleau rayé et le bâton du Prophèli;, avec l'épéc et les joyaux de la cou- ronne; Teunuquc Chahek raccompagnait et Mohammed (petit-fils de Taher) avait écrit à Moutazz en faveur de ce serviteur dans les termes suivants : « Celui qui vous apporte l'héritage de l'a pot rc de Dieu incrilc bien que vous ne violiez pas la protection (pii lui est dm*. »
Lorsque Moslaïu lui renvcM'sé du trône, son \i/.ir était Ahmed, (ils de Salih, lils de (ihir/ad.
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370 LES PRAIRIES D'OR.
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Au mois de ramadan de la mêmie année 202, Moutazz- Billah chargea son chambellan Sâïd, fils de Salih, d'aller à la rencontre de Mostaïn, qui venait de quitter Waçit sous bonne escorte. Sâïd le joignit aux abords de Samarra; il le tua et envoya sa tête à Moutazz; le cadavre resta étendu sur la route jusqu'à ce que des gens du peuple se chargeassent du soin de Tinhumer. — Mostaïn-Billah mourut le mer- credi 6 chawal 262, âgé de trente-cinq ans, selon ce que nous avons dit au début de ce chapitre.
Voici ce que raconte l'eunuque Chahck. « J'étais le com- pagnon de voyage de Mostaïn, lorsque Moutazz le fit venir à Samarra, et nous étions assis dans la môme litière. En arri- vant à Katoul , une troupe nombreuse se présenta devant nous. «Chahek, me dit le prince, vois qui commande ce corps; si c'est Sàïd le chambellan, je suis perdu. » Je recon- nus cet officier et je répondis au prince : « En vérité c'est lui. « Mostaïn s'écria : « Nous appartenons à Dieu et nous re-
CHAPITRE GX1\. 371
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tournons vers lui; c'en est fait de nui vie!» et il pleura. Sàïd, en l'abordant, lui cingla le visage à coups de fouet, puis il le fit coucher par terre, s'assit sur sa poitrine, lui trancha la tête, et la porta au Khalife comme nous l'avons déjà dit. La puissance de Moutazz fut dès lors établie et son autorité reconnue de tous.
Les faits de l'histoire de Mostain que nous ne citons pas dans ce livre ni dans le présent chapitre se trouvent dans les Annales historiques et dans l'Histoire moyenne. Nous ne donnons les détails qu'on lit ici (jue pour qu'on ne suppose pas que nous les avons négligés ou ignorés; car, grâce à Dieu, il n'y a pas de fails historiques, ni de détails biographiques et d'événements importants ([ui ne soient consignés dans nos dilTérenls ouvrages. « Au-dessus de foute science est placé relui qui sait tout.' iKoran, xii, yO}. Dieu seconde les bonnes entreprises.
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CHAPITRE CXX.
KHALIFAT DE MOUTAZZ-BILLAH.
Moutazz-Billah fut ensuite proclamé Khalife. Son nom est Zobeïr, fils de Djâfar-Motewekkil ; il eut pour mère une esclave nommée Kabihah et porta le surnom patronymique cVAhou Abd Allah. Il était âgé de dix-huit ans lorsqu'il fut proclamé à la suite de l'abdication de Mostain, le jeudi 2 de moharrem, ou selon d'autres le 3 de ce mois, 262 de l'hé- gire, comme nous l'avons dit ci-dessus (p. 32/1). Après qu'il eut reçu le serment des généraux, des juawlas, des merce- naires {chakiryeh du persan tchakir) et du peuple de Bagdad, on récita la khotbah en son honneur dans la mosquée cathé- drale des deux quartiers de Bagdad. H abdiqua le lundi, trois jours avant la fin de redjeb de l'année 2 55 et mourut six jours après sa déchéance; il avait régné quatre ans et six mois; on
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l'enterra à Samarra. La durée totale de son règne, depuis qu'il fut élu à Samarra , avant la chute de Mostain , jusqu'au jour où il abdiqua, est de quatre années, six mois et quel- ques jours, et seulement de trois ans et sept mois, si on la calcule, du moment de son élection à Bagdad. 11 mourut à Fàge de vingt-quatre ans.
KÉSUMÉ DK SON IIISTOIRK ET DE Sy\ VIE; PRINCIPAUX EVENEMENTS DE SON UÎiGNE.
Lorsque Mostaïn-Billah lut détrôné et conduit à Waçil, après qu'il eut prononcé sa propre déchéance en se déclarant incapabhîde régner en présence delà rébellion et qu'il eut délié ses sujets du serment de fidélité, les poêles chantèrent à profusion cet événement et prodiguèrent à l'envi leurs vers au sujet du Khniifc déchu. Bohloii composa à cette occa- sion une longue haçideh dont voici un j)assage :
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Le faible poussin (a été conduit) à Waçit : des serres ne pouvaient pousser dans la chair d'un poulet.
Voici également un fragment de kaçideh d'un poëte sur- nommé Kiiiani :
Je te vois accablé par la douleur de la séparation depuis que l'imam a été expulsé et détrôné.
Le Khalife Ahmed, fds de Mohammed, est dépouillé du Khalifat et de la puissance;
Lorsque la fortune brillante lui souriait, il était comme une pluie printanière pour ceux qui sollicitaient ses bienfaits ;
Mais la destinée l'a précipité du faîte des grandeurs et l'a relégué à Waçit, où il n'entendra plus parler de retour.
Neuf mois et un jour s'écoulèrent entre la déchéance et le meurtre de Mostaïn. — Parmi les savants et les tradi- tionnistes- qui moururent sous son règne , on cite : Abou Hachem Mohammed (fds de Zeïd) Refâyi; — Eyyoub (fds de Mohammed) le libraire ; — Abou Koreïb Mohammed (fds d'El-Ala) Hamaclani, mort à Koufah; — Ahmed (fils de
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Salib) Misri; — Abou'l-Welid Sery, originaire de Damas; — Yça (fils de Hammad) Zogbah Misri, décédé en Egypte : son surnom eslAhouMouça; — Abou Djàfar(fils de Sawar), originaire de Koufah, tous morts en 2^8. — Sous le même règne, celui de Mostaïn, en 2àg-, moururent : Flaçan (fils de Sabbah) Bezzaz, célèbre traditionniste; — Hicham (fils de Khaled), de Damas; — Mohammed (fils deSuleïman) Djohenni, décédé à Massissah; — liaran (lilsdc Mohammed, fils de ïalout); — Abou Ilafs Saïrafi (le changeur), décédé à Samarra; — Mohammed (fils de Zonbour) le Mecquois, mort à la .Mec([U('; — Suleïman (fils d'Abou Taybah); — Moura (fils d'Abcl er-Rahman), originaire de Barkah. — En Tannée; 2r)o, sous le règne de Mostaïn : Ibrahim (fils de Moliammecl) Temimi, jugi; à Basrah; — Mahnioud (fils de Kliaddach) ; — Abou Moslem Ahmed (fils d'Abou (Ihoaïb) de llarràn; — llarit ((ils de MeskJn ) Misri; — Abou Taher Ahmed (fils d'Aujr, fils deSerh), et plusieurs
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autres professeurs ou rapporteurs de traditions que nous ne citons pas ici. On en trouvera la liste complète depuis répoque des Compagnons du Prophète jusqu'à la présente année 332, dans Tannée sixième de notre ouvrage intitulé: le Livre moyen; la nomenclature rapide que nous donnons ici a pour but d'ajouter à ce livre des renseignements indis- pensables et de répondre ainsi aux exigences du lecteur.
Le Khalife Mostaïn, en 2/18, fit tirer du. trésor royal un chaton de bague formé d'un rubis rouge, qu'on nommait djeheli. Ce bijou était conservé avec soin dans le trésor des rois. Réchid l'avait acheté au prix de quarante mille dinars; il y fit inscrire son nom Ahmed et le porta à son doigt. Cela , donna lieu à toutes sortes de propos; on racontait que cette bague avait passé d'un roi à un autre chez les Chosroès de Perse, et qu'elle avait été gravée à une époque fort ancienne; on ajoutait que tout roi qui avait fait graver son nom sur cette bague était mort assassiné; que, dès qu'un roi mou- rait, son successeur s'empressait de faire effacer la gravure
CHAPITRE CXX. 377
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de ce bijou; enfin, que les souverains, à quelques rares exceptions près, le portaient sans y graver leur nom. Ce rubis brillait la nuit comme un flambeau : placé dans une chambre où il n'y avait pas de lumière, il réclairail de ses feux; enfin ou remarquait dans cette pierre des figures qui brillaient dans l'obscurité. Nous avons, au surplus, donné la longue et curieuse description du bijou en question dans nos Annales historiques, en parlant des sceaux des rois de Perse. Cette même bague a été vue encore sous le règne de Mouktadir, mais on ne sait ce qu'elle est devenue depuis.
Plusieurs poêles célébrèrent Moutazz lorsqu'il s'empara définitivement du pouvoir et cjue sa royauté fui consolidée pai- l'abdication de Mostaïn ; parmi ces poésies decirconstance, qui sont nonibreusos, on cite le passage suivant d'une longue haridch dont rautciii- est Meiwan, (ils d'Ahou 'l-Djiinoith :
La |)ui5sancp est reiulue à Moiilaz/. , cl Mostaïn est renUé clans sa véii- tnblc coiulilion :
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H savait bien que le trône était ta propriété et non la sienne; mais son ambition l'avait égaré.
Tels sont aussi les vers suivants d'un poëte de Samarra, que d'autres attribuent à Bohtori :
Que Dieu rétribue selon leurs œuvres celle cohorte de Turcs dont le glaive Iriomplie des vicissitudes de leur temps!
Ils ont égorgé le Khalife Ahmed, fils de Mohammed, et revêtu le peuple du vêtement de la terreur-,
Grâce à leurs révoltes, l'empire est démembré et notre imam (Khalife) ressemble à un étranger qu'ils hébergent.
Le rétablissement du pouvoir aux mains de Moutazz et Tunanimité avec laquelle il fut proclamé ont inspiré les vers qui suivent à Abou Ali Bassir :
L'islam e^t revenu aux jours heureux de son origine et le trône s'est raffermi sur sa base.
Il a repris sa stabilité , il a retrouve la sécurité et les joies du retour, après la séparation et l'exil.
J'en remercie îe Dieu unique et j'implore son pardon pour celui dont les mérites se sont effacés.
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Moutazz eut pour vizirs d'abord Djàfar, fils de Mohammed , el ensuite plusieurs autres personnages; mais les décrets poitaient le nom de Salib, fils de Waçif, comme si celui-ci avait eu le titre OiTiciel de vizir.
Abou 'l-IIaçan Ali (fils de Mohammed, fils d'Ali, fils de Mouça, fils de Djàfar, lils de Mohammed) mourut sous le règne de Moutazz-Billab, le lundi quatrième jour avant la fin de djemadi II, 2 5/i, âgé de quarante ou de quarante- deux ans, ou plus âgé selon une autre opinion. A ses funé- railles on entendit une jeune fille s'écrier : « Que le lundi nous a été funeste autrefois et aujourd'bui ! » (Le Prophète était mort un lundi). Ahmed, un des fils de Motewekkil-Alallah, récita les prières funéraires dans le quartier d'Abou Ahmed et dans la maison que le défunt habitait à Samarra et où il fut inhumé.
V^oici ce que m'a raconté Ihn el-Azhar, d'après Kaçem, filsd'Abbad, d'après Yahya, fils de Martamali, qui s'expri- mait dans h's termes suivants : «Le Khcdife Molewekkil
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m'avait envoyé à Médine avec ordre de lui amener Ali (fils de Mohammed, fils d'Ali, fils de Moura, fils de Djàfar), pour répondre à certaines accusations dont il était l'objet. Mon arrivée chez Ali provoqua dans sa famille un tumulte et des clameurs tels que je n'avais rien entendu de pareil; je m'empressai de calmer leurs aj)préhensions en jurant que je n'avais pas reçu d'ordres rigoureux contre Ali, puis je fouillai la maison qu'il habitait et n'y trouvai qu'un Koran, des (recueils de) prières et d'autres choses de ce genre; après quoi j'emmenai le prisonnier, je lui offris mies services et lui témoignai les plus grands égards. Un certain jour (pendant le trajet), le soleil venait de se lever dans un ciel sans nuages ; cependant Ali monta à cheval couvert d'un manteau , et après avoir noué la queue de sa monture, ce qui excita ma surprise. Mais peu d'instants après survint un gros nuage qui « dénoua l'orifice de son outre » et nous inonda d'une pluie torrentielle. Ali se tourna vers moi et me dit : » Je sais que tu ne comprends rien à ce que tu m'as vu faire et que tu m'attribues une science supérieure à la tienne ;
CHAPITRE CXX. 381
c:*J»Liû cx^s^l Lfcojiai! Igxift ^ ^^-f- C5^' rW^^ ci^i l»lî L-^_i dUjo <_:a,a^Ia;3 jJaiî ii-^î^ W^-* '-'^»<>*ij v^ÀÀis' ii -<?^ u'*^ ^v^l^l /ivl^^^l /yj ^l^U c:»! Jo f*}A»iMji iCÀjJw« c>^<XJ»
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tes suppositions sont mal fondées; seulement, comme j'ai été élevé au désert, je connais les vents qui précèdent la pluie. Ce matin justement souiïlail un de ces vents qui ne trompent jamais; j'ai senti Todeur de la pluie et j'ai pris mes précau- tions en conséquence. » Dès notre arrivée à Bagdad, ma [)remière visite fut pour Ishak, fils d'Ibrahim, de la famille de Taher, gouverneur do cette ville. Ce prince lue parla en ces termes : «Père de Yahya, cet homme (Ali) est fds de l'apôtre de Dieu. Tu connais Motewekkil; sache bien que, si lu l'excites à tuer Ion prisonnier, tu te feras un ennemi du Prophète lui-même. » Je répondis à cela que je n'avais rien vu dans la conduite d'Ali qui ne fût digne d'éloges. Je me lendis ensuite à Samarra et j'allai tout d'abord chez Warif le Turc, car j'étais un de ses amis. « Vrai Dieu, me dit celui- ci, s'il tombe un seul cheveu de la tète d'Ali, nul autre que moi nen demandera satisfaction. » Fraj)pé du langage de CCS deux [XTsonnages, je fis pari à Molcwckkil de mes in- luiniaiioiis cl des éloges (pie j'axais rcfiieillis sur le coniple
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d'Ali; aussi il lui accorda une belle gratification et lui té- moigna toutes sortes de bontés et d'égards. »
Mohammed, fils de Feredj , me racontait ce qui suit, dans le quartier de la ville de Djordjân nommé Bir Ahi Yuan : « J'ai recueilli de la bouche d'Abou Diâmah le récit que voici. — J'étais allé, raconte ce dernier, visiter Ali (fils de Mohammed , fils d'Ali , fils de Mouça) lorsqu'il fut atteint de la maladie qui l'emporta pendant cette même année. Gomme je me disposais à m'éloîgner, Ah me dit : « Abou Diâmah, il faut que je m'acquitte envers toi; veux-tu que je te confie une tradition que tu entendras avec satisfaction .^ — Fils de l'Apôtre de Dieu, répondis-je, rien ne saurait in'être plus né- cessaire. » Ali reprit : « Mohammed, mon père, a reçu d'Ali son père , Ali , de Mouça son père , celui-ci , de Djâfar son père , Djàfar, de Mohammed son père , Mohammed , de Ali son père, Ali , de Huçeïn son père, et Huç.eïn, de son père Ali (fils d'Abon Talib) la tradition suivante que Ali lui transmit en ces termes : «Le Prophète me dit un jour: Écris, ô Ali. — Que dois-je
CHAPITRE CXX. 38,^
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jà^ii ïjjLix^ ioi«X^i <-aÀjj k^ «-«y *X4^ 0.J ^ wAi». b^Ji ■^î yî^ c-«._Jl_!o J,i (^ ""^^^ y.—) ^jv. .»», -4 iCÀjl \-§ji ^j^ AA£il
écrire?» lui clemandai-je. Le Prophète continua :« Ecris. Au nom du Dieu clément et miséricordieux ! La foi est un dé- pôt confié au cœur de riiomme et qu'il confirme par les œuvres; Vislamest ce que sa langue exprime et ce qui rend le mariage légitime. » Je dis alors à Ali (ajoute Abou Dià- mah) : « Fils du Prophète, je ne sais en vérité ce que je dois le plus iidmirer de cette tradition ou des autorités (jui Tout transmise. — Elle est consignée, ié|)li(pia Ali, sur une feuille écrite de la main d'Ali, fUs cfAhou ïalib, sous la dictée du Prophète, et nous nous la transmettons comme un héritage de père en (ils. » Nous avons raconte'' rontrcvuc d'Ali, fds de Mohammed, avec la fausse j)rophétesse Zeïneh en présence de Motewekkil; nous avons dit qu'il descendit dans la fosse aux lions, que ces animaux se couchèrent ;i ses pieds, et fjue Zeïneh renonça alors à se faiie passer j)our une fille de lïu- rein (fils d'Ali, filsd'Ahou Talih} à laquelle Dieu aurait per- mis de vivre jusqu'à celte époque, etc.; ces détails se trou- vent dans nos Annales histori(|ues. D'après une aulre ver- sion, Ali heu VJithaniined serait mori cnqjoisorujé.
384 LES PRAIRIES D'OR.
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Sôus le khalifat de Moutazz mourut Mohammed (fds d'Abd Allah), fils de Taher, le i5 de doul-kàdeh 2 53 de l'hégire, treize jours après le meurtre de Waçif et pendant une éclipse de lune. Son caractère libéral et généreux, son instruction variée, sa mémoire richement ornée, la distinc- tion de ses manières, son éloquence, sa supériorité dans la conversation le placèrent au-dessus de tous ses rivaux à cette époque. C'est à lui que s'appliquent les vers sui- vants d'une kaçideh composée par Huçein (fils d'Ali, fils de Taher) :
La lune et l'Emir se sont éclipsés en même temps; mais la lune brille de nouveau et l'Émir est resté clans les ténèbres.
Elle a retrouvé sa lumière pour se montrer à nos yeux, tandis que la lumière de l'Envr est à jamais éteinte.
Ô vous deux, astres éclipsés dans cette sinistre nuit du lundi, puisse votre influence bienfaisante vous l'amener ici !
Prince sans rival il avait, dans sa sévérité, le tranchant du glaive et l'ardeur du foyer d'où jaillit la flamme.
CHAPITRE CXX. 385
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(j*i^»»*^_Jti jU Jb viUi (j-«j JtJ Ci>^i lii AAj^Ji (*:^-w c:*.AAr».î
Au rapport crAhou 'l-Abbas Moberred, ce même Moham- med (fds d'Abd Allah), fils de Taher, se trouvant un jour de bonne humeur et disposé à réunir ses amis, dit à Ibn Talout, qui était son vizir, son pkis cher compagnon et ce- hii qu'il recevait le plus volontiers dans l'intimité : «Il faut absolument que tu me trouves aujourd'hui un troisième convive dont la société embellira notre fête et charmera notre réunion j)rivée; quel serait, selon toi, ce convive? Surtout épargne-moi la présence d'un homme d'un caractère dlIFi- cile, d'une origine infime et dont la pauvreté se révèle par de basses adulations. " Après quelques moments de réflexion , Ibn Talout répondit : « Prince, je songe à quelqu'un dont la société ne sera pas un fardeau pour nous, à un homme exempt de l'indiscrétion des convives et de l'importunité des compagnons intimes, lequel se présentera d'un pas léger, si vous rappelez, et disparaîtra sui un ordre de vous. — Quel est-il.^ demanda l'Kmir. — Mani , surnommé Mowaswis (({ui mainiott(î entre ses dents). — Tu as, pardicu, raison, n'-- plicjua l(; prince; (pic Ton donne Tordre aii\ chefs (de po-
386 LES PHAIKIE.S D'OK.
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lice) des vingt-huit ([uartiers de le rechercher et qu'on me ramène sur-le-champ. » Quelques moments plus tard, le chef de Kerkh dépistait cet homme et le conduisait au pa- lais. Là on s'empara de Mani, on rogna sa barbe et sa cheve- lure, on le fit nettoyer et baigner, on le revêtit d'un costume propre et il fut inti'oduit alors chez Mohammed. Il le salua; le prince lui rendit son salut et lui dit: «Eh bien, Mani, n!avais-tu donc pas le temps de venir nous visiter sans te faire désirer et sans attendre que notre cœur fût impatient de te voir? — Mon impatience était grande, répliqua Mani, et mon affection toujours prête; mais la coui^se est longue, les chambellans sont revêches et les portiers sont bourrus; si l'accès de votre palais eût été facile, rien ne se serait opposé à ma visite. » Le prince répondit : « Tu en as sollicité l'accès en termes convenables, je veux que tu sois reçu de même; que désormais on laisse entrer Mani dès qu'il se présentera, à toute heure du jour ou de la nuit. » Ensuite, sur l'invita- tion de son hôte, Mani s'assit, (il honneur au re|)as que le prince fit servir et, après s'être lavé les mains, il prit part à
CHAPITRE CXX. 387
(2) >"
l'entretien. Mohammed ayant désiré entendre Mouniçah, qui était une esclave (musicienne élève) de la fille de Mehdi, on la fit venir, et le premier morceau qu'elle chanta fut celui-ci :
Je n'ai pas oublié les larmes que, dans l'excès de ma douleur, j'ai ré- pandues sur CCS compagnons chéris, le matin de leur départ;
Je n'ai pas oublié ces mots que je prononçai lorsque la caravane s'éloi- i^iiait à la laveur de la nuit : « Vierges du Nedjd , puisse cette entrevue ne pas être la dernière ! »
« A merveille ! sV'cria Mani, mais je le jure par le prince, tu aurais pu ajouter :
Je suis |)aili dissimulant ma tristesse, et mes larmes s'amassaient sur mes paujiiéres, où je m'i'florçais de les retenir.
Non, l'Emir, avec toute sa puissance, ne saurait me protéger contre l'ennemie cruelle qui s'acbarne à m'éloigner cl à me repousser.»
L'esclave s'empressa de chanter ces nouvelles paroles; le prince demanda alors à Mani si par hasard il riait amoureux. ("oMc (picslion le rendit confus et, d'autre part, Ibn Talout lui faisant signe de ne faire aucune n'-v/'lation fpii pi'il le discréditer aux veux du prince, il se borna .1 r/'pnndre : « 1-e
388 LES PRAIRIES D'OR.
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plaisir, Témotion que je dissimulais en moi-même, se sont manifestés. Mais est-ce qu'un pauvre vieillard peut être amoureux?» Le petit-fils de Taher ayant fredonné à Mou- niçah l'air suivant :
Us i'ont enfermée au passage de la brise , parce que j'avais chargé le vent de lui porter mon salut.
S'ils se contentaient de la retenir prisonnière, ce serait peu de chose, mais ils vont jusqu'à lui défendre de parler quand souffle la brise.
Mouniçah exécuta ce chant. Mohammed en fut charmé; il se fit apporter une mesure (ritl) de nébid et, pendant qu'il buvait, Mani s'écria : « Pourquoi l'auteur de ces vers n'a-t-il pas ajouté :
Je soupirai en disant à mon image ( souvenir) : Si tu visites mystérieu- sement la sienne,
Donne-lui un salut particulier de ma part-, mais je crains que, pour mon malheur, on lui interdise jusqu'au sommeil.
«Il aurait de la sorte fait pénétrer plus profondément dans les entrailles les flammes de la passion: il aurait ré-
CHAPITRE CXX. 389
A^^\^ *.^llâj o«->y5b (^'»«*^*- ^ *^' J^jj (j-« ^♦XasJI 0\am\ y-A ^^^3 jU L c-w_>w*.r»-! iXj^ JUi x^Ur i^W^ à^ (S-'^
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panclu plus abondamment sur le cœur altéré la rosée vivi- fiante de l'amour; il aurait ainsi embelli sa composition poétique et porté sa pensée jusqu'aux limites où elle pou- vait atteindre. » Le prince complimenta Mani et voulut que la musicienne ajoutât ces deux vers aux deux premiers et qu'elle les mît en musique. Après cela, l'esclave continua par le distique suivant :
O mes deux amis, encore un moment; ne vous éloignez pas, demeurez auprès de celui qui aime.
Nous no pouvons passer devant la demeure de Zeïneb, sans que nos larmes ne révèlent le secret que nous cherchions à cacher.
Cet air charma Mohammed. « N'était la crainte de me rendre importun, ajouta Mani, je joindrais à ces deux vers deux autres vers qu'une àme délicate ne saurait entendre sans les aj)prouver. » Lr prince lui répondit : « Mani, le désir (jue j'éprouve de connaître tes charmantes inspirations doit te [)rémunir contre tonte appréhension; parle donc libre- ment. « Mani continua ainsi :
390 LES PRAIRIES D'OR.
A-AWk-v.^ *AAaJi Ly-^i ovjV *^-«^-S cj»JL>kJai cy_^*aj Ci^»^P
Cette gazelle, brillante comme le croissant de la lune, une seule de ses œillades briserait un rocher (un cœur de pierre);
Et quand elle sourit, on croirait voir briller l'éclair ou un collier de perles.
« Très-bien , reprit l'Émir, et maintenant, Mani , complète la poésie que voici :
Les plaisirs ne sont doux qu'avec celle qui leur donne toute leur dou- ceur, avec Manouçah (i'amie intime, allusion au nom àe Moiiniçali],
Dont la voix mélodieuse fait couler des larmes que la lésignation rete- nait captives.
Mani continua ainsi :
Et comment se résigner loin d'une belle à la taille flexible, qu'on ne peut, sans être injuste, comparer au paon ?
C'est lui faire injure que de dire d'elle qu'elle est un saule planté dans les jardins célestes.
C'est une injustice que de lui donner pour égale la perle qui se cache au sein des mers.
CHAPllKE CXX. 391
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J^ A-Ioljiit ^p4(ui-j oo)lî ^_i.ia_x.AJ v^Jt <j (j*^-*^
Et comme il s'arrêtait, Mohammed l'invita à continuer sa description poétique; Mani lui répondit parce seul vers:
Elle est au-dessus de tout élof^e, et la pensée ne peut trouver dans le langage des expressions qui soient dignes d'elles.
Lorsque l'Émir eut complimenté le poëte, Mouni(;ah lui adressa les paroles suivantes : « Tu mérites nos remercî- ments, ô Mani ; que la destinée te favorise ! que ton ami soit plein de bonté pour toi ! que la joie t'accompagne et que le malheur s'éloigne de toil Je prie Dieu de nous conserver cette félicité en nous conservant celui à ([ui nous devons d'être réunis I » A ces paroles : « Que ton ami soit ()lein de bonté pour toil » Mani répondit par les veis (pie voici :
Non, je n'ai pas d'ami qui puisse wv témoigner sa boute; mon âme u rejeté les plaisirs frivoles.
Je suis altaclic par la reconnaissance à celui qui est Uii-nuMni- ntlaché A la gloire par des liens solides.
Je dois mou lionlicur aux bienl'ails d'un iionnne d.ins U'(|ucl le bien s'est incarné.
392 LES PRAIRIES D'OR.
(1)
Sy*'?. y^^ l>^^* f»^'^*'^'^ «^_j.JU3 f^\ AjJi U^lî
»_^5\Xi cjiiJi iijjJûj> tjAitf><Xjf jJûUiJi 0^ (jvjt)l_^ i)j jJàm
Ibn Talout lui fit signe qu'il était temps de partir; le poëte se leva et prononça ces vers :
C'est un roi dont les rivaux sont rares, et qui est orné de la spiendeur de la noblesse et de la vertu,
Un fils de Taher environné d'un cortège nombreux , et dont les bienfaits se répandent parmi les bommes.
O Abou '1-Abbas, conserve précieusement un talent dont le temps émousse le tranchant.
L'Émir lui répondit en ces termes : «Tu mérites d'être récompensé pour des remercîments qui ont précédé chez toi tout acte de générosité de ma part; » et se tournant vers Ibn Talout, il ajouta : « Ni l'obscurité de la naissance, ni des dehors humbles, ni l'indifférence pour tous les avantages extérieurs ne peuvent faire disparaître chez l'homme l'es- sence du talent dont il est doué. Salih , fils d'Abd el-Koddous , ne s'est pas trompé lorsqu'il a dit :
N'admire pas celui qui protège ses vêtements contre le contact de la poussière , mais qui souille son honneur.
CHAPITRE CXX. 393
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Souvent un homme réduit à la pauvreté et vêtu d'habits sordides a su conserver son honneur pur et sans tache, d
Ibn Talout ajoute (ju'il ne vit jamais un homme doué de plus d'esprit d'à-propos que Mani, lorscjue au vœu d'une es- clave : « Puisse ton ami être plein de bonté pour toi ! » il ré- pondit par rimprovisation :
Non , je n'ai point d'ami qui puisse me témoigner sa bonté ; mon âme a rejeté les plaisirs frivoles, elc.
Moberred nous apprenti , en outre , que Mohammed fit une pension à Mani jusqu'au dernier jour de sa vie.
Moutazz fut informé que Moueyyed conspirait contre lui et qu'il avait attiré plusieurs inawlas turcs (hms sou parti; en conséquence, il le fit emprisonner, lui et Abou Ahmed (Mouaffak), son frère de père et de mère; pressé d'abdiquiîr ses droits à la succession royale, Moueyyed y renonça par sernient après avoir reçu quarante coups de bâton. Mais bicnlùt aj)rès, Moutazz apprit (|ue quelques Turcs s'étaient
394 LES PRAIRIES D'OR.
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concertés pour tirer Moueyyed de sa prison : le jeudi , hui- tième jour avant la fin de recljeb 262 , le cadavre de ce prince élait porté hors de son cachot; les kadis et docteurs de la loi appelés à constater le décès ne trouvèrent sur le corps au- cune trace (de violence). On raconte que Moueyyed fut enveloppé dans une pelisse de zibeline dont on serra les bouts jusqu'à ce qu'il expirât. Quant à Abou Ahmed, sa cap- tivité devint plus rigoureuse; depuis son arrivée à Sorra- men-râ,où il avait été reçu avec tant de marques d'honneur, jusqu'au jour de son incarcération , il s'était écoulé une durée de six mois et trois jours. 11 fut ensuite exilé à Basrah (1 3' jour avant la fin de ramadan), cinquante jours après le meurtre de Moueyyed. Ismâïl. fils de Kabihah et frère de Moutazz par son père et sa mère, fut alors nommé héritier présomptif à la place de Moueyyed. Les généraux turcs se réunirent ensuite chez le Khalife et lui demandèrent la grâce de Waçif et de Boga, ce qu'il leur accorda.
Pendant cette même année, Zorafah, ancien majordome (ou chambellan) de Motewekkil, mourut en Egypte.
CIIAPITKE CXX. 395
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Ismàïl (fils de Yourouf) TAlewide, qui s'était emparé de la Mecque, mourut cette année-là (lisez en 2 5i) et fut rem- placé par son frère Mohammed (fils de Youçouf), qui était son aîné de vingt ans. Cet événement causa de grandes souifrances parmi les populations (du Hédjaz). Moutazz ayant envoyé dans cette province Ahou '1-Sadj, originaire d'Achrousnah , Mohammed, fils de Yourouf, prit la fuite, et cette insurrection coula la vie à beaucoup (riiabilants. — Même année (en 200, d'après Ibn el-Athir j , Ilaran (fils de Zeïd) el-Hnceïni attafjue Suleïman (fils d'Abd Allah, fils de Taher) et le chasse du Tabarislàn. — Même année (lisez en 203 de Thégire), Yça (fils du Cheikh) le Cheïbanite se rend d'Egypte à Samarra, apportant des sommes considé- rables et ayant avec lui soixante-seize descendants de la fa- mille d'Abou Talib qui appartenaient à la postérité d'Ali, de Djâfar et d'Okaïl; ces Alides avaient fui devant les discordes et les troubles qui désolaient le jlédjaz et s'étaient réfugiés en Egypte; ils furent conduits de là à la cour de Moutazz. Ce prince leur fit donner c.iulion cf les l.iissa libres après
390 LES PRAIRIES D'OR.
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avoir fait une enquête sur leur compte; quant à Yça le Cheï- banite, il fut nommé gouverneur de la Palestine.
En cette même année 2 53 de l'hégire, Safwan Okaïli, chef duDiar-Modar, meurt dans les plaisons de Samarra. — Même année, les troupes des Ferganiens et des Turcs habi- tant Kerkh-Samarra niassacrent Waçif le Turc;Boga réussit à leur échapper. — La puissance de Moçawir Chari s'accroît. — Salih, fils de Waçif, est promu aux fonctions \de son père. ' "\
En 254, Boga sort de Samarra pour se rendre da.ns le district de Moçoul; les mawlas pillent son hôtel; les troupes sous les ordres de Boga se dispersent; Boga descend dans une barque à la faveur d'un déguisement; quelques soldats magréhins l'attaquent au pont de Samarra et le tuent. Sa tête (il s'agit ici de Boga le jeune) est exposée d'abord sur le gibet de Samarra, puis elle est envoyée à Bagdad et attachée au gibet sur le pont de cette ville. — Moutazz n'avait jamais dormi d'un sommeil tranquille, du vivant de Boga, et il ne
CHAPITRE CXX. 397
U a^^5 yj.* (j^ Ji_^A»i)î ^-^-ft-s oÀAÀJ_5 jJCjd! (^ (iJr^iil
(j,(,iw-^ X-X-jM i-^=^j ij-» (^Jij ^"^ dlJi^ *.^,x5^L> X\ii 'jjIa3 Ail«! ^^ <Xj_jJ^_jj^ <îu^«Xj Xi^it^Jij I^X*rs-j (JvXjUj (^J^J*MJÇ-^
^ 4^ ..,.-*. Lt^ JULi cj^ f'^^ii aK-aj» u3-^" u' j^'j "^^ tiJî^iiî
se séparait de ses armes, ni le jour ni la nuit, tant était grande la terreur que lui inspirait cet homme. « Je ne cesse- rai pas d'agir ainsi, disait-il, jusqu'à ce que Boga ait ma tète ou que j'aie la sienne; » il disait aussi : « Je crains toujours que Boga ne me tombe du ciel ou qu'il ne sorte de terre devant moi. » En elTet, le plan de Boga était de descendre le Tigre secrètement, d'arriver à Samarra pendant la nuit et de dé- tourner les Turcs du parti de Moutazz en semant l'or parmi eux; mais il finit comme nous venons de le raconter.
Cependant lorsque les Turcs virent que le Khalife osait attenter à la vie de leurs chefs, qu'il mettait tous les strata- gèmes en œuvre pour les détruire, enfin qu'il favorisait les Magrébins et les Ferganiens à leur détriment, ils se portèrent en masse au palais (26 du mois de redjeb 255 de l'hégire). Là ils rappelèrent à Moutazz ses torts envers eux et lui re- prochèrent brutalement sa conduite, puis ils lui demandèrent de l'argent. Cette insurrection avait été organisée par Salih, fils de Warif, assisté dos généraux turcs. Moutazz tint bon cl
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déclara qu'il n'avait pas d'argent; devenu leur prisonnier, il envoya aussitôt chercher à Bagdad Mohammed (fds de Watik), surnommé Mou/ifacZi, qu'il avait exilé et emprisonné dans cette ville. En un jour et une nuit, Mouhtadi arriva à Samarra; les princes allèrent à sa rencontre et il s'installa dans le Djausak (voyez ci-dessus, p. io3]. Moutazz se déclara prêt à abdiquer, à la condition d'avoir la vie sauveet d'obtenir des immunités en faveur de son harem, de ses enfants et de ses biens. Mohammed, fils de Watik, refusa de s'asseoir sur le trône et d'accepter le serment de ses sujets avant d'avoir vu Moutazz et d'avoir entendu ses propres déclara- tions; on lui amena ce prince vêtu d'une chemise sale et coiffé d'un mouchoir (en guise de turban). Le fils de Watik courut à sa rencontre, le serra dans ses bras et le fit asseoir sur le trône à côté de lui. « Mon frère, lui dit-il, qu'est-ce donc que ce pouvoir? — Une chose au-dessus de mes forces , répon- dit Moutazz, que je ne puis soutenir plus longtemps et pour laquelle je ne suis pas fait." Comme Mouhtadi l'engageait
CHAPITRE CXX. 399
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à accepter ses bons olFices et lui proposait d'intervenir clans ses démêlés avec les Turcs : « Non, répliqua Moutazz, je ne désire plus le pouvoir, et les Turcs ne consentiraient pas à me le laisser. — Alors, reprit Mouhtadi, je suis relevé du serment que je t'ai prêté ? — Tu en es pleinement relevé, » répondit Moutazz. Dès que cette déclaration , qui le dégageait de son serment lui prononcée, Moulitadi se détourna; le Khalife déchu fut emmené hors de sa présence et reconduit dans sa prison; il y périt assassiné six jours après avoir abdiqué; c'est ce que nous avons dit déjà au commencement de ce chapitre.
Les poètes chantèrent à l'envi l'abdication et le meurtre de ce prince et composèrent sur ce sujet de belles élégies. De ce nombre est le fragment suivant d'une knçideh due à un poète de cette époque :
N'('j)argiie/. pas vos larmes, o mes yeux, rt^paiule/.les ahoiidanles sur la plus noble victime que le malheur ait renversée.
Son ami le pins dévoué, le plus tendre l'a tralii, et les mains de la mori l'ont frappé à l'iniproviste.
400 LES PRAIRIES D'OR.
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IjtfVji -Ui)l ^^-^i î_^lï (J>*«- \s^^^ 5'*'^ t^cJjU OJS^W»OÎ
Les Turcs, avides de vengeance, l'ont surpris et renversé du trône; que n'ai-je pu donner ma vie pour ce prince déchu !
Ils l'ont massacré de leurs mains injustes et brutales, ce roi dont ils connaissaient la générosité el la patience.
Sa beauté faisait pâlir l'éclat de la pleine lune, et cependant on ne voyait en lui que des marques d'humilité.
Il semblait que le soleil s'humiliait et refusait de briller lorsqu'il le voyait au lever de l'aurore.
Ils (les partisans de Khalife) ne redoutaient pas l'armée et ne crai- gnaient pas le glaive : hélas! il est mort ce pauvre monarque détrôné!
Voici les Turcs maîtres du pouvoir el le monde n'est peuplé que de leurs esclaves.
Mais tu verras un jour le Dieu qui commande à tout les châtier par une mort terrible.
Un autre poëte s'exprime ainsi clans une longue kaçideh :
Un torrent de larmes jaillit de ma paupière lorsque retentit ce cri : L'imam est égorgé !
Ils l'ont tué injustement, avec violence el félonie quand ils ont conduit vers lui la mort libératrice.
CIIAPITKK CXX. ZiOl
LjS^-il J^^.>L*i*.j ^ lij-AAw j, ^*X>J y^JiXj 0_fc^ lii^Jl I^jI
L.S|V._aJj i)Lx-i r<\A^ ÙkX^ j. ^^\ is-^-ils v_jL.«-w*J5 î_5 kXjOUv l*
l— £_5-A_A_^ Cx^b »î^_Avlj » 5A.«1 ^jl^ U *^Xft (^wnii v.>-g.J (j-« y\^ o»-_ £& JJî aaA^ cj^jS^J! j-^l=>^ AÀAÀi». Jj;| jjcxii (ji^
Que Dieu lasse rayonner son visage, que Dieu répande ses bénéclictions sur son âme (qu'il le place parmi les bienheureux) !
l'jt vous, Turcs, le destin vous attend avec des armes dont la blessure est incurable.
Préparez-vous enfin aux coups de son glaive, car vous avez commis des forfaits odieux.
Citons encore ce fragment d'une longue pièce due à un autre poëte :
Ma paupière a répandu des flots de larmes à la vue de ce maître des hommes déchu de sou pouvoir.
Je déplore son infortune ! Qu'il était grand et généreux comme sujet ( de Dieu ) et comme monarque !
Ils l'ont chargé d'une faute qu'il n'avait pas commise, et il est tondié assassiné au milieu d'eux.
J-es fils do son oncle, l'oncle de son père ont mouiré leur bassesse cl rcnélé leur lâcheté,
Clc n'est pas ainsi (pi'un royaume pro.spèrc, ce n'est pas ainsi (pi'ou peut vaincre l'ennemi infiili'ie el denienrer uni.
Moula/./, (iil \i' piTiiiicr parmi 1rs Klialilcs (pii se montra
VII. •'•>
402 LES PRAIRIES D'OR.
il_^î_j (^..lal-À-Xij ii-Aà-A-Jl 4jw« iLi-A.ÀilI *JsAj.|j ;j;^a5^ iCï^î
^V_«0 /yJ iX^XAW ^^H^xi! ^<^aJÎ «- ^aim (^^A*;) ^x*> qJ (S^'f^J
à cheval avec des ornements d'or; les princes abbassides ses prédécesseurs et plusieurs souverains de la maison d'Omey- yah n'avaient employé, quand ils paraissaient en public, que de légers ornements d'argent pour les ceintures, les ceinturons d'épée, les selles et les brides. Mais lorsque Mou- tazz eut adopté cette mode d'ornements en or, ses sujets suivi- rent son exemple. C'est ainsi que son prédécesseur Mostaïn avait introduit l'usage, inconnu jusqu'alors, des manches larges, et leur avait donné une ampleur d'environ trois em- pans; ce fut ce même Khalife qui diminua la hauteur des bonnets [kalansouah) , qui auparavant étaient longs comme les calottes (ou capuchons) des kadis.
En 255 de l'hégire, Ali (fds de Zeïd) et Yca (fils de Djâfar) Alewi se révoltèrent à Koufah; par ordre de Mou- tazz, Sâïd (fils de Salih), connu sous le litre de chambellan (hadjib) , marcha contre les deux descendants d'Abou Talib avec une armée nombreuse, et les mit en fuite, grâce à la défection de leurs partisans.
Nous avons raconté ci dessus (p. 395) la mort d'IsnieVd
CHAPITRE GXX, /|03
^^s. 4M! ^Aij k-^Kio jl (^J t^ (jJ (^r**^ (;^ Q**=^ (jJ ^' ^^ *X4r _jj£>j ajIî^ *x*j *jsj».Ij^I ^j^ ^jli' Uj ^3-A^l^ *^-(r4^ aaA^ XtAia^ l^AAi tj^jii /jj»..^S'îi^ <\«oL<>JÎ <J!jIa« j^UaJ! ^I
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(fils de Youçouf, fils d'Ibrahim, fils d'Abd Allah, fils de Moura, fils d'Abd Allah, fils d'El-Haçan, fils d'El-Haçan, fils d'Ali , fils d'Abou Talib, que Dieu les ait en sa sainte grâce ! ) . ainsi que les maux et la détresse que sa domination déchaîna sur les habitants de Médine et du Hodjaz; nous avons ajouté que, après la mort d'Ismâïl, son frèri; Mohammed (fils de V'ouçouf) eut à combattre Abou'l-Sadj. Oi)ligé de fuir devant ce général, il pénétra dans le Yémamah et le Bahreïn el s'empara de ces contrées; il y laissa une postérité qui y réside encore aujourd'hui sous le nom de Henou 'l-Okhaïdar. Un peu plus tard, un autre prétendant s'insurgea dans la province de Médine : c'était un fils de Mouca (fils'd'Abd Allah, lils de Mouça, fils d'EI-Hacan, fils d'EI-liacan, fils d'Ali, fils d'Abou Talib).
Nous avons, d'ailleurs, raconté dans les Annales hislori- ([iies les événements relatil's aux divers prétendants de la fa- tnille d'Abou Talib, et cité ceux d'entre eux qui moururent en fxison , pai- le poison ou p,ird\iuires genres ck' mort. Tels
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kOti LES PRAIRIES D'OR.
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furent parmi eux: Abcl Allah (fils de Mohammed, fds d'Ali, fils d'Abou Talib), surnommé Abou Hachem, qui reçut un breuvage empoisonné de la main d'Abd el-Mélik , fils de Merwan. — Mohammed (fils d'Ahmed, fils de Yça, fils de Zeïd, fils d'Ali, fils d'El-Huçein , fils d'Ali, fils d'Abou Tahb) , qui, après avoir été enlevé de Basrah par Sâïd le cham- bellan, mourut en prison (à Samarra); Ali son fils, qui se trouvait avec lui, fut mis en liberté après la mort de son père, sous le règne de Mostaïn; mais il y a différentes ver- sions à cet égard. — Djâfar (fils dlsmàïl, fils de Mouça, fils de Djâfar), tué par Ibn el-Agleb dans le Magreb. — Haçan (fils de Youçoaf, fils d'Ibrahim, fils de Mouça, fils d'Abd Allah, fils d'El-Haçan, fils d'el-Haçan, fils d'AU', fils d'Abou Talib), mis à mort par Abbas à la Mecque. — Ali (fils de Mouça, fils d'Ismàïl, fils de Mouça, fils de Djâ- far, fils de Mohammed) , emmené prisonnier de la ville de Rey, sous le règne de Moutazz, et mort en prison. — Mouça (fils d'Abd Allah, fils de Mouça, fils d'El-Haçan, fils
CHAPITRE CXX. 405
iijLgj j *XJi^ij iji«-w*ÀJi (j^ ij^j i^l\Xs j,l (j-:' c^ (i)-^ {:y**=^
_5-io CA.*a.L^^ dUUiû i^U \^à 5<Xj ,^Jw« ,^_yo tXi^i' J^y-*^^
jy-X-X^Jy "^ r^' '-r""'^^-^^ jy^r^ (iT-* *^J^ Cir* ??^ ^J Sva^^JU LÀ-ft-jU-J ij l^Jo^-w^x^ (_^ UajÎ *>o bjJi Uj.^^ yl,w.i». jUiwi
d'Ali, lils d'Abou Talilj), que Sàïd le chambellan emmena de Médine prisonnier; ce Mouça avait un grand renom de piété et d'austérité. Son fds, nommé iifZ/7'5, raccompagnail. Lorsqu'ils arrivèrent, sous la conduite de Sàïd, dans le dis- trict de Zobalab, sur la route (des pèlerins) de l'Irak, les Benou-Fezarah et d'autres tribus arabes se réunirent dans le but de délivrer Moura. Celui-ci lut empoisonné par Sàïd et mourut en cet endroit; mais les Benou-Fezarah réussirent à délivrer Edris, son fils.
Sous le khalifat de Moulazz, en 202 de l'hégire, les pre- miers symptômes de discorde entre les Bellalites et les Saa- diles éclatèrent à Basrah; la révolte du chef des Zeiidj fut la conséquence de ces troubles.
Les autres faits intéressants du règne de Moutazz sont rapportés avec tous leurs développements dans nos Annales hisloricpies et notre Histoire moyenne. — Le secours vient de Dieu !
VARIAÎSTES ET NOTES.
p. d (i). D'après la signification ordinaire de la préposition li, il semble ([u'on devrait traduire «Livre de nouvelles, par Ibrahim, fils de Melidi;» cependant cette traduction serait inexacte car, plus loin, p. 08, Maçoudi donne le titre exact de l'ouvrage en question. Il s'agit d'un recueil d'anec- dotes rédigé, d'après les récits et peut-être sous la dictée d'Ibrahim, par un de ses amis; il n'en est pas fait mention dans la liste des ouvrages que le Fihrist (p. 1 1 5 ) attribue au fils de Melidi.
P. 5 (i). Au premier vers , au lieu de J..^ Jf , A , M,K portent JJiU I , et ces trois copies omettent la deuxième moitié du deuxième vers et hi pre- mière moitié du troisième. Elles donnent ainsi le deuxième hémistiche du cinquième vers : Ji«Jl {J<j L^ImJI yj-^^, à l'exception de K, qui porte JJliJf comme la copie D. Au lieu de j,\S>Jl ^t elles lisent |DUiîl CJ^ et A seulement j^li-aJl, pour ^L.gl!.On trouve les mêmes vers cités par Moberred, qui les donne comme l'œuvre d'Ishak bcn Khaicf; cf. Kamil, édition Wright, chap. xxxii , p. 235.
P. 8 (i). D Jy^Ji-li c-^fjj et, après le mot çj^L>, la même copie ajoute : JCHI i_>^^^ * ^^ <_> O^j . passage qui est omis par les trois autres copies.
Ibid. (2). A, M, K pLvùûft et, même ligne, <u^ *iuj !^.
P. g ( 1 ). M, K passent Ç^-^y^ d remplacent c_jk;y> W^' <_>f>* . dont la signification n'est donnée, que je sache, par aucun dictionnaire. A écrit l^I <_>lyiî>, ce qui est encore plus inintelligible.
P. 10(1). D porte une leçon moins e.xactc : « Abd Allaii ben iVbbas et Djabir. n
P. 12 (1). A, M. K ^ ^ e>r!_7^' "^-^ J y^f J-y <^'^' '*'
locution chinent comme Joseph est, en eflVl , devenue proverbiah' , mais la
408 VARIANTES ET NOTES.
rédaction de D semble pins simple et plus conforme au ton général de la pln-ase.
P. i5 (i). D donne senl une leçon claire; M et A portent '--^t\>Jf, et dans A on lit j^scxH, sans doute pour j^Is^ «francplin;» if convient d'ajouter, en faveur de cette dernière leçon, que dans le Monarrah (p. lio) j:fNt>.J' est donné comme l'altération arabe du persan «scN-J, et traduit par dounadj , « francolin. » J'ai préfère suivre l'explication fournie par l'excellent dictionnaire Bonrlian-i-i]âlî.
P. 20 (1). Ici et plus bas, p. 22, A, M, K remplacent L«J^-«v par — vA*« ; je ne comprends pas le sens de cette exclamation.
P. 2(3 (1). L'emploi du même sullixe pour désigner différentes per- sonnes, qui est d'un usage constant en arabe, jetterait quelque doute sur ce passage, mais le texte de YA(jkaiii ne laisse subsist-er aucune incer- titude h cet égard. Cf. édit. de Boulak , t. Xll, p. 3.
P. 28 (1). A, M lisent: «De la ville de Maarali dans le Diar-Modar. » M et K, supprimant le point diacritique dans ^.<L.o , placent Rakkali en Egypte. On sait que l'édition publiée à Boulak , et qui est désignée ici par la lettre K , l'ourmille d'inexactitudes du même genre.
P. 29 (1). /Ij M, L) lisent f./)0~2, au lieu de L^i; d'après cela il fau- drait traduire : «je suis fait pour servir, etc. » mais la leçon que j'ai adoptée d'après A' a le mérite de conserver l'antithèse qui domine dans tout le dis- cours. Le calembour étymologique , donné quelques lignes plus loin comme explication du terme nedim, « courtisan , » a été repris et développé par plu- sieurs lexicographes arabes.
P. 3o (1). A, M, K nomment le même personnage ù;Lc , AyjucIi, et lui donnent pour surnom ethnique, K et M, Zeïdi, A, Zobcïdi.
P. 82 (1). Les trois copies lisent jLtf «la richesse; » mais la lecture de D cadre mieux avec la pensée exprimée par le Khalife, et avec le vers qui en est le développement. Dans le même vers, les trois copies portent ii J2./0 au lieu de ^5 ^,^2^.
P. 39(1). L'expression ^JZsisdi^] î^'jf. répétée deux lignes plus bas avec la variante *_c,làJ13 <x.sJ^. indique une double source de traditions résumée un peu confusément par Maçoudi. Tous les exemplaires repro- duisent la même leçon, qui fait évidemment double emploi.
VARIANTES ET NOTES. m)
P. /(3 (i). D seul continue le récit personnel en employant l'expression ^ ; les trois autres copies l'interrompent en disant >^5y^ ^Jx. J^U et, par suite de cette différence de rédaction, elles remplacent plus loin
o-lai pur Jlai.
P. -U (i). D u^ dJi ^XS h jJ^ ^^ ^ <wU \jX»1p] «Est- ce qu'ils le blâment relativement à sa science? C'est une accusation qui ne peut l'atteindre. »
Ibid. (2). Au troisième vers, M, K portent \2^^a'Lo pour cV;^^xLo. La traduction du quatrain n'est pas et ne pouvait pas être littérale. La pensée doublement obscène du poète, et qui porte principalement sur les mots LJ3 et ïyà^i, détournés de leur acception liabitucllc, ne saurait être indiquée que par des équivalents, si toutefois le sens général est bien rendu, ce que je n'oserais aiïirmcr.
P. 49 (1). Pour Dcn Abd Yézid, A lit Mâbed, etc. et D : Ben Obcïd ben Zeïd. La leçon adoptée dans le texte est confirmée par Ibn Klial- lican, texte, p. 626, et parle ?>iudjoum., p. 087.
P. 5o (1). A, M, Kjj^ «près de, dans la direction de.» On n'a pas hésité à conserver la leçon de D; aujourd'hui encore, dans le dialecte d'Alger, haiima, pluriel heuwem, désigne le quartier d'une ville. Ciierbon- neau, Dicl. français-arabe , p. 'ifiy.
P. 5i (1). A l'exception de D, toutes les copies lisent tissiii et le Ibnt mourir à l'âge de quatre-vingt-onze ans ; mais la copie D est un guide plus sûr dans les indications de noms et de dates.
P. 55 (1). Les mots ben Ibralnm ne se trouvent pas dans les copies A, M, K, et ne se lisent que dans D, où les renseignements concernant la famille d'Ali sont ordinairement plus complets. La même généalogie se trouve dans le Nndjonm, p. 3/i5.
P. Sg (i). Nom méconnaissable dans M; dans A et X on lit „^(>/.^ La lecture de D a pour elle l'autorité du Nudjouni, p. 3/17 en note, d'Ibn el-Athir, t. VI, p. 2 16 . et dn fragment d'Ibn MicJikweih , publié récem- ment par M. de Coejc, p. 4 23. l) seul donne Jaly , landis que les autres copies portent ^gU, lecture ÎTiadmissiblc.
P. G2 (1). A cl l\ <l^y>ij^. , 1/ ^„aJ«^ ■ non pondue en /). (;'csl la forme pluiiclh' chi tiiol À..<ij|\ " |)0|nila(c , lie du pcuph'. .. Voir l'cxplica-
a 10 VARIANTES ET NOTES.
lion de ce vocable clans le Kamoiis, avec la tradition qui en précise le
P. 62. (2). A qÎju^U^; D (jfjJ^i^i. Le nom de la ville de Bedd se trouve, comme ici, sons la forme du duel, dans le Dictionnaire géogra- phique de Yakout; A et M lisent partout jj.joV:-'!-
P. 6/1 ( 1 ). Au deuxième vers , pour (AÀc^ , D <U-^£., et au lieu de ^j^ , A, M, K (jv^k. Le même morceau, plus complet d'après les variantes de YAcjliani, se trouve dans notre mémoire sur Ibrahim, fils de Mehdi, Journ. asiat. mars-avril 1869, p. aSg.
P. 67 (1). D commence le deuxième vers par tAx^ c:JJ-^3 . 'e troisième par Uj» Jl^L 'IJî ; au quatrième (_>Àaj ii au lieu de JjwAJ" ^^, et an vers suivant ^JiXA./o y^.
P. 71 (1). La huitième forme de ^S signifie souvent, dans YAcjhani, fredonner un air de manière à le graver dans la mémoire des chan- teuses. On pourrait donc traduire ici plus exactement : «Voulez -vous chanter le morceau que je vais vous indiquer d'abord en chantant moi-
Ibi(J. (2). A, M, K écrivent à tort «Ibrahim, fils d'Ishak,» ce qui est un anachronisme. D est d'accord avec le texte de YAghuiù. Cf. le mémoire cité p. 267, note.
P. 73 (1). Met K (j_jtoJf.
P. 80 (1). Il est possible qu'il y ait ici une altération dans le texte, et qu'il doive être rétabli conformément à la leçon plus sûre du Fihnst, p. 53: 5^^ ^^ (J-Jyi.«^^ ^■^. o^. l •^'■>^- On lit dans le même ouvrage que le Livre des hldmes était dirigé contre le Prophète. Ibn Khal- lican, dans la notice spéciale, confirme ce qui est dit dans le Fi/i-rwf de l'humeur agressive d'Abou Obeïdah.
P. 82 (1). Le premier vers ne se lit que dans la copie D, les deux vers suivants se trouvent dans Y A()haiii , Ul , p. 167, mais le récit qui les accompagne diffère complètement de celui de Maçoudi. D ajoute un qua- trième vers que les autres copies ont omis :
ijcc. y^j\ dur j^c^i\ cAs::s^\ is'
P. 85 (1). Au premier vers, D ,^\J| Je, A brise le mètre en écri-
VARIANTES ET NOTES ' 'ilî
viinl l^«^». Dans le troisième vers, A, M, K lisent "A^. ^^g <r| [^ , et /) termine le même veis par ^;;>j».À.X^ I .
P. 87 (i). A, M, K .^s.] ^j./o. Le vers suivant est autrement rédigé .n /> ■ _ '
Les trois autres copies écrivent ! j>.it> au lieu de 13, ce (pii ne permet plus de scander le vers.
P. 88 (1). Le passage compris entre cAj ^ fj jusqu'à owij" ^c est omis par A, M et K, lacune qui rend inintelligible une phrase déjà obs- cure. Dans la ligne suivante, le terme U;^' a été traduit d'après le sens spécial que lui donnent les scolastiqucs. Voir Prolécjomhics d'Jbn Klialdom , traduction de M. de Slane, III, 1/16 et note.
P. 90 (1). Le mot AjN_à_;^ est abrégé ici par licence poétique; A le donne sous .sa forme ordinaire, contrairement au mètre qui est une va- riété du l;hafif: 1) le remplace pai- -j^'i^ «anémone.»
P. 91 (1). A, M, K t^LA_iJjiLj ^^^\ _jUi^JI J. D'après le Fihrist (p. 1 1 1), cet ouvrage aurait été rédigé sous forme de dictionnaire. Je suis porté à croire qu'il fut dédié non au fils de l'auteur, puisque nul témoignage ne vient établir qu'il eut un fils de ce nom, mais au prince Abou Ahmed Monaffak, Itère du Ivhalilé VIouta/.z. Si cette conjecture était admise, il faudrait alors, au lieu de
^.
oyfl, etc.
jTï^^r' O-!' y^' '"^ L)'J-*^
P. 9d (1). Telle est la leçon de A et A.' confornu- à celle de Yakout; les deux autres copies l'ont rendue méconnaissable. Beladori écrit plus exactement (j^jotsi- Cf. Liber cxpuçjnalionum, p. ■.\()i , ci Kilab cl-Oyoïm , p. 377. Mirkhond, t. III, p. 196, éd. Bombay, a adopté la même forme. C'est certainement le cours d'eau qui est nommé ïloSavTÔs par Michel Altaliotc, éd. Bonn, i853, p. 121. Cf. Cedrenus, éd. Bone, 1889, t. II, p. 217. Plus loin, p. 99, Maçoudi, en appliquant au mot Kocliaïrali la prétendue étymologie donnée en présence de Manioun (de 'aôêa et de TE/W), nous apporte luie nouvelle preuve de son ignorance de la langue grecque.
I'. 100 (1). ]/ Lîl/wl2>.v (>j; /' C^IaI-wv; \oii- la unie précédente.
P. 101 (1). /) lermuic ainsi le deuxième vers ; ^^^M *S!^ ^ J;
lii'l VARIANTES ET NOTES.
'1 , u^jUÎ- Ce distique est souvent cité jxir les historiens; on en trou- vera notamment les variantes dans Kkab cl-Oyouii, p. 2>']8; Fakhri , p. 26/j; Kazwini, Athar, p. i/i6, et dans le Dictionnaire de Yakout, s. V. Tart^ous.
P. io3 (i). Trois copies, A, K et /), font suivre a,^Ϋ d'un autre mot illisible : K iL^p,.L»,\ , A et D <U2»LvwI. Abou '1-Féda nous apprend que la mère de Moutaçem était originaire de la Sogdiane: ce serait donc dans les localités de cette contrée qu'il faudrait chercher la lecture de l'eth- nique défiguré par les copistes. Au lieu de Mar'uLih, K donne lautive- ment Mariah. Cf. à l'appui de notre lecture Tâlebi, Lalaif, p. 86; Nu- djouin, p. 38o; Ibn Kotaïbah, p. 199.
P. 106 (i). D passe cilsiA.-o| et écrit, d'accord avec A, AaÀaC. M. de Slane, que j'ai consulté sur ce passage, n'hésite pas à y trouver une cx- prcssiou injurieuse et obscène; ^j^ serait employé ici dans le sens de ^j5; on en trouverait l'équivalent dans les bas-fonds de notre langue, mais le lecteur voudra bien me dispenser de cette recherche.
P. 111 (1). Lecture douteuse; A, M, K ï.jÀ^ yo .
vP. ii4 (ij. Les leçons de cette phrase araméenne ont été, comme on devait s'y attendre, fort maltraitées par les copistes. D écrit AJlauI IsiJy^ Ij bsi , K Ui Ij^Ij (J^9 (Ja-w I , et /l Là_9 L^L) . -'V {.A>y3 Jl«.u, ] Ls^^lj. M. J. Halévy , qui a bien voulu, à ma demande, entreprendre la restitution du texte, pense que D fournit les meilleures leçons, c'est-à-dire le premier et le troisième mot, K et M le mot du milieu; en conséquence il l'établit la phrase araméenne de la façon suivante : NDriinn ^P"l^ ^'p'Ç ou "^jrnnn, littéralement : «Prends mon corps sous toi, h la place du tien,» ce qui serait f équivalent de la formule arabe si connue cibojij. Quant à la forme XD . pour "It , elle serait particulière au dialecte man- déen ou sabéen. ( Hoffmann , Granim. sjr. p. 160.) Néanmoins cette in- terprétation, si ingénieuse qu'elle soit, ne rend pas compte de l'arabe <_)lii u , et il y aurait lieu de la soumettre à im nouvel examen.
P. 1 iS (1). Telle est la leçon de D et M. La copie A porte L)Ji^\. et K iUttÀsjf.
P. 119 (1). A, M, K lisent fautivement /jlifjl; /) seul donne l;i bonne leçon, comme le prouve le passage correspondant du traité de Ya koubi.p. 3o, où le même nom est écrit ijl^yJ- Telle c-^l aussi forliio- grnplie adoptée par Yakoiii ; seulement ce géographe se liotnpe eu disant
VARIANTES ET NOTES. 'il3
Arpl parasanges. Ibn Khordadbeli s'accorde avec notre auteur pour placer lîaradàn à quatre parasanges de Bagdad. Voir Livre des routes , p. :>. i/i.
P. 120 (i). A. M, K jLJJLj «de (la fraîcheur) des nuits.» L'exacti- tude de D est attestée par le témoignage de Yakoubi (('tùZ. p. 3i) ,qui s'ex- prime en ces termes : Ijo^ o>«-= l^ ^LulL-
P. 1 2 1 (1). A, M, K i^^[ii>yS>. L'éditeur de Yakoubi (p. 29) trouvant ce nom sans points diacrili(|iies, a proposé la lecture /jU)y\i?, nui ne peut se justifier.
Ibid. [2). Passage donné seidement par D, qui ajoute o^LuJl «va^o ^ ^~, etc. li ne m'a pas été possible, à cause de ia lacune que présentent les autres copies, de restituer ce nom. Les localités nommées par D Er- radjân et Iloidwdii sont absolument méconnaissables dans les trois copies.
P. 123 (1). Lacune dans les trois copies; D, qui seul est complet, écrit «vaac au lieu de o JCc. Le nom adopté ici se justifie par les rensei- gnements que nous donnent les Chroniques arabes sur la composition des troupes qui avaient embrassé la cause de Babek.
P. 124 (1). D ajoute j/*(>_i_c <v^i. (_^Aisfc» «et il laissa son troupeau parmi eux , » addition peu admissible.
P. 12G (1). Nom douteux. A l'écrit «.ilsi^j; K jooUjj; M S^Ujj.
P. 128 (1). L'explication de ce mot ne se trouve, à ma connaissance, dans aucun dictionnaire; peut-être serait-ii mieux rendu par band<:s on ramages, car o^Ijlw signifie les stries d'une lame damasquinée.
P. i3o (1). A, M, K ^jwil; les historiens arabes ne donnent pris le nom musulman du fameux sectaire Babek. Mirkiiond, (pii traduit litté- ralement tout le passage des Prairies d'or qui s'y rapporte, omet égale- ment le nom en cpiestiou.
P. i3i (i). Premier vers. A, M, K Zi\ (j^/,\ L ; deuxième vers, les mêmes copies finissent l'hémistiche par ts_j;. j^^sjJi; quatrième vers, A»f C^Lst) dans les trois copies, contrairement au mèlre. Luire le cin- quième et le sixième; vers, /) seul ajoute celui-ci :
U<>AO ^J S.s,^ Lit UÀaj i_)y3 ^y^
!i\li VARIANTES ET NOTES.
Dans l'avaat-clernipr vers, pour ^y^, l^ 'i' &(>-~3. Wj^^i», A 'r- e.M>, rt deux copies terminent le même vers par f^Ajij.
P. i33 (i). Pour ^_^i>y[\, A, M, K «^sbj^f. Le poêle emploie dans le dernier vers le masculin, conformément à une licence autorisée en poésie, et afin de ne pas choquer les bienséances; d'après cela, le premier hémistirlie s'applique au mari et le deuxième à l'épouse. En ce qui con- cerne le mot wichuli, il importe de remarquer que ce nom signifie tantôt un double collier porté par les personnages de haut rang, tantôt une cein- ture lâche qui pend en forme d'écharpe le long des hanches; dans ce der- nier sens il s'applique ordinairement à une femme. C'est ce qui ressort clairement d'un fragment du commentaire de Wakédi , cité par M. Dozy dans son lyictlonnaire des noms de vêtemenls , p. /129.
P. i3/i (1). A, M, K s^ImJJ] ciUifc ^iujli. Cf. Joiini. asiat. 1869, mars-avril, p. 277, où j'ai traduit avec moins d'exactitude amI Zy^ Ij par « colère de Dieu. «
P. i35 (1). D (jjyjl; M et K C>r>.0^- Les passages en question étaicnl connus sous le nom collectif de Dcrb el-Hadès; au dire de quelques géo- graphes arabes, les Musulmans, après y avoir été défaits sous les premiers Khalifes Omeyyades , lui avaient donné par antiphrase ce nom , qui signifie M Défilé du salut. » Voir cependant une autre version dans Bcladori , Lilwr expugnadonum, p. 189.
P. i36 (i). K ^JsLa; D ^JsU , et plus loin (ti^isU.
P. i37 (1). A, M, K (j^y^ ;ftVo iji O)^ l>^ (variantes dans A et M q;U et QsvLo); D qLU' j.j et moins lisiblement ÎcNaJ qJ. Les huit lignes qui suivent ne sont données que par D. Il n'est pas inutile de rappeler que le nom persan, ou plutôt parsi, est Vcndad; on trouve dans les Annales du Tabaristan la mention d'un certain Vcndad-Hormuzd , qui se révolta sous le règne de Mehdi. Cf. Spiegel , Nuchrichien ùber Ta- heristan, dans le Journal de la Société orientale allemande, t. IV, p.' 68. M. Spiegel assimile le nom Vendad à la forme pehlevi riN"!j*. Vendùl : les historiens musulmans auront transcrit ce nom sous inie forme aussi gravement altérée que celle de î\itas pour Pontos, etc.
P. iSg (1). D,au premier hémistiche, l.gJUk "So- Au lieu 'd'Aliou Tammam, les trois autres copies écrivent à Inrl àU^il ^jI-
P. 1/12 (1). A, l\l , K j,L.u^AitjJ!; /-> j:,Lm<^6iJl; le nom est rélahh <rapi'<'s le \ndiniiin.
VARIAMES ET NOTES. Ulh
1'. i/,3 (,). .1 j^Lv^ll; .1/et K J,!^*J|.
Und. (2). Forme douleusc : M (j.UJf; /> (J.U.JI. Je n'ai trouvé aucune mention de ce personnage chez les biographes spéciaux.
P. 1 '47 (i). -1/ et A' \yj ; A [yo. La lecture de Z) est conforme a l'ortlio- graphe de Yakout.
P. as (1). Leçon moins claire en D ; jub^ ^ (jiJ^cic;L
Ihid. (i!). Au lieu de J^jJi , /i , il/, R' LcjJl; d'aprës cette variante, le sens serait : «On le place comme un bouclier aux reproches, » c'esl-à-diro «C'est le but ou la cible des reproches, des malédictions.»
P. 1/19 (1). .1/, K ç-y>\--, l). au lieu de ^cu , écrit a^.
Ibid. (2). A, M, K J^f^l (^. Pt. an lien de JLcli ^\ , les mêmes copies donnent Aji\s ^r\ .
Ibid. (3). D ajoute Ai a^Jc (J^K- Ic" commencent de notables dif- férences et plusieurs lacunes dans les deux copies K et M, mais elles sont pour la plupart dues à la négligence des copistes. A place cette phrase cinq lignes plus loin, après *.,jLkj ^.
P. i5i (1). L'édition imprimée à Boulak et la copie V donnent ici une variante du même récit qui est, à mon .sens, une interpolation; je crois devoir néanmoins le transcrire d'après K :
t> 7^ -i tX (J J — :■: — -U^ c'^-A_L^ LîwlV-'I j^j Jy I
1,0 reste cntiune dans noire Icxle.
I'. i.î'> (1). La i>ll>liiiliir(|n(' nationaii' pi>ssr,|c inu' (Mipic assez nioderni
416 VARIANTES ET NOTES.
du Divan d'Abou Tammam (suppl. arabe, n° 2292); cilc provient de la collection de notre maître regretté, Caussin de Perceval. Le vers cité ici fait partie d'une pièce que le poète composa au retour du pèlerinage, et qu'il dédia à Abou Saïd ; il est donné sous cette forme incorrecte (f° 89 r°) :
l ^^1 C. A»l_J fj^'jy^^l ^ JO>iî CSf^ (j\ yS^l^yl ^^î^
p. i53 (1). Leçon de D; les trois autres exemplaires portent ,.j~j1 (^\i}<a^. La véritable leçon paraît être « Abd Allab, fils de Huçeïii, fils de Saad. » C'était lui rapsode originaire de la ville de Kotrobbol , et qui fournit de nombreux documents à Isfahâni. Voir Agliani, t. XVIII, p. 169 et passim.
P. ibli (1). A, M, K, au lieu de c-sAaJ. lisent (_>JiiiJ' , ce qui rend levers faux. Au deuxième vers, D, pour ïji\iy.^, donne i5\L?) ^t, au suivant, remplace 3su\ par ji^aiuî. contrairement à la mesure. Cette pièce manque dans le Divan cité plus haut, p. iSa.
P. iS'j (1). Le manuscrit de la Bibliothèque nationale n" i483, suppl. arabe, renferme quelques parties du Divan de Bohtori, mais il est rempli de lacunes; les pièces n'y sont pas rangées selon l'ordi'e alphabétique, l'écriture en est négligée et ses leçons n'inspirent qu'une confiance mé- diocre. Je donne pourtant ici et plus loin quelques-unes de ses variantes. Premier vers , pour o ./> , D J^3 ^j^ , Dlv. Jjl:) ^. Deuxième vers , rime , K et Div. 3ÎvJ • Troisième vers , pour e>^ > Div. c:j^.« • Quatrième vers, pour ^iJLilj, K (jJL^Ij . A et Div. (_^ii.L).
P. i58 (1). Au deuxième vers, au lieu de •♦^o. Div. porte f>o^\^ et supprime l sans respect pour la mesiu-e. Je confesse mes doutes sur le sens du dernier vers : au lieu de ^sJ\ , D lit (JlS^i et Div. GîU^'; en outre, Div. donne ce vers après le premier, et le fait précéder des deux autres vers omis dans les copies de Maçoudi.
Ihid. (2). Au lieu de ^jjblyjl , Dïit ^]yj>, A et M ^J^\yJ\. Le distique entier est omis dans le Divan.
P. iSg. (1). Premier vers donné seulement par D. Le troisième vers est particulièrement défiguré dans les copies, et d'une obscurité que je n'espère pas avoir dissipée. Le premier hémistiche de ce vers est, dans D, après /w-5e/ini.-^L.£. (_>cl 00 cN*J ' ; ^^ (_^ l (>J I <>..«) I;'4 ^js>.\ O^oJmJ] et le reste non ponctué. Pas de traces de cette pièce dans le Divan.
P. ifio (1). Au lieu (le ij^y^\ Jr;^« ' l^'^'- ^'f''' (JtN-^il (j^-?^-^- '^"
VARIANTES ET NOTES. il7
deuxième vers, pour i-^. D JlsÇ; Div. àjC. Au troisième vers, pour ^L, Af «jLj , .1 et Div. «^Li et, à la rime, Div. «À-»! «noir foncé.»
P. i6o. (2). Au lieu de ^I0>.J , D'v. ^loo' et, à la rime. Ic'Jl*. Pour ixjy^, A, M, K i^iy:o.
P. iGi (i). Premier vers, A, M, K AJO^c s^vJI; à la rime, Div. vlxt. Quatrième vers, M, K <^LajiJI.
P. 162 (1). A et 3/ lisent «AbouOmar, fils d'Abou'l-Huceïn Toussi;i variantes erronées en K.
P. i63 (1). Pièce adressée à Salih ben Abd Allah le koreïchite, Divan, fol. i58 r". De tous les fragments cités par Maçoudi, celui-ci est certaine- ment le plus incohérent, soit qu'il ait fait ses citations de mémoire et à la légère, soit que les copistes aient retranché, de leur propre autorité, plu- sieurs passages d'un morceau qui leur paraissait trop long. Ainsi , à partir du deuxième hémistiche du deuxième vers, commence dans le Divan une suite de sept beît omis dans notre texte , et les autres hémisticlies se présentent dans un ordre différent. Les lacunes sont indiquées par des points dans la traduction ; quant aux variantes , elles ont relativement peu d'importance et, comme pour les fragments qui précèdent, D se rap- proche mieux du Divan que les trois autres copies. — Premier vers , A , M, K «vJJa: j>-o. Troisième vers. A, M «iXo». Sixième vers, A et Div. tvâ; A, M, K ^^ÔlsU.»'. Septième vers, au lieu de [Tj^Csu*, les trois copies Ljjjjt^, et, pour o^j^i. les mêmes o^dl, déplus, lacune d'un hémistiche. Neuvième vers, JUI «U/^uk.^! dans A, M; K. Dernier vers, les mêmes «A-aj Lo cl ^Jo L , ce qui est une faute de quantité.
P. 166 (1). A ^i!; M .u^AAill; illisihl.- e„ /).
P. 167 (1). D y»iij|, au lieu de c^^yM des trois copies et d'Ibu Khal- lican, qui cite les trois premiers vers. Deuxième vers, /) répète ydisf ; A et M qJUI'I. Troisième vers, M [j^t^ ^^ ^jC^>- o«JiJi-i^- Septième vers, au lieu de Lj|, A, M, K '3I.* et, au vers snivaiil , {.'iXc au lieu l^ j . Dixième vers, an lieu de t_j»oVK /> i_jySZ>: M ij^jSZ; A cJv5^-
P. 169 (1). Il y a ici une faute (le qiiaulilé dans 1rs copies, la douxiènio syllabe étant nécessaimni^nl hmtjnr dans Ir mèlre iiinlrharil) ; peut-être VII. -7
!i\8 VARIANTES ET NOTES.
tlevrait-on lire /ib^" ïLi^tSà . M et K ajoutent, après le troisième beït, un distique qui n'a aucune liaison avec la pièce, le voici :
(^.J^jJ! (>».J^ |»y^ (J*_3^ p.\^J\ ijy3^ p-^f csf-
P. 171 (1). L'éditeur de A' arrange ici le texte à sa gui.se: Jls , yiso*
<_>L.<:iJI is\^ (J^ cJ'tÇj imW <-jîtN< cs3?.J jA^. Au lieu de^>o,
j'ai suivi la leçon de D, qui m'a paru plus appropriée au texte; voir, sur
le mot ^A^ et sur /jljjC2:J^, les observations d'Abdallatif. Au lieu de
yf^^, D porte y^.€W-«.
P. lyb (1). A, M, K aaIiaj. Le mot ^^yji n'est donné que par M et K.
Ihid. ( 2 ). Lacune d'une ligne dans les trois copies entre les deux mots x-f^^Ji^i , ce qui rend la phrase inintelligible. L'éditeur de K avoue son embarras dans une note marginale, et constate une omission dans le texte, mais s'il ne elierclie pas à la réparer en consultant d'autres co- pies, il faut lui savoir gré de ne pas avoir façonné le texte à son caprice, suivant le procédé trop fréquent des érudits musulmans.
P. 176 (1).' D dit simplement (jl_j t_>.sbi>-J5 S-'^^Jr! • ^ [t— ^-*y3 (jL, etc.
P. 177 (1). Le premier nom est écrit 4«^/oLo par A, M, K, et le se- cond j>*^2kUL^ par A et M. D ne donne que le premier. M. le D' San- guinetti, Journ. asiat. i85/i, p. 243, traduit les Ashab hicl par métho- diques, et cite, parmi les chefs de cette doctrine, Thessalus deTralles, qui est peut-être le Sasalius.de notre texte. Au lieu de ^Asi. A et A' portent J>A.il , M J^Aril.
P. 180 (1). A' lit iù^js' , «pierreuse:» le même mot est illisible en A.
P. 196 ()). D termine le deuxième vers par (>^jj| J^aS ^^jj'ai suivi le texte des trois copies conforme à la leçon de YAcjhanij t. XX, p. /17. Troisième vers, K <k.^[SC.3 , au lieu de *jliCo, et, dans le vers suivant, au lieu de a.«IjÎ, D ajL^I, YAfihani Ajl^f. Ce moi-ceau n'a pas moins de quarante-trois voi's dans le Livre des chansons.
P. 197 (1). Les trois copies ikuIcuI ^lrs.^i' ; D passe le paragraphe
VAUIAMES ET NOTES. U\d
♦Milicr. J'ai suivi la leçon donnée par Fakhri; en outre le géographe Yakout donne, s. v. U l>>v> . quelques renseignements sur le même personnage.
P. 199 (i). K finit le fragment par jusc'. Voir les variantes dans le Dictionnaire de Yakout, s. v. (Us.:ï» yJ.i.
P. 201 (1). Troisième vers, D (j^\ L>; M ^j^aJf j>L«. Dernier vers, deuxième liémisticlie, 1) jj^^^j , et, pour l.AJ«3, A, M, K Lgjk^
llnd. (2). L'ordre des vers n'est pas le même dans D et les trois co- pies; j'ai adopté celui de Yakout, t. II, p. 70-7. Au troisième vers, A et K' écrivent UijaiJ ^J^^^■
P. 202 (1). M et K attribuent ces vers au poète Abou'l-Alahyah , ce qui est une erreur chronologique assez grave. Cf. Y'akout, s. v. fyCV-o. A lit (jv^^^iJl , et, dans fédition du Fihrisi , on trouve ^^^^ , lecture éga- lement erronée. VAgkani, t. XyiII , p. -yS, donne jusqu'à trois versions du même récit et cite les quatre premiers vers. Au cinquième vers, D porte (Jyi>2i (^liLoI.
P. 2o3 (1). Premier vers. A, M, K JiAj' et, à la rime, ^Ja,ij". Deuxième vers, D Jyêi- (j ist\AA>c 3I, leçon que le mètre fait rejeter; A ^y]l ^ b'^L.^ 3I. Cf. A(jham,loc. laud. p. i-y/i.
P. 2o5 (1). Le seul mot douteux est celui qui termine le deuxième vers; /) l'écrit qI^À^Î , A et M j,l JU.iJf. La vérilahie forme, hien que les dictionnaires ne la donnent pas, me paraît être j,Liu.iJf, puisque l"i'pillièt(! Jix.i; se donne au poil fauve de l'alezan. La scène grotesque où Saimari joue le principal rôle eut, paraît-il, un certain retentisse- ment; le grave auteur du FUuist lui-même lui consacre quelques lignes, p. 25 1. Le bouifon du khalife fut, s'il faut en croire le même ouvrage, un astronome distingué, et la liste de ses œuvres présente le plus étrange assemblage de travaux .sérieux et d'opuBCules obscènes. J'ai cherché à alténner la niaiserie de la Chanson Je iâne en la traduisant eu vers, et en m'ellbrrant de conserver le mètre arabe et l'uniformité de la rime, mais je suis le premier à reconnaître que le rigorisuu: de notre langue rend presqm; toujours infrnctunises de pareilles tentatives.
P. 2ot) (1). Fausse leçon dans toutes les copies. Il s'agit du célèbre grammairien IXiflawaïli ,<]nu\ le nom vi'ritahh" esl Abou Abd Allah Ibrahim bi'u Mohaninicd hcn ()l^■,l||; il lui, .ri ilVcl , nii de,s nombreux élèves de
li20 VARIANTES ET NOTES.
Mobened. Voir sa notice dans Ibn Kliallican, trad. I,p. 2f), et FihrisI , p. 81.
P. 207 (1). i4 et D ♦<')*>*3 , mais la deuxième forme est plus exacte; l'expression taaricl, ou indication détournée, est employée dans la rhéto- rique musulmane pour désigner une espèce particulière de métonymie. Cf. Jonrn. asiat. décembre i8/i5, p. 46 1.
P. 209 (1). Toutes les copies passant (^ou , il faudrait traduire «en 2 3o;)) mais c'est une méprise évidente de fauteur, puisqu'il ajoute plus loin, p. 21 1 : «En la même année 233, etc.» Voir d'ailleurs les notices données par le Nudjoum et le Karnil.
P. 210 (1). Deux copies, K, M ajoutent im vers qui n'est nullement en situation :
P. 2 1 1 (1). L'éditeur de K, oubliant que Maçoudi emploie fréquem- ment ^JiC ^6 dans le sens de gouverner, s'exprime ainsi dans une note marginale : « La leçon iva Jsana ala Bagdad se trouve dans toutes nos copies; il y a sans doute ici une lacune et il faut ajouter un mot comme chortah, c'est-à-dire il était chef de la police de Bagdad. Cette hypo- thèse est d'ailleurs justifiée par ce qui suit: «et il fut remplacé dans ses fonctions, etc.» Que le lecteur fasse cette correction.» Historiquement du moins, la remarque de notre confrère Mohammed Sabbagh est exacte. Cf. Ibn el-Athir, t. VII, p. 35.
Ibid. (2). Nom douteux: K et M ^-^ v_); D 3,i_«,^f au lieu de
p. 216 (1). Au lieu de linhli, K porte oLo\if[, «les serviteurs»; A ^Lo.Ji'î; illisible en M.
P. 218 (1). M et K ï:>y^; A TS.y^.
Ibid. (2). K ivaill; O écrit «Haroun, fils d'El-Moutazz. » C'est peut- être la bonne leçon, mais, quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas ici du fa- meux prince à la fois poète et musicien , connu sous le surnom d'Ibn el-Moutazz , car son nom était Abd Allah.
P. 220 (1). Les trois copies écrivent à tort /juji. D, que nous avons suivi, s'accorde avec Ibn kliallican, texte, p. 33, où se trouvent les deux premiers vers. D s « .U J [ £vû/o.
VAlllA.NTES ET NOTES. i2l
P. 2 22 (i). Leçon uii peu différente dans A , M , K : j>.o J.-û3 L««
Ibid. (2). /l, ilf. If lisent «Ei-Kaçem, fils de Djâfar, etc.» D «Abou 'I-
Kaçem Djàfar , fils de Djâdan. » Le nom est rétabli ici d'après Ibn
Khallican, texte, p. 694. A la ligne suivante, au lieu de Salihi, D porte ^U-aJt , les trois copies ^^L«i^[. Dans le traité intitulé Homonjma, etc. publié par M. de Jong, p. 85, il est question d'un certain Abou '1 Haçan Salilii, de la secte des Zeïdites.
P. 224 (1). A et M [^_$LiJy£, (joj\ ojl; ^ (JoJf Ljf., etc. La pre- mière leçon se lit aussi dans Ibn Khallican, mais la copie autographe porte ^^5\X5yC comme D. Cf. trad. t. II, p. 4 10. M. de Slane traduit: «'Tis thou who drownest me after meeting with thy fate; » prenant LâJUl dans le sens de trépas. Ma traduction s'accorde peut-être mieux avec les préjugés fatalistes des musulmans.
P. 22G (1). Deuxième vers, pour ^y^^, K et M Jil^; A JjJ^. Ibn Khallican ne le donne pas.
P. 227 (1). A , M K, ."^jL et, à la ligne suivante: «Mohammed, fils d'Ahmed Toussi.» Il s'agirait, dans ce cas, de l'Émir ainsi nommé qui périt, en 2i4 de l'hégire, dans l'expédition contre Babek.
P. 228 (i). M et A (^^W\ ■, altérations plus graves en A'. La copie /) seule respecte l'orlhograplie de ces noms, mais elle présente plusieurs lacunes dans la suite du récit. Cf. Ibn el-Atliir, VII, p. 2G.
P. 229 (1). M. ô^Jil; A omet le nom; K jo^t, leçon inadmissible; Moueyyed, prince du sang et liéiitier présomptif du Khalifat, ne pou- vait tenir le langage Iiumbie que lui prête l'auteur de cette tradition. La secte des Parsis, dont le Moubedân était le clief religieux , vivait obscu- rément en Perse, protégée par la tolérance de la coutume nuisiilmane.
P. 2.3 1 (1). Ici se place un paragraphe ([u'on doit considérer comme interpolé : ^js._aJvL /p?" *>->« (-'1 ^M'i '^-r>-^^) -S' O^ <J'*^ Cli*^*
Je n'ai trouvé uulhî j)art 1111 mot de l'cuscigiictneMt sur ci; personnage.
P. 233 (j). l) .il^l; passage douteux dans tous les exemplaires. A la ligne suivante, A et M iL^OM\.
422 VARIANTES ET NOTES.
P. 335 (i). La réponse d'Amr, c'est-à-dire ia ligne entière, n'est donnée que par D.
P. 2 36 (i). J'ai cru devoir ajouter les mots ii{Ai> jLs en supposant une lacune dans les copies. Sans cette addition le rôle des deux adver- saires serait interverti.
P. 237 (1). D'après la rédaction de nos copies, l^^à s'appliquant à l'année citée dans le paragraphe précédent, Souli serait mort en 2^0 , ce qui est inexact. Cf. Ibn Khallican, trad. t. I,p. 24. D'ailleurs ces dates sont données avec une certaine négligence par les copistes de Maçoudi , c'est ainsi que, plus haut, la date de la mort de Rawendi est placée en 2o5, tandis qu'il faut lire 2 A 5, etc.
P. 2^0 (1). Voici les variantes principales de ce morceau, rédigé en un style si goûté des Orientaux et pour nous si obscur. Pour ^y^Ijj , A, M eisLiA; pour Jf^aJÎ, M, D tSX-oli D (J^isâ ^^^jSi ; -1/ i^'y^9 ; pour
p. 24i (1). Au lieu de lOjJwj, A ^t^A^J; l'Aghani, t. IX, p. 3o, répète ^L./LwJ>'. Dernier hémistiche dans A, M, K :
p. 242 (i). Le deuxième vers n'est donné que par D; on le trouve
fi * aussi dans YAghani [ihid. p. 25) avec la variante (J^j, au lieu de i^c,.
Ibid. (2). Lacune de sept lignes en j1/ et K. La copie A place ce dis- tique après les vers rimes en q .
j> >
Ihid. (3). Au lieu de (jLïJI , K eijlÂxi; le deuxième vers est omis
dans YAgliani [ibid. p. 34); il est cependant indispensable au sens.
P. 243 (1). Deuxième vers, au lieu de l^cVÀJ, D UjjjOo'i M UotVJ ; ^1 bJtV.J.
P. 244 (0- M et .4, au premier vers, (_$sj"[, d'après quoi il faudrait traduire: «Ta pensée est de m' enrichir. » Au deuxième vers, les mêmes copies altèrent la mesure eu écrivant «-Ua.^'. Sur l'abréviation 9^12.^^^ , voir le Commentaire de Hariri, 1" édit. p. 80.
P. 24G (1). h'AgiLaiiiji. VIII, p. 23, cite le même distique, mais le second vers y est plus conforme h la pensée du poète.
VARIANTES ET NOTES. 'v23
P. 2/i7 (i). Ce mot doit être lu <uv.X avec le sens qui lui est cJoaué par le Koran, III, 12. Voir les observations Je M. de Jong dans son édition du Lalaîf, p. xi, et celles de M. de Gocjc, Fra<jni. Iiistor. arabic. t. Il, p. 3. Ibn Khallican, en copiant textuellement notre récit, p. 348, a rejeté cette même expression comme inutile ou peu claire.
P. 249 (1). A, M, K à tort i}Jj£ ^o xv^vj!. La copie D ajoute seule cet alinéa: «En 242, mort d'El-Haçan, iils d'Ali, Kerabissi. » Tout cela, nom, prénom, date, est erroné. Cf. Ibn Khallican, texte, p. 2i4; Ibn ei-Atliir, VII, p. 5g.
îbid. ( 2 ). .1, .)/, K (__3LijÇ; le Dictionnaire de Yakout ne cite ni l'un ni l'autre de ces noms.
P. 201 (1). Les copies donnent ici le fragment suivant, que je crois être une interpolation duc à quelque Chiite fervent. On ne le trouve pas cité dans le chapitre de l'origine des Perses, et le renvoi indiqué par l'auteur ne peut se rapporter qu'aux vers précédents. Au surplus, la ré- daction du paragraphe est confuse et dénote une certaine précipitation. Voici le morceau supprimé; je le copie dans l'édition de LJoulac : J^Sj
Ibid. [ 2). Au dernier vers. A, M fjoJiju ^. En employant le terme ChériJ, le poète fait probablement allusion à l'origine de son adversaire , ([ui descendait de la famille du Prophète.
P. 203 (1). A, M, K ajoutent ce vers après le troisième:
A et M le terminent par a^jAif. Au vers suivant, ^ ^ u*.^ , K ^
p. 255 (1). D, au premier h('mistich('
P. 270 (1). Les copistes, ii rexceplion de celui de />, ne comprenani pas que la sultane était nommée Kabihah , par antiphrase et à cause de
i2i VARIANTES ET NOTES.
sa grande beauté, ont changé son nom en celui de A-^yO- A l'appui de cette explication , voir le Lataïf de Tàlebi. Ibn el-Athir s'exprime en ces termes :
Kunùl et-tevarikh, VII, i35. Ce que Mirkhond (éd. de Bombay, t. III, p. 2o3) traduit par l'hémistiche suivant:
P. 270. (2). Le même historien persan rend le mot milraf, dont il est parlé ici , par tchâdir-i-cheb , « manteau de nuit. » Ce terme n'est pas ex- pliqué dans le Dictionnaire de M. Dozy.
P. 276 (1). Pour 1*3 y«, A ei M ^isy»; en marge de D, ce mot est remplacé par [J\$ o d'une main étrangère.
Ibid. ( 2 ). D dit seulement «quatre cents concubines. »
P. 277 (i). Au lieu de ^^\J^< A, M, K ^^\J et, au troisième vers, A>Jw«AJ S_w|. Voir les variantes dans AgJiani, t. VI, p. i83.
P. 278 [\). A, M, K a. tort o>;N3Ltl ^>J|. Il n'y a aucune raison pour adopter le diminutif Boaït, comme l'a fait l'éditeur d'Ibn el-Athir, ibid. p. 32. Cf. au contraire les Généalogies d'Ibn Doreïd, p. 1/17.
P. 279 (1). D supprimant une ligne, les vers, d'après cette copie, auraient pour auteur le même poète Ibn Baît. Cf. Ibn el-Athir, ibid. p. 64.
P. 282 (1). D'après-D, Kabihah elle-même se présente devant le Kha- life : JL^Ji o»^.^^- On a vu plus haut, p. 270, que c'était celle de ses esclaves-mères que Motewekkil préférait.
Ibid. ( 2 ). Au troisième vers , miislahiltat a , d'après le Kamous , le sens de pluie abondante et continuelle. D écrit c;jIJ2A.uki| «semblables à de longues tresses de cheveux. »
P. 287 (1). A seul donne la forme régulière; D écrit (j^'ofcSil . Cf. la notice du Nudjoum, et, en premier lieu, Navvawi, Biograph. Dictionary, p. 443.
Ibid
id. (2). K j_5yfcj,JÎ; D (_$v*îJf> mais, en marge de cette copie
VARIANTES ET NOTES. 'i25
un lecteur a corrigé en ajoutant en persan : « son vrai nom est Suleïman . fils de Daoud. »
P. 287. (3). li est impossible de ne pas voir ici une erreur de rédaction dont Maçoudi s'est rendu coupable, car, dans le passage cité auquel il renvoie (ci-dessus, p. 2 1 i), il indique précisément la même date. Ajou- tons que les historiens sont unanimes à placer la mort d'Ibn Main en 2 33, et que le désaccord porte seulement sur les mois de ladite année. Voir cette discussion dans la notice spéciale d'Ibn Kliallican.
P. 288 (1). K et M portent «Solian ben Feredj El-Ili. Cf. Yakout, s. V. J.I.
Ibid. (2). A et K (Çuj\; M (ji'jf; D non ponctué; mais l'ortlio- graphe est indiquée avec précision dans le Nudjoum, p. 720. Cf. Ibu el- Athir, VII, p. 44. Le deuxième docteur, surnommé Xersi, est nommé par ces deux auteurs « Abd el-Ala , fils de Hammad. »
Ibid.{Z). A (_)Ub ; D <_)Lw; K et i¥ cjU». Cf. Ibn Khallican, texte, p. 201. On voit, par cette note et celles qui précèdent, avec quelle né- gligence les copistes donnent les listes généalogiques, recueillies avec tant de soin par Maçoudi.
P. 289 (1). A, M, K ne font pas mention du Livre moyen, et termi- nent le chapitre par la formule ordinaire ^jLfJjXj] ami ,j»j.
P. 291 (1). A, M is\«2kUl. C'est à tort que, dans l'édition du }fod- jeni de Yakout, M. Wustcnfeld a imprimé ëj^Ul; Ibn el-Athir, VII, p. 68, a conservé la bonne leçon. D'après le Dictionnaire persan Borlian- i-kâti, ce terme désigne une taverne, une maison de jeu et de débauche.
Ibid. (2). Un boiu-g voisin de Bagdad était ainsi nommé. K porte
P. 293 (i). Trois copies lisent jl \. U V, du verbe tawa, i<|)lier;i) mais la suite prouve que telle n'était pas l'intention du Kiialife,. Au contraire, le sens de parfumer à l'aide d'aromates est indiqué j)ar le kainous à la 11° et à la IV forme de laru.
P. 294 (»)• ^^ c^ '^^ O ^' L'/l(//ia/ii, I. \i[I, p. i7('), le nomme Bunan ben Amronn, Mjy-^-
Ibid. (2). Le quatrième vers est supprimé par A, M, A; cependant il résume tout l'esprit de la pièce et ne peut avoir été omis par Maçoudi-
426 VARIANTES ET NOTES.
P. 296 (i). D dit simplement <uaa3 , «et il le renversa.»
P. 297 (1). Les deux premiers mots de cette indëcente 'invective pa- raissent être une sorte de locution proverbiale. L'auteur ajoute qu'elle fut mise en musique et, à la rigueur, on pourrait y reconnaître le mètre remel; cependant aucune copie ne la place en vedette, comme c'est l'usage pour les citations de vers, et nous savons en outre, par le témoi- gnage de YAgliani, qu'une phrase en prose servait quelquefois de thème aux musiciens.
P. 3oo (1). A, M, K (js jiÀ-<a.Jf. L'exactitude de la leçon de D est attestée par la notice du Fihrist, p. 298.
P. 3oi (1). M, K, D ajoutent ««^t J q!<U.
P. 3o2 (1). D 3/*^'î ^ (J'j^^i- ^^ forme régulière serait ^JsÀjf. «les deux colonnes ou phares.» Yakout, s, v. C'est une ruine aux envi- rons de Koufali , près de laquelle était le tombeau d'Ali.
Il)id. (2). Nom donné par A et illisible dans les autres exemplaires.'
P. 3o6 (1). D i^O-i^^^, au dernier hémistiche, au lieu de (>..^L. Toutes les copies terminent par Oo^li c\*J , ce qui renvei'se l'ordre de succession indique par l'auteur, p. 3o5 , et conforme au témoignage des principaux historiens.
P. 3o7 (1). Dans A, M, K la pièce n'a que deux heït, par la suppres- sion du deuxième hémistiche du deuxième vers, et celle de l'hémistiche
suivant. Au lieu de K^^, D porte «UJI.
Ibid. (2). Leçon de D; fes trois autres copies donnent ^»Ljf. La révolte de ce Kharédjite paraît avoir échappé à l'attention des priiici- paux chroniqueurs arabes.
P. 3i5 (1). K porte \\^ et ensuite Is^t; leçons peu lisibles dans les copies; cependant A porte nettement k^. Il résulte d'un passage du Voyage au Ouaddj, traduit jiar M. PeiTon, p. 5 80, qu'on appelle Jer/i, en Egypte, une espèce d'amande qui s'ouvre en deux sous le plus léger effort des doigts. Cf. Edrisj, éd. Dozy et de Goeje, p. 309.
Ili'ul. ( 2). Après le quatrième vers, A, M, K ajoutent cekii-ci :
VARIA>JTES ET i\0TE8. ^27
A écrit L&J.XC, et plus loin y'vs^JI; enfin, au dcrnici- vers, au lieu de
/j|3^-4f »-Ji. r> c_>U^ jj|- Quant à rinccrtitude des copies signalée dans la note précédente sur les mots djauz cXjcrk, elle se reproduit dans les vers.
P. 3i9 (i). A, M, K lisent Jj^Axif «j^a-i, leçon dont je ne com- prends pas le sens; du reste, les mêmes copies sont incertaines dans le paragraphe entier.
P. 326 (1). La copie D, qui est le meilleur de mes manuscrits pour les fragments de vers cités, ayant omis le paragraphe entier, je n'ai eu, pour ces vers et les suivants, que le secours de l'édition imprimée et des copies A et M. Le sens du dernier hémistiche est particuiièrcmcat incertain, et je ne garantis pas l'exactitude de ma traduction.
P. 327 f I ). On pourrait traduire aussi « Ses larmes, etc. sont des perles sur des perles ; » c'est-à-dire sur des joues belles et pures comme des perles. Je doute cependant que les poètes arabes comparent à la perle le visage de leur maîtresse, tout au moins n'en ai-je jamais rencontré d'exemples dans les Divans.
P. 332 (1). Lacune de deux lignes dans A, M et A'. Quoique les le- çons de D ne soient pas non plus exemptes d'omissions dans ce para- graphe , elles sont cependant d'accord , pour le sens général , avec les pas- sages correspondants chez Ibn cl-Alhir, p. S[\ , et ]hn Michkwcïh , p. J70.
P. 333 (i). Au lieu de yi^^c, les trois copies lisent /j^^v^ ^ c^^ ^"i affaiblit sensiblement la justesse de la métaphore. D rédige ainsi le sixième vers :
A et M terminent le onzième vers par jtJy . «L dans K le dernier vers commence par (_)yli.» <_>dii~^.
P. 33.) (1). A, M et D ajoutent ici : Lfçi^ <o^i>^ J^ ^^^] ^\y\
P. 330 (1). A, M, K donnent ainsi le beit : JaIjJ! 'J\':> iuJl^ ^yJ ^^ J_A_i_£. o>-^ cx'^t o^4^y mais Ibii cl-Alliii', qui cile li> mêmes vers, s'accoide avec la ((ipic /»,
;i28 VARIANTES ET NOTES.
d'après laquelle ils sont donnés ici. A l'avant-dernier vers, les trois co- pies et Ibn el-Athir écrivent JywJl (jijt, leçon qui n'est pas inadmis- sible si le verbe est lu à la voix passive.
P. 336. (2). Au premier vers, A et M ^^Jf^; R' ^iJl- Au vers suivant, les trois mêmes copies remplacent «Ljof par ïf^.f.
P. 337 (1). Au premier vers, D seul lit ,_^-yJf o-^S^, les trois autreg copies remplacent, au vers suivant, la leçon «CU.«.« par aX^«.
Ibid. (2). A, M, D portent AU au lieu de Ismaïl. Dans le fragment d'Ibn Miclikweïh, p. 568, on lit que ce cbef se nommait Huçeïn, fils d'Ismaïl, fds d'Ibrahim; généalogie confirmée par Ibn el-Athir, t. VII, p. 83.
P. 338 (i). La lecture du troisième vers est très-incertaine; voici comment il est donné par A , M, K :
La principale difficulté porte sur (_jtNJ . ^ue M écrit ,Wt>J ; ^ citXJ- ce qui est plus près de la vérité, puisque ^^^ signifie battre des ailes sans voler, tandis que {__j. a le sens de déployer les ailes pour prendre l'essor. Dans une note marginale l'éditeur égyptien fait observer, pour le mot 0-X3.A*' » que cette forme quadrilitère est autorisée par le Kamous. tandis que Djawhari ne le donne que comme verbe trililère.
P. 34 1 (i). Deuxième vers. A, M, K •jlaX^', et, dans l'hémistiche .suivant, uJou pour KnIju. Cinquième vers, D, pour |^»oJ> , écrit ^^^1; au vers suivant, ^J^J ^.
P. 3^2 (1). Les copies /l et- il/, outre plusieurs mots omis , lisent en 206, l'édition imprimée n'a pas corrigé cette erreur de date.
P. 343 (1). D et M ^[mJ\; a ^sLiJi; K sUxjf, ingénieuse correc- tion de l'éditeur égyptien , par où l'on peut apprécier la valeur des érudits musulmans en matière de restauration des textes historiques. Il se peut, d'ailleurs que Maçoudi lui-même ait mal écrit le nom ; il s'agit d'un chef de Deïlem, nommé par Ibn el-Athir Asfar, fils de Ciiirweïh, t. VIII, p. i38; même leçon dans Abou '1-féda.
P. 345 (1). Je pense qu'il faut ajouter ici Ben AU, comme le fait Ibn el-Athir, t. VII, p. 88.
VARIAMES ET NOTES. ^2'.)
P. 3/j5. (2). D porte siniplenicnt «oJ* ^ passant le reste. A , M, K donnent jj^,.^!; mais, dans une note marginale, IVditeur de A' ajoute qu'iuie autre copie porte ia-w.^f «Jy^ ^j> , ce qui ne rend pas la phrase plus intelligible. La lecture que je propose est autorisée par les princi- paux historiens. Le texte du Kaniil et-lcvurikh publié par AL Tornberg renferme, p. iio et suiv. de graves erreurs dans les noms propres; il est vrai (pie la bonne leçon se trouve souvent dans les variantes de l'édi- tion.
P. 353 (1). A et M ïouJ^; D ^vy»^.
Ibid. (2). Au lieu de ^j\y^> ^> ^i ^ A.' qÎo^', et YAghani, t. XX, p. i54. où les mêmes vers sont cites avec des variantes importantes, écrit (jl^; mais notre lecture n'est pas douteuse. On sait que dans l'Arabie méridionale, et, en particulier, à Nedjràn se trouvait une école de médecins chrétiens que le peuple considérait conmie d'iiabiles sor- ciers. Voir le Modjeni de Yakout, s. v. et Prairies d'or, III, 290. A ter- mine ainsi Le vers sixième ^fj^d! ,f<»v»J' (Jù-i^- Les deux derniers vers ne sont peut-être qu'une interpolation , ils ne se trouvent dans au- cune des versions de YA(jliani. M. le D"^ Perron a traduit librement toute l'anecdote dans son Essai sur les femmes arabes , etc. p. 197 et suiv.
P. 358 (1). D, au premier vers, jjjlXjj^j. Au lieu de ^^-^■. VAghani lit ciLiX!, «que tes mains me donneraient la mort, « leçon plus naturelle; le suicide n'est qu'une exception très-rare dans les mœurs arabes. Voir une autre relation de la même anecdote dans la vie de Kaïs ben Zoraïli, Aghani, t. VIII, |). 1 i/i.
P. 363 (1). Seule la copie M ajoute sans raison Uo tyAt] ^a (jLO
P. 365 (1). A l'exception de D, les copies portent c_)v^ J'-^'j J^^' mais l'évasion du prince eut lieu sans éclat ni cortégi".
P. 372 (1). Ici encore les copistes, sauf celui de /), ont changé ce nom en la forme À.^yj. Voir la note de la page 270.
P. 373 (1). A' -.UkoJ! t-^La.; ni (lcii\iirnc liéniisliclie , /) .seul
P. 37'! fi). Confusion dans phisifiirs de res noms. An lieu de M>nii Uarbriii i\uf doiniriil les copies, iinr ncilf marginale (!<■ /) porte qu'il
Zi30 VARIANTES ET NOTES.
faut lire Abou Hicham, ce qui est conforme au Nudjoum, t. II, p. 763. A la ligne suivante, au lieu de (j'Uji une correction en marge de D donne (j'jy '. lecture identique à celle du Nadjoam, t. III, p. 249. Le nom suivant Abou Koreïb est faussement écrit Ahou Behr par trois copies.
P. 375 (1). Note marginale de D: «Le vrai nom d'Abou Moslem est El-FIaçan, fils d'AJimed. » Le surnom du jurisconsulte cité à la ligne précédente est, d'après le Nudjoum, Taïmi au lieu de Tamimi.
P. 076 (.1). K (^AXj; sans points diacritiques dans A et M.
P. 38o (1). A, M, K ajoutent le mot -«-jLj, «pendant que je dor- mais ; » cette addition s'accorde difficilement avec la suite o«>>^ 1 «"te-
P. 382 (1). A et K (jL^ jjL^o; M Xm£. (jÎjaj.
P. 384 (i)- Trois copies nomment ce poète El-llaçan, au lieu de El- Hiiçeïn. D termine le premier vers par yj^ ; M et A par o<^. Les dic- tionnaires donnent seulement à la VHP forme de ce verbe le sens de rentrer dans la nuit; il faut l'appliquer aussi à la première forme. Au troisième vers , A , M, K écrivent *XJ (J contrairement à la mesure du mètre khafif.
P. 386 (1). A, M, K ;tjL]I. Je me suis décidé à traduire ainsi, d'après le témoignage suivant de Tabari : « Chacune des deux moitiés de Bagdad , c'est-à-dire la rive orientale et la rive occidentale du Tigre, étaient di- visées en quatre roa//a , placés sous la juridiction de salieb rouh'a, délé- gués du gouverneur, et qui avaient sous leiu's ordres les prévôts de ces ([uartiers. » UAghaiiii t. XX. p. 85, en racontant la même aventure, dit simplement le chef de la police, saheb chortah.
P. 387 (1). D i^ûAJ ; nom omis en M; Aghani, u/^Lo.
Ibid. (2). Les copies, sauf D, ajoutent ici o>-'^5 , attribuant ainsi les vers suivants à l'esclave, tandis que YAjhani, d'accord avec D, les met dans la bouche de Mani ; d'ailleurs , si l'on adoptait cette addition des co- pies, les mots «elle se mit à chanter,» qui viennent après le distique, n'auraient plus de sens. Au deuxième vers, pour t'ysu , les trois copies jwrtent iy>sj; Atjhani *J(>«j.
P. 388 (1). Au premier vers, /( t>.4vjiÀX5 ; au troisième, au lieu de iXJji, A et M (jodj , D cNJtUl-
VARIANTES ET NOTES. ^31
P. 391 (1). Dciixièmo vers, D i^AJ Jj^yt. A, M, K linissent le Iroisiènic par J^l.-« tVs^u.
P. 392 (1). Après le dcuxicmc vers, les copies ajoutent celui-ci, ([ui ne paraît pas être à sa vraie place :
A ^^^Loj; M d.s3Lrj.
P. 4o2 (il. M, Ben Yé:id. Dans Ibn cl-Alliir on lit, t. VU, p. iA8. ZeïJ bcn Ali, mais, pins loin, p. iGb, la bonne Icron est rétablie.
SUPPLEMENT AUX CORRECTIONS
DU TOME VI.
P. 69,1. 3 , la traduction du deuxième vers serait peut-être plus exacte en étant modifiée ainsi : «Ou semblable à la jeune fille que sa famille considère comme chaste, tandis qu'elle est déjà dans son neuvième mois
(de grossesse). «
P. i83, 1. 2, ou /ieu rfc fourreau , Usez ceinturon.
P. ail, avant-dernière ligne, Usez O vent, pourrais-tu m'imiter?
P. 292 , 1. !i , au Ueu de sans y revenir, Usez sans y être attiré par un rendez-vous.
P. 35/i , dernière ligne, au Ueu de l'un de l'autre. Usez des autres hommes.
P. 407, 1. 6 du texte, au Ueu de o-kc. Usez J~^ , el effacez le même mot JU^ de la ligne suivante.
P. 466, 1. 3, au Ueu de attends le départ (la mort), il vaut mieux tra- duire « Attends la miséricorde de Dieu , etc. » tel est le sens donné au mot r^„^ dans Koran, XII, 87.
P. 48/4, 1. i5, au Ueu de croyant lire son souvenir, etc. Usez croyant voir son visage éclairer la nuit.
COKHECTIONS DU TOMK V
p. 17, I. 7, lui lieu de {J^,^ji> , lisez (jf^^'JLl .
P. 20 ,1.1, Usez wojij.
P. 35, I. 9, Usez J-^j.
P. 77, I. 3, (Ni lieu de Saniniani, lisez Saïuiiiaii.
P. 87, I. 7, lisez i^^ly
P. I 18, I. 2, lisez Moliaminpdites.
P. 202 , I. /| , au lieu de 0^^, lisez j>9..
P. 2 1 6 , I . '1 , lisez «o [A^^■4■ ■
P. 220, I. 7, au lieu de ^y.^\ , lisez ^^a..^)]-
P. 287, 1. G, uu lieu de IsblA/e, lise: L^U^o.
P. 2Ô9, I. f), ai; lieu de ^_àA^, lisez ^_ÀJv^.
P. 266, 1. I, ou lieu de (_^/Jb , lise: ^^^S^3.
P. 3i/| , 1. 10, lisez ltV.^j-0.
P. 38r), I. 3, au lieu de ^^^^Jkx. , Usez ^>Àc.
P. 3t)7, I. '( , ((// /(('// de v-oy^ . /'•'''■ (l-â-vS.
■jb
TABLE DES PRINCIPALES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME VII.
Puges.
Avertissement i
Chapitre CXIV. Khaliflit d'El-Mainoun i
Ses noms et surnoms , p. i . — Son âge , durée de son règne , sa mort, p. 2. — Ses différents ministres, p. 3. — Ses rapports avec Ibraliim , fils de Melidi , p. !\ . — Vers d'Abou Dolaf et de Mamoun, p. 5. — Maximes du Khalife et fragment de ses allocutions, p. 7. — Discussion entre Tomamali et Yaliya, lils d'Aktam, p. 10. — Un parasite fourvoyé parmi les Manichéens, p. 12. — Une aventure déjeunasse d'Ibrahim, fils deMehdi, p. i6. — Plaisan- terie du nnisicien Ishak sur le surnom d'Attabi, p. 2 0. — Parallèle du secrétaire et du courtisan, p. 29. — Vers d'Abou 'l-Atahyah, p. 3i. — Un souper chez Mamoun, p. 32. — Embarras de ce prince dans trois circonstances, p. 35. — Son entrevue avec les délégués soufis, p. 38. — Dépravation du kadi Yahya, fils d'Aktam, p. l\Z. — Mort de Chafeyi, détails biographiques, p 49. — Eaux prophètes conduits devant Mamoun, p. 52. — Révoltes des Alides, p. 55. — Ibn Tabataba, p. 07. — Mort de Fadl, fils de Sehl, et de fimain liida, p. 61. — Révolte et capture d'Ibrahim, lils de Mehdi,p. 62. — Les noces de Bouran , p. 05. — Autres traits de la vie d'Ibrahim , fils de Mehdi, p. 68. — Nécrologe, p. 72. — Pauvreté et désintéressement de Wakidi, p. 73. — .Sainman et le Kiialil'i; Mansour, p. 75. — Abbas Alcwi, p. 79. — Mort d'Abou Obeidah, p. 80. — Mort d'Abou 'l-Atahyah, frag- ments de ses poésies , p. 8 1 . — Observations sur la pro- sodie arabe, p. 87. - Causes de l'aversion de Mamoiui
i36 TABLE DES MATIERES.
Pages.
pour Moâwiah, p. 90. — Nécrologe, p. gS. — Dernière expédition deMamoun, p. 9''i. — Détails sur sa piort, p. 96.
Chapitre CXV. Klialifat de Moulaçem 102
Son avènement; ses surnoms; dates principales, p. 102. — Maximes de Moutaçem, p. 10/i. — Mésaventure du mé- decin Ibn Masaweïh, p. io5. — Plaisanteries d'Ali, fils de Djoneid, p. 107. — Le vieux nabatéen, p. n3. — Nécrologe; supplice d'Ibn Hanbal, p. 1 1 4. — Révoltes des Alides, p. 116. — Fondation de la nouvelle capitale Saniarra, p. 119. — Capture de Babek, p. i2 3. — Son supplice, p. 129. — Expédition contre l'empereur Théo- phile, p. i33. — Révolte et mort deMaziar,.p. 137. — Mort d'Abou Dolaf; son dévouement à la cause d'Ali, p. 139. — Nécrologe, p. i43. — Mort du Khalife, p. i44.
Chapitre CXVI. Rhahfat de Watik-Billah 1 /j5
Ses noms et surnoms; dates principales, p. i\o. — Faitre- vue d'un Arabe nomade avec Abou Tammam, p. 1/17. — Détails biographiques sur ce poète, p. i5i. — Parallèle entre Abou Tammam et Bohtori, p. i55. — Poésie élé- giaque d'El-Haçan , fils deWehb, p. 167. — Nécrologe, p, 169. — Discussion sur les principes de la médecine, p. 172. — Explication de l'appareil dentaire par le mé- decin Honeïn, p. 180. — Causes des variations atmos- phériques, p. 182. — Aphorismes sur la mort d'Alexandre, p. i86.
Chapitre CXVII. Khahfat de Motewekkil-Alallah 189
Ses noms et surnoms; dates principales, p. 189. — Sa con- duite politique , p. 1 90. — Ses goûts frivoles , p. 191. — Il règle la succession au trône, p. 193. — Supplice d'Ibn Zeyyat, p. igii- — Le fou du couvent de Saint-Héraclius, p. 197. — Le poète Bohtori, p. 202. — Ballade de l'âne amoureux, p. 200. — Piété d'un descendant d'Ali, p. 206. — Mort d'Ibn Samaah et nécrologe, p. 209. — Aventure d'une jeune fille de la famille d'Ali, p. 21 1. ^ — Disgrâce du kadi Ahmed, fils d'Abou Douad, p. 2i4. —
TABLE DES MATIERES. ^37
Pages.
Eloge de ce personnage, p. 21 5. — Le ragoût du ma- telot, p. 220. — Désespoirs d'amour, p. 222. — Disgrâce d'Omar ben Feredj , p. 228. — Funérailles d'Ibn Hanbal , p. 229. — Controverse entre Allaf et Hicliam.lils d'El- Ilakem , p. 232. — Entre ce dernier et Amr ben Obcid, clief des Moutazélites , p. 2 34. — Mort de Rawendi. p. 23-7. — Anecdote sm* le poëte Souli, p. 2 38. — Extraits de sa prose et de ses vers, p. 2 4o. — Derniers moments d'Abbas, fils d'Almef, p. 2/jY. — Le poëte Ali, fils de Djehm, p. 249. — Fragments de ses poésies, p. 202. — Séjour de Motewekkil à Damas, p. 267. — Ses troupes se révoltent, p. 258. — Les Turcs le sépa- rent de Boga l'aîné, p. 209. — Conjuration contre le Khalife, p. 262. — Il est assassiné par Baguir, p. 2G7.
— Détails sur cet événement, p. 269. — Intrigues des Turcs, p. 273. — Réflexions sur le meurtre du Khalife, p. 274. — Sa prodigalité, p. 276. — Anecdotes, p. 277.
— Elégies sur sa mort, p. 279. — Dévouement de son esclave Mahboubeh , p. 281. — Nécrologe, p. 286.
Chapitre CXVIII. Khalifat de Mountasir-Biilali 290
Son nom; dates principales, p. 290. — Le lapis du meurtre, p. 291. — Poésies composées par le khalife, p. 295. — Brutalité du vizir Ahmed, fils d'El-khaçib, p. 296. — Causes de la mort de Mountasir, p. 297. — Autres ver- sions sur cet événement, p. 3oo. — Profanation du tom- beau d'Ali, p. 3o2. — Mountasir fut favorable aux Alides, p. 3o3. — Comment il régla .sa succession, p. 3o4. — Anecdote sur .sa générosité, p. 309. — Le poète Hariri, p. 3 1 I . — Aventure d'Abou Otnian Sâïd , p. 3 1 G. — Bon mot d'un liabitant de la Mec(|ue, p. 3to.
Chapitre CXIX. Khalird de Moslaïn-Billah 323
Ses noms et surnoms; dates principales, p. 324- — Ses ministres, ihid. — Sâ'id, fils de Ilomeïd, p. 32."). — Le poëte Abou "1-Bassir, p. 328. — Révolte de Yahya, lils d'Omar, p. 33o. — Elégies sur .sa mori , p. 333. — Le poëte Ali Iliininani, p. 337. — Révolte des Alides dans le i'abarist.îii , p. 342. — Dans la ville de Rey. p. 344.
— A Razvvin, p. 345. — A Koufah, ihid. — Moslaïn régie sa succession en favcin- d'Abbas, son (ils, p. 340.
Pi
Ù38 TABLE DES MATIERES.
— Anecdotes relatives au petit-fils de Talier, p. 347. — Les Martyrs de l'amour, Orwah et Afrâ, p. 35i. — Medj- noun, p. 356. — Mort de Boga l'aîné, p. 36o. — Sa bienveillance envers les Alides, p. 362. — Mostaïn se réfugie à Bagdad, p. 363. — Les affranchis turcs se dé- clarent pour Moutazz, p. 365. — Défection d'IbnTaher, p. 367. — Abdication dé Mostaïn, ibiJ. — Moutazz est salué Khalife, p. 369. — Il fait assassiner Mostaïn, p. 370.
Chapitre CXX. Khalifat de Moutazz-Billah 872
Ses noms et surnoms; dates principales, p. 372. — Poésies sur fabdication de Mostaïn, p. 373. — Nécrologe, p. 374.
— La bague merveilleuse, p. 376. — Vers en fhonneur de Moutazz, p. 377. — Mort d'un descendant d'Ali, p. 379. — Déférence de Motewekkil à fégardde ce per- sonnage, ibid. — Tradition conservée dans la famille d'Ali, p, 382. — Mort de Mohammed, petit-fils de Taher, p. 384. — Son entretien avec un certain Marn, p. 385. — La musicienne Mouniçah, p. 387. — Complot et meurtre de Moueyyed, p. 393. — Révolte des Alides, j). 396. — Sédition des Maulas à Bagdad; meurtre de Boga le jeune, p. 396. — Moutazz est assiégé par les Turcs dans son palais, p. 397. — Il abdique en faveur de Mouhtadi, p. 399. — Elégies composées à l'occasion de cet événement, ibid. — Luxe de Moutazz, p. 4o2.
— Révolte des descendants d'Ali , ibid. — Comment pé- rirent plusieurs de ces prétendants, p. 4o4. — Premiers symptômes de la sédition du chef des Zendj , p. 4o5.
Variantes et notes 467
Supplément aux corrections du tome VI I1S2
Corrections du tome Vil Zj33
FIN DU TOME SEPTIEME.
^
SIIMDmG £ APR Z 9 1968
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