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BRIGHAM TOUNG UNIVERSITE PROVÛ, UTAH

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LETTRES

1)F.

NAPOLÉON

i:r

DE JOSEPHINE.

jL»e^'a<g

TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRERES,

KI'K JACOB , N 24.

-rrn-iTi'g'i

' À

LETTRES

DE

NAPOLEON

A JOSÉPHINE,

PENDANT LA PREMIERE CAMPAGNE D ITALIE , LE CONSULAT ET l'eMPIRE ;

ET LETTRES DE JOSÉPHINE A NAPOLEON

ET A SA FILLE.

Sortie seconto.

PARIS.

F1RMIN DIDOT FRERES, LIBRAIRES,

J.ACOJ; , i

1 8?3.

RLE J.ACOJ; , 24.

LETTRES

DE

L'EMPEREUR NAPOLÉON

A L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE,

TENDANT LE SEJOUR Qu'lL FIT A BAYONNE, EN 1808.

(9)

ifo&&&&ii?&&&&&tëw&&yfc&&w&'&&&'&të&tete&t&ifav&'&w

LETTRE CXLIV

y& i \%rnA&raéwce, m f/àon/eaùMc.

Bayonne, le [6 avril 1808.

Je suis arrivé ici bien portant , un peu fatigué par la route, qui est triste et bien mauvaise.

Je suis bien aise que tu sois restée,

( io ) car les maisons sont bien mauvaises ici, et très-petites.

Je vais aujourd'hui aller dans une pe- tite maison, à la campagne, à une demi- lieue de la ville.

Adieu , mon amie ; bonne santé.

Napoléon.

( Il )

&ib&&1fà&ifr&&i£&&&&&&&&ife&&&&te&&&<fo<&>$f&&&

LETTRE CXLV.

*^4> c <y<m/?e/?<atru:e, a (/àor-dei

f£auœ.

Le 17 avril 1808.

Je reçois ta lettre du 1 5 avril. Ce que tu me dis du propriétaire de la campagne me fait plaisir; vas-y passer la journée quelquefois.

( ■<>

Je donne ordre qu'il soit fait un sup- plément de 20,000 francs par mois à ta cassette , pendant ton voyage , à compter du Ier avril.

Je suis horriblement logé. Je vais , dans une heure, changer, et me mettre à une demi-lieue, dans une bastide. L'infant Don Charles , et cinq ou six grands d'Es- pagne, sont ici; le prince des Asturies est à vingt lieues. Le roi Charles et la reine arrivent. Je ne sais je logerai tout ce monde-là. Tout est encore à l'au- berge. Mes troupes se portent bien en Espagne.

J'ai été un moment à comprendre tes gentillesses; j'ai ri de tes souvenirs» Vous autres femmes, vous avez de la mémoire.

Ma santé est assez bonne , et je t'aime

(,3

de bien bonne amitié. Je désire que tu fasses des amitiés à tout le monde à Bor- deaux ; mes occupations ne m'ont permis d'en faire à personne.

Napoléon.

( i4 )

LETTRE CXLVI

^Â> i *%riAe/rafa&ce/ a L/3o/}<aeauœ<.

Le ai avril r8o8.

Je reçois ta lettre du i g avril. J'ai eu hier le prince des Asturies et sa cour à dîner : cela m'a donné bien des embarras. J'attends Charles TV et la reine.

( i5 )

Ma santé est bonne. Je suis assez bien établi actuellement à la campagne»

Adieu, mon amie; je reçois toujours avec bien du plaisir de tes nouvelles.

Napoléon.

( I«)

&&#*'&&&&&&&'&&&&&'&&&&&&%?&&&&'&&&&&&'&'&

LETTRE CXLYIl.

*yé é <j*mA&raôrice , a t/ôorde«ua>.

HavoniH", k> 2 3 avril r8o8.

Mon amie , Hortense est accouchée d'un fils; j'en ai éprouvé une vive joie. Je ne suis pas surpris que tu ne m'en dises rien , puisque ta lettre est du 2. 1 , et qu'elle est accouchée le 20 ? dans la nuit.

( «7) Tu peux partir le 26 , aller coucher à

Mont-de-Marsan , et arriver ici le 27. Fais partir ton premier service le 2,5 au soir. Je te fais arranger ici une petite cam- pagne à côté de celle que j'occupe. Ma santé est bonne.

J'attends le roi Charles IV et sa femme.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

Il

LETTRES

DE L'EMPEREUR NAPOLÉON

A L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE,

PENDANT LE SEJOUR Qu'il, FIT A ERFURT

EN 1808.

( 21 )

LETTRE CXLVIII.

tSw f tj7riA&rafa{sce , a t/ = wôoaa.

Erfurt, le 29 septembre 1808.

Je suis un peu enrhumé. J'ai reçu ta lettre de Malmaison. Je suis fort satisfait ici de l'empereur et de tout le monde.

Il est une heure après minuit, et je suis fatigué.

Adieu, mon amie; porte-toi bien.

Napoléon,

( 22 )

&&&&<fo$?&tâ&&&itoife&&^&tâ&&&&&'fà&&f&'fo'$f $?&&&&

LETTRE CXLIX

t^b / <JmAeras6?*tce, co t/ ^wlotod.

Le 9 octobre 1808.

J'ai reçu, mon amie, ta lettre. Je vois avec plaisir que tu te portes bien. Je viens de chasser sur le champ de bataille d'Iéna. Nous avons déjeuné dans l'endroit j'a- vais passé la nuit au bivouac.

( 23 )

J'ai assisté au bal de Weimar. L'empe- reur Alexandre danse ; mais moi , non ; quarante ans sont quarante ans.

Ma santé est bonne au fond, malgré quelques petits maux.

Adieu , mon amie.

Tout à toi. J'espère te voir bientôt.

Napoléon.

( à4 )

LETTRE CL.

ty4) / tJwiAertiôrice, a c? = (Qtoud.

Mon amie, je tecris peu; je suis fort occupé. Des conversations de journées entières, cela n'arrange pas mon rhume. Cependant tout va bien. Je suis content d'Alexandre , il doit l'être de moi : s'il

(»5)

était femme, je crois que j'en ferais mon amoureuse.

Je serai chez toi dans peu; porte-toi bien, et que je te trouve grasse et fraîche.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

LETTRES

DE L'EMPEREUR NAPOLEON

A L'IMPERATRICE JOSEPHINE,

pendant la campagne despagne

en 1808 et 1809.

( 29 )

•X^^^#^*^^'^#W###^,#l^#^^##vl'^V#*#^*^^»^*

LETTRE CLI

tSb t<y7/?Acra//rùce, a, ^a/r/à.

r Le 3 novembre 1808.

Je suis arrivé cette nuit avec bien de la peine; j'ai couru quelques postes à cheval; je me porte cependant fort bien.

(3o) , Je vais partir demain pour l'Espagne. Mes troupes arrivent à force.

Adieu, mon amie.

Tout à toi.

Napoléon.

(3, )

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&■&&&#?&&&'&'&'&&'&'&

LETTRE CLII.

*yfa / t/m/i&ratrice, a ènsvrtà.

5 novembre 180S.

Je suis à Tolosa; je pars pour Vittoria, je serai dans peu d'heures. Je me porte assez bien , et j'espère que tout cela sera bientôt fini.

Napoléon.

( )

LETTRE CLIII.

^yh ftywiA&raJnce, a êrmttà.

Le 7 novembre.

Mon amie, je suis depuis deux jours à Vittoria ; je me porte bien. Mes troupes arrivent tous les jours ; la garde est ar- rivée aujourd'hui.

(33)

Le roi est fort bien portant. Ma vie est fort occupée.

Je sais que tu es à Paris. Ne doute pas de mes sentiments.

Napoléon.

II. -3

(34 )

****#***#*^*#***********#*********

LETTRE CUV

t .■{. / <i //i//eTf//n/'c , a, tyarté.

Ktirgos, le r '( novembre rSotf.

Les affaires marchent ici avec une grande activité. Le temps est fort beau, Nous avons des succès. Ma santé est fort bonne.

Napoléon

35 )

&&&&&&&&&&&&'&'&&■&#*&&&$?&&&'&&&'&&$?&$&&&

LETTRE CLV

1/4) / t°/w?/tesra//rwe, ce Jrantà.

\j? 26 novembre' t8o8.

J'ai reçu ta lettre. Je désire que ta

santé soit aussi bonne que la mienne,

quoique fort occupé. Tout marche bien

ici.

3.

( 36 ) Je pense que tu dois retourner aux Tuileries le 2 1 décembre , et , à dater de cette époque, donner un concert tous les huit jours.

Tout à toi. ,

Napoléon.

Bien des choses à Hortense et à M. Na- poléon.

( 37 )

LETTRE CLVI.

r/f? / \^??y£e7r<z/ruj<? , a *9/art,j.

\x 7 décembre 1808.

Je recois ta lettre du 28. Je vois avec plaisir que tu te portes bien. Tu as vu que le jeune Tascher se comporte bien ; cela m'a fait plaisir. Ma santé est bonne.

Il fait ici le temps de la dernière quin- zaine de mai , à Paris : nous avons chaud,

( 38 ) et point de feu , si ce n'est la nuit qui est assez fraîche.

Madrid est tranquille. Toutes mes af- faires vont bien.

Adieu, mon amie. Tout à toi.

Napoléon.

Bien des choses à Hortense et à M. Na- poléon.

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( % )

#*^**^*#*##W#WW#vW*W!lf#*^rA#ttîSfW?*'*

LETTRE CLVII.

Ao t \y/mA&raérice, a P/ymm.

f,e 10 décembre 1S0S

Mon amie, je reçois ta lettre; tu me dis qu'il fait mauvais à Paris; il fait ici le plus beau temps du monde. Dis-moi , je te prie , ce que veulent dire les réformes que fait Hortense; l'on dit qu'elle ren-

( 4o )

voie ses domestiques? Est-ce qu'on lui refuserait ce qui lui est nécessaire ? Dis- moi un mot là-dessus : les réformes ne sont pas convenables.

Adieu, mon amie; il fait ici le plus beau temps du monde. Tout va fort bien, et je te prie de te bien porter.

JNapoleon.

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( )

$> &> '& î& # '& %t $r # tf? ■&' # ïfe # # $>' 's& $? W SV '^? iX' *«& "& '<& &T 5$ $& $P "<& #^? v&

LETTRE CLYIII.

<^> ù^riAœraârtce., rr è/aroj.

I.C2I décembre 1S0S.

Tu dois être entrée aux Tuileries le 12. J'espère que tu auras été contente de tes appartements.

J ai autorisé la présentation à toi et à la famille, de Kourakin : reçois-le bien, et fais-le jouer avec toi.

Adieu, mon amie; je me porte bien: le temps est pluvieux ; il fait un peu froid.

N

APOLEON

( 43 )

# $?&$t<& $? ^> * * «fc tfe * $? * ç& vte tt ft w v& * &- *# ft ù- * # v? %»j # r<£

LETTRE CLIX

>^»iSari

<y{j i J/wi/i&rafaice, P/ar/.j.

Le 22 décembre 1808.

Je pars à l'instant pour manœuvrer les Anglais, qui paraissent avoir reçu leur renfort, et vouloir faire les crânes. Le temps est beau , ma santé parfaite ; sois sans inquiétude.

Napoléon.

(44) LETTRE CLX.

mAewzârtce, a, écarté.

Kcnavente, le 3i décembre i8of>.

' Mon amie, je suis à la poursuite des Anglais depuis quelques jours ; mais ils fuient épouvantés. Ils ont lâchement aban- donné les débris de l'armée de la Ro- mana, pour ne pas retarder leur retraite d'une demi-journée. Plus de cent cha- riots de bagages sont déjà pris. Le temps est bien mauvais.

( 45

Lefëvre a été pris; il m'a fait une échauffourée avec 3oo chasseurs : ces crânes ont passé une rivière à la nage, et ont été se jeter au milieu de la cavalerie anglaise; ils en ont beaucoup tué; mais, au retour, Lefèvre a eu son cheval blessé ; il se noyait; le courant Fa conduit sur la rive étaient les Anglais ; il a été pris. Console sa femme.

Adieu , mon amie. Bessières , avec 10,000 chevaux, est sur Astorga.

Napoléon. Bonne année à tout le monde.

46 )

& <& '& #*&$?# *& sfc ^ <& $f &' $is 3fr ïtë '<& $& $? ^b &* &> # # $? # $? Ht # & # # $>

LETTRE CLXI

i«in*S>>r~^

r p / Jlm/tera/ncc , a Ôn&rtà.

Le 3 janvier 1809.

Je recois, mon amie, tes lettres du

O 7 7

18 et du 21. Je poursuis les Anglais 1 epée dans les reins.

( 47 ) Le temps est froid et rigoureux; mais tout va bien.

Adieu, mon amie.

Tout à toi.

Bonne et bien bonne année à ma Jo- séphine.

Napoléon.

( 48 )

i ' & 'i i> %& %& 4& Ô8<*fe !& # S& è§P $P v£» '<& $'? 3? # ï& # ^ 'A' tf? #3 $? é& # $> ;X? "iï> «$

LETTRE CLXII.

t/6 / tjmAe^alrùce ; a êrar-ià.

Benavente, le 5 janvier [809.

Mon amie , je t'écris un mot. Les An- glais sont dans une grande déroute. J'ai chargé le duc de Dalmatie de les pour- suivre l'épée dans les reins. Je me porte bien. Le temps est mauvais.

Adieu , mon amie.

Napoléon.

(49)

^%^#^##%^^^^^^^^#^%iT?^'^#'aT?'e1?##^>%&#^?^1!^'l^^.'

LETTRE CLXIÏI

iSb - / \%n/ie/^aârùce , a è/arM.

I.e 8 janvier 1809.

Je recois tes lettres du s3 et du 26. Je vois avec peine que tu souffres des dents. Je suis ici depuis deux jours. Le

II.

( 5o )

temps est comme la saison le comporte. Les Anglais s'embarquent. Je suis bien portant.

Adieu, mon amie.

Jecris à Hortense. Eugène a une fille.

Tout à toi.

N

APOLEON.

dHw

( 5i )

#^^^#^^^^^*^^#^^^^^'il?;':0'#^^':XJ^#^#'«&'^%iÉ,,iii,

LETTRE CLXIV.

tyb c \%7iA&raértce , a PJa/rte.

Le y janvier i8o<j,

Moustache m'apporte une lettre de toi du 3i décembre. Je vois, mon amie, que tu es triste et que tu as l'inquiétude très- noire. L'Autriche ne me fera pas la guerre. Si elle me la fait, j'ai i5o,ooo hommes en

4.

( r^ )

Allemagne, et autant sur le Rhin, et 4oo,ooo Allemands pour lui répondre. La Russie ne se séparera pas de moi. On est fou à Paris; tout marche bien.

Je serai à Paris aussitôt que je le croi- rai utile. Je te conseille de prendre garde aux revenants; un beau jour, à deux heures du matin

Mais adieu, mon amie; je me porte bien , et suis tout à toi.

Napoléon.

LETTRES

DE L'EMPEREUR NAPOLÉON

A L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE,

PENDANT LA CAMPAGNE DALLEMAGNE, EN 1809.

( 55)

LETTRE CLXV

<yé l tyfwiA&wiânee, a crfaadoooi/ra.

Donauwœrth , le 1 3 avril iHoi).

Je suis arrivé ici hier à quatre heures du matin; j'en pars. Tout* est en mou- vement.

( 56 )

Les opérations militaire3 sont dans une grande activité.

Jusqu'à cette heure, il n'y a rien de nouveau.

Ma santé est bonne.

Tout à toi.

Napoléon.

(57)

V^^^##>^^^^#^#^^r^'^#^^tiiÈ>#*^,^#^^##^?^,^'#

LETTRE CLXVI

{? tt %m/ï,&ra/6r(&e, a ytraxtvou/ïy/.

Le 6 mai, à midi, 1800.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre. La. balle qui m'a touché ne m'a pas blessé; elle a à peine rasé le tendon d'Achille.

Ma santé est fort bonne. Tu as tort

( 58 )

de t'inquiéter. Mes affaires ici vont fort bien.

Tout à toi.

Napoléon.

V

Dis bien des choses à Hortense et au duc de Berg *.

* Le prince Napoléon, fils aîné du roi de Hollande, nommé grand-duc de Berg à l'époque le prince Murât devint, roi de Naples.

(59)

LETTRE CLXVII

>^«îr—

e/raérice, a çjâ/ia*w*)u/ra'.

Samt-Polten , le 9 mai 1809.

Mon amie, je t'écris de Saint-Polten. Demain, je serai devant Vienne : ce sera juste un mois après le même jour les Autrichiens ont passé l'inn, et violé la paix.

( 6o ) Ma santé est bonne ; le temps su- perbe , et le soldat fort gai : il y a ici du vin.

Porte- toi bien.

Tout à toi.

Napoléon

( 6i )

eÂ- # $? &$?$?'& # tfe t& $? $i? # $? $p # tte ■$» $? '& $& ÔS> $& vfc '<& $> ;'> v '

LETTRE CLXYI11

*s4) o <%nA&wiére>cei co iymz^âoid^a.

SHiœnbrunii, le 12 mai 1809.

Je t'expédie le frère de la duchesse de Montebello pour Rapprendre que je suis maître de Vienne, et que tout ici va par- faitement. Ma santé est fort bonne.

Napoléon.

( 62 )

&&&fâfà'&tâ&&&&&fàtâ$?'&&&'&te&&ifo'&&&'fà'fà&&tâ'àfe'&&'

LETTRE CLXIX.

*s4> t* %7iAe4<a6r-&ce, ci tj6ra<i(M>Mfa.

Le 27 mai 1809.

Je t'expédie un page pour t'apprendre qu'Eugène m'a rejoint avec toute son ar- mée; qu'il a rempli parfaitement le but que je lui avais demandé ; qu'il a presque entièrement détruit l'armée ennemie qui était devant lui.

(63) .le t'envoie ma proclamation à l'armée d'Italie, qui te fera comprendre tout cela. Je me porte fort bien.

Tout à toi.

Napoléon.

P. S. Tu peux faire imprimer cette proclamation à Strasbourg , et la faire traduire en français et en allemand, pour qu'on la répande dans toute l'Allemagne. Remets au page qui va à Paris une copie de la proclamation.

( 64 )

':i'fè&&&&!fofà&&to^&tâtâ$7tâi&&i&tâifo&>$ï&&&&&Tto'<ii.;

LETTRE CLXX

(i&raôrœe, a c/âraJaoùûra

Le 29, à 7 heures du soir, 1809.

Mon amie, je suis depuis hier ici; je suis arrêté par la rivière. Le pont a été brûlé; je passerai à minuit.

( 63 ) '

Tout va ici comme je peux le désirer, c'est-à-dire très-bien.

Les Autrichiens ont été frappés de la foudre.

Adieu , mon amie.

Tout à toi.

Napoléon.

IL

( 66 )

LETTRE CLXXI.

tym/t/vraérice, a bfP/AoJcwc</?y/.

\.t 3i mai 1809.

Je recois ta lettre du 2.6. Je t'ai écrit que tu pouvais aller à Plombières; je ne me soucie pas que tu ailles à Bade; il ne faut pas sortir de France. J'ai ordonné aux deux princes de rentrer en France *.

* La reine de Hollande avait conduit ses deux fils avec elle aux eaux de Bade.

( G7 )

La perte du duc de Montebello, qui est mort ce matin , m'a fort affligé. Ainsi tout finit !!...

Adieu , mon amie; si tu peux contri- buer à consoler la pauvre maréchale , fais-le.

Tout à toi.

Napoléon.

M$

(68)

&*#*&##*&##&*&#*##*fà1b#&#&&##1lr&&'&&*

LETTRE CLXXII.

4) t t_°J m/ter a/rwe, a, crtm^vou/pa/.

Le 9 juin 1809.

J'ai reçu ta lettre; je vois avec plaisir que tu vas aller aux eaux de Plombières : elles te feront du bien.

Eugène est en Hongrie avec son armée.

(%)

Je me porte bien; le temps est fort beau. J'ai vu avec plaisir Hortense et le duc de Berg en France.

Adieu , mon amie. Tout à toi.

Napoléon.

( 7°)

'.V

LETTRE CLXXIII.

*y{) l ismAerafaùce, a Ôrcomvi&red.

Schœubruiin , le 16 juin 1809.

Je t'expédie un page pour t'annoncer que, le i4, anniversaire de Marengo, Eugène a gagné une bataille contre l'ar- chiduc Jean et l'archiduc Palatin, à Raab,

( 7l ) en Hongrie, qu'il leur a pris 3 mille hom- mes, plusieurs pièces de canon, quatre drapeaux , et les a poursuivis fort loin sur le chemin de Bude.

Napoléon.

( 72 )

LETTRE CLXXIV.

r> ti7m/ïera//rwe, a< & oomâùev+eà.

Le 19 juin, à midi, 1809.

Je recois ta lettre , tu m'annonces ton départ pour Plombières. Je vois ce voyage avec plaisir, parce que j'espère qu'il te fera du bien.

Eugène est en Hongrie, et se porte bien.

( 73 ) Ma santé est fort bonne, et l'armée en bon état.

Je suis bien aise de savoir le grand-duc de Berg avec toi.

Adieu, mon amie; tu connais mes sen- timents pour Joséphine; ils sont inva- riables.

Tout à toi.

Napoléon.

( 74)

&&ji&tà&tàte&tew&w&tâ¥?&tâfa&&te&&wtàwwiir$tifa\iir1(f&

LETTRE CLXXV

ty&> t ^i m/ie/ra tnce , a & urmLH&reà.

Kbersdorl , le 7, à 5 heures du matin, 1809.

Je t'expédie un page pour te donner la bonne nouvelle de la victoire d'Ebers- dorf , que j'ai remportée le 5, et de celle de Wagram, que j'ai remportée le 6.

L'armée ennemie fuit en désordre , et tout marche selon mes vœux.

( 75 )

Eugène se porte bien. Le prince Aldo- brandini est blessé, mais légèrement.

Bessières a eu un boulet qui lui a tou- ché le gras de la cuisse , la blessure est très-légère. Lasalle a été tué; mes pertes sont assez fortes ; mais la victoire est dé- cisive et complète. Nous avons plus de i oo pièces de canon , 1 2 drapeaux , beau- coup de prisonniers.

Je suis brûlé par le soleil.

x\dieu , mon amie; je t'embrasse. Bien des choses à Hortense.

Napoléon.

( 76)

LETTRE CLXXYI

*>4> /< /wiA&raêrice, a Prfamâisrej.

Le i), à ">. heures du matin, 1809.

Tout va ici selon mes désirs , mon amie. Mes ennemis sont défaits, battus, tout-à-fait en déroute : ils étaient très-

(77) nombreux, je les ai écrasés. Ma santé est bonne aujourd'hui; hier, j'ai été un peu malade d'un débordement de bile , occa- sionné par tant de fatigues : mais cela me fait grand bien.

Adieu, mon amie, je me porte fort bien.

Napoléon.

( 78 )

#^^##^rt-##^>*^^^^'#^'V\?^'^#^##'#^ ##^? &&& 3?

LETTRE CLXXVII.

e^ cfmAey?*aérice, a èrC(//rwce^<eà.

An camp, devant Znaïm , le r 3 juillet 1809.

Je t'envoie la suspension d'armes qui a été conclue hier avec le général autri- chien. Eugène est du côté de la Hongrie, et se porte bien. Envoie une copie de la

( 79 ) suspension d'armes àCambacérès,en cas qu'il ne l'ait pas déjà reçue.

Je t'embrasse, et me porte fort bien.

Napoléon.

Tu peux faire imprimer à Nancy cette suspension d armes.

( 80 )

LETTRE CLXXVHI

*y& r,Jw?Ae/?taf/r?sce, a £Ju)?nMereô.

Le 17 juillet 1809.

Mon amie, je t'ai envoyé un page; tu auras appris l'issue de la bataille de Wa- gram , et depuis la suspension d'armes de Znaïm.

(8.)

Ma santé est bonne. Eugène se porte bien ; et je désire te savoir bien , ainsi qu'Hortense.

Embrasse M. le grand-duc de Berg

pour moi

11

Napoléon.

8a )

LETTRE CLXXIX.

ty{) / tf/^n/tm'a^nee, co £/ (o//Wù&re<j.

Le 24 juillet 1809.

Je recois ta lettre du 18 iuillet. Je vois

a J

avec plaisir que les eaux te font du bien. Je ne vois aucun inconvénient qu'à la fin de tes eaux tu ailles à Malmaison.

( 83

La chaleur est assez grande ici. Ma santé est fort bonne.

Adieu , mon amie. Eugène est à Vienne, et très-bien portant.

Tout à toi.

Napoléon.

iâfàgfiSÂ

6.

(«4)

&i&#j&&#?w&&ife&&&tàw&&&w&tâfâ^&teVlii!fetà&ifoiifei&''&

LETTRE CLXXX.

tsé / SvnAera/v'tce, a> Pnc/mâie

wreô.

Schcpiîbnmn, le 7 août 1809.

Je vois par ta lettre que tu es à Plom- bières, et que tu comptes y rester; tu fais bien : les eaux et le beau climat ne peu- vent que te faire du bien.

( 85 )

Je reste ici. Ma santé et mes affaires vont selon mes souhaits.

Je te prie de dire bien des choses ai- mables à Hortense et aux Napoléon.

Tout à toi.

Napoléon.

g^^A

(86)

&,&i%&°£&&$î&ib&&&$&\%&&&&'3kJ&$?&&ife&&'&'i&'&'&,&'&

LETTRE CLXXXI

ty{) t tjm/ie^aérice , a ê/a/rtà.

Schœnbrunn , le 21 août 1809.

J'ai reçu ta lettre du i4 août, de Plom- bières ; j'y vois que tu seras arrivée le 18 à Paris, ou à Malmaison. Tu auras été malade de la chaleur, qui est bien grande

( «7 ) ici. Malmaison doit être bien sec et brûlé par ce temps-là.

Ma santé est bonne. Je suis cependant un peu enrhumé de la chaleur.

Adieu , mon amie.

Napoléon.

(88)

^;**^w#^î^*^^^^###^^#^##^###^j?^?#^##'%'^

LETTRE CLXXXII.

' eiwA^ùce, a *Jw)a/?*

VlGUd-Oïl.

Schœnbrunn, le 26 août 1809.

Je recois ta lettre de Malmaison. L'on m'a rendu compte que tu étais grasse, fraîche et très-bien portante. Je t'assure que Vienne n'est pas une ville amusante. Je voudrais fort être déjà à Paris.

( 8g

Adieu , mon amie. J'entends deux fois par semaine les bouffons; ils sont assez médiocres ; cela amuse les soirées. H y a cinquante ou soixante femmes de Vienne, mais au parterre, comme n'ayant pas été présentées.

Napoléon.

( )

LETTRE CLXXXIII

ty& C *%??Ae>ra6nce, cv tÀ&>aÂn*i(J<m.

Le 3i août 1809.

Je n'ai pas reçu de lettres de toi depuis plusieurs jours ; les plaisirs de Malmai- son, les belles serres, les beaux jardins, font oublier les absents; c'est la règle,

(9' ) dit-on, chez vous autres. Tout le monde

ne parle que de ta i>onne santé; tout cela

m'est fort sujet à caution.

Je vais demain faire une absence de

deux jours en Hongrie, avec Eugène. Ma

santé est assez bonne.

Adieu, mon amie.

Tout à toi.

Napoléon.

( 92 )

LETTRE CLXXXIV.

<yio t t^mAe/raârtce, a ^yfoaw/wtùfvM.

Kems, le 9 septembre 1809.

Mon amie, je suis ici depuis hier à deux heures du matin; j'y suis venu pour voir mes troupes. Ma santé n'a jamais été meilleure. Je sais que tu es bien portante.

(93)

Je serai à Paris au moment per- sonne ne m'attendra plus.

Tout va ici fort bien, et à ma satis- faction.

Adieu , mon amie.

Napoléon,

vsM&fr

( «4 )

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LETTRE CLXXXV

ty{o / \°f'?nAe/rafcœe/ a ^AwawtoùHm^.

Le 23 septembre 1809.

J'ai reçu ta lettre du 16, je vois que tu te portes bien. La maison * de la vieille fille ne vaut que 120,000 franes; ils n'en trouveront jamais plus. Cependant , je te

* tëoispréau, appartenant à mademoiselle Julien.

(95) laisse maîtresse de faire ce que tu vou- dras, puisque cela t'amuse; mais, une fois achetée , ne fais pas démolir pour y faire quelques rochers.

Adieu , mon amie.

Napoléon.

( 96 )

LETTRE CLXXXYI

tSb /l %nA ie/raJru >e, a pyfioammiiàon .

Le i5 septembre 1809.

J'ai reçu ta lettre. Ne te fie pas , et je te conseille de te bien garder la nuit ; car nne des prochaines, tu entendras grand bruit.

(97)

Ma santé est bonne; je ne sais ce que l'on débite; je ne me suis jamais mieux porté depuis bien des années : Corvisart ne m'était point utile.

Adieu, mon amie; tout va ici fort bien.

Tout à toi.

Napoléon.

11.

(9» )

LETTRE CLXXXVII

tjvri/i&wzôrtce , a^/i/(oam

//MÙIWl,

\!\ octobre 1809.

Mon amie , je t'écris pour t'apprendre que la paix a été signée, il y a deux heures, entre Champagny et le prince de Metter- nich.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

( 99 )

*&*:» H Ifo # ¥l #? # W *& *& ifr '$? ÔS" # 'X5 $? %& # $? $? $? %& # # t& $8» V& fc& r;fe '<& t$ *& i&

LETTRE CLXXXYIII

«^b r <y7/?Ae/?<aôjAice; a *J/(Dal?/iaMon.

Nymphenbourg , près Munich, le 21 octobre 1809.

Je suis ici depuis hier bien portant ; je ne partirai pas encore demain. Je m'ar- rêterai un jour à Stuttgard. Tu seras pré- venue vingt-quatre heures d'avance de

7-

( ioo ) mon arrivée à Fontainebleau. Je me fais une fête de te revoir, et j'attends ce mo- ment avec impatience.

Je t'embrasse.

Tout à toi.

Napoléon.

( loi )'

LETTRE CLXXX1X.

erafaice, a%^4wam

mut (don-.

MuDich.

Mon amie, je pars dans une heure. Je serai arrivé à Fontainebleau du 26 au 27 ; tu peux t'y rendre avec quelques dames,

Napoléon.

LETTRES'

1)K

L'EMPEREUR NAPOLÉON

A L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE,

APRÈS LE DIVORCE.

TENDANT LES ANNÉES 1809, 1810, 1811, 1812, 1813.

( io5)

^^^^^^^^^^^#^^^^^^^^^^^*#*^^P^^'^^*

LETTRE CXC

<yv / tj'rnA&rwôrùce, & t.Â(oamiafdon^.

Huit heures du soir, déceiubre 1809,

Mon amie , je t'ai trouvée aujourd'hui plus faible que tu ne devais être. Tu as montré du courage, il faut que tu en trouves pour te soutenir ; il faut ne pas te laisser aller à une funeste mélancolie , il faut te trouver contente, et surtout soigner

( fo6 )

ta santé, qui m'est si précieuse. Si tu m'es attachée, et si tu m'aimes, tu dois te comporter avec force , et te placer heu- reuse. Tu ne peux pas mettre en doute ma constante et tendre amitié, et tu con- naîtrais bien mal tous les sentiments que je te porte, si tu supposais que je puis être heureux si tu n'es pas heureuse , et content, si tu ne te tranquillises.

Adieu, mon amie; dors bien ; songe que je le veux.

Napoléon.

m*M

( io7 )

LETTRE CXCI.

tyo t <%7/tA&raânce, co ^yl/ipam

rwîiattjo// .

Mardi , à 6 heures.

La reine de Naples , que j'ai vue à la chasse au bois de Boulogne , j'ai forcé un cerf, m'a dit qu'elle t'avait laissée hier, à une heure après midi , bien portante.

( *t>8 ) Je te prie de me dire ce que tu as fait aujourd'hui. Moi , je me porte fort bien. Hier, quand je t'ai vue, jetais malade. Je pense que tu auras été te promener.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

( io9 )

LETTRE CXCII.

C <°fm/ieraâru:e, a ^yvatmatd-on.

Sept heures du soir.

Je reçois ta lettre ? mon amie. Savary me dit que tu pleures toujours; cela n'est pas bien. J'espère que tu auras pu te pro- mener aujourd'hui. Je t'ai envoyé de ma chasse. Je viendrai te voir lorsque tu me

(IIO)

diras que tu es raisonnable , et que ton courage prend le dessus.

Demain, toute la journée, j'ai les mi- nistres.

Adieu, mon amie; je suis triste aussi aujourd'hui; j'ai besoin de te savoir sa- tisfaite , et d'apprendre que tu prends de l'aplomb.

Dors bien.

Napoléon.

( »« )

&&&&&&&&&&&&&&&&&ft&&&&&&&&&&&'&&4k&&

LETTRE CXCIII.

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wraâriœ, (^tyv(oa//uatdo?i.

Jeudi , à midi, r8o().

Je voulais venir te voir aujourd'hui, mon amie ; mais je suis très-occupé et un peu indisposé. Je vais cependant aller au conseil.

( <13 )

Je te prie de me dire comment tu te portes.

Ce temps est bien humide , et pas du tout sain.

Napoléon.

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ii3 )

#w^H^^###'«^^#^vè#^^?^###^##^^#^^»#^?###i^

LETTRE . CXCIV.

*yb /tymAeiriértce, a <iÂ/(ofM??*iM~(m.

Trianon , mardi.

Je me suis couché hier après que tu as été partie, mon amie*. Je vais à Paris.

* L'Impéi*atrice était venue , avec sa fille , diner à Tria- non.

IL 8

(Il/,

Je désire te savoir gaie. Je viendrai te voir dans la semaine.

J'ai reçu tes lettres , que je vais lire en voiture.

Napoléon,

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LETTRE CXCV

as6?*tce, a tJ/iQawwsasùfoTb.

Mercredi , à raidi .

Eugène m'a dit que tu avais été toute triste hier ; cela n'est pas bien , mon amie ; c'est contraire à ce que tu m'avais

promis.

8.

(n6) J'ai été fort ennuyé de revoir les Tui- leries ; ce grand palais m'a paru vide , et je m'y suis trouvé isolé.

Adieu, mon amie; porte-toi bien.

Napoléon.

( >>7 )

LETTRE CXCVI.

<y{> l *jmAèraért>ce, as^Akaw/w/kw/i

Paris , ce vendredi.

Mon amie, je reçois ta lettre; je vois avec peine que tu as été malade : je crains que ce ne soit ce mauvais temps. Madame de la T ..... . est une des plus folles du

faubourg; j'ai souffert fort long-temps

( "8 ) son caquet ; je m'en suis ennuyé , et j'ai ordonné qu'elle ne revînt plus à Paris. Il y a cinq ou six autres vieilles femmes que je veux également renvoyer de Paris; elles gâtent les jeunes par leurs sottises.

Je nommerai madame de Makau ba- ronne, puisque tu le desires, et ferai tes autres commissions.

Ma santé est assez bonne. La conduite

de B me paraît fort ridicule. Je désire

te savoir bien portante.

Adieu , mon amie.

Napoléon.

( "9 )

^•^#^^^##^##^###^#^###^#^,#'^5'^'#^,^^>^?#

LETTRE CXCVTI.

( \j/m/ie/raêruje, a, ^vwawitikt o?i.

Dimanche, à dix heures du matin

J'ai aujourd'hui grande parade, mon amie ; je verrai toute ma vieille garde , et plus de soixante trains d'artillerie.

Le roi de Westphalie s'en va chez lui,

( Iao )

ce qui pourra donner une maison vacante à Paris. Je suis triste de ne pas te voir. Si la parade finit avant trois heures, je viendrai; sans cela, à demain.

Adieu, mon amie. .

Napoléon.

( l'ai )

##^#^#########^#^#&*«&#^&'^#*^#^^&$?*#

LETTRE CXCVIII

^v c <j/wiAe4fa6r£>ce, co •yvwawnci&wn/.

Jeudi soir.

Hor tense, que j'ai vue cette après-midi , ma donné , mon amie , de tes nouvelles. J'espère que tu auras été voir aujourd'hui

( l'2Cà )

tes plantes, la journée ayant été belle. Je ne suis sorti qu'un instant, à trois heures, pour tirer quelques lièvres.

Adieu, mon amie; dors bien.

Napoléon.

( »a3 )

W^^^^^^^i^^WWWi9WW^WWWi9i9^WWi9^''^^W^i99?W

LETTRE CXCIX.

ty& / \y?/?Âeraéï%ce, a tJ/wamuiù^o/iy.

Vendredi,;) 8 heures, 181:0.

Je voulais venir te voir aujourd'hui, mais je ne le puis; ce sera, j'espère, pour demain. Il y a bien long-temps que tu ne m'as donné de tes nouvelles,

( î24 )

J'ai appris avec plaisir que tu t'étais promenée clans ton jardin pendant ces froids.

Adieu, mon amie; porte-toi bien, et ne doute jamais de mes sentiments.

Napoléon.

( i*5 )

LETTRE CC.

tsi? i t^wvAerafawe, a 'yf/waJîiiatdo//.

Dimanche, à huit heures du soir, iStu.

J'ai été bien content de t'a voir vue hier; je sens combien ta société a de charmes pour moi. J'ai travaillé aujour-

( 126 )

d'hui avec Estève. J'ai accordé 100,000 francs pour 18 10, pour l'extraordinaire de Malmaison. Tu peux donc faire planter tant que tu voudras ; tu distribueras cette somme comme tu l'entendras. J'ai chargé Estève de remettre 200,000 francs aussi- tôt que le contrat de la maison Julien sera fait. J'ai ordonné que l'on paierait ta parure de rubis , laquelle sera évaluée par l'intendance, car je neveux pas de voleries de bijoutiers. Ainsi, voilà 4oo,ooo francs que cela me coûte.

J'ai ordonné que l'on tînt le million que la liste civile te doit, pour 18 10, à la dis- position de ton homme d'affaires, pour payer tes dettes.

Tu dois trouver, dans l'armoire de Malmaison, 5 à 600,000 francs; tu peux

( »27 ) les prendre pour faire ton argenterie et

ton linge.

J'ai ordonné qu'on te fît un très-beau service de porcelaine ; Ton prendra tes ordres pour qu'il soit très-beau.

Napoléon.

( i*8 )

###^'^W'##^*^#^^^#W^?#^HÏ?^^#'##^^^^?Ç^##^>

LETTRE CCI.

/'

'mAemifyice, a, iJwaMnaià-oTi.

Mardi, i8xo.

Je serais venu te voir aujourd'hui si je n'avais aller voir le roi de Bavière, qui vient d'arriver à Paris, Je serai chez

( I29 ) lui ce soir à huit heures, et de retour à dix.

J'espère te voir demain, et te trouver gaie et d'aplomb.

Adieu , mon amie.

Napoléon.

II.

9

( »3o )

*#**###*#****##***#####*******#*##

LETTRE CCII.

<ylo l \ywiJ?œrafô*tce, a, <• //4oa//?nsïMo/t .

Mercredi, six heures du soir, i8ro.

Mon amie, je ne vois pas d'inconvé- nient que tu reçoives le roi de Wurtem- berg quand tu voudras. Le roi et la reine de Bavière doivent aller te voir après- demain.

Je désire fort aller à Mal m ai son ; mais

( i3i ) - il faut que tu sois forte et tranquille : le page de ce matin dit qu'il t'a vue pleurer.

Je vais dîner tout seul.

Adieu, mon amie; ne doute jamais de mes sentiments pour toi ; tu serais injuste et mauvaise.

Napoléon.

( >3a )

LETTRE CCIII.

*ylb f\^ /riAe4Kaâw>ce, as*Âwawiia4d<)7i>.

Samedi , à une heure après raidi, 1810.

Mon amie , j'ai vu hier Eugène, qui ma dit que tu recevrais les rois. J'ai été au concert jusqu'à huit heures; je n'ai dîné, tout seul , qu'à cette heure-là.

( .33) Je désire bien te voir. Si je ne viens pas aujourd'hui, je viendrai après la messe.

Adieu, mon amie; j'espère te trouver sage et bien portante. Ce temps-là doit bien te peser.

Napoléon.

( i34)

LETTRE CCIY.

tAo / tJwiAeraé%ce, citL/vlOftfonffMOti.

m

Trianou , le 17 janvier 1810.

Mon amie , d'Audenarde que je t'ai en- voyé ce matin , me dit que tu n'as plus de courage depuis que tu es à Malmaison. Ce lieu est cependant tout plein de nos sentiments , qui ne peuvent et ne doivent jamais changer, du moins de mon côté.

( r35 )

J'ai bien envie de te voir, mais il faut que je sois sûr que tu es forte, et non faible; je le suis aussi un peu, et cela me fait un mal affreux.

Adieu, Joséphine; bonne nuit. Si tu doutais de moi, tu serais bien ingrate.

Napoléon.

( i36 )

#^?^^^^^^»#^?#^^^^s^^,^^^^^*^#^##^#^'^^

LETTRE CCV.

*s4) i *jwiAerafae<ce, a t.Ây(9a/'/riajà(m<.

Le 20 janvier 18 10.

Je t'envoie , mon amie , la boîte que je t'avais promise avant-hier, et qui repré- sente l'île de Lobau. J'ai été un peu fati- gué hier. Je travaille beaucoup, et ne sors pas.

Adieu, mon amie.

Napoléon,

( i37 )

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LETTRE CCVI.

tyé f\ /mA&ra^rbce, a ^ywaJ/nrfùJon

k> janvier r8io.

Mon amie, je reçois ta lettre. J'espère que la promenade que tu as faite aujour- d'hui, pour montrer ta serre, t'aura fait du bien.

( i38 ) Je te saurai avec plaisir à l'Elysée , et fort heureux de te voir plus souvent; car tu sais combien je t'aime»

Napoléon.

( i39)

^^^^i^^^^,^^^^^^^^^'^,^'i<?'^''i^^f,^^'^f^''^'^'^i^if^'^

LETTRE CCVII

<yé / ifi?nà&raé%ce, a tyfwamtcudof^.

Mardi, à midi, 1810.

J'apprends que tu t'affliges , cela n'est pas bien. Tu es sans confiance en moi, et tous les bruits que l'on répand te frap-

( i4o )

pent; ce n'est pas me connaître, José- phine. Je t'en veux, et si je n'apprends que tu es gaie et contente , j'irai te gron- der bien fort.

Adieu , mon amie.

Napoléon.

( »4i )

LETTRE CCYIII.

t^v £ *J'mAe9ta6rice , a ^Moa/?n<(/^oii.

Samedi , à six heures du soir, 1810.

J'ai dit à Eugène que tu aimais plutôt à écouter les bavards d'une grande ville que ce que je te disais; qu'il ne faut pas permettre que l'on te fasse des contes en l'air pour t'affliger.

( '42 )

J'ai fait transporter tes effets à l'Elysée. Tu viendras incessamment à Paris; mais sois tranquille et contente, et aie con- fiance entière en moi.

Napoléon.

( i43 )

LETTRE CC1X.

<yu / \J/?/tA&rafotute, a *yiioa/ma/àaîi.

Dimanche, à neuf heures, i8ro.

Mon amie, j'ai été bien aise de te voir avant-hier.

J'espère aller à Malmaîson dans la semaine.

{ i44 )

J'ai fait arranger tes affaires ici ? et ordonné que Ton portât tout à TElysée- Napoléon.

Je te prie de te bien porter.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

( '45 )

&&&&&&&&&&&&&$?&&&&&&'&&&&&&#?&'&#>&$*$>

LETTRE CCX.

-yf? / rym//e/<af/</ce, r/ / &Mte(T-tS&a/io/t,on .

Vendredi, f> heures du soir, 1810.

Savary me remet, en arrivant, ta lettre;

je vois avec peine que tu es triste; je suis

bien aise que tu ne te sois pas aperçue du

feu.

J'ai eu beau temps à Rambouillet. if. 10

46)

Hortense m'a dit que tu avais eu le projet de venir dîner chez Bessières , et de retourner coucher à Paris. Je suis- fâ- ché que tu n'aies pas pu exécuter ton projet.

Adieu i mon amie ; sois gaie ; son ge que c'est le moyen de me plaire.

Napoléon.

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LETTRE CCXI.

*JmAerafr/ct>, n / GMjjee-tS&c/Ao/eo'??

19 février 1S10.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre. Je désire

te voir; mais les réflexions que tu fais

peuvent être vraies. Il y a peut-être quelque

inconvénient à nous trouver sous le même

10.

( i48 ) toit pendant la première année. Cepen- dant la campagne de Bessières est trop loin pour pouvoir revenir; d'un autre côté, je suis un peu enrhumé, et je ne suis pas sûr d'y aller.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

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LETTRE CCXII

,yét< \9m/te/rafc(xe, a *JmaJma(d>ari/.

Le 12 mars 1810.

Mon amie, j'espère que tu auras été contente de ce que j'ai fait pour Navarre. Tu y auras vu un nouveau témoignage du désir que j'ai de t être agréable.

( »5o) Fais prendre possession de Navarre; tu pourras y aller le n5 mars passer le mois d'avril.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

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( 1*1 )

LETTRE

(oMsics?feu/r y(9a/toleon.

Navarre, le 19 avril 1S10.

Sire,

Je reçois , par mon fils , l'assurance que V. M. consent à mon retour à Mal mai- son, et qu'elle veut bien m'accorder les avances que je lui ai demandées pour rendre habitable le château de Navarre.

* Cette lettre est écrite après le mariage de l'Empereur Napoléon avec l'Archiduchesse Marie-Louise, qui eut lieu U f 1 mars 1 810.

' ( I& )

Cette double faveur, Sire, dissipe en grande partie les inquiétudes, et même les craintes que le long silence de V. M. m'avait inspirées. J'avais peur d'être en- tièrement bannie de son souvenir : je vois que je ne le suis pas. Je suis donc aujourd'hui moins malheureuse, et même aussi heureuse qu'il m'est désormais pos- sible de l'être.

J'irai à la fin du mois à Malmaison, puisque V. M, n'y voit aucun obstacle. Mais, je dois vous le dire, Sire, je n'au- rais pas si tôt profité de la liberté que V. M. me laisse à cet égard , si la maison de Navarre n'exigeait pas , pour ma santé, et pour celle des personnes de ma maison, des réparations qui sont urgentes. Mon projet est de demeurer à Malmaison fort

( i53 ) peu de temps; je m'en éloignerai bientôt pour aller aux eaux. Mais, pendant que je serai à Malmaison, V. M. peut être sûre que j'y vivrai comme si j'étais à mille lieues de Paris. J'ai fait un grand sacri- fice, Sire, et chaque jour je sens davan- tage toute son étendue. Cependant, ce sacrifice sera ce qu'il doit être , il sera entier de ma part. V. M. ne sera trou- blée, dans son bonheur, par aucune ex- pression de mes regrets.

Je ferai sans cesse des vœux pour que V. M. soit heureuse , peut-être même en ferai-je pour la revoir; mais, que V. M. en soit convaincue, je respecterai tou- jours sa nouvelle situation , je la respec- terai en silence; confiante dans les senti- ments quelle me portait autrefois, je n'eu

( i54 )

provoquerai aucune preuve nouvelle; j'at- tendrai tout de sa justice et de son cœur. Je me borne à lui demander une grâce , c'est quelle daigne chercher elle-même un moyen de convaincre quelquefois , et moi-même et ceux qui m'entourent , que j'ai toujours une petite place dans son souvenir et une grande place dans son estime et dans son amitié. Ce moyen , quel qu'il soit, adoucira mes peines, sans pouvoir, ce me semble, compromettre, ce qui m'importe avant tout, le bonheur de V. M.

Joséphine.

S tfs&

I

( >55 ).

#*3 . .V./....J.. &#&#tâl&tifr&4i

LETTRE CCXIIÏ.

REPONSE

DE L'EMPEREUR NAPOLÉON A LA PRÉCÉDENTE.

WtJniAe9*aâiPicetJoifeJtAù9tt>J <7 tS(Pa4>a>rre.

Compiègne, le 21 avril iKro.

Mon amie, je reçois ta lettre du \y avril; elle est d'un mauvais style. Je suis toujours le même; mes pareils ne chan- gent jamais. Je ne sais ce qu'Eugène a pu

( i56) .

te dire. Je ne t'ai pas écrit , parce que tu ne l'as pas fait, et que j'ai désiré tout ce qui peut t être agréable.

Je vois avec plaisir que tu ailles à Mal- maison, et que tu sois contente; mcvi, je le serai de recevoir de tes nouvelles, et de te donner des miennes. Je n'en dis pas davantage jusqu'à ce que tu aies comparé cette lettre à la tienne; et, après cela, je te laisse juge qui est meilleur et plus ami de toi ou de moi.

Adieu , mon amie ; porte-toi bien , et sois juste pour toi et pour moi.

Napoléon.

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( '57 )

$> tfe W & * *& * # * & & S& %? w> $? *> ï& -A? $> & & <& & *& ■&> # & y> &■ &

RÉPONSE

Mille , mille tendres remerciements de ne m'avoir pas oubliée. Mon fils vient de ^n'apporter ta lettre. Avec quelle ardeur je l'ai lue , et cependant j'y ai mis bien du temps; car il n'y a pas un mot qui ne m'ait fait pleurer; mais ces larmes étaient bien douces ! J'ai retrouvé mon cœur tout entier, et tel qu'il sera toujours : il y a

( i58 ) des sentiments qui sont la vie même , et qui ne peuvent finir qu'avec elle.

Je serais au désespoir que ma lettre du 19 t'eût déplu; je ne m'en rappelle pas entièrement les expressions ; mais je sais quel sentiment bien pénible l'avait dictée , c'était le chagrin de n'avoir pas de tes nouvelles.

Je t'avais écrit à mon départ de Mal- maison; et, depuis, combien de fois j'au- rais voulu t'écrire! mais je sentais les rai- sons de ton silence , et je craignais d'être importune par une lettre. La tienne a été un baume pour moi. Sois heureux, sois- le autant que tu le mérites; c'est mon cœur tout entier qui te parle. Tu viens aussi de me donner ma part de bonheur, et une part bien vivement sentie : rien ne

( '% )

peut valoir pour moi une marque de ton souvenir.

Adieu, mon ami; je te remercie aussi tendrement que je t'aimerai toujours.

Joséphine.

( i6o )

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LETTRE CCXIV.

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C.oiupiègne , le 28 avril 1810.

Mon amie, je reçois deux lettres de toi. J'écris à Eugène. "J'ai ordonné que l'on fît le mariage de Tascher avec la princesse de la Leyen.

( i6i )

J'irai demain à Anvers voir ma flotte, et ordonner des travaux. Je serai de re- tour le i5 mai.

Eugène me dit que tu veux aller aux eaux, ne te gêne en rien. Necoute pas les bavardages de Paris; ils sont oisifs, et bien loin de connaître le véritable état des choses. Mes sentiments pour toi ne changent pas, et je désire beaucoup te savoir heureuse et contente.

Napoléon.

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( !^2 )

&&&&&1&ifo&&&1b&1fà&&&&&ife&&&&ft&$tâkî&&f$$tâi&

LETTRE CCXV

*s4> /< h/i//e?r(trwe *Jorie//An?c

a

*Ây(o «///?«/>.

//ir(Mo?i.

Mon amie, je reçois ta lettre. Eugène te donnera des nouvelles de mon voyage et de l'impératrice. J'approuve fort que tu ailles aux eaux. J'espère qu'elles te fe- ront du bien.

Je désire bien te voir. Si tu es a Mal-

( i63 ) maison à la fin du mois , je viendrai te voir. Je compte être à &aint-Cloud le 3o du mois.

Ma santé est fort bonne; il me manque de te savoir contente et bien portante. Fais-moi connaître le nom que tu vou- drais porter en route.

Ne doute jamais de toute la vérité de mes sentiments pour toi; ils dureront autant que moi ; tu serais fort injuste si tu en doutais.

Napoléon.

j i

( '64 )

&&&&&&&&&&&&&'&&&&&&&&&&&<&&&*&'&''&#»&'*' *

LETTRE CCXVI.

Rambouillet, le 8 juillet 1810.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre du 3 juillet. Tu auras vu Eugène, et sa présence t'aura fait du bien. J'ai appris avec plaisir que les eaux te sont bonnes. Le roi de Hol- lande vient d'abdiquer la couronne, en laissant la régence, selon la constitution,

( i65 ) à la reine. Il a quitté Amsterdam , et laissé le grand-duc de Berg.

J'ai réuni la Hollande à la France; mais cet acte a cela d'heureux , qu'il émancipe la reine, et cette infortunée fille va venir à Paris avec son fils, le grand-duc de Berg ; cela la rendra parfaitement heu- reuse.

Ma santé est bonne. Je suis venu ici pour chasser quelques jours. Je te verrai avec plaisir cet automne. Ne doute jamais de mon amitié. Je ne change jamais.

Porte- toi bien, sois gaie, et crois à la vérité de mes sentiments.

Napoléon.

( i66 )

LETTRE CCXVII.

Sahit-Cloud , 20 juillet i8xo.

J'ai reçu, mon amie, ta lettre du \[\ juillet. Je vois avec plaisir que les eaux te font du bien , et que tu aimes Genève. Je pense que tu fais bien d'y aller quel- ques semaines.

( «G? )

Ma santé est assez bonne. La conduite du roi de Hollande m'a affligé.

Hortense va bientôt venir à Paris. Le grand-duc de Berg est en route; je l'at- tends demain.

Adieu , mon amie.

Napoléon.

( i68 )

LETTRE CCXVIII

(OC t_Jm/ie?<aft<ice tS(kie/iftwie. at&r &aaœ

Trianoi) , le 10 juin 1810.

J'ai reçu ta lettre. J'ai vu avec peine le danger que tu as couru. Pour une habi- tante des îles de l'Océan , mourir dans un lac c'eût été fatalité!

( 1% )

La reine se porte mieux , et j'espère que sa santé deviendra bonne. Son mari est en Bohême, à ce qu'il paraît, ne sa- chant que faire.

Je me porte assez bien, et je te prie de croire à tous mes sentiments.

Napoléon.

( «7° )

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LETTRE CCXIX

*!sinAei*aârice t^odeÂAtnej auœ lba£tar<

Saint-Cloud, le 14 septembre 18x0.

Mon amie , je reçois ta lettre du 9 sep- tembre. J'apprends avec plaisir que tu te portes bien. L'impératrice est effective- ment grosse de quatre mois; elle se porte bien, et m'est fort attachée. Les petits

( *7< ) princes Napoléon se portent très-bien ; ils sont au pavillon d'Italie , dans le parc de Saint-Cloud.

Ma santé est assez bonne. Je désire te savoir heureuse et contente. L'on dit qu'une personne chez toi s'est cassé la jambe en allant à la glacière.

Adieu, mon amie; ne doute pas de l'intérêt que je prends à toi , et des sen- timents que je te porte.

Napoléon.

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( '7^ )

&fâ$i'%itâ&&fàfàfâ$bfôfà&&tâ&ibibifei(t&fâ&'fâfâtâfâ&&fâîfr&$i

LETTRE CCXX.1

?y'ô / *_sti nA oratrice <LSoJc/t/>6?peJ a t^eîieve

Fontainebleau, le Ier octobre 1810.

J'ai reçu ta lettre. Hortense, que j'ai vue, t'aura dit ce que je pensais; va voir

1 On avait désiré que l'Impératrice Joséphine s'absentât de la France. Une lettre de madame de Rémusat * lui fit craindre qu'il ne fallût renoncer pour toujours à sa patrie. Cette idée lui causa une grande douleur. Sa fille, la reine Hortense, en parla à l'Empereur, qui lui écrivit la lettre ci-dessus.

* LETTRE DE MADAME DE RÉMUSAT , e^l5 / tym/te-rafirtee t-sade/iAf-r/r.

Madame,

J'ai un peu tardé à écrire à V. M., parce qu'elle avait flesiré que je pusse, à mon retour, lui conter quelque chose

( i?3 ) ton fils cet hiver, reviens aux eaux d'Aix l'année prochaine, ou bien reste au prin-

de cette grande ville. Si j'avais suivi mon impatience, dès le lendemain de mon arrivée, je lui aurais adressé les ex- pressions de ma reconnaissance. Ses bontés pour moi sont, notre entretien ordinaire depuis que je suis rentrée dans mon intérieur; en retrouvant mon mari et mes enfants, j'ai rapporté au milieu d'eux le souvenir des heures si douces que je vous dois. Ni l'absence, ni le temps ne peuvent, madame, vous effacer des cœurs qui savent vous apprécier. Daignez ajouter à vos bontés pour moi, en ne doutant ja- mais de cette reconnaissance que vous m'inspirez à tant de titres. J'ai besoin, pour vous écrire aujourd'hui, de m'ap- puyer d'abord sur cette prière, et, quand V. M. aura vu quel sujet je vais traiter, elle comprendra pourquoi je ré- clame encore , avec plus d'instances que de coutume , sa confiance dans mon inaltérable dévouement.

Je commencerai par vous dire, madame, qu'ayant appris, en arrivant ici , que l'Empereur était gravement occupé d'af- faires importantes, et qu'il accordait difficilement des au- diences, je n'ai point osé solliciter celle que vous m'a- viez conseillée. Je n'ai donc point encore paru à la cour, mais j'ai déjà vu quelques personnages importants , et j'ai été questionnée sur V. M. avec trop de soin pour qu'il ne m'ait pas été facile de conclure que ces mêmes questions qui m'étaient adressées, venaient d'un intérêt plus élevé. On me demandait souvent des nouvelles de votre santé; on

( i74)

temps à Navarre. Je te conseillerais d'aller à Navarre tout de suite, si je ne craignais

voulait savoir comment vous aviez employé votre temps , si vous étiez tranquille, heureuse dans la retraite vous aviez vécu ; si vous aviez reçu sur votre route les témoi- gnages d'affection que vous méritez d'inspirer; enfin, quel était l'état de votre àme , et l'ordre de votre vie. Il m'était doux de n'avoir à répondre que des choses satisfaisantes , et le plaisir avec lequel était accueilli le récit simple et vrai de l'emploi de vos journées, de vos secrets sentiments, de votre modération, de ce dévouement si vrai qui dirige votre conduite, m'a bien prouvé que ceux qui m'interro- geaient étaient sûrs de plaire en redisant plus haut la vé- rité. Mais, madame, j'ai questionné à mon tour, j'ai observé de mon côté, et j'ose soumettre à votre raison le résultat de mes observations avec la confiance de mon attachement. La grossesse de l'Impératrice est une joie publique, une espérance nouvelle, que chacun saisit avec empressement. V. M. le comprendra facilement, elle à qui j'ai vu envisager cet événement comme la récompense d'un grand sacrifice. Eh bien! madame, d'après ce que j'ai cru remarquer, il me semble que vous avez encore un pas à faire pour mettre le complément à votre ouvrage, et je me sens la force do m'expliquer, parce qu'il me paraît que la dernière privation que votre raison vous impose ne peut être .pour cette fois que momentanée. Vous vous rappelez , sans doute, que vous avez quelquefois regretté, avec moi, que l'Empereur

( <7$) que tu ne t'y ennuyasses. Mon opinion est que tu ne peux être, l'hiver, conve-

n'eût point, au moment de son mariage, pressé l'entrevue de deux personnes qu'il se flattait de rapprocher facilement, parce qu'il les réunissait alors dans ses affections. Vous m'avez dit que, depuis, il avait espéré qu'une grossesse, en tranquillisant l'Impératrice sur ses droits, lui donnerait les moyens d'accomplir le vœu de son cœur. Mais, madame, si je ne me suis pas trompée dans mes observations , le temps n'est pas venu pour un pareil rapprochement.

L'Impératrice paraît avoir apporté avec elle une imagi- nation vive et prompte à s'alarmer; elle aime avec la ten- dresse, avec l'abandon d'un premier sentiment; mais ce sentiment même semble porter avec lui le caractère d'un peu d'inquiétude, dont il est, en effet , si rarement séparé. La preuve en est dans une petite anecdote que le grand- maréchal m'a contée, et qui appuiera tout ce que j'ai l'hon- neur de vous dire.

Un jour l'Empereur, se promenant avec elle dans les en- virons de Malmaison, lui offrit, en votre absence, de visi- ter ce joli séjour; à l'instant le visage de l'Impératrice fut inondé de larmes; elle n'osait pas refuser, mais les marques de sa douleur étaient trop visibles pour que l'Empereur essayât d'insister. Cette disposition à la jalousie, que le temps affaiblira, sans doute, ne pourrait être qu'augmentée dans ce moment par la présence de V. M. Elle se souvien- dra , peut-être, que cet été, en la voyant si grasse, si

( .76 ) nablement qu'à Milan ou à Navarre; après cela, j'approuve tout ce que tu

reposée, j'oserai dire si embellie par le calme de la vie que nous menions, j'osais lui dire en riant qu'il n'y avait point d'adresse à rapporter à Paris tant de moyens de succès, et que je sentais parfaitement qu'à la place d'une autre, je serais tout au moins inquiète. En vérité, ma- dame, cette plaisanterie me semble aujourd'hui le cri de la raison. Le grand-maréchal, avec lequel j'ai causé, m'a témoigné aussi des inquiétudes que je partage. Il m'a paru qu'il n'osait point faire expliquer l'Empereur sur un sujet qu'il ne traite qu'avec douleur. Il m'a parlé avec un accent vrai de cet attachement que vous inspirez encore, mais qui doit lui-même inviter à une grande circonspection. Les nou- velles situations inspirent de nouveaux devoirs; et, si j'o- sais , je dirais qu'il n'appartient pas à une âme comme la vôtre, de rien faire qui puisse forcer l'Empereur à manquer aux siens.

Ici, au milieu de la joie que cause cette grossesse, à l'époque de la naissance d'un enfant attendu avec tant d'impatience, au bruit des fêtes qui suivront cet événement» que feriez-vous, madame? Que ferait l'Empereur, qui se devrait aux ménagements qu'exigerait l'état de cette jeune mère , et qui serait encore troublé par les souvenirs des sentiments qu'il vous conserve? Il souffrirait, quoique votre délicatesse ne se permît pas de rien exiger; mais, vous souffririez aussi ; vous n'entendriez pas impunément le cri

( '77 ) feras; car je ne te veux gêner en rien. Adieu , mon amie ; l'impératrice est

de tant de réjouissances, livrée, comme vous le seriez peut- être , à l'oubli de toute une nation , ou devenue l'objet de la compassion de quelques-uns, qui vous plaindraient, peut-être , par esprit de parti. Peu à peu votre situation deviendrait si pénible, qu'un éloignement complet par- viendrait seul à remettre tout en ordre. Puisque j'ai com- mencé, souffrez que j'achève; il vous faudrait quitter Paris. La Malmaison, Navarre même, seraient trop près des clameurs d'une ville oisive, et quelquefois mal inten- tionnée. Obligée de vous retirer, vous auriez l'air de fuir par ordre, et vous perdriez tout l'honneur que donne l'i- nitiative dans une conduite courageuse.

Voilà les observations que j'ai voulu vous soumettre , voilà le résultat des longues conversations que j'ai eues avec mon mari, et encore d'un entretien que le hasard m'a procuré avec le grand-maréchal. Moins animé que nous sur vos intérêts, et accoutumé, comme vous le savez , à ne point arrêter ses opinions quand il n'a point reçu l'ordre de les transmettre, c'est avec beaucoup de temps et un peu d'a- dresse que j'ai tiré de lui quelques-unes de ses pensées ; mais, aussitôt que je les ai entrevues, j'ai pu conclure qu'il vous restait encore un sacrifice à faire, et qu'il était digne de vous de ne point attendre les événements , et de les prévenir en écrivant à l'Empereur une courageuse détermi- nation. En lui évitant un embarras, dont sa tendresse pour

Tï. 12

( i78 ) I

grosse de quatre mois ; je nomme ma- dame de Montesquiou gouvernante des ,

vous l'empêche seule de sortir, vous acquerrez de nouveaux droits à sa reconnaissance : et d'ailleurs, outre la récom- pense toujours attachée à une action droite et ra.son- nahle avec cet aimable caractère qui vous distingue , cette disposition à plaire et à vous faire aimer, peut-être trou- : verez-vous , dans un voyage un peu plus prolongé, des pla.- sirs que vous ne prévoyez pas d'abord. A Milan, le spec- tacle si doux des succès mérités d'un fds vous attend. Flo- rence et Rome même offriraient à vos goûts des jouis- sances qui embelliraient cet éloignement momentané ; vous rencontreriez à chaque pas, en Italie, des souvenus que l'Empereur ne s'irriterait pas de voir renouveler, parce qu'ils s'unissent pour lui aux époques de sa prem.ere

gloire.

Tout ce que m'a dit le grand-maréchal me prouve assez

que S. M. veut que vous conserviez à jamais les digmtés d'un rang vous avez été élevée par ses succès et sa ten- , dresse-, et cependant, l'hiver se passerait, la sa.son ou l'on peut habiter Navarre vous ramènerait aux occupa- tions d'embellissements qui vous y attendent; le temps, ce grand réparateur de toutes choses, aurait tout consobdé, et vous auriez mis le complément à cette conduite s, noble , qui vous assure la reconnaissance de toute une nat.on. Je ne sais, madame, si je m'abuse, mais il me semble qu',1 y

a encore du bonheur dans l'exercice de semblables devoirs;

le cœur d'une femme sait trouver du plaisir dans le sacr-

( «79) enfants de France. Sois contente , et ne te monte pas la tête ; ne doute jamais de mes sentiments.

Napoléon.

fiée qu'il fait à celui qu'elle aime : prévenir l'embarras dont l'Empereur pourrait sortir lui même sans blâme, s'il vous aimait moins , rassurer les inquiétudes d'une jeune femme que le temps et cette expérience de vous-même rendront plus calme, tout cela est digne de vous. Si vous étiez moins sûre de l'effet que peuvent encore produire les grâces de votre personne, votre rôle serait moins difficile ; mais il me semble que c'est parce que V. M. sait très-bien qu'elle pos- sède des avantages qui peuvent établir une concurrence, qu'elle doit avoir la délicatesse de tous les procédés.

J'ose espérer que V. M. me pardonnera une aussi longue lettre , et les réflexions qu'elle contient. Quand j'appuie si fortement sur cette impérieuse nécessité de s'éloigner de nous pour quelque temps , je me flatte qu'elle daignera penser que, peut-être jamais, je ne lui ai donné déplus véritables marques des sentiments qui m'attachent à elle. Je suis avec un profond respect ,

Madame,

De Votre Majesté,

La très-humble et très-obéissante servante,

Vf.kgf.nnf.s RÉMtTSVT. J 1.

( i8o )

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LETTRE CCXXI.

t/ié / rJr/i/ie^aâr/ce iJûJe/tAwie. a i/fûavw/r.

Fontainebleau, le 14 novembre 1810.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre. Hortense m'a parlé de toi. Je vois avec plaisir que tu es contente. J'espère que tu ne t'en- nuies pas trop à Navarre.

( i8i ) Ma santé est fort bonne. L'impératrice avance heureusement .dans sa grossesse. Je ferai les différentes choses que tu me demandes pour ta maison. Soigne bien ta santé, sois contente, et ne doute jamais de mes sentiments pour toi.

Napoléon.

( '8a )

LETTRE CCXXII.

sfc i tJmAeraâwce ?Joje/iAtn€, a tMOcMcwe.

Je reçois ta lettre. Je ne vois pas d'in- convénient au mariage de madame de Mackau avec Vattier, si cela lui convient ; ce général est un fort brave homme. Je me porte bien. J'espère avoir un garçon; je te le ferai savoir aussitôt.

( ,83 ) Adieu , mon amie. Je suis bien aise que madame d'Arberg * t'ait dit des choses qui te fassent plaisir. Quand tu me verras, tu me trouveras avec les mêmes senti- ments pour toi.

Napoléon.

* La comtesse d'Arberg, dame d'honneur de l'Impéra- trice Joséphine.

( «84 ) LETTRE CCXXIII

- OC' / ih//i /■////'/<(: /ojc/z/u/ti , 1/ i-yëfltir//

.I'ai reçu ta lettre pour le nouvel an, je te remercie de ce que tu nie dis. Je vois avec plaisir que tu es contente. L'on dit qu'il y a à Navarre plus de femmes que d'hommes.

( '8.5 ) Ma santé est fort bonne, quoiqu'il y ait quinze jours que je ne sois sorti. Eu- gène me paraît sans inquiétude pour sa femme; il te donne un petit garçon.

Adieu, mon amie; porte-toi bien. Napoléon.

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86

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LETTRE CCXXIV.

Paris, le 22 mars 181 1.

Mon amie, j'ai reçu ta lettre; je te re- mercie. Mon fils est gros et très-bien portant. J'espère qu'il viendra à bien. 11

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(«87) a ma poitrine, ma bouche et mes yeux.

J'espère qu'il remplira sa destinée.

Je suis toujours très-content d'Eugène;

il ne m'a jamais donné aucun chagrin.

Napoléon.

( i88 )

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LETTRE CCXXY.

Le <S juin 1812.

Je recevrai toujours, mon amie, de tes nouvelles avec un grand intérêt.

Les eaux te feront du bien , je l'espère ,

( »89) et je te verrai avec bien du plaisir à ton retour.

Ne doute jamais de l'intérêt que je te porte. J'arrangerai toutes les affaires dont tu me parles.

Napoléon.

( '9° )

i.5'; ? -•s1

LETTRE CCXXYI.

Gubin, le 20 juin 1812.

Je reçois ta lettre du 10 juin. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que tu ailles à Milan, près de la vice-reine. Tu feras

( l9l ) bien d'aller incognito. Tu auras bien chaud.

Ma santé est fort bonne. Eugène se porte et se conduit bien. Ne doute ja- mais de mon intérêt et de mon amitié.

Napoléon.

( *9a )

LETTRE CCXXVIL

Trianon, i~> août i8i3.

J'ai reçu ta lettre. Je vois avec plaisir que tu es en bonne santé. Je suis pour quelques jours à Trianon. Je compte aller à Compiègne. Ma santé est fort bonne.

( '93 )

Mets de Tordre dans tes affaires; ne dépense que i,5oo,ooo francs, et mets de côté tous les ans autant; cela fera une ré- serve de 1 5,ooo,ooo en dix ans, pour tes petits - enfants : il est doux de pouvoir leur donner quelque chose , et de leur être utile. Au lieu de cela , l'on me dit que tu as des dettes , cela serait bien vilain. Oc- cupe-toi de tes affaires, et ne donne pas à qui en veut prendre. Si tu veux me plaire , fais que je sache que tu as un gros trésor. Juge combien j'aurais mauvaise opinion de toi, si je te savais endettée avec 3,ooo,ooo de revenu.

Adieu, mon amie, porte-toi bien.

Napoléon.

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II. i3

( '94 )

LETTRE CCXXYIII

V4? / <°)/?/i/ie?Y(Jri'Ce rU7(yeJ?/?M?r ri * Sf/wr/mtfUào??.

Vendredi, huit heures du matin, i8i3.

J'envoie savoir comment tu te portes , car Hortense m'a dit que tu étais au lit hier. J'ai été fâché contre toi pour tes dettes ; je ne veux pas que tu en aies; au contraire, j'espère que tu mettras un mil- lion de côté tous les ans, pour donner à

( 195 ) tes petites-filles , lorsqu'elles se marieront.

Toutefois, ne doute jamais de mon amitié pour toi > et ne te fais aucun cha- grin là-dessus.

Adieu , mon amie; annonce-moi que tu es bien portante. On dit que tu engraisses comme une bonne fermière de Norman- die.

Napoléon.

i3.

LETTRES

DE L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE

A SA FILLE.

( '99 )

LETTRE l.

itladamc îrc 0raut)arnaiô à 6a filU, c\)c7 la ytincem ïrc JIjoljenjoUern , à Saint- JHartin, près ï>e 6amt-|Joi, en 2Utm&

Ta lettre m'a fait bien plaisir, ma chère Hortense; je suis sensible aux regrets que tu témoignes d'être séparée de ta maman; mais, mon enfant, ce n'est pas pour long-temps; j'espère que la prin-

( 200 )

cesse .* reviendra au printemps, ou j'irai te chercher. Ah! comme tu vas être ha- bile, lorsque tu reviendras; comme la princesse me dira du bien de mes petits enfants! Je n'ai pas besoin de te recom- mander de bien l'aimer; je vois par ta lettre que tu es bien reconnaissante de toutes ses bontés pour toi, et pour ton frère : témoigne-le lui souvent , ma chère amie; c'est le moyen de me plaire.

J'ai bien du chagrin d'être séparée de toi, je nen suis pas encore consolée;

* La princesse régnante de Hohenzollern Sigmaringen , sœur du prince de Salm , mort sur l'écliafaud, était amie de madame de Beauharnais, qui lui avait confié ses enfants pour les emmener en Angleterre, et les soustraire aux dan- gers qui menaçaient leur famille. Alexandre de Beauharnais, alors général en chef de l'armée du Rhin , apprenant le départ de ses enfants, envoya un courrier pour s'opposer à leur émigration. La princesse et son frère les rame- nèrent à Paris.

( 2°l )

j'aime ma chère petite Hortense de tout mon cœur. Embrasse pour moi Eugène. Adieu , mon enfant , mon Hortense ; je t'embrasse de tout mon cœur, et je t'aime de même.

Ta tendre mère.

Joséphine de Beauhaknais.

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( 202 )

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LETTRE If

iHaïmmc î>e 8mul)antais à 6a fille , à parts,

De la prison des Carmes, le 9 floréal an II (28 avril 1794)-

Ma chère petite Hortense, il m'en coûte d'être séparée de toi, et de mon cher Eugène; je pense sans cesse à mes chers petits enfants que j'aime et que j'em- brasse de tout mon cœur.

Joséphine.

( ao3 )

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LETTRE

DU GÉNÉRAL BEAUHARNALS,

INCLUSE DANS LA PRECEDENTE.

Ma chère petite Hortense , tu partages donc mes regrets de ne te pas voir, mon amie; tu m'aimes, et je ne peux pas t'em- brasser. Pense à moi , mon enfant; pense à ta mère; donne des sujets de satisfac- tion aux personnes qui prennent soin de toi , et travaille bien ; c'est par ce moyen, c'est en nous donnant l'assurance que tu emploies bien ton temps que nous aurons

( 2<4 )

plus de confiance encore dans tes regrets et dans tes souvenirs.

Bonjour, mon amie ; ta mère et moi sommes malheureux de ne te point voir. L'espérance de te caresser bientôt nous soutient, et le plaisir d'en parler nous console.

Alexandre Beauharnais.

( ao5 )

LETTRE III.

Jllaïmme l>e (Beaufyarnai* à m fille , à paris.

De la prison des Carmes, an II (1794).

Ma chère petite Hortense, dis à la ci- toyenne Lanoy * que je ne verrai ton papa que dans trois heures d'ici , et que je lui enverrai ce qu'elle m'a demandé hier.

* Gouvernante des enfants de madame de Beauharnais.

( 2C)6 )

Je suis bien aise, ma chère fille, d'a- voir une petite lettre de toi ce matin , et une de mon cher Eugène ; elles me font beaucoup de bien. Je t'embrasse de tout cœur , je t'aime de même , mon cher en- fant.

Embrasse bien tendrement pour moi la citoyenne Lanoy.

Joséphine »e Beau harnais.

( 2ô7 )

^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^'^-^^^'^■^^^^Vi?

Lo 4 thermidor, l'an II de la république,

2tU*anïUT fifcmljarnûis à eu frmmr.

Toutes les apparences de l'espèce d'in- terrogatoire qu'on a fait subir aujour- d'hui à un assez grand nombre de dé- tenus, sont que je suis la victime des scélérates calomnies de plusieurs aristo- crates, soi-disant patriotes de cette mai- son, ia présomption que cette infernale machination me suivra jusqu'au tribunal ,

* On joint ici une lettre du général Beauharnais à sa femme , qui a été imprimée dans les journaux du temps : il n'a point paru qu'elle pût être déplacée dans ce recueil.

( 208 )

révolutionnaire , ne me laisse aucun es-

t

poir de te revoir, mon amie, ni d'em- brasser mes chers enfants. Je ne te par- lerai point de mes regrets : ma tendre affection pour eux , l'attachement frater- nel qui me lie à toi , ne peuvent te laisser aucun doute sur le sentiment avec lequel je quitterai la vie sous ces rapports.

Je regrette également de me séparer d'une patrie que j'aime, pour laquelle j'aurais voulu donner mille fois ma vie, et que, non-seulement je ne pourrai plus servir, mais qui me verra échapper de son sein en me supposant un mauvais citoyen. Cette idée déchirante ne me per- met pas de ne te point recommander ma mémoire : travaille à la réhabiliter, en prouvant qu'une vie entière consacrée à

( 209 ) servir son pays, et à faire triompher la liberté et l'égalité, doit, aux yeux du peuple, repousser d'odieux calomnia- teurs, pris surtout dans la classe de gens suspects. Ce travail doit être ajourné; car, dans les orages révolutionnaires, un grand peuple qui combat pour pulvéri- ser ses fers , doit s'environner d'une juste méfiance, et plus craindre d'oublier un coupable que de frapper un innocent.

Je mourrai avec ce calme qui permet cependant de s'attendrir pour ses plus chères affections, mais avec ce courage qui caractérise un homme libre, une conscience pure , et une âme honnête , dont les vœux les plus ardents sont pour la prospérité de la république.

Adieu, mon amie; console-toi par mes TT. i4

( ^IO )

enfants, console-les en les éclairant, et surtout en leur apprenant que c'est à force de vertus et de civisme , qu'ils doi- vent effacer le souvenir de mon supplice, et rappeler mes services et mes titres à la reconnaissance nationale. Adieu , tu sais ceux que j'aime; sois leur consolateur, et prolonge , par tes soins, ma vie dam leur cœur. Adieu , je te presse , ainsi que mes chers enfants , pour la dernière foi* de ma vie, contre mon sein.

m

Alexandre B.

( 2" )

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LETTRE IV

Jttaïmmc &onapavte à sa fille fyotteme ïr<r 0eaul)arnais , c\\c} maîrame Campan, à Saint-iÊmnatn.

Milan, ce 20 fructidor an IV (6 septembre 1796).

M. le duc de Serbelloni part dans l'ins- tant pour Paris, et m'a promis, ma chère Hortense , d'aller le lendemain de son ar- rivée à Saint-Germain. Il te dira combien

14.

( 212 )

je parle de toi, combien je pense à toi, et combien je t'aime. Eugène partage avec toi ces sentiments, ma chère fille; je vous aime tous les deux à l'adoration.

M. Serbelloni te remettra, de la part de Bonaparte et de la mienne, de petits souvenirs pour toi, Emilie*, Eugène et Jérôme **.

Fais mille amitiés à madame Campan; je compte lui envoyer une collection de belles gravures et de beaux dessins d'Italie.

Embrasse pour moi mon cher Eugène , Emilie et Jérôme. Adieu , ma chère Hor- tense, ma chère fille, pense souvent à ta

* Emilie de Beauharnais , fille du marquis de Beauhar- nais , mariée depuis à M. de Lavaletle.

**Frère du général Bonaparte, depuis roi de Westphalic.

( ai3 ) maman, écris-lui souvent; tes lettres et celles de ton frère la consolent d'être éloignée de ses chers enfants. Adieu, en- core ; je t'embrasse bien tendrement.

Joséphine Bonaparte.

( 2.4 )

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LETTRE V

iHaïram* Sonciparte à ôa fille , c\)r7 maïrame €ampan, à &ûinï-4btvmain.

Mantoue, 16 ventôse an V (6 mars 1797).

Je me porte bien, ma chère Hortense; depuis six jours, je n'ai plus de fièvre* J'ai été un peu malade à Bologne; d'ail- leurs, je m'ennuie en Italie , malgré toutes les fêtes que l'on me donne, et l'accueil

( a»5 ) flatteur que je reçois des habitants de ce beau pays. Je ne puis m'accoutumer à être éloignée -aussi long-temps de mes chers enfants ; j'ai besoin de les serrer contre mon cœur. J'ai cependant tout lieu d'es- pérer que ce moment n'est pas trèséloigné, et cela contribue beaucoup à me remettre de l'indisposition que j'ai eue.

A la première bonne occasion , je t'en- verrai un collier charmant d'après l'an- tique, les boucles d'oreilles pareilles et les bracelets.

Applique-toi, je t'en prie, au dessin; je t'en apporterai de bien beaux, et des plus fameux maîtres. Envoie-moi de temps en temps de tes ouvrages. J'espère que madame Campan est bien contente de toi; regarde-la comme une seconde mère,

.( ai6 ) et fais bien attention à tout ce qu'elle te dira. Embrasse-la bien pour moi, ma chère fille.

r

Ecris-moi souvent; il y a bien long- temps que je n'ai eu de tes nouvelles. Aime ta maman comme elle t'aime; tu l'adore- ras. Adieu, ma bonne petite Hortense; ta maman t'embrasse et t'aime de tout son cœur.

Joséphine Bonaparte*

J'embrasse Emilie. Aime-la toujours bien.

( '2i7 )

LETTRE VI.

JHûïiame Somtpartr à 6a fille ^ dj*j maîtamc Campan , à &aint-<È>t rmain.

Toulon, ce 26 floréal an VI (i5 mai 1798).

Je suis à Toulon depuis cinq jours, ma chère Hortense ; je n'ai point été fa- tiguée de la route , mais bien chagriue det'avoir quittée si précipitamment, sans pouvoir te dire adieu , non plus qua ma

(2,8 )

chère Caroline*. Mais, ma chère fille, j'en suis un peu consolée par l'espoir que j'ai de t'embrasser bientôt. Bonaparte ne veut pas que je m'embarque avec lui; il désire que j'aille aux eaux avant que d'entre- prendre le voyage d'Egypte. Il m'enverra chercher dans deux mois. Ainsi, monHor- tense, j'aurai encore le plaisir de te pres- ser contre mon cœur, et de t'assurer que tu es bien aimée. Adieu , ma chère fille.

Joséphine Bonaparte.

Dis à Caroline que je l'aime et que je l'embrasse de tout mon cœur. Mille choses tendres et aimables à madame Campan.

* Sœur du général Bonaparte , depuis mariée au général Murât. \

( 219 )

$e&&$?$frifà&tâfâ&fài&&&&&fâ^ifefâfâib&r&'1b#?ife*&&i&&#ï$?

LETTRE VIL

JHaïmme iBonapavu? à sa tille, maïram* ffouts Bonaparte , à parts*

Lyon, ce 4 pluviôse an XI (24 janvier i8t>3).

Enfin , ma chère Hortense , je vois ar- river avec plaisir l'époque je pourrai serrer dans mes bras ma chère fille; j'ou- blierai, en te voyant, toute la tristesse que j'ai éprouvée dans ce pays. Notre dé-

( '22,0 )

part paraît fixé au 7 de cette décade, c'est- à- dire dans trois jours. J'espère qu'aucun obstacle ne s'opposera à cette bonne résolution de Bonaparte.

Je. te conterai tout ce qui s'est passé pendant mon séjour à Lyon , et te par- lerai des fêtes et des divertissements qu'on nous a donnés; mais il n'y a pas de plai- sir pour ta mère , lorsque tu ne les par- tages pas.

Embrasse pour moi ton mari *; dis-lui que je commence à l'aimer à la folie, que je le remercie de ses petites lettres , qu'elles sont bien aimables. Tout le monde se porte bien ici. Le Marois ** est mieux. Rapp*** et Savary**** ont été malades,

* Louis Bonaparte , frère du premier consul, qui avait épousé Hortense de Beauharnais , le 2 janvier 1802. ** *** **** ^ides de camp du premier corîsul.

( ^l )

mais ils se portent bien maintenant; ils se rappellent tous à ton souvenir. Bour- rienne* veut du particulier.

Bonaparte t'embrasse, et ta mère t'aime tendrement.

Joséphine Bonaparte.

* Secrétaire intime du premier consul.

( 222 )

LETTRE VIII.

Jitaïtamc Bonaparte à m fille, à JHalmctisom

Plombières, ce 3o prairial an XI (16 juin i8o3).

Je suis toute chagrine , ma chère Hor- tense ; je suis séparée de toi, et mon cœur en est aussi malade que toute ma personne. Je sens que je n'étais pas née , mon enfant, pour tant de grandeur, et que je serais plus heureuse dans la re- traite, environnée des objets de mes af- fections. Je te connais, ma chère fille, et je suis sûre qu'en faisant le bonheur de

( 223 )

ma vie, tu partages aussi toutes mes sol- licitudes. Maintenant Eugène doit être auprès de toi; cette idée me console. Je connais assez ton attachement pour Bo- naparte pour être persuadée que tu lui tiens fidèle compagnie. Tu lui dois, à bien des égards, amitié et reconnais- sance.

' Embrasse-le pour moi, et reçois, ma chère enfant, l'expression de toute ma tendresse.

J'embrasse aussi mon cher Eugène. Rappelle-moi au souvenir de ces mes- sieurs et de toutes ces dames. Donne- moi souvent de tes nouvelles. Aie bien soin de mon petit enfant.

Joséphine Bonaparte.

( 224 )

LETTRE IX

Jttaïramc flcmaparte h m fille, à parie.

Rouen , an XII (i8o3).

Le courrier part, je n'ai que le temps de t'embrasser, ainsi que ton mari et mon petit-fils, de tout mon cœur. Nous nous portons tous bien. La joie est générale à Rouen ; tous les habitans sont sous les

( 225 )

fenêtres de Bonaparte , depuis son arri- vée, et veulent à chaque instant le voir. Ils ne savent de quel nom le nommer; cela tient vraiment du délire. Je t envoie une chanson que l'on chante dans les rues. J'ai reçu ta lettre; elle m'a fait grand plaisir.

Adieu, on me demande ma lettre. Bo- naparte et Eugène t'embrassent, et ta mère t'aime de tout son cœur.

Joséphine.

II. i5

( 0,26 )

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LETTRE X.

^r> rr> nr—

JHûïmme fflonaparte a m fille , a parie.

Lille, 20 messidor an XI (9 juillet i8o3).

J'ai eu l'intention , ma chère Hortense, de te faire écrire par ton frère et par ces dames, pour te donner des nouvelles de Bonaparte et des miennes. Depuis mon départ de Paris , j'ai été constamment oc- cupée à recevoir des compliments. Tu me connais; tu jugeras, d'après cela, si je ne préférerais pas une vie plus tranquille. Heureusement que la société de ces dames

( aa7 ) me dédommage de la vie bruyante que je mène. Toutes mes matinées, et souvent mes soirées se passent à recevoir. Il faut encore aller au bal. Ce plaisir m'aurait été fort agréable, si j'avais pu le parta- ger avec toi, ou du moins t'en voir jouir. C'est la privation la plus sensible à mon cœur, que celle qui me sépare de ma chère Hortense , et de mon petit-fils que j'aime presque autant que j'aime sa maman. Bo- naparte et Eugène sont en très-bonne santé ; ils sont partis ce matin pour Os- tende ; ils seront demain à Bruges , je vais les rejoindre. Je leur ai dit que je t'écrirais aujourd'hui ; ils me chargent de t'embrasser, ainsi que Napoléon. Bona- parte craint qu'il ne se souvienne plus

de lui lorsque nous arriverons à Paris.

i5.

( 228 )

Tu sais , sans doute , que madame Leclerc* se marie; elle épouse le prince Borghèse. Elle a écrit, il y a deux jours, à Bonaparte, pour lui dire qu'elle le desirait pour son mari, et qu'elle sen- tait quelle serait très-heureuse avec lui. Elle demande à Bonaparte la permission pour le prince Borghèse de lui écrire . pour lui faire la demande de sa main. Il paraît que c'est Joseph et M. Angelini qui ont fait ce mariage. Dans le cas la famille ne t'en aurait pas parlé, nen dis rien. Adieu; encore des visites. Je te quitte, ma chère Hortense , en t'embras- sant de tout mon cœur, et en t'assurant que je t'aime, et que tu es ma fille chérie.

Joséphine.

* Pauline, sœur du premier consul, veuve du général Leclerc.

( 229 )

LETTRE XI.

Malfamé Jfrmaparte à sa fille, a tfomptôgne.

Paris, ce 17 pluviôse an XII (7 février 1804).

J'écris à Louis, ma chère Hortense; je l'engage à tenir la promesse qu'il nous a

faite de passer avec nous les fêtes du carnaval , et , comme je compte sur sa parole, je compte aussi t'embrasser le jeudi gras. On attend ton arrivée pour

( 23o )

fixer les jours de bal. Bonaparte ne sera pas fâché de voir Louis; il devait lui faire dire de venir, et je m'en suis chargée avec plaisir.

Il s'est passé bien des ohoses depuis ton départ : l'homme qu'on devait fu- siller et qui a demandé sa grâce , a ré- vélé des choses importantes ; il y avait à Paris quatre-vingts chouans déterminés à assassiner Bonaparte. Savary est parti avant-hier avec quarante gendarmes pour aller prendre Georges et dix-sept autres individus qui ne sont pas bien éloignés de Paris. Imagine-toi que Georges est à Paris, et aux environs, depuis le mois d'août ; vraiment cela fait frémir ; lorsque tu arriveras , je te donnerai tous les dé- tails de cet horrible complot. On a déjà

( a3i ) arrêté bien du monde. Ne dis rien de cela à personne; j'en excepte cependant ton mari.

Adieu , ma chère ; je t'embrasse et t'aime de tout mon ooeur. J'embrasse Napoléon.

Joséphine.

( a3a )

LETTRE XII.

Omperatrtc* à ea fille la yxmtmt Coûte , à jpara.

Aix-la-Chapelle, ce 21 fructidor an XII (8 septembre 1804).

Les nouvelles que tu me donnes de Na- poléon me font grand plaisir, ma chère Hortense, parce qu'outre l'intérêt bien tendre que je prends à lui, je songe aux inquiétudes dont tu es délivrée , et tu sais,

( ^33 ) ma chère fille, que ton bonheur fera tou- jours partie du mien. L'Empereur a lu ta lettre ; il ma paru fâché de ne pas recevoir quelquefois de tes nouvelles. Il n'accuse- rait pas ton cœur s'il le connaissait comme moi : mais les apparences sont contre toi. Dès qu'il peut supposer que tu le négliges, ne perds donc pas un instant pour réparer des torts qui ne sont pas réels : dis-lui que c'est par discrétion que tu ne lui as pas écrit, que ton cœur souffrait même de la loi que le respect seul t'avait dictée ; que, t'ayant toujours témoigné la bonté et la tendresse d'un père, tu trouverais de la douceur à lui offrir l'hommage de ta reconnaissance. Parle-lui aussi de l'es- pérance que tu conserves de me revoir à l'époque de tes couches. Je ne puis penser

( a34 j

à l'idée d'être loin de toi à ce moment. Sois sûre, ma chère Hortense , que rien ne peut m'em pêcher de t'aller soigner; c'est pour toi, et encore plus pour moi; ainsi parles-en à Bonaparte , qui t'aime comme son enfant, ce qui ajoute beaucoup à mes sentiments pour lui. Adieu, ma bonne Hortense; je t'embrasse, ainsi que Napo- léon , du plus tendre de mon cœur. Si ton mari est de retour, dis-lui mille choses aimables pour moi.

J'écris à Stéphanie * pour l'engager à aller passer chez madame Campan le temps où. je serai absente. Je t'engage à lui per- suader que cela est convenable. Comme

* Stéphanie de Tascher, cousine de l'Impératrice , mariée depuis au duc d'Aremberg.

( 235 )

tu serais peut-être trop fatiguée pour rac- compagner, dis à Emilie de me donner cette marque d'amitié. Il paraît que nous recevrons beaucoup de visites à Mayence.

Joséphine.

«

( a3G )

LETTRE XIII.

Ompératrice à sa fille, a

I.von , le 25 germinal an XIII.

Nous voici, ma chère Hortense, à la moitié de notre voyage. Depuis quatre jours nous sommes à Lyon , et à ma mi- graine près dont j'ai souffert un peu , la route ne m'a pas trop fatiguée. L'Empe- reur aussi se porte bien. Les acclamations les plus unanimes ont partout éclaté à son

( 237 ) passage; il s'est concilié tous les cœurs; et dans cette impression générale de joie et d'attachement à sa personne, j'aurais peine à dire quelle ville s'est le plus dis- tinguée. Nous partons pour Chambéry demain. C'est avec bien de la joie que je vois s'avancer le moment je pourrai embrasser Eugène; mais mon plaisir ne sera pas complet r et en me rapprochant de l'un de mes enfants , je sens avec bien du regret que je serai séparée d'une autre qui ne m'est pas moins chère.

Adieu, ma bonne Hortense; donne-moi souvent de tes nouvelles , et reçois un tendre baiser. Mille choses à ton mari. J'embrasse Napoléon Louis.

Joséphine,

( 238 )

LETTRE XIV.

Ompcratric* à m ftlU , aux taux ï*e J&ûnt-2lmanïr.

Saint-Cloud , ce 7 thermidor an XIII (20 juillet i8o5).

Je charge un de mes écuyers, qui va re- joindre son régiment, de te remettre cette lettre , ma chère Hortense, et de remettre aussi à Napoléon des joujoux ; je suis tou- jours bien triste detre séparée de ton

( a39 ) frère *. J'espérais , en revenant en France , retrouver ma chère fille. Cette idée me consolait; mais ma vie se passe tristement et toujours éloignée des personnes que j'aime. Je vais dans quelques jours me trouver absolument seule. Je pars lundi ou mardi pour Plombières, je resterai en tout un mois. Ma santé, sans être très- mauvaise , exige cependant que je me re- pose un peu des fatigues du long voyage que je viens de faire , et surtout du cha- grin que j'ai eu de laisser Eugène en Ita- lie. J'ai reçu hier une lettre de lui: il se porte bien et travaille beaucoup. Il re- grette bien d'être éloigné de sa mère et de sa tendre sœur. Hélas ! il y a sûrement

* Le prince Eugène venait d'être nommé vice-roi d'Italie.

( 240 )

bien des gens qui envient son sort, et qui le croient bien ïieureux : ceux-là ne lisent pas dans son cœur. En t'écrivant, ma chère Hortense, je ne voulais pas te com- muniquer ma tristesse; je ne voulais que te parler de ma tendresse pour toi, pour tes enfants , te dire combien j'étais heu- reuse d'avoir auprès de moi ton fils Louis depuis mon retour.

L'Empereur, sans me rien dire, l'a en- voyé chercher aussitôt son arrivée à Fon- tainebleau. J'ai été bien touchée de cette attention de sa part; il a senti que j'avais besoin de voir un second toi-même, un petit être charmant créé par toi. Il se porte à merveille; il est très-gai, il ne mange que la soupe que lui donne sa nour- rice; il ne vient jamais lorsque nous

( *4i )

sommes à table; l'Empereur le caresse beaucoup. Ecris-moi souvent, ma chère Hortense , j'ai besoin d'avoir de tes nou- velles; donne-m'en de la santé de ton mari. Corvisart doit être maintenant au- près de lui. J'espère que les eaux lui feront du bien. On dit qu'elles ont fait des cures étonnantes.

Eugène m'a remis pour toi un collier en malachites gravées en relief; je te le donnerai à ton retour. M. Bergheim t'en remettra un que j'ai acheté à Milan; ce sont des améthystes gravées, et qui iront très-bien sur ta belle peau blanche; je n'ai pas eu le temps de les faire mieux monter. L'Empereur a signé le contrat de ma- riage de mademoiselle de Boubers avec

M. de Lauriston ; il a fait cadeau à la de- II. j6

( 2& )

moiselle, de trente mille livres; madame de Boubers a paru être très-contente ; c'est une personne de grand mérite qui t'est fort attachée, et qui mérite l'amitié que tu lui témoignes. Dis mille choses de ma part au prince Louis ; embrasse pour moi Na- poléon , et crois , ma chère fille , à la ten- dresse de ta mère.

Joséphine.

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( 243 )

LETTRE XV.

Ompfrotïire à sa fille, a |)aris.

Strasbourg , ce 3o vendémiaire an X1Y (22 octobre i8o5).

J'avais promis , ma chère Hortense, au prince Joseph, qui m'a écrit une lettre très-aimable, de lui envoyer un courrier aux premières nouvelles que je recevrais. J'ai été hier à même de remplir ma pro-

i'6.

( 244 .)

messe. M. deThiars m'a écrit, par ordre de l'Empereur, tous les détails de nos succès , et je les ai aussitôt fait passer au prince Joseph, en le priant de t'en faire part, ainsi qu'à ton mari. Les événements heu- reux se succèdent, et aujourd'hui j'ai reçu une lettre de l'Empereur. Je te l'envoie, et je suis bien sûre qu'elle te fera le même plaisir qu'à moi. Je te recommande de me la garder pour me la remettre à mon re- tour. Toutes les personnes de la maison de l'Empereur se portent bien. Il n'y a pas eu un seul général blessé , et tu peux le dire à toutes les dames dont les maris sont à l'armée.

Jeudi on chantera un Te Deum , et je donnerai le même jour une fête aux dames de Strasbourg.

( 245 )

Adieu, ma chère Hortense, je t'aime de tout mon cœur, et je t'embrasse de même. Mille amitiés à ton mari ; j'embrasse tes enfants.

Joséphine.

(^46 )

LETTRE XVI.

£'3mp*ratritf à sa fille, à |)ûrâ.

Munich au XIV.

Me voici à Munich, ma chère Hortense, un peu fatiguée, quoiqu assez bien por- tante. J'y ai reçu ta lettre ; elle m'a fait le plus grand plaisir; mais je suis extrême- ment surprise des bruits dont tu me parles. Assurément, s'il était réellement question du mariage de ton frère, tu es la première

( *k] ) personne à laquelle j'en aurais fait part. L'on m'a bien dit que des gazettes alle- mandes en ont parlé, tandis que j'étais à Strasbourg. Je me rappelle qu'à cette époque tout le monde croyait à ce mariage. Je me trouvai la seule qui ne fût pas dans le secret. Tu sens fort bien, ma chère amie, que l'Empereur, qui ne m'a jamais rien dit à ce sujet, ne marierait pas Eu- gène sans que j'en eusse connaissance. Au reste, j'accepte les bruits publics; j'aime- rais beaucoup à l'avoir pour belle-fille"; elle est charmante de caractère , et belle comme un ange; elle réunit à une belle figure la plus belle taille que je connaisse. Je ne suis pas plus instruite du moment

* La princesse Auguste-Amélie de Bavière.

( 248 ) l'Empereur doit retourner à Paris, ni de celui il viendra à Munich. Il m'a envoyé hier un de ses aides-de-camp, avec la nouvelle d'une victoire complète rem- portée sur les Russes. Il m'a écrit quatre lignes, me dit que sa santé est très-bonne, et ne me parle pas encore de retour. Je suis fort contente de ce que tu me marques delà conduite que Stéphanie a tenue. Elle a raison de vouloir attendre ce que l'Em- pereur décidera pour elle; c'est à lui que je laisse le soin d'établir ma famille, et, jusqu'à ce qu'il se soit expliqué à son su- jet , ce qu'elle peut faire de mieux , c'est de continuer à se conduire comme elle a commencé.

M. Deschamps * a t'envoyer la re-

* Secrétaire des commandements de l'Impératrice.

( <9 ) lation de mon voyage , et les détails de la

manière dont fai été reçue dans toutes les cours. A Augsbourg , la princesse Cunégonde m'a beaucoup parlé de ma- dame de Boubers; elle est enchantée de la savoir auprès de toi; elle ma priée de te la recommander : il paraît qu'elle a conservé pour madame de Boubers un très- grand attachement.

Adieu 3 ma chère Hortense ; je t'em- brasse, ainsi que tes enfants, de tout mon cœur. Lorsque la famille te parlera de mariage, tu peux lui faire part de ma lettre : tu peux même la communiquer à madame Murât.

Au moment je fermais ma lettre, on m'annonce, ma chère Hortense, un page avec une lettre de l'Empereur. Je

( 2ÔO )

voudrais bien l'envoyer cette lettre , mais je la garde encore aujourd'hui; je veux la relire. L'Empereur me marque qu'il a vu l'empereur d'Allemagne, et qu'il est con- venu avec lui de faire vite la paix.

Joséphine.

( *5i )

&&&&&&&&&&&t&tâifc'fo&tâ&'&&'&&ifr$ï&$p'fc$?&'fc'êfe&1ft$?

LETTRE XVII.

impératrice à sa fille , à paris.

Munich , ce 17 nivôse an XIV ( 7 janvier 1806).

Je ne veux pas perdre un moment, ma chère Hortense, pour Rapprendre que le mariage d'Eugène avec la princesse Au- guste, fille de l'électeur de Bavière , vient d'être définitivement arrêté. Tu sentiras

( 252 )

comme moi tout le prix de cette nouvelle preuve d'attachement que l'Empereur donne à ton frère. Rien au monde ne pou- vait être plus agréable pour moi que cette alliance. La jeune princesse réunit à une figure charmante toutes les qualités qui rendent une femme intéressante et aima- ble. Je conçois tous les regrets que tu éprouves de ne pas venir te réunir à nous à Munich , et je ne suis pas étonnée du chagrin que ta fait la lettre que ton mari t'a écrite à ce sujet; mais je sens bien que tu n'as pas eu la force de résister à de vives instances. Au reste, ce qui doit être une consolation pour toi , c'est que le ma- riage ne se fera pas ici, il aura lieu à Paris; ainsi tu seras témoin du bonheur de ton frère, et le mien sera parfait, puis-

( 253 ) que je me trouverai réunie à mes chers enfants. Ma santé est assez bonne, et le bonheur que j'éprouve de l'idée de revoir mon fils ne peut que contribuer à la maintenir.

Adieu , ma chère Hortense ; j'espère que nous serons tous bientôt réunis *.

Joséphine.

* Après le mariage du prince Eugène, qui se fit à Mu- nich , l'Impératrice revint à Paris , et ne jouit pas long- temps du plaisir de se retrouver avec sa fille, qui, à cette époque , fut nommée reine de Hollande.

( ^54 )

C'Cmpmur Vlaipoléon à m bilU-filU, la princisst fyoxtemt *.

Munich , ce 9 janvier i8of>.

Ma fille, Eugène arrive demain, et se marie sous quatre jours. J'aurais été fort aise que vous eussiez assisté à son ma- riage : à présent , il n'est plus temps. La princesse Auguste est grande, belle et pleine de bonnes qualités , et vous aurez, en tout, une sœur digne de vous.

Mille baisers à M. Napoléon.

Napoléon.

* Nous croyons devoir donner ici la lettre écrite , à l'oc- casion de ce mariage , par l'Empereur Napoléon à sa belle- fille.

( a55 )

LETTRE XVIII.

iï'lmpivatxice à m fille, la mit* ïr* jjallanîie, à la Ijage*

Saint-Cloud , ce i5 juillet 1806.

Je ne veux pas laisser partir Després *, ma chère Hortense, sans le charger d'une petite lettre pour toi. Depuis ton départ j'ai toujours été souffrante, triste et mal-

* Secrétaire des commandements de la reine de Hollande.

( 256 )

heureuse; j'ai même été obligée de garder le lit, ayant eu quelques accès de fièvre. La maladie a tout-à-fait disparu , mais le chagrin me reste. Comment nen pas avoir, d'être séparée d'une fille comme toi , ten- dre , douce et aimable , qui faisait le charme de ma vie? Les fêtes sont encore retar- dées; elles n'auront lieu qu'au i5 sep- tembre. J'ai l'espoir que ce retard te fera passer l'hiver avec nous. Je compte sur la promesse de ton mari, sur la tienne, et sur celle de l'Empereur. Eugène sera ici à cette époque. Sa femme est décidément grosse. J'ai reçu hier une lettre d'Eugène, qui m'annonce cette nouvelle. Il est bien content.

Comment va, ton mari ? mes petits-en- fants sont-ils bien portants? Mon Dieu!

( ^7 ) que je suis triste de ne plus les voir quel- quefois! Et ta santé, ma chère Hortense , est-elle bonne ? Si jamais tu étais malade , fais-le-moi dire; je me rendrais tout de suite près de ma bien-aimée fille. Toute la famille se porte bien. J'ai eu des nouvelles de la princesse de Bade; elle a été reçue très-bien dans la famille de son mari. Le prince Murât va être grand-duc de Berg. Je compte écrire ces jours-ci à ton mari pour lui demander son intérêt pour M. d'Osmond. On dit beaucoup de bien de ce jeune homme : on le dit sage , instruit, sachant très-bien l'italien, l'anglais et une autre langue; il demande une place d'é- cuyer auprès du roi. Il a une sœur * qui a

* Madame de Boignes.

IT. 17

( ^58 )

quatorze mille louis de revenu, et qui pourvoira à tout ce qui lui sera nécessaire. M. cT A rember g est toujours bien amou- reux de Stéphanie *. Tu sais qu'il est parti pour les eaux. Son contrat de mariage est fait; il paraît qu'il se mariera au mois de septembre. Toute la famille d'Arem- berg part ces jours-ci pour la Belgique; la mère et le fils se proposent d'aller en Hollande te faire une petite visite. Plus je connais cette famille, plus je trouve ma cousine heureuse de lui appartenir. Voilà une bien longue lettre; j'ai voulu me dé- dommager aujourd'hui de la privation de ne t' avoir pas écrit depuis ton départ. Adieu, ma chère Hortense, ma tendre

* Mademoiselle Stéphanie Tascher, cousine de l'Impé- ratrice.

( a$9 )

fille; pense souvent à ta mère , et persuade- toi bien qu'il n'y a pas de fille plus chérie que toi.

Mille choses aimables à ton mari ; j'em- brasse mes petits-enfants. Tu serais bien aimable de m'envoyer quelquefois de tes romances.

Joséphine.

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( a6o )

LETTRE XIX.

£y3mpétatxxce à m fille , à €a jSjag* ,

1806.

Toutes tes lettres, ma chère Hortense, sont charmantes, et tu es bien aimable de m'en envoyer souvent. J'ai aussi des nouvelles d'Eugène et de sa femme; je vois qu'ils sont heureux , et je le suis beau- coup moi-même, surtout en ce moment;

( 26 1 )

car j'irai avec l'Empereur, et je fais mes ap- prêts de voyage. Je t'assure que cette nou- velle guerre, si elle doit avoir lieu, ne me donne aucune crainte; mais, plus je serai près de l'Empereur, moins j'en aurai, et je sens que je ne vivrais pas, si je restais ici. Un autre sujet de joie pour moi est de te revoir à Mayence. L'Empereur me charge de te dire qu'il vient de donner une ar- mée de 80,000 hommes au roi de Hol- lande, et que son commandement s'é- tendra tout près de Mayence. Il pense que tu viendras rester avec moi à Mayence. Juge, ma chère Hortense, si c'est une nouvelle agréable pour une mère qui t'aime aussi tendrement. Chaque jour, nous recevrons des nouvelles de l'Empe- reur et de ton mari ; nous nous en ré-

( 262 )

jouirons ensemble. Le grand-duc de Berg m'a parlé de toi et de tes enfants; em- brasse-les pour moi, jusqu'à ce que je puisse les embrasser moi-même , ainsi que ma chère fille, et j'espère que ce sera bientôt. Mille amitiés bien tendres auRoi; l'Empereur te dit mille choses.

Joséphine.

( a63 )

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LETTRE XX.

£'3mpmxtrice à 0a ûlie , à ffa j^ayr.

Paris, le 3 lévrier 1807*.

Je suis arrivée ici, ma chère Hortense, le 3i au soir, ainsi que j'y avais compté. Mon voyage a été heureux, si je peux l'appeler ainsi, lorsqu'il m'éloigne de

* L'Impératrice et sa fille, qui s'étaient réunies à Maycnce, étaient retournées ensuite, l'une à Paris, l'autre en Hol- lande.

( 264 )

l'Empereur. J'ai reçu cinq lettres de lui depuis mon départ. J'ai bien besoin que tu m'écrives , surtout à présent que tu n'es plus auprès de moi pour me conso- ler. Donne-moi de tes nouvelles, parle- moi de ton mari et de tes enfants. Bien que je reçoive ici plus de monde qu'à Mayence, mon cœur nen est pas moins seul, et, en m'écrivant, tu me tiendras encore compagnie.

Adieu, ma chère fille ; je t'aime et t'em- brasse tendrement.

Joséphine.

( a65 )

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LETTRE XXI.

£'3mplratritt à sa fille > à ffa jjagc.

Paris, le 7 mars 1807.

J'ai eu beaucoup de plaisir à parler de toi avec M. de Janssens. Je vois, d'après tout ce qu'il m'a dit de la Hollande , que le roi y est très-aimé , et tu as aussi ta part de l'affection générale. Cela m'a rendue

( 2()6 )

heureuse. Ma santé est assez bonne en ce moment; mais j'ai toujours le cœur bien triste.

Toutes les lettres particulières que j'ai reçues s'accordent à dire que l'Empereur s'est très-exposé à la bataille d'Eylau. Je recois très-souvent de ses nouvelles , et quelquefois deux lettres par jour ; c'est une grande consolation, mais cela ne le rem- place pas. J'ai été , il y a quelques jours , témoin d'un accident affreux à l'Opéra. L'actrice qui faisait Minerve dans le ballet d'Ulysse est tombée de 10 pieds , et s'est cassé le bras. Comme elle est pauvre et mère de famille, je lui ai envoyé 5o louis. M. de Janssens m'a donné un petit sau- vage qui est vraiment charmant et fort amusant. On l'a mené hier à l'Opéra , et

( *67 ) l'on a eu toutes les peines du monde à

l'empêcher de siffler et de danser.

Adieu, ma chère Hortense, je t'aime tendrement , et je t'embrasse de même. Si tu veux que je sois plus heureuse, fais- moi espérer que j'aurai dans neuf mois une petite-fille. Fais mille amitiés de ma part au Roi.

J'embrasse tes enfants.

Joséphine.

( 268 )

LETTRE XXII.

£'3mpiratrtri à ôci fille, à fa J5}û£e.

Paris, le 29 mars 1807.

J'ai été indisposée , ma chère Hortense , pendant plusieurs jours; je me trouve beaucoup mieux aujourd'hui; j'en profite pour t' écrire. C'est madame de Villeneuve qui te remettra ma lettre. La semaine dernière m'a paru bien rapide et bien agréable; je l'ai passée à Malmaison ? au milieu des travaux que Ton y fait, et cette

( 269 ) occupation m'a rendu la santé. Tu auras appris avec bien du plaisir l'heureux ac- couchement de la princesse Auguste. Eu- gène est enchanté de sa fille ; il se plaint seulement de ce qu'elle dort trop, ce qui l'empêche de la voir à son aise. Je reçois à l'instant des nouvelles de Milan ; tout le monde se portait très-bien. L'Empereur me donne souvent de ses nouvelles. Sa dernière lettre est du 17; il m'assure que sa santé est très-bonne , mais il ne parle pas de son retour, et je ne serai heureuse que lorsqu'il sera ici. Dis mille choses aimables de ma part au Roi; j'embrasse tes enfants, et toi aussi, ma chère fille, bien tendrement ; tu connais mon cœur et toute mon affection pour toi.

Joséphine.

( '^7° )

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LETTRE XXIII

Omperatrtre à sa fille , à la Sjajtf .

Paris , re 2 avril 1807.

Lady Shaftesbury désire, ma chère fille, que je lui donne pour toi un mot de re- commandation; j'y consens d'autant plus volontiers que je crois cette dame digne de ton intérêt. Elle a passé six mois ici avec la permission de l'Empereur, et le

( s?1 ) prince Jérôme lui a donné, pour le roi de Hollande, une lettre de recommanda- tion. J'ignore ce que lad y Shaftesbury peut désirer de toi; mais je serais charmée que tu lui fusses utile , si l'occasion s'en pré- sente.

Adieu , ma chère Hortense, je t'aime et t'embrasse tendrement.

Joséphine.

( a72 )

LETTRE XXIV-

Ompératrirt à sa fille, à €a jSjfljie.

Ce 14 mai, 10 heures du soir, 1807.

J'arrive à l'instant au château de Lac- ken*, ma chère fille; c'est de que je t'écris , c'est que je t'attends. Viens me

* L'Impératrice, à la nouvelle de la mort de son petit- fils, vint à Lacken, palais près de Bruxelles, d'où elle ramena sa fille à Paris, et s'en sépara encore , parce qu'on ordonna à la reine de Hollande le voyage des Pyrénées.

( a73 )

rendre la vie ; ta présence m'est nécessaire , et tu dois avoir besoin aussi de me voir, et de pleurer avec ta mère. J'aurais bien voulu aller plus loin; mais les forces me manquent, et d'ailleurs je n'ai pas eu le temps de prévenir l'Empereur. J'ai re- trouvé du courage pour venir jusqu'ici ; j'espère que tu en trouveras aussi pour venir voir ta mère.

Adieu , ma chère fille ; je suis accablée de fatigue, mais surtout de douleur.

Joséphine.

II. 18

( 274 )

LETTRE XXV

f'Smprratrice 3osrpl)ine à 0a fille , a eon

passage à fiarîrraiu*.

Saint-Cloud, ce 27 mai 1807.

J'ai beaucoup pleuré depuis ton départ, ma chère Hortense, cette séparation m'a été bien pénible ; et pour me donner le courage de la supporter, il ne fallait pas moins que la certitude du bien que te fe- ront les voyages. J'ai reçu de tes nouvelles par madame de Broc. Je te prie de la re-

( 275 ) mercier de cette attention , et de lui dire de m'écrire lorsque tu ne le pourras pas toi-même. J'ai eu aussi hier des nouvelles de ton fils ; il est au château de Lacken , très-bien portant, et attendant l'arrivée du Roi. L'Empereur m'a encore écrit ; il par- tage bien vivement notre malheur. J'avais besoin de cette consolation, car je n'en ai plus depuis ton départ. Toujours seule avec moi-même , chaque instant me rap- pelle le sujet de notre douleur, et mes pleurs ne cessent de couler.

Adieu, ma chère fille; conserve-toi pour une mère qui t'aime tendrement.

Joséphine.

tS.

( 276 )

LETTRE XXYI

€'3mprratrir* à sa fille, aux taux ï>? Cauterete.

Saint-Cloud, 4 juin 1807.

Ta lettre m'a bien soulagée, ma chère Hortense , et les nouvelles de ta santé, que je reçois par tes dames, contribuent beau- coup à me rendre plus tranquille. L'Em- pereur a été vivement affecté ; dans toutes ses lettres, il cherche à me donner du cou- rage; mais je sais que ce malheureux événement lui a été très-sensible. Le Roi est arrivé hier soir à Saint-Leu; il m'a

( *77 ) mandé qu'il viendrait me voir aujour- d'hui : il doit me laisser le petit, pendant son absence. Tu sais combien j'aime cet enfant, et les soins que j'aurai pour lui. Je désire que le Roi prenne la même route que toi; ce sera, ma chère Hortense, une consolation pour tous deux de vous revoir.

Toutes les lettres que j'ai reçues de lui depuis son départ, sont remplies de son attachement pour toi. Ton cœur est trop sensible pour n'en être pas touché.

Adieu, ma chère fille; prends soin de

ta santé ; la mienne ne se rétablira que

lorsque je n'aurai plus à souffrir pour

les personnes que j'aime. Je t'embrasse

tendrement.

Joséphine,

( ^7»)

LETTRE XXVII.

£'3mptratritt a ea fille, aux (aux ùe €auterrts*

Saint-Cloud, n juin 1807.

Je joins ici, ma chère Hortense, une lettre* que l'Empereur m'a envoyée pour toi ? et qu'il me charge de te faire passer.

* La lettre de l'Empereur à la Reine de Hollande, dont il est fait mention ici, est datée de Dantzig, le 2 juin 1807. Elle est rapportée en note à la suite de celle CXXIX , de l'Empereur à l'Impératrice, page 328 du premier vo- lume de ce Recueil.

( *79 ) L'Empereur est à Dantzig. Sa santé est

parfaite. Le maréchal Lefebvre est créé

duc de Dantzig, avec cent mille francs de

revenus de terre en France. Ton fils se

porte à merveille , il m'amuse beaucoup ;

il est si doux; je trouve qu'il a toutes les

manières de ce pauvre enfant que nous

pleurons.

Adieu, ma chère fille; je t'embrasse

tendrement.

Joséphine,

( a8o )

«j

LETTRE XXVIII.

Ompératric* à sa fille , aux eaux ïre Cautmts.

Saint-Cloud 1807.

Ta lettre m'a vivement touchée, ma chère fille; je vois combien ta douleur est toujours profonde , et je le sens en- core mieux par celle que j'éprouve moi- même. Nous avons perdu tout ce qu'il y avait de plus digne d'être aimé ; mes lar- mes coulent comme le premier jour. Ces regrets sont trop justes pour que la

( a8i ) raison puisse y mettre un terme; mais, ma chère Hortense, elle doit les modérer. Tu n'es pas seule au monde. Il te reste un mari , un enfant intéressant , et une mère dont tu connais la tendresse; tu te dois à tout ce qui t'aime encore , et tu es trop sensible pour que tout cela ne te soit plus qu'étranger et indifférent. Pense à nous, ma chère fille ; que ce souvenir en calme un autre légitime et douloureux. Je compte sur ton attachement pour moi , et sur ta raison. J'espère aussi que les voyages et les eaux te feront du bien. Ton fils se porte à merveille , il est charmant. Ma santé est un peu meilleure ; mais tu sais qu'elle dépend de la tienne. Adieu, je t'embrasse.

Joséphine.

( 282 )

\Q&&&&&&&&&&&&&*&&&tâ&&ifai&tà,&ifa&to& &$>■&/&'&

LETTRE XXIX

Ompévatvice à sa filU , aux eaux fr tfauter*t&,

Saint-Cloud , le 10 juillet 1807.

Je recois souvent, ma chère Hortense, des nouvelles de l'Empereur; il me parle beaucoup de l'empereur Alexandre, dont il paraît très-satisfait. Il m'a envoyé M. de

( 283 ) Monaco et M. de Montesquiou pour me donner des détails sur ce qu'ils ont vu. Ces messieurs racontent que la première entrevue était un spectacle magnifique. Les deux armées étaient sur la rive droite et sur la rive gauche du JNiémen. L'Em- pereur est arrivé le premier au pavillon construit au milieu de la rivière; la barque del'empereur Alexandre a eu quelque peine à s'en approcher, ce qui a fourni à ce der- nier quelques mots agréables sur son em- pressement mal secondé par le fleuve. On dit qu'au moment où. les deux Empereurs se sont embrassés , des acclamations univer- selles sont parties des deux rives. Ce qui* augmente encore pour moi l'intérêt de ces heureuses nouvelles , c'est l'espérance que j'ai de revoir bientôt l'Empereur.

( ^84 )

Pourquoi, ma chère Hortense, ce bonheur est-il troublé par des souvenirs si dou- loureux qui ne s'effaceront jamais? Ton petit se porte parfaitement bien; son teint n'est plus reconnaissable. J'espère que les eaux te feront du bien, ainsi qu'au Roi : rappelle-moi à son souvenir, et crois , ma chère fille, à toute la tendresse de ta mère.

(285 )

LETTRE XXX.

Omperatrice à m fille , à parie.

Bordeaux, ce a3 avril 1808.

Je suis , ma chère Hortense , au comble de la joie; la nouvelle de ton heureux accouchement m'a été apportée hier par M. de Villeneuve ; j'ai senti mon cœur

( 286 )

battre en le voyant entrer ; mais j'avais l'espérance qu'il n'avait à m'apprendre qu'un heureux événement , et mon pres- sentiment ne m'a pas trompée. Je viens de recevoir une seconde lettre de l'archi- chancelier, qui m'assure que tu te portes bien, ainsi que ton fils. Je sais que Na- poléon se console de n'avoir pas une sœur, et qu'il aime déjà beaucoup son frère. Em- brasse-les pour moi tous les deux. J'ai reçu hier une lettre de l'Empereur : sa santé est très-bonne. Le prince des Astu- ries et don Carlos avaient dîné chez lui la veille; il attendait, pour le lendemain, le roi Charles IV et la reine. Mais je n'ose t' écrire trop longuement, de crainte de te fatiguer. Ménage- toi avec les plus grands soins; ne reçois pas trop de monde dans

(■a87 ) ces premiers moments. Fais-moi donner tons les jours de tes nouvelles ; je les at- tends avec autant d'impatience que je t'aime avec tendresse.

Joséphine.

( 288 )

***************i>>*«M«MM»**i********

LETTRE XXXI

£'3mp*ratritt à m fille ^ à paris.

Bordeaux, ce 2 5 avril 1808.

Je reçois, ma chère Hortense , une lettre de l'Empereur, qui m'annonce qu'il avait appris que tu étais accouchée d'un garçon, et qu'il en avait éprouvé une très-grande joie. Il paraît qu'il en avait la nouvelle avant l'arrivée de M. de Villeneuve. L'Em-

pereur me mande en même temps de venir le retrouver à Bayonne. Tu juges, ma chère fille, que c'est un grand bonheur pour moi de ne pas quitter l'Empereur ; aussi , je pars demain de grand matin. Les nouvelles que je reçois de ta santé me font plaisir. Je t'engage toujours à te bien ménager, et surtout à éviter de re- cevoir du monde dans ces premiers jours- ci. Je serai trois ou quatre jours sans t e- crire , mais aucun moment sans penser à toi. Je t'embrasse.

Adieu, ma chère Hortense.

Joséphine.

L'Empereur se porte toujours bien.

II. 19

( 29° )

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LETTRE XXXII.

C'Smperatricr Jogéptyme a eu fille, an* raiu fce !3aîu\

Strasbourg, le 16 mai 1809.

Je recois à l'instant une lettre de l'Em- pereur, qui me mande qu'il m'envoie le frère de la maréchale Lannes pour m'an- noncer la reddition de Vienne : je n'ai pas voulu me coucher, ma chère Hortense, sans te faire part de cette heureuse nou-

( 29! ) velle, et t'envoyer la proclamation de

l'Empereur. Tu pourras faire donner cette

nouvelle au grand -duc héréditaire de

Bade. Stéphanie pourra la lui mander.

Adieu , ma chère amie ; je t'embrasse

tendrement , ainsi que tes enfants.

Joséphine.

P. S. M. Deschamps t'a envoyé aujour- d'hui une lettre de la princesse Auguste ; je te prie de me la renvoyer. Tu as recevoir, par l'homme qui accompagne ton fourgon , une dépêche télégraphique d'Italie, qui annonçait qu'Eugène pour- suit l'ennemi , et qu'il était à Udine le 12.

ï9-

( 292 )

LETTRE XXXIII.

Ompcrcitricr à ea iiilc , aux taux it 0aî>r.

Strasbourg, Ier juin 1809.

Je t'envoie , ma chère Hortense , une lettre de l'Empereur pour toi* : j'étais si

* Nous plaçons ici cette lettre :

% la reine ïr* jjollanïre.

Ebersdorf , 28 mai 1809.

Ma fille, je suis très-mécontent que vous soyez sortie de France sans ma permission, et surtout que vous en ayez

( 293 ) inquiète de n'en pas recevoir de lui que je l'ai ouverte; j'ai vu avec peine qu'il était mécontent de ton séjour aux eaux de Bade. Je t'engage à lui écrire tout de suite que tu avais prévenu ses intentions, et que tes enfants sont auprès de moi ; que tu ne les as eus que quelques jours pour les voir et leur faire changer d'air. Le page qui

fait sortir mes neveux. Puisque vous êtes aux eaux de Bade, restez-y ; mais, une heure après avoir reçu la pré- sente lettre, renvoyez mes deux neveux à Strasbourg, au- près de l'Impératrice ; ils ne doivent jamais sortir de France. C'est la première fois que j'ai lieu d'être mécontent de vous; mais vous ne deviez pas disposer de mes neveux sans ma permission : vous devez sentir le mauvais effet que cela produit. Puisque les eaux de Bade vous font du bien vous pouvez y rester quelques jours; mais, je vous le ré- pète , ne perdez pas un moment pour renvoyer mes ne- veux à Strasbourg. Si l'Impératrice va aux eaux de Plom- bières, ils l'y accompagneront ; mais ils ne doivent jamais passer le pont de Strasbourg.

Votre affectionné père ,

\\rOLÉQK.

( 294 )

m'est annoncé par la lettre de Menneval * n'est pas encore arrivé , j'espère qu'il m'apportera une lettre de l'Empereur, à moins qu'il ne soit aussi fâché contre moi, de ce que tu as été à Bade. Tes en- fants sont arrivés en très-bonne santé. Adieu , ma chère fille; je t'embrasse.

Joséphine.

* Secrétaire tie l'Empereur

( a95 )

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LETTRE XXXIV

OmpcnUria à m f tlU , aux (aux ï>e Cautnrte.

Saint-Cloud, 19 juin 1809.

J'ai appris, ma chère Hortense, avec beaucoup de plaisir, par mademoiselle Cochelet , que tu étais arrivée à Bagnères, et que tu étais contente de la beauté du pays que tu avais traversé ; elle ma mandé aussi , comme je l'en avais chargée, que tu

( ^96 ) commençais à sentir davantage tes dou- leurs : cela me donne beaucoup d'espé- rances pour le rétablissement de ta santé. Par là, je me consolerai plus aisément de l'altération de la mienne. Je sens qu'elle a de la peine à revenir, et j'ai beaucoup maigri ; mais je suis heureuse d'avoir au- près de moi ton fils : il est charmant; je m'attache à lui de plus en plus , en pensant qu'il sera ta consolation : ses petites rai- sons m'amusent beaucoup. Tu peux être bien tranquille sur sa santé; il se fortifie tous les jours, et son teint est très-beau.

J'ai encore un autre sujet de satisfaction que tu partageras. Eugène m'a mandé que sa femme est grosse. Je voudrais bien al- ler te rejoindre ; mais l'Empereur n'a pas répondu à l'article de ma lettre je lui

( a97 ) en faisais la demande. On commence à croire qu'il pourrait être de retour ici dans le courant d'août; c'est ce que je dé- sire le plus, mais je n'ose l'espérer. Sa santé est toujours très-bonne.

Adieu , ma chère Hortense ; dis à ma- demoiselle Cochelet que je suis sensible à son attention, et que je lui demande tou- jours la même exactitude. Tu as rece- voir plusieurs lettres de moi. Je suis bien loin de toi, mais j'embrasse souvent ton fils, et j'aime à me figurer que c'est ma chère fille que j'embrasse.

Joséphine.

LETTRE XXXV.

C'3mpcratrta306ipl)meà6afille,a€0mpicignf, upm le îûtmrci.

Navarre, 3 avril 1810.

Je suis arrivée ici en bonne santé , ma chère Hortense, quoiqu'un peu fatiguée de la route. J'ai été triste de l'accueil que j'ai reçu. Les habitants d'Evreux ont mar- qué beaucoup d'empressement à mon ar- rivée ; mais cet appareil de fête ressemblait un peu aux compliments de condoléance.

( 2D9 ) On me plaignait sans doute de n'être plus rien, mais j éloigne toutes ces idées dou- loureuses. L'Empereur est heureux, il doit l'être, et le sera de plus en plus; cette pensée est une grande consolation pour moi , et la seule qui soutienne mon courage. Navarre deviendra un très-beau séjour, mais il demande beaucoup de ré- parations et de dépenses. Tout absolument y est à refaire. Le château n'est pas habi- table. Les personnes que j'ai amenées n'ont qu'une petite chambre chacune, et dont la porte et les fenêtres ne ferment pas. Mon logement est de même très-petit et peu commode , et les boiseries en sont en mauvais état. Le parc est magnifique : c'est un vallon entre deux coteaux plantés de bois de la plus grande beauté; mais il y a

( 3oo )

trop d'eau , ce qui rend ce séjour humide et malsain; il faut habiter Navarre aux mois de mai, juin, juillet, et même au commencement d'août. Alors c'est le lieu le plus enchanteur qui existe. Dans cette saison-ci Mal mai son me sera plus favo- rable. Le peu de jours que j'y ai passés m'avait déjà fait beaucoup de bien , et je compte y retourner dans un mois ou trois semaines. J'avais invité à venir ici toutes les personnes de ma maison, mais plu- sieurs n'ont pas pu s'y rendre ; je n'ai donc avec moi que mesdames d'Arberg , d'Au- denarde et de Viel-Castel , ainsi que ma- dame Gazzani, qui était arrivée il y a trois jours. J'attends encore mesdames de Col- bertet de Turenne. Les hommes qui m'ont accompagnée sont MM. de Monaco , de

( 3oi ) Viel-Castel, Turpin , Pourtalès et d'An- dlaw. La vie que je mène est celle de la campagne. Je sors à pied ou en calèche lorsqu'il ne pleut pas; le soir je fais ma partie de trictrac avec l'évêque d'Evreux, homme très-aimable, malgré ses soixante- quinze ans. Le temps est un peu long; mais il me le paraîtra moins, lorsque tu seras ici. Je t'attends avec impatience. J'ai fait préparer ton logement : il n'est pas beau, tu ne seras que campée; mais tu sais avec quelle tendresse tu seras reçue. Adieu, ma chère fille; je t'embrasse.

Joséphine.

Si l'Empereur te demandait de mes nouvelles, dis-lui , ce qui est vrai , que ma seule occupation est de penser à lui.

( 3oa )

LETTRE XXXVI.

Cîmpmitrice 3asépt)ûu a ea fille, à Compiègnc»

Navarre, le 4 avril 1810.

Je suis touchée, ma chère Hortense , de tous les chagrins que tu éprouves. J'espé- rais qu'il n'était plus question de ton re- tour en Hollande , et que tu aurais un peu de repos. Je sens combien tu dois souffrir de ces contrariétés, mais je t'engage à ne pas t'en affecter. Tant qu'il me restera quelque chose, tu seras maîtresse de ton

( 3o3 )

sort; peine et bonheur, tu sais que je par- tage tout avec toi. Prends donc un peu de courage, ma chère fille, nous en avons bien besoin l'une et l'autre; souvent le mien est trop faible , et le chagrin me fait mal , mais j'attends tout du temps et de mes efforts. Je profite pour t'écrire du départ de Berthaut. Je te donnerai dans une autre lettre quelques détails sur Na- varre , en attendant que tu viennes en juger toi-même.

Adieu, ma chère Hortense, je t'em- brasse tendrement, ainsi que tes enfants.

Joséphine. Embrasse pour moi Eugène et Auguste.

( 3o4 )

LETTRE XXXYI1.

Omptratricf Joséphine à eo filk, à^lmstfrïram.

Mavarre, le 3 mai 1810.

J'ai reçu ta lettre , ma chère Hortense, et je vois avec bien de la peine que ta santé n'est pas bonne ; j'espère que le re- pos la rétablira, et je ne doute pas que le Roi n'y contribue aussi de tout son pou-

( 365 )

voir par ses soins et son attachement. Chaque jour lui fera voir de plus en plus combien tu le mérites. Ménage-toi , ma chère fille; tu sais combien j'ai besoin de toi. Mon cœur a souffert au point d'altérer un peu ma santé ; mais le courage triom- phe des peines , et je commence à être un peu mieux. Je compte aller au commen- cement de juin aux eaux d'Aix-la-Chapelle, qui me sont ordonnées par Corvisart. Je passerai quelques jours avant a Malmai- son. Je m'y rendrai du 20 au i\ de ce mois, car le séjour de Navarre me plaît beaucoup; je suis étrangère à toutes les intrigues. Je sais que les eaux te sont ab- solument nécessaires cette année ; je dési- rerais que celles d'Aix-la-Chapelle pussent

te convenir, j'aurais un grand bonheur IT. 10

( 3o6 ) à passer ce moment avec toi. Eugène a te mander qu'il était du voyage de l'Em- pereur à Anvers.

Adieu, ma chère Hortense, je t'em- brasse tendrement, et je t'aime de même.

Joséphine.

Embrasse pour moi Napoléon.

(3o7 )

LETTRE XXXVIII

Ompnratrir* 3aôcpt)in£ à m fille 1 à Slmstiriiam.

Navarre , le i5 mai i8ro.

Jetais extrêmement inquiète de ta santé, ma chère Hortense; je savais que tu avais éprouvé quelques mouvements de fièvre, et j'avais besoin d'être rassurée. Ta lettre du 10 vient de me parvenir, mais elle ne m'a pas donné la consolation que j'en attendais ; j'y trouve un abandon de toi-même qui m'a fait beaucoup de

20.

( 3o8 ) peine. Tu dois tenir à la vie par tant de liens ! Et si tu as un peu d'amitié pour moi , est-ce donc quand je ne suis pas heu- reuse que tu dois penser si tranquillement à m'abandonner? Prends courage, ma chère fille , et surtout soigne ta santé. Je suis persuadée, comme je te l'ai mandé, que les eaux qui t'ont été ordonnées te feraient du bien. Parles-en au Roi avec franchise ; il ne se refusera certainement pas à une chose nécessaire à ta santé. Je compte toujours aller aux eaux au mois de juin; mais je ne crois pas que ce soit à celles d'Aix-la-Chapelle ; ce serait plutôt à Aix en Savoie, et je préfère ce dernier séjour. Ma santé a surtout besoin de dis- traction , et j'espère en trouver davantage dans un lieu que je n'ai pas encore vu, et

( 3o9 ) dont la position est pittoresque. Elles sont surtout renommées pour les nerfs. Je t'engagerais à les prendre de préférence à celles de Plombières : nous passerions ce moment ensemble. Réponds-moi tout de suite sur cet article. Nous pourrions loger ensemble ; tu n'aurais pas besoin d'amener beaucoup de monde; j'en aurai très-peu, comptant voyager incognito. Je vais de- main à Malmaison, je resterai jusqu'à mon départ pour les eaux. Je vois avec plaisir que la santé de Napoléon est bonne, et qu'il a bien soutenu le changement d'air. Embrasse-le pour moi, ma chère Hor- tense , et aime-moi aussi tendrement que je t'aime.

Joséphine.

Rappelle-moi au souvenir du Roi.

(3io )

LETTRE XXXIX.

Omperatric* Saefytjme à m fille, a îlmôterîrant.

Malmaison, le 3i mai 1810.

Je viens de recevoir ta lettre du 24, nia chère Hortense; j'en suis plus contente que de la dernière , et je compte sur la promesse que tu me fais de prendre soin de ta santé; mais j'y vois encore un ton de découragement qui m'afflige et qui

( 3n ) vient sans doute du malaise que tu éprou- ves. Il me tarde que tu reprennes l'usage des eaux, quoique celles de Plombières soient bien éloignées d'Aix en Savoie, je compte me rendre. J'espère qu£ tu t'en trouveras bien , et que ton courage se fortifiera en même temps que ta santé. J'espère que tu passeras par Paris; je désire tant te voir!

Adieu , ma chère fille ; je t'attends avec impatience, et je t'aime avec tendresse.

Joséphine.

( 3ia)

LETTRE XL

£'2myétatxice 3osépï)im à m fille, à plombières.

Malmaison , ce 8 juin 1810.

J'ai reçu ta lettre datée de Verdun , ma chère Hortense ; elle m'a beaucoup tran- quillisée, et je pense avec plaisir que m i in- tenant tu es arrivée à Plombières. Je ne doute pas que tu n'éprouves bientôt le

(3.3) bon effet des eaux , et je t'engage à y pro- longer ton séjour le plus que tu pourras. Je me rendrai incessamment à celles d'Aix en Savoie, et je compte, à mon retour, s'il n'est pas trop tard, aller te voir à Plombières. Dans tous les cas, j'espère que nous nous reverrons à Paris, et que tu ne retourneras pas en Hollande. Ne te laisse donc pas aller au chagrin , et prends du courage; c'est la tranquillité d'âme qui se- conde l'effet des eaux. Je profite, pour t'ecrire, du départ d'un aide de camp qu'Eugène t'envoie. Tu me demandes si j'ai vu l'Empereur ; je n'ai pas encore eu ce plaisir, mais il m'a fait dire par Eu- gène qu'il viendrait me voir bientôt.

Adieu, ma chère fille; pense quelque- fois à ma tendresse pour toi. Chagrin et

(3,4)

bonheur, nous devons tout partager en- semble, et tu n'auras jamais de peine si grande que mon attachement pour toi ne soit encore bien au-dessus.

Joséphine. Rappelle-moi au souvenir de Julie*.

* La reine d'Espagne était à Plombières.

( 3i5 )

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LETTRE XLI.

Onpiratrttt lozéptyne à sa fille, à pombtms.

Malmaison, ce i4juin 1810.

Je n'ai su combien tu avais souffert, ma chère Hortense, que lorsque tu étais déjà mieux ; mais j'en avais le pressenti- ment, et mon inquiétude m'avait fait écrire à une de tes dames pour lui indiquer le télégraphe de Nancy comme une prompte

( 3i6 ) ressource pour appeler un médecin. Je suis bien aise de savoir le tien près de toi. Tu me demandes ce que je fais ; j'ai eu hier un jour de bonheur ; l'Empereur est venu me voir. Sa présence m'a rendue heu- reuse, quoiqu'elle ait renouvelé mes pei- nes Ces émotions sont de celles

que l'on voudrait éprouver souvent. Tout le temps qu'il est resté avec moi , j'ai eu assez de courage pour retenir des larmes que je sentais prêtes à couler; mais, après qu'il a été parti , je n'ai pu les retenir, et je me suis trouvée bien malheureuse. Il a été pour moi bon et aimable, comme à son ordinaire, et j'espère qu'il aura lu dans mon cœur toute la tendresse et tout le dévouement dont je suis pénétrée pour lui. Je lui ai parlé de ta position, il m'a

(3i7)<

écoutée avec intérêt. Il est d'avis que tu ne retournes plus en Hollande, le Roi ne s'étant pas conduit comme il aurait le faire; ta santé et la démarche que tu as faite étaient un sacrifice; tu as prouvé par à l'Empereur et à la famille de ton mari combien tu desirais faire une chose qui leur était agréable. L'avis de l'Empereur est donc que tu prennes les eaux le temps nécessaire, qu'ensuite, tu écrives à ton mari que l'avis des médecins est que tu habites un climat chaud pen- dant quelque temps, qu'en conséquence tu vas en Italie, près de ton frère; quant à ton fils*, l'Empereur donnera ordre

* Le prince Louis , second fils du roi de Hollande, ayant alors une santé très-faible , était resté à Paris.

(3i8)

qu'il ne sorte pas de France. Ces détails, ma chère Hortense , te feront plaisir ; ils te rendront, j'espère, le courage et la tran- quillité. Je compte te voir, soit à Aix en Savoie , si les eaux de Plombières ne te réussissent pas ; soit en Suisse, l'Em- pereur m'a permis de voyager. Nous pour- rions nous donner rendez - vous pour nous réunir ; alors je te dirai de vive voix les détails qu'il serait trop long de dé- crire. Je compte partir lundi prochain pour Aix en Savoie. Je voyagerai inco- gnito et sous le nom de Mad. d'Arberg ; tu pourras envoyer tes lettres pour moi à Lavalette*.

* Le comte de Lavalette, directeur-général des postes.

( 3i9 )

Ton fils, qui est ici dans ce moment, se porte très-bien, il est rose et blanc.

Adieu , ma chère Hortense ; donne-moi souvent de tes nouvelles , et compte tou- jours sur toute ma tendresse.

Joséphine.

( 3ao )

LETTRE XLII.

f 'Jmpératrice Joséphine à sa fille , à plombières.

Aux eaux d'Aix , le 3 juillet 1810.

Je t'ai écrit , il y a quelques jours , ma chère Hortense. Le temps me paraît bien long quand je ne reçois pas de tes nou- velles , et je n'en ai pas eu depuis le 18 du mois dernier. Combien je regrette de n'a- voir pas su avant mon départ le véritable état de ta santé , j'aurais été à Plombières

( 32. ) te donner mes soins, et je n'éprouverais pas l'inquiétude qui me tourmente à une si grande distance. Ma seule consolation est de penser que tu viendras ici. Je prends les eaux depuis quelques jours , et je m'en trouve bien; je suis persuadée qu'elles te réussiraient d'autant mieux qu'on peut les rendre aussi douces que Ton veut. Elles sont très-bonnes pour la poitrine. Si tu ne peux venir ici , j'espère au moins que nous nous rejoindrons en Suisse. Fais que je te voie, ma chère fille : seule, abandonnée, loin de tous les miens, et au milieu des étrangers, juge combien je suis triste, et tout le besoin que j'ai de ta présence. Adieu, je t'embrasse tendrement.

Joséphine. II. a i

( 322 )

LETTRE XLIII.

Ompératvtc* Joséphine à sa fille ,

Aux eaux tl'Aix , le 18 juillet 1810.

Ton courrier est arrivé ce matin , ma chère fille. Je te remercie de tous les dé- tails que tu me donnes sur l'abdication du Roi. Ils sont pleins d'intérêt, et je les fais passer à Eugène, qui les attend avec impatience. Je savais que l'Empereur t'a-

( 3^3 ) vait écrit; il me l'avait mandé par une lettre bonne et aimable pour toi et pour moi, mais j'ignorais ce que le Roi était devenu, et je me joins à toi pour être tourmentée de son sort. Il me tarde bien , ma chère fille, que tu sois ici; je suis charmée de la résolution que tu as prise d'y venir. Tu as besoin de ces eaux, et j'espère qu'elles te rétabliront entière- ment. Je me suis occupée de ton logement plus heureusement que je ne l'espérais; un particulier d'ici s'est privé de sa mai- son; je l'ai acceptée, parce qu'elle est très-bien située , et que la vue en est char- mante. Les maisons sont ici fort petites : celle que tu habiteras sera la plus grande. Tu pourras te promener partout en ca- lèche. Tu seras bien aise d'avoir la tienne;

21.

( 3a4 ) j'ai la mienne, et je m'en sers tous les jours.

Adieu , ma chère Hortense ; j'aspire au moment de tembrasser.

Joséphine.

Embrasse pour moi Julie ; mes amitiés aux personnes qui l'entourent : dis à ma- dame de Souza que j'ai soin de son fils, , comme s'il était le mien; mille choses à madame de Caulaincourt.

( 3a5 )

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LETTRE XLIV

Ompératria Jiwptyne a ea filU, la veine fijortense, aux eau* ïr'2Ur en Saurne*

Sécheron, le 9 septembre 18 10.

M. Gérard , le frère du peintre , re- tourne à Chambéry; je profite de cette oc- casion, ma chère Hortense, pour te donner de mes nouvelles. Je n'ai pas reçu de lettres de l'Empereur; mais j'ai cru devoir lui témoigner toute la part que je prends à

( 3^6 ) la grossesse de l'Impératrice. Je viens de lui écrire à ce sujet. J'espère que cette démarche le mettra à son aise, et qu'il pourra m'en parler avec autant de con- fiance que j'ai d'attachement pour lui. Tu dois avoir eu bien mauvais temps ces jours derniers pour prendre tes eaux, mais le soleil commence à reparaître. J'en profiterai demain pour commen- cer le tour du lac. De je viendrai passer encore quelques jours à Sécheron, avant de le quitter tout-à-fait. Il me tarde bien que tu reçoives la réponse de l'Em- pereur, et moi l'assurance que tu viendras me rejoindre*.

* La Reine avait demandé à l'Empereur la permission d'aller rejoindre sa mère ; mais l'Empereur l'engagea à venir tout de suite à Fontainebleau , se trouvaient ses enfants?

( 3*7 ) Adieu, ma chère fille; je t'embrasse

tendrement.

Joséphine.

Rappelle-moi au souvenir de tout ce qui t'entoure.

( 3a8 )

LETTRE XLV.

Ompo-atrire 300*pt)int à m fille,

Berue , le 12 octobre 18 10.

Un courrier de M. le duc de Cadore , qui retourne en France, vient me de- mander mes commissions. Je profite de cette occasion, ma chère Hortense, pour te témoigner toute ma douleur. Pas un mot de toi depuis vingt jours que tu es

( 3a9 ) séparée de moi. Que veut dire ton silence? J'avoue que je me perds dans mes conjec- tures , et que je ne sais plus que penser. Toi seule, ma chère fille, dois me tirer de l'incertitude affreuse dans laquelle je vis. Si d'ici à trois jours je ne reçois pas de lettres qui m'annoncent ce que je dois faire, je penserai que l'Empereur n'aura pas approuvé la demande que je lui ai faite; je partirai pour Genève, je renonce- rai par conséquent à visiter le reste de la Suisse, que je ne connais pas; de Genève je me rendrai à Malmaison : au moins je serai en France; et, si tout le monde m'abandonne, j'y vivrai seule, avec la conscience d'avoir sacrifié mon bonheur pour faire celui des autres. De grâce , ma chère Hortense , écris-moi ta position ;

( 33o )

l'état de douleur dans lequel j'existe de- puis huit jours me mine, et rendrait sen- sible la personne la plus indifférente.

Adieu , ma chère fille ; je t'embrasse ; puisses- tu être aussi heureuse que tu le mérites !

Joséphine.

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( 33. )

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LETTRE XLVI.

T-g. .1Î> Tir-—

*T3mpératriee Joséphine à sa fille, a Fontainebleau»

Berne, le i3 octobre 1810.

Ma chère Horten se, je reçois aujour- d'hui la lettre que tu m'as écrite le 4 , et nous sommes au i3; juge combien elle a mis de temps à me parvenir. J'avoue que

( 332 ) malgré ce retard elle a du moins décidé le parti que je dois prendre; et, après y avoir bien réfléchi , je suivrai la première idée de l'Empereur, je vais m'établir à Navarre. Je trouve beaucoup d'inconvé- nient à aller en Italie, surtout pour y passer l'hiver. Si c'était un voyage d'un ou deux mois, j'irais volontiers voir mon fils ; mais pour y rester davantage , c'est impossible.

D'ailleurs, ma santé qui s'était fortifiée est devenue très-mauvaise depuis quinze jours ; mon médecin me conseille le repos , et j'aurai tout le temps à Navarre de soi- gner ma santé. Tout ce que tu me dis de l'intérêt que me porte toujours l'Empereur me fait plaisir. J'ai fait pour lui le plus grand des sacrifices , les affections de mon

( 333 ) cœur * ; je suis sûre qu'il ne m'oubliera pas, s'il se dit quelquefois qu'une autre n'aurait jamais eu le courage de se sacri- fier à ce point. Je partirai d'ici mardi ou mercredi , et je serai à Genève samedi ou dimanche ai. Je désire recevoir encore un mot de toi avant de fixer mon départ pour Navarre, afin de savoir si l'Empe- reur trouve bien que je passe l'hiver dans ce lieu. Parle -moi franchement à cet égard.

Je t'avoue que s'il fallait m' éloigner de la France plus d'un mois , je mourrais de chagrin. A Navarre du moins j'aurai le

* Nous soulignons ici ces expressions de l'Impératrice, comme un aveu irrécusable parti du cœur, dans toute la confiance de la correspondance la plus intime , celle d'une mère avec sa fille. Elles nous semblent répondre suffisam- ment à quelques assertions hasardées du Mémorial de Sainte- Hélène.

( 334 ) plaisir de te voir quelquefois, ma chère Hortense , et c'est un si grand bonheur pour moi, que je dois préférer le lieu qui me rapprochera le plus de ma chère fille. Adieu, je t'embrasse de tout mon cœur. Embrasse pour moi mes petits-fîls.

Joséphine.

Ma chère Hortense , si j'allais en Italie , je suis sûre que plusieurs personnes qui me sont attachées me donneraient leur démission. C'est bien triste à penser !

( 335 )

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LETTRE XLYII

C'Jmperatrtcf Joséphine à m fille, à irontainebUau*

Genève... [Sio.

L'Empereur m'a écrit une petite lettre aimable. Tu dois juger, ma chère Hor- tense, quel plaisir elle m'a fait. L'Empe- reur me conseille d'aller à Milan ou à Navarre. Je me suis décidée pour Na-

( 336 )

varre : du moins je serai en France. S'il n'avait été question que de passer un ou deux mois en Italie , avec mon cher Eugène, j'aurais fait volontiers ce voyage ; mais m'éloigner de la France pendant six mois, cela inquiéterait tout ce qui m'est attaché , et c'est au-dessus de mes forces ! Tu me trouveras bien changée , ma chère fille; j'ai perdu tout le bon effet des eaux. Depuis un mois j'ai maigri considérable- ment, et je sens que j'ai besoin de repos, et surtout que l'Empereur ne m'oublie pas.

J'espère qu'il fixera définitivement ton sort; c'est bien un de mes chagrins de te savoir toujours dans l'incertitude à cet égard ; mais je compte beaucoup sur l'at- tachement de l'Empereur pour toi. Je

(337)

regrette que tu n'aies pas fait le voyage que je viens de faire en Suisse , tu aurais vu le plus beau pays du monde , les plus belles montagnes et la plus belle végéta- tion; mais il commençait à être un peu tard, et j'ai été presque toujours in- commodée. J'ai vu la grande-duchesse Constantin * ; elle est venue me voir deux fois , et j'ai été la voir une fois. Elle est charmante, élégante, gracieuse et aimable; elle a la plus jolie taille possible, et joint à cela une charmante figure : elle a l'air de n'être pas heureuse.

Adieu, ma chère Hortense. Je viens d'écrire à l'Empereur; je lui mande que

* La princesse Julienne-Henriette-Ulrique Féodorowna de Saxe-Cobourg, née le s3 septembre 1781, mariée le afi lévrier 1796 an grand-duc Constantin de Russie.

IT. «22

( 338 ) je compte quitter Genève le Ier novembre, que j'irai passer vingt-quatre heures à Mal maison : tu seras bien aimable de ve- nir m'y faire une petite visite. J'irai ensuite me fixer à Navarre; mande -moi si ce parti-là convient à l'Empereur. Embrasse pour moi tes enfants. Adieu encore, ma chère fille, je t'embrasse tendrement.

Joséphine.

J'ai entendu chanter dans toute la Suisse ta romance du Beau Dunois ; je l'ai même entendu jouer sur le piano avec de jolies variations.

( 339 )

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LETTRE XLVIII.

fjmpiratrif i 3oséy\)inc à m îiile , à Jpariô.

Navarre, le 17 décembre 1810.

J'ai vu avec peine, ma chère Hortense, par ta dernière lettre , que tu avais été indisposée, et que ton petit avait eu la fièvre. Frère * , qui est venu de Paris, m'a dit qu'il allait beaucoup mieux , ce qui m'a tranquillisée. Tu feras très-bien de

* Valet de chambre de l'Impératrice.

11.

( 34o ) laisser tes enfants à Paris, lorsque tu vien dras à Navarre ; le temps doit être humide partout , mais il l'est bien plus ici. Tu as apprendre avec plaisir l'heureux ac- couchement d'Auguste; je suis fort aise pour elle qu'elle ait eu un garçon*, car elle le desirait beaucoup. J'attends aujour- d'hui M. de Caprara ** , qui est resté hier à Paris pour faire sa cour à l'Empe- reur. Ma santé a pris le dessus depuis qu'on m'a donné l'émétique, mais il me reste toujours bien mal aux yeux. Mon médecin prétend que cela vient d'avoir pleuré ; cependant depuis quelque temps je ne pleure plus que de temps à autre; mais j'espère que la vie calme que je mène

* Le prince Auguste-Charles-Eugène Napoléon , à Milan le 9 décembre 18 10 %

** Le cardinal Caprara , légat du pape.

(34.)

ici , loin des intrigues et des propos , me donnera de la force, et que mes yeux s'en trouveront bien. L'Empereur n'a pas en- core nommé ma maison , il a la liste des personnes que je lui ai demandées. Tu serais bien aimable de lui parler en faveur de M. Chaumont de Guitri , excellent su- jet dont tout le monde fait reloge. Je l'ai demandé pour écuyer; il est fils unique, et jouit de quinze mille livres de rente. Il est menacé de les perdre par la réorga- nisation du canal de Languedoc. Je t'en- voie la lettre qu'il m'écrit à ce sujet, pour la soumettre de ma part à l'Empereur.

Adieu, ma chère Hortense, je t'em- brasse, ainsi que tes enfants, bien ten- drement.

Joséphine,

( 34a )

LETTRE XLIX.

-«s-*»*»

€'3mpératrttt 30sq)t)ine à m fille , a Jîaris*

Navarre, le 8 janvier i8ri.

Je suis fort étonnée, ma chère Hortense, de ce que Frère t'a dit de ma part; je ne sais pas même où, il a pu prendre que j'étais fâchée contre toi de ce que tu ne ve- nais pas ici. Je savais que ta santé en était

(343 ) la seule cause, et je m'en suis affligée; mais des regrets ne' sont pas des reproches, et je ne me rappelle pas avoir rien dit qui y ressemblât le moins du monde. Sois sûre que pour moi ta santé passe avant tout. Je t'engage même à différer encore quel- ques jours, car le temps est beaucoup trop froid , et ta poitrine pourrait en souf- frir; et pour te prouver combien je suis loin d'être fâchée, je t'envoie un petit collier que j'ai fait faire pour toi ; tu y trouveras ces mots qui sont l'expression de ma tendresse : Joséphine a sa fille chérie, La croix marque l'époque l'on m'avait annoncé ton arrivée : Le deux Janvier. Je t'ai envoyé la veille du jour de l'an une lettre de bonne année pour l'Empereur; tu as oublié de me mander si tu l'avais

( 344 )

reçue et remise : dis-m'en un petit mot dans ta première lettre.

Adieu , ma chère Hortense ; je t'em- brasse tendrement.

Joséphine.

Je reçois tous les deux jours une lettre d'Eugène, avec le bulletin de la santé d'Au- guste; elle est toujours très-souffrante, cependant sans danger*; mais ce pauvre Eugène en est bien malheureux.

* A la suite de ses couches , la princesse Auguste venait d'être atteinte d'une paralysie qui la privait de l'usage d'un bras.

( 345)

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LETTRE L.

Omj)fratri« Jospin? à sa fUU,- à fJaris.

Malmaison , ce 5 septembre 1811.

L'approche de l'automne et le grand nombre de malades que j'avais dans ma maison, m'ont engagée à quitter Navarre, ma chère Hortense. Je suis à Malmaison depuis deux jours; ma santé est assez bonne , et j'aurai demain le plaisir d'eni-

(346 ) brasser tes enfants : ils doivent venir ici passer quelque temps; je leur donnerai ton appartement ; madame Boucheporn* sera avec eux , et tu peux compter qu'ils seront l'objet de tous mes soins. J'ai déjà fait provision de joujoux ; je leur en don- nerai tant qu'ils voudront ; mais pour des bonbons, sois tranquille, ils n'en auront pas. Comme les personnes indigentes sont aussi tes enfants, j'ai promis à mademoi- selle de Cavanac de t'écrire en sa faveur ; je lui ai fait remettre douze cents francs; si tu peux lui donner la même somme, ce sera une bonne œuvre, et d'autant meilleure, que ces secours l'aideront à se marier avec un homme de mérite, M. de Caylus.

* Sous-gouvernante des jeunes princes.

(347) Adieu, ma chère fille; fais-moi donner de tes nouvelles ; je ne te parle pas de ma tendresse pour toi, tu sais combien je t'aime.

Joséphine.

Dis mille choses pour moi à madame de Broc, sans oublier ce M. de Marmol *.

* Écuyer de la Reine.

( 348 )

LETTRE LI.

Ompérûtrir* Joséphine à 6a fille, à 2tt*-la-€t)apelle.

Malmaison, ce Ier juin 1812.

Mon plus doux soin en arrivant ici, ma chère fille, est de te dire combien j'ai été enchantée du séjour que j'ai fait à Saint-Leu. J'ai regretté de n'avoir pas su que ton départ serait différé; j'aurais aussi retardé mon retour, afin de rester plus de temps avec toi et avec tes enfants.

( 349 )■' Le peu de jours que j'ai passés avec vous ont été pour moi un temps de bonheur et m'ont fait beaucoup de bien. Toutes les personnes qui viennent me voir trouvent que je ne me suis jamais mieux portée, et je ne m'en étonne pas; ma santé dépend toujours des impressions que j'éprouve, et toutes celles que j'ai eues chez toi ont été douces et heureuses. Je suis touchée de tout ce que les personnes de ta maison t'ont dit d'aimable pour moi; j'ai eu beau- coup de plaisir à les voir réunies. J'ai reçu une lettre d'Eugène, en date du 2,3. Il est toujours à Plock, sa santé est très- bonne; il espérait voir bientôt l'Empe- reur. Mad. Daru, que j'ai vue ce matin, venait de recevoir une lettre de son mari ; il lui mandait que l'Empereur quittait

( 35o ) Dresde le 27 mai. Eugène désire beau- coup que j'aille passer quelques semaines à Milan, près de sa femme; ainsi, ma chère Hortense , nous serons cet été bien loin l'une de l'autre. J'espère que les eaux te feront du bien, et je te prie de me donner et de me faire donner souvent de tes nouvelles.

Adieu, nia chère fille; je t'embrasse tendrement.

Joséphine.

( 35. )

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LETTRE LU

C'împiratrief Sosiptjine à m fille, à 2lu-la-€t)ûpdk.

Malmaison, le t,3 juillet 1812.

J'ai été bien inquiète, ma chère fille; et , si la lettre de M. de Marmol ne m'eût promptement rassurée en me donnant de meilleures nouvelles, j'avais renoncé à mon voyage d'Italie, et je partais aussitôt

( 35a )

pour Aix-la-Chapelle. Heureusement que nous n'avons plus besoin de Corvisart; car, malgré tout le désir qu'il avait de par- tir, il a été forcé de rester , souffrant d'un rhumatisme. Si j'avais pu être tranquilli- sée, je l'aurais été avant d'avoir reçu ton dernier courrier; car, d'après la lettre de M. deLasserre, il avait jugé que la maladie de Napoléon était une fièvre scarlatine, qui demande beaucoup de précautions, et n'est pas dangereuse, surtout quand l'éruption se fait bien. J'étais si malheu- reuse et si inquiète pour toi , ma chère fille , que j'avais prié l'archi chancelier de demander des nouvelles par le télégraphe de Bruxelles. Je ne me suis décidée à par- tir pour Milan que d'après le courrier de ce matin.

( 353 )

J'espère qu'avant le 16, jour de mon départ, je recevrai encore de bonnes nouvelles de ton fils; car il me serait impossible de partir, s'il me restait la moindre crainte. Mais je t'engage à ra- mener tes enfants à Paris le plus tôt pos- sible. Tu sais qu'Aix est très-humide.

Adieu, ma chère Hortense; je t'écrirai encore avant mon départ; je t'engage à te bien soigner. Je t'embrasse tendre- ment, ainsi que tes enfants.

Joséphine.

m

IL 23

( 354 )

LETTRE LUI

£'3mpiratrttt Jasrpljme à m filk , à 2Uje-la-€l)apellc.

Malmaison , le i5 juillet 1812.

Je suis bien heureuse , ma chère fille, des bonnes nouvelles que j'ai reçues hier par une lettre de madame de Broc *, et ce matin par mademoiselle Coehelet**. Mon

* Dame du palais de la Reine.

** Mademoiselle Cochelet , lectrice.

( 355 )

Dieu, que j'ai eu besoin d'être tirée de l'état d'inquiétude et de chagrin j'é- tais ! J'aime à croire qu'il n'y a plus de sujet de crainte, et, d'après cette assu- rance , je ne retarderai pas mon voyage plus long-temps. Je partirai demain 16, et peut-être, avant mon départ, recevrai- je encore des nouvelles. Tu as bien fait de séparer Louis , de Napoléon. J'espère que cette précaution aura un bon effet; mais je t'engage à ramener ici tes enfants le plus tôt possible.

Adieu, ma chère fille; fais-moi écrire souvent, si tu veux que j'aie un peu de bonheur et de tranquillité.

Joséphine.

23,

(356 )

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LETTRE LIV.

\

jf impératrice 3oôepl)ine à sa fille , à 2U*-la-€l)apelle.

Milan, le 28 juillet 1812.

Je suis arrivée ici bien fatiguée, ma chère Hortense. Quoiqu'avant mon dé- part , je n'eusse plus d'inquiétude pour Napoléon , je me suis ressentie pendant

( 357 ) la route de celle qu'il m'avait causée. J'ai été contrariée aussi depuis Genève par le mauvais temps et les débordements du Rhône , qui inondaient les chemins. En- fin , me voici à Milan. Le plaisir de voir Auguste ma ranimée. Sa santé est très- bonne, et sa grossesse très-avancée. Je suis avec elle à la villa Bonaparte ; j'y oc- cupe le logement d'Eugène. Tu conçois tout le plaisir que j'ai eu à faire connais- sance avec sa petite famille. Ton neveu est très- fort *, c'est un Hercule-enfant; ses sœurs sont extrêmement jolies; l'aî- née ** est une beauté : elle ressemble à sa

* Le prince Auguste Charles Eugène , à Milan le 9 décembre 181D.

** La princesse Joséphine, mariée au prince Oscar do Suède.

( 358 ) mère pour le haut du visage. La cadette* a une physionomie vive et spirituelle ; elle sera très-jolie. J'ai reçu ici trois let- tres d'Eugène , la dernière en date du i3: sa santé est très-bonne; il poursuit tou- jours les Russes, sans les atteindre. On espère généralement que la campagne ne sera pas longue. Puisse cette espérance se réaliser! J'ai reçu ici les lettres de ma- dame de Broc et de mademoiselle Co- chelet. Je te prie de les remercier. La lettre que tu m'as écrite le 18 vient de me par- venir; tu es aimable de ne m'avoir pas laissée dans l'inquiétude pour ton fils ; embrasse pour moi ce cher enfant, et mon petit Oui Oui.

* La princesse Eugénie Hortense , née à Milan , le 23. décembre 1808; mariée au prince héréditaire de Hohen- zollern Hechingen.

( 359 ) Tu ne me parles pas de ta santé; j'es- père que les eaux t'auront fait du bien : c'est le premier vœu d'une mère qui t'aime plus qu'elle-même.

Joséphine.

( 36o )

LETTRE LV.

£'3mpiratrir* 3oBép\)inc à m fille, à 2li*-la-€l)apelk>

Milan, le 3i juillet 1S12.

Je m'empresse de t'annoncer, ma chère Hortense , que la vice-Reine est accouchée d'une fille* aujourd'hui à quatre heures du matin. Hier à deux heures , les premières dou!eurs"ont commencé à se faire sentir, mais pas assez fortes pour l'empêcher de dîner avec moi , et d'aller ensuite se pro-

* La princesse Amélie, née le 3i juillet 181 2; mariée à l'empereur du Brésil.

( 36 1 ) mener en calèche. A minuit elle souffrait beaucoup plus , et depuis ce moment je ne l'ai pas quittée , que l'accouchement n'ait été entièrement fini. Elle est parfai- tement bien, et sa fille est superbe, pleine de force et de santé. Je te donnerai sou- vent de ses nouvelles. Aujourd'hui je suis un peu fatiguée, ne m'étant couchée qu'à cinq heures. Auguste , que je viens de voir, est à merveille ; elle a eu une très-bonne nuit, et elle m'assure ne s'être jamais trou- vée si bien. J'espère que notre cher Napo- léon continue à se rétablir, et que le petit Oui Oui va bien ; embrasse-les pour moi. Adieu , ma chère Hortense ; tu sais avec quelle tendresse je t'aime.

Joséphine.

('36a )

LETTRE LVI.

(impératrice losc'pljinc à m fille à 2ltf-la-€l)apelle.

Milan , le 4 a°ùt 18 12.

J'ai été souffrante pendant quelques jours , ma chère Hortense ; mais l'émé- tique que j'ai pris hier ma soulagée, et je suis beaucoup mieux aujourd'hui. Je compte, si la saison le permet, prendre une quinzaine de bains à Aix *, avant de

* Aix en Savoie.

( 363 ) retourner à Paris. Voilà bien long- temps que nous sommes séparées; je serai heu- reuse de te revoir et d'embrasser tes en- fants qui m'ont donné tant d'inquiétudes. Auguste te dit mille choses tendres; elle est charmante, et, loin d'être fatiguée de ses couches, je la trouve plus belle et plus fraîche que je ne l'ai jamais vue; ses en- fants sont superbes : l'aînée, surtout, est remarquable. Auguste aime tendrement Eugène; j'en vois sans cesse des preuves, et c'est une grande jouissance pour moi. Elle a des nouvelles d'Eugène du3i juil- let ; il se portait très-bien , et paraissait fort content.

Adieu, ma chère Hortense; je t'aime tendrement, et je t'embrasse de même.

Joséphine»

( 364 )

LETTRE LVII.

Ompcratrice Juséptjtne à sa fille, à JJarie.

Prégny * près de Genève, le 3o septembre 1812.

J'ai reçu ta lettre , ma chère Hortense , au moment de mon départ d'Aix. Je te remercie des nouvelles que tu m'annonces, et de ton attention à me rassurer pour Eugène. L'Impératrice est bien aimable d'avoir pensé à prévenir les inquiétudes

* Petit château de l'Impératrice, situé près de Genève, sur les bords du lac, vis-à-vis du Mont-Blanc.

( 365 )

de la vice-Reine. Je suis touchée d'un soin si bon et si obligeant. Cependant n'ayant pas reçu de lettres de lui , et le bulletin n'ayant pas encore paru , je ne puis me dé- fendre d'une sorte d'inquiétude. J'attends des nouvelles avec impatience. Si tuas des lettres, fais-m'en part de tout suite. Je me suis très-bien trouvée des eaux, mais le froid m'en a chassée, et je suis venue ici me reposer quelques jours avant de retourner à Malmaison. J'ai du plaisir à me trouver à Prégny : quoiqu'il ait été meublé à la hâte , le séjour que tu as fait dans cette maison me la rend chère. La reine d'Espagne est retournée à Paris; j'ai eu du plaisir à passer quelques instants avec elle ; elle a été bonne et aimable comme à son ordinaire. La princesse de Suède a

( 366 ) aussi été fort bien pour moi : aussi n'ai- je pas désiré prolonger mon séjour à Aix après leur départ. J'aurais été bien plus heureuse encore si tu avais pu venir m'y joindre; mais je m'en console en pensant que le terme de notre séparation appro- che , et que je pourrai bientôt t'embrasser, ainsi que mes petits-enfants , aussi tendre- ment que je vous aime.

Joséphine.

( 367)

LETTRE LVIII.

Omperatrice Jogépfyinc à 0a fille, a JjJaris.

Malmaison 1812.

Tu me rends la vie , ma chère Hortense, en m'assurant que tu as lu les lettres de l'Empereur à l'Impératrice ; elle est bien aimable de te les avoir montrées. Je lui ai une reconnaissance infinie de l'amitié qu'elle te témoigne. Je t'avoue que j'étais

( 368 ) toujours bien inquiète. Pourquoi Eugène n écrit-il pas? J'ai besoin, pour calmer ma tête , de penser que l'Empereur défend d'écrire : la preuve , c'est que personne ne reçoit de lettres. Ce serait pourtant bien cruel, car je désire vivement voir une lettre de notre bon Eugène. Je suis bien aise que tu n'aies pas envoyé tes enfants, le temps était très-froid ; et tant qu'il du- rera comme cela, je les aime trop pour leur faire du mal. Si jeudi je suis libre , j'irai passer la soirée avec toi, car je suis bien triste , étant aussi près de toi , de ne pas te voir.

Bonsoir, ma chère fille, je t'embrasse de tout mon cœur, et je t'aime de même.

Joséphine.

( 369 )

LETTRE LIX.

flmphatxke 3osép\)ine à sa filU , à paris.

Prégny, le 2 octobre 1812.

Je reçois à l'instant une lettre d'Eu- gène , ma chère Hortense ; il avait prévu nos inquiétudes , et il s'empresse de nous rassurer; je t'envoie sa lettre*, qui te fera

* Nous plaçons ici cette lettre incluse dans la précédente :

ffe prince (Eugène à rjmpiratrice 3o&ép\)ine.

Ce 8 septembre 1 81 2.

Ma bonne mère, je t'écris du champ de bataille. Je me porte bien. L'Empereur a remporté une grande victoire

il. u4

( 37o )

autant déplaisir qu'à moi; celle que tu m'as écrite le 28 m'est arrivée en même temps que la sienne. Je partage tous les regrets que tu donnes au pauvre Caulain- court; ils sont bien justes, et tu auras de la peine à consoler sa malheureuse mère; mais, ma chère Hortense, ne te laisse pas aller à tes idées tristes; toute chose t'afflige trop vivement : tu n'as déjà que trop souffert des maux de l'âme ;

sur les Russes : on s'est battu treize heures. Je commandais la gauche. Nous avons tous fait notre devoir, et j'espère que l'Empereur sera content.

Je ne puis assez te remercier de tes soins et de tes bontés pour ma petite famille. Tu es adorée à Milan, comme partout. On m'écrit des choses charmantes, et tu as fait tourner les têtes de toutes les personnes qui t'ont appro- chée.

Adieu. Veux-tu donner de mes nouvelles à ma sœur? je lui écrirai demain. Ton affectionné fils.

K.UGÈNK.

( 371 ) éloigne-les de toi , et je suis persuadée que ta santé reviendra : la sensibilité est ce qui fait le plus de mal. Je regrette que tu ne sois pas ici avec moi. Le temps est très-beau. La vue du lac et celle du Mont- Blanc sont magnifiques. Il ne manque que toi à Prégny pour sentir avec délice tout le bonheur dune vie tranquille. Mé- nage-toi bien, machèreHortense; donne- moi souvent de tes nouvelles; tu sais que ma santé dépend de la tienne.

Adieu, je t'embrasse, toi et tes enfants tendrement.

Joséphine.

a4.

( 372)

LETTRE LX

Omperatrire 3o6ep[)ine a m fille.

Malmaison 1812.

Je m'empresse, ma chère fille, de te renvoyer les lettres d'Eugène*. Je les ai lues

* Nous plaçons ici l'une de ces lettres :

Ce prince €uighte à m mère.

Maloiavoslavilz , 25 octobre 1812.

Je ne t'écris que deux mots, ma bonne mère, pour te dire que je me porte bien. Mon corps d'armée a eu hier une journée bien brillante : j'ai eu affaire à huit divisions ennemies, depuis le matin jusqu'au soir, et j'ai conservé la position; l'Empereur est content, et tu penses si je le suis' Ton fidèle et bien affectionné fils.

Eugène.

(.3.73.0 avec avidité. J'ai passé de l'inquiétude la plus vive à un grand bonheur. Au moins mon fils vit ! Je viens de recevoir une lettre de la vice-Reine que je t'envoie ; tu me la rendras jeudi soir, j'aurai le plaisir de t'embrasser.

Joséphine.

(374)

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LETTRE LXI

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Omperatrice 3oBép\)\nc a set fille, aux eaux

Malmaison, le n juin i8i3.

J'ai reçu ta lettre du 7 , ma chère Hor- tense ; je vois avec plaisir que tu te trouves déjà bien des eaux ; je t'invite à les con- tinuer, en prenant, comme tu fais, quel- ques jours de repos. Sois bien tranquille

(375.) sur tes enfants ; ils se portent parfaitement bien. Leur teint est blanc et rose. Je puis t'assurer que depuis qu'ils sont ici, ils n'ont pas eu la plus légère indisposition. Je suis ravie de les avoir près de moi , ils sont charmants. Il faut que je te rapporte une jolie réponse du petit Oui Oui. L'abbé Bertrand * lui faisait lire une fable oii il était question de métamorphoses ; s'étant fait expliquer ce que signifiait ce mot : « Je voudrais, dit-il à l'abbé, pouvoir me changer en petit oiseau, je m envolerais a V heure de votre leçon ; mais je reviendrais quand, M. Hase (son maître d'allemand) arriverait, » « Mais , prince, répondit l'abbé , ce que vous me dites-la nest pas aimable pour moi. » « Oh ! reprit Oui Oui ,

* Aumônier ordinaire de la Reine.

( 376 ) ce que je dis n'est que pour la leçon, et non pas pour l'homme. » Ne trouves-tu pas comme moi cette répartie très-spirituelle ? il était impossible de se tirer d'embarras avec plus de finesse et de grâce. Tes enfants étaient avec moi quand j'ai reçu ta lettre; ils ont été bien joyeux d'apprendre des nouvelles de leur maman. Continue à m'en donner pour eux et pour moi , ma chère fille; c'est le seul moyen de me faire sup- porter ton absence.

Adieu , ma chère Hortense , je t'embrasse tendrement.

Joséphine.

( 377)

LETTRE LXII.

Ompiratrice Joslpfytw à m fUU, au* eaux îr'2li* m Ôavoie.

Malraaison, le i6juin i8i3.

Quel horrible événement! ma chère Hortense*; quelle amie tu perds, et par quel malheur affreux! Depuis hier, que

* Madame de Broc , veuve du grand-maréchal de la cour de Hollande, et amie d'enfance de la Reine, visitant avec elle une cascade près d'Aix en Savoie , tomba dans le tor- rent, et y perdit la vie.

(378)

j'en suis instruite, j'en ai été saisie au point de ne pouvoir t'écrire. A chaque instant, j'ai devant les yeux le sort de cette pauvre Adèle. Tout le monde lui donne des larmes. Elle était si aimée, si digne de l'être par ses excellentes quali- tés, et par son attachement pour toi! Mais, toi-même, ma chère Hortense, com- bien tu me donnes de crainte et de solli- citude! Je ne me figure que trop dans quel état tu es. Je suis si inquiète que j'envoie mon chambellan, M. de Turpin, près de toi , pour qu'il me donne plus sûre- ment des nouvelles de ta santé. Je m'em- presserais de partir moi-même pour peu que ma présence et mes soins te fussent utiles. Je sens vivement ta douleur; elle n'est que trop juste ; mais, ma chère fille,

( 379 ) pense à tes enfants, qui sont si clignes de ta tendresse. Conserve-toi pour eux ; tu leur es si nécessaire! pense aussi à ta mère qui t'aime tendrement.

Joséphine.

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( 38o )

LETTRE LXIII

Ompi ratria 3oBép\)im à m ftlU , aux eaux VRix en ôauoie.

Malmaisou, 18 juin i8i3.

Ta lettre m'a ranimée , ma chère Hor- tense. Dans l'accablement j'étais , j'ai éprouvé un véritable bonheur à voir ton écriture , à être assurée par toi-même que tu t'efforces de surmonter ta douleur. Je

(38i ) sens trop combien il t'en coûte. Ta lettre si sensible , si touchante , a renouvelé mes larmes. Depuis cet affreux événement , je ne vis plus, j'en suis malade. Hélas! ma chère fille , tu n'avais pas besoin de cette nouvelle épreuve ! J'ai embrassé pour toi tes enfants. Ils sont bien affligés aussi , et ils s'occupent beaucoup de toi. Ma conso- lation est de penser que tu ne nous ou- blies pas, et que tu tâches de prendre du courage pour eux et pour moi. C'est la plus grande preuve d'amitié que tu puisses nous donner. Je t'en remercie, ma chère Hortense , ma fille tendrement aimée.

Joséphine.

( 38a )

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LETTRE LXIV.

C'3mpiratrici 3o6cpl)in^ à sa filU, aux tanx Wiïix en Sagaie,

Malmaison , i8r3.

Je ne veux pas laisser partir ton cour- rier, sans te donner de mes nouvelles, ma chère fille, sans te dire combien je suis occupée de toi. Je crains que tu ne te li-

( 383 )

vres trop au chagrin que tu éprouves; je ne serai vraiment rassurée que lorsque M. de Turpin sera de retour. Pense à tes charmants enfants , ma chère Hortense ; pense aussi à une mère qui t'adore, et que ton existence attache seule à ce monde. J'espère que tous ces motifs te donneront du courage pour supporter avec plus de résignation la perte dune amie si tendre. Je reçois à l'instant une lettre d'Eugène; il partage bien ta douleur, il désire que tu ailles passer quelques moments avec lui, si tu en avais la force. J'aimerais à te sa- voir auprès de lui dans ce moment. Tes enfants jouissent d'une santé parfaite ; ils sont vraiment intéressants. Si tu savais combien ils s'occupent de toi , tu en serais touchée. La vie est bien chère , et on y

( 384 ) tient beaucoup, quand on a d'aussi bons enfants.

Adieu, ma chère fille, pense souvent à une mère qui t'aime tendrement et qui t'embrasse de même.

Joséphine.

Rappelle-moi au souvenir de M. d'Ar- juzon*. Tout le monde partage bien ici ta douleur.

* Le comte d'Arjuzon , chevalier d'honneur de la Reine.

( 385 )

&

LETTRE LXV.

€'3mpirûtrice 30gq)l)tn* à sa fille , aux eaux VTlix m Ôavoie.

Malmaison, le 29 juin i8i3.

M. de Turpin ma remis ta lettre , ma chère fille. Je vois avec peine combien tu éprouves encore de tristesse et de mélan- colie; mais, du moins, c'est une grande consolation pour moi detre, sûre que ta santé n'a pas trop souffert. Prends cou- rage, ma chère Hortense; j'espère que le

bonheur aura son tour. Tu as passé par TT. a5

( 386 )

bien des épreuves ; tout le monde n'a-t-il pas ses chagrins? la seule différence est dans le plus ou moins de force d'âme qu'on met à les supporter. Ce qui doit surtout adoucir ta douleur, c'est que tout le monde la partage. Il n'est personne qui ne regrette notre pauvre Adèle, tant pour elle-même que pour toi. Tes enfants te dédommageront de tes peines. Tout an- nonce en eux un caractère excellent et un grand attachement pour toi. Plus je les vois, plus je les aime. Cependant, je ne les gâte pas. Sois bien tranquille pour eux : on suit exactement ce que tu as pres- crit pour leur régime et pour leurs études. Lorsqu'ils ont bien travaillé dans la se- maine, je les fais déjeûner et dîner avec moi le dimanche. Ce qui prouve qu'ils se

( 3»7 ) portent bien, c'est qu'on trouve qu'ils ont beaucoup gagné. Napoléon a eu hier un œil un peu enflé d'une piqûre de cou- sin; il n'en a pas été moins bien qu'à son ordinaire. Aujourd'hui , il n'y paraît presque plus. On ne te l'aurait même pas mandé, si l'on n'était dans l'habitude de te rendre compte exactement de tout ce qui les concerne. Le jour de l'arrivée de M. de Turpin, j'avais reçu de Paris deux petites poules d'or, qui, par le moyen d'un ressort , pondent des œufs d'argent; je leur en ai fait présent de ta part, comme venant d'Aix.

Adieu, ma chère fille; donne-moi de tes nouvelles , et pense à moi , à ta mère qui t'aime tendrement.

Joséphine. ^5.

( 388 )

LETTRE LXVI.

Ompcratricf 3osq)l)tn* à sa fille, aux (aux lr'2lu* en j&atwtt.

Malmaison , le 6 août i8i3.

Les beaux jours de leté sont enfin venus avec le mois d'août. Je désire qu'ils se soutiennent , ma chère fille ; ta poitrine s'en trouvera bien, et les bains en vau- dront mieux. Je vois avec plaisir que tu n'as pas oublié les années de ton enfance, et tu es aimable pour ta mère de te les rap-

( 389 ) peler. J'avais raison de rendre heureux deux enfants si bons et si sensibles ; ils m'en ont bien récompensée depuis. Tes enfants feront de même pour toi, ma chère Hortense ; leur coeur ressemble au tien; ils ne cesseront jamais de t'aimer. Leur santé se soutient à merveille; ils n'ont jamais été plus frais et mieux por- tants. Le petit Oui Oui est toujours ga- lant et aimable pour moi. H y a deux jours, voyant partir madame de Tascher, qui va rejoindre son mari aux eaux , il dit à madame de Boucheporn : Il faut donc quelle aime bien son mari pour quitter grand' maman. Ne trouves-tu pas cela charmant? Ce même jour-là, il allait se promener au bois du Butard ; dès qu'il a été dans la grande allée, il a jeté son

(39o) chapeau en l'air, en s'écriant : Ah! que j'aime la belle nature ! Il se passe peu de jours sans que l'un ou l'autre ne m'a- muse par son amabilité. Ils animent tout autour de moi : juge si tu m'as rendue heureuse en les laissant avec moi : je ne pourrai l'être davantage que le jour je te verrai toi-même.

Adieu , ma chère fille; je t'aime et t'em- brasse tendrement.

Joséphine.

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( 39> )

LETTRE LXVII

Ompiratrice 3o6*pl)mi à sa filU, a |)am.

Malmaison, ce samedi soir, i8r3.

Ma chère Hortense, M. et MacL de Rémusa t sont venus dîner hier à Mal- maison ; ils m'ont assuré que le Roi Louis avait écrit à l'Empereur pour se raccom- moder avec lui en lui disant que, puis- qu'il était dans ce moment malheureux, il lui demandait de ne plus le quitter.

( 392 ) C'est très-louable et très-bien à lui assu- rément ; mais ce retour me fait craindre pour toi de nouveaux tourments, et cette idée m'afflige. Du courage, ma chère fille ; une âme pure comme la tienne finit tou- jours par triompher de tout. J'ai le plus grand désir de te voir; j'irai passer la journée de mardi avec toi. Eugène fait sa retraite avec beaucoup d'ordre; il était, le 29 octobre , à quatre lieues de Trévise. Les Italiens montrent de l'énergie. Puis- sent mes enfants être parfaitement heu- reux ! c'est le seul vœu de mon cœur.

Adieu, ma chère Hortense; je t'em- brasse tendrement.

Joséphine.

(393)

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LETTRE LXVIII.

eJmpêvatvice 3o&ép\)\nt à m fille, à Jlam*

Malmaison 1814.

Je t'envoie, ma chère Hortense, ma réponse à la Vice-Reine ; si tu la trouves bien, tu l'enverras à Lavalette pour la faire partir. J'ai dit à Auguste ce que je pensais. Je suis convaincue que l'Empe-

(-394 ) reur cédera l'Italie; mais , n'importe ce qui arrivera , notre cher Eugène se sera fait une belle réputation : c'est au-dessus de tout. Fais-moi donner de tes nouvelles; je ne puis te dire combien je suis triste. J'ai tâché, dans ma lettre, de donner du courage à Auguste; mais j'ai bien pris sur moi.

Je t'embrasse tendrement, ma chère Hortense.

Joséphine. '

( 395)

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LETTRE LXIX.

Ompiratrice Jasépljtne à sa fille , a JJarie.

Malmaison , le 28 mars 18 14.

Ma chère Hortense, j'ai eu du courage jusqu'à ce moment, je reçois ta lettre. Je ne puis penser sans douleur que je vais me, séparer de toi, et Dieu sait pour combien de temps. Je suis ton conseil; je partirai demain pour Navarre. Je n'ai ici que seize hommes de garde, et tous

( 396 ) 1

blessés ; je les garderai , mais , en vérité , je n'en ai pas besoin. Je suis si malheu- reuse d'être séparée de mes enfants, que je suis indifférente sur mon sort. Je ne suis inquiète que pour toi. Tâche de me donner de tes nouvelles, de me tenir au courant de ce que tu feras, et de me dire tu iras. Je tâcherai au moins de te suivre de loin.

Adieu, ma chère fille; je t'embrasse bien tendrement.

Joséphine.

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(397 )

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LETTRE LXX.

Ompiratrite 3oséy\)ine à sa fille, à ftambontllit.

Navarre , le 3i mars 1814.

Je suis à Navarre depuis hier , ma chère Hortense; j'ai mis deux jours à faire la route, étant venue avec mes chevaux. Je ne puis te dire combien je suis malheu-

( 398 ) reuse. J'ai eu du courage dans les posi- tions douloureuses je me suis trouvée , j'en aurai pour supporter les revers de la fortune; mais je n'en ai pas assez pour soutenir l'absence de mes enfants et l'in- certitude de leur sort. Depuis deux jours je ne cesse de verser des larmes. Donne- moi de tes nouvelles, et de celles de tes enfants ; si tu en as d'Eugène et de sa fa- mille, fais-m'en donner. Je crains bien de n'en pas avoir de Paris, attendu que la

r

poste de Paris à Evreux manque; ce qui a donné lieu à beaucoup de nouvelles ; entre autres , on a prétendu que le pont de Neuilly était occupé par les ennemis- Ce serait bien près de Malmaison. Mande- moi ce que tu dois faire. On te dit à Char- tres; je t'envoie un exprès. Si tu dois res-

( 399 ) ter dans cette ville , il sera facile d'établir entre nous une correspondance qui puisse au moins me procurer de tes nouvelles. Le préfet d'Evreux s'entendrait avec celui de Chartres, pour les moyens de commu- nication : il n'y a que dix-huit lieues d'E- vreux à Chartres. Comme tu seras à portée d'avoir des nouvelles sûres, tu pourras me les donner; car j'en recevrai ici de bien incertaines. J'ai été très-bien reçue à Evreux. Les gardes nationales et départe- mentales m'attendaient à Navarre ; elles m'ont offert une garde, que je n'ai pas encore acceptée ; je n'ai point emmené celle dont le général Ornano m'avait laissé la disposition : elle n'était composée que de seize hommes malades et estropiés. Adieu, ma chère fille, j'attends ta ré-

( 4oo ) ponse pour me consoler. Je t'embrasse bien tendrement, ainsi que tes enfants.

Joséphine.

Deux jours après le départ de cette lettre, l'Impératrice revit sa fille à Na- varre. Sur l'invitation de l'empereur de Russie , elle revint à Malmaison , elle mourut, dans les bras de ses enfants, le 29 mai i8i4-

FIN.

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