*r*Y«TgY#Y&Y&Y&Y&Y&Y&Y&Y&Y&Y&Y#Y ># ( <3 I v> ! «

*A:*À^A^^#^ <& i «Tel

w

LHISTOIRE

Î>E LA

NAISSANCE

PROGREZ, ET DECA- DENCE DE L'HERESIE _de ce Siècle.

"DIVISEE EN HVIT LIVRES.

LIVRE PREMIER.

Par Florimond de R>emond

Confeiller du Roy en fa Cour de Par-

lemenc de Bourdeaus.

A C A M B R A Y >

De rimprimerie de lean de la Riuiere? m. d. c x i.

^vec Privilège*

Zxtmft du Fr'mileqe.

PAr grâce & privilège dts Àrchiducqz , il cft permis à Ieaiî de la Rivière, Imprimeur en la ville & Cire de Cambray,de pouvoir luyfeul imprimer un Livre intitulé, l'Histoiri r»i la Naissance, Progrez, et Décadence de l' Hekesiede ce Siècle, & ce durant le terme de fis ans j&font faites deffences à tous.Libraires,& Imprimeurs, ou autres, de quelle qualité qu'ils foyent, den'impnmer, ou contrefaire ledit Livre , ny ailleurs imprimé, ou contrefait ap- porter, vendre, ou diftribuer es Pays, & Seigneuriesdeleurs Al- tezes Serenifîîmes,à peine de côflfcation de tout ce qu'au con- traire aura été im prime, & outre ce,dc fis florins d'amëde pour chacun exemplaire, à appliquer l'une moitié au profit de leurs* dites Altezes Sereniiîimes , & l'autre moitié au profit de l'Im- primeur, comme plus amplement eft contenu es lettres dudit Privilège, données à Bruxelles le dernier de IanvierTan do grâce mil fis cens & unze.

Parles ysïrchiduc^en leur ConfetL

Signé d'Enghiin.

A NOS-

A NO ST RE S.

PERE LE PAPE PA VL

ClNQJirME.

Ere Tres-fiint , légitime fuccejfeur de S. Pierre, digtje Ficaire de Vieuyne dots- je pas graver d'une plume d'ai- r Ain fur le front de l'éternité , le bon - heur if* la joye dot la terre efi remplie, 4 ce jour que le Ciel, favorable à nos vœns,vcnt a cnoifipour oouvernerfins bris cr fins naufrage la nacelle defE- glife, bat u'ë CT ficouee d es f un eu* ^A ut ans de l H ère fie.

Chef Infihlt de V Eqlife "vifible , a cette heure que U France , terreur des ennemis du S. Siège, fe jette humble cr dévote à 'yos pie^pour vont fréter l'pbejjfana quelle doit ren- dre au père commun des chrétiens, comme fit fille aïnee, célé- brant la gloire de ~yot& ~voir couronné d' une fo tare fier ee, qui fait f lier feus fis lois les fine orgueilleus diadèmes.

Grand Prêtre &r grand I- 'afieur , ferons- je pas indigne: de "\oir jamais le Soleil ,ji mettant au jour un ouvrage nou~ 1>eau , fi haut , fi important que cettuj-cy , pturlefujet qu'il traitte, je ne luyf fis porter le nom ^Pavl V. dont la mémoire me fera toujours Vénérable , f sur témoignera lapo~ flerttéfi lapofteritê daigne témoigner mes écrits luj être agréa- bles, la tres-humble obejfance ',■ fervitude ,cr fidcîitJ que fin sSCutheur a toujours rendue a ÏEgnfi, ayant 1/otiéfin travail &rfis Veilles àfin.ho?meuri f^fin avancement*

* i C'£ST

C E s 7 icyï Btfloire de ï Hère fie furie fortie des Enfers, U torrhe ardante en main four mettre en feu la chrétienté. He* relie d' autant plus detefable quelle a tâché d 'embrafer toute ÎEçdife&pTefaue réduire en cendres en notre France les der- nie, es branches de ïilluflre famille de Falots , fur le point de confommer le cors entier de cette Monarchie, fi Dieu n'eut re- tire des flammes ce grand Roy , la merveille des Roy s, glorieux rejetton de S. louys}quife peut à bon droit } encor que légitime fuccefeur de cette couronne , appeller Le conquérant de la 'France ; lequel contre les tunmens mondains à fait 1/oir, Qu'en vain les hommes s'oppofent à ce que le Ciel a déterminé.

Fous pourrez, Terefaint , quifurveiHe^ au repos des âmes travaillées de l' Hère fie 3confiderer en ce tableau tomlesprodi- viens effets de ce montre a cent têtes 3 cr ~ïoir dans les Royau- mes de la chrétienté les étranges bouleverfemens avenus par les nouveauté-^ qu'il a^voulu introduire en la Religion , quijè peut dire le dernier effort de l Enfer cr des ténèbres.

Fotre Sainteté Sierra , non pas ayemfecsy divifer ÏEglife en autant de Schifme que fut jadts en lambeau* , la robe du Trofete Nathan ^altérer gr corrompre la confidence des peuples de mille diverfes exfolies erreurs : les aveugles nouveau* nei, aceufer la clair-voyante antiquité £ avoir les y eus poche^, cr* les plus orandes lumières qui ayentiamau éclaire I ' Eglife , être enfevelies dans le gouffre a une nuit éternelle. Fn malheur eus Moine deffroqué 3nê en ^/Ckmairne terre depuis fertille en tou- tes fortes d 'impiété^ fera le parrain de cet enfantement mon- ftrueusyfuyvy deplufieurs autres Jes femblables yquiont quit- té la facree folitude pour le monde , lareligieufe aufleritépour les délices , l'humilité pour l'orgueil , les exercices die pieté pour lesfoUillures delà chair. Engeance perverje rndign e que la po- inté en f cache feulement U nom yfi ce n'efl pour i'abon^rur, puis que comme foudoyers de Sathan , & avant-coureurs de i' wlrite-chrijr^ls ont déclaré la guerre ouverte à Dteu,abbatu

Je: mai-

tes maÀfons faintes, poudroyé fes ^Autels picre^, (acrijUfis fa- crifcateurs ,honny les cho fes plus I{eligicufes, brifélei Crût* en- feignes des chrétiens , pour ne laijfer aucune brifee du chriftia- mfme , & qui n'ont obmts impieté quelconque a commettre, que la rage gr U fureur des plus exécrables Hérétiques aj epeu s'imaginer. Votre Sainteté contemplera les Etats renvafe^ CT fus la banderolle de la rébellion tout Ce débander en ligues O* faElions ,fi qu'il a femblélaplus noble part des paumes de l'Europe être devenue' un Cirque , ry- un champ de gladia- teurs cr eferimeurs a outrance y acharne^pournefe deprendre qu'à la dernière gsutte de leurjang.

Mais parmj tant de miferes ey calamité^ publiques fc rencontreront aufi les merveilles inf mes de U toute-puifmte main de Dieu y qui tournant fes y eus pitoyables ~ycrs l Eglifi fon Epoufe, longuement affligée par fes propres enfans,non len- tement U ouarantira de leurs facnleçes mains , \)mrt montrera qu en même tems quil fembloit que l Heref.e luy eutdôné la chaffe ,£r fait perdre terre en l' Europe / et luy -mê- me qui ï en avoit corne retirée, pour l'envoyer aus terres étran- gères ,alu conquête des nouveau* mondes arracher des ceps de t 'idolâtrie un milion dépeuples efclavcs de Sathan , lefquels profleme-^aus pie^de la Crois , rendront hommage entre ~)/oi mains, a celle qui file de Dieu des batailles, çy invincible artt combats, ne craint pas les portes de l'Enfer. Ce fera, Perefaint, cette J{eligieufe Compagnie qui porte le Nom de I e s v s, laquelle Je trouvera avoir planté comme une nouvelle chré- tienté en même que les bandes Hérétiques, feus le nom de Lu- ther ont fait tous leurs efforts défaire perdre ïanxmne.

Voila, Père très- fa: nt, le fuie t de cet ouvrage , très-grand en, fon dejfein, puis qu il faut parcourir tout le monde, pour mon- trer a chacun la Naifance , le Progrès , cr U Décadence l Herefe de ce Siècle, laquelle honteufe de fa laideur ejr anean- tiffement, d'ores ey~ dé-jafe cache, & tapit en divers lieu*, (lie 4 éténameres adorée. Dieu referve a quelque autre en ce

* j Siècle

'siècle fias ~)>ôtre règne [cent dupajfénelontpw méritera' en ~\oir cr décrire l'entière Çr dermcrerujne.

pecevexrle donc Souverain Pontife , non tant fuccejfeur du fieqe \ que des ~\>erîui , de la gloire 3 Cr couronnes facrees de ce orand clément FUI. à qui cet ouvrage dés fa naijfance avoit été dedté par fin ^Autheur, Recevez-le des mains de fin hé- ritier, cr ne dédairne^point de luy tendre les "Vôtres chargées de bénédictions , feul honneur qu'il defre : ains le regardant d'un œil bénin, témoin delà candeur £r naturelle bonté qui luit en ~\vtre Sainteté , montre^le plaifir que eus aure^de l'accepter pourra tre , puU quel\y£utheurn'a eu d'autre de- frque d'ufcrfa~\ie en deffendant l'Egjifi Catholique , O* l'authorité dufaint siège. Tandis firajy chantant , cr haut- louant les grâces, mentes cy vertus qui ~}onsy ont dignement fait ajfeoir. Feuille le Ciel ^yousy maintenir longues années , & ^ous faire ^oir tant dépeuples écartexjemis dans les cloi- fensde \otre bergerie , & qu après cette courfe auRi fainte- mentquheureujement finie, "veut receviez la haut le pris &* recempenfe ,que lefiin/jr les labeurs ~ycm auront icy bat me- nté', cr que ~Vou* defre celuy Je quel cherchant fin devoir par- my l 'humilité, fe prof erne a ~\os pie^pour participer am fruits, desfaintes benedichons que "\ctre bonté ne dénie ïamais à cens, lefiuels portât au front pour titre gloriem comme lefay ? Pert tres-faint, le nom de

Votre tres-humble & tres-obeyfTant RU} fujer 6c ferviteur François ds

R A H 0 N D,

a y

„cÇ> <îjr>/ <2£> <<?> <#> <^> «<?> <<¥> «<$> <<**> <"£> * <A> <&> 'lC3^> "^fc* "4^ °c5£> /lC^> <5t> ^^ "^fe* "^i* £ '

AV LECTEVR.

'Est à toy 3 Lecteur Chrétien âc Ca- tholique , deilreus d'être informe de la vérité de l'Eglile ta M ère, ce de la fauC- feté del'Herefie, qu'on avoir defnné cet ouvrage : c'eftpour toy qu'il a été conçeu: Progéniture infortunée, quin'étantpas preique développée pour paroître au monde, s'eit veuë enveloppée d'une nuée de mifeïes : nuce d'où nailTentles funefles larmes dont nous pleurons cette mort trop hâtée! Progéniture autant miferable que belle , qui a veu mourir fon père avant qu'elle peut vivre! Quel œuvre tepourroit être plus v:ile3&plus agréable que celuy-cy; Vtile pour le fujet qu'il trait- te3puis qu'il ne vife qu'au faiut de ton ame, tirant le rideau qui couvrait tat de fectes au milieu de la nuit de l'Herefie, 6c faifant voir à tes yeus ce deteftablc monftre à nud dans fon fepulchre,,où il l'a heureuiè- ment conduit. Agreable,puis que parmy la blacheur des lis de la doctrine de l'Egliie , tu y peus voir une infinité de belles douces rleurs^dôr la diveriité te fera délectable. La variété de tant de chofes rares dont il eft cmaille 5 te comblera d'un extrême pîaiiïr. Tant de beautez curieufement recherchées , la perfection defque lies rit dedans , tant de belles recherches que tu admireras icy, te pourront aifément conten- ter. Tu fçai* que i'Hiitoire cit.

La tna&rejfe des ans , U liie des mou-rans, Lctehleaxks hu.m&lm% miroir des iprurdnt

* 4. itas

Tt de tow accidents mejfagere chenue, Far qui la Mérité des Siècles efl connue.

Mais tu fçais bien auflï, que celle qui touche PEgli- fe Vniverfelle , qui décrit fa grandeur , découvre Tes merveilles, & chate Tes plus belles victoires,femblc la plus utile, &: la plus fouhaitable. Voire entre tous ceus lefquels ont mis la main fur ce fujet , ceus qui l'ont fait plus univerfellement ont acquis plus de gloire. Le Iupiter Olympien que façonna ce fameus ouvrier Fidiasjequel demeuroit immobile Ôc ferme fans tourner jamais faveue autre part que il Pavoit adreffee., ne fut jamais tant eftirné à tout fon or & fon yvoire , que celuy qu'Homère rcprefente fous diverfes formes , lequel il fcinc courir tout le monde du bout à l'autre. En cet ouvrage P Authcur ne fe contente pas de paffer les yeus fût la France, & de décrire Ces miferes, ains te fait voir Pétat des plus grans Etats delà Chrétienté. Il te déplaira , peut- être, que cette Hiftoire ne (oit en langage Romain pour être veue des autres nations. Travaillant pour îçs François en faveur delà France , il fe contente d'avoir écrit en fon langage , duquel il é toit infini- ment jalousaayant par (on labeur beaucoup adjoûté à fon luftre. le me contenteray pour fatisfaire à ton cpinion,de dire avec le Poète François que tupeus

apprendre la faence en ton propre langage: Le langage des Grecs ne ^autpas davantage Que celiiy des François, le motnefert de rien: La fa en ce fait tout, qui fe dit aufi bien Ln François qu'en Latin /notre langue commune, Les mots font différents , mais la chofe efl toute une.

Tu verras icy la vérité, la fidélité, & la doctrine fi dextrement mêlées 3 que quelque petite partie que

tu puif-

tu puiffès confiderer de bon œil.tu y pourras apper- cevoir-ces trois chofes en leur perfection : Nyplus ny moins que ceus , lefqueîs fondent quelque quantité d'o^d'argent, ou de cuivre tout enfemble, remarquent en leur mélange qu'il s'épendent, s'al- lient y & s'incorporent d égallement l'un dans l'au- tre , 'qu'en la moindre partie la proportion de ces differens metaus fe rencontre tres-juite. Toy , Le- d:eur,qui as quitté la foy de tes Ancêtres^qui tâches à perdre autruyen te perdant toy-méme,& qui pen- fes en vain , comblant de tes ruynes les ruynes que ton opiniâtreté a fait à l'Eglife de Dieu,élever quel- que fuperbe bâtiment,voy ce bel edifice,& confide- re que tout ce que tu bâtis, ne font que des ruyneu- ks mazures qui te ferviront à la rin de tombeau.

Tu as félon ton fens l'Evangile traiEke, Tufaps ton Eternel un muable Prothee^ Le tournant, le changeant, [ans ordre &fan$ arrêt, Selon tapafion, çy félon au il te plaît.

Encores que tu entres bien avant dans ces variables détours , & qu'il te femble marcher dans des tortu- eus labyrinthes , fi efl-ce que tu trouveras fi tu n'a- bandonnes le filet qui te peut conduire feurement, que toutes ces voyes tournoyantes te conduifent en la route du Ciel. Mais comme ce Filofofe qui fei- gnoit jadis que les ânes en partant de ce monde s'en alloyent dans le rond de la Lune, diibit qu'en mon- tant au Ciel terreftre elles ne pouuoient ouyr l'har- monie des cors celedes tant qu'elles étoyent dedans l'ombre de la terre : Ainfi délirant monter non fus la Lune , mais entrer dans l'Eglife , tant que tu feras abîmé en la poudre des ténèbres mortelles de VHe~ relie, 8c que tu languiras dans l'ombre de ton obfti-

* / nation,

nation ] qui l'engage aune mort éternelle, ta ne pourras jouyr de cette belle harmonie que lave- rite', la fidélité 6c la doctrine de l'Eglife font icy» comme un chœur facré-faint y auquel il n'y arien a reprendre.

Vne nuée d'erreur pleine, Qui te trouble Volontiers ; Couvrant la raifin , te melnt Igaré des heAtu [entiers*

Le diable obfcurcirTant l'air de la vraye Foy, d'un monde d'opinions contraires , te jette je ne fçay quelle obfcurité, Se d'achoppement pour te perdre. Voicy qui t'éclaircit,&: diiîipc ces gros broiïillars,&: qui te relevé de ta cheute. Le Ciel verfe bien à gros rorrens fur les fourcilleufcs montagnes de ton or- gueil Se de ton opiniâtreté des mers toutes entières de grâce , mais elles ne s'y peuvent arrêter, ains paf- fenr premptement, Se ne laifTent après eus que de la beuë Se de l'infection. Defcens de ces orgueilleufes troupes , &e r 'entrant en ta balfeiTe , foumets toy au jugement de celle , hors laquelle tu n'as point de fa- lut. Mais cependant, Catholique Lecteur, regrette de ne voir ce deffein aceomply: Tu y eulfes bien veu une autre pollifTùre , fi fon Autheur eut peu paflfer l'éponge par deiTus. Tu y rencontreras des brèches,. aceufees en la mort qui a tout fait mourir avec luy.. Il avoit laiile le feul titre du fixiéme Livre , lequel il donnoit au Schifmc d'Angleterre, ayant travaillé au fepnéme, Se au huitième, qui le preifoyent davanta- ge à caufe qu'ils parloient de la France : Il m'a falii Hier pour le bâtir à la hâte en peu de tems , defîrant te le donner le plutôt que je pourrois. Tu connoî- tras ayfément la différence du ilile , reconnois aum

la cou-

la connoifTance que j'ay de ma foibleffe. Ce peu quq j'ay joint à celuy-cy fera pour rehaufTer en fa lai- deur, la beauté & la perfection du refte. Si te diray* je que je l'ay drelfé furies mémoires des Seigneurs de Noiiailles, <5c de la Mote Fenelon AmbafFadeurs en Angleterre , &c d'un recueil écrit à la main d'ua Secrétaire de la Reyne d'Ecoife , lequel la fervitju£- ques à la mort. Que fi mon travail t'agrée , j'entre- prendray un jour ce qui relie de la France 3 pour montrer comment en ce Royaume ., aulïî bien qu'es autres étrangers , FHerefîe a produit les derniers é- clats de fon établnTement.Et comme quoy pluileurs confeiences branlantes en l'incertitude d'une Reli- gion fi peu atfeurée, fe font retirées dans l'Arche de F'Eglife3qui nous conduira toujours feurement^puis qu'elle ne peut ny errer, ny périr. A-Dieu.

TABLE

- J3n3 £&

TABLE DES CHAPITRES

du premier Livre.

Chapitre premier.

X. L'Zrltfe Catholique If i- Ûorieufe de fes ennemis touytlonguemet de lapais, 2. Ses Capitaines endormis Çurprvs d'une nouvelle guer re. 5. le Diable en fes entrepri-

C h a p 1 :

1. yA ïetree dufeiiiémefie- tle toute la terre fe remua four les Religions.

2. Le Ciel par divers préfa- ces avertit les hommes de malheurs avenir.

$ . Les rujnes des Etats.

C H A P I

I. La "Voix du peuple me- najfoit la chrétienté à £ en- trée de ce Siècle.

1. Dieu fouvent par ce moy- en annonce nos mifer°.s.

5. Cela avait été prédit par quelques particuliers.

4. D'un Cor délier qui pré- C H A P I

1 . changemet de Religion en Perfe au commencement du fei^iéme Siècle.

2. Image des Sectaires qui /élevèrent après Luther.

fes guette fa commodité.

4. SleidaTite-Live des lu* thenens a faujfement écrit ï Hifoire de ce Schifme.

f. Dejfem de l' ^Autheur en-

tout cet ouvrage.

o

6. Son exeufe. R E IL

4. Les changements de Re- ligion* j. Divers prodiges qu'on^it au Ciel qui predifoient le Schifme de l'Eglife. 6. Cefl louer Dieu d'attri- buer cette pui Race aus aflres.

RE III.

choit le Schifme de Luther

avant fa ~venuè. j. Chofes remarquables de

cet homme. 6. Les Demos ont prédit au*

idolâtres leurs divifiom

pour la Religion,

R E IV.

3 . changemet de Religion en ^/Cjfnqueau mémetems.

4. Changement de Religion aus Indes en mémetems.

/. changement de Religion enU

DV P R E M I S *. L I V R !^

tn U Chrétienté en même J 6. Vire de love fur les étrages

terns. remuent espvur la Religion »

Chapitre V.

I. Naifance de Martin Lu- ther autheur du Schifme qui afflige la chrétienté.

t. Le jugement qu'on a, tire de fa Nativité.

$.Le Mars & Jupiter mon- trans en Luther fa révolte.

- C H A P I

I. Le pape Léon publie U Croifade contre Selim.

t. obeyffance des Princes de U chrétienté.

3. Les Croifades terreur des Othomans.

q.Larget des Croifades pour C H A P 1

I. Coutume du père de men- fange quand il '"\ eut trou- bler la chrétienté.

X. Comme il débauche les a- mes douées a Dieu.

j.Lefeul amour de Dieured agréable toute demeure.

C H A P I T

I. Débat gr dij^ute pour les Indulgences entre les^/Cu- gtiflins & Jacobins.

1. Stambitift monter Lu- ther en chaire.

$. Luther prêche £r cw con-

4 . Divers jugemens des nd* tnjite^ de plufeurs grans hommes.

f.CometL utherfeft moine,

6. Les belles £r laides par- ties que nature luj a^oi$ données.

RE VI. la deffenfe de U chretietê*

f. îaloufie entre les ^/Cugu-

fins C" Jacobins premières faunes de nos miferes.

6. Le Duc de Saxefavorifa le Schi/me.

RE VIL

4. ^Anciens Moines Here*>

tiques £r plufeurs nou**

veaus. j\ Les rufes du diable & les

apats qu'il drejfe. 6. Luther fart de fan Coth»

"Vent. RE VIII.

tre les Jndulgences. 4. Luther écrit ans EvéqueS fur le fa jet de fis Sermons 9 ç. Les gras abus des quête tm

cote^par F. Thomas. 6. Juftes jugemens de Dieu„ C H

Table des Chapitres

C h a p i

ï- Qteft-ce lue 'fr Leon fur ces occurrences.

z. Les Jacobins attaquent

Luther de toutes pans 3 qui

fe dejfend.

5. Leur querelle s' aigrit fur

plufieurs autres points.

C H a P

l.Ld nouveauté agréable, et

corne Luther pipoit le mode.

z. Luther s'corgueiilifvoyat

au on ne varie que de luj.

3. Le Duc George de Saxe

moyenne une dfipute entre

ïkius cr Carlofiad.

C H A P 1

ï. Le Prince George de Saxe demeure par cette

confé- rence pi m confiant en la Religion Catholique.

2. Luther écrit au Pape y ce sue fit Leon,& de la faute de fin Nonce.

3. Coutume de l'Fglife £r cérémonie de l excommu-

C k a p ï i I. Luther délibère bâtir une

${eli?ion de Liberté. 1. chacun peut croire ce qu'il

lujpl.xirra. |. Chacun efi Prêtre audits . de Luther.

TRE IX.

4. Luther cite d l(ome fi p refente devant le Légat en sAlcmagne.

j. ilfe dérobe eyfeparju* re.

6. En flattant Luther on U

ppdit. TRE X.

4. Luther l'accompagne en

la difixteçr prend la cau-

fepourluy. f. Commence fur l 'duthorite

du S. Siège. 6. Inco) fiance de Luther en

cette première conférence. R E XI.

nication.

4 . Luther réduit au defèfioir fevojat banny de ï Eglifie-,

5. Luther fait brûleries li- vres du Droit Canon , cr fies étranges refiolutions.

6. Traits indignes et vilains du profite Luther _, çjr de

fies fales peintures.

RE XI I.

4.. En la Religion peu de cho* fe a grand fuit te.

f.pire de Matagnefiur l'en- trée de Luther.

6. Dire des Centuriateurs jMagdçbourg.

C H A-

î> V LIVRE PREMIER.

Chapitre XIII.

jfr. L ' Empereurpaffe en ^Al- kmagne,pour arrêter les fo- lies de Luther, 1 . Luther le va trouver % $ . Ce quifepajfa en laprefin- ce de l'Empereur.

C H A P I

I .guette doit être U diligen- ce d'un Empereur.

X.Luther autheur d'une he- refie nouvelle.

3. Vieilles herejïes renouvel- les par Luther.

4. Confédérations ÏEm-

C H A P 1 t l. Luther retire' enfin Path-

mos.

l . Luther dejfeigne bâtir fi- ne Religion nouvelle. 3. Dialogue du diable £r de

Luther. '^.Luther forty de fin path-

mos tance Çarloflad. y Comment Luther Voulut

faire perdre les Vniverfte^.

C H A P 1 T î. De quelles pièces Luther

bâtit fin Eglife. %Jîerefie Luthérienne mon-

firueufe.

5. Bâtie de toutes celles du ; pafé.

4. L'Empereur condamnî

Luther. j. Les Luthériens entrent ta

deffiance. 6.Pourparler de Luther avec

l' archevêque de Trêves*

RE XIV.

pereur devant que donner fentence contre Luther, f . çefolution que ÏEmp ère ut prit contre luy . 6. Deffenfes délire & im- primer fis livres.

R E X V*

6. Luther traduit la Bible.

7. Infinies faujfete^commi- fis par Luther.

8. Luther et ^uingle ans pri* fis four U verfodela Bible. 9. Luther coup eç? retranche

la fainte parole afin apetit, 10. ^Authoritê de l' Eglife

de iuger quels livra font

Canoniques. RE XVI. 4* Luther déroba plufieun

chofes à ï Eglife Grecque, f. Réprouve les Conciles. 6. Dire notable du feal/anf

Erafme de ^oterdam.

Les

LES APPROBATIONS.

CE Livre intitule, l'Histoire d^e la Naissan- ce, PROGREZ, ET DECADENCE DE L* H * R E S 1 1

X)E ce Siècle, n'y à rien contraire a la Foy Catholique Apoitolique & Romaine , ains tres-vtile & fort necefîairc d'être mis en lumière* Faict àCambray le vingt-deuxiefme d'Ottobre 1610.

Iean de Froidmont Efcdaflre O* Cr Cenfeur des livres*

LA Naissance, Progrez, et Décadence di l'Heresie, eft tant doctement, &flau vifreprefenté en ce Livre, par lbn Autheur Flo rimond de R^emond, auparavant imprime en France, & approuvé , qu'il mérite, voire à la grande confufion âts Hérétiques de nôtre tems, d'être derechef imprimé. Faictà Cambray le vingt-troificme d'Octobre 1610.

Gabriel le Gay EfcoLftre y <çr chanoine de la première Eglife Collegialle S. Gery, commis à U ~Vîfitdtion des Livres.

argument du, premier Livre.

CE premier -Livre contient l'état auquel (c trou- vent la Chrétienté au Siècle feiziéme , lors que PHerefie vint troubler Ion repos. Comment tous les peuples de la terre s'émeurent en même tems pour la diverjité d^s Religions : Lanaifîance, nouf- riture, & révolte de Luther : Ôc comment il bâtit nouvelle Eglife de toutes les erreurs du pafle. Avec plufieurs circonilances defllis.

V H I S-

LIÏISTOIRE

DE LA NAISSANCE,

PROGRES, ET DECADENCE

DE L* HERESIE.

LIVRE PREMIER,

Traitant de U îZaijpince de PHere/ie au Toys àe iLmpirt.

"En quel état étoit la Chrétienté en l'an 1500. de nôtre falut , & le deffein de cet ouvrage.

Chapitre premier.

VEglife Catholique vi&e- rieufe de fes ennemis huit longuement de U paix. t. Ses Capitaines endormie , furprins dvne nouvelle guerres.

5- Le diable guette/a comedité.

SleiAanTite-Live des Luthé- riens , a faucement écrit l'hisloire de ce Schifme.

Artifice des entiemu de /'£■?

6. Bejfein de tout cet ouvra*

^( 'Eglise qui ja trainoit après foy la fuit- [>?. ; te de quinze fiecles , chargée de Lauriers, £, Tnomfes& Victoires, n'avoitplus d'en- Catholi- nemy dnnsles marches de l'Empire Chie- W* <D*9'-? tien , qui ofafthaufîer les cornes : Tout Unguemat fW^Î/S baifloit le col fous le joug de fes loix.Tout & /*/<»*> reconnoifloit fa puifianec , & fa domination ; les armes de fes Capitaines vainqueurs, à demy touillées, étoient pendues au croc,& celles des Hérétiques vaincus, apen- dues pour Trofée dans les voûtes de ùs Palais facrez. Se* Champions virïorieus, vivoient les bras croifez fous

A fon

ï

Vtglif*

% Di ia Naissance de l'Herïsii, fbnafTeurar.ee: Tandis que les rebelles donnez fous fes bannières croifées fe mouroient, pour fe voir réduits fous Ton obéi flan ce. Cependant que ceux la envoyent au Ciel leurs Hymnes, & Cantiques, pour rendre grâce des grâces reçeu'ées ; ceux-cy mordent la Terre pour la recevoir. La voit on entaflezles uns fur les autres, les Jïertthuei Hercniiens. Vaudois, Petiobuiiens, Arnold'îres, Aîbi- Jepuù geois, VvicleFviftes, Pikarts, HuiTites,&autres,qui de- j.9q.*?is. puis quatre cens ansavoient ofé prendre les armes cotre elle; Mais après céte longue furfeance d'armes, 8c que l'Eglife victorieufe euftjoùy plufreurs années d'une dou- ce & bienheureufe paix , fans aparenceaucune de nou- velle guerre domeftique : en voicy une qui s'émeut dam fonfein, la plus âpre & cruelle qu'elle ait eu à foutenir, depuis ta révolte & confpiration du traitre Anus. C'eft celle qui à renouvelé routes les vieilles querelles dupaf- lé,aiicupies pardiuers combats, & fîniesparinfinis trai- tez, efquelsonvoit fourent reluire les rayons delà bon- té &:r.nfcr.co:"de de celle, qui tend auiiï facilement les bras, pour eiribiaifer ceux qui par vrayerepétance chan- tent vnejuile Pai!inod:e,& qui viennent s'humilier à Ces pieds, cor^rneelle feroidit pour ramener des coups or- bes &pefans fur la tefte des autres, qui opiniâtres s'opo- fent a fes enfeignemens. Auffi dit le Profete , que les £nfers tremblent quand elleparlei& les diables fremif- ieiit au bruit de fa voix. Uf Comme un long calme mena/Te ordinairement les

SesCapi- Mariniers de quelque prochaine tempête : Auffi cète lames fur- longuepaix fut leprefagedelanouvelleguerrc, quifar- trini à'z- ylnt Peu apres : car tandis qu'une partie des Chefs & ne nouvel- Soldats Catholiques gifoicnt enfeuelis au cercueil de h guerre, leurs pompes & délices, & que la pluf-part,mefmes en la Germanie , ronflôient dans leurs po'efles, enyvrez de leurs longues profperitez, & gorgez de richefles innom- brables qu'ils avoient: Le Diable enfante & éclot defes flancs, comme d'un Cheval Troyen , ces troupes & fca~ errons de nouveaux guerriers, fiersGeans enfans de la ter- rc , qui s'arment contre le Ciel, & quigrimpanslurles forts & bâfrions de l'EçIifc , tous entre-ouvers & crevaf- fez, abandonnez en pi ufieurs lieux déroutes échaugue- tes & gardes. , gagaeût Je* muis, fe giiiïent dans ks mai- ions,

L T V R T T. 5

fons, envoyentàlamort ceux que lefommei! leur pre- fente, tuent, faccagent omettent a feu, a fang ces gens prius au dépourveu,dan:> l"obfcur d'une nuit (ombre. Si

que bien peu a la lumière des feus qui embrazoient leurs villes, & leurs maiibns , peuvent reconnoitre la peau du Leopart pendre a l'Hoftel d'Anthçnor, enfîgnede fau- vegarde Peu gagnèrent la maifon deRaab enfeignéepar Jofué^ù le Cordon Rouge, pourfe garentir du fie de Ierico. O adverfaireprofperitc, forcieremalheureufe , quideton mielenfielé charme les miferables mortels. Cefttoy qui nous reiis amoureux du bonfuccez que la fortune nous donne, &nous aveugles, tout de mefines que nos pail fions les plus aimées, iufques à nous faire méconnoiftre fon Autheur. Au contraire l'adverfité nous deiille nos yeux, & dépouille notre ame de toutes qualitez & con- ceptions vicieufes , pourlarenger pure & nette au fou- verurde ce peu qu'elle eftdefoy, céte belle connoif- fance que la félicité le plus fouventluy dérobe. Tacheuje de Nature ejî toute adverfïté, Mali trop plies âarigerèufe eft la félicité.

N'en déplaire a Xenophon: C'eft-elle,cedifoittres~ bien Seneque, qui a tiré defby, fur foy , les caufes de fa- . defFaite.

Cet efprit malin maudit de l'Eternel,& defrinc à Pc- ij& ternel fuplice, toujours aux aguets pour furprendre TE- te Diabk gîife, s'étoitrefervéàcecoup pourfeyengerde tant de guette fa. pertes rèçe'ues,& la guerroyer par le moyen des Herefïes, commoii* comme il auoit fait jadis avec les Idoles,difoitTertulian té. fur pareil fujet. Il print le tems a propos,non pas qu'elle euft perdu fa pureté & fon innocence, & que détaillant la verité deDieu,elle fe fuit détaillée à foy-mefme, comme difentfesadverfaires:carlespromefîes du Ciel, pour l'af- fiftancedu Saint E spri t a fon Eglife font infailli- bles, & dire cela, c'eit révoquer en doute , fi le Créateur del'Vniversapeu tenir fa promeuve. Mais trouvant fes OrHcierspiongez dans L'oyfiveté , traînant vne vie de- trempée dans les plailirs & délices, qu'vn fi long re- pos avoit amoncelez : Il penfa venir a bout de fon dêifein comme les oyfeaux charongners,a^uignent d'va ail glouton les belles graiiTc-fondues , qui gnantes ti- tént a la Jïiort,pour fe jetter fur elks;fe paiitre & gorger

A * deici«r

4 De la Naissance de l' Hérésie, de leur chair.Et au contraire n'ofent s'approcher de cel- les qui bondifïent parmy les prairies. De mefme ce dé- terminé en ncmy de l'Eglife,pnnt Ton party bien à point pour l'ailaillir, la voyant en céte profonde paix, couchée au lie! de tant de pompes & richefTes,abatue & dépouil- lée de fes premières forces:Car de mefmes que le peuple Romain, ayant recucilly l'hérédité du Roy de Pergame, en fut plus gaftépar le luxe, qu'avantagé au profit de telle fuccefîion: Aufîi î'Eglife comblée de richefles,avec , ces vafes d'Or avoit fes Officiers de plomb, au lieu qu'ai- antecs vafes de plomb elle avoit auparavant fes Offi- ciers d'Or : fon adverfaire n'étoit pas fi hardy de l'atta- quer auec telle refoîution , Jors qu'elle étoit forte & vi- goureufe,toujoursfurbout,&:en action pour courir fus a Ces ennemis. Il fçauoit bien qu'il y reboucheroit fou - trench an t,& y briferoit fon ire: mais la trouuant remife & relâchée de céte première &noriilante difcipline,qui l'auoit toujours maintenue en fa vigueur , l'entrée luy lâcheté d< fut arfée & facile. Auili la plus-part de ceux qui auoient tlufiturs fes places en charge , prenant l'épouvante a la première Cuthtli- fommation du Trompette , fans attendre que le bélier *h«u cuit heurté le mur, Deferteurs du party Catholique,

rendirent les clefsrdouze feulement ouvrirent les portes des maifons de Dieu. Les autres fe deffendans d'vn cou- rage incertain, furent portez par terre das les ruines des lieux facré-faints, dont la garde leur avoit été commife. Celuy oui ie trouve iurpnns eftademy vaincu , &celuy qui veille contre lafurprinie, eft difficile a vaincre. C 'tir de ceux-là dont Ezechie! parle. Malheureux ,xctu net; «s joint aUez.au dirent >& n 'avez cfesel* muraille fout ladff- ftwcdeU mai/on d' ffratl. A uiTi-toft engloutis de Ladver- iité,qu'enyvrezdela profpenté. Mais depuis vous avez payé le change & rechange des plaifirs par trop defirez, £**?• +> & çans jncfuie: C'eû fur vous que le plus grand effort de l'orage s'eft déchargé: Aufli difoit l'Apôtre, Quand Dieu veut faire vne punition en ce monde, il commence à fa maifon.Voicy,dit le Scigneur.Penveux aux taileurt, (jr redemander ay mes ouailles At ieur mamjesferay "$** d< ^** f attire, & les ?afienrs ne fef Attirent fa* eux-mefmes: maii dé- livrera) mes ouailles de leur leuche. ConfefTe pauvre Ecclc- Ics verges oui rncuririflenx tesmifcrables

épaules

LlVRI I, f

épaules,viénent de la main de Dieu. Si tu te plains, ne te plains quedetoy-mefme, & n'afiïgne autrecaufea tef defaitres que la jufte punition de Dieu pour tes péchez, & les péchez du peuple, de qui tu gouvernes lesames:Ces gros amas 8c des vns & des autres , ont frappé à la porte .du Ciel, «Se irrité la longuepatience du Souverain.

O r tous ceux- qui vivent dans ce miferable fiecle de Hir7 fer, nous fommes ( fiecle qu'on peut appeller la nuit Sleidsn M du monde ) voyent bien les triftes pitoyables effets de f*ucemtn9 céte révolte, avenue au Royaume de Dieu, quia taché écrit Ihi- dégrader le T o v t-p vissant de fa gloire , l'Eglifc ftoife dtca de ton honneur, & en fin les Monarques de leurs Etats: Sciiifme, Chacun en fenr bien le mal, mais chacun en fçait mal la caufe. le veux qu'elle donne commencemét au difeours que i'ay entrepnns , comme elle a donné commence- ment auxmiferes qui nous affligent. L'Hiftoiren'en eit. pas li vulgaire que plulieurs perfonnes ne l'ignorent , 8C autres ne la dégnifent , pour, comme bons fils , cacher les hontes de leur Père , enyuré du vin de l'Herefie , Se couvrir les ordures de leur origine. le fçay bien qu'on re- jette ordinairement fur la confeience de Sleidan, ce qui touche la naiflance du Schifme de ce fiecle dernier, fans qu'on fefoucie beaucoup de voir ce. que Henry VIII. - . , Roy d'Angleterre , G :orge Prince de Saxe , Henry Duc qJj'*"1 de BruutVic, Thomas Môrus , Erafme, Ekius , Liudan, - Hollus, Codée, Groperns, Fontaine, Roncerus, Suri us, " &aotres bons 8c fidèles Ecrivains, foutenans le party Catholique, nous ont lailfé. Ny qu'on conîiiereque Sleidan a reveitu & paré l'Herciie de libelles couleurs, qu'on diroit que c'eit l'Efpoufe çhàfte de Iesvs Christ. CardiUut Il fait porter a céte Louve la contenance d'vne Brebis, Muecl'Ht- plarrant ion Hiftoire avec tant de menfonges & fauce- fieitê dt tei , qa'vn fcul Autheur en a bien osé remarquer onze Lâtêm^. : AufTi comme fainct Cyprian voulant lire Tenu- . difoit qu'on luy donnait ion Maitre. De mcfmes l'Empereur Charles le Qun: , voulant lire Sleidan , di- foit qa'oii luyportaftfon menteur C'elrpourquoy il çfr appelle plucoit loueur Luthérien, qu'Hiitonan, dit Cro- mer us. Car tout ainfi quecePeintre ayantàportrairela tefte d'oygnon de Pericles , la peignoit armée afin de couvrir ion imperfection: Ou cet autre tiroit l'image A i d'An-

ë De la Naissance de l' Hérésie.'

- d'Anrigonusen pourril pour couvrir l'œil qu'il avoit per- du : De înefmes Sleidan déguife fouvent, & cache ce qui cftreprochableen Luther,lousienefçay quelles parties, qu'il relevé & tire a fon avantage, non toutefois bien, que les rides & taches n'y paroiifent partout. 11 n'a peu tellement les plâtrer, que Ion orgueil, fafîené, fou ou- trecuidance, &ies charnelles Scdemefurées pallions, ne SleîdanTi- s'y voient a tous coups. Ce livre ieTiteLivedes Luthe- telhe des riens eft en la main d'un chacun, en toutes langues, fort Luthtr:ti. plaifant & délectable : Car comme l'or égavé d'émail, donne quelque luftre aux pierreries qui y font enchaf- {ces-, au/fi la variété Scdiverfité desfujets qu'il traite, embellis avec beaucoup d'arriiieedes divers mémoires, que les Luthériens premiers luy mirent en minn,nefaou- le iamais le Lecteur ains le laifie touhours en gouft , de- Creux de voir le fil & la fuite de fou Kiitoire d'autant plus dangereufe, qu'en déduifant les chofes avenues en l'Etat de l'Eglife, elle fait infenfiblemen: avaler au Le- cteur le venin de l'Herelie. Ce qui m'a occaiioné lors quelefujets'y prefente,d:y apporter delà contrepoifon, luy faire gaufrer la douceur de la venté Chrétiéne & Ca- tholique pour lui faire perdre le gouft & l'ameitume de la raacecé,queleméfouge hérétique lui peut avoir laiiTc. Et par ce que c'a toujours été la coutume de ceux qui ont troublé le repos de la Chrétienté , pour amorcer le peuple, depublierlescaufesdeleursfoulevemens^la defFence de leur rébellion en langue populaire ( car tou- tes leurs prelîesfont empreiîées, ôc roulent inceliammét auiourdnuy plus que iamais après tels ouvrages) il eft neceflaire auec un pareil artifice,

Depuu qu un Art redoutable jj Se v zinc par un Art fembUble. Et neantmoins pour un tout contraire deifein , leur faire voir nos écrits , quipuillent être en main a tout le monde;oùle Catholique s'éjouïfTe, voyant l'antiquité, la maielté, grandeur, 6c venté de fa Religion : & le Lu- thérien, Zuinglien , &: Calvinifre pleure , reconnoifiant la nouveauté baileife, pauvreté, &impofturedelafien- ne. Oùceluy latoucgloiicuxjvoye comme enplainmi- dy au travers de l'épaiffeur de tant defiecles, lafuitte bien fuy vie, & laliaifonbien liée de les Pafleurs, fils & êc héritiers des A»ô très , defquels nous recevons Y héré- dité,

L I V R E I. y

dite, en confequencedu Fidei Commis qui les avoir chargés de non la restituer, die Tertulian : & l'autre foie n ***> contraint fe cacher de honte pour ne pouvoir fortir de ioniîecle, h y montrer la treifiéme race de Tes pères , ex- heredez & dechaffez par le j ugement de iEglife, comme fils ingrats, méconnoiiîans, & ennemis. L'vn fera par ce moien toujours d'autât plus rafermy en ion anciénecre- ance,que l'autre feverra ébrâlé en Ton opinion nouvelle.

Cedifcours demande audiance, Meilleurs les JLuthe- VI- riens, Calviniites, &Zuing!iens : ouvrez les yeux au tra- D^*» d* vers de \j poulîiere de tant d'Eglifes démolies , reliques cet ouvrn- infortunées de la pieté de nos ayeuls : pénétrez l'épaif- &e* feur de la fumée de tant d'embrazemens épris: Conlide- reztant de Royaumes remplis de lépulcres & cemetie- res: Vous reconnoitrez vos Pères & Progeniteurs, Au- theurs de ces defolations , & verrez les mires marques Se briféesde leurs fureurs & démolitions. Ce fera comme un abrégé de leur vie, 6cle pourtrait tiré au vif del'Hi- ftoire Tragique de ce Schifme Luthero Calviniquc. Oeuvre certes qui m'étonne defon pois, oùic ma; que- ray ce qui eft avenu plus félon lefujet, queluyvant l'or- dre des tems, fans L'entremêler & obfcurcir parmy les nuages des guerres & difTereris des Princes , ny astres affaires d'Etat, comme ont fait tous ceux qui en ont écrit jufquesiey, qui embrouille merveilleufement l'ef- prit du Lecteur :Hiltoire qu'il eftbefoin mettre fouvenc comme un tableau aux yeux de tout le monde, ahn qu'on voyeen quel état fe trouYoït la Chrétienté au leziéme fiecle de nôtre falut, lors que l'Herefîe quitta l'efFi-oia- ble fejour â^s Enfers, pour regagner de nouveau la terre, & guerroyer le ciel. Côme elle a depuis changé de vifage. Quels ont été les Autheurs de ce Schifrne,les étranges é- venemens qui s'en font enfuyvis, pendant l'obfcurenuir de leur route, &: qu'un chacun fçache l infâme naiiiance, ains plutoft 1 avortemét hôteux, cônoiiie le malheureux progrés, & juge la decadêce infaillible de i'Herehe.C'eil la réfuter d'en môtrer & découvrir la fource & l'origine, dit S.Hierome. L'échafaut furlequel je la feray môtera Tt4gedi* diverfes Scènes, & chaque Sceneadiuers ActesiTAlema- ^ f'nerc gne iouéra la première ion roolie, après fuy vront les au- fit ues Royaumes, & petits lopins de Terre des Pais du A \ Non,

2 De la Naissance di l'Herisiî, Nort , qui fe font donnez en proye à l'erreur. L'Angle- terre, &l'EfcoiTefeparezderEglife, comme elles font retranchées du monde , viendront après, puis la France fera la Cataftrofede céte lamentable Tragédie. Sur ce Théâtre on verra l'Herefie furieufe & écheuelée, les yeux dardans le feu, les couleuvres fortans de la bouche, conduite par cet inlensé ou Hercule furieux Sathan, dé- pitant le Ciel , & menaiTant la Terre, fuyvie d'vn grand nombre d'opiniâtres, & teftus Hérétiques, qui en feront les perfonnages: paroiiTans, s'éclipfans, mourans,& re- nailfansà tous coups. On y remarquera Tordre qu'ils ont gardé pai my tant de confulions & defordres , pour ens'avançans détruire la mai fonde Dieu. Les moyens que les Catholiques qju tenu pour les empêcher, & la deffendre. Et comme d'vn côté fe fera voir la juftice de reluy qui fait toujours bien, quoy qu'il face, quand les autres font mal, permettat ces révoltes &foullevemens en fon Royaume , pour luy donner en fin plus d'aife en fon repos. Auffi de l'autre côté reluyra fa rmfericorde, 8c la venté de fes promeiTes , ayant parmy tant d'orages, fauve fon Eglife qu'il a voulu agiter & non fubmerger. On verra ce-pendant, qu'vnc poignée d'hommes, bou- thent l 'oreille a la Foy Catholique, des peuples infinis ouvrir Je^ bras pour la recevoir. Vne Ville ne s'eft pas fi- toft dérobée qu vne Province fe recouvre, vne Province litoft perdue , qu'vn Royaume entier eit acquis. Et à peine s elt la Religion glac ée au quartier du Septétrion, qu'elle s'échauffe & iedéfondau-de-là les barrières &: limites du monde.

C O M-

Livre I.

COMMENT LE CIEL PARDIVERS

prefâges auoit monftré les grans remuemens qui

dévoient avenir au monde , pour la diver-

ûté des Religions.

Chapitre IL

A ï entrée du fizÀéme fiecle, tente la terre fe remua pour les Religions, i.

Le Ciel par divers prefsges avertit les hommes des mal -heur s a venir.

3- Les ruines des Etats,

4- Les change mens de Religion.

5-

Divers Trodiges qu'on vit au Ciel , qui predifoient le Schifmedel'Eglife. 6.

C'est louer Dieu , d'attri- buer tête puijjance aux Affres.

Ovte la Terre vniverfellc étoir en paix pour les Religions, chacun en Ton décroit vivoit en repos en 1;

A l'entrée

a Foy de Tes Pères, Se ne * + . , it avec ceux de fa Loy , que pour y* >.

l'étendue des Empires, & Principautez,

la Reltgt

i^™^™™^,^ .^^^, tout fi rt- quand a 1 entree du feziemeliccle , dont J

nous traitons en partie l'Hiftoire , tout fe defunit Se di- vifaen Schifmes.& Herefies , qui couvrirent toutes les Contrées du monde de miferes &defolations ; l'Aile, l'AfFrique, l'Europe, & le monde nouveau, furent rem- plis de troubles &conhifions. Tout courut aux armes, les vns pour démêler les folies &menfonges deTElfur- can de Mahomet, & les autres pour trouver l'intellect de la vérité de l'Evangile de I 1 s v s-C hrist. On vit en mcfme tems les Mufulmans armez contre les Turcs, & les Iezelbas élevez contre les Cazelbas, les Cherifains animez contre les Arrriquains,les Chrétiens émeus con- tre les Idolâtres, & en ri a les C hretiens acharnez contre les Chrétiens mefmes , Se tous comme furieux & infen- fez , avec des courages enragez s 'entretirer la dernière goutte de leur làngj Ccux-cy pour conferuer l'ancienne

A 5 Loy

io De la Naissance de l'Heresïe, "Loy de leurs predecefTeurs : Ceux-là pour en introduire de nouvelles , comme vous verrez plus particulièrement au Chapitre quatrième. Ainfï tous les quatre quartiers deia Terre, s'ébranlèrent en mefme tems pour les dif- putes de Religion : les peuples confederez devindrent ennemis conjurez. Véritable fentence de Nazianzene, qui dit en fa première Oraifon de la Paix, que comme il n'y arien qui réuni ife tant le cœur des hommes, qu'une -même opi uion en la Religion: aufli n'y a-il rien qui plus les defv ni (Te, que la diverlitédeReliçion. ir. L e C iel courouce,par divers prelages avoit montre 8c

leChtad- aux uns & aux autres, les aprets qu'il faifoit pour les cha- vsrtit Us tlçv Par ^eur Propie main. Toujours Tes éclats devancent h>mm:de de bien loin \r les coups , &lesmenaifes les chatimens. leur mal- Car comme le Tonnerre brille & dardelle Tes éclairs au ixur. travers dzs nuages en l'air , qui bluette tout en feu, mur-

mure & gronde plutoft. puis d vne horrible voix, fecouc les fondemens de la Terrej avant que de Ton carreau il ê- carrelle les rochers , & efîime les pointes qui menaffenc les nues , rempliifantd'erîioy toutes les campagnes voi- CàrKP*~ fines- Ou comme, quand la Terre ie veut entre-ouvrir& TMtjtm. crevalTer pour revomir les vents qui font referiez dans fes entrailles, & engloutir la charge qu'elle porte fur el- le , pluileurs tremblemens & fecouiles vont au devant, divers lignes paroiifcnt , voire certains oifeaux voletant alentour convient par leurs cris & battemensd'ailes,les habitans a quitter cete malencontreufe demeure. Les bétesmefmes venimeufesfortent de leurs cachots pour chercher vne plus aifeurée retraitejAinfi le T o v t-pvis- sant, qui par la cheute des petites chofes , nous aprend la ruine des grandes, & quid'vn oeil tout-voiant, voit au travers des liecles a venir toutes chofes prefentes avant qu'elles foient avenues , ne déployé pas loudain fes ver- ges & les foëts,lors que les miferables mortels, mortels ennemis de leur falut , provoquent fou ire & ion cour- ioux: Mais fait que le Ciel par divers prefages envoie les premières nouvelles aux hommes, pour les avertir que le Seigneur couroufsé veut prendre la vengeance de leurs méfaits,& que ce foit un commencement de lapei- »e3&du châtiment pour la peur & épouventemenc qu'ils aportenijécrit Eufebe.lcs Aikes fcPlaneties font

Je*

L X V R E i. tr

IesHuifîîers&Heraus Je ce Roy fouverain^ qui ajour- nent les hommes pour les avertir en gênerai, des remuë- mens quife préparent dans les Cieux.

Dieu , le g rand Dieu du Ciels 'égayé quelque foii £ » £.

A rompt h a ut & bas de Nature les toix: Demonft*

Voulant que les effets de Nature contraires Evan*. Soièzt les avant -coureur s des futures miferes.

Ce s lumières celeftesluy fervent de Table tes, de Li- Les Table- rres, deRaifons, de Regifrres,de Mémoriaux pour nous tesducitU y faire voir les fainéts décrets , & ordonnances de fa Ma- jcfté, les traits & les fléaux de ion ire menaçante: &ouis que les fruits de fa bien-veillance & réconciliation. Et ne fautpas douter que le branle mefme de ces grans cors étoillez ne verle continuellement fou influence fur la matière élémentaire, & n'imprime Ces vertus, aétions,& qualitez fur les choies inférieures , lefquelles malgré quelles en ayent, font obligées fe compofer a leur ca- dence fuivant l'ordonnance du Tovt-pvissant. Toutes les parties de cet Vnivers,font cimentées & aflo- ciées par cet heureux Mariage, que Dieu comme le Para- nymfey aétably dés le commencement du monde. Elle s'entre-communiquent réciproquement leurs actions &c paillons , par les prifes & é train ces dont ils fe lient & en- tretiennent, manifeftent, & perpétuent les loix&les effets de leur alianceperdurable.

Par ces meiîages & truchemens muets , qui par- -Ir lent par leurs figures, & qui font les principaux in- Le$ r'uims ftrumensde lapuilîance celefte, elle annonce fouvent ^sEiats lanaiffance, changement & ruine des republiques, la L^or 2 perce des batailles , conflagration des Etats, la mort Machab des Rois& des Princes. Ainfi qu'il avint lors de céte Sap Jy * grande perfecution émeue contre le peuple d'Ifrael Euf.ltb' f par Antiochus x furnommé La racine du péché, lors a/â £cc{ que Dieu voulue retirer fon peuple d'Egipte. Prodi- ^ ' j ' ges étranges que l'Hiftoire facrée raconte. Lorsque r>emonff Xerxes couvrit la terre d'vn milieu d'hommes ar- avance ' mez, lors de la prife de céte coriivale de la grandeur Ro- 2 Macb maine, par Scipion. Lors de la guerre civile encre Cefar j & Pompée ; Lois du maifacie de ce premier Empereur:

Lors

rz I)s la Naissamci de l' H e r e s i ë, i.MAch.i Lors que Brunehaut & Frcdegond'e , afin qac ic parte à Cap. n. nôtreHiftoire, femmes renommées en méchanceté,ex- N/'«/. lib. citèrent tant de Tragédies en France.Lors que les guer- 4f.cap.3ir res civiles de Louys & Federic qui debatoiét pour lEm- Annal. pire. Lors que les fièvres côtinués & les grandes guerres Annaki commencèrent d'aiFailLir le Royaume de Frâce au tems France, de Philippe de Valois. La mort de plufieurs Monarques & Princes , afin que ie laififc infinis autres exemples qui fetrouuent chez les Autheurs qui ont tenu regiilre des chofesdecemottde. nrr. Mais ce qui eft plus admirable, ces mefmes Aftres-

lis chair nous ont fouvent montré les châgemens & altérations gemem de advenues en la Religion, foit pour la manifeftation delà Religion, gloire du vray Dieu , foit que pour la punition des mé- dians , & l'exercice desi>ons, il ait abandonné les peu- ples à la mercy de Sathan. Ainfi voulut-il annoncer le merveilleux changement qui aviendroit en la Religion à la venue du nouveau Meshi e, par la grande conjoiî- Zvang* cliion de Iupiter& Saturne, qui devança la Nativité, montrée peu après par la naiiîance de la nouvelle Etoil- Yoy Baro. le meffagere de nôtre rédemption. La ruine du Paganif- Av.Totn i me par l'aparition de la Vierge auCiel, qui fut veue Fi. Ber- d'Augufte dans l'Iris celcfte , comme aucuns ont écrit. gamin. La déplorable cheute de la miferable Sibii par mille di- M*>itu*n. vers avertillcmens qui devancèrent fa ruine. Ainfi Her- Aibwn.-i. mes & Aitalias, comme dit Albumazar, par le ligne de la lib. C. t;t- Vie; ; i irqué la Vierge Mfre nourrille du

troinH. iiUdcD: elle cec Arabe décrit comme dans vn

in 4iiro.de Tableau, ne pouvant pourtant reconnoiflre lbn M e s- nat.firno, h i e tant attendu. L'aneantiifement de la Religion lu-, Strofirui daique, par 1 effroyable & menanant Cornette, qui pa- fur U Sft- rut li long-tems far la Ville que Dieu donnoit en proyc te de Prë- a toutes les Nations de la Terre. Ainfi l'étendue du dm. Chriitianifrae , par ce victorieux figne qui apparut à

lofefjib. 7 Conftantin, au Ciel -t Les victoires Chrctiénes de Theo- DebtlL dofe, par céte Etoilleporte-épécnon jamais veùe. Àinfi Cap. i2. l'Herefie maudite d'Arrius, qui dsrfii la Trinité, par Zufibd.r. plufieurs Prodiges veus au Ciel : Ainfi la venue du mal- lus!. Eccl. heureuxlmpofteur Mahomet, par Céte grande conjon- Nvef.U.S. ction qui fefic au Scorpion, lors que les Arabes fe revoi- ci /j, terent contre les Empcrcurs,pour établir la Loy de leur

Elnabi,

1 I V X. S 1. ÎJ

ïlnabi, qui depuis a feigneurié tant de Nations. Ainfi la Eiftp. îib. ccnverfiondc divers peuples à la Religion Chrétienne **c*3j* par les grands Eclipfes qu'on vit au tems de Charlema- Voy lt cnc. Ainfi les victoires de fEglife fur Henry cinquième, texte AU Et fur le Sultan Selim en céte fameufe bataille de Le- bumAz.nu panto pendant la fainte Ligue l'an 1571. par l'apparition StlonU des Croix Chrétiennes veuës au Ciel dans la Ville de verjion de Conftantinople. Ainfi l'Exaltation de la gloire de la fa- Strrficrw, crée Mère de l'Eternel par les feuxluiians qu'on vit Ann. en plainiour defeendre du Ciel l'an 1555. fur la fainte Kttulk Chapelle miraculeufement tranfportée delaSyrie,en la Cornes Mb, marque d'Ancone,dans laquelle voulut naitreceluy qui 2J.HU2. Te fit Homme pour nous faire Dieux. Ainfi l'établiiie- Atoïla, ment de l'Evangile au nouveau monde par céte pyrami- Bifioiredê de de feu qui demeura fi long tems fuipendue en l'air, Loretelit fur la Ville de Mexique. Ainh l'Exaltation delà Croix 3.th*p.i+ <kns le Royaume deSathanpar celle qui fut v.euc au Mtjfeus l. ■Ciel l'an 151®. aux Indes Orientales par Albuquerque & s.Btsl.ln- tous les Portugais qui profternés à terre adorèrent ce diea. glorieux ligne avant-coureur des victoires qu'ils rapor- G*J}>*r terent: ligne qui parut encer au Ciel l'an 1560. Ainfi les in "Epiîî. perfecutions contre la jeune Chrétienté du lapon, par Voy N/V*/, ces horribles Se inouïs tremblcmens & comme combas /. *3*c.j 1. afîienez entre les puiiîances infernales avenus en nos ItnjsyÇ. jours. Ainfi l'entière ruine de l'Idolâtrie, que nous de- vons efpercr fur ce déclin dumondc, parla cheute de fix- cens Idoles, & foudroiement de céte eminente Statue diabolique élevée dans le Potoque des Iaponnois. Et au- Lettres dts tresfemblables évenemens qui ont regardé la Religion, M*rty.dsi . prefagés par infinis Prodiges,prodigieux par infinis pre- I*fon, iages, lefquels on a remarqué au Ciel, & qu'on voit au cours de l'Hiitoire de la naiflance, je unefle, & vieilleiTc du monde.

O R comme les plus remarquables accidens avenus ▼. oc puis fa naiflance, ont été prédits par les Aftrcs , ainfî "Divsn qu'il eft aifé avoir à celuy qui voudra parcourir tous les prodiges fiecles paflez: Je mefme aviendralors qu'il fera proche q*onvit ex ion trépas ( car ce grand animal , lemcmde, aura fa «« Citl mort,comme il a eu fa naiflance) ayant ce dernier chan- frediftm gemét qui doit avenir a tout cet Vnivers, quand l'iiom- /• Schtfmê me dépêché changeiaie facrif.ee perpétuel, & portant tnl'Eg'ûJè.

vnc

14 £>£ la Naissance de l' Hérésie. lors de vne nouvelle Religion au monde établira l'Anrichri- VAntith. ftianifme, fefaifant adorer comme le vray Dieu, dit l'Apôtre.

Alors l'arrivée decemonftre deteftable nayala rui- ne des hommes , Te verra comme tirée & tiffue dans les fuperbesmanteaus de la nuit. Mille Prodiges devance- ront fa venue: Tous les Planettes, tous les Elements,dit la fainte Parole, publieront comme des portillons cet é- Voj S.Hie- trange changement, quidoitavenir en la Chrétienté. rof.Hom. £n ce ttms, dit le Seigneur dans fon Evangile, les verttti du SJ-tncap» Ctel feront ébrenlées : l'ont fera pefe-mefle. Cet ceil droit du ¥■' lr** Ciel, Image de Dieu,qui fouloit afertiler la terre,perdrà fa force & fa clarté. La Lune ne pourra emprunter fa lu- mière, les Etoilles cherront à la naiifance de cet Ante- chrift, commes elles parurent à la naiifance de hsvs- Christ, & tout prédira ce grand & prodigieux chan- gement , qui doit avenir en la Religion Crétienne. lefe- ray, dit le Créateur, que toutes Us ttotlles du Citl, 6 homme, faLaindrontfurtoy- Ferme ferme, mperbe, tacuriofité, & ne t informe plus avant, ains confidere, qu'il femble dé- jà qu'en nos jours le Maitrede l'Vnivers aitprofetisé, parles mêmes vertus du Ciel fi fouvent renverfées, le Schifme avenu en fon Eglife &le foulevement detant d'Hérétiques & Schifmatiques, qui viennent préparer la voye& frayer le chemin aceluy, qui furies derniers fiecles la réduira aux dernières tenues. Confidere que le Ciel n'apas étémuet à l'entrée dufeziémeliecle, pour y. \i rr, nous prédire l'arriuée de ces precurfeurs du dernier ad- X vcrfaircdelE s us-Chris T.LeSoleil,la Lunc&Iesau- ^ . . très luminaires que le grand Architecte a difpofé dans les voûtes cindrées roulant les vnes fur les autres, furent lesTrôpettesdesmiferes & calamités qu'il verfa a plai- nes mains fur nous , & les ménagers des inefperés chan- gemens & remumens étranges , qui peu après avindrent par toutes les parties du monde pour l'innovation intro- duire aux Religions , que les peuples avoient receuie Lionemet ieUrsdevanciei'S. Et comme l'Areopagite s* écria, voyant &eb.Dtht4 le Soleil fe revêtir de dueil trois heures entières fur tout l'Emifphere, lors de la mort de fon Créateur, la Lune c- tant fous la terre: Ou le Dieu de U Nature foujfrt, ou U Ma- cbmcvnivcrfellcft dtjfiur.hufti tous les Aitioiogues, éton- nez

L I T R « I. r?

aez devoir tant de fîgnes & pallions parmi les Regimens Voy QBfi de la Gendarmerie etoillee, tant de tnftes & hideux re- tuirj R££- gards des Planettcs, leurs admirables conjonclions,ren- fîorij Mm- cotre des hautes, afpects des baltes entr'elles,ou avec les them* hautes, & les Etoiles fixes , qui dévoient avenir au cou- .rant de l'an mil cinq cens du lalut éternel, crioient tous d-vne voix, que quelque nouveau malheur hurtoit à nos portes,quimenalfoitlemonded'vne grande révolution. Cardepuisque les Cieux ont commencé de rouleries mefures des tems , il n'y eut iamais llecle agite de plus é- tranges mutations queceluy dont nous venons d'ache-* \er la courfe.

On vit de merveilleufes habitudes des Planettes, Chofes t- plufieurs étranges eclypfes , plus frequens qu'ils ne franges j- furent iamais en|fiecîe quelconque, plulieurs effroia- vtc Aftuu blés Comètes affreux & formidables , qui ne font pas . feulement des exalations chaudes & leiches , attirées en la plus haute région de l'air, puis tpaillies & cuites par le Soleil, mais plutoft des cors nouveaux créés &alluj§ mczparl'exprefle ordonnance de Dieu , pourferuirac terreur au monde. Onvitauili trois Soleils, trois Lunes, vue nouvelle Etoille , non iamais veue & découverte à Voy Sttêf» nos devanciers, vingt conjonctions en vnfeul mois, dont les feize fe rencontrèrent en vn ligne Aquee,prefage d'vn grand changement, non feulement aux Royaumes & Provinces: mais aulli en la Religion, à caufe que toutes les Planettcs fe trouvèrent avec le Soleil envnfîgnebi- corporé: lequel témoigne toujours quelque mutation. Ain fi qu'on voit ordinairement par les quatre fignes de l'année, qui fe changent en fîgnes bi-corporés, Gemini, Virgo, Sagitarius & Pifces. Comme aufîi la combuftion des Plantues pour s'être rencontrées foubs les rayons du Soleil, defigne celle qui fe devoitenfuivre en la Reli- gion , la violence de la guerre feroit entremêlée, à cauie qu'elle fe trouva en la triplicité de Mars. Tous les *7

Aftrolcgues , di-je, qui vivoient en l'Aile , 1 AfFrique, , Artr°. &lEurope, tenoient leur jugement en fufpens , ^uts *" tous coups fe trouvoient écartez de leur route, voyant tonnez* l'entrefuitte & diverfïté de tant de changemens & de fi étranges remuëmens aux Aftrcs , que le remarque- ra)- au cours de i'Hiftoire de i'Kercue", au même tems

qu'ils

ît Di la Naissanc! d'i L'HlJltilI,' qu'ils avindrent. Mais fur tout ils demeurèrent éperdus Zttgrar.de voyant ctte grande conjonction de Saturne, Iupiter 6c conicclion. Mars , au figne des Poisons , la même qui étoit arrivée au tems de nos premiers Pères, lors que les Cataractes du Ciel furet ouYertes,& qu'vne générale ravine d'eaux couvrit Scdévifagea la face de la Terre. Tous réitèrent en effroy & en attente d'vn fécond déluge d'eau,mais ce fut vu déluge defang , qui s'épandit fur toutes les par- ties du monde, pour les difputes des Religions, lors que les éprits nouveaux-nés & malencontreux, voulurent troubler la confeience des Peuples,& contre le confiant vonfentement de tous les ficelés paiTés mettre en crédit des opinions iufques à ce tems-làinconnués.Ils fe trou- vaient bien empêchés en la curieufe recherche de ce qui jnnepeu ^yQll mivre tant de menaffes du Ciel : car encor qu'on ftu attatn ^^ pUjfl"c attaindre à l'incomprehenfible diverfité des ace~ puitlancesfc effets des cors celeftes,& que nos yeux foy- notjjance ^^ ^^ louches pour pénétrer dans les fecrets du€abi- es effets net ^ Dieu,afnn d'en préfentir les evencmens,& qu'on es cors ce- ^ ^oive croire que toutes les détinées publiques & par- ticulières foyent marquées comme en vn Tableau dans les Etoilles fichées au Ciel, avec lefquelles il foit necef- faire de confulter nos entreprifes &deffeins, &les tenir comme arrefts & ordonnances de Dieu. Ainfi que les Caldéens & Stoïques ont fottementpenfé, fi efl-ceque D'vn long vfngs, & longue expérience Par maint exemple on en fait la ffience. v -tj A v s s i ceux qui en la foigneufe contemplation du

" ? Ciel, & des Planettes, ont par vne longue obfervation en: lunf- ' , . il/ & c

~ ~ s rcmarq ne les cours des choies , nous ont tait reconnoi-

/ , - ' tre que les Etoiles par lapermiffion du grand luge du

monde,ont quelque jurifdiclion fur les hommes.

On reeonneit que tout

Prent /on être en [on bout

Des telejles Chandelles,

Que le Soleil ne voit

Rien ça but qui ne foit

En fervage Joubt elles.

Et comme on voit de la diverfité en leur clarté , Auffi

font elles diverfes en effets & opérations. Us vea* feront

t n ftgne > diioit le Verbe lors qu'illcs c.rca: Auifi

J?>uanÀ

m*

1 I V M I. 17

QuAKdeetci,îff Jélaucke , o frfie rmfl.e change

Sonortiretoulumier tn un d* for Aie en ange. C'est ligne certain & infaiilib'e, que fou Créateur e'ftirrité, & nevii-on iamais quelque choie extraordijr naireen ces.Iuminaires, & quiaytoutrepalîé>ou gauchy ]'acourun;c chemin de la Nature, qui n'a!t érciuivy d'é- tranges accidens. Jamais Eclypfe ne s'eftévancuy , ja- mais Je Soleil n'a été en travail , & la Lune en defaillan- ce.lans quelque accident remaïquablerjàmais Corniste Teutoun n'a paru, fens trainei à fa queue vne longue queue deçà- le>retnue* lamités & miferes; commejamais-on n'a rencontré Sa- fT3em **u turne & Mars, iur tout en leur vigueur, étant les autres Ç*y tnar~ Planettes affaiblies pai :1a force ce ces deux , qu'une ge- 9**** teU* nerale ruine ne fe ifoit t'pandué fui les Peuples , furlcf- delAttrru quels la vertu de ces deux Planettes s'eft étendue. Si quelque A fit eau malin regard,

Allume SAturne &l iTfibrafe,

J71 déluge vient de fa fan :

* ; le Soleil ou L i§nf*jpt

Vn £! fier a l > m braf ment

Ita le monde 1 enfumant. Or tants'enfaut que la recherche qu*on fait delà t VI* puiflance admirable des corse clef: es lut les choies de ce C e^'e^er monde, diminue lagrandeur & Majefîé deDieu, qu'au ^teuaat* contraire il en eft plus glorifiés Car outre que c'eft mon- tTi^ti<r trer qu 'il a foin des afraires des hommes , contre l'opi- cetetUfJ~ Dion de quelques rêveurs, la tcute-pu;ilance du Tris- /*nfe *UK h a v t fe manifeitç davâtage, puis qu'il fait que ces feux £&**** ceitftcs qui font les créatures, ioict redoutez comme les 'Vy&yeèê^ ambafladeurs de fes con mandtmens : mernement es t-S>-**D*- çKofes grandes comme es enangemens de nations, Em- rr'cn^- pires, &l que comme il a ordonné* de gràns & épouvanta- E^";t£• blcs prefages,dontil nousmcnafle Jorstiu dernier chan- gement de rVnivers.qu'auiïi iien fait veir tous les jours tsevenemens piui remarquables des affaires de ce mon- de. Aufli eft-ce faire injure au Créateur de penfer qu'il ait cieé &diipolé tant d'Aftres & planettes en ù grand nombre, tournoyant d'vne confiance admirable, parvn orciie fi bien régie, pour ne fervirejue de parure Se orne- ment.

Et que tcw. ca f&mbeaHx,

i8 De la Naissance de l' Hérésie. QMp*JJcnt en grandeur ey iaTtrre & les Eaux, 1 u)ftnt en tain au Cieljans fi voir eutre charge Que de fefri mener p*r vn Palais fi large. Au contraire c'eft entrer -en lavraye confideration de ces œimrcs , quand on reconnoift que ce grand & mer- veilleux ouvrier par tels avant-coureurs , annonce fou- vent , & montre aux hommes quelles font les ordonnan- ces &les,decrets du Ciel , comme il a fait en nos jours: S l ai"fique!a fuitte de céteprcdigieufeHiftoire de l'Here-

^ann ho. une necefli ou fatalité irréfragable. qui rende efclaue&

?■ Ca. il.

rf. J'f aiîiStoïquesj & Pic delà Alirandole aux Aftrologucs,o£ ' J*' fencé de leurs prediclions cuiluv defïinoientlamcrten

iujettenôtte volonté, comme reproche Saint Auçufh'n de Ciut. - - - -Y-

predictions qui luy defïinoient la mort en fan trentetroiii émedefon âge, qu'il nepeut pourtant é- viter.Ce n'eft pas qu'on veuille

Attacher PZîcrnelal* durecadent ï)e lu ;it cfjjîi éd'ua n eu dsa tn^ntin^ fnjfant.fis Itkrtipiez d*ns le cours du defiin.

, Ces T a faire aoxDemocrites, Empedocles,&Hera*.

li n *~ dites, avec leur fatum de vouloir obliger Dieu à la necef-

ai bons gt^ ^cs éyenemeiis que les Etoilles nous marquent, coin-

teu azn n,ejj toutes chofes arrivoient par un deftin inévitable.' ja um. c»e^ a f;jre^ par un orjre naturei y ordonnez de tout tems aux chofes enchaînées tellement les unes aux autres, & avec telle liaifon que la Deitémefme ne les pourroitd en- joindre, comme difoient ces PhilofofVs& les Poètes Pai- ens: C'efr courquoy Komere& les autres peignent leurs Dieux témptftans dans le Ciel, dépits & mutinez de ce qu ils ne peuvent rompre le deitimCeux qui font inOruir s oans la\ rave école delà fcgeiTe fe moquent decétefole predeltination , qui veut aiiraindre l'Eternel a la ncccfli- té,& obliger la naiifance & la mutation des Empires, Royaumes & Religions, àce^rand livre du monde, err.- praint&grav^ en caractères cierts, encore queieion le ïùgementdcplufieûK il contienne l'Hirtoiredes choies liLiiiùines, long rems devant qu'elles foient ccuçeu'es,

pro-

L I V K E î. 1$

produites & enfantées. Nous difons qu'il eltennôtre pouvoir d'éviter les menaffes des Etoilks, &échaper le coup.

Le fige feulement

A le cemmandemmt

Sur céte épciJJ'g bandez

"Et fur elle sur a lieu,

V homme Saint qui craint "Dieu:

Car Dieufeul luy commande. Auffi il change fou vent ça bas le jugement qu'il a fait r\'eucj *m de nous haut, quand la pénitence repare nos fautes,ou r quand nos larmes fubmergent nos péchez. C'eft elle qui s

romp le front du deftin , cafle & annule les iugemens de l'Eternel. Oyez comme ce grand Dieu parle dans Eze- chiel: i>i ce peuple fait pénitence Je Jès fautes, te fer ay pénitence in cbaïîimeni que i'avoù ordonné contre /«y. Tant ecte bonté divine s'accommode à nôtre infirmité. Apres l'arreft de mort prononcé, ilfeelle la grâce, & donne lavieàceluy quiéroitlaproyedelàmort. Abraham Aben-Efra grand 'Aben-Tf* Docteur entre les Rabins, difeourant fur ce que Dieu re- f4s tirales enfans d'Ifraél defervitude , dit. Que le condu- cteur de l'univers, voyant félon les influences des Aitres &Planettes, & comme lifant dans les regifhes & proto- coles, qu'il devoit demeurer plus longuement en captivi- té, tiré à commiferation, &c émeu de la charité & amour qu'il port oit à fon peuple , changea de fa propre vertu conftellation &les afpccts des lignes , pour abréger le temps de leur exil , comme il fit. C'eft donc la SagciTee-» ternelle& première caufeincomprehenfible, infinie, qui conduit & modère l'ordre & la fuitte des caufes fécondes, les émeut, arrête, & change, quand & comment il luy p!ait, nous faifant voir ce pendant pars divers moiens, dans le miroir du remos prefem,la fuitte &l'avenir,com^ me il a fait en ce liée le dernier.

C O M-

le De la Naissance de l'Hérésie,

C O M M E N T D I E V PAR DIVERS

moiens annonce fou vent au monde les miferes

qui les fuirent.

Chapitre III.

la voix eu fetyîe ir.en."ffoit la Chrétienté à f entrât d* te fût le. 1,

rhu fimvent fs-r ce meien étnnùÊU va tri fa es.

3- \ CtU azoit été prtdit far quelque; fe>.rtu*.lurs.

4- ïj'zn Cordtlur c,uifrccloit le Scht/me de Luiktr *- vant fa xtntië.

S-

Cl e fus remarquables de lét

hcn.me.

6. Ti.mcrii ci.t frtdit aux

Idolâtres le un dtziftms

peur leur l\tl:gton.

Toutes ces prédictions ecleites qui pa- ::.àuU'u grand étonnement du monde, s'acorda la voix du peuple en laquelle Te i ovciu fouventefois de merveilleufes pro- neftications, Se d'où, ainfi que les anciens augures du voi des o)feaux,on tire des pré- faces qu'il ne fçait pas luy mêmes , comme s'il y avoit aux hommes quelque verni fecrette,quiÉftprerTentir de loin, le bien ou le mal qui les talonne. Lavoix du peu- plent l'ancien & véritable proverbc,eft la voix deDieu, qui eft laméme vérité. Lors qu'on voit qu'vue opinion eil imprimée en la tcfred'vne multitude, & qu'uneparo- le foriaiu d'un milion de bouches, rend un même ton, teu:ours confiante &: iemblable , l'on iuge que ce n'eft pas le témoignage des hommes qui ont l'amedouble,lc jugement variable,laparoleinccnitante,& les opinions av. iî: civerfes eue les vifages ; mais que c'eft la voix im- ; le de Dieu, quiparuncimpreifion oculte , impri- me en l'air les images véritables des choies , comme di- Jbit Dcmocri:e; 2: par une tranfpiration ou inspiration nue cv empraint dans les ciprits des i. ;.,..... : que la voix populaire, cor i

Héraut

L I V R E I. 2T

Héraut & Trompette , pat ce cri commun & coufentc- ment univerfel , que les Grecs appellent EioTioforaie, preauonce & prononce fou jugement fur les choîès non avenues plus certain que quand il parle des prefentes, (e trompant bien fouvent en celles-cy, dit l'Orateur^LÊ chines en l'Oraifon contre Tira arche ., mais rarement aux autres : la fauceté ne fuit gueres ces braits cqn(tan> & permanens dupeup!e,voir qu'ils fe trouvent d'autant plus véritables , que moin; 01 ne peut reeoiinoitre les Autheurs: comme îï cela partout! une fource plus hau- te que la voix des hommes, tout ai nu* que par fois on voit qu'une terreur Panique fe giflant dans les armées, *ptrr9U, fait que les foldats mettent le dernier efpoir de falutà paaixug l'agilité de leurs piez pour fuir , qui le fouloient avoir à *

la force de leurs mains pour frapp er,{àns rccormoitre le fujet de l'efftoy qui leur glace le cœur , ainfiqa'ii avili: en la bataille des Athéniens & des Perfes.

Les Çilsmétmtdei D'aux fuient tnjès terreurs, D i t Pindare : Ainfî voit-on fouvent des bruits con- ftans, 2c neantmoins incertains &fans fuiet, en la bou- che de 1 inconstante multitude qui fe trouvent en fin ve- .s. Lors que tout le peuple Romain étoit atentif aux lices &jeus de la courle de chevaux, un bruit foudain s'éleva que P. iÊrailius avoit conquis la Micedonie, &; gagne la bataille contre le Rot Perfeus : Oa nepeut ja- flatatqne "in us fçaaoir,dit Plurarque, fauteur de ce bru;:,qui s'a- foit fondre en l'infinie .multitude perdue dejoye, chan- tant les triomfes d'une çhqfe qu'il ne pouvoir içavoir: & comme à tout cous il fort hors de foy cLaJegrcflè , te- nant pour certain & véritable un bien déliré & non en- cor avenu: de même bien fouvent éperdu , il pleure,crîe ci une voix lamentable & funefte, que tout eit perdu, îi a qu îlque prell intiment de fou defaftre,& pouffé par je ne fçay qneiinftinct, atend lu: (on chef, le coup qu'il pre- ioing tomber du Ciel, lors mêmes qu'il n'y à rien ►pa'fince humaine dequ oy craind:e,comme nous a- voas fouvent éprouvé à no^ dépens. pendant la longueur Sâ.ierl. r. cie ce miferable Schifne.

Lors que Dieu décréta au Ciel la destruction de ce- n. te ville qu'il avoit fi chèrement aymé,il annonça a ce mi- D.V* /;•<. ferable peuple quifutiaproye & la haine de l'uni vers,fa vtnt par

B 5 det-

t^ï./L

'<ni-

tiitm.

E-trip.

in

Rhet.

Paît/4

in

P!n-

2a De la Naissance de l* Hérésie. dernière milêre paria propre coufeience, quilemarte- ee moyen \Q[Zi «^qui arrachoit delà bouche la profetie de fa ruine tnonttnoi &defolation, fuiviequant & quant d'infinis autres pre- mijCrcs. ûges: car c'eii l'ordinaire train de Dieu, de nous faire en - tendre par diverfes routes les cours de nos deftinées, atta- ches à fa volonté. Longtemps avant que les Chrétiens enflent ancré auxlndts , & quel Evangile fuit partie de l'Occident, pour s'aller épanouir en ces belles & riches contrées a nous cy devant inconneués, cela étoitenla bouche de tous , qu'un iour un peuple portant barbe au menton, leuranonceroit la nouvelle d'un nouveau Dieu. De m émes en notre Europe , avant que ce te petite bluete defeus'alumâ: en Saxe., toute la Chrétienté étoit en alar- mes: chacun éroit en efFroy de lémbrafement,plutoiî que la flamme parut, & craignoit le naufrage a/untquela mer fut feulement émeue. Toutle peuple&deça &dela

- ., leRhin, étoit en appreheniîon , que l'Empire Chrétien Trovtdm- , r ce 0 i— ir- j"

. _. uuroit beaucoup a fourrnr , & quel Jighterecevroitd e- ce .U DiCU r rr* ^ n. •* D j i n.-

transes lecouiies.C eir un rayon 6c un crayon delà mince four ta- j i-n ' i r-t i D

*„ , de Dieu, également vilinle & appâtante aux ignorans &C

Striure la j n. V r i - j r / rrti

.; ^ aux docces,deiie le contenter de rendre ies cents niables,

v" " j les pab!ier, cle/er Se aiieher dans l'airain des Signes cele-

ftés, pource qu'ils ne pourroient être connus qu'a ceux,

qui la veuë guindée fur les ailes de la Méditation, &de la

profonde counoiiTance de l'Àitronomie, autraversde ï^épaiffeur de l'air, pénétrant les fecrets celeftes,fecret:e- ment ngninés clans les lignes des Cieux. Ecnonpourles indoctes, qui eftimans rien qui foit au deiTus d'eux, n'ap- partenir a eux, fichent comme les enfans de la terre con- tinuellement les yeux en bas, ou plutoitvivent dans la terre fans yeux, comme ces animaux que la Mature a condamné a perpétuelles ténèbres. C'eit pourquoy,non feulement il publie fes décrets Se fecrets hors ies hom- mes, mais dans les hommes , & par les hommes, afin que nul d'eux n'ait dequoy s 'exeufer pour les avoir ignorez, ny diilimuier qu'ils ne foyent venus a fa notice, & ne puif- fent murmurer contre luy , 8c fes iuftes chatiemens; Rien ne nous eft avenu que céte voix populaire ne lait plutoft annoncé. Dieu, dit îofefe , cherche le bien & le profit des hommes, & leur fait fçavoir de bonne heure en diveries fortes, ce qui leur eft falucaire. Mais ils h/endurent les

maux

Livre T. tf

maux que de leur propre gré, & ne périment que par lem *■ propres fautes, comme difoit le Profete.

Le peuple c& en effroy prévoient fur tke Le cêMptjtnber du Ciel cependant napstie Ri/» pour parer aux coups.

O r non feulement la voix' générale du peaple nous rIrf"

predifoic cet orage qui devoir agiter te Nefdefainctl Celtavnt Pierre, m a;.s aufiT plufieiKs particuliers pbnffezdel'EC ^itred-t prit de Dieu, faifoient comme l'inventaire de nos maux: par^r4ei[ la vierge Hildegarde en Alemaigue , me&agere de la di- 5 ^K- vine majefté , avoir prefque marqué le tems des defolâ- ti-idie*s tions qu'on aveu depuis en la Chreftienré; Pauvre Egli- 'rfjfrfa fe, difoic-ellc, que feras tu, tu feras foireeiufquesau ^^ fang, mille Herefîes fourdront dedans toy. A peine leur pourras tu faire tète, tes maifons facrées feront honnies les chofes faiutes profanées, les Princes s'élèveront, & les peuples prendront les armes contre toy 5 tout conipi- rera ta ruine.

Le; premiers hommes fe laiiTerent aller au luxe & à ladilfolution, &Dieu noya I'Vnivers; les derniers fe lairront emporter à l'incrédulité, Se Dieu leur ôtera. l'EgiiCe, tous les écrits ne chantent autre chofe, & ne fi- gurent quepuiiitions, vengsan ces, fléaux, maflTacrcî, mortz & ruines de céte^pauvre.Eglife Catholique, la- quelle en fin ayant recueilly fes forces , dit céte vierge, remettra à la cadene ceux que le diable avoir détache pour la perfecuter. Apres celle cyHierôme Savonaroile, Savon** Religieux de l'Ordre faint Dominique, ne ceifade rem- toile. plir la Chrétienté de femblables prédictions, & les gens d'E^life d'étonnemens. Comme fit un Alfaquis, les* Mofquées des Mores de Grenade, predifan t leur ruine &: l'étendue de l'Evangile. Ainfi faifoit lePerfan Tekëî, T.kel. qui de fa Grote prefageoit aux Mufulmans la diviuon de Sac d: Râ- leur Empire, fur Iadiviiîondeleurf^cte. .melêrsqxs

Ainfi avant le fac de Rome un homme inconneu Charlelde couvert d'vn cilice, aiîeuroit aux Romains leur pro- Bourbon chaine ruine comme je diray en fon lieu. Airifi la vierge fut tué. Elizabeth, prédit aux Anglois l'étrange changement Lib.i.é* «leleurlile. Chofes dit Sander, avenues en nôtre tems, 2.

B 4 quov

IIII. Du Cor dû-

îisr frère Tbomu qui prédit le Schifmt de Luîbsr.

2>îem{Je$ fur lu Guitne.

Trofete i% nos maux.

i+ De la Naissance de l' Hérésie, quoy qu'alors on ne penfat rien moins qu'elles deuiïent avenir. Et Thomas Morus perfonageorné d'inHnies ver- tus, non feulement prévit en fou efprit , dit le même au- thear, ces tempéites prochaines , mais encorii les prédit par le menu tout ainil qu'elles avindrent depuis. A la fuit- te de Hierome, fur l'arrivée de Luther, un bonCorde- Her de nôtre France alloit de ville en ville , de village en village, prêchant au peuple que le Ciel courroucé apré- foit (es foudres pour les accabier,& fes toêts pour les châ- tier. Il eft raifoniiahle que ie m'arefte un peu far cet Homme, puis queperfonnen'ena écrit, &qu il a été la Caffandre de nos maux.

Ce Religieux qu'on appelloitlefaint Homme, étoit nommé frère Thomas, perfonnage d'vne bonne & fainte rie, qui courait le monde, prêchant la Pénitence, & an- nonçant le courons prochain de Dieu. Qumd il arrivoit en quelque ville, toute forte de jeux, débauches & dilfo- lucions en étoient bannies , tout ne refpiroit que pieté ôc dévotion. le peuple acouroit de dix lieues à laronde,pour voir ce fainct homme, de forte qu'il falloit ouvrir les places publiques pour fes fermons: car les Eglifts les plus grandes étoient trop petites, pour recevoir l'infinie mul- titude qui venoit l'cuir. La dernière fois qu'il monta en chaire dans Bordeaux, fut en céte grande place & clôtu- re qui eft a l'entrée du couvent de la grande Obfervance, il dit le dernier a-Dieu a la G uien:, fondant en pleurs: Belle & delicieufe Province, difoit-il, le Paradis du mon- de, tu verferas de nouvelles rivières de larmes : Tu ver- ras les feus ondoyer parmy tes riches campag.ies ,'& ces belles maifons, marque de la pieté & dévotion detes pè- res , donnez en prove aux ennemis de iEglife, qui naî- tront dedans t*oy. Tu verras les exécuteurs & les bour- reaux de la divine juftice , qui changeront a coups de foét les vendeurs du temple } les loups entreront dedans le bercail, déchireront & brebis & parleurs. Bordeaux tu verras de tes murs les Eglifesvoifmes embeafées. A pei- ne echaperont.celles qui font dans tes murailles , la ra- ge & fureur des ennemis de l'Eglifede Dieu j punition tres-iufte, & del'indevocion du peuple, & de la féneanti- fedes Officiers. Mais tout ainn* queles cors faincls qui repofentàTholofc, font les protecteurs, &s'ilfepou-

yoit

Livre I. 25

voit dire, les Dieux Tutelaires de cçtc ville là, Audi faint Martial vôtre Apôtre, ôBourdelois, fera le protecteur delà vôtre. On penfoit que cène ruffcntquéméttafles jettées en l'air pour épouvanter le monde: Car qui eaft peu s'jmaguier a lors que les premiers Chrétiens avoient bâti avec tant de peine & dépence , deuft avec tant de ra- ge&defuric, écredcmolj par ces derniers î II mefon- vient avoir ouy des bonnes anciennes femmes pleuràris, lors que Tan 1573. Romegons vint à nôtre ve'ue , mettre le feu en l'Eglife de Lormont : Voyla , difoient-elles, la profetie du faim homme frère Thomas aco mplic.Ilya encores plusieurs perfonnes vivans qui l'ont ouy dire a leurs pères, lefquels peuvent témoigner que cet homme fut le Profete de tous nos malheurs, parlant de ce qui eit arrivé cinquante ans après , comme dune choie ja ave* nue. Les malheurs n'arrivent pas pour eftre profetifez, ils font au contraire profetifez parce qu'ils doivent arriver, s'il n'y eft pourveu par le retranchement delà cautesAinîi que les faintes lettres nous aprennent être arrivé en la perfonne d'Ezechias, & des Nmivites. Les écrits que i'ay recouvrez de lui ( car la fortune les a fournis à ma curio- fité ) montrent auec quelle liberté it parloir des corrup- tions qui étoient lors parmy tous les eftats de la Chré- tienté, & ordres de l'Eglife, qui on: iuftement atiréle courroux & l'ire du Ctet en plufîeurs lieux. Dans le ber- cail il y avoit plus de boucs, que d'agneau clndignes Pré- lats & Pa(teurs,difoit-il,dans vn difeours iotitufé, Con- ditiones veri pr.îlati, Ce vous eft allez de c^er'?s »** remplir vôtre veutre,aflemblerde l'argent dans le coffre, frtre ^°' avoir la putain dans le iit,Iagi^ife mute a l'é:able,& tout M**' aux dépens du Crucifix, Endifaat, Dominas vobis- c vm: C'eftadez. Une vous chaut li vos pauvres brebis fe- ront faûvées ou damnées. Il tçn oit même langage que Luther, comme je remarquera/ en fon lieu mieux a pro- pos, fur le faj et qui ou fa ie Schifmeen l'Eglife. Mais ce bon Religieux ne toucha que les vices des Miniftres : Et cet Apoitat donna dans la U jetrine ,'qui étoit conferuee depuis les Apôtres jufques a luy.Si faut il avât que je for- te de ce propos que je laide a lapoftcrité* , quelques actes mémorables de cet homme: puis que Bcze bourfonnant s eit ore moqué de luv.

B y Allant

i6 De la Naissance de l'Hérésie, v. Allant ainfî par le monde, chargé dVne fiaire ,"

Chofcs re- monté fur vn pauure Afne, vivant avec toute laufterité m*rqn*- qu'il eitpofîîble , il aborda en fin nôtre G iienne,& cher- bles ds cet chant les lieur folitaires, il fut vifîter la côte de la Mer, hoinm:. yers le Captalla: de Bach: étant en un lieu qu'on appelle, Arcaixon (ainfi. nommé , parce que c'eft le milieu de iArc qui fefart par les deux pointes de Oyflen & du Cap de Finis Terrée) il vit IaMer enflée qui roaloit des fou- dres. Aufîï eft-ceunedesmauvaifes côtes de l'Océan, les dangers courenttrois lieues a la Mer, deforteque quand les Navires fe trouvent affalez d'un grand tem? en cétecôtedenoa veiie , ilsfont perdus fans remilïïon quelconque, parce que le fraim brifepar tout. Sur l'heure Mïrx'.U. voyant deux Navires porté des courans furies dangers, cebo n homme fe jette à genoux, & comme faintHierô- ment autrefois, imprime le ligne de la Croix fur le fable, fait ion Oraifon a Dieu pour le filut de ceux qui étoient batus des vents &hurtez des fables, lequel exauçant Ces prieres,nt calmer la Mer en un mftanr,a la veue d'un bon nombre de perfonnes: De forte quecesvailfeaux (chofe non jam lis veùe) eurent le loifir de fe parer du péril , 6c mettre au large.

Au même rem > , foit que ce fuffent les reftes du bris de quelque naufrage, ou peut-être par nr.raclc, la Mer jet- L* Ch%- tJL ^ar *e ûo:i ttnc Iniage de la Vierge, laquelle ce bon pelken homme releva, &ia portant fur lapante qui tombe en Bach de la Mer, fît bâtir vne Chapelle, qui fe voit encore anjour- frere Tas- d'huy dans les montagnes des Pins , lieu pour fon ailiet- msiS. tcaflfrettx & fauvageaupofïïble , il fejourna quel-

que tems : Il voulut quelle fuft de bois, pourétrefa- cilement remuée de lieu a autre , car les orages & les vents remuent fouvent ces fables, aplaniifent les mon- tagnes, & relèvent au plus haut les valees : Depuis tou- jours ce lieu a été tenu en grande vénération , les Mariniers vont faire leurs dévotions , lors qu'ils veu- lent monter fur Mer, fans qu'il euft fenti la main impie des Pirates, & Corfaires, qui courent par fois afferrer céte côte, fi cen'eft depuis quelques années qu'vn Na- vire Anglois y print terre à delfein , pour faire butin de ïttgemmt la riche pauvreté de céte dévote Maifonj mais voyez le ds Oltu. jugement de Dieu, & comme la peine fui vit bien-toit le

péché.

Livre I. 27

pechê. Ceux qui avoient fait defcente 3 rentrez en leur bott, chargez de quelques ornements d'Eglife, n'eu- rent plutoft prins le large, qu'avant donné contre les écueils , quoy que ce fuit en tems calme &ferain, leur vailVeau print eau . cala à fond à la vc'ùe du lieii faint, té- moin de leur forfait.

le laille plufîeurs autres chofes que i'ay ouy racon- ter de ce Frère Thomas , comme le feu qui sj éprit mi- raculeufement aux Pinades vers la marque en Medoc : le mal de Saindt lean qui faifîc va quidam qui fe moquoit de ce faint homme, le reprenant de Coa péché. En ces chofes ma créance eft toujours lente & tardive , Se ne veus Cuis bonne caution en Iaiifer la mémoire à la poite- rité. C'eftaiTez parlé de luy.

C e même Dieu qui fait profetifer , non feulement vi. les Sages, mais aulîi les fols: qui donne fouvent laque- Les De- ftion& la torture aux Diables, & fait que le père de men- mons ont fonge foit l'interprète de la vérité , voulut que les de- predtt aux mons aux Pais de leur conquête fuifent les prophètes de idolâtres la ruine de leur Idolâtrie, & établiffement de la Loyde leur divt- Iz s us-Chris t. fionpour

HERNANDO Cortes étoitfurlaroutedeMe- laRrfigio. xic, il planta le premier la Croix, quand une voix Voy àCof. forçant de la terre fut entendue, difant fur lepoint qu'on vouloir facrii'icr a leurs idoles. Ce ri esl pzs U voUnte du Sei- gneur des chofes créées, que crin fcfxce. le tems de voire ruine e(h arrivé. Céte voix batoit fans celle les oreilles de leurs fa- crificateurs,comme celle qui fut ouïe melTagere, ditTi- te-Live,de la ruine de Rome au tems des Gaulois, ou cel- le qui porta la mort du grand Pan , ouladeftrudionde Hierufalem.

Le Qu::zocoalt tout épouvanté ( c'en: l'Idole que Uisioïte ilsadoroiencj leur annonçad'une voixlamentable, Par- des Indes. rivée de céte gent barbue armée de la Croix, quipor- toit la nouvelle de la grâce. Ha Dieu ! ditMotecumene, qui fut appelle le Roy des Rois , entendant que les Chré- tiens avoient furgi a fon port, en la même année que Luther forcit de la Nacelle Saine! Pierre : Voie y le peuple barbu, qui devoit porter vne nouvelle Religion en mon Em- pire , ainft, q:ts mm Disu m* prédit. Il faut céder aux deftï„éâs.

Cela

iS De la Naissance de l'Hérésie, Cela même fut annoncé au Roy de Tepico : Car les ef- pris malins getniftoient en ces contrées , à l'arrivée des Chrétiens, qui les venoient chaiTer de leurs terres: eux-méme furent les paranimfes de leur deftruétion, comme fut Apollon le Py chien , importuné par Augufte quiluyrépondit.

JLu terroir des Hehrieux vu enfant R)tnme- Dieu D'vnepucellenéy mt bannit de et Iteu, Contraint de ms mvffer aux ombres tenebreufes: Qrittezdonc mes Autels amet trop car'uufes, Ajf n s i donc tout par tout , les bons & mauvais An- ges, les Aftres,& les Planettes, la voix des peuples Chré- neas & idolâtres , fembloient prévoir les divers change- rons furvenus en leurs contrées , pour l'introduction des nouvelles fecliss & religions. Les prédictions des vns & des autres ne furet pas vaincs:Car les calamitez qu'ils avoient anoncé de parole , fe veirent en cfFecl: par toute la terre,laquclle ( chofe étrange & prodigieufe j s'arma en même tems fous prétexte de la Religiô ; Le mal fraye & fe communique aisément , & voit-on que les Provin- ces de la terre , a l'exemple les vns des autres, en même tems caufent des altérations en leurs Etats, & l'vn baille la difpofition à l'autre, comme le Chapitre fuivanc vous montrera.

O y e z le démon de ce fameux Se renommé Negro- mancien de nôtre aage , caquetant en fa rhime fur l'ar- rive'c, progrez & décadence de ceux qui allèrent boire dans le Lac de Genève ; &dontieparleray enleurfai- fon,

L4C Lem in les fermons f*chironî, Des jours feront réduits fur Us femtinis, Puumoù ,p:iis anypuU toi* défailliront Les Magistrats damneront leurs loix vaines.

C H A N-

Livre I.

20

CHANGEMENT DE RELIGION

EN M E S MI TEMS PAR TOVT LE

Monde & les grands remuemens qui en avindrent»

Chapitre III I.

Changement de Religion en Per/e au commencement

du fetziéme Jiccle. i. Image des Sectaires qui s'éle- vèrent après Luther.

Changement de Religisnen Jjfnque au mtmeums.

Changement de Religioaux Indes en même tems.

S- Changement de 'Religion en U Chrétieté en mime tes. 6. Vire du love fur les étranges remuement four U Reli- gion*

E faux impcfteur de la folle Arabie , fils aîné de Sathan , lequel en tuant avoit plant c fon Elfurcan, côme le Fils de Dieu en mourant avoit étably fon Evangile, jouiffoit de toutes fes conquêtes. Le dia- fV&^W-/^ blelaiilbit fes fucccfleurs en paix , fans trouble &fans divifion, abufez après la vaine fuperftitiô de leur faux Profete , qui n'eut iamais de voix antique pourluy , r.e miracle pour marque de famiflion. Vne grande partie du monde l'adoroit en faMeque, & d'vne même croiance fui voit fa deteftable Loy. Mais l'an mil cinq cens du falut éternel , environ neuf cens ans après fadefeente aux enfers , la fe&e qu'il auoit laifséreçeut vu Lîiand changement , appellant dans l'Etat Turquef- que mille révoltes &confpirations , parlemoien d'vne nouvelle Herefie qui s'éleua : Ce fut celle qui jetta les fendemens du nouvel Empire des Perfes^dans l'Empire des Othcmans. Et qui arma les Turcs contre \ts Turcs, iniques alors joincfts &vnisde forces, de volontez , & dereIigiôs:Carquoy que lous les Arabes , Tartares,& mêmes fous ce .-n^-idable Taberlan foudre delOrict,

unç

r. Change^ ment de Religion en Rerfe,

Voy Biftrtï lié 4io. Vo) le love lib.is.

De la Naissance de l' Hérésie, vne grande partie des peuples de l'Aiîe eufient changé de maître: Si eit-ce que la fecle de Mahommct n'a- voit reçeu aucune altération. On vivoit de même a. Tauris qua la Meke , à Trebifonde qu'a Perfepolis. Maislfmael ilTu du fangd'VfumCaffan, qui envahit cet Empire environ ce tems del'anmil cinq cens, 'changeant la domination, changea aufii toftlaReligion. Ce fut luy qui apporta vne nouvelle fuperltition , en laquelle il a- voit étéinftruitparvn Moine Mahometan nommé Te- kel, tenu pour Profère, reçeu & favorisé de ce nouveau Prince.

Cet Ifmael printlenomde Sofy, c'eitàdire, I'inte'r- pretedes Dieux, nom qu'il a depuis laifsé héréditaire à les luccefîeurs. Le Sofi donc entré en Perfe fous prétex- te d'anonceraux peuples lavraye Religion de Mahom- met , jufques à lors, difoit-il , mal entendue, fe ren- dit à force d'armes feigneurdela pluf-partdes Provin- ces. Il commande foudain à tous fes nouveaux fujets, . de quitter la Religion Turquefque, fuivre la doctrine Ttkel. deHalyvray difcipledeMahommet , félon l'intelligen- ce que Tekel enfeignoit, leur donne trente jours pour parler & confulter avec leur confidence , & s'y refou- dre. Qui refuferade recevoir céte Loy, difoit-il, paîTe parle glaive. La rigueur de cetEdit fut caufe qu'en peu de tems tout fut changé, &pour difeerner fes fujets & ceux de fa religion d'auec les Turcs , il fit prendre le Tul- ban roege aux Perfans au lieu que les Turcs le portent blanc , & les Tartares vert: Couleur qui n'eft permife en Turquie, cu*a ceux qui font fortis de la race de Mahom- Zechr>7i- met. Ce changement de Religion ne fut qu'un pretex- gfimr.t de te a ce nouvel Truchement dts Dieux , pour envahir i el^icn à l'Empire. Il fut mêmes fur le point de fe déclarer Chré- fonè tien, &chaiTantMahcmmety établit Iesu s Christ:

i'Li/j^ire Car il ne cherchoit qu'vn fujet pour fe rendre maître. Le à<:cf.. changement de ReLgion luy en fit l'ouverture. Mais les Princes Chrétiens ne fleurent prendre leur avantage, ny luy rendre de bonne heure la main. AurTis'eft-il tou- jours montré autant amy des Chrétiens,, qu'ennemyde» Turcs 6c des luifs , ayant fouventprefsé l'Empereur Ma- similian, leRoyLcuys XII. ôc les Vénitiens, d'entrer en ligue auec luy pour ruiner de- fcnu-cu-ccrnbie l'Em- plie

L. I V X. E 1. }I

pire des Othomans. Comme a fait Mahommet Empereur desPerfes, IccjueU'anmil fixcehs &vn. Clément VIII. tenant le fïcge envoya vne notable Amballade àRome, pour traiter quelque confédération avec les Chrétiens, contre l'Empereur des Turcs, comme ie pourray dire plus particulièrement ailleurs.

Or le nouveau Profete Tekel, retiré de fa grote, 1:. il menoit vne vie auftere , fe rendit prez du Sofi , & Image 4et de Moine devint bon & grand Capitaine, plantant avec le fer & le feu , l'Elfurcan deHali ancien Profete, oui $*& feul àfondire , avoiteula vraye connoiiïance delaLoy vtnnta- de Mahcmmet. Bien-toft l'Arménie , & l'Alie Majeur fM Lu- faivirent les folies de Tekel , qui arme toutes fes con- tker. quêtes contre les Turcs deffenfeurs de l'ancienne Reli- gion, fondée fur l'intelligence que Homar interprète H*li. de la Loy Mufulmane leur aveit laifsé : Car comme Hem*r, Hali eft l'Apôtre des Perfcs , Homar eft celuy des Turcs. Ce Sofi étoit prefque adoré defçs fujets, comme un nou- veau Dieu: Aufli portoit-il en les titres cefuperbenom Saich Ifmael , car Saïch en langue Perfienneveut dire Dieu. Sur céte Religion nouvelle a été bâtile grand Em- pire des Perfes, qui donne la Loyaux Babyloniens, Me- dois & Afîinens, dont lapuilfance s'étend iufques aux Indes. C'eft ce qui tient les Othomans en cervelle,& qui .,.- - donne contrepois à fa grandeur. Au mefme temsqu'lC ,* p*r maël faifoit trembler la terre fous le faiz de fes armées, le * *°' '* plus étrange tremblement de terre dent on ouïtiamais parler, écroula toute lavillede Conïtantinople. Baia- feth ciiidaétre luy-méme enveloppé dans les ruines des palais acablez. Le bras de Mer qui fepare Pcra de Con- ftantinople, fut tellement ébranlé des fecoufles de la ter- re, que les fiers haufierent iniques à rejallir par delTus les murailles. A l'exemple du Sofi ( vcyezicy l'image de Ca^t 'ule nos divifions ) vn Mahcmetan nommé Cadi,Iu<;e, efpc- &&***%*** rant avoir la fortune aufli favorable, voulut introduire Wfl^w" vnefeére. Cétui-cy quis'éleua l'an mil cinq cens &dixx *'*• dit que Hali, Homar, Oelam, Calba, AbocherimTAze-**" bar, Zeibjlctrib, & les autres interprètes de l'Elfurcan, n'ont pas eu la vraye intelligence de laLoy du Profete Mahcmmet. Qjce c'eft luy qui leur apporte. Comme ii n'y eut Jamais homme li loi parmy ks Schilmes 8c

troubles

$2. t)ï la Naissakcî de l'Ker,îsiî/ trcublcspour la Religion oui ne : es ccmpa-

gncns en fa folie,& des prétextes pcu.rJavoncer,ce nou- veau L'odeur n'eut pas faute de gens qui fe jetterent en ces troupes. Il entre en pais jfe fait feigneur & maître de quelques Villes & provinces , donne des batailles, en ga- jjne, en pcrdrrr.ais après le meurtre de quatre vingt mil Ecrrmes . ce Cadi juge perdant la vie au combat , fen fecrefie perdit eu rcutlon crediflaquelle pourtant don- na loifira Ea^afetErrpereui ces Turcs, cîe reprendre ha- lciue^pres ram de pertes recettes, réduit lors ce peint de quitrçf au Sofy l'Empire de Trapezonde , luy donnant :-. millions d'or pour avoir la paix. Mais le Sofy qui étoitja entré dans la Syrie, & M cfoporamic , fut con- traint tourner le dos à fa victoire, & rebrouilcr chemin pour côbatre ce nouveau profère , qui luy troubloit fou Etat.Voi'adonc tout l'Orient &ces deuxpuillantes na- tions en armes , pour l'interprétation de laLoy Maho- metane,avec une telle inimitié qu'il n'elt pcfUblcles ralier.Aufïi le Mcfti.quielt le fouverain Pontife eugrad Seigneur. prononça lors céte fentence : Celuvquituc LercU' un feeretique Perlan , quoy que Mahomenite , fait une vi9 in Su- cick plus sgreableà Dieu, ques'il égorgeoitfeptante jle.Jn. Chrétiens. Voicy comme on fe remua en ce mémetems Turc.fa* du côté duMidy.

jjf. L'Apiriq^ve iuivoit les vieilles loix de Mahcm-

3. mcr.&l'ancienr.einterpretation de i'Alcoran,lors que

Ç.btnge- l'aiii\-i4.un Moine nemmé Amether, peufsé de jene toeû de fçav queilepailîen , quitte fa ce-Iule, fe promène , va de rehfitcvtn ville en ville, prêchant la penitéce aux peuples, 6c une ^JÎr!uJ' , nouvelle intelligence de i'Elfurcan Mahomctifte, tirée, ditbir-îl , de lEcriture feule. Cétui-cy montre que les doctrines de Haly,Homas, & autres interprètes de Ma- loity li- Jjcjunjct, font traditions humaines, qu'il ne faut que la fr&çè des pyrc & rUe Efcriture de l'Erfurcan , fidèle truchement Ce/wBi- g. interprète d'elleméme. Ce nouveau moine- miniitre siei' avec la limplicité&aufterité de fa vie, &fes mœurs ré-

el ées.-joint la véhémence de fa parolle, en prêchant ati- roît leur le mondeaîonparty ,mémemcnt au royaume de Fez àc Marrocq , il fit recevoir fa nouvelle loy , ré- volter cesiajeu contre leurs Princes.Delà il paileaux ic jaunies veiims ; donne iuiqueslurk bord dciaLîbiej

ciitribuç-

L i y R i I. 55

diftribiïeplusde cent de fes difcïples ça& , pourpré- VoyhUvê cher la !oy de Mahommet,ayant ordinairement à la fuit- de Viv.il- teplus de foixante mil hommes. Le Roy deTafiletepuif- lufl.lib.3. fànt Prince de l'Affri que , le mande venirpour ledefir & 7. qu'il avoir de le voir & pour ouvrirfaconfciençeàce Gtneb, in nouveau profetc,duquel on difoit tât de merveilles.Mais Chnni. il luy ouvre la porte, pour envahir fon Etat, & quant- & quant lui ravir la vie.Car il fait peu après armer les fuiets r contre lui, & fous prétexte de quelques vifions , qu'il dit **}**#*& avoir du Ciel, le maflacre, fe faifant nommer le Cherif, &e"e4S.Jta' c'eft à dire, grand Prêtre: mais proclamer Roy en effet. Il p*/*V« '*• mitdcflorsapartçéte pr.miere fmpliciié, ne marchant jamais qu'environné de gens de guerre , fous prétexte de reformer la Religion de Mahommet, prêchant toutefois luy même dans ion armée, non pas dans les Mofquées des Turcs, ny dans les Eglifes des Chrétiens qu'il fayd- rifoit pourtant, mais en la campagne rafe , oudansles places publiques. Et parce que les Turcs ne permettent qu'aucun entre dans leurs Mofquées à peine de La vie,ou de échanger le Tulban. Ce Prêtre Roy tout au contraire, fffft^ permit à toute forte de gens Chrétiens , Iuifs&Mahp- j^s; metifres, de venir o'ùir fes prêches, aflifrer à toutes les cé- rémonies de faReligiomg'orieux de fes côouétesildref- - fe une forte &puiifante armée, fubiugue cinq Rois \ou fins, donne plufieurs batailles : Mêmes une > plus de cent mille hommes demeurèrent fur la place. Ce Cherif £* remua plus d'armes que Mahommet ne fit iamais,s'étanr. wiwiqrffe rendu maître prefque de toute l'AfFriquc , pendant qua- *«*«« rante trois ans qu'il a régné, f puiffant& redoutable au ^Mp refte, que le Turc n'a ofé faire autre choie que regarder »W** l^ctoît de fa grandeur. Le Roy d'Arger n'attendant que l'heure que ce profete voulût joindre aux Goronnesde Marrocq, de Fez, Tremiifen, Tafiîete, d'Ara, & Su, cel^ le d'Arger f car il y faifeit couler déjà les difciples de f" fecte^nefe jugeât aifez fort pour faire tête a un tel en ue- m} ; pratiquâmes gardes,kfquels en trahisô iaeuitnrë: ie ^ . *. Cherif âgéde foixante &dix ans , & fes Alcaires & Capi- g, raines , cependant qu'il étoir en ion Gonfeil. La race de fonnls Moulcy Adaia dure encorcs , laquelle content d'avoir marqué l'étrange remuement decéïè grande partie du monde pour la Religion au même rems

C ck1 ï*

54 De la Naissance de l' Hérésie, î'ih.i.cap. qu'en remua tous les fondemens de la nôtre. Lors même, s. ditleCofmcgrapheThevet, que Luther ttavail!o»t la

Chrétienté en 1 Europe , & que les Rois & Potentats fepénoient d'étaincire céte terchede ruine, JeCherif faifoit de même en Afffiquc , homme de non plus grand -, » calibre que Luther: car c'étoit un pauvre Santon 8c

-,.M . behrre d'Hermite , oui toutefois avec f'es prêches fe-

dineux, ota un grand nombre de Rois de leurs lièges. Ainfï le diable fe premene ça & là, agite fes fujers, les fait entre-tuer fur les querel.'es de ces nouvelles fecles & opinions. nu. pendant que les Mahonaetiltes, &Halifres

Change- fe de bâtent peur leurs folies & vaines iuperfHtions , que n>ent de *c Cherifpar les armes établit fa fecTe, les Chrétiens f:re- Ikeiigisn muent d'un autre côté, pour ctendrela Loy delES u s- aux Indes. Christ,. & l'envoier aux peuples que les divers plis & replis de l'Océan feparent de nous & éloignent de nôtre connoifiance, pofledcz depuis tant de fîeclf s par le Prin- ce du monde : Dieu les favorife , montre par divers pre- fages leur arrivée en ces contrées la, mêmes par céte py- \oy a Cô- y^mide flambante qui fut veue : un an entier fur la ville de Jîa.ih. 23. Mexique, parle feu qui temba du Ciel fur leur principal , \J\ at temple, par le Cornette a trois .têtes paroiffant en plein , 0ire jour, courant du Ponant au Levant, Et plufîeurs autres des Indes, prodiges étranges & émcrveil'ables , qui furentveuz des Indiens , mêmes au royaume de ce grand Potentat leRoy Motecuroene , lorsqueles Chrétiens premier», ment furgirent en fes terr\s l'an mil cinq cens dixfept, pour au même tems que Luther s'élevoit,3h*n d'arracher 1 Egiife Chrétienne chez ies Chrétiens , l'allumer plan- terparmy les idolâtres , &Cb/étienner les infidèles, ïr Cùrxta- pour un petit quartier perdu couvert de glaces &fri- ttujon. macs, gagner des mondes entiers. Comme on voit un torrent a qui on a ferm é l'ouverture de Ion canal ordinai- re, furoeder a fes bors , & d'un autre côtés'en faire un beaucoup plus grand &pkislarge : Ainfi l'Egîifeprefséc ' &cprefs echezelle, s'écarta & s'étendit au dehors, 11 qu'il fembleît que la foy nous voulut quitter pour paf. ferles mers, L'Orient hauffa les portes pour la recevoir, aupremier feniblant que. fit l' Occident de luy feimer les tiennes. Les Chrétiens y acourenc ce toutes parts.

les Rois d'Efnagne & de Portugaî,npresqne cet immor- tel Cliriftofie Colom , inventeur du nouveau monde, Se Chrîdofo le courageux Americ Veipuée, eurent rompu la glace & Colom* ouvert la voye a Tes terres inconnues , prennent céte en- treprifeenmain, ayant chafsé les Mores mefereans du royaume de Grenade , dont ils avoient jouy l'efpacede huidceinans. Ils envoient à diverfès fois de petites ar- mées, dont les flottes fembloient difpurer avec les vents le pris de légèreté. Elles vol >ent aux Indes Orientales & Occideotales, Se au travers de mille difficultés , la mer fembloitfr calmer, les bans s'avaler, les gouffres fe com- bler, & le Ciel parune féconde voie de laicl: leur montrée lespeuples efc laves de Sathan aufquels au pris deleur fangils dévoient porter la nouvelle de 1 Evangile Les Croix font plantées fur les croupes des plus hautes mon- tagnes. Lefacriiice des Chrétiens efr célébré au pied des ar- bres, les premières pierres jettées pour y fonder unemai- ion à Dieu. Les Rois barbares avec des contre armées S'y oppofent a leur poflible: Mais les foldats delï s vs- Christ ne perdent couragc.Dieu leur tend la main , 8c par plusieurs miracles favorifeles entreprifes de ces in- vincibles Chevaliers croifés Aîfonfe & François Albu- «juerques, Edouard , Pacheco, Ferdinand, Cortés,Fran- £« Cha- mois Prfare &z autres, qui arborèrent les enfeignes du Re- valiers .dempteurdelYniversen dépit de Sathan &fesminiftres, Crcifes* cependant qu'onlesbrifoiten la Chrétienté. Envoient des Princes Indiens faire homn^age au Vicaire de Dieu, à mefure qu'autres tâchent de s'en fouftraire. Bien fou- vent vit-on cent Chrétiens, mettre en route mille idolâ- tres, comme M l'épee flambante du Ciel qui autrefois a- voit taillé en pièces ce grand oit de Senacherib, eûtbat- tuleurs épaules. Ain fi avec les armes ils fe font largue, gaignent terre, dreflcnt des Autels & des Eglifes, conta- ctent àl es v s-Ch ri s t les Pagodes, les Guacas&Pa- Templet chachamaes voués a Sathan , font que hs temples idola- duidold* très fervent d'Eglifes Chrétiennes. Les Rois de Cananor, ***** C uchin,Calecu th. Mexique, Cufco,& autres s'oppofent, donnent diverfe$i>atailles toujours batus,toujours vain- cus ; & quoy que %Sofy defireux d'envoier plus outre le nomdelOQ profeH^ eut dépêché fesamhaffadeurs aux C z, lii&s

De la Naissance del' Hérésie, Indes devers le Roy de Cambaje^pcur les perfuader d'em- CfoM.io. bralïer la nouvelle !oy, h efc ce que les Chrétiens l'em- pêchent , rompent Tes dcflciiis , propofent Je vray \, Christ qui a racheté du péché le monde , & leur

mônftren lire de Haly. Et comme la drvifîcn des

Zaàiiifïo Princes Chrétiens a fouvent ouvert la porte al 'Herefîe: StSFîtncei auili la divif>on ces Princes Indiens a ferv) deplancheau Jndtti do Chr ftianume Le débat entre les ceux frercsAthabalippa nt Mirée & Gafca, "après la mort ce Guanacapa leur Père , donna mu ifai- l'entrée au Marquis Pifar auPeru. Et le différend de ceux fiumitmt. de Tlafcal exiquea Pemand Ccrtés^ppellé des

Indiens Le fils du Soleil. Airll vont les choies du monde: ce qui a éte,dit fft, ce qui fera efi ce qui acte. le

icfer 'es particularités & meiveilles qui avin-

Jrenten i: convérfido dccesin£delles:car ce que l'en dis icy en paflVnt, t il ieuh ment pour montrer que tout le monde étoit agité d'une même pafùcn religieufe. a l'en- trée du feizicme fiecle Et toute la terre Vmverfeile en ar- mes pour Pinnovatiï n faite en la Religion Chrétienne, fayermeJdo!atre;Mu!u]mane,&Habf[e;Yoyla pour tout nouveaux rémuemens pour même occafon, avantageux pourtant an nom Chrétien : car la révolte du Sofy a été un grand obitac odeur Othomane,& cétediver-

fien en partie le falu't .:e la Chrétienté } & leur divifîon autant a'arTermilTemétde notre unité , & de fermes bou- levers pour nôtre cenfervation. Comme auiTi lamiilïon de nos 1 : très a us mondes nouveaux a étélacroiflement de la grandeur du nom Chrétien, quife doit étendre jud que aux derniers bous de la terre, avant qu'arrive le der- nier jour qui dcitcîorrelemonde:Ainfien toutes les œu- vies i . aût remarquer les pas de fa fagelTe.

Mais ce perçant voicy un nouue-au malheur qui nousafiaut, nous eûmes nôtre part des rmferes dont les influences du Ciel nous menanoieht : car tandis que l'E- gllfe le place dans l'Empire de Sathan , qu'on s'égorge, qu'enk rue en Ai". c,/:frricue,aus Indes, pour JaReligiô, l'Hérefie giiiIeeni:Ek;iope: letrcuble & ladiviiîonies compagnes ordinaires fuivent. quant & quant, toutpref- quefè difTouit par lemoyen del infortuné lehilme qu'un mal-heureux moync caufa en la Chrétienté. Amûcinq iicync^cn mêmes teras rcnverieni tout le Bïoj de. Va

Martin

Livre! 37

Martin moyne furieux, tempéte,foudroye, vomit feux& tout le flammes pour perdre L'Eglife, & un autre Martin aufîi mende. moine de l'Ordre faint François, le premier vicaire du vi- caire Vniverfel aux Indes, fe pêne & travaille pour y éta- blir l'Evangile. Vn moine nomme Tekel remue en Afîc Ciel&rerre, poarfès nouveautez, & un autre nommé Tekel en même tems,co nme vous verrez cy apreî,prend le premier la derTenc; de l'ancienne Religion en l'Euro- pe. Miis le m aine Cherif, ou plus heureux ou plus coura- geux que les autres,çhangeen changeant la religion, (bâ froc avec vn diadème étrange, &: néant m oins toujours jultc & admirable jugement de Dieu.

ÇK* variant exerce,

Etant feuî, fimpU Jy u 0 \ f* psiïjftnee diverfe

TLt f> montre ïdmtr Mi en ce grand /nivtn

P-îc l'uniformiti d' fes rjf?.s divers . Prisqve en m émeterns , dit le Iove,qu,rfmaeî oc» '

cu:>a l'Empire des Per(es & changea la Reii 'ion, la bi- tr* , garrantdunenpuvellelutterititioa Mahometane, s de- , va en Alemagnc "n; l adzrrorîte de Luther céte mon*- ftnieufe H reii -, laquelle voulut an«»tir la Religiqn Ca- tholique,& tout ce que l'antiquité .1 yitr-eçeii : co n n 1 avoieni fait en Perte les pauses entugés & obftinés en leur nouvelles, folies & iupèrfttcioiis. Aamoien dequor, dit-il , jerecoanois volontiers pacunefecretèpuiuancè d.i Ciel,& par la maligne influence des Aftres, qu'en mê- mes tems toutes les Religions par tout lVnivèrs \ com- mencèrent a-clir.iger de race Se de vifaee , yen que non feulement les Manometaris, mais au^îi les Chrétiens, voire les nations idolâcres les plus éloignées de nous, adorans les Idoles, Se en l'Inde Orientale, uiaunoveau inonde découvert depuis peu de tems vers l'Occident , a- voient coulé & gîiifé en nouvelles Religions & opinions. C eit ce que ditlc love Lacin.Mais en ra traduction Fran- çoife eft remarquable la bonne foy reformée en la con- feience religieufe de fon traducteur, lequel paffe par dzf fus tout ce que le love dit de ce changemét de Religion'., &decéte monltrueufe hereiie Lutheriene néeen Saxe: **ef,r' cela luy failbic mal au coeur. Avec quelle fidélité manient ils les faints &facrés livres, puis qu'ils tronquent ainii fans front, fans honte les Hiftori~ens,qui ne forit que nau

C 3 * tW

ment de lii'iiiidns.

Fattcetê

du train

$8 De tA Naissance de l' Hérésie. tre pour faire perdre un feul mot qui touche Luther,pere de toute les Hereues qui travaillent la Chrétienté, du- quel il cft tcms que ie touche la naiffance, puisquej'ay à reprefenterledamnable fchifmedontil eft l'autbeur. le neferay pas comme celuy qui ennemv de i'o:feauIunon, n'en peignit que les pies: Mais comme le peintre fidèle qui reprefeme également les beautez & laideurs -du viia- ge qu'il a entrepris d: pourtraire au naturel , je le feray voir en fonjour, fans que la paflïon déinefurée des uns, ny la louange flateufe des autres, me tire hors dudroic fentier de la vérité, que i'ay pris peine de ramalTer dans les livres des bons A utheurs non partiaux, ou recueillir des mémoires de ceux qui onz vécu de Ton tems.

LA NAISSANCE DE MARTIN LVTHER,

AYTHïVP. D V SCHISME C^v I AFFLIGE LA.

Chrétienté. Comme il entra en Religion.

Chapitre V.

tJatJfance dt Martin Lmther

AHtheur du f(hifme qui

afflge U Chrétienté,

i.

tesiugemens qu'on a tiré de

fa nativité.

3- L* Mars & lupiter montrai en Luther fa révolte.

Divers iugemim des nativî- iec de plufieufi grandi hommes.

S- Commet Luther fe fit m. ine,

6.

Les bel/es & laides parties dons naturel* «Mit diùé.

ï. Uaiffance de Mur tin JLtther au t'j.'urritt Je ht [me eut afflige U Chré-

E moine qui a fait jetter aux Chré- £ tiens autant de foupirs, & verfer autant de larmes, que firent les autres deux moines ■' aux Turcs,Perfans,Arabes,& AiFriquains, naquit aIilebe,auComté de Maniiéld,iieu que Ces diiciples idolâtres ont appelé la nouvelle Bethléem , l'an 1483. le vint-deuxiéme Octobre après Midy,a oiueheurcs ueiuciiiminu:es;Iou.i- infâme

Livn I. 55

&malheureuxpour la Chrétienté^ qui devroit,s'ilétoit poffible, être rayé des Fêtes, & Calendrier Catholique. ^'^ Piufieursdifent qu'il vint au monde le dixième Novem- nu*ro m** bre veille de faint Martin, quidoimafujetà Ces parens de f°/*lî- ***** luy donner ce nom de Martin : cela peut-écre : à caufé ce- Ac ?**/"&• te Jivernté:car il n'yapas d'apparence que Cardan & Ion- ctin, lesquels avec tant de curioficé ont tiré fa nativité ne s'en fullent informez au Tray.Aulli , dit Cardan qui le tait naître le Z2. Octobre: c'eft icy la vraye nativité de Luther. Le même dit IoncHn. Et encor qu'il y ait quelque di verli- Card. de entre ces deux Aftrologues, fur i Horofcope de Luther, ccnt^ „en^ fi eft- ce qu'elle eft fi petite;qu'erlç ne mérite élire considé- rée.Car en l'une & en l'autre lesPianectes demeurent aux mêmes maifons, la Lune en toutes deux fe trouve en la douziéme,Iupiter,Vcnus&Marscn la treizième , le So- leit,Saturne & Mercure en la quatrième. Vous verrez-cjr après lejugemét qu'ils ont fait. Mais fi faut il remarquer non fans admiration de la providence de Dieu , que roue ainfi que le même jour de la naifiancede ce furieux enne- my de l'Eglife Pclage,fiit le jour de la naiiiance de ce grâd derfenfeur de l'Eglife Saint Auguftih, l'un en l'Europe, Naijfancê l'autre en AfFrioue. AuiTi au même tems que du côté du d'nn Cbs~ Nort un enfant entroit au monuc,qui de«oit guerroie! à valier de l'avenir ion Eg' ife: Au même tems, an &:our vint au mon- le\us- Chr% deducôté duMidy, un enfant qui devoit étreun grand le même Capitaine delESVs-CHRiSTjpoura'ier planter l'EvinCTile tour que aux terres inconnues Lui berna juit an mo iie} écrit Gorrfà- Luther \o de Iteilas, pour troubler tœt ls tns'tde, & msttréftua l'enfei- naquit* gne du dUbU infinù Chrétiens. Et an même tems h fameux Fer n and CoRTêS, Marip'i de PVttuUe , nd[mt à Me* delin er.Ejpz*,}e,f 9:tr ranzerfoiyi la foncière drlzsv S- Christ infinie multitude ds peuplas barbares , dttenm depuis tant ds fie- rtés efcUvss de S*th*».Et comme lemil devait -vmtr d' Acjutlon félon if prof et te de h faint* pur oh , h ferours devoir auffi ve- rnir -U Mi-iy : Vn moine ndjuH en Saxe à la ruine de ï&ghfe >& r f refont en même îems un Ch vaUc r Chrétien nâyùt en Bifiaye F**? r* fêi*rpideffeeetBiZYc8i courageux foldat de ÎesvS-Christ, fag^Z que vous verrez chef d'un Ordre qui a été lefleau& le \ /yotf« bourreau de l'Hercfie. L'an mil quatre cens 85. ce moine ^ jT. vint au monde qui devoit renverfer l'Ordre & les loix île l'Eglife, & la même année fut inllituée.la faune

C 4. in qui*

40 De la Naissance de l' Hérésie, inquifition, terreur & épouventementde l'Hereiïe, & qui deYoit arrêter le cours impétueux d'icelle.Et comme le rencontre eft remarquable de la naiffance de Fernan- do^ de Martin,aufîie(t lefuccez de leur enrreprife. Car comme Luther commence, ainfî que vous verrez, defai- A co[îa. r^ laguerre a i eglife l'an ifiy.Et en la même année aufTi hv. 7. cet, cegenereux Marquis Fernando commença de guerroyer .2^. l'idolâtrie aux mondes que Coiom avoir premièrement

découvert: car ce fat en l'an 1517. le quatorzième du rè- gne de Motecumene , que ce Chevalier Chrétien fit fa defeentepour planter la Croix en Mexique, que l'autre vouloit arracher en l'Europe. Or le père de cet home dont nous parlons, fenommoit IanLudder, & fa mère Mar- ier* & guérite, laquelle gagnoiî fa vie, dit-on, a décoller ceux mer c de quialloient laiil er leurs ordures aux é-uves publiques. Luther, On raconte déchoies étranges de facouplement d'un dé- mon avec ce te fem me , lorsque le diable en forme de . marchant, lapidaire, vin: loçer chez fon père. le fuis coa- tentpaïTer fous filencece qu an en a cent: car encorque la privée communication que Luther a eu avec le diable, Lutbsrjo. comme il raconte en divers lieux, & ce quifut veupar 6 de Majf, l'Empereur MaximiUanfûs les épaules de Luther,îes cor- Anyu.i. beaus croaHaa;. la nui: qu'il quitta le monde, les démo- Js,r4j. pur- nilcjoS délivrez le jour defaiepulture, dont je parlera/ gat'one ad ailleurs, femblent donner créait au conte qu'ils font: ept/t.Lunc. eft-ce que je ne veux entrer caution de la vérité de céte uon,oor:a. Hi(toire,quefa merefefut io'uéeavec un démon Erafme Vier.,svs pourtant en parle a mots couverts , dans une de fes Epi- c*p. 1 j. très.. Et Vier l'a recité comme chofefabuleufe: Cociée histo.^At. & Si mon Fontaines comme Hiftoire véritable. Aeuxlc 6 S' ^09t' débat. Plmïeurs Ecrivains alleurent qu'il difoit fouvenc que le diable <Scluv s'entre- connoilfoient bien , & avoi- ent mangé plus d'un muid de fel enfemble.Et comme un ' jour difant la Méfie on lifoit l'Evangile: Etat le/m eijciens dimonium , Luther étant debout au rang des autres moi- nés, fejetta par terre, crian:: $on f«m tgo.nonfitmego: Ce n'dt pas mov VTrays ou faux que foient ces contes témoi- gnez de pluiie urs, Marguerite fa mère auoit plus d'occa- iïon de fonger& croire certainement, qu'elle enfantoir. une torche ardente , que n'eut pas la mère de cet ingrat & malheureux hôte, queMenelaùs hébergea li courtoi--

fement:

Livre I. 4t

feraent: car elle mit au monde le brandon enfourrré, qui emhrafa fa patrie, & la plus grande partie delà Clué-

* tienté. C'eit iuy qui coupa le neud gordien qui nous te- noitfi bien unis Se atachez-en la paix univerilile de l'E- glife. Et commeon rejeteoit le déplorable embrafement de Troye, fur ce malheureux ouvrier qui barït le cheval trompeur.-aulli pouvons nous iufternent fur ce feul hom- l'°y Gon- me,rejetter toute la longue fuitte de nos calamirez. Son fitUsHefc. nom fut Martin , & (on. furnom Ludder , ama (c ligna-il enfin htsi. en la première lettre qu'il écrivit au Docteur Ekius : au- Po'ïf- K x. rrcsdifentLauther. Maisparce qu'en langue Alemande, Cod.de le premier efl d'une mauvaife rencontre: car il montroit Aci. Luth. au vray le naturel de fon homme, parce que Ludder veut Luther dire moqueur, comme il lignifie aulîi larron. Et que les changea lettres Latines de l'autre £onz le 666. de i'Antechrift. 11 fin nom. priut lors qu'il commença à reconnoître la laideur ou l'infortuné prefage de fon malheureux nom,celuy deLu-

\ ruer, qui lignifie en fa lange un homme pur. Amfi rirent les Manichéens, comme nous apprenons de faint Augu- ^ fah'r' ftin. lefquels laiifant le nom de Manichéc, qui veut dire ,„h , -L

,' > J r- J I *r * Cap.f.2

intense du mot Grec , mani a, donnoien: a leur Maître £t fg c$t Mânes celuy de Manichée , pour éviter celuy de Manie paii)rj.cap - que fon vray nom indiquo:t,& lignifier par la qu'il avoir 2 Iporré la Manne celeite lut la terre , qui diltilloit de fa bouche c'eiladire, une pure doctrine du Ciel. Carie Luttoer jnoc Grec che' o, veut dire, fnndoy Mais Luther changeant por(t5 [e de nom ne peu: changer Ion deltia: car comme Tay re- nomyre £t marqué , non fans quelque fecret myftere dans le xxin. i'j{niec'nr Chapitre de mon Ante-chrift,non feulemét le nom qu'il y Qemb laida écrit en Latin, porte le nombre de ce grand & der- ^ ^;r*

'3ieu:mais auilî celuy qu'il print ^ enHebrieu, comme fait le nom de fa fecre , & celuy du lieu de fa naiflance en langue Grecque. Ainîîences trois maitreifes langues, l'Hébraïque, la Grecque, & la Lati- portele nombre delaBefte. Ce n'est pas fans beaucoup de raifon li plufieurs Théo. (Mit pensé que comme Mahommet aéré un des precur- MofcofoL fèurs de I'Antechrift , Luther en eft un autre. Aulîi tous *'** deux portent en leur nom cet infâme nombre de 666. pré- dit par le Secrétaire du Ciel en fon Apocalypfej & Luther : les Mofcovites aux Luthériens , & Pikarts , iigni- C 5 fie en

4i De Naissance de l'Hérésie,

fie en nôtre langue un homme Cfuel & félon, qualité pro*

pre Se particulière à l' Antechrift.

Ion c tin grand Aftrologue en fonfîeclc, tirant la _ . *** naiffance de cet homme , en fon troifîéme livre des luge- _. <* " mens de Ptoiomée, a écrit que Mars &Iupi:?rfe trouve- . ", rent en la troiiïémemaifon de fa nativité., ce quifîgni- r . .u fioit, dit-il, lacheute qu'il devoit faire cnlafoy. Car ' comme écrivent ces deux anciens Autheurs tort venez

enlaludiciaire Albupater &Homar, ceux qui ont ces deuxPlanctcesenla troiûémemaifon de leur naiifance, font ordinairement défection en la foy. Zgh.x. " Tovt le monde 7 dit lonctm, fut embrafé de fon

«fchifme, lequel a caufe du Mars mêlé avec la queue du «Dragon fedilfout en foy-méme, & rend une inanité de «têtes ( remarque icy les Herefies forties de Luther) afin «que s'il n'y avoit autre témoignage de Ion erreur, le «grand nombre d'opinions en peut faire preuve; veu qu'il «n'y a qu'une vérité. Il faut nécessairement que toutes Lt.aeeent* „les autres opinions foientfaulfes. Mars, Venus & Iupi- trutti, ter,ditCaidan, parlantdcla nativité de Luthe:,piés fepi de la Vierge, s' airemb lent pre? le Méridien de L'Êmtsfere de nos Antipodes, & de leur affemblée quelque puiifance efl décernée , mais fans feeptre, parce que toutes les Pia- nettes font en l'autre Emisfere, & toujours l'épi de la Vierge fe rapporte à la Religion, félon qu'elle eft confti- tuée. AurefteleSoleil&Sarurne avec 1 Etoiilequi eft à la balance Auftrale, au lieu delà future grande conjon- ction, montre la fermeté de fonHerch'e, puis que cete triplicité a dé-ja longuement dominé. MaisSaturnejoint au Soleil par un û grand reinuément,ne luy promet aucu- ne dignité. - '* Voila le jugement qu'ont fait ces Aft:ologues,de la

, . nativité deLuther, &quelques autres apréseux, mon- l rrantparleMars & Iupiter, ferencontrans enla troilié-r

, ' me Maifon. fa révolte en ia foy: car comme Saturne & lu- tn Luther ci r j » u

fi . piter,torment des grauseipnts, mais dou:eux& chance-

^ Vf I r ^ansJ^ercarc& Venus deseioq aens &diferts,mais :n:n-

&*•* ' teurs, Mars & Mercure fe rencontrans au Scorpion des

gens fujets à trompef,cn erreurgrans Sofiites.Mars,Mer-

cuie&laLune,fi rien ne fe me: entre deux, des efprits ai-

gus,proms,&fubtils,niai$ cauteleux & plains de rufes. Et

comme

Livre! 4$

commclc Mars & Venus brouillent merveilleufement la concupifcence,mémement fi ces deux Planettes s'afTem- blent au liège de Capricorne , & que Mercure s'y trouuc: auiîileMars &Iupiterfe rencontrans au Scorpion trou- bleur merveilleufement la confeience comme ils ont fait celle de Luther,montrant qu'il devoir renier fa foy , 8c fe rendre adverfaire de la vraye Religion. Que fi ces deux Planettes, Iupiccr& Mars, fcfutTent trouvez es fignes de la Balance & du Verfeau & rencontre la Lune es Géme- aux,ou en la Balance, céte afliete eut produit vn nacuret parfait &acomply , c ipable d'attaindre la connoitîance de toutes chofes. Mais icy tour au rebours eft (îgnirïcvn efpritdouteus, chancelant & fchiGnatique , comme on a remarqué a la naiflance de FilipeMelan crho Cjn. difciple, qui forgea une nouvelle fecte, comme ie diray en fon lieu. Ce ne font pis des rencontres tirées a plaifir, l'expé- rience fage maitreiT: d'école, l'un des jugemens lolides 4* . de l'amena tait voir,encor que cenz loit pas de prés que ntJit^m l'ignorancelerequcroit, que les Aftres qui prefident à Zem:m ** nôtre naiilance, montrét non feulement quelle doirétre n* iVl ex* laclôturcds nôtre vie,m.iisauflï les qualitezou louables 1 * '* ou vicieuies de nôtre ame , l'événement tire de nous en JliHysirMt dépit de nous cétc Confection : & les raifons qu'on peut ™mmes- aiieguer ne peuvent démentir l'expérience. Ainfî autres- fois les Aîtrologues tirant la nativité de Ciceron,qui nâ- g quit 150. ans avant le Sauveur, le cinquième Août àfept heures cinquante fix minutes avant midy , ont remarqué en Coa horofeope, Mercure & Venus, en la féconde face de la Vierge, qui montroient l'excellence de cepere de l'élo- quence Latine, comme tous ceux qui ont écrit de l'Aftro- logie alleurent-ce qui a été vérifié en la nailFance d'Eraf- me qui naquit l'an 1+67. le dixfeptiéme d'Octobre a fix &r*pn*» heures trente uneminutcapres midy , homme des plus ,

diferts &cloquciis de ton âge. Lc'méme enBembene Bembe* fous pareilles conftellations.La fuperbe enflée de Savona- ba™n4- roile, qui fe difot Profère, fut aulïï toftreconnuë par les r mêmes Aitrologues: car étant Venus & Saturne joiners, & la Lune au Méridien en Con. Emisfere , le vingt & uniè- me de Septembre mil quatre cens cinquante deux, à cinq heures quarante quatre minutes après midy, on jugea foudaialafiercc & arrogance de ccMoync,

CeU

44 Delà Naissance de l* Hérésie, C'eft pourquoy il fut fi âpre ennemy de l'Aftrologie,ayat mis les armes en main contre elle a Pic de la Mirandole. Hermo- Lerarefçavoir de HermolaûS Barbarus qui nâquitlaii tatê Bar- I+^ 1C1I Je ^lay a cinq heures dix minutes, luy étoit bxru*. promis en fa nativité: Car il eue Mercure joint auec le Soleil en la queue du Dragon en la troiiiémemaifon, & eu Ion domicile oppofe a la Lune. C'eft pourquoy par la Tanh* doctrine de Ptolomee,il fut excellent en toutes fortes de r n. ' Science encore ne veux-je oublier ce difert &fçavât Evé- qued AftiJanigaroîle,quifeâquitiefeiziémeIanvierai4. heures?5 minutes après midy l'an 1548. ileut laLuneen Ton Horofcope,& Mercure en la troifiéme ma'fon,au lig- ne du Verfeau, & parce qu'en fanativité Mercure regar- doit la Lune,& Mars en l'afpe& fextil, il fut tres-éiocjuét Précheur,d une grande mémoire & entendement : caria Lune au ligne de l'Archer luy prométoi: cete heuxeufe Exe ufe de mémoire. Dieu eft^ie dis encor vu coup pour me garder de ÎAutheur ]a dent de la calomnie; la première & la fouueraine caufe de tout : C'eft luy qui voit l'ordre, lafuitte & la dépen- , dance des caufes neceffaires & contingentes. Et qn">y que lesdiverfes rencontres & le variable train de notre ?ic foit refervé feulement au cabinet & à la connoiiTance du Tovt-fvissant, ou bien qu il luy plaife de l'écrire dans ces feux briilans,qui lambrnfent la youte des Cieux. Carje ne veux point diipater céte queftion tant de fois difputee,& non jamais décidée, & ne veux en nulle de mes opimonsfortir de l'enclos de l'Egifc Catholique Apofto- lique & Romaine. Si eft-ce qu'il n'eft pas inconvénient qu il agilîe par des fécondes caufes, & autres moyens fub- « alternes, lefquellespar vue liaifon, enchaînement &cor- refpondance des unes aux autres, fe rapportent toutes en- femble,&obeiifantes au père la nature, regardent fixe- ment fes intentions &fes voldntez , & nous prononcent fouvent les arrefts a l'entrée de nôtre vie,des bons & mau- uais évenemens qui nous doi/ét arriver.Or je ne m'éten- dray pas plus avant en difcoULS,Uiifant toutes ces cuneu- fes recherches, pour aller le principal de mon def- fein m'appelle. le reconnois ma foibleiïe , & fçay en quel théâtre ie monte, content de dire avec le Poète fur ce fujet,

Livre! 45

Quictlui qui combat contre l'expérience Ktjt digne duftiretdefi hautejctence.

Apres que Luther eut employé fes premières années y aux lettres humaines , élevé & nourry dans les Collèges Comment deMagdebourg&Senach en Turinge.il le jetta a l'étu- i^fay re de de la jurif-dif prudence,pourfc fentir propre à dcmé- fy m0fne, ]er un jour des poinrs plus épineux de l'embrouillée J fcience du droit & fe faire voir en un barreau.Aufli étoit- il doué de quelque facilité à bien dirc.Mais il quitta bien tôt ce deifein,& quant & quant le monde: Car à peine a- voit-ilfaluéfonluftinian, que fe promenant hors la vil- le avec un iien compagnon d'étude, le foudre renverfa celuy- cy roide mort fur la place , reliant Luther couvert de fumée faint>& fauve tout auprez.il fut tellement épris du danger échapé, que ne fçachant fous quels lauriers fe mettre a l'abry, transporté d'efTroy, plutôt que porté d'aucune dévotion, il s'alla jetter dans le Monaftere des Auguitins de la ville d'Erford l'an 15 ©4. ayant lors attaint Laage de vint vn an ; luy même le raconte en la préface du livre qu'il dédia à fon père, des voeux monaftiques en- cor que ce fût un pauvre idiot. Ses amis & compagnons furent tous étonne/ d'un fi étrange changement:Carort n'avoit jamais reconneu en céte jeune ame,aucune étin- celle de pieté & religion,mais plutôt les marques de tou- te forte de débauche & fblàtiie, compagnes ordinaires de cétc aage,& des inclinations aux vices allez évidente?. Il ne fut plutôt en religion , qu'on reconneut ion natu- rel, & qu'il avoir quelque demangailbiien lame : Car il n'eut pas fihy Ion an de probation, qu'enflé de quelque peudefeavoir qu'il avoir acquis par delïus fes compa- gnons,il voulut faire le maître, commander à tous: mais comme à une béte rioteufe on lui changea de demeure", &fut envoyé l'an mil cinq cens & huit au Couvent de .Witemberg. Et comme parmy les mailbns des Reli- tuthtr A~ gieuxde l'Ordre des Auguftins, la pomme de difeorde vocat Jei eut femé la divifion, ayant bandé iept Monafteres contre révoltez leur General,,Luther print la der'cnce des révoltez, & en [on Or- comme digne Avocat ce la rébellion . fut envoie a Rome dre f An pour debatre leur cauie: Car cet eiprit brouillon le vrav iSJQ% iiege de la difeorde, é toit merveiileuieméc rufe, Couple, &

propre

Codée S$t- tin* , lontahu.

Tes heUes & Uidts

fxrti-s de Lut her»

Naturel dtÏAh- mand.

Vfiffk "De- I tan

'46 Di la Naissance di l'Heresiê." propre a démêler telles fufees. le n'ay que faire d'amener icy plu/îcurs chofes qu'on racohte de Ta première jeunet fe, & de fon entrée dans le C'oitre, ny cequiluy avinc lorsqu'il tomba a la renverfe, amefure qu'on lifoit 1 E- vangile duDemoniacle, criantd'une voix affreufe, lors qu'il ouyt ces paroles: E ra t Iesvs iiiciens d*-

WONIVM ET ILLVD ERAT MVTVM. Ha ! NON

svm ego. non svm ego. Ce n'eft pas moy,ce n'eft pasmoy: prclage très-certain de ce qu'il devoitétre. De- puiscejouria on entraen foupçon qu'il fut pofTedé de quei que mauvais cfprit le ne veux rien écrire fans bonne caution, & fîjepaûerois volontiers pardefîus plufîeurs chofes, fi laneceilitédufujernemecontraignoitdc l'é- crire. Voicyfes belles & laides parties, Tes grâces &ies de- faux, mélangez & du bien & du mal.

L a nature l'avoit allez avantagé, foit au cors , Toit en Pefprit : Car pour un homme en Alemagne , nation ordinairement pefante & grollïere, il avoir l'elprir promt &vif,uneheureufe mémoire, beaucoup de facilité a s'ex- pliquer, éloquent &difert en falangue; plus qu'autre de fon âge. Quand il éteit en chaiie tout traniporté d'ar- deur & depafîion , il fçavoit animer & donner vieàce qu'il difou,& comme un torrent emporter les efprits des auditeurs qu'il réneontroit: Grâce qui n'tft pas naturelle aux peuples du Nort , gens mafîifs, qui fans action font leurs fermons & lectures , attachez en leurs chaires les mains clcut.es defTus. comme s'ils étoient desitatuësim- mobiles. il fut au reile infatigable a touteforte de tra- vail, qui luy cenoit lieu de repos: toujours lui les livres la plume en la main, s'il n'étoit entre les bras defamoinef. le, q-jiluy&t un pefant fardeau , & fâcheux empêche- ment au progrez de fes études, homme d'un grand cœur, hardy pour entreprendre, &pour'executer ce que la hai- ne ou la palTion luy foui niffoit. En fes propos ordinaires familier & affaole, qui fçavoit pourtant fe rehauiler mê- mes parmy les plus orans , lors qu'il faifoit du Profete. Il croît homme de beaucoup ce leçcn, ayant allez heureu- fement manié les bons livres, peudant quator7e ans qu'il demeuradansle Cloître. Auili n!yavoit-il Sotïite, oui ne trébuchât devant luy , s'il l'ofoit attendre depié-coy entecalpute, ioitenlaïiloiorie, iou en la Théologie:

I I Y H B I. 47

Car il étoit tenu peur lu des premiers fcholaftîques de fon Ordre. Il eft rra]aJsé,oit faint Hierôme,que lautheur dure h erefiefoit ignorant. Si eft ce que les ceuuresne refpirent rien de rare ny d'excellent. Maisleficcleoùil (naquit , neporroit rien demieux,&fi dit-on queFilippe Meirncrhon fon difciple, qui marcha du pair avec fon maître, 'es a polies & repolies ayant en pîufîeurs lieux ra- boté la dun. âpreté duLatin de leur aucheur. Ce qui peut étreoccafior.é Arrndorf de fe plaindre en la préface du premier Tome, qu'on les a dépravées &eorrôpues.Tant j a que lafhucturede Tes oeuvres mon irent que leur au- theuriut du nombre de ceux dont parle le Poète,

Soigneux défaite rot , mt.u r,on défaire bitn, Voy traf.

Eraprins afarelier d'Abatarcus , quifeglorifioit defa q,i'*q prorrte dépêche, lorsqu'il mettoit la main fur un ta- bleau: Tout au rebours de Zeuiis qui faifoit gloire de ce qu il y fejournoit long tems. La chiene qui ie hâte fait Tes petits aveugles, dit le vieil Proverbe. Ces parties donc Luther étoit doué à s "expliquer en chaire, & céte prom- titude décrire avec iavenemence qu'il ayoit enlesdif- cours, le rendoyent agréable, & aus écoliers , aufquels il liioit l'Ariftote, & vu peuple aufîî, quand il commença de Lesin'mres monter en chaire. Mai? toutes ces belles qualitcz furent &dcfaut$ enlaidies & eurent pour contre-poix beaucoup de grans de Luther &fignalez vices:Carilfut d'vnefpritrogue,fier,hautain, In biblto, inlolent&inlupor table. On ne peut diiîimuler cela, dit Voy Sado. le Luthérien Gefnerus, que Luther n'ait été d'un eïprit kt à Sa* véhément, impatient, & qui nepeuveit compatir avec tut»*. perfonne s'il n'étoit de fon avis, tant il étoit tranfporté d'vne ambition outrageufe.il avoit ordinairement la lan- gue trempéedanslevenim, &lamédifanceen la bouche. Peu de fes amis ont échapé fes morfures & attaintes.-EUes Bureo. in ont mêmes donné dans les tombeaux facre-faints déplus dU.aduer. -> faints hommes qui furent jaBiais:..Çe que Bucher&E- MeUnth. rafme luy reprochent fouvent; Luther dit ce dernier,re- Er*f.epiJ?„ » paït fon ame d'injures & côvices:II n'en eft jamais foui, nonfcèr, 11 reifemble un furieux Orelterll s'eft au relie montré juf- Luth. ques a fa dernière vieilleiîe aufïi peu réglé enfesVnceurs, que confiant & arrêté en fa doctrine , laquelle il a chan- gé & rechange, tandis qu'il a vccuprcfque autant de fois,

4$ De la Naissance de l'Heresie, que le Soleil a recommencé fa courfe. Sur céte variable inconftance, infinis Hérétiques divers ont conitammenc bàty leurs foies opinions : comme quelquefois des ifles s'affermiiTent au milieu des flots &desondes.Il fut au re- fie ennemy mortel & capital de toute fujetion,aufterité, & pénitence, qui afîoupit l'ire de Dieu. Le jeufne étoit Luther en- famort, lachaftetéfon enfer. Lanature,difoit-ilfouvent nemy de la non feulement en [ç.s difecurs, mais aufîî dans fes écrits, fenttence. ne m'a point baty d'acier, je fuis de chair & d'os, je ne me Totn.j.ad puis non plus palier de femme que de vin. Lanatureme falf.eptsi. contraint décharger mes reins de même que mon ven- J0I.32C, tre.Iereferve ces paroles brutales lors de fon Hymenec. Tom.J.fol, Homme s'il en fut jamais enfouffré d'ambition & devai- JJ2» ne gloire, vraye mère de l'Herefie, ditfaint Auguftin à

S.Jug.lM Manichee. Et fur tout fi plein de l'amour defoy-méme, facio. c. 8, cju'il luy fembloit qu'en fa grofie tête feule, étoit l'abre- „gé de toute la fcience du pàflé& de l'avenir. Grand „homme eut été Luther, dit Beze en Ces Images , s'il eût ,.êii autant de prudence &de modération, que de zèle ,,tres-ardent. Le peu de honte qu'il avoit étoit furmon- tee par la volupté qui le bru 'oit , la crainte par l'audace, &laraifonparlafolie. Mais toutes fes parties plus ca- chées & le mélange inégal de (es vices & de fes vei tus,fe découvriront mieux au difeours , fa vie me conduira. Il le falloir tout tel pour ouvrir la porte àla liberté &au vice;& la fermer à lcbeïfTance & à la vertu, jetter les fon- demens d'une fecte qui devoit être plâtrée de toutes les erreurs du pafl'é. Auiîï a ce été un excellent ravaudeur de telles pièces, comme on verra en aprez à la fuitte de céte Kiitoirede IHerefie. Voyla fanai/fance, fa nourriture, ien éducation, fon entrée en TEglife: voyons fon ihVé,& t qui luy en donna le fuj et. Mais il faut prendre la chofe à fa fource , & a fon origine.

LA

Livre I.

45»

LA CROISSADE PYBLIEE PAR LE

Pape Lion dixième cavse de la

diYÏfïon entre les Auguftins & Iacobins,

d'où le Schifme naquit.

Chapitre VI.

Le Pape Léon dixième publie

la Crotfade centre Seltm.

i.

Obei/pmte des Princes Chré- tiens»

3- tes Croi fades terreur des O-

thomans.

L'argent des Croi/ades pour la dtfence de la Chrétieté.

5- Inloufie entre les Auguflim & lacobms ^première feur~ ce de nos rm fer es. 6. Lt Duc de Saxefavorifi U Se ht/me.

Elim Empereur des Turcs èpouvaruoît t. le monde de Tes conquêtes : l'Orient & Le Pape l'Occident trembloit d'effroy au bruit de Léon X. tant devicloires : Car cedomteur depeu- publieU pies, parricide cruel, après avoir défait les Crotfade Sofis, les Sultans, les Mamelus, joint àfon contre Su Empire tant d'Empires & Royaumes, s' imaginoit la con- km* quête du monde univerfel. Les contrées d'Italie &d'Hô- gne étoient les parterres fur lefquels il avoir le plus fou- vent les yeux fichez,!! qu'il fembloit qu'il marquât dé-ja les logis , établir fes Mofquees dans le S.Pierre de Rome, E-Iove* &le faim Etienne de Vienc. Les Commentaires de Cefar, - & les geftes d'Alexandre, étoient fa leçon ordinaire. C'é- Seltmlet toit fon étude & fon Alcoran : Car fur la vie de ces deux *voit frite guerriers ce conquérant vouloit patronner la iiene.Ia dé- traduira ja avoir il préparé les chaînes pour accoupler les Chré- en fa ^a7i" tiens, que fon delfein avoir dé-ja captivez, commejadis gtu.Tacit* les Alemans qui en mirent un grand nombre au front de l**~VoyTiL l'attirail & charroy de leur camp, pour enchaîner les Ro- mains, qu'ils tenoient déroutez & vaincus , avant com- ^uichara. featre. Quand Léon dixième fouverain Pontife ScLieure- *»lï*

D tiaut

$o De la Naissance di l*Heresis. nant de Dieu., en ce grand Empire des smes , après avoï; imploré laide & fccoursduCiel, parle unes, Prières, Se Oraifons, vifitéen proceilîon nus pics lesfeptEglifesde Rome, avec le facrt colege des Cardinaux, dépêcha les Légats & fè$ Nonces,perfonnes notables & de grande au- torité, devers tous les Rois , Princes & républiques de la Chrétienté , ayee des brefs pour les fomxner de s'armer, unir & Te croifer cotre ce redou table ennemy delà Croix. Le Cardinal de Saint Sixte paila vers l'Empereur, le Car- dinal de Sainte Marie vint trouver nôtre Roy , le Cardi- nal GilesleRoy d'Efp2gne, &le Cardinal Campiege Roy d Angleterre. Et parce que la Chrétienté étoitpar- tialifee en factions, quoy qu'elle fût une en Religion, le Saint Père, père communie tous, les conjure mettre fin a leurs debats,leur enjoint fous des cenfures rigoureules, faire trêve générale pour cinq ans , voire furpeine d'ex- communication. il. A ce commandement t'ous les Princes Chrétiens met-

Cheyfsâce tent les armes bas, pourles haufTcr contre lennemy corn- ai Pr/»«* mUn. Maximihan Empereur des Chrétiens, & François Chrétiens. J. Roy de France , promettent fervir en perfonne en uneii iamteentreprife. Celuy-lanour ne pouvoir vivre en re- pos, avant le Turc pour voiii.a, &cclui-cy, comme Roy tres-Chretien, pour avoir été le premier autheur de céte ligue fainte. A fon entre- veue avec le Pape à Boulogne la Guaffe, pluiîeurs Princes fe vciient, fe croifenr délibérez de porter la guerre en Afie, pour l'eioigner'dc l'Europe, ailaillirlePiarbarcenfa propre maifon , luy être le mar- teau, & non pas luy fervir toujours d'enclume. Remar- quez,envieux &medifans; qui iettez tous levenim dévo- ue malice contre nos Papes, & qui guignez toujours de travers leurs plus faintes actions. Remarquez, dy-je,d'un coté l'humilité de celuy, lequel a vôtre direnous tenons pour Dieu, qui nuz-piez jeûnant au pain & a l'eau, en- yo\ e les foùfpirs au Ciel , poiix obtenir pardon & mife- iïcorde pour toute lEglife, de laquelle Dieu luy a don* la dire étion & la conduite : Et admirez de 'autre cô- i'obciiîancefainte des Princes Chrétiens, lelquelsau naiidement du louverain Pontife oublient lesin- . privées, pour époufei les querelles publiques. oit avec les Hongres,Pclacs & Alemans,

marcher

Livre T. jr

ïnarchervers Conftantinople. LcRoy dePranceavecles Suiflcs, Vénitiens & Potentats d Italie , donner en Grè- ce. Les Rois d'Efpagne, de Portugal & d'Angleterre, a- ▼ecdeuxccns vaiifeaux fuivis décent Galleres , quele Pape fournifioit , dévoient prendre la route de Conftan- tinople, pour en même tems que l'Empereur prendrait terre, l'aflaillir par mer. Voila les aprets d'une grande guerre , & la Croifade publiée par tout. £

Ces Croifades Chrétiennes ont toujours été I'épou. Lu Cro'tl vante & la terreur des Othornans, depuis que la premie- fades ter* reporta en fa devife, DIEV LE VEVT. C'eftce reurUesO- qui les a mis fouvent en frayeur, & qui retint cjucI- thomans%' asque temsMahommeti.fansofer faire entreprifefurjla m Chrétienté. le ne fuis coulpable, difoiç-iiefcrivauc asau Pape Pie fécond, delà mort de lis us-Christ, 33 & ay en horreur les Iuifs qui l'ont crucifié. Pourquoi 3>doRC armes-tu les tiens contre moy ? Pourquoy prb- »mets-tu la remiifion des péchez, à ceuxquimeferonç asla guerre? Les Chrétiens uns en nom, & uns en Reli- gion, marchoient fous le divin étendard de la Croix , Le Saxon & l'Italien, l'Efpagnol& 1 Auglois, s'enrolloi- ent fous un même drapeau. VnemémcFoy, & même LoyéchaufFoit leurs âmes, uniiToit leurs volontez, 6c les encourageoit d'entreprendre ces Ions & perilleus? voyages d'outte-mer , à la femonce du Prince des Chré- tiens , non feulement contre les Infidèles , mais auiîl contre les Hérétiques.

33 Auffi difoit naïvement en peu de mots Epifane: Pi- 3»re la créance vicieufe, que n'eft l'infidélité. Ceux-là 33enne croyant pas, croyent, &ccux-cy en croyant ne sscroyent pas. Que fi la fin de ces entrepnfesn'a tou- jours répondu au commencement, & les fuccezaudef-v fein: fi ces armes ont été plus hardies qu'heuicufes, ce font des jugemens de Dieu fur nous : Souvent un bon Souvent cenfeil, comme difoit Solon , a une funefte iffuë : &ne un bo con- te faut amufer au fage monde , qui juge les chofes par fe'U * une l'événement. Pour le moins ont- ils fouvent arrêté & m*H%aifo rompu les defleins de ces ennemis. Et fi ces deux grans iffkë. Princes, François premier, & Charles le Quuit, euf- ' lent accouplé leurs forces pour l'avancement ac la Chré- tienté , comme ils les ont tant de fois affrontée?

51 *) E LA Naissance de l' Hérésie, pour f 'entre- défaire & ruiner , Soliman n'eût tricmfé de Rhode Se de Hongrie. Et fi tant de braves Fi ançois & Aie* mansquiie font enfevelis dans les cendres de leur patrie, pendant ce miierabîe Ichiime qui nous sfFJeje, euflent (laynlculg joint leurs armes contre le Turc,celuy qui borna Tes con- C&nslan- quêtes a Ziger,fe fut veu en peine dedeflendrefon Stam- tihople. boulg. On luy tut fans doute arraché cet Empire des nains;& nos F rancois, rejetons de ecte courageufe no- blefle, qui marqua jadis defespas victorieux les murs de Sidon , de Tyr & Ierufalem , euflent encore arboré les Croix glcrieufcs enfeignes de notre falut fur les tours de ConfUntinople , & remis ce beau Temple de, fein- te Sofie, que Iuftinian l'Errpereur 3voit autrefois bâti, à fon premier vifage, & au fer\ ice de celuy auquel il avoir été dédié. !V. Comme les derniers font les nerfs delà guerre, fani

mt lefquels elle ne le peut conduire, ce que les Grecs con- dtiCioifa- nenrent :rd"bien quand le même Temple qui's dédierét ë.eipourU enl'EglifedeDcios>au Dieu Mars,futpareuxconfacréà deftnee de la garde de leursTrefors,il fallut fongeraus moyens d'en U ^hré- recouvrer pour acheminer une fi haute entreprife contre titmé. Seîim.Pcur cet effet a la requête de FEmpereur & autres Princes, la quête eft ordonnée par toute la Chrétientés les Iubilez anoncez pour exciter la devotieufe aumône de ceuxquinepeurroient fervir cnperfonne en céte guerre faintejà fournir aus frais d'icellc j comme fit ce vaillant in^Jmlttu Grégeois, cui ne pouvant aller a Troye donna fa jument à Agarnemnon. L'argent ramalTé des contributions & ci- \ilitezdevotieufes,n éioit pas deftinépour cttemis dans les coffres du Vatican, comme dilent les calomniateurs dufaint liège: Mais pour la folde des armées . armement des vaiileaux , & autres préparatifs a une guerre fiimpor». Coutume tante, & quelque partie pourparachevei ce grand & fu- deFEgliJè, perbe édifice de FEglife S.Pierre que Iules 11. avoir en com- mencé. C'a été une ancienne coutume de 1 Eglife d'ou- vrir les treibrs des pardons & Indulgences en telles necef. fitez , afin de retirer par ce moyen fecoursdes Chrétiens, c ar la deifence du nom Chrétien, & leur préparer la voye Paradis , eu: aplanît &. rend aifeeavec ia pénitence, _. YciremémeslesfaintsPeress eniont . .eau biencleih^iiie,lorsqu * maint

*-.-*-> L i v r i I. 55

années quelque Prince Chretiens'en eft voulu emparer: co nme il avint du cems de Ladifias Roy de Napies. En- core aujourd'hui l impolition de la Croifade, qui eft de deux Real pour chef de maifon pour le moins [car les per- sonnes de marque en donnent huit) le levé. en toutes les . , tetres du Roy d Efpagae, voire mêmes aus Indes pour l'en- r'yî treriendes forces qu'il a toujours en nié contre les Mores en *. " &le Turc, payement des garnifons des tours qui gardent £**• les côtes qu'on appelle Atalaja: de laquelle il recire plus de deux millions déçus tous les ans. De nôtre tems, le Pa- pe l'octroya au Roy de Portugal, elle n'avoir ttéprati- q uee,depuis la première guerre fain te des Chrétiens, lors que l'infortuné Sebaftien trop courageux voulut entre- prendre le voyage conerc Mouley-Molve Cherif d: Mar- ro:q & Je Fez, lequel tout mort qu'il étôir, comme un. autre Callimache, foùtenufur le bout des traits qui l'a- voient outrepercé , fut la terreur Se perte de Ion ennemy, qui n'avoir peut-être fait hommage a Dieu de fon entre- pnfe,tel que ia grandeur d'icelle le requeroit. Ces levées de deniers Ce permettent par fois par le S Père en Eîpaçne & Italie, quâd quelqu'un fait vn fignale lervice a la Chré- tienté : Car Kinde/otion de France 8c de l'Alemagiie, depuis que 1 Herefie les vint ravager , eft cau'fe qu'on ne vient plus hurteraleur porte pour ce fujet.l'ay veu en ce- Altxanr- te ville Alexandre Ntcolo Paronich , rt'èrë du JreJ&ftlû. Sangia; D :iCutary, eV proche parent Je Sin'an Pailu Vilir, le|ie: oot;.r. du Pape Sixte cinquième i un bref portant Indulgence a ceux qui luy feraient l'aumône. Celui-là . abîurantJeM »hom ue.ifme,fauva vn grand nombre d'ef- ""claves Chrétiens , leurayant fait prendre les armes avec tel courage, qu'après a/oir rendu un grand & dangereux " comaatconzreles Turcs' en dépit d'eux , il enleva deux Galères: G .o.ieu.v de Ion bu cm &defa victoire en laquelle il perdit les yeux d'un coup de flèche, ilreçeut du Saint Pereqielq.ie bieè fâit.'Etfon bref, duquel après l'avoir fait palier par le confeil de la lancla Croùda d'Efpagne,ii retira plus de vingt mil efeus.

Or Albert de Brandebourg Archeuéque de Majance, v. l'un des Electeurs du faint Empire , ^Primat de la Get- îuUÙfie manie,ayant le pouvoir du faintliege, donna la charge à entre les lanTefcel, Ucobin demeurant à Frankfort3 de prêcher Aaguiltns

® \ cêtè

|4 Dl IA NAIS5ANC* DE 1/HeB.ESIE.

céteCroitad_TenAlemagne. Laiuffifance de celui- cya~ voit de longue main, été reconnuè,memes furfembiable fujet, lors que pour le fecours des Chevaliers Thutoni- cjues oppreifez des Mofcovites , il awoit annoncé les par- dons envoiez par le Saint Père en la Livonie & pais cir- convoifînslan Srambitz gentil homme de bonne maifon, Vicaire General de 1 Ordre des Auguftins, fepkint déco. mépris, &fedeult de fe voir, poftpoféa un autre, dit que cétoitluy faircinjure caries Auguftinsavoieat toujours acoùtumé en Alemagne être honorez de céte charge: Ceux cy en grondent pour la perte du gain qu'ils efperoi- enten retirer. Que ce petit éguillon de gloiie-avarice nous coûte cher l Tous les malheurs qui furviennent aux Républiques, écrit le père de la Filofcphie, fortent de l'a- varice, mais encorpius de l'ambition, difoit celuy qui n'eftennobly que pour h feule haine qu'il a porté au genre humain. O miferables hommes, cnoit-il, l'ambi- tion efr le principe & la fource de tous vos maux. Vérita- ble fencence qui meruoitïécontrcrautheur de meilleure «nargue. SrâbitT ayât le cœur gros d'être privé de cet ho- neu'r,depoLterafapar:ie lapleniereremiiîion de fespe- chea &quât-&quâtdu profit, proteftequii s'envégera. Tekcl aa contraire diftribuefes frères Prêcheurs par tout ponr aller faire la quête: prêche, crie,& défend la Croifa- dc, & par ëcri t Se de vive voix. Ce fut le premier qui s'op- poiaaccuxqui voulurent attaquer lauthorité dufaint Jege, fous pretelte des abus des porteurs d'indulgeaces. Vous avez veuun moine Tekel en Perfe venir aux prifes pour de/Fendre iaReligion. Voicy un autre moine Tekel en l'Europe en même rems, qui entre le premier en la mêlée pour foûrenir lafienne.

Comme quand il avtent que Le rencontre nffztrMt Ze furieux fanglier, & le lien enjcmble, Q^S altérez fur un mont deviennent à treuver Vu petit ùouiuon d'eau , l'un pour fe à '■■Jfoifver Hâte & pantelant de lafo.:t*in i app roche: MhU C 'tutre / 'empêchant , l un (jr l'autre s* acrothe Au rombat '.nnemy , qui d«re iui\n'a tant, Que ie pire fuccombe au metUtur comb+tant. Ainfi ces deux moines choquent enfemble , avec leurs (cadrons blancs & noirs. Ceux-cy ne roulât lâcher la pri-

Livre I. 55

fe, & les autres defirant avoir parc au butin: de forte que comme de deux cailloux qui s'entre-heurtent, il en fortic 1

un fen, qui a cuidé dévorer coûte la Chrétienté. L'Augu* £^/«f»<tf ftin donc tranfportc de hayne & de paillon , qui régente "w Aup^ quelquefois auiîi fonventparray les cloîtres, que dans les ****?'& pilais, avant perdu fa proye, prmc refolution de fe vâger, Ixtwinsm &traverier les frères Iacobins , décrier leurs pardons comme un nouveau fubfide de (alut, refroidir la devotieu- » 4

felibcralitédes Alemans , accufer d'avarice & larcin les quêteurs & prêcheurs , mêlant parmv quelque vérité, comme c'eft i'ordinaire d'une perfonne mal affectionnée, pluiîeurs menfonges &calomnies:Cariln'el"tpaspoflihle que ces âmes fanent ii abandonnées de Dieu, de proférée les exécrables blasfemes dont on les a chargez : Ce dé- bat outrecuidé, en un cems qui convioit Tes homme? au fac & a la cendre , traîna une longue fuitte de mal- heurs, & fut caufed'unegeneralediflipation de touçes chofes,

L e dvc Federic de Saxe tres-puiiTant Prince de la Gcl- rr' manie, orreucépour avoir été éconduit de l'Eveché de Le Du* I4agdebourg, que l'Archevêque de Majancearoitimpe- SiiXe Ja~ tré 6c emporte l'urluy, avec l'envie qu'il portoic alagran- ^V'î deur&richeife des Ecclefîaftiques, voulut être, de la par- jW}mt> tie.Ii écoute Stambitz qui fe plaint , que ces quêteurs, volent l'argent delà Germanie, mangent fon peuple pouc faouler leur avarice. LeDacl'acouragc & lepoalfeace deilein qu'il avoit de s'y oppofer luy promet faveur êc ai- de: Ce qui donna le coeur &l'amea Stambitz de pourfui- vre fa première pointe. Quelques Hiftoriens dilen:qu'i! étoit parent du Duc, ce qui nepeat être, parce qu'en A~ lemagne un gentilhomme n'atouche jamais de paren- té ou aliance unPrince. Qu* s'il ave noie qu'un Duc on Comtele mariât avec une uamoi'elle ou autre de plus balfequalité , lesenrans qui en (oiient ne font avouez, de la race , &z n'on": part aux biens de leur père , ains les pi'as proches fuccedent. On vit cela pratiquer en Guil- laume Lantgrave de HefTe , qui ayant épousé unediU moifelle & eu des enfans d elle , ne penrent partager avec ceux du premier lit. Stambitz donc animé par ieDuc, pourfuit fen entreprife: Mais comme le Prêtre Alexan- dre premier auçheur de l'Ariaaiime , nepeudaiiler foa

D j. noni

5^ De la Naissance de l* Hérésie,

nom à fon Hcrcfie,luy dérobant Arrius céte gloire: Ainfï Stambitzjaçoit que c'ait et é le premier qui remua la pier- re lancée par un bras plus nerveux que le fien contre l'E- glife,n'a peu donner le nom a la fecte dont il étoit , finon autheur, aumoins le promoteunains a lâifTé cet hôneur, mais plutôt cete honte a un autre. Prefque lemblable dé- bat forma le fchifme des Bohémiens qui vitencores : car comme du temsde WenceilaiïsRoy de Bohême, la con- Sauttedes duitedel'Vniverfïtc de Prague, quel Empereur Charles Uujfites, mi* avoit fondé,eût été donnée aux Alemans: Les Bohé- miens jalous &outrez de déplaifi^pourfe voir ainfi poft- pofez,cherchent occafion de venir aux prifes avec eux. Ce pendant un écolier ayant porté les œuvres de Wiclef,He- retiqueAnglois,fournitde matière a Ian Hus,bô&fub- tilDiale&icien &r chefdes Bohémiens, d'ouvrir laporte à ladivifïon. Celuy-cy ayant le premier fucéle venin Wi- clefvifte, l'épandit parmy les écoles. Les Alemans feiettét les Bohemiés deh~rent,fur cela difputes & débats, mais le principal fuiet étoit les Régences , lefquelles en fin le» Alemans quittent SclailTent la place aux Bohémiens, qui fous la conduittedelanHus forment unenouuelle Egli- fe.Le Roy, Prince féneant , digne plutôt d'être comman- dé qu'obeyjes IaiiTe faire. le fais furfeance de ce difeours, que îeprendray lors queie toucheray l'Etat de Bohême, pour reuenir.a nos deux moines qui s'ahurtent furie dé- bat des Chaires de i'Eglife , comme ceux-cy avoient fait fur les chaires de l'école: &vous montrer comment l'ef- prit de divifion en alla tirer un troiiiéme de fon Cloitre.

COM>

Livre

ï.

u

COMMENT LE DIABLE VOVLANT

trovbler l* Eglise va dans les con-

vents &maifonsd'Oraifon,commentily

entre,fes rufes pour feduire les

hommes.

Chapitre VIL

Coutume du père de m'efonge qu*nd il veut troubler la Chrétienté,

2,

Comme il débauche les am:s vouées à Dieu.

S>

tefeul amour de Dieu rend agréable toute demeure*

Anciens moines Hérétiques, &plufteurs nouveaux. s. Les ru/es du diableries apa% quil adrefé , & comme le bon Ange s 'ofofe à luy^ (T. Luther fort de fin convint.

El vy qui haut dans le Ciel commença la

guerre à Dieu . dés lors que des entrailles du

J'en il eut crée toutes chofes, & qui depuis

iScsiwSi cl^^ m^ *'1X cens ans » ^ concmu^e^cy bas à ; homme, qu'il avoir porté par terre en ce mémorable duel que le ferpent luy livra dans le Paradis terreftre,dre(fe toujours Tes enrreprifes avec rufes & tin el- fe s , comme furmontant en fouplelfe tous les enfans du fiecle: Et reconnoilTant ne pouvoir exécuter fa vengean- ce fur le Createur,s'en prend à la créature. Il fait comme celuy quin'ofantf ataquer au gros de l'armée, férue fur Je bagage pour incommoder l'enncmy, & non pour le vaincre.C'eft fa coutume, comme remarque faint Hierô- meen quelque part, quand il veut guerroyer les pauvres mortels, ne pouvant combatre de plein front , de drefler des embufeades dans les lieux impreveus,fuborner & cor- rompre les fentinelles qui font pofées en garde. Comme un ruieefpion il entre travefty dans les trenchees defes ennemis qui font aux gages de Dieu , & aufquels la con- icmtion de fes mailbns eft commife,fait la reveuë & ob-

D 5 ferve

5* De la Naissance de l' Hérésie, jferve comme on vit, (ion fait mauvaife garde.Ii fçait bien que ccfont les efforts &les bolevards de la Chrétienté,la îetraitedelapieté, la fuite du vice, &lefejour d'inno- cence. C'eft la oùfont renfermez ceux qui pour donner «5c châtier leut chair , afin de fervir Dieu plus dignement en liberté d efprit, & hors les tentations ordinaires & in- finies qui guerroient les homes, prindrent le nom de re- ligieux, laiiTant celuy de feculier aus autres, qui vouloiéc ïervirauficcle,&fejourner dans lemode. C eltlaoùilva fureter tous les coins & arrière coins plus cachez , pour «découvrirs'ilyaquelque amedépite & me contente, oa plutôt parmi les folitades & deferts , il pourra avoir jneilieure fortune, & faire prife de quelque efprit mal-en- «ôtreuXjquilaiTcdelaprifbnjdufoètjducilicCj&dujeu- «ne,Cente chatoQÏller fa chair,bouiIlonner le fang,& grô- <ler fon ventre:s'il rencotrera quelque nouveau Plïlle Ajf- friquain qui de fon venin puifle infecter l'air & la terre: Et quand il a taré le poulx a quelqu'un qui a la fièvre aux ieins,ou quelque folie en la tete,qui préfère la luxure a la continence, lagourmandile aujeune,la liberté a l'obé- dience , la gloire à l'humilité , les ncheffes à la pauvreté: C'eftiors que ce grand chafïeurj erre fes pièges &; fes lacs imperceptibîes,commeceuxde Vulcan, pour s'en rendre tout à fait le maitre,prepate fes naiTes dâs l'eau fes pièges en la terre, &fcs filets en l'air, pour les apretsdefa chaife. Le diable luperbe à outrance,difoit un bon Religieux qui

m.r f a fouvent été aflailly de fes tentations, veut être (èrvyco- lÀuhefpm r r r -i i xt

r f^ me ion maure, avoir ion lervice pareil a luy. Non content

n.j9nj> ^ celailfohcite&fouftrait delà m aifon tous ceux qu'il pcutpoar triomfer de luy : il fembfe que cela luy eit un comble de vi&oire.Il aime mieux a fon (èrvice un C'u'étic qu'un Iuif,un Catholique qu'un heretique,un Religieux qu'un feculier.il donnera toujours doubles gage; a ceux- cy, parce qu'ils ont été facrez a Dieu.Proitituant ces vaif- feaux,ilpenfe faire plus grand dipit au Souverain, cômc û quelqu'un fouïlloit le lit nuptial & la couche de ion en- nemy pour alfouvir fa vengeance.L'afliete des monaiteies ores perchez fur les cornes Se dents des rocs , ores cnCcvc^ lis dans la profondeur des obfcures valées, ores cachez dans les forefts inconneiies , ou ailïs éi vagues folicudes, ledevroit détourner de (es pourfuites.Mais ny leurs hau- tes

L i v r e L 5^

tes clôtares,ny la rudelfe de leurs habits , ny la dureté de leurs couches , ny les rides de leurs vifages , ne peuvent: empêcher Tes efcarmouches.il n'y a fort que ce fort armé n'alliege, place qu'il ne fuprene, muraille qu'il n 'échelle, rivière qu'il ne guée , fentinelle qu'il n'endorme, chien qu'il n'encharme, ferrure qu'il n'ouvre, portier qu'il ne - corrompe,porte qu'il n'enfonce, non pas a coups de be- lier,mais avec artiiïces, fînefles & r ufes. Ce ïbnt cespe- tarts dont ce bon religieux m'a die avoir fouvent fenty ies efforts.

Toute fapeinc,dit excellement faint Chryfoftome, à ne gït qu'a trouver l'entrée, s'il a rencontré le fe'ùil, il eft €-o*nmt il a fleuré de faire prife : il ne fort jamais les mains voides, débauche &veiile toujours pourra ruine de l'homme, qu'iitâche les amtt aifocier en fa dei-cbeïiiance,pour dépiter Dieu 3caicom- vâSeesm meileftaudieurdeianatare , auiïi Sathaneft le deftru- Dieu. cteur.il eft le principe de vie, &la:han commencement de mort: l'un eft la vérité &1 autre le menfonge. Il eft l'o- rigine de la lumiere,& l'autre des ténèbres: il eft fautheur de la grace,& l'autre du péché. Il print la peau du lerpen t, poutle faire maure de 1 homme , & Dieu print lapeaude î'hommepourle délivrer du ferpent.

Pour venir a bout de fa guerre , il eft armé de tou- tes pièces , tient en main pluiïeurs & divers crochets pour les attirer a foy. Il veille quand les Hommes L'*H&tffy. dorment, travaille quand ils chomment , voile quand ils s'arreftent. Il vient, difoit ce bon religieux qui en avoit faitl'elfay, ànôtre lèvera l'aube, pour détourner tou- te la journée, aMidypour la difeontinuer, au Vepre pour la corrompre. Il n'a pas befoin de chandelle pour nous trouver lanuit : caria nuiteft Ion jour, l'oblcurité fa lumière, il veille fur toutes nos actions. Sinousman- jons, il nous convie à intempérance; flnous jeûnons, a arrogance. Il tourne les armes que nous prenons con- tre luy, en verges pour nous battre, les remèdes en poi- fon , les chams en prifbn. Ec comme la fainte parolle r lu. donne autant de noms divers, comme diverfement ComP*~ îl a:taque IHomme : car il eft ores nommé Tenta- rMJon- teur , puis Calomniateur , qui eft Ion propre nom -, tintôt Serpent , tantôt Lion , par fois Adverfaire, Satluu & Prince du monde & des ténèbres 3 c'eft fon

plis

€9 De la Naissance de l' Hérésie, pliis haut titre. Au/lia il diver» filets & a trapoirs pro- pre & pour les fuifons & pour les perfonaes. Et comme le pécheur lance des retz,des hameçons & des lignes apâ- t^es,p')ur prendre le brochet goulu, le muletétourdi, ou le faumonfriant,en l'ardeur de leur gloatonnie- Amfice grand pécheur, qui ne vie Scnefe nourrit que dans le pé- ché, leur met au '-levant les plaifïrs du monde, les voluptés de la chair, des délices, des richefFes,& fur tout céte belle, douce & friande libefté, tant aymée «5c favorie des hom- me-, qui trahit Se aifaiîne matheureufementnos âmes: Et comme la mer ne peut fouffrir dans Ion ventre large Se profond aucune ordure ni faleté, ains tout aufli-tôt la rc- vomit & rejettefur la rive : De même 1 Eghfe fentajut en fes entrailles quelque ameempoifonnée, qui impatiente fefecoùe &z remué, elle la pouife tout foudain dehors , ne la pouvant retenir dans fes flancs , Se la donne en proy e a fon maitre.

L e lieu ne met pas l'ame à recoy : il n'y a que l'amour de Dieu qui réd agréable toute demeure. Lors qu'on s'eft y Ll)' retiré des pavées &particulieres partions, qu'on a renon- cé a foy-méme,& chargé la Croixrcar comme difoic faim

III.

. Saille. pour en avoir fait 1 épreuve: Ainfî quel œil qui eft

, en continuel mouvement , & le tourne- vire cftça , de-la,

nutotenhaut, tantôt en bas, nepeut viler droit a aucun

but, ains fil veut bien mirer faut qu il s'arrête 8c fe hYche maure, . r i j x ) j

tout en an point. Ainli 1 entendement numam diverti par

mil le différentes folicitudes, ne fe peut banderdroitala conno'.lTance de la vérité, s'il n'eft déchargé de tous fes deîirs & penfers , qui comme des contrepois pefans lere- jectanc dans la terre au lieu defe lancer das le Ciel. Com- me il eft mal-aifé qu'un navire puiffe s anchir fous fes a- marres: Auîlî eft-il împoifibte que i'ameportee en i'amour de Dieu puilfe faire naufrage Dieu,dit famt C/prian , ne manque jamais a l'homme , que premièrement l'homme ne manque a Dieu.Celuy qui i'a perdu pert tout auiïi tôt l'envie de féjourner dans ces folitudes, Dieuordinai- Ad War rement fréquente. Les plus belles rieurs qui font âfcA'E- glife.ditfaintHierôme, fe trouvent dans ces lieux écac- résdumonde. Mais comme la rofe épanouie aux rais du .. Soleil,devient le foir toute fanée, pert fa beauté a mefiire qu'il rerire fa clarté:ny plus ny moins celuy qui retourna

tant

LlVRB I, 6t

tant foit peu dans la nui r du fiecle , fent glacer & refroi- dir fou ame : & comme le feu de faule meurt & s'ciainc tout aulli- tôt qu'il eft alumé,fi on ne luy entretient la vie par vnicuflc continuel : De même céte grande ardeur en l'amour de Dieu, fatiédit tout foudain que le fouvenir des choies du n onde porte la penlée hors de leur de meu- re.Et tout ainf que le poifen arrivant au cœur , donne la mort au cois.Auflï ces afrcclicns ayant gagné le rempait de la raifon, donnent la mortàl'ame.

P army ceslieus retires du fitcle,le diable alla autre- fois chercher Iovinia,Thec dore, Pelage,Eutiche,Timo- p thée3Henry,& plufieurs autres mo) nés &Religicux,tous 'Tl(Hr:i& iefcjuels bandés à diverfes troupes contre l'Eglife, fous la n*'UUt«u* conduitteneantmoins d'un même chef, ont couru, bri- "tr*Uiiu's gandé &facagé lamaifon de Dieu, feme la zizanie de dif- Jortu corde le bon grain de la paix jette la mort de l'Herefiela c^nvenls» oùvivoitlaviveFoy. La plus forte guerre qu'il ayt fait à . -* *'* l'Eglife,a été fous la faveur de ces A poftats.C'eit la même m ' ^* d'où il tira le malheureux Sergie qui bâtitlafectedude- tcftable Mahommet. C'efl la oùildérobaen nos jours tant dej?uneiTe foie après les délices & plaifirs du mon- de.Il n'y eut maifon confacrée à Dieu dans laquelle il ne fit quelque prife. Dedans celle de faint Auguftin il enle- va (on Martin Luther. De celle de faint Dominique il re- tira Bucer Dans celle de faint Frâçois il fit butin de Con- rad Pélican De celle des Carmes il ravit Viret & Pierre Richer De celle de fainteBiigideil choifit IanOecolam- padc.Dans les Bernardins il print Thomas de Thielt.Dâs les celules des bons Capuchins il fut conquête du mé- chant Bernardin Okin. Dans les retraites des Chartreux, il butina Pierre Martin, & plufieurs autres encores, com- me Pomcran,Mufcule,Muniter,Marlorar,Bugen,Hage, VireljSolon^PatrocclijLcfpine, Beraut, gens qu'on aveu en divers lieux, a l'entrée du Lutheranifme & Calvinifme vagabons errer ça & , pour aflembler des compagnons de leurs folies. Tous ces fols ecervelez, échapés des cloî- :cmmc infenfés fe font jettes dans les ordures & voi- riez du monde, ouitant la haire, lefroc&labcfafle, pour prcdrele manteau &ia garce, & au lieu du Chapelet char- ge; Techarpe & mettre l'epce au côte,

Q^ a n ;-> ieûiable duiamt Grtgoire,dreiTefes embû>-

cher,

Y i Di la Naissance de l'Hérésie,"

ches pour faire broncher une ame, comraefîn &caut: il *' considère premieremét la difpoiiticn, puis il tend Tes lacs. Te: rnfet 11 fait comme le fauconnier , qui vole parles chams , ou dudiable par rivière, lequel dreffe & iardine {es oyfeauxdiverfe- Cyapa*, mcnt,ou pout à la fuitte jetter auxpieds ce qui rafe la rer- qu'il artj- r£i( ou pour aller à'mont fe percher dans les nues, pour 'ru fondreaplombfurlaproyequifeprefente. Ainfi ce com-

mun ennemy des hommes dreiîe fa chaiTe autrement aux orgueilleux,qui montét leur ambition par deffus le Ciel, autrement aux avares vrays enfans de la boue , qui ont toujours le nez dans la terre; autrement aux luxurieux, qui comme perceaux ne demandent que la fange ; autre- ment aux craintifs, quidemémequelecerfontpeur de leur ombre propre.Ce rufé trompeur, pour tromper faci- lement les hommes, leur prefente ce qu'il connoît s'aco- moder le plus a leurs homeurs , n'y entre-mélantj amais leurs contraires. Cène feroit pas venir a bout defondeC- fein,s'il induifoit un avare a la paillardife, un paillard à la chicheté, unlourdant alafuperbe. Ce çrand maître qui n'ignore rien,fçait bien comme il faut diftribuer fes dons àpropos dans les places commandées par des avares. Il envoie des mulets chargez d'or, il endort les Sanfons lu- xurieux au giron deDaiida , qui leur rafant le poil, leur ôte le pouvoir de s'en démordre : aux fuperbes il donne des ailes,les eleve dans les Cieux, pour leur faire prendre une plus lourde ciieute jufqucs dans les abyfmes de Ces enfers. II farprend ainfi les autres par des vices convena- bles à chacune des natures, aufquels il les pouffe d'autant plus, que plus ils s'y auancent &s'y portent volontiers d'eux-mêmes parleur inclination naturelle , comme ont fait tous les apoftats. Pauvre homme, clit-il a l'oreille de celuy qu'il veut feduire : Qif as-tu affaire d'affliger ta cl:air,jtùner,Yeiller,porterlahairecommetufais,tercn- Cttvw/it fermer dans vn cloître, parler le refte de tes jours en foli- le Ài*blâ tude. Pourquoy , pauvre Capuchin, couvres tu ton cors tente lui d'un gros drap, doublé d'un cilice, marches-tu nus pics, rmïves. couches tu fur la fimple paiilalle , tellement coffré dans ton habit, qu'il ne rcftloifibled'eii changer, ni-dansla froide fueur de la mort prendre feulement unechemife? pourquoy mi ferai» k Fucillan, te prives tu du rnâger de la c-haiï A vis tu avec rant d'aufteritez? Et toy aufli ibfitaire

Char-

L i : v b . £ t ç^

Chartreux , qui parmi tant de macérations te prives mê- mes delà cepagnie de tes plus privez,fans ofer parler qu'a- vec licéce,piifonnier dâs ces fombres;demeuies,où tu t'es renfermé: croymoy , brifecéteprifon, pauvre miferable, & jouis de laliberté que Dieu t'a donné. Tu es libre,& non efclave, qu'as tu affaire de t'en priver , pour lepeu de tems que tu as a jouir de la douceur de céte lumière? Tan. Dieu n'eft pas fi rigoureux pour requérir cela de toy. Le Christ afourrertpcur toy,endurépour toy, & mort pour toy. eft il commandé danslEcrirure de le mettre ainfî ala cadene,defourîrir & patirpour aller au ciel? Ce ne font que fuperftitions.Tu peus fans ofFence goûter le» plaifirs du monde, étendre tapoiterité par lafucceiîion de beaus enf ans, prenant une compagne de tavicrtousles plailîrs du monde n'égalent pas celay-la. Donnelepoil follet aux plailîrs & Ils poils gric a Dieu,c'cit fou partage, Et toy qu'il a avantagé de beaucoup de grâces : te veus-tu cacher;veus-tu t'offufquer toy même la lumière? Peus tu pas en tantdediverfesioncs de religions, dont Dieu veuc étrefervy parmy la terrejfaireparoit-reou tonfçavoi^oit ton eloqueuce,ou afpirer aux dignitez pour feivir tapar-» tie5en fervant ton Dieu 3comme tu peus acquérir des biêV &dcs biens &desrichefTes, &nonperir miferablemene dans céte pauvreté tues? N'y a- il un Paradis que pour les moines encloi trez? Le mariage & les richeiTes ne l'ont pas fermé a Abraham non plus qu'a David. Tu as fait ton

vœuàlavolèe, Dieu y aura égard,il balancera fa Iuftice avec ton infirmité. Goure qu'dt-ce que du monde,tu t'ea pourra retirer quand tu voudras. Ce ne fera qu'une pro*- menacç. Es-tu plus faint queDavid, plus fage que Salo- mon,plus fort que Sanfon, qui ont paile leurs plus beaux ans entre les femmes ? Délivre ton pauvre forçat de la aa- lere5joùis de: plaifirsrapres tout,ttnmea-<ulpa à ton heu- re dernière t'afranchira de tes debres , comme ce grand L'dub. en> voleur qui accompagna le Christ àlamort.Ainlïfar- fenfcët, de le diable fon langage, ainfî plaide-il fa caufe , pourfe-

duire les hommes,dit celuy qui a cous redoublez , &juf-

quesaufangafoëtélesapoftats. Combien de fois fur la cTurepaillalie leur met-il devant les yeux les beautez des femmes, les plailîrs de la chair 3 la douceurdela viedu monde.Le bon S. H 1er unie l'honneur des deierts , fentoit

ce*

44- De la Naissance ©el'HïJIesii^

ces élancemens&:&piquerons du diable. I'etois, dit-il,- Hier. ep. feuj a^s Jansies défères plein d'amertume & d'ennuy, 32. ad mes membres laids, couverts d'un gros drap, faifoiétbor- Eust. reur a qUj jcs regar(j0it | ma peau terreufe & ridée faifoit

croûte a ma chair noire comme d'un ^Ethiopien , tout le jour je ne faifoy que pleurer j toute la nuit que me plain- dre gémir. le me tais du boire & du manger : car les lan- goureus Hermites n'ufent la que de l'eau froide: & man- der quelque viande cuite leur eft conté pour grand excez. i Hcureus moy qui pour îa crainte de 1 enfer, n"étoisac-

pagné de plus bénins animaux que Lions, Ours, & Scorpions: & toutesfoisencor le diable penfoit y trouver prife. Ainiî venoir il attaquer le bon faint Antoine dans ion defert. Ainfi Dieu fouvent éprouve à la coupele,à la touche, au marteau , ceux qu'il veut du tout ravira luy. II en fait l'efTay en diverfes fortes, pour par leur confian- te reiolutïon juger qu'elle fera leur perieverance. Mais comme d'un côté le mauvais Angeprefle & fans relâche ba: les oreilles de ces pauvres religieux qu'il veut dérober « i'Eglife leur mère: Le bon Ange gardien que Dieu adon- ne a 1 homme pour le furveillant , l'immcrtalifer, non feulement en fa durée, mais aufli en fa grâce, & en la fr ui- CSment h tion de fa béatitude celefte , leraiTeure defautre. C'eft ion Angt dans les fôlitudes que les Anges gardiens font plus de fail- 7.U. \izs fur les mauvais. Courage, mes amis, dit-il, rendez au Seigneur qui vous a créez, le vœu que vous avez fait : Comme il ne falloir légèrement promettre, aulTï faut-il garder religieufement ce que vous avez promis. Petite eft lapeir.e temporelle au pris de la grandeur delarecom- e éternelle que vous attendez. C'eft un beau trafic de S. Fer- perdre peu peur gagner beaucoup. L'hommevit en ces Kurd. 1k ix eu vous ères avec plus de candeur &de fimplicité,il :hcppeguieres,&.tombe fort peu aus pièges du peché. i>'ii bronche il eft bientôt relevé. Onfe gouverne la avec j»i as cle confluera tion , ôcferepofe-on avec plusd'afTeu- rance: la grâce &les faveurs de Dieu y font plus favora- blement départies, & les recompenfes que chacun y peut acquenr,tcjnt au delà de tout ce qu'on peut efpercr. La fo- Iitudeafioupit toutes les perturbations, &ûonnc temps I c-ioiiîr alarguer, de les tirer hors deiamc,d*autaiu que, c mmeles betès ùuvagcsfont aifces a donner quand on

les.

Livri ï. ? €$

lesflate&aprivoife: Ainfilesconcupifcenees, lescole- Comp*« xcs, lesépouvantemens, les trifteftes, qui font les vrayes raifin* priions de l'ame , fc laiflent bien plus aisément manier & régir a force de raifon , quand elles fe commencent àra£. foir , & qu'elles ne font irritées &afTarouchées par une continuelle agitation. C'eft enlafolitude^, oùenfuiant on les combat. Ne penfez pas que vos cloîtres foient des prifons, c'eft le monde dont vous êtes fortis, qui eftune vafte chartre, & un puant cachot , d'où fortis du monde, YousvouseftesafFranchis.Combien plus épaifTesfontau inonde les ténèbres, qui aveuglent les hommesiCombien plus «rieves les chaînes qui prclfent leurs âmes , que les cordes qui ceignent vos reins? Combien d'ordures,d'im- mondices & de puanteur y ail plus en la prifon du mon- de, qu'en !a vôtre, (i c'eft prifon : Non. cen'eftpas com- me le diable vous veut faire a croire, une prifon, l'on vous garde , mais un fort ou vous yous gardez de fes pri- fons. Ceux qui y entrent volontairement nefontpas Tertul.nÀ moinc libres qu'en toute autre maifon.Que vous fouciez Maru vous d'être enfermez dans la terre, puis que le Ciel vous cftouverr:Craignezvousdcfcntirlereclus,vous qui êtes l'odeur de fuavité ? Il ne vous doit chaloir en quel lieu vous foiez au monde, pourveu que vous foiez hors du inonde.

Ceux qui logent en Dieu ne font put fum maifîn. Eftes vous les premiers qui vous êtes feparez de luy? Non, vous devez vous glorifier d'avoir pour autheur He- lie, Hclifee, Ian Baptifte, Antoine,Paul,Macaire,Hierô- me, Bernard, & autres faints perfonnages. Les deferts & la folitude font les chemins par lefquels Dieu a conduit fon peuple Hebrieu d'Egypte en la terre dcpromilîîon: il leur a donné la Loy,la manne,là élevé le ferpent gue- riifeur: s'ont été les lieux que Iesvs Christ a le plus fréquentez. Es defers il s'eft transfiguré , a été baptise, a fait le miracle des pains Se des poiiïons. Que fi par une pauvreté volontaire vous êtes au defert, privez des ri- chefles du monde , fouvenez rous qu'autrefois Sathaa à tâché de tenter vôtre Sauveur, luy présentant des Royau- mes & des Empires. Que riche eftceluy de tous biens, qui £4 p4fim eft pauvre de defirs. Voulez yous être autres que pauvres vrtt^ en ce monde, puis que Dieu vous y amis, & vous en doit

E tiier

t)i la Naissance î/Herisie. tirer pauvres? IJ.cftvc»a pauvre lui-même, n'ayant repoferfatére.SairtPierrea cuképourlefuivre , fa bar- que & (es filets : S.Mathieu la banque , & tous, tout, ne pouvant rien manquer à ceux qui ne Te chargeansde rien, "peuvent légèrement fuivre celuy qui pefiece toutes cho- ies. En grand danger eft le foidat fuipris empaqueté fous le fais de fon bagage. D;fFpez c été cupidité àçs chofes terreftres, par une ardente affection des celeftes, &p?.r un généreux mépris de la terre, en confidcraticn du pris îneîrimable du Cieî.Reconnoiliez leur incertitude & fra- gilité, qu'ils parlent comme nuages de climat en climat, d'une Emisfere à l'autre, peur en lin fe fondre & i efeudre en rien: biens qui ne font biens que par antipathie,étant caufe ce tous maux. La richeflc aarana le Richard mau- vais^, la pauvreté fauva le bon Lazare. Quoy?vous vou- lez vous tailler vaincre à l'apetit des honneurs du mon- de ï quel Pontificat, quelle magiftrature, quelle dignité a exercé le Sauveur? s'eft-il pas rendu invifible & dérobé de ceux qui le vouloient faire Roy î Le premier degré entre les LommeSjeft le dernier envers Dieu. Cétetrom- peufeÎL'<!ur,apres laquelle le diable vous fufeite de courir à perte d* haleine, efciémblableàces petits feus, quipa- roiflent de nuit près les rivières. Us ne reluifent quepar my les ténèbres, amènent ceux qui les fuivent dans l'eau. Ces pompes mondaines , & ces dignitez feculieres ne pa- loiJlcnr qu'en l'oblcurirc de ce monde, & lors que vous avez cligné les yeux centre la lumière celefte, elles vous femblent reluire comme un flambeau, mais lesfuivant vous tomberez dans des.torrens, & heurterez contre des roez vous ferez naufrage. Vn delîr «louton de la chair vous epoinçonne-il : remettez vous en mémoire que ics enfansd'îfra'ël pour avoir regretté les chairs & marmites grades d'Egypte, &: ne s'être contentez de la manne celé- £e,eurcnt bien des cailles, mais chair qui leur coûta bien cher. Les hommes n'ont mange de la chair que bien tard, & après avoir empiré leur condition, la gloutonie a perdu le genre humain, poor le jeûne fon contraire, il fe doit r'avoir & remettre àfalur. Le: Ninivites par le jeûne ont évité ia fureur divine, dont ils étoient menacez. Moïfe, Helic,li s y s-Cmri s t ontjeûnc.Sont-cc les habits de pourpre & de fe>ye que rousafïecWi Comment peuvent

les

Lni! I. €7

les hommes vivants pompeufement vêtus des dépouillés

des bétes mortes, efperer gloire de leurs habits, qu'ils n'ont qu'à leur des-bonneur & confufion ? L'homme fut nud tantqu*il fut innocent, & n'a plutôt vétufanudité LÇS ***!**• que quand il s 'efl trouve devétud'innocence.Habit qu'il flUZt\ n'a pris pour faire montre d'aucune gloire, mais pour couvrir fa honte. O que lefac des Ninivitesou deludirh, ou la peau du chameau de S. Ian luyeft bien plus agréa- ble. Bien fouvent les robes les plus pauvres , font les mar- oues des âmes les plus riches. Vous ennuyé- il de coucher furlapaillaife? Silefoldatpourle fervicede fonRoy,fous l'efpoir d'une légère recompenfe, pâlie les nuits dans les trancbéeSjCouvert de neige & deferain, fouvent gelé dâs fon barnois : Vous fcldats de Iisvs-Christ afleu- rez en le fervant de la recempenfe du Paradis , craindrez- yous défaire vôtre couche fur la dure? Il s'eft profternè fur la terre pour nous aujardindes Olives, il s'eft étendu fur le bois de la Croix pour noftre falut , & vous ne voulez quitter la plume de vos lits & la moîleifede vos draps, pour l'amour de luy ? Iacob dormant non étendu fur un - lit, mais fur la terre, ayant pour tout lodier une pierre dure,vit la figure de la croix , & I échelle montoient les Anges , & réveillé fanctifia le lieu il avoit dormy fi duiement.C'eftEvequivousprefcntele morceau defen- Lis tenta* du pourvous attitera damnation. Dalida vous ofrrefon tiom. çiron pour vous faire endormir en fes chatoùillemens. Berfabccfe dépouille nue a vos yeus pout vousjetter en Vu pvi- l'adultère qui s'en enfuit auec le meurtre de vôtre ame. ri^ge* Les concubines /Egyptiennes vous alechent fous ombre de mariage,pourvous faire paillarder avec elles, <3c idolâ- trer avec les Dicus étranges.

Quel des Apôtres n'a quitté fa femme pour fuivre fon chef- Ils fçavoient bien que nul foîdat va à la guerre fa femme au côté.Celuy qui vit fans femme, n'a foin que de^ plaire a Dieu. Quoy loibles âmes, trouvez vous de la difficulté en la règle de vôtre cloître? Comment pou- vez-vous , il ce n'eft par les mortifications & péniten- ces , être faits membres du chef couronné d'épines? Bien qu'au camp vous vous êtes enrouliez, les Lois militaires y foient feveres , faut-il pourtant vous fai- te dcfeiteurs de la milice , & vous jetter fugitif au

£ x camp

61 Di la Naisunci di i'Herisie,' camp de vos ennemis , avec ignominie? La vertu guerrie* re confifte a s'endurcir aus travaus : Les Athlètes paytns M , , en laufrerité avigorent leurs forces. Nuln'tft coutonne

. fans^oir combatu. Kul n'eft honoré de laurierqu'il

teutonne , . , , , » i zr "t

. n aiteteplutotenordy de poulliere.Combatczdoncdans

fans avoir . *■ /-i j r * a

J , le cirque de vos Cloîtres dekrts contre votre Antagoni-

' ite le Diable, d'autant plus volontiers, qoe votre Ariitar- cheefHeS.Efprir, l'AgonothetelE s vs-C hRist, les Spectateurs IesAnges & les Saints, lepris lacouronnece- lefte.AÏnfi eihorte ce gardien fidèle, l'homme «}ue le ma- lin veut feduire. Ainfi s'cppofe-il aus aflaus de Sathan: Ainfi cpand-il fes ailes fur fonpoufïïn, pourempécher que l'aigle diaholique quilerondoye& l'épie,* n'en face curée; Ainfi luitent ces deus efprits,à qui emportera cétc ame. Mais entre plufieur, s'ils'en trouve quelqu'ua qui charnel adhère à la chair, mondain felafTe emporter au monde , & trompant le foin de fon gardien s'cipofe à la gueuleduloup. Tafttdttienvttntdetoy, Jfratl, dit Dieu: Combien de fou t'ay- te voulu ccngrtger & couvrir , ttmmt U foulefesfetits, & tu ne l'a fa/, voulu ? Luther fut du nombre de ceus-là, qui furent faits la proye du SeducTeur, *"• Car cefutleconventd'Erfort,oùilallafaircprifede

tuthit cet homme, lors que céte infortunée querelle & debac fort de fon furvint entre les Iacobins & Augufhns affamez après la t«nvent. publication des Indulgences , hommeproprepour telle expcdicion.il reconnut ce jeune Moine hardy,courageus Se plein de feu, Sofiite, fuperbe & ambitieux. Auffi,au lieu d être tenu au frein , il ctoit ordinairement invité au coûts de la gloire. Ccre vainc- gloire principalcment,f'Jt le crampon avec lequel il l'accrocha, fe voyant éleu par deflus tous fes compagnons pour commencer la noife: C'eft un coup fourré, que le diable garde pour le dernier» a ceus qui ont bravement rabatu les autres cous.Lafuper- X.ih. de eîf. be,felon S. Augufn'n , eft la commune mère de tous le§ fajl.CAf %. Hérétiques. Auiîï,diiou un qui en avoit fait lcffay>& fou- vent prefidé en ectefînagogue: Au parquet de i'Herefie l'orgueil «Se l'ambition neoent le fiege le plus haut. Il y a- Toit quatorze ans que Luther étoit renfermé dans le cloître, toujours-mutin, peu cndurantjchefde part qu?nd ily avoitdc: îadivifion &du tiouble parmy les ficres Ce ion: 1rs gc. «ndc , & qu'il chcuclie. Les âmes

uouecs

L r v r i I. f j

douces & repofecs ne foh c pas propres à Ces defleins, com- me font les efpnts rogues & fiers, enflez de gloire & de fuperbe Tel écoit Luther,qui fut un inftrument fortable, pour l'avancement de fes arfaires, comme le triftefuccez de Ion hiftoire le montrera.

COMMENT LVTHER COMMENÇA

DE MONTER EN CHAIRE,

&pourquoy. C H A £ I T R I VIII.

Début (jtdifpute pour les In- dulgences , entre les Augu- fttns o> lacobim. i.

Stambitz fit monter Luther en chaire.

Luther crie & prêche contre Us Indulgences,

Luther écrit *m Eve^neSyfur le fuïet de [es fermons.

5- Les gr ans *b t* des quéeurt des iniulgencts cotez. p*r frère Tbomat» 6. luiïes iugemens de Dieu.

\ O m M e les Prêtres de Mars élançoient de* -lambeaus allumez entre deux exercices j af- frontez & prez de choquer , afin de les faire /enirausprifes & entre-batre : Ainû" le dia- ble confiderant ces deus regimens des Ad- guftins & tacobins . ari-unez les uns contre les autres, jet- te de la poudre & de l'huile dans ce feu, échaufefes têtes pleines d'envie, de haine , d:avarice, & d ambition, qui nedcbatoient la plus part que pour la marmite. Les bons qui étoicnc portez de quelque fa-inclc aifectionne peuvent arrécerlaveu^lepalfioa des mauvais : C;s deux ordres comme à cors-p^rdu , le jettant dans la mélec , il les fait venir aus mains & aus prîtes. Luchcr chef d'un cô- té, Tckel de l'autre.

Ei comme dem Béliers qttun igwllin i\Uu*, Aufrott de de tu troupuu* éperone au courrons* Courent vite adroit fil, (y comme deui tempêtes Secûjfwt forcemx.d<s cornes & dit têtes.

E 5 Amtt

70 De la Naissance de l'Heresib,

A i n s r ces deus, Chefs de chaque party ne ceflent der- nier leur yois & leurs plumes l'un coutre l'autre. ' Ivst e jugement de Dieu, qui voulant purger fa mai- fon , permit ce difcord & ce débat entre ces deus ordres. Qui mêmes prend à fon tour k fouet , & la corde, rigou- ieules armes & inftrumens defajuftice, fans vouloir baifler la main, adoucir les cous, &jetter au feu les verges <îefa julte indignation , que lafatisfactionn'en foit pre- mièrement faite, Scletems du châtiment expiré: Par- Ions fans Metafore.

Ce fut Stambitz Vicaire gênerai des Auguftins qui connoiiïant la nature &z la portée deLuther, luy com- manda de prêcher contre laCroiiade;d*écrier les Pardons de l'Eglife , & montre:- les abus de ceus qui en avoient la charge de cornmiinon, que ce jeune Moyne accepta vo- lontiers a la première femonce qui iuy en fut faite, pour venger i'ihj aie de Ces compagnons : & faire perdre aus frères prêcheurs, le gain qu'ils elperoient en tirer. Ainlî l'envie & L'avarice furent ies marches qui luy fervirent à monter en chaire, &ltâbiriorf luy mit les armes en main contre l'Eglifè, comme la vaine-gloire luy en avoit dené StAmhiiz.. la première envie. Stambitz toutefois fe repentit depuis d'avoir excité ce trouble, mais la pierre étoit jet tee, elle T.tpsniAce nefepouvoit ravoir. Il ht comme Erafme' lequel s'é- d Zrafmt, tant élancé en quelques écrits, jetrez en fa premiereje'u- neffe contre les Moynes qui l'avoient piquéavec trop deliberté, &violence, dit fouvent dépuis, ques'ileût feeu le iîecle avenir, & préveu la folie de Luther, qu'il Le fût bien gardé d'être le Pcre de tels enfans, commeon voit dans les lettres qu'il écrit à Albert Prince de Carpi.il n'eft pas feant a un homme fage, difoit un plus fageque luy, de dire je ne lepenfois pas.C'eft une exeufe vilaine au dire du grand Capitaine Fabius. On dit qu'Erafme cuida crocheter l'huis que Luther enfonça tout a fait. Auifidi- jfoient ordinairement les Allemans: Eruftmu innuït ,Lu: he- rtuirruit. ErafmM parti o:ta , Lutherm excluait pnUonEraf. miudubittt, Lutherie afftverat. Alors les Ecoliers parlans de ces deus homes avoient ordinairement ces mots Grecs en bouche h" e p a s m o s l o v t e p ïz e i, h" lovïe- pos e'pasmi'zei. C'eftadire, ouErafmeLuthenfe, ou Luther Erafmife. Si a-il été grand adveifaire de la

teCtc

L z t x i I. 7z

iè&e Luthérienne, comme on verra à la dit te de ce te

hiftoire, & toutefois les ennemis de l'Egale vont ci 3c la qnétant parmy fes oeuvres, plulleàrs traies pour le pluvir Lutherifter & diiTî muleat les palfages ; ils font, Récrit humblement au Pape, & a la faculté de Théo- logie à Paris. Qu >y que ce foi t , la lecture de cet autheur prifefainement, imprime aus cceurs.lapieté & crainte de Dieu. j.

Av commandement que Luther eut de Ton General, Luther enflé d'orgueil, fe voyant appelé à fexecucion d'une fi prêché & grande beioigne, laquelle il roùioit déjaenfa tcteïïl crie contre monte en chaire, va ores çà, ores la,ne celle de crier.con- Ui Induis tre les abus, pilleries , & preiTe importune des prêcheurs gerieti* des Indulgences , dit que lapracique d'icelle étoi: urfs plaifiate tromperie inventée par lEglife, pour attirer le peuple à dévotion, &le conviera fairedes bonus œuvres: Que ce n'étoit pas mal fait de le laiifer ainil piper , mais qu'il ne falloir pas auiîi être trop crédule : mêlant parmy toujours quelque trait de rifee (car de fon naturel il écoïc homme qui aymoit à plaifanter & brocarder ) lâchant neantmoms par fois quelque mot quiraralbit nonfeule- mens l'authorité & blefloit l'honneur &t^gnité du liè- ge Romain, mais au (fi qui revoquoit en doute le pouvoir du chefderEglife,Plulieurs fur ces propos renvoient noa feulement ces porteurs de Pardons les mains vuides5mais chargez d'injures. Auiîi le danger palle , la dévotion fut tout a fait refroidie: car la nouvelle vint que la mort avoir, arrêté les grandes entreprîtes & deileins de Selim , & en- levé du monde celuy,àqui tout monde ne pouvoir ÇafL fire. Si que l'Aie magne fut aucunement délivrée de la peur elle étoitde ce darbare felou, a qui la fortune 9 tenu fzcleile compagnie fans jamais fe départir de luy,j ni- ques fur le bord du tombeau, r

Lvther non content de s'être bien avant élancé Luther f- dans les fermons far ces abus écrira l'Archevêque de Ma- Crit *ux jance& a r£véquedeBrandebourg,fe plaint que les pré- Evtques cheurs des Patdôs font entendre au peuple,que les âmes fur U fu- fontauiu* tôt délivrées du?argatoire,que l'argent efr cra- Ut de fs% chéaubaffia, que les lettres des Indulgences fervent de fermons* paffe-porr pour entrer a a Ciel. Qu'il n'a peu taire un tçlabus, yeu que perfounc ne peut être aile tué de ton

E 4 faiucâ

7i Di u Naissance del* Hérésie, falut,non pas mêmes par lagracc dcDieu infufe en nous, puis que le j ufte, die faint Pierre j à peine peut être fauve.* Il changea bien depuis de doctrine. Mais l'un & l'autre tint peu de conte des lettres deLuther. Audi étoit-il hom- me inconnu, &quidevoit s'il eue été poufsé d'un faint zèle, laifTer écrire celuy qui avoir Fauthorité félon les rè- gles de fon ordre. Il fît encore pis:car fes lettres turent ac- compagnées deplufiears proportions, fujet de la difpute qui ayint depuis : Non contant de les avoir envoyées, il publie fesThefes aus Ecoles, les affiche, crie par tout con- tre les vendeurs d'Indulgences , les taxe de larcin & ava- rice, & tous les Ecclelîaftiques de nonchalance , fainean- tife & ignorance. Tekel de fa part , autli courageus à de- Tiktl, fendre fa charge,que Luther étoit audacieus à l'attaquer, publieles fienes, luy répond, appelle Luther Hérétique: Celui-cyfefentoit appuyé de l'authorué du Duc & Ele- cteur, & l'autre du Legat,qui luy avoit mis le pouvoir en main: &quinepouvoit cédera la violente impetuofitc deLuther. Outrel'interétdugeneral, il y alloit de leur honneur particulier.ConfeiTons franchement que ce n'é- toit pas fans raifoa , que Luther s"' ébranla contre les vi- ces de ccus qui avoient le gouvernement des âmes. Car

TluJîtHrspaJfoient leurs tours fins garder le troupesti Ttntnntu- ^ont ^ t%T9ient l* gra'JTe & déchtroient Uptuu. je de plu- N'ayant aucun foin de remparer les clayes, fermer les a- fieurs E(~ venues de leur bercail contre les courfes & ravages des tlepafti- lousj ne Yivoient que pour le ventre , &abufoientdela f""' (implicite Se borne du pauvre peuple, fongeant plus a at-

traper leurs deniers, par la vente de cts Pardons , & per- mifTions de manger chair aus jours défendus . qu'a net- toyer leurs ânes : Au lieu de leur faire entendre comme les clefs que Dieu a donné a S. Pierre & a fes fucceffeurs, ouvrent le Ciel aus vrais penitens,& le ferment aus obfti- nez: Comme le Pape Vicaire de D:eu en terre , prend ces Indulgences du threibr inépuisable de i'Eglife, qui eft P. thifiu composé des infinis médites du Sauveur du mode, & a la- tn culend veu&fuittede ceus-la, des mérites delà Vierge & des Hi/7. Er*/ Saints: En quelle façon la peine éternelle eft changée en $pi(l. 22. temporelle: Commes'entendenties mil & deux mil ans •d Albert de Pardon: Et leur meure devant les yeus, l'ancienne &

faintc

LlVRi I. 7?

fainte coutume & pratique de USgHfe, toujours tend ue* Mafeu*

au falut de fes enfans. C'étoit afTez de leur dire , que ces I1.20.im

âmes s'cjoùiffoient au Purgatoire, fauteloient d'aife,oy- prtméà

ant le fonde l'argent jette dans le bailïn, quelesplus Jnversl'i

grans péchez croient délorsremis;qu'en donnant de l'ar- f^o.Pe

gcnt& gagnant ces grans Pardons. (Ain(i les appeloiem- Ud,

ils) les grandes porces du Ciel écoient ouvertes , quela VtrgJib.S

peine & la coulpe é toit eifacee, voire-mêmes les péchez a cap. ^, tenir pardonnez. Lâcher dans lalettreaH;mry de Brun- fwic les aceufe avoir cenu ce langage , & publié céte do- ctrine, voire charge Tekel du plus horrible blasfeme qui fe peut imaginer,que les diables mêmes auroient horreur

de proférer. Ce qui rend fufpect la plus parc des autres quiciayj

«chefs de (on aceufation. Cet argent, die Guichiardin é- *-i f

»coic impudemment demandé par des Commiffaires de- 0 \ .

/ <-l- 1 1 j r 1 feneer. 1

wputez pour cece exaction, la plus-part delquels avoient Q^ron

«acheté la puiflance de ce faire des Oificiersdu Pape. ç.r* «Plu (leur s de fes Mmiftres vendoient àpetit pris , ou «jouoyent à la taverne la puilTancc de délivrer les âmes « du Purgatoire. v.

Oyez ce qu'en dit ce bon Religieus dont j'ay fait Les gra~ meiuion au quatrième Chapitre,no.nme frère Thomas, *bus des lequel ne ceiïa de crier conrre ces pilleurs avec autant quêteurs d'aprecé que Luther : mais d'une confeience toute diver- des Induis fe. Voicy quelques traits des (îens, tirez du livre que j'ay, gences. «qui fur depuis imprimé l'an 1521. Regarde Ledteur rres- « Chrétien, dit-il combien ces Bulliftes, maisplucô: ne- «bulons, pipent le pauvre peuple Chrétien. Ils vont par «moncs& parvaus , dépouillant les pauvres idioesde « leurs moyens;& afin de les écorcher à leur aife,ils pacti- sent avec leurs Curez, difant: fie laiffeicy les mots de «cec homme en la même naïfveté qu'il les a écri es.) Mon- sieur le Curé, nous portons uneIndulgencePleniere,fî «par vôtre commandement le peuple eftalfem blé, &les «Procédions faices , nous vous dorrons le tiers du profit, »& nous ferons bonne chere enfemble, à la barbe des Partie de «bonnesgens. Le Curé concubinaire, ignorant, merce- 'F.Tbo- wnaire, &nonPafteur, arin qu'il puifTe remplir fonven- mas. «tre, nourrir fa paillarde . faccorde avec ces porteurs de «bulles,lefquels ayant aifemblé deniers à tore & a droit, «s'éjo'uifTcnt, fautent, fe mocquent de ces pauvres

I 5 «idiots,

74 Db la Naissance »e l'Heresii. «idiots , qui ouvrent leurs bourfes fous prétexte de ga- »gner les pardons, ou racheter les captifs. O bon Dieu, 3>qui poarroit narrer les méchancetez, qui fous prétexte »de ces Indulgences fe commettent par ces quéeeursin- » famés, &par ceus qui les penfent gagner ! Car il yen a ■•de fi fols, qui font bon marché de leurs confeiences, di- »i mn en Epicuriens , Donnons nous du bon tems , pre- nions nos piaifirs : avec quelque peu d'argent une bulle «effacera tous nos pechezpour graus & énormes qu'ils foi en t.

Ie laiffe le furpïus des regrets & plaintes de ce bon homme, qucj'ay traduits mot à motdefon Latin , bien marry que la vérité m'ait forcé d'écrire ce que j en dis. JEneiUiil- Lamémeplainte fut faite du tems de ïan XXIII. lors qu il •ciittca.ss publia les Indulgences contre le R07 de Naples, qui é- Hift.Bohe. meurent les mauvaifes humeurs des Bohémiens ja ébran- lées par les prêches de ïan Hus , comme ie diray cy après au livre quatrième : Car ii faudra fairelareveuedeces pais duNort. Mus Sleidan dés l'entrée de fon lùnre, de- voit avec plus de confcience,narrer la bulle de Léon , qui fut la pomme de drfeorde: Il fe contente de dite, que le Pape promettoit abfolution de tous péchez, & le Royau- me des Çieux, moyennant certaine fomme de deniers qu'il falloir donner. Pourquoy a-il coupé la pénitence enjointe en la même bulle,iaconfemon commandée, SC la restitution ordonnée , pour avec la puiifance des clefs, la contrition, l'oraifon & l'aumône . gagner l'Indulgen- ce p:omife pour la peine des pechezrOr je fuis content de hâter le pas, pour fortir des actes monltrueus & vilains de certains particuliers qui ont appelle lecourrous de Dieu fur le gênerai. Ç¥ Se fauc-il étonner fi ce grand luge du monde touf-

luttas tu- jours bon, mais toujours j dite, qui mefure les chofes gemens de aupois,&àla balance, aroidy fon bras armé les mains Dieu. de foudres, pour accabler ceus quiabufoient de fa bo ité,

& de la puiifance par Iuy lailfee en terre , à certains ho ru- ines : S'il a réduit en fervûude des Evéques & Prélats d'Allemagne , qui furpafloient les plus grands Princes de l'Europe en ncheife , grandeur & majeité , ce a prefenc vivoient en divers lieus avec quelque chetive & mifera- biépenfion qu'ils ont mandiéjufques icy de leurs enne-

nùs,

Livre I. 75

mis, ou partagé le gâteau ? Car à prefent ils fe relèvent de leur cheute. Dieu ne leurdifoit-il pas par Malachie. ?, le V9UA rendray coniemptibles , mipr'tfèz. (jr vils devant toutes yjles nations , d'autant que voua n'avezeu en affection ma Loy. Luther avoit raifon de crier-, & ce faint homme de (empi- rer après la reformation. Mais comme le bon faint Ber- nard criant contre les vices des Eccleilaftiques , dsmeu- roit neantmoins a (on devoir,reg!oitfon Abaieraufli fai- foit celuy-cy au rebours de Luther, qui fort de la fenêtre, crie au feu, &z cependant apporre de l'huile & de la pou- x dre pour hârer l'einorafemcnt &c la ruine entière de la maiton qu'il vouloir nettoyer. L'on ne peut nier qu'il n'y eut de l'abus, de l' ordure Se de la vilenie en ces avares quêteurs, lefquelsamailant par ce moyen plufieurs fouî- mes notables, faifoient proiît de l'innocence gtofliere dupopulas.

Voila comme les deniers étoient recueillis. Et Dieufçaitiï ces Collecteurs avoient plus de confeience en rendant leur conte,qu'ils avoient en faifant la quête. , Vilaine & infâme avarice , racine de tous maus , dit TA- *v&ttct*t pôtre , C'eft toy qui as la première ouvert la porte à lHiiclie.C'efttoy quiauili feule as ourdy la toile de nos longues miferes : comme ce fut toy qui livras l'innocent à la mort.

L'avarice de ce; médians factileges , fut le pre- mier fuj et de l'Herefïe de Luther, & l'avarice qui ron- geoit le cœur de cercains Auguftins , pour n'avoir part au gâteau, peut-être plus que celuy de Luther, qui n'étoit ce femble porté au commencement que du delir de gloi- re , luy fit redoubler la vois & la parole , pour crier con- tre leurs vices. Aiiin* lachaiité Chrétienne étoit lors en plufieurs lieus du tout éteinte, & l'humilité bannie. Ce n'étoit qu'orgueil & diifolution parmy tous les Ordres. Lepeuple en divers lieus étoit nourry en une longue Se groifiere ignorance.

A faute de labeur & contres trenehans. Les fougères kvëhxt pouffi dedans leurs chams*

Celvy de l'Eglife pour leur nonchalance & foi- Lechamp blc labourage p étoit tout heriffonné de chardons & dtTE$fi

orties.

7* Di la Naujakci di l'Hehisxi,

orties. Toac pour les mœurs débauchées, étoit altéré êe la abàtardy: Car Dieu m :rcy pour la doctrine elle demeura tharaons, toujours entiere,& ne fe dément jamais. Mais comme la Jaideureft l'apanage ordinaire des cheveus gris , & qu'il n'y a cors bien compofé qui ne fe corrompe & vie de vielleiTe,edifice fi bien cimenté dont avec le tems 1 aflem- blage ne fe dépecé Se ne fe démente. AuiTîn'y a-ildifci- pline fi bien établie,mémes en la maifon de Dieu , qu'à la longue ne s'altère & abatardifTe : Ainlî que les vices fe r'enforcent a mefure que les Loix vicilliiîent.C 'eft la cou- tume du fage monde:chez luy les chofes vont toujours en empirant, fit au lieu qu'elles devroient meliorer & pren- dre le train des Alchimiftes, qui, par les poudres d'inje- ction, qu'ils appellent le levain des Filofofes, fçavent fai- re pafler le fer en cuivre,le cuivre en argent, & l'argent en or,p<ir la tranfmutation d'un métal en un autre plus pur, &de bien en mieas. Nôtre nature fait le contraire, & parla tranfmutation de ces hommes en d'autres, roulant toujours en pis , fait que le fieclc mauvais de nos pères, pire quece^uy de nos ayeuls , nous engendre encor pire qu'eux.

LE *

&S3

SS^?

I X V R 1 I.

V?

LES-IAGOBINS SE BANDENT

fflkX l LVTKER, LZCLV£L COMPARE

pJF^i \ant le Légat du laine Siège , & ?. " ce qui avint.

Chaïitui IX.

■"•? T.

J&u'eft-ceejuefît Ltonfurcet eefurrences. x.

tes lacebim attaquent Lu- ther de toute f f*rt s } qui fe àejfeui.

h tint querelle s aigrit fur flu- ftturs nuti a feints.

Luther cité « Borne tontfan dtvent U Cardinal tn AU

magne.

S-

llfe dérobe, tyfeferiure.-

6. Znflatant Luther , en le fer- dit.

E r t i s le jeune Gordian difoit trefbieft, que mal-heureux étoit ecluy qui portoit /; le feeptre de l'Empire ; Car on luy celé or-_ ®uefl-e$ dinairement la veritérMais plus mal-heu- ^efitLeen reux eft celuy qui tient les Clefs defaint furcesec- Pierre, & l'Empire des âmes , auquel fou- currencef, vent on la déguife, difoit Adrian VI. Il cft contraint voir . &ouyrparlesyeus, & parles oreilles d'autruy : plufieurs " qui font à fes flancs pour ménager leur intérêt particu- lier, trahiiîentfouvent le public. Ainfifît onautemsde Léon, lors que la Chrétienté commença a fe découdre & démentir : car comme il étok Prince d'une bonne & dou- ce nature,auflï ctoit-il d'unepromtc & facile creancc,re- jettant bien fou vent fur les épaules d'autruy le pefant fardeau qu'il avoir fur les fienes, Scamoly des plaiiîrs du repos fe déchargeoit bien volontiers de-toutes chofes qui luy pouv oient apporter du déplaifir. Cepcndantil croit mal averti de tant de defordre qui fe preparoit parmy l'Al- lemagne,* ne prétoit i'o'ùye que d'un côte: Car fans cciTc on luy bâtoit les oreilles des proposions fediticufes de Luther, fans luy faire entendre la fource de la querelle, ny 1 infâme avance de ces facriieges, qui Ycndoientauili

leuc.

78 De la Naissance de l'Hérésie" le trefor de l'Eglife , & l'honneur du Vicaire de Dieu en terre, qui Je difhibuoit. JAâàeUi' ^e kruit méme étoit dr.ns la bouche du pejirtfc*

ne de 2Se- °îuoy cîue peut-être faus, Magdeleine de MedicisTioÇ dtrU fœur ^u ^aPe avoir part à la toifon , qui, fous les forces a- duTate f^ees des Indulgences, fe retiroit des brebis de I e s u s- Christ. LEvêque d'Arembaud étoit Je Commif- faire & Collecteur des deniers, deftinez, difoit-cn, pour elle, comme écrivent quelques Hiftoritns, digne d'une telle commifTion , qu'il exerçai* avec une grande avance,&extoriiofl d'autant plus odieufe, qu'on voyoit ces facrez deniers être deftinez pour afïouvir Ja convoiti- fe d'une femme. Comme auffi on ceioit auPape, l'offre queLuther avoir fait d'en demeurer au fcul jugement du Chef de l'Eglife , qu'il vouloit reconnoitre pour Vicaire de Dieu en terre. Le Pape donc, pour aller au devant de ce mal menaifant l'Eglife, écrit au Duc de Saie, luy com- mande qu'il mètre Luther entre les mains de Thomas de Vîo Cardinal Cajctan , lors Légat du faint Siège prez 1 Empereur Maximilian5 ou qn'en lenvo) a a Rome, que il le veut ouyryentendre les raifonspar fa bouche, pro- tttant de referver une oieille à ion innocence. Le Duc s'exeufe & l'excufe aufli par les lettres. Luther par même moyen fin Se rufe , fait le dos , écrit au Pa- pe, fe jette à fes piez, dit qu'il eft trcs-humble fils de L'Egïiiç & le lien, que fa vie &fa mort dépend de luy, il commande, &ii oyrafaYoix comme venant du Lieutenant de Dieu, offre de fe taire peurveu qu'on Je îaifle en paix. IxtherVa Père faint, dit-il en l'Epure qu'il luy envoya, la- '/j/o'. et- ^quelle fe voit dans fes premières œuvres: appeliez moy, fre*t4?n- *>r'appellezmcy , faites demoy tout ce qu'il vous plaira, U toute o- «faites moy vivre, faites moy mourir, j'entendray vôtre kejjfiwcc. ^voixeomme venant de C hri s t. Et en une autre E- Mpkre qui le trouve auifi dans le premier Tome, ilfait «céte pixneftation. 1'atefle devant Dieu & toutes les : Créatures, que jenc veus &n'ay eu jamais intention de a.-- toucher à Pauthorité de lEglife Romaine, &duPa- „itcur diceile. Ieconfcffe que céte Eglife eftpardeflus „tout ce qui eft au Ciel & en la terre fauf le feul Iesvs- C u i;i a t: Comme Pamachius difoic, au conte de

Saine

L i v R s I. 79

Saint Hierôroe, au Pape Damàfe. Faites moy Pape de .

Kcme, & je feray Chrétien. Auffi Luther eût volontiers *r*t41 dit: faites n- >cy Cardinal , & jefetay Papifte. Il eût été à meilleur conte £ on l'eût fait Prêcheur delà Croifade. ^/n même teins que Luther écrivoit ces lettres , il fit tant, qnei'Vniverfité de VVitemberg porta honorable témoi- gnage de lu y: Comme au fil de fon côté il fait entendre auSaintPere, ques'il a dit quelque ehofe centre Tau- thorité du Saint Siège , c'a été par forme de difpute Sco- laftique feulement. Mais Dieu le permettant parnospe- chez:il chanta bien tôt laPalinodic.

Quel erreur inferfee.

"En un (cnttAire feus te change lapenfet.

n.

Le bruit tandis s'échauffe davantage. Carunlaco- Ze$ Imm-* bin nommé Silveftre Prieratez (grand Théologien qui fans etta* acompofé la Somme Silveftiiene qui avoit la charge quent L«~ d'enfeigner la famileduPape, office afTedé à unlaco- ther de bina ce te occasion appeléMaitreduPalais Papal ) s'ef- tenus carmouche contre Luther , &: ne pouvant palier éc cou- paru» vrir les abus que celuycy avoitmarqué , iis'étendau long fur l'authorité du Pape, qu'il élevé avec des paro- les nateufes paidciTus tous les Conciles & puiilànce» delaterre, & comme cétuy-cy avoit rehauiîe par fou écrit le Saint Siège jufques au Ciel, Luther piqué par dépit, le ravala tout aufli tôt , par les proportions juf> cjucs aus enfers. Dit que file dire de Sylvefrreefc vérita- ble, Rcme eltlellegedel'Antechrift , &nonceluyde Jaint Pierre. Vu autre Iacobin nommé Taquet Horftrat crie au feu, Se ru fang , comme fait le Iacobin Tekel de fon côté , qui étoit entré le premier en débat avec luy. Il fembîoit que le feul ordre des frères Prêcheurs , vou- lût entreprendre à pris fait la ruyne de Luther, fous la faveur du Légat qui avoit été Iacobin, & que l'envie «klajalouiiede prêcher les Indulgences, n'étoirpasdu tout éteinte. Comme auffî de l'autre côté, la plus-part llufourt cesAuguftinsétoient partifans de Luther. Planeurs de Auguslitu cet ordre échaperent, comme Lindan raconte, &fcper- s'éctrterét dirent par compagnie , faifant beaucoup de mai Quel- desfre- quesàutrcsTi ïlcrcm , entre lclcuels mierf.

Iaa

So Di la Naissance di l'Hiresïi^ Ian Ekius grand docteur fut des premiers.Luther fc voyat pourfuivi a dogue & a limier, de tant de gens , tourne vi- iage,crie qu'on le laifle , autrement protefle , comme Ia- nen dans Vngille.

Si'yne puù fléchir par prières les Biens, l'tnve, Htr ay fexenrs des llutcmaueslieus. Dit qu'il s'en vcngera:Maisc'eft une vraie manie de fe venger à Ton propre dommage plutôt quefoufFrir une injure. Et tout ainfi qu'un fanglier aculé, herilîefahure, montre les dents, feferme,fedefFend, & entre cet veneurs Coparaif. choifîtceluy quiluy plante le fer. A^nfi Luther harcelé touscôtez, attaquede toutes parts, tâche à fe démêle* des uns & des autres, pare fur tout coctre Ekius& Syi- veftrc. ni.leur Mais comme ceux qui entrent en querelle pour peu

querelle de chofe,petira petit s'engagét à des nouveaux debats,& s**ij%ritfur des parolles viennent aux mains , & de la difpute au com- pîujiekrs bat ; Ny plus,ny moins ces gens , quinedifputoient que autres des abus des Prêcheurs deslndulgences,entrentenla do- poinis. clrine & remuent céte pierre; le faint Père a pouvoir de , les départir aux vivants &aux morts. S'il y a des œuvres méritoires & fatisfa&oires3 quelle différence on doit fai- re des péchez mortels & véniels , & plusieurs autres que- liions que Luther n'aYoitYOulu toucher, ny tiieren di£ pute : cir quelque véhémence qu'il eût apporté attaquât les Officiers commis par l'Archevêque de Majance.il n'a- voit ce pendant révoqué en doute la fainte inftitution des Indulgences, ny la toute-puiffancedu chefdel'Eglife pour la distribution d'icelles , ains au contraire, comme v on lit au premier Tome de (es ceuures , il confeiToit céte

fouveraine authonté être en famain. Leméme avoit fait Husaccor- Ian Hus.predt cefTcur deLuther, qui hurtant contre le éei'au- fueil de iEglife, fut dévoré du feu qui lecenfuma par le îherité du décret du iamt Efprit auCcncile de Conftance,fans qu'il **¥*- en reftait autre chofe que les cendres , joiiet du vent qui

les em porta. Celuy- la aceufé d'auoir voulu mettre en dif- pute fa puiifancc du Pontife Romain, en la diftiïbution des Indulgences , dit amfi dans fon premier Tome. l'ac- corde que le Pape qui cft Vicaire immédiat de Iesvs- Chri^T; aie pouvoir de donner les Indulgences , & paruennent au clefs. Celuy qui les re- cevra

L x v R i I. 8r

cevra s'approcher d'autant plus de Dieu. Cequej'ay re- marqué a deffein.pour montrer combien ceux fe trom- pent, qui pour envieillir leurReligion la veulent acou- pler avec celle de IanHus, contrel'avis de Luther , qui , , deteitoit fur tout, qu'on l'appellàt HuiTîtc,ou fauteur de m

céteHercfie.Iamais.dit-ilàEkiuSjdifputantcontreluyà co^}"ae*if' Lipfe, je n'aprouveray le fchifme des Bohémiens, encor * " que le droit divin fut pour eux, puis que de leurpropre 5c Ca^' * privée authorité ils fe fout feparez del'Eglife, & rompu l'unité-d'icclle. Hus,ditLuthcraillcurs,nes'accorde pas aveemoy. Mais s'il a été Hérétique, je l'ay été dix fois £w/£ ;m plus que luy,veu qu'il n'a dit que peu de choies, nefaifant s/7trt)0. ^•que commencer d'aporter la lumière de la vérité. Vous Hrf ,tf# verrez-cy après au livre quatrième fon inconftaacc , & le langage décevant de cet homme pour établir fon Herc- fie. Luther avoitveuprefque naître celle-là, par la mort d'une moins méchante: Et nous avons veu prefquemou- rir celle- cy,par la naifîance d'une pire. le feray content a- fln de ne fervir le Lecteur à demy , donner quelques Cha-

- pitres cy après en fon lieu à l'Hiftoire de Ian Hus : car en- rqueje forte de mon llecle, jene fortiray pas démon

' fujct.AuiTi. fur les rêveries de Ian Hus, Luther moula une partie des fîcnnes, comme cet autre avoit fait fur celles deWiclef.

Martin ce pendant eft cité à Rome , par-devant ir. Luther l'EYêqued'Afcoh,& ce Silveitre.quc le Pape députa Com- citéàRc- miilaircs pour entendre fes raifons &luy faire le procez, f»e ccfnr$ comme contumax& rebelle. Ilimplore l'aide detout le devantle monde pour être déchargé d'aller a Rome, comparoître Cardinal* devant Silveftre,qu'il difoit être fon ennemy ouvert: car comme le criminel ne craint rien tant que le front du lu- ge^ la porte d'une Tournelle, qu'il ne peut voir fans ef- froy: Auifi Luther ne redoutok rien tant que de cornpa- ioîtreaRome. Lcfeul nom decétegrandeurl'étonnoit, &levifaged'un Inquifîteur delaFoy luy donnoit dé-ja

. la crainte de la mort. le ne fuis pas ny faim Pierre nyfaint Pa*l,difoit-il,Ie redoute trop ce Néron. Et comme le de- icfpoir fournit de remèdes a la nccefîité, ilprie&tt-prie qu'onl'aiiiite. Plufieurs luy promirent aide & fecours, - mêmes le Pnnçe Fedenc de Saxe , qui écrit au Pape ,. luy donne efperance de le ramener à fon devoir , en parie au

F Légat,

?1 D B LA AAIS8.ANCÏ DE l'HePESIE.

Lcgat,&f: c renvoi ée. Lutherltfî

LMrtsde écriccnces termes, le ccnki. Ûç ailleurs",

Luther. cjucv .ctrcpiiT . rue jay porte

ce su i cm du fouverain Pontife, en- corque jVaye été pi i llé.lereconnois que je deveus être plus i tercetc matière avec pliis ce charité,

creau fcldei lie: j'« ne. Quel-

que tei a (auf- conduites:; avec

lettres du! ilfe transporte à'ifc u £

bourg devers le Légat . en compagnie dit Vicaire General iiz, oui fut le premier qui luv délia J'arrache, & le tança < g^l,c> comme j'aytdir. Lu-

ther avec tes paroles pleines de mode flie , & une conte- nance qui raribit contre d'une grave-douce humilité, digne d'un vrav religieux, remontre par une afiez longue oraiion (bu innocence, protefte qu'il ne le veut lepai îuniondci EglifeîQue fi Jes abus des Porte Pardons l'ont jette en quelque aigreur, il en ercmarry , n'en tend avoir irede Dieu en terre, loumct toutes ics opi- nionsàlaccnfuredcs Théologiens de Bafle,Louvain,îrr- bourg & de !a faculté de Paris, école Tres-Chréricnncde Tavsrahh laXheologie : C'eft le nom qu'il !uv donna. Le Cardinal ecw.il du le reçeut, & écouta plus favorablement & humainement Itgat» cneLuther n'avoir cfperé, commeil dit depuis : luyre- montre la grandeur delà faute,& de Ton péché, s*t levant feu! contre FEglifeVniverfellerlcprèflerit fe dédire & ré- tracter, raire pénitence de fa faute * & promettre n:y re- choir ramais rEréfconfefiera moine répond n avo r tien écrit , qu'il pen'e en la conicience être mal d : fa.rc côr.cure.Lt Cajetan qui éio:: - beaucoup dentendemênt,6c4eieitres,luy

s des proportions qnUlavoièpubnees,jacorj comme il iuy ir.c;;-

6rc,pdr les anciens &;j>reE c en cor

un coup ce révoquer ce quJ 1 avoit écrit, confeflet la iau- te,£cca requérir pardon. Luther chancelant & douteux, iln'étoitpas conduit ce i'Efpiit de Dieu - J& fur une

tante, et ce pendant il tarJ ;urs dinauJ&enccs.

Litre I. B$

Pour luy clorrc la bouc! e , & ctcr le Cujtt de fa médi- fance, le Cardinal devoit informer & purger le monde de ces cens, qu i teaudepieré^abufbicntdefbri

antnofité,ou plutôt de cefïedéD eu &: dcTEglile, lever" ce bruit qui courcit en la bouche de tous que !uy-m£me y*" * &laPrinceficMaedc!eine de Medicis fceurduPapc.avoi- *-*g*t* ent eu ce n d'une : partie de ces. deniers. Mais il laiiîa cela (2ns recherche, qui pouvoiteflracercétccaîommc,j&von« fant la caufe de Luther: C'eftlors qu'il devoir dire eue ce moine a\ oit raifon, qu'il falloit punir ces c acteurs , faire instruire mieux le peuple , bannir & l'ignorance & P ava- rice. XaiiTant drne ce qui avoit donné fujet a la faillie de Luther,& aux vices & diflblutionsdes Miniilres , il entre en difpute avec lui fur quelques proportions miles autre- fois en avant, plus par forme de difpute, que pour les vou- loir deffenerc avec opiniâtreté. mêmes fur 1 authoritédn Pape par deffus le Concile; pierre fouv ent remuée : &r fur le décret de Clément qui eft dans nos Extravagantes. Or après que Lutiier eut con fuite avec faconfeience , il revient trouver le Legar,fe prefente tenant pu cartel en la

"main,fuiny d'un Notaire &de quatre Confeillers del'Em- pereur,lequelil leur touthaut,en la même façon que fait auxquerelles d'épee, ecluy qui tient l'honneur d'aurruy, & qui le rend à celuy qu'il a ofrencé.Ie lay voulu coucher tulher aux mêmes termes oui! fut lors traduit, parce queSlei- pefente dan ne la voulu inférer dr.nsicnHiftoireLutherienne,ny un $/etttt* raconter au vray céte amende honorable : iefure Martin

. Lui ker de l'Ordrgjaixt Axgujiïn , pot* fié c-tu h rtvire &Jiti la Ahiuralio jaune Egl'tftkoTnt>.ine,en tctumcsfaits&mes dii$^frefcmypè]fez fo Luther* & avtniri ove s'tlmsfï cchrfé , &fit*y dit quelque chefs tern- ie Aire ^eveux^fn^lie ktrtte^titèpêHrntn dit. y bj\^tomm^ l'Egiife fans force & contrainte tire de la bouche de fes ennemis une avanragetrfe confeflîon , tout de même que çéte herbe don: Pline fai: mention , force le criminel de découvrir fon forfait.

M«u ((î accord m fon ;~fi?i Couxoit knguerri Et cetecDnfe(noM"n'ctdit qu'un prétexté maf<jné,quî p.- fous un habit d'inhcce.nce,couvoit uneinfoletue malice, t.,, demi me qu Alexandre reprochoit à Antipatcr'. qu'il e- /-',•' naoïiic de blanc par le dehors j maison au dedans il

F x à:ô:z

«4 De *■ a Naissance di l* H e *. e s i i,

étoit tout rouge. Et comme le Cignc a Ton plumage plus blanc que tout le refte des oy féaux , mais il a la peau plus noire eue tout autre : Auiîï cemoinefait uneconfeÂIon ilncerc & candide en fa plume , puis qu'il remettoit le ju- gement du paiTé & de l'avenir à lEglife: Mais neaumoin s la plus noire & trompeufe en fa chair,qui fut oneques. Le Cardinal auiÏÏ incertain de ce qu'il devoit croire, comme Luther étoit double en (a paroîc,jugeant que c'étoit une defTanc,luy dit qu'ilfalloitparlerfranchemcnt, &con- felTer fa faute: S il ne le fait, qu'il ufera dupouyoirqUe i'Eglifeluiadcnné. Luther conneut bien le pas de clerc c u'il avoit fait, s'étant mis à la merci du Légat, fans avoir ion fauf- conduit. 11 prend congé & le retire en Ton logis, n'aiât pas faute d e gens q u'il acourageoiét de tenir ferme. Le Cardinal ncconr.oilTant pas encor celui à qui rien ne fut jamais plus facile , que de manquer à fa parole , fc laiife pour quelques jours endormir à fes promeiTes. Ce pendant Luther fe tenant C07 dans fon logis , fupplic & preffe les députez de l'Empereur , luy recouvrer lettres de feurcté, foi r pour fejourner, ou pour fe retirer : ce qu'ils Y*uU du font.Ainu inuny de fauf-conduit,la confeience qui lavoit Lel*t» effrayé reprint haleine ,' &larcfolutiondene faire autre chofe , ny rétracter rien de ce qu'il avoit dit & écrit , ains feulement fupplier d'être cxcufé,iï l'Eglife étoit offencée de Ces proportions. Le Légat le prefle encor fur les trois points: Luy fait remontrer par Stambitz, qu'il faut aper- cer une confefîion candide, Scavoir une entière péniten- ce. Ainfi onlejettaàcorspcrdu la fon démon le por- toit,o ui étoit de fe perdre du tout: car au lieu de le pren- dreamercy, prometant le filencc, voire de contenter le faint Siège en fes Sermons^ par fes écrits, onlcpreiTadc s'expliquer plus avant,fe dédire,rc trader du tour,& con- . feffer avoir faiily. De forte que voulantremuerpeut- être

op c'éte Canfcrine , fans aporter le remède aux abus trè du doit,en informer & les regler:Tout dépit & iucci'.fhntiiéchapa encor un coup.

Ccrr.me un yeum gardon qui fi )cïi au nvfi£*

De la mer, ayant fait deft- bU quelque ewvm** ' D'un? ïntéjnïlarite mair,a*JP~tôt U défait,

Et ietkfj&it encof ce quti xioit refait. Ai>;s: L jiher ï.q fe fouvenanr plus de fa première'

çonfcG

Homère.

L i v r i I. Sj

confe/Iîon, &proteftation qu'il avoit faite, de vivre & v. mourirfous les lois de l'Eglife Romaine, voiantquele Luthtrfi Légat lemenafToit devenir aur cenfures Ecclefiaftiques, dérobée* & peut-être craignant, non obftant fes lettres defeureté, fe parjure. qu'on luy mit la main fur le collet, & qu'on le traitât co- Luth.inrê me on avoit fait lanHus, & n'y avoit guiercs Savoranol- folntioxir, le,il fe dérobe & s'en va,comme avoit fait Stambitz deux caprin::- jours au-paravant: Car le Pape avoit commandé i'arré- pum, ' ter,fçachant bien que fes actions privées & du cabiner, démentoient les publiques.A fon dcpartLuther laiife une lettre au Légat , par laquelle il promet qu'il ne parlera plus de czs Pardons fi fouvent remucz:Mais ce pendât in- terjette un appel de luy, qui fut affigé aux carfours d'Auf- bourg.il montra bien quelle étoit Ion ame.car le ferment qu'il avoit fait,étoit encor fur le bord de Ces lèvres, quand il y logea le parjure, refolu de n'en rien garder. Aufline fut-il plutôt dehors, qu'écrivant ce qui s'êtoit paffé~à Au(bourg,il dit : Nepen[*zp*s que ce qnefayfatt ouiti avec ce Legzt (Voyez quelleame double, &quel Chréticàdeux ^ms ***" viiàgesj fut comme doutant de ma doctrine & que j* aye changé "\e ** Lh~ d'avtt .ou que j amati j ' sr, change. M au il fallait porter rêver en ce î l7&f* à celuy qui tendit le lieu dt Pape.A'mCi fe rejette 5c met Luther encor aux chams, aflîfté &favorifé de fon Duc, &del'V- niverfitê de Vuemberg.Tous Ces éeoliers,Dialecticiens, Logicicns,& FificieSjCommec'eft l'ordinaire de céte jeu- neiTc,prenant la caufe de leur maître, publient fes louan- ges par tout: ce qui enfle Luther d'avantage.

On le cite encor un coup à Rome, par devant le chef de FEglifermais il relevé fon appel au Concile futur,pro- teftant toute fois qu'il ne veut amoindrir l'authoricé du, Pape,pour-veu,dit-il lors, qu il foit de fiine opinion : ce fut fon mort. Ce pendant il écrit a Léon , rejette toute la fautefurleCardinaiCajetan.Tuasfçeu,fait-il,comment s'eft porté envers moy ton ï.egat infidèle, Mal-heureux& Lettres dt peuavifé , au pouvoir duquel pour la révérence que je te Luther à porte, je m'étois fournis : il n'a voulu entendre a la paix, Léon. , qu'il poavoic établir en un mot, puis que j'offtois àme taire, pourveu qu'on fermât la touche à mes ennemis. Mais les juftiriant, il les encouragea de parler cotre mov, juiques a me vouloir forcer de me rétracter* Son impor- tune tyrannie a fait que ce qui étoit fut le point defeW-

F j minet*

De la Naissance pe l' Hérésie, mincrheurcfcmcnt, e&à preieat empiré (ans efperance d'apoinrement. Soit doc la coulpenon à ni oy, mais à Ca- jctap^uit'apëufoarFrirqucjedeumficmuet.Àiûfi écri-

voitLuthcraLeô.Paisfuifant du S. Bernard en (es autres lettres\,ii écriteri pareils termes que l'autre faifoit à Euge- ne.Il pleure & lamente fur ReuBe,cô£ume rendant les der- niers fotipirs de l'Eglife mourante, regrette qu'un il hom- me de bien que Léon, vive p army des méchas dans ces or- "Ernur du dures , &luy envoie Ton livre de la Liberté Chrétienne. £f£<if» Toute cétepourfuitc contre L ither va lent ement, le Lé- gat ne met pas en devoir non plus de reformée] {ordres des quéceurs,quc de le faire empoigner comme il pouvoit,& dévoie raire.CertcsycciitGonçaiîo^cIliclcas, le Carduird fe porta trop lentement avec Luther & avec p i a ;; de froideur qu'il nedevoit.On iuy imputa à faute de 6*€t-rçgouvernéiîmollement:carsil/c i - iuy co-

rne il pouvoir &, l'eût fait bruîer.-Ies maih - rivez qu'on a veu.Mais ce font des fecras du Ciel. On n'y pourvoit no plus a Rouie. Au contraire une nouvelle ÎUrlesïndi rcôSrmprce^qu!

ans devant avoit caufé ce troubîc,qui donna iïijct aHau- dri Zuingle de le mettre aux chaîne en Suill" Lu-

ther avo.c fait en Sà?e,ainfi que le livre ,\ voui montrera. On menaiïe Luther de loin, a Rome, on le foc te a la Per- iienne,on lefoinme,on luy commande' de cempajcottre a- vec fauf-conduit de 60. jours de terme , pour longer à fa confeience & révoquer tes erreurs. Mais il fe rit de tout. cela^fcdit toujours néanmoins trcs-hun^L >U-

le Romaine. Que nul ne prenne exemple amcy^dit-il.qui l'av traitée avec peu de relpc/ct; Il ne luy faut imputer la . foiie& l'avarice des autres Ainfiious ces paroUc-j tardées^ fZcay.il ^ trompe le monde. C'etoi: le çoalcii qu 'Érafme luy do- ti ra)rnt naaiCq uc[ princ quelquegout al'eutree de Lttfhcttil faut a Htha. crier &t0ancr, luy dit-il dans l'une de fes Epitres contre ceux qui abufent de i'authonté des Papes , & non pas Contre les Papes : Même je de/ire que ce (bit plutôt a7ec modeftie , & attrempanec , eue non par im&etuofné. Comme Luther de Ion côté déguiie Uis pa/îions defon ame , le Duc Federic diffimulé du fien , cent a Rome qu'il n'a rien de commun avec luy , s'il fe def-urut de l'Eglife Romaine, Qu'on l'a irrité & force de fejetter

aux '\

L I V s E I. 87

aux charnu : m lis que déformais il ^contiendra dans lesbo -^y fan nyiaûtrenetint ù~

m - 1": Celuy-ia :

:resa Ro n : ; - la bride. Aulîi les Théologiens de I eut-

nèr. Tou- jours nouvelles di(pates& nouveaux doutes, forgent ores-delâCo n inioa fous i^s dett)t efpece$3 di libérai ar- bitre, pois do*Gelibat3 au b:a::di jnci plufiears mauvais

: 1 iftiqiesfe demangeoicnt.IÎ réplique de fon : >ar tous fesécntsjinfêal motdc modefî . Chrétienne. Seslirresn'c es3 ains pîurôt i\

icreauz chargés d'injures iafarne* & vilenies, cjui deedaloient de toutes parts comme o i peut roit d répète ces a 5yl m (on Caprice

Encôtpius en fon livre fie mettre en cou : le ccr : :aax Ta:::

fcntead

- I

.

:e r { -t y tiôa C'c t

Ëmperc

. Ci vî- Zzfa.

; .' Lh~

c : :h r 01 (fi

.lit. porte lueleè

tueer, Jic- .. Acquêt1

IL

arec tourinéht,ilobtiétûeair-

:' »ar .e m oie a dt (a gueriibn.qui côpzniz

I ;épccicnce,ayeç l'utilité" rucute,di: rettulian ? 4 II y

S8 De la Naissance de l'Heresie,

ïl y falloit emploier de bonne heure la force, puis que par les lois on n'en pouvoit venir à bout. le fçay bien qu' on dit qu'il faut faire vouloir aux lois ce qu'elles peuvent, quand elles ne peuvent ce qu'elles veulent. Mais Maxi- milian avoir allés de puiilance: l'Allemagne nefçavoit Jors que c'étoit de rébellion : le Cajetan aifés d'authori- té, l'un le méprifa, & l'autre s'endormit fous la douceur de Ces paroles & de fes louanges: car Luther au commen- cement ne ceflbit de fe louer de fa douceur, de fa bonté, & de fon humanité. Il le laiffa plufieurs jours à Aufbourg, fans aucun fauf conduit de l'Empereur: Comme le Legac fans reproche le pouvoit arrêter, puis qu'il en avoit le commandemenr: Aufll l'Empereur pouvoir refufer les lettres d'afTeurance,puis queLutherimprudemmeut,s'é- toit luy-méme jette dâs les toilles.L'un &l'autreprint la voie de la douceur.remede dàgereux quad la maladie em- pire. On fçait pour enavoir fouvent veules exemples,que Le nxiljlâU croit toujours davantage. C À ncomme l'ortie, touchée légèrement, pique; on la preflTe ferme d'une main rude, s'émoufFe & pert fa for- ce. De même lors delà naifïance d'une Herefie, îlfauc foudain clorre la bouche a fon autheur, & comme fe mo- quant de fa folie & témérité, iuy ôter lavois. Ainfi a on guery la fadaife de pluiîeurs, mais quand on la voit obfti- née, iieftneceffaire de l'étoufer & non la£ater;y appor- ter les eifets, &c non les feules paroles.

Au mal encor frais faut porter promt remède. Les délais & les remifes îuy donnent nouvelle vigueur: mal d'autant plus dangereux .. comme celuy- cy , qu'il eft moins gueriffab le. C'eftpourquoy Sinefedifoit a l'Empe- reur Arcadius: On vient aifémét a bout du mal, qui com- mence à naître, & le peut-on guérir facilemét:mais quâd il a pris pié avec le tems,il rend toute médecine inutile. Le médecin la donne hors de fat fon Lors que le mal ejl m»iire en la maifon. Ainsi difoitfagement Ariftote, que pour empêcher les ruines des republiques, il faut dés l'entrée pourvoir au defordre qui s'y vient glifîer,tant petit foit-il. Comme on Cemtn- yon ^s rul^eaux & nvieres,depuis qu'il y a quelque chofe rmifon qui s'arrête &prendpié au fond j tout ce que le cours de J l'eau mené aval,s'y attache & lie,de forte que de l'un par le

knoien

ratfon,-

Livre! Si»

moicn de latitre,dâs peu de tems il s'en produit quelque- fois des Iles entières. Ainfî en eft des affaires du monde, & memement en la Religion; On avoit veu par expérience qu'une petite étincelle d* Arrius , corne écrit S.Hierôme, alumée en Alexandrie, avoit embrafé quafi tout le mon- de.pourn avoir été éteintedebonchcure.Et celledeLu- ther d'un périt coin d'Alcmagne, s'eft éprife en une bon- ne partie de la Chrétienté , pour n'avoir été arrêtée ou étouffée âfanaiifance, 3c avant que la flamme parût.

Vn petit feu méprifé

J mainte ville embrafe. Mais le Ciel en avoit autrement détermine' , Se nos pé- chez meritoientpiSj&demandoient vengeance. Que files vraies caufes nous sot occultes,il ne les les faut pas néan- moins j ugec autres que j uftes, corne venant du j ufte mo- teur des caufesjdequi les oeuvres font toujours juftice, <5c difpofées au pois par nombre & par meiure.

LA PREMIERE DISPVTE ET ASSEMBLEE

QJI SE FIT EN NOSTRI SIECLE POVR LE

fait de la Religion, & l'ilfue' d'icelle. Chapitre X. i.

La nouveauté agréable , c5> corne Luther pipoit le moÀt. i. Luther s'enorgueillit voyant qu'on ne parle que de luy.

h

Le Duc George de Saxe moy- enne une dispute entre E kitu & Carlcjïad.

Luther l'accompagne en U dijfnte, & prend U eau fe pour luy.

5- Luther commêcefnr Vautho» rite dufaint Siège. 6. Inconïîance de Luther en ce te

première conférence.

O m M e les chofe's nouvelles font ordinaire- ment agréables, mémement à l'endroit du peu- J4pr$ plevolage,inconitant & léger, qui en ufecom- f W<w-« medes rieurs lefqueiles ne plaifent que quand J.ianoti elles font nouvelles.il ouvre Sz alonge fes oreilles aifcmét veaut^ à la nouveauté , court après toutes les opinions qui naif- a£reahle. ient, & embraiTe rarement la verité,dit Ciceron, ne por- tantleplus fouvent fa penfée & fon deffein plus loin, ^uc les chofes qu'il a devant fes yeux.

f 5 Des

90 De la Naissance de l'Huhiî, r O < Z? > .-; 7i f /* plu v irt ni p^f-nt Leurs tten'es

l.Hoïpt~ ^^ tntattchgr i titur m tin /> Us chsjh y>'tj'»nttsy

^* ih font.

Ainfi planeurs a" v n <: précipité* 5: troublé, ou

pîncôc d ane tendre crcdu itc, courent xprr> Larhsr, par- leriez lù,y, fcToye.it, leflatent, racouragent d drec hiutes,& ce pendant peu a peu enèrent cri

quelq le mépris des ordonnances du Vicaire de D écrit a l'Empereur, àùrRoys & aux Princes, non feule* Zttthtr mr-nc d'Aleinagiie, mais a tous lesaatres dclitCfîretîea- écrit tzr C%"' ^ i:rc !ss un;,J a*nu^ çi'loa voitaux lettres qu'il : y f ^ au Duc de Savoy* , menaffant les autres de l'ire 0 .

corn, ne tbn Profete & Ambailàdéfut. Crie h rcfb.-matioa de! £ ;li'e, paroleagreable qai pipoic les oreilles de tous: protefte qu'Une veut en riea changer oygateH'O cavencori! vivoitdans ion consent, difoit la MêfTt à Dieu qu'il fefù t arrête iâ, & que oir ne l'eut

de mettre le feu en la maifbn, au lien d s les ordures & lapouûiete, q ue la nonchalance des Qifi- ciers y pouvoi: avoir engendté",

t«,c - Ce p e n d a n t les jeunes h Trames par leurs Vers fe

t-V,\r]'r *. . . .f. .*

;~- . .. 1 jouenrlurlcs louantes, &le dénient en leurs Carmes. Le lt viitnt W*1* de cet nomme vole partout. Oaea conte des. mer-» qW* ne ^cilles fichus qù'iln'yenai

firlottaue , iuffiU renomme*:

j* luv Coi; 'onjy.i'isn v.: :'hrù , ffti{

J ' Plut grêndei la v '.rftu , ^neflei n:fc;tt de ',

Et les vices **{fi

D e ceux dont elle porte la nouvelle par le monde,Virc- çoumerclcpIusfQU^veatmèncereire Sa trq n fe rovanten crédit &rcputa:ion, qu'on ne parlote que de luv, qu'on îe moatroic au doit , comme la Vieille de De- moftfrerte: Vovla ce i*rand homme:Quc tout le Sieje Kd- m? ifoitau nouvement aeioi) iourciijCoaîciCS

Poètes feignent ies Cieux fe remuer au branle de celu Jearltipitcrrqa 'il fembloitRcme aufbul brait de (on nom être en pareil efrVov, qu'elle ïvoitpîùûeurs ûtcltt devant été au nom d'H innibal:Qne de toutes parts on acouroic pour le voir,d:fanc le peuple-commeil écrit luy-mémeen quelque endroitde Tes œ-.i/res}!ors qu'il lerencoarroita- Vec mille paroles flateufes: ifien-heureux cft le ventre qui

t'a par*

L i y r e I. 5>r

t'a porté, bien tefoitjiomraede Dieu.il s'enfla tellement & vin: fi bouffi d'orgueil & le prefomptioa^ia vrais ruina cenos âmes. qu'il ne fut po/fiblc l'acre ter: catii fe laiiTott aiiemeut Tarprcndrc par ces flatçries. ?*Lvano,difoit-ii en la lettre qu'il ccrivitauDuc deBrunf. de, couimençalors d'étee célébré, parce que nuln'éroitii hard/des'y oppo- fer. C jre petite gloire m'étoitfortagreableyiî ne felaif- fbitlors voir qucra:emé:,à peineeat ce:e faveur Charles de Milcils Nonce da Pape, Je parler a luy deux fais,& en- cor a la prière duDuc, comme Luther fe glorifiou fouvét depuis.Cc fut lors qu'il commëça défaire l'Apôtrc&i'E- ▼angelift;, conlul tant avec le 5. Efprit,pourk récablille- meu t de Ja Chrétien té.Ç cr;c quiiuy rlonaplus decceur, & qui le perdit tout; îles oreilles an cryjausi

de ce peuple indifcret, & luy béant 1 ombre d'une lù-aifs gloire. Tourne tesyeuxvers rao£, Germanie, -a\foi:-il,je iiiis envoyé pour telauver. Viens a. no/, rn^ chère patrie, ouvr: l'oreille a L*£?angtje qas ta n'as oayiùJKjucsicjr. Àiaii parloir ce Lanl^uen et, bjurîourlé d orgueil 3: de gloire.rvfais font les proieties de zon en voy> Elles font trouvé, Mu id elles ont preyeu qu'es derniers lit- Math. r.

clzs , que nous touchons , \ \ .izcics faux profères,

couvert de peaud'Agneau : mais ayant le coeur de loups Sir. GCià affamez. Les Hérétiques, dit S. Bernard, font des Brebis en canî. apparence, loups enuerti,& renards en éfFçr,

A v cems que Luther faiioit ainli lAprxre dan-; VVi- m. temberg, un Archidiacre de la lien > nmé Car- Lt One

lôftad fe déclara Luthérien. Ce fut ie premier Ecciefiaiti- Gsor^g de que qui. î. e i'Egiifc pour le fuivre. lereferveà Saxe mot-

patlerde luy au fécond livre , vous verrez les étranges enm une boutades çeteipric forceaaé, qui établit au grand ro-' àiîbnu grec Se ala ruine de su maître, une nouvelle feetc. Ce Car- e.irt E- lu'àid ayant veu les écrits delan Ekius Chanoine d'în- kim & golicad contre Luther, met la main aia plume,repond & Carhsijtd. jderTend l'honneur de JLuther, IJ^entredeficnt , fe ion- : a pour cifputeràLipié, ville qui apparteaok au Prince -orge de Saxe , frère de Fridcric, protecteur de„ Luther/ lequel i . :voir ce. deoj Théologiens en

camp clos, leur fit.orfre &duliea& deieurôtg. L'Eveque au contraire jugeant prudemment que cé:e contention ne feroic qu'aluni e* le à j da /aatage, & donner touj ours

nouvelle

91, Ds la Naiîîanci dk l'Hiriïii, nouvelle vie a l'Herefîe naiiTaate, s'yoppofa: Car tout ainiî, comme difent quelques Fifîciens , que , de la collï- fîon des nues les unes aus autres , s'en enfuivenc non feu- lement les éclairs du feu, mais encore le tônerre & l'éclat Ctt M(pu- ^u foudre, qui brûle & confume tout ce qui s'oppofe. De ih an c»- niémes de ces difpute* qui fefirct avec Luther & les fient, tmncemtt forcit non feulement l'éclair de ce feu, mais aufll les ton- dwigertd- nerres qui prefageoient les foudres ravageurs qui s'en je;. enfuivirent foudainement. Le fage avis de l'Evequene

fut fuivy. Au contraire le Prince fut creu,& le jour afligné. Lors qu'une Herefie a prispié&eft authonfee ou tolé- rée par le Prince , ces Conférences apportent fouvenc du fruit, arrêtent fon cours & fon impetuofïtc , découvrent fa pauvreté : comme nous avons fouvent veu en nôtre France. Mais à fa naifTance il eft perilleus de luy donner céteauthoritédeparoîcreen public, defFendre facaufe, fur tout en laprefence de ceus qui ne four appeliez de Dieu en céte charge d'en pouvoir Juger. L th" ac Ls bruit de céte difpute éclatte par tout:Luther,hauc montant iufq ues au Ciel le fçavoir de fon Carloftad, au il C hh £ ravala depuis julques ausenrers, gloneus de voir ces l d 7* gransnomn^es luiter pour fes folies, lecriten divers heus, ■*" Ekius, s'y rend feul au iour promis : Carloftad aufliiMait ^ " bien fuivy traînanr des charretes chargées délivres. Lu-

v .t, * ther pour qui la fête fe failbit, voulut être de la partie, »■/ , J ' ayant avec luy Filippc Melanéthon , bon Filofofe & Grammerien, qui lilbit les lettres Grecques a VVitcm- berg. Celuy-laétoit aux écoutes: le parleray deluyafoa tour. Luther pria Carloftad luy quitter le champ de la difpute, n'étant digne Ekius, qu'un fi honnête homme, & dételle qualité ( car il étoic Archidiacre) entrât en camp clos, contre un homme de néant, comme étoit E- kius : Mais Carloftad lefupplie qu'il ait cet honneur de dépendre les proportions dn premier homme du monde: Remues**- Ainfi s'entre-rlatent ces deux Goliats, fe jouant du pau- r#. £ vie Ekius. Cs Lion , écrivoit Luther, mêmes avant qu'ils Ltithtr fe fuiTcnt veus , «/î wwrr. U g*t itcrtdu dans Upoufîiere. Le Prince George, à leur arrivée ordonne lelieu de la dispu- te dans fon Châceau,où il alfifta toujours avec fon Sénat, &lcsgensderVniverficc: proteftant les deux Docteurs côbatans des l'entrée qu'ils ne fe youloient feparer de la

foy

iivxi !. *?

foy& Religion Catholique, nydujugement despremie- Céttdttp» resVniverfitezde la Chrétienté. Deux Notaires furent ttfmUn mis départ & d'autre pour recevoir les argumens & les isi?. #* réponces, tenir fidèle regître du tout. L'entieefctfurle UÛM. point du libéral arbitre , fuivy après de quelques autres propofitions mifes fur les rangs , & continuée l'efpace de dix jours entiers. Luther recenneut dés le premier jour que ce Lion n'étoit pas mort , qu'il avoit les dents & les Luther griffes acérées, que s étant flagellé de fa queue , il faifoit vV'*nt dangereus de l'attaquer, comme fouventefois il éprouva m *im e*tv depuis. TrefTuant donc de dcplaifir de voir Ton Carlotfad c*rlf»M* fi malmené ; il fe prefente tout frais pour continuer le ^'* , combat Ekius ne le refufe pas,& parce que les Confeiilers at™Mtt* du Prince reconneurent à la couleur qui monta au vifage de Luther, & à fa parole élevée, àmefurequ'ildcfubl* fon capuchon pour demander audiance , rinterieurc c- motion de fon ame: Ils le prient de conduire fa difputc a- vec douceur &modeftie, maisiVcolereéchapa, &tirt de fa bouche, ce qu'il avoir dans l'eftomac, prononçant ssavec fierté céte indigne parole, qui Iuy futfifouvcnt dc- »puis reprochée. Céte entreprife n'eftpas commencée «aThonncurdeDieu : Aufil ne finira-elle par Iuy. Cela eft témoigné par tous les Autheurs qui ont écrit les Adtes de céte Conférence, & qui furent piefens. Luther s'étant un peurecueilly en foy-même, fit les mêmes protefta- tionsqueCarlofrad, avec offre de remettre le jugement de ce qu'il avoir à dire aus Théologiens d'Erford & Paris, eiperant que ceux-là pour avoir été les gouverneurs de fa premierejeuneiîc, &ceux-cy pour être mal contensdu faintfiege, àcaufe de la fuppreilion de la Pragmatique- Sanction, Iuy feroient favorables. ** Comme ceus quifefontdetouttemsfcparezderE- Lfiffor glife,ont toujours commencé lcurrevoltc, s'attaquant ç*mmtnt* aufouveraiuEvéque & Pontife Romain, ainfiquei'ay fur ?** difeouru fur le premier Chapitre de mon Antechrift : Car ,^r*,tf *u ils ont apns de Mercure , qu'il faut tuerie furvciilan&Ar- ^ Sif^*' gus, plutôt quelofepuiUe ravir, & de l'Ecriture fain te, qu'on dit fraper le Paiieur pour égarer les brebis; Auïlï Luther commença par la fadifpure , drelfant toutes for-» tes debateries &argumens , pour ébrasler eue pierre raakble; &cc fondement de rjîglife, afin <ie ruiner

quant

94 De la Naissance de l'Heresii; quant & quant l'édifice d'icelie. Mais £» vain étffvTCttr* AUX Contre PÀigU de lufiter L'o 'fétu det- es metuvak augure. Il fçavoit bien que le Chef porté par terte , le reftes'en 22- <?. SP- iroit aifémentavau-de route, comme un grand Cclbfïe, srt. y. dont le ipubaflcjnenJC feroit fondu. Ce fut l'entrec de fa «rébellion. AuiTi dit ce grand Théologien S. Thomas: ssSchifme eft une fînguliere Ce opiniâtre ieparation de IV- s:>nitcdei Ecbfe, pour r.e vouloir confen tir au Chef d'i- » celle, ouiefrleFapedeP>.cme.IldreîTadcncIa plus-part defes argumens pour debatre la puiiTancc du Vicaire de Dieu en terre , qu'il avoir tant de fois accordée, fe tenant afteuré de rompre par ce moyen le bel ordre qui fe voit en icelle: Ordre qui ne peut fe maintenir fausse Chef, & ce premier: ôtczle, \ ous retranchez l'ordre : crezl'crdre, Xpifi.jj. vous ôtezl'ame, la force, &l Vcû cncedel'Eglifc. Ainfî fïr àrent Neftorius, Mânes, Diofcorus, & autres. Les Here- 33 fie-;, dit S. Cyprian, ne naiffenten 1 Eglife quedelmo- *>bedience qu'on rend au Prêtre et Dieu, & qu'on ne le «recônoit au lieu de I £ s v. s- C hris t. Si tous luy obcïf- wfoient, perfonnen'entre^endroit de controiler les ju- asSemens del'E^life, perfonnenela dtchireroit;mettant »i"unitcendeus;perionnencs mgereron pour ion p.r.i- jsf r &pour (on orgueil, de ba.rir a pari & dehors unenou- e Heref c:Tous ces rebelles ont toujours hurté cétc «pierre fondamentale. îvlais

Biez eut le F.cc ; luné fur h rïvégts Soit eut les f.eîsfcri-bttti, armbmt», Zesfcs J refar*rj£e

tfoiti U fewvoirde le rendre #b.*tu: S ,,i fan* trembler Us fiait fi&enralfitrê, & -/il l s (ont teint n x-fnêmes s'tntre-lAîrg^ CetePicrre efîccn eureefeirne, de mêmes que le IToc fur iesvagues, qui les voit rompre à Tes pîcz, &rcndreen urne blanche écuève. e. Lvt HiR toutefois, cjroyc- méat

Incwt'a- fur ce point, laifToit-il toujours quclqueinterpretation et de lu- douteule, tâchant de reparer en uncfeance,çe< thet en é gâté en l'ai tre,ne voulâtdifoir-il,ctreautbeui ■te difpute. oic.EtccmeLkius l'eut artelc fauttui&pictcclçjirdes

LlVUB I. 9)

Bohémiens, puisqu'il fc ûtenoit leurs erreurs , y ccn- *> damnées au Côcilede Cerfbnce.Tu n ti\s:cn I.i tler,

famodeflicacautumee,je nefusj.n a- Hi fh*u,& ==lts condamne cemmeheretques pou que de ic» rpro- «preauthoritéilsfe/oriticparcz dcl'f gl'it. Cri] cft cer- tain parle témoignage de ceus qui cr.t i ciit ce qui lepaf- fa en cote afletableècte Lipfe . qu'en fin Lit! ei avoua la fouveraihetéderEglife Romaine, difantcrujl lafaKoit reconnoirre pour Mère de routes les Eg'iies : &luyxnc- Raifi» de me raconte que le Prince George prèaast Fkiusd'une U Souve- main & Luther de lautre,pour terminer leur différent (ur ramctcdti la primauté du Pape leu r parla efi ce^ termes : Que vous 2a£c+ tourmentez -vous,ii Je Pape eitfcuverain Pontife oc droit Divin, ou dedtoitHumain,puis qu'il c-ft. & fera toujours le pontife fouverain des Chrétiens. C'eftenluy fev.l que Dieu a uny la puiilance , qui le diiîiperoit en la domina- tien de piiilïeurs : car fans ce contrepois lesF.vcqnesnc cederoient l'un a l'autre, toutiroiten confufion , &l'E- giifè, qui doit c tre policée de la plus belle police du mon- de, ne leioit qu'une Anarchie. Lutherdcmeurant muet, Luther je plufieurs des affiitans réitèrent étennez deleyoir contre rtlâcha* ks premières proportions, relâcher non feulement fur ce

ron encor fortdebatu: Mais aufîi fur pluiîeurs au- tres, mêmes fur le Purgatoire, qu'il avoir, d es l'en tree ap- »pclcla Marmite Papale îccroy, dit-il, &ofebien dire ^jufcuesalà , qu'iiy a un Purgatoire, & dis avec laine Gregoirt qu'il en êit fait mention ati 12. chapitie defainc Matthieu, & au %. des Machabees, iz. chapitre. On pen- foit fouvent avoir remis Luther dans le Parcdel'Eglifc, mais comme une bete égarée & farouche , ilfortoitde nouveau, rompoitles toiles, courcit la part ion appé- tit charnel 1 é^ançoit, qui fut en fin dans le train delà li- berté tant defree.

Î.VTHER

96 Di u Naissancb de l'Hexhii;

LVTHER EXCOMMVNIE', ET LE

DESESPOIR IL SE IETTA SEVOY-

ant retranché de l'Eglife comme un membre pourry.

Chapitre XI.

î. Terfeve- ruKce du Prince

George.

Le Trince George de Saxe de- meure fur cet* Conférence flm confiant en la Religion Catholique, z. Luther écrit au Tape. Ce c^ue fit Léon , & delà faute de fon Hoxte.

3- Coutume de l'Eglife, & céré- monie de l'cxcomuntcatio.

Luther réduit au defejpeirfe voyant bannt de l'Eglife.

î- Luther fait brûler le Dreit Canon & {es étranges re- chutions.

6. Trak indignes & vilains du Profete Luther , &defes peintures.

Eferoit peine perdue, &abuferde la pa- tience du Lecteur,de reciter particulière- ment les actes de ces Conférences &tous les points de la difputc qui continua au- tres dix jours entiers , entre Luther &E- kius , puis qu'elle ne raporta aucun fruit. Sleidamfaifant'e récit decéte première attaquedefon Profère , -paffe légèrement par deffus, & nefaitparoître que le feul Luther fur les rangs, attaquant la primauté du Pape, quoy que le débat eut été longuement concerté entre Ekius & Carloftad3comme j'ay dit. Ce bien en avint que le Prince George de Saxe en demeura pour jamais plus confirmé en la Religion Catholique, & fut depuis «toute fa vie déterminé ennemy de Luther. le reconnus, -> dit-il en l'Epure au Roy d'Angleterre, ledefTein de cet "homme factieux, &oùla pa/Fion leporteroit, s'iln'é- *>toit arrêté : On vit bien que fous la peau d'une brebis, 33 croit caché un renard fin &rufé: Ccte aflemblee rom- pue les nouveaux Evangeiiftcs s'en retournent a V Vitc-m- berg, & quoy que vaincus £ar lesauthoiirez & cei'Ecri-

turc,

L I V R E I. 97

ture,& des Pères, tâchent ncantmoins de conrefter lavan- tagc3publient divers écrits, excufentCarloltad, d'avoir Erivirit été forcé difputerpar mémoires &fans livres, encorqu 'il ^es vain- cu eût trainé après luy des chariots tous chargez.C'eft ce CM% que Luther dit en l'Epitrc qu'il envoya a Spalatin. Et co- tre ce qui avoit été arrête, ils fement çà & la les articles de la Conférence, tirez à leur avantage: Luther au/Iî écrit au „, . Pape Léon, aceufe Ekius d'arrogance & témérité ,• Qui e ' x r9 pour chercher furieufement fa propre g;loire,a découvert / !*, ' J ignominie de la Cour Romaine,& empêche 1 accord que «le Nonce Miltils traitoit. On a apns par fon exemple, IJ ^* » dit-il, eue nul ennemy ne fait plus de mal que le flat- teur HierômeEmpfer qui avoit afïifté à la difpure, publie auilien faveur des Catholiques la vérité de rHiitoire,à!a honte de Luther, céte furie ufe faillie du moine n'elt pas obmife, confirmée du témoignage de cent témoins: Céte querelle n'a pas commencé pour l'honneur de Dieu, elle ne finira aum" par luy. Cela mit Luther hors de foy, &iitfortir aujour feninjurisus Capricorne contre Empler.

Cependant qu'ilfcjoue ainfî dans fenarere, re- 2. mué unpoint, puis un autre, attaque ores le particulier, Ct que fit puis le gênerai dans les écrits. Léon averty de ce qui fe Zeon &U pafTe en Alemagne, renouvelle fes plaintes au Duc de fautede Saxe, feulapuy de Luther, luy remontre le tort qu'il fait fin Konce. à fa réputation, Scafon nom, de donner retraite à un re- belle, qui nourrit en fen ièin la vipère qui le mcrdra:Ce- 3*luy, dit le PapeVrbain, qui deffend l'erreur d'autruy, «eft trop plus damnabîe que celuy mêmes qui erre: Ileft '"Tapai)- de fa méchanceté, & tend le piège pour faire rre- ^bucher les autres. Le Pape avoit reçeu des lettres de Lu- »ther, après planeurs paroles d'honneur,il finit en cts «termes : Quanta larevc rcation dette que j'ay dit, écrit «& prêché.' P ek e saint, nul ne s'attende de m'y fer- 3>ccr, s'il neventenveiopper la caufe de l'Egliie en de ,, beaucoup plus grans troubles que jamais, & l'empirer ,, du tout. I'ay reiolu ne recevoir ny loy n'yauthoritc «quelconque , pour l'interprétation de la parole de ,,Dieu. Il ne vouloit que fa feule tête, tant le père d'or- gueil l'avoiteiifié de vanité & fuperbe. Le Duc ayant re- - litres de Léon , s'excuic ; dit que le Nonce de fa G fa; n te té.

9* De la Naissance de l'Hérésie, {aintctc.j n'a éré^d'avis que Luther fortît de Tes terres, pournefaire, difcit-il, autant ce mal ailleurs, &épandrc partout ce qui n'étoit qu'en un ieul lieu. Cefutuncon- ièilfautifdu Ncr.ce Mi!ti.ls:Car qui eut ofé ouvrir la por- té iLuther.fiieDuc ce Saxeluy eut fermee:on l'eut cou- ru pic a pic, tierce quitter PAlemagne, pour fe retirer en Bohême : C'ctoit le lieucm'il avoitchoifî pourluy fervir de retraite, ccir-me il dit fouvent depuis , prenant plaitîr de raconter Tes premières fortunes : Mais il eut trouvé les Huflîtes, oftencezde ce qu'il les avoit appeliez Hérétiques, & comme la crainte de l'Empereur l'eut force de fortif de l'Alemagne, pour gagner Ja Boheme,la Luth*? <n mcme crainte de Ferdinand l'eut contraint de quitter la peine f; on Bohême, pour feiauver en Turquie, ne pouvant trouver f eut tour- lieudefeuretc ailleurs, 11, Isiiîanr les paroles, on fut venu fnivy. aux effets. Federic qui en apparence fait mine de vouloir obeïrauPape, acourage d'autant plus Luther ibus main, Voyîaâi- que plus il voit qu'on le veut perdre. De forteque lePa- vinepuni- Pe ^uc contraint venir à ce dernier remède, &prendre iiéndvn ^e R^?c > c?ont la vertu furmome d'autant les effets exràrr.u- communs des armes fragiles , qui fervent d'inftru- nu dens rnens aus lorces humaines que la force iurnaturelle les Glcas Jurpailc en dignité : Glaive qu'il tient de laroutcpuiC pert. *, lantemaindeDieuTout puillant,ouplutôtFoudrefpi- £nna. rituel, ( aiufi l'appelé Saint Cyprian ) qui purge i'Eglife, l'ey, Nav. comme le naturel balaye l'air.

cpp. jy. ' C'est vne ancienne coutume Chrétienne, depro- m * noncer contre tous les Hérétiques , Schifmatiques & Coutume ûutrcs rebelles , l'épouvantable arreft d'excommanica- de l'Eçlife "on- Ce cini ^e fait tous les ans le jourdu Iœudy abfo- &(tremo- *uj lorsque le faintFere, après avoir dit la MeiTe, revé- ntcdeCcx- tu ^e ^ts ^abits pontificaus , afïifté de tout le Clergé: tommuni* •mc"::e riU kw* •* 1 Egiife Sainct Pierre , en une ga- ration. ^ene CPJ* rcgaTO*ç Cui ^a grande place, vn peuple in- La Bulle ^::y cle ^curts les notions du monde s'y trouve. La deus in Cm:?.. Oifiqiers qtifi font aies cotez, lifentl'un enLatin, l'au- tre en Italien, la Bulle qu'on appelle , In C oe n a D o m i ni, font inferez les noms de tous les Hérétiques , Schiimatiques , & autres feparez & re- tranchez ce i 'Egiife, leiqueis le Pape excommunie de nouveau & anatiicn aiiie , prononçant les mots îelon

les

L I V R E ï. 5>?

les cérémonies accoutumées. Ce fait, il jette contre-bas vnflffhbeau ardent qu'il tient en la main ..en fignedema- lcd:clion. L'Anatheme , par lequel l'Eglife fepare les re- belles d'avec les obeylTans , qui ele la peine la plus fevere qui foit en la Monarchie Ecclellaft ique, & la rr.orr de l'a- ine, dit Saint Auguftin : elt une figure des bons & des mé- Tcrtull in chans, qui Te fera au grand jour du jugement: car ce que Afolog.&. faifoitle lupliceau cors en l'ancienne Loy, l'Excommu- Auguil. sa nicationlefàit enlaLoy de grâce, en l'ame, dit le même Deut.^.jff Dccleur. Pour reprefemer les futures ténèbres qui font préparées à ceus-cy, on éteint les chandelles : Carpar le feu elt lignifiée l'immortalité des suies , qui vivent au Ciel, tout ainfi que naturellement lefeu tend en haut, comme à fon centre: Et quoy que le cors foit ravy d'entre nous, les âmes vivent bien-heureufes avec ce grand &e- ternelfeu, fourceinépuiiablede toute lumière: Comme auJîi par le feu nôtre foy vive elt lignifiée. C'eitpourquoy entre les premiers Chretiés, on portoit en plein midy des ftambeaus ardens devant les Evéques, dit Nicefore, & £*&• **• SuydnsenlaviedeFulgenceEvéqued'Aifrique, comme on faifok anciennement devant les Empereurs Romains» à Rome;dont le avant Liplius fur Tacite au li.i. des An- WWW.

nales,confelTenefçavoirredrelaraifonny l'origine, lice n*elt,par la remarque cî'Hercdian, depuis le fîecle des An- thonins: Et je ne fçay li pour cét'e occalion , à l'imitatioa de céte Antiquité, le Doge de Venife faifoit anciennemét porter allantpar la ville un flambeau ardent devant luy. On éteint donc les chandelles en telles cérémonies , tant . pour lignifier que la foy des m échans ell morte, que pour la triftciîe que l'Eglife en a:Ccmrce au contraire pourre- prefenter quelque alegreife publique on fouîoit lesalu- j^om jfim mer , dit Saint Chrifofiorne. D'eu nous avons retenu la a^p0p%^nm ceremoniede nos feus de joye. Luther donc Hérétique t-&c^ rebelle à l'Eglife , fut mis au roolle des maudits, fator-

.t éteinte: Mais fon Kerefie s'en alunia davantage, r%AV.lt,a ï j r r r , t i r t & ? Lan JJ2 9

parla deielperce reloîution qu il prit défaire la guerre a

Dieu , & au monde , au ciel -, & à la terre , pour fe venger

du Pape.

C e fut lors qu'il commença à tirer Jufques à la lie tou- i%.

tes [çs colères , & vomir fon courrous & fa rage , voyant Luther rd*

qu'il ne luy rcitoit aucun efpoir de falut , qu'on ne le dutt até

G x vouloir

io© De la Naissance de l'Heresii, defttycir vouloir prendre à mercy, que lacorde au col. Oùétes- fe voyant vous, ô Charles Empereur, & vous Princes delà terre, tannyde crioitLuther , pourrez vous foufifrir telle violence? Ne l'EgltÇe. craignez vous pas, Antechrifts Romains , que les caillous & les bois (lient le fang émeus de l'horreur de vos blasfe- mes? En fin fi je fuis réduit aux piez du mal-heur, je ren- cray ma perte mémorable par vôtre ruyne. Il appelé tou- tes les puilTances , & celeftes & terreftresàfadeffence, centre la tyrannie, qu'il imaginoit du Pape. Celuy qu'il fouloit appelern'agueres le Vicaire de Chui s t, luy eft «Antechnft. C'eft de ma main, dit-il, quelecoupdela «mort luy fera donné , ma doctrine dominera, & le Pape «cherra. lia refufé la paix, il aura donc la guerre. Nous « verrons qui fera plutôt las, ou le Pape,ou Luther. L'iné- vitable deirin l'appelé à fa fin, & aucun, comme dit Da- niel ? ne viendra a fou aide: Ainfi parloit cefausProfete, Plufieursontpei.îe, que comme le ferpenteftplus aifé a tuer avec une houlline, qu'avec vn gros bâton: Aufîïcéte Herefie fe fut plutôt éteinte par quelque légère Cenfure, cjae parcétefevere. &neaumoinsjuiteexc6municationj Et comme ceus qui ont été mordus parles Tarentoles,fc guéri mrnt au fou des flûtes: aufTi ceus que lHerefîeavoit mordu au jugement de plufîcurs; éroient gueriffables par douceur & manfuetude ; Mais on juge des chofés par les aaévenemens. Peut-être eut- on mieus fait,difoitce judi- Guiciard. "cieux écrivain Guidardin, de diffirnuler la folie de cet «homme, qui fe fût dilToute d'elle-même, que non pas «l'ourlant le feu l'alumer davantage. Toutes ces fulmi- «nations & pourfuittes augmentèrent fa réputation à «l'endroit du peuple: comme fi telles perfecutions euf- «fent leur fourre, de l'innocence de fa vie, & de fa bon - «nedechine. On eût mieus fait de luy pardonner , à la façon qu'en pardonneaux corbcauscroaifans , pource qu'ils ont ce langage de. nature. 11 faut par fois permet- tre aus hommes, difoit Vefpafian, de dégorger ce qu'il* ent fur le cceur,a£n qu'en les retenât ou mettant la main au devant , on n'en face éclater quelque plus dange- rcus effet. v. Cet e haine enragée que Luther conçcut contre le

Zuter fait Pape, depuisqu'ill tut li\ré entrelesmainsdeSathan,le hrv.Ur lt fit devenir enragé Sçiuricus. Certaine Manie le icifit,!»

tiraile.

Livre I. loi

tiraflfc. Hn'aloifirdeprendrevntraicde bonne haleine, droit Cm* refolu déjouer de fonreite. C'en: cequelui-mémeracon- non. .,,teau livre qu\l envoya a la journée deRatifbonne. Le „tres- faine Père Léon, di:-ilfe mocquant , fut caufedu „trouble, lorsqu'il m'excom nania, adonna à tons les i} diables. II n'y avoit fi bête qui ne voulue éprouver plu-* ^me contre rnoy, ce fui a m >i à me détendre'. Etant donc àverty qu'on avoic fait dreiier un bûcher de fes livres, comme lien les brûlât to ne la mémoire de l'Hereiie eut été éacendree : Il fît de m ime a lY.n aler a VYitemberg, les livres du droit C in on, Se la bulle de Léon ( audace in- oùyed'vn petit M jine)iufjuels il donnalefeu, ayant ap- pelé 1 ce facria:e to us [es Ecoliers, criant lors que c'éroit tait de la Papi-manie, qu'elle étoit réduire en cendres. Qvaaiàm tu conturbatti ïanïtutn Oomini , :i o te CêHttirbit îgihi tttrnHAy dît-il, on voir le décret de cebrùlemenr in- féré dans ion quatrième Tome. Onques puis il n'eut re- posen foname. Affiliions, difoit cet homme dépouillé tnKp.etnî* de toute huminité (mais quand la conneut-iliamais) AL- Sihetis 3, (aillons avec toute forte d'armes, dont nous nous poar- ,,rô s aviler,ceMiicre de perdition, ces Papes, Cardinaux, „& toute céce canaille, 5c ordure Romaine ; lavons nos ,,m lins dans leur fan g. Voilà comme Sathan minioitSc fa langue Se fa plume: car ce font les paroles qui font cou- chées dans les cartels qu'il envoya lors partout , entou- res langues. S. Paul traitoit il ainu les G entils? Parloit il ainlï a cens qu'il délirait ramener à la çonnoûTance de tyifl. ?. Irsvs Chris r? Li fciencequi rient d*£nhapt9ditbit S. Iaques>e't aimable, douce. pudique, modèle; 5c celle des ciifans d'orgueil bouffie, rogne, & m en a flan te. Ce ne fut don: le zèle de D.eu, q li j _::a M irtia furfe ; yoyeS : M us lanainequ'ilcooçeu: fur le Chef de rEgh(è Luymeme le témoigne en Ca Epures, ou il dît, qu'il nés *eft en- gagé fi avant en céte querelle, pour l'amour de Christ mais pour la haine qu'il porte au Pape, auq Voy l'Epi-

nonce unegierrea teu&à.faag, bien mu:/ qui! ma treau'ilé- pou/oit p,s faire: Et ceux qui furent pre&ns£ la. dilpn- triiècewt tedeLipfe, témoignent &onc écri ppio-^Jt Siraf-

les qui fortirent de fa boucie. Lors qu'il fa le bcArg*

traitter cedirFereat avec modèle : car la parole de Dieu CrUe. ,me fe devoir manier qu'en éprit de douceur, l'écriray Steph.

G 5 „bien

toî De la Naissance de l'Heresie, ZiHniï. «bien d'autres choies , fi je fçay que celles-cy déplaifent TLtfiJif. »aau Siège PvOmain : Cependant qu'ils trio m feront de aaquelque mienne Herefie, i'en bâtiray de nouvelles, asdit-il dans la préface de la Captivité de Babylone. Sa Chaire dés lors ne retentit que le nom de i'Antechrift, Se pour piper les fimples , il faifoit montre de la (implicite de la primitive EgUfe: Egliferiche en fa pauvreté &baf- fe(Tc,qui devoit fervir de marche-pié a ecte grandeur pré- dite par Efaie, aquoy on la veuë parvenir , depuis que la paix fut rendue a l'Eglife^par la converfion, (bus-miuioû, & bien-faits des Empereurs. Comme d'un côté il faifoit tiv. j.c.j. montre de la pauvreté de l'Eglife naifTante : Aufîi faifoic font.? et iL de l'autre, delà majefté^pompe de l'Eglife mourante, difoit-il, laquelle a Timnarion des Pelagiens, comme dit S. Auguftin, ilappeloitîeSiegedepeftiience. C'étoit la Babvlonementionnee dansl'Apocalypfe, la meurtrière des Martyrs le Siège de Sathan:comme filamémePvome qui vivoindutems des Nerons,&Diocîetians, étoit celle dujpurd'huy. Il faut faire difFeren ce entre Rome la Pay- faut fi- enne, & Rome la Chrétienne, comme fait S. Hierôme,& parer Rô- feparer Rome de Rome, ou plutôt Rome de l'Eglife: En tne de Ko- ce tems-ia elle portoit jugement le nom de pa>liarde, de me. l'adultère, comme depuis tous les faints Pères ïuy ont

donné de Citjfainte, Siège de pieté , & Merè-Eglife de toutes les Eghfes du monde. Il faut feparer Stdifcerner letems, &neraporter aus>derniersfiecles ce quia été dit des premiers: Rome éroit lors le domicile de Sathan , le Thrône des maifacreur des Apôtres, & faints Martyrs. Elle eft a prefent le Siège de l'Eglife de Dieu,où fied le fuc- ceffeur des Apôtres. Ceiuy qui prefide en iceluy, n'apas partagé l'Empire avec Iupiter, ou comme vn autre Bna- ree, entrepris de s'y placer Coy même, le dégradant de fon Siège. Menteurs fils du père de menibnge,de quel front ofez vous prononcer ces paroles, contre celuy qui ne penfe pas fa Chaire fi haut élevée vers lesCieus, que il oublie, qu'elle touche des piez a terre? quiLieuce- nant de Dieu en ce monde, fe fouvient qu'iieft Hom- me, êc Homme qui n'eft que terre devant Dieu; que il ne fe croit pas tant fucceileur de Saine Pierre, qu'il ncfccroyeaucancfucceiTeur du pécheur, &pechcurluy- tnkmci

C*RTit

Livre I. ic;

Certes j'ay peur d'être repris, mettant icj les fo- n. lies ou plutôt furies qui fortirent de céte tête, lefquelles Trais ïnAl- le menteur Sleidan n'aprj, dit on, couvrir, & crains ones'&vir qu'en tacontant les chofes dignes de luy , elles foient in- laim du, dignes de moy Mais puis que ces nouveaux Deuealions Vrofete daujourd'huy, qui Te vantent de lareftauration du mon- LxtU', de, & qui fe glorifient avoir repurgé l'Eglife, difent que leur doctrine eft fortie premièrement de cet Apôtre, quoy , qu'elle enfoit bien éloignée , comme vous verrez, lors que ie les confrontera/ au Calvinifme. Il eft raisonnable qu'on reconnoiife fi les humeurs , & les quai irez de ce nouveau Evangelifte, feraportencà celles des premiers Architectes, & Fondateurs du C hnftianifme. Comme la Pantoufle de Simonides étoit ligne de l'on pié-bot &tor- tu, auffiles écrits de cet homme montrent combien ton amc étoit contrefaite.

llne/b-t rien ïunf.iC, que ce qui eïl dedàws. Rmfard.

Autant qu'on aveu reluire aus anciens d'humilité, dou- ceur, & débonnaire té, continence, &pieté autant pour- ra-on voir dans çétuy-là d'orgueil , fureur , felcnnie , in- continence, médifarice, & impiété , fes livres ne font peints nv emaillez d autres couleurs. Apelles fut connen air: feule ligne, &Parra(ius a une ombre feulement: Auîli parvn, ou deus traits des (iens,on pourra découvrir le naturel du Mu rue, 8c par ces petits échantillohs, ::^-:r quelle a été la pièce en :iere;envoicy quelques- uni. A près Vilaines que céte puante 6c (aie bouche a donne céte belle entres paroles ds au livre qu'il envoya pourfes étrenes au Conilftoirefa- Luther» cré,duiacré Collège des Cardinaus; Crevé toy tres-faint »5iége, & qu'il a dffcourn badinant ça & là, il conclue! «ainïi. O: je dis aus menaiies du Pape , &: de fa Bulle, (i »quelquyn fe laine mourir par menaifes , quand on le «portera en terre, qu'on fonne des pets. Rare exem- ple de la modeitie Luthérienne, bien éloignée de cel- le même des Payeos , qui faiibient confcîencc d'ufer de mots qui portoient équivoque, avec quelque fale- : & parce que pluiieurs , entre autres fon Dilciple Mclancthon , marris de le voir forrir hors d<ts gons de ration, tachoient de le ramener a la modeitie. C'eft „ma gloire &mon honneur. leveus être étimé tel, & iaveus qu'on me trouve farcy de médifances , convicei

G 4 feopto*

104 De la Naissance de l* Hérésie, ?> &: oprobrcs a l'encôtre des Papiftes.Ie fais état de m'ex- «ercerjufques au dernier jour de ma vie par exécrations "& injures contre ces pendars. Us n'auront jamais une abonne parole de moy.

irnpuie»ce effrange, Abîme de tout mail chantoit Euripide. le les eftime, difoit Luther,au pris de moy, de la Hantc^dc de l'ordurela plus fale. Ce Pourceau engraifle dans l'auge d'Ariftippe, avoit ordinairemét ces bonnes fenteurs en bouche, bien plus faîes en fon Ale- rnant, que je neles dis en François. C'eftpourquoy on l'appeloit Brvfria stercoreiv. Vn Poète de fon tems André fu Dtltcîsniii fit lur cefujet céte Epigrame.

Sterc&r* dam pfâfe ducat quicumque Lutherui,

Orejg spHrctloquiortil wfi sierxt&t habet : Kum rcg&i Sicrconum dicei hune tffe Prophstum'i Qvj.ItJi verba viri, taie & tpfe vir est. Sakspàn- C L ne fut pas afTez de crier, Peindre fes écrits d'inju- iureuie resfales & vilaines , qui découlent de toutes parts de Tes Luther. œuvres, plus chargées d'invectives & convices,que de rai- ions : mai-; encor il employa le.burin &le pinceau : Car Comp*- comme celuy qui ne pouvant fe vangerde fon ennemy, lAifon. tachoitd'aifoudr fa colère fur fon tableau qu'il poignar- doit, & comme le Léopard animal entre les animaux , le plus ennemy de 1 homme, quand il rencontre fon image, pour la haine qu'il luy porte, férue avec une extrême fé- rocité furicelie,luy égratigne le vifage,i'uy perce les yeux; De même Luther furieux & hors de fens , s'en print au portrait de Léon, qu'il devifageaea cent façons: Ores le faifanr peindre en diable a tou Cts corues , puis en ane a- vec les oreilles de Midas, après en ferpent à la gueule ou- verte.On vit infinis tels tableaux ça & peints, & en hui- le^ en taille douce, non feulement ineptes & ridicules, fur la figure du Pape,raais encore plus-fales & vilains, que ne furent jamais ceux du vilain & fale Cherofanes 3par- femez debrocars, dignes plutôt d'vn rufKen que d'vn Théologien, fans front & fans honte : Il les fit mettre a la tête defes livres, comme dit Sieidan, quireprefentel'a- ne & la truye de Luther ( carie récit luy en eft aggreable) & luy donne a ceteoccafion le nom de Profete, auec cete inferiprion furie tableau de fa truie : Luther doué du don de profetic. Et toutefois il confeffe que fon Apôtre

en fut

Livre L 105

en fut blâmé. Non feulement les livres & les cabinets fu- rent parez de tableaux infâmes , mais encor la grande fa- le du beau Château deTorgnen, fejour ordinaire dzs Ducs de Saxe, fut par fon commandement peinte d'un bout à l'autre, des antithefes de I e s v s-C h r 1 s t , & du Pape, forgez a plaifîr Luthermémes afliftant à la be- fongne , conduilbit les peintres. Piufîeurs reprenoient, dit Sieidan parlant de ces tableaus , ces fiennes railleries comme à luy mentantes & peu honnêtes: maisilavoit fes raifons quilemouvoient, & étimoit-on qu'il voyoit plus loin. Auili trouve-on en fes livres plufîeure profeties de chofes de grande confeqaence , dont les unes font j a accomplies, les autres font en la main de Dieu. Sieidan en cet endroit fait comme ceux qui rament fur nos riviè- res, lefquels ne regardent pas ils vont: cartàchant à excuferfonPfeudo- prophète, il aborde à fonacufation, &l'excufant, ill'acufe, &s'acufefoy-méme,fe rendant parcifan de fes folies:Il fait comme le Chirurgien de Iuve- nal, qui tache de couvrir un ulcère puant d'un emplâtre de foye. Mais font ces Profeties? Ce Paranymfe de Lu- ther les a tenues à couvert, peut-être nous eut-il fait montre de quelques contes de Fées.

La /aie de

Torgntn feinte k la diligence de Luther.

Luther Profite an dire de

Sl:U»n*

GOMMENT LVTHER N'AYANT

o^y e tovche' avx abvs des o^v e s t e v r s

des pardons print refolution de bâtir vnc

religion tout à neuf.

Chapitre XII.

Luther délibère bâtir une re- ligion de Liberté. 2.

Chacun peut croire ce qu'il luy plaira.

Chacun efi trétreati dire de Luth.-r.

4. la religion peu de chofe a grande fait te.

5- Dire de Montagne far Ven- trée de Lnthtr. 6. Dire des Centuriatenrs.

G 5

Comme

iiruneR»- Itgioxdè li

pc> té.

?- '.TiU-

Va y La'h.

.7. de Com/n.

liberlL

Chacun

f eut croira

De la Naissance de V Hérésie,

O m m e Luther connut , après avoir vuidé fa colère Se fa rage, que fes injures ne fai- foient pas grand faûchée,que ce n'étoienc qu'autât de volées de canon perdues con- tre ce mur diamentin; Il délibéra donner plus avant, & pour ébranler le Pape , atta- quer i'JEgiile, quitter les mœurs pour s'en prendre a la do- ctrine. (L 'orgueil des hayneux de Dieu, dit lePfalmifte, croit toujours) Il efperoitque la fortune peut-être luy feroit plus favorable, qu'elle n'avoit été a plusieurs au- tres qui i'a/oient devancez, fuccombé au fais de pareille entreprife: Aulli voyoit-ildéjaplufieurs profperitezluy être furvenucs au plus loin delà penfée. Quefonnom, qui fouloit être caché dans le cloitre,écoit déjà porté par tout: Qi^e ce feroit acquérir le comble de gloire, de pou- voir être i'autheur d'une nouvelle Religion. Comme le Crocodille écaillé eftimpenetrable par le dos,& ne peut être oifencé que par le ventre nu ^découvert , auûl c'ec à ce /eatre que Luther drefla fes pointes acérées, pour luy faire peur, & avoir en horreur les aufteritezj célibats, . pénitences, jeunes, & continences; mais plutôt pour l'a- privoifer: Âufùeft-ce une Religion tout devenue. Les ai ne rencontrent la ny Vigiles, ny Carême, ny Ven- «Jiedis, qui pailTent arrêter leur apetit. «Luther jugea bien que fi Religion en feroit d'autant plus recevable & plau- fible, quand il reformeroit les jeunes en repas, les haires piquantes en chemifes déliées, la fervitude en liberté: quand les Apodats ne verroient plus ny cloîtres, ny cên- vents; qu'elle feroit plus facilement embraflee, lors que plus elle fetrouveroit affranchie de peines & dirricultez, &commemifehGrsdepage,jouïllant d'une pleine liber- té, maquerelleinfame de i'Herefie. Cet celle-là qui fait toujours l'entrée , aplanit Je chemin , & qui fert de pion- ner, pour faire éplanadeacéte paillarde effrontée Liber- té , non pas pour la vie feulement mais pour la créance. Que c'ét un grand allechemcnt, difoit Ciceron, de nous faire pécher, quand nous fçavons qu'il ne nous envient aucun châtiment.

I l n'ét plus teins , difoit-il , de tenir les conférences gênées , il eft loifîble a un chacun de croire ce qu'il vou- dra. C'étoit le jargon des Donatiftes: Mes frères, tout ce

qu'il

Livre I. 107

qu'il vous plaira fera licite, & tour ce qu'il vous viendra àplailir,(eraparnousfanctifîe.LaFove[t librement peut cecl'i '**■ éftcforcëc. Mais, difoitfaint Aùgufti», Heureufe la ™«Jr*-^ «contrainte qui oblige à faire mieuc. Si quelqu'un em- EP- *I'<& «ployé mal laFoy,difoit Luther, il fera allez puny en En- s0- « ter; & Ci nous tommes du nombre des éleus, que ferr-il «démettre nôtre chétive tieàlacadene? nous avons beau nous péner , il n'ét en nôtre pouvoir de rompre les arrêts du Ciel: cacnqusfommes prédestinez, ou au bien, Luth. DU au mal. C'étlaPrefcience de Dieu , qui ordonne de Tom.^.fol. nous, avant que nous foyoas nez, qui nous raie ou bon ou j> ro. Vo,n. mauvais, pourveu que nous croyons, cet allez, tant plus zjitblihu tu es méchant, & plus nues proche de Dieu, dit-il en un EcU,infti* «S jrmon. Malheureufe do flriae , qui nous met hars de «toute révérence &fervice de Dieu. Carpourquoy , dit «trefbien quelqu'un , don ne ray- je nia labourieufefueur « au travail, pour polTeder une chofe qui m'elt fans cela- , \ beur acqaife? Ou ; mefert ce vivre facheus <5c melancoli- !itn' et* que, la macération de ma cnair, puis que jeiuisaum bien ' J toiiém rient au feu d'Enfer, ou (ans ces peines « e !

«mal-aifes, aflTeuré de mon falut. D'ailleurs comme, a «Dieufeul appartiendroit la recompence de nos bonnes ■ouvres , auiïi à Dieu feul feroit deuè la peine & le fùpll- « ce de nos iniquitez.O nouvelle liberté Evange!ique,di- Eraftng. foit Erafme o/ant parler de Luther, fentir & faire im- punément ce qu'il femble bon a chacun : Puis que le de- itin a donné le préjugé de nôtre falvation & damnation éternelle. A Dieu ne plaife, écrivoit Saint Augultm,que nous vous difions: Vivez comme vous voudrez . dormez en alieurance, Dieu ne pert perfonne , gardez feulement la Foy Chrétienne. Il ne perdra pas ce qu'il a racheté:Il ne perdra pas ceux pour lesquels il averféfon fang. Si nous tenions ce langage , nous grolfirions de beaucoup les troupes,mais ce feroit jetter les hommes en enfer. Les paroles de céte grande lumière de l 'Eglife font bien éloi- gnées delà fallacieufs doctrine de Luther, qui magnifie en quelque lieu, ce ce divine fentence de Ciceron , Ûw- firumempeectre non liceb.it. Et fe moque de celle^dece grand Evéque , qui dit. Celuy qui t'a fait fans tov, ne te lauverapas fans toy. Malheur a ceux, dit le Prophète E- Cap I* ïcchiel, qui mettent des oriliiers fous ks coudes de mon

peuple,

io8 De la Naissance de l'Heresie.

peuple, c'ét a dire , qui lu/ donnent une voie de falut ai-

fee &falut facile: C eax-la trébucheront d'aucaacplusç-

que plus ils penferont le chemin étreaplany.

ui.Ckicu Toit Chrétien, difoiteacorcenou/e^u Chrétien, eft

ffi'p dre Ç^tre, chacun peut annoncer la parol&dc Dieu Il eft dit

ah dtre À: a E°.as: ^lic~5 C~CX en commémoration de mojr.L'Àpoftre

Luth-?. ^ Pierre a*ppelle-îl pas tous les Chrétiens, Sacrificateurs?

i.Pet.cAp. v*°-ls^es aic ilai»fiaelcs,lij»ceéiéaé,URprtlfcPrfe-

£ trife, la G mtlainte, lepeupJeacquïs;Mai$quoy,Lutner,

ctfticy une facrificature fpirit aelle lors que nouspre-

fentpns a Djcu nos prières & bonnes x i/res, dont Sain:

Pierre par! e,& non de celle en laquelle oa offre le facrifî-

ceàDieu Lewnjcsfaiv.ms le montrent, pour offrir, die-

AdRùm*. il,{acnfîçesipiritueU, agréables à Dieu, nousfbrames

tous PrêcreSjpoar nous offrir à Dieu ho uu^vifes^fui vaux

leprecepte iefaintPaal. Luther devou dire que nous. é-

n ^ tlons tous fcois. Il deyoit le premier prendre le Dïad

t^Atange- car f ]? jangC[iftê, d£ç_£l^ noJS a fait Rois,& facriiïcarenrs

\*T à Dieu fon Père, Oay nous fommes Rois pour corn

ffv* der 5c régir nospaflîons , & faciuicateurs pour offrir les

_ ' . facnùces fpirituels a D;eu , lu/prefeuter nos cors & nos

./ "*T' âmes. Martin Kemnice a voulu louer la mémoire de l'on

g.' maître d'un telle erreur , foutenant dans l'examen du

a. c. Qoncilc de Trente, qui! ne iut jamais de céte opinion.

', Sionconnoitles ho m nesalavois &a la parole, celle de

*/ Lathemepeut ctreprile en autre fens. Voicv fes mots,

aa livre de !a Captivité 3ab/loniqae. Que tout homme

*j> m. qaieft chrétien tien ve pour choie, cercame & adeuree,

39 qae noas fommes tous également Chrétien* & Piètres.

Lepremierpoint eftd'enfeigner , cela eft permis a tous:

CarEfaiedit, &leSaavear •• Toas feront enfeignés de

" Dieu. Tous ont dont: puiifince d'enfeignsti Le feronleft-

deBaptifer: toutle monde le peut, voire les femmes,

auflî bien que les Prêtres. Le troifiéme eft de confacrer le

pain & le vin. Or cela eft commun à. tous, au/fi bien

qu'aux Prêtres: Car le C hrist a dit dans fon Evangile

à tout le monde prefent Se avenir: Faites ceci en com.ne-

Lih.de ab. moration de mo/.Quant a l'office des clefs,qui eft le qua-

mlff* c*f. trieme,ileftdoncdias S. Matuieudixhuictiérae, auili-

s.Ep. i. bien au moindre des frères, qu'an plus grandes Apôtres.

ben. Bet. Les clefs font a toute l'Eglife , & aufïï bien au moindre

Livre I. ïo^

rocbre d'iccllc, qu'au Pape;Quelle gîofe pourra Kemni- ccapportcr à ce texte? Plût àDien,écrivoitLuther,qu'il ne fut jamais venu en l'entendement de nos pères, ufer Calvm de cemet Clergé. Célèbre fentence redite en mêmes ter- r>, if mesparceluiquiientlecher.&l autheurd unepireHe-™ q71. re£e que celle deLuther. Et pourquoy, puis que Tertu- Hem. fjn lian &le Saint Concile de Nice, Origene, Epifane, & les HtTOj autres font la même différence àesLo.)s quenousfai- tt,tf,' jn ions avec le Clergé ? Mot , dit Saint Hiercme emprun- X laiûan. de i l i'r i o n qui lignifie hérédité , comme fi rétoit tptiio\ lepartage du Seigneur. ' ■* '"

Or tout ainh que les ennemis entrent à foulepar la IIIr- En brèche, fi une fois la furie du canon leur a fait ouverture, ^ ^< •'•£«* &: comme fila digue ou éclufe vient une fois àfedémen- ftu ** iij9 tir ,1e torrent fe jette par les chams, & tout ce grand a- f* *$***- mas d'eau fe débonde tout a coup, trouvant ouverture, de/unit, qu'il eft impofîible de régler fa violence, & retenir ctte furieufe impetuolîté,

Lefieuue défis eaut , fur les rives haufjea

'Au fort ir tcumeUA , enhve le s ebaufet s:

h amp & trame Jenfrem% s'éLnceJur Us cb&mst

emporte Us monceau* , qui/on cours tmpéihiim

il rencontre oppofex. fis rages tndontables

Submergent les troupeau eniraïmm leur s et al les. De même céte première porte de l'Eglife enfoncée par Luther, que l'obeïflance & l'humilité avoit en aarde, ay- ant chacun céte liberté de croire ce qu'il vouloir; l'or- gueil & la fupeibe gaigna le dedans ; tout prefque fût ex-

pofé au fac & au p lilage, chacun fe donna la loy de croire ce qui luy vint à gré: Vous verrez l'engeance qui en forrit, au livre fécond. Luther mêmes avoir remarqué la cou- tume des Hérétiques. Ils commencent par un point,& Towxfol courent après par tout. Les Hérétiques, dit-il, font tou- 2C1 L ' jours eur entrée Far un feul article, qu'ils attaquent.* Br*,Y«*- puis ils urent tout.il eft de mêmes d'eux,pourfu,t Luther, feirde Cl comme d'un anneau , lequel étant cafle eft incommode »f ' au doit , ou comme une cloche il elle eft fendue tant foie ' peu elle pert le ion, & ne peut iérvir. Ce n'ét donc mer- veille fi toute la Chrétienté a acoutumé s'émouvoir quand un article eft mis en doute , pour être lafoy la ba- ie oc tout l'edincemyftxc de lEgiife de Dieu, d autant

qu'ua

î.o De la Naissance de l'Herisi^ oiàui feul point altéré , tout lerefte court même fortu- ne, comme montre le dccle Cardinal Belarmin, enfa Préface du premier Tome. v. Vn bel efprit de notre France fur ce propos a tres-bicn

Dire de ait: Quand les nouveletezdeLuther entrèrent en repu- fdc&tagne canon en beaucoup àè lieus , en vit tbian!ernôtrer<n- fur l'en- cienne créance, par difeours de raifomon conneut que ce très deLu- commencement de maladie , declineroit aifement en un iher» exécrable A theifme: caries hommes font de telle nature,

que n ayant dequoy juger les chofes par elles mêmes ., & & par la raifon,felaifïent emporter à la fortune & aux ap- parences. Apres qu'on a mis en main à un homme la har- diefTedemépnier & contrerool'er les opinions qu'il a- . -voit eues en extrême révérence , comme font celles il vadefonfalut, & qu'on amis les articles de fa Religion en doute, & à la balance, il jette tantôt aifement en pa- ieUlejncertirude toutes les autres pièces de fa créance, quin'avoient pas chez luy plus d'authorité ny fonde- ment, que celle qu'on luy a ébranlées: &fecouë comme un joug tyrannique toutes lès impreilions qu'il avoitre- çeùes pari'authorité des lois, ou révérence del'ancien ufage , entreprenant des- lors en-avant . dencrecevoir lieiijàquoy il n'ayt interpolé fon décret. & prêté confen- tement: Ainfî penfant troubler la vérité, il Te fourre dans lesbrouilailles dumenfonge. Aiiiîl difoit très-bien Clé- ment Alexâdrin au livre feptiéme de fesTapiiTerieSjQue . a verhê la vérité état une chofe ardue plufïeursdifficultezfepre- ni Ardue, fcriteftc, d'où s'engendre! Herefie, mémement es âmes ambitieufes pleines de vaine-gloire, & malades de l'a- mour d'elles-mêmes, qui le font fait accroire , pouvoir comprendre ce que mêmes elles n:aprer,oient pas, & au lieu de fcknce, n'ont que la prefomption de fçavoir quel- que chofe. m. Certes un des Ccnturiateurs à bien remarqué, s'il

T re .j- en eut fçeu faire fen profit (Il eu loifible cueillir lesro-' . -.' tus fes f n:re les épines, & aller au camp de l'ennemy non pas Çemurià- peur s'y rendre, mais pour épier ce qu'en y Fait.] Que les it h*i, tromperies qu'on bâtit centre la vraye Religion , lent

ien biablesa un coin, au commencement il eft mince & neiemblepas et 2nt fiché au bois,y faire grande ouvertu- re: toutefois fi céte première partie çft tant icit- peu en-

tice,

llVRI I. III

tree, clic donne ouverture à la fuivanteépaifleurjufques a ce que le bois foie du tout fendu. La première fente que fit ce coin, dit le Cardinal Ciîus, fut la difpute des Indul- gences. La féconde étoit un petit plus entre ouverte, quand les Lays fe Iicécierent de communier fous les deux efpeccs,& les Prêtres de fe marier. La confefîion d'Auf- beurg, & tout le lefte depuis a fait une ouverture fi gran- de , que fi Dieu par fa grâce ne nous eût regardé en pitié, iln'étoitpofïlble de le rejoindre, & recolier en fon af- femblage premier. Mais comme l'Athlète Miicn , ayant Coûara'- employé les forces de fes bras nerveus contre un chêne un vieux &folide , pour le fendre & divifer en deux Nparts, peut bien faire entre-baailler les deux parties dijointes: mais fes forces & fes efforts venans à fuccomber & s'éner- ver contre céteplus forte reiïftance , les deux parts revin- drenr, fe rejoignant à leur première union , & y retenant les mains téméraires de cet entrepreneur, le firent fervir de pâture aux loups. Ainfiencor que cet Athlète Héréti- que ait entre-ouvert aucunement le tronc antique & fore derEgîifejiln'avonsnousa craindre qu'il le puiffe fen- dre entièrement, ains pouvons efperer que revenant en foy il fe remettra en fa première unicé , à la ruine de celuy cuiavoit ofc entr^-*r J"~ '■ ' '*" " "-

CHAR.

ni la Naissance de l'Heresie, CHARLES CINQVIEME EMPEREVR,

VA EN ALEMAGNE, VOIT, (J'Y T, fT

condamne Luther. Chapitre XIII.

T.

Z.'E;.,p. -

ftUT p :■

I

VEmpercur pcffe en Alema- gn* pour <t téter les folies de Luther. i.

Luther le va trouver.

Ce qui fe pajfe «n la preftnce

i" t empereur.

4- L'Empereur condamne Lu- ther.

Les Luthiriens entrent en dé- fiance.

6.

Peurparler de Luther avec V Archevêque de Trêves.

E i a quatre ou cinq ans s'étoient écoulés, •i *• depuis que Luther commença de troubler C^ r.iT^J I* l'Eglifejlors que les Charles Roy des Efpa- gnes, quifucceda en 1 Empire aMaximi- Jian, jeune Prince autant généreux , que Chrétien Se Catholique, étant en Tes pays t ç fîandres , délibéra palier en Alemagne, voir ce nou- veau Profete, tacher le ramener à fen bon Cens, & arrêter fespeccantes & folles humeurs , quiraenaffoientle cors Chrétien d'une mortelle lerargie. Le Pape à ces£ns avoir dépêch é vers luy Ton Nonce Hieronyme Aîander.Luther avoic dcdie ai Empereur Ton livre de Ja reformation de l'zghie oùil s humilie, & a l'exemple d'Athanale, fe jet- te a fes pies, comme au facré autel pour être confervé contrela violence de fes ennemis, qui ne cefient de l'har- fe'er ce faire leurs apréts, afin qu'il foit éteint avecl'Evâ- gile. Cet ainfi qu'il par.'e dans ce livre, il éveille toutes les vieilles querelles des Papes & des Empereurs, mêmes Içs prétentions de Naples & Sicile.acourage ce jeune Prince, pour ne lailfer fouler aux pies fon authorité , veu l'égale puilrance qu'ilafurles clercs,&fur les autres, apeltsLays mal a propos; veu que par le Baptême nous femmes tous cenfacuz Prêtres. Ainiitâchoit Luther de s'infînuer en ia bonne grâce de Charles : & peurmontrer que foa Livre

li'ctoic

LlVRî I. nj

livre n'èroit que pieté , fainteté & dévotion , à la tête de toutes les pages , Luther fît imprimer le nom iESVSjfafleurant, comme il difoitfonvent, qu'il feroit * . luiter enftmblc ces dtvx puiflances,laPon tificale,& l'Im- ^raiî(\^^ periale;efperant que Charles luyferoit favorable en hay- "' £*^*r« ne de Léon , lequel avoir aporté de l'empêchement àfon élection. Mais ce Religieux Prince montra que làcùil va delà querelle de Ditu , lafienne étoitfous les pics. Lu^ ther fut bien étonné, quand l'Empereur a (on arrivée en fes pays bas, ccmmâda les livres être brûlés par toutes les villes de fon cbeiflance. Ce qui fut exécuté, même aux vil- les Imperialles, comme à Cologne ckMajance. Or le Duc Federic de S axe, averty de l'acheminemét de l'Empereur a VormeSjf'avace des premiers pour le faluer, & fe met en devoir d'anticiper fen opir.cn haut-lciïantLuther,&fup- - pofantenluyparfonaiTertiôuneiïnceritédebcnnevie& ' B doctrine. L'AmbaiTadeurdu PapeHieronyme Alexander aucontraire,enprefencede tous les Seigneurs qui fuivoi- cntlEmpereur, croifa quarantearticlesdefon livredela CaptivitéjCondamnés commcHeretiques par les anciens conciles. Le Duc étonné voyant tous les afilitâs murmu- rer,& les partifans de Luther s'entreregarder, dit qu'il ne penfepasque ce foit la doctrine deLuther.queeefontdes ïuppoiîtions & inventions de fes ennemis. C et vous,dit il^ Me/fieurs, (fe levant fur fes pits -car il étoit au Côfei') qui publiez ces écrits enfcnnom,&celivre queveus appelés de la Captivité, n'ét pas forti de l'étude de Luther. Le Noce fe levât aufiï,adrefïa fa parolle à l'EmpereunSacréc Majeité, dit-il, ce ne font point fuppoiitiôs, ces blasfcmes exécrables font fortisdelabouche &dela plume deLu- ther.Sur cétc côteitation(car le Nonce & le Duc vindrent à des parolles bien après ) l'Empereur dit qu'il faut man- der Luther,qu'il ne le veut cor, dâner fans l'ouïr.. On don- ne aduis en diligence àLuther , qui étoit aux écoutes de céte refolution : mais fa confeience le rendant défiant , il veut mettre fa peau en feureté:demandefauf-ccduit,non feulemétfîgnédelamain de l'Empereur , mais Aulîi des Princes.de 1 Empire. Etoit-ce la confiante refolution d'un confiant Profère, mandé du Ciel, pour relever la Chré- tienté perdue? Ceus qui aloient jadis aboucher les ty- rans, prêcher l'Evangile fur le fumier de Sathan^deman-

H doienc

î'u De la Naissance de i'Heresie," doient-ilsfeiircté de leur vie? Usrecherchoient plutôt une honorable ocaiion de laperdre. Or le fauf-conduit recuis cftkeelc& bouclé.pcur faire venir ce moyDe avec toute aileurance , a la charge de ne dogmatifernypar é» -crit c>ie par le cK-min. Vn Héraut çft dépêché

pour cet efret, lequel condu;tLurl:er a Vormes, acom- pagné de trois Docleur-s c!e Wftemfccrg , lonas Prévôt de ri>!ife,ur Inrifcônfutte,& Amiderfj celuy que Lu- ther eonfacra depuis E\eque, cemmeje dirayenfon lieu ; premier Se dernier de (a main. 21. T o vt le monde acouroit furies chemins voir cemoi-

Zutberv* ne, pour lequel tant de gens feremuoient: Car Luther trouver portoit encor Ton habit ci'Augufb'n , qu'il ne laifla que L'Ewpe- l'an mil cinq cens vm£t & trois. Ilfc faifoir trainer dans **vr. un caroiTe, u ne marcheit pas en pauvre Religieux, com-

me par le paffé, lors qu'il aila trouver le Légat , il fut àpie. Quand il s'arretoit aux hôtelleries, c'etoit unefou- le & une preiledegens pour en avoir une vtuë feulement, comme en fait quand on veut voir une befre fauvage qu'on mené par pais. Ce) a toutefois etoit trouvé indigne c'vn nouveau P:orete , de le voir gros & gras afîls en une chaire de en; uchcnrenverfé, jouer de la viole, &chaa- tut for tercnmuiicue: fp.it L Am- j hicn. "£-t h fit: fi tdcnxé d'un luth t barme fouty

hléitter àfavcii. . Cocléee

~jcr:t£ine Car ceus qui ont e'crirdece tems-lâ ,difentque par

d'iufteu. foispcurfedef-er.nuveri'i prenoit un luth enlamain, ta- chant lan Srurne (en coucucttur à luy donner tout le p'aifrdont il fe pouvoir avifer. Par tous les chemins fe firent fofeins cennnueis, & jamais fans avoir lamufique. Lepauvre frère Thomas , lequelpeu auparavant on avoir Hef. U.C. vcu courir le monde, foeran ries vices, &prédifantla re- $ ,7' beliion de Luther, ne marchoit pas en tei appareil, il fe

con témoin d'en rauvsesne , fon habit de gros drap, fon biffa* étoittoutibn équipage. Or quoy que l'Empereur jtcûtderfeJ écher, fieit-cequ'enpalîant aEr-

d lieu de fa boum ture^il rit unfermon contrelesPcle^ rinage:. tiens pics de l'EglifeCatho-

pouv.it rompre la h oy promue, puisque

luy-

I I V R ï I. 115

tay-méme avoir rompu la !oy qui luy avoir crÉprefcritC; car qui delinque contre laloy, eftjuftemcnt privé &ju- indigne de fon bénéfice.

Arrivé à Vorrnes le feiziéme jour d'Avril mil cinq cens In« Yin°t & un , il eft conduit en la fale devant l'Empereur, ^e <]Ui f* qui le rcçeut humainement pour ne l'épouvanter, avec PeJfae7i l* commandement toutefois de ne s'ctendie en harangues, Trefe™1 à* ains feulement répcrdieàce qui luy feroit demandé. Ptwp*- Ekius grand Iurifccnfu!te& bon Théologien, quiétoit reur\ à l'Archevêque de Trêves , prenant la parole par le com- mandement de fa Majefté, fit un lcn & dc&e difeours en Latin : puis afin que tous les afliftans de diverfes nations lepeufTent entendre ; demandea Luther en Aleman, s'il Yeutavouërpourfiens les livres qui font publiés en fon nom, &foûtenir ce qui eft contenu en iceux, Luther fei- gnant étrefrapéde l'afpcddecétemajefté Imperiale,ou batude fa propre confeience , demeure quelque tems muer,puis rompant Ton filcnce, dit, qu'il ne def-avouera jamais Ces livres ; mais pour feavoir s 'il a erré, que la cho- fe étoit de telle importance , qu'il eft raifonnable qu'on luy donne delay pour y penfer. Cet ckofe, dit Ekius, qui dépend detonfait, &pour laquelle tu fçais que l'Empe- reur t'a demandés neaumoins fa majefté t'acorde le delay jufques à demain , pour t'ouir répondre par ta bouche &c non par écrit. Ce pendant le roolie luy eft donné , parmy lefquels ctoit celuy de la Captivité de Babylone, que fon Duc difoit être fuppofe. A l'heure aiTignée Luther com- pare, &, comme s'il fût tout vergogneus de le voir en uns telle & fi célèbre compagnie , luy qui avoir toujours été nourrydansun cloître ; ( lahcntepourtantnelogeaja- mais fur fon front, c'é toit plutôt le vray fiege de l'audace) fuppliel'Empereurd'excufer,&fon langage &fonmain- tien indécent: Cet toutefois ce qu'il avoude mieux. Puis , commença fenoraifon Latine, emploiant tous les traits ceRethorique, pourfe rendrel'oreille des auditeurs fa- vorable , cnnmeuspourtsnt defa longueur : carpresde deux heures fe panèrent en paroles perdues fans venir au point avec paroles de douceur,puis avec menalTe du Ciel, amenant les exemples des Rois d'Egypte perfecuteurs ♦lu peuple de Dieu. Ekius, voiant au Vifage de l'Empc- des Princes, combien ils croient ennuyés de les H % jp longues

iï5 De la Naissance de l'Hiresii, longues harangues , qu'il ramenoit lors qu'on pensât qu'il deutfinir, rir.terrcmpir, difant, Achevé Luther, ne rems la tête de fa majefté de fi Icns difeours: Répons feu- lementàla demande que parfen coït mandement je te fis hier. le ne puis ny ne veux, répond Luther, révoquer rien de ce que j ay écrit , fi quelqu'un nemementrepar l'Ecriture, & vives raifens , que j 'ay erré , fans m'amener Lhautoiitédes Papes & des Conciles qui plufieurs foisfe contrarient. Puis faifsnt quelque diftindrien defes livres, pourfuit qu'il a enfeigné la vérité, cemme ill'aaprifede l'Ecritureaechante le jargon de tous les Hérétiques qui l'ay oient devancé, protefte qu'il cil prêt s'en départir, fi par elle on montre qu'il ayt erré ; ou il veut être opiniâ- tre, s'il a écrit quelque choie qui contrarie à la parole de Dieu. Et comme les oracles trompeurs donnoient des ré- pôces douîeufes,afin que cotre tout evenemét, ils fe peuf- îentfauver dans les détours divers de la pluralité de fesin- Hift. Tri- telleéts:Aufii fur les demâdes d'Ekius,& aveu defes livres, fart.ttL.+. Luther répend avec ambiguité, ne veut jamais franchir le ttf.i o. mot.il avoit étudié la leçon d'Atrius,plus on le prefToit de parler claircmét, moins Içavoit on ce qu'il vouloit dire,é- crit Socrate.Biê côfefTa Luther, qu'il auoit trop aigremét parlé contre le Pape, & Ordre Ecclefîaftique , mais qu'on La forcé; toutefois dit-il, je n'en veus rien rétracter, pour ne donner ouverture à leur infoknce ; &répondray en vn mot, comme le S a v v e v r, Si j ay mal parlé,qu'on baille témoignage du mal. Et comme l'Empereur Theodofe ayant afTemblé peur même occafîen le chef des Héréti- ques de fon tems,leur demanda de prime abord, fi les an- ciens & premiers pères n'avoyent pas gardé l'unité de la Foy & lajvraye doctrine , afin de les convaincre par leur propre bouche. AuiTï l'Empereur preffe la défais Luther3rr.ais comme ces autres , difent nos Hiftoriens, redirent des réponces ambiguës & difeordantes pour n'être contraints (approuver leur doctrine , s'ils les a- veuent vrais & irréprochables Pafteurs. Aufîl Luther avec àes pi efaces d'honneur des Pères de l'antiquité , ré- pond qu il révère tous ces Saints Pères : mais qu'ils ent été Hommes . fujets à faillir. Et comme Ekius le prefToit fur le confentement de i Egliie siîîftee du faintEfprir, iuivant les prçmcffes infaillibles de Dieu,, & qu'il vouloir

être

Livre I. 117

être juge& partie , fans s'arrêter ny'à Pape ny a Con- ciles: La feule Efcritute fainte fera nôtrejjge. le vous s* KflttW diray , Sire, dit Ekius , fe tournant vers l'Empereur,ce «&*•*$■ que S.Hilaire dit a Confiance, qui tint autrefois l'Empi- Con$> *•* re. Qu'il n'yeat jamais Hérétique qui n'ait maintenu deTrinst. que fes blasfemes font paroles de l'Ecriture : Ils prennent, dit ce grand Docteur ailleurs, /-z^w/^até des paroles celesles, félon Le ftns de leur volonté , & non félon ï arrêt de la vérité. V tiers (i; vient dafens & nm de L' Ecriture,ô* c et le fins & non la ptrolle <\m fe convertit m crimr. Toute l'ifemblee trouuoit étrange que ce moine fût il Hardy de fe loger ainfipar def- fusl Ëgiife, par défias les Conciles, Scvouloit étreeftimé tuth'r m feulfage,mÔLtant déslors qu'ilfut un peu êchaufé en fon prefa jjy harnois, une fierté de vifage en une façon hautaine. IL ^ /bror. falloit queLuther tint la route de tous les Hérétiques Mif.Tom. fes devanciers , qui ont toujours cerché même deffuice, 2.par,i4S pour fe dépêtrer des toiles ils fe font trouuésenvelo- pés. Ce mémorable acord de l'antiquité , & authoricé de tant de Saints perfonnages étoit pourtant le ver quiron- geoitfa confcience,comme il écrivit depuis. Certes, dit- iljc'eft une chofe eltrange d'étriverconcrel'authorité de tant de fiecles, le jugement de tant d hommes, & le juge- ment de gratis perlonnages. Combien de fois ay-iefen- tyun bitement de cœur quand on mepreffoitde ce fore argument : Lutlierés-tule feulfage ? Se peut il faire que tant de gens ayent univerfellement erré ? Tanr deiiecles ont-ils été dans l'ignorance} O/ezfà belle concluiïon & digne d'un tel homme. le protefte, fait il, contre ceus qui crieront corne des fols infenfez contre moy,de ce que j'enfeigue contre la coutume & l'vfage de i'Eglife, Scde tous les Peres,quejenemefoucierien de tout cela. C'eft ainli que c'eir homme rogue Se îïer fe fauva de la preire,où. Ekius le tenait en prefence de l'Empereur , montrant ce direduSige être véritable, que , La plus grande folie de l'hômmeeftjdes'eltimerfagc. Eu fin toute céteentreveu'é ne fut qu un é c rit entre Ekias Se Luther, qui fe tenait re- tranché dans fes opinions, fous quelque pailage mal enté- du de l'Ecriture , fans que raifon , tradition ou authoricé iiekonque l'en peu: tirer. le m'e jouis 3 difoit-il, au conte e fon Hifto rien, voyant murmurer tout le monde contre Br&verh Uyicixandynpperfovutemtdoïlrin-i c/icazfede ttnt dîtron- dt Lut fur

H 3 biti &

S

ii8 De la Naissance de l' Hérésie, blts& faftbertes: Car Christ du , que le naturel V Evangile esï d'émsuuoir gros débets & altercations , entr» cens mêmes q>tt ftnt proches païens & conjoints parliaifon de tenf.iagHimté. L'Empereur ofFencé de le voir en céte o- piniàtreté, le renvoya: Ec retiré dans fon Cabinet écrie de fa propre main fa fentence de condamnation contre Luther , qu'il envoya aus Princes & Seigneurs afletn- blez le jour après. l*?.y voulu étendre céte déclaration, &IalaijTer aus mêmes termes qu'elle fut lors traduite, parce que SIeidan ne l'a voulu inférer en Coii Hiltoirc Luthérienne non plus que l'Edit de condamnation , qui feraxnis au Chapitrefuivant. lv' . Ii vous appert , Seigneurs, que i'ay pris ma nai£

JUrst en- fance des Chrétiens Empereurs de la Nation Germâ- t/gré delà nique , des Catholiques Roisd'Efpagne, des Archiducs main de j Autriche, & des Ducs de Bourgongne , qui tous fe l Empe- portant po.ir enfansbien obeyiTansal'Eglife Romaine, rtur* ontperfevcréjufques àlarriort en leur fidélité : Et ont

été toujours defFenfeurs & protecteurs de la Foy Catho- lique, des faintes Cérémonies , faints Décrets, faintes Ordonnances, 8c bonnes moeurs , pour l'honneur de Dieu, augmentation de la Foy , &lefalutdesames. Or combien qu'ils foyent morts , ils nous ont par l'ordon- nance de nature, de droit héréditaire, laiiîe ces faintes traditiousaobferver comme demain en main , afin que fuivantleur trace & exemples, nous mourions aulîî en la vraye obfervation d'icelle: ainfi que par la grâce de Dieu , & comme imitateur de tant de nos bons Maj- eurs , nous avons jufquesicy vécu, & prétendons mou- rir. Pour céte caufej'ay en moy arrêté, «Se décrété, que je feray deffenfeur , & feray maintenir tout ce que ces miens predeceiTeurs & moy avons iufques à ce j ourd" huy obfer«/é & gardé : Mêmes & finguliercment ce qu'a été derîny & conclu, tant au Concile de Confiance, que autres, & par-ce qu'il eit notoire, qu'un feulFRATï R, deçeu en ù propre opinion , veut renverfer les fens & jugement de toute la Chrétienté, tantdeceus qui nous ont devancé il y a plus de mil ans , que de ceus qui vi- vent avec nous , laquelle opinion deluy , il elle étoit vraye, feroit conclurre, que iufques icy toute la Chré- tienté auroit vécu en erreur. I'ay totalement délibéré

d'expo fet

Livre I. n?

d'expofer 8c employer mes Royaumes , Empire , Po- tentats, amis, cors, fang, ma vie, & mon ame, à ce que ce méchant & mal-heureus commencement ne fis faceplus grand. Confïderé queceme tourheroit a trop grand deshonneur, &avousau/li, qui ères l'illuftre na- tion de la tant célèbre G srmanie. Auiîî, qu'il eft d'abon- dant & parprivilege de l'Eglife avenu , que nous Tom- mes dits & nommez obfervateursdelultice, protecteurs & deffenfeurs delà Foy Catholique, ce qui n'eft petit honneur, authorité & prérogative. Que ii'de nôtre vi- rant quelque, non feulement Herefie, ains feule fuf- picion d'erreur , ou autre diminution de la Religion Chrétienne, prenoit place au cœur des Chrétiens, Se nou.ç,îuy biffa/lions faire fes racines, fans y pourvoira, ^oiîlble: Outre, que nous ofFenferions Dieu, ce- la feroit toujours reproché à nos fucceifeurs , comme chofe vituperàble. Doncques ayant ouy l'impertmen- te réponce que donna hier Luther, ,en la prefenoé de nous tous, je vous rends affeurez par le prefenr écrit, qu'il me déplaît tresfbrt, que tant tard i'ay différé pro- céder contre ledit Luther, &fauce doctrine, 8c quej'ay conclu en moy-méme ne le vouloir jamais ouyr , quoi- qu'il veuille aire, & commande qu'incoaanenc ii foie ramené félon la teneur de Coa fauf- conduit , gardant diligemment les conditions y comprîtes , de ne prêches ny écrire, ny être aucunement occafïon d'émotion po- pulaire. Aurefte, comme j'aypromis, ie fuis délibéré de procéder a rencontre deluy , ainii qu'iicftde raifonde procéder contre un Hérétique linoto.rj, S: /ous'deman- de, qu'en cette caufe vous d'fcerniez ce que vous de- vez, comme bons Chrétiens que vous êtes, Se m'avez promis de le faire:

E:ac de ma propre main ce dixneufiéme Avril , mil cinq cens vint- un.

Le jugement de l'Empereur qui bannit peu après y. Luther commeHeretique, donna un grand coup a ce dus LesLMhâ- impetueus del'Hereiie: Car le Duc de S ixe n'avoir pas riens bra~ peu de crédit, & déjà plufieurs qui ne vouîoient avoir vsnt,&f*, de compagnons en leurs Etats, defiranc fecouër le joug déjient, del'Eglile, parloient bien haut, non feulement contre la dignité Ecckfiaftique, mais Impériale , roue même, H 4 ce que

no De U Naissance de l'Heresii,

ce que Sleidan ne dit pas , pendant le fejour de l'Ernpe- SimTont. reur à Vormes, & Luther e'tatu en la ville, on attacha des Rouer. plaquars parmy les carrefours. Aus uns éroit écrit en lec- TentM, très digitales cére fen ten ce de Salo m on: M ilheur au pais, duquel le Roy eft jeune : aus autres, des menaiTes de met- trepar tout le couteau, déclarant la guerre avec ce mot Alemant, Brvnthchvch quifignifie ligue populai- re : en quelques autres , affi :hez a la porte du Confeil ils Premières firent peindre quatre CCCG & plusieurs Chevaliers Ale- menaff s rnans denohçans la guerre, & déjà plusieurs qui ne de- det Luths- mandoient que trouble, étoicnt armez aus environs de riens, Vormes. Au même tems que l'E npereur donnoit Ton ju- gement fouverain a Vormes contre Lucher, le» Vniver- iuezde Cologne, Louvain . &Urenonmee Sorbouede Paris , prononcèrent leur condamnition contre les arti- cles par luy foûtenus aLipfe. Encor que pendmt (on fe- jour a Vormes, corn ne raconte Cjclee, qui étoit aile voir céte cérémonie, il eue bien hardiment alfeuré l'opi- Cete /en j}11iol) de la Sorbone être conforme a lafîenne. Nous a- tenreejlUu jjVonSj dit cétedocte aifemblee des premiers- Docteurs fremter ^s la Chrétienté, examine avec beaucoup de foin,& tour A A- jjllieui:ernent conlîderé la doctrine de Luther , & recon- vrilijjs. jjQeu quelle eft remplie d'erreurs exécrables , comme celle qui tache àfeduire les peuples, fait injure a tous „les Docteurs, déroge & ravale la puifTance & authorité ,,de l'Eglife & ordre Hiérarchique d'icelle: Aportemeuc ,,Schifmatique contrairea l'Efcricure facree, & qui blas- „feme contre le S. Efprit. Et ainli commepernicieufeala ,, république Chrétienne , nous fommes d'avis qu'elle ,,doit être du tout exterminée Se condamnée au feu , & ,,1'autheur par toasles moyens polîîbles, contraint de , , venir à une abj uration publique. On remarqua céte fau- Taute de te en la procédure de l'Empereur, de n'avoir eu le juge- l'Empe- ment de ces fameufes Vniverfitez,avant appeller Luther, rtur. pour , en une Ci notable aiTemblee, condamner ce Moi-

ne, par lauthoricéde telles compagnies fi authorifees, au 'il aYoit appelle à garant de fes opinions : Et d'ailleurs de n'avoir appelle quelques fameus Théologiens pour convaincre fes erreurs. Car cet Ekius n'écoit pas cet autre Ekius qui entra en difpute avec luy aLipfe, donc j'ay parle cy deflus. Ce'tuy-cy étoi: bonlurifconfultc, 8c

Officiai

Livre L. izi

Officiai de l'Archevêque de Trêves. Vous verrez en quel- le faric entra Lâchée q jaul il fçeu; li ceufure de Paris, après (o* départ de Vor mes. Co n ne ce M >ine, M. m- M9n3rgmm ftre nouveau de la Chrétienté , & pçce de tanp de M fa- rtées qui vmdrent après, faifottam'i le furieus & enragé, on vie , D3i fans merveille & éconaeneac de coar le inonde, naître un veau, ayant la céie coifeedVn Ca- puchon co.ii ne un M aine, qu'on appelladellars le N}i- notaure de Sixc.

L'Archeve^ve de Trêves, qui defîroic apporter vr. de l'eau a ce'grandreu duqiel il pcéro/oit l'embraie- ?Q4r-p%r- meut, manie Luther en privé, a/anc appelle quelques Ur de Lu- E/éque; & S ligueurs II le preiTefur Co:i outrecuidance ther & <U & opiniâtreté: <vtus l'autre le tient fur Tes premières ma- ï Archev. ximes, d.e ne vouloir fubir le jugement de l'Egiife, n/le dsTrévtu Decretdes Conciles. Dit, qu'il n'approu/eroit jamais ^ celu/deC o.ift mee , qui àvoit couiim lan H is, foù- »tenant l'Zglife être l'a if; in blee dés predeftinez. Qu:l asremede, lu/ dit don: l'Archevêque î Il n'y en a point d «*- v*ire , ditLuther, que le coifedde Gamiliel: Si mwentre- *>prife vient de Disu , Us h)>n ms ny peuvrnt rien; que {telle. » vient dis hommes , Dieu U d:Jt??rn, Véritable Profete. Car pour le jourd'huy fa part eftla plus petite. Ce gros tronc à rejette des branches encores plus grottes, qui onc prefque dedeichê fa racine. E: comme le Coignier eft empêché de croître & fe naufTer par la groiîeur & pois de fes coins: Ainft l'arbre infaufhe qui porta l'Hereûe de Luther, a été empêché d'elle/er& dilater fon brancha- ge à caufe de la pefanteur de fon mauvais fruit , & de tant d'autres Hérétiques qu'il a porté. Or Luther fut con- gédié demeurant obàiné en fon erreur, auiîi a-il depuis véritablement écrit ; Qu'on n'a iamais veu l'autheur d'une Herelie fe convertir & démordre fon opinion. . »C'csl unpeche, dit-il, tropgrxnl , & contre le Stint Esprit, .**JS » Die» permettant qu'ils meurent en céte obslinttien, afin qu'à Z:*m-& »f,itf*it cequedit Ifaye : ils o>jtd:sy;w, &ne verrontpcu\ °iC9iamfi » ont des oreilles, &ne pourront oxyr. Le Ch ri s me convertit 35 zucun grand Prêtre , m lis bien Us DifcioLs. Non plu* que Us » Profetes ri avoient converiy aucun Pfeud)- profete. Luther ob- ftiné ayant fon congé s'en rêva tout bouff/ d'orgueil, lib. contr. pour avoir veu tant de grans hommes fe remuer à fon oc- falf.Efif. H 5 cafion,

ni De la Naissance de l' Hérésie, cafîon,difant fouvent depuis, que la journée de Vormes erdmnt. croît fagrand' bataiile,& le triomfede la gloire: Par fois ftf»/M tout au rebours, ils'accufoit d'avoir été trop lâche & ^g-Any-* pjfïlanime. Iene devoispas, dit-il , montrer céte lotte mJmtâ. humilité. On propofa de le retenir prifonnier,&luy faire fon procez. Mais l'Empereur luy voulut gard:r la foypro- mile, & le fit conduire par ion Héraut a Witemberg: & comme en venant il avoit outrepalîé les Lois de fon iauf- conduit, lemémefit-ilau retour: Car non feulement il préchaen Turinge, mais aufii écrivit de la ville de Fri- bourg, aus Princes; & pour n'avoir aucun qui peut veil- ler fur fes actions, il renvoya le Héraut de l'Empereur. fe fît donner des fauces alarmes par les chemins , comme flonétoit aus embûche* pour le prendre. Et fît courir le bruit a Vormes , qu on V avoit lié &gâro;té, dont le Duc de Saxe fît plainte ^ difant qu on a/oit violé & rompu la foypublique. Ce fut une rufe de Luther pour émouvoir "Ru/ede le peuple,& voir quel feu feroic céte fauce alarme. Arrivé Luther. en Saxe il print pour fa retraite & feureté un fort Châ- teau, appelé Alfrar , apprenant au Duc, avec comman- dement de n'en fortir : car le Duc cru'gnoit d'ofFencer l'Empereur, qui par Edit publié, bannit Luther de toutes les terres de l'Empire : lequel j'ay voulu loger en ce lieu, d autant que le Lecteur y trouvera des particularitez re- marquables: & que c'ell comme un tableau , dans lequel Luther eit vivement reprefenté. Aucun de nos Hiito- riens ne l'a inféré dans les écrits , encor qu: par le com- mandement de l'Empereur, il fut dés lors traduit en tou- tes langues, mêmes en la nôtre, aus propres termes qut fe l'a/ laifle.

EDIT

L I V R E T.

Il*

EDIT DE L'EMPEREU CHARLES

LB QviN T CONTRE LvTHER ET C O

damnation de Ton Herefie.

C H A P I T R

XIV.

jShtetle doit être U diligence d'un Empereur,

Luthsr autheur d'uni Herefie

nouvelle.

Vieilles &erefî;s renouveOees par Luther,

Conjurations de l'Empereur avmî qnt donner fentenc* contre Luther , & comme il fitt ony.

î-

Rcfolutiode l'Empereur, con- tre Luther. 6.

Deffinces de lire , & impri- mer fei livras.

Ha rle s V. parla faveur & clémence dîvi- ne, eleu Empereur toujours Augufte: Et ce à ®<jS'(/â ' r^^tK tous Scchacuns les Electeurs du facré Empi- fojf}tteiM X^Q*ù4\ re Romain , & autres Princes , tant Ecclefia- j ttmMm

itiquesqueleculiers,Archeveques,E7;;ques, ^. * £ Prelats,Dacs,Mirquis, Comtes, Barons, Nobles, Gen- *,_.„- darmes, VafTaus, Prefects ou Prevofts , Prefidens, luges, Bourgmaîtres, Confuls , Echevins. Communautezdes Citez des Villes, Bourgs, Villages, Terres, & tous autres lieus quelconques. A tous Recteurs d' Vniver(îtez,Etudes; ou Collèges-, Lieutenants ou Ofnciauxd'iceus , &tous autres quelconques qui nous font fuj ets, tant par le droit du facré Empire, que héréditaire, ou par quelque autre manière que ce foit, fidèles bien-aymez, de quelque état, grade, ou condition qu'ils foient, & aufquels ces prefen- tes,ou copie d'icelles fortifiée de nôtre fing,ou encore de la foufcriptionde la main de nôtre Notaire public , par- viendra, Grâce de Cefar & tout bien. C'eft le devoir du vray Empereur des Romainsmon pas feulement d'ampli- fier & étendre les bornes & limites de ce facré Empire, le- quel nos Predecclieurs Princes de la Germanie, pouc U uviien.ce de l'Eglife Sainte, Romaine & univerfelle,

fcfont

n4 De la Naissance de i/Heresie. refont acquis fouvcnt au pris de leur fang, & celuy des leurs, après avoir par la grâce divine, amené a lavraye Foy Orthodoxe, ou expellé les infidèles : Mais encores de pourvoir avec un grand foin & diligence , a ce qu'aucune tache ou fufpition d'Herefîene fouille nôtre Sacré-fain- te Religion, es peuples & nations qui nous font fujettes: Et fi aucune avoitdé-ja commencé d'y prendre naifTan- ce, il doit icelle éteindre & du tout anéantir de toute fa force &puiffance> jouxte & fuivant la règle qui a été de tout tems j ufques à prefent obfervee & gardée par la fain- teEglife Romaine: Que fi quelque autre de nos Majeurs aeu^occafion de ce faire, d'autant plus grande l'en a- vonsnous, à qui la bénignité immenfe de Dieu tres-bon & très-grand, a daigné élargir , pour la defFence &ac-~ croiffement de la fainte Foy , beaucoup plus de Royau- mes& Seigneuries, des peuples plus belliqueus &en plus grand nombre, & des forces beaucoup plus grandes, qu'il n'a pas fait depuis plusieurs fiecles à autre Prince qui ait jouy devant nous des titres de l'Empire. Davantage puis que de l'eftoc paternel nous fommes fortis de très- Chrétiens Empereurs , Archiducs d'Auftriche , & Ducs de Bourgongne : Et du côté maternel des Rois Ca- tholiques des Efpagnes , de la Sicile & Hierufalem: Les beaus faits de tous lefquels , entreprins & exécutez pour la Foy Chrétienne , ne feront ïamais effacez de l'oubly : On croiroit cela n'avoir été fait fans une gran- de charge de nôtre confeience & perpétuelle note de nôtre nom , & comme une bro'uee jettee & épanduë à l'entrée des commencemens Jieureus de nôtre prin- cipauté, finous endurions que quelques nouvelles He- xeûes, jadis condamn&es, & qui retirées des enfers de- puis trois ansença, commencentde pulluler en laGcr- manie , prilfent plus avant pié , a caufe de nôtre né- gligence. h. Certainement nous penfons qu'aucun de vous

Luther n'ignore , de quels erreurs , & Hcrefies du tout contrai- mtttheur res& répugnantes à la Foy vraye & Orthodoxe, uncer- d'une he- tain Frère Martin Luther,de l'Ordre Saint Augufhn s'ç£- tejienou- force d'infecter la Foy Chrétienne, principalement céte vtltt. nation Germanique , fi illuftrc & tant renommée, & la-

quelle a été de tout tems le fîeau de l'infidélité & des ^ * Herefîes:,

Lîvn t îi5>

Herefics; Que on n'y pourvoit de bonnehcure, il cft à craindre, que toute céte Nation, & par après toute ! la République Chrétienne, le venim de céte conta-

fion ayant glifïé peu à peu en icelle, ne tombe en un chifme abominable , & finalement en une dcfolati- p^^ cn&miferableruyne. C'eft pourquoy le trefiaint Père jel*Zfr^ Léon dixiefme, fouverain Pontife de la Sacré-faintc Ro- piUUK" maine & univerfelle Eglife, auquel appartient d'avoir ' foin de la Foy Catholique & des Saci emens de 1 Eglife, pouffé d'une jufte émotion a du commencement admo- jiété doucement ledit Martin, & paternellement exhor- té, quilfe defiftat de telles méchancetez & inrollera- bles entreprifes, & qu'il révoquât les erreurs par luy dé- jà femez. Ce qu'ayant mtprifé &adjoûtant toujours à fes erreurs premiers, des erreurs encores pires: Leméme bien-heureus Père ordonna de paiTeroutreà des remè- des propres,& toutefois non injufles. Ayant donc convo- qué fort fouvent les Reverendiflimes Cardinaus, Eve- ques& autres Prélats de l'Eglifefainte, Romaine, en- ierpbleles Prieurs ou Miniftres generaus des ordres ré- guliers & ayant appelé avec eus plufieursperfonnes, ex- cellens enfcavoir& preud'hommie, & mêmes des Do- cteurs & Maîtres de diverfes Nations Chrétiennes, ver- fez en toute forte de doctrine & langues. Apres avoir prflL mierement appelé & cité ledit Martin , & iceluy perfî- ftant en fon défaut & contumace : de fon authorité Ano- {tolique par la meure délibération , avis , confeil & com- mune opinion des fufdits Cardinaus, Evéques, Prélats, Docteurs & Maîtres, a condamné fes écrits, tanteeus qu'il amis en lumière, ou qu'ily pourroit mettre parcy après, foit en langage Latin ou Alemand , comme perni- cieus& contraires a la Foy & union de l'Eglife. A jugé 6c 6c arrêté iceux devoir être brûlez & du tout abolis cm «quelque part qu'ils puiiîent être trouvez. Dauantagea déclaré iceluy Martin , fi dans certain temsprefix, de- puis la publication du Décret de fa Sainteté , ayant chan- gé d'opinion , il ne faifoit apparoir comme il avoitrevo- que fes erreurs, s'étoit ramené foy- m é me, & retourné à pénitence; être atteint & convaincu comme fils d'ini- quité & defobcyiïance, Sclufmatique, & Hérétique, que tout le monde aoit avoir en horreur, Et en outre iceluy

devoir

«itf De ia Naissance de l'Hérésie^ devoir être punv,fuivant le droit, fous les peines & cenfu^ rcs, lefquelies font plus amplement contenues es lettres patentes Apoftoliques fur ce données, garnie d'une Bul- le deplomb , lefquelies fa Sainteté nous a expreiTement cnvoyeesjcomme au vray & fupréme deffenfeur de la Foy Chrétienne, & premier fils & avocat du Siège Apofto- lic , &de!afainteFglife : Romaine &univerlelle. Etcc carie Nonce fpirituelde fondit Siège , & fon Orateur honorable homme nôtre bien ayméHieronyme Alexan- der , Protonotaire du dit Siege.& Préfet de la Bibliote- qucApofïolique, demandant & requérant, que pour l'of- fice & devoir de la dignité Imperiale,nous commandions toutes & chacunes lesfchofes contenues efdires lettres .Apoftoliques , étreinviolablement obfervees , &mifes à exécution : Premieremeut par tout l'Empire, &puis après ( comme il eft bien feant à un Roy Catholique & Prince Chrétien ) par tous les autres Royaumes , Seig- neuries & Provinces } principalement en la Germanie, prétans & donnans à ces fins mêmes le biasfecuIier,pour îefeccurs delaFoy Catholique. Apres tcuslefquels aver- tiifemens , citations , & ajournemens faits audit Martin, & finalement après fa condamnation , & encore après les lettres du Saint Père à nous prefentees : & après avoir fait 'publier la Eulle Apcftoliquepar plufîeurs & divers licus delà Germanie , & icelle avoir fait mettre à exécution par nôtre commandement & charge, nen feulement en nos inférieures feigneuries deLouvain: maisencores de Qlfllr.fiùo Cologne, Majance, Vautres : Tant s'en faut que ledit de Lnlker. Martin foit retourné en fen bon fens , ou qu'il ait révo- qué fes erreurs, & que demandant pardon & abfolution defa faute il ait procuré de revenir en grâce avec le fou- verain Pontife, & la fainteEglife,qu'au contraireil a tou- jours mis en lumière des fruits: encores beaucoup plus deteftabîesdefon pervers Êfprit ,~& comme forcené & pleih deragefelaiflant allerimpetueufemét à l'évidente, ruine de TEglife: Il a publié & fait encore courir tous les. jours, un tas de livres pleins d'herefïes,non pas feulement nouvelles , mais bien qui ont été cy devant condamnées" par lesfaintssConciles,lefquelsil acompefe', ou pour le moins produit fousfon nom , nonfeulement en langa- geLatin , mais encore en Alemand ; afin de perverdr

Pierre.'.

L ï v n e 1 lit

^corrompre plus frciîfmert le menu populaire. Dans kfquels livres ; b bon D:eu! ) il diflîpc,coi.fond, & mei a £"«"** bas le nombre des faims fept Sacnmens gardé &obfervé Lhther. ï parl'E^lifedé-ja t ar tsni d^fecles, infccTcnes ?Uâioc- mentpai des façons meiveilleufes& étranges5leslrixcu Mariage , qui avoientdemturéjufquesuy toujours en« tieres&fans aucune corruption.

Dit avec VViclèf , que J\xtremc Onction n'cftrien »£' qu'une fiction; revooue & ramené la façon rie ccmmuni- y^HUsht* quer la fainteEucbariftie, a la coutume & manière des rtn(i re. Bohèmes cy devant condamnée : Mais premièrement ncuvtlees il embrouille & couvre tellement laConfcfîion , très- par ^ falutaire aus âmes contaminées de pechc,que delà Con- tfcr* feflïonil en fait une confufîon,& tout incontinent après, pour la plus grade partie, il la détruit &démolit:& finale- ment il menaiVe d'écrire des chofes encores pires , contre icelle: Delà vient que dé-ja quelques uns(corr.menous ' avons entendu ; (choie dure à ouyr!) ont pris occafionde commencer a coûter aucunement de la manière &in- ftitution delà Ccnfefîion. Les uns la font tronquée &" mutilée. Et d'autres , ( ô crime!) ont def lié de con- fefTer, & ont ofé affermer publiquement , qu'on ne fc dévoie nullement eonfefler. En outre Luther ne mc- prife pas feulement l'Ordre de Prctrife , & ce divin don par lequel le Sacré- faint Cors & fangdelïsvs- Christ eft parfait , & la puilTance des clefs ceîeftes, &ne rend pas feulement toutes [ces chofes communes nus Lays,aus petits enfans,& aus femmes j mais encore» il incite les mêmes Lays à laver les mains dans le fang des Prêtres.

Qva n d il parle du faint Père , fouverain Pre'tre de nôtre Religion ,fuccelfeur de S. Pierre, &vray Vicaire de Christ enterre,il ne le nomme que par des noms in- fâmes & pleins d'injures, lepourfuitpar de tresfrequen- tes& meuyes invectives , par des blasfemes & injures outrageuies.Il dit qu'il n'y a point du tout de libéral ar- bittCjlùivantropinion de Manichee & VViclef: Mais que toutes chofes font arrêtées fur certain Loy , &necefïi- te: &: pour la confirmation de ce, îls'aydc des vers des Poètes Ethniques, comme d'un argument irréfragable, Pour !e vénérable ûcrifice «UlaMcfle , il écrit par lès

livres,

ii8 De la Naissance ce l'HeresïeJ livres, qu'il nefert & ne profite ny aus morts ny ausvi- vans,excepté aceluy feul qui le celtbre. Il invertit & cor- rompt linititut'cn & coutume des jeûnes & craifens que nous gardons en l'Eglife. Pcjur le Purgatoire & état des âmes qui font purgées en ice!uy,&fufïrages du divin fa- criflce , & Pardons que les fidèles dcfTur.ts attendent de nous : Il s'accorde corne I Fglife avec des \Paudois& Wiclefvifres, & tient de l'Egliit mîmes Militante, ce cju'avoient tenu premièrement les Pelaguns & Ht lTites. Et quant au* écrits &autroiitcz des faims Peres,rec;eues de 1 Eglifeil s'en mecque , & par tout cùilfetrcuve, fe lit de PJ- enneur & révérence qui leur eudeue, gâte & di- minue la dévotion, ote l'cbedierce & tcut regimbe; qui eftcaule que les revples fent ptevequez & incitezàfe révolter centre leurs Seigneurs tant fpirituels, que tem- porels, & Te laifer aller aus rapr.es , meurtres, (acage- mens, & biûlcmens, ru grand danger & péril évident de toute la République Cl retienne; & qui plus eu tâchant c'inrroduire certaine manieie de vie difpenfee , licen- cieufe, exemtede toute forte de Icys , & vrajementbe- iliales : Cet homme fans Loy condamne & mcprifetellc- ment les Loys , que mêmes qu'il n'a point craint de faire brûler publiquement les Décrets des Saints Pères, & fa- crez Canons : & eût fait enecres pis du Droit Civil , s'il n:eût pîusdoutéle glaive feculier, qu'il n'a pas fait les Excommunications, & Ccnfuresdu Saint Peie: & main- tenant , il n'a point de honte de contredire publique- ment aus Sacre-faints Ccnciles;&en médire &detracter, Centre les ccrr.meil luy plan. Et entre autres il déchire & mord CozciUs. principalement avec fa bouche orde, impure & feejeree de telle façon, celuy de Confiance, lequel, a la gloire per- pétuelle de l'illultre Germanie, a apporté. 'a paix & tian- qurlité a l'Eglife difeordante : qu'il ofe ccucher paifes écrits, au grand defhcnneur cklcandale deTEglileuni- verfelle, mais principalement au grand oppicbre & ig- nominie de toute la natien d'Allemagne, tanteft que le- dit Concile de Ccnlrance a le plus erré de tous, & main- tenant que le même Concile , & ceus qui étoient ailem- blezeniceluy, ckavoient commandé quelanHusHere- fiarche fui brûlé, n'étoit qu'une finageguede Sathan: Appelé feu Sigifmond u'r.cureufe mémoire Empereur,

An te-

Livre I. 12.9

Anrechrift ; Scies autres princes du Sacre Empire. fes A- pôtres , homicides &: Farifiens. Mais quoy, il dit en- core que les erreurs de Ian Hus,qui avoien: été condamr néesen ce Concile , font purs E\angeliftes & Chrétiens, les reçoit comme tels , & afferme franchement & de- vant tout le monde , qu'il les prouvera tels:Et pour les autres articles du même I?nHus, approuvez par ledit Concile, être purs Evangeliques & Chrétiens , ilneles admet nullement: Voire il eft entré en une telle rage & forcenerie d'cfprit , quciiIanHus a été feulement une fois Hérétique, ilfe glorifie & vante que Martin Luther eft plus de dix foix Hérétique. Cet homme efttc]Iement cupide de chofes nouvelles , ou plutôt de la perdition deshommes, qu'il ny a prefques aucune choie , dece qu'il a écrit, ouquiaété mrs en lumière fous fon nom, en laquelle il ne fe trouve quelque pefte , &queiqueé- guillon ou pointe mortelle. Et ce fans comprendre fes autres livres , les noms & titres defquels il vaut micus taire que dire , pour leur exécrable & maudite doctrine. . Lefquels toutes-fois font imprimez feus fon nom , &re- conneuz de luy pour fiens comme les autres. Chaque mot defquels on peutdire à bon droit , ttreautantde venims mortels. Et afin de n'employer le temps à dé- duire de point en point tous les erreurs de Luther , ilfuf- Luthet fit de dire que cet homme, non pas homme:mais bien un àimbUm diable foers la forme d un homme, ayant pris pour la per- carr>è. te & ruine du genre humain, l'habit & capuchon de Moi- ne, aramaffé enfemble comme en un cloaque lesheiefies de plufieurs Hérétiques , condamnées &. long tems v enfevelies , & en a defoy inventé d'autres toutes nou- velles , fous le prétexte de la prédication feinte & fi- muleede ja Foy , laquelle il met il fort Scii fouvent en avant , pour mieux couvrir & palier Içs fraudes & trom- peries ; en manière qu'il ruine &abat du tout lavraye Foy.Et fous l'apparence & prétexte de la liberté, la quelle il promet à tous, introduit le joug & fervitude du dia- ble - & foHs le nom delà profeflion Evangelique, s'ef- force de changer ^pervertir la face très- beîle de l'Eglife, &renverfer&du toutmet;reà bas toute lapaix & chan- té Evangelique.

T o y t £ s lefcpelles chofes ayant été fouvent & dili- jr,

I gem-

lîo De ia Nais s ax ce del'Heresii" eeirirciit pefees & considérées par nous, & parles avis de toutes les nations qui nous font fujettes, &principa- Fémentnous ayans étélur ce requis par leSaintPere, dqus n'avons peu, feus uneir.f gne tache de nôtre nrm, & fans le grand dommage & détriment delavraye S, Or- rhedoxe Reîîgfon, mcpnfcr une chofe défi grande im- pertance. N eus ne l'avons peu , ny deu , ny voulu , ains plutôt nous tenans fermes aus veftiges & traces des Empereurs Rcn-ains nos predecefîcuis , & obfervans perpétuellement les faits & «zefîes diceux louables, pies plaints, pour la liberté de i'Églifc C?tholique,tcuchant la punition & extermination des Hérétiques. Nous ayans fur ce principalement les Electeurs , & tous les Ordres & Etats du facré Empire Romain , & iceus con- gregez enfcmble en céte affembleede Vormes , par l'avis & corifeil vnân* nie d'un chacun , après une meure dé- libération fur ce eue: Nous avons en fin baillé nôtre fen- tence Scconcluficn , qu'on n'eut a prêter l'oreille à un tel homme , condamne par le Souverain Pontife &fîege Àpoi\olique,endurcy enion obltinee perverfité, étran- ge & aliéné de l'ufage de l'Eglife Catholique, & Hé- rétique notoire & manifefte. Toutefois pour ôter tou- te occafton de caviilation ( parce qu'il y en avoit quel* quesunsqui difoient que Luther n'avoir pas écrit plu- fieurs des livres qu'on luy attribucit) Il y en a qui furent d'avis que plutôt que de palier outre contre luy à l'exé- cution du décret du Souverain Pontife, il le falloir ouyr: ce à ces fins que nous commandaflîons de le faire appe- îernarun dcr.es Ambaffadéurs de paix , ou bien par un de nos trbmpetcs & Hérauts , que nous envoyerions ëxprez pat devers luy, fous fauf- conduit que nous luy donnerions de venir & s'en retourner librement. Ce qui aurcirété fait , non pas afin de nous attribuer aucune j'ûrifdictionou:connoirîancè de cet affaire, ( fçachant bien que : rtiènt au Pontife Romain , & au

SÎegc Apoitofiqûc feulement ) ny pour fouffrir que les chofes qui concernent nôtre fain te Foy , fullent après :!es miles en controverse , au grand fcandale & perturbation des fidèles , & a la dcrificn & moquerie des qu'après avoir veu l'homme, & fondé diljo e nous vii filons a rcreduire)

s il

Livre l i?i

5'iîétoitau pofîîble) au droit chemin pardes bonnes exhortations & averti iTemens falucairês , fatisfaifans en cela principalement au menu peuple, «Scauderîrde plufieurs autres qui requeroient qu'on y procédât par cétevoie. C'étpoutquoynousavonscommande , que iuther c8 jouxte &fuivant la forme & teneur du mandement ïm- 0„y% perialfurce fait , & publié nagueres , Luther fut per- fonnellementinterrogé en nôtre preience, &celledes Electeurs du facré Empire des Princes, Prélats & Etats. Premièrement s'il n'a pas compofé plufieurs livres qui luyferoient aportés devant fes yeux, &nomméscha- cun par fon titre, & d'autres encores qui font impri- mez en fon nom: davantage s'il ne vou'oit pas révoquer tout ce qui étoit écrit en iceus contre les Saints Con- ciles, Décrets des Pères, & contre les mœurs & coutu- mes obfervées. & gardées par nos majeurs jufqu.es au prefenr jour , & s'il ne voaloit pas retourner aufein& union de LEglife. Et aurions fait apporter fur ce, tant en nôtre nom , que celuy de l'Empire , routes les admo- nitions & exhortations , lefquelles eulfent peu adoucir & convertir un homme tres-obfliné , quand mêmes il eut été plus dur qu'une pierre. Ce neaumoins fi toc qu'il aveu lefdits livres, il les a reconnus &confefTé é- trcliens, & protefte qu'il ne les.des avoueroit jamais: voire encore il die qu'il en avoir compofé d'autres, les- quels ne furent point exhibés , parce que nous n'en a- vions eu aucune copie & pour le regard de la revocation, il demanda qu'on luy donnât terme peur y répondre, Et combien qu'on luy peut à bon droit réfuter fa deman- de, tant à caufedece que les nouveau tez & erreurs en la foy ne doivent être traités avec aucune dilation, mais; prompterrrent du tout retranchés : Que parce , qu'av- ant été très- bien averti à quelles fins il étoit appelé , & par nôtre mandement, lequel nous luy avions fait légi- timement fçavoir, 6c par les lettres particulières que nous luy avions écrit, il ne devoit pas venir en une alfem- blee fi grande, Augufte &Imperiale, qu'ilnefûtprét a répondre fur le champ toutefois de nôtre clémence & bénignité, nous luy avons encores baillé le terme d'un jour , pour faire léponce, lequel terme étant pa (Té , Lu- ther ayant de reenef comparu devant nous & lefdits

I ?, Ordres

i\i De la Naissance de l'Heresiz, -Ordres de 1 Empire, & nous ayant encoresiceluy requis infr animent par des exhortations femblables à celles que defîus, afin qu'il revint a fov , luyprcmetans , que s'il le faifoit, &reconnoifToir fes erreurs, revoquoit les chofes mauvaifes Se condamnées qu'il avoir écrit dans fes livres} les mauvaifes feroient feparces & ôtées , & celles quife- Arreeance rc^enttrouv^es ttre bonnes, feroient aprouvées par au- dtLutl- z\ïÇ>i\té Apoitoljcue. Mais il dit ouvertement avec des paroles imprudentes & impudentes toutenfemble , & avec un gefte de cors & de vifage , reiTentaut quelque au- tre choie plus que d'un Religieux, & d'un homme de fain jugement , qu ilnechangeroitpas unfeul mot , dtcQ qu'il avoir écrit dans Ces livres. Mais qui plus eft , il ôfa affermer a nôtre face, &celle dufacre' Empire , queles décrets des fouverains Pontifes, &lesSacré-faints Con- ciles mêmes , avoient fouvent erré , & qu'ils fe contredi- foient entre eux : Et en iin qu'il leseftimoit autant que rien : & qu'il ne revoqueroit aucune chofe de ce qu'il avoit écrit, finon qu'il fut convaincu par des rafons évi- dentes , &authoritésde la fàinteEfcriturc, pour le con- tentement de fa confeience, & fon efprit , répétant par fois & inculquant ces mots ( afin de cacher le venim de fes ttomperies, lequel plufîeurs auoyent déjà commencé de découvrir) qu'il ne vouloir, ny ne pouvoit changer la parole de Dieu , fa confeience fauve & en tiere.D'une mé- chante ame fort toujours unemefchantepenfée:Commc fi nous demandions qu'il changeât la parole de Dieu5 mais plutôt que fuivant la vrayeparolede Dieu, il re- tournât au giron de cete Mere-Eglife , de laquelle il s'é- toit départy avec une fi grande impieté & vilenie , l'au- thorité de laquelle le Seigneur & le mémenôtreDieu I e s v s C k R i s t a voulu être fi grande , qu'il a dit. Que celuy qui ne veudroit ouïr i'Eglife , fût pris pour Ethnique & Publicain. C'eft pourquoy jamais hom- me ne jugea que l'aïuhorité de I'Eglife ne doive être préférée a routes \ez inventions, finelfes &cauteles des Hérétiques , finon qu'il fut du tout perdu &vraye- picnt hérétiques , comme Luther , lequel pour for- mer & couronner fes beaux faits d'une nn coadigne à iceux , achevant encore plus mal , ce qu'il avoir tres-mai cqœaiencé , il n'a peu diiiimuler a nôtre

TCUC.

L I V R E I. I3j

vcuc, & celle du facré Empire , quel étoit (on courage, & combien il s'éjouït de la perce & ruine des fidèles : car ayanc pris à rebours & a fens contraire (comme c'ét la coutume des Hérétiques ) cete fentence Evangelique: le ne fu's pas venu pour envoyer la paix , mais le glaive & accommodant icelle à Ton impiété' , il dit que la face la plus plaifante , & l'état qui luy fcmble le plus agréable de t;ms es chofes humaines , eft qu'il ait des afflictions &difTen fions pour la parole de Dieu. Cet à dire ( ce que plut a Dieu nous ne vifîîons point par expérience) qu'en- tre les Chrétiens, Coycat émeuës des affections vrayemét contraires, des difeordes, diffenfions , fchifmes, guer- res , meurtres, & rapines, pouries opinions de Luther difeordantes de l'EgHfe , lefquelles il couvre du faux titre delà parolle de Dieu. Luther iuus ayant donné, & a nôtre facré Empire,une telle réponce , fi cautcleufe, propre & particulière à tous les hérétiques , combien que nous euiîions délibéré Sz arrêté de paffer outre , fi tôt que nous l'aurions renvoie (comme tout le monde peut voir par nôtre fentence écrite de nôtremain , &: publiée lejour d'aprrz : Toutesfois inclinans aux priè- res de tous les Ordres de TE mpire_ nous luy avons eaco- res donné trois jours pour revenir à foy. Pendantle- qucl tems deux Électeurs, deusEvéqucs , deux Princes feculiers, & deux u.itres au nom des villes & citez, repre- fentans tous les Ordres & Etats du facré Empire , &ace députez par le commun confentement & au nom de. tous , ayans appelle à eux ledit Martin , n'obmirent au- cun devoir de l'admonnéter & exhorter , à ce qu'il eue à fe remettre en fon bon fcns,& iuy déclarer s'il ne faifoit cela , les peines qu'il attendoit, tant de nôtre part, du facré Empire, que des cemftitutions &lois. D'avantage un Ele&eurd'iceluy facré Empire , ayant avec foy deux Docteurs excellensen pieté & fçavoir ; Apres avoir tiré à part ledit Martin , l'auroitamonneté fortfagement & fortprudemirient, non feulement par des exhortations, mais encore par des reprehendons cvidentes,fur plufieurs de fes erreurs -} lefquelles luy furent faites jufques à ce qu'il fe feroit teu du tout : Qu'il confîderât <k eut égard plutôt a l'opinion faine du ibuverain Pontife , & ik fiege Apoitoliccj , & la nôtre,à celle des Etats du facré

I 3 Empire,

Retncr,- trance k Luther.

v. Ke/bhi non ds i'Zmpc- reurtcti' chant Lh ihtu

154 De la Naissance de l'Hérésie, Empire,& de toutes les autres natiôs fideles,jouxte &fut- vant lacoutumederEglife,côtinuéepartantde Siècles; eue non pas alalîenne.de luy quin'etoit qu'un homme feul Que fi quittant céte opinion il vouloit revenir à Ton ordre & état premier, ilreccnnoitroit que ce qu'il feroit étoitàl'imitatio & exemple louable de quelques uns des faints PereSjlefqueis ont quelque fois été : mais par après ils fe font retirés deleur erreur laifls &fauvesen leurs a- mes, leurs cors,& en leur honneur; aufquelles chofes, en- core qu'elles fuirent pour la plus part différétes, contrai- res , & répugnantes a ce que ledit Martin avoit écrit: Toutefois il fit la même réponce en privé qn'il avoit fait devant nous, & devant le facré Empire: Afçavoirce que l'Electeur & les deuxDocleurs qui étoient avec luy difoy- ent,n'étoic en rien meilleur ny plusrafîis, que ce qu'il a- \oir écrie, Sz a tant auroi: protefté, qu'il tenoit pour fuf- pects, non feulement les fuf-nommez , mais encoresle concile gênerai, s'il s'en faifoit aucun voire il n'eut pas de honte de proférer par fa bouche poluë & tres-feelerée ( comme il nous appert par témoignage très- certain) que les chofes de l'Evangile, &delafoy Catholique, n'avoy- ent jamais été bien traitées aux Conciles généraux : qui fait qu'a bonne raifon nous aurions occafion de nous cmerveiilergrandement.Pourquoy cft-ce qu'il avoit der- nièrement appelé de la ientence du fouverain Pontife,au concile gênerai , puis qu'il parle & écrit avec une gran- de irrévérence <3c impieté contre les conciles, fi nous n'é- tions certainement aiieurez que comme il n'y arien qui

* foit tant a craindre aux Hérétiques qu'un concile Oecu- menique:De même il n'y a rien qui leur foit plus propre & particulier, que de fe côtredire ^contrarier entre eux- mêmes, foit en leurs faits, dits ou en leurs écrits. Qu? a jamais on aveu ailleurs des conttarietez & contradicti- ons , on en trouvera & lira principalement par tout dans les livres de Luther.La divine providence lepermettant

. ^voulant ainfi^afin que ces vains édifices tombée d'eux- mêmes.

Toutes &-chacunes les chofes fufdittes s'étant paC fées ainfi qu'il a été dit , & ledit Martin perfiftant en

- fes opinions évidemment hérétiques, avec une fi grande obilination &perverfué,que tous ceux qui font bien fen-

fez,

L I V R E I- ÏJi

fez,leiugeoient,lesuns comme inleafc,& les autres com- me pofTedé de quelque malin efprir. Nous fuirent la teneur de fonfauf-conduit , l'avons promprement ren- vovéhors de nôtre prefence: & après luy avoir donné un de nos Hérauts pour l'acompagner , Se prefent terme devint jours prochains , depuis le vint-cinqaiéme du mois d'Avril qu'il efl: party de Wormes , après lefquels expirez,lefauf-conduitferoitcenféîîny &ia tout éteint. En fin nous avons délibéré Se arrêté de pourvoir a ce mal peftiiencieux par d'autres remèdes oportuns en la ma- nière qui s'enfuit. Premièrement à l'honneur de Dieu & révérence deuë au Pontife Romain 8t au faim iiege Apo- ftoliq.pour le devoir Se orfi:e Je la dignité Impériale , Se aufîipour le zèle & aiFeclion , qui fait qu'a l'exemple Se bonne coutume de nos majeurs , Se par certain inftinct & force quieften nous de nature : Nous fornmes tous prêts d'expofer toutes nos forces & puiilauces , nôtre Empire, no s Royaumes &feigneuries, nos amis,& finale- ment notre vie, Se naître arne, pourladeffenfcdela F07 Catholique &pout l honneur & protection delafaiate EglifcKomaine&univerfeile. Nous, de notre Impériale & Roy al le dignité, & auiîl du contentement & par l'avis Se confeii des Electeurs & de tous les Princes , Ordre? & Etats du faêrc Empire Romain, congregez en céte très- grande fictres-celebre aflembiée & diète Impériale de de Wormes, pour une éternelle mémoire de ce: aiiùire, exeen: :.ice, décret Se condamnation deno:re

fmntPereie Pape , contenue comme diteft , es le:::es Apofto'iqies, nous adrefTee. Déclarons que nous Lutte* tenons Martin Luther pour un membre Ccparé de 1 S ;\i- j -T- ^■''•,^ fe de Dieu, Schifmatique obftiné, Se Hérétique ma- r'i^« anifefte. Ordonnons àc commandons qu'il foit tca 1 apoui tel pat an chacun de vous tous : mandons de îjiavis Se coofeatement iesmémes E:ats , fous crime «de leze Mi;e ré, Se fous peine de notre ire &indigna- tiontres-g;;j «c iufacré Empire, &perte de fiefs , feigv. neu:ies, Se de tous biens , grâces Scprmleges dependans de nous Se de notre facré Empire , que vous avez obte- nus jufcjues a ptefçnt , ou que vos prcdeeelTeurs ont obtenu eu quelque manière que ce foit , Se auflî fous les peines de profcription , banniilement , Se interdit

I 4 Impérial

t% 6 De la Naissance de l' Hérésie, Impérial, qu'aucun de vous ne prefume le retirer chez foy, ou receler, deffendre, fuftenter, nourrir, ou entretenir de fait,deparble,ny par écrit , mais plutôt après le fuf- dt terme devint jours expiré , vous procédiez contre Juy eu quelque part qu'il foit pris & tenu en votre main, à: en vôtre puiiîance , iiiivant& jouxte la forme du ban de l'Empire , ou a tout le moins le retenant enfaper- fonne,vous le gardiez fi long tems , &jnfquesace que nous ayant été faits certains par vous de cet affaire , vous facions fçavoir & entendre la pourfuitte légitime que vous devrez contre Iay faire, & que vous raportiez le fa- laire deu, pour un fi faint œuvre & labeur, & outre ce une ample recom pence , auec tous les frais dépenfe que vous aurez faite.

Et néanmoins-que vous pourfuiviez les complices,ad- herans;recela:eurs, feclateurs & fauteurs en quelque ma- nière que ce foit , d'iceluy Martin (hnon qu'ils ayent fidèlement fait apparoir cja ils ont quitté la voie &fen- àer d'iniquité: , & obtenu le remède de i'abfolution par authorité Apoftolique) &quevous preniez tous &cha- cuns leurs meubles &immeubles,fuivant lesfaintes con- ftitutions. la îcy &ordonnancedel'interdit & ban Impé- rial, vou'- vous taiiiiïiez librement & fans aucune contra- diction d'eus, Se de leurs moiens les convertirez de plein droit comme du vôtre,en vos uiages.

Davantage, donnons en mandement a vous tous & un chacun de vous, fous les mé.nes peines, qu'aucun ne pre- fume d'acheter , vendre , tenir, lire, copier, imprimer,ou faire copier ouimprimer , affermer, iôùtenir, prêcher, ny publier les écrits de Martin Luther, condamnez, com- me dit eft , par le fouverain Pontife de fon authorité Apoftolique , ny autres quelconques écrits par luy coin- pofezjufquesicy, foit en Latin ouAlemand, & en quel- que autre langage que ce ibit,&qu il pourroit compofer par cy après , comme méchans, fufpects & provenans d'un Hérétique notoire,&tres-obltiné:encoreque quel- que chofe de bo,pour piper & décevoir les efprits des plus La livres fimple$,fe trouvât mêlé parmyiceux.Enquoy d'abondant dssHerett- nous avons eftimé qu'il falloir en coût & par tout mettre ques bru- âexecution la fentencejufte dufiege Apoftoîiq , & tres- /w» louable inititution & coutume desPeres.lequels ont brû-

lé fc

Livre I 157

le & aneanty les livres des Arriens,Prifcilianiftes , Neflo- riens , Eutvchiens , & des autres Hérétiques, enfemble toutes les chofes contenues en iceux tant bonne que miuvaifeSjfans en faire aucune dirference, & non fans ju- ftecaufe : Car files viandes très-bonnes d'elles mêmes, ayant été jette deiTusicelIeunefeulegoutedevenim,pai: lequel le cors humain puiife être ofFenfé , font du tout re- jetables comme fufpeftes : Combien devons nous mieux, afindegarentireequireftedefain , non feulement fuir, mais encore entièrement détruire, abolir & effacer de la mémoire des hommes, ces écrits, parle moiendefquels tant de venin? très -pernicieux & dommageables , font jettes & par tout épandus dans lésâmes? Ioint que roue ce qui ce trouve dans les livres de Martin , il a été cy de- vant fouvent dit , &plusfouvent répété pat les faintsPe- res,receus & approuvez del'Eglife, ce qu'on peut voir & lire chez eux, fans aucun foapçon de danger,ny de mal. Dé/en-

C et pourquoy fous les mêmes peines,nous enjoignons ce délire à tous ceus,aufquels l'admimftration de la Iuftice aopar- & impri- tient, en quelque manière que ce foit,tenir la main pour msrfet lï~ failli' & brûler publiquement tous ces livres de Martin, ^r«. quelque part qu'ils feront trouvez imprimez, ou a im- primeront en Lacin , qu'Alemand, & encore tous ceux quiferon: trouvés manufcdts3com-ne étant des allumet- tes & bouce-feus de la fediriondufchilme , & de l'Hère - lîe en l'Eglifc de Dieu que vous affiliiez fidèlement aux Nonces Apoftoliques , ùilir ce ils requièrent vôtre aide&fecoun. Enjoignons & mandons par la teneur de ces prefétes,a tous nos fidedes bié aymez & fujets, fous les n^mes peines que deffus:Qavà vous en cefaifant, ils alîi- ftcnt&obeïlfcnt corne aaous mêmes. Mais, parce qu'il faut principalemêt pourvoir à ce que les livres de Martin, ou les choies mauvaifes qu'on pourroit extraire d'iceax, fupprimant ou changeât feulement le de l'autheur,ne . foient publiées: Et parce auifi que nous voions & enten- dons tous Iesiours,non fans an gtandcreve-cceur,une in- finité d^ livres être compofez & imprimez^principalemét en la Germanie, replis de beaucoup de mauvais exéples & perveriestraditiÔSj&encores certaines peintures &pour- - traits par tout femezj&épandusjnôfeulemét audef-hon- £l injure des perlonnespruéeçjmais encoresdufou- ï 5 verain

Lesptin-

tHUS,

138 De ta Naissance de l'Heresis, verain Pontife,& du faint fiege A.poftoliq,qui font autant d'artifices & de lacs que l'éncmy dénature réd aiix,Clire^ tiens pour les feduire& tromper. Parlemoien defqu:ls livres &p2intures,plufiears font tombez en tresgran; er- reurs,tanten ce qui eftdelafoy , qu'en la vie &mocuri d'où font fortis en pluiieurs lieux, comme l'expérience l'a fait voir,des fcadales & haynes couvertes & particulières, & encore. eft: a craindre à caufedece (lion n'y pourvoit de bonne heure) que les feditions,tumultes, rebellions, 5c fchifrn2s,nefoiét excitez es Royaumes, Provinces & peu- ples & en toute l'Egiife de Dieu. Nous, pour toutes cau- ies & conliderations,deflrans éteindre cete pefte tref-per- nicieufe, de l'avisS: commun confentemét des fufdits E- lecteurs Se Etats.iYIandÔs &cômandons a tous les fufdits: quinousfont fujets,tant par le droit Impérial , qu'h^:e- ditaire , ious les peines cy devant dites, qu'aucun n'atcéte &nefoitfiofé decôpofer, écrire, imprhner,peindre, ven- dre , acheçcr, tenir, avoir, faire impnmer,copier,peindre ny vendre en aucune forte ou manière que ce foit , tels ou féblables livres diffamatoires, & pleins de venim,ny quel coques autres cayers, écritures pemtures& pourtraits qui font contre la foy Orthodoxe,& bones mec irs:& cotre 3e que la faintc Eglife Romaine a gardé & obfetvé mfques a prefentmy aucunes invectives, fauces accufatiôs & igno- minies,qui sô: ou poudroient être faites contre le foa.'c- rain Pontife & fiege Apofloliq, contre les Prélats Se Pnn- cesJcontreles'Viuver(î;:es, Etudes & facultez d'iceux. Ec finalement cotre qui que ce foit d=s perfonnes d nôneur. Commandons, a mêmes peines , à tous & chacun d:s fuf- dits, principalemét a ceux qui tiennent rang Se ont quel- que degré enlajuftice,qu'ih ptennet & ôtent,& par nô- tre commâdement,3c en nçurenom, facent brûler publi- quement telles fortes de livres quelconques cy devant imprirn^ZjOuquiiepourroient être par cy après. Et enco- re les manufents , quelque autheur qu'ils puiifent avoir, &enqi.ieiquelieuqu-'ils puiifent être trouvez par tout le facré Empire , & par tous nos Royaumes & Seigneuries: Enfemble toute telle forte de peintures , images & pour- traits diffamatoires , & neaumoins qu'ils prennent & a- prehendent les Autheurs , Inventeurs , acheteurs, & ven- deurs de tels livres,cayers,ccritares,ou peintures detefta-

blesa

Livre I. ijj

blés, & tous autres qui auront prefumé de faire contre la teneur de ces prefentes , & après la publication d'icelles, s'il en apertlegirimemct, Se en outre fe faifïïiTentdetous & chacun leurs biens & droits quelconques iceus occu- pent,retiennent,& en difpofen: , comme de Ieurpropre, aindque bon leur femblera , tellement qu'ils nefoyent obli°-ezny tenus d'en répondre aperfonne quelconque, en jugement ou dehors.

Et aiïnd'ôter toute occafion de tels & autres fembla- blés erreurs, 3e que les venins dz tels écrivains, ne s'épan- dent davantage , mais plutôt que^ 1* excellente invention, & artifice d'imprimer les livres Toit feulement exercé & appliqué en ufages bons 3c louables j denoftre certaine feience & propos délibéré , de nôtre Impériale & Royale authorité, par l*avis,confeil & meure deliberatiô des fuf- dits Electeurs, Se autres Etats du facréEmpireRomain,& Deleurcôrnun confentemet: Cqraandons 5c enjoignons fous les peines de baninement 3c interdit Impérial, & au- tres peines cy devât dites par la teneur de ce prefent Edit, * ^ . lequel nous voulôs avoir force de loyinviolable,qued'o- , ** rénavant aucun Ecrivain, Imprimeur, ou autre quel qu'il > i? foit, ne prefumé S: actéce en aucune manière d'imprimer, védre ou -aire imprimer, ou védredirectemét ny indirec- temét,en quelque lieu que ce foit de l 'Empire facré, Se de noidits Roiaumes Se feigneuries,aucûs livres ou autres é- pritaresquelcôques,efquels il loit traittéoufaitmëtion tàt foi: peu des faintes lettres,ou de lafoy catholique,sâs eupremieremët l'avis & côfentemét de l'ordinaire du Heu, ou bié de îp fubftitué & à ce depu;é,avec l'autho- rité de la faculté deTheologie de quelque Vniverfité pro- chaine à fçavoir pour la première impreiïïo , & pour tous autres livres, cayerfc ou peintures que ce foi:, à tout le moins par le côfentemét de l'ordinaire ou de ion fubfti- tué : Que û aucun de quelque dignité, grade ou côdition qu'il foit,avoit prefumé défaire ou venir cotre celuy nô- tre vouloir,Decret, S tatut.Loy écOraonâce,par quelque manière ou couleur recherchée que ce foit, la'queileor- , dônâce nous voulôs êtreinviolablemétoblèrVéeen tou- tes les chofes fufdites, & chacune d icelie, côcernates tât Luthet^quel'impreflion de fufdits!ivres,ou autres outre ce q nous declarôs nul ce qu'il auroit fur ce fait & de nul

effet

140 De la Naissance de l' Hérésie, effet & valeur : Qu'il fçache qu'il a encouru le crime de lezemajefté, & nôtre indignation, & celle du facrê Em- pire , enfemble les peines deprofeription , de bannifle- ment & interdit Impérial, avec les autres peines cy de- vant dites , & tout ce que defïus nous ayons confirmé & confirmons , par témoignage de cesprefentes garnies de nôtre feel Impérial. Donne en nôtre cité Impériale de formes , lehuitiémejour de May , l'an mil cinq cens vînt & un,le premier de nos règnes, le fécond de l'Empire Romain , Se le fîxiéme de tous les autres.

Peut-on nier que cène fut une grande faute à tant de gens conjurés a la ruine de Luther, de n'avoir conduit jufqucs au bout cete ordonnance de l'Empereur ? L'Ob- . irisation de ce moyne meritoit que d'une obftinée pour- fuicteonleçourûtàforce comme unebéte élancée de fon buiiïbn , pour le contraindre fortir des limites de l'Empire. Le recelateur étoit à la cour de l'Empereur, qu'on pouvoir contraindre d'en faire la découverte. AinfîiadefFaitC decemonftre eut été facile, fans em- prunter les mains d'un Hercule. On eût étouffé ce feu. Lesflammes s'amortiffent au commencement avec peu <Teau s Mais quand elles font éprifes , les mers entières ne les peuvent éteindre. Alons retrouver Luther dans fou Pathmos.

LVTHER

&&

Livre î.

141

LVTHER BANNI POVRSVIT SON

ENTREPRISE, TRADV1T LA BlBLE EN

Alemand, coupe & tranche, communique avec le diable , comme il ra- conte luymeme.

Chapitre XV.

Luther retiré en [on ?athrnes.

t. Luther désigne bâtir une Religion nouvelle.

h

Comment Luther voulut fai- re perdre Us Vniverjitez.

4- Dialogue du diable & de Lu- ther.

Luther party de fin Vathmos tance Carloslad.

6.

Lu'her traduit la Bibte.

7- Infinies faucetez comifispat Luther.

8. Luther & ZuingU auxpri/ès four la verfwn de la Btble,

Luther coupe & tranche U fainte parole à fin afetit, 10.

Authrité de VEglife de j ug$f quels livres sot canoniques.

E fut une gêne infuportable à l'ambition r; de Luther, de fe voir relégué paimy cete Zutherre-^ folitude dans Alitat,apres i'Edit de l'Em- t^ tn^ pereur ou mâchant fa melancholie , irri- p^p^^ tant fa bile , & cuvant fa vengeance , il fe tint caché & couvert: donnant tout le tems de Ton fejour. tant à fonger aux moiens de fe rcnger à la composition de piuiïeurs livres Latins , & Aiemans, lefquels recueillis par Tes difciples, comme des oracles di- vins êcceleftes, coururent tout auili-tôt par tout , avec une*mcrveilleufe célérité &aprobation deplufieursper- ibanes defïreufes & avides après ces nouveautez.Lapluf- partdes Imprimeurs furent gagnés, dés-lors que l'Em- pereur eut tourné vifage, la defiéce n'en faifoit qu'a croî- tre le defirdeles voir. Cependant ceux qui repofoienc d'un mauvais fommeil dans l'Eglifc, étoient éveillés par lès lettres. Quefais-tu,difoit-ii, Ionas que faites vous

Car-

ï4i De la Naissance de l'Hérésie,'

Carloftad,& Amfdorf? que ne vengez-vous l'honneur de

l'Evangilerlay écrafé la têtedu ferpêt,quene foulez vous

aux pies le cors ? Ce fut le comble de Ces déplaifirs5quand

il vit la condamnation de l'Vniverfîté de Paris , à laquelle

il avoir fous-misîe jugement de toutes fesopinions,com-

me a la première compagnie du monde,la mère des feien-

ces jainfil'appeloit-il. Mais il changea bien de langage,

après avoirveu le jugement donné* a laveue de toutela

Jniuresco. Chrétienté. VVmverptè de Paré , écrivit lors Luther,?» U

Ire ÏVni- plus haut* partie defoy , qui cfl la Théologie est la lèpre de VHe-

"jtrfné de refietvtkfé & dernière file de VAntechrisl ,L mère d'erreur en

Taris ©• la Chrétienté, U plut grande paillarde spirituelle qui fut jamais

Ttculté de au monde, V huis de derrière des enfers. Il a été prédit par Us Pto~

Théologie fêtes, qu au tems de ï Antethrisl , toutes Herefùs renouvelées fe

tn keue. revdreient enun,corr.me un égout d'immoy.dicts . Cequejevetss

prouver s'entendre de Paru Jiimip aie chambre de la fornication

du Pape, vray Antechrifl. Ainfi parloit cet homme furieux,

qui naguieres avec paroles d'honneur , èlevoit ccteécole

par demis toutes les campagnes du monde, foûmetant le

col à fon ordonnance.

II. Or pour imiter l'Evangeliftefaint Ian, il baptiface

er de lieu oùil étcit,du nom de Pathmos, parce que cedivin fe-

W- cretairedu Ciel, relégué dans l'île de Pathmcs,parrEm-

- »:•'* pereurDomitian, y avoit écrit fon Apocalypfe, comme

:'e rit Lutherune partie de fes livres: Ce nouveau Pathmos

Txtkgnn. étoitlelieude fon exil, oùrEmperturChailcs,difoitLu-

ther, l'avoir confiné , &oùDieu s'étoit révélé à luy,&

découvert une partie de fes fecrets : Vous verrez quel fut

cet Ançe annonce-ialut. Cet làoùil défi gna de bâtir >fa."

nouvelle religion des ruines de l'ancienne : mais avec uri'

tel artifice que ceferoit une Religion ouverte aux appe->

tits Scpiaifirs dece monde, qui tiendroit la porte fermée

à la honte,& aux bonnes œuvres, & qui donneroit le goiit

de cete liberté tant defirée, & favorie des hommes. Une

peut pourtant pour lors venir à chef de fon entreprife,

brouillant en fa tête mille divers penfers, courant a une

opinion, & tout foudain a une autre.Ce pendant qu'il cft

dans ces profonds penfers, roullant en fa tête les moyens

àclc ranger : 11 entend qu'en fon abfenceàWitembcrg

en attaque la Méfie, ( encor n'avoit-il donné fi avant,

ny refiolu de changer le Sacrifice des Chrétiens ) Se qu'on

fcréttt

L i v r i I. ï4$

âvoitbrîféles Images : Il fe colère fe fached'un tel at- tentat, crie que c'eft mal fait, comme vous verrez en Ton lieu- On écrit que ce fut dans ce Pathmos que le diable vint parler à Juy , pour conférer du Sacrifice de la Méfie, ficefut pendant ien exil ou depuis, on ne lefçaitpas. Tanty a que ce colloque fepaiTa <?ntre ces deus bons maî- tres. Luther mêmes tant il a eu l'entendement ienverié, en fait le cente dans fa MelTe Argulairç & ie récit de tout leur pcui-parler,fi long & fi inepte que lier, plus. Il racon- te que le diable luy montra la Méfie être un épuré idolâ- trie. Quand cet efprit malin fcvei.it apprivcifer quel- qu'un, &lerendrcfien, il fe transforme en Ange Je Ju- L* *'**** miere, pour venir plus aifement à bout de fa tentation, f- tùU" Toutefois il efi ordinairement reconneu à quel que mar- ^€UTS rr" que & livrée qu'il porte. Four décevoir Saint Martin 5 il cmmu emprunta la figure de Irsv s- Christ, mais il le re- conneut à fon orgueil , & le renvoya confus , laifiant une vilaine puanteur au lieu cefaint homme étoit. Ilfe transfigura en femme pour décevoir faint Antoine, rcajs l'cguillcn de la tentation le découvre à Huilant. Luther ne dit pas qu'il vint en façon drun Ange, ny comment il s'aparut a luy , il ce fut en forme hideufe & afFreufc com- me à Bcrenger.

11 n'a pas voulu i-aconterJhiitoireentiere.Sesdifcipîes^;>- ?*+> récitent qu'autrefois il le vint vint er en fen poêle habillé lan^hon- en moine, & qu'il le reconnut aux grifTes: carlediable n'aparoît jamais en figure d'homme ou femme , qu'il n'v ait delà defFectucfité:Ores:la quelque corne, vnequeuë", ou quelque patte chrochiie. Or je fuis content coucher

rcyuneparncdudiicoursdeLuther,&defondiable,î)our entretenir le Lecteur de ce plaifarit dialogue, & qu'un enacun voie fur quels fondements ont etejettées les pre- mières pierres de cet Evangile, & quel Dieu luv révéla ces lecrcrs dans fon Pathmos.

L e diable commence, Ecoute,dit-il, Luther,Docleur TIÏ-

T *1 °?f Wnt S--™ paS W* T ******* ans que tu ^TU

dis des Méfies privées, prefque tous les jours > Qredi- dlà dl*hU rois-tufi telles Mefles-privees croient une abominable &, de **- idolâtrie? Que diroïs-tufi le cors & 6ng de I s s v s- fthcr'

C h r i s Tn'yeutDasétéPMaisfitun'avoisadoréque pain &Vm, fcqueru 1 eullcs baillé susautresa adorer?

Auquel

344 £>i ia Naissance de l' H e r e s î e~ Auquel (dit Luther) je répondis ainfi: le fuis confacrê Prêtre, j'ay pris l'Onction &confecration de l'Evéque, &fij.'ayfait toutes ces choies par commandement de mesfuperieurs.Pourquoy n'euifejeconfacré,veuquej'ay prononcé les paroles de I £ s vs-C h ri s t,& que j'ay dit Mefîeàborne intention? Tout cela, réplique le diable, eitvray: Ouy, mais les Turcs & Gentils font tout par obcïfïhnce rendue à leurs fuperieurs , fontrerieufement leurs facrifices. Les Prêtres de Hieroboam faifoient tout avec zèle & dévotion , en contrecarre des Prêtres qui é- toient en Hierufalem. Et que dirois-tu fi tes ordres & confecrations étoientfauecs , tout ainfi que les Prêtres des Turcs & Samaritains font faus, laReligionfauce Se impie?

La fueurmevint au front, & le cœur me commença à trembler, dit Luther. Le diable de l'autre côté fe met en batterie, difpofefesargumens , comme il fçait preffera- vec vois greffe & forte. En telle difpute onn'ymet pas beaucoup de tems, ny délibération, mais enuninftant une i c ponce fuit l'autre. Quant à moy, j'ay très- bien ex- périmenté, comme il avitnt fouvent, qucleshommes îc :nt trouvez lematin morts dans leur lit (Marquez icy la Piofetie de la fienne. Il peut tuer le cors feulement , mais i! peur aulfiacu 1er lame qo tel détroit,qu'illuy faille par- tir a eninftant, fouvent il m '2 mené : A la vérité en céte difpute ri me reçoit pris 3 Mais quantàmoyj'euffe ro: te bien à regret ce comble de blasfemes innumera- bles; encore quej'euiTe deffendu mon innocence. Par- x"r ouov j écoutais quelle raifon il apporteroit contre ma feco:'- prétr:!e,& mes ordres. Premièrement, dit-il, nefçais-tu pas. que tu n'as eu pour lors aucune cennoiffance de Ii- s v s- C h R 1 s t , r.y aucune vraye foy \ Et quant a la foy, tu n'tto.is meilleur qu'un Turc: Car le Turc , voire moi, •'-tocs Je s diables, croyons tout ce quiefï écrit de 1 e- vs-Christ. Voylaunc partie du dialogue que emaitreeui avec fon oifciple. Grand aveuglement, r eiuymémeaitetéiefecrctairede ce difcours : Mais ce me écrivit déiors un Reiigieus de Saint Eernardà Luthei : Si la Méfie étoitune abomination, comme .: :rr. s, le diable eivr il difputé contre elle? Eût- u lou.ny c argumens pour Labour? Au contraire pour

«épi-

L I V R £ I. i^.-

dépiterDieu, il eut tâché de l'établir, &conh"rmerda-

vantage.

L e même Luther en Ton traité de JaMefTe privée, dit T ., ,

que le diable &Iuy compagnons d'étude, ont mange un —' ' e

muy defelenfemble. Crov, dit-il , que je connois bien, Ur' '*' } i t j- 1 1 a î- t rcLTcm.2,

voire très- bien le diaole. C eitee quilagitoît. Iene puis ;,

ny lire ny écrire, dit-il au Ducde Saxe, tantle diablefe ,?">.* remue en ma tête. Celuy-Jaetoit par rantaiie:Ma:s quand T J ,., il raconte que le diablefe promenoir avec iuy dans fa » chambre, qu'il y avoit des malins efprits qui le refpecloi- c r j ient beaucoup cen'étoitpas des imaginations. Filippe c,y Melancthon &Vierfontle récit d'un autre dialogue, qui ^fatr fut entre-eus lors que le diable habillé en moine, levint trouver dans fon poêle. Toutes ces entre- veu'es du diable avec Luther confirment l'hiltoire dont Bredenbachius faitlerecitenfon feptie'me livre , chapitre quarante-u- nième, le me contenteray d'en tranferire feulement les «paroles. Comme l'an 1518. l'Empereur Maximilian L'Ewpe- «d'heureufe mémoire, croit en la ville d'Aufbourg, pour Àf^- «tenir les Etats derEmpire,dinant félon fa coutume les ximilitn sahuis ouverts , Martin Luther avec plufïeurs autres en- voit le «tre dans Jafale : L'Empereur le regarde d'un œil ferme, diable ct. «appelé un Baron qui lefervoit d'eichançon , de famai- croûte j\,r «fond'SchékcleErpach.&luy dit 3 Regarde de pie' en cap Luihtr, «ceMoinet &dy moi ce que tu verras. Ielevoy bien, dit- à»iJ , avec ion capuchon en la tête , mais je ne vov autre «chofe. luy commande encores d'y prendre garde, & «s'aprocher de luy de plus près , & avec un mot qu'il a- «voit ordinairement en bouche,luy dit- Pourl'amour du «bon Dieu, fais ce que je te commande. Le Baron s'étanc «approché de Luther, retourne à l'Empereur, & luy dit «n'avoir rien veu. Si fais bien moy , dit-il , ie vcy ua «diable qui e(t fur les épaules de ce Moine, en forme d'u- rne créature: Tu verras quelles miferes cemalheureus «excitera dans l'Alemagne après marcort. VnPrincc «Alcmand digne defoy, qui éteit lors avec l'Empereur^ «afaitlerecitdeceschofes, & fon fils qui ctoit encore «envie, moy prefent, afleura àdeus Princes Elec^ei «l'avoir ouy fouvent, dire afon père , qui me l'a ainiï «donné par écrit. Voilà les mors dèî'autneur. Yen-: cor au livre troifiéme ce qui av in: a fa mort K

W6 Ï)e la Naissance de l'Hérésie,

jour de Tes funérailles. C'eft une choie étrange, que tous

T<M» us CCh Hercfir.rches par leur propre confeiîicn ( fi nous n'a-

Hertfu-.Y- viens leurs titres en main, ils nous appel'eroient irr.po-

cbtsont fieursj aient eu privée communication avec les diables,

tov.mum. comn:ie on verra cyppres enleurlieu, d'Oecolampade,

c.m met 2uingiejCarioftad,Biocard,& autres :mcme en nôtre fie-

it niable. cje Guillaume Pcftel/çavant en toutes difciplines,arts &

langues ,jufques à miracle. Il eft vray que cétuy ne dit pas

que ce fût un diable, qui luy découvrit ces my Itères: Mais

JÀngeRaziel. Ainfi fe déguife Sathan Dieu nepermit que

céte grande ame fift naufrage, comme les autres , ains lui

deilillalesyeus , peu avant qu'elle partît de ce monde,

comme ie dirai ailleurs.

Ce pendant que Luther étoit ainfî relégué dans

iv. fonPathmos , une étrange folie lui monta en tête, qui

Comment fut de faire perdre le deiirciefçavoir , qui eft fondé ftr la

Zmher nature nicme, dit Ariftote: Car comme Adrian fit tout ce

veulut qu'il peut pour perdre les œuvres d'Homère, parce que

faire per~ les gens defçavoir en faifoient trop de cas , difoit-il:Auili

Are les V~ Luther tacha de faire évanouyr celles du Prince des Fi-

mutrfitez.. lofofes &defafuitte. Il ne vouloir pas qu'en fiftlireaus

écoles ni l'ArirTote , ni le Platon. La feule Bible devoir é-

trelaledhire générale de tout le monde! Onvoittncor

lent. 6. les lettres qu*il envoya fur ce fujetâla nobleiTe d'Ale-

Geirna, wmagneranmil cinq cens &vingt. lene mepuis tenir,

fil. stjp. ^^^j^ c.uc jc nc die ce que bon mefemble, delà refor-

Sjmation des Vniverntez -, s'enfacceui voudra. Tout ce

33quelaPapauré(c'c^a dire toute l'antiquité) t.iaor-

33 donné, n'eft que pour couvrir &fes erreurs &fes vices.

sîL'Ecriture iacree eft IailTee, & le feul aveugle &Pay-

wënAfiftote tient le haut bout par- defllis Christ. le

sofercis d'avir que ces livres de la Fiïique, Metafifiquc, de

*> l'Ame, &les Éthiques, fuilent abolis, avec tout ce qui

s-parîe des chofes naturelles. C'eft ce qui confommeîes

»bonsefprits, & leur fait perdre le rems. le ne doute pas

bqùe lemoindrePctier n'aye plus de connoiliancedela

topature, qu'il n'en fçauroit apprendre dans ces livres-là.

sjpour arracher l'Evangile de fond en comble, difoit-

»iî, centre AmbroifeCatharin, Sathan n'a peu trouver

93plusfùbtil moyen, qu'en drefiant des Vniverfitez. Mc-

«ianctbcn & Carioflad fes premiers, difciples, defeueis

jepar-

Livre I. 147

Je parleray au livre fécond : ( Etrange folie des hommes! )

receurent de lafacree bouche de Luther , &l'envoyercnt

ûusautres. De forte qu'en plufîeurs liens delaGerma- Leslttihe^

nie, les Vniverfitcz furent dépeuplées, les portes clofes r'*s *#&-

mêmes aVratiflanie, Suitnicie&'cn la Silcfie. Quefion '***«*

lifoit quelque livre, c'étoit la Bible feulement,arîn qu'on fur Ca?'*'

rendît aulîi aifément le monde Théologien, queLogi- ^a(*'

ci^n, ou Dialecticien. La plû-part des écoliers de \Vi-

temberg, frapez de ce rayon du Saint Efprit, jetterenc

tous leurs livres au feu. Cefurcnt de nouvelles écolcsSc

de nouveaus Chrétiens fantifiez. Plufîeurs, écrit Stafile, ,„ ,t

vivent encores qui (ont témoins de ces delorares. Luther ,./ , „J

r * , /• r r -r c uv Ub.dcGcr-

touterois revenu a lov, reconneut lalottiie, & publia un ^t,

livre! an mil cinq cens vingt- & quatre, duretabhlie- rf&,n

mentdesEcoles, qu'il dédia ans Confuls des villes d* A- jA'+i ' 11 *-» 1 « 1 -, *> t i 1 de Luther.

lemagne, retirade charrue Canoltad; & Melancthon de ronCor^

laboutique d'un Eoulenger: L'un & l'autre vouloit, fui- y -^»

vaut l'Ecriture, gaonerfaviea la fueurdefon front:Quit- P *M '''

ter Jalilolo-îe, pour la crainte quils avoieinluivantle /■ r -

précepte de Saint Paul, d'en étrefeduits. C'efc le partage {v,*„, ju

qu 1 1 ralnna:Car au heu qu il y a Setttnaum éléments mundti \-Ulan-

ilymit, SecundumUcesmuntlt, Ccte opinion n'a peu être jxl„„:„ m r~ » ti et * 1 1 a non lit

tellement eriacee , quelle n ait en hn demeure cans la j>aui

cervelle de plufîeurs , qu'on nomme les Bibliftes, qui £t £raf roullent perpétuellement fur la Bible, comme ces Mufiilr jiil,€1Hm mans qui lifent&relifent fans ceffe leur Alcoran, abru- c%tY çAr_ vezde ccte folle opinion, que celuy qui l'aura leu le plus ^7^, fouvent, aura lepris de la plus rare beauté qui fe trouvera Qen , •«Ciel. Cdêif. £»

Or Luther avertit que Carloftad apportoit quelque y~ SUni, nouvelle forme de religion, voire avoit , de ion authorité Refli^. privée brifé les images , fort de û. tanière & revient à Wï- +#„,*, ' temberg, raportsnt de fon exil un cœur enfelonni & plein Geneb. in de vengeance. Arrivé il tance fon d;fciplc,de ce qu'il avoir chro. A.-. entrepris un tel aclc: CarLurhern'ajamaisreprouvéles m:i c;r , ,, images. ïeuis5fait Luther, queparialoy de Moïfe, nulle cemfoi^ ,, autre image n'eft defFendué, ni prohibée que celle de fante. ,,Dieu. Et qu'il n'eft deffendu d'avoir limage du Cruci- J v fix, oud'unàctre Saint. Ce pendant il s'exeufe envers £AÎ Fci'eric d'avoir rompu fa prifon, dit qu'il eft plus oblige ^ fo .... d obcyi à Dieu qu'a l'Empereur, qu'il eft yciiu au fecours K z del'E-

148 De la Naissance de l' Hérésie," Tatktnos, del'Fglife & du peuple, oui luy avoir été baillé fpeciale- tanceCar- ment eu garde par Je Seigneur. Ce furent les mots. Jere- losic.à. ferveleiurplus, &' comment ces deus hcmmesvindrent ïn fcL'cq. sur. prifes, au livre fuivant. II reprend Ton tram ordinaire, fie îvUI. &épieles occafens comme il pourroit nuire al'Eglife, furg%Tem. encorn'avoit-il donne au.cur.eforme àlafienne ; On di- $.in.J. foitlaïMefleaveclatae'me cérémonie; &quoy qu'on en fort. tenir, eut voulu altérer & y apporter du changement, le Duc ne ukfpTott. le voulut permettre, riy depuis fâcheria bride a Luther, VoyLuthtt eômmefitfon frefe après Ion «îecez, ny permettre qu'on Tcm.zin < . l'ancienne forme de 4'Eglifè: Et comme Lu-

fig.88. tnierlenp] angea d'avis) en ruc.'cue cho-

Voy L: Ut- fe,lcDuc lu) coBieilla d'attendre, &b;en efpertr. Luther UedeUie- défonce,... île, piéche, folicitc tout le monde

70. Henri- d'ouvrir JeS y eus, &fccGi.erlejcugdefervitude, fait vo- fim à l'E- le ter plusieurs livres ça & îafurcefujet. teneur. Ce ?n d A N î cm me il fedonooit quelque peu

vi. celciiîr, il poarfuif la traduction de fa Bible cn'Ale- Luther rnand, a te i c tr; vaiBç eroiaMe. Caril vit bienquepour traduit la {èmerladifcordeen l'EgJife, il falloit mettre ce bâton Bibh. entrelesn . ; iferet, qu'ilcppelladepuis

Juiber eh les arrhes des Hérétiques. Gafpar Ctucigerfutceiuy qui fest. jUy fervii beaucoup pour reparer les fautes commifes

CcL'.Mcn- encetouvi ! n ^jui fe meloit de l'intelligence

pi. foi. j. de la langue Hébraïque", & qui depuis quitta la m ede- ■Etj.jf. m cinepoUrfè.fairepredicant à Witemberg, appelé en cc- pd.itb.de- jiher. Yenuàchefdeionentreprifeelle

Ztcief êftibudain publiée partout. Luther la prefente a fa pa- ie un don du Ciel. On eut dit quec'éteitun [oïfe. lamais, dit-il, la Chrétienté n'a eu ,',là Liirteauvrai, que par nôtre main. Iamais

j?les Sep tan tes Interprètes ne fe font de fi près aprochez Càn. jf. au fens des Profetes _3 I: d es Evangeliftes. C'aeté, écrit 4c t^ut'h. fon difciple Mathefius , un des piusgrans miracles que Dieu ait fait en nos jours, d'avoir avant la fin du mon- de, voulu que nôtre Docteur Martin Luther, mîtia Cible en Aleman'd : Mais ilneleut pasfi tôt publié» qu'eliefût condamnée de tous. Ferdinand frère ce l'Em- - pereur l'a fait brùrer, lePrinee George de Saxe, chez ; tibJe sêt, qui Lui ci: rendu le pu

t*t*ft. ccjnbat,enf; . . a .pute de j

Luther

Livre î. 149

Luther accreut Ton zèle ) tous tes exemplaires qu'il peut recouvrer des libraires, & envoya tout au feu : Luther écrit a tout le peuple d'Alemagne, qu'on fe garde bien, d'obeïràfes ordonnances, fur tant qu'ils délirent le fa- lutdeleurame. Car quiconque livrera fes livres âuMa- çifti-at , livrera Iesvs-Christ entre les mains tl'Herodes. Sieft-ce que l'exécution s'enhrenpluiieurs lieus.

On remarqua déîors au feul Nouveau Teitamen: mil- Jrr* le quatre cens lieus corrompus & fallîiiez. Bucer même l*Pnisi qui commençoit a fuivre les folies de Luther, lui fait ce }"UiCete^ reproche au Dialogue contre MeIanêthon:SiLuther,fait comm:Iii ii, ne veut qu'on le contredife,qu'il prene qu'il foie Dieu: P** Lu~ Que de fautes lourdes il a fait en fa verfion. Et 110110b- \.\t T fta.it: râc d'erreurs groiîieres & palpables comme les Iuifs ' ^ ***F*> ordonneront une ïetc folemnelle en l'Iile dePhir, eh *PP°*im P*m mémoire de la traduction des Lois, faite par Moyfe : De z' hmper même un Miniftrc de Wicemberg , nommé Porneran, lnPriî-*n- pou: montrer que la veriion de Luther étoit un oeuvre du tnno' tes** Saint Efprit, 1 nftitua une fête al'hneurd'iceîle,qu'il ap- ^uiher- pelalatraniUtiondelaBible. C'eft la première fête Lu- *f* Li*" therienne. AiuTi écrivit Bunigaud que tans douce le faint t"ertmar* Efprit l'a dictée a Luther. Si le faint Efprit eft autheurde la première, le faint Efprit eft autheur dts dernières : Car Luther en changea trois Se quatre fois les verfïons3& bien îouvent de mal en pis. Au feul Evangile de Saint Mat- Cocleede thieu on a remarqué trente quatre lieus par lui changez aâ. Luth, en fi féconde édition: Le faint Efprit donc l'a voit tram- use. en la première. Ec comme un lien amy loi eut remon- tré le tort qu'il s'êtoit fait, d'avoir adjouté des mots en- tiers dans la kinte parole -, que c'étoit donner beaucoup deprife aus Papilles \<zs ennemis. Si quelque Papifteen !, dyleux: Le Docteur Martin Luther veut qu'il y ait amu^& dit qu'être Papille & être âne, eft une même cii oie..

C'ETi enrreprife de Martin convia depuis Zuingled'y vin. mettre la>niaindeibn c6cé*& faire publier la fiéne. L'Im- Lmhet & primeur de Zurich en fitprefent a Luther, écrit Lanathe- ZùngU rus:Maisi41uyrëvoya avec injures. le ne veus,du Luther, autres lire les livres de ces gens , veu qu'ils font hors ÏEghCc de frifes $9Hf pieu, & font non feulement damnez mais traînait avec

& 5 cul

150 De la Naissance de l'Keresïe, la verfîon eusaus enfers plufieurs tniferablcs perfonnes: Tant que delabible. jevivray je leurferay la guerre par prières &par écrits: 5chifelb.lt. Et toutauffi tôt la condamna; crie au feu, dit que ce ne a.Tht. cal. font que corruptions : Car à la vérité ces nouueaus tru- nrt% 12. chemens de la Bible, ont comme à l'envy amoncelé fau- cetezfurfaucetez. Chaque fecte vouloit (a Bible tradui- OeccUmp. te à fa gaife: Et remarque Oecolampade,qu'il y a eufoix- dtvtrir. ante feot verfions. Luther ne permettoit en toutes (a dom. Eglifes autre verfîon que la fienne . Zuingle non plus :

Non plus les Anabaptifces, non plus les Vauàois, qui la firent traduire des premiers en nôtre langue, & impri- mer en Suiffea Neuf-Châcc! : Comment depuis Bud- neus en Polac, qui d'une parole impudente aiîeure la feule vcriion être la véritable, ayant ofé changer l'ordre des Evangeliftes. A peine fe trouverâ-ii au monde, dit-il en [on Poème, livre fi corrompu, que la Bible, en quel- que langue qu'elle foit traduire. Ceux de Zurich den- nerentenfin îa bride a tout le monde de fe fervirde telle verfîon qu'on voudroit : L'Eglife , difent-ils en leur préface Latine, ne doit être attachée a aucune tranila- tion, il eft permis a chacun de traduire la Bible feion ion ,, jugement. Mais les Luthériens de Lipfe au contraire, 3, au Smode tenu l'an mil cinq cens trente-huit, firent ce . . décret: Parce que toutes les verfions des Bibles font cor- " *" rompues & falfifie'eç , fauf celle de l'Homme de Dieu Lu- * eft ai tncr> nous deifendons qu'autre ne foitleuë en l'Egide t. /'/;' que la fienne feule. Luther donc ayant veu la Bible de Zu-

rich, crie contre zuingle, 1 appelle efh'onte , corrupteur delaparolede Dieu. Zuingle d'autre côte tempête 6c foudroyé contre Luther & la verfion , l'appelle îm^o- fleur, qui change & rechange la fainte Parole. Ainiîïc font déchirés fur les traductions Caftalion & Beze: Ce- luy-cy, quifutFrançois & gtand areboutant de l'opi- nion de Calvin, dontjeparlerayau Schifme delà Fran- ce, attaqua de-puis céte verfion de Luther comme mé- chante,nouvelle&innouïe.Vrayement,difent les Luthé- riens, il fied bien a un bateleur François, qui n'entend Yoy Sectu- pas un mot en nôtre langue, d'apprendre les Germains (elhurgitti a parler Alemand. Mais Luther fur tousportoit impa- ■Ihio. Cal. ticrament qu'autre que luy eût mis la main après tel ou- Ltb. 2, vrage. Nous pouuous dire de luy , ce que Lucain de

cet

Livre I, 15*

ecs deux grands Capitaines Pvomains,

Ceftr foafffc tout autre mxl ,

Sinon d'avoir qui le précède :

Pompé* en l'honneur qu'il pojferfe,

Ne peut endurer vn égal. Car Luther vouloit parler en Maître , & comme un autre Pitagore. le l'ay dit, qu'il (bit fait II ne pouvoir foufrar,ny de pair, ny de compagnon, non plus en intelli- gence,qu'en la veriion des faintes letttes,ayant h* har- dy de tronçonner non feulement des mots feuls , ou des parla ges qui n'étoient pas de fon goût dans la Bible (Lin- y Etènc, riniEvéque de Rurcmundenà recueilly vn çrandndm- pr(tieo]- r* bre fur le nouueau Teftament , & Stafîle aum. ) Mais en- §tMpfrm ^ core fi audacieux, bravant & les Profetes & les Evangeli- "afr v'er^c

ftes, d'en fubftituer d'autres à fa fantafie. Melanaaon

verbe.

verf.fa,

qui voulut prendre fa deffence contre Stafîle, fut côcrairit 2 donner les mains, & ne fçeut de quel fac couvrir fon Maî- tre, quid'vne audace erRontéeavoit arraché des faints écrits, des Livres tous entiers:Voyez encor fon impuden- ce, toute la Chrétienté d'une voix & d'une langue, chan- toit au Symbole des Apôtres: Credo Sanctam Eo clesiam Catholicam. Ce mot ne luy pleut pas, «Se commanda qu'on y mit San ct a m Ecclesiam Christian a M.Celafe voit en tous fes premiers Sym- °y ^ boles,tan: Latins qu'Alemans,& tous les Alfabetz,mou- conî-Amtf* lez pouriajeunelfe, voire mêmes depuis imprimez a An- t""«-ar« verj , Se publiez en Pologne, parlan Alafeo; Ienefçayiî Luther futautheur de cet article adjoùté, & qui fe chan- ce dans leurs Temples, pour annoncer la remifïîon, £c Indulgence pleniere de tous péchez

In tota , orbis totius Chri^ianitp.te^ Teneur in imites fznfsu *qunlitàtet &uod omnin omnium /un: rcmijfa t>;cc*t4.

IX.

Rbscivs en fes Atheifmes fur le Symbole, couche Luther les propres paroles quife difent & chantent ea langage COitpe & Yulgure par luy traduites en ce Latin. ' trtMfa u

O r comme Luther eut reconneu que la doctrine Sainte î>*~ qu'il fantafioit, ne fc pouvoit foutenir li quelques li- rQ\t ^'r$a vres demeuroyent dans le cors de la Bible, d'vne main ^tit, fouveraiue illes arracha. Ainfî faifoyent les Iuifs. Qui

K 4 donna

î^t De la Naissance de l'Heresiï, donna fujet aluftin le Martyr,fecolerant contre Trifon, d'appelerles Hérétiques defon fiecle , laquais des Iuift, tt« rr*- coûcumiers de tronquer les écritures. Comme le buche- «.. , ronembeioiçnedansuneForet,couppe, aoatlavn Che- n 0 ru ne,icy un rrene, une branche de celuy-la le cors entier de ♦A~-«;/* cetautre, pour faire un affemblage de ces ruines : Ain- ii Luther entre cuns le champ de i Ecriture , comme un nouveau Marcion , ayant fa coi'gnée en main, mit à-bas plufïeurs livres de l'Ecriture , pour fervir a la matière de fon Herefïe, s'en jouant tout ainfi que de l'équerre Lef- IremiaUb biennerEt comme le mauvais malTon, accomodefare- j.ca!;.29, gle a la pierre , & non la pierre à la règle ; Cepeuartifte ouvrier difpofoit l'Ecriture au regard de fes matières, & non fa matière a l'Ecriture. Cet l'ordinaire des Hereti- Dsvntta.. q,ieSj à'lt S.Cyprian & tous les anciens aDres luy , comme Lu^f. xlsont été coupez & retranchez de l'Egiife, de couper & k.Hjcif.cafc recrancher à leur fantade les livres que l'Egiife reçoit , & t.ub.s.. vfurper L'authorité d'approuver ceux-cy rejetter ceus-là3 ï.piptcià.r. gg çjrcqncife ces autres. Quand ils font convaincus par 2^" l'authorite des livres , dit S.Auguftin contre Faufte ,

c,i ivsrs jis<jrfênt qu'ils font faus , & retournent à leur fentenec \ tant de fois châtiée. 0ii'" C'étpourquoy Marcion e'toit appelé' Rat Pontique,

parce qu'il avoit rongné quelques palfages de la fainte t,w ; G ^ Ecriture , & faihfia infinis autres. Si cens oui corrompent . les Lovs des hommes,di[oit 5oIon,iont pires que les raus

TAxrcio nionnoyeurs (car piuiieurs citez fepeuvent maintenir, 7-> !,„-";„ vfant d'argent méfié avec du plom & d'airain : Mais mrtrt contr ce*'es qui ont corrompu leurs Loys, lin en échappa ja- Thimocrc> ma's uns > <ltline Toit perie) combien font plus dange- inr ' reus & dignes du feu , ceus qui falûfîent celles que Dieu nous a laifTé ? Les premiers faints livres qui vindrenc en main a Luther , furent ceus des xMachabées, qu'il con- damna commeapoenfes , encorqu'en ladifpute deLip- fe,il les eût approuvez. Plût àDieu.difoit-il. comme re- cite Antifaber , que ces livres ne fuifent pas en nature. Luther donc les condanne. Mais quel Concile l'avoir, déterminé? quel Docteur l'avoitcnfeigné? Ilsnefetrou- G vnOTKfUs vent Pas>difoit i^au Canô des Hebrieus: Comme h d'eus

fc/^,l„v. feuls nous devions prendre la preuve des livres Canoni-

çicoTieux» _ ,-t il itt

ques,& h nous étions plus obligez au jugement des Iuits

que

Livre I. ij$

que des Chrétiens. Au retour de céte luctueufe captivité de Babylone , afin qu'on ne receût aucur^livre fuppofé le roolle des livresCanoniques.qui furet mis en l'Arche, fut drelTé, fuivanc le nombre des lettres Hébraïques: Car lors il n'y en eût que vingt-deus.Les Machabéesmon plus que l'Ecclefiaftique, les livres d'Efdras,& de la Sapience ne s'y trouver pas. Il eft vray.Mais c'ét parce qu'ils n'étoi- ent encor écrits. Pouvoit-on tenirregïtre des chofes non avenues? Et ne voulut-on faire depuis vn nouveau Ca- non pour eus ? Cen'ét pas pourtant que les Hebrieus, comme on voit parle témoignage de Iofefe «5c de plu- fieursRabinsme s'enferviifent. Aulli prient-ils pour les Trépaffez, & c'ét comme il faut entédre ce que S.Hierô - me dit,lequel contre Iouinian Se autres fe fert de i'autho- lité des livres des Machabée?.

EncegrandConciledeCarthageoùétoitfaint Augu- ..., ,

ft:n,rE^:ifeleuaIe'doutequ'ilypouvoit avoir, &lesju- J . .' . geaCanoniques. Comede-raitlong-tes auparauat, Ter- jr^p j

o «•-"«.*>»•• » ' 1 1 t -r Su .OS. Ail

tulian Se S. Cipnans en etoienc aydez contre les Iuirs, F mémement celuv-cv pour animer les Chrétiens au Mar- T -, ' , , ,

h *< c k 1 r o rr 1 LlJ.ai LU-

tyre.commeavoientfaitOriçene, i.Ambroile, &Ilido- » ,-l .

1 -r t r / o » n.- 1 i- Ai9S. Il9.2.

re. Les Iuirs., écrit S. Augultin, ne reçoivent pas les livres j ~ s des Machabées pour Canoniques , & l'Eglife les tien: vtùt * pour tels. Nôtre Seigneuries a luy mêmes feélezdefon tQ {^ feau. Car en S. Tan 10. il eft dit , qu'il le trouva à la fête de ' Q

la Dédicace du Tempie,inftituèe par IudasMachabee.de ri,, il *„„* laquelle il ne letrouue mémoire ailleurs , du commun mori-L[H confentementde toutes les Eglifes de la Chrétienté , af- Jg ^ç„. femblées au Concile gênerai de Florence , ils furent re- "„ %jr ceus comme Canoniques , & ce feu! Moine les prononce Aprocrife's.Ce n'étoitpas la feule Eglife Latine.Le Patri- arche de Conftantinopic s'y trouva, & les Légats des trois autres Patriarches. Les Chrétiens de l'Arménie y envoyè- rent auiîi leurs Députez.

Tous les fuçcelfeiirs de Luther , ont tenu ces livres à mépris, pour condanner Se le Purgatoire & les prières de l'Eglife pour les TrépaiTez. Et céte grande lumière du mondeS.Auguftin, les déclare faints & Canoniques, S.Augxft. céte coutume de l'Eglife eftauctorifée. Nous lifons, dit lib. de air. U, es livres des Machabées , le facrifice avoir été offert po.mori. pour les TrépaiTez. Or encores qu'es anciennesEcritures

K j on ne

)f4 Db la Naijsancide l'Heresil

on ae le trouve pas: l\m:horitc de toute rEglifclemott-

(mty-P- tre clairement, encre les prières du Prêtre qui le font à Vlfff1 iAuceI'cellsPourlesTr^?;liï*ezenronlieu:Ceft trop en CoJ.pt. ymz chofefi claire. Le même fïtLuther des livres de lu- *f'' dic^Thobie.H^e^&derEcclcfiartique.Csron^diroi:-

«• <?Re- il en fes propos de table, des fiches Iudaïques.des corne-

r^rT'- ^es OLI Poérnes tragiclLÏ=s. le ne puis croire que ies chofes fro.Col.jo. foient venues comme elles font récitées dans lob. (Cet Ifiï.lnCol largamenc d'une fible. Ce livre de rEccleriaftique(Voy- m**.fh.. tz ce'DOUfon'; epc monté fur un cheval,fans éperon, & fans îjL/. bottes, il ne porte que des guêtres , comme jefaifoisé-

la.Rtjci- taïuFj^tçrdas leConvcnt.Lorsqueluttelonasfoi) diiei- "VyAi pleluyprefentalaveriiôde Thobie. Otecela,dit-il, mou ttei/.fpi. ^ £0ïias - t{ail5 G;; [lvrc g. troaTcàt plufîeurs chofes Coites & Yf p m6^ ridicules. Sur tout il en veut à i'Epitre faint laques, q a il -* ^ appelé Epître de pailie,faite, dit-il, &bade en faveur du

_ Pape,laqaelleencot' Luther faldrla, mettant vn cvm au lr j lieude sine. Ilenveutde mémeàcellede S.Paul ans He- *jWT ** bneus,a celle de S. lu ie, à la ttoifiéme de S. Ian & a la fc- ^mrro. con(^c Je S.Pierre.Ie ne veus, dit-il, avoir, tels livres dans

* * mes Bibles, qu'on les coupe qu'on les rejette. le fais au0i peu d'état de PApocalyp&ij'ie'da livre d'Efdras : je les x jetterois volontiers tous deus dans ia rivière. Qn rllepre- Au*horitk fomptueufe audace à vn particulier, de ..tout

de ÏRcdifi cecmeleconitaatcoafcatemea:deL'antiqaiug?iie':aie- t*Hr\u7er ment arcceu& approuvé. .

quels li- L' e g l i s 2 a toujours eu cete auctorite & poiSance

vres font fooveraiae , déjuger qu:ls livres on doit teoirpoarCa- Cunom- noniques,que!snon:Carc'é:laquek "> E s p ri r ÎkusI.i.L de.PuilTancequelesSS.Irenée, &taaaa{è, ! liaut-

fS.ï.ûni. louent fouven: en leurs é::i:s Elle a àe:: J?aui1 Ma ceus-cy, 5c non autres , font du cor »/.«./é»'. Voyez S.Cleraenc . Aaacle:, S.Hierôm:. S. A . fj cafL dorc,S.Ian Damafcene, &deuanttous S. Deai S ï e 6 E- mun contentement des Pères les approi: /en: pi^jtb /. Luther les reprouve. Erafme i'?n des premiers In cJolo. de fonfiecle, ne pouvant porter céte arrogane Serip Eu. enne, luydifoit montre nous Luther, que tu _:•: libi'di ' veau Chrift , pour auoir tel pouvoir fur les livres (a T>oc*Chr. Le même fit Luther en laverfiondesPfeaumes deDavij, ' par luy tournez en iangne vulgaire, à l'exemple de quel- ques

Livre I. itf

ques Hérétiques anciens-,pour donner à chanter au peu- ple. Ce fut un coup de famain, quand il coupa^céte belle cttp.^.1.2. prière que l'Eglife avoit adjoùtée à la fin de chaque Pfal- S^?tt me , pour témoigner la victoire obtenue contre Arrius: l^Zccl^. GloriaPatri etFilio et Shritvi San- Hier*r- c t o.afin peut-être que cela ne dégoûtât les Trinitaires, cap-f?' qu'il fç_ avoit fe tapirions les cendres , enquelques coins *~"! . d'Alemagne,de fe joindre à luy. Tout lemonde pouvoir ^ad'.utUi étrefonamy , pourveu qu'il fùteanemy duPape. Cet Pf™*2** pourquoy il écrivit aux Bohémiens , qu'au tems qu'il ne pcofoupaslePape être l'Antechrift , il s'étoit déclaré leur adverfaire : Car au commencement de Ton Schifme, Ulescondannoit comme Hérétiques mais à prefentque je luis , di: -il, alfeuré,que le Pape eft l'Antechrift, je luis vôtrefrere &vôtreamy. Que n'ofoit pas cet homme? (pour retourner à l'authorité par luy prife fur l'Ecriture) puis qu'il donna dans la prière Dominicale , dictée de la Douche deDieuà S. M.ithieu,renverfant, jenefçay pour- - ^ quoy , les mots receusde toute Antiquité en l'Eglife, «' quand elle du, Pater nosterqji es in c^lis. llfautdifoitLuther,pnerain(i:No s ter pater in tuthet C/îlû,tvvmnomen s i t s A n c t v m, adjoûtâtà la change U* fin céte claufe, sed libéra nos a malOjO^via yater 0* TVVM est regnvm,e t VIRTVS ET GLORIA IN J»^M*M4- s/ecvla AMEN.EtàlafaiutationAn^eiiqueaulieude -#\-

1 AVE GRATIA P L E N A, il mit, A V E GRATIOSA,&

en fon Alemand, le te falu'é digne d'être aymée. Ainfife joùoit Luther de la faihte Parole, pour bâtir fonEglifc5 Vous verrez au cinquième livre quelles en furent les cé- rémonies : Car vn feul tableau n'ét capable de tant de di- veriitez. le luy donneray à propos vn chapitre , pourla faire voir toute telle qu'elle eft aujourd'huy :Car qui lira tout Sleidan d'un bout à l'autre , &lercitedesautheurs partifansdeLuther , ileft impoifiblede reconnoîtreny entendre quelle eft la face de l'Eglife Luthérienne.

COMMENT

j$6 De la Naissance pe l'Heresie,

COMMENT LVTHER DE TOYTES

IBS HERESIES DV PASSE BATIT

lafienne.

C H A P I T R

XVI.

De quelle* pièces Luthtr bâtit fort Eglife. l. Berejie monjlrueufe

Batte de toutes celles dupaf- j

A I

Zfe quelles fieces Lu- ther bâttt fin Eglife.

Lui her déroba phjïeurs chife» àl'EgltfeGreque.

5-

Réprouve Us Conçues. 6. ! Dire notable du grand Zraf. me de RotreAam.

Omme Luther étoit homme de beau- coup de leçon , laboricus , grand lifeur & faifeur de livres ;I1 luy fur. aifé de trou- verla route de tous les vieux &anciens Hérétiques, les fuivre a la piite D considé- rer leurs rufes.,remarquer leurs argumés, & 'les remette fuz , quoy qu'ils euflfent été tant de fois, combatuz par nos faims Pères: Et encor q u' une feule pa- ge de tant de milliers d-_ ii*res,dontils ont autrefois peu- plélemonHe, n'ait furvécu la ruine de leurs autheurs: Que les miferabiesreftes, la proyedu feu^n'en paruifent pi js:Si eft -ce qu'il trouvoit affez de befongn e taille'e chez S. Hierôme, S.Auguftin 3 S.Hilaire, S.Ambroife, & au- tres Docleurs {Ignalezdel'Eglife , quiontcondanné 8C la mémoire, & les e'crits des Arriens , Donaaftes , Pela- giens,Marcioni{tes,Manichéens,&autres:pour parleurs iéponces reconnoitre les argumens dont ils fouloienc l'attaquer. Et tout ainil qu'une ville preffée d'uiiiîcge, & réduite ans angoilTes de la faim , dévore toute forte de viandes bonnes & mauv ailes , fans diferction aucune: AufîT Luther empoifonné de la haine qu'il avoir conceu contre le Chef de l'Eglife, j>ôar(èvanger,prfni,qui ça, <j\ii la,fans j ugement, ce qu'il trouve ches les anciens en- nemis. Il n'eut que peine de rapiécer ces pièces découfu- es,dccrafler& recoudre ces vieus haillons moi'iz , aîin

L I V R E ï. *57

^d'en faire une nouvelle robe ; & comme vnrufëfrippier, lavendre pour neuve. Certes nôtre Homère François a bien tiré ce te comparaifon quand il dit;

Comme un pauvre vieillard 3qui parla viliepajfe. Ron/kri Se courbant à1 un bat m, dans une poche amaffe De vieus haillons qu'il trouve tn tint mille morteaus^ L'vn dfjfcus vn égcûtj' autre priz, des rujjje*Hst Vautre fous uh junitcr ,©• Vautre fous un antre. It peuple art/fan va tiéïkargerjon ventre» ~Et puts en eboijtjfant nus cet morceaus ép*rs% ~D'vn gros fit hs ravaude, & tout de touiespartst Tuû en fait r ne role^pour neuve la porte: La Sefte de Luther est de la mime forte»

PovRparacheverlebatiment defonEglife, ilemprun- \\. ta toutes ces pièces des Hérétiques plus anciens flétriz& Berefît & marquez cemme criminels de leze Majefté divine, & tncnjlm- mille fois condamiez par les Conciles H. Et ce-pendant eufe* (difoit-il dans le livre de fa Captivité de Babylone , félon l'impreiiion faite à Vitemberg l'an 1551.) que lesMoines s'amuferont a réfuter mes premieresHerefies,j 'en forge- ray de nouvelles. Cet dans leurs erreurs qu'il feveautra, prenant de l'un unepiece,de l'autre une autre:Côme font certains immôdes animaus,qui ne prennent fubftance & nourriture,quedes excremens des autres. Et toutainii que ce peintre bifarre & fantafque donna au cors d'un Comfa- Tygre une te'te de Brebis, les déts d'un Loup, les oreilles raifev. d'tnRenard , l'oeil de Bazilic, le col d'vn Cerf,la griffe d'vn Lion, les aîles d'autruche , & la queue de Scorpion^ bien marry que l'impuillance de fon pinceau ,ne luy peut donner la vois de Sereine : De inémeLuther ayant a bâtir fon Eglife, prit par emprunt pîufieurs pièces des Héréti- ques éuanouïs & annichilez , fit voir à la Chrétienté vn monftretout nouveau, rapiécé de mille monftres.Ainfi fit Ebion,ditEpifane, lequel emprunta de plufieurs Sectes Heref.je, ce qu'elles ^voient de plus me chanr,pour en faire un cors entier d'HereÉe. Il tenon {'opinion de ceux-là , les Cere- Invit, Esr monies de ceus-cy, la méchanceté des autres. Et cepen- nard.Ii.f. dantjfans avoir ny la créance, ny les actions deCatholi- ca. s.Majf il en pôrtoitle nom. Luther avoir leu les écrits de tnFhiU f,IaaHusJ& d'ua certain Moy ne defroqûcnonr- £«./.

rné

t$t De la Naissance de l'Hep.isiî, m é Henry, qui du temps de faint Bernard commença â"c» venter Tes erreurs: Cet de ceus-cy qu'il tirala plus part des opinions qu'il a tenues , ayant puifé le refte dans la mare bourbeufe & trouble de l'Herefie première. 11It Car avec Simon Prince de tous les Hérétiques, il nia

Jatte de le franc Arbitre. Le méchant, dit faint Clément, ne don- touteslcs noit rien au franc Arbitre, ains tout au deftin : Soutint SeSa du avcc Donar que l'Eglife n'étoit compofée que des bons psffé. feulement, que les mauvais n'y avoient aucune part.Avec

S.Cle.l.z. lesGebufîensdifciplesdeMontan , il rejettaladiftincti- tecegnt. on des ordres &degrez, qui font en icelle. Avec Conftan- ~£tt.Rc,r. ce > <]ui fur pour céte occafion appelle Antechnftpar *gm faint Athanale, il ditquelePrince étoit chef defEglife

Theo.Htre enfes terres. Avec Iuncnius qui puifoit àl'Arrianifrce,il fab.hb.j. dit que la feule Poyj unifie l'homme, que les bonnes ceu- St du*usï. vres j filles du Libéral Arbitre ne fervent de rien à falut: Hdref.jy . Et pour donner aiuhorité à fa doctrine , d'une audace & s^ effrontée il a adjoûté àcepaffage dutroifiéme chapitre jîthan in de l'Epure aus Romains ce mot Alemant A ll ein, c'ér 'Epifi.fid àdireSeule,côme fil'Apôtre eùtvoulu dire que la feule folit.vit. Foyjuftifie l'homme. Et commeonluy remonftroitde LHt.Tom. quelle authorité il adjeûtoit ce mot à l'Ecriture 5 Parce 2. décati, qu'il me plait, dit-il , que l'Homme Chrétien clt riche, ~Ë*btUn. lequel ne peut perdre fonamepour quelque péché qu'il Jitiguft.de face, pourveu qu'il croye : Caraucun péché nelepeut- fid.ct opsri condamner que la feule incrédulité. cap.jf. Cite proportion fut auflî de Simon , ditlrenée&

lncaptiu* Theodoret: Et Bourgoin Predicant& Hiftorien cesE- BabtUap* vangehftes nouveaus, la met au roole des Herefics Simo- de laptif. niales. Cet fur ce point que Luther feforma le plus,juf- LibdtH*- ques à la , qu'il fit tailler ces planches du jugement uni- re.cap.jj. verfeldans Aufbcairg, pour mieus imprimer cetc Dcchri- Tr*8. i, L

*.Çr y.

Jrr.uli. j. mis.En ce jour chacun fera falarié félon faFoy.

rap.s o. de ruiiïeaus puans & infets font fortis de fi vilaine fource.

ThcedjU La vertu des Sacrcmens eft inutile: la Pénitence , l'Au-

her.'iôu. mone, le Icune , & l'Oraifcn perdent par ce moyen leur

Slutisn. li. efficace. Et parce qu'il vi:, eue tous lesfaints Pères d'une

22.ant commune 5c confiante vois alTeùroicnt,qv.e la feule Foy,

isiS. encofcmcccfoitla JLarapc tstencbrçs dctçtcvic , ne

Iivn î. 15*

3uftiïïepasriiomme,il les appelle Papiftes,& judiciaires ,

du Royaume Papal. S.Hierome , dit-il , a mérite plutôt Jlîf' l'Enfer , que le Ciel , à cauie du feul erreur qu'il a tenu ** T* peur les œuvres, centre la juftice de la Foy. Ofieclebien- * *ZJcnX' heureus.Liuher, quand les langues fercn t muettes & que *'**"* les oeuvres pailercnt. Voyous les autres pièces qu'il adé- '■?*?* robe ausvieus hérétiques peur s'en parer. Avec Pierre A- MJ * bai-tard François, qui vivoit du tems de faim Bernard il & ' *£2' . icutint oue tout ce qui fe fait avient d'une neceiTitéabfo- _ £ . lue^qu'il rie peut être autremét,faisat par ce moyen Dieu "»'* •** autheur de pcché,tncor que rien nenous attache au mal ' que nôtre propre volonté. Avecle gourmand lovinian ' UP*ST- que le Ieûnen'eft d'aucun mente, qu'il ne faut faire dif- *

ferer.ee ces viandes: Que le Mariage d'une Nonnain eft ' £• -* aum" agréable a Dieu que la virginité. Que tous les pe- . chez etoicnrtgaus. Avec vigilacc, il bannit Japnere des Saints.AvecArriuslcsobligatiôspourlesTrépaiIez,fcû- '*' r * tenant avec luy même, que les Prêtres & Evéques étoiét ~ * uns. Avec les Euuchiens, il s'e't moqué des Pèlerinages. ' *JJ Avec les Vaudois, il a méprifé les Indulgences, Avec les £ * * Manichéens dit, que l'eau du Baptême n'étoit pas prefî- j. table ri falut.Avec les Pelagiés, que les enfans peuvent é- ' tre iauYts fans Baptéme.Avec les Vicleviftes.il a voulu en " -

partie amortir le Sacrifice delà Méfie. Avec lesArmcniés, . il nia que le Mariage fût Sacrement, &prit d'eus ecte" fa- _ . çen, de ncméler l'eau avec levin : Avec les DonatifU-s, ™* '**' dit que l'Esiife avoit êtcinvihbleparplufieurs fxeclesren m 'a.» ca article cépuis il feretra£te,comme on lit en fonfecôd ' mi ' * Tcnic Avec les Yaudois,& pauvres de Lion, il fo-ûrint que ?,* cnt* lesPafieurs Eccldiaftiques ne dévoient poifeder aucuns ,?,'*' biens. Avec ces vieus Hérétiques iuivis depuis de Beren- /* *M* ger,ïînia 1 admirable &furnaturelle traniubftantiation i7i *

cnrEucharift!e.AvccNc(loriu5,témoinS.CirilIe>quele "*W.*W* cors de Ie s v s-C h risi fût en i'Euchariitie, hors IV d/J* fagedu Sacrement : Avec ks Hérétiques & Schifmari- * quesGrecs.il a foutenu, qu'il la faut recevoir fous les deus; Efpcces-.maisfesepinicnsdela Cœne,fe verront mieus à propos au Livre fécond. Avec \v'ic!ef, il rejetta les effets &lapuiilancc de l'Excommunication: Avec les Vaudois 4diot7,rauthoritcEcclef:.l.ique:AvecNovatlapuiirance de remettre les péchez; Et avec Arrius, tâcha d'abolir la

mémoire;

îéo De la Naissance de l4 Hérésie, 5. Auguft. mcmoire des traditions de LEglife, fe tenant accroché, de Hdref. & des piez & des mains, à la feule parole écrite. Bref de Secret. tous les Hérétiques il print de i'vn le pié , &del'autre Hift.lib.f. l'uile,pour en faire une Secte, d'autant plus belle ce luy C*p.2j, fembla, qu'elle étoiteompofée déplus depieces raporté- / eSjMal-avifë, qui n'a feeu prévoir, que f\ chacun reprend

ics plumes prêtées, tant s'en faut qu'il luy refte quelque chofe du lien, qu'il fe trouvera/indigne Herefiarche) auf- nu que la Corneille d Horace. EncorvoulutallerLu- ther fouiller dans la Synagogue des Iuifs : Car comme ils etifeignentaujeurd'huy en leur Lcy, félon que nous le té- moigne le Docte Poftel , quelepecheurs'étantrepenti, le péché luy cft pardonné. Au/Ti Luther fe moquant de la Pénitence, qui afîoupit l'Ire de Dieu , &brife laprede- y itination , n'a voulu appliquer aucun remède falutaire *<!*amo au s Ames : Envoyant vnibûpir au Ciel, la grâce eftfeel- jctitratio- lée : Flus tu feras méchant, difoitilplus lagrace de Dieu T£s,tfi7i o- s'epancjia fUr toy. Céte contrition , qui fe fait par dif- cttius ue- curjOI1) recollection , & deteftation des péchez , lors ha gratta qU»vn homme remet en fa penfee , fes années paffées, injuriait. ^^ntla griéveté de (ts offences , lamultnude,la vilen- lnt-fjirt. n-e ^JagrarjfJeurd'icelles , 6c la perte de la vie éternelle. mt.s.in t*J ç£tc contrition, difoit-il,rend rhemme hypocrite, voire Jert.art.o. m£mQ plus grand pécheur: Ces Pénitences ne font que gênes & bourreleries de confeiences : Les Hommes font nés libres , les Anges mêmes ne leur peuvent impofer au- cune Loy homme du monde ne peut ordonner une fvl- labie par deilus l'homme Chrétien. Il faut remettre 1E- vangile , & retirer de fervitude les hommes , difoit-il toujours. Tel étoit fon langage dans la Captivité' de Babilonne , ouvrant la porte bien au large , peur entrer dans l'echole de la Libertinité , éclatant la trempette qui convie tout le monde à faire du mal. le laifîe cequ'iia emprunté cel'Alcoran: Cela le verra 1V. cyaprez. lutkerJé- L e def r qu'il aveit defegliiTer en la bonne grâce du r. Patriarche de Grèce (afin de pouvoir , avec céte hayne eursekofes commune, que l'vne & l'autre porte au Pape , d'autant mi'EÊ&ji piusnuirea lEglife Romaine ) fut caufe qu'il retint plu- Creque. feurs choies de la façon de l'EgiieGregeci e, & pour les cérémonies & pour la créance, cerne en pourra concilie:

..riant

v-

L I V R I I. x€t

raportant les Liturgies aus MefTes Luthériennes, dont je parleray au cinquième livre.

D e la façon des Grecz , qui a éte'afTez obfcurement c- criteparnosautheurs, j'ay prispeinedem'infermer, au vray, avec pîufieurs circôftances non écrites qui ne pour- ront être qu'agréables au Lecteur. Ces Grecz donc ont leur Liturgie & MefTe,avec les mêmes paroles quafi,& o- raifons que les Latin.»: Nous l'avons en main , imprimée félon la forme de S. Bafile, & S.Chryibftome.elle eft tou- tefois bien plus longue que la nôtre; de forte qu'on em- ployé plus de trois à quatre heures à la celebrer,qruand la Mufiqueyeft. Usn'en difent qu'une feule lejourausE- glifesParrochiales : Mais aus Monafteres onenditplu- 2

heurs, félon la dévotion des Religieus. Ainh* verres yous que font les Luthériens ; Ils chantent bien les Heures Ca- noniales & offices tous les jours , mais non pas la Meife: carie Lundi, Mardy &Ieudy on ne la célèbre pas. Leurs Iicclefiaftiques font parés & revatus de mêmes habits que nos Evéques ou Prêtres : comme font auiîi en pîufieurs liens les Luthériens. Le Prêtre qui fait l'office , s'appro- chantdelAutel , vabaifer les piezde l'image de nôtre Seigneur,qui eft en plate peinture,puis celuy de la vierge, de iaint Ian, & du faint qui eft patron de l'Eglife : Car ils n'abhorrent pas les Images, comme ne font auffi les Lu- thériens. Ce fait, les prières ordinaires dites, on lui porte un pain fur lAu tel, un peu plus grand que le pain d'un fou; fur ce pain eft imprimé avec un fer, une croix, & au tour LepaindeB delaquellesôt écrits cesmots, y. vasilevs ton ioy Greu t> e o N.Le Prêtre officiant prend une petite lancette tren- ch ante, pour reprefenter celle qui blelTa le S A v v e v r,& levé avec céte lancette ce pain, eft imprimée la Croix, &ieconfacrcpronôçant les mêmes paroles que font nos Prêtres. Le refte du pain eft diftribué au peuple, comme nousfaifonsle pain-benit : Puis mettant le vin dans le Calice, il prend de l'eau qui eft fur un petit vafe, il y a du feu, & la mêle ainfï chaude dans le vin, pour reprefen- ter, à mon avis, le Sang qui fut verfé pour nous, qui eft naturellement chaud, toutefois autres ont opinion que c'ét pour fignifier la defeente du Saint E s p r i t: Prenant amfi le Calice & le rond du pain qu'il aconfacré, il l'é- lève le promenant par l'Eglife avec les encenfemens,

L criant

ï€i De la Naissance de l'Herejii, CtrmonU -criant aupeup!e:"Voicy vôtreDieu, Adorez -le. Lorstolis

dtkur e-

Tort tKt k faïn cen- factê mm malade î.

Coxf'J/ïos.

Mari tiges Ses Prêtres

Grec$>

cr:cnt- le le croy, jele crey, & baillent la te'te en s'entli- nant en bas les mains crcif écs. Retourne a l'Autel , con- tinuant Tes prières, il ôte toute la miette, qui eitdemt u- rée fouz b creute eu pain, efl le caracteie de la Croix, laquelle il met drns un vafc,& c'eft le pain qu'on donne à ccusqui ccmmunicntrCar jamais le Prêtre ne dit JaMeC fequ'vne partie du peuple ne communie avec îuy.

Ainfifcntlcs Luthériens , qui n'ont toutefois vcula apporter (i grand changement , ains ont cenfervénes Hoiries ,avec lefquelles ils communient, lors cuejc peu- ple (ê prefente à l'Autel pour recevoir le laint Sacrement. Le Prêtre Grec donne à chacun une petite miette ce ce pain refervé, de la grandeur d'une lentille,dans une euiî- lier d'argent doré, arec une goutelettede vin confacre, donnât ainfi la communion fouz les deus efpeces,le pain le vin & l'eau mêlez enfemble.Ainti font les Luthériens, qui reçoivent le vin , en ce differens des Grecs , qu'ils ne fecontenrem pas d'une goutte feulement. Les Grecs portent lepain ccnfacrc aus malades > ainfî font les Lu- thériens. Ceus y vont avec lumière 3 & le dais. Ceus- cy fans cérémonies, portant le Predicant fesHofticsfous le manteau, qu'il confacre au logis du malade. Les Grecs ne permettent que Ion touche lefarrcment , & lePré-

n la b<

rU*

c : Le même font les Luthériens.

tre le met e

Quand ils fcccfeifent a leurs Prêtres, ils découvrent leur conférence, parlant aus Prêtres appuyez contre les Au- tels ou debout : Ainu font en plufieurs liées les Lutheri- en s, cemn^e il ieprarioue en Aufbourg , Lubec, Brème: Car en d'autres liées, ils fe mettent agenous. Les Grecs ont voulu que leurs Prêtres fu lient mariez. C'ét ce que Luther cm bluffa avec plus de chaleur , qu'autre cho- fe defcnEgiife, comme vous verrez lors que ieparierar aefes noces.

Mais voicy la façon de l'Lglife G reçue : Leur Patriar- che eft toujours Moine de 1 Ordre feint Bafile, feul Or- dre oui eli en toute la Grece;&ne peut être marié: Car les Moines, qui par confequent ont fait vœu de chanete , nt peuvent époufer des femmes , ainsviventde même que its nôtres: Comme font auifi les Evéques , qui ne/ont jamais mariez , & mangent point de chair, non plus

que

Ll VU! ï. -Itfj;

^ùe leur Patriarche. Melancthon étoit de cet avis de n'appellerausdignitezEcclefiaftiques desliommesma- Conf. a4 liez, peur la jufte crainte qu'il y avoir que le bien del'E- Gallos. glife ne fût diihpé;Mais cet avis dePilippenepeutetredc goût à Martin.

Lors qu'un Diacre en Grèce fe veut faire Prêtre,il faut deneceflitc qu'il fe marie avant recevoir l'ordre de Pré- trife: Car après il nefc pourroit marier ;& s'il advient que fa femme meure , il eft contraint entrer dans le Cornent, & fe faire Moine. Et fa femme auiîi , luy étant mort,nefe peut jamais remarier, ains faut qu'elle entre dans le Mo- naftere des Religieufes. Luther trouva cela rude & com- me il fut ennemy capitaines Moines, auiîîfutilduvœu dechafteté. Car au lieu que les Grecs ne veulent qu'une *-ui»tv* feule femme,celuy-cy en permit le change de tout autant t****** y qu'en en defireroit, comme je môntreray parle texte de l^anitrAe fonEvangiie,au Livre troiliéme. \emmtu

Voila commet dts ruines &: des mafures des vieilles He- refies , & de l'Eglife Schifmatique,Lu:her bâtit la lienne* Que (i les materiaus en furent imparfaits, la iymmecrie en fut encore plus imparfaite : Car à 1 exemple de ceux qui ne défirent que le deforerc & confufion , il prononça cet arrêt , qu'il ne falloir point de fouveram Pontife en l'Eglife , qu'il ny peut avoir de chef vifible, que c'ét con- tre la parole de Dieu donnerla fouveraine Hiérarchie i vnfeul.

O R par ce qu'il fçavoit bien, que toutes fes opinions forties cela cervelle de quelques opiniâtres, avoicnt été , J* condannées par tous les premiers anciens Conciles & ?^rf!?" &que furies quatre çeneraus, cerne fur vn Cube folide, P*cîiV*l*s s'ékuelaftruc1urede''lafoy>difcitfaintGregoire.,L,uncC<?,7Cl/w* de les plus hautes proportions fur , quecesaffemblées n'etoyent tellemen-t siliitéesdufaint E s prit , qu'el- U / ep.f» les ne peuflent errer , non feulement e's mœurs , mais â/rr»i#. aufiienla foy , encoi que l'EfpritdeDîeu nepuiiredcf- Lu:i3 m faillira l'Eglife , &cue PEglife ne foit véritablement Babtb. If. Eglife, qu'en l'allemblte générale d'un Concile gênerai. jg Airo Si eft ce qu'à fon dire, il ne falloir pas jetter dcîfus ton Mif^\n iondejrnent, ny penfer que le Concile ne peut donner une vilio.D^ „rauiie doctrine: Que S.Irenceavoitméuy, quâdildit,Là ma{% „c u c û i'Eglife,la cit le S. Efptit : & S. Efprit cft, la

L x eftl'E-

^%»* 164 De la Naissance de l' Hérésie,

«efH'Eglile& toute grâce. C h r i s T,difoitLuthera bté J.tb.$cfif. «aus Evéques , Dccteurs & Conciles la puiilancedeju- 4°' =»ger de la doctrine , qu il a donné en gênerai a tous les

lut.Tcm. «chrétiens. Le Pape les Docteurs & les Payeurs ont a la 2.U 2.ra- M venté le pouvoir d enfeigner , mais les Brebis doivent tiomi lu- MjUgerfïieurvoiscft levois de Christ. Qu'ils orden- diiijEccle. „ncnt Jcl-iC Ce qu'ils voudront , ce feia a nous de le Jn Semo. wjUgCr# Pape, difcit-il , tu as conclu avec tes Conciles, fijtenatiea ^maintenant je veus juger fi ie les dois recevoir, & h ceus fal.Froph. a3(ju pafleont failly. Hardy côtrolleur de toute la fagefîc Luth, m & kier.ee qui fut onque: AinilparloitArrius du Concile joo.art. de^iccMacedcniusdeceluyde Ccnfbntinople, Pela- urt.us. giusdeceîuydeMilevicn AfFrique , Neftorius de celuy d'Efefe,Eutiches de celuy deCalcedoine;Hus de celuy de F Martyr "Ccnftance. Et faint Grégoire tout au rebours : le rejet- er*/// ' 3:)te> difcit-il i tout ce que les Conciles rejettent ; & ce 2M f ^qu'ils reço^entJerébiaiTe.Tandis que nous fejourne- Rex îth de rons 3vec C£S Pcres^' 9ue n°us nous arrêterons aus Con- Eechr. ciies, toujours nous fercs plongés en erreur, écrivoitl'A- pofeat Piere Martyr & le Difciple de Luther Régi us. Il cil: plus clair que le jour, que non feulement un Concile ou deus,mais tous ont vilainemét failly. Ce n 'et pas de mer- Brenccbi veille s'ils ont ainfi ravalé l'authonté des Conciles, vea Jtolo. qu'ils difent que les Apeurés même ont cheppe, &font fenf, Vvi- tombez en deserreurs depuis la million du S. Esprit, itr-.b.c.de Quand tous les Conciles difoit Luther, auroyentrefolu Conctlt unechofe , ieJa veus examiner par l'Ecriture , fansm'a- mufer tant aus traditions des hommes : Ainfî appeloit-ii les traditions des Apôtres, qui eft la Parole de Dieu, & les arrêts des Conciles, fouverains Parlcmens de l 'E^lifç. Et parTEcritureilentendoit lefens particulierqu'ily don- 33noit.Mais encor voyez ce qu'il dit en fa Captivité, Si le «Concile arrête par fortune , qu'il faut communierfouz sjles deus efpeces, en dépit de Iuy nous en voudrions re- cevoir vne feulement, ou n'en prendre pas du tout. Com- ment eft-il pofîible qu'un tel defefperé ait peu trouver : tant de g'^ns compagnons de fa folie, puis que pour faire j luth de dépirauCcnciîc , ou au chef de l'Eglife, il reprouve des ecaf.part. «choies bônes & pies par fen propre témoignage.Lc cô- 9 cap, il. "fciljditLi-ther'jqiiejc donne a l'home Chrétien, c'ét de i «nefs ccnh-iterlc C:.iéme,ny s'appiocherdelacommu-,

«nie*

Livre I. i$6

*nionàPafques.Qu,ildicenfoy-méme:PuîsqueIePapc »quieftun homme, l'a ordonné, pour céte raifon je n'eu wferay rien. S'il ne l'avoit commandé, je le ferois volon- tiers. Ce fera à une autre faifon , qui ne fera pas de Ton ?, ordonnanceurs qu'il me plaira. & que la devorion me „touchera l'ame. Souvent il dit le même pour braver- ,,1'authorité & les ordonnances de l'Eglife. ,, Ce s TpourquoyErafmeécrtvoit:Les Luthériens ont vr, ,,fecouéle joufdes coftitutions humaines, par le moyen Dire no. „des ordonnances des homes.Lc titre feulement a châgé, table s?E~ „on l'appelleParole du Seigneur,& ce n'ét rie que Liber- rajmc. ,,té-&aulie«de fuir lejou^des hôines ,ils fubillétceluy duDiable. Tous les Hérétiques ont raifon de fermer les doubles portes de leurs Sinagogues aus Côciles:Car s'ils y peuvetentrer,le Soleil fera écarter auiîi tô: les ténèbres fombres qui les environner. Ieneveusfuivrelereftedela doctrine de Luther. On verra cy-apres plufieurs pièces ef- parfesça<Sc!à , lefquelles il a tirées de même boutique, bravât toutefois corne fi elles étoient portées du Ciel Et , , comme leSAWEVR difoit ; M a doftrin? n'ét pxs mienne^ })f»Ji;s de mon Pare qui m'a en voyé: Aufli die Luther j ma do- ctrine n'ét pas miéne,mais dcl es t s C h RI st. Te fuis ,, certain que je ne puis errer. Remarquez cependant le mépris qu'il à fait de tous les anciens , qur'il eftimoit la poudre de fes piez. Ainiï parloir lia la Turque : Tous ont ...

erre'jvoire toute l'Eglife a cçrérll les a toujours fuis, corne > //►

les Mariniers font vu dangereux écueil , lçachan: bien *ontJJ*P qu'autant q-a 'il y a de pages dans leurs écrits , que Dieu a ^cc *'' n°~ prefervé du gênerai degat avenu en tant de fiecles, autant tn:'Jia - il y a de foées , autan: de géhennes pour luy ferrer &^tor- 4re les bras, afin d'arracher la vérité de fa bouche. Vous verrez cy après auLivre troifiéme en quels termes il parle de ces divines &celeftesarnes , que les fiecles pafTez ont reveré,comme les éternels ornemens de l'antiquité. Voy- ons cependant des nouveaus Hérétiques, qui môtent fur, l'sîchari-aut , pour jouer leur roolle : Ileftraifonnable paroi flent a leur tour.Aufii fedifentils envoyez du Ciel, tout de même que leur premier Maître Luther. le lelairray cependant machiner une nouvelle guerre, & taire fondre les canons bruyans de fon nouvel Evangile, tin an crémier Livre.

L } TA3 le

166

TABLE

DES CH API

fécond Livre.

TRES D V

CHAPITRE I.

J Ltsfiedtsk v?nrr ne pour- ront croire tant de chofts étranges qui font contenu- es en ce fécond livre,

2 L'unité de l'Eglife , lors de la venue ic Luther}divifec en diverfes parts.

£ V origine àes A, isbaptijlis. |

C H A P I

1 Les Luthériens ont engen- dré les Anabaptiftes.

2 Les premiers Predicants A* nabapti/ies.

f Raî-ortd* Luther anifme,

a ï ' Anabuptifmtt ^ Les Luthériens accufent

les Zutngliens de ce dtf-

C H A P I / Les Anabaptiftes s'aydent de f écriture félon. la cou- tume de tout Us Hérétiques.

2 L'ordre de leurs Egli/es & de leurs Pasteurs.

jf Leur créance conforme en

plufieun chofes ausnou-

C HA P I

j Teints pieté des Anabap- ttjles.

-s Commet les Profetes Mun- cer & Letden feduifotent Us Peuples, .

3 Les Anabaptifles detiftmt les vices des Catholiques çr des Her$ti$Uts,

? Comment leur Apôtre

Muncer s'établit t r Le Duc de Saxe veut chaf.

fer Muncer , mais Luther

l'empéthe. S Les Miracles de Muncer % &dîfesdifaples.

T R E IL ordre. s Bilan Matthieu premier Vroftte des Anabaptistes,

6 Ds Un Ber*U dit Leidem premier Roy des Avabap- lifts.

7 Sa défaite y fa prife,fonfu- pi' ce & desfuns.

R E III.

"jeans Evangiliques. # La forme de leur Cxm. s De liur Cœne & mariages 6 Commet les Luthériens {£•

Zutngliens ne peuvent par

l'Ecriture vaincre les Aaa-

baptifles, RE IIII. ^ Leur confiance en la mort,

(jr ajfeurance certaine

leurfahit. s Vanité de leurs Profetes qui

ne les ptnt ramener at%

droit chemin. <j Plat fini conte d'une fem*

i»c Afutbaptiiie.

CHA,

Du fécond Livre. CHAPITRE / De Melchior Hojfman, grand pilier dzs Anabap- tisles. j Vhfecod Préfets fuccs/feur de Heffman . &l*fsmpli- C H A P I i La Selle des Anab*ptiiïes divifie en plujïturs bran- ches.

2 De crus qui font tommti- nauédefemmu.

3 M.intzeriques & autres divers Hérétiques de ce e te oie,

C H A P I

1 La première guerre que le JDiAbU a fait a Iesvs- Christ a été par les Sacramrntairps.

2 André CarUil ad premier Sacrjtmcntaire de nôtre tems.

3 D'où il dit qu'il a prvf*

C H A P I i Haud'-y .ZHtngU}ou Sain-

gU Evangejiilt des suffis

de Zurich. j Sa doctrine de ÏEuchari-

slis quil dit tenir du fuitit

Efprit. j Grade fjwfftté deZu'mg'.e: j. Ccqu'tl dit del'efynt qui

lu/ fij>pirnt. j Confirmée de Luther t

ZiiingU 0* autr><.

C H A P I / Delfiiippe Mçlanâhm&

[en horofeeœ. £ MtUncïhontmhiardel*

167

V.

cité des Anah*ptifles. $ Ne portent )amai& d'ar-

mts. * Défendent les ferment \ &

ont en ho*rettr les images, R E VI. ^ Divijïen & haine entre les

Attajapiiftes. s Autres Rois des Anabapi-

Hes députe Leiicn. S Ian Wilhms dernier Roy

des Anabaptistes, &

mort.

R E VIL

doftrinz. + Qasl fuf ^ndré Carlo-

fiàd. s Grand ami de Luther, Je

rend fon capital ennemi. Ct'loft.xd fut le premier

Vrêtre quife maria.

R E VIII.

C Zviiigle demande être re- f eu peur frère , &>Luthev le refufe.

7 Renouvelle l'erreur des Fe~

lagicns.

S Commet Z-AÏngle commen- ta fon Schif me en Suiff».

9 De lan Oètolampzde com~< pa*mn deZmnglt.

i o Sa mort , ^ U iugement que Lut far fii A'ttu*

:re ix.

S Lt refpel que Luther par- toit à MclanCtho. (doute. + Melan&hon touiourt en s Apres la mort de Inrher^ L a Mthn-

rtfg

Melancthon change. <f Accttfé d'avoir dipravé

les œuvres de Luther. 7 La créance des Confeffio-

niftes , dont Melanfthon

Table des Chapitres

fut V Aatheur. S Inconstance dos Confejfte-

nïtles* ff Les paroles dernières di

Melanclhon) &f*mort.

CHAPITRE X.

i Contrariété ordinaire en- tre les dtfciplts d'erreur.

2 Co:rarietezdi Luther fur VEgizfe.&laMejfe.

3 Sur U prière des Saints, & pour lei Trépiljez.

/ incertitude je ! mhzr fur la fainte Euchartjiie.

j Sur U TranfubslattAtion, & adoration de l'Eue ha- ntlie.

C H A P I

j Qvjta été Martin Bucer. £ Bucer struitte V accord de

Luther & Zuingle , mai*

eït vain. j Comment Us Sacramen-

t aires voulurent retenir

Bucer. 4. Retable ajfemhlee tenu* à

C S o incertitude fur la Com- munia fin* Iss de us eïpeces.

7 Comment les Luthériens couvrent ïinconflance de Uur maître-

<P Comment Luther fait le proetz au* Sacrametaires.

9 Autres diverfes opinios des S.acramentaires.

î» Dernière confejfion de Luther»

R-Ç XI.

Wttemherg pour l'accord de Luther & Bucer.

s Incertitude de Bucer encor après s'être déclaré Luthe- rifle.

6 Bucer marié & remarié par trois foisy va en Angle- terre, ou il meurt.

CHAPITRE XII.

Bans toute l' antiquité on vidde merveilleu/esptew ves fur miracles du faint Sacrement.

Miracle raconté par Erafi me avenu lort que let Sa- cramentairet detefloyent te faint Sacremêm en noi jours.

S Le grand çjrfameus mira- cle de Laon en Vermandeù.

j. Les mrgumens de VHerefi* contre le faint Sacrement.

s Les Saeramtntaires com- batoient laTeute-piffance de Dieu.

f Comment le cors delzsvs-

ChkisT efi au Sac remet.

C H A-

Du fécond Livre." CHAPITRE XIII.

i*9

s Vanité marque infaiïiille

delà vérité. j La di ver fi: é & divifion des

Luthériens leur apporte

beaucoup depreiudice. f L'unité de l'Eglife, confier-

vatien d'icelle*

C H AP I

/ Les Herefies s'entre-fuivet file à file.

2 Plus de deus cens Herefies en notre (iule.

S des Adiaforites , qui trou- C H A P I i Des Augufimià>) St*n- cariens.

3 Des vilains Adam -tes. S D;s Sabbuthaires & Cîa-

culaires. # Des Davidites firtùdece

monfire David George. J Des Memnonites , Dstsles

C H A P I

J Des Aa'imarians <& au- tres ennemis de la Vierge Mère de Dieu.

2 De la race de la Vierge.

j Des Anttnû miens, Hoquins, Hatites } ty Invifibles,

4- Des Libertins.

s De l'horrible Se 8e des If-

C H A P I T / L'étoile tombée Un Ciel en

ÏApocalypfe. 2 Avant la venue de Luther

la f»j vniforme par to.it. S Qv* figmfie la fumée qui

4 Comment les Lutheries & Sac rame: aires fe déchire t.

y Les de/unis ne s'unijset que contre l'unité de l'Eglife.

6 C-Jtnp irai fin fur celle que Arettttsfjit despourecaut à notre Clergé,

R E XIV.

vent tout indiffèrent. 4 Des Intenmifies & Vbi*

quitaires. s Des Maiorifies, <f Des Ofimdriens. RE XV.

& Trinit aires. C Di Michel Servet Ej}a-

gnol

7 Dire d'Erafme, & àe et que les Trinit aires dtfsnt deluy.

[ <P Les Luthériens & Calvi- nisles s'entre-aceufint.

R E XVI.

frontez, & des Valent ins.

C Des nouveau* Flaccienst Manichees,& Samofatees.

7 Grande folie du peuple en- fîrcelé.

<P De Skuenfeld au t heur d'u- ne nouvelle hère fie.

9 Des Spirituels,

R E XVII.

a obfcurci le Soleil en l'air, •s* L'efcadron des Sauterelles. s N'ont pas de chef \nonplu4

que les Hérétiques. 6 OntunRojinvtfible. î CHA.

j7* Table des Chapitres du fecoad Livre.

C H A P I T

r Luther étonné de voir tant de nouveau* Docteurs for- tUd* fen échoie,

2 Chacun voulut forger une Secîeàfoncoin.

3 Les Bourgeois des villes *f- femblo'.ent la Conciles,

+ PUintcdes Cjaturtateurt

R E XVIII.

ptr l'entreprit desMagU ftr/tts populaires.

s Comwat Us premier* Lu- thériens arraifonnount les, Catholiques.

6 La. plu-pan des gens dt '£- gli/ejors pfu in;ltutts pour faire iêie £ tut d'ennemis»

ARGVMENT DV SE- cond Livre.

E Livre fécond comprend T coures les Sectes & Hereiles,

lefquelles comme à Tenvy & enfouie, fejetterent en Alemagne à la fuicte de Luther , no- tammét des Anabaptiftes. OulAu- theur écrit leur fource i touche la naiffance, la vie, & la mort des prin- cipaus Herefiarches, remarque^ en paflant réfute leurs erreurs.

r h i s-

X7*

LHISTOIRE

DE LA NAISSANCE,

PROGRES, ET DECADENCE

DE L HERES

LIVRE SECOND,

De l'origine des AnabaptLftes. Chapitre premier

tesfitchsa vinirm pourront croire t^nt d: ch.^Jt-s ètran- ggrqmfi/it contenues en et fécond livre.

V unité dt tr.glife , Ion de la ven-iéde Luther , drjifeo en divcrfesfriHiovs.

3 VOripm d?s Anabaptistes.

Comment km Apôtre Mure*

ce r s'établit.

S

Le Bac d: S/txa veut chaffsr Muter 9màk LutBir l em- pêche.

6

Les Miracles de Muncer , & defes difciples.

Mnocente pofterité qui te riras, de nos i. rolies,ou plutôt qui pleureras de nos mile- Lis ficelé* res, pourras- tu jamais croire ce que levé- avenir ne ritable tableau de l'Hereiie, que je vais ti- pourront rer au naturel , te reprefentera ? Croiras-tu 'croire tant qu'un ieulïiccicair peu porter tât démon- dt chofes ftres? un feul moine produire tant d'Apoftats?Qne le puis étranges de labyme fe foit ouvert au (on de fa trompecte,d'où font qui font yfliis tant d'écrits enragez, qui ont jette àtourdebras contenues parmy la Chrétienté les ru fées de leurs combuftions.'Cétc en ce fecii tourbe infinie m'étonne & méfait tober lepinceaude la livre. *iain,côtrainc d'imiter le peintre, lequel aiât à pourcrairc

un grand

i7i De la Naissan.ce de l'Hérésie, un grand nombre d'hommes, ou une armée entière, fe concerne de reprefenter a la ce le gênerai, & les princi- paux d'icelle exactement & a clair, avec toutes les parties de leurs armes, timbres & enfeignes , fa.ns qu il y manque ny boucle ny ardillon, fait voir au refte le gros , & les (im- pies foldats en foute; de ceruy- cy la tête , de cet autre le pié, &de tous enfemble quelque chofe a travers l'obîcuc de fes ombrages. Ainfi tireray-je les principmx decéte armée Hérétique, qui ont marché Tous Luther leur gêne- rai, avec une diligence curieufe, Se un foin tres-exacr; voire fans obmettre chofe aucune de leur équipage, laif- CotnbH' fane de tous les autres moins connus , quelque pièce, ratfon Poar 1" ^aire reconnoîcre. Mais comme un Capitaine ' bien expérimente , découvrant du haut de quelque terre. Je camp ennemy logé ou rangé en bataille , dani la plai- ne,remarque la contenance, l'intention, Se refolucion de çeus des premiers rangs , & de ceux-d- la queue encore» Au/ft le Lecteur bien entendu, considérant céce armée des ennemis de l'Eglile , jugera non feulement quels furenc ceux qui font a Ta tête d'icelle mais aufîi des autres j uf- ques aux dernières Hles.Orje les represéteray la pHus-partr enfouie, pour n'avoir peu , panny la Confufion decéte canaille,deteftee de leur propre chef , tenir aucun rang, ny garder aucun ordre. H: ! quipourroit tirer des traies certains parmy tant de variables direriîtezque l'Hère -fie féconde a produit.

Comm: on voit deux e/feins de br titans moucherons, Se trouvant front à front bromller leurs efeadrons: Jgni va, qui vient, qui tourne, unefîjjl.int* nue Voltige fur nos chefs. De me'me verrez-rous à la fuitte de ce livre,mille efprits bifarres fe heurter,fe choquei,aller ça & la vagabondant, fans route certaine & aifeuree. Commençons doue. W.Vumtê Au tems que toutes ces confufions commencèrent à de t'Eglïfe naître en Alemagne, qui furent environ l'an 1510. (Car lors de U Luther demeura trois as a chercher maître, toute la chre- venue de tienté unie & jointe en une même foy & religion , nere- Lutbsrdi- connoiflant qu'un Dieu, obet'noit à fou Vicaire, reveroic vifee en fes ordonnances, n'avoit qu'uneame,une vois & une lan- diverfes gue : Toutrepofoit fouslafage conduite & gouverae- f*dîam. nient d'un même chef. Ce n'étoic qu'une même Eglife. a.

bon

I I V X E I I. I7J

bon droit nommée Catholique , comme celle qui en fon Vniverfalité , embraiïbit toute la Chrétienté des flecles prefens & pallez. Mais dés-lots que Luther eut divile cc- teunirëindivifible , fa divifîon le fubdivifaenplufieurs autre<,dontrautheurfe trouva luy-méme(i étonné, qu'- il fe voulut même en devoit d'appoi ter le remède , pour rejoindte ce.qu'il avoit defuny. Mais il vit bien qu'il pei- doit ttms.C'ri £'«»4 (tv> àiCoit-ily** ne fer&t )*mii une fou- Luth.lib* iht *u diable,qutl nenenvre rf/#.Chacun fe mit dés-lots fur dedn*~ les rangs: L'un crie voicy le C h R i s t, l'autre au contrai- b*ft» re,non le voicy chez moy,il eft icy,il eft 5chacun dit être guide, voire envoie de Dieu: comme filaiTIitance du faint MMth.jf, E s prit eûtétepremife infailliblement à un chacun à part , & en fon patticulier , auiîi bien qu'au gênerai du cok de l'Eglife. 11 fut loiiible à un chacun d'écrire &par- let de Dieu comme bon luy fembla,fans refpect de la cré- ance ancienne.- Qui ores contre un article de^oy , qui contre un autre:Celuy- en veut à la doctrine , celuy cj aux mceuri,& tous enfemble demandent les nouveautez, ' & ne lçavcnt qu'ils font. Iamais la confufion ne fut fi. grande parmy les bâtilleurs de la tour de Babel , qu'entre tes Evange liftes nouveaux , en rien autre choie d'acord, que pour ruiner le chef de l'Eglife. Ce fut en fin une aca- démie de diables multipliez à foifô:Aulii l'avoit en divers lieuxprédit la fainte Parole, quand elle dit : Plu/ieurs vie- ïkil*p*$* dront,plufieurs t'ele veronK ily en aura plufieun : Cardez veut caP' 7' desftux frofttet. Et tout ainfi que la lecre de Simon, chef Pet ' Tm & père de tous les hérétiques , lue divifee en Menandri- c*i>*°* ens,Bafilidiens,&Saturniens,dit Irenée:CelledeMarci- onenLucinniftcs , Capeleens , &Saveriens. Cellede Montanusen Pupeliens, Artotirites, & Frigiaftes:celle d'Arrius en Achaciens , Macédoniens , &Eunomiens, écrit Ruffrn. Ainfi celle de Luther fut tripartie en trois grofTes branches & principales , à fçavoir les Ana- baptiftes , les Sactamentaires, & les ConfeiTîoniltes: Desquelles il faut que je traitte particulièrement : Et ces trois îcy , en infinis autres , comme les chapitres fuivans , non fans grand' merveille, vous feront voir. Trois fectes qu'on peut aparicr aux trois autres qui lo[ep.l&. éiviferent l'unité des Iuifs. LesFarifiens les Saduceens, 2. cap. 7 Je & Eiicens. Les premiers qui difoient tout dépendre folllud**

4'uoç

ni.

Vtrigmt des AnA-

XfthhafAr hub:netr.

ftfjjfo

iyulé.

ftjWfi.

174 Ce la Naissance di'l'Hirjsii. d'une inévitable neceiTî , rien du libéral arbitre, re- portent a fes Confefîioniftes Luthériens, qui tiennent cé- te opinion comme fondamentale, dit Ilîiricus rlesfecôds aux Sacramentaires, & les derniers aux Anabaptiftcs, qui ont, comme on peut remarquer dans Iofefe , leur créance voi/inc ce celle des Lfïeens. Commençons donc parles Anabaptiftes.

Ceux qui dans leurs écrits ont touché la vie Se les moeurs des hérétiques de ce fîecle, &àvraidire,bien feu- venravec beaucoup d'incuriof té, refont pas d'accord, cm fut le premier forgeron de céte maudite &infernalle fecle. Car le Cardinal Kofus , l'honneur de la Pologne, Ekius cvLir.candifcnt que ce fut un nommé Balthafar Kubincer Pacimcntain , lequel apprit céte première do* ctrine de Luther, ainil que vous verrez cy après: Celuy-cy ayant quitté l'ancier.neEglife , pour fuivre la nouvelle, comme il la nouvelle ce Luther eût déjà trop vieilly , en inventa une autre.

Bien tant que la xcuvettitéj ft 'et dt% hemmes effecié. Il laiiTa les Luthériens, pour mettre fur les Widerteïift fers,ainfiappelentles Alemans les AnabaptiiTes, parce qu'ils rebaptifent ceux qui ont été baptifes devr-nt l'aagc de diferetion. Ce Baithafar publia quelques écrits , pour la de rien ce de (gu hercf:e, & qu oy que l'an ïs 16. il eut ab- juré (on erreur en la ville de Zurich, il fut constitué priioniîier, toutefois , peu après retourné à fen vomiiTe- ! r.ifnt, il aiia planter i'Anabaptifme en la Moracie &rce ' fut la qu'il îe fêçlia deionfang,car il fur L>iûié:c'étie pre- i mier deieurs tres-faints Martyrs, Eulenger en fen livre : cotre ks Auabaptiftes.dit que Nicolas Storkfnt iautheur de ieurfecte , Me'rncthon le même, quoy qu'ailleurs, comme feit aaffi Lrclmus Alberus:il en aceufe Carlcfiad; ccAn:oir.e Corvin,Zuingle. Toutefois tous les parnians ce cetuy-cy & de Luther ., peur décharger leurs maitres, : chargez tous deux de cerc infamie . comme jernontreray cy après, renvoient cet treuf a Thomas Muncer, Prêtre reniéjdifcip'ede Caricftad,hcmmemaudit du C:ei,& in- forti : a la terre , qui ;e premier cômença de faire ruiiie- . 1er le fafcgpar lAkmcgne, après avoir leu le livre delà Li- berté Evagelicjue de Luther,- &celuy de fa Captivité. C'éc

iuy»

1 I Y R S 1 1. *?|

îuy qu'on fait marcher ccinire le Capitaine, plus appâ- tant des Anabaptifres,auirémeterr.s que Luther fe rendit le chefdesE^rj cliques. Aufli ditSIeidan, qu'en hayne dc!accclpredeLuther,parîiy i:u ccmencementreceuë, il publia ia lui: ne, pour acqueiir leglorieuxnem d'Evan- ge : ifte. Et neav moins tous ceux que j'ayveu, qui ont écrit & Jr. vie & la mort de cet homme, comme Iindan.Melan- clhon, Hortenfus , & autres parmy les articles de la do- mine Muncerienne, ne mettent pas leicnouvellement du Baptême, qui eft le fondement de iAnabapriime,& ne ,

fe trouve qu'il ait rebaptifé ceux qui avoient été baptifez £'*•** en l'Eglife Catholique. Il eft bien certain quecefutluy te*tk.t\ qui jetta le premier plan delà doctrine qu'ils ont depuis fuivi en quelques lieus. Et comme la fecte Luthérienne pritfafcurceenSase, suffi fit l'Anabaptifme, ditBucer. , Cet IàcùStorkmaître&precepteurdeMunccr, fitfon " apienniTage: c'étauiîi la même ce dernier commença de dogrranfer.étant remarquablc,que lepremier lieu Muncer monta jamais enchaire , hit en la villed'Alftat en Saxe, fur les marches deTuringc, Luther avoit compofé Ces premiers livres , & fa Captivité de Eabylone, lieu qu'il appeloit fonPathmos, comme j'ay dit: Voicy comme MeiâcthonparledeceprecepteurdeMuncerrray , t

veu Nicolas Stoik qui le premier aiemé Ievenirn de cétc ^e ^**f~ tilainefede Anabaptiftepaimy l'AiemagnejOÙilacaufé S**r*. „degrans troubles. Cétuy-cy faifbit entendre que Dieu 3Jpar fongesluy reveloitee qu'il defiroit, fçavoir,qu'urt ,3Ange cemmuniquoit avec luy,que les cleus fous fa con- ,,duute dévoient comander à la terre, qu'il falloir purger lEg!iie,femocquou des Sacremens:jufqucs aujourd'hur ce malheureux vague^court, & feduit le peuple. Il fut co- adj utcur de Muncer 3 comme Sergie de Mahcmmet. Ce mauvais homme, écrit Maubius , faifoit acroire que Ga- Matthu* bricirArchaogccômuniquoitavcclujr, &rluy avoitdon- ** ■** la charge etc reformer l'Eglife , &impofer les mains. Enfin ce rmferablc, ticp heureux encores,mourut a fhok pitalde Munftre.

Dis-loks que ce nouveau Apôrtre Muncer parut au it. monde, il anô ça au peuple en ies prêches & paries écrits, Ccn.aent qu'il c'toitinipué de Dieu peur abolir la ievere religion leur A-« «u Pape, & la libertine fecte de Luther : crie d'une m t me ; kr%

bouche»

iC6 Ds la Naissance de i/HeiÉe sie, bouche, & contre i'un & contre l'autre, accufeceluy-U ^umer d'avoir avec trop de cruauté tenu à lagénela confeiencé setablti. aes Chrétiens , &cetuy de les avoir trop relâchez: Voy SUidà JgiSiU trouvé le milieu

kb' J- Ent re le trop & le feu.

Qu'il ne falloir faire non plus de conte des conftituti- ons Papales, que des ordonnances Luthériennes: & ce pendant avec une apparence de fainteté, detefte les vices, voire les plus petits & légers , exhorte les peuples à jeu- nes, prières 6c aufteritez, pourmacererlachair-queLu- M&mnolL ther, difcit-il,avoit mis ennuie à l'engrais : La doctrine de "je? a de Luther, écrit fen Apôtre Memno , le grand Docteur Gbr.fi. des Anabaptiftes, charnelle & diiToîte, ajcttécepeuple T. de fJe charnel & difîolu. en une impiété n grande. cjueparmy les luîkïr.fjp Turcs & Tartares,ilnefe trouve rien de I impie &bru- :rn- tal.Leur Muncerpourpiper le monde, faifoit parade d'u- jm riemerveilleufe /implicite £;authorité, non feulement en T.f Bcâ. fes prêches: mais encer en fon port en fes habits & en fa noria, façon de vivre -y fouvent il feignoit entrer en méditation, comme s'il eût été ravy enextafe, au réveil de laquelle il contoit merveilles de fes virions, que fon efpritveiilanr fous le voiîedecefommeils'étoitfantafliquées, comme jt~ m s'il venoit déparier avec Dieu. Son oraiicn & ce fes difei-

r i- pies, étoit'ences termes élevant les yeuxauCiel. Fœter, 6i ai en Ae * _ , r j /?. ~* j

-, mfundeantmû mto torrtetum ae.iderium tufittuttu: £)uod

Jv*M>iCfr. *■ ■■ ; ' ht' 3 i r r=" -

,, nin fec£rv':it, îuo/aze ^tol:oiC:iiauntim on ne s acneçA<.o. Y oi-

Jdunterm ,J,J . ., . J \ - t>-

j Yy. la lamelle prière de ces gens , qui en priant renient Dieu,

teh ft a ScfaifanidcfcendreleiaintEspRiT, &abufentlemon-

/et s de. Ainfï ont faitplufieurs aurres,o>; avant, & après luy. Le

Sa '■ ta. Peuple dePiorenccn'ccpasbéte, dit Machiavel y> auquel

., ' toutefois frère Hierônie Savoranolle fit bien àcroire

ilparloitaDiecr : lenclçaysil ttoit vrayounon-

„Auflj ne veudroy-je p ai 1er d'un tel honme qu'avec

,. honneur -} bien diray-je quedixmillepeifonnes le croi-

;,ent,fans qu'ils en enflent veu tant de merveilles , quJils

}}en ••refumer jufoues la. Sa vie feule, fa do-

jjàrinc, la chaire deventé cùil étoit , lesmettoiten cé-

,,re opinion. A céte cauic nul ne doit dde'perer, dit-il,

tidc : re tout ce quia été pofhble aux autres.

,,Bei.c ieçonpour ces petits Mcyfes favoris du Ciel, qui

„caquetcnt ainfi raceai^ce, avec ceiuy qui les a créez.

Ain*

LlT.Hi II 177

Ainfî a fait ce rêveur Muncer , amufé toujours après fes fon.ges&coloques fecretsavec Dieu. Mais il vit bien, que pour s'établir il ctoit neceffaire jettetautre chofe,& autres fondemer.s, que fur les vifions: Et comme ces cap- tatcurs duventpopulaire , s'etoient jadismis en crédit a\ec le vulgaire & la lie du peuple, maintenant par la loy Agrarie , tantôt par la communauté générale de tous biens:le me'me fit Muncer: Nous fommes frères, difoit-^ il, enfans d'Adam , iln'étpàsraifonnablc que les uns pé- riment de faim tandis queles autres regorgent denchef- N fes &ccmmoditez , les Apôtres n'avoient rien de pro- pre , tout étoit en commun : Céteficnnc ordonnance grrfïît infiniment Cts troupes , & caufa d'étranges re- muemens, {éditions & guerres , que Sleidan & autres ont écrit'.

Le Duc de Saxe ayant eu nouvelles de ce nouveau v. tt Dut Profete, ne du foir au matin en fes terres, en parle à Lu- deàaxe iherquileeonfeille le laiifer faire. Ce Prince.dit Sîeidan, vtutthaf- enduroit Muncer prêcher en fes pais, à la requête de Lu- ferMuceti ther: car comme le lafcifGordianprenoitplaifir d'entrer m*ùLu- dans^le bain avec des garces belles & laides , pour en ce th*t ïtm- iriciange parla conférence des deux contraires qui s'en- p*cht. tre-donnoient luftre par le voifinage, rendre l'cbj e et défi- lé plus agréable : DemémeLutberpar la comparaifon de ces hideusmonftres,quinaiiTcier.t tous les jours, pen- fant rendre fa religion pjiisplauiîble , nefedennoit pas grande peine de les ruiner. Mais quand il vit Muncer entrer en réputation &credir, luy enlever fa proye, crier autant contre luy , que contrelePape : Qu'unepar- tiedela Germanie courroit après. Ce fut lois qu'il mit Col Mtnf. Jamàin à la plume , dit que Muncer eft undiablein- r0[ JJ? carné, done avis ans habitans des villes, ou ces nouveaus Jc7 '• .. *

octeursprechoient, qu onleschailats ils ne preuvent Lui fcnjt leuïmiflion par miracles. Vous ferés fagement , dit-il 2{0\.Sy en fes lettres qu'il envoya au Sénat de Maiheufe,- de de- * mander à Muncer qui luy a donné la charge de prêcher, qui l'a appelle a cela: S'il dit que c'étDieu, qu'on luy cô- Luther fe mande de le preuver,& faire voir ce te fiéne vocation legi- condamne time par quelque miracle:s*i! ne le peut faire,quo le chaf luyrnéms* le: Car cela eft propre à Dieu, ce déclarer favolonté par *macles,toutefois & quantes qu'il veut que la façon ac- -

Ai ccutu-

i;S la Nâ'ISsanci di l'Herisih, ccûtumée & manière ordinaire (bit changée. Ce boa homme demande aus autres ce qu'il avoir refufe de don- ner luy- même. Mais Luther fçavoit bien que ce font les marques de la vraye & légitime Eglife, &non desfaufle* lih ?r ^bâtardes. Bnlingerp reliant les Anabaptiftcs fur lavo- ' ' '* cation de leurs Pafteurs, leurdemandoit aufîi des lignes *' t *~ extraordinaires, &Luthcrprcfcrit la Loy, qui doit clorre ** laboucheà tous ceux qui viennent prêcher une nouvelle

doctrine, faufaluy, qui comme un antre Mahommet, fc vantoit d'avoir ccprivilege du Ciel, d'être l'Elnabi fans porter des miracles. Quand quelqu'un, dit-il;fcprefcn- tera pour vous prêcher, demandez luy les lettres de fa l$tf. Ttm. million. S'il dit que Dieu l'envoie, qu'on luy demande Jf°l"t9*. font fes miracles : Gaflius, quia écrit plusieurs parti- cularitez remarquables des Anabaptifres au livre iropri- méà Baflc , l'an mil cinq cens quarante quatre, dit que comme on leur demandoir quelque miracle pour preuve de leur mi fïî on, & témoignage delà vérité de leur Do- ctrine, fuyvant l'avis de Luther: aucuns d'entre-cus fi- rent porter de nuit dans va Lacvoifmd'un gros Bourg u- n? grande quantité de poiffon, puis, comme en paffant, le peuple luy voit ces gens, qui licencient que Pénitence, Amendez vous , nous vous annonçons la venue de Miracle Christ. L'und'cntr'eusfejettant agenous*commcn- fuppefedes ce de faire la prière , afin que Dieu voulut départir de ces jixtbapti- biens a ce pauvre peuple affamé: Ce fait, commande stm. qu'on porte des retz & des filetz, puis fe jetrant avec fes

compagnons dans la mare , en retire une charge de poif- fon, qu'il diftribue aus aiîiltans , qui relièrent tous ravis decétemerveillc. Carjamaison n'avoir veu de poiiTcn dans ce Lac. Ce faus miracle fut bien tôt publié par tout comme véritable, & le poiiîon envoyé en divers lieus ; De iorte que plufieurs fimples & idiots fe jetterent à fou- le en la trouppe de ces nouveaux Apôttes , qu'ils appel- loyeiit hommes ce Dieu, gens tranfmiz d'cnhautpour lefaiut dumonde perdu. Amfi fit l'impofteur Mahom- met, car après avoir longuement etrive contre les Arra- bes, qui luy demandaient des Miracles, il fit enfouyraf- fez profond en terre , fur le haut d'une montagne plu- fieurs cruches de luit, & le peuple criant à la faim, après avoir invoque le nom de Dieu, pour tcfmoignage de la

vérité

Ktkomt.

L i v a. s il. 17*

Venté de fa doctrine, ilfîtcreufer laterre, & distribuer ceprcfent du Ciel : étonnant de merveille céte tourbe groîTiere par céte impofturc. Leur Docteur Mcmnon au livre qu'il mit en lumière du franc Arbitre , pour faire va- loir fa marchandife, affeuroit que plulieurs Luthériens fe moquant de fa Doctrine étoient mors fubitement: Ec dit qu'un nommé Vincent, quipréchoit contrel'Ana- baptifme, devint fur l'heure muet. Voila comme cetim- poiteur abufoit le monde. L'Evcque de Rurernond fait le récit d'une chofe bien étrange, à laquelle l'authorité de celuy qui l'a écrite donne crédit. II dit donc avoir veu des pauvres idiots , qui ne connoiiloicnt pas une lettre, MerveiU faits Anabaptiftcs, rendus en un moment capables de li- foule rufe re & expliquer les faintes lettres (merveillcufe foupleffe 'd^DiaUe. du Diable! & qu'avec la repentance, retournez a l'Eglifc Catholique, lafciences'évanouifToi:, non plus fçavans que lors qu'ils en étoient fortis.

33 1 ' a v o 1 s long tem ps penfé,dit-il, que s'étoient des «fables jufqucs à ce qu'en Herme!en,vn Catholique que »ieconnois, averty que fa femme étoit allée en i'aiTem- «blce des Anabaptiftcs, s'y achemina luy même. Y étant aaarrivé, la trouva écheveléeîifsnt La Kible, préteàrece- » voir le Baptême: L'ayant retirée de là, & iuy donnant faim livre à lire, elle confdla ne fçavoir pas feulement î» connoître les lettres. Pierre Tireus, en foji livre des De- moniacles, dit avoir faitli même épreuve, avant veu a Cologne l'an mil cinq cens foiiantc, vn ravaudeur de fouliers, &vn homme de VillagcÀnabaptifrcs, lirelaBi- ble,fans que l'un ny l'autre eut jamais été enfeigné. Sub- til & dangereux Maître qucSathan, qui donne la feience à «Voon conte. Retournons à noftre Munccr.

Tovs les Miracles qu'il fit pour preuve de fa million LesMir* font forgez fur le mefme coin de ceus que Luther fonpre- tks de micr Maître épandit depuis fur la Chrétienté. Miferabîcs Mu*e£r& Evageliques, dit Erafme,v-nfcu! d'entr'cusna eu lepou- àe/<a / voir de guérir par fes prières feulement m cheval boireus. c:f>Us. Leurs miracles sôr,feu,sâg tiicries,& carnages. Aviïï leur Dieu n'ét pas le Dieu de Tais", mais de dilfeulîon. Aihfi Et Mûcer qui pour toute preuve de fon envov, verfa àpianc xnams furies liens ilfutrcçeu , un monde de miferes & calamités, efquelles en iiu il fut enfeyciyiuy mêmes.

M * Car

Munctr frit.

Sa con- stance.

Tcm. i.

ccii.f.+<r.

\lc la Naissance de l'Herisié, Car ayant attendu en bataille rangée les princes armez contre luy, il fut deifait, & Tes troupes taillées en pièces. Ces pauvres gens, dit Sieidan, comme tranfportez d'en- tendement, nefe defFendoient , nymettoient enfuitte pour fefauver,sins chantoient une chanfon queMuncer leur avoir apris^pour invoquer le S. Espri t, attendant (mais en vain , cemmejadis les facrificateurs de Baal) ie iecours eu Ciel, qu'il leur avoit promis: M uncer échappé de lamélée fut pris dans la ville de Frsncufe, ou iis'étoit fauve. Interrogé par George Prince de Saxe, qui l'avoit cmeu d*abuferainfile mode par fes vaines profeties.I'aj fait,dit-il , ceacjuoyle Cieim'avoit appelé, C'étainii qu'ilfaut traiter ceus quineveulentrecevoir lapure do- ctrine ce l'Evangile. Cemauvaisgarnementfur les aprets de la mort, porta toujours un vifage & maintien deProfe- te:étant entre les main des bourreaus, il fe rioit des tours

l«9

faifoiér creoueter les os fur le banc de la

gêne. Et d'un courage fans peur,braYoit & lesluges, & la mort qu'il voyoit préparée. Arrivé au lieu dufuplice il fit le prêcheur, exhortant les Princes de lire diligemment la Bible,&entêdrela parole de Dieu. Cefurent fes derniers propos. Il y en a pourtant , qui ont dit qu'avec fa repeiv tanceilmourut Catholique. Et Pierre Rebeuftokcom- pagnonde tabîedeLuther, dit quefon Maître après la mort de Muncer,fu prières a Dieu pour luy. Des cendres de ce Muuccr , ce Ea!thafar.,&: NicclasStork , fortirent diverfes Secces d'Anabaptiftes, qu'on aveu depuis multi- rarmi lerr.ondc:Car après la mort de Muncer,ceus quicchapcrcr.r lefuplice, & autres éleuez dans l'échoie de Luther, donnèrent la dernière façon à leur Secte, telle qu'on ta voit aujourd'huy en plufieurs Provinces deja Chrétienté adjoutant à fes fonges de nouvelles rêveries. Peur embellir d'autant plus leur Religion , & porter . i.ofe nouvelle su monde, ils abolirent la forme ne^garqé en la Chrétienté jufques àleur fiecle, e le Chapitre iuyvant vous montrera, erigeantde nouvelles royautei pourla ctfFencc de leurs fglifeiiiou-

C O M-

Livre II.

1S1

GOMMENT LES ANABAPTISTES

«ONT SORTIS DES LvTHERIENS,

& le raport de leurs Sectes. Chapitre II.

Les Luthtriem ont engendré

les Andbaptiiies. z. Les premiers Ministres des

Antbaptifles.

h

Raport du Lmher anifim à

ÏAnabaptsfme. 4- Les Luthériens aceufint de ce

de [ordre Us dijcïples de

Zaimlt.

De îan Matthieu premier Profite du AnabaptijUs. 6.

Ds Ian Berold, dit Leindeny premier Roy d>.s A.?i*b~p- tisla.

7- .9*1 drfai;c,fji y~[fe,&foftfup- fht e & des jiens.

•Oyez dévoiez, combien d'écholes d'hereti- **!** £«- t*yf,ques Sathanadrelfé, depuis que vôtre mife- ^htrians &n rable Luther rompit l'unité dèFÈglifé, &ce ontenge*- fsv L .pendant fes difciples en leur première centu- drt n% A- nes'écriencrO malheureux & corompu fiede, auquel on **B*ptr- Yoit naître & lurnaître tant d'erreurs! Qui enefteaufe, ftes* Ç***< meflieurs les Luthériens? Frappez vous la poictrine, bag- *■ nez vos faces de larmes, prenez le fac &la cendre, déplo- rez la faute de vos peres:car ce font eux qui les ont engen- drez. Si vous ne les confiderez de prés, vous ne les cuide- rez pas reconnoitre , parce q u'ils onr vermillonnc la pâ- leur de leur hypocrifîe,dii fatig de leur cruauté. Ils fe font armésàcreu desfauces armes d'une autre religion. Mais hauflTés leur la vifîerc , vous verrez dans le vif de leurs fa- ces lefang,le feu dans leurs yeux,Taudace fur le front, en la bouche l'écume de leur rage. Tout céte canaille, qui forcenée &furicufe, court aux armes , efl fortiedechez vous. Ileftvray que comme le ruilfeau prend-un autre goût queceluydefa fource: Anfll ladocrrinejqu 'ilsonc derfenduè , a pris un autre biais que celuy que Luther premièrement luy donna. lien eft le principe. le neveus autre preuve que celle qui cft tirée de yos autneur> 8c

M ; a'em*

itz De la Naissanci de l'Herisib, n'emprunteray ce <]ue je diray , que de vôtre Sleidan, de Builingcr, Corvin,Gaftius,Henricus,Dorpius,Lamber- tuSjHortenfius : Car vous direz que Ofius,Lindan, Co- clée,StafiIe)Surius,Dupreau,& autres autheurs Catholi- ques, vous font fufpecls. il T.estre- Tous font d'accord qucl'an i53z.BernardRotman A- rriïcrs r»i- poftatclaîavoIt: étédifcipied'Oecolampe , envoie par le ni/lres des Landgrave pour anoncer lrEvangile de Luther en la baf Ar&batù- fc Germanie, fut requit parles habitans de Munftre, Ca- sîfifonù pitalede Weftfalie, de venir piocher en leur ville. Celtiy desLutbe fc\oya.nt fcul, appelle d'autres predicants à fon ayde, riais qui furent Herman Stapede, & Geoffroy Straben; Ceux

quifejoignircntaeux , prindrent des noms étranges & nouveaus, plus propres aux diables qu'aus humaines, cre- H/7? de aturcSjdifent les Luthériens, comme Kunperdebing, Tâ- Cœna fentchuller,Kneclinge,Ripenbruch,Reimeuskender,Re- derarer,T^skemmak:er,Schlacht,Schaficr,&autres,pour faire peur au monde. CeStapcde, quoy que Luthérien, a- voiteté inftruit en la Théologie par un nommé Henry Cotnba- Rolle, grand Anabaptifte, & qui pour la defFence de fa fe- ra/fo &e fournit en finie feu. Comme les Arondeles étrangères chafferent celles qui avoient bâti leur nid, & acquis corne droit de bourgeoilic en la galère Anronienne,& fe rendi- rent mairfelles de leur logette : Auilî ceus-cy nrét fi bien, qu'ils chafferent les Catholiques delà ville,oC s'en rendi- rent maîtres abfolus. Le peuple abufé aptes ces nouveaus Evangeliftes Luthériens , les faifoit prêcher dans les fa- Y çfcfâ les particulicres , quand les Catholiques leur fermoienc ïtb.io, *cs portcs des Egales. En ce même tes que Munftre & au- tres lieux circonvoifinsdevindrentLurheriés: unHoîan- dois nommélan Berold,lequel Sleidan appelé de Leiden L'a us j. (qui eft une ville révoltée , les Etats de Holande ont mis Vnrverfité) homme contemptible , mais qui fe rendit en fin redoutable a toute lÀlcmagnejy acourut fçachât la divifion qui ctôit entre le party Catholique & le Luthe- . lien, tous efpcrâce dépêcher en eau trouble :Celuy-làju- * er gea que s'il y avoit moyen de s'avancer, & faire fleurir opinion, ce feroit pendant l'agitation de tant de diverfes opinions. Ce Ian e'toit Anabapufte,hommc,dit Bulingcr. caut & r ufé,cloquen t,& de médiocre leçon: mais fur tout audacicus &hardy entrepreneur, encer que fon premier

métier.

Rotman

Livre Iî. i?$

métier fut d'être tailleur;s*étant d'abord renùuprivé des miaiftres Lutlieriens.il confère avec eux du Baptême des petits enfans, travaillant fi bien en cete conférence, que comme deCatholiques ils s'étoient faits Lucheriens,auf- de Luthériens ils devindrent Anabaptiftes , & furent caufe degrans& étranges rcmu'ëmens qui avindrenten la"WesfaYie,& Pays circonvoifins , mémement en la ville de Munftre, principal fiege de 1'A.nabaptifmc. Bulîinger qui appelle ce RotmanPrétre,devoit adjoûter renié, car r/lrere" tous font d'accord , que comme de l'Ivgiife Catholique, * * il fauta à laLutheriennc de même facilité duLuthera- nifme,ilpafTaà l'Anabaptifme: Ec voit-on encor l'hono- rable témoignage que Mckmcthon rend de luy en l'Epître qu'il iuy écrivit la Veille de Noël, l'an mil cinq cens tren- te-deus,le priât n'acabler fon efprit & la clarté de fon j u- gement fur ces.queitions miferables dzs Zuingliens , fi le Christ eft cloué & attaché au Ciel.Ce fut ce Rotman qui fit faccager & abatre les Eglifes dans Munftre: Toutes les chofes faintes & facrees furent polués & contaminées: car comme le diable eft toujours diable: Audi les Hjreti- W/?. de ques font toujours Hérétiques, &femblables entr'eux. Caena f&lf L'hiftoiredelaCœne Auguftanefait mention de ce Rot- *so* man,qui de Luthérien fe fit Sacrament2ire,puis Anabap- tifte. Cemal-heureus unjo.ur adminiftrant faCcencau peuple, prit une Hoftie devant tout le monde , & la. rom- pant s'écrie tout haut : le vous prie mes frère» , oùeftia chair & le fang qu'on dit?Puis la jettant à terrc;Si c étoic ^ôtmAn le cors deCHRiST, dit-il , ne fereleveroit-il pas fur r ,

l'Autel? p"**Ho.

N'envoyeroit-ilpasle feu du Ciel poui punir fon in- -, r jurer Ainfi argumentent encor au jourd'huy les Sacra- mentaire , Zuingliens, & Calviniftes. Mais cela ne doit afoiblir la créance des faints myfteres,ains faire d'autant plus admirer la patience du Créateur. C'étnicrla pre- royance de Dieu, comme fi a tous Cous il devoit roidir fon bras pour lancer fon foudre far ccus qui le blasfc- ment , ou faire entrebâiller la terrepour les engloutir. N.Ainfi,nioient les Payens l'Incarnation du Fils de Dieu, comme chofe meffeantes àfaMajefté de revêtir nôtre chair : Ainfi la mort &Pafîion, comme plcined'igno- rnjnie& infamie. Les injures que Ie sts -Christ

M 4* reçoit

i84 Di la Naissance de l'Hirisii, reçoit en l'Hoftic bleflee , ou foulée aus piez (injures pourtant qu'il a vengé en nos jours, commeil fit du tems Ottatl <T de S.Auguflin ;') C'eft fans aucun intérêt non feulement ChriToeù defadivinité,mais encorde fon cors , qui demeure im- i ndîmi mond&im?*ftible , n'y ayant que les accidents extéri- eurs, qui reçoivent & repentent les effets de la malice des hommes : Apres que ces bons Apôtres fous la conduitte de Rotman, avec leurs partifans , fe furent emparez de la ville , chaffé le refte des Catholiques & des Luthériens, tout le peuple fut contraint d^ ferebaptiTer , partiepar force, partie de bon gré, pour laxrainte des jugemens de Dieu, que ces prêcheurs jettoient fur leurs têtes : Ils cou- roient par la ville crians a gorge déploiéerFaites péniten- ce, amendez vous. Ces quatre Predicants donc inftituez « »m & hourris premièrement en l'échoie de Luthe^fereffou- uy dire à leur Maître , que les Sacremens

Vo Brins

des Ann-

ne fe peuvent recevoir fans foy , & qu'il avoir repris par fes écrits les "Waudois de ce qu ils baptifoient les petits enfans,fur la foy qu'ils apprehdroient parvenu en âge raifon, (carceus-tà fe trompent , qui accouplent les Waudois avec les Anabaptiftes: Dans leur Apologie ils déteftent cet erreur.) Difoit donc Luther aus Waudois. Qu'on failoit mieus de laifferles enfans fans baptême, que les Baptifer fans foy. Sur cétepropofîtion deLuther, écrivent Ofîus &Stafîlus, les Anabaptiftes jetterent leur fondemét.Ce qui efl caufe que Balthafir,dont j 'ay parlé cy defTus, lequel on fait premier autheur de l'Anabaptif- rne,fe glorifie d'avoir euLuther pour patron,& pour mai- tre,dont celuy-cy s'eft plaint au livre qu'il écrivit depuis entr'eus, proteftant n'avoir jamais reprouvé le baptême des enfans. Mais pourquoy cft-ce que l'Evéque Rofenfis & Coclec, avant que jamais Balthafar eût levé l'enfeigne des Anabaptiftes, mirent la mainà la plume contre_Lu- ther , pour montrer foiverreur fur le baptême des enfans, s'il n'eût trempé eh ecte Hcrcfie ? Et Lambertus Hor- tenfius qui a fait un livre de ces gens , quoi qu'il veuille venger Luther de l'injure qu'onluvfait , dit neau- moms , Le livre de Luther , qui fut mis en langue Alcmand de la Liberté Chrétienne , avoir été en partie caufe de ce defordre en la Chrétienté. Cet sjpourquoy Coclec écrivoit au Duc de Saxe : Si ju- gement

l i t r. i i r. i8f

«ftementon afaitbrulerBalrhafar.pourquoyhifTe Ion Co:Ueen •«vivre Luther, quiàété lcpremierautheur decé:e mil- fin Lntbt »hcureufe Secte? /ept.

Q_ve M on confîdere& l'une & l'autre de ces deusR?- nr. ligions, on verra qu'il yaplufïeurs pièces qutfe rappo:- "Rapportât rent. Les Anabapnftes vivent du labeur deleu: mains, li HUlippm toute vie oylivecft banniedeleuriocie:é : le Predicanr, Lktherie- de fa chaire entre en faboutique , ou touche la char- neàl'An* rue , comme jediray ciapres. La pirole de Dieu l'a b*pîtfm?. commandé, difent-ils, dans le Genefè : Enli fl, urdeta* Gia.ca.jm vifigt tu m ingéra* tonpxin. Ce fut l'une des premières ima- ginations de Luther & defon difciple Melancch.m, di- fant qu'il falloir chafler de la Republique tous les Arts lioeraus comme inuriles , & qui occupent en vain l'efprit des hommes , que le trahie de la feule agricultu- re, & autres chofes qui fervent a la nourriture de l'hom- me, dévoient être permifes : Qu'un chacun y devoir va- quer. Cela fut caufe, écrit Statue, quepluficursfe jette- rent au labourage , àlacharru'é, & agarder lebétai!; Melancthon mêmes fe mit apprentif chez un Boulan- ger , pour commencer à gagner fa vie. Et Carloftad yaf faire* ( ce furent les premiers dilciples de Luther) toucha la r r{ f ' / . charrue , portant du bois a vendre a WitemDerg. Lu;- ' atÂf ^ ther de retour de fonPathmos , les remit a leur premier a^u^, ^ train, commej'ayditenmonlivrepremier. Les Anabap- pt ^ 'Cc/l tiftes ne veulent autre livre que la Bible facree , tout */;J fut jette au ku a leur entrée. Fut-ce pas des prenne- cô.reC-\r^ res opinions de Luther , écrivant l'an 1510.1 Sa Noblef- fof.j fe d'Alemagne ? qu'il falloir bannir des Vnivedicez les Ariftotes , & Platons , &c. Et que le moind&e Po- y0.,stiph tier avoit plus de connoitfance des caufes naturelles, ^^G,r' qu'il n'en fçauroit apprendre dans ces livres. De for- siblio. tequeplufieurs jetterent tout au feu', excepté la feu- Vtrf.&li leBible: En elle feule, difoient-ils , tourelles feien- deiutb.* ces font cnclofes 3 Voire les Echolcs publiques furent ,n„.*v fermées, comme j ay dit ailleurs. Les Anabaptiites, écrie Galtius , méprifoien: les bonnes lettres & la FilofoHe. Cequ'on voit auffi dans Vadian àSulîinger. Les Ana- baptiites dépendent céte opinion par les écritures: Le même faifoir Luther , alléguant le paffageaus Coloi- fieas : £rtucz.g*rdi çmt nul m vous furpreuw far la Filofofie,

M $ &vxïns

lîé De la Naissance de l'Herisi e, <5» vfïmt dtcept ion. félon U tradition des hommes t félon les Lie- mens du monde.]? adage qu'il a corrompu en Ton Alernand, pour faire tomber l'Apôtre au feus oùil délire , com- me StanifiausRefcius écrit en Tes Athciimes : mais deus ans après il changea d'avis , ainh" qu'on voit au livre Ue fchol'4 infîiiuen. MelancVhon même s'étoir laiffé aller i céte fadaife (tant ilss'étoicnt furieufcment tranfpor- tez du vcnc de leurs premières opinions , & folement fe- duis duzcleinconiîdcrcdc leurs inventions. Il changea d'avis , comme il Te voit en fa déclamation DeUgtbtu* Ainfi les autres changèrent d'opinioD , &reconneurent leurfottife , n©n pas les Anabaptiftes , qui l*ont em- pruntée des premiers Luthériens : Plufîeurs toutefois qui iedifentPrcdicans de l'Evangile Luthérienne ,• font en- core coiffez de cétc opinion , comme écrivent Vadian & »>Gaftius. Cet âge.difent-ils, a fait voir plufîeurs pafteurs *>£vangeliques fort zelez.,lefquels portez d'un zèle indif- s>cret, fontencéteHercfie 3 qu'il ne faut aus Pafteurs, «jpourlc gouvernement du troupeau du Seigneu^autre ^écriture , ny livre de Filofofie, que la feule Ecriture fainte. L'Anabaptifte ne veut pas de Magiftrat chez luy, & a longuement difputc fa puiffance par l'Ecriture : De même en eft Luther : Tous fes livres De ïeculari Pote- Jlate , deCapt.BubyU 3 fes Epitres contre les mandemens de Charles , ne chantent autre chofe , ainfi que vous Terrez au commencement du livre fuivant. Les Anabap- tiftes ne veulent qu'on vienne aus armes, fut ce pas des premières opinions de Luther ? Non pas même contre le Turc , pour deffendre le nom de Iesvs-Christ, comme je diray en fon lieu. Zuigle empéchoi: il pas ceus de Zurich de j'alIierjComrac les autres cantons , avec la Couronne Gauloife ? Ainfi l'Anabaptiftc eft en plufîeurs articles de fa nouvelle créance , conforme avec leLu- therien. 1111. Corvin en fes Dialogues, difeourant for leur do-

LesLutht- clrine , dit qu'elle eft fortie de l'échoie de Zuingle , le- r'iés Atyi- quel au livre du baptême en la dixhuitiéme conclusion, fentdea foutient qu'il faut enfeigner les enfans pour les baptifer, defordrtles & remettre le baptême après qu'ils auroient attaint l'âge difipUsdf dediferction. Et félon le témoignage d'Ekius, ce même Zxinzlt. BaJthafar afTeuroit Zuingle être de foa opinion, qu'il

Livnî II. 187

rroit lettres delay portant céteconfe/Iïon. Et c'e't peut ctrel'occafîon pour laquelle un Anabaptifte , dansGa- *°y ^'Ut ftius,prefTe deifus Zuingle , comme s'il avoit changé "*"J1 , d'avis, luy reprochant d'avoir été des leurs. Bullingor en "V^ dt die le même, faifant le difeours en Ton premier livre con- Zl4l"&le' ire les Anabaptiftes, d'une difpute qu'il fur à Zurich en- tre Balrhafar , grandDoéleur de céte Secte, & les Mini- ères Evangeliftes.

les tables furent drefTees, les Bibles apportées, Ja difpute ouverte , amfta le Sénat, les Dépurez des Villes voifines, & une grande multirude de peuple. Les Anabaptiites demandoient qu'on filt venir Zuingle, & qu'ils feroyent bien tôt d'accord 3 toutes- fois arrive qu'il fut, un des Anabaptiites d'abordée, luy dit : le t'adjure, Zuingle, par le Dieu vivant, quetum'ayesà dire la vérité: Car il efperoit, dir Bullinger , arracher Ca* , cc'te confemon de fa bouche, que le bapcëme des pe- tits enfans étoit une invention du Diable. Zuingle s'ex- eufa de ce qu'on luy improperoit -, aum a-il écrit contre ceBalthafar,

Neaumoins les Anabaptiffes en leur Apologie s'ay- dent des authoritez & textes de Zuingle , demémeque a»de Luther , pour la defence de leurs opinions. Iecon- 35 fefle, dit Zuingle, que j'ay été en cet erreur , decroi- a^re que ce feroit mieus fait de différer le Baptême des sspetits enfans quandils feroienr parvenus en âge de dif- aacretion. Mais comme retournant à fon vomiifement, »ïil dit puis apres:Le baptême des petits cnfans,n'eft pas Tom.2.lïb «fi imporrant , que pour cela on doive exciter tant de d* B*ptif. 33 tragédies, l'Eglife le peut remettre ou ôrer, fi elle fekfj? ssjuge celancceftaireou profitable. N'eft-ce pa.s établir tout à fait l'Anabaptifmc ? peut- on appeller Calom- niateurs ceus qui difentLuther,& Zuingle, avoir les pre- miers remue cc're puante Camarine?

Apres que ces quatre Luthériens curent ainû établi l'Anabaptifme dans Munftre , & autres villes , crée un De j' Sénat à leur pofte,ilsappelIerent des autres Anabaptiîtes 2Aatt prt- écartez par la province , lefquels accourenr de divers mier pr#- ]icus. L'un d'entr'eus étant monté en chaire a Wormes, fete tl£S A- l'Elcéteur Palatin le menaça : Celuy-cy nommé Kan- nHl,alu(im tius,ditCQfonfefm#n d'une parole hardie ; Tu ne me

châtieras

i83 De la Naisîakci de l'Hirisiz, f&y Coche chafTcras point: le ne l'en Jureray pas ,' cen'eft toy qui mm. JS27. m'as envoie, je fuis ici de la parc de Dieu. Apcines'en lsnMxtt, peur l'Electeur faire accroire. Entreccus ciqui vindrent . Trofetedis' a Munftre,fut un nommé lan Matthieu d'Holande,Bou- An*bz$~ lang2r,premier entre leurs Profetes, lequel arrivent fou- tijies. dain publier cete ordonnance par le commandement de

Dieu,quc tous les livres , hormis la Bible, furtentmisa monceaus en la place publique, & le feudeflfous. Que tout l'or & l'argent fut apporté en lieu public , pour être diftribué également. On avoir beau cacher : Car par le moyen de deus DevinercfTes qu'il avoir , les plus fecrets cabinets étoient découverts. Celuy-ci mort: ( Car il s'alla jettercommeenragéfur les troupes de l'Evéque , quia- JmLiidM. voit cerné la ville de fes forces j l'an Leidan dont j'ay par- lé ci deiTus,l'un des mauvais garnemens de nôtre âge, fut appelé &éleu Profère en fa place. Ce nouveau venu étoiç Couturier, qui fe votant parvenu il deiîroir,fît publiée l'Edit de la pluralité des femmes, &pour convier les au- tres aie fuivre, en époufa trois, &y prit tel go ut, qu'il en T eut quatorze en même tems , dit Corvin. Il ne voulut ak ., ' ' focier en fa couche que des Vierges, & non celles qui par *? ".. le çravail de l'acouchement avoient perdu la primerainc

fleur de leur beauté. C'étoicun Etalon au milieu des ha- razbondiiTant de jument en jument: Et toutefois mar- tttth. in chant parla Ville, on eut dit qu'il pottoit la Chaftcté explicatiô- emprainte fur le front : Toute fa fuitte fut en peu de m Gène h tems une afTemblee de chiens, & verrats, afin que je patle tait m. comme Salvian, plutôt que d'hommes , qui le veautrant

an U2T. dans les troupes des putains, covoitoient autant de fem- mes,que la lubricité leur en reprefcntoir.Chacun enpritj qui trois, q li quatre; Et cependant on eût die a Yoir mar- cher ces belles Daines, mémementles femmes du Profe- te,qu elles étoiét moulées fur la même pudicité. Ce Pro- fete qui avoit puifé la plu-part de fa doctrine dans les œu- vres de Luther,avoitleu comme ce bon hommedifputeà „plainfôdcétequeftion, afçavoir s'il eftloifible a Abra- ,,ham, d'avoir plufieurs femmes. Apres s'être, étendu deflus: le ne voudrois, dit-il , introduire céte coutume; je ne la puis aufîî reprouver, Yeu l'exemple que nous avons ëesvieus Pères.

Comme l'antiquité Payenne a creu.quc Iupiteren-

vor;

L I T R I î L Iff

voyafa foudre es liens les plus cachez des forêts, qui pouvoient être contaminez de luxure : Auili bien tôtlc yray Dieu punit ces publiques débauches, les couvrit de foulfre, de poudre, & de tonnerres. Ce bouc infâme fai- foitpaiïerpar le couteau, ceusejui s'oppofoient à ce qui luy étoit révélé de Dieu , comme il difoit , Et comme ce- luy qui pour repoufTer la haine du genre humain, furies cpaulesdelaMajeftë divine, fe failbit nommer le fléau de Dieu. Aufïï celuy-cy fe difoit , l'exécuteur & le meiîa- gerdeDieu.

De Profetcilfeflt élireRoy , prit IcDiadefme à trois ^ étages, fît dreiler fon thrône couvert d'or , établie fa &e 1* Be- Cour&fes Princes, qu'il fit habiller de drap d'or & d'ar- re>lddtt gent pillez & volez dans les Eglifes. Quant il marchoit ^eiàenfre par la Ville, c'étoit avec une feverité Catonienne au fnter Roy front, qui promertoit toute l'intégrité du monde. Vn ^es ^na- Page monte achevai portoit au devant de luy la Bible bfptifi** couverte de lames d'or, & un autre l'efpee. Tout le mon- V r* Icn de, ditCorvin, à peine de la vie 3 écoit contraint fepro- iuPf"ce fterncr& jettera fespiez. Il portoit une pomme d'or en Lefor- famain, étoiem grauezfes mots. Roy de ly s- ira^^e tice svr la terre, gardant cependant toute tel- ***** ^°T lcMajeftc, commcfi dés fon enfance il eut été innruit à "es S.na- faire le Rcy. I'ay fon portrait tiré d'une bonne main en ^^P^Pes huille, ayant la couronne fur la tête, & une greffe chaî- &def* ne d'or au col, eft pendu un globe outre-perce àefimme' deus efpees, qui luy tombe fur la poitrine^LaReyne An- ne Deltonce très-belle, & première defes femmes, eft à fon côte , couverte d'un manteau fourré d'Ermine, agrafre d'une groiîe boucle, il y a une platine d'or, avec le monde audefius', auili outre-percé de deus glai- ves. Comme les Cefars entre les Romains, les Rois en- tre les Afîyricns , le Cherif parmy les Affricains, a- voyent joint la Majefté Royale avec le fouverain Pon- tificat : Au'fli ce nouveau Roy : car quand il\:clebroit la Corne, il faiieit le Prêtre, dennou le pain auxaiTi- VoyTotn', ftansala fin du foupper, & la Reyne fa femme fervant 2- Vliiëk de Diacre diftribuoit Ja couppe. prononçant les paroles fol +22* àlaiaeoii des Sacramentaiies: Prene7, mangez, annon- Hisl.de cez la mort du Seigneur, il fitmettre tous les cemmu- Cœna fei niansatable. 2Jfft

Ainft

ï$o Di la Naissance si l'Herisis

( Ainfi font les Flamcns & Ecoifîbis) & diftribua le paiii à plus de quatre mille perfonnes lors qu'il fit fa Ccenc pendant le liège. Le diable qui conduifoit ces gens, ( écri- vit Luther,parlant de ce bâtelage) étoit niays & lourdaut, Ditbig ce n'é toit pas quelque diable vieus routier, mais quelque majs. petit grimaut : Ou fi c'etoit quelqu'un qui fût habile, Dieu l'avoit lié & bridé , tellement qu'il ne pouvoit exé- cuter fes defTeins. Celuy qui le vint trouver à Alftad, étoit maître paiTé.

Ce nouveau Profetele jour de faCœne coupa la tête à un foldat qu'il appela fon Iudas : En cétc cérémonie, il avoir la couronne en la tcte,vétu d'une robe de drap d'or, fes doits chargez d'anneaus precieas. On peut voir la pompedeceprctrc-Roy, adminiftrant fa Ccene, dans les T yy œuvres dcLuther.CeRoyfitimprimer&pubîicrpar tout fes livres delà reftitution du Royaume de Christ,& des myftercs de l'Ecriture. Pour étendre fa doctrine il en- * *a 4L vo7a vint-huit difciples des fiens, porter d'une main le fa- ^ jJui lut au monde, & la malédiction de l'autre, comme fit ja- ei ." dis la fabulcufe Pandore. Apres avoir un foirfouppé avec eus, il diftribua les lieus il les avoitdcftinez, donnai chacun fon quartier, &uncpieccd'or, avec charge de la laiffer aus Villes qui ne voudroyent recevoirfon Evan- gile , en figne de malédiction. A leur arrivée , ces gens d'une vois horrible, crioienr leur Thvht-Bvht, comme meflagers de Dieu & fon Profetc , Roy de la nou- velle Hierufalem, envoyez pour leur interpréter l'Evan- oile, non jamais entendue jufqucs à eus, &lesrebapti- zer, qu'autrement la porte du Ciel leur étoit clofe. Que comme le Pape par plufieurs ficelés les avoit abufez : Aufli Luther au lieu de rabiller tout, avoit tout gâté. L'un d'entr'eus (voyez quelle folie.') appelle Kimper- Kimper- doiing , ne fouflant qu'haleineesde fapience, poufloit dohnf, f°n haleine dans la bouche de ceus qu'il rencontroit, di- fant , Reçoy li Saint Esprit. Ainfi faifoit un lib.i.eap. vieus Hérétique nommé Marc, dit Irenee. Laplu-part de ^cs Difciples s'expoferent au fupplicepour le foûtien de leurs folies, & n'en retourna qu'un devers leur pro- Kouveaia fête. Il en envoya depuis en Hollande d'autres : Afça- 4p6treide voir laques Campefius , & Ian Mathias , qui fervirent Laden. beaucoup a avancer rAnabaptifniCjlequel a jette de pro- fondes

Livre IL iji

fondes racines en ces lieus-là , comme il fît auflî Ian Gal- leus en Frifc. Par tout ils excitèrent plufîeurs troubles & fcditions, mêmes en la ville d'AmIterdam,qui eft en Ho- îande, trois de ces Eyangeliftes, comme ravis du Saint Elprit, coururent les rues, criant le premier : La Cite nouvelle eft des enfans de Dieu: Le fécond, Amendez- vous,faites pénitence. Et le troifiéme , Malheur fur tous ks méçhans. le ne veus fuivre tout ce qui avint durant le règne de ce nouveau Roy, premier & dernier de fa race. Henry d'Orpius & Lambert Hortenfius,en ont écrit i'hi- floire, & après eus Sleidan.

Or les Princes pour atterrer céte nouvelle Royauté, vr. fe liguent avec l'Evéquc Prince fouverain dcMunitre,& S* dtfà- l*afuegcnt.Aj>rés avoir foufFert de mêmes extremitez que te,f*prife9 firent les Iuifs en Hierufalem, mangé leurs propres en- &fin j*- fans, dit Corvin , ce grand Profetc & Roy fut pris & traî- pUce &fa ca ptif en divers Iicus , non tant pour prolonger fa vie fans. que pour prolonger le fentiment de la mort cruelle qui Fattendoit, &fervird,e'pouvantemcnrausAnabaptiitcs ûs fujets.

Pendant fa prifon , les Predicants duLantgravc entrè- rent en difpute avec luy du Royaume de C h r i s t , com- me Sleidan raconte, du Magiftrat, de la Iuitification, du Baptême, delà Corne, de l'Incarnation, du Mariage, &lc forcèrent d'accorder plufîeurs points. Toutefois comme l'Evéquc le preffa de déclarer qui l'avoit établi Roy, il fit reponce que fon élection venoit du Ciel. Auflî écrit Corvin, au difeours qu'il a fait à George Spala- nn , il raconte ce qui fe paffa en la procédure de ce Roy Anabaptifte , qu'étant enquis fur le point de fa Roy- .auté, faréponfefut , qu'il avoit été élevé à telle digni- té par fe vouloir de Dieu ; révélé à un ficn Profetc : Ce- luy-la qui fut toujours prefent en la difpute , neditpas comme Sleidan, qu'il recor.neutfon erreur. Au contrai- re :Eon Dieu, dit-il, quelle folie cet homme nous ia- «contadu Royaume corporel de Christ, furquoyii »amenoit quelque paflage de l'Apocalypfe .' Avec quelle »cbitinationperfevcra-iien fon erreur du Baptémedes petits enfans, inftitu c à fon dire, par le Pape-Il ne fut pof- tible le tirer de : Car comme l'opiniâtreté eft le dernier retranchement «icsig^aïas^ il protefta qu'il meun oit

♦plutôç

î9t Di la Naissakci si l'Herisie, plutôt de cent mille morts , que de Te retrader fur et point. Ccmme on vint à parler de la Cœne,il confeffa à la venté qu'il avoit fuivi au commencement l'opinion de Zuingie,mais que depuis il luy futrevelédu Ciefcellcde C<riff? ,, Luther être lameilleure. Toutefois je ne puis croire, di- re rtm à „icit-il,qtelucasaitreçeu & mage le cois de C hri s t, ImàcBrint •<>& eue k m «.chant le reçoive. Et comme en leprefoitlà de Cfilzrn cieiTus, pour lui montrer que laverité du Sacrement , têftiteHef- déper.coit pas de nôtre mérite, mais des paroles de Ie- JtJJîM ta. sv s-C hri st:I1 nefçeut querépondre,fiCcn'eft:Corn- ijj, me il vous eftloiiîble de croire ce que vous voudrez, en-

durez que j'en facelemtme, chacun abonde en fen fens: 1 r.ccoide que le cois de C haist ycft, mais jenecroy pas queJ'incredule le reçoive, il n'y elt quepourle f dele. Pour le regard de l'humanité de Iesv s-C hrist, il - fcutintqu'ilétoitnéde fa Vierge,, ccmme le Soleilpafle su travers du verre. Eticvoyant preiféparlespaiïages de l'Ecriture, il replique:Les Luthériens font bien aveuglez, ils ne peuvent cegnoître leur avantage fur cepoint. Car s'ils vouloientfuivremonavis,en un moment tous les ar- gumens de ce Zuingîe , pour la difpute de la Cœne, s'en iioientcn fun.ee. Peur la pluralité des femmes, il confef. fa qu'à laverité c'étoit chofe nouvelle: Mais puis que Dieanel'avoit imputé à péché aus Pères de l'ancienne Loy. qu'il ne l'imputeroit pas aus Eleus , & n'en pouvoir être cfrenfc : Toutefois fi le Magiïtrat le defFendoit, qu'il falJoit obéir : Car il ccnfefToit avoir erré de révoquer en coure lapuiiTance du M agi lirai ordonné de Dieu, foit-il bon, foit-il méchant : Et ce fut en ce feul point qu'il fc retrael a, & au point de laiultification,confeifant avec les lih.j.fd. Luthériens, eue c'efr la feule Foy qui nous ju&ifïe. Car **.#, conmie on veit en la difpute d'Oecolampade, raportee

par Gafcius, leur créance étoit , qu'il ne falloit pas tout attribuera C hri s t, niàlaFoy: Mais laiffer quelque chofe pour les œuvres cuoy que les Papilles, difoit-il,ba- dment fur la diiTtrence qu'ils y font.

Ses deus compagnons, comme plus ignorants , furent encores plus opiniâtres, car ils furent

VrM en Uur tréféU, atjfi bien qu'en leur crime. Ce'Rc- des î-e jour du fuplice comme on lui offrit un Prêtre peui| ybMbi . Lifer Tes péchez; le ne refuferai pas , dit-il, la conie-j

reace i

L ï V R I II. I9j

renée avec un homme de*fçavoir : Et fur ce demanda un nommé îanSibery,fec:eraire du Prince, duquel dit Cor- Mes fut vin, nous fçeûmes l'enragée opiniâtreté & perfeverance exécuté en enfes erreurs, mêmes du baptême, & de l'humanité de ïanvrer Christ. Kimperdoling,ny fon compagnon, deuspen- JJjf. darts dignes de mille fu plie es, d'un aveuglement obltiné refuferenteeus qui s'offrirent de les exhorter à lamcyrr, ils allèrent neaumoins comme àunfeitin, feglonfi- ans avec une merveilîeufe confiance, ouambitieufeopi- r^a**,,* rr.atrete, parmi les cruelles pinces des tenailles rouge- ar- eni^m0T[ dentés c\q$ bourreaus ( car ils furent tous trois déchirez à loppinsjde ce qu'ils mouroient pour l'amour de Christ: Mais je fai trop d'honneur a ces* inéchans, de leur don- ner le nom de conitans. LeRoy fur tous ne changea ja- mais de face,en la face delà mort:Sa ruine ne ruina pour- tanrfafecte: Car elle s'étoit ja-épandue ailleurs. Rot- r . man fur le defefpoir des affaires de la ville, s'étoit d'un ~ye*P9tf courage defefperé . jette feul l'épeeen la main dans les ' ^oimm, troupes des ennemis , s'abandonnant a une mort certai- ne, où il fut outre-percé depluffeurs cous, ne fe ibuciant de recevoir la mort de la main de ceus,en la puiiîancc des- quels il ne vouloit tomber en vie:Inrînis autres ça & la fu- rent hachez en pièces , jettez en l'eau, ou brûlez, laiiîanc en leur fupplice plufieurs étonnez , pour ne pouvoir croi- re, que ceus qui fe prefentoient fi volontairement à la mort,pour défendre leur foyjfuffent coupables de crimes fi énormes, dont on les chargeoit. Luther fçachant la ro- tifïerie & le carnage qu'on faifoit de ces pauvres mifera- Luther dit blés. intercède pour eus envers les luges. en a pitié & com- yJdm a>paffion. Iln'eftpasraifonnable, dit-il & certes j'en ai faut punir «regret, de voir ainfi meurtrir & brûler ces pauvres in- Ls Ana- «fenfez : Cela devroit être permis a un chacun de croire bapîijîes. « ce qu'il voudra, s'il ne croit ce qu'il doit, il fera allez pu- Totn 4J©/. «ni en enfer dans les flammes eternelles;Quefert-il donc yrp. «de les châtier par les peines temporelles-Ami! difoitPe- Ui\2.cotr tilan l'Hérétique dans Saint A uguftin : la à Dieu ne plai- Pit:!!.:.$j. fe que nôtre confeience s'oublie jufques à la, de vouloir Aa^ufi. contraindre aucun a nôtre Religion.Ainfi l'autre Hereti- Religio. que Gaudentius, dont parle le même Saint Auguftin: nôimpe- Nous ne voulons reteniraucun parforce chez nous, ay- rada, fed ant apris que perfonne ne doit être contraint en la Fo'y fua.

N de

r?4 Di la Naissance de l;Herssie, de nôtre Dieu. Cet avis de Luther de laitier en pais lesA- nabàptiiîes , futfuividcBrufleiius en fes Pandedres. Vr- bainRegiusen Ces liens communs, & Brencerlefquelspar livres exprès ont fouienu qu'il ne les faut punir de mort, ains biffer leur ccnfcienceen jibertc. Luther ne fut pas decetavis, qu'on laifsât la créance libre à un chacun, quand fon ami fut le bourreau d'un Juif: Au contraire il le loua comme un aue héroïque &vrayement Chrétien. n f,1" En voici rhifîoire oui ne mérite être enfevelie dedans puurAU- i'oubiy> Frans-Conrad Seckiagcn , fleurie Landeftal , i7*ni qttt fcigncurAlemand, allant de rrankfortàMajance,fur la pi ncitr un r,;vlcre ju Mein , rencontra dans le bateau un marchand xmr luif; Navigeantainiî de compagnie il l'ataque fur la Re-

ligion: Le luifgromcJant entre (es dents , laiffeéchaper quelque mot mal a propos : Soudain Frans luy faute au colet: Et comme il croit fort &robnfte5le prend & le jet- te dan s l'eau ;,Le tenant toutefois par le bras ainfi fufpen- du , il luy crie : Reconnoy Iisvs-Christ pour ton Dieu, ton Sauveur, Redemande lebapteme, fimieustu n:aimes être étouffe dans l'eau. Le pauvre ïuiffe voyant Toifin de la mort, chemifeiicorde, dit qu'il reconnoit Ii- svs Christ pour fon Ivîeflie , & demande le baptême, ïnterpelié si! le dit de bon cceur,& icluifrépondant que ouy.- Le Gentil-homme prend de l'eau dans le creus de fa main, cependant que le luif s'étoit crampôné au bateau, & luy verîant fur fa tête dit. le te baptife au nom du Père, &duFils, & du Saint Efprit 3 Puis aufîî tôt feignant le vouloir h auiTer, le pouffe dans l'eau , & le fait noyer. I'ay envoyé une ame, dit-il, à Dieu: Car fi je luy eulte donné loifïrdeferavifer, elle eût été au diable. Cet ade fut ju- gé cruel de plufieurs , mais Luther prit ladeiFcncede frans. Aufîî dit-on, que cefucundeceus qui l'avcic ac- compagné a Wormes, lors qu'il fut trouver l'Empereur. Avec cête biftoire véritable, je fîniray ce chapitre , pour aller au troiiiéme reprefenter l'ordre & la police de ce te Synagogue de Sathan, & les particuliers articles de la SeÛtdcs Anabaptiftes 2 compofee de la Lutheiifle &

Ziimeliennc o

LA

L I V R

II.

*9S

LA SYNAGOGVE DES ANABAPTI- STES, ET QJELLE EST LEVR CREANCE.

Chapitre III.

Les Anahaptisles saydtntde l'Ecriture, filon U coutu- me de tous les Hérétiques. z.

Vôtdre de leur Eglife , O1 àt leurs Evé^ues.

3-

JQuelle eslleur crirnceicon- f or tue en plufaurs chofes au* nouveaux Evangeli-

l\H(S%

La for me de leur Cœne.

5- De leur Baptême & maria-

6.

Comment les Luthériens ç$« Zteingliens ne peuvent put F Ecriture convaincre lis Anabaptifles.

Ovs les Hérétiques qui furent jamais,ont jettépourbafe & fondement de leurs opi' T(f 'j^k nions, cétc maxime pour indubirable, qu'il £l*#jj*- ne faut croire ny faire autre chofe, que ce ns s*a^ent qui par mots exprès eltcôtenudâs la facree delE~ parole: Car le diable a toujours voilé les il- (T:ture lufîons de ce riche manteaujainfî que Cyrille remarquoit dé-jade fon tems : Qui feroiteeluy -là qui voudrou prê- ter l'oreille à aucune doclrine deReligiô, quin'eut quel- que fondement fur la parole de Dieu ? Demémes ont fait esEvangeliftes, d'aujourd'huy, qui ne reçoivent que la Teulc parole écrite, fe tiennent ferme au pié de la lettre, ; 'arrêtent àl'ecorce & à leur privé fens & jugement, fans emprunter de rEglife,lïntelligence qui eft cachée au def- ous. Elle n'eft pas, difent-ils, l'organe du faint Efprit,ny e fiege de la Vérité : Ains au contraire elle peur errcr,& Sonner une faufTedoclrine. Toutes ces traditions 5c cere- nooies font inventions des hommes, inconnues àl'Eg'ife primitive. C et leur première proportion, l'entrée &fif- ue de l'Anabaptilme. Aufïi tous leurs propos font tou- ours enrichis de quelque paifage de TEcriture: Et quoy i'je cefoientdesmoniires d'ignorance, ils ont leur iàint 'auliurledou, môtieiuparllkritureprifeà leurfens,la N î tonne :

196 De la Naissance de l'Herisib, forme cîe leur Baptême, la communauté des biens, la pu- reté de leur Eglii'e : Chacun couvre fes ulcères de l'Ecri- T. . ture. comme a fait ce Luthérien, qui par l'Ecriture, preu- -, f f ve 1 ivrognerie être agréable a Dieu. Son Livre a ete pu- i *' " blié,portant ce titre Rigenten-Bvch, Imprime à Lipfe, & dédié aus Comtes de ManfYeld.

C omme ces Anabaptiftes portoient en main lesE- critures : Aufii avoient-ils ordinairement le nom de Christ en bouche De même que ceus dont Saint Ig- nace parle , qui fans être Chrétiens portoient çà& le nom de Christ préchant l'Evangile, mêmes dans les Cabarets, & defqueîs femble que Saint Paul parle aus Fi- lipiens. Au Colloque tenu âLofFen , un Predicant faifoic T--J-X- - reprocheà un Anabaptifte , dece qu'il feméloitd'inter- * prêter î Ecrit ure,ne Içacnat apeme hrelabibleen langue

vulgaire: Le Seigneur, dit-il, quiainftruit S.Pierrepau- vre pécheur : m'a révèle ce qui eu de mon falut. Tout ce queje lis m' et expliqué par le Saint Esprit, fans qu'il refte aucun doute en mon ame : Puis-je faillir fui- vant le textz de l'Evangile que Dieu nous a laiiîé: le ne Yrefctxp- faispasde tort à mon prochain:Ienejurepas, jene por tien des te point d'armes, je fais la Ccene à la façon de Christ lUreti- Ie croy quelaroy doit précéder le Baptême. N'ét-ce pas eues. imiter les Apôtres? Combien de gens faits a la bonne foy,

furent pipés avecfembîabies paroles i Nous lifonsdans "Evangelï- [?s livres ces Anabaptiftes, queles ZuingUens , entrés en qtcssfaitz dilpute avec des femmes Anabaptiftes, armées de l'Ecrî ^hAÎraf. tare, ne purent jamais être ébranlées de leur opinion? & au contraire des Predicans mêmes être renduz Anabap- tiftes, comme Bullinger écrit deceluy de Wormes appe- lé laques Kantius. On peut voir dans le recueil de Refci* us, Upeine les Caiviniftes de laPoîongne fe font trou- vez l'an 15 8l defeendus en diipute avec ces Anabaptiftes, qui firent voir par toa: les palmes deleur victoire. Mais je lai (Ter rop longuement le Lecteur en attente des articles dcfoydeccsgtiîs & les abf.irdités oùcécereglcdcl'Ecri- ^.. ture, qu 'î- :..'. une mauvaife & fmiftremain,lesa

: J*1** jettez: Il eft teins que je m'en dépêche. Envoicy les prin- J i ' J'^' cipaaSàFtleles^eommeits les ont depuis dreifé, lelquels j'ayi Au.cheurs Catholiques ^Luthériens

ciuçdeleu i cs»La RcfututiSdela yrayeroy

le

L I Y R I II. I5>7

les Mifteres de l'Ecriture , l'exhortation de la Foy, & de leur Apologie , queBullingei a fait imprimer au pie du livre , qu'il a écrit contre eus.

E N Premier lieu,ilsdifent que l'Eglife Catho!ique,& L'orjre fo encores moins celles qui fe nomment Evangeliques , ne /,x,rE,7/;/## font pas Eghfes, mais Synagogues de Sathan à caufe des yc'„ £,Jm[ grans vices qui régnent parmyceus qui en ont la charge, y^ hltnm & la direction. Qu'il n'y avraye Eglifeque laleur,moù- QAn%J9m' lée for la forme des Apôtres, avec la même fimplici té, qui la tant fait admirer à fa naiifance.Que toutes ces pompes & Maieftez de 1 Eglife Papiftique , {ont bien éloignées de la première fimplicite\&les pratiques & menées fediti eû- tes des Eglifes nouvelles, de fa candeur & intégrité. Elles fementles guerres , & avancent lesnoifes & difcords& font plus propres à dérouiller les armes, qu'à dénouer les- paflages de l'Ecriture, enterrer la pieté, que redonner la dévotion perdue. Pour s'aprocher de ces premiers fîecles, *£6Y™*&t' & être les imitateurs des Apôtres, quand ils veulent élire "" 'eurs leurs Pafteurs, ils alfemblen t le peuple: Le plus an cien re- fy/^w* montre la neceffité de l'Eglife depourveuë de (on gardien: Chacun donne fa vois pour ielecî:ion,& le fort tom- be, celui-là prête le ferment de bien régir & gouverner le troupeau. Ge pendant céte nouvelle dignité ne luy donne pas nouveau titre ni grade j car étant nomme de métier, il porte les marques & habits de fonétat,fans que fa char- ge Paftorale luy apporte autre lufire. Ces Pafteurs & Dia- cres ( car ils en ont aufli ) n'ont point de gages , & faut qu'ils vivent de leur labeur , que chacun travaille , Se du Miniltere retourne a fa tâche.- décendu de la chaire, aille à la charrue , ou reprenne le eifeau.

Les Apôtres , & premiers bâti fleur s du Chriftianifme, difent-ilSjfailoient ainfî. Ils n'ont point de temples ouE- glifes corne les Catholiques,ou les Luthériens, & s'afTem- 'blent feulement dans quelques maifons particulières. Se villes ils peuvent habiter en feurté.cômeàFlefllngus, Mildebourg,Danfic,Camfer.Arafterdam, Se autres lieus des Pais bas. lis ne font pas receus es terres l'authorité duRoyd'Efpagnee{treconnuë,nvenAiemagne,làoùles L;,us t% Catholiques & Luthériens maitrifent:Mais en laFrife O- vtx*nt''»s nentale & Occidentale , en Vesfalie, la Prufe , la Silefie, Aytaù.K. ' Moranie,Bohéme,& terres du Roy de Pologne,où on les > N z feiife

i?8 Di la Naissance ds l* Hérésie, Liras laifle vivre & exercer leur Religion. Nôtre France a été •vivent les exempte de ces Monftres. Toutefois nous en voyonc tous jitiAbtip- les jours arriver dans nôtre havre à Bordeaus, &autre- tilies. part de la Guiene, trafiquais fans qu'on leur face au-

cun déplaifir. Souvent me fuis-je trouvé entre dix ou douze de ces mortifiez , quifedifent conduiz du caint Esprit, lefquelsavoient les paiTagesde l'Ecriture en main, lors que je les preiTbis fur quelque point de leur Religion ,quoy que ce fuflent gens de marine, & de peu de façon. TUifuntt Ian de Sponde m'a autrefois raconte, qu'étant en Ale- hîioire magne, le Roy de Navarre depuis Roy de France, l'a- cCvn Ana- volz envoyé, pour cultiver aus lettres ce bel efprit, afforty btpiifte de tant de belles pièces, dont Nature l'avoit orné ; Il luy auïjétoya pritenvie devoir un des premiers Anabaptiflcs dont on lan ne luy avoit fait cas : Ils'en vachezluy , le trouve revenant àfemie. des chams de labourer la terre, vêtu d'une jaquette grife àlapayfanne, les brodequins de même : L'ayant falué en Latin avec des termes d honneur qu'on a de coutume, l'autre d'unvifagetout refrogné, luy dit auiîi en Latin; le me nomme Caftalo , ces noms d'honneur ne me font pas deus nyaus vrays Chrétiens. le les ay biffez en laifl fant les vanitez du monde. Sponde luy ayant dit qu'il Té- toit venu voir pour avoir ouy parler de luy : Vous foupe- rez donc avec moy , dit TAnabaptiite , & de ce pas le con- duit par la main en vue chambre,oulanappemifefa fem- Jeflin de me porte ungrandplat plein de viande bouillie, & leur V AnabaÇ- donne de l'eau à laver. Comme ils fe veulent mettre a ta- tifie. ble , cinq Ecoliers entrent , deus enfans de l'Anabaptifte

ùu>n dirt. & les trois autres fes pensionnaires. Le maître ayant fait fa prière à l'entrée , il prend le plat , diftribue également Ja viande en autant déportions, comme il y avoit deper- fonnes, deus valets contez. Mais cet égal distributeur ne garda pas la même proportion au boire.- Car il avoit pour la part une bouteilledebon vin deRhin, &les autres de la bière: Peut- être étoit-ce pour honnorer fon hôte. Pen- dant ce maigre foupper qui fut loué par iAnabaptifte, fc moquant de nôtre orgueilleafe pauvreté quiconfomme tout pourlabouche&pour les habits. Sponde lepreffe fur quelques points de fa Religion, mêmes fur leBapté* me, lequel d'une bonne façon étendit allez longuement

fon

Livre H, 199

fon d'fcours , montrant qu'il ctoi?: bien apris en fa T or. LesPapiftes, difoit-il, donnent leur Confirmation lors qu'ils devroient donner le Baptême , qui ne fert dé-rien aus enfans qui n'ont pas laFovpour le recevoir. Ils font; cite lingerie du Baptême, en douant leur Confirmation, quinefedoit bailler félon leurs Décrets, qu'en l'âge de difcretion,afin que l'enfant puilfe fe reifouvenir avoir été Chrétien: Cet la le Baptême , difoit-il. Comme Sponde luv oppofoit l'antiquité de l'Eglife.S'il faut aller a l'anti- quité panons, difoit-il , aus quatre Evangeliftes. Si vous vous arrefteza l'antiquité Papi(tique,vôtre confeilion de Genève ( Sponde étoit lors Calvinilte) fera bien tôt éva- nouye. Delors la Bible fur la table , qui étoi: de la veriloa de Servet,les paflages de Saint Mathieu, & des Actes, oui! eft parlé du Baptême, furent cottez, qu'il donna à fon fils à lire.Comment repliquoit Sponde, Christ dit-il pas, lai tfez les enfans venir à moy.'Ouy dit i' A nabapti(le,pour être inftruits. Mais comment parmy vue fi grande multi- tude que le Christ baptifoit , ne fe pouvoit-il faire qu'ily eût des enfans ? Et ne fe pouvoir il faire auiîi , die l'Anabaptiste, qu'il n'y en eût pas? C'eft a. vous aie mon- trer: Car nous ne trouvons jamais que le C h rist ny les Apôtres ayent baptifé des enfans incapables de ce myfrc- re:Sur tout il prenoitplaiiir de luv raconter la 7ieAuofco- lique Se de fa famille , comme il s'occupoit en fon labou- rage, travaillant des mains, puis de i'efpiïtàla le<fture des faints Livres. Ainfi vivoient les Apôtres , difoit-il, & Ujp^crtpc les premiers Chrétiens, fe glcrirlans, & glprifians Dieu de C4nu- au labeur de leurs mains, & en leur honnelre pauvreté, baptislt. Il parloitafTez bien Latin, Si entendait quelque peu le Grec ( langues que nôtre Sponde avoic Jeflors à coin- Yrj te c-t mandement.) AuiTi en l'âge de ving: ans on vit Ces Corn- tuyau métairesfur Homère &Helïode II relia toat étonné, cô- U fftfm meil me dit depuis, d'avoirouy parler cet home: & de voir fur L réf. en apparence l'honnête train de fa mauon , & de fa petite pon,e de famille.Pafsos aus articles de leur religion, & vous verrez Spon qu'ils font prefque conformes (le baptême & quelque au- heza. tre article excepté} à la confelîîon de Lipfc & Genève. Va. Reformé de noftre France, que j'avois choifi à defïein ( car jcfçavois en partie le fond de leur Religion) pour me . fervùde tiuchemcnt,lors que ic côferay avec eusjfut bica N 4 c tonnç

£©o De la Naissance de l'Heresib, étonné voyant ces nouveaus Docteurs qu'ilm'avoit dé- crié comme mechans &deteftables Hérétiques, tenir la route de Ton Catechifme de Genève. Premièrement la Méfie leur eft. en horreur comme fic'étoit une inuention m de Satan, Us ne la trouvent pas dans leTeftament du Leur cre- Seigneur, difent que la prière (uffit avec le Prêche. Que tince eon- ce f°nt ^es rêveries de croire un Purgatoire : Audi ne pri- forme àla ent-ils jamais pour les TrépaiTez:Qu4nvoquer les Saints Rtllvion eft faire iniure a Dieu. Us deteftenties images, abhorrent nouvelle, la croix,ne font aucun honneur au nom de lefus, nydela Vierge:difent qu'onnedoitforcer aucun pour iaFoy, qui eft vn don de Dieu , ains tailler chacun libre en la Tienne, Que jamais ni le C h Ri s t ni les Apôtres n'ont côcrainc perfonnede venir à eus, ny imploré le bras feculier, pour punir les Hérétiques & Infidèles. C'étoitle langage que Luther tenoit lois qu'il porta l'Edit de la Liberté de cou- feience : Ce font les proportions d'un des premiers Pre- dicans de laf rance,quand il raconte que Martel força les Priions de fe faire Chrétiens", leur envoyant a ces tins des Serres en Docteurs. Ce zele,dit-il,étoit pardonnable à un guerrier. (on inven- Mais par effed lésâmes ne peuvent être gagnées parles féùrg, armes, ny la Religion forcée, ains doit être induite aus

cœurs des hommes parla raifon. Ainfî parlent les Anabap- tistes. On ne doit, difent-ils, violenter perfonne pour la Foy. Ny faire mourir les Chrétiens pour quelque occafi- on que cefoit, ains feulement les excommunier: bannir, & chalTer. Ils donnent le même titre au Pape que font les Luthériens, Calviniites, & autres Hérétiques, & rappel- lent Antechrift. Puis avec eus mêmes , ils aboliflent le fa- Gttfl'iH* crince&laPrétrife.Avec les Zuingiicns, ils nient ia reaile fil. jjû. prefencedelES vs-Christ au S. Sacrement, & difent, Voy Builm qu'il ne faut fiire la Cœne ( ainfi l'appellent-ils avec les Itb. 6> autres Sectaires) quepour témoignage d'une mutuelle a- mitié entre les Chretiés;& pour lereifouvenir de ia mort , du Seiçneur.La forme qu'ils y garder eft prefque fembla-

ble en Ceremonie,côrne elle eft en créance, aus nouveaus Evangeliques qui ont emprunté le nom deReformez, ÔC que nous appelions Caiviniftes. Cet le reproche que leur firent les Predicants Luthériens l'an mil cinq censfoi^ xante & vn, lors qu'ils furent chalfez deFrankfort, après y avoir demeuré iept ans. Les Miniftres, difent-ils , ré- pondant

LlTXl II. 10Ï

pondant en leur confefîîon de Foy aus Eglifes étrangère» Calviniques, ont le même erreur de la Cœne qu'on: les Anabaptiftes : Car la Communion qu'ils mettent du Cors& du Sang de Christ, les fidèles l'ont toujours auiïibien hors la Cœne du Seigneur, fors feulement les fîgnes externes qui font le pain & le vin fan étiriez Ce qui eftaufTi totalement l'opinion des Anabap;ifte>.

Qj^and ils la veulent célébrer, ils oncdesSur^eil-

lans àc AvertilTeurs , qui les mandent. Etans aiïemblez, r /

^1, » i i>Tr -i 1 , . ' Li formé

u undentreus lit 1 Evangile en langue vulgaire, , , j \ n n r ° i ° & } de leur

Cependant le Palteur arrive le met en cnaireconcreune c

table ayant la Bible devant luy. Ils ne chantent pas les Pfalmes comme tous les autres Evangçliques: Nous ne trouvons pas, difent-ils , que les Apôtres l'ayent com- mandé , ny permis que les hommes & femmes péle-mé- lemanatrentainli leur vois en chantant les Pfalmes dans les Temples , comme lesEvangeliques font. Apres les prières faites , illeur interprète quelque palTage de l'E- criture. Ce fait,il prend le pain, & le coupe à petits raor- ceaus, & le porte a tous les frères, qui fe tiennent lors enleurs places, tous debout & découverts. Chacun prend vn lopin de ce pain , & le tient en fa main , j ufques à ce que le Pafteur retourné en fa place , en ait pris pour luy. Apres vne longue remontrance faite fur ce myftere, il leur dit: Mes frères , prenez, mangez, ayez fouuenance de la mort du Seigneur.

Lors tous mangent leur pain , & reçoyvent leur C.h R i s t par Foy : puis il leur porte le vin , difant : B cu- vez au nom de C h R i s t , en commémoration de fon Sangépandu. Souventefois ils demeurent tout le iour en céte Cérémonie, méditant &rendant grâces à Dieu, ac- compagnant leurs prières de larmes , comme m'ont ra- conté les Anabaptiftes. Ils font de l'opinion de Zuingle, Apôtre des Suides , dont je parleray cy-apres , &difenc qu'il n'y a que du pain feul, & qu'ils prennent le Cors de Leuren^ Christ par Foy. Il y a céte différence quelesZuin- tntepou* giiens ne peuvent participer à leur Ccenc, qu'en l'aflem- U Cors, blée publique, & aus jours détinez à cela, & les Anabap- tiftes la portent aus malades, comme font les Luthériens auiïï. Ceux-là mangent leur pain en cheminant, & ccux- çy font pié ferme.

Nj Liva

icu Db la Naissance de l'Hérésie, t. Livr erreur principal, erreur qui leur eft particulier

ZêurBaf. (car chaque Herefie a voulu avoir fa marque & foncara- téme (5* ctere propre, pour être reconnue* parmy l'infinie multi- M/iriAzes. tude des autres ) eft fur le Baptême. Celuy qui deûre être baptifé, feprefente al'aiTemblee, &àgenousIedeman. de, rendtefmoignagedefa Foy , quitte toute charge de "BuinU Magiftraturc s'ilena. Vn Genril-Hommc, dit Bucînee, cent. Âna~ eftant guidon d'une compagnie, promit de n 'exercer ja- kaptif.Ut. mais fa charge fur le point qu'on le vouloit baptifer. Si ftl.f. on l'a reconnu de bonne vie, aflidu aus aiTemblees . lors t us crient, Soit faiét Siquelqu'un s'oppofe alléguant £ vices, ou Ton ignorance, le Pafteur s'arrête. Si Pac- eifateur ne la vérifié, il eft banni dei'aiîemblee. Si per- Tonne n'infifte, le Pafteur luy jette l'eau fur la tére, àï- fant, le te baptife au nom du Pere,& Fils, du Saint Efprit, fans autre benedidtion. Pour deiFendre leur erreur, ils di- fent, que le Baptême des petits enfans ordonné enl'E- glife, eft contre l'exprelTe Parole de Dieu, & pratique des M*th. Jf. Apôtres. Que c'eft une invention du Pape Nicolas , au- tres du Pape Eugène ,• lefquels l'ont à leur dire , infritué de leur tête : qu'il faut de necefTité pour étrefauvé fe re- baptifer. Que par ce moyen onferoit régénéré en une nouvelle vie. Que le Baptême reçeu en nôtre enfance, n'apoint de vertu, qu'il faut croire félon la Parole de Dieu , avant qu'être baptifé. Toujours la Foy,difent-ils, doit marcher la première: Et jamais il n'ét fait mentio» du Baptême, qu'il n'y ayt quelque chofe de la Foy quanc & quant. Lors que l'Eunuque &Cornelie furent bapti- fez, en leur rît entendre lesfondemens de leur Foy. Le AU. f . ($» Christ a dit, Qui croira & fera baptifé, fera fauve. **• La créance donc &leBaptéme doit marcher d'un même

pié:aulTmy le S a vve vr, ny les Apôtres n'ont jamais baptifé les enfans: C'ét chofe qu'ils eutîent écrit, comme digne d*étre remarqué, & quieft la bafe& fondement de nôtre falut. Ainfiavoit dogmatifé un mauvais efprit en nôtre France.l'an mil deus cens trente, nommé Pierrede Breùil, qui fut brûlé a S.Gilcs. Comme par la feule Paro- le eferite, les Arriensgaignoientleur caufe. AulTi parla feule Parole eferite les Anabaptiftes doivent gagner leur procez,li ce fondement eft ferme &folide, qu'elle feule doive &puifîevuiderlesdifFerens& doutes qui naiifent

tous

Livre II. zoj

tous les jours à l'Eglife de Dieu: Luther le confefle. Nous Lutk.lim accorderons, dit-il, qu'en l'Ecriture n'y a point texte ex- des Curez. près pour rabatre l'erreur des Anabaptiftes, oùii foie dit, Luth. fer. Vous devez baptifer les en fans , car ils croient. Si quel- cent. An*" qu'un d'entr'eus nous preilede luy montrer ces paroles, bxftifl. nous quitons la place. C'eft a faire à ces Anabaptiftes o- piniâtresànous attaquer de fi prez, &no aus vrays Chré- tiens. On fedoit contenter de fuivrel'Inilitution des A- pôtres obfervee de tout temps en l'Eglife de Dieu, enco- res qu'aucune Ecriture ne le commande. Le nouveau E- tib. Inff. van^elifte des François en dit autant :I1 conf'lîe êtreim- ta. ij.trt. pofïîble par l'Ecriture demoirer le Baptefme desenfans. <f. Il faut donc, comme leur difoit Tertulianlurlefembla- ble fujet , recourir à la tradition. Si l'un & l'autre eue toujours tenu eetc reigîe, la Chrétienté ne fe fut veue" re-. duiteaumiferabîeeitar qu elleeft. Voiez vn peu comme ces Evangelifles fe font demeflez de la greffe bien fou- vent ces ToufFers les ont mis.

Ohcolampade renommé Docteur Zuinglien ay- yr. ant entrepris une Conférence avec neuf Docteurs Ana- Onncfeut bap rifles en plein SenatàBafle, donna cette entrée à la vaincre Us difpute, empruntant les armes de l'Eglife Catholique, & Andapti. laiifant les fiennes comme inutiles ounçn farnfantes en tf$st qm ce combat. le vous fupplie, difoit-il, nouveaus Docteurs, fxr I'Ecrj- faites nous voir, quand cette forme de vôtre Baptême a turc. ctêreçeue en l'Eglife: car vous ne devez introduire cela Enfondif- de vôtre te'te, nous vous montrerons que toute la Chre- cours qui tientél'acreu ainfi. Saint Cyprian diteni'Epïtre A d Fi- comm.net dvm, qu'il fut parlé du Baptême des petits enfans au Eiainno- Concilc de Carthage,non pas qu'on le révoquât en dou- mine Do- te: mais parce que pluiieurs a l'imitation desluifs , difoi- mini. ent qu'il ne falloit baptifer que le huitième jour: Ce qui Voy Saint futeondannë par l'Eglife. Origeneen l'Epître aus Ro- Dt nia cap. mains,alVeure ectiç. coutume être defeenduë desApôtres. 7. C*l;lr. Eft-ilpoilîble,diloitcePredicantparlantenCatholique, Hitrare. que luy fi proche des Apôtres, apportât des fables, &des contes aus Chreticns?On le pourroit démentir par la tra- ditiô de l'Eglife. S. \iiguiiiuaireuredeméme,quelacoii- In Gci f. tumedes Chrétiens à été toujours de baptifer les petits Ub. 1 \ enfâs. Le Concile Milevkain en parle aufîî, non pas corn- 7.2 j. me de chofe mile en difp u te: mais pour rembariex l'erreur ^. tut : .

des '

104 De la Naissance de l' Hérésie, ecntr.'Dâ- des Pelagiens fur le péché originel , grans hommes n*tdtBs- fçavoir , quin'e'toientcondannés que par leBaptémc ftijmg. des petits enfans , lequel ils n'ofoient reprouver. Qu'a- vons nous affaire , répondoient les Anabaptiftes parlant enLutherien,de tant de Pères & Docteurs ? Ce font des hommes , nous ne fommes tenus de les croire finon en- tant que leur dire cft conforme à l'Ecriture .-jargon ordi- naire de l'Herefie .Vous ne fcaurics paricelle prouverlc Baptême des petits enfans, & ne voulons nous arrêtera ce qu'on a accoutumé de faire,fî l'Ecriture ne l'enfeignc. Si on a erré iufques icy,il cft tems de s'en retrrer,puis que Dieu nous révèle la vérité , 6: nous tenir à la pure & fim- pie Parole de C hrist, quiveutlaFoy précéder le Bap- tême, llfautqueceluy qui baptife&celuy quieftbapti- fé,ayentla Fcy entière &parfaite,autrement c'étvn Bap- YoyOeco- témede Sathâ inventé par le Pape. Miferables,repliquoit lamfade Oecolampade parlant en Catholique, Voulés vous que iib,j.Eb. tant de millions d'ames qui ont creu le Baptême en l'E- glife C hrérienne , foyent aujourd'huy dans les flammes éternelles? Eft-il croyable que Dieu les ay t abandonné en proyeàSathan ?Eft ce a vous a faire ce Schifme, &vous ieparer de tant de gens de fçavoir, & d'une bonne & fain- te vie, l'honneur des iîeclespalfés ? Ce-pendant que ces Docteurs pour toute réponfe , demandoient l'Ecriture, pourmontrerla forme de nôtre Baptême , fe trouuant Oecolampade bien empêché , vnPredicant Zuinglien nommé Thomas qui le fecondoit,leur dit: Vous deman- dée la Parole de Dieu expreflepour preuve du Baptime G » l des petits enfans} Montres nous l'Ecriture expreffe pour fl '* preuve du Baptême des femmes. Celuy qui a rec'ùeiily la *9'â3*' première difpute faite a Bafle, Tan mil cinq cens vint fîx, dit que comme ces Anabaptiftes de leur côtéamenoient toujours les paifages de l'écriture pour quelques autres chefs de leur Foy. Oecolampade leur répondit , Les lieus de l'Ecriture que vous allégués , ont autre fens que celuy que vous leur donnés, témoins tous les Docteurs qui ont ctéjufquesicy, Sdcconfentement vniverfeide l'Eglifc vniverielle.

Bonnes gens ! vous n'entendez pas le fens caché dans l'Ecriture , vous la maniés fans avoir les mains nettes, & ne voulez croire ces vieus & fages Pères que l'ancienne E-

5

LlVRî II. 19$

ife a admiré. Nous avons , dit 1' Anabaptiftc,la Parole c Dieu qui doit être préférée à leur dire. Elle eft pure, nette & fans fard, nous la garderons tant qu'il nous re- liera quelque peu dévie , fans démentirrien deeequieft écrit : Le S a i n t Esprit eft nôtre guide, & parle par nôtre bouche : Il nous découvre les embûches deceus ?r»Çom» qui veulent feduire les (impies avec les traditions des hô- ption d*i mes. Dieu (bit loue, difoitle chefprincipal d'entr'eus: le jnttî,af^ fçay en ma confeience que je ne pèche point , & fçay qu'- en vôtre ame vous jugez &connoiiTés nôtre innocence, & la vérité de nôtre Religion. le laifTe leurs autres dif- cours,& aufîî les raifons de nosTheologiens peur la con- damnation de céteméchante Herefîe, ayant feulement emprunté d'Oecolampade,les propos qu'il eut avec l'A- nabaptifte pour montrer que les Luthériens & Zuingli- ensnepeuvctrembarerles erreurs des Hérétiques qu'ils ont engendrés, que par la tradition & non par l'Ecriture: comme ne peut aufliBullineer , quia écrit contre eus, & ce pendant ils ne fc veulent rendre , quand avec la même tradition, on leur fait à tous cous, tomber les ar- mes des mains : Vaincus & atterrés ils conteftentneau- moins l'avantage , & fe retranchent dans l'Ecriture qu'ils «. ••*•*•* remuent à toutes mains , comme bon leur femble. Vous avez ouy les Zuingliens & les Luthériens vétuzà la Ca- tholique, difputer contre les Anabaptiftes. Oyéscncor ceus de l'Echoie de Genève, entrez en Conférence avec aus. Si vous êtes l'Eglifedu Seigneur,il s'enfuit que Dieu à été fansEglife jufques en l'an mil cinq cens vint deus, que Nicolas Stork& Thomas Muncer jetterent les pre- r miers fondemensdelavôtre. Coures depuis vn bout du ^nfttit monde jufqu'à l'autre: aucun n'a jamais été de vôtre cre- ret ance : & puis que Dieu ne peut être fans peuple & fans E- r^tntflres glife , & Christ fans règne , il s'enfuit que vous ne * **««»* pouvés être non plus fon peuple, que fonEglife. Tour- ycontr* nés ces pointes contrevous, Meilleurs les Genevois , & "s A**** ▼ous verres qu'elles vous perceront à jour pour le regard du Mariage : les Anabaptiftes l'ont en révérence tout au- tant que les nouveaus Evangeliftes : Car ils le tien- nentpour un contrat civil , &nonpour Sacrement. Ils n'ont qu'une feule femme qu'ils époufent en leurs aiTem- blées publiques; Celuy qui en a une Catholique , Luthe*

rienae

io6 De la Naissance de l'Heresie, Jn aBii rienne, ou de quelque autre Religion , il luy eft permis en d'.fput.hî changer , fi elle ne peut fuivrc la iïenne,& ne peut habiter Irmhtn- auec elle fur peine d être banny &chaiTé de leurafTem- t&l. blée: Caries Anabaptiftes ne peuvent époufcrny adhé-

rer avec femmes qui ne ioient de leur Religion ;non pluj que les Chrétiens font avec les Turques ou Iuifves. Vous ' verres la Secte a part de ceus qui mettent ces meubles en commun , & les autres points de leur Religion , aus Cha- pitres fuivans.

DES APOTRES ET PRO-

petes des an a-

baptiftes.

Chapitre 1 1 1 1.

Teinte pieté des Anxbapti- jus.

Comment Us Aïôires Mun-

ter & Leiden f dut/oient

h: peuple.

?. Les Anabaptistes détellent les

p ces ad Cathcliquei Çp

Luthenens.

leur confiance tnU mort & MJjiurance certaine de leur ' ftluS.

5- Vtnitéde leur Pr: fête qui ne

Us peut ramener ah droit chemm.

6. Tlttîftnt conte d'une fem- me Anakaftiiïe.

;Et l'ordinaire rufe du Diable, décou- vrir les impiétés de quelque maique de pierc3& voiler les vices plus exécrables d'une feinte apparence de ;vertu. Cet le faus vifage qu'il donne à Ces fupots, qui (bùsvn voie doré , cachent un bruvage mortel. Ainlifefont couverts la plu-part de ceus quipu- biiereut céte nouvelle doctrine c!crAnabaptifme:Et voit en encor en cesreircs qu'ils ont laifTé, leiquelles vivent en quelques coins d'Alemagne &Pays bas, en leurs paro- les^en leur port, quelque reifemblancc de droirurej&u- r.e parade extérieure de bonnes m ceurs. Mais combien de feuilles de Figuier faudrait il pour couvrir leurs ordures [

Ain li

Livri II a®7

Ainn feduifent ils le fimple peuple , fujet & fufceptible de toutes impreflions bonnes &mauvaifes,& ce-pendant ils s'enterrent dans les tombeaus de mille crimes exécrables. Les Anabaptiftes, dit Nicolas Amfdoffor,comrnencerenC déjà a décevoir la, Germanie par leur fainteté de vie côme les Moines faifoient anciennement toute la Chrétienté. Les Luthériens & Zuingliens , dit Ofius , font contraints Li.dtJfér. quitter l'honneur.'aus Anabaptiftes, d'avoir plus de zèle en laReligion. Comme nôtre ville deBordeaus eft l'abord Bordtaus ordinaire de tous les peuples qui viennent du Nort,char- abord de ger nos vins de Gafcongne : I'ay fouvent pris plaifîr de tous E- m'aboucheravec toute forte de gens, & dediverfes Reli- trangsrs, gions , qui font parmy ces nations , & entre autres des Anabaptiftes*: fonder le fond de leur Secte, &n'aypeu fans étonnement,voir que parmy le tracas des affaires du monde , leur négociation les promené, ils puinenr toujours maintenir leur aine en mémeaffiete, fans que la cholereny paiîîon les emporte, quelque injure qu'on ftur face,ny que le mélange des autres nations al tere leur faconde vivre. L'an 15^8. autems que toute la Guyenc Reprecbi ctoit aflîegée de la faim , je rencontray parmy dix ou det Annb^ douze de ces gens la:Apres divers propos, l'un dentr'eus ptifi.AUS medir,avecvnemerveilleufefranchife:Vous pouvez vous Catholù dire Chrétiens vous autres Catholiques, qui plongez en ^««^ plaifirs & délices , laift'és ce pendant vos frères étendus a vos portes? Vos nies font prefque jonchées des cors a- languiz & mi-morts , tandis que vos tables plient fous le fais de diyerfes viandes, & de vos vinsdelicieus. Ils font tous déchirez à lambeaus , montrent la chair a nud, ce pendant que vous êtes couverts de foye. Il n'en va pas v»yGafîi- ainfi parmy nous: Iamais aucun de nôtre Religion ne us.l,j.fcL mendie fon pain: il a toufiours dequoy s'entretenir avec jj, fa petite famille: Toute nôtre Eglifey contribue, fans q u'on ay t veu aucun demander l'aumône, ou traîner vne vie otieufe, chacun travaille. Et li par fortune de mer il fait naufrage, ce'te perte particulière eft ce en parriere- parée parle gênerai. Comment, fï-je,le Savvsvr n'a il pas dit , Vous aurez toujours dzs pauvres avec vous: Ouy dit-il, niais c'étoit pour montrer 1 imperfe- ction qui de voit être parmy cens qui fc difent les Fidèles, tepoLiiilcz d. céxe btiie robe blanche r'ûiçû la Charité.

Ces

i©8 De la Naissance di l* Hérésie.

Ces pauvres gens qui fe règlent ainfi aupié delà lettre ne confiderent pas , que nôtre Seigneur n'a pas voulu obliger l'état des Chrétiens a cete Loy , de faire qu'il n'y eût aucun pauvre parmy eus: S'ilétoitpofîible que tous en gênerai peuflent embraffer la perfection Chrétienne, .- telle qu'elle étoit la primitive Eglife du tems des Apô-

tres, ce feroitchofe bien aifee : Mais Dieu prévoyant la grande étendue de l'Eglife, & la difficulté qu'ilyauroit que tous peulfent atteindre à cete perfection , s'ét contenté de nous donner cela pour confeil & non pour ordonnance exprefle : Au contraire il a voulu que la pauvreté ioùat fon roole , afin que ceus qui voudroi- ent donner de l'argent à la banque de l'aumône , pay- able en l'autre monde , euilent dequey exercer leur trafic. h. Avec cére mine & contenance Chrétienne des pre-

Ccmmtnt miers Apôtres que Muncer , Leiden & autres dépéche- hsJfôtres rentça & la parmy l'Alemagne , furent attirez tant de deMuncer peuples à leur cordelle. Quand ils paiToientpais,ordi- Ô» Leiden nairementilsmontoient fur des arbres, à la façon de nos feduifoient anciens Druides , qui pré choient fous les chénes,d'oû ils le peuple, ont pris leur nom , & avec la douceur de leurs paroles, qui ne fonnoient que le C h r i s t , le Sauveur , accom- pagnées des menaiîes épouventables de l'ire de Dieu , ils ctonnoient le pauvre monde , puis approchant de quel- que ruiiîeau , arroufoient de l'eau puifee au creus de leur main, ceus qui fevouloient baptifer,lefquels s'y jet- toientbienfouvent , comme des troupeaus fuivent par Seitife de: compagnie le premier qui s'élance : Et parce que le Sei- jinabat- gneur a dit,Ce que vous aurez ouy à l'oreille , annoncez tifiti. le furies toits: fouventees fors montoient fur les cou-

vertures des maifons,par les villages, ou fur Us précipices des rochers hauts.& dérompus , & la élevez crioient à pleine téte5& à cris redoublez, qui fortoient du plus pro- fond creûs de leur eflomach , &lesyeus renverfezpar SîfoisYers le.Ciel: Mes frères , amendez vous , baptifez *>vouSjfuivez nous, quittez vos biens: Le Seigneur vous le 53Commande,faites pénitence , & vous rebaptifez,autre- *>mét le courrous du Ciel tombera fur vos tétes.Vn nom- mé Filipe Sarrelanus,courut ainfi toutes lesxuës deBale, criant, Faites pcni:ence,laiiTezYÔtrepcché,rebaptifez

voui:

Ll? Il II. 1*9

vfeus: le fuis envoyé de Dieu , l'Archange Michel m'a an- noncé la nouvelle , & m'a commandé de préchei au peu- ple Ja pénitence: Ces Anabaptiftes, écrit Erafme en Tune _. defes Epîtres, couroient par les rues, criant pénitence. ttir.ij, Quand ils entroient dans \ts Eglifes,ils deteftoient la vie des Chanoines, puis entrant dans les, Temples des Oeco- lampadiens, ils les appelaient meurtriers des ames. Cé- te fecl^dit le même Erafme, eft fort haie des Princes & grans,parce qu'ils commandent la cômunauté des biens. - Toutefois ils n'ont ni Temples, nifedcfTendentparar- mej, & ont beaucoup de perlbnncsparmi eus de meilleu- re vie que les autres feclaires. Nous nous étonnons du croaflément d'un corbeau , de fon vol à gauche, & pre- nons de la quelque mauvais augure. Et,étourdis que nous fommeslnous ne nous émerveillons pas de tant de chofes étranges, quenous voyons, dit Erafme. Ce pendantlc fîmpïe peuple, qui entendoit ces Apôtres ne préchant que la pénitence, l'amandement de vie, r:cevoit céte do- ctrine comme une nouvelle manne du Ciel.

Ma curiofîte m'a fait tomber en main un petit Col- !**■ loque,tenu l'an 1530. entre un Catholique,un Luthérien, tes An*ï. & on Anabaptife, imprimé à Baie, oùl'Anabaptinere- dttejïet Ut proche aus uns & aus autres les vices & diflolutions dont vises des leurs Eglifesétoientpollues. Corne aufli unAlemand, en Caiheli- un livre qu'il a fait de leurs erreurs,racôte,qu*un jour co- ques& me un Anabaptifte préchoit dans un pré, ayant jette les Lntheriei. ycus fur une Dame, quiavoit les cheveux annelcz & crê- pez, le col & les mains chargées de bagues & de carcans: Nos foeurs, dit-il, ne font pas ainfi parées : Nepouvez- vous vous rendre agréables aus hommes fans tant de lu- ftreS; d'afféteries & d'atours ? Otez ces pierres, vendez- les, & diftribuez l'argent aus pauvres, changez plutôt les robes en cilices. Voyez vous pas ce que l'Apôtre Saint Pierre dit , tirant tout auilî tôt fon Nouveau Tefta- ment ? Que vôtre ornement ne foit point celuy du de- hors, qui gït en l'entortillement dçs cheveus , ou paru- re d'or, ou en habits. Ils n'en portent jamais qui foient riches & découpez. On les voit tous d'une même paru- ^tur fa,^ rc, vêtus de drap, & comme les Eufthatiens appelloi- flicitê'/itii entenfans du diable, ceus qui portent de la foye :& are- habits. marquer foigneufement l'extérieur de leurs perfonnes,

O %m v

no Di la Naissance db l'Heresie, on y découvre ce feiiïble une grande {implicite, &parap- parencel'image de lapremiere humilité Chrétienne, por- tezd'un pareil zèle qu'on voit en céte première Chré- tienté' peinte en nos livres. ÏT, Povr la deftencede leurHerefîe : Ils ont montré &

Ttur tors> font voir tous les jours, non (ans étonnement , unemer- flxnceen veiileute confiance, ou plutôt forcenée rage, a foutenir la mort Çr leur opinion dans les Sainmes & tourmens, comme je di- jtfiuTAnce rai plus particulièrement ci après enfon lieu; lors que fur ëe httr/4- 1" feus de la France , je montrerai que Sathan s'eft cou- Int. u jours & en tous ficelés glorifié d'avoir fes Martyrs. Ia-

m ai s Secte, ditOÂns, ne futplus perfecutecafeu&a »fang que celle- ey , Se jamais il n'y en eut depuis douze ,,cens ans, déplus conftarr ment deffendue. Si vous confi- „derez,dit-il parlant au Roy de Pologne , l'alegreiicde ' ,,ceus qui font perfecutez, les Anabaptiftes laiffentde

v*h. con- 3jV)ien loing les Luthériens & Zuinglicns derrière. Gens ter.bcclej. c-!jgr.cs decôpaflion, dit Erafmc. qui ont Sa plu-part failli par erreur, plutôt que par malice, & qui font cependant certains de leur ialut , comme le jour eft de la lumière. ,,Memmon le plus fçavant qui ait éteentr'eus, leur aa- wpris céte leçon, quand il dit : le ne puis étredeceu: I'ay „creu3 Perecelefte, en ta parole , & l'ay rcceùeparle ,,S a i n t Esprit commcparole de vérité. ïefuis ;,, certain qu'avec céte mienne dodrine, qui cilla parole „dcD:eu, au dernier jour du jugement, jejugerainon ,,feulemcnt le monde, mais les Anges : Ainii parloit Lu- ,,theràfaven*ûe. v. Mais combien de fois fc font-ils tcus deceus & trom-

Vanitê dt pezde ce Saint Efprit qui les afiïfte , fans pourtant être leurs Fro- faits plus fages à leurs dépens ; Muncer promettoitfans fête* qui fedeffendre vaincre fes ennemis: Que les anges a légions mhsjtut viendroient àfonaide, & il perd la bataille. Leidenpre- r amener mierRoy , & fécond Profcte devoit être Empereur du au droit monde, & il eft dépouille d'un bourreau. MeJchior Hof- ik tmis. fman grand Docteur de leur Sedle , qui fe faifoit appelle! Helie, aulicudefortir glorieus de Strafbourg, avec fes quarante quatre mille difciples , comme i! ivoit prédit, fut mangé dçs poiis & de la vermine en une orde p. Pluneurs aimes on tteccu promené du S. Eiprit,d'é:. livrez de leurs fers ; Voire même que le ieu çteintparia

pluye

L I T R 1 II. 211

pluye qui combcroir du Ckl, dans les bûchers embrafez, les lairroit à délivre fans pouvoir agir fur cas : Et cepen- dant ils le font vous rôtir & bru '

V n e fêmmeprifonniere a Bàlle,preiuadee de fon S.Ef- prit qu'elle vivroit (ans marrger,demeura neufjours fans rien prendre,& au dixième elle mourut Mille fois ils ont *predu le jour du jugement , & l'ont attendu comme fi le Christ devoir ouvrir la voûte du Ciel, & ils ont veule Soleil continuer fa courfc ordinaire. Vn de leurs Profères yoj Gasi . mit un jour tellement céteimpreiîion en la tête des liens, fe\ 239. qu'il les fit demeurer une nuit fur des rochers, couverts feulemct d'un linceul, pour marquer avec ccteblacheur, leur innocence, attendant le matin laveniie de C h r i s t. Ces pauvres fots avec foûpirs & gemiiTemés crioientmi- fericorde, & tous honteus furent contraints le retirer,fe voyât ttompez & deccus. Voici une plaifanre hiftoire que j'ai.bien voulu enfiler ici pour allai tonner mon ouvrage d'une agréable diverfîté , &lui ôter l'ennui que la conti- nuation d'un même fil, & la fuitte non interrompue d'un même propos , lui pourroit apporter.

VNEJeunc femme Anabaptilte, mariée avec un Moine vr- défroqué, qui s'étoit rendu de fa Religion, tousdeusli fUifant pauvres qu'ils n'avoient pas du pain à manger, ayant la c*e *une nuit eu révélation du S. Èlprit, qu'elle riitûn feftinàtou- /'w,w A- tes fes compagnes, avec promefle que rien ne lui manque- ttabétpt. roit:Elle envoya le matin a fon lever convier à dîner tou- l~°J D* er" tes les femmes de fa connoilfance. Le bruit court parla ro\ <dnab. ville du convi de céte pauvre Anabaptilte, qui ttoitpour- f°l> J7S* tanr en bonne réputation parmi les fiens : car fouvent el- le faifoit du Docteur, iifoit parmi elles ia Bible? Tout le monde y coure pourvoir que ceferoit ;■ Les tables font èréffees par emprunt: chacun félon fon ranes'aflit. Mais cependant on ne voit nuls apprêts ni vivres quelconques, ni feu ni flamme en la maifon. Ayans longuement atten- du, -s'entre- regardans : Leur hôrelTé point ctonnee,les prie d'avoir patience, & qu'ils verront bien tôt les An- ges du Ciel porter vivres à foifon. Que cite nuit le Saint Espr it quin'elt pas metttcàir , Iuy a ré- vèle ce miracle, que céte attente eitpourêprouverleur patience. Ce pendant levant ies ycv.s & les mains en kiaUt . comme les uns Profères alloient importunai:

par

an De la Naissance de l'Heresii, par leurs fréquentes prières leurs fausDicus d'élancer du Ciel Ton feu fur la victime préparée : Ainjfî avecfoûpirs & fanglots , faifoit- elle fon oraifon à Dieu. Envoyé nous Seigneur, difoit-elle , le pain du Ciel : Tuncusasbien promis davantage, à fçavoir la vie éternelle: Mais ce fut en vain, caria nuit approchant, la faim força ces conviez defe retirer chacun chez foy , pluà moquez que ceus qui invirez par Heliogabalc , furent fervis de viandes peintes & contrefaites : Car fi ceus-là mavoientdequoy rafTafier leur eftomac, ils pouvoient au moins contenter leur veuc en l'objet de tant de diverfes figures. Mais ceus- ci n'avoi- ent ni l'un ni l'autre, foulagcant neaumoins partie de leur moquerie , en fe moquant de leur hotefïe, defon faint Efprit, & encor de leur ilmplciTc & bétife.

COVTVME INEPTE DES

1APTISTIS, FONDEE S V R

l'Ecriture.

A N A-

CHAPITRE V.

De Melckior Koffmangrand

plier des Anabaftifiet.

i.

Vn fécond frofete Jucctffeur de Hoffman , 0* lafimpli- eiû des Anabaptijîes.

T.

Te MeU

ch:Or Eef- fmangrâi ftlitr d.s Anabapt.

Cbe Tilip. Tred.eant des Anab. tonverit.

Reportent )am au d'armes,

Défendent les fer mens , & ont en horreur /es images.

wmi

Nt

R i tous ceus qui ont avance cetc mis.

ce

ta

2?^" I ir>e Secte,Melchior Hofïman à été des pre- j| ^ÛCJ^) miers, qui donna auffi parmi les Anahaptt- d Up!^-^ fies le nom des Hoffmans a fes difciples: ù ^fa%r*ûl Celui-ci vint à Emdcm enFrife, fans •^"^ crainte, il planta l'Anabaptifme, rebaptifa grand nombre de perfonnes , fans que le Comte Luthé- rien, îuy donnâtaucun empêchement. Luther av^it ou- vert la foire , chacun y porroit fa marchandife pour la dé- biter. Ce Melchior, écrit ObeFilipe, autrefois Docteur Anabaptifte,étoic un perfonnage fort véhément, parlant avec grand zèle & promtirude. lia écrit avec grande vé- hémence contre Ludier & Zuin^le, fedifant l'envoie de

Dieu,

L I V R I II. £Ij

Dieu , &compofa des Commentaires fur roure I'Apoca- lypfe , il dit plufieurs chofes étranges & merveilleufes. «Comme aufil il a fait les figures du Tabernacle, les My- 53 Itères de l'Incarnation- le prens Dieu à témoin, dit cet ,,Anabaptifte converti qu'encor que Luther ait été fort ,jtempeftatif & inj urieus , toutefois Melchior l 'a furpaf- jjfé, de forte qu'a fon exemple , nous qui prêchons la pa» ^roledeDieu, nous accoutumions à foudroyer contre ,,les Luthériens, Zuingliens, & Papiftes , comme contre ,, les diables. Autems que ce Mdchior prouïgnoit fa do- ctrine en laFrifcOriétalCjUn vieillards'apparut a luy fous la Forme d'Elie, à ce que racontent fes difciples , qui luy dit: Melchior, celuyquia créé le.Ciel& latent, m'en- Mekhior voyeverstoy , pourtedire que tu t'achemine à Straf- fac\H P4r bourg, qui eft la nouvelle Hierufalem, pour annoncer fa imJLt&U parole,rebaptifer fon peuple: Tu feras conftitûé prifon- nier,maisiix mois après, tu fortirasen triomfe, fuivy de cent quarante quatre mille difciples. Melchior fous la bonne & aiîeuree caution de ce Profete ( c'était quelque Démon travefri)s'en va à Strafbourg;3d'an mil cinq cens trente deus , entreprit une difpute publique contre les Predicans Luthériens , fur le baptême desenfans, qu'il appelloit invention de Sathan : En fin par ordonnance du Magiftratil eft pris. C'eft aujouid'huy, dit-il, comme on le traîn: en prifon/monneureufe journée, & lemarche- piê qui me doit élever au triomfe promis de mon Dieu. Pendant fa pnfon il confola toujours fes difciples delà Fnfe, créa Pafteur en fa place, par ùs lettres, Ian Tripcu- maker , lequel alla établir l'Herefic des Anabapuitcis à Amfterdam,où elle règne encore, qu'il feella de ion fang: car il fut brûlé a Haye. Et ce pauvre Melchior foûpirant enprifon après fon Profete Elie, fut mangé de l'ordure & de la vermine.

PiNDANT fa captivité un nouveau profete prit fa n. place dans la ville de Strafbourg. Celuy-la fe nommoit Vn fécond Leonardd'Ivoften , qui publia les livres de fes vidons. Viofett Il fut aflifté de deus femmes DevineteiTes , l'une nommé futetffeur Vrfula, l'autre Barbara. Nous étions fifimples & hors dtHoffma. de fens,dit Filipe en fon difeours , de nous laifler condui- re par ces pipereiTes , tant le diable nous avoir dérobé le jugement. l'entretins longuement quelques-uns d'entre

O 3 ces

2,14 De la Naissance de l' Hérésie, ces Hypocrites , quiavoientrcçeu leur doctrine de Mcl- chiorj, lefquels médirent beaucoup de merveilles de Ton fçavoir&defapieté, haut louant leur Religion , pour la merveilleufe charité oui s'y retrouve. Ils comrr andent de fupporter les injures fans murmurer, ny fe derfen are , & fuiuant l'Evangile endurer tort pour l'honneur <jeDku, rendre bien pour mal, faire plaidr a Tes ennemis: Si on te baille un founet tens encores la joue,difent-iis;fuivantla Matih. s. parole de C h ri s t. Ne confïderant pas q je le Sauveur parle a fes Apôtres, & autres qui feroient étar de la perfe- ction Chretienne,qui pour toutes armes ne doivent avoir que la parole. & pour cors de garde. que riumîilité,& que ce n'eft pas un précepte, mais un confeil. leicurdeman- dois un jour recevant unccffcnfe, ils ne Tentent pas une émotion en leur ame. Ouy, difent-ils , nous femmes de chair & d'os comme vous : Mais foudainTEipri: de Dieu nous retient, & ne fe peut dire qu'aucun des nôtres, de- puis ceus de Munftr« aient pas encores bien for- mez en nôtre Religion , ait jamais frappé, rué, ny bléfle, ny oifenfé fon frère Chrétien : Et parce ils foûtiennent qu'il ne leur eft loifibleufer du glaive.* Dieu, me difoient- i!s, en tanfàS. Pierre, & prononça céte divine fenrence, Qui frapera de g'aive périra du gb.i ve.Le Seigneur ne veut autre glaive que fa parole; Ce fut une des propositions de Zuther au Luthcr.L'homine Chrétien, dit-il, ne doitrefifter au mal, ftrmon mais endurer tour. Le même, dit Zuingle au trente fixié- miUtMtre. me article de les propolirions. Comme Tan mil cinq cens Geft.Ub.i. quarante trois on failbit le procez a un Anabapnite, qui f°" ff' difoit n'être loifibieau Chrétien porter armes , ny fraper du glaive. (CarDreu dit, qui fraperapar glaive périra par glaive. j L'Inquifiteur luy demanda j Si un larron de nuit enfonce ta porte, ou un voleur dans un bois te veut égor- ger, endureras-tu a l'un d'emporter ton argent, a l'autre de t'avoir la vie, fans te mettteen deffence? Ieferois bien marry. dit-il, de prendre les armes pour la fauver: Car je fuis aileuré que Dieu me détiendra, lequel nombre tous les cheveus de ma tête : que fa volonté foit faite. Dans le Colloque tenu a Loften, l'AnabaptiftepreiTédu Catho- lique, s'il ne voudroit pas prendre les armes contre le Turc, pour la deifence du nom Chrétien, Répôdit, com- me Luther aroit fait aucommcccmeat^ ainii que jediray

ey aptes:

Livre II. 215

cy après : Illefautrepouilcravcc Oraiibns 5c-Prieres , & non avec les armes. C'eft le fléau de Dicu,pour châtier les Papiftes & noaveaus Evangeliqu.es, qui doit être appaife '

par prières }&non par le glaive.

Q^v a x d ceus qui font a Fleffingue, o: autres villes nr. d'Holande «Se Zelancie entrent en garde (car ils y font ap- N* portent peieza leuTrâng ) c'eft fans aucunes armes : on les met i*m*is *r- leuîement en lentinelle : Ils peuvent félon leur Religion f*ts. donner l'allarme , mais non pas çnemëla mainuus at- TïïeTT~Plaifantesgens ! ils portent du feu , de la pou- cire /chargent le canon, le pointent, mais ils ne veulent "n y tirer, nv frapper. On connoit aifement ces gens à nô- tre P orr , lors qu'ils viennent des pais bas , charger des vi as , ou qu'ils portent des bleds de Daniic: Car leurs Navires n'ont ny artilleries, ny armes quelconques. Si les Coriaires ou for bannis les attaquent,ils mettent tout leurefpoir aus voiles & ans rames ;& h on les crampon- ne . ilsfelaiiTent égorger tenant les brascroifez fans fe defFendre,ny dire autre chofe fin on , Bénit foit U Christ. C'eft ce faine nom qu'ils ontfouvenr en bouche , avec une telle alfeurance de leur falut , qu'il cft impo.Ti ble,di- fent-ils , qu'ils foient damnez :& tant s'en faut qu'ils u- feut d'aucune force qu'il ne leureit pas permis de pren- dre un malfaiteur. Vn Anabaptiftepïeiii de rendre rai- ■• p_ fon de cela,répondit,Qu:l voleur , larron oucorfaire , *&' eft-ce, quele C hri s t ouïes Apôtres ont pris ? Vous M °* "' n'en trouverez pas un féal, nousiommes imitateurs au- tant q'ucnous pouvons de leur vie : Ils difentaufli qu'il ne faut plaider ny exercer omee de Magiftrat: Car il n'eft befoin d'avoir autre M igiftrat à leur conte , fi ce n'eft les Miniftres de L'Evangile & leurs feules allemblees: Qu'a- vons nous à faire de Magiftrats , il nous iommes Chré- tiens? Et comme je leur demandois,fi un d'entr'eus reçoit quelque tort, quel moiend'enavoirraifon : S'il n'eft pas de ma Religion, je le pourfiuvray devant fonlage, dit-il: S'ileft de la mienne, je feray bien cj'en demeurera fa feule parolerSinon jem'enplaindray'en i'aflemblee , laquelle donnera fon jugement nous ayant oùys. Voila comment ce pauvre peuple mal inftruit& dttourné du fens com~ mun , s'aneurteobftin^ment à la lertre,&ne peut péné- trer a l'intelligence d'iccllc , qui fe doit puifer non des

O 4 parti-»

a.\6 Di la Naissance de l'Hsrzsxi, particuliers, mais dufens commun de TEglife , maîtreuc & directrice de la vérité'. rr. Svr tout, ils deffendent de jurer pour quelque occa-

Deffendït fion que ce foie, & s'attachent au texte de l'Ecriture , qui les ferment dit, Vôtre parole Toit, ouy, ou non. On en a veu endurer &l*s 2- la torture , plutôt qu'avoir voulu lever la main pourpre'- mages, ter ferment, mêmes en jufticc. Pour néant difoit un Ana- baptifte dans Gaftius, remuez vous cette pierre : Nous ne faifons aucun ferment, Dieu le dcfFend en fon Evangile. Et aujourd'huy es lieu? ils font, quand on les veut fai- re ouyr en tefmoignage , le Magiftrat ne tire aucun fer- ment d'eus , ny levemcnt de main.

T o v s ont en horreur les Images, non feuIemcnt,com- me j 'ay dit, dans lés Temples , mais auiïï dans leurs mai- Lib-i.fol. fons, & les effacent de leurs livres & de leurs Bibles. Le jâft même Autheur tefmoignc avoir veu une femme Auabap-

tiftefortir d'une maifon , ayant jette les yeus fur l'Image de laVierge,quiétoit peinte ausverricrcs.Ieleurdeman- day entrans chez moy,fi voyant mafaleparee de table^us cela les feandalifoit : Vous êtes, dirent-ils, maître de vo- itre maifon, &y donnez telleLoy que bon vous kmbîe, & ne us aufii chez nous : Tant y a que Dieu nous le def- fend: Et tout aulfi tôt, le Tailler neîeftrat Image , en cam- pagne. Apres leur decez, on les porte fans pompe ni céré- monie au Cimetière, & font enfevelis avec les autres Se- ctaires,qui ne leur refufmr pas cete focieté après leur de- cez, comme font les Carholiques:Car notre Eglife a vou- lu que ceus que l'erreur avoit feparé de nous en Religion, le fuffent de même en fepulture.

LlTRI II.

ti7

?LVSIEVRS DIVISIONS DES ANABAP- TISTES 1T DI 1.1 VUS ÂVTHtYR$v.

Chapitre VI.

La Seéie des Anabaptistes di- vifceenplujieurs branches & leur merveillen* ordre en la Moranie. i.

Des F rerots qui s accouplent tndiffiremment >& de cetu qui font communauté de femmes^

Miïzeriques & autres divers H:rettques de cête échoie.

Divifion & haine entre les Anabaptistes , comme les autres Hérétiques.

5-

Autres Roû des AnahaptisliS Àepuit Leideru

6. Un Vïïlems dernier "Roy des Atabaptifles , çjrfa ttoort.

O mme lamarqueduregneperifTablede 1. Sathan eft ladifcorde: Et comme toutes Lafe&t les herefies ont été divifees en diverfes fe- des An*- des &fac1ions:aufIiccile-cy pour n'avoir baptiHei plus de privilège que les autres, s'ét tron- divifee* quec en plufieurs branches , d'où font fortis infinis rcjettons:car ceS.Efprit,efprit faus & trom- peur, qui les alllfteeftinépuifable. Tous Iesjoursilleur révèle de nouveaus fecrets : De forte que fi les Anabapti- ftes qui font en Sueve & Moranie,paffent en Holande, ils ne feront pas reçeus dans la Synagoguc,fans au préalable être rebaptifez. Ainfîpourlatroiheime fois , ils reçoy- vent le Baptême, s'ils l'ont reçeu en enfance en l'Egliic Catholique, comme écrit Cluffemburgius enfondou- ziefme Livre.Or voycy les principales Sectes qui font par- my ces sens. Car d en tenir le conte de toutes il me feroic mal aife. Sebaftien Frankus , en la troificme partie de fat Chronique, en a mis en roolle fcptante.Les uns s'apcllenc Apoftoliques, comme les vrais imitateurs delà vie des A- poftres,vont piez nuz, les latent les uns aus autres, aban- donnent leurs biens , font communauté de leur fortune,

O 5 Ceft

itS De la Naissance di l'Herïsii, C'cft la marque, difent-ils, des vrais Chrétiens: La chari- té le commande, le C h ri s t en aainfiufé, les Apôtres l'ont pratiqué: On bc peut être riche en particulier & Chrétien tout enfemblc : Et quoy que cete Loy ait varié cntr eus: Sieft-ce qu'eicor aujourd'huy en laMoranie, ils ont un public depenlicr qui diftribu'c a chacun ce qui luy eftnccefTaire, egallement. ., V o ic y quel eftleurordre . admirable certes à voir à

Mtrvei'- tQUS ccus qUi vont en ce pays-la! Il y a quinze ou vint ans Uui or rt qU'j|s ctoicnt en cete feule province de la Moranie fep- 4n a Bf#. tancc mille: car tous font mis en un roolle, qui croit &di- ramt. minu'e a mefure qu'ils naiiTent ou qu'ils meurent: N'ont aucunes poiîdîions ou bien peu, cultivent & labourent la terre des autres, font diftribuez par quartiers ou préfectu- res,par les divers domaines de divers Seigneurs , &Hous enfembie profeilent tellement le travail, qu'ils n'admet- tent aucun en leur Religion & compagnie, qui ne veuille vivre de fon labeur, & qu*il n'ait quelque métier. C'eft pourquoy il y a peu de NobleiTc entr'eus , gens faineans, difent-ils , & il quelqu'un Te jette en leurs troupes, auili tôt il quitte l'cfpee, pour prendre ou le cizeau,ou le mar- teau, Retravailler avec les autres. Et comme ils gagnent beaucoup U dépendent peu , ils ont moven d'entretenir leurs familles honnêtement. En ces préfectures ils vivent tous en commun, régi* par un fuperieur qui cften chacu- ne de ces prélectures . lequel a pour adjoints les anciens: Ceus-la prennent garde avec un mervedieus foin , qu'un chacun aye ce qui luy fait befoin.

Ovtre ceus-cy, il y a un certain PereouPrefc.ct des

chofes fpirituelles,quî les i attrait & les drefle en la forme

de leur Religion. C eft celuy qui fait la prière en leur af-

femblec,lo:s qu "ils vontal'oraifon, ce qui fe fait tous le#

Hfbicri/U 30dl's : Pendant que celuy-CY prie a haute vois, tenant les

j'.f j i mains jointes, les autres accompagnent fa prière de ibù-

«« AU4- . J ' 1 & IL

■bab'isfoi pirs,joignant auiu Leurs mains ians mot dire, puis chacun s'en va a fa tache. Ils n'ont point d'autre prêche, & ne fait- on que cete prière pablique.il y a un chef gênerai fur tou- te leur Eglife, mais fi fecret & caché, qu'il n'ét côneù que entr'eus feulement, aveepromeire de ne le révéler a per- foane.Ils font la Cœne deus fois l'an, & la font aifis hom- mes & femmes pelc-mcies, s'mvitans les uns & les autres

a manger

Livre II. irj

à manger avec beaucoup de modeftie. Non feulement en ceteàction,mais en toute leur façô devivre,onvoitentr- eus,(tant le diable eir fin & rufe) beaucoup d'attrempàce & modération. Ondiroir quand ils entrent en leurs refe- croirs pour prendre leur repas , que c'éc plutôt une com- pagnie de Religieus bien réglez , q ue des gens populaires &méchaniques. Se mettant a table, ils demeurent prez d'un quart d heure les mains jointes contre leur bouche fins mot dire, fi ce n'eft méditer & prier du cœurron diroic q s'ils font ravis en extafe, autant en font-ils a l'iiîue. Tan- dis qu'ils dînent il y a un homme qu'ils appslent Archi- mandrite, mot ancien qu'ils ont retenu des Moines delà Thebaïde,qui affilie fans mot dire, & les regarde manger. Le repas pris , ils s'en vont à leur befoigne fans le faîu'ér, Yoiredire un feul mot. Souvent ils Ce promenét enfemble, & ne fe mêlent gaeres arec les autres ^ fans crier ny tem- pêter^ en leur travail lefilenceyeft toujoars.

O n verra fur les chams trente ou quarante des leurs, Leurjîltn- vaneroubattre les biez , car ils font tenus de fournir de Cl» telles gens aus feigneurs; àus terres defquels ils habitent, fans dire une parole: Et par les villes, vingt & trente com- pignonsen même atelier . travaillent avec telle diligen- ce,qu'à peine lèvent ils la tête pour voir cens qaientrenr, & (ans faluërperfonne, infiiïencà leur befoigne. Quand il faut travailler la nuit . iis ferengent cous dans de grans chambres, les hommes feparezdes femmes , font pen- dues des lampes , couvertes avec des entonnoirs quire- çovvent la famée , Se l'envoyent par des trous hors de la maifon , tant ils font curieus de la netteté , & fur tout du filence. Que s'il eftnecelfaire déparier, c'efta vois baffe. Ainii font mêmes les femmes qui dreflènt les ménages Se aprétet les vivres:Car encore qu'elles foientdeleur natu- rel parlerelfes , celles-cy réglées parles lois de leur police Ecckhafrique,font leur fait à petit bruit. Cet merveille devoir quatre ou cinq cens enfans ou filles à I école aiîîs far de? bancs, fi taciturnes, qu'on diroit que cefohedes ftatuësrlls font gouvernez 5e en feignez par des femmes,& tous vêtus d'une même façon .d'une même parure,fans a- voir leurs habits hachez nyfaçônez.Encor que leurs mai- fons ne foient couvertes que de chaume ougrofle natte, prenant le jour par le haut, fans fenétrer leurs murailles,

fieft-

no Di la Naissance di l'Heresie. fieft-cequepar le dedans elles l'ont finettes & propres, qu' on n'y verroit aucune faleté, Quand l'heure du lever s'approche , un d'entr'eus a la charge , comme aus mai- fons religieufes, d'aller parles dortoirs , criant: Haujf Buders , c'ét a dire Levez vous mes frères , mots quil re- pete fouvent avec une vois modefte & baiTe. Ils n'ont pas en horreur les Prêtres , & fi quelqu'un entre en leur ouvroir, Couvent il en raporte quelque prefent .< aufïi ho- norent-ils les étrangers le plus qu'Us peuvent. Les Di- manches ils vont deus à deus par les villages & châteaus: On les reconnoit aifement, & ceus qui les voyent difent, t «- .«& Sjtindd broder : Cefont des frères. Ces jours ils font vé-

L.'.HT TA 19 \ '.*■/» . , a < , ,

tour fe- tus layons noirs , ayant un bâton a la main. A la dwrilt Premierc hôtellerie qui fe rencontre en leur chemin ils ÈtubU entrent , s 'affoient fans mot dire près des tables des ' ^ * pafl'ans. Apres les avoir confiderez ils prennent la paro- le, difeourent du jugement , des peines éternelles, de l'enfer, de l'office des diables àbourrelcr les cors &les âmes, & continuent leurs difeours jufques à ce qu'ils re- connoifTent leurs auditeurs intimidez: car leur adtenc n'ét qu'aus gens fimples:Lors changeant de jargon ils les confolent , leur montrent les remèdes pour fe garentir de l'enfer , & aller en Paradis, fe garder de mal faire , & la necelïïtc de fe faire rebaptifer. Cet le train que tien- nent ces feducleurs pour donner à la populalfe legout de leur rcligion,comme Luther commença de remarquer de fon tems,en la préface du fécond Tome de Ces œuvres. Ils ne gardent aucunes fêtes, & travaillent fans cefTe : Ce font les plus dangercus Hérétiques de tous , & plus diffi- ciles a convertir pires que le Iuifcar ils fe couvrent de l'E- criturc,font en apparence profeffiondc la vertu ; & quâd quelqu'un d'entr'eus pêche, murmure, jure, ou s'enivre, ils le chaffent de leur corn pagnie,i'excommunient, qu'ils appelent envoier au monde, & ne le reçoivent plus. Leur Bible eft epitomifee , aiant feulement retenu ce que bon leur a femblé , tellement aheurtez à croire ce qui eft en la leur,que tout le refte ne leur eft rien. Ils abhortent la dif- pute, & fi quelque Docleur des leurs eft forcé d'y en- trer , on fait fortir les autres , & fe tiennent fi relerrez dans leur troupeau, qu'il eftmalaifédelcs aborder. Voyla Comme rivent en leur communauté ceus de la Moranie,

avec

L i v i i 11. tir

btcc un ordre quine manque jamais &une police fibien reçlee,qu'il n'y a maifon religièufe qui les devance.Céte égalité de fortune attire plufîeurs à leurparti: Car chez eus jamais la neceflïté ne s'y retrouve. Suivons les autres fe&c-s. Ilyades Anabaptiftes nommez IesPurs,qui fedi- LesTurs. fent fans peché,efFacct de l'oraifon Dominicale ces mots, Tardonne nom noi offences -} Affeurent que les Chrétiens a- pres le baptême receu en leur Eglife,nc peuvent commet- Gaftius lu tre péché: Car comme nous avons, difent-ils, le S.Efprit jfol.j^ avec nous , quoy que nous facions , cela ne peut être dit péché. Nous ibmmes éleuz &prcd-cftinezà falut. Nous n'avons tous qu'un même cors , puis que nous n'a- vons tous qu'un même S.E s prit, difoit unAnabap- _ . tifte à un Luthérien. Tel étoit le langage des Valentini- - * Mt~ ans,écritEpifane. Il y en a qu'on appelé les Taifans, qui m' ne repondent rien quand on leur demande de quelle reli- gion ils font, & lèvent les yeux au Ciel. Puis les Séparez, tesSepa^ qui font toujours dans des lieus folitaires fans autre for- rez me de Religion , que la méditation, cachant leurs yï- Letpriam* cesdanslafoîitude. Les prians fans cefïe (vrais hypocri- tes) car une Oraifon finie , ils en recommencent une au- tre & ne parlen t jamais, ne magent& ne font chofe quel- conque fans prier: le ne fçay fi en dormant memes,ils pri- ent. Les Ravis lefquels relevez de leur extafe, racontent £«&**&' mille merveilles de ce qu'ils ont veu en Paradis, &en Enfer, exécutant fur l'heure le commandement qu'ilt ont de Dieu , témoin ecluy qui l'an mil cincq cens tren- te fix,comme B ullinger raconte^trencha la tête à Ton frè- re à la veue de fes père & mère.

I l y en a qui fe nomment les Librcs,qui ne iont fujets, **• <ïifent-ils,à paier aucun tribut , ny obéir aus Princes: Ce B*sTrtr$z font ceux qui difent le Mariage étrefpirituel, & mettent quis'aeccu les femmes en commun,avec cete brutale opinion, que ce P^tnt ïnip- méiâgeeft fans pèche', comme Platon voulut être fait en f*nntmet fa rcpublique:De l'échoie duquel, comme dit Tertulian, &q**ifeni fonriorties plufîeurs Herefies. Ainfi faifoient IcsGno- «ww«- ftiques, écrivoit Epifsne , & ceux qui à faux titre, prin- »Mtéd$ drentlenomde Nicolas, l'un des premiers Diacres avec fit»mti* faim Etienne,lequel pour être plus à délivre à fervir Dieu ayant quitte, en prefence des Apôtres fafemme, belle en pt*&clion. donna fujet a quelques mauvais garçons, qui

l'ehrenc

.

122, De la Naissance de l' Hérésie, fefirent appeler NicoIaïftes,,d 'introduire communicati- on des femmes. Ces Libres en feignent, que toute fem- me doit accorder par chanté ce qu'un homme de fareli- gion iuy demande, lors qu'infpiré.deDieu il luy dit:Mon efprit convoite ta chair ,vien conc,&faiions merveilles: Tout ceou'ils font , diknt ces bélîtres, font infpirations du faint Eiprit, omettent feudain les paroles que faint Paul aempruntees de Hieremie en campagne. Peliciarus Capitonus fait un plaifant conte d'un de ces inipirés, le- quel a l'entrée de ia maifon d'un de Ces amis luy dit : Le famtEfprit m'a commandé quaje couche avec ta femme: le le veus, dit-il , & furTheure commanda a fa femme de D un In- lUy obéir. Comme elle fait préparer le lu, il jette les yeux /pire. fur iafille plus belle & plus jeune; Non, dit-il àlaféme,

le faint Elprit veut que ce foit avec ta fille. L'une&l'au- treobeita ce mandement. Le mary de retour le matin: carilavoit quitté la moitié de fou lit à ceruftre , il le Tîiîîcirc trouve entre les bras de fafille. Comment, dit-il, le faint tlmran1e. Elpric eft-il trompeur? il a commandé te donner ma fem- me,& tuprensmafilie? Ce même faint Efprit me com- mande de t'en faire porter la peine: furcuoy il luy enfon- ce un poignard dans le fein,& le tue. Ainli un père par sé- blables folles Ululions tua fon fils, qui s'y rendit côme un Ifaac. Le conte que je vay faire eft moins fanglât. Vne lai- deron dit à un beau jeune fils defafeele, qu'un efprit luy avoit révélé de coucher avec iuy:Et amoy,repliquele ga- landjiïm'ainfpiré de n'en prédre que de jeunes & belles. l'ay parié avec quelques Anabaptiftes auiîl opiniâtres- a fourenir leurs opinions quefont lesLutheriens.lefquels m'ont nié cete communauté de femmes fi eft-ce qu'il n'y apaslongtems qu'en la Ivîoranie fe trou- oit encor des ï'éUnge Svnagogues de tels ruftes : Le lieu de leur anemblee étoit ir.fawe. tout ce tourné d'aiz enfachez enterre , épais de quatre doits, & larges de trois pieds. Apres avoir prié ils regardét foigneufement,ii quelqu' un qui ne fut de leur fecle étoit dans raiîemblee,lors les chandelles éteintes chacun pre- noit fa chacune & en faifoit a fon plaifir, fans avoir égard à parenté. Les plus belles avoient grand prefle , & en cete obfcunté fe faubient de mauvaifes réc#ntres.I'ay ouy di- re à un Flamand qui avoit attaint l'an vintiéme de fen a- ge as faire aucun exercice de religion , & que ie prcfcn-

taf

LlVRI II. Z1J

tay auBaptéme,doncjeparleray au livre cinquiéme,qu'-

en Hoîandefecretement ces aifemblces le faifoientil n'y

a pas lougtems, & qu'un hôte ayoït prefentéaun defes

amis une iier.ne CQufine belle & jeune fille pour le cori-

vie'r de fe trouver en c^ te aifemblee. Toute cete confrairic

de gens pervers &méchans, quon appeloit lesFrerots,

eft perdue. Il y a toutefois une fecte particulière, que les Les ïm*

vraisAnabapuftes appellent eux-mêmes Impurs, qui per- pnrs.

mettent !a pluralité des femmes : Et auiîi Louys Hetfere

Anabaptifte allez remarqué parmy fon party , eut treze

femmes toutes vivantes à la fois, commeLindana écrit. Nâfitêfol*

Et Luther dit qu'un autre Docteur Anabaptifte en tenoit Cs.

vint-quatre, qui ne pouvoient éteindre fa chaleur Plufi-

eurs de leurs livres ont publié cete doctrine &multiplici- Col.Menf,

des femmes, interprétant àleur appétit cete parole àcfol./ix*

Dieu. Deux feront une chair : Et cete autre de l'Apôtre: Vn

chacun Ayt U ftmm? ,& chacune fonmary.W y en a qui fc di- <

fentj Déifiés. On a veuun livre imprimé à Amfterdam, utiles,

portant ce titre 5 l'Homme Deifïé.

Parmy la haute Alemagne il y a des Muntzeriques, m* ainfi appelée de ce fol, qui diibit le couteau de Gedeô luy Munt» avoir été baillé pour instituer un nouvean règne de Ie- z*r*quit s v s-C k r i s t. Aucuns deleur fecte difent avec lesValé- & autres tinians , que le C h r i s t n'a pas été' conceu de la Vier- hérétiques ge, mais feulement q u'il a paiîe comme par un Canal par -Anabaf. fon ventre. Aulli difoic Luther que le C h ri s t avoir été &*£ Alb. enfanté corporeilement & fpirituellemcnt delà Vierge: **** contre paroles que les Calvimltes luy reprochent. Que c'et fo- C**loft* lie de dire qu'il y ayt péché originel , opinion qu'ils con- Tem. r. felTent avoir appriié de Zuingle, \oireque c'ét péché Vvitem,f^ mortel, de douter delà remifiion de fon péché. Que tout +**-Ub. le modc,mémc les diables, après avoir été chaftiés, feront ^me.de fauveziErrcurd'Origenecondanépar deux cens quatre- concor.ea^ vint neuf Pères au quatrième Concile deConftantino- de sut ht* ple.Aucuns de leurs Docteurs croyent qu'il y a trois tems, Luther. ou plutôt trois modes. Le premier à été depuis nôtre pre- VoySebsft, mier Pere,jufques a Noéjpurgé par l'eau. Le fecôdoùno9 frttnfau. fômes qui doit être purgé parie feu , le troifiéme qui re- liai; ra lors que laj^ftice régnera, & qu'après la gencralle refurrediô, ïeins Cbrift viendra demeurer avec les Eieus Bulle aas au n:o dérivai ayecjoye,piaiiir&ccté;cmér,en

recora-

"Bm.+G.

Us xïbres.

Vivijion entre les

iomme

ftkW!J Us

Autres ht- retiquts*

'p.Ohe,

te: <ier-

214 DiiAKiisjiNci m l'Hirijii, recompenfedes travans qu'ils ont foufFerts. Et que juf- ques à ce jour , les ames dorment avec le cors. Folie qu'ils ont empruntée des Chiliaftes, Hérétiques qui ont vécu au tems de Sixte premier. Parmy ces fectes il y en a plufieurs qui difent qu'il ne fefaut fervir diivieusTe- ftament,que comme d'une hiftoire, ayant été abrogé par le nouveau. C'ctoit la doctrine des Manichéens , écrit S. Auguftin : Car autrement s'ét méler,difent -ils, M oife avec le C h rist. Les mêmes chofes,répôd ce faint Do- cteur, font au vieil & au nouveau Teframent^en ce!uy-là elles font ombragcs3cn cétuy-cy découvertes: figuré- es^' icy manifeftées.

A l'exemple des autres hérétiques , tonts ces Anabap- tiftes diveriifics s'unifient contre l'Eglife. Maisentr'eux ilsfehaïïfenr de mort. Celuyqui a parlé de la vie de Ian WilleniSjdernerRoy desAnabaptiftes, qui clorra ce cha- pitre , écrit qu'étant à Anvers il futvoir deux Anabapti- stes condamnés à mert: Avant le fuplice,fuivant la cou- tume ,on leur prefente a dîner :lun le met à table, boit & mangeilautre enfaitrefus,difantau Marcgrafyeneveus manger ny boire en la terre avec ccluy,avec qui je ne veus avoir par au Ciel.& toutefois & l'un & l'autre préchoit le renouveîement du Baptême, & fc difoit difciple de Mem- jnon. Cete diviiion compagne ordinaire de l'herefie, commença mêmes à naître parmy ceus de Munftre. osVoicy ce qu'un Paftcur Anabaptifte en dit:Il y avoit,dit ::il, entre nous jutant d'opinions diverfes, comme il y ar- »voit de Docteurs divers,quifechatouilloient avec leurs ^Profeties: Aucuns fevantoient d'avoir parlé avec Dieu, les autres avec les Anges. Cet Anabaptifte fe nomme O- be,dont j ay parlé cy defïus > qui a publié le livre de fa re- connoillance. Ce fut luy qui impofa les mains,comme il raconte à Théodore Filipe,en la ville d'Amfterdam, à ce deteftable David George Adelft , à SimonMemmon,à Grccnimguen, trois Predicants, renommcz,quoy que de ^iverfes cialTes , & autheurs de nouvelles Hercfies , lef- ^uelles m'appellent ,&que je vais reprefenter aux chapi- tres fuivans, après que je vous auray fait voit les derniers Fvois des Anab3ptiftes.

Long ceins après la défaite deLeiden premier Roy des Anabapdites , un nommé Ian entreprit de recueillir les

ici! es

Livre IL 21)-

reftes de fa Royauté, & remettre fus de nouveaus feeptres, aulieudeceusqui avoient été rompus &bri'fez a Mun- n,eTi R*& ftre.Mais il perdit & la tête & la courône a Bruxeilcs.Cor- des Arta- neilleéleuluyfucceda, & auroyaurrre&aufupplice-car btjiiftis, il fut exécuté a Wtrekt. Pendant l 'uiterregrie.de douze ou

l

uinze ans, qu'aucun n'ofoit prétendre a ce Diadème fi unefte, le diable fufeite un bâtard d'un Prêtre de Rure- mundc nommé Ian Vilheros, du pays de Gueldres:& i'en- courage d'entreprendre la reftitution du royaume de Munftre. Celuy-îas'en vient aLouvain, puis à \FefeljOU il cômence a drelTer (es menées , & fous prétexte des dou- tes de la religion , ( car toute liberté veftpermiie; il con- fère avec les Docleurs.de toutes les iéetes qui abondent en ces contrées. Ce pendant il publie un livre du Mariage impur des faus Evangeliques. La il défend la polygamie, montre que c'et peché des'aprocher de la femme encein- te, ou quiefthorsd aage pour avoir en fana : O homme brutal & fans raifon, dit -il, la naturelle honnêteté, £c mê- mes les bétes tecondannent.il ioùtint auili, &le montre par l'Ecriture, Soulier a tous pieds, qu'il eft Joiàbiepren- dre le bien de ceus qui ont trop. pour en diftribueraus au- tres qui en ont peu. Cétuy-cy n'intsrpretoit pas la Bible comme les autres , félon la lettre ( c'ét a faire ausfages & prefomptueus du monde, diioit-il en les réponces | mais bien félon qu'il pretendoit , que le faint EspritIc con- duifoit.

A l'appétit defesLois, plusieurs fe jettent defonpar- VI. ty, volent, pillent, &iâccagent quelques m allons de gen- lem Vv'tl- tils hommes. Céte troupe le nommoit lepeuple dclan hetii dtr- Wilhems, laquelle s'épandit par tout le pais dcCleves. n:er Ro* Ce Roy fe tenoità couvert, reconnu feulement parmy Ces dés Anjt- fujets.I1 avoit fes Revues parées & vêtues à la Royaîle, baptisles. quand il tenoit fa Cour. C'étoit un homme d'une'beilc & haute (rature, dit le petit difcoars qu'on a fait de luy,a- vec unemerveilleufckvcuré, & teprefentation agréable. Ii tenoit les gens en crainte, portoit un glaive qu'il appe- loit lépee de Gedeon. le ne me veus arrêter à déduire tous les mouvements de ces fols écervelés , & me contente de , dire que ce Roy fut arrêté prifonnier l'an 1Ç74. au Duché Ésn de Cleves, enfemble Elizabeth appelée IaRoyne-rncrc, & . tint autres de fes femmes , deus ièulement furent execu-

La Roine- &*ete exé- cutée.

iz6 De la Naissanci l'Hirisie, teesàmort, on pardonna a la fim pli ci des autres. Parle procez verbal oui fut fait a ceteRoynernerc,on voit com- me elléenrra endifpute avec le Predicant de Wefel nom- me Hànabergiûs s'-kyàznide rEcrnuiecomnieunnou- veauDo&eur bien inftruit ans lettres facrées. Elle mou- rut au ffi confiante qu'opiniâtre es foies opinions qu'elle tenoit defonmary.

Quelque tcn.s après l'exécution accès femmes Vau- tres officiers, ce Roy fut train é devât fes luges, tout char- gé &appcfanty de fers. Et quoy qu'une longue prifon de quatre ou cinq ans, l'eût vieilly & décharné, fieft-ce que avec une parole fierc & hautaine ii leur dit : faites ce que vous voudrez, le Dieu qui m'a créé & qui m'a fait ce que je fais, montrera fes merveilles aubefoin, &megarentira de vos mains: Il eft tout bon & véritable en fespromeifes. Xt Poy Toutes fes profeties pourtant furent vaines : Car ayant faut* à furvécu quelques années à fa captivité, entre mille fray- petitfctu eurs, il eut une lente &miferable fin; brûlé à petit feu l'an mil cinq cens huiclante,fans-que ce malheureuxmontrat aucune repentanec de fes fautes. Il invoqua toujours le Ciel afonayde, cependant que les flammes & charbons aidants lay defeichoient ce loin la vie, fommantDieude fes prom elfes. Voyla le dernier Roy des Anabaptiftes en cendres. le ne fçay fi le fîecle fuivant en fera renaître de nouveaus. On voit comment cete fe&ea été' fondée du débris des Lutheriens,vivant en quelques coins de l'Aie- magne, Pologne, &Pays Bas , attendant comme lesau- tres lejour,dermei de fa ruine.

D' A N'

Livre II.

zi7

D'ANDRE' CARLOSTAD PERE DE

TOVS LES SACR.AMENTAIRES

de nôtre teras.

C H A P I T R

VIL

la première guerre que le

diable a fait à I e s v s-

_ Christ a été pat le

rnoien des Sacrement ait es.

i.

André CarloJIad le premier

Sacramentaire de notre

tems*

y

D'où ildit qu'tl* prit fa do- Brine, & comme Lutl.er achetai* guerre SacrtBiï- tAire avec un florin d'êr.

jQuelfut André Carlojfad, & le dêflatftr que Luther Hvûit de ne pouvoir être de /on avis.

Grand amy de Luther , fe rend fon captai tnntmy,

6.

Carlo si ad fut le premier Pré- - tre qtufe maria,/* mi/ert &>/* mort.

Eté badine & furieufe fe&e des Anabap- tiftes , m'aretcnuplus longuement que je n'avoispenfé. Mais puis que parmy les Herclies de ce tems , elle fait une bande à part, & que perfonne n'a pris la peine d'en écrire les particularités : le J'ay vou- lu repreienter avec Tes ordres & livrées , & luy donner Ton équipage entier. le viens ans deus autres piïncipalles fil- les de Luther, pere-£randde toutes en mènerai , &com- menceray par la pire , qui a eu néanmoins plus de vogue & plus de fuite que les deus autres : C'ét celle des Sacra- mentaircs. Le diable déterminé ennemi de Dieu, fait comme ces grands capitaines, quifontrouller les années? pour la conquête de quelques pays ; ils mettent a feu 8c à lang ce qui fc prefente , prennent les places Se cbàteaus qui fe rencontrent en leur voyc, faccagent îacampagne^ mais ce pendant l'ccii & le penfer du ciieftornca la pn- fc de la place d'importance 3 «ne le gain de la victoi- re. Cet la oùilreierve fon plus grand effort: Au m* cevieus routier quipxomenc toujours enfa cétela ruinedela

P z. cite

t.

La prtmit rt £},erre*\ été celle des S'aer*- metains*

Bslte 'corn- pxrsti/cn.

223 D E L A N AI S S AN CE DE l'HeRE SIE

cité de Dieu^abat les images, bnfe les autels, controlle toutes les ordonnances que Tes Lieutenans ont étably pour le maintien d'icclle, mais tout cela n'et que pour les enfafts perdus.Legros de Ton armée vife à détruire la fain- te & facree Euchariftie, Sacré feint bafrion de la Foy,c:ét la oùil pointe toutes fes pièces. A peineavoit le Savvevr dreiTéfon Teltament, que les Cafarnaïtes charnels,prc- rniers foudoyers de Sathan commencèrent à gronder. Voicy une étrange parole, Comment nous peut cetuy- cj donner fa chair a manger ? Mot Iuif, difoit Saint Cyrille, ufer de Quotnodo aux faits de Dieu.Ccux-là font dignes de 5. Aurait* gène & de toute forte de tourmens. Ce qui a donné fu- inP/al. jet a Saint Auguftin de dire que la première porte que le j^.S.Jgn. diable fauça, pour forcer la maifen de Dieu, à été par le in Epifl.ad moien desSacramentaircs. Et comme il avoir commencé Sin. Irtn. par les Cafarnaïtes , pour drelTer fa batterie contre cet Theod. in augure & admirable Sacrement de l'Autel, fort inexpug- Dta. im- nablede l'EgliferAulTi a-il fuivy fa pointe par le moien de f&tibuit. Simon & Menandre, ennemis de l'humanité de nôtre Stpùm. Seigneur, qui humanifoient fa divinité, &mortalifoient Sin. fiiïtï. fon^immortaiité. De céte échoie font fortis les Cathafri- Augttïï. ges, Pepufîcns, Manichéens, &Ofites. Lesunsméloient Hère. Cf. du fang des petits enfans,les autres deteftables vilains, de dsCcnfe. la femence humaine. Depuis il a continué d'alTaillir céte mit. j. fainteHcitie 5 pat l'entremife de ceus qui comme les Ca- farnaïtes , diîVnt que c'et un batelage de voir le Prêtre à lAutel,fouflant quelques paroles fur un morceau depâte, arracher par fes enchantemens cnuninflant, non pas la Lune, mais le vils de Dieu du Ciel. Ainfï parlent-ils du Prêtre aus prières duquel, dit faint Hierôme, le cors & le fane- de Ie s v s-C h ri s Teftfaitenuninitant,& écrivoit îp. J. Ad Grégoire Nicene3par fa parole le pain eft changé 3u cors. tn*g. Ainiï appclent-ils enchantemens les paroles facrées,for- ties de ia bouche facree du Redempteur.Apres ces premiè- res pointes des Simoniaques &Menandriens , cetenne- mydclES v s-C hri st demeura plufieurs ïîecles peur In 2 Siro recuciilirfes forces, &jufque environ l'an fept cens cin- IsKt"Âà. q^ante, qu'il fit dire aus Brize-images,felons exécuteurs £. ' de fes commandemens , qu'il nefalioit autre image en

TEglife que la feule Euchariftie. A ce blafphcme coote VJcoiife t émeut lors, & découvrant leur ruie,dcfinit que

CCI.'*.-

L I V R E II. ti-9

ce n'étoit pas l'Image de I s s v s-C h r i s t, mais I e s v s- D.imtf. I, Christ mcfme. Cinquante ans après Scot voulue re- *• cap. if* nouvcller céte querelle, fi le Concile deVerceirneluy Lanfran. eût fermé la bouche.Mais deus cens cinquante ans après, li. àe Vkr. il anime Beréger Achidiacre d'Angers , qui vint faire une Corp. Chr, rude charge à 1 Eglife. On peut dire celuy-cy être le vray Berenger* Autheur des Sacramétaires,& de l'erreur depuis renouve- lée par Zuingle , niant la prefence , puis celuy deLuther, accordant Pimpanation. Sa vois feulemét fut ouye par la Prance, fans qu'elle peut percer plus avant. Voicy le ju- gement qu'ont fait de luy les nouveaus Evangcliques ^François. Berenger s'avança de parler de TEucliariltie, &vre d* „pluî pour la haine qu'il portoit a Lanfranc & Roger, & , *' * „pour gloire &efperance de victoire, que pour defir qu'il ^ £g"fe* ,,eùt de révéler & maintenir la vérité. Qutpis eft,il ibû- MÊ--3^' },tenoit quelques mauvais propos contre iemariage,& le ,, Baptême des petits enfans.

Ainsi découvrent ils les vergongnes de leur père, Léon neufiéme oyant les nouvelles de cet homme, le re- tranche tout auiïi- tôt de l'Eglife,& le Concile tenu à Ro- me, condamne fonherefie. Victor fon fucceifeur aiTem- Repentant ble un Concile à Tours , Berenger abjura fon erreur: &mortd.t Puis relaps, il fut cité à Rome, il confeifafa faute, en Bgreager, prefence de cet treize Rvéques, brûla luy mémefes écrits. Le Chapitre ou Canon commençant Ego Bhrenga- rivs, porte fon abjuration: Ce qui fut fait, prefident le Pape Nicolas fécond, a Rome, tant detefté a ceteoccafi- , . onparlesSacramentaires. Mais pleut à Dieu.dit Luther, " „-

que tous les Papes fefulfent portez aufli Chrétiennement ^ ' , J" comme fait celuy-cy envers Berenger, le ramenant a cete confellion. Mais encor pour la troifiéme fois, cemifera- ble trébucha: Toutefois convaincu pendant le Papat de Grégoire VIL il revomit tout à fait fon venim, & garda inviolable le veu de fa repentanec: Ayant quitté fonAr- chidiaconé, & donne fes biens aus pauvres, il fc retira dâs Bergoimn. leMoaaftere de Cluny, comme dit leur Chronique:Arri- fupU. aus derniers de fes jours, étédu au lit de îa mort, il pro- Cbron. tefta qu'il mouroit de dix mille m jrts , pour le fouvenir Gerfin. feulemét de fon péché & de fa faute. Mon Dieu,difoit-il, Ltnt. d: comme écrit Guillaume le Bibliorequairc qui vivoitde Euchiriïï. ion tems, tum'aparoiiiras aujourd'huy comme j'efpere Guillelm*

P 3 pour

Xib.de C*.

'230 De la Naissance de l' Hérésie, pour mon falut,He' ! quejecrains l'enfer pourpunition Xiblio.l.j. de ma méchante doétriue: n'ayant peu me remettre en la tap.sf.de connoifiance de ton Saint Sacrement, ceux que j'ay au- geft. Atigl. trefois fedui rs. Sa penitéce pourtant n'a pas tellement tué F*hcUin la mémoire ce Ton forfait , que celle de Ton nom n'en foit JLnead. encormaudir-e comme celuy qu'on appelle le père de ces Vinrtnt. Sacramentaires , lefquels ont recueil !y les vilaines reftes ffirt 2.fpe. defon Herefie. On écrit que faim Hubert gifant au lit de ïb.2J.caf. la mort,voyant entrer cemoyne pénitent en fa chambre, 30. s'écria: Mon Dieu, qn'trft-cecy?ie voy le diable qui parle

à l'oreille de cet homme.

Zib.corJ* LambettDaneau Sacramentaire de Sdam, contre le té-

Se/ntc.p. rnoignage de ceux qui témoins oculaires de la mort de

S1- Beranger,parlent de fa pénitence, dit qu'après avoir def-

fendu fon cpinion,il mourut ccnflâment, & rendit l'arme

au Seigneur Kemnirius au contraire ledetefte comme un

malheureux hérétique. La mort & la côverflon de cet hô-

$*g-S2J' me ne pût faire mourir fon h ereiîe , laquelle fe divifa en

trois fectes reprifes encor en nos jours ; car comme écrie

Vtb.contr Guitmodus aucuns recevoict l'Euchariftie cômeunefi-

Hirtn«*. gure: les autres admettent la prefence du corps avec telle

condition que le pain & le vin derneuroit en la fubftan-

ce^&k's autres accordoient la divine tranfhbvtar.tiation,

mais feulement en ceus qui recevroiét dignement les fa -

crésmyfteres, retournant Je pain &!c vin en fa première

nature : il quelqu'un s'en approchoit indi£nement,attri-

buantainfi plus de mérite a la créature qu'a Dieu , enô-

tant la force de la parole.

Depuis ce Berenger aucun n'avoir ofé ouvrir fa facri- Ân •'' lege bouche contre lAuguite& admirable Sacrement de C*rTo8ad ï'Aucel pour nier la prefence de Iefus-Chrift. Caries Pe-

1, * -~;~ trobufiens,Ab^i!lards. Albigeois, ^audois,\Ciclefviites, le premier a » .0 \ r *

(acmmeH- & Huilires,ne nrentque begayer,accordat la preleuce du Jîuireàe ne cors ma's avcc;OL1 ious 'c pain Calques à ce que l'an 1524. *♦.„ 4,~,< undifcipledcLuther.&le premier Prêtre qu'il déroba ja- maisalbghiemomme Anarc Carloftad, duquel j'ay par- lé au livre preuuer,derna de nouveau la toute puifsace|du Tout-puilTant,ne pouvât imaginer qu'il pût être a l'Au- T>e S-mh tel & au Ciel en même tés ,& que lep.unfutfaitchair.il homJj ' n'avo" Pas retenu ce qu 'Eufebe Emicenc luy avoir apris. N'embrouille pas ton efprit, dit- il, par quel moyen c. la

fe peut

Livre II. z]i

fc peut faire :Ilne faut pas concroller les chofes divines, , , mais les croire. La Toute puiflancedu Crcateuu,rau- „thoncé de fa parole , te (bit & teferve de lumière & de ti raifon.Qu ét-ce que les chofes celertes auroient de pre- „cieus& admirable , fi elles dévoient ployer fous lesre- ,,gles de nôtre fciencc?Ceiuy -cy donc matry qu'on don- nât tonte la gloire a Ton maître, & qu'il ne portât que le bas &iimple titre dedifciple, après s'être contenu deux ans en la foy de Luther , rantafîa une nouvelle doctrine fur le faint Sacrement, laquelle un grand homme, difoit- il,s'e'tant apparu à luy,luyavoit apprife, & que cet home étoitlePerecelefte.Cen'ctoitpaslePerecelefte, dit Lu- To' *• *ea- ther, mais bien le diable trayefti en faint Efprit. Difoit ^T ] donc ce nouveau Docteur : qu'en prenant le pain en la n$' m C%cne , c'ét le ligne & le Symbole de la Chanté & frater- EP*ty' "* nité Chrétienne j & que leSanveurprononçantcesmots (iuefl^ Cfcytslmon corsant vouioit pas dire, que le pain fut le cors, ^er- ctvt mais fe montroit luy-méme afîïs a table , comme s'il'f0,2* vouloit dire tirant Ces Apôtres a eommiferation : Voicy cemiencorsalîîsau milieu de vous, cet celuy qui fera livré a la Croix pour vous. Mais, luy difoit un autre hé- rétique, que vous verres s'e'lever bien tôt: Qyund le Sau- Qeco[ «^ veur difoit, ' :éte coupe efî mon -«»?, montroit-il fes veines, v\lr & non la chofe contenue en la couppe?Et comme le fanç " ,A '1 ieraportea celuy qu il donoitaans la coupe Au;Ti le cors J

fe do.it cntëdrcte! qu'iliedônoit fous Jes efpccesdupain, àfçavoir lors q ••' il difoit: Oecyefï mon corps. LeC-ti r i s r,â fon conte, fied la haut a la dextre de Dieu icPere,tel!emet Ca.rlosl.in colé&adherant,qu'ilncluvc{tloiu^lcs*cndépartir,juf- jiaÙàeCU. ques a ce que pour iejugement VniverfeLil viendra râpe- cùnt. Cor>f. lerlesmorts du fepulchrc :Car étant remonté, ou mêle huth.UJc verra qu'au tés que la mort marchera devint fa face, Sz le ver.&fat- diabîc cheminera devant fes pics. Que s'il tjtoit à l'autel, ra Rrfjto. comme les Papiftcs & Luthériens diient, il faudroit qu'il defeendit du Ciel pour etn. au Sacremét,&qullreitrôtât du Sacrement pour être au Ciel :Àinfî cet étourdy vendoit le cors du Sauveur foi et &efcïave ans lois de la nature.

1 II voulait Lat«ch$r

Ainfi qt-.' m* Promet bfe,au fête d'an rocher. Iecroy auiii pea(dit-il au dialogue de la CcenejshicChrift foucxipluiieurs lieuscorporellerncnt cômej'e croyfainte

P 4 ' Anne

i:i De la Naissance de l* Hérésie,

Anne avoir eu cinq tercs : & innocentent ïnfzntem habulffs b*rb*m inoiecim cubitos prolixxm. Voyez Ton propre texte: Car c'a été le Père des Zuingliens & Calviniftes, qui ont c:p jîs fi turieufement afTailly la Chrétienté. Cete ienten- ce, fair-il, dans Ton Dialogue imprime l'an mil cinq cens vingt-cinq , Hoc est c»rpuA mstun , eft pleine & parfaite , de Uq igneur a ufé ailleurs , fans faire mention du

Sacrement: car ce pronom Hoc, aune lettre Capitale H. ïJatth.Kf Or uns grande letere deiïgnc le commencement d'une *ê. J.C3" •-'• fentenec. Ces mots donc ont été inferez aus paroles de la Came, comme quelquefois on entrclafle divers propos, & toutefois iefcnsef: entier. Il eut été bon que les inter- prètes euflent laifle le pronom Grec tovto, & qu'ils l 'eiiiîcnccntrc-mcléparrhy le Latin, lifantaiaiî tovto Ko- tftcorfu» totum. On eue lois reconnu que lignifie cp mot tovto: C'efrun pronom Grec, qui montre vn nom neutre. Orle mot Latin ?»*«#,. eft mafeulin , doncqueslc VinttJUci pronom tovto n 'y peur convenir ,. & ne peut appuier Jtdrlojl. îopinio de ceus qai disét le paiîi être le Cors de Christ - c. rlarraic Grecque ne le peut fouffrir, non plus que la «Latine , ijiud Pûms e/l corpua meum. Quant a moy , j'ay » toujours penfé, le C h ri s t en motxantfon cors, avoir x»éô.t,Cecy eflmpncêrs qui /ira livre four veus.Czt le Christ «ne montrait pas le Pain , Scnedirpasce Pain eft mon »Cors. E: ceux c jidiient le Pain cercle Cors de Christ,

tient, & le dftênrde ieur tête.

» Ces : *: o\cS,Ho:esl corpMmJHin qxodprovjbùtraJetuT,

: enfermées de points & au cômen cément &alarîn,

itquelefens n'ét pas attache au précèdent , ny

ft.n&& feparé. Donc il faut de

çnéçeûzté confetTer ie C h r i s t, difanc : Cecyeft mon ccny

o- avoir montré (on cor?, & non ie pain. Diriez vous pas

»qnc cet homme rêve. & que voulant démêler une que-

Xt àzi fantafies au:Ti mal a propos , que ce

l'ilaporte eftdépqurveu de jugement?

Ce faim Efpnt qui luy avoir appris un fecret fi rare, fi

il dit haut, &fiexcellët, (il nfc de ces motsjdevoit ctreun-éprit

au il a*p- ramilier,lequeUuy foufloit a l'oreille ces inventios.com-

prtsfa \~do- mêle diable fit jadis a Numa PompUius fous le nom de la

Nimfe Egerie , ainfi que Conrradus Rtflius écrit après

-"ai pour este occafion appela Carloftad, Ledia-

- i

L i v r i IL * 2.33

bk incarné. LaVeritémc'meen defpitde cétuy-cyatiré gstalnvit. cete confeflion de fa propre bouche : car il c'crit qu'eftant CarfoJiatL en peine far l'intelligëcc des paroles de la C xne,uu hom- me s'apparut, quiluyouurit tous les fecrets de ce grand mvfterc, luy montrant que c'étoit une pure idolâtrie, de croire le Cors de C h r i s t être à l'Autel, que l'action de la Cceac n'étoit qu'une commémoration de fa mortrque lroj Sclt$- les Luthériens & les Papules , étoient des idolâtres de le fimbur. di croire autrement. Au commencement que ce fol Ternit cœn.Dom. furies rangs, c'ctoit le cœur gauchc,& les délices de Lu- $&£•£?• ther.quijettarhuylcdanslafournaifeardantede cecef- prit brûlant. Illemettoit lors par dcfTus tous ccus de foa fiecle. Audi le print-il pour fecond,quand il entra en lice contre le avant Ekius l'anmilcinq cens dix-neuf, ou plutôt il accourut à Lipfe pour le féconder luy-mcme. La folie de cet homme remua les foies humeurs de plusieurs cerveaus, les uns punirent goût à Coa nouveau intellect, âc crient qu'il a trouvé la vérité'. Autres s'y oppofenr, difent qu'il rêve. Les uns en font Autheur le Saint Esprit, les autres le Diable, demeurant tandis Carlo- ftad ferme en fon opinion.

O r étant Luther abfent de Witemberg , Carloftad qutenétoit Archidiacre, après avoir aflembié quelque jeunelfefole, & dune humeur pareille a la fienne, entre dans l'Eglife,abat les images, donne la facree Euchariftic à toucher aus m ains profanes. ditque cen'étquednpain, brife&romp les Autels, prefche la Liberté Chrétienne, mémement par l'ufage indiffèrent des viandes, fans que le Magiftrat eût le coeur de s'oppofer à la folie & rage de ce m onftre.Luther de retour tança fort Carloftad(car lié-- Lib contr, toit encor lors fon amy) d'une telle entreprife, trop auda- cœUsl. tieufe, difoit il, comme faite à fon defeeu, & fans avoir Brobh. commandement de luy.

Voicy comme les Predicants Calviniitcs du Palatinat recitent cete Hiftoire , & le j ugement qu'ils font de l'un Hift. ds & de l'autre. Comme Luther après la diette de formes, C*n.Aug% fefut retiré de Witemberg pjur éviter le danger : Car- Li.de Au- loftad commença 4'cnfeigncr la Liberté Chrétienne, tfor.Lutk memement d<ts viandes, l'abolition de laMeife, chan-

fementde cérémonies, & retabliiTemcnr de la Cœnc u Seigneur: Ce pendant il ô ce les Images des Temples.

V i Com-

i$4 De la Naissance de l* Hérésie. ^Combien que ces cliofes de foy ne fuiTent pas mauvai- ses , toutefois jamais nous n éprouverons les actions de ,,Carloftadmaî commence'es, non tant parce qu'ilde- ,,fend, & plutôt o'ofeurcit par des raifons fauffes & inep- 3, tes quelques chofes véritables , que pour avoir fait des ,, choies inconfîderément defon confeii & propre autho- ,,1'itéjavec le danger & fcandalc de lEglife,ne faifant lors ,3quenaître: Et aufîi pour n'avoir déféré a Luther, que 3, Dieu avoit éleu pardefïus lui. Voyez comme ils remar- quent un chef en l'Eglifc bâtarde, & le condamnent en l'Eglife légitime. Luther étoit éleu de Dieu.-Quelle preu- ve, plutôt que Carloftad?Les Calviniftes dévoient plutôt prendre le parti de celui-ci , plus proche & voiiïn de leur opinion que de l'autre. Carloftad avec eus apelloit la vé- nération des images, idolatric:n on pas Luther. Carloftad avec eus blamoitle Célibat des Prêtres : Luther, quoi qu'il fefrotat les épaules , fc démangeant en Ton harnois dé-iors qu'il eut jette les yeus fur la Religieufe ,• Sin'o- foit-il pourtant reprouver le vœu qui! avoit approuve', & nefranchit ce faut, fi ce n'eft après que Carloftad l'eut franchi le premier. Carloftad avec eus appeloit la Méfie, l'abomination: Luther au contraire en a laiiTé une partie. Carloftad avec eus , difoitlecorsde C kri s t n'être en rEucKariôiéj mais au Ciel: Luther au rebours qu'il étoit par fa route puHlaruc fous les efpeccs du pain. Carloftad denCrtdeivii CiU'nifte, devoir des Sectaires de Calvin é- „tie cftimé l'envoie de Dieu, plutôt que Luther. Voyez ,, après comme ils Ie<. condamnent tousdeus d'une même bouche. Certes Carloftad eft blâmable, &encoresplus ,, Luther: Car étant de retour à Witcmberg, voyant ces ,, chofes faites fans lui, il n'eut pas honte de reprouver ce „qu'il avoit aprouve, fcd'aprouver ce qu'il avoitreprou- ,,vc , tranfporte de coierc contre un homme, duquel il „penfoitctrenaépnfé : Encor blàmableence , qu'avec jjl'efprit de douceur-il n'arrêta l'ardeur & ferveur àzez j,jeune homme forti des limites non pas l'arcelerpar pa- 3, rôles & écrits picants , l'appeler au combat, le dériant, ,, voire même lui donnant une pièce d'er. il remit fus les ^images, &l'éleva:ion du pain, laquelle il confc fie en fa ,,pe:iteconfeiïion, avoir voulu abolir, mais qu'il l'a te- „tint, arin qu'ilne ferabiât avoir nen apris du diable. Pa- roles

Livre II. 25 j

„roles certes indignes d'un Chrétien & un grand défaut ,,cn Luther, fuivi depuis d'un autre plus miferable Voila les mots traduits de l'original que les Predicants du Pa- latin ont publié dans le Traité par eus fait del'authori- tc'deLuther. Onvoitdoncpar ledifeours desuns&des autres que céte folie de Carloftad, arrêta celle de Luther, qui ne voulut ôter les images de les Temples , (pourne fembier imiter fondifciplc, marri p:ut être qu'autre que lui fut !e premier couronné de cet honneur) ni abolir la M.ih C'etoit le refpect pourtant qu'il portoit au Duc Federic de Saxe , fon Mécène, lequel n'y voulut jamais apport ; (on confentement,qui recint Luther en l'aboli- tion de la Meife. leneveuspas, difoit-il, ôter le factifice, l'élévation, & autres chofespies &faintes,fçachant bien cu'elleeftailortie dediverfes pièces bonnes , mais il y a le fatras. C'eftoitenfomme qu'il vouloitdretTer la à fept points, dont jeparlerai ailleurs. VivantFe- L ut hern'ofa y toucher, mais Ian Federic fon fils ve- r xlny fucceder l'an mil cinq cens vingt & trois , lâ- cha la bride a Luther, qm, comme fouverain Pontife & Ambaiîadeur du Ciel, difpofa des chofes à fa fanta- lie, quitta fon froc, &pdtl habit d'un homme lay. Lu- ther donc arrivé aWicemberg, tout alumé decourroas, crie, déployé fes anachemes contre Carloftad, & fes LasLuthe- complices , met la main a iaplume contre les brife-ima- riens ont ges: Auiîi écrit-il au troifiémc Tome imprimé à Gènes, des tmâ- q ne !a Loy de Moyfe ne deffend autre image que celle de ges. Dieu, non pas du Crucifix , ou de quelque autre faint, &c voit on les Temples Luthériens ornez d'images. C'eil pouïquoy Bezc les appelle Saxeos pndicjitorsi , prêcheurs pierreus.

Voici les propres paroles de Luther, alfezaiices à en- tendre: t'rtmHtn dicofecunitim Ugetn Sîejîs, nuU*m *lUm imz- 7* G' - ginemprohibitstm ejjejtdter imazimm Dst'.Crticifixi tutem vtl

miîcrimf.\nciï im*gimm hubere ,ïinp>fibibitum esl. Sicut Gai-

it* non curât tu* Saxo mcumjïc rue tejeratur nobii Mo/es. No i in ^çlfLa

part. uni.

Nova TtJlamen*Qtteofm r.et vide*e,wt audirc volnmw.lc dis sien premier lieuquepar la loi de Moïfe, aucune image n'a »Cté deftenduë que l'Image deDieu,mais il n'eftpas def- « tendu d'avoir l'image du crucifix ou de quelque autre S. »Au reftetout ainiique la France ne fefoucie point du

droit

proph.

2$£ De la Naissance de l'Herisii, « droit de Saxc,ain(I qu'on ne nous oppofe point Moïfc: ,,Nous ne voulons ne voir ne oyr Moïfc auNouvcau Te- ftament. Le commandement,dit-il encore ailleurs, des Images 5c du Sabath, font des cérémonies qui ont été a- bolies. Ccfut le commencement de la divifîon de Lu- ther,^ Carloftad, &lefujct quile mitauschams, pour fe venger du conttoolleur de fes actions, comme écrit Melancrnon. Le but du diable, difoit Luther , n'eft pas d'abatrcles Images mais il veut parce moien ouvrir le chemin pour ëpandre le fang, & venir aus meurtres & fc- Ltithercl'- »ditions:Encor Luther n'avoitpour lors lâché la bride a feint Car- "fa fureur. On me dira,écrit Luthcr,au livre qu'ilafaic L;Ud. ^contre luy, que Carloftad n'aime point les meurtres & asfeditions.-Iedisquefi , tant qu'il tachera d'attirer le sjpeupleàfoy , & avec telle violence rompre les Images. «Ouy ? mais il veut être inftruit. Qu^y CarloftadîC et sala douceur de fon langage: II du ôc écrit qu'on t'en- s> feigne- Mais a qui eft-ce qu'il a voulu céder ? Combien wdefois Filipe l'a-il admonétc, de ne faire pasainfile «fol contre les Images , contre la Meifc, & la Confefïi- on? Ppucquoy n'a-il ceffé quand je l'ay tancé? Onfçait qu'il a communication avec les faus Profères, qui feig- nent parler a Dieu :Car il y avoit lors a "Wiremberg trois mauvais garne nens , compagnons de Carloftad , Pelar- gus , Srubenerus , & Ccllarius : Ce furent des premiers Ânabapriftes qui difoient avoir communication avec 1 LfpritdeDieu , pour annoncer la vérité. L'un d'entr'- eus nommé Stubenerus conféra avec Luther, & comme ilaifeuroit avoir l'Efprit de Dieu avec luy , Lutherie quitta. Ieneveus , difoi:-ii en fe moquant, etriver con- c treDieu.

rPm*Pê' O p. fur tout i! blâma Carloftadjd'avoir laiiTc toucher

m:'$rim' Sa funre Euchariftieaus mains populaiies, Prenez girde,

axaara. dit -il en fou gros Latin decuifine: ^putd Deusnfnpoa ffe-

^ * 35 *e inum , ticut fancttferunï : Dieu he peut fouffrir qu'on

aCy UUb. Mfcjou-c- à luy, commefont les Saints. Carloftad pour

"C"'ii\ tour cela ne d:-meui.e muet , mais cédant a la violence de

"^r Luther,retiré de X>7itemb-rg,pou(fe avant fon entrepnfe,

*■ &fait la guerre a l'impanatiô de fon Maître.//? a toujours

det qti'rei'Jjs tntte Us fuperket ,dit le Sage. Tât que Carloftad

fejourn?, dans l'avis de Luùici: cefurtftt gjand'hoinmcj

pciuîe!

Livri II. t?7

poulTc de l'Efprit deDieu:Mais delors qu'une nouvelle o~ pinion entra dans fa tc'te , 1'efprit malin le pofleda, difoit Luther.Cc fut lui-même qui le jctta dâs ccprecipice, s'c- tant acheté à beaus deniers contents un fi âpreennemy. Lanterus Zuinglicn ScWolfius auiTiracontent,qu'étanc Luther entré en conférence avec Ton Carloftad,levingt- deufiéme jour d'Août mil cinq centvingt &quatreen la ville de Gènes , en l'ôtelerie pend pour enfeigne un Ours noir , fur ecte fainte matière du Sacrement, en pre- fencedeplufieurs perfonnes, mêmes de l'Agent de l'Em- pereur , & du Marquis. Et celuy-cy difputant delà réa- lité comme impciïible , l'autre le taxa fort: Et comme Carloftad opiniâtre deftendoit fon opiniomjufques a di- re qu'il ne craindroit la mettre par écrit, Luther l'en dé- fia^ tirant de fa gibecière un florin d'or:Tiens,dit-iI,tu Comment ne l'oferois entreprendre: le redonne ce florin, fais-le. le iUtkc- a- le veus dit l'autre, & t'en ferai voiries effets. chsta U

A in s i Luther acheta lui-même laguerre des Sacra- guérit dit mentaires,qui lui donna depuis beaucoup d'affaires & à Sacrtmen» fa pofterité , fans efperance d'aucune paix ny trêve pour t aires, l'avenir. Cétc plaifantc gageure fur la prefence de I e s v s C h r i s t à l'Autel entre ces fages têtes, fc voit auffi dans Sclufemb.urgius , quand il parie de l'opinion de Melan- éthonen laCcene: Et les Luthériens ne le nient pas, mais Lih. 2, voiez comme ils couvrent ce fait. Quant â ce, difent- ils, Tke.Calv. qui touche ce florin d'or, duquel nos adverfaires crient tant,Luthernele donnapasàCarloftad,commeWolfius imitant le diable fon maître, a écrit , pour acheter une lnhifi.de mauvaifecaufej mais parce qu'en ce Colloque Carloftad Cœn» montroir avoir crainte ,.que Luther ne voulût empêcher 4ug-f**f- Teditiondefon livre qu'il avoit fur la Prefîc. Par ce don d'un florin d'or, Luther voulut montrer que tant s'en faut qu'il empêchât la publication , qu'au contraireily vouloir contribuer du fien. Ce n'étoit pas qu'il aimât les diflentions: mais aiantrecôneu cet hôine couver en fon ame quelque chofe demcflrueus,il jugea qu ilétoitplus expédient qu'il le vomit dehors , que non pas de le tenir caché dansibn ame, &en fecretjetter le venim en celle «Tautrui.Avec ce florin d'or du Rhin, il nt forcir le renard de ia tanière , ce qu'il voulut fane eu prefence nonfeule- met de plaideurs babiuns de Gènes , mais auUi des Agenc

•i*

Livrts de CarlûjÎHd.

Vii. 3. tract. A. T:gnr. Fcclef. Luth. cent. cAîeiî% •Eropb. MtUnÛ. in epifl.tid 'Rom*. Wolf.in kift. Aug.

IV.

Quel a été

AnAre

CAYlojUd.

238 Di la Naissance de l' Hérésie, de l'Empereur & du marquis , pour clorre la bouche à Carloflad, qui difoitLuther empêcher l'impreflion defes œuvres. Peu après Corloflad envoya imprimer Tes livres a Baie , de la révélation de Dieu,des raviffemens fpirituels, de l'Abolition des bonnes lettres , & autres, & s'en alla a. Sciafbourgjpuisà Zurich pourvoir Zuingle, avec lequel il avoir ja au paravant conféré : mais des Anabaptiftes a- misde Carloflad l'en détournèrent. Ceus-cy faifoient grand cas des pièces de Carloflad , &les publioientpar toutjcomrae conformes à leur opinion de la Cœnc:Tou- tefois après céte première faillie , Carloflad écrit à Lu- ther,que ce qu'ilapublié ducorsde Christ, aété plus pour cercher la vérité, que pour en définir. Luther pour cela écrit par tout, qu'on fe garde de ce nouveau diable, qui révoque en doute la puilTance de C k r i s t ,& fa pre- fence a lAutel Sa lettre fe trouve encores qu'il écrivit à ceus de Sirafbourg: Et toutefois ce fut Luther qui le pre- mier luy aiguifa les griffes: car comme on ne paife jamais d'une extrémité à l'autre, fans'queique milieu:Auiîi fans la doctrine Luthérienne, Carloflad n'eût bâti la créance Sacramentaire. C'efl elle qui lui fît jour parmi les ténè- bres que fondemon luy avoir mis devant lesyeus , ayant veu ce que Luther avoir écrit fur S. Ian, & en [es Refolu- tions,où il dit : Lajeule loy du Seigneur ytHtfie, non le Sacre- ment. C'efl pourquoy on dit que Luther oppugnanrla tranfubilanuation , a fonné l'alarme pour exciter l'Hè- re fie des Sacramentaires , mais que Carloflad efl aile le premier à la charge. Aufîi les Sacramentaires écrivent qu'avant la jaloufie de Carloflad , Luther étoit de fon avis. Mais ne paflons plus outre fans dire quel homme c'étoit.

A N d R eC arloflad natif deFranconie, fut éleu Archi- diacre deVitemberg, au temsqne Luther s'empara du gouvernement decéte Eglife , homme étcurdy & plein de vent,ainfi que ceus de fon teins le qualifient, qui avoit la cervelle détraquée, & l'entendement renverfé. Com- me les yeus font les truchemens certains au dehors , de l'inilamation que nous avons au dedans, auifi ordinai- rementon voyoit reluire & brafillerdans les ûens quel- que chofe d'cdnceknr & furieus , qui tcmoignoit les payons interne lires, oui Lus celle bouloiait ion amc:

Q_uand

Livre lï. i;?

Quand il n'avoit avecqui contciter , iîconteftoitavec foy-mémes, plus infortuné que ce malheureus Prome- thee, à qui le bec de T Aigle puniireur paidonnoit pour l.c moins, tantquefon gêner tardoit àïeûaure. Aucom- mencement comme Luther echaufoit C&r;oi7. d d'entre- prendre quelque chofepour Pilluitrarion deJ Evangile, àufÏÏCarloftadanimoir Luther à ce feint œuvre par luy commencé. Le voyant plongé dans ce foin perpétuel, quelle forme il donneroit a (on Eglife, iliuy confeilloit d'en drelîer plutôt une nouvelle , ques'amufer a reblan- chir l'ancienne. Il grondoit toujours après ce te opinion, que le cors de C h r i s t fût fous le pain , priant Luther qu'il le retirât de céte créance beftiale Se horrible : Qu'il falloic laifler le C h r i s t au Ciel, fans le dévorer comme lesAntropofagesenlaterre : le voudrois, difoit Luther pouvoir être de cet avis , & nier le cors de C h r i s t en 1 Euchariftie : car je ferois crever le Pape & toute fa cour tuth.ep'ifi, de dépit & de rage : Mais je ne puis : la vérité s'élève con- *i Argent- rrc cedeflein, feulement quand j'y penié.Voicy fes mots «en la letrrequ'il envoya au Sénat de Spire. Icaeveu9 »nier,&nele puis, que fiCailoitad ouquelqucautre,iîr aaa cinq ans , m'eût peu faire accroire qu'au Sacrcmét de «l'Euchariitieil n'y eût que du pain & du vin , celuy-là «m'eût fort obligé : Car certes j'c'tois en grand peine, Se «travaillois fort a éplucher céte matière , pour m'en dc- 3, mêler, reconnohTant bien que je ferois une grande pla-. 3,ye à la Papauté. Mais les mots du texte de l'Evangile, y „lbnt trop clairs & exprès. Voyez laconfeience de cet Apôtre nouveau.

Cet étrif s'échaufa depuis entre Luther & Carloftad, ni. élançoit d'autant plus celuy- cy, que plusonpenfoitle Ctrlofidd tenir arrêté. Ce fut lors qu'il dïeiîa les cornes contre lr*nd*mi fon maître &fes difciples, qu'il appelloit Luthero-Pa- ^e Luther ,,piftes. Voicy le jugement que fait Melancthon de ce fi uni {m ,,nouveauDockur. Carloitad dit-il, a le premier excité ^nemï.\ ecce tumulte delà preknee du cors deC'HRiST, homme %?'&> *J ,, Barbare, fans efprit, fans doctrine, privé même de fens *rtieùc. ,,commun:Auquel tant s'en faut qu'on ait reconneu au- Mêccnum» „cun ligne quele faint Efprit le foit aparu aluy,qu'au co- ntraire on ne remarqua jamais en cet homme aucun „iite€l:humanné,maisplulieursiiripic;ezJi»/tf/d^^>-;,-;.ï

14» T)i la Naissanci di l'Hirisii, Carh-iai nftiebat Iovdaiziin kvi i itasiaziin. C'eft IttdÂife. aDàdirc^Toutcequ'ilenfeignoitnerelpiroit queludaïf- wmc & {édition : Il ccridamnoir toutes les Lois dzs Pay- ons. Au commencement il embrafla les erreurs des Ana- «baptiiteSjlefquels Nicolas Storkfemapar la Germanie. aiCe fut la haine qu'il conceut contreLuther,qui lui dô- :»na le fuj et d'entreprendre céte querelle de la Cœne, & asnon aucun zelc depietc ou dévotion : Car comme Lu- » ther l'eut blâmé pour avoir entrepris de rompre les ima- 35ges,Car!oltad enflé d'ire &maltalét,chercha les occafi- aDonsdes'en venger. La plus grand* part de l'Alcmagne ojpeut témoigner, que je ne dis rien, qui ne foitvray. Si ^.j'ay befoin de témoins, les propres livres m'en fournirot 3,afTez : Car on le trouvera fans raifon & fans j ugement,il ,,crie comme lesyvrognes, entre ks pots &lesverres, 3,1a plu-part du tems il l'empioyeà injures & convices, ,, l'écris ces choies de Carloftad en faveur de nos voifîns, ,,afm que s'il refte quelque authotité en nos paroles; ,, qu'ils fe gardent de ce monftrc. Il cftmerveillcus en les ypHCjU[j. 3)rufes & finciîes , pour s'infînuer en la bonne grâce luétvpY. ^des hommes, encor qu'il ne puiffe longuement feindre Ccrp.O» „ibn naturel. Il a un efprit véhément, porte d'unemer- bang.L ;r. ^Yej}jcufe inquiétude. C'cû pourquoy fon ambition & „fa colère le met bien tôt aus chams. Voila peint de L'h j belles couleurs, le Père & progeniteur des Zuingliens

& Calviniftes , qui de leur côté le percent dans le Ciel. Luther comme recite Sleidan, l'accufoit, qu'il hâtoit fa- milicremét ces Docteurs qui feignoicnt,comme de nou- veaux Moïies , voir Dieu & parler àluy : Il entend les premiers Anabaptiftes de Munftre venus en Saxe , qui commencèrent a paroître au même tems que Carloftad faifoit des bennes dans Witcmberg. Auïïi Melancthon & Efafme Alberus le fontautheur de céte fecle. Voila Cilof. le témoignage que portent Luther, Melan&hon, &Slei-

&ift. Au*, dan, de Carloftad, & toutefois (grand étourdifiement du monde! ) ce fol enragé a trouve en fin plus de difci- ples &cepartifans en ion opinion del'Euchariftie,que fon Maître, qui difoitfcuvcnt, A la mienne volonté que je peuffe être de l'avis de cet enrage , je ferois crever le Pape de dépit: Encor un trait de la bonne confcience de Luther, qui par dépit de fon compagnon fait des chofes _

contre

Melf.tr.

ÏEp.AtU

L I V K I 1 1. 24I

contre fa propre confeience: Voici Tes propres paroles en fa petite ConfeiTîon: VetinebamelevationemV^ittmbetgdvt dgtèfmcertm dtafolo Carloftadio , ad quam tamen *mi<tendam »tnrhn*bampr opter Papa/as. le retenois , dit-il , a Witem- »>berg l'Elévation de lEuchariftie, afin de faire déplaifir ni ce diable Carloftad : jepenfois toutefois à la laifTer >3dutoutàcaufedesPapiftes. N'étoit-cepas, luirepro- inlib. ad- choient les Calviniftes , donner plus a fa paiîion, qu'a la m0. Cbr. gloire de C h ri st? Or Luther aima Ciel & terre contre contient» Carloftad, craignant qu'il n'emportât en fin le deflus, cord. Jçl, tant céte doctrine étoit agréable & plaufible au peuple, j/j, quine pouvoir goûter céte manducation delà chairde Ies vs-Ch rist, ni entendre comment cela fe pouvoir faire. L'incrédulité eft une mervcilleufe ouvrière; qui ha- laiTe & égratigne l'amc, & la point fans cefle de doutes & féiupules continuels. Céte fraternelle amitié qui avoir de longuemaih été jurée entre Luther & Carloftad, fut changée en une inimitié capitale. Comme Luther, die jy^Cdns MelanclhonjfemitauschâsenhaineduPapejaufliCar- ^om (gfft Joftad un nouveau parti'en dépitdeLuther, bornantla jin/lbfipt. Toute- puiftance de Dieu &Iamefurant afon aulne,avec jj^ * fa céte propofïtion infaillible, difoit-il, qu'un corsnepeut sacerd. «étreendcuslieus. O miracle Idifoit S. Chryfoftome,ô hom.jf. *>bonté de Dieu,celuy qui eft ailis la haut avec le Perc, au jn /t (mêf% «même inftant eft manie' par nos mains] Ilaélevéfon «cors au Ciel, & l'a laiifé enterre pour être mangé.C'eft lachair de nôtre Seigneur, difoit Saint Auguftin, qui eft Tm/?. 6S* en unité de perfonnes au Ciel & en la terre toutefois Se in U*n. quantes qu'il lui plaît, &commeilluiplait. Adjoutons contre cet Archidiacre de Wicemberg, ce que l'Archevê- que de Cantorbie difoit à l'autre Archidiacre de Tours.' 33 Si ce que tu dis du cors de Christ eft vrai, il eft faus **'•&«"• »sque l'Eglifeuniverfelle croit par toute la terre.Car tous rtt*bleidë «les Chrétiens fe glorifient &s'éjouyiTent de recevoir la ^Atc^- de «vraie chair delisvs-CHRiSTau Sacrement. Incerro- CM7itcr^' «gc tous les Latins , les Grecs,les Arméniens , les autres «Chrétiens de quelaue nation qu'ils foient, & tous te V%<^ Co^' «diront une même chofe ; Que fi l'Eglife Catholique eft Mtnf' "M «faufle,il faut que, ou jamais il n'y a eud'Eglifeuniver- J2<r& felle.ou qu'elle foitperie: Ce n'etoit pas feulement fur ce '+** joint que Carloftad attaquoit Luther, il lui faifoitla

Q^ guerre,

14 i Ds la Naissance de l'Heresii, guerre, dit Sleidan,& à Tes compagnons par livres impri- mezjles diffamant comme nouveaus flateurs du Pape,qui enfeignoient mal delà MefTc, de la Côfefîion des péchez, des Images, & autres chofes. rît Et toutainfique Carloftadfutlcpremier,qui de nos

CarUHad joursnialarealitéduCors ce Iesvs-Christ au Sa- fkt lèpre, crement de TEuchariftie , l'appellant ainfi que font les mûr Pré- Iuifs, Sakermenc ; c'eftacire, faus ligne; aufïi fut-ce le ire attife premier qui changea les cérémonies de la MeiTe,bnfa les maria, Images, dreiTa un forme de Catechifme, fut lequel Cal- vin qui yint après moula le fîen 5 & pour ccuronher du toutfavie, ce fur le premier Prêtre qui fe maria, non pas à cachette, mais avec une ioye & allcgreffe publique de tous les Prêtres reniez, éjouysdevoir la porte ouverte à ce qu'ils deiîroient tant. Ce pauvre Carîoftad, comme luy-mémes raconte, avoir tellement été éperdu d'amour qu'il en cuiaa perdre le fens. Ce jour la une Méfie fut Mefj£nou- ccltbzcz d'une nouvelle façon, pour déifier cenouveau vèue. marié, ilêtoitraifonnable, C!ued:unernonitrueufecon-

jor.éhun s'en enfuivit un monftrueus enfantement. A l'Introït de ce:c farce ( ainfîlapuis-je nommer) on chan- ta , Dixtt Ùeminw Dem non eit bonum hcminem ejje folum : factamm adtutcrium finale fui. Iefuis content,pourmon- trcr leur badinage & la cancnifation de CarIoitad,mettre îcyTGraifon & Collecte qu'ils récitèrent en cé.teMeiTè po«r exciter les Prêtres a fe marier , & époufer leurs pu- tains, comme avoit fait S. Carloftad:Dtt#,ijw/ /><?)? tamlen- gam (jr imptam facti àotum tucrum cdcitate, beatum Andream Carlotladiurn ta gratta donare dignatm es, vt priwus^nuUa ha- bita Vapijlici mrii rations ^vxorem ducere aufw fucrit , da ^u t- fumuA ,v: omnss Sacerdotcsjtcepta fana mêHteewiyesligiafe- ^HcnieSyCiccOi (Oncttbints, auî t'tfdtmduciu , adleçitirr.i ccn/or. lium chori couvert «ntur. Ver Dominum noïlriirn , ôc Apres fuivoit la Profe: Dew. in tuavirtuts Andrca* CfirUiiaditt* gaudet & Utatur, thalamoc9pulaiti4'. le I a i fie plufîeurs au- tres Oraifons & prières de même étoffe, finiflant avetf ces mots leur Méfie : Sint nebis Domine auxiliojurntti Sucra," menti mysleria , & ficut AnàTt&CarlosladyconnuLtaltcelsbri- tateUtamur , itufae eusfumut fscerdottim ccniugtatcio o*h fœiicitcr ausliceKtitrij(zi:(tuifuccedani,&ciuamfâluifirKcji~ rtiAntar, ter l $n/mum acftrhm 1 1 s v m-C hristvv.

V o i l A

'Livre IT. z4$

Voila comme ces moqueurs femoquoient de Dieu In Cet!. & du monde.Ce fut la feule chofe queCarioftad fit agréa Mertf. fit ble a Luther, & la nouvelle la plus douce qu"il reçcut ja^ £ -f-2^ & mais: Caril n'avoitofé franchir encor ce mauvais pas. 400, Il étoit toujours foûpirant après & avec Catherine de BoreReligieufe, dont il fut épris àlapremierevcue, la- quelle il entretenoit par lettres & petits livrets, attendant ïrieius qu'un jour Dieu unit leur cors, commeil avoir fait leurs Modùmt~ volontez! Carloftad eut bien tôt plufieurs Compagnons wli. *.dt d'amour. Voyez l'honorable témoignage d'un de leurs Ecc.Truct. „freres, parlant d'un Prêtre qui s'étoit marié: Plufieurs, 7. Inpréf. „dit il, haut-loiïentcerade, & le portent au Ciel,& à la sd P«uL ,, vérité tu nous as fait paroître en plufieurs chofeslabe- Ortchta- ,,autéde ton efprit 3 mais je ne fçay fi tu as jamais fait num. ,,a<5re qui puifTè tant eternifer ton nom, que celu/-cy. Heureus &glorieus triomfe que triomfer d'une femme! Ce nouveau marié receu avec tant de bâtemens demains desPrétres quifedemangeoient en leur harnois , donna £utfjgr

imaginer de voir liez d'un nœud de mariage un Moine & une Moinefle,\etint les chaleurs de Luther, comme je diray, jufques a ce qu'il fut mort: Les Prêtres échauffez consultent avec Luther, s'il Icureft loifible épouferdes \efves, & leur femmemorte; pafleraus fécondes nopees, veu qu'il icmble que l'Apôtre les ait condamnées, ai- *• Tir». S* fant : J$h*e l 'Evéque feit le mary d'une feule femme: Cet une Inpropcf fotte proportion, difoit Luther, il ne faut entendre le di- dedig*- re de l'Apôtre, de cens quifuccefîivement & l'une après «"'<• l'autre , prennent plufieurs femmes: Mais de ceus-la qui en ont plufieurs a la fois. Il faut que TEvéquefoit marie'. L'Apôtre donc, difeit Saint Hierôme à Iovinian, ne pou- voir luy^mémes étreEvéque: Sainclanncn plus: car l'un & l'autre ne furent jamais mariez: L'Evéque & le Prê- tre ne doit être mary que d'une feule féme, c'eft à dire,né doit ctt e admis aus fierez ordres, s'il a pafîe à des fecôdes iiopces.Q«/ s'esi marié pour iafetëdefiu, dit Epifane,«f peut Jn eopen- 'venir au Sacerdoce : Car l'Eglife a toujours bannydefon atariad^ Cloître pour plufieurs raifons , les Bigames , voire la vef- Strina. tc ne pouvoir être miniflreffe , c'eft à dire femme de Q^ l'Eglife,

r

244 D* la Naissanci si l'Hiristî,

i'Eglife,fi elle avoit eu plufïeurs maris. C'cft la pratique deiapremiere Chrétienté': &commc laneceflîté de ces premiers tiecles forçoit les Apôtres d'appeleraus digni- tez de 1 Eglife des homes ja avancez enl âge.iileurétoit loifible recenir leurs femmes : C'eft pourquoy faint Paul difoic: il f^ut qu'il foit mary d une Jeule : Car les Gentils en avoient pîuiîeurs.Mais encor c'étoit femme fans couche, une foeur plutôt qu'une femme époufee : D'un mariage Tjz, . charnel, difoit Saint Léon , étoit fait un mariage fpiri- 2 tuel. Celuynepeut ctreEvequc, lelon SaintHierome,

qui engendre des enfàns pendant fa charge. Il ne doit pas, écrit cet homme,erre tenu comme mary, mais puny com- me adultère. Celui feul, écrivoitOrigene, peut offrir le facrifice perpétuel, qui eft perpétuellement chafte. Voi- cy la profetie , difoit Carloftad pour couvrir fon incefte, accomplie de l'Eglife Romaine, elle ne fe peut entendre d'autre : Quand l'Apôtre Saint Paul dit,qu'il viendra des gens qui dépendront le mariage: C 'étoit de Simon, Mar- cion, Tutian, dont l'Apôtre parloir. C'étoit des Eu- cratiftes , Hcraclitcs, Adamiens , Euftatiens & Apo- ftoliques. Tous lefquels ont condamné le mariage, & non de i Eglife Catholique qui le tient pour Sacrc- . ment.

Or après que ce nouveau Prérre marié & renié, eut publié fa doctrine du Saint Sacrement, fans que Luther, qui l'avoir débauché , le peux remettre en fa première Yoie.il quitta Witernberg,&fe retira à Or1amonde,com» mcfirenraufïï fesfeelerez Profères, villedeSaxc, il établit fon liège, & fonda fon Eglife. La célébration du Samedy luy étoit plus a gré que celle duDimanche. Cc- luy-ia,difoit-iî, eft le jour de Dieu, celuy-cy des hommes. Luther many d'avoir un fi vil adverfaireen tête, qui en~ orgueiily s'élevoi: par deftus luy, s'en y va pour rôprc fet mauvais defTeins.Mais le peuple amoureus de fon nouve- au Profère, cuida aiîommer le pauvre Luther à cous de pierres.-Luy- même le racôte en i'Epïtre qu'il écrit à ccus de Strafbourg Ces Chrétiens, dit-il, me chargeient a cou» Vcy Luth, de pierres, & de frondes, me donnant telle bénédiction; Tom. 2. Va ten a tous les mille diables, te puilfes-tu rompre le col hn.Gtrm. avant être de retour chez tcy. Luther fut contraint s'en >/. ^,*7. retournera Wicemb-ji^où ilfuLuiua contre Caùoftad,

publiant

fe retire k

CrUmcn

4ê.

L r v r e IT. 24y

publiant Panifif. Ton livre , centra feeU/fos frophetiu , -ad Corâomer fan*titos. Il raconte qu'en ce voiage,aiant trouvé un Cor- Théologien donnierd'Orlamonde qui parloir de l'Evangile, enquis Lmh.Te.?. par Luther furie fujec des Images rompus &oùétoule len.foi^. texte de l'Ecriture Le Seigneur dit en l'Évangile, repond le Savetier, je ne me fouviens du lieu,mes frères le fçavét, que fi la féme veut coucher avec fon mary, elle doit pren- dre une chemife blanche. Tout de même il faut abatre les Images, pour e'tre purifiez & délivrez de la créature. Lu- therie riant de fa Théologie lelaifla.

Or il fît tant que le Duc donna fentence debanniiTc- Lth%co»r^% ment contre Carloftad : Ce fut parle confeil du malin é- l^lril i, prit, dit Diniel Touifains , que Luther commença céte I2- querelledu S. Sacrement fans occafion contre Carloftad; ?0Ym ((,v. comme écrit au/fi Ambrofius "Wolfius. Ce pauvre diable Cor,p.Jc<r. ayant cô%ru fortune, banny & chaire des terres de fon CarioUai Prince, nefçachanta quel faint fe vouer, fe retira à Zu- re re(tre 4 tich, il fut d Atchidtacre en l'Eglife Catholique, fait Zurtch Diacre en la Synagogue de Zuingle : En fin batu de tous sleidan lt Tents, après s être jette comme a garand aus troupes des , fa s Anabaptiftes, &mandié d'un courage bas & vulgaire la bonne grâce de Luther, qui lit la fourde oreille, fut con- ^ Jecer traintfe retirer aus châs avec fa pauvre femme, quiétoit ^ihLvtrf pourtant (ortie d'une noble maifon, accompagné de mil- le bourreaus domeftiques,& réduit a toucher luy-me'mes la charrue , métier qu'il avoit apris dés l'an ijzi. lors que Luthervoulut, dit Stafilc, mettte céte Loy au monde, qu'un chacun devoit travailler de fes mains & labourer la tecre: Voicy comme les Luthériens le racontent en Thi- ,,ftoireAuguftane.Cet homme vil & abjetfut tcnuàmé- ,,pris de tout le monde, retiré dans un petit village, puis ,,en un bourg diftanr d'une licuè de Vitemberg,il vivoit jjComme un pauvre Payfan, voire même charioit du bois „à vendre à Witemberg: Onlevoioit vêtu d'une jaquet- te crafTeufe, portant une vieille épec roûillcc autour- ***^ ,,reau rompu. Il vouloit être appelé comme les gens de fit-J*- „village, Nticer Jndrejf, ce qu'il faifoit pour montrer ,,quelque efpece defaintete'. Voila comme ils reprefen- tent ce fol efccrvelé , Père des Sacramentaires,qui mon- rut quelque temps après accablé de mifere & pauvreté, comme les fie ns ont efetit, fans qu'aucun de ces zelez

Q^j Carlo-

%\6 De la Naissance de l'Hérésie, Carloftadiens l'eut fecouru en la necefli honteufe il futreduir. Oadit pourtant qu'il fut r'apeléde cétemi- fere,par ceus de Bale,& au commencement envoyé fervir une Parroirfe appelée Alftat, nôfans merveii!e,difent les Luthériens; car Maocérpié choit auiîi en Saxe, au lieu d'Alftat. lis dévoient fe reflouvenir que cefutiemsmc lieu d'Alftat, Luther fonda Ton Eghfe, Depuis il fuc Afpnthio rappelé a Baie ,& la fait Predicant. Et comme un jour il k Carlo il. préchoit, un g^and homme entra dans l'auditoire , pre- nant place auprès du Conful: ATiflué Cailoiîad luyde- 5 _ manda qui etoit ce grand homme qui s'étoit mis auprès VideMtm- deluy: LeConiul répond n'avoir veu perfonne.Carloftad Stro-tni*- étonné s'en va chez luy: on luy dit a l'arrivée qu'un grand cbiam. homme étoi: entre' en fa maifon, ayant pris fonrils 8C élevé en haut, Tavoit lailfé choir en terre , fans luy faire autre mal , lui difant qu'il le recommandât^? fon pè- re , &que dans trois jours il leviendroit chercher. Car- loftadeiïrayédecs'te viiion menaiTante,trois jours après mourut. VoyZra/ Ce toi 7 ce Démon qui l'ajourna à la morr,comme sîber.cor. fon mauvais Ange afiïgna Brutus. Peut-être écoit-ce cet Carh/iad homme mémequilui avoit apris céte doctrine, comme Tom.f il a écrit- £:Lutherau!Îi q ae les paroles du Sauveur. Cscy len.pH.GS. clt mo:i Cars ; montroient non le pain , mais le Cors a (lis a table. Les Théologiens de Zurich ont pourtant laiiTe ce témoignage de luy en leur Confeiîion, pour defrendre l'honneur de celuy, qui premier leur ouvrit les yeus a la W. ? «connoiffance de la Ccene du Seigneur. Le feigneur An- Zurich en n^ Carloftad , difen:-ils, a été quelques années Archi- ^W"J e «diacre de nôtre Eglife,où il s'eft comporté Chrétienne- ArlojUd. 3:)n:ieric en homme de bien , &fe départit de nous en pais «pour aller a Baie. Tant qu'il demeura chez nous , il san'enfeigna rien contraire à nôtre Confeiîion de Foy: sa Nous rendrons ce témoignage de luy , non pas de tous «fes livres que nous n'avons pas veuz,& penfons quel'E- »glife de Baie pourra dire le même. Voila comme l'é- choie des Sacramentaires, fondée avant celle de Genève, donne le fauf- conduit à celuj* , que tous les autres ont ViH Je d'une même vois condamné comme polfedé du malia Cœn* wefprit. On ne peut difent les Luthériens nier que Car- Ang.f.+t> «loftad n'ait été étranglé du diable,vcu tant de témoins

--" «ni

Livre IL i+7

»quile dirent, tan: d' Auteurs qui l'ont mis par cent: »Et les lectres mêmes des Palpeurs de Bale.Or ainiî mou- rut Carloftad , qui avoic fait tant de bruit êz attaqué le premier a guerre ouverte ce grand homme Luther redou-» de tous , aifailly le plus haut myftere de la Religion Chrétienne, brifé les images, rompu le lien du Célibat, fans avoir liufle autre mémoire de foy que d'avoir trop __ n vécu. Il laiiîa un fils nommé H ms Carloftad qu'on vie au j^T**' Concile de Trente,qui dépouillé des folies de Ton père le °JifiC** rcagea a l'Eglife Catholique ; Voyla la fin de ce: écervelc père des Sacramentaires, qui fera bien tôt fuivi d'un au- tre pire que luy , comme le chapitre que j e vay commen- cer nous montrera-

DE HAVDRY ZVINGLE ET IAN OECO.

I.AMPADS AVTHEVRS DY SCHISME

entre les SuilTes.

Chapitre VIII.

Haudry Ztingls ou Suingle, Evangelifie des Sut/fis.

Sa doctrine fur CEuehxrittie qu':l tient, ait-ilju Jaint ILfprit.

Grande ftujjité de Z-ùngle.

Ce qu'il dit de ïébritqui luy

' Apparut.

5-

Conférence de Luthtr & Zmïj^U (3* Afitus.

6.

Zuingle duninie étrt receti frère , c^ Luther le refu/r.

7- Zumgle renouvelle Verreux de$ FeLgicns.

Comment Zumgle commença fonfchtfme en Suijfe.

Dt lAn Oecolampade compa- gnon de Zuingle,

10.

Sa mort ,&le ]ugem:ntepi9 Luther fit d'eus. Q^4 CiPEH-

Naissance di l'Herbsii,

E-pen d an T qu'André Carloftad met- toit en vente Tes réveriers & folles imagi- nations en Saxe, Haudry Zuingle qui'de foldat Te fit Chanoine de Confiance, Lu- therie couvert japorte Tes fonges en Suit- fe.Aucômencement celui cy allonge l'o- reille à cete nouvelle doctrine Carioftadienne,qui téver- foit tout ce que le confiant confentement de l'antiquité Chrétienne avoit jamais creu fur la realité du cors de le- fus-Chrift a l'Autel, il en confère avec Carloftad, voit les livres decenouveau Doc'teur.&y prend tel goût, que peu apres.a fçavoir l'an ijij.il quitta l'opinion de Luther par luy embrafTée, pours'accommoderapeuapres à celle de Carloftad, côme il confefTe en fon livre del'Euchariftie. tiiff Aut. Année infortunée &malheureufe,diient les Luthériens: car ce fat a l'entrée de cet an , que la fecte des Sacramen- tairesfc forma, que i'Anabaptifmenâquit,que la guerre ma!heureufedespaïfanss'éleva,&quelePapepubliafon ' grand lubilé. Or Zuingle pour montrer qu'il écoic le chef de fon party après le feul C h r i s t, & fuir cet hon- teus reprocheden'avoirfuivi que la trace des autres, lors qu'il porta les premières nouvelles de la figure en la Cœ- ne a ceux deZurichjil leur dit Luther avoir un peu appro- ché du vray, Carloftad encor plus, mais que l'un rty l'au- tre n avoit peu attaindre la hauteur de ccmyftere dcl'Eu- Hifî.di chruiftie,quec'ét luy quia trouué la vérité. On voit l'avis Cœn.Aug, qu'il donna au Sénat fur laqueftion qu'5 luy fit delado- fol.f*. cirine de Carloftad. le fuis d'opiniô, écrit Zumgle, qu'on permette la leclure de (ts livres, encor que ce ne foir qu'- un apprétif, auquel le cœur & les armes ne mâquent pas, mais la dextérité de les manier. Il a quelque connoifïan- ce de la vérité , mais il ne fçait pas comme il faut accom- moder la figure, fous laquelle leC hr i s t a caché lare- Tom. r. ception de Ton cors. Quint à Luther, ce nouveau Evan.^e- êrt.jf, lifte protefte dés l'étreede fes oeuvres, n'avon jamais été des fiens. I'ay prêché dit Zuingle l'Evangile avant avoir connu le nom deLuther,ilnem'arienapns , defavoùant ainft fon premier maître, qui l'avoithonoré de ce titre. Le fort Atheletede Chiift; Car aulivreqiu Luther dédie àluftelonas, Zuingle eft ainfi appelé tant la mémoire de teus -laluy étoit reyerable^uifortoient hors de l'Eglifc.

Au

L I T R I IL m*

Au tems de fa revolte,qui fut en l'an mil cinq ces vint- <inq,il ctoit comme j'ay dit , Chanoine à Confiance, d'où il fortit ayant veniu Tes bénéfices , pourfemettre en ménage avec une femme , laquelle il époufa , ne pou- vanc retenir la bride a laconcupifcence q ai letranfpor- toit hors de Coy le ne fougeois autre choie qu'aus moyés d'appaifer la fureur, le defir de la charme jettoit écrit Zuingle.Cecuy-cydôcafoiientreeenSuiiTe^necomm-n- Zu'mgU ça pas a coucher ce point de la religion, ny montrer la fi- Tem.*. gure depuis, avec tant d'àpreté deren due, mais fit fon ou- uerture pour la defence des Pr-tres aiariez)ainfi que Slei- dan recite, & corne je diray quand je parleray des SuifTes, (Querelle en laquelle voiôtiers on trouvoit des féconds) & contre les Indulgences, combien que difent contre vé- rité les Predicants du Palatinat, il n'eut encore ouy par- ^li.Mam. 1er de ce que Luther avoir prêché & écrit fur tel fuj et. Ce c"r'ft- qu'ils difent pour montrer que le même S. Efpric quia-/^"*77» voit pouffé Luther en Saxe,avoit émeu Zuing'c en SuifTc contre les Pardôs,au defeeu l'un de iautrerCome fi Zuin- gle eut ignoré ce qui étoit connu a toute la Chrétienté.

Zuingle donc ayant oublié la realité Catholique , & ir< laifférimpanation&linvinationdeLuther, biaifantun Sadoct. de peu furl'opiniôde Carloftad,foutint avec luy le Cors ne l'Eucb.n- pouvoir être ny fous le pain,ny avec le pain.comme difoit velee du S. Lu;her. mais que ce pain étoit le figne du Cors abfent, & E/brit. qu'il nes'y diftribuoit autre chofe que pain & vin, figure du Cors : rare &fupernaturel!e doctrine pleine de hauts rhyfteres &fecrets, quienfeigne le pain demeurer pain; Zttingl. in »& le vin vin. Le Sacrement , difoit-il , n'ét autre chofe **Conf.Ai » que quelque diuine & véritablement modefte & fainte refp.Lutb. «louange du peuple en l'Eglife de Dieu , par laquelle ,,on s alfemble au cors de C h r i s t , c'ét à dire a i'Eu- ,,chanftie ou actions de grâces de la mort de C H R i s T, >}laquellepourcete raifon , l'on appelle Cors, parce que ,,la mort d'iceluy & la patlion qu'il afoufterte nous eft ,, réduite en mémoire. Cet homme aufîi incertain que fes compagnons, a défiguré fa figure en cinq ou fix façons j \n^x^9, car tantôt il interprète le Cors figure de Christ pour ^ Zmhâ la nature humaine : Le Sauveur, dit il , déclare fa chair être vraye viande >non pas certes qu'il entende fa chair, mais fon humaine nature, qui avoit pris enair. Envoicr

Q_5 une

250 Di la Naissance de l' Hérésie,' VoyÏAY- une autre tirée du même livre:En cete cérémonie le Seig- mes de Su- neurufoitdeladuftiondechair, & entendoitl'efpritjc'éc th*ndt afç.avoirdefadiuinitc , toutefois ilattribuoit fa vie a fa Beau chair, donnant ainfi dans les toiles des Apolinaires , qui ami. ont reconnu en I £ s v s-C hrist non une ame & efpric

I112 trfici. humain,ains au lieu d'iceluy delà Divinité. Il prit depuis Lxp.Coe. ces paroles Sacramentales d'un autre biays, voulant que ce Cors Toit pris pour la mort &paflion du Sauveur ce que les paroles adj oûcées montrent, dit-il, lequel fera, livré fourvom. Etantainfi en quécede la vérité , ilécrività Luther, qu'il penfoit cete action n'être que la commé- moration de la mort de C h r i s t, comme fi on pouvoir manger la memoice de quelque chofe , ce feroit une a&i- on de lame, &non du cors , qui doit prendre & manger. TJ.2. ïnjl. Cet pourquoylaiiïant la manducation corporelle, il die Carid, le pain & la chair,de laquelle le Sauveur faifoit la menri- on, n'être autre chofe que la foy : Qu'on ne reçoit pas le cors de la bouche , mais de l'efprit , demeurant le vray Cors deC h R 1 s t a ladextreduPere , fe prenant feule- ment à nos âmes par foy. Autre chofe donc n'a été doa- néepour Iaviedumonde quelaFoy. Aiufi révoit Zuin. gie après la figure de fa réception par foy. Mais, difoit laint Cypriau,ce pain que le Seigneur prefentoit à fes dif- ciples étant changé,non défigure, mais dénature, parla toute-puillance delà parole, a été fait chair.Ilfemble que Theo.inf. TheoHlateaytpreveucetehereileZuinglienne. quandil. cap. lo*n. î,du:Le Seigneur n'a point dit. Le pain que je donneray, Ô*fttr S. sjc'ét la figure de ma chair, mais c'ét ma chair;car le pain Idttth. 3,eft transformé en la chair de nôtre Seigneur a la prola- 3»tiondes paroles par une benedidion my'ftique, Se parla 39vertudufain: Efprit.Si ce n'ët qu'une figure, nous n'a- vons donc rien plus quelesluifs, Se nous ferions au fiecle desfigures:Dieu nous a trompez, nous donnant une figu- re, difant qu'il donnoit fon Cors. Ces Saçramentaircs. Munn H- ^ont mange^gai:ss : Céc pourquoy Luther écrivant a quret* ccux de Frankfort , difoit qu'on devoir. plutôt expofer ta

vie au péril, que recevoir i'Euchariftie de la main d'un Zuing'ien. O/ant parler de ces ineptes.incerpretatio ns il, Luth, in ,,leur difoit bien a propos & fans colère :Nous prions les dtjfen. di ,,Sacramétaires qu'ils ne requièrent de nous la preuve de, Cxn.Dd. „ces paroles, C*cjesl mon cors. On lepeutdemanderaus.

wpeïit,v

Livre II. tjr

„pctits enfans, voire à ceux qui n'ont attaint le feptiéme ,,an, qui apprennent a l'échoie l'aflemblagc des fillabes „de ces paroles.Ii y ades Bibles en Hébreu, Grec, Latin, <Sc ,,Alemand;Qu'ils nous montrent donc en quelles Bibles 9tii dk tcriz.Cecy esi le fane dsr**nrof$;cpLcs ils ne peuvenr, ,, qu'ils k taifenrdonc3qu'iIs celfent d'écrire jafques a ce „que cqs Bibles foient produites, ou qu'on puiflè par cer- taines & vives raifons vérifier cjae cet la vraye interpré- tation de ce texte, fans demander iiibaveut,oùeft i'Ecri- ,,ture,oùeftf Ecriture? S'ils ne vetiieat qu'en l'Ecriture ,,ces parole- ntneors, crient & aboient conrr'eux.

Ainfîparloit Luther:Peu:-e:re furent ces paroles caufede l'infirme hatdieife & faudeté du Patriarche des Sacra- mentaires.

Apeinel'eut-il peu croire fans l'avoir veu, qu'homme ITr- du monde eût peu être fi impudent & hardy d'ofer corrô- Gr**& prèle teftamentdenôtreSauveur,commeZuingle a fait, faHjft1*** lequel pour faire voir aux pauvres Suiffes qu'il avoit le- Zu'wgls. duits les Bibles en la forme que Lutheries demandoit,& l'accommoder à ion ligne , a changé les paroles. Vn Lu- thérien, qui était a la fuitte du Duc de Miyëne,lors qu'il battoir les murs de Caltillon , m'a fait voir les Evangiles Zuingliens imprimez àZuricb l'un 1515. in octavq fus lapreife de Cariltofle Froichoverus , en tous les textes des quatre Evangeliites, lors queleius-Chriit don- na ion Cors&fon Sang, ce malheureux pour venir a fa fi- gure a mis:DAS bedevtet msin ensmli3,Das sedevt et mein BLvT.C'ét a dire,Cecy lignifie mon cors,cecy ligni- fie mon Sang, Fut il jamais hardteife qui égalât celle-là? Mais y eut-il jamais rauiferéii hardie? Le Cardinal Oiîus au traitte'des here (les de- fon tems , écrit qu'il en aveu, d'autres lefquelsuvoientmis au lieu de ces mots , Ctcy eH vimfTistcyeïl manpam, & autres qui difoient le pain & le vin ne fervir de rien,& qu'il furfifoit recevoir l'Euchariftie du feul mouvement intérieur de i'ame. Corne Iafco difoit: Cîfv,c'étadire,re'r{' nckion d's U C.s te e;ï mmeors. Cependât ce Zuingle,de même que Lâcher, Rotman, Memmon,& ZuingL Gurloltad , criequ'ila reçeu lefaint Efprit, quec'étluy TomJ. in quia trouvé la venté.Ie fuis certain, dit il, que ma doctri- att.difput. ne vienrde Dieu , laquelle le Seigneur par la révélation Tigur.foL du S. Efpritavoulu être par mo/ annoncée au monde: 699,

Zt

ut Delà Nausanci di l'Hunn,' Et toutefois il a été aufli flotant & douteus en Tes opini- ons,que Ces autres compagnons, comme luy-méme cen- feflfe au livre qu'il a fait delà vraye ou faufle religion. C ' et pourquoyilfitfon livre intitulé SubUtumdc Eucha'ijîis, publiant les uns & les autres en langage Alemand , com- me Luther avoit fait , afin que toute forte de gens peuf- fent devenir Théologiens Sacramcntaires : Etfçachant queLutner commençoit de reprouver fon opinion , en «la préface de fon livre il mit ces paroles. Il y en a de fi aaobftinez &malins , que voiant la vérité annoncée par «autres que par eux , ne ceifent de médire, calomnier, »3 & comme des furieus infenfez hurler après eux. Mais «voyez il alla puifer fa nouvelle docïrine,qu'il appelé »la vérité. 1T % Ce nouveau Apôtre raconte que le treifiéme jour d'A- Ci que dit Yril, comme il étoiten une profonde imagination furl'in- Zuinçle de telligence de ces divines paroles, Hocefi corput mtum , un Xtfprii qui efpri: s'aparut a luy ; le ne fçay j fait-il, s'il étoit blanc ou luyefi ai- noir,qui le délivra de la peine il étoit , l'inftruifant de paru, ce qu'il avoit a croire.Vrayement, dit le Luthérien Wes-

fal parlant a meflieurs les Sacramentaircs:Vôtre religion eft bien établie , puis quelle eft appuiée fur un advertil- Inlib.fub- feur, qu'on ne fçait s'il étoit blanc ou noir. L'événement fidium de rnonrra.écrit Sclufemburgius Luthérien , que ceprecep- Euchantt. teur de Zningle, qu'il ne peut reconnoître,étoit quelque li.j.art.f. malheureus démon. De cet accouplement & mariage de Tom 2.c Zuingle& du malin cfprit, fut engendré le Calvimfme. de Euch*. Cela peut-écre a occafiôneLuther d'aceufer Zuingle d'à- fol.xoi. voir communication avec le diable, comme ceus de Zu- rich mêmes ont écrit, &Lutheraailîen fonfïxiémeTo* me. le fuis content coucher de fon long les propres paro- les de l'autheur,afin qu'où voyc comme le diable aremuc Voy Sein. ces cervelles a fa fantafie, & qu'on puifTe convaincre Tirn- ftm.in pudence de ceux qui difent que ce font des inventions fros.mi§. des Luthériens &Papiftes , qui tâchent de blecer la me- Tkj.Cah. moire de cet homme Zuingle.

Cïtm vero trtdicim* Aprilv luxéppetint, [vera narro, tâto- nne vera , ut et lare volent emcorifcien(ia<og<itefF*ndtrey quoi dominUA impertijt ,non ignertns quant ù me eentumeiijs rijibuf- que exponam j tum injuam tredicima Apnlis lux appeteret, tufiujum mthi infomno multo cttm t&dt9 deauo contendere cum

advfr-

L x v il i II. t j5

nivtffétrio fcrib* ,/icque obmutuifle , vt quoi *ewm fciremt negante lingua benefictumfuumjrolequi non pc(femtqui me *n- gor^ut [oient nonnunquam fallait tlluderenocle ( nihtl enim aU titu qttkrnfemnium narrxmw , quodadnotattmetjafnetfï le- vé non Jit quod perfomnium àid\cimusgrAtiaDei}incu]us fh- liuéglortftm ij'TÂ prod'tmut) vehtmtnttr tutb*** videb*tur: ibi Apo tys mycanis vifa9efir»onitor*delfe.(kttiÇuz- iit,an albus nihil memini, jomrt'tum tmmn*rr<>)qm P.kertti JQuinsgnAVt jefpondts ei,quod Exodi /i.fcribitUfï'Eft. enim phafe, fcwefltranfitusDomini. frotïnut ut hoc ph*ntafm* vifttm ett , fimulexptrgefio & è kftc txtlio }hcum efudfeptu*- ginta undtquefrimum circum$tcio>*cdt eocorAm totaioncitnt fto virili différa.

Cctc révélation eft fi importante > qu'elle mérite être couchée en l'une & l'autre langue : Avenant le treificmc jourd'Avril , écrit Zuinele, ilme fembla de rechef en dormant que j 'entroy en difpute avec mon adverfairc le Greffier (car le jour précèdent il étoit venu aux prifes fur RtvtUtit cetc matière avec le Greffier du Sénat de Fribourg) & dtZuingle. que j'avois tellement étéaculé que je ne fçavois que ré- pondre : I'étois tout accablé d'ennuy ; car les fonges tra- vaillent fouvent ceux qui dorment : & encor que ce ne foi t qu'un fonge, fîëft-cequece que j'ay appris n'ét pas de petiteimportance par la grâce de Dieu. Etant en cet ctat,ilme fembla devoir quelqu'un, comme venat porté par quelque machine , & ne fçaurois dire s'il étoit blanc ounoir ( car je raconte une viiion ) lequel me dit quejc pouvois répondre facilement , &clorrc la bouche au Grcffierjluy alléguant le pafTage d'Exode n. ttrckiWE*- pjjârc :j f*>c'ct2dirç,<]HtlJtgnifieUp*JJfigedu3eigHeurJzmeréYcil- c^ le en furfaut,& me jette hors du lit,&prens la verfion des r ••

feptante, & délors je l'expliquay &préchay publique- ment devant tous. Voyla la réception figurative du Cors de C h r i s t à la Zuinglienne , révélée par un Ange ou un diable : Menfongere doctrine qui n'a pour fonde- ment que des fonges ! Nôtre foy fera elle pas bien ap* puyée, dit Wesfalle Luthérien en fon Apologie contre ." , Calvin,fur ce ferme fondement ? Le falut de nos ames fe- 'fi ra il pas bien aifeurc fi nous croyons a un fongeur,auquel ™vr*' s'ét apparu un advertilTeur^que l'on ne fçait s'il eft blanc ou uoii?Apuyons je vousprie, nôtre foy fur luy croyant

que

Tes Anges Mfferoif- fent tou- jours en tcultur blanche. Cène. Jp. "Bxo. 12. Bfaie. jj. Math. i. &*• AS. i. $. & *J- T>e?.t excH Je Zuingle.

v. Cenf tren- te de Lu- . ihtr *vec Zuingle.

i<4 De la Naissance de l'Heresii

que ce mot, e(i , mis en la parole deJDi eu fe doit prendre pour ftgntfîcat ,&\e Cors pour le Symboledu Cors. Allés, allés avec vos sôges,& vos adverr fleurs tous noirs: Nous autres prétons 1 oreille au Fils de Dieu , auquel le Père crie du Ciel: Entendes ceiui-ry. le fis bien mettre en colère autrefois un PredicantFrançois, quand, ayant trouvé les œuvres de Zuingle fur la table de la grage il préchoit, je luy montray le pafiage ce diable noir avoitparlé à Zuingle , & montré le Cors à l'Autel n'être que lafigure. C étoit un bon Ange, difoit-il : mais plutôt un efprit ma- lin,luydi-je 5 Aufli toutes les fois que nous lifons dans la fainteparoîe les Anges s'être apparus aus Profetes, Patri- arches &fïdelesjç,a été toujours en telleforme^qu'ils ont peu connoître eue c'étoient îesmeiTagers du Ciel , fans être incertains deleurcommiiîion , comme fut Zuingle. Cela fe voit dans le Genefe, l'Exode, Efaïe,S. Mathieu, 8C ausAdes.Iamais ces Ambafladeursdu Ciel ne font parez d'une cafaque noire, trifte & lugubre , comme étoit cet efprit de ténèbres, qui s'apparut a Zuingle. Le blanc eft toujours le vêtement des Anges, qui empruntent pai l'or- donnance deDieu leur Créateur, des cors pour apparor- tre aus hommes , leur maître les'envoie. Beze ne fça- chant comrye couvrir 1 honneur de Zuingle, qui l'a noir- cy luy-mémeparlerecitde fonfonge, dit écrivant con- tre v'esfal: Zuingle avoir écrit cela, & reprefenté le fon- <*e cu"il aveit fait, plus pour plaifirquepourderFcndreli vérité. C'étoit donc en fe jouant qu'il falloittraitteru- r.c chofe fi h^ute ? c'étoit donc en niayfant qu'il falloir faire le récit d'une vi/ion du Ciel ? Zuingle montre bien. Beze bouffonne luy-méme,quand il dit: Ieraconte •descfeofesTèrit&blëSj & tellement véritables, que ma ",.or.-preccnfcienccmecontraint de les narrer, fçachant j,bicri que je me mets en butte, & aus médifances, & aus -> moque ri es.

O fc. le Lant^rave voyant ce grand adverfaire,quipour- roitpar fa doctrine nouvelle altérer celle dcLuther,qu'il avoisprisàcceui, le prie par fes lettres, &Filippe aufîi, vouloir entrer en Conférence avec Zuingle: mais l'un & l'autre répondit douteufement auLantgrave (Lesongi- naus de leurs lettres fe gardent encor dans les archives d;u „Princc dit IMuftoire delà Confeiîïon d'Aufbourg. le ne

,,-rcfufc

Livre II. ï($

3,refufepas,écrivoitMe1ancl:hon, d'entrer en conférence a,avec Oecolampade , car de parler à Zuingle , e' et teins „perdu. Ce n'ét pas toutefois une légère entreprife, par- Lett¥ti ^ ,, ce que leuropinioneft agréable à p!ufïeurs,qui veulent ^e^n. ,, toucher les myfteresde Dieuàlamain, Scfelaiflentce ^m ^ ^pendant conduire àleur curiofité. Luther de même, é- %ie^yv'u „crivant au Lantgrave le vingt-troifiëme Iuillet , luy dit, tettl^. stfm ,,ferefouvenant de celle deLipfe: Aquoy faire céte con- g- 'J ference , fi les uns & les autres portent une opinion pre- £XAV an^ „jugee,& viennent avec céte refolution de ne céder rien? m /s2^ „Ieiçay certainement qu'ils errent: Cefonrdcsrufes du j^t.Té.^ „diable, toutes chofesvontparcemoienen pis.LeLant- 2en.f.+(fcl „graveneaumoinsles preffe&les afTembleàMarbourg, „Luther avoit avec luy fon Filipe , & Iufte Ionas: Zuingle mena Oecolampade , & paiTantpar Srralbourg, il. prêcha, printBucher&Hedio. Ofiandery accourut de Noremberg , Brencey vint deHale . EtienneAgricola d'Aufbourg:Aucun Catholiquen'y fut appelé contre l'a- C* P**' vis de Melan dhon^qui difoit au Lantgrave étreneceiTai- m,er Co7i~ re femondre \çs Docteurs Catholiques de s'y trouver: ^U entré L'avis de Luther fut fuivy qui ne vouloir les aboucher. *w Sacra~ Luther avec Oecolampade , Melancthon avec Zuingle, mentatret car il craignoit que ces deus têtes furieufes venans à s'en- ®* L«/foe- trechoquer, quelque tonnerre n'en fortit.Mais après s'é- r*eni fHt treapprivoifezàla'table,ladifpute fut entre tous par lef- *nOQobr§ pacede trois jours entiers. Vmisz^*

Chacun mit en avât& furie tapis Icfprit de Dieu qu'il avoit, &: la patole de l'Ecriture : Luther dés l'entrée leur reprocha qu'ils embraiïoient l'erreur d'Arrius,jeparoient tellement les deus naturesde Christ, qued'une feule perfonne, ils en fonr deus3 que leurs frères de Strafbourg judayfoicin.il les accufaauifi d'être Pelagiens, d'enfei- Voy Me- gner mal du pech.é Originel, du Baptême, delà Iuitifîca- UnBhon non, du Miniftere, & autres articles de la Foy.Aufli difoi- *u Duc Je ent les Théologiens de WitembergLutheriens,ausPrin- S***' ces: le diable aiantfeduir cet homme,parlant de Zuingle, sic fe contente pas de le faire chopper en un feul article; mais Ocolampade d'un côté & Zuingle de l'autre,difent être venus pour décider la matière de leur Coene, &noa pour remuer les autres points de la religion. Celle donc *cule fur laifc fur le bureau. Les A des de céte conférence

mon-

*5* De la Naiimkci »i t'Hemait

montrent quels furent les argumens des Sacramentaires, pourabatre la realité foûtenuë par Luther. Lepfemier * fût pris de faint Ian fméme. Le C h ris r, difoient-iis,

enfeigneen celieula manducation de Ton Cors être fpi- Jrgurrtens r^tue^c j donc nous ne le recevons que fpirituellement. àei Suer*- ^n fécond lieu , un cors ne peut être en plufieurs lieus: mtntMfd Lecorsde C hrist eftauCiel , donc il ne peut être à l'Autel. En troifitme lieu Oecolampadc amena plufieurs partages de faint Auguftin, pour montrer lesSacremens être des fignes , comme le ferpent au defert. Luther ré- pondant au premier , dit qu:encor qu>n ce pafi&ge de faint Ian ilfoit fait mention de la manducation fpi- rituelle ;que cela n'empêche pas quel'inrtitutionde la Cœne ne s'entende de la corporelle, laquellenedéroge Têponfede Ilcn a ^a Spirituelle , voire même qu'elle eft necelTairc a la Luther. Ccene: Les Sacremantaires faifoient beaucoup de fon- dement en ces parolles,!* chair ne ptffitede rien. Mais Lu- ther dit cela ne fe pouvoir entendre de la chair de Chriit, veu qu'il avoit dit, A/a chair vivifie^ quec'ét une parole horrible de dire la chair de C h R 1 s t ne fervir de rien. Que le même C h Ri s t à dit en faint Ian premier : Le Verbe a ciéfoit (haïr, & hfihiterAennctu. Mais plutôt qu'il le faut prendre pour l'imperfection de nôtre nature. Et cuand bien cela le de* roit entendre de la chair de Chrift qu'il £aut dire qu'elle ne peut être profitable au Chrc- tier.jfiellc eft prife fans Poy, ou quec'tt d'une chair frns ame , chair morte : Et encor cela ne pouvoit fervir à l'opinion deZuingle, qui dit: le Cors de CHRiSTn'étre pas au Sacrement. Ces gens , dit Filippe écrivant a Gerli- cius.nc chantoient autre chofefl ce n'ér, La chair ne pro/îte . dent». Laymeroismieus mourir,qu*avoirfeulement dit ce qu'ils afîeurent avec tant d'opiniâtreté. Au fécond ar- cument Luther les renvoya en un mot : Que ce n'ét pas i nos fens à juger des fecrets de Dieu,ny limiter fa puiiîan- cc.Ce fut icy un long étrifentre Zuingle & Luther.Com- ZepîiqtM mentjdifcit il,Dieu a-il donné des chofes àcroire,quine diZaingle. çc pCUvent côprendrerCe feroit un grandmiracle qu'avec la parole le pain fût chair : Qu'il n'étoit pas poflible qu'- un méchât Prêtre eût cete puilfance. Mais Luther s'ayda de la toute-puifsâcede Dieu, & de 1 humilité du Chretié, q ni doit d autant -plus croire, qu'il juge la chofe incroya- " ~ lie,

L i v r ï IL zj7

ble , comme que Dieu fefoitfair homme, que Dieu vray homme,ait fouiFert la mort:Que ce miracle ne dépend du mente du Prétre,mais de laparole du Tout-pui{Tant,que c'etoit tomber dans l'erreur des Donatiftes. A céte répli- que, dit le recueil de Tes acles, Zuingle demeura muet. Quant aus paifages de S. Auguftin, Luther répondit écre vray que les Sacremens font fignes de ce qu'ils lignifient, comme par exemple, la Ccene du Seigneur lignine qu'il a fatisfait pour nous par fa mort, & la remifîi'on des péchés promife.Et toutefois il ne s'enfuit pas le Cors de Christ n'être en la Cœne. Ainfi chacun s 'aydoit de l'Ecriture, chacun produiloit les preuves tire'es de l'Evâgelifte S. Ian, & de l'authorité des Pères. En une feule choie côvindrent s'aecordet ces fages têtes: Ce fut d'abolir l'admirable & furnaturel- cenîTe [a le Tranfubftantiation du Sacrement de l'Autel. Ce mot, Tran/Ub- difoient-ils, n'étpas dans la fainte Ecriture. Ainfidifoit natiaùon* Arrius aus Catholiques : A quoy faire me parlez vous,di- foit cpt hérétique , de ce mot nouveau confubftantiel,ig- noré de la première Chretiété?En quoy t'ofFence cemot, répôdit Athanafe,plaidât la caufe des Catholiques'Eftcc la chofejou lemot:- Si la chofe fignifiéc eft anciéne, tu ne te dois émouvoir de lanouveautédumot.L'Eglife,ditcebo Pcre, s'ét feryie denouveaus mots fans altérer les chofes.

Difons le même a ces incredules,qui demadent le nom Codée in de la Tranfubftantiation introduit par l'Eglife, ppur ar- £«/&./#**, réterl'erreur des Sacramëtaires leurs devanciers •& rete- nir la créance de tout tems receue en l'Eglife. En 1 affem- blccde Wormcs Luther ayant audacieufement foûtenu, parlant de la Tranfubftâtiation, que cen'étoitpas laFoy desanciens,Cocle'eluydit: Quoy Luther as-tu pas leu S. h™**™* Ambroife. au quatrième livre des Sacremensrlei'ay veu, »* Luther. dit-il, mais S.Ambroife,ne dit pas }Panem mut *r*,ains con- verti Evaiion au/fi inepte & ridicule,comme elle eft fauf- «fe,cat S. Ambroife ufe du mot}rîjutari:mutat, dit- il}quan- >>tie vuit injittHta nature. Gc n'ét pas le feul faint Ambroi- fe, car dés les premiers fiecles céte Tranfubftantiation c- toit témoignée par faint Cyrille, Auguftin, EufebeEmi- Lib.f.ctf, cène, Grégoire Niccne,& autres: Cvét une invention & <h un nom trouve par les Thomiftes, dit Luther. Mais il eue la bouche cloiè , quand Codée Iuy amena le Concile de L-tran, tenu fous Innocent quatrième avant S.Thomas.

Tv Tou-

It TbJ/ïs.

C*p.7 U.+.

lnfiit.

4pol. 2. îi.

in hïAtci. lib.f.ccnt. C*l in lit.

m Ma'ilj. fer. 28. de %er. Lom. Uo. j. de Tria.

VtpUqHâ àa Zuin- glu ru Ca- tl. clique s. lerieba- tar ma- mbus

fuis

VI.

XuiugU

A tm ait de ifïe rtftu frère , & Lutter le ffufê. I 2.

15S De la Naissance de l* Hérésie, Toutefois le nouveau Achille des E«angcliques de la Prance n a pas eu honte d'écrire que la prétendue anti- quité de la Tra»fubftamiation,eft tant jeune &nouvellc nlle,noja de ces Pères des premiers cinq cens ans , mais a biendirede ces Pères quenous vojfcns tous les jours , & deiqucls nous avons peu voir les Pires engendrez au plus caduc & décrépit âge dcl'Eglife Pvomainc , née au fiecle^ le plus corrompu, Toit en la doctrinej Toit aus mœurs. E- trange aveugleincntdecesEcrivains , ou plutôt malice cbftinée de 1 Herefie ! qui ferme les yeus, pour ne voir la Traniubftannation dansluftin , Irenée, Tcrtulian, Ori- gene, Bafilc, Cyrille, Chryfoitomc, & Auguftin : Retour- nons a Luther, qui combatoit ainfila Tranfubitanna- tion, avouant neaamoins la réalité. Mais difoient trei- bien les ZuingliensaLuthcr , parlant en Catholiques.- S! le Cors de C hrist eft realemcnt en PEucliariftie, il faut necefiairement que ce Toit par un mouvement lo- cal, cl changement de place, ou par nouvelle création, ou paria ccnverf.cn d une chofe en l'autre. Or il ne peu: pas pai mouvemenciocal carie Sauveur ne changea de pla- ce quand i! donna fon Cors aus Apôtres , au contraire il portoicion Cors eh les mains ; il eft la haut à ladextredu Père: Il ne peut aufii par création : carilcreeroit autant de cors comme de fois on confacreroit a l'Autel, & nul de ces cors n'auioit été facrifîé a l'Autel de la Croix. Il faut donc de nece/lité , concluoit le Zuinglicn , fi le Cors y eft, venir a la Tranfubftantiation Papiftique. En fin après avoir allez contefté, ce ne furent qu'altérations parmy plusieurs propos avantageus de Luther, félon fa coutume, avec des paroles d'un pie & demy de haut, tou- jours tonnant, toujours mena fia ru derenverferrez pic- rez-terre, &en un moment, cequeZuingîc enplulieurs années avoir bâti. La difeorde tint le haut beut, & y prefida=

Z v 1 n g l ! fondant en larmes , nuis c'eroient des lar- mes de Crocodile en prefence du Lantgrave, comme écrit Sclufemburgius, &Brcnccauuri)qui fut prclcnta leureu- trevenu'é, fupplia Luther & les Gens le vouloir recevoir & tenir pourfrcie.Iln'y apeifonneiurla terre avec quij'av- maflemieus être d'accord, diioit-il, qu'avec ccus c-cVi- ; :rg. Sufquqy Lutlici s'élevait a une jaroicro^ùc

Livre IL j^

&fierc, prononça cetefmrence, li fourent depuis ccle- îmapenJU ,,brce par fcs difcipîes : Maudite foit tel Je concorde, qui Luth, «d „jette en danger la caufe de Dieu. lieyt:t, leur difôir i en Dl«so&. ,,fon gros latin, Km fe^«/« nliitm^irituim quant nés Jh s'en- V'dpefi. flamboient tous de rholere, écrit Luther, toutes les fois-CûlI. 'cUr. quejelear difois ces. mots. Zuinglt depuis en ftt Tes pîain- burg, tes,difant que lajaloufie^Ç Luther «toit eâtifè du rnifera- Zuingl in ^blefcrr.fmedes Evangeliqucs. Le diable, difoit-il, nous prtfX ne ,, tente par des hommes obftinez. lefquels marris voir la ver.^rfel. vérité de la Coene du Seigneur découverte par autre Rcltg. ,,que par eus, comme furie us Scinséfez.ne teflent de crier ,,p!us haut que lesPapiitcs. Comme ils étoientaiiiG aus pnfes, le lantgrave femeren devoir de les réunir. Mais Sueur Dieu les fep ira du tcuticar la maladie populaire appeilée d'AngUt. la lueur d'Angleterre , qui ctrangloit les hommes d u loir . a&matin,s*étantghfleeen la Ville,fît peur à ces Apôtres, qui s'écartèrent aulîi tôt II y avoit eiperance, écrit Lana- therus, que fans cete affliction duCicî, on fut tombe eu

Quelque accord. Auffia la prière du Lanrgravc un Ecrit iit figné partons les dix avec ces mots, ou onentretien- droit la charité Chrétienne, attendant que le Saint Eprit leur révélât la vraye intcUigécedesparoHes du Seigneur, fur les myfteres de la Coene. Nous ne les rein m es pas pourtant pour nos frères , ditLuther, mais pourhereti- ques, encor que Luther entre la table &Ies trereaus p eut tendu lamain a tous rappailc de fapremierc choîere, & promis au Lanrgravedc les laiifcr^npsis j Si eit-ce qu'il ne fut pas plutôt ue retour a Witemberg^cjù-'il prit la plu- me en main contre les Zningliens, & autres Sacramcn- taires, comme vous verrez cy après, olfenfe des faus bruits qu'on publia de leur Conférence. Il fctenoi: opiniâtre, c7 r- r dit Peuccr , lans vouloir relatcher rien de les opinions , / / pour ne rendre doctrine fufpccte d'erreur, & toutes- J' feus Ian Da<.ko Sacraraentaire, écrivant a fon Roy de Pologne, dit que Luther fut contraint donner l'avan- tagea Zuinglc: C'cft la coutume de ces gens là, éenvoit Luther, ad Luther far ces bruits , vie calomnier & m en tir. le ne m'ê- D. vL/up. tonne plus de leur façon . puis qu'ils ontSachan pour

lu&eu r & pour gn i d e,..- N on le u 1 ein en t L u : h e r i ii f- M4 Unclb, toTa caufe, maisauffi Melan&hondéniçat ce que iom.+.\en. :;s ou: écrit.. Ojrez ce qu'il du fur i±:fi£'+fj-n U i ou a-

tïi.

Zuingle renouvelle l'erreur des Pela. Luth, To. 7. Uv.fd. **3-

iftf. rf.de fec. me ri. 7/ting. lib. de "Bkptif. Li. de pro- vid.CAp. C. 7jnr,gl. in exfo. jute. Cbrtjî,

i6t> De la Naissance de l' Hérésie,

quatrième Tome des œuvres de Luther. Voici leforn- maire de tout ce Colloque en peu de paroles. Luther de- meura ferme en (on avis , que le vray cors & fangde Christ étoit en la Corne. Ceus du parti contraire ne voulurent démordre du leur. On le pnoit de les vouloir tenir pour frères, a quoi il ne voulut jamais prêter l'oreiL- le,& parlant a eus plus rudement leur dit qu'il s'etonnoit comme ils vouloient qu'il avouât pour frères ceus, donc il condamnoit la doctrine. Voici encor ce qu'il écrità Martin Gerlicius Predicant de Brunfvic , & le jugement wqu'ii fît des partifans de Zuingle: Quant à la faction de 33 cet homme, dit-il, aiantouy les Docteurs de fa fe&e, l'an ;»mil cinq cens vint-neuf au Colloque de Marpurg , j'ar ojreconneu qu'ils n'ont aucune doctrine de C h R i s t. Us 3»filoiofent en enfans, Se parce ne ferontpasdegrar.de »»durec. Achevons ce qui touche ce grand Achile des Sa- Mcramcntaires.

O n aceufe Zuingle d'avoir renouvelle' les erreurs des Neftoriens : Aulli vouloit-il qu'on Y zxnVerbutn carofaSa e{l> &non pas Verbutn earo fsâ um e si :Pa.i ce , difoit-il,que Dieu ne pouvoir être mue en cors, comme remarque &z lui reprocheLuther en fon livre des Conciles. Maisluy- meme avoir donné dans les toiles de Neftorius : Car en l'Epitre aus Hebrieus il avoir enfeigne l'humanité de I e- svs-Christ n'être pas toute-puiiîante , qu'elle n'a- veit ni fçeu ni conneu toutes chofes. Depuis l'an mil cinq cens trente cinq aceufant Zuingle d'être Ncftorien, il rc- conneut fon erreur, ne fçachant pas, difoit-il, que la pro- portion par luy foûtenùe fût de Neftorius: AviVi n'avoit- il confideré de prez le jugement du Concile d'Eiefc, con- voqué pour ecte occafion. Le même Zuingle cmbrafTa l'Herefiedes Pelagiens , foûten2nt quel'hommcpar fa feule vertu peut imperrer la vie éternelle Que par ce moi- ,,en,&Caton, & Scipion avoient mérite le Ciel. Si cela „dcpendoit de moi, certes j'aimeioismieus, dit il être en ,, l'état font Socrate, &Seneque, que jene voudrois j,ctre la font les Papes Romains , les Empereurs S: ,,PrincesPapiites: Caçencor qu'au Verbe ni aus Sacre- meurs ces bons Filofofes nayent reconneu Dicu:Si ont ,,ilsccé plus faints & religieusquc tous les lambins & .-Cerdeiieij.Tu verras, dilon-il au Roi IiaiKois, ci. lavjl

Livre IL v6i

s»eternelleHerculc,Thefce Socrate, Ari(tide,Numa,Ca-

■» mille, les Catons,les Scipions.C'eft pourquoy un grand

hommedecetems difoit : A peine me puis-ie contenir T.t .

ici. t- t t i Luth, tn

que je ne aie SinJe iocrjtts,orapro novu. Luther releva cet G

Atheïfme de Zuingle, l'appelant Gentil &Payen , mais - . ' r\ ■'

fesdifciples& Galterc fon gendre prindren: fa defFence, j* J'i J*

& toute l'Eglife de Zurich, comme lit aufîî depuis un Mi- ', !*"

niftre de Genève Daniel TolTains ( écrivant contre Mar- , " .

bachius Luthérien, & Albert Herderabergius Predicanc » •/■ c

de Brème) lequel écrit, Platon, Numa,Scipion, & autres gJ » .

grans hommes Payens, être au nombre des Eleus. Oeco- Q V

lampadeau contraire blâmoit l'opinion de fon compae- ,, /• /r

non Zmngle. Gardez-vous, diioit plaisament un Docteur ^

Luthérien aWitemberg, d'allerau ciclde Zuinglc, oùil ^ I

loge Hercule, qui nous alTbmmeroit de fa maiïuc. ^ °'

Zvingi»e établit ainfi fa Secte dans Zutich , avant ^ r r r \ > tjtji- i \ Comment

fait Ion entrée lur le même lujct des Indulgeces,precnees imntU

par un Cordelier Milannois , & puis par le mariage des ,mmjZ.M rm f> ' T, t r j f l j t& j i commença,

Prêtres. Il tint la même route de Luther : cardeslndul- r c i r ... , , . . .._... fon bchiL

genecs il donna dans tous les atticles de la Religion, en „ct/r

voulant bâtir une a fa pofte , rien moins glorieus que Lu- Qecoum,

tber. Il fefervit des livres de Bertram, ancien Hérétique . ^ r

Sacramentaire, & les fit traduire en langue vulgaire, en- \0l J „*

royât les premières coppies au Marquis Albert : Car pour . 4 r'

i i«i i i i.». p.sa.tie/4.

gagner cet hommemartial, &leplus cruel que 1 Alema- J- je */-;

gocait vcudefonâVe, Luther Se Zuinçle luttèrent Ion- ^ c t i h i- i t titre,

guement, mais en hn Luther 1 emporta: Et comme les Ia-

cobins avoient fait la guerre à Luther ,' aufli firent-ils à Zuingle. Le Sénat de Zurich de fon authorité aifemblc les uns & les autres. L'Evéque de Conftance y envoyé fon grand Vicaire Ian Faber, remontre que ce n'eft pas la for- me de décider des affaires de la Religion : Qu'il faut re- mettre le tout au jugement du Concile promis. Zuingle fe prefente , & fait que le Sénat luipermet l'exercice de fa Religion encor pour lors informe. Cet efprit turbulent ., mit tout ce pais en troubles & (éditions, pour la defFence . V t >*' de fon fonge fur le faint Sacrement : & fut en fin enfeve- u MJ " li dans lesruvnes de fa patrie, mourant en l'aage de qua- ceniHm* rautc huit ans , comme un courageus Miniftrela pi- que enlamam, ainfi que je dirayey après aulivre troi- sième.

R i C'est

i6z De la Naissance de l'PIeresie, Ta. dehit. Ce s t hiy que Be^e appelle le grand Apôtre de Iesvs- }p.ni,fAg. Christ, £: Luther au contraire , le difciple du diable: jjs. 5 Zuingle, dit-il, eftrdort & damné, voulant cou, me un

l.uih.Tcm. -Jârroïi & feditieus contraindre les autres par force d'ar- 2 f»l 3&. „mes a Cuivre ton erreur. Toutefois Ton commenfal écrit Tu*>i i. que Luther fit prières a Dieu pour Zuingle. A la mienne Coli.çag. volonté, difoit -il, que Dieu luy eut pardonné,.& l'eut re- fy* çeu eu ion Paradis. C'eft icy, écrit Daveau, le vray Mar-

tyr de Iisv s- Christ, qui comme un autre ludas Ma- ce (tu dois dire Iicariot, écrivent les Luthériens) eft BaorfpotfrCa patrie, il. " ï an Oecoiarnpade Moine renié de l'Ordre fainreBri-

D* }<\n gide. kconda fort Zuingie. Cétuy cy fut précepteur des' OtcoUm- enfans du Comte Palatin, &dit Ion Difciple Capito^uc faJe <am- étant pieifépar fes amys & parens,&par les Moines d'en- t>agnrn de tier d :ns le Couvent , il leur dit, Quand je ferois fix cens Zxtngle, fois leveeu que Vous requérez demoy , je ne le garderay pas h bon ne me femblc. Belle entrée & digue d'une fi lai- de illu'ci Car après y avoir fejourné quelques années, il quictai.efroc pour prendre la toque, & quant Equant u- nefemaie, de laquelle il .eut r.n fils nomme Eutebe, & deus filles, Irène , &Alethec : Remarquez les noms, que ces nouveaus Apôtres donnent a leurpoiterité. Le Samc Oetdamp. E sp ri t, a ion dire parloir à ïuy,batoit ordinairement S ep ad Phi- importe, lors que plus ii faifoit le rétif de quitter le Cloî- hîJy'ilf.r.- tre.ïl fit partage avec Zuingle : Car comme celuy la éca- ethon. ^irt *~on Poutiiicr.t 2 Zurich , eduv-cy fonda fou Siège à

Baie, renverfa l'ordre & police de l'ancienne Egîife. C# qui fut caule quErafmc quitta la viile, ne pouvant goû- ter ces uouveautez. Le Se;'.i: luyayât envoie le livre d'Oea coiampade furi'Éuchariflie , Erafirieluy fit céte réponec Jugement >>cn ptude mets. Magnifiques Seigneurs, i'ay îeu avôtre d'Era/me. «prière lclivrc de Ian Oecolampidcdela Ccenc du Sei- „gricur, a mon avis, docte, d:(erc.& bien éiaboure. le di- „rois pic, il quelque chofe pouvoir écre pie , qui répugne „au corifentenient de l'Egide, de laquelle le départira ,-je juge être fort dangereus. Erafme ne parla pas ton* jours aim'i: C .pendant ou ie pria fort de vouloir mettre - la main a la plume centre Occolampade , mais il s'en exeufa: Et en fin marry de voir cet homme vfurper la lou#, veraine authorué, quitta la Ville pour quelque temps.

L'opi-

Livri II. 1<?J

L'opinion de celui cy fur prefque (emblable à celle de Zningle, 1 uns'appuyefurdesfongcs , & l'autre fur des ,, conjectures Comme je puis conjccturcr,di:-il, écrivant 0..c;. n;i „a Zumgle , par les écrits des anciens , ces paroles, Cecy ^utnf}[là ,,-jf mm Cm , le doivent entendre par figure & parabo- ^ i*e*M „lc : Mon frère, prie Dieu qu'il tevuciiie ouvrir lésyeus ' ' /J" ,,& les miens je me fourvoyé, afin que nous nerombî- ,,ons en erreur avec le péril de tant de gens. Pendant que ces âmes incertaines flottent ainii & doutent en elles mê- mes : jette* l'ancre de vôtre falat fur leurs promciîes& l'aiieurance qu'ils donnent leur cocl:nne venirdu Ciel. Voila donc Zuingle d'un côté, Oecolampade de l'au- tre , porteurs d'un nouveau Evangile en ce païs-là , fins aucun miracle pont preuve de leur miilion. Et toute- fois ce premier Èvcque de Ba!e , ainfieit il appelé & de ^raCtti pîuiieurs, je dis mêmes des Zutngliens , letyran, dit Cochmiti. que cens qui font envoyez deDiei ne peuvent être rcçeus o.coUm^. s'ils neporten: des miracle:. Melânânon écrie contre r.j t'a tint luy, & réprouvé ion opinion de la Corne, &îuy envoyé c*p.Z9. fa lettre de Spire. Pendant [aDicte,Oeçolampade ofren- MtUnri. le f rie qu'il traite ceschofes à huis clos : Canln'eft contreOe- pas befoin,que tout !e monde découvre leurs recreri,Ce- CëUmfM- la pourtantfortirau jour, comme fît la réponlç d'Occo- £i% larhpadé. Cependant fur les doutes deces Doreurs cha- cun inrerpofoit fon jugement. Eus-mcmes font !e con- te, que comme un par titan de Luther , homme de beau- coup de fçavoir , nommé Birchemerus eut entrepris Oecolampade , écrivant contre ion opinion delà Cèe- ~ ne: \ n p-mtre nomme Albert- Ducer , en jugeant tout - y , de me mes que de fa laque & fon aiur , l'attaqua: Et e ''"*']

comme il ccoit homme detpnr renverla par plulicurs , , i j n l ii' bre. lotte

arguments les opinions de Birchemerus, lequel emeu ' r j ° i j ail l r r ^ pxrbr*r,

de coicre, Iuv dit : Albert ces choies ne te peuvent pas r

peindre. Et ce que tu (outtens , répond Albert, ne le c< ..

„doit dire, ni ne le peut cocevoir. Meiâithon, écrit Peu- A""!!*'?*

neer , raiioit louvent le conte delà aiîpntede césdeus .. ,

„hommes: Auffi avait- il ccé difciplc d'Oecolam ,>ade. * ^." ,*

Voila la fadaife de leurscontes , Se la folie de ces nom- <**?*■/**

mes , qui manioicnr les faintes lettres , auffi hardiment

que leurl r jclfe ou leurpmceau. Ainlifut Oecolarhpade

agnorj de Zuin^le , ayant l'un & l'autre lai iîc le

R + pauvrq

Sdufetnb. Théo. Cal. \ib.2.$.C8.

In Item.

x.

Sa mort

tnent de Luther. L'a US /.

±64 Ds la Naissance de l'Heresib,

pauvre Carloftad, qui le premier leur avoir deiïillc les yeus,roucher fa charrue : Erant en la difpute de Berne , il fe montra douteus& chancelant fur l'opinion delà Cce- ne, ce qui fut caufe qu'un de ces principaus defenfeurs fe retira de fon party , l'ayant ouy dans fon cabinet priant: Mon Dieu , fi nôtre opinion de la Coene du Seigneur eft veritable,je te fupplie prens en la deffence : Ce fut Cella- rius qui ne voulut prendre le hazard de fe damner avec le Si de fon maître. 11 ne montra pas plus de fermeté au Colloque de Marpurg, quand il dit a Melancthon: Ne fc peut-il faire qu'en ces paroles: Cecy eft mon Con , il y ait u- ne figure, comme en ces autres, Un efi Helie: La pierre était Christ.- le fui* la vigne. S'il eft ainfi, peut ce pain être le Cors de Christ? Cecy troublât plufieurs autres Chre- tiés, étoit caufe qu'il y en avoit de fi miferables,qui difoi- ent fi ton cors eft lajje^l'adore.Encor que la confeflion de Foy de ces deus Evâgeliques ne fe rapporte du tout a cel- le de Genève, fi eft-ce que lefucceiîeur de Calvin a rendu ,,ce témoignage d'eus. DieuTout-puilfant,dit Beze par- „lant de Zuingle & Oecolampade, retira ce beau couple „dccorabatans de la gueule de l'An te- Chrift, pour navrer ,,amort puis après ce fils de perdition par le glaive de l'E- ,,vangile. Voila le fouverain Pontife qui reçoit le coup de la more de ces deus Suilfes ; Plaifantes gens qui tiennent pour vrais tous les fonges qu'ils s'imaginent. Celuy qui fait aboutir aus quatre coins du monde céte fouveraine puiiiance qu'il tient du Ciel, eft a leur conte atterré, per- du & ruiné , lors que plus fon. authonté eft relevée & fa domination accreuë.

Or après qu'Oecolampade eut corrompu de fa nou- velle doctrine,ceus qui habitet le long des Alpes voifines, & veules grans carnages & meurtres qu'elle caufaparmy ce peuple guerrier, commejediray:Ilen fut rendre conte au fouverain luge, rendant lame un mois après la mort de Zuingle,outree de defplaifir & regret de l'avoir perduj homme digne, difoit il, d'uneplus heureufe mort.encor qu'il eut épandu fon fangpour la defïence de fa patrie:Ce fut fon dernier teftament,peu avant que les fureurs, & rê- veries euffent troublé fon ame. Iemen vais, difoit-il, ai- antl'eiprit ailiegé de doutes, & incertitudes, compa- roître devant le Tribunal de mon Dieu, pour rendre

contç

LlVRî II. l£f

conte fi ma doctrine eftvraye oufauflfe. QnelquepaiTion qu'il eût en la caufe de Zuingle,fi eft-ce quii montra fou- Sclu/êmu. ventquelcrefpectdeleuramitiéjureeluy obligeoit plus, *"e°L que les liens de fa confcience. Et difent les Luthériens en 9 ' l'Apologie de leurCocne, que parlant vn iourauLantgra- X(,*-^« ve,illuydit:raimeroismieus qu'on m'eût coupé la main, que non pas qu'elle eût rien écrit contre l'opinion de Luther en ce qui regarde laCœne. Paroles qui furentra- portées a Luther par Pierre Plateanus, qui fut prefent a ces propos tenus entre le Lantgrave & Oecolampade. Onparlediverfementde fa mort: car Luther dit que le LuthM.de diable, duquel il fefervoit,l'étrangla de nuit dans Ton lit. mijfaprtu. ,,C'eftcebonmaîtredit Luther, quiluy avoitaprisqu'- Lut.inde- „en l'Ecriture il y avoit des contradictions. Voiez à quoy fen.de Cœh „fathan réduit les hommes fçavans] Beze toutefois écrit Voyez E- qu'il mourut de pefte : &Capito difcourantfur fa mort, rafme epim raconte, qu'il fur affiege d'une longue & cruelle mala- ad CocUn. die , &que voyant arriver un de fes amis , près de fon Voy Lo- in , il luy demanda ; Quelles nouvelles ? le ne fçay nzthfol. pas, dit celuy-cy : Si fai-bien-moy , dit Oecolamp^- 21. de -le feray bien tôt en Paradis : Mais un autre tout au rf- Trxn.Cor. bours dit qu'il s'écria, je ferai bien tôt en enfer. Auiît lib.J. écrit Lindan qu'il mourut defefperé, comme d'autres en mêmetems l'acculent d'avoir voulu'avancer fes jours a- vec un couteau , fi les afiiilans ne luy eullent arraché des mains.

V o il Aies trois Autheurs de l'Herefie des Sacramen- s r tairesqui a gagné fi grand pié en la Chrétienté. Voila r ', ,'. les trois Hérauts de la vente, & les trois coloranes fur lcf- t quelles eft appuyée leur doctrine , laquellcen deus ans

fut divifee en huit diverfes fectes , comme remarque « V

Luther en 1 un de les Sermons. Il n y arauile doctrine m£y r dit Wesfal qui s'épande plus légèrement , &quifedcf- t'r r? j fende avec plus de courage & d'hvpocriiie,que fait lamé- "r," chante doctrine du Sacrement de l'Euchanftie , autant B , /. detefteedes Luthériens que des Catholiques, &avecau- r ■'

tant de violence & exécration haie des uns & des autres, Vf j-a ••» 1 / / -r ,1 1 , ftAtiL aiip.

quiln apasetepoiiioienon pasdeles unir, maisdeles 7 > *

aprochertantfoitpeu. Auiîi font les Sacramentairesa-

bandonnez a langueur delà julhee , toutdemémeque

JesAnabaptittes , parles traitez de paix que les Princes

R S d'Alema-

t66 De la Naissance de l* Hérésie. jindra, d'Âlèmàgnc on fait entr'eus , comme on voit en divers Lib.9. liens de Sicidan. Et Luther fonvent dit que tous trois on: »apns leur doctrine du Diable : le veus dit-il.moy qui ay Jn.ApoLis «vu pié dans îa foflfe, porter céteg'oirc au Tribunal de Ccenotom. ssmonDieu, qiej'ay conJinné Carloftad , Zuing'e, Se «P fol, I7J-. '-OecoUrnpade comme ennemis du Sacremcnt,aveclef- «cjucJsje n 'auray jamais amitié ny par écrit, ny de paro- is le, ny parents , comme Dieu mêle commande: Que Lurher prenne garde, difentles Zuingliens , que parce* te impitoyable parole , il ne fe déclare chef de tous les Hérétiques puis qu'il piotclte ne vouloir avoir rien à dé- mêler avec cens, qui confeflTerit le fcul Christ. Or Zuingle étourfa le nom de Carloftad , & fur les ruines de fa fortune baric la nenne, appuyé de ce n'en. compagnon Oecolampade , & rurent les Sacramenta.res appeliez de fou nom Zîiîngliens. Auffi Luther , dit Peucet , laifiant Carloftad plus enfle de graille & de faft que de Doctrine, tourna toutes les forces conrreZ -lingle ocOccoiampade, deus braves combatans. Ces Zuingliens furent divilez en Uiiltrkf. huit factions, comme remarque Bullingêr , (ça voir en fi- hl.2$2. gmfîcatifsjTropifTeSjEnergique-jArrhabonaireSjAdeiT^N r)aires,Meta;norh!teî,Ifcanoriites,& Neautreaus. Or le Sénat de Baie fît beaucoup d honneur a fon prernierEve- que: ainfï ont ils appelle Oecolampade ; honora les cen- dres de ce: Epirafe,qui fe voi i encore aniourd'huy gravti Çjitli tombeau dans iecbccjrdc i'Egiife:

D. IoAN. C £C O L A MP A D I VS PROFESSION! THSOLOGVS , TRIVM LINGVARVM PERITIS*

5 I M V S,A V C T O R. EVANGÏLIC/Î DOCTRINE IN 1 1 A C VRîE PRlMVSjBT T £ M P L I H V I V S V E R V S E ? I S C O P V S , V 7 DOCTRINE , SIC V I T A SAN- TIMONIA COL1NDISSIMVS , SV3 BREVE S A X- TM HOC R £ C O N D ! T V S I A C E T.

Iltiï Je Luther ayant entenda fa mort, s'écria. fr« miferible &

, \nf9ii#nèOétùl*rti**Ài . tu «ui<e le Vrofetë déJ»n w^lbeur.

CanA*- J , JT. ' , *.. r .*

r e.tini tu AbStUcU Ji ■•* » brtnkre t*vm?e>ince Ue ioj a tu en. et-

* J ' * gnou u;;e m*Jtv*ifedoctrtnt. tMett tepzrétnwjitu esc» telette, q'iilte px:[fa pxrdonnsr. Les Luthériens difent, qu'au Col- loque de Marpurg leur Siartin fut le Profère du malheur

6 de la mort in fortunée de ces deus Patriarches des Sa- cramentaires , auandau départ îlhur dit, Menieuriça

prenez

L I V R B II. 2.6J

prenez garde à vons:car il eft à craindre que la chofe vien- dra la, qu'avant que foit trois ans, vous c'eplorerés vôtre fortune. Ce qui avint,difcnt-ils, avant les trois ans,Zuin- gie &Oecolampade étant péris d'une horrible mort.C'ét aiTez, pafTons ans Confeflloniites : LesSacramentaires trouveront au fixieme livre un nouveau Maître qui iet- tera dans la coupelle les fontes de ccus cy , pour en circE une nouvelle figure.

DE FILIPPE MELANCTHON

THBVR ET PERE DES

Confeiîîoniftcs.

AV-

Chapitre I

De Filiptt MtUnBhm , &

fion Hors fi ope. i. McUrMho'i Ai*theur de U

Confiejjion a ' AnsboHrg.

3-

Le refipeci qtte Luther portait

4

hitlanSthontouiours en dou- te.

5-

Âpres la mat de lulh-.r

MiUncîhon change. 6. Accu:* a avoir dtprxvé Us œuvres de Luther,

7- La créance des Cônfiejftoni- fits dont MeUnàhon fut ï Autheur.

S. Incomldnce des Confit fifvjni- fies.

9-

Les Paroles dernières de Mt- Ur;cîbjr;t(jrfik mort.

tp'»^ f> r. I l i ? ? e Melancthon, qui fut le chef de la Xf2Cj6 'Tr troiiïcme bâde qu'on appelé lesConfelIio- 5l?/>^ tiiftes,à raifon de laConfeilïon d Auibourg, ù£Xjfc delaquelIcilfutl\Aiuhcur,actclcfideleA- ~"*^' chate de Luther, le Mercure des Alernans : Cet Home étoitd'vneame pleine de vivacité,laquelle il attrempoit d'vnc grande douceur , defireus qu'on ncre- connût en luy nu! excès, contrefaifant l'homme fort mo- deitc&polé , plus qu'aucun autre de fes compagnons. *>Dieu,difent les Luthériens, donnaMelanclhonpourfe- «cond a ce grand homme Luther, Payant orné de grâces

toutes

r.

De Yilipft MeUn- cJhcn& defion Hs- n>fcof>e.

Stlufem. Thso. Cal lib. 2.jo!„ 10 s.

1*8 Di la Naissance si l'Hérésie, ,, toutes divcrfes. Il n'aroit pas céte véhémence au cont- 5)bat comme Luther, mais une douceur & modeftie pour „appaifer les querelles des Princes,& modérer les apretés ,.dela difpute. Ce fut à leur dire, le moins ambitieus de tous ceus qui ont hauiîé les cornes contre l'Eglifc : Audi ne voaiut-il que Tes Difciplcs fuiTent appeliez Melan- ethoniens , quoy que depuis fa mort plufieurs ayent pris Inlncon. ceno.GensmaIheureux,ditBeze, qui ont forgé plufieurs erreurs exécrables. Il portoit en fon vifage,quelqueefpe- ce de vertu & bonté cnpraintc ; à céte occafîon d'autant plus dangercus: Car comme l'Or & l'Azur couvrent foa- vent du bois falc & vermoulu, aafll fous céte ombre de pieté,il cachoit l'ordure de fon herefîe , comme ont écrit ceus qui l'ont au commencement honoré du nom de fé- cond Profère. On le tenoit grand Filofofe, &bienverfc Tilippe & aus bonnes lettres, même en la Grcque- ce qui occafion- Murtin na le Prince Federic de Saxe de le retirer de Turinge,où il couplez. liloit l'an mil cinq cens dix-huit, pour le faire venir a Vi- temberg , au même tems que-Luther commença de ton- ner contre les Indulgences : Il n'avoitlors que vint ans. Cet la fut tiiTucciien indifloluble qui unit ces deus corps & deus âmes , couplez après leur mort ; comme ils ont été pendant leur vie: Car jamais le portrait de Martin ne marche, que celuy deFilippe ne {juive quant & quant. La diverfité de leurs opinions ne diverfiKa jamais leur amitié.

C'étoientîe faint Pierre & le faint Paul des Alemans, ou bien nous leur lairrons dire que Luther eft leur Efaïe, MelanclhonHircmie , nomqueluy mêmes avoir pris T r, pour foy, & donné aufli à fon Filipe,comme on peut voir ^J ' au fécond tome de fes œuvres: le fuis,dit-il, Efaïe, & Me- lancthonHieremic.Iamais, écrivent fesdifciples, Luther ne put foufrnr aucun modérateur de fes opinions que Melancthou , cete horrible difpute qu'il eut contre E- r^fme pour le Libéral Arbitre le montre : car comme Lu- ther fut forty hors des gons de raifon,ccluy-cy le remit en fon bonfens,fe donant du tout a fon opinion.- Ce fut une •£tran** chofe étrange qu'une ame fi polie comme ctoit celie de folie de' Melancthon,felon leur avis, & qui avoir plus que nulau- MehnB tre ^ ion *S2 gouté la douceur & ics beautez de la Filo- « foSe & bonnes lettres , (bit entré en céte imagination de

les

Livn II. t*9

les bannir : Car, comme j'ay dit ailleurs , ayant ouy dif- courirfcn Maître Luther fur le pafTage de iaintPauldc la première aus Colofiiens, quand il dit, Vrenezgarde que la Ftlo/cfîe ne icua dt(ci-je3 il dit a dieu à fon Arifiote,& aus bons livres , & ne les reprit que par le commandement de ^j^we celuy qui avoit caufé ce divorce . Or Melancthon na- deMtUn- quit au monde en un bourg du Palatin , prezlcRhin, ftfo^ le feiziéme Février à fept heures fix minutes après midy, Tan mil quatre cens nonante-fept , & fut remarqué de- puis par les Indicieres, qu'a fa nailTance Mars étant con- Jacques joint quafi en même degré àlupiter en la troifiemeMai- Herbram fon , laquelle par les Arabes eft attribuée à la Religion, en l'Oral môntroit qu'il feroit hcrctique,&adverfairedelaFoy de fonfunt- fes Peres,commeonpeut voir par fa Nativité. breponr

lan c thon marry decéte malheureufedivifîon Mtlan- cuifegliiloit dans l'Eglife nouvelle, lors qu'elle cemen- clboru coit à jetter fes premiers rayons , ne ceifa tant qu'il peut u? refpirer de fe travailler à la reunion de ces opinions diver- Mêlan- tes que Luther, Zuinglc, & autres bons ouvriers avoient 8hon*u- ^femé par le monde. Iedefefperc, difoit-ildela Paix de tkeurde m l'Eglife. Nos ennemis en lèveront les crêtes, & nosE- l*C$nfcfi „gliles en feront dillipees. Ce qui me jette en un mervcil- d'Auib. leus ennuy.

Se trouvant parmy les Catholiques il foupiroit tou- jours après la reformation & réunion des Religions, & faifoitfort l'emprefTé aprez cet accord. CocTce toute- fois en la feptiéme Filippique, dit qu'en apparence il dc- fîroit apporter de l'eau ace feu, mais que fous-main il l'atifoit davantage. Ces Images de vertu n'avoient cnluy aucun fiege folide.Cen'étoit,difoit-il, quepour Iamôn- tre. Ce futluy qui drefla à la requête d'aucuns Princes d'AlemagnejlaConfelîîon d'Aufbcurg(Car ils ne voulu- rent, écrit Sturme,queLatherymit lamain) laquelle les Piotcftans de Saxe préfèrent aus livres Canoniques, di- tMvnisd* lentlanLafcus & Ofiander: Auifi l'appeloit-ilC orpt s Vtlhpeti ecclisia. La vois deFilippe, font-ils, a plus d'autho- pl^de rite envers eus que la vois de Dieu. Ils font contraints ju- crédit aus rer en la parole de F ilippe, & renier celle de Christ. Me- ee //, fo lanctho.n la prefenta cente de (a main à l'Empereur, co- jyuu meiediray cy-àpre? au livre troifiémc , en la journée te- nue a A uiboug, ville toutefois qui a funy lontems plutôt

la Con-

2,7* De la Naissance de l'Hérésie," Ja ConfciTion de Zuingle,que celle qui porce Ton nom. Il emporta cet honneur par deflus fon Maître Luther , d'ê- tre l'autheur de ce cinquième Evangile,ce que les Luthé- riens ne peuvent ouyr qu'a contre cceur : &difentque Melancthon fut lefcribe , mais que Luther la dicta aufll Voy Scia- faifantlePape : Et pourmontrer que cela dependoit de femb. Ub. fon autnorilation,iladjoutadefa main a céteConfeflîon 2Thto. ces mots. Damnamvs secvs d o c e n te s. Nous Calvi. condamnons ccus qui enfeign^nt autrement ; Mots qui furent effacez depuis par ceus-la mêmes qui en adoroien.t les traits , comme je diray ailleurs. Car les Melanctho- niensne fymbolifent du tout avec les Luthériens. Auffi l'on a remarqué plufîeurs divcrfïtczparmy la doctrine de VbyStaph. leurs deus Apôtres. De forte que les vra\ s L,utheriens di- deLuth. f€Br qu'il y a autant de différence entre celle de Luther & concord. de Melancthon,comme d'un Eté brûlant a un Hiver gla- ColL Alte. ce, c'ét leur comparaifon : qui a occafîonne Illiricus, fol. fiïj. d'appeller dans fon BeréchitMelandthonl'Apoftat de Lu- ther. Pour ladcffenfedecéte Confeifion d'Aufbourg fu- rent bâties les Ligues d'Alemagne, comme vous verrez à la fuirte de ce difeours au livre troifiéme. T Nonobstant cétediverfîté, Luther rêvera Mê-

le ftsïxB lancchonpardcflus tous le» hommes du monde, ayant or- OfuLkthit dinaircment ce mot en bouche, Contemptibilis ioriottà anima îST,(vvâ contemnit f i l i p pv M.Celuy Mtlan&b mérite d'être méprifé qui méprifeFilippe. Et quoy qu'il EtTûm i 'c t^ ^k>ç & cbuviert à tous les autres, fe découvroit fans àtttr arb re^erve -u tout a ^UY ^L1^ Mciancthon fut envoie de Dieu, fd '-24. ' d'-foit-il, cnla préface de fon premier Tome, pour être le compagnon de mes labeurs à l'avancement du Royaume de C h^r i s t. Il pertoit toujours en fa main fes Lieus communs, leslifant & relifant avec ce titre d'honneur, quec'étoic le fcul livre qui conferveroit la doctrine ccîe- VoyVcurer. fte jufques ala confommation des fiecîes. Livre qu'il ju- & a-Iwo. oeoit digne d'être incorpore' d'ans le Canon de l'Eglife:Ec ChtiftùUt diientles l^iiniftres du Paîatinat que Luther fonhai toit lixentcrJ. tous les livres être abolis , pourveu que les fèuls Lieus fd. 2 os. comuns de Filippe pouffent (urvivre. Mais qu'eut dit Lu- tkers'i! eut vèuprefquc tout changé l'an mil cinq cens cinquante-cinq, ce que Mciancthon ave^t publié l'an y.jBiltfti. (^ue pou\ou-il one, voyant Mclai.

e.di-

Livre II. 17*

tîffavouër pour uens , les Commentaires fur fair.t Paul, que Lu-thcr avoir porte dans le Ciel? Si ru ccmpares;dit- L^.adm9. il, Lecteur, ce que nôtre Filippe a écrit avec lesCommen- «««*'• sa- tanés de Hierôme & Origcnc , tu connoîtras que ces <0T-c*P-d* de us icy n'ont fait que radoter au pris de Filippe Comme *uî"° Lut' Martin henoroit Filippe, Aufîi Filippe adoroit Martin, ill'appeloit Ion père, ne l'abandonnoit que fort peu , & pafloit ordinairement une grande partie des nuits dans fa chambre, duPeucer ( avant qu'il eut aflocié à fon lit la Nonain; pour conférer avec luy , ores d'un article puis d'un autre, comme peur dreiler le fymbole, ou les pre- miers rudimens des Chrétiens. Et écrivent les Luthe- Meîan- riens que Melancthon dilbit fouvent qu'il le pouvoir ap- Bho dsfoit peller père pour luy avoir par fes prières redonné la vie, que Luther & retiré du fepulchre avec Micronius^, tousdeus réduits luy avoit ausaboys de la mort: Luther mêmes s'en glorifioit, écrit donné U l'hiftoire de leur Cocne. Parmy céte amitié étroite que vie. Melancthon porta a Luther il j avoit de la crainte de luy /#/. 3S 7. déplaire & contredire, fi que pendant fa vie il n'ofa mon- trer tout-a-fait ce qu'il fentoit du Sacrement de l'Autel. *>Fmppe, écrit un autheur Calvinifte. vivant Luther n'o- C vm . » fa ouvertement découvrir ce qu'il avoit en Pâme tou- «*/4w#*» reliant la Cœne du Seigneur, fe plaignant de ectefervi- *'"-**'w'- » tude. Quelles Tragédies n'eut excité le furieus Luther? *^vtJfb. soque n'eut vomy contre luy , celuy qui ne vouloit céder V^M^f >?apcrfonne, qui ne vouloit être contredit de pedbnae? ?j P. Gclius toutefois, qui fut difeipic & fort privé de Me- lancthon ne le fait pas il timide , ains au contraire dit, qu'encor que Luther reconnut qu'il prenoit d'un autre biays la réception du Cors de Christ: Si- cft- ce qu'il sdufemb. ne voulut jamais rompre avec luy, & demeura ferme en TkCdh. fon avis. Luther leporta patiemment & fans ofrcnfe,auflï ^\ Melancthon de fon côté fort rctenujfc comportoit de tcl- Icfbrte, qu'on ne pouvoit juger qu'il voulut choquer lauthoritc de fon Maitre.il ne tint pas a plu/leurs ( on re- marque AmfdorrF qu'on ne les vit lutter cnfcmble, afin que ces deus chefs & autheurs de la reffitution de l'Eglise, oppoiez l'un a l'autre, elle fût en fin diilipéc& détruite.

ta comme ils parlent. Calvin appeloit Melancthon le in^.adm.

d ornemet des Eglifes "d'AIcmagne, &PierreMartyr adW^K une incomparable, qu'il loge au deffus de Martyr.

Luther,

ij3. t)i la Naissance de l' Herisie, cont.Gâr- Luther,accomply de toutes fortes de fciences, ficharita- tiiner de ble dit Morlin,que s'il eût peu,il eût voulu porter toutle Euch*. monde fur les épaules.

Voy Codée. I l fembloit pourtant avoir été nourry en l'échoie de 7.?hilipp. Pirrho j car toujours mille doutes ailiegeoientfcn ame, iv. pour la crainte difoit-il , de faillir. Ses écrits étoient vn MeUn-* perpétuel broûillis d'irrefolutions:C'ét pourquoy les Lu- BhonîêH- theriensdans un de leurs Sinodes ont écrit. Le peu derc- iourstn folution , de Meîancthon , amis plusieurs perfonncs en doute. doute des fondemens delà vérité, & détourné plufieurs

Collo. AU autres d'entrer en nôtre Confeiîion : De forte que ce n'éc timbur.f. pas fans occafion files Papilles nous objectent l'incon- J03-& france de ce Do&eur, ayant fouvent changé fes œuvres. jsc Iamaison ne le vit revenir delà difpute avec les Docteurs

Catholiques, que piufîeurs jours après , il n'en portât la ÏUUn.li. ^contenance mite & l'ame effrayée. Ces paroles étoi- d: CanA 33c-nca tocs cous cnfabouche : C'étvne grande outre- ra;*/,^»;». :»cuidance a mon jugement , de mettre en avant fes opi- Ô**dPhri 53 nions fans en avoir témoignage de l'ancienne Eglife: dcrhôyçro- Aufii retenoit il piufîeurs chofes de i'Eglife Catholique: YHxm, Car comme les betes nourries chez nous, nefe peuvent démettre de l'humanité que nous leur avons aprife,& en- corqu'elles échappent reviennent à païfades au lieu»de leur nourriture: Ainfi cet homme fe refîouvenant de l'an- cienne pieté Catholique qu'il avoitfuccée avec le lait, ne îapouvoit du tout oublier, comme on peut voir à l'a- vis qu'il donna au Roy François premier pour accorder

lesReli

..; -, Il vouloit toujours entrer en composition taxant fou-

V . ï vent en fecret Luther , quoy qu'il l'aveuat pourfonmai-

r -V ne, de ce qu'il remùoit iufques aus fondemens de 1E-

V •?. S'l!e ^'attaquant avec trop de violence au PontifeRo-

vj .v.cr- mîjjB ^ !coue[ Meîancthon deliroit recônoure pour Chef

J*?0.9**?' ,.de tous les Chrétiens, & Vicaire de Dieu. Vnjours'ar-

#™ **', ,. raifonnant avec luy fur fa doctrine, il luvdit:Certesn ô-

,, j.treMaitre, îlmeiemblequevousdonnez un peu trop

r •» ,.av.mt.& h je crains eu il ira pis al avcnirParceie vous

hum min- '' 'LrJ , l , K ,••,-

', ^ _,;pne publiez quelques cous cents pour pourvoir al E-

H"'"n' „gfife.FiJippe ;r.on:.;r.y,cuLuther,j'ay Iôgucmct &non

vfans peine ibngea telle choie, maisfaifant cclaje'icn-

oa dc&nne lufpeck: Parquoy je recômai.ue cété

c au le

LlYRl II. IJf }

^caufe à Dieu , fais en quelques chofe après ma mon. Ce ,,difcours& pourparîer Le trouve dans un livre ititiculc ,,Prôtocole qui traite le Colloque tenu à Maubrun : Ce furet les dernières paroles que ces deus eurent iarj-aisen- femble,comme jediray lors de la mort de Luther : Et A- lexandie Aloyfius Calvinifte Ecofloisnou'rry en Alen.a- gne, amené les propres paroles en Alemand que Luther luy tint lors,& dit que comme cela fut raportc à i'Eglife de Brème par vn Gentilhomme nommé Erhard Alingen: on envoya devers Filippe un nomme Maîtrelan Schlon- grabe pour fçavoir de luy s'il étoit vray: le ne nieray ja- mais cela , dit Filippe , & lepublierois par écrit fi je ne craignois Remettre les Eglifes en trouble. Mais iene veus pas mourir que js ne le couche dans mon teitamen: qu'il eût fait pourfuit Aioyfius., fi la mort écrivani la dei niere volonté ne luy eût fait fc.mber la plume de fa main tremblante. Les autres, racontant le Colloque de ces deus pilliers de 1 Eglife nouvelle., difenf qne comme Melanclhon eut ouvert plus quede coutume fon efto- mach fur ladifpute de la prcfer.ee du Cors de Ïe S y s- Christ a i Autel, priant Luther qu'il voulût temp*. rer fes écrits là-deiïus, il le vit orfenfc:car fa cholere mou- troit tout aàiffi tôt les partions pics cachées de fon ame: Çelâluy fit prendre rcfolutîcfc de fe retirer, &-quitter *fe'4n\ - : Il la découvre a Gafpard Cruciger,& le prie ahon ^ . on de fon exil. Luther averty de ce def- VCMt r'U* feinafap: tint ces paroles partant corn- r'r *'att~

nied une .ime orientée: M;cîaacl:honAccte querelle tou- ?r'sUi~ chant la Cccncdu $eigneur,eftmienne,hquellc j'ay def- r* fendue , & deïfcadray fans toy , demeure en ton opinion contraire, fitu lajuges être véritable. îen'ay befoin de tonaydenyde toufecôurs. Iene fçaj fi MelancUon fc tint dans le fifence : Car Pcuce r ny les autres n'en difeac rien. Tant va que leur accord Cent de n'en parler plus: Car Luther ncvouîoit pas que céte ' divifion fut mifeen veue, & moins qrn'ilsfuiTerit entrez en doute de la vérité Vo'j Cre' duCorsal'Autel,&dans i'uned cfès Epures de 1^1544. '**"» ir4' £on lit ces mots. Si par fortune vous oyez dire Fili ope & àut.àe te. »Luther avoir confenty à la Fureur des' Sacramencaircs, S*cr*mèï. Mpour i honneur de Dieu. ne le cuovczpas. Ce furent les dernières paroies qu'ils eurent jamais fur céte difpu:e de

S laCccne.

2.74 Dz î-a Naissance di l'Hî resté, la Ccene. Cecy avinc l'an 1544. fi ce n'ét .ers que Luther luy dit ledernieradieu, commejeraconteray ailleurs. Dire de ^ar tous 'es ^CÏ1ZS publiés avrnr l'an i<47 Meîar cihon

Mehn- ^cte^a 'a doctrine de Zuingle & autres Sacr^mcntaires. «#£«« r<;«. >>^e rie trouve, difoit-il, au livre delà veuté ou Cois, de trcZjtit'il. a)ra^°lia^ei *erroe pour nous démouvoir de l'ancienne- ,,creâce.Il peut être qu'une autre opinion fera plus plau- ;,,fible a quelque efpriroifif , peur approcher plus du ju- „gen»enr humain & terreftre : Mais que fera-cc, de feTe- ,;parer de la fenrence derEglife? Ces paroles Cuy eH rr.cn 3iCo*s, nous foudroyeronrque dira contr'elles i'efprit c- s, tonné l De quelles Ecritures, de quelle fentencetft- ce 3, qu'il fe munira , pour interpréter une metafore? Il me 5>femblequc ceus-la font peu expérimentes en ces der- niers aiTauts , qui fenient ainfi ces nouvelles doctrines, ,, admirant les raifons par eus longées plutôt que les pa- Jfitf, de ,, rôles de l'Ecriture. Et comme l'an 2540. il fut tombe en Cœn.fol. extrême maladie, jufques a baifer le tombeau, ilfitfon $J7, =»tefTamcJVc.dans lequel infera ces mots:En cccjui tou-

»>ch(.îaCccne du Seigneur, je m'arrête a larelcîutioa »prifeavec Bucer l'an mil cinq cens trente- fîx, dans la «ville de Witernberg: 5c veus mourir en cc'te confeiîïon: ne luy donnant fa foiblcifc loifir d'étendre plus au long cequ'ilpouvoitavoiren l'ame pour les autres pointsde laReligion. leparleray enla vie deBucerdecéte afïcrm blée tenue aWitemberg. T. Or après la mort dcLuther , Melan&hon montra

A^tes U quelque changement, fans toutefois blccer le nom de Ion jr>c*mt Maure, fejaiiFant aller aucunement a l'opinion des Sa-. Lmh'f, cramentaires. Âuiîi écrivit-il à Ian Crépin Libraire de bUlÀdho genére,afin qu'il imprimât les livres dOtcolapadeZuin- sl.Aft^e. glien, & parles lettres traitta amitié &aiiance avec Cal- vin & Builinger. Toujours depuis on le reconnut incer- tain &douteus en céte matière du Saint Sacrement. Vu aurhcurLutherien nommé Caioander fait le conte, qu'é.- tant entré en difeours avec Melancthon il lefuplia pour l'honneur & gloire de Dieu, «3c le falut de ion Egîtfe trou- blée, vouloir écrire en une feule page , & publier quelle étoit fon opiniôlur iaCcenedu Seigneur, s'il étoit ce l'a- vis de Luther dont pi uiicurs iaiioitnt doute, ou cecciuy «es ftcrajjietttaircs. Surquov Mdaatti.ou te ut fâche lu/

aiu

Livre II. 275

iscHt: I'cyr.fTez écrit û on me contraint de toucher enco- ure céte controverfc , jeferay emerveilicç Je inonde. le ^tlaY*' vcusfupp.ie,d:tCa;oar.der,['rendreenbonnepartlafup- ahon en plicarion que je vous en fai=..,& ne vous émouvoir à une fi t(/l're pie & honnête demande, je clcfïre deffendrevôtrenom, ciUA,h oni contre cens qui dfent que votfs ne croyez pas le pain de la ~ffeMe ae Ccene du Seigneur, cire levrai&nature! cors deCHfcUT. ****!?**". Lors Melanélhon tout troublé prend un morceau ce pa- "*u' pier, qu'il trouva àfespiez . &le jettant foudain comme »par dépita terre, Iuy ditiCaloander, file vray & naturel •oCors deC hri s t cft au pain confacré en la Cerneau »Seigneur,pourquoy ne fera le \ray Cors de C h R 1 s Ten Etr/wge aoce moiceau de papier? Ayant ouy ce blasferr.eforti de ]^ parvle dt bouche deFilippe, dit Caîoander, tout côtraireace au'il AltUn- avoit mis dans ia Confeiîïon Auguilanc, aufiî mile corn- ciben. me ebahy, je le lailTay la, & m 'en aîay.

Vn autre fur-intendant nomme Mordilles, îeprcfîant jjde mc'me: Laiflezmcy.dir Melâcihon,forrir de cepaïs, jj&j'écriray franchement mon avis fur céte difpute, à ^IhoneurdcDieu permettez que je parte d'icy.Staniilaus Ub. % Refcius raconte avoir cre prcfentl*an 1557. lors qu'étant enquis par quelques Gentils-hommes Pclonois fur la Communion ions les deus efpeces, il leur dit: H »' 'tmferte i ^-efrcc^e fuxe&ï nuire etyenfiffit. Ainfi laiffoit Melanûhon tout dc C*hiri lemendeen incertitude quelle ctoitfcn opinion. Ce qui a tMel£a", émeut Ca'vic ce !uy dire: Quoy Filippe , n ofes . tu écrire &**** aveol'ancre cetjueles autres lignent avec leur fan <*l Le nom toutefois de cet homme parnjy toutes les nations étranger» faifoit grand bruit.

NotreRoy François premier, ainfi que vous verrez au Schifmc de la France le voulut retirer prez de luy,comme fnauflileRoy Henry d'Angleterre: après farevolteçon- trtlcPapcjil envoya fupplicr les Princes d'AIemagne^uy vouloir envoyer M élan crhon , pour jetterles fondetnens delà nouvelle Eglife qu'il s îmcginoir: mais les Proteitâs r 1 r . , aiTcmblés a FranklorrlVnTs^Q.nepeuient trouver bonne /T W céte délégation, ayant fiifpeae, dit Calrinen unedefes ] S°' Epures, lamolleflece fet: arae qui n'avoit rien delafcr- r , ,.

„il dit:OFihppeMelâahô,c et à toy quej'appeleiui €lntB'M* m la- haut en Dieu avec Chriitoùtunousattês; Cet & cet *'*

S * fuis

%jê De la Naissance de l* Hérésie, fois tu as dir,lors que blfé de tant de trayaus,tu repofois" ton chef fur mon lein:A lamicnnc volonté quejerendif- ^felamecn ce fein: Et rc.ov j'ay cent fois defiré que nous Konsenfemple: Certes tu eufTes été plus courageus »aus combat?, & à méprfer l'envie : la méchanceté de ccplufieurs'eut etc retenue dont l'audace eft aercue par ïstamollelTe.Voyîacommeilaccufc &louë fonfaintlan. *i. Ce futMclancthon qui repolit les-œuvrés de Luther

l'*Un- après fa mort, & qui replanit non feulement la rude/Te du iïho.mc- Latin de lÀutheur,- mais aulTi changea la fubftance. Cet ii-jiaa- pourquoy Ijliriciis & Gallus l'accufent de les avoir de- ictrgaté pravées & corrompu la vraye doctrine de leur Maître. Us œirjrtj Reproche qui luy fut fait au Colloque d'Aldcbingoù de Luther, preiîdoit Guillaume Duc de Saxe. Les Théologies dcWi- Gallin temberg y ont au m" mis la main, & fut faite vneafTemblée 1hiQ.de àLipfepour cétc occafion l'an mil cinq cens quarante- frav4(of. huit. Us avoyent honte de voir chez leur Evangelifte tant Anglf de vanitez,a injures, brocarz, étions (pardonne moy Lc-

cleurj & tant de caquets du Diable. Ceux-là donc gar l'avis de Melandhon ont changé, obmis,coupé, comme bon leur afemblé , renverfant & l'ordre des livres & le nombre des Tomes que Luther avoit publiéde fonvi- ant : Ce qui met une merveilleufe confufion lors qu'on v àîleguejes autherités de cet homme,&quidonnafujetà Boquin entre en conférence avec Brcnce &Smidelin l'an mil cinq cens foixante-quatreà Maubrun, de leur faire ^ce reproche. Comment fériés vous d'accord de la do- t cy ^r.Yij. Marine de vôtre Luther, que même yous ne l'êtes pas du ? vxJeiu ^nor^brrdes Tomes defes œuvres? Amfdorrî,IlIiricus & coni. Uhr. Rorari'Jïtcr.: trois Luthériens bigarrez, ont fait un livre des corrupteurs des œuvres de Luther , ils crien: qu'on a fut force & violence a la Parole de Dieu qui luy a été ré- vélée. Melancthor. eft dedans vilainement crayonc. Ifs rappellent Corhurne,fouUerà tous pieds, fau flaire, Pehgicn. Autres l'acculent d'avoir favorifé l'Arrianif- \ me, qu'en vit cdorreen même tems. Qui lira, dit Stan- ij£m carius, les lettres que Mcîancthon écrit au Marquis loa^ j, ^ chin de Brandebourg , verra clairement qucc'cftlado-

ctrine des Ai riens. Car il fe fertde tous les arguméts qu'- Ârrius amenoi: contre la Divinité de Ie s vs-Chris t, •ouille dansfesheus communs, félon iimpreflio»

Livrï N. ±jf

l'imprcfllonquien fut faite l'an mil cinq cens quarante- Voy Stân. cinq,cnlap3ge 45. lors qu'il fait le Sauveur fupplicr ion eont.C*h& 'perc.

Ordinairement il a ces mots en main, le Fils prie, in- Vi-eFpiJ!. tercedc,requiert, fupplie. Il appelé le Fils Miniftcrc du \UUh.mA Perc , comme Luther l'avoit appelé félon les mots d'Ar- Ehc.rsj2 rius,l'inftrumenc du Père. Le Perc cômandeauFils.Ii luy in Cxp.i. eftfujet dit Melancthon : Qui voudra voir cela , lile Gène. ' Stancarus au livre qu'il a fait de la Conférence de la do- ctrine d' ^rrius & Melancthon , qu'il appelé l'Antechrift Scptentrional.il me déplait de parer mon œuvre de tant 7. tilanïï. de pièces empruntées , queje rens pourrantde bonne- p.:cn(tu'L foyaleurs Autheurs. Aucres l'accufent d'avoir été Ma- ire Muni- nicheen , aufli dans fe s premières œuvres il fait Dieu au.- tbeen. theur dupecoé, Dit quel'adultere de David , &latra- hifondeludas eft aufli bien œuvre de Dieu , quclacon- vetfion defalnt Paul , en la dernière édition de Ces Lieus C«ii/** ** communs: Iladémordu cet erreur qu'il avoit défendu vl-*dl7vef dansfes annotations en 1 Epître aus Romains. Calvin idtr.o. rHerefiarchede la France a voulu donner ecte imprefil- Btz.ei& on aum5de,queFi'ippeen fonarne ëtoit de Ion avis pour Ut.CéUv^ la créance delà Cœne : Maisfcs difciples le démentent: auffi écrivoitila Martin Genolitius , I'aimeroy-mieus mourir qu'aifeurer ce que les Zuinglicns difent que le Cors de Christ ne peut-être qu'en un feul lieu. Chacun deiiroit fe parer de i'authori t e , & du nom de cet homme.

Or la créance des Confeilioniftes dont Melancthon futl'Autheur elten plufieurs points voifme de la Catho- vnr. lique: Car ils reçoivent le Franc Arbitre, ne rejettent du Lmnancât tout le Sacrifice de la Méfie , rty laConfeifion. Enfei- daCon- gnent le pain être fait le vrayCors après les paroles Sa- f-jfioûi.L cramentales , croient la corporelle & reale prefence de »Iesv s- Christ au faine Sacrement. NousconfeC «fons,<iifent-iîs en leur article d'Auguite,qu'en la Cœne «duSeigneurfont prefens véritablement & fubftantiel- lement le cors & le Sang de C h r i s T,!efquels font veri- tablementcxibezaveC ces choies viables pain & vin , à ceus qui prennent le Sacreraët: au contraire des Zuingli- ens, qui difent que ce n'étquele ligne du figure du cors abfcnt,& qu'il ne s'y diitnbuc que pain &Y_in : Il eitvray qu'ea cet article^ auçrei de leur côfcfiion A ugultane îk

S- 5 OQÙ

178 De la Naissance de l'Heresie, ont tarie changé & rechange, que la première eft du tout fij $taP' méconnoififable. On l'a veu'é (bavent prendre nouveau bgprodrj- p\[} & nouvelle Forme. Celle de l'an mil cinqcens tren- înO' te &un farlarealc prefence de rEuchanfhe , n'eft pas

IXicoUm fçmblablea celle de 1 an mil cinq cens trente.. Et cel- CefUmin Jes qUl V:niren: encor après diver/iriees : La premie- lib'.llô Vax rty difent-ils, Lutheranife, l'autre FHippife , & fou- Yigtlmrp. vent Martin en tança Ton F ilippe , il lepria foavcnt , die Col Alte. I hiftoice de leur Ccen^cle retirer la main de céte Confef- jol. ,+<j2. fioaj c<.n'y changer rien plus, voire quelque fois il luy di- It'oifnude fo;c: Ejjjppç, qVii te l'a corn mandé? Sans doute dirent ces Cœn.Aag. Confenuoniftes alfernblezen leur Synode, preiidoit Guillaume Ducde Saxe nouveau Pontife à courte-robe, : cére mutation de nôtre confeiïïon fi fréquente 3porte g !ile,& empêche plufîeurs de fe joindre à nous.

iLs tieliëut a couvrir leur vergogne, pour n'avoir, difent- ils encorl'an mil cinq cens tente le faintEfprit du tout Comment jevePéfesiecrets : Oa diroit qu'il étoit encorai'Echolc l : ?rot«- ^e Dieu le Père pour apprendre fi leçon. Que l'ail -mbiee fianscom- n£étoitpàs [V>rtgrande:C'etoi: pourtant i< cljtefd'œuvrc mesurent de leurs deus Apôtres Martin & Filippe. Quec'étoiteu lettrine**- tems de g:-e:re:La pais au contraire éroir par toute l'Ale- flance. magne. Quelle fut faite a la hâte: Tout au rebours xMe- lanCthon la porta toute écrite & parfaite. Que la prefence de l'Empereur & des Princes leuriït accorder piulieurs chofesa regcet:Confcience's peureufes qui s épouvantent de la feule prefence du plus débonnaire Empereur qui fut _. - tL iamais. le plus dous &traitable en fes Conférences. C eft j- ainiiqu ils couvrent leur inconstance. Or ces Conreîho- niites font divifez en trois claffes,& trois diverfes bandes, comme remarque Staùle, & qui trouveront leur rangey Galère après parmy 1 Eicadron des Hérétiques divers. C'eft tou- IbzfJne* jours néanmoins iaConfelfion Auguftane. Et comme les Athéniens conferverent la Galère de Thefee,quirit le cé- lèbre vovagede la conquête delà Toifon d*oc, jufques au tems de Demetrius icFalerin , radoubant les genou- liers, les Wurangucs ouScocars , à mefure qu'ils étoient vermoulus du terns, ou en fubltituant d autres, portant néanmoins le nom de fon premier Maître •• Ainficcte Côfeilion Auguîtanemon pas après plusieurs ficelés com- me la Nef Thcfecnne, mais dans quelques ann.es rapié- cée

Livre IT. i79

eeetoutâ neuf , porte neaumoins le nom «ïulieuou elle fut premièrement barie. Toutefois (on père Melan^thon l'ayant un peu ajancee , l'an mil cinq cens cinquante à la prière des Predicants aflemblezà Witemberg, pour l'envoyer au Concile de Trente, luy changea de nom, & 1 intitula la Doctrine des Eglifes de Saxe, & ailleurs la Répétition de laConfellîon d'Auibourg : Cet toujours leac Evangile. Nous nous rapportons , difent ils, à la CoUo. AU C -»!K.?ifijn d'Aufbourg; comme au fondement de nôtre te*»!?. foL Keiig'ou.Ilnefautpas , dit Clebitius , parler devantle ^^V*. piaule de céce correction que nous avons faite a la Con- te in* in d^uibourg, celarendroitfa Do&rfnefufpe&e. Vovez un peu fmconftance des Evangeliltes de ecte Con- ^Mt4f- !>• feiîlon, remarquée par Viembergius , non feulement es cérémonies, mais fur la justification , les bonnesœu- » _ très, & autres points , mêmes fur le libéral Arbitre : Car ?rj ' c " jamais Luther & Melancthon ne fe peurent joindre fur '" ce point, quoy qu aytecrif Sturrne en les Antipapes. E- ~ rafme fe ttom >e , écrivoït Meiamithon à Sieifmond Ga- ^-' '- ben, .]u« pc iiequelurcetednpateLucner le lervede mov'.. ~

Tu. leconnois, ces altercations ne me plaifent pas: Et «ri no'.ez d'une même main, le menfonge de Witakerus,qui '* dit qu'entre ce us de céte Confeifion il n'y a que pais 5c concorde pac les articles de laFoy.

Voyez comme ils ont chancelé, feulement à établir Tnr. lenombtedcs Sacremens q ui font les fceaus denôtreRc- Imo-ta** ligion. Ils ont fur ce point iifouYentchagé& varié, qu'on ctdUco7>> ne fçait, & ils ne fçavent pas eus-mémes, a quoy le refou- fettioni- dre. Au commencement ils en admettoient deus , puis ftes* trois, & en fin ils fe font arrêtez à quatre. Ainfi chancela Voyez U Luther fur ce hautmyftere. Carilreçeut long teins les préface de fept Sacrements de PÈglifc, puis un feulement, après ceusdeZu- deus. comme on voit ausLieus communs de Melancthon, rich aa$ &apres trois, comme on litdans la lettre qu'il addref- Eglifes feausWaudois , leBaptémc, la Pénitence, fclaCœne. d' Alema- Cëte incertitude fe trouva Melancthon, occafionna gne. cens qui font venus après luy , je dis fes Difcjpîes , de le The. Calv* charger de malédictions , difant que Dieu luy déroba Ub. 2. le l'eus, & pervertit tellement le jugement, qu'il nefçeur y»y. Cap. en fia à quoy s'arrêter, tant fa foy fut chancelante & Babi. sa- douceuic. Au lirre du jugement de la Cœne, il dit s dt Etfth*,

S 4 Lafen-

tîo u Naissance de l'Hebesie,' Lafentenceda Prince Electeur rue plaît aucunement, qui Zuth. cap. impofa(ilencéa ceus cuidifputoient deccrc matière de- jo.tkco»' vant juy} pour nejettèrdes erreurs & mettre du trouble fîr- dans l'Eglife a fa naùfance : Et quoy qu'il eut err.braiîc

in ejf, rt. p0pini0n dc Luther pour la defenec du cors, il eft-ce qu'il eontr. Lo- s'aproc{ia depuis de celle de Zuingle: car au lieu que lau- v-meri. tre ^^ Ctci ftçvtfit mon Cors, Melancthon a mis : Cep la. un. is#s. f0mmunicatton âerr>onCor$. Comme Aarcn, difent les vrais IWy^rti Luthériens & Wigandius, lit adorer le Veau d'or, aufïi Fi- fo&rcMt- lippe rejetta l'Alemagne en une idolâtrie nouvelle. Plu- irnclben^ fieurs Delors qui avoient adoré Ton nom , l'artaquerent T rjei!ie:' en diverfes façons & fur divers articles. HefTufTïus i'accu- Fiâurtu £c^ ^ Rbcrus lcdeffend, mille Filippiques en campagne Stantb.mà pour l'honneur ou vitupère de Filippe Zanchius en Tes CaIv. Ut. m^langCS l'attaque auiTî. & reprend quelques articles de de Lrmt. fadoctrine. Simuleras en laviede Pierre Martyr& plu- sieurs autres, comme font -aum Wigandius & Gaîius,qui compare ntPilippeà Aaron , "Witembetg à Hierufalem: Les ténèbres font venues de là> d'où partit premièrement la lumière font ils.Les Profctts fonc fortis de Hierufalem: Si font bien les i m porteurs. Se faut-il étonner 1? a nôtre Witemberg, il eft arrivé a Filippe ce qu'en Hieruf- vint à Aarcn? Ai nu parlent- ils ce ce fécond Apôtre. Beze \n Icênu aprcs avo!r por jufquesauCiel, ditainfi:

.Bez. tn Vncchofedefailloit a tes e quel-

Crtêpbtg, ^ues jjffcjpj^s tiens, qui t'a voient picfoue adore ior.s que fol.Bû. tuvivois, outrageattant ingratement ton nom après ta mort. Ailleurs 1! l'appelé le Fenix, qui ayant pris l'eilor dans îc Ciel, a emporté quant &luy toute eiptranec de concorde en l'Egide du Seigneur. Beze toutefois ayant Z'b i "paffeen Alcmagne avec Viret, afin de pouvoir apporter Th'eol ' ce l'eau pour éteindre les feus de la France, pendant le re- Cal "' fol gne de Henryj&s'etant trouvé a un Colloque a Wormes, ' fut fort étonné de voit l'inconftance &pufillanimité de ' Me'ancT-hon. L -arda ^N ^cr*r c]u,ctant: ^ur 'e point détendre l'ame , l'an dernières m'' cmcl cçns f°lxantc famere accablée d'annees,Iuy tint de Vel n- ">tc^ 'angaSc> Monfîls,tumevois fur le point de partir de 8hon&(* »>ccnondc, poar rendre cbntcau grand Iugedeceque mm ,,tuasfait. Tufçais quej'étcis Carholique , tum'asm-

%* ■'■ „duitte a changer de Religion, pour en prendre une di-

verfe

Litre IL i8r

^yerfeàcelîe de mes pères 5Or je t'adjure parie Dieu vi- vant, de me dire maintenant, laquelle eft la meilleure, l°yZ_rorta ,,&ne lecelepas. Ha ! dit Melan&bon , la nouvelle do- "°- 2- ^e ,,cl:rineeftlaplusplaufiblc. mais l'autre eit la plus feurc M'lh ,,& certaine: Et le tournant dit tout haut: HéC plmufikàitr, *T**t** , ill* fe, urtor. Àiniî douta en fa mort, celuy quiavoit tou- ass Mot?- jours douté en la vie. Pcucer raconte qu'en dreffant l'on 2nes e? ^* Teftament peu avant fondecez, il luy dit 5 Si les forces ne v:ritç "--

cfîai lient, je lairray dans ma dernière volonté l'opi- Jefi(*f*e' mon quej'av touchant le Sacrement del'Autcl, quclije meurs ivincavoirmisfinàmoaTcftamcnt, que mes c- rrrts vous furrî'.ent, & les deus lettres que j'ay écrit2u Paiann & 7 lan Craton Mcdecm de l'EmpcreunPuis fai-

du Saint Paul: Souvenez-vous , dit-il, des trâdirions IfcLm- quejevousay !aufc js de-vive vois , foi* privé y foi t en âhonre- public. C'eftalfez parié de luy, attendant que j'en tou- rotnman- d c quelque chofe lors que je feray arrivé au Schifme de dtfis tra^ France Iffe peina toujours à modérer les désordonnées dfiiem. pa îî ons de Luther, & témoigna par fes lettres , lors au'il Bez. in entendit fa mort, i'aiic qu'ilcut. d'être délivre ide fa ty- Cbrecph. rannie, confeilant qu'il iuy avoir vilainement férvy', VoyTbc-tn* n comme flatteur &ctclavc. Le nom de Luther , ditCo- Nzoger'ù. »c!ee, écrivant a l'Empereur Charles, a devancé celuy de fup. LJàI. «Melancthon : Mais ceUiy-cy n'a pas moins fervy al'é- 26'. Mtabliiîementde i'Herefîe, dont i'aurre fut îautheur. Car Y*y Me- «comme il etoit d un efprit caut &aigu , grand Gram- là?l.ep.aà »mairien, Rhctoricren Dialecticien , il gagna le cœur Carlotijif, de la jeunelfc vouée aus lettres, &p!uspromptcau mal Cocke qu'au bien, débauchant ces jeunes efprits parles fubtili- F/7//>.7. tezdefes SohTmes. Si celuy-cv fut douteus &erratique, Luther le fut encores plus, furies remuëmcnsdeCario- ftad & Zuingle,coRimc le chapitre fuirant veus fera roir,

GKAN.

l%i la Naissance de l'Hérésie-,

GRANDES CONTRARIETEZ DE

THER, ET COMMENT IL FAIT LE

procez aus Sacramcntaircs.

L V-

Chapitre X.

Contrariiez, ordinaire* entre

les dtfciples a 'erreur*

1.

Centrante l de Luther fur l'E$life & la Meffe.

h Sur la prier* d/t Snintt , & four les Trépxtfez.

4- Inerùtude de Luther fur U funte EuchartjUe.

SurUTranfufylantùtim &

s.iorA.te.-idel L^h-iriiUe.

**—»;■

6.

Son incertitude f:tr la Cent- munionfoui les deut efpeees.

7. Comment les Luthériens rou- vrent ïinconïlance de leur M ail ri.

S. Comment Luther f mit U pro- cez. aus Sacrement étires. 9- Autres éhttrfts opinions det Sacramtnt aires. io. Dernière confijjion de Luther*

ZZft Ovt ainfi que le Caméléon fe transforme A^/ en toutes couleurs , fauf la blanche, auiîi l'Herefîe fe diverfiiie en toutes opinios, fauf la via', c : Elle ne peut jamais approcher du droit fil:Si qu'il n'étpas étrange de la voir tavelée de tant de diverfitez , errer ça & la: CarfonécholeeuMéchoIe dcconfuiîon& difeorde. L'un court a une opinion, l'aatre a une autre, font voile à tout venr,& chmgent d'avis à toute rencontre. Aufîî tant plus on fort du droit chemin,plns on fe fourvoie. Cela n'ét pas étrange de voirLuther lbûcenir l'eau du Baptême être neceilaire a falut: 3ucer au contraire en fes Commentai- res fur S. Matthieu. Luther écrit les abrenonciations qu'on fait fur l'enfant être furperftitious : Brence au contraire en fes OrJonnances 8c itatus de Witemberg, qj 'il les faut faire fur la créature. Luther en (on livre de laCaptivité, & en fes Aller tions , afferme que l'homme n'a point de Franc Arbitre : Melancthon en fes Lieus communs de l'imprcflion de l'an 155 1. écrit au contraire,

que

Livre IL iS$

que c'eft un horrible menfonge, & tomber en la rage de9 Manichéens, de nier quel homme n'aye point de franc & libéral Arbitre. Luther en les Déclarations allcure les bonnes œuvres être le mérite du lover , tât en laviepre- fence quefutured'Apoiogic Augaftane & Sucer écrivant au Concile de Treate difent le contraire. Luther met le mari igc a i dédias delà virginité, Melanéthon la virgini- té au dedjs du mariage. Luther alfeure le Pape être 1 An- techriit, Bucer au contraire fur le partage de S Paul aus Filippiens , écrie les marques de T Antechrift ne pouvoir Voy Staph, cpnvenirau Pape. Cela di je., n'cfl pas étrange : car cha- Luth.ceu- can prend plaifîr d'être le forgeron d^ nju/ellesopinios, cord» eu'i} aime «Se chérit, ditEpict-jte, comme Tes propres en- fa ni , délorsçj fil donne céte licence de dire & croire ce qu'il voudra, Mus de voir ira féal nelçavoirà qaoy le te- nir, publier mille opinions di?erfes , & répugnantes les unesaus ancres, c'eit une inconitmee proiigieufe , & témoignage certain que fa doctrine fort de l'échoie de Satan.

Parlon s de Luther feulement,& allons cueillir çà & la parmi Ces œuvres quelques traits des iîenb(Car d'en faire le recueil entieril raudroic un gros r,olutne*pour ve- nir après au principal article q.uieft iaCceie par lui éta- blie contre la Foy , & créance de toute i antiquité Chré- tienne occalion& fujet de la querelle entre luy , Carlo - fia i, & Zumgle. le îai'fe les huit czn* (épiante 5r quatre njenfonges qu'un feu! alicheur a recueilli de Ion feuî rytetem. livre des Vœu». Et toutefois ce véritable Ptofete feglo- bwb lib riHehomme dunionde nel'avoir jamais peu furprendre Jtv Ij. en menfonge. Muruerus eût bonne grâce au difeours qa'il publia délors , des cinquante mentenes de Lu- ther , extraites de Ion livret qu'il avoir écrit contre le Roy des Romains , quand il fit couronner la première d un Diaieme Impérial , qui etoit celle Luther protefte qu'il n'a jamais menti. Voyons doue une partie de l'es contradictions, & comme il s'embarafie en {es opinions.

C £ grand Profete écrivant aus Anabaptiftes, avoir dit îl. en faConfelliondeFoy,q ne fous la Papauté e'toitlavrave Grandes Chrétienté, l'Ecriture vrayesle ytay Baprcme , le vray contrarie- Saercment , les vrajes Clefs. Et mille fois depuis il tcz.de Lu-

crie

a?4 De la Naissance de l'Hirisii,' ther de cric au contraire a l'Antechrift : AfTeure qu'il n'y a rfca tZglift c5* qui-nc foit corrompu &j»até. Au commencement pour deUM'jfe planter fon Eglife , il difoit qu'elle avoii demeuré inviiî- Tom. 2. ble fous quelque poignée de Chrétiens , épars ça & là* Ce Oerem.fil. qui fut couché dans le cinquième Evangile , qui eft la 467 in ConfeftiondeFoyprefenteeaAufbour^.puiss'tgorgeant Jài.jsji. de fon propre couteau, en fon fécond Tome & ailleurs, ilconfclTc qu'elle a toujours été vifible, les Sacremens vifibles , comme Melancrhon aufîi l'accorde en fes der- tutker de niers lieus communs : Le même Luther en fon expofition laMejJè. du Pfalme cent neuf, & en fa refolution vingt-iixielrne, reconnoit la Méfie être un Sacrifice , veut en fon livre de la Vifitarion, qu'elle foit ditte en langue vulgaire es lieus on n'entendra le Lat'n. Le même en fon Sermon du nouveau Teftamenr, & toutefois il l'appelle aprc> inven- tion dudiable,quoy qu'il en ait retenu quelque forme en fon Eglifc, comme je diray ,.lors que j'en prefenteray les cérémonies. Luther, comme écrit & montre Codée par fes propres authoritéz en fon Lvthervs scefti- ce s, veut qu'elle foit ditte ores en Latin , puis en Aie- mand; qu'on lâchante a haute vois, puis a vois batTe; Le Çanoniéul, félon luy , eft proprement la Méfie, puis tan- Sur le 24.. tôt l'abomination: la Méfie eft un abrégé de l'Evangiie, duMenefc. & après une idolâtrie pire que celle des luifs : Elle profite -DtConf. a plusieurs, voire aus TrcfpaiTez, puis qu'a celuy feulqui deC&.Do. la célèbre, & enfin rien du tout: Le Mariage eft Sacre- ment, écrit-il au Tome cinquième: non eft , dit-il, au Tomefecond. in. En fon Sermon du Lazare, il dit qu'on ne peut mon-

DeU prie- trer parles Ecritures qu'on doive prier pour les morts: redtimors puis tout aurebours au Sermon de la Nativité'de Saint & des 6S. lanBaprifte, & en fes refolutions à la fin de fa dix neuf- ,,viémeconclufion: Le faint defir, dit-il, qui travaille le* j,ames eft foulage par les prières de l'Eglife,puis que Dieu Et in exp. ,, veut qu'elles foient fecourués. Et au Sermon deslndul- Evan. D. ,,géces: le ne doute pas,faic-il, que la Méfie célébrée pouf pofîTrin- 3Jcs TrcfpaiTaz ne foit meilleure , & n'ayt plus de force ,, pour délivrer les aines, que n'ont les Indulgences: Puis Jnaffert. au livrée-: Abrogea* bltjf* , iifemocquede tout ce qu'il a *rî. j 7. in dit, quoy qu'en divers lieus, il approuve le Purgatoire, Réf. cond. voire qu'il fçiit & eft très- certain qu* il y a un Purgatoire.

Pet-.

L î V B. £ II. 1S5

Perfonnen'étcotraint de croire, écrit il depuis ausWau- u.indecL dois, qu il v ayt de Purgatoire, puis qu'il ne s'en parie pas quer.art. dans les Ecritures Les mérites de Christ, dilo't Luther Ub.de Eue, contre Ekius,en la conclufion dmcfmè,font le threfor de l'Eglife, étant certain que nous fommcsauiîi fecourus par les mentes des Saints: Iefens & juge, écrit il ailleurs avec toute l'Eglife Chrétienne, touchant l'intcrcelTioii Art. j.sf* des Saints, &dit qu'illes faut honorer & invoquer: Car &ff7.in que peut-on oppofer aus miracles que Dieu faitencor art. s os, aujourd'huy pour les répliques des Saints ? Non, dit-il & de je. ailleurs, je nedonnerois pas un denier de tous les meri- prtc. c. r. tes de Saint Pierre ; qui nefe peut pasayderà luy-mé- InTracl. me. Il faut prier & invoquer les Saints à nôtre ayde, die- qttdquor, il au Livre de la Préparation à la mort ; au contraire, arttaé, dit luy-méme au Chapitre de la Foy , imprimé l'an mil cinq cens quarante quatre ; on ne les doit ny invoquer ny prier.

C'est icyoùles baiilTcurs des MefTcs Luthériennes fe font arrêtez. Ils ont du tout efface la mémoire des SS. contre toute la pratique de l'Eglife: Car tous les Chte- Comment tiens qui font aujourd'huy au mode,foient Latins, Grecs, t0U6 fa Mofcovitcs, Arméniens, Abiilins& autres, fontenlcurs chrétiens MclfcsSc Liturgies commémoration des Saints, fuyvant ont prié les la tradition des Apôtres , dont Saint Denys & Saint Cle- Saints. ment font mention. Quand nous célébrons le Sacrifice: c'ctàdirc, la Méfie, dit Saint Cyrille, nous faifons com- mémoration des Saints, afin que Dieu par leurs prières & intercelîion exauce nos requêtes. Cetuy-cy que Theodo- ret appelle le tres-ardeut deffenfeuede la Eoy des Apô- tres , eut-il voulu donner une faulTe doctrine a la Chré- tienté, ou témoigner faulFement de l'ufance accoutumée " entre tous les Chrétiens & en 1 EgiifçrNous ne voudrions prier les Saints, fi enles priant & honorant , Dieu n'étoit prié & honnoré. Nous les invoquons pourprier Dieu a- r s ec nous, le bénir & louer avec nous. Si lors qu'ils étoy- Comr'}eFti ent en ce monde, "dit Saint HierômercponcLrt âVigi- *9tf4les lance, ils ont peu prier nous , combien à prefent le peu- tnv0<iuoni' vent-ils micus faire triomfans viclorieus au Ciel? Leur vertu paroïtra toujours vivantefat les tombeaus de leurs cors endormis : Le même difent Saint Auguftin & Saint Chrjfoftome ; Qui peut appeller de la knteuce de ces

rrvôiS}

iî6 De la Naissance db l'Herssiè. trois, fi Ce net ourlcjuf esprit n.alm détaché des Enfers? II ne fait , dit faint Gngoiie , cfrimer que chofe ou monde feit inconnue èxterieureri eut a ceux-là c]ui in- térieurement joi/if enr ce fa clarté de Dieu. Que pourroit ont ignorer voyant ccluy qui tout voitrFn la lumière de Dieu^dit faint Bernard en sprend ce c j:on ne fçait point & n'oublie-on pas ce que 1 on fçait.Or il faudroit entrer en ce travail iniupcrtable,ce relire Tes ceuvies, pour op- poferles paffagesles unsaus autres, afin d'en rirer les contradictions peu feantes a un Profete : Luy-mcmes l'a reconnu: Car tn la Préface qu'il a mis à la tête ce fes li- bres, il dit: Avant toutes chefes, je prie le pieLccleur, sa & l'en prie par nôtre Seigneur Ie s vs-C krist, & Xlttàt «qu'il iife mes écrits avec jugement,& avec ccmpaflion, tûiher. 33 & de fcrelTcuvenir que j:ay autrefois été Moyne. Ve- nons a l'Enchariftic.

Il eft certain que Luther fejourna longuement en la Inttrtitu- Foy ^e l'EgliTe Catholique, fur la créance du S. Sacremét de de lu- de l'Autel : Puis que par toute la Chrétienté ,difoit-il, é- tber fur la. crivant^à Albert Marquis de Brandebourg, l'opinion dti feinte Eu- S. Sacrement a été uniforme , à prefent l'a révoquer en gforifâe. doute,cft-ce pas douter , fi Iesvs- Christ a eu uneEgli- „fe? Et encoicaiîleui s j les paroles de.CHRisT font nues ,,& aparcn tes 3 lefquellcs ne fe peuvent déguifer par au- cunes interprétations , que le pain ne ioit le Cors de j.CHRïSTjlivrépournous.&le Calice, le Sang de Chrift 3,épandu pour nous. Mais depuis il déguiîa h bien cete ficneproteitation,qu'onaété en peine de fçavoir ce qu'- Trente-fix il avoir en l'ame.Car on a remarqué dans fes écrits tren- epin::n; de te fix opinions contraires fur cete feule matière du Sacre- La**?, con- ment : Ores difant, E# teey, &z après, avec cery ftl men Ccrs, traira fur Mots qu'il varia encor en cent façons. Gafpard Querca- U S. Sucre, merus ciroien de Hale,lcs a recueillies, & les Théologies de Zurich les ontaciTi cottées à lafin de leur Orthodoxe. TM.2 The. Si eft-ce eue Peucer raconte dans Sclufemburgius, avoir Caivfvl. un écrit p*r devers !uy de la main de Luther, oùilaprou- j67, vc la confenion de Zurich. îl medéplait de tranferire tou-

tes ces contradictions Luthériennes. Tantya qu'il pro- mena 15g tems en la tête mille fantafies, pour fe refoudre ^u'eft-ce qu'il devoir croire de la realité du Cors. L'opi- nion dcCarioftad.luy feffibloit inepte; car suffi quepeut-

cu dire

Livki II. 178

•n dirtde plus inepte, que Iisvs-Christ prononçant ces mots, Ce:)tf rr.on CV^n^ontroit lois Ton Cors, & non Z«/»»//. le pain?Celle de Zu:ngle trcn-.peufe & méchante, qui ne *cm 2% donnoitqueduvent Scdclahimce aus Chrétiens, au lieu rff^efiff* du vray cors de<Chnft,quc Dieu n'avoir par1 ê ny de ligne, Luth fou ny defigure.Ce quioccalionnoitlcur Apôtre Zumgledc ■*JV* direqu*en quatre ou cinq lignesLuther étoit contraire a ^**'»*/â» foy-méme , donnant ion jugement , ores d'une façon, +•*** puis d'une autre, fans s'arrêter à un avi* certain : Il abufe de la fainte parole, comme un effronté paillard.

La Tranfubftâtiation des Catholiques, qui tiennent r- qu'après les paroles la vraye fubftâce du pa;n,& du vin eft ^* l**'** côvcrtieau vray Cors &SangdeiES vs-CKRiST,dc forte /"^P**- qu'il n'y demeure que les efpeces ouaccidensdu pain & tt*iim & du vin, le faifant conversion defubftance enfubftance, ac*"jrAÎ*°» luyfembloit du routimpoiîiblc. Mais la parollede Ie- ***RopKr jys-Chri s t qui a peu faire de rien ce qui n'étoit pas, J'.fmo!r' ne pourra-elle pas tranfmuerles chofes qui font , en ecl- "*"£•** lequinefont pas, difoit faint Arnbroife? Apres lespa- ^aera/n. rôles Sacramentales , cen'ét plus pain, ditfaint Augu- S"^uS'"9u (lin, mais le Cors de Christ: La bénédiction, écrit faint ••«*w.D. Arnbroife, a plus de force que la Nature j car par la bene- c)ytl*eP* diction la nature eft muée: Le pain, dit Cyrillc,eitcon- A*Co^" verti en fa propre chair: Carainfï que fupcrnaturelle- J0™***** ment il a déifié la chair qu'il avoit pnfe,s;il eft permis de parler ainfî: Ainfi inefablement il tranimuë ces chofes en iceluyfïen Cors: Tout de même qu'en ce Sacremcnt,au dire de S. Bernard, les espèces font venues , defquelson. ne croit pas que les chofes ou fubftanccsy foyent ; Auflî on y croit être véritablement & fubftdntiellemcnt la cho- fe de laquelle on ne voit pas icfpecc: Car on y voici'efpccc ou accident du pain & du vin , & on ne croit pas que la fubftance du pain & du vin y foie : Au contraire on croit Ccmp*- iafufeùâcedu Cors & du Sang deïisvs- Christ y étrc,& t*$fon. toutefois 1 efpece ne s 'y voit point: Car ne plus ny moins Que la cire fe change au feu qui la confomme , & pert fa propre fubftance ; Ainfiies my itères propofez fonteon- fomrnez par la fubftàçç du Cors. Luther qui voulut deba- tre la Traûfiib flan nation , outre ce eue les faintsPercs en ont du, la deveit remarque; cas les archives de nos cn« nabis, cm cet écrit a\'£.wl lûcaii^cioa cutis dcDicu

Y ci: y.

in

188 De la Naissance de l'Herbue, TuViCa- Voicy les paroles traduites de Rabi Caliana rLefacri- bana. #9. «fîce qui fera fait de vin, non feulement leratranfmue' en :ola fubf:anceduSangduM.-ûrîc,rjaisaunri converti en la aTfubilacx defon cors :E: au facri.^ce qui fera fait de pain, - «encore qu'il l'oit blanc comme lait, fera convertie fa w ubftaDCCcn la .ubftancedu cors du Meiîlc.Et feront au safacrifïceduvin le fang &lachairdaMeilïe,&iceus mc- »me feront au pain, parce que le cors du Meilïc ne fe peut ssdivifer. Oyezencorun fien compagnon qui avécuavât TBiahi lui* o^lanaiiTance du Sauveur,c'ct Rabiludas: Ce pain eft die furlê 28. sale pain des Faces, parce qu'il fera trâfrr.'ué de la fubftan- deilsGfttb. ,,ce du pain quand il fera iacrific en la fubftancedu Cors ,,duMeiIie , qui eft defeendu du Ciel. Preuve admirable de la Tranfubitantiaiion , prevcu'e par hs capuaus en- nemis du Chriftianifme. N'entrons pasfi avant dans la Theclogie;jcme contente pour montrer l'ameflottante de ce nouvel Apôtre , de dire qu'au fécond livre contre **£*g ..Zumglc, liait: I'ay en feigne cetedjfpure être frivole, ï n jjlepam demeure ou non , combien quejecroy avec Wi- .jclcf.quelcpain y demeure, & contre les Sofîitcs,& tou- îloixcc la Logique.queleCorsdeCH RiSTyefr. •y'** 7 ijOr. n'aurapointdcd.'bat aveemoy pour fçavoir file vin , , y refte ou non, ilmcfufHtquele Sa ug y eft,qu'il foi tfak ..du,' oadra:Et plutôt que je voulufle n a-

in comme les Zuingiiés,j'aymerois mieus ,,du pur fangcoinme les Papiftes.Tcut au rebours en cet - iin, demeurer pain 5 & le vin, vin. Au :.jn JcrEuchariftie.&fouvent ailleurs, il Ç*. enfe: devoir être adoré. Nous n'ado-

V. ht irons t '■ relcftesProfetes, mais le Cors

ce C h Ri 2 t , oui efr au pain. I\lais après il changea de tonfefi -.-s, comme il appert par les Lieus cômunsdeMelan-

hcn,&: par la confeilien de Witembcrg,où il dit, que le :u:c::e que pour la manducation feulement. In je* m. in Ce: je u'av jamais tant haï Fête, que

: Cors de Dieu. Le pain demeurant

ChrUi. en -\- trie de l'adorer:car «nue peut

fléchir le g cmpler l'Hoftie fan? adorer le

pain: Par ce:c m a ceux qui fejettoienc auspie's

' du Sauveur , ce -pendant qu'il fejourna en ce mond

pour parfaire le . ÎUdempà^i, ctoy

entido- \i tcei

L i t x i II. t$9

lâtresrcarilsadoroient la robe qui cntournoit Ton Huma- t-Iofas in nité. Mais je parleray de cete adoration au cinquième li* aci.LUtng. vre, lors que je reprefenteray l'Egliic Luthérienne Re- marque cependant le vilain blasreme du Luthérien Se- batîianus,qui dit : Celuy qui adore le C hris Teni'Eu- char.itie, adore le diable.

Cete facheufe difpute & contention pour les deus ef- vr. peces 'ortie de la Bohême, luy dcpleut un temsmerveii- Sommer* „leufement: Encor que ce fût ime belle chofe,«iir-il, du tituàt fut ,,(er de fune&de l'autre efpecc , ficen'étparl ordon- UCvm- ,,nanccdu Concile; Toutefois parce que le Christ mumo det 3)!i'tn a lien ordonne comme necciîai-se , ilyautmieaif deus tjpe- S) procurer la pais , que Christ fans doute a commandé, ces, ln.s9* ,,quenonpas debacre ainfï des efpeccs du Sacrement: Et auî. <.rt. ,, ne puis approuver qu*on la donne aus Lays lous l'une 4.00. „& l'autre efpece,fî ce n'ét par j'ordonnance du Concile. Lutb.ad ,, Celuy qui le reçoit fous unefeule.ne p^ , dit-il schtdu a.

j,enfa Captivité de Babyione: Et parce qu'en les predica- lnhtbtt.& tions &quelques écrits iiens(il àvoit dit le contrai re^mé- jzrmo.de mes en la conlolation à ceus de Haie , il dit : Qu'en vtner*, bonne confeience on n'en peut recevoir une leule: Et en àncr** la formule de la Meffe, qu'a cete occafion un peuple infï- ny a été précipité en Enfer. Qu'en dépit du Pape il faut prendre l'une & l'autre, parce qu'il! 'a derfendu.

Voyés comme au livre de la déclaration delEucharî- - ftie il ouvre la confeience. Ien'ay dit nv confcilié, &ce , 'er n et pas mon intention, que les Eveques de leur authori- T ~ . privée puilfent diftnbuer la Communion fous les deus ' êfpeces finon au cas que leConcile général l'eût ainlî det ■£. J.

^ 1ttJQ.fi

terminé. Puis prenant une dernière refolution vravement r Chrétienne, & digne duprecurfeurde l'Antechrilt3enne- aJJ'r at ' my de cete pais qu'il denroit tant en l'Eglifc, ii die ainiï3 ' , „Si par fortune le Concile ordonnoit la Communion .*- J ,,fous les deus efpeces , nous ne voudrions pourrien du . j.fl „monde les recevoir- ains au contraire en dépit de ce *? '«>■/"*- ,,Conci!c , nous ferions contents d'une feule efpece, & amen~ „plucôt que de prendre les deus , nous quitterions Tune tum^fk ,,& l'autre, & condamnerions comme Anatheme celuy f*jy" art* „qui uieroit de ces deux efpeces fous l'authoiite de ce * * ,, Conçue. Ainii parloit cet homme porté de de efpoir ' ciaslaCapuYicéaeliaDyiouciequaldepuisctablitcn ton

f Egiite

±>)Q De la Naissance de i'Herïsii, Eglife la Communion fous l'une & l'autre efpece,autant necelTaire,difoit-ii, ausLays comme aus Prén ?s: Com- , , bien qu'il eût fouvent blâmé l'opinion des KuiTites Se , Calixtins enyvrtsae cet erreur. Ce bonProfeteneieiei-

* ' fouvenoit pas de ce qu'il avoit écrit centre Empfer &'ail- falems: Qui fe contrarie en matière de religion, frqui Tefcius ,jinent en unletil article,celui-lan'étpas de Dieu. Le mé- c.Utvut en nie lâgageavoit-il tenu fur le propos du Mariage des Pré- fis Aibbif. très: car dt'pit &coleré de ce qu'en le remettoit au Céci- le, il parle ainfi ans Chevaliers Th entons en fon quatriè- me Tome A lem and. Si le Concile accordoit quel que cho- fepour le Mariage des Prêtres, je leur voudrois plutôt permettre d'avoir trois putains , qu'époufer une femme. VII« Les Luthériens pour couvrir la variable inconltance

Comment de leur Maître, côle/fent qu'il bâtit fon Eglife à plusieurs l:$ Luthc- repriTes^ & qu'au commencement Dieu nes'ctoit pss du rtens cm- toutreveléa luy. Et Luther mêmes dit, je fuis pardonna- ijrentlin- ^je ^ j'étois tout feu 13 & ne pouvois attaindre à tant de constance c]10fes Comme fi le faint Efprit ne fe découvreit qu'à de- *' i* ? >my a celuy qu'il veut prêter ics faveurs. La çrace du faint ^narre' 3,Efprit,dit faint Arr.broifc, n'a pas fes mouvements tar- Jn Lue mm. ^<|jfs . lcs œuvres de Dieu font parfaites, comme dit l'E- JJeut. 23. ctituTC3Dieun0 con'VtTttt jarusuà moitié.!? our^ucy doit-on trouver étrange, difent-ils, que depuis fa vocation notre 7 tl in maure avtreceu divers éclairs du faint EfpntrLe Christ

.' " ne proliroit-il pas tcus les jours ? Tous les fecrets du Ciel loctont tn . £~ -i * w 1 r ^'/ 1 «. t_ ••/■

, ,. j luvrurent-ilievelcsala fois ? C etoitundes Atheifmes

tfAlAlf. liO.

ta Luc fcience comme les Papiitesfongét, mais par degrezrblaf-

/. ; ' feme qui loge l'ignorance en Dieu, contre la fainteparo-

tj 0 le, & tous les Saints Pères qui ont jamais ccnt;pourcou-

■» i, \ vrir celle quia été aflife en la tête de ces hommes. Mais Lvanvei. 1 . ,-r >•« r ^

à m\ P puis que Luther ditoit qu il etoitfeul , qu îlne pouvoir

Ai tth ii attaindre a tant de chofes, quenerecevoit-ilcétccxcufe

mutres ' en Paicmcnc> ouend Je pauvre Carloftad rejettoit fon ei-

Itui en S. p^it furl'imbecilitéde fonefprit, non du tout encorin-

lf.7% C. 16 ^ruit de 'a venter Carloftad, écrit Luther,fe couvre qu'il

jS' 21 n'avoitau m en cernent léprit ad es foi t.L'Eprit de Dieu

nerecevoitpascéteexcufcjmonDciuonjje.içay qui tu es:

Dcioi*

Livre II. 291

Delors que faint Paul fut appelé , lafeience celefte fut ColoJJ. r. auffi tôtinfufeenluy , &depuisque lefaint Etprit fut C0I.2. defeendu furies Apôtres, toute erreur fur banni de leur fainte compagnie, Luther, dites-vous après s'être feparé del'Eglife, & trainé après luy grand nombre dépeuples, Tom.j.fol. a longuement fejo urne dans l'incertitude de ces opini- S'r» conir- ons , penfé & repenfé à drefier fon Eglifc. Que font de- fct^^' venus cependant les âmes de tant de gens morts à Ci fuit- **"#**• te , tandis qu:il a creu ce que depuis lia nié,qu'il a trou- vé bon ce que par après il a trouvé mauvais? Ceteincon- ftancede Luther acchaufé les Sacramentaires , &fait queplufieurs depuis fa mort par les propres authoritez de Luther ont voulu détruire l'impanation, qu'avec tant, de peine il avoit étably dans lafecte. Et encor que Beze Inlib.csn, ayt confeffé Luther avoir fouvë: erré, fi eft-ce qu'ailleurs Sali4. par les authorités de Luther , il défend Se vérifie le Calvi- mfmc:Mais Beze , dit Sclufemburgius,a ia coutume des Sacramentaires, corromp la vérité : Caril cft plus clair za *n que n'ét le Soleil en plein midy,que depuis la renaiffance aîtn' de la doctrine Evangelique, jamais Docteur avec plus de Pre>tyteK zele,d'ardeur,devehemence,& de doctrine, n'attaqua a- veclaparoledeDieu l'opinion des Sacramentaires qu'a SclliJent*' fait Luther. Voyez comme il fait leprocez ans Sacramen- h*'2-*-!*** taires, qui chamaillent ainfî à tort & à droit fur le Saint (->**v* Sacrement, & comme il parle au livre qu'il a écrit des pa- roles de la Cœne, bien raarry ne pouvoir comme font les autres, nier la prefence de C h r i s t être à l'Autel.

Le Docteur Carloftad , dit Luther, de ces faintes paro- vin. [ci,Ctcy efi m$n Ccrs, détourne iniferabicraent ce pronom Comment hâc. Zuingle tourmente ce verbe fubftantif, Ef: : Oeco- Luther lampadedonnelagéneacenom , Corpm. Les autres per- fuit h tro- vertiiTent &écor client tout le texte , eiTaçant cemot, lésauss*- hoc , & diient : Vrenez^wengés le Cors qui e/l donne four vou*} crf.mmt. t'eficetuy-cy. Les autres encores crucifient la moitié du Yoyl.x Con- texte, & mettent au milieu ce mot, ci faut: PferJs, montés ce fejf.de Lu. QHieft dcnxéfour voua,Ceq est mon Cors, a LiCdnemor attende Germa. Wfy.C'étadire ,mô Cors ne doit être icyrealcmét, mais To.z.foL feulernêtlacomemorationdernonCors, afin que le tex- 217. te s'entende ainû: Frênes , mangés cicv cjt la eommwnrttipn j ty Ter», de mon Cors.ctm ejt ioné pour vou*. Outre ceus-la d'autres s'y S.ltn.ïeg. çct,afiii que le nôbre Septénaire foitaccompiy, qui i$z. T z difeat

i9t De la Naissance de l* Hiresîé, d'ifem que ce ne font pas articles de Foy, & pour cete raf- fcivi n'en faut pas difpiiter, & qu ileft hbreaun chacun d'en croire ce eue bonluy femblera. Ceus-cy détruilent & fouient aux pics routes chofes , &neaumoins le faine Efprït eft en chacun d'eus, & aucun ne veut être repris de fôn erreur, en ces tant diverfes & contraires preuve"? & allégations des textes : combien quede neceflitcil n'y a qu'une feule vérité. Voyla comme a l'ouvert ie diable fe moque de nous. Iufques à la Luther , lequel reprefen-= tant cete hidre Sacramentaire a fept têtes , prononce luy-méme fa fentence de mort contre luy.A quel propos, dit-il au fermori de i'Euchâriftie , obfcurciiay-je a mon Vrâyt fen- efeient cete paroi z^Cecy eji mon rors , & iray-je imaginant teriesde des fubtilités pour m'enveloper dans un Labyrinthe d'er- Luiktr. rcurs? Y peut-il avoir d'ambiguité ou obfcurité en ces {impies paroles & fi claires , prendre le pain , rendre grâ- ces,donner & commander que l'on mange & boive : Ctey cif mon Cors, Cet? efi ls Calice de mon Sang. Et les miferables Sacramentaires fe tourmentent jufques a fuer pourgê- ner ces paroles , afin qu'elles lignifient ce quequclqu un d'entr'eux aura longé en rêvât. Qui eft-Ce,dit il encorau c !ivre,qui a jamais leu en l'Ecriture, que cenomicy Orï.vaut autant a dire que%»e du Cors} Et ce Verb/ icy^ «/?, foit mis pour ce mot Significat* Voire quelle langue en tour le monde a jamais tenu ce langage? Certainement je nepenfepas que ce foit autre chofeque le diable, qui par fon orgueil Se malice otieufe, fe mocquede nous en cete ie importance,par le moyen de ces héréti- ques iufenfés: Il y a,dit il ailleurs, un autre faintEfpiïr, c'éta dire.Ie diabie,qiiifoufleàroreiHe , imprime cete Lut. To. «?. opinion en la cervelle de plufîeurs, que cete difpute eît de zj 7 chofede néant, qu'il ne faut pas débattre de telles chofes, chacun en peut croire ce qu'il voudra. Ainfi difoitP. uljn Martyr,corneraportelofîas Simblerus en fa vie.qu'il re- tesis, 3 se. cevroir cens delà Côfeffio de Saxe pour fes frcrcs:Car ce- ce queftiô du SacrernêV 7oy es î'eftime qu'ils font du plus haut rayftere de la religion) n'étpas importante. qu enj tre les fidèles on doive rompre la Communion & charité Chrétien i 1 out Ceiaj'ëmbrajTeçay comme mes frères, dit Mufcùlejde party qu'on foit en la difpute Sa-

c^air. . r eu qu'on nefuiyè celuydes Papiftta

Livre II. j^j

I*ne veux perdre tems à ramener les autres opinions ix. oeces divers Sacramentaires , autant diverfes qu'ineptes A.t, & deteftablesfurcet articlefeulement: Carilyenaaui v$r\*i api- difent le Cors de: Christ alîîiter a leur Coen;, les nwnstUs .autres y exifter, les autres fubTifter : qu'ileitavecle pain, Sacrs.vïz- fous le pain, a l'entourdu pain : Qu'on ne mange que le taircs. painfeul , ou le C us par opinion : que le vin n~éc pas le Voyiez. Sang. Le Sang du Seigneur, dit le Calvimfte Thomas E-./Vfci rafîus, verlé il y a quinze cens ans, eft pou:ry,il net plus en nature.Ic lailTe piufieurs autres fancafies étranges que Cet. ces efprits bizarres &fantaftiques ont fan t.- ne. Le même f-o.so. . Lutherenfa dernière confeiîion remarque nu»': opinions /», contraires des Zuingliens, & d'autre côté Mwlancrhon Sub>SufrA **oppofant à fon maître, en rameine cinq contraires des - ■' Luiheriens fur ce même article de la Ccene du Seigneur, t comme font ceux- cy piufieurs autres du Sâcrarûentaire £ tf.+.zy. ] . q ni le premier annonça dans la Poiongue 1 Evan-

gile de Zumg'e : le les vay tailler en leur propres termes: Dit donc Laicus, Hoc e-i co-piu mt.im , . %/Aj-

- 1 £r fnngutne ruto. O u bien Hoc sH m gïorUi v-'r.-

crin &Refurrectionu Cêtporii met. On bië i . r ■rri^'

>rsx met Corporù.Ou. bien, In koe ta v>y- t*brt% d,\m

j. tt'tnm met torpêfié difignatur. Ou bien, H£C esîforjna , are- Vvff»l- monta & »id,9 exitrn* mtd C&n*. Ou bien , cil punii & fo- ^errsg. cuit itnfeir#tApattiapaîiO : Ou bien, tixri cft comènténio, \tn c°rtt:i- & O* focietfu met Cor torts: O u bien, Héc cil txircp?* vûlunUtù r,lîty I nteflmiio, dtfft

Quel les- iotres &: ineptes interpretarionslcomrne ctU 9P\-é* 6«. les du Predicant Campanus qui dit : Hoceft Corpus meupi Vom> c'étadire,0/?ai>2^/« Corsée j'y créé. Ain fi fe fourvoient cens qui forcent de l'Eglifc Catholique. Luther ayant donné fon arrêt contre les Zuingliens , toute la troupe des Sacramécaires s'éleva contre luy:l'un le déchire, i'au- ^oy sdur- tre le diffame : l'un l'appelé diable, l'autre J'Antechttft, /,/, , \ & tous le difent Hérétique. Dieu, dit Couradus Refcius in [tl cm Sacramentairc, pour châtier l'orgu^i & !a fuperbede n(ff^n je Luther , qui fe découvre parmy tous (es écries, retira Ion Ciïy;j S.Efprit de luy,l'aban Jouant a FEfprit d'erreur &demé- \n}^ A fonge, lequel pofledera toujours c^ns qui ont fuivi les o- Pre'{ ^ pinions, jufques a ce qu'ils s'en rerirë\C'ër pourquoy E ^van: praline en ayâc pitié & côpalTion,difoit.AucômetK

T j J3Lui

2.94- Di la Naissance di l'Hixïsii," «Luther leur étoit unpeu moins que Dieu, maintenant Zuth. To. J5ilréve, ilradorc, pour ne vouloir recevoir le nouveau yiJevsr. «Do^me de l'EucharifUe. Luy d'autre côté fedeffend à Cœn.fol. bcHçsiiijares, cnvoyclcs Zuinghens à tous les diables. 3X3.0* ep. Vn des chapitres fuivans, les fera venir aus prifes bien ru- pdAlhtrt. des & farigtantes.

lAanb. Voicy le fruit que la Chrétien cil araporté fuivantlc

In funda. n témoignage de leur Bullingcr. Cete implacable que-

fi? entr. ,îrcl!e des Luthériens & Zuingliens , dit-il, néefurl'Eu-

Brtn'tum sjcl-innfîie, a tellement troublé le monde qu'une grande

cap. 1. 3; partie ne fçachant àquoy fe tenir, protefte déformais

3>r.e croire autre chofe que ce que bon luy Semblera. Ne

voyla pas le chemin ouvert a l'AtheiTme: & toutefois ce

fameus Smidelin, qui veut faire ce miracle de marie l i'eau

avec le feu, la lumière avec les ténèbres , écrit qu'il n'y a

poin:deo.irferéce entre le Lutheranifme Sclafecte Zuin-

glienne. -L Hiftorien Zuinglicn Lanatherusen faprefa-

V?y Vvclf. ,,ceécrit-Ie conreffe que Luther &Zuingle ont rousdeus

font. L'ïfc. ,, été élcusdeDieu, afin qu'avec beaucoup de peine &de

p*g. 93. ,, labeur, &aupenl de leurvie, ils peuflent remettre lus

,;!evrsv femeede Christ: Mais pleut a Dieu que cé-

,,rerniferabIedivifion ne fefutmife entr'eus, afin que

„leurs forces jointes, ils eulTent peu porter par terre l'An-

,,t?chritt.C'ét donques Dieu qui eft lautheur dediverfes

religions:Ilauraen lin envoyé Mahommctauilï bien que

Iesvs-Christ. Il n'y a point de contrariété en Dieu,

cet la même & la feu'c vérité.

x. E t parce qu'entre les Sacramentaires plufîeurs tiraf.

"Deniers fent lepauvreLuther, pour avantager leur party de l'au-

Cor.fejf. thorité d'un tel homme, &qu'Ambrofîus Wolriusafieu-

deLuther. rc queLuther revenuàfoy , marry d'avoir écrit eu la fu-

Voy ScluJ. reur ces livres, promit en une alTemblec de faire la pais a-

Calvi. v- ycc les Zuingliens;I'ay voulu icy coucher la dernière con-

r mt luii. feiTîon qu'il lit non pas fur tous les articles de la foy 3 car

ds Luth, cela m'emporteroit trop loin, mais fur celui de l'Euchati-

inli.cone. itie comme le fondement du Chriftianifme, qui touche

pag. 211. la prefenceduCors delî s v s-Chri s t a l'Autel :Ion-

dement , dit un malheuteus & deteitable Sacramentairc,

Cure us in »du Dieu Mahofîm, & de l'Etat Papal. Voiant de toutes

spotiafu*. «parts, dit Luther,amonceler hereiies fur hercfics,& que

»ile diable nemetny finny terme a fa rage & furie, afin

«qu'a-

L I V R I II. IQf

,, qu'après mamort , il nefe puilfe (ervir de mes écrits ,,pour la deffence de Tes erreurs, côme onefaie déjaquel- Luth.tnj. ,,nuesécervelés, corrupteurs de la Cœnedu Seigneur,& P*rt- ** ,,du Baptéme.Tay voulu devant Dieu & les hommes faire ^«04. ,,ma coniefiion , en laquelle avec l'ayde de Dieu, je veus „perfeverer & me prefenter devant le Tribunal de Iesvs- ,, Christ. Quefi quelqu'un après mon départ de ce fie- ,ych, difoitrSi Luther étoit en vie,il feroit d'un autre avis ,,fur tel & tel article, parce qu'il ne l'a pas bien côfideré. „Qo_e celuy fçache quejeferois lors de même opinion ,,que je fuis àprefentrl'ai bien pefé tous ces articles,je les ,.av paifés ScrepaiTés par l'Ecriture fainte, touslefquels ,,iedefendray auili courageufement.quej'ay fait éeluyde ,,la Cœnedu Seigneur, le ne fuis y vre , & ne traittececjr ,,inc5iïierément:Iefçay cequejedis,&ii fçay queljuge- ,,meot je dois fubir a l'avènement delssvs-CHRiST.Que „perfonne doncnepenfequejemejouë en chofede telle „confcquence, la choie importe , je connois par la grâce „de Dieu Sathan que n'oiera-il pas taire en mes écrits, ,,puis qu'il ofe corrôpre l'Ecriture facrée? Et aptes qu'il S* d?rnie~ s'et étendu fur quelques articles de fa créance ; Iedisle rt confîf* ,,mime, fait-il, delà Cœnedu Seigneur: Qu'en icelle le fort. ,,vray Cors & ie vray Sang de C h r i s t au pain Se yin, cft ,, mange &beu , encor que ceusqui le donnent Scceus ,,quilereçoiven:, ayentmaqué de foy, ouabufent du Sa-» ,,CL"emenc. C'éc mafoysToas les vrays Chrétiens le croy- ant, &ainlî l'enfeigne l'Ecriture. Ce quin'éten ce lieu ,, clairement expliqué , l' et ailés dans les livres que j'ay ,, publié depuis quatre ou cinq ans. le fupplie les gens de ,,bien & de pièce, d'être témoins de ma Côfellion & prier ,, Dieu qu'il me face la grâce de petfeverer , & parachever ,,le cours de ma vie. Qu~ Ci au combat de mort la tenca- ,,uon arrachoit de ma Douche quelque chofe contraire „a cecy, je la defavouè , &par la confeflion que je fais,je ,,r>:ocefte cela ne pouvoir forcir que de Sathan. Ainfi me „loicDieuà mon ayde. Amen. Ec encor ailleurs envi- ron deus ans avant ion trépas : Quiconque ne veut Luth, in ,,croire!epainenlaCœ;ie écre le vray & naturel Cors de li*qi**d „Christ, queludas&le méchant reçoit autant que vsrb.Chr* „Saiuc Pierre , s'éloigne de moy & ne me commuai- fttah >,que,ny par Epures, ny par autres écrits ny deparolle, T 4 ^Scn'ek

19* De la Naissance de l'Heresie, 33 &: n'elpere aucune paie avec moy, caril perdrou fa pei- ne. Et ne prorite rien acesfrenetiques rie caqueter h fort deIaCommunionfpirnuel)e,ny de croire le <"•* f//>,& !c famt tffrit, quand d'une gueule biasfemante ils renient cet article defoy que le Seigneur nous piopofe de !a l'ain- te bouche. <~erj est mon C > s qui/ira lu é ' nr vone. Quelle plusciairedecia:a'.ion centre les Sacramenrsires , que celle- cy avec laqueHejefiniray ce Chapitre poer dire au fuivant quel à été Martin Bucer-car jeferos tort a la cu- riofitc du Lecteur ayant fournie parié de luy, fi je ne luy faifois yoir quelle a été i'entrec & l'iilu'edefavie.

DE MARTIN BVCER L'VN DES

CRANS PILIERS DE

IHercfie. Chapitre XI.

PLVS

Qwl à êi é Ma r i in Bucer. x.

Xucer trait te teetrtddt Lu- ther ^T Z.*tn0ie m/m en vain.

h Comment les Sac* ament aires vonLureHi retenir Bucer. 4- Retable ajfemilee Jenuë h

Witemhtri four l'accord, de Luther & Bucer.

S- Incertitude de Bjteer encor <t- près s'être dtcUre Luthert- ile.

6, Buter marié, & remarié par tre>is fou, va en Angleter- re\ohil meurt.

Art in Bucer dont j'ay fi fouvent parlé, étoit natif de Sirafbourg ; riis d unluif Son Peremorr,il fut mis dés fon jeun; âge dans un Convét des Ia- cobinSjOÙil étudia crcfbien.Au/ii a-il été au jugement de tous ies doctes, le plus grand homnne dont l'Hère fie fc puifTe vanter : Le plus (ubtil a découvrir tous les fecrets Z uin^'iens,& Luthe. iftes , & le miens verfe aus langues. Mais corne les perles les plus orientées perdét leur beau- té & leur blancheur , quand elles font expofcês au Soleil: Ai}(5 toute çéte fçicnçe perdit Con hifke & fa clarté op-

pofeç

f.

Livre TT. 197

ofee à ce beau Soleil de l'Eglife Catholique. Peu après a faillie de Luther, il quitta le capuchon, comme firent plufieurs autres , & fe jetta dans Tes troupes , pour guer- royer lEglife fa mère qui l'avoit nourri, allaitté& retiré deJaluifverie. Depuis il changea de maître avec Mufcu- le,&fe mit fous 1 enféigne du Sacramentàire Zuingle, foûnntfon parti ai Colloque de Marpurgpour l'opini- on de la C cène, prêcha & écrivit contre Lu<-her,touchant larealeprefenceduCorsdenôtrx SeigneunTémoinfon Dialogue Arbogaftus.

Cet homme neaumoins fe peina fort pour rejoindre Ir, ces pièces découfues entre Luther, Melancthon &Zuin- Bwsnrai gle &s'étant ttouve a la journée cKAufboug (i celé- te ï laccerd bre pour la Confeilion qui porte fon nom , l'an mil àe Luther cinq cens trente , laquelle pourtant il ne voulut fouferi- & Z>iiag. re , ayant pitié de leur mifrra'jle divih"ooj remontre aus Princes & Théologiens affemblez quils ne debatoient que poLir les paroles feulement, quafaute de s'entendre ils s'égarent oc f: fourvoient en danger de perdre la droi- te-route. Ce font ce* mots qu'il avoiï ordinairement en bouche , lors qu'il traitoit i accord entre les Luthériens, &Zuingîiens , voire entre les Zuingliens mêmes divi- fezentreus, qui pour s'accorder s aiiemblerent a Ber- ne, mais prudemment pour ne découvrir leurs hontes & nefervirde rifteaus Luthériens leur? ennemis , l'afTern- bleefe rompit uns que les doutes futlent mifes en avant. Se trouvant donc en céte notable Dicte d Auibourg , a- pres avoir parlé âus Princes , qui fuivoient lanouvelle Tcm r eb Confefilon, envoie la d~ifùs fon avis à Luther, dont Me- fei j

lanéthon fait mention en l'une de ces Epîtres. %h.Cçté-,a °*

,...,, , . . .. commente

cnt,dit-il,du dîner deCinacus,rl veut venir a notre avis, per Q-tt-ttkm

êcconfeifele Cors de C hri s t être avec le pain. lenc ,rtiW répons pas a Bucer, récrit Luther, parce que je haïs les iut'hepi7 fouplefles& méchantes impofturcs de ces gens-la.Ceus- vtbfJnwt cj ne me plaifent point. h** "

Martin pourtant redouroit cet homme autant ou plus que nul autre depuis au il l'eût fondé au Colloque de Marpurg Auffi fut-ce lui qui rît des premiers la décou- verte des lourdes fautes par iuy Commifes a laverfion de la Bible,jufques à dire, (cachant que Luther en grondoit: Quoi?ceLuihernevcutccrecontredit?qu'ilp reuvedonc

T 5 qu'iJ

Fol. 17 s.

flatfant conte de Lui hit.

ni. Cffjnmtnt

ItS S'4fr4-

tnsntnïres

•VMiluTcrtt

reunir B*cer.

ÏOÏ. Ut 7.

De A:tî!s.

Lnth.fol.

*53>

ici Di la Naissance de l'Herisie, quilfoitDieu. Ce dédain 3e Luther ne peut arrêter Bu- cer.lequel a lapriereduDucde Saxe,&desDcputez delà villede Strafbourg, partd'Aufbourg . & va trouver Lu- ther à Coburge. Les Luthériens en l'Apologie de leur Cœnefontun plaifanc conte de leur Profère.

P e v avant, difent-ils , l'arrivée deBucer, comme on eut pris une chauvelouris dans la chambre de Luther, il laiitcloù-rcontreia raurailie, &pour le jouer prenant un arc luy tira un coapde fléche,laquelledoàna droit au coeur, & en retirant le trait en rapporta la pièce. Tu verras , dit Luther a Vitus qui étoitprefenr a cet acte mémorable ( digne plutôt d'un page que d'un Profete) que cecy n'eit pas avenu fans quelque fecret myftere Se heureus prefage, que j'aye touché & arrache le cœur du "Wefpertilion : &ie mémejour Bucer arrivant, Luther n'eut pas plutôt jette lesyeus fur lui, que le tournât vers Vitus,il luy dir:Vitus,voicy le Wefperti!ion,jeluy don- nera/droit dans le cœur -ce qui fut fait, dit l'Hiitorien: mais il s'arrête la fans paiferplus outre ,nv raconter l'a- bouchement des ces deus grans Achiles derHerelïe, 8c lesparacularitezquilyeutentr"eus.

O n dit que Luther reconnoiuant l'hum:urpanchanre de Buccra i'opinion de Zuingle , & ne voulant donner àfonennemy un fécond h" fort de reins comme il étoit, ie laiifa au commencement aller a fon opinion : c'ét ce que dit Ambroiius Wolrius : maisencoc qu'à céte en- tre-vcu'c , qui fe fît pendant qu'on étoit emprefle a For- ger la Confellîon d'Aulbourg, Luther & luy cuifcnrfait quelque accord, e!t-ce que Bucer le tint a couvert, &paiîavers Zuingle en Suide , qu'il trouuaauiîi eloi- onéde toute réconciliation que Luther , difant, qu 'îlre- connoilîoitlecaeargrosdu Moine , lequel ne demor- droit jamais fon opinion première : que ce n'etoit que tems perdu, & des frais mal empîo/ez. B ucer tenta le mê- me envers Occolampade. On voit les réponfes des uns aus autres au livre de leurs Epures. Ayant longuement promené cet accord après la derfiite & mort d : Z Jingle, toute la part Sacram:n:aire print l'alarme que Bucer ne quitât leur parti: aufïiavoit-il écrit a Bullinger, &Leon IudafaccelTeur de Zuingle en la chaire de Zurich , cjue i'opiniondeLutherétoitplusprobabkîCous deus lelup-

plieiu

I

Livre II. 29 9

«lient ne vouloir abandonner Ieurcaufe , &joindrece mali -nr a la calamité de 1 Egiife aiHigee de l'infortunée .& perte d'Oecolampade. LesSacramen- tair°s c rent qu'ayant repaflé vers Luther,il luy fit fï^ner Une Cor flîoadcfby, laquelles'aprochoitdeplusprez de 1er* <!vm'jn,engageanrfon ameàBiicer & Capito,de la gai .-' wol &b|e,profeu£mt,di(ênt les Sacramétaires s mots: Qujli la paix n'étoit gardée d'uncpart& »d'autrc,&decœur& de bouche, que les choies a venir *{èroiefit pires que les paflèes. Ce lont Tes menafles en l'Epùrt qu'il envoya ans Suifi"bs: Mais écrivent les mê- mes Sacrarnenraires,i'an 1544. il révoqua tout ce qu'il a- voit fj^aé.

Povn retourner a nôtre Buccr,Bullinger fnccelTeùr iv. deZu'ingle, & Léo Fredicant de Zurich , lefupplient fe Nitable voaiou- acheminer en leur Yille, pourle biende l'Eglife njfemblt* da Seigneur: Il les va trouver à Zurich, les prie ne vou- f*it** loir aigrir Luther, promet demeurer en leut Confelîîon: Wïttm- Ce fut lors qu'il fît fîgnerune déclaration à ceus deBa- berg, Ic,Schafufe&faintGal, defavoiieede ceusdeBerne. ilfaifoit le ZuingHen,voire,commeluy reproche Pélican en l'une de fes lettres , aiîcuroiu Luther venir à leur avis, encor qn" auparavant ilfe fut déclare' fecretement Lu- therifte , comme de fait il en rit depuis ouverte profef- fion en la ville deWitemberg,ian mil cinq cens tréte-fix, Ceci fut oùplulieurs Predicans de divers lieus s'écoient donnez V 4111*36'. jour pour vuider le différent de leur Cœne , non feule- ment encreles Zuingliens, mais entre lesLutheriensrmé- me Frideric Micôjiius Predicant de Gothen,en décritles pârticulamez,& raconte ce qui fe pafla en céte aiTemblee fe trouvèrent les Predicanxs delà haute Germanie,les Saxons, & Bucer avec Capito,lors grandement tourmen- te de la pierre, comme Chef de l'Eglife y prefïdoit: Làé- toieatPomeramJonas,Crucigcr, Melancthon, Menius MiconiuSj&aucres Regens & Maîtres d'Echole ou fugi- tifs des C6uvens,miferable$ Apoftats qui vouloient faire lecorsdelEgiifeuniverfeiie. Luther offenfé de ce que Bucer avoir mis une fienne Eoitre au devant.de quel- ques oer/resde Zuinglc 2c Oecolampade, monrradu relient i ment bien grand , mais l'autre rejetta tout fur 1 Imprimeur. Leur contention fut parpluileurs diverfes

feanecs

500 De la Naissance de l' Hérésie feancesfur la refoiution de laCcene. En fin tousdefcen- &MfC9r,iei rj;rent a lopinion ds Luther, que véritablement, rca- *lavù de lemenr & dcfair^lcVray Cors & le vray Sang de C h r i st Luther. eft en laCœnc , lors que le pain &le vin eft diftribné feulement, fans qu'il y ayt changement d'cfpeces. Mais commçfit fe peut céte doctrine joindre a ccqui eft mis en ia Coafeflion deWitcmbcrg, la Mère Eglife de tou- tes lesEglifes Luthériennes, de laquelle voyez tes mpt* ,,en la page cent quarante & quatre : Nous croyons la „puiflance de Dieu être fi grande qu'il peut en l'Euciia- „r:ftie faire évanouir la fubftance cm pain & du vin, ou ,, les changer en fon Cors &en fon Sang. Fut acfii con- clu que le Cors y étant, les bons & les mauvais le rece- voient, fans que la grandeur du myftere dépende du me- Vhfidtîe rite de la petfonnc , pourveu qu'il ayt la Fov. Car un nercfctr. Turc, unluif,un Payen prenant le pain, nereçoitle Cors de C h r i s t , non plus qu'un rat, ou quelque autre ani- mal qui l'auroit dévoré.

Mais ces grans Théologiens fe trompoyent lourde- ment: Car le Cors de Christ eft fous les accidents du pain, au lieu de la fubftance du pain , & partant il y perfe- vere entier , tout autant de tems que la fubftance du pain y eut perfeveré : Or la fubftance du pain y eut perfeveré jufquesace que les accidents & dilpofîtions necefiaires a laconfervation de ladite fubftance auroient été altérez & corrompus par les accidents & difpofïnons contraires aicelie fubftance du pain. Comme font lesqualitezdu chile en i'eftomach,lefquels introduis peu a peu en la ma- tière du -pain, & détruifant les quaiitez & autres accidéts du pain, en fin corrompent le pain &tn font du chiie.Nc plus ni moins que les quaiitez du feulailiilant le bois, en chaifentpeuapeules quaiitez du bois, &icelles châtiées, en même inftant le bois n' eft plus, mais il eft changé en feu. Donques le cors de I e s v s-C h r i s t perfcvcre en- tier fous les accidents ou efpeces du pain, tandis qu'iccus accidents demeurent non altérez & fuflîfans aconferver lafubftance dupain fi elley étoit:Mais tout auffi torque les accidents font tellemét altérez par des contraires, qui font introduits peu a peu en laq .1 Hoftie ( qui

fait office de fuj et) pat la chaleur de l'eftomsch, ou autie agent naturel , qu'ils ne feroient plus propres nifurfifans

acoa-.

Livre IL $01

àconferverîanaturedupain,lecorsdelES vs-Christ taille d'être la , & en faplacey eft produire la nature con- venable aus accidents noirveaus. le laifTe céte profonde & véritable Théologie, l'erreur de ces nouveaus Evan- geliftés m'a jette, pour les rejoindre, content de leur a- voir montré , que la foy n'importe a la réception dircors du Sauveur, &qu'auflî bien le reçoit le Payen & le Turc, ▼oire l'animal, que l'homme Chrétien,

C e futcy deiîusoù Bucer s'opiniâtra longuement : le ne nie pas,difoit il, la prefence du Cors a l'Autel, mais ce- Hhreft horrible de dire qu'un impie le reçoive. Il defeendic neaumoins en fin a l'avis de Luther. On vie lors, dit M ico- niusenfon EpîtreàVitus Predicantde Nuremberg, Bu- cer & Capito tondre en larmes , & nous tous les ycus éle- vez au Ciel rendîmes grâces au Seigncur,& comme frère» nous entre-falùans , reprimes chacun le chemin denos Eglifes, pour d'une vois annoncer céte Foy i nos peuples. Le jour avant nôtre départ après Vêpres, Luther prêcha fur cétefentence de S.Marc Lûmes in mund«m univerfum, pr£Jicaie Evungelium on.nï creAîntâ. I'avois fôuventouy, Luther, dit Miconius ; mais à ce coup il me fembloitque cen'ctoitpasune vois, mais un tonnerre venant du Ciel, qui frapoità nos oreilles fortant de fa bouche. Voila y0y tuioi comme ils déifient leur Martin , comme un nouveau vict&.B.*- C h R i s t , qui diftribuë Tes Apôtres pour annoncer l'E- but. VvL ▼angile,mais ceus-cy furent bien tôt divifezj témoigna- rr,ë.fnUr^ ge de la folie de leur autheur , &le monde univerfeloù intend. Lutheries envoya , ne comprend en Ion étendue que quelques arpens de tcrre.Cc fut lors que Bucer tout a fait fe déclara Luthérien, publiant luy-meme fon amende honorable en ces mots couchez en fes annotations fur j,lefixiéme chapitre de faint l'an: Ieconfeffe librement Bucer fe ,,mon péché au Seigneur & a fonEglife , &endeman- ^flarei ,, de pardon, &poarmoy &pour les autres. lien dit le Lut^eri^ i,mémcfuric vin: fixième chapitre de Saint Mathieu. Voy ^"** Lanatherus pourtant écrit , qu'après que Bucer fe fût *iiiArtS- prou tourmenté, voyant n'en pouvoir venir à bout, il fe Voy Stft& mitàlaverité ducôté deLurher, non pour autre occa- Vmt9- fion que pour donner place en îa ville de Straibourc^d'où Maffi* iletoitPalteur, à la ligue de S m alcade, dontâeparleray . : sroifîémei Laquelle n'y eût peu être recette, fi elld

n'est

$or De la Naissance de l'Hérésie, n'eut fuivi la ConfeiTîon de Luther. Capito & Bucerdc CarUHad retour de Strafbourg , envoyant le dif cc:;s de leur Con- &Gtmte ference&la refolution àceusdeBâle: Le Srnat députe vers Bu- devers eus Carloftad premier autheurduSchiime, &r Si- €tY* mon Grinee. Ceus-cy le ramènent a Baie, cùBucerem-

V9y ce que ploie toute fon éloquence pour les faire entrer en la con- trer corde de "Witemberg,mai5 ils tindrent ferme en lafoy de ccrtt«d Zuingle.

■M*rt. Encor que Bucerfe fût ouvertement decîarépar-

trechtum. tifan des Saxons, fi avoit-il toujours quelques opinions v- _ particulières, ores favorisât celle de Luther difant a tous Jnceriitu- cous qu'on devoitJaifTer ce bon hoir me en pais : puis de de Bu- ce}ies <]c Zuingle , comme fi leur d;fpute ne confi- cerjut la ftQlt qU:aus paroles & non aufens : Et Comme Perre créance du Martyr gran(i Calvinifie, duquel je parieray au livre fui- <Acrcr/tent vantj le fût venu trouver à Strafbourg , lui ayant fait fipresjade parc de fa chaire , Bucer le pria de ne parler a découvert cl*r*îton. delà Ccene , ains avec des paroles obicures couvrir la grandeur de ce myftere , Iaiifant l'auditeuren doure, & en cherche delà vérité fur les diverfes opinions de Lu- ther & Zuingle. Martyr pourtant nevoulut fe taire, dit Iofias Simbler , &fansmafqueen fon prêche fournit la figure de Zuingle. Bucer ne vouloit pas qu'on remuât Dire de cène pierre devant les afîemblees du peuple , mais qu'on ■*Bi*lltï>gtr iaifiatles confeiences libres. Et Bullinger fur S. Mathieu, tag.^^s, »n'a pas eu honre d'écrire: Pleut à Dieu qu'on m'eut inMAih. 3=>voulu croire, & qu'on eut enfeveli dans les abîmes tou- sses ces queftions de la realeprefence de C h r i s t en oila Cccne, lâchant Iabrideatout le monde d'en croi- sse ccqu'ii voudroit. Le même langage me tint une fois unMiniitre , parlant a lui fur le bord de laDourdonne: &foudain quelesdivifions & partialitez feméioienten leurs Eglifes nouvellement forgée , Bucery accourcit pourmetrrelapaiSjfoûtenant ores un parti, ores l'autre. Ainfi fit-il après qu'Wlric Duc de \Titemberg eut auec les aimes du Lant^rave de HeiTe recouvré fon état: Car voulant changer de Religion , Luther y envoia Snepfius, oui annonça le Lutheranifmc : Blavervint de Confian- ce qui prêcha le Zuinglianifme. Les voila ausdifputes devant le Prince. Bucer pour mettre lapais s'ytranfpor- te, veut trouver un entre-deus fur leur contenticn.difant

leco:s

Livre II. 305

le cors de Christ être donné véritablement en la Cce- 11c: C'ctafçavoirenfubltance, & eiîcntiellementnon en ^ _ quantité, ou en qualité, ou totaIement:C'ét à dire occu- "riÇ. pantplace. Mais le Prince prononça fon arrêt en faveur Vuç *t delaConfeilion dAufbcuigqu'ilccmmandaà fesfujets W1*'**- defuivre. Luiiiermouroit de déplaifir, voyantl'incon- "?&< d fiance de cet homme qu'il reconnoiiloit d'un efprit haut & fier, craignant qu'il ne donnârun telcontrepoisàfon opinion fi ccmitammeutdetfenduéjquetcut fon fait s'en

allât par terre. I$l 979.

Ileittres-certain,ditrHiitoiredelcurCcene,queLu- J ' therétoiten ce tems-la grandement affligé. Il parle de l'an mil cinq cens quarante trois, pour (e voir environné detant d'ennemis, & abandonné de ceus , furlafidelité defquels il s'eteit repofé. Sur tous il fe plaignoitde Bu- Luther fi cer, pour être fi changeant & variable, n'ayant à lare- fUh* de formation de l'Eglife de Cologne fait entendre la verita- Buctr. ble & reale prefence du Cors de Christ en la Ccene. De forte qu'écrivant à Filippe qui s'étoit mêlé de cete reformarien , èv lequel parles lettres avoit rejette lefar- asdeau fur les épaules de Bucer,il luy récrit. Cet hômenc »3 cherche & traite que des reconciliations : Il reconnoî- :»traparci après que tous fes traits ne pourront rien en ^mon droit.Ie n'ai que faire de luy éciirejc dirai àPilip- pe qu'il luy face entendre mes colères.

Or fuivant la bonne coutume de fes compagnons:Cc Vi. Buccr Moine renié, comme j'ai dit , prit la verve du Prc- Bucerfi dicant Capitofon compagnon, pour femme. Celle-là piarie & morte , il en eut foudain une autre, & une autre encore remarie pour la troifiéme fois , témoignage certain de fa grande par trois continence. Au/fi étcit-il de l'avis de fon maître pour fds,vaen les mariages, afin de pouvoirà l'aife fe dépêtrer d'une Ar.gUter- mauvaife ttte de femme, Héroit permis aus Iuifs,difoit rtenil Eucer , quitta leurs femmes , & en prendre d'autres meurt. pourla duretéde leurcccur. Lemémedoir être loifible Ltrnath. tus Chrétiens, quand il y a n;érr.ecaufe,& qu'ils ne peu- fol. 37. \ eut vivre enfemble en repos. Bucer voyant Luther embe- ^uceT in foigné en Alemacnejes Zumg'iés&L'uHingcrcn Suiflc; j^Ath. & Calvin qu'il atou en partie élevé & nourri, corne je di- cat.i^( ray au livre iîxiéme, travaiik.nt aupclïiblepour debau. cher la Ftar.ce paiie en Angieteru;AUlî eui-il peur que

i'Empe-

504 De la Naissance de l'Heresii,

1 Empereur vicrorieus des Proteftans, lui fiftmettrcîa

main fur le collet 11 amena en fa compagnie PaulFagius

« Y>a„\ Prédicat de Stra{bourg,auiïi peureus l'un que i'autie:Cc-

,' /•*. toi cy étoitbienverfé aus ^neues Hebravques : Maisà

5 entutt 4 * / i i r j j ;' r }' i

, Jn pe-ncetoit îidelcendnde iur merpour laluerCambno-e,

cju umouiut le douzume de Novembre i^.Bucer donc quittant fon troupeau de Sirafbourg , choifit le pays d'Angleterre pour ion apanage & département (voyez le merveilleus foin, & diligence de ces gens-la pour débiter leur marchandife ) après avoir fait beaucoup demal lefpacede trois ans, il mourut l'an mil cinq cens cinquan- te & un, 2gé de foixante & un an , témoignant a fon dé- partdecemondele peu de repos qu'il avoir en foname,& le doute oui! croit cIl: fondement de fon falut:commeles Anglais ont écrit, ôcl'Evéque de Ruremondauffi: lequel In Synt/ig. témoigne qu'il entra en doute de la venue de I e s v s- f g. ;;. Christ.

Liberinus dit , que peu avant fa mort il fe déclara en- Prof*; de corSacramenraire : Toutefois Nicolas Senders en fon Buter à deuxième livre du Schifme , raconte avo^r ouy dire au Ba- ttn Baron ron Paget Confeiller de la Reine d'Angleterre, qu:un jinglcu. jourle Ducde Korrumberland parlanta Bucer, Pagec fervant de truchement, luy demanda quelle étoitfaFoy far la prefence du Cors a l'Autel, le n'en puis douter, dit Bucei', fijenedoute deiaFoy &: fidélité des E van gélifies.* Ileft yray que je ne riens pas pour certain & indubitable tout ce qui eft écrit au Nouveau Teftament, touchant Ie- svs-Christ: encor que jufques ici je ne l'aie voulu dire ouvertement. Ainfi parla , dit Senders, cet homme avec telle liberté, parce qu'il fçavoit le Duc n'être pas homme fore religieus. L'Apologie de laCcene Augufta- ne dit qu'il avoit commencé a écrire rondement, & fran- chement ce qu'il fentoit de la Cœne du Seigneur, mais que la mort le prévint : Ainiï & pendant fa vie, & après fa mort , chaque parti a voulu prendre avantage de cet homme.

C O Ut

Livm II.

*©5

COMMENT DIEV AV TEMS QVE LES

SAC RAM£ NT AIRES COMBATOIENT Ll

faint Sacremerit,fit plufieurs miracles pariceluy.

Chapitre XII.

Vans toute î 'antiquité en voit de merveilleufes preu- ves par miracles 3 du S.Sa- trement.

i.

Miracle raconte par Irafme} avenu lors que les Sacra- mentairis combatoient le S.Sacremtni en nos jours.

3- le grand &fameui miracle

de taon en Vermandoù. 4- Les arguments de ÏHerefi» contre le fuint Sacrement.

î- Les Sacrament aires edmba- tent la Toute-fwjfanu de Dieu.

6, Comment h Cors deÏE s v S- Christ e'si au S, Sa- crement,

V même tems que cesApôtresdesSuifTes, Zuingle & Oecolampade, jertoient ce trouble dans les âmes Chretiénes:Etque plufieurs fols, contre l'avis de leur père Luther , difputant de la Toute-puilTar.ee celeftejaulieudeli sv s-Chris tiious donnoient du pain à l'Autel , Dieu leur mit plufieurs mi- racles devant les y eus, qui ne peurent pourra t guérir l'in- eredulitédetous. Ils n'avoientpasadjoûte foy à tant de punitiôs envoyées du Ciel à ces incrédules, & qui fans ré- vérence prefentoientleur bouche à la réception de céte facree Communion /comme des nouveausludas : Ce traître nel'eut plutôt reçeu que le diable fe faifit de luy, &nelclaiflaquedefes propres mains , iln'eiit batifon gibet. Et plufieurs autres ont été emportez d'une mort miferable, vengereffe de leur forfait , pour s'être pre- fentez à recevoir ce Pain-fait-chair, fans y apporter la révérence & la créance qu'on doit, comme on lit de céte Hérétique Macédonienne dans Sozomene,&Nicefore,à Jaquelles S.Ghryfoltome donna la Commuuion.A même

V aue

I. Dans tou- te tanû- qu'ttéon voit de merveiUeu Je s preuves de laver- tu du S. Sacrtmet.

Lib.ï

cap,

J :!. 13, cm,

3ê6 Delà Naissance de l'Huesiï, Cypr.ftr. quej'étoisfur ce Chapitre, une ville,oùiem'étois retire Htlap. cependant que la pefte avoit fait delavillecapitalledela Augufi.it Guicnneunefoîitude me porta témoignage de ce qui Civtt.l.22 étoit arrivé n'aguereà la veu'é d'un peuple infini. C*\>.8. Vn jeune homme s'étant mis avec le refte du peuple

Trojp. communiant a Ja Fête de Pâques, le Prêtre luy veutmet-

slquital. trerHoiticfacreedans la bouche, mais il ne la peut ou- é.defacer» vrinEtpîus ils'efForcey apportant me'mes,la main .plus Cuil. elle fe relTerre. Le Prêtre étonné luy demande qui l'a con-

invitBer. fellé: Ce pauvre homme fe levant la larme àl'ceil,recon- l.i.ta.io. noit tout haut que fans Confcflîon ils'étoit prefentéà Treg.mag. l'Autel pour communier. Cette Hiitoireeft fembiable à lih.+.âinl. celle que rapporte Grégoire de Tours, de celuy qui avoit tap.J7. recelé fon péché au ConfeiTeur. Saint Cyprian,Optatus Vmernb. Milevitanus & autres en racontent infinis tels exemples, ~Btd. Ub.+. qui confirment la realeprcfence du precieus Cors àl'Au- ixp.22. tel, démentie par les Sacramentaires. Mais fans mandier Aug. Hi/?. les étrangers, parlons de ce que nous avons veu à leur Opt.mitev. entrée.

i$b.^ cont. Erasme, témoin fans reproche en cela recite au

DoïiAtifi. vintiéme livre de fes Epures , ce qui avint l'an mil cinq

Grtg. Tur. cens vint-hui^Iors qu'on debatoit, après quinze fiecles,

J)e gt.mat en ta Chrétienté, s'il étoit pofîîblc que le cors delES vs-

./. /. txJr,. Christ peut être a l'Autel. Vn quidam Marguillier,

ii. dic-iljportoi tune petite boite,où il y avoit du pain qu'on

lâ'nacU dit à chanter , lequel on nomme autrement Hofties , ac-

teconié compagne d'un autre homme qui auoit au/fi autrefois

farEmf. étéMarguiilier : Comme ils fe furent arrêtez pour boire

~£rcfîn. in dans un cabarer,ce dernier demande à fon compagnon

Epiiï.ad. un de ces pains, qui l'en refufe -t mais cétuy-cy les prend,

JEpifcop.. & s'en moquant les confacre comme font nos Prêtres;

leidttn- L'autre luy remontre qu'il fait mal,& que ce font les pa-

ftm< rôles quitranfmuent le pain au Cors & auSangdeljssvs-

CHRiST.Vat'en,ditcemoqueur,qu'enas-tuàfaire?Hô-

telTe apporte du vin. Sur l'heure Dieu en lit la vengeance:

Car ce miferable voulant boire , tomba rudement fur la

place. Ce n'ét pas une fable, les témoinsy font , le lieu

s'appelle Vieilie-ville. On en dit d'autres chofes:Ma?s

je n'ay voulu écrire que ce qui eit bien prouvé. Voila les

paroles d'Erafne.

Voici une pareiileHifto ire avenue" au pais de Gueldres,

LrvRsIÏ. 307

Tari mil cinq cens foirante & un. Deus jeunes hommes MlrtuU*- l'un de Noviomagum, leurre d'Vtrect, mangeantleurs -venu l*n ceufs de Pâques, font gageure à qui plutôt aura avalé les u<*i* fîens. Cependant un Prêtre nommé Antoine Worftilis, accompagné de fon homme appelé IanHaeps, portant le faint Sacrement à unefemraemalade, pa(ïent devant la maifon ces deus ttoient Comme celuy d'Vtrecl: en- tend la clochette , il prend fon œuf en la main: l'engou- leray, dit-il,celui-cy plutôt que ce malade n'ait avalé fon Semé» G odtheniC et a dire, Ion Dieu : Et le jettant dans fa bouche s'étoupe les conduits du go fier fans le pouvoir âvaler.Sur cette perte d'haleine, il enipoignefoudain une chandelle de fuif qu'il voit pendre à un crochet, Scpouilc fon morceau, mais tombant à la renverfe les yeus aifreus & élevez au Ciel en prefence du Piètre qui étoit accouru, il étouffa à laveuëdc plufieurs perfonnes. Combien de Cantiques d'alegreffe furent faits ,ditl'Autheur, pour té- q0^ r- moignerla punition de ce blasfeme. Cette même main crat fo ~- de Dieu, punit la main facrilegequi ofa (Singe du diable) eap'„g ' reprefenterpat moquerie l'Elévation celeite qui fe fait à ^^fr/ fc Alltel. fioiveavt-

Voicy l'Hiftoire authorifee du témoignage de perfon- nue ennos nés dignes de Foy. Le jour des Cendres un Catholique \ourSi s'érant rencontré parmy quelques hérétiques qui déjeu- noient , fut par eus prié d'en faire le même. le ne vous refuferoypas , dit-il, fi j'avois ouy la MefTe : A cela ne tienne , répond l'un d'eus , tu pourras adorer ton Dieu. Lors prenant une aiîiettefe tourne à la table , ainfique nos Prêtres font a l'Autel, élevant l'afiiettc comme fi ce fût l'Hoftie confacree. Mais les bras hauflez ne fe peu- rent replier, tombant ce moqueur de Dieu fur la place il expira. \ \

VNmalheureus blasfcmaritcontrelc S. Sacrement, $rtdemh fentit même punition au pais de Brabant,l'an 1578. com- #£. 7. me écrit Bredembaehius. Vous verrez le même en Polo- gne que je referve aus livres fuivans : Vnefeulc toile ne peut pas recevoir tant de vifages. îjya

P vi s que je fuis à mêmes des miracles avenus en nô- legr*nd tre fiecle pour la condamnation des aveugles Sacramen- &f*mett* taires,jetranfporteray icy celuy que j'ay veu,&quim'a wtraclcde retire de la gueule de l'Herefie , lequel j'ay inferédans Lmoiu

V 2, mon

$e8 Ers la Naissance de l* Hérésie,

mon Livre de l'Antechrift. le puis faire comme le Potier ce que borne femblerademes écrits, ainfi que Itfy de fon argile, & leur donner nouvelles formes & telles empiain- tes qu'il me plairra. Ce miracle plein de mille merveil- les s'il en fut jamais, avint a Laon,l 2n mil cinq cens foix- TSicole ante £x, enlaperfonne d'unejeune femme poiledeedes Cbry, diables, native de Vervum près Laon, nommée Nicole

Obry : Tous les diables qui s'étoient emparez d'elle, a- vant que j'y fufTe arrivé avec quelques écholiers mes compagnes d'étude, avoiét été chafTezde leurgarnifon, fauf leur Prince Beelzebuth qui tenoit bon encores. Cé- te miferable & infortunée créature, conduitte en l'Eglife à laveue d'unpeupleinfini, étoit tellement tourmentée qu'on luy oyoit craquer les os.grincer hs dents, perdant par les étranges contornements de fon cors toute figure humaine. Elle venoit grofle-enfiee comme un muy , ou- vrant la gueule de telle façon , queceus qui étoientau- presd'elie, luy voyoient lefont de leftomach. Parfois elle tiroic unpiédelanguc, & rouillant les yeus dans la ■% tête gros & enflammez , elle les ren doit étincelans com- me chandelles. Et en cet état s'élançoit en l'air, fans que douze ny quinze hommes la peuflent retenir. Quand lebbnEvéquede Laon tenant lafainte Hoirie fur la tê- te,faifoitfesexorcifmes, difoitTOraifondont faintBer- In&r.Ber. ^narden femblableduelfe fervit à Milan. O mal-heu- C*f'J* a^reus efprit ,vdifoit-il , voici ton luge , voicy la vertu du ^ Ciel, refile tu peus, voicy celuy qui difoit 3 Mainte- ^nantlera chafTé dehors le Prince du monde: C'eft icy le «Cors ne de la Vierge , étendu en l'arbre de la Crois, qui «repofa dans le fepulchre,reflufcita du tombeau, monta . T13.U Ciel : le t'adjure en vertu de céteMajefté celefte que

' wtu fcr;es du cors de cete fïenne fervante. C'étoit lors

qu'elles'élevoit en l'air , détournant fa veue de la fainte Hoirie qu'U luy prefentoit , vomiffoit mille blasfemes: puis regardant les voûtes de l'Eglife , avec des yeus ren- yer£z , affreus & hide.us , elle pouffoit un vent,& voyait- on fortir de fa bouche une fumée & foufle , comme d'un boeuf qu'on égorge. Elle tremcufToit, tremb!oit,fe herif- foit, & tombou tout a coup en extafe, fedifFormoit ,fe tou!oit,s'arrondiil'oit comme unHeriffoD,&prei]é de ré- poudre pourquoi il entroit ainii en frayeur yoyât la fainte

Ho

Livre IL 509

Hoftic : Cet cet Hocesl.c'ki cet Hoc efl , re'pondoit îe dia- La force ble,mohtrantquec'étoit la vertu des Paroles Sacramen- disl'arolti taies, qui font cet Hoc es! corpus meum. _ Sscram.

Ie lailfe les étranges propos, lefquels le Diable profe- roit par fa bouche. En fin Beelzebuth vaincu par la pre- fcnce du Cors precieus de Iesvs-Christ, forcit hors, &quicta fa prife après avoir fait une fumée, & jette deus cous de tonnerre, laifTant un broùillart épais qui envi- ronna les clochers de l'Eglife, &tous les a/Iîftans, ra- vis d'une li grande merveille. Miracle fameus & l'un des plu; grans que jamais l'oeil humain ait avifé , que les diables mêmes n'ont peu obfcurcir. La crainte quej'ay de biffer de trop loin mon principal fujet, meferalaif- fer cétuy cy , auili n'en pourrois-je tant dire, que ie n'eii die crop peu. Voas verrez ailleurs ce qui avinten Pologae,alanaiifance de l'Herefîe. LesFilolbfes Paiens vaincu parlesmiracbsquifurpafToient la commifïionde la nature, ont été forcés reconnoitre&aimirer le grand ouvrierde!ana:ure;&ceusquifedifenc envoies duTout- Cgu*%ut puiifiuc , gensquicroientpar rotine ce qu'ils voient, & mecrotent mécroyent ceqù ils ne voyent pas, ne peuvent retonnoï- ct<\H * tre fatoucepuiiTanceen ces mats fiecyejl mon Con) Paro- V0tentpa4' les cueillies en la bouche de Dieu , tachât dele rendreno pas créateur, mais variai de la nature.Par ces mots Sacra- mentaux, ditfaint Hilaire, Iefus-Chriftnous aôté touce occafion de douter de la vérité de fa chair,& de fon fang.

Ie ne veus pas avoir remué une matière fi importance, iv. fur laquelle tournent toutes les dilputes de nos contro- Les argn~ yerfes, fans lailîer la contre-poifon au Lecteur, contre le mens de venin de l'hereîïe : Elle qui s'aydefîdextrement de l'Ecri- l'HtreJie ture,dit , & redit bien fouvent:Le Seigneur n'a-il pas par contreh 9, la bouche de faint Ian proteite qu'il delaifle le monde, & Stcremet. qu'onneleverraplus ? Etaus Actes qu'il retourneraen la terre comme il eft monté au Ciel ? Les Cieux le con- C*/./. tiennent, dit faine Pierre , jufques au rétabliiTement de toutes chofes qui onc été prédites. Ne fîed-il pas a la dex- tre du Père , d'où il viendra juger les vifs & les morts? Comment peut-il donc être à l'Autel quant-& quant , & en même tems ? Cela fe peut-il faire , difoient les Sacra- mentaires. Comme Ci I s s v s-C hrist étoit cloue &at- tachéauCiel, de même que ies Iuifs l'attacherenràla

V ? Crois:

ji© De la Naissance de l'Heresïe, Crois: Etïî le repos du Paradis luy étoit une peine , com- me cloué en Ton fiegc , & s'il ne falloir faire différence de faprefenec corpoielle&inviûble fous les efpeces vifibles de cette prefence qui feta pleine d' étonnement, de gran- deur, &majefté, accompagnée de toute la gloire celefrc, lors qu'il viendra laire rendre conte a la mort , &juger le monde. Il cft remonté au Ciel, c'étàdire,ila repris Ion égale pnillance avec le Perc. LadextredeDieu>ditlaint M êtt. 2*. Auguftm,'eft fa fupréme béatitude. IlalailTé le monde, «non pas pour nous laifler:Car au coutraire il a dit:Ie fe- »>ray avec vous j ufques à la confommation des ficelés. Il cft ça bas en autre forme qu'il n'ét la haut. Et le grand Patriarche des Sacramentaires,dit qu'il ne faut pas ima- giner aucun lieu au Ciel foit montée & reçeu'e la fain- C*l. in teliumanité de nôtre Seigneur Dieu. Mar. cap. A leur dire il ne peut faire un cors humain fans fes di- / <*.& *!). men lions, ny qu'il puiiîc être en puifieurs lieus en même tems. Subtils Filofo fes qui veulent obliger la majefté de Dieu à leurs règles de la Fyfiqiie. Cet axiome d'Ariltcte, difent-ils,eft immuable P a n soma en topo. Tout "Bened Corserten lieu. Luther diioit rnreus quand il écrivait TAmnmu cjuel'efprit d'Ariftoce n'étoir capable de tels myftcres, in*([ert. qui ne le plient aurregles delà Filofoiic , laquelle fe doit p**n7. taire quand laTheologie parie. Contre les maximes de ia Filofotie, ce grand ouvrier de rien a fait tout, amis trois persones fous une même fubftâce, fait qu'une Vierge en- fante,qu'un cors paifeau travers de la pierre , monte aus Cicus sas occuper place. Enferme toy,pauvreFilofo:e,dâs 1 un éternel iïlence,&confcne tadocteigncrancejquandil

eft queftion de parler des œuvres de Dieu. Et toy control- feui defapuilTance, qui le veus enclorre dans les cachots sade la nature , prépare toy a la gène éternelle. Ha! dit 1 33 famt Cyrille Alexandrin, de quels tourments feront pu- sanisen enfer cens qui controllans les oeuvres de Dieu, YoyS.Aug. «difent ; Se peut-il faire? Sa feule volonté, difoitCIe- ltb.2j.de 33ment Alexandrin, opère tout. Cet uneconfequencein- Çivit. faillible,quillepeuts illcveut:Orilleveut,puisqu illa dit : c'ét la vérité même. Une faut donc difputcrnydu pouvoir , ny de la Yolonrc,encor qu'a nôtre nés limpoiîi- bilité s'y rencontre. Auflï eft-ce une maxime certaine qu'une des plus grandes occasions au Chrétien de croi-

L i v r i I I. 3ir

re,eft de rencontrer un echofeincroiable.

Qvi voudra prendre la peine de lire les livres publiés Y* par eus fur cette difpute, ne verra rien tant combatucjuc LesSacra- la toute puilfance de Dieu, avec des mots épouvenrables mentaires que les diables mêmes n'ont ofé pronôcer, &quelefon- tombaient dément delà créance des Sacramentaires , comme difoit l*Pwjf<tn- Luther, eft dene croire pas que Dieu puiiTe faire ce que deDuu. Ie svs-Chri STadit.Cesgensdoncnepouvoientcom- M&tyrjn prendre la d o&rine Catholique, qui enfeigne: Que c'ét le Dial.cont. Cors delE s-vs-C h ri s Tpuis qu'ill'a dit:Cors quin'ét Br«»r.Dtf- fujetausmefures Mathématiques, comme longueur, lar- neauin geur,&profondeur.Dieu peut feparer la qualité &quan- ^nch^ tité,& tous autres accidens de leur fubftance quand il luy Efe****. plaît, commeil fufpendit pour un tems l'ardeur & cha- fag>tf'T. leur du feu, qui étoit une qualité inhérente, Se naturelle- B**é«* mentihfeparablede Ton propre fujet, quand il preferva cent heu** les trois enfans de l'ardeur devorâte de l'enflammée fout- naife. Cors, difoit S. Chryfoftome, quiiîedla haut avec ., ,, lePere,&qui cft en même tems manié de nos mains. Et . ' * comme ce Cors a étéconçeu fpirituellement & miracu- Cct °' leulement, bien que ce fîu une vraye fubftance corporel- le ; Auflî nous le mangeons facramentalement & fpiritu-

cllement.&miraculeufemët, tout entier & non a pièces: -.

, , , \ 20. m

vivant & non mort, comme les autres cors, s étant le San- ,.

veur voulu donner fous les efpeces du pain & du vin, pour

s'accommodera nôtre inrlrmite.il y a apparence de pain,

dit Theofilael:e,mais c'ez chair.

Il faut prendre ce pain , ce pain faint , ce pain d'Ange,

jdjii ne détroit yimaii, bien que chacun en mange:

Patnqui net qu'un ftulpain> & qui fujfit k i owi \ T.Brtscb.

Vain dont le monde cfi plein, bien quepetit il ftmhU'. en ces Sta~

Tain duquel un ftul prend autant que mille en fcrttblei ces Chre-

Pain bien qu'il/oit rampu^ui refte entier en nom. tiennes.

Mai s comment, fous un petit pain, fous une fi pe- vi.

titcHoftie,un cors peut il être compris? ce Cors efl grand Comment

non pas remplilfant & occupant lieu comme les autres k Cors de

cors soc: Car le glorieus cors de Îefus-Chrift eft dépoùil- *«Aw Cbr.

le de toutes les imperfections corporelles, cçme decel- efi <** $*-

le-cy,de tenir place. C'ét ce Cors qui fans fairejour, ny crement.

dif-joindre la porte pafTa au travers, marcha fur les flots,

ferendic tranfparanc, furpailant la clarté du Soleil. Ouy,

V 4r mais

jit De la Naissance de l* Hérésie.

mais le Seigneur a dit: le fuit U Vigne : )e fuis U forte :)t fuis la Pierre. hsvs-CHRrsT pourtant n'étoitny Vigne, ny Porte, ny Pierre^ Auflî n-et-il pas le pain, ains le pain eft lafigure, commela vigne ôdaporte. Ce n'étoientlà que fimilitudes dont il fefervoit en préchant & parlant: Auffi il ne tenoit pas une vigne, un huis, une pierre en la main, pour les tranfubftantier : Iin'inftituoi: lors un Sacrement: &iie fît la benedi&ion dedus. Il ne dit pas: Cete vigne, cctt pierre eft mon Cors , coranie il fit dref- fant Ton Teftament. Argument Quoy repliquoient-ils,n'a-ilpasdità Tes Apôtres fra. des Sacra- pez d étourdillement , pour ne pouvoir comprendre, ptentatres. comme il leur donneroit fa chair a manger : Mes paroles fon' esprit (j, vic,C'ét l'ejprii qui vivifie Ja chair ne profits rien} Iieftvray. Mais comme il vouloir dire: Pauvres gens, vous penfez. que la th.iir que i'e vota ve'n donner pour manger , fuit une chair fans aine, fins efprit, Une chair morte ^une chair pure- humaine. Cet à direfeparee de l'efprit divin, & delà divi- nité. Au contraire , ie la vou4 donner ay vivante, accompagne* de mon ame humaine, & de ma divinité : Si elle étoit feule, elle ne voua pour roit donner une vieetermUe. Cet l'efprit de Dieu qui eft la vie même, & la féconde perfonne delà Trinité, quilavousdcneparlemoiendel'inltrument de fa chair, comme étant l'outil par lequclil a opéré vôtre falut, & communiqué Tes grâces. Cet l'efprit qui vivifie : Aufti Dieu par fa toute- puiiTanicparolle,fpiritualife& vivifie ce qui navoit ny efprit ny Yie auparavant. Cet vn œuvre du faint Efprit, Se de Dieu aurheur de vie. Le faint Efprit furvientfur lcsElemens: Cet luv qui leurfouflelavie,& rend vifs & animez, au lieu qu'auparavant ils étoyenc Math. iC. fans vie & fans ame. La chair, c'et adiré, la vertu &ope- Vom. 3. ration de l'homme, comme trop infirme pour attaindre à Rom. f. fi haut myftere,n'y fert de rien: Car le m Jt Caro , feul en S. Paul /. rEcriture)fîgnifle le fens brutal de l'homme: Lefem char- ad Gala. »«/,vouioic dire le Sauveur,»* peut nen en de (i hautes &fu- Voy faint blimes cogitations, s'il n'eft ayde du S. Ejprit. Quand le Sau- Àug. furie veurparledefa chair , il adjou:efouJain , Cfomea, Cor- Pfal s>#- P>" mfum, Caro filij hommis. Icy, c'e't de la nôtre fragile, & HefihtuTQ, foiblette qu'il parle, pour pénétrer f haut fans les ailles furie 22. duS. Efprit. Mais cete Théologie eft trop haute,rabaif- & Levi, fous nous un petit, fans rechercher plus avant la profon- deur

Livre II. 515

deur de ce myftcre, contraints de croire que le Cors de Iesvs-Chris Teftenl'afainteHo{tie,non feulement par l'ayde de nôtre Foy,mais par l'opération du S.Efprit, quifeul fait les chofes abfentes, prefentes, facramentale- ment,realement,corporellemécJ& fpirituellement. Ainfl grondent ces querelleurs Sacramentaires contre Dieu & Ion E AiCe , fur cet admirable myftere du Sacrement de l'Autel. QuspleûtàDieu qu'on nous eût appris à bien Souhait de vivre, &non adifputer, & qu'au lieu de ce, Hoc e(l (mal l'Authtuu entendu des ennemis del'Eglife, qui nous coûte tant de fang,& fur" lequel on s'ét autant travaillé que fur le omou- Jion contre les Arricns, & le teo/ôcos contre les Eutichiens) nos prêcheurs n'euifenc autre chofe en bouche que l'a- mour dehsvs Christ, & l'horreur du péché , les vi- ces & les vertus, làpeine &'ia gloire -l'un pour nous ap- prëdreabien vivre, & l'autre pour Ie3efirer: Car les deus pois par lefquels fe meut ordinairement l'Orloge de la vie humaine, font le châtiment & la recompenfe.

L'VNITE' DE L'EGLISE E T LA DESV-

NION DE SES ENNEMIS.

Chapitre XIII.

Wniti marque infatlïtbl: de la vérité.

x.

La divifim parmy les Luthé- riens leur apporte beau- coup de prciu.iice.

h L'unité itV Egltfe,conferva- tioni'icelle. , »

Cornent les Luthériens (3* Sa- crament aires fe déchirent.

5-

Ces défini* m s* umjfent que

contre l'unité de l'Eglife,

6.

Compzraifon fur celle qu A- reÙMfxtt des porceaus & de ?iôi re Clergé.

TO .u ainfî que l'unité eft la marque infaillible de la i,

vérité , dit Grégoire de Nazianzene , comme celle L'unité

quieft fafœurginn.raie, & compagne indivisible: marque

Auflï la diverfîté eft le ligne certain du menfonge. C'eft fa infaillible

nature, difoit Lactance , de n'avoir point d'arrêt, &au delà vtru

contraire le propre de 1a vérité eft d'être toujours uni- té.

forme. Elle rciTemble, die Menandre, le rameau de Lib. s.c.3.

V S palme,

314 Di uNaissanci i'Hirïsii palme , tant plus le pois de la malignité d'autruy la char-

fe,tant plus elle fe haufle & foûleve. La vei ité eft la fille eDieu,lacitoiéne du Ciel,ditlamblique, &lemenfon- gc du diable. L'une fe trouve toujours fur-bout en l'E- glife Catholiquc,avec un vifage gay & riant,tegardant le Ciel,n'ayant qu'une vois & une langue, (c'ét un figne evi- Maraaedi dent de la vérité de la doctrine, dit faint Athanafe, quand laveri'.é. tous confeifent une même chofe) & l'antre toute refroi-. gnee & hargneufe,fe veautre dans la bourbe, les yeus pan- chés vers la terre, à cent langues, à cent vois:Hydre à plu- sieurs têtes , Chimère à plusieurs natures , Hyame à tous fexes, Portière d'Enfer, non a trois têtes comme Cerbère, mais innumerables , hurlante d'infiniment divers épou- ▼entables abois. L'une a la pais domeftique chés elle, Tautre une guerre perpétuelle. Celle-là fejourne dans l'Eglife Cathulique : Et celle-cy va ça & là, furetant dans les trous & Sinagogucs des nouveaus Evâgeliques, ja- mais la concorde & l'union ne fe trouve qu'a mal faire, & Lib 2 ton à médire.Il n'y a point de pais pour les impies, dit le Pro- Ztêinil & feteEfaïe. Le diable , Difoittrefbien Luther, eft le père Qeioùmp. ^c difTenfion:comme Dieu eft le Dieu d'unité, qui retient Jes Chrétiens en me'me créance. Et tout ainfi que les on- des de la mer s'entre-hument & s'entre-perdét l'une l'au- tre. Tout de même font les herefies, difolt faint Hilaire aufeptiéme delaTrintié. Et jamais il n'y eut fecte qui jie condamnât celle qui l'a engendrée, ou celle dont elle a tiré fou origine.

Voyez comme ces bâdes débandées de leur premie- V* T" réméré, après avoir quitté fa baniere, s'entre-déchirenc, lVi'l° s'anathematifent les uns les autres, fe piquent, fe difFa- tfrTy ■" ment,fe ruinent d'attaques, reproches & injures: Car cô- uthtrtes. ^ ^ chofes colees de frais , fe defunilfent aifément & au contraire celles que les longues années ont bien fou- dé, tiennent ferme: au/fi s'il y a quelque'aliance entre ces nouyeaus Chrétiens, elle eft bien rôt découfuë : Dteule Sur le t. permettant, dit faint Hierôme,;»/» quainjUivifés ils nepuif- d' Eztchiêl fent venir à bout de Uur dteflein ,& deU ruine con\urh de /'£- In przfat. glife , non pi tu que ces hardis entrepreneurs , qui voulaient arrtet Apcl ad Us montaignes du monde l s unes furies autres , pour atteindre refor. Ecle. a la vente non me/urable. Que de malheurs, que de miferes, Germa. combien d'horribles fcandales , écrivent cens- de Zurich,

font

Livre II. 3i>

font avenus à raifon des miferables divisons qu'on voie entre les Eglifes , qui ayant biffé les fuperftitions Papi- „{tiques,fuivent la pure doctrine de l'Evangile. Si les A- -Bo^m 'm „lemans,difoitBodin, lors Calviniite, en changeant de ^ ^ ( „religioneuiTentmôtré quelque confiance en leur fait, ,, certes ils eulfent attiré beaucoup de gens à leur partyj „mais les ayant veus divifez en opinions infinies , on n'a „fçeu queiuyvre: Car ils ne fe font pisconrentez d'être „Huiîues, ouMamnittes , mais foudain devenus Ana- „bapti(tes, Leideens , Zuingliens , Soleftadiites, { le ne „fçay quelle race de gens font ceus-cy'.Ofîandriens, "Wes- ,,faliens,Davidites,Waldenfes,Interimiftes,& autres fe- ln *■?[*>* ,,ctes innombrables. Aye patience, Lecteur avant que tu viennes a la fin de ce livre , tu en verras bien d'autres. Lu- par9ies n0m ther mêmes avoit prédit que de Yiendroit la ruynede ta^.s fo fon Eglife par l'eiéple des autres hérétiques , qui ne peu- jJifAer vent être furmontez que par leurs propres diiTenfions. ,,Oyez comme il parle: Iamais hérétiques n'ont été fur- „montez, ny par art, ny par force , mais par la feule dif- „cordequis'ét glilleeparmy eus. Et le C hri s me les „combat autrement qu'en mettant entr'eus Tefprit de ,,difl:nfion , comme parmy les batiiTears de la Tour de „Babel Ainii a- il fait détruire les Ar riens, Don atiftes, Pe- ,,la»iens, voire même lesluifsn'ontpery que par leur di- ,, vilion. Deforte que bien à propos S.Hilaire au livre de Lib. 7. de , ,1a Trinité le glorirîe, que la guerre entre les Hérétiques, Trinit, ,,eitlapais del'Eglife. Ainli parloitLuther qui vie avant fa mort la miferable difeorde de la fienne. Quelle mifere, écrit Lanatherus] PI ufieurs Papilles devenus Evangeli- ques,voiant ces divifions , ont repris leurs premières fu- perfticiôs. Autres ont fait altc,&en finn'ot voulu entrer chez nous qu'ils ne nous vilTent d'accord.Au commence- mét les Zuingliés, craignât que l'authorité de Luther ne les emportât, convindrent pour faire ouvertute de quel- ques expediens,mémeran nu. prés de Brene,où Léo Iu- de,Corrad Pélican, Theodor Bibliâderfe trouverét pour ceus de Zurich. OivaIdus,Miconius,&Simô Grince pour 1

ceus de Baie: Mais ils ne peurent pour lors non plus s'ac- corder enrr'eus qu'avecLuther, & fircnt,commcécritS. Hilaire de leurs femblables, de même que les larrons qui fc décèlent l'un l'autre. Ainû ont fait ces miferables

here-

}i£ De la Naissance de l'Hérésie,

hérétiques qui déchirent la Pologne & pays circonvoi- Yiie Vvil- fins Farnovius Arrien appelé les Samofetanéens de la Li- lovtanA thuanie Antcchrifts , & les ménétriers de Mahommet. ionverfio- Les E bioniftes de Lithuanie, dont Budneus eft le chef,en- ntscaufu. voient ausEafers les Arriens deLublin, avecChaeconi- ciusleur Apôtre. m Céte defunion parmy ceus qui fe font feparés de leur

Vanté de mere> fait que l'unité de l'Eglife en eft plus rafermie, qui FE'lifel'a ^e retient dedans foy,comme les Eléments entretiennes eonfervee» lemond,e qui eft plein de refîftance en foy-méme , par leurs contrariétés. Ceft l'union & concorde en foy & do- ctrine, quiàconfervé Ton afTemblage jufques aujour- d'huy , fans fe démentir : Ce grand Cors perdurable de- meure toujours fur Ton ferme. Cet ce que David vouloir fîgnitîer quand il dit : Tu la gardera* delà contradiction des langues. QwM xoudraqu 'une langue ,dit Saint Auguftin fur _- . ce Pfalme, vienne en l'Eglife Catholique \ ou en la dtverfttè des

•** ' ' langues de chair , il ny a qu'une langue en la foy du cœur. Et c'ét pourquoy dans les Eglifes Chrétiennes , lors qu'on appelle le peuple a la parole de Dieu, & pour entendre les myfteres de la foy, on ne fonne qu'une feule cloche, & en- cor la plus grande, quoy qu'au fervice qui fe fait , oule^ matin, oulefoir, on entende en plusieurs lieus un branle de toutes les cloches enfemble, petites, grandes, &moy- ennes, comme chacun y apporte lors diverfes affections Remtrqrse & prières. La foy eft une en l'Egtife Catholique. N'ét-cc des clocha pasleiîegedediviiïon?TelIeeftlafoyduIapon , comme de l'Egtife. eft la foy de Rome : Nul n'appelle de ce qu'elle détermi- ne: Car ces difputes que les envieus de nôtre unité, nous objectent des Scotiftes , Thomiftes & autres, font alter- cations de l'Echoie, furies chofes que l'Eglife n'apas déterminé. La creâce en eft libre, & tous font prefts quit- terlesarmes , & les poferaus pies de l'Eglife Romaine, lors qu'elle en ordonnera. Ce combat entre ces religicus n'ét pas à outrance, cet pour exercer les efprits3 ny des La divtr- chofes de la foy, conme entre les Lutheriftes, Carlofta- fltè de nos diens , & les difciples de Zuingle. Les nôtres s'entre-ap- Religteut. pèlent frères, participent a mêmes Sacremens, oyent le divin fervice les uns chés les autres, fe difent & font d'une mémeEglife, combatent fous même chef le Pape. Zuin- glicn» allés en Saxe, Luthériens pa/Tés à Zurich , & vous

éproii-

L i v r i 1 1. 317

éprouveras les effets de céte fainte union qui vous alie. Si

la fortune ou la rébellion desEtatsvousafsébleenquel- L'deCdL

que part,comme on a autrefois veu à Anvers, chacunde c*fa fS>

vous faitfon Temple àpart,nepeut voirfans horreur ce-

luy de fon compagnon , comme on peut lire dans Staplc-

tonj&UliricusenlaConfefïiond'AiiverSjCommefçaYent

ceus qui hantent ces païs-là.

Vn autheur de nôtre fiecle pour montrer la guerre ci- Domi.M^, vile qu'il y a parmy les Catholiques, eftplaifant, quand chaU. in »ildit : Les Papiftes débattent Ç\ un moine doit être en- refb.ad »fevely avec la ebappe , û les Cordeliers doivent manier Minislr$- wargent, fl le Diacre prefent l'Archevêque doit réciter à mmehiam «haute vois l'Epure. Davantage ils débattent de leurs ftefcij. feances ; donquesconclud pertinemment cet écrivais Les Papiftes parmy eus font en grand trouble, pour la re- ligion. Il y a, dit Smidelin des moynes blancs des moynes noirs: Les uns mangent chair , les autres poifTon, ceus-cy touchent l'argent , les autres non. Voyla comme les Pa- piftes s'accordent. Eft-ce débattre du Baptême, des Sa- xni. cremensjdelaluftifïcation, du Libéral arbitre, de l'Eu- Comment chariftie,avec des paroles à outrance,commc vous faites, les Lutht- vous autres hérétiques? riens &

Oyez feulement comme les chefs àtzz triomvirat Sacramt- Evangelique, dont j'ay parlé aus chapitres précédents, t aires ft s'entre-touchent ; &voyés la charité du cinquième E- déchirent. vangile qui entre en fureur fur l'intelligence des quatre Ub.deC*. parolles prononcées par le Sauveur : Car cène feroitja- Chnfl, mais fait de courir par tout le refte de leurs attaques. Lib.cont. ,»Malheureus & méchant Zuingle, dit Luther ,veus-tu Satra. ad „perdre la Chrétienté avec ta nouvelle interprétation? Albert. „Quaucun n'écoute ces endiablés Sacramentaires,fuy- Ducem. ,,és-les comme Sathan : Enragé & fol Carloftad, que Vruf.To.j. .,veus- tu faire ? Tous ces Sacramentaires font pires que Zuing.Tt. „les diables. Cet toy, difoit Zuingle,parlant de Luther, J.Rejp. „qui csunfaus Profete, un bateleur, qui te fouilles par Lu. Zuing, «tout comme Un porceau, méchant hérétique, impo- ep. ad£r «fteur, pire que Marcion. }ia»

Oyés d'un autre cote le vieil Brence: Les maximes de In receg, «Zuingle font maximes du diable, pleines d'impiété. En Frohe. „peudç tems on verra que par leur moienlhereiïe-de Ne- & Atufi. «itorius fera introduire en l'Egliït , voire même le lu- infn.

,;iaïime

^i8 De la Naissance de l'Heresib, fedaïfine, & laloy Mufulmane. Comme il eft certain que Dieu eft Dieu, écrit Campanius défendant Zuingle ^au- tant eft-il certain que Luther eft un Docteur endiablé- Ce font les méchans Sacramentaires , dit d'autre part le Luthérien Schutz, qui font meurtriers , du cors& des âmes, & qui mettent tout en trouble. Voyez comment te Profcte de la Germanie accommode à fes pallions les x Pfcaumes du chantre Royal : Car écrivant a laques Do- cteur de Brence peu avant fa mort, à fçavoir l'an mil cinq cens quarante- fix , le dixfeptiéme Ianvier , il dit ainfi: «Vieus, décrépit, pareiïeus,ca{ré, froit, & déjà morne, je" «t'écris lors que demy mort j'attes le repos. Tu me man- »sdes par tes lettres que les S uifTes me maudiiTcnt , déte- ndent, condamnent comme un efprit malheurcus.Cer- * xTtes j 'en fuis tres-aife.Veus tu fçavoir mon bon heur,dc

33moy,di-je le plus miferabledes hommes? Bieri- heurcus «celuy qui ne s'et laiffé aller au confeil des Sacramentai- «res, qui ne s'arrête fur la voye des Zuingliens,& ne s'et Jn/erpeat. jsa^s çn ja cnaire Je Zurich. Voyla ce qu'à m'en femble, Hnt.cxss- prie pour moy corne je fais pour toyyEtfî prier cbieroydit- Les ctn<l J5l| c\0qUçmment}Quoii opto trabam t€poft me./: 'tu prier a- j'p",- »bieru trahtsmepofï te. Mille autres traits me viédront en ~?" *** . main, trempez dans le fang des uns & des autres, s'entre- 3 l'%* appclans hérétiques, Antechrifts, diables, Archidiables. v 'LV CequiaoccafiônéunAutheur de nôtre tems de faire un °^e\ U petit traitté, qui montre très- bien que toute la doctrine vreaestn- de ces Evangehfrcs , eftpuifee en l'échoie du diable, par tre-mm- jcur propre dire 5c confcfîîon , & toutefois les Predicants gtnei 4 t- (jeGen^ve^ui(ORt:pa{|czeni'Xngleterre,enlcuTApolo- C*T*r (b §ie écrivcru : Ceus"la qu'on appelé Luthériens & Zuin- jp-'l-*' gliens font vrayemét Chrétiens & frères, ils n'ont difpu- *t j.'S lf- te que d'une feule chofe,&ericores bien légère. Ain fi font 1& ] aT ' ils peu de cas de cette grande difpute qu'ils ont du Sacre- '*' d ment- Auffi leur vénérable Apôtre fait accroire aus liens ç \ e que ces trois' faints perfonnages, quis'entre-appelent "** '**' hérétiques, ont d'une fainte côjuration tenu même rou- Y^Rd j,te pour avâcer le regne de CHRisr.Tandis, dit-il, ou'icy °r °C »'" ,,Luthcr,IàOecolâpadc, & d'un autre côté Zuingle,tra- v'I iji „vailloict pour reltituer le règne de Christ leur conien- Ja ' ' ^temctfutadmirable.D'une même bouche ils ont enfei- ,,ené que! hou le Yiay culte & fervice de Dieu. Leméme iih ^ ' dit

Livre lï. jt*

dit leur Autheur de l'hiftoire Ecclefiaftique,& le livre de l'Harmonie, qu'ils ont mis en lumière, avecuneimpu- dence effrontée, écrit que la Confeffion de Zurich bâtie l'an 1536. futprefenteepar Buceren lajourneedcSmal- cade, J'ani5J7. approuvée des Princes & Théologiens, voire même de Luther.Celaferoit bon pour envoicraus terres inconnues, piper le monde fous le mafque de cette unité fidefunie, laquelle ils fe veulent attribuer, pour marquer d'une vraye marque leur fauiîe religion, corne fi nous ne fçavions pas cette fentenec prononcée par Lu- ther à la barbe de Zuingle:Maudite foit pour jamais cet- luth, in te concorde; Et la proteftatien qu'il rft peu avât fa mort, wnfejf. de qu'il ne vouloit traitter aucune amitié avec eus. Au Si Cocn. D*. ConradusSclufcmburgius , Superintendant deRarem- burg, leur montre tout le contraire , & qu'autant d'arti- cles de Foy qu'ils croient, font autant d'herefies, con- cluant que leur accord fera une guerre1 perdurable. Nô* tre débat, dit le Superintendant deRatifbonne Gallus, n'ét pas de peu de chofe , mais des plus hauts points de la Religion, qui ne fe pourroient jamais accorder : Ccttuy- - cy vivoit au tems de Luther: Voyla l'accord qu'il y a par- my ces Evangeliftes. Les Imprimeurs d'Alenïagne les de- In ThefiB* mentent allez, leurs prclfes ne ceilent de rouler après acHipoih* leurs libelles injurieus , qu'ils publient les uns contre les autres. A toutes les Foires deFrankfort,nous avôs le plai- fîr d'en voir le ro'ollc: On a remarque depuis quelques années en ça, qu'il fort de leur boutique plus délivres d'eus-mémes contr'eus-m#e'mcs, que contre les Catholi- « 1 -, ques. Ce ne font que combats &derris entre les difciples ,- /?>£. de Luther &Zuingle\ Calvin &\Vesfalius, Beze&Hef- ^ „/£ fuiïius, Brence&Bullinger, ccusdeLipfc &de Witem- f- J*"**" berg, lesFlecciens & Melan&honiens. Mais cette divi- **

fion des Luthériens & Calyiniites fera mieus à propos lors du fcliifmedc la France.

Il n'étguerre plus commune ny plus dommageable v. à nos ennemis que celle qu'ils fe font eus-rnémes.lisrou- dtfeu lent par toutes leurs afïémblees cette Pomme d'or , mais ni* ne s'u* plutôt cette baie de fer de la Deeiîe Difcordc. Comme n:J[tntqtu le poilon ne peut vivre en pais avec lepoifon, ainsfaut centre qiTe l' un cède à l'autre : Ainfi l'Herelic ne peut trouver de l'Eglifc* repos dans fa propre maifon. Et comme un nombre de

\ PauV

jio De la Nais s an ce'de l'Herzsii Cemps- palTagers embarqués en une même Nef, pourdivers a£. rai/on. faires &defïeins, ne s'enrre-afTocieiujamaisenfemble; mais files vents irrités font herifTer la mer , excitant la tempête, lors ils fe bandent tous contre l'ennemy com- mun , pour la crainte qu'ils ontdeleurpropre ^particu- lier péril. Tout ainfïctus quifortis delà Nacelle de Saint Pierre, fe trouvent embarques dans celle de 1 h ère fie, tous à divers & contraires defTeins,n'entrent jamais en focieté ce n'ét lors qu'ils fe Tentent batus de ior-?ge des excom- munications & cenfures de l'Fglife, car defunis ils s'unif- fent pour compofer tous enfem ble en unité, & la contre- carrer à l'unité unique. Cet lors qu'ils bandent toutes leurs forces, & toutes leurs troupes bigarées , prennent mémecafaque, & combattent fous mêmes enfeignes.En rien d'accord, qu'àmanger, boire, croître & multiplier le genre humain, & faire la guerre au Pape. Ti, Comme on voit que les porceaus , animausfales &

CompM- grondarts , s'entremordent & agafTent l'un l'autre, & raifon fur n'entrent en aucune focieté &pnvauté : Neaumoinsfi uilequA- quelqu'un les attaque tour aufîi-tôt amutez & ferrés retins fait comme un Scadron deReïtres enfumés, vont à la charge, itstor- s'entr'aydent &fecourent : Ainfi ceus qui fe font feparés veatti (3» del Eglife d'une conjuration ennemie &capitale, fe dc- denôtre durent l'un l'autre. Mais lors qu'il eftqueftion d'afTail- Cler*é. lirle rampart deTEglife, ou qu'ils font réduits à la de- £en£ve,ils accourent de toutes parts an recours, & lait fent leurs inimitiés au croc. Ils me font reffouvenirdtt combat que Pline décrit : II n'y a point de privauté entre ZetorbeAU le corbeau & le renard: Le Créateur leur a donnédivers ferourtle quartiers, &neaumoins dés-lors que le Lanerct vient *enard. fendre fur le renard, le corbeau accourt à fon ayde,fe met defon côté, &dupié, &dubec, & del'aîle,bequette l'ennemy du renard, pour luy faire lâcher prife. De mê- mes s'uniiTent ces-cerbeaus & ces renards contre I'Eglife, ils contractent aliance bien étroitte. M ais pour fe main- tenir après en leurs diverfités , les voila de nouveau aus prifes. Ainfi T^emiflocle & Ariftide, quandilsavoientà faire la cruerre enferr.Ue centre leurs ennemis , depofoi- ent leurs inimitiés.: Mais revenus del'expedition,ils les teorenoient de nouveau fur les confins de leurs terres: Et corarecj au contede Pline, on voitiur l'embouchure du

Nil

L I V R I II. ; i|

Nil un glacis & une chauffée faites de nids d'arondeles, entaiïés les uns fur les autres , chofe frêle & foible de fon Co^pA* étre,toutefois par la liaifon,fi forte & puifsâtc,qu'elle re- f^'fia^ fifte aus creues & inondatiôs du Nil. De même toutes les bâdes de ces gens illuminés,foiblcs de foy,dônent toute- fois de la peine en gros,& fe roidiffent enséble, pour îbû.- tenir les efforts de l'EgiifeCatholique.Brifsô fur ce fujet: lime déplaît dire rien d'injurieus: le fuis fans venim, & jaçoit que par la lecture continuelle des divers livres des ennemis del'Eglife,je(ois contrainthumer beaucoup de fiel , des injures qu ils nous jettent : Si eft-ce que je reil: fans convice. Mais puis que ces Evangeliftes nous apa« rient a une troupe depourceaus (c'êtlabelle comparai- . . « fon d'Aretius Predicant de Berne)il m'a été loifible de les ^^ paier de même monnoye, mais de meilleur aloy. Allons ausenfans perdus , qui armés à la légère, viennent atta- quer l'efcarmouche,ce pendant que les Luthériens, Ana- baptiites,Sacramcntaircs, & Confeffioniftcs font le gros «le i'arméejpour combatre l'Eglife.

INFINIES HERESIES EN

MALHEVRïVS S I E C L £.

CE

Chapitre XIV.

Les Hertfîts s'entre-fuivent file m file l'une h l'*u;re. i. Hua de àem cens Utrtfits en noire fie de.

h

DesAdiafoùfies qui trouvent

tout indiffe-t-snt.

4- Des Inierimifies & Vbiqtti-

tatres.

Des llfijorisles.

6. Des Ofiandriens.

Omme aus giandes afflictions ordinairement un i. mal attire l'autre & un fécond malheur agrave le tes Hert- premier. Audi parmy les Schifmes qui furviennent fiess'en- en l'Eglife, une H^refie en appelle une nouvelle, qui eft ire-finvît tout foudain fuivie d'une autre: Car la cariete de l'erreur fileàfil*. n'ét jamais limitée. Et tout ainfi que les vices ont un paf- fage des uns "aus autres^dc même les Herelies.Et fi com-

X me

5ii De la Naissakce de l'Heaesie,

me elles fe hâtent àleurnaiiîancc, aufTi font-elles à leur fin,écrivoit leur grand perfecuteur S.Auguftin,&commc on ne voyoit jamais ce grand coureur Amas au milieu delà lice , mais plutôt arrivé au bout qu'on nel'avoic veu partir. Auiîi plufieurs chefs de ces Herefies dont je fois tenir le roolle , fontarnvez au bout de leur carrière plutôt prefque qu'on eut feeu qu'ils fulTcnt furies rangs, Cmp*- &ont fait place au$ autres. Ils s'entre-fuivent file arï- rat/on, le,& queue à queue,comme les Rcnardeaus de Samfon, &reiîemblentlesoyfeaus paifagers,^ui vont & viennent parfaifons , félon que l'air échauffe plus ou moins les pais oùilspafTent. Et tout ainfi que les chofes meurent &naiffent de jour en jour dans le fein de la nature: Ain- fi font les Herefies dans le cœur de TEglife. Salutaire &vtileremede , dit la fainte Parole ! 11 fautqu'ily aie des Herefies entre vous , écrivoit S.Paul, afin que ceus qui feront demife foient manifefeez. Le bon homme Luther étoit de cet avis ,difant fur le quinzième Pfalme: Dire Je " ^nc 6r 1ue ^iS iï&'fo: érfecïes partent beaucoup de dommage, Luther, ^tontefoi* mut enrtpportom ce bien , qu'elfes nom raprechent 3*d( Ix (cnvelffame des Saintes lettre$X)z tous les feize iïecles qui onteoarn jufquesicy , depuis que le Sauveur eut fait Jerachaptdumonde en l'arbre de la Crois , un feuln'a été exempt de ces vipereaus , qui ontvouiu étouffer leur Tntoutles mère. Simon & Cerinthus jouèrent leur roolle aupre- f.ccles d y rnierfieele. Les GnoftiqueSjMarcicniftes, Montantes, m eu des au fecond.Au troifiéme les Novatiens & Samofctancens. Bèrêfes, Au quatrième les Arriens,Donatiftes , Eufthaciens, Eu- moniens, Ardeans, Ariens, Luciferiens, Seleuciens.Iovi- miens, Heliudians.Au ç.les Manichéens, Pelagiens, Nefto- riens,&Eutichcens.AufixiémelesIacobitcs.Aufeptiéme les Arméniens, & Mahommetans.Au huitième les Iccno- mâches. Au neufïémeles Paulicics. Au dixième les Grecs. A l'onzième quelque canaille,fous la conduite d'un Bo- gomillus , & d'un autre Taudemus. Au douzième les A- beillards &Waudois.Au treziéme les Albigeois. Au qua- îorfiéme les Fratricelles , Begnards,Lolards, Flagelles, & "Wiclefviftes. Au quinzième les Hufïîtes. Au fèiziérr>* les Luthériens , Anabaptiftes, & Sacramentaues,fui- tïs de la tourbe infinie que vous verrez a lafuitte des chapitres fuiv ans. Et encores que la carrière de Tiiercfie

toit

Livri II. 521

foit courette & jonchée des cors de ces gens trébuchez, «jui fe font la plû-part rompus le col, ficft-ce queleperc de menfonge n'a jamais perdu courage , ains toujours Taincu a tenté de nouveaus efforts, &vray cinge de Dieu, a voulu faire paroître Ton armée , comme il c'étoitl'E- glife Militante, & fes gens les vrays foldatsde Ie s vs.- C h r r s t. Mais qui a veu jamais une compagnie de foldats marcher en ordre, Je Capitaine cuiraffé entête, 1'épieu en !a main.fuivi des mofquetaires,puis des arque- bufiers, piquiers , l'cnfeigne au milieu , les tambours batcans , fuivisdemëmc du reft. Et qui voit après une trouppe déjeunes enfans cheminans par les rues, avec des épees deboisau côté , & des échalas fur l'épaule , un mouchoir voletantau bout d'un bâton pour banderole, fonnant du tambour à la SuifTe fur un chauderon, chacun commandant à Ton compagnon : Celuy voit l'ordre de la vraye Eglife aus premiers , & le defordre de la bâtarde qui la veut contrefaire, en ces autres. Voyons quels ont «té les capitaines & les foldats encorcs.

Cette Herefîe a trois tétcs,& ces trois partis dont j'ay Hevifiis a fait mention aus chapitres précédents, furent divifez en trou titêh plufieurs autres, voire infinis,à l'exemple de leurs devan- ciers, bigarrez en diverfes fectes. O état perilleusdela confcicnce ! Iîsourdiflent toujours une toile nouvelle de leurdefaftrc. Le dénombrement enferoit ennuyeus, Teu que les fculs Eufthaciens furent partis en douze Sc- ènes , dit Niceforc. A piene le pourra croire le ficelé Lib.ii cm. prochain , qui verra la mort de l'Herefie,& reconnoî—^-r. trace dire de Laitance véritable : L* multitude desReligi- L*â.M,fy $n$ produit l 'Irréligion. Tous ces fols infenfez qui fortoient «ie l'ancienne Eglife , pour les fuivre, jouèrent à tour de roolle leur perfonnage fur le Théâtre Chrétien. Cha- cun d'eus tâcha d'augmenter fa gloire, mettre en vente au pauvre peuple fa parole, comme parole de Dieu, avant fait chois parmy fes fantafîes de quelque opinion parti- culière. De eft venu le nom d'Herefie: Car Herefîe en D'oùeU Grec , vaut autant à dire qu'élection ou chois enFran- venu Un ff çois. Aiufi Hérétique eft celuy qui s' élit quelque nou- d'Hereti- veau genre de doctrine particulière, contraire au corn- que. mun fens & confenternent de toute rEghfe,laquellea- pres il défend avec telle pertinacicé, qu'il ne fait do ute de

X % cou-

324 la NaissÏnci bb l'He resis, Banquet condamner plutôt toute la Chrétienté d'aveuglemenf, dehclio- qu'avouer fon erreur. Ainft font tous ces fols écervclez g*b*U. de nôtre fîecle, alafuittedeleurs predecefTears. Si j'en fais quelque enumeration,ce fera afin que , comme aus banquets d'Heliogabale/nuit chauves , huit boiTus,huit boiteus , huit gouteus, huit fourds, huit maigres, huit gras,l\git noirs, huit rouz,huit petits, & autant de grans, &: éioient femons &: invitez, afind'cmou? oir par ces di- rerfitez,àrifee & moquerie Jcs aiUftans , contre ces gens limai aiTembîez & diiîemblables : Ainfi par la difforme récontre & aiîemblage de tant d'Herefîes différentes, les lecteurs ayant dequoy ferire&fc moquer de cetemon- iTrueufcaiTemblee,ridiculejtifquesàcepoint, qu'il fera- bloit que le diable print plaifir a faire folâtrer le monde, & que la pauvre Germante découfue en tant defedes, fut donnée en proye au Prince des enfers. 7 u, A chaque bout de champ 6u voyoit naître une nou-

ruudt velleEglife, quichangeoit &rechangeoitprefqu'à tous 1 ç'a* les renouveaus de la Lune, ou comme une vague cou- Herefiese» vr£ fautrc ^ & le fécond fi'ot engloutit le premier: Si t.o.iej.e- qUc bien à propos ce mot a été recueilli du Duc Geor- 7 \ri ge de Saxe, lequel fe riant de l'inconftance de ce nou- 'r*_w «veau Evangile , difoit plaifamment : Quefifesvoi- l,c i0r~ «fins de Witemberg, fçavoient ce qu'ils croyoient au- &e' «jourd'huy , que pour le moins fçavoit-il bien , qu'-

eus ne fçavoient pas , ce qu'ils dévoient croire demain. Auffi en y a-il qui ont recueilli trente quatre fectes , qui t3Utes fe difent Luthériennes, & avouent Luther pour patron. Cène font pas les feuls Catholiques qui en ont tenu le conte : Mais auili les nouveaus Evangeliftes, lefquehen ont enfilé plus de deuscens d'une fuitte. com- me on peut lire dans Pantaleon , Functius,Lanatherus, Lindan & autres. Vc, Mi" le fais Religion d'aborder cete canaille, que vous ver-

i'ï ;.lc\S' rez cy aPres fortir de l'académie dts diables.

Hommes-chiens &f*ns Dieu à U puante bcuihe. Tant deblasfemes qu'il me faut halener m'éronnent, Cela fera caufe que je ne ferai quepafferpar deflus fans beaucoup de !cjour,encor fera-ceavec chois des-Herefi es les plus notables. Et côme un petit anneau reçoit la figu- re d'un graudCollofîe.à'ulfi trois ou quatre chapitres en-

c loi rose

h m

Livre IL 31;

clorront dans leur bordure , Je portrait de grand nom- bre de gens^ui ont voulu écheler les Cieus? mais plutôt dePiçmees,que je voy au tour de la Crois, en pareil équi- page queFiloftrate les çeprefente , armez de haches, em- beloigneza abbatreles épisde bledjCommeh" c'étoient r - , des forêts de haute-futaye. Pardonnez moy Chrétiens ., -^ Catholiques, j'amoncelle en un tas tant de blasfemes, fortisdeces bouches infâmes :Encor vous fera-ce plaifir de voir que comme les Cigales ne font point paifageres, ainsnaiifent, vivent &mcuréten même lieu. Audi ia plu- part de ces herefïes,ont trouvé leur cercueil au même en- droit où fut leur premier berceau. le les rengeray içy d'u- ne fuitte fans autre-ordre, & comme elles me viendront en main, fans aller chercher parmy tant d'obfcuritez , le jour de leur naiifauce: Auïïi eft-il mal-aifé garder quel- que ordre parmy grand defordre & confuiïonrle les péle- méle icy d'autant plus volontiers , que le hdele Hiito- ,

rien de 1 Herefie Sleidan . en a voulu couvrir la plu part '*','*? d'un rideau pour lahontequejecroi qu'ilaeu,qu'on vit cfr * 2l une fi belle progeniture,fortie de fon Profete. £t que les aJverJ's autres Hiftoriens François ou Anglois,qui écrivent lare- W&** ftauration de l'EçIifedu Sei^neui\font iembiaiude n'en avoir pas feulement ouy pailer.

A peine avoir Luther |ecte le capuchon de fa téte,don-- l'alarmea laChretienté par farevolte , qu'un horri- -qcs ^lA. ble&hideus étourdiîlement faille la plu-part des peuples fortft&ic,u; qui ouvrent cete vois menaifante, qui fortoitdefa beu- fTOU~jent »che. XJalbeurex* cent qui n'ouvriront l Qfti'd* à m* doctrine. tou( ;ni/,f Pluiîeurs après avoir goméladouce liberté de Lon Evan- ferer,t gile , fe mirent fur les rangs , difant qu'il leur étoic loifible comme à Luther , trouver la vérité , découvrir lesfecretsde l'Ecriture. Chacun veut a-cquerir de la repu- station. La convoitife de la gloire du monde , & de te- rnir le premier rang en quelque bande, a forgé pluiîeurs » Hérétiques, dit faine Auguilin. Chacun appelle a fon ayde.le S. Efpnt,dit qu'il le tient, qu'il l'a: Voicy le Chrift dit l'un, non le voicy crie l'autrc,fuivant ce que Iisvs- ChFvSit avoitprofetifé devoir avenir vers les fiecles der- niers. Chacun rit fa Religion a part , Se cependant la plus grande partie n;en avoit pas du tout , frapa un Dieu a fon coin. Chaque Hérétique a fon Dieu , dit faine

X î Hierômc

n<? T)e la Naissance de l'Hérésie,1

t H erôme,& l'a tout tel qu'il leforge&m >ù!e. Chaca» Vitro, tn d^lors Jouta de ce qu'il avoir creu & tenu fans doute.Lcs cap ii. Chrétiens qui fouloient avoir la pais en Lame , fous la °/r/' conduitte de leur mère l'Eglife, après avoir flaire le Lu-

Vty An- thcranifme, fe virent affi:llis de diverfes guerres, que le drefu Fa- diable fufeita, renverfant & leur Foy & leur créance, rai- brirnu tn fant mettre panny eus autant d'opinions qied.cervel- Tiermo. les, & autant de Foys que de Docteurs. Les Luthériens "Evançtl. m£mes fc tripartirent , icy les Rigides & Stoïques, qui ZesiU'hê- régentent en la plu-part de la Saxe, Magdebourg,Brunf- rtenstrt- \s/ic,Luuebourg, Lubsc, Hambourg, & Brème. Les prin- partH. cipaus de cette baniefurent I liricus, Gillus,Merhrius, Amfdoifîus.Lales mots, qui font en laMifnie, F:a/ico- nic, a Noremberg, en l'une partie de la Suevie, a Vlme,à "Witemberg Filippe & Eberus en furent les chefs, qui ont engendré les Adjaforiftcs: Ainfiles a baptifezle Lu. therienilliricus leur ennemy déterminé , dont il y a en- cor grand nombre çà &'là parmy l' Alemagac , mêmes a . Wnemberg, premier (iege de Luther , & en cette partie fiofua tn M(ielaSaxequi obeyt auPrince Elecleur.Puis que jevoi, acttiU- « dit Illiricus, Fi lip pe& ce us de fa fedte, demeurer opi- wingm. ssniatres , & contre leur propre confcicnce p'.omou/oïc «des confticutions indifférentes, je fuis d'avis qu'on les «tienne pour Etniques & Payens ; Nul homme de bien «ne fe doit mêler aves eus, qui fera autrement je luy an- j. «noncelire deDieufjrluy. Dieu, dit la fainte Parole,

* ' veut toat freid ou tout chaud , il vomit les tiedes de fa

b3uche,&lavraye£g!ifenepeutfouffrirceus qui veuîéç par une nouvelle conjonction, non jamais veueen natu- re mettre le froid & le chaud enfemble.Ceus-cy vrais di£ ciples de Luther, ne veulent retrancher une feule letire defeséetits, gens cruels & feveres, dit Sturme, qui fs jouent a tout perdre. Les Dous plus faciles, accordent qu ilfaut relâcher quelque chofe, que leur maitrea été quelquefois porte de fa pafïïonjufq ues a l'excez.

Pour le regard des Evangeiiques Adjafonlte>, ils tien- nent indifférentes les constitutions & cérémonies Ca- tholiques, en ufe qui voudra ,lcs lailTe qui voudra: Tout cftun: Perfonne n'en doit être fujet a recherche. Ils les alongent Scrétraignent comme bon leur fcmble , félon l'avis des Théologiens de Witemberg , & de Lipfe, qui

firewt

m

L i v x e II. ?*7

firent les affemblecs diverfes pour la reunion de leur Chrétienté par ie commandement de l'Electeur Mauri- ce, Tan mil cinq cens quarante &qui:re,& l'an mU cinq cens quarante & cinq , Zumgle meime difoit que de ces ^Tv/Ï chofes externes qui ne font pas exprez contenues dans cc / ÎJ ' 1 Ecriture . on en peut faire ce qu'on voudra. Ce fut un **? £* faus vifage , pour couvrir l'intérieur de i'amevlceree. , ?, ^Toutes chofes vont, écrie AmfdorfT, deraalenpis: "P-J***** „Tourcrieque l'Evangile s'en va parmy nous perdue; cJuf-PMr' „non pour autre raifon li ce n'ét parce que chacun s'ar- oar% ,,r?teafonfcns. Brence& les Adjaforites au colloque „de W jrmes. n'ont voulu condamner Zuinglc , ny Ofi- „ander; & les nôtrcsn'ontvoulu entrer en conférence, ^iiceus-lan'étoient chaifez. Ces Adjaforiftes font &fei- „gnent ce qu'ils veulent , & fe mettent en telle afli er- „te qu'il plaît a l'Empereur, &encores qu'ils embraf- 5,fent JaMefle Papiftique, veulent neaumoins être e- „ftimez Luthériens. Voyla comme ce Predicant en

Les autres voiiîns & alliez de ceus-cy, font appeliez Titilnitri* les Interimiftes, qui iuvvent la forme de Religion , bâtie m%sï(.s ô* deus ans après la mort de Luther , dont je parleray plus VoiauïiM» particulièrement en fon lieu., appeJlee l'Intérim. Enco- ttu res font-ils divifez en deus clatfes ; Car ceus qui fuy vent l'Intérim de l'Empereur , ne font éloignez de l'Églifc Catholique, que pour la Communion fous les deus ef- „„ _, peces, & le Mariage des Prêtres, entrent en comDoiition .,/ ..,.> de tout le relte. Les autres Interimiftes de Lipie entre- -

mêlent quelque chofede la doctrine de Luther; difent * * pourtant avec les Catholiques , que les œuvres font nc- ceiïaires a la juftitication.Accordent les fept Sacremens, obeyifent ausEvéques : Cet un mélange de deus Reli- g ons. le fejournerois trop il ievouiois en toutes repre- Voy Amf- leriterleurparticulierc créance , & la réfuter quant- &- éorf- quant. Il me fuffira de la toucher en gros. Mtconi-i*

Outre ceus-la:Ily a des Vbiquitaires en grâd nombre, ref.adVuef lefqucls on met parmi les femi-Lutheriés qui croiét l'hu- ph. Bez.e *A raanité, & la divinité delESvs-CHR.isr ctrepar tout,au- ra/p.adqv* tant au Baptême qu'au Sacrement, voire même prefent d^n.hoffin. en Enfer.C'étoit l'erreur d'Eutiche félon Theodoret. On Voy FUv* fait Brence l'Autheur de cet effet. Car en l'Homélie j. tp,*dUWK

X 4 fur

jiS Delà Naissance de i/Heresie, Xdar. Jib. ,,fur les Actes, i! parle ainfi: Il eft dit,que le C h ri s Tcft f. cap f. ,, monté au Ciel, non qu'avec le Cors il a;r occupé quel- jitig. hir. ,,que certain lieu en ccCicl vilibie,a ce qu'il foit conte- jp. Sduf Jynu en ce li;u:Mais qu'il apenecré les Cicus, comme eft torn- 2-àe ,,dit en! Epure aus Hebrieus, & eft élevé par délais tout deTheo. ,,ce quieft au C:el & enlaTene. AuiTi au Colloque de Ctlvi.f-3- formes parlant avec Ian àLasko en prefenceduDucde Léo i.epif. Witemberg, il dit franchement. Le Chris m'a pas été ^. io. si. véritablement & naturellement homme , mais un efprit 97. feulement, &n'ét véritablement mort: 11 n'apas endu-

Theoia.li. ré, Surhumaine narures'ét confondue' eu tout dans la ^.Suidai divine. Avec elle ainiidogmatifoient les Seleuciens, Eu- dt Eutich. ticheenSjAcefales, Monofiiites &Monothelites, n'ayant T.v*g*l-3- pas TEfprit de remarquer la diftinction dzs natures & t.34"&H> proprietez divines & humaines enC h ri s t, quel'Ecri- f.c.+.T>a- ture Sainte, & les Saints Pères avoient fi clairement ex- tnpj.de hier pliqué. Difent donc ces Vbiquiftes, que le Sauveur eft Etc. IL j8- prefent par tout, non feulement avec l'homme, mais en la.+s.lo*. toutes chofes: Il eft au Sacrement , il eft auiîi par tout : i.Mar. 19 Mais le Cors de Ie s vs-C h r i s t n 'et pas par tout pour Lut. 2. & être au Sacrement, d'autant que le Sacrement n'ét pas 2f.Cie. It. aufîi partout: Caria manière d être qce nous appelions 7. Apott. Sacramenraie,pour parler f:lon la Doctrine de l'Échoie, tonïl. cap. n'ét ny difHnitive ny conferiptive , ny repletive, ains lin- 37i.gn.tp. guliere&fpeciale, qui eft ceilepar laquelle le Cors de udEp.Dto. c k Risr eft prefent au Sacrement. L'VbiquitaircBren- jireopag.c. ceavoitrrouvé chez Luther: àouesï OuuJàefiUchair de jk divin. Christ: Or Dieu elr par tour : donc le C kri s t eft. vem auiîi par tout. Toutes ces confequences reifentent fon

tafi.fyfar- ignorance, car e^îes font fauiîes,& tirées des antécédents tjr. in Ex- aulîi faus que mal enté Jus:Y-a-ii rien de plus obfcur que fof. fidei. ccs abfurditez?& pour prouver la reaieprefence al Autel, Mmt.vh. lemémeLuther dit, quele Chri s t eft par tout, parce Tom 3.W0. qu'il eft aia dextreduPere,laquelte eft partout. Le Chrift de a,/. Do- comme Homme, die lliiricus qui fentoit i Vbiquitaire, mi, ien. n'ét pas au Ciel comme en lieu, mais plutôt le Ciel eft en ?ag* Jâ*3, Christ puis que le Christ eft par tout. Si la Chair delE s vs-C h ri s t eft par tout,ilne defeendra donc du Ciel pour afliiteraus arretz generaus qui fe tiêdront a ia fin des iiecics Car ilefticyrlîn'ét pas monté au Ciel, car il étoit là: Un étpasrefufcitéjcar il êtoit&dedâs& de- hors

LivrbII. 52.2

horslefepu1chre,ilne s'ét pas avalé aus Enfers, puis que il reçoit prefent. Voyez comme ces Vbiquitaires renver- fent de fond en comble la créance Chrecienne. Car on ne peut dire que Iesvs-Christ foit par tout, puisque luy-mémedifoit qu'il n'écoit pas chez le Lazare quand il deceda. L'Ange témoigne aus Maries qu'il n'étoit plus aufepulcbre.S. Luc^qu'ilferetirc de fes Apôtres. En l'Af- AB. t. cenfion, qu'il fut efleué, & qu'unenuee le defroba aus S.Amb.Uh. yeus deccus quileregardoient.Dieu qui toujours eft par 2.defid.ca. tout; ne paffe pas d'un lieu en un autre, dit S. Ambroifc, jt.Epitf.j7 mais en tant qu'homme c'ét luy qui va, qui vient &dit, ad Darda- „Levez vous,alons. S.Auguftin dit trefbien qu'il n'ét pas nam. „neceiraire que ce qui eft en Dieu , foi t par tout comme ,,Dieu : Car l'Ecriture qui cfttrcs-vraye, dit aulîl de j, nous, que c'ét en luy que nous vivons , nousmouvons „& fommes , & toutefois nous ne fommes pas par tout ,,, comme luy jMais^utrement eft cet homme-là en Dieu, ,, parce que Dieu eft autrement en l'homme par quelque ,, façon propre & finguliere.Melancthon qui pendant la JnC*b $. viedeLutheravoit embrouille fonefpric après i'Vbiqui- Episl. ad té, depuis Ion decezs'en moqua. Le Cors de Christ eft Colojf. au ciel, dit- il, mais il eft par tout avec fa divinite'.Et le Sy- Matih.lih. node deDrefde, tenu l'an 1571- du confentement de tous de Corp. les fuperintendants de Saxe, Lipfe, & "Wuemberg , con- Chriti.loc. damna cette Vbiquitc comme invention de Sathan,ainfi BulUng. qu'ont fait les Zuingliens& Calviniftes. trzéi. de

Geo rge Major l'un des Difciples de Luther, &fon mznf.pat. XucceiTeuuen l'Eglifede Witemberg,nourry &etlevépar des Maio- luy, fon Maître mort, dreiia le régiment des Majoriftes, risiss. qui ont eu vogu^aLipie& Witemberg.Ces nouveausE- Geor. ma- vangeliftes, dit Stohius, font fortis du tient deLuther,lef- tor. fer.dt quels vont de l'une extrémité a l'autre: car comme leur tonver. maure Luther avoit enfeigné que lafoy (adjoûtant d'u- Paul. &L ne main fouveraine ce mot, Seule) fuififoit a falut,& que coni.Amf- les bonnes œuures n'entroient en conte avec Dieu/Au re- dorf. bours George Major foûtint qijejes feules œuvres fervéc Lib. ronîr. à falut , qu'aucun ne peut être fauve non pas mêmes les Atnfdor. enfans , li ce n'ét par le moyen des bonnes œuvres , corn- me écrit Stafile- Quiconque enfeignera autremen^dilbit Major, encor que ce fut vn Ange defeendu du ciel , qu'il foùAnatherae. Cet Illiricus eft l'organe du Diable. En

X 5 quoy

j}© De la Naissancs de l* Hérésie. quoy & les uns & les autres fe montrent a I égal Héréti- ques, Luther combattant la Parole de Dieu, qui promet recompenfeaus bonnes œuvres, & témoigne que la Foy fans icelleeîtmorte:Et Major déniant les bonnes œuvres aus petits enfans qui ne peuvent pas, même pour l'indif pofition dts organes , & l'humidité redondante en leurs lïïsric. tôt. petits membres ufer delà raifon. On met les Majorâtes Mai or. au rang des Luthériens mois , qui fontaufli en différent fol. J3<?. fur quelques autres articles , avec créas qui fe difent les in hb. de vrays Lutheries. Ne penfés pas,dit Vingandus Luthérien ort. M*- rigide que le debat l'oie de peu de chofe entre nous & ces Î0f% Majoriftes: Il eftqueftion de plulleurs articles de Foy:Ec

comme leDiabIe,i'Impofteur Mahommet,&.tous les en, nemisdel'Eglife , fe fervent quelquefois des authorit' s des Ecritures, pour étayer leurs erreuts:De-méme la plu- part des Hérétiques fe couvrent de fauthoritëde Luther pour apuyer leurs opinions nouvelles.Ge George Major, parles livres que Luther à fait des bônes œuvres, derFend fon avis fur la Iuftilication: Et Iiiiricus par les commen- taires a » g al at a s de Luther, fou tient tout le con- traire. Leméme écrivent Gallus, Vigandus,& Merlirius, qui ont publié les livres contreles Majoriftes. Ain û" com- me le Satyre, ils font que de la bouche de leurs Maures, fort & le froid & le chaud. Audi n'eft-ce rien qu'un efpnt de contradiction celuy de Luther, qui ne peut fournir u- ne vérité qu'il ne renverfe , ny une fauifeté', qu'il ne raaf- que en cent façons.

An* dr e Ofiander difciple de Luther, natif de Gnut-^ zevhsnfenprezde Noremberg,&fiis d'un forgeron, vou- lut, comme quelques autres tJefes compagnons de bou- tique, forger une nouvelle Secte, qu'on appelle de fon nomOfiandrienne.Cettui-cy fefaifoit appeller le fécond Enoch, dit Lindan, montoiten chaire avec l'épee au cô- Lés troii té, bravant comme un Thrafon, avoit a fa dévotion trois At Ay Ay A,A,A,avcc lefquelsil viendroit a bout de ces impudents à'Ojizisr. Hérétiques Luthériens , Zuineîiens & Anabaptiltes. Le premier éroit Dieutout-puifTknt, dit en Atemasd Al- Lib. de lemichtig en. Le fécond Albert, c'étoitfon Duc, ce H-tref. furieus Se dénaturé qui fera parler de luy au livre troiiié- mc; Le dernier Adam: Ainfî s'appeloit fon bourreau. Plu- sieurs écrit Sclufemburgi us , alfeurent qu'il écoit luif,

homme

L I T R S II. JJI

homme qui avoît le regard de travers , & le vifagc hâve. Cefutluy qui alarabiquafonefprit , difputant fi le Cors de Christ qu'où reçoit enia communion étoit cor- ruptible: car dilbit-il, c ét-la une victime offerte en facri- fice. Il faut donc qu'elle endure, ilfaut que ce Cors foie mangé. Mais puis q je la mjrt ne l'aborde plus, a quoy faire'difputer de la corruption? Puis qu'en la Crois nul os d'iccluy n'a été brifë, pour répôdre a la figure Mofaïque, combien moins au facnfice de l'Autel , qui eft en action de grâces , en mémoire de la mort fous efpeces non lan- glantes ? Le Cors de I s s v s-Ch r i s t eft en 1 Euchari- ftie, que tel qu'il eft hors d'icellc , faurle lieu &fes cir- conftuices.Avantfapa:ïï:>n quand ce Cors étoit paiîîble, aulîife trouvoit-il paiïïbleen l'Eumanftie : Aus trois jours que la fainte Ane de Iesvs-Christ vifitoit les Enfers , feparee du Cors qui repofoit dan-; le fepulchre,ft un Pi être eut coufacré,Iecors fe fut trouvé mort fous les efpeces du pain , aiuii mal mené qu'il étoit des luifs, Se fans fang fuppofé qu'au fepulchre le Cors en fut dénué: Et fous les efpeces du vin, demeurant la mémefuppofi- tion , fe fût trouvé le feul fangfans la concomitance du Cors. Aulliaprezlarefurrecto le CorsdelESvs-CHRisr étant glorieus 5c triomphateur, il fe trouve tel en la fain- te Euchariftic, remply defon Sang, vivifié parfoname, &fuftinté par la divinité." Comme au!îî le Sang precieus p™ U U* fe tro.we dan; le calice accompagné defon Cors & Sang vre -tn>i^ impaifibje incorruptible, immortel, fais que cette vi- tulédsln* &:me offerte en facnfice enduce,comme difoit ce rêveur, dufto. Le principal article de fa Théologie , fut fur le point de oftandrifi. laluftification, le plus important article de nos contro- ma edit* verfes i Tant debacu par Luther, non aiïez clairement is8G. expliqué, a ion jugement, par la confefilon d'Aufbourg, voy la. f .lequel il amené quinze diverfes opinions, mifesen lnn2im crédit par les difciplcs de Martin ou Filippc, toutescoa- dereb.Q* ttaires les unes aus autres, quimejetteroient , fijeles fl4nd. Youlois déduire, en une longueur ennuyeufe. Aufiî Ioa- chin Wesful & Ioannes Vigandus ont extrait ces au- tres Herefies defon livre, mémecclle-cy : Que nous ne pouvons étrejuftifiez par le fangde Isa vs-Chri s t, quifueverfeeala Crois & pourry en la terre : En quoy cet horarae fe découvrou inepte , & quanc-& quant

impie,

3$i De la Naissance de l'Heresii, impie, montrant ce dire du Sage très véritable : L'ejprit t-P- a. ad ignorant \t trompe enfoy-méme , & meurt en fiapenfé:. Il ne Keffrr. confideroit pas que le pris de nôtre rachat à été le San» AA.2.V. trcs-precicusduFilsdeDicu, qui ne peut être que celuy «*7, qu'il a rcrfé pour nous en la journée delaPaflion , par

toutes les parties de Ton Cors: Impie! difant quecepre- cieus Sang répandu en la Crois , avoit ctépourryen la Act.i. v. lcrre-Car ce Sang étant hypoftatiquement uny au Verbe 3'- divin, eft exempt de corruption. Ccteunion,dit faint Cy-

Act.2o.v. riHC) n'ét autre chofe, fi ce n'ét qu il a communiqué a- 2 ' veenousen lachair &aufang, Scpuis que ce fang ctoit

à. Thomas unyhypottauquement a la divinité , ileftrciuifcué avec j.q. j.art. çQn Qors & fa cnair) fans avoir fenty de corruption. Au/H s. nca.o- eft -il appelé en la fainte Parole, fangdeDieu, chair de £/>//.. * Dieu, qui eft refïufcitéc entière, aveefes os, Tes nerfs & re' ,,fonfang. Que il lefang fùtdemeuréen terrepourry, ,an~ ,;facrrair n'eut été parfaitement reiïufcitée. Cet ce que ,,dit faint Athanafe, que Ie s v s-C h r i s t à étéporcé In s- par . jjCJans le Ciel en fon propre fang,qui avoit été épandu ea um' 1' , ,1a Crois: le même faint Hieibme, & le grand Docteur s+. ar .2. | ggijj-ç. [àmt Thomas. La vérité Catholique donc eft innocent. c5tre cette brutale Herefie, qu'un des premiers Calvini- 1 ' \f s ftes de cette ville entreprit de defFendre:Que le Savvevr m'P^' en fa refurrecrion reprit tout le fang qu'il avoit épandu lji'c'30- pour nous, depuis fa fanglantefueur au jardin desOlives, jufques au coup de lace qu'il reçeut en l'arbrede 13 Crois. Scfolem Sang par lequel I e s v s -C h r i s t Dieu &vray homme To deC'X- nous aacclais la Rédemption etefnelle,lavez, juftifiez & na Domi fauvez. DubitencorOriander, l'homme être juftifiénon par lafeuleFoy. comme vouloir Luther, moins parla Foy accompagnée des œuvres- ainfique lesPapiftes difent; Mais par la Iuftice eiTenxielle de I e s v s-C h r i s t qui Voy Gafp. habite en eus. Doctrine qu'il confeifoit avoir premiere- Vlcbergitu ment aprife de Luther,amfi que Sleidan récite. Cecy eft Cauf.9. plus obfcur que les fonges de Calimache,etantmal-aifé d'entendreque vouloitdirccetH^retique, p3rla Iuftice eiTentielledel e sv s- Chris t qui habite eunous:Auf- fîcroy-je qu'il ne s'entendoit pas foy- même: Car com- ment peut lalufttceeiTentieliede Ies vs-C hrist ha- biter en nous, fi elle n'ét feparée de I e s vs-C hrist, ou que le Savvevr même foit change en habitude

pour

L i v x s II. ?35

pour informer nos âmes, qui eft chofeimpoifible : Cet le propre de fHeretique de s'embrouiller dans fes pro- pres toiles. Mais le Catholique gardé du S.Espri T,qui n'abandonne jamais Ton Eglife , croit que nous fommes juftifîcz non pas par ces folles fantafies,mais par la grâce inherante, laquelle nous étant abondamment donnée, moyénant nôtre coopération, a feule le pouvoir de nous rendre bien-aymez deDieu. .,

Ce nouvel Enoch difoit que Luther & Melandhon \°y st"P" avoientbaty une doctrine Ariftotelique , re {Tentant la /0k- ■* *• chair, & non l'efprit. Le Prince Albert tint celuy cy pour fonProfcte, commanda que qui ne voudroit être de l'a- vis d'Ofiander , vuidât fes terres; & pour faire eflay de l'unité des Predicants Luthériens furcéte difpute,il en- voya en divers lieus prendre leur avis fur ce point de la Inftifïcation: Mais ce furent autant de diverfes réponfes, Art. 13* chacun donnant fa privée diffinition de juftice. Sclufem- burgius en fon livre de la Théologie des Calviniftes, . .

montre qu'ils font Sectaires d'Ofiander. C'étluy-mcme '9 , J1' qui a publie un livre, pour montrer qu encor que le pé- ché ne fut entré an monde par la faute d'Adam, quel b- *?**'*'. svsChrist n'eut laide de s 'incarner dans la nature ee* *** humaine. Il eut grand nombre de difciples. Melancthon em ' Ail s'oppofa fort a cet hôme,& condamna fa doctrine. Bren- ' .

ce d'autre côté l'aprouva, dit qu'Ofiandcr àraifonque ... ; '*' l'eiTentielIe juftice de Dieu habitant en nous, & nous ex- ' ' . v' «citant à bien faire, eft nôtre j unification. Commcfit "^.' »>depuis Smidelin, encor que les Théologiens de Witcm- * 9* . aiberg euffent prononcé céte fentence. Nous ne trou- , , . vons en toutes les Ecritures faimes , rien conforme à la ^r^ri doctrine d'Oflander.Il fut caufe de grans troubles parmy J1™ l'Eglife Liitheriçnnc, & difoit on que le diable fut veu -L * parlant a luy dans fon poe'le. Il mourut, dit Paîadius, mi- /!'*** ïerablc, Dieu l'ayant miraculeufement prive' delà facul- _, '. . de parler.Suyvons le refte fans faire arrêt, fi ce n'ét fur ; .. les plus illuftres en ordure de ces derniers Heretiques.il *f J y a des degrez d'infamie parmy les vices, comme parmy ' ■*** les vertus il y a des degrez d'honneur. r0'

DE

314*. De la Naissance de l'Hérésie,

DE PLVSÎEVRS VILAINS ET SALES HE»

RïTiQJE! QJV'I TROVBLENT

les Pais du Nort. Chapitre XV.

Des Âuguftinuim & Stancs- ritns.

i. Des Vilains Adamites,

3- Des S*blat*ires & CUncw luire s,

4-

Davidites fortiz de ce

mensire David George.

5-

Des Memnonites , Deif.es &

Des Attgu- Ç'.nums & Stan<A'

tiens.

TtinitMYtu

De Michel Servet.

7- Dire d*Erafme , & te qu' lit trmitaires dtfent de luy. 8. Les Luthériens & Ctlvini* fies s'entre nctufent d'à* voir engendré Us Ameni nohveAus.

U^J£- E-PINDANT q

&/* 2 font ainfî flottan ??$?■> ons : que tant de

E-pindant que ces contre'cs du Nort antes en diverfiréde Religi- gens épuifent leur cerveau. zJ^à par des interprétations nouvelles , comme voulant renvoyer 1 Eglife a l'A, B, C. Que chacun dit avoir le faim Efprir au/fi bien que Martin,, Fi- lirpe.&Muncer , étantvenu pour apporter la lumière à l!£glife du Seigneur :Plufîeurs autres Hcrefîes auffi nou- velles qu'ineptes & ridicules fe firent voir , entre au- tres les AugultinianSjfede renouvelée en laBohemejla- quelle outre ce qu'elle a eu communauté avec les vieus HuiTites & recens Anabaptiftes , afTeure le Ciel & les Enfers être cloz & barrez , jufques à ce que le dernier iourarrive: Que ïes âmes tandis, en attente de ce!grani jugement,dorment fans peine ny douleur ; Que Christ quant à l'humanité' , n'ét encor logé dans lescieus, par confequent c'ét folie & temps perdu de prier pour les âmes lefquellcs cependant font en lieu de repos. Voila quatre foies Herefies en peu de mots. La premiere,que le

Ci*l

/

Livre II. m

Ciel 8c les Enfers fontcloz & barrez iufques au dernier EccUJ.it, iour.Y a-il rien li contraire à l'Ecriture, qui dit que Dieu rendra à chacun à l'heure de fa mort félon Ces voyes, qui affeure le Paradis préparé a l'heure de fa mort aceusqui * Cor s* auront bien vécu ? Que promettoit conques le Sauveur £?' au bon larron, luy dilant .■ Tujertu nuywabuy txti txeyen Lf"f-¥' THradHjS'û n'y pouvoir entrer avant le jour du jugement? G**1**** Et qu'élis ce qu'il a mené au Ciel lorsqu'il y elt monté ^"V* 3,tnomr*ateur,fî ce n et les âmes bien-heureufes? Cen'ét ,,pas ce que difoit ce grâd Grégoire de Nicf :Son ame re- j,pofe aus tabernacles celeltes,oùfont lesOrdres des An- >,ges , les peuples des Patriarches , les chœurs des „Profetes,où les lièges des Apôtres , la joye des Mar- tyrs, où les délices des Bôs,où la fplédeur des Docteurs, La î.Herelie eft quand ils difent que les âmes dorment en attente de celugemcnt.Ilfemblequecesgensayent per- du l'efprit avec la Foy, & qu'ils veulent faire une efpece de Glirons raifonnables, pour les faire dormir vnii long m* ? hyver.Certes S.Etienne fe trompoit bien,iî ceus cy difenc vray, quand aifommé de cous de pierrc,il difoit. Seigneur 1 1 s v s receuez. mon c@rit. Et S.Ian étoit étourdv lors qu'il voyoitees habillez de blanc devant le thrône deDieu. Et le S a v v iv Rnous contoitdes fables, difant le Riche ,, mauvais être enEnfer. Heureufe lame,écrivoit S.Augu- Lib. medi 3,{un3laquellearfrâchie de ce cors teriefîrevaauCielrel- ca^.22. j,le ne craint ny lenemy, ny la mort par ce qu'elle voit dc- 3,vât Ces yeus celuy qu'elle a fervy, qu elle a aimé. La troi- fiémc,que Chrift,quant à l'humanité n'ét encor logé dsis les Cieus. Carquepourroit-on dire de plus Hérétique contre le Symbole des Apôtres & tout tât qu'il y a eu de Pères & de Chretiés?Ie laifie la quatrième qui nie lapric- çap 2^ re pour les Trépaflez, montrée allez ailleurs. Cet la do- drine que Luther voilin de la mort fceella de Ces derniè- res paroles , comme on voit en lcn Enarration furie Ge- nefe: dernier œuvre qui fortit de fa main. Auffi l'appelé Lik.f* Melandhon,Le chantdu Cygne.Car par fon difeours, il montre que les cors & les âmes dorment dans le fepul- chre jufquesàlaconfommation desfiecles. C'éticy , dit Sleidan, l'abolition du Purgatoire Papiftique , puis que Luther par les faintesEcritures,môntre que les âmes re- posent en paisjufques au jour du Iugement «ernier,

Va

33 6 Di la Naissance di l'Hbrhii; M art faut Vn Evcquc de la Pologne,écru avoir ouyvn grand feî- Hialobrze- gneur Polonnois rapporter céte opinion dcfon Predi- fcnu Epi/, cant,appuyée fur l'Ecriture,parce qu'elle appclelamorc top. Carne- fommeil, laquelle luy avoit été divinement révélée, afin neccn, de lever cette peur & terreur que les Papiftes donnent au

pcuple,quc les ames,attendant la Refurrection,patiiTcnt félon la gravité de leurs péchez. Parmy ces nouveausE- vargeîiouesj tinGrentleurranglesStancariens,ainiî ap- pelez de François Stancarus Mamoùan, lequel laiffant l'Italie comme terre infertile à porter les Herefîes , paffa Voy Oriko- en Alemagne. Cétuy-cy,feIon Stafile & Sclufemburgiiis, nttuRox9- révéla les erreurs de Neftorius, s'eppofanta Ofiander, lariui in dogmatisant îe s v s-C h r i s t étreluftificateur félon la Chimtr*. feule nature humaine , la divine exclufe. Erreur qu'il é- 'EttcEatio. pandit fort par la PrufTe: pailant, difent les Luthériens Kefiorq d'une extrémité a l'autre:car Ofander,difoit le Christ5 tumStan- félon la nature diuinc être nôtre Iuftice, &ccluy-cyfe- carc. lcn la nature humaine feulement. Ny l'un ny l'autre ne

fçavoit ce qu'il difoit, puis que nôtre rachat a été l'œu- vre de I e s v s-C h R i s t , comme d'une perfonne & non pas d'uue nature. Et c'ét une rêverie de dire quel e s v s- Christ foit la feule perfonne divine,ou la feule nature humaine, cependant de la PrufTe il paffa en Pologne, puie en Ruflic: Ecrivit contre les Lutheraneaus , ainii les ap- peloit- il , gens ignorans, qui n'ont apris que la Théolo- gie de Witemberg. M on tre par infinis palfages de l'Ecri- ln AtcU. ture, tant contre les Saxons que ceus de Zurich, fon opi- con. Tigur. ,,nicn être véritable: Appelé Melancthon quis'oppofoir ,,a fon avis i'Anrechriit. Plus vaut, dit Stancarus , un feul ,,de mes Docteurs , que cent Luthers , deus cens Melan- ,,âhons, trois cens Bullingcrs, quatre cens Martyrs: Si ,,on piloit tous ces gens en un mortier, on n'en tireroit ,,pas une once de lavrayeTheoIogie.Leur Chris Tim- ,, panne eft un monftre:La tranfubftantiationPapifte u- }ine folie. La figure de Zuingle un fonge. Mais nôtre Cœ- ,,ne que nous difons être le mémorial de la mort de „ChrisTj eft la véritable. Voyez l'impudence Héréti- que. Il fît luy même ces lïmailleries. Cœna Papiiltca m?Ja: tmhtrma, mul.o p*iot: CalvDîi omnium ptjjimti'.

Cosnt

L x y R i II. 337

Cctnn Stancari divin»*

André' Mufculuspere des Mufcuîans, fe mit à la ^W.A*» traveLiepours'oppofer a Ofïander& àStancarus furce ;* point de la Iuftifïcation. Ceus-cy au contraire desautres ne font cas que de l'humanité , difent que l'humanité Se divinité dcCHRiST, à opéré pour nôtre iuftifïcation juC- quesa la,que la divinité même a paty en la Crois, qu'au- Atha.tpif» trement l'humanité feule n'eût peu parfaire le pris ds *àE£itt&* nôtre Rédemption. Ignorance trop lourde , qui le fait à croire avoir un Dieu de chair qui puifîe pâtir , comme fi l'efîence divine n'e'toit pas effentieilementlimpaflîbilitc divine, &fiDieuvenât à patirpouvoitfefeparer defonef- fence. Cet unechofe merveillcufe, écrit faint Athanafe, que le même aye été le patient & le non patiét: le patient en tant q ue fon propre Cors endura;& le non patienc,en tant qu'il étoit Dieu impafîible de fa nature.

Mais voyez lamerveilleufcfoupleiTeduDiable,tan- XL dis que tant de divers efprits forget de diverfes Sectes, Se Vesvi- font d- sbandesàpart^mémesenlaBohcmejdôtic parle- tains Ade* ray au livre fuivât: chacun délirât emporter le pris:un i°-- mites* norant peine fçavoit-il lire) nomé Adam furnommé le Pafteur , drefta l'aiFf mblee dcsAdamites , gens fanctifîez ou plutôt éhontez, lefquels abrutiz après uneliinepce créance, on aveu vaguer depuis parmy l'Alemagnc. Ceus- cy pour imitet nôtre premier père, font tous nus das leurs Synagogues, qu'ils nomment Paradis, réchaufez l'hiuer avec des poêles inutiles, ce femble,agés échaufez,pour fe voir péle-mélez hommes & femmes tous nuz. Natures reveches, qui vôt tout au rebours des autres! comme Dc- mophon Efcuyer d'Alexandre,quife chaufoit à l'ombre. &trembloit au Soleil. Ces Adamites reffemblent cesûul tres de nôtre fiec'e,qui ont dépouillé la Religion de tou- tes Ceremonies:Car ce n'ét chofe moins diiForme devoir une Religion fans Cérémonies , qu'un cors humain fans habits. Cetteherefïeavoit germé du tesd'Epifane,côme VoyThee. il dit en (on livre contre les quatfe-vintsHereiies:& quoy Tab. Ub.i. qu'elle eût demeuré enfeveiieplufieurs fîecles, queZif- E*r/*.#. chadutemsdeHuseneûtprefque dépêtré le monde,on j.Hat.jj. la vit refufeiterfous ce nouvel Adam l'an in*. en Hollan- de3mémement à Amlterdam. Chemnitius raconte avoir veu leurs Synagogues l'an 1581. a Anvers rebellée contre

Y fon

Crar.de mbomin*- tion du Etoile.

Qnhites.

m.

$!? T?2 i a Nais san ci si l'Heresxi,

ion Prince, &: dans Amiterdam , Wltrec , &: Embden, oii quand quelqu'un vonioit eaereceu, on le faifoit mettre à nud : Qui croira eue le diable ait eu tel pouvoir fur les aines qui fe dilcnr Chrétienne" ? & en cet état fe prome- noit a ia veué der. hommes & lemmes une heure entière: au partir dela^l aftcuroit n'avoir séty aucun chatouil- lement de Ja concupii'ccnce charnelle, il étoit receupour JFrere,cûme ayant acquis le don de perfection : fi au con- traire il declaroit avoir fenty quelque émotion intérieu- re de la chair revéche a l'cfprit.on le renvoioit.Alanus au dialogue 6. écritqu'on vit en Hollande une très belle jeune fille, faifant l'office de Minifrrefle, feprefentant toute nue en public : & comme on luy voulcit jetterune cappe a l'EfpagnoIe pour la couvrir,eIle la rejetta:Ie n'ay point arrime a autre habit, dit-elie, queceluy que le Chris? mon épous m'a donné. EtRefcius raconte que en aveu fane des nopees le marié & la mariée n'a- voient, autre couverture que des feuilles des arbres. Au milieu de leur Synagogue il y avait un arbre planté avec un ferpent à l'entour, pour imiter celuy du Paradis terre- ârè, au pie auquel c toi tic marié & la mariée. CesAda- mites, comme dit Caflanderau commentaire des deus natures en 1 1 s v s-C hrist, parmy pîufieurs erreurs ru ils ont. foutiennent que comme il n'y a enC hx i s x qu'une perron ne , il n'y aeu aum" qu'une nature. Encor cru voulu ces igrorans parmy leur bétife faire les enten- dus, & fèmeicr des plus hauts myfteres de laPveligion. Comme ont fait auffi les brutaus Orebitesquiniencla Filiation éternelle de lis vs-Ch rist, rejettent toute Ecriture fainte, ayant tout le trefor de leur îoyenclofe dans un petit livre intitulé . La Hutedc Moyfe qui con- tient, dit Acoïïa, quelques Enigmes que ces pauvres gés n'entendent pas: auilidifent-ils n'être loilibîe les inter- ' prêter, car ce font des fecrets du Ciel: ils attendent le re- tour de Moyfe, pour de nouveau leur porter la'manne, appcllce enti'eus le Trefor du Pere,diftribué parla main defonAn^e. Toutes Cérémonies & Imaqes leur font ea horreur, Se ians pronocer aucunes pricrcs^leveiKics y eus vers le Ciel, puis bai (eut la terre,

ApRts vindtent les Sabbathaires l'an 1539. qui cbfer- ven cleSabbath^mépriiènt le jour delà lUiutrcchon, in-

uicnt

Livre ïlï $39

Voqucnt le feuî Dieu le Père, comme on voit dans le livre Bathaim eiueLuthera écrit contre eus. Ont-ils pas raifonrCatii la & CUn- feule Ecriture eft celle qui nous doit donner la Loy, & la cuLtres. règle en laReligion, & qu'il ne foitloifible croire autre Vey Luth. chofe que ce qui eft exprés dans l'Ecriture: a quel propos foin* S*b- lailtons-nous le Samedy pour prendre le jour du Diman- b*tk*ri0t. che, puis que l'Ecriture ne le dit pas ? Le S a wi vr mé- Lt Samedy mes a chommé le Samedy,jour vénérable, gardé avec rât *'« (bot** de cérémonie en 1 Eglife de Dieu , qu'il n étoitpasmé- f,e Par ^'£-5 mes permis le fouiller de l'appareil necefTaire a la vie lui- triture* maine.Ceiour donc de repos ordonné de Dieu, peut-il ti- tre changé par les hommes , puisque l'Ecriture ne l'or- donne pas? Cet pourquoy Carloftad confeill'a àfes dil- ciples dechommer le Samedy , comme plus alleuréquc Dimanche inftitué par les hommes , Que répondrez vous, Evangeliques nouveaus,à ces Sabbathaires.fi vous ne fortez de l'Ecriture, pour aller à la Tiadition : Qui vous apprendra quel Eglife en l'honneur de la Rcfurre- ction a changé le Samedy au jour du Seigneur, qui eft le Dimanche? Refcius en la Centurie des Evangeiiques die qu'une grand* Dame de Pologne femie de céte Sede, chneth quittant fa première Religion. En même tems on vit les lHtres Clanculaires dont S ta file fait mention, qui ne confefTent leur Religion débouche, consens de l'avoir dans le cœur. Ils ont quelque alliance avec ceus qui parurent en Fran- Tôt». 1 de ce l'an 1545 que l'hiîtoire Calvinifte appelé Nicodemites, VHifi. Etc. lefqucls maintenoient qu'on pouvoit aller a la MciTe, de Gentv* pourveuque le cœur n'y confentit point: comme on voic^ piùfîeurs Catholiques a laconfcicnce large, qui fe flat- tent en leur infirmité: difent quecen'étpas pechc d'alli- fter aus prêches & prières Hérétiques , pourveu que l'a# rnc enfoit éloignée: Gens fans ame & fans religion. Dteu ne veut rï?n a demy : On ne peut firvir a dttu msûrts. Trieuti

Or ces Clanculaires qui n'affectent que les ténèbres, domekiu n'entrentjamais en temple, ains prient en leur maifon, aues font leur Religion a-part y les tables de leurs cabinets leur fervent d'autels:ils cherchent leur Eglife a tobrkge deleurmaifon. Ha ! pauvre France , combien de tels en noutris-tu, qui fans *vUiTe,ny Prêche, paiîent leur vie, fa- cririantausDieus de leur foycr,comme fi lavoyeduCiel étôitlc trou de leur cheminée. Ain fi viyoïent ces anciens Y i Hereti-

540 De la Naissance de l'Hérésie, Hérétiques, dont parle faintBaf lejdifant que le Eglifes demeuroient fermées , & les Autels vu;des du fervice & facriiicc,parcequeceus-cidont Euftachius étoit le chef, cemmunioent en leur maifon privée : De cette fourde prière femoquoit même le pauvre PayenPerfe defon tés, trouvât bon que le prier fut a l'oreille & à la veuc de tous. Tu tetrompes,pauvrehomme,difoitS.Chryfoitome: car encor qu'il te foit permis prier en ta maifon , ileftueau- moinsimpoiTibîe que tu pries avec telle ardeur comme en rEgîife,où ta vois par lemoyéde cette focietéeftpor- ]n Afoïï, tee devant le Trône de Dieu. Nous faifons, difoitTertu- edGentes. lien, ces allemblees & congrégations , afin de briguer comme à main armée &a foule l'exaucement de nos priè- res: cette force eft aggreable à Dieu. ïîït- O n vit d'un autre côté l'an 1544. les Daviditcs ci: Fri-

DaDai't- ze,ifîus de cet enragé David George Holandois, quis'é- dîtes , ô» toit autrefois mêlé de peindre furie verre en la ville de qutlaélé Gand : ainfi de voirner il devint Profete, portant un Ds.vid vifage bronzé, pour avoir par trop fouflé le charbon. 11 Ceorge. étoit fils d'un loueur de Comédies nommé George d'A- Voyh$er- meisfort. Ccttuy-cy s'eft dit le McfTie, produit dufaint rcttride Efpric,& envoyé pour rétablir la maifon d'Ifra'el, non par D*vtidas mort. mais pai grâce. Ilfcutenoit la doctrine de Moïfe, Stiu ekàr- des Profères , deiE s v s- C h ri s t, & des Apôtres,étre Ç-.Hsh.J 2. imparfaite. Voicy fon Argumentai la doctrine des Apô- î ,-d.! efctti tres £toit parfaire,rEglife n'eut jamais péri , puis que le de Atbe'tf: C kri s Ta dit que les portes d'enfer ne pourront rien ptùft.jS. coinre elle : Or' fous l'Antechriit Romain {'Eglife eft I Mie 8, perie : Donc la doctrine des Apôtres n'a été accomplie & parfaite. Ce fot difcoursfe voit dans fon Hiftoire im- primée à Anvers , rafli560.ou.il dit que le S.Efprit s:é- toit répandu far lui, pour apporter la vrayeloy au m onde: Qu'il étoit le Fils de Dieu bien aimé : Qu'il reffufeite- roit pour juger toute la race d"Adam.L'EvequcdeRure- rhdnd témoigne avoir veudes écrits de fa main,qu'on lui éànhi en Deires , étoient inferez les Oracles quiluy étoient révélez du Ciel. Vnc de fes maximes fut quel'a- mercitoit fans péché, &quec'ét laleule chair qui or. eft coulpablc , que tous les cors feront punis & damnez, & les âmes fauvees,ne Cachant pas que Dieu a colloqué^ou plutôt ante ou mclc \ ^me avec la chair,d'un telle liaisô,

qu il

Livre II. 54r

qu'il cil malaifé de juger , fi l'ame obéît à la chair, ou ia chair à l'ame. Iaçoit qu'il foi: plus croiable, que c'eft l'a- [~îùf°ndn me qui domine, commeplus voilîne de la divinité. Mais cori & & aaili que lame tire fa béatitude de la cômunication qu'el- ^ sme- le à avec la chair.La chair eft lavée afin que l'ame foi t dé- tachée; la chair eft ointe, afin que l'ame foit côfacree.La chaireftiÏTae-delaCroix, afin que l'ame en Toit munie. La chair ettobombree par l'impoiltion des mains , afin •queparefprit lame foi t illuminée. La chair fe paît du cors & fang de Iesvs Christ, afin que l'ame foit engraiflTeede Dieu. Comment fe peuvent-eiles doneféparer en la re- compenfe, étant Ci conjointes en leurs œuvres? Ce feroic établir Dieu injufte.- Puis quec'ét l'ame qui agit, émeut, & poulie le cors à toutes chofes , que la chair n'a que le droitd obeiiTance.Come Dieu feroit inju-'le de priver 1 a- mcjcompagnedela chair en l'opération des bonnes œu- Tres,du loyer mérité par icelîes : Il ne leieroit pas moins, exemtant l'ame compagne de la chair es mauvaifes acti- ons , de la peine & fuplice encouru paricelies. Maisj'ay -, tort d'emprunter la Filofofie de Tertulian, pour rembar- £ u ' * rerla folie de cet écervelé, père des Davidites : Et parce '^ 7"* ' que quetques Anabaptiftes fes voirais foutiennent qu'il CAYni*% vaut mieus endurer mille morts, que fe départir un feui point de leur Foy, ou !a renier: Tout au contraire ce- luy-cy enfeignoit,quecen'étoitpas péché denier Chrift devant les hommes , pourveu qu'on le confelfe dans le cœur devant Dieu: & que les Apôtres ont été des fots , de fe laiifer crucifiera meurtrir pour cette querelle. Aj où- toit auiîi que cela n'elt pas digne de la liberté delnom- pi ,., . me,d' être lié & colé aune feule femme : Qu ileft loifible . 'S ue en avoir plufîeurs pour peupler le monde , &leParadis, _ Jem™ & faire des âmes a Dieu. Et comme Luther arracha quel- '^'^ * ques livres de la Bible: Celuy-cy d'une pareille audace en frj fît tirer tous ceus deMoïfe , fe r-fiauvvnant peut-être . * /'/. de ce qu'il avoit leudans les œuvres deLuther enlangue . ; >' »A.lemande; Quind quelqu'un te metcraau devant avec T '* «fes eommandemens : Diluy , Va t'en aus laifs avec ton « Moïieje ne fais pas Iuif, ne m'embarraifj avec Moife, »jen'en ay que faire.

Or comme il eut peur d'être découvert es terres de l'Empereur , il fe retira avec fa famille & quelques fiens

Y 5 dilciples

54* Diia Naisjancb de l'Heresi*, difcipies a Baie, demeurant a couvert quelque teins fou* Tfavtd lenomdelan Bre'uil. Mais depuis étant mort, reconneu Gtorçe pour être David George, on le tira du fepulchre, &fut mourut brûlé avec fes livres & écrits qu'on trouva. Samort pour- iAnJJJd'. tant qui avint l'an 1^6. & I abjuration qu'on contrai- gnit faire par aucuns de Tes Sectaires, n'ont pas étouffe lesDavidites,quisôt en la balïe Alemagne,&en laTran- filvanie ; lefquels ont fuivy la frenefie de cet impofteur, quiles a tellement aveuglez qu'ils fontencor enattente de fonfetour: Car peu avant ion trt'pas, environne de fes Difcipies & de fa petite Eglife, il leur dit qu'il étoit voi- fin de la mort,mais qu'en peu de temsil riiîufciteroir jEc qu'avant partir de ce monde , il leur feroit entendre plu- iieurs merveilles. Mauvais profete,& en i'un & en l'autre, car une apoplexie le faifit & luy ôta la parole, &puis a- pres Ton cors fut brûlé , comme j'ay dit. r. P r e s c^v e en même tems les Memnonites fe mirent

"Des Mem- fur les rangs, fous le règne de MemnonFrigien,qui nier; xonitts & maiheureus qu'ils font, Iesv.s Christ être Fils de iMonites. Dieu,&néde lafubftancede la Vierge; mais difent qu'il a apporte Ion Cois du Ciel Lindan écrit avoir coneucec homme, quia fort gâté \z rnfe, Flolande, &Zelande; Il étoit au commencement Predicant Luthérien en "Wit- marfe. Ses difcipies prindrent les armes pour leur Maî- tre, &cpres leiacde quelques villes, furent lapiufparc taillez en pièces. Plufieurs toutefois réitèrent, qui ont, ditl'Evéque de Ruremond, miferablement perdu le peu- ple en Holande, Frize,& Embden : Et comme Luther ài- ioit qu'il vouloit être le )uge des Auges: ArlTi difoitec- luy-cy qu il jugeroit& les Anges &tous hs Princes de la terre , ainii qu Olius écrit. Vcy l"£û- On vit d autre côtelés nouveaus Ebionites renaître ttedtiPo- en laLithuanie , & les Deiftes, &Tritheites en la Polo- loneû au gnc,qui établi ifent trois Dieus en divers degrez. Dieu le Sénat dt Pcre le vray Dieu , & 1 unique Dieu; Le Fils Dieu, non u- Cenêvt. niquemoindrequelePerc,îeS.Efptit Dieu,moiridrcque CMni'ltH le Fils. Ils font Grégoire Paul qui étoit predicant a Cra- d$ corrup- covieautheur de leur Secte, qui a fait un livre des Con- $eîii vtrhi troverfes de ce tems. Ceus-la appellent le Symbole de Dei, Saint Athanafe, i^mlolumS. Athinaftj. Stamilaus Baron

UZpltrg A^olonois, &Mathias Sudvizki écrhent.que ccsdetclra- r Mes

L i v r i Iï. 34}

blesDeiftes , deffendent leur opinion parles pafîâges & desDesHtâ authoritezde Calvin, Mufcule, Martyr, & Buii.mger. Et a cens de vit on le Nouveau Teftament imprimé a Zurich l'an mil Znr'ub% cinq cens trente-huit, les mors , Et ht très umun/unt, le lilènt tournez en cette forte , Fr ht très fervent in nn<m, Pafljg'e dont fc fetvirentees Hérétiques en l'alTemblec commune aFrankeitel. Voila la belle doctrine de ces é- cervelez, le proiïtque Lucher & fa fuitte ont porté a 1* Chrétienté, ayant fourni les armes aus plus defeiperezda monde,arnvez au comble & perfection de toute Hereiïe, qui eit l'Atheifme. Parmi ces fois, il y en a qui diftribuenc chaque tems a chacune des perfonnes de la Trinité. Le Pere,difent-ils, a commandé au vieus Teftament, & qu'a l'avènement du Sauveur , il avoit remis fa puiiFanceaii Fils, lequel avoit publié les Lois, drefle fon Évangile, m- ftituéfes Sacremens jufques au règne du Saint Efprir: Que ce rems elt ëcheu auquel on ne doit reconnoître au- tre perfonne que la tierce. I'ay un livre manuferit de la- ques3roquact,ce célèbre rêveur forti de 1 Echoie de Gc- *

neve, lequelil dediea la RoyiiedAngleùerre. intitulé du Second Avènement de C H R i s t, qui s'approche fort de ces folies. Cet home que j'ayveu croit révéré de piufieurs, comme un Profctc, & duquel i'ay parlé dansmonAnce- chrii'hL'hiitoiien de PEglilc nouvelle de la France, f-ic Guillaume Poftel sutheur & père de ces Délires , &fans ^tb. 2t preuue,authorité,nv tefmoignage quelconque, veut que "'•>*• ***** nous le croions ainfi. le veus venger l'injure faire a cet homme. ou ils marquent comme un Athée la vérité la _ - .. . plus grand ame & l dp m le plus rare que notre âge ait , produit) & en peu de mots toucher fon hiltoire. Etant * , au Pays de Normandie, Parroiflc de Barcnton , il fut '^ * élevé parles païens aus bonnes lettres , en l!Vniverfitc de Paris, ayant eu peu d'années atraint la connoif- fance parfaite acs langues Grecque, Hébraïque, & Lati- ne (car il devoroic & les livres , <5c icsic'ences, capable d'attiindtc en un jour ce que les meilleurs cfprits ne pouvoient approcher en un mois, Le delîr de voirie mon- de, reconnoître l' humeur des peuples, le lit pafTer en Italie ; Comme il fut a Vernit , une Darne ( aucuns dilent que c'étoit une Nonain . fort ferviahle aus pau- vres de l'Hôpital, Payant pris en aitcCiion,luy donna des

Y 4 moyent

544 De tA Naissance de l'H 2 r e s i e,' moyens pour continuer Tes écudes, & Tes voyages, laquel- le il appeloit toujours depuis fa mère, & elle Ton fils }C'é- toit au tems que tant de diverfes Religions commençoi- enta troubler le monde, qui étonnèrent tellement cet efprit, a la vérité prefompiueus , & hardy en laverdeur defajeunefTe, qu'il ne fçavoit que croire. Il alla donc er- rant partout, fondant les Turcs, lesluifs, les Chrétiens de la Grèce, de l'Alemagne & autres, lifant avec foin leurs livres. Enfin retourné a Rome, ayant avis d'une compa- gnie de gensdoctes, qui s'affocioientles unsaus au:ics, & dont jeparleray aus livres fuivans, ily eil reçeu. Le grand & merveilleus entendement qu'il avoir , lacon- noiffanec de toutes les langues , & de plufieurs feiences, luy fit l'ouverture pour y entrer.Mais comme on conneuc cet efprit qui vouloir a tous cous percer les Cieus , & fe guinder plus haut qu'il ne dévoie, faifant reconnoitre ce 33 dire d'Âriftote pour véritable: jdu'tln 'y en tj rrnugAni aejPrit qu'il n'eut une once Ae prefompiion^ vain* gloire; On luy ouvrit la porte, car en cette compagnie on n'a point d'autres prifons que la clef des chams. Sorti de cette mai- fonreligteufe, &de retour a Venifc , il eft arrêté prifott- nier,& envoie a Rome, & mis a i'inquifïtion,où il eft con- damné à prifons perpétuelles. Mais Dieu qui ne vouloir perdre celuy , fur qui il avoit verfé à pleines mains tant de grâces & faveurs, voulut que fur quelque tumulte, les geôliers forcez il échapa , & fe retirant de l'Italie, la liberté de- parler e'toi t rétrainte , il pafte a Genève, puis a Baie : de la ayant fondé les opinions déroutes ces gens, confideré les meeurs, humeurs & doctrine des Zuingiiés, Calvinift^SjComme il avoit fait des Luthériens, il retour- ne revoir la France fa patrie. Le Roy François Père des lettres, quitendoit les bras aus hommes de fçavoir, fit grand conte de Poftel, luy donna place honorable parmy fes Lecteurs, il eft reçeu & gagé , lifant avec admirati- on , & etonnement d'un chacun. Or parce qu'un livre fortitdefa main , qu'il appelloit fa mère Ianne,&en Ita- lien , La l'ergme Véneti*. Le bruit courut en la bouche de tous, que comme David George fe difoit le nouveau Christ, pour parachever la Rédemption des hom- mes, que Poftel s'êroit imaginé que fa merclanne devoir racheter les femmes.

E'ft-il

Livre II. 545

Eft-il poffible qu'une fi grande folie eut peu tombée en unefigrandc cervelle? Les écries que nous avons veu de luy, ne difenc rien approchant décela, &j ayappriç des perfonnes d'honneur , & dignes de foy q ut l'ont bien, fouvent abouché , qa'il fe rioit luy-mcmes de la bétife. du monde, qui étoit entré en cette folle imagination de fa M;rc îanne:Il racontoit que p3r elle, il entendoit cet- tevertueufe Dame Vénitienne , laquelle en fa jeunerTe l'avoit accueilly & affilié de fes moyens en fes peregrina- tiôs , qu'en ce livre il avoir voulu immortalifer fon nom, comme celle qu'il nommoit fa Mère a meilleur droit, que l'autre qui l'avoit porté dans fès flancs. Que celle- cy l'avoir à l'aventure alîaitté de fon lait , mais l'autre luy avoit donné le moyen d'acquérir les feiences , capa- bles de reftituer le monde , fi le fol monde eût voulu fuy- vrcfonconfeil. Sur fes vieus ans, les Princes & gens de fçavoir alloient voir ce vénérable vieillard à faint Mar- tin des cliams, il logeoit, allîs dans fa chaire , la bar- be blanche luv tombant jufques à la ceinture, avec une telle Majefté en fon port, une telle gravité en fes fenten- ces , que nul n'en retournoit jamais fans defîrdele re- voir,& étonnenunt de ce qu'ilavoit ouy. Quand il par- loir avec véhémence, comme quelq uefois le difeours luy portoit, on eut dit que fes yeus étoient des efcarboucles: Combien de fois a pris pîaifirle Roy Charles neuiîéme d'ouyr les admirables Difeours de cet homme , qu'il ap- peloir fonî-ilofofc: Et comme un jour fa Majefté eut eu des lettres du Roy d'Ormus &de3efoards , qu'il luy en- voia par ce renommé &pecunieus Aivaromendés.Poftei en fut l'interprète. le puis, Sire, dit-il alors au Roy, en la puefence de toute fa Cour,fans truchement aller de vôtre Royaume iufques à la Chine, toutes les langues des peu- ples qui font entre-deus me font aufii connues que la vé- rité.Or il fe montra plufieurs années devant fa mort tres- Catholique, s'étant purgé de toutes fes opinions, que la fjpsrbegrâdeur defa cervelle pouvoir avoir avorté, plu- tôt que conçcu , foumettanr le tout au jugement de l'E- glife: Difoitotdinairement la Méfie avec une extraoreft- nairc dévotion, fi qu'on l'a veu fouvent, mêmes au corur de l'hyver,difant la veille de Noël la Méfie de minuit , la kimee-iortirde fa tête chenue, lors qu'il s'apprétoic-à la

Y 5 confe-

$4* IA N.USSANCE'D! l'HeRESII.

confecration , tant il aYoitl'efprit tendu ace grand uiy- fterc. Sur tout il fut ennemy desSacramentaires Calvi- YiitU*- niftes.c'étpourquoyils l'ont vilaincmentvoulu noircir. dinum m Voicy comme il parle d'eus. Vous qui jettez raille blasfe- rtftoni.ai mcs contre Dieu ; qui ne faites cas de Pauthomé de i'E- J)Qtuam» glife, qui comme des bet^s vivez fans facrifice , fans au- cuns myfteres Chrétiens : Qui appeliez barbare cette fa- çon de parler: La Trinité un feul Dieu. Qui d'ailleurs n'avez rien de l'homme que la forme, &c. Ilcompofa les livres DeOrU Ccnccrdta , utiles à la Religion Catholi- que, pour confondre tous Hérétiques , Iuifs , Mahom- metans,&Payens,d'où l'auteur du livre de la Vérité de la Religion Chrétien ne a puife les plus douces liqueurs, & de Vives, Savanaroîe & Snecanus. Dieu luy fit la grâce de rendre foname&fes derniers vœus en TÉglife Catholi- que, âgé de 90. ans ou environ témoignant a fon dépare combien il étoit éloigné des folies dcYon liecie. Paflons aus autres Secles. >I. Les nouveaus Trinitaircs s'élevèrent suffi: Engence

De Michel malheureufe &deteftable,qui peuple fott en la Pologne, Servit. Lithuanie,Moranie,&Trafi!vanie, dont Servet au com- mencement Luthérien , puis Calvinifte,& depuis Trini- taire, fameus par fon fuplice , fut le principal Apôtre, fuivyparcePaul , &Lucas Stemberget Predicant en la Moranie. Ce lut luy qui mit aus chams tous cts malheu- rcus &dete(rablesefprits,31andrat,Alciat,Zofm, Gentil, Gribald,Lilmanin,Paul le noir Budnec,Glinan,Sltélinï- l.utber. h ki, Silinski & autres pelîes qui fe font épandu'es parmy Zvanv. de ces peuples du Nort.Luthcr avoit éveillé tous ces efprits Dsmi.Trt. quandilécrit : On ne trouvepas drms la fainte Ecritu- De Servtt re lenom de Trinité , les hommes l'ont inventé &forgé EjpMgnol. d'eus-mémes. Ce Michel Servet e'toit Efpagnol, lequel, au même tems qu'on forgeoit la CÔfeflion d'Auibourg, qui fut l'an 1^0. bâtit lafienne, tirée des orduies d'Àr- nus & Samofatenus, qui avoient depuis plulieurs fiecies croupi fous le fumier : Il y entre-méla le Mahometiiine: aufli avoit il autrefois fcjourhé en Arfrique avec les Ma- hometiftes. Cet homme venu a Paris pour apprendre les lettres , huma le premier venim de Luther : car les Luthe- rienSjComme je diray a l'entrée du lîxémelivreVétoient écoulez dans cette grande Vniyerûté. Il nia toutefois le

debte,

t ivn IT. 547

debte,lors qu'il fut pris vers le Daufîné,où il Te méloit de dogmatifer,& abjurant l'herefie de Luther fut relâché.Ii. fie quelque ceins le Correcteur, on plutôt le corrupteur dâs Lion al'imprclTiô de ia Bible. puis paflaen Alemagnc, publia Tes livres de la Trinité, fes dialogues de la Regene- iatioo,qaelquesEpitres& Apologies. On vit védrea l'ou- vert ces méchants livres a la journée de Ratifbonne l'art 1551. Il eut plutieurs compagnôs en fes folies, mêmes Ber- nard Okin , comme récite Sclufemburgiusaulivren. En VtsyiE^- fiuil prit laroure de Genève pour conférer avec Cal- trecjue >m,elperànt le trouver favorable -car il avoitleu dans les Calvm écrits que cette prière SaJl* rrimiMumu Deu4ync luy plai- écrit mit foit pas, elle fentoitfabarbarie:D'ailleursilavoitenten- Palonoii, du que Calvin n'a voit vouluaLaufanefoufcrireaus trois foLff, & Syuiboles , d'autant qu'en celuy de Nice le fils eft dit celledeZ<i~ Dieu comme le remarque G lien en la derFenfe de Farci, ruhkGt* &q leiur le 10 de S. Ian, il nie que de ces paroles, Moy& neve aut pfion P r fi w/?î« «>z, on pui il e tuer la confubitantialité des Epitresd* pv-rsônes divines,& que le Fils ayt une même elîence avec CmU\u^h l'ère : iurquoy il taxe l'Antiquité d'ignorance, pour a- Voir grandement abufé de ce palfage. Servet donc s'en va a Genève, parle à Cal vin, mais il fut dççeu ; Il ne trouva p.is la liberté a Gtnçvz, teile qu il l'avoit laiiTee en Polo- gne,5c eut affaire a un rude & mal pitoyable jouteur: car pour mette fia a leur difputejCalvin le fi t tnvoier au feu Servet 1 ao 15 > j.deftrant aus dépens de la peau de Servet effacer brûlé à l'opiniô qu'on avoiccôçeu delui, qu'il penchât à l'Arria- C^neve

,. A Tes famort fes difciples (uivirent U première l'anuss. p un -,:•' îatireutlaTrinitér&auIieuquei'Eglifechate, Vtie Alplu -JÎrenc châcerei leurs Eg'ifeSjO-vf- ? Sonia in tf"*r,i « n f b0 , '-^.Crs méchasn ôt voulu laiiïer ce pau- Concili» Vre mot Omovsion, pailiblc après n. fiecles, parce qu'il ^icenâ ne le trouve datu l'£cricure, difent-ils: Tiennent lis vs- Christ p jar un Profite feulement,qui fut adopté rîls de D.:J ^ j .u J ii tut baptifS aurleuve du Iourdain.ék que la itentendaêdu Ciel . C éticj mort fils bien- aymé.'N'é- - pas l'erreur de Cerinthus,& Etalon, comme dit S. Hierôoie? Ne pou/ant comprendre les myfteres de la InCatk Tri litéjiîs veulenc qu'un Dieu,au contraire des Dei- Teii.fcri',. ftes -\ii en font trois, delquels de nôtre temsPetrus Go- EccUC w..iiujUcicCîuf> &aprcs celay-la ua corné Farnofius:

I'avine

34? De la Naissance de l'Hérésie, raymemieus,dit ce méchant Apoftat Stemberger, difci- pie de Meiaocthon, qui régenta dan; la Pologne l'an mil cinq ccnsfoixante& un, retourner an Cloître , que non pas croire aufaint Efprit: Qu'on montre, difoit- il, cette divinité du Laint Elpric dans le vieil ou nouveau Tefta- ment,non plus que le nom de la Trinité:Ie ne fuis obligé a croire autre chofe que ce qui eft contenapar mots ex- H^rrible puez dans la fainte Ecriture : le penfe cette Trinité écre blxtjeme. une femme qui a eu trois maris. Cet la doctrine qu'il a- voit apprinlè dans l'école de Lu:her,continuee depuis en fes fucceiîeurs : car de cette cocque font ({fuies toutes les Vey h* f9- autres herefîes.CetinfameBudneedifciple de 'Server, tra- les ep-.n.oi maif: rnze palîages dans la faince Ecriture, ponrmôtrer iecethe-^ le S.Efprit n'être Dieu.- Et Refcius recire qu'un Chevalier fttMUêdâi Lithuanien étant prit à rendre l'ame, récitant reSymbo- Siajile de ]C}en fa prière fui vit ces mots , Credo in ijftrituin UnS^r», Lui*, ton- mals far {'heure s'arrétât:I'ay mal dic,lit ce malheureux, eoru.imer. jsne cr0y pas ail $_ £fpric,& fur l'heure expira. fi- Erafme étonné d' ouvrées premiers Evangeii /tes (car à

VII'„ ce grand homme abordoî: toute forte de gens) prefagea Dire a E- tXç{\y\cn dés le commencement l'Atheïfme prochain, ou rafme , 0" uaepartie de la Chrétienté s'al'oit jccter.commei! cent ce qtte les j)a ceasdelabaiTe Aîemagne. Certes , difoit-il ailleurs, Trtnitat- ?jCes nouveaus Chrétiens ne font pas meilleurs que les resdifent ^\mçs & les Turcs: ils prennent patience d'ouyr appel 1er di lifj. jJesvsChrist Profete,oubien Dieu,/î on les prdfe, I.ra.m.in jmajs tei Dieu qui ne foi t plus que Moïfe & les Profères. fruf.Ub.J. l£S Xrinitaires pourtant appellent Erafme a leur aide, & BUjU. de jjCoraaiegarentdeieurs erreurs. Luther &Melanéthon, Spt.SanJl. jjC|lfSLlt.1is> comme Moyfe & Aaron ont fait l'abàtis des Ub. ,e jj1. ^groffiereserreurs.ZuinglcCalvin & Martyr font venus (j* ver. vi. jjaprcs:ôc comme les Profetes,Efaye,Hieremie,Ezechiel, *?''SAt' ,3ont retrâché les plus fubtiles:mais Server & Erafme les &"' 2' ^dcrniers^omeChna&S.ran^boliilanrlaDeité^'la '**' *' ,, Trinité durlls &du S. Efprit, ont atramr à la perfe&iô de ,,la Loy Evangelique. Les Luthériens, difent-ils ailleurs, ,,ont abbatu le toit: Les Calviniftes effondré les murail- les,mais nous avons arraché les fondemës de îaPipau- ,,té, entendant cetre pierre angulaire lefus-Chtift. Vous verrez lors que je parieray de la Pologne, le tableau que ils rirent reprefenter;Si ne lifons nous rien dans les livres

d' Erafme

Livre IL U9

d'Erafme, qui avoifîne leurs erreurs, ii cen'tt qu'en fa PrefacefurS H;!aire, il a rais ces mors: Nou* auSH^ofom in **/'• tipftller U S. fp- tt Luu, ce que IfSMtcUm n*9nt i*m*M<>$t f*i- J1

**>. Enquoy iKe trompoit : car Iufrin le Martyr dit, qu'il **■ s- Pe~ eftdemémenature&efienceauPere& au Fils. Clément cy.12, Aleiâdrin,qut le S.Efpm en unité cil: tout, auquel &par ln^U€n' lequel font toutes choies. Eufebe d'Alexandre, Qu'il eft con>' "*?* coniubfrauriél au Père & au Fils, S.Athanafe, Que c'ét la Ccriî-Ar*«' fubftâce du Pere,me.medivinné quele Père & lcPils:c'ét &****

ce que S.Fk.ii le contefte cotre Eumonius:S.Chryfoftome J™"-"--*- & S Auguftin en mille lieus. Ailleurs je parlerav d'Eraf- i'r* m^e' me Si comme il fer'avifa, ayant au commencement em- *^* brouille ion efprit après les opiniôs qu'on éventoit par- roy la Chrétienté. Ce George-Paul épandit fort ce pefti- *£eor£* ferevenim, dont i'ay parlé, parmy ces PrjsSeptentrio- au"' naus, homme méchant, impie, ambitieus, effronté en Tes blasfemes, écrit le Luthérien Sclufemburgius, quiaofé impudemment écrirre Luther n'avoir eu qu'une petite é- tincelle de la vérité, poux détruire l'Antechrift, que cette vin victoire étoit détineeà eusfeuls. LesLuthe*

Pierre Stator & George Blandrat,entrez en la Pologne riens fjr pour trouver place parmy la diveriité des Religions de calvinljles ce pays la,puis qu'ils avoient laiiTe l'ancienne, ferment s'entr'ac- beaucoup depuis pour l'avancemét de la doctrine de Ser- cufentd'a- vet &de Paul. Ce Élan Jrat difputantdans Albe contre les voir tngï- LutherienSylcurconfefTa franchement, Luther Juy avoir drêlesAr- le premier defillc les yeus pourrecônoîtrela vérité qu'il riens. dcfTendroit jufquesaufepulchre, & laquelle il avoir fou- Voy Sim- tenr.e dans le Sénat de Genève : Surquoy il leur montra hier, in fescommenrairc-f- fur le premier chapitre du Genefe.-aulTi péftfio, Lutherquatreans avant fa mort donna quelque ombra- lib.de&ter, gedel'Arnanifme, car ii fit oter des Letanies cette orai- Vei ¥ilio\ iùnySanci*Trùuia4 msu* Deat, mi/cure 7.0IÙ : Et depuis les Voy StsiffU Predicantsquiie fontlogez en l'Autricheparrefolution inepitf./id entr'eusprinfe en un Colloque, firent changer cette fin Iptjca.Zg* ordinaire en routes les prières del'Eglife, Ptr ChrijîuVe- sien^em. rr-inumno:h:.m.) mectât Fer CbriBum fervum tusse* fidelem. Crem.lt.Ji-. Les Luthériens pour couvrirrhenneur de leur Apôtre,é- Eefiui in en vent que Zuiug!e& Calvin fen: les pères de ces nou- ep.adDuiè vtausAiri£ns,autheursde tant de blasfemes. Auili cette Pn^-c. piKrcdc bt Trinité n'étoit pacau gcut de Calvin , elle Cd.ccnt.

reflen-

$<o De la Nai5îancï di l'Hérésie, YAÏ.Gtnt. re#ênt6ifc,difoît-iI,fa barbarie. LeVihn'étpks engtndr é del* (5» z tp.eà fubslâpe UuPcrfyUs ptrformtiui Jont iiteproprte'ez&rejiaences. $(,10. Insi. v„udroy que ces noms de f-tr fortttes Çy> fub/i anii yfufient enfe- Ij.cm. 13. vtlu. Voila comme il parle : Quel aveuglement apporte St8.JP & laprefcmption en la tête d'un homme, lors qu'il ne veut aj.ibtd. •voit le cUir folcil qu'on luy preftnre.Biandrat fait Trini- Se8.if.lf taire parlantausLuthçticns.rejcrcoitfadoclrincfurLit- sj. ther-& conférant avec les Ca!viniites,fur Calvin ; fi qu'-

on jourparlant a un de fesPredicanrs nomme Martin, il îuy montra le crap. 3 §. ij; de (on Institution, le priant de ligner ce qu'il dit la de I e s v s-C hrist,cc que l'autre ne vouloit faire. Ta d chine',* C*lvmfléçnt l'hérétique Stâ- Stantar. carus/^* ftls a< Dteu/s? toute Ayrl:r,ne. Aufli en tous leurs sont. Gen. Catechifir.es & prières pas un feu! mot de Trinité', une jol.n9.tn » féale orailoo au Fils , nyau S.Elprit. Vousnepouvés iib.dimï- 33nier, dit le Luthérien S!ufemburgjus,que toutes vosE- dto& »glifes que vous appelez teibrmei>ne (entent l'Arrianik Trini' »me:nôrremaïtrcl uthera pi ononcé cette fentence3que Sdufetn. »tO«sleS SacramentaircsfontA'rriens.Oyés encor come lib.j.-nr.j. jj parle dés l'entrée de fon Cathalogue des hercfïes, trait- Lut. To. 3. tnntde ces nouveausArnens. Cecy eft digne d'être noté. fol.227» LaUcClrrat de Ctliina tcii je Vhtrejie trieihante dts Arriensy come eu: mér/ia conf'Jfnt.lç. fuis content vous amener l'ex- emple mémorable avenu pui? peu d'années d'Adam Ka- j.**l v|;'-ii-.premicrpredicâtdeHildebcrg.Celuî-cydeZuin. de Hildeb. „>,el) devenu Arrien, puis Mahometifte, fefit circoncire JefzitM* ^ ^ Confrantinople avec plufieurs autres Calvintire*. bometirte. ££p€uapres de fa main enveiaune lettre au DocleurSrc- Georguu p<ianus GerlâJcbius, dattee du fécond de Iuillet 1574. ca lUfrui m bW< rnopj.ïe n'rv reconnu aucun de nôtre tems,fait Ar- 2 f*run 33rien qui n'ajr plmôt cet Calvinifte. Server, B andrar, EVMn2- 3,Paul ÀJciac, David Gentil . Gribald , Silvan & autres. ?ïDoncques celuyqui craindra de tomber en l'Arriauif~ »me,fe garde du Calvinifmc.

LeDoclcur Gerlachius anaguicres montre les lettres de ce nouvea.t Mufulman , dans Thuringe , a un hora- me d honneur, qui m'a dit les avoir veucs. Couvrez vous, meilleurs les Genevois, de ce que les Luthériens vous di- feat , & royés 1. Matheus fur ce fujet,ea fon livre de C*- Vùndy C rmenio^ On v.t peut nier ; car Bezc

le coûfetTc - céttetanaiHc

LlVX! II: Jff

que l'Italie avoir vcmy , n'ait été élevée dans Gencve.Au commencement comme par manière de difputc , ainft c|u:on fait en l'échoie, ils propofoient ces queftions. En fmtou: a l'ouvert jufques à les foûtenir dans leconfei! 6c la viile Calvin étolt. Mais on les força de ligner la Conidlion deFoydc leur Eglifc , la plume étoiten la main & le cœur bien éloigné. Auili ils fe dérobèrent pour *llerétalerleurmarcliandifeailieurs,puisqu'ellcn'étoit de mifeen celieu,cù premièrement ils l'avoient acquife. Souvent depuis Calvin & les fi en s font entiez en confé- rence avec eus, pour effacer cette opinion; c'a été fans a- Tantage,comme J'iifue des Colloques de Cracovie, Wil- ne,&d'un Synode célèbre qui fut convoqué l'an 1581. Ce- pendant confelfez que vous tenant dans vôtre fort de l'E- Sinoèttié critureà vôtre ufagc,ilfautquevous quittiés laplaceà Unartê» ces nouveausTrinitaires , comme les vieus Pères de l'E- mtnfi$% glife euffeiu été contraint faire aus anciens, qui ont tant affligé l'Eglife , fans l'ay de de la Tradition: Car c: et clic quileura enfeignéque les trois perfonnes font confub- itantiellcs en une même elfence & nature, que nous ado* ions un Dieu en plénitude de Trinité , & égalité de Tri- nité,en une divinité feule.

Dcforte quclaiingularité de fubitance, neeonfoncî ^ t¥Mg^ la pluralité des perfonues,& la diftinétion de Trinité, ne t^ Kom\ feparc la Deite:quin'ét qu'une, ains demeure la Trinité enrtiçni & VnitéTrine. Qu'eniESvs-CHRiSTyadeus & parfai- ^ mvfa% ctes fubfbr.ces, mais une feule perfonne; de forte queny resjeu iadiftinclion des natures nefepare l'unité de laperfon- 2>|M«ri ne, & ne confond la diftinction des fubftances : Qu/ca Dieu y a une fubltancc , mais trois pcrfonnes.En I s s v s- Christ deus fubitances,mais mie perfonne. Comment toy qui ne te veus aider que de l'Ecriture feule, te deméle- r..s tu de tout cela, & d'infinis arguments contre ces gés, û tu ne 1 apprcnsdela tradition,& non de la leule parole écrite? Pariions ces ma'heureus, parlons a leurs compag- DoSyCiicoî: en lairray-je plufieurs en arrière. I'auray occa- fiun d'en parler ailleurs, lorsque je traicteray lesétrâges nuéméts qu'ils ont fait en la Pologne. Ce Blandrat doc trlécy cillas, ayant paifé eu Ttanuiyanie, de Chré- tien, redit Ian Sepus jeune Prince Luthérien, pois Calvi- *iite,&cn an ArriéXa cheute du Prince caula ia perte de

pluiicuft

Centur.

352. De la Naissanci be i/Heresie,

plufieurs autres. La bible fut miferablcment corrompue par le moien de ce mal-heureus homme ,qui la fît mettre en langue Grecque, delà vcrfîon de laques Paleologue, &enRebricupar le moien d'un Polonnois nommé Ma- thieu, tous deusTrinitaires , pour avec des mors nou- veaus renverfer eu tout le feus. On écrit qu'un lien neveu avança les jours à Biandrat, pour luy enlever quelque ar- gent qu'il avoit ramaiTé:Mais refervons fa fin lors queje palTeray en Hongrie & Tranfilvanic.

PLYSIEVRS AVTRES SECTES AVSSI étranges commeimpies & méchantes.

C HA PITRE XVI.

Bes Anti- tnarians ennemis U Vierge. Contre ces Antïma- rians. \ oy le livre de Hieroni- ynm *k Hangeiio, cdrefj'é au Duc Char- 5 de £ car h en.

Des Anti-mari*ns,(jr autres ennemis de U Vierge Mère de Dieu. ,

1.

De la race de i.% Vierge.

h Des Anlinomiens , Boquius,

Des Qubit;nif:£S & Liber- tins.

De l'horrible feêfe des Effron- tés, & des Valent mi [tes. 6.

Des nouveau* Flacciens}Ma' nicheens & Samfateniens.

7- Grande folie du ftuple enfor- celé.

8. De Suenkfeld autheur d'une nouvelle hcrtfie. 9- Du Spirituels.

AlNTE IT SACREE MERE DE I/E-

teknel, qui as eu pour ennemis la plupart des ennemis de l'Eglife : Enccravouluce ij£ mal-heureus Siècle produire des hommes qui ne méritent rien moins que le nom d'hommes, lefquels fe glorifient d'être ap- peliez Antimarians , adverfaires detavirginité,comme ces Tnnitaires Anti-Chretiens , font ennemis de la Divi- nité de ton Fils Rédempteur du Monde : Ceus-la déchi- rent la Virginité de l'vnioue Vierge,ne peuvent fuppoiter fans frémit ce nom Teotoco s. Cette Marie qu'on ap- pelle mère de Dieu,a eu d'autres enfins , difent ces bou- ches d'Enfer : Engcnce duierpent donc elle doit écrafer

la tête.

Livre II. ftj

la téte.C^étoit le langage de Ccrinthus, cïïtlreneeiEllc Voy Ctf. n'ctpasmerecîufeul C hris T.L'Ecriturene la peu ce- wdedutb, Ier,puis qu'elle fait mémoire des frères de Christ, in Chrijî. Ainfi prciunt-ils les motsaupié delà lettre. Ilfautpar nnîwiu même raifon dire , que Loth étoit frère d'Abraham, par- ïrenee l. /. cequel'Ecrirure l'en appelé : De même de Laban frère c*p. 2s. delacob, ainfi le nomme la Sainte Parole, quoy qu'il fut Voy Cocci- fon Oncle. Us la ravalent à l'égal des autres femmes, fu- tul. S. Th. jette à toutes les imperfections de ce fexe infirme, con- Cato. damnée aus douleurs de l'enfantement, née, fujetre, &. Gene.if. conçciie en peché.'Mais quel péché a peu trouver lieu au & ip. corsouenramedecellequiaétéleSacrairedeladivini- Cal. in té?Ce!aétoit-ilfortablea la Majefté de Dieu, de naître Har. d'un cors infecté de fouillcurc mortelle? Cet de l'écho- Matth. J, le des Evangdiques nouveaus que ceus-cy ont puifé leur ver/. fj. doctrine: Et ceus-la des Neftoriens, Herefie vieille & de- Jn. in c*f, puis encor renouvelée par Stemberger en la miferable i.j.Ioan. Moranie. Sçaches Marie , écrivoit Melanclhon, quetu inExp. n'es non plus envers moy qu'une autre femme pecheref- Ev*ng. de fe. Cette Vierge, dit Skhentius, a été pechereffeen cette Chr.cocef, vie&damnableperfonne.ainfi qu'Adam & les autres. El- YofiiU. in # le a commis crime que Dieu vengera d'un fupplice eter- domi. pft nel, ditledeteftabîc Spagenbergius. Elleameritédam- T.fipb*> nation eternelle,felon le maudit Brence.C'aété uneam- Ann. in bitieufe&glorieufe,dit Oecolampadc. Oyez en un mot eap.*>lo*%. „desCéturiateurs:Tous les SS. Pères ont erré,quidifenc Cent. u.c. ,, par privilège fpecial la Vierge être exemte dépêche. & ^. ,, que nul vice ôcvilainie n'a eu place en fon amc.Laillant Cent.p.câl ,,Iefi;s au Templeelle pécha,autant que fit Eve perdant /&. ,,le genrehumain.il n'y a que le feul Chriftexemtdepe- Cent. u.c. ,,ché.Ileft vray,quel Catholiquejenierlleît feul fans pe- ^. cité par nature,tât a raifon de l'union hypoftatique , que Cent. f.c/£ pour ce que la divine volonté regiifoit le fupofr: Mais ta 10. Vierge l'ét par grâce. Aucunemaculen'éten elle, ditla Cet./.li. Sapience. Rien neie peut imaginer de plus entier, pur & Cent. 2. & net après Dicu,que cette Vierge,dit S.Athanafe. LeDia- ^.Ds Com- ble par la bouche de Mahommet , eft contraint confelfer cep. I "irg. que fur cette feule Vierge il n'a peu trouver prife, Vierge,Jfy./<f. avant & après l'enfantement du Verbe increé, qui a crée VêyGreg. le inonde. Et ceus qui fe difent les vrcis Chrétiens, voifins adValen. de ces Ancimarians,non feulement en doutent;rmis s'en Itb. z. de

Z - moquent.

|54 Ci la Naissance de l* Hérésie,

Tfi'h.t.r.* moquent. Si eiic eut fait veu de virginité, écrit Calvin,

M*?k, tn ç\\z eut ère moquereile de Dieu. Comme ii dit d'ailleurs

c t.i.Luc. que par malice elle arétrainr JapuiiTancedeDieu.Vbicy

Cii.btr in ,, les paroles. Ilfembleque la famte Vierge veûilleavec

taf.i.Lttc< ,, autant ce malice rerraindrela paillance de Dieu , gue

ver/, j^. ^faifoit cy devant Zacharie: Qu'avons nous que faire de

In cap, ^. ,,1'exemter de tout vice, & de beaucoup nous penerpeur

<*d Rê/na. ,, cela? Il ne faut pas croire, écrit P. Martyr, qu'elle aye

~Btzeiïn ,,écé perpétuellement Vierge: Qu'importe cela? difoir

fnfA.ten. ,}Beze, au Colloque de Poifly : Pourquoy le croiray-ie,

ne-ji. ,, puis que l'Ecriture ne le dit pas? Il le glorifie de cette

CênJtMa. réponce écrivant au Prince de Condé.Leméchât Copro-

Ann*.pcig. nime, biife-imsgeparloitainiirLe Chris T,difoit-i],eit

1 7-*- de Marie iamere.Ainil tâchent ces miferables de lion-

Lnib.po- mrceiie qui a porté le faluteternel,de laquelle fouvét ils

fïU. tn parlent, comme du rebuta mépris du monde, ainii qu'on

Ev*»g. de peuc lire dans Luther & Brencemeede païens incertains,

'- h- écrivent les Centuriateurs , encorque l'Ecriture die que

Enncéin elle écoit ydu'e de l'iliultreracedeluda , &de la Royale

Evsnj. de liguée de David. De mc'me partaient les Manicheens,dit

S. h u pe i'Apoftat Ceifus,écnt Origene,qui

Ca.t. i, ia.nomErioi,£Mïaob|e, rufeicue.

t*p. ic. Ai;; s i caqueroi: n'aguere-s un Evangeliquedcnôtre

lib. jj. Fiant e;aus dépens de 1 illuftre extraction de laReyne du toc. FétuJ. Qitl} contre le témoignage de Saint Mathieu &z de Saint tat. 9- Luc. Le premier defçédant depuis Abraham^'autremôn- lÀb. j. & rant depuis Ie s vs-C;-; r i s t jufques a nôtre premier j.icrttr. père Adam, ont raporté la généalogie deloiefpereputa- Ci'f- tif du S a v v e v p.. Eft-il ponible de trouver une il çei-

IT* taiue&autentique généalogie &fianciennc?AiantDieu D<? U r&ce voulu que la Synagogue reildoit fon S.Esprit, Ef- ar ,f. Vitr- prjt vérité infaiiiible,gardat lbigneu'feméc les regitres %s* de tous les tributs & familles, afin qu'on reconneut la vé-

rité de fes promeiles, touchant leJvlelîie qui devoir forcir d'Abraham en latnbu de Iuda , par la famille de David. Ainfî en a dilpofé l'éternelle Sapience,marquat toutes les particularitez de fon Oint promis, afin qu'on ne s'y trom- pât. Ainfî voit-on remarqué dans les Profetes , le tems oc le lieu de fa naiflance, les circonftances de favie, mort & Pain oncles qualité de celle qui le devoit porter dans iun ventre gloneus. Orpuisque IofefVa aucune parc de

perc

J:

L i v r s II. 3f|

pcreauS AVVEVR,{îccn'ércntantqu'iiraclcré en Ton enfance, & qu'il avoir époufé la Vierge Marie , pour les raifons que ramené S.Hierôme en fes Commenraires fur S.Mathieu, il faut voir quelle eit la généalogie delà Vier- ge,ann de bâillonner la calomnie q ui gronde con rre elle. S. Hierôme remarque trenbien fur le premier chapitre de Coutume S. Mathieu, que ce n'ét pas la coutume des (aimes Let- ^ci [Htf^ très de raporter le denombremét des degrez féminins, & de marquer les cxtracriôs par les mères & femmes : com- me e'éc suffi la coutume de tous les Royaumes & Repu- bliques. D'ailleuis l'ordonnance eft exprelleau livre des Nombres, que les femmes ne prennent roarys que de leur C"9P- S°* propre tribu : De même que les hommes ne (émanent Ô*^ernler* qu'ans femmes & filles de leur même tribu, afin quel hé- ritage aiïigné par fort aus tribuz, nefe tranfporte d'une tribu a une autre. Et fut cecy ordonné fur la remontran- ce & à la requête des petits fils delofef. Parainfi leS.Ef- prit décrivant la généalogie de S. lofef,depuis Adam, pur Abraham, luda & David, nous déclare allez manifefreméc que la Vierge facreemerede Ie s vs-C hrist époufede Iofefdevoit être demémerace. Et quoy que la Tribu de Levi pour n'avoir aucune afïignation de fond, de terre & po(leiiion,peut faire alliacé avec les autres Tribuz,côme celle de luda, mémemét par filles qui n'éroient héritiers. Ce neaumoins Nôtre Dame comme unique de fa maifon E* Vierge & héritière, ne pouvoir époufer autre quedefaTr;bu:& héritière ^ bien que deilusfepuifle former encores quelque dou- de fa mai- te,lcs Evan gélifies l'ôtét du tout, en ce que leur intétion /*»• guidée du S. Efpriteit de déclarer au vray la defeente de nôtre Sauveur par lignemafculine d'Abraham deluda& David, fuyvant les anciennes promeiles faites aus mêmes Patriarches ; & nefe peut cecy verificr.que par neceflaire confequence la Vierge M a rie , de laquelle feule lis vs-C hrist a pris chair, n'aye été de la même maifon & famille que luda, Abraham & David, comme auflî fon épous Iofef. C et allez pour cîorre la bouche a cesmédifans, & au maudit Budneequiaiemé cette do-» clrine en la Lithuanie , content de dire avec Saint Ara- _ .„ -, broife, ^ue U cal>mme ferme /a bouché, que l' Herefie feietifey * ' * ç«' '</ fie Itéy avienne de projeter pzr oie vilaine contre U Mère de i>:.H.Oredembachius raconte en Ion hiûoire de Livonie,

Z z qu'une

$t,6 De la Naissanci di l'Herisii, , qu'une femme de cette Secte,ayantcommâdé à fa cham-

Xitracli Prière de luy dreiîer Ton bain le j our de la fête de l'AfTom- tnUvcme. pt][on de la Vierge Marie, lautrc s'en exeufa pour lhon- neurdujour:Va,luy dit la maitreffe^ay ce que je recom- mande, Marie à été femme comme moy,& rien plus. Le bois dreflé pouréchaufer le bain,ilncfut polTibie de l'a- lumer:& au contraire le feu s'éprit en la maifon defcédu du Ciel, lequel l'embrafa fur l'heure, m. I e vienaus autres qu'on appelle Antinomiens , c'ét à

~Be$ Anti dire, contraires âlaLoy, dont on faitauthcurlan Iflebe ttmienst Agricole. On écrit que par l'entre-mife de Luther, il fe Boquins, départit de fes erreurs : mais Luther mort il les reprit cn- Buiitrs & cores, comme racontent les Théologiens d Iilebe:Ceus- Jnviftbles. cy par leur nouvelle Théologie, que Sclufemburgius a réduit en foixante-cinq articles , ouvrent la porte a tout vice, comme nous apprenons aulfi de Luther au livre des Conciles. Quoy que tufoispaiilard, difent-ils , voleur, mefehant, croy fermement, tu feras fauve. L'homme eft fauve, pourveu qu'il croye aus promeffes de l'Evangile. Stlufemb. N'étoit-cepas la première doctrine de Luther? Ceus-là . +0' ne font cas que delà mifcricorde,point delà Iultice,croi- ent qu il n'y a point de Diables, comme les Athées que y0 stath iln'y apoint deDieu. De ceus-cy font fortis ceus qu'on La cên'efi appc^e Infernaus, qui diient que l'Enfer n'et autre cho- de Mans- * ^e S.uc ^e ^ePu^cnre 5 de forte que la defeente de hsvs- ftld. T de Christ en Enfer, doit être entendu de fon fepulchre. Anime fo Ce fut Luther qui le premier apporta cet intellect, fuivy $ ,. J - depuis de Bijcer& de Beze: Comme c'ét aufîi ce bon Do- luih tom cieur,lequeIpourôteraumôdelapeurdel'Enfer,femo- \m t0\ quedecequ'onenditjquecefontdesfables&des côtes, » £W/^ veu que mêmes les Diables nefontencoren Enfer. (C'ét T des Cou- & doctrine fur le i. chap. de Ionas ) ny les âmes aulli non €il in ap. P^us en Parac*is > lcfquelles font en attente du Iugemcnt -7 qui fe donnera a la fin des îiecles, pour aller après prendre

2>4fitk Ee- leurquartier. On vitaulTi les Boquinsquiportét îenom ... rmh de Boquinleur maître ,lequei enlcigna Iesvs- Christ 2 aci n être pas mort pour les mechans, mais leuiement pour Boanins. i«Hdcies. Pourneant,difent-ils,sappi-ochent ceus-la de la tabledu Seigneur,car îin'étpas mortpoureus. Ils fu- rent fécondez peu après des Hutites, qui font en attente perpétuelle du jour du Iugement , lequel ils aifeurentà

certain

Livre IL 3j7

certain tcmsprcfix& détermine , fans que pourfevoir feuvent deçcuscomme-leslbifs, par la nai flan ce atten- due de leurMefTie, ils foienc faits plus fages : Usfefonc nommer les enfans d'Ifraël , mais on les appelle Hittites deIanHut,qniaimamieus mouriren prifon, qu'abjurer Hutites fon erreur.Les Invifibles,qui, comme écrit Stafile.difenc invtfM,s, l'Eglife ne pouvoir être vi'ible,qu'elleeft cachée & logée J dans les cœurs: que Dieu fcul connoît & voit fon Eglife, qu'il Ta placée dans Pâme de Tes Eleus. Erreur renouve- lée par nos Calviniftes François , qui pour ne pouvoir montrer la fourec Se origine de leur Eglife, l'ont couver- te du fac mouillé de l'invifibilité: mais mal à propos:car celuy quienjcttalesfondemens nous auroit bienabufé, û l'Eglife étoit invifible, lors qu'il nous a commandé, a- venant qu'aucun de nos frères fut incorrigible , de s'en zutk ii plaindre à l'Eglife: A qui le dirons-nous, fi nous ne pou- vons voir celle a qui il nous faut parler ? & s'il faloit par- ler en l'air,ne (eroit-cc pas un vain remède qu'il nous au- roit donné pour la correction de nos frères.3 Et quand S. Paul difoitausEvéques,& Prêtres d'Efefe: PrenezgmrUe à Atl. J#. vttu^àloutlt troupeau fur lequel h S. Esprit V9H4 a coîîittttz. four rtoir ï Eglife. Leur commanda-il pas une choie im- poilibie, fi l'Eglife étoit invifible? Il feroit beau voir un berger avec fa houlette aller feul çâ & la parmy les châps fifflanc avec les mêmes geftes qu'il feroita la conduitte de fon troupeau, & cependant n'auroit rien qui marchât au devant de luy. Mais que voudroit dire S. Luc, que S. Barnabe aifemblerent I Eglife en Antioche,ii cette EHi- A&.I+.& fe e'toit invifible? qu'alfcmb'erent-ils? des fin tomes? S. is. Paul aus mêmes Actes faluë l'Eglife, Quoy ? une chime- Ad. /<f\ bre? Non, non l'Eglife eft pleine de clarté depuis TOrict Or. hem. 3»iufques au couchant, dit Origene. 11 eft, plus aifé d'obf- jo.in Ma- »curcir le Soleil que l'Eglife dit faint Chryfo(tome:L'E- tbeum. «glifeenrournee de lalumiereduSeigneur,jette fesray- Chryfoîl. "ons par tout, écrit faine CypriamCeus la foin aveugles kom. 4. in «leur reprochoitfamt Auguïtin^ui ne peuvent voit cet- c*p.<Î.Ept. » te grande montagne,qui eit l'Eglife.Parlons des Qinn- Aug.libj, tiniftes îffuz de Quintin Couturier Picart, qui commen- cotra Far. ça de dogmatifer fan mil cinq cens vingt-cinq, en Bra. mg.&ail- bant,autems que tout le monde battoit fur l'enclume leurs, deLHcrcfic.

2,3 C'est

358 Di la Naissance di l'Hiresii, ït." C s st îcy le chef delà groupe troupe des Libertins,

DesQuin- mocqueurs de toutes les Religions : ils les approuvent lin tit es h- toutes, & n'en ont pas une. Dieunefefoucie, difent-ik, btrum. en quelle manière on le ferre : &s ils croyent quelque CaladLt- divinité, ils la laifTent dans fon trôneen repos , ellea'a btrt.ca. +. »io:n dcnosmenuz affaires. Fut-ce pas ce qu'ils avoyent Vtrf Lt 2 » appris de Luther en (a Captivité de Babylone, il dit: do^tnt. "Dieu ne fe foucie quoy quenous failîons. Ec comme ver. nous prenons pîaifir difen? les Libertins , d'être fervis de

divers mets, a util piéi-il a gré les divers fervices & hom- mages que les hommes îuy rendent. Ainfi parloir ieFilo- faZ- ISI> fofe femifre. Ce Dieu eft fi grand , fi haut , & încompre- henfibîe , ou'encor ne pouvons- nous par divers moyens arriver a fa cognoifiance. laques Curio en fa Chronolo- gie de l'an 15 6. cLc que le Palatinat fe rempliiïoit de tels moq ucurs ceRdigion nommez Lucianiftes, gés perdus, qui tiennent pour fables les Livres faints. fur tous ceus du grand Legiflaieur de Dieu Moyfe. N'a-on pasveu un dc- tefxabie livre forgé en Alemagr.e, quoy qu'imprimé ail- leurs, au même res que 1 Herefïe jouoit ainfî fon nerfon- , nage, qui femoiî cette doclrine portanr cet horrible tî- %vrt.] *~ tre^Des trois ;rhpoitejrs,& est. fe moquât de trois Reli- gions maïtieifes, qui feules reconnoiifcnt levray Dieu, noire tes. j-rtji:i- v>3j 1.-. Cr;rc:ie:ine, & la Mahometane?Ce feul titre mon trou qu'il (ortoitdeb Enfers, & quel écoic le fiecle defanaifi'ac :»qai ofoit produire un môrre fi formidable, le n'en euilc fait mention , fiHofius& Genebrarda- vact moy n'en eullent parlé: 11 me (ouvient qu'en mon enfance )'ea vis l'exemplaire au Collège de Prèle entre les "Ramut. mains de Ram us , homme afiez remarqué pour fon haut & e:r, in en: {Ravoir, qui embrouïila fon efprit parmi plu- sieurs recherches des iecrers delaReligion, qu'il manioit avec la Filofoiie. On iàiibic paiferce méchant livre de main en main parmi Ici plus docles,defireus de levoir.O aveugle curioiité, que tu as fait trébucher d'amesaus gouffres eterncls.Vit-on pr s aaffi n'aguieresàfçavcirl'an 1568. les Theies imprimées a Cracovie en Pologne, cet articleetoit couche, Som itfam qu après Ixmtrtl ame îetpUii. C Jo.èi t.ivëiton -iel' Antechrtjl Romain }pi ur tngraif- f r f* cutfme , que fon P'Ar»Mtoit8^(°r> i'invcc*ti9ns des Saùu^de ferjHH fier nutnondt l tmmorlfiUté des ames,Et un autre encor

plus

L I V II E II. ^9

plus pernicïeuSj imprimé en laviile deCrscovie l'an mil înéftH.uà cinq cens huittante huit portant ce titre,La Religion de Epsfedp. t- Simou:ll nous donne le Ciel poorpc re, & la terre pour gtilevj /w, mère , autre Dieu point. L'an mil cinq cens foixante fîx, dit Stafile^s'élevadâsla Bohême une Seclequimontroit tout ce qu'on dit deDieu &: dufervice qu'on luy rend,é- tre des fables: qu'après la mort du cors , l'ame n'ét plus. Cela mêmes fut prêché dans Genève, écrit Vêtus, par m\"^yL livre Miniftre Italien. Vn mal-heureus Evéque de nôtre Sie- intpHmék cle,parfon exemple (car c'étoir un homme de grande le- Zkrùê l * çon &3Uthorité,duquelieparteray ailleurs, & qui k per- *J#7. B dit pour l'amour d'une femme ) imprima cette mal-heu- '•*/ reule opinion à une grande partie de ces pauvres peuples, ***/ jfio «*• ja ébranlez en leur vieille creance:Que toutes P>.elig;ons **f**rt&* ctoient bonnes s'aidreiTant à un feul Dieu, & cardant t**rtuê- les lovsdenature.Voyla lepiogrez delaReformationde *>*in> Luther.Plutieurs de ces bônes gens firent des aflemblees, pour de la Religion Iuïve, Chrétienne & Turque compo- ser une nouvelle Religion. Eft-pas pîaifante la compa- gnie religieufe des Hérétiques, qui le font appelle^ la fa- mille d'amour?

Henry Nicolas futl'autheur & l'Apôtrede ces Amou- Y.imi!le reus qu'on a vea voguer en Angleterre. Gensperdus qui d'Amour* vivent & meurentlans Baptême, ny Sacremens, contens Veydeces d'inftruire leurs enfans en quelque civilicé politique. Ils ge;s Ref, nedifenten leurs prières que les trois premières parties cmtftL del'Orailon Dominicale, parce qs'a leur conte ils ne j^j. pèchent point, d'autant qu'ils font nez de Diea. Dilent que Iesvs-Christ eit feulement limage de l'être de la dextre du Père. Que le Pcres'humanifîe foy-méme a- AcoH*. vec eus félon l home inférieur, & les édifie félon Pnom- enUâtf- me intérieur en un efprit avec luy. Concluent de la que criptton d& l'amederhomme n'ét une créature, mais une portion de Vorivine Dieuincrece. Le chef de leur Secte eft appelle l'Homme dtsticie~ divin. Ainiî le faiioit nômer l'Holandcis Nicolas trans- fies, formé, difoit-il . en l'être de Dieu.

Q^EdiralaPoftenté quâd elle orra parler de ceus que y.

on appelle Erfrontez ? ainû les nomme Erafme,Iefquels L'horrible avec un fer le lacloieru lefroutiiiquesà ce quelcsâgen Strélë &s fortît,puisy appliquant de l'huile fedifent Cnre:iés,fans tffror.Tcz* autre forme de Baptême. Ceus-cy, aie l: meme autheur, & des Z + établi-

léo De la Naissance de l'Heresii, VnUntini- établirent leur Secte l'an 1534. avec lesPredicâs deTran- flti Eraf. filvanie, &difenr quelefamtE s ? r 1 r eft une élévation in epijl.î\9 feulement , ou motion qu'on lent en Ton ameinfpirec de foltad Dieu. Que c'ét idolâtrie d'adorer le S. Es pm x,veuque Luth.Tra- l'Ecrituren'enditrié.Mais ne cit-ellepas qu'il eftDieu? ftl.hh. 2. c. Que s'il eft Dieu, ne le faut-il pas adorer? Glorifiez. & p$r- s. cent, in- tés Dieu en vota ^iCoïi l'Apôtre. Quel Dieu demande faine carAefu. Auguftin finonleS.E spriTj le Temple duquel il ayoic j^Cor.6. dit être nos cors? On aveu auiTi les Valentiuiftes ennô- VoyArttin tre tems , qui (uivant leur Maître Valentin Gentil, main- %nhifv*l. tiennent qu'il n'y a point trois perfonnesen une même Gentil.Voy eflenec , ains que l'eUence eft au feul Père, lequel feul eft Hczelib.de vrayDieu , que le Fils eft eifentiel du Père, comme par uniîat, emprunt. Et qu'il diffère du Père fubftantiellement.Ce ejjentt*. méchant ayant laiiTé l'Italie, fut élevé &nourry à Zu- rich,puis à Genève, oùonneletraitapas avec telleiufti- ce qu'on avoit fait Servet: Car après avoir abiuré fes er- reurs,on luy donna l'arrêt par la ville. Mais craignant a- voir pis,& être le compaguon de Servet , il fe dérobe & fe retire quelque tems en Savoye, puis appelé par Blandrar, & Alciat forris de Genève, les va trouver en Pologne ; faifantvnmélang-de fes opinions avec ces noaveausA- pôtres , n'eut pas peu de vogue en ce pais là. Ce fut luy qui de Calviniftefit Grégoire Paul Arrien , venim qui s'épandit après en pîuiieurs lieus. Les Luthériens & Cal viniftes crient lors , qu'on violente la Parole de Dieu, amènent contre luy l'antiquité' , le Concile de Nice, le Symbole d.'Athanafe,ils parlée alaCatholique avec hon- neur de ce qu'a l'Hérétique, ils fouloient n'aguierts fou- ler aus piez,s'en fervantcommedesvieushaiilons.Ce fut contre ces gens , que le Roy Sigifmond Augufte fit une mémorable aflemblce l'an 1-66 comme je diray ailleurs. Or le trouble & la divifion s'étant gliiTeeparmy ces nou- veaus Apôtres: (Car BlanJrarfe déclara tou:- a-fait A r- V*len*in rien,& Alciat fe fit Mahometifte] Valentin vuida le pais: Gentilen Auiîi Sigifmond Augufte Roy de Pologne,parEdit luy fit Telogne. commandement de fort ir de fes terres. Avant fon départ il fit prefenter au Roy un livre , en la préface au fixié- mc feuillet il fe plaint , que ces mots môftrueus & étran- ges fontreçeusenrEglife^r/b»^, EjJ'ence,Vnité, Trinité. C'étoit la malice qui le poffedoit ; Car comme il vouloir

renver-

Livre II. ?6c

renverfer l'édifice de fEglife de fond-en- comble , il eut bien voulu fapper Tes fondemens,& ces mots qui font au- tant de tours pour découvrir les afTauts de (es ennemis. Cefontks Catholiques quinefçachansjudaïfer,rcticn- nent le mot dePerfonne, & Trinité , &deteftcnt les mal-heurcus Tritheitcs. Nous nous fervons des mots d'ciTence & d'unité que ces nouveaus Arriensvoudroiét L^nernbroûilIer.Valentinpaiîéenla Moranic, puis en Autriche,cnrin revint en laville de Berne, il fut con- damné comme heretique,& brûlé l'an ij^^.proteftant au G™u\ fupplicc, écrit Aretius , qu'il recevoit la mort pour la brtde* defTenfedunom , & de la gloire de Dieu : Voila quelle àernt. fut la fin de ce Gentil , caufedelaruïnc de tant d'ames, autant hardy pendant fa vie à épandre fa doctrine, corne il fut obftiné en fa mort , pour la foûtenir. En ces Pais ~ le promenèrent ces bos Apôtres lortis de Geneve>on voit * une autre forte dépens qu'on appelé HofFmans^qui fou- T.L . T

tiennentDieudeioy être fait chair : L homme reçeuen .

, - r - l ' i j *"• cancer»

grâce tombantaionecienten pecbe , laperdrepourja-

mais. Vn de leurs Prédicats foùtint cette maxime à Straf-

bourg contre les fuperintendans Luthériens. le vous laif.

fe à penfer comme il fe devoir fervir de l'Ecriture fainte,

qui dit fouvent : Que toutes Us fou que Is pécheur gemirm

fourfinpecbé. Dieu luy fer amer cy. Et comme il devoit bien

entédre les premières Prédications de S.Ian Baptiftc ,des

Apôtres , voireduFilsdeDieu , quia tant exhorté les

hornmes'a la pénitence.

O n a veu aufli renouveller les Hercfîes des Maniche- vi.

ens , qu'on appelle d'un nom nouveau les Flacciens, Les nou-

àcaufede Flaccus Illiricus, qui le premier en nôtre Sie- veautMA-

cle a mis fus leurs erreurs, quoy qu'il fe vante être le vray nicheens

Luthérien. Sclufemburgius luy fait tenir le premier rang & $**»<>-

en fon livre qu'il a fait de la nouvelle Seétc des Maniche- f***fau*

ens, cottantlenom des Luthériens & Sacramentaires,

qu'il rendit Sectateurs de Terreur de Mânes : Lcfquels

épandent leur doctrine, mémement en Autriche. Par- -

myceus-la furent Ci riacus Spangembergius , &Chrifto%

forus Ireneus , Predicants du Duc de Saxe. Martinus

Wolfius, Predicant d'Orlamond, Mathieu Schneider

PredicantàTuringe , &plufieurs autres. Etcommece

Flaccus rcnouvella les vieilles rêveries de Mânes : Auiîî

Z $ firent

3^1 De la Naissance »e l'Heresii, fireind'autres celle de Samofatenus,dit Stafiic. Qui lira leurs livres mêmes de Socinus Samofatenien , difputant contre le Luthérien Volanus , il verra que celuy-cyne combat l'autre que des armes Catholiques, delaTradi- tion,del'authonté des Pères de l'antiquité , &qucceluy ne pare aus cous qu'à la démarche des Luthériens. Ce Socintuît. font les Pères, dit Socinus. Mais quoy?ce fout hommes: de Chrisli ne fe peut-il pas faire que Dieu nous éclaire comme il les Natu. à illuminez ?I1 n'y a point déjuges en terre pour décider de la Religiomïl n'y a nue la feule parole de Dieu.Fameu- fe parole de tous les Hérétiques pour échaper ! Tu es é- tonné, Lecteur, devoir tant de cialfes en l'échoie de Sathan, tant d'Evangeliques , qui tous fedifentenfans I e s v s-C KRisr, qui tout époufent au pris de leur vie, Jes opinions conceùes dans leur tête , auili certains de leur falut,que de leur mort. Le Diable n'ét pas au bout de fon roolle , il en fait tous les jours renaître de nouveaus, Hérétique s comme les Omets , les Puritains :Nous les verrons lors nouveau. que nous ferons à propos de parler de l'Angleterre. Com- me ie laide auilî les Huiîites,Taborire:>,Pikarrs,Ies Sub- utraques,& Caiixtins de Boheme,pour le 4.1ivre,les vieus Waudois de la France, doutje parleray ailleurs, &infinis autres en rien femblables entr'eus qu'en ignorâce & opi- niâtrete',qui s'entre-poufTent,s'entre-heurtent corne les vagues émeuës, qu'un flus hâté avance, & qu'un redus ti-

~- re loin du rivage s'étouffant eas-memes dans leurs inco-

14 tu ces ., . ° ,. . ... ,

. - t patiblcs erreursAous diriez qu ils courent aus barres, ou

j , l"r" qu'ils jouent au tiers avec les Dfmons. Tous fediient cc-

. .r r pendantnez avec la primitiveE^liie, merveille qu ils ne native E- K.r .. ,r °, \- A ,■ \r

, ,- F difent avant elle, corne ces peuples d Arcadiequ: le van-

f U **' toyent ^tre nez devant la Lune. Il n'y a pas juiques aus Fratricelles, qui ne le dient les Enfans de Christ: Héré- tiques infâmes qui s'accouplent dans leurs Synagogues, pélé-méle comme bétes brutes , les chandelles éteintes; On les a veu dans Pofvanie en nôtre Siècle. Herelîe corn- pofee partie de la Luthérienne & de la Pikarde , en ce qui touche leur creâce. Leur premier autheur fut vn nommé lerzyk. Outre tous cens dont j'ay fuit mention jufqucs icy,il y en a qu'on appelé Semi-luthenés, Anti-luthenés, Luthero-zandriens,Luthero-zuing!iens,Luthero -Calvi- «ifleSjLuthero-Papiftes : Car entre les Luthériens îi y a

pluiîeurs

L I T R I II. 365

plufienrs Sectes ; onze furent déclarées Hérétiques par jugement des Princes .l'an 1^9. comme remarque Staple ï-w--4>ton~ ton le laiffç encnr les Mmsfeldiens,Hciïu(îïens,Lopfen- tror'Caf. fes, Macédoniens, donc Hofius parle en fon Anti-Brence, rS* &plulîeurs autres qui le dilent tous envoyez du Seigneur pour reformer l'Eg ife. Orcncorque tous ces malheu- re'is dont )'av faïc mention es chapirresprecedents, E{- prits en ragez & furieus , foient etoufez, & la plupart fur leur fumier ,fi eft ce qu'en bien peu d 'années ils ont laifle d'infâmes facceileurSjqai corne charlatans vendent leurs fumées a ces peuples Septencrionaus, & dont la mémoire mente plutôt d'être enlevelie dans l'éternel oubly. que re- nouvellee dâs nos écrits, pour les fruftrer de la gloire qu'- ils fe font promife. Mais plutôt le nom defquelsdoit être connu , afin qu'il leur en préne comme a Perillus, duquel le Toieau étoit côfervé,afrn feulemcr que toutes les fois qu'il feroitveUjil donnât lujec de maudire lbn autheur.

Le pauvre peuple en-orcelé fans raifbn , fins juge- _ TnJ ment, comoito.es après les uns , puis après les autres, r/j commefon apctitle portoic. Vous avez veuceus quié- tH'e T? . chelerent la montagne d Apofeile pour monter au Ciel, ??*?- fous la conduite de leur Pr ofete. En voicy un autre, difei îol'tec*sces pic de Luther, qaileus porte la nouvelle du iourdujuge- P**?*"**' meat,& lel'd rverture des d'eus, dont Hanardjs Game- fi^™^ ri as fait mention Ce fut Michel Stifelius, lequel a la veuë ?XY ?' de ion rnarweLuthtr(caf ce bn en un village près de Wi- temberg,no uïné Holtzdorfï annonça a (on peuple, fur inH*Hi lequel Luther i avoir confhtuj Paîteur,que letroiiiéme /.BhcoU- jour d'Octobre l'au içti,leCi*Rli« viéiroit tenir fes der- cor% nieres affifes, juger le monde, recueillir les fiens. Ce bruit épandn par la Saxe &Mifnie,piu(ieurs laiiïent leurs biens incultes, & en friche, paflans le jour & la nuit en oraifons & p.icres.Lejourardvé,leProfcteles allure que l'efprit deDieuiuj a révélé : mats l'heure de dix heures allignee étant paflcéj une tempête furvenuc au même tems, 'leur do.Mia exico- e;perance ce 1 accôpîiifementde la Profetie, jufcjuesaceq:.eUCici:.v:V\néicureûtouvertIesyeus^ ^ tait cônourc le.ir !>c -L'e c<: Je leurPafteur aufTi.-Lequel pris,eft mené a Witébërg;rrtai*Ltiri*er le tira de pnfon,& révovakrvirfonEglife. Voicy les vers du Poète qui décrie toutes actes de cette mc;reil!c,que j'ai lailîe en naturel.

EhtM,

5*4 Di la Naissance di l'Herisii Ëtedemb. Ehen^aufle ffrecorjnunc , quod me perdidit ,audL

fol, 709, 2/1 in Saxoniaqui me nuUivii *lumnum>

Tetris: de lignu Holtzdorfa dicta vocatnr. Bac cum fufciperet falfis de vati'cu: unum, Sefimul&miferoi nos perdidit ipfu colonos Tundiim , & miferè Jirtclo vektt enfe peremit.

Namqu* Mkhaëlem quemdam pre* vate recepit domine Stifelium ,f*:it*m comit emque Lutheri : Cîim eoleret monachos , O* cum turbaret eofdem, Is ft facra put ans mysleria /cire Deorum, ^uadrati numeri fecumratione putata : Vtxit in hoc ipfo , quem mox memoravimw , anng t Quid foret Oilobrit decimam lux et r citer h tram Tenta , fupremi perituri terminât tvi : Crédita fub tant» tes tam^tiam veramagiftr» Agricoles ruri , fedty ir.tr a mœnia cives Lumintbw cUru obAuci* nubéL fefeîlit. , JShtem non dtciperet ? credebat id ipfe Luther tu t Vaitcinaturo fubfcnbsbatque Mtlanchthon. HiquiMsfntacum fubioebant vomere ttrram» Et qui Saxonici cahotes ruris cr/imut, Incultes figros incuit ajue tecîa domorum, Et patiebamur fine frugibut arvaperire: Hec fatU ejfe rai't , fitantum venter haberet, t^uanihm [uffireret diâxs ad temporù borax . Sot igitftr foaj fummù pro vinbiu omnes T'-'grtcxbamur , fie , ut mhil effet in&res Kil itidempecoris cum tempora dicta venirent*

Cum tamen ille dtes O.lobrû tertiue effet, Comeniunt omnes , quorum (îulttjfimm ipfe Comjtjfit médita , fauiiumque precatur , (j> orat- Agricole etiam fruflrà metuenttbtuinquit SufeJim cUmans Jurgtndi temptt* adeffe, Supremumque die m noftr* vemffe falutU. Sam quo quifque modo vejhtus slaret ibidem Hoc debere (iatim c*li fuper £theraferri. At cum iudtcij iamdudum temptu abejfet, Vf dubttans jecum pnfagia falfaputaret. Fortuit a quidam vtniens ab origine vent ai Eludit fubtto meniacem turbine vatem, ^uifimulac perijt ,nos penèpernimMunà ,

QuU

L i v R i II. \4y

Quoi non adfuerit judex cum turbine Chrifluv

H*mpro}ter pecudes, prof ter bonA perdit a ma fit

Crut a dus nobû loties promijf* fuijfct .

Erg* Stifeltum, m*mhn*poïiterg*revinBù%

Adque manu* pedibttAper mutu* vincuU nexù.

In currti pofitum nunc hue vafttimu & Mue,

Donec ad eximUmfejJi devenimu urbem,

Candida qitA nivei /«rtitur nom'mn montù.

hic nos j udicio damnendum fistimus *quo

Parvapetituri mugno foUtiadamno.

Std fîuslrà petimue ,fi-ufirà culpamm iniquum^

Trufirk (Arceiibui cUufum dttrudimw hosîem:

j3)uo duce cémmunU fortù fortuntperijfet.

N*m (lui a iecoriofuit ipfe Luther tu eedem,

Eque Stiftlio faBum dédit Ocre a nomen )

De mzmbiu noftrii^ & cerîAmorte redemtum

Excellent magica4urpiffimus arte Lutherta

Stifeltum notiprdfeàum reddidit sdi.

Hosvercmiferos , miÇerosnosi'de reliquit

Elufosmiferè , quorum pars tAbeperivit

Pars fuA crudeU confondit peBora ferro :

Pars , quorum numerum fugiens mœflijfîmu* auxL

Diver/ks adijt psttrijs kfedibm or Ai.

O utinam vetocontingeret infimtti ordo)

In quoferzitij mihiponderA ferre liceret . Vn autre auiïi étourdy que Siifelius & forty de nôtre LmJah U, échoie comme IoannesCampanus au pais deClevcs,paif- /. c.fd* foie de femblables bourdes le peuple , écrit Lindan. Or fug.ld*. tous ces médians que vous avez veu ioùer divers perfon- nagesen cette Tragédie de l'Herefie (jamais les Enfers n'en vomirent de plus exécrables !) couvroicnt leurs er- reurs de l'Ecriture. La feule parole de Dieu étoit leur Nort & leur guide, -ils n'avoient autre chofe en bouche que l'Evangile ; Et comme de tout tems les Hérétiques fe font attribuez des fuperbes noms pour braver les Ca- tholiques , & fe faire reconnoitre de parole ce qu'ils ne pouv oient par cfret,ceus-cy de même ont ambitieufemét defiré laiifxnt le nom de Catholique,étre appeliez Evan- geliqucs : ainhfe font nommez les Luthériens, ainiilcs Zuingliens;ainii les Anabapti{tes,& autres.

V n feul pourran: homme c'^pee eilaya de faire ce tih.

que

î€6 De la Naissance de l'Heresii,

que le Diable même n'avoir ofe tenter : Ceiuy cyprintlc Suefitjela contre-pied de fes compagnons, & comme Lycurguc ne Autheur vouloitque cesloys fuiTent écrites , aufîï voulut-il tout tlunencu- à fait abolit l'Ecriture facree , dont les Hérétiques Tes veU*Here- compagnons faifoient tant de cas : Cet ie fujet denos jis.L un querelles,d;foit-il: Ccttuy-cy s'appeloit Gafpard Suenk- *s29' feld , lequel Luther par moquerie nommoit Stanfîed: Home qui pour avoir tenu une doch in e contraire a tous, n'a point laiiTé d avoir pluficurs Sectaires, qui de luy sot appelez Suenkfeldiens:II etoir natif de Sijehe,d;une bon- ne & noble maifon, home allez diferr,& qui fe mit en tête écrit Vigandus, défaire une nouvel ie Eglife contraire à celle de 1 Anrechnit R.cmain, & de 1 Hcrefiarche Luther, ou comme un entre- deus, ainiî ou'il 'lit au Ywicaeittplïci f/'.'c, ramenant fes longes & rêveries fur lApocalypfe, non paspours'arréter a la lettre, mais aTelprit caché au àc[- fous. Comme.il éroit homme éloquent & allezfçavanr, quelques unsjoignenta luy , mêmes Sigi mondPaiteur Ligniceniîs, troublant ia confeience de Silei'îens par plu- ficurs nou veaus erreurs qu'il alloitiem an t. Le Prince Iri- deric Palatin l'ayant chaiTé de ion état , il paife ea Saxe, confère avec Luther de plufieurs points , quine peut convenir avec luy, moins encorler amener a l'Eglile Lu- thérienne qu'il avoit laine Qtu vou- De Saxe il va à Au{bourg,Vlme& Strasbourg, pour fai- p.*n -joir re parade de fa nouvelle Religion toute lpirituetle,difoit- les erreurt i^ricn de charnel corne les Papiftes &.Lutheriés. La fain- e.e Suenk- teté defa vieen abuloit plusieurs, qui accouroient pour fddjtfe la ]5ou'irj préchant es maifons privées de ta propre authori- cenf-jfton tg rj appelloit Jes ficus Confelfeurs de la gloire de Chnit. de Mans- Crluy& toute fa Sccre fut jugée Hérétique en PaïTem- / & blee qui fe tint à Smalcade l'an 15-37. Volfangus Capito Laurtni renommé Predkant,Iuv applaudi: fur fon interprétation Hune»- je u Cœne3avant mis une Preface,a l'entrée de les livres. TM»ff. Difoit donc ce Chevalier errant:Qu'il ne faut nyLoy,

ny Ecriture, pour y établir fon falut : Que la Bible n' et pas proprement la parole divine : Qu'il faut être enfei- gné de Dieu comme il nous infpire, admirer fes œuvres, éiudierJe grand livre du monde , qaieft ieregitrede fes merveilles.-i'Ecrituren'ét qu'une creature,ï£svs- Christ nes'eû.pas caché ions la lettre, il fa m le connoîtieavec

Esprit

Liyii II 3^7

Efprit de Dieu oui fe communique aus hommes : Ne dit- Vayllliric, il pas dans faint Mathieu,*"^ « 'avez qu'un Ma lire uuCiti, en U Pre- il ne faut qu'aune vota enfeigne . & dans laint Ian : Le féal face fur Christ cfrle Frrée,<tans faint Paul: La lettre tue , & l'Epure 1'ifprit vivifie. Voyez comme cet érourdy manie l'Ecriture de tosieL par l'authorité de l'Ecriture 3 il veut anéantir l'Ecriture, Efa.jf. comme on voit en fon livre, De l'abus de l'Evangile, & lcre.it;. au livre du Verbe de Dieu, contre le témoignage desPro- Vaulr. fêtes & Apôtres. Ainfiavoit fait jenefçay quelAmbroi- Tefjal. z. fe , qui rejettoit& l'un & l'autre Teftament, dit Ekius z.Vet.i. contre la Confeiîion de Zuingle. Et un autre Ecrivain de nôtre âge Otho Bransfelius , qui ne nia pas les E- van^iles avoir été écrits par les Apôtres , mais que iou- vent comme homme ils ont erré &a deifein en faveur de leur Maître ennchy leur Hiftoire dediverfes narrations faites a plaihï. Ce Suenkfeld rcnouvellant quelques er- reurs desvieus Manichéens &VaIétinians,foutint)com- çoclte t ? me font encor fes difciples quel s svs-Chris t n'avoit fr.JgLj étéconçeuau ventre de laViergeparla rertudu S.Efprit, *i , ainsqu il avoit choiii autrepart un homme que Dieu a- , . voit exprès créé pour nôtre rédemption, auquel elle s'é- f r * toit jointe, & c^ue cette humanité de Christ avoir a- pres ton Afcenlion été faite Dieu:La perfonne duFils être la perfonne du Père: Que ce n'eit pas lePerequiparla du. Ciel : Voïiy mon F:!s Itenxymé : mais que ce fut une vois fertic des nuées: Que la Foy n'eft autre chofe que l'efTen- ce & nature de Dieu :Qut tous les Chrétiens font fils na- turels de Dieu, engendrez de luy , de fa nature & eiTeace- divinCj que le C h r i s t eft le treifaint, l'aîné, & l'heri- «tier : Quel horrible blasfeme ! L'Evangile de Sathan, wjditOfius , commença par Luther , & fut achevé par «Suenkfeld. Ccttepeitc s'eft étendue parla Germanie «&païs desSuilfes, deforte , dit-il, qu'en plufieurs vil- «les il fe trouve plus de Suenkfeldiens , que de Lutheri- «ftes Zuingliens. Certes, dit George Hensfeld, Sucnk- . ,- feld afurmontéLuthet en probité & intégrité de vic.Ho- ; norable témoignage ferty de la bouche d'un Calvini- «fte i Melancthou parle bien autrement : Ce me. «chant Suenkfeld , dit-il »a cent mains ,& de tous cotez «gendarmes ,qui fement des malheureus écrits en fon Eo.r., oc émeuvent troubles &fedicionSi En vint-huit ans

qu'il

Mwjc,

$6t De la Naissance i>e l'Hemsii," qu'il vagua çà& là, on vit 5©. livres par luy écrits & pu- bliez fui fa nouvelle Secte , dont Sclufemburgius a tenu le roolle en fem dixième livre, lelquels il envcyoit à Lu- ther a même qu'ils fortoient de la fonte , pour l'affliger davantage.

Difoitaufïïce gendarme Apôtrenouveau, que c'ét une folie depenfer le Cors être au Sacrement : que les nommes fans lemyfteredes Sacrsmens peuvent étrefau- vez, comme n'étant pas necefîaires a falut : Que le Cors ^e C h R 1 s t ayant été pris du Ciel fe répandoit en ma- nière aëree à l'entour du pain:Ainfi a fon dire le Cors du Savvevr rempliffoit tout après fa gloire: Mais il don- na fon Cors avant la glorification, & il ne déifia le Cors qu'après fa gloire. Sa raifon donc eft auffi inepte que me- chante, fortie de la tête d'Apollinaris, Valenrin &Mar- cion,qui difoient. Le S a v v e v r avoir apporté fon cors Zib contr, ^u Ciel. On voit les articles des erreurs de Suenkfcld d'as Zutnkftld. *a Confelîîon de Mansfeld: Lutherfouverain Pontife luy rcprochoit par fes écrits pourquoy il feméloitd'enfci- gner,puis qu'il n'étoit envoyé de Dieu , &nefaifoit ap' paroit de vocation. Il regardoit la taye de l'œil de fon voi- fin,&ne pouvoit appercevoirlafienncjiU'exhorteneluy écrire plus,ne luy envoyer plus de fes livres 3Qvos Dia- îoivs ex irso vomit et cacat: Ainfi parloit tou- jours Luther honnêtement: après il le maudit avec tous les Sacramentaires & Zuingliens, qui ont quelque affi- nité avec fa doctrine.

Luther fait mention de ce furicus hérétique en divers

Iieus, mêmes furies diverfes opinions delà Cœne:Car

luih.to.ï. Suenkfelddifoit ces mots, Ceiy efi mon Cors , devoir être

ihrmt.fo. aboliz:mots qui troublent la connoiflance fpirituelle , &

-2fS>.& ainfi entendus : Hoc est corpvs mevm : c'ét à dire,

fur le 17, Corpvs mevm est HOc,à fçavoir quelque chofe de fpi-

chAp.dêS. rituel. Zuingle, écrit VolfangusCapito,interprete,*/?, fr§

la», &in fentficat. Oecolampade. Corçus, pro figura cor forts, Suenk-

breuiconf. feid, f-/or,pour un figne fpirituel,afiu que l'efpnt foit éle-

tom. S. -vé aupainceleftequieftleméme Ch ri st. Ieneveus

Sutnkfeî. pas m'arrêtera combattre ces folies , ilme fuifitdedire

LdeCœné. enpailant qu'il faut bien que le Diable foit entré bien

avant dâs le cœur des hommes, pour leur faire prêter leur

créances: tifes, înûi^nes non feulement û'uii

qui

Livre Iï. 3*9

qui porte le titre de Docteur , maisau/îî d'un homme; Contre ce Théologien Porte-épec,dont la Secte croiffoic tous les jours après lamort de Luther , àfçavoir l'an mil cinq cens cinquante-quatre les Luthériens de diverfes clafïes pourtant s'af en.blerent a Mamburg, unizpour l'atterrer : fe trouvèrent AmldorfF, lonas, Pomeran, Cruciger,MelancT:hon,Corvin}Bucer,& quelques autres. C'étoit l'élite de tous les hommes de leur party : Lafuc condânee ta Secte, non fans long, & grand étrif entre ces gens. On voit Tes opinions dans Tes livres De duj.ltctflfi.tu Ltvretde Chrt/1it&> de vero Lvangclytiju , & dans le dixième livre de StienkfiUm Sclufemburgius.

La Secte qu'on appelle des Spirituels , eftvoifinedc *"***-. celle-cv : Car ils ne veulent s'airéter a l'Ecriture & Se^'e de* comme Suenkfeld avoir enfeigné en Ton livre intitulé s$ M ****** Val ete, qu'elle a double in tellect, l'un literal,quifc prend delà lettre écrite, intelligence, difoit-il inutile: L autre myftique&fpirituel , dans lequel l'ame feule ravie en Dieu pénètre. Aufli ces Spirituels difent, qu'a eusfeuls eft donnée lavraye connoiifance , q Vil ne faut autres Sacremens que la méditation. Que leSAvvivRa l'ar- bre de la Crois prononçant cette dernière parole C o n- J^ueveut jvmmatvm est. montra que tout étoit accomply, dire cette qu'il n'étoit plus befoing cle facrihee , de loy, ny de Sa- parole, crémerie. Cet fur cette c'erniere parole du Rédempteur, Confnm* ou tous les nouveaus Evangeliques vontpuiferl'aboliti- mxium on de toutes cérémonies & Sacrifices, ne conliderans pas f/?. que nôtre Seigneur f gnifioit par ces paroles feulement, que le myftere de la Rédemption par fa mort étoit par- fait, & accomply : <Sc que ia Loy ancienne étoit arrivée à fafin,& la Prétrife changée en une plus excellente , com- me dit S.Paul en l'Epitre ausHebrieus. le me laife d'a- monceler en un tât de canaiile:Encores laifTe-jepIufîeurs autres petites gens, & de peu de nom -} & encor plus, que mes écrits envoyent leur nom , leur mémoire, Scieur fo- ie doctrine à laPofttrité. Vilaine Enoence de Luther! Car comme vous avez veu, c'étluy le premier qui a for- gé & émoulu les couteaus de cette Gigantomachie, qui en toutes fortes a horriblement blasfemé contre le Ciel & la Terre, & duquel, comme du ventre du cheval Troy- en i font écios & foras tous ces bataillons armez &

A a animez

$7© Delà XÂ!Ssa"cb de i'Hî reste, animez a lape: 1 e route picté,& delà clia-

ftéfc pure doctrine Ëv-angelique: Gens maudits au Ciel,

&ha^cn!aTene. lis font tous empreffez en la forge de Sathan a fraper & à vous redoublez,martc!er fur i'enclu- me dcriîg.'iie Liais,

Ainft*qut U marteau par la dixîre p*'-ffi D'/;7j fo?tttmn revufie e(t en haMmfoufé. hewrtsni dtjfta îencUr»' , ey tnr.t j. Im th'jjf rce, Tr-nt plut tl eft force ejr- t'nree cortr, fo<-e*> S' 'enirt fit r *m tn f, n yn: forger en l'jjo*1 S\ :.i'yî p'w fort.

Loifcns ces Cyçlopes enfumez, qui pantelant & fuans, feront en fiu contraints laitier en repos celle qui fe rit de leurs efforts , comme le dur rocher ciu battement des on- des. Ma*s feroient-c;pas!es faurerelles del Apocalypfe, dont faim Ian parle: Voyon-Ie au chapitre fuivant.

COMPARAISON DES ETOILES DE

l'A pocalipse a-v s diverses Kerenesdcn6t:c::ms.

Chapitre XVII.

Vtteiîe lov ! en j

x. Av.-.ri la ehettH âe Letther'ta

Tcy un/for r/ii partout.

3- Onét-re que fî;n:fe l'a fit- I me equia olf* u t cy le S* ieil j

en l'air.

A- Vcfariron des **utèr elles.

5- S' or, t po'in t «Y- chef non / Isa '

c-uelcs èeretéques.

•6

Cntttn ?cyiawf

Cti! enl'Jfo*

et }■■'<>.

lar-

■>

mm ('■ £*

ml

k: f. jette jamais I es ;yens, & ne les jette ja- :.t . ftir ces bataillons in-

nombrables , eue j'ay reprtfenté en détordre

&confuilonaus chapitres précédents , qu'il

- "— A ne mcfcmble \oirla prcfet:e de il

compîie , oulcnt teprefcnteès Ics&uterelleslbrtiesda

:car qui peut être cetçe étoilLe tombée Uu

. : îieve defiusla terre , lu]

t I V R « II. 371

cTunepuret' S: rp'èVeur Eoclc fuftique, qui felailTe choir dans les b : monde^s'en pétre clans un mariage D*w<*

inceihicu?, & fe ang : En ayant ^■)l!rC:^'

ierement me prifé pour l'amour die D\c\\ père & me- 7 ■' p- c*'" aneurs, quitte derechef nôtre ^nen jon Seigncjirj pour des femmes Udï- ^f0ii£eti~

C :;:cz m o ri d ai n es,cc que îa'»

Te Savvëvr donna les clefs du Ciel a rApotreiàintPii &àfeî : S.ïan, que Sathan donna !es

clefs de l'abîme & d j r uits de l* Enfer, a celuy qui eitde- iî^nc par cette étoile. Le puits étant ouvert, dit i'.Apoca- lypfe , la fumée "monta comme w grande rcur*

naife.&le Soleil s'obicu:

D £.vant que cette étc i!e to-ibatcu Cielytoucl'Oc- U.

cident voire toute ('Eglifè Latine cto;t dune même Avant la Foy , & Religion. Lai o; émit par tout la mémc,!emé- chtute ds me fe prêchoit par tout , mêmes Sacrcmens mêmes Ieu- Luther l* ne?, mêmes Fêtes gardées, mêmes CerenioniesrPar tout Foy uni* il n'y avoit point de contre autel , nous étions tous af- fwmeem fçmblez pour un même îaërifice , pour un même Prince /•» Chre- des Prêtres , & a une même bergerie , par un même Pa- ttenié* fteur , nourris & allaitez des mammeltes d'une même raere. Mais après que la lueur décente étoile s'éteclip- fee, 5c qu'elle à ouvert le puits des ténèbres avec la clef de labîme,une Ggran^efumecd'Hercfies , de Sçhffmes,& , & i) divei tes, qu'a piene en même Province, en même Ville , & dans même maifôn, .s'entre- connoiflent les Yoifins,ks amis, les parents. Voyez avec combien grand' merveille Dieu a feparé les amis: ifraeli- tes des Egyptiens : car nous qui par fa grâce n'avons été în'ectczcie cette fumée infernale , reconnoifTons les Ca- tholiqvtes ncs frètes, non feulement en Italie, Ef^agne, France: matsencorei terre, voire ans

terres <jui lent lufire étoiles queTes nôtres, ,<jic

t ©ut une autre re-pié. ces pauvres

SeptentiionnauSjdepi i terre acre couverte de té-

nèbre : •:?,& que les peuples

ont étéenvelopezdec . >ntrcùfè,nepeuvct,

Éomej^aiditjS'entre-t c même habitation.

C £ t e fumée a obfcurcy dit PÀpocalypfe, & le Sol-:! IÎTi &Iair; Tous iei Ecd -.nies, ta fumée

A a 2 . « sâccof-

372. De la Naissance di l'Heresie, qui a oh- s'accordent, que parle Soleil nôtre Seigneur eft enten-» jrufcsle du, qui dit de foy: te Tua la lumière du monde : Et par l'air la Soleil & fainte Parole, par le moyen de laquelle nous refpirons & l'mr, recevons lavie.Fut jamais ce Soleil de juftice plus obfcur-

cyde broùees noires & palpables , qu'en ce fiecle , où. cefmal-heureus a lapuante bouche , ont ofé dire qu'il n'ét pas Dieu, qu'il ne doit être adore, qu'il adefefperé defonfalut,four7ert la peine des dannez ? De combien de ténèbres ont- ils embrouillé les Ecritures? fîgnifiees par l'air,de combien de contrarietez & oppofees expofîti- ons?Car at>res avoir aneanty du tout la Parolenon écrite depuis l'entrée de Luther onaveu tant d'interprétati- ons contraires, tant de Commentaires répugnât, tant de contenons diverfes,que ce qui étoit jadis tref clair à cha- cun, ferepofant fous l'interprétation de l'Eglife , &qui eft contenu fous quatre paroles feulement , eft à pre- fent a eus tous tres-obfcur , & comme un Enigme qui auroit befoin d'un nageur Delien , dit Socrate dans Platon. 7I1T# Or voicy les feadrons des fauterelles fortics decer

Les Ccr- abîme, Qui furibondes , dit faintîan . fe changent peu apr ci dr&ns des en fmblAr.ce & forme de chev*w}de fcorplons^de lïem-,de eba- jmntmEen fiotsvolans,^ ^ hommes ar*»ez:.Lafauterelle eft un animal ventru , fen cors eft prefque tout ventre, & parce el'e eft pefanteau vol, ne peut ny bien voler , ny bien marcher, mais fautelât s'clevcunpeu en haut, commepour voler, &quant-&- quant retombe a terre , avalée du pois de fort ventre: Tels font les Hérétiques addonnez a leur ventre, «ennemis duleune, Scadvenâicçs delacontinence.C'tc «a eus, dit Tertuliap,à qui le vétrefert dcDieu,îabedai- « ne d'Autel, le cuifinier rie Prêtre, & dont ia foy s'échau- ffe en la cuifine:'a charité bodtdedâs la marmite, & ief- toperaûce coniifte au carillon des plats & des ccuclîeç, & «qui pour cette caufe ne peuvent marcher par la voye des « commandemens,ny fe haufferpar la voye de la contem- «plation, pour confiderer les chofes celeftes : q ue s'ils fe «veulent élever parfois aguifede fauterelles, ils retom- «bent foudain en terre, s'élevtâ dans les Cieus pour trop «donnera la foy , &recheans dans les Enfers, pour ne «donner affezaus bonnes œuvres.

Les faute die? obi auiH cec/ deparriculier.quen'ay-

3Ût

LlVR! II. 371

ant point de chef,elles vont toujours en troupe.Les fau- terelles,ditS*lomon, n'ont point de Roy,& forcent tou- R'ont psu tes par leurs bandes:de même iesHcretiques n'ont point de chef ni de chcf,auquelils obeilTent.-rorgueilleus n'y trouve au- plusqus cune fupenorité qui luy commande , ils ne veulent ad- 1* Ktreti- mettre la furintendance fur toute l'Eglife , Se ne repren- 2'w- nent rien tant aus Catholiques que de ce que tous obeïf- fentàvn : Les fauterelles peuplentfort, vont à trcuDes prefqueinnombrables:auffi font les Hérétiques, accreus & multipliez comme vous avez veu en peu d'années, pro- duits ainlî quelespotirôs du foir au matin. Le vifage hu- main & gra.cieus que faint Ian donne a ces fauterelles, montre le commencement de la prédication de l'Hère ti- que, (impie , toute voilée de pieté &fainteté, rien que le Chri(l,r£ternel,le Seigneur. Mais la queue defeorpion fignirîe la fuite mortelle 8c venimeufe de l'Herene,laquel- le après avoir fait montre de la parole de Dieu , la cor- rompt par fon interprétation perserfe &jugemét retors, & la détourne a divers erreurs & par ce moyen , comme retournant fa queu*e, & le piquant de fon éguillon , il verte un venim mortifère dansl'amede cens qui l'écou- tent,La courronne qui eft fur la tête de ces fauterelles, eft l'arrogance Scluperbe de l'Hercfie : Elle relTemb le être d'or,dit faint Ian: ce font les beaus titres qu'elle donne a fes|Apoftats,Evangeliftes,Profetes,fecondsEIies,Enocs, Reformateurs du monde. La poitrine de lafauterellear* mee de plaftrons de fer ■> témoigne leur obftinarion, plu- tôt convaincue que vaincuè.Car c et le propre de l'Héré- tique de plutôt rompre que ployer: La fimiÙtudc des chc- vaus prêts a la guerre, fignifie leur audace & témérité, ce font des Goliaths & de Samfons.Les chariots volants,ra- s

portent la vitelle avec laquelle l'Herelie s'ét épandue en diYerfes provinces vers le Septentrion.

Ces fauterelles ont un Roy inviûhle quicfti'Ange de vi. labimc,lequelmaugré elles les feigneurie;c'èt leRov que Ont un lob appelle Roy fur tous les enfans de fuperbe: le nom de Roy mvi- ceRoyeft exterminateur , avec les fauterelles il tâche Jîble. d'exterminer l'Eglife, il fc met en devoir de tout perdre. Cap.i^. Montez au Ciel, courez fur la terre , defeendezen Enfer, &au Purgatoire, il ny a rien que PHerefie n'ayt voulu at- taquer: elle tache de dépouiller Dieu de fa Trinité, Iesvs - A a $ Christ

1.-4. De ia Naissance de l'Heresh C hr i s t de fa divinité & de Ton humanité , qu'elles cmprifonuédans le Ciel, les Saints de leur béatitude , les Anges de tout culte & vénération, l^glife des Sacremens: Elle avoulu abolir la Prétrife,le Sacrifice , les Yœus,les Ieunes,Ies F et es. les Autels, les Reliques , les Crois, &cn un mot toutes les marques depietc.Puîs-jepas rapporter à Luther & a (s s, auiîî véritablement

comme rauflemeut ces calomniateurs ont taché de ['ap- propriera çé très -grand Pape. grand ne n et. Le wgti hitreus, efiletoilie tombée du »Cie iscej- jmurnto- x>itdt trlarameequifortdu treltgtÂi npu'm fondés coiùt defado&rinerlesianterél- vrregMe. -n\çs\ . s Prêtres aies Mo:.. lelsilaété

le: i : re certe pointe , j'en ay afiez parlé dans

mon jettent Ces médifans leurs lan-

gues i i os-ùint Pontife, le plus grand

que ie Paint Siège ayt eu depuis que L'Apôtre f rut premiè- rement auls, fi ce n iiec'étlûy qui rétablit îof dre ce i Y ir des guerres des Gots Sz Vandales; aren ce terns,vrî

^ - nôtre, tous les 1 is furent embralez ,

ces Hérétiques peûrent mettre le pie les \uteIsrom-

'm ' puz ci poudroyez, îef m Pape rit relever, reoon-

- nantalEg une «première beauté Les Cen-

turiareurs confetfent que cet îuyqui aconfcrvélado- ârinede Dieu fainte & inviolable: que fans luy la/Chré- tienté etoit fur le point de fléchir (bas lHsrefie. Mer- veilieufc eft la venté, qui tire aenous, malgré nous , la canfeiTion qu'elle deurc.

C O M-

IVRE

II

COMMENT CKACVX VOVLOIT E 1

l'AVTHtVR D'vNE RILIGIO;;, ET LA SVH-

pn(c du peuple Catholiq ue. Chapitre XVIII.

Lu'her i.onné d* voir tant de KOHi/saw Doci^HTi /or- tie de /ou Echoie. i. Chacun voulut forger un fe- cîc afin cota.

h Les ho . villes afptm-

fiaient les C -taies. 4-

Plain'edtt Ceniuri.iteu*s fut Vint r p if* des tdagifi t$ ^01 ulairef.

5- Comment Is premiersLmthe~ riens armfoîincy:ntx les Car tbohq/tes.

6. L* plu parties gens d*£glifi lors peu mflmits pour fai- re tett à tant d'ennemis»

t?î ~'Y ■"

'j/ cous les jours'tat denou/eaus Maîtres pre-

. rement fortiz de fon échoie, tenir uoa-

veai* par ty,& faire bande a parc: Car outre cens quej'ay

montré du bout au doigt,il vit U feule Se âe particulière

divifeexn trente quatre opinions

drverfes , comme écrit

Bredernbachius,qui toutes ont trouve leurs de

Au:u\

01c vil >e,qu 11 n y a melonge (1 impudent, qui n ave

fts t rmoias- ny rêveur, die Varron, qui ne trouve defren- fear de fés rêveries, Luther cbahy,dy-je,devoir lest de l!bn cdirîcCj eocorqu a peine 1. eût cbmméçédcbâtir^ come celuy qui choiîît un pauvre foulage pour un llhaut defleinjfaifoit fouventdes plaintes de ion mal;heurà les plus privez & intimes amis. Q' :dnge,écri-

voit ii 1 ceas.je Norcbci

d'une ardeuiiacroîabîejVouloirdèvorerrEvagilèruifér- mçt les portes. On voie pa crits,

oié il étoit en euVoy des nouvelles opinios qu'il voio;c s-iourdre.Sathanjdu-il^a cetjeprerogâtiyej qu'il ne peut

A a 4

Luther (■

voir tant

venta Di:- Situr s for- tic dt-0,i-

SbtU

Lihquod hâ' 'uerba Cbtitf. "Luth li dt ctn.aavtT. Ziiinglt,

C aï. in vit. fidm. fid

Vvtipb. p.

*33.

Jiisi.de dn. Au g.

fol.sSj.

Va* 3*.

33 lin Je r

Luth nen tonverty.

37 6 De la Naissance de l' He reste, amortir ou naître dodrine,ou fonge tant inepte & badin, asqui nefoit tout auili-tot fuivy d'un bon nombre dedif- asciples. De forte qu'il n'y a erreur qui n'ayt fon pilotis 3J3U cerveau de quelque rêveur; & tant plusia chofe fera 33 lotte & inepte, fait-il,d'autant fera-elle plutôt acueillic & reçeue. Cet un grand cas du naturel d'entre nous Àle- mans 3 qui hapons , fols que nous fommes, tout ce qu'on nous porte de nouveau! Si on le nous permet, nous deve- nons furieus & enragez. Si on nous veut empécher,nous en fommes fouz, & demandons toujours quelque chofc de nouveau. Quand je vivrois cent ans je ne poirroisef- pererpouvoiraporter aucun repos aia Chrétienté , veu ajque le diable eft détaché: le ne demande que partir de asce fiecle.Heureusfouhaital'autheurdetous ces maux. Luther rcconnoifioit bien que ceferoiten fin la ruine de fon Evangile: Luy-mémes l'avoit prédit fur le Genefeji- vrequ'ilmitau jourl'ani544. peu avant famort , oùil profecife qu'après qu'il feroir party de ce monde ,fa reli- giô auroit beaucoup d'affaire a le raaintenir.Lefcul Cal- vin s'ét glorifié qu'il avoit arrache ce fespattes plus de trois cens mil ames.Voicy comme Lutherparlefuri'Epi- tre 3lis Galates , que les difciplcs ont remarqué comme 3) une véritable profeiie.Piufieurs defireus d'être maîtres „s'éleveronr,qui fous prétexte de pieté enfeigneront une ^perverfe doctr;ne,5>: en peu de tems renverferont ce qu- ,,avec beaucoup d années, de peine &de îabeurnous a- , vons baty. Véritable prof:tie,& vray chantre de fa rui- ne, ne ferelTouvenantpas qu'il avoit écrit au Tome fé- cond de fes œuvres , félon 1 impreffion faite l'an 1^48. ;)Ce quej 'enfeigne & ce que j'écris , demeurera éternel- lement,encor que le monde d'eue aller en pièces, & ic- ,,pins. Luy qui fouloit t-.nir le premier ren^ comme l'A- pôtre delà Germanie, elt mis au dernier : Zumgle,Oe- colampade, Calvin, Bucer,Me!an&hon,,& Martyr difent queceus qui ont écrit contre la concorde, font de beau- coupplusfçavans & excel.'ens Théologiens , quen'ét Luther. Les Centuriareurs le derrendenr a leur poflible, 5,mais les autres l'accablent du tout. Il n'y a point de ,, doute, écrit lePrediontBerufienXilander après avoir ,, quitté le Lucheranifme , que fi on veut donner poids „&authoruéauconfeildeGamaJiel , a l'autre duquel

., Luther

g

Livre II. 577

,, Luther autrefois moula fa doctrine, on trouvera que ce ,,qui eft enfeigné par les Lutheriens,ne procède pointde 3,1 Efpric de Dieu, mais des hommes. Ainh il fautefperer 3,que cette doctrine étant née au cerveau des hommes 3, s* évanouira aufli -tôt. joint que l'horrible fchifme& di- ,,vifi,>n qu'elle nourrirdans les entrailles , luyatclle- ment débilite ÙL force & vertu, qu'il n'en faut attendre ,,qa'uoe prochaine ruine- C'écLcfFroy, oùfontàtous cous les Centuriateurs.

Ces quatre Evangeliftes ont raifon,de donner l'alarme u. àleurpariy : Car depuis l'Apoflaiie de leur maitre,on a Chxcun veu que chaque tête melancholiquc & Saturniéne,a vou. vêtdmt lu forger une fede particulière. Chacun batoitunDieu forger une en fa forge, de forte qu'on pourroit dire avec le Poète: Jette « fin

J&ue maintenant S athan tellement iinjtnu'é cetn.

D dans les cœurs humains pleins d'aveugle fureur Q^cn ne featt inventer aettfiable erreur, ^><' elle ne fuit foudatn de plufeurs maintenue. 3i Luthermémes en rend la rai Ion : Depuis, dit-il, qu'on Luth.To. ,,a violé la concorde & unité de l'Eglife , il n'y a ny fin ny s.cap.s.ad ,,ter ne anus difTcnlions, Les Sacramentaires font pre- C*L ,,mierement forcis de chés nous , puis les Anabaptiftes, ,,quines accordent pas.. Ainlî une fecte en appelé une ,, autre, & celle- cy condamne celle-là, CeiTant l'unité le ,, nombre vient a l'infinv, difent les Mathématiciens , de „mc'me l'unité de l'Egliferompuë, il n'e't pofîible empé- ,,cher l'entrée des erreurs. Voila lesparolesde Lutherdi- gnes d'une autre bouche que la Tienne, afin que ces beaus mots ue fuffent fou. liez par la vilenie de les autres opini- ons. Ces *en on fait parler le paître Luther lamen- tant fa ruine, font dignes de ce lieu, Scalfez faciles aceus qui auront tant foit peu la connoiiTancc de la langue Latine.

£/ g ta mihi j %{lak extre'7. t eau fi querel&t, Refciué

Heu nunc pr* cu-ncin digna quereU venit. fol.jïé.

Me 'go qut quondam famâ fuper &thtr* Kêtuj,

Nuncmevtx ah qukglorta farte manet. Omnia CalvinturapHit,totum^upperorbem

Mita vipereo dogmata felle fbtit, Tnquoque dileclos inter pa^s prima Melinclhon,

Jgrit mibi prs, tunclti fdtli amie:** erxsy

A a 5 'DittrU

37$ De la Naissance db l' Hérésie, j_ i ■■■'■■ ex r m i Uefusffein tnone luth tumt

In nov* Cfdvini dognuttaftdfa ruent: Ki: ubi pAÏUntés pervertit rumir mj uptôréu,

:rt?t confnjjtt quar» gravui (J ? doler: time An r-.tdtlmiu, Brenttu }cjr --oui

G/i Uuâ, :j« lUirictta, nûper quoqut rr>iJfnA ud Orcum

Z .; \ghmj& *thqui iurùa profana vïgent, AH ego qtttquouJém doftortprimujqti*magifter9

&jtq*e htt éijcipulù fem;n& trima de dit lieu i>i Jr r tg r. or tu [ rofugm compcllot ai o- cui

VtxquesliquA nomtnp*rte Lutheru*kabet. QH*m«ue eg# vtdîh.ir lattdem, fiwzamtpv, decufquet

Hit modo iifap«li cunâa tultn met, &Hesge»ui,qitoj h>ic pepent mihilinguatm0nufque^

Auoru r/t çrdsiputSê fautor,f$> zttthor iratn% HâC pro"- te tOi h te débita pair O.

Heu tntbi! qukmpretinmtrijle mzgîfur habet. De* entres anuni, gênai exeirabilemuindo,

Tempore ptrti\ t(spr*mia dt^nc. tuo. Hoc ego vaticiner :V*les qHûque vaniu hnbebor^ Si te , perf^ti gtm , potna parut a manet. i:i La liberté qu'an chacun donnoic d'entendre TE-

Les cottr- crituxe à fqn ièns , fut caufe que les bourgeois des villes geots des aficmbloicbt les Conciles, établifïoieiu la forme de reli- vills af- g':on aleurpofte, recevoient les PahVurs a leurappetir, Jembloiéi trompez par cette fauflfe montre de la Parole ce Dieu.C s les Ceule-s. pauvres gens ne fçavoient difeerner les chiens d'avec les loups : ils on: le poil de même , font de même ftature,il$ ont les allures pareilles , mais de nature différente. Sou- vent cl tEpitete, les hommes donnent entrée aus ioups raviflfans, parce qu iis reiTemblent les chiens fidèles. Cha- cun pour faire l'hibilho ai me,y adjoûtoit du lien. On eft »venuàcepdtnt,dit encor Lutheï,cu:on n'aplusbefoin Luth, m ^ ^ Prédicateur. Chacun te donne la loy ; Cefontdes ni>r<^tn jjpprccaas /enc en porceaus , & meurent en

fj. w'r.r. „porceauç> £z néanmoins ils veulent ctrecrtimés plus fS. ut.to „£.,.2n geliqass que le C h Ris r même. Il parle de cens Sa i y ut. jefa ÇcO:q: M ferables, difent les Centunateurs,qui ap- <Rr prouvent aujourd'hui, &reçoiuent pour véritable la do- ctrine qu'ils réprouvent demain co.imie faufie : Appel-

Livre II. 379

lent herefie, ce que n'aguieres ils embraiïoient Connue C3nt.s. la vente même. Que ne le rcflouvfenoit Luther, de la le- inpnfa. «çon qu'il leuravoit apprifê quand ildit.Le magiftratne saàoit pas empêcher qu'un chacun n'eu feigne & croye >»ce que bon luy femMera, firive la venté , ou etnbraflele Tom.j.feL *>rm-nfonge.Ec ailleurs, Christ a ôtéausEvéques , Do- us. »dçurs & Conciles ie droit &le pouvoir de juger de !a «religion, qu'il adouneea tous IcsChfcriens en gênerai, »»en Ëint lan dixième. Cetiedochine depuis rut fuivie p..r les difçiples. Voicy ce qu'en d;t un qui n'ét pas dts derniers, apuié du reiie Je l'échoie :;' nefau:,dir-il,stten- dreun Concile pour la définition des diivercns de la reli- gion , ckacun peut juger delà docTirine , condamner îa faufle & fuivre la véritable. La bouche de Dieu donne ce

eue forlignei voicy leurs juges.

L f. s Peresde ces EgliLes oatiesà neuf , & les Prélats -v (quelques apo(fcats excep.tês}étoiem des gens d\'pee,des pi^jnfg m arc hans èz autres personnes cirées de la iie du peuple, * Çf^y^ qu onappeloit par tout en leurs Synodes, leur donnant rjatf,urs quelque grade: Car c'eft toujours la coutume des-hcret> rar pgtrel ques de faire part des charges & des honneurs a ceus qui Jprircites fejettent en leur trouppe , a;Li d'attirer par cette petite miptftrats gloire les hommes qu ils ne peuvet par la vérité. Il ne fait +0puiaireSt n aile part ailleurs ii bon qu'au camp des rebelles , le feulérrecft te m en ter, die Tertulian. Aus grandes & no- tables allenblees, par fois les Princes y ont prefide : car pin fie ups prenoient lauthorité des fouverains Pontifes en leurs terres. Comme le Duc de Saxe vit tant de for- Vifitatsnrt tes de gens de diverfes religions fe fourrer en Ces pais , il du Du: de ordonna quatre vin" tateurs pour faire le reveu'é de fon E- ?*#'« tat, avec pouvoir d'établir la forme de la Religion. De ces quatre il y en avoir deuS g-uuiihômeg, lan Pianuit,& Èrafme Abb inuit,un Docteur en droit Hierôme SchrurF, & le maître es Arcs FilippeMelancthon:Ii n'avoit pas en- cor acquis grande réputation en la TheoIogic:Car cette vilïtefuc faite l'an 1516.Ceu.-cy allant de ville en ville,dc Village en village , mettoient a l'examen les Curés , & les

Prêcheurs,

$8o De laNàissànce de l'Heresie Prêcheurs, leur preferivoient une nouvelle façon d'enfei- gner,&nouveaus Docteurs, donnoient aufli de nouvel- les doctrines : Et comme les Prêcheurs du Mahometif- me, qui eft une herefie gliiTee en la Chrétienté , prenoi- ent un entre-deus bâtiiTanc leur fectede la loyluïve & de la foy Chretienne,de même qu'a fait le Lutheranifme: AufTi ces députez retenant ce que bon leur fembloit de la religion Catholique , y entremêlant quelques points & façons de la Luthérienne , bâtirent une nouvelle for- me en Saxedeprier Dieu ; Les Catholiques qui demeu- roienc fermes en la foy de leurs pères , croient chaflez. Les Luthériens trop opiniâtres, forcez de prendre cet en- "iHouvtLe tre-deus. Melancthon publia un livre de fa Vifîte, ordon- treance. nantvint articles pour la créance Chrétienne , avec commandement aus autres de les faire entendre au peu- * •*. r * pie : "Luther y mit depuis la main, adjoûtant , chan- r, r s* géant & reformant a la rancalie , comme on peut voir

■Ci'.j "#• dans Codée. Ainfivivoit le raonde,& ces gens authorifez Sleiden.lt. . .- . . . c ? *?

desmag.ftra:s,regloycntles çonfciences, donnoient nou-

r ' velles formes aus Eglifes. Les Catechifmes de Luther ettf l font banis de plusieurs lieus. Ce font les regrets que font 'L i T les Centuriateurs & Zuingleaullî en divers lieus, les Ma- . _•-" , ' piftratsPolitiques,difent-ils, ou ceus qui font fous eus, avec un lourcil relroigne oient bâtir de nouvelles for- mes de religion qu'ils prefentent aus Pafteurs , & les for- cent de les recevoir pour un Pape Romain. Nous en a- vonsplufieursqui fulminent contre ceus qui s'oppofènt à leurs deiTeins.Nous fommes déchargez, difoit Melan- ethon en la préface du Cors de fa do<5tnne,du joug du Pa- pequin'ctoit que de bois, Scplions le col fous le joug de ces gens qui eft de fer:Et comme de leur authorité privée ils les faifoient monter en cliaire,aum" de leur propre au- thorité,ils les faifoient defeendre.

Ain fi eft-il avenu n'aguicres àRatifbonne, à Chrifto-

fle Budner privé par le magiftrat , pour n'avoir prêché à

leurgré , fur la matière des ufures. De mêmes fut trait-

té,mais pour autre occaiion,celuy de Magdebourg,& cc-

TheoUgies luy d'Aufbourg. Tout étoit peuplé d'Evéque . de Theo-

àcourte- logiensàcourte-robbe , qui decidoient d'un jugement

roùèe. fouverain des points delà religion. Le fimple populaire

avoic la Bible en fa languc,la portoit en fa main,lartifan

•ItaVaiU

Livre II. 5§i

traraillant en fa boutique , l'avoit fur Ton ceuvro'ùcr, la Jamoifellefurfesgenous : C'ctoit l'entretien de toutlc monde.Le Luthenite,lc Zuinglien,i'Anabaptifte,le Tri- nitaire,n'alloit non plus fans Bible que fans chcmife.Les plus ignorans d'entr'eus devindrent fçavants , fi c'ét fça- voirdefçavoirparcœurle texte d'un nombre infinyde partages , d'un livre mille fois plus difficile que le Poëme de la CalTandre de Licofron qu'un certain fcia pour yoir s'il y pourroit trouver l'intelligence au dedans. Il n'y eut pas jufques aus cuifinicrsqui ne s'envouluflent mêler. Ian Stolzcn homme de ce métier , chaiTé de Strafbourg Refriiu ds l'an 1554-apres y avoir laiiTé les oreilles,convaincu de lar- athii.SAt* cin.futfaitlePredicant auprès de Spire, par la perte ordi. de fes oreilles il fut découvert.

Ce grand faint Hicrômc (homme non moins faine que fçavant ) ne s'avergongne point de confclfer qu'il n'entendoit pas les fables des Poèmes (quoy que bas) du SatyriquePerfe: &ceus-cypour la plu-part populaires,

fens de mauvaife vie & ignorants, qui ne pourroient ren- reraifon de la plus petite ligne qui foit dis un autheur profane, qui n'entendent nulle langue étrangère, & ne prefim*2 gavent pas la centième partie de la leur propre, begay- tt9n(iei ent aus mots les plus communs qu'ils ont appris de leur nCfiveata nourrice ,& dont s'ils en étoient enquis ils n'en pourroi- Zvanttli- ent rendre conte, &preiumans de fçavoir& comprendre _ww les fecrets relevez de la myfterieufe parole de Dieu , fe- ront les Docteurs es queftions les plus ardues & les plus importantes, que la Sapience divine nous apropofees dans fes écrits , quelquesfois avec des paroles hautes & magnifiques , & quelquefois avec un langage fïmplc & lâche , dont l'intelligence neaumoins eft plus pro- fonde & plus éloignée des elprits vulgaires , qu'il n'y a de diftance du Ciel à la terre. Voila toutefois les plus dignes hérauts & michemes de la Filofofie Chrétienne: l'unique merveille des feiences & lumière furnaturcllc & incomprehenfible à tout autre qu'aus aines plus ré- glées , plus fludieufes, &plus contemplatives. Chacun donques félon ces nouveaus Evangeliftes portant laBi- ble,portoit la liberté en la main.de croire ce que bon luy iembloit : Leurplaiiir étoit depele-méler toutes choies. On lésa yeus, dit Erafme parlant , non pas de ces idiots,

mais

$Si De la NatssAnci ï>e i'Hîruie, mais des Predicants plus h jbiîes, prêchera Pâques de îi Nativité, & au jour ne Noél parler de la Refurrcdrion. G'étoit affez al'artifan de dire qu il avoir le S. Efprit, le Parader, il éteit capablede penctrer dans les adites & li- erez ihyftercs de la Théologie, enfeigner Ja parolcdc Dieu: comme fi les yms chali!eus& louches del'amedu (impie populaire, étoient capables ce fupporter les lumi- neus étincel'emenrs de ceç divins écrks'A'eclat de ce fo- leiljes aigles r es dcviénét taupes plus aveug'es.

r Armez ainfi & munis Je ces livres, quand ilsrcncon-

Cci^vitnt troientque'que^.\rre& homme d'Eghfe , l'un luv ac- res tre-' mandoit la MeiTren l'Ecriture, l'autre lenom exprès du rr.xtrs la- Pî-irgaroire,ccluv-!a le Baptême des petits rnfans,ce!uy- thiTtent cv l-i Triniu'-, un a-are les Sacremens : brefehacun defi- Arraircn. roit le texte exprès , peur preuve des articles de fa F^cli- n*hnt les g:on' fans faire cas de ce oui leur avoir été laifle de (iecle Cxtkûli- en fiâcl* Par *a parole de Dieu non écrite, & tradition A- quss. poilolioue embrullec a laiuitte de tant d'années, &du

commun confenrement de tous Jf s peuples de la Chré- tienté: car ce grand baniTeur d Hcre/les Luther, avoir ifion , quel Fcriture feule ( en- tenducparlel^ nt d'un chacun ) & non autre,

; delà Religion : Maxime ioutenu:- nés de jadis. Depuis il re-

connc::ia faute. mais tard,commeles Frigien*, car com- me il vk tain de fols éccrveîez ne crier que l'Ecriture, il <e: l'Evangile a gûgnc ce point d'être appelé le

livre de ;

ç :inq ans après avofr barifa

$e&e:Le>paî'fansàpeine i's, quifouîoientvi-

..ocence ■: Ht fe mêlent de

'ilsYu'onta faire depfécheurs

ifans pour l'entendre, que c'efila parole

d^Dieu, qu'il ne leur faut pas d'autre interprète. Ainiî

:-ondu tems des ^vaudois: il n'y avoit jufques aus

femmes qui ne s'en meiafient , voire mémede monter

«fe en chaire , prêcher & fou tenir des Thefes publiques.' Ar-

Echoliere de Luther, pour

ctreoccaiicn ahiÛa ion nom dans quelques auiheurs

u.jfttg témoins delà folie «3: ter : car elle p rechoit, com-

- r»e faiibit la femme dur* I l} au* pauvres villa-

V , f»/MC

Livre îî. jSj

geois, 5c leur adminiitroit le Sacrement, ainfique Man- hus écrit dans les lieus communs : &une autre à Srras- ^9 "*/* bourgnommeeZellin , laquelle a écrit quelques livres ">" /*• contre le Predicant d Vlrae , elle appelle Luther, Phi- #'/««• lippe & Capico les anciens Pères : Au il] Luther qui a tou- Athuf.w* jours gratifié ce (exe qu'il aimoit tant lui ayjnc immolé Lti'bÀê Ton ame & Ton froc , JeurapardefTus S.Paul donné cette '*/••>*»»*. puiflance Quand il n'y aura que desfemmes,dit cenou- &'•*/■/»*• veau Evangeiifte , comme on voit parir.y les Convens iO- des Nonnains , on en pourra îors élire une d'entr'ellcs, P'éfeJTès pour prêcher :& par confequent , comme il a dit ail- "• £«"^« leurs, Baptifer, ConfelVer, Abfoudre : Voila des nouvel- &***"* £* les PrétreiTes. Que ne fe fouvenoit il du reproche que f'*r^u*îtt ,,Tertulian faifoit aus Hérétiques de Ton fi^cle : En la joints J<* 3)vraye Religion il n'clt permis a la femme de parler en. P*JI 2e*de ,,1'Eglife offrir ou s'attribuer aucune charge virile, tan t * Eirttur* ,, s'en faut Sacerdotale. Lors & depuis ces nouveaus E- vangeîiites battoient les oreilles des iimples, demandant à tous cous , & furtôus les points le texteexprez de la pa- role écrite, fans (e vouloir arrêter à la parole non écrite, confervee en l'interprétation des anciens Dccleurs de l'EgHfe. Revenons toujours la , que touces 'es Herefîes ont tiré leur foarcedela liberté que chacun fe donne de dogmatiférfur la lettre , fans profonder lefens.qui nefe trouve qu'en TEghie & dans le cercle de l'univers des Chret:sé,& pour larefoli tion duquel on fedoitadrelTer aceusa qui il eitécheu par le fort & partage du Ciel, de lcurinteipreter & montrer 1 intelligence cachée de ces itiyfteres. C'eftpourquoy les Rabins difent , que les lois que Dieu donna a Mode es deus Tablés, croient écrites My&M* tout d'une contesture fans diitinction ny feparationdes des Leu fyliabes,& davantage percées a iourd'un autre côté , de données a ^ ior:e que chacun y pouvoir lire diversement ama>ndez- M**fi* tre,a (eneitre.de haut en bas,debasen haut.a l'exidroir,à l'en vers; & pai les cotez: mais Dieu en avoir refervé aufeul Moïlendele fecretairc & truchement dcihs commsndc- Hisns l'intelligence occulte & ver i table, epmmcauilî elle avoit été reveiee a luy fcul.

Cependant que ces nouveaus Chrétiens païïlon- vr. »ezcn leur nouvelle créance, lifent & reiifeutlafainte Laplu-- Ecriture , upliqucm chacun a lcurmode, le par des

Catko*

$84 D* î-a Naissance de l'Heresie,

Tcclejïa- Catholique vivant dans la première fimplicité,& fervant fliqueslors Dieu a Ion ancienne façon, r'envoyoïc ces importuns feu m- querelleus.ausPafteurs, Prêtres & Docteurs de fonEgli- fimits fe, qui feals ont la charge denfeigner la foy , avec corn-

er faire mandement aus fidèles de les ouyr, aimer &leurporter tête aus obeyfïance:mais la plû-part d'entr'eus fur cous en l'Alle- Zuthertes. magne,fc trouvoient bien empêchez a leur répondre: I!s Math. 2 <f. avoicnt perdu l'ufage de leurs armes,& contens de fçavoir Heb 13. le gros de la créance Chrétienne, n'alambiquoicnt leur tue. jo, efprit après les épineufes&iubtilesqueftiôs de la Théo- logie, pour fçavoir comment en la Trinité il y a autre, & autre j non pas autre chofe, & autre chofe: En Issvs- Chris t autre chofe , & autre chofe ; non pa$ autre, & autre: Car autre eft la fubftance de la divinité', & autre celle de l'humanité: ècneaumoins la deité & l'humanité Que H ions n'e^ WW) & autre,mais un feul &méme Iesvs-Christ, ifaî épi. unefeule&méme perfonne : Comment le Saint Elpnt neufesde procédant du Père & du Fils,n'eft Fils, veu qu'il procède UTherto- iemblable au Peie en fubftance & nature , & qu'il le re- -je% prefente au/h bien que le r ils:Commét le cors de I e s v s-

Christ n'ét par tout , puis qu'il eft conjoint infepa- rahlement à la divinité qui eft par tout. Comment le feul Pils fepeut être incarné , puis qu'il eft infeparablement uni avec le Père , étans tous deus un même Dieu : Com- ment la comunication réelle des Idiomes pour le regard des deus natures qui font en nôtre Seigneur, n'eft origi- naire de l'union hypoftatiqueî-Qu'eft-ce que l'union hy- e , 6c comment elle neconfifte feulement en la rr: uni cation des pLoprietez divines à l'humanité, Il :uic divine n'eut pris l'humaine, dépouillée de fa [tance : Comment lapredeftination fe peut accorder avec le iibcral Arbitre : Comment les accidents peuvent iirt en l'Euchariftie fans fujet, fi la matière dupain & du 'ont réduites a néant, ou échangées enfon Cors par altération : Si le cors de nôtre Seigneur eft changé en la fubftance de ceîuy qui le reçoit , ou fi les efpeces ont la vertu de fubftanter & alimenter nôtre cors. Laplû part n'avoir donné dans ces pointes des Secrets de l'échoie, pour répondre ausquereleuies & importunes demandes &queft ions des Arnens , Tiinitaires, Samofatcens,Lu- thericiis & Zuingliens, qui aiioieiu vaguant ça & la.

Cepen-

Livre II, 385

Cependant chacun felaiiîoit aller nonchalamment au .devoir de fa charge , parmi un monde de richelTes & feli- . citez que la longue pais de l'Eglifc leur avoir apportera profetie d'Ames fevid lors accomplie : Lafamine étoit fur la terre, non de pain ni de vin , mais de la parole de Dieu.C 'eft ce tems , die le Profete Efaïe, que le Prêtre ne fera non plus fçavant que le plus (impie du peuple. C'efl fur ce même fjjet,que Ieremie bâtit la ruyne de l'ancien- ne Eglife de Sion. Vnc grande partie en l'Allemagne ne- chrétiens toient Chrétiens & Catholiques que par imitation & partmiia„ Donparfcienceouhumilité : Car comme celuy-la ne fc t^m fouciepas beaucoup de feuilleter fes titres terriers mi- mangez&du tems & delapoufiicre, qui tient fon héri- tage de Ion père, lequel l'avoit receu de les ayeuls^e for- te que deusou ttoiscens ans écoulez depaiiiblepoifef- , fion luy rendoient fon bien fans controverfe, la preferip- tion luyfervant de. titre légitime: De même pluficurs of- C°mj>*- ficiers dcl'Eglife, contens de leur aife, coulent douce- rAfir* ment leur vie fans prendre la peine de feuilleter les faints livres. Infortunez Archimedes qui pendant qu'on bat & faccage vôtre ville , vous amuiez à peindre fur le fable. ou plutôt matins de cuifme , &. non de garde, comme die le Profete Efaie,qui à faute d'abboyer Taillez furprendre le troupeau. Cette prefeription de quatorze cens ans, leur fembloit un titre bien allsurc. Cependant le vice , la dé- f bauche & la di (lolution , parmi les grandes nchelTes, en tenoitla plu-part endormis en u.ie profonde ignorance &: oifiveté. Comme les cors exercez au travail , batus du froid & du chaud, fe rendent plus fermes & plus robuftes, &leurpeaurendurcierepculfe plus vivementles injures del'air : Auffi les autres qui fejournent dans le repos,& Corn}** qui ont le cuir plus délicat , font fujets à recevoir les TAtJon* mauvaifes infeclions , & foufrrent des accez plus après & plus violens. . Ainfi les mauvaifes humeurs qui s'étoient . accueillies & rarnaifees dans le cors de l'Eghfe , à raifon cette longue fanté* & vie oiiive , furent caufe qu'elle tomba par diverfes recheutes en ces grans fymptomes Se extrêmes convullîons , dont elle n'eit encor relevée : Si qu'il a été neceilaire , que ce grand médecin du Ciel, par diveries feignees & dietcs,lui aie aucunement redonne fa imere iantç. Le peuple pourtant qui s'étoit lâché a la B b débau-

Zut h. in Vcfttl Sttp.

I Dc'TX.Afl

'vent. Au-

yifaler

TZra.ir.fte- gt&hdHu- tenum. rtis}. ad Ynlturi2iH été i'm

Cêtxor. <?.

i?*U,f. 22.

Luc.

Saur.fe- hé€ 0 JiÛt

$%6 De la Naissance ets l'Hérésie,'

débauche, ncfut pas fait meilleur par l'éclair decenou- reau Evangile, il entra plus avant dans les vices & difio- ,,luti6s.Oycz le témoignage du ProfcteLuther.Le mon- ade, dit-il, empire tous les jours.&déviét plus méchant: „Les hommes font aujourdhuy plus acharnez a la ven- „gcance,plus avares, dénuez de toute mifericorde,moins ,;modeftes , & plus incorrigibles , & en fin plus mauvais ,,qu'ilsn'éro:enten la Papauté. Et témoigne Aurifaber que Luther foulcit dire.qu'apres la revciatiô de Ton Eva- gile,!a vertu avoit été éteinte, lajuitice oppreiTee,la tem- pérance earrcree,la venté déchirée des chiens , la foy de- Tenue chancelante , iadevotion perdue. Qui pourroic mieus tirer les effets de la reformation , que ceméme ré- formateur du monde \ îenepourroisfansblelTerlacaufe crue je crante, parler par deifus ce qu'Eraime en die, qui ,,tirenaifverr>eiit ce trait. le voi,fait-il,pIuiieurs Luthé- riens -mais peu dEvangeliques. Regarde un peu ces ,,genSi&; conlldere fi le luxe, l'avarice, & la paillardife ne ,;regnem:plusentr'eus, que'parmy cens qu'ils déterrent, .jj.îotremov quelqu'un qui par lemoien defonEvangi- ;: fait meiiîcur.Ic t'en montrerai pluiîeurs devenus ..bien pîu> médians. Peutétrea ceétérnonmalhcui'. le „n'e-n 3y ^ointvcu quinefoient empirez par leurEvangi- . îe.\ oicv ce que Smideiin le reformateur &batifTeur de „icur concorde, dont je parleray au livreraient d'écrire j ,.Afin eue tout le m ôde cônoiiTe qu'ils ne font point Pa- ,;piflcv,!lsne tiennent nui conte des bonnes oeuvres. Au ,,lieu et jeûner ils paiîent les jouis, & percent les nuits a ,,boire&.inaneer:éccrchent les pauvres au lieu celés ha- ,,bituer,cliâgét les prières en blasfemes, jamais lesTurcs ,, ne s'approchèrent de leurs impietez, la luperbe tient la jj place de l'humilitéjccn'tt que gloire, que fait, & quand ,,on leur veut dire quelque chofe, ils répliquent que c'ét ,,la reformation de l'Evangile. Fermons ce livre avecie récit de lHiftoire prodigieufe d'une Lutheriennne ce Lipfe, rapportée Par Maniius en fesLieus-Ccmmuns, tic Refciuscnla trente-quatrième Mélange. Cette femme nourrie en l'échoie de Luther, s'érantprivémentjoiïee avec fonrills,eut une iiledcluy , qu'ellefit elevc. ; déceu:Etant çrandeletre clic la retire. Le fils q ni en étoît lepcre;eik- ::; ant douze amsl'epoulc, étant par cerne) en

Livm tî. 3S7

fafceur , fafîlle & fa femme , Ja méchante mère le (ça- d'unité* chant. Cette miferable proche de la mort, le confeûe à tberiet^ Luther,qui en communique à Ton échoie deWitemberg, laquelle prononce qu'on ne doit troubler le repos decc mariage , & fans autre punition laiife aller au Ciel cette pechereffe , avec la feule for. Telle eft la vie de ceus qui le difentEvangeliques. Or il efttems de reprendre le pè- re de tous ces enfans, qui ont donné fuj et a ce fécond li- vre,lequel cependant avoitaffilé Ces glaives, ScCcs cou- teaus,pour établir avec le fer Se le feu fon Evangile,com- me le livre fuivant vous montrera.

Tin du fécond livre..

Bb a TABLE

TABLE DES CHAPITRES DV

troifîcmc Livre.

CHAPITRE I.

2. Les fept premiers Ans de Luther fe pafferent a faire la guerre avec injures.

2. Les Seigneurs Luthériens s'emparent Au biendel'E-

j». Adrian & Clément tâ- chent d'amortir le Schif- me.

C H A P I

2. Commencement de trou- ble en Allemagne.

£. Les f fans s'élèvent f»m Li conduite d'un Luthé- rien.

$. Tout foin prétexte de VE- vangile.

C H API 2. Zuingle lefongeurgâta le

premier Us Suijfes. .2. L'Evéque de Confiance

s'oppofe à luy. j. Zurich reçoit la nouvelle

doElrine de Zuingle. f. Affemblee notable à Bâlt

C HA P I

/. Les 7j*ingliens commen- cent les defordres à BàU.

2. Le naturel du Suijfe guer- rier.

S. CcHidelÂleé'deZiirih

+. Luther prend avantfige des troubles de la Chré- tienté.

s. Ses injures contre Usprin- cespeur émouvoir les peu- ples.

C. Les premiers Chrétiens par douceur ramenoitnt les peuples à la foy Chretiene,

RE II.

4. Luther vent éteindre le

ftuquilaalîumé. j. LaKeblejfes'*rme,&de*

fait les rebelles. C. Plufïeurs miferes & pro- diges a la f hit te decelîe- cy.

RE III.

ou Zuingle neft veut trou- ver.

s. La doctrine de Zùngle condamnée.

6. Affemblee des Zuingliens a Berne qui établirent l'opi- nion de Zuingle.

RE IIII.

sarment. #

^. Les Zuingliens diffiés &

défaits s. La mort de Zuingle en ba- taille.

C. Calait-

Du troifiémc Livre.

C. Batailles gtgnéts fur les Catholiques.

7. Les Suiffes depuu les pre- mières viéioires des Ca-

W

tholiques ont demeuré en pais. <P. Du pats des Grifons & lem état pour U religion,

CHAPITRE V.

i. Henry Ballinger fuccejfeur

de Zùngle. 2. De Pierre Vvirmiti qui fe

fit lOpiïïtr le Martyr, S.L'Eghft invifùle de Ha- ples.

C H A P I /. Pendant Us mi/eres de i Ah magne Luther fe marte. 2. Lettre du Roy d'Angleter- re s Lu", kir. f. Luther cm ie les moines & nonnains à faire comme C H A P I /. Lis Luthériens commen- cent à fe liguer.

2. D'où pnnirent leur nom

les Proîefians.

3. V Empereur k Auibourg 9 il Luther n ofenU.tr.

4. Le Duc de Saxe ajfiste à h Mefe.

s. LGcpnfejfundcs Prof étions C H A P I

/. La journée d' Atubourg rompue yUs pr&tsïans 1 '#f- fembhnï a $malcade.

2. C Zm->ireur f^tt élire fon frère Roy d.s Romains.

S Clément envoyé de-jtrs les C H A P I

i.C/'o.jtte ten i aHagiunan^ rompu à-cauft de la mala- die de MeUnfîhon.

+. De Bernardin Okin qui Martyr débaucha.

s. Martyr paffi en Angleter- re.

C Sa Sonnain morte, ilené" p>ufe une autre ^ meurt*

R E VI.

luy. +. Les en fans de Luther, s. Luther ennemy mortel du

y une. C Ridicule eomparaifo» de

Luther.

R E VII.

prefentee à V Empereur. <f. Les Zuingliens veulent être reçeiu en la focieté dt% Lw.hzriem, 7. Députés des Catholiques & Luthériens, | S. Luther au* écoutes pen- dant la journée d Aus* bourg. ' R E VIII.

Princes Proie flans. 4. Paul publie le Concile, s. Fait lapais entre l'Empe- reur & le Roy. C. Bouffonnerie de Luther,

T R E IX. 2. RemU a V formes Ekitu

tombât malade. J. Cependant qu'on disjute B b 5 peut

03

Table des Chapitres

pour les opinions de Lu ther , le s Hongres imph- rent l'aide des Alemans.

4. le Duc de Saxe & le Lant- grav* s'arment contre Henry de Brun/vie , {jr> l'Archevêque de Cologne fe révolte.

C H A P I

/. Luther préfère le Turc au* Princes Chrétiens.

Z. Dit qu'il ne luy faut faire la guerre.

$. Ainfi ont fait les autres hérétiques.

j.SslimAH défirent de teir C H A P I

/.Luther tâche d'empêcher Uajftmblee du Concile.

2. S' en-vu enfin pais , c$> fa mortfoudaine, avec élu fl- eurs particularités làdtf- fm.

3. Safepulture. #. Son orgueil, s. Luther n'a \ëmaûfatt mi'

' C H A P I

1. Le monde en effrny que Lu-

ther fut le précur [tarde ï Antechrifl.

2. Phfieurs prodiges qui pa- l turent de font éms.

3. Des trou Soleils qui furent

s. Diète tenue à Spire,rjr> tom- me Luther fatfoit le Pape (jjr confacroit les Evéjues.

C. SoHzelle jeurnée a KatU- bonne fans effet eylesgras prodiges qui parunnt 'au Ciel.

RE X.

Luther.

s. Luther caufe de la perte de Hongrie çy Tranfilvanie.

C. Les Vrai est ans ont fouvent refufé defecourir les Chré- tiens.

R E XL racle, & comme le diable V accoutra s'en zouùmt mêler.

<j.Sa msdifance contre les faints Pères.

7. La (orrapùo qu'ils ont fai- te au* anciens.

S, Les lui ange s que fis cifii- ples lu; ont dvnné.

RE XII. veiu au Cul.

4. Des trois Lunes.

s. Infinis ecltpfes au fiule de Luther.

<?. Le 'ygement qu'en firent les AflroUgUtSt

CHAPITRE XIII.

j. Toute ÏÀUmàgne s'apréte a la guerre.

2. Le B.oy Francoû découvre a l'Empereur les deffeins des Proteslans»

3. Menfonge de Sleidzn , & caloptniî centre U Roj.

f ^. L'Empereur &les Proîe-

fiansendrm.es. s. I es Pi et ai ans défraient

V Empereur de fin turc. et. Le défient & luy dénoncent

ii guerre.

C H A-

D 1 troifioiie

C H A P I T

i. Le P.tpc envoie fecours à

l'Empereur pour cette

guerre.

2. Grande faute des Vrote.

jlans,& commence m tnt de

Uur ruine.

S 'L'Empereur leur fait quit-

C-H A P I /". L'honneur de cette guerre deué au feul chef après Dieu qui en prtt la condui- te.

2. Le Duc de pVitemherg cy* le Conte ?xlat'm deman- dent pardon d V Empereur.

3. Reddition des plus grojfes

& importantes vill>s fans

C H A P I

/. Divers prodiges qui ovin-

drent le jour ds lu bat aille

gagnée contre l Hère fie. 2. Miracle du Soleil. S. Ce qui Dom Louys d'Avil-

la en dit. +. Autre témoignag* d'un CHAP1 7. En-eur de V Empereur en fi

yiSeire. 2. Tourne fsspenfersà U R?-

liston. S. Le concile lors dijjîpèfiEm- J

pereur tâche de L réunir. [ C H A P I T /. L'herefiefortétmnetde ce

coup. 2. Dégradation du Duc de

Saxe. $. Le Lant^rave perd le

ccsur Apres U défaite du

Livre.

RE XIV.

ter li Cimpzgve. j. Se rompent d'em-rr.éme. s. Le Duc Maurice s empare

du Fais de >s,xe. 6. Le Duc de S^xt recouvre

fon Etat.

' R E XV,

force. +. L'Empereur pajfe en Saxe pour domter leDuc qui l'a- vait conquife. s. Courageufe rejoint ion de l'Empereur au pzjfage d'Albù. C. Deffaïte &prife du Duc de Sexe. R E XVI.

Gentil' Homme Italien. s. Sleidan n'aceufe A villa de menfonge fur cet arrêt du Soleil. f. Mot de ï Empereur au champ de bataille, & l'im-, partance de cette viftoïre. RE XVII. ^. Cornent l' intérim fut bâti, s. V Intérim es? attaqué de

toia cotés. C Crta qui ne voulurent re- cevoir V Intérim perfecu- tez.de V 'Empereur. R E XVIII. Saxon. 4fu. Se rend à H. île aui pies de l' Empereur, luy crie merry* s. H éponfi de l ' Empereur. C. impudence Lantgrave,

Bb

C H A-

Table des Chapitres duri'oifiê me Livre: CHAPITRE XIX.

f. Maurice fe révolte antre

l'Empereur. j.Le Voy Henry fécond pro- tecteur de U Germanie. C.Lts rages & cruautez. d Al- BerSyfa défaite & fa mort, enfembk de Map rrç.

%*

j. la mort du Pape Paulre- tarda le Concile.

2. Trafiques de Maurice & Autres Princes pour inter- rompre le Concile.

j. Subterfuge àe leur', agents & députez,.

^Argument du troifième livre.

CE troifiéme livre contient les guerres Se troubles émeu en Alemagne &: SuilFe pour démêler les folies , furies & longes de Luther, Muncer,& Zuingle. Les ligues Proteftantesje mariage de Luther avec Nonnain, cependant qu'on s'egorge pour luy: Sa mort, la défaite des Proteftans , les conquêtes de l'Empereur , la ré- volte , défaite , Se mort de Maurice Se du Mar- quis Albert Princes Luthériens , avec plufîeurs autres particularités.

vins-

LHISTOIRE

DE LA NAISSANCE^

PROGRES, ET DECADENCE

DE L* HERESIE.

LIVRE TROISIEME.

Luther ayant commencé h guerre au Papey&auA Moynes, s'en prend am Koys (j> am Princes.

Chapitri I.

Les fept premiers ans de Lu- ther Je p*Jfirevt * faire la guerre avec injures. i.

Let Seigneurs Lutheries s'em- parent du bien de VEglife.

h Adrian & Clément tâchent d'amortir le Schi/me»

Luther prend avantage de* troubles de la Chrétienté,

Ses injures contre hs Princes, pour émouvoir Us peuples, 6.

Les premiers Chrétiens par douceur ramenèrent les peuples à la foy Chretiene.

E s premiers boiïilîonsdelajeuneiTe de Lu- *• cherjerterét leur écume furie PontifeLe- L^pn- on, qui l'avoir jette hors de l'Eglife, &re- miers am tranch: commun membrepourry. Pendanr d* Luther les fept ou huit premières annees,cc fut une fipajferent **\^s\jy* guerre d'inj ures , calomnies , & médifance en &&**• contre le fiege Romain. Les Machines des Hérétiques, dit S. ■Apol.z.aA.: Auguftin, font covices & malédictions, lors qu'ils fevoyent con- *>UÏÏ\ vaincus de perfidie. C'étoit fa gloire & fon honneur de lan- cer les traits de fa vengeance cotre ces grâdeurs eminen- tes, les chofes baffes n'étoient dignes de fes colères. En- cor veus-jc qu'après ma moi t , difoit-il, mes cendres fa- eent la guerre à cette tourbe Papale , & une guerre irre-

B b 5 concf-

554- De la Naissance de l' Hérésie, cbotciltable. Mais Iuy qui n'en vouloir qu'aus Papes, 6c Cardinaus,commefeuIs dignes de l'ire de Cefar,s'en prir aus pauvres, & ûmpies Religieus, les perfecutant fans re- rniiïïon. Il n'en pouvoit feulement foufFrirla prefenec, Inïf.iji. ny lenotn, non plus quelesDonatiltes, difoit Saint Au- guitin.pour le déplaihr que ce luy étoit d'y voir emprain- te l' imagé de fa première condition. L'Hsrefîe marche toujours même train : Elle a de tout tcms,& de (îecle en ûecle déclaré la guerre aus Moines, plus qu'à nuls au- Zib C.cfp. tresrs'aifeurant, dit Zozomene , ScRufinaulTi, ne pou- i0.Ub.il. YOirmieus ruynerla Religion qu'en guerroyant les Pve- c*t>- S- Jigieus. Le diable haït les Chrétiens, dit un faint homme, mais fur tout il en veut aus Moines. Luther les appeloit Miniitres de Sathan , & pourceaus des Enfers, Idolâtres de Moioch: au lieu que S.Auguftm,& S. Chryfoftome les \n appeler foldâts de DieUj&l'exercitedclE s vs Chris t. czp.pag. i. L^s moines, difoit ce jongleur, font les perdris du diable.* ai Corint. $-s Palais font pavez de ces rétes rafes : Les Enfers fe re- muent «3c treïfaillent d'ayfe lorsque leurame part de ce '"' 7 ' monde. Qui n'aura horreur detels mon (1res ennemis de '*/• f" 1 humaine focieté? écrivent les Centuriatcurs, parlant des faints hommes, l'honneur des defeixs,miracles & or- nements de l'Eglife,efcdmeurs a outrance contre la rage de l'Enfer, &deceluy qui y prehde,& qui fculs fans autre efcortequelagracedeDiea, ont foule latete à Sathan, mis fous les piez le monde,la chair,les voluptez,& les de- lices^ viftorieufement méprifé les abus, «Se les folies qui enforcelent prefque tous les entendemens de la race hu- maine. la a Di:u ne plaife, difoit le bon S.Hierôme,que je parie mal a propos de ces perfonnes reîigieufes qui de Ebiff. i.ai , ,leur bouche facree font le Cors de l e s v s-Ch r i s t. la Heltoi.r*. ,,n'avienne, difoit Luther , que je face jamais ny pais ny j.L'it»(Q. ,, trêve avec cespendarts: le fera;/ leur foët, &leurbour- epto. S.iU ,,reau: Il faut baigner les mains dedans leurfang. le ne "jtHr. veas enlaidir mes écrits delà falleté de fes paroles jCariï

jamais ame fut formée & pétrie des mains de la médifan- ce, & nourrie des infâmes ordures de la calomnie, ce fut ceile te Luther. Et comme il ne manque jamais de fujet a la hayne pour faire fentir les effets de fa malice : de mê- me n'eut jamais Luther faute d'inventions pourjetter ces perfonnes reîigieufes en la hayne du monde.

Livre II ï. ?5>?

Jlprenoit peur fin dard tout ce^i&U colère

Luyfournijfoit en main. ** ". "*

Auflieft-ce le propre des Hérétiques dit S. Athanafe, de AtPm' calomnier,&mentir:IIs n'ont autres traits, pour donner dans la réputation de cens qui fe retirent du monde, pour fc retirer a Dieu.Ainfî fit Arrius,& fesfarelites,qui donne lesReligieus Catholiques en proye au premier a fia Ain: De Ton rems plus de trois mille furent affommez en l'E- gypte, & en la Thebaïde, £:Hunneric Roy Arrien en cn- voyapour uncoupausdeferts , dehors de tout fecours ; quatre mille neuf cens feptantcfiw De même le virent- yteir- '• ils traittezdesDonatiites,desGots, Huns, & Vandales. 1' ffi'*-,' Cevi'ainEmpereur puât de nom & d'effet prirpiaifir de *■"'' *"" faire coupper le nez à quarante deusReligieus , & après 7.C .^f.' avoir empoiifé leurs barbes, & leurs cheveus, les fît rôtir ***' '. '* dans un four.Les pages des hiftoiçes écrites de ce tems là, a tl ' rougiifentdeleurfang,commeonpcut voir dans P. Dia- ca?' *0' conus, VictotVticcniis. Sidônius Apolinaris, Nicefore, Zonare, Glicas & autres. Suivons nôtre hiftoire. ir

L'E M p e r e v r penfoit par l'Edit de Wormes,qui a- jM j^tîj^. Voit banny Luther, avoir par même moyen bannyfon riensi'em- Herefie de l'Allemagne, oupour le moins arrête .telle.- p^reht du met Ion cours, qu'elle ne pourroi: faire grand conquête. fom je Mais Luther, comme j'ay dit , revenu de Ion exil, ayant XEiUfè. repris courage, vit en peu de tems fon nom élevé par dcC- 5 \iier. in. fus routes lcsefperances: Car le Duc de Sase , & autres c. Seigneurs, embra lient fa caufe, Se fous le manteau de ce nouvel Evangile, empoignent aus cheveus la liberté, em- piètent en divers îieus de leurs terres les biens de l'Eglife les incorporent à leurs domaines. Comme le cruel Va- lent fit proclamer par fon Edit, que toute forte de Reli- gieus euifent à vuiier les moualreres , & prendre les ar- mes,ou fuivre autre vacation,! peinè^de pairer par le cou- teau : Ainfi firent quelques Princes Luthériens en leurs terres. Ils chaflent les Moines & les Reiigieus,rafent leurs monaiterespour leur ô ter coure efperance de retour: jet- tent en gueule aus Uouveaus Patte tirs de leurs Eglifes,& auspauvres, quelque éclat de 1/os qu'ils avoient brifé pourenfuccerla moeie, s\idjugea;is d une main fouve- vaine les biens des RcIigicus,fous prétexte de les départir auspauvres, & aus Pafteurs, félon le conieil de Luther,

oui

$96 De la Naissance de l'H saisie, qui publia pour cette occafion un;livre du Fifc , accoura- geanttout lemonde déporter & poudre & canon pour «détruire l'Eglife:Ceus-!a(dit-il au livre qu'il à fait con- nue l'Etat de l'Eglife) font les vrais enfans deÛieu qui «emploient leur honneur pour combatre, & détruire ces , «régiments d'Evéques. Plufieurs s'enroollent en Cette Egliie nourelie,pour participer aus dépouilles de fâcien- ne. Ainii vient le faucon au lurre pour faire fa gorgerAin- files bétes les plus fauvages s'aprivoife^it àceusquileur font part du carnage, & de la venaifon. Ce friand & dous morceau du bien de l'Eglife,attira grand nombre d'hom- mes lays au party de Luther: Et Tapât du mariage convia plufieurs Ecclefiaftiques , parce qu'il n'étoit pas trouvé incôpatible avec leurs dignitez. Car l'Evéque félon leurs loys, fe mariant demeuroit Evéque; l'Abbé,Abbé. Et en- cor aujourd'hui en quelques lieus leurs femmes s'appe- lent Abbeffes. Ce qui leur fit volontiers approuver cette doctrine: Car c'é toit à leur humeur une grande commo- dité,d être coiffé d'une Mitre,, & d'unefemme tout en- femble, pour en faire une thiare au diable. De-la mille/ defordres , & confufîons, pour l'apetit immodéré d'au- cuns: combatus de la modeftie des autres. TiI O r Léon mort, Adrian qui luyfuccedajCommec'étoit

Adrian ^a piet^ & douceur de fon fiecle, tacha d'aporter quelque C$> Cltmet remède falutaire à la Chrétienté menaffee d'un fi facheus tâchent Schifme.Mais le Ciel nous enviant et bon-hcur,ie rapcla Àlamsr:ir bientôtàfoy. C'é: ce bon Pape qui fouloit dire qu'une USch'yftnt. grande 'dignité étoit une grande fervitude. Clément VIÏ. futfucceiïeurenfonPontifîcat,aufli peuheureus quefon parent Léon, à donner la pais à l'Eglife , & étaindre ce grand embrafement quis'alloit éprendre en Alcmagn'e. La prompte alfemblee d'un Concile étoit le feul moyen j pour l'amortir, mais il ne le peut faite pendant fon Pon- tificat: Aufli étoient lors les Princes Chrétiens divifez en difpute pour les finages de leurs Etats. Il prend pourtant le même foin de fespredeceffeurs: Envoyé des Nonces & s Légats en Alemagne , qui traittent avec les Princes partifans de Luther;mais tout cela redoubla d'autat plus fa fierté: reconnoilfant bien que pour venir a chef de fon entreprife, il falloir autres armes que l'Ecriture. Les plu- mes étoient trop moulTes, ou trop foiblespour un fi haut

dcflfeirj.

Liyrj III. 597

defTein,qu'il avoir aifis en la tête, &: l'air de leurs fc diri- ons trop épayS pour y palier au travers avec fi débiles in- ihuments. Ii falloit venir aus mains , & afilerîcs cou- teaus ', pour apuyerfon Evangile , & cchauier lecceui: des Princes avec cette Liberté Evangeîique qu'il avoir publiée. Luther donc brouille les affaires , fait tant que les Princes qui panchoient au changement , ie don- nent jour à Noremberg , pour avifer au fait de la Religi- on, & abolir le décret publié a formes , qui avoit con- danné Luther. L'Empereur étant en Efpagne fe plaint de ces entrepriies faites au m épris de fonauthoritc , com- mande qu'on ne changerien , jufques ace que le Conci- le,donr on avoit ja parlé, décide & prononce fur le divor- ce de la Religion^veut cependant que l'Edit de\vyormes foit gardé.

L a rencontre des affaires de la Chretientc,fervit bc*u- un, coup à Luther pour l'éftbliiTement des fïens. Carlaplû- Luther part des Princes fe trouvèrent engagez parmy lesdifFe- prend a- rents de la France . & de l'Efpagne. Le Roy François vâtagtdn parlaprifedeMilan , faifoitlors trembler l'Italie. So- troubles liman ayant défait en bataille les Hongres, &JeurRoy damsla mort , épouvanteit la frontière d'Alemagne: L'Empe- Chretteiê, reur & le Roy Ferdinand fon frère , bien-fouvent atta- chez à desentreprifes grandes, & lointaines , alfailliz des Chrétiens & des Turcs,& menaflez des Lutheriés,ne pou. voient pourvoir Se au dehors, & au dedans. O grâdeur du monde que tu t'acheptes bien chèrement. Le fouverain chefdel'Eglifeméme qui n'avoit peu tenir l'entre-deus, ny de fen authorité donner le concre-pois à l'ambition de ces Princes divifez , fc vit captif entre les mains d'une nation étrangère, & la ville liège de l'Eglife , Emperiere I du monde, prife fous les enfeignes de Charles de Bour- bon, qui trébucha fur le feuil de fa vic1:oire,n'ayant pour ;. arc triomfal que la honte, & l'ignominie d'avoir levé p, edi&ion les armes & contre l'Eglife ,& contre fon Roy.Plufieurs jt \A yùin» chofes avindrent à l'entrée & à i'yiîue du fac de cette deKomt» Ville capitaîle de la terre , dignes de remarque. Quel- que temps auparavant un homme jufques alors incon- nudéja avancé en âge , n&tifprez de Sienne, couverc d'une haire courcit les rues de Rome , criant l'amen- dement de-vie, & la penher.ee , avec m en-aile s qu'autre- ment

Vy Code: de nef. Lu.

kb. 2. rtr.

Les- ?r'r,t- çfi ! h en.

3?8 De la Naissance di ^'H erisie, ment en peu de tems on fennroit la punition bien apré de leur obftination. Onnepeut clcrre'Ja bouche a cet homme, non plus qu'au chante-malheur de Hicrufalem: plusonluy deftend, plus il crie, û qu'en fut contraint l'arrêter entre quatre murailles,ou ceus dont il avoit pré- dit la venue, le trouvèrent encores , qui le mirent en li- berté. Dieu, leur dit-il, vous à choifîs pour être les verge^ &roeter ce peupleimpenitent,&revécke a fes volontez: mais il les mettra au feu, en vous châtiant vous mêmes. VcikablcProfete, &ausuns, &aus autres Car tous ces ïàcrileges eurent miferable fin en peudejours:Lape- fte en égorgea la plus grand' part, & le refte fut la proye des vaincus. Vn Allemand qui fît l'hiftoire de cette prile, ou toutes les impietez, &cruautez qu'on peut imaginer furent commifes , raconte qu'un brave & gencreus fol- dat Luthérien, difoit avoir pro^js à fon ProfereLuther, mander ce la chair du Pape, qu'il Youloit accomplir fon veu. Apres qu'ils eurent fait un'étabieà chevaus delà Chapelle Papale, les Luthériens revêtus des ornemens Ecclefiaftiques , choifîrenr un Lanfquenet d'entr'eus, lequel tenant la place de Luther fut créé Pape, criant tous les ioldats enlevant lamain : Lvther Pape, Lvtker Pâte. le retourne à luy : Commelesarrai- gneesne tiffent jamais leurs toiles & leurs rets en tems feriina »ins feulement lors que le Ciel eft trouble & cou- vert : aufll Luther bien avifé apportant parmytantdc troubles & de defordres , des nouvelles diffentions, bâ-

grandeui de izs devins , & fous la banderole de la Liberté qu'il avoit élevée au vent , fait que plufieurs Pjtinces entrent fecretternent en la ligue de Saxe, pro- mettent fuivre fon party : Lespfincipaus furent lors

ae de Brandebourg , Erneft de Lunebourg,le Prin- ce 3'Anhâlt, Se le Lantgrave: Cettuy-cy fut Te princi- pal a ut heur de la ruync de fa patrie , il étoit Lant- rrr?.vedeHes : Lantgrave eft un nom qui (îgniiïe Coin- ce dt Pays, dont il y en a quatre en Allemagne de ceus oùî re nomment du faint Empire : le Lantgrave de Thnringe, àz Effats , de Leichtcmberg, & celny de Helîen , grand Seigneur qui avoifine le Pays dcialran- êoiiie, Cettuy-cy êtoit homme riârcfy , hautainjj&jpro-

ejprifê: c.

Livre III. i$?

occafionRaLutherdeleprariquer,&:lerendreautant ou plusfonamy, que le Duc de Saxe: ce furent les deus arcs- boutans de la ligue Lu theriéne. Les nobles ainfiaiTociez, c**wip»J " les^iia^ns'dViUtrecotefe contrèrent, & tous pour le fou- Je"gumit. non de l'EVangile s'apprêtent aus aimes : Plusieurs qui n\ oient l'entendement aflîegé des faufïçs opinions de Luther fe rendent à luy, &peuà peu changent en partie la forme derancicnneReligion:& nonobitantladeffen- ce del'Fmpereur , fe trouvent en la journée de Norcm- berg, il eil arrêté qu'on demandera le Concile libre dans l'Allemagne, &non ail!eurs;& cependant Liberté de ccnfcience.En cclie de Ratifoone qui fe tinc peu aprez au contraire les Princes Catholiques renouvellent le Dé- cret de Wcrmës,qui avoit cendanné Luther & ion Hcre- fie : Puis en celle de Spire hes Luthériens de nouveau fe rallient, affermi ffent leurs faits, foîicitent les villes d'en- trer eu leur confédération , pour derfendre la Liberté de confeience : AinC peu- à-peu la diviiion s'appretepour jouer ibnroo'lle : on commence a dérouiller les armes: car il étoit ayicà voir qu'on en viendroitlà^pour deifen- dre les opinions de Luther.

C o mm i donc il avoit fbuftrait une partie àcs peu- v. ' pîes de l'obciffance deue a leurs anciens Pafreurs , éta- Sesimurei bliz lucceilivemenc depuis que l'Allemagne fut retirée contreles* du PaganTïmej de même iltacha de les éloigner de celle Princes qu'ils dévoient a leurs Seigneurs : Apres !e Pape, il s'en pour emou prit l'Empereur : après le Ccfiftoire deRome,alaChâ- voir les bre Je l'Empire: Rien n'échapa fa dent, &ievenim de fa peuplés. »> langue: Ce (ont, difoit-il, des bourreaus, meurtriers de LlbÂefcc* ajChrift, Herodes impies, tyrans infuportabIes,pires que petetf. «îesTurcs.Ce Turc baptifé(aîrifî appeloit il l'Empereur) Luth.ad, cil pire que le Turc non baptifé. On void tous les écrits Ambro. parlemez de ces beaus tiltres?rhêmement les lettres qu'il Catha, cnvoiaaus Princes George 'de Saxe,: ime parluil'Apô- tre de Satan, àHenry de Brunivic, au Rcy d';\ng]eterre,& autres. Les princes, difoit-iî, font du modèle mode eil" en- Ceni.âuo . .11 y deDieu: C!ét une chofe rarede voir un prince fage, Ctfimar.J. encorplus un prince home debienùlsfom commune- tnfir.Cum ment ou betes, ou méchahs : Lemonden'etpius tel que venerit îepafle : on ne pourra porter plus longuement Jeur Vtrucli- >ancetc'& tvuiinic . Cela cil fai&'â,tfâ,iqu&ndi\sïè&

P a . .

ici oient

40© Di'la Nàisjan<;i di l'Hëresiî. feroient auffi puiiîans que les Turcs. C'ét lors que Ton li- vre de la Liberté en langue vulgaire fe publia , qui fut en lamaindetous , & comme un étude de rébellion. Làil «appelle les Princes en îonAlemand^ vil prit i&n »himel: Ce font les bourreaus du ciel,difoit-il: Dieu eft «un grâd fcigneur,difoit-il,il faut aufîi qu'il ait des bour wreaus nobles, illuftres,& grans feigneurs. Et comme s'il eût voulu faireun monde nouveau, voicy ce qu'il dit en 5,fa Captivité de Babylonerllny a point de remède de re- ,, mettre la liberté de l'Evâgile qu'en abolilTant la loy des ^hommes, afin que nous pai/Tions juger de tout,& régir ,, toutes chofes:Il n'y apas de Magiftrat, nonpasd'Ange ,,au, Ciel , qui puifle preferire une loy au Chrétien autre ,. que celle qu'il vouera recevoir : car les Chrétiens font libres. Et comme s'il eût été tranfporté du malin Efprit: 5>Ie dis, fait-il, que ny l'Eglife Chrétienne, ny l'Evangile „ne reconnoît de Maeiftrarme fçait que c'ét, ne le peut :,foufFrir:toutes ces chefes font inventions des homes, & ,, tyrannie pour alTcrvir les miferables Chrétiens. Et en fa ,, Captivité de Bab. le f*çay aacuneRepublique ne pou- rvoir être he'ureufemët adminritree par les )ois:Si le Ma- „giftrat efï prudent , conduit de la loy de Nature, il gou- :, vernera plus heureufement la choie publique qu'avec ,.,'tcs lois: s'iln'ct prudent,fes lois neferviront qu'a faire ,,dumal parmi tout cela. Et pour fonder fesjnaximes ii bien recettes depuis par les Anabaptiftes , il avoit les pafiages de l'Ecriture en main , de faint Paul aus Philip- , >;,- . ,w_ piens i. de faint Pierre i. Pet. 5. de faint Luc 14. l'humiJi- /*Z *,air eit recommandée entres les Chrétiens. Voila la do- ktiràïts wine de Lûtnér , qui mit premièrement le feu dans la ftdithm tête des peuples en Allemagne , & fes difciplcs parmy iis Tvfi-i- tout le reile de la Chrétienté. Mais encor voyez comme tel l-'e £- il dépeint le Roy d'Angleterre, aprez qu'il l'a appelé fol btrJ&inz. enragé. Cyclopefurieus , vilain pourceau , écervelé,en- part. Lva- gence de vipère: Avec une longue fuitte de telles injures, i- ;. -uiï il dit: Ivs mihi irit maiestatemAngli- twnis. ci» l y T.p et stercore conspergere ,

ET CORONAM I S T A M P E D I B Y S CONCVLCA-

RE.lt me fera loifible de fouiller cette Majefté Angloi- ZalhTo. ^e <^c boue & de riante, & fouler aus piez fa couronne. 2.M.--C6. Ainiîpaïloit il des Rois, des Piinccs & des Magiitrats.

Livre II î. 401

Èilh'doc'trine fouventefois rechantee parfes difciples, connicon voie au livre de Mebncthon, aus Bohémiens VoyG*f* &SiIefîens , de George Major en la celefteprefcription p**dCrtt~ contre! Empereur Charles 5. de Iuftus Meniusaceus de c^er'» Magdebourg, & autres. Voila comme Luther fe joùoic ïfal'29» des Royantczîce fut un nouveau Géant qui poufla la tête do nv.lieu des Enfers pour faire la guerre aus Dieusdela terre

CEn'étoitpas, Meilleurs lesEvangeliques reftaura- vr; teurs du monde, le train des Apôtres, qui ont ramené les Commsrtt peuples à la connoiilance d'un feul I e s v s-C h ri st. les pre- Ge n'étoit pas le chemin de Boniface , quand il rendit tnier$ Chrétienne l'AlemagneiLes premiers Chrétiens magna- Cbrejîiens lûmes Heroz, vrayemét Chretiés premiers & meilleurs, rapienoiet neparloientpas ainfi : Nous prions pour l'Empereur, Us peuple* quoy que Payen , & l'honorons : Nous lereconnoiflons àlaFoy. homme fécond a Dieu , ditoient-ils, que tout ce qu'il tient, il le tient de Dieu,qu 'ileft feulement moindre que Tertul.in Dieu, & partant plus grand que tout le relie des hom- ApoU.^s. mes,puis que fans plus il eft inférieur à Dieu.Ces Ambaf- fadeursde Iesvs-Christ nerefpiroycnt le feu, le fer. & le fang comme Luther: Les Princes , difoit cette bouche du Ciel faint Paul , font envoytzde Dieu, continuez de Dieu , Vueroysde Dieu: Dans le treziéme Chapitre aus Romains, il redit plufieurs fois ces mêmes paroles, llny a peint de pui/faneequi ne ziennede Ditu. Et comme S. Paul ne pré- chajamais avec plus de véhémence qu'il fit pour impri- mer cette leçon, & aprendre l'obeiilance aus peuples -} de même jamais Luther ne haufla plus fa Vois qu'il a fait lorsqu'il Iauravculu arracher cettenaturelleinclinatiô que le fujet à d'obéir à fon Prince, fçachant bien que par ce moien il attirero it la bien-veuillâce du commun, défi- ree toujours en une nouvelle fortune. Il ne luyreftoic autre chofe fi ce n'ét avec le froc renverfé prendre l'épee. nue en main,& comme un autre Ziska,ou Zuingle, Mi- « niftre guerrier fe mettre a la tête des armées: Il faut,di- Sa:- «foit'ce dernier aus Suilfes , éteindre le feupar lefang. pmrvks ■■■ «Célèbre parole de Zuingle,&celle-cynÔ moins fameu- Lutbe* *>fe de Luther,quifou!oitdire,commeEra(ri:e. écrit dans Zyù «l'Epitreaus frères de la balle Alemagne : La nature de lEvangiiecft d'émouvoir troubles. & (édition s. le-me ris,

Ce jfaic

2-iàr. 9. 2 9.J*.

Théodore de Bezt à la Rojnê d'Angle-

462 De ia Naissance de l'Hiriiii, fait-il écrivant contre le Prince de Brunfvic, quand je roy aiulï ces gens aus prifes. Le Sauveur ait, Bi*n- heuniu fom lfipArific}Hes, car th feront appeliez, la enfant de Jjicu: Ayez taûentrezoiu, dit-il enfaint Marc, levêutlatjje mtpaù: enfaintlan, levons donnemapau. Ah re.boufs Luther: le „fçay que ma doctrine apporte la guerre:i! faut avec tou- x te forte d'armes alTaillir ces efclavesdu Pape Romain* ,Ce Profete martial s'eft montré véritable en Ces promef- fcs,Iorsqu'a Wormes, l'Empereur l'avoir mandé, il dit avec une parole fiere & hautaine: le ne fuis venu por- ter la pais, mais le glaive. Vous verrez aus livres fuivans, comme celuy cjui a partagé la Chrétienté avec luy , prit ces mots pour fadevife, & que fon compagnon a laifTé pour mémoire éternelle : Que la feméce deïbn Evangile fut premièrement jetteeen unchampde bataille qui fut données aus plaines de Dreus en nôtre miferable France. arez vous trouvé, Meffieurs les Evangeliques,que le Sauveur du monde ait ordonné le glaive pour planter foa Eglife? Vous ne trouverez pas qu'il ait mis en main a fes Apôtres pour parfaire ce bâtiment, que la doârine & la difeipline, foufrrant la perfecution, & comme parle faint Luc , poiTedant leurs âmes en patience. C'cft ainfi qu'ils ont combatu plus de trois cens ans en mourant, non pas en tuant. C'eft ainfi qu'ils ont vaincu les peuples, domtc les Monarques , & amené captif les Tyrans.

LA GVERRE DES PAISANS, SOVS OM-

BRI DE DEPENDRE l'EvANGILE DI Lv-

ther, & la défaite de ces miferables. Chapitri II.

Commencement de îronllti

en Allemagne* 1. Lu Taifans s'élèvent fotu U

conduite d'un Luthérien.

3- Tout fou* puttxte de ('£- unng\U%

Luther veut éteindre le feu qu'il à allumé.

5-

La Tsobleffe s arme t& défait

les rehtlleu 6. flujtemt miferes ejrproSges à l.i fuit; g dectUe cy.

h e de-

t I V R I lit. 40$

E defordre chatouille ordinairement les cfprits du commun par la licence qu'ils fe **

h donnent de faire ce que bon leurfembîe, Cernm"- fait que le peuple rient l'oreille levée, ne cewent - ' demandant que nouveauté. L'Alemand qui trou°1--'^ ',C?wf fbuloît bailler la rete,& vivre fouz le refpecl: A&nni- ^csMagifrratSjhaufTa la crête pour fecouër le joug d'o- £*'" DcyfTance, délors qu'il eut ouy parler decefurieus livre intitulé Avant- cour air de 1% captivité Bab)lc;*';quc t que le Profère Lutherpublia: Etdecettedoctrine(dont iljetta. lesfondemens dans ion livre de la puiilance Séculière) qu'entre les Chretiés il ny avoit pas de luperiorité, nulle puiiTance, nulle magiflraturc. Qu'il ne faioitefperer au- cun efpoir de falut ,jufques à ce qu'ayant les lois humai- ***fb.ti nés, le peuple vint a régner. Qu'il faur prier Dieu que le Gèrç*/*- fujetn'obeyflc aus magiftrats. Au ion de cette trompette. ^JJ; t: '• Kfujet commença de s'armer contre fon Prince, le raflai 6' ****** fcrebeller contre fon Seigneur, Je Citoyen contrefon fih**** Magiftrât , piefque par toute lAlemagnc , La douceur de fa pais fut bien tôt changée en une cruelle,& lamentable c ■■ _ guerre. Cet embrafemenr, depuis Turinge & les marches - deSaxefejourdeLuthcr^penetrajufquesaus'Alpes.&de JJ2J petits commencemens,ditSieidan,s'ampiina fi fort qu'- elle fe répandit prefque par toutes les contrées d'Alema- gne. Délors ce ne furent que ligues, meurtres, feditions, lacs de villes, foùlevemés dépeuples, devaftation de pro- vinces: bref un monde demiïeics & calamitez.

Vat :cut un lieiiti , fureur, horreur, & rage. V\r-i

La crc'mîs pr.Ue, <& de U mort l'image. Ceus qui fe trouvèrent engagez en ces defordres, eu- 1 >, C tent opinion que leur caufe ctoit iibonne,puis qu'il s'a- Com> giifoitdeîaLibertéEvangelique,qu'iln'yavoitpointde Vimpi mauvais moyen pour l'avancer. Et comme en quelque & coin on commençai fecoucr lejoug, lerefteàla fuitte Aiber i s' ébranla par imitations. Le mauvais exemple eiHaplus tr/ pernicieufe doctrine, & le pire enfeignemêt qu'on puiife donner au populaire îndiferer , qui penfe que tout ce qui fe fait de mairie tolere,e{t ioifïble.Ils s'entre-accoura- gent à mal faire , aufîi ces cruelles Se enragées enrreprifes s'irritent toujours d'ellçs-memes, &fe provoquent à pis faire: Le mal eu vieiliiifant ferérorcei& fait un ulcère cu;

Ce s. icri

404 De la Naissances l' Hère su." devient incurable. Au lieu cis la reformation qu'ils publi- eht,i!s amènent les defordres & confufions fans produire rien de bon, non plus que ces terres ramaifees par ravines d'eaus qui demeurent infertilles & lèches. n> Les premiers qui s'élevèrent furent les ruitinues &

7 esfattens villageois, fous lacôduitted'un Luthérien nomme Chri- f'el.v tent ftofle Schaplet, qui veid bientôt fes troupes grqfÏÏes du reite du fimp'e & pauvre peuple , lequel le lailToit con- duire comme une lourde béte, laquelle marche à même

foui As co dutîte d'un Lu- thrit»,

qu'on lapoufle. Touss'arment,trainentle canon , dref- fent les armées, tuent, pillent, volent,] accagent les Egli- fes& les maifons. Et comme les chofes pernicieufes ne gardent règle ny mefure : de même cette canaille ne par- donna à fexe quelconque, ne laifTamalà faire avec telle rsge & furie, qu'en la feule Franconieplusde trois cens chateaus de gentils-hommes furent rafez, comme écrie Claudius Conradus. Plusieurs Comtes,Barons, & autres gentils-hommes mafTacrez fentirent la felonnjedeleur rage : Elle fut dénaturée, qu'ils rirent paflerpar les pi- ques le gendre de Ferdinand , fans que les larmes d'une pauvre Princeffe éploree fe jettant à leurs pie's , peut flé- chir la dureté de ces cœurs impitoiables. Nob'eflc > ri- chefTe, honneur, & far tout verru,bonté, & religion étoic entr'eus un cas pendable.

Ces toit toutefois, dit Sleidan, pour défendre la doctrine de l'Evangile, & fe mettre hors de fervage. Nous fommes (difoient ils en la lettre qu'ils envoierent aus dei'Evan- Princes) aifembîezpour confefîerl e s v s-C hr i s t , & gile. conferverfa divineluftice.Leurcry étoitfemblable à ce-

luy que nous avons depuis fi fouvent ouy frapper à nos oreilles Vive l'Evangile, Et le premier article de leur demande :.Qu'il leur fut permis d'élire des Pafteurs, pour enfeigner la pure Parole de Dieu fans mélange des Traditions humaines : (C'étoit le jargon de Luther ■} Qu'ils ne fuftent contraints payer les daines , ficen'ét pour l'entretien des Pafteurs, & pauvres. Que c'éteit chofe indigne de les eftimer ferfs , puis que le Sang de Christ ks avoit tous afranchiz i Qu'ils ne vouloi- ent porter cette fervitude , on ne leur môntroitpar texte exprès de l'Ecriture , qu'ils y fuiTent obligez. Bref chacun vouloit faire du pair^& du compagnon^ réglant

Ucou-

ïiî.

Som le fretexte

Livre III. 4c?

iaconfcienceavec la Bible qu'il porroit , donner laloya celui de qui ii la fouloirprendre.Tout le monde aceufoit Lucher comme autheur de tant de troubles , qui ne pré- choit rien au peuple que la Liberté.

« Si qu'elqu'un te veut contraindre, difoit-il dans les £rt ->o. «cinq cens articles propofez , comme a fait le Pape «avccfesloys , que tu ne manges de la chair aus Avens, si&auCarefme , ne te laiffe priver de la liberté que Dieu «t'a donnée : Mais en dépit de luy, fays le contraire, «difant: Parce feulement que tu me deffensdeman, "ger de la chair, & que de l'opreifion de ma liberté' , tu «veus faire une loy , maugré toy j'enmangeray. Mais «il ne s'arrête pas au ventre feulement : Fay , dit Luther, «ainfi des autres chofes, qui te doivent être libres : Qui inferfe- «eftlePape? Qui eft le Seigneur qui te peut rendre ef- rM ^it,Cii «clavedefesvolontez ? La nature t'a donné & mis en i^vocàuit, «main la liberté que tu dois conferver au pris de ta vie. Cela dit G uichiaïdin, empêcha fort l'avancemétdes af- faires de Luther, pour autant qu'il enfeignoit aus fujets de fe rebeller contre leur Prince. Il fembloit , comme die Homère d'un autre,que

Senphifir &f<m bien fut de voir teut le monde

Rafolir }/e tuer rager & tem;iter,

Détruire, démolir yrompre ,fer are & g^ter^

Voir enfrmble choquer le Cteljztetre & l'onde,

Tovtefois celuy même qui avoir échaufé ces tê- IJ12, tes, voyant renaître miferes furmiferes , & les pleines Lut"er maifons regorger de fang,crie aus païfans qu'ils repofent v,SHt les armes publie plufieurs écrits violents contres ces eJetn"*ete mutins,qui les avoient prifes contre les Magiftrats , veut J ei* *£*** a éteindre ce feu qu'il avoir allumé, dit n'en être pas l'au- A"t4me* theur , avec autant d'impudence à nier fa méchanceté, comme il avoit eu d'audace à la commettre. Mais que "fert de defavoiier avec les paroles, ce 'qu'il aconfelfépar les actions. Tuas beau faire, difoitErafme , voyant les Eraf.itt nouveaus écrits de Luther contre les Ruftiques élevez, UyeperaC les petits livres en langue Alemandeque tu as publié pour la Liberté Evangelicjue contre la tyrannie humai- ne,môntre bien que tuasdonnéoccafionàces tumultes & feditions. Luther crie la paix , lors qu'il voit la guerre C.chaufee, & ce-pendant accourage les Princes de taillée C c "3 en pièces

4©£ Db la Naissance de l'Hirisi*, en pièces ce pauvre peuple , Tu mériteras mieus le Cîe* épandant lefang, difoit-il à un Prince en Ton fécond li- rrecontrelcsRurtiques, que les autres ne fçauront faire e:i priant. En même tems qu'il fonnoit la retraitte, 3c faifoit mine vouloir éteindre ce feu , ores avec douceur, t-'mmtr Pms avcc ^e ^an3 ^es rebelles, le nouveau Profère Muncer apporte de l'huile , du bois & de la poudre à canon, pour l'enflammer davantage.Celuy- cy montre les pafiages de l'Ecriture pour preuve de fa doctrine, dit qu'il a le Saint JEfprit pour guide mieus que Luther: Qu'il faut à main. „armee défendre la liberté de l'Evangile. Dieu,difoit-il, ,,a promis en placeurs lieus d'aider les miferables,& ac- „cabler les médians. Nous fommesdeceus-là quidefî- „rons accroître le Royaume de C h r i s t. Nos ennemis ,,fc nomment Princes, mais ce font des tyrans. Dieu leur ,,co;nmande lire diligemment la Bible.-côme le Christ „chafia tes vendeurs du Temple, ainn" en brief il exter- minera ces difeurs de Méfies , ces Prêtres, & leurs Prô- j.tecleurs& aliez. II van: mieus mourir que nous laiiïcr }, arracher la Parole de Christ. Dieu m'a promis la ^victoire. Vous fçavez qu'a fait Gedcon, qu'a fait ïona- ,,thas, qu'a fait David. Ieferay le mémeX'êtoit le langa- ge de ce nouvel Evanseliftc dont i'ay fait mention au te- cond chapitre des Anabaptiftes , langage que j aytranl- cntdcs autheujsqui en ontparlé. Cet homme enforce- la bien cette populafle innombrable, qu'il la tiainoit a fp. rantafie, la car: il vouloit, tenu pour Profère, en- voyé d'êfihaut, pour les rctifericy bas delà femtude ils croient. v. Mais cependant que fouz ces efperanccs Muncer 5c

bief- les fiens fe donnent du bon tems , la Noblelle s'arme, .-•= t*»rm* leur courr-fuz, 8c après avoir eu en divers combats, ores fait du meilleur, ores du pire; en fin les deffait,tout pafîe par Us rebelles. Je giaive, eu tombe entre les mains ces bourreaus , il eft fait un horrible carnage,prcmierementdes Munceriens, & après des pauvres Ruftiques élevez : Carprez dedeus censmilde cette populafie, quin'avoient ny piezpour fuyr,ny bras pour fe deffendre , finit par le fer , Se par le feu, fàiïknt cette tourbe pcrilfante compailïon mêmes aus viclorieus,

Livre III. 497

^uoj} peut-on c/P?rer D'un tfimp efemménns rndt ccnslwcc}

Cette élévation avoic ja gaigné Pays,& coule iufques fur les li/îeres de la France -, mais le Duc de Lorraine à main armée les arrêta, & en deffit un grand nombre. Voyla Us premiers fruits de la doctrine Luthérienne, qui fonc bien aulongdifcouruz, dans les cinq livres que Petrus Goda- lius à écrit, & que je paffe à peu de mots, pour n'enfrain- <lre la brièveté à quoy je me luis oblige en traiuant les effets, & occurrences des guerres. Le Lecteur ne fe doit plaindre fi je les renvoyé ailleurs : Car tous ces carnages, tueries, & embrafemens m'effrayent, &nç ferviroyenc que charger les mains du Lecteur dje plusieurs gros Vo- lumes, fijevoulois m'arrécer par tout. Aulîî luis-jeprefle de faire chemin, redoubler le pas, pour le long & pénible voyage qucj'ay à faire, je touche trop de beiongne de- vant moy, ayant a courir trop de terres, pour pofer le pi- quet par tout.

Tant demiferes, & defolations furent bien-tôt vr. fuyvies de plufieurs autres. Ha que ce grand Dieu a de Plnf/mr* pouvoir! Que fa main &fon bras pefent. Heureusceluy miferesÀ qui s'abrielouz les ailes de fa divine & perpétuelle pro- U fuit te de vidcnce,& qui jette fon ancre haut, y iogefes threfors, ctlU-ey cj> les tempêtes & orages ne nous mettent en tranec, & frologsu lesaccidens mondains ne peuvent attaindre. Lapauvrc Alemagne qui favorifa le Schifme , fentit depuis les feve- res, Scrudcs couz de foet: Car une cruelle famine TarHi- eafept ans confecutifs. Vne maladie, jufqucs àcejour- a inconnue, enleva un million d'hommes. Le Peuple,je ne fçay pourquoyjl'appeloic la fueur d'Angleterre Peut- §uekf être c'étoit par quelque înfpiracion fecrette: Car de j. Â im 1 Angleterre lortit le premier autheur du Schilme qui f ' -

5*accrut par les écries portez en Bohême : £t tour à fait s'epaadit par l'Aletnagne fous lacôduittc de Luther, qui fe jugea allez fort pour refifter àl'Eglifc avec les Saxons, puis quelesHuiîitesen Bohême lu y avoytnccfc faire tê- te. Cette lueur d Angleterre fut fuyvie de la contagion, dernier fléau de l'Ire de Dieu , laquelle dévora prefque tout le refte du Peuple : Tous les Elemens ferncloyen: être bandez a la ruyne de ces pauvres nuierables : Car Ce 4. ieCieJ,

l

4cS De la Naissance de l'Heresii,

le Cie1,ainfi que vous verres, àdiverfes fois en porta le deuil Lamerfortit de Ton lit, & ayant outrepafîé les bar- rières & limites que la nature luy avoir prefcrit & inonda une grand' partie des terres voifmes,faifan: poir pludeurs milliers de perfonnes. Iamaisles eaus ne font débordées en vain , & les vents n'ont fait crouler la terre fans caufe ,dit un faint Homme. Au tems de tous ces re- muements,& lors qu'on faifoitles apréts de tant de mi- feres, & les préparatifs des conjurations & révoltes qui s'enfuivirent depuis , qui fut Tan mil cinq cens vint- quatre, & mil cinq cens vint-cinq , ilyeutden leufes , &z étranges habitudes desPlanettcs , ch des mal-heurs qui venoient fondre fur nos chefs. Les vint conjonctions , dcntj'ay parlé au fécond Chapitre , pa- rurent au mois de Février , dont les feize fe rencontre. Itranges rent en un ligne aquee, & toutes les Planettes jointes au habitudes Soleil, en un figne bicorporé, prefageans, comme jay re- dtsPUnet- marqué cydefius après tous les Aftrologues ( fionfepeut iei- fans faillir amufer en leurs prédictions ) mutation &

changement en la Religion. Ces vint conjonctions (ont d'autant plus admirabks qu'on ne trouve pas que i. cela foie avenu en un même mois : Caries périodes du cours des Planettes font différents , les uns faifantleur cours en trente sns,les autres en douze, en deux, en un, en vint-huits jours , qu'il ne fe peut voir fans merveilles , tant de rencontres en un feul mois , comme il avint lors que pour la querelle de Luther on remùoit Ciel , & Terre.

Vous verrez cy après les autres remuements étranges, & prodi ges qui fuient veuz au Ciel, effroyables Hérauts, Se Mefiagers de l'Eternel couroucé contre nous. Luther même au livre qu'il fit contre les douze articles des Paï- fans élevez, met en effroy "les Princes des prodiges, &fi- \Un-ITt gaes c3ui avoienc ja paru ; & feignant ne defirer que la d Luther »Pa's^es menafle d'une cruelle guerre 3 Sçachez que l'on ,,ne pourra foufFrir,dit-il, vôtre tyrannie:Il faut que vous .,foyez autres,cedez a la parole de Dieu , (c'eft a dire a la „fiennf.) Si vous ne le faites de bon cœur, il le vous fau- dra faire par force. Si ces Paifans ne le font, d'autres en ,, viendront a bout que Dieu fufcitera.Queiîparmy tant cî.6: rarnaçes l'Alcmanie fur infortunée pour

avoir

Livre III. 40?

avoir ouvert l'oreille à Luther, les Pais de SuifTes ne le fu- rent pas moins , pour s'eftre donnez en proyc à Zuingle, lequel ronflam dans vn poêle, avoir apris d'un Diable,ou d'un Ange, la doctrine qu'il leur apporta , comme les Chapitres fuivans vous montreront, & ainfî queluy-me'- me raconte. Ce pendant je lairray Luther attifer fa No- nain pour l'aprét du jour de fes nopees, le plus célèbre & fortuné qu'il eut onc enfavie,commeilfouloit dire fou- vent a fes plus privez.

LA SOVRCE DV SCHISME Ç^VI SE'-

nVAPARMYHS $VISSES,ÏT

ce qui avint. Chapitre III.

Zuingle le fmçmr gâtait

premier Us Zuijfes. t. L'Evéque de Confiance s' op-

po/e à luy.

h

Zurich reçoit la nouvelle do- ftrinedeZuintle.

Affemblee notable à Bâle , ou Zuingle ne fe veut trou* ver.

S-

LadoBrine de Zuingle cod* damnée.

6.

AJfemblee det Zuingliens fit Berne, cfuiétablij/ent l'a- finion de Zuingle.

E s gens qui portent des-membres terribles, 1.

&des courages fans peur , vivoient liguez Zuingle le

dans leurs cantons , fans avoir fujet & occa- fongeur ^4 lion de rôpre leur pais domeftique , ny pren- gâta le

dre les armes , fi ce n'et pour les querelles é- premier trâgeres; Quand un efprit malin & pervers mit le feudâs les Suijfesl leur petit Etat, qui bien unyneredoutoit aucune force ennemie, fit dépendre leurs armes pour épandre leurpro- pre fang , engraifîer les chams des cors meurtris de leurs compatriotes, pour le foûtien des rêveries, & l'intelligen- ce des fonges d'un homme incônu. Ce fut Haudty Zuin- gle célèbre fongeur , dont le livre 2. vous a fait voir l'ori- gine : lequel conduit de fon Démon blanc ou noir,dont il ne peut recônoî tre la livrée, à l'envie de Luther apporta

Ce 5 unnou-

4*3 De la Naissance b e l'Herisib, un nouvel Evangile anpcuple, autre que Saint Galleu* premier Apôtre, n'avoit cnfeigné à leurs premiers Percs. Cet homme d'un efpri: bouillant & furieus , ctoir, com- me j'ay dit, Chanoiae de Confiance, jeune , plein de feu &de chaleur, qui trepignoit dans ces attaches, ne pou- vant vivre fous les Ioy s du Célibat, tant il fentoit iade- mangeifon de fa chair,cominc il raconte luy-mcme.Cet- tuy commença de gronder entre Tes compagnons, par- ler a l'ouvert de la faufle vérité de l'Evangile Luthérien- ne, qui commençoit s'épanouir en Saxe, ocs'évanter par lescontrees voifines, oùdéja ( c'étoi: environ l'an :$zo) quelques écrits Allemans couloient. Cependant les prê- cheurs de lanouveileCroifade publiée par Léon , s'em- pi eflent pour cueillir l'argent des Indulgences, qui avoi- cntmisauschams trois ans auparavant Martin Luther. Zuingîe bien aife d'avoir cette occafîon, afon exemple, s'yoppofe, cric aus abus de ces quêteurs , follicicelcs jeunes Ecclefiaftiques qu'il connoiiîbit defonhumeur, de fe mettre en liberté, le décharger des fers & des entra- ves, que le Pape avec fes yceus, diibit-il, dechaftetéjeur avoit mis aus piez.NuI pourtant ne fe dévoya de l'Egiife, pourfe vouer aus femmes, jufques àeeque Carloftad xranchiifant le faut , & froùfant les barrières du Célibat voùé,par fes facrileges nopces,eut frayé le chemin & fait planche aus autres. Apres que Zuingîe eut quelque tems fermonne' a Claris &cnl'Hermitage , cachant toutefois les ulcères ce foname, il fe retira dans Zurich, ledé- crydes Pardons, &fesaboys contre les abus avoient ja retenty. CommeLuthcr, ainfi que vous avez veu aus li- vres précédents, propofa fonimpanation , Zuingîe mit aulîî en avant ht fîgure,!aque[le my veillaa^my fongeanc Juy fut révélée pa: fou efprit blanc, ou noir, dont il ra- conte- iuy-méme la fable, quej'ay cy delîus extraite de fon original, de laquelle les cerniers SacranuiKaires ont puiié ies intellects qn ils ont imaginez, pour rabattre la Toure-puilfance de Dieu au Sacrement de l'Autel. ?j, H v c v £ s Evéquc de Côitance,de laquelle Zurich de-

t'Yvêsut pend, averti de ce nouveau Predicant,car il ouvrit tout a de Cm- fait cequ il avoit en l'ame, fe plaint au Confcil delà vil- tiantt i'y le, qu'un homme noatuvove annonce à fon peuple une vtïjg. ne trvclb coprin:-. Zuin^le til appelé devant ces luge?.,

L ! Y RS III. 41»

cens de ville de toutes fortes , de tous métiers deffend fa, caufe, Se comme fi c'étoit aus aveugles de juger delà beauté, richefTe, & variété des couleurs,rait que ces gens décident de la vérité de fa doctrine , tout de même que delà bonté de leurs chams , ou de l'atelage de leurs ca- nons: folle aifemblee , , comme difoit un Filofofc des. Comices du peuple Athénien Les Sages &ffavans propo- fent ,& les foh & ignorans jugent.Cziptwplçià'iot témoigne qu'iln'a été rien avancé par Zuingle, qui répugne a la parole de Dieu. Auffi couvroit-illefèrpentdefavenimeu- fe doctrine , tapy fous les fleurs de quelque faintepietc, &paroles pleines de fiel , mais emmielees du nom de Christ, & du Seigneur: Aucuns des plus fagesfonc ferme en la yraye Religion, crient à l'impofteur , qu'ils découvrent , encor bien qu'il fe mafquat de l'habit Ca- tholique, enfemble un fien compagnon , nomméLeou Iuda, du labeur duquel Zuingle fe lèrvic beaucoup , qui recueillit la p lu- part de fes œuvres de fa bouche, écrivant fous Iuy : C'eitpourquoy on l'appeloitfon Evangclifte. Ce fut ce Léon qui fit voir la nouvelle ver/ion de la Bible Allemande, depuis condamnée des Luthériens, comme contraire a celle de leur maître.

Povr refoudre les propositions de Zuingle, le Sénat uï' de Zurich d'une authorité fouveraine convoque une a.C- l'jr** femblee, écrirarEvéque de Confiance, lequel envoyé f0,t

fon grand-Vicaire, pour leur faire entendre, quechofe n°Mye"9 r b y - * r - -r do Urine de

li importante ne devoir être ainh maniée , ny mile en .

compromis: qucc'eftle Concile,qui jugefouverain,doit ^mntu décider fouverainement des points de la Religion. Mais les partifans de Zuingle difent , que comme un chacun à intérêt à fon falut , #qi?.'un chacun eftauiîi ob'igéd'en faire la recherche/Laplû-part crient, qu'il faut franchir le pas, fe dépêtrer tout a fait delà tyrannie del'Eglife Romaine.Cequi fut aucunement exécuté déIors:car par Ceàavint arrêt publié par toute la Seigneurie, la doctrine de Zuin- /'*» **** gle, qu'il avoir couché en foixante-fept articles, fut re* çeuë,mais en la feuie ville de Zurich.Les Eghfes pourtâc ne furent ruinées, ny les Autels démolis,vivant encor les Catholiques en pa;s .Mais Zuihg'e qui avoir privée intel- ligence avec Carloilad le premier brife-image, comme aalfi le premier Sactainctaire, folicitc le Sénat de mettre

à fia

4ii De la Naissance de l'Heresii, àfinlefaint œuvre encommencé , ne faire rien à demy, rompre les Images, abolir la Méfie. Les autres Cantons s'émeurent fur ces nouveautez , & font une afTemblee à Luferne;Ils firent, dit SIeidan , par une Amba-Tade en- voyée à Zurich, connoure leur mal-talent, a raifon'de ces glorieus fols, qui troublent le repos, tant del'Eglife que de la chofe publique, pour femernoifes & débats: Mais les compères de Zurich s'exeufent, difent que mefnuy la lumière s'eft levée fi claire aus efprits de plufieurs, qu'en la ville la plus grand part étudie foigneufement en la Bi- ble, &nefçauroient leurs Predicants détourner l'Ecri- ture qui eft en la main d'un chacun. Peu après la licence eft donnée de brifer les Images par l'étendue de leur Sei- gneurie, ainfi qu'en dépit de Luther avoit fait Carloftad dans 'Witembcrg. ÏT« Comme Zuingles'étoitglilTé dans Zurich, aufTi fit

AffembUe Oecolampade Moyne renié , quelque tenis après dans notable a Baie , l'un & l'autre travaille à la tâche & fait fi bien ce- %âte, eu luy-là, qu'en fin la Méfie eft abolie à Zurich: Et celuy- cy Yuinglent gagne pais peu à peu, & jufques à ce qu'il eût aquis le {tvêuUt titredeprcmierEvcque de Baies, à quoy laques Mejer trouver, bourg-maître tint la main: SchafTufe fuit peu apres:Ainfi s'altère lavraye Religion en ces lieus. Les cantons Ca- tholiques fe plaignent par AmbaiTades , & par écrits: En fin par l'avis de tous les douze, &folicitation desEvé- ques de Confiance , de Baie , de Courtz, & de Laufane, quatre Evéchez des cantons liguez, une célèbre afîem- bleefe fait en la ville de Baie, pour le party Catholi- que fe trouvèrent plufieurs grands & célèbres Dodeurs Théologiens: entre autres laques Fabel Confeillerde Ferdinand Duc d'Autriche, Vicaire du Saint Empire, Thomas Mujer, &Ekius, celuy-fhe'me qui avoit ôté fi fouvent la vois à Luther.

L'Evéque de Confiance Hugues , y envoya fon SufFra- gant Melchior, bon Théologien , Othomate Lucine, homme fort eloquét , & Antoine Pirate fon Prédicateur, accompagnez de quelques autres Ecclefiaftiques : Chri- itofle qui étoit Eyéque de Baie , y envoya Auguftin Mai- re, laques Lemp , & quelques autres hommes defçavoir & de lettres. Sebaftien Evéque de Laufane dépécha en fon nom Conrard Treger Provincial des Auguftins, &

Louys

Livre II I. 41 j

Louys Loubly Doyen de Berne, L'Evéque de Courte commit Pierre Speifer , & quelques Chanoines de Ton E- plife.Tous ceus-cy étoicnt gens choifis & éleus,5c dont lafufnfance étoit connue. Au bruit de cette affemblec plufïeurs y accourent, pour être fpeétatears. Zuinglecft mandé côme lautheur du divorce , & fomme' de s'y trou- ver. Mais comme Luther fe tenoit fur fes grandeurs , fai- foit le Pape, rendant de Ton poêle comme de foh trepié, fes oracles fur les demandes qu'onluy faifoit : deméme Zuingle ne voulut partir de Ton Zurich , tenant pour fuC- pecl,difoir-il,lclieudeIadifpute, ne voulant au/lî met- tre fà vie à la mercy de ceus de Luferne , Schuvits, d'Vn- dernald &deZug, fes ennemis pour être ennemis de Tes opinions. On luy prefente & offre fauf-conduit, voire ô- tages. Mais il ne fut pofîible de l'attirer, quelque cartel de deffy qu'on luy eût envoie. Et comme il tout fe deuc remuer a fa fantafie , & fuivre fes humeurs : Il offre faire ouvrir les portes de Zurich, ou de Berne, &là entreren conférence: Merveilleuszelede ce nouveau Apôtre des Suilfes qui redoutoit ainfi fa peau ? Zèle bien éloigné de celuydës premiers Chrétiens , quife jettoient dans les brafiers & paffoient à travers les flammes, pour porter le noradelc s v s-C h Ris t. L'exemple d'un Prêtrebrûlê quelques jours auparavant à lapourfuitede l'Evéquede Confiance, luy faifoit peur. Zuingledonc refoludefe te- nir clos à l'abry de ces dangers, dans les murailles de Zurich, fereconnoiffant trop foible pour affronter tant de bonnes téces affemblees à Berne , envoyé fon compa- gnon Oecolampade, faifant éta^qu'écor qu'il fut vain- cu,la victoire ne pourroit être entière. Et que fe tenant en conferve,il pourroit toujours par écrit reparer les fau- tes de fon compagnon. Oecolâpade fut accompagné de deus nouveaus Docteurs élevez en l'échoie de Zuingle, Haudry Studer, & BerrotholdHaller, qui étoit Prêtre & Chanoine renié de Berne.

L'abfence de Zuingle n'interrompit le cours de l'af* femblec , les Docteurs propofent en prefence des De- La dofiri- putez des Cantons, la vérité Catholique , & montrent la ntdeZuin- raufleté Zuinglienne. La Je doéte Ekrus par plufieurs glecon- jours fit paroitre fon grand &erninent fçavoir. Sainte, damnée, heurcufc,& precicuû eit la mémoire de cet ho»rae , qui

fut

4 H E)* i'a Naissance de i'Hersîiè fut toujours des premiers fur les rangs, pour attaquer Géant, &ce Goliath de l'Herefie téte-a-téce,& le com- battre cors -a-cors. L'ifluë de cette difputc recueillie par Notaires députez pour cet effet , montra à qui la palme e'toi t dcue:Car par le décret qui fut donné d'une commu- ne vois, tous les fept articles, & les plus impo'rrans difpu- tez entre Ekius & Oecolampade, furent conrîrmez con- tre l'avis d'OecoIampade , & j ugez conformes a la fainte parole. Premièrement, Que lecors &fang de Ie s vs- Christ font prefensau Saint Sacrement de l'Autel, côtrelapropoiitiondeZuingle,deffenduëparOecolam- pade qu'on ne pourroit prouver par témoignage de l'E- criture, que le cors de C h ri s t fereçoyverealement, &corporellement. Le fécond, Que le cors eft offert en la Meffe pour les vivans,& trépaffez.Leriers, Qu'on doit invoquer la Vierge,&les Saints. Le quatriéme,des Sacre- mens, comme quelqu'un écrit. Le cinquième, Qu'après cettevic mortelle , il faut être purgé, &nettoyédefes ordures au feu de Purgatoire, avantjoùir de l'entrée cc- Icfte. Lefîxiéme, Que les enfans des fidèles naifTent en péché mortel. Le feptiéme , Que c'eft le Baptême de I e- 9 v s-C hrist, & non celuy de faint Ian , qui efface le pèche' originel. donc fut condamnée la doctrine de Luther, & de Zuingle , avec deffenfes d'apporter aucune innovation en la doctrine Catholique, »y aufervicede Dieu: Peines font établies contre ceus qui contrevien- dront à ce décret, &Iuges ordonnez avec piomeffe que le jugement donne' par l'un des Cantons, feroit ratifie par l'autre. C'étoit lors qu'il falloicfuivre cette pointe, forcer ceus de Zurich ; qui feuls n'euffent peu faire tête: Et Zuingle étonné de ce coup, n'eût fçeu fous quels lau- riers fc mettre. Mais Le décret publié, chacun fe retire, 2c luy donna-on le loifîr de reprédre haleine, & de fe recon- noître, rafleurerfes gens, & par écrit, & de parole. Le Docteur Fabcr, qui avoir derié Zuingle ,ie voyant tapy dans Zurich , écrit contre luy ; encore vivent Ces doctes livres, ou il montre les étranges contradictions de Zuin- gle, & cent cinquante fauffecez , ou menfonges d'Oeco- Iampade fur la feule matière du faint Sacremcnt;Comme £tauilllc bon Evéquc de Rocheftie en Angleterre^ la «icmoire duquel ne périra jamais ,, qui publia cinq livres

conttfi

t I ? R I IIÏ. 4Î5

contre îcs erreurs de ces deus PredicantJ.

De p vis ce Décret, qui fut l'an mil cinq cens vint- Tr« fix, les Zuinglicns demeureutaus écoutes fans rienre- ^ucTr*^et muer, jufques a ce que l'an 1518. le Canton de Berne, le s^**m plus puiffont de la ligue desSuifTes, commença de faire £'■'«*£«'• brèche à cette loy , & demander une nouvelle conférer)-. m V*% •**■ ce. Comme fi Zuinglereuenuàfoy de quelque longue 7 ": *; pamoifon, eut recouvert nouvelles forces, & quant & P****Q* quant du courage pour s'y trcuver.Leur fujetpourenre- 2tfM*£«ft quérir les autres Cantons,fut le différent de laReligion> qu'on voyoit accroître d heure à autre: Voire ladivcrfhe entre ceus du party de Zuingle 5 l'ouverture des nouvel- les Secte?, qu'on vo) oit naître ça & la, que mêmes un mauvais Prêtre s'étoit élevé jufques a une telle impu- dence de prêcher , que le tems preferit pour la durée de l'Evangile de C h r i s t étoit arrivé : qu'il falloir établir une nouvelle loy. Car tout ainfi que la loy de Moyfe avoir duré mil cinq ces ans, la loy de C h r i s t ne devoir auflî durer davantage, qu'elle étoit arrivée a fon période. Les Anabapciftes auffi & autres Hérétiques venus delà Mo- xanie, commençoient à feduire le peuple, de forte qu'un grand nombre de gens (impies & idiots (les Hiftoriens de ce tems difent, qu'il y en avoit plus de trois cens)furct conduits par ces feducleurs, fur le haut d'une montagne de SuifTe,nommce Apofelle,tant le diable leur avoit per- verty le fens, attendant que le Ciel s'ouvrit pour les rece- toir en cors & en ame , côme ces Prêcheurs leur promet- toient. Les Bernois donc de leur authorité,ordonent une difpute générale en leur ville, fomment lesEvéquesd'y envoyer deus Theologiens,s'ils ne veulent s'y trouver en perfonne, preferivent par les loys de la difputc, qu'on ne s aidera que de la feule parole écrite, pour décider les dif- férents qui feroient mis en avant. Ils dépêchent les fauf- eôduits par tout, & propofent les articles. Sur cette nou- veautelescantôsdcLuterne,Vnc;Suits,VndernaId,Zug, Glatis, Fribourg,& Solurre écrivent à ceus de Ecrnc,que cette afséblce eit contraire à la refolution prife en la ville de Baie, qui rôpt l'aliâce & confédération prife entr'eus. Qu'il ne doit être licite à chaque peuple de vouloir for- ger fareligion,& révoquer en dout e ce qui a été détermi- ne parpigliie , iufques a ce qu'un Concile donne la Loy»

Que

4X6 DitA Naissance de l'Hérésie,* Quefi des efprits turbulents apportent de nouvelles do- urines, quilles faut envoyer au feu, & punir félon les loys. La j ournee pourtâtcft ouverte a Berne les Dépu- tez de Baie, de SchàfTufe, de Zurich, d Appenfel. de fa»nt Gai , fe trouvèrent. Quelques Predicants d'Alcmagne Vindrentaufecours. La furent Zuingle, Oecolampode, Bucer,Wolfang,Mufcuie, Capito, Blauter, & HaLier- nul ne s'y trouva de la part des Evéques, qui ne vou'oi- eiit approuver ces conciliabules , &a(femblees degens profanes & delailîés deDieu.Fauteremarquable,& pref- que pareille à celle des Iuifs , qui pour être trop obferva- teurs de leur Sabbath , & ne s'être voulu deffendre a ce jour, felaiflerent prendre à Pompée, & réduite fous le joug de l'Empire Romain. Car du moins les Théolo- giens particuliers euiîent peu arrêter l'avantage que les Zuingliens en prindrent, &avec la jufticedeleur caufe empêcher l'accroifTement deTHerefie,qui jettalors fon principal fondement. Vn feul Religieus de l'ordre des Auguftinsprit la paroIe,.& montrant de fiecle en fiecle la fuitte bien liée de la Religion Catholique, fans interrup- tion aucune , les luges delà difputeluy impoferentfîlen- ce fur lemilieu defondifcours,veuquec'étoit, difoient- ils,contrelaloyprefcrite , qu'on ne fe devoitayderque delafeule parole écrite -y comme fi elle même pouvoit être l'interprète , & le juge des doutes qu'elle même apporte : Car de l'intelligence de la parole facree ont pris leur fource toutes les difputes quifontmeuesen la Juîrvrt Religion. Elle eft fans ame, & ne peut faire entendre de <P. foy, laquelle de deus parties a trouvé la vraye intelligen-

ce cachée fous les paroles, comme plus amplement îe di- ray en un autre endroir,parIant à nos Evangeliques Fran- çois. Puis doc, dit ce Religieus, que vous reeufez tous les Pères de l'antiquité pour juges, & que vous feuls fages voulez autre arbitre que le leulfens,& jugementparticu-- lier cjue vous apportez au feus de l'Ecriture, je vous lailîe «n pais, fi la pais fe peut trouver chez vous. Ainfi demeu- rent ces nouveaus Predicants à delivre,& fans adverfaire. Or files paroles que Ie s v s-C h ri STdit ausluifs , q^ue s'ils abatoient le Temple de Salomon,en la conftruclioîi duquel ils avoient vaqué quelques années , il le réédite- ïi en trois jours , leur â donc occasion de fc icandahler:

Que

Livre lit. Mi

Que devons nous faire de ceus-cy , qui en dix-neuf jours abolirent la Religion Catholique,où infinis ouvriers par l'efpacedequinzecensansavoient befongné, &en reba- titlent encore une toute nouvelle, règlent, ordonnent, & policent à leurs fentafîes ! Berne donc a f exemple de Zurich, dit a-dieu a 1 Eglîfc Catholique,bânit la Méfie. iediftraitd^robeylIanceduPape Chef de l'Egliie,& fjic unabatis ?cnerald Images &d'Autels.C'eft en cette vil- le,où fe plaça Volfang Mufcule , natif de Dieufe en Lor- raine,lequel forçant du Cloître, fe rendit Tifferan,& re- prenant les lettres, nourry près de Bucer , la peur l'ayant chalféde Stralbourg, fe retira à Berne, il demeura longuement Surintendant de leur Eglile 5 après qu'un Chanoine renié, nommé Haller, (econdé d un autre Moync défroqué, nomméKolb, eurent faitlapremiere encrée: Et pour mémoire de cet étrange changement , le Sénat fit graver dans une colomne en lettres dorées, une infeription Latine. Ceus-cy montrèrent le chemin a cens de Genève. Mais ie referve cela lors que je parleray de la naiiïanceduCaivinifme. Si eft cecju'enleur Confelîion deFoy, ils ont été longuement différents; on a veu quel- ques feuilles imprimées fous le nom de Simon Coludre, mais œuvre de Charles du Moulin , qui avant famorta- voit quitté le Calvinifme; il racôte,que Tan 15^4. Cal- vin fut a Berne,pourfedefrendre contre les Minières qui l'accufoient d'herelîe,& que par le décret du Senat,dônê en Avril, la vente de l'Inftitution de Calvin fut prohibée. Or côme la refolutiô de ceus de Berne fut publiée, Ekms écrit contré l*arrét de leur aiTemblee; mais fa plume ne fçeut venir àboutde ce que fa vois eut biépeufaire,ii on l'eut envoyé avan t larefolution pnfe.Ce fut lors que Lu- ther dépité & coleré contre ces Sacramenraires Zuin- giiens, tonna &foudroyap.irmilleecrits,commei'ay dit au i.i. Cependant que les affaires font en ces termes,Am- broife Blaure^qui avoir quitté lecapuchô à la faveur de ion frère Thomas Blaurer Bonrg-maïtre,s'étoit écoulé à Côftace,pour y porter i'Evâgilede Zuingle: Mais l'un & Jautre en fut chalféjqui ocaliôna Beze de dire dâs fes vers; Constance d tnc on flanc e & Ue fureur éptt Je t les àechajjtt'tit ,fe trouve éclavefzm Égbfe, L'iaiHsie paie fa membres luy tajjfant.

Dd LES

ai8 la Naissance de l'Hérésie, LES GRANDS CARNAGES ET TVERIES

AYïHVÏ EN S VISSE P O V R LES SONGES

de Zuingle, &LaMort. Chapitre IIII.

tes Zutngliens commencent

hs de/ordres à le, z. Ze naturel du Suffi guerrier.

5- ' Ce us de Zklt , d1 d* Zurich s'arment.

A- Les Zuingliëi dejftz , & def- faits*

ta mort ds Zuingle en ba-

taille.

But utile gaigneepar les Ca- tholiques.

7- Les Suffit depuis les premiè- res viâoires des Catholi- ques , ont demeuré en pais.

8. Du Vays des Gri/ons , ci1 leur Etat pour la Reli- gion.

L étoit mal-ayfe', après tant d'éclairs & de tonnerres, que le carreau du foudre Zuin- giien ne fôdit fur quelque haute tour,com- meilfit bien tôt après, commençant par la fille de Baie, que le fçavantErafme quitta, fe retirant a Fribourg, pour ne pouvoir fouiîrir l'appro- che de rinlolcnte ignorance de ces nouveaus Chrétiens Zuinglianifincz, lefquels un jour donné entr'eus ; prin- drent les armes,, fefaihrent des principaus lieus Je la vil- le, ces tours, &: des portes, polant gardes & fentineiles par-tout. Lcs.Catboiiquesiurpris, & environnez de leuts concitoyens armez, reçoivent laLoy de cgus à qui n'a- ^uieresils ravefcent donnée, contraints.oe cederàceus oontils ne pouv oient empêcher la violence. LcsEglifcs en pâtirent, & furent le iujer de leur première rage, & fur tout les Images des faints,pofees depuis plufieurs ficelés, pour honorer ie nom &la mémoire des Martyrs de Ie- s y s-C h R i s t. Cela fait, ils créent des Sénateurs nou- veaus lelon leur humeur, depofent les anciens, font or- *<si;ner par décret publié , queleSeûatue pourroit nca

faire

/

Livrée III. 4H

faire fans le confeil des deus cens ( dignes & honorables Pères pour en decider.'Jlors qu'il feroic queftion de quel- que chofe qui regarda: la République , & les affaires delaReligion. Zurich, Berne, & Solufrefe liguent a- veceus ; Les Cantons Catholiques de leur côté entrent en alliance avec Ferdinand , qui promet les afîifter de les forces.

L e naturel de ce peuple vrayment martial & guerrier, ir. le porte dans les armes : On voit lesenfans au fortirdu Lensiurct berceau les avoir en main:Paitsgrâdelcts, ils s'exercent, fa Smjfe fe façonnent à manier, non feulement les épees, mais gHsrit<r. les bâtons à feu. Auiïi par l'ordre dèleur police, le pique- bœuf doit avoirfes armes auratelier, auJli prêtes, que le foc a fa charrue, & jamais neva horsde fonlabourage, qu'il ne porte l'épee au côtc:Les jeus de pris es exercices des armes font leurs ordinaires ébats : Aufli au premier fon du tambour, qui vient d'une contrée étrangère, les Voila aus chams, prêts a fe louer à la mort: Car cette na- tion en une nuit enfante àcs armées entières. Ils font ar- rez& gagez des Princes, mêmes en terns de pais. Ce fut la pratique & fînelTe de nofere Louys onzième qui le pre- mier de nos Roys les rendit penfîonnaires de la France, ZuinglereconnoifTantdés fon entrée à Zurich, que la fu- feedu changement deReligioaen ce Pays là, nefe dévi- droit qu'à cous de pique ( carie cfrrs de la devife del'He- refie,eft la Bible d'une main, & l'épee de l'autre) fin & rufé delibefereferver les liens atfbefom, empêcher la le- vée d hommes qui fefaifoit, lefquels fonoientàondes, qui pour la France, qui pour l'Empire. Il leur fait donc fentir par fes prêches, & remontrances, que c'ét maîfaic de mettre leur fang aus enchères, le dôner àcpiiplus leuc donne, fe faire meurtrir pour les querelles d'autruy,où ils n'ont aucun-interét. Qu'il vaurmieus bêcher la terre, battre le fer, & forger des lames, ou conduire leur bétail au pâturage , fe refervant pour rompre la tête à celuy qui voudra rompre leur repos : & les perluade de forte , que defTecfeefl faite par le Sénat, conforme à celle de Zuin-. gle. De façon que les François ne peurent faire levée d'hommes en leurs terres, relervez, fcignoient-ils, feule- ment pour la defenfe de leur eftat j mais véritablement jour envahir celuy de leur voifin.

W % Car

4 io De Naissance de l' H e r e s i i, Car comme ils avoiét commencé d'un côté la noife ÎI!_ en la ville de Baie , auiîl de l'aune côré les Tiguriens & Ce» de bernois iejetrerent auschamsa bannière déployée: ils Bâfe ©i drelTcnt une armée , marchent contre les Cantons Ca- Zttrtcb tholioucs, qui avcient, difoient-ils , attaché augibet t arment» leurs armoiries p^tderin^, &quis'etoient iiguezavec leur capital eunemy Ferdinand. Les Catholiques aflem- blent auflï leurs forces , fe mettent ans chams, fecourus deieur nouveau aliié:& comme les deus armées le regar- dent préce-s à s'entrechoquer, & bailler la picque,Ia pais Ctci evint & fait par Ter. crernife de Srrafbourg, qui peu après entre l'un m 29. en -'a 'i]?ue de Zurich, avec cette condition, quelaFveli- gion demeurera en la liberté d'un chacun , veu que tous |es cantons font ibuverains en leur détroit. Le champ de bataille demeura vuiae pour les armes entre les Catholi- ques & Zuingliens, mais non pas entre les Luthériens «Se Zuingliens pour les lettres : car Luther & Zuingle menè- rent une cruelle guerre par l'cfpace de trois'ans , fans que le Landgrave qui Les fît .boucher a MalpurgjV peut met- tre ny pajs ny tré'-e , comme j'ay touché plus particuliè- rement au livre fécond: guerre qui «.'et immortalifec en leurs fucceffeurs. Etquoy que les Cantons Zuingliens euneîittente d'être recens en la ligue de Smalcade,lï eit- ce que le Duc de Saxe réfuta leur alliance, tant la Se- aie Zuir.giienne éteiten horreur aus Proteftans: mais le tant '■ d'une pafTiondémeluree con-

tre i 1 ne>ur fon particulier, &fk une li-

g u eh e î E v a 1 ; ge ! i fe z.

ÏV* La coucles Zuingiiensportoientaus

les Zuin- Catio::q;rs. séçlat couver plus longuement

f liens dtf- jans jeuis aroeSj que-que psis qui eut été contractée. fez tyde- Aefli cet efprit enf^çftré qui ne vomiifoit que feu 8c jaiii. fialiMne paria bouche de Zuingle, s'aîaiaoït defang,

& fe nouzrifioit de carnage. De faiteeus de Zurich, <Sc de Berne, contre l'a rpmile, tachent de leduire

les Sujet: des au;rcî Cai tons Catholiques, & pour lis fatiguer, leur coupent les vivres 3 s'emparent âes dé- troits & partages: Et comme on dit que la faim fait for- tir les Lousdes bois pour chercher dequoy -faire curée, la necellîté fournit les armes a ceus-cy, qui fe fontvoye acousd'cpecj enrfeiï: en feignes déployées lurksn.ar-

L I V R E III. 411

ches de Zurich, après leur avoir envoyé le cartel de crue jelaiiîeenia même version qui fut lors public pa* Simon Fontaine dans Ton Hatoire Catholique. Pource que loutems y à que tous & chacun de nous, „fommes plus que furTifamment diFerts a la raifpa , & e- „qaité: Et vous contre les alliances &pacl:.$ conformez ,, par vôtre fov ce ferment, contre la pais publique , con- ,,tre Ja difcipline & concorde Chrétienne , contre la foy, ,, charité & amitié des confederez, mêmes contre ie droit „naturel, & contre toute équité , nous rendez nos pro- pres fujets rebelles: Tellement que déjà ils nous fauf- j.ient la foy , & nous font parjures refafant nôtre jurif- ,, diction en la Capitainerie de fainc-Gal,& en la Prévôté „de la vallée du Rhin , & autres pluheurs lieus , leiquels ,,vous defFendez,& les faites difeordants d'avec nous, par ,,,vos dois, & cautelles , aftn que par a; danger vous nous , , déboutiez & chailiez de no tre ancienne & certaine Foy ,, Catholique, parce que vous dites que nous ne voulons ,,ouyr la Parole de Dieu , ne permettre qu'en nos terres ,, on life le vieil & nouveau Teftament, & partant nous j,accufez comme gens fans Religion, malins, traîtres, 5c ,, perturbateurs. Pource que nous . ne Toulans adhérer, „& joindre à vôtreFoy dé^uifee, &contre-faitte, vou> .cz vivres , &les marchez publics, a ce que par ce ,, moyen vous nous faciez mourir de faim , pour perdre. S: j, abolir non feulement nous, mais au m" les pauvres en- ans innocents , quiencores font aus ventres de leurs ,,m:res. Pource ùnablement que tout droit nous eit de- ,,nié, .Scnefommes aydez deperfonne pour nous faire a- ,,voirdevous juftice, & raifon,& qu'il va ja filong teins „quenous fourïrons cette angoiffe violente , orgueil, 5c ,, iniquité de vous, fans qu'il fe montre apparence de fiai, ,,nous fommes contraints de nous plaindre de vous a „Dieu, à fa (ai n te Mère, à toute la Cour celeite, ,, tous ceus qui ont droit & juftice en recommandation, ,,cnfemble délibérons . (Se voulons , s'il plait à Dieu nous , ,'donner la grâce ,puufance & Force venger ce tort que , .tous nous faites par main forte & d'effet; Ce que nous ,,faifons entendre par ces prefentes a vous , vos aydes, & ,, adhérants , voulans par ce moyen nôtre honneur & ce- j,luy de nos adjoiuts être garenry envers /ous , en foy «S: Dd 5 ,»téi

5 >

42.1 De la Naissance di l'Hérésie," «témoiguage dequoy, nous avons fait attacher à ces «prefentes lefeel denosconfederez, les Tigunens, au «nom de nous tous. Donné leMercredy quatrième d'O- »ftobre ïjji. Ceus de Zurich , & de Berne de leur côté a- •jec leurs aliez, jettent leurs hommes aus chams, vont au Rencontre de leurs ennemis avec bon nombre d'artille- rie; Ils mènent Zuingle comme leur Gedeon. 11 faut, die :»Sltidan,fuivant la coutume de ceus de Zunch , que le 3*principai Miniftrefoit en la troupe quand ils marchent »en bataille. Zuingle fans cela homme vaillant & cou- a»rageus3 penfanten foy même, que s'il ne bougeoit du salogis, & que quelquemefaventure ou deffortune avinc «en la bataille, il ferait mal-voulu d'un chacun , ayma *mieus fe hazarder avec les autres , qui luy euflTent peu asjuftement reprocher qu'il étoitiautheur delà tragédie 33 fans reprefenter aucun perfonuage j &que comme la » trompette,

De [on erxin anime le courage : Du combat ans auckoe (j> au carnage. Mais quant a luy hors de laprefîe, &dei'étour, &àl'a- biydeîa mort, il fe relient fans coup ferir du fruit delà victoire 3 &au contraire e'chappe fain & fauf^îe la route des liens. Zuingle donc marche en perfonne, & a la tête d'un bataillon , montre qu'il efcaulîi bon Soldat & Ca- pitaine encorecommebon Predicant. I'ay veu autrefois un Saille avec le feu iieur de Bourbon , qui fe trouva a la rnélec, lequel me dit, que ce Miniflre guerrier tenoit bonn: mine le jour du combat, ne ceifant d'encourager les autres a bien faire. Le Dieu des armées , difoit-i! , ne lairra lajufiiccdela caufede Chris T,pour lequel vous combatez, pourfoûtenir l'impiété de ces Idolâtres Pa- piftes:Mais cer.onobftant a cette rencontre il reçeut une lourde fecoulfe, le: pauvres Zuingliens étans prefques tout hachez en pièces, ouprifonniers. Y. P a rm y les morts fut trouvé étendu fur lapounlere

ïamort de le fausPrcfcte Zuingle , rendant lame. Vn Saille le voy- %mngle en anc encore rcfpirer un peu de vie, luy demande s'il veut i* bataille, un Prêtre pour confeiTerfes pcchez:Mais l'autre ne difant met, ayant le vifage contre terre celuy-cy de la hante de fon halebarde TafTomma. On exerça grande cruauté,-tlic Sieidan, contre le cors mort de Zuingle , fi que la haynç

atroce

Livre III. 415

atroce ne fe pouvoit contenter de fa mort : Il fut livr-J au. bourreau, & brûlé comme chef des Hérétiques, &£n- theurdelaruynede fapatric. La Chronique de Baie c- crit qu'avât être brûle on le démembra en quatre parts, & que les Soldats l'ayanr éventré^prindrçm fa greffe: ca^ Zuingle é toit fort maflïf, & chacun en frottèrent leurs bottes. Cela elî tragique difent les Luthériens parlant de ce rencontre, mais on y peut remarquer les^nerv eil- leusjugemensdeDieu, &direavec David, Tues iur:e Sci- &*&* Ah~ - gntuY, & in fie font tes virements : avec ieSAWEVR, gufèafiL Si vous ne faiîts pénitence , «ws» périrez mifirabhmtnt. 19$. Zuingle fut à la vérité d'un éprit boliiîlant, plein de feu, rf». jïq, & le plus dangereus homme qui fefoit élevé contre i'E- Lu. /. glife, Calvin feul excepté; Trompette de fedition & ré- bellion, côme on voit au livre quatrième de Ces Epitres. Ovez tes remets & les larmes de Théodore de Beze.

Zuingle homme fie bien /entant fin xme eprife

De l'amour du grand Dieu , ds l'amour du P*yst

A Dieu premièrement voila fa vie , & puis

De mounr pour Zurich en fin exur fit emprifeç

jdu'il s'en aquita bien, tué, réduit en cendrey

Il voubtt le ?*ys , & vérité dfjfendre, C'étdeluy quefes Difciples difent ordinairemen€ Occabuit pitrio bidtior Z*ingltUA enfe t Et preffk est armit gens populo fa fuk.

Q^va t & e autres Prêtres reniez qui avqiéc été com- pagnons de fes folies. luy tindrét compagnie en fa mort, combattans valeureufemeiTt pourlear Religion, 5c en- cor plus pour les femmes qu'ils avaient acquifes. L'Abbé aie la Chapelle défroqué, en* fut l'un, fon Prieur, Antoine Valdeur Chanoine de Zurich, Se Henry Vtinger Threfo- rier, & Chanoine de la même Eglife , les autres. Ce qui •échapa de rnélee fuyant a vau-dc route, fe fauva àZu- kich, laiilant a l'ennemy viagt-fis pièces fur roue , qu'ils avoient roulé avec eus. Les Bernois avertiz de la déroute v de leurs frères. les accourageut afe venger,orFrent forces & moyens en une caufe commune. Ceus de Baîe,de Scha-

:,defaint-Gal, & Muihufe en firent de même: Leurs rorces enrooiiees,& bien- tô: miles en pié,raifoient tren-

aiil hommes, Se celles des Cantons Catholiques a D d 4 dix-

VI.

414 De la Naissance de l'Heresie, dix-huit mille feulement : Tout ce qui étoit demeuré an logis femit en dévotion. Dix huit vefves étaient ordon- nées pour aller fix-à-in fucceiîîvement dans la Chapelle de l'Kermitage prier Dieu, & invoquer la Vierge pour la profperité , & victoire de leurs païens, & de leurs alliez, qui combaroient pour Ton Eglifè

Slz id a Nnonteus, peur être, de voir fi feuventdon-

_ y., nerdu nez à terre aus Zambiens. fedeméleen quatre ii- jsatatuei , - , 9 .w ,-, . J r

gnesv de quatre ou cincjbaïaulcsqu ils perdirent, lei-

ar"u" C& 4uc^es J ctendray un peu plus au long félon lesmemoi- {, 1 rcs quelts Ecjjvaii.sCaihoiicucsoin laiife, ouque j'ay

J pris peine d ; pprendre de la Douche de ceus q ui ont ap-

pris la vérité fui les liens. Cecte groffe armée Zurnglien- iïc divilee en deus, ou pour le moins n'ayant encore ceile des Bernois joint les Tigur-iens,4es troupes Catholiques furprennent cdlc de ikrncaiuii divjfee , qu'ils mettent en route, Lâi fiant iept ou nui: cens hommes morts fur ia place, &'prtfc]ue autant de noyez eh leur fuitte dans la C?ry/av:nt rivière prochaine: Cet échec ne fut pas grand, au pris de Ïahjjji. celuy qui avint peu de jours après, a fçavoir ievint-qua- triéme d'Octobre, que les Zuingiiens pendant avoir ia nuit plus favotabie que le jour n'avoic d^ja été par deus lois, délibèrent d'âfiaii lïr leurs ennemis avec tout leur gros au -plus £rofon de ia nuit. Mais ils les irou-

verent en pie atn armes , couverts , pour s 'entre- con- noîrre, de enemiies blanches, li y eut un grand & cruel carnage entre ces opiniâtres^ ôuaiamorc, oualaviitoi- re qui fut emportée.

Af ressvoira'xn a ils r h - n reljtnft T*nt h i : Hit fuit (ifi autres i'AiSéttit Souvint trompé. En fin du coté des Cr choliques , reliant fîi mille Zuin- giiens êrend'JZ mor?-» fur iecham: Ce qui échappa du combat feralia,& ieioiui de tenter encor fortune la veil- le de Toufîain ts vient arrron Et r l'armée des cantons Ca- tholiques , lefquels accoutumez ce vaincre, lear pai'ient fur le ventre , en mettant au fil dei'épeecinq milles. Or comme les Catholiques victoneus . eulTent de coutume aller rendre grâces a Dieu en une Chapelle de noue Da- me appelée l'Hermirage , heu célèbre en dévotion & en . miracles 3 les Zuingiiens pour fe venger de tant de peites

rcçeùcs.

Livre III. 4iç

receu'és, prennent refolution deruyner cefaint lieu, raf- f mblent leurs çarnifons & tout ce qu'ils peuvent met- tre fus: Mais cela ne fe peut faire lourdement que les Cantons Cathodiques aveitiznefe miilenten armes. pour 'acinqu'éme fois, furent les Zuingliens deifairs, a- vec perte de cinaj mil hommes des leurs , & les enleignes de Zurich, & de Baie de Schafufe , & de Mctfiuie prifes. En ces diverlcs rencontres, leize Mmiftres gendarmes moururent lépee à la main, .ou la pique au poin, comme avoic fait leur Apôtre. Les Zuingliens ainfi batuz, & re- batuz, furent contraints de fe retirer en leurs villes, de- mander la pais, employer les Citez Impériales, lefquelies avec regret regardoient cette nation acharnée a s'entre- détruire, &ruyner.

On n'a point vett Us tout iamaû,

Ky les Lions, bien qu'afamez..

Pour tbzjfcr la faim qui les prejfe,

Manger U chair de U^r espèce. Mais l'Homme feui entre les animaus , nepeut faoulcr fa furie qu'en meurmlfant fonfemblable, tant ils fefonc acharnez pour ces querelles de Religion les uns contre les autres. O que le iiecle premier de ces hommes étoïc vrayemen: doré , qui eftimoient vrayement un cas abo- minable de tuer une béte qui ne fait point de dommage! O que le lîecle de ces hommes derniers croit vraiemét de fer imployable a l'humanité, qui comme foudoiers des Eumcnides ne cherchent qu'a deffaire les hommes : Or après tant de fang verfé, la pais le fit en peu de mots en ces termes, délors publiée en ce mauvais -François. *> Nous, les cantons de Zurich, & de Berne, devons «vouloir & voulons ,que nos loyaus & feaus confederez, 33 les cinq cantons, enfemble leurs bourgeois, & Provin- «ciaus de Vallées & tous leurs adherâts tant Ecclehalti- «ques que Lays , demeurent en repos d'or- en-avant en «leurs propres citez territoires, Prevôtez & Seigneuries, «pour le regard de leur Foy certaine, & Catholique,fans «aucune reprehenfion ou difpute, & toutes mauv3ifes «adjonctions, exceptions, circôventions, & fraudes for- «clofes & mifes hors-Et nous les cinq cantons de Zurich «Se Berne, & leurs adhérants, demeurent a repos pourle «regard de leur Foy. Entre les articles particuliers, les

Dd 5 un*

vu.

416 Di la Naissance di l*Heresii> uns & les autres quittent tes ligues étrangères : Les Ca- tholiques, celle de Ferdinand Se tes Zuingtiens, ecîk du, Lamgravc & des Seigneurs de Strafbourg.

Toviovrs depuis ces peuples ont demeuré en re- ïf\- pos> fans que leicueieiles,&di{ putes de la religion aient /; peu rompre ia pais, tant les Zumguens ont eue étourdis spreis e- <k ces pertes receués. Les Catons de L^erne,Vric,Suits, ..■ Vndeniald, Glans, Zug, Inbouig, SoluiTe, Appetzel, le vtv* " font maintenus conftamraent en robeiflance de I'EgLUe * "* Catholique. Ileftvray que ce dernier Canton, &celuy

de Glarisr font mélangez. &my- partis. Les Zumgliens a fçavoir Zurich, Baie, Berne, &Scnafuzc> ont aulîi opi- niâtrement perfeveré en l'opinion de Zuingle, & depuis coulé en celle de Calvin ; car leur religion étoit queique- peu différente, & en la créance , & en la cérémonie ce ia confeflion de Genève, Mais depuis vingt cinq ans, ils fe fontaccordez. Ilsnegardent toutefois ia difcipline £c- clcûaftique avec telle ieverité qu'a Genève, & n'ont le? cérémonies pareil les. Car les Suiiîes donnent des K. à la façon del'Egliie Cachoîiq îe, au lieudu pain com- mun qu'on domine à prefent a Genève: Lis ont des autels <le pierre, mêmes à Bâleeeiuyde marbre , cjjA ëroit eu l'Eglife principale> eft en fon entier, Lers q*u'ilsveuienE célébrer la Ccne,deus Prcdicants(amfiappckiit-ils kufS zniniftres ) femetten: contre les Autels, qui difoibuenr au peuple k pain, &le viaMais parmy les villages le Prc- dicancfeul donne lepain, un pay fan le vin. En Suiiîelors que quelque homme de moyens meurt irait na | en forme & Oraifon funèbre fur ce fujet: à Genève . ABale, &Schafuze ils ont retenu les marques éet neursfuneraus, ksSepulcïires , Epttafes: Autrement à. Zurich , & Bci ne. Celuyd'Erafrnceri eafon entier dans îa grande Eglife, Se ceîuy d'Oecolampade dans le cerne- tier, avec un Epitafe, A Genève rien queia terre fèuie; c'ét'idolacrie, difent-ils,cftimans

Qu^c'ét nfftz. à 'avoir pour toute ht ne it Ciel Cesdeus Cantons de Baie, ÔcSchafiize, ont depeis I*. mort d'Occoiampade longuement fuivv l'opinion deLu- ther,entretenus en cette crean ce par Su Icercruicîoiî Lu- thérien. Mais après fa mort, Grince fils de ceîuy don t Bc - se parle en fesîmages, ayant pris faplace^kai fit perdre-

Livrs HT. 4i7

& l'opinion de Luther, & celle de Zuingle. pour prendre du tout celle de Calvin , afin de s'infinucr en la grâce des habitans, à ion entrée il avoir la parollc d'un Luthérien; mais peu a peu fcvoiant appuie, & fortifié d'amis ( auflî ccoit-il d'une converfation grave, & douce ) il découvrit ce qu'il avoir diflimule' , & rendit ce peuple de la Confef- fion de Genève: Les femences du Lurheranifmey durenc cncores, mais a couvert, & fous les cendres.

La même divifion qui feglifTa dans les Cantons des vnr*. Suites, coula dans le cœur des Gnfons, peuple leur voi- ®u **'? £n,quis'ét autrefois par les armes fondrait de l'obeifFan- y* rt~ ce de leur Seigneur, qui étoir l'Evéquede Curs : Les li-J9ns* gués Gnfes , ainfi font- elles appellees, ont été pèle- mê- lées, unepartie confervant la religion de leurs Pères, & les autres prenans celle de Zuingîé , a l'appétit des Turin- giens, qui leur ont fourny longuement de Predîcants, & iufquesa ce qu'ils onteulemoicn d'en prendre de leurs- propres gens, les avant envoyez aus Vniverfitez pour c:u« dier. Toucefois encor qu'ils fuivent la Confellion de Zu- rich , fi eft-ce qu'ils ne gardent pas leur difeiplinc Car plus avifez que les autres , ils ont entr'eus un Pape,peut- on appeler autrement celuy quia pouvoir d'élire &de pofer les Predicants a fa volonté, donner & diftribuer les chaires, corriger & punir les vices ? Cet une charge qu'il a pendant fa vie, & luy mortonen élit un autre. 11 porte le titre de Miniftre Synodal. La Bartholine une des plus belles vallées de la Chrétienté, dépend des ligues Grifes, l'herefie aulli eft logée : Toutefois puis peudetems d eile-mémeellefe pert : caria converfion de lis gentil- hommes delamaifon des Parabiffinsa ramené un grand nôbre de ce peuple à la religion Catholique.Vn qui à étc Miniftre en nôtre France,encor qu'il ne (bit François. & qui depuis s'ét fuit Cordelicr.m'a racôté qu'ayant abor- dé aus Grifons l'an i\9§. il demanda congé de prêcher a leur Pontife nomé Mire, qui faifoit fon fejour a Anegdi- na;ce qu'il luy accorùa. Il rencontra plufieurs Predicans Italiensy^Witifs des vents, qui attachez avec des fern- mes , n avoient autre moien de vivre qu en prechant,ou gouvernât les écholes-Cetuy dont je parle , depais quel- ques années fentoit fa côfcicnce affligée, pour le voir dâs le fçiiifrae:Afiji de crouvercjuelque reposai courut toutes

les

148 De la Naissance de l'Heresi'î les provinces de la Chrétienté , aboucha les plus fçavans hommes qui! peut trouver de toutes les religions. Plus il va en Pais plus il reconoit qu'il eft en erreur , & en voie de damnation. Etant dont arrivé aus Grifons, rcçeu &af- focié auminiftere,préchâten Italien,il découvre a quel- ques Predicants , mais à demy , les doutes qu'il avoit en l'ame:il en trouve de batus de même fcrupule j mais ia crainte de la peine,& la peur d: être renvoies au cloître, & leurs femmes d'être déclarées putains, les retint : Tant l'amour du monde a de pouvoir fur l'amour de Dieu,& le cors fur I'efpiit. Septd entr'eus luy donnent leur foy, & leur fing , avec promefTe de quitter l'herefie^pourveu que le S. Père leur pardonne, & permette de vivre en la Fran- ce avec quelque honnête entretien , ne voulant , tant la honte de leur faute leur bourreloit l'arae , retourner en leur Pais. Cettuy-cy palTe a Rome l'an du Iubilé milfîx cens, trouva favorable le faint Père Clément V 1 1 1. & le Cardinal Boromee,Neveu de ce faint & vénérable Borro- mee Archevêque de Milan. Mais les Cardinaus Prefidents à l'inquifition , ne furent d'avis leur donner abfolution, fans plutôt les avoir veus, & ouys dans Rome. Comme l'Eglife ne ferme la porte a perfonne: Audi ne fe hâte-elle à l'ouvrir pour les recevoir : De forte que l'autre ennuie de la longueur retourne en France, & fe mit dans un con- vent des Cordeliers : Combien y a il de ces pauvres & in- fortunezApoftats , que la folle jeuncfTe a tiré des cloî- tres, qui volontiers reviendroient a l'EgliiTe , qu'ils ont laillé, fi l'on relachoit un peu de la rigueur des lois.

t A

Livre III.

4*S

LA REVOLTE DE PIERRE MARTYR ET

de Bernardin Okin, et qvellé

fut leur vie & leur morr.

Chapitre V.

Henry 'Béi'mgtr fuctefftur de

Zuingle.

1. De Pierre VirmiUy qui fe fit

*lfeller le Martyr.

5- L'Eglife invijible deNaples.

De Bernardin Okin , que Martyr débauc ha.

Martyr ptjfe en Angleterre.

6.

Sa Nonnain morte il en épou-

fe une autre & meurt.

V gouvernement de la nouvelle Eglife de î. Zurich , vefve de Pafteur par la more de De Henry Zuingle,fut appelé Henry Bullinger lequel Bullirger par fon commandement avoitpréchottéfîx fuccejfeur ou fept ans par les villages:Cettui-cy fe ren- deZm--gle. dira laverité un des meilleurs Predicants de tout ce party : Il fut afïïfté principalement pendant le tems de quarante trois ans qu'il régenta dans Zurich, d'un des premiers , & plus fubtil cfprit qui échapat en nos jours de l'Egiife, lequel furpafla de beaucoup tous ceusdefafecte.Onnedonneledefïus qu'à CalvinrCe fut unMartyr de nom,encor empruntée pas d'effet.BuI- linger mourut l'an mil cinq cens feptante cinq, âgé de ieptante un an. Beze plus par flaterie Poétique que par ia venté Hiftorique, adjoûtebien à la lettre, le relevant par routes les couleurs dont on peut dépeindre l'homme plus parfait., ayant gravé furfon tombeau cette flateufe inlcnption.

Si lafciencepeut périr, Si ta fit peut mourv } Et l' innocence fnccornle: Science pondeur pie, et

OntU\U

pis ZT*e!f!

Gtfmnt Lie/, rj à, d*m la tomùe,

Ain ii

43© "Dï la Naissance di l' Hérésie,

Ainfi fe flattent ces gens , & s'entre-donnent des lo«- ?nges non méritées. Celuy qui fut compagnon de fon mi- niitere qui le devança, &tousfes compagnons en toute forte de feiences , fut Pierre Martyr , duquel il faut que j'écrive la vie, &d:unméme train celle de fon côpagnort Bernardin Okin (car tous deus enmeme tems au grand fcandalc de l'Eglifejfirét banqueroute a Dieu) afin qu'oa Toic par quels degrez l'herefie s' et avancée , quels en ont été les parains , & par même moien les menfonges ceus qui haut louent ce qui eft louable en eus , mais ca- chent les vices infaillibles, dont ils ont été noircis & en- tachez: iu Pi e r r e Virmilly,ainnVappeIoit celuy dont j'ay par-

T>e Pierre (car ils'atribua lenom glorieus-de Martyr ) étoit Flo- VirmiUy rentin, yfTu d'une honneite famille: Il apprit prefque a- qui fe fit vec le lait lalangueLatine,n'ayantautreprccepteur que appc-Utr U fa mère, laquelle la parloit trefbien : Dés 1 agede feize bltrtjr. ans il fur mis au Convent de Fezules près Florence, qui font Chanoines réguliers de l'Ordre S. Auguftin. Au- tres difsnt qu'il fut plutôt Chartreus : Son Prieur de Fe- zules voiant en ce jeune garçon un bon efprit, &gentile nature,quifembloit promettre quelque grand fruit à l'a- *enir,l'envoie apprendre leslettres Grecques.&Hebrai- ques aPadoiïe,& aPjolongne.A fon retour n'ayant à pei- ne attaint le vintic'me an, on le fit monter en chaire,con- tinuant cet exercice en plufîeurs villes fameufes de 1 Ita- lie, mêmes a Naples , avec beaucoup de réputation, qui le rendit fier & élevé au poflible. La il rencontra un Efpa- gnol nommé IanWaldeile, quirevenoit d'Alemagne, lequel luy fit voir quelques écrits de czs premiers Predi-" cants Luthériens, & Zuingliens, mêmes des Anabaptiltes de Munftre: Cela troublal'amede ce jeune homme, cu- iieus & plein d'incertitude, pour n'avoir encor étably af- fez fermement fa crcance;de forte qu'il commença folle- ment de bâtir fes doutes fur le Purgatoire, & filofofcr fur lai. de S. Paul aus Corinthiens, il dit, Que les oeuvres et' un chacun feront éprouvées par le feu. Partage que tous les Dodeurs ont entendu duieupurgeant,&dece troiiiémc lieu les âmes doivent être decraiTees de leur ordure & faleté. Comme on s'et dôné cette licence de révoquer en lieute un article de foy,rcceu de toute lEgiife, ioudain

s en

I. I R. E III. 45*

s'en prefentc un autre , & un autre encores. Et en fin oa iedonne le crédit de révoquer en doute tout ce quclafa- ge Anriquité a tenu pour certain & indubitable càui etl cdtty nui de pécher fait c«mtj D«5 qu'une foi* il a perdu U fontes*

Aînii cet efprit peu à peu fe perdant , s'enlaflè dans les «iiificultez remue es en Confiée le, goùtcce que die Lu- ther , puis ce que Zuingle écrit.

Mais conûderezun peu quel fe montre Beze Para- T,*lJ'r nimfe de ces Apoftats , parlant de Martyr. Il raconte que 7 Zltj* montrant beaucoup de'plctéau milieu des Enfers (ilen- *f ^ s-j tend des Couvents ) ce "Waldeile&luy tombèrent d'ac- &*$*** cord des points de fa vraie religion ( notable aïTemblee -de àcus Apoilats J & recueillirent à Naples une Eglife au Seigneur, compofee deplufieurs gentils-hommes , da- mes, 5: dam oifelles. cil cette Eglife Neapolitainedit Seigneur ï Elleeftinviiiblc, Beze 5& fi elle acte, elle a tour auâi-tôt difparu , tant les Fondementsen furentaf. feurez&folides : Oiiàfceuauiri-tôtfamortquefanaiC. fanec: Il paroir bien quelle étoit bâtie fur le fable;car el- le acte ibudain ébranlée , &bouleverfèe ;ce quineluy fut avenu elle eu: été fondée fur le rocher, fur la pierre diamantinc , que les griffes les plus aiguifees des diablct infernaus nepeuvententamer,nonplusque les dentsdu ferpent pénétrer la tremge de îa lime d'Efope.Or Martyc eut peur d'être envoie a Rome readre raifon de fon fair> ouii avoir jaune fois comparu: mais l'Eglifetrop dou- ce mère, iuv pardonna , & l'envoya à Luque, ou, dit Be- se, iljetta les premiers fondements du Chriftianifme. Fols Ecrivains , qui perdus en leur pa(fion, font ces Apo- ftats Apôtres des Eglifes invisibles : Il craignoit cette re- charge & d'aborder la chaire Pontificale : Car en pré- chant on le reconneuc toat autre qu'il ne fouloit,& auïlt difoit- on qu îi avoir foîicué quelques Rei(gieufes de Na- ples, de bondir les murailles de leurs Clo'itres,pour cher- cher des maris. Ces Religieufes font en grand nombre: car il y a quatre- vints Convenus de filles, a ce qu'on dit, ck cette feule ville, reclufes & voliees à Dieu.

Ou étoit le bon & chafre Luther, pour mettre tout à fac? lamais ianglier arlamé n'a fait tel dégât dans les vig- «e^afailTces fous la charge de leurs raifins, qu'eut fait ce

Y*

'$%% De la Naissance de l'Heresie, Moine parmi fi grand nombre de Monafteres,s'il eût peu trouver l'entrée. Martyr, comme vous verrez, eut même appétit queLuther,jet:antfur ces Religieufes fes vcrus, fcion la coutume de ceus qui envoient le froc aus orties: fluffi depuis il foûpira roi. jours pour ces filles renfer- i:::es . qui fous leurs voiles coniervenr plus facilement la-beautedeieur reinr. Lapremiere qjî'il époufa fut ti- rée du Cloître, & cclle-la dépêchée, une féconde enco- re?, comme vous verrez. Le diable leur donne ce defir faire compagnes de leur Apoftafie,& ieur perfuade, qu'il v a plus de plaifir en leur compagnie , qu'avec le refte des femmes : Mais c'eitparce qu'il y aplus de péché.

M artyr donc de nom, mais nom emprunté, qui ne x*' von 1 oit eue rien moins que Martyr , penlant avoir ja le .". " feu aus talons, fe dérobe : On dit que paitantpar ^ïo- «1* '■**■ , rence,il parla en icezzz a Bernardin Okin , Religieus de ,nH l'Ôrd« des Cspuchms, lequel à raifoii d, plufieurs pro- d'' l polirions qu'il avoir tenues en chaire , avoit été cité à ** *' -Rome. Il foûtenoit,tant il étoit lors amoureus de la pau- vreté, que les richeltès étoient le partage du diable , que le Chrétien ne dévoie avoir rien de propre : Opinion ja é- ventee par quelques Anabaptiftes. Cclui-cy étoit en ré- putation d'être leplus difert Prêcheur de l'Italie , qui. pacplrifîéufs élévations, & une action admirable, ravif- ibit l'oreille des auditeurs: Ioint que lors fa vie répondoit .irole. Ces deus Moines embarquez en même dan- çrz-,prind:en t reibîiTtion de fe fauver , & fe garentir d'al- ler a Rome. Le port le plus aiTeure' fut de prendre Ta route de SuTife, mêmes aGeneve, afyie dclors de toute forte d<£ t*ens , comme le feptiéme livre defriné à Farel& Calvin, nous monlircra. l'ay appris d'un Religieus decetotdre, LaDu- que la Dùcheffe de Ferrare fut celle qui tint la main a cbrffedâ Bernardin Okin., &quiluienvoia des habits pour cou- f/rr^rg. vriïfafuitte. A leur arrivée a Zurich & a Baie , on eut pourfafpecte leur venue. Le peuple étonné de voir ces deus graps Prédicateurs , dont le nom retenti fifoit par toute l'Italie,aborderla,craignoit que ce fufTent des cau- icleus Sinons,qai fe vinrent giilfer dans leurs villcs,pour bâtir quelque trahiibn,&feduire lésâmes qu'ils avoient réduit. La coropagoit: que Bernard Okin tramoic avec

tuyî

Litre lit 45$

iuy,d'unc belle & jeune garce Italienne, laquelle il avoic débauchée fous efperance du m ariage , les.ûiTeura, & Ton vêtement auffi : Car au lieu de fon premier habit ciiTu de poil, il étoit couvert à la foldade. Pour p aller con tract in- difloluble avec PHerefie , il palTa contrad avec cette fil- lc; &lépoufa. C'eftleuœad Gordien, par lequels'atta- chent a ce party ceus que les bouillons de l'orgueil & de la chair, vomiiïent hors des Convents.

Ce Okin fejourna quelque tems dans Genève avec fa L* femme femme , reduitte peu après a gagner fa vie par des offices d'Okin &fervicesvils &abjets: Car ny l'un ny l'autre n'avoitap- lingitrc* porté que peu de commoditez : Ce fut Madame d'Okin la lingiere.Ccmiferablc ayant fouvent parlé â Calvin qui l'aimoit uniquement , de divers points delà Religion, & veu les fecrets de Servet touchant la Trinité, fentant fon amc agitée d'étranges & contraires deiTeinSjlaiflant Ge- nève s'en va à Zurich , d'où peu après il fut chafifé jCom- me il fut auflî de Baie : dequoy Dudicius le faus Evéqu« des cinq Eglifes fe plaint dans l'Ep'itre qu'il écrit a Bc- sjze. Quelle cruauté, dit-il, d'avoir au cœur de l'hy ver, sspcndantjcs neiges, & verglas ,chaiïé ce pauvre homme «javieusavecfa femme, &fes enfans,fansconnoiifan- »îcedecaufc.«Eft-ce être Chrétien que cela ? MaisBeze L* femme luyrépond, qu'ilfeméconte qu'on eût chaiTé fa fem- d'Okin fe me, car quelque tems auparavant par un horrible juge- r°j> te col. ment de Dieu, dit-il, cette pauvre miferables'étoit rom- pu le col.

Au partir de Baie ayant fecuque ce grand Prélat de la France, Charles Cardinal de Lorraine, revenoit de Ro- mc,Okin le va trouver,fe jette à ùs piez,îe fup lie intercé- der pour luy envers le Saint Siège , promet montrer cent erreurs damnables de ces Hérétiques, parmy lefquelsil avoitfilôg tems fejourné, ce font les mots deBeze. Mais Ete'tf, /. ce Prince ne peut voir fans horreur ce monftre,& ne vou- lut s'endormir à.Ccs paroles , fans voir plutôt quelque pénitence condigne de fon forfait. Ainti renvoya- il cec Apoftat, quipaifa en Alemagne, puis en Pologne, de Calvinifteil devint Arrien , comme je diray plus par- ticulièrement au Livre quatrième, pariant des Herelies qui affligent ces pauvres peuples Septentrionaus. Il fit u^livro-dc la Polygamie dédié au Roy Sigifmond II.

E « par

4.54 D" t'A Nais s an ci de l'Heresié, parTauthoriré de l'ancien teftament, il montre être loi- fïble aus Chrétiens, avoir plufîeurs femmes. Cette doctri- ne fut par iuy prechee dans Cracovic , comme écrit le v a 7 -r Polonnois Referas. Tout le fexe féminin n'en prit pas , , J 1 alarme moins cftauae en ces quartiers, que les Dames t - Romaines jadis trompées par le jeune Papinus. De forte

J ' que le pauvre Gkin qu'on accufoit avoir laiiTé fa femme

à Genève, bien qu'elle fut morte de fa cheute, fut con- traint quitter la viîlc.& feretirer en Tranfylvanie. lirait des Dialogues en lumiere,qu'on a veu depuis en diverfes Jk Trcfa. langues. Ce fut Caiîalio qui les fit Latins , ou il fe mon- Dîa. 2. *>tre excellent Difciple en l'échoie de Diagoras. I'ay sîcompofé ces Dialogues qui parlent d'une matière ft =»haute, diio'.t cet endiablé Apoftat, ayant entendu eue parmy les Eg'ifes reformées , ily à diverfes opinions fur Trzteo de rola Trinité, & Deïtéde Ie s v s-C h ri s t. Cemal-heu- Hsrli. j c. wreuss'en deciaraennemy : car je ne trouve, difoit-ii, *>?/./?. «quefe faint Efpritfoït appelle Dieu, ny le Seigneur, 93 î'ay rne mieus rentrer dans le Cloître, qu'avouer cela, *> Au quatrième il fait entrer en diipute un Filofofe, cen- *>trelcfainr Efpric , oui! dit; le Christ n'e'trepas ^DieUjmaisfeulementfiis de Dieu, & parce qu'il à été »pardeifas tous les hommes aimé de Dieu, honoré de Okitt&tlé «Dieu , par quelqueiîatterie humaine & invention des a. DUl. «Mcynesiî a été appeléDieu : Car commeonnomme ïq.& 2i. „par adulation MarieReiae du Ciel, Etoille de mer,Maî- totreffe des Anges; airiii ont-ils fait le nommant coeter- a-;ie!,coniubi1antiel , égal au Père, &c. Son infâme Ca- techilme , r imprimé l'an mil cinq cens nonante & un, eft rempli d'infinis tels atheïfmes. Voila ou trébucha ce mifcrable, qui fut a la vérité tant qu'il fe contint dans l'obeyfîance del'Egiife, une des premières lumières de fon ordre: Aulii toc éteinte, qu'il fe fut approché du Lac de Genève. Et comme la lampe allumée eft agréable en fa vive clarté , &au contraire lors qu'elle eft étouffe, eft infiniment puante : Auiiî tant qu'il fe tint dans les fain- tes règles de fon ordre, fa Foy fe maintint entière. Mais délors qu'il eut tourne le dos, ce fut un cloaque datheyf, mes &impierez,& qui caufà beaucoup de malheur en i£- glife de Dieu, lin y ahômequi fçachefaireplus dcmal, que teluy qui a feeu fairejplltf : il étonnes

tic la

Livre III, 4;,-

ue la clteute de ces deus icy , puis que l'Eglife première vie trébucher Tertulian , cjuien tombant donna une grande fecouiîe à toute l'Eglife ? Qui fut jamais plus do- cte que luy ? qui mieus verfé que luy , tant es chofes hu- maines que divinesrLuy qui n'a jamais rien attenté qu'il ne l'ait emporté, comme écrit nôtre Lirinenfe,ou par la vivacité de fon efprit , ou par le grave conrrepois de fou authoritc:Etquiaabîmé fous la pefanteur de fes volu- mes, les Marcions, Praxees, les Iuifs , les Gentils : Ce feavant Afrricain , de Chrétien Se Catholique , devint Montanifte. Se faut-il, di-jc, étonner de PApoitafie de Martyre Okin, puisque TE^lifeà veumiferablemenc choir après Tertulian, Origene,dont la nobleife, fapien- ce, continence, fainteté de vie, fçavcir incomparable, Se rare éloquence, a été admiré de ceus de fon tems &de tous les fiecles après luy ? Le dépit perdit Tertulian, 8c l'orgueil ruynaOrigene,& les plaiiîrs du monde ces deus dont je parle. Les œuvres de cet Okin font eu crédit par- jyune mylcsCalviniftcs. Etjefçai une Dame décerne Guien- Damede ne, laquelle n'a autre livre en main pour fa lecture or- cettg q,^ dinaire, fuivantle confeii defon Miniilre , que ceus de enne^ fon Bernardin Okin. Mais elle fut bien étonnée quand Cai A$ jeluy montray lejugement que fon premier Pontife de polonos^ Genève avoit fait de luy, Se auiîi fon fucceffeurau Ponti- ficat,non feulement en la Préface qu'il a misaus Actes de laperfidie de Gentil , ou il le fait Arrien &Triniraire, „mais auiTi lors qu'il dit fur le propos de Martyr. En for- mant d'Italie , il eut pour compagnon de fortune , Ber- 3,nardin Okin Moine fort renommé entre les Italiens, Se >xautheurdefordredes Capuchins, lequel s'eftdécou- ,, vert à la fin être un méchant hypocrite. C'étoit, écrit jjBezeaDudiciuSjUnfcelcré paillard, fauteur des Arriés, moqueur de C h r i s t, & de fonEglife. Amlî fe revan- geoitBcze , ayant en opinion que Okin parloitàluy quand il dit au Dialogue centre la Secte desDieus terre- ,,ftres:Ces gens veulent qu'on tienne pour article de Foy ,,tout ce qui fort de leur cervelle:qui ne les veut f livre eît ,, hérétique: Ce qu'ils fongét de nuit ;ii parle de ZuingleJ ,,eft mis par écrit imprime, tenu pourOracîe.Ncpéfe pas 3, qu'ils démordent jamais , tant s'en faut qu'ils veulent j^obeïr a l'Eglife, qu'au contraire l'Eglife leur doit obeyr.

Eei N'cft-

43 6 la Naissance bi l'H e r i s i î, :»N'eft-cep2sétrcJ?ape, étreDieusen terre, &tyranm- »Cérîes confeiencesdes hommes ? Voila comme Okin parle à ceus de Genève, & de Zurich. Pour d'autant plus enchérir le conte, & faire valoir TilTue de cet Okin hors dei'Egltfe, &lagrande conquête qujls fembloienr a- voirfait en acquérant cet homme, par tous leurs écrits ils difent que c'éteit le fondateur & autheur- de l'ordre des Capuchins aujourd'huy fi fameus, & renomme par- Quand my toute la Chrétienté. Mais ils fe trompcntxarla Con- f tirent r e- gregation des Capuchins, qui font Religieus reforme* formez, les félon la première institution du bon Père S.François fut Capu~ établie l'an mil cinq cens vint-cinq & Bernard Okin shins. n'entra en Religion que l'an ifj4.de laquelle il fortit l'an

1541. après y avoir fejourné huit ans.iFrerc Matthieu Baf- ci, Clément VII tenant le Pontificat, donna commence- ment a cet ordre: Car ayant defr de remettre l'ancienne obfervance de Saint François, vetud'un froc tant rapié- cé,avec un capuchon pointu, tel qu'ils le portent aujour- d'huy, il demanda pcrmiiïîon au Pape de porter cetha- bitjtel que Saint François fouloit faire ,.& obferver fa re- PU Mor'tji gle.JLe Pape luy ayant permis , il alTccic douze Frères a- Jiift. Re-t vec luy depuis acercus en grand nombre , Dieu voulant li'.ca.sf. que l'audace de l'Hcreiie fût combatue de la bonté , &C /implicite de ces bons Religieus. Pour retournera Okin., j :ay parmy mes recherches un difeours Italien manuferit qui porte ce titre : Narrât Une nella quAle fidtlrxtnttfîr fi- gions tome i 'incomincio la ri forma di Fratri Capuccini difan- cto France feo , tcnpoîladel molto Révérende P. Traire Mario di Merratê : Lequel récite que peu après l'efcapade de Bcrnardo Okino , un bon & faint homme Religieus da Convent de Calabre nomm é P. Giovan Efpagnol , pri- ant Dieu dans la forêt de Beaumont, & ravi en fon Orai- fon , méditant furie péché, &l\Apoitafie d'Okin,lB- svs Christ s'apparut à luy par une rois en l'air, qui prononça ces psroles: Dy aton General qu: il ait Icntou- rage , & que ]e n'abandonner ey jam^ù U Cingrcgaiiin,ient quelle je maintiendra dam la Règle ordonnée pour mon fervi^- te : J§) ue y ay permit Ucheute , & l 'ijfuëdtt bieroù, mfnc^u'il UtéfeSÂt le ref.e du troupeau. Cette même apparition luy avintencoren la foret ce Fofîombre , comme ce faint homme recita depuis, lequel Dieu voulut couronner ne

lacoik

Livre 1 1 î. 457

la couronne de Martyr en ce monde, pourjouyr deie- ternelle en l'autre: Car après cette vifion , transporté de l'amour defon maître, qui l'avoir vouluviliter, il obtint per.Tniïïon dcCon General de palfcr aus Indes, prê- chant UFoy de Ies vs-C hr 1 st, il fut a Ton exemple crucifié avec Ton compagnon.

Or Martyrs'ennuyanta Zurich, paire à Stralbourg v.

pourvoir Bucer. Ce fat la il contracta les premières M*ttj* nopees, époufant une très belle Nonnain, nommée Ca- pejfe en therine. Cette jeune fille le retint lalis moisentiers, Ii- Jn^let. fant& préchant avec la permiifion de Bucer , aufix fou- vent que ces nouvelles a.nouri luy aonnoienr loifir , & j ufques a ce qu'après la mort du R oy Henry d'Angleter- re,il fut appelé parles tuteurs d'Edouard , pour exécutée fous le règne d'un enfant ce que Henry n'avoir jamais ofé penfer feulement qui étoit de changer du rout la Re- ligion. Bucer y fu: aulu & Paul Fagius,bien ailes de trou- ver cette rctraicte: Car Charles vicrorieus , &tenanrlc chef des Proteftans alacadene , comme vous verrez cy après, leur faifoir peur. C'eft pourquoy Beze dit , que le même oragi qui peu s'en fàurruyna les Eglilesd'Alema- .- gne, les chailujufques en Angleterre. Sender écrit, que *L" Bernardin Okin accompagna Martyr, comme fait auili «** *" celuyquia fait THiftoire de la Confeilion d'Auibourg. » Bernard Okm Italien, dit cet autheur , lequel avoitde- «meuré quelque temsa Genève , & fait quelques fer- a»mons a Auibourg , de Moine fe fît Zuinglien , après il »prit le party des Anabaptiit:s,en fin fc rendit Arrien en- onemy capital duChriftiamfme , comme pîufieurs au- »>:resdes Sacramentaires fe firent Turcs. Celuy-cy ac- compagna Martyr en Angleterre. Il fe peut faire que cte la Okin prit la route de Pologne, il fçavoit que le» Do- cteurs Tnnitaires.étoienten règne.

Etant Martyren Angleterre , fe montra fort incon- ftant &douteusfur la matière du faint Sacrement de for- te qu'on ne pouvoir découvrir , tan: ilfe tmoitacou- Ycr: s'il étoit en ce point Luthérien , Zuinglien, ou Cal- viniite. Ceus qui l'ont ouy ou prêcher, ou expliquer l'E- criture, difenequ'aufortit delaffembiee , on ctoitaufli douteusfïlecorsde Christ croit au S*er emenc,com- g*e au parafant. Il étoit en attente

'43 3 Di la Naissance de l*H eresif, prendroit le mifcrable Archevêque de Cantorbcri, qui TfeSchif. jouera Ton roolle au théâtre Anglois & Edouard Seuver dn$li. protectcurfurle chois de l'opinion de Luther, Zuingie, 3J0U de Calvin, longuement baicte' en ce pays-là. Il «poita mollement, Scfervilement, dit Sanderus, à bâtir asfafeéte, 6c fa doctrine. le Tay ouy traiter la matière de / ^l'Euchariitie, avec telleincertitude , qu'on n'eut fc eu

«reconnoitre s"ilfuivoit la doctrine des Prorcitans, ou n ceiie des Sacramcntaires , jufques a ce qu'ayant enten- sïdularcfciution du Parlement , de i'Atchevéque, &du ^Protecteur, ilfejetta du tout a celle de Calvin, ou du moins de Zuingîe. vi. Martyr avoit amené en fa compagnie fa Nonnain

Sa NÎwï- pour fouiagerfes veilles, &festravaus. Iln'avoitpasfait ntin mer- comme Okin , qui foulé de fa lavandière , s'en écoit dé- re il en é- péché: Car encor que Beze die qu'elle fe rompit le col, pufe uni appellant à témoin Alciat cet autre Arricn qui fit tant de *;ure ^ & ii. al en Pologne, il eit-ce queccnefutpasfansfoupçoiî œo4rt> qu'Okin luy eut avancé Tes jours, dont on ne voulut fai- re plus ample recherche, parce qu'encor il ne s'étoit dé- clare Anien, Scfemontroit bon frère en Chris t. Cet- te Ncnnain compagne fldcie de fen Martyr, mourut en Angleterre, & fut ion cors logé dans le tombeau d'une fa;n:c nommée Fridifînde , dont le nom étoit fort célè- bre S: révéré en ce pays- la. Mais les os de cette dévoilée, indigne de loger dans un tombeau facre' , au tems de la Reine Marie furent jettez dehors: Puis fous le règne d'E- $ifabeth,i'an,i;6i.0n luy fit des nouveaus honneurs & re- mettre dans le même tombeau. Ce qu'on peut recueillir de Ihiftoire du martyrede cette MoineiTc défroquée, qui fut écrit & public par tout, comme de quelque fainte je, don c l'honneur & la pudicité deu : fervir d'exem- ple,& de modcllc a la pofterité.Ainfi au temple d'Apoion en Delfes fut élevé en orlaftatuë delà courtifane Trine entre celles des D.ieus.Aufïî comme le Fiiofofe dates dit de celle-là, que c'était le trofee de la luxure des Grecs, nous pouvons à bon droit dire de celle cy , que tous ce£ écrits & tembeaus publiez, font les ttofees de l'inconti- nence j & facriiege de Pierre Martvr. On voit les lettres- de ce pauvre mary éploré, écrites du vint-deuférne Avril mil cinq cens cinquante deus à Côrard Hubert Miniftre-

CxneAu.

Livre III. 419

3c Straibourg, oùil fait des regrets éternels de fa femme ,.perduë. le ne puis, dit-il, enl âge je fuis (apporter ,,cette perte non preveuë, pîas ie vay en avant , plus je ,,fens une douleur intollerable : Mais le pauvre homme affligé y apporta le remede,car comme d'un rifon l'autre s'enflamme : Aulîî de l'un amour l'autre s'éprit , & de même bois, & de même nom , tant il étoit amoureus de Nonnains, & Catherines. Edouard ne fat fi tôt pafié de cefiecle, que Martyr fongea à rcpafTer larner. Il içavoit bien que fous le règne de Marie il feroit enroolîé au Ca- talogue de leurs martyrs, & porceroit la peine de la perte de tant dames, qui avoyent été abîmées par Ton moyen. Il Te dérobe, & couvert pafTe à Anvers, ferendà Scraf- bourg,où bien tôt il mit du trouble entre les Predican ts: Parce que Martyr apportoit d'Angleterre une autre do- ctrine du Sacrement , qu'il ne fouloit enfeignera fonde- part. -Les Predicants prefient le Sénat de le châtier , les Filofofesleprientdele retenir. Làdeiïus on le preiïe de ligner la concorde faite a "Witemberg, l'an mil cinq cens v"^"6 ^"j trente lis: mais il lerefufe Enfin il eit contraint de leur S ' faire place, reprendre le chemin de Zurich, fur i'avis de * ia mort de Conrard Pélican , Lecteur de la Théologie, cjueBeze4it avoir été tire de la puante foffedes Corde- liers de Baie. Ec bien qu'il fut ia appefanty d'années, ne pouvant encor refréner ia chair : Il s'en alla a Genève trouver uneReligicufe., que le même appétit avoir tirée deion Convent, nommée Catherine Mcrande , dont on luy avoit fait cas , laquelleil époufa. Iln'en vouloir point d'autres que de ia dépouille des Monafteres. De retour a Zurich , il continua fa charge jufqucs a. ce que , il fut appelle en France, comme vous verrez çy après, pour fe trouver en l'alicmblee de PoillV, il fut é~ tonné de voir déchiffrer la matière du Saint Sacre- ment a Beze d'une façon inoliycqui reffe itoit l'Vbiqui- de Brence: Ce qui donna fujet étant de retour a Zu- rich au Dialogue qu'il rit des àtu*; natuies deC-H ri s t, quine fut pas longuement fans refponfe: Car Bren- ce l'attaqua bien rudement : Au fil s'apprétoit Mar- tyr alareplique, piqué de l'audace de Brence, qui fl? voit traitté peu Chrétien ement- fi recreu Jes traites qu'- il luy convenou faire ayee fa nouvelle Nonnain, il ne fui Ee 4 toju\>4

le 12 de Kovtm-

440 De la Naissance de l'Hérésie," tombé malade, & mort en la même ville de Zurich , laifl fant encor Bullinger vivant , qui continuoit d'annoncer fa pernicieufe doctrine a ce peuple, julquesen l'an mil cinq cens feprante & cinq qu'il trépafTa. Voila quel fur Martyr, & quel fut Okin, dont les Hiftoriens, &Para- nymfesderHerefîefont tant de cas. I'ay été contraint, parlant des SuifTes, & de leurs Apôtres1 anticiper l'ordre de l'hifroire de mon Luther, quejevay reprendre pour luy donner une Reiigieule à femme, demémenora que les Catherines de Martyr.

LE MARIAGE'DE LVTHER PENDANT

Qj'oN SE TV£ POVR SES OPINIONS, ET

les étranges propoficions de ce Moine dé- froqué fur ce fdjet.

C H A P I T

R E

VI.

Tendant les miferesde l'Ale- magne Luiher [e m*rie. z.

lettres du Roy d Angleterre à Luiher.

3- LuthîT 4.0'ivic les Moines ej? Ncnn.itns à faire corne luy.

Les en fans de Luther.

Luther ennemj mortel du te une.

6.

Ridicule cornerai fin de Lu- ther.

f, *<s£3**^ÎP- Ependant qu'une fatale rage fait que

Tendant "!#5&vi les Alemans d'un côté. &les Suilfesdel'au- lès tniferei J\sF§T$> cre s'entre-tuent ainfî fansmercy,quele fer de? Me- Sc^^ii & le feu ravagét leurs villes, que les campa- inr.gnt gnesfonc jonchées des cors meurtris, que

Luther fe tout put de charongnes infectes de tant de milliers de fpprie. payfans , & foldats , & que tout pleure & porte le deu.il;

Ce maria- Le feul Luther s'éjouyt, & fait chère entière : Parmyles gid?Lu- nopees &feftins, comme un autre Néron, il regarde les ihsr fut ruvnesdefa patrie: Car après avoir longuement follicité l'an U2J. fa Religieufe Catherine de Bore , qu'il avoit fait enlever Voy Erxf du Monaftere deNimice avec huit de Ces compagnes, meioefij}, toutes filles de noble maifon, & qu'elle eutjettéievoiîe

au venr,

' Livre III. 441

auvent &luy le froc aus orties,il voulut fecller fa doctri- adThom. ne par cet exemple venerable,qu'on vit un Moine & une Lupfetum» Moincile couplez enfemble. Il l'époufa publiquement: Luth, m la fête en eft célébrée: feftins , epithalames font faits, a- collo.Men- mortiflant. dit-il, le feuquiledevoroit, jufques a perte fAÏ.f.siS. de fens, comme on peut voir en ics propos de tablc;& par ce qu'a fa louange quelques fiens difciples le comparoi- ent a David, on fat ce diftique de luy:

johikm Luther eJlfimilU D avides ! hic carmin» Info in Cytb*ra,in Ronna luftt at Ole fu*.

Tout le monde rougiiîoit de cet accouplement étran* ge, non jamais veu. Carloftad ne s'etoit avifé de prendre une femme du Cloître : luy au contraire s'en éjouyt, & (ans front ofebien fe glorifier d'avoir tiré cette vierge de la gueule de Sachan , rejoint & rafle mblé faintemenc ces deus belles moitiez enfemble:Il fe veautre dans les boues de ce facrilege plaifir , entre les bras de fa Nonnain, tan- dis que les pauvres Alemans enyvrez de fureur , &c de ra- se, fe baignent aufangde leurs concitoyens. Ceusqui KemtrquA avoienc tire la nativité de Luther, fur laquelle j'ayauez des Aftro- au long difeouru au quatrième chapitre du premier li- lègues fur vre, ont remarqué Venus &Iupiter, ferencontransen la Unativité troiliéme maifon , fîgnirier qu'il devoir prendre pour de Luthsr. femme quelque Religieufe, félon les règles de leur Aftro- logie , comme cet ancien autheur Iulius Firmicus mon- aïtreenfon troifiémc livre: Celuy, dit-il, quia Venus ^jointe avec Iupiter , ou regardé de quelque bon afpeéfc ssd'iceluy, prendra femme du Temple, qui fera Pré - a>treffc, ou Mlle de Prêtre. Surquoy j'auroyoccafionde «prendre carrière; Mais je lailTe ce difeours e'loigné de la créance Catholique.

Ce célèbre mariage qui par fon exemple rendit mille Apoftats du cors & de i'ame , fut cofommé après la more du Duc Fcderic: Car pendant ia vie ce Profete,quoy que l'amour dun feu cruel dévorât Ces moëles, comme il écrit luy-méme, &que l'exemple de Carloftad le cha- touillât , n'avoit oilj donner ie dernier trait à ce tableau: Le Vrinc* D'autant que ce Prince, encot que Luther le tint corn- de Saxe meenlefle, trouva toujours mauvais qu'il parlât de fe empêche maner , & le tanfa de ce qu'il avoit publié la defFenfe Luther d& pourceravilTeur, &compolé l'Apologie en faveur delà fe m.%rur, Em Fio-

442- De la N a i s s a nc e l'Herestb, - ZaFlonn- Florentine Religieufed'Iflebe, laquelle échappée de Ton rintâiLn- Convcnr, s 'étoit venue' rendre a (auveté, entre les bras ther. t de Luther,com;ne père & prorecteur delà chafteté. Tou- te la Chrétienté trouva étrange , &prodigieus cet acte, ( Sieidan eft contraint le confeuer ) & comme unprefa- ge de quelque monftrueus événement. Il fernbloit que Luther eut commis ce vilain inceft? à deifein , &choiiî une Nonnain pour braver I e s y s-C h r i s t en fon E- giife. C'étoit violer fa couche, écrit faint Bafile, parlant d 'unefemblableReligieufe. LesgUcsi d'Enfer fint prépa- rées, dit un faint Père, pou* éteindre tels ardetirs &fi\rnmes inteiitteufis. Peut on excogiter des tourments alTez cruels pour expier un tel forfait? dit S. Cyprian. Voicvfurccs nopees de Luther comme le Roy d: Angleterre parle à luy â%i l'une de fes Epîtres, que j'ay laiffé aos mêmes termes auiqucls elle fut publiée lors par my ta Chrétienté tra- duitte du Latin de ion Autheur. n. I e m'émerveille plus, 6 Luther, comment tu n'es

Téttre du hontcis a bon ècient , à: comme tu ofes lever les y eus èc An- devant Dieu , & devant les hommes, puis que tu as été ta léger, & volage de t'étre lailTc tranfportcr par rinfttgâ- tuthrr. tion du diable a tes folies concupifcences, laies & vilai- nes affe étions: Toy, Frère oc 1 Ordre S. Auguftin , as le premierabuféd'une Nonnain facrec j lequel péché eut été le tems palTc G ripoureufement puny, qu'elle eut été 4 enterrée vive, & toy fouette jufques a rendre rame: Mais

tant s'en faut que ru ay.es corrigé ta faute, qu'cncor,cho- îcrabfëj tu l'as publiquement pnfe pour fem- me, ayant contracté avec elle des nopees inceftueuics, & abuféde la pauvre &mifcrable Putain , an grand feanda- le de tout le monde reproche Si. vitupère de ta nation, Tïanfpis mépris du faint mariage , & au tref- grand déshonneur & deRc.ncr.d injure des faints vceus faits à Dieu. Finalement qui eft fis de Tau- encor plus deteilablc, au lieu que le déplaiur Se honte de Ykeur Va ton inceftucus mariage te deutabbatae Bi accabler, 6 tracée de- miferable I tu entais gloire. Et au lieu de requérir par- fxii fa don de ton mal-heuteus forfait, tu provoques tous'Reli- mori^& gieus débauchez par tes lettres, par tes écrits , partes fa hget en difcours. d'en faire le même. Ainïï parloir ce Roy , qui fes volit- acquit ce titre Détenteur de laFoy, qu'il ne fceut'conlcr- mtê. ver, voulant être % l'égal du Pontife Romain, & fe fairrj

çhe"

Livre III. 44?

chef de l'Eglife Anglicane, comme Ton Hiftoire qu'il me faudra toucher, vous montrera: Il fut toujours ennemy deLuthcr, &ne voulut ouvrir la boutique ans Maria- ges de ces Evéques , au grand regret de 1 Archevêque de Cantorberi Cranuer, qui tenoit a cachettes fa Dame de couche, contraint de la faire porter dâs un coffre à refforn artificiel, quand il alloit dehors, pour la crainte du Roy.

Deslors donc que Luther fut couplé avec fa Catin, irr. les cartels de deffi d'amour furent envoyez en fon nom Luth;- iS~ partout: C:eft ce qui donna l'écaladc aus Convens , SçvjelcfMèi îappa le fondement des Cloîtres. Pluheurs jeunes Moi- »« & Nu- lles bondiiîént les murailles, & échaufez en leurharnois, nahtià courent les femmes a force, mémement les Religieufes ffiir&tom- dévoilees,!efquclles avaient échappé à la vois de Luther, msluy. Ileft vray que les pauvres vieilles furent laillees pour les osg.igcs.Ieconfsille, dit le bon Luther au livre des vceus> »>Monafliques, que celles qui ont attaint foixante ans, 33 derr. eurent; & les Moines aulli qui feront arrivez à qua- sître-vints: Car c'étoit-lala baniere qu'il vouloir pref- cnreàlaconcupifcence: Aulfi difoic Erafmefe moquant Adfrat. d'eus, que tous les nouveaus Evangeliftes , éclairez d-j S. inferi Ger, Efprit , ne demandent que deus choies , argent, & fem- mes; Car du refee l'Evangile leur en fourniubit allez. Ils fontdiifsrcns entr'eus , ont chacun une Religion à part- mais pour le regard de Bacchus, & Venus, ils s'accordent tons d'une commune «8c contourne vois, font la guerre au ,, jeune, & alach u!.?té. Fay reu, dit-il, un Moine Apo- . ,ftat, qui avoit trois femmes , & un Prêtre renié qui é- , poufa une femme mariée à un autre. Plulieurs tels ex- emples, pourfuit Erafme , Ce trouvent de tels Moines ce 3,Nonnains,quiIes ont répudiées aufTI facilement,com- ,,me légèrement ils les avoient époufees. Ainiî tous ces déchaperonnez au plutôt fe marient, péfant couvrir leur incefre fous le voile d'un Sacrement: Car plufieurs d'en- tr'eus le tenaient pour tel :

Y sur toi a tr ' ur or Jure ,

Le nom frrt de coxv.s* tari. Comme pour être ençoo.U o'Hcier de l'Eglife Catiioli- tacontU que,il faut de neceiïké entrei par la porte de continence ner;ce,por~ &iai;e ferment de perpetufillcêhàfteté. Aafïïceus qui a de ÏE-. en louent 3 & qui laiiTcnt I e s v s-C h r i s t prennenr gUfa c>

aanou-

444 De la Naissance de l'Heresh, tiacoaîi. un nouveau Maître échappent par la fauiTe porte de firv- nence de continence. Ames iafcives qui font banqueroute a l'hon- VU&tfit. neur, & ans faims & bien-heareus accocs qui raifonnent fur la lyre fpirituelle de la pureté- vierge, & de la chafteté non maculée :fe touillent, fe fouillent Scs'égayent dans le bourbier de leurs im nondices , & po ur plaire aus hon- teufes demangeaifons de la chair, & de leurs infâmes vo- luotez, fe dépitent & décrivent d'une vie- toute nette, toute belle , toute glorieufe& Angélique : Il n'y aRdi- gieus qui fe fait décoiffe defon capuchon qu'il nefefuc auparavant, ou foudain âpre; coiîfi d'une femme, a l'ex- cmpiedelenrMiître & progtniteurLuther , au devant duquel toute pulicité faifoic comme les Mymfes chattes devant les Satyres , & Sylenes impudique;. Qu-- de per- fonnes après logées aus repenties.' Car comme les frians avec grande avidité , défirent une viande ; après s'en é- tre foulez , s'en fâchent : De même cette jeuneffe é- chauffée, ou plutôt affamée du long jeune gardé dans le Cloiftre, maudiiToit bien fouvent leur fortune.Ces pre- mières fureurs étant échappées, pour fe voir attache? par celicnindilToluble du Mariage, il fe trouve plus d'épines que de rofesmon feulement cette fainte Loy fut abolie , mais aufti les autres de l'Eglife, qui concernent lesarnnitez & les Loi; Mofayquesrenouveilees. Et com- . melesluifs acaufe d'aduhere feparenr leMariage , de force que la partie innocente peut prendre party ailleurs ; au/Ç firent les Luthériens contre l'auchorité expreffe del'Ecriture, laquelledit, jdji les hommis nt feptrent ce quiDiiHàconïoint. Ce qu'on peut voir dâs les Lieus- com- muns de Meiancfchon, & en divers endroits des œuvres de Luther. iv. D v monftrueus mariage de ce Mo/ne &defaNon-

&s enfant nain fortirét trois enfans mâles. Le premier nommé Ian, di Lathsr. fut Médecin qui vivoit en l'an mil cinq cens nonâte qua- tre, l'a" fçeu deperfonnesd honneur que s'étant trouve en ce tems la en la ville de Hambourg, à l'arrivée on luy fi; autant d accueil Se d honneur qu'on eut fçeu faire a ua Pnnce, &parccquec'étoit une fête célèbre dequelque Noce , on luy donna le lieu d honneur près de la mariée, __t?.at ces peuolcs levèrent le nom, la memoire,& la pofte- ritc le tçar Pro.e:e, duquel ils voyent encor la première

Livre ÎII. 44j

race. Nous avons veulc fécond nommé Martin comme fon Perc , portant les armes parmy la troupe des Reîtres qui vindrent a nos premiers troubles, troubler & ravager îaFr-ncc, qu'on rechcrchoit à voir comme le fils duPro- fetede la Germanie , digne feulement de cette curiofité pour fon excellence à bienboire &gaudir, qualité qui luyétoit avenue à titre de fuccefTion de fon pere , lequel comme fes écrits témoignent, fut homme mondain, & difïbluen fa vie, & en fes écrits. Le tiers fut nommé Paul. Ceus qui ont veu Luther, e'crivét que quand il mar- Simon choit par Pays, mêmes lors qu'il fut rrouver l'Empereur, Tcttttine lepeuple accouroit ans hôtelleries, étonné devoir ce en fon hîi Moyne, dont on faifoit tantdc cas (car il portoit lors fon fîeire. habit) iouer du Luth comme un nouvel Orfee. l'ay ap- pris d''un hommed'honneur, qui avoithamé la Ccurde Saxe, que comme un jour il vint faluer la Duchefle Si- bille, fuivie de pîuficurs belles Damoifellcs, s'adretfant à la plus jolie, il prit fous le menton, & fe tournant vers Ja Duchefleluy dit, ques'ily avoit de tels diableteaus en Enfer, qu'il y voudroit volontiers étre.ParoIecjUifcan- dalifafort cette PrinceiTe : Mais leDuc enforcelé de la bonne opinion qu'il avoit de fon Profete,dit que Luther étoit de chair & d'os , comme les autres hommes , mais que fon éprit étoit tout de Dieu.

Tovs fes écrits montrent aiTez qu'il a été ennemy y. mortel & conjuré du jeûne, &dc lachatetc, comme ce- Luther eni luy quiavoitjuré une haine capitale à cepatron de jeu- nemymor* ,,neurs & chares faint Hierofme. lenehay rien tant,di- telduitâ» „foir-il, que Hierôme, qui ne chante rien tantqu'abfti- ne & de la ,,nence, &chafteté. O Hierôme, quene te foulons.nous thafleic , „aus piez avec ta Betleem, ton habit,tcn capuchon, & fur U 22. ,,tondefert? Nôtre maîtrc,ccrit un fien difeiplequia re- àt Cenefe. „cueilly fes propos de table, nehayfibit nul de tous les Joan. Au- ,, Pères, tant que Hierôme, parce qu'il parle toujours de rifaber. ,, jeûner, s abftenir de viandes, garder virginité & cha- jcl. J77, fteté. Luther à gorge déployée ferioitd'ece faint hom- me, que tous les ficelés pallez ont admiré , quand il ra- conte ies affauts eue le diable luy dreiïoit en la première ,, verdeur de fa jeunefîc. Ha, méchant afne(ainfi ^ppeloit- ,,ilion cors le battant d'eçorgees) je te gardera) bien de ,, regimber, jzm: tefoultM) pas a'avoir.c. mais tenour-

4.46 De t. a Naissance de l'Heresii, „rirayd'un pcudepaille,jeteferay lâguirdefaim , & fa- ucher de foif, & te chargeray d'un tel fardeau,que tu au- „ras plus le cœur à manger , qu'a fcnger à la paillardife. 3>Qu'ay- je affaire de mandier rauthoritédesdifciples, 3, pais que celle du maître fumt .- Voiez comme il feme- que en un mot de tous les Saints, qui dans les aufteritez, ~uth de &nioftincationsdelachair ont quint-cfîencé leurs ef- fer ÀrbHr, jjPrits,S: les ont logez dans les Cieus. Toute leur fainte- J ,,té,dit ce dechaperonné, git en cela, qu'ils ont fort jeû-

,, né, fort prié Dieu, couché far la dure, fortpaty , cou- verts de haires,& de facs: Laquelle fainteté uuchien, Se Qnt. j. 3, un pourceau peuvent exercer tous les jours. Paroles cer- cap. J.pag. tes dignes d'un tel père de la Liberté, Scd'unMoinea- fOi. moureus de fa Ca tin. Ainfi ont parlé depuis les compila-

teurs des Centuries,qui femequent d'Epifane,& de tou- te i'Egîife,quand il raconte l'infolence, & gourmandife des hérétiques Ariens, lefquels lafemaine fainte, cepen- dant que les Catholiques maceroienr leur chair, faiibiér chère entière. Cela eft bien plus hérétique, difent-ils, & contraire a la fainte Ecriture , de garder ces fupcrftitios, . .- quedejouyr de la liberté. Oiez enepr leur Profete parlât Tcrz.J.jc. eu Concile de Nice, laloy du Célibat fut renouvelée. i ip. Tcm. ^yr^vemctîeS.Eipritn'aautrechofeâfairejqued'obli- ** *--.. „gef<res rninifrres a des chofes perilleufes, nonneceflai- r-fi-c.or^t. j;^»Sjvoire impciTîbles: Car un homme, dit-il, ne fe peut jd. ?2G. i;;-onp]us palier de femme que de boire & manger. Le .,. manger. & coucher avec les femmes tout un, Dieu corn- amande l'un & l'autre. Ieprcndray la peinede tranferire fon original, afin que quelque Luthérien ne fe targue fur luthSer. négative. ^v.a.m non tsl in meù virtbu* jitum ut vir nôjïm% à: mMYk iMn nnt e-:î i7iCl **"* ut *"■&' rriutitreftm. Rurfta ut in tua ;;;j- rm ncr. cïf3utjœmin* non fis, fie net in ieeiïut abf^iiio âigru: mn enta» UUrx s(i elecHe^ aut co'/if;lmm,fsdrcs est necejja.ria^4t Vfxrem fxminAyfœmkuirn mari fo;iari eperteat. Verbum emm het quûU Deu: ait ^Cri/cite ,& mnUtpUcamini,tJl ptéteeptum di- vinuiftypitt opm aUddnon cfi r.ofîtArum viriu , vt lut impediA- tnr vil cmiitAiur , fed tain etl wteffmtimm , quam ut mafcAm [i'n^msglfaue nec*jj*rïum.,Guam tdtftt bibere, purgaremucumy ÈiiaJl£fS tfnungerty iormirst & -ji'iiare: efi implant aîa natura hstudft- pareUs de cm MïmthilfA adtam rcmptrtinentta.Lts vcicy Françoifes: Cen^nc il n-:?i en mon pctryçû: , que je ne fois pas hom- me,

L ï v a. s III. 447

me, de me me n'ét-ilpasenma puiilance quejemepaffe de femme, & n'ét en ton pouvoir de vivre fans homme. Celane dépendpas dera vo'ontéou liberté. Cet choie oui eft neçeiTaire que le mâle s"accouplc avec la femelle, & la femelle avec ie m aie. Car cette parole que Dieu a dit, C*oiJfez.& multiplie z.>& un précepte divin très exprez,qui n'ét pas en notre pouvoir, & ne peut être empêché ou laiîîé, mais il eft neceflitc comme que je fois mâle (Vous diriez que nous femmes au rems de l'enfance du monde- La moifion des hommes a allez creu , & fi eft alfez multi- pliée , fans qu'il faille tant chanter lamuitiplication du genre humain , & le loin défaire ces âmes à Dieu. ) Cet chofe plus neceflaire , pouriuir-ii , que n'ét le manger, boire, décharger fon ventre, fe moucher, dormir & veii - lei:La nature n'ét pas m oins antee en nous;que les mem- bres naturels fervans a cet acte. Voila fesparoles dorées. Pluiîeurs ont fait leur profit de cette belle fentence, & ^prefque tnmfcrite en la doctrine qu'ils ont depuis enfei- gné aus peuples qu'ils ont debauché.T^/w effe necejfarium Vtr.cris ujttm ous.m eft mcitffe ut nunesjttpw , & mxgù necejfc- riua, qu*mêdtTt,biberÊ3pu*g*realvS. Cet l'infcructiô que cebonPereLutherEpicure, donnoit àfonEglifc: cha- Arehibt.i cun devoir porter ta femme comme un couteaupendant Uamilton. à la ceinture. Aufli difoit-il qu'elles n'étoient nées que Dtm§nJlr, pour être foulées, &: peupler le monde. Cet l'avis qu'il Cal.confu. donne au Curé de Lunebourg pour l'encourager d'em- U.j.ca.i*. bralTcr fon Evangile : Prens doucement tes plai/îrs en-, fol. 230, treies bras d'une femme, &ne pafleion âge avec ce foc Luther vecu de chaftetc. Il ny a rien 11 amiable ny delicieus au atu prohes monde que l'amour des femmes : Ainfidifoit un Poète dettibU débauché, fcl.^eo.

Il n'y pi ai fit en ce monde,

J^iavsceptts Vhma blondi.

C'étfur ce fujet que ces Prêcheurs de Liberté prenoi- UbeU. de

ent fouvent carrière. Wigandtis alleure avoir ouy un bon. & Prédicat en chaire aileguer une vinteine de carmes d'O- nud.Ggr. Mc.zDeurtezmr.rMi, :i appelle cet aiTcmblage des deus etnno. Lx. cors au mariage, une copulation divine, celefte, &fpiri- tber. in tuelle;môtrantoit treibien Micbee dans Reginaldus,que ^ "/>.;? c-j. neiaintPere Luther «toi* tout plonge dans cette divme, 31.

celefte,

44* De la Naissance de l'Heresié, celefle, &fpirituelle méditation, fortantdes bras de fa femme pour aller à l'Autel: moins religieus que ceus qui Tlineîb cueilloient anciennement l'encens, lefquclss'abftenoi- _ ■■" ' ent des femmes, pource qu'il étoit deftiné aus affaires de Dieu. Et comme en fon Sermon du mariage, ilcon- feille aus hommes d'appeller la chambrière à l'ayde , fi la maitrefTc ne veut venir: A.ufïï le Prince George de Saxe, luy reproche dans l'une defes lettres , qu'en fes prêches, ilpermettoit aus femmes d'appeller a l'ayde hs fervi- teurs, les maris ne peuvent fournir au devoir de maria- Zuth.To.s. ge. Oyez les propres paroles de cet Evangelifte. Rc/u- fer. de rnn- rtuntur interdum uxores adeo pertinAces , utfidecies in libidi- trim.f.22. nem proltibereturinariiui, prtfua durit ta, non curèrent. Htc Ter». G. tpportunum eïï , ut maritut dtcat , Si tu ncluerù, alta volet. Si Ger% fol, non vuit uxoryveniat anerda. Ita t amenât Ante* , iterumi & I7~' itrUouxorem AdmencAt mariutA , & toram fAiji perttnacinm

eitu detegnt , & tinte censpe c? um Ecrit fié duritia tiué agnofea- tur% & rtprthendatur \Jitum renu*t3 répudiât et.tn: Les voi- cy traduittesmotàmoc. II y a, dit-il, des femmes fi opi- niâtres, qu'encor quelemary deût tomber par dis foi^ aa péché de Luxure, elles font revéches, qu'elles ne s'en foucieroient point. Il eft befoin quelemary leurdielors, Si tune leveus une autre le voudra. Si la femme ne veut, vienne la chambrière. façon toutefois, que plutôt le mary par trois fois découvre en la face de i'Egîifc fon o- piniatreté: Si lors elle fait la rétive , qu'il la répudie. La femme n'a pas la puiiiance de fon cors, mais le mary , & ainfî de l'autre. Quand donc l'un refufe a l'autre fon cors* cela romp le mariage.

Ne voila pas des paroles bien dignes de celuy quiofe fe dire Profère, quia porté l'Evangile, mais TEvangile de Stnidelin. la Liberté au monde? Smideiin pour derTendre fon maî- Ub. j. tre fur ces belles parolles , eft venu aus prifes avec Stafî-

Ht*fi. de le* Et pour toute réponfe dit : Si Scafîle peut montrer JAtrer.bi- moefieur Luther avoir enfeigné les mots Latins , Sinon iliorum ve lit uxor , p.ntiliam venire debere ac oportere j Kos D. Lu- tfAnpat. tbtri mmm diria devovtbïmut. Mais Stanie luy répond plaifamment. Quel échappatoire eft cecy , pour cou- vrir l'ordure de ton maître ? Soit que Luther aye dit que la chambrière vienne, ou bien la chambrière doit vc- air , qu'importa l'un plus que l'autre ? N'eft-cepa*

n.tme

Livre III. 449

rncmechoferllà écrie ces paroles, Si non vuh uxor,venUf anall*. Encor n'ét ce pas allez , écoutez comme il parle ailleurs. Son Latin, quoy que facile a entendre, marche- ra devant mon François , parce que plùfieurs ne le peu- vent croire. H<£cvugr,iup.ii4y &fêrV&aù naturA inclinxtio in mnlur>m, in cerpore majcwo fit crttitur & confsrvMtur , ut nuRii vota traïUpojfn , td(o ;ue fine mnltere wanere fi aiuit ,no- m'.nhommita fe iefenat . fUnum ftetens fe efjc An-jelum aut fpintum. Cet ardeur de génération, & la narutelle incli- nation que le mâle a envers la femme, eil tellement en- racinée en nous , qu'elle n'en peut par quelque vœu que cefoit, être arrachée. Qui voudra donc vivre fans fem- me, qu'il quitte le nom d'homme, & le faite Ange. Sui- vant cette doctrine fesdifciplesen quelques endroits de laPolongne, comme écrit "Witonieniîs, n'ont pas fait 'confaence depouferdeus femmes , pour félon la loy de Luther fouler leur lubricité. Auifi îldifoit furie Genefe qu'il rit imprimer l'an H2C qu'il ne voudroit pasintro- TJndâtU duirecetee coutume, mais qu attendu les exemples des Albtr.io\ faints Pcres , Une la peut condamner. Et dit-on que ce C*iloiï*4. fut Iuy qui permit ace.renommé Legifte Oldendorpius, d'enallocier unefecondeà la fienne première encor vi- vante. Et puis que je fuis entré li avant ausprifes avec ce- *om. <T. Iuy, qui pour la faim qu'iiaeu des femmes , a détruit les Ger-foU lois du Mariage, ouvert la porte al impudicité,j'âdjoù- J7I% teray encor ce trait des lîens,au ferme» qu ii rît 1 an 1512. qui fe trouve au fixiéme Tome de les couvres , imprimé dansfon Witemberg l'an mil cinq cens cinquante ttoïs, afin qu'on nepenfeque ce foyent picces fuppofees par in CattL les Papilles. Si une femme ("dit ce fâint Père delà chafïeté Bai.ref.rP Martin Lutter j a pris un mary impuiiTint ne fe pouvant Cockta de 1 ouvertementmarier aunautre, ne voulant facilement caufii m*- permettre des chofes contre l'honnefteté .'parce que le t1im0% Pontife Romain en ces adtes veut pîulîeurs témoins , & fansraifoh commande plùfieurs choies) elle doit tenir ce langage a fon mary:

Tu vois, mon mary, que tu neme peusrédre le devoir,

& tu as trompé majeunefle, 6c mon cors, & que par ce

moien tu m'as jette en danger, & démon honneur, & de

mon falut. Tu vois a cette occafîon qu'il nv peut avoir

ucus de mariage, donrquês permets moy que je

F i ma

Ar,o la Naissance, de l'Heresiê, mepuifïe marier a cachettes avec ton frère, ou quelques Etrange uns de tes proches parens, tu garderas le nom de mary, ton^il fa afin que mes biens n'aillent en autres mains , &quejc Zut.;tr< n'aye d'héritiers étrangers 5 permets qu'en ceîaefciem- rr.en ci c te trompe , comme à mon regret tu m'as deçe'ûe. le dis que le mary y doit côfentir, & procurer que fa fem- me j ouyiTe de ! 'accomplifTement du mariage , & aye de la lignée. Ques'ilne veut, qu'elle fe dérobe, & s'enfuie en autre Pays,& que la elle fe marie. Il pafleplus outre , &C franchit le faut tout à fait. le donnois lors ce conîcil,car «Sqûa ab j'étois craintif:Apresét je ferois d'autre avis,&voudrois illo exi- traitterplus rigoureusement cemary , qui auroit ainiî genda .trompé la femme, oubien la femme quiauroitdeçculc compen- marv,combien que cela foit arrivé rarement. Ceh'étpas fatio cft: aflez es choies de telle côfequence,qui regardent le cors, Hoc elt, Jes biens, & le iaiut de l'ame, de fe décevoir ainli legere- feemina ment par tromperies , il le faut payer de même: c'ét a di- tahs e- re, telle femme peut, & doit bravement paillarder, Sz greg'è commettre adultère.

icoitati Divine fentence d'un nouveau Evangeliftc, batyde

débet. chair, &d'cs,quinefent que la boue, & le fumier. Cotn- Zuth. fer. hizn decivorces , combien de couchesvicîees, que de de Matru fauîfes aceufadens, pour faire nouvelles nopecs! Que de JcL 12t. plaintcsdes maris , &desfemmes: Comme on remon- troita Luther ces defordres : Et le moyen d'y pourvoir? Qu'y pws-je faire , difoit ce bon Apôtre , voicy fon texte rendu François parole à parole. L'adultère perpétré, la personne innocente fe peut remarier: mais tu me deman- des, ou demeurera l'autre qui cft coupable, n par fortune elle ne peu: fe contenir? le répons que îeMagiitrar le de- voit a la vérité punir de mort, s 'il ne le fait,(fu'il s'en aille en autre Pays,|c s'il n'a le don de continence, qu'il pren- r.e une autre femme. Si on me dit que ce fera ouvrir la porte aus maris & aus femmes de s'en aller en Pays éloi- gné, fefeparerann de fe marier ailleurs : le répons, Que! ordre puis-je mettre a telles chofes? De deus macs il iauc éviterie moindre, & leur permettre de fe marier es Pays étrangers, afin qu'ils nepailiardentpoint. Mais cen'cr paspourlefeul adultère qu'il permet le divorce: La pail- larciiè mêmes avant le mariage fuivant fes lois , remp ic mariage fubicouent : La fuitte dz l'un ces mariez ou le

long

Livre III. 4j{

long fejour, ayant comme laiifé fa patrie: Larudeftedu Lut}], in mary, rirreconciiiacion des mariez, l'hereiie, Ierefas de en. 7Xpi;î. îa conjonction marirale,ou quelque maladie coiuagieu- adCorint* fe: Ce font les caufes, félon Luther, qui peuvent permet- imprtjf. trele divorce, Se changer de femmes &maris,comme de aru 1*23+ valets c^fervantes.

I'ay Tcu,écritRefcius,lors que par le commandement duRoy dePoIongnc je fus trouver le Pape Sixte V. paf- fant à Aufbourg,un Predicant Luthérien qui avoir épou- fêla femme de celuy de Frankfort, luy vivant &confen- tant. Et le Predicant au livre des caufes de fa converfion, écrit que fes compagnons ont voulu troquer avec luy leurs femmes, comme il à veu faire fouvent. Voila l'edic delà Liberté, & la condamnation des faints vceus, que tant de perfonses dévotes, &religieufes ont fait: Curil eftimpoiïible, difoit-il en fon refrain ordinaire , qu'on puiiTcfe contenir: Ces fotSYoeus de virginité font des voeus qu'on fait au diable, & cotre lliônçtetç des mœurs, & bonne vie, écrit Meîanclhon en fon Apologie pour la Confeiîion d'Aufbourg. Mais il ne fc rcifouvenoit pas que le Pape Zacharie plus de huit cens ans avant Luther, avoir écrit à Boniface Apôtre de la Germanie : Que les Prêtres délorsqu'ils auront reçeu les faints Ordres s'ab- ftiennent de leurs femmes , & quittent leur compagnie: ce qu'il dit parce qu'en cette nouvelle Chrétienté, plusi- eurs mariez s'enroolloient dans l'Eglife. Oyez la belle comparaifon de Luther fur l'impolubilité qu'il allegu-e de vivre en continence.

C o mm nia mère faitllgne avec la main àl'efant qu'il s'approche, lequel pourtant ne fe peut mouvoir,ou i ap- Ridicule pelle afin qu'il viéne, combien qu'elle foit afleitree qu'il comparai- ne peut. Ainfi Dieu par fa propre bouche nous a corn- fin 'tie Lu- jmandé des chofes qu'il fçait certainement que nous ne ther* pouvons faire. N'ét-ce pas fe moquer de Dieu, ou plut-ôt cire que Dieu efl: un moqueur,ncus obligeât à àç.s chofes dutoutimpoifibles? Dieu, écrit S. Aaguftirç, ne commande ub dena- fx* des chofes impojjicl-s a faire: M ait en etmmaXimt il t' adrvo- tu. ej> ara. xé:e de faire ce que tu piH4,& demander ee que tune puu. En- (*t>t ^* cor que le vœu de chafteté, comme le plus noble de tous, ' foitmal-aifé, pour aveit fouvent à combattre de furieus ennemis, fm'ct-il pas impoili ble.

r f 2. iLu

4J2- De la Naissance de l'Heresiè, il n'y h r;en de beau, qui ne [oit mal- atfé: Lz . erluqur quand rite t:t tn peine.

Mais tant plus qu'il y a de la peine, plus la «loireen eft grande , & i 'œuvre acceptable, & agréable a Dieu. Le vi- ce n'a pas ce 11 en; en c occupé le monde, qu'on ne voie tous les jour: ces mervéilîleus effets de la grâce de Dieu ray- onner fur placeurs belles &faintcs ames,du tout retirées de la terre 3ôc qui au milieu dts voluprcz Ce font conter- yees pures & nettes de toute ordure , fans que l'impof- de Luther les avt arrêtées : Car encorqu illem- bîc de prime f-ce a la cha;r , toujours revechea i'efprit, fes commandemens être un facheus fardeau -} iis n ont toutefois de pdanteur qu'autant qu'il nous en fa foin contre les vents, & les vagues du monde, & qui nous efesutant neceiïsire qu'a lanavire le pois de lbn lays con- tre les trifons & tempêtes ce la mer.

Saint Ambroife répond bien à propos à ces gens , qui avec Luther imaginent tant de cï.auffe-trapes defilets, & de précipices aus commandemens de Dicu.S'tly *éu dan- ^er,dït-i\Jque per/oane ne travaille de peur d être accallé: <^Uê nul ne combatte pi ur hétrt v tint tt: Que itlu-j quictamt la con- tupifif&fe , fi rmt les yem , (jr demeure ajfîs qui craint de mat' cher. Es labeurs des cous de foet, écrit faint Grégoire & e's combats des vices , non feulement nôtre infirmité fe fait reconnoitre, mais nous connoilîons en quelle vertu nous failonsprogrez. Aucun ne fait preuve defapuiiTance en la pais.Nul ne peut connoitre combien il aura profité, fl ce n'ét entre les rencontres adverfes,&douteufes. le puû, di- foitlApctre faint Paul , toutes ihofes en celuy qui me conforte* Et quiconque aïe vouloir , fe retrouve le pouvoir. Les choies qui ie commencent parnecefTité , dit Seneque,fe tournent en facilité. Et tout ainfi que les hommes ac- ccrarurr.cz a boire du vin, & qui mettent la leur fouverain. plaifir,tant plus ils augmentent la chaleur, jufques ace que leurs efprits foyent aiïbmmez d'yvrelle. AinnTame chatte qui commence une fois apenfer a l'efperance du fiecle a venir,a être faifie de la foif des biens celeites, elle s'en emplit bien, niais ellene s'en peut fouleur: £/ tout tel que U braife, Flm ïla*e?aifmeni%mowtj*f*ifffit appui fe.

11 n'y a bien au monde , vertu ou grâce que

Livre III. 453

héroïque & relevée qu'elle foit, que nous ne puiïïîons a- voir ou de naiifance,ou par accoutumance , ou par con- trainte , comme Tertulian nous enleigne : Quant a la contrainte, elle ne peut être du tout rorccc,cIle peut êtra au/Iî volontaire 'Combien qu'il fembîe, qu'il y ayt quel- que opposition & conirarieté en ces deus mots: Ce néan- moins de cecte contrainte volontaire, Caîli an un des Pe- sa rcs de la folitude, en baille de tres -utiles règles : Il n'y a »chofe fi dure que l'âme qui le ravit en Dieu ne ramolif- fe. Toutes les r ude (Tes, &apretez oc font que douceurs àceluy qui eft iccoûtumé defentir ces élévations , h* fortes qu'on n'a a ces heures prefque rien defenhble. Les ravilfemens d'une telle ame pervertiiîent les fon- ctions du cors , fi qu'il n'y a rien qui lapunTc occuper par deiius le fouvenir de Dieu , elle eft feulement tendue.

La Théologie donc de Luther conforme à celle d'Aï- Arilote'm cee, dont Piutarque fait mention, eft tres fauiTc : Car, £;/?#, commedit Chrétiennement un pauvre Payen , nyenla vertu,rty au vice nous nefommes tirez par necelîité, aihs conduits par volonté. Mais c'ét l'ordinaire des âmes foi- bles de craindre des chofes non eflayees. Il eft impoli ble à Luther, &il actépofiible non feulement à tant de re- ligieus,hermites, qui n'ont eu que le pain feul pour vian- de, & l'eau pour breuvage : Mais auili a ce Duc ce Venife, dont Volaletan fait mention a "Boleilaùs Roy de Polon- gae,& a l'Empereur Henry, & Kinge fa femme. Ce bien- Vol.t.lib.f. heureus couple la première nuit de leurs noces , au point Albert, de leurs premiers embrasements , rirent vceu a Dieu d&Krantz. virginité perpétuelle , laquelle ils gardèrent le relie de Ub.3x.32. f leurs jours. C'ét un vœu côtracté dans une couche Roya- le , lo'ùé & admiré de tous ceus qui en ont écrit de leur rems: Blâmé pourtant par cet ennemy de ia continence, qui dit en fonEpithalame : Que ceus qui vouent cha'fte- , . top à Dieù,façrifïçnt àl'IdoieMoloch. Ce'uy quit'exhor-

te a faire ce vceu, écrit fainr Auputtin, te donnera le pou- j'I l

i ] c & L r Ml Cor tut.

Yoirdeleparraire. , ~

! pourquoy ne pouvons nous, écritiaiht Bernard, . ' r *

farce que nous ne le voulons pas. C et un peu tropiarty- *rJ"" 3 "

de ma route: La couche impudique de ce moine, & de fa

fait prendre carrière. ïe m'en vais rjprédr»

1 i ;

'454 De la Naissance de l* Hérésie," mon train ,& montrer, comme non content d'avoir ar- mé hs païfans contre leurs Princes & Seigneurs , il ar- males Princes & Seigneurs,apres avoir ruiné les paysâs, contre leur Prince fouverain & leur Empereur.I'éclorray les apprêts de tant de guerres, & Jes malheurs & calami- tcz quienavindrentdans peu de chapitres, quirequeroi- ent des livres tous entiers: Que fi je ne pourfuy l'ordre destems, jeiuivray celuy des matières, c'étchofe qui importe peu ou point du tout.Encoray-je voulu pour le contentement des éprits les plus exactes, charger la mar- ge des dattes plus importantes, qui les pourront guider chez les Annaliftes, Schiftorieus, iefquels s'y font éten- dus plus au long, que l'hiftoHie de fhe;eiîe de ce fiecle quej'cntreprens , ne mJa peu permettre.

LA LIGVE DES PROTESTANS, ET DE

LA CONIESSION AVGVSTANE PRE SE K-

tee à l'Empereur Charles.

C H A P I T R

VIL

Le Duc de Saxe aj:Jle h la M'Ê-

tes Luthériens commencent à je liguer, z. D'oh prinirent leur net» les

ïrjtcjtans.

5- L'Emperet* à Ambvutg , lié

Lui hetnùfe aller.

5- La ConfeffiOH des Protestant freftkieex V Empereur. 6. Les Zuingliens veulent être récent en LftctetèdiS Lu- thériens.

7- Députez des Catholique: & Luthcriens. 8. Luther a:a écoutes pendant laiournee d'Ausbourg.

i. T EsPrlnces Catholiques ,& les Evéques qui s'éroi-

LiSLnthe- J'i.ent contenus dans les vieilles règles de rEglife,voi- rtem corn- ant les lourdes menées des Luthériens , & leurs ou-

menceni à vertes entrepriies lur les Catholiques , mêmes contre l'Archevêque de Treves,qu'à force ouverte on attaquoit au préjudice des Lois , & ordonnances de l'Empire ; Se

que

/e Ug>4crl

Livre III. 4#f

que tout penchoit au Lutherauifme; s'en plaignant a 1 Empereur, luyfont entendre le mefpris qu'on fait de fonauthoricc, &Ja crainte qu'ily a qu'en lin l'herefiene maitrifeierefte. Encor qu'il fut lors éloigné. & attache ôus guerres de la France, & de l'Italie, fieit-ce qu'il en- voya des députez en Alemagne , écrivit ans Princes, les exhorte à lapais. Mais parmy tant de longueurs le mal toujours empire:Le party Luthérien groiIît,& le Catho- lique diminue: Les Luthériens font des ligues, s'enrool- lent,jurent,protettent qu'ils mourront pour l'Evangile, c'ét à dire, pour l'opinion de Luther, s'arment les pre- miers, fe donnent des peurs, fous le faus avis d unecon*- traire ligue , qu'on difoit brailer leur ruyne, font que les principailes villes d'Alemagne entrent en aitociation a- veceus: comme Strafbourg.Noremberg, Confiance, VI- çeff fa me, Magdebourg, brefjufquesaunôbrede vint & qua- -uc rt£t tre, quifurent depuis fuivies de plufleurs autres. Il tint à ç-Ijjz* peu pourtant , qu'elle ne fut découfue dés l'entrée : Car comme àNorembergils fefalfentaffemblez poars'unir en religion, ainii qu'ils avoient fait en proteftarion,la di- ?ifIon le met parmy eus ferles doutes de leur créance. L'un dit qu'il eft d'une telle confriïion, l'autre d'une contraire, rien ne s'accorde, De forte que le meilleur, Qc plus faiutaire avis qu'ils fçeurcnt prendre lors , fut de ne parler de Dieu en bien iiy en mai: Croire qu'il foit au Sa- crement qui voudra, ne le croire pas qui voudra, tout eft un; pourveu qu'on entre en la ligue contre l'Eglilc & l'Empereur,c'ét allez. C'étoi: l'avis du Lac tgraye, lequel far depuis emporté de celuy du Saxon, oui émit forciore les Sacramenraires.

D e cette proteftarion ôc ligue qui commença à Spire, t I-r- puis fe forma du tout a Smalcade.prindrent leur nom les ® HtyiPr Proteftans. Cefut à la diète de Spire ou ils firent mettre drent leur en broderie fu: ies manches des mandilles.Sc cafaques de pronom Us leurs pages & laquais, voire jufques aus valets d'etabie, £*WW« ces cinq lettres capitales, V, D, M, I, --L, cemmepour dire, Vtrbum Domini minet inÂttrmim •* La parole de Dieu dure éternellement.

Ils commencèrent à demander des Temples dans la Tille, oa Ferdinand s'étoit rendu, & n'en ayant peu obte- air firent; ptéch££ à huis ouverts en leurs a^àilons, ëù.îq

F r 4. pcu::l~

Coma 1.7,

m. L'Empe- reur à

Awbourg êù Luther

n'ofa aUcr .

A\6 De la Naissance de l' Hérésie, peuple accouroit poai von ces nouvelles gens médire de tous les Ordres de lEglife , faire les rotiifeties aus jours de Vendrcdy &Samedy : Ce rut lors que Luther pu- blia en langue Aiemande Ion livre delà beftruction de Hierufalem.

Apres diverfes journées, & diètes tenues, lesProtcftâs pour amufer l' Empereur offenfé, envoient devers luy une notable Ambalïade, lefuppiient avec des paroles char- gées d humilité, ikobcyiiance, qu'il laifle les choies en l'état qu'elles tout pour la religion , qu'il leur permette liberté de confcicnce , fous l'atente du Concile libre q ue ils demandent en Alemagne. Queperfonne n'a que voir fur leur ame,dont ils rendront conte au leui Dieu qui i'a créé : L'un de ces Auiballadeurs luy prefenta commeil alloitaia Me lie un livre de ia part du Lam grave, brave- ment reiié, dit Sieidan, qui contenoit leur profeiïion de foy.&lcfonddc leur religion. Mai* ce Prince qui (ça voit bien que pendant cette iurfeance on gaiçmoit toujours , déclare qu'il veut quel'Euitde Wormes loic garde: côaunandexirréter pni on nier le porteur de ce livre, iriui1; :efus les Proteilans s ahe.nblent encores, cent des moiens de faire la guertCjderFendre la cau- fedeLurher,qLiidcionc6-é leur coofeille de fc liguer, & s'armeijCcmirieiontauiii iapiû part des villes, a l'exexTi- •pledeStrafoourg liguée avec Zurich, Bsie,&Beaie, cho- ie contraire aus lois de l'Empire. On nepéie qu'a remon- ter l'artillerie, battre la poudre, faire des batailles, voila le fouhait de Luther accomply; Car toacs'apprécé encor un coup au carnage.

L E m pirevr efperan: par fa prefence diiîiper fora- ge qu'ils avoient préparé , paffe en Alemagne, convoque une journée Impériale a Aufbourg, quelques Princes Proteftans (c'eil le nom qu'ils prmdrentj s'acheminè- rent. L'Electeur (cachant larefolution de Charles, avoir donné aufïi toc avis a Luther, Mciancthon, Pomeran, & Ionas,afin de dreffer leurs caiers. Chacun y contribué du fictlj & y travaille. Cependant i Electeur s'en va a Auf- bourg,avec luy le Duclanfedericfonfils.Les deus frères Ducs de Lunebourg3Herneit,& François Woifang Prin- ce d'Anhalt.L'Eleâeur amena une partie du chemin en fa. compagnie fon Luther 3 & iic alcepour tenter de teCOU- Uer.

Livre III. 4Î7

vrer un fauf-couduit pour luy , afin de pouvoir fejourner l'cy Ucon- enquelqueville Impériale. Mais cela luy futrcfufé,. ne feffiom de voulant l'Empereur révoquer fa fentence de banniife- Smefita. ment,fe tenant fur le point de l'honneur Mais en effet le An. jjjs. laiirant dans les terres du Duc, corne feignant de ne voir pas celuy quiétoiten laveùedetous. Faute notable qui ne peut être réparée! Pufilanime courage aulîi , d'un tel Profete quife difoit Apôtre, la bouchede D'eiij&c. pen- dant n'oie paroîireen public,marcherle frôtlcvé, com- me tes vrais Apôtres ont fait, pour au hazard de fa vie dé- fendre la venté de Christ. Il eft donc contraint ren- voyer l'on peureus & timide Profete dans fa forte place de Koburg,fe contentant démener avec luy melancthon & quelques autres Docteurs. Tous ceus qui fe trouvèrent alajournee , ayant communique la refolution de leur Confeiïion, l'Électeur renvoya le tout à Luther pour y interpofer fon décret. Mais le bon homme n'y voulut }i toucher. I'ay Jeu écrit- il a l'Electeur , l'Apologie de Crtttîet- J,Melanc'thon/amfis'appelloitcetteConfeiriondeFoy) iv de Lu- ,,a laquelle je ne pais rien adjoùter, ou diminuer: Et ne ther eft m ,,me kexroitpas bien de la corriger car je n'y pourrois l'ht/hire ,, apporter tantde douceur. En peu de jours la ville fut dt Cœta. peuplée de Prêcheurs. Toute forte de Luthériens, Zuin- fol* *37. gliens,Carloftadiftes montèrent en chaire, qui çà qui la, defortequede toutes parts on accouroit pour ouyr ces nouveaus Chrétiens, laiHant ceus qui préchoient a l'an- tique.- A fon arrivée l'Empereur impofa filence,& aus uns &aus autres.

Il fe paiïa au commencement de cette journée une Iv« chofe digne d être remarquee.C'eft que comme l'Empe- Le Duc de reur eut mandé au Duc de Saxe fe trouver au divin fervi- Saxev.t » ce,pour porterfon épee au devant deluy ( carc'cft iepri- U Mejfe* vilege de fa maifon ) Le Duc'de Saxe aifemblafes Do- cteurs, qui fur ce doute répondent, qu'il peut aifiiterala M^stfe, comme y étant appelle poat faire fon office ,& fa «harge,& non pour s'y trouYer comme a un divin fervice. Surquoy Sleidan fcemarque la grande pieté du Duc de Saxe. Digne confeil de ii bons maures, comme fi on pou- voir fléchir le geno'uil devant Baal, ( aijifï appeloient-ils le lacrifice de la Méfie) fans participer à ridolatrie.C'eft :iolutic>a en l'échoie de tout bon Théologien, que ï f 5 ceiuy

4î3 De Naissance de l'Herejie, ccluy qui affilie volontairement a la Meife , & penfe que la Mette^A: idolâtrie, eft idolâtre extérieurement. Car il fait ce que fondes autres, l'action defquels il eftime ido- lâtrie. Parquoy il commet un péché, non pour affilier à la Méfie, quiefl une choie fain te: mais parce qu'il fait une choie contre fa confciéce,& qu'il étime être cotre Dieu: Etant certain que tout ce qu'on fait contre la canfcien- ce eft péché , encor que de foy il ne le fut pas. v. A l'ouverture de cette journée, le Légat du Pape

ZaCcr.f-f- étoit,& plufieurs Princes, & Seigneurs Catholiques, a- fiondsi près que les.neceifitezprefentes, la Chretiéteietrou- ProteJIam voit reduitte, furent mites en avant,le différent de la Ke- kl'ETKfe- ligton eft auiTi jette fur le bureau. Les Protefrans veulent fêHY. cire ouys mais l'Empereur leur commande de parler par

écrit, ce qu'ils font , après quelque refus pourtant, Se donnent leur Confeilion, qui depuis fut toujours appe- lée la Confeilion d'Auibourg, de laquelle j'ay parlé fur le propos de xilippe Melandlhon au livre deuxième ; Ce fut luy qui la prefenta à l'Empereur écrite de fa main , l'aifeurant lur fa foy , & la part qu'il prerendoit-en Para- dis qu'elle étoit conforme a la créance de l'Eglife Catho- lique, & fous-fignee de Luther avec ces mots. DftmnAtivt Vio. 2.zrï. Jeccudocenr.'s. Nous condamnons ceus qui enfeignent au- j.fa» iif. trement.Ce qu'il mit, écrit Sclufemburgius, en haine des Zuingiiens. Toutefois Melancthon failant r 'imprimer cette Confefnon après ia mort de Luther, raya ces mots, comme n'ayant affaire de fon approbation. Cette mer- veille comme plufieurs Luthériens furent fi faciles d'em- braiîer, non par ctttt première Confeilion , mars celles qui furent depuis bâties, en plufieurs points contraires à l'Evangile qu ils avoient appris de Luther, il avoit ja fait voir à la Chretiécé fon livre pour l'abolition delà Meiîe, depuis que le diable eut conféré avec luy:Et toutefois les Confeuloniftes Proteiïans proreftent en un article }, qu'ils révèrent & honorent la Melfc. Cet fauilement &z ,,atort^lisét-ils,q"d'on nousaceufeen nos Eghfes d'abo- , ,iir la Méfie , la Zvleife le dit & fe cciebre panny nous eu ,. grande révérence , avec prefques toutes les cérémonies ,,a»ciennes , fi ce n'eft que parmy les Oraifons Latines , ,,nous v entremêlons quelqu'une en langue Yiilgairc.La Ccr.fsiiioniesEgUfesdeSaxe, édite l'an mil cinq cens..

Livre III. 4î*

cinquante & trois pour être prefentee au Concile de Trente, en dit le même: Et Melan&hon en l'Apologie «qu'il a fait pour cette Confefîion en écrit ainfi. Nous «n'aboliflons pas la Meffe , & la defFendons religieufe- Mtnenc: Car les Meflfes font célébrées chez nous tous les «Dimanches, & autres Fét« , & le Sacrement diftribué o>à ceus qui veulent communier. Nous gardons les cere- La Mejje asmonies ufltees, l'ordre des leçons, & des prières, les conferves »»veitemens, & autres fembiabies. Cette Confefïïon ne purmy Us fut plutôt fortie de la fonte, qu'on la vitchangee,& re- Lutherie, changée. Elle receut de nouvelles trempes, &de nouvel- les formes:AuiTi l'appellent les Alemans , Soulier à tous piez( comme on difoit jadis du cothurne dcThcrame- ^^sso' nez) lequel les Alemans ont chaude comme bon leur a femblé. On voit dans l'Apologie de la Ccne Augufbne, les ietres & proteftations de l'Elecleur Augufte de Saxe, de"Wolfang Prince d'Anhalt , de Henry & Guillaume Ducs de Lunebourg far cette Confefiion. Or les villes de StraiDourg,Coiftance,Meningue, &Lindave, dônerenc aufîî délors leurs conférions par écrit. GafpardHedio les prefenta, mais on en tint peu de conte.

Ce fut ou les Zuingliens tentèrent d'être receus vr- , ealafocieté, efperans quePilippe &Brcnce neferen- es Zftm~ droient fi difficiles que Luther. Mais czs deus par les Iet- fM*™™*- très qui fe trouvent encor écrites au Lantgrave, de l'on- ient etre ziémeluin l'an mil cinq cens 3z trente, leur firent fer- receMen dre i'efperance de leur fraternité tant defirec. Apres a- J0Ci*te' voir refuté leur doctrine , & fupplié le Lantgrave ne fe «lailferfeduire, ilsdifent : Nous ne voulons cachera yùyezccm «vôtre Airelle, que ces Zuingliens qui font icyfeven- ^iti-rei «tent déjà, qu'ils ont des forces à leur commandement, n* >,.— »

di.1 z .., ,, ' ;/C i AT 771**

e I argent tout prêt , voire qu ils auront oes etran-

*>gers à leur ayde : Qu'ils veulent diftribuer les Evéchez. «Certes nous femmes étonnez comme ces gens, quife «glorifient tant de la charité Chrétienne, ofent faire »ces menées , qui mettront la Chrétienté en troubles, «& confuiions. Si méchans commencemens ne peu- sîventavoir qu'une malheurcuie fin. Le diable apprête » une horrible tragédie en i'Eglife. Ainfi profetifoienc Mclanéihon & Brence > nouant on efprir plus modéré <jue Luther.

LeLant-

4^o De la Naissance de l' Hérésie,

Le Lantgraveenfaréponfe,que j eulFevoulu crendreg-

fila longaeurn eue été ennuyeufe , aceufe J'aigreurdes

Luthériens de traitter les Sacramentaires avec tant de

rudelîe, les iupplie les recevoir pour frères , & laiiTer en

Valeur leur hbrecreanec, laquelle ne peut être forcée. LeLant-

réponfe an grave pourtant ne peut faire ny paries prières, ny par Tes

faeil.J^s. artifices, joindre ces. gens. Plutôt , diloit M'eiancthon,

Es U Ce- mejetteroy-jeaupartidesCathoUques: qu ynceluy des

ni AugH- Sacramentaires. Et comme il écrit a j£gidiL; Prêcheur

Jfonc. ,, de l'Empereur: Dieumefoit a témoin.que jen'ay pour

,. autre railon déliré la pais avec vous, que pour la crainte

,,cjue les autres île le minent du cote des Zaing'iês. Que

,, h ce malheur fut avenu tout étoic peio'u. Zuinglene

cefie pourtant, & envoie fa confeflion de Foy imprimée,

ans Princes ailembiez. Ponrquov, difoit-il , meferala

porte clofe non plus qu'a Meiancthon? Cettuy en donne

,,toudain avis a Luther parce billet'Ie remarque ces par-

„ticu'aruezobmifes par les autres,.;Zuing!e a envoyé îcy

j,faconfeiïion imprimée. Tu dirois en un mot quileiï

3, hors de fens. Il renouvel le les erreurs du'peché originel,

3, de l'ufage des Sacremens , ii parle de? cérémonies en

^SuifTe c'eftadire comme un Barbare,i! les veut du tout

3,abolir.Il prelLe fort fur fon opinion de la Cène. Il délire

anéantit iesEvéques , je t'-en envoyeray une copiercar

Hâter l en- jjCe que j'en avais, court entre les mains des Grands. Bu-

trema- cer qui cherchoit un entre-deus, parle aus Princes, dit

leur. qu'à faute de s'entendre , les Lutheriftes & Zuingliens

veulenc tout perdre , qu'ils ne font en différent que

' pour les paroles feulement : Mais Pomeran Chancelier

duDucde Saxe, luy montre que le Ciel n'eftpas plus

éloigné de la terre, que l'opinion de Zuinglede celle de

Luther.

Bucer demeuré jufques alors opiniâtre fe relâche ua

peu,écrit a Luther. Toute cette procédure fe voit enl'A-

Vivérfes pologie delà Cène Luthérienne. Or toutes ces Confef-

»/,,. fions apportées àAuibou^j.font mifes entre les mains de

drus fçavans Théologiens Ekius & Faber , quirefutent

toutes ces nouvelles doctrines fur ia juitïlîcation , la fa-

tisfaction,- lmterceulon des Saints , & quelques autres

points: Car pour la realité leur protestation étoit en ces

Di Casn/k Dcmini docent nuoi Corpn4i & '.*r,guï> Chriiïi

\ t i è

Livre îîî. * -

vire ad/int , & difirîbuimur vtfarAïhu* ht Cœna V-eminiyjp imttob:\nf f?cuÀ âottntn. C'eft a dire : Quant a ia Cent du Seigneur, il s enfeignét,que le Cors &lcSingde Christ y h m véritablement, & iediftsibuentà ceus qui parti- cipent a la Cène du Seigneur , & condamnent ceus qui enfeignent au contraire. Cette côreifion de MelanClhon 2ppeIleerAuguiTane, condamnoit celle de Zuingie:Cel l'oy Daniel ledesSuifl'esanathematifoit lAugu{tane:Er les Docteurs hoff'rn>n Catholiques ju^eoient & les unes, & les autres*: Hereti- m qù. (S* ques Onpeurvoir le jugement qu'ont tait les Theolo- rejp.jol S. giensduCafnvir au livre qu'ils ont publié. Voicylafcn- cs.^.stdm. „tef!(T qu'en ont donné depuis ceus de Geneve.LaCon- Ch*. Con- ,,ftiTion d'Ài.tbo^rg ne fut pas au commencement faite fff. £cr- jjduconfentement de tous les Princes de ta Germanie, gtn. ,,fept feulement la foufcrirent,& deus vil!es:Elie ne peut ,, donc lervir de règle aus Eglifes. Il faudroit qu'elle Te ,,{oùmit a l'examen delEglife univerieile pour étteju- >,gee félon la parole de Dieu. Mais kjourne cette E- ghfe univerfellc.En quel coin du monde peut être lefou- verain Ingedes difFerens, entre le Ciei &: l'enfer?Il femblc pourtât que Calvin l'approuve au livre qu'il écrit a¥cs- fal, & aufFi a Ioannes a Lafco, voire les Sacramentaires d'Hildeberg Beze au contraire i'a reprouvé . & comme en luy fit prefenter pourra ligner étant au Colloque de Poiiïi, il en fit refus; le ne fuis attaché, dit-il, aus paroles de ces Maîtres. P. Martvr interpelé par laReine-Mere,de donner fon jugement de cette confeiïïon d'Aufbourg, qu'on tenoitpour un autreEvangile, s'en demélaavec cette rciponfe. Madame, il nous doit fuifite que nous a- vons la parole de Dieu, tout ce qui concerne nôtre fa- lut le trouve. Tout cecy fe verra mieus en ion tems au jjg eâfff Schifme Jela.France. ,<,*,^/77^^

Cnacun amii aonnoit ion avis de ce nouvel Evangile, fcver(jfietti embrafle des uns & reprouvé des autres, comme on peut y pjfâl voiràplain fond dans Sclufemburçius en fa Théologie ,;iÂ:"uï* al viniites. C eitpourquoy on appelle plufieurs Lu- £v j^ thericns mois, Chrétiens Polinques,lefquels prefenterét 2 p 7 * une nouvelle confeiïïon d'Auibourg diverfifiec delà pre- '?** miere, a l'Empereur Ferdinand l'an usi. en la ville de

-fort.' On appelle celle-cy la conkiïïon châtrée, Ctoftjften comme on appelle les autres qui paiTent feus le nom de tbâtrtu

Con-

4*1 De la Naissance de l'Hiresii, Confeffiond'Aufbourg: La ConfefTion deRegenfprucîi,' laConfefFion de Spire. Or pour reprendre l'aifemblee, le Lantgrave qui fc laiffoit emporr;r'.à fa pafîîon plus que nul autre , fut le premier qui partit d'Aufboirg fans dire à-dieu, ny prendre congé de l'Empereur , ne pou- vant rien efperer de bon de tant de Confeffions, ou confufionsdeFoy , & fe retire chez foy, fongeantplus à manier les mains, qu'à dcmcler l'Ecriture, auflï fit-il fa ligue particulière avec les SuifTes , &ccus deStra- fbourg. Vu. L'£ mpirivr prudent & avife Prince,patiente & di£

Vepntez fimulepeut-étrctrop. Ilfaut, difoit un fa,ge , obeyrau de$ Catho. coup, attendant l'heure,plutôt que de vouloir tout rora- hqncs, & pre. Et pour ne leur donner fujet de plainte, confent que Lutheries* ces doutes de la Religion foient debatus entre les Théo- logiens de l'un & de l'autre party ., a/îtftez de quelques princes & Seigneurs Catholiques, & Proteftans'. Ekius & Coclee furent les principaus du côte CatholiquerMe- ianethen & Brence du Proteirant.Ils rompent fur aucuns points, s'accordent de quelques autres, mêmes fur ce- luy-cy important de la j unification, ou par le jugement de tous îeprocez fut fait à Luther, quid'une hardiefîe effrontée avoit ajouté enl'Epîrre de faint Paul ausRo- t , mains, ce mot, Seule. Surquoy Ekius s'e'criaplaifam- La St>u de nient^ jajffons cette Scia aus Cordonniers. Coclee en fa Luther, fçr>tiéme Filipique écrit , qu'ayant tiré à part Melan- tlhon, il luy dit:Pourquoy infiftez-vous ainii fur le Sacri- fice de la Meffe (car ce fut une deleurs difputes) qui re- présente celuy que I e s v s-C^* Risra offert en l'arbre de la Crois peur nous? le ne le nie pas , ny ne l'impugne, dit Melanct'hon ( aufïi avez yous veu leur proteftation.) Kepertft, Pourouoy donc, réplique Coclee, ne les faites-vous en- de Miùn- rendre aus autres ? Dp-leur toy-méme, fît Melandhon, 8bôn x & parle à ces deus Pré tres,Iuy montrant Brence, & Sche- Ç*efa> nepius, pocr moy je ne fuis pas Prêtre : Uifuntftcrtfïcult, tgo nonfum hcrlficulîx.C'z furen t Ces mots. , a

ïi tint qu'à luy, cenclud Coclee , qu'on ne tombât «Tjccotd. Mais fou pouvoir étoit borné , & Sleidan con-

>fie eue les Proteftans, craignant que Melancthon ne fe elàchât par trop , limitèrent fa puiifance, & comme s'il toit quefUon des barge* de l'Empire , luy donnerest la

loy.

Livre lit 4tfj

îor.Ccs efprits turbulens } & hargneus craignoient tou- jours que fur la crainte que cet homme avoit défaillir, Je parti Catholic : ne prît Ton avantage. Comme ils é- toisnt en la dispute fur la pénitence & fatisfaclion, & qu'Ekius eut amené le texte de Luther, conforme à ce eue l'Egîife Catholique en croit : Sept Luthériens pre- fens s'entre-regardans ne direntmot : Melanclhon pre- nant la parole, de rougiifant : le fçay. dit-il, que Luther l'a écrit ainfi. Peut-être, dit lorsleDudanFederic, y a- dis ans : Qu'importe ? dirent les Catholiques. .

C'eft lakmencedeLutheren fon article quarante 8C unième contre les Indulgences,ou il confeiTe la péniten- ce & la fatisfaclion neceifaires en l'Egîife pour être ga- rantis contre Pire de Dieu -y tout ainfi, dit-il, que les Ni- nivites avec leurs bonnes œuvres, previndrent fon juge* ment & fon décret. Brence& Schenepius lors en colère h auffant la vois, s'écrient : Nousoc fommespasicy ve- ~}ul .., nus pour defFendrelcs écrits de Luther,mais pour le fou- .'y'J! tien de nôtre confefîïon de foy. Ainiî fut Luther de fon . y *■ vivant defavoùé de fesdifciples:Brefau lieu d'appointer "* eu tout s'apprêta pour le Schlfme. L'Empereur raporta de fapart tout ce qu'un bon & Religieus Prince amateur du bien & repos de la Chrétienté , peut faire, parlant en privé & en public aus chefs des Proteftans , pour les garentir du précipice ou ils s'alloient jetter , & les autres auiîi. Il voit que i'Alemagneparrialifee en tantde Sectes, eft une vafte mer,

js£«< net tranquille & calne , & fonuffe à ramer,

EUe efî An h zut en bas de f agio ni enflée t

Et dt Religion; divtrfement foufflec:

Elis a le cœur mutin , tûvtïsfoU Unefett

D'an bâton violent terrier fon défaut;

Il faut Mvecletims enfin fat Ureduin.

*>D 'un châtiment forcé le méchant devient pire. Mais ils feroidirent fur leur demande du Concile en A- hl'wm iemagne , & cependant Liberté deconfcicncea toutic detEmp^ monde. On fit reciter ccus & trois fois ks articles con- ntir. damnez nar les CathoIiques,& les raifons: l'Empereur de & part fuitant l'avis des Princes prononce le décret, par lequel il donc delay ans Protetfas de fe refoudre pour les doutes qu'ils cat en leur ame furquelejues p oins debatus*

ô: fça-

VIII

Luthe* au. trou

464 De la Naissance de l' Hérésie, & fça»oir s'ils fe veulent feparer del'ancienneFov de l'É- j giife, reçeu'e d'un confentement univerfel. Veut que ce- i pendant ils ne puiflent forcer leurs fujetsde fuivre leur % Religion, que rien ne ioît altéré, rien imprime en leurs * terres, contraire à la doctrine de l'Egiife Romaine, & les I Ecclefiafriques remis en leurs biens, le tout jufquesà I ce que le Concile en ayt déterminé. Les Pioteitans fe pleignent de ce décret, proteftent toujours, grondent, I & tournent tous leurs penïcrs pour obtenir par les armes, - ce qu'ils ne peuvent par leurs prières.

Fendant que cette Dietefe tint à Aufbourg, Lu- *; ther étoit aus écoutes cja laFranconie, bien ayfedevcir tout le monde empreifé pour luy.il nechomme pas po ., > tant, ains fait un difcours fur le Pfeaume , ^hwre /remue- rut ri*m t**u%* comme fj cette a fie m biee étoit convoquée

d'Agio. contre Dieu. En après il mit au jour un livre qu'il dédia y ausEvéques affemblez a Aufbourg, pour leur perfuader de recevoir fon Evangile. Comme auifr d autre côté il e- ' cri vit aus Princes Protefrans pour les encourager a main- tenir la pureté de la doctrine Evangelique , iqu'iileur avoir m entré. Voicy le confl-il qu'il ieur donna fur 1ère-,"

dbliflement des biens delEglile. On vous demande sneititution des biens Ecclcfiaitiques . & des Moines ti- ssez de leurs clapiers. { C'étoit un fâcheus articlç j de- mandez leur la reiliration ces âmes perdues, lesinno- « cens meurtris, & les biens ufurpez. Quand ils auront fatisfak a cela, nous debatrons lors a qui les biens fa- ciez appartiennent. A toute heure il avoit avis de ce fepa'fcit en ralfemblee, les courriers s'entre- chflqucient jrourluy porteries nou t comme il ne craigi

rien tant que la pais de l'Egiife, ayant peur que Melan- dthon homme de composition , qui ne iaiioit que gémir le.urer pendanc cesdefordres, ditSleidan,nefeiai

Arrog4nct s- '~: a V«Iq«« accord : Car cette ConfeÛlcn s'avoiime

'r# un peu de la Religion Catholique, & plus que Luther ne

jioit:Illuy tentées mets, après l'cvoir encourage de

-,re;ever fou amc abatte •: ae«

,,C|Ui fe fait pour accorder la dodrine,rne vient a c

,;c'œur:Car ce n'eft que tems perdu,hle Papencconfent

pegtne être aboli. Cet enfant d'orgueil vouioit qu'on

fe YJngetterafespiez, çrkrrp : avoir

U;:trvi .'_V*

%

J;w4

1016 témorv 'Histoire

Livre III.

4*5

4cja déroché ce ferme rocher , fur lequel fonauthorité tft fondée. Melancthon au contraire difoît , qu'il fal- loir reconnoître un fouverain Chef de l'Eglife, qu'autre- ment toutiroit en defordre, & confufion. Ainû" avoic fait Luther , trois ans après qu'il fut échappé de l'£glifeA. écrivant a Léon, comme au Vicaire de Dieu, qui avoir, difoit-iljlcsyflues de fa vie, &dcfa mort en fon pouvoir. Il nommoit lors Vicaire-de Dieu en terre , celuy qu'il ap- pela depuis le Vicaire duDiable.

LES PROTESTANS S'ASSEM-

SLINT A SmALCADE, ET CE Qjf E

le Pape Clément fit pour convoquer le Concile.

Chapitre VIII.

la tournée d ' Auslonri^yorn- fuejes Prote/lanss'ajfero- tient * Smalcade. i.

V Empereur fait élire /on frè- re Roy des Romains.

Clément envoyé devert les

Princes Proteslcms. 4- Paul publie le Concile.

i

Fait la pals entre l'Empereur & le Roy.

6. Bouffonnerie de Luther*

Et te mémorable journée fut ainfî rom- x. pue, au grand regret de Charles, fans au- ta tournée cun autre effet que d'avoir fonde les vçlon- d'Auf- tezd'un chacun, &ayec un indicible plaifir bourgrom- de Luther, qui ne craignoit rien tant que pu'e\ *> l'ouverture de la pais en l'Eglife. O infâme & vilaine «Dicte î difoit-il, en fut-il jamais tenue de plus mal- jîheureufe? Mais s'en pourra-il cy après tenir de fi mi- »ferable? Ilfaut que tout le monde le fçache, &quela ^Germanie rougifle de honte. Que dira le Turc quand »»il fçaura nôtre Empire être ainfi maniée ? Que diront aalesTartares&lesMofcovites? Qui eft-ce qui nous re- doutera, ou qui fera cas de nous, quand il entendra

G g 33 que

;

464 De la Naissance de l'Heresie, & fçatoir s'ils fe veulent feparer de 1'aocienne Fop de l'E- giife, reçeue d'un confentement univerfel. Veut que ce- pendant ils nepuiflent forcer leurs fujetsde fuivrc leur Religion, que rien ne foit aiteré , rien imprimé en leurs terres, contraire a la doctrine de l'Egiife Romaine, & les Ecclefiaftiques remis en leurs biens, le tout julques à ce que le Concile en ayt déterminé. Les Proteftans fe pleignent de ce décret , proteftent toujours", grondent, oc tournent tous leurs penfers pour obtenir parles armes, ce qu'ils ne peuvent par leurs prières, vin. Fendant que cette Diète tint à Aufbourg, Lu

Zuthe* t1liel étoit aus écoutes cii laFranconie, bien ayfe de vei

au trou- tout le monde empreiiepourluy.il ne chomme pas pocir- , fa tant, ains fait un difcours fur le Pfeaume, J>h:*refrer»ue- me ri'nl %enIei> comme ii cette afïemblce étoit convoquée

AA.iïb. contre Dieu. En après il mit au jour un iivr-3 qu'il dédia ausEvéques aifert.blez a Aufbourg, pour leur perfuader de tecevoir fon Evangile. Comme aulïi d autre côté ii e~ cri vit aus Princes Proteftans pour les encourager amain- tenirla pureté de la doctrine Evangelique , ~_qu'iileur avoit montré. Voicy le confeii qu'il leur donna fur 1ère-, ro-abliiTement des biens de l'Egiife. On vous demande 3*reftitu:ion des biens Ecclefiaftiques . 5: des Moines ti- ssrez de leurs clapiers. ( C'étoitun fàchcus article) dé- co mandez leur la reititution des âmes perdues , iesinno- » cens meurtris, oc les biens ufurpez. Quand ils auront fatisfak a cela, nous débattons lors a qui les biens fa- crez appartiennent. A toute heure il avoit avis de ce qui fepa'Tcit en l'aflembleeyles courriers s'entre- choqueient- jour luy 'porteries neuve: les. Et comme il ne craignoit rien tant que la pais de l'Egiife, ayant peur que Melan- ii homme de pompon tion , qui ne faifoit que gémir & pleurer pendant ces defordres, dit Sleidan,nc fe

Arrogante ailer * quelque accord : Car cette Confcflicn s'avoihne jfc un peu de la Religion Catholique, & plus que Luther ne vouloir : Il luy écrit ces mets, après l'rvoir encouragé de ,3ie!ever fon arne abat'ue d'eunuy. Toute cet^emenee 3, qui fe fait pour accorder la docinne,me vien: a c ,,cœur: Car ce n'en: que tems perdu,h le Pape ne coufent ,,ibn règne être aboh.Cec enfant d 'orgueil vouicû qu'on fe vin r je: ter a (es piez, crier m - avoir

Livre III. 4^

iéja déroché ce ferme rocher , fur lequel fonauthorité tft fondée. Melancthon au contraire difoit , qu'il fal- loir reconnoître un fouverain Chef del'Eglife , qu'autre-, ment toutiroit en defordre, & confufion. Ainn" avoie fait Luther , trois ans après qu'il fut échappé de l'Eglife^ écrivant a Léon, comme au Vicaire de Dieu, qui avoir, difoit-iljlesyiTu'es de fa vie, & de fa mort en fon pouvoir. Il nommoit lors Vicairede Dieu en terre , celuy qu'il ap- pela depuis le Vicaire duDiable.

LES PROTESTANS S' A S S E M<

BLINT A SmALCADE, ET CE Qjf Z

le Pape Clément fit pour convoquer le Concile.

Chapitre VIII.

La tournée cT Atahourz ,r om- puejes Proteftanss'ajfem- blent « Smalcade. i.

V Empereur fait élire fon frè- re Roy des Romains.

î- Clément envoyé devert Us

Princes Protestant. 4- Paul publie U Concile.

f- Fait la pais entre l'Empereur & le Roy.

6. bouffonnerie de Luther*

E t t e mémorable journée fut ainn" rom- j, pue, au grand regret de Charles, fans au- La tournée cun autre effet que d'avoir fondé les vçlon- d'Auf- tezd'un chacun, &ayec un indicibleplaifir bourgrm- deLuther, qui ne craignoit rien tant que pHf\ *> l'ouverture de la pais enl'Eglife. O infâme & vilaine «Dicte ! difoit-il, en fut-iljamais tenue de plus mal- «heureufe? Mais s'en pourra-il cy après tenir de mi- «ferable? Il faut que tout le monde le fçache, & que la ^Germanie rougiiie de honte. Que dira le Turc quand »il fçaura nôtre Empire être ainfi maniée ? Que diront «lesTartares &les Mofcovices î Qui eft-ce qui nous rc- « doutera, ou qui fera cas de nous, quand il entendra

G g «que

\S6 De la Naissance de ï/Heresie, donnante i «que Iemai-hcureus Pape manie les Alemans ; & en fait p*réles de «commrdtS Fats, des badins , àts en fan s , & des troncs? Luther* aal'ay aifez vécu, je commence a venger mon Seigneur. «Se «mon Ciî ri st, du Paue. Ils fendront encor Luther a- oipresiairorc. Quef: je n.eurs en cette guêtre Papale, je «trainerav après mcy un grand troupeau d'Evéqucs, de ?sPi't très & Moines ; afin que je fois conduit en Procéd- as fîori c.u fepoIchre,Mais ils iront à tous les Diables dans aales abîmeS des Enfers, & mcy entre les bras de mon 33 S a v v e v R.

Ainfi foudroyait Lcther. Les Princes &: Seigneurs, que il avoic empoilcr,nezdefonerreur,& qui (empirant, nott après la reformation, mais après la Liberté Evangeiique, s'ûiTembient aSmaicade (c'étoit le rende vous ordinai- re, où quelquefois Luther, Mclan<fthcn, Bucer, Ofian- der, &autrcsfe trouvent) non pas pour difputerde l'E- vangiîe.ou affermir lapais, mais pour aviferfourdemenr, aus moyens de faire ia guerre. AufTi Luther laborieus é- criyain, mit fondais un livre en lumiere,oùil annençoit la damnation éternelle a cens qui porteroient les armes .•".hb.pA. ^fousltsçnifèigqes de l'Empereur. Que nul, dit-il, n'o- tnomi. „bey!ic a Charles V. s'il veut s'armer contre nôtre Reli- gion. Ccluy qui le fera fe damnera éternellement. Ce fut la quelque formulaire de la Religion fut drefTé, encore que Sleidan n en parle pas : Car on a veu les let- tres delan Guillaume Duc de Saxe, mifesau devant du „cors de la doctrine de Turinge. Nous proteftons qu'a- uprès les écrits des Prcfetes, & Apôtres nous cmbrafïcns >;& tenons a grand honneur les articles de Smalcade, ,,dreiiez par Lucher , lefquels nôtre cher père IanFride- ,, rie Electeur d'hcnnorr.L'e memoiie a tellement prifez, ., qu'en fes plus grandes afflictions il n'a recours a autre ,, livre qu'a çcluy-la, &c. En cette affembiee de Smalca- de lettres furent drelVees a tous les Princes de la Chré- tienté, pourtemoigner leur innocence & implorer leur iecoursen JacaufedeDicu, & reformation delonEglile Chrétienne. S'ètant fait par les armes Roy de Danne- rnarc, il entra en leur ligue: comme le trairtéde Ncrem- berg ils le reçoivent, ^ie Duc de Wuembergauili, en- iembie pluiieurs viiks.

CeU appuyer & conquête, le;:.;£couronncr

par

Livre III. 457

bai les mains d'un Predicant Luthérien, & pour s'affea- rer change fa Religion. Mais les pays de ce Prince usurpa- teur, méritent un chapitre à part, lors que j'entreray en LEtat particulier des Royaumes qui eurent part aus fo- lies deLuther.HenryRoy d'Angleterre,quoy qu'il n'eut ninry aucune alliance avec les Luthériens pour la Religion , fi r///. /e/j- eft-ce que l'inimitié qu'il portoit au Pape & ai Empe- rrHSt reur5cornine fon hiftoire vous montrera, eut plus de pou- voir que l'obeyiîance qu'il devoitàDieu. Il entra donc en la ligue comme les autres. Sieit ce que les Sacramcn- taires Zuingliens, & les Suifles leurs parrifans , ne peu- rent être reçeus, & remit cela Ian Friderîc à fon Peré lors malade: Luther aulli s'y oppofa vivement, de forte qu'ils en furent- forci os.

L'E u p e r e v R craignant, quoy qu'il ne fut lors qu'en ir, la fleur & beauté de fon âge, que par fa mort nouveaus L'Lmpe- troubles vinflent a naître fur le chois de fon fucceffeur: reur fmii Délibère faire élire Roy des Romains fon frère ferdi- tltr$ fin nand, & ainfi luy defigner l'Empire après fa mort. Quel- frtre Roj quesuns ladeffus, difent que l'Empereur Charles étoit des 8.9- plusfoigneus de continuer l'Empire en fa maifon, que mains. de rétablir !a vraye P.eligion, & depuis il voulut faire corriger à Trentela Bulle d'cr,& faire élire fon fils Prin- ce des Romains, au préjudice de Maxim iîian deuxième, comme il fe voit en unemifïiYe de Meillre lacques A- miot,écrite au feu Sieur de Morviilier Confeillcr au Pri- ve Confeil, far les occurrences quifepalferét lors en une feffion du Concile. Les Princes Prcteftans mandez pour cet effet à Cologne, s'affemblent tout au contraire à Smalcade pours'y oppofer, renouent de nouveau leurs a'iances. Mais cependant l'élection fe fàit,^& Ferdinand eft déclaré Roy des Romains, reçeu & couronné fuivanc ccûtume.Vne nouvelle journée eft proclamée à Spire. Le Duc de Saxe & fcsProteftans fommezpar l'Empereur , des'y trouver,s'excufent,demandentfeureté;difent qu'- ils ne veulent quelque part qu'ils fe trouvent, être privez Luthirlcrj de l'exercice de leur Religi 6 ny de la topagnie de Luther, pubtis un qu'ils veulent mener quant-&-eus. Ces remifes furent livre) par caufe de remettre la journée à Rati(bGne,puis a Nôrem- lequel il berg.Cependaut les nouvelles arriver du grand app t de montre foLucàn,le<juel ayerty du fui: ie Lu;her,comme je diray qtfil G g % mieus

463 Dzla Naissance de l'Hérésie, efihijîb'e mieus a propos bien tôt, &de iadivifion que leSchifmc i*ymtr avoir caufeparmy les Chrétiens, s'apprctoit pour atta- tcnire U qucr les frontières d Hongrie, foiicité, difoit-on, par les Magïfiiat. Proteftans. L'Empereur voyant l'orage tomber fur la Chrétienté, & la mauvaife volonté des Princes liguez, Cecyfut tft forcé octroyer une furfeance des Edits precedems,a- Van 1332. vec prohibition de n'inquiéter perfonne pour le fait de ia Religion , jufques a ce que le Concile promis eut don- né fon Arreft. Délivré par ce moyen de la crainte des Proteftansquin'avoyentfujet de quereller: Il s'achemi- c ,, ne en Autriche, & logeant fon armée prez de Viene,arré- * te la fureur de celle de Soliman , qui le retira fur fon fu-

mier, comme fit auflî l'Empereur lequel ayant licencié fes forces, pafla en Italie pour conférer avec le Pape des mal heurs de l'Alemagne, & chercher les moyens pour y pourvoir: in. Clément aflis fur le plus haut des affaires delà

Clemrnt Chrétienté, voyanteette nueede fedirion,pleinedegré- envoyé de- le &tônerres, fegroflit tous les jours, furie point de cre- vers les ver,& éclatter fur la pauvre Germauic,& mieus encorin- Trinces ftruit par ce qne l'Empereur luy fit entendre de bouche, Vrcteflam. envoyé pour la dilTîper devers le nouveau Duc de Saxe Ian Va 1332. Fridenc, qui fut le chef des Proteftans après la mort de Ton Père , luy promet le Concile qui devoit être le juge desdifferens qui font émeuz pour la Religion. offre Bou- longne, Plaifance , ou Mantouë pour l'aïïembler. Mais la mort ne luy donna le loifir d'en voir feulement lesap- pretz. Paul troifiéme qui luy fucceda en faitdeméme, aiîigne le lieu a Mantoùe ville Imperialle , & feureté L'un UjJ Pour ccus 4Û* voudront venir, voire des otages. Leur remontre que tant de nations diverfes qui fe trouve- ront au Concile, ne pourront prendre afîeurance dans l'Alemagne, tant d'Hcrefîes pullulent : Qu'il a fait chois d'une ville Yoiiine, ou tout le monde auraaccez facile.

Mais les Luthériens opiniâtres qui veulent donner la Loy , difent qu'il le faut tenir en Alcmagnc, fans dépen- dre de l'authorité du Pape, queccn'étaiuy delafsébler, encor moins d'y preiider. C'étoit la leçon queleur Apô- tre Luther leur avoit appris. Le bon homme fçavoit bien que j amais Concile n'a été tenu en la Chrétienté , le

Squyc-

L I V R I III. 4*?

Souverain Pontife n'ait prefidc , ou en perfonne , ou par fes Légats , & n'a eu force que de fa confirmation. Mais avec le détordre, il voulut mettre un ordre nouveau en l'Eglife. CeluydeNicc, qui fut le premier, fut-il pas confirmé par Silveftre, Ofius en fon nom prefida'Ce- JuydeConftantinople,parDamafe? Celuy d'Efefe, par Ccleftin, prefida Saint Cyrille fon Légat ? Celuy de ^ c . Calcédoine, parLeon. prefiderent fes Légats , dttE- , vagrius?LesdcusdeCôftantinople,par Vigilius 5: Léon; J tdi' celuy de Nice, par Adrian, comme fut aufli le troifiéme p de Coliftantinople , par Adrian fécond? Calixteprefida- ■' ilpas au premier tenu àLatran? Innocent troifiéme , au fécond? Innocent quatrième , à celuy de Lion? Clément cinquiéme.aceiuy qui fut tenu à ViencjEugene quatriè- me, a celuy de .Florence? Léon , au quatrième tenu àLa- tran? Ce font les dis-fept Conciles generaus, fur lefque's toute la Chrétienté a toujours déféré l'honneur , la pré- rogative, &l'authorité dufouverain Pontife, que cette ipoignee d'hommes luy ont voulu arracher.

A ouyr gazouiller Sieidan, lois qu'il parle du Concile, iv. ondiroitquc le Pape ne craignoit rien tât que l'afséblee ?*ul pu~ diceluy: Ettoutefois tous les penfers de Paul troifiéme bttUccn* parmv cette lourde malTcd affaires, qui le déchargeoi- *'«*• ent furfes bras, ctoient tournez fur ce fujet. Tout fon entretien , difent tous ceus qui ont touche fa vie , encor qu'il fut rompu d'âge , & de divers foucis , pour la con- duite de la Chrétienté , étoit d'acheminer un faint Con- cile, pour amortir tant d'herefies acrues au temsdefon Pontificat. Malheur qu'il dcploroit a toutes heures. Ne l'ayant peu affernblerJuMantouë, il le remit à Vincenne, ville de l'Eftat de Vcnife ; il envoya fes Légats, afin de ç pAn convier par fon exemple les Princes, d'y envoyé* leurs /J?f AmbaiTadcurs : mais la froidure d'aucuns rendoit attié- die l'ardeur des autres, de forte que tout y alloit lente- ment : Cependant que l'hetefie avec une viteiTe mervcil- leufc s'epandoit par tout , mêmes dans le Royaume tres- Chretien, comme je diray au livre feptiéme : ( car je n'ay voulu embarailer les affaires de nôtre France parmy cel- les d'Alemagne. ) Le S. Pcre folîcite les Protcftans par fes Nonces , qui ingrats & méconnoiffans , fe tiennent tou- jours fur leur targue,fî fiers, & rogues, qu'il fembloit que

G g 3 ce tuf-

47© De la Naissance de l'Heresie, ce fuiTent les feuls modérateurs de la Chrétienté. T# Povr faciliter cette fatntcemreprife,le Pape fit rantx

taf>nti que lapais fut conclue, & arrêtée entre l'Empereur & le tntrel Em rov: leur ailîne Nice pour s'entre-voir, ce vénérable pereur, ry> vieillard plejn de jours, Se tout croulant deviei!leiTe,s'a- URoy. chemina: Il les conjure, les iar.mes ausyeus , par toute J'arFection qu'ils avoient au bien de la Chrctiété,fe vou- loir trouver au Concile, pour établir le repos de l'Eglife de Dieu. Mais les affaires de leurs Royaumes n'aguieres emWarralTez de la guerre, & quinecommençoient que dcrefpiier, ne :e peurét permettre. Ce bon Pontife à tou- tes les entrées au Conclave, ne crioit autre choie, que la reformation des mœurs de la vie des Ecclefiaftiqaes , & fnr tout de la Cour de Rome, fujette parmy les flus&re- iîusde tant de nations , qui y abordent, a mille débau- ches &dirîolueions:delà, difoitcebon Pontife , toutes les herciîes. Il donnala charge à quatre Cardinaus, & quelques Evéques d'en dreffer les cayers, ce qui fut fait: Mais contre un mal fi invétéré, & une corruption fi. uni- venelle, qui s'éroit faine, non feulement des Officiers de l'Eglife, mais de tous les Ordres de la Chrétienté , il y f >!!oit divers remèdes. Ce n'étoit pas befongne d'un jour, ny chofe qui' peut être remifetoutà coup en Au îivrs première pureté. Ce'uy iafe trompe pourtant, qui di: des w/ies cette rcforrr:a:i!.m denrée par le Pape, regarder non feu- p:cc~.u*ei lemen: les moeurs, mais la doctrine : Car celle- cy ci: ïr. K:f r- toujours demeurée entiers, félon les infaillibles promeû V»tz. f"$ de Dieu , & ne dépend de la bonne, ou mauvaife vie

dci\: vr. Lvthïr toujours femblaHeà foy-me'mc , fe mo-

::.. quant du faintdefir de Paul . publia un livre contre cette riei 'Je Lu- refbrmaticfà, avec une peinture , le Pape étoit aihs en Jhsr. fon thrône , environné de Cardinaus, lefquels avec des

quc'ueç .!e Renard, ramonnaient les ordures haut &bas: Profete perpétuellement mocqueur , perpétuellement: bouiton.LeDuc de Saxefe comportoir avec quelque ré- vérence & modeftie envers le faint Siège, écnvoit auPa- Braverie pe avec paroks d'humilité. Maislc Lantgrave chermi- autant- gnondeLuiher, d'un cœur rcgue& félon, ne reveroir gr«ye. autre authorité, que celle qu'il avoic forgée à Smalcade, & vin: fen audace à ce DointjOii'ayant kPape commanr

Livre HT. 47s

à Ton Nonce de le voir de fa part,pour l'exhorter à te- nir la main à la pais Chrétienne, il réfuta de parler à luy, pour n'avoir, difoit-il , leioilîr. Et de ce pas alla vifiter Luther malade de la pierre, à la ve'ùe du Nonce du Pape, Pour tous ces refus le iaint Pcre ne cefla pourtant d'a- cheminer le Concile, efperant vaincre par fa douceur Chrétienne, la fierté de ces Infidèles.

DIVERSES ASSEMBLEES, ET DIETES

P O V R EMPESCHER LE ScKIS'Ul;

& leur vfîuë.

C h A p

I T R E

IX.

Colloque tenu 'a Uagucnzn.

rompra caufeJe lu meda.

dit de Met an thon, z. RîWî*é a Vv>*mes } oh Lkitu

Wmbxmàiait,

i>

Ctpenàdt qiC qh dijpuie pour les obimom de Un htf , lr> Hongret tmtbient ïayit

4-

Le Duc de Saxe, &le Lanî-

grav e'sarmei contre Hen* ry de Bru)i/v$c , (5> C Ar~ Kcbevé<*ue de Cvlognefe ft»

voile.

I

T>;cts tenue à spire > & com- me Ù&'ihev 'faifoit /;• P«- \e , cenj.zcrat Us Eve- qtta.

6. ^Duve'le humes à Râtiffctù ne en T\cg£iiJî>rt4rb Jans tjfety & l-s grétàs prodiges t c>nip*r<irzrit au Ciel.

^tli&^UÇ Army tant de diffieuîtez, qui lurnsifîbi- *.

Qt jTï^ "%* ent comme à l'envy l'une après l'autre : Colloque ery /j? Charles defireus d'acheminer la pais tant tenu &

l^/S) touhaktee en i'Eglife , voyant le Turc ra- rompu* ■sJl, ^?'r^f vcuu forcer les premières barrières de la «^^F* \JiF Chrétien cé. & jugeant qu'avec raifon, qu'- en vain il entreprendroit de défendre la fretiere, s'il n'a- voitarFcrmylapais au dedans : Avec le confentement du. S. Pcre, accorde aus Luthériens un Colloque &furfeance de l'exécution de les Edus pour quinze mois. FerdinandN^ry^fVr Roy des Romains fe trouve à Haguenan , lieu aiîîgné Van ijj,q.

Gg

pour

47* D 2 la Naissance de l'Hérésie,' pour ccttcDictc , avec les principaus Evéqucs & Arche- Va 1J+0. véques, la plupart des Seigneurs Proteftans fe rendis rent aufli , fuivis d'un bon nombre de leurs Docteurs. Parmy ceus-là furentBucer,Brence, Ofiander,& autres. Luther faifoit du loup en paille , car côme les fouverains Pôtifes fe fon rquelquefois déportez de fe trouver aus cô- clles,afin que leur preséce &authoriténefemblat empê- cher la liberté, & de propofer,& de côcIure-Aum* ce Saxo qui vouloit trancher du Pape , tandis que les autres vui- dent Cqs querelles , fe tenoit à Witemberg avec fa Non- nain. furent propofez les moyens de tenir le Concile, & la reftitution des biens de lEglife, dont les Seigneurs s'étoient emparez.

C'étoitlalemal & ta douleur , ce furent les cruelles tranchées, quand on parloir de rendre gorgede ce qu'on avoit trop avidemment avalé.Us difcnt,fuivant le confeil deLuther,qu'avanc traircr des biens particuliers, il faut vuider la querelle du gênerai , qui regarde la Religion. Ferdinand demande, qu'au moins cependant qu'on ter- minera cetc&querelle, les fruits foient fequeftrcz.Aquoy les Proteftans infiftcnt. Sur cela ils furent bonstenans. On cherche de trouver quelque jour parmy ces nuits, &; remèdes a ces difficuitez,pour ne rompre la pais jurée, & promifeà Noréberg: mais a raifon de la maladie de Me- Janfthon, qui devoir conduire l'adion de ce Colloque, de/îré & des uns, & des autres, tant cet homme fçavoii pi- per les âmes: Et auiîU'abfence des Ducs de Saie, & du Lan tgrave,pafîionné outre mciure en la querelle de Lu- ther, l'alTembleefut remifeà Wormes, oùdifqient-i!s, (comme luv faifant grâce) le Pape pourroit envoyer,fans que pourtant on reconnût fa primauté.

L'Emperevr aujourdétiné,y fait trouver le Car- dinal Granvelle, comme fit le Pape fon Nonce Thomas Campege , Evéque de Feltrc. Les principaus Luthériens . .f^f' furent Melan&hon, Bucer, Brence, Ofiander, &parmy futs, ' eusnôtreFrâçoisIan Calvin, qui faifoit déjà fes apprêts, !i e' pour à l'exemple dse Luther, mettre le feu en la France, comme cet autre avoir fait en la Germanie. Si ieXedeur impatient d'attendre, defïre fçavoir quel fut ce Calvin, - fînge de Luther; qu'il paffe au feptiéme livre , il trou- vera un abrégé de fa vie. En cette Conférence Ekius &

Mcten-

TI. "Remit à

Livre III. 475

Mclanc*thon furent affrontez l'un à l'autre, braves,& cou- rageus combatans.'Mais a peine étoit la difpute entamée fur le péché originel , que par le mandement de l'Em- pereurj'affairc fut remis à Ratifbonne, il defiroit fc trouver comme défait il s'achemina. Le Pape auffi y en- royale Cardinal Coiuarin.

Cette affemblee fut grande & mémorable, pour le lu- ftre des parties qui s'y rencontrèrent , & furent choifis d'une part & d'autre des Théologies plus fçavants, pour déterminer des pointsconteutieus. En ce lieu on prefen- taun livremanufcntà l'Empereur,auqueiles principaus Articles étoiént contenus : ce livre mis entre les mains des Théologiens Catholiques , & Proteftans, eft exami- sleidanL & corrigé. Ils entrent en accord fur quelques chefs: ^ mais fur les plus importans , ils demeurent contraires. Ekius tombe' maîade, fe retire de la difpute , envoyé tou- tefois fon opinion par écrit. L'Empereur voyant cet é- trif ( car chacun s'ahurtok à fon avis) parle confeil du Legat,& des Princes, remède tout au Concile, promet luy-mémepaffcr en perfonne en Italie, pour aviier avec le S Père le moyen de le convoquer.

Les Proteftans s'opiniatrent que le différent fe peut terminer par un Concile national en Alemagne : difenc qu'il appartient a chaque Province d'établir le fervice de Dieu, &la vraye Religion, fans la remettre au Con- cile gênerai j que les autres Nations n'ont pasd'inte- reft en leurs affaires. Luther ne reçeut jamais une plus grande joye, que de larupturede cette affemblee, dont il redoiftoit merveilleufemcnt l'ifTuë, & difent les Sa- cramentaires , pour montrer toujours qu'il panchoit de leur côté, que Luther s'ecria, redoublant ces pa- roles deus ou trois fois : Courage, vertueus & pieus »>Filippe, courage , la gloire t'étdeùe , qui as peu arra- »cher ausPapiftcs le Sacrement, quejen ayjamaisofe «attaquer.

Le Lantgravequi s'étoit trouvé en cette Diette, de- Le I««f~ firant attirer ccus de Zurich en la ligue de Smalcade, le grave cau-^ joindre leur confellion a celle de Vitemberg, preffe , 8c fe d'un importune Luther vouloir abolir la coutume ancienne changeras* qu'il gardoit en Iaprononciation des paroles Sacramen- notable en talcs, & en l'élévation de l'Hoftic, à laquelle le peuple URtUgi*.

G g 5 âge-

474 Ds la Naissance de l' Hérésie, à gcnous au ion de la clochette fe profternoit , mattelanf irapoi<£trinej& ne çefTa de l'importuner, jufques à ce que en fut venu a bouc , &que ce nouveau Pontife l'eue in- terdite. Le bruit court par tout , que Luther fe fait Sa- cramentairc. Il ne s'émeut pourtant, & leslaifleenpais: car à la prière du Lantgrave , ilavoit ébreché fa plume contre eus , & n'écrivent plus : jufques à ce qu'un méde- cin nomme Erienne Vildus , étant logé chez Luther à 7Jh.Jt.fol. Witemberg, après avoir bien beu, comme le rapporte iG^Tkeo. Sclufemburgius, s'échauffa en difeours contre fon hôte, Calv. luy difant fiâchcmet > que cette deffenfe qu'il avoir L te

d'élever THofiie a l'Autel , donnoit à penfer a beaucoup degens^ qu'il necroyoit pas la realité , & qu'il avolt fait ce changement en faveur des Eg!ifes de SuiiTe. Luther hors defoy, protefta qu'il erTaccioit cette calomnie, Se promit reprendre fes anciennes armes en main centre les Sacramentaires. Melancthon étoit à cefeftin, màny au po/îiblede cette faillie qui troubloit l'ame de Luther, le- quel depuis ne ceffa de perfecuter a more , jufques a fon trépas, lesZuingliens: Et fut laguerreeiur'eus recom- mencée plus âpre qu? jamais. m. Cependant qu ils conte(tent& débattent ahur-

CepindzrS tcza Jeurpremiere opinion , fans en vouloir démordre: qnsn ïitj- les Amhaiïadeurs des pauvres Hôgrcs font tous les joars fnte pour à leurs portes, dcmâdantayde & [ecours contre le Turc, lis opinions qui tandis qu'on difuuteàRatifbonne, pour les caprices dsLutner, dcLurlier, écoitentré en Budc hege des Roy s de Kc )n- ksHtngres grie, aVoit pris P«ft, & autres Villes furies Chrétiens De implorent forte que Ferdinand fut contraint ferïecirer, & Comme ie l'tydedes plus foiblc luy ce4çr la campagne, comme jedïrafâu ii- Altmans* vre fuivant. Etant a Prague, Ville Capitale de Bohême, u- nc partie de fes fujetsd Autriche , & pays circonvôifins, qui avoientouy parier de la doctrine de Luther (car cet Apôtre faifoit voler ùs écrits par tout , en routes lâgues) luy demandent exercice du Lutheranifine, veulent ciian- ger l'ancienne Eglife, en bâtir une compoiee en partie de la Catholique, de la Luthérienne, & delà Hu/ïïte. Il les. prie d'avoir patience que !e Concile fe tienne. Voila corn* mencement de troubic-s,& ie zèle de ces peuples refroidy a prendre les armes contre ie Turc.L'aiTcmblee de Ratif- fccuneainii rompue, l'Empereur Dalle en Italie, YOtten-

Livre II ï. 47ç-

corelePape, arrête arec luy le Concile: Et pouravuec les moyens de le tenir, & préparer les forces contre le Turc, laiife le Cardinal Granvclie , grand homme d'af- faires, fur la fuffifance duquel il fe repofoit du tout. Ce- pend.mrpoucdivertir lesforces de Soliman : Iljerteen. nier uni armée navale , avec laquelle ilpalfc en Barbarie. Mais corn oatu du mauvais tems aupailage, plus que de fes ennemis, il recourue en Efpagne , fans autre exploit, qued avoir v eu l'A Afrique Puis accorde encor une jour- née a Spire , ou le Pape envoyé offrir un grand & notable fecours contre le Turc ; & par même moyen le Concile aus Alemans mutinez.Ec d'autant qu'ils ne vouloientny Tr*nte d*-. M tntoue,uy Piaifance , nv Boulogne, ny Ferrare, il leur ftpseefmfi- orFre Tteme,viile rïontierede lAlemagne, propre pour U Concile. recevoir les Evéques qui viendroient de toutes parts.

Mais cornm^ toure farce de luges font&fpc&s à ce- luyquifeiu bourrelet fa cotiièiçnce, le liea mêmes fé- puuviir:e,comrnes'il y voyoit déjà fon gibet dreiIé.'Auf- fi Trente ne piiit ion plus à ces reroraiateurs,que Man- touë C et pojrquoy Luther difoic aulivre qu'il écrit contre H Jury de Brunfvic Prince fort CathoIique:Nous n^deman ions pasie Concile pour reformer nôcredo- c.ttine,inais pour la faire publiquement cuyr, & abolir la Papauté*

Apres que les inimitiez entre les Catholiques, 5: les iv. Luthériens curent couvé quelque tems fous les cendres, Le Duc de en tin elles s'éclatcent : Iefcu & larlamme parut. LeDuc Saxe ,& le deSaxe, &c le Lancgrave chefs pour le party Procédant:, Lantor/i- s'aiment, atraquent Henry de Brunfvic, le dépouillent vscontre dcfonEcat Et ÎArcheveque de Cologne Herman,grand Henry de &puiflant terrien, Electeur du faint Empire, fe révolte Brttnfvic. deiEgliie: il envoyé quérir Sucer, le fait prêcher, puis L'Arrhe- introduit les Predicants Luthériens en divers licus. Lzi vé.jue Je Eccleiiaftiquess'y oppofenc avec allez de vertu, &apres Cologne fi avoir patienté , fe plaignent au Pape & a l'Empereur de revoit:. la folie & témérité de leur Archevêque. L'un & l'au- tre l'ajourne & le cite , mais les Proteitans l'appuy- ent , difent qu'ils le defFendront fi on l'attaque. Cet Ar- chevêque étoit homme fort ignorant, comme l'Empe- reur reprocha au Lanrgrave, quand il paria pour luy,& couine changea fa Religion que pour lbpinior; qu'il avoir

de la

476 De la Naissance de l'Heresti,

delà fumTance de Bucer : comme fi le fçavoir d un feu! homme pouvoir égaler ctluy de I'Eglifc,qui eft le thiône oureeneIefaintEfprit,lefiege ou il juge, & la chairejou ilenfeigne. Celuy certainemenr fc montre plein d im- pieté} difoit chrétiennement le bon Empereur Marcian avifortir du concile de Calcédoine, lequel après la fen- tence de l'Eglife, & de tant de Prêtres , referve encore en fon ame quelque opinion particulière. Voy Ut Sleidan rejette cette faute, quoy qu'il l'attribue à

mertfîn%4t grand honte fur Groperos > lequel a caufe de fon fçavoir de Sletdan ( aulïï fut-il depuis Cardinal ) avoit beaucoup de crédit fur cet v envers l'Archevêque. Mais il s'en exeufe par fes écrits", dans Ko- confefTe avoir traité avec Bucer, comme avec un homme vertu rer. de lettres, quiluy envoya une confeflïon de Foy toute raemo.i. j». Catholique, pour fous ce mafques'inlinuer en la bonne grâce de fon maître. Et Rovcrus recite que Groperus d'un ze e vrayemét Chrétien luy dit , lors qu'il le pceiïoit de confentir au changement qu'il deûroit faire. Plutôt perdray-je mille vies , fi jeles avois , que trahir la caufe: 7 » -r >>C'ét pourquoy Beze dit j Tuasété trahy Herman.par „Ian Gropef l'un de tes familiers, comme Iesvs-Christ ,,lefutpar Iudas. Ce traître en reçeut les gages, a fçavoir 7,la morts 'étant étranglé par les cordons d'un chapeau ,, de Cardinal. Il ne s'ét pas contenté de le dire en fapro- fe,encore a-il voulu l'exprimer en fa rithme: Voy d'un autre coté te mal-h:urem Groper, Qjtfon ît!gnturtromt>*nt , fon cœur Uiffe attraper, "Etrangle d'un cordon à* un château dei établi. De la grâce divine Herman ejt le témotng A celny qui du Gulplm que du monde a (oing, Groper montre de Dieu l* vengeance effroyable. Vn pauvre fot prenant au pié de la lettre les mots de Be- ze,mevouloitfaireacroire, queGroper avoir filé un li- col du cordon de fon chapeau & s étoit étranglé de fes mains.au heu queBezeveu: dire , Tapent d un chapeau luy avoir ôtc la vois qu'il vouloir employer pour la def- fenfc du Lutheranifme.

Ce fut larecompenfe de fes vertus & de fon fçavoir, dontilalaiiTéde belles marques, mais nonlefujct de fa confiance. Ce docte perfonnage, chargé d'honneur 3c à'annees , que nos hiftoxiens appelcnc 1 honneur & l'or- nement.

Livre ÎIÏ. 477

liment de l'Eglifcde Cologne rendit l'ame àDieul'aa I55y. & fat Ton cors log ; aus piez du fepulchre du bon A- drian VI. LArchevéque vouloir vo.i.t Bucer, non pas di- foit-il au commencement, pour s'engager rn Ton opmi- cm,mais pour marchander avec luy,& le rendre tout fren> ue confiderant pas , que ny plus ny moins que celuy qui net exercité a plonger, en cuidantfccourir celuy qui fe noyé, étant embraiic par luy , cft îuy même? tiré a fond; qu'auiîi ri pourroit être feduit par celuy qu'il penfoit ti- rer à l'Elfe: car la grandeur de fa maifon,&nonfafuffi- fance,avoit élevé cet homme a cette dignité des premier* d'Alemagnc. Or L'Archevêque Lutheranifé eftpourfui- ry à Rome,& trois ans après excommunié. Adolfes Scha- nembourg, qu'Herman avoit choify pour foncoadju- teur, eft nommé parle Papepour Archevêque, &enfîn duconfentement d'Herman inftallé. Celuy la remit en V** partie ce que l'autre avec fon Bucer avoit gâté , & furent i*+1 «8 tous les partifans de l'ancien Archevêque privezdeleurs Unvttt* dignitez. Ainfi l'herefie qui s'etoit plantée dans cefie- ge,enfijt bannie bien loin, contraint ce pauvre Herman d'aller pleurer fes péchez &: fa faute en une petite ville du Comte deViden, ou il mourut l'au mil cinq cens cin- quante & deus.

L'Emperevr qui remua toutespicrrei pour mettre v." en repos l'Alemagne, ordonna peu après une nouvelle Bitte tt* Diète à Spire, o u le Roy Ferdinand & tous les Princes fe nuéaSpi» trouvèrent avec luy. Ce ne furent que plaintes des Ca- re,&c»m^ tholiques, &Proteftans. Ceus-la acculent ceus-cyd'a- meLuthtv voir intelligence avec le Turc:les Pro teftans chargent les fuifoït U autres de vouloir entreprendre fur leur liberté. Laque- ?a$t> relie de Henry de Brunfvic Catholique, contre le Duc de Saxe, & le Lantgravc Luthériens, fe met fur le bureau, & les conquêtes font remifes enrre les mains de l'Empe- reur, Brunfvic Catholique contre le Duc de Saxe Luthé- rien. Toutefois portant impatiemment de fc voir dé- pouillé,avec layde & fecours du Roy de France,quelque tems après dreife une armee,rentrc en Ces terres.mais luy- mémes toba entre les mains de fes ennemis. Luther crie: Sîtid^nlh Puis qu'on tiét le Renard(ainfi appeloit-il ce Prince qu'il *f\ hayoït amon qu'on le garde. Et fait un livre a deflein delius, qu'il addiclTe a 1 Electeur de Saxe,& au Lantgravc,

C'a

478 De la Naissance de l'Heresié, Cet là, ou de r-cuveau enflé de cette petite victoire, il sofonne- la trompette. Qui ne prend les armes , dit-ii, «quand 1! peut, celuy-la refufe ce que Dieu luy prefen- »tc Iliedétournea main gauche, &comraeon dit,fe « couvre de Ton chef , & tente Dieu.- de forte qu'il ne fe 3= faut pas étonner on !uy rorrpla tête, & s'il reçoit les 33cous. Dans ce livre il témoigue le regret qu'il avoit, fiftqturies qu'au lieu du Duc &fcnHlspnfonniers, ils ne tenoient àsluîhtr. aïJesRois de France & ijr' Angleterre. l< le voudroisde 33 bon cœur, dit-il, mai; cependant ne laiifez échaper «vôtre homme : Ce feroit tenter Dieu , eu il apprenne ascettelcçcnpourfapenitence : Dieu trefbon , j "ay corn- 3jmis tant deméchancetez , & cependant tu me châtie a; u légèrement , je veus porter cette peine jufques au » dernier) our de m a vie, renonçant à toutes les Seigaeu- aîriesque j'aypolfedé , comme celuy qui en cft a bon 33 droit privé , me reconnoiifant indigne d'en avoir le •«gouvernement. Tu tsjufre Seigneur-Scjuitemcnt, mais 3'certes trop légèrement m'as tu traitté.Ainfî fe moquoit Luther de ce pauvre Prince,parce qu il portoit beaucoup de zèle S:âc paillon àladeflfenfe de fa Religion. Les H:r.~ i a dedans il fait le Profete : Si vous le laiifez aller,dir- irtum- i!,les Papiftés qui prient Dieu pour luy , diront a bon fbrent ft- droit que Dieu cit de leur côté, puis qu'il a exaucé leurs wcurs. requêtes. Mais il ne faut pas craindre leurs oraifens, non

plus quT lie faifoit celles des Profetes deBaal. Il nous faut rire des prières des Papiites,& de leurDieu.I'ay hon- te de pourfbivre les exécrables & puantes paroles qu'il jette à par devant & par derrière : Profete fale & mo- queu:,[ur la perpétuelle prifon de cePrince Catholique, :: depuis étant en liberté, fes preneurs les fers aus piez.te'rnoin l'amende honorable qu'ils firent a leurPrin- eéofFeiïfé comme jediray en fon lieu.Or fuivantle con- ïz'ûiz ce Profère, le Duc fut logé en prifon, fans qu'il feu:, quelques offres qu'il fçeùt faire, recouvrer fa liber- té, que paria captivité de fes preneurs.

Les pauvres Hongres qui maudiflent Luther & toute fa fuit te, étoient cependant a Spire , vont de perte en porte ctaller leurs miferes & calamitez , implorent ayde fcfecôorè dès Princes & Seigneurs. Les Catholiques leur from«îteu:,îf:: ^ctsftaas «ùfl^mais avec leurs protefta-

uons

ilVRÏ 1 1 ï.

ti«ns ordinaires. L'Empereur accorde quela quercllede la Religion demeuicrou en pais, jufcjues au Concile que tous ii',u ne vois demandoicnr. Mai'» Luther cjui le vou- Joità fonapetit , dit que ces demandeurs de Conciles font portez a'uaze1ciuconn'dcrc:iIi ne -fçavcnt qu'ils de- mandent. Ce fondes gtans jours de Saihan ôclesaiTizes del'Antechnft, difoit Luther. Sui ce fujet il cdmpofa un livre en langue Alemande, ou félon fa coutume il fie tailler une planche, qui repre fente le Papeài'entree,aiîis en une chaire, avec force Diables à l'entcur. Iarnais au- cun livre ne fortoit de fa prenne , fans porter quelque en- feigne de fa folie & témérité. Son principal delîein étoic d'cin pécher que les Aiemans ne fe foûmiuent au Conci- le. Mais poarquoyn'eùt-il blâmé celuy de Trente, puis qu'il appelé les Décrets de celuy de Nice,defoin,de pail- lerions inutiles ; & qu'il fe moque de celuy qui fut af- femble par les Apôtres.2 11 ne faut obcyr,dit Luther, à ce iutj, ;; fe Conciie, autrement il nous faut abfrenir des lcvraus,la- ç6nc;i pins, tourtes, faucifies , & autres delicatelTes ou entre le ïang. Cependant que ce bon homme s'écrime ainfî con- tre ialiesiblee du Concile , ilfaifoitdu fourerain Ponti- fe, conferoit les benefices, voire confacroit lesEvéques: Car comme celu) de Numbourg fut mort, &qu'unCa- C**jf *- thoiiqueeûr été cieu, l'Electeur de Saxe, illicite par Lu- vintVp.n ther , cafla l'élection , &. en mit un a f? pofle, quiétoit JJfs* Théologien de \v::ttinbcrg,iequel Luther reçeut,&éta- blitEvéque, luy impofa les mains. Quelmôntre! un fît) pii_ Prérre, £c Prêtre renié , qui ne pouvoit donner les Ordres de Pxétrife, ordonne & ccnfacie unEvéquc! // huit tmfif$ifir,dïCoit S. Athanafe , q:<e 1rs OrUintiiom frites j.^ ^ f*r Stamàw Lttqas Art un , fo;tjtt rpfreu vut de l'IgUfe Ca- t^ 2 ' tbaitqtie. Qu'eut il dit d'un Apoftat, & d'un /împîcMoy- ne, comme çtoit Luther , qui ofe cenfacrer un Evéquci L Efrequefeuiimpofeles maiii^ccmrac pn voit en divers ikus des A&es. Ce bon àjôjrûç avoir appris cette leçon M.s. >> ûAiâ^js , qui ceniondoit le pouvoir des Prêtres dans ce- j¥. l'jy des Evcquesjccmme écrit Ëpifancl/Onte^ titres, j. Tim. * $ttri\,nxmger.di e que desenf*m à ï t0et dor.r.zr.t le BtpUme: Hm 7 s. ieslvt^ttêstnggudre^dtsiires. G r parce que les Protetfans, fous prétexte qu'il n>- vi. voient accez a&ez aû$ tue au Concile, demandaient une NôvwQê

coflfe-

aSo De la Naissance de l'Herisie, )ôurnetk conférence amiable, &un colloque compofé d'Aleman* ZMtifi-9/ig, feulcment,les Catholiques leur offrent feureté pour être ouys, les en prient. Difent qu'on a veu par expérience, que toutes ces conférences nefont que des allumettes pour embrafer le feu de difcorde,& diviûon: Qu'uae feu- le Province ne peut donnerlaloya toute la Chrétienté. Les autres s'opiniâtrent a leurpremiere refolution, pro- testent qu'ils n'entreront en guerre contre le Turc, fi on les éconduit. L'Empereur découvrât de jour à autre leur xnauvaife volonté, envoyé devers Soliman, pour obtenir quelque trêve: carilfçavoit bien qu'ayant un fi puiiîant ennemy en &cte , & de fi dangereus fujets dans le cœur,il pourroitmettrelaChrerienté en eminent péril, fiatta-

' y quant le dehors, il étoit aifaillv au dedans. Cependant

Cette / * i j j -. r

pour tenter la voye de douceur 3il accorde encore un col-

l°u .?' -loqueàRatifbonne, quatre Théologiens Catholi- f1* quesfe trouvèrent, à fçavoirMalvenda,Eberard;Hofme- v ^tVA* ^er>&Coclee, & quatre de la part des Protcftans, Bucer, ' Aft ' Brence, Major, & Senef; car Melancthon étoit malade. , , " Outreceus-là huit auditeurs, & deus Prefidens. Bucer «4* étonna fort le party Luthérien parles lettres qu'il écri- rai <ï«C^- T j ' r\ \ i , . vit au Lantgrave du vingt-quatrième Décembre, mil

f ,'", cinq cens quarante & cinq avant aller à Ratifbonne, ou t'I dam le .. ^ r ,. - 1 .

J ., il commence ainh. Voicv le vingt-cinquième an que

3. vous nous tenez pour hérétiques. Le Lantgrave en don-

Itvrt re- r% - j V c i r r b i

ne avis au Duc de Saxe, &celuy-cy aFilippe : car par les

lettres de Bucer on reconnoifïbitrentredeus qu'il cher- chok en fa reformation , entre les Luthériens &les Ca- -tholiques. Ievoybien, écrit Pilippc, qu'on veut faire «icy un mélange des opinions des Papiftes , & des Con- «feilioniites, ce fera l'entrée du nouveau Schifme, &Ia »ruyne de nos Eglifes. Tout homme qui aura tant foit »peu de fens , peut juger qu'eft-ce que nous devons at- tendre, fi chacun veut produire en avant la Religion L' op'tnion »forgee en fa tête. Or tous fe rendent au jour alnné: desCatho. Malvcnda, & Bucer par deus feances entières traitterenc tiques, le point delà Iuftmcarion , avec beaucoup de vehemen- $ohtU)u~ ce,furlequcl tous les herenquesfe font toujours le plus ilincAUerJ. opiniatrez : car la créance del'Eglife Catholique eft que nous fommes vrayement juftes , & avons le pouvoir de mériter par nos actions & bonnes œuvres tandis que

nous

rutn me- tner.

LlVR! III. 4ÎX

nous forames tcls,& partantnous méritons envers Dif u, priant pour les autres , foit en cetre vie, (oit en i'autre;& de la aépend l'invocation des Saints , & nos œuvres pé- nibles faites en état de grâce , mentent remilliun de la peinedcùeaus pechezpatrez , avec les diipeniationsdu threfor des Indulgences. De la nos If ûnes,nosj:aires,nos afflictions, & macération du cors du tout inutiles (i cet- te doctrine net véritable, que nous puiflions mériter. Au contraire les Evangeliques nouveaus raportant tout à la Foy. reiiYcrrent les bonnes œuvres , l'invocation des Saints, & la Pénitence, qui fe témoigne par le châtiment du cors. & autres bones œuvres. C 'et pourquoy ils fefonc tant aheurtez fur ce point de la Iufhfication, foutenant que la feule foy enii s v s-C hr i s t nous juftifîe: Etant tout le refte inutile, li n'ét poui témoigner la foy. De tant de divcrfitez entre les Luthériens , Ofiandriens, & Majoriftes.Or cette difpute fut au long debatué,& qi:oy* queBucer excellant tous fes compagnons enfçavoir, ii eit ce qu'il fut contraint recourir à des abfurditez bien étranges, voire des Atheyfmes, comme ont écrit ceus qui furent prefents à leur conférence, plutôt qu'avouer être vaincu. Comme la difpute continuoit ores d'une fa- çon, ores d'une autre, tantôt par écrit, puis de vive voir, fur plufieurs pointsrlors que lesCatholiques penfoient le moins à la rupture, deus des Protefi-âs de nuit fe dérobe- ^ - renr. Les Prefidens de la difpute exhortent les autres de , -y, demeurer, qu'on les fera revenir: mais ils s'exeufent fur » ,, le commandement qu'ils ont du Duc de Saxe , de fe reti- rer. Ceus qui étoient demeurez , feignant aller à l'ébat hors la ville, ayant trouvé leurs chevau* prêts, s'en vont aufTi, mêmes Bucer envoyé de Strafbourg. LesCatholi- ques ne bougent, proteftent contre les Proteftans delà rupture du colloque. Leur cartel fe voit imprimé dans ic livre intitulé Rerutn memoiabihum , imprimé a Cologne, l'an mil cinq cens cinquante & neuf.

Cependant le Cardinal Campege Légat du Pape, qui étoit a Ratilbonne, pour clorre la bouche aus caiomnies desLutheriens, & pourvoir aus abus qui s etoient gliifez parmy les Officiers de l'Eglife , principale caufe, difo't- il, defaccroiilenientdelherefie i prie les Princes dépu- ter des Commitfaires pour luy faire entendre les parti-

Hli cuiaritez

4%t Ds la Naissance i'Hirisii," cularitez afin d'y apporter remcde,commeilfït. Mais I* rigueur ou plutôt équité de fa reformation publiée , ne peut apporter tant de bien que la Liberté annoncée par Luther engendreit tous les jours de mal , faifant fourdre à tous cous des Apoftats, trompettes de la Liberté Evan- gelique. Pendant cette affemblee de Ratifbonne , fous la caution d'unfauf-conduit, leLantgrave étoitallc trou- ver l'Empereur à Spire, pour gagner le devant , fe plain- dre le premier au nom des Proteftans , de ce qu'on braf- feir quelque chofeà leur préjudice, Qu'a ces fins onfai- foit des levées fecrettes : Que d'autre coté le Pape pref- foit le Concile. Sleidan s'étend longuement félon fa cou- tume fur ce difeours qui fut entre l'Empereur & le Lan t- grave, lequel il fait haranguer en Docteur, &côme grand deffenfeur de la caufe de Luther, avec des mots aigres, & piquants, que volontiers l'Empereur n'eut pas enduré , rccor.noifTant l'humeur bravache du Lantgrave , atta- chant le fond de la ligue de Smalcadc, dot il croit le pro- C9zlet(0'A- moteur: Mais comme il fe deul: d'un côté , l'Empereur Trsl.îaY- fc plaint de la rupture de l'aiTemblee de l'autre, dont les fhion. Proteftans croient caufe, dit qu'il y veut aller en peifon- nepour laress'uer ; & ce feu il s'y achemina. Enjoint ans Princes, & Catholiques & Proteftans de s'y trouver. Mais ceus-cy fc contentent d'y envoyer leurs AmbalTa- deurs chargez d ereufes , Se fuivant leur coutumede di- verfes plaintes. La trêve que l'Empereur avoit avec le Turc, & la pais avec la France, donnoitl'effroy aus Pro- teftans,qui font ledeffein, & les appretz de leur côté des forces qu'ils peuvent mettre aus chams. Ainfi tout s'ap- prête a la guerre.

Ce fut en cette journée en laquelle onvid ces Ambak

fadeurs de Henry VIII. révolté contre le Pape ; Etienne

xGardnierEye'quedeVinceftie, & le Chevalier Guenet,

fcpplian: les Princes vouloir intervenir pour moyenner

fa pais avec fa Sainteté, reconnoinant la vraye Eglife é-

tre l'Eglife Romaine , & non autre. Mais ce millrabJc

Prince etoit tellemét en horreur & aus uns Ôc aus autres,

"&*Vo€1Bt qu on ferma l'oreille a fes prières, dont piufieurs mal-

du R -y heurss'ourdirent après : Etce fut, écrit Ccciec, l'occa-

ï Angle- lîor.^ui détourna le Roy Henry de fejetter dansiHere-

ur-n t fie de Luther , crlenic que les Princes Proteftans auiîi ne

vou-

Livri III. 4§>

vouloiét aprouvcr Ton divorce, le feul fujet des maus qui avindrent depuis. Parlons plutôt de l'Alemagne, l'An- gleterre viendra à Ton tour. Le Giel fut la trompette ve- tit ?rodi- ritabledetantde fortes demiferes dont cclle-la futaf- ges qui a- failiiepeu-apres: car comme la combuftion des Pianct- vindrtnt tes en la tnplicité de Mars, avenue l'an mil cinq cens \ùru vingt-quatre, prefagea celle qui s'en devoir enfuyvre pourla Religion, ainfi que j'ay dit cy-deiTus : Auiïî ces quatre Eclypfes quiavindrent au même tems que tous ces Princes debatoient pour les folies de Luther,étonne- renttout le monde. Celuy du Soleil fut d'autant plus admirable,qu'il fut prcfque fur le point de perdre fa clar- té : Car à "peine s'en falloi t-il un point qu'il ne reftat du tout obfcurcy. Ce grand Eclipfc fut fuiyy de trois autres Cecyazint de la Lunc3Chofe non avenue depuis le tems que le grâd U 2+. Fé- Charles changea la fuperftition Payenne des Saxons en trier, tan la Religion Chrétienne. Vous avez veu fouvent les pau- JJ44, vrcs Hongres à la porte des Princes Alemans ouvrir leur fein, montrer leurs playes , & avec larmes les mains join- y tes, &c les genous à terre, demander fecours. Voyez au Chapitre foivant la charité Chrétienne de Luther pour ladefFenfedc la Chrétienté. L'Ordre de mon Hiftoire n'en fera pas interrompu. Auiîi lairray-je cependant l'Empereur, & les Prctcfrans, dreifer leurs troupes pour . battre bien-tôt aus chams.

H h a C O M-

***.-

VTTT

434 t>i la Naissance de l'Heresib,

COMMENT LES LVTHERIENS ONT

désire' la domination dv Tvrc, et

font caufe qu'une partie delà Chrétienté

eft entre leurs mains.

Chapitre X.

Luther préfère le Turc am

Princes Chrétiens, i. "Bit qu'il ne luy faut faire la

guerre.

3- jiinfi ent fait les autres Ue- re tiques.

7, tuthtr préfère le Turc am frimes Chrétiens. Luth, m Cène. cap.

hcr. m hb. de }U. fa. tmt.Feiin.

Soliman defirew de veir Lu- ther.

i-

Luther caufe de la perte de Hongrie (Jr Tranfylvanie. 6.

Les ?rote(lMi ont fouvet refu- de fe courir les Chrettes.

In Tplfl.aà frjtt.tnfef.

Germa*

'E s t-c e-p A s un grand cas de la corrup- tion denôtre nature-Lors quenous avons pris quelque chofe en hayne, ectteimmo- deree paffion fe nourrit en nous, y croit de telle façon, que ny laraifon,ny l'honneur, ny la crain te de Dieu ne nous peut tenir en biide. La hayne que Luther conçeut contre le Pontife Romain, vint à telle extrémité qu'il n'eut aucunehonte de publier par fes écrits la domination du Turc être plus lerable que celle du Pape. Qu'en l'EglifcRomaineily a- voit plus d'Idolâtrie, & d'impiété qu'en la Mahometa- »ne. Comme le Turc , dit il, a étaint la doctrine de l'E- 53vangile par 1 Alcoran,aufïî a fait le Pape par fes Deere-» étales. Quel mal fait le Turc? il occupe des Provinces,& ^gouverne temporellement.Le Pape fait cela méme,qui ^nousécorche & l'ame, &lecors3cc que le Turc ne fait «pas. Le Turc laiife chacun libre en fa Religion, ce que le 33 Pape ne fait pas. Il n'y a pas de domination fi agréable que celle du Tute,dit Luther écrivant à la Nobleife d'A- îemsgne. qui n'a point ny droit Canon,ny droit Civil. Il vaut mieus fecoùer le joug de la fervitudefpirituclle que on rend a l'un, que s'oppoler par les armes a la temporel- le de i'autre:Cbeyr plutôt a Soliman, qu'a Charles. £ra£

me en

LivrsIII. v 485

me en divers lîeus témoigne, que c'étoient les propos or- dinaires de Luther,voire que les Luthériens de fon tems avoient à tous cous en bouche, qu'ils aimoyét mieus n- vrefous les loys du Turc non baptifé, que non pas Tous celles du Turc baptifé : Ainfi appeloient-ils Charles leur EmpereunAuflï pluiîeurs donnèrent dans le faubourg de l'AlcQian,& autres tout a fait entrèrent dans leurs Mof- quees, comme je diray cy après parlant de la Pologne. L e grand Seigneur,difo:t Luther en l'une de fesEpï- _ **•_ „tres contre les mandemens de Charles , eft cet fois pius ^ (\u'^r â, prudent , & plus homme de bien que les Princes Chre- ne Uy faut ,, tiens: Parce, peuple, ne vous armez point contre luy: falre l* ,,Nc donnez rien pour luy faire la guerre. Que peut- il vc- £*?rr'. nir de bon a ces fats, qui tentent , & blasfemcnt contre U*. ïfca. Dieur Voy-tu pas que ce fac a vers d'Empereur , fc iacle /<"•*.?■ impudemment, qu'il eft vray & fouverain deffenfeur de l'Eglife Catholique? Cet mal fait,dit-il en un autre en- droit,de prendre les armes contre le Turc ( quelle rufe ! ) d parce que c'êtune verge de Dieu pour nous châtier. Il n'étoitpash* confaentieus, quand il lesmit aupoing du Duc de Saxe, &duLantgrave contre leur Prince, &quil arma les Payfans contre leurs Seigneurs. Et parce qu'il vid que toute la Chrétienté étoit feandalifee d'une telie propofirion il tâcha depuis de s'en laver, difant que s'il faut faire la guerre au Turc ce doit être pour repouffer fes violences & pilleries , & non pour avoir une Religion contraire à la nôtre. Même lâgage ont tenu ceus quionc été nourris en fon Echoie. Oyez Haudri Huten , duquel Beze porte honorable témoignage dans [es Images, „qui n'a pas eu honte de dire : A la mienne volonté que ,,nous obeyfîons aus Turcs, qui font hardis, vaillans, & „equitables,qui n'employent leurs forces pour combat- tre pour la Religion, mais pour l'Empire. Et en un autre ,;cndroit: Dieu veuille mettre fur nos têtes le Turc au ,,lieu duPape. *Le naturel âpre, & picquant de cet hom- me, dit Beze, après l'avoir porté au Ciel, a retardé l'accroifTement de fa gloire, qui fut parvenue jufques au comble, Il une mort hâtive ne l'eût emporté de ce monde en l'âge de trente-cinq ans, devant que cette fienne ardeur de courage fut meurie. Ce ne fut pas feu- lement Huteu qui foûpiroit après ia domination Tui-

4.8* Di la Naissance si l'Heresïi, quefque, autant en fie Oecolampade. Tir. Ainsi firent les Arriens , écrit S. Athanafc , r'alliez

Atnfîont avec les Princes Payens contre les Catholiques. Ainfi les fait au- Albigeois qui contractèrent aliâce avec Miramolin Roy très Htre- de Maroc Prince Mahometan , pour atraquer tous en- ti}H'.s. fcmble le Roy de Caftille Prince Cacholique:Heretiques méchans , & deteftables ! qui vindrent a cette infolence demanderauPapelnnocent lors tenant le Siège, qu'ils feroient bien tôt étabîes à Chevaus des Temples de Ro- me, le pourrois montrer les pratiques que ces nouveaus Evangeliftes ont eu avec le dernier Seîim , & Amurat, Se l'intelligence de l'AmbaiTadeui" Anglois , quirefideàia porte de Mehemet, en ayant des mémoires de bonne main,enfemble les menées des Proteftans pour faire ban- nir le Patriarche Hieremie: Mais je crains d'entrer trop avant dans les affaires d'Etat. Auliî le toucheray-jemieus tik I. à propos lors quevous verrez arborer les en feignes avec (ap f* le Croiiîant portant cette mémorable divife, Plvtot Tvrcs q^ve Papavs. le laiife ce que Launay écrit en fa Réplique Chrétienne: Il en doit fçavoir quelque choie, puis qu'il s'et trouvé fouvent dans ces Confiftoi- res, & Synodes militaires. La miferedelafrance con- traindra d'en parler ailleurs. Mais je neveus paiTerfur cette Hiftoire mémorable , qu'un Gentil-homme Véni- tien a écrit dans une de Ces relations, & Manlius aufli dansfcsLieus-communs, encore que je l'aye touchée du bout du doigt, fur la Couronne de Tertuiian elle eft di- gne de redicte. it. L'an mil cinq cens trente-trois , Soliman ayant en-

Sùlirnzn tendunouvellesdecet étrange remuement qui fe faifoit iefirauie en la Chrétienté paries menées d'un feul Mcyue : Les "jnr Lu- propofinons qu'il avoit tenu a fon avantage, pour empé- thsr. cher les Chrétiens de s'armer contre Iuy, pcnfanrque ce

fut un nouveau Profère envoyé de Dieu a la prière de Mahommet,au"n de luy faire plancliepôur envahir ie re- fte de la Chrétienté , envoya quérir un AIcmand citoyen de Hage qui écoit a la faitte de fa Cour(il fcmble que i'E- véque de Ruremond parlant de cecy, veuille di-e que Lu- ther avoit envoyé devers Soliman ) duquel il s'informa particulierement,quel homme étoit ce Luther,de qui on parloi: tant : Quel âge il avoit, quelle 6 toit fa doctrine,

attri-

Livre III. 487

attribuant à miracle de ce que le Pape& l'Empereur le laillbienten vie. Et comme ce Gentil- Homme luy eue

farticulieremenr rendu conte du Schifmc introduit en Eglife par Luther, lequel pouvoit avoir en ce tems-là cinquante ans, & qu'il luy eut fait le récit de la grande diviiïonqueccMoyne avoitfemé parmy les Chrétiens. Voila un grand homme, dit Soliman, qui pouffera fore la Chrétienté a fa ruyne: le croy qu'il eft envoyé de Dieu pour ce faire. Iefuismarry qu'il ne foit plus jeune, s'il a befoindemoy, il me trouvera bon &liberal Seigneur. On écrit que cette nouvelle raportee à Luther, il s'écria . .. faifantle iïgns de laCrois, Ha! bieu me garde d'un tel ..* - & fi libéral Seigneur. Vne feule chofe, dit Erafme, dé- ,. ** plailoïc au Turc,c et que la Reugion Luthérienne etoit . comme colee, &infep arable de la rébellion Se fedition, laquelle enfin

Et les vainqueurs , & Us vaincus rayne. Etc'ét pourquoy,commedit rHi{toired'Hongrie,cefa- ge Prince Soliman ayant fçcu que les Luthériens le glil- ibienten la Tranfilvanie l'une de fes conquêtes , fit iça- Voy BeUsf. voir à la Reyne Ifabelle, laquelle il avoir pris en fa prote- Cofmo.fiL ction contre l'Empereur Ferdinand, que fi le Roy lan [on /7Jr. Tit.J* fils detîroit conferver fa bone grâce, de elle aufTi,on chaf- fat ces nouveausReligicus de fon Etat: Une vouloir pas que cette dangereufe femence de fedition grenat ailleurs qa'auchamde Cas ennemis, quoy que leur Religion eue quelque voifînage avec la fienne, comme je montrera? lors que je les avifageray l'une à l'autre.

C'est chofe qu'on ne peut nier fans mentir, que les v. divifions & troubles que Luther jetta parmy la Chre- Luther tienté,avâcerent beaucoup les affaires du Turc qui fçeut caufs de U faire profit de nos différents. Et comme rien n'avoir éle- perte de. la domination des Romains à un fi haut étage par Hongrie defTustantde valeureufcs& invincibles nations, que les ($» de U difeordes &partialitez quife mirent entre elles, dit Ta- Tsanfil- cite:Rien n'atantaccrul'Empire Scgrandeurdes Ocho- vtnit. mans que le Schifmequis'ét émeudans l'Eglife Chre- Voy SîrfU tienne: car outre l'infortunée reddition de Rhodes , a- A: Ltiîh. venue autemsque Luther commençoit de troubler le inter fi mon Je , ces braves Chevaliers croifez faifoient épau- eoncord. le aia Chrétienté, s'eueit enfume la perte de ce beau fil. j/p.

H h 4 P-oyan-

\%% De la Naissance de l'Herisii,' ;. Royaume de Hongrie, l'un des plus fermes bon levers de SUtiM h. l'Empire Chrétien. Ceus qui ont écrit l'Hiftoire de ia de- *** plorableruync des Hongres belliqueus, difent cj ne Lu-

ther en fut en partie caufe : car cependant que So iman battoit,&emportoit Budc, Belgrade, Al be,Ju!e,& autres tilles, & qu il tenoit cent cinquante mille Chrétiens captifs, ilenievaf difent nos Hiltoriens) autan* dames, feulement depuis l'an 1514. jufques en l'an 1^30. outre ce qu'il égorgea , les Princes Chrétiens s'amufoient à dé- mêler les folies de Luther. yr* On fçait,Sleidan le confefT^qu'aus premières Diètes

les pr'"- qui fetindrent pour le fuit de Luther, toujours la prote- àians ont ftatjon des Proteftans fut , que leur épee demeureroit au c'r*! ^ourrcai1» ^'Joy quele Cimeterre Turquefque fur preC- rtfxfc *t que fur leur tête, fionne leur accordoit l'exercice libre jferâurtrUi je lCUrReiigion. Cet ce qu'ils dirent a ia journée d'Auf- ,eJ)tnin bourg l'an 15? o.& toujours depuis ils ont tenufemblable 1 Ut. t. . l3ngage, voire mémelorsquenon pas la Germanie feu- Vfy te ion. le , mais toute l'Europe trembloitd'erFroy, quandtrois I./A 1 1 cens mille Turcs tenoient la ville de VieneaiTiegee, la •°'fh l 2 P'^P31711 ^cs Luthériens deineurerenr les bras croifez , re- fjiiv-S- gardans comme fpe&ateurs , la pauvre Alemagne jouer defon refte; Car cette place perdue, leRhein nous eut fervy de barrière.- La perce de la Tranlilvanie provint de la maî-heureufe guerre des Luthériens, dit 1 Hiftorien de Hongrie, & de nôtre teins les Proteftans réfutèrent d'af- fïfter l'Empereur Maximilian. &ne fe voulurent joindre avec les autres Princes Chrétiens cotre Je dernier Selim^ écrit leméme Authcur, commcplùsaulonglehvrefui- vant vous fera voir. Combien de Luthériens euiTent de- firè avoir accomply lefouhait du mal -heureusWiricHu- ten, qui foûpiroit après la domination du Turc, afin d a- neantircclleduPape? Cet le faint zele qu'il avoir ap- pris de Luther, lequel accreut la doctrine del'Alcorart en la Polongne,&Pa/s circonvoifîns, comme je monrre- rayen fonlieu. Maisilefttemsdeclorre les yeusa celiy quia étél'autheurdela perte de tantd'ames, de lamoit de tant d'hommes, & la ruyne de taru de Royaumes.

LA

Livre III.

48*

IA MORT DE LVTHER^SON ORGVEIL,

3AMÉSDISANCE ET PLVSIETRS PAR-

ticularuez dcllus. Chapitre XL

Luther tâche dépêcher taf- femblec du Conctle.

S 'en-va en [on fais , (? f* meu fottÀune >*vc flu- fit'*n particularité*, dtffm,

h

$a fepulturt.

4-

Se» êrgueiï.

Luther n'A iam*Uf*U mira* île , & ceme le Auble ;' '4- (outrs s'en voutàt mêler, 6.

Sa méJifanc* contre leifamti Peret.

7- La corruption qu'ils ont fait {MA anciens. S. Les louanges qutfes difciplet luy ont donré.

Ependant que d'un côté l'Empereur, & FerdinandRoy des Romains, a»ecles Prin- ces Catholiques , longent à remparer les a- renuës cotre le Turc , & rompre les menées des Proteftans , & que de l'autre le Vicaire de Dieu en terre côvoquoit & evoquoit du lien, de toutes parts, & de tous les coins de la Chtetiété,les Patriarches, Archevêques, & autres Prélats dans la ville de Trente, pour par un Concile gênerai prononcer l'arrêt dernier contre tant d'herelies qu'on voioit formillerparmv l'A- lemagne: Qui tout le mondes'y acheminoit laportedu Concile ayàc été ouverte; Luther chef,& gênerai de tou- tes, présentant que le S.Efprit qui prefîde toujours en ces airemblees, prononceroit le jugement difllnitif contre luy; ne laide pierre à remuer pour l'empêcher. Vous avez veu cy deffus une partie de les rufes, & artifices, & verrez les autres par cy après. De Ton côté il peine pour afsébler quelques chetifs Sinodes , afin de mettre ordre au détor- dre qui e'toitparmy Tes d.ifciples,&côpoferles différents, qui de jour à autre multiplioiét avec les Sacramentaires. Mais c|fuc toujours en Yain, & fans effet ; car Dieu ne

H h 5 permet

r.

Luthtf

tâche d'em pécher U Conttie.

Le Concile comment* U 7. lan- vier is+€>

4$ o De la Naissance di l'H eresii, permet jamais que l'unité fc trouve hors de fa maifoi* Sacré-fainte, ains route partialité,ou confuiionjOÀf /'oot- bre de le. mort habits, difoitlob, Un y peut Avoir aucun oràr9% m*is un horreur perpétuel.

Car ï Enfer eiï partout, V Eternel n' et pat. Câp. 19. Combien de conjurations contre cette fainteaflem- bieeî Combien de troubles , & de guerres émeùes a def- fein pour répécher lors de Ton ouverture, & pour la rom- pre fut le point de la clôture l Combien firent ces Prote- ftans de proteftitiôî de n'en tenir rien, puis qu'elle étoic Convoquée par le chef de l'èglitc ? Et quoy que dés l'an mil cinq cens quarante &cinq l'itmo Juction eut ccê fai- te, ûeft-ce qu'elle ne peut être clofe qu en l'an mil cinq cens foixante & quatre, fous Pic IV. aucun Luthérien nofacomparoitre, quoiqu'ils euifent été fomm^z , ôc requis avec offres de fauf-conduits.feurtez, voire otages, comme vous verrez en fon lieu: Tant s'en faut qu'iisy vouluifent être a genous corne criminels, qu'ils n'y vou- loientpas mimes être debout comme docteurs, ains aïus comme luges. Mais je referve à écrire cecy, lors que je traitteray dufchifme delaFrance, l'ordre, ies feances,& les cérémonies de cette aflTemblee,rune des plus célèbres & illuftresquifut jamais en la Chrétienté, qui finit lors que nos malheurs commencèrent en France. n> E n ce même tems que Luther étoit en allarme , pre-

Ltither voyant de loing cette gtoife nuce qui vcnoit fondre fans quitte fon doute fur fa tête: Voyant les chofes ne marcher à fa tan - Eflife de tafic dans "Witcmberjtout dépit, &coleré, car il étoit de- Vvte'jiTi. yenu fortchagrain&facheus, il s'en va, quitte fon Egli- Cette re- **e> & fe retire aMarfeburg, prés le Duc George d'An- irsitte de hait, celuy queBezedit avoir gouverné au monde les Lu:h:rfut ^jecs, &guidé auCiel : Carde fon authorité privée, t*nis4S. i^cur préchoit l'Evangile. Luther écrit a fa Nonnain, qu'il a quitté fon Eglife, pour voir les chofes aller autre- ment qu'ilneielire, parc:la priedcdireàFilippe, & à Pomeran, qu'en fon nom ils prefentent a fon Eglile le dernier à -Dieu, luy commande d'empaqueter fes meu- bles, & le venir trouver: Car je fçay bien, dit-il, ma chè- re moitié, qu'après ma mort, on ne t'y pourra fo ufFrir. L'univcrlité marrie du départ de Luther , écrit au D tic de Saxe qui étoit à Torguen , pour le fupplicr de pourvoir

a«u m

Livxi ïïï. 49f

au retour de leur Profete. Les lettres fe voient encoresea datte du premier Août 154^- Le Duc l'envoie quérir, Ara- baiîadeurs viennent de Witemberg , qui nVchiifent le cœ.ir de Luther , & le ramènent encor un coup à "Witem- berg,ou il mit à fin Ton labeur Troyen, qui étoit le Com- mentaire lui' Gencfe , le dernier de fes ouvrages , fur le- quel il avoit fué dis ans.

Etant Luther à Wicemberg, les Comtes de Mansfeld Let Corn- envolèrent verslay, le prient de vouloir être arbitre de tes de plusieurs différents furvenus entr'eus:Car les vieus Corn- Mmtfeli tes Catholiques décèdes , laiffantja pais en leur maifon, envoient lesnouveaus, faits Luthériens mirent la guerre &ladi- quérir Lu- viilon dans leurs Etats, non feulement pour les partages, thsr. maisautfï pour la forme qu'ils dévoient fuivre afervir ' Dieu. On avoit envoie quelque tems auparavant conful- ter Luther fur cette doute, afçav'oirli après la Commu- nion, le Cors de C h R 1 s t demeure dans les Hofties re- fervees. En fon abfence , car il étoit chez le Comte d'An- Cenfulta- hait, Meian-itbon répondn'y refter quedu pain. Mais tton tm_~ Luther de retour contraire a foy-méme, répondquele pûrtÂH. Corsyeit. Toutefois, dit-il, je confeillequ'encor qu'il tefx;u% y refte cinq ou fis Hoiries çonfacrees,que le dernier com- iiit,jJ!rm muniantics reçoive toutes, de mêmes le vin, du Calice. ^z/:uin Hicrôme de Prague répondit micus -} car enquis que de- (tmitatu venoit le pain après la confecr3tion : Ce pain, dit-il, de- ^an;7ln meure chez le boulâger. Enplulleurs licus lesPredicants j£^ $;^ Luthériens tiennent peu de conte de ce qui refte, voire an codée* fut aceufé d'avoir 2 .C'ifTiië de la Cène jette les reftes par fjnkitdL la fenêtre aus poules: Comme dit Nafus en fes Céturies. Cette diverfiré d'opinions continua la divihon par- my ces côpatriotcs.L'un prêche d'une façon, (autre d'une autre fur la réelle prefence du Cors. Luther donc crai- gnant qu'ils ne deviniTentSacramentaires , fcmondpar les Prince? pour leur accotd, s'y achemine avec fa Non- nain & tes enfans,en équipage digne de fa grandeur.-Car Stmon il n'y vouloir pas aller en moine , corne il en étoit autre- *9ntams fois venu , a m s faire un entrée folénelle en fon pais, pour '**■ §f après luy avoir dit le dernier adieu, retourner en Saxe de- vers so peuple. Ainfî l'apeloit-il,mais la more avec laquel- le il n'avoit pas conté, l'arrêta. On racôte qu'avat fon dc*- partjdisa: adieu à su Fi!ipe,c5:ae ureitentât que ce feroic

le der-

492. De la Naissance de l'H e r e s i e,

L'adieu de le dernier,il luy tint ce langage. Mon Fiiippe,je confcifc

Martin h qu'en la matière du Sacrement on a trop fait. Doncnô-

Tihfôe. tre maître, luy dit Filippe, publions quelque dous écrit,

auquel nous expliquions clairement quel eft nôtre avis.

l'ay longuement longé , réplique Luther , à telle chofe,

mais je rendrois ma doctrine fufpe&e.Donques je lairray

cette caufe a Dieu, faites en vous autres quelqucchofe

après ma mort.

Cefont,à ce qu'ils difent,ics dernières paroles de Lu- ther, montant en fon carrolTe , ayant le jour auparavant en fon prâche annoncé au peuple que le diable joùeroic bien tôt des fiennespar le moyen des Sacramentaires : A fon arrivée les Comtes envoient au devant ce luy jufques fur les confins de leurs terres grand nombre de gens de cheval armez , pour conduire avec honneur & pompe le "Entreede Profetc qui venoit revoir fa patrie. ATaprocher d'Iilebe Luther en ^ monta dans un carroiïe & comme l'on eut fait un long Ton Pays, felve de canônades & harquebufades, Luther s'évanouit, ce qu on prit a mauvais augure. Mais ayant reçeu un peu devin qu'on luy porta, il revint a foy. Cette foibleffe, dit un Iflebien qui en fait le difcours,l .quel on peut voir das une lettre Latine qui eft en Coclee, ne luy avint pas pour avoir jeûqé, car avant partirdeHal.il avoir dmédebon appétit. Ainfi fut reçeu Luther dans Iflebe, le peuple fol chantât d'alegrefTe: Le lendemain de fon arrivée, il mon- ta en chaire dans l'Eglife parrochiale de S. André, ton- nant avec fa véhémence accoutumée contre le Pape.ôc les ordres de l'Eglife. Ce jour la dînant en fetin, il fut tout effrayé du bruit qui furvint, lors qu'on portoit le fécond fervicc, parce que le feu de la cuifine trop échauffée en fa faveur, s'etoit éprisenla voiftne , accourant le peuple pour l'éteindre: Et comme la nouvelle, iaus s'enquérir fîelleétoitvrayeoa faillie , luy fut apportée delà mort du Pape Paul étant a table , il le glorifia «l'avoir veu la mort de quatre Papes , aufquels il avoir fait la guerre: Maislafisnneiaivit bien-tôt. Ce dif- Vn citoyen de la ville d'iilebe qui a fait un difeours de

cours Ce fe mort , dit que pendant fon fejour a Hal , Mansfeld & trouve à Iflebe, il fut toujours en fétins , faifant félon fa coutume U fin du deusbons repas le jour. Vn lien difcipîe raconte le même livre La- dans une IîpitreÀlemâde,traduittç en Latin par Ian Gui-

terus.

LeaS. Janvier.

tivR ? ni. "49?"

terus. Cette chère continuelle affligea fon eftomach af- tin de Ci- foibly de l'âge. Surquoy on peut remarquer le menfonge cite de *- de Melandhon, qui dans la prefacedefon fécond Tome fin luth. emprunte une fan (Te leuangepour glorifier fon maître, & faire accroire a la pofterité qu'il fut un grand jeûneur, ne fe reflouvenant pas des injures qu'ils luy avoient ouy %irc entre les tréteaus , & depuis écrites contre ce grand trompette du jeune & deîabftinence, S.Hierôme. Celuy la peut-il étre'appel le grand jeûneur, qui n'eut rien cher qu'à faire bonne chère î témoin ce cantique que le» Alcmans difent être de luy : Trink und ù Gottei nichvergù. Rtfcita*Â C'étàdne^lange^oy&nefoisoublieusdeDieu.Apres fy Fob* avoir bien dîné lematin,& foupcle foir du vingt- huitié- meFevrier 1^46. qui fut le jour qu'il parût de ce fîecle, ayant appelé de la compagnie avec luy, (car, difoit-il,la folitudeeft ennemie du plaifrr)il caufa quelque tems, fai- â *'*n r (an: le narré de l'hiftoire d'un homme,lequel prefle delà r'{"^ faim s'etoit donne' au diable , pourveu qu'il luy donnât à

Luth peu avÂ*i

manger. Le diableapres l'avoirfoulé, commeLutherra- y contoit,luy demanda fon ame pour le paiement de fon c- •>* mr - cot.Tu dois attédre, dit lautre,que je ibis mort,je ne t'ay pas donné iame,ouy bien lecors,quinepouvoitfuporter la faim. Commentait le diable, celuy quiacheteun che- val n'acheté il pas auni la bride ? L'ameefîlc cheval,le cors eft la bride, & fur l'heure il l'éporta en cors & en ame, Apres avoir ainfi entretenu quelque temslacompa* gnic fur ce conte avec un vifagegay , s'étant mis au lit, & avoir repofé un peu , il fentit les approches de la mort, tellement prefle qu'avant l'arrivée des Médecins il ren- dit l'ame. Il y en a qui difent qu'il expira comme Arrius, s'étant levé de fon lit pour foulager fon ventre. Sfeidae toutefois, & Ionas quifefit appeler le Iufte, écrivent qu'après avoir foupé 3c repofé un peu dans le lit, il mou* rut prefle d'iinedouleur d'eltomach, ayant attaintl'an clima&cric. Ce Iuftc, au difeours qu'il à fait, écrit qu'il tuthsr exhortoitpeu avant les ailiftan-s de prier Dieu pournô- »"«r«' l* tre Seigneur,& fon Evangile,ann qu'il luy fuccedat bien. ** Fe- Ormtepro Deo noiiro , ut et cum EcclefU fu*c&ufa lem/ucce- Wier. dat-.Vntîc nouvelle & inouye: Car le Concile de Trente, IS*& cifo:t-iî,& l'abominable Pape, luy font gricfvementad- feilaïus. Yoyia Jeu dire, les derniers vceusdefoname,

Ici*

/?4 Di la Naissance r>i i'Hirisiè, & les dernières paroles de fa bouche. Voyla les imprecai tions & malédictions qu'il jettoit a Ton départ contre le chef de l Eglife. Cétoit la clôture & \ts exrremitez de fonoraifon. Vn fïendifciple écrit qu'ayant été quelques années auparavant malade d'une fupreiTion d'urine, dans la ville de Smalcade , jufques à baifer le tombeau, étant environné de fes amis & difciples, il prononça les mêmes paroles: car levant les mains au Ciel , il leur dit à dieu avec ces mots , comme pour dernières marques ViîtuTheo «de fahayne: Dieu vous veuille, mes frères, remplir de étôrtu. Tç. M^s bénédictions, &de malédictions le Pape. Ainfipar- j.cttr. loit ce fain: homme, qnifit, rechapé de certemaladie, Imtb. m un^vfe pour marque de fa rcfurreêtion , commençant pdfatis. en ces termes , Postqjaaî resvrrexi a mûr. inltïl. tvi s. Thomas Bo/îus grand écrivain de nôtre fiecle, eiï féconde partie de Ion fécond Tome des Marques de l'Eglife, teri: avoir veu un homme qui étoit lors au fer- vice de Luther, lequel affeura fon martre entre en defeu peir, s'étrevouîu defraireluy-méme : Ce qu'il eût fait far.sic prompt fecours de quelques fîens familiers , lef- qucls pour couvrir la honte & le defaftre de leur Profete, firent jurer fur îesfaints Evangiles tous ies afliftansde n'en parler jamais.

Peut-être fut-ce lorsque travaillé des extrêmes dou-

?. Tjrsits. leurs defagravelie , il appcloit la mort a fon fecours. Pc-

J.p-trf. trus Tireus en fon livre des Demoniadcs,recite une cho-

djp-ds fe qui fut remarquée en Brabant la même nuit queLu-

DemofeZ. »therpaiïà de ce monde. Uyavoit, dit-il, en un village

**• "nommé Chcol plusieurs demoniac!es,qu'on avoit con-

«duirlapoar être guéris parles interce/ïîons & prières

»d'un faint honnoré en ce lieu. Tout à coup ces pauvres

30 créatures afFiigees des malins efprits, furent delivreesr

«Ce fut le même jour que Luther trépafTa.Cétchofc qui

wrfiit au veu cifçeude tout le monde : Mais le jour après

«ces mêmes efprits rentrèrent dans les cors des tormen-

« tez. Interrogez ou ils étoient allez le jour précédantes

^firent répoufe que par le commandement de leur Prin-

*>ce, ils aveient été appeliez au convoy de lame du grand

»» Profete, & de leur compagnon Luther. Vniienfcrvi-

"teur connrmacecy , ayant raconté depuis , que la nuit

*mémerayant ouvert ia fenêtre pour donner de l'air a la

cham-

Livre III. 49$

«•chambre ou le cors de Ton maître repofoit , il vit non *>fans beaucoup d'effroy pluïieurs fantômes en diverfes ^l^i^re" wformes.danfans&ùuteians. Les corbeaus cronflansà e*en'*>ac"' l'entourdacors, lorsqu'on le porta d'Ifiebcà W-'tem- coU^7.cm, berg, augmentèrent lopinion qu'on eut de l'aftiftance 39- de ces mauvais démons. Ce font les mots del'Autheur: VtdeCâfM» Ainfîal'on obrervé que les diables accompagnèrent les "**>"*- funérailles de Brimo. JJ.CM.ie.

Cette hiftoire pourroit être fufpeéte de faus , 6. la pri* vec communication que Luther à eu avec le diable, té- moignée, par luy- même, & tes difciples, n'y prétoit quel- que authorité.Cc font les fidèles Achates de tous les He- Lih-j. de re{îarches,&anciens,& modernes. Egeiipe, & Cyrille le exi. Cath* racontent de Simon, Theodoret de BafîHdes, Innocent f"Tf*b. deMarcion,EpifancdeMenandrc, EufcbedeTheodo- ^SC*S* le, Theodoret d'Eutiches, Poiydorc Virgile de Beren- b*r-*2- & ger, Luther de Carloftad & d'Oecolampade, ceus de Ba- sc- '*& le de David George, Erafme Albert de Ofiander & de *'*™aU Zuinglc. f.lLJ.c*f.

Cet la fin de l'Herefiarche Luther, qumit encoicc 33- "f-; +• bon-heur du Ciel de rendre fes dernicis ibûpirs dans le f/v' * même air qu'il avoi: premièrement rcfpiré : homme vil ' ^'^ff1 à fa naiffanec, abject en fs première nourriture, déréglé *nV" **** en fa vie & mœurs, de nulle rare excellence , reconneu r?ntjJ*rr toutefois pour Profère delà germanie , qui amis toutes "ft*""-™ chofes divines & humaines, facrees & profanes en une vst£a'/i,u' trifte & miferable dcfolaticn. Ionas qui étoit au chevet &u* defonlit, à l'amee des Comtes deMansfeld, leur dit R'Sr*ts*ê fondant en larmes : Voicy ou repofe ce grand homme: *eflMu Voyez comme dort celuy qui à drelïc l'Eglife du Sei- gneur. O Dieu, fufeitez-en un autre, pour le bien de vô- tre Evangile. Et comme un peintre enretiroit lcpour- »traitaupiéde ion lit : Mes freres,dit lemémeIonas,f« ^tournant vers lepeuple,regardez le bien, & contîderez- >»le attentivement. Cet homme qui dort en ce lieu eft ce- *>Iuy qui a racheté plusieurs Milliers de milliers d'âmes

"d'enfer' ; ; : Htnneur

ion cors puant outre meiure.& duquel en ne pouvoir rait MU approcher,futmis dans un caille de plomb, & porté dans ccrs i:ein, l'Eglife de Saiat André , toutes les cloches delà ville r^r. ftaa&ntcs > & les Crois portées au devant delà bière,

fiûfiè

49* DiiàNaisiancedii'Hirijiï;

fume des Comtes,& de tout le peuplerions fît 1 oraifoi

fuDebre. le ne fçay comment cecy le peut rapporter à ce

que Beze écrit en Tes Images: car contre l'authorité des

témoins qui ont parle de ce louas , il le fait mourir devât

Luther, voire entre fes bras. Aucun acle, dit-il,nes'ct

parle que Ionas ne s'y foit trouve, pour en dire Ton avis,

ayât eu auffi chaige fpeciale des Eglifcs voifincs,& nom-

meement de celle de Hal en Saxe, en laquelle il rendit

lefprit à Dieu entre les bras de Martin Lutner,& mourut

àEyflefeldl'an 1545.

1ÎL Le Duc de Saxe averty de la mort de Luther , envoya

fjtDut de demander le cors aus Comtes de Mansfeld pour Iuy drck

Saxe de- ferfa fepulture àWitemberg; ce qu'ils luy accordèrent,

mande le & fut le cors-conduit avec pompe & cérémonie fur un

ton La- chariot couvert d'un drap noir, barré d'une Crois blan-

tber. che, fuivyd'unelitnereoùétoitfa Nonnainéploree, &

fes trois enfans après:

Trou monumenu f? amour inceftuftu,

Lefquels elle montroit au peuple , comme les vénérables

reftesdeleurProfete. Les Comtes de Mansfeld luyavoi-

Tempe de cnt fjic prefent de deus mille florins, & le Prince Elc&eur

t* conduit- ^2 trois mille. Le chariot i toit accompagne de quaran-

**• te chevaus. A l'arrivée à Witcmberg on luy avoit drclfé

un plus magniique chariot , mais a caufe de la grande

puanteur quifortoit de ce cors, on n'ofa le remuer de

fa place.

Son tombeau fut dreifé visa vis du grand Autel élevé

de njarbre blanc, depuis futmis tout auprès celuy de

Melancthon A l'entourdu coffre ces cors repofent

font taiilcz en boffe les douze Apôtres, & fur un perron!

de marbre à côte droit le Duc de Saxe , & au gauche le

Setulture Marquis de Brandebourg. Melancthon fit l'Oraifon fu-

\ie Uithir nc^recn Latin, & Ionas encor un coup en Alemand , ou

ne futpasobmile cette belle infeription que Luther de

fon vivant avoit tracé.

f FeHù eram vivtu , merient ero mon tu* Tapa.

Ce quia été caufe qu'un illuftre Hiftorien luy donne cette Epitete d'autheur du Schifme contte le Pape , qui n'ét pas allez dit pour cette Lerne à fept têtes, qui font fept principales Herefies dont il eft Autheur. Tous les peintres ôciculpteurs, furent foudain embefoignez après

fom

Livrï III. ±97

fonpourtrait. On le voit élevé en bofTc, entaille douce, & place peinture en plufieurs lieus, mêmes dans les Egli- fcs&TcmpleSjaveccctteinfcripcionàrentOHr: Divvs jnrcrut't ît SanctvsDoctorMartinvs Lr thervs g'J^ÏJjL Propheta Germanu. Et en plufieurs lieusd'A- trMt^ lemagne,j ufques aus cabarets on voit les images du Duc Lu^er^ &DucheiïèdeSaxeàgsnous devant un Crucifix, ScLm ther au derrière d'eus, les prefentanc comme fi c'etoit un Saint Ian. Bien fouvent les Aremans fe découvrent la

tête , quand ils l'oycnt nommer _, & faluentfon image, mêmes dans les Collèges , tout ainfi que nous faifons à celuy du Crucifix dans nos Egliiès , pareil honneur font- ils a celuy de f ilippe : Ils font ordinairement accouplez Filippe & cnfemble, comme le mary & la femme. Et tout ainfi que Mârtkl* les premiers Chretiés fouloient graver à l'entrée de leurs Autels, & fur le portail la Crois , & aus verrières de leurs falesle Nom de If svs} d'où cftvenu ce quolibet de nos Reformez: C'étoit au tems que l'on mettoit Iesvs Maria aus vitres; Ces nouveaus Evangelilrcs y logent le pourtrait de Martin, & Filippe. Toutes les portes qui regardent les rues d'Hambourg, Brème, Lubec, & quel- ques autres, font parées de cts effigies. Mais voyez l'ido- lâtre betife de ces Difciples, lefquels pour perpétuer la mémoire de leur Maître, font accroire que Saint Am- broife & Saint Auguftin , ont été les Profères de Ton ave- Idolâtre nement. Samuel dans Reginaldus raconte avoir veu un bsttfedei tableau de Luther , cette infcripcion Latine émit I«ihi*<es, gravée.

Divinum at^ue sdmirabtle vaticintum , D. Ambrofij, & h, AHguftini de tempère & tdventu fanât Luther: , que contra l'y Regi- Anti-chriftum Eemanttm /critère cdpit , vt Ittterû butta ver- naldtti Ub, ficuli numerttm anni reprdfentantibtu contïnetur^uodefl apud f. càp. M, Chrifti fidèles adtnirattone, & notai* dignttm : t I B I C H E* rVbIn et Cer aphIn In Cess abIlï VqCi proCl aMan t.

Plaifante rêverie.' Ces Lettres numérales adjoûtees, m. difent ils, font le nombre de mille cinq cens dis-fept, cccce» montrant l'année que fain t Luther commença de faire la y v. guerre au Pape Romain. Se peut-il dire rien de plus incp- iiiini. te , pour montrer certe admirable muiique , & concert 1 5 1 7. Angélique des Chérubins, & Ceraphins- chantas: la

I i venue

'458 De ia Naissance di l'Hérésie,

venue de Luther , comme celle du Rédempteur du mon- de .- Mais ces deus LL. qui valent en cette Aritmctique cen:3 rompent leur conte. Voyla comme ils enflent, & SUiflfin U. baut-montentleurProfete. Encor ont-ils écrit que c'ét ?.m Apec. lEtoileprofetifeeparfaintlan. Nous ne doutons point, ffip./j. dit Ulincus, que Luther ne (oit le principal Ange volant lUtt. tbi- .par le milieu du Ciel , ayant l'Evangile éternel , duquel àtmc.jo. faint Ian parle en Ton Apocaiypfe. C'eft, dit-il, ailleurs, S-pcr.ge- Elicqui avance le fécond avènement de I e s v$- Christ. Il rgtw. Voyez un peu i'accomplifTement de ces Profeties , félon le témoignage d'un de les difciples des plus pafîîonnez, Titres que lequel après famort mit en lumière un livre avec cette in- fo Luth- feription. Verex ntrraiio btmficiothm yper divum M urtinum ritn: de ao Lutherum Germanie divinitta prjtfiitornm Luther,dit-il,à Viitelerf «bien prédit qu'après qu'il auroit annoncé l'Evangile,& & de Lip- *>aboly la papauté,le3 hommes vieridroient âne connoî- fe donnent »tre plus Dieu , &fe lailTant aller à Sathan vivroict à leur ÀLuiher. «fantafïe, nous voyons cela être avenu : Carapresque FkiUu- asLuiher eut aboly le Pap-ifme, & délivré les peuples delà then. :»fujccl-ionRomame,ils veulent être affranchis dclafer*

Tl '-denicu. «vitude delEvangiîe, & n'être fujets a croire que ce que "Ertfticum, »bon leur femblc.Ii parle des Luthériens de Witembcrg, Biperbdi- &dcLipfe, lefquelsont honny le nom & la mémoire de cum. leur Maître ; qu*ils appelent homme plein de l'amour

loi/gratta- de foy-méme, querclleus, ricteus, c m défend à tort & a menteun* droites opinions, qui dit tout ce qui luy vient en bou- Sîotetun chc,qui fe fourre par tour, tyran des âmes & confcicnces. duiùcti- Laiffons les bcaus titres que ceus-cyluy donnent, &les ptîojum. Profeties ridicules des autres, &dépcchons-ncusdecct

iv. - homme. Orgueil de Ave v n jamais n'égala l'orgueil de ccttuy-cy:Car fou* Luther. lanr ans piez toute l'antiquité Chrétienne , de laquelle Jn s co. il a étcleccnfcurperpetuelrA tous cous on enrendoit ces *3. art. j>. mots foi tir de fa bcuche,qu'iiétoit envoie de Dieu pour luth. />d apporter la viayeLoy au monde : Sa doctrine ctre TE- falf. diiï. vangiie, dont le C h ri s t au dernier jour porteroit ré- ttet. EccL mcignage, qu'il la tenoit du Ciel : Son jugement être le In rejolu. ,, jugement de Dieu. Qui s'oppofera à cequejedis, ira s Teutho. „*dans les flammes éternelles. Dieu m'a clcupourdcgra- , font, R(£. jjder le Pape Romain defon Trône 5 Cependant queje Av£t, „dormois, dii-ii , cm que je beuvoisdelacervoilc a^ i-

„tembetg,

lîmi III. 499

^ternberg, avec mon Filippc & AmfdorfF, j 'ay plus affoi- „biylePapat, que tous les Rois & tous les Cefars ne fi- v°y £**&» ,,rentjamais : Iemarcheray fus IeLion , &foulerayde in fer m*. „mespiezlc Serpent. Ce qui à été commencé de mon f**'*>p*ft* „vivant, fera mis afin après ma mort. Saintlan Husa l*voca. ,,profetifc de moy, étant dans la prifon à Confiance: Ils vtt- *■**- „rotiront l'oyc ( car Husen langage Bohémien, veut RHt? lm* „dirc,oye ) mais après cent ans ils oyront chanter le Cy- p*ri*k ,,gne.Ain(î parloit cet homme vain au livre qu'il fit con- tre le décret donné à Aufbourg, lors que la confefîion de Melanélhonfut prefentee: comme iilefaintEfprit eut parlé par fa bouche.

Ainsi ce feul Moyne , par Ton feul tê"moignage> l'efprit de Dieu s'ét découvert , ayant celé les- oivftercs facrezàfonEglife, & à tant defaints & grans hommes de l'Orient & Occident. Autant en difoit Muncer, autant David George , & autres tels Profetes de ce m cm: ficelé: Comme cet infolent Grammerien fevantoit les lettres être nées avec luy, & devoir mourir quant-& Iuy:Dc mê- me, difoit Luther , tant la Filaftie avoir pris pic en luy, qu'il étoit le feul doclc, le feul fçavant : Titre que le diable luy donna, comme luy-mémes écrit - Quejuf- ques à fon tems l'ignorance s'étoit faille du monde,qu'à luy feul comme au nouveau Moyfe , l'inefable nom d'A- donayavoit été révélé, que non feulement Dieu Iavoit «levé jufques autroifïémc Ciel , mais encor introduit dans les adytes & fan&uaire des plus intimes cicus, pour y vifirer les pancartes les plusfecrettes de la divinité, & *>en raporter les myflercs aus hommes. Ouvrelcsyeus, »pauvreGcrmanie,difoit-il: C'étmoyjC'étmoy, qui te InsPt. «porte la divine lumière : Mon Evangile cft plus clair, *&.*"- »& évident qu'il n'a été du tems des Apôtres. Pauvres Sss- Tom* wAlemans, devant que je l'cuffcenfcigne', yousncfça- C.foX.tfs, »viez que c'étoitde la vérité. le fuis TEvangeliftc en- »voyédeDieu, écrit-il au livre qu'il à fait de l'Etat du »Pape,& des Evêqucs. Dieu m'a envoyé pour le falut du Lt*-tr9 »monde: Quiconque ne m'obeyra méprifera le Christ, fi"0** tr*~ Quand il ccrivoit à quelque perfonne de qualité , il &tn*m mettoit au bas de fes lettres, M. Luther Evangcliftc de Witemberg. ( C'cft pourquoyies difciples s'appellent les Evangeliqucs J quelquefois Profcte de la Germanie.

I i i Ainfi

<cô De la Naissance l'Hbrisii, Ainfifaifoit Simon, qui fe difoit la vertu du Très-haut: Ainfï Mânes lequel au front de Ton livre inferit , Epifiol» fundfimmii, mit ces titrez enflez & fuperbes, Mânes Àpô- Cîtm Aïe- trC£*e Iîsvs-Christ, providence du Père ; Aiofifit x*n Udâ Montanus qui fe nomma le Paraclet; Alniîles Valenti- s / nians qui fe difoient les Gnoftiques yc'ttk dire tres-fça- ' ' " vans, comme nous apprend Clément Alexandrin.il aviné

àLurhercequenôtre Vincent Lyrinenfe, qui vivoit du tems de S. Auguftin, ( nôtre, dis-je,puis qu'il étoit Fran- çois) remarque trefbien être arrivé à Origcnc , qui fie pour fon arrogance une lourde cheute, de laquelle il ne fe releva jamais. Pendant que le grand Origencabu- feinfolemment de la grâce de Dieu, pendant qu'il a- bandon-r.e fon efprit , & qu'il fe croit plus qu'il ne faut, pendant qu'il ne fait plus de conte de l'ancienne {impli- cite de la Religion Catholique, qu'il prefume plus fça- voir que tous les autres: Que méprifant les Tradition* Ecclefiaftiques, il interprète quelques paflages del Ef- enturc d'une nouvelle façon, ilfcpcrt, &fert de tenta- tion à I'Eglife. t. Ch o si étrange, aveuglement rticrveilleus, que cet

Huther homme privé de tout témoignage de Dieu ,& des hom- n'a iamaû nae$, ait peu acquérir ce titre.Apôtre de la Gcrmanic,veu, fait mira- quefes Difciples n'ont jamais ofé écrirc,qu*il ait fait au- flt,Cr tetn cun miracle, ny pendant fa vie, ny après fa mort,pourté- rreil fut moigner laveritédefa doctrine. Cet ce que les Calvini- teril'é s'en ftesduPalatinat luy reprochent aulivre qu'ils ont écrie voulant contre la concorde. Il fut pris audépourveu-lors que l'an mêler, fol. 1545. un an avant fon decez, il fe voulut mêler ( ce fut a- «**• vec beaucoup de regtet) de chafler le diable, &cxorcifer

une fille de Mifnc qu'on Iuy amena à Witemberg:Car au plus fort de (es exorcifmes , qu'il prononça en autres pa- roles que I'Eglife ne prefcrit,Ie diable le prit par le coler, le tirafia par la chambre , & l'eut étranglé fur iheure,s"il n'eut été fecouru:Luther tacha de gagner la fenêtre de la Stapte in Sacriftie,mais elle étoit gillee. Stahlefon difciple qui fut } retire. prefent à cette farcc,l'a écrite au long,& raconte l'infor- Jti fortune tune du pauvre Luther, & la peur que luy-mémeeut,voi- Luther, ant fon Profère fauter & virevolter autour de la tabla cora.iic une brebis quand elle fait fesaigneaus, ( c'étfs comparaifon; puant &iale de ce cju'il aveit lâche dans

les

LlVRlIII. fOI

fcs chauflTes.Stafile craignâc que le diable s'en prît à luy, enfonfa la porte avec une coignee qu'on luy donnapas Ja grille: Cardes gens accoururent a ce tintamarre que le diable faifoit dans la facriftic, &àla grofTe vois de Lu- thcr,Stafile&les autres s'étant elîayez d'ouvrir la porte; Mais il ne fut pofllble faire jouer la clef, laquelle ce mé- chant diable, dit-il , avoir tellement accommodée, qu'il étoit impoffible de l'ouvrir.

Laiifons ce conte puant, qui le voudra voir Iife Stafîle, Diai.j.ra. Lindan, Bredembachius, Tireus. Luther fe difoit Profe- i.dûïitan, ,,te: Toutcequel'Eglifeacreu , difoit-il , vientdeSa- Bredem. ,,than;cequej'enfe!gne,eftrefprit de vérité. Tous ont coHat.li.f. ,,été aveugles,& pas moy : Car je fçay que j 'ay l'efprit f4/>, +o. ,,deC hri s t, par lequel je peus juger de tous, &perfon- Tyretu de, ,n.edemoy. le neveus point de juge, mais obeyifance: dont. part. Thto iudtctum, fed voh obfet\uium. Ainfiparloit ce Profete, f.Luth. de niais quel Profete? Profete fans miracles: Comme fi TE- fa'fordu glifeen avoit jamais reconneu, qui n'apportât tout aufli Ecclef. tôt Icsmiracles, pour preuve de (a million, dit Irenee. Si Li.2.cont„ les anciens Profères n'euflfent eu autre témoignage d'é- Valent, cm* tre envoyez de Dieu que leur feule vois, qui eut été obli- J C de les croire ? Si le Sauveur n'eut de fa feule parole fait rendre la gorge aus fepulchrcs , durcy les mers, calmé les vents , s'il n 'eut rendu la veuë aus aveugles , & la parole

aus muets:lesIuifseuiTent été pardonnables de ne l'avoir r . ,. . T , j i a t i j- Luth. ii. ni

conneu. Luthériens trpp crédules, votre Luther vous di- - ,

foi t qu'il avoit commiflion de Dieu de prêcher l'Evangi- ?*■*' le, fe difoit le Profete, vous l'avez creu,luy donnez ce ti- tre, Profete de la Germanie. Munceren l'Enthoufiafme Slàd.li.3. Profetique , difoit qu'il parloit a Dieu comme fon Pro- fete, vous ne l'avez voulu croire, Parce, difoit Luther, qu'il parloit fans miracles. Pourquoy n'avez- vous obli- Ltith.to.z. celuy-cy à une pareille Loy que vous avez voulu râger fel.fss. celuy-la? Que ne luy avez-vous répondu comme fit un Sltid.li.3. Evéque, il y a douze cens ans, a Novatian ? A-il eu S.Parcian le don des langues ? A-il profetifé ? A-il relfufcité les ep.j.centr, morts? Car il devoir avoir quelqu'une de ces chofes, Novxt. pour introduite un nouvel Evangile. Lors qu'un nou- Ter», f m veau Do&eu.r heurte à la porte, il iuy faut demander les Ljh.c*.:s. }i miracles. On fe mocque de moy , difoitLuther, on „me demande des miracles, comme A* par ma doctrine

I i J «je ne

5oz Di la Naissance di l'Hiresii, vic nedonnois pas la vcu'éaus aveugles , & l'oû/eaus „fcurds. Voila des miracles bien afïïs: Autant en difoic Mernnonaus Anabaptiftcs , autant ZuingleausSuiffes, & Servet aus Polacs & le méchant David aus Tianfil- .. tains. L'an* ht-riiCy difoit faint Auguftin , tommencu f*r les

2 À ' mirAcla, nourrts par tsfptrancc, augmentée par U charitéson- * firme t parl'sntiquiré, ;xs retient en l' Eglife Catholique. Celle- eft la vraye Religion , écrivoit Laitance, qui entend le jargon des diables, qui les force quitter leur demeure, & lacher'îa prife. C et ce qu'on voit tous les jours en 1 E- glife Catholique. Cet la, Démons, ou fe trouvent vos fouets, vos cordes, vosfîeaus, &îesmarteaus qui vous écrafent latétc: & non pas en l'Eglife nouvellement é- clofe. Les miracles font les fceaus , &fes pa(Tc-ports au- thentiques , & les trofees élevez contre l'incrédulité &obit:na:icn de ceusqui fefont foîement retirez de la Catholicité. En voulez-vous voir les effets ? lifez l'hi- ftoirede cette jeune Eg'ife qui a été plantée en Orient Vis! des tandis que yous feco'ucz la vieille en Occident. Vous Indes & verrez une feule Crois élevée , épouvanter un monde A CiBz. ^e P£Up^cs > mettre en route les diables : Vous verrez hb. tilt, 'a Vierge prendre la defrenfe àt% Chrétiens , étein- dre le feu a la veiied'un million deperfonnes , les morts relTufciter. Mais ne devançons pas le tems de ces évé- nements; Achevons les autres belles parties de ce Pro- phète.

V :; feul des anciens Pères n'a échappé fa dent veni- _ (j. meufe:Cir a l'exemple de tous fes devanciers, cette gueu-

•r ' le du diable ( ainlî marque Irenec un qui le relTcmbloit)

fana con- , ... * . .. . ■*TV»»# i

J j les attaque d injures atroces oc vilaines. C et la coutume

r. , B des Hérétiques, ditAthanafe , de n'épargner les vifs nv

J les morts. Le même ont raie Ncftonus Novatus, Samo-

T 'L fatenus.écriventSocratc,Eufebe, &Niccfore. Et com-

ité, t. e»h i/ii j ~- L

.* me Anitarchus, au conte deCiceron, nereputoit aucun

jft-'-l vetscei'Iliade être d'Hcmerc, s'ilneluy chatouilloit ad [oit. vit. ,, h * /r t i i

' loreille: AuiliLutner ne trouvoit aucun bon mot dans

* * tous les Saints Pères, encor qu'il y ait prefque autant de

fenteneesqu'ily a de paroles, s'ilne favorifoit fonopi-

TA f.e. *j. ,, nié. Tous les Pères, di: Luther oat été aveugles & igno-

li.S.i*.$(j. ,,rants ésfaintes lettres. Ainfï parloit lePredicant des

fctfï r. jy ,jPclagieos d'au; Saint ÂUguftin : Quandils ont écrit

(.quel-

Livm III. 50$

,, quelque chofc, dit Lâcher, ils avoict la plume en main, li. 2. tontr.

„maislcurcfprit étoit ailleurs : Que fi avant leur more JuliUj

„ils nefe fontravifez, ils ne mentent le nom de faint Tom J.foL

} , qu'on leur donne: Tous en un mot, dirjlâilleurs,n'ôt -ff3.

,,fçcuquec'ctoit l'efprir, &la lettre, ^urs livres (ont

,,envelopezd'obfcures ténèbres: le ne veus faire cas de

j, mille Auguftins, de mille Cyprians , de mille Eglifes,

,, ils ncfontpas dignes de délier la courrovede mon fou- -p. f.r

r j- i' ° r> j>* i-Tr l- Tom 7.W.

„licr, dtr-il écrivant au Roy d Angleterre. Ielçaybien, jemj"pr-m

,, dit-il lors qu'il s'apprétoit à détruire , ouformerune r,

^Mefle de nouvelle façon , que les Papiftes s'écrient icy "J ,,jufques à s'enrouer, l'Eglifc, l'Eglifc, les Pères, les Pè- gres: Mais je ne me foucie des dits des hommes en cho- ,,{c de telle confequence. Tous ces gens ont révc,ont eu ,,les veus filiez, difoit-il fouvent. Les voila déchirez en gênerai, les voicy accommodez en particulier. Quand C*U.fol. 7. il rencontre Terculian, c'ét un autre Carloftad, c et à Luth.coZL dire un foi écervcle : Saint Ircnee blasfcmateur de Dieu: mwf*. Chryfoftomen'ét qu'un babillard &fcdicieus, toutes fes Votftt.Ët- oeu/res font confuics, fans ordre , & un biifac de paroles «*W. perdues : Hierômc doit être effacé du Catalogaedes CQU- Luth* Docteurs: car il a été hérétique, c'ét un homme impie & h 2fi* fans jugeaient, tout fon entretien n'ét quedujeùne Se R-*fcin*c £ de la virginité, entousfes livres il ne fc parle rien de la l*tth.Ton>. vrayeRdigion: Que fi Dieu ne luy a fait grâce, ilameri- 2 fol. ^.7 C. l'Enfer plutôt que le Ciel. le dis ( fait ce malheureus Lo.Amitz. enfant d'orgueil dans la préface de l'Epître aus F ilippiés) *" coU.Lut. que les Commentaires de Hierôme. & Ongene,fontfo- fi^ S 77. lies «Scinepties, parangonnez aus mien?. Saint Ambroife Lutiy.Tom^ nefçait rien faire que prier & jeûner. SonDifciple qui a J-QxGqU* foigneufement recueilly les parole: dorées de Luther, ffP-S* lors qu'il s'égayoit dans fes beuvetes , le fait parler ainfi. Tom. 2. di le fais content mettre fa gag-ui'e en Latin: Siqnismihinu- fer' A>vi. mer tint *c dxzarct décent m;iî.* anreoruis \ nofcm in H ptrien- ^oujj W**- h, tique ixirems filât u dtfcriminê v:r/ari} in q:<o Rïeranymm rst ^e Lu- eii coniïttuitu. Si quelqu'un me contok & donnoit dix thsrpirlit mille écuî, jeaevoudrois être au péril & extrême daii- ^* Ç* H^fc» ger de mon falut, auquel eft Hierôme, c'ét a dire, c:\ Jwfc Enfer. Qui l'eût enchery à vingt mille écus, peut- être qu'ily eue longé. Voila comme il parle de cet excellent leryueui de Dieu, à qui Saint Auguftia dt l'AfFriquc ,

I i < Orafc

504 Di la Naisianci de l'Hirisii, Orofedel'Efpagne, EpifanedeCypre, Thcofil d'Alex- andrie, avoient recours comme a l'Oracle du S.Efprit; bien marry qu'il ne pouvoir fouler auspiezfahaire, Ton capuchon, & Ton defert,ainfî que j 'ay remarqué ailleurs. Et comme il met celuy-cy aus enfers: tout au contraire il loge Vigilance premier monflre delaïrance, en Para- dis:C'a été, dit-il, unfainthommejLutherfair des eter- SpângtH- nels regrets de la perte de Ces livres. Aufli les Centuria- be%tMC9- teursfes difciples l'ont canonifé : Cet leur coutume de tT.Gene. déifier ceus que I'Eglife maudit, & maudire ceus qu'elle glorifie. Ils font gloire de ce vieus Hérétique, & lemet- ,,tent au nombre de leurs alliez. Vigilance, ditleBou- ,jdier deleurFoy, s'ét montré plus Chrétien queHie- ,,rômc, s'il eft mort en cette opinion d'honorer les SS. ,,il e(t damne comme un Diable.Voila comme ces efprits Sttrat.lib. endiablez parlent , fuyvant la route des Neftariens, No- 7. cap 2 j. vatiens, &Samofateniens , comme on lit dans Soerate, Tufeb. lib. Eufebe, Nicefore, & Theodoret. Suyvons vnpeu ce que f.cxp.js. >jLuther dit des autres. Quant à Bafîle , il ne vaut rien Kice.ltb.f. ,, du tout, il eft tout Mcine, je ne îeftimepas un poil de cap. s». >jttiare'te. Pour le regard d'Origene, iin'y apas unfeul ,>motde Christ: Non plus que dans Athanafc qui n'a „riencu defingulier. Qu^on gronde tant qu'on voudra ,,de ce que ma doctrine n'étpas conforme a-la leur, je ,,protefte que j 'auray les oreilles, bouchées à leurs paro- les: Et encor ailleurs écrivât cotre les Ruftiques:Quâd .jtout le monde en devroit crever, je veus que tout ce que ,,j'enfeigne foit tenu pour bon ; Avec un bon coup de ,,poingiurle nez, fi bien feiréquelefangen forte, il faut ,, répondre à ces marroufles qui ofent controoller ma do- ,,clrine. Diriez- vous pas qu'il eft dans les cabarets entre Jes gobelets? Stafîle quia été difciple de Luther, raconte quefon Maître l 'exhortait fouvent de prendre garde en lifant leurs livres, d'être pris, qu'il ne les falloir rece- voirqu'en tantqu'em les trouvoit conformes à l'Ecri- ture, c'ét à dire au fens qu'il luy donnoit. Le même lan- gage ©nt tenu ceus qui font venus après luy, qui n'ont borné non plus leurs Sedtes que leurs fantalies : Certes, CMttèrâ* écrit l'un d'entr'eus,rethercherfifoigneufement ces té- nittti IL /. moign âges dans les anciens, ce n'ét autre chofe qu'a- fafrrrf. ma/Ter des haillons bourbiers êspaantes cloaqnes. La

parti-

Zib.dévB. ro. ferip. inttU,

LlVRl III, JOJ

particulière prefomption d'un chacun , eft caufe de la cheutc générale de tous, ils font portez ils entraînent les autres. Voyei les compilateurs des centuries men- &****£& fongeres, voyez ceus qui après Luther ont voulu bâtir J-Cent- *• une Eglifcnouvclle:A tous cous vous trouverez mille in- **■ *■ cmP* jures contre tous ces faintsperfonuages, lumières de la I0-- Cent* terre, & bourgeois citoyens du Ciel. Ce font des citernes 2^C*P-+» cstvaffees, difent-ils, des ordures & cloaques, qui ne c*rttr0- - font dignes de foy, non plus que ceus qui portent la fleur **'J -f*/-i* de lys fur l'épaule. Irence a eu quelque chofe defurieus: Clemét n'apporte que des ordures: Cyprian eft un hom- me fans Dieu. Courez toutes les œuvres de Calvin, vous les trouverez parfemez de pareilles inj ures , comme d'E- toiles dontil éclaire Tes ténèbres. LesEpîtres d'Ignace Iuy font des contes: La Confecration de Iuftin Martyr Bsze in j. forceIeties:Grcgoirc le grand n'a pas été touche du fomt ctp.adRo* Efprit. le proteite, dit Beze, &aileure devant Dieu, Se m*. In fes Anges, que l'audace de Hierôme à tordre le nez aus A3. A$b. Ecritures eftinfuportable, tout homme confefïera cela ea.ij. qui lira diligemment ce qu'il écrit contre Iovinian &Vi- Et re^tt, gilance. Cet un homme idolâtre, blasfemateur, mé- *d Bren. chant, 5c rempiy d'impietc , comme Origene a été' l'or- *r*. Bsz. gane du Diable. Saint Cyprian a été homme impur,cor- in cm. Aci. rompu, infcnfé.dépourveuderEfprit & parole de Dieu, 22. Beucl. dit le bouclier de la foy de Genève. Voyez de. Serres Mi- dtUfoy. niftre, quand il parle en Ton Anti-Icfuifte des Percs atîem- dia.J r. blezau Concile de Nice. On ne peut imaginer, dit-il, Calv.U.x. banquet d'yvrongnes plus frénétique, quand même on cap.i+. peindroit Bacchus couronné de raifïns affis fur un muy luflujp IL devin, le gobelet en main, environné de Lapirhes& Me- i.caf. jï. nadçs , avec les tintamarres dignes d'un tel prefident, 8c <k tels confeillers , que fut cette trouppe de gens infen- fez, abufans du nom de Dieu , &de fonEglife. Qu'ay-je affaire de ces Pères, difoit Zuingle, non plus que des Mères. Ha! bons & Saints Pères del'Eglife, qui cou- ronnez de Marryre , vivez heureufement avec Dieu! Qui croira que par labauched'un quiàreçeule Baptê- me, le Diable ait peu vomir telles paroles? que vous ayez été fimiferablernent aveuglez pendant vôtre pèle- rinage en ce monde, que vous n'ayez peu connoîtrela voyedefa'ut; & qu'au lieu d'élever au Ciel, vo.usayez

I i 5 précipité

50£ De la Nais s ancs de l'Heres ib,"

précipité dans le gouffre des Enfers toute YÔtrc po-~

fteritê ?

n C i s me'difans ne Te font pas contentez de les avoir

Zaterrub Crurgez d'injures : Encora-il fallu les couper, mutiler,

♦;*,. m .'.t tronquer,biaifcr:voirc renverfer leur fens, pour l'accom- t i9n ai* ils .* . / ... . . c , ' r ,

m*,»/-tM' modéra leur particulier. Artifice certe étrange, &mc-

* r chancetcinfigne, commune pourtat aus Schumatiques.

Ceus quiausdous attraits d'uaefemme, enlevez par les ailes de la liberté,aYoient furvolé les murailles des Con- vens, ilsavoient appris à bégayer quelque chofe en Grec,ouenHebrieu, mirée toutaufïî tôt la main à l'œu- vre pour la verfion, ou plutôt corruptiô des Pères Grecs. Oecolampadeprit les Homélies de faintlanChtyfofto- mc, & fur le Genefe, enfcmble Theofïlacte. Wolfangus Mufculus plufieurs pièces de S. Balile, corne fit Ian l'An- gleuslaftin: & Larahertus Honcfredus Cyrille Alexan- drin: laques Faber fain: ïan Damafcene ; Bobibaldus Pi- chierverus Grégoire de Nazianzc: Laurentius Honcfre- dus quelques Opttfcules d'Origene: îoanne; Lovencla- vius Grégoire Nicene,& les Hiftoires de Michel Glicias, Il Conftancin Manadis: Ioannes Langlcus l'Hiftoire Ec- clefiaftique de Nicefore: Hieronymas Wo\ fi us celle de Zonare. le lailTe quelques autres , lefquels y ont mis la mainfurlafîndecefiecie, comm:ies bons Miniitrcs de Bile, qui l'an [$£4.. firent imprimer les oeufres de Sainr Athanafe,dcfquels,ils arracheret la queftion trente qua- trième, Ai Auttechum, comme Pafillique, quoy qu'elle fut étendue dans les anciens exemplaires , & dans celuy de Grifius, imprimé l'an 1^30. Comme avec la même con- feienec ils châtrent Laétince. Combien de faufletezen lavernondelaBible,traduiteparVatable,Iuy vivant,qui mit l'Imprimeur Robert Etienne en action au Parlement de Paris, pour l'avoir à fondéçea, &fous fou nom mis au jour, avec tant de corruptions? Mais ilfefauvaa Ge- nève, fiege de l'impunité,^ l'alfeuré refuge de toute for- te de gens.

Sijevoulois courre le refte, mimes les Ccnturiltcurs de Magdsbourg, bon Dieu que de fautes, & de corrupti- ons! Combien de brèches, combien de clofes entières iaiffeesàdellein pour favorifer leurs erreurs, ou cacher la lumière de CEglilc fous le tanj de leurs interoretatiôs

nouvel-

L JTR1 III. 537

nouvelles! Ils rompent , ils corrompent , ils refondent Se confondent tout, refervans feulcmét de ce qui leut croie contraire Se mortel, ce qui le fembloit moins être, s'ef- forçans d'entrer dans l'ouverture de ces pafTagcs tron- quez, des greffes de leur tronq,qui comme Adultérins Se Sauvageons, n'ont fait autre fruit , & ne fervent qu'à dé- couvrir par la diverfîté des efpeces, l'impofture & fuppo- fition. A peine peut-on en quelque lieu reconnoître ces Autheurs , playez en mil endroits par les glaives de ces Marcions. Ils animent les périodes a leur fantane,balan- cent les mots a leur pois, concreroollcnt Se cenfurent les fillabes comme ils veulent. Efprits chagrins, qui émeus par l'acccz d'une fièvre continue, font en perpétuel dé- goût des bonnes viandes , &falutaircs; &qui comme les iemmes enceintes , preilecs de leurs ccfordonnez apetis, ne demandent linon des viandes contraires , Se nuiftblcs. Cet a cette belle Se floriiîante Compagnie du Nom de IiSYS, dontj'écriray la naiiTancc, Se les progrez au cinquième livre, fejour de la fcicnce , domicile de l'éru- dition, retraitte des beaus efprits à qui appartient de pafTer l'éponge fur ces couleurs cfqueiles ils ont mêlé tant d'ombre, Se reftituer Je vray luftrc, Se la naïfvc beau- té à ces divins ouvrages, les purger de tant de fautes, St leur rendre leur première g:ace,oue ces mauvais maîtres leur ont dérobé.

O r. tout ainfi que de i'abailTemenr d'un des badins de la balance, s'enfuit relèvement de l'autre: Auiïïdu y^ rabais des Saines Percs faits par Luther , fon exaltation '.r3rj:r s cneftenluyvieparmy lesneas: Cars îlfutfihardy au- ,,•»/,./ w furper tous les titres fuperbes d'Erangelifte,& d'Apôtre; Q^t fo^f. SesDifciples, autres que les mois, &effeminez,ainn" ap- pellent-ils ceus de Witemberg & de Lipfe , n'ont pas étc moins foigneusdclcsluy conierverparmy le grand nom- Saxon. bre de livres qu'ils ont public. Car jamais hérétiques n'é- Th. in fuit crivirent tant de livres que les Luthériens ont fait. Ils fapplicM- l'honnorent, ils l'adorent comme un autre faint Paul, tëriji libtL 1 apellcnt le fécond Eiic. le dernierElie,nonqueîuy-mc- ad Nam* me le donna: La trompette du Ciel,8ouche de Dieu, Or- b.trgtn. ganedu faintEfprit^tin nouveau faintlan Baptifte : Cet fil. *>. «Luther, dit i'Hiftoricn ro^us, qui comme ua autre Lut.Ti.s, "SaiiuIaaBapaite, à montrédu doigt l'Agneau qui à fî!.+Sf,

»r>or:é

5©S De la Naissance de l'Heresïe, loxtuin «porté les péchez du monde , dnquel l'événement a été AB.pag. «preditparplufîeurs Profcties, &vi(ïons. CesProfeties ^<V. font encor cachées dans le puits de WitembergrCes gens

Sareeriu* me font refïouvenir de l'attronteur Pfafon ; Ce galland Hicandir par le moyen de quelques pies babillardcsfc voulut dcï- inlïb.erb. ner,il leur avoit appris à prononcer ces deus mots , Pfa- tsm. j. fon eft Dieu.difoient fes voifins : Il eft Dieu, parles con- p*rt. vices des oifeaus , miis il eft un affronteur par celuy des

Amfdorfi. hommes. Ces perroquets criars, qui ne s'apuyoient que inpr&f.tp, fas le bec de leurs plumes, chantent que Luther eft Elie, ■t-uthi faintlan, l'Apôtre de Dieu ^ Mais au jugement des Sa- ges, il eft un moyne paillard, défroqué , fuperbe, Yoire impofteur,patriarchc des hérétiques, & le precurfeurde «l'Anteehrift. Oyez comme ils parlent. Depuis les Apô- «tresiln'y aeu plus jjrand homme que Martin Luther, «il y a autant de différence entre Iuy , & ies vieus Do- «(fleurs, comme du Soîeila la Lune. C'ét fans doute que «ces anciens Pères Hilaire, Auguftin, & autres, n'euffent «pasrougy de porter la lanterne au devant de luy com- Vipprtni. «me fes valets, s'ils culTent vécu en même fiece. Certes, li.de bonu dit un autre nommé Alberus, écrivant contre Carloftad, & malts nôtre Luther eft plus fçavantque tous hs Docteurs de Germa. l'Eglife. Sifaint Auguftin vivoit, il fe fentiroit honoré de fe dire Ton difciple. Ils l'égalent mêmes a S. Paul: Quoy à Saint Paul? mais a Ie s vs-C h ri s t. Voyez 1 un leurs plus renommez Colloques, ou en plus de quarante Ciriaeui lieus ils ufent de czs mots. Cela eft félon la parole de Spangen- C h r i s t, & de Luther ; félon l'Evangile de Luther, té- bergius moin l'Ecriture & Luther. Us n'onr pas acquiefcéau faint cent. Step. Efprit, & a Luther.ll ne doit le devant qu'a Christ & Agricole, à Paul.

Chriïîui hihttpriauUthubeiu tibi Vaulefetunàeu : AJilocApoiî iHes proximz Luther babet. Sdufemb. q^ difent-ils , efîcontraire à la doctrine de S. Paul, tnptOiMb, & deLuther: Aus A clés des Apôtres , & Cathechifmes de T.htret. Liuher. Tous ceus qui l'ont devancé ont été des hom- mes , & eus difciples de Luther', des petits dieus dépen- dus du milieu des Chérubins. Tous ont été destaapes aveugles. Ainfi parlent ces pauvres cha/fieus,a qui la veuë commence a deffaillir en ce dernier âge du monde, & qui prnfent ftrcfeTtls clairs-yoyans, Oyez encores les titres

qu'ils

L I V R B III. jQ9

qu'ils donnent à tous ces anciens qui ont éclairé le mon- de : Et comme ils les transforment ores en Calvimftes, *puis en Luthériens Saint Auguftin, dit PapusMiniftre, Ceomtnt «nourry en lechole de Luther, à été Luthérien. Non a, ilstirAtl- 33dit Witakerus contre Campian, il a été Calvinifte. ^nt f*int 4>Mais l'unie l'autre félon Wolamus , écrivant contre Au^uftin. ableslcfuîtesjontmcntyjcarilàétéldolatrc. Voila com- me ils tiraillent le pauvre faint Auguftin, & comme s'ils •voient conjuré de faire perdre la mémoire des faints quiontépandu leurfang pour le nom de li s vs- Christ, ils les ont arrachez du Calandrier Chrétien , & fubftitué enleurplace l'ordure & la voirie du monde. Au lieu du Pape Martin couronné du diadémede Mattire, ilsont placé leur Martin Luther , marquant ce jour de ce titre: ajC'ét icy la féconde Nativité de C h rj s t , comme s'il ^avoit voulu renaître enJeur Martin. Au lieu de faine Hilaire,ils mettent Ian Hus. Pour faint Saturnin ils don- nent Servet. Pour Genadius , Gentil. II n'y apesauffi jufouesa Zika, boutcfeudelaBoeme, qui n'ait trouve fa place, & plufieurs autres tels bandoliers dignes de mil- le fu'ppliccs , comme on voit dans Foxus. EufTent-ils é- pargné les ferviteurs & les créatures , puis qu'ils ont ofc effacer le maître, & le Créateur ? On aveu dans les nou- veausTeftaments les planches tirées, & ailleurs des ta- bleaus divers , ou la Cène qu'ils appelent de C h r i s t, eft pourtraite 5 Au lieu delisvs-CHRisT afïis à table, on y voit Luther aveefes joues enflées. Filippc Mclan- *ty'*k dhon tient la place de faint Pierre,, George Major eft fâ^e& couché fur les'genous de Luther aulieu de faintlan^E- ^f*'* berus eft leur faint André ; FelTeinger leur faint Filippe, ^iiM^tt Pomeran reprefen te faint laques, Alefius faint Thomas, nifie*> & le Iuftelonas valet de Luther eft au lieu de Tadee; Oit - luy devoit donner la place de faint Ian , comme bien ay- ,mé& favory de Luther. N'y a-il pas dequoy faire fortir aus chams lamémemodeftie.Pardon,Lcdeur,fi j'échap- pe oyant ces vilains crapaus, crus d'une brouee,comme diioit un ancien de leurs femblables ; &voiant ces gre- nouilles criardes s'enfler ainfl, & ces petites fourmis s'é- galer à ces grans hommes,que la vénérable antiquité ne jaomme jamais ians préface d'honneur , qui ont eu com- merce avec le Ciel , & qui évident mieus aymt, dit Saint

fefil*

$*e Di la Naiiiahci »i x'Herssi*;

fouffrir dix mille morts que corrompre une feule filiale «de la Foy. Hommes, dont la gloire portée au devant de la pofterité, gardée de l'éternité, demeurera toujours vive en la mémoire des fîecles à- venir.

Ces Soleils dignes de mille Cieus , capables d'éclairer mille mondes, euifent-ils été les porte-flambeaus de Lu- ther? Ces âmes épurées gui ont toujours produit leurs a. étions éloignées des imperfections des âmes communes, eufTent-elles e'té les e'choliers de ce moine perdu fouvenc entre les bras de fa Nonnain? Luther miferablc , ils étoi- ent vrayement tes porte-flambeaus: Mais tu as mieus ay- comme les taupes étrcenfevely dansles ténèbres c- terncllcs, qu'en forcir conduit par leur lumière, qui t'eût fait un beau jour en la voye de ton obfcur labyrinthe, pour voiries rayons de la vérité. Oferay-je décrier ce* «ouveaus Midas, qui preferet la rudefTe des chalumeau* difeordans d'un furieus Satyre,aus accords doucercus de la harpe de tant d'Àppolons. Rudes & barbares Scrutes, qui faites plus de cas du braire d'un afne, que d'une fua- ve & mclodieufe harmonie J le vouslaifle en pais en ce jconde, vous en ferez aflczpunis en l'autre.

DES PRODIGES DIVERS QVI APPAR7-

KINT COMME TEMOINS DIS MAL-HIVRS

qui avindrent en la Chrétienté. Chapitre XII.

Il msnà* en tffrey eue Lu- ther fut precurfeur de ÏAntecbrijt. 1.

TlujKurt prodiges qui paru- rent de fin tems.

3- Des irck Soleils fui furent

VSU4 mu CuL

4- Det tr§ie Lunes.

Infinie Eclypfes mu fie de de

Luther.

6. Le ÎHgement qu'en firent les

Âftrolo£tm»

T ÔVTi

I i v x i III. yn

Ovte l'Eglife Chrétienne , Orientale & Occidentale ayant veu ce moine pendant L fa vie rompre les barrières de ion Cloître v^nit pourferejetteraumonde.porterlabannic- tn 'fffty re de la Liberté, fecoucr toute fujettion& ^tLfm t+ fervitude,pocherlesyeusàtoutcrantiqui- et ' f*$ ** CathoIique,dôner un nouveau Dieu au monde,émou- t*€c*rlsu!t\ voir tant de guerres, troubles &fcditicns, mourir enfin ' ^nU* fans aucun tt moignage de fa million, entra en efTroy que ("ri*** ce fut finô l'A ntechrift, au moins Ton avant-coureur: Car outre que Lutherpcrtoit en fen nombre le 666 dufilsde perditicn,ccmmej'aydit ailleurs, qu'il a tâché d'abolir . ' le facriiîce delà Méfie, dcflendu l'élévation & adoration de la fainte Euchariftie,côme lAntechrift fera, dit Hypo- lite;& que la Religion qu'il a étably ait beaucoup depie- ces qui feraportent à celle qucl'Antechrift doit publier au monde. Plufieurs fîgncs qui doivent devancer l'arrivée de cet home de peché,dernier adverfaire de Iefus-Chrift, ont paru pendant le règne de ce Luther. ?lhji:*rsfignet & pTOiisgiSj dit le Secrétaire du Ciel en fon Apocalypfe , Scie Sauveur du monde dans fon Evangile, dtvtr.cercr.t Uvt- nuëdei ' Aniechrtft. Le Soleil le levé tira de dueil , la Lune perdra fa darté:Tous les plancrtes fentirent quelque al- tération, la mer bruyant iortira de Tes bornes, desfan- glantes guerres troubleront Je môde,des pelles cruelle*, & famir.es étranges affligeront la terre.

T o v t cela qui doit avenirau règne de l'Antechrilt, Iï. s'ét rencontré autems deLuther; car les eombuftions fittfunn des Piancttes furent admirables, les Eclypfes étranges, fi fteiigti fouvent multipliez. Les Planettcs parurent hideus &é- S*" /*«*» pouven tables, le Soleil fut veu noir &afrreus, puis tout refit dt fia auiîî-tôt couvert de fang . une Crois noire fut apperçcue* umu au Ciel, un Aigle & un Lion embrazez, & tous en feu. Au „méme tems, dit le Luthérien Peucer, quefut faite la li» );gue de Smalcade , le nom des Proteitans prit fa naif- ,,(ance, on vid imprimez au ciel plufieurs lignes qui ont „marque'lafuittede cette alTociation. La Chrétienté vi4 j>eu après trois Soleils, le j-our étant déjà bien avancé. U lembloit, difent les Ecrivains de ce tems là, que ces deus Soleils cbfcurcifsét la clarté de ce grâd luminaire P.oy de tous les Ailles . par i'epacc prefque de deus heures. & lors

que

54i Delà Naissance de i'Heresie,' que tant de confpirations furent braflees contre FÉnipéî reur. Pcucer témoigne avoir veu après le midy fembla- ble prodige: Le Soleil demeura arrêté comme en un cen- tre, environné de deus cercles e'clattans dedans foncir- Hn fit ai- cuit; d'une part & d'autre layfoient deus parelies pofees viuatfans. comme audernierbutdu diametre,traittespar le centre du Soleil , & coupans le dehors de l'arc en ciel, qui étoit comme une faucille , & avoit Ces bouts tournez au Sep- tentrion. On fçait,dit ce Luthérien, quelles ligues fe fi- rent des Rois & des Princes,& quelles guerres s'en enfui- virentàla fuittede tels prodiges, in. Ces trois Soleils qui parurét lors & depuis auffi . nous

Des trois montroient comme au doit, les grandes révoltes avenues Scietli aut prefque contre tous les Rois & Princes de la terre, qu'on furet z-eus a tâché fous prétexte de la religion priver leurs Etats. su Ciel. Aufli difent les Aftrologues, qu'en cette apparition le Soleil reprefente les Rois, & les parelies ceus qui s'éle- Vicnf^rU vent contre eus : Et comme les parelies luy dérobent fa des trcii lumière, tâchent d'imiter & fa grandeur & la clartérAuffi SeUih lib. ceus qui veulent ufurper îes Royaumes , tâchent de fc re- +J. & #7. vêtir & parer des ornemens, & diadèmes des Uois,en dé- V Une hb. pouillerles viays & lcgitimes.fucceiTeurs. Lescercles,& 2. cap. s r. diverfes couleurs qui entournent ces nc^uveaùs Soleils, Zhfcbe tn montrent les couvertures & artifices dont ils paliét leurs fit Chroni- mauvais defleins. Ainfiiors de ce renommé Triumvirat que. d'Octavius, Antoine & Lepidus qui fit nager Rome en

Yoy C09- fon propre fang , trois Soleils furent veusau Ciel: Et tiiu en [on comme les deus s'évanouirent en l'air, tout ainfrquedes Threfor apparences vaincs, biffant la lumière à unfeuhDc même •tlatholi- ^e t:ois les deus furent bien- tôt diflipez, lailîant legotv que lib. 2. vernementdumondeaunfeul.

fol iCo. Plufieurs Soleils ont été veus, difent nos Aftrologues, Des troU & autres qui ont curieufement obfervé le cours &la na- Scleils af>- turc des Aftres , lors qucles grans ont confpiré- contre paria, leurs Seigneurs , ou qu'on a braiTé quelques nouveautez en la religion , ils font comme témoins des confeils fe- crets, & des ligues dreffees contre les loys , témoins éle- vez au Ciel,& luyfans aus yens, a la veuë de tout le mon- de^ encor que leur clarté femble ofhifquer la lueur du Soleil, & qu'ils durent kmgtems, fieft-ce qu'ils s éva- noajïîem ; lanaïfve clarté demeure, &les apparences

pétillent.

Livre III. : 51$

perhTent. Ainn* les ligues , &aiTbciations bâties s'avan- cent,& Te maintiénent quelque tems , mais elles ruinent en fin leurs autheurs. Alavcuc de ces Soleils lespayens faifoient des expiations, & prières a leurs dieus, pour dé- tourner leur ire, Piufieurs autheurs de nom raportenc quelejourque cekiy a la grandeur duquel le Ciel étoit troppetit,vint loger dans une érable, on vid trois Soleils en Orient , qui Te ralierent a un feul , comme le Père, le Fils , & le Saint Efprit s'uniiicnr en un feul Dieu.

Ie fça) bien que les Météorologues qui en recber- iihl^ crient les caufes par les raifons de laFyfique^ difentquc Va tvon ce<;pareiiesou images fe font es nuées rorides & réplan- Lunes» aidantes, quand quelque humide fubtilfe rencontre en- tre nôtre veu*ë , & ce grand flambeau du Ciel, en un cors de nuée ronde, & également difpofec, fitueeà l'oppofitc du Soleil : Car lois fes rayons envoyez fur cette nuée, & renvoyez à nos ycus par refle&ion , comme d'un miroir, rendent une effigie fcmblable au Soleil. Cela feroit aiîez rccevable fi ce Météore , mais plutôt prodige , fût arrivé environ ion Orient, ou fon Occident; Car lors il nepeut dimper lesnucesqui font la refiedion , ce qu'il fait aifé- menten fonMidy. Et c'ét pourquoy ces Soleils paroil- fans en plein jour, ne peuvent être fans merveille, &ne fe trouve que jamais cela (bit avenu que fur leBosfore, donc Ariftote fait mention autroifiéme des Météores-, & Plineaum" : Maislamerveilieeft plus grande d'avoirveu Zib.i.ctP* trois Lunes enméme tems, comme nous filmes en l'an ^/, 155t. CarlafoiblefTc de fa lumière ne luy permet pas fans miracle de faire une fi grande rerlcction.Et c'ét la raifon, Lib. j.cfè. pour laquelle Cardan en fon livre de la Subtilité, ne 32, trouve pas fi étrange devoir trois Soleils, qucdeusLu- ncs. C'ét auiTi pourquoy Plme a remarqué comme chofe prodigieufe , que Cneus Domitius Se C Flaminius étans Coniuls, trois Lunes parurent au Ciel. L'Alemagne en a- -voitveu trois, non fans effroy en l'an mil cinq cens qua- torze^ & furent reconnues comme mefîageres des gran- des miferes qui enveioperent la Chrétienté, lors que Louy« de Bavière & Frideric d'Autrice remuèrent tant d'armes , pour emporter chacun d'eus la Couronne Im- periale^miferablement déchirée par la divifion des Prin- ces Electeurs, comme elle en aveu encor de pires parla Kk funefte

5ï4 D'ï la Naissance de l^Herisii, funcfte fucceif on que Luther nousàlaiffé. }?• Ie cepuis oublier tant Je merveilleus Eclipfesque

^.Ktsr nous avons veu en ce ïîecie prodigieus : Car encor qu'eu Ecltpjes m-pui£e dire qu'ils n'avknnent pas contre le cours or- *u j'.ecls dinaire denature, & que ces chofes arrivent félon la Loy, A$x.hthif. £ fuitte infaillible des mouvemens celeftes : Si cit-cc que qui prendra garde au cathaîogue qui en à été dreffé , en verra ayfément, quejamais Eclipfenes'ét évanouie ( fans événement remarquable. Car comme Dieu donna la cemmi filon au Soleil, d'éclairer & échaufer la terre, & départira iaLune quelque clarté, pour diiTiperl'epaif. leur des ténèbres, £: humecter les cors atTeichez de l'ar- deur du Soleil: Au/îî toutes les fois que quelque empê- chement ôta la lumière a l'un ou à l'autre de ces flam- beaus, Dieu à voulu que tous les hommes jettaflent les ycusauCiel, pour y confiderer fes merveilles, &quc cela fut pris pour quelque lignai de fon courous : Ils yclvs s iront en s 2 g n e, difoit le Créateur de tou- tes chefes,

A v s s i les Anciens redoutans les evenemens desE- clipfes, tous éperdus avoient recours aus prières, Sacri- fices, Se ProceiÎLcns pour implorer l'ayde du Ciel, & ap- paiferfon ire. Depuis le long rems que ces grans lumi- naires rouent fur nous, & éclairent le monde, jamais en un iicclc ne furent veus tant d'Eclipfes , qu'en ce- Juy-cyj & lorsque toute l'Alemagnes'armoit pour dé- fendre ou pour accabler l'Hereiïe : La Lune Eclipfa trois fois, reliant entièrement obfcurcie, & le Soleil déplus d'onze parties de fen globe , de forte qu'on vit les Etoi- les luyrc enplainjour. Et depuis en Tan mil cinq cens cinquante, la Lune E clip fa entièrement , le Soleil é- tant auiignedes PoilTonsen concurence avec Venus, &z Mcrcurc,roys trois frappez du rayon triâgulairc de Mars en i'EcreviiTe, & le Soleil ocs huit parties ce fen globe. C N vidlors, difenries Aitroîc-gucs, quelles rcvoluti- f i. er.s avindrent en l'Empire Chrétien. Quels tumultes fu- Te)tgt' rent excitez prefque par tout pour la Religion. Le Soleil fj.it tpttn tendant au déclin ious lefignedela Vierge, fuivy de près f.nt'.t Us par laBalancefïtuee en une plage du Ciel, que les Aftro- S.firelo- nomes nomment nos charriant la Planette Mais, ex- *Ht s, peite d'une part aus ;a\ ons ci uadxan»ul aires de Saturne;

Ce*

livftilil. 51 j

Cesdcus endroits du Ciel & du Zodiaque, fpecialemenc Je Si^ne delà Balance, font eiîimez par les Aftrologues, prefider fur la Religion : Laquelle depuis ce tems a telle- ment été agitée, qu'une grande partie du monde s'éc veuë fur le point de n'en avoir pas du tout. le laiiTe infinis prodiges, &apparéces effroyables, imprefTiôs & marques épouvantables &arfreufesau Ciel, &Oflentes qui éton- nèrent la miferableAiemagne.,fource de nos mal-heurs, recueillies par P'eùceren fonquinfiéme livre, mêmes la r Fontaine de fang qui s'ouvrit en Hildefir, &Ies Marcz * *^ de Merfbourg lequel fut veu tout en sâg:CeIuy qui for tic *tP'"mTU m des épis de bîe, ia pluye de sag lors de la bataille de Mau- j™'***, j rice:Toutnerefpiroit que fang. I'ertime,dit-il, parîanc feUS des prodiges étranges qui furentveus enl'air, queces lern*Zne* chofes font formées par la main de Dieu, ou par fes An- ges pour l'amour du genre humain , qui par ces reprefen- cations nous montre la fritte des évenemens, ficen'éc qu'on veuille maintenir avec les Epicuriens, que le mon- de conlifte, & eft gouverné & conduit à l'aventure. Tou- jours les Sfchifmes de l'Egiife ont été devancez de plu- sieurs prodiges.

Avant celuy des Vandales, les Bouttefeus de TArTrique, Lib. 2. en vit TEglifc de faint Fauile, écrit Victor d'Vtique,en- Sigeb.ann, velopced'épaiiTes ténèbres avec une extrême puanteur, ///.?. fans qu'on peut trouver autre raifon , que les menafles du Ciel. Quand Henry 1III. fe rebella contre Grégoire VII. on vit deus armées de couleuvres s'entre- batans en plaine campagne près Tournay. Lors queHéry V.émeuc le Schifme contre Pafcal ,&. Gelafe, un gênerai tremble- ment feco'ûa toute la terre , avec la ruynede pluiîeurs Temples, & édifices, dit Sigon. Or je ne veus fuivre tou- u$ fff jt tes les particularitez des guerres, la pnfe &reditiondes R ' ,J^ villes, combats & rencontres qui avindrent à la fuitte de tant de prodiges j Ce fujet trifte&fanglantmccondui- rcir trop loing.Ie ne les pourrois renclorre dans un fi fuc- cint abrège, comme je deiirerois. Aufil plufîeurs autres ont pris la peine d'épandredans leurs écrits le fang des hommes meurtris, & la fumée de tant de canonades jet- tees pour defFendre l'Evangile de Luther;ce qui m'occafi- onnera de m'e» démêler en peu de mots,y attachât neau- moinsi'Hiitoirc entière pour le co tentemé: du Lecteur,

Kk 1 comme

5ié De la Naissance de l'Heresii, comme l'image des cofufioas avenues depuis en la Fran- ce. Le bon ménager dutemsdoit faire confeien ce d'a- rnufer les efprits & les yeus d'autruy après les chofcs qu'il a veu ailleurs.

COMMENCEMENT DE LA GVERRE

ENTRE L* EmPEREVR ET LES

Proteftans.

Chapitre XIII.

Tctife l'Aie magne s 'affrète

à la guerre, i. LeRoyTranfoù I. découvre

k l'Empereur les dejfeins

des Vrciejïans.

* 3- Xenfonge de Sleidau, & ca- lomnie centre h Rty.

V Imper eur & les Pr défias en armes.

y

Let Trote/ias dégradït l'Em- pereur de fin titre. 6. Le defîient , ty h*J dénoncent U guerre.

T* ^«j» •»•/* V t h e r mort Ton herelic ne mourut pas

TouteJsA- TTTyZA pourtant ; Elle ayoit jettéfes racines trop Umogne ^ Ç l&j&J^ profondes,&aiTbciéleshayncs,lesdivifiôs, apprête a 4^ \$f?% & factions des Princes, &grans Seigneurs, Im guerre. Ty KSLt/jj qUj font les appuiz ordinaires qui la fcû- **"-* ^v^*-r? tiennent & afermiflent. Aucuns pour fe vengerde leurs ennemys , prindrentle partyProteflant, qui grcfTiUoit tous les jours ; autres pour empoigner quelouetable du débris & naufrage des Ecclefiaftiques, fe font Luthericns:Lcs autres demeurerét fermes en leur ancienne Rel gionj&obeyiTancedelEmperenr.E^com- me c'et la coutume parmy les diflentiôs civiles, plufîeurs pour s'accroître & s'avancer, fe jetterent en une ligue,£è vovant reculez en l'autre. Prefque tout dônefa Foy pour l'un eu pour l'autre party : Mais le Proteftant J'emporte de beaucoup. Quelques uns gardenr les gages,retenus de mal faiieparla preluîcedel Empereur, côme l'Electeur Iric. , lequel ayant envoyé aStraibourg cher-

cher U : ourdrefier les nouvelles Egli-

K5,

Livre III. 517

les, fit furfeance d'armes, & de Religion , demeurant en pais chez luy. Autres, quoy que Catholiques, fe montrè- rent peu affectionnez a ce commencement , & demeurè- rent les bras croifez : Infâmes félon la Loy de Solon , qui veut qu'une fedition civile , celuy des citoyens qui ne fe- ra rengé en l'un ou en l'autre party, foit diffamé pour ja- mais. Le Duc de Bavière dit le grand Commandeur ,,d'Alcantara.encor qu'il fut Catholique, entendoitaus ^affaires fi froidement, je n'©fe dire avec crainte, qu'il ,, demeura long tcms a fe déclarer, & retarda grandemét ,,ies affaires de l'Empereur. Aucuns des Proteitansie dé- clarèrent a l'ouvert Imperialiit es. Entre ceus- la furent Al- bert &Ian Marquis de Brandebourg, le Duc Maurice, Augufte l'on frère, & autres qui fedifoient Lutheries Au- gdltins, mais non Smalcaldiques. Comme unfage & dé- bonnaire Prince, Charles deiîroit gagner par douceur ceus qu'il fçavoit luy être mal affectionnez: Mais cepen- dât enavrfé Capitaine, il faifoi: fes apréts pour les dom- ter par la force, & leur porter la guerre s'ils ne vouloient conferverla pais. Iugeant bien qu'ans maladies defefpe- recs,il faloit tenter des remèdes hafardeus, & que l' info- lencede i'AlemandLutheranifé,nepourroit être arrêtée que par la force. Le fond de leurs pratiques, & de tous leurs deiTeins, luy étoit de longue main allez connu, en ayant veu premièrement le projet, & les mémoires, lors qu'il paifa par la France. Cette digrefîion que je vois fai- re, ne fera pas hors demonfujet, ny peut-être defagrea- ble au Lecteur , qui prendra plaifîr de rencontrer icy , ce que mal- aile ment il pourra trouver ailleurs.

I A qjv e s de Matignon Marefchai deFrâce,fage Gou- verneur de nôtre Guienne fems les règnes de Henry III. ^0/nmi & llil.m'a autrefois raconté, qu'étant^prifonnier en mé- * .

me logis avec ce fage Anne de Montmorency Connéta- Frzncûx /, blcdeFrâce, prisa la journée de faint Laurens, qu'il per- ^couvrit dit: Vn loir quelques feigneurs Proteitans entrez en dif- a * £wH" cours des guerres palTeesenleur pays luy rirent reproche, ***?. * qu'il avoir découvert a l'Empereur tous leurs icercts, "v"*1** montré leurs lettres , & chiffres envoiez au Roy. Que le ^roteJAriu Cardinal Granvelle depuis leur avoir dit, &IeRoymé- :n ctoit excuie par le Sieur de Langey aus Princes de la ligjc de Smalcade^cômmc chofe faite parfon Con-

Kk 5 - néta-

tr. Comment

51& De la Naissance de l'Heresie,

nctable,à fon déçeu. Mais luy rcjettant tout fur Ton maî- tre leur fit le conte, qu'un j our l'Empereur parlant privé- ment avec le Roy de leurs fortunes paffees, & luy faifant le récit delarodomotade d'un feigneurEfpagnol, lequel prefle par l'Empereur déloger Charles de Bourbon en fon Palais à Madrid:Luy fît répofe avec ces mots braveu* luro à DicSySacra M t'y H ad ^ue antespougo elfuegocntnycafa. Le Roy lorsrcconnoifTant quelque apparence de fran- chifeà l'Empereur , luy parlant d'un cœur vrayement François, dit quec'étoit une parole digne d'un cavalier qui ayme la loyauté , qu'il eft loifible aus Princes de ca- rciferlatrahifcn, mais qu'ils dévoient fur tout hayr les traîtres. Surquoy entrez en proposée Roy luy découvrit ce qu'il fçavoic des entreprifes & conjurations des Pro- teftans, luy fît voir fur l'heure leurs chiffres , l'état qu'ils avoient fait d'hommes &d'argent, les offres qu'ils luy avoient prefenté pour entrer en leur ligue : Brefilluy montra tout le fond de leurs affaires , dont TEmpereur fçeut bien faire depuis su profit, pour leur dérober Mau- nce.Ian de Brandebourg,& autres -entretenir le Palatin, pratiquer le Roy de Dannemarcqui étoit entré en leur ligue. Nôtre Roy fc montra aufli franc, & ouvert à luy of- frir fonfecours,pourla querelle de l'Eglife,côme l'autre fut referré & retenu en les delfeins qui tédoient ailleurs. in. D i s o i t aulii ce grand & vaillant Connétable, que

"Des deu* Sleidan avoit menty,ayant contre vérité écrit que le Roy cens mille avoit envoyé deus cens mil écus au Duc de Saxe, &au étm en- Lantgrave pour lever dçs forces contre l'Empereur: Car voyez au encor qu'il fut lors fort éloigne de la bonne grâce de fon Duc de maître, pours'étre par trop repofé furies promefles de Ssxe. l'Empereurjurees pour la reftitution de Milan, dontil n'aveit tenuconte, fi eft- ce qu'il étoit affeurc quec'é- toit une faufleté. Qu'au contraire le Roy avoit ouvert fes coffres pour fecounr Henry de Brunfvic Prince Catho- lique, dépouillé de fes terres par les Proreftans, & s'étoie moqué d'eus lors que Pierre ScroiTeafa reque'te leur a- voit offert trois cens mil écus en prêt : Car cette pro- meffe s'évanouit fans effet , lors que les Proteftans en- voyèrent laques Sturme a Paris , pour conter & recevoir l'argent , fous les cautions que la ville de Strafbourg fourniffoit,

Ce dec-

Livre III. <r*

Ce dernier refus eft verirable,mais il fe peut faire que ce bon chevalier pour foûtenir l'honneur de fon Roy, nia le préc de deus cens mille écus au Saxon , que leRoy luy fit délivrer comme plusieurs affeurent àbondroitoffen- de voir que l'Empereur contre fa parole jurée retenoi-c le Duché de Milan & Naples , quiappartenoit à la cou- ronne de France, & îuy faifoitaifez d'autres torts. Auffi a-on remarqué par tout, que le grand Roy François étoir obfervatcur de fa parole,quand il y fût allé de fa vie & de fon Etat ; & qu'au contraire, quepour régner Charles V. fuivoit ce qu'il a/oit appris du fieur de C lièvres après Euripide, de Ibû mettre l'honnête à l'utile : Témoin les deus Siciles, & le Duché de Milannois , comtezdeCre- monois &d'Aftois, fouveraineté de Flandres & d'Artois qu'il retient à cette couronne, outre les droits de Brabant & autres ufurpez fur la maifon de Nivernois & de Cleves, Alafuittede cedifcQius le Connétable leur fît le conte d'un trait qui mérite être fçe.u,auili perfonnencl'a écrit. Il n'ét pas raifonnable qu'il fe perde , je ne le pourrois pius commodément loger ailleurs.

Comme ce même jour leP^oy entretenoitlaDuchefle d'Etampes qu'il aymoit, l'Empereur furrint en la cham- bre, le Roy le faluant luy dit:Monfîeur mon frère, il faut Trait de que vous fçachiez le cofeil que cette belle Dame me don- l'Empe- ne.Eîle eft d'avis que je vous retienne prifonnier,jufques reurCh/tr~ à ce que vous m'ayez rendu Milan & NapIcs;Vrayement, les, dit l'Empereur, Monfieur mon frère fi elle vous confeilic bien,vous le devez faire.Ces paroles furent dites en rifee, & comme un mot lâché avec la liberté Françoifejilfem- bla pourtant que l'Empereur les eut recueillies douteufe- ment : car le lendemain prenant le fouper avec le Roy en fon privéjCÔme pour laver les mains il eut mis en la bou- che un grand $c precieus diamant , que le Vice-Roy des Indes luy avoir envoie, il le laiflachcoir àdetTeinaus piez de Madame d Etampes tenant la (émette, &fl à propos, £4 d*,me qu'elle eut moyen de le relever. -} & comme elle luy eut d'&à^ti. prefencé : Vrayement, dit l'Empereur, Madameil eft en trop belle miin pour l'en ôter, il vaut mieus qu'il y de- meure, &que <ous le gardiez pour l'amour de moy,dont je vous en prie. Retournons à nos Proteftan:s,car ce trait cft un peu bien à gauche de ce qui les touche.

Kk 4. L'Eu-

5ii De la Naissance de l* Hérésie,' quel pouffé de l'Antechrift Romain, difoient-ils, & le malheureus Concile de Trente , avec la ruyne de l'Evan- gile veut accabler la liberté de l'Alemagne. Ainfi marche rH;refie,enfeignes déployées fous la conduite du Saxon & du Lancgrave , fi fîere & fuperbe , veu les grofTes Villes qui cco'.ent entrées en fa liguejqu'elie faifoit état de traî- ner en peu de jours l'Empereur en triomfe, chaffer tous lesEvéques, diftribuer leur bien , & par le de'partement de tant de richeifes, s'obliger pour jamais la plupart des Princes & Seigneurs d'Alemagne. C'étoit le confeilfc- cret deLuther(car cecyfe trouva devant fa mort;& le fu- jetdefon livreduFifc, commelc vray moyen pour ap- puyer & affermir fon party. v. P o v r marcher à guerre ouverte, montrer la grandeur

Lei Proie- de leur deiTein,& de leur courage, &ie peu de crainte que Jizns 4L ils avoient de l'Empereur, ils le dégradent dés i'entreede grdiltn: leur guerre, du titre d'Empereur. La chofe fut débattue' L'Emîe- longuement au confeil: le Duc de Saxe étoit d'avis de rmr dsf.s l'appeller Charles ai Gand , lieu de fa naiflance , car, di- titreu foi t- il, le nommer Empereur , c'ét par nôtre propre bou- che nous convaincre de reboilion. Le Lantgcave au con- traire, n'étoit pas d'avis luy ôter tout à fait ce titïe: les autres Princes , répondoit celuy-cy au Duc, en prendront^ l'alarme: cèlera mettre la juftice du côté de nôtre enne- my, laiffonsluy le nom , & ôtons luy l'effet. On prit un entre-deus , & fut depuis appelle Charles fe difant Em- pereur. LeLantgrave au'Ji plein de prefomption, comme il étoit de grand courage, difoit fouvent, &l'avoit pro- mis au; Villes lots qu'elle; entrerét en la ligue, que dans trois mois il leur réiroit Charles prifonnier , ou il le for- ceroitdefortirdes marches d'Alemagne. Ils'étoit déjz fentafiél é:ablufe ment d'un nouvel Empire, dont il de- voitaroir la meilleure part. vr. La guerre donques refolue, après qu'ils eurent re-

Le MSmt cuei'lv Leurs forces près du Danube, qui pouvoient faire & d:-nn- fo'.xm :e iix a quatre vingt mil hommes de pied, dix mil- etnt U le chcvaas, & c;nt pièces d'ar:iilerie,ils marchent en ba~ gmrre. taille, tiers d une telle paitTance:puisen7oycnt un trom- pette a l'Enpereur . qui étoit lors fur les frontière; de Bavieres, affermai accompagne, àpeineavoit-iidix mil homme» en tout, ayant été devance des Proreftms: Leur

hiftorico

LlYR! III. Jl$

hîrtorien le confcfTe. Vn Page qui fuivoit le Trompette portoit un cartel fur le bout d'une gaule, pour le défier: coutume que les Alcmans gardent lois qu'ils dénoncent la guerre a leurs ennemis. L'Empereur ne le voulut voir, &leDucd'Albe, en la tente duquel ils s'étoient arrêtez, les renvoya avec menaces de les étrenerd'une corde , au lieu d'une chained'or. Quelques jours auparavant l'Em- pereur avoit prononcé le ban contre ces deus Princes re- belles, & conSfqué leurs biens : Il les aceufoit d'avoir u- furpélebien del'Eglife, pratiqué les Princes contre luy par devons terre, (ce futfon mat) voire d'avoir euintelli- gence avec le Turc,pour le faire entrer en la Chrétienté, afin que parmy tant de troubles iîspeuiîent établir leurs affaires, & venir à bout des pernicieus deifeins delongue mainprojettez. Ces patentes, & condannation de leur rébellion font donnez au Trompette,pour réponfe à leur defFy, qui ne furent pas fans réplique , laquelle leur hi- ftorien Sleidan à étendu de fon long. On ne penfoit pas, veu les grandes forces & les paillantes Villes qui s'étoi- ent alTociees & liguées enfemble,pour Ieparty Proteftâr, quel Empereur peut faire tête, ny paroitre devant eus. Ces Princes fur leur fumier avoient grande authorire', & /ousl'enfeigne delà liberté delà Germanie,beaucoup de créance parmy le peuple, ennemy delà fierté desEfpa- gnols, &de toute domination étrangère. En leur armée ctoit le frere de l'Eleclcur de Saxe Erneft,Ian Frideric fils de l'Electeur Filippe Duc de Brunfvic, & quatre Princes de fa maifon : le Duc de Lunebourg , le Prince d'Anhalc, dix ou douze autres Comtes Alcmans. Si eft-cc que l'Em- pereur ferait aus chams, avec le peu de forces qu'il avoir, tirant droit à fes ennemis, refoiu, comme Louysd'Avil-. la écrit luy avoir fouvent ouy dire , de demeurer mort ou vif en Alemagne, avec cette confiance que I'aiTiitance du Ciel ne defaudroit à une frbùxrac & juitc caufe.

LE M-

5i4 De la Naissance se l'Hérésie,

L'EMPEREVR MENE BATTANT LES

Protestans, Q^V I SE ROM- pentd'eus-mémes. -

CHAPITRE XIV.

Le Pape tnwjt fe-

eours a V Empe- reur ce

qu'il peut

0>doit

faire.

Le Tape evoyefecours x l'Em- pereur pour tette guerre. x. Grandi faute des Proteflam, & commute entent de leur tuyne.

i-

V Empereur Isurfait quitter

la campagne.

4- Se rompent d em-mémet.

5- Le Due Maurice S empare du Pays de Saxe. 6.

Le Duc de Saxe recouvre fin Etat.

V^TT'ÎSy ^s yens de toute l'Europe e'toient tournez H yÀffS Gif revendirent douteus de cette guerre, RT^i C1'J on Ju§eo^c pleine de péril & danger, &  |aVɧft ioa* dépédoit le mal, ou le bien de la Chre- y } Vjr^t -'prtr^ Chacun en difcouroitàfa fantafîe, ^ <-«*x~ & envoyait Tes fouhaits au devant des eve^ nemens félon que fapaflionle portoit. La plù-partdes Princes Chrétiens demeurèrent les bras croifez, laiffant faire l'Empereur , comme ft la caufe de Dieu n'avoir in- térêt a leurs querelles: & cependant que les peuples de la Lybie, &Sr.ythic envoyent offrira l'Empereur leurs for- ces [ car la guerre étant ja avancée, trois Capitaines Tar- tares voiûns du fleuve Borifthene , le vindrent trouver, & luy offrir quatre miliecheyaus , comme le Roy de Tunes luy envoya prefenter quatre mille Allarbes dzs liens. ) Pendât, dy-je, que ces peuples éloignez & Barbares s'of- frent au chef dés Chretiens,les Rois de la Chrétienté de- meurent fpedateurs , retiennent leurs forces chacun en fondétroit: Mais a leur tour ils joueront leurs perfon- nages, & fendront les cous de fouet de l'herciie.

Le Pape qui voit qu'en cetteguerre ouil s'agit delà caufe de Dieu , il étoit befoin que les armes temporelles vinffent à bout de ce que les fpirituelles n'avoiét peu fait paîTer en diligéee l'armée de l'Eglife, compofee dédis mil

hommes

LlYRl III. - $1)

hommes de pic , & de cinq cens chcvaus légers Italiens, fous la conduite d'Octavian Fernefe. La étoient ces fa- *

mcusCaprtaii es fignaleztus guerres paffees , lesVitei- lins. SabcIlinSjVrlins, PahoifiiiSj Petillans, & autres* Ce n'ét pas feulement contre les Infidèles, mais aufli contre ks Kereticjues, que l'Egîife peut employer les Forces qu'elle a: La terre, dit Y Açocilypfe, par laquelle ejl entendue la putfance temporelle , à tydé à la femme , c'ét à di- reaVtglift. Ainfi fit faint Léon armant 1 Empereur Léon te Va^e contre les Euticheens. Ainfi faint Grégoire armant 1 Ex- dstt fe- arche d' AfFrique Gonuadius ; contre les Vandales. Ainfi t**rs tm- lePapeAdrian acecurageant ce grand courage Charles tu les He~ le grand contre les Lombarts. Aufïï font les hérétiques retiques. plus dangereus a la Chrétienté , que les Payens , ny les Turcs : ceus-cy font adverfaires forains & étrangers, qui battent l'Eglife par le dehors & par la courtine, au lieu queles autres comme ennemis domeftiques l'aiTaillent par le dedans, & la combattent de fes propres armes. Ns/, Hom.f.m dit faint Chryfoftome, ne peut douter que les Hérétiques ne Matth. 2, foient pires que Us Gentils : car Us Gentilsblasftmtnt Dieu par -»• q. io. ignorance , mais les Hérétiques déchirent feiemmenî la vérité. art. 2. hh* Pireeftledeferteur delaFoy, écrivoit faint Auguftin,& */. de celuyquidedeferteur s'en fait oppugoateur, que celuy Cont.cap, qui n'a jamais abandonné ce que jamais il n'a tenu. Le *■>". Pape denques envoya au fecours de l'Eglife , contre les ennemis de l'Eglife , contre fes enfans ingrats & rebel- les, qui avoient pris les armes contre leur Mère. LeDuc deFlorence Colme, &Hereules Duc de Ferrare, ren- voyèrent quelques compagnies d'hommes d'armes. Ces forces recueillies , l'Empereur s'achemine à Ratifbonne, & ïngelitat,ayantfait ion lieutenant gênerai en l'armée, ce tant renommé Capitaine don Hernande de Tholede, Ducd'Albe. L'armée Protestante tourna aufli la tétc de ce côté , refolus avec les grandes forces qu'ils avoi- ent , enveloper comme dans unrerz , celles de l'Empe- reur,ou les poudroyer de leurs canons. Comme les plus forts, ils fçeurent prendre l'avantage du !ieu,s'étant cam- pez au deifus du camp de l'Empereur , pour le battrç comme en cavalier.

T o v s ceus oui ont particularifé les guerres, difent " n. 'es l'entrée ks Proieftsn* rirent von^uelle en feroie Grand*

l'ilTuë:

514 De la Naisjancï de l'Heresie,

L'EMPEREVR MENE BATTANT LES Protestans, ç^y i si r o Ri- pent d'eus-mémes. -

CHAPITRE XIV.

Le Tape evoyefecours k l' Em- pereur pour c et te £ uerre. x. Grand? faute du Proteflans, <& commencement de leur tuym.

y

V Empereur leur fait quitter

la campagne.

4- Se rompent d ' t ut-même i.

S- Le Due Maurice s'empare du Pays de Saxe. 6.

Le D«r de Saxe recouvre fin Etat.

5.8 yeusde toute l'Europe étoient tournez Lui l'événement douteus de cette guerre, qu'on jugeoir pleine de péril & danger. Se ionj dépédoit le mal, ou le bien delà Chré- tienté. Chacun en difeouroit à fa fantafie, &envôyoit Tes fouhaits au devant des eve^ nemens félon que fapaflîonle portoit. La plu-part des Prince* Chrétiens demeurèrent les bras croifez, lairîant faire l'Empereur , comme fi la canfe de Dieu n'avoir in- térêt a leurs querelles: & cependant que les peuples de la Lybie, &Scychic envoyent offrira l'Empereur leurs for- ces (car laguerre étant ja avancée, trois Capitaines Tar- tares voiûns du fleuve Bonfthçne, Ievindrentrrouvcr,& luy offrir quatre milie chevaus , comme le Roy de Tunes luy envoya prefenter quatre mille Allarbes des fiens. ) Pendât, dy-je, que ces peuples éloignez & Barbares s'of- frent au chef des Chrétiens, les Rois de la Chrétienté de- meurent fpedatcurs , retiennent leurs forces chacun en fondétroit: Mais a leur tour ils joueront leurs person- nages, & fendront les cous de fouet de l'hereûe.

Le Pape qui voit qu'en cette guerre ou il s'agit de la caufe de Dieu , il étoit befoin que les armes temporelles vinfTent à bouc de ce que les fpirituellcs n'avoiét peu fait paffer en diligéee l'armée de l'Eglife, compofee dédis mil

hommes

Livre I î I. 515

hommes de pic, & de cinq cens chevaus hjgers Italiens, fous la conduite d'O&avian Fernefe. La étoient ces fa- *

meus Ccpir.ar es fgnaleztus guerres paitees , lesVitet- lins. SabcIJms, Vrfins, Palvciiins, Petilîans , & autres* Ce n'et pas feulement contre les Infidèles , mais aufîî contre \c$ Hérétiques, cjucl'Eglifc peut employer les Forces qu'elle a: La terre dit l' Apocalv pie, par laquelle ejl entendue la puiffance temporelle , à ajdé à la femme , cet à di- reaVï-glifr. Ainfifit faintLeon armant 1 Empereur Léon it Pape contre les Euticheens. Ainfi faint Grégoire armant 1 Ex- doit fe- arched' A Afrique Gonuadius contre les Vandales. Ainfi cours c en- le Pape Adrian acccurageantce grand courage Charles treles He - le grand contre les Lombarts. AufTi font les hérétiques retiques. plus dangereus a la Chrétienté , que les Payens , ny les Turcs : ceus-eyfont adverfaires forains & étrangers, qui battent l'Eglife par le dehors &parla courtine, au lieu queles autres comme ennemis domeftiques l'aflaillent par le dedans, & la combattent de Ces propres armes. N*/, Hom.p.m dit faint Chrvfcitome, ne peut douter que lef Hérétiques ne Matth. 2, fotent pires que Us Gentils: car Us Gentils blasftment Dieu par i.q.io. ignorance , mais les Hérétiques déchirent feummeni la vérité, art. 2. hht Prrecftle deferteur delaFoy, écrivoit faint Auguftin,& 21. de celuy qui de defertcur s'en fait oppugoateur, que celuy C:nt. cap, qui n'a jamais abandonné ce que jamais il n'a tenu. Le 2s, Pape denques envoya au fecours de l'Eglife , contre les ennemis de l'Eglife , contre fes enfans ingrats & rebel- les,quiavoient pris les armes cocue leur Mère. Le Duc de Florence Coime, & Hercules Duc de Ferrare, y en- voyèrent quelques compagnies d'hommes d'armes. Ces forces recueillies , l'Empereur s'achemine à Ratifbonne, & Ingeiftar, ayant fait Ion lieutenant gênerai en l'armée, ce tant renomme Capitaine don Hernandc de Tholede, Ducd'Albe. L'armée Protestante tourna auiTi la tétc de ce côté , refolus avec les grandes forces qu'ils avoi- eut , enveloper comme dans unrerz, celles de l'Eœpe- reu^ou les poudroyer de leurs canons. Comme les plus forts, ils fçeurent prendre l'avantage du îieu,s'étant cam- pez au deilus du carrp ce l'Empereur , pour le bactrç comme en cavalier.

T o v s ceus oui ont particularifc les çuerres, difent n es l'entrée les Protcfhn* firent wiiçjuelic en feroic Grand*

lue:

yi* î>r la Naissance de l' Hérésie, faute clet Yiffuc: car ayant 1 avantage du lieu & des forces, pour â- Fretefîans, voir l'Empereur lors peu de cavalerie,ils ne fçeurét pren- ez limtn- dreleurparty a point, & l'engager au combat , nyfuivre te ment de le confeil eu Lanrgrave, qui le vouloir forcer dans fon Uhîikixe. camp, retranché d'un folié feulement, pour le peu de loi- fir qu'il avoit eu. La petite armée de l'Empereur ferrée dans ion enceinte, fervoit comme de bute aus canons des ennemis, qui ne cefîerent de vomir feu &fcr, & la tour- menter l'efpace de neuf heures de canenades continuel- les, fans faire autre effort, bien qu:ii leur fut aiféd'cn- . foncer les trenchees, & en pîufieurs endroits y entrer la lance fur la cuifle. Cette longue batterie r'alïeura les Im- periaus, qui jugèrent par la le peu derefoiution qu'ils a- Sleidan /;'. voient de venir aus mains. Ce jour la ce brave Empereur j8* fit le devoir d'un fage & valeureus Cspitaine,fe jettant le

premier au devant des canonades qui greloient dans fon camp,pour hater fon retranchement -y mo/itrant dans ce grand péril qu'on jugeoii a l'oeil , fîfes ennemis eulTent eu le courage de l'enfoncer, en courage vrayment digne d'un Cefar. Il fu t ce jour la en la gardede Dicurcar allant ainfîdenîe en iïie,deus & trois fois, il vid emportera fon côte' de fes cens , & une baie de canon ayant donné pres- que auspiezde fon cheval, s'arrêta fans bondiccmmc re- tenue de la main de fon Ange gardien: La divineprovi- sîdence, die Avilla, retint le coup; carie moindre bond «qu'il eut fait, l'eut mis en manifeite danger.

Lanuitfurvenuë, & les deus jours fuivans luy donnè- rent le îûiiîr de mettre fon armée en feureté faufil avoit- il un boaadoifcment, oui étoit la ville d'ingolfts-4) atten- dan: celle que le Comte de Bure luy amenoit des Pays- Bas, cempofee de quatre mil hommes de cheval, & dix mille de pié. Ce Comte en dépit des Protcitans, quia- vo;ent bordé le Rhin de trente- fîx enfeignes de gens de pié, ce douze cens chevaus, avoit franchy ce mauvais paf- fage4« Duc & leLantgrave après avoir tourmenté ^ cous <le canon l'armée de l'Empereur , fans l'avoir peu ébran- ler^ laiifé échaoer la commodité de le combattte,com- mencemen: de leur ruyne, dit leur hiitorien, vont au de- vant du Comte de Bure, allant chercher, dit-il, les enne- mysau loin, les ayant a leur barbe. L Empeieur averty* (Jccedenein. d'jnn-: avis au Comte,leciuciie garentitdu

ren-

!

Livxi m. n?

rencontre, & maugré eus fe rend au gros de l'armée, fans perdre un homme. Sur cette extrémité, ou l'Empereur fc trouva ayant tant de forces ennemies fur les bras , en u* Pays peu favorable; quelques uns furent fur Icf oint de Jever'le mafque, le déclarer pour la ligue Prcteiiante, mêmes l'Electeur Palatin , lequel envoya de renfort aus Proteitants quatre cens hommes d'armes. Le loir de cet- te grande batterie le Lan tgrave loupent auprès de fon ar- tillerie, prit une coupe, & s'addreiiant au Colonel defon infanterie, luy dic5 Scherrel,beuvons à tous cci's qui ont aujourd'huy reçeu la mort delà bouchedenos canons. Je ne fçay pas, dit l'autre,le nombre des mcrts;une chofe fçay-je bien , que ceus qui font reliez en vie, n'ont éloi- gné leur rang d'un feul pas.

L'Emperevr ayant donques recueilly Ces n ouvellcs m. forces, ce fut à leur tour aus Proteitants à fe tenir ferrez, ULrr.fe* & fur leurs gardes, logeant leur armée dans les monta- rtur leur nés Se colines , quoy qu'elle furpalTat en nombre celle faitqutt- e leur ennemy.Iis îaifTcnt prendre les Villes à leur veuë, terU c*m- quife rendirent d'euye feulement tout le long du D; be, fleuve de relie importance aus deus armées, que une grande partie de la vicîoire ccnfftoit d'en être Je maître. Ccmmele Duc d'AIbe eut étendulaiicnnc dans la cam- pagne raze de Tonavert , il envoya vers le Lantgravc un Trompette pour le ferrmer de defeendre & venir au combat: Mais leProtefbmr dit,qu*on avoit patiente cinq jours en la plaine d'ingclftad, demandant la bata;lie,la- quelle on avoit refulc; qu'ilprendroi: fonparty quand la fortune fe prefenccroit.il ne le fçcut pourtant faire peu de jours après, que l'Empereur avec le Duc d'Albe fc ti ouva prefque engagé parmy Ces troupes, s'étant trop vancé pour reccnnoùre iailïetcdu camp des ennemis» d'où il le retira en fon carrier, cependant que les Prote- itants maudirloien: leur malheur, & le peu derefolutioa du chef. le ne veus déduire les écarmeuches, camifades, petits combats, prifes & reprifes des Villes : ce n'ét pas proprement mon fiijet. Slc:dan &d'Avilla, l'un Prote- stant, 5: l'autre Catholique, les fuivent pie a pie, de lo- gis en legis.

L j s Prote{hr.ts étonnez pourvoir ies villes refroidies en leur i:to'.:;-s,K;-,iicsr.cu>eiicsc.t Place reuricuraide U$ fr»U-

àoa,

518 Di la Nais sak es di l'Hiresh, non plus d Angleterre que de Dannemarc, leurarmee ftâmfe diminuer, celle ceTeuncmy accroître, &l'hyYer furies rompent bras^ les mauvaifes nouvelles de Saxe, dont jeparleray d eus fnt- cv après } recherchent la pais par Tentremile de l'Ele- mtim deur de Brandebourg: mais les conditions dures qu'on

leur prcpoicjfont qu'ils fe refolvent a continuer !a guer- re en fe retirant. Ils lèvent conques leur campdenuir, & à la faveur d'une épaiiTe bro'uee qui les couvrit à [ou- verture du jour , gaignent l'avantage en leur retraitte,& prennent le chemin de Saxe,afin de rafraîchir leurs gens, & relever les affaires de ces Pays prefque perdus. L Em- pereur averty de leur départ , les fuit avec fa chavalerie, & tenant prefque leLanrgrave, &: lejeûne Prince de Sa- .xe enfermez dans festrouppes , IcsIaifTe échapper. Ilé- toit éloigné du gros avec peu de forces : mais onn'ofa l'enfoncer tout a fait, pour l'apparence qu'il y avoit qu'il fut au cul de ion armée, pour favoriferlaretraitte; aufli l'Empereur n'avoit fes gens depié. Le vieus proverbe de nos anciens François femôntra véritable: ^ue/i lêtffa- i-ott ce tue fait l'c<, /cuvent V 6t deferott l'àt. Les Proteftans ainfi échappez à grandes journées , entrent en Suabe, branquettent quelques villes , font cueillette de deniers âFulde, Frankforr, à M aj an ce. Se rompent néanmoins pour la pi ir part,& envovet derechef leurs Ambafladeurs en France, Angleterre , & vers les Princes leurs alliez, & villes atfociees.Lc Lantgiave laiflant toutes les forces en- tre les mains du Duc de Saxe, fe retire chez luy. Le fuccez tic leurs affaires a fait voir, qu'une guerre conduite par deUs chefs d'une puifsacc tgale.ne reufîit guerres à bon- ne fin. Cette lourde fecouile, qui cuida porter par terre 1 Empire Romain es plaines de Cannes , montra, &plu- urs autres auffi.que cettemaxime eft veritable.Qu'un ieul chef moins expérimenté , & de commune prudence, eit plus utile en la conduite d'une guerre,que deus grans Capitaines enfemble , qui ont pareille authorité.

Trois Tibuns, dit Tite-Live fur la révolte des Fide- nates, de puifïance confulaire } nous apprirent combien le commandement de \ lufieurs eft dommageable en la guerre , tirant chacun a Cts confeils & deiTems, ils firent ouverture à l'cnnemy. Cet ce qui caufa la création d'un Dictateur , atin qu'un fcul peut remettre en ordre ce que

trois

llTRl III. fi$

trois avoicnt defordonné. Dés la première charge que le Lant<*rave ruai' Empereur,avant qu'il fe logeât a Ingol- ftat, parce qu'il perdit quelques gens, leDucdeSaxelc ç, ., .. trouva mauvais, &menafla le Lantgrave, s'il faifoit plus * *

de tels cous, & ces entreprises fans fon avis, dequitter77' tout. Quand l* t mpereur engage dans les trouppes de Tes ennemis courut fortune, le Prince de Saxe perdit la tien- ne,attendant le Lantgrave, qui ne peut arriver a cés,n' ay- ant voulu donner qu il ne fut a luy .♦ &cetruy-cy voyant l'armée Impériale: dans fon chetif retranchemét a Ingol- itat,en prefenec des Capitaines leur dit: Si j 'avois feul la charge de la guerre, comme j'avois lors quejeremislô Prince de Witembergen fon Duché,je voudrois donner dedans nos ennemis avec toute l'armée. Ainfi donques s'e'- vano'uirent ces grandes forces , fous la conduite de ces dcus,fans autre effet que d'avoir veu à la fois cent mille hommes de pié, dix mille chevaus , & trente gros canons à leur fuitte. L'Empereur voyant Ces ennemis écartez & vaincus de lcurpropie déroute, donnant quelquerela- che à fon armée a petites journees.-faifant chemin, prend Bofing,Nerling, Dinquel,Spul , & autres villes fans reft- ftance. Il n'avoir que peine a marquer les logis, & don- ner glaces.

Cependant que les deus armées vers les plaines du ▼• Danube , patientoient ainfi dansla rigueur del'hyver, l* &*** . cherchant chacune fon avantage,que ceus-làfcretirent, Miuritê & que l'Empereur les acconfuic; Ferdinand Roy des Ro- * empart mains, ayant levé des forces en fes Pays de Hongrie, Sil- ^H PaJs ** velîe, Bohême, &A::triche, quoy qu'il rut menaffé du Saxtt Turc fon perpétua' ennemy , lequel le Duc de Saxe folli- citoh par Ces ménagers s'avance pour le fecours de Coa frère, & envahit le Pays de Saxe connTqué. Le Duc Mau- rice, & fon frère Augufte parents du Duc,& celuy gen- dre duLantgrave, quoy que Luthériens, fuivant lafoy promife à l'Empereur , l'affiftent de leurs forces, entrent en Saxe, prenrkent prefque toutes les villes , qui prêtent ferment de fidélité a Maurice; de fortequ'en peu de tems le Saxon fe vid dépouille de tous Ces Etats. Cène furent q -e plaintes & libelles contre M aurice,accufé de perfidie & déloyauté trahillant & fa religion , & fon parcnt:mais ilfe defFend de l'obeyffance qu'il doit à fon fouverain.

i. I Magi-

<3o De la Naisïanci ©i i'Hereîii,

Arat: dit qu'il a dés l'entrée defiré amortir laguer- re, remettre ces Princes rcvoltczen labônegrace deleur Empereur: mais ils ontmieus a] me tenter par l'incerti- tude des anr.es ce qu'ils pouvoient avoir certainement par la pais : Qu'il n'a pas voulu ]a;iTer en proye à l'étran- ger la maifen de Saxe d'cùil eftforti,ainslaconferver en ion entier entre Tes mains , fuivant le commandement a de l'Empereur. Qu'en cette guerre il n'ét pas que- ftien de la Religionjmais de l'Etat. Que l'Empereur, fui- vant les derniers décrets , laide un chacun libre en fa Re- ligion, mêmes au Pays de Saxe. Lp Lantgrave retiré chez luy, veut traitter avec Maurice, mais il dit ne pouvoir fans le congé de l'Empeieur, & cependant fuit fa premiè- re pointe. VT# C e fut la rufe, comme j'ay dit, dont il ufa pour dé-

Z* Sftxen coudre ces Princes-, delailTer la querelle de la Religion à ttfiêwurt P-rtj qui eut peu amener en leur ligue plusieurs Scig- fùntiat. neurs& Villes, qui firent alte, puis qu'on lailToit leur confcicncepaiiible: car encorqu'aus Pays reconquis les Ecclcfîaitiques fuiTcnt remis en leurs biens , c'e'toit tou- jours fuy vant les décrets des Diètes tenues à Aufbourg & Spire. Amfis'étabJit Maurice en fa conquête, luy don- nant 1 Empereur cet os à ronger, refelu de le deffendre contre le Duc de Saxe, qui longeant à fes affaires parti- culières , marche avec Ion armée compofee de dix mil l:ommesde pié, & quatre mille chevaus pour recouvrer la perte, puisqueleLantgrave n'avoit peu ramener fon gendre à quelque accord. D'abordée il emporte piufieurs villes, qui tendent la main à leur Seigneur: Lipfe pour- tant, Drefde, & quelques autres le font lâcner, pour- veues de bonnes garnifons , tout le refte prit le party du Saxon. Maurice ne pouvant fupporter le fais de la guerre en fon paiticulier , que Ian federic luy faifoit avec les forces du général, folicite l'Empereur de luy envoyerfe- cours.- ce qu'il fait fous îaconduitte d'Albert de Brande- bourg. Mais celuy plus brave cfievalier,qu'cxpcrt & pru- dent Capitaine, amufé parlafceurduLantgrare, &en- dormy avec fes dances & feftins, fut alfailly par Je Duc, Tatu & prisprifonnier. Delorte qu'il recouvra non feu- lement tout fonEtar,mais envahit encore celuy de Mau- rice, &d£c0anc dzs nouvelles intelbgéces dans Bohême,

ie ren-

L i y s. i III. j|x

Te rendit maître des minières d'argét à la faveur des HuA lires, qui traîtres à leur Roy,favorifent Tes entreprifes & deiTems, firent levée d'hommes, pour envoyer au fecours duSaion, & aiïïfter ceîuy que la crainte dumémeperil joignoitli leur caufe.

LA DEFFAICTE DES PROTESTANTS, & reddition deplufieurs Villes.

Chapitrs XV.

Z' honneur de cette guerre deu aitfeul chef après Dieu qui en prit la conduite. z. te Duc de Vvitemhergrjr le Comte Palatin demandet far don a l'Empereur.

h Tke dit iodes plus greffes îyim- pertâtes villes j*ns forces.

L'Empereur paffe en Saxe pour dompter le Duc qui l'a voit conquife.

S-

Courageufe refihttion de l'Empereur an fxjfig* d'Alex.

6.

Défaite & prife du Duc dt Saxe»

ÎEvquiafoindelaconfervation des Em- *• pires, puisqu'iljetrelesyeus jufquesaus L'honneur plus petites câlines desbergers^môtra bien "' es4tt U |^§7 J: clu'^ av°ic P"s ^a Frotè^i011 de l'Empire &*trre &* // **^_K^fj Chrétien, dont les Chrétiens mêmes avoi- au(hef» K?*c/H*u entjuré la ruyne,coduifant comme par la main ce fage .^Catholique Prince pendant cette guerre importante: Car , comme on dit que la fortune mettoic dansIepoinàDemetrius les Villes toutes prifes : Auf- fi toutes les Victoires qu'il eut luy tombèrent du Ciel. Se contre le jugement des hommes , luy amenèrent en fia fes ennemys un-à-un à Tes piez j de forte que ceus qui fe faifoyent forts de le traîner captif , ou l'envoyer avec ' le bâton blanc hors de l'Alemagne , fc virent en peu de rems réduits à fa mercy, luy demandant la vie,contraints d'en fortir traînant leurs liens & leurs fers à la fuit- te du vi&orieus. Les Villes qui avoyent fermé leurs por- tes , ouvrirent volontiers leurs murailles pour le rece- voir, &au lieu que les peuples débauchez le fouloyent

L 1 r nommer

53 i la NiissANci db l' H ire sis, nommer par mépris Charles de Gand, ils l'appellcrent IcuiVn s £ r Vatt iR,c'étàdire,nôtrePerc.

Auflife montroit-il fi affable, & débonnaire envers tous, qu'il gagnoitlecœur d'un-chacun , ayant fouvenc ce mot en bouche, qu'il aymoit mieus l'affection des ci- toyens, que ia Cité même, tachant de conferver par dous moyens &gracieus, le repos qu'il acquit par les armes ; fi que bien louvent les vidtorieus furet envieus de la con- dition des vaincus. Tous ceus qui ont écrit le difcoùrs de cette guerre . donnent l'honneur de la victoire à la re- iolutiondutcul Chef. Car contre les Loys de la malice, contre l'avis de fes Capitaines , il la continua dans la ri- gueur de lhy ver j & quoy qu'il fut affligé des goûtes, eft-ce qu'il ne quitta jamais fon arraee,ains dans les nei- ges & verglas , lupportant fa jambe droite d'un fandal,it fe trouva a toutes les factions qui fe firent ; & lors que fes ennemis penfoient qu'il fedeût retirer, c'ét lors qu'il les ferroit , & approchoit de plus près, îî. Comme leDucdeWitemberg avoit le premier pris

Lt Duc de les armes, arboré le premier fes enfeignes, dreiTé le pre- V'ïieïerf, mier cors d'armée contre l'Empereur, auflî fut celepre- fjrlcCem. mier des Princes rebelles, quifubiugue, & vaincu, de te FtUtin luy-mémelesmitbas : Carfçachant qu'on venoitàluy, demandé: quireftoit accablé d'ennuys & de maladie pour voirie tnttiir,. mal-heuréus fuccez de leur ligue , & une fi grande armée difparuc comme la neige devant le Soleil,il feretira dans uneplacc, quelaNatureavoitrenduimprenablc: Puis rejettant tout l'efpoir de fon falut fur la bonté de l'Em- pereur, il envoya Ambaffadcurs pour le fupplier le vou- loir recevoir en fa grâce. Mais avec paroles aigres, & me- nallantcs témoin de fon courrous, il luy commanda re- mertrefavie, &: fon Etat entre fes mains à diferetion, & non autrement. CepauvreVlric étonné,recrit, &crie mifericorde, & pour l'amour de C h r i s t, fupplie l'Em- pereur vouloir pardonner a un miferabic Prince, & à Cfcya- fesfujets : En-fin il eft reçeuàdemander pardon pub-li- UBtlej. quement lesdeusgenous à terre, condanné payer trois Jûmier censmilécus, rendre toute TartiHerie que ces confede- ej+f. rezavoientiaiiTe lors de leur retraite, renonçant à tou- tes les alliances de la ligue.

Eu inëme tems Frioexic Palatin Electeur vint aufii fe

jette*

L i v R i III. 5J3

jetter aus pïezde l'Empereur, étant lors à Haie, Iefup- pliantluy pardonner la faute qu'il avoit commife quand il envoya des forces aus Proteftans cependant qu'ils le tc- noienc comme allîegé a Ingoiftat. Il bâtit fes excufes fur 1 obligation particulière qu'il avoitau Duc de Witem- berg. A près quelque rigoureuferemôntiâce, l'Empereur lay pardonna, fous l'elperance qu'une fi grande faute fc- roitrecomp-nfeed'uneplusfoigneufe, & afl^uree fidéli- té. Cnicun avoit compafll on de voir ce grand Prince de s«tci*B- la maifon de Bavière, Coufin de l'Empereur, la tête che- ^tlf' ■• iiuë découverte, & les larmes ans yeus demander pardon avec une telle h u milité. Cet te bon te, & douceur de l'Em- pereur plus empreiîe d'ouvrir Jes bras pour embraffer, qu'à les haufler pour frapper, amena piufieurs autres Çom res, & Seigneurs de la haute Alemagne a fon fervice, & peu a peu tout le Pays.

La Ville d'Vlme grolle & puiiTantefut des premières in- à fe rendre, laquelle paya cent mil écuz d'amende . & vMts douzepieces de Canon -comme fit fans coup ferirFrank- fe tendent fore , qui paya quatre vingts mil écuz. Le Comman ieur d'tnje. d'Aicantara écrit, que comme le Lantgravequis'e'toic proaiis la ruyne de l'Empereur, paiïbit aus portes de Frankfort pour fe retirer chezluy,legouverneur,&prin- cipa.isdela Ville le furentfaluër, & prendreavis furl'oc* curen e de leurs affaires découfues. Le Renard , dit-il, garde bien fa queue : Le Chat auiTî verra ce qu'il aura a faire, 6c les laiifanc a déchiffrer cet enigme,il paite outre &s'en va. La reddition de Frankfort fut bien-tôt fuivie.de celle de Meming , qui paya cinquante mil écus, puis Bi- berac^avcfbourg^âpodum^md.inejElingjAufbourg, ou étoit Echertel Coionnel de.la ligue , quinepouvanc avoir fon pardon , ny faire fa pais qu'aus dépens de fa té- te,fe retira en Suiff:. Cette ville donna cent cinquante mil écus, & douze pièces d'artillerie. Strafbourgfuivit bien-tôt, & fut quitte avec trente mil écus d'amende, & douze pièces de Canon pour marque de fa révolte. Aiatl prefquecn même tems, les principales, & capitales vil- les de l'Empire furent remifes en obeyflanec, déclarant leDucde Saxe,& leLantgrave, quen'aguiereils recon- noiifoiëtpour chcfs,ennemis publiques. Notable exem- ple du tourbillon des affai res du monde , & de l'incon- LI j fiance

A

B-2C 1016 'Kémond, F.

I lis + -ire

'554 B 2 la Naissance de l* H e r e s i ^ (tance variable du peuple, qui adore feulement la bonne fortune, & tourne le dos a la mauvaife.Comme [honneur des viétoiresfanglâteseit en partie deuaus Soldats, aullî toute la gloire de celles qu'on gagne fans épâdre le faner, eft attribuée du toutà la prudence du chef. L'Empereur embraffe tout lemonde , pardonne volontiers aus villes, reçoit les Bourg-maîtres qui avec Iarmcs,&paroles d'hu- milité impioroyent fa grâce. Mais pour les deus Chefs, il les veut avoir à fa mercy. Le cœur gros du Lantgrave ne pouvoir fîéchirjufques a la,quoy que l'Electeur de Bran- debourg le prellat d6 ce faire , il defiroit la pais avec con- ditions honorables. Mais l'Empereur le vouloir faire de même livrée queceluy de "Witemberg , & repondit au Marquis Ian qui en fit l'ouverture, que fi le* Duc de Saxe & le Lantgrave mettoyent leurs perfonnes & Etats entre ùs mains, qu'il parleroit de la pais, & non autrement. tiii. Le Duc de Saxe tandis poufîe fa fortune, qui luyavoic

L'Emue- 17 al entrée en fes terres V Empereur le laifife, s'aifeuranc reur pajfe de le rrairter a fon tour. Mais ayant fçeu la nouvelle de eaSuxe ladjroutedu Matquis Albert, il partit d'Vlmepours'y four dom- acheminer, & faire lâcher prife au Saxon.Mais rourmen- terlt Duc. de fes gouttes , il tomba griefvement malade a Nor- TLn Avril, ling, de forte qu'on douta de fa convalefccnce. Ce fur *J-#7. lors querHeretierehaulfa facrê*te,efperantavec la more de l'Empereur enfevelir i'Egiife Catholique en même tombeau. Dieu releva contre toute efperaace ce Prince, lequei ayant recouvré un peu de fes forces, s'achemina avec fonarmee à^£ger, ville alîife aus piez des monta- gnes de Bohême ou le rendez-vous étoit donné a Ferdi- nand, & Maurice. Leurs forces jointes, ils tirent fans fe- journer enSaxe, pour domter ce nouveau conquérant qui avoit joint a fes victoires Frrberg,& Meiiî'n, ville ii- tuee fur la rivicre d'Albis. Il eut plutôt fur les bras l'Em- pereur qu'il n'avoitpenlé : De forte qu'après avoir fait brûler le pont, il abandonna MeiiTen, & étendit fon ar- mée le long de la rivière , laquelle feparoit les deus ar- mées, ayant le bortde la riveplus haut de fonecté, ce qui fortifioit la fienne , & rendoit le gué que l'Empereur cherchoit difficile. Auilî avoit la rivière- trois cens pas de largeur, & le fil alfez fàcheus. L'armée Impériale qui dé- croît franchir fi mauvais fofie , s'approche pour gagner

l'autre

Livre III. 5*7

l'autre port. Mais cette grande largeur d'eau en étonne plusieurs en unfolageinconneu. Celle de l'ennemy bor- doit la rive de l'autre , ou îl avoir loge' ion canon, Se avec quelques bâteaus empéchoit lepafTage.

Le gué fondé &jugé bon & ferme, quoy que pro- T;

fond, lEmpereur refoùt le partage avec la Cavallerie,& Co'Arx*etu le combat quant-&-quant, pour la crainte que le retar- fCrefoîu- dement donnât le Ioy/îr a fon ennemy de recueillir de fjondâ nouvelles forces, fejetter cependant, &diitribuer celles l rmpgm qu'il avoir dans les bonnes places pourveuës de tout l'ap- reit7 aii pareil & avituaillemcnt neceiTairea un longfîege , qui pmflajù eut tiré cette guerre en longueur, & donné loilîr ans Pro- &£$& teftans de remuer befongne ailleurs, candis que l'Empe- reur feroit engagé à forcer les villes de Saxe . Car déjà le Lantgravefaifoit fes apprêts pour fejetter en la campa- gne. Apres que les cheraus* légers fc furent les premiers mis en l'eau, portant chacun mi arquebuiier en croupe, l'Empereur accompagné du Roy des Romains fon frère, fejetta après , moncé fur un Genêt d'Efpagne brun- [ harnaché d'uncaparaflon de velours cramoiiy à franges d'or, armé d'un harnois blanc doré , fans cote d'arme-*, lemorion a i'Alemande en tête , tenant en fa main une wzagaieaferlarge.il nous fembîoit,dit leComm,andeuc ■wd'Alcantara , voyant nôtre Cefarainiiarmé , partant 3sun fleuve avec fon ôt en armes , n'ayant autre chofe a •^marchander de l'autre côté, fînon combatre &vai:i- »cre ; quec'étoit un autre Iules Cefar traverfantleRu-

sabicon. Encorqueie partage fur Ions &fàcheus, par-

i 10 » ù i i '

ce qu en quelques endroits on perdoi; terre , la cavale-

rieiuivit, &: malgré les ennemis gagna l'autre risre. Les Proteftans voyans cette hardie refolution, mêmes des Efpagnols qui fejetterent en l'eau, patTant à nage la ou leur pic ne trouvoit le ferme , portant leurs é^ecs a la bouche, perdirent le cœur de défendre Iadefcente. Siei- dan qui fait le récit de cette victoire mémorable en trois mots, racontc-quele Duc de Saxe étoit au prêche lors qu'il eut avis que l'Empereur palloit,!! qu'il n'eut le loi- lir de voir ces troupes croi Cccs , écharpees de rouge, pres- que arrêter le cours du iieave, qu'il penfoic luy iérvir de barrière aiTeuree.

Iayapprisd'un Seigneur François quia longuement Ll 4 prati-

)$6 Di ia Naissinci de i'Heresii,"

pratiqué l'Alemagne, que les S '.xons rejettent lafaute de leur chef endormy en (o:\ prêche ayant les ennemis à faveuë. far le Mareiehal de fa Cour, de la maifon de Choremberg. lequel difcmt-ils, gagné par l'Empereur, empéena qu'on ne portât la nouvelle du paifage à fou M'.urejpour ne vouloir troubler fa dévotion. Averty dôc, friais trop tard, il commande qu'on marche, & double le pas tirant droit à fon W.'tcmbcrg. Ce que fon armée fit, tournant neantmoins vifage lors que les cnevaus légers vindrent fur ia queue attaquer l'efcar mouche. L Empe- reur ayant paflfé,& dre lu: (on avant gard.*en bataille, les fuit fans attendre le ^ros de Ton infanterie, qui fur les points a bàteaus qu on avoiten partie "trefïcz lu débris deceusd;s e.incmi^tiaferioit le fleure» Arrivé en un car- foar>il rencontra un Crucifïs , avait ia poirrin? froilfec d'unearcbufade,lacheedc: quelque main Sacra mentairc. Tieté de »Ha! Sire Dieu, dit ce bon Prin :c levant Ici yeus au ciel, . l'Empe- sua es allez puifl mt pour vêger aujourd'huy tes injures. rtur. Cependant le Saxon au grand pas gagne toujours pays,

avec fis mil hommes de pic, & trois mil chevaus, vingt pièces de'groffe artillerie, fjivy de 1 Empereur qui ne pouvoir avoir lors quatre cbcvais en tout, & non plus.- fans canon ny gens de pié, le refte paiToit toujours àlafile. vr. D e _ia avoienr fait les deus armées trois lieues d'Ale-

Deffiiti magne, l'une fc retirant fous l'efperancedc gagner Wi- &?rifidt4 temb-erg, & l'autre fuivant, pour h combattre en fa re- T>têt de traitte- quand le Duc de Saxe fevopnr pouiiuivv , pen- Sêx*. fantquece ne fut que l'avant garde,conduite par le Duc d'Albe,a faveur d une forêt Ut fermc,& reniant quelque peu de combat , vid bien tôt fes troupes renverfees , & tout tourner le doz, abandonnant l'infanterie a la mtî cy de fes ennemis, qui la taillerét en pièces. L'Empereur fut à la chalTe plus d une lieu'é, & les autres prez de trois, de- puis lemy jourjufques à fep: heures du foir. Comme il eft de retour dans le bois ie combat avoir commencé, le Duc d'Aibe luy prefenta le Duc de Saxe pris a la pour- fuitte, tout couvert de fang d'un coup qu itavoit au vifa- ge lequel luy dit,Tref-puiiïant &trefbmin Empereur,je mercsvôtreprifonnierjtraittezmojs il vous plait corn- ,me un Prince de ma qaaîicc.Me nommes-tu maintenant

Empc-

LitriIIL . jj7

Empereur? Iuydit il j cetitreeftbien différent de ecluy* que tu mef»ulois donner, tu feras traircé félon tes méri- tes. Cette victoire fat entière, car tout fut mort ou pris, fansqn il fclau/ât dans Witembsrg avec k*fi:s amédu DucdeSaxe aaili ble.Te, plus d- quatre cens hommes. La diligence eft une des meilleures pièces d'un grand Capi- taine^ fouvent une heure perdue ne fe recouvre jamais: Si cejour l'Empereur n'eut paifé l'eau , fa /ictoitc ér;ùc bornreaude-iarAlbis: Car le lendemain de labaraiile ilgroilîc de telle forte , qu'il étoic impollible de le palier,. mêmes a nages tant le courant fe roidir. Et fi le Duc eut peu refpirer douze jours, comme il du fouvent depuis pendant fa prifon , il luy eut mis trente mil hommes de pie en téce, Se fept ou huit mille chevaus. Il faut confelTer que cefut un g:and fait d'arrn:s, gagner un telpaflTage à laveu'éd'uncarmee a l'autre bore, qui le pouvoit defren- dre,fairc la fuitte fi longue , avec la feulé cavalerie, char- ger gens de cheval & de piéadoffez d'une foret pour leur retraite; fans artillerie, contre gen. qui avoient & l'un& l'autre. Ce fut un grand éch-c au party Proteftant, Se eue été le dernier coup defaruyne , files querelles parti- culières qui vindrenr après } n'euilent fait oublier le bica

& profit du gênerai.

- i i

PRODIGES REMARQUABLES AVENVS le jour de cette mémorable bataille.

CH API TRI XVI.

Divers prodiges qui avindret le tour de Ix b*t»t'J,c ga- gnes cenire Vherefie. t.

Miracle du Soleil,

3- Ce que Dom Lonys d'Avili* tn dit.

A'Atre témoignée d'an geo- Ul-hsmmt Italien.

5-

Shidun n'aceuf* ÀviRa de menfonge fur tel arrêt de ScleiL

6.

Mot de ÏE*rj9ere*r auchfy de batatUtt&l'tmportan* ce decettewftoire.

L!ç

IA

I.

Divers

froAigss e**i Avin> drent le

De la Naissance de l* Hérésie^ r^iÇûf A créance eft toujours lente & tardive es klrS chofçs<±ai outre paffent le cours ordinai- re delà nature ; & les miracles me font le plus fouvent en foupçon de faufTeté , fi les ( . témoins autentiques,&Jes autheurs qui en * parlent ne leur donnent pié & aathorité, jour de iA fai{ant le récit àzs chofes qu'ils ont veues s'en décharger i>A>/uuer laconfcicnce fur la foy incertaine & variable d'un On dit.Celuy que je vois écrire arrivé le vint-quatriéme d'A- vril mil cinq cens quarante fept , jour de cette mémora- ble bataille , ou la ligue Proteftante fut portée par terre, eit fi grand & raerveiïleus,que j e n'euffe ofé en tirer preu- vepour montrer qu'il fembloit que ce jour-la le Ciel & ïa terre eût conjuré la ruyne de l'herefie, fi jen'eufTe eu de bons te'moins pour garents de ce que j 'en écris. Difenc donc mes autheurs, que fur le point que l'armée Catho- lique, &c celle de Therefie cherchoyent l'une le moyen de combattre, & l'autre de fe retirer, un Aigle parut fur l'armée de l'Empereur , voltigeant & faifantla roue au deiibus, côme pours'éjouyrde la victoire que les Aigles Impériales dévoient avoir fur le cham.Et un loup fortant d'une forêt fevintjetter en même tcms dans le bataillon desgensdepiéEfpagnols, mais voicy le miracle, ir. Le Ciel foudain fut vcu comme tout en feu , &leSo-

lA'tYAtU leilfanglanc. Les deus armées étonnées jettanc les yeus du ScleiL defîus, remarquèrent qu'il retarda fon cours , s'arrêta comme pour a longer la victoire. Sleidan qui ne raconte qu'àdemycequiblefle leparty Proteftant, s et conten- té de dire que le Soleil devint fort hideus , obfcur , pâle, & comme environné de tenebres.-Tellement cju'aucuns fort éloignez de Saxe , ne fçachant ce qui fe faifoit, eu- rent opinion que c'étoit quelque grand prefage : car on prit garde à cela,non feulement en Alemagne , mais auflî en France, & en Angleterre. Et y a, du-on,-pluflfeurs mil- liers de perfonnes qui en peuvent témoigner; Cet ce qu'il en dit. Mais Dom Louys Avilla, qui fe .trouva à la mélee, & Baptifte Gribalde gentil-homme Italien, l'onc lailTé par écrit. Celuy dans ton fécond livre qu'il à fait de la guerre d'Alemagnc, & l'autre dans l'une defes Rela- tions. Tous deus qui fe trouvèrent fur les lieus , parlent decet arrêt de Soleil. Voicy les mots d'Avilla, quej'ay

laiffez

j

L I V R S III. Ç?9

laiflezaveclaverfionquienfut lors faire, fans qu'il y aye rien du mien que la fimple narration.

. L e jour delà bataille , dit ce Chevalier Efpagnoî, il ni. fltunemer^eilleulechaleur, ayantleSoîeil unecoaleur Ce qne tirant fur le fang -y & comme nous le regardions, il nous d Avda, parut , non pas il bas qu'il devoir être félon l'heure du «■ * écrit* jour, àquoy on regarda expreiTement,comme s'il eue re- tardé fon cours pour faire le jour plus long. Chacun eft: deteetee opinion. Tellement qae je n'oferoy y contredi- re. Onlenotaaullî ceméme jouren Noremberg, &ert France , félon que le Roy le récita depuis : Auili en Pié- mont: car on le vid de même couleur, chofe tant con\ fideree&nocee, que pour cette caufe j'en ay voulu faire mémoire. C'ctcequed'Avilla en dit.

Lors que le Duc d'AIbe vint époufer la Royne Eliza- beth au nom de Filippe fon maître, leRoy Hensy (econd difeourant de cette batailleavecluy, tombafur les mer- veilles qui furent lors veues au Soleil , qui changea, di- foit-on, de vifage, & s'arrêta -} demandant auDuc de ce qu'il en avoit veu. Tout le monde, rit- il, facreeMajeité, ledit délors, Se l'a dit depuis; mais pour moy j'avois tant de foucy de ce qui fe faifoit en terre , queje n'eus le cœur de m airé:er accquifemoiuroitlorsau Ciel. I'ay appris cecy d'un gentil-homme Bafcjue, Gouyerneurd'Acs, qui parloir Si vivoit a l'antique en ce tems là, fort privé &fa- vory du Roy. Au:fi reçeut-il cet honneur par déifias tous ccusdefacour , d écrechoify de Iuv pourluy fervird'Ef- chançon , fiir l'avis qu'il eut qu'on vouloir mettredu poifon en fou vin.Le tems de ce que je dis ne fe peut pour- tant rapporter ace qu'Avilla écrit du Roy: car les com- mentaires furent imprimez dis ans avant. Voicy comme mon autre Autheur en parle en fa Relation.

Qj/ ella b ttaglia èptena di cofe Uupende , & àim'traco-

IV.

U y & p***y* clg'il Culo favori Je Çsfare in ogn't cofa , imper o '. **. " chi f*oi nemtci havendo perfa la amniàïla iivincer h con- ., *•* v*ntagio , per non a, verl'fupptttopigliare^ fuereno vintifm •?? " Ce/area aaefi y aniandovtrfi il nemic9t&h*venio imon- * j. îrato un Cructfixoin mtz.zê U firad* , rctto da a utilise fee- ** j l*r*iom*lva**io >fcef in terra, & mlzonsb gl: occhi ml Cieh fece queiîa BraUtju: Mt Domine Dïojttfsipotente sj.tiperven- dicarù d'elle smuriefatte al im n finir t m*fjtmq*tftê gracia,

ch'sf

543 Di la Naissance de l'Hixisii^

ifrtipff* fogfid* ca[hg*r' que/i'tmpij fjcril/g<:e cofacettijjî- m*che vi quel inïl&nti apunto chsU a miteeruno a'wtinpe!* apturechtAt? h vsnirehle inani , vedcmi el foie , pocc§ dm*nz.i thiurd iiventurew un trstto tetto (tngutnoltnto , ofcuro : Co/'a non ffiii viîln da mort aU , dtniefi *i tntendere che fermtua il facorfo, qttxfîiomf per d*rct tempo dirapor tare l*v cior'tA in- féra, (Jr> tn i ! H9 tri br?4tCAtdrt q-4êerx nd ni/he bAtaghonê fnrlzndo k tottutarmi-adice , B*on a tinta fîglmttlt , vedett loc&bt9 d: Dio chs i'tn.htn* à f*rvi qutth (hnaloté favo- re , {$i vi ai ntnijtê dt f*n il débit» vo.lro per vintere [*oi ftemici.

Voicy Iaverfîon en faveur de crus qui n'entendent la. langue , alfez aifee toutefois } En cette bataille furent reues plufîeurs chofes étranges , & mrrveilleufes, mon- trant le Ciel la faveur qu'il faifoit a Charles : car fê« en- nemis ayant laifTé perdre la commodité de le vaincre à leur avantage, furent defFa'tî, pour ne l'avoir fçeu pren- dre. Comme fa majefté alLoit après ayant rencontiéen fon chemin un Cruciiis, que quelque mauvais garnemec a«oitbrife, fe jette a terre, &hau(fant lesyeusau Ciel rit cette ©raifon:Monfeigneur & mon Dieu>tii es alTtz puik fant pour faire la vengeance des injures qu'on fait a ton nom, mais faymoy cette grâce que je puiue aujourd nuy châtier ces impies facrileges. C et chofe certaine qu'au même tems que nous étions fur le point de venir aus mains , nous apperçeiimes le Soleil tout obfcur & fan- glant , & non bas qu'il devoit être , chofe non jamais veuc des hommes lors vivans , comme s'il nous eut don- néàentendre qu'il s'arrétoiren fa courfe pour nous don- ner le loifir de rapporter la victoire entière: Et un de nos Prêcheurs, qui étoit en nôtre bataillon . parlant aus gen- darmes, dit; Courage, mesenfans, voiez vous l'œil de Dieu qui vous eft favorable, & vous admonétc defaiie vôtre devoir contre fes ennemis. v. Il y auroit quelque fujet d'en douter, ficesCheva-

Sleidan ïiers d'honneur, & témoins oculaires, ne l'euiTent écrit. n'aceufe Qu~l profit pouvoyent ils attendre de leur menfoage? Avili* de QH^ P^ut penfer qu'ils eufTent été li impudens de pu- menfonge. blier par toute la Chrétienté fur l'heure même une cho- feiauffe , & fi importante, veu que tant de Princes , & Capitaines qui fe trouvèrent en cette bataille d'un par-

ty , oa

L i v R ! IIÎ. 541

ty,ou d'autre, les en pouvoient démentir ? cela n'a point d'apparence. Et Sleidan, quia Ieu les Commentaires d'Avilla, contre lcquç! il fe met en colei'ejappellant mé- chant menteur, parce qu'il ravale la grandeur de la Na- tion Germanique, eut eu grand avantage fur luy , con- tre la vérité fon hiftoirc eut publié ce miracle , & s'il eut peu convaincre demenforge au récit d'une chofe de tel- le confeqvence. Que ne pouvoit-il pas dire, puis qu'il adjoûre parlant decet Autheur , que cela faiïoit plus de dépit de voir fon livre imprimé avec flngulierpiivilege de 1 Empereur: Il le reprend avec aigreur lors qu'Arilla dit, que les Dames furent caufe de la deffaite d'Albert:Ec fur cet arrêt du Soleil , tant s'en faut qu'il l'ait tourné en lifee, qu'il n'en parle pas feulement.

Voyons un troifiéine Autheur. Gonçalo de lUefctu , en la deuxième partie de fon Hiftoire Pontificale écrit en Caftillan.

El/ol per todo actuel dia th%$ un cohr fcvgulno* y fig^n U fiffirmarcn muchos que mirer on «réelle , (Jîipio farad* un rai 9 eomoen ttitnpo dt le/ne , far a que Charlos V. C»pitan de les verdaderos Ijraelittu , itKciffle y e.calaffe de f4udr*nt*r leu futrcto de les ttintmiga de U truz de Christo la &ifm* c ckr que tuto elSoltn Saxonia , en Kurt mterga te/tu fon ettea muy aver'igadtuy que lai fiffitmarouaufkfls hctr.brtsdecndtWy yporcfioltoofayù afirtnar a qui.

Ces Vers âufïî qui furent fait dclors méritent de vivre. Si j e fçavois le nom de l' Autheur , je ne le voudrois fruftrer de la gloire.

Ibàbt , cuid alipeiUsfersis y enter are quadrige,

Nec rapidum prono tramite tendu iterï Te fub Athlantiaci trépidât vocat tquorù und/u,

Allicit inque avides Thetù arnica fintu. Tu tamen ebtutu ferfias ftuf.xtu in uno*

Sint velut in terris queù teneare mer*, Vicerù haud aliter revocatis Uni ta habenù

Sfeclajf* tnvtSi pr&lia Naveid*. TaL'imur, anrurfum nova le Jpeclacula tardant,

Cùm geritecce novui prtha Naveïdest Pror/ki & hic voluerts fola efi tardatio tnrfu*%

ti*reiitQs Carlvs qjiniysh/ enfe mit ai*

Ctrnii

54* De la Naissance ï> e l'H e r i s i *; Cer?jv ut abïetiîù dantfufa fugAt tique Jignù

Agnun* , friàpuï terga notandafugét,. Cerna ut AuftrUcta céleri pede rrtiUt , çy hafts,

Hcrettfca turmaf,fervidt^urgtt, agit. O bcne Ph&befaves, inhibe fique àgurgite (urrtu,

Jintepioqkkmfmt fixa trophta Duci. Kamque bu Nàveide: . fi non dizinior hslis, Ttliiùr & fupeiu, Uurea grat*mege eft. Tudevois, Catholique Monarque, joindre à tes Ai- gles Impériales un Soleil, comme fit ce vaillant cham- pion, & defîenfeur des enfans de Dieu : car h" Iofué, pour l'avoir arrêté en fa courfe par Tes prières, donnant tems à fes victoires, &prenant fa lumière contre les Gabaonites, a pris le Soleil eh fa devife, voire mêmes gravé fur Ton tombeau , tu en devois avoir un fur ton fepulchre , puis cmepour favonfer tes batailles pour la deffenfe de i'E- giife, il s'et arrétév& comme demandant part à ton tri- omfe s'ét fevétu du pourpre, teint au fang des ennemis du Ciel. Mais tu as voulu laitier cet honneur a ton fils, hé- ritier de tat deRoyaumes, qui l'a pris depuis pourTe cors ., , defadevife,fortant defon Orizon avec cette ame, Mox ^'''j.^illvstrab/t omnxA. Tu t'es contentéde ton Ài- Lej mp- cr;e. A_ufii ce même jour delà bataille cet oifeau Impérial' P iutveufaifant la ronde fur tes bataillons, commepour

montrer la victoire prochaine fous les bannières ensei- gnées de l'Algie, dit Avilla. j.' A O R comme Iules Cefar l'Empereur des Romains, ay-

X.'t1 znr chafTé la guerre d'Afîe , prit pour fa devife , Veni,

* mFe' viDi, vi ci, Cet autre Cefar Empereur des Chrétiens, r eut Ait ^ 2y'ât mis arfïn celle d'Alemagne par le gain de cette jour- *"anjP CJ née, prit pour la fienne fur i'heuremémes& au champ de m bataille ceilc-cy, difant, Ve ni, vidi, et Devs vi-

cit: Car je ne puis, fît-il, dire comme l'autre Vi ci. Il fit comme le bon Tite éleu de Dieu pour donner les der- niers cous de fc'èt aus Iuifs: Ce n'ét pas, ( dit-il ravy d'ad- miration, voiant Hierufalem ) nôtre valeur qui a châtie les Iuifs decesfortereiTes;mais c'ét Dieu quia combatu contre eus par nous. Si le Ciel eut ce jour-là favoriféle Importa*- party Luthérien, ians doute il fe fut mis en devoir d'aller u d* c:::c planter de nouveau fes étendars fur ies murailles de Ro- victoire. me. Et ii Charles fat demeure vaincu, ces Princes euÛent

tarty

Livrï III. T4$

party l'Empire ainfi déchiré des guerres civiles , cemme lin butin commun. ArfTî avoient-ils déjà aboly le nem d Empereur. Et Luther au livre qu'il a tait de la guerre contre le Turc, dit que les titres qu'on !uy donnoit.Chef de la Chreticté,Tuteur de I Eglife, Deffenfeur de la Foy, étoient faus, injurieus & préjudiciable s à l'honneur de Iisvs-Christ.

Et comme celuy-cy crioit d'un côté en Alemagne, au- Lih. f.ep. tant en avoir fait Zuingle de l'autre, en Suiiïe. N'c't ce Zuing& pas une folie, difoit-il, de recônoître en Alemagnc l'Em- Oecebmp. pereur,quin'ér pas reconneu dans Rome? Que s'ils euf- fel, /fu- ient voulu conferver cette Majefte Impériale, honneur delà Germanie, la Chrétienté eût Yeule jour même un Empereur Proteftant, qui fe fût bien tôt al'exempledij Vaivode de la Tranfîlvanic,éleu Roy de Hongrie, allié a- vecîe Turc, pour maintenir cette grandeur inefperec contre Ferdinand qu'on ne vouloit recennonre pour Roy des Romains. Le Lantgrave éroit allez porté de Ton ambition, pourn'en quitter pas fa bonne parcEt le Duc de Saxe âvoit la tête pleine des grandeurs de fa maifon, des deus Henrys, trois Othons, Lorhaire, & Adolfe Em- pereurs ifius de fa race. Souvent il n'importe à ceus quife rebellent que tout fc perde, pourveu qu'ils fe fauvent.oa cju'ilss'enfeveliiTent dans les cendres & ruines du géné- ral. Le Duc avoit encor une armée qui revenoit les mains fanglantes d'une victoire. Le Royaume de Bohême par les pratiques des HuiTites éteit à demy révolté en faveur 6ts Proteftans.Le Lantgrave avoit des forces prêtes. Qui cuLpeu arrêter ces torrens, fi Charles & Ferdinand eufl fent eu du pire ? Puis qu'encor après toutes Us ru) nés de leur ligue, la feule ville de Magdebourg ofa faire tête , & que lesreftes donerent cinq ou (ix ans après de nouveaus affaires aus vi<ftorieu§.

CE

544 De la Naissance de l'Heresie,

CE Q^VE L'EMPEREVR FIT APRES

SA VICTOIKI, ET COMMENT 1 ' I N-

terim fut forge. Chapitre XVII.

ïrreur de i'Err^ereur en f* victoire, i.

Tourne Jt s f enfers à la Reli- gion.

h le Concile lors dijftpi , V Im- pereur tâche de le reunir.

Cctnmit l'intérim fut lâii-.

y

V intérim eft Attaqué de têtu cotez»

6.

Ctut qui ne voulurent rece- voir ï nttrim perfetutez de l'Empereur.

l.

Erreur

de

l Empe- reur en /a 'Victoire. Se lu je mb.' Théo. C*iv)U 2.

'Empirevr victorieus par le pardon, & la vie qu'il donna auDuc de Saxefque Sclufemburgius appelle marry delrsvs- C h ri s t, ) Se auLantgrave, augmen- ta Ton trofee, & la grandeur de fon nom parmy toute la Chrétienté ; mais non pas du rtKU le repos de lEglife. Ses der- nières conquêtes luy appMterét de nouveaus foins; Car comme il fut toujours modéré en fes victoires, reproche quefeifoldatsluy faifoient fouvent, difant qu'il fçavoit vaincre, & non pas ufer delà victoire ; Il fe contenta de traîner par te ut cinq ou fis ans, cesdeus Princes captifs, ue toujours les fers auspiez, fans autre fruit que de fa gloire ce leur honte. Cependant les pleurs de leurs es , les plaintes de leurs enfans , les regrets de leurs parens, frappent les oreilles , & les cœurs de leurs amis, voire tirent à compafiîon leurs propres ennemis , mar- ris de voir ces Princes Alemans fi longuement à la mer- cy d'une Nation étrangère : Leurs doléances mêmes font portées aus piez du Roy des François , qui ne regar- doit pas de bon ceil la profperité de Charles. Les Prote- ftans qui avoyent fuyvy le party de l'Empereur en cet- te guerre, s'employç: pour eus, mais on fe rend imploya- ble a leurs requêtes. Ils s'en oifenfent, cherchent fujet

&oc-

Livre III. 54c

ble à leurs requêtes. Ils s'en offenfent, cherchent fujec &occafion, ou de s'en venger, ou de leur donner la IL berté première , & par m éme moyen renouveîlcr la que- relle de la Religion. L'Empereur eut mieus fait , puis qu'il leur avoit donné la vie , de leur pardonner du tout, afin que fa clémence mît a iïnce que les armes avoienc commencé. Mais au travers de nos projets , de nos con- feils, & précautions, la fortune maintient toujours la pofie/Tion des evenemens. Vous verrez quels iîsfurenr.

Apres que l'Empereur fefut démêlé de tant d'affai- u^ resépineus, qu'il eut recueilly le fruit de fes victoires, Tpurne reçeu des villes remifesenfon obe) fiance, plusdefeize tcusfespë- cens mille écus, cinq ou fis cens pièces de batterie, qu'il ftri # /H eut châtié &banny quelques rebelles , mais au ban de Religion l'Empire ceus de Magdebourg, quifeulsfembloicnt re- lier opiniâtresill tourna fespeniers à la Religion, laquel- le avoit été tenue en furfeance pendant la* guerre, remet les Ecclcfiaftiqucs en leurs biens : Les Eglifes polucs de l'Herefiefont réconciliées, &lcfervice deDieu rétably* Arrivé a Aufoourg il tint une journée Impériale: il re- montre que lefchifmede Luther à caufé tous ces mal- heurs dom l'Aiemagnc eft affligée, qu'il faat mettre fin à ceslongucs mifercs, laifTer le jugementdcs doutes qui troublent les confeiences-i ceus que Dieu à éleus pour en décider, & les régler: prie tous les Princes & députez des villes ferepofet fur ce que tant de fages tétcsaiTemblees au Concile en ordonneroient, qu'il gardera , & fera gar- der la foy à ceus qui voudront aller débattue leur caufe. Traitant en privé avec les Princes, il fit tant quele Com- te Palatin, & Maurice Luthériens, enfemble les Députez des villes, promirent tenir pourLoy facré-fainte, ce qui feroit arrêté par le Concile.

Ix croit lors interrompu, voire diiTipéiCarunepartie m." des Pères afiemblez, ayant abandonné Trente peur leur Li Concile fanté, s'étoient retirez à Boulongne. L'Empereurfup- lors àiffqè plie le Pape remettre le Concile au lieu deftiné , envoie l'Empe- le Cardinal de Trente & Mandocc à Rome.Sur cela nou- reur tâché veiJesdifficu!tez& longueurs, car le Pape fans l'avis des delt rcu~ Pères afiembîez a Boulongne, n'en vouloit rien ordon- nir, ner, lefquels fe ferment pour demeurer : L'Empereur envoyé fes Amba [fadeurs piotefter contre eus delà rup-

M m turc

IV.

Cewment V Intérim fui bâtj.

Cety *- -vtnt l'art

Voy VJBft- tre de Cul.

xtr, a. Me- Uhiihon.

546 De la-Naissance de l*H exesie, ture du Concile , quj,peut apporter nouveaus troubles. Le Légat du S. Père Cardinal de Monte au contraire , dit que luy & tous Jes Pères alfemblez font reiblus plutôt en- durer la mort, que de fouftrir cette honte , que l'Empe- reuraflemblele Concile a fa volonté, qu'il eft fils de l'E- glife, non le Seigneur & le maître. Que c'é tau Vicaire de Dieu en terre d'en ordonner : Le Pape auiïi trouve niauvaife la protestation qu'on luy t'ait, comme préjudi- ciable à fon pouvoir & authorité Pontificalerdonne tou- tefois charge a quatre Cardinaus d'avifer aus commodi- tezjouincommoditez deBoulongne, & de Trente.

Cependant les Ambafladeurs retournez avec in^- certitude de ce quiferoit ordonne' a Boulongne, ayant fait entendre ï'ilTu'è de leur légation, l'Empereur voyant ces longueurs & remifes , & le long trait que le Concile prendroit, prit refolution de chercher tous les moyens , qu'ilpourroit'pcur mettre quelque accord entreles deus Religions, la Catholique, & la Luthérienne. Et pour endormir l'Herelie , laquelle àgueule-bec , tout ainn". qu'un Montgibel , fembioitmenafier les provinces de la Chrétienté de vouloir revomir & répandre nouvelles fiammes, &combuftions: Il fonda les ccurs, &lesvo- lontez des Protefrans,afin de chercher un entre-deus:Di- verfes aflemblees le tiennent pourle trouver : Etennn une célèbre en la ville d'AuIhourg, un bon nombre de Docteurs Catholiques &: Proteitans furent mandez, annquepluileursaiTociezà même labeur, s'enpeufTent micus acquitter. Les principaus furent l'Evéquc de Nu- bourg, Ianlflebe , Agricole, Michel Sidonius, Brcnce, Bucer. &Melancthon : Apres plu/ieurs débats & difpu- tcs.futbâty ce fameus Intérim , ainfl appelé du met La- tin, oui eft un cependant, lequel ne contient rien ny en do&iine , ny en cérémonie qui ne foit Catholique, fans ctue rien du Canon de la MeiTe foit changé. Il eft vray que le mariage eft tolieré aus Prêtres : Parce que plufieurs, èit l'Intérim, ont déjà pris des femmes qu'ils ne veulent répudier, ce c ui ne fe peut changer fans grans troubles: Il faut les laitier attendant ce que le Concile en ordon- nera: La Communion feus les cieus efpeccs fut au/Il per- inife.pourveu qu'en ne reprouve cens qui feront du con- traire : Car ious l'une ou l'autre elpece di: i'Iotcrim,lB

cc;s

Livre III. f47

cors de C H Ri s reft entièrement contenu. Avant l'arri- vée de Bucer le livre de cette nouvelle Religion avoir été dreiTc , lequel l'Electeur de Brandebourg luy communi- qua,(igné de ces autres , faut* de Brence, & MelancTrhon. Mais B ucer ne le trouvant de fon go ûr; ou marry que fans luy on y eut mis la main, ne le voulut ligner, & s'en re- tourna a la dérobée à Strafbourg.

L £ Pape , a qui l'Empereur avoir envoyé le livre de V intérim l'Intérim, .cenfure cette nouvelle forme de Religion A- esi atta- cademique, comme contraire aus anciennes conftitu- qnee de lions del'Eglife, étant chofemonftrueufe de voir un Pré* tonicétiXm tre facré, marié, & la Communion fous les deus efpeces, pourplufïeurs occafions jugée non necefTaire aus Lays, permife par l'authorité de ceus qui ne le pouvoient or- donner. L'Empereur nonobftant prenant à cœur cet ac- corJ pour établir le repos en Alemagne, fait lire fon li- vre en l'aiTemblee, & depuis imprimer en Latin, &Ale- raand. Quelques Luthériens l'approuvent , autres le re- ttt : L'Electeur Ioachin de Brandebourg le reçoit, fo.i frcrelan lerefufe.Le Palatin le fîgne, le Duc des deus Ponts s'y oppofe, LePrince de Witemberg le fait publier en fes terres , chalTefcs Predicants : Le Duc de Saxe pri- fonnierne le veut fouferire, nyfcsenfans non plus. Le Lantgraves'yfoumet. Ainiî tout fe divife,&fe pèle- mê- le. Brence, Bucer, Mufculc Docteurs Luthériens, ne le veulent approuver, pluheurs autres le lignent, mêmes Ianlflebe Agricole, renommé Miniftrç Luthérien, qui ^enfutle principal autheur. Ce mal- heureus traite, dit »Beze, fut forgé par un Miniftre Apoftat nommé Iflebe, ornais la lecture de ce livre ayant fait reconnoître que 9>ce n'etoit que toutes falhficarions de la pure doctrine, M&del'ordre del'Eglife, il fut contreditpar les fidèles a:>Pafteurs,& bien tôt aboîy. 11 fe trôpe pourtant,car plu- sieurs villes le reçeurent, &encores aujourd'huy vivent félon les lois de l'Intérim. Cet un grâd cas, écrit Palladius delà trahifondenos propres frcres,lefquels pour plaire à l'Empereur, fe laiiferent aller a l'Intérim, & conduire à la Melfe, avec cette opinion que c'étoit chofe indifférente. Melancthon toujours home de compohtion, difoitquc on pouvoit porter quelque fervitude, pourveu que ce tûc fai.sidipieté. Brefiîfe ht une nouvelle forme de religion, Mm i par

<4-8 Dr la Naissance de l' Hérésie, parlemo/endecctlnterim, qui fat quant-&-quant at- taqué de tous cotez, des vrais Catholiques , & des vrais Luthériens auiîi. L'Empereur s'opiniatre aie faire gar- tler, pour d'autan tp^us éloigner par ce moyen les Prote- ftans duLutheranilme,& les rapprocher peu à peu de l'E- glife Catholique vi. L e s Predicants qui ne le voulurent recevoir furent

Cetu qui contraints de fe retirer , Brencefort dcHale, ouilavoic ne vfiulu- prêché vin t-fix ans , Ofiander de Noremberg, quis'en rtni rece- alla en Pruffe planter unenouvelle Herelîe , dontj'ay voir l' In- parié au livre fécond ; Blaurer de Iaville deConflance, terim;fer- Mufcule d'Auibourg, quis'en fuit en SuifleiCommeaufiî fecutez dt les Predicants de formes à Spire. Perfonne nes'expofa F tmpe- au martyre pour la deffenfe de la Religion de Luther, ou nur, delaConfeflion d'Aufbourg,tousfuyentla perfection.

dtoitTertullian, pourleuren faire rep-rochc, s'ils euffcnt été des fiens ï Que n'étoit Luther en vie, pour ^ voir difTipcr les brcuilîaits, les vapeurs & exhalations qu'il avoit attirées , & congelées, & regarder dévifa^er fon Eglife,crouller celle qu'il péfoic avoir fi bien établie, qui devoit durer a fon conte, jufques au jour du grand & général Concile, qui fe tiendra à la fin, & à la clôture de ce monde. Peu s'en fallut lors que le Lutheranifmene prit fin, & que cet Intérim ne fut une difnnitive : Que fi le bon heur de la Chrétienté eût voulu que le Concile eût peu être termine cependant que l'Empereur féjour- noiteni'Alemagne , toutes les villes euffent flechy fous lobeyilancede l'Eglife. Vne partie s j portoit d'elle-mê- me, & les autres y étoyent attirez par la crainte,& refpect de l'Empereur. Cette longueur ( car il ne fut conclud que l'an 1564.) donna refpit à l'Herefie, &fitquec€usquiat- . tendoyciit le dernier arrêt du Concile, nourris cepen- dant en cette Religion- là, ne la peurent laifferrCar com- me un arbre envieilly en fa fouche, s'arrache mal-aifé- inent: Auiîi fait une Religion de lame, oùellea été cul- tivée des l'enfance. L'Empereur pourfuit la publication defon Intérim. Les villes qui firent refus de le recevoir, furent déclarées rebelles & mifes au ban de l'Empire j mêmes les Predicants qui s'y opofent emprifonnez.com- meilaviur àVlme5 Deus pourtant d'entr'eus le lignè- rent. Ainfî furent piufieurs villes forcées d'ernbraffer cet- te nou-

Livre III. 54*

te nouvelle Religion, comme Aufbourg,Conitance,Lin- dane , Vime , tant la puifTance de l'Empereur les éton- noit. Strafbourg&Magdebourg furent les plus rétives. Celle-là fupplie l'Empereur par diverfes AmbafTades ,' la laiflfer vivre en la Confefïïon d'Aufbourg.jufques à la de-, termination du Concile , qu'iis n'empêchent cependant lerétabliiTement delà Religion Catholique, &desEc- clefiaftiques, l'obfervation des Fêtes, les jeûnes, & autres ordonnances Politiques del'Eglifc : Mais que chacun fansfcandalc fuive telle Religion qu'il voudra; jufqucs à ce que le Concile en eût ordonne. Si l'Empereur rut allé droit a eus, le décret étoit reçeu : Car fur la nouvelle de fa venue , les plus opiniâtres avoient pris le large , & quitté la ville: Mais ils reprindrent cœurvsyant l'Em- pereur fe mettre fur le Rhin , pour defeendre enlabaiTe- Alemagne: & firent tant que leur accord fut remis à 1 E- véque de Stralbourg, & quelques autres pour pourvoir au rétabliifement du divin fervice. Cependant que l'Em- pereur s'en alloit aus Pays-Bas , il traîna les deus pri- fonniers, le Duc, & le Lantgrave, en fin après long étrif, ■ÎEglife Catholique y fut remife, avilit vn après Ion ban- niiTement, la Mefle célébrée par l'Evéque , & trois Egli- fes réconciliées", comme Sleidan recite. Magdebourg& Brème feules fe rendent opiniâtres fur ce changement de Religion, jufqucs a fouffrir beaucoup d'exttemitez: Car il étoit loilible à chacun elfayer ù fortune contr'eus,qui étoient abandonnez au ban de TËrn pire. CeusdeMag- debourg après avoir été longuement referrez, fans o(er fortir hors de l'enceinte de'leurs murailles , ne perdent courage, &drclient une armée de huit mil hommes , & avec quelques canonsfe mettent en campagne. Mais lis n'eurent pas fi tôt mis les enfeignes de l'Evangile au yent , qu'ils fuient deffais par les forces que l'Archevê- que avoit mis fus, & celles que l'Empereur luy avoir en- "voyé. Maurice eft créé gênerai en cette guerre, qui aiîie- ge la Ville, deffait icurfecours, les preiïe de telle forte, qu'en fin ils fe rendent , demâdent pardon a l'Empereur, reçoyvent leDecret delà P^eligion, payent cinquante mil écus d'amende, & douze pièces d'artillerie. L'Eglifeeft remife après que les lieus profanez eurent été réconci- liez. Sleidan s'ébat plaifamment, & en bouffon, lors

Mm 3 «jû'il

55° Di la Naissance de l* Hérésie,"

qu'il écrit le rctabliflcmcnc da faint Sacrifice delà fain- te Méfie 3 II en reprefente toutes les cérémonies , com- me il c'etoit une farce, & le Prêtre un bateleur ; ce qui m occafionnera de donner un Chapitre au Lecteur Ca- tholique, afin qu'il voyc la vieille malice de 1-Herefie, quifejoueainfi des chofespies &faintes,&rcconnoifie, voire touche au doit, les raifons des cérémonies qui Te reprefentent tous les jours à l'Autel. Cependant, mife- rablcmoqueur, qui as polu les facrees maifons de Dieu, qui nous donne Ja peine de les confacrer de nouveau , fçachcquel'Eve'que qui fait l'office y peint douze Crois, parlerquellcs les douze Apôtres font lignifiez : Ce font les armes dont ils ont terraiTé &lc Diable & le monde. On employé l'huile en cette confecration, qui eftlaplus noble iiqueur qui loit. Avec cet huile, dit Saint Cyprian au Sermon du Saint Chrême , les pierres des Autels font oinres , a fin qu'on connoifle qu'en ces facrez& Saints Myiteres, il y a une graille fpirituelle cachée , qui donne l'eJjFet a l'acte extérieur ; veuquetout ainfi que l'huile fumage toutes autres liqueurs •• Sembiablement l'excel- lence Sacerdotale qui contient tout en foy,eften dignité par-deilus toutes les dignitez de la terre. On lave, & en- tente les pierres pour montrer que ce n'e'tplusmaifondc négociation. L'Evéque tire fur le pavé l'AlfabetGrec & Latin , pour lignifier qu'en ces deus langues les Saints Myfteresfontadrniniftrez : Il frappe & heurte à l'huis à l'entrée, portant les faintes Reliques , parce que lors, parla Toute- puiifance de Dieu , il femond les Diables d'en fortir d'autant que déformais ce doit être lamaifon deDieu. Toutes ces cérémonies font au long écrites par Saint Augultin , & Saint Bernard. Les premiers Chré- tiens accouroient de toutes parts pour les voir,celebrant ce jour-la avec joye , & allegrelTc : Er ces derniers s'en , moquent. Nous faifons Fête, dit Eufebe, bienlbuvenc lnj*rm.ae avcc jQ & heffc a caufc de k Detjicafie des Eglifes.

I oirs les Prêtres eioicntahemblcz , les plus éloignez ne */• ' fetfouvoyentpaieffeus avenir : Saint Baille s'exeufa de ce qu'il avoit trop longuement fait attendre le peuple pour cette cérémonie: EtAthanafe convie l'Empereur à s'y trouver- Il n'y refte autre chofe, difoit-il, pour l'en- tier ornement, fi ce ii'ét que tu te trouyçs a la Confecra- tion

Livre III. 551

tion quifefait dece lieu que tu as baty. Nôtre Profper témoigne avoir été prescr, lors qu'une Eglife fut dediee, &confacree à Dieu, dans la Ville de Cartilage, par l'£- véqueAureliuspredecefieurimmcdiatdefaintÀuguftin, on trouva fur le front du Portail , écrit en groifes let- tres antiques ( chofe certes miracuieuie !) ces mots: Av- REI4IVS pcntifex de dicavit. Bref cous les an- ciens parlent avec honneur, & louange de cette religieu- fe cérémonie : Et ces Réformateurs l'appellent marque, de l'Ante-chrift.

COMMENT LE DVC DE SAXE

CAPTIT, FVT dégrade', et le Lanï- grave en fin contraint fe rendre à mercy.

Chapitre XVIII.

UHirefîe fort êionnee de te coup.

1. Vegradatio du Duc de Saxe.

3- te Lantgrnve pert le cœur après U dcjfaite àtt Sax- on.

Se rend à Unie au* fiez, de l'Empereur , htycris msr~ cy.

UépcnfAde l'Empereur.

6. impudente du Lantgrwe,

E t t e grande victoire, devancée Se fui- % vie de piuiîeurs antres, qui amenèrent L'HereJis depuis le Lanrgrave ans piezde iEmpe- fort éior.~ reur, & qui rirent ourrir toutes les por- net d* ce tes des Villes rebelles, rendre plus de eoup* cinq cens pièces de batterie; rompit les defleins , & arrêta iaprofperité del'He- refïe, laquelle déjà enflée de tant de iujets qu'elle avoic conquis . fe_promettoit au comencement de cette guer- re, qui finit par cette journée, de donner la Loy au rjefte. Mais elle fevid bien éloignée des folles efperances que elle avoit conçeu , qui furent mortes en Jeur feuille, ion principal chcfcaptif, & l'autre étonné delacheutedc fon compagnon 3 qu'iineclierchoit que les moyens de Mm 4 fauver

Hz De la Naissance de l'Herisie, fauver fa vie par fonexemple , & quelques pièces de foa Etat. Les pauvres Predicans Luthériens qui s'étoicnt ta- pis pendant ces guerres , femufTentencor, s'écartent çà &li; Aucuns pailent en SuiiTe. Une fe parloir plus que des moyens de fauvcr & garentir le Lantgrave de l'orage: Mais l'Empereur lourd a toutes les prières qu'on falloir pour luy, refolut de le rendre compagnon de ia fortune du Saxon, comme il avoit été de fa rébellion.

La mort du Duc pnionnier longuement balancée au Confeil , fut conclue & fignee , à fin qu^il fervît d'exem- ple,de terreur, & épouvantement aus reftes de la ligue d e Smalcade. Sur tous le Roy des Romains fe refouvenant desinjuresreçeuës , n'étoit pas d'avis qu'on luy fift grâ- ce. Mais leDucdeClevcs, le Marquis de Brandebourg, & autres prient pour luy, & font tant que l'Empereur luy donna la vie, & arrêta l'exécution de fon jugement, rr.a:s avec des conditions fi dures,qu'elles égaloient pref- queiamorr.

I l fut privé de la dignité d'Electeur , honorable mar- Tfegrada- que de la grandeur de famaifon, a laquelle il renonça, tton au tant pour luy que pour fes enfans , rendit les villes de fon Dm de £ca!; 2V=C toute l'artillerie, entre autres Witemberg qui en eft la capitale, place cres- forte. Aum" depuis que le Lu- th eraniime y fut etably , on n avoit cefïede la fortiiier, pour la rendre i.nprenrrble -, mit auffi iaforcereife inex- le Gothen entre les mains del'Empereur,pour être r«fcc, & fervir de marque perpétuelle de la rébellion defon Seigneur; délivra Albert de Brandebourg , & les Princes de Brunfvic, renonçant a tous les droits qu'il pre- tendoit contre eus, ceus de Magdebourg.Sc autres: Com- me il rendit au/ïï tour ce qu'il avoit ufurpé fur les Eccle- fiaftiques : Tout le rtftc de fes biens furent confifquez & donnez àPerdinand , & Maurice, ala charge queMauri- ce luy payeroit tous les ans cinquante mil écus de pen- fion, &cent mil écus pour acquitter fes debtcs, pro- met garder les Ordonnances de l'Empereur , & de l'Em- pire.

Ainiî dépouillé des biens & honneurs, &misenche- mife,pour ia dernière clofc de fon pardon, il eft condam- né tenirprifan ala fuitte de l'Empereur, tant &fi lon- guement qu'il luy plaira. Skidandit, qu'entre les arti- cles

n.

saxe.

Livre III. 55$

des de fa grâce celuy-cy en étdtt un -, Que le Dac de Saxe approuveroit coût ce que le Concile & l'Empereur or- donneroient pour la- Religion. Toutefois parce que le Saxon fe tenon ferme delluSjl'Empereur le fit changer. Mais Aviila écrit, que touchant la Religion, il fe tint un peu dur au commencement, & que depuis avant répondu à proposai sébla àTEmpereut n'être plus befoin de trait- ter de tels affaires. Prince louable en telle adverfîté ! Car fçachant fa condamnation, tant s'en faut qu'aucune pa- role lâche lortîtdefa bouche, que même il ne montra aucune contenance conforme à fa fortune , ains fe main- tint en cette extrémité, avec un extrême grandeur de courage.

L E^Lantgrave. quoy qu'il eut la clef des chams, n'en llIm eut gueres meilleur marché: Carfur les nouvelles delà Le Lant- defraitedu Saxon, il fe defFait de luy- mêmes, rompt l'ar- grmve pert mee qu'il avoit mis far pié,laque.lle s'écarta comme une le cœur *- nuée paifagere , laiiTetous les penfers delà guerre pour pres U dé- faire fa pais. Iamais, difoit un plus grand Capitaine que faite du luy, lesaccidens qui nous combattent ne nous doyvent Saxon* amener à tel defefpoir, que nous les eflimions fans remè- de. Le Lantgrave pouvoit recueillir les forces qui reftoi- ent au Duc vaincu, & fe joindre au Comte deMansfeld, & Thomas de Hicrne , qui revenoient glorieus d'une pe- tite bataille gagnée fur le jeuneDuc deBrunfvic, étant leur armée compofee de douze à quinze mil hommes de pié, & quatre mil ehevaus. Le Prince de Saxe étoit dans Gothen , qui ne devoir craindre toutes les forces d'Alc- rs^agne enfcmble, il y avoit cent grottes pièces d'artil- lerie,& munitions pour tirer cent mil cous de canon. Au- tant & plus dans Wicemberg, avec trois mil hommes de guerre, qui euffenr arrecé longuement une grande armée iur le bort du folié , & tant d'autres places : Brcfil avoit aifez de moyens de difputer favic, &fon honneur, & bor- ner la profperité de l'Empereur. Si eft-ce que failly de cceur,medirant jour & nuit fa pais, il prit party de fe ren- dre prifonnier a la moquerie de fa fortune, & augmenta- tion de la gloire d'autruy.

Il vint donc à Haie, ou étoit l'Empcreur,& après avoir fîgné les Articles de fa capitulation , fe rend prifonnier à fa mercy, enfemblc remet fon Etat , renonçant à la ligue

M m > de

TV.

554 De Naissance de l'Heresib,

de Smalcade.avec promeiTe d'obeyr aus décrets du Con- cile , & ordonnances de l'Empereur : Il eft conduit en la fale l'Empereur étoitafîîs enfonthrône: Làlesge- nousà terre, & les feus baillez , témoins des alarmes de faconfeience, par la bouche de fon Chancelier, il parla en cette forte: l'aylaiffé les propos qu'il tint,&larépon- fe de l'Empereur aus mêmes termes qu'ils furen t lors tra- duits del'Alemand.

Tres-so v VERAiNj-tref-puilTant, très haut, tres- sa rendà victorieus,&invinciblePrince,& debonnaireEmpereur, Hais an* Monfcigneur Filippes Lantgrave de HelTcn^ayant grief- tiez di vernent orîcnfé vôtre Majefté en la guerre paflfee , vous l'Empe- donnant occafion de toute jufte indignation contre luyj fîy~% mêmes ayant auiTi introduit autres perfonnes de tomber

en la même faute j pour raifon dequoy. votre Majefté pourvoit ufer de toute rigueur au châtiment qu'il méri- te, confclTe humblement qu'il luy déplaît, &ferepent extrêmement de tout foneceur de fa faute perpétrée, Et fuivant les offres qu'il a faites pour venir devant vôtre Majefté, ferendaiccllc de point en point, &du tout à vôtre volonté , fans rien excepter. Supliant neaurnoins; en toute humilité, que vôrre Majefté foit contente en i'honneur de Dieu, & par famifericorde , ufer de vôtre bonté, Se clémence naturelle, en luy pardonnant, & ou- bliant l'offenfe, & lever le ban de l'Empire, que vêtre Majefté luy afïjuft-jment impofé, & déclaré contre luy, permettant qu'ilpuitfe polïederfes terres, gouverner & régir les vaifaus, pour lefqueis mêmes il vous fuplie,que vôtre noble plaifir foit leur pardonner , & les prendre à mercy:Promettant,&: promet ledit Lantgraye derecon- noître a toujours vôtre Majefté, l'honorer & révérer pour fon fourerain,& feul Seigneur droiturier , à luy ordonne de Dieu trcs-fouverainErapereur:Et vous obey (Tant fera au fervice de vôtre Majefté,& du S. Empire, tout ce qu'- un Prince vaftai eft obligé de faire , perfeverant toujours en telle opinion, fans fairene traitter jamais chofe con- traire: Alais fera toute (a vie fort humble & tres-obeïftant fervitcur, reconnoifïant la grande clémence du pardon qu'il a obtenu de vôtre Majefté,pour laquelle il defire & defirera tant qu'il vivra avoir pofîïbilité , & puiilance le pouvoir defcvir & mérite^ avec tel remerciement qu'il

eft tenu

Livre III. f$c

cft tenu de faire: fi que vôtre Majefté conoîtra par effet, que le Lantgravc & Tes gens observeront & obeyront, commeilssôt tenus par les articles qu'il vous apleuleur octroyer. Surquoy l'Empereur commanda à un de fes Confei!iers Alemans , qui étoic en prefence,de répondre pour luy, & dire tels propos.

L'Èmpersvr tres-ciement Seigneur, a entendu ce T queleLantgravede Heifen a dit , & combien qu'il ait Bépênfe grandement orîénfé , comme il a confeilé luy mêmes, & dsïZmtt* parce mérité toute rigueur de châtiment , fut-ce mêmes reHr% la plus grande punition dequoyl'onfe pourroit aYifer: Ce que tout le monde fçait. Ce nonobftant la Majefté avant refpect a ce qu'il s'eft venu jetter aies piez , ulant de Ion accoutumée démence , mêmes par l'intercelaon d'aucuns Princes qui ont prié pour luy,eft contant de le- ver le ban qu'il avoit juftemen: déclaré, &decreté con- tre luy, & de non luy faire trencher la tête, comme il a- .roit metité , pour Ja rébellion qu'il a perpétré contre fa Majefté- neaulli le punir parprifon perpétuelle, ne pa- reillement par confîfcation de Ces biens, ny privation d'i- ceus,plus avant qu'il eft contenu es articles que fa maje- fté luy a gracleufement concedez:Lerccevant,&lereçoic luy,fcsfujets,ferviteurs & domeftiques,àgrace &mercr, moiennant qu'il accompIifTc tout ce qui eft contenu en fes capitulations, n'allât,nefaifant par luy, ne par autre, dire&ement,ou indirectement, contre iceîles, croyant fa majefté, & bienefperant, que ledit Lantgrave , &fesfu- jets reconnoîtront, & mériteront d'oiénayant la grande clémence dont envers eus elle à ufé.

Ce font de mot a mot les propres paroles, dit Avilla, ré- pondues au Lantgrave:Lequel tandis fe tenoità genous: Et depuis étant debout, fa majefté ne luy preséta la main pour toucher, <5c ne luy motra aucun fîgne de courtoifîe. Le Roy des Romains, le Prince de PiémôtJ'Ambafladcur, du Pape,pluïleuïs Evéques, tous les Princes & Seigneurs pretque de toute l'AlemagnCj les Ambaliadeurs deBo'é- me,&deDannemarc,& les Capitaines de l'armée furent les fp éclateurs de cette amende honnorable, non jamais attendue, s'é tans mis en hayedansla grand' fale, pour ▼oir l'indomtee braverie de ce courage f ùperbe, dotee:& cette féconde Aigle oui fe vouioit guinder dis l'Empire,

caler

^6 De la Naissance de l'H eresii,' caler bas & râler à terre. L'orgueil devance ordinaire- ment la ruyne, comme réclair,le tonnerre. Ce foir même il eft arrêté prifonnier chez le Duc d'Albe,contre ce qu'il ' atrendoit , & l'efperance que Maurice , & l'Electeur de Brandebourg Iuyavoient donnée, qu'il auroit laliberté: Ils promirent délors procurer en bref fa délivrance. VL M a i s le Lantgrave écrivant Iuy-méme les articles de

Imbudetice & capitulation, ne fçeut prévoir que traitrant feulement du Lan'.- <*e ^a Pr^on perpctuelle,la temporelle demeuroit à la dif- rrttvt. cretion de celuy entre les mains duquelils'alloit mettre» Ilretonaut fa faute, quand un jour ayant rendu fe s pi a-, ces, & un nombre mfîny d'artillerie, payé cent cinquante mil efeus , fuyvanr fon accord , il demanda au Duc d'Al- be,quandfiniroit le terme defacaptivité-- Encor, répon- Skid.Lry. ^n \c Duc,que l'Empereur te retienne quatorze ans, il ne fera rien contre fa promelTe: AufTi difoit-il toujours qu'il n'avoit promis a Maurice en luy donnant la vie , queluy remettre feulement la pfifon perpétuelle , qui devoit dé- pendre de fa volonté. Ainfi par fon impudence demeura captif ce gênerai de la ligue Protestante , feul autheur de îa guerre; môtrant que bien fouventles hommes procu- rent des choies pour leur grandeur , qui font les apprêts de leur ruyne. Cette dernière te'te , & la plus importante de la ligue de Smaîcade coupée, tout ht joug fous les lois du victorieus , les places font rendues, un nombre infiny d'artilleries gagnées que l'Empereur diftribua parmy les Citadelles de Milan, Naplcs & pavs bas, voire mêmes en Efpagne, pourfervir de trofees a l'avenir, & marques de fes victoires. Maurice entre en polTeflion de fon nouvel Etat, & de l'Electorat ; voyant le Duc de Saxe de la fenê- tre de fa prifon la cérémonie. Vne des premières choies qu'il fir prenant poiTeilion de fon Etat, fut dechaiTerdu fiegedel'Evéehé de Naboiïrg, ce monftrueus Evéque Amfdorff, créé &étab!y , comme j'ay dit ailleurs , de la main de Luther, 8c y remit Iules Pâug.celuy-mémes que les Chanoines avoîènt autrefois éleu , lequel le Duc de Save avoir chalTé. Maurice étoit delà confeilîon d'Auf- bourgjCenoaobfta: ce Luthérien fut démis par fon com- mandement. Ainfi fut rabaiiîé l'orgueil des Proteftants, aufquels Luther peu avant fa mort , avoir promis la vi- ctoire & la ruyne de la Papauté, co:na:oa voit au livre

qu'il

Livre III. 5<7

qu'il adrefTé auDuc de Saxe 5c au Lantgrave, fur la prife du Duc de Brunfvic. il dit que les Profeties de faime Brigide font vaines & frivoles, & que les fieanes font vé- ritables. Bien-heureus pourtant ce faus Profère, pour n'avoir veu la ruine du party qu'il avou formé. Il falJoit qu'aus yeus de l'autheur de tant de maus , prit fin une fanglante &trifte tragédie.

MENEES DES PROTESTANS POVR

rompre le Concile et la révolte

de Maurice , fa mort , & du Marquis

Albert.

Chapitre XIX.

ta mot t du Pape Paul retar- de le Concile. z.

Trafiques de Maurice>& au- tres Princes , four inter- rompre le Concile.

h Subterfuge* de leurs Agents & Députez.

Maurice fe révolte contre l'Empereur.

5- Le Hoy Henry fécond prête* Beur de la Germanie. 6. Les rages & cruauîez d'Aï- bert,fa défaite &famcrt tnfemblede Maurice.

Epindant Paul troifiéme. caiTê d'an- nées (car il avoir attainr quatre-vingts deus ans) partit de ce monde. Le Cardinal de Montéfon Légat à Boulongne, fut fon fuc- ceffeur au Pontificat : 11 prit après ion éle- ction le nom de Iules troifiéme. Cette mort retarda en- cor la refolution du lieu du Concile : Car les Cardinaus appeliez au Conclave pour la nomination du nouveau Pape, s'en allèrent à Rome; attendant lesEvéqucs,quià Trente, qui à Boulongne : mais Japlufpartfe retirèrent pour voir ce qu'en ordonneroit celuy quiferoit appelle au Pontificat. LEmpereur retourne en Alemagne, tient une autre journée à Auibourg,pour avifer aus affaires de & entretien de ion Intérim , qui traîne êc

branle

La mort du Pape Paul re- tarde le Concile,

la Religion

Cety fut l'an issê

tl.

558 De la Naissance de l'Heu ejie^ branle en un lieu, à même qu'il s'appuie en un autre. A fon arrivée il fait chaifer les Predicants Luthériens , qui s'opofoient à fon décret. Il fe plaint de la defobeyiTance deplufieurs : mais on luy ditqu'ileftrcal-aifé d'apporter routa coup un ii grand changement en la Religion , que plufieurs n'ont jamais connue, Que la plu-part différent jufques à iaclcVture du Concile.

Ma v r 1 c 1 dépité de la longue détention du Lantgra- Tratiàut ve ^on ^cau Pere' que I £m?ereur avoit laiiTé a Malines, */>«.. ;L*- & fait iétraindre,parce qu'il s'etoit voulu fauver,envovc rompre U remotrer paries Ambaliadeurs a la.journeequ il ne peut Concis approuver ce quele Concile a déjà déterminé es Sellions précédentes , qu'il faut de nouveau recommencer , fans que le Pape ny les liens yprefident; demandent que les Théologiens de laCcnfeiîiond'Aufbourgayent pouvoir non feulement de propofer, & difputer, mais auiïi de de- cider.Les Pères cependant s:afTembienî: à Trente de jour a autre, fuivant le commandement du Pape Iules. Les AmbafTadeurs de Maurice y vont , le fauf-conduit de- mandé leur ell: octroyé , avec permillion de propofer, & rraitter, ou de parole ou par écric,foit en audience, ou en privé. Le même àceusde Ioachim Electeur de Brande- bourg,& du Duc de vTitcbcrg. Tous ces Princes envoyè- rent leurs ccnfelHons defoy : Car Maurice fit régler la fîenne par Melancrhon,qui en cempofa un livre. Le Prin- ce nouveau de Xviremberg la fienne par Brence. Le Mar- quis Albert une autre toute pour luy. La ville aulli de Strafbourg & autres envoyèrent leur Symbole. La plu- part de fes conrefliens portent diverfes livrées. Celle de Melanclbon qui fouioit être reverec comme un autre E- vaiviie, demeura au crcc,& ne futprefentee. Tousveu- len: eue leur livre contenant leur créance, foirleu en l'af- f emblée publique du Concile : Quelques Tiieologiens Protcftans s'approchans de l'Intermi firent encor un au- tre formulaire de Religion. Ceus-la font appelez les dous confellioniftes; mais les Stoyquesainiî dits, adverfaires ce ccus cy , crient conrr'eus , les appelent abominables hérétiques Cet ce qu'on void dans les Ccturies de Mag- dcbouw.Amh" chacua fe moque de la fadaife de fon com- pagnon, oui v. me Eglife à fa mode. Flaccius II- liricas Vuu des quatre compilateurs des Centuries, dif-

L i v'R f III. a ))9

tipîe de Me!anéthon,s'en prend même à fon maître,rac- cuic qu'il perd tout pour être trop facile , avec des éter- nels regrets, même en la préface de la cinquième Centu- rie, de ce que la vraye doctrine de Luther leur Profère, s'en va peu a peu perdue.

Comme les Ambafladeurs des Proteftans fe furent nr* déchargez de leur créance aus Agents de l'Empereur,ou Subterfu- CtoitleuradreiTe, on leur dit qu'il falloit parler au Le- ges des ay- gat: Mais ces gens d'une confeience délicate , répliquent eut des que ce feroit avouer ion authorité , &faprecedence au Prcte/!*i, Concile ce qu'ils ne vouloient faire, ny reconnoîtrele Pape. Au contraire requièrent qu'il foit mis au rang des autres Evêques, & qu'aces fins il les quitte du ferment qu'ils luy ont fait. Maurice par fcsAmbafiadeurs promet envoyer fes Théologiens , mais il demande que ce qui à été fait jufques à lors,foit pour non fait : Le même dit celuydeWitemberg. L'un& l'autre furent depuis ouys en privé en la maifon du Légat. Mais on leur remontre qu'une fi grande injure ne doit être faite à cette notable afîemblee, compofec des premiers Evéques& Docteurs de la Chrétienté , que fi leurs Théologiens ont à remon- trer quelque chofe,on les oyra fur tous les articles qu'ils propoferont , avec telle feureté qu'ils pourront deman- der,quejufquesàleur venue tout demeurera en furfean- ce.Ce qui fut publié afin de donner loyfir aus Protestants devenir, & "qu'ils ne peuflcnt bâtir des exeufes en l'air. On fait drciTer la forme de leur fauf-conduit:Mais les A- gents des Princes Proteftants ne fe contentent , font des nouvelles demandes , & proteftations, veulent qu'il foit dit,quc leurs gens auront pouvoir de déterminer : Que 1 Ecriture feuie fera le juge des différents. On les prie de remettre cela à leur arrivée, qu'on Jesoira,& que la choie pourra trouver quelque yiïué au contentement de tout le monde & bien de la Chrétienté. Que l'Ecriture fera la rè- gle pour régler toutes chofes. Mais que n'ayant ny vois, ny langues, il faut la vois du luge, comme aus autres lois, pour la faire entendre. Cette vois ne peut être que le Concile , qui fera conforme a celle de tous les Pères, quiont cy-devant regv la Chrétienté. Le fauf-condui; leur eil baillé , qu'ils envoyen: aleurs Princes. Dcjales Théologiens de Maurice étoyem Yenusa Norcmberg,

entre

5<?o De la Naissance de l'Keresie,

entre lefquels croit Melancthon i mais leur Prince leur mande ne pafler outre : Il avoit bien d'autres fufees à dé- mêler en (a tête que les points de la Théologie. Ceus qui étoient a Trente fe dennoyent des peurs tous les jours: Toutes chofes les mettoient enjeffroy , penfantà tous cous, batus de leur propre confeience, être entre les mains des bourreaus, comme Hus , & Hicrôme de Prague. ïv. En fin ce qu'on avoit toujours craint, parut : Car

Maurice Maurice dilatant d '.heure à autre de venir trouver l'Em- [e révolte pereur,ayant mêmes fait marquer Ton logis en Eniponr, contre ou iors ia Cour êtoit, leva le mafque, fi que les plaies que l Emj>e- on penfoitétre confolidecs , Te T'ouvrirent encores. Il renr. s'étoit ligué avec le Roy Henry IL qui avoit lors guerre à

l'Empereur, & avec le Pape pour Ja querelle deParme, Cecyavmt ayant Henry contre l'authorité du faint iîege, pus Ocla- tan uj2> vian en fa protection rPourmanier cettenouvelleconfe- deration, Albert de Brandebourg étoit palle en France, implorer l'ayde du Roy , renouveleed'ancienne alliance des François & Germains , contre l'ambition de Charles quivouloit rendre héréditaire la Couronne Impériale, foulant aus piezlauthorité & dignité des Eleveurs, & les privilèges duS. Empire. Le Roy leur accorde le fecours demandé, & entre en leur ligue. Le Cardinal de Tornon avec la liberté digne d'un homme de bien,vou!ut remon- trer au Roy combien le fujet de cette guerre tâcheroit parmyies étrangers le nom de Tres-Chretien. Mais un des premiers duConfeil , luy dir, que les affaires d'Etat ne fe revoient pas félon ion Bréviaire. Cependant que le Rov arme trente mil hommes pour la liberté de l'Aîe- magne, qu'on Juy donne ce titre, Protectivr dv Saint Empire, Et qu'une partie des forces Françoi- fes marchent pour attaquer les frontières, Maurice, & Brandebourg ailiegét,& en trois jours emportent la ville d' Aufbourg par compofition <les habitans, e'tonnez de la cheute d'un pam de mur de leur ville.Cette nouvelle non attendue" portée à Trente, met en effroy les Evéquesaf- iernblez, déniiez de toutes forces, qu'un chacun piiiu rarty,& fe retire , attendant que la pais des Princes leur, donnât la commodité de continuer la pais de l'Eglife, & parachever Us Sellions commencées.

Du*

L I V R I III. f<|

Dcus articles feulement reftoient à decider.la Cene,<Sc le Célibat fur Iefques on defiroit ouyr les raifons destLu- theriens, comme celles qu'ils avoient plus à cœur. Ec comme ces guerres & révoltes des Luthériens mirent en troubles les affaires enAiemagnc , aulfi firent elles ea Hongrie: car Ferdinand avoitmis fus cinq mil hommes d'armes Boëmes,vint mil chevaus Hongres,vint mil Lz£ qu:nets,& cinq mil Efpagnols, & Italiens; mais lanou- Ycllc de Maurice luy fît laiffer le Turc en pais pour fon- jjger à fecourir foa frère Charles. La Hongrie,dit l'hiftoi- *rc de ce pais-là, fepouvoit recouvrera cette fois,mais «les mal-heurs que Maurice caufa en Alemagne, furent *>caufe que Ferdinand regarda les affaires de Charles ltf »> Quint, qui étoient en mauvais état, & l'incommoda «bien , qu'ilnepeutenvoier les deniers , & les hommes j»neceflaires pour une telle entreprife; 8c ce défaut fut en «partie caufe des fuccez infortunez qui avindrent en cet- s»tc année en laTranfilvanie.

Voila comme le Turc dans les diviflons Luthérienne?, accrut fon Etat de nôtre ruine. Pendant cet amufement des gens de Maurice, & Brandebourg , qui fit évanoùyr pluueurs jours fans rien faire; le Roy Henry avoit par fes Ambaffadeurs, fait prouefter de la nullité du Concile, ne pouvant permettre le départ des Evéques de fon Royau- me, veu la guerre qu'il avoit avec TEmpereur. Ainfi le diable, toujours diable, fait des fiennes, pour rompre les faintes intentions des Pères aflemblez à Trente. Toutes czs Ambaffades de Maurice au Concilies demandes des faufs-conduits, l'acheminement des Théologiens Pro- teftans,nc furent qu'artifices pour interrompre la clôtu- re du Concile . & fon acheminement à Enipont, retour- nant foudain fur fes pas,fut une rufe tirée à propos, pout endormir l'Empereur , qui n'avoit peiicroire qu'un Prin- ce à luy obligé en tant de fortes, eut voulu faulTer le fer- ment de fidélité qu'il luy avoit promis, & à quoy fon de- voir le tenoit obligé.

LeIuj et de fa révolte, & de l'Electeur de Brandebourg y. fut la Religion qu'on vouloit arracher par le moyen du Le R*y Concile: la Liberté de la Germanie qu'on avoit réduite Henry IL eu fervitude, 3c la delivrâce du Lantgrave captif il y avoit protefteut cinq ans.Le Roy Henry déclare qu'il préi les armes pour delà Li-

N n mettre

<Tt De la Naissance de l 'Hérésie,"

bertê et le mettre le Duc de Saxe Scie Lamgrave hors de captivité, Gtrrr.z- arrêter l'ambition démefureede l'Empereur, quis'étoit vit. fantalié la monarchie de ia Chrétienté". Vcyla donc un

grand party formé ; on puiffant Roy, jeune jl courageus qui ra en perfonne fous prétexte de mettre en liberté F A- lemagne: mais en efret pour acquérir de l'honneur, & de la réputation , empêcher la grandeur de celuy dont il rc- doùtoitla puiîTance, fans mettre en conte la Religion. dry fut L'armée Fraisçcifc marchant en Lorraine, pour voir l'A- «p Avril leniagne,, emporte fans coup ferir Mets, Thoul,&Vcr- ijjj, dumpoïiior. de l'ancien patrimoine desRoys deFrance, dont les Empereurs par droit de bienfeance, s'étoyent emparez. Anne de Montraorancy montra,que ia peau da Renard vsut bien celle du lion. Strasbourg plus avifeeluy échapa. Maurice Eradc:bourg,le Marquis Albert, 5c iefils du La rgrave, d'autre côté, mettét tout à feu ils paf- fent , & îai lient des hideufes marques de leur fureur, aus dépens de ceus qui ne veulét entrer en leur ligùcj tachent de feduire & tirer à leur parry les villes5remettét en quel- ques liens les Predicams, que l'Empereur avoic bannis. Cnaries V. ctoit cependant à Ifpruch, avifant avecfon frère Ferdinand aus moyens de pourvoir à cette guerre inopinée : On leur per:c les nouvelles , que Maurice marche droit à eus, qui fe voyans defarmez,prindi€nt rc- foîution de fe retirer, versia Carinrhie, & de nuit ferai- fan: porter l'Empereur dans uneiictiere, ilfortitd'In£ pruch, & avec des torches fe retira à Viilach, ville fituec ibrlcDrane. Toute l'Alcmagne étonnée de cette gran- de armceFrançoife qui entrou d'autre côté, ravageant tout elle paffoit , maudiifoit les autheurs de la guer- re , tous crient lapais. Les Princes liguez de leur côté tout ien^blr.n: delà deiircr,ontefpcrancc que le Laïugra- £' Vue de vêlera délivré. Car l'Empereur avoir de'ja mis en liberté* Saxefnu- le Saxon, tautafin que fes ennemis n'en fifTent gloire, rte' Sue four donner partie de la peur à Maurice, inverrydes

Etats du czpzif. Iîsdonnoient avis au Roy de cette né- gociation , voyant bien qu'il ne vouloir que faire profit de leur uiviilcn, le fupplicnt ne vouloir paifer outre, fou- iager ie terroir de Stralhourg détruit du fej our de fon ar- Fnee, & entendre a quelque accord.

Le Roy étonné d'un tel changement , & que gens

cbâufcz

L I V R i III. fÉj

échaufezà la guerre fuirent fi tôt atiedis,&deiîrcasde la pais, répond qu'il n'ét entré en leur Pays que pour la dé- livrance des Princes. Et puis que par le moyen de Tes ar- mes,ils Ton t fur le point de fortir deprifon , il cft content iaettrefio a fa guerre, &s'en rctourneraveccettegloire d'avoir porté la liberté à la Germanie -} Il ne difoit pas & ce profit d'avoir de bonnes arres , comme étoic la forte ville de Mets, pour les frais de fon armec,qui étoit d'an^ cienneté de fa Couronne. Auiîï peu après toutes ces for- ces reprindrentle'chemin de leur retour, pour aller fc- courir la Champagne , que l'armée de Ces ennemis com- mençoit à tarer bien avant. L'Empereur qui avoit été fiirpris fans forces bâfrantes, pour répondre à unt d'en- nemis au coup , entend volontiers à la pais que fon frère Ferdinand manioit avec Maurice. Mais cependant le Marquis Albert, contempteur de Dieu & des hommes, dix qu'il n'en à que faire : Au contraire tout ce quiluy tombe en main fentit toutes les rigueurs de la guerre la plus cruelle que les Scythes les plus Barbares euifent peu faire,fans pardonner a fexe ny âge quelconque.

La pais arec Maurice en-fin cft conclue , leLantgcave délivré fous les promenées, & cautions de garder inviola- ble le premier accord fait iorsdefa prifon, & Maurice promet aller fervir Ferdinand contre les Turcs avec dou- ze mil Lanfquenets,& trois mil chevaus pour un an. Pour le regard de la Religion , il cft arrête qu'une journée Im- périale feticndra,pour y pourvoir, & que cependant cha- cun demeurcroit libre en la fîenne. Mais cela ne s'entea- doit quedelaConfeflïon d'Aufûourg feulement: Caria teneur du décret de l'an 1555. du rint- quatrième Septem- bre cft telle.

L'Empereur, & Ferdinand Rcy, pourraifon,-dcIa do- c*trinc,Religioa, & Foy depëdant de la Confeiiîon d'Aui- bourg,&les autres Princes &Erats,ne contraindront, ny forceront aucuns ftijctsde l'Empire a quitter leur Reli- gion, leurs Cérémonies & leurs Loys, lefquelics en leurs territoires ils ont ja inftituez , ou inftitueront cy-apres, étans aûoeiez ai celle Confe/îion , & par aucuns mandc- mens, ny par autre voye ne les contraindront à ce faire, &nelcsmépnfcrontaueu:icmét, mais leur permettront cette Religion libre, avec leurs biens , facilitez, tributs,

Nn z P"aS;*;

5^4 De la Naissance de l'Hirijii, péages, poflTclTions & droits : En force que paifiblement ils en puifTenc jouyr. La controverfe qui eî\ pour la Re- ligion, fe compofera. avec douces , amiables, & paiiîbles raifons. Ceus quifuivenc laditte Confeflîon fe compor- teront en pareille forte avec fEm pereur , Ferdinand Roy, & autres Princes , & Erats confederez enfemble en l'an- cienne Religion , tantEcclehaitiques, quefeculiers,& envers tous les autres Ecclefiaftiques, & leurs Collèges, en quelque part qu'iceus fefoient retirez, pour leur de- meure, moyennant que bien & duëment on procure le minifttre , ainfi qu'il fera dit cy-aprcs.

A iceus ils permettront en toute liberté leur Religion, leurs Cérémonies & leurs Loys,leurs polleiîlons, tributs, & tous autres droits : Et par aucune voye n'empêche- ront qu'iceus n'en jouyficnt paifiblement. Tous les pro- cès, difputes, & querelles qui pourroicnt fourdrc entre les uns & les autres , feront vuidecs fuivant les cou- tumes, &loys de l'Empire. Ceusquinefont de Tune ou l'autre Religion, ne font point compris en cette pais:Voy- la le décret. L'Empereur délirant recouvrer Mets , que Henry avoitenleyéà l'Empire fi fubtilcment, reçoit en grâce Albert , par une traliifon qu'il commitpour fe fer- v:r des forces qu'il avoir, & y met le fîege. Mais il trouve dedans ce grand Capitaine François de Lorraine Duc de Guife,qui la defTcnd , & le force après un long fiege de fc retirer. le remets en autre lieu devoir les droits que le Roy a en ces trois citez,Mets,Thoulj& Verdû, qui d'an- cienneté font de cette Couronne. ▼i. Albert retourné en fon Pays , met fus nouvel-

ï'ttrigcs les troupes, fait mil outrages ausEvéques de Bamberg, & cru au- &deVirtzibourg, & autres. Ravage tout le Pays, & de tetd /:L nouveau recommence Ces cruautez premières , dignes hert^fa de i'Evangile qu'il vouloit établir. Il alloitbranquetant dfffaitt fi toutes les Provinces, c' et à dire , impofant tailles, pour mort^tn- fe délivrer du feu: Car, c a t z e n, en Alemandveut fcrr.bUie j;re impofer fubfide, & b r A N t z, feu, d'oùae'té àiturite. compote nôtre mot branqueter: Il prit lingulier plaifîr d'aiTouvir fa cruauté , le jour qu'il rît enclorredans deus petites villes qu'il avoir prifes un grand nombre de pay- ions , avec le bétail des environs , les unsparmy les au- tres , entendant entre lcshmlcmcns des betes mouran- tes, le

Livre III. 5^5

tes, le cry des hommes my-brulez , mêmes de plufieurs femmes enceintes, & petits enfans qui periren:mifera- blcmentparle feu, alaveuedecet autre Néron: lequel imaginant des nouvelles efpeces de cruauté, faiioitat- tacherfur des cerfs des pauvres Prêtres qui luytomboy- entenmain, tous nus, puis lesforhuant,metoit une mu t- tede chiens après , qui couroient ces pauvres Chrétiens parmy les forêts déchirez des ronces & haîiers , & en- iin la proye de l'atirail de ces veneurs, ouplutôt de ces bour- leaus.

Maurice & autres Princes fe rallient pour arrêter la rage & furie de cet homme, quidu foir au matin jettoit A

des armées entières en campagne. Ainfi ces deus arc- boutans del'Hereiie qui avoyent combattu fous mêmes enfeignes contre leur Empereur , couvert leur Patrie deruynes & defolations , demeurent ennemis, &s'en- tre-détruifent l'un l'autre. Le Ciel prefagea lors mêmes tous ces mal-heurs , par le fang qu'il ne pleuvoir fur la terre en divers lieus de l'Alemagne. Us fe font donc une guerre ïïpre& cruelle, fe donnent la bataille. Maurice victorieus éprouva en même jour , comme dit Hefiode, la fortune mère & marâtre : Car il fut tué en la bataille qu'il gagna contre Albert. Tous deus eurent part en la perte, l'Empereur feul au proffit, bien ayfe de voir tré- bucher Maurice , dont il redoutoit les intelligences que il avoit en France. Albert nefe peut relever de cet échec qu'en tombant : Car il reçeut une autre fecouiTe du Duc Henry de Brunfvic , & en-fin fut mis au ban de l'Em- pire, deffait pour la troifiéme fois, &chaiTé de i'zs Sei- gneuries, contraint de Ce retirer devers le Roy, qui ne pouvoir, difoit-il , dénier le droit d'hofpitaiité, a un Prince affligé , fejettant àfesgenous. Mais comme c'ét l'ordinaire de ceusà qui la fortune à tourné le dos, Al- bert fe voyant regardé de mauvais œil , repalle en AÎe- magne, oùpar poifon on fe dépêche de luy, comme d'un ennemy public. Tous fes Capitaines, & Colonels deter- Cecy a- minez au mal comme leur Maître fe railemblent fous le vint l'an commandement du Colonel Grombac , qui pour ven- jsj 7, ger la mort d'Albert , prennent d'amblee la ville de Virt- zibourg, ruent l'Evéquc , faccagent & la Ville, & les Eglifcs.

Nn 3 Aiafi

'$€6 la Naissance de l'Heresie,* Ainfi la mort d'Albert renouvela les miferes, qu'en fa rie ilavoit caufé. En-fin ce Grcmbac pris, fur ouvert de la main d'un bourreau, tout vif, & batu de fon propre cœur fançlant, dansGoden, Pays de Thuringc. Ces guerres ainîï finies par les routes & deffaites d'Albert, & la mort de Maurice , Ferdinand en abfènce de l'Empereur tient une journée à Aufbourg , ou après plufîeurs contefta- tions d'une part & d'autre , tans pouvoir trouver au- cune yffuë pour s'accorder , il eft arrête que ceus de la Confcfllon d Aufbourg pourront vivre en leur Religion, en la même liberté que les Catholiques , & qu'une Diè- te fe tiendra à Ratifbcnne , en attendant que le Conci- le fe puifle raffembler, dont Paul quatrième quitenoit lors le Pontificat feroit fupplié : Car Iules mort,& Mar- cel aum" qui ne fîega que vingt &deus jours , Paulfut éleu. Cecy fui Mais feray-je ce tort au fujet que j'ay entrepris de paf-

en l'an fer en trois mots la merveiileufe élection de Marcel ? le •/-'jy- ne dois dérober cette Hiftoireà la Poftcrité , comme Sleidan, & les autres ont fait, &l'étendray de fon long, tout ainfi qu'elle eft écrits dans l'Hiftoirc Authentique des merveilles de Nôtre-Dame deLorette, afin que lHe- reficquiabboye pcrpetuelleroent contre le faint Siège, reconnciiTeen depit d'elle les merveilles de Dieu fur les Vicaires de fon Iglife Militante. vn~ S vr ces entrc-mites,dit cette Hiitcire, Marcel Cer-

TAirach vin Cardinal, homme fort recommandabie tant en do- tnïtle- ctrine qu'en pietc, avoit éieu fa demeure en un bourg af- fez proche de Lorette , nommé Montefano, qu'il appel- loi t fon Pays , Ieq uei iieu a la vérité il avoit choyfi fort à propos pourvifuer h Mailon notable de la Vierge, de laaufTl vencit-il fouvent avec grande ferveur à Lorette jour célébrer la Méfie en la plus auguite Chapelle de la terre. Comme donc un jour ledit Marcel , environ lede- cezdu Papeluîes troineme, celcbroitla MefTe félon fa coutume, il luy avint une chofe merveiileufe : Car une Colombe belle & blanche a merveilles , ayant alaveuë de tout le monde, volleté fort doucement par- de (Tus fa tête, fe repofoit cres entre fes mains , luy celebrant,ores furfonMiffel ^ ce qui étonna fort les aiilftans : Mais le Prêtre qui d'aventure fervoit au Cardinal durant fa Mef-

fc, pea-

L i v R s III. çtf7

fê,penfant que ce fut quelque pigeon commun , taçKoît delcchaffer. Le Cardinal au contraire fefou/enant que Dieua^oit montre quelquefois ceus qui devoyentéerc Papes , pari'indice d'une colombe blanche, l'empêcha de la chaffer, permettant qu'elle fe tint en repos, j ni- ques à ce que fon Sacriiîce parachevé, elle s'envolât de ion bon gré.

Et à la vérité la vifîon qu'il eut d'enhaut fervit à le confirmer en Ton opinion : Car étant Marcel appelle à Rome par les nouvelles de la mort du Pape Paul, il ne voulut point entendre a ion voyage, nj à i'aiTemblcc pour l'elcclion d'un autre, qu'il n'eut ftlon Ton ancien- ne coutume, premièrement faluc la Vierge de Lorette: Or approchoit la Fête de l'Annonciation , laquelle ic convioit d'y aller, encor qu'il fut deluy-mémeairczad* donné à la dévotion: Parquoy il y arriva la Veille, &lc lendemain voulant avec plus grande attention que de coutume célébrer la Méfie en la Chapelle facree, fait re- tirer iamultitude dupeuple. Mais comme il celcbroir, étant fur la fin de fon Canon, &faifant commémoration de i'Eglifedeftituee de Paiteur Souverain , ainfi qu'il la recommandoitfort affee'tueufementaDieu, &àlagïo- rieufe Vierge Marie? Cette benoîte Vierge defeendant duCiel,feprefentaa ecluy quilaprioit. environné d'une troupped'Efprits celdtes, laquelle rempliiTant fon ame d'une lumière, & d'une douceur admirable, IttT annonça qu'il feroi: Pape,& foudainemen: fe départit de luy. Vue chofefî nouvelle &fifoudaine luy engendra un tel fre- milîemenreniame,Scaucors,qu'à grand peine pouvoir- ildetueurerdcboutarAutcl:quoy voiantfon Pretre,con- nut bien qu'il luy croit furvenu quelque chofe d'enhaut: Car regardant fa face, il l'avoir veuë refplendiiîant*: d'u- ne lueur non accoutumée , & fon cors environné d'une lumière nouvelle. Luy merne donc raconta familière- ment la chofe comme 11 l'avoir veue a plufieurs, & en- tre-autres à Rafaël Puera , qui la remarque en fes écrits. Le Cardinal même importuné par les prières de \z% a- mys, qui ctoyent preièns , leur raconta en fin comme tout écoit allé s adjoutaut que cette charge du Souve- rain Pontife étoit trop honnorable pour iuy , & par- tant que Dieu peut-être fe choifiroitun autre Vicaire.

N114 le fuis

568 Di la Naissance ds l'Heresie, le fuis contant clorre ce livre par le récit de cette appa- rition, auflî mémorable comme elle eit digne d'admira- tion. Vous verrez au Livre cinquième ce qui avint à la fuittc dccc«remuemens, contant de finir icy , Slei- dan a fait fa fin, pour ce qui touche la Germanie: Car le livre fuy i ant fert pour les autres Pays qui l'avoifinentjOU plutôt qui font partie d'icelle.

lin dté Troifîéme livre.

TABLE

5*»

TABLE DES C HA PITRES

du Livre quatrième.

CHAPITRE I.

Excufe de PAutheur de ce qu'il fort de Ton Siè- cle pour traiter THereiie des Bohémiens.

CHAPITRÉ II.

I. De Ian VVi clef Prêtre ^Anglois.

1. Les Hures des Hereti- tiques brule^y cr com- me ce us de VFidef fu- rent confer-je\.

5. Raport de ï Hère fie de FViclef à celle de Lu- ther.

4. Vn Maître es ^/Cm caufe du trouble.

f. Belle police de l'iglifè pour dejfendre la lectu- re des livres hérétiques.

6. Lettres du faint Père Clément VI II. à ïau- theur,çr permifion de lire les livres prohibe-^

CHAPITRE III.

1. La jaloufie des chai- res de Prague eau fa le Schifme en la Bohême.

2. Hua traduit les livres de VViclef.

$. Vilaine vie de VVen-

fdam. 4. fut ï ^Cutheur

de l Herefie des dent ef-

peces.

5. Hut comparoitau Co&~ ule, ou il ejl brûlé, <&" Hier orne de Prague.

6. Les remuemens que U mort de Hm caufa.

7. VViclef cr Hh* les premiers Martyrs.

S. Ce qui a vint en Bo- hême après U mort dt Hus. Nn, CfïA-

570 Table des Chapitres

CHAPITRE IV. i. Ce qui av in t après la monde Wen(elat*s.

2. \ifcha drejfe les raco- ntes.

3. \ifha toujours viÛo- rie ut.

CHAPI

1, Les Calixtins & leur ûtreurfur les dent ej]?e- ces.

2 . Des pikans, £r ce que Luther dit d ' cu>s.

' Luther change davis

CHAPI I. Comment les Habites

voulurent entrer en

Hongrie. 1. Malheureufe divifon

en Hongrie.

3. Les premiers Lutheries de Hongrie.

4. Leur foin ,& faute des Catholiques.

CHAPI

1. La Traflvanie en dif- fute entre Ferdinand

tr lan Sepm.

2. Sommaire de la tsiè du Moine George çrdefa mort.

3. ^/Vpres laquelle les Lu- thériens entrent en la Tranfilvame.

4. La mort defyfchd. e. Statue defyfcha, &*

deProcope le J^a-re fen

Succejfeur. Du Concile de Baie.

R E V.

£r les apellefes frères.

4. Les Bohémiens prenne?

la deffenfe de Lutht

y. Ordonnances de Ferdi- nand cotre les Hufites Cr Calixtms. r R E VI. f. Perfscution contre les Catholiques.

6. Les Calvinif es entrent en Hongrie.

7. Divers accidents en Hongrie.

5. Seigneurs H ogres Ca- tholiques.

R E VII.

4. Les ^Alemans prêcha le Lutheranifme.

<. Soliman veut empê- cher l'entrée des Hère fi- es en la Tratiflvanie.

6. Maximilid implore le fecours des P rote fans.

j. Princes accourut au fe- cours de M ax inu h an. S. CrUatt-

Du quatrième Livre S. Crudute^ de Terrien

petronit gouverneur du

? rince. j . Lettres du I{oy Un dut

Lutheries d ' Alenugne

io. Demande desAutrù-

chiens pour la Religion.

571

ir. Nouveau* troubles pur ld mm de Ian.

li. Toute forte de %eli- rtorn en ld Trdn\llvd-

me.

C H A P I

i . Ld Pologne ewte d'he- refefufques environ la mort de Luther.

2. Comment le vieus S i- gifmond s'y oppofa, &

la nonchalance de si- gifmond <y£ugufe y donna ï entrée.

3. Lepere des herefies qui dffiigent ld Pologne.

C A H P I. plufïeurs A t ici es de

j:. chdh^ement en U TrdnjiliMme.

TRE VIII

4. LdPoUç-ne 3çy* pays crrconvoiuns lors dune

même créance.

y. Les Calvimftes cyp ra- réfiants s' entr aceufenp de ces de/ordres.

6. Les Evanc-eb.ouesdp- paient les Catholiques Turcs.

foy des Evançrliques nouveau* conformes a V ^îlcoran.

1. D'un chaoïiôduTurc a Tholofe.

C H A P I

I. Les Predicans de Polo- gne dépnfent leur l{oyy qui ne s émouvoit de rien.

l. Ian à Lifo Polonon grand perte-enfe igné du Cdlvmifme.

I T R E IX.

I 3. D' '^fmurdth Empe- reur des Turcs y qui fa* ■vorlfoit les chrétiens. 4. Hiftulre d'un ^/Cm- bajfadeur de Fracepre^ le Turc. R E X

3. Miracle avenu en Po- logne en confirmation d-: la fa'mte Euchari-

file.

4. Fans miracles du Pre- d'tCdnt polichroniu*.

Cha-

17t

Table des Chapitre* HAPITRE XI.

I. Soin de quelques Evé-

aues de Pologne. 1. Grandeur cr ricbejje

des Ecclefiafiques.

C H A P I. Les Hérétiques ne font

Sénateurs. 1. Regrets du Cardinal Ho

fimf cachant cesaffem-

ùlees,et Fijfuè'd'icelles.

3. Miracle du Diable qui entra dans le cors d'un Trini taire.

4. Hifloire mémorable' d'André Dudicim E-

CHAPI I. Eleftion du i^oy Henry

troijîéme. 1. Les Pclacs demandent

un J{oy Catholique. $. Etiene Batton nommé

J^oy de Pologne. 4. Sigifmond fonfuccef- C H A P I

1. Le B^y chrefiieme pri- ve défis B^naumes ejr Etats.

2. Comment les- Prote- stants, voulurent atti- rer fujurpateur en leur ligue.

$. Luther fur ces troubles envoyé en Dannemart.

5. Belle réponfe de pilippt ^Augufte Roy de France.

4. Conversion du Pala- tin de Podolie. [ T R E XII.

véque des cinq Eglifes. f. laques Paleologue fi fait îacobin a Rome, il ejl mis à l'wqui- Jition 9 £r s' enfuit en Pologne^&fa mort.

6. Les Luthériens en Po- logne, yEnabaptiftes , Calixtins , Çr autres Hérétiques.

RE XIII.

feur difj>uta la couron- ne cotre Maximilian.

f. Les Collèges des Iefui- Jles en Pologne.

6. Vn Minière Polonnou converty au iubilé À Rome.

RE XIV.

4. Premier B^oy couronné de la main d un Predi- cant.

f . Comment les Cal vini- fies Je voulurent glijfer dans Dannemarc.

6. Du Royaume de Nor- vegue.

Cha-

Du quatrième Livre. CHAPITRE XV.

I. Cornent G uf an e s em- para du Royaume de Suéde.

t. Vermetî etree nus Lu- thériens au Royaume.

3. Mariages infâmes des

CHAPITRE

I. Errîc fucceJJeurdeGu- flâne usurpateur du Royaume de Suéde.

I. Erric addoné a la ma- gie,empriscne fin frère.

3. Commet fept ans après il le tira deprifon.

4. Hiftoire notable de

J7)

Ecdepajiiques, &> Con- fiance des R^eligisufes.

4. changement qu 'il ft en la Religion.

f. La miferal?le fin de Guflane.

XVI,

Pont us de Lagardie de

Languedoc, f. Dejfein du %oyErric

majfacrei- fes frères k

fes Nopces. é. Le Vue de Einlandit

¥ t&ege , le prend, &* prive de fan Etat,

l. Le I{oj îan Prince Ca- tholique enfin ame.

1. Envoyé Ldgardicve>s le Pape.

3. Ce qui intenompitfin

CHAPITRE XVII.

ç-ardie.

dejfein.

4. Infortunée mort de L4-

f. Vifimulationdu R\#y

lan.

6. Son fis sigifmond au*

- jourd'huj R^oydePolo*

gne Catholique , privJ

de soroiaume deSuedt,

Fin de la Table des Chapitres du Livre Quatrième.

ARGV-

574

ARGVMENT DV QJA

T R I E M E LIVRE.

fc^f§W t Oy a T r i e m e Livre reprend îîffl rHcrcfic de Ian Hus à fa fource,

ï"c^^& p0lU clonncr entree à celle de Lu- ^ * therenBoeme. Puisparle-du chan- gement de Religion avenus aus Royaumes de Hongrie, Tranfylvanie, Pologne. Fait une am- ple comparaifon ocraport des Sectes nouvelles alaLoydeMahomrnet. Laruyne Scmifercde ces pauvres peuples , toutes fortes de Reli- gions abordent. Puis finît par les Royaumes de Dannemarç , Norvège, & Sucdc.deduiCzmks grans charigemens avenus en l'Etat de ces Roy- aumes, pour le changement de la Religion.

L'HIS-

PS

T7WT77WW?' f9* T?W 7 7

LHISTOIRE

DE LA NAISSANCE,

PROGRES ET DECADEN- CE DE L'HERESIE DE ce Siècle.

LIVRE QJV A T R I E M g,

Excufos de lAutheur, de ce qu'il fort de

fon Siècle pour traitter ÏHerejie

des Bûè'miens.

CHAPITRE PREMIER.

Omme le Veneur qui veut trouver Cér?p&. Sanglier, mire dans fa bauge, après a- tùfa^ voir fait Tes brifees à l'enceinte du buif- fon, leslboutecs montrent qu'il & fait fa nuit , frappe à route fur ces voyes, donne du frein à fon limier à mefure qus il pouffe le nez auvent , &pié àpiélefuit, iufquesàce qu'il ayt lancé la befte, Ainfî pour aller trouver l'He- refieàfafource, j'étois remonte pas à p^scentre-monc les Siècles palfez, & pour deiccuvrir les laifîes, rom- pre fes rufes, cfchappçi fes feintes, & foxtir ea fin de

l'c**-

$7S De la Naissance de l'Heresïe, l'embrouillé Dédale, je m'étois engagé dans cette c- pefle foret, j 'avois pris en main le fîl que nous a retors le CefarB*- vcntabIc Secrétaire de l'antiquité, CefarBaronius , le ronitu. Cefar des Ecrivains de Ton âge , à qui l'eminent fçavoir, &lonqs labeurs ont dignement mis le chapeau de Car- dinal fur Ton chef; le n'eus befcin d'autre limier pour al- ler trouver dans fon fort eexte féconde Laye (ainfiTap- Simon & pelle 1 Ecriture) qui faccage la vigne du Seigneur. je ft fuit te, rencontreray dansfa foiïiile, le vaincu du Prince des A- pôtres Simon prince de tous les Hérétiques , étendu , & tout froide de fa cheute, accompagné de Menandre, Ba- filides,Samrnin, fuyvy de Carpocrates , Marcion, Marc, Tatian, Ivlontanus, Novatus, Paul, Manés, Eufthatius, & autres , race digne d'un fi digne père côme fut Simon. Puis redefeendant d'un même pas, j'avois attaintceluj qui creva dans le retrait, refolu de fuyvre les autres à la pifte,jufques à ce que je fufTe arrivé à ces derniersherc- tiques -, qui ont repris les exres des premiers. Mais après «voir beaucoup fué , je reconnus que mon labeux feroic un travail inglorieus5

A/4 peine eût été grande , & ma gloire If gère. Car en fin j'eufTc fait feuiemet parier François,ceIuy qui a fi doctemét écrit les Annales de l'Eglife en fon Romain, lequel jencmehiîe jamais de lire comme jcnemelaflc jamais de le lo'ûer.Ie n'euffe peu après un fi grand & péni- ble labeurapporter du mien autre chofe qu'une fimple & nue' verfion;digne d'un home de plus de fejour, & qui n'a autre entrepnfe en maiu. Mes ouvrages font livres communs & populaires, que je trace en faveur du peuple £:du ccmun,&:pour ceus quin'ayans cte'élevez &nour- iis dans le fecret des feiences moins familières, nepeuvée avoir qu'une famTancevuIgaiie. C'étpoureus quej'em- ploie mes peines, & mes nuits, non tant pour plaire, que pour profiter. Sçavants, qui meurtriers de vous mêmes, mourez pour vivre & acquérir ce glorieus nom, qui yous venge ïa dufepulchre, & qui jour & nuit demeurez colez fur les livres, pour en tirer les plus vives couleurs. Dxm V étude drfquch luit La l/smpe encor à minuit. Ne perdez 1 huile, la peine & le tems qui vous cft fi cher, à lire ce quifo:tdechezmoy. Contentez yous des riches

&la-

Livre IV. 577

& laboricus écrits cîes Genebras, Tholedcs,Barons, Bel- larmins, Valences. Soares, Maldonats, & autres grans & illuftres Ecrivains de nôtre age, qui ont recucilly tout ce quelafciéncepourroit écrire. Ieneveus pas que ces pe- tits avortons paroifTent,là les enfans de ces gras hom- mes fe rencontrent : Imitant ce maître apprentif. lequel ayant tiré dans un tableau un coq , defFendit à tous d'en laiifer entrer aucun dans Ton ouvroir. La comparaifon m'en eft autan todieufe, pourm'étre prejudiciable,quc le naturel luy étoit fufpecl pour l'avoir youIu imiter.

le quittay donc la grandeur de ce deilein , pour me ré- L'bertfi* treindre à la feule hiftoire de l'herefie de ce fiecIe,où l'An- de cejiecl* glois trouveraitm Wiclef,leBoemien fonlanHus, l'Aie- prend fa mandfonLuthcr,&ie François Ton Calvin. quatre Hère- fottree dt (iarches fameus de ces fîecles derniers. Ces deus sot le fu- Wiclef* jet de mon œuvre, & les deus autres par occaiîon trouve- ront en ce livre quatrième leurplacc. Car puis quej'ayà fuyvre toutes les Provinces de la Chrétienté , l herefic à laifïe les marques de fa fureur, que je dois faire voir à chaque natiô i'état elle le trouva,ceîuy ellefe trou- ve encores à l'entrée de l'an 1600. de nôtre ialut Il faut quejeforte des limitesoùj'avois renclos mon principal deiîein,queje lanTe pour un peuMartin, afin d'aller trou- ver deus lans , qui ont fauile les premiers les barrières de l'Eglife, qu'un troifiéme lan pire que les deus autres, à la fuitre de Manin, enfonça depuis tout a fait.

Prenons donc ia choie a ion origine, encorque I'hi- j£neaf ftoire des deus ayt été tirée par j£neas Sylvias , fui vie de- ^ylvt(ét puis de Coclee, & autres Si m'a-il fcmblé, puisqu'elle débuté Pii bat furmonfujet, que jela devois faire voir à ceus quine // peuvent attaindre a l'intelligence d'une langue étrangè- res Mais recherches y contribueront quelque chofe de nouveau. Les livres précédents ont m autre la fource du fchifme d'Alemagne, les étranges changemens quelc changement de religion y à caufé , & la longue fuitte des miferes qui l'ont ftnvic.Il cft ueceilaire que je me prome- né parmy les autres royaumes qui l'avoilinér, & qui l'onc accompagné enfon mai heur, pour montrer combien diverfement ils ont été agitez de pallions diverfes. Cet- te variété fera, peut- étie agréable au Ledeur,ennuyé de ne voir fur le théâtre que je îuy ay reprefenté dés l'entrée,

Oo que

\-jt Dr la Nais s an ci di l'Heresie, quel;. .:)agne avec Ton Luther & puis que la

Bohême vient ]a première en rang, comme celle qui a été lapre : fteedeTHerelie, Hus jouera fon roolle,

attendant queL;::hc: vienne achever de perdre ce que celuy-cy avoir commencé ce gâter.

COMMENT L'HERESIE DE WICLEF

FTI PORTEE EN BoHfME, ET ACCOM-

plie par Ian Hus. Chapitre II.

De ion rndef Prêtre

i. Le* livres des Hérétiques '^{j 0~ comme ccy^s de Wiclef furent crn- fen

riy-t de ï ' Hercule de ..e' de Lu- ther.

Tt Un

vv,Uf

tre.fi

Jntl '■'■■

Tir:.

Tht

lUr. 73.

Vn maitre es ^€rts caufe du trouble.

5- Belle fohee de PEghfi four défendre la lecture des hures Hérétiques. 6. Lettres du S. Père clemu VI 11. a l^ïutloeur, cr' fermifton de Ivre les //- % res p

frvhthe\.

L v eut autrefois un Prêtre en Angleterre, Cure d'une ParoilTe, nommé Ian Tic ^^N|^=^ hc mme en ion rems d'une non commune W^JfepJT érudition, même ment en la iciencedela J^ ^7*^ Hicoîociç, contilfaifoitprofeflîcn.Er.f.é

Evcche de Wîorney de la- :::euiementéconduit, comme :

: par delTus ion mérite ofé pour- eu defir ce s'en venger. | aéchapaaa; alentin, comme Ter-.

::cn>cc:;t E ctj &: encore Nov^Lus,té- ctreEs 1

Livri IV. 57j

fe fît heretiquc,écrit Épifane, comme fit Neftorius.Tous ceus- la fc firent traîtres à l'£giife,pour un dépit. Ainfi fit Wiclef:ïlfe met donc auschams, cklifant en l'Vniverfi- téd'Oxfort, touche à l'authontc dcl'Eglifc , qui luy a- voi: fermé la porte à cette dignité -} remue quelques points de la religion Catholique , embrafiee d'un com- mun confentement par toute la Chrétienté'. Car lors i'E- glifc étoit exemtc de monftres , &pour gagner l'oreille du Roy, luy yeut pcrfaadcr qu'il eft le chef de l'Eglife An- glicane, qu'il n'en doitreconnoîrre d'autre après lefeuî Chris t, remarquez toujours les apâs des hérétiques, pour attirer les Princes a leur cordelle.Le Conciie natio- nal, & toutes les Vniverfîtez , mêmes celle de Paris fans pair. & en fin le Concile gênerai affemblé àRome, le ju- gent heretique:ll cft pris, mais fous lefausmafque d'une repentance, on le laifle ailer.Depuis ne fc pouvant taire, il eit banny, & comme Luther s'attacha au Duc de Saxe pour fe mettre à couvert , auffi avoit fait Wicîef avât luy, qui fej etta entre les bras du Duc de Lenclaftre. Enfin ^crt *~ fans avoir peu faire que peu ou point d'effort en fa patrie, tra'7£e dt il mourut l'an mil trois cens quatre vint-fept : Voycom- W**l*f- mel'hiftcrien Anglois \vral(ingan en parle. Vralfmg.

» Lejourdcdié alamemoiredefaint Thomas, Arche- /"*■ /i** «vêque de Cantorbie, commelan Wiclef organe du dia- «ble, ennemy del'EgIife,& l'artifandu menfonge, s'ap- ajprétoit "pour aller monter en chaire, &blasfcmerà!a wcoutume.il fut par un grand jugemêt de Dieu faifi d'u- rne paralyfîe.Cctte vilaine bouche , d'où étoyent forcis sstarft de blasfemes contre Dieu, & les Saints, devint tor- *>fe & contrefaite, non fans horreur de ceus qui le regar- 1387. wdoyent, fa langue grolïie luy dénia la parole pourfe yty xhff. wconfefTcr, & fa tête tremblante môntroit que l'arrêt yAld. io. «étoitdôné contre luy, que Dieu prononça contre Cain. xider. Io. Il laiffa quelques liens difciples,quife fouillèrent, difent de Turc les autheursde cetcms-la , en mille villenies, & Crimes cerem. deteftables. Auili quarante & un an après famort,lepro- Vemeiuê cezfucfait a fa mémoire, &c fes os retirez du fepulchrc, Ber.de jetteZxau feu, avec tous les livres qu'on trouva de luy, afin Zuxén. qu'on en peut faire perdre le fouvenir. Elond.

Ainsi furent embrafez ceus d'Arrius par le jugemêt lr, deC6itaiuin.Alniic^usde^Nellori^SJpaL^£ditde Théo- Les livres

Oo z dofe

$oO De la. Naissance de l* Hérésie, àtiHtreù- dofe & Valentinian ; ceuscTEutiches & d'Apolinaris par quss bru- l'ordonnance de Marcion. Et ainfi des autres leurs fuc- ïeZj&<o- ceffeurs, defquels on ne trouve autre mémoire que l'ar- meceui de rét infâme de leur condamnation , encor qu'ils ayent Y'.'uUf fe remply le monde d'écrits. Cecy ne peut être fi bien exc- cenfervet. Cuté, qu'un des difciples de Wiclefneles garentît. Co- Yoy Ki~ cjee dit qu'il étoit Anglois, nommé Bitrepayne, du poif- itph.li.S. fonpourry. L'Hiitoire des martyrs le fait gentil-homme cap. sj. de Bohême, étudiant à Oxonc en Angleterre. Ce fut le hifl. tri- porteur de fes livres à Prague Vniverfité lors fameufe.Au- ftrt.ca. p. tresdifentqneHierôme, dont vous oyiez bien- tôt par- S. Bf.fd.lt. 1er, état à Oxone , a fon retour en porta quelques copies. *k Sfi. La foie jeune(Te,qui vole ordinairement après les chofes fswcl. c. C. nouvelles , en retire quelques unes. &Ii.7.ca. Ainfi s'épandpeu apeu le venim de l'hcraficWiclef- 9> vifte , qui trouva cette terre étrangère à propos pour re-

Voy /Entât cevoir lafemence pourrie delà main de ce pourry., que la Sylvi. hb. flenne naturelle luy avoir refufé. Et comme le premier, CM.j.Boh. qui planta jamais la Crois de IesvsChristj&Ic c*f'S-r- ChriftianifmeenAlemagne, fortit de l'Angleterre, aifïî S.Bcmfa- f]cie premier qui jamais y jetta lafemence dePherefie ceetoit^ pour l'arracher. A la première découverte de fes œuvres Angloii. Wicleffiftes, l'Vnivcrfité de Prague, dont le principal gouvernement étoit donné aus Alemans,les déclares hé- rétiques, en defrend la lecture. ni- On voit dans leurs premiers écrits les étranges opi-

%effert de ni0ns du faint Sacremct depuis renouvelées parLuther, Vherefiede q:n fauflement fe van toit être l'authcur du Christ yritlefa impané, dérobant a "Wickf cette honteufe gloire. Car i elle de Lu. c'cft{Uy quidifoit, que comme I es v s-C h ri s t étoit ihtr. enfemblevray Dieu &vray homme: Ainfî l'Hoftiecon-

facrceeil,&leCorsdelES v s-C h ri s T,&vray pain en nature. Mais fi la comparaifon eft bonne delà nature du pain,& du Cors du Sauveur au Sacremenr,ainfi qu'enluy n "va qu'un fujet desdeus natures, par lequel nous ne re- conneifions qu'une perfonne, Iesv s- Christ vray r] t, Dieu,& vray homme,/! le femblable eft en l'Hoirie confa-

~ "!'" ef,ff crée, qui eu le fujet du Cors & du pain , fi le pain eft fujet r' ""' fj* du Cors du Sauveur,ii fera donc fujet de la nature divine, qui eft un grand biasfeme , confideré que la chofe créée peut être lujet perfonneldc l'Eternité: Et que d'autre

part

Livre IV. 581

part la nature divine & humaine, font infeparablesau Sauveur,& n'ont qu'une hypoftafe. Voila comme parlent Vo^ £***#- nos Théologiens. Ainfi fe rapporte la doctrine Wicle£?i- **"* m fie aucunement à celle de Lurher. Ses mêmes nfeescon- V^rte*** tre les Indulgences s'y voyentauffi, le rabais , &confu- Sathtn. fion de l'ordre Eccleiiaftique, difantque lafainteté, & bonne doctrine donne le grade, & non la dignité: Les pa- roles infâmes qu'il fouloit dire contre hs ordres del'E- glife,mémcs côrre les Moyncs s'y trouvét en divers licus.

Auguftin, Benoift, & Bernard, dit Wiclef, font dam- ^trrtn,0S nez, s'ils n'ont fait pénitence , pour être entrez en E.eli- paYÛ\^ fa gion: Cefontles enfans du diable, quiécabliiTent des "yy^gt Cloîtres. Les Saints qui les ont ordonnez ont péché mor- tellement. Toutes Religions font introduites par le dia- ble, t'Eglife Romaine eftla Sinagogue de Sathan. On y remarque aufli quelques points de la doctrine des Ana- baptiftès, comme ceus-cy : Cela effc contraire à la parole de Dieu,que les gens d'Eglifc ayent des poifeificns, qu'ils fc doivent contenter de quelque peniion: Le peuple peut corriger a fa volonté leurs Seigneurs & Princes , s'ils fonten péché, & les depolTeder : Les décimes font au- mônes , qu'a raifon des péchez des Miniftres , on leur peut refufer : Il faut qu'un chacun travaille de fts mains: Le diable à dérobé le fens aus Empereurs , q uandils ont diftribué de leurs biens al'Eçlife : Tous fermens font

illicites.

le laiife quelques autres articles, comme quand il dit L* &w* d*.

que l'Evéque, & le Prétreperd le pouvoir qu'il à de bap- VVicUf

tife,& conîacrer, quand il tombe en péché mortel corn- ApptU le

me ii en ce grand myftere , on devoit confiderer les hom- TrUlogut, mes, & non Dieu ; le mérite des créatures, & non la puif- fance du Créateur. Difoiten outre, que tout ce qui nous

arrive vient d'une neceflité fatale, que Dieu doitobeyr Taufleie

audiabie. Ce bon Autheur, quia recueilly fonHifcoire au livre

à l'entrée du livre des Martyrs, s:ét bien gardé d'enregi- dapre-

ftrer les articles de la Secte Wiclefvifte.; il s'ét contenté miers

de dire qu'il mit placeurs propo/kions en avant, qui martyrs.

montrèrent les abus du Clergé Papiftiqne. On peut lire frifirar»

plus au long tout cecy es livres" que nous avons de Prif- Vificltfvi-

bram,qui fut longuement de la Secte de Wiclef , laquel- fte cenver-

le depuis il attaqua rudement parles écrits, étant rc- *j* O o 5 tourné

582, De la Naissance di l'Herésii^ tourné a l'Eglife Catholique. T111' Cette deffenfc de lire les livres de Wiclef alluma

VnMaitfe davantageparmylesécholiersledefîrdelesvoir, &fça- r*A VOir C'lle C ^loll-> quelle nouyelle Religion porteitau caufedu monde. Ainfi en avint-il des livres de Fabricius,defquels troHcle. d'autant plus que Néron s'eiîaya d'en prohiber la lectu- re, & d'autant plus que la punition étoit éminente & certaine, furent avec autant p.'us grande follicirude re- cherchez & curieufement leus : Comme fi le feu enflam- mé , pour les brûler, eût échauffé les hommes à les lire. Les Docteurs Alemans étoyent ridelles furveillanspour en empêcher le commerce-Mais un maître es Arts Bohé- mien â homme de grande eftime parmy les cckoles, qui portoir unehaynefecrette aus Alemans , pour l'occafion quejediray au chapitre fuivant , en chantoitfouvent les loùangesjÂ: combien qu'il eût fouferit la condamnation d'iceus , comme dit Prifbram , il cft-ce qu'il entreprit la Te Maître defrenfe. Cet homme qui par excelléce étoît nommé des landes Bohémiens, Maître lan, n'ayant autre furnom queceluy Bohemies, de fon village appelé Hus. aalîl n'eùt-ilpeu montrer fori Père , fut caufe qu'on marcha lentement en cette exécu- tion, fi qu'en peu de tems Prague le meubla des livres de \vr:cie;: Vn chacun en avoit divers cayers , Se cependant enjuge a fa fantafie, comme de ion Ariftote, Delors dif- . , putes parmy les écholiers , quife remarquent parnou- *CL ▼causnomsde \v/iclcfviites,& Lolards^ainlîappeîoit-cn " - ror" ces nouveaus Hérétiques fortis de l'Angleterre, du nom . '')?' de ces autres Hereticncs.qui sarurent l'an mil trois cens *-.^ ' qu-nze «ion: i r.aterne fait mention , tortiemblaDlcs a ** * ceusdecetems. Bre fia lecture des livres de Wiclefvcrfa la première poifon de l'Herefic parmy ces provinces,lors v jointes d'une même Fôy.

"Belle peUi- ^ A été une belle police de nôtre fage mère l'Eglife, ce Àtl'E- d'avoir prohibé la lecture des livres hérétiques à fcsEn- tli/ê,pettr fans, autres qu'a cens, aufquels pour légitime caufe elle d?ftendre en octroyé la permiifion : Car fipar ladoclrine del Apô- U levure tre il nous eft commandé , après la première & féconde deslivres femoncedeles fuyr, Se éviter leur frequentation,demé- Htreti- me de lue leurs écrits, Que fi la haine eft religieufe d'hayr Mties, celuy que Dieu hayt, fuivant ce que S. Hi laire nous alTeu-

rc , nous devons hayr au/Iï tout ce qui fort de la forge de

l'ennemy

L i v R i IV. )S;

l'ennemy capital de Dieu s Et fi les Loys nous defrcndsnc non feulement de faire monnoye defausalloy, ou mar- quée d'autre coin que de celuy du Roy légitimerais auf- * fi d'en avoir & retenir à-par-nous , furpeinc d'encourir la haine du Prince, &dctre punis comme criminels de lezemajefté:Sous combien plus grandes peines nouseft- il dcrfendu, non feulement de faire des livres hérétiques, mais d'en avoir mêmes chez nous, les lire, & s'eniervir, puis que c'ct une fauife monnoye , marquée du cachet d'autre que de celuy que nous reconnoiifons Souverain. Quece feroit prudemment fait , dédire comme le fagc Laocoon dans Virgile; ^uoy que ccfoitje Crtùns les Grecs 3 £r leurs vrefents.

Tout bon Catholique doit après la condamnation de l'Eglife , les condamner , & fans autre connoiffmce de caufe boucher l'o'reillca leurs paroles. Car aptes lesa- voir ouys, on n'en rapporta j amais au retour le repos que on v à apporté ; L'excufe de ceus même qui ne les iifent Le a.*np* pour autre fin , que pour y rechercher la confirmation q(* ayant de leur créance, ne les excufe point. Ne fut pas ridicule ««**'«« celuy qui prit de l'Aconit , pour faire eflay de fa vertu, laquelle il ne peut reconnoitre que par la mort , quiôtc toute connoifTancc ? Saint Hierome blâme ceus, qui jeùnans, recherchent de fe trouver emmy les fomptueus appareils des banquets , & les Moynes , qui cloitraus, bréchent l'enceinte deleurcloifon , étuy de leur chafte- té, pour fe trouver en la fouie des Courtifanes , &enla prelfe de mil & mil impudiques attraits, encotes qu'ils n'ayent autre dclfein , que d'étriver contre leur concu- pifcence,& combatre la chair,afïn que fortans victoriens de ce perilleusétour, ils rendent plus méritoire leur con- tinence 3 Ce que le faint Homme diioit, pour le danger qu'ily a, que combatant tétc à tête ce qu'on doit barre enfuyantjOnne foie abbatu. Il eft plus ailé al'abry d'une é paille muraille fe deifendre des cornes du3eliet, que d'éviter au-champ d'une bataille, afiaiilis de tous cotez, que quelque horion moins preveu ne nous atterre.Le fer- pent tapy en aguet fous la fardée beauté de ces fleurs hé- rétiques, y attirant nôtre veue, fourRe, &fait gliflfer fon veaimiafenfiblement, des yeus, en l'amejétonnelcs fens,

Oo 4 &<!&.

5*4 De t a Naissance de l'Heresu," &dérobé le jugement a ceus, qui fans prefervatif ma- ?»^4« nient on fi mortifère poifon. Sique, comme ecluy qui rmjen, nageant au bort fans penfer à rien moins, qu'à fingler en haute mer , eft bien fouvent pour n'avoir ancré au port emporté delà tourmente, &des courans, qui l'envelop- pent dans les ondes.

Auiîi lecuneus, qui s'engage en lalc&ure de tels li- vres,s il n 'et attaché fortement a l'ancre du port Romain de i'Eglife Catholique , eft ordinairement poufié du vent de la legercté dans les abîmes d'erreur , ou d'Atheïf- Cemmeen me,&!e pauvre ignorant, qui ne voit rien fi fouvent écrie fc dieux, dans ces livres , que le Nom de C h R i s t, du Seigneur, penfe que ce nefoit rien que faimeté & dévotion, fc repait volontiers de la ledurc d'iceus, nes'avifant pas, qu'il n'y a ciiofe il faintc,myftere fi facré, rien de fi divin, dont le malin efprit n'abufe , s'en fervant , comme d'un apât pour appeller en fes toiles les moins rufez. Ainfi que on voit par l'exemple des Magiciens, & forcicrs,aufqueîs les diables font femblant de ne vouloir répôdrc &obeyr, s'ils ne font conjurez, & comme violentez parles noms

Z"l V d dcDicuvlvant'&(ielESVS-CHRIST> &fignezdela ** , Crois, qu'ils emploient en leurs conjurations , leur per- fuadant qu'il n'y peut avoirrien de mauvais en cette fei- ^teu- ence noire, & endiablée , puis qu'on fe fert des mots , &

ompa- fignes divins. Mais comme lachairdePoulpe eftplaifan- ratjen. te au goût de ecluy qui en mange, &neaumoins travaille & trouble après fon efprit de mille fonges hideus & épou- vantables. Ny plus ny moins ces écrits, fi bienpeinturez du nom de Chris t, jettent après mil &/nilic trouble* en Tarne de ceus qui ont pris tant de plaifir a les lire , qui n'ont appréhendé le danger , non plus que ceus qui font l^Uhntffs furlcPoinCc*'cmbarquer, nefengentala tourmente.Les (nrmft! Jcunesamesl"rtout:>1ont aifément furprifes en ces lacs, J ? & ces jeunes cerveaus, cfquels une créance certaine s'eft

encore envieillic, facilement furpris par leur artificielle contexture ; de même qu'on voit ^ue l'air peftilentieus s'écoule au travers de la peau , d'autant plus poreufe que deliee,& va infectant plus aife'menr les parties nobles des cors jeunes plus tendres & molcts,que des plus agez,dôc lapeauapafTe'en cuir , ou plutôt en écorce. Cen'étoit pas fans eaufefi le plus fagequi fut jamais danslePaga-

nifme,

Livre IV. 58c

aifme , a défendu d'étretenir les enfans encore» tendres, de fables & Metamorfofes,dont les Poètes avec la caden- ce harmomee de leurs Vers, enchantent les jeunes âmes, & leur font accroire que leurs Dieus fc changent en tou- tes formes, combien qu'ils loiéc immuables, 8c éloignez de tout changement. Le commencement eft en toute choie la plus grand' partie, notamment au jeune hom- me,duquel la jeunefle, ainfî que la cire., reçoit tout au- tant de figures, & de caractères, q u'on y ycut imprimer.

Comme la are ramohe, HorAce,

Le jeune homme au iiicefephe. Mais beaucoup plus ceus qui inclinent plutôt du côté da mal que du bien, pour la plus grande analogie,& propor- tion qu'il y a de l'imperfection de la jeuneiTe , avec l'im- perfection du vice , qu'à la perfection de la vertu. II eit dangercus de prévenir leur créance de ces crotcfques & foies imaginationSjde peur qu'ils n'en conçoivent haine contre les Dieus, difoit Platon. Mais de combien efl-il plus perilleus de leur lailTcr manier les livres d'une mau- vaife & faufîc doctrine, qui a toujours l'apparence exté- rieure de ion côte'.

Cette belle règle de l'Eglife m'a loguement retenu en v£* ce devoir de n'ofer j etter les yeus fur les livres, que l'herc- Letties du Ce enfante tous les jaurs,jufques à cequemevoiant for- J*int Pert ce de l'outrcpailer, lors que je,degraday cette infâme ciement Iannc du Siège Papal , & que je mis au jour mon Ante- ? ^ chriftjj'eus recours a celuy qui fans ofFenfe m'en pouvoit *" *M"twt donner le congé pour l'avenir, & l'abfolution pour le pa£. Ce. Apres plufieurs remifes, non fans beaucoup de diffi- culté, la licence m'en fut permife, laquelle j'ay vouluin- ferer icy , enfemble le Bref, dont le faint Père m'honora, afin qu'on voyelabelle & admirable policedenôtreE- glife, au gouvernement de fes enfans ;& que ceus qui fans difet etion fc j ettét dans la lecture de ces livres pernicieus, jugent combien il importe d'outrepaiTer les règles , que nôtre maîtrciTc & gouvernante nous à preferit.

Ooj CLE-

)U

CLEMENS P.P.

VIIL DILECTO FILIO

FLORIMONDO R^MVN-

do} Sendton^egioin parlamcxto

£ urât mien (ï.

î l e c t e fili 3 falutem Se Apoflo- licam benedictionem: gravis teilis, Se cui ob fpe&atam virtutem., & e- gregia animi ornamenta mulcum merïto tribuimus : Films noiler di- leclus Cardinalis de Gioïofa narravitnobis di- ligenter de tua pierate , de tuo zelo Catholica; ûdci s Se de infigni devotione 3 quam geris erga hanc fan clam Apoftolicam fedem > in qua 3 is. qui dives eft in mifericordia> quique in alris Ha- bitat, Se humilia relpicitmon immérités Eccle- fix fux pra»fidere voluit : Tametfi libri tui de Antichriito, Se alij pro veritate Cathoiica,& e- iufdem fanctx Sedis defenfione adverfus profa- nas novitatis feclatores luculente-rfcripti, non folùm eruditionem , Se eloquentiam, fed zelum tuum, Se devotionem^quamdiximus, manifefte oftendunt : Tibi igitur., fili, gratulamur j quod dona, quoe à Deo accepifn, ad eius gloriam po- tiilimum confers, Se talentum à fummo Patre- familias tibi creditum , fideliter , Se fructuosè negotiaris : Quare has atqi litteras dare placuit, ut intelligeres te à nobïs amari,& pias iucubra-

tiones

jS7 riones tuas nobis gratas die , &: ut tanto cum majori fpiritus hilarirate , atque ardore pergas, Dei adjuttice gratia , fidei caufam adverfus Sa- thane machinationes pro tua vinli propugnare: Nos enim induftriae, 6c coinmodis mis , quan- tum cum Domino poterimus,libenter, ubi ufus venait, fufFragabimur , quemadmodum eidem Cardinali diximus:Interea laboribus tuis, de vi- gilijs bcne precamur , & noftram Apoftolicam benedidhonem tibi bénigne impartimujr. Da- tum Roms apud fanChim Marcum , fut) annu- lo Piicatoris, die icptima Maij, AL D. XCIX. Pontificatus noftri anno oclavo.

Lvdovigvs Epifcopus Sabinen. Ma- Tr^hn- drut-ius, Iulius Antonius Sancfcorius Epifcopus fo? ** h- Praneflinus fauche Severina^Pétrus Tituli fan- re ^es L:~ ùi Laurentij in Lucina Dcza,Dcminicns Titu- ri'rc: li iancxi Chryfogoni Pmellus , frater Hierony- rtfiqucs* mus Eernerius Tituli fancfcœ M arix fupra Mi- nervam AfculanuSjLucius tituli fanctorum Cy- nci c\: Iullitae Saxus, Camillus Tituli iancti Eu- febij Burgheiius , ôc Fompeïus Tituli lanctse Balbina? Arrigonius nuncupati presbytcri , mi- feratione divina fanctx Romanx Ecclefia: Car- dinales 3 in univeria Republica Chriftiana ad- verfus haereticam pravitatem générales inquifi- tores à (ancta fede Apoflolica fpecialiter depu- tati 3 dilecto nobis in Chrifto Florimondo Ra?- mundo in Parlamento Burdigalenfî confiliario falutem in Domino iempiternam:Cùm in cène- rali congregatione fan&as Romana?., Se univer- falis inquiikionis coratti fanctiflimo in Chrifto

Pâtre.*

5S8

Pâtre, 8c Domino noflro , Domino Clémente divina providentia Papa VIII. ac nobis infra fcripta die habite pro parte tua , expofîtû fuerit per IlJuftriflîmum & Reverédiiîimum D.Fran- cifcum Tituli fancti Pétri ad Vincula S. R. E. presbyterum Cardinalem de Gioïfa nuncupa- tum,qubd tu iam diu profequeris recctium hx- reticorum errores, ôc haerefes refellcre, & con- futare, &- iam multa opéra ad defenfîonem fan- cti fedis Apoftolica? edideris, ac pro huiufmodi tui inftituti continuatione , Se confeientia? tua? fecuritate fuplicatum fuerit , ut pro tàm neeek fario ad Dei gloriam , ôc animarum profeétum pneftando omeio , tibi quofeumque hceretico- rum, aut aliàs prohibites libros tenendi, & le- geadi facultatem,&; auctoritatem concedere di- gnaremur. Nos , quibus imprimis cordi eft , ut omnis hxretica pravitas è mentibus hominum tollatur,ac fummopere cupientes,ut fan&a Ca- tholica,&: orthodoxa fides ubiq; floreat , ôc au- geatur,huiufmodi fupplicationibus inclinati,ac detuadocftrina,prudentia,&ergarldemCatho- licam zelo , quibus apud nos fide dignorum vi- rorum,prçfertim dicti Domini Francifci Cardi- nalis teilimonio commédaris, in Domino con- fîfi, & efficaciùs , & fructuoiîùs in illis partibus. munere tuo ad Dei gloriam, & animarum pro- fecl:um,fungi,faci]iufque hçreticorum fallacias, ac errores, ôc hasrefes refellere^ côfutare pof- fis Se valeas, auctoritate Apoftolica nobis corn- miiïa, tibi, ut abfque cenfurarum, & pœnarum incurfu,quorcumque libros prohibitos, Se hx-, reticorum Authorum etiam in Indice librorum ' pro-

prohibitomm contentes 3 per te ipfum tantùm libère, & licite, fecretb tamen , &: fine aliorum feandalo vel periculo, ad errectum illos , & eo- rum hsrefes^vtprçfertur, redarguendi , confu- tandi , & impugnandi, légère ac retinere poflis, & valeas, licentiam & facultatem ad triennium tantùm à data prsfentium numerandum teno- re earumdem, damus, concedimus, & imparti- mur , injun&o tamen tibi , ut tam praefèntium litterarum exemplum, quàm haereticorum li- brorum prohibitorum, quos huiufmodi noftra; facultatis vigore leges , aut retinebis^ notam quamprimùm exhibeas Reverendillîmo admo- dum in Chrifto Patri , Domino Archiepifcopo Burdigaléfijvel eius Orriciali,feu Vicario in fpi- ritualibus generali , vel alteri loci ordinario,ubi refidebis,ut dicto triénio elapfo libri huiuûnodi. ei confignentur , vel pou: obitum tuum,fi te in- térim forte ex hac vita migrare contigerit, pro- videat diligenter , ne ad aliorum manus valeant pervenire , fed mox tradantur ignibus concre- mandi: Non obftantibus in contraiium facien- tibus quibufeumque , in quorum omnium , Se fingulorum fidem, & teftimonium praefentes lirteras per mfra feriptum noftrum officijque fanctae Romans , 3c univerfalis' inquifitionis Notarium rleri fecimus,6cmanibus noftris fub- feriptas figilîi eiuidem fancti orricij, quo in rali- bus utimur, iuilimus appenflone muniri.

Datum Roms in Palatio Apoftolico apud I fanctum Petrumin cta generali congregatio- ne fancts inquiiitionis , die XI. menus Martîj M. D. XCIX. Pontificatus ; fiimmi in Chri- fto Pa-

5?o Dr la Naissance de l'Hérésie, fto Patris cV Domini Clemcnris Papas VIII. anrio o&avo X. F. Catholico approbo Flam. Not.

T cuf à I'ay bien penfé, que quelque efpritmalicieus,dont le

YA ff naturel eft d interpréter tout defïcin , quelque bon qu'il ' puiflfe être , en mal , ainfî que I'araigne convertit toute nourriture pour bonne qu'elle (bit, en venim j dira que c'èt un trait glorieus , & de la vanité du monde , de voir icy ce Bref: Die & penfece qu'il voudra , j'iray toujours mon train. IlfurEtà la vertu deparoîtrea elle-méme,&à l'homme de bien d être tel, encores qu'on ne l'en crove pas, content que les rayons de fa preud'homie, comme ceus de la beauté de l'Efcanàrafte , foient contenus dans iby-méme, fans envoyer aucuns éclats au dehors. le ne craindray de m'expofer volontiers aus atteintes de la ca- lomnie, puis qu'il y va de l'intérêt de Dieu , & du public. Apprenez icy,enfans orgueilleus dupercd'Orgueiljl'hu- miiité de cclay que vous dires que nous tenôs pour Dieu, qui ne dédaigne pas de s'abbaiiTer jufques à moy avec une fi notable faveur , pour y reconnoître une affection que j'ay , avec peu de pouvoir de delfcndre la caufe de Dieu. Voyez comme il encourage volontiers ceus qui pantelans, & haletans courét a perte d'haleine à la pour- îuirte&chaiîc des Harpies decefiecle, comme fans fe détourner du foieg gênerai de l'Eglife univerfelle, il fe divertit encores aus particuliers. Evertuez-vcus, zelez & genefeusefprits, a defféndre jufques aus derniers foû- pirs: la uifticedeia caufe Catholique, puis que vous voi- ci en moy , combien fera prête fa Sainteté de recompen- ie: vos labeurs , & tâchez d'emporter par la bouche du Pontife fouverain, qui ne peut errcr,animeedufaint Ef- prir, un préjugé certain que les labeurs employez en tel- le caufe, font tellement agréables à Dieu, que non con- tent d'en lefeuvcï la reconaoifîance infaillible, qu'il en doit îuy-méme donner dedans les Cieus,ii veut encores, libéral, donner des arres ii grandes en la terre , par le mi- aptère du grand Vicaire qu'il y aécabiy.

L A

Livre IV.

591

LABOHEME SE IETTE DANS LE

Schisme, execvtion de Hvs, et

Hierôme de Prague.

Chapitre III.

Zajaloufe des chaires de Prague y caufa le Schis- me en la Bohême, i.

Hpk traduit les livres de FFiclef

Vilaine -vie de FFenfe-

iam.

4- Qui fut l ' ^futheur de

Trierejie des dcws effeces.

Has comparût t au Cocile, il cfr bridé \ e^r Hie~ rame de Prague. 6. les remue m en s que U mort de Hm caufa. 7- FF î clef & Hph les pre- miers Martyrs. 8. Ce qui avint en Bohême après U mort de Hw.

O m m e l'envie de la chaire des Indulgen- ces en Saxe,caufaledépitde Luther auiH la jaloufie de la chaire des Echoles de Pra- jue, engendra la folie dclan Hus, lequel fit perdre le nom des Wiclefviftes,lefquels nefaifoienr que naître, pour mettre^ fus les Hufîîtes qui fe trainent encores. Voicy comment l'Empereur Charles IV. trefbon Prince de lamaifon de Luxembourg, &F.oy de Bohême, jertant lesfendemens de cette belle Vnivcrfitc de Prague,iur le modclle de cel- le de Paris, avoitaffocié aus honneurs, dignitez,&reve- nus, les Nations de Saxe, de Bavière, &dePolongne, qui étoient également appeliez aus charges avec Tes fu- jets de Bohême. Ce qui continua longuement, au/îi fut cette Vniverfité des plus fioriflantes de l'Empire, oùfe trouvèrent fouvent de vingt à trente mil étudians, juf- quesacequ'un efprit turbulent , jalons devoir fa nation xayalee;& que les étrangers euflèrit la plus grand part du

gouyer-

La ïalcujit des chaires de Prague, caufa le Scbifme Bohême.

Vei Alhert Krafts hb. î». de

W*nd*.

59i Di la Naissance de l' Hérésie,

gouvernemét & profit de l' Vniverfîté. ( Car les Docteur*

& Regens éteient prefquc tous Alemans ) émeut le trou-

bleparmy les Echo'iers : Et comme il faut peu de chofe

V ,?" pour éebaufer ces jeunes cervelles : Des paroles ils vien- %itnt l ao *■ 1 /• a * * . « >

nentaus mains, chacun loutenoit le party de la nation.

J*0*' Les Bohémiens fe plaignent au Roy Wéfelaus \ que chez eus les autres natios ont plus decommâdcment & d'au- thorité qu'eus même , & fur ce Iuy demandent regleméc pour l'avenir. Le Roy pour appaifer ce trouble, jugeant . la requête des Bohémiens , ordonna que les autres trois nations ne feroient qu'une, & la Bohême feule autant que les trois. Sur cette innovation les Alemans fe plai- gnent. Bt fur l'élection des Recteurs &Regens fourdent nouvelles querelles, qu'on vient aus armes. Mais les Bohémiens plus forts fur leur fumier, animez par leur maître îan, arrachent les clefs aus Alemans, fe rendent les maîtres,& fuyvent fi bien leur première pointe, qu'en . fin ccus-cy leur font place: De forte que Pon vid tout à coup deus petites armées, l'une de mil , & l'autre de trois mille hommes de lettres, fortir de Prague avec leurs Ca- pitaines.Les uns fe retirans a Lipfc ville de Mifne, une nouvelle Vniverfitc qui ilorit encores'fut bâtie du débris de celle dcFraguc,& les ancres a Erfort, ville libre.

Hvs fevoyantaboutdefondciTein, &a loifir,metla yjl{A \'ra main à la plume , tourne en langue vulgaire les livres de doit ïts li- Widef , en fait faire plufieurs copies, en envoie aus plus * rés d$ g*ans ^u Royaume , & comme pour la réputation de fon VYidef fcavoir ^ eur acquis la première Chaire de Prague, il commença à l'ouvert de prêcher la fainteté de Wiclef,& célébrer 6 doctrine comme Evangelique : Et de telle fa- çon, que r.onfeulcraét le fïmple peuple, mais aufii quel- ques perfonnesd'authorite entre les Ecclefiaftiques mé- Min.Syl. rt;i?es, lay prêtèrent l'oreille. Plufieurs du Cierge, dit CccUel.J. ,îCeluycmien à écrit l'Hiftoire, qui étoient d'une vie •«débauchée, ou accablez de debtes , & fujets pour «leurs maléfices à la correction del'Egîife, fuyvant Iaa „Hus , efpcrant par cette nouveauté échapper la con- damnation. 11 eut bien-tôt des compagnons en fon A- poftafic, entre-autres un Hietôme, & lacobel, qui mon- tant en Chaire, donnent au fimple peuple des Cantiques , en laugae vulgaire, au mépris de l'Eglifc , & mettent la ô lainte

Livn IV. j<?j

fainte parole entre les raains des femmes , qui entrèrent en difpute avec les Ecclefiaftiques. Entre aurres , une nommé Ifabel , nouvelle miniftreiTc , fe fait remarquer parmy les dames de Bohême, comme Argula fit depuis au tems de Luther. Vn bon Archevêque, qui étoit lors à Prague, voyant la bètiie & nonchalance du Roy, plongé dans les plaifîrs de la gueule , écrit au faint Père : Va trou- ver l'Empereur SigifrnoHd,pourluy reprefenrer le pitoya- ble Etat de la Bohême. Mais ce bon Archcvéqucmort,les remèdes enfuient plus tardifs. La charge tombée en la main d'un vilain & avare fucceffeur appelé Albilus, qui fe fouçioit plus de la cave , & de fon grenier, q ue de fon E- glife- de prendre la toifon, qùedc paître fon troupeau, fut caûfequela pourfuitte de fon prcdcceireur ne vint à quelque heureufe ùn.JEncas Sylvius dépeint nayfv'emcnt ce digne Prélat, quand il dit que le vilain avoir les clefs de fa cave à fa ceinture,faifoit porter au marché la venai- fon qu'on luy envoioit de prefent -t une pauvre vieille c- dentee manioit fa cuifine, pour éviter la dépenfe des cui- iiniers:Enquis un jour , ditiEneas , quel fon luy croit le plus fâciicus- lefon des mâchoires quand dits brifent les os, répond- il. Ainii vivoit cet Archevêque, qui n'engref- foit pas pourtant les pauvres des reftes de fa'ménagerie. Se faut il étonner fi le troupeau à été égorgé , veu que Le Pafteurne fe mettoit endeitenfe?

.Alexandre cinquième tenant lors le liège, vigilât ni. aupoffible, foudain qu'il découvre essdefordres, cric Vilaine alarme, fait citer Hus,-comme fit depuis fon fucceffeur au vie de Pontificat. Il écrit au Roy Wenfeiaus de, pourvoir à ce vVênfi- nouveaumal,quig[ifîe dans fon royaume. Maiscettuy- Uua. cy en tint peu de conte ; Auilï n'avoit-il autre Dieu que fon ventre, pallant les jours entiers, & bien fouvent y at- tachant les nuits, avec ies gens de fon humeur, à s'entre- J pleuvirparbeuvettes continuelles catreles jamoons, & cervelats, femblable à c^s pareffeus animaus, lefquels on leur fournit à-manger , demeurent toujours couchez. 11 étoit fans fo.ucy du paiïe non plus que du prefent, & de l'avenir aufli peu que du prefent, & du paiîe,oubliant mê- me qu'il fût Roy, comme unautre "Witellius, files fujets ne s'en fuilent fou venus -Son fouverain bien étoit le ven- tie,af'iiegé d'une continuelle faim de chercher nouveaus Pp appétits.

554 t>ï la Naissance de l'Hiresie, appétits. On dit de iay, que comme un jour il n'eut trou- vé (on dîner prêt a fafantafie, il fit embrocher l'un de Tes •cuifiniers, & flamber au feu comme un cochon, prenant cet homme brutal, plaifir de voir rôtir ainlî a petit feu ceîuy qui avoir manqué à fournir viande à fon appetit,& SerJettft faire parler de iuy , comme Henry V1I1. Pvoy d'Aûgleter- lib. 1. dt rc> lequel éleva en dignité un de fcs gens pour luy avoir fchif. fait rôtir à propos un cochon, cmiétoit les fouveraines

délices, & fa viande de haut goût. Les lois pourtant du Royaume fe remuent contre les Huilitcs , & nonobftant la patience de leur Roy abtty.les Magiftrats empoignent trois Huiîites feditieus , & les font exécuter. Hus -Scfes partifans les retirét du gibet, portent ça & les pièces de JE», Stl. jçurs cors démébrez. criant, Voicy les fainrs du Seigneur, voicy les martyrs de Christ, lefauels il logea depuis co- rne precieufes reliques , dans fon temple de Bethléem. tt . " Hvs tint la même rcutc des autres hérétiques, qui

c^»î ( fit Veulent toujours apporter quelque nouveauté , & ne fe iMutkKWr contçr.tadscequeccfainthôme'^'iclefavoit écrit,mais aelnertjie ^ neavçau entremêla quelques articles parmy ceus de lesdttu \v'icicf,proceite cependant qu'il efi: bon Catholique,ain- tjpew. „(i que récite Thomas Walfingan. Quov ? Ieprotefre, ^diibii-il,quejc veus être bon Chrétien; quefi j'ay erré, »»je les remets aujugementdel'Eglife, l'avis de laquelle ijjc veus fuivie jufques au tombeau. le veus que tout ce As rue j'ay dit,& écrit foit felcn le fens,& les mors de l'E- ^, T7r, v "cr'tuleJ &faints Docteurs. Et iîj'ay dit rien contraire lto.VVWj. „àlafoT, je les veus révoquer. Eeaujatgonae tousles m tch. 2. ijejcjiqaes.qui ne veulent Gif autre iu?e leur erreur que- * * ' eus-niemes.Ccne futpaiHus quiremua lepremier cette

_ grande querelle de la Communion fous les deusefpcces, principal fondement de ceus qui prindrent depuis fon nom : Ains un Aleraand nommé , Pierre DreiTe, lequel feupçonné d'herefie, fe fauva de Lipfe& gagna Prague, pour être Pvegent. Lail rencontra un grand Prêcheur, nommé Iacabe), auquel il découvrit fa nouvelle opinion fur le Calice, quideveit erre donné au peuple de même qu'ans Prêtres : étonné, difoit-ii, qu'un f; grand &fça- vr.nt pcrlonnagcne s'étoit avifé oc la tromperie dei'E- g!ife,nrivât k peuple de la réception du Cors de Christ; Ce iacobclmcntweu chaire, ferne cette doétr:ne;qui fut

içtcuë

Livre IV. $9$

reçeue de plusieurs , 8c don: il composa an livre, quife trouve encoraujeurd'hay. G'aétela grande querçHe*& A

lapommedediicoràe ; ïls criœ r fur cette oecafioacon^ trelcsEccIefiaftiques, q 11 mal-Iicureuferaeftt,difoieiït., iIs,avoier,t r,û*^ : le la Communier ici.'!, les deus

eipecc s , Se a S 2 c rem eu c, qu eie Sei-

gneur avoit étably. Hus fut quelque émeute fc retira auschams, exci:-n r ie monde par Ces prêches, tz par Tes e"crits,ancpayriausEccicu'altiquesquc lesJFeuls iirnesj Criez après la Croifade , publiée par le Pape ian XXlII. contre le Roy de Naplcs , de même que fît depuis Luther contre celles de Lcon. Sur ces entre-faitesle Concile s'b*/r** s'aiTemb'e à Confiance, non pour alToupules folies de M^Jjj/i IanHus: Car puis q*e ce n'etoit qu'un renouvellement de celles de Vider, lachofeétoit japrejugee,(ans qu'il _ fut befoin de rentrer en nou?el examen, les loisdefen- ,'KC™*' S dant de faire d'autres alTemblees de Conciles, en cas de- jf' r'^* terminezpar décrets, & délibération? précédentes: Mais ** °rt' . fut le Concile aflemblépour mettre fmaumal-heureus e*n-m4l0m fchifme , don: l'Eglife étoit affligée depuis plulieurs an- fp" *£*? nces, trahie par l'ambition à trois têtes : Carlan qui re- P'/£m"m fidoitàr>ouicngne,GregoireàAriraini, &3enoift enEf- *9' pagne, appuyez de l'authonté des Princes, foutenoient leur ufurpation du Pontificakcc que par la grâce de Dieu s'appaifa, ayant Martin été éleu du commun coniente- meut des Pères affemblez a Confiance , qui redonna la

pais àl'Eglife, laquelle il gouverna avec beaucoup de mo- dération, & prudence, quatorze ans.

Cep end an t qu'on traittoit cet affaire important V- pour donner un chef feui, un unique Paitcuraucors & P^'jrt»* iiege triparty,! Empereur,auqucJ les Bohémiens avoient Paroit *", recours au deifaut de leur Roy, ayant Subinco nouveau ceni!eêù Archevêque de Prague pafle vers luy, fupplic^es Pères de ** e/? br*" donner quelque ordre aiMierefie des Huffites , qui trou- ^> &Htc* bien: la Bohême, afin qu'étouffée afanaitiance, eiiene r0TKedi peut faire plus long prcgrcz.Sur cela Hzs cité au Conci- ***&*• le par les peres,y va, accompagné de quelque; Seigneurs Bohémiens fesamis , (bus la i'eureté du fauf-conduit .J,e Sigifmond Roy des Romains 5 Avant partir, il promet à Ces gens de maintenir fes opiniôs j ufques au dernier feu- pn de fa vie. Que s'il eft contraint ie rétracter , ce fera de

P p 1 bouche,

Jr™,

S96 De la Naissance di l'Hirïsiï, , ' bouche, & non du ccsur. Le Concile luy donne des Corn-

Rtirjenta*. nnfTaircspourl'ouyr: Hierômeaufli, homme Lav,com- pagno'n de Hus,cité, compare: Mais le lendemain fe dé- robe^ retiré en Ton Pays, fe vaine avoir été au Concile, qu'on ne luy à rien dire. Sur cette braverie il eft pris, & ramené à Confrsnce. Ceîuy. cy port oit l'image de Wi- cleirpendue au col, ayant un diadème fur la téte,& le ti- tre de Saint gravé au front. Tous deus confe/Tcnt avoir erré; mais comme on lesprefTe de fîgnerleur confeflîon, & revocation pour l'envoyer en Bohême, ils en font re- fus:Hus fe voyant environné de difEcultez, mêmes qu'on avoit découver^qu'etant, à raifon de l'excommunica- tion jettee contre luy , retranché de l'Eglife, difoit neau- moins la MefTcdar.s famaifou, eu quelques Kufïîtcsfc trouvoient , il délibère fe dérober, & pour cet effet tout empaqueté fe cache dans un chariot. Maisfafuittedé- ", couverte^on le fuit,& ramené à Confiance, ou il eft arrè-

Tmjàuf- tédansleconvenrdes Cordeliers;il crie qu'il à fauf-con- ccniuit. dnit (jç sigifmcndRcydes Romains, qu'on luy remp la foyjmais il avoit tort de penfer qu'ayant méprifé de pren- dre afeurance du Concile, Sigifmcnd peut obliger les percs de faire valoir fon fauf conduit, puis qu'il croit luy mêmes fujecaus lois du Concile: Ainfinonobftantice- Iuy, comme hérétique opiniâtre , il eft arrêté. Sigifmond ayant fait tout ce qui étoitenluy, &preffcHusdefcû- mettrefes opinions au jugement des pères, ayant recon- nufa malice, &cbftinatiô,protefta qu'il aymeroitmieus le brûler de fes mains , qu'être caufe du falut d'un here- Ceche Li;. tique opiniâtre. Aufîi ceus qui ontrecueilly cequifepa£■ «^ fa fur cette condamnation a Conftance,difent que Sigif- mond entré en l'aiTemblee des pères alfemblez , leur tint 33 ce langage : Vo us avez j ugé plufleurs articles des livres Ticp»; de »dc IanHu s être heretiques,& contraires à la foy Catho- Sigifinëad 3j'ique, corne aufîî plufieurs maximes , qu'il afoutenues am 'âne'.. 3Jcn fes proches, un feulfufnt pour lecondamner. Que ^s'il ne les veutreveouer , confeffer avoir failly, c"ét à «vous aie traitter félon vos* lois , & comme il mérite. Quelque tems après Husfut tirédefaprifon, & conduit en la fais les pères étoyent afîemblez, Sigifmond pre- fenten habit Impérial, affifté des Princes de l'Empirc.Là il -cii, h fa fâutë,& déclarer qu'il tient pour

errc-xwcs

L i v R e IV. 5^7

erronées les quarante &cinq articles de Wic 1er j a con- damnées.

Mais il répond qu'en fa-confeience il ne les peut accu- fer d'erreur, mémement les trois , il die que le Pape Sylveitre,& l'Empereur Conftantin ont failly, d'avoir cn- richy l'Eglife : Que le Pape ou le Prêtre , étant en péché mortel, neconfacre, ny ne baptife:Que les décimes font dépures aumônes. En-fin il eft déclaré heretic]ue,degra- Hu4 con- dé. & donné au bras feculier, qui le condamne a ttrebrù- damné. lé: Comme il eft attaché au poteau , on luy demandes'il veuteonfeifer Tes péchez a un Prêtre, & ayant fait ligne qu'il le defîroit. Le Prêtre venu, il répond n'avoir bcloin «deconfefîion : le meurs, difoit cet obftine', fans avoir *>mon2mc chargée de péché mortel, ainiî queRichental "ccric,lequelailiftaaufupplice. L'Empereur,ny le Con- cile ne peuvent e'tre acculez de cruauté pour cette con- damnation : Car au contraire celuy doit être tenu pour cruel, &fauguinaire, qui épargne les méchans, avant au- thorité de les punir, leur laiifant les gés de bien en proye. Saint Hierôme reprit feverement la douceur, dontuia Theofile Evéque d'Alexandrie envers les hérétiques de Ton tems,luy reprochât quepar fa toleranceil les rendoic plus audacieus, ctoit caufe que leur fede alloit croulant de jour à autre. Hierôme compagnon delanHus, ne fut pas fi bon tenant que luy: carilabjurafjn erreur,lafigna telle qu'on la void étendue de fon long dans Coclee, 6c autres. Mais moqué des Huilites, abandonné de fes ami?, & tenu a mépris des Catholiques , quiobfervoyenties a- ctions,arHigéde divers penfers, ii retourna encor a fon vomiiiemen^refolu d erre compagnon du martyre de Ian Hus.Ainiï pipe le diable les hommes. Il demande audien- ce en l'allemblee j révoque ce qu'il aligné, dit être prer d'aller a la mort, pour foutenir la doctrine de Ian Hns.

Il confefla pourtant la tranfubltantiation Catholique au Sacrement être véritable; Que le pain par la feuie pa- , rôle eit tau chair. On te charge, luy dit un des Pères, d'à- Kc'P0!?je voirmaintenu quele paindemeure après la côlecratfon: ~,

«Le pain, répliqua il, demeure chez le boulanger. Ilfai- teromi foit côpaflton à toute la côpagnie: Car ce Hierôme étoit home d'un bon efpnt,& fort eloquent.Tous les aiTiftans, écrit Poge Florentin, Écoientgran .'ement émeus,&dcfi-

Pf> 3 roycaC

598 De ia Naissakc! db l'Heresib, roient qu'un fi excellent perfonnage demeurât en vie,s'il eût vouluacquiefeeràlaiaifon. Maisluy, perfeverant enfondire, fembloit ne defirer autre chofe que la mort. Voyant fon obftinee refoîutionen fes opinions particu- lières, on ne peut forcer les loys, ains pour le punir fuy- Tant icelles corne relaps , fut envoie au feu, de même que Ian Hus fon maîrrc: mais mettre beaucoup moindre que Totx.2. £/. îe difciple. Traîné au fupplice il arrachoit les larmes de lo.Htu. toutîcpeupie : carilckantoit lesLetanies& les Antien- f$l. £s 3. nés a la louange de la Vierge & des Saints.

yi. Les cendres de l'un & de l'autre furent jettez dans le

Tesfe- Rhein, pour ôter le fujet de l'idolâtrie à leurs difciples, muements qui les vouîoient recueillir. S'en voyant privez,ils racle- que U rent la terre le cors ayoit été brûlé, & l'emportèrent mon de en leurs Pays pour la referver a l'honneur de ces deus A- Buscatc- pôtres, don: ils adorent la mémoire, & révèrent lesrcli- {*, ques. Ces cendres reftees de Fïus furent mêlées de celles

du mulet c'un Cardinal, qu'on avoir jette peu avant dans terre, aumémelieu Hus fut brûlé. La nouvelle por- tée en Bohême de Ta mort de Hus, puisdeHierôrne, les HuÛues en portèrent leduci! , &reve'tus de noir allèrent lamentant fa mort de leurEvangelifte. VneffemmeBo- he mienne ut ane Apologie pour !uy , laquelle fut impri- mée & publiée pat tout. Bczc même ne fe tait pas: Car il s 'é:r>e fur le fupplice de Ian Hus , oui en langue Bohe-

, 1 mienne ûetiiiïe une oye:Û -que le crv deectteoye vi^ilan- •Coc^e.l.fi. . . f o . , , K l ' . J ,. P

te a ete amiable , & au tour 2. propos , puisquacette

vois refonnante, plutôt du Ciel que dclaterre,les Chré- tiens endormis alors par i'clpacede tantd;annees , ont étj éveillez. Hus, dit-ii après , tu es comme forty de la cage, laiilant ce monde ingrat , pourt'envoler au Ciel. Mais ( ô cas émerveillablc l ) nous pouvons dire que tant de Ciguës qui depuis ta mort ont il doucement chance, font y (Tus de tes cendres, plutôt femblable au Fenix,qu'à une oye. Voyla donc Hus dans le Ciel qui envoyeroit ce chantre de i<:s louanges, s'il éroit en vie,nâs l'Enfer com- me ennemy du Sacriiice de laMefTc, deiaTranfubitan- tiation , prefence du Cors a l'Autel , & autres articles de l'Eglife Catholique, que ce Pfeudomanyr, Bohémien à creujj ufques au dernier période de fa vie", vri. C e v s auiïï, qui avec leurs gros volumes de l'Eglife, &

des

L I V R E IV. V90

des Martyrs,nous donnent des fables pourHiftoircs cer- V'/icïef& taines, ne defavcùent pas Wiclef & Hus pour leurs pères Hui , pre? &ptogeniteurs. Ils font celuy-là leur faint Etienne Pro- miers to- Martyr, luy donnant le premier rang fur le bûcher de martyrs. leurs martyrs. Le fécond Hus, avec ce titre, cta'il à été le «fïdelleMiniftre, &ferviteurdel e s v s-Ch m s t. Ce ïnAnti. «font, ditDaveau les deus olives prédites dans i'Apoca- Cap. ^C% •sîipfe, cjueDieu à fait fleurir à la ruyne de l'Ante-chrift: E: toutefois l'un & l'autre difoit laMeiTe, adoroit le faint Sacrement ,& Hus croyoitla Tranfubftantiation, com- me écrit Peniban qui fut des (iés:Peut-on en i'Fgiiie Ca- *•**•** R*- tholique'addrefler les prières à la Vierge, avec plus de zc- 've--'-n- «le que fait \Viclef? quand il dit, Ilcltimpofiïbîe, que ***£*"■ »fans les furlrages delà Vierge nous (oyons guerdonnez: ^''v' ^"~ «Au fecours que nous démons d'clle;il y a divers degrez, CT^' '"J\ «elle ayde mêmes ceus qui ne font pas predeftinez à fa- '. £. m «lut, afin qu'ils n'effencent pas t^nt , &pac confequenr *er% ?**

fjnefoient li feverement pun^. Nous adorons, dit-il, en -ija7t<*' 'Eglifc des Images , comme- fi gnej, triais nous devons a- Morer Dieu tant que nous pouvons. Et iur le Decalogue, C^« 1J* «Encor qu'il ne fut pasîoyfibleen l'ancien Teftarnent, «l'Eghfe a introduit les Images afin qu'elles peullent fer- ai vir délivres aus lay s , &d un mémorial pour faire fou- « venir les Chrétiens d'adorer dèu'ement les Saints. Voy- c/v* la donc "v'iciei Idolâtre par leur côclufion.&neaumoins chret'n le premier envoyé de Dieu, pour reformer l'Eglife. Voyez is$2 fon fucceiîeur Ian Hus, que la Chronique de l'État de l'E- gliiè dit avoir nettoyé les fontaines de fEv agile du bour- bier infecl& dupoifonmortel , que îaMoynerie yaveit «jette : le ne veus rien ôrer,, dit Hus au fécond tome du tint Tom* «Sacrihcedela Meffe, car j'ay dit en un autre endroit, 2, fol. ji. «que la falutairc Hoftie eft le pris tres-fuhHlant pour le as rachat de tous ceus qui font dans les peines duPurga- «coire.'Ilfcroit bon, adjoufte-il ailleurs que nous autres &*& Tom* «Prêtres diîiions nos Metfes avec dévotion, «Schumilité. 2^:- SJ' Mille autres traits fembiables fc trouvent pour les priè- res des Trépaifez , délivrance des ames-du Purgatoire, dans les œuvres , que les Luthériens ont fait imprimera ,,Norembcrg l'an 1^8. oc pour la prière des Saints. I'ay ,,dpe-iaticc,diioic-ïl «ayant les fcrs3us piez, que Dieu me ,ipcut dclivrcrpariemerite, & prière des Saints.

Pp 4 Vous

£00 De Naissance pe l' Hérésie, Vous honorez donc de la Couronne des Mauyrs , les Mêla. Ipi. Idolâtres difeurs de MciTes,qui ont autre Médiateur que md Frfip. le C h R i s t. Vous avouez pour yos Pères ceus que Lu- Micrsn. ther&Mclanc]:hon detcften.t.&maudiiTent comme He- JpoL Ca. rctiqnes &: Diujipîes deSathan. Wiclefétoit unfurieus dehum. &in(enfe , dit Melancthon: Lifantfcs œuvres, j'ay dc- ir-aài. In COUvcrt mille erreurs. 11 enfeignoit pluiieurs horribles,& toc.ccm.T. Diaboliques blasfemes , écrit-Luther, & le voila neau- j.Va.^j. moins qui porte la bannière du nouveau Eyangile, an- nonce dans la France. Meilleurs , qui ouvrez laclef du Ciel à qui bon vousfemble, ce vous eftafTez qu'ils ayenc débattu la puifïance 5cau:horité deTEgliie, pour être eftimezenfansdeDieu. vin. Apres l'exécution de ces deus Hérétiques, quelques

Ce qui a- Barons de Bohême, &delaMoranie , égarez de leur an- vintfn cienne créance, qui n'avoir changé depuis l'an huit cens Bcheme nouante Se trois, que le Chnftianifme y fut annoncé, s'é- AtraU meuvent, & font des ligues, pour en faire la vengeance. mort de Sigifmond leur écrit , la lettre fe voit encores , pour leur^ Hm% môtrer lajuftccondânation de leur Ian Hus, &fon opi- '

' niatreté , voulant luyfeuî étreedirne plus fage ^enten- du que tout le Concile, toutes les principales lumiè- res du monde fe trouvèrent: Ce fut Ieloz que Hus même leur donna:Cependant le P.: Jccur de h Vniverfîté de Pra- gue donne fon avij far la Communion fous les deus efpe- ces, préchee par Iacobel , principal fujet duSchifme de la Bohême. E: quoy qu'il confdf; le Sang e'tre au Cors fous l'efpecedupainfeul, conclud toutefois qu'elle de- voit être deneceilîté diftribuee aus Lays , comme aus Prêtres. Ainficontre les Loys de l'Eglife, la détermina- tion du Ganciie,£: de ieut authoritc, czs Maîtres es Arts, prononcent furies points de>la Religion , & déclarent que le Calice^cirneceiTaire au peuple.Le miferabie pour- ceau Wenfelaus Je nez à terre dans fes délices, ne daigne lever les yeus, pour voir comme on vivoit en fon Royau- me : Content feulement defairelarcveuëdefa cuifine & : bouteilles , pour y trouver un oubly de tout ce qui lefâchoit. Et vint la choie en teidefordre, que les lays mêmes s'ingeroientd'adminiitrer les Sacremens Albert JnVTai.i- Kiansfait le récit d'un Savetier, qui faifoit l'office de Prêtre, difrribuântia Cœne au peuple. Le nombre des

HufntvS

Livre IV. <Toi

Huffites en peu de tems accrut grandement : Si que pour leur donner laCômunion fous les deasefpeccs, ondref- caP; 27- fa en un lieu qu'on appelle Tabor, trois cens tables , Dt'> ~J plus de trente mille perfonnes feprefenterent pourrece- Tabmtes. voir le Calice: On porcoit du vin à pleines cuves, pour verferabpireace pauvre peuple , qui ne fe contente pas de lagoutelette des Grecs. Wenfclaus, comme fortant d'un profond fomnieil , ou déchargé de fon vin, entre en efrroy,queces gens armez luy arrachent le fceptre:Mars tout auili-tôtilconçeut des nouvelle» efperances de ton Va haran- falut: Car un Prêtre Huifitc voyant cette multitude pré- gzew fau- te à jouer des couteaus, les arrête avec ce peu de mots: vtltRoy. Mes frères, encores qu'un yvrogne* & un fainéant foie nôtre Roy, fi pouvons-nous dire qu'il n'y en a point fur la terre dont la domination (oit plus tempérée; Carc'ct un Prince paifible, dous, bénin, & qui nous ayrnc : Il nouseft loifible vivre comme il nous plaiu Qui eft-ce qui ofera s'en prendre à nous, luy vivant, encor que fon opinion en la Religion foit contraire à ce que nous croy- ons ? Il n'apporte pourtant aucun empêchement à la nô- tre , & ne permet que les autres nous troublent. Prions donc,mes frères, pour luv, afin que Dieu alongcfes jours, Croyez moy, fabétife eftnôtrefalut , 5:ia nonchalance nôtre feureté. Toute lamultitude effrénée s'arrête au dire de cet homme. Ainficequi devoir avancer fa ruyne, futlors caufede lafalvation. On IailTa cette louche en pais pour un tems , qui abandonna fon Royaume, porté du fi us & reHus violent de cette populaffe envenimée des notfvellcs opinions que ces Docteurs Huilites luy avoiéc Imprimée dâs i'ame,iaquelle tourna fa rage fur lesEglifes Chretiennes,pillant,&faccageantlesricheifes, que leurs predeceiTeurs y avoiét apporté. Auretour du fac de quel- que Eglifè Catholique, les Prêtres Huilites marchans en proceûion entre les piquiers,& hallebardiers,portoiét le faiut Sacrement, & le Caiice, chantant Hymnes & Can- tiqucs,afin que par cette apparence de dévotion, ils peuf- fent attirer le peuple. Vn jour ainfiaffemblez en armes, ils vont trouver leP^oy, £:luy demandent de nouvelles Eglifes. Nicolas Seigneur du Village de Hus, maître Ian leur Evangelifte avoit pris fa nailfance, portant la F les oyt beniguement , promet d'y pour- . V o 5 ' voir

éoi De la Naissance de l*H e r e s i e, voir à leur fouhait, & ayant retenu Nicolas, encor eut ce tronc le courage de luy dire : Tu as ourdy la teille &le5- îc: pour me jetterde monRoyaume, maisjefilcray le li- col qui t'étranglera. L'autre ians mot dire fc dérobe de la prefence de fon Pvoy, & ne fut fi tôt dehors, qu'il excita Tultte dfé ^enouvcau^î:DUrbedas Hufïîtes aiTemblez. Sur ces re- Re'r, muemetts, ce pauvre Roy fefauva dans un fortchâteauj

Eïxroye devers fen frère Sigifmond , pour avoir fecours. Les HufTî tes marris de voir leur Prince échappé de leurs mains, déploient leur rage far les Magiftrats de la ville, les aiîiegent, & forcent , puis les précipitent du haut des Palais en bas fur la pointe ces piques & halebardes de ces troupes religieufes, qui les attendoient en la rue, étant le Prctre au milieu des armes portant le Calice, chantant Tang? lingmrgUriùfi. Tandis le mal-heureus, & infortuné Wenfelaus, failly de cœnr parmy les diverfes apprekenfi- S 'a mort, ons de cane mal-heurs, tombe malade, &meurr, après n'avoir que trop vécu, & régné: car il tint le Royaume 5^. ans; Mai-heureus en fa vis , &ma! heureusencor en fa mort : Car fans honneur & pompe funèbre il fut jette en terre. En cet endroit ii faut que je blâme l'opinion de quelques uns, qui ont voulu dire, la 'condition mifeiable deceus lafeulcment, qui vivoienc fous une république, cùrien ne fut permis : Car de côbien pire condition font ceusquÏYifcc en un PvOvaume,où toutes chofes font loi- hblcs, & on regarde plus à ce qdieft permis, qu'à ci qui eft honnête.

OH licentîeafement, fans cra-intt de la peine chacun fait au il veUf* Lit?. j.cMf. Saint Auguftin magnifie a bon droit, cette fentencedivi- vh. deciv. n^ bien que prononcée par une bouche payenne. O mi- Cicer. mua ierable celuy à qui eft loisible de mal faire, d'autant que, Tu/chI. commedit le Comique,

chacun fe rend par la licence pire, Car quvj aue [oit que fin c/J>nt atfîre^ il le veut faire, ai m qut p enfer comment il le peut faire a ton oujufierncnt. L'Eïperience le montre en ces Huiîîtes , qui, comme tout leur étoitloiiible, ne laiiTcient méchanceté dont ns

/ ne ?in£

Livre IV. 60 )

nc^inlTent àbont. Lors furent les femmes mariées vio- lees,les veïvcs dévoilées*, les vienges polues, les Monafte- Meeheau res profanez, & tous les lieus l'on avo:t accoutumé cete^es d'empnfonner les malfai£tcurs,remplis des gens de bien, ^utfiUit quife voulurent oppofer à leur rage j tous étoient oyfifs à bien faire, ou occuper a faire mal. Tout alloit en confu- iion , &defordre, comme s'ils cuifent voulu repétrir, & refondre péle-méie les chofes, pour les rejoindre à leur premier cahos. Audi ne vit-on jamais l'Herefie s'élever, fans troubler l'Etat & la Republique $ non plus que le Chameau boire, fans troubler l'eau avec fonpié.

DES TABORITES, DES ORFELINS HE-

R £ T I QJV E S D S LA BoHIMS, DV CAPITAINE

Ziicha, les victoires, fa mort, ce ce qui avint au Royaume de Bohême.

Chapitre IV.

Ce qui avint après la mort de FFenfelam . i. 7jfcha drejfe les Tahorites.

l^ifiha toujours uichri- j tut.

| LA mort de Zifiha. <:. smtét de 709* , er dt

Trocope U fta^efonfue- cejfew,

4.

Dit Concile de Belle.

..1-—X Près lamortdumiferable\7enfeIaus, ce *^S/L\ik3* peL1p'crorcenc eleut pour ion cher, &con- cea-ûa^ f^VjLÈ^^Ù ^ucteur ^e rébellion , un jeune homme ■{ ' ai)rcs courageus & vaillant , nommé Ian Zifcha, faf?toftd't qui avoir perdu un oeil en une rencontre. pxsjgfaw Celuy-cy, aubruit du butin Se pillage per- mis & promis à fesfoldats, acrire tous les mauvais gar- nemens du Royaume a fon party. Cette canaille defef- |»eree fe jette à tous mau~ , cherche^ tireproyede tous tez : Et fous preteire de Religion , voile , pille, & fac- cage des EgUfeS.qni avoyent échappe leur première rage & fureur ( les plus belles, & riches qui fufTenr, dit i£neas

Sylnus

'Belltt E-

gUfes en Eobeme.

Arthevé- qnedel'ra gue.

604. De la Naissance de l'Heresiz, Sylvius, fur la terre) fouille les fepulchres, mêmes ceus des Roys de Bohême, décédez depuis plufîeurs années, & jette les os par les champs. Impieté j ufques alors ino'ùye, & continuée depuis par leurs fucceiïeurs. Plufîeurs Villes font mifes a fac , on eut dit que c'étoit pais de conquête: Celle de Prague fut prefque détruite. Sigifmond héritier de ion frère, &Roy légitime de Bohême, vcnantpourfe faire couronner, eft empêché par Zifcha , quis'oppofe, dit que c'ét l'ennemy de la venté,meurtrier des deus té- moins de Ie s v s-C H Ri st, qu'il eft indigne de la cou- ronne de Bohême. Sur cette fureur, Sigifmonds'arréce pour recueillir fes forces,afin de pouvoir ramener à raifon ce peuple rebelle. Le mal-heureus Archevêque de Prague Conrrad, change fa robbe , & d'Evéque Catholique , fe faitHuflite ; & comme fouverain Pontife, & Patriarche de la Bohême, aflemble un Concile pour régler fa'nou- veîle Religion , ne différant pourtant de la Catholique, qu'en quatre articles feulement. Le premier pour la li- berté donnée à chacun d'enfeigner. Le fécond pour la Communion neceifaire fous l'une & l'autre efpccc; Le ticrspourles biês & revenus ôtesal Eglife, reduifant les Prêtres a la pauvreté Evangelique. Et le quatrième fur lés péchez publics , kfquels ils difoient ne pouvoir être endurez en forte quelcoque, non pas mêmes pour écha- |>er un plus grand mal. Mais quelque tems après affligé des regrets continuels, qui battoicat fa confcience,pour la folie qu'il ûvoit fait,

Portant & nuit & jour en lame fin bourreau. Cet Aichevéque mourut d une mort miferable k la fuitte de l'armée.

Or Zifcha pourjetter les fondemens du nouvel Em- pire qu'il s' étoit imaginé,fit bâtir fur une haute monta- gne toute entournee d'eau, une Ville ceinte de triple mu- raille, qu'il nomma Tabor , pour mémoire de celle de ta Iudes, nôtre Sauveur fe transfigura : d'ouïes Héréti- ques qu'on appelle Taborices, prindrent le nom. Ccus- cy ont unejleligiondiverfe a celle des Hufntes, & pref- que conforme a l'opinion des Waudois, comme on peut voir, non feulement parce que iEneas Sylvius, & Codée on: écrit , mais aum par leiivrede IanLukainçs Prêtre

Tabo-

L I V S E IV. 6c$

TaWite. L'Archevêque Conrrad , & les Barons de Bo- hême par diverfes affemblees, fc mirent en devoir d'ac- corder les Hufîites, Taborites, & une autre Secte qui s'éleva au même tems , dite les débites , mais il ne, fut poilibîe : Car les Taborites pour avoir attire a leur party prefquetous les gens d'epee delà Bohême, à caufe delà grande réputation dcZifcha, fe ten oient fiers & fu per- tes, fans vouloir céder aus Hufîites. Grande providence de Dieu! une herefie n'ét pas fi tôt eclofe, que la divilîon la divife, & fait venir aus mains, côme rirent les Huflîtes & Taborites bien Couvent , joints toutefois , & combat- tis fous mémeenfeigne , lors que les Catholiques fepre- fentoient: car leur divifion étoit lors-pendue : au croc.

Sovvent l'Empereur tenta d'entrer en fon Royau- îii. me, &fouvent aufliZifcha defeendit en bataille contre Zifcha luy, & ne tira jamais l'épeeen vain en quelque combat to»iours qu -il fe trouvat,ains retourna toujours victorieus,char- vicioriem* des dépouilles ennemies. Grande merveille , que ce- Juy qui avoir befoin de guide pour fa conduitte ( car il perdit depuis l'autre œil) fut le conducteur, & le guide des armées à recevoir les Victoires entières ! Capitaine pourtant

plein de heaiKouf de vice 3 cluecfeti de vertu. Reprochablepcurfes inhumanitez &cruautez, fur tout a l'endroit des gens d'Egiife, qui fervoient fouventdc rotiilerieenibn armée. Les Barons & Seigneurs Bohé- miens voyant l'infolence de ce peuple accroître d'heure à autre,fous la domination de ce furicus Zifcha, dépêchent uneAmbaffade devers le Duc de Lituanie , luy offrent la couronne de Bohême. Celuy-cy. envoyé fon Neveu avec deus mille chevaus,qui fut reçeu dans Prague. Zifcha a- vecfes Taborites ne vouloient point de Roy:Ies Hufîites endehroientun forgé de leur main. Voyez le naturel de rherefie, qui tâche toujours de defccptrerfcsRoys , & voyez le foin du S. Père Chef de l'Eglife,qui envoyé pour la ïeconde fois fes Ambaffadeurs devers ce puiflant Prin- ce Alexandre, Duc de la Lituanie^ pour le retirer de fon entreprife, avec lettres de telle teneur.

MARTIN

6ot Di la Naissance de l'H e r e s i e,

P*^* au

DucÂeLi-

ttumie.

MARTIN EVESQVE, SERVI- TEVR DES SERVITEVRSDE

Dieu,), ^Alexandre Vue de U Lituanie \falut £r henediclion ^/C^ofiolic^ue.

Lya longtems que le bruit étoic arrive jufques a nous delà rcfolution que tu a- vois pnfe àfecourir les hérétiques de la 3ohcmc : maisjenemefuis peuperfua- der, qu'un Prince h* prudent, quiavoit embralîe la religion Catholique, voulut commettre une telle faute. Toutefois le retour de notre Nonce , & tes lettres m'ont fait connoitre le contraire, chofe qui m'a tourne à grand déplaifir, prononçant, que fi tu prens cette protection contre la foy promife , ce fera une grande playe à la Religion Catholique, de laquelle acculera beaucoup de fang , playe plus grande que celle que tu. promets medicamenrer. Perfonne ne met en dou- te que fi les Bohémiens font denuez du feccurs qu'ils at- rendent de toy ..qu'ils ne changent de vie & ne fc rangent a i'obey (Tance de l'Egîife^lancce/îi même les y forçant, &cn peudetems toute la Bohême jouira d'une pais uni- verfelie,pourvcu que cette tâche foit ôtee , qui enlaidit la Religion Cathoiique.Que s'ils fe voient à couvert fous tes lauriers , ils fe rendront plus acariâtres contre les or- donnances de l'Egiife, & les endurcira davantage en leur opinion perverfe. Ton exeufe n'a point d'apparence , quand tu ofes les vouloir recevoir à foy & hommage fous cette condition , qu'ils quitteront leur erreur,& que tu les pourras ramener au giron de l'Eglife. Ils promettent beaucoup, &netiendront rien , ann det'embarquer en leur entreprife. Leur converfion feinte nepeut être que iufpecl;e,puis qu'ils tâchent de jetter la pomme de difcor- de entre les Princes Chrétiens, afin que la diviiîon qui fera entre les plus apparents de la Chrétienté, ôz ie chan- gement eie l'Empire Romain, icrvedecouyerturcaicurs iriauYaiiesintenrionï.icncpeniepa.s quiiaviennc autre- ment,

Livre IV. 607

ment, fi tu te rends maître du Royaume de Bohême, ce que les Electeurs de l'Empire Romain , ny les Princes d'Alemaçne ne pourront lupporter, quand meme Si- gifmond^Roy des Romains nôtre cher nls en I e s v s- Christ ne s'enméleroit du tout point. CeRoyaiftne n'ét pas de fi grand pris, qu'un Prince fage & avifeau* dépens de Ton honneur, &defaconfciencc, doive met- tre en trouble &en guerre une partie delà Chrétienté» encor que toutes chofes luy vinilent àfouhait. Et quand bien ta valeur & ton courage fubj ugueroict tout le mon- de,quoy pour cela, fi l'ame cependant eft coulpable, & patit ? Ne penfe pas nous abuïer de c<ts promeffes que tu lais de les remettre après entre les bras del'Eglife: car puis que par la mifericerde de Dieu tuas été fait Prjnca Chrétien, tu dois avec mon confentement être d'une même volonté avec tous les Princes Chrétiens, bander ccroidirtous les nerfs avec eus contre les heretiques,& non être leur bouclier, & chercher une voyetoute autre pour leur converfion, laquelle prife ce cette façon, ne fera jamais conduitte à bonne fin. Mais queile inten- tion qu'ils ayent , cela ne convient aucunement à la fm~ cerité & candeur ( laquelle à été fort cftimee de tous les Chrétiens jufque à prefent) de faire bande à part, ny mê- me les recevoir à quelque condition que ce (oit. Ce que nousdifons ne provient que d'une charité paternelle. Retire premier le pié de cette affaire , avant que l'autre v gliffe. le te le commande au nom de Dieucnorn qui a plus de poids que nom qui feit. Ce fera une grande injure fai- te a fon Eglife. laquelle il ne delaiifera au plus fort du j>eril,Dieu même ne le permettra pas , mais au contraire fera tout tomber fur ta tête, condamnant tonameàunc damnation éternelle.

Et moy qui fuis Lieutenant de Dieu en terre, & relève au plus haut du faint Siège, pour la confervationdela Religion Catholique, je leray contraint3ma charge m'y forçat, de déployer les aimes que Dieu ma mis en main, & châtier ceus qui les porteront pour la deffenfe des hé- rétiques, le ne puis croire que ayant toujours combattu pour la Religion Catholique, contrela violence desJn- iideles,que tu veuilles effacer cette gîoire,attué de.quel- que rais cipoira'cporcer un royaume êtrarigcr:ParquoT

moi

6oS De la Naissance de l'Hérésie, mon très-cher fils, retire toy de cette opinion , fuis une voye meilleure, n'aiTeure & n'affermis point de ton ap* puy l'Etat ja branlant des hérétiques, ne fois pointattiré par leuis doucereus appas , par leurs promeuves qui te pouffent, pour te faire perdre entre les pattes de Sathan, ' quand tu feras engagé dans les troubles d'une cruelle guerre , qui fera ruiileler de tous cotez le fang des Chré- tiens. Que fi tu demandes la converiîon des Bohémiens, comme tu dois , ne les renforce point d'aucunes forces, fais qu'ils reçoivent à bras ouvers linftruction &4e com- mandement que leur fera notre Lcgat: ce qu ils accepte- ront plus volontiers , s'ils fe voyent deflituez deton fup- port. Que fi tu as été foret de prendre leur caufe en main, louvienne-toy que tu neleptus, (ans noircir ton amc v d'infinis pechezmcrtels, parce que l'aiTocJation du fidè- le avec l'inùdcle, eftdcfrendue de Dieu. Ilsonté.:é con- damnez, & iugez hérétiques par le Concile de Confian- ce. C'écdonques aus Princes qui ont les -forces en main, d'en foire perdre la mémoire , s'ils ne veulent fe recon- noître ; A ces fins j envoyé mon Légat pour les recevoir à pénitence. C'écicvîa iecondefemonce que ie t'en fais, I iirant par la mifericorde de Dieu, vouloir détourner cet orage, qui menaife la Chrétienté, fitu prens en ta proteJ.:on & fauvegardcles Bohémiens. lY- Alexandre vaincu des prières & commandement

Lr: vi&èi- (: :J lain: [ c;c ; r'appellefes forces, & quitte les B.ohc- Téj&mi't iniens. Les Barons, & Seigneurs Huilltes fe voyant fans de V H"Jfï- efperance d'avoir ce Prince pour leur Roy, & ne pouvant te Zifcha. porter finfoiente domination de Zifcha, s'arment con- ire luy: Mais. Zifcha en ayant étendu trois mil fur la pla- ce, met lereiteeniuitte, qu'il afiîegea dans Prague: tou- tefois par le moyen deRokifana Predicant des Huilites, lapais h.u fii te,' retirant Zifcha fon armée pourlajetter fur i'Aatriche,raettant tout a feu & a fangla il paiToit, pour y lailfer les marques de fes fureurs &cruautez,com- . a fécond Attile. Or après piuficurs diverfes victoires obtenues contre Sigifmond, & les Princes d'Ale i\agne accourus a fon fecours, lcfquels je ne veus partie tarifer: Éq nrac il croit fur le point de traitterlapais a toa avan- ithontcdfis pour Sigilmbnd, qui le l . q Lieuten-a: ..urne, iuy donnoit un Du-

- Livrï IV. 609

clié, & plufieurs fommes notables : Zifcha fut frappé de pefte , & mourut. Montre deteft?.b!e,crBel, horrible, dit JEdcas iiKius, îequeHe doigt de Dieu toucha, la main c \ ies hommes nef ayant peu faire. Sevoyant fur le point l S -n «V détendre lame , il commanda qu'on ëcorchat fon cors, & que de la peau on fit un tambour, pour le porter eu guerre, s'afïeurantquedu feuî fon, fesennemys effrayez ruircycnt a vauderoute: A la venté ce lut un grand fou- dre de guerre.

,, BapnfteFuîgofîus en parle ainfi: Quivoudra,dit-iï, Likj.de 5,con(iderer d'un côtelés incommoditez de faveuë per- fortttad. ,,duë. & d'autre côté pefer la grandeur des gefles mémo- rables, que tout aveugle qu'il étoit il a fait , il le préfé- rera à Hannibal,& Sertorius, borgnes feulement,d'au- ,,tantqu ils femblent devoir être préférez , pouravoir 3,du moins un bon œil, à Zifcha pour n'y voir du tout ,,nen. 11 mourut avec cette gloire, grande certainement ■jj&rare, d'avoir en infinis combats toujours été victo- , ,rieus,&non jamais vaincu.N'ayantpas moins furmon- ^ ,,:é !a nature, que le vieillard Marius, ou Scenas , def- ,, quels l'un décrépite pour Ces ans, & l'autre afroibly par ,,multitudèdeplayes, nelaiflerent pourtant defemôn- „trer verts, & forts de l'un & de l'autre : defquelsiine ,,femble pas moins éloigné que d'un vivant un mort, ne ^pouvant être dit que mort entre les vivans, un aveuglé ,, entre ceus quivoyent.

Les Taborites idolâtrant la mémoire de ce grand v. Capitaine, fous lequel leurs affaires avoient fi heureufe- Statue de ment profperé , firent élever fon effigie fur la porte de la Zifcha ô* ville de Tabor, ayant un Ange au devant de Iuy, quipor- de Vrocops toit un Calice en fa main: lis ne perdent pourtant coura- Yonfuccef- ge, la plupart elifentProcope, & fous le nom desTabo- feur. nus conduiient la guerre. Les aurres nevoulantrecon- noitre ce nouveau chef, firent leur bande à part, fous le nom des Orfclins, ainfi appeliez, comme portansle dueil L** Orfe~ de Zifcha leur pere.CePrôcope fat nomjmé leP^azé, parce tà*. qu'il aveit été Prêtre i mais Ulaifla ce nom pour prendre celuydeGrand,& fut nommé le giTtndProcope.Vn autre Prêtre renié de la Moravie , nomme" Bredricus, fe fit Ca- pitaine des Orebites, & jetta fes troupes en la Silefie. Ce- Iay-laépoufa, non fans étonnement des Huilitesmé-

O o mes,

Cruauté des Crebi- ter.

Les AU-

mariss'ê- VCittetit'

610 De la Naissance de l'Heresie, mes , publiquement une femme : Tous ces gens à diver- fes bandes courent & brigandent toutes les provinces voifines, faccagent pîufieurs bonnes & grofTes villes, di- fent qu'ils font la guerre ausFiliftins &Iobrineens,ainfi nomment-ils les Catholiques, furlefquels ils faifoienc l'épreuve de toutes les cruautez que les bourreaus les plus barbares euiTent peu imaginer , & fans pardonner à fexe, age,ny ordre quelconque , pafiant tout à l'épee , & las de tuer, ils enfermèrent^ troupes les Catholiques hommes & femmes , Moines & Moineifes de tous Ordres, dans quelque métairie , puis y donnent le feu, faifant périr à monceaus dans les flammes ces pauvres perfonnes inno- centes. Leur rage vint à ce point de faire ouvrir des fem- mes enceintes, pour arracher du ventre les créatures, les- quelles a cous de cimeterre,ils trenchoient par le milieu, àlaveue des mères mourantes.

Ka! que le ciel fut peuplé de martyrs en ce tems là,dans rAÙtriche,Moravie,Silef}e,Lanfatie, & Mimie! Et pour accroître la terreur , & montrer qu'il y avoir en leur fait quelque forme de juftice, quandles chefs des Catholi- ques,& Pafteurs des Eglifes tornboient entre leursmains, comme criminels de leze Majeftc divine & humaine, ils croient traineza quatre cheyaus, & démembrez:Les Pri- eurs & Gardiens des Convents brûlez vifs fur des bûchers dreiTez des Images de bois raiîemblees des Eglifes ruy- nees. Les feules Vierges, ou jeunes femmes échappent leur fureur, &fcntrefervees, fi leur beauté' femôntroit propre à fouler leur lubricité ; fur toutes lesReligieufès, qui étoient traînées, comme des garfes à réguillertepar- mj les trouppes des armées. Ainh* courent ces diables détachez fous hs enfeiçnes de ces Prêtres reniez,les Pro- vinces, & Royaumes qui avoifînent la Boheme,& paifent j ufques en Franconie , Hongrie , Pologne & l'Autriche. Chofe étrange, voire incroyable, dit Albert Krants,dela puifiance de cettenationiMais leur felonnie ëtoit accrue de la fameamife des autres. Les Princes Aiemans comme éveillez d'un profond femmeil, &parle Pape, & par l'Empereur , aîlemblent leurs forces , & par diverfes fois s'ache:uir«ent pour combattre les Hulfites : mais comme frappez ut i'eïprit d'étourdiiTement , laiiicnt touticar bagage en proje, &fe retirent avec hop te & ~ dom-

L I V R 2 ÏV. 6ll

dommage, ayant à peine veui'enncmy.

Pendant que tant de tueries & carnages Te font en tl divers lieus peur la folie des Huflïtes, Taborites,& Ore- Concile à biteSj le Pape Martin affemble le Concileà Baie , qui fut Bklt% cotinué fous Euge~neIV.fonfucceileur. Les Huili tes font fommez de s'y trouver. Apres les fauf-conduits donez, ils députèrent aucûs d'entr'eus:Procope leRafé fut le chef, Le R*fît qui vint à Balc,avec 3 00. chevaus,portât en leur drapeau un Crucifix peint d'un côté,& un Calice,comme le fujec de la querelle deTautre. CeRaféàfonentree tenoitles yeusde tout lemondeattachczfurluy,pourîamerveille desgransfaits d'armes que ce Prêtre renié avoit fait à la fuitte de Zifcha, & depuis apellez en lafTemblee. le Légat Iulian, Cardinal du S. Siège, leur remontre les malheurs qu'ils ont caufé en la Chrétienté' lors paifible , les prie de traitter,& découvrir leurs doutes avec douceur. Ils harâ- guent quatre jours entiers furies 4.articles qui les ont ti- rez de lobey fiance & cômunion de l'Eglife, que j'ay tou- ché cydelfus. Les Docteurs Catholiques répondent aus journées fuivantes,& comme la chaleur de la difpute eue tiré à l'un d'entr'eus le mot d'heretiques:leRafé tout co- lcré,fe leva,à peine le peu t-on retenir.Les articles sot de- battus en rauembleejpuis remis aus deputeznomez d'un & d'autre parry,&voulut le Côcile que dans Prague me"- me,fiege de cette nouvelle hercfîe,la convocation des dé- putez le fit. Les Ambaffadeurs des Princes y vont,tant de laFrace,derEfpagne,Savoyc3quedei'Alemagne,aveclc fauf-conduit des Huflïtes, lefquels renouvellent leurs an- ciennes plaintes fur l'exécution de lan Hus, & Hierôme de Prague, & la croifade publiée contre eus: Difent qu'ils veulent la pais,pourveu qu'on leur accorde leurs deman- des. Apres plufieurs journées perdues, le tout eît encore remis au Concile, & du Concile encore de nouveau en l'affemblee de Praguc,où les députez furent envoyez,quï firent en fin cet accord par proviiîon: Quelacomunion . . - fous les deus efpeces feroit dônee à ceus qui la demande- ri e* rcient, pourveuqu aus autres points ils le loumiilent a ~

l'authorité, &obeyffance de l'Eglife, & avec cette prote- *^*

itarion que le Prêtre leur diroit,U cers de Chrift être au- - tat & fi entier fous une efpece,que fous l'autre: Ainfi fe fit la pais fous ce concordat. Mais les Orfelins & Taborites Q_q z er.ne-

Six De la Naissance de l' Hérésie,

ennemis du repos , & amis du brigandage , viennent de nouveau aus armes contre les Hufîltes , qui avoient éta- bly un Gouverneur du Royaume, & avançans leurpro- pre malheur, & dernière ruyne,font entièrement defïaits en bataille, prefqueàlaveu'é dePrague, oùleRaféau- theurdetant demaus, avec tous leurs auttes Chefs de- meurèrent fur la place : ce qui échappa la fureur du com- bat fut jette dans les flammes, defiransics Barons Bo- hémiens en faire perdre la mémoire jufques. aus derniè- res rcftes.

Cependant Sigifmond qui étoit aile' à Rome recevoir la Couronne Impériale, fur cette nouvelle non efperee, jiy attendue : s'achemine, & eft reconnu par les Huffites & Bohémiens pour leur Roy : comme aulli les Hufiites abfouz.font rcçeus fous l'unité de l'Eglife,* laquelle Ro- killana Docteur & Prêtre Hufiue,afiifté de quelques au- tres,prêta le ferment d'obédience & fidélité, promettant garder l'accord fait entre les Députez, &ne fe départir delà créance de l'Eglife Romaine, avec licence de com- munier fous les deus efpeces , attendant ce que le faint Cécile de Baie en decideroit:Mais le jour même affiliant au divin fervicc dans 1 Eglifc des Catholiques, la Méfie a- chevee , il monta a l'Autel , & ayant apofté un Lay,il luy donna la communion fous les deusefpeces. Ce trait au- dacieus (car cela ne luy ttoit permis dans une Eglife Ca- tholique ) fut fur le point de remettre tout en trouble : Toutefois onfut contraint pour le bien de la pais, fup- porterlinfolentc entreprifedecet homme, qui fut con- traint en fin, ne pouvant vivre en repos, forcir duRoyau- me. Lq Roy députe des Eve'ques pour reformer les Méfies que les* H u fii tes avoient corrompu, retrancher des Can- tiques en langue vulgaire qu'ils y avoient entre-mélé.Les Re'.igieus & Religieufts font remis dâs les ruynes de leurs Convents. Le Concile continue cependant, qui juge la Communion fous les deus efpeces nonneceflairejfuivanr les anciens décrets de l'Eglife. Et parce que les Hufïîtes par leurs députez demàdoient qu'il leur fut loif'ble don- ner aus petics en fans, félon la coutume de la primitive E- glife.ia faittte Euchanftie $ ils en furent cconduits,ccm- me.ils furent aùfli de c.ttedemande,qu'il leur fut perniis .j-vangiie , & le >) mbole en tengue

.1-

Livre IV. £ij

vulgaire Sigifmond mort, & Albert aufli peu après, ion gendre &fuccefTeur; le feditieus Hulate Rokiifinure- Jf3*» tourne en Bohême, lequel avec les parnians fait tant que Ladilîaûs fils d'Albert, légitime héritier de la couronne, de Bohême , étant encore bien jeune, e(t privé de lafuc- ceflion de fonPerc. Celuy , difoient lesHuilites (voyac comment l'Herefie marche toujours même train j quia befoin d'être regy & gouverné, ne peut régir ny gouver- ner les autres, lis prefentent le Royaume au Duc de Ba- vière, qui le refufe : Enfin font deus Licucenans de Roy, l'un qui favorifoitaucunemét les Catholiques, & l'autre HufliteopiniatrcCeus-cy reraueitr des articles pouveaqs pour leur Religion . contre le concordat fait avec les dé- putez du Concile de Baie. Le Pape Nicolas V. pour ap- ir paiferceSchifme, envoyé en Bohême un Légat, qui'eil reçeu dans Prague avec honneur Mais en peu de jours il eft contraint fe dérober , pour éviter la fureur des Huiïi- zzs^ qui demandoient leur RokiiTana pour Archevêque. Ils emprifonuent leur Gouverneur qui mourut en fa cap- tivité, difpofent du gouvernement fpirituel & temporel ; font les Papes & les Roys. Cet lors que Roloifana '.* ue- tique opiniâtre prit en main , non feulement Fauthorité d'Archevêque , mais dufouverain Pontificat de la Bohê- me. Apres que cette première fureur eut fait ion éclat , les efpiïts plus modérez apportèrent du tempérament à cette iniolencepopulaire,& firent fi bien. que ie Roy La- diiîaûs eft reçeu , & courohb€ dans Prague avec les céré- monies Catholiques del'Eglife.

De forte que comme un jour ii étoit dans l'Eg'ife,Ro- rj^^n^s» kiilanaapofta un Prêtre Hufîîte, lequel ferait a l'A*urel QHtj^c^\ devant le Roy, 5c commença la Meife.Le Roy averty qu'il étoit Huiîice, luy commanda fortir, & fe retirer de lAu- tel: Ceqa'ilfît, Ce Prince fe montra fort courageus à la deftenfe de la Religion Catholique, contre lesvioléces de RokiiTana. quife maintint toujours en aiuhorité. Et comme le jour delà Fcitc Dieu il marchoit par Prague en Proceilîon avec pompe, portant leS.Sacremcnt,le Roy fe tint à la fenêtre de (on Palais , fans vouloir découvrir la ,,téte,ny faluer le Sacrement. le ne révoque pas en doute, Rforkfs , dit-il a ceus qui étoient prez de luy,étônezde fa façon, <;'« R$/.. ,, l'honneur, & la révérence que je dois au cors precieus

0^1 3 ds

*£i4 De la Naissance ï>e l' Hérésie, «de Iesvs-C hri s t, auquel l'honneur que je rens ne «peut augmenter fa gloire, non plus que l'irrévérence «apporter de la hdnte, mais il faut prendre garde cjue «cependant quej'honorel es vs-Chri s T,jen'approu- *>ve Je fait de ce méchant facrilege RokifTana , &ferve «de mauvais exemple à mon peuple. On ne peut dire que «je face rien contre Dieu, puis qu'on fçait l'honneur «quejercnsàcegrandSacrcment.porté des mains d'un «Prêtre Catholique. On recite de luy un autre acte re- rnarquable:Comme à fon retour d'Hongrie il faifoit fon entrée dans Praguc,RokiiTana avec tout fon Clergé Huf fîte, va au devant , le falue" avec une longue harangue. Le Roy le regardant de travers , ne luy voulut dire un feul mot de remerciement : mais les Prêtres & le Clergé Ca- tholique s'approchant , il met foudain pie à terre, baifa la Crois, difant tout haut, Voicy ceus que je reconnois $4 mort, Pour ferviteurs de Dieu. Les affaires des Catholiques proiperanc ainfi peu à peu par l'exemple de ce j eune Roy, & en la Moravie par les Prédications d'un docte Corde- lier que le Pape y avoit envoyé, furent renverfees prefque fans-deiîus-deirouspar fa mort inefperee, qu'on luy a- vança, dit-on, par poifon. Le malheureus Rokiffanafut foupçonné d'érre l'autheur & le minière de ce forfait. Aufïi foudain après fa mort il mit fur le bureau d'élire Ze Baron pour Roy un Baron Huffite. Comme iU'avoitpropofc, il Cyrzïko. vint a bout de fon deffein. Les Catholiques s'y oppofenc en la Bcheme, Moravie & Silefie. Le nouveauRoy Geor- ee,ainfi étoit-ii nommé, à main arineey Ya, lesfoucede le reconnoître pour leur Prince.

Ce fut fous ce règne que l'Hercfie commença de re- prendre fes erres, &que Prague vid ce monftre, d'avoir deus Archevêques, l'un Catholique, l'autre Haffi te. Le Roy envoyé Ambaffadeurs devers Pie II. tenant lors le fiege, pour, cômePrince Chrétien, luy prêter obédience avec cette condition, Que le Pape authoriferoit l'accoid fait pat la communion fous les deus eCpeces. Pie dit,qu'il ne fe peut fans ofTenfe,& révoye les Ambafiadcurs devers Georgs,lequeI aiTemble les Etats de fon Royaume, fe dé- part de 1 obey fiance de l'Eglife, fait mettre le Ncnce du Pape en prifon. Pie Se Paul IL Con fuccefîeur, l'excommu- ment,& lemettent en la Bulle In Ccen/i Bcm'mh publié: la

croifade

Livre IV. ci^

croifade contre ce rebelle, déclarent Matthias Roy de

Hongrie,vray & légitime Roy de Boheme:Ces deus,ores

victorieus, ores vaincus, déchirent ce pauvre Royaume.

Mais George rongé du yer de fa confcience, fupplie

par Tes lettres les Ducs de Saxe, d'intercéder pour luy en- 'în?

vers le laint Siège , afin d'avoir fa çrace & Ton pardon . / , , P r r r , , , ô r. ' fa mort,

pour lemoins laiulpenlion de I excommunication pu-

bliee contre luy, iufques àceau'ilfut ouy. Comme i'E- glifene clôt le giron à perfonne, aufiî ne fe hate-clle pour le recevoir.Paul en fin accorde à George fa requête, promet de l'ouyr en fa caufe & en fa pénitence. Mais / pendant ces remifes, il meurt, Sclaiife le Royaume en difpute entre Matthias, & Viadifiaus, fils de Cafimir Roy de Pologne; lefquels partagent le butin, demeu- rant la Moravie, Silelie& Lufatieà Matthias, lerelte a Viadifiaus. Voila George le premier & le dernier R.oy hé- rétique de la Bohême , laquelle lafie de tant de malheurs & ruynes, fe contint, laiilant les Huiîites vivre en leur re- ligion , fous les règnes d5 Viadifiaus , & de Lous Roy de Hongrie & de Bohême.

DES PIKARTS, C A L I X T I N 3, LEVR

E R R E V R, ET COMMENT LES BoHïMIENS

fe remuèrent pour la caufe de Luther,

Chapitre V.

Les G*lixtmsy& leur er- reur fur les densefbeces.

2.

Des Pikdrts y &* ce que Luther dit £ eut.

Luther change d\ïvis9 &> les app elle J es frères.

Les Bohémiens prennent U deffenfe de Luther,

Ordonnaces de Ferdinand contre les Wifitss, çf Cdiïxnns.

Q4 4

Ces

6i6 Db la Naissance de l'Heresie, R^î^Q- Es derniers Roys eftimans, que comme

* (T uf^^F\ *es Médecins Fro^tenc quelquefois plus Les HuJJi- y fa £JL2/ en la cure des grandes maladie's, par le re- tesaus 1 vT/5Ç', pos du malade, que par le mouvement &

* jr^S^j) l'agitation que leurs remèdes apportent: , laijjez en w*^ Que de mémelaiflant les HuiTues en pais, Ç**» O* |s pourraient les guarir plutôt de leur folie, par oou- leur tr- ceur.quc par la ligueur de la guerrerLaiTez de tant de mi- reur. feres (oufFertes,& ne pouvans vaincre leurs opiuiâtrctez,

ils les lailfent vivre en repos fans recherche.On les appel- loit fouvét,ainfï qu'on fait aujourd ha^Calixtins^om- medefFenfeursdu Calice. Auiïi pour marque de leurRe- ligion ils mettent furie portail de leurs maifoas un Ca- lice peint, taillé en piètre, pourmôntrer qu'ils font de la créance des Hufîites les feuîs vra\s Chrétiens, qui participent a la Cœne du Seigneur. Erreur quia giflé depuis enplufieurs ueus, & tiré liors deVEglife un nom- bre infiny d'ames: Car, -difoyent ces gcn.s, & crient encores nos François qui ont couru après les dpi;. ces Caliztins, Dieu a-il pas donné & le pain & le vin a i.Cor.iT. les Apôtres? N'a-ilpasdit, laites eecy en commémoration Argument derroy: Toutes Us fou que vom mangerez de ce pain , &bci- dts CaI;x- rez ciefe tnl'-ct » vom MMonttWz U mort du SeigHeur , : tins. àcequ'il'vrétiiîe: - /

Et ailleurs, Qui'cnqu: mandera de ce faim, & hoirs ceC .- h v S.u seigneur indignement t il fera coupable du Cors c nôtre Seigneur*

Tournez le feuillet Hufïï tes, Luthériens , Anabapti- ftes, Zuingliens, Caiviniftes , & vous tous qui êtes iortis del'Egîile: Car vous tous parmy tant de ciiTeml: I erreurs êtes femblable en cet erreur, & tou. que le Sauveur parlant de ce myftere, nomme plus fou- Reponfè, sentie feul pain, le fuie lefainkew*., dit-il en Saintlsn, cet le pain qui isl dt /tendu du Ciel, *fin qut Cbùjnmt qut en. manger a ne mettre po.nt. le /uu le pam vt/t qui juit du Ciel: fi aucun mmge dt ce pain , il totwA.itwrneïïement , & lepMn que ie donneray ,c'é; menhir , faqueûe te di pour la vie du monde : ^ui manger a decep.it», vtva éter- nellement. C'étoit la préparation de ce grand banquet qu'il defiroit faire.il parloit la de la Cœne, comme Beze confelTe contre HeUuiHus, & Pierre Martyr auili en-

cor

Livre IV. 6ir

cor que Calvin die, que cela eut été inepte d'en parler avant l'avoir inftituee. Bouche maudite ! Inepte a donc ctélt Sawevr quia parlé du Baptême avant l'avoir ...

înitituerlnepteaeteleRedempteurquia parle h louvent de fa Paillon, avant que le tems préfixa icelle déroute é- ternité, fût arrivé : Meyts ne vont à point donné le tain du Ciel , dit nôtre Dieu ailleurs , Mau mon Père vfittê donne le tfray Pain du Ciel. Ne pouvons nous pas inférer de ces paf- fages que lefeul Pain parfait la Communion voire mê- me les do&es difent, qu'au vieus & nouveau teftament Grec , au paiTage qu'iis allèguent de la première aus Co- rinthiens, il ne fe parle du Calice, -mais du Pain feul: & q.^ /fc au Chapitre onzième , quand il y à : ^ui mangera ce <- Jf taitty & boyr* ce Calice indignement: Il y à auGrec, On hojra te Cai.cs.

La force de leur argument gît en ce que le Seigneur à Le mot de dit, donnant le Calice, Beuvez-en totu. Tous donedoi- Toua s'ad- vent prendre le vin. Ce mot, Tota ne s'addrellbit qu'a ceus dr'JJbit qiÀy etoyentprefens •• Car s'il faut que tous boivent du am prêtes. Calice, pourquoy doncnele donnez-vous aus enrans? On donoit Pourquoy la plu-part des Hérétiques ne le donnent- ils l'Zuchari- aus malades ? Ne vous exeufez pas que cène loit iapra- ftieamen- tiquedel'Eglife: Car en la première Chrétienté on don- fans, noie 1 "Euchariftie aus enfans avec le Bapréme , même- Lt. delapf. ment fous i'efpece feule du vin,pour la facilité de le pren- hduft. fol. dre, dit Saint Cyprian : Et vôtre Mufcule par pluiieurs ji* CaL raifonsfoûtient cette coutume comme pie & Chrétien- lé. de for, te, en les Lieus- Communs , condamnez pourtant par aXm.facr. in, & par Bullinger,qui difent tous les Anciens qui BuUdeca. l'ont pratiquée, avoir vilainement erré. Ne vous couvrez s.fol.iCf. pas qu'il le faut éprouver foy- même, "car cette épreuve La façon requifepar l'Apôtre, s'entend pour nettoyer par vraye de Iesvs- Confeiîion, &Pcnicence l'ame, & la laver du péché, qui Christ ne peut échoira ienfant,lequel pour cette occahon vous motre que ne devez priver de la Communion. Mais, comme tref- teiune bien on leur a tant de fois dit ; Quand le S a v ve vr vou- doivent lut confacrer ion Cors (bas les efpeces du pain, & du prendre le vin, il n'appella que les feuis Apôtres, il avoir délors Calice. feptantedeus difciples,la vrierge,la Magdclainc Marche, Luth.tem. & pluheurs autres Dames qui fuivoyent le Sawevr, 7.V\'nem. ou les Apôtres. Celle:» ;a,ny ces autres no plus n'y furent fol. $02.

Q^q 5 pas

*i8 De la Naissance de t' Hérésie, pas appellees. Voire que Luther ofe aifeurer quela Vier- ge ne reçeut jamais la Cœne •• Elles n'y étoient pas , di- foit un Miniftre de Xaintonge , répondant à un Gentil- Komme. étoit donc la Vierge, dit cettuy-cy? Où, dit le Miniftre haufTant le nez , au pié d'un pailler filant fa quenouille. Rifee digne du Fagot : Le chois que le Sav- v e v r ut,montre bien qu'il ne parloir pas à tous les fide- _ les: Car il les y eut appeliez tous -.Mais fpecialementaus

' 18 Apôtres, qu'il inftitua Prêtres pour lors-, leur donnant syjtgl ' pouvoir, & commandement de facrinermfant de ce mot, J .' Hoc faits, qui fîgniÉe non feulement parmy les autheurs N'it» C Prcr"anc3> Tacrirler, mais auHi dans lafainte Parole. Qae fi ces paroles s'addreiTbient à tous les fidèles , a ce conte tous les fidèles auroient puiffance de confacrer; Ceus qui accordent la Communion fous les deus efpeces au peu- ple, donnent-ils a tous le pouvoir de confacrer , ou de mi- niftrer? On voit que non: Cela efl refervéaus feuls Mi- nières, ou chez nousausfeuis Prêtres, qui pour étrefa- crifîcateurs, a l'imitation de nôtre Seigneur , confacrent pain & vin félon l'ordre de Melchifedech , vraye figure de Iesv s-C h r 1 s t , pa^: ce qu'en fon facrifice il ofrroit pain&vin. Cet l'accompliiTement de cette figure, qui C*byL p. renciij; chrétien ce grand Iuif Raby Samuel. Nos Pré- Lttur.csp. tres donc feuls, comme facrificateurs. communient en 2I*' nôtre Eglife fous les deus efpdces, à l'imitation du Sei-

gneur, quand ils difent la MeiTe, autrement non , fauf le jour du Vendredyfaînf.Car corne ce jour-là il n y a point de confeaatiomAufïi n'y a il point de Communion fous les deus efpeces: Ce qui le garde par toute la Chrétienté, Yoite en l'Eglife Greque,pendant tout le Carême. Meffs Le Prêtre difant la Melfe ne communie qu'avec le pain

Grenue. feui,fi cen'étle Samedy, &leDimâche.Les autres jours il ne fait pas la confecration , & prépare le Dimanche les pains celeftes peur les Fêtes de la fepmaine. Et tout ainfi quel es vs C hrist apprit à fes Apôtres comme il falloit confacrer fon Cors en facrifiant,aufii montra- il aus Difciples , comme ils le pouvoient recevoir fous une feule efpece en communiant : Fut-il pas reconnu par eus Chryfiih à Emaùsà la fraction du pain ? Ils'afiît , dit Saint Luc, hom.p. & prit du pain, le bénit, & le rompit, & le diitribua. Ce fut J7.op.*mP, la féconde fois qu'il fit iaconfecrationdefon Cors. Saint r ' Chry

Livré IV. €19

Chryfoftome l'entend ainiî , & faint Auguftin auffi : Us S. Auguïï* DifctplfSydit-^ifursni les yet<4ferrmz%de- fane qu'ils ne peur eut li-3.de cof, reconnaître Uur Sauveur , ju/ques ace qnilconfacra le Pain. Evan. cap. Qui doute jàiz-û^ue ce Joii le S4.'remettt,par lequel ilfe don.' £s. TheoL neacùnnoursà mm ? Qu'ay-je affaire d'entoiler icypreu- 9. in Luc. vefurpreuve,veuque tous les Pères de l'Eglife le difent; ep. s 9. Aufli nepeut-onremarquer, que le Savvevr entant Caf. 2. d'affembiees publiques, & particulières il s'ét trouvé, ayt jamais uie de czzzc cérémonie que trois fois, qui montre bien que ce n'étoit pas une bénédiction commu- / ne; c'ét de la Communion (bus i'efpece de pain leul par- my les difciplès , dont parle faint Luc, quand il dit,Iis é- toyent periêverans en la doctrine des Apôtres & en la Communion & fraction du pain, &oraifons: Ce qu'il pourfuitencor 3presau même chapitre: Et au vintiéme; La frAftt$ quand il du, que faint Paul vint rompre le pain à minuit, au pain. Quelle fottifeferoit-ce d'entendre cela d'une réfection Luth, fer. commune, & ordinaire rAufîï les deus nouveaus Apôtres de Eucba. Luther & Calvin l'entendent de leur Ccene. Calv. lie.

Maisencor conliderezcecy : Carj'en fçay plufîeurs, f-lnft. ca. qui pour cette feule occafion font alte, & demeurent en 17.nu.39* fufpens de leur converlîon à fEglife, £: c'ét pourquoy je m'arrête plus volontiers fur ce pointrLes premiers Chré- tiens allant par le monde avec leur viatique , ou qui fur le point du martyre , & pour y être fortifiez prenoyent le pain confacré, recevoient-ils pas lafCors du Savvevr? Vous ne Tolériez nier. L'hiftoire du frère de S. Ambroife Epiïî. ad vous cftconnue,quiportoit le faint Sacrementfurfoy,& Cefa.Patr. celle que/faintôafile recite de ceus qui étoientau deiert, lefquels dépourveus de Prêtres, portoient le faint Sacre- ment chez eus, & communiaient de leurs mains. Tous ceus- portoient- ils du vin confacre'?vous ne le pourriez môntrer:L'impofIïbilité vous empêche & la preuve con- traire que nous avons. La communion donc fous les deus jert, efpecesn'e't pas de neceiîité3ou il faut que vous accordiez vxfffim. que les premiers Chrétiens ne participoient pas au Cors EltR.s. dt du Seigneur ; On la donnoit dés ce premier tems en la latf. main aus communians, qui portoient la faiute Euchari- ftie en leurs maifons,comme on voit dans faint Cyprian. Oueft-ce que vous trouvez qu'on leur donnoit'le vin? Comment étoic-ilpoiTibie de le faire fans incommodité?

On re-

6io De la Naissance de l' Hérésie, Onrefervoit le pain pour les malades, il ne fe parle pas **k ^ / duVin.Iefçay bien qu'en l'Eglife pnmitive,elle à permis j *• ' l'un & l'autre/clon le tems, les faifons,& les lieus. Il eft Leonfer.f. j tc a tQu^ ^ g^ Thomas, qui fut tôt après le Con- de Jgjia- ciledeLatran, lequel vuida cette queition, de comuiu- ***• nierfousIesdeusefpeces^aisiln'etpasneceifaiie.Pour

Comment baunir i'crrcur des Manichéens qui deteftoien; le vm, lEgajet* l'appelant fiel du Prince des ténèbres, elle ordonna la *er773ij'f Communion fous les deus efpeces Encor qu'on ne puiile fuudef- remarquer que ce grand Eveque,tcrreur des Hérétiques, îen H' faintAuguftinles ayt jamais repris de ce qu lis ne com- munioyent que fous une feule efpece.

Elle le peut ordonner encor quand il luy plaira. comme elle a déclaré n'être de ncceilité , pour ne tomber en des Ltiraifons inconvénients qu'elle à prevsu, tant pour le dangcrquii detEglt/e. y a de verfer levai confacré parmy une fi grande m altitu- de de comniunians, que pour 1 incommodité des perfon- , nés qui ne peuvent fouffrir l'odeur du vin, mémemen^- tout pur, comme les Calvinilî^s le donnent ( Car com- me c'et la plus excellente boiffon a ceus qui-1'ayment, aulfieit-cela plusmauvaife & unefenteur inroiierablea ceus qui lehayfïent, que pour la difficulté qu'on pouvoir faire déboire après lesmailains, comme je ."çay qu il eft avenu en une Eglife nouvelle, cùplufieurs étoia:t enta-' Aryirmm chcz de la vérole De forte que c~ q-.i doit être le Sacre- Jamre. mtm d'union, feroit en -fin le Sacrement de uivifion. Ce- '&#/'• la n'arrive il pas chez vous-mêmes Calixtins , Lutheries,

Calviniftes ? Voit-on pas des perfonnes en vos Cœnes, encor qu'ans pris des Catholiques .vous'le foyez qu'une poignée d'hommes , qui ne prennent que iepain fcul,ne pouvant boire du vin , ny le ientir fans tirer du cœur? Vous avez veucy-defTus lhiitoire des deus Gentils-hom- mes Alemans communians, 1 un avec l'eau, & l'autre en imagination, par l'avis de leurs Prcdicans. Quand cela arrive en France, que fait lors vôtre Miniîhe? Il arrête l'a- ction & fe contente de faire protefter au Ccenant que ce refus n'et pour aucune fuperftitionPapiftique,mais pour Refciui in l'imp«:fec\ion de la nature. Pour faire lamine, aucuns AiheïC de retenant leur haleine prefentent le bec au verre fans rien Trînt't. avaler. Cela avientfouvétaus filles, parce qu en plulieurs lieusil leur eft reprochabie & meifeant de boite du vin.

le ne

Livri IV. fn

le ne puis penfer que ce fut l'cccafion pour laquelle au Palatinat il fut ténu un Sinode . pour refoudre s'il les fal- loir priver de !a Cœne du tout. La fage conductrice l'E- glife, à été émeuë d'une autre raifon. Cet la difficulté 1*>+.tM,f, qu'il y a de recouvrer du vin en pi ufieurs provinces, com- me aus Pays Seprentrionaus , & aus terres nouvellement découvertes. Acoftaenfon Liftoire des Indes, afleurea- voirveu vendre unepetite bouteille devin trois cens du- cats.- Et cy-deifous je remarqueray la peine fe trouva l'Eglife qui penfoit aller planter l'étendard de Genève dans l'Amerique:En quel danger fetrouveroit le peuple, mémement s'il y avoit de tels beuveurs , comme en un lieu non guieres éloigné de cette ville, lcMiniftrccn cholere, reprocha a quelques uns en plaine chaire,qu'ils venoyentala cœne pour avaler un verre de vin, comme s'ils étoyent aundéjuner. Et un autre en Bearn qui fe fâ- cha avec raifon, les voyant engouler a plaine talïe,com- me faifoit le Miniftrc a Anvers, aiuii cjue Sclufemburgius Scîuf. U.j, Luthérien témoigne avoir veu,non fans horreur. En ces The.Cah* Pays,où il y a grandedifettede vin, ou plutôt ouiln'y en t

à du tout point, onleconferve comme un riche threfor pour les Prêtres feulement. AusparoiiTesoùily à trente & quarante mille communians, comme à faintEuftache de Paris plus de cinquante mille, il faudroit apporter des cuves pleines de vin à l'Autel. Carencores qu onprefen- te du vin ou l'eau,la plu part n'en prend pas ; Qui pour- roit au lapon , & Pays nouveaus furnre a cette cepenfe? Les Grecs fçaventla confufion , &le defordre il fc trouvent,encor qu'ils n'en donnent qu'une petite goûte- îete dans une cuillier, tout autant prefque qu'il en tien- droit fur la pointe d'un couteau : Et les HuflîtesBohe- . miens encores plus: car ceus la boivent a l'Alemande. La première fois que par 1 avis de Iacobel on donna le vin, quarante â cinquante mille pefonnes accoururent à cet- te nouveauté , leur Temple étok un cabaret , ce fut un vilain defordre. Ces inconvénients ne peuvent arriver au pain, il y en a par- tout , & fans danger peut être diftri- bue,& longuement confervé. C'értiop^ peut-être dira quelqu'un, pour un livre hifrorien plutôt que Théolo- gien, mai: je rep . m a tems lafuitte, &le îilde mon pria a pal çîèfiein. Ces carrières que iepiens, quoy

que

II. Des Pi- karîs , & te que Lu- ther dit tCew.

SteiMb.J.

y.jy Thtùl Jdofcêvi- tu; fol. 9<?<

«it De la Naissance de l'Hérésie^

que longues, & quah* à perte d'haleine,me feront pardon- nables pour l'importance dufujet quej'ay prisa cœur, en faveur de nos Françoisjenyvrez de cet erreur,aufquels principalement je voiie mes écrits: Donne donc,Le<àeur Catholique ( car c'ét pour toy que je travaille ) ces dé- tours & promenades au faint zèle qui me pouffe à te faire voir& découvrir l'erreur de l'Herciie.

Reprenant mon repos des Calirtins opiniâtres, qui m'ont jette en cette d^pute.Aprcs tant de guerres on leat laiffa l'exercice de leur Religion , qui ne differoit de la Catholique que peur le Calice, & la lecture de l'Evan- gile, recité en langue vulgaire en leurs Mcffes : Ils font pourtant condamnez de l'Eglife comme heretiques:Car comme celuy qui tombé dans la mer , net qu'à une cou- dée de ia fuperficie", fe noyé au/îi-bien , comme s'il étoit enfondré à cinq censbraffes : De-méme fe pert JeHuiïi- tefcparé de iEglife en un feul point,comme le Lutheriite en plufieurs. Les Tabcrites ne s'étant peu relever de leur cheutes'étoient évanouis, ayant des gens nouveaus& inconnus pris leur piace,qu'on appeloit Pikarts,du nom d'un Pikart François, qui leur porta quelques vieus hail- lons des X'7audois, anciens hérétiques ce la France. Ceus- là,tonc au rebours des KulTites, ne reçoivent que la feule Bible , fans autre interprétation que d'elle-même, font élecliô des Evêques & RectcUrs de leurs Eglifes par fort, comme les Apôtres firent de Matthias. Au commence- ment ils choifïrcnt neuf d'entr'eus, omettant leur nom dans de: petits billets , les trois qui trouvèrent avoir ce mctjE s r, eurent la charge du troupeau , ce qui à conti- nué toujours depuis: iis ne gardent laloydu Cœîibat: Toutefois corne écrit Lafcifius en la Théologie des Mof- covites, plufieurs cnccrcs cefervent leurs vceus premiers dechaÏÏeté. Ils ne font aucunes prières pour les Trépa£ fez. Le Roy de Bohême les chafia au commencement de la Moràvie,roais ils pafferent en la Valachie. Nous trou- verons en quelque coin de nôtre France ces reliques des \7auda-::,?e:cs des Piliarts, dût nous parlons. Or le beuie de Martin Luther fut bien-tôt porté en ces contrees-la, c ai éveilla ies Kuiîî tes,penfant qu'il fut envoyé pour re- lever leur canfe fort renverfee. Luther en choleredcfe voiïer:::v.eHufàre, ptotefte qu'il n'et pas des- leurs, &

n'en

Litre IV. 6i\

n'en fera jamais, veu que de leur propre mouvement, & authorité ils ont fait Schifme.&fe font retirez de l'obeyf- *-*'• -"w» fancedcl'Eglife. Le même jugement fait il des Pjkarts. *•*«»*•** Faut-il croire,dit-il à un Hérétique, parlant de l'autheur decempre. des Pikarts venu depuis cinquante ans.dire la doctrine, & ca-Pa- 2J- ■foy de tant de Siècles être fauffe, principalement, quand Ht' Tom' pour preuve , ôcraifons il ne faut que^dire : Ienclecrois *' *eft'Pam point. Que cesPikartsinfortunez Heretiques,dit-ilail- *r* leurs,n'efperent point avoir fecoursdemoy. C'étceus-là mémequ'ilappele blasfemateursdunô deDieu, & trai- très a C h R i s t. Lentes qu'il y a trois Secles,dit Luther, enlaBoeme,entrelefqueIles sot les Pikarrs qui parleurs écrits quej'ay veu, découvrent ce qu'ils fenreiu del'Eu- chariftie, ne pouvant croire le Cors & Sang de Christ être en laCœne. le tiens ces gens-là pour Hérétiques.

Mais comme Luther fevid depuis plufieurs ennemis IH« fur les bras,& engagé dans les querelles qu'il n'avoir ja- t-utbet mais imaginé,nefçachant peut-être fila Bohême luy de- change voit fervir de retraitte ( car lors de Ion bannifTement y il d'avù& fut furie point de prendre cetteroute) il chanta unein- appelé let «famé palinodie : Heureufe lafiohemc quis'êtfeparee Kitjfitct «de l'EglifeRomainCj&quifortic du milieu delà Baby- fn frères. 3»lone, n'y retournera jamais. Ilmefouvient qu'autre- « fois je vous ay appelé hérétiques: mais c'etoitaq tems «quej'accordcisencores quelque chofe au Pape. A pre- Luih.conù «fent je fuis bien autre en vôtre endroit:Vôtre nom m'é- rtpli, Siiv. «toit odicus,n'ayant encor reconnu que le Pape rat lÀa- «techrift: mais à prefent que Dieu a rendu la lumière de «l'Evangile au monde,] e fais autre jugement de vous.

En la lettre qu'il leur envoya, il les iuppiie garder la mémoire inviolable de Hus , &: Hierôme, & la Ccene en- tière du Seigneur.Et quâd bië toute la Bohême fedevroit révolter, j e mettray, fait-il, la doctrine de Hus en bruit a tout jamais;& quoy que toutes chofes ne foyent bien ré- glées entre vous, Dieu ne faudra de vous envoyer en tems & lieu quelque fideîle pafteurqui dônera ordre à la reli- gion, pourveu que vous foiez fermes & entiers,& chaînez loingdevous laviler.ie &impieté duPape. Ainfiparlcit, Luther caut S: ruic,pour ateirer les Bohémiens en fa cor- de île. raifoit courre des livres en leur lâgnedas Prague, 5: aiheursjS: fur la profecie de leur Apôuc biùic àCôitance:

Iedy,

6*4 De la Naissance de i' Hérésie, Glo. in asIedyjécrit-iljMoy Docteur Martin Luther, indigne E- fr&t.iàicï. 3:>vangeî:fre de nôtre Seigneur Iisvs-Christ, que ' i&feria. «faim Ian Hus a profetiféde moy quandil adit : Vous «ferez rôtir TOye, mais non pas le Cigne qui viendra :»centans après moy.Lc^ Echo liersétoyent fes courriers &fes epiors, qui porroient aus Echolcs de la Bohême les nouvelles de ce nouveau Profete,mônrré -de loin par leur maître Ian. 1Ilt LAypais continuant, & la Hongrie ébranlée par la.

tes Bohe- mort de fon Roy l'an içzj. &deiFaitde laplû part de fa miens fe nobleiîe, les Bohémiens faits fages aus dépens deleurs remuent voiilns, le tindrent coy. Mais lors que la ligue de Smal- four Lu- cadefe forgea, pluiieurs d entr'eus délibérèrent d'y en- ther. trei:: Toutefois Ferdinand fage&avifé Prince, quifucce-

daàla couronne de Bohême par la mort deLoys, fitpai- fer une armée de la Hongrie , & de la Silefîe,dans la Bo- hême,^: faire levée d'hommes , pour marcher contre les * Proteftans non fans beaucoup de regret des Bohémiens, parce, diiovent-ils, que c'éteit rompre l'aliance qu'ils a- voyentaveclamaifon de Saxe. Mais le feul intérêt de la religion les rendoit retifs en la caufe de leur Roy. Car cn- cor que celle des Hufiites , &CaIixtins s'avoifine beau- coup plus de la Catholique que de la Luthérienne $ h" eft- . cequ'ils ont toujours en une fecrette intelligence avec les Proteftans. Aufïi eit-ce la coutume de ceus qui font Gevoiezde':£gîife, quoy quedefunis, de contraclc.r l'u- nité contre celle qui les condamne d'un même arrêt. Or fou: prétexte de foùrenir la liberté delà patrie, pluficurs Catholiques entreret en leur ligue3& créèrent d'un com- mun accord leur chefGafpard Piiue, pour s'oppoferà M aurice, qui marchoit comme j'ay dit au livre troifiéme, pour la conquête de Saxe. Les guerres finies parla prife de deus chefs Proteftans, les principaus des Bohémiens font affi gnez a Prague devant Ferdinand leur Roy, comme cri- minels de iezemajeité , lefquels demandent pardon, re* noncent a toutes alliances, rendent les charries & inftru- ments rompent les fceaus, démontent l'artillerie, &leur équipage de guerre, fe defarment de toute forte d'armes, mettent plulieurs entre les mains de Ferdinand, £:aia mercy : Quelques Barons n'ayant compara font bannis, & déclarez in rames. Quand a GalparPfiug,il eft condané

a r ;

LlYXl IV". tflj

à mort par défaut , & cinq mil e'cus promis par edit,à ce- luy qui le pourroit prendre mon ou vif.

Ainsi Ferdinand ayant domté les Bohèmes, fait un ▼• Edit, par lequel il veut que l'ancienne forme de l'Eglife OriGnut^- Catholique en la réception du faint Sacrement de l'Eu- ce *' Fer~ chariitiefoitgï>rdee.LesPikarts s'en vont en Polongnea- &n*nà vec leurs Pafteurs : L'un d'entr'eus pafTa en Mofcovie, c°ntre h* nommé Rohita, entreprit une difpute contre un Docteur Hu(jt;ts delaFoy Greque , en prefencede Bazile legrandDuc, & C<*li*' mais il fut chaifé comme hérétique. Cette conférence fe ttm* voit imprimée à Spire, en faveur du Pikart; Le Luthérien Lafifius en à fait une Apologie. Ainfi s'unilTent les defu- nis contre ceus qui les attaquent. Ferdinand commande que les Prêtres mariez vuident le Royaume: car a l'exem- ple de Carloftad, Luther & autres', plulieurs s'étoyen-c pourveus , & empêchez de femme: Aucuns toutefois les quittent,* s'en défont. Ceus quipour la crainte des lois, fe bannirent volontairement , trainant leurs pauvres femmes, &pctitménagc, gagnèrent le Pays deSaxe,& deWitemberg. Làilslbntreçeus comme nouveaus frè- res des Luthériens, confolezparMelancthon, & autres Predicants de la ConfeiTion d'Àufbourg , ou de Saxe. Les Villes, Etats, & la Nobîeflc qui étoic de longue Cecya^. main pour la plû-part infectée de l'opinion des Huflites, vint * ** entrent en remontrance, fupplient le Roy relâcher la ri- *SJf* gueur del'Edit, les lailler en leur liberté-Il fe refoût d'ê- tre obey.

Mais comme la cure des pîayes ed aifee quand le fang » en couiecncorc , au côtraire très-difficile à guérir quand letemsyà concreé quelque malin ulcère : Nyplusny moins fut-il mal-aife a Ferdinand arracher delà te l'o- pinion que les Huflites , & Calixtins avoient reçeues de leurs pères. Pour marquer leur feparation de l'Eglife V- niverfelie, on voit , comme j'ay dit, dans leurs armes aus entrées, &fenétrages de leurs maifons , au portail de leurs temples, le Calice , afin de faire voir qu'ils font les vrais Chrétiens, participais au fang de Christ, dont les Catholiquesvdifenr-ils, font privez. Dans toutesjcars Bibles ces paroles du Seigneur, Bibite exhocornnes , qui font écrites en lettres d'or. Ceus qui ont commandé à ces Pais depuis Ferdinâd,mémes l'Empereur Rodolfe fécond

Rr ont

Van

Abai Glc. gcnienfii. Mas Cri- finfis. Abu Au- Héttfi.

€16 Di la Naissancide l'Heresii; ont par Edit prohibé cnlaSilefie t©ut exercice de Reli- gion, autre que la Catholiqr.e,& la Luthérienne, de for- te que les Sacramentaires demeurée tapis , & n'ofent pa- roitre,non plus que les Arriens, & autres hérétiques. Le nombre des Luthériens y eiî grand, & vivent en pais avec les Catholiques. Toutefois l'Evéque d'Wraftilayie, au- trement deBrefel, leureit un grand obftacle, veillans non feulement fur fon troupeau, mais donnant des rudes attaques aus loups. Il eft fecôdé principalement de trois Abbez, pouiTez d'une pareille affection. Voylal'Etatde la Boheme,quenos vieus François appelloient Behaigne. Voyez cy après celuy du miferable Royaume de la Hon- grie, &Pays adjacents.

COMMENT LA DIVISION DE L'ETAT

caufa la divifion de la Religion , & en fin la ruyne du floriffant Royaume de la Hongrie.

Chapitre VI.

€omment les Huptes Voulurent entrer m Hong,

ne.

Mal-heureufe divifion en Honnie.

Les premiers Luthériens \ de Hongrie.

Leur foin , & faute des Catholiques,

5- r erfecution eontre les Ca- tholiques.

€. Les Cahmiftes entrent en Hongrie.

_ 7. Divers accidents en Hon* grie.

8: Seigneurs Hongres Ca- tholiques. 9- Diligence des hérétiques,

10. Miracle avenu en Hongr,

11. La Dalmatie eft reftee Catholique.

Ui tiitjfitCi

L

A Hongrie pouvoit conter l'an fepr cens de fa con- verfion a iaKclioion Chrétienne, lors que Y.

quei'Herene

vint troubler fon iepo::ce qu'elle ayo:: vouiu entrepren- dre

L i v i i IV. €17

àïc trente fept ans avant Luther,pédant le règne de Mat- vculurtnt thias, lors qu'aucuns Predicans Hulîltes vin Jrent tenter entrer en légué fans avoir bien fondé plutôt les abîmes & dangers Hongrm. ils s'aloientfubrnergenCar comme ils eulîent en l'au- Cecynvint dience publique fupplié le Roy, leur accorder l'exercice VuntsS?» libre de leur religion : Matthias Prince prudent &fage, leur demande quelle religion eft- ce qu'ils apportct.C'ét, dirct-ils, celle qui a jadis été révélée aus tres-fain ts hom- mes de Dieu, lanHus &HierômedePrague. Cet donc unenouveileieligion, dit leRoy, quevousdefirezfemer dans mon royaume,coutraire à celle qui de tout tems y a été reçeuc depuis que la foy de I z s v s-C h r i s t fut pre- mièrement annoncée au bon Roy Etienne }& contraire encor à celle que l'Eglife Catholique embralfe par toute la terre univerielle.'Ie ne veus fourrrir que vous veniez fe- duire mon peuple. Sans plus longue procedure,il côman- dc qu'on les mette hors deBude, &aiant fait caver une foiîe on les jette dedans tous vifs avec leurs livres. Ainû cnfouys,l*envie fut ôteeaus autres d'y retourner.Durant la vie de ce Prince fort religieus, l'Empire des Hongres profpera. Mais il dêcheut tout à fait lors qu'au même tes que le malheureas Luther ouvroit la porte au fchifrae,& **« que Mûcer autheur d'une nouYellcfeete faifoit le furieus & enragé en Alemaene,, l'infortune Louys , Roy deHon- grie,ayant perdu la bataille contre Soliman , demeura é- toufîé dans les palus, & marais de Maocs. le ne veus re- preséter,fi ce n'et en pafTan t,le miferable Etat de ce Roy- aume, autrefois l'un des plus puiflants de la Chrétienté, déchiré pendant les règnes de Ferdinand & Ian Vaivode de la Tranfilvanie , & de fon fils Etienne , content de re- marquer feulement fuivant le plan de mon édifice , com- ment Si. par quels moiens l'herefie le plaça dans ces Pro- vinces, prenant avâtage des grans troubles, &defolations dont elles furet alfaiiiies de toutes parts. Ellene cherche jamais les lieus de pais &repos: C'étparmy les confu- fions & defordres, ainfi que l'anguille dans le limon , ou l'efcarbot dans le fient. Elle prend quartier par la difeor- de& la rébellion, fes fourriers, &maréchaus des logis. Commençons donc d'en fairela defcription,je traitteray d'une fuitte l'hiitoire. .

Comme le Vaivode Tan Sepus,ëîeu Roy de Hongrie, frl Ri'i après

6iî De la Naissanci de l'Heresis, Za divi- aprcs la more deLouys , pour conferver fa royauté, mal- fiendel'E- heureus qu'il fut, fejetta en la protection de Soliman, & tat €aufa appela les Turcs a foa ayde , qui vindrent en la conquête Udivifion de ce beau & florilTant Royaume. Aufîî fit l'Empereur de U rtli- Ferdmand,qui pretendoit la couronne luy appartenir de gion. droit hereditaire,de Ton côté les Lutheriens,& HufTites,

aufquels ne regardant que le but de fa guerre , il donna entrée en Hongrie, qui ne commença pourtant à relTcn- tir aucun notable changement en la religion,jufques en- viron l'an 1540. que Lazaro Simenday vint avec Tes Ale- mans.Cettuy-cy prenant fur le Tranfilvain, Agrie, Levé, Cytoa, Zolnak,Tokai,Zackina, Muran & tout le Pays qui s*'é tend le long du Tibifque , mit par tout des Predi- cants Luthériens , chaflant les Catholiques qui furent contraints fe jetter à fauveté entre les bras des Turcs,lcC quels laiilent les Chrétiens en leur libre créance & exer- LesKogres cice; de forte qu'encor aujourd'hay les Hongres qui o- Cathûîi- beylTentau Turc font Catholiques, avivent enméme quesfoH* liberté en leur religion, qu'ils fouloient faire: Non que U Turc. les Turcs ne confeilent les religions nouvelles être plus proches du Mahometifme , que la Catholique ; pour les raifonsqueje deduiray , les appariant cy aprcs en un des chapitres fuivâs:Mais parce qu'ils font ennemis des nou- veautez, &qucdéjadeIonguemainla religion Catholi- que, de laquelle ils fe font feparez,e£t reçeue* & tolérée es terres de leur Seigneur ils ne veulent rien innover.Ce qui dépiaf r le plus aus Turcs en ces religions nouvelles (en ce point toutes uniformes) c'ét que le jeûne,& la pénitence fon tenues en peu de conte entr'eus , au lieu que parmy toutes les religions du monde, mêmes en la Mahometa- ne,les afflictions du cors, raufterité du vivrej&labftinen- ce des viandes font tenues pour articles de religion, & té- moignage d'une bonne & fainteame. C'ét pourquoy les Turcs avec dédain & mépris appelentfouvcnt cesnou- veaus Chrétiens C hiokpec h, c'ét à dire chien, ni- Le premier Predicant Luthérien qui infecta la Hoa-

Itipre- grie,fuc Michel Stary:difcipledeMelandthon:Ccttuy-cy mûrs Lu- & les autres de fa farine à fa fuitte , fe logèrent premiere- ikerieni ment près les môtagnes, quidivifent la Moravie, Polon- erttlèjrif. gne, &Ruflïe,de la Hongrie , & dans les villes delaLai- iouvie, Cailcvie & autres. Ils tindrent en leur eiïtreprifc

ie nié»

Livre IV. 61-9

le même train de ceus qui e'toient allez faire le dégât par- myles autres provinces de la Chrétienté : Car avec la douceur de leurs belles paroles, le Chris T,le Seigneur, & pafTage de l'Ecriture tirez à leur mode, ils imprimèrent àpluheurs leur nouvelle doctrine , & la même hay'.;e contre le Pape,chef de l'Eglife , qu'ils avoient contre le Turc. Plufieurs délors quittèrent la religion qu'ils fou- loient tenir, pour le jetter enlafe&ede Luther, ou Me* lancthonjreçeurent en leurs écholes des regés venus d'A- lemagne,ouenvoic:entàWitemberg, oua Noremberg leurs enfansrOn préche,on dogmatifeà la façon nouvel- le tout à l'ouvert , fans que Ferdinand peu: pourvoira cette petite apôtume Laquelle s'enHant,& ga^naix peu à peu bien avant par le cors, porta la gangrené incurable jufques au cœur.

D e cela, fut bien pour la plù-part caufe,Ianonchalan- f0;n fa ce des Evéques a redieflerà: peupler leurs ccholes ren- 'J - ._ verfeeSj&defertes par tout: Car a peine avoient celles de &rfMitg * Iavarin, Pouiîon,Tirnaine, retenu quelque ombre de ce « Cathâ qu'elles avoient été:Et au contraire la folicitudeextré- »■ me des hérétiques a fonder de nouvelles Vniverfitez, fut * caufedugrandprogrez, & avancement que fit en peu de tems l'hereiie.Les enfans qui écoient denuez des moyens, étoient entretenus aus dépens du public, <3c les perfonnes aifees taxées pour leur nourriture. Ainû étoient les feien- ces noires enleignees en l'échoie de ces Cyclopes : Ainiî s'innruifoient les pauvres Hongres en l'opinion qu'on leurapprenoit. Les Calviniftes après s'étrerendus maî- tres de Waradin, gardèrent cette police pour attirer plu- fieurs perfonnes a eus. Maislamort de tant d'Evéques, , ^ l* Abbez, & autres Ecclefiaftiques , qui font décédez es donn*Li*' guerres (i longuement foutenuës cotre le Turc,& la pau- ... ~ vreté de ceus qui font reftez, eft la principale caufe, que l'herelies'ct fibien établie,& que les Catholiques n'ont peu joindre la force a leur authorité : Car le plus grand nombre de ceus quireftent encor, ne font Evéques que de nom , étant leuï: revenu diftribué aus gens de guerre, & eus mêmes contraints bien fouvent changer leur hou- lette Paftorale en une pique , leur bateon de pais en u- ne lance guerrière : Car quand le Prince marche il faut qu'Us railiftentauiîi en perfonne,de leurs forces.Cefont

Rr 3 plutôt

'tfjo De la Naissance ce l'Heresie, plutôt compagnies de Soldats, & de guerriers, entre lef- quels la pieté & Religion fommeille fouvent,que de gens d'Eglifes : La rareté des Magiftrats fat jadis a Rome ré- putée pour prodige de ïïniftre prefage. Et le défaut des Prélats a été le comble de toutes les miferes & calamitez, parmy ce pauvre peuple: Car en plusieurs lieus les chaires Epifcopales ont été vefves de leurs Payeurs, mêmes la principale Archevêché plus de vint-cinq ans s N'ayant Les Zvé- voulu Maximilian après la mort d'Antonius Verantius ehez/ens deDalmatie, y nommer aucun ,ains s'enattribuf.nirœ-- VsjieUH. cononiat , a employé tandis 'e t^rand revenu aus frais de laguerre. Lemérx:ea,'inc a i Evéchéd'Agrie, dcnjjsiiù- feiablement tombée cuirs les mains du Turc , comme Jrtbuf. fonr plu(ieursEvc(.iiez. Combien <T Abbayes &Prieuxez Colêcenju. x01t on être laîflees a os mofte- payes, & foldats de toutes j^uhMtte. Serves, ou pciieder. par les Nobles . fans aucune marque, ï.cclej»é,is^ ny exercice de Religion. Le même en la Tranfylvsnie, Ciotradië- comme je dira;/ au Chapitre luyvanr , les Luthériens, fis. Titien- Arriens, &Calviniitcs , ont jette ic fort fur les revenus fii.'Bttrun- deTEgnie, & iceus délabrez enmille lambeau?, /îqu'à fi. Syrme- peineicnt en cette grande Province refuses deusÉvéci^ez iîs' f entiers. Et lors que les Evoques le loin voulus évertuer Les Eve- pcurs'oppofer ausdeffeinsdel herefic : La Ncblclîcqui %Uei . a eu V?iï:3- 'a c'jree > aiiiiferâbîerncutabaridôné leur pro- trunjti ty tection. Voila comme fut lailîc eu proye Nicolas Teleg- SjB£*vriê- j^ _gveque des cinq Egiifes, qui doruioit vivement la fUm chaiie aus Predicâs Luthériens & Trinitaires. Apres tant

de larmes , Je plaintes , &decr;s du pauvre peuple aban- donné, Scies réitérées admonitions du Vicaire General dei'Eglife Chrétienne, qui ne ceiïoit de crier pour don- "Eviques rierdes Gardiens à ces pauvres brebis ; L'Empereur Ro- tenfton- dolfs en l'an mil cinq cens nouante & huir,luy a nommé naires du aas Evéchez des perfonnes qui ont été contraints accep- tensde tcr ces dignitez, mais avec le fais des pendons qu'ils font txçtre. aus gens de guerre. Comme on a veun'aguieres l'Arche- vêché d'Aftiogonie donnée a IanRuttafy, à la charge de foudoierfept cens hommes en l'armée, octrois cens en garmlon, èc ainfi des autres. T# O R le premier qui à force ouverte attaqua les Catho-

Terfecu- liques, & dénonça la guerre a l'Eglife , furùn Capitaine tw/s centre Hongre. Celuy-cy ayant valeureuferaentfoutenu le fie-

gedA-

Livre IV. ^ji

ged'Agrie, &force'Amath Pacha fe retirer avec honte, Gsiiho- comme s'il eue voulu rendre grâce à Dieu de ce haut ex- liqxsi. ploit, à la fufeitation des nouveaus Luthériens, il chaita defonauthorité les Religieus defaint François hors la ville,bons Pères qui nuit & jour pendant le fîege éeoyent en oraifon, priant pour le falut du peuple: Fut-ce pas un çraj.i hideusfpe&acle, enhorreur mêmes aus Turcs, devoir lrHMili un pauvre Religieus qui fut attaché à la Crois , ctou l'image du Sauvear , & rendre Lame , non pas outre- perce de cous, ou des clous des Iuifs , mais defFaillir peu à peu à faute de manger,comme la lampe à l'huile défaut. CaronlclaifTa fufpendu plufieurs jours enl'air, ayant plutôt choifî le martyre que le banniflement : Mais le chef de ces B-arbares reçeut bien tôt le falaire de fon for- fait : Car tombé peu après feus la fortune variablede la guerre entre les mains des Turcs, & mené à Conftantino- ple,il fut empalé. Ces bons Religieus bannis &pcrfccutez de cette forte par les Evangeliques , comme ils furent en divers autres lieus, trouvèrent neauraoins grâce & faveur parmy les infidèles .* Car ces premiers exilez d'Agrie fa_ Les Cûrae- rent reçeus en la ville deBude du Pacha qui comman- »tri™aJ- doit, & depuis Soliman très- bon & vertueus Prince, Ci fi* *^~ Dieuluycûtfaitlagracedcreconnoîtrelf s v* s-Christ, £rte refe(ié étant lors eu Hongrie, donna trois lieus dans le Royau- aBuas. me aus Religieus bannis,pour faire l'exercice de la Reli- c*onZ€t* gion Chrétienne. Il étoit bien ayfé de voiries Luthériens Btren & multiplier es terres de fes ennemis, comme inftrumens WajjÉfcffef. propres a faciliter fa conquête mais non es lieus de fon cbeyilance : puisque c'étoient des outils de rébellion, &defedition. La nouveauté en iaReligion leur eft tou- jours en foupçon , pour avoir éprouvé combien de Secte des Cafclbas contre les Icfelbas à caufé de ruynes en 1 Empire des Othomans , & arrêter la grandeur de leurs entreprifes. Si IaReligion Catholique, difoit fouvent t^VitM le Pacha aus Luthériens , eft idolâtre, mered'impiete*, ««* Lt4- comme vous m'alTeurez, que n'cmbra/Tez-vous tout a tbsùeus. fait la Mufulmane, à l'exemple de plufieurs autres de vos Docteurs, qui ont quitté IaReligion de Christ pour fuivre celle de Mahommct? non pas en faire une nouvelle toute pour vous : Ainfi les tin: Soliman fous le frain. Et comme un jour ils fe fuiTent hazardez de

Rr 4 pre-

€}i De i a Naissance de l*H eresiï, prefenter leur arzze au Pacha pour avoir des Temples, Su Trudena licence de prêchera leur mode LePacha demanda fi c'é- àh Thtc. toit la forme de Religion que fuivoit le Roy Matthias de Hongrie,ou le Roy Louys, & ayant fçeu que non; Nôtre Jdaitre & Seigneur, dit-il, ne yeut introduire rien de nouveau en fon Etat: Vivez a la façon ancienne : De fait il fit punir a la Turque de plusieurs baftonnades fur le ventre , & fur la plante des piez , un homme qui avoit foulé aus piez la fainte Euchariftie, dans la Ville des cinq Eglifes. ▼I. A l'exemple des Luthériens & Tiinitaires qui

Tes Calvi- commencèrent l'an 1^19. à guerroyer l'Eglifeaa même mftesen- tems que les Turcs fapoient, & l'Etat & la Religion de trerent en l'autre, plufieurs années après les Calviniltes y muent le Hcngrie. pic: Car cène fut'qu'environ l'an i)6z. Ceus-cy fe mon- trèrent ennemys plus déterminez que les Luthériens n*a- voienc fait: Car ils briferent, & rompirent les Images, les Aurels, &lesEgiifes queles Turcs &Luthenens avoient laiïïeentieies. Ils Te rendirent maîtres de Waradinfur ' les Catholiques l'an 1580. par une trahifoninfigne ; Car comme le jour de Pâques fuyvant l'ancienne coutume, ils fuiTenrfortis hors la ville en Proceflion, portant l'I- mage du Crucifîx.chantant lcsJKymnes & Cantiques de la Refurrection , trois cens chevaus des Calviniftes , mi? en embûche leur courent fus, arrachent les Crois & ban- nières , écarten t tous ces pauvres gens dénuez de toutes armes ; qui voulant regagner ia viile,trouvent les portes clofesjde forte quepnvez.de leurs maifons, ils furet con- LesCatho- traints aller chercher retraitte ailleurs. On demanda ju- Uqsus tba( ftice d' 'une telle violence, mais les hommes ayant refufé fez.. delarcndre, Dieu la fit bien tôt après, comme vous ver-

rez. Ainfi gagnent pays les Calviniftes en ia balle Hon- grie,& aus terres de Battori, comme font les Luthériens en la haute, io'ûant bien fouvent les Catholiques & eus aus barres, fans que l'Empereur peut empêcher leur vio- lence. A la reprife delavarinl'an 1^8. le 19. Mars, les Ca- tholiques plus forts , demeurèrent les maîtres. Et encor qu'au tems que Sinan Pacha la prit, les Sacramentaires r Remis en euilent exercice de leur Religion , fi eft-ce qu'il n'y ont divers peu être remis, de même a Poufïon,a Tirnaine,d'où lAr- Iteus. cheyéque Rutailî a chailé toute forte d hérétiques. Le

même

L I V R E IV. 6)1

même à Strigonie, reprife far le Turc l'an if^.où l'Egli- fe feule Catholique a été confervee,& le refte chaiTé. Ec tout au contraire, commepeu auparavant, à fçavoir l'an 1*94. Tuffenbac eut pris fur les Turcs Fillechk & No- nograd , il mit hors les Catholiques, que le Turc y avoic toUeré, pour y loger les nouveausPredicans.

C e fut en cette anne infortunée, que l'Archiduc Mat- vu. thias affiegea Strigonie avec une armée ramalfee de ton- D*ont0Cm te forte d'heretiques , qui vivans fans Dieu, & fans Reli- cors en gion, appellerent juftement fur eus l'ire du Ciel,quiper- Hongrie. mit que Sin-an Pacha mit prefque tout au couteau,repre- nant plusieurs places fur les Chrétiens: Mais l'an 1599. l'armée du Pape arrivée , Strigonie fut reprife, ayant de- meuré cinquante cinq ans entre \çs mains des Turcs. La furent encor trouvées les Eglifes entières, avec les Au- te'ç, Chandeliers, Livres, & autres ornemens qu'onya- voit lailfc ; comme on ât auffi en Agrie , prife avec un pe- \art, ( nouvel inftrument de guerre inconneuaus Turcs, que nos feditionsont inventé ,)& fous laconduitte du BalH Seigneur Catholique , &du Baron de Bohême Be- ruftam. En même forte fut repris Iavann avec la mort du Pacha, en grande perte des Turcs. En cette même année l'Archiduc Maximilian regagna Papa, que Sinan Pacha avoit conquis, les Sectes Luthériennes, & Sacramen- taires fe logèrent parmy les Catholiques , qui n'atten- dent pas meilleur traittement d'eus , que de ceus de Wa- radin. Or les Calviniftes reçeurent le falaire mérité de la Punitif perfidie commife contre les Catholiques l'an mil cinq des Ctlvi* cens nonante& huit. Car cette mal-heureufe Ville,d'où nislet. lavraye Reiig.on avoit été bannie, fut prife de force par les Turcs & Tartares, & ces miferables Calviniftes tuez, maffacrez, ou trainez en captivité , & une grande partie de la ville embrafee, regardansles Catholiques de loin leur ruyne, bien ayfes de voir , que Dieu eut fait la vengeance que les hommes leurs avoyent dénié. Voi- la comme la trifte divifïon en la Religion , à caufe'Ia ruyne de tous ces Royaumes , expofez a la rage des Turcs.

E n c o r que le nôbrc des hérétiques affemblez en in tiii. (car il y a grand nombre de TrinitairesvenusdelaTran- Seigneurs iWanie, comme je diray au Chapitre fuyvant) furpafle Hongres

Rr 5 de

&H De la Naissance de l* Hérésie, Cathoîi- de beaucoup le nombre des Catholiques, fi eft-ce qu'il $ues, vaplulîeurs Seigneurs puifTans, qui ontconfervé leur fa-

miileà la Foy,&ReIigion de leurs ancêtres; Et le chef de l'armée de Hongrie , qui fit cette mémorable deiFaitc duPacha de Bade, qui pritlavarin rappnrtantla tétedu Pacha, & qui eft mort cette année mil fis cens a laiifé qua- tre enfans tous inftruits, & élevez en la Religion Catho- lique, qui tâchent d'imiter la valeur & pieté de leurpe- re. Ainfifeconferva entière de la confufon des langues à la conitruction de Babel , la langue de D Jeu, en la mai- fon & fami'le de Heber. Comme auiîi levieus Gouver- neurs de Dalmatie , Thomas de Ordi , qui l'an ij5>j. rap- porta une grande victoire fur le Pacha de Bofne , eft refté Catholique -} &celuy qui à été nouvellement appelé au gouvernement, comme eft encor le Palatin duP^oyaurne le fieur Iftnanfi. le ne remarque fie et les Seigneurs qui tiennent les premiers rangs". Il y a des Ba:torices, & Bat- tians qui font Calviniftes,les IliemafîA' ?>adafti luthé- riens.Et encor queîa part de ceus-cy excède de beaucoup en nombre, eft-ce que rien ne fe peut faire au Royau- me fans le confentemenc des Prélats , de iorte qu'on commence peu à peu à reprendre l'ancienne feventé des lois établies du tems d'Etienne, lequel, vrayementdi- gne du nom de faint, que 1 "Eglife Iuy a donné, prefageant Cju'unjour lePvoyaume de Hongrie feroit affligé de Se- ctes, & Herefies, donna beaucoup de pouvoir & d'autho- rité ans Ecclefiaftiqués , fans l'avis defquels rien ne peut être fait, qui importe à la chofepublique ; de forte que ceusqui tiennent aprefent lesdignitez en i'Eglife, tâ- chent à reprendre leur première authorité pour arrêter l'iniolente domination des hérétiques. ix- Les Luthériens , Calviniites , ôiArriens, ne celTent

7>ilfgence pour l'avancement de leur caufe, à publier leur Bible tra- deshtnti- duitteen Hongre, livres falfin"ez,& corrompus, quecha- quts, cun d'eus tirade a fon avantage, & dont les Catholiques

-qui n'entendent que la langue vulgaire , font contraints iefervi: pour n'avoir jamais la Bible été traduitte en cet- te langue, que par les feuls hérétiques , plus diligensà puWier leurs fau(fetez,que les autres n'ont été à confer- ver la vérité. Mais les Pères de la Société de I e s v s , ces années dernicres;ont pris la charge de cette verûon.C'et

en ce

L i v r i IV. 63 c

en ce miferable Royaume , le fuj et de tant de miferes,où fut publié un livrcn'agueres,à fçavoir l'an mil cinq cens huittante fis contre le Baptême ; & vindrent ces gens à telle impieté, qu'ils firent pour fe moquer deDieu,bap- tifer un pourceau de haute greffe, avec du moût,gardant toutes les cérémonies de l'Eglife. Cefut auprès de Cak fonnie, cette méchanceté fut commife, commera- eome Referas en fes Falarifmes. I'ay horreur d'écrire les impietez, &horribles blasfemes jettez contre le Sacre- ment delà fainte Euchariftie, qui furpaiTent beaucoup toutes celles queles Luthériens & Calvimrtcs écrivirent jamais.

Et comme Dieu en divers lieus de la Chrétienté, a fait voir la vérité' , & realité de fon Cors > combatuë avec tant d'apreté par ces Hommes-Diables, ainfiquej'ay remarque ailleurs, & que vous verreicy-apres, parlant .de la Poiongne, des Pays-Bas, & de la France: Auili vou- lut-il que la Hongrie en fùz le témoin par ce fignalé mi- racle, avenu l'an mil cinq cens nouante &un, public à Vienne, ouledifcours enfutimprime enAlemand, & depuis traduit en Latin , dont voicy l'abrège , afin que le.LeCtcur pie, & Catholique, voye toujours les grandes merveilles de Ion Créateur, & que l'heretique battant & martelant fa poitrine, ainfiquele Centcnicr lors de la Paillon, paille guarir de fon incrédulité, &confefTe hautement: C'étala vérité leFils de Dieu, c'étreale- mentfonCors &fon Sang.

Av mois de Septembre de l'an mil cinq cens quatre- x> vingt, unluif nommé Léon , ayant été fait Chrétien en Mirs(ie Bohême', femit en connoiifance avec les Cordeliersde avtnum Prague; & comme l'entrée de l'Eglife luy étoit permife, Hongrie il trouve moyen de dérober trois Hofties confacrees, J[anIjmjk de celles qu'on referve pour les malades -, Avec ce butin il s'enfuit a Prefbourg , dite Poifonium , en Hongrie , & fe retire chez un Iuif, a qui il en vend une : delà il paf- feà Nirkelburg. Ce larron alfemblc Ces compagnons, & confulte avec eus qu'eft-ce qu'il feroit de ces Ho- fties. Apres avoir communiqué par enfemble , un de la troupe prenant Un couteau en donna un coup au pain celefte, qui étoit fur la table, difant, Si tu es le Dieu . des Chrétiens ca:he fous ces elfe ces , fay ie voir par

quel-

€)6 Di la Naissance de l'Hérésie, quelque miracle.Le coup ne fut plutôt donné que le fang commença derejalir en haut , demeurant ces miferables tous éperdus. Sur l'heure même le tonnerre éclatte, donne dans la maifon qu'il embrafe , fracaffe, & met en poudre tous ces méchans: Il y en avoit grand nombre: Trois feulement demy rôtis échappèrent le feu du Ciel, afin d'être témoins de leur méchanceté, & de la merveil- le qu'ils avoientveu, lefquels furent écorçhez tous vifs, puisempalez. Le miracle fat d'autant plus merveilleus de ce que la table, & les deus Hofties ; dont l'une avoir été percée ducouteau, parmy cet embrafement furent trouvées entières , Se recueillies à la veu'è d'un peuple in- finy, Voila des merveilles de Dieu que cts aveug.es Sa- cramentaires obflinez en leur péché, ne peuvent encor reconnoître.

La France a fouventveu de pareils miracles, mêmes un Gentil homme Huguenot, qui en cela doit étrecreu,' à plusieurs fois raconté , que fon Père durant ces guerres étant entré dans une Eglife avec des foldats huguenots, ayant rencontré un Prêtre difant laMelTe, unioldarau- roit donné un coup de dague dans le Saint Sacrement, d'où foudain fortit du fang , les fpectateurs reflans fort é- tonnez, & le racontans puis après comme une merveille qui les raviiToit. En tout ceRoyaumede Hongrie, dont une grande partie vit fous les Loysdu Turc, quilaiiTeen pais pourtant la Religion Catholique , il n'y a qu'un T l feul Collège de la Société des Iefui:es, que le Cardinal ^ * Drafkorits Evéque de Iavarin à fondé, lequel en dépit ■** des Hérétiques qui la heurtent de tous cotez, a fait de-

puis quelques années beaucoup de fruit j Mais iur tout celuy de Vienne en Autriche , les Seigneurs , & Gen- tils-hommes Hongres envoient leurs enfans, pour être initruits & élevez aus lettres, dôtpluiieurs tous les jour* xi. fe retirent de l'Hereiie. La Dal- Q^a n t a la Dalmatie, Croatie, & Royaume de Bof- mAtieefi ne, qui depuis faintLadiilaùs ont dépendu delà couron- ttjlee Ca- ne deHongrie, nonobstant les menées & artifices des Lu- lholi<]ue. theriens, Pikarts , & Arriens, ils fe font maintenus en Eptfc9ptu l'unité de l'Eglife, fous le gouvernement des Lieute- Zagrahen- nants de l'Empereur. Georgius Draskonits,qui fut con- jfi. fefTeur de l'Empereur Ferdinand, & depuis Cardinal, le-

quel

Livre IV. $37

éjucî a gouverné longuement ces Provinces, &remparé contre les incurfions hérétiques, qui ont taché d'y faire leurs approches; Perfbnnage dont la mémoire eft véné- rable en ces Pays-là. Apres ion decez, Thomas Ordodi, Chevalier fort affectionné à la confervation delà Reli- gion de fes Pères, eut le gouvernement. Cet celayqui l'an mil cinq cens nonante&trois defiitlePachadeBof. ne:A prefent Ian Draskonits luy à fuccedê en cette char- ge, arec le même zèle, &aifeci:ion quefespredecelTeurs ont eu en la confervation de la Religion Catholique:Pcu delà NoblelTefe font fourvoyez , & ceus feulement qui ont hanté les cours des Zerins, Nadafti, & Battians, Sei- gneurs Hongres Luthériens, ou Calviniftes.Tout le peu- ple, foitqu'ilfejourncenlaDalmatie, ou qu'il pane en Hongrie, demeure néanmoins confiant en fa Religion, voire parmy le mélange des autres Hérétiques qui y foi- fonnent. Et encor que le Royaume de Bofnc à prefenc foitfousla domination du Turc, fi eft-ce que la Reli- gion Catholique par la mifericordedeDieu y eft reftee entière: Voyons la Tranfilvanic non tant proche de la Hongrie en limites, que compagne de fes malheurs Se ealamitcz,

GHAN.

€j8 Di la Naissance de l'Heresie; CHANGEMENT DE L'ETAT ET RELÏ-

CION AV RoYAVME DE ÎRANSILVANIE,

& le pitoyable état de ce Pays. Chapitre VIT.

La Tranjîlvanie en dif-

pute entre Ferdtnad ejr

lan Sepws, i. Sommaire de la vie du

Moine George, Cr défit,

mort,

5-. <Apres laquelle les Luthé- riens entret en la Tran- fihatne.

4- Les <sflem ans prêchent le Lutheramfme. 5-

Soliman veut empêcher l'entres des Herejies en la Tranjîlvanie.

6.

Maximilian implore le fecours des Proteftans.

Princes accourus au fi»

cours de Maximilian.

8.

Cruauté-^ de ï .Arrien-

Fetromt gouverneur du

T rince,

9- Lettres du Roy Un am Luthériens d \yflema- gne.

io. Demande des ^Autrichiet pour la l{eligton. ii. Nouveau* troubles pour la mort de Ian. ii. Toute forte de religions en la Tranfdvante. xj. changement en la Tran- jîlvanie.

LA Tranfylvanie dite anciennement Dacc , reçeut le Chriftianifmeiousle Roy Etienne de Hongrie, il y peut avoir Cix cens ans, grande & ample Province, trt Ferai- miferablement déchirée en fectes.& fac~Hons,à raison des n*nd éf guerres civiles émeuës depuis la mort de Louys , fous les Lan Sepus. armes de Ferdinand & IanSepus. Ces de us Princes après

infinis

LlTlI IV. ^ 6j9

infinis combats, prifes &rcprifes des villes , favorifant la fortune ores un party, ores rautre,vindrent en fin. en ac- cord, que ce que les armes avoient acquis a Ian luy de- meureroit, & qu'après fon decez, tout retournerait à Ferdinand. Mais Ian mourant peu après laiiTa un fils ma- le,age d'onze jours feulement,nomméEtienne,& depuis j*'c$r* Ian par les Turcs, qui par fa naifsàce fit renaître de non- jj5 *Mt veau la guerreplus âpre & cruelle que jamais, entreces'* Isf*> peuples alTaillis des Turcs, S: des Chrétiens. Ce jeune Prince fut mis fous la tutelle du Moine George , hom- me fameus& renommé dans les Hiftoires de Hongrie, lequel pendant fa vie, & fous le règne de cet enfant fon pupille, rompit le deflein des Hérétiques, & maintint la Religion Catholique , de laquelle Pierre Pctrcnit, fon Succefleur au gouvernement du Prince, fe rendit adyerfaire, s'étant de Catholique fait Luthérien, puis Arricn, commejediray cy après. L'Hiftoiredelavie, & de la mort de ce Moine, mérite être tirée en peu de li- gnes,renvoyant le Lecteur à ce que Martin Fumée à fait voir à la France. On y remarquera la grandeur du cou- rage, &del'entendement de cet homme, grand hom- me en beaucoup de fortes , & de qui la fin tragique ti- ra après foy la ruyne & de la Pvdigion , & de l'Etat tout cnfemble.

Etant forty d'une Noble maifon, mais pauvre,du - Pays de Croatie, il fut mis jeûne garfon en la maifon de j ) la merc du Vaivode Ian, employé a réchauffer les poêles, ,r . & porter du bois. Son bon Ange le retira de ce fervice vil G '* &abjet, & le fit mettre dansunMonartere dcfaintBe- >mttm noît , prés de la ville de Bude, il fut employé àdiirri- buer l'aumône aus pauvres. Parmy cefejour,ilcutleloi- fir d'apprendre à lire, écrire, & entendre quelque peu de latin, fi qu'en fin il parvint au degré de Prétrife.Aiant en- tendu la fuitt e du Vaivode en Pologne après avoir été c- leu Roy de Hongrie il quitta le Monaftere , & non pas . l'habit,& levatrouvcr;leqael ferelTouvenant l'avoir veu garfen en la maifon de fa mère, jugeant de cet acte quel- que choie de genereus en luy, l'employé aumaniemet de fes affaires lots déplorez, & fans efperance de recouife. A la faveur de (on fjrcc ce Moine va devient , paffe par tout, & négocie beureufement ce qui luy eft mis en main.

£40 Dx la Naissance de l'Heresib, Or Ian ayant reconquis une partie de Ton Royaume, par le moyen de Soliman, duquel il fe rendit tributaire y fe rcfïouvenant des fervices du Moine George,& avec quel- le prudence & fagefTe il l'avoit afîifté, le rit de Ion con- feil, Ton grand Threforier,& peu après Evéque deWara- din y & fur le point de fa moitié nomma tuteur de Ton fils, & régent du Royaume conjointement avec la Reyne Ifabelle fa femme. Ferdinand fuyvantles pa&s faits du vivant de Ian, demande être mis en pofTefïïon , & donner les recompenfes : A quoy la Reyne defireufe de la pais, ferendoit ployable.

Mais leMcine George qui naturellement afpiroit à chofes grandes j amufe Ferdinand, & cependant fe jette dans Bude:Envoye devers Soliman luy demander fecours pour Ton pupille Roy de Hongrie, qu'on vouloit dépouil- ler de fon Etat. Ferdinand tandis l'aiTiege avec quaran- temil hommes, & de quarante gros canons bat Bude. Mais le Moine plein de cœur & de courage foûtint bra- vement le ficge, jufqucsàcequeMehemetPachafefut avancé, lequel joint avec le Moine, leva le ilege, & Trife de tailla en pièces l'armée de Ferdinand. Soliman party JSttdt. d'Andrinopoly fous prétexte d'amitié', fe failit de Bude,

& renvoya la Reyne avec fon Moine , & fon enfant en la Tranfilvanie , Muftafa Pacha étoit paffé , pour arra- cher cette grande Province des mains de Ferdinand, dont il vint à bout, la remettant entre les mains de la Reyne Ifabelle: Le Moine fut fait grand Threforier, & Gouverneur , de forte que d'une puiifance abfoluc , tout étoit re<?y par luy. La Reyne n'avoit que le nom, &lc tiître, tout le pouvoir, &les fînâces étant entre les mains du Moine, qui fe rendoit par ce moyen redoutable à tout le monde. LaReyne fe plaint à Solymande la tyrannie du Moine , de fes pratiques avec Ferdinand au préjudice de fon fils. Le Moine informe qu'on luy dreiîoit quel- que mauvais party , traitte avec le Comte de Salin Lieu- tenant de Ferdinand, lequel étoit bien empêché pour Lfiihi- ne pouvoir être fecourude l'Empereur fon frère, a rai* fon dcl* fon des guerres qu'il avoit avec les Proteftanrs , pour Reliûon démêler les folies de Luther. Ce fut une des principales armnéces caufesdelaraync, & des boureverfemens de la Hongrie, t>*v< &Tranfylvanie, puiflancs boulevarts de la Chrétienté,

l*jS* ' kiquels

L i v n e IV. $4ï

lefcjuels Soliman , Selim, ny Amurathn'eulïent ofé re- garder, fi la belliqueufe Alemagne eut marché , comme autrefois, fous les Aigles &enfcigncs croifeesdefon-Em- percar. Sur l'avisquela Reyne'lfabelle donna augrand Seigneur, il dépêche un Chianfy au Pacha deEude , â- vec commandement, qu'il eût à prendre le Morne mort ou vif.

Mais cet homme fia &rufé, qui avoit toujours l'œil au guet , & des intelligences jufques dans le cabinet de Soliman, fe jette dans la forte place de SafabciTe , laquel- le, comme un fage & avifé Capitaine , il pour/eu t de tou- tes chofes necefiaires pour foùtenir un long liège , & difputerfa tête, que Soliman deiiroit avoir a trop bon marché. Il drelte une armée, prend des Villes* Les liens gagnent une bataille contre les Rhetians partifans de la Reyne, laquelle fefentoit appuyée du Turc , qui envoya fon Chianfy en Tranfilvame, avec menaces de faire mar- cher le Pacha de Bude, & les Vaivodes de Moldavie, & de Tranfilpine, pour châtier ceus qui prendroyent le party du Moine. Mais la haine naturelle que ce peuple porte au Turc , fut caufe qu'il quitta le party de la Reyne , la- quelle reduitte au defefpoir,ailiegee dans Àlbe-Iule, s'ac- coude en fin avec le Moine. Cependant trois armées con- duites par le Pacha de Bude, le Vaivode de Moldavie, & Tranfelpin s'approchans, ce fut au Moine à parer aus cous, qui mit auschams cinquante mil hommes pour al- ler au devant du Pacha, tandis que l'un defesLieucenans de l'autre côté defHt le Tranfeipin. Et fut il heuieus que le Pacna , comme redoutant la fortune de ce Moipe , & craindant hazarder,fit en un feul j our de rctrairtc,ce que ilavoit fait en fix. Il regagna Bude, comme fit auiTi le Moldave fon Pays, voyant le Moine venir a luy. Ainfi en peu de tems fut la Trâiilvauie a délivre, Stle Moine con- firmé en fon gouvernement, par le con lentement munies de Soliman , qui voulut laiffer cethomme en pais. Mais corne il etou en fon Evéché de Waradinpour fedelaifer de tant de fatigues, la Reyne fait élever cotre luy ksprin- cipaus Seigneurs delà Tranfiivanie, las d'obeyraus loy$ du Moine, & defireus de le conferver fous l'obey^lancc de leur Prince Etienne j &luy aveny de leur deilein, renou- vdit ùs pratiques, & accorde avec Ferdinand, lequel

W ûcoura

64 2. De la Naissance de l'Heresiz, recourt] de l'Empereur ion frère , lcrs yictorieus des Pro- teftans,luy envoyé Baptiitede Caftaldo, avec une bonne armée, & commandement de fe gouverner félon l'avis du Moine.

La Reyne d'autre côté, alliée avec Soliman convoque uneDiette, ou les principaus Seigneurs fe trouvèrent. le Moine,a qui la peur niavoit jamais glacé le cœur dans Teilomac, aiTemble des forces , comme pour la garde de fon cors, monte en fon carroife,& paiTant un ruifîeau fut verie en l'eau avec tel danger qu'il cuida être noyé: Ceus defafuitte, écrit l'Hiitonen Hongre, prenant mauvais augure de cet accident , l'exhortent de s'en retourner: Mais le Moine fe moquant d'eus, fit réponfe,que tels au- gures qu'on afieoit fur des chariots étoyent bien mua- blés , fçachant qu'il y avoir au Ciel un autre chariot , le- quel legarentifioitpar foninrluence;vouîant par fa rifee inférer que le chariot d'Erichthcmus colloque au Cic! entre les Aitres, Juy ferviroit de guide. Arrivé contre i'el- perancede tous, tous font étonnez de fa feule prefence. romples deileins de la Reyne, appelé le fecours de Fer- dinand , &fejointaiuv, rangeant la- Reyne mère de fon pupil à des conditions bien dures. Ce moine gouvernant ainfi, commandant aus armées, &des premiers au com- bat lors qu'il falloit attaquer ouïes Turcs, oufes enne- mis , eften fin à la requête de l'Empereur fait Cardinal parlePapeïules troifiéme, & quant- &-quant Archevê- que de Strigonie , qui vaut cent cinquanteir.il ducats de rente. Mais l'Empereur redoutant cemoine, ainfi l'ap- pela on toujours . encer qu'il fut Cardinal, & les intelli- gences feercttes qu'on difoit qu'il tramoit avec le Turc, fe refoù: de s'en défaire , & ne pouvant à force ouverte, delibera d'en dépêcher le monde parquelquemoyen que . :. Le commandement en eîtdonnca Caftalde, qui commit l'exécution a quelques Capitaines. Le moine é- in un fier, château , nommé Binfe, qu'il avoit édifié, plaifbitpour l'agréable fituation du lieu. Les con- jurez entrez, fans qu'on eut défiance d'eus, fe prefentent à la perte de la chambre a la pointe du jour, feignant le Secrétaire de Caftalde luy porter des lettres patentes à égner. Ceiuy-cy entre, le valet de chambre voulut fermer la porte j mais un Capitaine qui le fuiy oit mit le genoùil

cime-

Livre IV. 645

çntre-deus, & tint ferme. Tandis le Secrétaire approche ^

du moine qui difoit Ton Breviere,& prefentât d'une main *'*" ***• les lettres à ligner , luy donne de l'autre d'un poignard dans la <*orge:Lemoine s'ecriant, Vierge Marie.luy don- ne du poin dans leftomac:Et comme il çtoitfort & robu- ' fte, le porteparterre.Mais le Marquis Sfqrce, qui étoit à laportejfauteeiifacharnbrej&'d' une taillade luy fend la tête, prononçant le moine feulemët ces paroles Latines: le fu* Maria, , quid hoc e tïfrsttus ? VE m p e r e u r f u t fo r t b 1 a- Cecy a~ de cette mort, & excommunié du S. Siège: Mort in- vint le 1^. fortunée 5 car elle fut cauft des longues miferes qui fur- iJectmbreï vindrent depuis. & que lhereiie,à laquelle le moine avoit toujours fermé la porte, s'y logea. L'Hiftorien de Hon- grie remarque qu'un Abbé luy avoir prédit cette fin mife- rablc : car comme il fe fut emparé d'une Eglife , pour ac- croître fon château de Binfe, &bâty furies fondements confacrez à Dieu,fes belles galleries:L'Abbé d'une parole Vredi&ion hardie luy dit, Seigneur , regardez ce que vous faites, & m thanc, côfiderezceluy qui vous regarde.un Cardinal, un Moine» un. Catholique s'emparer de-la maifon de Dieu , pour en bâtir la fienne .' Cela nepeut demeurer impuny, la peine fuivra bien tôt vôtre péché. Verirable Profete; car en ce même lieu, il finit miferablemét Ces jours, lors qu'il pen- foit être au fétide fa grandeur, tenant en cervelle, & So- liman, & Ferdinand auili , ayant amoncelé un treforibri- ny,qui fut en partie la proye de fes affaiins, tous lefquVls curent une fin miferable. Telle fut la mort du plus fupet- behommedu monde, dit l'Hiftorien deHongrie, &lc plus grand tyran couvert, que jamais ait vécu.

C e pauvre royaume quifembloit inacceffible, finon ni." au gre' de celuy qui en eftle maître, cil aujourd'huy que Aprtsls j'en écris Thiftoirs, la boutique delà guerre,commeXe- mturtre noiondifoit d'Efefe, le châp de bataille des Turcs &r. des du moine Chretiës:Ilétoit entier &unyen religion, pendant la vie George. les .dumoine;maisapresfam9it,ilc5méçaa renouveller fes Luthettes mal-heurs, mal-heurs pires que les premiers.-car Soliman entrent en envoya Mehemet Pacha pour le côqueiiraie voulant plus Tr&njil- accepter le tribut de vint mil écus qu'on luy faifoitpar vante, an. Ferdinand le veut défendre, mais il ne peut envoyer le* forces promifes : D'autant que l'Empereur fon frère aYoiten tête Maurice Prince Luthérien, nouvellement SC z révolte'

Le ko u- veau gcu- t,err.eurdu e Lu- ther un.

tUndttt Ai ries.

In t n?am A* [tic. UTrtnJïl-

•vanie f ré- el;: nî le

1 UtkiTJ-

ni fat.

rede lîb. C.

S44 De la Naissance de l'Heresie," révolté, l'ayant ferpris cléfarmé. LaR'eyne Ifabellc d'ail- leurs demande à Soliman que Ian Ton fils , dont le Moine étôit tuteur, fut remis en Ton Etat. Elle étoit affiliée d'un Seigneur de Dalrr.atie nommé Vierre Petrqnit Luthérien couvert, qui depuis fe déclara Arrié, lequel pour être pro* _ l'oreille du jeune Prince,dôtil avoit le gouveme- ment.verfa aifémét ce venim dansfon ame.Ce fut Geor- ge Biandrat qui perdit tout à fait l'un & l'autre. Cettuy- cy dent j-'ay parlé au livre z. croit Piémontois, lequel fui- anr dePavie,oùil avoit été mis a l'inquifîtion, ayant paf- parlePaysde l'herefieen Suiiîe. & Alemagne, aborda tp la Tranfilvanie , oùiifervitleRoy &Petronit deMe- decin,mais faifant fouvent le Théologien, il les entrete- u plus haut point de la Religion Chretiéne, qui eit lerr-yfterc de la Trinité, & avec les règles defaFifique, tournoit tout enrifee. Le Roy pourtâtfaifoitle Catholi- que, & pendant la vie delaReynelfabelIe, ne le déclare iïyLuthcrifte,ny AméiMais après famort,il Ievalemaf- orr.bien que m émes délors dans fa petite Cour, Lu- as, <Sc Caivin'ires & Arriens y fu fient reçeus. Fer di n and d'autre part,forcé de lanecefîîte', pre- a gages toute forte de gés, eevoia des Alemans fous la charge d un nommé Barthélémy Corvate, qui com-j . \insluie. Celuy-cy fit prêcher ouvertement le Lutheraniiine, ce que du vivant du Moine George, ïts Alemans venus au fecours pour Ferdinand, n'avoient ja- mais olé entreprendre. Le Duc Maurice aufïî durant le traître de pais, venu pour feryir Ferdinand en cette guer- re , avec douze mille Lanfquenets, Se trois mille Reîtres, amena avec Iny pîufieurs Predicants , quine furent oififs à publier leur Evangile. Ainfî s'épand la itetc de Luther, & j3i;te d'une ville en autre. Encorque Maurice fans a- voir iien fait de remarquable, non pas feulement veu les Turcs , s'en retournât en fon Pays pour y finir Ces jours, gagnant la bataille cotre Albert, comme j'ay dit au livre 5. h eif- ce que les mauvaifes femences qu'il y lailfa , n'en ont depuis peu être arrachées , qui ont provignédesfe- cjxs pires mille fois que cette première qu'il y planta./ Petronit ayant le gouvernement en main , voiantquele ieul Evéquc qui reftoit en Ta Tranfilvanie nommé Paul Boraernizz* aire vers Ferdinand, prevoiant que

cep-u-

Livre IV. <?4>

ce pauvre Royaume feroit en proye & aus Taies , & aus , hérétiques, chaifa en plufieurslieus les Prêtres, les Moi- L f*P*- nes,les Chanoines des Eglifes , faifit leur bien , les appli- reHr/ ^ rl qua au fife, non fans en retenir une boue partie pour luy. ^zel:--' Il envoie devers le Turc, le prelïe de hâter le iécours pour arracher des mains de Ferdinâd la Tranfilvanie.Le Turc commande au Vaivode de la Moldavie , & a Cailembech de s'y acheminer,& favorifer la Reyne Ifabelie,& le Prin- ce Ian André Battori, quiavoitété créé par Ferdinand VaivodePrince Catholique, comme futàuffiChrifttatte fon frère. Il fait le devoir d'un bon chef deguerre empêcher la ruyne de fa patrie: Mais lùy tombé malade, & les Turcs entrez, ayant remis la Reyne I fa belle Albe-Iule, elle fut enfin maîtrefTe de tout Ic-P^oyaume, traittantPetronit une confédération avec les Vaivodes de Moldavie, &Walachie, & avec le Pacha de Bude , & les Sangiacs de la Bofline &z Belgrade.

Comme plufietirs eui/ent prinsgoût à la liberté de v< confeience portée d'Alerriagne, ils demandent non teule- Soliman ment par tolérance , mais au in à la faveur des Lois, ils ay- veut er/J. ent exercice de la Religion Proteftanrc: Ce qui leur eft pécher l'ë- accordéparEdit public a Torde j toutes autres Seclej tree ^es pourtant bannies , mêmes la Sacrai: en taire , fuivant ce )0:renei quiavoitétécôcluaWit-mbergl'an 15 3 6. Mais Soliman cn \A xta~ ayant avis, comme par fes armes la Reine Ifabclle avoir fîivaJtfgm recouvré l'Etat de fon fils , & que les herefies Luthérien- nes,Trinitaires & autres fe glîflbient dedans , il luy écrit d'empêcher cette nouveauté. I'emprunteray icy les mots de l'original de l'Hiftoirc de Hongrie. Environ ce tems, dit-elle, le grand Seigneur manda a la Reyne deTranfyl- vaniequ il avoir en tédu Quelques fectes s 'être introduit- JJJJ- tes parmy la Religion qu'elle tenoit,lefquellesii ne vou- lut aucunement qu'elle fouffrît, fi elle vouioit demeurer en fa grace,fçachant que telles nouveaufeZ n'àpporteroi- entaeileque du remu'émenr,& perce a ion royaume, luy de la peine. Et pour ectre caufe luy commâdbit d'ex- tirper du tout ceus qui en étôiét caufe, & les éteindre, de façon qu'il n'en fut plus aucunes nouvelles. Ce mande- ment,pourfdit rhiftorien,nc fut fans caufe: Car déjà les hérétiques s'étoient fourrez en ce Royaume, & pat leurs prédications avoient enfemencé bien avant leur zizanie,

S f 3 & dé-

Ci-

€\G De la Naissance di i/Heresib, & débandé plufieurs d'avec l'Eglife univerfelle. Et fi ce commandement ne leur eut donné une grande crainte, tout Je Royaume en eut été remply. Mais fuivant la vo- lonté' du Turc,& obeylTant a icelle,ils furent incontinét lit. 7. bannis,occharfe7.IufquesàlalefieurdeFumeeenfonhi- ftoire.Les mémoires que j'ay, difentque laPveinefort re- ligieufe,& Catholique PrinceiTe,iiTue de cette bone race des îageions de Polongne prit cecy à cœur, & commâda aus Predicans de vuider le Royaume: Et fut par délibéra- tion du fconfeil,fait un Edit de baniiTement, avec deffen- ùs de fa;re autre exercice que de la Religion Catholique. Mais fortans du Royaume d'un côté, ils rentroientpar l'autre, à la fareur du méchant Petronit,& cônivence du jeune Prince, de qui l'Atrien Blandratpofcdoit l'oreille, & le cceur,comme celuy qui gouvernoit fa fanté.Mais ce méchant qui avoit perdu le feu Roy , &fon Gouverneur, périt milerablement. Poirvoit-on attendre autre fin d'an efprit fi dépravé: Car commeie i4.May 15S8.il étoit a Al- be-lule, dans fa chambre, s'écriant, va,^a,va,un lien ne- veuaccourtpourvoirquec'étoit. &s'équcrant qu'ét ce qu'il avoit Bîâdrat tout furieus le jette fur Iuy,mais l'au- ne d'un fachet plein de fable le martela de tant de cous * quiliuy fitfortir i'amedu cor» jacaiTé de vieille/Te. Ce jeune homme étoit vefiu d'Italie pour recueillir la fuc- ceflion de fon p2rent,mais il ne voulut le defigner fen Hé- ritier, qu'il ne fut de fa religion , 11 y l'autre l'accepter à ces conditions, qui toutefois enleva fa bougette, & l'ay- ant afTomméfe Tau va. vr* _ Ai n s 1 vivoit-onen la Tranfîîvanie,jufquesàlamort

Mxxtmi- de l'Empereur fercîinr.rd, qui lailTa Maximilian fon fils hxn im- Empereur. & Roy de Hongrie , difpurant toujours fon pore le Je- croit prerédu lur Je Royaume, il envoya une nouvelle cours s armeé. qc Prince à l'entrée de fon Empire, defuant faire ïfftefâs. paroicre le défit qu ;1 avoit d'éploycr aiex'éple de Char- v les, &rcrdinand,&favie, &fes moyens a ladefenfe delà

Chrétienté, travaillée puis tantd années par Soliman, conj ure les Princes Alemans, mêmes ccus de lacôfellioa Proreftante, fe trouver en la Dicte d'Aufbourg, par luy indite pour avifer au faîut de la chofe publique. Mais les Proteftâs étoient empêchez aus feftins des nopees dufils du Lâtgrâve^aYcc fille du Duc de Vitéberg.Aprcs infi- mes

Soliman en Hfcriê,

Livre IV. 647

nies reniifes& longueurs, placeurs via drent, & offrirent entrer en ligue, & dôner fecours contre le Turc, tout cela va lentement. Et tandis Ian, non feulement fe dit Roy de ^ rr TranlîWanie , mais aufli de la Hongrie , menaffe coût le ju*Jf monde des épouventables forces du grand Seigneur fon protecteur. (Le tres-puiffant Empereur des Turcs , dit -il par fes lettres adreffantes aus Hôgres)nô:re bien- facteur ires clément nous a recômandé par fes lettres, & par ion. . Ambaffadeur Zenzic.que tous les Etats de nos royaumes &Pays euifent à nous rendre obeyffanceriî vous craignez déplaire à ceiuy qui avec une puiiïance infinie, peut châ- tier ceus qui rirrité:,faites le,avant que vous aiez fur vos bras cette grande armée, laquelle e(t japartie deCôitan- tinople,C-v,Il n'y avoit pas faute de gens de bien, qui con- feiiloient Ian de renouer l'alliance avec l'Empereur des Chretiés, plutôt qu'avec ceiuy des Turcs, mais Ta'racHcn de Petronit toute hcretiqne l'emporta. Soliman donc fol- licite par luy , marche en Hongrie , avec cent cinquante mil hommes, ayant envoie pour avant- coureur Portail Pacha.Le Roy lan luy fut au devant vers Bude,<S: en équi- page Royal baifa la main au grand Seigneur.

D' a v t re coté les Princes Chretiens-s'armenr en Ira- vu. lie, Efpagne, Savoie, Autriche, Alemsgne, mêmes en Princesec- France.Pluiieurs Seigneurs y vontaccompagnans lejeu- conreti au ne Duc de G uife.Les gens d'Eglife par le commandement fecours de de l'Empereur fe mettent en dévotion, pour appaifer l'ire Maximi- à\i Ciel , &. font une ordonnance qu'au fon de la cloche Uarp, quife faifoit à certaines heutes du jour par toutes les vil- les, tout le peuple eût à fe mettre a genous, & prier Dieu; . De forte qu'en l'armée on eût \*cu les Princes & Seig- neurs mettre pié a terre , & les m uns jointes faire leur o- raifon,puis baifer la terre. Et comme un jour 1 Empereur étant à Viene , il eut.veu tandis que la cioche fonnoit des Luthériens demeurer pié ferme : Bon Dieu, dit-il à quel- ques Seigneurs (entre lefquels croit le genereus Tirnoleô de Code , Comte de BrûTac , dont le nom eit célèbre en nôtre Frace) j'ay peur que la compagnie de ces gens nous lïote.lfc loir malencontreufe. Comme mon .delfein n'étprinci- fards de paiement qu'à traitterce qui regarde la Religion, je ne Maxime* m'amuferayàtoucherlesparticularitez de ces guerres, le /m.v. fîegedeZigeth , la k.gç conduitte de Mehemet Pacha ,

4 -oui

648 Di la Naissance de l'Hérésie,

qui fçeut non feulement dérober à l'armée , & aus Ianif. fairesIaconnoifTancedelamoît de leur Seigneur, m^is conferver l'armée entiereje trefor & l'Empire a Selim, & Zîgetb en ^n Pren<ire fous le commandement d'un homemcrt, vite. après hx affauts , de vive force cette place imprenable,

munie de cent pièces de canon,fans que l'Empereur pc ut faire autre errer que regarder la ruyne du Pays, contraint de fe retirer en fin à Viene.Le nouveau Sultan Selim , ac- Z^uteifor- couru fur l'avis de Mehemet à Confrantinoplejlaifia Por- to </'W«- tam Pacha auprès duRoylan, lequel appuyé d'un Turc, tïqitti en- & gouverné d'un Arrien, n'eut aucun foin de l'honneur en U de Dieu,& abandonna la Tranfilvanie à toute forred'he- Tranjilva- ietiquçs, ne.fe fouciant Selim d'y apporter le foin & le me. commandement defonpere.

vin. CE_Petronit,ëcrit Michel Bdfany deLipa en une n'en-

cra.™/** ne Epitre, fe rendit furieus ennemy des pauvres Catholi- de VAr- ques, contraints fe jetter tout à fait entre les bras des rien letra- Turcs, &fe retirer aus, villes occupées , ou périr mifera- mt. blement parles mains de CCS faus Chrétiens. Piuficurs

homes d'Eglifepourla crainte de cette puiifance Petro- cinienne, ayant quitté leur troupeau, ont pris la fuitte. Autres ont été privez de leurs digwtez & charges, forcez fe retirer dans Us lieus écartez, Raflant le reite de leurs jours en mifere & calamité. Cens qui re'îftoiétavec con- fiance, étoyent marquez au front avec un fer chaud, qui leur imprimoit le caractère de la Croi?,BeiIe & giorieufe enfeignede Ies vs Christ. Taufigne defaîut , hon- norable témoignage de leur vertu & fermeté, a l'honneur du Crucifié.'On coupait a d'autres, dit cet Autheur, leurs -couronnes avec un raLoir, enlevant la chair entière. Cela fut caufe que plusieurs a\ merent mieus époufer des fem- mes, & changer leur Religion , que garder leurs vœus parmy la perfecution du Gouverneur.

Sur tout en la Ville de Collofnar , ce Lieutenant fit ruyneries Autels, brjfer les Images , & profaner tous les ornemens de l'Eglife^Et parce que fuivât les lois du Roi- aume, on ne pouvoit rien faire fans les Eccleiiaftiques & Chanoines, ils en éleurent quatre d'entre les Nobles, ap- peliez Capitulaires, avec même pouvoir & authoriré que les vrays Chanoines,pour aflTifter aus délibérations & re- folutions publicju.es. Peu de Nobles,d'authoiité remar- quable

Livre IV. 649

quable demeurèrent fermes en la Religion Catholique: Encre ceus-la furent Etienne , & Chriftofle Battory , E- tienne, & Albert Tordy avec leur famille , Chriftofle Koretztury. Michel Telegdy, Denis Makay,Martin Lit- terat . &prefquetous ceus qui habitent les montagnes de Tranfilv mie. On vid lors les Predicants Luthériens Entvtcfu- faire leur entrée dans les Eghfes Chretiennes,avec trom- perbe des pertes & tambours, chantans des vaude villes injurieus, Lutheries. & pleins de blasfemes , comme s'ils eutTent voulu pren- dre par aflaut les maifons de Dieu , a la faveur de cet im- pie Régent.

Que c'était bien dit à Efchines que latrop grande au- /

thoritc a un méchant, engendre ordinairement de grans m-uis! En ce même teins François David, dont j ay parlé '*ni.V* au livre troifiémeétoiten lavillede Collofnar pour peu-, avf ' plerlafeéte, fediiantlors Confeifiomite. Celuy-cy deffia un Prédicateur Sacramentaire que le Gouverneur faifoit prêcher, npnamé Martin Calmanekey, homme fubtil, & bien entendu en toutes les rufes de la difpute, lequel ac- cepta le deffi,& fut la conférence alignée, & continuée par plufîeurs jours en prefence des plus grans delà Tran- ill\anie.,&larefolutionprife,qu'onenvoyroitlesraifons recueillies d'une part & d'autre à Filippe Melancthon, promettant & \zs difputans , & les affaillans auiïi, tenir pourre^le inviolable ce que par Filippe feroit ordonné, ians qu'autre Religion fut reçeùe. Quelle mifere de fe re- poferiur un ieul homme, &encor un Grammairien, au mépris de toute la Chrétienté enfemble. Mais avant la reponfe de Filippe, François David changea de robbe, Se quitta la Confdlion d'Aufbourç pour fuiYre celle de Zu- nJ . t rien, en laquelle 11 nés arrêta pas longuement : Carie > v _ ., Meaecin Blandrat . ayant communique pnvement arec J . luy,le rendit Arrien enfemble plufieurs Confeillers du Prince, entre lefquels fut GafpardBekos , GafpardCor- nis, Chriftofle Fagimafi,&lan Gerendi,qui depuis fe dé- clara le chef des Sabbataires , & furent les difciples ap- peliez en ces Pays les Genoldiites. GenoUL

Peu après un nommé Gallus de nom, Sz de nation y ap- iles Bsre, porta le Calvinilme, fécondé de Mathieu Denei,& quel- tiques de ques autres Apoitatsdéchaperônez: Pierre Meluis,Pier- laTranfil* |p Carolinus,George Geôtij, Pierre Berekzazi,Ian Huni. vame,

S f 5 Adimus,

é^e De la Naissance de l'Heresie, Adimus,Ambroiîus Dareceket.Ces nouveaus Calviniftes furent fouvent attaquez par les Trinitaires , mémement ._ . , par François David 3 lequel avoit l'Ecriture facree telle- r , meurc-nmain,- comme les Autheurs qui parlent decec '-L., , . homme alieursnt.qu il lçavou pretque toute la Bible pac * cœur. Comme un jour duputant avec les Calviniftes, il les vid munis de l'authorité des Pères, & Docteurs, pour icverfcr les paffages de l'Ecriture dans lefqueis il fe con- tenoit, & qu'ii leur mettoit au devant: Vrayment,dit il, Me/Heurs, vous voulez quej'appreuve ces Docteurs que vous renvoyez, &rejettez corne hommes fujets a erreur, lors que lesPapiftes les vous objectent. Nerougiffez- vous pas de honte ? Que il vous approuvez l'authorité de ces gens, recevez hardiment toute la doctrine Papiftique clairement vérifié par leur dire , & parles Conciles que vous oppoiez centre la fainte Parole, que je vous allè- gue Ainfi ne peuvent les Hérétiques venir a bout des Hé- rétiques, fans recourir attS armes Catholiques , qui font la parole écrite , fécondée de la parole non écrite épee &bouclier,avec lefqueis tous les ennemis del'Egiifeont firiy honteulement leurs jours. Voila comme onvivoic en cquz petite Cour, ou Lutherifres , Anciens & Calvini- ftes pèle- mêlez , fiifovent a quimieus mieus avanceroir ZtlKqrft Ia pÇrce des âmes. Le Roy qui avoir dit à-d:eua l'Eglife montre ^ Catholique, quoy qu'Arrien en fon ame, comme il m ôn- Vroiefiat. tra depuis j (t môntroit Proteftant , & faifoi: profcfîïon ouverte de cette forme de Religion ; & voyant que les Sacramentaires arrivoyentà foule avec leur Confeiîlon de Zurich, & Genève , il écrit aus Théologiens de Lipfe, & Witembcrg , des lettres Latines , lefqutlles traduites cifent: ix. Voyant la Secte des Sacramentaires , qui s'epand par

lettres du toate la Chretiété, gliiTer bien avant en nôtre Royaume, Hoy lan nous n'avons peu pour l'affection , & faint zèle que nous rzm Prote- avons porté dés nôtre enfance a la pureté de la Religion, Jints A' A- voit ce mal-heur,fans fentir beaucoup de déplaifir en jiô- ismagr;e. tre ame, comme font nos bons fujets de la Hongrie, & Tranfilvanie,lefquels nous reconnoifîons tellement agi- tez des diverfes opinions qui courent,qu'à peine fçavent- îisa quoys'arréter,parmy tant d'incertaines & variables CcnftiTionsdeFoy.CequinousaoccafiônéjaUrequecc

denos

Livre IV. tfjj

cle nos bons Cujcts, de faire une alTefnblee en nôtre Ci- té de Megyes, pour refoudre ce qu'on doit croire de la Cœne du Seigneur, & fe remettre, fi on nepouvoit tom- ber d'accord, au jugement de vos Académies, &c Vniver- fîtez. Cet pourquoy nous vous envoyons les opinions des uns & des autres , afin que les réglant félon la Parole facree, vous apportiez du fouîagement ausconfeiences des Eglifes arrligees en la Tranfilvanie. En quoyr vous ferez une chofe agréable a Dieu , digne de vrays Chré- tiens,utile à nos Eglifes, & a nous tres-agreable. Donné à Albe-Iule , le vintiénic? Septembre mil cinq cens ibi- fante&un. La réponse des Théologiens Luthériens au Roy>& la condamnation contre les articles propofez par les Sacramenraires fe trouvent dans IHiftoire de la Con- felTion dAufoourg Cependant quece Prince confultc les Etrangers fur la refolution en la Religion , pour fa a- verles autres luy mêmes fe perd: Car comme fon Méde- cin Blandrat luy eut fait cas d'un nommé Dionyfius Ale- xij,illeiît venir de Ciaudiopoîis:Celuy-cy fut le premier quiluyficfentirleLutheranifme, & qui ledérobaal'E- glife. Et comme on voit que parmy les Princes , ceus qui manient leurs plaifirs,& leur fanté, font les plus près de leurs perfonnes , ont leur oreille plus privée : Cemaî- Jheureus Bhndrat venu à bout de fon defTein , après avoir de Catholique rendu le Prince Luthérien, fe refoût le jet- terdans 1 Arnanifme. Pour cet effet il approche de fa perfonne François David, qui de Calviniltes'étoit rendu Arrien.Cettui-cy préchant devant le Roy en l'Eglife faine Pierre, dans la ville de Segefuar, attaque ouvertement la créance Catholique fur le point de la Trinité, fans que pour la révérence du Piïnce,dit Poflcvin, qu'on voy- oitluy foufire, perfonne s'oppofat à fon impieté, qui fut bien tôt embrafTee de plufieurs. le ne marreiteray plus longuement furies Synodes , & affemblees de ces gens, pour me hâter à forcir de cette miferable Provin- ce perdue. l'en reprendray le cours de i'Hiftoirccn peu demots.

La trêve conclue avec Selim dôna quelque repos aus - x. Tranfîlvains , mais la mort de leur Roy Ian les rejetta Nouveui dans desnouveans trouble^:Car encorquedeProteftan: tretiblts* il fut devenu Amen, fi eft-ce que touche de quelque

repen-

four U mort du

fi'i De la Naissance de l 'Hérésie, repenrance , par fon teftament il déclara Maximilian fon fucceifeur. Mais lés Barons delireus d'avoir un Roy de leur Nation , eurent Etienne Battori , premier Baron delaTranfilvanie. Ce furent principalement les Luthe- nftes , ou Sacramentaires couvers , qui s'oppoferent à l'exécution de la volonté delan , pour la crainte qu'ils a- voventde tomber en la domination d'un Prince fi affe- ctionné à la Religion Catholique, &fipuiifant comme étoit Maximilian; ce qui fut caufe que Battori prit beau- coup de créance, & de confidence en eus, pour les voir en- gagez en la même haine qu'il portoit à ceiuy qui luy vou- ioit enlever la couronne, & femiten devoir pour def- fendre fon droit, comme fit l'Empereur de fon côté, fça- chant les apprêts du Tranfilvain, & :ncorp!us du grand Seigneur. Maximilian , écrit l'Pijftorien de Hongrie en fon neuvième livre, envoya devers tous les Princes Chré- tiens pour les requérir de fecours , voyant que les Prote- ftans d'Alemagne luyavoyent dénié tel ayde quemeri- toit le péril eminent, pour n'avoir fa Majefcé voulu con- defeendre ans demandes qu'ils iuy faifoyentpour les af- faires de la Religion. Mais apVes que ce Prince aifailly des Turcs , trahy fou veut des Hongres & Tranfnvains, mena(TédesHererir|ues eut tenul'Empire,il fut recevoir lacouupnne ceîcfte , lailfant l'Impériale à Rodolfe fon hls, comme il avoir fait avant fa mort celle de Hongrie, & Tranfilvanie, laquelle il reçeut aPoflfon,ouPrefpruch, des mains des Evéqucs <t'Agrie & Zagabrie , avec fer- ment à fon facre dedeifendre à fon pouvoir l'Eglifecon- trelesTurcs, & contre les hectiques : Carceus-cy par leurs tramées fecrettes , ou, par leur nonchalance, nefai- foyentpas moins de mal a la Chrétienté , que les autres a force ouverte.

Etienne Battori hiffant le nom de Roy, fe conten- ta pour rejetter l'envie de la couronne qui luy étoit don- neeenpurdon, de porter celuy de Prince ; &voyantne met les le- pouvoir ramener par la force fes lujetsen la religion Ca- fuitts en tholique,tenta la voye de douceur. Pour cet effet il fon- /* Trxn/Il da un Collège des Iefuîtcs a Collofnar , die Claudiopolis ville Arriéne afin de pouvoir empêcher le progrez de cette pefte,quelefeu Roy avoir fomenté. Car par l'exemple des autres Royaumes de la Chretienté,il jugea que c'étoit le

fakuairc

XT.

Eitenm

hatîori

yamt.

Livre IV. 6ft

faknaire remède contre toute forte d'herefies. L'ejtime

la

fcfut éleuRoy dePo!ongne,&gi nie. A Ion départ iiremit le gouvernement delà Tranfil- JJ vanie entre les mains de frère ÇhriftofleB attori,Pnn-

ceCathoIique, auquel il comanda fur toutes chofes avoic foin des Pères de cerre Société, dt laquelle il avoir jette -^

les premiers fondemens^ce qu'il fit. Tellement que l'or- ., ^ J donnance d'Etienne fut exécutée; & entrèrent en poilef- * 7yt fion les Pères Icfuîtes , du Collège de Claudiopolis , en même tems que les Etats fe tenoient à Torde,Icfqûels ne pouvant empêcher la volonté du Prince, ny l'exécution de ion frère , luy écrivirent en ces termes.

Nous avons appris par les lettres de vôtre excellence, Lettres des &du Serenifïïme Roy de Poiongne Etienne Battori, les Tranfil- occafôs qui vous ont convié de douer entrée en la Tran- vaim HH, {ilvanie, a la Société des Iefuîtes; & puis que c'etpour l'inftitutiondelajeuneu^nQUsfupplions vôtre excelléce . ; leur commander fe contenir dans ces limites,afîn de n'ex- citer quelque nouveau trouble, pour la diverfitc des Re- ligions. Et côme Chriftofle voulut encor établir de nou- veaus Collèges àAlbe-Iule, & que de bons ouvriers vinf- fent de toutes parts à une belle & riche moilfon ( car ce Pays étoit tout perdu. ) Les Etats aiTemblez à Collofnar l'an ijSt. compofez de toute forte d'heretiques, folicitez parlesPredicants lefupplient ne vouloir permettre leur »établiflcment. Que ri quelque ville demande dts Do- -«cieursder£glifeRomaine,difent-ils,on fuppliefonex- *>cellence députer quelques perfonnes notables pour ai- ller fur les lieus ; & fi le nombre des Papiftes eft fi grand «qu'il foie neceflaire leur donner des Palteurs , qu'on le «face ;mais pour vint ou trente il n'ét raifonnable trou- «bler le repos du refre : Les Collèges neaumoinsfont fondez , & plusieurs reviennent à leur première Religion qu'ils avoyent trop légèrement abandonnée. r ,

jeune & courageus Seigneur, auquel des

ii^ifmond Battori fon fils, ^YhmSê fanaiifancela . Tran commune renommée, qui devance les evenemens, avoit rt dtàinch couronne : Il donna grande cfperancedefafu- l'lvant*' ture valeur, caril ttoit fort RcJi^icusobkrvateur des lois

del'E-

Sigifmdnâ 'BAttori Trince de Trar.jil- vanie.

XIÏ.

Change- ment en U

nie-j & de»

fuïïre d~

€tcyfut

654 De la Naissance de i/Heresïb~ de l'Eglife, comme ceîuy donc la jeunefle avoit éténour~ rie,& cultivée des le berceau par les Pères lefuîtes , ayant, receu les empraintes^&pour les mceurs,&pour la doctri- ne, dignes d'un Grince Chrétien. Ce fut le PerelanLe- leiîus, quieu: le gouvernement de Tes. premières années, homme qu'il honora toujours comme Ton Père. Par le confeil de ce bon Gouverneur il quitta l'alliance que les fiens avoient contractée avec le Turc , & renonçant à fa protection fer'aliia avec l'Empereur Rodolfe, refolude défendre Ton Etat contre Amurath fuccelTeur de Selim, & plutôt le perdre joint avec les Chrétiens, que le con- server allié des Mahommetiftes . Heureus & gloricus Prince, (i fa fin eut répondu à cegenercus commence- ment.' En quels précipices réduit les Pvois làjaloufiede leurs Etats, contraints bien fouvent de fejetter en dts ex- tremitezncn jamais preveues , ny feulement imaginées, comme fit celuy- cy, ainfî que le fuccez de fon hiftoire vous fera voir.

A i ;; si commençoien't à profpercr les affaires des Ca- tholiques fous le regncdccejeunePrince, conduitprin- cipalement paiIesPercsIefuîtes, qui tous les jours reve- noient à pleine > main s chargez des dépouilles des Hé- rétiques convcïtiz: Quand le Diable fufeita contr'eus

Luthériens

s du Royaume, affectionnez à la caufedes Ca'viniftes, &Aniens, tous unis & joints

:1e. A

retour les Etats font aiîemblez, epi fejoù- nefife de leur Prince, par décret bannHTent les

fous i'enfeigne de la Liberté , à h ruyne du party Catho lique:&qui ne rouvoient fans dcpit,voir laproiperité de 1-Eglifc " aris&k7-

Pères ce la Tranfifranic. Us fe plaignent de cette înjufti- - demandent étreouyz, veu quec'ét contre lesLoisdu Royaume, quilesont reçeuz: les fupphent qu leur mùttes'ils ont donne occafion de fcandale en leurvie, doctrine , dont ils font prêts de rendre 12

,Ia pour is-ni-

loU^E^iVeRomalne^u'cn veut arrêter leur con-

léte Le Prince ne pouvoir ce qui) vouloir & avec : beau}

coup de regre.vi

Ts'on leur répôd auils n'ont que le droit d'obeilTance

ir leur partage, qu'il n'y a ordre,qu'cn voit bie qu ils

ont à gages du Pape , pour remettre cette Province foi

1 C< cherc

d les Pères forcir de fon Etat , pour aller ber demeure ailleurs. A peine eut-iik crédit de re-

tenu

L I V R E IV. tfff"

tenir le P. Aîronfe Carille prez de luy.Peu âpres bar.nif- fement des Pères, fut bâtie la côjurationcoiitre le Prince, Ctfffjar*- dont Balthafar Battori , fon coufîn germain , Se frère du ti0n c°ir6 Cardinal André Battori éroit le chef. Celuycy avec plu- $*&ifiz*** fieurs côj urez gés de fa faction fe refout s'éparer du Roy- aume^ tuant de force ou parpoifon Sigifmond, fe faire élire Roy. Ce mauvais deiTein ne peut couver légèrement fous les cendres fans faire feu. Sur les premiers avercifle- mens Sigifmond dépêche le P. Carille devers l'Empereur, pour avoir fon avis fur un affaire fi importât,n'aiât voulu remettre fon décret à nul autre. Comme Carille eft bien avant en chemin, il eit arrêté prifonnier par ceusdela fa- ction de Balthafar, fes papiers & chiffres pris. Sur cet avis Sigifmôd avec Quelques uns de Ces plus fidèles ferviteurs môte à ckeyal,& fort du royaume, pour ne tomber entre les mains des conj urez, lefquels à cette occurréce aiïem- blent les Etats:P>.emôntrent que lePnnce volôcairement à quitté la principauté, refolu de mener une vie privée Sz folitaire, qu'a ce moyen il falloir procéder à l'élection, d'un Roy.C'étoitle deffein de Balthafar, pour faire tom- ber le fort fur luy, car nul autre n'y pouvoitafpirer: Ce- pendant il mande qu'on relâche le P. Carille. Sigifmond ayât fait ferme quelques jours en lieu de feureté il s'e'- toit retiré,pour voir quel train prendroit la trame de fo* coufin,prit parti pour aller devers ffimpereur.Mais corne il eft en chemin, il rencôtre fortuitement le P.Carille,qui Retourne luy ccnfeilîe ne s'éloigner ainfi, pour n'éloigner par me- en w Etat. me moyen les volontez & affections de ceus,qui portoiét encore fon party .'Qu'il pouvoit faire état certain de l'af- fection de tous les CarholiqueSj&de la plu part du peu- ple. Il prent cet avis , 3c envoyé aus Etats àcs lettres pour effacer ce faus bruit,qu'il eût renoncé à la couronne de Tranfuvaniejdit qu'iia eu desjuftes occafïos de fe retirer en fecrer, pour fe garétir des embûches qu'on a?çj. j £ féà fa vie luy qume lit jamais déplaifir à jr^* & J ne délire fe coierver que peur conferver l'Etat en fon en- tier que fon Père luy a lajffç. A h lecture de Ces lettres «onieiucrnentc,usqiU^0ient danslafiemblee, mais aufli le tefte au peuplç.çrict d'une yoïs.Voîumtu Shifm*n- *m?k Vdiêmuê Sigifaunditm* Balthafar etenné voyant fa parue mai fane , taafipant fon dc&in, y cçafent.

*$€ LA N'AI S SAN CE DE L'HeRESïI,*

On dépêche devers Sigifmond pour le fupp lier de re- venir : mais il demande par même moyen avec fon re- tourne retourdes Iefuîtes bannis. On le fupplie avoir pa- tience, que le tems luy en ouvrira les moyens. Enfin vaincu des prières & ambaffades réitérées , il retourne, le peuple accourant fur hs chemins, pour le voir avec des acclamations dejoye; Vive Sigifmond. Balthafar &ceus de fa fadion luy vont au devant chargez d'exeufes & proteftations d'obeyflance. Ceos-là mafquentleur def- fein, &Sigifmoud diflïmule ledefir de vengeance qu'il couvoit dans fon ame , fait du bien a ceus à qui il vouloit plus faire de mal , mêmes honore Balthafar de quelque Sigifrnonâ nouvelle Comté qu'il luy donna. Or fait qu'il eûtdé- ftit mot*- couvert de nouvelles entreprifes dreffees contre luy, ou rit Us ion- qu'il n'eût oublié les palîees,car la jaloufie du comman- inrez. dément abfolu furmonte toutes les patentez & amitiez

plus étroites , il fe refoût de les faire tomber dans les fi- lets qu'ils luy avoyent dteiTé, & conduit fi fectettement fon affaire, qu'un jour ayant fait cacher des gens armez ch fon anti-chambre , il fit mettre la main fut le colet à quinze ou vingt des principaus , qui félon la coutume é- tovent venus en fon Palais pout l'acccompagnerà l'E- olife. Ils font>ouis, aucuns gehennez, puis convaincus, étranglez en prifon , & Balthafar le premier, qui ne peut parfeslarmcs, nrieres &proteftations; flécher le cœur de Sièifmon4pffenfé, lequel par ce moyen ayant fait en- tendre les juftes occafions qu'il avoit eu de veniràces ex:re:nitez, & faire trébucher fes ennemis dans les mê- mes Lies qu'ils luy avoyent préparé , demeure paifible en fa principauté. Or Amurathoffenfé, queleTranhlvain eût rnépnfé fon amitié , & préféré l'alliance deRodol- fe, dépêche contre luy Sinan Pacha, conduifant unear- ' m ce cent mil hommes , avec commandement de luy rapporter fa tête. Mais ce jeune Prince courageus,n' ay- ant à peine barbe au menton, refolude ne la livrera fi bon marché à cevieus routier qui venoit contre luy, va fluderant avec une armée de cinquante mille hommes. a crivé l'ayant veu, le combat, & deffait, avec unç granj ïenerte de Turcs. vid-onnosReligteus au milieu des cous & dans la fumée des canons, les Crucifix en main, , Ranimer a* combat: Cette viSoireluivicdeiaprifcdc

L i v S. 2 iv. *^

Lipfe,& autres pîaces,fut grade & mémorable, & encore plus glorieufe a ce jeune guerrier contre un viens Capi- taine,telqu'étoitSinan Pacha,qui avoit rapporté cy-de- yant tant de victoires contre noUs.Ce Prince avoit ja r'a- pcllé les Pères Iefuîtes,& par le décret donné l'an 155*5. fait calTer celuy qui l'an ij88.portoit leur bâniiîement.A leur arrivée ce ne furent que chants d'allegrefTe des pauvres ' Catholiques, & étonnemét de leurs ennemis,qui fur tout ne peuvent voir cts gens fans froncer le fourcil. Leurs Collèges furent rétablis,& la liberté de pre'cher donnée. Pendant leur abfence un Moine Calabrois avoit été cou- MoiveC*- ché en l'Etat de Sigifmond,& fait fon confelfeur. Celuy- UbroU. cy foupçonné d'être Negromancien, fut hay de tous, te- nu l'autheur du malheurarrivé auPrince; carcommeil Cts nopces eut pris en mariage 1 Infante Marie Chriftierne , fille de fi**** l'an J'Archiduc^Charles, il fe trouva lié Se enforcelé de telle tsfis. forte^u'ildefleichoit a veuë d'oeil, fans pouvoir trouyer iemede à fon mal,abfent de la PrincefTe fa femme,il brù- Sigiftnoni loit d'amour , i! tranûlloit de haine feulement de la voir, enjercele. Mal incurable,& fans remède! Le bon Père Magius qui a longuemét negotié en Pologne, & Autriche, m'a dit lors qu'il eft paffépar Bordeausl'an 1601. retournant vers le c"^ 1ut Roy pour le rétabliflement de fes Confrères, que le jour v*tttne&?~ des Nopces du Prince, une Dame fut veuë dansI'Eglife **er &n . \ faifant quelques (ignés en terre non accoutumez , dont r*n,C,£.J pour lors on ne fit point de casjains onenrejecta le mal- retae ly~ heur de cet enforcellemenr fur le Moine Calabrois mal- me"t, iS heureus forcier,qu'on penfoit à deiTein avoir pris cet ha- leJli*îts bit pour faire plus ay ment fes approches du Prince, qui '0UA. : m* aymoit de fon naturel les gens de religion. Cemiferable, r) ^ ' detefté des gens de bien, mourut peu après mangé & ron- gé des pous.

Ce pauvre Prince n'état plus que l'image du palTé, af- fligé de divers maus : car ce fortilegé jetre furluyparmy plufieurs douleurs iuyrenverfoitfouvent lefens,s'en va à Cceyavint Prague trouver 1 Empereur,entre les mains duquel il re- l'^jjpô'. met fon Etat , fe contétant d'un Duché en la Silelie qu'il luy donna. Pendant ce tems,fon mal redoublant il tomba en une grade &cruelle'maladie,laquelle,foit pour la ma- lice du mal, ou violéce des remèdes, luy augméca ce trou- blement dçDjric. Il YÎnt pourtant à Viene,& fut veu en la

T t Pro-

iJ$p.

IneQnftan- et de >igif- mvni.

65 S De la Naissance de l'hérésie, ^ ProceiTîon générale , quifé fit le jour du cors de Dieu> Ce fut la entre lesDucs, Archiducs, Matthias, & Maximilian, te- nant les yeus de tous les fpeCtateuis arrêtez fur le va i n- qvEVR de Sinaîj: MaudiiTantlemalheureusforcier, qui avoit rompu la vigueur, la beauté, & la generofité de ce Prince, caufe de tous les malheurs qui luy avindrenc depuis. Ayant paffé en Silefie , & veu les terres q(f'on luy donnoit en échange de fon Etat : reconnoiflant la faute qu'il avoit faite, voireméme que Maximilian étoit ar- rivé à CaiToviepourpaiTer en Trâfilvanieau nomdeRo- dolfe,il monte fur un cheval promt &vîte, & laiffant fes gens &z tous les trefors qu'il avoit apporté quant & luy,fc dérobe, & fans fe faire connoître, r'entreenla Tranfil- vanie, laquelle avoit ja fait hommage , &iurc fidélité à Rodoife; S'étant fait cennoïtre, il eftreçeudesTranftl- vaius,amnureus de leur Prince. L'Empereur étôné,& dé- plaifant de l'inconftancede cet homme, voulut néant- moins fes trefors luy être rendus. Mais peu après Sigif- mondreconnoiifantfon indifpofition, &lafoibleife de fon efprit, depuis l'enforcellement jette fur luy , foufpi- rant fans ceife apics l'abfence de fa femme belle & vertu- eufe PrinceiTe, dont il ne pouvoir fourfrir la prefence feu- kmét, envoya quérir en Pologne le Cardinal André Bat- tori fon coulin germain, autrefois fon ennemy , comme celuy qu'il penloit avoir trempé eu lacôjuration drefl'ee contre luy, & qui depuis l'exécution de Balthafai Battori fon frère, & autres, n'avoir celfé d'irriter le Ciel & la ter- re contre Sigifmond. Arrivé qu'il eften Tranfilvanie, il luy refîgne fon Etat, & fit que les Tranfilvains luy rendi- rent avec foy & hommage, lobeyiTancc qu'ils devoyenti leur Prince naturel. <iz fait, il ie retiraen Pologne pour y palier ic relie de fes jours, portant quât & luy beaucoup *îe trefors: car outre ce qu'il avoit refervé du Royaume, ii ht un «raibutinaîadefFaitedeSinan Pacha. Mais touc cela peut miferablement en Pologne, le feu s'étantpris enfonloçis , comme h" tous les elemens eufient conjuré la ruyne de ce pauvre Prince affligé de, toute forte de mal- heurs. La PrinceiTe fa femme pour trouver quelque trêve a tant de forte de déplaif.rs, fit faretraitteen un Mona- ftere de Reiig'.eufes.Le Cardinal polïeifeur du Royaume, traittant lapais ayee Rodolfe, parl'entremife ciuiaint

Père,

Le Cfirdi- VmI Jj ai to- rt Urtnce dt. lu Tiâ- lik>MTHCi

L I V -R S IV. 6^9

Père , lors qu'il y penfoit le moins , fut étonné d'avoir la nouvelle de l'entrée de Michel Valaque Vaivode de Mol- davie par les lieus montagneus delà Traniilvanie, avec trente mille hommes ïamalTez de toute force de gens.

Le Cardinal qui n'avoit aucune inimitié avec luy, en- j/failly voycfes AfnbaiTadeurs, pour fçavoir lefujet de Ion en- par UV*U tree au Royaume: voire prie le Nonce du Pape.de s'a- Uque, cheminer vers luy , pour arrêter la furie de cet homme : cependant à la halte ramafTe quelques forces. Mais le Valaque fans s'amufer au$ parlements , fait arrêter le Nonce dans vn Château, marche a grandes journées, ay- ant commandement, difoit-il , du grand Seigneur, d'ar- tacher jufquesaus dernières plantes la famille de.Batco- ri fon ennemie , comme il difoitaufii avoir même com- mandement de l'Empereur , de les chaiTer hors du Roy- aume. Le Cardinal fur cet avis a va au devant de luy avec forces inégalespourtant , pourle combattre, &a l'arri- vée renverfe les premières troupes furie gros duValaque, Mais à la féconde charge, le chef de fa cavalerie Gafpard Cornis Arrien, tourne la cafaque, & le rend au partydu Valaque avec fes gens , comme fît aulli Bochkay Luthé- rien, Gouverneur de \vraradin,& fes trouppes. Le pauvre Dtjfaitj Cardinal fe voyant abâdonnc & trahy des liens, qui por- trahy7& toient mal-volontiers être commandez d'un Prince Ec- tuL cleliaftique,fefauve,abandonnant fes gens àlamercydu vainqueur.A la faveur de la nuit il gaigne une foret, a- pres avoir aifez vire-volté, fentant fon cheval arfoiblir fous luy,fejette dans un halliere'paiSjOÙctenduluri her- be las,&recreu,accablédu fommeil, il s'endort. Comme il eft en la profondeur de fon fomme, àzs Parties furve- hànSjfans le reconnoître,de fon propre cimeterre qu'il a- voit prez de luy,taillét la tête à ce pauvre Prince,laqael- le depuis par le commandement du Valaque fut tirée au naturel, & envoyée a Vicneàl'Archiduc Matthias , avec fon cheval, fon cimeterre & fon enfeigne. Ainli s'empara le Valaque de la Tranfïlvanie, comme Vaivode & Lieute- nant de Rodolfe, &luy fut rendu le ferment de fidélité: Il luivoit la foy Greque,& fe môntroit grand ennemy des Trinicaires & Sacramentaires. George

Mais de Lieutenat il fe voulut rendre Seigneur abfolu, B^fl brave ce qu'il eut fait, fi l'Empereur n'eue appelle prez de iuy Capitaine. Tr i George

660 De la Naissance de l'Heresié, George Baft,brave Capitaine, élevé & nourry en l'Echo- ie de ces grans nommes de guerre dom.Iand Aiitrie,&da Duc de Parme, lequel il envoyas la conquête de la Tran- fîlvanie. Le Valaque le veut empêcher, mais ileftdefFait en bataille par George. Les factions des Battoris n'étant . du tout éteintes, Sigilmond fort de Pologne, & retourne encore un coup en Ton Etat qu'il avoit fi iouvent quitté, &pout leçon lerver, fonde la volonté de l'Empereur. le mcnalfantde fe rejetteren la protection du Tutc. Ainfl eft ce pauvre Rovaume branlant & douteus. entrela bon- ne Se mauvaife fortune,' ayantparmy tant de mutations eiTayé toutes fortes de miferes & calamitez. tltlà Voila l'Etat de la Tranfilvanie, l'heretie fe pro-

Twtesfor- meine&joïie fon roole fous les perfonnages des Atriens, tesdeReli- Trinitaires, Sabbathaires, Lutheries, Caiviniftes,& Ana- g'ons en U baptifteSjCemiferable mélange de religions état permis: Tmnjilva- car encore que pat le décret de Tolède ian ^jS.&autre à ■**• Albe Iule, l'an 15^. Yoire depuis à Colîofnar l'an i{6o. il

eut été arrêté que la feuîeReligion Luthérienne feroit reçeue en concurrence avec la Catholiqueifî eft- ce que la foire fut ouverte en faveur de tous ceus r^ui voudroyenc ctalîerleurmarchandife.Icy le C h ri s t difoitle Tnni- taire: c'ét chezmoy, repliquoit l'Arrien , cétbien moy qui le tiens, crioit l'Anabaptifte,le Tritheïte,leSamofa- teen,leCalvinifte. Et comme celuy quife trouve au de- fefpoir,jouë defarefte: aufîî les plus grans voyant l'ac- cord de tant de gens, mettent tout a l'abandon, quittent & la voile &. le gouvernail. Qu un chacun donc foit reçeu avec telle Religion qu'il voudra, potte le décret de l'an I le joui de la Trinité , & après qu'un Predicaat d'une f.cte aura prêché a fa mode, qu'il face place à l'au- tre po or prêcher a fa façon. Que chacun foit libre,&ad- minifne les Sacremens comme bon luy femblera.

Cela fut encor confirmé aus Comices de Torde l'an S.àZekelvaJarel Fan 15 71. Depuis l'an 1540. quelafecte de Luther fit la première ouverture en ce Pays la,jufques en l'an ijéc.le feul Luthérien y avoit pris placeicarles Ar- riensfe tenoiéc a couvert. Mais délors que lesCalviniftes eurent enfoncé la po; te, tout y encra péle-méle, n'étant les confoences iourtes. Accourez Belzebut, Aftarot, Se tous les elpiits malins , rompez vos kis>&t vos entraves ,

veLez

L I V R I IV. 66l

venez vifîter ces belles campagnes ou l'Herciïe vous ac- cueillera à bras ouvercs. Côbartez la divinité, puis l'hu- manité de C h ri s t, laiflez-le un pur homme, Profeteà l'égal de Mahommet , aflaillez la Toute-puillance, cou- pez les Sacremens. Qu'un chacun vive,& croye a fa çuifc. Cette laitue &relig eufe ordonnance de la liberté Chré- tienne, premièrement tant chantée & Joûee par Luther, fut laintement gardée par Tes lue celle urs. Et toutes les fois qu'ils ont procédé a l'EL-crion d un Prince en la, Tranlilvanie,ç'a été fous cette condition de iaiifer cha- cun libre en créance, laquelle les eu: réduits a ne croi- re du tout rien, fi les Pères Iefuîtes qui ont tenu pie ferme à ClauJiopolis, & Albe-Iule , n'euifent fauve une partie de ce peuple,avec elperâce de ramener le refte,ii Dieu par fa divine bonté lespreferve de la domination Turquei- que,qui le peine depuis tant d années a la faveur de i he- relie, d'enfoncer le boulevartde la Chrétienté.

COMMENT, ET PAR C^VELS MOYENS

les Hérésies se glissèrent

dans la Pologne.

C H

I T R E vu r.

La Pologne exemte d'he- refie jufques environ la mort de Luther, i.

Comment le viepts Sigif-

mond s'y oppofk , & la

nonchalance de Sigif-

mond ^Aumftej donna

l'entrée.

3- Les pères des Herejles qui

affligent U Poloo-ne.

4- Lt Pologne ey pays r/r- cou 'Oi 'fins lors d une me* me créance.

y

Les Caluinifles , Cr Pro- te flans s entre-aceufent de ces de for dr es. 6.

Les Evageliques appelent les Catholiques rares.

LA Foy& Religion Catholique écoit demeurée faine 1. & entière dans le Royaume de Pologne , qui fert de La Po!o*~ n.iur a la Chrétienté, depuis le tems qu'il quitta lePaga- g>teex&e

T t « mime

&6i De la Naissance de l'HerestiV

d'herejîe nifme fous le règne de Mifnelas premier, fans avoir enco* iu/quesen- re fenty altération ny changement quelconque : Car ja- viron la çoit que les Bohémiens Hufîites , voifins des Polognois tno-.x de femblablcsenmceurs,&en langucjeulTent taché de faire Luther. couler leur doctrine en la Pologne , & remué tant d ar- mes, comme l'entrée de ce livre vous a montré, fieft-ce qu ils n'eurent lepouvoir avec tous leurs artifices, de les feparerdû confenrement gênerai de l'Eglife, encor que des mauvais Prêtres de la Bohême fe fuiien t retirez com- me a fauveté dans la Pologne , en la Ville de Spurg, envi- ron l'an 1456. fous la faveur d'Abraham Sboilski, ainfï CromliC clueCromerus a écrit. Les Polognois fages &avifez, de- meurent debout , regardans les pauvres Bohémiens fe porter par terre, &s'égorgerpouriesopiniôi, de leurlan Hus, contens cependantd'écouter , &fuyvre la voye des Pafteurs de l'Eglife Catholique: mais avec une telle affe- ction,& zèle a la vraye foy, que leurs Princes ont par de£« fus tous les autres, eu cet honneur, d'avoir foulé aus piez f la grandeur des couronnes entachées d'hereiie:Çar com-

me ces Hufïïtes rebelles euifent prefenté leP.oyaume à C7 reîie e "Vladifl^us R°y ^c Pologne , il les en remercia. le fais rétonfe Un "Confciccc,dit-il à leurs AmbafTadeurs, de régner fur des "Ro de ?e 5îPcuP'es heretiques:ne refufez de retourner au giron de 53 l'Eglife , & je ne refuferay le feeptre que vous me pré- sentez. Aiufifeconferva cette populeufe & belliqueufe nation fans tache d herefie. Cequioccaliônale Cardinal Hofius, honneur de la Pologne, de" dire , quelî quelque peuple a eu occasion de fe glorifier en Dieu,c'ét le Polac, lequel n'a jamais ëtéfeiuit par doctrines étranges & va- riables, fi ce n'et depuis que la vois de Luther fut enten- ,,ùue.Lors, dit-il, chez nous, tous difoiët une même cho- „fe,tous chatoient unememechofe.de forte qu'il eut été „aifé de reconnoître celle fainteCité du Pfalmifte , la participation de laquelle eft en foy-méme : Aulli, fut ce peuple gouverné par des P^cys & Princes fort lleli- gieus, qui léuîs avec les Roy s très- Chrétiens, &lesRoys de Navarre, ont privilège d'être oinrs & iàcrez dufainç Chrême, de porter couronne clofe , fans reconnoître fu- Ccuroyn* periorité quelconque: car les Roys de Dannemarc , Sue- fiçfc' de,Norvegue, Gothie, Bohême, Hongrie, Naples, SL cilc, Angleterre } la portent olirerre, parce qu'ils font

ipim.

Livre IV. 66j

redevance à quelque fuperieur. Le zelede ces Princes Polonnois, a la grandeur & exaltation de laFoy, &Re- ligion Catholique , fe montre par les continuelles guer- res qu ils ont mené contre les Infidèles , & par la gran- deur & magnificence des belles Eglifes qu'ils ont éle- vées a l'honneur de celuy qui fut crucifié pour \çs pe- chèzdu monde; Eglifes cju ils ont dottees de grans. 3c beaus revenus , par lefqueiles dotations, non moins que par leurs armes , ils font paroîrre l'avantage de leur pie- té fur les autres nations : car chacune fe contentant de donner au plus la dixième de fes fruits : ccnc-cy feule a donné pour le moins ai'Eglifele tiers du patrimoine de tout le Royaume. t

Or comme Luther eut mis en trouble &enfeutou- n. tel'Alemagne;la Polongne commença d'en fentir quel- Comment que efnoy , qui n'avoitjufques a la penfé , que de fi foi- h viens blés commencemens deulïent forrir de tant grans effets, s$»t pouraufquels pourvoira tems,lePvoy Sigifmond fage & $\ 0 zo .y, vertueus Prince, lequel tous les Roys de la Chrétienté 3 voire me'me Soliman , par honneur appelloient leur Pe- ^ re, (cachant combien eit grande l'occafion de craindre alors qu'on voit

Le feu épris en la maifin uoljtne ; Aflembla le Sénat, & les plus grans du Royaume,par l'a- vis & délibération defquels fut cette Loy promulguée, que tout homme qui îédévoyeroit de la i'oy Catholi- que,feroit tenu pour ennemy de Dieu & des hommes,cri- minel de lezc-Majefté divine & humaine, traître a fa pa- trie^ dégradé d'honneur & de Nobteile.Ce faint décret fut confirmé de tous les Nobles, & Sénateurs aflemblez, confpiransala même voionté delear Prince; de forte que les pratiques , & menées de Luther, ny fes attaques &bartenesne peurent forcer la fainteTrefoiution dece peuple. La ieuneife étoit tenue fous le frein, & duvi- Cscy fut vantde ce Roy il ne fut loifibie envoyer lesenfans aus *<* i ■?■??. Echoles d Aieaiagne, ny aus Alemans venir enfeigner les lettres en Polongne. Quelques-uns toutefois a ca- chettes, comme de> renardcaus,le giiifent, même les Pi- karcs ,parl entremife de laques Oihorog dans la grand' Pologne, éedans la ville de G rois, comme firent auiîi les T t 4 Luthe-

6*4 DilaNaissancede l'Hérésie,' Luthériens dans Koznitreto par le moyen de Staniflaus Oftrogog, puis dans Pofvanie. Ces deus frères ont laiffé des cnfans héritiers de l'Herefîede leurs Pères, jufques en nos jours qu'ils s'en font dépris. Le bon Sigifmond mort,qui renditl'ame a Dieu l'anmil cinq censquarante huit, âgé de quatre vints & un an , Sigifmond Augtiftc fon fucceffeur , & fon fils, fe montra plus amy de la No- bleffe , que des Sénateurs , & moins ennemy des Luthé- riens. Aufli vit- on bien tôt du changement en fon Roy- aume : car aucuns Gentils-hommes & Seigneurs , au re- tour d*Alernagne leurs Pères les avoiét élevez,appor- terenten laPologne la confeilion Auguftane.Ceus-cy ai- ant pris quelquegoût à cette doctrine nouvelle, font ve- nir fecrt utement des Précepteurs pour leurs cnfans, des Vniverfitez de Witemberg, Lipfe , & de 'divers lieus infe- ctez de l'Herefie: Entre autres Euftathius Treska, Ma- theus Polci , qui furent les maîtres d une belle jeuneife, iffuë de la noble famille de .Gorani. Ces gens s'épandoi- ent ça & la, félon l'inftruction de Melancthon ( car après îamort deLuther, touts'addreffoit à luy; lefquelsn'eu- rent plus grand foin qu'à débaucher la jeuneife , & luy faire fennr la douceur de la liberté Evangeliquevdéchar- g.^edetous ces vceus, pénitences , & confeilions , qu'on prêche tant enl'EglifeCatho'ique.ChriftoforusHagen- dorSus , fous couleur d'enfeigner les bonnes lettres a la jeuneife, leur mit leprernie: en main dans Pofvanie, le ca- techifme de Luther,fecondé de quelques autres Regens, cepédantquede leur côté quelques Prêtres Huilîtes ta- choient a feduire~le peuple. Mais iEvéque Andréas Bru- nifcius força Abraham Sboiom qui les receloit, de remet- tre entre les mains de la juflice cinq de ces raus Prêtres, qui furent brûlez publiquement dans Pof/anie : Si fut-il impo/Tible d'empêcher degrollir le m al qui couvoit dans les maifons privées des Gentils-hommes, & qui s'écoula puis après parmy ies autres. Ainfî gagne le cancer de l'he- refic peuapeuparmy la NoblefTe, puis entre les Séna- teurs, &paifedes enfaasaus pères. Les Lois du Royaume n'avoiét lieu que pour le (impie peuple, & les gens de viî- îe;la Nobleffe feule, & les gros du Royaume le difpenfoi- f.nt par deffus les Lois ordonnées par le vieus Sigifmond: Aum* luy reprochoit-onque [es lois reffembloient

- Utoiu

Livre IV. 66^

la toile de £ araigne ]

Toile ou le moucheron s arrête, cependant

Que le bruyant frelon va fa trame fendant» Les Evéques s'en plaignent airs Diètes & au Roy: mais pixhîtfdtf ce Prince fe montra fi froid & fi lâche a faire garder les Evéques, Lois, qu'en fin IHerefie s'écoula parmy tous les ordres. Il avoir crainte de déplaire a quelques Seigneurs, qui dé- jà commençoient a faire profeffion ouverte de la Con- feffiond'Aufbourg, & ne voulut par larecherchede leur confcience les éloigner de fon fervice-> ayant le Mofcovi- te, & des Tartares fur les bras. Il ufoit non feulement en cela, mais en toutes autres chofes de remifes , c'étpour- teTLoy dt quoyonl'appelloit le Roy Giotron, c'ét a dire le Roy de demain* demain. Il fît encore cette faute de donner audience aus Députez es demandes importunes de ceus qui vouioienc de nouveaus Temples, lefquelss'airemblerent par laper- miilion du Roy : Mais le Ciel courroucé déchargea en même tés un coup de foudre furie Palais, oùl'aiTemblee deces gensfefit, chofe remarquée par le Cardinal Ho- H*/**** *'&> x»fiu#écrivant au Roy. Nepéfez pas,Sire, que la tempête "aitl "* ^•fefoitpar cas d'aventure, principalement déchargée H*reh >? fur cette maifon, en laquelle on a confulté la divifion «del'Eghfe, c'ét une vois de Dieu, condamnant les déli- bérations qu'on fait de s'emparer , avec menaffesd'en- « voyer fur vôtre chef un plus furieus orage, fi comme \ 33pnnce Chrétien, yous ne vous y oppofez.

Cela peut être fervit bien à faire que ce Prince fe main- tint toujours en l'obevifance de l'Eglife , mais non pas à l'obliger de répôdre a cette femoce divine, tant la crain- te de troubler fon Etat eut pouvoir de luy faire dilTimuler le mal. Lemémeavint lorsque Manuel tenoit l'Empi- re d'Orient: Car comme en une afTemblee dans la ville de Conftantinople,on difputoit devant l'Empereur,tou- chant le Sacrifice du Savvevr dumonde, &commenc il fe pouvoir faire que le Verbe divin revêtu de nôtre chair, & vrayement fait homme,fut & le facrifice,& le fa- criricateur,facrifiât, & fut facrihé, un tonnerre éclatta fi étrange & hors de faifon,de forte que la plu-part des fiftans trébuchèrent fur la place. Sur la même heure, dit Nicetai L l'original de cette hiftoire,Eliç homme fort docte & celé- r.

Te 5 bre,

Cathli- qtée répon- JedeSigif.

fficnd.

Tnvoyent vers Me-

Comme ils Ht [oient leurs Pa-

iléHTS.

€66 De la Naissance de i/H e r e s i t,

bie, ouvrit un livre, & ayant leu ce qui regardoit ce tes- là, il trouva cçs mots, i^a vnyne & tréouehen.ëi des Sagcs.L'Em- pereur qui ne tenoit conte des Pères anciens , alléguant les Ecritures a fa fâtaiîe fut depuis plus retenu en l'obeïf- fancedeueà Ces Patte urs, comme fut au in S igifmond, le- quel ne fit aucun Edit en la faveur dt ces gens împortûs, voiremémesaus Etats tenus a Varshovie, prié par eus de 'aconnoùredufait de la Religion : le fuis Roy, dit- il, Se »non Pafteurdcl Eg'ife, tant s'en faut que j'y veuille »interpofet mon authorité , qu'au contraire je me fou- » mets au jugement des Prélats qui rcgiiîcnt. Néant- moins à lafavem de la liberté de confcience tolérée, tou- te (orte de gens qui étoient arrivez de toutes parts en Po- Jogne,pour débiter leur marchandée, retallent& met- tent en public. Les uns étoient venus de Saxe & de Mun- ftre,les autics de Genève, & de Zurich. Scrvet y étoit ac- couru du profond des Efpagnes , ayant fait fon emplette première à Genève. Okin.de l'Italie, Valentin Gentil du Milannois:d. toutes ces têtes diverfes,diverfes religions, &plulieurs diverfes Sectes s'engendrent. Quelques Pala- tin:, dellreus d'aller au change , envoyeur devers Melan- crhon,pcur fçavoir quelle reiigiô étoit la meilleure. Leur Ambalîadeur fut Pierre Gomundski de Lituanie. Cettui- cyarrivéa Witemberg l'an 15 $6. donne fa confelTion , 8c fes lettres a filippe, lequel depuis la mort de Luther, fc porteit comme fouverainchefde i'Egîife.'Mais empêché de beaucoup d'affaires , il le donne , difent leurs Histo- riens, a Srînecerus ,qui découvrit ioudam la doctrine de c^s Pciacs être Arrienne.ce quêtant rapporté aFilippe, il le renvoya fans autre réponfe.

Le peuple tandis en Pologne choilït tels Pafteurs que bon iuy fcmble, mêmes en cette partie delaLivonie, que le Polac tient(carierefteeftauRoy de Suedejoù cette fa- çon de créer les Predicants a été longuement obfervee:

Ceiuy qui vouloir être reçeu,enttoit au Sénat, & la a ge- nous recevoit par l'haleine des Confuls & Bourg-maîtres le faint Efpnt ; puis le Confui le prenant par la main , le mettoit en chaire , luy donnant la Bible de Luther, & la Confeinond'Auibourg, comaie reçue le Polac Refcius. la Atbcïf. Ils ont depuis changé de forme: car le feul furin tendant defic.erd. reçoit les Predicants , & leur iropofe les mains, leur don-

ne le

Livre IV. 667

ne le pouvoir d'annoncer l'Evangile. De tant de fortes de Se£tes : ceus cy fc difent Trinitaixes , ceus Deïftes, Arriens,Tritheïtes: confufion horrible &miferabie:qui ouvre peu a peu la porte à l'Alcoran , comme les Luthé- riens & Calviniftes font contraints confelfer. Oyez ce falMéà ajqueloiias Simbier Luthérien en dit: Les Eglifes dePo- UY. Dei » longue (il parle des Luthériens } font en grand péril & jm0t asdanger: car pour être voifîns des Turcs, nous crai- *>gnos queîesnouveaus hérétiques qui font en ces Pays- la n'ouvrent la porte à Iadoitrine de Mahommet. Be- »3ze en dit le même en l'une de Tes Epitres, & le Zuinglien asSturme au livre de la concorde. Ladiviiîon, dit-ii, de »nos Eglifes, prépare la voye auMahommetifme,veu les »nouveaus hérétiques qui s'élèvent touslesjours en ces >s contrées là.

D'oy font venus ces nouveaus Hérétiques qui vous in. font peur? qui les a enfantez.Qui a engendré ces Arriens, Les pères Deïftes,Trinitaires,& autres qui germent en ce Pays-la? desherefies Ne font cepasOJ:in>GcriI,Alciat,Blandrat,Stator,tous qutaffli- élevezaus écholes, qui le difent Evangeliques ? lefquels gent U Fe. fe rendirent en fin Mahornmetiftes , ou Arriens, comme longne. écrit lan Haran,autrefois Miniftre d'Anvers,& à prefent Catholique, au livre qu'il a fait de faconverfion. Théo- Vcy Bez.e coredeBezeconfefTe , que Paul Alciatprit leTuIban, epi&. a<T. comme fît ce grand Brife image Amannus,& le Miniftre iS.81.Re- deHildebergAdam Nanferus, lequel de Calvinifte feiït ginaldua Arrien puis Mahommedfte. Ayant laifé le Palatinat, il //. /.cap.*. prit la route de Confta:uinopIe,avecfon compagnon lan ér^. 3. Salvannus tous deusrenicrét leur foy, comme racon- StmbUri» teleMufuîman Michee dans Reginaldus , ayant taché vit. Eull. d'attirer a leur cordelle, &feduire plu/îeurs autres dans &de£ter, l'A-lemagne; ainii qu'on peut voir au Colloque qui fe fît Dei filio. l'an mil cinq cens nonante un, d'un Catholique &du Sclu/.The, Miniftre Baduis, & dans les lettres de ce Nanferus, écri- Cah.U.i. vanta un fien ainy nommé Scefanus Gerlachius, lefe- Stancar. eonddeluin 1 an mil cinq censfeptante quatre.Leméme de média, mal-beur accompagna Biandrat qui de Luthérien devint fol. 58. Tritheifte , puis Mufuiman , comme fît un autre que le Cal. in grand Seigneur envoya depuis Ambaifadeur en Pologne, *dm*. ad qui fe nomma Muftafa de Zanilî Polonnois^ lequel com- filonx* meécritSurius, de Calvinifte fe rendit Turc. Quanta

George

é€% De la Naissance de l' Hérésie, George PolPafteur de Cracovie, Gonefius, Gribaldus,* Volanus, David, grans docteurs des autres villes de la Po- Ce fut l'an *on§neJ &Tranfilvanie, ayant quitté le Calvinifme, fî- MJ^_ ' rent ouverte profe/îîon de 1'Arrianifme. Le même fit Lu- cas Stembergerius difciple de Luther,Predicât en la Mo- ranie, & lemiferable Bernard Okin duquel j'ay parlé au 3. livre, qui a fon arrivée, comme fi avant on n'eût jamais ouy parler delà vraye Religion, fit imprimer les canons de l'Eglife Chrétienne , que j'ay veus del'imprellîon de mi. frankfort l'an mil cinq cens cinquaute&deus. ta Volon- Avant ledeiTein de la tour de Babel, les hommes gnt & n'avoyent entre tous qu'un feul langage , mais depuis PaiiciriQ- que cet arrogant Nernbroth ofa lever le fourcil contre "voi/ins la divinité , élevant, comme pour écheler les Oeusjuk Ion d'une ques dans les airs : cette orgueilleufe machine de confu- même foy. fion:Dieu pour arrêter la fuperbe entrepnfe de cet Archi- tecte outrecuidé, confondit & divifa cette langue unique en feptante , toutes diverfës , dont la première fut feule- ment refervee a la maifon de Heber fils de Noé , homme craignant Dieu, duquel elle a pris, étant auparavant fans nom,celuy d'Hcbraique. Ainli a 1 arrivée de ces bons A- pôtresOkin, Gentil, Alciat, &autresen ces contrées Septentrionales, les Royaumes de Polongne Tranfiiva- nie, Hongrie, Valachie, Moranie, étoient Catholiques, vivoient d'une même &feule façon, fous l'obeyflance de" 1 Eglife Romaine. Mais depuis ils fe font divifez, & tron- çonnez en opinions diverfës , & différentes les unes aus autres, demeurant la vraye Religion entre lesenfans de Noé feuleinent:Lefquels craignant Dieu fe font raainte- FrAnçoii nus en l'imitation de leurs Pères , retenans leur langage* t. & leur Religion. François Lifinan Moine Apoitat,qui de- puis s'approcha de l'A lcoran,foûtint fort le menton a ces nouveautez, plus pour l'amour d'une femme, dont il fe coifa, que non pas de l'Evangile j de forte que depuis ce temscesRoyaumesont tellemétmultipliéen Religions qui! fe peut dire, que jamais truye ne fut fi féconde & fer- tile, qu'à été l'herefie en ces Pays-la, auquel ily a non moins de Sectes quedeviIlages.Hedioécnvanta Melan- Cthon en a tenu le roolle de cent vint-huit : Les uns tien- nent trois Dieus,les autres un feul, qui prend neaumoins •'iîrdc'trefervv à diverfës formes. Les autres point du

Livre IV, €64

tout, &celle-cyeft, peut-être, la plus grande Religion qui (oit, ous'ils en accordent quelqu'une , c'ét unDieu qui n'a point de foin des affaires du monde, un Dieu oy- fîf. Penfant avec ces Payens,

gificj les Viem hiffcnt fans foin ny cure,

+A fon piaiftr gouverner la nature,

D'où vient que cent qui les diem crojent tels,

Outrecuide^ n'épargnent leurs autels. te fieur du PiefTîs en 1 Epitre qu'il e'crit au Roy, De la Vé- rité contre les Athées, commence ainfi : En ce miferable . tems , Sire, que l'impiété qui ne fouloit parler qu'a l'o- reille^ entie les dents,a ofé fe mettre en chaire, & fe de- gorge en blasfemes contre Dieu & fon Evangile: l'accep- te de luy,& contre luy, cette confefïion , & luy demande- rois volontiers , depuis quel tems on t paru ces Athées, & Epicuriens, Il ce n'ét depuis que Luther, Calvin. Beze,& luy,ont ébranlé leur première créance , étant plus facile quitter les fécondes, que les premières.

Ce font les plaintes, & les regrets que font femblables dévoyez , comme Gaftius en fon fécond livre des erreurs des Anabaptiftes, Corvin en fes Dialogues, Bucer ènfes Commentaires , & Hedio à Melancthon, qui fe lamente de voir que les nouveaus Evangeliftes s'en vont au grand galop a r Atheïfme. L'on rejette la Papauté, dit-il, & ce- pendant on ne fe fait point Chretien:Il ne fe parleplus de Dieu. Ce fut en ces Pays-là, auprès de CaiTovie q-u'on vid ^n ^thetf. unPredicani (je ne fçay de quelle Secreil étoit;CarRef- ^t $acr** ciusdequi jel'ay appris, ne le dit pas ) lequel ayant ton- B*pif« Yoqué une notable côpagnie , créé un Parrin, & Marrei- ne,baptifa un porceau , avec les mêmes paroles & céré- monies que fait l'Eglife Catholique: & un autre l'an 15^. diftribuàt la Cœne, n'ayant plus de pain, doua des rouel- les de refort aus cômunians. A Romans en Daufiné, ceus de la prétendue reformée bapriferent publiquement un veau en Caréme,& l'appelèrent Brochet. Toutes ces-divi- Pnfith fions, &mafques de Religion dont j'ay parlé, ont donné AtStHYme. fujet a Sturme de publier n'agueres un livre, pour accor- aader ces diicordances,où il pronôce cette profetie. Si les *> Princes Evangeliques, dit-il, n'incerpofenc leur autho- *iïté,pour mettre rin a nos diviiîôs. il eft impoiTible que

»ruiile

670 De la Naissance de l'Heresié",' «mille Herefîes ne fe gliffent encor parmy nous, comme Az.9*. s. 330n voit touslesjoursrEcquencus ne tombions aumc- Jz.oa. //. 33me mal-heur que l'Aile, l'Affiique, &la Grecejlechc- «min eft déjà tout ouvert a l'Atheïfme, & au Mahometif- «me, Et a la vérité les opinions de plusieurs de ces nou- veaus hérétiques fontfort voifines de celle de Mahom- Vby ïïibli*. mer- ^ ctolz un Dicu,non pas une Trinité en unité, tient in bref. lis v s- Christ pour tout bon , tout véritable, exemt Alcor. de peché.né de la Vierge fans peché,Iaqucllefeuleméta- veclrs vs,de toute larace d'Adam, n'a point été touchée deSathan,dit-i),en l'Azoarefoixantefîxiéme. Ileftaflïs la haut vivant à la dexrre de Dieu , d'où il viendra quel- que jour aiîifter au jugement gênerai : Plusieurs héréti- ques fortis des Luthériens font en même créance, tou- chant la pcrfbnne du S a v v e v r.Nous avons veu le Livre de Hierôme Zanchus, Predican: du Comte Palatin , D e

T R I B V S E L O H I N ET VNO I E H O N A H .* OU Cette

belle doctrine eft évétce.Et toutefois cette race maudite,

& abominable, qui a produit, couvé & écîos la Liberté de

ne croire que ce qui plait, tant aus uns qu'aus autres,ofc

fe vanter d'avoir mis fus la vraye Religion aumonde,& ;

ruvné Papauté. Que Luther ny ceus qui font venus a-

pres luy n'ont eu que quelque rayon de la Divinité feule-

Xébû*M ment, qu'a eus fcalsDicu a ceveié fes fecrecs. Ace propos

fuit t*r 6 font veus il yavint-cinq ansen divers lieus de IaPolo-

UfTrtm- gne, de Tableaus ridicules , qui rapportoyentlaruync

tatres. imaginée de la Papauté , ou croit reprefentee une Eghfe,

fur le haut de laquelle étoit Luther embefongné à rom- prcletoit, & ietter les tuilles en bas Zuingle & Calvin -reliez avec des béliers à moutonner,^' poudroyer les murailles; mais George, Paul, Blandrar, & autres à force de leviers fappoyent les fondemens , jufques aus dernie- ;:::es pour faire trébucher l'Eglife. Les Calviniiks de nôtre tems3quidpnneront fujetà

^.-a

fat. une grande partie de mon œuvre acculent les Luthériens

niHei & desdefordres& confusions qu'on voit en ces Pays- la, & VTXehàai lcsPrcteftans au contraire en chargent les partifansde, tentre-mç- Calvin, écrivent que fous prétexte de 1 Evangile. îlsfe- cuftntde ment la doctrine dAimis , &de I'Alcoran , dequoy les ces de hr- re«(J fort coupables !a iurpnle de la dépêche que ceus de iTé< J la Tranfîlyanie , -5: R ufeie faifoyeut aus Cadis , & Talif-

inan

L i v R i IV. 671

man de Conftantinople , par laquelle il les pricycnt leur Touloir envoyer l'ordre & cérémonies de leur Circcnci- «fion, qu'ils dtfirovent faire valoir entre lesPolonois.il *>nefe faut pas ébahir , dit laques André , Miniftre Se ^Chancelier de rVniverfîté de Thuringe, fi beaucoup de «Calviniftesen Polongne, Tranfilvanie , & Hongrie, 35 font devenus Arriens, & autres Mahometifles , veu-le *>beau chemin que leur ouvre la dodtrine de leur Maître aîCalvin. Vn grand nombre de leurs complices (exemple Iiornble.&deteftablei difent les Luthériens en l'Hilroi- Hifl.ù re de leur Cœne ) ont paflé devers les Turcs , quittant le Ca?;>- Au* Chriftianifmc. Plufieurs Autheurs écrivent que Pierre guff. fcL Statorius,nourry dans Genève , préchoit rArrianifme, +*s\ fondé fur la doctrine de Calvin.

André Volan aufîi Luthérien en fa Parenefe ausnou- veaus Arriens de Polongne , écrit qu'ils deffendent leur Àrrianifme par l'authorité du même Calvin, ont ordi- nairement Ces paflages en main. Et comme quelques Cal- viniftesfefufTent logez en Polongne,Calvin leur envoya fonavis furies doutes que les Trinitaires, & Arriens leuc mettoyét en avant. Mais cet écrit jecta de nouveausferu- pules dans les confeiences de fes Difciples.L'un defqueJs, «comme écrit Stancharus, luv écrivit en tels termes.Ta- «voisaiTeuré plufieurs perfonnes defçavoir en ce Pays, «queledifcours que tu as envoyé aus Pinchoniens,n'é- sjtoit pas à toy, mais plutôt de Gallus, ou Blandratï, ne ssmepouvant entrer en l'entendement, que de Calvin, «homme defçavoir, peulfentfortir tant d'erreurs, & de s>propofitions qui fentènt l'Arrien , Se lEuticheen , He= "tefie que tu as attaqué dans ton Inftitution.Et ne léuiTe «jamais penfé, fi par tes fécondes lettres tune PcuiTesa- 53Vouepourtien.Ce ne fontpas les feuls Catholiques qui le témcignent,maisceus qu'ils appellent en France leurs Pères, & qui font en Alemagne leurs capitaus ennemis, Oyez celuy qui de Lutherifte devint Arrien,puis Turc,en. la lettre qu'il écrivit le fecod de Iuin l'an 1574 de fa propre main, à Stefanus Gerlachius, qui l'ainfereedâs fon livre, Contre Daneau.Ien'ay point veu, dit ce Miniflre de Hil- deberg nommé Nanferus après avoir chargé le Tulban, aucun qui fe foit fait de mon tés Arrien. qui n'ait plutôt été C ai viniile: Comme Eiaudrat. Alciat.lrânçois David,

Çentil,

$71 De la Naissance de l'Heresii, Gentil, Grimard,Silvain & autres: Qui craindra doc I'Af- rianifme,fe garde du Calvinifme.Gardez vous, écrit Stan- carus Luthérien, mes frères, des livres de Calvin, fur tout es articles de la Trinité,de l'Incarnation, du 5acrement5 du Baptême , de la Prefcience , & de la Predeftination. . Yiâ Les uns & les autres de ces gens ont aplany le che-

tes Evan- min aus Turcs, auparavât inacceiïible.loilas Simbler, en geliquei la vie de Bullingtr Zuinglien, charge de cette infamie Mppeïent Brence, llliricus, & Mufcule, & cependant par tous leurs les Catho- écrits, ils accouplent les Catholiques avec les Mahome- liques tans, marientla Religion Catholique avec la Mufulma-

Thrcs. ne> difènt que le fouverain Pontife eftplus ennemyde Iesvs-Christ, que n'étleTurc. Lors qu'ils rencon- trent dans l'Azo3re trente feptie'me, que les bonnes œu- vres fervent a nôtre falut , 3c que Mahommetfuivantla Loy que la nature même dicte aus hommes, dit en l'A zo a- v levintiéme que Dieu félonies œuvres bonnes oumau- vaifes , recompenfera chacun : Ils mettent en marge, » Voicy la do&rine àts Papiftes,Ainfî à fait n'agueres,un Mioiftre-de l'Echoie de Calvin, répondant a une lettre quej'avois écrit a un Gentil-homme de fa Religion, il fait comparaifon de Rome a la Meke, & de l'Eglife Ca- tholique alâTurquefque. Id me veus aquitterdela pro- mette que je luy ris, puis que je fuis arrivé a propos, & ra- porter quelquespieces delà Religion nouvelle acellede Mahommet, qu ilsapanenr à la nôtre , afin qu'ils voy- ent que ce n'ét pas fans caufe,fï le Cardinal Polus voyant leLutheranifmejetter de profondes racines , s'écria: »Voicy la femençe de l'Alcoran. Ce n'ét pas pour inju- rier perfonne, je ne les veuseftimerny Turcs, nyluifs, *>comme ils font a nous: Encorquenousdevions àleurs \ Docteurs Melancthon &Bibliander laverfiondel'Alco- ran}o, u'ils ont fait imprimer avec beaucoup de foin en A- lemagne , dont le Mufulman Michee dans Rcginaldus porre cet honorable témoignage,que cela a de beaucoup fervy a l'augmentation de fa fecte.En faveur & recoman- dadon de cette tradudion,ils ont fait des prefaces:Com- Bêtifë de tien qu>en verité,il n'y ait en tout TAlcoranny douceur, VAhoran. ^ ^^ ny proprieté de tcrmes,ny Iiaifon de ftille,ny ri- chefTe de fenîéces qui puiiTe retenir le lecleur, qu'une in- finité de menfdnges , répugnances & blasfemes: de forte

loiie les Turcs.

Livre IV. 67 j

qu'il fe peut véritablement dire, qu'en nul de tous les é- crits quifeleurentoncques , Dieu n'a tantmanifelté la vérité de fes jugemens contre ceus qui ne tiennent'con- te de la vraye lumière, qu'en l'Alcoran. Ce fuc.Luther qui l'honora d'uneEpîtreliminaire, oùil dir ; Queparceli- vrc on reconnoit les mœurs des Papilles, comparez à cel- les des Turcs, être des abominations. le ne croy pas, dit- il, qu'un Papifte, Moine ou Clerc, puille demeurer trois jours p,army les Turcs, qu'il ne quitte fa religiô.On void tant de miracles , de montres d'abftinence , & diiciplinc en leur religion, qu'ils font honte a nos Chartreus,& Bé- nédictins, ny les vrais Chrétiens ( voiez le blasfeme forty 'des Enfers) non pas même le Christ, ny les Apôtres, ny les Profetes, n'en ont jamais tant fait. Voyla les pro- pres paroles traduittes mot à mot de fon latin, afin qu'on reconnoiflfejque la nue vérité me dicte ce que j'écris, fans que le bandeau de la paillon particulierejqui les aveugle, à eus mêmes ,m'ofFufque la ve'ùe. DeXaintes& Feu-ar- dent ont remarqué en leurs écrits plus de cent tant d'Ar- rianifmes dans Calvin & Beze. Volontiers medeporte- roy-je de parler du tout de la Conférence de ces hereiies: Car leMahommetifme elt une Herefie née en la Chré- tienté, comme le Lutheranifme , s'il n'étoit à craindre, qu'en me taifant à ce reproche , ils ne vouluiTent inférer gain de caufe de mon iilence.

COMPARAISON ET RAPORT DE LA créance & foy des nouveaus Evangeliques à

celle des Mufulmans.

Chapitre IX.

Plufîenrs articles de Foy des Evangeliques nou- eaus co formes d /' \ycl~ coretn.

z.

D'un chaom du Turc à Tholofe.

D \s€murath Empereur des Turcs qui fauonfoit les chrétiens.

4- Hifloire d'un ^€mbajfa~ deur de France f>re-K le Turc.

Vu

C O M M S

î. Thifiettri articles de foy des 2> *u Angéli- ques nou- veau* ton- fcrr/its à l'A le or an. Str gît & Luther moines.

té- À dire Ire fête tn Jrtèefi

que.

ï.rf.'utrie de Luihit

t/.a> Azcer. s.

£-74 la Naissance £ e l'Hérésie, ï^/^À^jr O m M e ie mal-heureus Sergie moine Àpo- \M^^jt ftatjfut le principal forgeron du Mahomme- V^V§^** tifme: Aufïi Luther moine renié a étélepre- J c^^3^ m*el aul^lCur " u fcnifm e & herefies , qui ont affligé la Chrétienté : Et tout ainfi que peu après feus lenfeigne de la liberté M ahometane, plusieurs moines s'enroolierenr ans trouppes de Mahomet, com- me écrit Bibliancer, aufîî plufieurs folâtres & débau- chez Religieus fe décbapperonnerentpour fuivre les fo- lies de Luther. Les Turcs fe difent Mufulmans, c'ét à di- re,félon Poftel , les vrays fidèles. Les Luthériens fe font nommer les Evangeliques, comme les feuls qui fuivent l'Evangile, & les nôtres fe difent auffi les fideies. Les Lu- thériens fe glorifient qu'ils n'honorent rien tant que l'E- vancile, qu'en chacun d'eus manie à fa jniife. Les Turcs font tout L'honneur qu'ils peuvent a l'Evangile , y trou- vent leur Mellie , & quand on leur prefente un nouveau Tefcamentjils le mettent- fur leur tête après l'avoir baifé, quieftiepius grand témoignage d'honneur qucnpeut rendre : Cérémonie du refpecf que les plus grands eu Royaume de France louloient faire à la réception des let- tres du Roy. Iamais Henry d'Aibret Roy de Navarre ne reçeur lettres du Roy Frâçois premier, qu'après les avcii ballets, fe defublant il r.e les mit fur la réte, difant,Diei confetYeleRoy Monfeigneur.

Quand Mahommet porta aus Arabes nouvelle Ioy, il leur annonça qu'il portoitle yray Evangile, qu'il étoit éclairé du isin'Eiprit , envoyé du Ciel pour être l'Elna- bv. Lcrs que Luther ferr.a parmy l'Alemagne fa nouvelle ccctrme,il fe difo;t Evangelifte cleu; choiii de Dieu pou: in :e: prêter les myilercs cieiafey, avec cette parole har- c:c: Qu'avant luy fAlemftgqe n'avoitfçcu que c étoit de C hrist. Les oifciplescc Mahcmmetpour vérifier" i..nficn s'aydent de l'Ecriture, allèguent le dixhuicliém< chapitre du Deutercncrne,faint Matthieu u.&faintLu< feptiéme. Les Luthériens pour établir laloy de leur maî- tre , abufent les pauvres abufez fur quelques paifages de l'Apocaiipfe,m entrant i'éroile,dont S. Ianparle,comme failbit Adrian enfercelé de fou Antinous , éae celle que Tes Filofofes difoient le Ciel avoir fait naître en fa faveur. Mahommet, qui vint au monde environ le Pontificat de»

Ce-

L ï v r s ÏV. $7ç

Grégoire le Grand, difoit qu'en ce tems rAntechrifts'é- toir laifi de l'Eglife, avoit corrompu, & gâté le S.Evangi- Lni'^ & h a porte de Dieu par I e s v s-C h r i s t ion meifager,iils Mthomet de la Vierge. Luther qui vint pluiîeurs îîecies après, dit, iaccor- Qu'environ ce même tems de Grégoire dés l'an 600. cet *ent en. Aiuechriit,hcmmedepeché,fcmitenlachairedelESvs- ™nue de Christ, que tout fut délors perdu. Mahommet dit, que fntJ" commeDieu pour repurger l'Eglife, envoya Moyie par ****"-* fon Christ, quieft leVerbe, le Meiue &lafapicnce, qui fonde le Chri ftianifme , ce Dieu des vengeances voy- ant cette religion tombée en mépris entre les Chrétiens", l'avoit envoyé avec le glaive pour en prendre la vengean- ce. Le même difoit Lather,qu'il avoit été refervé du ciel, pour punir l'infidélité des Chrétiens perdus & abîmez dan:: l'infidélité de l'idolâtrie. Les voyla tous deus , qui placent d'une même main, & d'une parole femblable, 5c en même tems l'Antechriit dans le fiege de faint Pierre, qui font accroire aupeupleque Dieu avoit abandonné fon Eglife, fa chère époufe , comme adultère perdue, qui s'e'toit en mille forte forfaite à fon honneur. Lafefttdc Mahommet s'ét avancée & établie par le; armes, & pois fu: les armes i'appuy de fa grandeur: Auilî a toutes les fois que le grand Seigneur entre en la Mcfqiiec , le Talilman !uy vienc au devant, & à vois haute luy cit. Souvienne toy, Seigneur , que l'Empire a été conque; par les armes, & qu'avec les armes il fe doit cenferver, & accroître. La re- L: Uvt m ligion nouveliene s'zi accrue, & foiuenuc que par les di- hvie de \i:ions,& guerres des royaumes & Etats:L'Évangile,dira Baixzet, un trompette de feditiou en la France,jetta fes premieres- femences dans les plaines de Dreux.* Mahomet effaça de fa religion toute forte de facrifîce, fans ordonner aucune ze a obiationàDieu, contre le comun inftinct de nature, qui ™Jng nous apprend qu'à la divinité eft deuë ablation, non feu- " -^in- ternent intérieure de nous mêmes, mais extérieure. terre'^

AuiIiafaitiareîigionTfouvelle, qui prêche, ou plutôt Ma*0fn*t biasfeme , qu'il ne faut rendre à Dieu aucun facrifîce. & Lu? , N'eit-cepas unemerveilleufe providence de Dieu, que f*f le diable ayt tellement aveuglé ce fienProfeteMahom- ^I^r9m. met,& les autres révoltez contre l'Eglife,deluy avoir fait j ecter les fondeméts a une religion fans facrirîcerCar par i'iuftitutioû du S. (àcrifice>quc Iesvs-Christ?. iaifle

V a 1 au>

ce,

Ci G De la Naissance bel' Hérésie, aûs Chrétiens , il a voulu mettre fin à tous autres facrifî- Troa relt- CCSjqUj.fe feroiet hors Ton Eglife.II y a trois religions au- gwm qui jourJ hUy 3U monde, qui adorent le vray DiemLaluïfve, adonrit le [a Mahommetane, & la Chrétienne. Lapremiere nepeut vrtt Dieu, facriner, pour avoir perdu le temple^auquel feul il fe pou- voir faire.La féconde ne connoit point de facrifîce: Et 'a dernière, qui eft la Catholique, feule l'a confervé: Cet l'argument que faifoit le vénérable Beds a un Hérétique, quidifputcit fila Méfie étoit facrifîce.

Miferabie,queveus-tu faire ?difoit-il, Voy tu pas que il la MefTen' et facrifîce, que tu dépouilles Dieu du prin- cipal honneur &: hommage que nous luy devons, comme 2u Créateur du Ciel & de la terre ? . Car fi les Chrétiens ne luyfacrifîent, ii n'aurapoin: de facrifîce. Le Turc, ny Btuon. .:j. ]c jLi!'f ne facrifie à Dieu,pers6ne que les feuls vrais Chre- j. c/if. 21. tjens: q21 ies pay£ns facrifîent au Diable.PafTons ans au- tres articles. Le Turc crioit fa fortune predeitineerLes E- var:ge!:qucs nouveaus croyét aueceus lapredeftination: La Religion Mahommetane'detefte le Baptême, ouvre le Pa#adis av:s enfaus , encor qu'ils foient morts incircon- cis. Luther méprife le Baptême, comme n'étant neceflai- rcà ialur: Veut que les enfansfoientXauvez, encor qu'ils t-,«, » JU nVrentrcceu le Baptême. Mahommet ne croit le péché Cap heb Originel: Et Luther fe moque du peency que nous diions Tra'cî <? ' j)apportcr du ventre de la mère. Cen'étpas un peché,dit fol À '. ,,Zuing!e: Cet une maladie, commela faim, & la foif,& ziiwr'lib ,3autre?innrmitez. Que peut-on dire déplus inepte.fait- ë * pt* ,-,il, qu'enfeigner cette maladie être ôtee par le Baptême: ' „Et que parle péché Originel les enfans foient privez de ,,la gloire celefte.Ne voila pas une doctrine Aicoranifïe? K ' é c-ce pas peupler le Ciel de Turcs. & Payens: Car puis c ue le feul péché ferme le Ciel,fans que le défaut du Bap- : importe, il s'enfuit doc que ies enfans,&les Turcs, c;k. .morts fans péché, font dignes du Para-

Ainfi argumente le Mufiilman Michee , dansRigi- I I 2. cnp. liaiJUSj contre Samuel Anglois , luy fentant bon gré,de 7: ce que la religion nouvelle ne prive pas, comme la vieille

Papifïe,leurs enfans de la diviiion de Dieu. Mahommet, comme on voit dzs fon Azoare quatriéme,accorde quel- que ve; tu feciet te en la facreeEucbariitie:AuiTi a fait Lu- ther avec fon Chri sximpané, bienmarry, dï.oit-i!,.

de ne

Livre IV. gj$

de ne pouvoir,comme Ton Difciple Carloftad,nier tout à plat la realité du Cors au S. Sacrement. Mahommet en £« F/-*'- fon Oraifon la plus célèbre, qu'il appellePfaltir, pour mn c"an~ to-ute cérémonie , n'a que le chant des Pfeaumes de Da- Ues P*r *f5 vid en langue vuigaire.&jamais l'armée ne campe,que le Majulmas foir ils ne chantent le foixantiémePfalme.

C 'et le feul exercice , & la feule cérémonie de la Reli- gion nouvelle. Mahommet fit mettre le tout en rithme, afin que le peuple fut plus aifémét attiré par la douceur de ce chant. C'a été larufe deceus qui ont voulu don- ner quelque apparence de Religion a leur Eghfe,de faire verfirier ces Cantiques du Royal Prophète. Mahommet à fon arrivée rit effacer & rompre les marques, ocenfeignes duChriftianifme, qui font les Crois. Ainfï ont fait les fucceifeurs des Luthériens , pires cent fcis tjue leurs pre- deceileurs. Le premier que Mahommet tira a fa créan- ce, fut un efclave. auquel il promit afFraochi(Temeot,s*il vouloit croire eniuy. Les premiers qui furent attirez à l'Hereiîe, ont étédesefclaves des Convents, qui fous ef- perance de liberté ont bondy les murailles de leurs Cioï- tres. Mahommet-ne voulut queperfonuefut contraint en fa Religion. La liberté eft celle qui a ouvert la porte au Lutheranifme,; Chacun (difoitleurProfete) eft libre a croire. Mahommet dans Ces Mofquees ne voulut point "ET-fe-Au- d'Autel. Les Evangeïiques nouveaus , qui font venus ff// depuis Luther, les ont brifez, ou moulus, Ils fe conten- tent des tables profanes , en leurs granges. Mahommet à permis a ion Mofti,qui eft le Pontife, aus Cadilefchers Cufas, & Talifmans de fe marier. Luther a commandé a fes furintendans Paies, &Herfers d'époufer des femmes, avoir en horreur les vœus de chalU:é, comme filles de Sa- . than.Les Prêtres entre les Turcs ne font diffères des gens La;.b: car outre qu'ils font mariez, encores font ils fem- blabîes en habits,-voire-méme exercent des métiers rae- chaniques comme les autres. Les Predicauts n'ont rien qui les diftingue des autres états. En la Religion Tur- quefquejes Alfaces,c'ét à dire Théologiens de Mahom- mer,ii'interpretent,&neliiéntqa'enia"riguevulgaire:Le même iefaiten la Religion nouvel le^qui n'ayme prefqus autre langue que la commune. Maijqmmet dit qu:iin'ét p as po.'îible que l'homme . . qme:Prenez-en, Az.&. <?.

Vu i oïl-

'€-;% De la Naissance de l'Hérésie,^ & quatre , pourveu que vous n'ayez peur qu'elles s'en- Jixêa. t>. tre -battent. N'a-cepas été, comme vous avez veu au ii- Zuth.tn vrctroifiéme, la Théologie de Luther, qui foûtenoit Cène/ c*. parlaloyde l'Evangile , la pluralité des femmesnétre Jtf.Bellt. pas défendue? Changez-en, dit Mahommet en la même ^Ca[ I0 ^zoare> quand vous ne pourrez vous accorder avec ci- Luth.J. in leS3£îe forte qUe répudier la femme en ce Pays-là,eft qua- j.Gor.ca. çx comme qU; donnerait congé aune chambrière en ce J.fel.j. Paysicy. Qui ne pourra vivre, & fe réconcilier avec la Tienne, ou la femme avec le mary, qu'il fe marie ailleurs, Dieu ne le défend pas, dit Luther. Ilnous doit être loifî- ble de les répudier, comme ans Iuifs , & en prendre d'au- C*/. /«P. tres> écrivoir Bucerfur Saint Matthieu. Mahornmeta aboly le Carême, que l'Eglife avoir toujours gardé & é- tably, échangé le tems de fon jeûne à fafantafie. Les fucceileurs de Luther ont banny le Carême, & la prohi- bition de Aanger chair à certains jours , étably quelque forme oejeûneà leur appétit. Et tout ainiî que tous les premiers Docteurs delà nouvelle Egîife ont en horreur la vénérable Authoritédes Pafteurs de l'ancienne , au- tant qu'ont les ferpens l'odeur de la vigne : Et comme pour établir leur nouveauté, ils ont fur tout combattu l'antiquité Auilî le rufé Mahommet, reconnoiiTant combien cette ancienne fuitte & fucceihon apportoic d'obftacle a l'avancement de fa fedte , fe plaint dans C^n ^tabêm. »Elfaxcan en ces termes : Si vos pères ont été ."les fols Az.ears. »miferabIes,quevous dites Chrétiens, & s'ils ont eu les *S- & I9' "-yeus éblouis . les voulez vous fuivre ? Si vous le faites, w vous ferez pires que les fours & aguets, voire que les bé- ates brutes. Certes, dit-il , en l'Azoa>equarante-unié- »>mc , quand :cleur montre la droitte voye, il y en a qui *>œ fça vent répliquer autre chofe,fi ce n'ét qu'ils fuivent ai les '.races de leurs predecelTcurs. Mais fi le diable les a 35 tramez au feu d'enfer,que fera ce?Et nous vous môn- » trous un fencier plus alfeuré que celuyque vousavez 3;tenujufquesicy. pourquoy le refufez- vous: Car ces an- ^ciens ont tous rêvé. K'éz-ce. pas le même langage de ceus qui fe difent EvangcIiques,Proteftans,& Reformez? Vous diriez que Zuingle a tranferit de rAlcoran.ce qu'il dit fur ce même fuj j t. ZningU î> Ces pauvres gens, dit- il, qui fe nomment Cacholi-

33 ques

Livre IV. €79

«ques j quand nous leur apportons la vraye Ioy, ne fça- To. r. Ex/. *>vent dire autre chofe que, les Pères, les Pères : Mais fi Acl. Cf. aces Pères ont erré, ils font hommes, & par confequent sjfujets à faillir. Ils n'ont pas eu la vraye connoifîancc aade l'Evangile, difoit Luther. C'e'tmoy qui la vousap- aaporte. Quand je penfe trouver quelque precieustre- » for dans famtAmbroifc, faintHierôme,funtAugu(tiri « & autres Docteurs de la vieille Eglife, je n'y trouve que *>de la ferraille ; & au livre des Conciles , que des ckar- «bons.Quindon me vient rompre la tête de ces Pe:es,je ., _. »dis que a laine Cyprian,AugultLn~Ainbroife,voire faine . 1 .' î^Pierreifaint Paul, &faintIan,enfeigiientaucL-erneïU, ils ^errent: le fais certain que ma doctrine vient de Dieu. A ^' fon conte le Profère étoit un réveur,quand il difoic:T*«.?£ vous fur les voyes, (51 regardez, & tnfermez-Vitotâ de; anciens /entiers, quelle e(l U bonne voyz , & cl, s minez, en kell?, &> voué trouverez, foulas pourvu âmes. Suyvon.s encores quelques autres pointsde leurs feites. Oafçait quelleeft la doclri- nenoavelle pour l'invocation des iaints, qu'elle derefte, corne ceîie qui dérobe l'hôneur deuà Dieu.Aum* ne trou- ve l'on jamais entr'eus OraifonadrelTeeà Iesvs-Ch.rist, non plus qu'au SaiurEfprit. Voicy la Mahomrnetaneen 33 l'Azoare quarante neufîéme. Invoque, dit Mahoramet, «fans intermifiion, & d'un cœur entier le feul Dieu , qui wt'a donné la vraye loy, il fçaura bien châtier cens qui aaaddteiTent leurs prières à d'autres. Cet impofteur accu- foitles Chrétiens, qu'ils adoroyent au commencement trois Dieus, &: depuis mille & mille. AiniIappeloir.il les Saints dont nous faifons commémoration. C'ert-ce,donc les réformateurs de ce fiecle nous aceufent : A leur dire Az,94. //. nous tenons & la Vierge, & les Saints, pour Dieus. Au di- re de Mahommet , nous eitimons la Vierge pourDéelTe. O Ie s vs,fils de Marie,dit ce méchant impo{teur,tuper- lr>Turcs fuades ans hommes qu'ils t'adorent, & révèrent, en- & tuthzt femble ta mère, comme deus Dieus. Cet ceque Théo- niw appe- dore Bibliandcr Luthérien , co:n nentateur de l'Alco- &»* Mat lan, n'a pas obmis de remarquer. Mahommet nous ap- très. «pe!e idolâtres: Dieu, dit-il, punira ces Chrétiens A- 33 dore-Images. Ce font leurs Dieus , qui n'ont ne vie, ne wfen tinrent. Les Sectaires n'ont aucre chofe en bouche contre les Catholiques. C élu y- la dit, que nous adorons

V u a aoSk

6îo De la Naissance de l' Hérésie^

nos images comme nos Dieus , & ceus-cy afTeurent , 'que nous y conftituons nôtre falut. Cet la leçon que l'efprit de menfonge , l'efprit de ténèbres a appris , & aus uns & aus autres. Les petits fils des Luthériens deteftent ('com- me vous verrez a la fuitte de cette Hiftoire^ tellement les Images de Iesv s- Christ, & des Saints qu'ils les ont perdues, traînées à la voirie, brûlées en divers Iieus. Le même font les Turcs. Quand Lochiali Pacha delà mer, eut pris trois Galères de Malte, mêmes la Capitaine, ce qu'autre ne fit jamais; Caria Cathennette, queDragut Reis enleva , fut peu de cas : ayant rapporté en Arger la riche image en bolfe de Saint Ian , qui étoit en la poupe, les Mufulmans la firent pendre comme on voit encore aujourd'huy. Mahommet, dit Poftel au livre qu*il a fait de la concorde de l'Alcoran & de l'Evangile, a coupép'u- fieurspall-jges de la Bible: Aufîi a fait Luther, voire des livrer tous entiers, comme j'ay dit ad livre premier. Ma- hommet en l'AzoaredixneUfîéme, nous accule, que nous adorons nos Papes : Le même difoit Luther , faifant ac- croire aus peuples, quenous les portons corne des D:eus, & élevons fur les Autels, qui ont puiiTance d'ouvrir l'En- fer, & retirer les âmes , & raille telles autres folies. Cet impofreur ne chante par tout fon Elfurcan,que la miferi- t /• /*„.. cord:deDieu, & non pas fa juftice- Il le fait çrandpar- l flan donneur. Qui croira, dit Mahommet fera lauve. N ec- JAhomtt cc Pas ^a^eu'e ^°Js que les nouveaus Evangeliftes cifent

+£.r^L~ furflreàfalut? Lafeuleincredulitc . difent-ils, ferme la & Luther,

ri'iu fau- Por:ec*u Ciel. Heureus le Chrétien, qui ne peut être J . damné, pourveu qu'il croye. En ces Synagogues nouvel- les tous ont les mains liées, & les langues armées: On. entend l'éclat de leurs paroles, mais non pas les effets de T.Diac.li. leurs bonnes oeuvres. La liberté^ ditPaulus Diaconus, «P. préchee par Mahommet , attira les peuples à foule a

ion party : Les centrées entières fe révoltèrent contre leurs Seigneurs. Cetteméme liberté a ouvert la porte au Lutheranifme,&misles armes en main aus iujets contre Tluficun leurs Princes. L'un/e & l'antre de ces Religions a abreuvé èeSAm- fes plantes de fang. Et tout ainfi que la Religion de Ma- trelesuxs, hommetaetedivifeeenfoixantehuitSed.es, & toute - & la au- fois il n'y en a que deus principales, l'une de Lefary, ain- tres. fi dite, du nom de cet Arabe, quiiamaffa toutes leurs

opinionSj

ilVRE IV. *8l

opinions, & laquelle a vogué par toute I'AfTrique, JE- oypte, Surie, & Turquie. L'autre eft l'Imenie, gardée par toute laPerfe, & par le Sofy , qui l'a voulu étendre à force d'armes, cequiacaufé laruyne de la plus grande partie de l'Afie.

De même en ce dernier Schifme , il y a deus principa- les Sectes, a fçavoir la Luthérienne, & la Calvinifte, qui fe font divifees en plus de foixante autres. Quand les Arabes envoyèrent devers Mahommet, pour le prier de confirmer fa Loy par miracles, luy remontrèrent que leur Religion étoit infertile & montagneufe , qu'il vou- lût l'applanir, & donner des eaus , oureifufeiter quel- Mahomet quevieusPere, pourleur témoigner la vérité de fa Loy: & Luther Cet impofteur leur dit qu'il en avoir communiqué avec far.smra- fonDieu, lequel luy avoitfait réponfe, qu'auparavant il clet, avoit envoyé les Profetes & Martyrs avec miracles , qu'il vouloica prefentfa'Loy être maintenue' par armes, & parl'efFufion defangde ceus qui n'y voudroient adjoû- ter foy. Luther preffé par des Catholiques de faire des miracles, pourauthorifer & confirmer la doctrine, 'ré- pondit-il autre chofe que Mahommet? Nous ne fommes plus au tems des miracles. Trempez, trempez, difoit-il, les mains dans le fang de ces gens. Ainii parioit-il,com- me >rous avez veu dés l'entrée de ce livre.

Avantque jefermece Chapitre, jefuis content tranf- Arrtijôn- crire icy les paroles du Père Poilfevin , couchées dans la ntment lettre qu'il écrivit a Etienne Roy de Polongne. Vn Mini- d'un Mi- ftreCalviniitc, dit-il, étant aConftantinople,fupplia un nijirexvec Pacha, qu'il luy futloifible enfeigner l'Evangile aus ef- tin Pacha» claves Chrétiens , qui étoienten ce Pays-là , lequel n'é- toit pas éloigné de la Loy de ion Mahomet , comme l'E- vangile des Romains. Nous n'adrelfons nos prieresaus Saints, difoit ce galat, qui font au Ciel, non plus quevous s t

faites , nous avons a vôtre exemple arraché tant qu'il a été poifible , la mémoire de ces anciens Conciles , & fait perdre toutes les vieilles Biblioreques. Ileft loifiblechez vous prendre plufieurs femmes. Nos lois & inftitutions permettent par plufieurs rai fons- aus Chretiés.la premiè- re vivante, en prendre une féconde, & faire divorce , fait pour adultère , foit pour diverfité de Religion, ou autres Voy ce qui occahons Des anciens Temples Chretiés vous avez bâti (écris au

Vu 5 vos

é%t De la Naissance de l'Hérésie; livre hu\- vos Mofquees , & converty en autre ufage ; Auflî avons tiémecha- nous fait rafertout rez-pié-rez-terre. Chez vous il ne le pitres de» parle point des couvents des Vierges , qui vouent à Dieu tnariaget. leur virginité : N/ chez nous au/Ti : Tous ces cloîtres onc été mis par terre. En vôtre Etat eftpermife la liberté de confeience. Cet pour elle que nous avons pris les armes VUijtnte «contre nos Roys& nos Princes. Cela va bien, dit le Pa- rgponfe du „cna fefoûriant , jenevoy qu'une différence entre vous Tach4. 33&nous,fîcen'ét que vous avez gardé le vin pour vôtre «partage: & nous avons de l'eau feulement. Iufquesàia Poitevin. Cet le rapport du Lutheranirmeàl'Alcoran: Ces deusPvciigionsfepourroyent volontiers joindre, en- tre- rneJeesducalvinifme.ee quej'ay voulu toucher, puis que le grand Maître des langues Genebrard, Archevêque d'Aix, n'a devant fa mort publié letraitté qu'il nous a- voît promis fur ce fujet. il. E t a n t au: écholes de Thoîofe , l'an if 65. la curio-

"Demxnde lîté me tira au logis d'un Chaous.qui vint trouver le Roy d'un Cbt- Charles IX. a Bayonne. Comme il entretenoit de divers 0144 du propos quelques hommes d'honneur delà ville, il s' en- Tursétani quît par ion truchement , s'il y avoit parmy eus des gens à Tbolofe. de la nouvelle religion: Surquoy le feu heur d'Agez Gen- til-hommeBourdelois, qui parloir àluy , s'enquitpour- . quoy il s'en informait, l'en voudrois voir, dit- il, comme j'ay fait ailleurs , nous les ayraons plus que les autres Chrétiens , non feulement parce qu'ils font ennemis du Pape, capital ennemy du Seigneur (il entendoit du Turc) mais auiîi, parce que leur Religion s'approche plus de la nôtre, ce qui fut bien relevé par les Thoiofains , qui ap- Tuvcs a- pelèrent longuement les nouveaus Chretiés Turcs: Lors hsrdêz. à qu'une partie de cette grande armée Efpagnolle, quial- 'BordeAM. l01t dévorer l'Angleterre, fe vint ces années dernières fra- calfer à nôtre côté, un grand nombre de forçats Turcs, échappez du naufrage, fejetterent entre nos bras, corn- meàportdefalur & lieu de franchife.

le pris piaiur d'entretenir particulièrement deus d'en- tr'euSjfur leur créance, perfonnes d'entendement au àcC- fus des autres. Mais tout au/H tôt, ils me jetterent fur la nôtre,& fur la diverfité d'opinions qu'il y avoit en la Re- ligion Chrétienne, approuvant en partie la nouvelle, & restant l'ancienne, araifou de rimpofGbiiicé d'iceile:

Car

Livre IV. *8j

Car ces gens veulent toucher au doit toutes chofes, com- me nos Réformateurs. Iereconneus, que pour les Do- uleurs pafïez en galère , & qui avoyen.t ouy les leçons de quelque pauvre Lutheraneau échappé à bon conte des pattes delinquifition , ils en fçavoient beaucoup.

François & Gilles de Noailles, qui ont tous deus été LesVathxt AmbalTadeurs à la porte du grand Seigneur, &Evéques prtft pour d'Acqs : M'ont dit que bien fouvent Mehemet Pacha U liberté premier Vih*r,&Muftafa Pacha qui coquît la Cypre, leur fcs Evan- ont fait plainte de îarigueur, dont nôtreRoy traittoit gelianes* Tes fuj ets , les privant de la liberté de confeieace , & de l'exercice de leur Religion , difant qu'il les devoir, à l'ex- emple du grand Seigneur , laiifer libres en leur créance, qui permet, & les Chrétiens , & les Iuifs vivre en Ces ter- res, en payant la Harcieze, mais qu'ayant entendu des AmbalTadeurs leur rébellion , ils n'eurent aucune repli- que.Leur Seigneur.dirent-ils, porte en fa devife,M or-, ov oeey, & tout Prince fouverain doit avoir cetteloy inviolable. Mehemet fçavoit bien, corne celuy qui avoir manié tous les plus fecrettes affaires de Soliman , quel fut l'avis de fon Maître, lorsqueles Luthériens fe vou- lurent infinuer en Jabonnegracedlfabelle, pour entrer au Royaume de la Hongrie , & combien il étoit ennemy des nouveautez. Par tous les Difcours des Pachas avec nos AmbalTadeurs , il étoit aifé a voir, qu'ils avoyent quelque connoiffance de nos différents , & receu les plaintes, & doléances de ceus qui demandent la liberté, laquelle ils déni?nt aus autres, es lieusoùles armes les ont rendus maures. Cet ce que témoignée autfi ceus qui ont voyagé parmy ces peuples circoncis. L'Ambalfadeur du grand Seigneur, refidant auprès du Roy de Pclongne, pritladefFenfedes Sacramentaires, qui font tollerezen ces Pays-là: Il confeifoit franchement , dit Conrradus, que fou Empereur approuvoit leur doctrine,comme voi- finedelaiienne.

Ce qu'on peut aullî remarquer dans Surius PoTevin, en fes AtheïfmeSj&Sclufemburgius en fon premier livre: Les Turcs Voire Pierre Martyr l'a témoigné luy-méme, commère- approuvât marque Sclufemburgius en l'Épure qu'il a mis au devant l'opinion de fon livre, contre les Sacramencaires.Ils raconrent que des Sacra» l'empereur des Turcs, ayant pris plailird'ouyr reciter, mtniairts,

dans

6$4 De la Naissance de l'Hérésie," dans Ton Divan , les opinions diverfes des Chrétiens, fut le faint Sacrement del'AuteljS'arrétafoudain à l'opinion des Sacramentaires, comme la plus faine a Ton avis, & la plus probable: Car ces gens, comme les hérétiques, veu- lent manier les chofes celeftes , & les mefurer a la portée de leur cerveau. Le même témoigne l'Agent de laReyne d'Angleterre , envoyé devers le Roy de Marroc , Prince Mahommetan, dans le difeours de fes voyages , imprimé à Londres,l'ani5b>LeRoy,dit-iI,me fit tres-bon accueil: me donna dés le premier jour audience, & au contraire fie attendre vint jours entiers l'AmbafTadeur d'Efpagne; Iehay ( me difoit-il ) fon Maure & fa Religion , qui le rè- gle-fuivant lïnquifition, par l'avis des Prélats &Evëques: Certes ce Prince vie en la crainte de Dieu , il eft bien ver- féés Ecritures du vieil & nouveau Teftament : Il aime fort nôtre nation & nôtre Religion: parce qu'elle eft enr nemie des idoles. Voila l'honneur qu'il fait à un Prince infidèle, ennemy du nom Chretien;& lemépris d'unRoy Cacholique. .Voila, parleur propre confeiîîon, la faveur N qu'ils reçoivent de l'Empereur des Turcs, ôclej ugement qu'ilfait de leurReligion. il. Ces t d'Amurath, dont ils parlent, fuccelTeur de cet

La SnltA- yvrongne Sehrn, indigne fils de Soliman, qui ne fit ja- netâ;be mais acte louable , fi ce n'e't quand il commanda couper de renire la tête a celuy qui luy porta la nouvelle , que l'Empereur "AtnHratb fon père avoit fait étrangler fon frère ayné Muftafa. A- Chreiten. m urath aimoit naturellement les Chrétiens, &môntroit avoir quelque fecrette infpiration delaFoy de Iesvs- C h ris t. Car la grande Sultane fa mère, qui étoit Cy- priote , quoy que renfermée dans le ferrail du grand Sei- gneur , couierva tûuj ours en fon ame la Religion, en la- quelle elle avoit reçeule Baptême, parce qu'elle étoitja grandelette, quand elle fut faite captive, & donnée à Se- lim,quiaraifonde fa beauté la choifit pour fon époufe. I Pendant la jeuneife de fon fils Amurach , elle luy parloit toujours a'eachette delafoy Chrétienne, &4'élevoit en quelque pieté, dont il fait paroître les effets en plufieurs fortes, après être parvenu à l'Empire, favorifant les Chré- tiens , & prenant plaifir de voir leurs livres : Ennemy au refte du vilain vice, auquel fon père fut fi enclin. Sine voulut-ii non plus que fonaveul, permettre parmyks

Ch:s-

Livre IV. Chrétiens qui vivent en fon Etat exercice de la nouvelle religion, quoy que plus plaufïble, & proche de la henné. Au contraire il laiffoit Tes exclaves Catholiques, non feu- lement libres à exercer leur religion : Car toujours eiî prifon Royale , ou ordinairement ils font deus «Se trois mille^ils choififfent des Prêtres , drelTent dçs autels dans leur geôles , font les procédions & cérémonies de l'Egli- fe, & cueillettes de deniers entr'eus, pourfaireledivin fervice. Mais Amurath leur envoyoit fouvent des aumô- nes,avec prières de prier pour luyrlamais il ne voulut fai- re la guerre aus Chrétiens , encor que ce méchant rené- gat Sinan Pacha fon premier Vifïr , ne cefsâr de l'encou- rager à ce faire: Ieveus (difoit-il ) que les brebis de mes voiiïnsdececôté-Jà, &meslous puilTent paître enfem- ble, & demeurer en même bercail. Auili l'envoya-il en Perfe , d'où après la perte de beaucoup d'hommes, il re- tourna vi&orieus : LeSchifme entre les Chrétiens, donc le Sultan oyoit fouventparler, ( car fa femme étoitaulîî Chrétienne de nation ) fut un grand obftacle , pour luy faire du tout tourner les yeus devers Ie s v s-C hrist, & par confequent , ramener ce grand Empire à laFoy Chrétienne. De la converfion du feul Prince,depend tout le refte,veu le grand nombre des Chrétiens Grecs &Ro- mains,qui habitent en fon Etat, & que les Vif rs, Pachaz Belerbes Gcneferagas, Sangiacs, Spais,& autres officiers de la porte, font tous Chrétiens reniez retenus des feules commoditez du monde , grandeurs oc honneurs , qui les ont rendus Mufulmans.

Car parmy cette nation Martiale , la feule vertu , &- courage eft la vraye noblelTe:Le vacher reniant fon Dieu, le gardeur de chèvres , monte par fa valeur aus pre- mières dignitezjcomme on vid du rems de Soliman &Se- lim , Mehemet être fait premier Vifïr , & gendre de fon Maître Selirn. Grandeur qu'il a maintenue auprès de trois Sultans, il avoit gardé les chèvres en la Boflina d'Ef- clavonic. En nos jours Lonchiaby miferable porchier Caîabrois, auprès Coutron , & qui avoit la tigne, lors qu'il fut pris des TurcSjaufTi l'appela-on depuis Lonchia- by Ferras , c'é: a dire le tigneus , fut Roy d'Arger, & Pa- cha de la mer. Azanaga Pacha étoit fils d'un Barbier de j. Arapamar,cie uauvre barquerot d'AkvâdriejVint

a être

6Ô5 De la Naissance de l' Réussi 2, à être Pacha de Cypre. Ebraim a prefent Roy d'Arger, croit fils d'un Payfan de la Ville de Leitoure en Gafcon- gne. le lailTe plufîeurs autres tous Chrétiens reniez. Et encor qu'on die les Renégats être pires que les Turcs, (I ont-ils toujours quelque mémoire de la vrayeFoy qu'ils ontlaiiTé, & le feul delir de fe maintenir en réputation & crédit, pour avancer leur fortune,les maintient en la hai- ne qu'ils nous portent,& au defir d'être tenus vrays Mu- fulmans ; Pour être eftimez bons, ils feront plus mé- dians. Ceusqui ont pratiqué la Cour du grâd Seigneur, fçavent, je l'ayouy raconter à plufîeurs, que cepuiiTant Pacha de la mer, dent j 'ay parlé, que nous appelions O- kiali, & les Turcs Clic-Talj , c'ét à dire épee forte, qui renia Iesvs-Christ, pour fe Yenger d'un fouflet que un Turc luy avoir donné en galère , il étoit à la cade- ne, fayorifa toujours les Chrétiens , tandis que la fortu- ne, ou piutôt fon courage, & foname libérale , &gene- reufe , logée a fa naifTanêe dans le cors d'un Porchier , le maintindrent en fa grandeur, rendit Ces derniers foûpirs entre les bras d'une jeune Grecque, s'étant tropfaoulé en fon plaifirrll fut trouvé fans pous,&fans mouvement, couché dans fon lit, élevé a la façon des Chrétiens; mais fait en dôme, tout couvert de lames d'or par le dedans & par le deho;s, avec grande quantité de pierreries enchaf- fees, ayant cette beauté endormie auprès de luy, éclairée de quatre gros flambeaux de cire blanche. En cet état le rroavaxeidy qoeie grand Seigneur envoya devers luy le matin , pour luy commander de conduire la grande Sul- tane. Amurath aufïi fit place a fon fils Mchemet. I'ay appris de nos Chevaliers de Malte, & autres quiont été Ça efclaves, qu'a cachettes , aus bonnes Fêtes, il leur en- voyoit, non feulement des vivres, mais de l'argent, mê- mes ausPrétres,avecinftancedeprefenter des prières au facriîîce, afin que Dieu luy fift mifericorde. Et comme la peîte affligea la Ville de Conftantinc>ple, il'leur com- manda faire la proceilion dans la Cour de fon Palais, por- tant limage de fuint Roch,fuivant la coutume des Chré- tiens, les regardant l'Okiali de fa jaloufie. Onviilors cette merveille, que la mort égorgeant prefque tout,iaif- fa en repos cinq cens efclaves, lefqueis après laprccef- iïon.cn remit dans les prifons.qui êtoiêt dans fon Palais.

le m'ar-

t I V R E IV. tîj

ïe m'arrête fur cet homme , parce que c'a été un des plus grans,& plus accomplis, que nôtre âge ait Yeu,qui môn- troit avoir une ame , & une Majefté vrayement Royale, un courage indomtable, courtois & libéral au deflus de toute mefure: Vaillant, courageus, & prudent aus dan- gers. Ce fut luy qui fauva avec beaucoup de courage les reftes^ le -débris de la bataille de Lepanto;& vaincu, rapporta neaumoins l'étendart de la Religion , qu'il en- voya au grand Seigneur. Remit fus avec une extrême di- v ligence,& libéralité luperbe, une nouvelle armée, prit ce fort imprenable delà Goulette, & les trois Galères de Malte, même la Capitaine, ce qu'autrene fit jamais: Il étoit Chrétien en Ion ame , avoit toujours trois eicia- ves Chrétiens, & fîxàfept mille Renégats gens détermi- nez à ce qu'il eûtYouiu: SondeiTein étoit defejetter à propos en la Barbarie, s'emparer d' Arger,d'cè il avoit été Roy, remettre cette contrée en la main dzs Chrétiens, & la dérober aus Turcs : Car de la prife d'Arger , dépend trois cens lieues de Pays.

Parlant à les privez, il leur difoit qu'Amurath feroit un jour quelque choie de grand. La mort prévint & l'un oC l'autre. I'ay voulu en paiîant toucher ces particularitez, puis que le fuj et m'y a convié , pour plaire au Lecteur cu- rieus des imgularirez étrangères, &luy montrer que de la feule converficn de l'Empereur des Turcs dépend celle / de fon Empire. Mutation bien ayfeeala faveur de tant dz Chrétiens qui commandent à la terre, & à la mer,lrf- quels volontiers au commandement de leur Mairrc,lair- ronr le croiffant , pour arborer la Crois qu'ils ont îaiiîcj Lors la Chrétienté bien unie n'aura qu'une vois, & qu'u- ne langue pour prefenter à Dieu fes prières, peut-être il exaucera nos voeus.

I e ne puis retirer la main de ce difeours, puis que je iv. fuis entré es affaires du Levant, fans faire voir les prati- BiBoire tjues &meneesdencsEvâgeliquesfrancois,quiontfou- d'un Am- vent heurté à la porte du grand Seigneur, & par même b*Jf*devr moyen la vertu du Pacha Mehemet premier Viiir,dôtj'ay de Trar.cc parle cy deiTus, qui fut alTaiiné par un Spais, qui faifoit le prrs h plaifant, auquel il avoir ôte ion Timar. l'appelleray pour Turc. ce coup a témoin un d'autant plus croyable, qu'il n'a au- cun uueréienucs querelles; C étAicilius Cucchius,

Gentil-

688 De la Naissance de l 'Hères iz,

Gentilhomme Vénitien, lequel étant près la perfonne de rArabafifadeur delà Seigneurie , a la porte de Selim, écrivit a un Sénateur Vénitien , nommé Barthélémy de, Rodo'fis, l'état de cette Cour la. Cette Epître fe voit a la fin du livre intitulé, III vst tu s Ecclesi/e C a- tholica Trop h pÙa , afin qu'on ne m'aceufe de fuppofition Et encor queparmy les affaires de ces peu- ples Septentrionaus, j'entre-méle ceus de laFrance, & que je devance la nailîance de nos Huguenots, nom nou- , veau,^ont je n'ay encor parlé, & que vous verrez naître . ,mr auîivre neufle'me 5 Si eft-ce que le Lecteur jugera que ce u °* . ne fera pas interrompre l'ordre, ny changer la fymmetrie ï° Yj ' démon bâtiment.

vrecesvo- Voycv donc ce que cet Autheur écrit, après plufieurs 44l>ies' autres affaires eu ii touche. Le Pacha eft tel, dit Aloifius, qu'il reconnoit foudain fi on negotie avec luy franche- ment, & avec la venté, fi les Ambafïadeurs gardent les commandemens qu'ils ont de leurs Maîtres; que s'il dé- couvre qu'on traitte avec finelTe autre chofe, que ce qui regarde le fujet de leur charge, il fuit ces gens, & ne veuc permettre, qu'ils fe prèfentent plus devant luy. Nous en avons veu l'exemple mémorable en la perfonne de Mon- iteur Guillaume de Grand-Ry , autrement de Grand- Champ:Cependant qu'jl a manié les affaires de fon Roy, avec la fidélité qu'il devoir , il a été veu avec honneur au grand Pacha : Et tout ce quife pafïbit pour lanego- tiation de la pais avec rAmbafTadeur du Roy des Ro- mains, luv etoit communiquéjvoire qu'en faveur de fon : reon ave: e différé longuement la conclufion. Mais; ayant fçeu qu'il b'aifoit des menées -} non pour le bien de fan Maître , ains pour l'avancement des affaires de fes ;lles, il commença d'avoir fes act/ons pour fuf- : ne traitta plus avec telle privautéTayec luy. Au contraire, comme l'AmbafTadeur l'importunoit, que les Huguenots fufTent compris en cette pais: Le tout indigné luy demanda , quelles gens étoyent cesHuruenots ? de quelle Religion ? fous quel Empire oyent ? veu qu'il n'avoitjamais ouy aucun peuple fe nommer ainfi. Lors l'Ambaifadeur luy donna un pa- pier pour l'en inftruire , lequel depuis courut par les ■izz, ie voulant le Pacha, &ie moquant

Livre IV. 6Î9

de la légèreté daFrançois. Dans cet écrit l'AmbafTadeur confelToit, les Huguenotsctrefujets duRoy de France: Mais qu'ils avoient été contraints prendre les armes, pour la derîenfe de leur Religion , laquelle aplufieurs choies femblables à la Mahommetane. Apres cela ila- mtne queiqaes raifons , pour montrer que il les Hugue- nots font reçeus en l'alliance , & fauve-garde du grand Seigneur , ils pourront être beaucoup utiles pour fon fer- vice : car non feulement ils pourront donner des affaire» à leur Roy, pour le détourner de fecourir le Roy d'Efpa- gne,puilîant ennemy du grand Seigneur } mais encor cra- yerfer les entreprifes de lEmpercur des Romains , par le moyen des Princes , &grans Seigneurs d'Alemagne, qui favorifentla caufedes Huguenots. Que s'ils n'eu lient troublé l'Etat des affaires de la France, les Turcs n'euC fent poffedé rien en toute la mer Méditerranée. Caria Reyne-Mere avoit defigné,mettre entre les mains du Roy d'îfpagne, tous les porcs & places fortes qui font en Fran- ce, fur cette mer , & prendre en recompenfe les Pays-Bas. Ainfil'Efpagnoleut tout à fait commandé à la mer:Qu'- . après la ruyne des Huguenots , &Lutheriens leurs con- federez, les Roys& Princes Chrétiens, jointe la puiffan- ce du Pape & de l'Empereur , tourneroyent leurs armes contre les Turcs : Qu'il feroit utile au grand Seigneur, avoir les Huguenots pour confederez , pouvant: rompre honnétemencparleurmoyen,quandflluyplairroit,cet- tepaisquife traittoit avec le Roy des Romains : Que de leur côté ils jetteroyent les troubles en Alemagne, lors qu'ils jugeroient cela utile àfon fervice.

Le Pacha fe moquant de tout ce que l'AmbaiTadeur avoit propofé , luy fit dire par fon Truchement, qu'il reconnoiffoit bien, que le bon Roy de France n'avoir pas envoyé devers fon Seigneur un Agent , mais un traître. Que les Huguenots éroyenc trop petits compagnons, pour entrer en l'alliance du plusgrandPrince delà ter- re: Qu'il n'avoir garde de fe repofer fur la foy de ceus qui étoyeut traîtres a leur propre Roy : Sa coutume étoit de traitter avec les Roys & les Princes , & non avec des efclaves , & perfides : Que la grandeur des Othomansé- toit de hayr ces trahifons & perfidies, & marcher a guer- re ouverte: Qu'il e'toit au pouvoir du Seigneur, de renger

X 1 ces

i'Sic, Deia Naissance de l'Hiresis, ces Huguenots quand il vcudrcit , fi la victoire obtenue fur des traîtres rebelles luy pouvoit être honnorable. Ces chofesfe d'fentpar toute !a Ville de Conflantinople , au grand avantage des Turcs, & rabais de la légèreté dzs îrançois.

Ce font les propres psroles de l'Autheur, traduites root à mot de Ton origina!,avec lelquciles je mettray fin à ce Difcours. Cependant n'accouplez plus, yous qui vous dites Chrétiens Reformez , les Papiftesavec les Turcs } ne nous appeliez plus Mahommetans E.cmains : Et nous qui lommeS Catholiques, ne rapporterons plus vôtre re- ligion à la leur. Cet une herefie née en la Chrétienté, dans ia tête d'un Moine , comme eft la vôtre, quis'éc maintenue par les armes comme la vôtre : qui àruynéla Chrétienté comme la votre. Si je vouloisfuyvretcus les actes de la triftetragedie;que l'une Sclautrea reprefenté, j'étendrois ce livre en une lôgueur démefuree, & au delà duvolume queje luy ay preferit. Céz pourquoy je rc* prens la route de la Pologne.

LE MESPRIS DE LA RGYAVTE' PAR

les Pridicants de I a n Alasco Pqlo-

gnois, & quelques miracles de l'Euchariftic, &

les faus miracles d'un Predicant.

Chapitre X.

Us Treduants de Pologne dcfrïfent leur p^ry qui ne s'imok voit de rien.

mis

tan ^/tlafce pdongr. çr,A,id porte-cnfeigïic du>

Cahmijme.

Miracle anjenu en Pchn* gne en confirmation lafainte Zucbarifiie,

4- Pans miracle dn Predi~ çantPclichrowns.

Ai nu

Livre IV. 4$i

ÏN si s'établirent tant de diverfesSe<ftes en

I. j Us Prtti-

gulte/ians que toutefois aucune Loy eût M*^{* été en leur faveur. Il faut apporter le reme- *&¥'**' aeaumainaiirant,autrementlarecompen- PTl^' ^',ir fenous fuyvradeprez,difoitleSage: LeRoyavoitfccu, Rjfcf*»"* que pédant fafséblêe des Etats aPetricovie, Tan rail cinq s'é"*»»*** cens'foixant£& quatre, les Predicants nouveaus avoienc ** ri£Hm ofé dire: Nous n'avôs autre Roy que le CHRiST,qui pour nous a été couronné d'épines. Si ta Majefté , luy die Stancharus en la Prerace d'un de Tes livres, méprife la ré- formation que nous de(irons,fcache que ta NobUfTe qui porte les armes, dira aDieu à Sathan,& rendra obeyflan- ce a C H R 1 s t : Vn chacun d'eus a commandement de D'eu, en dépit de tout le monde , de luy obeyr , plutôt qu'aus hommes ; Les Roys ne font que les Lieutenans. Ainfi bravoyent leurs Princes ces nwuveaus Chrétiens, qui en divers lieus laifîerent d'eftranges marques de leuc fureur & cruauté, comme on peut plus particulière- ment lire dans le livre de Petrus Efcarga , & Refcius , qui recite comme un Gentil-homme Hérétique, pour adou- virfarage, crucifia un Prêtre près de Varfovic. Le Roy feavoit toutes les menees,mcmes de George Pol eu la Po- logne, de \7olanusen la Lituanie, pour émouvoir ces peuples , & lesattireraleursnouveautez: pour tout cela iine s'émeut pas, content de demeurer ferme en laP^cli- gion,& obe\ 'fiance de fEglife, laifiant chacun en pais, ou dilïïmuiant le mal quipeua peu, comme unchanchre, gagnoit Pays.

Ian AlafcoPoIognois, futundeccus, qui revenus 11. d'Angle:erre,pe»dant le règne de la Reync Marie,y pro- l*n Ahf- vignalaferneceduCaiviniime, coduifant quelques An- m Polo- giois fugitifs. Cettuy-cyétoitiiTu d'une maifon Noble: £*>« grMà Nousa.osveuleiieurHierômcAlafco,rani54^.Ambaf- pertt-en- fadeur,apres l'élection du Roy H:nry.Et comme il avoic fignt été nonrry aus lettres, curieus de cercher la vérité parrny Ctlvmif* tant de gens, qui la portoient vendre en fa patrie, trouva me. le Zaïnglianifme defongoùt, mais la crainte dzs Loi* luy rit quitter fon Pays, pourvoir rAlcmagne,puis l'An- gleterre, où du tés (^Edouard la fe&e de» Sicramétaires

Xx 2, prie

6?i De la Naissan ci di l'Herksu,

prit p!ace:Mais à l'avènement de la Reyne Marie, elle en fut bannie. De forte qu'Alafco, avec le congé de la Rey- ne ayant recueilly fes freres3& equippé deusvaiiTeaus,rit vcile en Dannemarc, fous efperance d'y fonder fon Eg!i- fe. Mais ainfique jediray en fonlieu, il enfutchaife, comme il fut aufTi de la Saxe inferieure.En fin cette Egli- feperegrine;&errame,ûbordaen JaFrife OrientaUe, elle fut accueillie dans la ville d'Embdem, à la faveur de la CcmteffeAnne, d'où tôt après AlafcoenPolongne, vifnantenpaffant MelandhondansWitemberg. Il an- nonça lors dit Beze, la vraye Religion, c'ét a dire le Cal- viniiine entre les Polonnois, jufques à fon trépas,qui fut Tan 1560. Dieu le prit debonneheure,ditlemémeBeze, pour ion regard,parce qu'il évita les horribles tempêtes derArrianifme, du Tritheïfmc, & de plufieurs autres rierefïes, qui commençoient às'élever. Il laiifa après luy des gens nourris en même échoie, qui ont cultivé fem- blable doctrine,P. Melvis,P. Carolus,N.Hclopus,Chri- frofle Thretius,Paul Lafcïus,gés réfugiez de divers lieus, Tn U Po- &pour diverlcs occafîons. Sur tout le defir delaCom- V*n munion fous l'une & l'autre efpece, troubla la confeien- iJj</. ce de plufieurs. Bien que Dieu l'an mil cinq cens cinquan- te fix leur eut mis devant les yeus un miracle , qui devoit guérir l'incrédulité de ces obflinez , fi le malin efprit n'eût pofiede leur ame.La redite après plufieurs autheurs qui l'ont écri t,n'en pourra être fâcheufe. Cependant re- marquejLecleur Catholique,que comme les années feu- les de la vie de 1e s vs-Ch rist ont veuplusdedemo- niacles, que tout le tems précèdent de la Synagogue: qu'auffi ce fîecle Sacramentaire aveu plus de miracles du faint Sacrementjqu'aucun autre,qui foit coulé depuis le Sauveur jufques a nous.Voicy ecluy dont je parle, m. Vné pauvre &fimple femme nommée DorotheeLa-

JMintcle fefque, Chrétienne, ayant longuement hanté un Iuifea a-venu en la ville de Sachazeth, fut prieepar luy , comme elle recc- lologne en vroit la Communion , luy vouloir garder le pain confa- lonjirma- cré dans fa bouche, & le cacher dans fon mouchoir, luy itén de la promettant pour recompenfc.trois dalles, &unerobbe Jttnit Eh- bandée de velours. Cette mal-heureufe luy accorde, & ebartsite recevant le Cors de fon Sauveur, le cacha la veille de Pâ- 1*4 //»> C. QUcs^aû \:lhgî ce Coizc;& le Mardy après ie porte a ion

ai ait te,

L î V R E I V. 69}

maître, en la prefence de crois autres Iuifs, MichaIec,Sa- chan , & Iofef. Ces méchans la portent en ieuv Synago- gue, & la poignardent. Sur l'heure même le faug en for- tit, lequel ils recueillirent dans un verre.

Lemémeétoit arrivé l'an 14.91- le vint deufieme d'O- clobre. comme écrit l'autheur duRegtftredu monde, en la ville de Sterne. Bach Eleazar Iuif.&aucres Tes compli- ces, ayans trouvé moyen d'avoir des Hofties , les perce- rentd'uncoûteauqui cnfanglanta lelinge ouelles avoi- ent été portées. Leur méchanceté découverte, ils furent tous brûlez. Eft-cepas un femblablc miracle que racon- te Athanafe ? Lors que ces bourreaus Iuifs voulurent de- rechef crucifier Ie s vs-C hrist en (on Image, d'où fous les cous de fouet qu'ils luy donerent,forrit du fang. Or le forfait de cette miferable Polonnoife, & des traî- tres Iuifs découvert , & la choie avérée en la prefence du Roy, qui étoit à Vilne, ville capitale delà Lituanie, il commanda qu'on s'enquît diligemment & que le procez fùtfait. Lesinquificions, & procédures dreiîees , après que par leur confeilion la chofe eut été cq firme, les Iuifs & la Chrétienne furent brûlez le Vendredy après le jour d-rAfcenfion,Ian 1556. & le jour enfuivant tous les Iuifs quis'étoient trouvez en ia Synagogue furent cTid bru- lez. Dieu par ce miracle fit voir la folle rêverie de ces Po- ■lônnois demandeurs du Calice, qui dévoient croire que le Cors hors du fepulchre ne peut être feparé de rame,du fang, & de la divinité, & que la chair de I e s v s- C h R 1 sr, que nous recevons, n'ét une chair morte, ny fans fang.

C o m m 1 le peuple mit devant les yeus de ces nouveaus îv. Predicants ce miracle fignalé, un d'entr'eus prêchant à VautmU Cracovie, pour faire une contre-batterie de miracles, racles du fubornaavec quelque peu d'argent un homme de villa- YreAtcara ge de Biethage, nommé Matthieu , afin de faire le mort: Vcltcbre- felaiflTc mettre dans la bière, & porter au temple, fuivy nuti* de fa femme, & domeftiquespleurans. Poîichronius(ain- nomme l'hiftoire le Predicant) fe trouve en chemin, 5c à la porte du téplejârréte le cors, & la fuite, fait fur l'heu- re une exhortation au peuple, fur la vérité de l'Evangile qu'il annonçoit ; Dieu, dit-il, qui peus tout, guery Lame de ce peuple incrédule de ta puilsate main, & pour témoi- gner de la vérité que je leur prêche, tire du fepulchre, toy

Xx 5 <jui

494 Di la Naissance de l'Heresie, qui en as arraché le Lazare, ceiuy qui repofeen ce lieu, Matthieu fors dehors, Matchieu,Mevetoy. Mais le pauvre Matthieu eft lourd a cette vois. Le cercueil ouvert , eft trouvé roide mort. La femme crie, regrettefon mary. ôc redoublant fes plaintes contre le Predicant meurtrier, découvre au vray toute Phiftoire, la douleur luy arrachât fur l'heure la vérité de fia boudfee. Lejourméme,un Reli- gieus Iacobin nommé Melchior , allant en Ruffie arriva en ce Village, &fut témoin de ce miracle avenu a recu- lonSjComme le Polognois Refcius,Lindan,& Alanus Cp- pusen leurs Dialogues ontécrit; Cela décria fort la mar- chandife des Evangeliques : Et cet autre miracle avenu dans la ville de Cracovie l'an mil cinq cens feptanteneuf, confirma encorles Catholiques en leur foy. On faifoit laProceinon generalle, portant le Saint Sacrement de l'Autel: Vne femme d'un cordonnier Arrien étant a fa fe- nêtre, s'écria ; Voyez quel Ours les Papiftes portent , & adorenr.Et s étant retirée en fa chambre, tour auflï- rot le diable la fiifît - Elle fe -tourmente, urle, &blasfemânt renditl'ame entre les bras defonmary. Toute îa ville de Cracovie, capitalle du Royaume , au récit qu'en fait R.ei- cius, l'aveu, î'afeeu. Voila l'audace & fureur des héréti- ques, & leurpunition.Leurinfolenceaugmé'tanr dejôuc à autre,vint à ce poin t,qu'ils voulurent forcer un Prêtre, lequel à faufiesenfeigneson avoit appelle, de donner le S. Sacrement à un pourceau cmmaillotté au lit dans une chambre obfcure. Mais le Prêtre s'expofa à leurs poi- gnards,plutôt que d'y confentir.Celaavint enPruiTe,au village deNitich. le laiilepluiieurs autres traits fembia- bles, & les violences faites aus Catholiques en ce Pays pour l'avancement del'herefîe, ScoppreiTion de la Reli- gion Catholique.

GO M*

Livre IY.

•>•)

COMMENT L'EGLISE CATHOLIQUE

s'ïST MAINTENVï IN POLOGNE.

Chapitre XL

Soin de qt4e!ques Eveû^

o

2.

Çrandèur çy-- richejfi des

Ecclejiiijtiques.

Belle refonfi de Filîtpe

^ugn^c jfoy de Trace»

4- Con/verfton du Tala'mde

L faut confelTer qu'outre la vérité, compa- i. gne inieparable del'Eglife Catholique, & Stin de Ion propre mérite , elies'ét maintenue par qatlifuts te grandeur de doctrine , & lainte vie de Evéques ciueiques Evéques : Car un bon nombre deïobgne* confiderant oue J'endormiUement des Pâfteurs enAle- magae avoicmtioduirles loups dans b bergerie, veillè- rent fur leur troupeau fur tous André Nefconius , Eve- quedePolakat, en la Lituanie, & Valerian Evéquede Vilnes'cncouragcrent des premiers, comme rit ce bon & feavant Cardinal Hofîus. Ceus-cy au même tems que l'Herede commença de paroître^appelerent de bons & fi- ddzs gardiens près d'eus, pour conferver, & enceindrc leur troapeau. Ce furent les Percslefuîtes, lefquelsmul- tiplicren: en un moment , ayant en peu d années* dreilc caze Colleges,Screhdences, & jettéaus chams un grand Dombrcde Predicateurs,Ck>nfeiïcurs, & gouverneurs de la jeunelï^quis'cpamiirea: par tout, guerroiant dételle force l'herefie a tant deteitee, qu'elle ne peut gagner pié, ny tenir la campagne, ains peu a peu fererirant,quitte U place en plusieurs Jieus a lEghfe Catholique.

L a grandeur, puiilance. & richeiîe des Evéqucs de la îr Pologne a iervyd'un ferr boulevard , pour la conterva- Crar/^H? tioa de la vrayefoy: Car )j^ Archevêques, Evéques, & au- ^ rirl:rf« très Prelars ioutmerveillcufement puiUants,& en aiian- ^ei £Cch- ces.&zeu biens. On ne cote pas a la ùcon des autres Pays, ji^}q-^^ k revenu des Prélats, disatjtelEvcque vaut dii,ou douze

Xx 4 sulU

696 De la Naissance de l'Heresie, mille écus de rente 5 mais on dit , l'Archeve'que de Gne£ ne a quarantemil ducats Hongres ; l'Evéque de Craco- vie, louante, celuy de Pofna , quarante cinq, & ainfi des autres, qui reviennent quittes en leurs coffres, leur mai- fon, & dignité deffraiees & entretenues. Peu d'Evéques» ont moins de quinze mille ducats dereferve: Et en cette forte le moindre des Archevêques , &Evéquesde Gnef- ne, Leopolis, Cracovie, Plotko, Vilne, Cujanie,& Valle, jouy t de quarante mil ducats Hongres. L'Eglife à fa naif- fances'ét enrichie par fa pauvreté, & élevée par fa baf- feife, & humilité. Toutes chofes ont leurs âges.Et com- me lors qu'elle étoit au berceau , Tes téples étoient hum- bles, & bas, fansornemens; & puis venant en âge^nluy en éleva de grans, riches, & fuperbes, pour d'autant plus honorer Dieu. Auiïi les Roys , & Princes de la terre fe fentirent grandement honorez d'apporter à Tes piez leurs couronnes, & distribuer de leurs biens aus officiers de l'E- glife, pour d'autant plus maintenir leur dignité enhon-* neur, &grandeur. Ainfî ont fait les Empereurs & Rois delaChretiété: Sur tousceusdeiaPoîongne en laquel- le les Ecclefiaftioucs font tenus en grand reipect, «Se révé- rence, même de leurs ennemis.

Quand nôtre Duc d'Anjou fut appelle de la France pour aller prendre poilcfàon de la couronne de Pologne, nos François virent les Palatins de Cracovie , de faine Donvre Trinitaires. Le Comte de Teuchin, & le Pala- tin de Lublin Luthériens, & pîuûeurs autres Seigneurs de diverks Sectes, fuy vrc & fervir les Archevéqaes&E- véques , leur rendre autant d'honneur & révérence que euifentfçeu faire les Catholiques. Aufli l'Archevêque de Gnefne leul en Polongne , cit Régent du Royaume , o- bey de même que le Roy, lors de fon abfence, ou qu'il y a interrègne , le train ordinaire des moindres , eft de cent chevaus, &les autres dedeuscens, trois cens, voire qua- tre cens, fervis en leurs Palais par Seigneurs riches , qui fe fentent honorez d'avoir telles charges héréditaires err leurs maifons. Quelles forces au befoin peuvent mettre en pîé ces grans &puiffants Prélats, toit cotre les Turcs, foit contre leurs voifins, qui voudroient troubler leur re- pos , ou contte les hérétiques , à l'exemple des Prote- ftants,ou des CaWiniftç$;ifs youloict par les aimes avan- cer

LlTRl IV. é97

cer leur Evangile ? La grandeur & richefTe de l'Eglife eft uu c;rand boulevard , pour la deiFendre contre les anauts de les ennemys.

Le traie eft remarquable d'un de nos Rois.ce fut Filip- -

pe , à bon droit fumommé Augufte, & le Conquérant. ^^ \ ~ Ce brave &genereus Prince, honnoré de tantdevicloi- /g^pJ-L res qu'il avoit obtenues contre l'Empereur Ocho IV. le pg ^Ufrf1ûe Roy d'Angleterre, & le Comte de Flandres, Iefquels a- Ço * £ ' voyent partagé le Royaume de France, ( mais ce fut le F\_ conte de l'Ours dn fieur d'Argenton ) fe voyant en repos rendit grâces à Dieu de tant de bien-faits , & fit plufieurs donations aus Eglifes de fon Royaume. Ceus qui iavoi- ent fuy vy, & fervy en tant de victoires, & qui avoient paf. la plu-part de leurs vies entre les écus , & les heaumes, les lances, & les picques, couverts de lueur, de fang, & de pouulere, marris que cetec devotieufe libéralité leur importât, ce leur fembioit, le pris de leurs labeurs luy fi- rentremôntrer qu'il étoit plus expédient meure ces tre- fors enreferve, pour affe<< ter fon Etat, que non pas ver- fer ainlï tes richeffes dans les coffres de perfonnes inuti- les , qui mangent en vain le jour. Celuy qui portoitla patole étoit de robbe longue , ayant été clioify tel à def- fein , afin que le Roy ne peniat que fous le zèle du bien public,il y eut du particulier caché. Sur le cham il luy ré- pondit:Vous êtes a vos aifes dans vos maifons,fans fentir les dâgers,que par les oreilles, & encor de bien loin:Vous ne fçavez comme on fedeméle de tant de périls qui heur- «

tent nos deffeins,ny d'où viennent nos victoires. Lors que jrétois en repos, fans avoir ny ennemis domeftiques, ny é- trangers,je me fuis fouYent ébahi delà largeffe de Char- les le Grand,& autres mes devaciers, à l'endroit des Egli- fes;mais depuis que j'ay fait elTay du dâger,où non feule- ment ma couronne a été, mais ma perfonne,je m'émer- teille,veu les hafards qu'ils ont couru,qu'ils n'en ont fait d'avantage.Ie fçay par experiéce que nos foldats,nos che- vaus,& nous-mêmes n'avôs ny cccur,ny courage,que ce- luy qu'il plaît aDieunousdoner, qui eft le Dieu des ba- tailles. Or c'ét aus gens d'Eglife,qui font corne fes fami- lierSj&domeftiques,qu'il faut s'adrefler,afin de pouvoir parieurs prières obtenir fa grâce & faveur. Ne foiez donc é tonnez, fi je leur faydu-bien,Ie fais à Dieu, & pour fon Xx j fervice.

*5>S De la Naissance de l'H e r e s r b,*

Encor cet te hiftoire de nôtre François le Grand. Ccra- me un jour deus des plus grands perfonnages de leur tés, Caiteilan,&Budee,fufTenr entrez en difpucefur les biens del'Eglife, & qu'ils euffent difcouru en prcfence de fa majefté, d'où &parquel moyen l'Eglife s'ét enrichie: Voyla, dit le Roy, de beaus titres de faint Pierre : A peine en trouverez-vons fi on fouilles les pancartes , 6c regi- stres de mon trefor , & tous les titres des plus grans Prin- ces du monde, de fi anciens & authentiques. Car ccus-cy font appuyez fur ies donations très-anciennes , & libera- litczdesEmperetirs,Pvoys,Princes,& peuples. Les autres fur les conquêtes, ou plutôt uiurpations)& violences de nospredeceileurs. Cerne grandeur ScpuilTance des Ecclc- f aftiques de la Polongne , a fervy fouvent a la Foy Chré- tienne, comme on aveu au cours de lhiftoire de ces peu- ples, que je laiiTc pour n'être mon principal fujet. iv. C'xs t en ce royaume ou ces bons, & doctes Pères onc

Ctvtrjion acquis grand; authcriré,non feulement parmy les Sena- du Palatin teurs, maisaulîî prez IaperfonncduRoy , même le père dtBodelie. Scargafon Prédicateur, & confcflfeur, grand homme en fçavoir , 5c (âiritété de vie. Parmy tant de converfions & réductions dts Sénateurs , & perfonnes de nom à 1 Eglife Catholique, eftmemorabîe celle du Palatin deMieieoz- ki.Ie fuis content ia raconter, après les témoins oculai- res qui en ont parlé. Ce Palatin voulut un jour fe jouer ce ia bonté , & (implicite d'un Prêtre , Cure d'une de Tes ParoiiTes, nommé Gorski, homme qui avoir plus de pie- té, que de doctrine, ïl l'envoyé prier à dîner chez luy, & étant a cable le fait attaquer de divers propos parfoa Predicant, lequel d'une langue afilee, promené ce bon homme par tous les coins de la table.orss fur la doclrine, puis far la tyrânie du Pape, débauches des Eccîefiaftiques lans que le Curé dit jamais un feu! mot, qui s'amulbit ce- pendant à manger. Toute la compagnie avec un éclat de rifee,fc moque de foniiîence. Le Palatin le preife dédire quelque chofe. le fuis venu, fait-il, pour dîner avec vous, & non pour difpurcr avec îuy.Quâdj auraydîné.fi jepuis je luy répôderay.La nappe levée, ce bon Prêtre prit la pa- role. Cejourd'huy en mes prières à l'Autel j'ay fait celie- cy- à DizwDifternecauftintnetm de génie «otfyW^I'efpere fa mifericerde, Toute puiiTance, qu'il m'exaucera:

Fais

L I V R I IV. 699

Puisfatfantlefïgnedelacrois. iis'adrefTaauPredicant, &Iuy dit. Au nom du Pete, & du Fils , & du S. Et prit, &C par l'aathoritë de Dieu Tout-puilïant, duquel je fuis in- digne Prêtre, & ferviteur, je ce commande, mauvais cC- pnt , que tu demeures muet en ia bouche de cet hom|ie, &qae tune parlesplus.

A peine eut-il prononcé ces paroles. quelePredicant perd la vois. Parle a prêtent, luydit le bon Précr?, parle co.Tme homme, & jerépondray: Car je n'ay vonîu con- tefterjufques ;cy avec ce malin ciprit, qui a parle' par ta bouche, &'Vomy ces injures contre l'Efpoufe de Ie s v s- Christ. Le pauvre Predicant, latére bai(Tee,begafant fans pouvoir proférer une parole, ne fçachmt que faire s'en va la veue baffe , laillant tous les affiftans étonnez de ce miracle. Ce Diable muet, fin & rufe, luisant Ca cou- tume,fit que les frères rejetterent ce defaftrcflir la farce de la Magie, &forcelerie. Mais U {implicite & bonne vie de Gorski, les rendit encores muets, & ne peurent empê- cher que le Palatin frappé bien avant dans l'ame de ce qu'il avoit reu , n'abjurât fon erreur, auquel il avoit été nourry & ne fut reçeu avec les fîens en l'Eglife Catholi- que, en laquelle il a perfeveré, perfonnage que nôtre Py- brac eftimoit beaucoup , autant accomply en fçavoir, & eloquenccLatine, qu'en expérience, & grandeur de cou- rage aus armes. Le même avint à un Pierre Hérétique, dont Grégoire de Tours fait mention, qui fe mocquanc d'un Prêtre Catholique , rhangeans tous deus en même table, fut miraculeufem en t conduit a façon verfi on. Voila nos feaus de lavrayeEglife , & des témoignages de fa vo- cation , qui ne fe trouve jamais en la bâtarde, 6c illégiti- me. Ce font, dites-vous, force leries : Aintî parloient ies Iuifs duSAVTEVSL quand il chailoit les Démons, refluf- citoit les morts : Par même fomiege faint Pierre ôta la force au malin efprit, qui portoit Simon en l'air. De mê- mes convices cenfuroient les Iuifs les autres miracles té- moignez dans les écrits facrez.Mais appelez des forciers a >ôtre aide:Alîez aufabat, faites nous voir quelque mira- cle de vôtre main, afin deciorre la bouche a nos Prêtres. Faites un peu l'efiay de ce que vous feavez faire. Qu* vos Prcdicans tendét les doits nâs ia bouche des demoniacles somme nos Prêtres font : EtYous verrez, comme vous

jepro-

Les Héré- tiques ne font Séna- teurs eu folegne.

700 Dk ia Naissance de l'Herbsïe, reprochoit Erafme^u'il n'ét pas fculemét en vôtre pou- voir de guérir un cheval boiteus. le retourne à mon dif- coursquecettebelle, & véritable hiftoirc du Palatin de Podolie a interrompu.

LES HERETIQVES POLONOIS PRIVEZ

0SS DIGNITE Z, DIVERSES SlCTES EN CES

■terres, laques Paleologue Iacobin condamna comme Hérétique a Rome.

Chapitui XII.

1.

les Hérétique ne font S s-

nateurs en Polome,

t.

: Forets du Cardinal Hj-

JÎhs [cachant ces afcm-

Llees et rifuëd'i celles.

Miracle du Diable qui entra dans lecers d'un Tnnitaire. 4-

Htftoire mémorable ctan-

dré Dadicitu Zvéqus

des cinq Eglijes.

5- laques Paleologue fefait

lacobm a Rome , ou il efi mis a l "mquifition. Çr s'enfuit en Pologne, O" fa mort. 6. Les Luthériens en Polo* g*?, ^Anabaptiftes, Ca- lixtins , C7- "autres He» retiques.

S toutes les Sectes qui vivent en ces con- trées, la plus puifFante eft la Trinitaire al- lée avec la Greque, même en Podolie, luiTîe,Rougie,"Wolinie. En pluïîeurs lieus 'curs métropolitains reconnoiiTent les Pa- triarches de Conftantinople, ils ne font appellczà la dignité de Sénateurs: Au contraire, tous les Eréques Catholiques font nez Sénateurs du Royaume. Ces Trinitaires égalent les autres Hérétiques en opiniâ- treté, mais non pas en haine, contre le faint Siège. De- metrius Huviadinus homme de beaucoup de fçavoir , s il e;it été bien afts, fut l'un des principaus Gonfaloniers

des

Livm ÎV. 7©i

ies Trinitaires. Celuy-cy préchant dans Claudiopolis, &vomiifant.plufieurs exécrables blasfemes cotre la fain- te Trinité, fut faify d'une apoplexie fur l'heure même, & tombant à la renverfe mourut , laifîant des fucceifeurs ie fa Secte auflï méchans que luy. On vid en divers lieus le tableau qu'ils firent tirer en diverfes formes, pour montrer la gandeur de l'œuvre que Dieu avoit fait par leur main: L'Eglife Saint Pierre de Romeétoitpour- traitte, Luther & ceus de fa fuittefur le moule, qui à tour de bras aliène de grans cous , mais il ne romp , & ne brife que le toit & la couverture, caffe & renverfe les tuiles: Calvin & Zuingle , par hs côrezmoutonnenc les murailles , qu'ils enfondrent: Mais leurProfete Scr- Tet embefongné après les fondemens, qu'il fappe,mcna- çant la Papauté de fa dernière ruyne,puis qu'ils luy ôtent la pierre angulaire, quieft II s v s-C hrist, laquelle ny Luther , ny Calvin , n'ont ofé fecouer. Voyla comme THerefiepar degrez eftmontee au comble de toute im- piété & méchanceté , depuis qu'elle aune fois trouvé l'entrée. L'an mil cinq cens cinquante fil les Luthériens, &Calviniftesmarrizde fevoir reculez, & perdre leur ré- putation, car plusieurs des leurs fefaifoientArriens, ap- peliez tous les jours à la difpute par les Trini taire* , of- frent entrer en Conférence publique avec eus. Par la per- mifîionduJloy Sigifmond Augufte, raifembleefefaiten la ville de Petricovie, il avoit lors convoqué les E- tats, en laquelle afîifta le grand Maréchal du Royau- me. Les Docteurs Calviniftes furent André Radonien, Sanicie, Silvie , &Procie, & pour feribe Nicolas Plu- iius. Les Predicants Trinitaires , George Polja vieus, grand Dodeur de leur Se&e , & Père des Tritheïtes, dit Poflevin^LutamireParaclefiejHofmanj&IanCafanonie leur feribe , celuy même qui^ écrit contre Calvin.

Lb bon Cardinal Hcfius entendant les nouvelles de n, cette Conference,où le nom del s s v S-C hrist devoit Regrets du être déchiré, & foulé aus piez, encor que fes annecs}& le Cardinal long voy2ge qu'il venoit de faire , le deulîent exeuferfeax Hojîufffa- c'étoit peu-apresfcn retour du Concile de Trente.) Il y chant ces accourt pourtant en diligence, pour s'y trouver, &rom- afîemblees. pre cette entréprife. Mais ny 1 authorité de ce venera- &Vijfuë ble vieillard, nj les reniôncfâces qu'il fit au Roy,à qui ja à'iceZti*

les

7©2. De la Nais s an ci de l'Hiresie," les Trinitaires avouent prefenté leurs livres, nepeurerit changer ce qui avoir étéatruéi De forte qu'afflige' d'un extieiiie'dépîaiiir, il quitta la Cour , Si.Cc rerira chezluy. Eon Dieu, difoit ce bon Prélat, foûpirant fouvent en loti chemin, en quel fieclem'as tu referve ? Faut-il qu'on permette a ces bouches infâmes de troubler l'air de leur puaniehalene ? Regarde, Seigneur, carton ennemys'éc élevé contre toy. Or cette âiTembleefe fit avec apparat & cérémonie, appelez des Seigneurs , delagrande& pe- tite Poiongne, Trinitaires & Calviniftes feulement: Car les Catholiques ne furent pas delà partie. Dés l'entrée on débat i: delaprefidence, laquelle fut donnée un jour aus Trinitaires, & l'autre jour ans Calviniires. A ces fins deus Preiidens éleuz. Comme le Maréchal, qui étoïc Cah in:fte,eur dh l'entrée exhorté les Docteurs a la pais: Commençons, dit-il, au nom deDieu 5c delà fain te Tri- nité. Nous ne dirons pas a ce mot- A m en , dit un des Trinitaires regardant celuy qui parloir, d'un œil afFreus, & d'un vifrge indigné : Et ne reconnoiifons cette Trini- té, ny n'attendons aucun fecours d'elle: Il ne faut pas, di: le Maréchal, autre propofition.puis que cette-cy s'ét of- ferte des I entrée. On commerça donc à difputer de la fainte Trinité, lailfeeen pais depuis tant de Siècles, à feavoir fi le Fils de Dieu eioit Dieu de toute éternité, s'il fctoit confubftantiel au Pete.Coir.bien de blasfemes hor- ribles furent ouysen plufîeurs jours q ne la difpute con- tinua, foneîecfur la parole de Dieu, en laquelle feule ces gens de bien ienoyeut ferme,pour les tirer delà. LesCal- viniftesjiurcnt contraints de s'ayderdes armes Catholi- ques Car ces Trinitaires les battoyen: a tous cous de l'E- criture , interprétée a leur fantafie, a l'exemple des an- ciens Airien; leurs devanciers, fans qu'ils peaiTent fe dé- mêler de la force de leurs arguments, que par la tradi- tion, qui eiti'ame, 5c la vie de l'Ecriture. La fut mis en a- vant le témoignage ce tous les Pères de l'Eg!ife,tantGre- que que Larine : L'authorité de ce grand & Vniveriel Conc:i:ueNice Sz autres depuis.

Mais ies Trmitaires fuivant la coutume de tous les Herctiques, enfent qu ils ont erré , que c'ét Ccnftantin, quia force d'armes a étably la Trinité , oppoieocau Conene <!■: >JiC'-kConc:iiabuiede Sirimie, icai.filsaî-

d&

Litre IV. 70$

del'Èglife Conftantin, leur Confiance maudit & con- damné de l'Eglife Vniverfelle. Apres plusieurs jours em- ployez fur l'intelligence de ces paroles, In prwaptotrat Vtrbum, & verbum trat apnd Deum , comme à la fin d'une fefïion les Cal vinifies, tout ainfî que s'ils euifent été en- fans de lEglife Catholique & Romaine , eurent enton- né à haute vois cette Hymne, ( Deopatrifit glovia, eiufat fohfili», Cumjpiritu paradis , inj&cuhrum Ç&tuU ) Les Tri- nitaires ne pouvant foufTrir ces mots à leurs oreilles, comme tranfporrez de rage , & furie, fortirent. Nous pouvons, dirent-ils, fupporter cette injure faite àDieu.

Ainfi le rompit cette alTemblee temerairemét encom- roencee, &mal-heureufement finie, comme fit celle que le Prince delà Tranfilvanie ordonna à \«7aradic l'an 1567. entre les nouveaus Evangeliques, &lesThriteïtes. De même à Sendomire l'an mil cinq cei\^ foixante & huit,â Albe-Iule l'an mil cinq cens feptante à Lublin , & autre? lieus de Pologne , fous l'aveu & grande dépenfe du Ca- flellan Ravenfis , & auili en la Tranfilvanie pendant le règne du Prince lan que Blandrat avoir feduir : mais luy mort, Etienne Battorifucceda, Prince fort P^eligieus Se Catholique, comme j'ay dit cy-deflus, & qui pour fa va- leur fut appelé depuis a la couronne de Polongne. Ceîuy- cy reprima un peu l'effrontée audace des Arriens, fie fer- rer dans une foffe le méchant & deteltable François Da- vid, qui comme Blandrat , fe contint plus dans le pur Ar- rianifme: Mais difoit qu'on ne devoir prier le C h r i s t, puis qu'il n'étoit Dieu : autrement il falloir avec les Pa- pilles invoquer les Saints : Etant dans la prifon il devine frénétique, criant fans ceiîe qu'il voioit des efprits noirs, qu'il falloir déloger avec eus. Exhorté de prier Ii s v s- C hrist , leneveus, dit ce méchant pire que luif, ap- peler à mon ayde celuy , qui ne s'ét peu ayder iuy même, & délivrer des mains de ceus qui le mirenr en Crois. Ain- fiblasfcmant mourut- lien pnfon,parfenréce de fon pro- pre maître Blandrat, lequel périt aufîî miiérablemét que ion difciple, comme j'ay dit cy-deflus. Or toujours quel- que homme de poids, &d'autnoritéprcto oit la protection de ces me'chans , comme a fait, pendant le règne du fils du Roy de Suéde, quieftaujourd'huy Roy dePoicngne, kPahttifl4cVilne,riUeoù :eutes les plus faks, & puâtes

Herclief

704 De la Naissance de l'H e r e s i e, Herefies s'écoulent , comme dans une fondrière. Depuis Tan mil cinq cens huittante &huit,furent faites infinies difputes entre tous ces efprits maudits, digne de mille crois , & de mille fupplices , comme on peut voir dans le livre imprimé à Vilne de Gafpar Wilkonusk médecin Samofatenien fait Catholique; dans Wolanus, Refcius, &autres. Celuy-cy aiîeure lePere Scarga confeiTeurdu Roy de Pologne , a^oir veu les lettres de ce miferable Pa- latin, écrites au Duc fon fils, il confefle depuis fon de- partdel'Eglife Catholique, n'avoir trouvé aucun repos cnfoname, pour ne fçavoirparmy tant d'opinions fio- tantes&diveiiés, àlaquelles'arréter, ny que croire. Le £lsn*a pas fait comme le père, qui s'ét attaché au timon de 1 Eglife,pour n'être emporté des flots dans les abîmes de l'herefje. Ladivifion des Calviniftes,& Luthériens ap- porta un merveilleus empêchement au progrez de 1 He- refïe; Vnc telle calamité, écrit l'Hiftorien de la Cœne Augu/tane,a caufé cemalheur,qu'unepartic de ceus,qui avoicntfuivy l'Evangile fe font jettez au Papifmc, d'où ilséroien: fortis, ou font paflez avec les Sacramentaires, & qui eft pis , une grande partie a embrafTé les nouvelles Herefies, & peu ont fejourné en la vraye Religion. 1II> ' E nvir on cttems Dieu pour ouvrir les'yeusausmi- àiiracle ferables Trinitaires , fit un miracle en la perfonne d'un du Viable des leurs dans la ville de Cracovie, cependant que le Pe- e.uienîra re Severinlacobm exorcifoitun demoniaciedansl'Egli- dansUcors & <*e *a Trinité : Car commeil eut apperçeu parmy la '■d'imTri- foule du peuple un cordonnier Trinitaire, il luy dit; Que uita'ï.e. fais-tuicy méchant infidèle, parmy la troupe des fidèles? le veus voir, ciit-il3cemyftere,&: fuis content que tous les D^-b'es que tu tireras de ce cors , s'emparent du mien. Soit fait felo ta parole, dit le père Severin.Ce malheureus Aérien s'étant retiré, ne fut plutôt-chez luy, que le malin cfpri^entra dans fon cors , qu'il tourmenta un mois en- tier, bTâsfemant mille injures contre la fainte Trinité.En fin la veille fainte Catherine ce malheureus fe précipita d'une fenétre.& ainfi froiiTe rendit l'amta celuy qui po£ fedoit fon cors. Sa femme faite fageaus dépens de fon mary, fe fit Catholique. Cette hiftoire cfl témoignée par lesPoionois. Vue pateie de ces Predicants Evangeliftes voyac tous les jouis naître ies nouveaus defordres estc-

cus,

Livre IV. 7C$

eus, rcconnoit bien qu'à faure d'un chefviiîbïe , leur E- giife alloit ainfi chancelant, & firent l'ouverture d'élire un d'entt'eu«, pour avoir la fuperintendance,& fuperiori- fur tous les autres: Nous avons reconnu,difent ils par expérience , que fans un defordre il eft impolïi ble retenir JadifciplineEcclefiartique: Nous jugeons donc neceffai- red élire parmy les Minières de Pologne, un qui foie pru- dent, fage, plein de pieté.- doctrine, «5c remply duS.Efprir, lequel ait lapuilfance Apoftelique fur les autres, afin qu'- il pjiffe contenir chacun en 1 obeyflanceETangeliqaciS: punir les délinquants du glaive fpîrituel. Ne von'a pas un Papedefiré en Polongne? Ne voila pas la primauté, pour laquelle lebruit acômencé,qui nepeut pourtant trouver place parmy ces Nomades ? car cet avis ne fut pas fuivy.

Les pnncipaus& plus relevez partifans delà Secfe I7« Trinitaire étoient en. nos jours Breflaffiu Secrétaire du ^*^w* Caftellan de Sendomire,& Du iicius,perfonnages câuts, i**™^*- rufez,&'diligens pour procurer l'avancement de leur he- **?* '^n' refie, qui furent fécondez depuis de laques Paleoîoçue. "f* DuJi- Ces deus derniers hommes de grand renom, de grand fça- ctHi ^ve~ voir,& beaucoup de fumTance , méritent que je parie *i ue d'eus, afin qu'en voye,combien lefçavoir orgueilieus en- ctn1 £*"** fie les ames , qui ne veulent plier fous l'obcyfTance du fcU cors entier de i'Egîife. leprens plaifïr, pour faire plaifïr au Lecteur, de recueillir & gléner ce que les autres écri- vains de mon fiecle, en moiûonnant à pleines mains, onr laifle. André Dudicius Hongre de nation, étoit Evéque des cinq Eglifes,fort aymé & chery de l'Empereur Maxi- ' '"

milian, tant pour fa doctrine, que pour fon excellent ju- gement aus affaires du monde. Auffi fut il employé par luv en diverfes AmbaiTades,& au manieméc des plus grans affaires de fes Etats , étant envoyé en Polongne devers le Roy Sigifmond Àugufte , fon malheur voulut qu'il jetta lesycus fur une fille d un Gentil- homme, nom m e Zofîa Gonilella,belle en perfection II eft furpris,& pris dans Ces rets, fi éperdu de fon amour,qu'il fe refoût de renier fa re- ligion, pour l'avoir a femmc:cari! n'y avoitautre entrée p3ur parvenir à ce mariage , ny autre moyen de jouir de cette beauté qu'en Fépouiânt. Cet la porte ordinairede l'herefie.La honte le retint quelque tés, & la foie efperari, Ce qu'il avokconçeuë de faire renverier les lois établies

Yf~ cni'fi-

jet De la Naissance de l'Herisie, enl'Eglife. Comme il étoit accomply en toute forte de fciences, des plus diferts & éloquents Prélats de fon âge, jufquesà l'admiration, ayant pluiieurs langues étrangè- res aufîi aifees que la fïenne maternelle, il s'étoit promis défaire modérer les lois du Célibat pour les Hermites, Moines , & autres feulement , qui voudroient fe lier à ce rude vceu de chafleté perpétuelle. Etsntau Concile de Trente, il fonda les cœurs & ve»lontezdes Pères -voire en public,fapafiion redoublant fa vehemcnce,il en fit quel- que ouverture. Mais blâmé de tous il fut contraint pren- dre une fionteuferètraitte & franchir tout a fait le faut cotre les lois, pour jouir de fes amours, puis quefclcn les loi*: il ne le pouvoit faire. Il époufa donc fa Zofie,auiîi in- fortuné en so mariage que l'Archevêque de Cologne (qui jouera fon roole au livre fuivant)avcc fa Nonain.il eut de cette femme un fils, qui fut le fléau & la crois de fa vieil- leiTe. Celle-cyjmorte, i! fe reœaria encore avec une autre de la maifon de Borrechi,& fe retira en PoIongne,puis en Silcf e,où toute forte de Dieus régnent, vivant en fa pau- vreté & rnifere , fans faire aucun exercice de tant de reli- gions qui abordent en ces contrées. Il femoquoit de tou- tes, voiremémede celle dôtilfaifoit au commencement profcfTion,qui étoitla Calvinifte. Certainement, dit-il, éerivâtà Eeze,quiluy a dédié fes poeiies,rEglifePvomai- r.e n'efr pas fi coupée & divifee que la nôtre, & fi elle a un appeau plaufibîe de la vénérable ancieneté,& d'un perpé- tuel confentement. Que fi l'unité' des Peresenladoéinne eft la verité,elle fera du côte' des Papiftes:Car encore que par fois il fe foit élevé quelques difputes entreles gës fça- vans, JesDccrcts du Concile , eu l'authorité des Papes, toiiLfoudain les ont afloupies. Pvien n'éroit de fon goût: fa Bible éroit fon Platon : Volontiers eût-il fait comme l'A peftar I.ilian, lequel faifoit chanter dans fes Temples des veis d Homère, & lire les livres de Platon, comme ré- citent Sozomene, &Nicefore. Ufuffit, difoitDudicius, qu'un Chreriencroye en Dieu, vive en homme de bien, patde les lois de nature, ayme la vertu, fuyelevice :il ne luy faut autre religion pour faire fon falut.

Vn Gentil-home Polaque m'a dit queplufieurs grans Seigneurs de la Polongne , & de Hongrie gardent enco-' ie les lettres decethon:me; écrites deiamain,avec beau- coup

LlVRî IV. yéf

#oap de foin & curiosité. Etant a Vraflanie Heu de de- meure fans apparence aucunede maladie, il prédit l'heu- re ie fa mort- & comme unilenamy le fut prier afoup- per le trouvant fain*: déboutai s'en exeufa: Il faut, dit- il, que j'aille ail leurs, & que je paye le dernier tribut; 8c l'émettant danslelic, tiraen étonnemenc tous les afll- ftans des propos qu'il tenoit, plus dignes d'un Filofofe, que d'un Théologien & Chrétien. Et me difoit un Gen- til-homme Polaque , c'étoit merveilledevoirccquecec homme dilbir , & que fes rêveries valoient les penfees les plus railifes d'un homme fain , lequel fortit for: douce- ment de cette vie, avec telle allegreilc, qu'il fembloit que les Cieusluy furent ouverts. Vne honnête morte à bien fouvent accoûturnéd'honnorcrunevieinfame , comme celle-cy : De même que celle dOthon , qui par fa more magnanime, finit honorablement l'Empire , qu'il avoir indignement commencé. Celuy-lapourtâtm'accordoit, que c'étoit un homme fans religion. Ainfi fut dépouillé cemiferablede fon Evcché, pour les amours de Zofie: ainfî perdit 1 honneur en ce monde, & l'ameen l'autre, ce- ]uy qui avoir Yecu avec beaucoup de gloire, pendant qu'il fejourna en repos d'as lefein de PEgliic Catholique. Voy- ons quelle fut la vie & la fin dePaleologue, quiaecéla T; ruynede mille & mille ames en ce Pays la. IaïuaPa^

Iac^ves ylTu de cette ancienne & impériale race des Uologut fe Palejlogues, échappé des ruines de fa patrie, vin ta Rome fan tM9" il prit 1 habit delacobin , le même jour que le très- btnàRo- ilint Pie V.fut reçeu en cet ordrt:Er eut ce bon-heur dé- we , eu il trefon compagnon de profeiîion. Celuy-cy auffi fuperbe efl ma à &arrogant,que l'autre étoit humble & débonnaire, fai- ïtosuijt- foitparoitre en fes difputes que tous les reiîortsnejoù- tiemji'en oient pas bien en fon ame, quii chaceîoit aus principaus fmt en te^ fondemensdu Chriftianilme. Il eft mis a 1 inquiûtion: Longne , c?1 mais îamort du Pape Paul III t Parvenant l'an ifc^Iepeu- fxmort. pie Romain faifan: lefuricus & infenfé contre la memoi- Mùktitù re de ce bon Papejavant rompu les priions, ii échappe,& quifïtion, fuyât ritalie,cômedan^ercus fej our pour les hérétiques; écbtppe , palfe en Alcmagne,*oiç les Luthériens, qu il ne trouve de $ 'en fuit, ion goût, non ptas qu'il avoir fait les Zuingliens,& entre fe fmt en Pologne, ou il trouve de f s gés, qui ne conuoiuoienc- Trinitnirt IfiS vs-Chjws t que pournls adoptifde Dieu le père, entoloi»*.

Y y 2. Cet

?r8 De ia Naissance de i'Herest?,

Cet la iietalle fa manhandife, feduit plufeurs peii

fc munit cependant d'une Dam ci Telle de bon

lieu, qu'il enleva, fe retirant en la Moravie, pour vivre en-

coreavecplusdelibeité: Car chacun gouverne fa con-

itiei.ee, . i Lh fçavoit-il que Pie cinquième cjui fucceda

au pontifie ara Pau] quaméme, avoit employé tous les

moyens qu'il avoit fçeu,ponr luy fairemettre la main fur

le colet:Mais la liberté de ia Moravie, il étoit tenu

prM en la pour iaint, le mit c n lêurctt. Or le bon Pic mort,penfant

/■ cnc-jie le l'alcoJogue avoir échappé tous les dangers, ne le don-

e- rond tut ne de garde qu'il tombé entre les mains de Grégoire rrei-

uRome. f "me: Car ce Pape entendant le mal que falloir cet hom-

11 L,fïrqi.e MaximilianJefît faifir un jour a un fcuper,oa

oit i appelé a defîein , &avec des carrciTes de re-

lais apbftèes , enlevé avec relie & fi extrême diligence,

an; qu'on fe peur alTembler pour IarecouiTe , il fut

a Yiene.dc la a Rome. Cet ainfi que devoir faire l'autre

Maximilian, quand Luther commença fa revolte,& non

perdre le tems apenferpar douceur guérir la folie d'un

homme déterminé a mal.

Le Paleologue arrivé, cft mis en prifon, &laiiTé quel- ques jours, pour s'entretenir luy-méme, parler avecfa conscience: comme c't'toit on grand homme,&de beau- coup de îettrts Grecques & Latines, il fallut faire chois cie deus grans koraroes aulîi , pour l'aboucher. LePspe députa le père Mogius , celuy que nous avons veu depuis en France fous le règne de Henry quatrième, procurer %x*mmê lerérablilTement de ia Compagnie des lcfuîtes, & Je pe* }*y btii* rcEtliarmin , depuis Cardinal. Ces deus traittent-plii- feurs jours avec le Paleologue, lequel avec unemsrveil- leufevehemence deffendoit par les Ecritures fon Arria- e , demandant qu'on luy montrât par la feule E- re-la ccnlubftaotialitédu fils de Dieu , qu'il com- battoirpar les mêmes paiTages qu'Arrius fouloit faire. Comme il ne fut pcfîibie de vaincre l'opiniatrife dccçt efprit rogue & herny par iauthonté des Conciles, moins que p?.r celle ces Le* es faims , inrerpietes de lEcriture, cjfant tonjouis } comme font tous les Hérétiques, qu'il n'avoit affaire de ces Pères, Ce font des hommes, il ne feut que la feule parole de Dieu. 11 fut remis en pnlon juiqaesau Calncvai, & le Dimanche de la Qy^

iime

Livre IV. 709

fime dépouillé de f_s habits faits a la Turque, qu'il a- voit apporte de laMoravie;il fat vêtu a une robbe blan- che, parfernee de Aimmes , & conduira la Minerve, ou le ^ procez luy fur fait , & de la a la Tour de Nonne en une , , , baflefofTe, ayant le col, les bras . & les piez chargez de Jl ' fers & carrons gros & petans. Ce hit la ou les pères Ma- - gins, Bellarmin, & Etienne Turcius Sciorlieh le furent Yilïter encore un coup Miis le trouvant plus opiniâtre que jamais, &endurcy dans fon hereiie, il eiteon hnta faintlan deLarran, & dégrade, puis donne au bras fecu- lier, qui le condamne à la peine du feu. Arrivé au lieu du fupplice, les bûchers étoyenr préparez tant pourîuv, que quelques Magiciens & qu'on eut commence de griller ceus-cy: Paleologue montrant en fon vifage quel- que crainte de la mort, eft preifé par un frère coadjuteuc du père Magius nommé Barthélémy , qui l'avoir connu cnAlemagne, &vifiréen faprifon, de fe ravifer -& retirée duprecip;ce, il allait jetternon feulement le cors , jnaisaulli I'anie : Non licet , dit il a Bar thelemy ^rrvée-xrê grtium, iln'ét plus rems. Il fçavoit bien que c'ét la cou- tume qu'à la veu'è du fagnla repentance cft tardive. La nouvelle portée au faint Pcre en diligence , qui étoit en table, ileommande qu'on leremeneen prifon,ou il figue faprofediondefoy, puis conduit fur un théâtre, fait fon abjuration publique , confelfe 1 1 s v s- C h r i s t fils de Dieu. On ne voulut pourtant le relâcher, ains retenu en une honnête prifon, en épie Tes propos prèfque un an en- tier, la façon de Ces études , Ces écrits.

Il retombe encore un coup enfes premières erreurs ''e Papeaverty , commande au lefuîreTulciusavec l'Inqui- fîteur aller devers luy, Scfansdifpute l'ouyrfur les points de fa créance. Répons Paleologue, luy die le le fuite, a ce «juire fera demande',fans difeours, ny perte de tems à dé- plier la beauté de ton langage Grec & Latin: Nous ne îommes venus pour difputer,mais pour fçavcu'feuleméc quelle eftrafo/ fur les articles que je te propoferay de la part du Vicaire de Dieu en terre. Luy dilayâc pour échap- jae.M>î per fur chaque arricle,eft en fin forcé de répondre, & jugé \f0i-,JHe hérétique, & comme tel condamné a mort, & exécuté !e ion44mni mémejourquelesRoys du lapon firenr leur entreedans m mtrt, la ville deRome, doatjepourray oarler ailleurs.

Y y 3 Ds.

7*o De la Naissance de l'Heresie,

D e toutesles Sectes qui font en Polongne, celleqaî eft plus en crédit après la Trinùaire , eft la Luthérienne, principalement en la grand Polongne, Pomeranic,Pru- fe, êcLivonie, & villes de Danfio, d Ebinguem,deKimg- fpergne, de même en la Borruilie, il y a toutefois grand nombre de Catholiques , & de Collèges pour in-

tî.

Les i.tiihe- tiens en

Yclcngr.e*

iits.Çr Ca

lixtms, & ftruirelajeuneiîe. En cette_contree faifoic fon fejourîe,

autrrs ht-

rettques.

tifies.

Calvini-

M

Cilixïim & leur re- quête au

Ad Attifes

& autres P*éprt[cz.. lu%[s en

Mmîrc.

Cardinal Battori, grand deffenfeur de 1 Eglife , oncle du Roy Etienne, qui a toujours conferve fes iujets en fa re- ligion. Sieft ce que les Calviniftesgaignent Pays, cruels ennemis des Lutheriens,mémement a Danzic,Cracovie, Poftnanie, &Vilne: Quant aus Anabaptiftes, ils font en grand nombre es quartiers de Werden, d'où rient l'am- bre jaune auprès deDanzic jinémeitous les faus bourgs de cette grand' ville en font peuplez, comme aufli vers Ja Sileiie,Palatinat de Siradie,& joignant Cracovie, il y en a grande quantité. A Lubiin ùs ont des Temp!es,cu ils fane exercice de leur Religion.

Les Pères Iciuites qui/bntJà, les ramènent peu à peu àrEglifc. Au teins du Roy Henry troiiicme, les Calvini- ftes étoyent en petit nombre , & n'avoyent exercice de leur Pvdigion qu'en quelques maifonsdes feigneurs par- ticulier. Comme laiioiwcaute plaît, pluiieurs fe font jertezaceparty. On y voit grand nombre de Calixtins fortïs deiaBoheme;eng^ancedclan Hus,qui portent en leurs armcs,bxinnieres, habits, Je Calice. Ceuscy au re- tour du Cardinal Holiusdu Concile de Trente, levin- drent trouver, tan: fa réputation étoit en eftime. Lefup- plientquelacômunion fous les deusefpeces leur foitper nûfe, & promettent en toutlerelte fub r le joug &obeyl- lance de i'Egiife Caiholique. Ce bon Prélat leur fit en- tendre que c etoient les rufes dudiable,qui ne tache qu'à gagner l'entrée, pour après faucer les plus fortes barriè- res, qui maintiennent l'unité de I'Egiife Romaine. Que c ïz au jugement de fEglife,d'innover,& changer Ce qui n'ét pas du droit divin, &non aus nations particulières de (e donner la loy a leur fantane: autrement le royaume de Dieu fera un môftrc a pluiieurs têtes. Quant aus Ada- inites, Fraticelly, & autres obfcurcs feiles, elles font ce- Dues a méprisjêcceus qui en font tâchczjviventhuezjiif- £ezj & remuez de tout ic monde. Les Iuifj qui rcgcrgcnc

~ de ri-

Livre IV. 7ir

derichefles en cePays-là, font en grand nombre, 5c plus qu'en tout Ierefte de h Chrétienté. Depuis que le Roy- Cafimir enforcel é de l'amour d'une belle IuyfVe nommée Efther, luy ouvrit la porte de Ton Royaume cette mau- dite race,meurtriere du Fils de Dieu, a plus de faveur par- my ces peuples, qu'entre les Turcs, qui les ont en tel horreur, qu'aucun Iuifn'ét reçeu à le faire Mufulman, qnin'ayt plutôt reçeu le Baptême pour laver fon péché, & le Turc pour faire une grande injure à quelqu'un, luy dit, Bre C hi f o n t, valuif. Ilneles faluentjamais, &pourcetteoccafîon , comme nous les marquons d'un bonnet jaune, auili font-ils d'un Tulban de cette même couleur, depuis qu'un Pacha fut deceu : Carcommeii ^aifoit le trajet à Conffcantinople fur fon Skait,ayant ren- contré uiiluif qui fuivantla coutume portoit le Tulban comme les autres Mufulmans font, ôc l'ayant falués'in- clinaai'jpenfant que ce fut un Turc,il en fut de'plaifant, feachant qu'il étoitluif, qu'il luy envoya fur l'heure donner des baftonnades, & obtint cette Loy du grand S -igneur,qu'ilsporrcroyent détonnais le Tulban jaune, comme ils ont toujours fait depuis. Il y a auiiî es terres j. ^ du Roy de Pologne quelaues ordres des Turcs,& des Tar- «, .. tares, qui habitent deçà 1er» onttnene, le long de les ri- p , Tes, lefquels fuyvent la Loy de l'Alcoran.On laiife chacun •- en pais, Sclans recherche prendre la route ou du Paradis, d ou de l'Enfer. Voila l'état de ce grand & puiiTaat Pvoyau* me de Pologne ainfi perdu & dévifagé,depuis que Luther mit la bannière au vent ce qui en partie à caufé leur ruy- ne': c'tt la coutume qu'ils ont d'évoyer leurs enfans pour apprendre les lettres , les langues , ou les armes aus Pays étranges , & parmy les Provinces infectées de l'hercfie: voire-méme ils ne font côfciéee de les entretenir a la fui- te^ au fervice d'un ALr/baifaieur de la porte du grâd Ccu gneur,& Dieu fçait corne ils enreviénent bons Chrétien Apres la mort du Roy Sigifmôd Augufte,dernier de la ra- ce de îageion,lesfeigneurs Palatins & Caiteilas, Se autres perfonnes de qualité, tat de laPo!ogne,que Lituanie,lef- quels avoientembraifé les diyerfes opinions de Luther, Zaingle,Biadrat,Ser7et & CalvmjS'aiTembierent, côfpi- rans tous d'une vois pour avoir liberté de côfcience, non feulement pour vivre en leur Religion par tollerànce:

-Y y 4 ii~i2.iiî

712. De la Naissance de i/Heresie,

mais fous la feureté des Lois & Edits publics qu'ils de- mandoient. Les Princes Ecclefiafb'ques & autres Sei- gneu:s Catholiques s'y oppofent, font ce qui eft en eus pour l'empêcher. Mais la froidure des uns , la noncha- lance des autres, & la crainte de la plu- part, pendant que h Royaume eftfsns Roy , fut caufe que par Edit la bride eft lâchée a laliberté deconfeience demandée, laquelle depuis au couronnement du Roy Henry fucceiTeur de Si- gifmond ( dont je parleray cy après ) fut par luy confir- mée par lerment en ces mots , lnur dtjfidenta de t'tltgtont facttn m.inu itneb%mm. Comme fut depuis au couronne- ment des autres Rois lucceiTeurs.-Serment qui a ouvert la porteàtant d'efprits malheureus & pervers , qui fe pro- mènent parray ce Royaume, comme j'ay dit cy deiïus. A l'arrivée de ce Roy, les Arriens^ritheïteSjSamofateens, & autres, luy prefenterent leurs livres, & confelîïor, de foy,iedifenr les purs, & lesvrays Chrétiens, main tien née leut doctrine être conforme a la primitive Eglife.Le R> -y Jeurpromet, Scperroetlaliberté qu ils demâdent. Quels étranges remuemens apporta cette liberté de confcien- ce, parmy [\ grande multitude d'opinions ! il ne fe peut dire: Car lors tout fut demife^chacunfedonnoit laLoy, fui\ oit les folies & hs pafïicns du premier venu.Heureu- fehbertéenmatiere dereligion, quand la volonté des hommes eft réduite en fer-vitude! Quand chacun eft fujec ausLois de celle, qui paries promeiTes infaillibles de Dieu ne peut errer, ny faillir. Cela donna fujet ausEvan- geliques Luthériens & Calviniites de fupplier leur Roy l'an mil cinq cens huitante trois, vouloir abolir cette Lcj Diabolique. Ainfi l'appeloient ils avec raifon , q'uidon- noit avec la liberté , l'impunité, & l'entrée à toutes les opinions foiles qu'on peut imaginer. Ce furent les priè- res que Wolanus fit aufTï au Roy Etienne fucceiTeur de Hêrv3pour la Lituanie, qui s'en va, dit-il, en tel état, qu'il ) aura,ii on n'y pourvoit bien tôt , autant de religiôs que de villes. LesEdits de liberté publiez , on vid peu après des Bibles imprimées fuyvant la verfïon de Budnee , qui fut le parrin des nouveaus Ebionites en la Lituanie. Ia^_ mais Marciou, ny Luther n'approchèrent la hardieile de cet homme, lequel changea l'ordre des Evangiles, coupa, JLtendit & retrencha a fa fantafie cent & cent iieus de l'E- criture

Livre TV.

7TÎ

tor- tou-

triture facree , montrant par fix vingts pafTages con nez a (a façon, I es v s Christ n'être pas Dieu de i_ te éternité. Zeronichius Docteur Anabaptifte dans les Dialogues en a fait le dénombrement, & tenu le roolle de fesfauifetez &b!asfcmes, qui m'ont fait horreur en les Jifant. Miferable Pologne /die Refcius, as-tu peu porter cette béte farouche?

Ç^V E LES POLOGNOIS ONT TOV.

jovrs vovlv vn Prince Catholi qv e,

les Collèges des lefuitcs en ce Royaume, &

la conYerfion d'un Mtuifue,

C H AP I T RI XIII.

EÏecïio du B^oy Herj III.

i. Les Polacs demandent un fio} Catholique.

3- jïticnne Battori nommz

%oy de roloo-ne.

4

Sigi[mo/id fin face ejfeur

difyuta la couronne con- tre Mxximihan.

S-

Les Colle Tes des lefuîtes

en Pologne.

a

6.

Fn Minière PolomoiscG*. vertj à Rome L'an d* lahilé, i;7/.

*-i*Of A.xoiblelfe du patty Luthérien parut en la î. \jfS Pologne après la mort de Sigifmond , lors Elecîma qu'on difputoitaus plaines de Warfovie,& an RcY que les Etats cherchoient par leurs îuffra- Henry il L , i ges fous ce grand pavillon , fur qui le fore * de la couronne PoJognoife tomberoit: Car comme les Polaques eurent fait la reveiïe par toute \\x Chrétienté, afin d'élire un Prince pour leur Roy , &que les Luthériens eurét mis furie rai* le Marquis de Bran- debourg Proteftât, & lanRoy de Suéde L u therien,beau- frere du deiFunt Roy, on recônut dés la première journes leurs pratiques être trop foibles pour de fi hauts defleins, & que la couronne Pologuoife écoit de trop grand pris, 5

Y y $ pouj

714 De la Naissance de l' Hérésie,

pour être mife far une tête autre que Catholique, com- me il étoit loifiblcàtousles Princes de la Chrétienté, de pourchafTer cet honneur. Pluueurs Roys & Princes y de^. péchèrent leurs AmbaiTadeurs : Charles Roy de France délirant l'emporter pour Ton frère Duc d'Anjou , fit chef derAmbaiTadelan de MonlucEvéque de Vaience,hom- me digne du maniement d'une charge Ci importante. Auf- fîa-il été honnoré defes Roys de quatorze AmbaflTades pendant fa vie. Le Roy luy voulut donner pour collègue GuydeLuugnan, fils dccz vieus Chevalier &vrayemenc Chevalier d'honneur delà Reyne, Mère de nos Roys , le fieur de Lanfac, lequel étant jeune, libéral, bien-né, en- tendant les langues, étoit propre,non feulement pour at- tirer la Nobiefle au party François , mais aufîi pour mo- dérer Monluc, homme prompt, qui fe laiffoit ayfément emporter à fa colère «Se a fa paiïïon. le laiffe les particula- ritez de cette élection , pour n'appartenir au mjet que je trait te. Tant y à que le party des Luthériens & Proteftans fut contraint faire place au Catholique. II- Et comme lors de la'nomination du Duc d'Anjou, il

Les Feues fembla qu'on voulût faire quelque émeute , un grand dsmaient nomt»re de la NoblefTe Polognoife le rengea le long d'u- un Roy C4- ns f0rét,& mettant à leurs chapeaus une branche de ché- Ibouque. nc ; je g^J Capitaine de Samogitie Koskomuics dit tout haut; Nous vouions pour Roy un Prince Catholique, Se bien-fentantdelaFoy, tel qu'eu le Duc d'Anjou. Celuy- cyfutfuivy de Laski Palarin de Siradia, du Palatin de Bresk, du Palatin de Plosko, du Comte de Tarnanu, du Comte Tanus Latalcski,de lan Coska Caitellan de Dan- iic , de fon frère André Sboroski , d'Opaliuski Maréchal de la Cour , de fon frère le grand Référendaire , du Capi- taine de \7arfovie,du Maréchal de Lituanie d'Abraham Sbonski, & du Chevalier du P^oyaume, &autres tous Ca- tholiques , mêmes toute cette grande mulcitude dt No- bieffeduDuchédeMofcovie , jamais l'Herefie n'a peu trouver entrée : De forte que l'on vid trente cinq mit hommes de cheval rengez le long de cette foret, pour foù- tenirla caufe du Duc d'Anjou. Celuy mêmes qu'on avoit tache' de rendre odieus pourl'efclandre tombé en même terns fur les prétendus Evangeliques de laFrar.ce.Les Se- *ate:xrs mêmes Luthérien; , Calyiniftes, Se ïri::i:a::c?

Livre IV. 7tj

«rind'rentlepartydes Catholiques, quijettoient leur» Taras fur le fang de la France. Parmy ceus-là furent le Pa- latin de Cracovie , de la famille de Zerlefïk, le Palatin de Vilne, de la maifon de Radtggunil , le Comte Sranifla'us de Gour<ma, les Sieurs deOftiofog,le Sieur SafFranelchi gendre du Palatin de Cracovie, le Cafte lian deSen.lomi- re, 'e Comte deTanchm, le Palatin de Lublm, le Palatin de Pomeranie, le Caftellan de Caminiefch , le Palatin da Pod jlie,& autres Lu:heriens,qui furent contraints don- ner leurs vois a la Fïâce,& à un Prince Catholique, reve- nu lîlbuventvictorieusdel'hereiïe, lequel fut éleuRoy. Ce n'ét pas mon fujet de le conduire en la Pologne:Auûi n'y fit-il rien de memorable,foit pour ce qui regarde lare- ligion,foit pour le tat: Car a peine étoit il entré. qu'il fal- lut sôger au retour, & travefti le dérober de nuit, pour al- ler recueillir la courône de France, que fon frère Charles luvavoitlaiiTé:ïnfortuné diadéme,côme la fuit te de ib a hiitoire montrera, lors que je parleray de la France.

Les Polacs ayant atrédu quelque tems fon retour .pro- j^ cédèrent à nouvelle élection. Et quoy que l'Empereur Etier.nt Maximilian cureté nommé, (i eft-ce que pour la crainte Batîàri d'Amurath Empereur des Turcs , jalous de la grandeur RcydiVff* de la Maifon d'Autriche, & les longues rernifes de Maxi- lQ^ngm inilian a venir prendre poifeiliar» du Royaume, on procé- da de nouveau a la nomination d'Etienne Battori, brave & courageus Prince, Roy de la Trâiilvanie,dont j'ay par- lé cy deffus.Celuy-la sâs crainte de Maximilian vint rece- voir la couronne. & pour s'appuy crd A mura th,fe le rédre amy,furprend.,& fait tuer ïzs Ambaifadeurs que Maximi- lian enroyoit au Sori. pour entrer en ligue cotre le Turc. L envie que Maximilian eut de le venger de cette injure reçeue,&deluy ôter la couronne qu'il penfoit luy appar- tenir , avec la crainte des forces d'Amurath, fut caufe qu il envoya devers tous les Princes Chrétiens , pour les requérir, dit l'Hiitorien Hongre, dufecours,voyant que la Proteftâs d'Alemagne luy avoyent dénie' tel ayde,que meritoit le péril eminent, pour n'avoir fa Majefté voulu condefeendre aus demandes qu'ils luy faifoyent pour les arfaires de la Religion : Ce font Ces mots. Comme Maxi- milian fait les apprêts pour donner en Pologne, appuyé da M-jicoYice, la mort arréwfes defleinsj & après que

Battori

2V,

71S De la Naissance de l'Heresie,

Battorieu emporté plulïeurs victoires contre le Mofca- vite, repris P;osk j, & les deus Nerves,& avancé fou Etat jufques a Nfviogrût grands ville , & d'abord du Septen- trion, il s'alla repoferau tombeau.

Pa Rfondecez SigifmondRoy de Suéde, fut éleuRoy Sfcifmmi ^eP°^°5ne^eclae^ «ipoca la couronne contre Maximi- (o'ifecef- liaafrersa^J Empereur. Rodolfe le vainquit , & prit eu feurdifbu- bataille: Le deiir que le Pape avoit d'apporter la pais par- ia Uion- my ccs PeuP^es » donnafujecarAmbaifide du Cardinal tonns con- Aidobrandin , qui fut depuis Pape ,'nômé Clément VIII. tre Maxi- ^eclue^ heureufement,& avec beaucoup de prudence con- ViiUaii. firma ce Roy en la Religion Catholique , a laquelle la Heyne de Suéde fa Mère ravoir noutry , comme je diray plus particulièrement parlant de Suéde, & ri c la pais en- tre les Po'.ognois & la maifon d'Autriche, délivrant Ma- ximiiian de iaprifonoù ii éto: t. Or l'Etat auquel le trou- ve aujourd'huy ce Royaume fous ce Roy SigifmondHI. nous donne efperrmce d'y voir de plus en plus profperer 1 Eglife: Car le Roy étant Catholique, ne permet autre Religion en fa Cour, que la h en ne. Les Evéques bons Se veillans fur leurs troupeaus , foigneus d'avoir de rares & excellents Prédicateurs, quidreifent leurs feminaires 6C pépinières depieeé, &defçavoir: Tels font l'Archevêque de Gnefne Légat en Pologne , l'Archevêque de.Leopolis enRuiiie, l'Evéque de Cracone celuy de Wratiflanie, les Evéques de C/iem:n, de Plosk), de Vrame , deCul- men,dePrefmilie, de Comeron, de Samogitie, de Viine, de Chronien,& de Luthenenfe, qui font quatre Evéques de la Lituanie. LegrandnombredeReiigieus,qui jour 8g nuicenvoyent leurs prières au Ciel, y iert audi beaucoup: le peuple plus ardant en fa dévotion que de coùrume, fré- quentant ordinairement les Sacrements : la plus grand' partdelaNobieife^ des Sénateurs réduits & conrirmez en la foy , fans que le Pxoy appelé aus charges & dignitez queles feuls Othol'ques, s'il n'a efperance de les rame- ner aufein dei'Ëgtife, ficen'éten la Prulfe, fort garce & y. perdue: Et en fia ladi/ifion infâme des Hérétiques ne tes Crft- nous peut promettre que leur entière dcffaite. ga des lt- M ai s fur tout 'amaititude d?s Collèges commis au jfhl:et ta gouvernement Sccôiuitte des doutes relig;eus delà corn- Pobgnt. pagaie du nom ie I z s v s, 2. été uu grand, & facré réparc

c-:

Livre tV. 717

contre îe<;Herefïes. On voit « e 'florilTans Collèges e* pieté & en fcience, a Cracovie, Tofna, Vilne, Iarcflavie, Claudiopolis , Pn!eus , Lublin , Rigakalisk, Branfberg, Pultovie, Niefvifie,Dorpat, Dantz;k, Sornu, laMaifort Profcffe de Varfovicî& la refidence de Leopolis, toute lajeuncffedu Royaume eft élevée: Voire-méme les en- fans nourris en autre Religion que Catholiquey fonten- voyez: Car tout le nften'ét qu'ignorance, & clefordre, Ces jeunes hommes, foit Calviniftcs , ou Luthériens, ne peuvent tellement boucher les oreilles , qu'ils n'enten- dent les belles exhortations deces Pères, &qu ilsnevoi- ent les exercices fpirituels, qui fe fontparmy leurs com- pagnons , s'aprivoifans pf=u a peu-aus faims xMylteres, & Cérémonies d«- l'Eglife. Ce font lesapréts de la ruynede lHerefle. Auflî enplufîeurs lieus elle aété chaflee,&des Villes jettee aus Faufbours, comme de Cracovie Polna- «ie, &autres principales , il eft interdit à toute forte d'Hérétiques de prêcher. D'ailleurs en lagrâdePolognc la plus grande partie de la Nobleile s'ér remife fouz la bannière de l'Eg'ife, & les Temples Chrétiens rétabliz en leur première beauté. que la rage de 1 Herefie avoit en quelques lieus honni,& poilu, comme a fait au/li latrek ancienne, & très -noble famille des Oftrorogs , qui avoit Ja première favorifé les Huttes, Pikarts, & depuis les Luthériens. A fon exemple celle de Gorgna,de forte que peu de Seigneurs ont croupy dans les ordures des Luthé- riens, Calvmiftes, & autres, ïî cen'ét en la PrulTe, Litua- nie , &RuiTie, il y a des Palatins, & Cailellaos de di- verfes Sectes, qui (e détruiront en fin d elles mêmes. Au- jourd'huy on connoit que cet Antechrifr Romain , dont on farfoir peur aus petits enfans,eft le Pafteur del Eglife, le Vicaire de Dieu en terre, &non cet homme dépêché, ce fils déperdition , qui viendra en fon nom , niant que Iesv s- Christ ion venu en fa chair, qui doit étrere- çeu comme le Medie des Iuifsj, auquel temps le Sacrifi- ce éternel, c'c't adiré la Mefle, fera prefque^iboly fur la terre, comme dit le ProfeteMalachie , & aiTcurent tous les Iaints Pères éclairez de l'Efprk de Dieu.

Ce cyme conduit au récit d'une Hiftoire véritable, a- vï. venue pendant le Pontificat de Grégoire XIII. avec la- Vnlâini- ^ueile jemettrayfin a ce qui touche la Pologne 5 auiîi Jîrc fol§~

eft-ce

jit De la Naissance de l'H e r e s i e, eft-ce d'un PoIognois.En l'an du lubilé i57j.Vn viens M?* 1*$!*) t»*~ niftre Luthérien, Polac de nation, ayant toute fa vie faic wrti à profeffion de ctzzz Religion , & exercé le Miniftere, plus V.eme l'an par curiofîte qu'émeu de quelque dévotion, voulut aller •du lubilé. voir laBabyîone Romaine, en cette année de confufion, { ainfi appeloii-il l'an du lubilé ) pour couvrir Ton delTein, Apres être forty des lieus de faconnoiiTance , il fe couvre d un habitde Pèlerin, &s'en vaa Rome avec les autres Pelerins^a la Confrérie de la fainte Trinité, tous les Pèlerins étoyent reçeuz, & nourris trois jours. Le Cardi- nal Ferdinand de Medicis, qui cfîaujourdhuy grâd Duc <îe Tofcane,écoit le Protecteur de cette Société : Lequel bien fouventfuivy deplufieursgr.îns Seigneurs à la récep- tion des Pèlerins, leur lavoir les piez. Le Miniftredégui- le trouva par fortune de ceus, a qui ce Prince fît ce fer- vice pieus, & piein d'humilité : Il confdere jufquesoù cette grandeur ferabaiiïoit, voit le bon Pape Grégoire venir viûter avec dévotion les Eglifes, y va luy même, confidereles lieus eu repofent Ici cors des Apôtres faine Pierre 8e faint Paul , admire la merveilledetantdenatiôs qui accourent de tous les coins du monde , pour rendre leurs vgcus & prières far les rombeaus des Apôtres , & SS. Martyrs.

Lcrs frappe de l'Eiprit de Dieu, il ouvre les yeus, les ê- IfveauCiel, & ayant pris farefolution au pic de l'Autel, eu il étoit agenous, étant fon aine ailleurs , ( Car cette dévotion éto::pour fe couvrir, & voir les cérémonies,) Il s'en vaàl Eglife laine Pierre , voyant le faint Père qui étoit en ia Chapelle , fend la prefle, le jette a fes piez, les embrafle, les baife, pleurant & fanglotant à chaudes lar- mes.fans pouvoir proférer une feule parole. Le Pape pen- fant que ce fut quelque pénitent qui frappé de l'horreur ce fon péché ne le voulue dire tout haur,commandc qu'- on fe retire; Mais celuy-cy recouvrant la parole: Non, Père faint, ( dit il en Latin ) la grandeur de mon ofFenfe mérite une pénitence publique, l'ay été vingt trois ans Miniftre de Sarhan , je veus être à prefent humble fervi- teurde Iesvs Christ & de fon Eglife, a laquelle je fupplie ta fainteté me vouloir admettre ou tranicrire.Le Pape lbyt, l'interroge, & enfin verfant luy-raéme les lar- jncs, loy donne ia bénédiction. j le comme tcant fur 1 heu- re a"

Litre IV. 71^

te à quelques Cardinaus. Apres avoir reçeu rabfolutioa requife, fait confeffion de Tes péchez, & reçeu le S. Sacre- ment, vifité à la plus grand' ardeur du chaut , les lieus fain ts, il tomba malade, & fe fît porter dans l'Hofpital du S. Esprit, trois jours après il mourut,content,di- foit- il, d'être fi heureufement , & après tant de haf:rds arrivé au port defalut. La nouvelle portée au Pape, qui avoit lors près de luy le Père Hierôme de la Marque, & le Père Bernardin de la Pofte Capucins , éleyant-les yeus au Ciel, dit fur l'heure même avec l'Apôtre : O altitude divi- ttarum fapitntU: Tantiprczeripeccr.teri ,per gltfuoifi^zr.n* rendere chu in Monafterio> fha in déjï/tt à farepim: et)x.a di 1er peccati , (f> cestni ejfcndo fi granpeccAîoreintre giomi ccnUfux granda centritionefeè aquiftaio perdent, & ilparadifo. Com- bien de tels exemples avons nous veu de perfonnes , qui furlepoint deleurconverfion, & l 'ayant effectuée, Dieu les a pris au mot, & retiré a foy en cet état de grace,com- me il fi: ce MiniftrePolognois.

COMMENT LA RELIGION ET L'ETAT

CHANGEA EN DANNEMARC

& Norvegue. Chapitre XIV.

te Rey Chrtjl terne fri'vé de [es Bitumes & E- Uts.

-1

Comment les pntefidns *vêitlmtt Attirer ï ufur- fdtenr en leur II rue.

3- Lutiierfarces troubles en- %>ojeen Ddnnemdrc»

Premier p^cy couronéde U ffhûn d'un Predicant.

Comment les Cdhtniftes fe voulurent gltjfer dans pdtmemarc.

6.

Vu Royaume de Norv^t gue.

LE Royaume de Dannemarc biffant l'idolâtrie, cm- te Xey braffa la Foy ce 1 e s v s- C h r i s t , par les predica- Chrifiier- nous d'un bon, & fa intReligi eus, nommé Popon.quele neprivéde Vicaire de Dieu eu terre toujours en reillette fur le haut fti Etats-.

Je la

7io De la Naissance de l'He reste,* cielapouppe , dep.;cha pour porterie falat 2 ces peupV I cncorefclaves de Sathan, &la provede l'enfer. Depuis le temsqnele Soleil de la vive Foy eue donné. lans ces ténè- bres, où ils étoient enveloppez, ils j ouvrent de la beau ce & douceur de la lumière, qui ne fe retrouve qu'an l'Egli - (e Catholique, jufques en l'an 1556. quel'uiurpation de la couronne, au préjudice du légitime Seigueur , donna. fbjçt de nouveau changement en la Religion. le rrpren- dray un peu l'hifloirc a fa fource, fa-vs pourtâr forrir,que le moins que ie pourray du fiec'e,& du fujet que j a/ pris , pour le partage de mon livre. Par la mort de Ian, qui tré- pana 1 an mil cinq cens treize , Cnriftierne fécond de ce nom fut Roy deDannemarc, Norvegue, Suéde, & des liens Gorthies ., grand &puiiTant Prince , par fes énor- mes cruautez & tyrannies il'n eût tellement éloigné de foy le cceur, &lame defes fujets, qu'en fin rebellez con- tre luy, il fut forcé de quirter tout, Se aller ça & la avec la Revne, fa femme & fes enfans,médicr la faveur des Prin- ces étrangers. Apres avoir ainfi rouMéd'x ans entiers, Voulant a main armée r'entrer dans fes Ents, il futdef- fait . & pris pnfonnier en Holfafle par fon Oncle Fride- lic, qui l'enferma dans le château de Smidebourg, oùii mourut. n. Ce Frideric fut éîeu &■ couronné Roy de Dannemarc

Comment cn f0n lieu, & autre fe fit Mmre de la Suéde, comme kipiote- ]e chapitre fuivant vous montrera. Ainfi fut dépouille fiftns 10U- chriftierne, qui laiflaun fils, lequel fe retira prezlEm- lurent ut- pcreur Charles le Quint fon Oncle : Car il étoit fi!s d'Y- tïrerfu- fabeau d Autriche fafœur , fans pouvoir pourtant avoir furpHteur 2UCLin fecouis de }uy,pour les grandes guerres i! étoit a It-nr ù' eila3aé.Les Proteftants aiTemblezà Smalcade foUiritent gas. ce nouveau Roy d'entrer en leurligue,& recevoir la Con-

fefiiond'Aufoourg. Friderics exeufefur la crainte qu'il à, que les Evéques forts &pui(Tants terriens op fon Roy- aume,ne troublent fonEtar en corebranlant.il lesaflfeu- re pourtant qu'il defîreembralfer leur Evangile, & rece- voir fa ConfeiTion de Saxep mais qu'il faut peu a peu dé* rober l'ancienne creanceaus peuples , & leur donner des Prêcheurs nouveau* , qui fous quelque prétexte s'iniT- Buent en leur amitié, Se puiilent annoncer lare: non dz i'Egîue. Amii cet usurpateur ouvre la porte aus

Luth»-

marc.

Livre IV. 7iî

Luthériens, qui parmy ces remuemens d'Etat., trouvent l'entrée facile & bien ayfee en Dânemarc: Frideric morr, & ce jeune Prince fils de Chriftierne auiTi,nouveaus trou- bles s'élevèrent: Car le Comte Palatin Duc de Bavière, qui avoit époufé Dorothée fille de Chriitieme étoit lé- gitime fuccefleur de la couronne.- Mais comme levenim dcLuther avoit coulé dans lame depîufieurs, la rébel- lion compagne ordinaire de rHerefie,menales mains, & remua les courages des peuples, qui cleurent pour leur Roy Chriitierne fils de Frideric premier ufurpateur de la couronne.

L vth e R qui e'toit en fonthrône de Saxe, veillant fur *ir* tout ce qu'il oyroit brâler, écrit ausprincipaus du Roy- Lwhct flj aume qu'il fçavoit avoir pris goût en Tes opinions , du res r&u ei tems dufeuRoy , de le délivrer du tout du Pape, comme tnv0)een ils avoyent fait de la tyrannie de Chriftierne : Sollicite Danne' quelques Evéques de fecouer le pefant fardeau du Céli- bat ,& les Seigneurs feculiers de redemander àl'Eglife, ce que l'Eglife par la dévotion extraordinaire , & îndif- crete, ce dilbit-il , de leurs devanciers, leur avoit emblé. Ainfi les plaiiirs du monde attirent les uns , & l'appétit des biens de l'Eglife gagne les autres; &parce qu'il eut avis que le Roy deiiroit rétablir fon Vniverfité àHafnie, il luy envoyé un Théologien façonné de fa main : C'é- toit un Cordelier renié, nommé Ian MachabeeEcoffois, lequel ayant feduit une jeune Religieufe en Ecoiîe,avoit fait le trajet en habit déguifé en Holâde, puis s'étoit re- tiré corne au lieu de refuge, &de feuretéprezdej-uther, Cettuy-cyfutpar luy dépêché en Dannemarc,qui donna le goût a quelques autres de fuyvre fon exemple, & fe de- froquer pour avoir des femmes.

Ce jeune Prince Chrétien pour r'aiTeurerfa nouvelle Royauté, felaiiTe ainii porter ayfément a la volonté de ces nouveaus Lutheries , qui luy ofFroyent les forces Pro- teftantes pour le maintien de fon Etat.Ils luy perfuadent de s'allier avec les Princes liguez en Alemagne, ennemis ^eceusquiluy peuvent difputer fa couronne. En cemé- metems ( car c'étoitl'an 1556. ) larefolutionfut prifeà \vricemberg fur les doutes de ia Religion, furvenus entre

- Luther, &Bucer, comme j'aydit auiivrefecond:LeDe-

- cret fait, & l'accord ligné, Luther l'envoyapat tout, mé-

Zz mes

IV.

7ii De la Naissance De l*Heresie^

mesenDannemarc au Roy ChiiftierDe, qui lereçeut, fc

déclarant délors Luthérien.

Les bons Evcques ne peuvent empêcher les mauvai-

p lv' fes intentions du Roy , & les mauvais defireus d'aiîocier

P w des EvëchtiTcs en leurs couches , favorifent Ton entrepri-

,, . fe;fi qu'il rcceutlan Pomeran Théologien de Witéberg,

,. envoyé ce nouveau par Luther, pour être lcn Prédica- ts;» dun } _ , . 'V ,. , _. , -> , teur. Et D-.en que ce rut lancienne coutume des Rovs de

Dannemarc, d' être couronez pai les mains acs Eyeques du Royaume, ce Roy voulut recevoir la couronne des mains dePomeran l'envoyé de Luther, laiiTant toutes les Cérémonies anciennes gardées aus facres des Roys Tes predecefleurs. Le peuple {lut la volonté de fon Roy, & re- çoit telle doctrine que bon luy fernble, le changement en fut d'autant plus dons , qu'on retint au fervicedcl'Eglifc Jes anciennes Cérémonies pour les habits , otnemens, & autres chofes, biffant les Egîifes en leur entier. Devforte que le peuple voyaiules Autels enlaméme allietrë , le Crucifix élevé deiïus, les douze Apôtres taillez en boiTe, avec la même enrichiiTure & luminaires qu'il y fouloit voir, a l'imitation de leurs voifins de Lubec. & autres:Le Prêtre faifanr le fervice avec les étoiles en Crois, fur leur furpelis,& célébrant quelque forme de MeiTe,difant Vê- pres, Matines , autres Omces ordinaires en l'Egiife, comme ils fouloyent -, la Communion donnée à Jacoû- tume a genous,fans autre changement que des deus efpe- ces , que !e peuple defîroit , pour ne pouvoir difeerner a- vec combien de prudence , & d'occahon l 'Eglife a décla- re qu'il fufrit aus Lays la recevoir fous une feule, comme j'ay dit ailleurs. Voyant, dis-je, tout cela, ne s'alarme pour ce changement , & reçeut delà main de fon Prince telle ferme de Religion qu'il voulut. Tant peut 1 autho- rité d un Roy a l'endroit de les iujets.

si tôt au gré du 'vent ne tourne la nav re înante ftér U mer , que le peuple fe vire Vers les moeurs de fon Prince.

Ilnefe foucia de voiries mauvais Prêtres époufer leurs putains. Ce leur fera, diioit-il,ôterl« moyeu & ia volon- té de folUciter nos icii>mes.

La

L i R i IV. 71j

La volent auflï-tôt les Predicantsd'AIemaoneà troupes , qui prennent place avant que les Sacramentai- v' res Zuingliens y peufTent être reçeuz.Ivîais comme à l'en- ^omrmnt tree du règne de Marie d'Angleterre,ils eunent été chaf- & c*lvi- fez de Ton Iile,Ian Alafco Gentil homuic Polognois leur *tfe* fe conducleur,ayant recueiliy les reftes de cette Eglife nou- *t**l***M velle dans deus Navires, que la Reyneluy fit donner,tint S^Jfer *a le cap droit en Dannemarc au partir d'Angleterre, efpe- D*r>ne~ rant que le Roy Chriltierne recueilleroit favorablement »«rf. le débris,& les reftes de ce naufrage, puis qu'il s'étoit fe- paré de l'Eglife Romaine. A leurarriveeces fugitifs le fupplient leur donn er des Temples Alafco parle au Roy, luy reprefente la mifere , & banniffement de ces pauvres gens, & la fienne auflî , qui avoit été chalfé de Polongne pour lacaufedeC h ri s t. Les Luthériens remontrent au Roy que ce font des peftes, qui viennent infecter fon Etat, pues que les Papiftes; & le Prêcheur du Roy Paut NoŒomagus Docteur Luthérien faitentédre les exécra- bles blasfemes de ces gens contre le faint Sacrement , la realeprefenceduCors a l'Autel, &la Toute- puilïancc de Dieu. Alafco & Vthenonius, écrivent au Roy, répon- dent^ aceufent les Lutheriens,comme fedudeurs & hé- rétiques, qui perdent les âmes , & du Roy , & de fon peu- ple,avec leur doctrine à demy Papifce. Quelques Anabap- tiftes y croient accourus, & des Trinitaires aufli. Mais le Roy les fit tous d'une livrée , & par Edit commanda aus uns & aus autres de vuidcr fes terres.Chacun de ces com- battansfe couvroit de l'authonté de fonProfete: L'un v*yrePeK ayant (on Calvin encor vivant, & l'autre fon Luther tré- confeIf' paiTc. Et comme celuy cy eût dit que la doctrine de Lu- AliZHfi<*' ther & de faint Paul étoit la même. Et que le Calvinifte eut iniifté, que Luther pouvoit errer comme homme. Comment, dit le Luthérien , dirois- tu que celuy a er- ré en la doctrine, qui le premier en nôtre fiecleapro- duit au monde la lumière de l'Evangile prefque ctainte ? Tant y a que les Calviniftes firent place. Alafco à fon départ écrit au Roy , appelé le Ciel &. la terre pour pren- dre la vengeance de ce forfait, commis conrre Christ & fon Eglife. Voyla, ( difent les Luthériens en leur Confeflion d'Aufbourg ) comment ces gens audacieus & cernerait es , s'attaquent aus Roys, aus Princes, & aus

2zi îyUgîr

VI.

Tu roj

tnc

714 De la Naissance de l'Hérésie,"

Ma^iftrats, s'ils vont au devant de leurs deffeins. Certes # ce Roy fe gouverna prudemment,difent-ils,de ne retenir long teins ces mauvais hôtes chez luy. Que pleut à Dieu que les autres Princes de la Chretiété en riifentle me'me, zCm quecevenirn Sacramentaireneglifsât, connue il a fait en divers lieus. Ce font leurs mots.

ïridèric III. fils Chriftietnell. faccedant, laiffaen fon Royaume la même Religion que fon Père y avoit éta- blv,i. lettre aucun chaneemet. Toutefois Chei-

n- ttt J't a

ftjernelIL qui règne aujourdhuy, ayant premièrement donné licence ans étrangers Hclandois , Angîois , &Ef- coifois , d'avoir quelques Temples à la Calvinifte, cette •cUr. n Religion y a commencé de jetterfes racines. Ilyaneau- i Catholiques qui le tiennent a couvert, *.z des Prétrss, qui vont en habit travefty les côfolec en! p .rendant que Dieu les délivre de l'op-

prcflion dei'herefïe. I'enpourrois toucher plufieurs^ar- tiçularitez, pour en avoir les mémoires : Mais les nou- :^ues, quriurvcillér non feulement à l'en- toiir de leurs clochers en nôtre France, mais au (Il fur les Provinces plus éloignées, pourlezele louable , file fujet étoit non, qu'ils portent à l'opinion qu'ils ontconçeuë défaire leur iàiùt dans cet abîme de perdition , meclor- ron: la bouche & arréteron t ma plume, pour ne leur don- frer fujet de nuire à cecs quis'expofent volontiers en ces étrangers en péril & danger, pour lerétabliffemenc del'Egiifede Iesvs Christ. Le même orage qui a- voitaifailly Dannemarc, paiîa dans laNorvegue, &d'un vent impetueus ébranla cette ProvinceChretienue & Ca- bo:i Archevêque au commencement s'y op- pôfa avec beaucoup de courage , ailifté de fon peuple. en fin la violence des Danois l'emporta, & la lâche- l a'un autre Evéque, lequel ayant été emprifonné fere- -ha, &béut danslacouppe de Luther, plutôt dans celle de IHereiîe, fgr.iriee par la Paillarde de l 'Apoca- lvpfe,comme firent auiïi pluiieurs Chanoines,Iefquelsc- tant conferrez en leurs dignîtez,avecpermifîion de pren- nes dans leurs Cloîtres , n'eurent pas grand regret d'aller an cr.ange.C'é^neaumoins une cheie mer- veilleuse, qir'êncor que ces gens (oient privez depuis ioi- xa..:e ans ue la Religion Catholique, iic.it ce eu-, parmv

le ûm-

L i v R e IV. 725

Je fimple peuple, memement des chams, toujours la nie- moire s'en confervede père en fils. I'ay fouvenj parlé à desperfonnes qui abordent ordinairement a nôrreport, lefquels m'ont a(feuré, que ce ne font que regrets , & la- mentations de ces bonnes gens, lors qu'ils oyént parler de la Religion de leurs Pcrcs,& attribuer cçs lon^ics mi- feres qui les affligent , au changement qu'en y a fait. Et comme on eut les nouvelles delà deicente de quelques Prêtres d'unefarntefocieté Catholique, qui avoitaber- déenSuede,coinejediray aus Chapitres fuivans, ils con- clurent quelque efp'îrance devoir en leur contrée le ré-

tablifTement de la Religion i mais le tems que Dieu a de- n

£■. , , . . , & r> 1 Commet

itine pour ce bien 11 et encore arrive. Cependant on peut ~.

r -m j t^ r > y &*eM P:i-

remarquer cette merveille de Dieu , qui acorierveen di- t J

verslieus,en lame de ces gens <?rolliers,&' ruitics, 1 etiere f , & parfaite connoiliance de la vraye Religion , comme (1 ..^ Dieu les aiâtdépourveus deiafumTancedufçavoir mon- t c dair?, les avoir abondamment recompenfez de foy, & , J 'J~ créance divine, qu'il les rend tous fçavans, par leur non ' " ^ fçavoir,& fans curiolité, ne leur reftant rien, doc ils dou- tent, &péfent fe devoir enquerir.D eitfortie cet te bel- le fentence de Tcnuliàn: Ne ff avoir rien eft fcivoir tout , Et pour cette occafion Iesv s- Christ pronôça de fa pro- pre bouche cette vérité: B te heure tu fo.it les pauvres d'écrit; car à eiu appartient le Royaume des Cieut. Ce furent les /im- pies qui chantèrent Ofanna, cependant que les entendus crioient, Crucif.gs. Ce furent les fimples qui en pluiîeurs lieus garderentjComme en dépôt, la vérité de la Religion, Chrétienne, comme plus ridelles, Se conftans à la confer- vation d icelle.Ainiî voit-on, comme remarque Belon en £cs l'ingularitez, que des Arméniens premiers, conquis & fubjuguez par le Turc,tout le peuple Arménie s'ét invio- lablement entretenu en la foy Chrétienne . dont il fem- ble que Dieu les aye voulu recompenfer,enleurrefervanc exprez pour eus feuls entre les Turcs, le de Chrétien, combien qu'il y ait pluiîeurs autres nations Chrétiennes. De façon qu'appeler quelqu'un Arménien, eft autât que l'apeler Chrétien. Et fi un Atmenien s'ét fait Turc,il net plus appelé Arménien : car ce feroit le nommer ferviteur de ceîuy qu'il auroit renié. Or laiïfant le Pays de Danne- marc;paifons en Suéde, oui I'avoillne.

Zz j C O M-

71-

è De la Naissance di l'Heresii,

COMMENT GVSTANE S'EMPARA DV

ROYAVME DE StEDE, ET COMME POVR

fe maintenir en Ton ufurpation il changea la Religion.

Chapitre XV.

Comment Gufiane s'em- para du Royaume de Suéde.

permet £ entrée aus Lu~ thenens au p^paume.

>

Jtfan ag-es infâmes des Ec-

cleJîafUqueSjCr confian- ce des p^elipieufes. 4- changement qu'il ft en la P^elitrion.

Ls m'ifertble fn deGu- Jlane.

Cu'jp.nt ft

s'empare ^~

du B.Cjau- Â

me de $ h*- Xu

11, Tctmet

l'entrée

A même révolte, qui fi: rebeller les Danois contre leur Roy Chriftierne, & contre l'E- glife, caufa de nouveaux changemens par* my les Suédois, & en ia Religion, & en i'E- 1\ car. Car au rems que Frideric s'empara du * Royaume de Danncmarc, &delaperfonnc deion Neveu, qu'il confina dans une prifon, comme j'ay du, un jeune Prince , nommé Guftane, forty dufangdc Charles, autrefois Roy de Suéde, étoit en Danncmarc, donné en otage au Roy Chriihernc pour l'affeurancede la foy , & fidélité des Suédois : mais certuy cy feignant aller a la chaife, fe déroba, & en habit de palfrenier,pana jufquesaLubec, oùilfefitreconnoîirc.. & aved'ayde & iecours de cette puilTanteRepublique, à laqueileil pro- mit exemption eu fubfide pour les marchandifes , tant a. l'entrée qu'a l'iiTue en Suéde. pafTaenarmes,& fe fît Roy du plus ample & florifiant Royaume du Septentriou, cha fiant les Dannois, qui croient en garniibnpour le Roy Chrifticrnc.

Ce fut fous Guftane, uiurpateur delà couronne Sue- doife, auparavant Prince Catholique, que ce Pays chan- gea miferabiement de Reiigion,cncor que les Evéques tz

Pçciars

Livre IV. 727

Prélats euffênt été les premiers a luy tendre la main , & le favorifer à fa conquête, donc ils furent juftement pu- *"»'£#- nis les premiers: Car comme ce nouveau previr qu'il au- *»*w«fc roic beaucoap d'affaires fur les bras , il s'allia de la mai- fondeSaxe, époufant une Princeflefœur du Duc deLu- Ce eban- nebourg : Apres il tourna tous ces penfers pour amon- gfitntnt celer de l'argent , fe munir & fortifier de deniers , com- J11 L an me les principaus nerfs de la guerre : Vn Cen Sécrétai- I5Sf* re le voyant plongé en ce foin continuel , luy remontra en privé ( car c'écoitceluy qui manioit fes plus fecrettes affaires) qu'il avoir affez de moyens en fon Royaume, fans aller mendier ceus des étrangers ; Qu'il falloit dé- pouiller les Ecclefiaftiques de tant de biens qu'ils avoy- ent, & leur en lailfer une penfîon congrue, & fufnTan- te pour vivre, & réunir le furp lus à fa couronne, enfai- fant quelque part aus principaus Seigneurs du Royau- me : Que cela leur clorroit la bouche, & engageroit 1 intérêt du particulier avec le public. Alafuitte de cet avis , luy qui avoit pa(Té fes premières années en Alema* gne, & goûté le plaifirde la libertine Religion de Lu- ther, enfaiefentir quelque chofe au Roy, lequel permit délors l'entrée libre aus Luthériens , qui du terni de Fré- déric n'avoient marché qu'a cachettes. lis se furent pa- refleus d'envoier leurs livrets, & Bibles traduirtes en lan-

tue vulgaire. & faire pafïer des jeun es hommes pour être egens,ou maîtres des enfansparmy la Noblefie.Carles Vniverlîcez de Saxe étoient peuplées des créatures de Melancthon. Ceus des chaires des claiTes , furent ap- pelez aus chaires des Temples , & fous la faveur de la li- berté de confcicnce, obtenue du Roy. qui en fit fon Edit, prêchent le Lutheranifme.

Ce Secrétaire, qui le premier avoit poulie le Roy à ce I1L nouveau minage , fut élevé en une des premières digni- ^artAaei tezEcclefiaftiques, qui fut un grand appuy aus Luthe- infâme riens: ïl convia les autres par fon exemple a chercher des ^:s ^cdt compagnes en leur couche , en ayant époufe une publi- fîafîtaues , quement. Quelques-uns auifi échauffez en leur harnois, ^ confirn» qu'étoic cet Eccîefiaftique nouveau, s'en meublent. Ce ct lies ^gtx fut délors entre les Eccleuaftiques une preuve certaine \i-,^ur,A/t d'entendre l'Evangile, de prendre des femmes, jufques à rçputçrU mariage pour le Tau des ridelles, & véritable

Z14 fieac

w-

7i8 De la Naissance di l'Herejie, ligne de la vraye Religion, laquelle on ne pouvoir enten- dre non plus que Numa , fans avoir une I|gerie. De fait , snfii-tôt que quelqu'un faifoit divorce avec l'Eglifeàl é- poufoit une femme, Injignum relrl* Eeclefù ,difent les mé- moires quej'ay dsczs Pays -M^ogebantur uxoresducere.

Ce fut une e'trange mélange de mariages infâmes, & inceftueus, qu'on \id par tout, odieus & au ciel & a la ter- re. Perfonnes dignes de foy de ce Pays-la. ont e'crit , que l'Archevécheiïe de Stocolme a fa première groiTeffe s'ac- couchad'ungrandnombrede grenouilles , & uneautre PrétrelTe au lieu d'un enfant eut une guenon. Les filles Religieufes 3 & vouées a Dieu, en cetteperfecutionqui s'éleva, & parmy tant de tentations que le diable,le mon- de, &la chair leur min devant les yeus, firent relujre & leur vertu & leur côftance: Car r. y les prières, ny la beau- té des jeunes hommes qu'on leur prefenta pour maris^ ny lesmenaifes. & en fin les miieres &pauvrctez elles fe virent reduittcs , nepeuren: faire brèche a la tain ne re- folution qu'elles priadrent de conferver inviolables les vceusde chalteté faits a Iesvs-Christ leur épous, Toff. inre- comme écrit PoiTevin. Pour le regard des peuples qui ha- futft Da- Citent JePays deGotthie, ils demeurèrent fermes en la vtk.Cbi- Religion de leurs ancétres,&encor aujourd'huyfe main- lriL tiennent en même volonté, attendant de von 1 Ëglifere-

fiorir par tout leur Pays, fuivant les prédictions de leur ProfetifiefainteBrigide, ûfcé au Pays d'Irlande , Vierge grandemét révérée en ces P;.ô ia,quia prédit d'une mê- me bouche l'accroifiement,éc la ruyne de 1 heretie^a per- fecution, & la victoire de PEglife Catholique, ir. ORleRoyvoiantfondeiTeinreùiîiavecplusde facili-

Change- qu'iln'avoit zfyzti , & ce changement couvert d'un taent qu'il faus vifage,fi agréable, qu'on eut dit que c'étoit la vraye f.i en lare- Religion Catholique: Autli n'y avoit-il rien de changé en bgion. l'exterieure,lesnôsd Archevêques, & Prêtres leurs étans de:neurez,quelque forme de Ai etTe, l'élevatiô dePHoftie D/ptdt fscree a l'Autel, le fondes cloches lors de cette élévation, te les cérémonies du Eaptéme, & les Egiifes en la même fa - tems tls çon qu'elles étoient pendant le règne de Chriftierne Roy ont oftél'é- Catholique. Voiant,di-je, des plus grans tendre au chan- Uwation. gement , commence a fapper la Reagion par la ruyne des maifons P>.eîigieufes , comme ne feryans que deretraitte

à ne*

Livre IV. 71$

à perfonnes inutiles, qui mangent en vain,difoïent- ils, le jour. Ce fat unerufe pour dépeupler les Prieurez& Ab- bayes , afin d'en avoir la dépouille. Il en fie ruyrter plu- sieurs rez-pié rez- terre. poàr ôter lefpoir du retour à leurs pofldfeurs. Des ruynes il fît bâtir & fortifier un Château, lequel depuis fervit de prifon a les enfans & a ia H 1 le com- me pour masque du forfait de leur Père. Les calices , va- fes,& reliquaires d'or & d'argent , furent encofrez , & les revenus distribuez aus GentiLs-hommes, s'en refervant la meilleure part pour luy. Et comme le Sénat Romain, ay- ant Tarquin lefuperbecté chaiTé de fa Royauté, donna fes biens en proye au peuple, pour l'obliger à continuer guerre perpétuelle avec luy, de peur que la pais fe faifant, ils ne fuffent contraints de faire reftitution, chacun de ce dont il s'étoit prévalu. Ainfï engagea-il les princi- paus d'entre les Nobles, leur diftnbuant une bonne par- tie du larcin qu'il fit à Dieu, afin de n'entendre jamais a aucun traitté de pais, depeurde reftituer le reçeu. Aufîi fut-ce la la muraille d'airain, quis'oppofaa la bannière de l'Egliie Catholique, qu'un des Roysfes fuccefTeursy voulut replanter.

Cependant queGuftaneabandonéde Dieu,pour y- la crainte qu'il avoir des hommes, & de perdre l'état qu'il L* mife~ avoir ufurpé, pille , vole S: faccage les maifons Religieu- rtbkfiidê fes,laiifant feulement les Eglifes Parrochiales & Epifco- Ga/fan*. paJes:ll dépouille même les fepulchres des liens, pour des marbres, & porfîres enrichir fe Palais ,Dieu q ui le regar- de du haut de ion thrône, le frappe de fa verge de fer,iuy ôtelefens & l'entendement, de forte que bien fouventon le vid faire des actes d'un fol & infenfé, comme quand il jetta du haut du pont le Duc Charles lors jeune enfant, qui fe fût noyé, fi Punde fes gardes fe jettant à la nage, ne l'eût guarenty du péril. Touj ours depuis ce miferable Prince ruyné & rongé du ver de fa confeience,

Portant <&> nuit & jour fin bourreau dans fin ams,

Traîna une'vie miferable, jufques à ce qu'en fin aiîeiché InfiruBi» d'ennuy&melancholie, il mourut. Onracontequefur de tribus le point que l'ame abandonnoit fbn cors, fon Démon ay- regnù Sep- ant emprunté la figure d'un gros dogue noir, entra en tentrtona* ia chambre j^ejetu fur les piez de fon lit, luy tirant avec libnf.

Zz 5 les

I.

Tfric /::c- ttfjtur de

itfurpa- Uut du Hoymume de Sut de.

7jo Db ia Naissahcs d i l'Heresxs,

les dents fa couverturerEt que lors une fi horrible tempê- te s'éleva par tout ce Royaume qu'on penfoit que le joui qui doit terminer le morjde , fut arrivé.

L'HISTOIRE DV ROY ERRIC, SON RE.

G NI, SA PRISE, SA MORT, AVEC Pi?.

fieurs particulantez la deiïus. Chapitre XVI.

i.

Mme fuecejfeur de Guftd- ney ufiirpateur du j(oy- â,ume de Suéde,

Zme addonne i la ma- gie emprifinne fin frè-

re.

Comment fiept ans après tlletiradeprifion.

Hlfioire notable de Ton- tus de la GdrdiedeLa- giiedoc.

Dejfein du l{oy Emc de maffaererfis frères a fis Nopces.

6. Le Due de fil Anale ta.fi* fiege , le prend cypriote de fin Etat»

O p.t ainfi Gurtane,Erricfonrîlsaînéluf fucceda, qui confomma bien tôt tous les threfors quefon f ère avoitaflemblez. foie en la guerre qu'il eut avec le Roy de Dan- nemarc, foie en les plaifirs & voluptcz.l'ay a parier de fa vie & de fa fin, qui fut entiè- rement tragique , parce qu'elle bat fur mon fujet ; AufS aucun n'en a écrit l'Hiftoire quej'ay recueilliedes mé- moires manufents de l'Ambaifadeur du Roy deFrancc, envoyé devers ces Roys, l'an 1566. qui fut témoin oculai- re des étranges changemens , qui avindrent cri ces Psys- la , &deplu(ieurs Gentils-hommes, & autres perfonnes dignes de foy , qui ont longuement fejourné parmy les peuples Septentrionaus. le ne me fuis pas arrêté en la. créance incertaine & douteufe d'un ou deus, ains j'ay puis peine d'en rechercher la vérité , iors que je l'a/ trou* vee conforme en U bouche ceplulieurs.

G V S T A v *

L I V R E IV. 7$t

Gvstane de fon premier mariage avec la PrincefTc il. de Saxe, eut Erric , &s'étant remarié avec une Damoi- Erric Ma^ felle de Suéde, eut Ian Duc de Filandie, Magnas Seigneur gicien tm~ d'Qftrogotthie , & Charles Duc de Sudremanlan. Erric prtfonne lailfales choies qui regardent la Religion au même c tac fonfrtre. qu'il les trouva après ledecezde Ton père, & ne voulue rien innover : Mais Ian fon frère eut toujours quelque defir & affection particulière à la Religion Catholique, comme vous verrez cy après : CeRoy avoit beaucoup de perfections du cors requifesen un grand Prince, & de celles de l'efprit au/fi: Mais fa curiolîté l'ayant engagé trop avant dans les feiences noires de l'Aftronomic & ma- gie,confulrant avec Ces efprits , & faifant fes fortiIeges,il trouva qu'il devoit être démis de fon royaume par un des plus grans.

Ce qui luy fit penfer que ce ne pouvoir être que le Duc de Filandie fon frère , lequel de nouveau s'étoit allie du Roy de Polongne Sigifmond Augufte ayant époufe fa fœur,PrincefTe Catholique. Ce fut le premier fujet delà hayne, qui continua jufques au tombeau entre ces deus frères. Comme au retour de Polongne il penfe étrepai- iib'e en fon Duché avec la Princeffe fa femme, ileftauiTî tôtaiTiegt par fon frère dans le Château de Wibourg, & en fin forcé de fe rendre a diferetion , avec perte de plus de deus cens mil écus d'argent ou meubles. Le Roy fit of- fre de liberté a la Duchelfe, mais cette vertueufe & Ca- tholique Princeife, voulut fuivre la fortune de fon mary, & l'accompagner en fa captivité , pendant laquelle el- le eut un fils & deus filles, réduits à telle extrémité &di- fette,pat la cruauté de GerichPerlon, grand gouverneur du Roy , que bien fouvent leur vivre ordinaire leur étoic dénié.

C e t t e longue prifon du Duc Ian, qui fut de fept ans, IIL éloigna plufieurs Seigneurs Suédois de l'amitié de leur ^mmeni Prince, & luy apporta infinis foupçons,& défiances. Au- fà**™*" cuns faufîement aceufez perdirent la vie,ou par forme de ?res. *^& ' }uftice>ou aifaiinez. Le Roy mêmes en tua quelques-uns ^svra "• defamain, & comme fon précepteur, hommequiavoic F'fi0* pa(Té l'an fjixâtiéme de fon âge, fe fût hazardé de luy fai- re entendrelepenl ou il fe jettoit,de mettre ainfi la main éaûs le fangde fes fuj cts , cet autre Ncroa forcené , fans

aucua

7$t De la Naissance de l'Hérésie, aucun refpect de la vénérable vieilleffe de celuy qui ayoft cultivé Tes premières années , luy donne d'un poignard dans le fein. Depuis cejour-là,comme files Mânes de Ton Maître luy femifent de bourreau , ou le rendiffent fu- rieus, comme Orefte l'ombre de fa mère, Erricfut tou- jours aucunement égaré de fon fens.

On vôioit fouvent dans Ces yeus brafiller quelque cho- fedefurieus, qui le rendoitinaprochable. En cet état, porté ores d'une paillon, puis d'une autre, car le fouvenir de tant de meurtres luy donnoit divers élancements en foname, un jour lors qu'on y penfoitlemoins, il s'en va trouver fon frère en prifon , & eftimans que les fept ans defes oracles trompeurs expirez, fondeftin eût changé, il le tire dehors, & fondant en larmes, le prie luy pardon- ner l'offenfe qu'il luy avoit faite , le remet en fa liberté première, avec offre du gouvernement de fon Royaume^ dont il fe reconnoiifoit , difoit-il, incapable. Le Duc de Filandie à genous le remercie, &refufe cette charge. Le Roy de retour a Stocolme., affemble les principaus de fa Cour , lesprieaccepterfon frere leDuc deFilandiepour Régent : Mais eus reconnoifîant l'humeur du Roy, pro- teftent ne vouloir être commandez , ny gouvernez par autre que parluy, qui étoit leur légitime Seigneur. Le Roy pourtant le déclare tel » Le mande venir, le reçoit a- vec honneur, commande qu'on luy obeyife. LeDucfage & avifé Prince , remontre a fon frère, que fa longue pri- fon luy avoic fait perdre tousfes ferviteurs:Le fuoplie luy en donner de fa main quelqu'un, fur la fidélité duquel le Roy même fepuifle repofer, pour être témoin defesa- clions. Le Roy qui durant ce propos, voyoit que le Duc tenoit les y.^us fichez fur un François, qu'il aymoit, nom- •méPontusdelaGardie, il luy dit, pouffé de fon mauvais Ange (car ce fut faucheur de fa ruyne) Mon frerè,je vous donne Pontus, fervez vous de luy , & vous repofez fur fa valeur & loyauté, de laquelle j'ay fait fouvent l'épreuve. L'hiftoire de cet homme dont Poitevin faitmentionen fa Mofcoyie,qu: voulut avec le changemét de fEta^doqc il fut caufe changer auffi, porté d'un faint zèle , la Reli- gion, & en fin demeura le jouet de la fortune, merite^ue - j 'en laiffe la mémoire àlapofterité.

Pontvs de la gardie,natifd'un village près de Rieus

en

Livre ïV. 73$

en Languedoc, pauvre foldat de fortune, defîrantvoirle Hiftoir* inonde7p3iîaenEcoiTe, fous la charge du Sieur d'Orfel, net ah le de Lieutenant poUr le Roy François II. d'où la pais, qu'il ne BcntuA cherchoit pas, le chaiîa avec vint de fes compagnons. Il laGardii. ne pouvoit , non plus que les Pyranftes , reluire que dans le feu,ou comme le Chameau,boire qu'en eau trouble. Il va donc chercher laguerre en Dannemarc, &Suea>: Car ces deus Roys étoyent lors aus prifes : En un combat qui fe donna en Oftrogotthie il eft pris, & blefTë au bras d'un coupdepiftolet. Celuy qui commandoit pour Erric Roy de Suéde, ttoit Gentil-homme Pikart, nommé Filippe duMornay, fieut de Varennes , lequel avoitbopne parc en la bonne grâce de fon mai tre,& étoit fort privé de luy, aufli leur apprenoit- il la langue Françoife. Varennes en- tendant qu'un François étoit ptifonnier de guerre, le fait venir devant luy , &s'étant enquis de fa fortune, luy confeille changer de party, puis que le feuldefir d'acqué- rir de l'honneur luy avoit fait quitter fa patrie , qu'il de- voir plus efperer& de biens, & d'honneurs au fervice du Roy de Suéde , amy de fa narion , que non pas du Roy de Dannemarc.La Gardie le croit, & à la première occafion eft prefenté au Roy par Varennes.qui le retient pour lien, & en peu de tems l'ayant reconnu homme de valeur & d'entendement , luy donne honorable appointement en famaifon. Le Roy étoit un des plus adroits hommes, qui fe pouvoit voir , & fi difpos , que d'un feul faut il bondif- foit vingt-quatre femeles. La Gardie quil'cgaloit ena- dreife, dextérité , &difpoiitions de cors , luy tenoit ordi- nairement compagnie en Ces exercices, avec cerefpeét pourtant de" felailîer toujours vaincre, pour craintede luy déplaire, félon l'avis qu'on luy donna. Cette privau- l'avance peu a peu aus affaires plus importans , il étoit appelé lors qu'il fut donné auDuc deFilandie, qui l'éleva , comme vous verrez , aus premières dignitez du Royaume. y

Remis donc ce Duc en grâce, après il longue prifon, -Oefïtinâti le Roy envoya la Gardie en Angleterre demander en ma- jlry Erric riage Elizabeth, puis revenu chargé d'un refus , luy don- ^ tmr ç*% •na charge d'une armée , qui marchoit vers la frontière de fr$Ui % ft$ Dânemarc.Mais cet efpntauilî méchant &pervers,com- nfipceSt n.t il étoit Yo'a^eSc inconftant , marry de l'avoir élevé

tihaur,

7H De la Mats janci de l'Heresie,

fi haut, pouffé par Ton Gerich Perfon, fe refout fe defTaire de luy. & d'une même main du Duc Charles autre frè- re & ces principaus Seigneurs , dont il étoit entré en dé- fiance.Pour cet effet il les convie a fes nopees , qu'il defi- loit faire au quatrième Iuillet, l'an 1567. dans Ja ville de Stocolme,avec la fille d'un Sergent, belle en tome perfe- ction , qu'il aymoit éperduément , laquelle après l'avoir entretenu quelques années , &eu des enfans d'elle, ilfe refolutd'époufer: dequoy un Comte, fien parent , l'en voulut détourner, & luy remontrant le tort qu il fe fai- foit de mêler le fangRoyal de Suéde , avec ceiuy d'une G. vile &abjste perfonne, il perdit pour trop de liberté, la *ie:Car le Rcy le fit tuer. Ce fut aces nopees qu'il convia ces Princes & Seigneurs, refolu de les fétoyer, comme a- voit fait autrefois le Roy Chriftierne en même lieu, leurs Pères, dontOlans, qui fut prefent a l'horrible carnage qui s'y fit , raconte l'hiftoire.

Le Roy entre les-dras, & les bras de cette beauté qu'il aymeit imprudemment , découvre ce fecret a fa femme, laquelle étant autant ornée àzs vertus de l'aine, comme douée des beautez du cors , infortunée feulement pour labaifeiTedulieude fanaiiîance, ne vouiant être le fu- jet d un tel maiTacre, donne fecrettement avis au Duc derilandie des embûches qu'on luy dreïïoir a ce convy nuptial, comme difent les mémoires de l'Ambaifadeur François, quçj'ay. On rejette toutefois toute cette tra- me, qui fe fit depuis contre le Roy Erric , fur le feul Pon- tus de Gardie,lequel s'addreirant un jour a la Duchef- fe, luy dit ( je coucheray les propres paroles , qui font dans mes mémoires , traduittes du Latin. ) le m'éton- ne. Madame, comme le Screnifïïmc Duc votre mary . & Monfeigneur, neconfidere, qu'étant ce Royaume laiTé descruautez & infolentes dominations de fon frère, a les yeus fichez fur luy , & tend les bras pour être délivré d'une telle tyrannie , & luy mettre la couronne fur la tête, qu'il mérite autant de porter, comme ce cruel tyran cneft indigne. Ileftayfé ( qu'il le veuille feulement) fe rendre maure de cet Etat , & fe faire un grand Prince, au lieu d urL^auvre Duc, qui ne pourra en fin éviter une pri- fon perpétuelle , de laquelle il eft une fois échappé. le fçay,pour avoir pratiqué tous les Capitaines , que les fii

mil

litn IV. 7fS

ïmlEcotTbis , qui fe trouvent à la Solde du Roy Erric font mal contens , & picftsà fe rebeller , par faute de payement. Les Ducs Charles & Magnu's , & les plus grans du Royaume, font marris que le Roy ayt fouillé fonlit nuptial d'une putain . fille d'un miferable Ser-

fent, & ne cherchent que l'cccafion de la chafTer, & per- re fa race : Prenez la fortune aus cheveus : Ce tyran ne règne que trop longuement. Ce font de bcaus dû- cours, Pontus (répond la Duchefle) mais mal aifezàc- tre exécutez, fois fage&difcret , j'en parleray au Duc mon mary.

L e Duc ayant en ces entrefaites avis far avis des mau- tl. vais delîeins du Roy fon frère , & de l'entreprife qu'il a- le Duc de voit faite pour faire plaifnaus Mofcovites , comme je T'.Unâit diray cy après, prête l'oreille à ce que la Ducheffe luy dit le prend % de la Garnie, l'envoyé pour fonder la volonté des plus & prive grans , & des mal-contens qu'il trouveroit difpofez à la desoBaU révolte. Il pratique aufîl les Ecouois , plufieurs le decla- rent:Ainfi il s'arme, & avec quelque peu d'argent, qu'un Baron nommé Stem Eriflon luy prêta, mit aus chams environ deus cens chevaus. Le Duc de Filandie qui avoit jaété reconneu pour gouverneur duRoyaume, aveepeu de trouppe eft receu dans la forte place de Vaftuit, de laquelle il fe rend le maître, & du trefor qui étoit dedans, fait auffi tôt battre les lingots d'or, & d'argent qu'il y trouva: avec cela il fait levée d'hommes Alemans&E- coffois. Le Roy qui avoit époufé, & fait couronnerfa nouvelle femme,iur ces avis met aus chams une armée de douzemilhommes , qu'il envoya contre les Princes ré- voltez, mais la plupart quitte les enfçigncs du Roy, &fe renge du côté du Duc , qui marche avec un vent favora- ble droit à Stocolme. Erric étonné,pourraueurerlcs ha- bitans, &recevoir de nouveau le ferment de leur fidélité', les aflemble, avec les principaus Seigneurs & Capitaines qu'il eût lorsprezdeluy. Il harangue ce peuple, leur de- mande dequoy ils fe pleignent.Nous vouîôs avoir,difent- ils,la te'tedece traître,quiefl: près de vous: (Ce toit ce Ge- Gericb rich Perlon, qui avoit eu laliuintendance de fes affaires.) Pc*/*** Le Roy pour délivrer, le délivre entre leurs mains. Il elt lié, bâillonné, & fa mère auflï, tenue pour une inïl- gue forciere : L'un & l'autre enchaînez font envoyez au

Duc

73* De ia Naissance d e l'Heresi?;

Duc de Filandie:Mais la mère tombant de cheval en clic» min, ferompitle col, difantfouvent, quefi etlepouvoit due un mot à l'oreille à Ton fils , qu'il fercit dés-lors en liberté. Ce miferable Gerich Perion , arrivé en l'ar- mée du Duc de Filandie, qu'il avoit fi cruellement trait- en fa captivité , eut les oreilles & le nez couppez, puis guindé au plus haut d'un arbre, & jette en bas en efha- •pade, eften fin brifé fur une roue, &rai{féenproyeaus corbeaus.

Le Duc peu après avançant fon armée, afîîege Je^Roy, & fait bien par les menées & intelligences qu:ilavoit dans la ville, que la porte du Nort fut ouverte a la Gar- die^quientra^criant par les rués, Vive le Roy Ian. Erric fur cette alarme fe fauve dans le Château ; Mais tout auC. fi tôt reprenant cœur forte dehors , fuivy.de fç.s gardes ordinaires de Trabans, qui font d'armes & d'habits fem- blables à nos SuiiTes, penfant de fa feule prelence éton- ner fes ennemie Lesfoldats du Duc à fori arrivée, com- me effrayez de cette majefté Royale, s'ouvrent pour luy faire place, Silefaliient: Le Roy voyant venir a la tété d'une trouppe la Gardie , & Eftem-Erichfon , fe tourne vers fes gardes, &leur dit,^tuczces deus quandjeferay le ligne. Il marche ainfi au pas , droit à eus. La Gardie à l'approcher ayant'unpiftolet au poin , luy crie: Rendez vous, facreeMajefté. A toy traître, dit le Roy,non feray, fais venir un Prince démon fang. Lors unfoldatdes gar- des d a Roy d une halebarde donne dans le cors de Eftem- Erichfon , qui étoit defarmé , &leporteparterremort, LaGar- Les autres attaquent la Gardie, qui reçeut trois cous de •**• halebarde dans fa cuiraffe & un au bras. Mais lâchant

un coup de ion pifto'et contre le Roy,crie à fes gens,tuë, qui mettent foudain la main aus armes, renverfent les gardes, lequels couvrent le Roy , voulant regagnerle Château; mais la Gardie plus promt , les devance, & leur couppe le pafiage,de forte que le miferable Erric fut con- traint fe j etter a fauveté dans une Eglrle voifine : Mais a - près quelque refiftence , fur le foir il fe mit à la mercy de fon frère, qui l'envoya prifonnier à "Weftrans, lieu que fon père avoit fortifiez des ruyncsdes Eglifes , après dis ansdeprifon il mourut. Ainfi eut Erric pouriuccei- fcur celuy qui avoit eu toujours pour fufpeft : Bien heu-

reus

1 î V R t IV. 737

reus ehcor pouravoir cule loifir, pendant ccttelonguc captivité, de faire pénitence des horribles cruautez,dont il avoit fouillé fon règne. Vn fils qu'il avoit jagrandelet, fe fauva en PruiTe, puis fe retira à Cracovic , lequel Sigif- mondtrbifiémcRoyde Polongne, fils decelanDucdc Filandie, qui ufurpa la couronne de Suéde, vouiutfairc Evéque: Mais il patTa en Mofcoyie , oùlegrandDucIe maria avec fa Nièce, luy donnant une grande province cnpartage. Ainfî s'empara Ian Duc de Fiiandie du Roy- Granieuf aume, ou plutôt ainfi luy fut-il donné du confentement deUG*r» de tous les Suédois. La Gardie monté fur la roue de for- die, tune, depaiwefoldateftfait Gouverneur, & Vice- Roy du Royaume de Livoriie: Et outre cela, rantaymé&fa- vory duRoy Ian, qu'il luy donna une de fes filles naturel- les en mariage , avec les Baronnies de Coîme, Colk, & autres terres:Le fait General de l'armée qu'il envoya con- tre le Mofcovite , qui depuis l'an mil cinq cens cinquan- te huit s'etoit jette en ce Pays- , & par l'infâme lâcheté des Luthériens , s'étoit rendu maître de la grande ville de Torpat. Ceus-là ayant Iaiffé la Religion Catholique pourfuivre làLutheriennc,laiiTerent la Luthérienne en- cor un coup, pour prendre la Grecque , renonçant au Voy du Pontife & Empire Romain. De quatre à cinq cens ames Prean. il Catholiques prindrentparty de fe retirer, Scperdreleur Tom.foU bien plutôt qu'en le fauvant perdre leurame,tejournant j$tt parmy ces Schifmatiques , avec lefquels les Luthériens prindrent party. Cette ancienne gencrofîté cIqs Livo- niens, & Chevaliers Theutoniques , cpouvantail autre- l fois du Mofcovite , fut délors avachie, fans cafcur, & fans amc,carles uns fefirentLutheriftes , les autres Zuingli- ens, & laiflerent la Croix pour charger des femmes, ce qui a en partie caufé laruyncdela Livonie , miferablc- ment divifec par la divifion de la Religion. Or la Gardie fut dépéché pour arrêter les conquêtes du Mofcovite, qui depuis ce tems-la avoit gagné Pays : En fa première expeditition,il fe fit reconnoitre bon Capitaine & Gene- ral d'armeerCar il aflîcgca Nerva, Ville en Livonie occu- pée du Mofcovite,la bâtit de foixante canons, faifant (es tranchées dans les neiges & glacis remuez, & l'emporta dans fis femaines.

Quant a l'autre François le fieur de Varermes , favory A a a de Er-

7$3 De la Naissance de l'Heresîs, de Ernc, qui avoit le premier tendu la main àlaGardîé, pour l'éleveren cette grandeur lors non efpere, ileutla tête tranchée , accùfé d'avoir voulu corrompre les Ecof- fois pour délivrer Erric delà prifon oùilétoit.Pâr les let- tres en datte du quatorzième Octobre, mil cinq cens fai- sante Luit, dont j*ay la Copie, que le nouveau Roylan, envoya au Roy Charles IX. il fait récit de l'infîgne trahi- Trakifcn fon, & déloyauté quefon frère avoit projette , telle que feurpenfee voicy.Bafiie grand Duc de Mofcovie avoit aimé & déliré far h F.cj avoir pour femme la PrincefTe de Polongne , mais elle a- £rr/Y. voit préféré le Duc Ian, le plus beau &aggreable Prince, étant aflîs,qui fut au monde: Car debout, ayant lesiam- bes courtes, il perdoit beaucoup de fa grâce. Outre cette beauté du cors il avoit plufieuis belles parties de l'efprir, ayant i'intelligence des langues: De forte que tous les étrangers pouvoyent parlera luy, fans recourir à une bouche empruntée, pour fervir de truchement. Erric de- firant fe faire amy tout à fait le Mofcovite , luy promet par Ces (ècrettes AmbaiTades luy envoyer la DuchelTe dansunvaifleau, après s'être dépêché de fon frère, en- fembie une fienne feeur de deus que le Roy avoit , belle en toute perfection, pour la donner a fon fils âgé de vint ans. Le Mofcovite dépêche aum* tôt une Ambaffade ho- norable, où il y avoit fis cens Gétils-hommes pour cher- cher les Damespromifes. ArrivéàStocolme,on deman- de la DuchelTe : Mais au lieu de celle-là , qu'on ne pou- voir délivrer, puis que le Duclanétoit envie, le Roy luy oiîieiaveufvedufenRoy Guftane, très-belle Princefle, âgée feulement de trente cinq ans; & fes deurs fœurs, & ja a leur déçea on preparoit l'embarquement, lors qu'elles en furent averties. Sur cet eftroy on a recours an Duc Iviagnus, étant lors en la Cour du Roy fon frè- re, qui fait approcher fa compagnie de trois censReî- tres, en même tems que lesPrinceffes feignant s'aller promener, fe rendirent hors la ville: Elles furent fou- dain montées en ctoupe , & enlevées avec tel loifir fans être fuyvies, qu'après une longue traitte elles eurent moyen de fe jetter a iauveté entreles bras duDucde Pilandie. Le biuit courut partout, qu'Erric defefpe- d'avoir failly la pnle, & hs Dames , & de fes frè- res, ayoit refolu de brûler Stocolme, & s'embaïqu^nc

ce

llTRl IV. yîf

fevec festrcfors palier en Mofcovie. Mais bien fouvcnt des faas bruits font jettez furies grans, pour leur attirer fur leur chefla haine des peuples qui leur obeyirentj& les faire rebeller, comme on fît contre Ernc, qui périt mife- r.ablement enprifon.

LE ROY IAN DE SVEDE VEVT REMET- TRE la Religion Catholi^ve en son Etat, & comment Sigifmond Ton fils fut privé de la couronne.

Chapitre XVII.

le Roy Ian F rince Catho- lique en fin ame. i.

£nvsye U Gardie envers le Pape.

?l

Ce qui interrompit fin dejfein.

4.

1 Infortunée Mort de U Gardie.

. . j.

VifimuUtw du no) Ian.

6.

Son fils Stpjmod axjour- iïhièy E^y de Polongaé

Catholique }pnve de fin Royaume de Suéde,

E Roy Ian étoit Catholique en fou ame, t. gardoit les jeûnes de l'Eglilè, le Caréme,& Le Roy les prières particulières qu'elle ordonne, étoit Cx~ comme écrit Poitevin , lequel remarque tholi^ui, - n plufieurs actes pies & Chrétiens de ce Prin- ^^^ce,qui fit pendant fon règne mettre le Cors de faintErric par les Prêtres Catholiques, enl'Egiife'de Wpfalie, comme il fit aujfi les Reliques de fainte Brigi- de. Quant a laReyne Catherine fa femme, elle en fai- foit ouvertement exercice, nourrillant le Prince Sigif- mond fon fils en fa Religion. Elleavoit fa Chapelle, a- ▼ant mêmes qu'elle futReyne, plufieurshabitans fe trouvoyent pour ouyr le fervice divin. Le Pape Grégoire treiziéme,par l'entremiie de la Reyne de Polonone,ibeur de laReyne de Suéde, & femme d'Etienne Battori, qui reçeut la couronne que nôtre Henry troifiéme cjùîttâj

Aaa j avoir

740 De la Naissance de l'Hérésie, ' avoit envoyé un Prêtre, homme de fçavoir , pour com- mencer le premier le rétabliiTement de l'Eglife Catho- lique en ce Pays-la. LeRoy ayant parlé à luy en fecret,le prie de modérer Ton zèle , fe de'couvrir à peu de gens, & de'guifer au commencement l'occafion de fon arrivée. Il lefaitfonProfeiîeur en Theologieau Collège, qu'il a- voit drefle en Stocolme. Peu à peu cet homme retire plu- ïîeurs jeunes hommes duLucheranifme : Et en fin fe dé- couvre du tout Catholique , prêche & célèbre laMcffe en une Eglife , dont les Luthériens s'étoyent emparez : Grand nombre de peuple y accourut , pour entendre les fermorts Catholiques qu'il y faifoit , bien fouvent deus fois le jour. Aucuns s'addreflent alaReyne,pourfupplier le Roy rétablir TEglife Catholique en la première fplen- deur , fouslaquellcleRoyaumeavoitprofperêj Mêmes en parlent au Roy, maisiidifllmule, dilaye, & leur don- ne quelque efperance. LaReynele fupplie, puis qu'il c- toupaifib'.eenfonEtat, Roy non feulement du Royau- me5rnaisdacceur defesfujets , ayant la pais avec le Roy de Dannemarc fon voifin,& appuyé du Roy de Polongne fou beau- frère, vouloir entreprendre ce faint œuvre, & rétablir l'Eglife, chofe defiree de plufieurs : Car en quel- que parc quei'Hereliefe foie placée, elle n'a peu telle- ment étouffer les jeunes plantes delà Catholicité, que de tres-beaus&vifs rejetions n'ayent toujours reverdy, qui fleuriront quelque jour. Ce fut une grande faute, de ce qu'on ne fit pafî'er en diligence fur cette nouvelle ar- deur plufieurs hommes de fçavoir , pour les çpandre par- my le Royaume , «3c féconder ce bon homme , que le Pape Les ïnftê- y avoit envoie, pour une entreprifen* importame.La con« la plus ai- verfion des infidèles n'ét pas fimal-aifec, comme celle fe~ à cm- des hérétiques : car commeil eft plus facile de maintenir tenir cjue en obeyfiance des peuples conquis, que n'ét pasd'yraf- Itt bïrci:* feurer cens que la rébellion en a une fois arraché, qui ne (ruts. peuvent ny efpcrerfeureté en leur offenfe, ny en donner

affez ue preuve de leur côté. AufTi eft-il fort difficile de re- mettre tous le jougde l'obédience ceus qui fe font une foisrevoltez.Lespireshommes du m ode, dit- on, font les . Renegats;& dot le Turc bâtit fes principales forces. Auk ii l'heretique, qui a renié fa religion, efliepire & le plus giâd eiînemy que l'Eglife puiifc avoir,&le plus mal-ayfé

a ÇQQ-

Livre IV. 741

à conquérir, Dica, dît très-bien quelqu'un de nos faints Pères, n'eut pas tant de peine, fila peine écho:: en Dieu, à fabriquer lcmonde, comme il a à ramener une ame dé- voyée de l'Eglife; il n'y avoit qu'obeyfTance, & icy que refiftance& contradiction.

L s Roy délirant le rétabliffement de l'Eglife , comme II# écrit Poflcvin , répondant à Chitreus dans fa Mofcovie, Envoyé U mais il marchoit lentement, & ne fe découvroit qu'à Gzrdte peuiil communique ce dsffein à la Gardie,lequelluy don- versU Va- ut confeii de traitter avec le Pape, en donner avis au Roy pc, de Polongne, & aller en cette affaire la fonde en la main, afin de ne remuer rien mal à propos. Accepte la charge d'aller à Rome devers fa Sainteté, pour luy faire enten- dre ledeifein du Roy , & Iuy ouvrir les moyens qu'il fal- loit tenir en un affaire fi important. Les biens d~e l'Egli- feoccupezpar lanoblefle^ & les femmes des Eve q a es Se Prêtres , fut le feul empêchement qui s'y trouva : Le Roy promit au Pape, fi fa Sainteté trouvoit bon , laider ces miferables mariez en leur charge leur yic durant, de n'ad- mettre déformais aucun, qui ne promit vivre fous les lois de l'Eglife Romaine,offre de remettre en l'Eglife deus ces mille livres de rente jointes àfon domaine, attendant que par fon exemple les particuliers Seigneurs, qui avoi- ent eu part au gâteau, fiuent reftitution des biens inj ufte - ment poffedez , qu'on ne leur pouvoir encor arracher àcs mains. Supplie outre cela le faint Père , vouloir accorder au peuple, la Communion fous les deus efpecès.Avec cet- te chargera Gardiepart,feignant quelque dévotion par- ticuliere,&s'envaàRome.Celanepeut être (ifecret, que j^ peu après on ne découvrît le fond de fa légation. Les Ducs $rênii *■ Magnus, & Charles frère du Roy, voire les Seigneurs, & Gentils-hommes, prennent l'alarme , qui de perdre fes rentes, & dîmes joints à leurs domaines depuis quarante ansjquilesPrieurez 8i, Abbayes, Commanderies, laiflees & données , mêmes par le Roy Ian , pour reconnoiflance de leurs fervices. Ils parlent au Roy , le fupplient de con- flderer que cela pourroit apporter du trouble en fon E- tat paifible ,-& vouloir rappeler fon Ambailadeur de Ro- me. D'autre part ces bons martyrs, qui fçavent bien que les lois Apoftoliques ne permettent au Pre'tre marié de manier, les chofes faiotes , & que le Vicaire de Dieu en

Aaa? terre,

Urme,

74i De la Naissance de l*Heresie,

terre, n'a coutume de relâcher les conftitutions de l'E* glife confirmées par tant de Conciles, fe plaignent, & ne laiiîent pierre a remuer , pour fauver leurs femmes, & ne marquer leurs enfans du titre de bâtars. ni, Vn nouveau malheur furvient pour interjompre ce

Ce qui in- faint œuvre,ce fur la mort de la Reyne bonne & religieu- terrompx fePrincefTe, laquelle fi elle eût vécu, eût peufurmonter * fondejfein. (tant elle étoit courageufe & pleine d'ardeur,) toutes les diificultez, qui s'oppofoient à fon defTein. Son ifîue' de ce monde montre quel avoit été fon fejour , & les propos qui fortirent de fa bouche,ce qu'elle avoit en lame. Com- mande, dit-elle au Roy, que les vrais Chrétiens qui re- frent en ton royaume, prient Di?u peur moy après mon decez & Ci tu veus que Dieu confervela couronne en ta pofterité, aye ie foin de rétablir fon Eglife. Ce furent fes paroles dernières.

Le Rcy 'commanda que ccztt prière de la Reyne fa fcmmefùt accomplie , par les prières générales qu'il or- donna être faites pour elle par tout fon royaume, &le jour des funérailles, & honneurs funèbres, quifurent faits en la belle Eglife de ~Wpfalie,qu'il avoit rebaty,i'Ar- chevéque du Jieu , ordonné félon les lois du royaume, & fansauthoritëdufaint, Siège, prononçant l'orarfon fu- nèbre parmy piulieurs titres d'honneur , & de gloire, die ces mors par le commandement du Roy. Cette bonne Se Vojfcvm Religieufe Princefîe , que le Ciel avoit orné de tant de in réfuta- grâces, a conframment perfeveré en l'ancienne foy & re- îioxe refp. ligion Catholique de laracedeslagelons, & autres Rois J>avidti Chrétiens, fes ayeuls , & rendu fes derniers foûpirs en l'Egiife, hors laquelle il n'y peut avoir de falut. Ces pa- roles , dit Antoine PolTevin , lequel étoit lors en Polon- gne, furent prononcées parce faus Archevêque, en la prefence du Roy , & de toute la nobleffe de fon royaume, qui honoroit la fepulture de la Reyne. Le Roy donc, de- meurant feul parmy tant d'empéchemens , r'appelela GardiedeRomc, lequel de fon côté avoit trouvé beau- coup de dirncultez: Car en ce grand confîftoire Romain, rien ne fe fait à la hare , tout marche avec fon contre- pois, fans fe de'partir aifément du train des lois. La Gar» aie à fon retour ramené avec luy quelques Prêtres, qui s.'épaodirent pour confoler les pauy;es âmes affligées de

fevoir

Livre IV. 745

fe voir fi longuement privées de l'exercice de leur religi- on: A Ton arrivée il trouve le Roy en alarme, qu'en vou- lant touchera la religion, ceus-laluy ôtalfent la couron- ne delà tête, qui la luy avoyent mife deflus. Ce pauvre Roy nepouvant, oun'ofant remettre toutàfaitl'Eglife Catholique, il voulut compofer avec les Archevêques, Se Evéques Luthériens, Seigneurs principaus, de leur laifîer pendant leurs vies leurs femmes , la Communion fous les deus efpeces , & la Méfie en langue vulgaire. On fut venu a bout des Ecclefiaftiques , puis qu'on ne touchoic a leur couche Maisceus quiportoient i'épceau côcéne voulurent lâcher prife. Ain ii fut "rompu ce defTein, non fans foupçon , que la Gardie mêmes y eut apporté du re- tardement de Ton côté,pour avoir intérêt aus gvaas biens dontil jouyfibit fous la faveur de fon maître, quiipoife- doit du tout.

Le voiia fur le haut de la roué, gouvernant tout, ma- I?* niant tout.- Il eft tems qu'il trébuche, lorsqu'il penfc é- lnj°rtli'' tre au fête de fa grandeur, & par un événement étrange, nS€ mor* , & inopiné.Le Roy traittant le renouvelement de la trêve ** ^ ^&« avecleMofcovite,y envoiafou gendre la Gardie,qui s'a- *t9m boucha avec le grâd Duc. Ayant mis fin a fa négociation, il monte fur mer avec Czs Yaifieaus ; & comme plein d'aï- legrelfe, il s'approche du port deRenel, capitale du roy- aume de Livonie,dont il étoit Vice-Roy, étant allïs dans unechaire,à la poupe d'une pataclie,allant de-grand er- re,aborda de roideur contre le rocher, qui taluantpan- choitenlamer, de telle force que la prouëfehauifaut la poupe cula dans I'eau.A ce branle deus gentils- hommes, qui e'toyent au devant de la chaire , ou la Gardie e'toit af. fis,fe renverfent fur luy, & tous trois auiîi tôt cul- fur-té- te, tombent dans la mer.allant la Gardie à fond, fans qu'- onque puis il fut veu.Ainu" fut enfeveli la Gardie, avât que baifer leport. Ainflmourut cehiy,qui de petit arquebu- fîer,s'étoit élevé aus premières dignitez du roiaumc,laif- sât de fa feme,iille naturelle du Roy, deus fils, & une fille.

La Reyne mourant, par fes dernières p-îro!ès,fuppiia le ' T^ Roy d'avoirfoin du rétabliifement del'Eglife de Dieu en -£)'tfamiim fon royaume: mais luy ne fçachant à quoy fe refoudre(car lat:ori({ti lemondes'oppofoitacequeleCieldeiiroit de luy) crai- rp„ ^^ gnoit de coût perdte^ca roulât fauver une parde.Si mon-

Aaa 4 cra-il

744 De ia Naissance de i*Heresii, tra-il toujours ce qu'il avoir en l'ame , & qu'il ne pou- voir ce qu'jil vouloir : Cet exemple eft remarquable. II y avoir dans Stocolmeun Cure, homme de fçavoir , & de beaucoup de letrres , qui fervoir fonEglife en la forme Lurhero-Papifte du royaume , ou quand les enfans font prefentez au Baptême , on fait les cxorcifmes, les fîgnes décrois, avec les lumières, & autres cérémonies de l'E- glife Catholique,& la femme fe relevant de couche,vient à l'Eglife, 5c offre une chandelle , & du pain , félon la de- vorion. On voit les Cemetierescroifez, avec la marque des Chretiens.I'ay parlé à des gentilshommes François, qui furent aus funérailles de la belle feeur de Pontus de Sépulture la Gardie, fille naturelle du Roy lan , & qui furent priez àtltifillt par luy, pour honorer fa nation, àayderaporrerle'drap duRoj. mortuaire. Devant le cors marchoient les Prêtres, & les Clercs, chantans, &portans les crois. Elle avoir le vifa- gedécouvert, coifee comme frelle eut été vivante : Va cotillon de latin blanc, doublé de toile d'argent, cou- chée fur une grande crois -d'argent. Apres que les Prêtres eurent prié furie cercueil, & puis au lieu ou fon cors re- pofe,on roir deus crois, l'une à fes pieds,l'aUtre à fa tête, & du pain vin bière, & viande pour les pauvres. Toutes leurs aurres cérémonies font Catholiques, foitausha- bitsEccleiiaftiques,ou aus formes de prier,mais la créan- ce eft Luthérienne.

Le Curé donc en l'extérieure vivôir comme les autres, fans avoir voulu prendre femme,ain(l que fes côpagnons avoienrfait. Mais en fes fermons j il fcmôntroittoutà fait Catholique, préchant fouventl'authorirc de S. Pier- re tranfmife a fes fucceileurs , la puilTance des clefs à re- mettre les péchez, l'antiquité, & univcrfalité de l'Eglife, La fainteté du Célibat , comme inftitution Apoftoliquc. Ccusà qui cela touchoit s'en pleignentfouventauRojr, difent que c'ét un Papifte,lequel attire le peuple(car tout couroit à luyjqui prêche contre les lois du royaume,éra- blies par les Rois fes predeceffeurs. Le Roy leur reprefen- te le feavoir, & l'éloquence de cet homme aymé de tous, qu'il faut luy faire reconnoîtrefes erreurs par rai fons & Cure C*- authoritcz.Çeus-cy animez par les Predicants,ne ccilent thUqnt, de l'importuner,& demander que la chaire luy foie inrer- dirci& quoy que leRay fitt fouYcnt la fourde oreille fi cft-

eequ'e-

Livre IV. 74*

ce qu'étant à ^7cftrans,au même tems qu'il celebroit Cet fécondes nopecs avec Gonelle Brclk Damoifelle de la feu Reyne, il fut contraint faire appeler devant luy ce Curé, lequel en prefence defept Evéques rend raifon de ce qu'il avoir prêché, montre qu'il n'y a autre Eglife que celle S. Pierre avoir prefide, & après luy les Ev éques de Rome, queroutlereftene pouvoir être qu'une Eglife bâtarde. Mais tout auiîî tôt il fut interrompu par le plus an- cien des Evéques.iuy difant, que ce n'étoit à luy d'enfei- gner Ces fuperieurs,mais obeyr, qu'on l'avoir mandé pour étrereçeua pénitence, & non pour l'ouyr haranguer, . qu'il. falloir Te dédire , detefter la domination du Pape comme ryrannique, & fe renger fous les lois , Se Edits du Royaume. Le Roy qui aymoit ce Cure , le prie luy-mê- rne a part de céder à la violence,de fe garentir du danger, avec promets de beaucoup de biens & honneurs. Mais l'autre plus ferme, & confiant , procefte qu'il cft content feeller ce qu'il à prêche de fon fang , & qu'il ne confcfTe- xa jamais devant les hommes ce qu'il nie devant Dieu. Il cft donc condamné, mais à la prière du Roy d'une con- damnation douce, à faire amende honorable. Voicyla - , , forme de l'exécution toute Catholique,& telle que nous , * gardons, lorsqu'un Prêtre eft dégradé, & remis entre les mains du bras léculier, pour en faire à fa volonté. Le jour ordonné a cette cérémonie, ce Curé eft côduit en lagran- de Eglife Cathédrale de Wcftrans , le Roy avec beau- coup de regret fe trouva. étoit l'Evéque du lieu,aiîiftê de fis autres Evéques , tous revêtus de leurs habits Epif- copaus , ayant leurs mitres de toile d'or en la tetc , & les croiTcs de cryftal au devant d'eus, tenues par leurs Cha- pelains. C'étoit encor la pompe 3c majefté de l'Eglife Ca- rholique.Apresunelogueremôntrâce,onluy rafelatéce, & racle le lieu, ou la fainte Onction en l'ordre de Prctri- fe avoir été mife,comme on fit auilï les doits,dont il avoic manie la fainte Hoftie. Puis l'Evéque luy ayant touche deus ou trois fois la tête de fa croffe , il eft dépouillé des habits Sacerdotaus, dont il étoit revêtu, & avec un habit lay qu'on luy donna , eft mis foudain hors de l'Eglife. Le Roy l'envoya en une province éloignée, & luy donna éraç honorable pour palTer le refte de Ces jours. I'admiray, dit le fteus de Meray qui fut prefont a cette amende honora-

A a a 5 ble,

J4& Bi ï-A Naissance de l'Hérésie,"

m'écrivit fur ce fuj et: Honorable vrayement la confian- ce de cet homme qui porta toujours un vifage aulU con- fiant,que content; & l'ayant rencontré le même jour au logis 4e Monfieur le Prince, ilmedit, queTinjurequ'il avoit foufferte étoit bien petite au pris de celle qu'il vou- <lroit endurer pour l'amour de celuy qui avoic voulumou- rir pour luy. - ' Ain s i demeurèrent les chofes en Suéde, jufquesàla

Shifinoni mort du Roy Ian , qui lailTa de la Princeffede Polongne IH.Ro- de unn^snorarnë Sigifmond & une fille, laquelle avoit été toloiif'ns infttuiteenla Religion Catholique pendant la vie de fa privtdéio m^re:mais depuis la mariant avec le Roy d'Eccfîe laques, royaume e^s ^uniz *a religion de Ton mary en apparance : Mais je dt Suéde. r^crvc a parler d elle an livre fïxiéme, deftiné à l'Angle- terre & a TEcOiTe. Sigifmond donc fut couronné P„oy de Suéde, des deusGothies, &Duc deFilandie. Ceîuy-cy, non plus que fon père n'ofa au commencement toucher à la religion, & vivant ainfï, main tencitfon Etat en pais. Par la mort d'Etienne Battori il fut éleu Roy de Pologne, ayant cpoufé la fille aînée du Duc de Carinthie. A fort départ de Suéde, pour aller recueillir cette nouvelle cou- ronne, il fi: élection de quatre gentils-hommes du Pays pouf gouverner le royaume, fe déliant de fon oncle Char- les, feul refté de la race d'Erric : Car xMagnus s 'étant em- paré d'un Convent de fainte Brigide en Oftrogothie, mourut furieus, Se hors de feus. Mais ces quatre par leur mauvais gouvernement, & exactions faites fur le peuple, donnèrent fuje: à Charles de s'élever, qui les prend, leur fait coupper la té:e,& fans s'arrêter au devoir d'un oncle Se fuje: , non content d'occuper le gouvernement , penfe de Régent àfe faire Roy. Sigifmond fur cette nouvelle dreiTe une armée de mer, mais le tems contraire le re- pouiTe, & jette à Colmar, ayant pris terre, il donne droit a Stocolme, avec trois mil hommes. Son oncle ay- ant affemblé quatorze mil hommes d'Arbequarlois, qui font, dit on , les meilleurs arquebuiîers du monde, va au dcvantdeluy, ils parlent enfemble. Sigifmond luy re- montre le tort qu'il fe fait de s'élever contre fonvray& légitime Seigneur, fils de fon frère aîné. Mais comme la rébellion a toujours quelque prétexte , Charles luy dit qu'il veut entrer au royaume pour changer la religion

Pra-

L i v R i IV. 74f

Procédante, & remettre 1 EglifePapiftiquc, afin de pri- ver les Princes & Seigneurs des biés qu'ils ont fi longue- ment poifedez, & troubler rEtat.Qu'on fçavoit bien que dans Tes Navires il y avoir pour cet effet des Iefuîtes cou- verts, & qu'il lavoir promis auPape. Sigifmond parlant peut-être avec plus de liberté qu'ilnedevoit , ne confi- derant pas les grandes forces de fon Oncle,eft arrêté pri- fonnier, & mené' à Stocolme. Mais ayant fuborné fes gardes, peu après il fe fauva habillé en Marinier , & re- tourna en Pologne, avec efperance de recouvrer un joue fon Etat perdu, & remettre la religion Catholique.Char- les cependant fe fait couronner Roy de Suéde. Ain(i chan- gea & rechangea ce Royaume depuis le Schifme de Lu- ther , ayant trois Roys légitimes été en peu de tems pri- vez de leur couronne , & qui eft encores pis, ces pauvres peuples, & Danois, & Suédois, laifez de la Religion Lu- thero-Papiftc, qu'ils ont longuement côfervc, ont reçeu en divers lieus le Calvinifme. Peut-être que cette divifî- on, & le fouvenir de l'ancienne Religion , avec l'affection que plufieurs portent à leurs Roys légitimes, apportera uelque meilleur jour à ces peuples Septentrionaus, croj* ujets au changement.

fin an livre quatrième.

TABLI

l

74*

®8Rfâ£S&BŒ$&gS£$£

TABLE DES CHAPITRES

du cinquième Livre.

CHAPITRE I.

I. plufieurs Catholiques s'éveillent au tems de Luther.

ï. Quels furent les prln-

ClpaUf.

5. Grande providence de Dieu fur fin Egltfe.

C H AP I

l. Dieu contre-balance le bien avec le mal.

z. D' Ignace de Loyola fo- dateur des lefuttes.

3. Va a %ome après plufieurs dtffculte^fm Ordre ef approuvé.

C H A P

I. Les lefuttes pajfent en ^lemagne.

l. providence des ponti- fes Humains pour le fa- lut de la chrétienté.

3. Comment les lefuttes ménagent les bos éprits. C H A P

I. L*Herefie n'a pas don- né a la tête de ï Egllfe , mats am bon o* au*

4. Comment le Diable s et deceu.

f. plufieurs fc guarentlf* fent du polfon de Lu- ther.

6. L Herefefe perd peu i peu en ^/L le 'marne.

RE II. j

4. 'Dljfierfefes Copagnons par toute la Chrétienté.

f. Origine du nom des le- futtes.

6. L ambition bannie de leur compagnie.

I T R E III.

4. Le grand nombre de

Collèges de lefuttes qu'il jaen ^flemagne. f. En Pologne & autres

lieus cir convoi fins. 6. Grad nombre de lefuU

tesparmy le monde. T R E IV.

llfieres. 1. L'Italie exemte di

l' Hère fie.

3. Corn-

Du cinquième Livre

$. Comment elle s etgua- rantie, Cr fit gloire.

4. l'Italie Patron de la faintetê, cr réponfe au* calomnies des Héréti- ques qui l'attaquent de toutes farts.

C H A P I I. Defein de ï Empereur. 1. Les propos qu'il tint en l'ajemblee.

5. Lej{oy Iilippe fuccef- feur de Charles le qumt.

4 . Selle retraitte de LEm- C H A P I

I. Trois chofes ont confér- ée les zfpagnes de l'he- refte.

l. La, Hermadat,oufain- te Fraternité.

3. Ldfdinte Croifade,fon inflitution,fon ordre &

fis revenus.

4. De l' inquijîtio ypdr qui inventée t çr mfituee .

CHAPITRE VIL

y. Combien elle eftdevo* teypiey <£r rdigieufe & %ome fur tout.

6> Lafainte vie du Pape Clément FUI. a fre~ fentfeant à J{ome*

R E V.

pereur. /. Ce Prince ef toit fort de*

uotgr religieus. 6. les rares vertus de ci

grand Prince,

K E VI.

/. LInquiftion en Frdn* ce £rja necefirék eau* fedes cruaute^commifes parles Hérétiques.

6. Fn Commandeur de Saint laqnes à l'inqui- ftion. Ponce Léon pour* quoy condamné. Cacallo mourant fe convertit 4 la Foj Catholique,

X. Honteufe retraitte des

Luthériens en ï afeblee

de FFormes l an 1/J7. 1. Miracle avenua^fuf-

bourg,

CHAPITRE VIII. L La, pan faite entre les | | commencée entre les E-

Us Princes , la guerre j crivains,

2. Ce

3 . Maximiïianfuccede a Ferdinand.

4. Demande fecour s dus P rote fans cotre les Turcs qui font les Ions.

m

5>5& Table des

i. Ce que Calvin dit de Luther.

3. plaifante hifioire d'un qui ne pouvoit trouver farty en Aucune religion.

4. <Aj]emUee four deci-

C H A P I ï. Loy en ^/Clemagne que le (met fuit la Religion de fin Mettre.

2. pe\e parle commande- ment de Calvin va de- vers le Comte Palatin, çr feint fa créance fur le S. Sacrement,

3. Comment le palatin quitta le Lutheranifme, Crfifit Calvmifie.

C H A P i

1. les Luthériens grans Ecrivains.

2. La première journée te- nue contre ï Herefie. ^

5. Synode bu Bucer quitta

7uinzle.

^ 6 C H A P I

1. Le Vue de Witemberg faitdrefir une nouvelle forme de Religion.

2. Jtïiîïri paberSmide- lin auth'eur d icelle.

5. La porte par tout.efire- ceu des unsi & tnoqtr des autres.

Chapitres,

der de la Religion a NiU bourg en Thuringe. f. Changement de i{eh^ gion en Brème & Com- ment Us Calvinifies s y ghffirent,

r R é ix.

4. Louys finfils chajfe le Calvintfme , cr remet le Lutheranifme.

$.lan Cafmir gouverneur CT tuteur de Frideriâ fuccejfeur de Loiiis ,chaf- fe les Luthériens yey re- met les Calvinifies.

6.F^efolution des Echoliers au Lutheranifme,

TRE. X

4. Mémorable ajfembleê aplatis bonne.

f. Colloque a Malbrun,on Brence foutint fin vbu* quité.

6. Colloque de Mobèlliard. r RE XI.

4 l Electeur au7j*fe reçoit la cocorde qu\Andrc en- voyé en Confiant inop le.

ç.Smideltn accompagne du fils de Luther Méde- cin va à Friteberg, Çr* le danger ou dfe trouva,

6tConcocdercceue pendat la ">;*

Du cinquième Livre

la vie d'augufe eft chaf-

fee far fin fis chrifien ,

qui reçoit le Calvinifme.

y. Le Calvinifme banny

far la moi t de chriflie3et

le Lutheranifme remis.

C H A P I

l.Veffein de ce chafitre

aui contient les diverfes

cérémonies des Lutheries.

2 . Luther retint flufeurs cérémonies y cy marques

de ÏEgûfe Catholique.

3. Leurs Temfles de mê- mes quenosEçlifcs.

j^.Les nos des Eveques Çr> ¥ vitres change-^.

j. Comment les Interimi- fes difènt la Mejfe.

6. Quelques Lutheries ont 'voulu admettre F éléva- tion du Sacrement.

y.Cevus qui disëtleurmefje revêtus corne nos Prêtres.

%*Comentiïsfctla Cène.

9 .Quelque forme de mejfe

farmj cent qui {ont de la

C H A P I

l.Le tort quofait a l'^X- lemagne de l'étimer Lu- thenéne.i .Les autres he- refies diverfes bannies.

$.La trofenedes Calvini- ftes qui fini accroire dut

7ft

I i

8. Les CaWinifes cotraints v aider la Saxe,£r de ce qui avint en la ville d sAix la chaf elle jour le changement de Reli- gion l'an if 98.

K E XII. confefion d' \A us bourg*,

10. Leur façon de commua nier Cr de leur cofefion.

li.plaifante cérémonie en une ville du Marquis de Brandebourg enfrefnce d'un^/fmbaJJad.Fraçois .

12. ils gardât les fêtes far religioyÔ~les cérémonies anciennes du Baftéme, des Mari âges, des "Vian- des prohibées.

13. Commet on fartage les Te fies es liens les Lu- thériens font les maîtres.

lA.Les pfirhers3cr Helf- fers forte t les nabitscove- nables a leur charge , ç$* cobten ils trouver étrange la facondes Calvinifies.

R E \XIII. leurs, ïahmagne être de leurfette.^.Vivificn des Etats d' ^lemapie.

y . Le décret four rcgler les. fujets en la Religion de leurs Princes.

C H A-

7<£ Table clés Chapitres â C H A P I T

T. l' ssfrche'vétjue de Co- logne grand çr puijfant Trtnce,

S.. L'archevêque Truch- Jes épru de la beauté d\yCgnes de Mansfeld.

j. Ses amours font décou- vertes.

4. {hutte fia religion pour mefemme.

u cinquième Livre. ,RE XIV.

r. Le Pape Grégoire Xlll , ï excommunie y^> depo- fe p il s' arme pour garder fin archevêché. 6 Fn nouveau ^/Crche* véque Je la maifin Bavière mu enfaplaxe% <ui le pnve de tout fin len*

r&

lW*€iW*€&T*€t\

Argument du cinquième Livre.

L'Autheur montre en ce Livre cinquième, comment une grande partie de l'Alemagne fcgarentitdel'Herefîe. Quel en fut le fecours* Comment l'Italie &les Efpagnes ont été pré- servées de cette contagion. La demiflîon que Charles fît de Tes Etats,& de l'Empire aus Païs- Bas, dont la mifere & calamité elt d'une fuitté reprefentee , depuis que l'Herefie s'y glilfa. Ce que fît Ferdinand pour ce qui touche la Reli- gion. Mifere des Alemans qui tourne-vireht leur créance à l'appétit de leurs Seigneurs, Se leurs étranges changements. Puis déduit plu- fieurs particularitez de ce Pays-là , & montre la décadence de THerefie.

UHIS-

LHISTOIRE

DE LA NAISSANCE,

PROGREZ, ET DECADENCE DE l'Herelle de ce Siècle.

Livre cinquième.

QVELS FVRENT CEVS QV I FIRENT tête au commencement à l'Herelle.

CHAPITRE PREMIER.

Tireurs Catholiques s 'é- rv3tllent au tems de Lu- ther.

z.

Quels fu> etlespnncipam.

Grande prcvi de ce de Dieu fur fin EgUfe.

Comment le Diable s' et

deçeu.

S- Tlufeim fe gtrentijfent

dupBifin de Luther, 6.

LHerefiefe perd pe* à peu en ^€lemagne.

O y s ces j uftes exécuteurs de la j ufte ven- geance de Dieu, j uflemét courroucé con- tre la fainéant iïe 4e certains ornciers de q^^i^. l'Eglife , & indevotion de fon peuple: Tous ces Luthériens , Zuinghens , Ana- b.iptifteSjMuncerienSjSchueiikfeidiens, & autres que vous avez veus aas livres précédées ravager \Z^u,l la Chrétienté, feduire Klabn merles peuples . n'ont peu tantluer, & ahaner a détruire,&rayner celle, contre qui les portes d'Enfer ne pourront prevaIoir,dit la fainte pa- role, que plu fieurs courageus Eccleliaftiques & autres, comme afîiegez dans les murs de l'anciéne Eglife Carrio- le b b lique,

Plujùurs

q'tes s e- ve illent a* tems de

754 t>s la Naissance de l'Hérésie, îique.nefefoiét vaillamment defFendus,& comme faeiU lez parmy cet endormiffement gênerai, pour y confervet la pieté, & fidélité de leurs pères, remparer,& reedifîer les brèches &ruynesï quêtant de divers hérétiques y avoiét faites,& appuyer les murailles reftees debout: mais croù- lees & ébranlées par la batterie ennemie. Et comme ces cpoiiTes vapeurs, ces élévations évenfes quifortant de la terre forment les nues en l'air, ne s'enflent & grofli lient de telle forte, que le pur émail des cieus, & l'azur de fes vqutes,enfoittout afaitobfcurcy: Demémel'Eglifc,en laquelle on voit luire tant de belles lumières , & tant de faïutes âmes, ne peut mêmes es lieus l'Herefie établit fon Empire, être tellement couverte des vapeurs tene- breufes de ces cerveaus. évantez , que fa beauté n'ait tou- jours paru. Or a la première alarme de Luther,quelques- uns des plus refolusdu party Catholique demeurèrent fur piez au milieu de tâ-s-de ruynes, & firent tête à ce grâd ennemy, fauverent uncpartie du peuple Chrétien i&lés autres qui avoient ccdc a l'orage, & fuivy les mouvemens de fon agitation, reprindrent c«sur à la longue: Et com- me on vid les forces Luthériennes tellement accroître, qu'il fembloit que l'Egîife Catholique deùt quitter la place ai Herefie, &que celle- cy enflée d'orgueil, fut fur le point de fouler aus piez celle-là, armée feulemet d'hu- milité : Ceus-cy comme éveillez d'un long, & profond fommeil, accourent au fecours;

Combattant fit a , mainhm.iin , homme à homme. Avec Luther, Carloftad. Melancthon, Muncer, & Zuin- gle, gens déterminez à mal faire. Il font perdre terre à leurs ennemys. & non fans beaucoup de peine, regagnent une partie des places perdues. Ils appellent a leur ayde Jes Cvpriensjlrenees, Tertulians, Hierômes, &Augu- i::ns. soppofent aus deifeins de ces fausEvangeliltes, re- cherchent leurs pancartes moifîes dans le trefor de l'E- gîife, & fi heureulement, qu'ils fauverent une grande par- tie du peuple de la Germanie. En vain l'Enfers'oppofeà H. ce que le Ciel a refolu. J^ueUf*. Parmy ceus-la font dignes d'une éternelle gloire Uni les Thomas de V;o Cardinal Cajetan,Hoiius,Po'us,& Cro- prtnc - perus aulli Carain^us , George Prince de i ace, Ian Ekias 7-niy.. Chanoine d'In£olftad,HieiomeEmpfer,Àinbroik Ca-

tharin.

Iivrî y. 7tf.

tfcarin, Marin Carraciol, Hierôme , & le Chancelier de Bade, IanFicher, lolîe Clichou, Ian Dienberc, Ian Co- dée, & autres tres-fçavans & docfles perfonnages, que tous avez veus , & verrez encore paraître fur les rangs. Comme pour peu que les hommes s'ébranlentà bien fai- re, Dieu leurva au rencontre : Audi voulut-il prêter la main favorable àceus quiconfervans l'ancienne pieté, s'oppofoyent a tant de nouveaurez, qu'on penfoit devoir abîmer du tout la Republique Chrétienne. le ne fçay fi j 'oferay loger parmy ceus-la ce grand homme de lettres, Erafme de Roterdam, fi jeneluy puis donner place com- me homme ferme ScafTeuréenlaFoy Catholique- Caril a été enplufieurschofeschâcelant, & douteus, filepuis- je faire, comme âpre ennemy , non feulement de Luther, mais de tous les Sectaires, qui toutefois l'invoquent fou- vti*Vl*t& vent àleurayde: Les Trinitaires font de ce nombre, lef- lu Bed* quels au livre qu'ils ont dédié au Roy fie Hongrie, nom- Marianus mëntErafmelePrecurfeur de leur Profete Server, com- yt3orinuA me les Pikarts font, ainfî qu'on lit en l'Apologie deLaf- (£>R«ar- filTius: à l'avanture qu'ils l'ont fait parce qu'Èrafme re- dus Ceno* jetta l'Apocalypfe du cors de l'Ecriture facree, &ctade manm* ÎEpître première de Saint Ian le témoignage qu'il rend de la Trinité. Tous fes premiers écrits furent autant de Satyres cotre les ^ens d'Eglife,fî que jufques en l'an 1515. il femble qu'il ait ravorifé la révolte de Luther, d'où vint ,

leproverbe quej'ay remarquéau livrepremier, OuEraf- Ew/fB*: meLutherife, ou Luther Erafmife: Sieft ce qu'il nes'ét jamais tout a fait feparé de l'union del'Eglife, & a fait voir en fin que c'e'toit contre les vices des particuliers , & non contre leurs dignitez que fa plume s'armoit, l'ayant la prefomption de lbn fçavoir, jette au delà des bornes: Plus grand homme eut été Erafme , dit Scaliger, s'il eut voulu être moindre. Manlius écrit en Czs Licus Côrauns, que Melâcthon faifoit le côte qu'un jour lePrinceFede- ric état à Cologne,apres le couronement de l'Emper. ur, pritErafme,&luy parla en ces termes: Dymoy je te prie, quel péché à cômis mon miferable moine, parlant de Lu- ther, veu que tout le mode crie tant contre luy-Rien autre chofe, dit Erafme, Il ce n'ét qu'il a voulu arracher la cou- ronne & la mitre aus Papes, & Evéques, &aus Moines la marmite & le ventre.ll en lit bien depuis autre jugement, Bbb & blâmant

7î£ De la Naissance de l'Heresie, blâmant Luther coinmeÀutheur d'un méchant &maî- heureus Schifme. Or pour n'avoir garde la modération qu'il devoir, fa mémoire en cft enlaidie dans les écrits de plufieurs.

Souvent un fex d ancre ejfkce Lcsylut bçatii traits d'une face. Sifaur-i! confVTilr ou il arrêta beaucoup de gens, qui ne fe font Hérétiques que par imitation , de courre après les folies deLucher, & les rêveries de Zuingle,quand on Traftne vici qu'en haync de cefengeur, & de^on AchatcOeco- fortde'Bà- lampade, il quitta Baie, & fe retira à Fribourg l'an mil le l'an cinq cens vint & neuf, Canton quis'ét toujours main- jjjy.SkL tenu en Ibbeyiîancede l'Eglife. Il ne peur pourtant, pre- cLunlib. G. venu de lamort, publier (on livre desRetractaticns, fou- vent interpellé de ce faire par Thomas Morus,ny ce qu'- il avoit écrit contre Bucer, homme qu'il hayoit a mort. Voicy la proteftation qu'il mit aus yeus de toute la Chré- tienté, pour effacer cette tache Luthérienne, qu'on luy *>vouîoi: imprimer far le front. \z reconnois I e s v s- *>C h f i s t, jeneconnoisLutherJe reconnois l'Eglife. s certain, Lecleur,qui que tu fois, que tout ce qui re- «nr.gneau hege Romain, quelque titre qu'il porte, n'ét m point par:}' d'Erafmc. Combien de fois cft- ce qu'il a at- taqué Lutherdans fzs oeuvres, luy dcmâdantparmoque- nes'il croit le Christ ? Et qui luy avoit donné le pou- voir découper ainfi,& hacher les livres deîafainte Bible? Voit- on pas fes lettres contre Conrrad Pélican, qui l'a- voir mis aurâgdes Zuingliens,côtre le livre deLeopold, qui i'accouploit avec Luther, Chacun vouîoit attirer ce grand homme a fonparty.Ie fuis cotent emprunter quel- ques traits des liens , de la lettre qu'il envoya aus Suifles en L;uin,&: Alen.ad fur ce fujet, parce qu'on avoit publié m un ]jvre,portant ce titre, DoctiJ]. tra/miRotherotEt M art. trottHd- x, Luther: cpimodeCœna Do mini. le ne fçay,dit Erafme,fi en <ien a'E- ce Hvre il y a plus de fottife.ou de malice, Afin que la va- rfjwt. milité de mon nom ne face perdre quelque ame, je veus *> que tout le monde fçache, quejeconiens être appelé le asPrincedes hérétiques , h en tous mes écries, &li j'en ay «publié plufieurs , ou p< ut trouver un feul mot oui fetite «autrement iEuchanihe;i]uece qucrldiic v^atholi-

5H.11C

Livre V. 7 < 7

»quejufquesïcy enacreu, proteftant devant Dieu que *>jene me fais jamais éloigné delà créance de la JFoy de »rEglifeuniveifelle •' Si quelque chofe a été révélé aus aatrcs,<ju'ils y regardent, &c. Qu. cil ce , difoit-ilencor écrivant a Melancthon , parlant des difcipies de Luther, oui pourra r^imcr ces gens, quin'oheyikntau fouve- rain Pontife, ny au Prince, ny au Magiftrat. non pas mé- iries a leur Luther ? lis croyent,difent-iIs , un Evangile, mais ils en veulent être les interprètes. Peut-être cela feroit tollerable, fî, comme ils fe feparent de l'antiquité, ils s'un'ffoyenten leur nouveauté : I'ay youIu dire cela v0* s. d'Erafme, parce que plufieurs bleiTent la mémoire, & le Tcnîaint. nom de ce r^rc perfonnage, l'un des premiers hommes de Vcy ?■[[-■■- fon Siècle , qui ne fut jamais Luthérien, nydupartydes vin au tu* Sacramenta;res : Et ayant au cômencement femble bief- gè-ment fer inonne^r de la Vierge, luvrenditdes vœus à nôtre qu'il fait Dame de Lorette , & chanta des Hymnes & Cantiques à à'Er&fm?. fa louange: Voire côpofa pour elle une Liturgie, approu- -C^nifau veeparl Archevêque deBefançon, avecun fermona fa mMÀr, louange: Etacompofé un Panégyrique en vêts, a l'hon- neur defainteGenevieve,tutelaire des Pariiîens, par l'in- terceiîïon de laquelle il a été guery des fiévers.

Beze ayant entrepris a pourtraire les hommes Illu- flres, mais fur tout ceus qui ont bienfenty de l'Hereiïe, confefle qu'étant tombé furie pourtraic d'Erafme, il a cuidé fetirer la main du Tableau:Combien que de nôtre tems, dit-il, Erafme de Roterdam foit monté jufques au fommet de gloire fouveraine , pour la grande vivacité, de fonefprit, &par une hnguliereadreifc qu'il avoir de bien exprimer fes conceptions: Néanmoins jefaifois quelque confeiencede lerengericy, attendu qu'ayant en fon avis à part en plufieurs chofes , quand il a été queftion delà Religion, il s'ét contenté de taxer & brocarder les fuper- ftitions;& réfutant de profiter en la connoiiiance du prin- cipal,encor qu'il eut allez de jugement pour y attaindte,. & de moyen parles doctes qui vivoientdc fon tems } Au lieu d'y penfer à bon efcient , il fe rendit Avocat d'une tres-mauvaife caufe ; Toutefois puis que les bonnes let- tres à leur retour au monde , luy font autant redevables qu'a autre quelconqued alors, je fuis content luy don- acr place en cet endroit.

Bbb 3 Grak-

7$8 De la Naissance de l'Heresie, ht'. Grande a été, 8c certes admirable la providence

Grande de Dieu fur Ton Eglife,& encore plus grade fa bonté: Car providence comme elle étoit fur le point defon précipice en ces Païs- de Dieu la,luy qui fait ordinairement les chofes contre l'opinion^ JttrfonE- & jugement des hommes, la regardant d'un œil de pitié, glije, luy tendit la main j &fit que peu après elle reprit fa pre-

mière vigueur: Et comme il n'a permis jamais aucun mat être fait, s'ilnepenfoitdecemal tirer beaucoup de bien; Audi par le moyen de cette révolte de Luther, il en araf- feuré plufieurs, perdant quelque poignée d'hommes , il regagna des peuples tous entiers , & châtiant la grofîiere ignorance qui étoit parmy plufieurs officiers de l'Eglife, il a ouvert le trefor des feiences, &prefquetiré le rideau des Cieus,afin qu'on y vit fes merveilies.-Si que nous pou- vons dire qu'il nous à redonné la vie, par le moyen de ceusqui nous ont voulu donner la mort: Car toutainïi que les fecrefs, ôi faints myfteres de la Trinité, n'euffent jamais été fi a clair découverts fans Arriusj Ceusdel'In- carnationfans Neftorius.

Audi (ans Luther plufieurs articles de la Religion Ca- tholique , mémement celuy de l'Auguite Sacrement de l'Autel , euffent été enveloppez dans les ténèbres obfcu- res de rignorance,lefquelles a prêtent font tellement dif- fipees, qu'onvoitprefque la chairnu'eau travers le voile délié, comme difoit un Ancien. La beauté de l'Eglife Ca- tholique eft en fon midy,& ne jette aucun ombrage en fa Doctrine, non plus que le Soleil étant en fon Zenith, n'apporte ombre quelconque,dit-on,enlaVille,de Sien- ne.Tous les points delà creâce Catholique font telleméc êclarciz, quelediablea beau remuer la crête, & laqueùe encore, il trouvera toujours dans les admirables écrits de cefieclejafcmence de l'Eglife,quiluy écraferalatéte. TV. C o mm e les bonnes Lois ont accoutumé de naître

Comment des mauvaifes mœurs: De même à caufe des Herefîes, les h diable immuables maximes delà vérité Catholique fe font éta- i'ét defex. blies : maximes éternelles fondées fur des principes éter- nels. Cet ennemy de l'Eglife penfoit perdre tout a fait la Foy Chrétienne, mais il s 'et bien méconté : Car tout au rebours des nouveaus mondes fe font joints a elle, com- me il fera dit cy-apres. Et tout ainfi qu'a Syracufe , l'air a'jriutjaoaaisficouvm, &nebuleus7 que le Soleil n' 7

Jeuat

Litre V. ?<}

jcttàt Tes rayons une heure du jour : Aulïï cette belle E- glife Catholique, en dépit du Prince des ténèbres, & de Ion Luther, n'a point ceflé d'envoyer les premiers rayons de fa vive clarté, quelque nuage qui s'y lbit interpole. II n'y a eu tems, ny brouillard quelque épais qu'il fut, qu'- elle n'aytpenetré. Et comme le plus prccieus de tous tes metaus , felaifîeamenuifer , mais non jamais rompre; Se le feu qui confomme , & diminue' toutes choies le rend plus pur,&plus net: L'ufage ne le^eut envieillir. De mê- me tous ces Perfecuteurs quifeiont élevez contre elle: touscesfeus n'ont ferry que pour épurer cette cralfe, & cette rouille , que le tems y avoit apporté. Le diable s'af. feuroit de tenir toute l'Alemagne en Ces rets 3 Mais les fi- lets n'ont pas été allez retors -} Laplû-part s'ét fauvee, comme je diray plus particulièrement aus livres fuyvans. Les uns déchirèrent leurs rets , dans lefquels ils âYoyenc imprudemment donné.

Comme le fangher Mdraen I(omp , cr dépecé fin lien.

Les autres rirent comme le poiiTon, que les Latins y. appellent Glanus, lequel mordant l'ameçon à l'envers, Vlufieurs goùtel'appât quiyeft accroché , &s'enretouroefain,& fs z*ren- iàuf.Ceus-cy aiant goûte du bout des levres,de quel goût ttjftntdiê croît l'appât attaché a l'ameçon de la doctrine Luche- poifon de rienne, rebroufferent chemin. & évaderét Ces obfcuritez: Luther. Ils n'y trouvent q ue liberté du cors , & de l'ame. Reli- gion toute de ventre, mépris de toutes chofes qui avoy- entéte tenues en honneur & révérence depuis plufieurs Cecles. Les autres qui avoyent englouty, & l'appât, & l'a- meçon, comme le Scolopendre , le revomirent , & fe dé- chargèrent leitomachde l'un &de l'autre , reconnoif- fant leur faute , qu'au lieu de prendre la voye de iaîut, ils s'étoyentjettezdans leprecipicedeperdition. Ceusqui principalement faifoyent Je Dieu de leur ventre,tindrenn fermes appuyez des Apoftats , qui avoient ja empiété quelque miferable femme , le rebut de l'honneur , & la honte du monde.

Il leraraifonnable faire la reveùe de l'Alemagne, pour vr. montrer cobien à tort & fans raifon on l'appelle Luthe- Vïisrepe ïiemie, comme jeferay, aor es avoir repris la fuicte, le fît/* tçrt

Ebb± dei'HK-

jèo De la Naissance de l'Hereïi^ dcl'Hiftoire que le livre précèdent a interrompu, afin fetiàpeu qUS comme vous avezveujufquesicy lanaiiTancedel'he- •n ALma- refte, fon progrez,& Ton avancement, s' étant comme en ine' triomfe bouffie de gloire promenée parmy cette grande,

& fpacieufe Province , montant de degré en degré, & de marche en marche, vous la voyez auili defeendre d'éche- lon en échelon: Car comme ces torrensfurieus après a- voirravagé les belles & plates campagnes , entramant ce cjuis'oppofea leur violence. En fin peu a pcus'èvanoùif- fent, & s'écoulent, laiiTant leur canal a fec. A ulîi l'Here- fîe après être parvenue au fête de fa grandeur,pendant ce feiziéme fiecle , s'en va peu à peu a ion précipice , Il qu'il faut, non pas efperer,mais s'afleurer que l'Hgliie Catho- lique que j'ay, & non pas fans raifon, appeilce ailleurs, Vieille et famevse g ve rriere, reftera feule- ment triomfante par tant de glorieufes victoires Yicto- rieufepar tant de victorieus tnomfes, beaucoup plus for- te &vigoureufe qu'elle n'étoit, lors queLuther la vint premièrement siîaillir. SLquelquesmiferabiesreltes fur- vivent, cenefera que pourpleurer leur infortune. Les Luthériens mêmes font les Chantres-Corbeaus de leurs mal-heurs : Car en divers lieus ils croaiTent, & augurent leurruyne, & fur tout celuy qui s'étoit donné le nom du Rcftaurateur du Lutheranifme. Mais voyons plutôt ceus qui en ont fait les apréts,& allons reconnoi tre le fecours qui fut envoyé du Ciel pour fauyer l'Eglife, ruyner & détruire lHereiîe.

L'ORI-

Livre V.

7<*

vfORlGlNE DES R-ELIGIEVS DE LA

Compagnie dv Nom de Iesvs, granb & facré ramparc contre les Herefies.

Chapitre IL

Z>ieu contre-balance U bien avec le mal. z.

P' Ignace de Loyola fonda- teur des îefuites.

Va a Rome après plu- fiettrs difficulté-^ fin Or- dre efi approuvé.

Vifferfe fes Compagnons par toute la chrétienté.

y

Origine du nom des le-

fuites.

\ *

L ambition lame de leur

compagnie.

Omme îa Nature , commune mcre des r. hommes, qui conduit les moindresmomens Dieu con* de nôtre vie j & veille pour la confervation tre-hAÏàc.% d'icelle, ne permet jamais que les Serpens, le bien a- bêtes nées a la ruyne des hommes, fortent veclem^L des cachots de la terre , la rigueur de l'hyver les ayoic empnfonnez,& tenus retortiilez de mille nceuz,que plu- tôt elle ne poulie hors la fleur du Frêne , laquelle nous fert d'antidote, pour guchr les morfures venimeufes mortelles, 5c ne la retire à foy que plutôt les ferpensnefe foyent retirez dans elle, comme dit le curieus Hiitorien "*ltUm des chofes naturelles. Tout ainil l'Autheur de la Nature même , Père commun, d^fîreus du falut de fes créatures, n'ajamais permis que l'Herefiefortît des Enfers , oàeit fon ordinaire demeure , pour venir infecter la terre , qu'- en même tems il ne ht éclore quelque fouveraine, & pre- fervative plante, pour fervir de contre-poifon à fon peiti- ferevenim: Parlons fans metafore. Grande providence de Dieu, quia toujours voulu que les Docteurs Catholi- ques fuiîent plus braves, lors que les hérétiques ont été plus puifldûts, Aiuû au tems des Albigeois, pefles dange- Bbb 5 reufes,

\

ySi De la Naissance de l'Heresie, reufes , & dopt l'infeclion dure encores , Dieu envoya S. Dominique, & S. François, deus grans Chefs dedeus grans Ordres, pour guérir les âmes malades, & preferver les autres de la contagion. Tous les Autheurs écrivent conftamment, que ces deus faintsperfonnages fauverenc la Chrétienté: Dieu voulut, difent-ils, que fous Je Pape Innocent naquit une innocente au monde , pour dépen- dre l'innocence defonEpoufe. Si la Religion Chrétien- ne, dit unAutheur, non pas fort éloigne de leur fiecle, qui n'avoit pourtant que peu ou point de Religion,n'eùc étépar S. François , ouS. Dominique, retirée vers fon pnncipe,elle feroit du tout éteinte : Car ces deus perfon- nages par leur pauvreté , & par l'imitation de la vie de I e- s v s-C h R i s t , la rengraverent au cœur des hommes, d'où elle éroit effacée. Ce furent ces deus pauvres qui s'apparurent en vifion au Pape Innocent , fcûtenans de leurs mains l'Egiife de S. Ian de Latran , qu'il voioit en ionge tomber a terre. Luther en dépit de luy cft contraint confeffer la fainteté de leur vie.

Ainfi au tems que les Manichéens , & Pelagiens cou- vrirent le monde de ténèbres : Le mémeDieu tout bon & tout fage, fît luire ces belles & claires lumières Saint Ambroife& Saint Auguftin , pour éclairer la terre d'une éternelle & celefte clarté'. Ainii envoya-il au monde faint Cyrille contre Neftorius : Hierôme contre Iovinian. Ainfi au tems des Arriens il fit naître en Orient S.Athana- fe, Laint Bafile, faint Cyrille, les deus Gregoires. En Oc- cident faint Sylveftre , faint Martin , & faint Hilaire , pour faire tête a ces grans & redoutables ennemis, qui a- voient déjà enveloppé, & furpris dans leurs embûches la plû-part des Roys, Princes, & Evéques. La pauvre Eglife Catholique éroit lors languiflTante prefque étendue au lit de la mort, quand ces nouveaus Efcuîapes tranfmis au Ciel, luy tendirent la main falutaire. Tout de même au tes que Luther fe dévêtit de l'habit de Religieus, & rom- pit la pais de fon Cloître , pour s'armer de foudres , & de canons3animer la guerre,inveftir & doner le fac a l'Egiife & a fon chef vifîble gouverneur d'icelle: Dieu foa fouve- rain fondateur qui nous envoie fouvent des remèdes con- tre notre efperance, & par le moyen de ccus de qui nous lt< attendons le moins, fufeita un homme de guerre,

le'qud

L I T R E V. 76%

kquclil fit defarmer de Tes armes guerrières, pour le re- Técir d'un habit de religion.Et fous l'enfeigne du nom de Ie s vs lejettacnlaplaceafTaillie, non feulement pour y conferver les citoyens d'icelle , des ftratagemes , & af- fauts des ennemis ,-mais encore afin de faillir iur eus, en- cloùer leurs pièces, rafer leurs forts,cventer leurs mines, & les mettre a vau-de- route, ramener les autres dans le pourpris de l'Eglife par eus premièrement quitte',&d'af- fiegeans, &perfecuteurs,les bourgeoifer, & rendre cita- dins, &deiFenfeurs d'icelle.

Cela fut heureufement exploité par Ignace deLovola capitaine de tant de nobles, & puiifans efcadros,qui fous labannieredunomdelES v s, le font rangez comme en champ de bataille pour combattre l'herefie, étendre les limites & les bornes de la Chretiétë jufques aus derniers bouts de la terre. L'an 1517. Lutherie déclara ennemy de la chaire S. Pierre ,& l'an -1 517. Ignace prit S. Pierre pour fon Patron, & protecteur. L'un titre le plus noir de fa co- lère contre le Vicaire de S. Pierre, & l'autre fait un Can- tique a fon honneur,premier ouvrage du chevalier Igna- ce. Cet un trait de la toute-puiiiantefageiledeDieu,di- foit un des nôtres , qui a fait , qu'en fa grande famille da monde naiflent des créatures ennemies , & quâd il eft be- foin les unes pour remède contre les autres , au profit de l'homme. & manifeftation de fa gloire.Les Luthériens, 5c les religieus nouveaus du nom de 1 1 s v s , font venus en même tems pour des fins contraires, les premiers pour la ruyner, 2c éteindre,les derniers pour la deiFendre, & aug« menter, nez en une même famille, & de fources contrai- res ontproduit en la Chretiété des effets tous contraires. C'étunfecours envoyé du Ciel, & des Anges contre ce nouveau Senacherib3fecours que nous devons efperer ne devoir défaillir quepremieremét l'herefie ne défaille. Cet- teplâte nemourra,& cette fleur ne flétrira,que plutôt ce ferpent ne meure. Cet la deflinec de cette côpagnie,heu- reufe pour le monde, neceflaire pour l'Eglife, & glorieufe pour elle. Voyons fon origine petite à fa naiffance, corne toutes les chofes de ce monde,mais qui en peu d'années a furpalfé ( ce fera fans inj ures ny mépris des autres toutes louables qui ont eu leur laifon, la grandeur,& les côqué- fies de tous les ordres qui furent jamais ea la Chrétien t&

Cir

7*4 De la Naissance de l'Hérésie, ÏI. Cet Ignace de Loyola fils d'un Baron du Pays de Bi£

&ign*ce caie, naquit l'an 14^1. il fut nourry & élevé des la premie- d' LoyoU re jeunciîecn la cour du Roy Ferdinand, parmy les ébats fondateur & délices du monde, portant neaumoinscôme empraint du lefui- fur le front l'image de la vertu, & de la pieté, fans que les t*t. vanitezde la cour l'emportalTent dans les vices que ces

âge recherche : Ilfembloic déjapromettre ce qu'on de- voir attendre de luy. Dieu, difoit un Payen, marque de bonne heure ceus dont il fe veut fervir es actes notables, les guide d'une adeelîe & faveur particulière. En cette échoie royale il devint plus brufque & courageus foldar, que fin, ou efféminé courtifan , dont il donna bien tôt la preuve : Car a peine avoit-il l'âge pour potter les armes, qu'il fejetta avec charge, & commandement dans la vil- le de Pampelune, lors aiîiegec des François. Lail fefitiî- gnaler, & remarquer aus forties & combats par deifus tous fes compagnons , fans qu'aucune faction de guerre fe pafsat ou il n'eut la meilleure part,jufques a ce qu'une volée decanonluy brifa les jambes, &lescuilîes.

Ce qui fut en partie caufe que les aiïiegez compofe- rent, voyant !a déconvenue d'un de leurs chefs , qui par l'accord, & reddition de la place-, demeura prifonnrer des François, lefquels vrayement François , renvoyèrent ce je_me gentil-homme eftropié en la maifon. Comme il eft chez lu v pour foulager 1 a lôgusur & douleur de les pJaies ( car il g?.rda le lit plus d'un an ) il s'entretint de la le&u- rc de quelques livres .-'Tous les Amadis, & Arioftes, plai- fant amufement delà nobleiTe , paiFent par Ces mains. N'ayant plus dequoy lire, ijrdcmandeà fes gens quelque autre livre nouveau. Son valet de chambre guidé de quel- que bon Ange,!uy porta fâfriê de I £ s v s-C h r 1 s t,& des Saints, n'en ayant,difoit-il, aucun autre. Ignace les lifant avec admiration des merveilles de Dieu en fes créatures, qu'on voit peintes avec une agréable variété dâs ces vies, & confiderant d'un profond & retiré jugement, lamnere & pauvreté' de ceus qui feiaillent emporter au vent,& aus vanitez mondaines , agitez de j/erpetuelle vagues , que JÀh.S.con- les hommes plus avifez ne peuvent éviter Il prit une ie- ftjf.caf. f. cretterefolutiondedirea-dieu au Siècle, &ie vouer au Ciel: Souvent une calamité a donné entres à une lon- r.Demémeinfpiration furent touchez deus

I I V R E r. W

•entîls.liommcsdcrEir.pcreurThcodorctd!tfaintAa< miftin, lifantlaviedefaintAntoine: La feule lecture de cette vie fainte, de foldats du inonde , les rendit foldats delisv s-Christ,& leur fît quitter la cour de l'Em- pereur, pourfe jetterdans lafoiitude d'un monaftere. I^nace-preilejour & nuit de cette fainteinipiration, que la lecture de ce livre luy avoir apporté , guery qu'il eft de

fes bleflures , las du monde, encore qu'il r/ynTc qu'en- trer (car à peine avoit-il falué l'an vingt cinquième) fei- gnant daller prendre l'air &vifiter Tes amis , il fe dérobe f a famaifon, a Ton pere, a fa patrie, a luy même, & s'en va *I**> au mont- Serrât, lieu de dévotion, fort célèbre à caufe des miracles que Dieuy a fait, d'où ilrenvoye fes valets pour ne vouloir autre témoin que luy de fon auftere vie, & rencontrant en ton chemin un pauvre, il faitavecluy

. le change de Glauque, 5c Diomedes : Car ayant dépouil- lé les habits qu'il avoit propres pour un homme defa. qualité,il les donna à ce pauvre, & fe vêtit de fes haillons, fe chargea de fa befafle3& luy donna fa bourfe & tout fon, équipage, faufl tpee & la dague, lefquellesil appendic auhautdel'Egïife, ayant parachevé fesveilles , presde l'Autel , pour être fait Chevalier de Ies vs-Christ. En cettecoie& fainte folitude, il donne commencement à fa pénitence. prend le fac,& la cendre,veille, jeûne, prie pour être a'flifté en fa peregrinatien, pendant que Luther célèbre les Orgies , & Bachanales avec fa Menade. De

- il pafle en Italie, & demandant l'aumône, n'ayant le plus fouvent que la terre pour loudier,ia chappe duCiclpour. couverture, quelque morceau de pain pour viande, & de l'eau pour breuvage, il arrive à Rome. Apres avoir fait fes dévotions dans ies lieus faints de cette fainte cité, re* çeula bénédiction du faintPere, il fait vœu d'aller vifï- ter le laint Sepulchre , & baifer cette fainte terre ls Cors de fon Sauveur avoit repofé. Comme il eft a Venifa attendant la commodité pour s'embarquer dans la Nave paiiageredes'pelerirïs, il trouva un foir fans logis cou- ché fur le pavé, tout défait, Scdécharné, couvert feule- ment de quelques méchans lambeaus , mais ayant l'ame revêtue de riches &precieus habits. En cet état rendant louages a Dieu, un Sénateur Vénitien îiommé Marc An» toine Treviian, depuis Duc de Venife, couche dans fon

lu,

*jf€ De la Naissance de l'Hérésie, lit,entend une rois frapper à Ton oreille qui Iuy dit,Eftiî raifonnable qêe tu fois mollement étendu fur la plume, & que mon ferviteur gife fur la dure? Epouvanté de cette vifion,il fe levé, trouve Ignace my mort de froit fur la ter- re,ie mené chez luy.&le traitte humainement.

De Venife il fait le voyage de la terre fainte , ou il dé- libère paffer le refte de fes jours au fervice des Pèlerins qui arrivoient de tous les quartiers du monde.Mais com- me les parfuns redent les haillons, mêmes tous déchirez, bien odorans : Auffi dans ce cors tant décharné, & cou- vert de lambeaus , le Provincial des Cordeliers reconnue une belle & fainte ame, laquelle il fonda jufques àl'are- ne : 11 y remarqua quelque chofe de grand. Voyant donc reluire en cejeune front une vieille, fageife, ^beaucoup de pieté, d'ardeur, & de dévotion, il luy perfuade le re- tour en Efpagne,pour apprendre les lettres, fans Iefquel- fivihomL les, difoic- il, la vie de l'homme eft un tombeau. Comme niifefid- les divines infpirations nous portent volontiers aus a- tura.Se- étions y aufquelles Dieu nous a deftiné pour fon fervice, vec' & nôtre falut, Ignace quitte fa refolution qu ilavoitpri-

fe, & reprend la volte d'Efpagne. De retour enfon Pays, il s'adonne quelque tems aus lettres humaines, portie- . . resdesfeiences, qu'il apprit fi heureufement , qu'il fe fie largevoyealaFilofofle. Il continue : cependant fes exer- ces um ^ cices jepieréaYec quelques uns de fes compagnons.Mais •' tout ainli que celuy qui chemine au Soleil, eitaccompa-

* &' gné del'ombre; Auifi celuy, difoit Arifton, quimarche parlavoyedelavrayegloire^ a l'envie pour compagne. Souvent l'innocence n'a pas faute de perfecuteurs: Igna- ce en fit bien tôtrl'eiTay. Le diable pour contreminer par defïbus terre les entreprifes de cet homme , qu'il prevoy- oit deroir être l'un des plus grans adverfaires qu'il eut jamais , luy fufeite des ennemis qui le défèrent a l'inqui- iîtion , laquelle étoit en alarme , à caufe des nouveautez deLuther,&en doute que ce fut quelque hérétique maf- qué^car le peuple couroit après Ignace. Mais ouy, & exa- miné, fa prompte abfolution fît bien tôt paroître fon in- nocence : le ne veus augmenter ma peine , ny celle du le- cteur par le récit de toutes les traverfes qu'on luy donna, qui luy firent quitter l'Efpagne pour venir en France, Se laiifer Sallemanque & Alcaia pour voir cette belle & ta-

^ raeufe.

Liyu V. p 7*7

meufe Vniverfîté de Paris , ou ilarriva l'an mil cinq ccn s vint huit. La il pafla par tous les publics exercices des lettres, mêmes de la Théologie à laquelle il avoit deftiné tous Tes labeurs & travaus : Pendant fept ans d'étude qu'- il employa à Paris,Ia douceur de fes mœurs , fa conven- tion fainte &religieufe,fes propos tous divins, le rendoi- entrec5mandableàunchacUn:carc'étoitune vie toute de Dieu. Ses promenades ordinaires étoient.vifiterlesE- glifes, les Hôpitaus, & les prifonniers :fes exercices, fer- vir, aflifter, & confoler les pauvres, & les captifs : Tes plus riches parures, la haire,le cilice, & le foet-fon entretien. la lecture des livres de pieté;fes baquets la réception tou- tes les fêtes de la facree Euchariftie : Ses propos ordinai- res la beauté de la vertu, & la laideur du péché. Cepen- dant qu'il mené cettevie Angélique, il bâtit un plus grâd deiTeinen fa tête: Car comme le guerrier en qui le Scor- pion afcendant de fa naiiTance a influé la generofité,fe plaît & fe paît des Schiamachies , & exercice du Cirque , lion pour autre deiTein que du contétement, &del'incli- nation particulière qui le portét à la frequétation de ces imaginaires combats: mais foudain que la guerre s'en- tame, il tourne fçs fiens plaifîrs au profit , & deftenfe des fiens, &lesyeus deluy feul, à la confervation de teus* Ainfi Ignace qui jufques alors n'avoit fongé qu'à fon fa- lut particulier , quand il vid la fecte de Luther s'accroî- tre, il tourna tous fos penfers au falut du gênerai ; ayant pitié & compailion de la perte de tant d'ames, quel'he- refîe englouriifoit. D'ailleurs oyançracont^r les merveil- les des richeffes des terres neuves, pour le traftic defquel- les tout le monde voloit, mais perfonne ne parloir d'y al- ler pratiquer pour les âmes de ces pauvres idolâtres. Pro- menant tout cela dans fa fantalie, il fe refout de faire quelque nouvelle & fainte focieté, pour s'oppofer prin- cipalement aus erreurs de Luther : Ce n'étoit pas un oeu- vre d'un jour: Il falloir traverfer de grans & âpres deferts^ & faire de longues Itations. Apres avoir fondé le cœur, & les volontez de fes plus privez compagnons, tâteleur amc, reconnu ce qu'ils y avoyent dedans ( il faifoit chois d'amis de fon humeur, eu Lzs amisfe conformoient à la fiennej il exhortoit ccus qu'il jugea capables à cette hau- te enrrepriie, non toutefois encore bien digérée 3 neuf'

fans

*j6t Delà Naissance de l'Hérésie, fans plus luy donnentleur foy, fe revoiienr avec luy pcf- fônages dignes d'une éternelle mémoire. Nouvelle neuf-

vaine , non des neuf fœurs fabuleufes , mais dts neuf frè- res fîls d'une véritable Mnemofine, conduits par la main favorable d'un nouveau Febus, animé par l'Anthoufiaf. me,non dans l'Aganippe d'Helicon, ains dans la fontai- ne drvine de l'Olympe celefre.

Le premier fut Pierre Faber Savoyard: ïvjais véritable- ment lepremier étoit François Xavier, gentil-homme Bifcain, homme d'un rare fçavoir , plus admirable qu'i- mitable en toute fa vie,illuftre d'infinis miracles. Ses en- nemis ent beau les cacher, la vérité parle par tout. Cet- tuy-eyfh rioic d'Ignace, fe moquoit <re Ces dévotions î maisenfmille devança. "Et quoy qu'il fut d'unnaturel haut, & fier, tant pour fon fçavoir que pour fes richeifes, ' iliot en fin l'exemple, & le vif Image de l'humilité. Les autres furent Pàquier Brouët , & lan Codure François, laques Laines, Alfonfe Sa'meron , & Nicolas Bobadilia Efpagnols; Claude laïus, natif de la.ville de Gencve, & Simon Roderigue Portugais , avec Ignace : Ce font les dis pierres fondamentales de cette eïccllentefamille,ea fis différentes nations , établie en la Ville capitale de France,qui n et féconde qu'a Rome feulement. Ce font les dis conjurez au faîut de la Chretiêté,qui les premiers fe réunirent , pour s'opofer à ce courât impetueus deLu- JluSut ther.Nombre de dis; qui corne Dieu à difpofé toutes cho- "Dtaima- f;s par nobre, poids, &mefure, nous predifjit milterieu- »ta. : femeeles effets innombrables que pieu vouloir faire par ce nombre. Nombre que les Arihmeticiens ne peuvent joindre fans le clorred'un O rond, comme pour nous fi- eniiierque ce nomkre finy par cette rondeur, n'auioit pour autre fin de fes conquêtes infinies , que la fin & la rondeur du monde, & quecedevoi: être le dixième flor, quibriferoit enfin la galère ennemie du Pirate Luther. . Tous ces dis fe trouvèrent en l'Egiife de Montmartre, qui ck aus deifus deï>aris , &là d'unefainte conjuration, rc- y noacerent au monde, fe vouèrent à Dieu le jour de notre / Dame d'Aoû:,l'an 1534 le fuis content tranicrire les pro- pres mots de François de Montagnes, fur l'Antithele de

nôtre Loyola, & de Luther. Martin Luther,dit il,eft lor-

liie, Ignace de Lov< '

ty de FEglife, pour combattre l'Egiife, Ignace de Loyola

/

t I V R I V. 76>

kfi Covtv dumondepour combattrelemonde: Tousdeus de l'Eglife, au commencement régénérez, & engendrez en memes entrailles , & nez d'un même ventre fpirituel, & en même cems commedeusberfons Efali,&Iacob. Lu- ther comme Efu'u devenu grand eft infpirc de Sathan, pour être un tourbillon de l'Eglife , & un puiffant ve- neur desames, pour les faire dévorer & perdre. Ignace corne un Iacob,&vray guerrier, eft choifî deDieucham- pion de fon Eglife,& berger des amespour les fauver. Lu- ther ! aille lapais fpirituelleau monde : L'un quitte les dehecs de Iavie eclefte, & de l'aufteritéReligieufefejet- tcala chair , du jeùneaus feftins,derhumilité à la vani- té, de ia pauvreté à l'avarice, de la règle àladiftolution, &pour mettre fous les piez toute obeyflance & couric fans frein, fans honte, & fans crainte, a toute forte d'ex- cez & de vilenie , donne le cartel de deffi à fon chef fou- verain, & a l'inftant le charge, &luy fait la guerre à ou- trance; L'autre quitte les délices, honneurs &riche(Te» decertevie, & par vœu expics fe joint à fon Capitaine, le chef de l'Eglife: Et fait levée de gens pour combattre pour l'Eglife. Sous luy Luther met en campagne les fan- tômes d'Arrius, de Manichee, de Donatus,&detoute$ les vieilles bandes de Sathan, pour faire une nouvelle ar- mée contre Dieu. Ignace drefle des régiments , & range les efeadrons des faints Docteurs de l'Eglife, pour tailler en pièces Luther, & toutes Ces troupes. Luther s'étudie à peupler le monde de méchans,& dépeupler les Religions de leurs bonnes plantes. Ignace s'efforce de faire un fe- minaire uniyerfcl de gens de bien au monde , & aus Reli- gions.

O r nôtre Ignace gîorieus de cette petite trouppe, m,

. Va à Rome

Nombre petit , mais tout de grand courage, < M apres

Délibère de la conduire en Italie , pour de pafferen la pfafours terre Sainte. Il luy donne ierendé-vous à Venife,&l aille difficultés, le commandement à fon abfence à Faber,comme le plus fon Ordre ancien , & d'âge & de vocation. Voicy un Faber en la eîiafpotu forge,& fur l'enclume duquel farent forgez les traits qui vê, ont terraifé plufieurs ennemis de l'Eglife : Pendant qu'- un autre Faber arme fes Cyclopes contre elle en France, comme vous verrez en fon lieu. Quant à luy, ilrepalfe

Ccc en

77© De la Naissance de l*Hekesii^

cnEfpagne, pour revoir Tes parcns, & fa patrie. ïeae veusfuyvre toutes les pofcs de fa vie , ny reciter le mer- veilleus fruit qu'il y fit : Qui fera curieus de fçavoir tou- tes Tes parricularitez , lifc MafTee , il verra que par tout il pslloir il harceloit les vices , harafToit les méchan- cetez, &c reprouvoit les concupifcences. Ignace après cet- te reveiïe, ayant dit à l'Efpagne le dernier à-Dieu, fe rend à Vcnife, tous Ces compagnons le vindrent trou- ver en habit de Pèlerins, l'onzième Ianvier mil cinq cens trente &fept. tous d'un même courage exercent les œuvres de pieté & charité, fervent les pauvres aus Hcfpitaus. ccnfolent les malades aus maifons, vifitenr les prifonniers aus geôles. Ignace s'arrête a Venife pour faire les apprêts de leur voyage en la Terre- Sainte, & ce- pendant envoyé Ces frères à Rome, lefquels après avoir vifité le fepulchre des Apôtres , furent demander la bé- nédiction au Pape Paul troifîcme, qui tenoit lors le Siè- ge. Comme c'étoit la coutume de ce Pontife pendant fon repas , d'avoir toujours des gens de fçavoir, qui dik couroyen: en fa prefence.- Ces nouveaus Pèlerins fepre- fentent, & entrez en eifeours, étonnent tous les écou- tans deleur fçavoir & doctrine. Ayant JaiiTc cettebonne odeurd'eusenla CourdeRome, ils retournent à Veni- fe pour accomplir leur voyage de Hierufalem. Mais la guerre renouvellee entre le Turc & les Vénitiens, les empêcha d'accomplir leur vcu. Tandis Ignace, pour ne laiiTer oyfifs fes ouvriers, pendant que la vigne de Dieu demeureroit en friche, les diuribu'c parmy les prin- cipales Villes d'Italie , ils gagnent bien tôt le cceur &: l'ame de tout le monde, non feulement à raifon de leur bonne & faintevie, mais auffi pourlemerveilleus (oing qu'ils avoyent d'inftruire la jeuneffe, ayant remis fus 1 ancienne façon de l'Eglifcja de longtems entre- mife, quiétoitdecatechiferles enfans, leur faireren- dre raifon de leur Foy. On leur en menoit à troupes, ce qui rapportoit un merveilleus fruit à ces petites créatu- res, & Un grand contentement aus Pcres. Quant a luy accompagné du FeuYre, de Laines, il s'en vaaRcmc, à- fm de faire approuver au faint Père la fainte Société qu'- il vouloir dreiier pour la defrtnfe de la foy. Car jufques àlcis ils avoyent reçu comme iîmples Prêtres, ians au- tre

LtUB V. 77Î

treregîe, ou vccu particulier. Comme il futprezdela Ville de Rome, étant entré fuivant fa coutume dans une Eglife qu'il trouva en chemin, étant à genous devant l'Autel, I e s v s-C h R I s t s'apparut à luy en vifion, qui luydit: Ignace, ie te sera y favorable a Rome. Ce fut ladeffus oùiljetta l'anchre facreedefon efperance, &d'ou il prit , & donna nom à fa Société, eommejediraycy après Ayant euaccez au faint Pere,par le moyen du Cardinal Contarin , le parangon des lettres decetems-la;il luy fait le difeours de fa vie,&de fes voia- ges . du deffein & fainte refolution qu'il avoit prife avec fes frères pour le fervice de 1 'Eglife,menaiTee d'un grand & dangereus Schifme : Offre fous fon commandement aller en telle part que fa fainteté ordônera, voire aus An- tipodes annoncer l'Evangile, aveeleveeu deperpetucllé chafteté, pauvreté, & obédience : Luy prefeute toute fu- jettion a PEglife, au faint Siège, & au faint Père, qui peut &doit, comme premier maître d'Hôtel de lamaifonde Dieu, diftribuerà fes ferviteurs les charges telles en tels lieus qu'il juge neceifaires.

Mais comme toutes ces nouveautez font fufpecles à Rome, qui ne fefoû tient que fur lcsvieusfondemens de l'antiquité; Le Pape fit difficulté de luy permettre l'éta- bliffement d'un nouvel Ordre, & le renvoyé à trois Car- dinaus pour examiner ce fait. Ccus cy fe montrèrent encore plus difficiles, fur tous le Cardinal Barthélémy Guidicion, homme à raifon de fon fçavoir& benne vie & de grande aurhorité a l'endroit du Pape. Celuy- la s'y ©ppofe fort & ferme Dit que la multitude &diverfîté des Ordres, apporte plus dedefordre &confu(ion que d'uti- lité a l'Egiifc , qu'il les faut reformer, & non pas en for- mer de nouveaus. Mais Ignace, fçachant que la fortune peut bien s'efforcer contre un homme confiant, nou pas le forcer^e battre oc combattre , mais non pas l'abat- tre 3 luy refifter, mais non pas periiftcr, forcée de faire cé- der aus contre-efforts plus forts de la confiance , fon in- constance, emporté de îele par-delïus toutes ces difficul- té! & remîtes , efperant d'un affaire pénible une grande gloire,d*une entreprife difficile un glorieus iuccez,& d'u- ne épineufe exécution une immortelle couronne, m* perc «œui^ains feroidic au refus de fa requéte.Refblu do^c de

Ccc i vai;\.,

77i De la Naissance de l'Here'stb^

vaincre toutes ces difficultez, & furmonter l'envie, Se U jaloufie, épies importunes du bien des humains : Car les anciens ordres redoutoient l'établifTement de ce nou- veau^! bat à toutes les portes il penfe trouver quelque faveur, ne cefTe de prier Dieu , implorer l'aide de toute* les âmes dévotes de Rome; importune le Pape^Sc les Car- dinaus; fejettefouvent à leurs piez, les fupplie, & con- jure au nom de pieu, ne rompre un œuvre faint , au- quel il n'é toit pouffé que pour le ze'e du commun inté- rêt de la Chrétienté , rappelle à foy & à Ton fecours tous fes frères qu'il avoir envoyez a Padoiie, Sienne, Ferrai e, Boulogne & autres !ieus:Brefil fait tant que le Pape vot- ant la confiante refoîution de ces gens , le commun voeu des peuples , par l'avis de tout le Vénérable Collège dts Cardinaus, approuva & confirma leur inftirution, difâne lors qu'id vid ie livre de leurs Exercices , & de leur Règle: L'Esprit de Diev est icy. Iugement irrépro- chable d'une compagnie tant illuftre, fuivy depuis de tous les Papes qui ont prefide au faint Siège, & de ce grâd Concile de Trente. Cette confirmation fut faite le vint- huitiéme Septembre, mil cinq cem; quarante, datte re- marquable, parce qu'environ ce tems l'Herefîe qui fé- conda, voire furpafla celle de Luther,s"éiabiit tout a fait dans la Viile de Genève , comme je diray lors qu'elle en- trera en quartier, & que je parleray du Schifme de la France. Le faint Père pourtant voulut rétraindre le nom- bre à foixame, defirantencor l'éprouver plutôt que les approuver du tout, & félon le fruit qu'ilsferoien^eu ac- croître ou diminuer le nombre. IV. Ayant ainfi jette un fi bon &folidefondement,fous

jVJperfe l'authorité du Lieutenaut de Dieu en terre , tout luy fait feicompn- jour. Il voit que rien ne luy peut être impofîîble fous des gnempur aufpices fi favorables: Ignace donc commence àmettre toute la la main à rccuvre,renvoye fes frères par les villes d Italie, Cbretiële. pour y purger les corô infectez, & affectez de leurs pec- cantes humeurs, &mauvaifes mœurs. Ils vont devilleen ville,dc village en village , condamnant les vices, perfua- dant les vertus,confut.ant les erreurs, confirmant la veri- te,catechifaut ie fîmple peuple, lequel n alloît à la Meffe que par coutume. Bien louvent parmy les foires, & mar- chez montez fur quelque lieu élevé , ils failoient des re-

môn-

Livre V. 773

môntrances& exhortations aus afliftans, pour les reti- rer du vice, & exhorter a ia crainte de Dieu. La grandeur de leur zèle, & la charité a l'endroit de leur prochain, les fait admirer d'un chacun ; Lors la dévotion Chrétienne étoic fort attiédie, fi ellen'étoitdu tout refroidie ; Mais Ignace fur tous, porté d'une ardeur incroyable en Ces Sermons , faifoit foufpircr les âmes les plus froides, rc- chiuffjit les cœurs pîus glacez d'un feu tout divin & ce- lefte , qui fera bloic être promis en luy par l'Anagramme de fon nom, qui dit,

IGNATIVS DE LOYOLA. O IGNIS A DEO ILLATVS.

Comme le nombre de foixante fut bien tôt rempîy, aUflîla renommée vite-courriere des chofes de ce mon- de , porta bien tôt la nouvelle de cette nouvelle Société: Si que le Roy de Portugal en cherche de quelques hom- mes defçaYoir,&zeicza l'honneur de Dieu, pour envoyer aus Indes , fut averti par Gonea grand homme de lettres, fejournant à Paris,de ces nouveaus Religieus,quis'étoi- encen partie voliez à cette fainte négociation. Le Roy donc dépêcha à Rome, commande a fon Ambauadeur Pierre de Mafearegne , impetrer du Pape fis de ces hom- mes pour faire voile aus Indes, &y tranfporter du plant des vignes Chrétiennes, complanter une jeune plante à Dieu, dans le terroir du Diable. Efperant avec ces per- fonnes defarmees de toutes autres armes , fors la Crois, domter ces peuples barbares. Le fucCez,comme il fe ver- ra cy apres,répondit afondeilein; L'AmbaiTadeurayant prefenté des lettres de Ion maître au Père Ignace , il luy en accorde deus fans plus, à fçavoir François Xavier Bif- caïn, & Simon P^oderigue Portugais. Ceus-cy arrivez, le Roy retint ce dernier en fon Royaume , pour fonder le Collège de Conimbre , le premier qui fut jamais étably, &lequcl a été depuis lapepinierede tant de beaus efprits qui ont peuplé , non feulement la vieille , mais au/li la nouvelle Efpagne, & les terres de l'une & de l'autre Inde: Et qui ont îiheureufement travaillé à la conver- fion des Infidèles au lapon, en la Chine, Perfe, ./Ethiopie, & autres lieus, comme je diray avec plus de loifir , caria neceilité de ce difeours m'y tirera. Quanta Xavier il

Ccc 3 monta

774- Dz la Naissance de l*Hiresie,

monta fur mer, bien aife de prêter la main a une fi fertile moilfon, pour aller a la conquête, & trafic des âmes Infi- dèles aus Indes, aiant Dieu refervé ces peuples infinis fous l'autre Emisfere,pour la gloire'de ce Tien champion. Laif. fons cingler les voiles a cet Argonaute Chrétien, admi- rable champion de laFoy, qui porte avec foy la Toifon d'orcn cettenouvelle Colchos, pleine de Dragons, de Toreairsvomiifantlefeu, &deMedees enchantereffes; &qui voguepouraller arborer la Crois outre ies barriè- res & limites du monde. le le reprendray en fa faifon,touc couvert d'honneur & de gloire.

Dans peu d'années cette trouppegrofîît beaucoup: C7î" ne ^ar ^e ^f* voyant le grand fruit, leva les defFcnfes,& ou-

j Z,n~, vric la porte a tous ceus qui y voudraient encrer; de forte an nom ,'r , i * v \ i »

r^ quepluiieurs s enroollcrent tous la bannière de Ies v s.

J Ce futlaleurEnfeigne, ce fut leur nom : Car leur fon- dateur fuyant cette ambitieufe gloire d'appeller fes frè- res Ignaciens , voulut qu'ils raflent appeliez du nom de Iesvs . comme nous fommes appeliez Chrétiens du nom de Christ; ce qu'il avoit roujours defiré depuis la vifion qu'il eut arrivant a Rome. Le faint Pcre les con- firma en ce nom de la Compagnie du nom de Iesvs, &C depuis iaffemblee générale de lEglife rapprouva,d'où le peuple a ba:y ce nom de Iefuîte. Nom qui porte en for les marques de la dévotion, & de l'honneur qu'ils ren- dent au l'acre nom de I e s v s. Lequel chacun peut pren- drc,perfonnc n 'en étant exclus , non plus que les Princes Chrétiens ne font point interdits de prendre le nom de Chrétiens , à caufe que le Roy de France s'appelle tres- Chrctien.Et ceus qui fontplus particulièrement vouez an fervice de Dieu, font nomez gens d Eglife, fans toutefois obliger perfonne a n'être d Eglife qu'eus. Les premiers Chrétiens s'appellerent d'une vois commune Chrétiens, dunomde Christ, qui étoit le nomdu Meflîe, Se lepluseitimé entre les Iuifs. CeluydelESvs étoit com- mun parmy lesHebrieus : Et remarque- on en la Paûioa du Sauveur , que les luifs ne s'offenfoyent point de l'ouyr nommer I s s v s, mais bien le Christ, telle- ment que les Apôtres prindrent le nom de Christ, deu vrayement au Fils de Dieu. Ignace prit çeluy de la Compagnie de Iesvs par humilité, ce fe roulant dire

l'ail*

Litre V. 77j

Tautheur deu* faintcejvre, Nom de douceur &dcbon- nairete'; Nom que les Catholiques révèrent autant que les dévoyez le tiennent à mépris: Ils fe contentent de remplir leur bouche de Ch ri s r, & point de Iesvs. C'ct l'origine du nom de lefuîte, odieas à pîufieurs parmyles miferables confuhons, & defordres dufieclc ils fe trouvèrent depuis engagez, qui les condamnent par leur feul nom, comme on faifoit les premiers Chré- tiens . Mais qu'a fait leur nom qui les rende crimi- nels ? Quelle nouvelle accufation eft czcy connue les vocables ? Ce nom Iefuîtene Tonne autre cbofequc fer- vitcur de Iesvs le Sauveur, non pas comme badine Chemince &Sclufemburgius,ennemy de Ies v s. Nom qui véritablement leur convient pour avoir fauve tant û'ames, & remis au bercail du Sauveur un autre mon- de. Ainfi appelle on les fidèles de la Trinité , les fil- les de Dieu, les Chevaliers du Saint Efpric , de Saine Ian,& autres.

Cwtte Compagnie ainu" multipliée s'e'carte çà & là. Ignace e'Ieu gênerai demeure à Rome , qui eft comme le rende vous des affaires du monde , retenant avec luy Salmeron & Codure , pour pourvoir de au reftede la Chrétienté, & diftribuer ceus qui s'enroolloyent fous la Compagnie. Son premier chef-d'œuvre , futlaconver- fion d'un Luthérien qui s'étanc tapy à Rome , commen- çoic à faire fes fecrettes menées & pratiques. Tous les Théologiens qui luy furent mis en tete, n'en peurent venir à bout, & le feu! Ignace ayant eu congé de l'ame- nerchezfoy, le ramena à TEglife, luy fit faire confef- jûon, & abjuration publique. Il efl impofTible, difoic ce Luthérien, lors qu'on luy demanda la principalle rai- fon de fa converfion,que la vraye Foy,& la vraie Religion ne fe trouve l'union &: la charité eft fi grade, U volon- té' fi bonne, Se les actios fi nettes & entières. Ignace s'op- pofa aufli vertseufement aus deifdns d'un autre Luthé- rien , lequel fous l'habit d'Auguftin qu'il portoit , étoit monté en chaire, femat peu à peu rhere(ie:Mais ce chacre Lcy abn* ne gagna pas plus avant. Plulieursluifs auffi quittèrent gtt qui leurs Rabins,reçeurét le baptême, inftruits &catechifez faiftit par Ignace , qui obtint du faint Père l'abrogation de cet- perdre s:tt scLoy, qai portoit la perte, Scconfifcacion de leur bien lui/s leurt Ccc 4 eauaac

77$ De la Naissance de l'Hereste, liens lors entrant au Chriftianifme, loy pourtant jadis faite abon- da'*/* *»- ne fin, pour remettre d'autant plus leur conversion a 1 é- Sroitnt au preuve.

Baptême. La liberté à crier contre les vices luy fufeita plufieurs ennemis refolus de le perdre. Toutefois ce grand Dieu qui voit les choies avant qu'elles foient faites, qui étouf- fe nos penfees,&renverfe nos defTeins,le garemit de leurs embûches. Comme aufîi il délivra fes autres frères épars çà&là, des piégés qu'on leur avoir drefTé. Si qu'en fin commes braves , & genereus Hirpiens , ils pafferent par- deiTus tous les brafîers qu'on leur mit au devant , fans é- tonnement ny dommage quelconque. Voicyune autre forte de guerre que le Diable luy dreiTa , d'autant plus dangereufe,qu'en apparence elle étoit douce &agreable, puisque!acalomnien'avoitpeutrouverpriiefurluy,non plus que les guêpes fur le cryftal bien poîy, ouïe fa us dia- ment fur le verre lifTë. Il voulut les attaquer par une con- tre-rufe. ▼x. Ignace fait fageaus dépens d'autruy, pourconfer-

ïambi- ver toujours fa compagnie entière, avoiepofé désl'en- sion ïânïe tree une très- forte barrière pour boucher toutes les ave- deUur to- nues a l'aveugle ambition, qui agueule-bee court après fagnie. les grandeurs du monde. Sçachant bien que toutainfî que pour trop arracher les greffes d'un arbre, on le rend en fin du tout abâtardy , & que pour avoir trop dépeuplé les compagnies Religieufes de leurs meilleurs hommes, onles avoit en fin defertees , & prefque perdues , dequoy la famille de faint Benoift donne aiîez de preuve, delà- quelle feule on a tiré vingt-quatre Papes , deus cens Car- dinaus, fis cens Archevêques , quatre mil Evéques. Car il ordonna qu'aucun delà compagnie ne pourroit afpi- rer à charge , ny dignité quelconque. Que content de la qualité de fimplelefuîte , ii ferviroit à /Eglife , la part il fercit envoyé. Or l'Empereur ayant pris en afFeciion pour fes vertus & rare fçavoir, le Père Claude laïus, vou- lant franchir cette ordonnance, il le nomme en l'Evé- chédeTriefte , grand' & riche Evéché au Paysd'Ifhie: fupplie le Pape l'honorer de cette charge. laïus la refufe, comme honneur éloigné de la profefîion d humilité & pauvreté qu'il avoir fai:. Ce refus embrafa davantage le «lefirque l'Empereur avoit allumé de foy-méme, pour

Pçftimi

L i v r b V. 777

l'eftime qu'il faifoit de laïus , luy femblant que Icflam- beau d'une Ci grande modeftie , conjointe avec une ù ra- re vertu & érudition nedevoit pas demeurer comme ca- che es ténèbres d'une vie privée , ains être mis en la veuë de tout le monde. Il preiîe le Pr.pe, & quelque prière qu'- Ignace luy fift par fes lettres, ne fe veut defîfter de ion en- treprife : Enfin le faint Père vaincu de Ces prières, com- mande a laïus de l'accepter, le difpenfe de Ton vœu. Igna- ce fe jette à Tes piez, fupplie la Sainteté ne vouloir ruyner, &e'toufFerdans le berceau la compagnie quifemblede- ftinee de Dieu, pour être le fléau des herefies. Que Ci cet- te dangereufe ouvercure éroit faite , que les mures & les chapeaus rouges peuflent monter furies têtes des Iefuî- tzs,&: par côfequent afpirer à pouvoir atteindre aus clefs de iaint Pierre, toute la Chrétienté avecjufte occafion les marquera d'ambition & légèreté. Ils auront la bou- checlofe, &ne pourront félon leur deffein exhorter les peuples à fuir la gloire du monde, embrafTer l'humilité, & mépris volontaire defoy-méme : Et bien tôt la com- pagnie fe verroitvefve des .meilleurs hommes qu elleau- roit élevez pour enfeigner, prêcher, & combattre les he- refies. Ce fut- le plus grand & rude combat , qu'il eue à fouffrir : Car le Pape ne vouloir déplaire à l'Empereur,, ny révoquer fa parole , & trouvoit utile d'aueoir fur les bouîevars &échauguetes de l'Eglife de telles gardes, 8r. fentinellts qu'étoit laïus. En fin Ignace par l'entremife de Marguerite d'Autriche , fille de Ferdinand , grande- ment affectionnée a la compagnie, déchargea laïus de ce fardeau : Et d'un fécond mur mura la porte à l'ambi- tion, contre laquelle elle fit jouer Ces petarts , & drefla nouvelle batterie , quand Pie IIÎI. voulut donner le Cha- peau au ReligieusBorgia, & Sixte V. de nôtre tems, au fçavarî t Tolède. Mais l'un & l'autre fe laiffa vaincre pour lors aus juftes requêtes du General , ôtant pour jamais l'efperance aus Iefuîtes , & par confequent la volonté d'atteindre aus grandeurs, & dignitez du monde. Que fi Clément huittiémea honora iePere Tolède du Cardi- nalat, ce n'a pas été fans que le General Claude d' Aqua- viva,fils du Duc d'Attry, Prince Neapolitain,ne s 'en foie cmeu , & fupplié le faïn5 Siège de n'enfreindre les règles de la Compagnie.

Ccc 5 Mais

778 De la Naissance di l'Heresib,

Mais quoy que de puiflfance abfoluë le faine Père leur puirTe commander, fîeft- ce qu'il s'exeufa fur ce que To- lède avoic depuis vint-cinq ans été domeftiquedes Pa- pes,ayant fer/y Pie V. Grégoire XIII. Sixte V. Grégoire XIIII. & Innocent VIII. de Prédicateur & Théologal , vi- vant hors de la Compagnie , encor qu il fut un des pre* jniersornemens d'icelle.

Tolède mort fa fainteté a voulu fubftituer Bellarmin en fa place. Ce grand Bellarmin que je ne pourrois aflel dignement louer , qu'en avoùan: qu'il furpafïc toute louange. Cette belle police a été maintenue jufques icy, &fera toujours fou tenue en fa grâdeur , fuyant les gran- deurs du monde. Cet ce qui l'a confervee entière, puis que l'ambition ne luy a peu enlever les Borgias, Maldo- natjTurrianuSjPJberajCanifius, &cenr autres homme? ^'un rare Se exquis fçavoir , le no defqucls vivra glorieus dans la mémoire longue,& bien heureufe,de lapofterirc: Et puis qu'elle en conferve encore chez elle mille & mil- le plus contents de leur fortune , que s'ils avoyent leur chef honoré du Chapeau.Lcs âmes qui fe font confignees entre les mains de Dieu, ne demandent autre grandeur <jue celle qui fe trouve en elles-mêmes. *^.t Jg Or pour retourner à Ignace, après avoir longuement

i*y$U, fué au gouvernail, & a la conduitte de fa petite flotte, montré parmy tant de tempêtes qu'il e'toit un fage & a- vifé Pilote.faifant touj ours tête a la fortune, lors qu'il la voyoit plus couroucee,il fut attiré par le courar de la na- ture au port du Ciel, pour y recevoir la recompenfe de fes travaus.-Car après que Dieu qui le vouloir apeîler,luy eût "donné le loifk de méditer fon départ, de repufler par tous les fcntîers de fon pèlerinage, d'envoyer demander fa be« médiation au faint Pere,& qu'il eût difpofé des affaires de la maifon.il rendit l'ame entre les bras de Ces Frères , l'an 1556. âgé de foixâte cinq ans, avec une mort aum" paifible, comme fa converfation avoit été douce. La bonne iflu'c ce cette vie eft la meilleure chofe qui puilTc avenir à l'ho- me, difoit un bon Empereur. QU-1 exemple avons-nou» plus illuftre de l'anciene faïntete,que cet homme?Roms il trcpa{fa,en porta le daeil, tout p!eura,tout le regret- ta. Ainftvéquit, ainfî mourut ignace de Loyola, Fonda- teur «ie cette grande & do&e Compagnie des lefuîtes , U

plus

Livre V. 77*

»lu*orand, & ferme ramparc qui fut jamnis contre les Herelîes. Quurede la première dixaine étoiènt decedet avant luy,ai^avoir Codure a Rome l'an i54i.Faber autfi à Rome,lâ i54.6.Xavier en la Chine, l'an 15 ji.Iayus a Vien- ne aumémeamçîi.Cinqluy furvéquirenr;, dont Broiiee deftiné pour la France mourut a Paris , l'an 1561. Laynei qui fut gênerai après le Père Ignace a Rome, l'an 1565. Ro- dengue a Lifbonne , l'an 157?. Salmeron a Naples , l'aa mil cinq cens huicante cinq, &Bobadiila.aLorectc, l'aa mil cinq cens nonance.

Pais que les peintres de l'Herefie tirent-, &au crayon &au pinceau dans leurs livres , avec de fi belles & riches couleurs, les vies de leurs Apoftats 5 ne pourroy-je pas é- crire celles de ces hommes de Dieu, chers nournlîbns du Ciel, Ambaffadeurs delà dodhine Chrétienne? Heu- re ufe trois & quatre fois la vie de ces gens , qui exempte de tant decuifons, feennuys, qui minent &. confumenc nos ans , pafife dans les dous & gracieus repos d'une de- meure fainte & rçligieufe. Encor veus- je, avant que fer- mer ce chapitre , dire , que les deus plus grans Prêcheurs que la France ait veu , ont été Emond Augier Champe- nois & Clément du PuyParifien tous deus iefuîtes,grans Théologiens, bonsFilofofes , fort diferts & éloquents, propres a paîtrir a toutes formes & figures , les âmes des auditeurs, leur arracher &: arrêter les foûpirs, faire re- jaillir & tarir les larmes de leurs yeus,& les tourner à leur defTein & projet. Le premier avoit une grande ame,hom- me courageus , laborieus , toujours en action, qui abou- choit volontiers les Roys & les Princes. Aufii fut-il fort * prive de Henry troifieme. Cet Iuy quijetta heureufe- ment les fondements des Collèges de Dole , Lion , 8c Bourdeaus. Sur fes derniers jours quittant la Cour, pour fe repofer , & méditer fon départ de ce monde , il le retira à Lion : Mais la nouvelle de la mort du Duc de Guyfe, ayant rendu aucuns du peuple mal-avifez , fu- rieus &inlenfez jufques a ofer courir aus armes contre fon Roy:Le Père Emond ayant pitié de l'erreur ou le peu- ple fe plongeoir, & tachant par fes doctes prédications remontrer au peuple le tort qu'il fe faifoit de fe rebel- ler; foûtenant ce bon Prédicateur la juftice , ferviteux de fe» Prince, duquel il avoir fouvent manié la confeience.

Enfin

7$o De la Naissance de l'Heresie,

En fin pour tre délivrer delapreiTedecette multitude em- portée de deiiii, & aveuglée de rage,il fut contraint, non ieulementde quitter Lion , mais la France, & fe retirera Corne , où:l mourut l'an mil cinq cens nonanre. L'autre étoitdésfaje unefle d'une amefimple, débonnaire, dou- ce, vrayemen : religieufe , toute du Ciel, & retirée de la terre. C'étoit le mieuscompofé naturel, égal, modéré & raffis, que j'ay jamais conneu , l'entendement le plus éle- yc, pluschoifi , plusfingulier, fi riche aurefteen Tes dis- cours, fi véritable en Tes peintures , fi nayf en Tes defcrip- tions, qu'il ne 1 afloit jamais les oteilles des aiîïftans.Auilï fçavoit^il de fo n ame , faire pafler & diftiller fes pallions. & affections ei i celles de fes Auditeurs ; & pour parler de luy fon éloquence feroit neceflaire. Lors que ce grand orage cuida abîmer cet Ordre des Iefuîtes , comme vous Yerrez,quand je traitteray le Schifme de la France.il vint en Guienne, pour y rétablir ce que le premier avoir fon- dé. Mais comme fi Dieu eût envié ce bon-heur aus hom- mes, il fut retiré de ce monde au plus beau de fon âge. le veus avec m es larmes3& mes regrets, témoins de l'amitié que je luy ay porté, faire le récit d'une chofe étrange, qui avint peu dejours avant fon decez. Comme ce bel efpric préchant les quatre fins dcl'homme, eut ravy tous les é- coutansdela richefie de fes difeours, reprefentant tou- jours ayee des paroles fi bien choifies & triées, les apprêts &douieersde lamort,rerTroy & l'horreur du jugement, les tourments & peines de l'enfer, & Iajoye & félicité du Paradis; il avint que l'Avocat la Cour, homme d'hon- neur & de beaucoup de Lettres, couché dans fon lit , en un profond ifommeil , voit en fongé ce bon Père étendu au cercueil : II fe peine , pleure , & tout dormant en ce travail, forge fon Epitafe. Eveillé comme tout en pleurs, atrifté d'un fi funefteprefage, fe fait porter delà lumiè- re , écrit les Vers qu'il avoit bâty dans le fommeil , & ar- rivé à l'Eglife Saint Pierre, pour ouyr fon fermon,iî nous fait le récit de fon fonge ; Nous porte fur l'heure les tri- lles Vers , & les nouvelles de la mort de celuy qui étoic lors en chaire plein de vie & de fancé , peignant avec mil beaus traits la beauté du Paradis , dans peu de jours il alla iouyr de ce qu'il avoit fi bien reprefenté. Ces Vers qu'il taina fans autre pollilTure que celle cjue le fonge

lu/

i i v a i y. 781

luy avoît di &c , coururent fur l'heure en I* main de plu- fieurs, affligez d'un fi mauvais augure^efqu els j'ay voulu loger en ce lieu.

Prœpete dum tories errabat ad aflra *\d atur Mentis cr hmc animi motu dum cœrul a Cali Templafrequentabat}tandem huncfufa 'fit oljmpm ^Zternum, ipfe prior ta-leftii imagine fo. rmà. Cap tus ; ^/tcerbaigitur nobu non moms. ademit Te Puteane diesjed dum te ad fidera toi 'is, ifyue, redifque animo confuetum limen oljmpi, Terrea fublimem te ~\utareliqu!tin ajb isy Candtdus ut degat cum Dfjs cœlejlibus 4 vum: tuceat <cr ntinc te cAo nonpurior ignis.

COMMENT LES IESVITES liNTRE.

KENT EN AlïMAGNE, PVIS s'* PANDI-

rent par touc le monde. Chapitre III.

les Jefiutes pajfent en

^/tlemagne. 1. Providence des pontifes

Romains pour le falur

deU Chrétienté.

3' Commet les le fuîtes me-

nagent les bons écrits .

Le grand non ibre de CoU legesdesle] 'uîtes^ùily a en ^/£lem agne. 5. En Polongné ey> autres hews cireen voifins* 6. Grand nomk re de Iefuîtes parmy le n tonde.

LA jaloufîe qui fut entre ces deus grau s Monarques 1. François Roy de Frâce,& Charles Em pereur, &Roy tes ItfnU des EfpagneSj laquelle continua comme héréditaire Us ptjfent à leurs fuccciieuis Henry, & Filippe, fut c aufe que le Lu- in Alems* tneraniimeétourdy du grand coup qu'il JYoitreçeu, par »nu laroute&derrjue'deksprmcipaus Cne£i3 revint de fa

pamoifon^

?3i De la Naissance î>2 l'Hère su,"

pârnoifon, &:\ eprint co.T.mcunc nouvelle vie, le nourrît fane dans lefr u,& les divifîons de Tes Princes qui diffé- rent foixante huit aimées pendant leurs regnes,pour en- vahir les terres l'un de l'autre. Chacun d'eus tâchok de fe fervir des Pioteftans , qui liguez avoient étably com- me un autre Empire dans l'Empire : Mais n'en.barraf- fons pas tant les affaires d'Etat. parmy ceus de la religion. Comme le principal fais de la guerre quel Herefie avoir, deffeigné, contre l'Eglife, tomboiten Alemagne: Aufil fut-ii neceifaii ed'y apporter du prompt fecours, faire des apprêts pour l'aflaiîlir dans fa propre conquête Joindre de nouvelles le plus vigoureufes forces , a celles qui étoi- ent fur les liens pour la guerroyer. Le premier du part/ des Iefu'ites : tjui fut dépéché pour 1 aller reconnoître, & attaquer l'efcurmouche,fut Pierre le Feuvre, conduit par rAmbaiTad€urdel'Empereur,qui 1 avoir envoyé deman- der, lequel fe trouva a la Dietede Woimes , ou l'Hercfie futmifefurlc bureau. Cettuy-cy éteir d'un village près de Genève, qui dés l'âge de douze ans, gardans fes brebis fit vœu de perpétuelle chafteté ; Il fe rendit depuis par la vivacité de loi i efpritun grand pafteur delà bergerie de 1e s v s C h r i st , & fut le premier qui s enroobafous la bannière dr père Ignace, comme j'ay dit ailleurs. }1 r.Hqait L'Alcmag-ïîe iuyfkun favorable accueil, il avoitur.a jjc6. admirable g.'5 ce a s'infnuer au coeur cesgrans, &une prudence for? difererre pour s'y maintenir, & bien ufer de leur faveur. Il fut fort agréable aus Cardinaus de Ma- jance, & d'Aa&ourg.Evéquede Spire, & pour fon invin- cible patisr.ee, & ardente ciiarÏEé, jetta les premiers ren- dements delà compagnie des Iefuïies en ces Pays- la, il y aaujourd'ùuy teptante Collèges, nourriiîîiers de mil & mille bons < fprits & faintes âmes. Le Feuvre fut biea tôt fuivv de qv, tiques autres, mêmes du fçavant Camiîus, allez remarqué par fes écrits. Leq «ici au bruit du pereFa- bervint deCo.'ongne à Majance pour le voir , & f e ren- dre des fens. Cependant que ceus- cy vont faire la décou- verte & foncer le gué, le Cardinal Moron , qui fut Légat dufaint Siège a a Concile de Trente , a la pneied'Ignace fonda un Séminaire des Alcmans a Rome, oupluiieurs jeunes hommes de cette nation furent mfrruits. & élevez aus lettres, &fèr tout en ia pieté & qîyquoû, d'oupui»

après

LlVR! V. 'fii

après ils étoyent dépêchez pour fecourirleurparric. Ce Collège fut doré de beaus & grans revenus par ce Cardi- nal, & depuis augmenté par lcPape Grégoire XIII. pour garentir ces gens d'étude de lanecefîité, comme je diray plus particulièrement ailleurs.

C'a été une belle inftitution des faintsPeres, &di- Ir; gnes des Pères de la Chrétienté , qu'à mcfuie qu'ils ont frovidttù tcj quelques peuples fe dévoyer delà foy Catholique, cedeiïon. ils ont auflï tôt élevé des farcs , bâty comme des ports & ttfet j^, des havres dans la ville deRome , pour recueillir les nau- maimfoup frages des nations inondées par 1 Herefie, & y attirer U fi lut de ceusejui tourmentez des flots, dreifent leur proue à ce UCkn. faintHerme. Cet ils font élevez, & inftruits en la titntit religion Catholique, afin que le tems du chatiement ex- pire^ quâd il aura pieu à Dieu jetter fes paternelles ver- ges au feUjils peuiïent fervir pour replanter en leur patrie Ja viçne du Seigneur, qui aura été arrachée: Car outre ce grand Séminaire qu'il y a par toute l'Italie, on y voit le Collège pour les Grecs , pour les Alerr.ans , 6c Hongres, pour les Anglois, pourles Arméniens ScMoravites, &i pôtreDamede Lorctte pour les Efclavons : Belle & ad- mirable police de lEgiifé ! fage & prudente conduitte de chef qui prelîde en icci!e,fous lequel prcfque toute la ter- re fe meur't:François Borgia Duc de Gandie, Prince allie de bien prez de la couronne d'Efpagne , ayda beaucoup à la fondation du Collège Romain. Celuy-là fe mit en la compagnie, & d'un grand Duc devint un pauvre Iefuîte, comme je diray cy après. Le rabais qu'il fit de la grandeur fu: d'autant plus émerveillablc, qu'il étoit fur le point de monter aus plus hautes dignitez "du royaume. Il fut fuivy de Dom Antoine de Cardcne,yiïu d'une des plus illuftres maifons de i'Efpagne:De Sanches de Caltille,de Dom Pierre de Lcdofe, Dcm laques de Gufman , & autres Sei- gneurs: Tous lefquels s'enroollerêt fous le gênerai Igna- ce,changeant la domination en fervitude,le commande- ment en obédience, les richelîes en pauvreté, & la liberté en fujetion.Or tous ces Collèges & Séminaires Romains; de quelque nation qu'ils foyent , font fous la charge des Iefuîtcs, conduits, réglez, & gouvernez par eus, avec une admirable poikc pour la direction de ces jeunes efprits ^u'oû délire cicYerde la terre peur les approcher du ciel.

Braves

III.

7§4 De la Naissance de l'Heresii;

Braves Soldats qui apprêtent, forgent, &fourbifîent, â* vec un foin continuel les armes nectifaires à la guerre ipirituelle, contre le Prince des ténèbres.

Ce fcntdegrans &fages ménagers, & des cors & des Cemmtn^ ames, gens qui les fçaventheureufement manier, &con- Its tejui ts Juire avec tant de ioin , qu'il n'y a heure de leur vie qui V'en??tnt ne foit emplo) ee pour la fanté de l'ame,& culture de l'ef- i. prit. Souventay je admiré en leurs Coleges, non feule-

9£Ttt$. mentrordrej&belieinftrudiondeleurjeuneiTe, mais auffi le ménagement qu'ils font du tems , fans qu'un feul moment fe paile, que quelque ligne ne foit tirée de fort point, ny que l'étude trouble !a dévotion, ou que la dé- votion retarde Tétude. Ils ne ïaiffent par trop afiouvir les efprits , ny affommer les cors fur les livres. Et comme un fage Veneur, retire le ttaitde fon limier échaufé en fa quête, comme le bon ménager nepreffe les terres fer- tiles: car leur fécondité trop importunée en fin les épui- feroit de même retirent- ils à certaines heures, ceus qui font trop chauds après les lettres , & les font étudier par compas, voire les forcent un jour delà femain éprendre leschams. Vnd entr'eusa la charge d'aller éteindre les lumières à dis heures en toutes les chambres, afin qu'un chacun ferepofe, & recommence fon labeur plusgay au retour du Soleil: l'en ay veu pîulieurs qui à faute de lu- mière m'ont dit avoir paffé les nuits à l'étude, tout au- tant que la Lune leur pretoit fa clarté. Et tout ainfi que les fages Médecins deffendent à ceus qui ont la veùe foi- ble& débile, fe prefenter du premier coup à une grande ]ueur,&d'un heuobfcuries font avancer vers un lieu qui foit ombrageus, puis peu a peu l'accoutument à une lu- mière découverte, ny y lus ny moins ceus qu'on délire en- rcoller au fervice derEglife,&qui doiventpafTerparces Séminaires, principaleroctpourl'Alemagae, nefonr jet- iez au fortir des lettres humaines & expofez au Soleil des faintes Efcriture;: On les enapproche'peuapeu. En ces côpagnies tout va par ordre Se par regle.Ce n'ét pas com- me en la jeune Egtife reformée de ce liecle, fans avoir connoiilancedes langues, portières delà Théologie, ny couru la carrière accoutumée , d'un plein faut on met en chaire des Echoîiers, & quinefçavent de caquet qu'au- tant qu'on leur en a appris , comme des pies tenues en

mue.

Livre V. 7S5

«iu'ë.Les L utheriens font plus reglez,ils ont leurs ordres, leurs degrez comme en l'Eglife Catholiquc.Pour repren- dre nos Iefuîtes & ces Coleges Romains , cette règle fc garde inviolable, que nul n'y peut être reçeu,sas au préa- lable e'tre jugé capable delà Filofoiîe, pour laquelle il z, trois ans. Au partir de on le met en la Theologie^ou ils font forcez fejourner quatre ans entiers. Ces fepc ans d'é- tude expirez,& mis a l'épreuve de ce qu'ils fçavent faire, & qu'on eft monté par les degrez ordinaires j On les en- voie la part ou le gênerai ordonne pour fervir en l'Eglife de Dieu. En ce feul colegc qui fett de pépinière pour le» Alemans , d'où font fortis de tres-grans hommes , ils ne font jamais moins de trois cens,belle compagnie de gen- darmes Chrétiens.

N o s Iefuîtes qui paiîerent en Alemagne, courant au î*« «levant de la ruyne publique, eurent bien tôt pris place ^e grand pour loger leurs Collèges, à la faveur de Ferdinand, qui nombre de les reçeut dans fa ville de Vienne, boulevartdelaChre- coleget des tienté, & en la grand* Ville de Prague , ancien fejour des lef"**** HufTitxs. Ils firent bien tôt retenir la vois de vérité au q»*h4t>i Pays de menfonge. Sur tes murailles , Hierufalem, te poferay AlemA- des gardes , ny nuit ny tour ils nefe tairont point , difoit le Sei- ine' gneur par sôProfete.Les autres Princes,& Villes Catho- Ef*** *Jt liques , à l'exemple de celle-cy leur ouvrirent les portes, drefferentdesécholes, chacun y côtribuadefes moyens, comme pour le falut commun.On les affronte tête à tête aus Lutheriens,& Anabaptiftes, plufieurs quittent l'here- fie, reviennent comme pauvres enfans prodigues au gi- ron de leur mère , & plufieurs encor Eccleiiaftiques, qui fouloient être aflis à la poupe de la nef de 1 Eglife,& tenir le timon, îefquels lors n'avoient pas feulement place à la quille , à leur arrivée reprindrent courage , tachent à re- gagner leurs places perdues 3de forte que fous les dévotes &. iaintes prédications de fes Pères. & de quelques autres Eccleilaftiques,la religion Catholique qui avoit été hon- teufement bannie de plufieurs lieus , y fut heureufement remife. La noble cité de Cologne , fut des premières qui fe mit à couvert fous le bouclier des Ajax, les recevant, & logeant dans fes muraillles.-AulIi connut-elle bien tôt le fruit de leur arriveee: Car plufieurs Hérétiques de tou- tes fecles quittèrent leurs folies, de forte qu'aujouid'huy

Ddd cette

it$ Ds la Nais s AN ci si l'Heresis, cçttcvilichà cft un ferme boulevart pour la dtiTenfe 1 Egiife en ces contrées, pouvant dire juftement:

Qucd J{cm.i eft ïtaluj hocfanclx Coloma Teucrit.

Trêves Archevêché ia fuyvit quant & quant, Se vid en peu «de tems le changement de pîuiieurs Luthériens , 6c Iuifs recuits j qui fe dépouillèrent de leur vieille peau. Le gouvernement de 1 Vniveiiué fort ancienne, & du tout prefque ruynee, leur fut clonnee pour la rétablir en fa première fplendeur, comme ils ont fait. Majance auiïï, par le moyen de fon Archevêque Electeur du faint Empi- re, comme eitceluy de Trêves , les établit, & embraifa dans la Ciré ils ontdcus Coileges,en l'an demeurent les Pères, en l'au tre ceus qui lifent aus penilonnaiies, en- voyez des premières marions de la Ville, &du Pays. ViC- bourg,\iiJe aiîifeen Franconie, par l'ayde de fonEvcque fît de même, & leur dreiTaavecdépenfe ineltimabie , un crtfbeau &grâdCoiicgc, &un Serninaire.la oùpluiieurg enfans font de tous points entretenus du reveuudePE- vcque. Apres avoir fait leurs cours en Filofofie,onîcy jet- te a la Théologie, puis ils font diftribuez par les Paroif- fes, pour prêcher & ièrvir les Eglifes. Ceus de Spire en 5- ' rent de même cinq 2ns après. Etenccr qucl'Evéque ne foit Prince fouverain,& que les Lutheries y ayent eu lon- guement le deiTus, fieft-cequeces nouveaus combattis par leurs labeurs ont arrêté leurs conqu' tes.

Depuis quinze ans, ils ont fait fi grand fruit, que plu- sieurs habita as fe font rangez en 1 Egiife.ruldeaaufTi fon Collcge de cette Compagnie par le moyen de fon Abbé, depuis fut fonde un Séminaire de !anobleiie,arin que ces jeunes Gentils hommes iujftruits,& élevez en l'Eglife Catholique, fous ii bôsmaîtresJapeuiTent quelque jour coura^eufemét deftendre contre tant d'ennemis quilak faillent. Tout de même les enfans des bonnes maifons entre les anciens Uaulois, dés qu'ils avoienr artaint 1 âge de lcpt ans, croient mis avec les Druides,pour les iniîrui- reés'points de leur Religion, & les induire dembrafïèr à toujours-mais la protection &dcrfenfe. Si cet Abbedc Fulde£rand homme de bien de frjmlance,& érudition, le vray. miroir Je ^ercu en la Germanie, n'eût été empêché eufonaeiiem pi: la viojer.ee de cela/ qui luy devou ou- ït fa.

Thtoîk

L i v r s V. 1%7

te faveur , &ayde, comme jediraycy après, onteûtveu les mervcillcus fruits de Tes labeurs, kfquels toutefois germeront avec le tems , & produiront de belles, & vives pUntes en l'Eglife Catholique.

Confluence en leur langue appclîeeCoboIents, a aufîï fonTZoîlcçe de Iefuîtes. comme a de même Paderborn- L'EvéqucdeStra{bourgenfavilledcMolfem,quieft du temporel de Ion Evéchc,à quatre lieues de fon Eglifc Ca- thédrale, a depuis naguicres étably un trefbeau Collège, comme pofé a la tétc des ennemis. Le même a fait Aix la Chapelle, laquelle a banny & Luthériens & Calviniftes, nayancvouluquelefejour, &!e lieu oùrepofele cors de ce trois fois très-grand Empereur des François, qui pre- mier porta le nom de très- Chrétien, iervît plus longue- ment deretraitteà ceus qu'ils ne peuvent tenir pour les vrays Chrétiens. Auibourg leur a auiïï ouvert les portes: Qf Carie Cardinal Otho Truchfcs, Evéque d'Auibourg, Tuf0, jugea bien quelefecours cesgés étoitneceflairepour empêcher l' entière ruyne de la viile.Le Père Claude laïus y fut envoyé pour en faire les apprêts , & jetter les pre- miers fondemés de ce Collège, comme il rit l'an mil cinq cens cinquante neuf, par la libéralité des Seigneurs lan, & George Fugger,avec tel fruit qu'a prefen t le peuple des environs qui étoit Luthérien, eft tout Catholique. Mais pcurquoymets-jeaus derniers rangs Albert Duc de Ba- vière, Prince fort Catholique,puis qu'il fut des premiers, &p!us affectionnez à l'établillement de cette Compa- guieîC'êtluy qui les logea &renta en quatre villes prin- cipales de Ion Duché : A fçavoir a Monik , il tient fa Cour ordinaire, à Frifbourg, qui eft un Evéché, à Lanf- perg, & a Ingolftad, ville allilelur le Danube, fameufe tant pour la grandeur de fon traflïc, que pour la célèbre Vmvcriîté qu'il y a. le fuis content coucher icy la Let- tre que le Duc Albert écrivit au Père General Laines, afin que le Lecteur Yoyc quels furent les fruits de fon ar- rivée, & quels on en doit efpercr, fur la décadence de l'Hercûc.

JDdd & ALBERT

«^i*'

7$S De la'Naissance de l'Herisie,

ALBERT PAR LA GRACE

DE DIEV, COMTE PALATIN du Rhin, Duc de ïune & l'autre Bavière t ,yfu l{e~ njerend Père en Dieu P. Jacques Lames de la Com- pagnie de I e s v s.

Ar les lettres que j'écrivis l'année pafTee à vôtre Paternité , vous priant de m'envoyer lC quelques graves & doctes Pères de vôtre Compagnie, vous aurez peu entendre l'o- v(* pinion que nous avions de vôtre Ordre, & ~ le grand profit que nous en attendions pour toute la République Chrétienne. En quoy nous n'avons pas été abuiez : Car les Pères que vous nous avez depuis envoyez, ont fi bien , & heureufement commencé, qu'ils femb lent vouloir, par leur fainte vie , bonne doctrine, & peine admirable qu'ils prénent à enfeigner, vaincre leurs autres frètes qui font au Collège d'Ingolftad : Et ce avec une émulation fort ioliable, & très-profitable à la fainte Eglife. Sur ces bons, & fermes fondemens, ils s'efforcent maintenant de bâtir, &pourfuyvre l'édifice, lerehauk fantpar leur bonne converfation. leurs fermons, &r belles exhortations reparant continuellement la haye de la vi- gne de Dieu, de peur que les bétes fauvages n'y entrent pour la ruyner,arrachant les épines, & mauvaifes herbes, bref cultivant de tout leur pouvoir cette fainte vigne.C'ét de tels Séminaires de vôtre Compagnie que nous pro- mettons & efperons tirer la reformation de l'Eglife,pour la voir un jour rétablie en fa première beauté,&fplédeur: Car qui eft l'homme fincerement Chrétien, qui nefc ré- jouyife de tout fon cccur,voyant comme l'excellente co- ctnne,& louable vie des Enfans de vôtre Paternité,dcbi- lite les forces des Hérétiques, & cofond leur opiniatrife, decjuoy à bon droit nous vous congratulons , comme au père de tels enians,par lemoyen defquels nous avons une uss-grande, &quaii unique efperance devoirlesHcre-

kes

Livre V. 782

fies éteintes, & la fainteReligion Catholique rcvivre.Cs qui diminue un peu nôtre allegreiTe & efperance eft, que nous voyons les Pères de vôtre Compagnie, qui font de pardeça, être en bien petit nombre , pour les grans tra- vaus, & peines qu'il leur convient endurer : Car comme le nombre des rïdeles Catholiques, va par la grâce de Dieucroiilantdejourenjourjil leur eft neceflaire d'en- feigner en leurs Echoles, de prêcher, d'ouyrles Confel- fions de confirmer les foibles, relever ceus qui font cheuz, & s occuper en tant d'autres divers minifteres , qu'il ne leureftpaspoflible( humainement parlant)des'acquiter bien de tout fans un notable intérêt de leur (anté. C'éc pourquoy nous prions encore vôtre Paternité, que pre- nant compaiîïon des rrauaus , & charges que vos Enfans portent quali par-defTus leurs forces , il vous plaiie nous en envoyer d'autres qui leur tiennent compagnie , & les aydét à recueillir la grande moiiîon, qui eft en nos terres, &puiiïent mener ce Collège a la perfection requife. De nôtre part nous les pourvoirons 11 liberallemenr de tout ce qui fera neceifaire,que chacun connoîtra l'amour que nous portons a cette grande & vénérable Compagnie, a- fîn que nôtre fainte Foy & Religion Catholique foit tou- jours entretenue en nôtre. Collège. Nous avons ordon- né qu'on fournifTe aus frais & dépens du voyage des Pè- res que nous attendons, félon que le Père Canis le dira. Ecrit à Monikcez7.1uin,n6o.

Suyvons les autres Collèges fondez en ces Provinces : A Infpruch ville capitale du grand Comté de Tirol, il y a une très-belle Vniverfité de cette Compagnie, que i'Em- pereur Ferdinand fonda l'an 1561. avec un fomptueus, & magnifique bâtiment , digne de la grandeur de celuy qui enjetta la première pierre. Le même àDilinguepar le moyen du Cardinal Otho Truchfez de Valpourg , grand Prince, protedeur d'Alemagne. A l'exemple de tant de Villes Fribourgj&Branfbergétablirentauifi des Collè- ges , avec un fruit incroyable de la jeuneile, inftruite par il bons maitres,lefquels avec les feienecs leur cnleignenc lapieté,& la vertu.Les Luthériens mêmes font cotraints y envoyer leurs enfans, &fefervir de leurs propres enne- mys. Tout ce qu'ils font à l'entrée, c'ét de faire compo- kcion avec les Pères de la Côpagnie , qu'on ne marchan-

Ddd 5 àv-2.

790 De la Naissance de l'Heresie, dera pas leurs âmes, qu'on les lairra maîtres de leurs con- iciences, & difciples du refte.Mais ces jeunes aines , qui prennent tel ply qu'on leur donne, fe lailTent volontiers aller par accoutumance , & par l'exemple de leurs com- pagnons , a la pieté Catholique : De façon que plufieurs l'ont par ce moyen retirez de l'Herefie. le lailfc plufieurs autres Collèges de Vifbourg, Heilingeftade , Munftre, d'EmbriCjd'Hildefie^'AltenjHalejLuicrne, Radibône, Brunttut, Oetingen, Salifbourg. r O r en tous ces Collèges il y a un nombre infiny de

Tn Vélo- Icl"1CiS 3 qui font autant de miracles de doctrine & d'e- ens & loquenec, capables de refeituer toutes les feiences quand l tm etr- e^cs feroyent perdues, & néanmoins la noire envie, & la vonvotfint Pau^on démefuree de quelques-uns, a oie acculer cette Compagnie d'ignorance. Mais c'ét aceufer Hercule de coùardiTe. Au refte toujour en ces Académies, ils font furbout , & en action pour combattre les Luthériens , &: cens deleur fuitte, empêcher que lajeuneflene foit cor- rompue. LaPolognc, &l'AÛcnche, afin que jemetteen un ces Pays Septenrrionnaus , fe font aufli couvertes , & remparees de ces boucliers contre les infinies Herefies quilesalTaillent : Car après que l'Empereur les eut logez àViene, îlss'cpandirent endivers lieus, ouilsn'onc é- pargné leurs veilles, ny leurs travaus,pour laconverfion des Turcs, Luthériens, Ansbaptiftes , Trinitaires, & au- tres, comme ils ont fait a Prague, Olmus , Gracie, Cri- wolonie, Commotronie, Noyodom, Labac, GIare_,Sely, Lmce, Bruma, Turoce, peu a peu ils font perdre ter- reà veue d'oeil ausHjlîïtes, Pikarts,&Lutheriens. On voie en Pologne dix- lept Collèges , ouReGdences, afça- voir a Cracovie, a Branfpergue , Pulcovie, Vilne, Poftna- nie, Iaroflavie, Polens, Lublin, Riga, Califli, Miefvifîc, Defpat, Gedan, ou Dantzik: Tornay: VSrfovie,Leopolis peuplez depiufieurs rares & excellens perfonnages: de forte qu'il ne faut pas craindre que l'herelie y puilîe pren- dre avantage. Tout ce qui fe prefente a eus tombe a leurs piez. Ce fut le Religieus Se fçavant Cardinal Staniflaus Hofius,qui fut fondateur de celuv de la ville de Branfper-' gucduDiocefe de Vanner, dôt il ctoit Evéque,afiu que la Province de Pruflie gktce de plufieurs herelies , peut é- rrefecourue- Au retour du Concile de Trente # 1 an j^4-

i\

L i v * i V. 751

il en fi: pofer le premier pian. La Gaule Belgique avoir plufieurs cres belles > & florifTantes Vniverfuezde cette Société, à avoir Louvain, Tornay, S. Omer,Douay, An- vers, Liège, Maftnc, Bruges, Ipre,Courtrav,Vaîenciene, Gand, Lille, Mons, Bergue, Arras, Bruxelles, Cambray, Luxembourg. Mais lors que les peuples fe révoltèrent contre le Roy Catholique, pour la deftenfe de 1 Herefîe, comme nous dirons en (on Heu, toutes furent renverfees, excepté le Collège de Louvain, S.Omer;& !e Liege:Tou- tefois ce grand Demetnus & preneur des Villes , le Duc de Parme, ayant reconquis le Pays , les remit fus , plu* floriiTantes que jamais: Mêmes dans Anvers, Bruges, Va- lenciene , de M ait rie , Ipre, Douay, & Tocnay. Comme cnffi de nouveau on a érigé ceus de Cambray, Mons en Haynaut, & Courtray. Les Cantons dzs Suilfes Catholi- ques n'ont pas voulu être privez de cefecours, pour tou- jours d'autant plus fe fortifier contre les Zuingîiens: Car le Sénat a fondé une très belle Vnivcrfïté a Lucerne, comme a fait Fribourg, Ville afîîfe à une journée de Lau- fanc, abonde un grand nombre de jeunefTe. Ce qui occafîcnna les Zuingliens de Berne, de drelTer cqs années dernières un Collège a Laufane.pour contre-carrercclur de Fribourg. Comme fïtauiîi ce fage & yertueus Prince Duc de Lorrainc.qui a fauve fon Etat à la gueule defHe- xclîe: Car outrequeîle fer: de gallcriepour palier de l'A- lemagne en France , elle eft environnée de Sedan. Mefie- re, Iamets, & Mets Iieus infectez de THerefie. Cet la ce Duc a fondé une belle, & fameufe Vniverfité, qu'il a logée au Pont a-Mouflon , & un Collège à Verdun, de la Compagnie des Iefuites.

Or Ignace avant mourir eut ce bon heur du Ciel de yî' voir le merveilleus fruit de fes labeurs, Scia grande bene- Gr**" didion de Dieu fur la compagnie qu'il avoir établie fous ' G 7?ré ** lenomdelESvs, laquelle il vid étendre prefque par toute IgJu::'! la terre égaler fes conquêtes au circuit duSjleil : Car de t*r**J " fon vivant douze Provinces furent fondées, a fçavoir Por- 7n9n,*t- tugal, Caftille.Andaloufie, Arragon, Italie, Naples,Sicil- le, Alemagne intérieure, & fuperieure, France, le Brelil, & Indes Orientales, divifees en près de cent Collèges, ou domiciles, de forte que les pauvres Luthériens étonnez virent bien que leurs conquêtes étoient en leur fUftice

79*- De ia Naissance de l'Heresie, & au point de commencer leur rétrogradation squ' ils tu- royent allez à faire aujourd'huy à fe tenir fur la deffenfï- ve, fans efperer de faire déformais autre prinfe. C'étoy- ent les grans, & profons regrets que faifoit Melandthon, prêta partir de ce monde, oyant la nouvelle de tant de Iefuîtes , lefquels paiToyent les mers , les deferts , il qu il n'y avoit coin des quatre coins des Globes, l'on ne peut voir leurs traces, fouvent arroufees de leur fang: jîHa! bon Dieu, difoit-il enfoûpirant, étendu au lit de sala mort, qu'ét-cecy? jevoy que tout le monde fe rem- as pli t de Iefuîtes .' Qu'eut-il dit. s'il eut veu aujourd'huy vint- trois Provinces établies en la Chrétienté , il y a deus cens quarante cinq Collèges , feizemaifons profef- fes , vint-cinq Noviciats fcparez, foixante feptRefiden- ces , dans lefquelles fe trouvèrent enroollez l'an mil cinq cens nonante-quatre, que la defcription en fut faite huit mille cinq cens dix neuf Iefuîtes. Excufe moy, Lecteut. Ci je m'étens fi longuement en cette defcription, car c'ét contte-eus que lHerefie a pointe' toutes Ces pièces, pour donnera cette compagnie, qu'elle appellele dernier ex- crément de Sathan , Et pofiremum eim ventru crepitum , le neleveus dire en François. Cefont les mots de'Sclufem- burgius en préface du livre qu'il a fait delà Secte des Iefuites, combattant en laperfonne de cet ordre toute la créance de l'Eglife Catholique. Cet à vous, invincibles & indeiatigables Eacides , qui êtes envoyez du Ciel, pour mettre fin à cette grande, & dangereufe guerre: C'ét à vous, à qui comme des VlifTes nouveaus, nôtre grand Mercure adonné l'herbe de Moly , pour redonner la forme humaine à tant dépeuples que la malheureufe Circé à changé d'hommes en bétes,& preferver ceus qui n'auront encor été' enchantez parles forceleries- C'ét à tous, grans & courageus Capitaines, à donner le dernier coup a ce monltre Lernean:C 'et fous vous que l'Herede, comme TroyefousPirrhe,doit étremifeà-fac.NecelTez, hardis & courageus foldatsdelESvs-CHRiST, encor ^ue vos mérites ne ibient recônus de tous a l'égal de la recon- noiiTance méritée, depourfuivre vos victoires jufques à ce que riches des dépouilles ennemies , le châ de bataille vous demeure.Voila les apprêts de la ruyne de l'herefie:Ie reprédray fon Hiftoire que j 'ay laiûee pour ce qui touche

l'A-

Livre V. 795

l'Alcmagne à la fin du Livre troifiémc , après que je vous auray fait voir comment l'Italie fe conferva de la conta- gion de l'Herefie.

COMMENT L'ITALIE S'EST CONSER-

YIE DE LA CONTAGION DE lHeRESIE.

Chapitre IV.

l'Herefie n'a pas donné a la tête de l'Zglifc , mais tus hors, £r am lifieres.

z. Z' Italie exemte de V He-

'rejîe.

h

Comment elle s' et garan- tie, £rfa gloire. 4-

Z' Italie Patro de la Sain-

teté j gr reponfe am ca- lomnies des hérétiques, qui l'attaquent de tou- tes parts.

Combien elle efi devtite, pie <CT I{eligieufe 9 <&* Rome fur tout. 6.

La fainte vie du râpe Clément FUI. a pre- fentfeanta^ome.

Vjj^^ E n n e m y de rEglife ne pouvant donner r ff rl/^ dans le cœur de la Chrétienté a toujours L'HereT; LlLCl attaqué les bors, &: les lifieres, &commen~ n'a pu

A uwS\ ce Tes conquêtes parles extremitez, pour donné kit P») S^JL^y} apresfuivrepiéa pié, &gagnerPays toutà tétedèl ..-

<+?~*^G fonayfe. Ainfïfit il avant Luther,lors quil glife, mai* émeut le Schifme de Bohême, qui a été le levain des he- atubors. reûes, qu'on aveu enfler deiTus la terre: Il reconnoit fes &*mU- forces trop foibles pour donner à la tété ,- aufll n'a-il j a- fans. mais peu renverfer toute la Religion Catholique, quia tenu bonfouslapuiiîance de Ton chef, lequel ne s'ét veu ébranle pour toutes ces fecoulfes. Les plus hautes mon- tagnes ne font pas tant h enflées de glaces^defrimats, de rerglas, & de neiges, que leurs plus relevez coupeaus qui voifinent la région tempérée du ciel , ne confervent leur printems, lors qu'un rigoureus hyver a faifï tout le refte. Et lors que le Soleil lent de l'altération en foy,éclipfant a

D d d 5 nos *

75H De la Naissance de l'Heresïe, nos yens, ce n'ét jamais fi univerfellement qu'il n'éclaire a quelque partie du monde Nous en pouvons direlemé- me del'Eglife, de cette fpirituelle Sion , de cette faintc Montagne, laquelle bien qu'elle fût affieçee de toutes parts, de glaces, & de froidures fi a elle pourtât gardé au lieu plus e:ninét les douceurs fouhaitabîes d'un gracieus printems:Et encore qu'elle fût h enflée de ces êpois gla- çons qui la rendoyent nideufe, de ces monftres horribles épandus fur fa croupe, de ces infâmes herefies qui laiTai!- loient par tout, fi luy étoit-il refté une partie de fon fête plus haut & relevé, excmt de ces maus , & de ces miferes: Voire encore pourrons- nous avouer que les rayôs facrez du foleil de i'Eg'ife ne nous ont pas du tout biffez, pour fc rctirerdans le fcia du Soleil de luftice. nous abandonant à des perilleufes ténèbres , lefquelles ne proviénent finon de ce que ces lunatiques efprirs ernbourfis dans l'orgueil, & la prefomption, ces grans herelîarques.miferabks An- thees, chers enfans de la terre,mettent leur terre, & leurs opinions entre nous, & cette bel le lumière, qui s'éclipfe à nos yeus:gé: de:eitible&maudite,qui pouffe tat de trou- bles &de nues dansleferain du ciel de l'Egtife Chretiéne. ir Mais peut on marquer cette monde & non impu-

L'itçiie repartie du monde, ce relie du Soleil qui brille, &qui extmie ds P2ro!,: parmy tant dz nuaus, ou ce lieu plaifant de la fain- tHtrtfis. tc Montagne belle & chafte Sion,ou ce bout de terre, au- quel fes raison: éclairé, fi ce n'ét en Italie?Italie,heureus & fortuné fcjouç des âmes plus reîigieufes & pies ! Italie gardienne de la religion, & qui a fervy de falut a celle qui donne le fa'ur a tous ceus qui la fuivent! Italie ou pendant nos troubles & nos confjhons elle a vécu en repos & en gloireiltalie azyle de l'époufe de Dieu , en laquelle elle a trouvé parmy tant dedefordres fagrandeur,&fafelicitéj Elle dis je , fans laquelle toute autre grandeur eft la mê- me ba{TeiT:,& la félicité même manque de felicité;I:alie province glorieufe oùDieu s'é: retire' au tés qu'un chacun îeretiroit de luy \ Italie beau paradis terreftrc,dans lequel cette féme, a la femence de laquelle Dieu promit jadis le pouvoir de froiffer la tête au lerpëtcnnemy des mortels, qui eft cette Eglife qui vainc les Enfers, &furmont~c les Diables & Ces fupots,a vécu fi long tés, pendant que tour le tb oîide m ou r oit à fa dânation , & en fa condamnation.

Us

L i v R x V. 75J

Les cataractes de l'Enfer dégorgeant des peftiferes eaus, ravageoyent l'univers, & l'abimoicnt d'un nouveau délu- ge pire que le premier , les veneneufes fontaines des plus çzi'tsrkmg profonds abîmes avoyent pouffé les eaus de la terre qui ^^ ibnt fous le firmament, que j e prendray pour cette heure £e(Jg ■_ pour les Démons avec Origene, &defoloyent le monde, niQi% j0 £ q uand cette Arche facree, bâtie de cette artifte main qui r^^Q façonna les Cieus & fondée fur la plus ferme pierre. & le ttun; plus inébranlable rocher des promeflfes qu'il fie au grand ° Ccfas, & a Ces fucceiTeursjouvrit fes portes, pour recevoir tous ceus quife Youdroyent fauver;&les fermaal'hereûe, laquelle n'y mit jamais le pic.

Rome miracle de la terre , qui nous produis tous les jours uue infinité de miracles i qui ne t'admirera te voy- ant garantie avec tant de merveille de ces calamitez pu- ,

bliques? Rome, ou Noés'ct fauve, c'ét a dire le repos de , jT l'Eglife,au plus fort des orages &des confufions du mon- re'li >^' de! Rome en laquelle,comme en un autre Arche de faluc, n

tant de bien-heureufes âmes quitter la terre pour fe don- *: '*romt lier au Ciel, tant dechaftesefprits font de même que ce '#"?.'*/" grandPatriarche Noc , lequel fe fepara des femmes : Et n: ,f tJr*% où, de même qu'en ce facré Yailfeauyil y avoir diverfitédc chambres, y a aufli différence de grades & de dignitez Ce feroit certes une admirableftjpidité de n'admirer l'Ita- lie cernée de tous cotez de l'herefie, entaurneedel'Ale- magne, pépinière ou font élevez les plus hardis, & figna-

lez Hérétique*, & enviée de toutes les autres nations en- r .,. *

i t- r i r B -n S.Hieromi

tachées de ces maus: Et toutefois lavoir terme &coltan- ri ,

te en la gloired être lécher decette pure, immaculée, &. r fainte Eglife, quife rit des efforts de l'Enfer: L'efperance croiiîant tous les jours que ce bon heur luy fera ajamais confervé, & que Diea détournera l'effet de la viûon qu'- eut le Pape Pie V.que l'Italie le devoit débauchet, comme écrit Thomas Morus au troiliéme volume , feuillet $76.

Qvï s'il nous eft permis d'en rechercher ailleurs la Ht. raifon. qu'en la bonté du Tout puiifant, lequel luy a ju- Comment en fes infaillibles promeiles de la faire furraonter les *'•!*%' êiga- plus indomtables forces que l'Enfer peut produire, & rjntie, & d'augmenter (es trofecs des plus belles victoires rempor- f* gloire tees fur les Diables - nous pourrions bien dire que ce boa heur eftenpartic venu du foin de ceus qui ontprcfide'en

cette

•jsC Delà Naissance de l'Hérésie,'

cette fainre Chaire, voire pour recompenfe des biens qui s'y font toujours. Que ces âmes étourdies &louches,lef- quelîes ne peuvent regarder cette gloire , que de travers, & à contre-cœur , crient hardiment que Rome eft la dif- iolutiondu monde, l'infamie de la terre, & le réceptacle du vice: Qu°, c'ét la mère de la volupté, la gardienne de l'impiété , & le miroir de l'idolâtrie , que tout ce qu'elle produit font les meurtres, les aflaffinats, les trahifons, lesulures, & l'abomination de la chair : Quec'étune Babylone perdue en fa confufion, une Egypte remplie de ténèbres, &une autre Sodome: Enfin qu'ils n'obmet- tent rien en leurs inventions de toutes les calomnies qu'- on peut imaginer : Qu'ils adjoutent malice fur malice, fauiTeté fur fauflfeté, injure fur injure : Si eft-ce que cet- te grande ville que les anciens Profères ont nommé la ci- té du Soleil, l'Empire de laquelle s'étend de l'Orient juf- ques a l'Occident, & n'a point d'autres limites de fa do- mination, queceusque Dieu a preferit au Soleil: Cette >illedis-je, grand théâtre dumonde, qui eft comme la mcre,&: la matrice de toutes les Eg!ifes,cofervera fon lu- ftre &i fa beauté. Que ces pervers , a qui les rofes & les lis font mal de cœur,comme a cet autre,la détellent, la con- damnent, &l'ayeut en horreur, fi eft-ce que les plus fain- tesames, &ceus qui chériront plus la vertu, &lefquels auront plus de connoiffance de la vérité, prêcheront l'in- tégrité deviedeceus qui la gouvernent, 1'auftcrité des Religieus infinis, la dévotion du peuple, Se la chanté des plus riches Seigneurs. De quel front diront-ils la diiïo- lution du monde,celle qui condamne les dilToIutions,ef- quelles comme d'autres boucs ilsfeplaifent ? L'infamie de la terre , celle qui blâme ces infâmes ravinements de vierges ravies de leur Cloître par force,profanant la cou- che du Sauveur? Et le réceptacle du vice, celle de laquelle ils fe fon t retirez a caufe de fa fainteté,& de fa perfection? De quelle ame diront ces dangereus efprits,que Rome eft la mère de volupté , puis qu'ils la blâment de ce qu'elle invite le monde a chérir la chaftetérLa gardienne de lïm- pieté,puis que c'ét laméme pieté, & qu'il n'ét rien défi religieus que Rome , dont le nom de Sainte luy a été ac- çuis?Et le miroir de l'idolâtrie, veu que c'ét elle qui con- damne le culte des Idoles , &ia retiré tant de diverfes na- tions

Litre V. 797

tions au fervice de Dieu ? Comment la diront- ils une Ba- bylpne,puis que c'ét le bel ordre continuel de cette fain- te Egliie, qui dône la terreur à tant de différentes Sectes, autant en particulier ennemies Tune de l'autre, qu'en ^generaJ les unes & les autres luy font ennemies,& qui par l'entrefuitte de tant d'Evéques, donne la mort à ces nou- veaus venus î Aufquels Tertulian reprochera , comme il faifoit jadis à leurs femblables , qu'ils ne pourroyent montrer une h" belle lifte de Pontifes pour une authenti- que preuve de leur authorité.

Comment la décrieront- ils une autre Egypte,puis que c'ét elle qui a dôné la lumière de grâce à tant de peuples, &fertdeFareàceus qui flottent dans les branlantes va- gues de l'Herefic : Et puis que Dieu même a armé celuy, qui comme un autre Moyfe gouverne les Chrétiens d'u- ne puiffante verge, avec laquelle il fait tat de merveilles, & nous conduit parle milieu de lamer rouge, en la terre depromifhon, &puis qu'il n'y a pas établyun tyran Fa- rao,mais bien3commedifoit S. Bernard, un grand Pre'tre, S.Berxard un fouverain Pontife,hernier des Apôtres, premier com- AU Tape meAbel, gouverneur gênerai comme Noé , Patriarche lugcmui, comme Abraham , en ordre Melchifedech , Moyfe d'au- thori té, Samuel en juftice^aintPierre en Evéchc,& d'on- ction Iesvs-Christ. Comment la publieront-ils une Sodome, puis que Dieu a promis a l'Eglife la grâce dene faillir jamais ? Et puis qu'elle eftailife non fur cette pier- reque jadis ce Devin môntroit auCapitole, s'e'crianr, Romene tôbera quelors quecette pierreyra àbas- mais bien fur la foy defaint Pierre, pour lequel le Sauveur à fupplié ion Père a ce qu'il ne defFaillît jamais.

Ietteront-ils plutôt l'œil fur quelques dëbau- jy, ches de gens auffi perdus qu'ils font, fans côfiderer com- Patron de mequoyfouventilsfontpunis.L*^fo«r,ditS.Hierôme, U fainte- qui tombe en péché, & fait pénitence, ne perdpeu lenom de iufte. iét &fé~ Rome de même ne perdra pas celui de fainte,encores que penfe atts fon peuple ofFenfe Dieu. Regardons combien de faints calomnies hommes, lefquels ont fiegé dans la chaire de S.Pierre,onc des Hereti- mis peine par leurs bans, leurs exccmunicarions,&leurs qnes qui fulminations de repurger leur bergerie: Lifons les aères Vaittquet d'un Adrian iixiéme,d'un Pie V.d un Sixte V.& d'un Cle- de toutes ment huitième : Combien ils ont travaillé à exterminer parts.

tout

7*8 De ia Naissance di l'Hhreîii, tout ce qu'ils condamnent, reconnoilîant a lan*n que le? mauss'augmentoycnt, guerillant ceiuy-cy : Deméme qu'en un cors ou il y a une grande ulcère, par laquelle les mauvaifes humeurs coulentjétant fermée corrompt tout le cors, &pour uneplaye en fait plusieurs autres es par- ties qui en étoyent auparavant faînes. Es Villes bien po- licées on met a part ceus qui font ladres , on drefTe des Hôpnaus aus fols, & des maifons pour ceus qui font fra- pezdepefte, qui fervent a nettoyer de contagion le refte: Ces bordeaus de même font ordonnez pour emonder les Citez popuicufes,& garantir le refte de la mort de l'âme, laquelle eît plus contagieufe à la fréquentation, que tou- te autre maladie. Et que cefoitla feule raifon pourquoy on toilere ces femmes dcbaucheez,il fe connoit à tant de belles lois qu'on ta.it, & qu'on obfervepour lachaftcté, tant d'exemples que l'on y voit delà pudicité , & puis à tant d'étroites règles, defquelles on bride ces âmes aban- données auDiable de tcllefaeon,quecefontcllcsle plu9 fouvent qui maudiiTentRome, & la rigueur dont on les fait vivre. Elles font retitees de la fréquentation des Da- mes Romaines, ne peuvent aller en carrofle, ny recevoir chez elles aucun durant la nuit, moins aller chez autruy, font excommuniées, privées des Sacremens , &mouranr elles fonc jettees a la voirie,& leurs biens cofifquez. Peut- il être rien de plus rigoureus, &plus aigre?peut-on ttou- ver un moyen plus ayfé de les retirer de leur yice, queds les obliger à toutes ces ligueurs? *• Mais q ue ne tourne on les ycus fur tant de bonnes

4&mbien csuvresqui fe font a routes heures? Que n'entre-on dans eue tti de- Jcs Cloîtres, pour y voir un nombre intiny de faintshom- vote , fiei mes , quiparl'auftericcde leur vie s'acquièrent le Ciel? & ve>*- Que ne regarde- en les Temples riches & bien parez, ptufi. remplis de peuple zélé & fort devotieus, les fréquentes ftations, les pardons ordinaires , l'abord d'une fi grande multitude quiparoît grande dans une grande ville? Que ne regarde-on les Villes toutes entières de l'Italie entrer dansRome, les plus grans feigneurs étant apié, vetus «Tunfacenpcnkens, auiïï bien que le moindre-? Que ne jnet-onen ligne de conte les fréquentes proceilionsqui fefont bien louvcnc , & toutes les grandes dévotions des &tcs de Pâques 3 durant Icfçuelks toucRoiueiaitaqui

/ ivieu*.

L î Y R H V. J99

iiieus-mieus fera penitence?Toute la nuit duîeudy fainc- tous les Romains vêtus d'un fac la torche au point , cha- que bande ayant des Cardinaus vêtus de même, portant la Crois, aller faire amende honorable à la divine Majc- ftc dedans la Bafilique de faint Pierre : Que ne contem- ple-on tant de riches Hôpitaus de trois cens milecusde rente, les aumônes ne manquent jamais, yoireoù bien louve nt les Cardinaus vont un jour delafemaineà leur dévotion, laver les piez aus pauvres? Que ne va-on considérant tant de grans Palais deftinez a recevoir les pèlerins , defquels on aveubien fouvent dix liuitàvinc mille deffrayez , & fervis des Cardinaus ? Tant d'aumô- nes qui feront par tout, tant de belles inftitutions quife drciîent'pour élever les enfans perdus, tant ds beaus Col- lèges , on nourrit lajeunelte, & lelieu ou viventles pauvres filles avec tant de foin , jufqucs à ce qu'elles fe puiflet marier:Les Hôtels-Dieu à guarir les fous, & d'au- tres pleins feulement de nourrices , pour nourrir les en- fans trouvez-Que ne cônfiderc-on les beaus Convens des vierges qui fe font confacrees à Dieu, & celuy des repen- ties j Rome accourt avec une extrême joye lors que quelqu'une de ces femmes publiques donne du piéau monde? Que ne prent on garde comment les Dames Ro- maines vivent retirées, faifant même confeience non feu- lement de parler,mais encore de regarder un home., tien- nent leurs frères & leurs parents comme des étrangers, & font du tout au contraire de la liberté Françoiie, un bai- fer leur étant auilihonteus que l'adultère mémerde forte qu'on pourroit dire que Rome eft tout réply de Conventî tant on y vit religieufemeat. Mais pour quelque correm- ^ pue on en fait une règle générale, & pour un Iudas on condamne de trahifon tou t le refte. Rome, difoit Plutar- tjue , dés fa première fondation a été fort fujette au feu, maisellel'éta cette heure davantage du feu delame'di- fance.O que de grâces Dieu y a cpâdupour la faire aymer ^n &*~ autât qu'admirer,àccus qui la regarder d'un csilnô enne- ***** ^*- my.'Romenec & bâtie pour régner par deflus lunivers,& mm ^**~ tenir l'Empire de la terre'aufii a- elle fon nom de la force, *»#&. &fon nom fe tourne en amour:Et pour marque de les bé- nédictions au langage de Dieu, elle fîgnifieMammclle: Auili c'éc à cette mcrcEplife,à laquelle toutes les autres

ace ou-

Sqç De la Naissance de l'Heresii, accourent -, c'ét la colomne lactaire ou tous Cts bons en- fans Chrétiens viennent pour fuccer le dous lait de fa fainte doctrine. Ce net rien de l'avoir veué jadis triom- fante & fuperbe, captivant les Roys & les Empires,au pris des trofees qu'on y admire maintenant , drelfez pour le Ciel, & les Anges chantent en fes faintes ovations : Les CololTes & les Idoles des faus Dieus ont été renver- fez pour y élever des Temples & des Autels: Les facrifices polîuz& fanglants en ont été ôtez pour y loger ce non- langlâtfacrince, auquel Ie s v s-Ch rist eft offert tous les jours en tout lieuafonPere,nous difoir Malachie : le culte du Diable s'ét perdu en la reconnoilTance de Dieu. Et comme il n'y a rien eu de fi grand que la Rome payen- ne, il n'y a rien aufîi de plusfaint &glorieus que la Rome Chrétienne, en laquelle on ne voit plus par admiration l'immobile rocher du Capitole , comme dit le Po'éte, mais tout le monde va contempler ce magnifique Tem- ple de faint Pierre , dans lequel Dieu eft adoré : Temple que l'Empereur Conftantin fit bâtir , & lequel en Ton ac- compliflementferaiionte aus plus beaus édifices des an- ciens, les ruynesdefquels attirent un chacun : Temple rempîy de tant de threfors, & ou le îiege facré- faint de 1E- glneeit fondéjl'Empire de laquelle n'aura jamais de fin, difoit l'Angejadis.

Mais pourquoy eft- ce que ces calomniateurs n'éle- la ràtnt8 vcnt£*e louanges la vie de ce religicus & dévot Clément vï'du Pa- hfôâémç ? lequel en chacune de (es aclions a tant profité te Clemei a *a Chrétienté, en la Pologne, rranfilvanie,Alemagne3 Ylll a pre ^?zSnc'- ^: en ^a ^ rance5 qui a travaillé au public pour le •'mt fsant re?°s de tous les Princes Chrétiens. Quenecontente-ils s Rome. ^es armees lcfquelles il a foudoyees contre le Turc,enne- my jure de nôtre foy , & le foin qu'il a eu pour fa confer- vation ? Que s'il recherche le moyen d'agrandir le roy- aume de I e s v s-C h R i s x en terre, combien travaille- il a ramener dedans fa bergerie fes brebis égarées , qui fc perdent, &font la proye du Diable & de l'Enfer, fe ren- dant un vray miroir de perfection? Quel devotieus exerci- ce obmet il ? N'entre- il pas dans les Conveus, pourvoir comment on y vit? N'alla-il pas aus procefïïonspie nud, lors qu'il fut a même cf'abfoudre nôtre Roy, pour implo- rer l'aide de Dieu;& foa infpiraué çn cette célèbre action.

il dif-

VI.

I i v r i V. Soi

ïldifperfelesthrcforsdel'Eglife, les pardons ; 8cc'ëz\\ij le premier qui cache à les gaigner. Combien de fois l'a on veu monter tout gouteus qu'il étoit a deus genous réchellefainre, qui eft celleque le Sauveur monta dant Hierufalem chezPilate, lorsqu'il fut flagellé, & qu'on 6itj Ecce Homo. Ne feconfeffe-il pas tous les jours comme un fimple homme? Voire leleudy faint de Tan- née fainte ne confefla il pas comme le moindre Prêtre les Pelerins?Ne dit-il pas tous les jours la Mefle,fi fonindifc pofition le permet ivoire avec telleardeur &telzele. que îors qu'il eft a la confecration , les grolfes gouttes d'eau coulent le long de fon chenu vifage , & je l'ay veu le Ven- dredy fainc,au feul recir de la Paflîonjplorer les tourmens & les peines que le Sauveur fouflFroit : douce & merveil- leufecompaflion d'une ame fort dévote ! Combien d'au- mônes tous les jours dan^s fa chambre! N'a il pas dis pau- vres lefquels y mangent toujours ? Quand il fort pour fe mettre à table & prendre fon repas , cts pauvres , qui fc changent chaque jour,fê jettent à fes piez,& les relevant luy même avec Ces mains malades , leur donne a laver à tous, &puiss'approchantde ieur tabledreffee contre la fienne, & fervie de femblables mets, il la bénit, & puis leur verfe à chacun à boire, & après s'alToit en la fienne, la- quelle eft bien près de celle âçs pauvres , lefquels il licen- tie aprefdiner avec fa benedidtion, & avec une largefle.A côte de fa table on y lit les faints livres : Le Ieudy faine, & bien fouvent encore il lave & baifelespieza vint & qua- tre pauvres , & puis leur faifant dreffer a dîner dans un a- partement de S. Pierre au Palais neuf, il les fert tout le long du dîner , qui dure deus ou trois heures, pendant le- quel on fait trois exhortations à l'honneur de cette cha- rité, &■ puis donnant unepieced'oroù fon Image eft gra- vée, il les congédie tous, les ayant habillez a neuf. A combien de pauvres gens mourant a- il fait cette grâce de les aller exhorter, & les communier de fa main? Com- bien a il racheté de prifonniers, & de captifs ? Et corn- Rom.r*. bien en fin a-il joint de couronnes a ce règne , & à cette Qutrn belle Thiare, donc fon chef eft dignement orné,lefquel- ftectoftn les feront a la fin routes couronnées de la gloire immor- teavan- teilc, parmy czs bien heureus Martyrs & Saints , qui ont gtli fantk été fuccclfeurs de S. Pierre , aus piez defquels un chacun ^çem. Esc s'hu-

Sot Delà Naissance ce i'H e r i s i e,"

s'huraiiie pour être exalté en Ies vs-Ckris t , comme au beau pic, dit lApôtre, de celuy qui evangelife la pais, & ies biens.

L' E M P E R E V R CHARLES QUITTE

t' EMPI&S A SON E R E R E, ET SES

Etats a fon fils. Chapitre V.

Pejftîn àe ï Empereur.

2.

Les propos quil tint en l'ajjemblee.

.A' Le E^y Pillppe fuccejjeur

de chartes le gwnt.

Belle retraite de ï imper*

Ce Prince étolt fort devat

Csr religieux. 6. Les rares vertu* de cegrad

Prince*

î 4h * m *f/i E trente- fïxiéme an de l'Empire de Charles Dtffeïn de ù\ CA'-> X couroit, lorsque laffe du monde , battu du Vlmit- ^ f^feo fius &rc^us des bon heurs &mal-heurs qui ttnr. fr&n^ lny étoient arrivez, craignant peut être pis

du côté de la France viclorieufe>& le revers de l'aveugle fortune: il délibéra dire à-dieu à la terre, & faire fa recraitre, pourferaprocher du Ciel: D"un côt(5ilctoicen doutedel Alemagne, quoiqu'il y eut étabiy la pais , fans que fonindifpofîtion luy permît de pouvoir apporter leremede à cesmouvemens comme Cet oit le il deiiroit: & de l'autre il fembloit redouter la bonne for- K<?_y Henry tuncdecejeunePiince,qui commandoit àla France. Sur Jtuïéd. cette haute refolution, il envoyé aus Electeurs farenon- ciation à l'Empire , & à fon frère Ferdinand la couron- ne , lefceptre, & ornemenslmperiaus. Or dés le mois deSeptembie,mil cinq cens cinquante cinq, ilavoitfait venir a Bruxelles Filippes fon fils Roy d'A ngleterre par le mariage de la Reyne Marie , avec lequel il communiqua l'cfpace de fis femaines feula feul, l'informant de tous le; points qui cencernoyent le maintien de fa grandeur, &confervacion de fc: Royaumes, l'aviianc de s'accorder

avec

Litre V. 8c$

aveclc Roy êr France, ou tcmporifer, pour être le plus fortennemy qu'iieût , & fur tout l'admonétantne fcfe- parerduRoy des Romains iononcle,ny du Roy deBohe- mefon cou fin. Quelques jours apresil ordonna uneaf- femblee de tous les Ecacs au z3.d'Ô&obre il fe trouva; & étant aiîïs en fou fïege avec une vois allez caffee pour fa foiblefie, il cômence ion propos a peu prez de telle forte.

Lors que je pjopofedevât mes y eus la dure, & varia- u, ble fortune que j av courue depuis le jour que par le de- Zeprapot cez de Maxim iiiaii la couronne Impériale me fut mifefur qu'tlti»tâ la tete,n'aycnt a pene atteint l'an dis neuvième de mon l afiïhltg* âge, d'un côte je loïte le tout-puiifant , quim'afaitcet honneur de m'éiire par défias tant de milliers d'homes, pour m'appeller à ce degré, me conduifant comme parla main,& m'ayant garanty des pièges rendus fi fouvent par mes ennemis, ils fe font eus-mémes en fin trouvez fur- pris. le rens grâces immortelles a ce grâd Dieu immortel, de ce qu'après tant de travaus, er.nuis,& fâcheries, après tant de périls , & dargers échappez . tant en terre qu'ea mer, il m'a fait cette grâce de me preferver jufquesàce jour, pour l'cnremercier : Et d'aurrecôté jene mepuis contenir de déplorer l'état miferablcdeceus qui font de- ftinezau maniement des grades charges , pour les infinis travaus, tourmens, & peines qui s'y trouvent:ofant avec vérité aiTeurer que depuis le jour que par le decez de mon feigneur & père, & depuis par la mort de mon ayeul ma- ternel,j'eus fuccedé à tant de roiaumes terres & feigneu- ries,je ne fçache avoir eu un feul jour de repos , une feule minute de tés de plaiiir, qu'il ne fût entremêlé de dis mil- le ennuis. Auflïi en porte témoignage ce cors caffé, cette tête queles ennuis & peines pail'ees ont fait blanchir de- vant le tems. Il y en a bon nombre en cette compagnie qui ont participé à mes travaus paifez , & font fidèles té- moins de mes actions. Ilsfçavent fi je les ay cherchez de gayeté de coeur. Ils fçavent fi c'ét moy qui ay dôné com- mencement à tant de malheurs qui affligent depuis tren-» te ans la Chrétienté. Ils fçavcnt, & les en fais juges, combien de fois j'ay fouhaitté, iufques à vouloir quit- ter de mes droits , à pacifier ces guerres, & tourner nos armes touid'un accord contre lapoi&rine des barba- res & ennemys du nom Chrétien : & vous tous fçavez, Lee x &ni

3o4 Delà Naissance de î/Heresib, & ne le pouvez 'gnorer que je ne fois pouj leur montrer k che;n.n roy m. rreen perlonne, non (ans gr«nd dan- ger, ai't pour ia féconde fois chercher I irfioele jufques 'en ^es terres, & le combattre, & envoyé des armée? vers la Hoi'grie contre cegrand ennemy dunom Chrétien, So- liman. Si le routn a îeùfly feion mes dcilcins . c'a été la volonté de Dieu,qui tient tout eh fama:n,Cji m. ' a vou- lu permettre, pour mes fautes & péchez,* pou roc m'en- orçueillirpar trop de tant de v Gloires qu îi lu) apltu i.;C donner: ïe ieur ay, dis je, ouvert le pas.

Mais tant s'en fau: qu ils m'ayentfuyvy , que même c'tt iors qu'ils ont oj\eitement renouvelé la guerre, voi- remémeappellérinfidelea leurfecours. Cet lors qu ils ont faccagé mes Pays, quereiant je ne fçay quel droit en l'Etat de Milan. On fçait, &Dieu m en foit atémrin, les offres que j'en ay tant de fois faites , lefquelleson n'a voulu accepter, l'en porte un infiny regret en mon ame, &!afen:> bien fort chargée de la mort de tant de millier* d'homes, avenue pour nos querelles particulières. Mais une feule choie me confole, c'étque le Dieu quieftlà haut, qui voit tout;& qui tout ccnfidere,connoit de quel piéj'ry marché, & avec quel regret j'ay été contraint fai- re tête à un fr puiiTant ennemy , qui femb'oit , marry de n'avoir été misen monfïege, m'en vouloir jettera bas, je l'en ay empêché, les moyens vous les fçavez, lefquelj je tairay , pour ne fembler trop arrogant , vouloir encore un coup triomferde la victoire. 1 ay eu plufieurs &grang ennemys , qui m'ont donné beaucoup de traverfes: mais la bonté divine n'a permis qu'ils ayent rien emporté fur moy,3insel!emémeàvoulu qu'avant la fin demes jours, je vilTela leur. Dieu veuille mettre leur ameen l'éternel repos , n'y ayant peu demeurer tant qu'elles ont été encemende. Mais ce qui plus me prelTc , Illultrcs Sei- gneurs, & vous mes amys , c'ét le regret que j'ay de laik 1er le monde , fans avoir eu moyen de pacifier les trou- bles avenuz pour la diverf 6es opinions en nôtre Re- rgion; C tt iachofedumonde que je fouhaittele plus. Dieu pardonne a ccusquim ont en péché : Aufii ce pau- vre vieniard, callé , goutteus , & valétudinaire, eft for- ce de fléchir bien logent ious le fais: le p^fle nepeut revenir, il eilmaunenamtems que je mercure pour fai- re place

L I V R E V. 8oj

le place au* jeunes, étant rcfolu exécuter tout ce que j'a- voisily alongternsdclfeigné : c'ét d'alL-ger me* foibîes épaules d'un lïpefant fardeau, vous affeurant quecejour me fera auflîheureus Scaggreable que celuy me fut plaifant & bien fortuné, auquel la couronne Impériale me fat donnée. le fuis forcé volontairement a ce faire, Tentant la mort proche Se voifine de cet âge pefant &ja meeur, & que déformais ii ne m'eftpoiliblede m'acqui- ter de ma crnrg-:par ainfi il eftraiionnable que j'y pour- Toye avec vôtre confeil , & que moy mourant rien de fi- ni ftre ne vousavienne. Dieu m a donné un feulfïisqui eft îcy prefent-, que j'ayme étant a moy commeileft, é- tantné pour vous. Cet vôtre vray & naturel Seigneur, & parce, Illuftres &verrueus Seigneurs, & vous tousMef- iîeurs, je vous prie & adjure, que piis que vous me voyez réduit en cette extrémité de maladie, vous veuillez ac- cepter ce jeune Prince, au lieu d'un vieus décrépite, pour vôtre, ne pouvant être autre , & qui eft pour vôtre fa- lut & confervation,& le recevoir en ma place. A cela vous doit émouvoir, non tant la prière que je vous en fais, non tant la foiblefle & vieillefle qui me réduit à ce point, que parce que vous fçavez la vol ô de Dieu être telle. Et que telle acceptation tournera a vôtre profit & avantage , & en reconnoilTance des bien faits que vous avez reçeuzde moy & de la peine que j ay prife a maintenir vos libertez, & defFendre vos foyers,fémes,& en fans 3 & bref en la mé- moire & contemplation de celuy qui ne vous fut jamais quebon: jevous prie être autant fidèles &obeylTans au fils, quevousavez étéaupere. C'ét à luy que je donne les Royaumes, Terres, & Seigneuries que je poifede, ay- dez luy tous d'un commun accord, pour maintenir le* fervicede Dieu, fa juftice, & la deiFenfe de vos Pays. Quant à moy qui fuis] a inutile au monde, pour les gran- des maladies defquelles il a pieu à Dieu meviliter, je ne defire rien plus qu'aller finir mes jours enEfpagne, & ce fuivant le confeil des Médecins, ayant néanmoins la feu- le fiance a ce gtand & etet nel Médecin. Refouveuez-vous donques quelquefois de moy , mes amys, ayez mémoire de celuy qui vous a maintenus cotre vos adverfaires:Quc fi par fois je vous ay chargé de tailles &fubfides,ç/aétcà mon grand regret , ôcprefTé delaneceflité, àcaufedes E e e 3 affaire*

So5 De la Naissance de l'He reste,

affaires quej'avois furies bias I'ay inftruu mo i fi's pour avifer les moyens de vous en foula^er. C'érluy qt doit être mon feul facceireur, & coin ire tel je von . . co-

reun couple vouloir recevoir. Qu< je voy -u. c fois d'un bon cœur, je m'en iray fcoyeus en l'autre monde ayât Jaifleaus miés un Prince ho nrae de bien,*, a mm ri!s un peuple fidèle. Aymez- le, il eft vôtre chef, & vous étesùs membres, honorez celuy qui vous eft do., ne rlu Ciel, vi- vez en pais, S: concorde, embraflfez la Fo; Càrholiqùe, &maintenez Iuy ce nom qui luy a été donné des C'cus. le ne mérite que vous me déniez cette faveur , qui eft îa dernière que je vous demande pour tout le bien que j ef- perc jamais de vous, nedefirant rien plus qu achever ie refte de mes jours en prières &oraifons,. ayant aifeur.te fiance, que j iray bien toc iouyr de la gloire celefte, cné- change de la Seigneurie cerreftre , que je lailïe "ne boa cœur en ce monde, ni. A ces mots cet invincible Cefar comme forcé, finit fa

LeRcyTi- harangue, & lcpeuple pleurant leva les mains au ciel en lippefuc- témoignage du defir qu'il avoitdefc conformera favo- €e{fturde lonté'Et lors s'étâ: le Roy Filippe levé defon uege,&mis Charles le à genousaus niez de l'Empereur, la tête nue, il luy mit la Jguint. maindeifus, &luy di:; Mon cher fiis.je vous donne abfo- luemct tous mes Pays patrimoniaus,^ autres que je pof. fede,vous recommande le fervice de Dieu,& faj ulïice; ce faifaut il vous fera toujours en ayde, lequel je prie vous vouloir augmenter de bien en mieus. Il luy donnafa bé- nédiction , & le Prince s'étant ieve', rendu grâces a Dieu, à l'Empereur fon Père &au peuple.

Toutes ces pitoyables harangues ne fe payèrent fans maintes larmes. La confiance de l'Empereur ne peut a- donc être telle qu 'on ne vit les grofles larmes ruifieler le long de fon paie vifage , baignant & arroulant fa barbe blanche. La Reync Marie de Hongrie fa fœur, fit aulfi u- ne longue harangue au peuple, remerciant par même moyen fon frere,dece qu'il luy avoit donné le gouverne- ment de fes Pays-Bas, l'efpace de vint- trois ans. Etlors l'Empereur fe leva defon (iege, & mit en fa place Filip - pes , lequel reçeut ie ferment & hommage de fes valfaus. Les feaus de Charles font apportez, &ropus, & quelques grâces fee liées de çeiuy de Filippe. Aiaû fc démit de fa

«liarje

Litre V. S«7

charge ce grand Empereur , qui a furpaiTé tous ceus qui l'ont devancé depuis Charlemagne 3 & fc referra feule- ment l'ufufruit deCaftillej&Ies Commanderies.Et bien quileur refolude partir fur le commencement de l'hy- ver, fa foibleffe ne le peut permettre , jafques au mois d'Août rail cinq cens fepcante, qu'il partit de Bruxelles, & vint a Gand, i! donna audience, & print fon congé j & après accompagne de fes deus Sœurs Eleonor , & Ma- rie, il s'embarqua. Le Roy Filippe le conduit jufques à S 11 1 , il luy dit le dernier a dieu.

Anthonio Perez grand homme d'Etat, quifouz fit le règne deFilippe, mania la volonté de fon Prince, & Belîere- toutes les affaires d'Elpagne, jafqaes à ce que la fortune traite de l'eut precipitédu haut delà roue , m'a dit , que comme JrEmpg- 1 Empereur eut fait defcente en Efpagne au retour des rear. Pays Bas, il s'ctoit embarqué, délors qu'il eutmisle piéa terre, il fejetta à genous , faifantdon de fon cors à ia terre fa première Mere;prononçant ces paroles, qui ti- rèrent les larmes desyeus de tous les a Autans. Garda te T>iûi,6 Maire »»«y queriday dcjfsrida au fine , corn dcfnudo /ait de U barriqua de my maire , ajfî defnudo yobttelbo * ti, ce. m: à myfecund* madré ,y por falar don y graciât de muchoi me. ufeimientos dt loi quaîes afcû vzardo ba/ia mi nopodiendooirai <ofa mas por agora, yo os dey efîe my cuerpo dtlieniey efjis mi* hu~ tjfii fltx'^s y cattfaios. Cet à dire : Dieu te fauve , ô Mère tres-chere& defîrce. comme nud je fuis forty du ventre de ma Mère , ainfînudje retourne vers toy, comme à ma féconde Mère , & en recompenfe de plufieurs bien-faits, que j 'ay reçeu de toy, je te donne ce mien cors maladc,& ces miens os débiles Se foibles, ne pouvant pour le pre- fent te donner autre chofe.

Sa Cefaree Majeftéfe retira en un Monaftcrc àzs frè- res Hermites de îaint Hierome, lieudefert, & foli tai- re, & tout propre pour la vie qu'il delïroit mener: II ne voulut pas mêmes la compagnie de fesdeus Sœurs. Ain- iife retira du modèle pluspuiflaut & grand terrien Mo - Barque Chrétien , palîant les jours & la plu-part des nuits en prières & oraifons ou œuvres de pieté. Iufques à ce que le quatorzième de Septembre 15^ S. il alla recueillir en l'autre monde, la recompéfe des biens qu'il avoit faits. ta çeluy-cy. Avant fa mort il eut ce contentement ds

Eee 4 vo^:

T.

Ce hrtnee fort dtv9t & Relt. gtttu.

VI. "Les rares veittùi de te gran<l fttnce.

So8 De la Naissance de i'Heresie,

•voir [ beurcus commencement defon fils enlabataiHe faint Laurens, & pnfe de faint Quentin , fuyvie tôt après de lapent de la journée de Gravelines, la France re- çeut unemauvaifefecoufTe, Se fut en branle defouffrir beaucoup , fi la vertu du Roy Henry deuxième ne s'y fur oppofee.

Ce futunPrince ornéde vertus vrayement Royales, que le Ciel d'une prodigue main luy avoit départies. On difoir qu'il étoit le plus (âge de tous Tes Conseillers, & le plus vaillant de tous Tes Capitaines , & le plus jufte de tous Tes luges , plus heureus conquérant toutefois en fes Lieutenans qu'en fa propre perfonne : Aufîî tempéré lors que leschofes ttoient calmes,que confiant au fort de l'o- rage : Dous en la profperùe , ferme en l'adveriué, fage & modeié par tout.C'e'toit au refte un Prince fort/religieus, &craignât Dieu.lamaisil ne pa (Ta jour fansouyrla Mef- fe,& quelques affaires qui! eut fur les bras, mêmes dans les poudres & canons, fes prières & heures fort longues avoient toujours leurs heures certaines, fans que pour affaire quelconque , il les interrompit, non plus qu'un Religieus le mieus réglé. Ce font les armes, difoit-il, avec lelquelles il faut combattre le monde , & affaillir le Ciel. Cet ce que fes Capitaines impatiens difoient ordinaire- ment, Nôtre Maître parle plus fouvent à Dieu, qu'aus hommes. Comme un jour étant en Ces dévotions, un Sei- gneur de fa Cour preffe des Ambaffadeurs François,fe fut hafardé de le fuplier leur donner audience:Attendez,dit- il, quej'ayefait. Cettu/-cy réplique qu'il y avoir long tems qu'ils étoient à la porte, & fort preiTez pour affaires importans( difoient-ils) pour le fervice de leur Maître: Et moy,dit l'Empereur, encore davantage pour le fervice du mien.

Il avoit cette louable coutume quand il entreprenoit quelque guerre , foit contre les Hérétiques d'Alemagne, contre les Turcs, &AfFricains, foit contre les François, Anglois, ou Italiens, de dre/fer luy- même un livret de prières, lefquelles outre les fiennes ordinaires, il difoic tous les jours,les ayant dictes félon le fujet,pour foûtenir la querelle de Dieu, ou deffendre fes Etats. Depuis fa re- traitte il mena une vie vrayement religieufe & pénitente, portant quelquefois Iahaire,fe d«aaaatladiicipline,ne

Livre V.. 8o*

«entrant que la mort: Et lors qu'il s'en approchoit,il fie prefeat a Ton fils Filippe de fon fo'ét &ducilice, comme ceiuy-cy fie aufli a Fil'ppc III. Car après avoir joint de nouveaus fcepires à ceus quefon Père luy avoir laifTé,fur le point de rendre i'ame, & laifTer toures Tes grandeurs, il en vova quenr Ion fils aujourd huy régnant , auquel il ie donna , cornmepour le dernier prêtent qu'il devoit rece- ' voir de û main. Si. découvrant fa poitrine playee& ulcc- rec:Rc*girde,mon fils, luy dit-il, à quoy réduit la mordes gran:>Roi<;dela terre. Or je ne me veus perdre fur les iou- ang s de Charles, fécond Conftantin, content de dire ua mot encre plufieurs lliades qu'il faudroit pour dire tout, que comme la plus grande parrie de l'Alemagne doit à Charles le Grand ce bon heur d'avoir été faite Chrétien- ne par luy,qu'aum* doit-elle à ce grand Charles le Quint, ce bien d'avoii éte'confervee Chrétienne par luy & puis que je lay conduit enEfpagne, cène fera fortir hors de .mon difeours & du deflein entrepris , fi je montre com- men t ce* Royaumes du Midy fe font garât-is de l'Herefie.

GOMMENT L'ESPAGNE S'EST GARAN- TIS D i l'Heresie, avec plvsisvrs particularitez de ce Pays-là.

Chapitri VI.

Trois chofes ont conférée

les EJfagnes de l'herefe.

i.

la Hermandat m fonte Fraternité.

3-

La fainte Croifade > fin

tnjlitution,fon ordre, £r fes revenu-^. 4- De ïlnquifition , par qui inventée çr inftituee.

Lînquifition en France, &> fa neceftté a cauft des cruauté-^ commifet far les Hérétiques. 6.

Vn Commandeur de famt laques a l' Inquijïtton. Poce Leonfourquoy con- damné: Caçallo mourant

fe convertit a la Foj Ca- tholique.

Zee 5

Vvis

$10 De T. A Naiîîahcidi l'H e r e S 1 1, *"V^w^ Xt/* Vi s que l'expérience a appris à quelques *• . ^3Tn^\T uns que la foudre crevant dans le ventre ïroa ***. £ lia) Jp lanuë,&fondantfuslaterre,ncbrûleja- fisonteon- a \%<C* mais le cors de l'animal fus lequel elle tom- Jeiye +y tyjjïitf oe > fi elle le rencontre en vie. Nouspour-

5 nf' "^^ IVJ&* rons bien de même nous inftruire par cette « for*- tourc fçavante Maîtreire , que Dieu , qui balance en fa i1* main le carreau de l'Herclie l'élançant vers terre, & Tut

ces geans Etats , ne les perd, ne les brûle , & ne les ruync jamais, tant qu'ils furveiilent à leur falur, & 1ers qu'il le* rencontre en vie : l'Here/îe qui ne cherche que la perdi- tion des âmes, fait gorge de tous ces grans Royaumes, lefquslselleatrouYc fans ame, vuidesdufoindela Reli- gion laquelle étoit langui/Tante, & my-morte. L'Alema- gne, la France , l'Angleterre, la Pologne, la Bohême , Se piuiieurs autres Etats en ont fenty les pointes:L'Efpagnç au contraire s'en eft heureufement garentie , l'Herefie l'ayant rencontrée fuz piez,lors qu'elle eft venue ravager •out le nioade , fulminant contre l'Eglife

Tous les 'voifins ont intérêt D'éteindre le feu quand il eft Epris en U mdijon prochaine,

Aufïiles Princes Catholiques ont montré le moyen de perdre l'Herefie, & y ont eus même fouvent porté quel- que remède. Ce feroit une faute trop infigne que de pak ferpaïdelîus ces admirables effets, & n'en dire la caufe» puis que no us voyons tous les Royaumes d'Efpagne, te ces larges terres fauvees de ce foudre qui ne pardonne à rien, lors mémequ'on craignoitlcTurc enOrient, te More en Occident, l'Arabe au Midy , & que l'Heretiquc au Septentrion fe rendoit redoutable: L'Efpagne eft bien, entourneepar trois cotez de deus mers, de i'Oceane, & de la Méditerranée, & d'un autre part eft flanquée du rempart naturel des Pire nées , mais cela ne luy a rien fer- ry. Ce qui l'a donc confervee entière, eft le foin que let Princes de ce Royaume ont eu de la Foy Catholique: Soin lequel a paru aus beaus étabJifTcmens qu'ils ont fait <le trois chofes, lefquelles y ont extrêmement fervy : L* fainte Herraandat.ou fainre Fratcrnic^la fainte Croifa-

it>9c

Livre V. 8ix

«Ie,&Ia fainte Inquifition. Ce font les boucliers d'airain, au feul afpecl: defquels l'herefie eft devenue aveugle, com- rae cet autre Diogenes, & n'a peu tenir un chemin alleu- dans lEfpagnc,pour entrer bien avant aus riches con- quêtes, lefqueiies elle y penfeit faire. Cette belle police qu'on a étably au régime des âmes , a fait que les Efpa- gnes n'ont point plié le col fous le joug de i'herefie , qui rouloit dominer tout le monde , & le promecroit fur la terre un Empire iuperbe. Cet l'ordre qu'on a mis parmy tant de defordres , qui a exemtë ces Royaumes de ia do- minarion du Diable , forgeron malencontreus de ces mal-heureufes fectes. La rigueur dont on ufa contre les Hérétiques a fait vivre la douceur fouhaitable del'épou- fe de Dieu, & l'a maintenue en fen iuftre, & fa naturelle beauté. Que l'Herecique gronde tant qu'il voudra;qu'- il condamne cette jufticc tant qu'il pourra, fi eft ce qu'- en ces grans effets , on ne peut que louer le fuj et d'où ils naifFenr. Leur ieprobation eft une marque de fa grâdeur, &une authentique approbation. Rien n'a ctélinonreu- fement diffamé, rien fi cruellement attaqué, que la j ufti- ce d Efp3gne, laquelle ils ont debiffee autant qu'il leur a été pofîible. Vous verrez toutefois, que cette belle refor- mation , fi mortellement déplaifante a ces nouveaus re- formez qui ont difforme tout l'Etat de l'Eglife,eft fainte, &juftement inventée. le vous feray donc voir que c'éc que la Hermandat, la Croifade, & l'Inquilition:

L a Hermaadat,quifîgniiie Fraternité, eft une exacte n.' juftice, laquelle fert pour pourfuivre tous les criminels LaHer- iots qu'ils ont échappé, deiaquelle on fe fert quand tout màdat on autre moyen manque, pour atrapcrle maifaicteur, &le f***têfr*ï fuit on, il c'ét pour quelque grand crime, enquelque ttrntté* part du monde q u'il aille, fous la domination du Roy Ca- tholique, ou ailleursuls le fuivent de lieu en lieu , ont des epies &des hommes pour fe familiarifer avec ceus qu'ils cherchent , n'y épargnant rien , fe fervent de toutes les induftrics dontils. fe peuvent avifer, pour retirer douce- ment à eus le criminel, & le faire retourner en pais:Celui- cy contractant avec luy quelque efpece d'amitié, Yoire une bien grande familiarité, j ufques à luy pré ter argent, l'affilier en fes maladies, Vautres neceilitez ; Et fous ce beau femWam d'affection, l'attire aus pièges qu'iilu/

aura

Su De t a Nais sàncb di l'Herssii^ aura préparé, & le met es mains rie laluftice : QuefîU défiance de l'autre empêche fon defTeinjii tachera de \uf periuader de vifîter quelque navire , ou de s'aller porme» lier en quelque heuen carofTe , lequelii aura à defTein a- chsré, &l'ayantengagé là-dedans, il l'enlèvera, comme " on a veu dans Pans , dans Conftantinople , & dans l'A le- magne , dei Genciis hommes conduits de cette façon ea E.'pjgne , après beaucoup de dépences qui font neceiîai- ies,& avoir moyen de le prendre fans bruit & fans tu mul- te. Ceus qui font de cette fainte Fraternité font vêtus ea l'exercice de leur charge de /cri, portant pour principa- les armes des arbalètes, & cette communauté a beau- coup de revenu pour fubvenir à ces fraits , lelqueK ds n'épargnent pas lors que c'ét pour pourfuivre quelque énorme forfait : Ils fonc toujours choilis , & n'y met ou que des hommes îneprcheniibîes , d une très bonne vie, bien nez, incorruptibles , habilles, & vaillaus; & pour u- neplus promte exécution de ce a quoy iisTont ordonnez, toutes les Villes , bourgs' ou villages d'Efpagne , ou il (e commet quelque grand artentat. font tenus de tonner la cloche des paroifïVs, & a ce fon chacun eftaverty de s'in- former que c'ct,& faire quelque diligence.fi on peut fça- Toir celuy qui fuit, & ceus de la Hermandar foudain font aus écoutes. Cette fraternité eft maintenant en plufieurs parties de 1 Efpagne fireligieufement obfervee, qu'a pei- ne voit- on ny meurtres , ny voleries , & d'autres crimes, lefquels du moins ne foient bien tôt punis. C'ét une bel- le frêne , puis que fon utilité eft fi merveilleufe , qu'elle fert d'avancement à la vertu, & de bafe a ce riche Empi- re,puis que les royaumes fe confervent par la juftice. Vol- ons que c'ét que la Croifade= ni. E l l e eft établie a deus fins, lune pour faireimas d'ar-

La fainte gent qui fe doit employer au bien,& au profit de la Chre- Croifai* , tiente,pour le rachat des Efclavcs. & pour faire la guerre f>min{li- aus infidèles & hérétiques. L'autre eft pour fçavoirii nul tuti$ntf»7t dans l Efpagne vit autrement qu'en la religion Catholi- *r4re,& que, fans exercice des oeuvres pies, & la fréquentation fes rêve- des Sacreraens de i'Eglife ; Cette même Croifades'ob- Pftti ferve en Italie, & a Rome j Elle a été établie afin que nul

nevequît àlaMahommetane, en Iuif , ou Hérétique» Cet une belle ordonnance , que toute perfonne de quel- que

L i y i i V. lif

^ue fexe qu'il Coït, eft contraint dés I aVe de fept ans de fe ccnfefTer. Ornuîn'ét reçeuà la confeificn qu iln'ayefa. bulle de la Croifade,pour laquelle chacun paiedeus reai- les,& les chefs des grandes maifbns.huit: Apres qu'il s'ét confeflc , il vaaîa table de nôrre Seigneur pour recevoir fon facré Cors. Apres l'avoir reçeu, on luy baille un bulc- tin, ou il eft écrit qui! a communié un reIjour,& tel an* après l'Octave de la fête , le Curé ou autre qui a cette charge, va par toutes les maifons de fes parroifïiens, pour recueillir (es buletins : Le chef de lamaifon , oul'hôtcc- tant obligé de reprefenrer tous ceus qui étoiét huit jour* avant Pâques delà Refurrection dans fa maifon, en la- quelle on avoit fait enquête. Quel! quelqu'un manque à donner fon buîetin n'ayant exeufe fufhYante, iltftfaie pnfonnier, & puny feulement de quelques amendesjque s'il eft coupable d Herefie, ifeftmis àhlnquifition. Les Officiers de la Croifade font des Archevêques , Evéques* autres grans hommes, tous de bonne vie,d'integrité irré- prochable, & jugent fouverainement. L'an 1^91. le Car- dinal Dom Francifco d' Avilla étoit Commiflaire gênerai en cette Croifade 3 Le revenu qu'on en tire eft très-grand, fc a caufe du bien qui en réunit , on luy a donné le no» de fainte Croifade.

S 1 cts deus religieus tribunals de Iuftice ont rapporté ivJ du bien à la pais du royaume, & à la manutention delà BeTin^tn religion Chretienne,& CatholiquerCeluy cy de l'Inqui- foitn , *4f fitionn'y apas moins profite j voire afervy de digues à ^uiinjli» ces grandes inondations d'Herefîes , qui fe débordant a- tutt* voyent prefque abîmé toute la terre. Il faut que je décri- ve , puis qu'on la décrie tant , la forme des procédures qu'on y fait. L'Inquifîtion fut établie , non a la naiffan- ce de Luther, mais lors que les Mores , & lesSarrafîns vaincus par Ferdinand d'Arragon, furent laifTez en pais fous quelque tribut, fans qu on les troublât en la reli- gion. Ce Prince fatigué de la guerre , après avoir fubju- ces peuples barbares, & les avoir mis fous fon obeyk iance,leur donnant la pais, voulut mettre quelque ordre en fon Etat, fans mettre guerre dans rEgliie,empéchanc que leurs damnables fuperftitions nefe gliiTaiTentdane ion royaume. Ainfiil choiilt des hommes lettrez pour prendre garde que le iuif , & le Mahommetan ne femâr

la ziza-

*i4 De ia Naissance de l'Hérésie;

fa zizanie dans le champ fertile de l'Eglife. Ce fut lcfoitf qu 1: môntia Jors avoir de la religion, oui luy acquit, & à ks fuccefleuis le titre de Catholique , dont le Pape 1 honnora, bien que quelques uns lerapcrtentàAlfonfe Roy de Galice, qui fei'acquupar l'authoruéduPspe Gré- goire III pour avoir purgé Ces terres de l'hereiic d'Arrius. El ce tetris ies reiigieus de Tordre des Iacobins , fondé parfamt Dominique, Efpagnol de Caliroga,Diocçfain de Lexovie,étcyent en tel aeditpar tout, queleRoy Ca- tholique, fe repoloit fur eus du fait de la religion. LeuK Inquifition fut fort rigeureufe par toutou ilsl'établi- rent:Ce furent ces reiigieus qui drefierent en Cateloigne une Inquifition contre les Albigeois, au Diocefe d'Vr- gel , ils tirèrent du fepulchre les os d'Arnaud de CafteL- bor,&de Ermefine de Brunicendefa fille, ayeuiedeRo- gci Bernard Comte de Foix, & les firent brûler, pour en jet ter les cendres au vent,pour avoir été creus coupables de l Herefie ^ mais tout cela fut radoucy depuis l'an mil quatre cens quatre vints&uu, par le Cardinal D. Petro Gonçalc? de Mendcça, tout étant approuvé par le Pape Sixte IÎ1I. Ces reiigieus avant le règne de Ferdinand, a- voient bien ordôné une efpece d'Inquifition, mais à eau- fe que depuis la victoire obtenue fur les Mores,ils furent plus rudes contre les luifs & Mahometans. On marque à Ferdinand le commencement de Tlnquifition d'Efpagne. Les Iacobins furent les inventeurs de flnquifition, la- quelle fut foudain authorifee du Roy, &: du Pape Sixte IV. pour les exécrables ia ïcetez que les Iuifs cemmer- to:enta la honte dr \u . cl. gion Chrétienne vers l'an 147). En fin ce quiavoit é'.é dreifé contre cette gent perverfe, fervit auili contre les Hérétiques de ce tems -} & lors que Luther commença a dogmatifer au monde, il trouva cet obftacle en Efpagne,qui empêcha Ton avancement, & îe força de fe retirer dans l'Alcmagne: Autrement il luy eut é:é aifé &a mille autres fectes, qu'on voit formillerdans la Polongne, Alemagne , Bohême , Angleterre , &Pays- Bas, d élever un autre Babel dans ces royaumes Catholi- ques. En cette Inquilition donc, quelqu'un étant defFeré pour hérétique, & (entant mal de la Foy, les Inquifiteuift Juy envoyent un Omcier qu'ils nomment familier, pour l'a'hgucr a cOiVip.aOicre devant les luges deilnquifmcn.

.Sou-

Litre V. Èif

Soudain il faut obeyr , Us fuites n'étcnt pâStoîterees, conduit devant les Inquilîteurs. S'il ne dit rien, ils le renvoyent, &: le mettent en liberté : mais commeil penfe être échappé, on met après luy un épie, oumôucrurt, qui eftfouvent le même familier pour confidererfesa- Ôionsi efquelles s'il remarque quelque chofe contraire aus ordonnances, &lois del'Eglife, il ledefFereaus Iu- ges.lefquels le font prendre par un de leurs Alguazils,ou Sergens. Et lors qu'a la première fois il avoue quelque choie de ce dont il eft aceufé 5 ils le renvoyent auiTi, û ce n'ét qu'il foit étranger.

Il eft bien remarquable qu'ils ne font pas feulement enquête contre l'accufé, mais encore contre l'accufa- teur,pour apprendre avec toute la diligence qu'il leur eft: poflible, s'il eft homme debien, s'il y ainimitiéentr'eus: Et le familier encor eft choifî irreprchenfible en ce qui eft de la religion, connu & approuvé en l'intégrité de vie, de race de vieus Chrétiens de quatre degrez Paternels, 8c Maternels, dequoy ils font preuve avant que d'être appe- lez à ces charges, qui font honnorabies,ayant des lettres à cet effet des InquiGteurs.

Apres avoirrenvoyé l'accufé, ils font comparoître de- vant eus le Provifeur , Vicaire , ou Biocefain de l'accufé, & félon la relation du Vicaire, ils déchargent l'accufé, oufoubs-lignent laprinfe décors , après laquelle il eft foudain appréhendé. Qnes'ilafuy, ils le font fuivrepar AlguaziljSergét de ITnquiiiricn, & a cela fert auiïi l'Her- mandat, dont nous ayons parlé:Vfant d'une plus grande diligence, lors quec'ét quelquehommeauthorifé, du- quel on craigne la doctrine : Etant pris, on faifit tous fes biens meubles,& immeubles,lefquels font conhYquez au Roy, s'il eft condamné.En toute cette procedure,on y re- marque toujours une extrême intégrité en ces Officiers, lcfq ucls font tous riches, & d'une vie exéte d'avarice, & de corruption : Obfcryant même tres-rigoureufement,que fi quelqu'un eft un téméraire aceufateur, s'étant ingère d'acculer fauifemëtjil eft foudain puni,afin d'épécher des légères, & mai fondées aceufations. Quand on met l'ac- culé en prifon, on le fouille le dépouillât de tout, fors de l'habit:Apres ayoir trempé huit j ours en prifon,le geôlier le preife de tkman Jer audience; l'ayant demandée, il eft

•réçlé

8i6 Di ia Naissance de i*Hirisii, appelé devant les Iuges,lefquéls Je folliotcnt(fans luy de* claierdequoy il eftaccufé j de reconnoître (on ofFtnie, luy promettant la liberté, s'il confefle librement, & lad feurant de la mort s'il demeure obftiné.Si l'accufé ne dit rien, on le renvoie encor en prifon : il fera pîufiet r< fois conduit a fes audiences, fans autre profit que de le faire fonget a fa :onfcienceJafîn qu'il s'accufefoy méme;Si a- ftes pluu*eur<; inventions ils ne peuvent rien tirer, ils font porter une Cr^îs, &un MciTel, pour ie faire jurer detîus: s'il refufe de faire Je ferment qu'on luy commande, il cft fbuda;n condamné : Mais ay^nt juré, ils luy font une in- finité de demandes de fon Pays , de fes païens, de fa vie, pour le furprédre. Lors que les luges voyenr qu il ne con- fêflè rien , ( car ceus qui font bien mftruits nes'aceufent jamais, & ne parient qu'après qu'on leur a montré i'ac- cufation ] on la luy fait voir, & luy communique on, fans luy nommer les témoins, étant contraint de les deviner, fongeant a fes^nnemis. Il choifït un Procureur &unA- vocat qui répond pour luy à l'information ; Ce quieft mieusquede répondre fur le champ.

Deus témoins non reprochez , gens de bien, font con- damner l'accufé, & non pas tcujours;toutefois à la mort, & l'Alcade quieft legeolier fufficfeul, & un témoin feul ne fufnt pas a la torture s'il n y a conjectures , ou autres preuves qui foyent preignantes. Apres qu'il a quelques jours longé quels peuvent être les témoins, il eft appelé devant les luquifiteurs , aufquels il demande fi fes enne- mis, lefquels il nomme, font témoins contre luy : Quoy eue l'accufé ne puiiTe deviner les témoins , il peut toute- fois fe purger, prouvant qu'il a eu fréquentation avec des hommes d'Eglifes, contracte amitié avec eus,ob(ervc les cômandementsde l'Eglife,& fes cérémonies, ouy tou- jours la M efle es jours cômandez, gardé les jeûnes, avoir révéré les Images, adorant un feul Dieu, &le refte des ar- ticles deFoy que les Hérétiques difputent, ii a neuf jours pour fejuftifier de cette façon. Apres qu'on aeuconnoif- fancedetout, leslnquiiiteurs qui fontEcclefiaftiques, grans Théologiens , luges de la do&rine , examinent les réponfes qu'il a fait fur lu Foy. S'il a fufnYamment prou- vé Cts actions, & fa vie exemte de ce dont on l'acculoit, il eftabfous,nonfïpleiaeiiiec toutefois; que s'ils craignent

quel-

L i v r i V* $ y

quelque chofe,ils ne luy donner quelque pénitence bien dure, le mctcent en prifon, il demeure jufques à l'adte deFoy. Si on ne petit tirer aucune preuve de fa propre bouche à fa condamnation ou abfolution , on le met fus la rorrure.En toute l'Efpagnc pour quelque delitl quecc foitonn'a que les cordes & l'eau 5 depuis le Concile de Trente, lagéncy étant fort douce, au pris de la France, d'Italie, oud'Alemagne. La peine de mort & le fupplice des Hérétiques c'ét le feu : Les tourrnens dont on ufe en, France, comme démettre fus la roue, à quartiers , tirer à quatre cheva us, tenailier,& couper le poing, font incon- nus en Efpagne. Pour épouventer donc laccufé, ils le font defeendre avev fon Vicaire en un lieu foûterain, fort épouventable,cù il rencontre les luges afîis.Le bourreau vêtu d'une robbe de treillis, ou toile noire étroite, la face couverte d'une même parure, qui luy defeend fort bas, lefaifu comme fi c'étoitquelqueefprit infernal : Les lu- ges en cette apprehenfîon le prient de côfefîer fon crime avant que d'être tourmentés s'il ferait on le dépouille, & puis commandent au bourreau de luy donner les cor- des: S'il ne confefTe rien ils ie font rapporter en prifon, ils ufent d'infinis artifices pour l'atrapper, y mettene des hommes apoftez , qui feignant d'être prilbnniers & coupables d'Herefie, le fondent, on tire aucune preuve afTeuree , il eft condamné au feu , il eft conduit vêtu d une robbe jaune fans manches, fur laquelle il y a des diables peints. Ils appellent ce vêtement le Sambenit, eu tête une haute forme de tour, faite de papier, fus laquelle eft peint un homme brûlant, & un diable fus fa tête, luy mettant le bâillon en la bouche pour l'empe'cher de par- ler: Ec ce lors qu'ils meurent obftinez ; car s'ils fe confek fen t,& font pénitence avât d'entrer en jugement, ils font reçeus d'une indicible joye, luy impofant quelquepeni- tence en fatisfaction du mal qu'ils auront fait. Se peut-il vpïc rien de plus légitime , ny de plus dous parmy les ai- greurs dont i'herelie a tourmété le monderSi on fait com- paraifon de ces ordonances avec celles qu'ont étably les Hérétiques par toutes les villes dans lefquelles ils com- mandent , on trouvera l'Inquifition plus douce, &p!usa- greable que leur tyrânie. Qu'on regarde aus cruautsz im- pies que nos nouyeaus venus ont exécuté a leur avenemét

F tf & au,

tl% t>ç la Na< s s an ce d,e l'Hiresie,

& au mal qui en eftarrivé,on connoïtra qu'ils font pire*

qu'Arabes. Iufques icy ils ont fait mille &mille meurtres

fans forme de luOice, ny d'Inquifition , & lefeulnomdc

Pierre leur étoit pour lors un lujet de condamnation.

L Inquifition fut en fa juftice fi plaufible à la France,

TV ' T qn'cMe en cmbralla l'effet. L'Edit deRomorantin ap-

'" prouvé de tout le Confeil privé, & des Parlements de

* France, fut appelle des Hereriques, Inquifitiond'Efpa-

r * 'Jr, grie. En cet Edit la connoiffance du crime de l'Herefie,

futrenvoiee aus Prélats , lansque les luges leculiersen en certain <r « , „* , *, P \ \ «

„- ,■ peulltntconnoitre, le Roy déclarant criminels de leze- t es a eau je «, . n. -, œ n i j a-

j J JUu-ftc tous cens cm 3 allembleroycntclandeitinement

en 1 exercice a une Religion autre- que la Catholique. iez.com- ,T . ,„.., ° r t? c 11 -

/r aAoïcy comme i JLdit pourluit. Et ann que tehes conju-

UsHereti- 3:>rû:ions feerettes viennent en cvidence,nous enjoignes * *»(bs pareilles peines, a tous fçachans, confent2ns,ou rc-

socelans, qu'ils ayent a icellcs venir reveler,& deffererin- sîcontinentàjuftice, aufquels s'ils font des complices, as nous avons en bonne foy , & parole de Roy donné, ÔC ordonnons impunité; ocs'ils n'eniont, voulons étredon- onié la fournie «Je cinq cens livres tournois, à prendre fus sjîes premiers & plus clairs deniers , procedans du bien ssces deiinquans. Declarans aulTî tous Predicans non ay- 333ns puillance dePrelats, ou autres ayans pouvoir de les » commettre, faifeurs de Placars & libelles diffamatoires 33 qui ne peuvent tendre qu'à irriter, & émouvoir le peu- ple a fedition, Imprimeurs, vendeurs & femeursdef- 3>dits placars, & libelles , rebelles ennemys de nous & du 3>repcspubiic, & criminels de leze-Majeftc , fujetsaus fc>peines des feditieus, & faifeurs d'affemblee par la fa- ucon, manière, & mêmes juges que aefTus. Et neau- as moins ne voulant de nôtre prêtent Edit les mauvais éprendre occafion de calomnier : déclarons tous calom- wniateurs, & qui faufferaent, &malicieufement, défére- ront, & acculeront aucuns être fujets à pareilles &c fem- »b!abies peines, que feroyent les accufezsils étoyent «convaincus.

Si cet Edit eût été bien ctably & ezeeuté par tout, comme il avoir été famrcment ordonné, on n'eût pas Yeu tant de malheurs en France: Onavoit biendufujet à ordonner encore pis que cela. Iain&is on ne vit plus

<Tinfa»

Livre V, gj£

^infâmes Atheyfmes , qu'en ce ïîecle, & Renouvelles Herefîes naître de cette nouveauté Calvinifte; il feroit difficile de rapporter fur cefujet tout ce qui fepcurroit dire. Si eft-ce que j'en diray quelque chofe. Apres lapu- blique defFenfe faite aus hérétiques François de prêcher en aucun lieu , à Rouen il y eût un Régent de Collège, qui croit fçavant en quatre langues , lequel méprifant tous les Edirs du Roy , & les Arrêts de la Cour de Parle- ment, monta en chaire, fuivy d'une grande multitude Huguenoteiil étoit Anabaptifte,& préchoit que l'Efprit de Dieu Iuy avoir révélé que l'Ante-chrift feroit ruync: Que Dieu l'avoit êleu pour chef, afin d'exécuter fa volon- té: Qu'il avoir particulière charge du Ciel de mettre à mort tous les méchans Princes , & tous les Magiïtrats: fous l'aifeurance qu'il ne mourroit jamais qu'après avoir étably un nouveau monde fur terre , pur & net de tout pèche 5 Feignant d'être Profère , & lors qu'il vouloitfe préparer à recevoir quelque revelarion du Ciel , il fe pro- fternoit à terrs, comme fus le trépied d'Apollon, fe deffi- gurant tout de mines horribles. Le Parlement fçachanr. cela, lefaitchercherpourleprendre: il fe cache &fefau- yeà la faveur duPrevôt , lequel étoit Calvinifte ; mais le lendemain ainfi qu'il vouloit fortir de la Ville , il fut pris, par des payfans lefquels le reconneurent : Il fut condam- né au feu avec deus de fe« Parens , lefquels après avoir yeu brûler ce faus Profete , étant conduits au fupplice renoncèrent a l'Herefie, & convertis firent pénitence. Que meritoyent ces libelles qui couroyent par les mains de ces hommes enragez , par lefquels ils déchiroyenc l'authorité Roya'leàlambeaus , décriant les Roys com- me bourreaus,Nerons,& Domitians? Qu'on lifeles pro- fanes livres de Calvin qui naquirent en ce tems, & votai- ent par tout, on verra les pages toutes entières employées contre l'hocneur facré des Roys. Que meritoit l'entre- ptifed'Amboife contre François fécond? CelledeGui- tery dreflee contre le Roy Charles neuvième? Quoyla confédération avec leTurc conclue à Bâle,ou Beze,Mal- lot, Viret, Ceguier, Clément, Renry, d'Amours, fc trou- vèrent? Quoy tant & tant de maffacres faits par tous les quartiers de la France ? A la Rochelle trente Prêtres foli- otez en la tour du guet , avec des petits crochets de fer,

Fff t. furenc

8ie Di la Naissancï de l'Hîrisii, furent précipitez dans l'eau. La tuerie de Navarrins, <?e Cieryj dAngouléme, & celle de Pen'gueus , ils ouvri- rent les fepulchres: les cors en étant ôtez, Scceuscfouels il y avoit aréique refte de chair poignardez, donneiu tc- , moignage ce leur cruauté.Le puis de Nifmes,le maflacre def ittnel, lacruautc d'un Gentil-homme de tiefbennc «naifon,c<ji rompit avec tant d infamie tout droit d'Hô- pitalité > chez une Dame de Ferigort il s'etoit retiré: Ec infinis autres, aufquels l'Inquifition e/Eipagne eût beaucoup fervy pour en guarir les playcs.mcritoienr bien plus de punition qu'ils n'en ont jamais eu. Le précipice de- la tourde MombrifTon , cLcùon contraignoit 'es Ca- tholiques de fe précipiter. A Fleac onjouoit au rampeau avec les tetes des Prêtres. En laParoifîede C.îilene'uii les Hérétiques dégradèrent d'une nouvelle forme Louys Fa) ard. Prêtre de bonne vie,luy faifant tremper les mains en une chaudière d'huile bouillante, luy en verfantfurla téce, & dans la bouche. Cela furpalTe en cruauté tout ce qu'on pdurroit dire des plus barbares & inhumaines Na- tions, Si une telle Inquifition que celle d'Eipagne eue été établie au commencement en ce Royaume, tout cela ne fut pas avenu, & la France n'eût pas (oufFert tant de dommages en la Religion, l'honneur de laquelles'ct veu honteufementrlétry par toutes ces infâmes ac5tions:Etla grandeur fouveraine des Roys de Frâce avilie par (es pro- près fujeus , lelquels comme enragez , ont jette les cen- dres de leurs Princes au vent : Heureus le iiecle auquel tout cela éft éteint. Au Rer. ra,r ^w, grand KP'y un chacun ~ïit en pats :

Tour le Laurier, l' olivier efl épais En notre France , £r d'une étroitte corde <yfv enferré les mains de la dif corde. Morts font ces mots, Papiftes, Huguenots 2 "* r* Le Prêtre 'vit en tranquille repos,

Le vieil foldatfe tient enfin ménage, L* ^/Crtifan chante enfaifantfin ouvrage. Et plus bas.

Le Pafteur faute auprès d'une fontaine, Le marinier par la merfe pnmeinç

Sknt

VI.

V/i Qom-

Cathoh-

L i v r s V. 8it

Sdns craindre rien: car par rené crpar mér Vom av-xpeu toutes chofes calmer.

Mais retournons en Efpagne. On n'e't pas conduit à l'Inquiiîtion pour icv Herelîes feulement , mais encore pour av,oir dit, en dépit , maugré , je renie Dieu, & la vie deDieU; Defortequunjour Dom Michel de Barro du J-»*"*r Royauraede Navarre, & bien mérité defon Roy, Corn- ,e ' *~ mandeur de faine laques pour avoir juré, porvtdade Dioi, ^ies a fut mis aus fers trente & un jours , & comme il feplai- inVT" gnok auRoy d'Efpagne, le Prince luy dit, quepour le lCKl r°»r ibulager il envoyeroit (on fils pour porter la moitié de ??î "* fes fers, en reconnoiiTance de fes bons fervices. Il avoir :ju' fa prifon tapiffec, & fut fervy magnifiquement, mais Ces ou eon fers luy étoyent aulîî rudes qu'ils eurfent peu être avn tour'iucjf f payfan. Bezequi eroflit fes Tableaus , &en loçe de tou- c°,u""™ne' tes les laçons, n a pas de honte de mettre parmy les Eipa- gnols, Ponce Léon, & de le louer , le plaçant'dans le Ciel rr'0!tr*nt comme quelque glorieus Martyr : fine le remplit-il pas 'eco^tr' d'ames fi détectables ; ce font plutôt des Martyrs de Sa- î^alaJ°* than , que de Dieu. CeLeon fut trouvé coulpable. outre Vhzït&Cjdel psecado nsfsr}do}&. fut condamné par l'Inqui- * lîtion,à caufe de cet infâme crime. Il fera toutefois bien permis a Beze d'élever jufques au Ciel ccus qui ont été fauteurs de fon énorme péché, & honte ufement coulpa- bles du forfait qu'il cômit avec fonamoureus, dont il le vante, comme on a veu ailleurs. Ponce Léon eit donc des - fiens & mente d'être porte-enfeigne de rHerelie,fous un chef tant infâme en fon vice. Mais il en loge un autre qui n'et pas de fes troupes : C'étCaçailo, lequel a été pré- cepteur de la Princeilc Donna Ioanna , fille de l'Empe- reur Charles le Quint, & femme du Roy Ian de Portugal . Père de Sebaftien , qui a fait bâtir ce beau Monaitere de Scalces, &i'Hcpital a Madrid, oui Impératrice femme de Maximilian, fille de l'Empereur Charles fe retira. Ca- çallo fut mis a l'Inquifition , accule d'être Hérétique, dequoy étant convaincu par fa propre bouche, il eft con- damné d'être brûlé tout vif.

Quelques Seigneurs Efpagnols regrettant de voir mourir cethomme, lequel ils eiperoyent retirer de l'iie- rcâe,fuplierent le Roy de luy pardonner. Le Roy répon-

Fff| &

tu De la Naissance de l'Hérésie,

die que fi fa propre fille avoir un grain d'herefie, qu'il vouloir en faire faire juftice : Caçallo fe voyant condam- né, eut l'ame frappée de quelque bon Ange, fongeàfk çonfeience, confidere les erreurs qu'il avoir embraifez, Se prêchez, confère avec un fçavant nomme- en fin covain- cu,quoy qu'il fut tres-docle , fait une publique abjura- tion de l'Herefie, renonce a la doctrine des nouveaus ve- nus, fe cenfigne en la Foy de l'Eg'ife Catholique, & ren- tre en l'union de l'Egiife Romaine. Le Royjoyeusde cet- te victoire, fait en forte que le fuppliccluy eftradoucy é- tant conduit au lieu deftinéà fa mort , il fait un long & docte fermon au peuple, en témoignage de fa conver- sion, proteftant qu'il mouroit, non en Proteftant infî- delle, mais en bon Catholique, en la Foy de l'Egiife A- poftoiique Romaine. hors laquelle il n'y apointdefalut, bien aife de figner fa foy defon fang, allant en ce triomfe- glorieus dans le Ciel, en la troupe des Anges, A in fi mou- rut Caçallo, à la honte des Hérétiques, Jefqucls ca leur impudence cfent en faire montre, & le mettre du nom- bre des leurs.

QV"EST-CE QJE FERDINAND FIT

povp, aïïeruir l'Eglise Catholi-

que en Alemagne, après la retraitte

de Ion fi ère.

Chapitre VIL

Jfoteufè retraitte des Lu- thériens en fdjfcmblee de F Formes y l'an i$$j> i.

Miracle avenu en^Auf- ùcu;?.

MAxithitûm fuccede à Ferdinand.

4- Demande fecours contre les Taures atts Protefians> qui font les Ions.

1. "PSrdinand qui fucceda à l'Empire, fuccedaauflî à Bpnteu/i J"* la même affection, & dévotion que fon frère avoit retraitte eu à la confervation & maintien de l'Egiife Catho-

disLuîhe- lique:Tou:efois menaiTé du Turc^qui avoir percé a jour n:m m toute la Hôgrie.à fin de maintenir 1 Alemagne au même

Ewt

Livre V. Si?

Etat que Charles luy avoir Iaiffé, il fut contraint cher- cher lapais domeftique,pour la crainte il étoit d'une ' *Mtni~ force & cruelle guerre étrangère 5 fouventilfolicitoitles °**9 &9 Princes Proteftans d'entrer en la ligue fainte contre le VIT*™**» Turc, lefecourirpourdeffendrelereftedela Hongrie & *S*SJ7» Tranfilvaniej Mais ils demâdent qu'on décide dzs points delà Religion , puis nue le Concile interrompu à railon des guerres 3 n'apeu prononcerfon dernierarrêt. L'Em- pereurfait fagepar le pafte, dit qu'il n'étraifonnable de remettre les différents qui regardent l'Eglife univerfelie à la feule Naciondela Germanie: Enfin vaincu de leur importunité, &del'aifeurancedes Catholiques qui luy promettoient la victoire certaine , il leur accorde une af- femblee& Colloque.

le fuis content d'étendre un peu la forme, la cérémo- nie & l'iiîuë de celuv , fur lequel toute la Germanie avoir tourné les yeus,pour l'efperance conccue„que cette i Hu- it re afTemblee mettroit fin a ces divifions.Lan Lfff.lz diC- pute fut arrêtée entre douze Théologiens Catholiques, & douze Docteurs Confefiioniftes , l'Evéque de Spire eft defigné Prefider.t: Notaires établis pour recueillir les a- &es de la Conference,lefquels dévoient être mis dans un coffre dont le Prefident auroit une clef,les Docteurs Ca- tholiques une autre, & les Luthériens une autre.ouils fe- royenrconfervezjufquesàlajourneeImperialle:Quarre Princes d'un pany, & quatre d'un autre, furent auilï or- donnez3 & afin que cette notable a^Temblee ne peut être fans fruic , tanc pour le regard des Princes que pour les Théologiens , quelques autres furent nommez, qui fe- roient pris, avenant la mort, maladie, ou empêchement de quelqu'un dts nômez.Iamais on ne conceut efperance de>ais telle qu'a ce coup, car il fembloit que chacun por- tâtuneame repofee. Les Confeflioniftes promettoyent merveilles. Les montagnes après s'être cpouventablc- ment enflées s'acouchent,mais d'un rat. Auiïï en fin d'u- ne fi fameufe convocation ne fortit que de la fumée, Scn- ne rifeeparmy toute la Chrétienté , a 1 a honte de l'here- fie. Les douze Cacholiques ayant pris leur place, remon- trent que la difpate a été arrêtée entre les Catholiques, & cens de la Confelîion d'Aufbourg, toutes autres fe&es forciefes : qu'il faut légitimer les parties , que pour eus,.

8i4 De la Naissance de l'Heresie, ils font tous Catholiques, d unemcme vois, d'uneméme Foy.Les Luthériens s'entre- regardans,s "aiTemblenc pour reeonnoître leurs gens. L'affaire eft remis, &parquel- ques jours débattu entr'eus^, avec beaucoup de conten- tion : Car cette pauvre ConfelTion d'Aufoourg s'en alla en confufionil'un oifcit une chofe, l'autre une autre. Pau- vres bâtiiîeurs de.Batscl ! Les Catholiques tandis tous u- nis patientent(c'ét toujours chez eus que l'union fe trou- ve; confidercntleur miierable divifion,auiTi ridicule que. pitoyable.

Or les douze Auguftans , les cinq font bande à parc, proteftent qu'ils ne ligneront jamais ce que Iesfeptpro- pofent fur la queftiorr du Libéral Arbitre, delalufuhca- tion, àts Oeuvres, des Sacremens, &de l'Euçhariitie. Quec'ét contre le texte de la Confeilion d'Aufoourg. Ceus-cy comme moindres en nombre, mais non pas en courage , & opiniâtreté , font forcez quitter la place aus fepr, moquez de tous, maudits & excommuniez par leurs propres compagnons, & contraints fe retirer. Les fepe reftans n'en ayant peu fubitituer en leurs places d autres qui euilent même livrée, tous honteus le retirèrent auiik Par ainiîdifparurent les Luthériens fans coup fenr, quit- tant le champ de bataille aus Cathoiiques.Soudain écrits aigres, & piquans en campagne, de Nicolas Amfdorff, & Nicolas le Coq du nombre des bannis ,- contre Melan- dhon &Brence, qui furent des fepe qui réitèrent. La ils les appelét fauteurs des Hérétiques Zuingliens &Oiian- driens. qui couvrent leurs impietezfous le manteau de la' ConfelTion d'Aufbourg; Brence, écrit ArafdorfF,& Fiiip- peMelancthon au Colloque de Wormes, n'ont pas vou- lu condamner Zuinglevny Oiïander,& cependant fe font moquez de nous, &nous ont honteufement chaiTez du Colloque, & de i'aiTemblee tout a plat, pour n'avoir voulu entrer en conférence, que plutôt leur erreur ne fut condamnée j & encor que ceus qui font demeurez après nôtre de'parc ayent proteftépar leurs écrits ne vouloir fuivre autre doctrine que celle de la Confefîion d'Auf- bourg, fîeit-ce qu'ils font le contraire, &fe montrent fionieulement Zuingliens, mais auffi Ofiandriens. Nô- tre débat , difoit le Predicant de Ratifbonne , qui fut l'un «es bannis, étoit des plus importans Articles delà Foyj

Comme

Livre V. 81$

Comme de laLoy, de L'Evangile, de la IuftiScation, des bonnes Oeuvres, des Sacremens , des Cérémonies, dont nous ne peûmes jamais tomber d'accord. Voila Kï- fuë de cette allemblee,ou plutôt de cette Comédie joiïee aus dépens, & a la honte des Lutherieus. Le pauvre Me- lanclhon portant la veuë balïe, & foa front ridé, couvert de honte . ne ceiToit de foûpirer : Bon Dieu , difoit -il, à quelles gens avons nous a fairelQuels efprits chagrins ôc têtu&JC'éç fait de l'Eglifedu Seigneur.

L'Empire deFerdinand coula dis-fept ans fans au- ir. tre chofe remarquable pour la Rehgion, fi ce n'étles Miracle attaques des Ecrivains que jereferve au Chapitre fuy- avenu à vant : Il maintint les choies en pais, pour la crainte de ce Audourg* puilfant e.memy, qui ne ceifoit de travailler la Chré- tienté. Avant la mort avint ce miracle célèbre d'Auf- bourg, qui avança la conversion de plusieurs. Vne fille Luthérienne pofledec du Diable, eft prefenteeaus Pre- dicancs de la Vilie par fon Pcre Tiilcran. Ceus-cy en pri- vé tachent a l'exorcifer mais comme le Diable ne fait jamais la guerre au Diable, cet efprit mauvais ne vou- lant quitter la garnifon, fe mocquoit d'eus, qui s'excu- fentfurleconfeil déterminé du Père Eternel, qui ne veut abréger le tems de la punition de fa créature: Exhortent le Père de patienter : Mais une fienne voifine Catholi- que, hile d un Chirurgien, nommé Matthias, Tétant ve- nue vifiter , prie le Père de trouver bon , qu'un Docteur Catholique, nommé le Père Simon, préchant en l'E- glife Saint Maurice, de la Ville d'Aufbourg, lavintvi- iùer ; cequ'iliit. Ce Prêtre, homme d'une îainte vie, fçachaut le fujet, fe met en prière, fait porter de l'eau bénite, &s'envaaulitde lamalade, laquelle nepouvann fouffrir fa veùe, -crie, hurle, &fe tourmente, & brûlant defoif, la langue alTeichee d'ardeur, on luy donne de cette eauà boire, redoublant lors fon tourment, &fes in- jures contre le Docteur Catholique qui faifoit Ces exor- cifmes , fi qu'à peine lis hommes forts & robuftes la pou- voicnt tenir: Apres un long combat de paroles invoquan- tes le nom de Dieu , le Diable hurlant avec une vois de Toreau, & difant ces mots, Méchant Prêtre, jeneforti- raypas, il fut force' quitter la place au Maître, &lailTer cette créature qui réintégrée en fa première forme &

Fff 5 faute

H16 De la Naissance de l'Heresxk,' famé, tombant évanouye fur le lieu, & par même moyen recouvra le falut de Ton ame : Car elle & les fiens fe remi- rent en l'Eglife Catholique, en laquelle feule ces mira- cles fevoyent. ln Ferdinand mort, Maxim ilian Ton fils fucceda

Maxtmi- * l'Empire qui fevid bien tôt les forces du Turc furies Hanfuccs- bras: Car Soliman ja vieil, pour faire fa dernière main, deàFtrdi- pafla dans la Hongrie,& vint en perfonne barre les murs «Atîd. ^e Zigeth, ou M borna toutes fcs conquéres: L'Empereur étant lors à Aufbourg convoqua les Princes, mais les Princes Luthériens bandent des excufes fur les guerres de Suéde, deDannemarc, ou la Religion avoit fouffert du changement, comme j'ay dit. Autres fe couvrent du dif- férent émeu entre deus frères Ducs de Weinmur,gendres du Palatin, auquelleDucde Saxe, & le Palatin éroyent engagez.

Quant à FilippeLantgravedeHeiTen , ils'excufafur les noces de Ion fils avec lafille du Duc de Witemberg, & treize autres Princes de la même Religion Proteftan- te,prieza cette afïemblce defigné àMarpurg: Caravec Pilippeétoyent Guillaume, &Louysfesenfans, Filippe t)uc d'Olft, Hernsft Duc de Brunf/ic , Chriftofîc D uc de "S!cy::enibcrg, deus de fes enfans, deus du Comte Palatin, "Wolfang Duc des deus Ponts avec fon fils , &Ian Geor- ge fils du Marquis de Brandebourg : Iamais les excufes ne défaillent aus mauvaifes volontez. L'Empereur étoic en alarme , qu'on ne traittat autre chofe que faire bonne chère, & que fur ce grand bruit qui fe faifoit de ladefeente du Turc , les Proteftants neprinlTent occa- sion de remuer quelque chofe pour la religion, veu mé- mement que tous ceusde ceparty s'étovent trouvez en cette afTemblee. Il tache a ramener le Comte Palatin, q ai ennuyé de la Confefiion d'Aufbourg avoir receu cel- lede Genève, commeje diray plus particulièrement cy après. îv. Maxim i lia n ne pouvant patienter fejourne à Auf-

Eitnande bourg fans avoir avec foy que le Duc de BaviererLesPro- feconrsaus teftins envoient leurs ArnbaiTadeurs pour traitter.mais il Fr$tefinm leurmande,qu'affaires importas le bien de toute laChre- tuiftnt tiente requièrent leur prefence : II les prie par courriers febns. l'un fur l'autre d'avoir foin de l'honneur de Iesvs-Christ,

pitrS

Livre V. 817

plus que de leurs feftins & triomfes , & ne s'amufer aus guerres de Suéde &Dannemarc: mais regarder au faluE de la Chrétienté, & au leur particulier. Pendant ces lon- gueurs Soliman marchoit avec des forces inviolables , à fa conquête de la Hongrie. La Diète enfin le tint , il fut propofé qu'on eut à traitter du moyen qu'il faudroic tenir pour chalTerfesHerefies non compriies en la pais de la Religion , &qui par icelle avoient été prohibées, mêmes en ia Ville d'Aufbourg, l'an 157$. puis le fecours contre le Turc: Le CôtePulatm vidbien, que cette pro- portion des Herefies , donnoit non feulement fur les A- nabaptiftes, Arriens, &aut:es fortes de gens : Mais aufïl fur les Calviniftes pourlelcjueis ils'étoit déclaré. Cet pourqucvil fit tant que rien ne futrefolu en cettcDiete pour ce regard, accordant volontiers le fecours deman- dé par l'autre, qui eut l'ilTuë que vous avezveu au livre quatrième pai la prife de Zigeth. Ainfi demeurèrent les affaires en la Germanie, laquelle refpira quelque tems par la mort de Soliman.

LES PRINCES ETABLISSENT DIVER- SES CONFESSIONS EN LEVRS TERRES, ET

comme les Théologiens vindrent aus piilès.

Chapitre VIII.

la fais faite entre les F rinces , la guerre corn- rmee entre les Ecrivains. 1.

Ce que Calvin ait de Lu- ther.

. *\

rlaifante hiftoire d'un qui

nefouvoit trouver Parti

J I

en aucune Religion. 4-

^/Cjfemblee pour decidet ela nelio bour

delà Religion

Qen rhuringe,

f.

Changement de Religion en Brème yey comme les Calvmijles sjglijferent.

La pafs

tommtnce

Naissance de l*H eresii, l pais faite entre les Princes en Alemagne, par la délivrance du Saxon , & du Lantgra- ve,tellement abûa:us,qu'ilsn eurent moy- en de fe relever ,& par la mort de Maurice , & dernière defFaite du cruel Albert, conti- rV* nuée pari a fagefTe& prudence de Ferdinâd: laguerre fe rit entre les Théologiens : Dés lors que ceus- mtre let la eurent perdu leurs cuiralfes au croc par la fin de leurs écrivains. ligUe<,jCe.JS_Cy pùndrenc les plumes en main pour renou- veler leurs querelles : Ils publient leurs confeflïons, cha- cun à la veu'ë de fon clocher, &aia faveur de Ton Prince fait voir la fienne. Le Duc de Saxe en fait imprimer une, les Comcesde Mansfelduneautre , & une autre encores Chnitorle Duc de Wuemberg : Ils déclarent Hérétiques non feulement les Zuingliens, Calviniftcs, qui fe^glilfoi- ertt délors en Alemagne :mais auiîi les Melancthoniens, & Majorités , jadjs fidèles amis de Luther. Les Théolo- giens viennent bien avant aus prifes, pour la difputede 1? Cœae ,ï^cheufe querelle long tems debatue, & leur pierre d'achoppement; Wolfang Comte Palatin deman- de avis a Melanéthon , pour fçavoir ce qu'il en dévoie croire,& s'en rapporte aîuy. Celuy-la toujours flottant, &douteus fembie par fa réponfe favorifer l'opinion des Sacramentaires, & par ce moyen jette la confeience de ce pauvre Prince en plus grans doutes que jamais : Il rè- gle pourtant fa Religion en tes terres, & fait publier l'or- dre qu'il veut y être gardé: jufques ace, dit-il , qu'il y aie autrement pourveu. George d'Anhalt en fon petit état de même. Celuy-cy montoit en chaire, & de fa propre authoritc préchoit l'Evangile. C et pourquoy Beze le mettant au ran^ des Miniftres,dit qu'il a fait le devoir de très- bon Prince & vigilant Pafteur de l'EgliferTeliement quefes fujets avoyenten luy un feigneur qui les gouver- noit au monde. & un guide qui les menoit au Ciel. Sou-' vent, dit-il, les Eglifes voifines , & lointaines on: pris & fuivy le confeil de cet homme , & autres refpe&é Con au- thorité. Quelques autres Princes firent dreffer leur co:i- feflion, & piulieurs félon l'avis de Melandthon. Nico- las le Coq Luthérien de Pvatifbonne reprend .le confeil «IcFilippe, écrit contre luy , qui fembloit nager entre- icm: preuve la realité du cots au Sacrement fuivantlo-

rinioa

Litre V. Sij

ïiion de fon Maître. Le jeune Brence Surinrend? nt àWi- temberg, ne voulant démordre !adcétr;ne ce ion père, qui avoir condamne cellede Zuingle comme diabolique, & pleine d'impiété [ce fut Ton mot) fait-queleDucfon Prince publie un Fdit centre tous ces Zuihglicns Sacra- menraires. ioachim Wesfal Luthérien , & lan I.asko Zuinglien viennent rudement aus attaques , umem plu- fîeurs débats l'un contre l'autre, comme fait auiîï ce grand Surintendant Helîuiîius , partifan de Luther contre Cal- vin. Mais celuy-cy tire jufquesa la dernière lie toutes les» injures, & mots piquants , &les jette contre ies Luthe- riensàl étoit riche en médifance par-defTus tous les hom- mes qui furent jamais , comme vousverrez au livre fep- tiéme deftiné pour luy.

Calvin ne fe rcilouvenoit pas parlant ainfi des Lu- H* "theriens, qu'il avoir écrit;Luther être l'homme infpiré ^e<\u* "del'Efprit de Dieu, l'envoyé de Dieu : Nous portons ce C*fo*ndti ^témoignage de luy fans flatterie , dit Calvin , que nous "* Luther, "le tenons pour un infigne Apôtre de C h r i st. La cho- wfe parle de foy-méme, que ce n'ét pas Martin Luther «qui a parlé ; Mais que c'ét Dieu qui a fulminé par fa "bouche. Si Luther étoit l'Apôtre de Dieu,Calvin donc a été l'Apôtre duDiable : car en la perfenne de Zuingle & autres Sacramentaires , Luther ajugé Calvin Héréti- que, & faReligion le chariot pour conduire les hommes en Enfer. Comme de fon côté Calvin, & les liens jugent dignes de mort les écrits des Luthériens : AuiTi font les Luthériens ceus des Calvimites. Ils ne ceLTent de crier au feu.

Or Brence , & Martin Kemnice Predicant de Brunfvic femettent d'unparty , &BuIlinger del'autre: Celuy-là écrit à lan George de Brandebourg, comme on voit par fes lettrés^ 'il veut faire fon falut qu'il chalTe les Calvini- stes de fon Etat, en fafle puniticn:Car ils tachent cTépan- dre leur venim par tout. Les autres au contraire luy écri- vent,que la grofliere Religion de Luther,côduit les hom- mes a perdition. Que ce n et que le Papifmemafqué.Sur tout Calvin tacha d'attirerPilippea fon party: Il le flatte par fes lettres, le conjure d'ouvrir Ion ame. Tu te caches, dit- il mais que fera- ce fi la mort te furprend?Celuy-cy les JailTe toujours en incertitude. Nous ne pouvôs nier,écri-

ven:

?3o De la Naissance de l'Heresie,

venr les Luthériens en l'Apologie de leur Cœne,que Me- laclhon n'eut tort de ne s'oppofer avec plus de vertu aus menées & pratiques des Sacramentaires qui ne marchoi- ent pas de bon pie avec luy. Il devoir cofïderer quel trou- ble il lailToit dans l'ame despeuples, qui avoyent creu en luy,&lesrufesdes Calviniftes pour faire recevoir leur mauvaife doctrine. Or comme les Etats de l'Empire fu- rent aiîemblezaFrankfort,pourlareception du nouveau Empereur, les Princes Proteftans prient leurs Pafteurs, & fur tous Melancthon, de vouloir prendre quelque der- rière refolution , & leur énfeigner ce qu'ils avoyent à croire. Ils s'aifemblent a cette femonce,conferent de pa- role , & par écrit. Et en fin couchent leur opinion en ces termes : Pour la Cœne du Seigneur nous recevons le Ca- techifme de Luther, laConfeiliond'AufDourg, & les ar- ticles de Smalcade , félon l'intelligence qui eft contenue dans l'Apologie , & livre des Lieus- Communs deFilippe: Comme nous recevons auiTi la concorde, & reconcilia- tion faite entre Luther & Buccra Witemberg l'anmil cinq cens trente & fis en prefence de plufîeurs hommes pies, &fçavans 5 Cette réponfeobfcuie& captieufefor- tiedu trepié de Melancthcn, fut depuis unpeuéclair- ciepar eus-mémes, avouans la realité, comme on voit dans leurs cayers inférez dans l'Apologie de la Cœne Au- guftane. Les Sacramentaires de leur côté n'eurent la bouche clofe : P2S un mot en tout cela des Conciles an- ciens, point des faints Pères , qui ont été les gardiens de la Foy. 1IL Tovs ces gens ainfi debandezs'entre-faifansla guer-

ïltifantî' re,fe déchirent,s'anathematifcnt, s'entre- appelétMam- kiflâife melus & hérétiques. On voit cela dans tous leurs écrits d'un oui témoins irréprochables de leur peiverfe& damnabîedo- m peuvois clrine. Chacun d'eus cherche non pas la vérité , mais le trouver moyen d'avoir le delTus de fon compagnon. C'ctlacoû- pâYt" en tume des hérétiques, difeit faint Gregoire,de de/irer em- *Htuw rt- porter l'honeur de la difpute aus dépens de la vérité, Cet li'ion. e^e qu'ils cherchent le moins, ils vont ôc viennent com- me étourdis &envvrez du vin del'Herefie, &nefçavent qu'ils font,ny plufîeurs quelle route prendre,couranr en un parry,& foudain retournant a rautre:Témoin le con- te que fait S tafiie 3 dudifciplcdeIyidauc"Uion. Celuy

'fut

L i V R s V. Sii

fut battre à toutes les portes de toutes fortes de Religi- ons, qui font éparfes pariuy les Pays du Nort , pour être receu Pafteur , Tans pouvoir trouver party qui le voulue avouer pour fîen, après avoir découvert quelle étoitfa creancerCar ïîliricus le chalfa de la Saxe;étaut en PrufTc, Ofiander l'en bannit: PaiTé en Pologne,il ne peut être re- çeu des Trinitaires, Deïftes,ny aftre forte de gens Evan- geliques nouveaus.qui régentent en ces Pays là:Les Huf- Stes mêmes &Pikarts delà Bohême lerefuferent, com- me rirent les Suenkfeldiens en la Silefie , & ks Anabapti- ftes en la Moravie. Apres que ce pauvre homme eut allez couru, ne le deffendant que àts textes de l'Ecriture, au- thoritez de fes Maîtres Luther & Melandhon , pour le foûtien de la religion qu'il profeiïbir, & n'ayât peu trou- ver qui la voulût du tout approuver pour Chrétienne,^ Evangelique : En fin arrive a Vienne, il découvrefa mife- re, & longue pérégrination à quelques perfonnesdefça- voir Catholiques. Dit qu'il a couru par tout , pour trou- ver des gens de fa religion , quieufîentdu tout laFcyde Martin &Filippe fes Maîtres, mais qu'il n'y a trouvé ua feul Predicant, qui l'ait voulu alfocier en fa chaire, pour prêcher une même vérité. Ayant parlé avec ces Catholi- ques^ fait plus fage par la conférence qu'il eu t avec eus, iailTantladivifiondel'herefie, il s'arrêta dans l'unité de l'Eglife Romaine.

Les Princes qui fuivoyent la Confe/Iiond'Aufbourg Nr» ne fçachant quel ordre mettre à la defunition de leurs djftfnbli* Surintendans qui gouvernoyét ainfi douteufement leurs tGUf dtti- confciences,font une aifembiee en la ville de Numbourg an de la en Thunnge , ou le Pape Pie quatrième qui tenoit lors le Religion et Siège, envoya ion Nonce, pour lesfemondreencor un Eubcuf» coup de le raportera ladecifon du Cécile, lequei àlafo- ttîlhmm». licitation dei'"Empereur,du Roy de frâce,& autres Prin- g** ces Chrétiens, avoit repris fes premières erres. Cette af. femblee n'apporta non plus de fruit que les autres: Car à toutes ces Conférences. cerne dés l'entrée on les fommoit ce s'accorder de luges, & qu'en leur donnoit le choiï des cinq premiers fiecies ou ils confelfentla doctrine avoir et ârincorrorn pue, qu'on vouloir mettre les anciens Con- ciles fur le tapis , pour interpréter l 'Ecriture : Nous fom- rnes cornens, diioyct-ils, «'admettre la oi-a;re premiers

Conci-

8;i De la Naissance de l'Hérésie, Conciles, ce Nic^ConfUnunople, d'Efefe, & Calcédoi- ne, pourveu qu'il? lovent conformes à l'Ecriture. Mais pourqeoy cecte diverfité des quatre premiers aus autres, puis que c'ér avec cette precaunon qu'ils foient d'accord a l'Ecriture- Mais encor quelle inepte, &honteuic defui- teïLe même peuvét-ils due 6qs livres de Porfire,de Mem- non, del'AIcoran , pourveu qu'ils s'accordent avec l'E- criture: Caries uns & les autres 1 aIleguent,voire mêmes Mahomet pour preuve de fa million. Comme la Seiche, dit S. Grégoire de Nazianze, parlant aus cent cinquante Evéques , dérobe laveu'c aus pécheurs, venant Ton ancre fur le point qu'elle donne dans leurs rets, &ainfi le fau- ve: De même font les Hérétiques. Ils ont toujours quel- que huis de derrière pour évader. C'a été, & fera cy^apres leur faufle porte, de renvoyer le jugement des Conciles & des Pères , s'ils ne font conformes a l'Ecriture: Cet à dire au jugement qu'ils luy donn?nt.C et le moyen d'im- mortalifer nos querelles,commejediray avec plus de loi- (îr au Livre huitième. r. Or cependant que les Luthériens dous, & rigides, &

Change- les Zuingliens trairtent leur accord, mais en vain, les Cal- tmnf de vinifies iortis de Genève, fins & rufez, étant aus écoutes, religion en font couler leurs livres ça & la. Ils^feglilïent dans Brème, Hrtm?,& ville de Saxe, & font li bien qu'ils donnent du coude aus tomme les Luthériens, qui crient, & fepieignent : Cette pratique fe Culvini- fit par lemoyen d'Albert HardembergiusPredicant , qui fîesi'yglif- fut receu comme Luthérien, & fit longuement la charge; ferent. Mais peu-a-peu il annôca au peuple une nouvelle doctri- ne. Le Sénat en prend l'alarme , &plufieurs reprouvent cetenouveauté.On dépêche les députez devers les Théo- logiens de "Witemberg , defquels, difent-ils par leurs let- tres , nous avons appris la Yetité de l'Evangile repurgee. lis les fuplient leur donner avis. Melancrhon vivoit en- cores ( car certe menée commença l'an mil cinq cens cin- quante fis) qui dôna fa réponfe conforme à la Confefîion d'Aufbourg. Albert eft appelle au Sénat , fommë s'il veut fignercette Confeffion envoyée par ceus de Witem- berg, qu'on reconnoiiîoit pour la Mère Eghfe déroutes les Egiifcs. 11 répond' que la ConrelTion d'Aufbourg eit pleine d'erreurs. Qu'il y en a de diverfes formes , qui len- tient auPapifme; qu'il faudrait montrer ceusqiu l'ont

bar:e

L I Y R E V. g}?

bâtic,avoirété éclairez de l'Efprit de Dieu. On IcprelTe, puis qu'il ne veut fouferire celle d'Auibourg,de répondre s'il accepte celle de Witemberg , paifee entre Luther & Bucer l'an 1^3 6. Admire, Ledeur Chrétien, la folie de ces hommeSjCaufe de la ruyne de tant d'ames ! Il répondit a- voir appris de la bouche de Filippe qu'on n'avoir jamais ' approuvé ny fîgné cesarticles, qu'ilnelespouvoitrece- , voir. Sur ce refus on dépêche devers Melan<fthon à "Wor- mes Ian Schlunckravius, pour en fçavoirla verité.Celuy- cy de retour rapporte le contraire de ce qu'Albert difoit, &que MeIanc"thon,Piftorius,& autres aflemblezà \v7or- mes, recevoyét cette concorde de l'an 1535. comme Chré- tienne & Evâgelique.La guerre fut caufe que cette entre- pnfed'A.bert, pourchangerlaReligion demeura en fur- feance, LeRoy deDannemarc, qui pour foûtenir l'ufur- pation du Royaume, qu'il avoit faite furie légitime Sei- gneur, avoit embrailé la Confeflion de Saxe, envoyé vers ceus de Breme,pour les prier de ne rien changer. Mais Al- bert ne pert cœur, & dit quecen'étaus Danois a le mêler de laconfciencedes Alemans. Pendant ces altercations Tilmanus HeiTuilius eft éleu Superintendant de Brème, qui défend le Lutheranif me cotre Albert , qui requiert 1 a connaifTance de leur différent être renvoyée aus Vniver- fîtezdeHildeberg, Lipfe, &Vicemberg.

En fin par décrétée Calvinifteeitbanny,non feuleroet de Brème, mais de toute la Saxe , contraint de fe retirer à Emdem en Frife, une apoplexie l'ôta de ce monde. Se retirant là, illaifTa l'Efprit dedivifîon , & feditiondans la ville partialifee en factions, qui engendrèrent des prof- criptions,& banniffemens âes principaus de la ville. Ainfî furent rétablis les Luthériens dans Breme,& les Calvini- ftes bannis. Mais deus ans après ils demandèrent être ouys pour faire preuve de leur doctrine , difent qu'on ne les doit condamner fans fçavoirle fond de leur créance, & font bien qu'une Conférence leur eft accordée à Mulbrum , avec les Luthériens, fe trouvèrent l'Elc- éteur Palatin, & le Duc de Witemberg, avec leurs Théo- logiens. Brence, &Smideiin furent pour les Luthériens: Boquin & autres pour les Calviniftes. Mais ils fe départi- rent auili incertains corne ils y étoient allez, & beaucoup plus ennemis que devant,laiilant ainfî en doute hs âmes

Ggg des

8$4 Delà Naissance de l'H e r e s i e,

des Princes, qui Yculoyent régler celles de leurs fujetr. Depuis Brème a reçca ia Confeillon de Genève , & ayant été des premières filles deLuther , a perdu la mémoire de ibnPere. Cet une viilclmperiale, qui reconnoit néan- moins en quelque chofe l'Archevêque , qui eft Prince ie- culier, & Luthérien, delaMaifon de Erunfvic, tout de même que iEvéque de Strafbourg , de la Maifon de Brandebourg, qui porte le nom d'Adminiftrateur, fans autre charge, h. ce n'ét prendre le bien de rEgIife,commc je diray cy-apres. Cependant confiderez la mifere de ces peuples Septentrionaus, contrains de changer leur Reli- gion à mefure que leur Prince change de voionte',comme le Chapitre fuy vaut vous montrera.

MISERABLE ET DIVERS CHANGE- ment de Religion du Palatinat du Rhin.

Chapitre IX.

Xoj en ^/tlcn?agne que le fu jet fait U Religion de fin Maître,

Be^e parle comanclement

de Carjin va devers le

Comte Palatin O* feint

fa créance fur le famt

Sacrement.

i.

€omcnt le Palatin quitta le Lutheranifme Crfi

lan Cafmir Gouverneur & tuteur de Fnderic Succefeur de L&itys > chajfe les Luthériens , Cr remet les Calvi* nifies. '

6.

Refolution des Echoliers au Lutheranifme.

'Est une Loy fondamentale en Alemagne, qu'il faut que hs fujets foyeut fujets a fuivre la Religion ' de leurs Princes, ou que comme bétes brutes ils vi- juti la. Rt- vent Uins P^eligion, contrains changera rechanger, fe tigion de tonrnt vit€i,cornineuDegiro*étte à mefure que leur tête trime. prend le nortoulcfu, & s' échauffe après quelqucncu-

velle

i. te, in A-

quele fuitt

fit Calvinifie.

c

Loujs fin fils chajfe le Cal* vmifme , £r remet le

Luth

eranifme

L i v R s V. "8?5

veîle opinion. Il faut qu'il les accompagnent en Enfer, ou en Paradis, ou plient leur paquet, vendent leurs biens & vuident leurs terres, cherchât retraitte ailleurs, li leur confeience les afKige , & a plus de pouvoir , que l'obevf- fance qu'ils doivent à leur Prince.

Xn changeant de feigneiir ■_, de naturel ils changent.

Il femble que ces pauvres gens foyent les reftes de ces vieus loudoyers Gaulois, tellement lujets à leurs Sei- gneurs,qu'ils étoyent contraints de fubir avec eus la mê- me fortune, les mêmes defaftres &encombres, voire juf- quesaumourir.Comme la Lune, n'ayant aucune'umie- re que celle qui luyeft donnée par le Soleil, la pert quand elle en pert la veuë, & la recouvre avec luy. Tout ainû ce pauvre peuple forty de l'Eglife Catholique , comme s'il n'avoit aucune Religion de foy-méme, l'emprunte defes Seigneurs, la pert & la recouvre avec eus. Il n'apour fon partage que la gloire d'obeyfTance. Vous verrez icydes notables exemples de la folie, & légèreté des uns, & de la mifere & calamité des autres efclaves de la volonté de leurs Princes , qui font marcher leurs conlciences a leur appétit, la donnent a fief nouveau, comme nous faifonî nos terres, & feigneunes.Dure & cruelle Loy qu'il faille ainû* plier à tous vêts , & tourner ion ame au mouvement de celle d'autruy.

P army tantde Colloquesdes Lutheriftes. &Zuin- IT* gîienSjle Comte Fnderic Palatin, l'un des premiers Prin- Bez-eP*r'e ces Eledeurs d'Alemagne, avoit fouvent ouy parler de la co™™*7- Confelïion de Genève, qui joùoit au boute-hors avec «ement e celle de Saxe & d'Aufbourg. Ilenvouloitvoir les livres, Cahtnv* fçavoir quec'étoit. Calvin qui avoit l'oreille par tout, devers t$ fur l'avis qu'il eut, qu'un éclair de fa doctrine avoit don- c*" dâs les yeus de ce Prince.depéche de Genève Theodo- ^*un "* re de Beze fugitif de la Frâce comme vous verrez lors que feintj- ï'y feray arrivé , avec charge de luy prefenter de la part de tnàôcê Calvin la confeilion des S ailles & des Genevois. Fabritius f:ir '* Ç ■dit queFarel y étoic auiîî.Le Palatin le vid de bon œihCar S^erémen Beze lors jeune, étoit homme d'une belle rencontre,fort agréable en fes difcours,qui fçavoit transformer en au- tant déformes qu'Ariitipe)& s'accommoder a tous Pays, aïoii qu'un autre AlcibiaderaullI fçeut-il bien débaucher Ggg i Blanche,

8}6 De la Naissance de l'Heresie, Blanche, femme d'un Couturier de Paris. Ilavoitlhu- Omnis rneur de fçavoir bien difnmuler , &c porter deus cœurs en Àrifti- une même poitrine. Commeunrufé Capitaine qui veut purn de- battre une place,ne donne pas deplein-faut aumur,mais cuit co- faifan: Tes approches, gagne pie a pié la contre- efearpe, l°r* puis le foifé : De même Beze ayant a gagner ce Prince

grand Luthérien , pour l'apprivoifer , après lesdiverfes plaintes contre le Tyran de la France ; ainfi appclloit-il le Roy Henry II. qui faifoit brûler les fidèles Entrant fur ladifpute delaCccne tant débattue , & promenée, il luy confeiTa que le Cors & Sang dehsvs-CHRiST étoy- ent donnez & reçeus véritablement fous les efpeces du pain & du vin, fans qu'il mît l'entre- deus delaFoy.Tous les Luthériens s'en éjouyfïent , crient Ville-gagnee, puis que l'Ambaffadeur des Sacramentaires venoit a leur opi- nion. Le Prince en donne avis au Duc de Witemberg. Beze content de s'être ainfi infinué en la bonne gracedu Prince , le lailfant en cette bonne bouche s'en retourne vers Calvin : Les Miniftres de Zurich aceufent Beze de faulTcté,& periidie.Mais il s'excufe,dit qu'il l'a fait à def- iein,pour ramener peu a peu ces aveugles Luthériens à la lumière de l'Evangile, qui ne peuvent entendreque le vray cors de C h r i s t eft reçeu en la Cœne, mais par foy* Qu'il nefaut pas toujours être couvert de la dépouille . du Lion, mais fe couvrir de la peau du Renard. Ainfi par- lent ces pipeurs des âmes : Il dit fouvent que le Cors de Christ n et non plus reçeu en la Cœne qu'au Baptê- me. Et tout au traire au deuxième livre des Sacremcns, asVoicy faConfellion. Nous confefTons Christ être aoprefent en Cœne, non par imagination, maisgarny de «ion Cors. le remets lefurplus lors qu'on le verra haran- guer au Colloque de Pofly , enfemble le refte de fa vie, pourn'entreméler les affaires de la France avec celles de î'Alemagne: Bien diray-je que ce furent toujours les ru- ies, & foupleiles de Beze : car comme il y a un animal qui prendra fa couleur du lieu il fe couche: AufliBezefe transforment félon l'humeur de celuy avecqui il avoit à traitter. En voicy un exemple notable. Comme les feus furent ralumez en France, fous le règne de Henry deuxiè- me, l'an mil cinq cens cinquante fept, contre ceus qui à faillies enfeignes fe difoieat Luthériens, les réfugiez a

Genève,

Livre V. 8^7

Genève, Afîle des Sacramentaires, commeje diray au li- vre huitième, dépêchent en Ambalïade en Alemagne ^dis+p, Guillaume Farel, Théodore de Beze, Gafpard Carmel,& ^ûytzfia IanBude,fils de ce grand homme père des lettres, auquel t*fl**unt Beze en fes Images veut à tort faire croire, qu'il ayt fenry ei*ntt(]Hi- de la Fcy autrement que les Catholiques : car après lare- tez<de Px- ception des Sacremens,il deceda en fa maifon a Paris,ruë rù,cb. ^_?, faint Martin, &fut enterré dans fa Paroifle faine Nicolas pag'*f** des chams. Que fi mourant il pria qu'on n'usât point de pompes afon enterrement, cela ne le faifoit pas paroître Hérétique, ainsplusmodefte : Donc ces Ambaffadeurs s'acheminèrent pour fuplier les Princes Proteftans, écri- re en leur faveur au Roy de France, afin de radoucir la ri- gueur de fesEdits.

Ils arrivent en même temsquela Diette deWormes fetenoit, communiquent avec les Docteurs Proteftans; & pour gagner leur bonne grâce, prefentent. une Confef- iiondeFoy, toute conforme à celle d'Aufbourg, com- meon peut voirenl'Hiftoire delà CœneAuguïtane.Il eft vray que Wollîus écrit que ce fut une rufe de Melâéthon qui la donna couchée en ces termes à Beze, pour ren- dre fa caufefavorable:Chofefa\iiTe,difent les Proteftans: Car par les lettres de Melancthon même, écrites au Duc de Witemberg,il fc plaint que cet article de la Ccene n'ét afTez encorexpliqué ; mais , dit-il en quelque Synode lé- gitimement aifemblé , il pourra être plusapiain éclair- cy:Tant y a que les Calviniftes fous la conduitte de Beze, fe dirent lors ConfefTionifces , pour retirer le fecours que je remarqueray ailleurs mieus à propos , content d'avoir montré la coutume de ceProthee, lequel étant de re- tour , difent les Luthériens , eut aifez de peines à couvrir fonfait , fur lezele cju'il avoit à retirer les frères captifs en la France.

Lb Palatin donc ayât veules livres de Calvin, fes petits m. Catechifmes traduits en langue Alemande, &reçeu fou- Comment vent de fes lettres , ( car cet homme ne celfoit jamais de le Palatin battre le fer. pour ne laitier échapper l'occaiion de fa cha- quitta le leur)étât lailé de la Religion de Luther ja trop vieille, de- Luthera- liberede quitter celle-là que ion Père luy avoit apprife, nifms>& comme fon Père avoit fait celle quefon ayeul luy avoit fe fit CaU U;ue,& ouvrit ks portes de fon Etat au Calvinifme. Cle- vinifie. Ggg } bitius,

2j8 De la Naissance de l'HeresieJ bitius jeune homme audacius , difent les Luthérien?,1 commença des premiers à publier cette doctrine Sacra- mentaire. Le Prince avoit confulté Melancthon,qui par fes réponfes montra favoriferceparty, maudit à cette oc- cafion des Luthériens. Or nepouvant trouver en toute l'Alemagne Théologien de fon goût , pour reformer Ton Vniveriiré deHeydeîberg àfa fantafie,ïl écrit à Calvin,!e pnedeluy envoyer un home digne d'une fifainte entre- prife,un peuhafardeufe: Caril avoit toute l'Alemagne en tête, & des grans hommes de la Confeffion d'Aufbourg, ennemis de la Tienne. Calvin fait la reveu'ë delajeunejfe qui étoitàfa dévotion inftruite de fa bouche. Parmy cel- le la il fait chois de Daniel ToulTains, natif de la Ville d'Orléans, aiTez reconnu par toute l'Alemagne il avok voyagé, lequel bien inftruit par celuy quil'évoyoit àfai-' re, apporta le Calvinifmepur auPalatinar du Rhin. Ce- luy-cy aiTocia d'autres a fon labeur , fait venir des Predi- çants de Ba'e, lefquels le Prince départit par toutes les Villes de fa Souveraineté , avec commandement a fês fu- jets devuider, ou fuyvre la Religion & Confefîion nou- velle de Genève, comme conforme à la pure parole de Dieu, félon le jugement qu'il. en faifoit.

Ainiî prit place ia Secte de Calvin dans les terres du Comte Palatin : lan Frideric Duc de Saxe Prince Luthé- rien,averty du changement que le Palatin fon Beau-Pere avoit fait en fon Etat, le va voir,amene avec luy fes Théo- logiens Maximjlian , Martin , u lan Stofielin . qui en- trent en difpute avec les nouveau? Predicans Ca'viniftes. Vn des meilleurs tenans étoit Eraftus, Médecin du Prin- ce, bon Filofofe , lequel entra en la difputc. Vraycment, ditStolIelin aus Calviniites, je voy vôtre caufe bien ma- lade, puis qu'elle a befoin de Médecin. Toure cette diC- pu:e ne fut que pour Thonneur & la gloire du monde, îv. non de Dieu. ttuy$ fon Et comme la légèreté du Prince Frideric en fut la pier- filschajfe re angulaire: Aufîi i'inconftauce de fon héritier la feccùa Le Calvi- bien-tôt : Car ce Prince Calvinifte, trois ans apres l'éta- nifmt & bliiTement de fa Religion mourut, Se laiffa trois enfans, rcrûct h àfçavoii- Louys, îan Calimir, & Chriftoffe. Ces deus der- Luthera- niers tindrent bon auCalvinifme dernicre Religion de r.ifm:. leurPerç. Mais comme! aîné c:ir»ï héritier, & blecleur,

reprit

Livki V. 8$*

reprit celle de fonayeul, le Calvinifme ne îuyplaifanc pas , & changea derechef les Profeifeurs de Genève , que Ion Père par ientremife deTouifainsy avoir étably,pour y mettre des Luthériens. Il fit foudain redrelTer en la grande Eglife de Heydelbergnômee du Saint Esprit, les orgues, Baptiftaire, les Autels, les Crucifix, & autres ornemens Ecclefîafliques que les Calvinïftes , qui veu- lent une Religion feiche , dénuée de toutes Cérémonies^, avoient du tout ôté; & pour faire des Calices a lervir a la Ccene, il fit contribuer tous les habitans des ParroiiTes, car ils étoyent d'or maflif Se d'argent, defquels lan Ca- fimir après fon decez s'empara: Car en la Cœne Calvini fte un verre de vil pris fuffit , leur Dieu ne veut être fervy avec des vafes precieus. Ce ne fut pas feulement à Hey- delberg, mais auiïï partout lePalatinat, cetteReii- gion fur encor reformée, «Scie cenfeil que feu fon Père a- voitêtably de nouveau compofé de Lutheries avec com- mandement à fon peuple de reprendre celle de Luther, fede'pouiller de la Calvinifte, de laquelle à peine avoy- ent-ils lors commencé de goûter les premiers rudiments. Mais Louys étant homme valétudinaire , ayant les lous aus jambes , mourut quelques ans après fa reformation, îailfant pour héritier un fils âgé de huit ou neuf ans , qui ... eft à prefent Comte Palatin, & Electeur , portant le nom de fon ayeul Trideric.

Av tems que Louys Comte Palatin Luthérien mou- v- rut, lan Canmir fon frère étoit engagé en la guerre de lanCafii Cologne, pour deffendre les amours de l'Archevêque mît gou- Trukles, qui pour uneNonainde la maifon de Mâsfeii, vetneureh avoir changé fa Religion , comme il fera dit en ion lieu, tuteur de Luy voyant le peu d'aiîiitance des Princes Proteftants en Fridtrk cette querelle ti importante en la caufe de leur Religion, f*cce[fciiY & ayant en même tems eu avis de la mort de fon Frère <*& Louys l'Electeur, il abandonne fes troupes , prend la pofte, & à ch*ff* les i'improvifteàlafaveurde quelques uns qui luy tenaient lJ*therié% la main,fefaifi: du château de Heydelberg,fiege ordinal- & ^cmti re des Princes Palatins. St'écant rédu le mai:re,il veu: erre l's C:\hi- reconnu pour Prince. Les habitans étônez de fafouùaine wftes* arrivée, & demande fi étrange, au pre j udice de leur légi- time feigneur, voyant le danger prefent , ( car il avoir à (a fuitte fait venir fes forces , ) luy préteru le ferment de Ggg 4 fidélité

84o De Ï.A Naiss AN CE de l'Heresie,

fidélité pour neuf ans , comme tuteur, & adminiftrateur de l'Etat de Ton Neveu, avec requête très humble dene rien changer en la Religion , que le Prince Loys leur a donné : Ce qu'il leur promet : Mais fe voyant Maîtrede toutes les places, reconnu de tous, il fe refout faire un monde nouveau , rechanger encor contre fon ferment la Religion déjà reçcue' du peuple , en celle dont il faifoit profeflion.

Les pauvres Luthériens étonnez d'être ainfî emportez à tous vents, n'ofent pas feulement ieplaindre,contrains de faire place à la violence, &infolentebraveriedes Cal- viniftes, lefque'.s appuyez de l'authorité du Prince gou- verneur, 'quoy qu;ils fuifent en peu de nombre , donnent la Loy au refte. Pour jetter des fondemens fermes & af- fe.urezenlafe&ede Calvin,qu'il defiroit établir, comme celle qui luy avoit tenu la main à fon entreprife, il rechan- gea de nouveau le confeil ordonné par fon feu frère, en tout le Palatinat: Commande aus Luthériens de fe taire, ne prêcher plus. Illeurcte, non feulement les chaires, mais encor des Claifes Théologiennes.

Il y a dans la Ville une très- belle fondation, pour l'en- tretien de i:s-vints Echoliers en l'étude de la Théologie, dans un Collège qui s'appelle de laSapience enleurlan- gue, fondée anciennement par les Catholiques. La ils font nourris & habillez aus dépens du Prince, comme un Seminaire,apres qu'ils ont fait leur cours en la Filofofie: Car il faut avoir paifé par tous les degrez, avant pouvoir c-rereceu. Cet le Magadn &I'Arienaldes Predicans, qui vont après çà & la chercher les places de Superinten- dans ou Farers. ▼i« Ian Cafimir donc s'étant rendu maître, fait propofer

Hefolut'tGn à cette jeuneife étudiant, fi elle veut fuyvre fa Religion d:s Echo- nouvelle, & ce faifant demeurer,ou aller chercher fortu- liers au ne ailleurs gardant ieLutheranifme. Vu feul de toute la Luthcra- troupe ne le trouva , qui voulut fuyvre la volonté du rAfme. Prince, aymant mieus prendre party de fe retirer fous la conduite de leur Recteur Marbach , rlls du Théologien de Strafbourg, aufïi nommé Marbach, que demeurer en prenant le Calvinifme. Il fit venir de la Ville de Baie , un Théologien nommé Grineus, Superintendant, grand Perfonnage parray ceus de fa Se&e » S' avec l'ayde du

même

L I V R E V. 841

même Daniel ToufTains, rétablir encorla Religion de Genève.

Vn autre Théologien , nommé Sonnius, vint par fon commandement de la ViIiedeMarpurgenHeire,auquel il donna la charge du Collège des Sapientiftes, au lieu de Marbach: Ne le pouvant toutefois jamais accorder en fes difputes avec Touilains, touchant la Predeftination , cequicaufoitdeladivifion, & du trouble parmy les E- choliers. Dés l'entrée il donnaau jeune Prince Gouver- Mi/erede neurs, Précepteurs, &: OfHciers Calviniftes, fans que per- ces peuple^ fonne mît la main au devant de ks deiTeins. Gens infen- fibles, privez même du fens commun! qui ne peuvent encorreconnoitre, qu'il vautmieus ployer fous les lois duChefdel'Eglile, qui par une fucceflion continuelle maintient une contrante uniformité en la Religion , que non pas fe laiiTer aller à la folle paillon d'un Prince é- cervelé , qui le plus fouvent par opinion embraiTe le pre- mier avis qui fe prefente : Et commedit lePoète, bien fouvent

De dem mauvais, il prend encor le pire.

Nonfeulement Cafimirmaintint le Calvinifme , tant, qu'il a vécu dans le Palatinat, mais aufli le jeune Prince, qui eft Electeur , & premier Comte Palatin, lequel élevé & nourry au Calvinifme par fon Oncle, & Gouverneur, y aperfeveré, & voulu que fes terres ferviflent de retraitte à ceus qui pour l'opinion de Calvin font chaifez des au- tres lieus d'Alemagne, Flandres & de FrancejL'abbort de ces réfugiez a peuplé fes Pays,&porté beaucoup de com- moditezauPalatinat, pour être le port , oùplufieurs, a- pres avoir fait naufrage en la Foy , prennent terre. Voila comment une quatrième Religion fut tolleree &permife parlesLoisdu Pays ; Telles que font la Catholique , qui fait le plus grand cors, ia Luthérienne divifee en l'Interi- mifte &l'Auguftane-& la dernière la Calvinifte. Toute* fois celle -cy eft reduitte dâs le feul Palatinat, & quelques autres petits lieus, côme jeremarqueray cy après, fihaïe & deteftee des autres , qu'elle eft perfecutee à mort, ainfî que je môntreray mieus à propos ailleurs: Car pour le re- gard des Anabaptiftes, Délites, Trinitaires, & autres, ils ne peuvent vivre en repos aus villes Impériales, ny parmy

Ggg5 les

%±i De IA Naissauce Bs l'Heresie,

les Etats des Princes d'Alemagne, cotraints d'aller cher- cher quelque coin en Pologne, Moravie, S ilefîe,& Pays- Bas, toutes Religions font de mife , comme vous avez veu au Livre précèdent. La ville de Frankfort toutefois îes tollere , parce que c'et une ville qui fert d'abbort à plufieurs diverfes Nations, & retire tribut de toutes les'' Sectes qui defiréty trouver feureté, comme les Iuifs,Cal- viniftes,Anabaptiftes,Adamites,Zuingliens & autres. Les feuls Catholiques & Luthériens ont le gouvernement en main,participétaus dignitez, étant lalufticemy partie. Ceus-la ont des Eglifes, & ces autres des Temples^ mais pour le refte ils n'ont que des maifons ou granges , la^où ils s'alîemblent pour l'exercice de leur Religion.

DIVERS SYNODES, ET GRAND NOM- BRE D'ASSEMBLEES CONVOQUEES POVR

les Herefles, mais en Yain. Chapitre X.

les Luthériens prans E-

cn vains.

i. La première journée tenue

contre ÏHereJie.

[ Sjnode , Bucer quitta tyingle.

Mémorable ajfemblee i fiatisbonne.

Colloque a Malbrun , ott Brence foutmtfon Vbi~ quité.

6. j Colloque de Monbeharâ.

La Luth!- riens gras "Ecrivains,

*r O m M e tous les Hérétiques qui ont couru Q\ depuis les premiers fiecles de 1 Eglife, dont ^>t Simon fautfa le premier les barrières, juf- ^^^y quesaujourd'huy : Il n'y en eut jamais de ii grans Ecrivains que les Lutheriftes , non feulement contre les Catholiques leurs ennemys . mais contre les Sacramentaires leurs enfans. Aufli jamais tant de Diètes, Colloques &aifcmblees ne furent faites pour

Hercûc

Litre V. 845

Hercfie quelconque, comme pour celle de Luther, ou foulent: les Catholiques les bras croifez , font demeurez re^ardans d un œil plein de compauion ces miferables fortis de TEglife , vagabons &errans, s'entre-ruynerSc détruire , fans pouvoir mettre la pais en leur propre mai- fon.L'iiîuë de ces affemblees a fait voir que ç'ét le moyen de perpétuer nos querelles , plutôt que de les éteindre, chacun s'attache a fon opinion , cherche la gloire plutôt que la vérité. Cela montre que l'Herefie prend fin , ou par la (ainteté de vie des Pafteurs de l'Eghfe , ou par la courageufe & Chrétienne refolution des SS. Louys,Hen- rys, ouCharlemagne,des Alfonfes,&Monforts. Suivons un peu pourlecontentement du Lecleur,& pour faire fa- ce la pofterité a nos dépens , les principales journées te- nues contre 1 Herefîe.

L a première fat a Lipfe l'an mil cinq cens dis-neuf, ir> ou furent les \v'icans,qui les premiers embraferent le feu £& frémis qui ne faifoit qu'étinceler. Puis a Wormes l'an mil cinq re tournée cens vingt & un, lors que Luther fut mandé : A Norem- tenta ccn~ berg l'an mit cinq cens vingt trois, ou il fut condamné. tre l'bere- ALuferne l'an mil cinq cens vingt & quatre, contre Zuin- fie ,& quel gle.A Hal l'an mil cinq cens vingt & cinq , ou les Luthe- qUes Mm riftes condamnèrent les Occolampadiés.A Badenlame'- ires. me année, ou les Cancons réprouvèrent les Zuingliens. A Berne l'an mil cinq censvint & huit, entre les Sacra- mentaires, & les Catholiques. A Marpurg en Hene, l'an mil cinq cens vingt & neuf , ou le Lantgrave penfant ap- porter de l'eau , mit le feu fi avant parmy les Hérétiques, qu'onques puis il ne s'eft peu amortir.. A Snabach l'an mil cinq cens vingt & neuf , entre lesEvangeliques mê- mes, ou traittant de leur accord , la difeorde l'emporta. A Schinaîkelde la même année , ou le Lantgrave voulant réparer fa faute, ne la lit qu'empirer. A Aufpurgen Sua- benl'ani^o. ou fut bâtie la Confeffion, qui my-partit leLutheranifme, & retroubla la Chrétienté. ASmalcadç î'anmil cinq cens trente & un, ou i'herelie s'arma de tou- tes pièces , fe ligua fous le nom de Proteftante. A Frank- fort l'an mil cinq cens trente & un, & la même année en- corcs au même lieu, pour rafermir leur ligue, & pronon- cer la condr. nnation des Sacramentaires. A Confiance I'anmil cinq cens trente'& quatre, ou Buccrenvain

YOU*

?44 De la Naissance de l'H eresii, voulue tenter l'accord de Zuingle. A Zurich l'an 1535. touts'armacontre Luther , pour venger l'injure faite à lamemoire d Oecolampade, lequel au dire deLuther, le diable avoit étouffé. A Arabie au même an près Berne, les Zuingliens aifrmblez pour manier l'accord avec les Luthériens, fut par ordoniiâce de leur Synode arrêté, qu'- on n'envoyeroit aucun des leurs en l'aflemblee générale qui le faifoit à Ifenac en Thuringe. IIT A Witemberg l'an mil cinq cens trente fis, ou on cher-

S y no de ou cri3 la vraye Confe/Tion d Aufbourg : Synode d'autant ~Bhcer plus mémorable que ce fut la Bucer dit à-dieu a Zuin-

quittA g^e: A Berne la même année affemblee notable ou près Zuingle. ^e tro*s cens Moines defroquez fe trouvèrent plus en pei- ne de trouver des femmes, que rencontrer la vérité, entre Luther &Zuinglc.A Smalkalde l'an mil cinq cens trente fept,ou les miferables Predicants receurent la loy de leurs Princes , reproche qui leur kit faite toujours depuis, que pour un Pape de robe longue, ils avoyent fuby le joug de cinq cens Papes a robe courte. A Berne l'an même, ou le Schifme fe mit entre les Zuingliens , pour les diverfes re'- veriesdeLasko, Brence, Wesfal, Clebitius, Skuenfeld, & autres. A Nidefpurgen la Moravie, au même an, ou les Anabaptiites drefferentle modelle de leur religion. A Smalcade encore cette année mil cinq cens trente fept, ouLuther,Me!anc't!ion,Bucerl&Ofiander,fe trouvèrent non pas pour être chantres de pais, mais de guerre. A Zu- rich Tan mil cinq cens trente huit, le compoiîteurBu- cer fut renvoyé , & toute efperance de pais entre les Ale- mans & Suiffes perdue. A Frankfort la même année , ou le Duc de Saxe profera cette belle fentence ; Qu'il ayme- rok mieus douter de la vérité des Epîtres de laint Paul , que de la vérité de la Confefîion d'Auibourg A Smalcade l'an mil cinq cens quarante , ou la vraye intelligence de cette ConfeiTion fut recherchée : Mais Melanclhon, lo- nas, Pomeran, Bucer, ScCrucigern'enfceurent venirà bout,chacunla tirant par les cheveus. A Ratifbonne l'an 1541. en laquelle l'Empereur fe trouva affilié de Gafpard Contarin Cardinal & Legatdufamt Siège, ou Bucer fît voir une nouvelle Confdïion , & le rao) en de reunir les Religions. A Spire & Nuremberg l'an mil cinq cens qua- lajuedeiw, ou le mauvais cœur des Procédants à l'ayde

delà

L I V R E V. t4$

delà Chrétienté fe découvrit. AWormes l'an 1544. qui Monnaie cœur &r l'ame aus Proteftants, des'oppofcrà J'authorité du Concile. ARatifbonne l'an mil cinq cens quarante ils.

C e futla unememorableaflemblce,enlaqueIlerEm- Iv>> pereur le trouva. Groper&Ekius furent des principaus Memom» Docteurs Catholiques: Melan<Sthon &Bucer des Prote- He afenu liants. Celuy-cy fuivant fa coutume, fit voir un livre pour Hecà r4<> fervir d'entre-deus aus deus Religions. Vn mois entier fut tubonne, employé pour l'examen. Mais onze Predicants Lutheries fe mettent à la traverfe , comme firent aufïï les Do&eurs deWitcmberg , avec tel defordre, qu'eus-mémes furent contrains laiffer cette nouvelle concorde , pour s'arrêter àlaConfefîiond'Aufbourg, & en fin fe dérober, comme j'ay dit autroifiéme livre. A Lipfel'an 1548. ce fut furent de nouveau refondus les livres de Luther. A Berne l'an 15^4. ou l'Inftitution deOalvinfut condamnée par les Zuingliens.AFrankfort l'an 1556.0U Calvin entré en con- férence avec Iuflus Valefîus Luthérien, futhôteufement chalfé. A^WormesTan 1557. ou la miferable diviflondc ceus de la Confeilion d'Aufbourg , comme je diray cy a- pres, fervit de rifee a toute l'Alemagne.En Saxe l'an 155p. remarquable par le combat de HeffuiTius , & Clebitius, qui caufa tant d'inimitiez capitales , & la naiffance de ce x> livre inritulé;La victoire de la vérité, & laruynedela «Papauté de Saxe : qui mit aus chams les Luthériens. A Noremberg l'an 1 } 61. d'où le Duc Ian Frideric fortitavec tant d:aigreur contre le Palatin. A Halberftat Ville de Saxe l'an i$6i. ouïes Caîvhnftes furent envoyez aus En- fers par les Luthériens. A Lunebourgla même année en. haine des Calvinifles logez à Brème. A Laufane l'an 156J. ou Culvin rompit le Symbole de faint Athanafe, &môn= tra favorifer rÀrrianifme.

A Malbrun l'an 15^4. ou le Palatin Electeur fe trouva r- d'un côté pour les Caîviniftes avecfon Boquin , &Oli- Co^ocïue m vier, qui après l'avènement du Duc Louys , fe retira en *e Malbru Weftfalie chez le Comte dcWitgeftein, &leDucde\Vi- 0^Brenet temberg de l'autre, pour les Luthériens, avec Smidelin, JotatntJ°f* &-Brence. cettuy-cy mit en avant fon opinion de l'V- *oi:lutle~ biquité de C h ri s t. Dans ce Synode qui fut depuis im- primé en langue Alemande^voicy comme parlent les Lu- thériens:

S4<S De la Naissance de l'Heresïe, 33 theriens. Combien eft admirable l'impudence des Caf- ^viniftes, qui publient que nous les tenonspour frères: aa comme nous ne leur donnons aucun lieu en nôtre Egli- *>fe , aulli ue pouvons nous reconnoître pour frères ceus 3=>que nous voyons agitez de l'efprit demènfonge,& que «l'on reconnoit pour ennemis de C h r i s t. A Petrico- vie l'an 1566. ouïes Calvimites nefçeurent venir a bout des Arriens. A "NSTaradie Ville de la Tranfilvanie l'an n 6 7. entre les mêmes hérétiques , fans en rapporter les uns Se les autres qu'injures & malédictions. A Aldemburgl'an 1568. entre les Luthériens mois, & Luthériens rigides, ou les uns mettent au Ciel leur Maître, les autres le rédui- sent à l'état des autres hommes. Apres avoir perdu fir mois entiers a dévider leurs contentions , en fin les Lu- thériens mois bannirent de leurs écholes la lecture des livres de Luther. Les rigides ou F laccians les livres de Fi- lippe,la Confeûïcn d'Aufbourg,& toutes les cérémonies dont uioient au fervice de leur MefTe ceus de Witemberg. Les Flaccians firent quitter les furplis & habits Ecclefia- ftiques qu'on portoit en leurs Eglifes, pour ne vouloir avoir rien de commun avec les autres Luthériens. AAl- be-Iuiel'ani570. entre les Trithcïtes , &Calviaiens. A Drefde l'ani57i. ou par les Luthériens partifans d'Illiri- cus, furent les Luthériens Lipfiens déclarez hérétiques. A Berne l'an 15 72. ou ies Sacramétaires divifez^ s'unifient pourtant contre l'Eglife. A Cracovie l'an 1573. ou toute cette académie de Diables,qui font en Pologne, & Tran- iiivanie , furent aiîemblez. Mais cependant que Daniel veut être creu, George l'empêche, & le Cordonnier lurek crie que c'ét luy qui perte la vérité: Ainfi tout s écarte & font une nfee.APvCmburg, l'an 1584. ou quelques Princes de l'Empire furent aifemblez ayee leurs Predicants, mais chacun fut bon- tenant, vi. A Monbeliard l'an ij86. entre Beze,&Smideiin Chan-

Colloque chelier, & Théologien de l'Vniverfité de Thuringe,en la de Menue- Duché de Witemberg. Abouchement commencé avec iiard. tant d'àpreté, &âny avec tant d'aigreur. APoftnaniela

même année, entre hs Calviniftes , a la requête du Pala- / rin de Poftnanie. A Wlme l'an 15 88 .Ville qui fert de havre & de port à tous ceus qui ont fait naufrage en l'Eglife. La deaô::e:emscnt été faits infinis Colloques &difpures

entre

Livre V. 847

fcritl's les Luthériens , Calviniftes , Zuingliens, Trinitai- ies,Deyftes, &Samofateens. ABadenfurlaConfefTioa du Marquis laques, dont jeparleray çyapres,entrePifto- lius &Smidelin, ou jamais il ne fut poUible faire accor- der celuy-cy des armes feulement, non plus qu'à Vilne l'an 1550. le laide infinis autres Colloques, &alfemblees ouïes Catholiques ont été affrontez a toutes fortes de gens, & j amais vaincus ny my- partis , & au contraire les Luthériens , Zuingliens , Arriens , Deyftes , Trinitaires, Suenkfeldiens,Anabaptiftes,& Calviniftes,divifez & mi- ferablement déchirez entr'eus , ainfi que l'ilTuë de leurs Synodes à montré.

le fuis content d'étendre un peu la forme, la cérémo- nie & Tiffuè de celuy,fur lequel toute la Germanie avoit tourné les yeus,pour l'efperance conçeue, que cette illu- ftre aifemblee mettroit fin a ces divifions.L'an 1557.1a di£ pute fut arrêtée par la permiiïïon de l'Empereur, entre douze Théologiens Catholiques , & douze Docteurs Confeifioniftss.L'Evéquede Spire eft defigné Prefîdent. Notaires établispour recueillir les ades de la Conféren- ce,lefquels devoyent être mis dans un coffre, dont le Pre- dicant auroit une clef, les Docteurs Catholiques une autre , & les Luthériens une autre encor , ou ils feroyent confervez jufques à la journée Impériale. Quatre Prin- ces d'un party, & quatre de l'autre, furent auiîi ordon- nez. Et afin que cette notable affemblee ne peut être fans fruit, tant pour le regard des Princes, que pour hs Théo- logiens , quelques autres furent nommez qui feroyenr pris, avenant la mort,maladie,ou empêchement de quel- qu'un des nommez. Iamais on neconçeut efperancede jpais telle qu'à ce coup: car il fembloit que chacun portât une ame repofee. Les Confeflioniftespromettoient mer- veilles: Les montagnes après s'être épouvantablemenc enflées s'accouchent : mais d'unrat. Aufîi en find'unc fifameufe convocation ne fortit que de la fumée, &une rifee parmy toute la Chrétienté , a la honte de l'Herefie. Les douze Catholiques, ayans pris leur place, remon- trent que ladifputea été arrêtée entre les Catholiques &ceusde laConfeffion d'Aufbourg, toutes autres Se- ctes forclofes , qu'ii faut légitimer les parties, que pour eus ils font tous Catholiques d'une même vois, d'une

même

%4% De la Naissance de l'Hérésie,

memefoy ; les Luthériens s'entre-regardans , s'aflem- blent pour reconnoître leurs gens. L'affaire eft remis, 8c par quelques jours débattu entr'eus , avec beaucoup de contention:car cette pauvre Confefîiond'Auibourg s'en alla en ccmfufion,run difoit une chofe,l'autre une autre. Pauvres bâtiffeurs de BabelrLes Catholiques tandis tous unis patientent ( c'ét toujours chez eus que l'union fe re- trouve ) confiderent leur miferable divifion aufîî ridicu- le que pitoyable. Or des douze Auguftans les cinq font bandeàpart,proteitentqu'ils ne ligneront jamais cequ& les fept propofent fur la queftion du libéral arbitre, de la Iuftiftcation , des œuvres, des Sacremens , & de l'Eucha- iiftie. Que c'ét contre le texte de la Confefîiond AuC- bourg. Ceus-cy comme moindres en nombre, maisnon pas en courage & opiniâtreté, font forcez quitter la pla- ce aus fept , moquez de tous, maudits, excommuniez par leurs propres compagnons, & contraints fe retirer. Les fept reftans n'en ayant peu fubftitueren leur place d'au- tres qui euffent même liv'ree,tous honteus fe retirent auk fî. Ainfî difparurent les Luthériens fans coup ferir , quit- tât le champ de bataille aus Catholiques. Soudain écrits aigres & piquans en campagne de Nicolas Amfdorff, & Nicolas le Coq, du nombre des bannis , contre Melan- ethon & Brence, qui furent des fept quirefterent. ils les appellent fauteurs des Hérétiques, Zuingliens, &O- fîandriens, qui couvrent leurs impietezfous le manteau, de la Confeflion d'Aufbourg.Voila l'iiTuë de cette aflem- blee,ouplutôt de cette Comédie, joiiee aus dépens, ia honte des Luthériens.

DE LA

-«7TÂ

5J§k

y? w

I V R I V.

84*

DE LA CONCORDE DES RELIGIONS^

DRESSEE PAR I A QJ E S ANDRE' SmiDï-

lin, & ce qui en avinc en divers lieus d'Alemagne.

Chapitre XL

Le Vue de Fritemherg fittt drejjèr une nouvelle forme de Religion.

lAndre' Faber Smidelin tutheur d'icelle.

h

la forte far tout, efi reçeu des uns , &* moqué des autres.

4-

L Electeur Augufie re- çoit la concorde qu'An- dré envoyé en Confian- t impie.

Smidelin accompagné du

fis de Luther Médecin,

<vaà FFitemberg}& le

danger ou ilfe trouva. 6. La concorde reçeiiependat la Itie d'^yfug-ufte , fjr chafiee par fin fils chri- fiten, qui reçoit le Cal- ~\imfme.

Le Calvinifme btnny par la mort de chnfiicn ,& le Luthcramfme remis. 8.

Les Calvinifles contraints vuider la Saxe i £r de ce qui dvint en la Ville d'iAix la C'happelle i pour le changement de Religion l'an if 9$.

Ovys Duc de Witcmberg, Prince Prote- j% ftant, voyant tant de bigarrures parray les j^ DnC fo Evangeliques3qu.ifervoient de rifee aus an- Wïtebtrg ciens Catholiques , & aus nouveaus Reli- fa'lt far, gieus aum" forcis de Genève, folicitoic ordi- çtT Hne *"* nairement Tes Docteurs d'avifer quelque nouvelle exj>ediét pour les réunir. N'y a ilpa' moyen,difoit-il iou- forme de Tent a Tes Supsrintendans,de prendre quelque refolution ReUgion. •ertaine & alfeuree,fans que nous foyons ainfî la fable de nos .ennemis -t lefcpels ayee raifon le moquent de nôtre

H h h incon-

î : o T) é la Naissance de l'Herisif, incoftance Se légèreté, & de nôtre diviiîon encoresjTou- t€S ces conférences qu'on avoit fait, n'avoien; fervy que d'allumer davantage îe feu de difeorde. Chacun s'aheur- toit toujours à fon avis. lAalav.irr.cnl , dit S Chryfoltome, tbfngeM tttksgem : lit ni "veulent démordre squoy qu tien put JJe avenir 3 encore au' on leurrr.ootre U xtttté , ayant la tête dure, le roidt fer.cj U fîcr.t «Vir/?;^. comme dit Efayc, ihnefeuvent être rarr/olis. Toujours quelque occurrence le mettoit à la traferfe, rompoir l'action, auili tôt qu'elle ëtoit encom- menece. Voyant donc le Duc une li miferable confufion, que les villes mêmes chaffoient ores ceus de leurs Pre- dicans, &recevoient ceus- cy, puis les rethafloientenco- res. comme on vid à ivlagdebourg, le Sénat fit enlever de nuit dans un carroiTe Heffufiius avec les Cens, & les côdurre ailleurs, parce que fa doctrine n'étoit pas de leur goût. Le même à Ratifbonne & autres lieus: Il fe refout d'y apporter de fon cote quelqueremede, & après s'être joiï é fouvent de leurs contentions & difputes^ il priela- ques André Faber, qui fefaifoit parfois appeiler Smidc lin, cet a dire, petit Maréchal, duquel j'ay fouvent parlé, Chancelier, & Théologal del'Vniveriité de Thuringe en la Duché de Witemberg, d'y mettre la main , pour de toutes les Religions, en faire une bonne, s'il fe pouvoir. ÎT« Cett vy-cy étoit homme d'un rarefçavoir, le plus

j4ndrê?A- grand enté~demtnt,& le meilleur Théologien, difent les ptrSmide- Luthériens /queTAlemagneairveudepuisLuther. C'ét ImdrejJtU cc'uy qui entra en conférence, avec Bezeà Montbeliard. UzredeU ailqUe; il ne voulut tendre la main, nyle.tenir pour frère. Qomot^e. C ? rie barbe blanche,&tctechcnuë,ne peut émouvoir fa chanté. Il s'étoit trouvé en iatkmbleeridicuie de Wor- mcs. on le yiten chaire, écrit Refcius,avec un mâreau a Iacourtifanne,iyant la manche bil!ebarree,& un équi- le - enenrau cor é. Ce Docteur giorieus d'une fi glo- rieufe charge, dretfa un livre pour 1 accord des Religios, avec i aide celan SchncpfFe , &Ian Brencc,filsdece re- norarat ÔreaCé,aflez remarqué aus lmesprcccdcts,tcus dtus Docteurs & Théologiens en rVnivcriîrc de V/item- , rg.Daus ce livre étoient couchez les articles de fumon & concorde qu'il udnoit établir entreles Luthériens, perantauiHqu il feiYiroit de leurre pour appelle!' les Ca- tholiques : îi l'intitula Formnl^Comordu, lequel fe voie

auiour-

Livre V. 2(1

aujourd'huy par coûtes les villes d'A!ernagne,de la gran- deurd'uneBibie, imprimé en langue vu'gairercaril von- îutTécrireen cette langue,a fin que le peuplele peur en- tendre, & qu'un chacun fçeut qu'efe-ce qu'il devoir croi- re. La il condamne les erreurs des Cal viniftes, tout demé- ,aC' ^ me en quelques points que la foy des Catholiques. Dieu ree"' «veuille, dit il,parfcn illuftre avènement, bien rôt met- JS lnreZ »trerinaus horribles blasfemes des Papilles «5c des Cal- teVt' nviniftes. Cette nouvelle concorde éroit éloignée en >.,

beaucoup d articles, de leuis premières Confellions de f^r*' F oy, corne remarque l'Harmonie de Genève. le n'en puis ; * cotter lesparticularuez, parce qu'elle n'a jamais été tra- duit te en latin quejefçache.VnSaxcny a remarqué plu- ïîeurs nouvelles Here(ies,& infinis menfonges. On peut voir lejugemét que ledocteCardinalBeilarminen a fait, &Lindan en fou livre, Concordix àt/cers , & Sturmeaufii, lequel voulant enfcigncp'un nouveau chemin pour aller au Ciel, fie l'an H78. imprimer un livre qu'il arpeIla,M<?, diavta. Si n'a il peu pourtant faire que Ton Strafboure plufieurs années après, n'ait fignç cette nouvelle Confei- iîon de roy, bâtie par Smidelia.

L e Duc de \Tnemberg, & Ton Théologien, ayant fait rir» imprimer cette nouvelle forme deReligion/l'envovepar Lu forts toures les Viiles Impériales , &aus Princes de la Confef- pur tout; fîond' Au (bourg. Btloterinriftes. Mais peu au commen- refeu des cernent en rirent cas: Si cen'ct Augufte, Prince Electeur ttns,&re- de Saxe, lequel trouva bon qu'unanimement on fuivît fmi de$ par toutes fes terres cette doctrine, qui fembloitrecoler atttrts. & joindre en unies Luthériens defunis. Depuis les Vilks de Vlme, Bibrac, Nerlingcq, Dinquelfpii, Heyrpron, vil- les en Saaben, &voilmes de la Duché de W'itemberg, à îafolicitation de ce Prince, laibufcriient avec leurs Sur- intend^ns comme lie l'an is.99. la ville de Stralbourg, comme j'ay dit. encor que Sturme Re<fteurdel"Vrniver- fité, duquel Beze rai: tant de cas, eut l'an 1581. décrié ce livre par fe; écrits. Mais les autres villes Impériales , en- nuyées de il fouvenc aller au change , fe tincrent à leut Confrfïion, & fe moquèrent de ton Evangile, fans vou- loir prendre nouvelle forme de l'Eglife. Quelqu'un fe joua piaifamment en ce difnc,pour montrer que ce lifte n'ayoït autre cùofe qu'erreurs.

H h h % ?..H*Ul

852. De la Naissance de l'Herisi*, Cet à dite j^. Habet ^îufonium liber, !{. habctque PeUjbum. Errons» ^ Habet Hebr*Hm3yr&terea,jJ mhiL

Leur refus occafionna ce nouveau Dodeur, d'aller luy- méme en perfonne par toutes les Villes , traînant après foy dans unCarrofTela formule de fa concorde, comme quelque riche & precieus gage,& comme un autre Arche d'alliance. Moque des uns , & loué des autres, comme la Cur'tofîtè folie du monde fe laiffe porter à tous vents. Uvafolici- de Sm'tde- tant cependant chacun en particulier, de la vouloir foufc #*• cnre.jufques a rechercher les Regens aus Collèges, afin

que (on livre fut remply & illuftré âes noms de gens de icavoir. Piuiieurs s'y louilîgnerent fans avoir prefque le loifir de digérer cette union, & ce pour la feule authorité du perfonnage, homme de grand eftime,& a la prière du Ducde"Witemberg, qui (e montra fort paflionné pour fon Théologien. Autres en firent refus, & voit-on a pre- fent dans celivre de huit à dismil hommes de lettres qui l'ont foufent t le nom eft imprimé. Plufieurs de ceus- la avoient été Difciples de Luther,gens faciles d'aller au change, & trahirlenom de leur Maître,commeles vrait luthériens leur reprochent. Bien fouvent le Superinten- dant d'uncvillcs'y étoit figné,& IePfarher l'avoic refu- fé: Et au contraire les Helfters ailleurs avoient approu- vé ce que le Superintendant , & Pfarher avoit refufé. Ce font les noms des Ecdefiaftiques Luthériens -, comme je diray cy après décrivant leur Eglifc.Ainfi manioit chacun faconfeience a fon appétit. Cet appointeur de querelles . Luthériennes, fit tant par fes journées, qu'il ne fortît Roquent ^'aucune Ville qu'il n'y eût toujours quelqu'un qui fou- " fionâtfacôcorde.Auili appelloit- on fon livre par moque- i:e WappenbuchenAlemand, comme fi c'ctoit le livre; propre & deftiné a recueillir le nom & les armes de fes a- mis- Car les Alemans ont cette coutume quand ils voya- gent parmy les Pays étranges , de prier ccus avec lefquels ils contractent amitié, de vouloir faire peindre leurs ar- mes, ou mettre quelque infeription ou cevife dans un li- vre qu'ils portent. Ce qui occafionna quelqu'un de fc j oikr de ces fouflignez en ce difticque: In libro vite nui non fotuere notari, Komen m mnctïbrum cmfofuerefuttrH.

P#u*

toi de,

Lins V. gjj

Pour accroître Ton nombre, André traverfa jufques en Dannemarc : Mais le Roy après avoir veu & côûdere cec- tenouvelle façon de Religion , jecta dans le feu le livre que luy avoir prefentéfa femme bien-aymee.

Ayan t ce compofiteur ainfiramalle cesgens, rc- Ir •cueilly Jenom de plufieurs , & fondé les volontez des an- £"£/« i uf très, il pafle devers Augufte Electeur de Saxe, qui avoir Amufté des premiers pris goût a fa Concorde: Duquel il futho- rer0<t U norablement receu, & après avoir long tems conféré a- Concorde vec luy &fes Docteurs, cette union qu'il avoit fouhaittee oue smi„ fe defunit plus que jamais : Car l'un approuvoit ce point j,/in efi. quefon compagnon condamnoit:Et André opiniâtrene VCyt (n vouloir démordre, ny rien quitter , comme fi ton livre Confiante cûtérédidédu faint Efprit. Non content d'avoir fait rt0pfët Yolerfon nom par route l'Alemagne, il délibère faire voir fon livre au Patriarche de Conftantinople, quiavoit un notable intérêt a la réunion des. Eglifes Chrétiennes, <Toù luy même s'étoit feparé: Il les fupplie par [es lettres de conhderer la miferable divifion de la Chrétienté, non feulement à raifon de l'authorité infupportable du Pon- tife Romain, maisaum* àcaufe du divorce qui eftparmy ceus qui pouifez d'un faint defîr, rachét d'apporté! quel- que reformation a l'Eglile. Mais le Patriarche ayât mœu- Pjpovfed* remeut confideré,& glofé chaque Article de ce gros Vo- patriar-. lume , cottant fur chacun les erreurs & herefies qu il y çfc avoit remarqué , le renvoya à fon Autheur , avec prières de ne luy rompre plus la tête de telles inepties. I'euile trop enflé &grofli ce Chapitre, fi j'eulTe voulu étendre la réponce entière du Patriarche, que le Lecteur curieus ^pourra voir ailleurs. André fe voyant éconduit & moqué du Patriarche , ne perd pourtant courage, le prelfe encor par fes repliques:Les autres Luthériens luy envoient auiïi leurs confeflions de Foy; Mais il les renvoya comme He- C*ey av'mt retiques de même aloy, mais frapez de divers coins. Voi- l is3 1+ ez la noire & vieille malice de ces gens, qui piquez du dédain & mépris que le Patriarche avoir fait , l'acculent de perfidie & trahifon , & par le moyen d'un Pacha font entendre augrand Seigneur qu'il avoit intelligence avec le Pape ennemy commun des Mahommeciftes,& des Lu- thériens: Et font fi bien que le pauvre Patriarche fut en- voyé en exil, & un autre fubftitué en fa.place. Cecy avint

Hhh i peu

V,

*<4 De la Naissance d'b l'Heresii7

peu après labatailledeLepanto, &pendantla vie dePie

V. autheur de la fainte ligue contre le Turc. le reviens à

André.

Apres tant de rebuts il obtint congé du Duc d'aller

_ T' ,. aus VniveriitezdeWitembere, &deLipfe quiluy appar-

« -, tiennent , pour rercrmer les Docteurs Regens en Theo-

î jf 5" losie, lefquelsfaifoiencpeudecasdefon livre, ce que le du fils de & , \ i r r

•^ , Duc Iuy octreya, & pour authorller Ion entrée en les

_ . : Villes.il luy donna le fils de Martin Luther fon Médecin:

Médecin i y , i r -n r -,/

i rr r. homme pour la mémoire de Ion Pcre tort ayme en ces V-

t'I' niverfîtez la, comme le fils de leur Profite, qui ne devoir

^ i ,*' pourtant féconder celuy quifaifoit perdre par fes écrits

%.,, & l'honneur & la gloire que fen Père s'éroic promifc de-

h J voirdurera iarnais. Etant amve a Witember^ , André

trouva. i i j ° »

monta le lendemain en chane pour prêcher tout lemon-

dey accourt, mêmes une grande multitude d Echoliers (car en cette Viiie de Xv'itemberg le nombre des Echo- liers furmente toujours les habitans) defïreus de voir, & ouyr ce grand homme qui porroit la pais au monde. Mais comme en izs Difcours il fe iùt élance contre Melan- Cthon,jadis ProfcfTeur en la ville de Witemberg voila un bruit, & un murmure quis'cîeva,puis une commune vois i <jui fehauffe, & tout a coup cette jeuncfFe qui échappe, crie a belles injures contre ce Prêcheur. Des injures aus mains: Qui luy jette le livre à la tt te, qui des pierres, De forte que (ans iePvecleur de l'Vnivethté, ce Prédicateur de pa;s eût été aiïommé fur la place en cette nouvelle guerre, dedans i'Eghic. qu'on nomme du Cbateau,pour- ce qu'elle cft jointe au Château delà Villtsli fut côtramt fe retirer fur peine d'être accablé de cette gréi-e de cail- lous, qui començoit à pleuvoir fur luy. Ce pauvre Théo- logien ainfi échappé de cedâger,fort de la ville par l'aide de les amis, & s'en va aDrefdan. cùi'Electeur tie-n ordi- nairemét fa Cour, luy fait plainte de l'injure reçeue:rnais !e Duc vo) ât que la punition de ces Echoîiets mutins, & vengeurs del'hôneur deleurmaitre,feroit le decry de fon Vniverfité,dont ils £oiu gtand cas en Alemagne,tât pour le profit que leurs fujets en retiten.t, qu'a un d'acquérir quelque réputation parmy les natiôs étrâgeres.i! te con- tenta de luy promettre qu'ii en auroit railbn , £: de i'ap- paifer avec des paroles. Cependant ii écrit en particulier à

chacun

Livre V. t^

chacun des profeiïeurs de laVillede^'itemberg, &aus Docteurs de l'Vniverfité deLipfe, ou ce Théologien n'a- voir ofé aller; craignant être traitté comme à \v iceberg,. les prie de vouloir fouferire cette concorde. Plufîeursle firent forcez de lauthorité du Prince. Auttes le contéteut d'y mettre ces mots avec leur feing. Subftnbo AHutenia hâc formulât» probo. le m'y ibuferis en ce que je l'approuve.

André' Faber le doutant de leur incon{taiice,&: que vi. Cette volonté rorceen'av oit pas beaucoup deforcepour Laccncar- les retenir, fit venir (car il avoit toute authorité , puis dsreçeuë qu'il manioit laconfeience de Ton Maître } un Theoîo- pcnuantU giendel'Vniveriitéde Thurinçe , ou cette formule avoir visât ÏE- étéforg^e, pour être Surintendant gênera: U;r tous les h&iur Au Docteurs, &Précheurs Théologiens , & comme une co- gufiechaj. lomne de cette formule par tout ie Pays de Saxe.Cectuy- ftz dituU cy étoit fon difciple nommé Policarpe,homme comniun far fin fils &vulgaire : Car tants'en faut qu'il eut quelque choie ChriSUni derarc & iïngu!ier,quemémesilue fepouvoitégaler aus autres Théologiens de\vritemberg.Eus marris de fe voir commandez par celuv qu'ils devançoyent en beaucoup- de fortes portoientavec beaucoup de déplaifîr la pr^fen- ce de cet homme: Ils furent toutefois contraints dobeyr à Poiicarpe, qui fit garder de tous points la concorde- demeurant Surintendant jufques au decez du Prince Au- guft'e. Chriftien fon fils unique fuccedant a i'Eîecrorat, &ausprincipau:czdeionPere, pouffé d'un aune faint , Efprit.chafTa incontinent Policarpe,rejetta cette formu- . le, & craignant qu'on luy reprochât, qu'il étoit retourné à fon vomiiTement,c'ét à dire, au Luthcranifmc, il iît pre- fefSon ouverte de la religion de Calvin, quittant &: la Lu- thérienne^ celle deFaber. Ce quifcandaiifa fort les iu- j ets,& les Princes les alliez, Scconfedcrez de la maifon de Saxe.Ce nonobltan: il paffa outre,& changea les Profef- feurs aus Vniverfitez. Les Luthériens, & rabenfles, quit- tent leur place a ceus que fon beau frère Ian Cafimirlay envoya de l'Vniverfitéde Heytklberg, quifuivoyent la Confellicn de Genève.

Ces pauvres fujets Se Catholiques faits Luthériens, yïï; puis Semy- Luthériens, Auguftans, Fabeni:es,& puis a la Apres U dernière extrémité devenus Calvinifles,loûpirantlous ie miride £ais de tan: de mutations, étoiéc au defefpoir, attendant Cbriflism

H.hh a VÏ&&.

$5$ De la Naissance de l'Hérésie," feCalvi- l'ilTuë de ce changement, qui fut bien tôt rechange: pi/me (haf Car deus ans après ce miferable Prince mourut , laiflant fe&Ul-u- pour Ton héritier un petit eufant mâle, llfembloit que lananif- cette religion d'eut faire hommage de fa mutabilité , a meremu. toute muance de feigneur. Les pauvres habitans des vil- les contrains d'acheter tous les ans diverfes & différentes proférions de Foy,maudiiToient André, Selvcrere, Bren- ce & Caivin. La mort de Chriftien apporta nouveaus troubles: Car le Princede Weinmar eu Thuringefoa coufîn ylTu des ainez de la maifon de Saxe,pretendant le- leétorat lu/ appartenir, d'autant que feu fon ayeul Fede- nc, ce grand Achile de Luther avoit qté Electeur , grade q'.i'itavoit été' forcé de quitter a Maurice, lequel avoic la.lTéAugufted'ouétoitdefcendu Chriftien, père de ce jeune Prince : Lu? donc prétendant ravoir ce dont fon ayeul avoir été ué£j?|uilîé , drefTe une armée pour recon- quérir non il "ment la dignité d Ele&eur , maisaufli les teries &lVigneuriesquefederic avoir été contraint de quitter, par la featence del Empereur,Iors qu'il fut pris, Lacraixte &deiFau fur la rivière d'Albis. Toute l'Alemagne croie en grend alarme , craignant de retomber au malheur des guerres de la ligue de Smalcade, & de Maurice , dont les cendres croient encores chaudes : Car les Princes déjà fejettoyent en l'un & en l'autre partyj De forte queladif- cnrdeétoitfurlepointde fe mêler bien avant en Alema- e-e. Mais a la foliciranon del'Kmpereur , cePrincede Wcunmarfedeliltadefon entreprife, &fut éleuadmini- ftrateur, & tuteur dujeune Prince, comme plus proche lignsgierde la maifon de Saxe, lequel tout à l'inftant re- forma de nouveau les Vniveriitez de Witemberg, &de Lipfe,& remit la Religion de Luther en fon premier état, chaflanoîcsMiniitres de Calvin. Pour faire ce rétablilTe-

ytiïeguer' te.

Hunniuê*

Toîicarpg nrnii.

ment, il fit venir un nommé Hunnius, grand Docteur de la Ville, & Vniverficéde Marbourgen Heife, lequel le LantgraveLouys luy avoir envoyé, qui de nouveau remic ce pauvre peu pie au Catechifme de Lut hcr,& rétablit Po- licarpe avec Mullerus, jadis Théologien d'Aufgpurg. tant ces trois grans Docteurs enfcmble en une même V- niverfité les écholiers par moquerie faifoient comparai- fondel'un &de l'autre,difansP olic arp vs pvlche- aiuvî, pource qu'il étoit d'une belle & riche ftaturc

Sccor*

Livre V. gf7

&corpulence;MvLLERvs gravissimvs," pource qu'il portoit je ne fçay quelle gravité en Ton marcher 8c en Tes paroles, Hvnnivs D o c t is s im v s : Car c*é- toic un petit homme noir de nulle apparéce, mais de plus grâi feavoir que les autres deus. Depuis le Duc de Wein- mar craignant que !a jalouûe de ces trois n'apportât du trouble en Ton Vniveriïté , envoya ledit Mullerus en la -ville de Iene de Thutinge,appartenat auPrince de Wein- mar, & les autres deus lont encor enfemble.

C e fut lors qu'au Pays de Saxe les gens de marque qui yiiî. avoyent fait profeflïon ouverte de la Religion de Calvin, LesCalvi- furent en grand danger de leur vie: Car le peuple s'éte- nettes Sa- voir par tout contre eus, mêmes en la ville populeufe,& xom ecn- déplus grand traffic qu'autre de toute 1 Alemagne , & trains de furent pour lors faccagees pi u (leurs maifons , & les mai- vuider^ très coutraints de quitter le Pays pour fe rendre au Pala- de te qui tinat, d'autant qu en toute l'Alemagne l'exercice de la avint en Religion de Calvin n'ét tollereequ'aus terres du Palarin U ville & quelques autres lieus depuis peu d'années, comme en d'A/xU la Principauté d'Anhalt, es Comtez de Hanau, de Vit, Ch-tppelle9 d Ifembourg, de Furftembourg , qui font Pays proches & fur le cb&- voifins l'un de l'autre. La feule Religion de Luther, quoy gement de que bigarrée, comme j'ay dit, a cette prérogative d'avoir reltgiow* place par tout, fauf aus terres des Princes fouverains qui font Catholiques, ou des Princes , & Seigneurs Calvini- ftes qui font en petit nombre: Les autres-né peuvent; Voi- la pourquoy le Magiftrat de la Ville d'Aixla Chappelle, au mois de Septembre mil cinq cens nonante-huit, fut mis au ban de l'Empire par le confentement des Etats, & les biens des Omciers confifquez . pour avoir introduit dans leur ville cette troificme religion qui eft la Calvini- fte s L'Hiftoire en eft remarquable qui montre que leff Catholiques tiennent le haut bout, & ne recoyvent la Loy des autres : la voicy.

Le Duc de luliers étoit Protecteur de la Ville d'Aix feus l'Empereur: Entrant dans la Ville (laquelle fe glori- fie d'être illuftree des plus beaus privilèges qu'autre de Chrétienté, qu'elle receut de la main du grand Charles) un Maréchal Calvinifte penfanc qu'il s'en voulut rendre le maître, luy donne d'un marteau par la tête, & le tue. Or quoy que le Maréchal en perdit la vie, fîeft-ceque Hhh 5 cens

«j'S De la Naissance de l'Hère si i^ ecusdela maifonde luliers demandèrent juitice contre le cors de ville. Mais les Calvinifteg s'arment,chafTent les . . Sénateurs Catholiaues, &étabiiiTent leur Religion. On ts . tnt- les pourfuit en la Chambre Impériale, le Sénat pour /^V avoil'intl"ocmitune nouvelle Religion, eftdepofé : Le jez. xix. çomtcpaiatjns»0pp0fa à l'éxecution: Mais enfin il fal- lut obeyr. Les Catholiques bannis furent remis en leurs maifens & fis vints Calvinifrcsduconfeil de la Ville mis au ban de lEmpireitcus leurs Miniftres chaffezrL'Arche- véque de Cologne, quieftEvéquede Liège, fut l'exécu- teur de l'arrêt : afTiité d'Albert Cardinal d'Autriche, de- puis Ducde Brabant, par le mariage de l'Infante d'Elpa- £ne, lequel avoit une puiflante armée fur pie, non gueres éloignée de ces quartiers la, à caufe des guerres delà Cicyavint France.Non feulement les Temples dzs Ca!viniftes,mais t*ni-*2#- auiîi les Luthériens furent fermez, & les feuls Catholi- ques demeurèrent les Maîtres, & les habitas Hérétiques contraints fe retirer en Rolande , Zelande, comme hmi- rrofes de ces lieus , ou bien au Palatinar, Pays libre pour la Liberté Calvinifte. Voyla comme ces peuples, voulant, chercher la pais de leurs Eglifcs, ont multiplié leurs guer- res, & confufions. Ils jouent au boute hors, toujours en alarrne,que deviendra la tére de leur Seigneur,ou fi quel- que nouveau venu leur portera une nouvelle Loy. Mife- rable peuple qui ne peut avoir aucune fermeté en ce qui doit ctre ferme £z (table ! Cependant ceus quifuivent la vieille Religion de Luther, qui n'a vcttprefqu.e la moitié d'un llecle, ny les nouveaus Luthériens. ou Auguftans,ny Ics Intérim Lires au m" , ne fontncnplus d'accord en leurs opinions, qu'en leurs Cérémonies, aufqueh je fuis con- tent donner le Chapitre fuy\ ant.

QV £ I-

v'

Livre V.

*59

QJELLE EST LA FORME DE LA RELL

G 2 O N DES LVTHER1ENS EN A L S M A G N E,

& leurs Cérémonies.

Chapitre XII.

Vejfe'm de ce chapitre qui contient les diverfes cé- rémonies des Luthériens. 1.

Luther retint plufeurs cérémonies , O" marques de ï Eglife Catholique.

3-

Leurs Temples de mimes

(que nos Eghfes.

4- Les noms des Evoques & Prêtres change^.

5- Comment les ïntenmifres

difent la Mejfe.

6.

Quelques Luthériens ont voulu- admettre ï éléva- tion du Sacrement.

.?' Cens qui difent leur mejfe

revêtus corne nos prêtres.

8.

Cornent ils font U Cosne.

9-

Quelque forme de Mejfe

parmy cens qui font de U co.ifefion d ^fusbourg.

Leur façon de communier

çr de leur Confefîion*

11.

plaifànte cérémonie en u- ne ville du Marquis de Brandebourg enprefence d'un ambajfadeur Era- cou.

11.

ils gardent les Fêtes par

Religion ,& les anciënes

cérémonies du Baptême,

des Mariao-esAes ~}ian- . m o

des prohibées.

*3-

Comment on partage les Teples es lieus les Lu- thériens font les maîtres,

H- Les pfaihers, & Helffers portent les habits conve- nables a leur charge , £7- cobien ils treuvet étrange la façon des Calvinifes.

En

De t'A Naissahci db l'Hbrisii,

rV^ Nquel embrouillé labyrinthe m'engag% roy-je,fi aiant à peindre lhereiîe,j en vou. lois tirer particulièrement tous les traits, & lineamens, faire Yoir toutes les furies dont elle a été agitée parmy tant de varia- bles , & flottantes opinions qui l'ont tirée à h" contraires deiTcins-Ce feroit entreprédrele pourcraic de cent mille Crotefques , & autant de formes difformes quclcs nuces nous forment en l'air. Car par quel bout pourroy-je commencera reprefenter les façons des di- verfes Synagogues quiconillent en la Moravie, Valachie, PoJongnc, & Pays-Bas, dont j'ay minuté au livre fécond l'inventaire , finoh de toutes au moins de la plû part, ca leiLuthe. ne feroit jamais fait. le me contenteray démettre en fon ries prert- jour la principale & Mere-grand' de toutes, qui porte le nent ce no nom de Luthérienne, nom qu'ils prennent a honneur, tnhoneur. tant s'en faut qu'ils s'en offenfent, comme fent les Fran- çois quand on les appelé Calviniftes. Eglife vrayement à trois tétes,& cent bras. Auiîi perfonne que je fçache des nôtres ny des leurs, n'a pris la peine d'en écrire l'ordre, Ja police, & la Cérémonie que Luther bu Ces fucceffeurs y ont ctably , Il qu'à peine fçavons nous en France comme les Luthériens vivent en Alemagne : ny les Alemans com- Ze Luthe- mêles Calviniftes vivent en France : Ceus-cy plus tins & rien com- rufezqueceus-là , nous font a croire qu'ils font frères, Patt* que c'ét un même troupeau, une même Eglife. Toutef-

mteus 4- f0js i] eft ccrtajn qUe le Luthérien fait quelque trêve a- vf* l'lCa' yec le Catholique, fe compatit avec luy: mais avec le Cal- iholt^Het. viniftec et une guerre irréconciliable, plutôt feriez-vous joindre & reunir le froid & le chaud , la lumière avec les ténèbres, que les Enfans de Luther & Calvin. L'ordre ou plutôt la confufion de ces nouveaus Chrétiens qui n'ont encor veu un fiecle entier , fe voit ça & la a pièces rapor- tees dans les livres, & formes de religion ; que les Princes firent imprimer,comme le Marquis de Brandebourg, l'an 1555. Maurice l'an iç+4. Wolfang Palatin l'an 1557. reim- primé l'an IJ60. Le Duc Chriftofle de Witemberg, 1 an i^p.l'Archiduc d'Autriche l'an mil cinq cens cinquante Le Duc de fept.La reformation de la Religion faite par lan Guillau- SMxefait me Duc de Saie imprimée à lenel'an 156p. oùfailantle le Pcatife, fouverain Pontife, il dit qu'en la puiflanec des clefs que-

Diee

L i r x i t. m

bien luya mis en main pour lier, ilordonne, &c. Lesvi- fites»de l'Electeur de Saxe en ce titre Verorduimg , l'an I574. &IJ78. L'ordre que le Duc Louys de Witemberg Veut être gardé pour la Religion en Tes terres, imprimé a ThuringeranijSS. & autres: Caries Bourg-Maîtres & Citadins des Villes libres , en firent de même. Voyons comme Luther à l'entrée de fa révolte fe gouverna pour façonner fon Eglife que j'ay referve icy pour en même tems montrer les diverfitez.

Célvy-cy connut bien , qu'il étoit mal ayfé qu'u- "• ne Religion fe peut longuement foûtenir fans Cere- ^kerru monies. Cet pourquoy en fa nouveauté ,& en cefimu- "'»'/'*- lachre d'Eglife qu'on voit en Alemagne,iIconferva quel- r€mttwf% que chofe de l'antiquité. Aufli difoit-il écrivant au Roy V*0™** François premier, puisque le monde ne fe peur pafler de Cercmonies , je ne voy pas qu'il y ait apparence de chaf. fer les vieilles pour introduire les nouvelles ; Il fçavoic comme un bon Machiaveîiite , qu'il faut que celuy qui veut reformer l'état d'un Pays, pour en former un tout neuf pour tromper le monde qu'il retienne quelqueap- parence de la police accoutumée, qui face accroire au peuple que tout eftencores en fon entier, que le change- ment qui s'ét fait, importe peu ou point du tout , pre- rhieremem les Eglifes belles & fomptueufes bâties depuis plufïeurs fiecles en Alemagne , demeurèrent entières par tout,Voire mêmes les Cloitres qui font dedans les forets fclieusdeferts, comme ceus de l'ordre faintBcnoift,& faint Bernard font fur pic , rien ne fut brifé, ny rompu, fi ce n'ét les Images en quelqueslicus oùles Carloftadiens aucommencementpeûrentmettrela main , ou bien les Calviniftes depuis dans le Palatinat, feul Pays de leur conquête comme j'ay dit. Deforte qu'un Catholique entrant dans les Temples des Luthériens penfera être dans les Eglifes Catholiques;carlaplû-part deshommes s'arrêtent plus a l'apparence extérieure des chofes , qu'à la pure & eflentielle vérité.

iLy verra le chœur feparé de la nef. Cela feul efldifFe- in. lent entre ces Eglifes & les Catholiques , que les chœurs LeursTem nefontpasdemémes: On voit au relie en celles-là corn- pltsdetné- me sus nôtres, le grand Autel, le -Crucifix au deflus, les mes que images des douze Apôtres, ki dherfes Chafpelks,& les notï-glifeu

iiems

8£z Db/la Naissance di l'Herisis, lieus d'oraifon, lesFons baptifmaus. Enp'ufîeurs Tem- ples , les orgues , les cierges, luminaires , & autres orne- ments de l'Eglife Catholique. Tout porte par l'extérieur lesmarques del'ancienne religion deleurs Pcres. Parles carfjoursil y rencontrera les Crois plantées que les Lu- thériens révèrent , trouvera ks petites Eglifzs parmy les chams,ou paiTant Pays le peuple entre pour faire les priè- res & oraifons devant l'Autel. lis ccnfervent Tes Chappel- ies avec foin & dépenfe, & les reparent contre 1 injure du tems. V<s n'entrent jamais en leurs Temples (car ces ba- timens perdus ont perdu le nom d'Eglifes ) qu'ils ne fc mettent à genous, tournant le vifage vers le grand & maî- tre Autel , y apportant la même dévotion extérieure que nousfaifons. IYm En cor qu'ils ayent retenu le mafquedes Evéques,

£« nomi & Prêtres , fi eft-ce que comme le Turc change le nom dei Eve- aus Villes qu'il prend pour être celuy qu'il leur donne auis & autant démarques pcrdurables de Tes conquêtes, & gran-^ ïrttrei deur , & pour d'autant plus en faire pedre la mémoire sbangez. ans peuples qu'il a domptez. Aufli fit Luther , cesvieus noms luy étoyent a-contre-cœur : Car au lieu del'Evê- que il établit un Superintendant : ainfi 1 appellent-ils é- corchaiu le Latin. Ceîuy-cy a fous luy plufieurs parroiC. les, chaque parroiiTe a fon Curé, qu'ils appelent Pfarher, & des Diacres nommez en leur langue Helfters, c'ét adi- ré coadjouteurs. Ce Supeiintendant qui tient le lieu de 1 Evéque, jouyt £e quelque revenu , ou eft remèdes de- niers publics. I! a authonté fur tous les autres: Comme pour exemple a Strafbourg qui eft la Ville Luthérienne, cjuiavoillnc de plus prez la France, il y afeptParroiiTes» chaque parroiiTe a un Pfaiher , & trois Helrrers : Et Iani Pappus Docteur Luthérien pour Superintendant, qui fait Zvs.yit l'Lvcque. Toutefois un de la maifon de Brandebourg a l*y- tiré long tems le revenu , fe nommant Monheurl'Admi-

niftrateur, charge qu'il a quitté a un fils du Duc deWi-, temberg de même religion, &Ccnfeffion. Mais c'ét fans rendre conte qu'a Iuy-méme;&pcur cette occafîongran- Fart*?' de guerres'êmeut pour cela entre le Duc de Lorraine, Sz du bien de ^ Elcc^ur ^e Brandebourg, peiedel'Admiuiflrateur :Eri VZ-h'e £u lapais fe fît, le gâteau tu: my-party, non feulement entre les dzez Evé^ucs,Titn Catholique ce l'autre Luthe-

Livre V. 86?

rien: mais aufTi entre le Chapitre, & les Pfarhers &Helf- fers, de forte qu'aujourd'huy enrr'eus ils divifent le reve- nu de l'Eglife rlleftvray que les deus tiers prefcue font à l'Evoque vray &. légitime.

Mais pourfçavoir la diverfefalçcn de vivre des Lu- T; theiiens, & les cérémonies qu'ils gardent en leurs Egli- Comment fes , il faur noter que Ja Religion Luthérienne eftfubdi- Jes intetU \ifee en deusSeâcs principales, commej'ay ditaiileurs. mifiu dU L'une eft la Confeflion d'Aufbourg, qui fut bâtie par jent \A Melanclhon l'dn 1530. & prefentee a l'Empereur écrite ^f/fo defamain: Laurre i'ïnterim ijui fut une provifîon , Se furfeanceprife 1*3111548. jufquesàce que le Concile eût détermine des différents iurverius en laPveligion, lequel depuis a pris pie, & fe garàc en une parue de 1 Alemagne, comme au Pays de Saxe , & en plulieurs Villes Impéria- les vers le Scptenttîon , comme Hambourg, Lubec, Lu- nebourg, Magdebcurg ,Hal, Noremberg, au Marqui- fatde Brandebourg, & quelques autres htus. Lelivrefe Toit en Alemagne portant ce titre Rijrchenordnurg, Cet Me/ft Lit^> à dire, l'ordonnance de l'Eglife, ou font écrites les for- '»*M«w*j mes, & Cérémonies de leurs Mettes bâties d'une nou- velle forme, retenant plufieurs chofes de l'antiquité, comme le Kyrie E'leison, l'A l l i l v y a, & D o- mik v s vob 1 s cym: LePfatber s 'approchant de l'Au- tel dit le G o n r 1 t e o r, & autres prières, confacre com- menous, communie comme nous , il entre méleplu- Jîeursoraifons en langue vulgaire, comme auiîi il recite l'Evangile en même langage. & dit Luther en fa capti- vité deBabylone: 11 ne raut pas divifer la MefTc de l'E- *> vangile , car la Mefle eft une partie de l'Evangile, voire fcun fommaire. & abrégé de i'Evangile.Et encor ailleurs: «Nous voyons la plus grande partie tant des Sacremens «quedelarVieiTe, e'treles paroles firpromeiTcs deDieu. *>C'ct pourquov iis fc pleir.gnent fouvent qu'on les ca- lomnie d'avoir aboly la Méfie; Nos Egiiies font accu- sées a tort , dit la Confcfi^m d'Aufbourg , d'avoir abo- aaly la Melle: Car elle eft célébrée parmy ncus avec reve- fa renec, & preique toutes les cérémonies accoutumées y Refont 33 font gardées, Celuy qui la dit ne fait pas l'élévation de ït-ieUva- Ja laintc Hoftie, parce que les Luthériens croyent le cors tio&fout iRiSTj être pour tue mangé, mais non pas pour <]uojK

ctrç

S64 De la Naissance de l'Heresib, être adore , fi ce n'et de celuy qui le reçoit : Comme fi Parole de Ie s v s-C hri s Tnelefaifoitpasprefent,mais _ i t la réception feulement. A ce conte le Sauveur ne devoit B b'h Pas dire: C«y*/? 030» rwj mais,Cecy feramon cors quand \ * ' vous le recevrez. Rêverie premièrement fortie delà réte de Luther, qui difoit qu'en adorant le Sacrement, fice net quand on le reçoit, on idolâtre, parce qu'ilefteom- pofé de chofes créées , que les efpeces y demeurant, oa adore le pain, que le Christ y eft reallement, &ve- ritablement pour fervir de nourriture à nos amesfeule- Inpfi, 69. ment.M ais tout ainfî que l'humanité que le Sauveur em- prunta pour nous racheter , ne 1 a peu priver del'adora- tion qui luy eft deuë.non plus aufTî le Sacrement, fous le- 1 J ç 3:>clue^ ^ s'ét voulu comrr;uniquer a nos âmes. Aucun ne *ru r *7 3îmangeracettechairs'ilnerapremierementadoree:Et r"°s ' ssnon feulement nous ne péchons pas en i'adorant,mais ' ' «nous péchons nous nel'adorons pas, difoit faintAu- a^uftin : Que les paroles font riches & dorées du dore asChryfoftome.pour échauffer les Chrétiens a cette ado- »rarion du Sacrement. Les Mages . infidèles & barbares 33 font venus de bien loin adorer ce Cors en la creche,imi- » tons- les nous qui fommes fidèles , ils n'ont veu qu'une «pauvre cabane couverte de chaume & une crèche, & tu asvois l'Autel, le Prétre,& le S. Efpritrépandu abondam- Tîorn. Ci. 5,ment fur le Sacrifice : Tremble donc quai^d tu t'en ap- *4.pop.tj> proches, craignant d'y apporter trop peu de révérence, fi*per. & & fai$ paroître ta pieté , & dévotion encor plus grande sa Efe. cr qUC ne nient les Roys infidèles, & barbares. Quoy? repli- 17. 4rf quoitLuther, Dieu n'a pas commandé de l'adorer. Mais "Roma. les Anges dirent-ils aus Pafteurs adorez-le? Etoycnt-ils ï**h*r^ iCy donc idolâtres en l'adorant ? L'Ange ne commanda pas dejjm ïét ^ la Vierge de l'adorer, elle le fit pourtant:Etoit-elleido- fouvent ^ latre? Silecorsde C HRiSTy eft, comme Luther con- eonirAtte. feft"C)il s'enfuit par une confequencecertaine,&neceiTai- Chryfcïi. re ^^ ^z £cre adoré, & pour ce faire élevé , & montré hom. 61. au peuple, ores qu'il n'y ait aucun exprezcommandemét de le faire , puis qu'il n 'y a aucun commandement de ne le faire pas. C'étun facrifîcequife fait à l'Autel, &par confequent qui doit être élevé &par confequent adoré, €fàt$tme fuivant l'ancienne Cérémonie commandée de Dieu, non des Grtc\ aboiie.Ainû en ufent tous les Chietiés & Grecs &; Latins,

L<?

L i v R i V. ttï

Le Prêtre Grec après la confecration , tenant le calice de le pain élevé, pafle jufques au milieu de lEglifc le peuple feprofternant, & baillant la tête, lors que les Diacres crient, mettez vous en vôtre devoir:Car jamais les Grec» en leurs Lyturgies , ne fe mettent à genous fi ce net le jour de la Trinité , & Ce jour- feulement ils oyent la MciTeàgenous. En quelques lieus delà Chrétienté lors Voy lift- ât cette élévation, le Diacre dit au peuple; voyez celuy ari.enl't^ en qui vous croyez. I'ay ouy autrefois en cette Ville, la f>hr* h*ft. Mené d'un Evcque Arménien & d'un Prêtre Abifîîn qui vni.ltb. $• faifoyent la même élévation à l'Autel , non pas foudaiû tbaft s$% après la confecration, mais fur le point de la communi- on : Son Bréviaire étoit en carraeteres Arables , mais (on ferviteur qui parloit Italien t nous môntroit, qu'en di- fant la grand' MeiTc lors de cette élévation, le Prêtre à «accoutume de dire. Vous êtes penkens, humiliez vos *>chefs ,&adorezle Cors qui efticy du Seigneur, &Sau- wveur Its vs-ChrisTj c'et le Cors & iang de nôtre «DieaEmanuel. Etle peuple lorsa accoutumé de dire tout haut , Ielecroy ,je lecroy* dés maintenant & àja- mais.De cette Elévation parlent Saint Denys, Saint Ba- ^y** file.S_aintïanDamafcene, & tous les anciens, afin que H"r4fa je n'enfle ce que j'en dis d'allégations fupeiflu'cs, voyez eat' *' *>lcs mots de ce dernier fans plus. Lors que le pain de ^' -?*' \ «lEuchariftieeft élevé en haut, nous nedifons pas trois A**1 taPa «fois Saint, ou trois fois le Seigneur, mais un Saint. C'et J? JneP* cette élévation que l'Ante-chiift deffendra fur tout, dit deTtjhafy Hippoli te Martyr. Voy mon

Il y a des Luthériens qui voulant traitter quelque rc- -Anie- conciliation, ont trouvé cela indiffèrent d'élever le Sa- fhr'fl ** crement,& l'adorer: &fe trouve un vieus Synode, vieus, J ?y trat*~ eu égard à leurs nouveautez, tenu par les Luthériens de utt _ Danncmarcen Norvegue , l'an mil cinq cens trente & tL »fept, ou il y a ces mots. Que le Miniftrcqui fert à l'Au- Q^ty"? «tel après la confecration eleve décemment , fi bon luy ***"^ff/*» «femble, 1 Hoftie : Et au Synode ou prefidoit George ont v'h1* Major l'an mil cinq cens quarante & neuf. Le même fut **""***? 1 aille indiffèrent, & aucuns le font. Pomeran & Came- l'élev*ulf «rarius Luthériens, furent de cet avis. Voicy les repon- duS*eri~ *>fcs qu'ils firent au Duc Mauriccfur cette queftion, que tmntt »le Plarher ou leHelffcr , récite en la Meilc le C o n f i-

I i i t a » a.

Î66 LA NaiîS ANC! t (VtRlSIf,

sjtï o r en flF^chifiTant Us genou: ; qu'après l'Introï* ' »îu> vie , puis Kyrie eleison, la Prefaceen la «gue Latine, le S/nctvs. le PateR koste , »:& les paroles de 1 Evjrgile en langage A iemand , fai- asfara ) Eletàticrt ce rhoflie. Luther pourtant l'avoit dtfTendu, au/H quand les Luthériens difent leur MeiTe, 1 Elévation ne fe fait pas, & lors que Je M;niftrani ou le peuple communie , qui veut demeure aiîts & couvert, comme h 1 henneur, & révérence n'étoitdcuë qu'à la ma n ci u canon.

On a veu un Scignetfr de nôtre Cuienne , de bonne fr.aiior , ne faifant pas confeience fe trouver à la Méf- ie, comme il fît aus honneurs funèbres du Vicomte de Riberac, lequel a toutes les Cérémonies le tenoit de- bout ou a genous, comme le nlte des a/fiftans. Mais lors que le Prêtre fit l'Elévation , il demeura afîis , & au grand ttonnemenr de toute la compagnie, qui n'avoïc jamais veu une telle fïrgerie.

Ce fut par la deffenfe de cette fainre Elévation que la

Rejne d'Angleterre leva le mafque de fon hypocriiie:

Car faifant la Catholique, elle couvoit levenim del'He-

refic caché dans fon ame , quejereferve aulivie fixiéme:

Achevons la Méfie Luthérienne.

VII; Celvy qui la dit tfi revêtu d'un furpjiî, & d'une

C'tuqui charpe, ayant deus Diacres après luy , qui difent Tua

mtt ifur 1 Epure , & l'autre i'E\ angile en quelques lieus en La-

*. (ferf- "nî &' tn^utres en langue vulgaire. Venante la Con-

ttu am- fec arien, R antres Cérémonie*, i! recite en fa tangua.

p>e ta If mêmes paroles que no^Pitties fonta i'Autcl, il tient

Ihith. IHcftit ccn-rrenoi.s , le Calice comme les nôtres, ÎAu-

tci|>ar« r'u: iememe, lur lequel tant que le fervice fe

fait a chaque côté ii y a un Cierge de cire allume, oi»

des lampes aidantes.

Cecy mente u erre remarqué, quidoit faire rr Dgît ce fonte i: ï . nce.En tcure JA'emsgne , non feule es Egiiies Cs.'hclique* , mais atfli ii Temples Luthé- riens, les Cslices font d'or maflif , plusgrans que les nô- tres, voire n emeausthams. Ce r unecbole citimeemc- ci.amque û'en avoir c'aigtni ccré. Tout le peuple fc cetriic pour l'achat ae ecs va/es laciez, fur leiqueis les LtitherittiSûont pas jette leuis mauiiiacriicges, icr

nu

Litre V. .,. SSf

tae ont fait les CaîvinifVes en France, &#u Palatinat, du- rât le règne de Federic Electeur. Toutefois fon filsLouys Luthérien les fit remettre, nuis derechefpendant l'Ad- miniftration de Cafimirils furent fouftraits, au grand regret des pauvres Payfans , & Villageois, lefquels avec grans frais, pour la féconde fois , s'étaient cottifez à fai- re l'amas d'argent pour acheter ces Calices d'or. Peuple en cela louable l Qui caufe l'irrévérence qu'on voit par- my nos Villages , fi ce n'ét de voir le precieus Sang du Sauveur être mis dans des Calices d'étain,& encores tels qu'on n'en voudroit ufer en fon privé ménage? Or les Oraifons parachevées de cet Officiant fe tourne vers le peuple, luy donnelâ bénédiction, faifant lefîgnedela Crois, àlaquelle touss'inch'nent, & jettent agenous. Cette M elfe ne fe diz qu'une fois le jour en mémeEglifc Ils tiendroyent cela à quelque grand péché (Je fa réité- rer: Dieune demande être tant importuné, difent-ils. Semblables à ceus dont S. Auguftinparle, quiaimoyent Ser- *s de fon tems les courtes Méfies. Tempe.

Cevs qui veulent faire la Cœne feprefentent au pie' via- de l'Autel , fe mettent à la Catholique à genous , & le Comment Prêcheur & Officiant ainfî revêtu , fe tourne, faifant la ihf0** l* bénédiction, donne lHofi:ie qu'il leur met en la bouche, Cû?»*, corne on peut voir en Saxe, PrufTe, & ailleurs; lis ne don- nent pas l'Hoftie facree en la main , corne on fait le mor- ceau de pain aus Calviniftes , puis le Diacre leurdonne ie Calice avec le vin confacré. Iamaisla Meffenefedit que quelqu'un du peuple ne communie. CarLuther fur rout s'opiniâtra delTus, deteftant les Méfies privées: Ainfiles appelloit il mal à propos: Car toute Méfie eft publique: Tous les Chrétiens communient, finon fa- Cramentalement , au moins fpiritueilement. Aus pre- miers fiecles del'Eg'ifec'étoit la coutume que tous les fidèles communioient àlaMeffe, & ceusquinevouloy- ent recevoir l'Euchariftie fortoyent dehors, comme on remarque par la ttoifîéme Komelie defaint Ian Chryfo- ^ome, fur l'Epure ausEfefiens, &dansl'expoiîtion de l'ordreRomain. Etencor cette tradition ApoftoliqucfG garde en Arménie. Toutesfois cet Evéque Arménien qui fejourna près d'un mois en cette Ville, difoit tous le» jours (àMcflc, fans donner la Communion à perfonne.

Iii £ Depuis

348 De la Naissance ©i l'Hirisii, Depuis comme l'ardeur de la dévotion Chrétienne s*ttïe« «lit, l'Eglifene voulut obliger les Enfansà venir fîfon- ventàcegrandMyftere, pour la crainte de les rencon- trer en mauvais étar. Audi ceus quiaiîiftent àlaMeflc j.Ttr.f. participent au facrificc. CeSacremtnt, félon faint Tho- 72. At. t. mas, profite à ce us qui le tecoyvent comme Sacrement-^* cens qui ajjiiïtnt comme facnfice , d'autant qutl t(l offert pour leur falut. Auflïdifent nos Théologiens, qu'enlaMciTeiiy a double Communion, l'une Sacramentale, & l'autre fpi- rituelle: comme elle cft aufli Sacrement & Sacrifice. Cet mal fait, difoit Luther , de dire la Méfie fans que le peu- ple participîe à la Communion. Saint Ambroife faifoit donc mal, & faifoit encor mal Saint Chryfoftome. L'un &l'aurre difoit fouventla MefTe, fans queperfonnefe prefentat a 1* Autel,dcquoy pourtant ils fe pleignent pour î'indevotiondu peuple. lis v s-C hrist donnai» Communion au feul faint laques. Serapion communia tn la Cité feul : Seul aufli le Prétrcde faint Auguftin, difant laMef- dtDieu. fe en la maifon infectée des efprits mauvais : Comme Htm.fr. feul communia un autre dans Grégoire Nazianze. S'en Adpopulu faut-il prendre au Prêtre qui facrifie, lequel ne refufe Antto.fup. perfonnequis'y prefente ? Quantaus Vêpres, ils les di- J. ad Lfe. fent en langue Latine, s'entre-répondans les uns les au- tres, comme le Pape Grégoire le Grand ordonna , coutu- me gardée en l'Eglife Catholique. Voila comme vivent les Interimiftes, qui font en grand nombre.Voicy les Au- guftansainfi appelez de la ConfefTîon d'Aufbourg, dite en Latin : Auguilana Confejfio , que quelques uns appelent Auguilan* Confufio. IX, Cevs-cy font eparsparmy plufîcurs Villes Imperiâ-

Jiïuclqkt les:Comme Aufbourg, Vlmc, dlnquelfpil, Bibrac, Ner- jorrr.e de lingen> Heilpron, aflifes en la province de Suevic,en leur Mtfft par- langue appelée Suaben,& autres aflifes furie Rhin: com- tn> cem me Colmar , Strafbourg , Haganan , Wifembourg, Lau- tuifont de dan, Spire, Wormes , Oppennein> Frankfort. Il y a plu- U Cchfef. fieurs Princes, commeleDucde Witemberg, IcLantgra- fto d'Anf- vede Heflen , le Marquis de Brandebourg , & autres bourg. Comtes, & grans Seigneurs, qui embraflent la Confef- fîond'Aufbomg, avec ferment de n'admettre autre reli- gion en leurs terres. Ces Auguftan* ne célèbrent pa* la MeiTe Luthérienne, enlafaçoudesLaterimiftes. Ils ont

les

Litri V, %6$

Vu Eglifes de même que les autres , avec les mêmes mar- ques du Chriftianifmc. Accrtaines heures leur Pfarhcr, ou quelque Hclffcr, monte en chaire, revêtu de fon fur- plis, & prêche. Apres avoir mis fin à fon fermon, ildef. «end de la chaire, fe met au devant de l'Autel, & fait plu- fieurs prières , àpar-foy, puis fe tournant devers le peu- ple prie tout haut, difantainû quelque forme de XlefTe, encor que ce ne foit pas avec telle cérémonie ny apparat que les Interimiftes. 01uy»cy ne porte point de chappe, «efait point dire l'Epure, ny l'Evangile par les Diacres, ains la dit luy-méme.

Ayant ainfï fait fes Oraifons, il recite Tinuitution r- de la Ccene en langue vulgaire , confacre Ces Hoflies. Ce L*t*rf*f*u fait, ceus qui veulent communier fe prefentent devant *J c°mu~ l'Autel , le Superintendant ou le Pfarhcr prend une pla- n%er> & *' tinetl'or eu la main, comme font nos Prêtres, fur laquel- ***** Con~ le il a fes petites Hofties, & faifant lefignedelaCrois, f*JP9*» tn met une dans la bouche de celuyqur communie, di- (knt: Prens mange, cecy tïi le vray Cors ^Iesvs-Christ, qui m été offert pour toy% Le Diacre après donne le Calice,di- fant:?r#»f ç$» boy, ceey esl U vray Sting ^Iesvs-Christ, qui a itéépaniu pour toy. Ceus qui communient, prient & avant & après , félon la forme des Catholiques chacun à par-foy jtout au rebours des Calviniftes qui n'ofent prier Dieu, que par la bouche de leurs Minières, comme vous verrez a leur tour au livre huitième. Les adions & béné- ficiions faites on fe retire. Lors que les Fêtes folemnelles s'approchent , les Prêcheurs exhortent le peuple de €Ôfefler,& fe préparer à la réception du cors du Seigneur, félon l'avis de Luther, au livre de fa Vifitation , & de Me- lanclhon en fon traitté de la Pénitence : Et encor mieus dans fes Lieus- Communs, ou il confeille de garder cette belle religieufe, & antique coutume de l'Eglife. Ils trou- vent la façon des Calviniftes impie de fe prefenteràlcur „Caene,fans avoir fait au préalable leur confeffion.Com- „bicnde gens , dit le Luthérien Sclufemburgius, par- „lant des Sacramentaires , fe prefentent indignement à „la Cœne du Seigneur, puis qu'ils rejettent la confcfïïon „privce.Mais on ne doit trouver ctïange leur façon, puis qu'ils difent le cors JcChrist être aum" éloigné de la Cctae que le Ciel delà terre. Retournons aus Luthériens.

Iii 5

«7© De la Naissance de i'Heresie,1

Lejourauparavant les Eglifes font ouvertes, oulç peu- ple va faire Tes oraifons , & le Surintendant , & les Helf- fers font près des Autels ouils écoutent les conférons. Voyez la lingerie du Diable qui veut imiter la Confef- fïon de l'Eglife Catholique. Ceus qui fe veulent confe£ fer s'approchent, & tout debout parlent à l'HelfFer. Si c'étpours'inftruire, trois ou quatre feprefenteront à la fois. Si quelqu'un a chofcquiprelîe faconfcience il par- lera a part, ta découvrira, & demandera pardon à Dieu, recevra l'abfolution. En plufieurs lieus le pénitent fe met àgenous, & nevoudroiton époufer perfonne que plu- tôt il nefe fut confeiïe , &rcçeu la Communion. Quand quelqu'un eitmalade, s'il defire recevoir le Sacrement, il envoyé chercher le Pfarher , lequel y va, porte l'Hoftic non confacree.A ion arrivée il fait fortir tous les afàftans ce la chambre , & exhorte le malade de décharger fa confeience, s'il aqueîquechofe quila bieiTe , &fecon- feiïer; ce qu'il fait, & après il luy donne l'abfolution, faifant le ligne de la Crois fur fa tête. Aulïi difoitleur »3 maître Luther,en Con Sermon de lapreparation.Ie veus «que l'homme a l'article de la mort die : Si le Prêtre 35 ■n'abfout, je me fou fin ers à fa parole, comme a la par o- »>!ede Dieu , car tu dois croire auiTi fermement à.i'abfo- lut ion du Prêtre, comme fi Dieu t'envo} oi: expreiTe- wnieiu un j'jge, ou un Apôtre: Voire commellDieu mé- 33 me te remettoit tes péchez. Apres donc que le Pfarher adonné l'abfolution , on dreffe une table couverte d'u- jienappe, ou il pofe le calice & la platine. Et après que le Pfarher a recité ks paroles d^ l'initicution de l'Eucha- riftie, comme s'il éroic au Temple , ileonfacre le pain §c le vin. Cependant tous les aaiitans rentrez après la con- fefllon fe metteur a geiious. puis le Pfarher s'approchanc du lit donne i'Holtie&ie vin au malade, prononçant les paroles accoutumées, & faifant le /igné de la Crois. Mais comme l authorité que chacun fe donne de croire ce que bon luy fembîe, a cauféle mépris d'un fi grand myitere, plusieurs Luthériens manimt indécemment ce pain fa- cré.Ec raconte Nafus en fa féconde Centurie, qu'un Pre- dicantpres de Stralbourgde la Secte dcBucer, ayant été requis de porter l'Hoitie a un malade, étant empêché y envoya ton fils , lequel faifant 1* confecration , diz ces

paro-

L i v r i V. %jt

paroles : Trink un iumi p> tes n'u vsrg'j. C et à c^ire, b ois &mange,& n'oublie pas ton D eu. Atnlî comm .nia il ce pauvre malade. Aufti comme écrit Albertus quelques Predicants faii'ant La confecration c > itentent de dire; ^Prenez mandez, & fouvenez- vous du Seijnèur. Autres ne aifent que !e P a t e r nostsr. Vu autre Predicant, ainli qu'Aurifaber écrit au feuillet quarante fis , ayanc oublié le calice, & ne trouvant de verre , prend une cueil- lierde lacutiïn: , verfe le vin, difant au pauvre malade; »?rens & boy tôt la cueiliier du Nouveau Teftament,en »la retni/lîon des péchez. Cela rappocé à Luther, il fe asnita rire. Sij étois, dit il, Coûta! J~^T >rcmbcrg [ car vc'ét iaoù czlà arr:/a ) je mercroiscet nomme en pnfon, difant, a une telle çtfeilliet il faut un tel fourreau. Ils ne refervent jamais des H >fties conlacrees , parce que hors la communion Lurher du le cors ne po a/oir être , &ce contre coûte l'antiquité O/ezlefeul faine Cyciiîequ af- fi ft a au Concile dEfefe. iiy^na parlant delà fain te Eu- chanfhe, <j-*j p?nf*n* U mysti^nî b?n d&iant re inutile ysti e i ?■ leq'4 line thojê le lendemain. llserrn' lourdement : J*r hsvs Christ net p->mt a%tre y & fûnCisn- fir* point thtngé, êimhvertn tt bemdtjiton ? (y 1 1 g* %ce vi-jri.iate Às- tn 'tirer a tonj jars en biy Cz'l* vertu vivifiante de Ûien le '<Jc~ rc , eiîh Ver'?? unig-nrif, lequel s été fat chair t m itffznt ta- rants tétre le Verbe mn renixntfk ebapr vivifiante. Suivons nos Luthériens: En quelques liens il difen: Vêpres, com- me font les taterirniftes , mém js en la Duché de Witem- beig Ils les chantent tous les Samedis. Les uns & les au- tres le fervent prefque par tout des orgues, qui répondent au chant des Pieaumes, & tiennent leur partie en unver- fet,puis les chancres a un autre, & ainli alternatrveqtenx: Ils ont des ènfans de enoe ir , com ne en l'Eghie Catholi- que , lefquels chantent les Pfeaumes , & les motets. .Les Cloches tonnent par tout au point du jour , a midy , & a. 1 entrée de la nuit, co.n néon fouloit faire avant le Schit- me; Reftes encorde la prière ordônee par i'Eglife a [hon- neur de la Vierge. Toutefois tout pir tout de la diveriité. ,,0/ez Refcius. Cette forme de Melîele di: en quelques ,,lieus en Latin, eu d'autres demiXatin. Les uns ontdes. jjchâtresauchjeur.en autres endroit t,out le mode châte, „ea quelques iicuslesenfausau pn!pitreliie«it récriture, lii 4 i,quel»

$7% t>i la Naissance»! l'Hérésie,'

«quelquefois des femmes: les uns portent des habits p©^ «pulaires, des autres font^abillez a rEccleiîaftique.Le» «uns élèvent l'Hoftie, comme dit Clebitius, écrivant «contre Hefluilius , les autres ont laiifc cette coutume, «autrement ceus de Witemberg^utrement ceus de No- «remberg. D'une façon au Duché de Witéberg, & d'une «autre auMarquifat deBrandebourg.d'uneforteàGra- «covie, d'une autre à Vilne,Lublin,Poltnanie,&c. Voicy «ne plaifante cérémonie que j'ay appris d'un feigneur François & de quelques gentils hommes de fafuitte.

L an 1565. le Roy Charles étant à Bayonnc pour voir la Reyne d'Efpagne fa Sœur , un Chaous vint de la part du grand Seigneur demander au Roy deus cens mil écus, . que le grand IuifMignes avoir prêté a fes Ambafladeurs , &Miniftres. Les nouveaus reformcz.de laPrâce,aufquels l'abouchement d'Efpagne étoit fufpedrpour rendre le Royodieus, font courre le bruit, queleCnaous deman- doit au Roy, voire qu'il avoit obtenu le port de Tholon, pour recueillir l'armée navale de fon Maître , afin de fai- re la guerre aus Chrétiens. Cela court tout auffi tôt par tout.Le Roy, pour effacer ce mauvais bruit,& lever la mé- chante opinion qu'on avoit peu concevoir de luy: Dépê- che le feigneur de Lanfac le jeune, en Alemagne, avec charge de vifiter de fa part tous les Princes, Evéques, &

frans Seigneurs, & les aifeurer que c'étoient des artifices efesennemys: Etant arrivé en ce Pays-là, après avoir veu plusieurs Princes de toutes fortes, & de toutes Reîi- gions,en fin il arrive en la ville de Berling,fejour ordinai- re du Marquis loachin de Brandebourg, étant il fut curieus d aller voir les cérémonies des Lutheriites>& leur fervice,auifi le Marquis loachin l'en priarArrivé au tem- ple il entendit Vêpres chantées par leurs Chanoines re- vêtus de furplis, portant les haumufles , comme les nô- tres (le diable fait toujours le finge) lefquellesilsdifent en Alemand.Ayant toutefois coniervé quelques Hymnes en Latin, Mais il fut bien étonné quand a la fin de cha- que Pfalmc au lieu du Gloria p^tri, que les Catholiques chantent , il ouyt , non fans clfroy , un étrange Salve de oiftollades , &vid lEg^fe toute en feu : Caries Gentils- hommes & Reicres qui étoient prefens, lâchèrent chacun •oatrelavoûce du Temple deus cous de piftoileta ayaiu

les-

Ici mains & les ceintures garnies de tels bâtons à feu,rc- commençant Couvent cette efcroupeterie.il pouvoit biea «hanter avec le Poète, &dire que c'étoic

Fn chrifi ernp iflolé tout noirey de fumée.

Parmy cela leurs Arabalcs qui font petits tambours, re» fonnoient avec un tel charivari & tintamarre, qu'on eue plutôt jugé que c.'étoit une Caravane de Sauvages, que une Eglife de Chrétiens; ou l'aflemblee de ces étourdis Payens,qui par une fuperftition vaine péfoient d'un fem- blable bruit fait avec des tambours d'airain, fouhger les travaus,lcs corvées, & les defFaillances delaLune,tabou- rinans fouvent la nuit après cet aftre , fuyvant qu'il leur fembloit obfcur,ou lumineus, comme difentLive,& Ta- cite. I'oferois croire poustant que cette belle cérémonie fe fit plus pour honorer l'Ambailadeur Frâçois, que pouc acte de Religion , parce que le contraire me femble in- croyable : Mais cependant ç'étoit plutôt la reprefenta- tion d'un Enfer que d'un Paradis.

To vs les Luthériens de l'Alemagne, Interjmiftesoil xif. Auguftans,foIemnifcnt les Fêtes. Auffidifoitleur Apô- Ils g*rdk „tre Luther.- Encor que Dieu ne nous ait pas commandé les Fêtes „de garder le Sabbach fans aucun œuvre manuel,comme fur fait. ^,ausluifs: Si eft- ce qu'il faut garder quelques Fêtes, à gion^lti ,,fin que le peuple ait des jours certains pour s'afîembler anciennes „a prier Dieu. CeProthee pourtant au livre qu'il a drek cérémonies féa laNoblefled'Alemagne, avoit donné avis de les a- du Bapig~ bolir du tout; Les Luthériens donc en gardent plufïeurs, met des dont Luther comme fouverain Pontirefît le enois; Ils mariaget, chommentlejourdulceudy faint, feconfelTent, &com- &deiVi4» munient , célébrant aum" avec Religion & révérence le dts probU Vendredy de la Paillon. Ils gardent fur tout celles delà bées. Vierge, des Apôtres ,& Martyrs, de même que les Ca- Inlutonh tholiques: Etn'y a autre différence, fi ce n'et que ceus- Amb. C*- cy fuyvent la reformation du Calendrier Grégorien : Et tkarmunu cependant que les Luthériens tiennent leurs boutiques & lib. de ouvertes, ils chômaient, puis dis jours après les Luthe- bçn.operik* liens à leur tour, faifant leur Fête fuyvât l'ancien Calen- drier des Catholiques, travaillent : cela voit on mêmes es Villes d'Auibourg, Spire, Wjrme,Frankfort, Raciù k«nncj& autres, fans que pour cela ils entrent en débat,

Iii .5 biea

«74 Di la Naissance di l'Heresiï,"

bienconfelfent ils leur opiniâtreté, &dit un de leurs Iî- »vres/ Pais que nos Aftrologiens & Khemnice eftiment ••par.pluiîeurs raifons , qu il failoic corriger le Calen- »drier,co:nme le tems nous l'apprendra necelfairemenr, *»nous fommes a jutte occafîou eftimez opiniâtres, qui «répugnons à ce que nous confelT^ns être véritable, Se »>cctce feule choie nou*-fepare du monde. Lors qu'on prefente les enfans au Baptême , ou les porce aus Fons baptifmaus qui étojrentde toute antiquité en l'Eglife, de après que le Miniftrc a récité 1 inftitucion du Baptême, ilabfout l'enfant du péché originel, conjure le Diable Je quitter ce nouveau Chrétien qu'il baptife , faifarïtpar trois fois le figue de ,1 a Crois, le dL' pou 'liane comme nous faifons en l'Eglife Cachoîique. Ongirûe les cérémonies Catholiques au Mariage, lis s'abîtiennent de manger chair le Veniredv , le Samedy , & obfervent ie Carême. Leurs Cimetières font tenus corne Iieus facrez. Et quand quelqu'un eft mort , on envoyé des chantres, avec des enfans que l'on nourrit a ces fins , lefquels marchent de- Tant le cors , & chan cent des Pfeaumes en langue vulgai- re par les chemins, &en l'Eglife: Auiîi plulîeurscroyenc asle Purgatoire,& prientpourlesTrepalfez.il e(r plusaf. wfeuré, difoic Luther, faire prières , & œuvres de miferi- sjcorde pour les âmes qui font en Purgatoire, que non «pas s'en rapporter auî Indulgences, & Pardons. le cioy «pour certain qu il y a un Purgatoire, répondit lemç- »me Luther au Docteur Ekrus aLipfe. Cela fe trouve en «plufieurs beus de fes œuvres , & deus ans avant fa more »en fa confelïïon defo/ , on lit cet article : Qu on face » prier pour le repos des Trépaûez. Fiiippe leui autre A- »pôtre,difoit le m '"ne. NTo i> fçavohs, fait-il en l'Apolo- asgiepoarlaConr'.-flîo-i i'Aufb ^urg, que les anciens Pe- xiii. »res ont parlé de la prière pour les derfunSjlaq^elle nous Gommait «ne prohibons.

crtpartags Lbs Ecclefiaftiques qui font es Villes Impériales jou- Ui'Cemplct yrfent de leurs revenus, Se es Religieus auîfi. Mais les Re- es lieu* oh ligieus qui font es Djchez, & Co ncezdes feigueurs Lu- les Luths- theriens,ont été ch3hrez,& a on mis des pauvres enfans à r uns font laplaccdes Moines, pour étreinltruits. En aucunes vil- Usmii- les, les Luthériens, s'ils (om tes maîtres , occupent quel- tr#*» qit partie Eghfc» Catholiques , font leur fînagogu©

I I V R I V. $7f

dans la Nef. & laLfent le Chœur aus Religieus. A Straf- bour<*,ils fe font emparez de la grande Eglrfe, & chafic les Religieus, faufceus de l'ordre laine Ian, &quatte ou cinq Convents de Religieufes. Toutefois comme à cette guer- re dernière que le Duc de Lorraine fit contre Scrafbourg, pourladifpuce de l'Evéchéj ceusdela Ville eufîent brù- îé le Couvent des Chartreus, qui elt hors la Ville , la pais faite, par fentence de la chambre de Spire la ville fut con- damnée aie ebatir à Ces dépens, au même état qu'il étoïc lors quil fut riiyné : ce qu'ils ont fait. La Ville d'Vlmeà auflî occupé fEglile Cathédrale, tuais les Religieus y font encores. Ausautres Ville les Luthériens s'accommodent parmy les Cloîtres , cherchent quelque trou pour faire leurs cérémonies , & Prédications.

Encor ont les Alemans voulu garder cette ancien- nr. ne façon de t'Èghfe de difcernerles Ecciefiaftiques dure- Les ?f*r* ftc du peuple : Car tous les Pfarhers &He!fFers portent hers & en officiant le fuTp: 15, & en quelques lieus leschappes. Helfftr$ Voila comme ils ont refervê quelque apparence d'Eglife, portent les toujours en quête delavraye qu'ils ne peuvent trouver habits co- tors de la Catholique, Apostolique, & Romaine. De for- venables à tequecen'ét pas fans caufefi \ts Luthériens , lors qu'ils kwithéf* Tiennent en France, s'émerveillent d'y voir la nouvelle gtî. ' religion, qui fe donne ce glorieus nom de Reformée, fans aucune forme de Religion dénué de toutes Cérémonies & marques de pieté & aevotion.Ils fe moquent voiant les Miniftres Calvmiftes, habillez comme le commun du peuple , exercer leur miniftere dans d^s granges & lieus profanes , ou ils donnent leur Came fans refpect & révé- rence. Mais encornepeuvent-ils fans horreur, entendre la créance que les nouveaus Religieus François ont de la prefence & participation du cors d a Seigneur en la Cœ- ne, de fa nativké,.de fa mort,& de fa defeente aus Enfers, du Saint Esprit, de la Trinité, de la Prédestination, de la providence, delà Toute-puiiîance de Dieu, des Sa- Voy Sfarne cremens, des faints Livres, de la royjuftiriantc ^du Libe- & rations rai-Arbitre, du Baptême, & autres articles qui imper- Concordia tentlefalutdenos âmes toute contraire à celle des Lu- inctinds* ^theriens. Et bon Dieu! écrit uu grand Docteur du Lu- *«theranifme,quelle concorde y peut-il avoir entre nous, *•& les Cal vinifies , qui aceufen? Dieu demeufonge, le

dépoaiï-

*7* Di ia Naissance di l'Hexisu;

^dépouillent de fa Toute-puifTance, corrompent f£- „vangile?Difons avec Luther, Maudite foit cette con cor- „dcquimeten danger la parole de Dieu. Ces querelles ne peuvent finir entre nous , dit Sclufemburgius, jufques à ce que le jour du Seigneur arrive. Ieprotefte, fait- il ea fa préface Apologétique pour la deffenfe du livre de la Concorde , que j ay leu , & releu depuis vingt-trois ans, deus cens vol urnes de livres qui fontfortis de leur bouti- que 5 Mais je puis dire en vérité , qu'en tous leurs écrits je n'ay trouvé rien de ferme, ay de folide, furquoy une a- me Chrétienne fe peut mettre en repos : Ainsau contrai, re mille biasfemes, convices, menfonges , mots vilains, &fales , parfemez d'un monde d'erreurs* & contradi- dions , qui montrent les Calviniftcs n'être pas con- duits d'un mcmeefprit: Mais on verra cy-apres leurs di- verûtez , & les effets de leurs inimitiez .• Car encor fau- dra- il qu'en quelque part de cet œuvre , je les confronte enfemble , & que je montre que la Religion Calvinifte eft condamnée par ccus-ià mêmes, à qui elle rapporte foa origine*

VAVi

*Êfàà

L ! V R g V,

«7?

UVTHEVR MONTRE ICY LE C O Kk

MIMCIUINT DI LA DKADINCB PB

l'Hcrefie en Alcmagnc. Chapitre XIII.

îe tort qu'on fait a ï *A- lemagne de l'efiimer luthérienne. a.

J.es autres Herefes diver-

fis bannies.

> ta tromperie des Calvi-

nifies qui font accroire

ans leurs ï ^Alemagnt être de leur Sefte. 4- Divifion des Etats Al- lemagne.

Le Décret four régler les fujets en la Religion de leurs Princes,

h

tort *< nfait 'AU-

Omme j'ay ni ontrecy-devant l'origine, & lanaiflancedel'Hcreiie, déduit jufquesicy le fil &le progrez de fon accroiflement par- ?*.', my tous ces peuples du Pays du Nort:il Faut * que je face voir la décadence d'icelle.La drC- *?!*Zne cription particulière^ le dénombrement que je feray de . ces Provinces agitées de diverfes & contraires opinions, H montrera que le party Catholique fait le gros, tient le nt*** haut bout , peut donner quand il voudra la Loy au tefte: Et que tout ce qui eftfeparé de i'Eglife Romaine, tron- çonné en pièces & loppins traîne & rampe à terrc,regar- dant d'un œil trifte tous les jours fa dernière, & fatale ruyne:Et comme les Alemans font tort à la France de la- peller Calvinifte,auiîi les François font injure à lAlema- gne de l'eftimcr Luthérienne. Orjeveus laiiTantpource coup la France en pais,vcnger l'injure faite à cette bellu «jueufe Nation de la Germanie, qui a rendu tant de com- bats^ rapporté tant de victoires pour la deffenfe de l'E- gliferEt laquelle, non feulemét pour les armes, mais suffi pour les lettres difpute l'avantage contre toutes les Na- sions -^e la terre. On verra commenta l'entrée du fïeclc dhic :mcj après ta; de aaufrage nous forumes arri- vez,!»

De LA NAISSANT! DE L*HEREtït,

y-../., la Foy Catholique regerme & fleurit aus lieus oueî- J^avoit été déracinée, comme lejeune arbre qui poufle U> nouvelles branches, malgré le fer qui !a taille -Que plus grand part de ce que nous penfienc perdu, reconnoîc Jefouverain Pontife, Vicaire, & Lieutenant, de Dieu en terre, fuit la Religion de C<c^i ancêtres,, vit fous les lois an- ciennes de lEglife Rom.. : p:é-à-piénoa feulement ces vieilles reftesdeH: i: de Muncer : mais au Ai ceusquifuiyent les bandes de Luther, Zuinglc, 8C Calvin. H, Qj^,A n t. ans autres Hérétiques fortis des Luthériens, tes autres ScCalviniftcs-, & qui comme petits . ont voulu Jierefies étouffer leurs mères.., après les avoir conclus dansfet àivifett flancs élevez & nourris de fesmamr -ne peuvent èamits. à prefent vivre en pais en Alemagne,foit 2

riales , ou parmy les terres qui four fujeti :: . & Seigneurs -particuliers , on les pourfuit a dogue Se a i;. mier.On les.court à force: De forte que les An Trinitaires, & autre telle vermine, ne peuvent trouver retraitte afleuree parmy la grande & large étendue défit* Pays-ià. Ils font cotraintsie tapir dans quelques lieus de laPoiongne, ou en la Moravie, Silefe, & au Pays de Ze- lande,&: Ko!ande, la ou les Caîviniftcs les ont accueilles ». âcfavorablemen: reçeus. Que fi les Princes d'Autriche les collèrent en quelques lieus de leurs! ^me

on fait les luifs en payant des trib m'outrons

très grandes, vivarrs au furpîus comme des Efclaves, & toujours par les traitiez de pais , ils ont ëté^-bandonnez auMagiiïrat parles Prit: ces, pour erre punis félon Ici

loys.

^t Reste donc le parcy de Luther divifé en Luthérien*

y~,^x\. Âuguftàn ; , Confe/fiouiftcs , ou Luthériens Stoyq ues -..ÔT rïtitsCtl riglc,es. Ainh appelent-iiS ceus quis approchenr vinifies près delà dodlrine de Luther , comme c ffe!én«

ûttifgJf les autres les Luthériens mois &dous : I niftes

tieereire doutj'ay parlé cydeiTus , fontleur bandeapare, &quoy au* leurs quelous^e nom de Luthériens ils tiennent leur rang, & r 4(cm4. foient en grand nombre, m cmemen: .s villes Septemrio- cm être <> na1ies>& en LOUt *e Pays de Saxe,:ou,csj-arnaiîees &mife» k*r Siii'* en ki°r*n 'égalenr pas a prefent le party Catholique, coin- me jemôntreray, quoy que cy-deYaucih l'ayentilirpaiTç

LlTR! V. %"9

beaucoup. Cepcrdmt, Calviniftes TrançoîS ,qui a-

ïéterdi ede vôtre Egifencu> s I z je \ou8

I . y'os mapei-n.cnde5,& globes reformeZjl'Alemâgpj:

que vous faites accioire a vos frères êtres des vôtres, te-

. rrepany. A t. contraire elle ne cefle de crier aprcS

. &. vous appeler Sacramétaires. Tevffeln, Dvsch,

f.H L T I, V I B R T ï N î F E L T *, V î^.1 tV ï ï f I.-

te, Ketzern: Ayez un truchement pourvous inter- préter ces noms qu'elle vous donne je ne veus appeler fut inoy tout refTorrdevcs coleies. Pauvres gens, ^ousref- .[ernblezces faframers , qui réduis au bifiac, & a la lie de tous Leurs moyes, peur relever leur crédit, font montre te paradede ce quin ttprsàcus : A peiney avezvous quel- , «jucsarpens de terre Le feulPalatinat, &quelquespea- tes. Comtez'ons enferment. Ce quiçftAt]gfcftaû,Intcrir inifte.oa pur Luthenen, vous defavoi.c &detelte. Mao- dite foie cetteSocieré pour jamais, difcitluthcr des Sa- cramentair«s vos Pères , mot qu'ils repc;ent fouvent, te ores eus. Vous avez fenty'ft's Cens d'cpee.&Ia Wflic^K piftcllets des Comtes de Valc'cc , Reintgn- res, Comte de Earby, d'Erncit , de Mandtflo, des L3nf s, Comte de Diets, des Marquis de Bades, d Hot- >lot, deStambits. Carievits &Ioiîe de Sen!ts,&auucs 'onels & Reitrrs, MaîrresLuti erier.s, qui vous ont par terre ts plaines de Dreos, de Moncontour, Iar- , Se autres Iieus engrailfc? de vos corps. faifens le voœmeaus gênons , & tirons cette demcnftrati- |f>n, afin que la venté de r.ôrre proportion fe puifîe môa- trera l'œil.

L'Alinagnî ef, ^ troi» pars, eîlea les Sei- ir."

gneurs Ecclefisiiiqucs gran'f Jk pu i (Les dont un bon Divtfou nombre porte le titre de Princes~dcl Empire : Tels font de [Lia£ les Archevêques, Evéques de Majance. Trêves, Colon- ttïAlt* gne, Saltzbourg, Magdcbourg, Bambccg, Wirebourg, m*£nÀ Liège, Wormes, Spire, Strafbourg, Courre , Aufoourg, -,Briie, Brème, Bcfançcn, Kige, Confiance, Hil-, QajRafcnbcHîrg, 1 •:, Oh abeurg, Munfter,

ELatiflJonne , PaiTau, Baie, Carrbray , l Abbëdc Fuld; deHirsfed, & au très; Tous ceus Uiont Evcqueg ces Spirituels de l'Empire. Les Seigneurs & Prin- ce* ïeculkrs, Ducs, Comtes, &Baieus uc$-pu;;Tans fie

riche»,

Ds LA *TÀISSANCi DE L*H E R E I ï E,

riches, font en çrand nombre.il y a aufli les Villes qu*o* appelle libres,aucres linperiales.Celles-cy ne reconnoif. fent que 1 Empereur , & luy font quelque léger tribut: Encor qu'aucunes d'elles foyent fouz la protection d'aul très Princes particuliers , tout y eft libre, chacun yvr<| comme il veut , fuit la Religion Catholique ou la Lutta rienue. Carpour les autres, elles n\n peuvent faire pro fefïion publique^ Aucunes de ces Villes font fi puiflanc» qu'elles ont fait tétcaus plus grans Princes . comme a veu pendant les guerres de Luther, de la Ville & Arche- véquede Magdebourg,& depuis de nôtre tems àcs Villts de Brème, N oremberg , & Lubec i Tous ces Princes Ec- clcfiaitiques , feculiers , & Villes libres , fc trouvent é« Dietes,ou y envoyent leurs Dépurez quand ils font man^ dez par l'Empereur. C'ct , fouvent a été concerté le différent de la Religion, chacun délirant avancer la fîen- ue, avec plus de chaleur qu'ils n'ont jamais fait la gran- deur de leurs Etats : Tant tft étrange, & merveilieufe paiîîon de la Religion.

O R c'ét une Loy inviolable , & fondamentale en Aîe- magne, comme j ay dit ailleurs,que le feigneur donne la,, t»**'"- Loy & la creancea fon fujet telle que bon luy femble.Dc gUr la lu- forte que les Princes Ecciefiaftiqucs qui fon tfouverains, 1 ne font obligez laiifer la demeure libre en leurs terres,.' qu'a ceus qui fuyvent la Religion Catholique. Même pouvoir ont les Seigneurs & Princes feculiers. Ceus qui rie le font pas, c'ét pour craindre quelque révolte; E .' ,, porte le Décret de la Concorde^Qjue nul Prince ne fera ?>inftance a aucun autre Prince, ny aucun Etat à autre „Etat, pour luy faire prendre la Religion , ny ne le con- traindra, & moins prendra fous fa protedion, & fauve- „garde les fujets,en dépit de leur Seigneur, & Magiftra t. ^Chacun doit vivre parles Loys de l'Empire en la Reli- gion de fon Prince , dont j ay cy-defTus cotté les parti- cularitez.Le defir que ces peuples ont eu de fe côferver en repos, leur a fait trouver douce la rigueur de cette Loy. Le fujet peut prendre fa retraitte ailleurs, fi fa confeience le maïtrife, que la crainte de fon Seigneur : Et celuy qui l'accueille en Ces terres ne le peut recevoir en faprotr . &ion & defFenfe contre fon Seigneur. Que fi quelqu» Prince Ecckfiaftiç/ie veut changer de Religion , pour

avoi«

Le Décret

$tti en Heigton de leurs Princes,

L i v a. e. V. 2:1

avoir une femmefc'ét^ujours le fujet de cette meramor- fofe) il faut qu'il change d'Erat: perdant celle-là , il perd celuy-cy: &ne peut retenir Tes Seigneuries ny principau- tezqui dépendent defEglife. Les Proteftants pourtant ont fouvent tenté d'enfraindre cette Loy, qui eil une merveiiieuie bride à i'Herefie. On a veu les tan bours battre aus chams , les Enfeignes déployées pour ibutenic . oltedes Archevêques de Cologne, qui pardeus fois Refont rebellez contre l'Eglife, retolus conferver r les Lois de l'Empire*, les grandeurs &dignitez, donr-le'ur savoir privez. Vous avez veu cy-devanti Hi- iroiredeHermand, voicy cellede Guebard, tous deus- grai&s Princes Electeurs .de l'Empire, & d 'Archevêques Catholiques devenus pauvres & miferables Luthériens.

LA REVOLTE DE L'ARCHEVESQA'^

ÎD E GOIOGNE TOYR VNt N O N A IN ,

* & ia ruyne. Chapitre X I Y.

Z'iSfrctev'quC fie Colo- gne grand qrpuijfant

s

1 ïmc?.

z.

■X ^€rcl)elteq ue Turchfes épris delà beauté d' \y£- gnes de l

Ses amours jont decou-

- icrtes.

>J?a}ne fi Bgligjcn pour

u>iefu;nmc. Le -Tape Grégoire XIII»

pe/e, il s' arme pour gar- der fin ^frebevéché* 6. Va nouveau i/Çrchcvi- que de la maifon de BO? nfiere mis en fa place y m le prive de fontfm >ién.

■ci

Pti*

ÎZi De la Naissance de l*H2Resie, *Sf*VE* QiT Vis que je fuis arrivé à la décadence de ' ** î?l FjJ\ V 1 Herefie, c-z ne fera pas fortir de mon fu-

V Arche- £ \yJ/^ jjft , f je touche THiftoire de cet Archcvé- lejuede £j L*^/-^ que encorplus infortuné que DudiciusE- Colegne^ ^ Xjl^&P véquedes cinqEglifes, don tj 'ay parlé aif giani<& r^?'»wV livre précèdent, quifera voir al'œ:Uafoi- puijjMt blelfeduLutheranifme en ces Pays ilfembloit qu'il frmee. eut placé fon Empire. Elle mérite que j'en décrive quel- Darticularitez: Catcct exemplemôntreaiïez corn- ue Lntheranifrne eftdécheude la grandeur &puif- iance il s*ét veu cy-devant. L'Archevêque de Cologne gratis , &. plus riches Princes Ecxlefïafti- re la Germanie, de forte que comme de Conftance eft appelle le grand pourfoné- ae cclurùz Stralbourg le noble, cê'luy de Spirzlc R?!igieas: Auflî celuy de Cologne eft appelle le riche, 8C ig i-fc dePv.omè,celle de Cologne emporte le pre- tt ïîl'j. d'ancienneté. Vn Difciple de faint Pierre en jetta les premiers fondements. Cette ville de Cologne à toujours été fort affectionnée à la defFenfe de i'EgJifc Catholique, & révérence du faint Siège. Cet pourquoy e porte en fon grand feau ce? mots , COLONIA 1IDELI5 ROMAND ECCLESIj£ FItIA, Ordinairement un Prince en eft Archevêque. ou quelque Sei.gneurdegrande& illuftre maifon. Auflï eft-il un des feptEIedeurs del Empire, qui polTede une grande éten- due de Pays, feigneur de pluiieurs Villes, lefquelles dé- pendent de fa fouveraineté. Entre les terres de fon an- cien domaine ; eft le Duché de Weftfaiie , qui luy fut donne par l'EmpereurFrideric/par laprivationduDuc Henry Léon.

r s que Lurlervint troubler lapais Chretienneen be. Ateïnàgnëj Herman d'Oïïede lors Evéqueeriforcelé par léque Bucc:ravo:c voulu changer la Religion j & introduire le Turchfe* Lntheranifrne : Mais le Chapitre compofé de grans & tpru ds la puions Seigneurs s'y oppofa : De forte que l'Empereur l.at<*é prenant cet affaire a cœur , le fit priver de fon Archev é- d'JgwsJe ché, & dépouiller de toute adminiftration feculierer ô£ MéMsfild. Ecckuaftique,comme j'ay dit au livre troifïéme.Le Cha- pitre en cleut un autre en la place, fans que les Protêt ; sppuyerlonentrepnfç^ i. maint.

Livre V.

ecluy qui s'ctoit révolté contre TEgliie. Ce fut à Colo- gne où laq ues le Fœvre , un des premiers Ieiuites , Com- pagncr Ignace,fît beaucoup de fruit, encor qu'il

ce peuple s'ét comme alïocié cette iere, &: domeftique. Ilfutac- cucilly de* Ire des Ctartreiis,

comme on voit par les lettres expédiées l'onzième jour 'de May, mi! cinq cens quarante-quatre, au Chapitre Ge- neral qui fe tint en la grand' Chartreufe,lefquelles Riba- deneiraainferee'stn (on Hifloire. Et comme Ru cerfuc l'autheur delacheuce decepauvre~Prir.ee; Au fut-ce luy qui l'attaqua : De forte que Bucer fut contraint re- prendre la route de Stra(bourg,& le pauvre Herman une chetiveretranteenfamaifon, privé de Çén Archevêché te de la dignité d'Electeur.

L'Exemple & la ruyne de l'Archevêque Herman, ne peut faire fag e Guebard, depuis Archevêque, Prince yC fu de l'ancienne maifon oVOûeibourg, furnemmee de Turchfcs. Geiuy-cy ayant veudans le miroir du Magi- cien Lefcot, qui s'ét fait aflèz reconnaître en France, une Relîgieufe yJïuëdeJa maifon des Comtes de Mansfeld, nommée Agnes, fut tout auili- tôt épris de la beiuté, re- foiu à quelque pris que ce fut, d'unir cette pièce à km Archevêché, tlnepenfoit lors qu'à dérober cette Non- nainàfonCloiire.po ur : en mitrer â portes clofes/en ne les parois cachez de ù maifon Epifcopale, comme il fit: Et quoy qu'il délira1: celer fon fii:, comme le vice à tou- jours honte'de fa lai leur, 1j eit-ce que ces Amans ne peu- rent longuement demeurer à couvert, ny Tous les cèdres. que la fumée n'en parut. Les rideaus coupables de l 'mee- fte commis , voilèrent quelque tems ce a îme.

Mais comme toutes choies, voire les plus recelées & ftfc plus profondement enterrées font ci-. Sesétamin

&remifes a leur jour paries; ours fu. n de fintiiêeêmr

cette fentinefe 'itientir déplu nsde verte:.

i d'Archevêque, & a l'honnêteté

te aus Princes & Seigneurs Catholique*. L çs pareil s d' A- rottent l'intérêt de leur mai ton incereflx

» oreilles de ce criminel toujours ajis

it découvert la découverte de

Kl

Sgjt De la Naissance bi l'Heresie,' foa fait, voulut pourvoir a cet extrême mal, par un extrê- me remède.

Cri cjHt via cmntefe démettre De fa, hente £r de fin honneur? Il oyt que i'Eglife crie au fcandale , qu'elle fe plaint a- Toir été profanée par cet inceftucus délier, & ravinement d une fîile voilée a Dieu. Il s'alarme, s'effraye, &n'a au- tre recours qu a la fondrière de 1 Hereile: Il renonce, non feulement au Célibat, & à la continence, mars auffi à Dieirméme. Tv. Poviv loger Ces amours au lit d'honneur, il n'y eut au-

<o)uittef* tre remède que quitter la Religion ; introduire l'Hereiie. JUltghn Ce qu'il fit foudain après avoir baillé lemafqu- : Mé- pur uni mernent au Pays de W^tïzln , forgeant -Ta Ile ^;on en femme. certe forme mllangcc du Lutherar JviniC-

;1 ordonna qu'iU iacnficcdela Me fie on garderoic cet ordre : A fçàvoir qu'on commençât par un Pfeaume, puis que l'on leui un Chapitre du nouveau Teitamenc, a quoj'^n adjoùtercit uneColecfte, ôc foiuiain on liroic encores.un autre Chapitre duvieus Teftament, & teroit un autrePfeaume : A cela on joindroit leSymbole, & puis fe fer oit le Sermon , après la fin duquel fumoir la Çonfi - n gênerai: Et après avoir un peu pial-

n oitTexpcfuion de la Cœnede nô-

tre o & hroit en les paroles de la confecrà-

tion , puis on chanteroit un Hymne court , & après on adminlitreroic 1 Euehariftie à ceus qui la veudroyent re- cevoir, finallemeu: après uueColecie, & la bénédicti- on , on donnerait congé au peuple, & tour cela fe fe- roit A'ernand. On raconte qu'étan; un jour en b Ville de Gone, un iMoyneObicrvantin vint deman- der iaum ône au Château. ïl commande qu'on le £t mon- ter e . ce fa MaitreiTe. Ce bon refor- mé afin de luy donner du plaifir ayant ôtc le capuchon 2c l'habit àuReîigieus, l'ayant mis en jÂquerte , le de danfer avec les Daraoifeilès d Agnes, avecpri

i ctrivieres . s'il fe prefeiuoic plus a la porte. Amiïdonnoit-ilduplaiilr a fa Danse, n . a l'ave

L

L i v r e V. 8*ï

Le bon Pape Grégoire XIII. plante au haut de h chai- v.1 Ce faint Pierre en échauguette, Le ?«?t

Gregart- ^/CjAnt cent jeu* four carder la te > ' £*■

Soudain qu'il eu: découvert lepernicicus defleiû de cet & dèfofez Archevêque, l'adrhonnéta pariés lettres ;, mais en vain: ils'armA Caries flatteries mi Ignesponvoiéntpluscncz pourgar-

luy , que tous les corrjmandiemens.du Pape. Voyez, îc'^j: der fonAr* mateurs de j'Vnivcrs, l'H - fondateurs de voftrc chévéfhé*

Eglile,voùs'trouvcrez que L'amout d:s femmes en a fouvent lés premiers plans. Turchfesdonc épou Agnes, parles mains duPreuicant du Du: Pets:

Ec ayant rai: fes apprêts fous main , il convie îcs Luthé- riens , ocles parens de ion Agnes aus nopees d {àReligieufe, &par même moyen ans fanerai Religion Carholique.Hp^ufc:: que L\>h litnup lefepukhrcde l'Eglife. Lamu iftranieàts

des Ménétriers, enfemhle, &. l'Epi thalam;: de Tes nonces dtvoient être les chanrs &Iafo'nnéri :hes funè-

bres de l'Epitafe dei'Egfie morte. Aces p: joute des proteftarions, de m b : Agnes A r-

chevc< Cologne. De fait il s'empara de la Ville *

deBone, principale placs dépendant de I . fur la rivière du Rhin , quatre lieues au Villc.de Cologne, &deq ■: riches trefors de i'Eglife, pour foudo . us de guér- ie, met bonne -& forte garnifbn ea fes places , qui c mencent a ravager tout le Pa\ s.

Le ConiLePalatin,le Duc de Saxc,îe Malais de Ë d.bourg , le Duc des deus Ponts, & autres prennent^ caufe du nouveau marie, & contre les Lu: 5c le Décret d'Aufbourg, promettent de je maintenir ea ,,ion Archevêché. Vaicylcs paroles du Décret. Siquei- ,,que Archevêque, Evéque ou >u aurre homme

.jd'Egliiefe départ f on, qu'il

„quant & quant ion Évcchc , Trevotc , ou benelice, de tous revenus qu'il i : , & qu'il foie permis an

., Chapitre, ou a ceus a ou: ii appartiendra, d'en élire oa :re un autre eu fa place.

Le Chapitre de Cologne compofé deDucs;Comtes Se

t%6 De la Naissance de l'Heresie, Barons, & autres qui fe tiennent bien honorez d'avr des charges, & ciignicez en cette Eglife, donnent avis'- fa Sainteté,a r£mpereur,& aus Princes, & Seigneurs Ca- tholiques, comme leur Archevêque veut mettre fonE- glife en queno'ùiIle,îes fupplient d'y apporter & leur au- thoritë, &ics remèdes pour le châtier. Le Duc de Baviè- re?, Duc de Cleves, c:le Duc Ferdinand, & autres Sei- gneurs d'Alcraagne, viennent au fecours & du Chapitre, & du Sénat de Coiongne. Le Comte d'Aremberg envoyé' Jjfi. par le Prince de Parme, fc joint aleurs armces:Au renfort defquelles le faint Siège, pour arracher la mitre à cet a- moureus contribué fes armes fpirituelles^'excommunie, & prive de for. Archevêché, avec comandement au Cha- pitre d'en élire un s )3 ne. vi. S vyvant le commandement du fainrPere, le Cha-

rs »c«- pitre airemblééleut Emeftc néredu Duc de Bavière, Ie- ve/ui Ar- cjueî pendant que Turchfes danfe avec fa Nymfe, recom- thevéque mande fa caufe a Die'i, ordonne des Procédons, & priè- re/* mat- respub!i*qucs. Puis fait fes apprêts pour deifendre avec /onde Ba- les armes delà Maifon de Ies vs-C h ri s T,&lajuitic« vieremù de fa caufe. Le miferable Turchfes retrenché de l'Eglife, tn fa fia- invoque de fa part a fon ayde le party Proteftant , vendla te, qutlî piû-partdefonEvéchéauDuc de Cafimir pour avoir ar- . prive de gentj & fecours : Ce Duc dreiTe une forte armée , court 8c tout [on ravage le Pays. Mais lenouveau Archevéque*foutenudi2 p^rcy Catholique, s'arma, & força Cafimir de fe retirer ime-grande perte de fes gens. Les paniians François voulurent venir a (on avde : Mais le Duc de Lorraine en .. tailla une partie en pièces. Les Catholiques maîtres c!: la campagne { car je n'ay que faire defuivre toutes les' particularités de cecte guerre j aifaegent , battent , & for-* cent les places occupées. Comme le Duc de Lovembour; - FedericaffiegeoitHulft, quelques CalviniitesquieV ent dedans chargèrent uncheval boiteus des Imagv * Saints, qu'ils envoycrcrîtauDuc , quilcur t'envoya en t contre-échange k même cheval chargé de potences.

Turchfes toujours battu fit foutenirlelicgedeBone,oii fon frère commandoit. Le Duc de Bavière i'afTïege , d fait le Bâtard de Brurjtvic, & le Comte Adolfe de nat, venus pour le renvitailleravcc fismu .aiTiegez,, qu'ils fur;

S<7 tnfèraent: dcmeuran :esTurch-

gré, ou pat

lié de toutes ici cipautez, rrau-

di flan r fa fortune, & 1er ~.rant qui l'abandon-

noit ainiien unefifainte caui * ccdifoit-il, rut contraint

neuie, ferec «r enHoIande, devers le

-d'Otange, & depuis à Str.ifbourg, comme c

Un de .tre Chanoic es, îedui: en une es:

L'abandon qu'on" fi t c!~ ce pauvre ïurchfes, dontleLutheranifmepe; u .'appuyer, car c'étoit don- ner le contre-pois à I" «zs Empereurs, fut xepro-, ^che'ausProttlransparun d<'?Jeurs Députez. MiferaMjis vous êtes, dit-il,fluia ,ez laifléi^cco^lberlepal^. TuI-chfes, en une fi ta ^'ntc,& noble caufe. Mais les Proteftansdifenr it découvert cet Ar- chevêque pncheràlaReligor. aeCalvin, plutôt qu'a celle de Luther^ que pon ca£on onTabaaAta- Prince C ic de l'Electeur, feu l q toute \& - > lequel à Ces frais fit levée devînt mil hommes poi cette guerre. Voyla en peu derr.ocs THiftoirc dela£ucrr{ de Cologne, cùl'Hereilc \ ieife , & fait -, oir queq land la Catholi- cité voudra s'armer &: s'unir , iiiuy fera bien syfé d'arra- cher cette Babel jufauesaïis fondemens.

ïin du ïmc*

V I M-

V I M P R 1 M E V K

L E C T £ V R. » T E&eur, je regrette qi -^œuvre plus parfa it>& q n'avé peu voir le c ornmé* e ce

?SÇé. Ilr/vapeu ' . . . iilsheriri

viri'EgWe, ait remplace qi. Chapitres deffe&ueiis du cin juieme livre, &tout le

parle dePltalie, & (qu'il eu le S.

Père Clément VIII pleurant lorsqu'on li- foitlaPafliondu Sauve ris delà

main de VAutheury ai Tan fis cens, ieli au feint

Pere:il efpefeunjôi

le reçois. firmam; AD":

l#r

1 < t frYttT»T»Y»TgT»T»T»Te\ff-.

«f®

v.

?i fri roi i inrifi

=

CVJ 1

=z

z < - 1

1 lU —H

=_2iil-3

=

- iirj

=

-^a

=

~ o> 1 o 1

z=

=:

=

ro^=l

=

=

_ o 1

=

=

~

w 1

~

O) ^

=

zq

=

=

;z_ —^

?

00 j

—\

C71

^

h-

-H

m -

m

I

60INCH

8

M

s:

L«*rJ

CM

z

3 : 3 -:

o

I m

o

_"

ro

.

o

kz_£

oo

o

*

ro

=-

o

o

°

~

=

o>

~

o

-J

o

00

-

<D

oo

=-

o

o

!=~

=

1 °°

=

o

-N> O

=~

en

=—

I 1^

ZZI

=

O

=

=1

O

O)

-—

=

O

O'

î1'

21