EUGENE PENARD Docteur ès-sciences. LES SARCODINÉS DES GRANDS LACS AVEC 57 FIGURES DANS LE TEXTE GENEVE HENRY KÛNDIG, ÉDITEUR Libraire de rinstitut. 11 , COURATERIE, 11 1905 Tous droils réservés. GENEVE IMPRIMERIE W. KÛNDIG & FILS PREFACE Dans toute une série de travaux, dont les premiers remontent à 1891, et qui se sont poursuivis jusqu'à cette année même, j'ai décrit les uns après les autres un nombre assez considérable de rhizopodes ou d'héliozoaires rencontrés dans le lac Léman, et dont la présence n'avait pas encore été signalée ailleurs. En 1899, je montrais qu'il y avait là une faune spéciale, non pas au Léman seul mais à tous les grands lacs profonds de la Suisse, et qui manquait absolument à la plaine. Deux ans plus tard, je retrouvais un certain nombre de ces formes spéciales sur les rivages mêmes du lac et non plus seulement dans ses profon- deurs ; quant aux marécages, aux étangs, aux tourbières, ils continuaient à ne montrer aucun de ces représentants caracté- ristiques des grands lacs. Enfin plus tard encore, en 1902, 1903, 1904, j'ajoutais à la liste de ces organismes spéciaux quelques formes nouvelles. Après m'être livré, dans le courant de cette année *, à une re- vision générale des Sarcodinés du Léman, revision qui m'a per- mis de retrouver dans le lac aux environs de Genève presque toutes les formes caractéristiques précédemment décrites, tout en ne m'en fournissant plus qu'une seule de nouvelle (Difflugia pj'œstans), je crois le moment venu de récapituler tout cet en- semble d'observations. Les organismes dont nous allons nous occuper se trouvent il est vrai décrits et figurés, soit, pour les rhizopodes propre- ment dits et jusqu'en 1902, dans mon ouvrage sur les « Rhizo- ^ Cet ouvrage devait, dans mes intentions, paraître en décembre 1904 ; aussi la mention « cette année », qu'on trouvera plusieurs fois répétée, ne veut-elle pas dire 1905, mais 1904. PREFACE podes du Bassin du Léman », soit, pour les héliozoaires, dans ma monographie de 1904, « Héliozoaires d'eau douce » ; mais ces deux gros volumes ne sont pas facilement accessibles à tous ; de plus, les espèces qui nous importent aujourd'hui s'y trou- vent disséminées parmi celles, infiniment plus nombreuses, qui forment le fond de la faune générale de la contrée. Dans ces deux volumes, chaque espèce est traitée avec tous les dévelop- pements qu'ont pu me fournir mes études; aujourd'hui, je vou- drais me borner aux renseignements nécessaires pour la seule détermination, donner de chaque espèce une bonne diagnose, accompagnée d'une ou de plusieurs figures suffisamment pré- cises ; chaque diagnose sera suivie de quelques brèves ré- flexions, destinées soit à préciser les caractères de l'espèce, soit à attirer l'attention sur quelque point particulier, ou bien encore à présenter quelques faits nouveaux. Enfin un dernier chapitre résumera les connaissances que nous avons aujour- d'hui sur cette faune spéciale, et se terminera par quelques dé- veloppements généraux. Le catalogue actuel ne comprend pas, il faut l'observer, uni- quement des formes inconnues dans la plaine : dans tout grand lac en effet, on peut faire une distinction entre une faune de dispersion générale et une faune caractéristique. La première, que l'on peut s'attendre à retrouver un peu partout dans les marécages des environs, concerne des espèces plus ou moins nombreuses suivant la contrée ; c'est, en un mot, la faune de la plaine, égarée dans la profondeur, où elle est représentée par des individus clairsemés ; relativement au lac, c'est la faune er- ratique. De celte faune, je ne me suis ici pas occupé ; elle est essentiellement variable d'un lac à l'autre, et il n'y aurait guère d'utilité à mentionner celle du Léman, la seule d'ailleurs que l'on puisse considérer comme connue dans ses grands traits. Quant à la faune caractéristique, qui revêt pour ainsi dire une physionomie spéciale et se trouve au fond des lacs dans son élément normal, on pourrait à la rigueur la subdiviser, et y voir 1" les formes essentiellement caractéristiques, inconnues ailleurs que dans les lacs, et 2" les formes qu'on pourrait appe- PREFACE 1er siib-caractéristiques, qui se sont retrouvées dans certains fleuves, ou dans des bassins d'eau claire et fréquemment renou- velée, dans des étangs artificiels dont Teau provient, en défini- tive, des lacs ou des rivières. Or il n'y a pas de raison pour sé- parer en pratique ce second groupe du premier, les formes, d'ailleurs rares (8 en tout pour le Léman), qu'elle comporte étant peut-êlre encore mieux chez elles dans les lacs que dans la plaine. Ces espèces seront donc ici décrites comme les autres. Le titre que revêt cet opuscule n'est pas tout à fait exact ; il aurait fallu dire : « Les Sarcodinés du Léman, avec réflexions sur quelques autres lacs suisses « ; en effet, il n'y a guère que le Léman qui ait été sérieusement étudié sous le rapport des organismes qui vont nous occuper ; pour les autres lacs, il n'a été fait que très peu de chose. Mais un rapide contrôle a pour- tant fourni la preuve que cette faune spéciale s'y retrouvait, en Suisse, partout à peu près la même. Quant aux lacs de l'étran- ger, je n'en connais aucun où les Sarcodinés aient été étudiés autrement que comme organismes constituants du plancton ; autrement dit, il n'y a rien de fait ; le Loch Ness en Ecosse est aujourd'hui peut-être le seul qui, grâce à quelques récoltes que M. ScouKFiELD a eu l'obligeance de m'envoyer, puisse nous fournir des renseignements utiles. Mais il m'est bien difficile de concevoir que cette faune caractéristique soit particulière aux seuls lacs de la Suisse; elle doit, semble-t-il, se retrouver un peu partout dans les profondeurs, plus ou moins modifiée peut-être mais reconnaissable encore, et c'est par une anticipa- tion sans doute un peu hardie que j'ai cru pouvoir donner à l'ou- vrage actuel le titre qu'il porte aujourd'hui. CHAPITRE I DIAGNOSES Pelomyxa fragilis Penard*. p. fragilis. Penard, Arch. fur Prolistenkunde, vol. 3, 1904, p. 397. Corps volumineux, arrondi au repos, étalé-déchiqueté dans son état d'activité, à déformations lentes mais fortes ; recouvert presque toujours d'un manteau de débris et de particules étrangères sous lesquels l'animal aime à se cacher. Pseudopodes variables d'aspect, clairs, déchiquetés, souvent tronqués à angle droit à leur extrémité. Endoplasme rendu grisâtre ou jaunâtre par des myriades de granulations extraordinairement petites, et renfermant en outre de grandes quantités de bâtonnets, ou bac- téries parasites, très fines, droites ou légèrement recourbées en arc. Noyaux extrêmement nombreux (plusieurs centaines), soit de 5 u de diamètre, à nucléole unique et central, soit, plus sou- vent, ovoïdes, de 6 à 7 ju de longueur, et renfermant alors 1, 2 (ou rarement 3) nucléoles, très nets, d'un bleu pur, ronds, de * Dans cet ouvrage, j'ai laissé intentionnellement de côté les Gymnainœ biens. Ce n'est pas qu'il manque dans le Léman de formes nues qui jusqu ici semblent lui être particulières ; mais les amibes restent encore aujourd'hui trop peu connues pour qu'on puisse affirmer que telle ou telle ne se retrouve pas dans la plaine. Je fais cependant une exception pour cette seule Pelomyxa fragilis, que je n'ai jamais retrouvée dans les marécages, et dont les caractères sont particulièrement bien tranchés ; c'est à peine d'ailleurs si on peut la considérer comme une forme nue, grâce au manteau de débris dont elle aime à se recou- vrir. J ^Id ^ I SARCODINES 1 72 à 1 7^// en général. L'ectoplasme est également parsemé de vacuoles, en nombre plus ou moins considérable, dont quelques- unes fonctionnent comme vésicules contractiles. Taille moyenne, à Tétat d'expansion, 180 à 300 [x. ® © Pelomyxa fragilis. — A gauche, l'animal étalé ; à droite, un animal recouvert de son enveloppe; à droite en bas, deux noyaux et une des bactéries caractéristiques. Habitat. Lac Léman, Genève, 15 et 40 mètres de profondeur; également sur le rivage à la Pointe à la Bise. Cet organisme est rare, ou du moins on a rarement l'occasion de l'observer, par le fait qu'il se trouve pour ainsi dire tou- jours recouvert d'un manteau protecteur. C'est un feutrage de débris de toute sorte, diatomées mortes, fibres végétales, par- ticules de boue, dont l'animal s'entoure et sous lesquels il reste obstinément caché. Mais si après avoir isolé la Pelomyxa on porte sur le couvre-objet un coup brusque, on réussit assez fréquemmentà désagréger d'une fois ce manteau caractéristique ; l'animal mis à nu s'allonge alors, s'étale, répandant autour de DES GHA^DS LACS 9 lui des oncles de plasma très clair ou poussant des bras déchi- quetés. Cet organisme est extrêmement délicat, et pendant la mani- pulation exigée pour son isolement, on s'expose trop souvent à le perdre; il se déchire, se perce, éclate en l'usée, et tout s'éva- nouit à la vue, sauf parfois une pellicule extraordinairement fine, plissée, qui reste là comme un sac vide, montrant en tout cas que, comme dans certaines autres amibes, le plasma est ici en réalité durci à sa surface en une couche mince qui peut jouer le rôle d'une membrane d'enveloppe; mais ici la pellicule est bien plus fine encore que dans VAmœba terricola typique sous ce rapport. Gochliopodium spumosum Penard. C. spumosum. Penard, Arcli. f. Prolistenkunde, vol. 3, 1904, p. 401. Corps arrondi ou ovale au repos, ou sans forme précise, len- tement déformable, recouvert d'une enveloppe chitineuse très mince, invisible sur un examen superficiel, très faiblement jaunâtre, réticulée d'une dentelle délicate d'alvéoles à mailles fines. Cette enveloppe est très souple, et susceptible en se mou- lant sur le plasma de prendre part à toutes les déformations de l'animal, laissant pourtant à nu les pseudopodes. Ectoplasme se répandant en lames, ou bien aussi formant des pseudopodes courts, lobés, arrondis ou pointus à leur extrémité, rarement échancrés ou divariqués, extrêmement lents dans leurs défor- mations, faits d'un plasma ferme et tenace, d'un bleu opalisé très clair. Plasma tout rempli de vacuoles arrondies, serrées les unes contre les autres, puis de très petits grains clairs et brillants disséminés dans les parois de séparation des vacuoles. Généralement une, deux, ou trois vésicules contractiles, qui peuvent arriver à un volume considérable et faire saillie à l'ex- Lj L I 3 R A R Y : 10 SARCODINES térieur. Noyau sphérique, de taille faible, vésiciilaire, à mem- brane lisse et bien nette, renfermant un suc nucléaire limpide et un nucléole unique, central, pâle, très franc de contour, par- fois creusé d'une petite lumière ou lacune centrale. Cochliopodium spiimosum. Taille moyenne, à l'état de repos, 50 à 60 j^ ; à Fétat d'épa- nouissement, 90, 100, 110 u et plus encore. Habitat. Lac Léman, Genève, 20, 30, 35 mètres de profondeur; rivage, à la Pointe à la Bise. L'élément le plus caractéristique dans le Cochliopodium spu~ mosiim, c'est cette enveloppe pelliculaire, extraordinairement fine, qui recouvre l'animal tout entier; en décrivant pour la première fois cette espèce, j'indiquais comme probable le fait que dans l'animal étalé, la pellicule ne formerait qu'un manteau largement ouvert à sa base comme la coquille d'une patelle. Dans le courant de cette année, j'ai pu constater qu'il en est bien ainsi; j'ai vu également des pseudopodes se faire jour ici ou là en repoussant la pellicule enveloppante, qui finissait par s'ouvrir devant eux. 11 y a là quelque chose en apparence d'anormal, et que je ne parviens guère à m'expliquer; l'enve- loppe est en effet très résistante, ne se dissolvant qu'avec dif- ficulté dans l'acide sulfurique concentré, et probablement ren- DES GRANDS LACS 11 ferme de la chitine. Ajoutons que cette pellicule reste presque toujours complètement invisible, ne se traduisant à la vue que sur les bords de l'animal, et par un simple trait indistinct, sé- paré du plasma par une ligne claire, et piqueté d'aspérités ex- trêmement délicates, semblables à des poussières, dont chacune correspond à l'une des parois de séparation de deux alvéoles contigus. En comprimant très fortement l'animal, on arrive par contre facilement à mettre en évidence cette pellicule envelop- pante, et à se rendre compte de sa véritable nature. Le Cochliopodiiim spumosum n'est pas très rare dans le lac aux environs de Genève; il échappe cependant le plus souvent à la vue, ou plutôt à l'examen ; on le prend pour une petite amibe à caractères indécis, et on passe outre sans plus s'en occuper. Cochliopodium granulatum Penard. C. granulatum. Penard, Mém. Soc. Phys. tiist. nat., Genève, l. 31, n^ 2, p. 134, 1890. — Arch. Sci. Phys. Nat., 3« pér., t. 26, p. 138, 1891. — Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 22. — Faune rhizopodique, p. 194, 1902. Corps le plus souvent ovoïde ou pyriforme, déformable, susceptible de s'étaler en patelle, mais en gardant alors en son centre un dôme encore fortement renflé. 11 est pourvu d'une enveloppe souple, membraneuse, claire et le plus souvent jaunâtre, en apparence striée en travers, en réalité incrustée d'une infinité de très petits globules solides, incolores, noyés dans son épaisseur, disposés avec une certaine symétrie. Cette enveloppe, extrêmement souple, est susceptible de se mouler sur le plasma dans ses déformations, ou sur les proies avalées (grandes diatomées) ; elle n'est ouverte que d'un seul orifice, qui peut soit se fermer complètement, soit au contraire s'ouvrir largement et devenir patelliforme, déployée au dehors comme une bordure claire ou voile circulaire plus ou moins large. Plasma grisâtre, rempli à sa partie antérieure de vacuoles qui 12 SARCODINES pendant la marche donnent à cette région une structure écu- meuse. Noyau volumineux, sphérique ou plutôt ovoïde, se montrant sous la forme d'une masse grisâtre bourrée de petits grains ou nucléoles pâles, arrondis. Ectoplasme se répandant, à l'état patelliforme, en lambeaux rayonnants nombreux et dé- chiquetés, ou bien, à l'état pyriforme, émettant des pseudo- podes lobés, allongés, droits ou rarement et faiblement bifur- ques. Une vésicule contractile, généralement peu apparente; parfois plusieurs. Cuchliopodiuin granulatuin. Longueur de l'enveloppe, le plus souvent 70 à 90^; avec pseudopodes déployés, l'organisme arrive à ilO ^ et plus. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage (Pointe à la Bise). Mayence, dans le Rhin (Penard 1890) ; dans le Rhin à Ludwigshafen (Lalterborn). Cette espèce est très caractéristique, et se distingue fa- cilement de toutes les autres du genre. Récoltée une première fois dans le Rhin à Mayence, en 1889, elle n'a pendant long- temps plus été revue ailleurs que dans le Léman ; en 1902 Lauterborn l'a retrouvée dans les gazons à diatomées du Rhin dans les environs de Ludwigshafen (communication personnelle). Mes recherches de cette année m'ont permis de vérifier cer- tains faits sur lesquels j'étais jusque là resté insuffisamment DES GRANDS LACS 13 renseigné : Tenveloppe est une peau, très résistante, mais so- luble cependant, ainsi que les grains caractéristiques qu'elle renferme, dans Tacide sulfurique bouillant : les petits grains pâles, disséminés dans le plasma nucléaire poussiéreux, ne sont autre chose que des nucléoles. Cochliopodium ambiguum Penard. C . ambiguum. Penard, Arch. f. Protistenkunde, vol. 3, p. 405, 1904. Corps sphérique au repos, délbrmable en activité et prenant les aspects les plus variés, mais sans jamais s'étaler en patelle ; revêtu d'une enveloppe jaunâtre ou d'un brun chamois très clair, parfois presque incolore, faite d'un plasma très tenace, véritable peau rugueuse dans laquelle se voient noyées par milliers des particules très petites, en apparence siliceuses, lesquelles arri- vent jusqu'à la surface et peuvent faire saillie au dehors. Cette peau est éminemment plastique et extensible, épousant toutes les déformations du plasma, s'étirant, se moulant sur les pseu- dopodes et les entourant d'un véritable tube, susceptible ce- pendant de se percer à son extrémité pour laisser à nu les pointes des bras. Pseudopodes d'un bleu très pâle, ronds, droits, tenaces, lents dans leurs déformations, ne se montrant que rarement à nu, et alors par leur seule extrémité, pointue et acérée, sortie de la gaîne enveloppante. Plasma grisâtre, gra- nulé, remplissant l'enveloppe tout entière. Une vésicule contrac- tile, bien nette à travers l'enveloppe, atteignant un volume considérable, mais très lente dans son activité. Noyau excen- trique, sphérique, nettement dessiné, à membrane remarqua- blement forte ; il mesure environ 10 u de diamètre, et possède un nucléole central, rond, franc sur ses bords, de volume relati- vement faible, séparé de la membrane par un large intervalle que remplit le suc nucléaire. Taille fort variable, suivant l'âge ou la localité, le plus sou- 14 SARCODINÉS vent de 35 à 68 f;t de diamètre à l'état sphérique, de 75 à 100 /ut de longueur avec bras déployés. Cochliopodium ambiguum. Habitat. Lac Léman, Genève, 20, 30, 35 mètres de profondeur; rivage, à la Pointe à la Bise. Ce curieux rhizopode est rare, mais peut-être plus en appa- rence qu'en réalité ; on le trouve presque toujours en effet à l'état sphérique, et on le prend pour un kyste ou un œuf quel- conque ; il faut quelque patience pour arriver à le voir se défor- mer, pousser d'abord ici ou là un renflement qui lentement s'allongera et se verra finalement percé d'un timide pseudopode, lequel à la moindre alerte rentrera dans sa gaîne; puis tout se fermera, s'aplanira, et nous aurons de nouveau devant nous une sphère en apparence inanimée. Difflugia acuminata Ehrbg. var. inflata Pen\rd. D. aciim. V. inflata. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 28. Faune rhizo- podique, 1902, p. 234. Coque grande, allongée-tubulaire mais fortement renflée sur ses côtés, faite de petites pierres et particules de quartz ; la plus grande largeur de cette enveloppe est à peu près au niveau DES GRANDS LACS 15 de son tiers postérieur; de là les côtés s'atténuent en avant par une ligne courbe régulière, en arrière s'arrondissent en un dôme que surmonte soit une simple pointe, soit plus souvent une corne creuse, droite, généralement très courte. Bouche terminale, ronde. Pseudopodes dans la règle peu nom- breux, larges, droits, non ramifiés. Noyau grand, sphérique, à nucléoles nombreux, ar- rondis, disséminés dans un plasma nucléaire cendré. Longueur moyenne 220 à 240 u, non com- pris la tubulure postérieure ; largeur 60 à 80^. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la pro- fondeur. Lacs de Neuchâtel (40 mètres de pro- fondeur), Zoug (40 mètres), Lucerne (30 et 40 mètres, Thoune (40 à 100 mètres). Loch Ness (Ecosse) 100 à 140 mètres. Difflugia aciiininata V. inflata. La Diff". acuniinala var. inflata est assez commune dans les lacs ; ce n'est là du reste qu'une simple forme, dérivée de la D. acuminata, dont elle ne se distingue que par une coquille beaucoup plus renflée, parfois même ovoïde-allongée. La taille est en général également plus volumineuse ; elle varie du reste assez fortement, et dans le Loch Ness, par exemple, elle est plus faible que dans le Léman. Difflugia elegans Penard, var. teres Penard. D. elegans var. teres. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, p. 27, 1899. Faune rhizopodique, 1902, p. 239. Coque ovoïde, non comprimée, formée de pierres angu- leuses ; légèrement urcéolée à la bouche, arrondie ou plus sou- vent arquée en ogive à sa partie postérieure, ou bien terminée dans cette région par une ou deux pierres pointues ; faiblement 16 SARCODINES étranglée au col pour s'évaser en une bouche large, arrondie, laquelle est presque toujours en- tourée d'un bouquet d'écaillés ou de fragments siliceux qui s'éta- lent à l'extérieur. Pseudopodes étroits, longs, et en général re- lativement nombreux. Noyau sphé- rique, à la partie postérieure du plasma. Une ou plusieurs vési- cules contractiles. Longueur moyenne 125 à 150 [jl. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la profondeur. Lacs de Zoug, de Lucerne, de Constance, de Zurich, profondeur. Difflngia elegans v. teres. Cette variété diffère du type par une taille plus forte, par des formes plus robustes, et par le fait que la partie postérieure de la coque, au lieu de se terminer par une tubulure, est simple- ment arquée en ogive, ou bien, très souvent, porte une ou deux grosses pierres en saillie. 11 faut observer cependant que c'est à peine là une variété fixée: dans les faibles profondeurs, près des rivages, on la trouve fréquemment représentée par une forme plus petite et plus trapue, surmontée en général d'une corne ; on y voit également la Diff". elegans typique, mais ex- trêmement variable. En somme, entre l'espèce type et sa variété, on retrouve tous les passages; mais à 30 mètres de profondeur et au delà, c'est cette dernière qui semble avoir seule pris pos- session du terrain, et qui alors présente des caractères bien distincts. Difflugia curvicaulis Penard. B. curvicaulis. Pknakd, Revue suisse Zool., t. 7, 1899, p. 36. Faune rhizopodi- que, 1902, p. 242. Coque allongée, tubuleuse, droite, non comprimée (ronde en section transversale) ; incolore, très transparente, formée de DES GRANDS LACS 17 pierres généralement plates et minces, on de larges écailles siliceuses hyalines, plus petites à la bouche ; cette dernière est terminale, arrondie, et comprend tout le dia- mètre de la coque, parfois même s'évase légè- rement. La partie postérieure se termine en une tubulure ou corne creuse, formée d'écaillés très petites, non pas droite mais recourbée, et fai- sant avec Taxe longitudinal de la coquille un angle fortement prononcé. Plasma ne remplis- sant dans la règle qu'une partie de l'enveloppe; pseudopodes droits, non ramifiés, étroits, peu nombreux ; une ou plusieurs vésicules contrac- tiles. Noyau sphérique, à nucléoles nombreux, arrondis, plongés dans la masse nucléaire cen- drée. Longueur moyenne, 170 à 200 [x, non compris la corne posté- rieure. Habitat. Lac Léman, Genève, 25 à 47 mètres de profondeur. Loch Ness (Ecosse), 100-130 mètres de profondeur. Port Wla- dimir, Laponie (Levander). Diffliigia ciirvi- caulis. La Diffliigia curvicaulis est plutôt rare, sporadique, et on n'en trouve jamais beaucoup d'exemplaires dans une même récolte. Peut-être n'a-t-elle guère le droit au titre d'espèce, et faudrait-il la considérer comme une variété, à peine fixée même, de la Diff. acuminata. Dans la plaine en effet, cette dernière est assez variable, et sa corne terminale est plus ou moins bien dessinée; on y rencontre quelquefois des individus dont cette tubulure est loin d'être droite, et qu'à la rigueur on pourrait rapporter à la D. ciirvicaulis. Mais il n'en est pas moins intéressant de constater le fait que dans la profondeur la D. acuminata tend à se modifier pour acquérir une corne normalement recourbée ; sur quelques points du lac, surtout à une forte profondeur, il m'est arrivé de rencontrer cette difflugie particulièrement abon- dante, et toujours munie de la tubulure recourbée caractéris- tique. Cette même forme s'est montrée dans le Loch Ness, en 18 SARCODINES Ecosse (récolte Scourfield), à une profondeur de 300 à 400 pieds anglais, et représentée par un seul individu. C'est également sous la forme d'une seule coquille vide, nettement caractéris- tique, très grande, que Levander (28) Ta retrouvée à Port-Wla- dimir en Laponie. Difflugia lemani Blanc. D. lemani. Blanc, Recueil inaug. Univers, de Lausanne, 1892, p. 381 ; non Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p, 39; non Penard, F'aune rhizo- podique, 1902, p. 249. D. viscidula. Penard. Faune rhizopodique, 1902; p. 259. Coque grande, ovoïde-très allongée, non comprimée, ressem- blant à un gland de chêne, et formée de particules de sable et de limon, plus ou moins anguleuses, reliées les unes aux autres par un ciment chitinoide clair ou légèrement jaunâtre, peu abondant. Cette coque se montre également la plupart du temps recouverte d'un mince feutrage de débris minéraux ou végétaux extrêmement ténus, et qui se sont pris dans une matière visqueuse, laquelle dans cette espèce semble être d'occurrence normale à la surface de l'en- veloppe. Ouverture buccale terminale, ronde, d'un diamètre égal à la moitié environ de la largeur totale de la coquille. Pseudopodes larges, droits, rarement déployés. Noyau vo- lumineux, sphérique, à membrane très nette, renfermant des nucléoles nombreux, d'un bleu tendre, arrondis ou amorphes, le plus souvent aplatis et étalés sous la paroi de la membrane nucléaire. Longueur très variable, de 180 à 260 /x en général. Difflugia lemani. DES GRANDS LACS 19 Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivages ; Ouchy (Blanc), entre 60 et 80 mètres de profondeur. La Diff. lemaiii de Blanc, espèce parfaitement caractéristique et que Ton pourrait, d'une manière générale, comparer à une D. globulosa de très forte taille et suffisamment étirée pour ac- quérir la forme d'un gland, correspond au rhizopode qu'en 1902 j'avais décrit sous le nom de D. viscidala. En 1899, n'ayant pas encore eu sous les yeux la véritable D. lemani, et n'ayant malheureusement eu qu'un instant entre les mains la notice de Blanc, j'avais cru pouvoir assimiler à la D. lemani de cet au- teur deux difFlugies, distinctes en réalité l'une de l'autre, bien plus petites toutes deux, et qu'aujourd'hui je préfère ne plus adjoindre à la liste des rhizopodes des lacs, comme n'étant qu'insuffisamment étudiées. En 1902, par contre, récoltant à mon tour la vraie D. lemani et la croyant nouvelle, trompé de plus par une fausse annotation dans la mesure des longueurs (j'indiquais, je ne sais pourquoi, en 1902, p. 249, et pour la Difflugia de Blanc, une longueur de 31 à 80 ^, au lieu de 310 à 180 yL qu'avait indiqués le professeur de Lausanne), je la décri- vais alors sous le nom de Diff. viscidula. Il y a eu là plusieurs confusions, les unes amenant les autres, et il ne reste aujour- d'hui d'autre moyen de rétablir les faits que de rayer purement et simplement le nom de D. viscidula du catalogue des rhizo- podes d'eau douce. Difflugia pyriformis Perty, var. claviformis Penard. D. pyriformis var. claviformis. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 25. Faune rhizopodique, 1902, p. 219. Coque très grande, longue, pyriforme, non comprimée, droite ou rarement un peu inégale dans ses formes, composée de pierres et de particules siliceuses plates, minces, et très 20 SARCODINÉS grandes en général, plus petites auprès de la bouche. Le plus grand diamètre de Fenveloppe se trouve au niveau du tiers pos- térieur ; de là les côtés s'atténuent graduel- lement en avant en une ligne droite ou légè- rement arquée, pour finir brusquement en une ouverture buccale terminale, ronde dans son pourtour. En arrière la coque s'arrondit en un dôme, soit arqué en ogive, soit plus sou- vent prolongé d'un renflement ou mamelon postérieur plus ou moins prononcé. Plasma bourré de petits grains amyloïdes en masses considérables. Pseudopodes grands, longs, non ramifiés, rarement déployés. Noyau vo- Difflugia pyriformis lumineux, logé très en arrière au fond de la V. clavifonnis. u ' • • u f i i ^ ' coque, spnenque, a membrane tine et très franche, renfermant, dans un plasma nucléaire cendré, des nu- cléoles très nombreux et petits, rassemblés surtout sous la membrane nucléaire. Longueur moyenne, 400 à 450 ^. Habitat. Lac Léman, Genève, devant Montalègre, à 20- 25 mètres de profondeur. Cette variété représente, avec la Difjflugia praistans, sans doute la plus grande des Difflugies actuellement connues; on la voit facilement à l'œil nu. Je l'ai récoltée en diverses occasions, et représentée parfois par des individus nombreux, sur divers points mais toujours dans une même région du lac, par 20 à 25 mètres de fond devant Montalègre, à 3 kilomètres de Genève. C'est une variété qui semble être nettement dérivée de la D, pyriformis, et plus spécialement de la plus grande forme que l'on en connaisse, laquelle forme paraît dans la plaine aboutir à la var. nodosa de Leihy. La var. clavifonnis, plus grande encore que sa parente des marécages, possède toujours un plasma quelque peu spécial, bourré de petits grains brillants, puis un noyau spécial aussi, à nucléoles très nombreux et pe- tits ; sa coquille revêt des contours variables : tantôt elle est DES GRANDS LACS 21 simplement arrondie en arrière, tantôt arquée en ogive, tantôt, et c'est là le terme définitif auquel elle semble aboutir, elle est prolongée d'une boursouflure, d'un mamelon creux dans lequel le noyau a alors une tendance toute parlicidière à aller se loger. Parfois ces trois formes se trouvent mêlées; d'autres fois la première oii la troisième sont particulièrement bien représen- tées, la deuxième, qui semble être une forme de transition, étant alors moins abondante. C'est ainsi que dans une récolte faite cette année le 6 septembre, à 25 mètres, le507o des individus avaient un fond arrondi, c'est-à-dire pouvaient à la rigueur pas- ser pour des représentants volumineux de la Diff. pyriformis typi(|ue ; le 10% revêtaient la forme ogivale, et le 40 "/o la forme pourvue du mamelon terminal. Une mensuration faite au micromètre, dans une autre récolte, a donné pour la taille dans ces trois séries les résultats suivants : Moyenne de 21 individus, type pyriformis arrondi, 360 « (min. 319, max. 396). Moyenne de 6 individus, type de passage ogival, 390 a (min. 374, max. 396). Moyenne de 21 individus, type définitif mamelonné, 444 u. (min. 396, max. 475). Difflugia pyriformis Perty, var. lacustris Penard. D. pyriformis var. lacustris. Penard. Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 24. Faune rliizopodique, 1902, p. 222. Coque de volume relativement faible, incolore, pyriforme- allongée, parfois presque cylindrique, peu élargie en arrière, rarement un peu étranglée au col. Elle est formée de pierres plus ou moins anguleuses, très petites à la bouche, plus grandes sur le reste de l'enveloppe et surtout à la naissance du col, où elles forment souvent comme un bracelet composé de fragments 22 SARCODINES particulièrement volumineux. Pseudopodes longs et larges. Noyau sphériqiie, renfermant de nombreux petits nucléoles. Longueur moyenne, 160 à 180 fj.. Habitat. Lac Léman. Genève, dans la profondeur; lacs de Neuchàtel (40 mètres); Zoiig (40 mètres); Zurich (50 mètres); Thoune (40 à 100 mètres) ; Loch Ness, Ecosse (100 à 130 mètres). Cette variété est commune dans le Léman, ainsi que dans la plupart des lacs suisses, où elle remplace le plus souvent la forme type de la D. pyriformis. Elle s'est retrouvée également dans le Loch Ness (récolte Scourfield), où elle était plutôt commune. 11 semble bien qiie nous ayons là une forme essentiellement lacustre ; cependant il faut avouer que parmi les innombrables as- pects que peut revêtir la D. pyriformis, on en trouve parfois dans la plaine qui pourraient à la rigueur être assimilés à cette var. Lacustris. Cet organisme présente également des affinités re- marquables avec une variété plus petite et plus renflée (var. bryophila, v. Faune rhizopodique, p. 221), que, chose curieuse, on trouve surtout dans les mousses des bois. Diffliigia pyri forinis, V. lacustris. Difflugia mammillaris Penard. D. mammillaris. Penard, Arch. Sci. Phys. nat., 3« pér. , t. 29, 1893, p. 177. Rev suisse de ZooL, t. 7, 1899, p. 37. Faune rhizopodique, 1902, p. 255. Coque petite, claire, incolore, ovoïde ou parfois vaguement pyriforme, un peu comprimée sur une de ses faces (à coupe transversale elliptique et dans la règle un peu irrégulière), iné- gale en général dans son contour; brusquement tronquée en avant en une ouverture buccale arrondie, que les écailles du DES GRANDS LACS 23 péristome échancrent de faibles dentelures, et prolongée en arrière d'un mamelon arrondi. Cette coque est formée d'une matière chitinoïde hvaline dans la- quelle sont empâtées des écailles amorphes, irrégulières, arrondies sur leurs angles, et qui paraissent être un (l'fo'-Vî-j'.R,';;;.^ >f''^° *îl produit de nature endogène plutôt c[ue d'origine étrangère. Plasma ne remplissant pas la coque. Pseudo- 1 TT ' • 1 Difflusia mammillaris . podes normaux, une vésicule con- tractile, généralement près du noyau. Noyau sphérique, à nu- cléole central unique, volumineux. Longueur moyenne, 90 à 110 ju. Habitat. Lac Léman, Genève, à 30-40 mètres de profondeur. Lacs de Neuchâtel (40 mètres), Zoug (40 mètres), Lucerne (30-40 mètres), Thoune (40-100 mètres), Brienz (40-60 mètres). Cons- tance (30-40 mètres). Cette petite espèce est toujours assez rare, sporadique un peu partout dans le Léman et sans doute dans tous les autres lacs de la Suisse. Elle est bien caractéristique, et l'on ne saurait trop k quel autre type la comparer; on pourrait la considérer comme dérivée de la Diff, lanceolata Penard, laquelle est assez variable et montre parfois un indice de mamelon en arrière ; mais le noyau, dont la texture m'avait échappé jusqu'ici mais s'est mon- trée évidente cette année, est d'un type tout différent, et éloigne d'assez loin ces deux organismes. Difflugia scalpellum Peî^ard. D. scalpellum. Penard. Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 38. Faune rhizo- podique, 1902, p. 243. Coque grande, très allongée, tubuleuse, non comprimée, droite avec courbures latérales un peu inégales et parfois si- nueuses; longuement atténuée en arrière pour finir en une 24 SARCODINKS pointe acérée quelquefois légèrement rejetée sur le côté ; brus- quement tronquée en avant pour s'ouvrir en une bouche large, arrondie, et dont le diamètre est celui de la coque tout entière, rarement même un peu évasée, ou au contraire légèrement resserrée. Cette coquille est très claire et transparente, formée d'une matière chitinoïde hyaline partout recouverte d'écaillés minces, plates, grandes, et très inégales entre elles. Plasma clair, ne remplissant qu'une partie de l'enveloppe et plein de petits grains amylacés brillants. Pseudopodes droits, normaux, très rarement déployés. Noyau relativement peu volumineux, sphérique, à gros nucléole central, entouré d'une marge étroite de suc nucléaire. Longueur moyenne 250 a, mais assez va- riable suivant la localité, et pouvant mesurer de 220 à 300 ^. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la profondeur (30 à 50 mètres) ; lac de Thoune (40 à 100 mètres). Difflugia scal pellum. Cette belle espèce, qui à première vue semble se rapprocher de la Diff. acuminata, s'en éloigne en réalité d'une longue dis- tance ; elle s'en distingue par la structure tout autre de son en- veloppe, par l'absence de corne terminale, remplacée ici par un simple étirement de la coquille qui finit en pointe acérée, ainsi que par son noyau d'un type radicalement différent. Difflugia praestans spec. nova. Coque très grande, légèrement jaunâtre (paraissant noirâtre à un faible grossissement), longue, droite, tubuleuse-renflée, non comprimée (à section transversale ronde), arrondie en ar- DES GRANDS LACS 25 rière puis acuminée en une pointe très acérée, ou plus rare- ment en deux pointes courtes ; tronquée en avant en une large bouche terminale à contour arrondi. Cette coque est formée de parcelles siliceuses et d'écaillés très petites, qui rangées sur plu- sieurs épaisseurs forment une sorte de feu- trage piqueté de points bruns ; ces parcelles deviennent plus ténues encore sur la pointe postérieure, qu'elles accompagnent jusqu'à son extrémité. Plasma ne remplissant pas la coque, plein de grains brillants amylacés, puis en outre normalement bourré de pous- sières jaunâtres d'une ténuité extraordinaire, qui pendant la marche pénètrent jusque dans les pseudopodes ; ces derniers sont longs, peu nombreux, d'un gris jaunâtre. Noyau sphérique, renfermant un très gros nucléole arrondi central, homogène en apparence. Longueur moyenne 375 u (minimum 350 y., maximum 420 (x). Habitat. Lac Léman, Genève, devant Montalègre, ])ar 20 à 25 mètres de fond. Difflugia piiestans. Cette espèce très belle, une des plus volumineuses parmi les Sarcodinés d'eau douce, est aujourd'hui décrite pour la première fois ; il parait étonnant qu'elle n'ait pas été signalée plus tôt, étant donnée sa taille exceptionnelle, qui la montre bien vite sous la loupe et même à l'œil nu. Mais le fait s'explique aisé- ment si j'ajoute qu'elle n'a été rencontrée jusqu'ici que dans une région du lac assez restreinte, devant Montalègre à 3 kilomètres de Genève, par 20-25 mètres de profondeur, et cela sur certains points seulement de cette région môme ^ * La répartition des organismes de fond est souvent assez singulière ; c'est ainsi que le 4 septembre, une récolte dans la région indiquée ci-dessus me permit d'examiner environ 60 exemplaires de D. prsestans, et pas un seul de D. pyriformis XAT. claviforinis ; le 6 septembre, par contre, dans une seconde 26 SARCODINES A première vue, on croirait en la rencontrant avoir affaire à une variété géante de la D. aciiminata ; mais on ne tarde pas à constater des différences nettement caractéristiques : l'enve- loppe représente ici une sorte de feutrage de petites particules siliceuses ; elle est tenace, difficile à briser, quelque peu élas- tique; sa pointe, toujours très fine et acérée, n'est jamais tubu- leuse ; son noyau est d'un type spécial, analogue à celui de la D. scalpellum, dont cette espèce se rapprocherait de bien plus près, tout en en difierant absolument par les caractères mêmes qui viennent d'être indiqués. Difflugia amphora Leidy, var. Coque grande, ovoïde-allongée, bosselée, large surtout en son milieu ou bien aussi au niveau de son tiers antérieur, plus ou moins étirée en arrière en prenant ainsi l'apparence d'une fraise longue et pointue. Elle est faite de petites pierres plutôt apla- ties, serrées, unies par un ciment clair, fai- blement jaunâtre ; à la bouche, l'enveloppe, surtout chitinoïde, se resserre, puis s'inva- gine d'abord en formant une sorte de rainure peu profonde, pour se développer de nou- veau à l'extérieur en un rebord, ou collerette très courte, à contours quelque peu sinueux, cir(^onscrivant une ouverture buccale irré- gulièrement arrondie, ou bien vaguement lobée dans son contour. Plasma montrant une ou plusieurs vé- sicules contractiles, puis un noyau volumineux, sphérique, et qui renferme un grand nombre de petits nucléoles globuleux Difflugia amphora. récolte faite sur un point qui ne pouvait être éloigné du premier de plus de 200 mètres, je comptai jusqu'au chiffre de 60 exemplaires de D. pyriformis var. claviformis sans rencontrer une D. praestans ; les rôles étaient renversés. Sur d'autres points cependant je les ai trouvées de compagnie, mais l'une primant lautre. DES GRANDS LACS 27 noyés dans une masse poussiéreuse de suc nucléaire. Pseudo- podes normaux, relativement étroits et allongés. Longueur moyenne, 250 à 300 (i. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivages. Leidy, après avoir décrit en 1874 sous le nom de D. amphora un rhizopode qui me semble devoir être rapporté à la D. am- phora telle que de mon côté je Lai présentée en 1902, Ta plus tard, et alors bien à tort, considéré comme identique à la D. urceolata de Carter. En réalité ces deux espèces sont très nettement distinctes ; la forme et la structure de l'enveloppe, l'ouverture buccale, la collerette, sont dans chacune d'un type absolument différent; le noyau est dans la D. amphora toujours unique, et cette dernière espèce se voit presque régulièrement remplie de zoochlorelles, tandis que la D. urceolata toujours plurinucléée, est essentiellement réfractaire à la symbiose. L'organisme qui nous occupe aujourd'hui se rapporte nette- ment à la D. amphora, et n'a guère même le droit d'être envi- sagé comme une variété spéciale ; mais il représente une forme, qui dans la profondeur est probablement en voie de fixation. La D. amphora typique est ovoïde, arrondie en arrière, et pourvue d'une collerette bien nette dont l'ouverture est taillée de lobes, mal dessinés il est vrai ; ici nous avons une difflugie beaucoup plus grande et plus allongée, plus tourmentée dans son contour, et rappelant dans son apparence générale cet te variété bien connue de fraise, conique et allongée, que l'on cultive dans les jardins; la collerette est mal dessinée, et l'ouverture buccale se montre vaguement arrondie plutôt que lobée. Il importe cependant de constater, d'une part que dans la plaine la D. amphora est su- jette à d'assez fortes déformations, d'autre part que notre forme lacustre est très variable aussi, et quelquefois ne se distingue guère du type. Il n'en est pas moins vrai qu'il existe, de la plaine au rivage et du rivage à la profondeur, une série de transitions qui conduisent à la forme grande, pointue et irrégulière qui vient d'être décrite, forme probablement en train de se fixer, et qui par là mérite notre attention. Une série de mensurations au micromètre m'ont donné, sur 28 SARCODINES des individus pris au hasard d'abord dans la plaine, puis à la Pointe à la Bise sur le rivage du lac, et enfin aux profondeurs de 15 à 25 mètres, les résultats suivants : Plaine, longueur moyenne de 12 individus 188 /x (min. 165, max. 221). Pointe à la Bise, longueur moyenne de 11 individus 205 ^ (min. 198, max. 236). Profondeur, longueur moyenne de 14 individus, 256 ^ (min. 242, max. 348). Dans une autre série de mensurations, 7 individus pris à 25 mètres de profondeur, n'ont donné une moyenne de 279 ^, et 2 pris à 35-40 mètres, de 348 /jt. Quelle que soit la valeur que Ton puisse attacher à l'appréciation de cette difflugie en tant que forme plus ou moins spéciale, il est intéressant en tout cas de constater que certainement la taille augmente de la plaine à la profondeur, et que, parallèlement à la taille, la forme tend à se modifier progressivement. Difflugia hydrostatica Zach arias. />. urceolata var. helvetica. Heuscher, Jalirb. S^-Gall. Nat. Gesellsch., 1885-6. D. hydrostatica. Zachakias, Forsctiuiigsber. Plôn, Theil V, p. 3, 1897. D. cyclotellina. Garbini, Atti del R. Ist. Venelo, t. 9, sér. III, p. 5, 1897-8. Id. Zool. Anz., Bd. 21, no 575, p. 667. D. hydrostatica. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, p. 103, 1899. Coque ovoïde ou subsphérique, non comprimée, légèrement jaunâtre, chitinoïde, recouverte soit de pail- lettes siliceuses très minces, soit surtout de petits disques, lesquels représentent une Diatomée (Cyclotella). A la partie antérieure, cette coque est très faiblement étirée, pour former une bordure ou collerette extrême- ment courte, souvent à peine distincte, et s'ouvrir en une bouche ronde ou pourvue de quelques indentations peu précises et Difflugia hydrosta tica. peu régulières. DES GRANDS LACS 29 Longueur très variable, 70 à 100 [x en général. Habitat. Lac de Zurich, Brienz (Heusgher) ; lac de Côme. lac Majeur Garbini); lacs de Neuchàtel, Morat, Zoug, Zurich, Lu- cerne, Thoiine, Brienz, Constance (Penard). Lac de Pion (Za- c H arias), etc. Difflugia hydrostatica Zach., var. lithophila Penard. Z>. hydrost. var. lithophila. Penard, Faune rhizopodique, 1902, p. 274. Coque analogue à celle de Fespèce type, couverte, non plus de cyclotelles ou de particules très légères, mais de parcelles de limon, plates et minces, mais trop lourdes encore pour per- mettre à la coquille de flotter. Plasma et pseudopodes normaux. Noyau sphérique, à membrane fine, renfermant un gros nuclé- ole rond, grisâtre, séparé de la membrane nucléaire par une marge étroite et claire. Longueur, 100 à 140 fx. Habitat. Lac Léman, Genève, rivage et profondeur. Heuscher a mentionné en 1885, sous le nom de Diff. iir- ceolata var. helvetica, une difflugie qu'il avait récoltée en im- menses quantités dans la Limmat, puis dans le lac de Zurich, et qui plus lard fut retrouvée, mais sous une forme un peu différente, par Zacharias dans le lac de Pion, et décrite alors sous le nom de D. hydrostatica. Cette difïlugie est remarqua- ble par le fait qu'on la trouve normalement pélagique, flot- tante avec les autres organismes du plancton. Elle existe dans tous les grands lacs suisses en général \ mais avec quelques * La plupart des auteurs l'ont recueillie dans leurs pèches pélagiques ; quant à moi, n'ayant étudié que la profondeur, c'est dans le limon du fond que je l'ai toujours récoltée ; elle n'est donc pas exclusivement pélagique, mais monte ou descend suivant le cas ou peut-être la saison. 30 SARGODINÉS variantes, soit dans sa forme plus ou moins arrondie ou ovoïde, soit dans les proportions plus ou moins fortes des cyclotelles, qui peuvent la revêtir tout entière d'un manteau serré, ou au contraire être remplacées, en partie ou même en totalité (lac de Thoune), par des particules minces et amorphes. En 1899 je signalais le fait, assez paradoxal en lui-même, que, partout commune, elle paraissait cependant manquer au Lé- man, le plus étudié de tous ces lacs ; mais en 1902 je retrou- vais, en très petit nombre, soit dans la profondeur, soit sur les rivages aux environs de Genève, une difflugie qui ne pou- vait être autre chose que la D. hydrostatica, mais revêtue entièrement de petites pierres plates. Cette forme, à laquelle j'avais appliqué le nom de D. hydr. var. lithophila, n'était alors plus pélagique, incapable probablement de flotter en raison du poids trop considérable de son enveloppe. Cette année, je l'ai retrouvée encore, mais représentée par un seul exemplaire, péché à 20 mètres de profondeur, de 88// de longueur, de forme typique mais prolongé en arrière d'une couronne de cinq cornes courtes ; la coquille était revêtue de très petites pierres brillantes. Dans l'espèce type, le noyau n'a pas été étudié dans sa struc- ture, et Zacharias l'indique simplement comme rond ; dans la forme du Léman, j'ai pu l'examiner sur quelques individus. Il serait à désirer qu'on s'assurât de sa structure dans l'espèce de Zacharias, qui ne semble pas correspondre exactement à celle du Léman, ni même des autres lacs suisses. Elle est plus petite (70-75 ^), et relativement plus allongée; l'ouverture buccale, qui m'a toujours paru ronde et unie en Suisse, est donnée par Zacharias comme garnie d'indentations. En 1898, Zacharias^ retrouvait la D. hydrostatica dans diff'é- rents bassins d'eau claire (étangs à truites de Sandfort, carpiè- res de Gôllschauer, étang près de Breslau et Bàrensee près Stuttgart), mais sous une forme plus grande, de 100 à 120 fx. de longueur. En 1902, Max Voigt^ constatait la présence de cette * Forschungsber. , Pion, Th. VI, p. 104. « Ibid., Th. IX, p. 80. DES GRANDS LACS 31 espèce dans quelques lacs de la Poméranie (Dùpensee, 6 et 20 m. de profondeur, puis surface; Damerowsee). La Z). hy- drostalica semble du reste avoir été retrouvée ces derniers temps dans diverses localités, notamment aux Etats-Unis ; elle est sans doute très répandue dans les lacs grands ou petits, et dans les bassins d'eau fréquemment renouvelée. Difflugia lebes Penard. Difflugia Blanc, Bull. Soc. Yaud. Sci. nat., vol. 20, 1884, p. 288. Id FoREL, Nouv. mém. Soc. helv. sci, nat., vol. 29, 1885, p. 131. D. urceolata. Blanc, Recueil inaug. Univ. Lausanne, 1892, p. 378. B. lebes. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 30. Faune rhizopodique, 1902, p. 270. Coque très volumineuse, incolore ou jaunâtre, mince et fra- gile, composée de particules siliceuses grandes et plates, ci- mentées entre elles par une matière chitinoïde, parfois mêlées de pierres anguleuses. Elle est sphérique, cepen- dant la plupart du temps faiblement étirée à sa partie antérieure, où se voit alors l'indication, toujours très peu nette, d'un commencement de collerette. Bou- che ronde, très grande. Plasma grisâtre, pâle, granulé, montrant plusieurs vési- cules contractiles de faible volume. Pseudopodes grands et larges, droits, nombreux. Noyaux en très grand nombre (jusqu'à 100 et plus), petits (12 y. environ), renfermant chacun un nombre restreint de nucléoles généralement aplatis et étalés sous la membrane nucléaire. Longueur 360 à 390 ^ en général, parfois 400 et plus ; lar- geur presque égale à la longueur. Habitat. Léman, toujours dans la profondeur (Ouchy, Blanc; Difflugia lebes. 32 SARCODINÉS Morges, Forel ; Genève, Penard). Lacs de Neuchâtel, Zoiig, Lucerne (?), Thoune (?), Constance (?). J'ai pendant assez longtemps, jusqu'en 1899, considéré cette espèce comme une simple variété de la Diff. urceolata^ \ c'est du reste sous cette dernière dénomination que Blaxc et Forel l'ont plusieurs fois mentionnée ; ces deux auteurs croient ce- pendant y reconnaître des caractères particuliers, et Forel dit à ce sujet : « Nous trouvons en nomljre immense dans la vase « du lac devant Morges, la coquille sphérique d'une difflugie « de grande taille, de 400 u de diamètre. D'après A. Grurer, « ce serait une espèce nouvelle. Ni Du Plessis, ni Blanc, ni « moi-même n'avons réussi à voir l'animal vivant. » Cette es- pèce est en effet d'une timidité extraordinaire, et ce n'est que cette année, en octobre, que j'ai pu lui voir déployer ses pseu- dopodes, identiques du reste à ceux de la D. urceolala. La D. lebes représente peut-être (à part quelques Gromies, qui sont d'ailleurs des Foraminifères), le plus grand des sarcodinés d'eau douce testacés (\v\e l'on connaisse ; non pas en longueur, car la D. prœstans et la D. pyriformis var. claviformis la dépassent, mais en volume, et cela grâce à sa forme sphérique. Le diamè- tre moyen de 19 individus trouvés à 35-40 mètres de profondeur s'est montré de 367 ^, avec un minimum de 340 ^ et un maxi- mum de 407 \i.. Mais plus près du bord, à 20 mètres, et même sur le rivage, on trouve l'espèce représentée par une forme plus petite, bien que typique et se distinguant encore nette- ' La Diff. lebes n'est pas sans avoir donné lieu à quelques confusions. En 1893, en effet, je décrivais une D. urceolata var. lehes, pour un organisme trouvé au marais de Rouelbeau, et qui, je m'en suis assuré plus tard, n'était en somme qu'une D. urceolata d'un type un peu spécial, mais ne méritait guère le titre de variété. Trouvant plus tard, en 1899, et au fond du Léman, la difflugie qui aujourd hui est la vraie D. lehes, je l'assimilai, à tort, à la forme de Rouelbeau, et alors, constatant qu'entre la D. urceolata de Carter et l'organisme du Léman il existait en somme des différences bien nettement tranchées, j'élevais la var, lebes au rang d'espèce, englobant avec cette dernière la forme de Rouelbeau. Ce n'est qu'en 1902 que, séparant nettement les deux formes, celle du lac et celle du marais, je ne considérai plus sous le nom de lebes que la difflugie du fond du Léman. DES GRANDS LACS 33 ment de la D. iirceolala qui peut également halîiter les mêmes parages (Pointe à la Bise). Difflugia elongata spec. nova. D. lehes var. elongata. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 34. Faune rhizopodique, 1902, p. 272. Coque analogue à celle de l'espèce précédente, et n'en dift'é- rant en rien dans sa structure, mais urcéolée, fortement allon- gée, parfois légèrement étranglée en avant, ouverte sur son diamètre entier en une bouche très large, dont le bord repré- sente une collerette forte et étalée au dehors. Longueur moyenne, 370 à 410 fx. Habitat. Léman, Genève, dans la profondeur ; Ouchy (Blanc 1892, D. iirceolata^ forme allongée). Cette difflugie, très voisine de la D. lehes, tantôt plus rare tantôt moins, tantôt seule, tantôt mêlée à cette dernière, se trouve parfois abondante, à partir de 20 m. de profondeur. La plupart du temps, en toute saison et, chose curieuse, bien plus souvent que la D. lehes, elle fournit un grand nombre d'indivi- dus enkystés; le kyste est alors sphérique, et revêtu d'une enveloppe propre membraneuse, souple et tenace, colorable par le carmin ; à l'intérieur de ce kyste, les noyaux renfermés dans le plasma semblent se résorber peu à peu ; on n'en voit bientôt qu'un petit nombre, et le carmin finit par ne montrer qu'une seule tache rouge. Le kyste reste logé dans la coquille, protégé par un diaphragme chitinoïde, noirâtre, qui ferme l'en- veloppe en arrière de son ouverture, et qui lui-même se voit presque toujours recouvert d'un épais tampon de débris de toute sorte. En 1899, comme encore en 1902, je considérais cet organisme 3 34 SAHCODINES comme une simple variélé de la Diff. lebes ; c'était alors la var. elongata. Ces deux formes sont en effet si voisines l'une de l'autre qu'il peut paraître inutile de les séparer comme espèces distinctes ; mais mes études récentes m'ont amené à des conclusions qui m'obligent à les considérer comme deux types de même valeur systématique, et dont par conséquent l'une ne pourra pas représenter une variété de l'autre. Nous avons là, j'en suis persuadé, deux formes, dérivées chacune, par des che- mins différents, d'une seule et même espèce, qui est la D. urceolata de la plaine. Elles s'en distinguent toutes deux par un volume beaucoup plus considé- rable * ; mais alors, tandis que l'une, tout en restant sphérique, s'écartait de la souche en perdant toujours plus la collerette caractérisli(|ue, qui finissait par disparaître tout à fait, l'autre gardait la colle- rette et en même temps s'allongeait fortement. Toutes deux n'ont si l'on veut droit qu'au titre de variété, mais, en regard de la D. urceolata typique, ces variétés sont de même valeur; elles sont sœurs, et non pas fille et mère, et si l'une d'elles, la D. lebes, a été élevée au rang d'espèce, l'autre doit l'être aussi. Difflugia elongata. ' Les dimensions indiquées par les auteurs pour la D. urceolata, comme du reste pour toutes les difflugies, ne donnent souvent pas une idée exacte de la réalité. C'est ainsi que Leidy indique pour cette espèce une longueur maximale de 440 fA, qui correspondrait à celle de la D. lehes et même la dépasserait, bien que cette dernière ne soit représentée par aucune des figures de l'auteur amé- ricain. C'est que Leidy a énormément vu, et dans ses mensurations il a toujours tenu compte des cas extrêmes, des individus exceptionnels comme on en ren- contre de temps à autre. Pour la même raison, M"" Zuelzer, dans l'étude détaillée qu'elle a faite de la />. urceolata, (Arch. f. Protistenkunde, vol. 4, 1904, p. 240), fait varier cette espèce entre 200 et 400 j*. En réalité il est très rare de voir cette dilflugie dépasser 350 (*, et le chiffre de 300 ft se rapporte déjà à des exemplaires d assez forte taille. Il faut également observer que la D. urceolata se trouve parfois sous une forme allongée, et que certaines des figures de Leidy rappelleraient sous ce rapport la D. elongata. DES GRANDS L\CS 35 Telle est la raison pour laquelle aujourd'hui j'ai cru devoir dé- crire comme espèce la D. elongata. Pontigulasia bigibbosa Penard. Difflugia pyriformis, var. \'as. s. v. bigibbosa Penard, Revue suisse de Zool. t. 7, 1899, p. 26. Pontigulasia bigibbosa, Penard, Faune rhizopodique. 1902, p. 322. ^^yfm Coque grande, formée de petites pierres anguleuses; pyri- forme-arrondie, presque aussi large que longue, assez fortement comprimée sur ses côtés à section transversale elliptique) ; les deux faces larges peuvent alors être dis- tinguées en : 1° face ventrale, creusée, au niveau du tiers antérieur de la coque, d'un arc rentrant et quel(|ue peu invaginé, le- quel correspond à un diaphragme qui tra- verse l'enveloppe de part en part et comble [|\ en partie le vide interne, y formant un plancher bordé de deux fenêtres latérales (dont l'une peut être oblitérée) ; 2" une face dorsale plus ou moins arrondie et dé- pourvue d'échancrure. A sa partie antérieure l'enveloppe s'at- ténue rapidement en une sorte de col, et s'ouvre en une bouche relativement petite, elliptique-irrégulière dans son contour, parfois aussi ronde. Plasma et pseudopodes normaux. Noyau sphérique, renfermant de petits nucléoles ronds disséminés dans le {)lasma nucléaire. Longueur 200 à 250 [m ; largeur presque égale à la longueur. Habitat. Lac Léman, Genève, à 20, 30, 40 mètres de profon- deur; lacs de Lucerne (40 mètres) et de Neuchâtel (40 mètres). Loch Ness, Ecosse, 90 et 240 mètres de profondeur. Pontigulasia bigibbosa. J'ai décrit en 1902, sous le nom de Pontigulasia spectabilis. 36 SARGODINÉS un rhizopode qui correspond, au moins pour une part, à la Difflugia pyriformis var. vas de Leidy, et qu'il a fallu l'aire ren- trer dans le genre Pontigulasia, créé par Rhumbler et caracté- risé par l'existence d'une bride traversant la coque de part en part. Or la Pontigulasia bigibbosa paraît certainement dérivée de la P. spectabilis^ dont elle diffère par une taille bien supé- rieure, par la compression de sa coque, par sa largeur presque égale à sa longueur; c'est, si l'on veut, une variété, mais qui s'est si bien fixée au fond des lacs qu'elle mérite une dénomi- nation spécifique particulière. Sur les rivages, à la Pointe à la Bise, j'ai trouvé quelques spé- cimens référables à cette espèce, mais dont plusieurs, longs de 190 |ui, tenaient à la fois de la P. bigibbosa et de la P. spectabilis. J'ai également récolté une forme à peu près semblable dans un petit lac des Alpes, profond de deux ou trois mètres seulement (lac de Morgins, Valais, 1500 mètres d'altitude). Enfin la P. bi- gibbosa s'est montrée, bien nette mais peu volumineuse, dans le Loch Ness en Ecosse (récolte Scourfield, par 272 et 680 pieds anglais de profondeur). Heleopera petricola Leidy, var. amethystea Penard. H. petricola var. amethystea. Penakd, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 53. Faune rhizopodique, 1902, p. 384. Coque ovale-allongée, à peine rétrécie à sa partie antérieure, arrondie en arrière, à bords latéraux presque droits ; elle est fortement comprimée, à section transversale lenticulaire, à« coupe sagittale fusiforme ; la partie antérieure est terminée par deux lèvres légèrement jaunâtres, séparées sur les côtés par une commissure échancrée, et circonscrivant une ouverture buccale en forme de fente elliptique. Cette coque est composée de plaques minces, grandes, qui chevauchent les unes sur les DES GRANDS LACS 37 Ileleopera petricola v. amethystea. — A droite, l'enveloppe vue de côté. autres avec une imbrication irrégulière ; elle se fait également remarquer par sa teinte amé- thyste très claire et très pure, laquelle est due à une pellicule organique qui tapisse la paroi interne de la coquille. Plasma ne remplissant qu'une partie de l'enveloppe; une ou plusieurs vésicules contractiles, généra- lementen arrière près du noyau. Pseudopodes habituellement nombreux, souvent laciniés en forme de bois de cerf. Noyau grand, rond, comprimé ?), à membrane fine et souple, et renfermant un plasma gris-bleuâtre rempli à son tour de nucléoles très petits. Longueur moyenne 125 à 150 ^a. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la profondeur ; lac de Constance. 30-40 mètres de profondeur. Cette variété, qui semble bien fixée, diffère de V Heleopera petri- cola typique par une taille beaucoup plus forte, par sa couleur améthyste très claire et très pure, due probablement au manga- nèse, et par ses grandes écailles minces et imbriquées. Au Bois de la Bâtie, dans l'étang du réservoir alimenté par l'eau du lac, j'ai trouvé un jour un individu violacé, de 111 y. de longueur, qui marquait en quelque sorte un terme de passage entre le type et la var. amethysta, ou peut-être un retour vers la forme de la plaine. Hyalosphenia cuneata Stein. //. cuneata. Stein, Silzuiigsber. Bohin. Akad. Wiss., 1857. H. lata. F.-E. Schulze, Arch. f. mikr. Anal., Bd. 10, 1874. //. cuneata. Pewrd, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 46. Faune rhizopo- dique, 1902, p. 333. Blanc, Bull. Soc. Vaud. Sci. nat., vol. 20, 1884, p. 288. (]oque petite, obovale, fortement comprimée sur ses côtés (à section transversale sub-lenliculaire), mince, lisse, parfaite- 38 SAHCODINKS Hyalosphenia cuneata. — A droite l'enveloppe vue par son côté étroit ment incolore et transparente ; elle est arrondie en arrière en un demi-cercle parfait, et se resserre de là vers la partie anté- rieure par des bords latéraux qui font entre eux un angle assez prononcé, tronqué brusquement pour faire place à une bouche terminale, à lèvre lisse, ellipti- que-allongée dans son contour. Sur une vue sagittale, cette co- que se montre légèrement res- serrée à sa partie antérieure, et munie en arrière d'un renfle- ment, lequel correspond à une arête courant sur les bords laté- raux de l'enveloppe, et qui vient mourir un peu en arrière de la bouche. Plasma très pur, lim- pide, franc dans ses contours, ne remplissant qu'une partie de l'enveloppe, et prolongé le plus souvent en arrière d'épipodes renflés par-ci par-là en chapelet. Généralement un seul pseudo- pode, large et étalé, se répandant au dehors en ondes larges. Noyau rond, légèrement comprimé, renfermant, dans une masse cendrée de suc nucléaire, un nombre très restreint (2, 3, 4 ou 5, rarement plus) de nucléoles globuleux, très nets. Longueur 60-70 ^ en général. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivages; Ouchy, 70-120 mètres de profondeur(BLANc);lac de Zurich, 40-100 mètres de profondeur. Cette jolie espèce, toujours rare et sporadique, n'est pas nécessairement lacustre ; elle semble cependant avoir toujours été trouvée dans l'eau pure et claire, et doit en tous cas figurer dans la liste des rhizopodes caractéristiques des grands lacs. Je ne l'ai jamais récoltée dans la plaine, sauf au Réservoir du Bois de la Bâtie, dont l'eau provient du lac. Blanc l'a trouvée également dans le Léman. Leidy ne l'a observée que dans une seule localité, où elle était rare, une source avec cresson d'eau, c'est-à-dire sans doute très pure, près de Philadelphie. Schulze DES GKANDS LACS 39 Ta rencontrée en abondance dans un bassin d'eau claire, près de Berlin (et Ta décrite comme nouvelle, sous le nom de Hyal. lato). Hyalosphenia punctata Penvrd. //. punctata. Penard, Arch. Sci. Phys. Nat., 3« pér., t. 26, 1891, p. 139; Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 48. Faune rhizopodique, 1902, p. 341. Coque d'une teinte très pure, presque incolore ou d'un jaune chamois devenant brunâtre avec le temps, très mince et souple auprès de la bouche, plus forte en arrière, striée dans son épaisseur, composée de milliers d'écaillés rondes extrêmement petites, serrées les unes à côté des autres dans un ordre régulier, ci- mentées par un vernis organique abondant qui rend l'enveloppe lisse et polie à sa surface. Elle est environ deux fois aussi longue que large, arrondie et renflée en arrière, et sescôlés vont en rétrécissant très peu Hyalosphenia punctata. — A droite, l'eiive- la largeur de l'enve- loppe vue de côté; en bas, fond de l'enve- 1 . . 1 loppe, avec ses écailles. loppe se terminer brus- ^^ quement en une bouche fendue, à lèvres souples et extraordi- nairement minces, susceptible de se fermer entièrement ou au contraire de s'ouvrir largement suivant le cas. Au niveau du tiers postérieur de l'enveloppe, une section transversale donne un ovale parfait, ovale qui devient une ellipse d'autant plus allongée que la section se rapproche de la bouche ; la coupe sa- gittale est linguiforme, arrondie en arrière, pointue et lacérée en avant. Plasma n'occupant qu'une moitié à peine de l'espace 40 SARCODINÉS interne, clair et pur, avec grains ])rillants incolores, et ne con- tenant, comme nourriture figurée, que des boulettes de diato- mine, accumulées en avant du noyau. Normalement un seul pseudopode, très large, laminaire, à plasma coulant. Noyau glo- buleux, renfermant un nucléole central volumineux, rond, d'un bleu tendre, ponctué. Généralement deux ou trois vésicules contractiles, près du noyau et à la partie antérieure du plasma. Longueur extrêmement variable, 55 à 90 ^ suivant l'âge de l'individu ; le plus souvent 70 à 80 ^. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la profondeur. Lac de Lu- cerne (30-40 mètres); lac de Thoune (40-100 mètres). Cet organisme très curieux, et sur la physiologie duquel j'ai donné ailleurs (36) des détails circonstanciés, est un des rliizo- podes les plus caractéristiques du Léman. Je l'ai cependant re- trouvé sur le rivage, puis au marais de Rouelbeau, mais repré- senté dans chacune de ces stations par un seul individu, de taille très inférieure au type (35 et 40^) ; au marais de Gaillard, qui n'est guère qu'une dépendance de l'Arve, rivière qui elle- même se jette dans le Rhône à 2 kilomètres de Genève, j'en ai également récolté quelques exemplaires, de taille très faible aussi (41 ij). J'ai constaté cette année qu'il devait dans cette espèce y avoir, entourant la membrane à écailles, un revêtement externe, sorte de vernis chitineux et parfaitement lisse ; cinq essais différents m'ont également montré que les petites plaques ou écailles ca- ractéristiques, résistantes et solides, et sur la nature desquelles je n'étais pas encore fixé, sont immédiatement dissoutes dans l'acide sulfurique bouillant. Nebela vitrœa Penard. N. vitrsea. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 43. Faune rhizopodique, 1902, p. 372. Coque grande, hyaline ou jaune citron très clair, ovale mais avec des contours généralement inégaux et parfois bosselés. DES GRANDS LACS 41 comprimée sur ses côtés, de manière à donner une section trans- versale elliptique-allongée ; formée d'écaillés plates, minces, irréo-ulières et souvent anguleuses, se touchant KAiiï ,i,. sk lâchement par leurs bords et souvent conso- lidées par des plaques plus petites, à cheval sur les angles de jonc- tion des premières. Fond de la coque large et arrondi. Bouche ter- Nebela s'itrœa. — A droite, l'enveloppe vue de minale, dépourvue de ^^^^' collerette, d'ouverture plutôt faible, elliptique dans son con- tour, rendue dentée par les écailles, généralement fortes, qui la bordent. Plasma grisâtre, ne remplissant pas la coquille entière ; généralement deux vésicules contractiles, l'une près du noyau, l'autre au voisinage de la bouche. Pseudopodes larges, cou- lants, très actifs, renfermant généralement dans leur intérieur de petites particules qui, venant du corps, circulent entraînées par les courants internes. Noyau sphérique, à membrane nette limitant un plasma nucléaire cendré, dans lequel se voient un grand nombre de granulations pâles qui représentent les nu- cléoles, et qui dans la règle sont groupées en îlots ou en traî- nées dans le plasma nucléaire. Longueur variable, de 155 à 231 a, le plus souvent de 170 à 200 p.. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la profondeur. Loch Ness, Ecosse, 100-130 mètres de profondeur (petite variété). Cette espèce présente certaines analogies avec la Nebela cre- niilata, caractéristique des tourbières. Elle en diffère par une taille beaucoup plus volumineuse (A^. creniil. 66 à 90 fjt, 111 u. dans une seule localité)^ par la teinte jaune citron qu'elle tend à revêtir, par ses grandes écailles plates et anguleuses, consoli- dées par des écailles plus petites, par une largeur relative 42 SARCODINÉS moindre et par des contours beaucoup plus irréguliers. Il semble pourtant qu'il faille l'aire remonter l'origine de la A^. vi- trœa h la N. crenulata, laquelle se serait fortement modifiée en descendant dans les grands lacs. J'ai retrouvé celte espèce au marais de Gaillard, lequel est en commimication, très indirecte il est vrai, avec le lac par l'inter- médiaire de l'Arve et du Rhône ; mais elle n'y était représentée que par quatre individus, mesurant respec-tivemenl 66, 77, 115 et 115 a. De plus, j'ai rapporté un jour d'un marécage (marais de Mategnin) un unique spécimen, de taille également très faible, que j'ai cru d'abord devoir assimiler à cette espèce, mais (jui aujourd'hui me semble n'avoir été qu'une Neb. crenu- lata. Dans aucune des autres localités où j'ai fait des recher- ches, et qui sont au nombre de plus de 60, je n'ai pu rencon- trer de rhizopode que l'on pût rapporter à la Neb. vitrœa. Par contre dans le Loch Ness en Ecosse (récolte Scourfield), par 300-400 pieds anglais de profondeur, la Neb. vitrsea s'est revue, pas très rare, encore bien reconnaissable, mais plus petite, et plus régulière de forme que le type du Léman. (]hose curieuse, dans ce même Loch Ness tout entouré de tourbières, on trou- vait également, mêlée à cette dernière espèce, la Neb. crenu- lata, laquelle provenait sans doute, au même titre que la plu- part des sarcodinés rencontrés dans cette station, des spha- gnuni qui bordent le lac. Les deux organismes se présentaient alors plutôt comme deux variétés d'une seule et même espèce. Quadrula irregularis Archer, var. globulosa Penard. Quad. irregularis i. p. Archer, Quart. Journ. Mie. Sci.. new ser., vol. 17, 1877. Q. globulosa. Penard, Arch. Sci. Pliys. nat., 3^ pér., l. 26, 1891, p. 141. Faune rhizopodique, 1902, p. 380. Q. irreg. var. globulosa. Penard, Arch. f Prolistenk., vol. 2, 1903, p. 263. Q. suhglobosa. Lagerhelm, Gcol. Foreii. Forhandl., n» 209, Bd. 23, 1902, p. 516. Coque petite, hyaline, subsphérique, en général un peu comprimée (à section transversale elliptique); elle est composée DES GRANDS LACS 43 de plaques carrées, minces, disposées, mais sans grande régii- larilé, de manière à former des séries de bandes transversales et lon2:itiidinales se coii- X-i- Quadrilla irresularis v. glohiilo.sa. — A droite, l'enveloppe vue d'en haut. pant à angle droit. Ces plaques, de nature cal- caire, reposent sur une pellicule interne très fine et incolore, chili- neuse. Bouche arrondie ou elliptique dans son contour, dépourvue de collerette, à ouverture égalant le tiers ou la moitié du dia- mètre de la coque. Plasma et pseudopodes conformes à ceux du genre. Noyau sphérique, à grand nucléole central. Longueur, 30 à 40 [x; largeur presque égale, plus souvent léo^èrement inférieure à la lonarueur. Habitat. Lac Léman, profondeur et rivage. Lacs de Lucerne et de Constance, profondeur. Cet organisme a été décrit en 1891 sous le nom de Quad. globulosa ; ce n'est que plus tard, en 1893, que, rencontrant dans les marais une forme analogue mais très fortement com- primée, je décrivis cette dernière comme Quad. discoïdes. Or il se trouva, et je n'en eus connaissance qu'en 1902, que Archer avait, en 1877 déjà, donné le nom de Quad. irregularis à une Quadrula ronde, plus ou moins comprimée, et qui corres- pondrait, en partie au moins, à ma Quad. discoides. Plus tard, en 1891, Cash avait à son tour décrit une forme à peu près iden- tique comme Quad. monensis. Lagerheim enfin, en 1902, fit une Quad. subgLobosa, laquelle concorderait assez bien avec ma Quad. globulosa de 1891. Mais des recherches ultérieures m'ont amené à la conclusion qu'en réalité tout cela ne fait qu'une espèce, la Quad. irregularis de Archer, première en date, dont on peut séparer, à titre de variétés, une forme très fortement aplatie, qui serait la var. discoides, et une autre pres- que sphérique, la var. globulosa {Quad. subglobosa de Lager- 44 SARCODINES heim). Celte var, globulosa est alors notre forme du Léman, pas très nette peut-être et reliée par des transitions avec des formes plus comprimées, mais en tout cas caractéristique pour notre lac, où, si j'ai bien observé, elle devient d'autant plus sphérique qu'elle descend plus bas. Elle présente également une taille légèrement supérieure à la Quad. irregularis ivpii^ue. Cyphoderia ampulla Ehrbg., var. major Penard. Cyph. margaritacea var. major. Penard, Mém. Soc. Phys., Genève, t. 31, 11° 2, 1890, p. 175. — Arch. Sci. Phys. nat., 3^ pér., t. 26, 1891, p. 146. Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 61. Faune rhizopodique, 1902, p. 475. Coque en forme de bouteille ou d'ampoule, recourbée en forme de cornue à sa partie antérieure, jaunâtre ou brune, com- posée de très petits disques siliceux ronds, se touchant par leurs bords, solidement soudés les uns aux autres sur leurs points de contact; disposés en un ordre très régulier, et dessinant alors à la surface de l'enveloppe une infinité de petits alvéoles hexagonaux ; ces disques reposent sur une pellicule interne jaunâtre, chitineuse. Cette coque est forte, robuste, plus large vers son milieu, s'arrondissant de là en arrière, où elle se termine par un fond en dôme géné- ralement peu régulier, parfois même re- poussé à son sommet. En avant la coque se rétrécit, puis se recourbe d'un côté pour s'ouvrir en une bouche ronde, petite, dont le plan correspond à une face qu'on peut ap- peler ventrale, par opposition à une face dorsale plus renflée. Plasma grisâtre, plein de grains de diffé- rente nature, et souvent, à sa partie antérieure, de gros cristaux Cyphoderia ampulla V. major. DES GRA^•DS LACS 45 à arêtes arrondies. Pseudopodes filiformes, vigoureux, très longs, droits, rarement ramifiés. Noyau sphérique, très volumi- neux (jusqu'à65|t/ de diamètre), renfermant, sous une membrane nucléaire bien nette, un plasma d'un gris mat, criblé de my- riades de grains brillants extrêmement ténus, et dans lequel sont disséminés par-ci par-là des nucléoles très petits, arron- dis, d'un bleu pâle, peu nombreux, homogènes ou souvent percés d'une petite lumière centrale. Longueur moyenne, 200 à 220 [x. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la profondeur. Lacs de Xeuchàtel, Morat, Zoug, Zurich, Lucerne, Thoune, Brienz, Constance, partout dans la profondeur. — ? Loch Xess, Ecosse, 120-150 mètres de profondeur. La description qui vient d'être donnée pourrait s'appli(juer, dans la plupart de ses détails, à la Cyph. ampulla typique. Nous n'avons en effet ici qu'une variété, qui, à part son volume beaucoup plus considérable, ne diffère du type que par des caractères peu importants, guillochage d'aréoles plus grands, largeur relative plus forte, fond plus trapu, dos plus renflé. Mais il n'en est pas moins vrai qu'au fond du Léman comme dans les autres lacs suisses, cette variété se distingue au pre- mier coup-d'œil de sa congénère; elles vivent le plus souvent mélangées, et cette dernière semble être alors une race naine, nettement distincte de la géante. Il est bon d'ajouter que la Cyph. ampulla typique est extrêmement variable de sa nature, et qu'au fond des lacs elle semble se montrer représentée par différentes formes ou races encore mal fixées, et dont les ca- ractères ne sont pas faciles à préciser; et dans ce mélange de types la var. major apparaît bien nette et comme un organisme à part. C'est là également un des rhizopodes les plus abondants de la profondeur, et qui paraît absent des rivages, où je ne l'ai pas trouvé. Cette variété parait donc caractéristique des lacs, et pour- tant c'est de la plaine que provenaient les exemplaires qui lui ont valu son nom : en 1890 en effet, j'avais trouvé soit dans 46 SARCODINÉS quelques étangs, soit dans les sphaignes aux environs de Wies- baden, des individus d'une taille exceptionnelle, et que j'avais alors considérés comme représentant une variété spéciale, la var. major. Plus tard, j'avais un peu hâtivement assimilé la grande l'orme du Léman à la var. major de Wiesbaden; mais pourtant les deux organismes différent. En parcourant mes notes de 1890, je trouve que tous les individus examinés à Wiesbaden se distinguent par leur seule taille, très forte rela- tivement à l'espèce type, mais toujours bien inférieure encore à celle du Léman; la plupart des individus ne dépassaient en effet pas 150 /!x, bien que quelques-uns arrivassent à 180^. Au- jourd'hui je serais porté à croire qu'il existe réellement une variété major, fixée au fond des lacs, mais qui n'a rien à faire avec les individus de plaine trouvés en 1890. Dans les récoltes de M. Scourfield, provenant du Loch Ness, la Cyphoderia ampulla, assez abondante et de structure par- ticulière (voir note), semblait, au contraire de ce qui se passe dans le Léman, tendre peu à peu à la var. major, dont il était parfois difficile de la séparer, mais sans arriver à en revêtir compètement ni la taille ni la lorme typiques. Cette var. major existe également dans la plupart des lacs suis- ses, toujours nettement distincte du type (que du reste on y trouve fréquent aussi), mais un peu variable d'un lac à l'autre et surtout dans sa taille ; dans le lac de Zurich, elle m'a paru figurer deux séries parallèles, représentées l'une par des exemplaires de 200 à 260 u, l'autre par une forme plus petite (de 150 à 160 u), parfois pointue en arrière ; dans le lac de Thoune, on trouvait une variété qui avec la taille faible de la Cyphoderia typique avait la forme large et trapue de la var. major^. * La Cyphoderia ampulla est une espèce assez variable, polymorphe, revê- lant suivant la localité des apparences spéciales, que l'œil reconnaît mais qui la plupart du temps ne peuvent se traduire sur le papier. Pour ce qui concerne le Léman, on peut séparer les individus en deux groupes, le premier homogène, et représentant la var. major, le second nettement séparé du premier mais hétérogène, comprenant plusieurs petites formes peu précises, vagues, en appa- rence non fixées. Si nous allons plus loin, et que nous nous adressions aux DES GRANDS L\CS 47 Cyphoderia calceolus Penard. C. calceolus. Pexard, Revue suisse de Zool.. t. dique, 1902, p. 483. ', 1899, p. 70. Faune rhizopo- Go(}ue très claire, transparente, jaunâtre, en Ibrnie de crois- sant, montrant une face dorsale renflée, qui décrit un arc à peu près régulier, et une (ace ven- trale légèrement concave mais renflée dans sa partie médiane. Cette face ventrale est parcou- rue d'une arête longitudinale, qui manque à la face dorsale, arête qui provient de ce que les parois latérales sont quelque peu étirées et se rejoignent sous un certain angle ; la section transversale de la coque, dans son milieu, est ainsi plus ou moins cordi forme-triangulaire. En arrière renvelopj)e est ter- Cyphoderia calceolus. minée par un rudiment de tube, précédé dans la règle d'un léger marécages de la contrée ou encore mieux à des pays lointains, la complication deviendra plus grande encore. C'est ainsi que dans le Loch Xess, où la Cyph. ampulla n'était pas rare, on y remarquait surtout une tendance générale de lenveloppe à se revêtir de disques, non plus semblables à des sections de cylindre et accolés les uns aux autres par leurs bords, mais biconvexes et imbriqués ; l'espèce tendait également d'une part à se reprocher de la var. major, d'autre part à revêtir une forme spéciale, qui rappellerait la Cyph. trochus. Dans les marais aux environs de Genève, il existe également une Cyph. à disques biconvexes et imbriqués ; mais cette forme, d'un aspect et de contours tout spéciaux, et rappelant également beaucoup la Cyph. trochus dont elle est peut-être la souche, n'est plus reliée à la Cyph. ampulla par les mêmes transitions que dans le Loch Ness. A Genève, celte forme à disques biconvexes paraît fixée ; dans le Loch Ness il existe trop de termes de passage pour qu'on puisse y reconnaître deux organismes différents. 48 SARCODINÉS étranglement; en avant, elle s'ouvre par une brusque tronca- ture en une bouche relativement très grande, ronde, dont le plan est à peu près ventral. Cette coque est composée de petites écailles ou disques, minces, plutôt elliptiques que ronds, dis- posés sans imbrication les uns contre les autres dans un ordre peu régulier. Plasma grisâtre, ne remplissant qu'une partie de l'espace interne, montrant, près de la bouche, une vésicule contractile d'un volume relativement énorme, et en arrière un noyau sphérique, grand, à membrane très fine, entièrement rempli d'un plasma pâle et poussiéreux dans lequel nagent, en nombre restreint, des nucléoles ronds et très petits. Pseudo- podes filamenteux, longs, droits. Longueur 155 à 185 jx en général. Habitat. Lac Léman, Genève, à 30, 40 mètres de profondeur. Lacs de Neuchâtel, Zoug, Zurich, Constance, toujours dans la profondeur. Cette espèce n'est pas très rare dans le Léman, et, bien que présentant d'un individu à l'autre des différences de détail, se montre toujours nettement distincte dans ses caractères spéci- fiques. Je ne l'ai jamais trouvée sur les rivages. Cyphoderia trochus Penard, C. trochus. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 72. Faune rliizopo- dique, 1902, p. 485. Coque transparente, incolore ou revêtant une teinte d'un jaune citron très pâle; en forme d'ampoule, rer;ourbée en avant, large, turbinée ou ombiliquée, rarement simplement pointue en arrière. En coupe transversale elle est partout bien ronde, sauf au col, qui est quelque peu comprimé sur ses côtés, et se termine en une bouche à ouverture elliptique et dont le plan est plus ou moins ventral. Cette enveloppe est composée DES GRANDS LACS 49 d'écaillés hyalines, rondes, épaisses, beaucoup plus grandes que dans les autres espèces du genre, biconvexes, imbriquées de manière à former des dessins en fleurons parlaitement symé- triques. Plasma gris, renfermant souvent en arrière des cristaux fusiformes, puis un noyau grand, sphériqiie, rempli d'une pâte poussiéreuse dans laquelle na- gent des nucléoles en nombre restreint. En général deux vési- cules contractiles, une en avant et l'autre en arrière. Pseudo- podes fins, longs et droits. Longueur, 110 à 120 a en moyenne. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur à partir de 15 mètres ; lacs de Zoug (40 mètres) et de Lucerne (30-40 mètres). Cyphoderia trochus. Cette espèce, rare et sporadique, mais partout bien nettement distincte des autres Cyphoderia, et revêtant une physionomie très spéciale, ne s'est pas montrée jusqu'ici sur les rivages. Ce- pendant, en 1901 et dans les années qui ont suivi, j'ai récolté, soit à la Pointe à la Bise (rivage) soit dans diff'érents marécages, une forme qui présente certaines analogies avec la C. trochus; elle est pointue en arrière, et les écailles qui en composent la coque sont régulièrement imbriquées. Cependant ces deux organismes se distinguent immédiatement l'un de l'autre ; la Cyph. des ma- récages est beaucoup plus étroite et plus frêle, plus étirée, d'une teinte brunâtre que la C. trochus ne revêt jamais, et faite d'écaillés de moitié plus petites. Nous avons vu plus haut (p. 47, note) que dans le Loch Ness la Cyph. ampulla montre généralement des écailles imbri- quées, et que souvent elle tend à revêtir une forme qui rappel- lerait celle de la C. trochus. De même, au marais de Gaillard 4 ,Oo A/ of^ ^ Ll 3 R A R Y r 50 SARCODINES (lequel est indirectement en continuité avec le lac par TArve et le Rhône), j'ai récolté plusieurs coquilles dont la forme se rap- prochait de plus près encore de la C. trochus ; elles ne se distin- guaient plus alors de cette dernière que par des écailles plus petites et par l'absence d'ombilic ou prolongement postérieur. Il est donc probable que la C. trochus, très nette et caractéris- tique au fond du Léman, absolument distincte de la C. ainpiilla qui s'y trouve aussi, dérive cependant de cette dernière par toute une série de transitions dans lesquelles cette forme spé- ciale des marécages serait comprise. La C. trochus du Léman serait alors le terme de la course, un type définitif maintenant fixé au fond des lacs, et qui par là a tous les droits à une déno- mination spécifique particulière. Cyphoderia lœvis Penard. c. Isevis. Penard. Faune rhizopodique, 1902, p. 489. Coque petite, incolore ou à peine jaunâtre, parfois à reflets rosés, trapue, subpyriforme, arrondie en arrière et portant normalement dans cette région quel- ques petits grains agglutinés à sa surface; dépourvue de col véritable, à peine recourbée à sa partie anté- rieure, ti'onquée brusquement pour s'ouvrir en une bouche arrondie, dont le plan est très légèrement in- cliné sur la face ventrale. Cette en- veloppe, dont la coupe transversale, prise en son milieu, est arrondie- triangulaire (grâce à une faible indi- cation d'arête courant le long de la face ventrale), paraît au pre- mier abord parfaitement lisse et homogène, mais représente Cyphoderia Ixvis. DES GRANDS LACS 51 en réalité une membrane dans laquelle sont noyés, se touchant par leurs bords, des disques extraordinairement petits (1 ix. en- viron), arrondis ou ovales sans grande régularité. Corps mou ne remplissant qu'une partie de l'enveloppe, étiré dans la règle en arrière d'un large prolongement de plasma clair qui va re- joindre le fond de la coque. Vésicule contractile antérieure très volumineuse. Noyau sphérique, entièrement rempli d'un plasma poussiéreux, dans lequel sont logés un ou parfois deux nu- cléoles extrêmement pâles et petits. Pseudopodes droits, très fins, très actifs ; généralement un seul dans la marche ra- pide. Longueur 35 à 50 [x. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage (Pointe à la Bise). La CypJioderia lœvis est une espèce de faible taille, à carac- tères très nets, et qui au premier abord semble n'avoir rien à faire avec le genre dans lequel elle a été placée; en 1899, j'avais cru devoir la rapporter au genre Platoum. En réalité on peut en faire une Cyphoderia, mais très éloignée des autres espèces du genre. Cette année j'ai eu l'occasion de l'étudier de plus près, et j'ai pu y constater des traits de rapprochement nouveaux : la vésicule contractile, relativement très grande, rappelle celle de la Cyph. calceolus : le plasma renferme un certain nombre de ces petits grains jaunes, caractéristiques de la famille des Cyphoderia et que Rhumbler a appelés « Phéoso- mes » (Zeitsch. fur wiss. Zool., vol. 61, 1896, p. 55) : le noyau représente une grosse masse de plasma cendré et ponctué, dans lequel on ne distingue pas d'abord de nucléoles; mais, sur plus de 6 exemplaires colorés au carmin, j'ai pu m'assurer de la présence constante de 1 et rarement 2 nucléoles ex- traordinairement petits, nageant dans le plasma nucléaire ; le type du noyau est en somme absolument le même que dans les Cyphoderia en général, mais dans les autres es- pèces les nucléoles, plus nettement visibles, sont aussi plus nombreux. 52 SARCODINES Campascus triqueter Penard. C. triqueter. Penard, Arch. Sci. Phys. Nat. , 3* pér., t. 26, 1891, p. 147. — Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 127. Faune rhizopodique, 1902, p. 466. Campascus tri- queter. Coque rigide, mince, jaunâtre ou brune, en forme d'ampoule ou de cornue; composée de petites écailles siliceuses sans forme précise, serrées les unes contre les autres, et associées à d'autres écailles plus grandes (particules de limon, etc.) qui les recouvrent par-ci par- là et donnent à la surface une certaine rugo- sité. Cette enveloppe est irrégulièrement renflée-bosselée, et on peut y distinguer une face dorsale plus convexe et une face ven- trale souvent déprimée ou même parfois re- poussée en dedans. En arrière elle est ré- trécie, pointue-arrondie, en avant elle se pro- longe en un col très court, recourbé, s'ou- vrant en une bouche ronde, à plan ventral, et qui s'évase brusquement en une large collerette plate, chitineuse, transparente, jamais colorée (la collerette, fragile, disparaît parfois avec le temps). Cette coque est vaguement comprimée-anguleuse sur ses côtés, de manière à présenter une section transversale triangulaire avec angles arrondis . Plasma ne remplissant qu'une partie de la coque, renfermant généralement de gros cristalloïdes carac- téristiques, et les grains jaunes (Phéosomes) particuliers à la famille des Cyphoderia. Une vésicule contractile, parfois deux ou trois. Noyau sphérique, grisâtre, poussiéreux, à petits nu- cléoles peu apparents. Pseudopodes longs, droits, délicats. Longueur 90 à 120 ju, plus généralement 100 à 110 /ut. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur à partir de 10 mè- tres ; lacs de Neuchâtel, Zurich, Lucerne, Thoune, Constance, dans la profondeur. DES GRANDS LACS 53 Le Campascus triqueter est assez commun dans le Léman ; je l'ai trouvé à toutes les profondeurs de 10 à 50 mètres. Il se rap- proche d'assez près du Camp, cornutiis trouvé par Leidy au fond d'un petit lac de l'état de Wyoming (Uintah lake), à 10000 pieds d'altitude, et qui diffère du nôtre par une taille supérieure (112 à 140 |u), par une enveloppe dont la section transversale est arrondie et non triangulaire, et par l'existence de prolonge- ments postérieurs en forme de cornes. 11 serait intéressant de savoir quelle est la superficie, aussi bien que la profondeur, du lac dans lequel Leidy a récolté son Camp, cornutus, qu'il n'a revu nulle part ailleurs. Campascus minutus Penard. C. minutus. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 58. Faune rhizopodi- que, 1902, p. 469. Coque plus claire, plus lisse et beaucoup plus petite que dans l'espèce précédente, plus régulière en général, formée d'écail- lés très petites et difficiles à distinguer, noyées dans un ciment jaunâtre. La forme est celle d'une cornue ou d'une bouteille à goulot court et recourbé. Le fond est rond ou un peu bosselé-ondulé, très souvent repoussé en son centre comme pour un commencement d'in- vagination. La section transversale, prise vers le milieu de la coque, donne une figure presque ronde, à peine triangu- laire. La face ventrale est creusée à la naissance du col d'un arc rentrant fortement prononcé. Bouche ronde, à plan presque ventral, entourée d'une collerette hvaline délicate, incolore, de même nature que celle de l'espèce précé- dente. Plasma peu abondant, renfermant dans la règle d'énormes Campascus minutus. k 54 SARCODINÉS corps brillants, cristalloïdes; noyau sphérique, à plasma grisâ- tre, avec un ou plusieurs petits nucléoles pâles. Pseudopodes longs et délicats. Longueur 50 à 60 ^, parfois moins. Habitat. Lac Léman, Genève; lacs de Neuchâtel, Zoug et Lucerne, partout dans la profondeur. Loch Ness (Ecosse), 90 à 130 mètres de profondeur. Cette petite forme est assez commune dans le lac aux envi- rons de Genève. Je l'avais d'abord considérée comme une va- riété de la précédente, ou comme représentant des individus jeunes; mais j'ai été conduit, dès 1899, à y voir une espèce spéciale. Ces deux organismes se trouvent il est vrai le plus souvent mélangés, mais toujours nettement distincts; parfois au contraire on ne voit que l'un d'eux. Au Loch Ness (récolte Scourfield), il s'est rencontré quelques exemplaires de C. mi- nutus, et sans que le C. triqueter y fût représenté. Le C. minutus ne s'est jamais montré dans la plaine, à une exception près; je l'ai en effet récolté, en 1901, en abondance au marais [de Gaillard. Mais il faut se rappeler que ce marais est lui-même une dépendance de l'Arve, rivière qui se jette dans le Rhône en aval de Genève, et est ainsi en communication indirecte avec le lac. Euglypha aspera PE^ARD. E. alveolata var. aspera. Pexard, Arch. Sci. Phys. Nat., 3« pér., t. 26, 1891. p. 144. E. aspera. Penard, Revue suisse de Zool. , t. 7, 1899, p. 75. Faune rhizopodi- que, 1902, p. 497. Coque très grande, incolore, ovoïde-allongée, très large re- lativement aux autres espèces du genre, non comprimée, régu- lière mais paraissant dentée en scie d'avant en arrière et sur DES GRANDS LACS 55 ' V Euglypha aspera. — A droite, en haut, une des écailles de la bou- che; en bas, une des écailles ordi- naires. toute sa longueur; composée de grandes écailles siliceuses. Ces dernières sont en forme d'écusson, en avant très minces et creusées d'une échancrure peu profonde et arrondie, renflées et fortes dans leur milieu, et parcourues d'une arête dorsale mousse, peu prononcée, et qui déborde en arrière sous la for- me d'une pointe courte. Bouche terminale, grande, entourée d'écaillés dont le bord antérieur est convexe-conique et finement denticulé. Plasma pur, rempli de grains brillants, pourvu en arrière d'un noyau sphérique, volumineux, avec un nucléole bleuâtre et franc. Parfois une vésicule contractile, près du noyau. Pseudopodes longs et droits, souvent très nombreux. Longueur 140 à 150 ^j. en moyenne ; parfois moins, et la lar- geur est alors relativement forte (p. e. 135 ix longueur, 83 u largeur), rarement plus, jusqu'à 170 ^ '. Hahilat. Lac Léman, Genève, 20 à 50 mètres de profondeur. Lac de Thoune, 40 à 100 mètres de profondeur. ISEuglypha aspera, toujours rare et sporadique, est sans doute le plus beau et le plus grand représentant du genre; la plupart des individus montrent une longueur de 150 ^ environ, tandis que les plus belles variétés de VEuglypha alueolata n ar- rivent guère au delà de 100 [x. Leidy donne cependant pour cette dernière espèce une limite de 152 |u, atteinte par une forme spéciale, trouvée dans un étang à sphagnum de Tobyhanna, Pokono mountain, Pennsylvania ; cette forme, prolongée en an ière de 4 épines (PI. 35, fig. 2 de Leidy), rappellerait assez * En 1899 et 1901, j indiquais une longueur habituelle de 150 à 170 n ; des mensurations sur 10 individus pris au hasard m'ont fourni cette année un mini- mum de 134 ft et un maximum de 165 j*. 56 sarcodinp:s bien, sauf ce dernier caractère et une rugosité moindre, notre Euglypha aspera. Dans le lac de Thoune, VEuglypha aspera, bien que nette- ment caractéristique, est d'une taille inférieure à celle du Lé- man (115 ^ environ). Placocysta lens Penard. Euglypha lens. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 78. Placocysta lens, Penard, Faune rhizopodique, 1902, p. 514. Enveloppe hyaline et très claire, incolore, largement ovale, par- fois presque ronde, terminée en avant par une large troncature droite qui indique la bouche. Cette enveloppe est fortement com- primée, et ses deux faces for- ment en se rejoignant une arête latérale qui fait le tour de la co- quille. En section soit transver- sale soit sagittale, la forme est alors celle d'une lentille bicon- vexe. Cette enveloppe est com- posée d'écaillés siliceuses ellip- tiques, régulières dans leur con- tour, mais inégales de grandeur, imbriquées d'avant en arrière A droite, l'ani- sans grande régularité, si min- ces et si transparentes qu'on ne les voit en général qu'avec la plus grande difficulté, et que l'en- veloppe paraît lisse. Aux approches de la bouche ces écailles deviennent brusquement très petites, rondes, et elles dispa- raissent sur le bord du péristome, qui semble formé d'une mem- brane hyaline et très mince, sans indication de dents ou d'aspé- rités quelconques, mais droite ou légèrement ondulée, et sou- Placocysta lens. mal vu par son côté étroit DES GRANDS LACS 57 vent terminée sur ses côtés par une commissure anguleuse. Plasma très clair et pur, renfermant à sa partie antérieure un grand nombre de vacuoles rondes, serrées, dont l'une ou l'autre fonctionne comme vésicule contractile; généralement aussi une ou deux autres vési(^ules volumineuses, en arrière près du noyau. Ce dernier est grand, discoïde, rempli d'un plasma cendré et four- millant de granulations extrêmement petites, parmi lesquelles se voient quelques nucléoles arrondis, pâles, très petits. Pseu- do|)odes très fins, droits, nombreux. Longueur, 65 à 75 fx en général. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur à partir de 10 mè- tres. (]e joli petit organisme, dont l'enveloppe, d'une pureté re- marquable, est si fine qu'on prendrait parfois l'animal pour un rhizopode nu, n'est pas très rare dans le Léman, mais échappe facilement à la vue. Il ne rappelle que de très loin la Placocysta spiiiosa de Leidy, mais peut cependant être considéré comme appartenant au même genre, caractérisé par la possession d'un péristome lisse, et non dentelé comme dans \es Euglypha. Dans les récoltes de M. Scourfield (Loch Ness, 100-130 mè- tres de profondeur), il s'est trouvé deux ou trois coquilles vides qui rappelaient celles de cette espèce, mais plus étroites, beau- coup plus épaisses, et sur lesquelles les écailles se voyaient sans difficulté et nettement une à une. Pseudodifflugia Archeri Penard. Pseudo. amphora. Leidy, in Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 80. P. Archeri. Penard, Faune rhizopodique, 1902, p. 456. Enveloppe ovoïde, noirâtre à un faible grossissement, plus ou moins régulière, ronde en section transversale, parfois sub- cylindrique, rarement acuminée en arrière d'un court prolon- 58 SARCODINÉS geineiit, plastique au voisinage de la bouche; composée dun feutrage épais de grains siliceux très petits (2 jtx environ), amor- phes, plats, globuleux, etc. «^sj-^l li^^^'^^'^v^ Plasma assez fortement va- ê!r''kHi''i-^^i, M-'.- .■-''■■■%», cuolisé à sa partie anté- j rieure, et de plus renfer- lV;'?;:''f iK'-^-^^^!ÎÏ>^ 'w niant presque toujours de ^^■,v:y:JJ^%y \4|ï^?5?èr4'' grands cristaux brillants a "^^"^'* facettes régulières. Pseu- Pseudodifflugia Archeri. - A droite, as- dopodes très fins, nom- pect de l'organisme sur une préparation breux, SOUVeut bifurqués, an baume. prenantgénéralementnais- sance sur un magma étalé au-devant de la bouche ; cette dernière est petite, arrondie et susceptible de s'étaler quelque peu, ou au contraire de se fermer. Noyau sphérique, grand, rempli d'une poussière de granulations, avec quelques nucléoles en nombre restreint. Longueur variant le plus souvent entre 80 et 100 //, mais pou- vant descendre à 50 et monter à 170 p.. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage (Pointe à la Bise), Lacs de Zoug (40 mètres de profondeur) et de Thoune (40 à 100 mètres). Cette espèce n'est pas très rare dans le Léman, mais elle reste facilement inaperçue ; comme elle déploie très rarement ses pseudopodes, on la prend volontiers pour un objet étranger, déjection de ver ou de petit crustacé, etc. En 1902, et plus tard encore, j'ai reconnu que la présence des cristaux caractéristi- ques dans le plasma pouvait être considérée comme normale; tous les individus examinés sous ce rapport, après écrasement, les ont montrés, soit mal formés et irréguliers, soit très beaux, généralement bicuspides avec troncature à leurs sommets, et couleur d'aigue-marine; parfois on les voit striés en travers, ou bien aussi pourvus d'une rainure médiane transversale qui sur les angles se dessine comme une échancrure peu profonde. La Pseud. Archeri, si l'on voulait chercher son origine, pour- DES GRANDS LACS 59 rait peut-être être considérée comme dérivée de la Pseiid. hor- rida Penard\ avec laquelle elle présente certains rapports. Dans le Loch Nes,s (récolte Scourfield), il s'est trouvé, en assez grande abondance, une PseudodifJUigia dont l'enveloppe rappe- lait celle de la P. Arckeri, tandis que par son plasma c'était net- tement la P. ]iorrida ^. Dans le lac de Thoune, la P. Archeri, moins rare qu'à Genève, s'est montrée plus régulière de forme, souvent acuminée en arrière, ou pourvue d'une ou même de deux cornes postérieures très courtes. Clypeolina marginata Penard. C. marginata. Peaard, Faune rhizopodique, 1902, p. 459. Coque ovale ou elliptique-allongée, à contour régulier, par- fois légèrement déchiquetée en arrière, fortement comprimée (à section transversale lenticulaire), renflée sur ses deux faces pour s'atténuer sur tout son pourtour soit en une arête, soit en une carène plus ou moins large et qui peut même s'étaler en ailes latérales ; cette carène laminaire, quand elle existe, est aplatie, ou parfois au contraire légèrement involutée. La coque peut ainsi être décomposée en deux valves appliquées l'une con- tre l'autre et se regardant par leur concavité, et qui par accident sont sujettes à se détacher chacune tout d'une pièce. Ouverture buccale terminale, très peu apparente, elliptique-linéaire ou en fente étroite. Cette enveloppe est formée d'écaillés siliceuses * Faune rhizopodique, p. 452. ^ La Pseudodifflugia horrida présente ce fait caractéristique d'être, toujours et sans exception, remplie de bactéries, voisines de celles que l'on trouve dans le genre Pelomyxa, plus longues, plus délicates et cependant plus nettes à la vue; ces bactéries se sont retrouvées dans tous les individus du Loch Ness, parfaitement identiques à celles de Genève. 60 SARGODINES OU parcelles de limon, plates, irrégulières, plus grandes au mi- lieu des valves que sur les bords, souvent séparées les unes des autres par des écail- les plus petites qui com- blent les intervalles, et qui reposent sur un sub- stratum chitinoïde hya- lin ou jaunâtre. Noyau rond, grand, comprimé, renfermant un gros nu- cléole qui peut se frag- menter en plusieurs piè- ces. Vésicule contractile paresseuse, susceptible d'acquérir un volume très fort. Pseudopodes changeants, très mo- biles, fins, courts et va- riqueux, rarement vi- sibles. Longueur très varia- ble, de 80 à 140 /ui, parfois beaucoup moins, rarement ou jamais plus. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage (Pointe à la Bise). Clypeolina marginata. — a. Forme étroite. — h. Forme large. — c. d. e. Coupes transver- sales des trois variétés. — f. et /"'., un pseudopode variqueux et son fonctionne- ment possible. Cet intéressant petit organisme est jusqu'ici particulier au Léman; il s'est rencontré, il est vrai, dans le jet d'eau du Jardin Botanique, mais le fait n'a rien d'étonnant en lui-même, ce dernier étant alimenté par l'eau du lac. On peut y distinguer trois formes, reliées d'ailleurs par des transitions, mais dont l'une ou l'autre se rencontre parfois seule dans telle ou telle station. La première est caractérisée par une coquille simple- ment allongée, elliptique, relativement étroite, et dont les deux valves, semblables à des boucliers, sont appliquées l'une con- tre l'autre sans qu'il y ait sur leur bord un élargissement en DES GRANDS LACS 61 carène; la section transversale de la coque serait alors celle que représente la fig. c; cette première forme est la plus com- mune, et caractéristique surtout de la profondeur. La deuxième forme a ses bords élargis en carène, et la section transversale serait celle de la fig. cl. Enfin dans le troisième type, caracté- ristique surtout du rivage, la carène est involutée, relevée vers l'une des faces, donnant en section transversale la fig. e. Les pseudopodes, fins et courts, très pâles, souvent un peu renflés et variqueux par places, sont extrêmement agiles, se déplaçant tout d'une pièce dans le liquide ^, de manière par exemple à décrire, comme une aiguille de montre, un quart de cercle en une seconde, ou se montrant secoués à leur sommet d'un petit battement qui rappelle celui d'un flagellum. Dans cette espèce également, on rencontre assez souvent des enve- loppes doubles (Doppelschalen Rhumbler, monstres doubles Penard). Nadinella tenella Penard. N. tenella. Penard, Revue suisse de Zool., t. 7, 1899, p. 82. Faune rhizopodi- que, 1902, p. 462. Enveloppe en forme de poire ou d'ampoule droite, renflée en dôme à sa partie postérieure, se rétrécissant de là en avant tout en se comprimant sur ses côtés, de manière à présenter, tout près de la bouche, une section transversale elliptique-allongée. Cette enveloppe est composée d'une membrane incolore ou légèrement jaunâtre, couverte par-ci par-là, et surtout en arrière, de particules siliceuses agglutinées, lesquelles man- quent presque complètement aux abords de la bouche. Cette * Il arrive parfois, dans les pseudopodes sur le cours desquels il s'est pro- duit une varicosité, que le déplacement rapide en aiguille de montre ne concerne que la partie du pseudopode comprise entre la varicosité et la pointe (fig. /"et f), comme si, dès qu'il se forme une accumulation de plasma, c'était elle qui jouait le rôle de centre moteur. C'est là du reste une observation que j'ai faite incidemment sur d'autres rhizopodes encore. 62 SARCODINES dernière, à ouverture elliptique, est bordée d'une large colle- rette parfaitement hyaline, qui comme une aile de chapeau se dé- tache brusquement de Torifice buc- cal pour s'étaler à l'extérieur en se renversant en arrière. Plasma clair, ne remplissant pas l'enveloppe, renfermant dans la règle une vé- sicule contractile, et un noyau globuleux. Pseudopodes filiformes, très fins; dans la marche rapide généralement un seul, plus fort et extrêmement long, très agile. Longueur 50 à 55 ^ en moyenne. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage (Pointe à la Bise). Cette espèce présente des analogies très remarquables avec un rhizopode décrit en 1884 par Gruber^ sous le nom de Ocu- lina uniLila, et trouvé, représenté par un seul individu, dans le port de Gênes. Cependant l'organisme décrit par Gruber est certainement différent du nôtre; il est beaucoup plus grand (150 ju), etla coque en est tout entière composée de grains de sable. J'ai retrouvé la Nadiiiella tenella, soit au Piéservoir du Bois de la Bâtie (eau du lac), soit dans un bassin d'eau claire à Flo- rissant, bassin alimenté par l'eau de l'Arve, en communication elle-même avec le Rhône. Nadinella tenella. Paulinella chromatophora Lauterborn. p. chromatophora. Lauterborn, Zeitsch. f. wiss. Zool., B*! 59, 1895, p. 537. Coque petite, transparente, incolore ou rarement d'un jaune chamois pur et clair, ovoïde-allongée, légèrement étirée à sa ' Nova acta Leq. carol. acad. cur. vol. 46. 1884, p. 497. DES GRANDS LACS 63 partie antérieure, non ou à peine comprimée (à section transver- sale ronde ou très faiblement elliptique), formée de plaques sili- ceuses rectangulaires, 3 ou 4 fois aussi longues que larges, courbées chacune en un arc de 72 degrés, très régulièrement Paulinella chromatophora. — A gauche, l'animal vu de face. — A droite, l'animal vu d'en haut. — En bas, une des écailles. disposées sur 5 rangées méridiennes et 10 à 12 rangées longi- tudinales, à la manière des plaques des oursins. L'orifice buccal, très petit, elliptique, est entouré d'une bordure ou collerette droite, nettement indiquée, mais assez courte pour ne représenter qu'un simple cadre ou relief. Plasma d'un bleu tendre et pur, toujours exempt de nourriture figurée, mais renfermant, toujours aussi, un chromatophore normalement d'un beau vert bleuâtre démeraude, en forme de boudin ou de fera cheval ; parfois deux cliromatophores, provenant de la division d'un chromatophore unique. Ce chromatophore, plus clair dans sa partie axiale, renferme quelques petits globules brillants, incolores. Noyau sphérique, logé dans l'anse formée [)ar le chromatophore, lait d'un plasma granidé très pâle, où parfois se voit un petit nu- cléole excentricjue. Vésicule contractile bien nette, à la partie anlérietire du plasma; souvent une autre près du noyau. Pseu- dopodes droits, extrêmement fins et délicats; pendant la marche rapide généralement un seul, plus fort, très long et extrême- ment mobile. 64 SARCODINÉS Longueur très variable suivant l'âge ; généralement 20 à 30 ^ chez les adultes, et pouvant atteindre 40 ^x. Habitat, Lac Léman, Genève, profondeur et rivage. Dans le Rhin à Neuhoien (LudwigshaCen) ; tourbières de Kaiserslautern (Palatinat), (Lauterborn).. Loch Ness, Ecosse, 90 mètres de pro- fondeur (récolte Scourfield). La Paulinella chromatophora^, unique par certains carac- tères dans la série tout entière des rhizopodes (forme des pla- ques, chromatophore), intéressante à un haut degré par d'autres particularités, mériterait d'être examinée ici avec des dévelop- pements spéciaux. Comme cette espèce s'est rencontrée en assez grande abondance, soit à la Pointe à la Bise, soit au fond du lac S et que l'étude que j'en ai faite apporte quelques détails supplémentaires à ceux que nous a fournis Lauterborn, je me réserve de revenir plus tard et ailleurs sur le sujet, l'ouvrage actuel ne comportant guère de longs développements. Je me bornerai pour le moment à constater que la Paulinella, trouvée en premier lieu dans le Rhin, est à Genève caractéristique du lac seulement. Elle s'est retrouvée dans le Loch Ness (une seule coquille vide, bien typique), à 272 pieds anglais de profon- deur. Lauterborn l'a récoltée plusieurs fois dans les tourbières du Palatinat*, et peut-être bien cette espèce habite-t-elle vo- lontiers les sphagnum, mais elle me semble représenter surtout un organisme de lac et d'eau pure, et sa place se trouve alors toute marquée dans le catalogue actuel. Pamphagus arcuatus Penard. p. arcuatus. Penard, Faune rhizopodique, 1902, p. 440. Enveloppe hyaline, lisse, mince, souple dans une certaine mesure, mais conservant toujours son contour à peu près régu- * C'est ici la première mention qui soit faite de cette espèce pour la Suisse ; je ne l'ai trouvée que cette année. ^ Meittheil. der Pollichia, naturw. Verein Rheinpfalz, Jahrg. 1904, p. 67. DES GRANDS LACS 65 lier; elle est ovale, fortement comprimée, et ses côtés forment en se rejoignant une arête qui court sur le bord tout entier, et se termine en arrière en une pointe acérée. On peut ainsi distinguer deux faces, dont Tune, qui peut être appelée ventrale, est légèrement concave, et parcourue d'une arête médiane lon- gitudinale bien nette, l'autre convexe, avec simple renflement mé- dian ou arête arrondie. Ainsi constituée, l'enve- loppe en section transversale donne une figure arquée caracté- ristique, avec nervure ventrale. A la partie antérieure, la mem- brane est plus déformable, et s'ouvre en une bouche extrê- mement petite, entourée d'un léger bourrelet ; mais cette bouche peut d'un moment à l'autre changer considérablement de forme, s'arrondir, se fermer ou se plisser. Plasma très clair, et rempli de petits grains brillants, incolores. Noyau volumineux, rond, comprimé, pâle, finement granulé. Pseudopodes très fins, longs et droits, souvent bifurques. Longueur 90 (jl. Habitat. Lac Léman, Genève, dans la profondeur. Pamphagus arcuatus. — A droite, coupe transversale de l'enveloppe. Après les recherches de contrôle auxquelles je me suis livré cette année, il ne m'est guère possible d'indiquer cet organisme comme représentant une espèce bien nette; je n'ai malheureu- sement trouvé, tout compris, que trois individus pouvant se rapporter à la description actuelle, dont un seul, examiné plu- sieurs heures de suite et qui pendant ce temps n'a pas éprouvé dans son ensemble la plus légère variation de forme, était en bonne santé; les deux autres n'étaient représentés que par leurs enveloppes vides, l'une très ridée et plissée, l'autre revê- 66 SARCODINES tant d'une manière reronnaissable la forme décrite comme caractéristique. Mais un autre Pamphagus, correspondant assez bien au mutabilis, plus petit, s'est trouvé dans les mêmes régions à diverses reprises, et son corps, sujet le plus souvent à ties déformations incessantes, était dans d'autres occasions plus rigide et moins changeant. Il existe donc aujourd'hui dans mon esprit un doute sur la valeur de cet organisme en tant qu'es- pèce ; en tout cas je ne puis m'empècher d'y voir une forme qui tend à se fixer, en acquérant une taille plus forte, une rigidité plus considérable et des contours plus précis. Pamphagus bathybioticus Penard. p. bathybioticus. Penard, Arch. f. Protistenkuude, B.\rd. Acanthocystis lemani. Pe.nard, Arch. Sci. Phys. Nat., 3» pér., t. 26, 1891, p. 152. — Blanc, Acta, Soc. helvel. Se. Nat., 78« session, Zermatt, 1895, p. 48. — Garbim, Atti deir Acad. d'agr. Sci. Arti, Verona, Ser. 4, vol. 1, 1900, p. 7. A. lemani var. Plônensis. Zacharias, Forschungsber. Plein, vol. 2, 1894, p. 70. Heterophrys Pavesii. Garbim, Zool. Anz., B^ 21, n<'575, 1898, p. 668. Raphidocystis lemani. Penard, Héliozoaires d'eau douce, 1904, p. 196. Corps de faible taille, sphérique, à squelette composé d'élé- ments siliceux de deux sortes : des spicules extrêmement petits, presque invisibles, en forme de cornet ou d'entonnoir, nojés dans une enveloppe mucilagineuse cendrée, épaisse; puis des tubes radiaires très longs (2 à 3 fois le diamètre du corps nu), étroits, souvent un peu élargis de la base au sommet; quelques- uns, plus courts, sont brusquement évasés en cupules de formes diverses. Plasma très pâle, avec une ou plusieurs vésicules con- tractiles; endoplasme excentrique, à noyau excentrique égale- ment et pourvu d'un gros nucléole homogène. Pseudopodes très fins et très longs, perlés sur toute leur longueur. Diamètre 25 à 35 |tx, y compris l'enveloppe mais sans les ai- guilles radiaires. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur, rivage et surtout pélagique; Ouchy, pélagique (Bl.\ng) ; — lac Majeur, pélagique (Pavesi) ; — lac de Pion, pélagique (Zacharias). Au mois d'avril 1891, cette espèce se rencontrait en quantités considérables dans le plancton du lac aux environs de Genève, oii plus tard on l'a retrouvé, en moins grande abondance, et à DES GRANDS LACS 97 différentes époques ; il n'y a pas longtemps, j'en ai récolté qiiel- (|iies exemplaires à 35 mètres de profondeur. Zacharias, en 1894, a revu cette espèce au lac de Pion, sous une forme qu'il liaphidocystis lemani. 1. Aspect habituel. — 2. Une des grandes aiguilles. — 3 à 6. Formes exceptionnelles des spicules. — 7. Spicules de l'enveloppe tangente. — 8. Un de ces spicules, plus grossi. ^ considère comme représentant une variété spéciale (var. Plô- nensis). 11 est probable, comme je l'ai montré ailleurs (Hélioz. d'eau douce, p. 324), que VHeterophrys Pavesii de G.arbini, trouvée pélagique dans les lacs italiens en 1898, n'est pas autre chose que Y Acanthocystis lemani de 1891, autrement dit la Ra- phidocystis lemani actuelle. Cette espèce, gracieuse et délicate, n'a jamais été vue dans les marécages, et semble bien spéciale à l'eau claire et renou- velée. 98 SARCODINKS PSEUDO-HELTOZOAIRES^ Actinocoma ramosa Pétard. A. ramosa. Penard, Archiv. f. Protistenk., B'' 2, 1903, p. 283. — Héliozoaires d'eau douce, 1904, p. 303. Corps nu, grisâtre, sphériqiie ou étoile, sans distinction nette en ectoplasme et endoplasme, montrant à sa surface une Actinocoma ramosa. ou plusieurs grandes vésicules contractiles, et renfermant des vacuoles plus petites et des grains brillants incolores ; au cen- ^ Dénomination sans caractère de systématique, et qu'en 1904 j'ai appliquée à quelques organismes qui par certains traits se rapprochent des héliozoaires, sans appartenir en réalité à ce groupe. DES GRANDS LACS 99 tre du plasma se trouve un noyau de taille exceptionnellement forte, très nettement dessiné, à membrane très épaisse, et rempli d'un suc nucléaire dans lequel nage un nucléole arrondi, grisâtre, homogène. Pseudopodes rayonnant dans toutes les directions de l'espace, rarement peu nombreux, plus souvent en nombre considérable, droits, simples, ou au contraire rami- fiés chacun en un certain nombre de filaments qui s'écartent peu les uns des autres, prenant ainsi dans leur ensemble l'ap- parence d'un balai; ces filaments sont revêtus de granulations mobiles, très petites et peu nombreuses. Diamètre du corps, 14 à 26 a, sans les pseudopodes; y com- pris ces derniers, l'espace occupé peut être de 100 a et au delà. Habitat. Lac Léman, Genève, rivage (Pointe à la Bise). Ce curieux organisme revêt l'aspect d'un héliozoaire, et rap- pellerait quelque peu V Actinophrys sol; par ses pseudopodes ramifiés, et dépourvus de fil axial, c'est un rhizopode amœbien. Il est toujours rare, et je n'en aï rencontré que peu d'individus, à la Pointe à la Bise sur le rivage du lac. Artodiscus saltans Penard. A. saltans. Penard, Jahrb. Nassau. Ver. f. Naturk. , Jahrg. 43, 1890. — Arch. f. Protistenk., Bd 2, 1903, p. 286. — Héliozoaires d'eau douce. 1904, p. 305. Corps sphérique en principe, mais déformable, tendant à re- vêtir des contours inégaux et anguleux ; pourvu d'une enve- loppe membraneuse, souple, nettement distincte du plasma, qui se moule sur le corps et en suit toutes les déformations; dans l'intérieur comme à la surface de cette peau sont disséminées des granulations et des paillettes très petites. Plasma générale- ment rouge ou jaunâtre, grâce à la présence de grains colorés nombreux. Une vésicule contractile, mais souvent absente. 100 SARCODINES Enclo{)lasme indistinct, plus clair, renfermant un noyau très excentrique, rond, volumineux, homogène en apparence, mais où se trouve au moins un petit nucléole différencié. Pseudopo- des longs, dépourvus de fil axial, diminuant d'épaisseur de la base au sommet, se faisant jour à travers la membrane par un orifice arrondi, et rayonnant dans toutes les directions. Ils sont peu nombreux, une douzaine en tout (4 ou 5 visibles à la fois), très agiles, et susceptibles de battements qui rappellent de loin ceux d'un flaofellum. Artodiscus sultans. A droite, base d'un pseudopode, plus grossi. Diamètre, 18 à 23 ^ en moyenne, sans les pseudopodes. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage (Pointe à la Bise) ; Wiesbaden 1890. Ce curieux organisme, remarquable tant dans sa structure que par la vivacité exceptionnelle de ses mouvements, avait été récolté une première fois à Wiesbaden, en 1890, dans une DES GRANDS LACS 101 prairie inondée ; je l'ai retrouvé en 1902 dans le Léman, soit sur le rivage à la Pointe à la Bise, soit dans les profondeurs modé- rées, 10, 20 et 30 mètres. Tout récemment j'ai pu en examiner mieux que par le passé l'enveloppe, dont la nature n'était pas encore bien évidente; c'est une véritable peau, tenace, très dilïicile à dissoudre dans l'acide sulfurique à froid, mais immé- diatement détruite par l'acide bouillant; le noyau, peu connu également jusqu'ici, homogène en apparence, m'a montré, après l'action du carmin, un petit nucléole beaucoup plus fortement coloré que le reste du plasma nucléaire. Rarement les individus sont presque incolores, et le fait est alors en rapport avec l'ali- mentation, les grains jaunes et rouges provenant en définitive de particules avalées et qui primitivement étaient vertes. Amphitrema lemanense Penard.^ J. lemanense. Pexard. Arch. f. Protistenk., B^ 2, 1903, p. 289. Corps ovoïde-fusiforme, quelque peu comprimé latéralement (à coupe transversale elliptique), revêtu d'une enveloppe mem- braneuse et souple, déformable surtout à ses deux pôles, trans- parente, légèrement jaunâtre, couverte sur toute sa surface de granulations et de paillettes minces. Plasma renfermant nor- tnalement une grande quantité de grains et de poussières tl'un rouge de feu, ou écarlates, ou jaunâtres, puis une vésicule con- tractile, qui parfois manque. Pseudopodes se faisant jour aux deux pôles, par un orifice ouvert dans la membrane, et pouvant se montrer sous deux formes : soit, et surtout dans la marche, longs, effilés, renflés à leur base en un coussinet, au nombre ' Ce n'est qu'en faveur de certains traits de rapprochement avec VArtodiscus sultans que j'intercale ici cet organisme parmi les « Pseudo-héliozoaires », auxquels il n'est en réalité apparenté que de fort loin. Ce n'est d'ailleurs pas non plus, j'en suis persuadé, un Amphitrema vrai, bien que son enveloppe à deux ouvertures le fasse assez naturellement rentrer dans ce genre. 102 SARCODINES de deux dont un à chaque pôle, l'un droit et servant d'appareil locomoteur, l'autre recourl)é et l'onclionnant comme gouver- nail; soit, plus rarement et seulement à l'état de repos, très fins, pâles et difîicilement visibles, bil'urqués ou ramifiés, multi- ples à chaque pôle et identiques à ceux des rhizopodes « Filosa ». Au centre du plasma se voit une région plus claire, qui renfer- me le noyau, sphérique et pourvu d'un gros nucléole central. Longueur, en général 20 à 35 ^, sans les pseudopodes. Habitat. Lac Léman, Genève, 10 et 25 mètres de profondeur, puis rivage (Poinle à la Bise), Ce curieux protiste, qu'en 1902 j'ai trouvé assez abondani à la Pointe à la Bise, et qui depuis s'est monlré par-ci par-là loin du rivage, à 10 et 25 mètres de profondeur, est particuliè- rement intéressant par le fait qu'on y peut distinguer deux types de pseudopodes, repré- sentant l'un la livrée de course, et l'autre la livrée de repos, et pouvant d'ailleurs passer en un instant d'un type à l'autre; les pseudopodes de course ressemblent alors si fort à des flagelles cjue l'on serait tenté de les considérer comme tels si on ne les voyait pas, lorsque l'animal entre dans un état de repos, se transformer peu à peu en Amphitrema lemanense. -\. U^vé^ à, pseudopodes filamenteux et course ; l'organisme est vu par sa face ramifiés. L'organisme eSt éga- large. - 2. Livrée de repos; l'orga- Jementtrès actif, se dirigeant nisme est vu par sa face étroite. i • i i • droit devant lui comme par un mouvement de nage, l'un des pseudopodes pointant tout droit en avant, l'autre en arrière se recourbant, réglant la marche et DKS GHANDS LACS 103 donnant de temps à antre un coup de fouet lorsqu'il s'agit de changer de direction. Parfois aussi il y a « renversement de mouvement », le gouvernail se redresse et devient pseudopode antérieur et locomoteur, le pseudopode jusque-là antérieur se recourbe et devient gouvernail. Glathrella Foreli Penard. C. Foreli. Pknard, Archiv. f. Pi-olistenk., 6^2, 1903, p. 293. Héliozoaires d'eau douce, 1904, p. 300. Corps sphérique, recouvert d'une enveloppe hyaline-opales- cente, en apparence continue et en même temps creusée de facettes concaves et polygonales, qui à la circonférence se mon- trent relevées de denticulations acérées, à égale distance les Clathrella Foreli. — 1. Un individu avec ses pseudopodes déployés. 2. L'enveloppe, à demi schématique. — 3. Un individu très jeune, cubique, à 6 cupules. unes des autres. En réalité les facettes représentent autant de cupules, minces, quelque peu souples bien qu'imprégnées de silice, unies les unes aux autres par compression réciproque, et 104 SARCODINÉS donnant à l'œil l'impression d'un treillage à jour. Plasma ar- rondi en sphère, bleuâtre, clair et très pur, rempli de grains brillants, et renfermant dans ses couches superficielles une vési- cule contractile d'un volume souvent considérable, parfois plu- sieurs. Noyau sphérique, excentrique, de très forte taille, à membrane hyaline forte et nette, et montrant, dans un suc nu- cléaire limpide, un nucléole central très volumineux, d'une teinte bleuâtre et pure, rarement homogène, plus souvent creusé d'une vacuole ou lumière centrale. Pseudopodes longs et délicats, non granulés, droits et parfois bifurques, se faisant jour dans toutes les directions entre les angles de jonction des cupules. Diamètre moyen dans l'adulte, 40 à 55^. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage. La Clathrella Foreli, qui tient en même temps des héliozoai- res et des rhizopodes testacés, est intéressante tant parla struc- ture toute particulière de son enveloppe que par ses pseudo- podes filamenteux, qui de toutes parts se font jour entre les cupules caractéristiques, c'est-à-dire, sur une vue de coupe, semblent partir des pointes de la dentelle de recouvrement. L'enveloppe comprend dans l'adulte de 40 à 50 alvéoles ou facettes représentant autant de cupules ; mais dans les jeunes individus, on n'en trouve d'abord que 4, 6, 8, plus molles et plus déforma- bles, qui forment alors des cages, tétrahédriques, cubiques, etc. ; puis le nombre en augmente toujours plus à mesure que l'organisme se rapproche de la taille de l'adulte. Elaeorhanis cincta Greeff. E. cincta. Greeff, Arcti. f. milcr. Anat., vol. 11, 1875, p. 23. — Penard, Revue suisse de Zool., t. 9, 1901, p. 294. Héliozoaires d'eau douce, 1904, p. 222. Enveloppe sphérique ou plus souvent légèrement ovoïde, faite d'un mucilage durci, gris cendré ou jaunâtre, transparent, dans lequel sont empâtés des éléments siliceux d'origine étran- DES GRANDS LACS 105 gère, particules quartzeuses ou diatomées, faisant saillie au dehors. A Tintérieur de cette première enveloppe, et dans la chambre, occupée par de Teau pure, que cette dernière circons- crit, se trouve le corps proprement dit, parfaitement sphérique, revêtu lui-même d'une membrane, fine et lisse, hyaline, moulée Elœorhanis cincta. sur le plasma. Ce dernier, d'un bleu clair, toujours dépourvu de nourriture figurée, renferme normalement une grosse masse huileuse, hémisphérique ou ellipsoïdale, d'un beau jaune d'or ou rouge de feu, très réfringente sur ses bords. Noyau très pale, excentrique, finement granulé, et à nucléole central petit. Parfois une vésicule contractile, petite et paresseuse, près du noyau. Pseudopodes très fins, droits, parfois bifurques ou ramifiés, per- çant l'enveloppe et se déployant dans toutes les directions de l'espace. 106 SARCODINÉS Diamètre, jusqu'à 50 et 60 a avec Tenveloppe, 26 à 30 fx pour le corps proprement dit, mais extrêmement variable suivant l'âge, et pouvant descendre à 7 ^, taille où l'organisme est en- core reconnaissable dans ses caractères généraux. Habitat. Lac Léman, Genève, profondeur et rivage. Cet organisme si particulier, et qui bien certainement ne re()résente j)as un héliozoaire vrai, se rapproche de très près de la Diplophrys Archeri, sur la nature de laquelle on n'est pas non plus d'accord, et que l'existence seule de deux faisceaux polai- res de pseudopodes a fait très artificiellement ranger dans les Rhizopodes « Amphislomina ». UElœorhaiiis cincta se rencontre par-ci par-là dans le lac aux environs de Genève, généralement rare, d'autres fois assez abondante; elle semble acquérir dans le Léman une taille bien plus volumineuse que ne l'indiquent Greeff et Schulze (d'après ces auteurs 20 à 30 ^ y compris l'enveloppe). Bien qu'elle ne soit pas absolument particulière aux lacs, c'est là sans doute un organisme d'eau claire et renouvelée, que pour mon compte je n'ai jamais rencontré dans la plaine. CHAPITRE II CONSIDERATIONS GENERALES Les Sarcodinés que nous venons d'étudiei', et qui peuvent être considérés comme constituant la faune caractéristique des grands lacs, ou tout au moins du Léman, sont au nombre de 57; mais ce chiffre n'a pas en lui-même de valeur absolue; non seulement il se trouvera sans doute encore quelques formes nouvelles, mais encore, dans Tétat actuel de nos connaissances, ce chiffre de 57, nous aurions pu soit le réduire, soit l'augmen- ter de quelques unités : le réduire en négligeant les quelques espèces qui parfois ont été trouvées ailleurs que dans les lacs, Cochliopodium granulatum, Hyalosphenia cuneata, Paiilinella cliromatophoia, LithocolLa globosa, Acanthocystis rubella, Pi- naciophora fluviatilis, Raphidiophrys pallida, Artodiscus sal- taiis, ElœorJiaiiis ciiicla ; mais ces espèces, comme nous l'avons vu, sont en tout cas caractéristiques de l'eau claire et fréquem- ment renouvelée, parfois exclusivement des grands fleuves, et si nous nous reportons aux développements qui ont suivi la diagnose de chacune de ces espèces, nous y verrons que tou- tes choisissent en définitive un habitat qui rappelle le milieu lacustre. Ces organismes trouvent alors tout naturellement leur place dans le catalogue actuel. D'autre part nous aurions pu augmenter cette liste de quel- cjues espèces que l'on est habitué à rencontrer dans la plaine, mais qui loin d'éviter les lacs ou de n'y figurer qu'à l'état spo- radique ou « erratique », semblent au contraire s'y complaire, 108 SARCODINÉS y prospérer tout aussi bien, et parfois mieux, que dans les ma- récages. Pour le Léman, on peut citer sous ce rapport : PampJiagus granulatus, F.-E. Schllze, que Ton trouve à toutes les profondeurs, souvent abondant et de taille reniar- qtiablement l'orte. Sphenoderia lenta, Schlumberger, assez commune, grande et vigoureuse. Cyphoderia ampulla, Ehrenberg, abondante sous différentes formes, souvent mal définissables, et dont plusieurs pourraient bien être spécialement lacustres. Acaiithocystis aculeala, Hertwig et Lesser, grande et belle, et Tun des rares Sarcodinés que Ton peut rencontrer normale- ment à Tétai pélagique. AcanthocysUs turfacea, Carter, qui dans la profondeur perd ses zoochlorelles caractéristiques et devient incolore. Actinosphseriiim EicJUiorni, Diplophrys Archeri, Pelomyxa palustris, déjà plus rares, mais d'apparition fréquente encore. Mais ces quelques espèces, je me borne à les indiquer ; encore moins m'occuperai-je de toutes celles, assez nombreuses mais re|)résentées dans la profondeur par un petit nombre d'indivi- dus, qui ne sont autre chose que des organismes de plaine, plus ou moins acclimatés au fond des eaux. Ces formes-là doi- vent nécessairement varier d'un lac à Taulre, suivant l'environ- nement*, et il me paraît inutile d'en citer même les noms. En faisant abstraction des 9 sarcodinés dont il vient tout à l'heure d'être question, comme pouvant à la rigueur se mon- trer ailleurs que les lacs, il nous en reste à considérer 48, qui tous alors sont bien spéciaux aux bassins lacustres, ou tout au moins n'ont pas jusqu'i(n été rencontrés dans la plaine^. Ces 48 organismes n'ont à leur tour pas tous une valeur systémali- * C'est ainsi qu au Loch IS'ess, en Ecosse, entouré de tourbières, la faune du fond est en majeure partie celle des Sphagnum. * Nous verrons bientôt que quelques-uns semblent faire exception ; ils ont été retrouvés dans la contrée avoisinante ; mais alors dans les fontaines alimentées par l'eau du lac, ou bien encore dans des bassins en communication possible avec ce dernier ; l'exception n'est donc pas réelle. DES GRANDS LACS 109 que égale, et nous pouvons sous ce rapport les séparer en trois catégories distinctes : A, les espèces essentiellement caractéris- tiques, en apparence autochtones, qui ne se laissent pas, ou ne se laissent que très diflicilement, comparer à des types de la plaine dont ils pourraient dériver ; B, \e^ espèces semi-caracté- ristiques, qui tout en ayant une réelle autonomie, peuvent plus ou moins facilement être ramenées à des formes de plaine dont elles auraient leur origine; C, les simples variétés, adaptées au milieu lacustre, mais faciles à rapporter à leur origine des ma- récages ^ Considérons un peu plus au long ces diverses subdivisions. A. Les espèces essentiellement caractéristiques sont les sui- vantes : Pelomyxa fragilis. Cochliopodium spumosum . » amhiguum. Difflugia lemani. » niammillaris . » scalpellnm. » prœstans. Hyalosphenia punctata. Cyphoderia calceoliis. » lœ\>is. Placocysta leiis. Clypeolina marginata. Nadinella tenella. Pamphagus bathybioticus. Plagiophrys parvipuncta ta. Groniia Brunneri. » gemma. » linearis. » squamosa. A canthocystis lu dib unda. A strodiscu lus laciniatus. Lithocolla flavescens, Raphidocystis lemani. Actinocoma ramosa. A mphitrema lemanense. Clathrella Foreli. ' Il est parfois difficile de distinguer entre ces deux groupes B et C, et de dire si l'on a affaire à une espèce ou à une variété (ou même s'il y a bien une variété réelle) ; il n'y a là qu'une impression subjective. J'ai fait de mon mieux, me basant sur l'importance des caractères, pour arriver à une appréciation exacte des choses, mais peut-être me suis-je parfois trompé. Peut-être aura-t-on de la peine à reconnaître les caractères même d'une simple variété dans Difflu- gia pyriformis var. lacustris, Difflugia acuminata var. inflata, ou d'espèces véritables dans Difflugia curvicaulis, Pamphagus arcuatus. Pour ce qui concerne cette dernière espèce, je sois moi-même dans une grande incertitude (voir pag. 65), et quant à la D. curvicaulis, il en est à peu près de même (v. pag. 17) ; mais dans le doute, je n'ai pas voulu revenir en arrière, et enlever à ces deux organismes le titre auquel peut-être ils ont réellement droit. 110 SARCODINÉS Nous avons donc là 26 espèces, bien distinctes de toutes celles de la plaine *, quelques-unes si différentes même (Coch. spuino- sum, Hyalosplienia punctata, Placocysta lens, Pamphagus ha- thybioticiis, Amphitrema lemanense), qu'il aurait peut-être fallu les considérer comme constituant des genres spéciaux, B. Espèces semi-caractéristiques. Difflugia curvicaulis. Campascus triqueter. hydrostatica. „ minutiis. » lebes. Eiiglypha aspera. elongata. P se ii do difflugia Archeri. Pontigiilasia bigibbosa. Pamphagus arcuatus. JSebela vitrtea. Gromia saxicola. Cyphoderia trochus, Acanthocystis longiseta. Ces 14 organismes revêtent encore des caractères suffisam- ment précis et constants pour que nous leur reconnaissions la valeur d'espèces nettement déterminées^. Il me faut cepen- dant revenir en quelques mots sur deux de ces formes spécifi- ques, Euglypha aspera et Campascus triqueter. UEuglypha aspera est l'un des plus beaux rhizopodes que Ton connaisse dans nos eaux douces; il est partout répandu au fond du Léman, mais rare et sporadique, et ne semble pas re- monter jusqu'aux livages; de volume considérable relativement aux plus grandes variétés que l'on est habitué à rencontrer dans la plaine, très renflé, trapu, avec ses écailles en écusson, il se distingue immédiatement de tout ce que l'on voit ailleurs, et il auraitdroit au titre d'espèce essentiellement caractéristi(jue, si Leidy, dans son ouvrage sur les Rhizopodes de l'Amérique du Nord, ne figurait pas une forme très grande et large (PL 35, ' Voir à la pag. 62 les réserves au sujet de Nadinella tenella, qui devrait peut- être rentrer dans le genre Ovulina. ' A l'exception peut-être de Difflugia curvicaulis et Pamphagus arcuatus (voir note pag. 109). DES GRANDS LACS 111 {\}r. 2), qu'il indique comme E. nlveolata, et qui se rapproclie- rait beaucoup de la nôtre. Quant au Campascus triqueter, c'est un organisme d'une na- ture si spéciale, si net dans ses caractères, qu'il se placerait un des premiers comme espèce essentiellement caractéristique, s'il ne rappelait étrangement le Campascus coriiutus de Leidy, trouvé jusqu'ici exclusivement au fond d'un petit lac (China lake) du Wyoming, à 10000 p. d'altitude; en fait, le Camp, triqueter ne diffère du C. cornutus que par une section transversale net- tement triangulaire, et par l'absence de cornes ou prolonge- ments postérieurs. Le Campascus minutus, qui ne rappelle lui non plus rien de ce qui se trouve dans la plaine, a dû naturellement être indi(jué parmi les espèces semi-caractéristiques, grâce à sa parenté bien évidente avec le C. triqueter. G. Variétés. Difflugia acuminata var. inflata. » elegans var. ter es. » pyriformis var. cîaviformis. » pyriformis var. lacustris. » amphorn var. Heleopera petricoln var. amethystea. Quadrilla irregiilaris var. glohiilosa. Cyphoderia ampidla var. major. Ces différents rhizopodes, qui se laissent facilement ramener à des types de la plaine mais ont acquis, en s'adaptant au milieu lacustre, des formes spéciales, ne sont à leur tour pas de valeur égale dans l'importance non plus que dans la fixité de leurs carac- tères propres. C'est ainsi que la Difflugia pyriformis var. lacustris pourrait bien n'être qu'un des nombreux aspects que peut re- vêtir, même en plaine, la Diff. pyriformis ; la D. pyriformis var. cîaviformis, clans sa forme extrême et à mamelon postérieur, est par contre tout à fait caractéristique, et ne s'est trouvée nidle 112 SARCODINÉS part ailleurs que dans le Léman; mais cette variété est remar- quable en ce sens que, typique dans certaines stations, dans d'autres, même très voisines, et plus rapprochées du rivage, elle ne le sera plus : les exemplaires mamelonnés ou arqués en ogive seront mélangés d'exemplaires arrondis en arrière, qui ne diffèrent alors de la grande forme de D. pyriformis qu'on trou- ve dans la plaine que par un volume plus fort, par un no3'au à nucléoles plus nombreux et plus petits, et par d'autres carac- tères secondaires et à peu près indéfinissables. La Difflugia amphovn, à mesure qu'elle quitte le rivage pour s'enfoncer dans la profondeur, grandit, perd son contour régulier, et tend à revêtir une forme caractéristique de fraise allongée ; mais elle ne semble pas être encore arrivée à une fixité de caractères qui puisse permettre de lui appliquer un nom spécial, même com- me variété. La Quadrilla irregularis var. globiilosa n'est pro- bablement guère fixée non plus ; cependant, comme cette forme globulosa manque dans la plaine aux environs de Genève, qu'elle diffère de la Qiiad. subglobosa de Lagerheim par une taille un peu plus faible et une sphéricité plus prononcée, il y a bien là quelque chose de spécial, et nous pouvons encore aujourd'hui la regarder comme un représentant de la faune lacustre, quitte à lui accorder une importance bien plus minime que celle que j'étais porté à lui attribuer dans le temps. Après avoir examiné séparément ces trois catégories A, B et G, nous pouvons maintenant considérer dans leur ensemble les organismes qui les constituent. Tout d'abord il faut remarquer qu'en principe ces difïerentes formes appartiennent à la profondeur; beaucoup, il est vrai, se retrouvent sur les rivages, soit qu'elles y soient remontées peu à peu, soit qu'elles y aient au contraire leur foyer d'origine, d'où elles seraient également descendues plus bas. 11 n'est du reste guère possible, dans l'état actuel de nos connaissances, d'assigner à chaque espèce une de ces deux origines plutôt que l'autre; par analogie avec ce qui semble se passer réellement pour les simples variétés, que l'on voit se modifier à mesure qu'elles descendent plus bas, on peut supposer que toutes ces DES GRANDS LACS 113 espèces en définitive pourraient provenir de la plaine ; mais un bon nombre aussi ne paraissent être chez elles que dans la pro- fondeur; elles s'y sont fixées en abandonnant les rivages, où on ne les trouve alors pas ou presque pas représentées. C'est ainsi que la Nebela vitrœa ne s'est encore jamais montrée à une profondeur inférieure à 30 mètres ; la Cyphoderia ampulla var. major est également avant tout cai'actéristique des régions pro- fondes, etc. ; on en pourrait citer bien d'autres encore qui sont dans le même cas ; mais les rivages sont encore trop peu étu- diés pour que nous puissions en parler avec quelque sécurité. Ce que l'on peut donner comme certain, c'est que, dans le Léman en tout cas, la physionomie générale des organismes provenant d'une récolte à 15 mètres sera différente de celle d'une récolte à 40 mètres ; pour mon compte, lorsque je désirais recueillir Diffliigia curvicaulis, D. lemani, D. pyriformis var. clavifonnis, D. praestans, Gromia saxicola, j'avais appris à les chercher à 20, 25 mètres ; quand il me fallait Cyphoderia cal- ceolus, C. trochus, C. ampulla var. major, Difflugia scalpelluin, Nebela vitrsea, je savais qu'il fallait aller jeter mes appareils plus au large. Notons un fait qui peut être en corrélation avec cette différence de physionomie : à 25 mètres on trouve encore des tapis de characées (Nitella)\ au delà, la végétation verte dispa- raît assez vite, et bientôt on ne trouve plus guère que les grandes diatomées brunes. Quelques formes paraissent également n'habiter que certai- nes stations privilégiées; c'est ainsi qu'il ne m'a jamais été pos- sible de trouver la Difflugia pyriformis var. claviformis ?^\\q\\v's> que devant Montalègre, à 300 mètres environ du rivage; c'est un peu plus au large, mais encore dans la même région, que l'on trouve la Difflugia praestans. A part ces exceptions et quelques autres moins certaines, les organismes de la profondeur sont en général répartis sur toule la plaine du fond; cependant mes observations m'ont amené à la conclusion qu'il existe par-ci par-là des taches ou foyers de population, où telle ou telle espèce sera abondamment représen- tée, pour diminuer en s'éloignant du centre, puis reparaître de 114 SARCODINES nouveau abondante sur un autre foyer plus ou moins éloigné du premier. Un caractère commun à presque tous ces organismes, com- parés à ceux de la plaine, c'est leur taille relativement considé- rable ^ Sans doute un certain nombre d'entre eux, et ce sont là les espèces essentiellement caractéristiques, tels qu'ils sont indiqués dans notre catégorie A, n'offrent pas de points de com- paraison puisqu'on ne sait d'où les faire dériver; mais d'autres, qui constituent alors les espèces que nous avons considérées plus haut sous les rubriques B et C, nous permettent de dres- ser à cet égard le tableau suivant, dans lequel on trouvera, à la colonne de gauche, les formes de la plaine, à celle de droite, les formes de la profondeur auxquelles les premières paraissent avoir donné naissance; les chiffres indiquent alors, en a, la longueur moyenne qu'atteignent les unes et les autres : Difflugia acuminata (grandes formes) 200 » elegans 90 » acuminata 200 » pyrifonnis grande v. 350 » py^'if' var. hryophila. 100 » amphora 210 » globiilosa 65 » urceolata 300 » urceolata 300 Pontigulasia spectabilis ... 150 Heleopera petricola 100 2065 Difflugia acuminata var. in- flata . . . 230 » » var. teres . 135 » curvicaulis 200 » pyriformis v. clavifor- mis 425 » pyriformis y. lacustris. 170 » amphora var 280 » hydrostatica 85 » lehes 390 M elongata 395 Pontigulasia higihhosa . . . 220 Heleopera petricola v. anie- thystea 135 2665 ' Il serait intéressant de rectiercher la cause de cet accroissement de volume; peut-être les vastes espaces, la tranquillité des profondeurs, l'uniformité clima- térique, jouent-ils le principal rôle; mais je me demande aussi si cet accrois- sement ne marche pas de pair avec celui des végétaux dont les rhizopodes font la capture. Dans la profondeur, la nourriture des Sarcodinés consiste presque DES GRANDS LACS 115 Nebela crenulata Quadrilla irregiilaris . . . . Cyphodei'ia ampulla Cyphoderia ampulla v. im- hricata^ Campascus cornutus Eiiglypha aheolata, grandes formes .... Pseudodiffliigia horrida Pamphagus mutabilis . Gromia nigricans. . . . Acanthocystis spinifera 2065 90 30 110 105 125 100 45 60 280 45 3055 2665 Nebela \>iti'sea 180 Quad. irreg. \a.r. globulosa. 35 Cyphod. ampulla var. major. 200 » trochus 115 Campascus triqueter .... 105 Eiiglypha aspera 150 Pseudodiffliigia A r chéri . . 90 Pamphagus arcuatus. ... 90 Gromia saxicola 400 Acanthocystis longiseta. . . 45 4075 Gomme on le voit par ce tableau, presque toutes les formes lacustres sont bien plus grandes que leurs cousines germaines de la plaine. Je n'y trouve que 4 exceptions^, qui même ne sont pas réelles : la Difflugia curvicaulis mesure 200^, la D.acumi- nala en a tout autant; mais nous avons vu plus haut que la D. curvicaulis n'a guère la valeur d'une espèce; d'autre part, étant donné le nombre considérable de variétés plus ou moins fixées que la D. acuminala montre même dans la plaine, on ne saurait trop avec laquelle de ces variétés comparer la forme de la pro- exclusivement en diatomées, et parmi ces dernières, les plus abondantes sont des espèces de très forte taille, Surirella norica, biseriata, Nitzschia sigmoidea, Pinnularia nohilis, qu'il y a sans doute grand avantage pour nos rhizopodes à pouvoir capturer. La Difflugia urceolata de la plaine serait incapable d avaler les grandes Surirella, la Diff. lehes n'en fait qu'une bouchée, et s'en montre en réalité la plupart du temps bourrée; la Difflugia prxstans renferme presque toujours dans son intérieur quelques exemplaires de Pinnularia nohilis; on constate des faits de même nature dans Diff". elongata, Diff". scalpellum, et dans d'autres encore. * C'est sous cette dénomination que j'indique ici cette forme à écailles imbri- quées dont il a été question plus haut, pag. 47 et 49, et qu'en 1902 (Faune rhi- zopodique, p. 488l je considérais comme très voisine de la C. trochiis. ^ h' Acanthocystis longiseta n'est en réalité guère comparable kVA. spinifera, au moins sous le rapport de la taille, qui est extrêmement variable. 116 SARGODINÉS fondeur : la Quadrilla irregalaris var. globulosa montre 35 ^, la Quad. irregalaris des plaines en a presque autant ; mais d'une part cette dernière est si peu fixée, même en plaine, qu'elle a donné lieu à 4 dénominations spécifiques (Quad. irregalaris Archer, Quad. monensis Cash, Quad. discoides Penard, Quad. suhglohosa Lagerheim), signifiant autant de types plus grands ou plus petits que la var. globulosa; d'autre part cette var. glo- bulosa, considérée dans son volume, est grâce à sa sphéricité plus parfaite bien supérieure à la Quad. irregalaris typique : la Cyphoderia ampalla var. imbricata est à peu près égale en lon- gueur à la C. trochus ; mais cette dernière est beaucoup plus trapue, et par là son volume arrive à peu près au double de ce- lui de la var. imbricata : enfin il est bien difficile de comparer le Campascus triqueter du Léman, au Camp, cornutus trouvé dans les montagnes du Wyoming. En résumé, si nous additionnons tous les chiffres de la co- lonne de gauche, nous y trouvons un total de 3055 |u; pour la colonne de droite, nous arrivons à 4075 y^. Si donc nous suppo- sions que l'on voulût reproduire tous ces organismes par des moulages, et faire de chacune de ces séries une chaîne, les deux chaînes varieraient entre elles de longueur dans la proportion de 3 à 4. Ajoutons que la chaîne formée par les organismes la- custres, en même temps que plus longue, serait bien plus ro- buste; nous venons de voir, à propos de la Cyphoderia trochus., que cette dernière compensait par une largeur plus forte la lon- guetîr qui comparativement à la Cyphoderia ampulla var. im- bricata semblait lui manquer; or beaucoup des rhizopodes de la profondeur montrent, en regard de ceux de la plaine, des proportions de volume plus fortes que ne l'indiquent les seules différences de longueur; ils ont une largeur, non seulement en fait, mais encore re/^^iVewe/ii plus grande. On peut surtout citer sous ce rapport Difflugia acuminata var. inflata; D. elegans var. teres; Pontigulasia bigibbosa ; Cyphoderia ampulla var. major; Cyph. trochus; Euglypha aspera. Tous les rhizopodes ne sont cependant pas dans ce cas, et le phénomène contraire peut se montrer, c.-à-d. un allongement avec rétrécissement relatif; c'est DES GRANDS LACS 117 le cas p. e. pour Difflugia lemani, que l'on pourrait à la rigueur comparer à la Diff. globulosa, pour Diff. amphora, Diff. eloii- gala, Gromia saxicola. Notons enfin ce fait intéressant, que plusieurs de ces organis- mes diffèrent de taille suivant la profondeur à laquelle on les trouve; et cette taille est alors d'autant plus volumineuse qu'ils sont descendus plus bas (probablement le fait n'est-il d'ailleurs vrai que jusqu'à des profondeurs modérées, p. e. 40 à 50 mè- tres). C'est ainsi qu'à 15 et 20 mètres on trouve des stations où la Difflugia lebes est représentée par une forme de structure normale, mais de taille bien inférieure à celle du type de 30 à 50 mètres; la Difflugia amphora s'allonge à mesure qu'elle des- cend ; je crois avoir constaté des faits du même genre, c. à d. un volume plus fort, dans d'autres espèces encore, même dans quelques-unes qui appartenant à la plaine sont en même temps acclimatées dans le lac (Pamphagus granulatus, Sphenoderia tenta, DipLophrys Archeri, Cochliopodium obscurum); mais c'est là un sujet qui n'a pas été étudié suffisamment à fond pour qu'il me soit possible de généraliser. Les considérations qui jusqu'ici ont fait l'objet de ce second chapitre, bien que présentées comme ayant une portée générale, ne concernaient guère en réalité que le Léman. Mais il nous faut maintenant dire quelques mots des autres lacs de la Suisse. Malheureusement les renseignements que nous possédons lais- sent ici beaucoup à désirer ; les lacs suisses ont été très étudiés, mais surtout à propos du plancton, lequel, à part quelques hélio- zoaires (Acanthocystis aculeata, Raphidocystis lemani, Raphi- 118 SARCODINÉS diophrys pallida, R. elegans), et parmi les rhizopodes Difflugia hydrostatica et peut-être parfois Cyphoderia ampulla, ne ren- ferme ÊiormaLement pas de Sarcodinés. Les observateurs peu nombreux qui en Suisse ont fouillé la profondeur, Imhof, Asper, Heuscher, Pavesi, Garbixi et quelques autres encore, n'étaient pas des spécialistes, et se bornent en général à citer Difflugia globulosa ou urceolata, puis Difflugia py ri formis on àcuminata^ et cela même trop souvent à tort, par suite de confusions avec des espèces en réalité différentes'. Forel, Du Plessis, Blanc, ont travaillé le sujet avec plus de succès, Blanc surtout qui a été le premier à citer une DifTlugie comme présentant des carac- tères spécifiques particuliers {Diff. lebes actuelle), à retrouver certaines formes rares [Hyalosphenia cuneala)^ à décrire Diff. lemaiii et Gromia Brunneri; mais c'était encore là le Léman, et pour le reste de la Suisse, nous ne trouvons guère comme vraiment intéressante, que la découverte par Asper et Heus- cher dans le lac de Zurich d'une DifTlugie pélagique, à laquelle plus tard Zacharias, la retrouvant dans le lac de Pion, a donné le nom de Difflugia hydrostatica. Au commencement de 1899, j'ai moi-même, dans le but de contrôler ce que j'avais vu dans le Léman, entrepris une excur- sion aux lacs de Neuchâlel, Morat, Zurich, Zoug, Lucerne, Thoune, Brienz et Constance. Dans chacun de ces lacs, les ré- coltes rapportées de diverses profondeurs m'ont alors fourni un certain nombre des espèces caractéristiques du Léman, comme on peut s'en rendre compte par le tableau suivant : ^ Imhof a cité également à plusieurs reprises une Nebela globulosa, qu'il n'a cependant jamais décrite, et que je suppose être la Difflugia hydrostatica. DES GRANDS LACS 119 Dijflugia acuminala var. in fia ta. . )» scalpellum » lebes » hydrostatica » elongata » mammillaris » py ri forints var. laciistris. » elegans var. ter es . . . . Pontigulasia bigibbosa Heleopera petricola v. amethystea. Hyalosphenia pitnctata Quadrilla irregiilaris v. globiilosa. Campascus triqiieter » minutas Cyphoderia ampulla v. major. . . » calceolus » trochus Eiiglypha aspera Pseiidodifflugia Archer i Nadinella tenella Gromia squamosa » Brunneri + + + + + « 1 .S C + + + + + + + + + + tic 3 >3 6 ç S + + + + ? + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + i i + + + + + + + + + + + 03 + + + + + + + + + + + + + 4- (^ette lisle, il faut le remarquer, est nécessairement bien in- complète^; dans chacun de ces lacs il n'a guère été fait de ré- coltes que sur un seul point, et un contrôle plus sérieux aurait donné sans nul doute des résultats bien plus instructifs ; elle sufïit cependant pour montrer que cette faune caractéristique, loin d'être propre au Léman, est commune à tous les grands lacs de la Suisse. ' On remarquera que dans cette liste les Héliozoaires ne se trouvent pas représentés ; à l'époque où ont été effectués ces contrôles, je ne m'occupais pas de ce groupe. 120 SARCODINÉS Toutes ces formes s'y montrent nettement caractérisées; ce- pendant, et c'est là un fait intéressante observer, il existe, pour beaucoup d'entre elles et d'un lac à l'autre, des différences, soit dans les détails de leur structure, soit surtout dans leur taille, différences minimes mais évidentes. C'est ainsi que le Campascus //•«^«efer est plus petit à Zurich qu'à Genève; dans la Cyphoderia calceolus, l'extrémité postérieure y est aussi re- lativement plus allongée; à Thoune, VEuglypha aspera se montre sous une forme parfaitement typique, mais de taille rela- tivement faible; la Difflugia inammillaris est dans presque tous les lacs relativement plus allongée qu'à Genève ; la Difflugia hy- drostatica, presque globuleuse à Neuchâtel et à Lucerne, est plus allongée à Zoug; à Zurich, les deux formes sont mêlées; à Thoune, on ne retrouve plus sur la coque les à\^(\\xes (Cyclotella) caractéristiques, mais des particules plates et amorphes. Dans les lacs de Lucerne, Thoune et Constance, la Difflugia lebes est de petite taille, et de caractères spécifiques peu évidents; c'est en apparence un passage entre D. urceolata et D. lebes, ce qui explique le point d'interrogation dont plus haut j'ai fait suivre la mention de cette espèce ^ Quant à la Cyphoderia ampulla, elle est extraordinairement variable, soit dans sa forme, sa taille, sa transparence, soit dans la finesse et la texture de ses dessins; mais toujours la var. ma- jor se distingue nettement. Notons à ce propos qu'à Zurich, cette variété, assez fréquente sous sa forme typique et avec sa taille habituelle de 200 à 260 ^, se montre également représentée par une forme parallèle, qui est encore la var. major, mais plus petite, de 150 à 160 y. en longueur, A Thoune, la var. major, assez commune, est grande et relativement très large. C'est ici, avant de quitter les lacs suisses, que je voudrais consacrer quelques pages à la genèse possible de cette faune, * Tous les faits relatés dans ce paragraphe sont à contrôler ; ce ne sont jusqu'ici que des appréciations basées sur une revision trop rapide et sur des récoltes beau- coup trop peu nombreuses ; peut-être ces vues devront-elles être modifiées plus tard , mais j'ai cru cependantdevoir indiquer ici le résultat actuel de mes observations. DES GRANDS LA.CS 121 OU tout au moins de celle que nous avons considérée, sous la rubrique A, comme essentiellement caractéristique; mais il faut avouer que les données que nous possédons actuellement sont encore trop peu précises pour nous permettre de tirer des conclusions sérieuses, et les considérations que je puis présen- ter portent avec elles bien des incertitudes. FoREL, après s'être occupé à différentes reprises de cette im- portante question d'origine, a résumé la discussion dans sa belle monographie limnologique (Le Léman, t. III, 1902, p. 294 , et arrive à la solution suivante, qu'il appuie d'arguments serrés : « La société de la région profonde descend des organismes « (le la région littorale qui se sont égarés dans les grands fonds, « par migration passive, et qui s'y sont adaptés aux conditions « de milieu nouvelles pour eux. » En 1899, après mes études sur les rhizopodes de la faune pro- fonde, j'émettais des idées quelque peu différentes, et je disais alors* : « Il nous faudrait donc imaginer que cette faune profonde (je « parle des Rhizopodes) nous montre les derniers représentants « des espèces qui formaient la population générale de la contrée « lors du retrait des glaces. Ces espèces auraient alors peuplé « les nappes d'eau récemment formées, et peu à peu gagné le « fond : elles n'auraient alors pas changé, sauf par modifications « très générales et les mêmes partout (transparence, taille), ou « bien si chez certaines d'entre elles il y avait eu modification « due à la différence du milieu, ces modifications auraient créé « des différences aussi, c'est-à-dire des races ou des variétés « spéciales dans chaque lac ; et en fait c'est ce que nous vovons « bien souvent dans nos lacs suisses. « Quelle que soit au premier abord la hardiesse de cette théo- ce rie, je n'en vois pas cependant qui présente plus de vraisem- « blance. Persuadé de l'impossibilité radicale de la création « d'espèces identiques dans des milieux qui ne le sont pas, cons- « tatant que dans nos lacs les milieux diffèrent réellement et (| ne ' Revue suisse de Zool. t., 7, 1899, p. 135. 122 SARCODINÉS « pourtant les espèces y sont identiques, je suis forcé de leur « attribuer une seule et même origine. Or {"ette origine n'a rien « à faire avec les organismes actuels de la plaine, puisque ces « derniers eux-mêmes constituent des espèces différentes ; donc « il faut la chercher ailleurs, et s'il est impossible que les types « d'eau profonde passent d'un lac à l'autre, il faut bien recou- « rir à une faune antérieure, maintenant disparue de la plaine « et conservée sous les eaux. « L'obstacle le plus grave à surmonter, si nous adoptons cette « hypothèse, serait le fait que les espèces actuellement d'eau « profonde ne se trouvent plus représentées dans la plaine, et « que, tandis qu'elles se modifiaient si peu dans la profondeur, « la variabilité ait pu être assez forte dans les étangs, ruisseaux « et marécages pour les remplacer presque totalement par des « formes nouvelles. » A l'époque où j'écrivais ces lignes, la faune rhizopodique des rivages même des lacs restait encore pratiquement inconnue, et l'on était fondé à croire que la faune propre à la profondeur restait cantonnée dans cette profondeur même. Il m'était donc impossible d'imaginer que chaque lac eût produit, par modifi- cation des espèces émigrant de son propre rivage dans sa profondeur, des espèces identiques à celles des autres lacs; ces lacs en effet, bien que tous profonds et d'eau claire et pure, diffèrent cependant les uns des autres dans la nature, la cou- leur, la transparence de leurs eaux, dans la teneur en sels dis- sous, l'éclairage, etc., et des conditions en somme différentes ne peuvent produire des effets absolument semblables. Tout au plus pouvais-je concevoir un résultat de ce genre pour les va- riétés, ou encore pour les espèces faciles à ramener à un type de plaine, c.-à-d. pour une partie au moins de celles que nous ^vons considérées sous la rubrique B. Ces formes auraient trouvé partout, passant de la plaine au lac, des conditions à peu près sembhhles, dans leur généralité, lesquelles n'auraient apporté que des modifications générales aussi (taille, largeur, couleur, etc.). Mais pour les espèces essentiellement caractéris- tiques et les détails de structure très spéciaux, p. e. la forme DES GRANDS LACS 123 curieuse de la partie postérieure de la Cyphoderia tioclius, la collerette unique en son genre du Campascus triqueter, la struc- ture si particulière de Y Hyalosphenia punctata, etc., etc., je ne pouvais concevoir une genèse locale, et pour ainsi dire indivi- duelle. J'étais donc obligé de recourir à une origine commune, et puisque toute communication était censée impossible entre les organismes de fond des différents bassins, cette origine ne pouvait être cherchée que fort loin, à Tépoque peut-être où les lacs mêmes, après le retrait des glaces, avaient pris naissance et s'étaient peu à peu peuplés des organismes alors existant dans la plaine. Mais deux ans plus tard, en 1901, après qu'un nombre assez considérable des espèces de la profondeur eurent été retrouvées sur les rives, la question prenait une nouvelle face. Le fait que les organismes (Rhizopodes) de faune profonde pouvaient se retrouver sous un ou deux pieds d'eau seulement, montrait que rien ne s'opposait absolument à une migration d'un lac à l'autre, pouvant s'effectuer par Tintermédiaire des individus littoraux plus faciles à transporter. Mes conclusions étaient alors susceptibles de modifications, en ce sens que les espèces de faune profonde, bien que gardant une origine commune, n'auraient pas nécessairement indiqué cette origine comme antérieure à la formation des lacs. Cependant, en 1901 comme précédemment, je me demandais si ma première hypothèse ne conservait pas quelque chance pour elle, et si les faits nouvellement acquis étaient d'impor- tance suffisante pour nous obliger à tout jeter par-dessus bord. FoREL, dans ses discussions su r la genèse de la faune abyssale, s'est occupé presque exclusivement d'organismes relativement élevés, crustacés, vers, mollusques, et a négligé les Protozoai- res comme étant beaucoup trop peu connus dans leur distribu- tion ; il termine alors ses considérations par ces lignes assez caractéristiques (Le Léman, vol. III, p. 294) : « Je m'arrête ici. Je n'entreprends pas de démêler la prove- « nance des Protozoaires. Qui oserait affirmer que telle espèce « microscopique découverte dans les eaux profondes n'existe 124 SARCODINÉS « réellement pas dans les eaux littorales ? Laissons de telles « affirmations aux naturalistes du XX'"'' siècle. » Or il y a dans ces conclusions quelques points sur lesquels je voudrais revenir. Pris à la lettre, les doutes émis par Forel se sont montrés fondés, car plusieurs de ces protozoaires ont en effet été retrouvés sur les rivages, et sans doute on en trouvera d'autres encore. Mais, d'après la teneur générale des chapitres consacrés à la question par le professeur de Lausanne, il semble bien que ce dernier assimile la faune des eaux littorales à celle des étangs, des marécages, de la plaine en un mot. Or s'il en est ainsi, si Forel a voulu dire : « Qui oserait affirmer que telle espèce microscopique découverte dans les eaux profondes n'existe pas réellement dans la plaine? » alors je crois pouvoir répondre, avec autant de certitude en tout cas qu'on a pu le faire pour les crustacés et les vers : moi ! En eff'et ces espèces, si nombreuses puisque nous n'en avons pas trouvé moins de 26 (v. p. 109, esp. essentiellement caracté- ristiques), si réelles puisqu'on ne sait trop de quelles autres espèces il faut les faire dériver, et que plusieurs mériteraient le titre de genres spéciaux, on ne les a jamais vues dans la plaine; ni Archer, ni Carter, ni Wallich, ni West, ni Sche- wiAKOFF, ni Frangé, ni Lauterborn, ni tant d'autres n'ont rien trouvé de semblable; Leidy, qui a tant vu, qui pour chaque es- pèce qu'il décrit figure nombre de formes et de variétés diff'é- rentes, n'indique rien qui puisse se rapporter à cette faune caractéristique; moi-même, après avoir pendant des années fouillé les marécages, les fossés, les tourbières, et dans le but même d'y retrouver ces diff'érentes espèces, après des résultats généraux assez significatifs pour pouvoir indiquer dans les en- virons de Genève l'existence de plus du 90 7o des rhizopodes d'eau douce connus dans le monde entier, je n'y ai pas rencon- tré cette faune; et pourtant il me suffisait de quitter les marais et à quelques kilomètres de là de traîner mon appareil sur la vase du fond pour revoir les espèces caractéristiques; n'y a-t-il donc pas là quelque chose de spécial, et un simple calcul des probabilités ne suffît-il pas à le démontrer? DES GRANDS LACS 125 Qu'on me permette à ce sujet une comparaison : prenez deux sacs pleins de billes, en nombre pratiquement infini, retirez des heures durant, une à une, les billes, et faites-en deux tas, un pour chaque sac; à la fin de la journée, vous trouvez le tas de gauche entièrement composé de billes blanches; dans celui de droite les blanches sont la minorité, la plupart des billes sont rouges. Qui oserait prétendre que la composition des deux sacs est la même? Ne serait-on pas, au contraire, en droit de con- clure que toutes les billes rouges sont à droite, et que le sac de gauche n'en renferme que de blanches? Et pourtant il ne fau- drait pas être absolument affîrmatif; peut-être, en continuant avec patience, arriverait-on à trouver une bille rouge, même deux ou trois, dans le blanc; mais un fait resterait certain, c'est l'absence en tout cas presque complète du rouge dans le sac blanc; le blanc, c'est la faune générale de la plaine; le rouge, c'est la faune essentiellement caractéristique des lacs profonds. J'ai dit plus haut que cette faune caractéristique est complète- ment absente de la plaine : l'affirmation n'est en pratique pas absolument exacte; quelques espèces ont été retrouvées en plaine; mais le fait n'a pas l'importance qu'on serait tenté de lui attribuer. A ce propos, je copierai textuellement ceque je di- sais en 1901 ^ : « Les 6 espèces retrouvées sont les suivantes : « Nebela vitrœa. Marais de Mategnin; un seul individu, très « petit. — Marais de Gaillard; assez rare, in- « dividus toujours petits mais très variables « de taille, de 66 à 111 ju, tandis que la forme « du lac varie entre 170 et 200 ^u. « Hyalosphenia piinctata. Marais de Gaillard, très rare, lon- « gueur 41 // (70-85 dans le lac). « Pseudodiflugia Ar chéri. Réservoir du Bois de la Bâtie. « Nadinella tenella. Réservoir du Bois de la Bâtie. — Vivier « de la propriété Romieux, à Florissant. ' Revue suisse de Zool., t. 9, 1901, p. 231. 126 SARCODINÉS « Campascus triqaeter. Fontaine du Jardin des Alpes. « Campascus minutus. Marais de Gaillard ^ « Or la fontaine du Jardin des Alpes et le réservoir du Bois « delà Bâtie sont alimentés par la machine hydraulique, qui va « prendre Teau en plein lac à un kilomètre en avant delà ville. Le « vivier de la propriété de M. Romieux est alimenté par la ma- te chine hydraulique de TArve, mais il renferme des nénuphars « exotiques et des poissons rouges, qui ont dû être apportés « de la ville dans Teau du lac. Quant au marais de Gaillard, c'est « une dépendance directe de FArve, qui le recouvre dans ses « crues; FArve elle-même se jette à 10 kilomètres plus bas dans « le Rhône, lequel est lui-même la continuation du lac Il ne « reste donc que le marais de Mategnin, qui, lui, paraît bien « isolé, et cet individu unique, de petite taille mais bien carac- « lérisé, serait le seul à représenter effectivement dans la plaine « les formes spéciales des profondeurs. » Depuis cette époque, je n'ai pas réussi à retrouver une seule de ces formes qui nous occupent, sauf, comme on l'a vu plus haut (p. 85) V Acanthocystis ludibunda récollée également au marais de Gaillard, puis, très rarement, un individu ou un autre pou- vant se rapporter à la D. ciirvîcaulis, lac|ueile, avons-nous dit, ne mérite peut-être guère le titre d'espèce (et n'a d'ailleurs plus celte année été cataloguée dans les espèces essentiellement ca- ractéristiques ^j. A l'étranger également, le seul de ces rhizo- podes qui ait été revu dans la plaine est cette même Diff. cur- fi:c««Z/5; Levander^ Fa retrouvée, nettement caractérisée, mais * Quatre de ces espèces, Nebela vitrœa, Pseudod. Archeri, Camp, triqueter. Camp, minutus. ne rentrent même pas dans les 26 espèces essentiellement caractéristiques décrites cette année ; elles ont aujourd'hui été considérées comme semi-caractéristiques. ^ Dans un travail récent, et dont je n'ai eu connaissance que pendant les der- nières corrections des épreuves, Wf:sT décrit (Journ. Linn. Soc. Zool. vol. 29, 1902, p. 114) une nouvelle Hyalosphenia, H. platystoma, trouvée à Tarbert dans les Hébrides, et qui se rapproche d'assez près de //. punctata pour qu'on soit en droit de la regarder comme la souche de cette dernière. Or celte année j'ai également trouvé, au marais de Roueibeau, un unique exemplaire d'une Hyalosphenia qui me semble devoir être rapportée à VHyal. platystoma de West. ' Acta Sociel. pro fauna et flora fenn. vol. 20, n" 8, 1901. DES GRANDS LACS 127 plus grande c|iie dans le Léman, à Port-Wladimir en Laponie, et SOUS la forme d'une seule coquille vide ^ Quant à la Nebela vitrsea, l'unique exemplaire trouvé à Mategnin était de taille très faible, et comme cette espèce est très voisine de la Nebela crenulata, dont elle se distingue, entr'autres caractères plus ou moins évidents, par un volume beaucoup plus fort, peut-être faudrait-il croire à la récolte dans ce marais, non de la Nebela vitrœa, mais de la Neb. crenulata. En somme, il n'y a pas à en douter : la faune sarcodinienne essentiellement caractéristique du Léman et des lacs suisses en général, est en même temps une faune spéciale, différente de celle des plaines^; mais l'origine, la genèse de cette faune, reste encore inexpliquée, et le sera sans doute tant que d'autres lacs, dans d'autres régions du globe, n'auront pas été étudiés dans leurs profondeurs. Voyons donc quelles sont les données que nous ont fournies les la<;s étrangers : ' Levaxder considère la rencontre de cette espèce en Laponie comme un fait intéressant, qui corrobore la supposition, déjà exprimée par moi en 1899, que les plaines de l'extrême Nord pourraient peut-être nous fournir des renseigne- ments sur l'origine des rhizopodes de faune profonde en Suisse. Mais nous venons de voir que cette Difflitgia curvicaulis n'est guère en mesure de rien prouver par elle-même. J'ajouterai à ce propos que la faune rhizopodique du Spitzberg (78° et 80° nord|, maintenant connue dans ses traits généraux (Scour- FiELD 1897, Penard 1903), n'a fourni aucune des espèces caractéristiques qui nous occupent ici. * Il ne faudrait sous ce rapport pas être trop affirmatif pour ce qui concerne les simples variétés, que nous avons indiquées plus haut (pag. 111) sous la rubrique C, et qui du reste ne sont jamais entrées en considération dans les pages concernant la genèse des formes lacustres; ces variétés se rattachent à des formes actuelles de plaine dont elles ne difl'èrent que par des caractères que le changement de milieu sufiit sans doute à expliquer. On peut également s'atten- dre à rencontrer de temps à autre dans les marécages, parmi les innombrables variétés de \a Difjlugia pyriformis, quelques individus que l'on pourra rattacher à la var. lacustris ; une Difflugia acuminata revêtira parfois la forme « inflata » ; une Diff. amphora prendra la forme caractéristique de fraise allongée ; une Quadrilla irregularis ne se distinguera qu'à grand'peine de la forme « glo- hiilosa M. [CD V. i-V * 128 SARCODINÉS Lacs étrangers a la Suisse. Les indications deviennent ici extrêmement rares; les natu- ralistes semblent, un peu partout, s'être donné le mot pour né- gliger les organismes des profondeurs, ou en tout cas les proto- zoaires. Tout au plus puis-je consacrer quelques lignes, d'abord au lac Ladoga, puis au Loch Ness en Ecosse. M. Skorikoff, de l'Académie des Sciences de St-Pétersbourg, a bien voulu me remettre quelques tubes dont le contenu pro- venait des profondeurs du Ladoga; mais tout ce que j'ai pu y découvrir, en fait de rhizopodes, a été : Trinema enchelys, très petite forme, 1 coquille vide. Difflugia pyriformis, très petite forme, 2 coquilles vides. » lucida, 1 coquille. » constricta, très petite, 1 coquille. ? » hydrostatica, 1 coquille. C'est là bien peu de chose ; mais d'après moi, les récoltes de M. Skorikoff n'étaient pas de nature à nous donner une idée exacte delà faune profonde du Ladoga; elles ne renfermaient pas de limon véritable ni de pierres ; tout n'était que particules infiniment petites d'origine végétale'. Peut-être l'appareil n'avait-il fait que passer au-dessus du fond sans le toucher, et n'avait-il recueilli que les particules les plus fines, soulevées au passage du poids qui sans doute traînait dans la vase en avant du filet. Quant au Loch Ness, il a fourni des résultats déjà bien plus * On y rencontrait cependant en grand nombre les carapaces vides d'un tin- tinnoïde, Codonella ou Tintinnopsis. DES GRANDS LACS 129 significatifs. ^I. Scolrfield a eu Tobligeance de m'adresser plusieurs flacons renfermant du détritus rapporté de différen- tes profondeurs, variant de 272 à 680 pieds anglais. Ce détritus, surtout entre 300 et 400 pieds, s'est montré riche en Sarcodinés; mais, d'une manière générale, c'était là la faune des plaines, et avant tout celle des tourbières. Le Loch Ness, il faut le dire, n'est sans doute pas le mieux choisi des lacs d'Ecosse pour les éludes comparatives c{ui nous occupent ici : il est à la vérité très profond, mais en même temps c'est, plutôt qu'un lac, un canal, une fissure géologique que remplit la rivière Ness. Celte dernière, comme également sans doule nombre de petits ruis- seaux, déverse continuellement dans le lac des débris prove- nant de la plaine, et en fait le résidu des flacons était composé en partie de fragments minéraux, en partie de débris végétaux, où l'on reconnaissait souvent les feuilles des mousses et des sphagnum. Cependant, parmi ces espèces de plaine, on en voyait d'autres qui semblaient bien appartenir au lac lui-même, et c'étaient alors les suivantes : Difflugia acuminata var. inflata. » pyriformis var. lacustris. » curvivaulis. Ponligidasia bigibbosa. Nebcla vilrxa. Cyphoderia ampulla. » » var. major P Campascus niinuttis. Paulinella chromatophora. P se H do difflugia horrida. Raphidiophrys pa llida. Sphœrastrtim Fockei. De ces 12 Sarcodinés, il en est 6 au moins (je néglige Difflu- gia curvicaulis comme peu significative) qui font partie de no- tre tableau des formes caractéristiques des lacs suisses. On re- marquera également la présence de la Cyphoderia ampulla, toujours si commune dans les lacs; dans le Loch Ness, cette 9 130 SARCODINÉS espèce, abondamment représentée, revêtait des formas diverses; on y reconnaissait, très rarement, une forme que Ton pouvait rapprocher de la var. major, mais beaucoup plus petite que dans le Léman. La Nebela vitrsea était de faible taille également, et se montrait en compagnie de la Nebela crenulata descendue des tourbières avoisinantes, dont on avait alors parfois quelque peine à la distinguer. Les autres formes caractéristiques, Dif- flugia acuminata var. iuflata, Diff. pyriformis var. laciistris, Pontigulasia bigibbosa, restaient également toutes inférieures en volume à leurs congénères du Léman. Les résultats fournis parle Loch Ness sont encore insuffisants pour éclairer la question de la genèse des formes lacustres; la plupart des espèces caractéristiques, et surtout les plus typi- ques, ont absolument fait défaut. Ces résultats donnent cepen- dant, il me semble, quelque probabilité à Thypothèse qui vou- drait que cette faune caractéristique fût commune à tous les grands lacs profonds en général. Quoi qu'il en soit, la lumière est loin d'être faite; mais TEcosse a bien d'autres lac^s; l'étude en est actuellement entreprise, poursuivie d'une manière sys- tématique, et nous pouvons être assurés que les travaux du La- ke Siirvey, dirigés par Sir John Murray et conduits par tout un état-major de naturalistes distingués, nous apporteront des ren- seignements précieux. Peu à peu suivront d'autres lacs, ceux de Suède et de Norwège, de Finlande, de Russie, des Etats- Unis, et peut-être alors ce petit volume vient-il à son heure pour fournir aujourd'hui déjà quelques indications de nature à encourager les recherches. AUTEURS CONSULTES 1. Archer, W. Résumé of récent contributions to the knowlege of freshwater rhizopods. Quart. Journ. Mîcr. Sci., vol. 17, 1877. 2. AsPER, J. et Heuscher, J. Zur Naturgeschichte der Alpenseen. Jahresber. der St. Gall. naturwiss. GeselL, p. 145-187, 1885-86. 3. Blanc, II. Rhizopodes nou\>eau.v pour la faune profonde du lac Léman. Bull. Soc. Vaud. Sci. Nat., vol. 20, p. 287-8, 1884. 4. — Une nouvelle forme de Gromie de la faune profonde du lac Léman. Arch. Sci. Phys. Xat., Genève, 3* pér., t. 16, p. 362- 366, 1886. 5. — La Gromîa Brunneri, un nouveau foraminifére. Recueil Zool. Suisse, vol. 4, p. 497-513, 1888. 6. — Les Difflugies de la Faune profonde du lac Léman. Recueil inaugural de l'Université de Lausanne, p. 377-88, 1892. 7. — Sur le Plancton du lac Léman, sa distribution horizontale et verticale, et sur les espèces les plus abondantes. Acta Soc. helvet. Se. Nat., 79« Session à Zermatt, p. 46-49, 1895. 8. Du Plessis, g. Note sur les Rhizopodes observés dans le fond du lac Léman. Bull. Soc. Vaud. Se. Nat., vol. 16, p. 166-67, 1879. 9. — Essai sur la faune profonde des lacs de la Suisse, Mémoire couronné. Nouv. mém. de la Soc. Helv. des Sci. Nat., vol. 29, 63 p., 1885. 10. FoREL, F. -A, Matériaux pour servir à l'étude de la faune pro- fonde du lac Léman, i""", 2", 3^, k^ etïf séries. Bull. Soc. Vaud. Sci. Nat., vol. 13 à 16, 1874 à 1879. 11. — La faune profonde des lacs suisses. Mémoire couronné. Nouv. Mém. de la Soc. Helv. des Sci. Nat., vol. 29, 248 p., 1885. 12. — Le lac Léman, précis scientifique. Paris-Genève-Lyon, 76 p., 1886. 13. — Le Léman, monographie limnologique. Biologie, t. 3, 411 p., Lausanne, Rouge, édit., 1902. 132 SARCODINÉS 14. FuHR.MAXx, O. Le Plancton du lac de Neuchdtel. Bull, de la Soc. Sci. Xat., Neuchâtel, t. 28, p. 86-99, 1899-1900. 15. Garbixi, a. Un pugillo di Plancton del lago di Conio. Atti del R. Istit. Veneto di Se. Lett. e Art., t. 9, Sér. 7, p. 668-79, 1897-1898. 16. — Due nuovi rizopodi limnetici. Zool. Anz., Bd. 21, N" 575, p. 667- 670, 1898. 17. — Intorno al Plancton del lago Maggiore Atti dell'Acad. d'agr. sci... di Verona. Ser. 4, vol. 1, fasc. 2, p. 1-14, 1900. 18. Greeff, R. Ueber Radiolarien and Hadiolarienavtige Rhizopoden des Sûsswassers. Arch. fur mikr. Anat., vol. 11, 1875. 19. Gruber, a. Die Protozoen des Hafens von Genua. Nova Acta. Leq. Carol. Acad. cur., vol. 46, N° 4, 1884. 20. Hertwig, r. et Lesser, E. Ueber Rhizopoden and denselben nahestehende Organismen. Arch. fur mikr. Anat., vol. 10, Suppl. 1874. 21. Heuscher, J. Thuner und Brienzersee, ihre biologischen und Fischerei Verhâltnisse. Pfaffîkon, Zwingli, 104 p., 1901. 22. Imhof, O. Weitere Mitteilung iiber die pelagische Fauna der Siiss- wasserbecken. Zool. Anz., Bd, 7, p. 321, 1884. 23. — Zoologische Mitteilungen. Vierteljahressch. der naturf. Ges., Zurich, 30. Jahrg., p. 369-89, 1885. 24. — Neue Resultate iiber die pelagische und Tiefseefauna einiger Un Flussgebiet des Po gelegener Siissivasserbecken. Zool. Anz., Bd. 9, p. 41-47, 1886. 25. Lacerheim, g, Om lâmningar af rhizopoder, Heliozoer och tin- tinnider : Sveriges och Finlands lakustrina kvartàraflagrin- gar. Geol. 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INDEX ALPHABÉTIQUE Acanthocystis longiseta ... 82 » liidihunda . . 84 » rubella .... 85 Actinocoma ramosa 98 Amphitvema lemanense . . . 101 Astodiscus saltans 99 Artrodisculus laciniatus. . . 87 Campascus miniitus 53 » triqueter 52 Clathrella Foreli 103 Clypeolina marginata .... 59 Cochliopodiiim amhlgiuun. . 13 » graniilatum . 11 » sptimosum . 9 Cyphoderia ampulla v. major. 44 » calceoliis 47 » lœvis 50 » trochus 48 Difflugia a c u m in a ta v . in fia ta. 14 » amphora 26 » curvicaulis 16 » elegans var. teres. . 15 » elongata 33 » hydrostatica .... 28 » hydrostatica var. li- thophila 29 » lebes 31 » lemani 18 » mammillaris .... 22 » prœstans 24 » pyriformis v. clavi- forniis 19 Pages. Difflugia pyrlformis v. la- c us tris 21 » scalpellum .... 23 Elseorhanis cincta 104 Euglypha aspera 54 Gromia Brunneri 68 » gemma 70 » linearis 72 » saxicola 77 » squamosa 73 Heleopera petricola v. ame- thystea 36 Hyalosphenia cuneata ... 37 » punctata. . . 39 Lithocolla flavescens .... 91 » glohosa 89 Nadinella tenella 61 Nebela vitrœa 40 Pamphagus arcuatus. . . . 64 » bathybioticus . 6() Paulinella chromatophora. 62 Pelomyxa fragilis 7 Pinaciophora fluviatilis. . . 92 Placocysta lens 56 Plagiophrys parvipunctata. 67 Pontigulasia bigibbosa ... 35 P se u do difflugia Archeri . . 57 Quadrula irregularis v. glo- bulosa 42 Raphidiophrys pallida ... 94 Raphidocystis lemani. . . . 96 EUGENE PENAUD Docteur èti-sciences. LES SARCODINÉS DES GRANDS LACS AVEC 57 FIGURES DANS LE TEXTE GENEVE HENRY KÛNDIG, ÉDITEUR Libraire de l'Institut. 11, CORBATERIE, 11 1905 Tous droits réservés. ^^-^^■^^ Chez H. KÙNDIG, Libraire de l'Institut, GENÈVE PENARD, Eug. — Faune rhizopodique^du Bassin du Léman. 1 vol. de 714 p. iu-4o, avec iiorabreusos figures. 1902'. Fr. 50. — Les Uéliozoaires d'eau douce. 1 vol. de 341 p. in-4'' avec nombreuses fig. dans le texte. 1894. Fr. 25.— ROUX, J., Dr es sciences. — Faune infusorienne des eaux stagnantes des environs de Genève. Iu-4*', avec 8 planches en couleurs. Fr. 20. — *"'» Mémoire couronné par la Faculté des Sciences de V Université. BARBEY, Auguste. — Les Scolytides de V Europe centrale. Etude morphologique et biologique de la famille des Bostriches en rapport avec la protection des forêts, à l'usage des forestiers, des horticulteurs et des entomologistes. In-4<», avec 3 pi. lithogr. et 15 pi. phototypiques exécutées par l'auteur. 1901. Fr. 20.— Edition en allemand. . Fr. 20. — CLAPARÈDE, Edouard et LACHMANN, Johannes. — Etudes sur les Infusoires et les Bhizopodes. 291 p. in-4o avec 13 planches, 1883. Fr. 80.— FOL, Hermann, jirofesseur. — Sur le Sticholonche Zanelea et un nouvel ordre de Bhizopodes. 35 p. in-4o avec 2 planches, 1858. ¥v. 3.50 FOREL, Auguste. — Les Fourmis de la Suisse. — Systématique. Notices anatomi- ques et physiologiques. Architecture. Distribution géographique. Nouvelles expériences et observations de mœurs. Ouvrage couronné par la Société helvé- tique des sciences naturelles. IV, 452 p. in-8o avec 2 planches, 1874. Fr. 25.— Encore quelques exemplaires. MOULINIË, J.-J. — De la reproduction chez les Trématodes endo-parasites. 290 p. in-4o, avec 7 planches, 1856. Fr. 15. — Le SALÈVE. — Description scientifique et pittoresque, publiée par la Section gene- voise du Club Alpin suisse. 448 p. in-8o, avec 65 illustr. 1898. Fr. 10.— VOGT, Cari. — Les prétendus organisme des météorites. 55 p. in-4oavec 3 planches. 1882. Fr. 7.50 Sur un nouveau genre de médusaire sessile, Lipkea Euspoliana C. V. 53 p. in-4o avec 2 planches. 1890. Fr. 4.— Recherches sur les animaux inférieurs de la Méditerranée. Première partie : Siphonophores de la mer de Nice (avec 21 planches). Deuxième partie : Tuni- ciers nageants de la mer de Nice (avec 6 planches). In-4o (l''' 164 p. et 21 planches, 2me i02 p. et 6 planches), 1868. Fr. 40.— Recherches côtières faites à Eoskoff. Crustacés parasites des poissons. Pre- mier mémoire : Léposphile des Labres. Second mémoire : Familles des Lernseo- podideset des Chondracanthides. In-4o (1er 40 p. et 2 planches, 2^" 64 p. et 4 planches), 1879, cart. Fr. 12.— ZSCHOKKE, Fritz, D' es sciences. Recherches sur la structure anatomique et histo- logique des Cestodes. 396 p. in-4o, avec 9 planches, 1890. Fr. 18. — GenèTe — Imprimerie W. Kiindig & Fils, Vieux-Collège, 4. y3^\333)^3-v3l^^'l^3 -'- -■!:,'■'. v.'^'--:''; ■,";;^iH'-''v'-