*J WT* rs n, A£ a c MË/ wjAps /^N /"Y O ' vn P - H pi p ■' o/25 K HT U"« ,0 ^ t*VA'f^& L'HORTICULTEUR PRATICIEN. Bruielles. — T*p. de F. PARENT, Honlagoe de Sion. i: i/noiiTii;iLTi;iiî t > PRATICIEN, uiua-y^ia DE L'HORTICULTURE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE publia c a ht \f ciiiiciMirv DVS IMATBURS, DES HORTICULTEURS BT DBS PRÉSIDENTS DR SOCIÉTÉS D HORTICUL'f URB LES PLUS CONNUS BN PRANCB BT A L'ÉTRANGER; NOUS M DI8KCTI0S I» r. iî). (6alcotti, i»n\ii:o*i*iï:T7ix du jAnnisi ii<»ta^ii«»tic i>iî; imt'.VKi.i.KH. I» REMI ÈRE ANNÉE. U< , ■■ L Ua OM » \lt«\M : A PARIS, A BRUXELLES, «lie* Auguste Goln, éditeur, Cues F. Paient, éditeur, Quai des GrantU-Augustins, 41. Ilonlagne de Sion, 17. 1857. • / OA L'HORTICULTEUR PRATICIEN. UN MOT AU LECTEUR. Un nouveau journal d'horticulture! allez-vous dire, ami lecteur; oui, en effet, c'est un nouveau journal que nous vous offrons; — car la mission que nous avons entreprise est nouvelle : nous voulons vulga- riser les bonnes pratiques, combattre les mauvaises; nous voulons dé- velopper le goût de la culture des plantes utiles en même temps que nous nous occuperons des plantes d'agrément; nous voulons aussi intro- duire dans la pratique la connaissance de ces grands principes que l'étude de la nature a dévoilés a la science, et sans lesquels, même l'homme de meilleure volonté ne peut suivre avec quelque chance de succès, cette prodigieuse voie que le progrès s'est ouverte depuis peu d'années à travers les ténèbres de la routine et de l'ignorance; d'une autre part, nous voulons être utile à tous, impartial envers tous, jamais exclusif. Nous ne promettons rien que nous ne voulions exécuter conscien- cieusement; nous promettrons même peu avec l'intention de tenir da- vantage. Dès aujourd'hui cependant, nous pouvons annoncera nos lec- teurs que ï Horticulteur praticien donnera une analyse des principales publications botanico-horticoles qui pourraient les intéresser; que des dessins sur bois seront ajoutés au texte chaque fois que l'intérêt du sujet le réclamera ; enfin, que les procédés les plus récents et ceux sanctionnés par l'expérience sur la culture des plantes potagères, des arbres frui- * tiers, et des plantes d'agrément feront l'objet de notre vive sollicitude. Pour traiter ces différentes questions, nous nous sommes assuré 10 « à 8 francs et peut-être moins. RENTE DES PLAMES RARES ET NOUVELLES SERRE CHAUDE. odontogiossnm pimirciiopsis (Reich. fils), figuré dans {'Illustration horticole, pi. 109. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Mo- nandrie. A voir l'exiguïté générale de la plante, on ne croirait pas qu'elle pût donner naissance à des fleurs d'environ cinq centimètres de diamètre, bien étoffées; ces fleurs, d'une élégance peu commune, sont blanches à labelle blanc orné d'une ample macule festonnée, pourpre rosé ou lilas, et de deux lâches orangées situées près du disque ou de la crête. Ce labelle est fort grand et d'une forme particulière : les deux lobes latéraux sont larges et enveloppent orbiculaircmcnt le gynostème; ils sont rayés de pourpre; la crête, peu prononcée et d'un jaune pâle, présente des tubercules et des lames disposés en lignes compliquées. Les pseudo-bulbes sont faibles, ovoïdes-allongés; les feuilles sont assez longues, étroites, lancéolées, d'un verl jaunâtre; le scape sort de la base du pseudo-bulbe et porte généralement deux fleurs très-odorantes dont la couleur d'un blanc pur et la forme plane rappellent assez bien les (leurs du l'hit lœnopsis amahilis. On doit 1'inlroduclion de celte jolie et parc Orebidéi i M. Linden, de Bruxelles, qui l'a reçue de la Nouvelle-Grenade. D'après ce que nous avons |>u voir, celte espèce nous paraît de floraison facile. Hlanlngla Yonnsjana (MarNOCK.), figuré dans le Bot. Mag , pi 4954 — S \ h. : Sinningia violacea (des jardins), Gloxinia violacea (Popi | Famille des Gcsnériacées. — Didynamic Angiospermie. En décrivant ce joli hybride, sir W. Ilooker fait remarquer avec beau coup de justesse la difficulté d'application (nous dirions le ridicule) de la nomenclature scientifique proposée par le docteur Klotzsch et adoptée par plusieurs botanistes du continent, à savoir la réunion en une phrasi des noms génériques et spécifiques du père et de la mère de l'hybride ; ce qui revient à imiter la manie de certaines gens d'accrocher au nom patronymique une demi-douzaine de noms d'alliance ou de baptême; ainsi, dans le cas du Sinningia actuel, celui-ci devrait, suivant l'incom- mode système du botaniste allemand, se nommer Sinningia Ligeria velutina speciosq, et ce pour vous apprendre que vous avez affaire à un hybride ayant pour mère le Sinningia velutina et pour père le Ligeria speciosa, Decaisne (Gloxinia speciosa de Loddiges). Ne \ous semblerait-il pas, ami lecteur, en voyant une étiquette aussi richement dotée de noms, que l'on veuille restaurer cette ancienne nomenclature fastidieuse dont le génie de Linné fil si bonne justice? Le système de .M. Klotzsch est même incomplet dans sa longueur, car il devrait, outre les noms de père et de mère, comprendre un nom dislinclif pour ren- iant, car enfin il se pourrait — et le cas n'est pas rare - qu'il naquît du mariage un certain nombre d'enfants dissemblables : les uns rouges, les autres bleuâtres; ceux-ci à feuilles oblongues, ceux-là à feuilles al- longées, etc.; et comment alors différencier ces produits les uns des autres, sinon en leur appliquant un cinquième nom, le véritable révé- lateur du mystère? Or, si ce dernier nom est admis comme étant né- cessaire pour éviter lu confusion de progéniture, on admettra aussi que la suppression des autres noms (sauf le premier qui serait tiré du nom générique delà mère) serait chose raisonnable et un grand soulage- ment pour les mémoires paresseuses. Mais revenons a notre Sinningia Youngiana; il a été obtenu, il y a quelques années, par M. Marnock, et dédié par cet amateur à M. le docteur Young, administrateur du Jardin botanique de Sheffield. Toute la plante est pubescente; le rhizome est lubéreux cl acquiert de larges dimensions ; les tiges sont herbacées, érigées, violacées, hautes de 50 à 40 centimètres; elles sont garnies de feuilles opposées, oblongues ou ovées, crénelées, vertes cl luisantes, pâles el presque blanches en dessous. Les fleurs sont axillaires ou terminales, solitaires. Le calice est à cinq ailes; le tube de la eorolh — 8 — est campanule ; le limbe présente cinq lobes arrondis, presque égaux, d'un violet plus ou moins foncé ou lilacé ; le lune est blanc-jaunâtre à la base et maculé à la gorge. C'est en somme une assez jolie plante ; elle offre également de l'intérêt pour le botaniste en ce qu'elle est le ré- sultat du mariage entre les deux espèces types de deux genres diffé- rents : elle présente du Sinningia le calice à cinq ailes et du Ligeria l'épais rhizome tubéreux et le tube corollaire. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Pelargonlum Eiidiichcriauum (Fenzl), figuré dans le Bot. Magazine, pi. 4946. On a cru pendant longtemps que les Pclargonium avaient pour seule patrie la région tempérée de la colonie du cap de Bonne-Espé- rance; mais depuis ces dernières années l'Australie méridionale, et les îles de la mer du Sud ont apporté un contingent de quelques espèces, et voici qu'assez récemment le Taurus occidental (chaîne de montagnes de l'Asie Mineure), nous fournit la fort jolie espèce dédiée par M. Fenzl, au célèbre botaniste viennois Endlicbcr. Sans pouvoir soutenir de comparaison avec les belles variétés hybrides que les hor- ticulteurs produisent de nos jours, le Pelargonlum Endik lier ianum occupera cependant une des premières places parmi les espèces à grandes et belles Heurs du Cap; c'est plus qu'une plante de collection. Les tiges sont dressées, simples, arrondies, herbacées, revêtues d'un duvet fin et soyeux, ainsi que toutes les différentes parties de la plante, à l'exception des pétales. Les feuilles sont peu nombreuses; les radi- cales portées sur de longs pétioles ; celles de la tige plus courtement pétiolées; les unes et les autres cordées, plissées, à cinq lobes peu apparents, doublement crénelés. Stipules presque triangulaires, brunes, membraneuses. Pédoncules allongés, terminaux, gros. Om- belle terminale se composant de plusieurs grandes fleurs d'un rose foncé, deux des cinq pétales qui constituent la corolle d un Pelargo- nlum sont très-grands, dressés, ondulés, rose foncé cl marqués de cinq nervures ramifiées de couleur pourpre intense ; tandis que les trois autres pétales (les trois inférieurs) sont extrêmement petits; ce qui nuit nécessairement à la beauté de l'ombelle; on croirait, en effet, voir des fleurs incomplètes ou auxquelles on aurait arraché les pétales inférieurs. Culture des Pclargonium du Cap. c - 9 Hoi littmllu RaiiilMiill (Wr.BB.), figuré dans le Bot May., pi. \l)'tï . — Syn. : Brassica moricandioides (Boissier). — Famille des Cruci- fères. — Tétradynamie siliqueuse do Linné. Malgré l'épilhèle de jolie que veut bien aecorder M. W. Booker à ectio plante, nous ne saurions recommander ce Moricandia qui n'esl qu'un Chou vivace (Brassica) à fleurs violettes découvert dans les montagnes do Grenade, en Espagne, par MM. Webb et Rambur el par M. Boissier. La lige s'élève de 50 à 00 centimètres de hauteur el se ramifie. Les fouilles sont grandes et d'un vert glauque. Des racèmes portant un grand nombre de Heurs \iolelles terminent les branches. Agave strlata (ZUCCAMNI ), figuré dans le Bol. May., pi. iOLiO. — Famille des Amaryllidées. — IIcxandric-Monogynie. Celle belle plante est très-voisine de Y Agave geminiflora (Doua partea juncea) ', elle provient des environs de Real-del-Monte : région montagneuse, située au nord de Mexico. Sir W. Booker dit que celle espèce esl garnie d'un grand nombre de feuilles, longues de GO à 80 centimètres, élargies à la base; elles sont linéaires, allongées, roides et s'amincissent graduellement vers l'extrémilé, laquelle est terminée par une pointe brune cornée et exlrémement aiguë. La nature de la feuille esl épaisse; une coupe transversale donne une (îgurc rhomboï- dale comprimée, spongieuse intérieurement, mais remplie de libres; la surface externe est d'un vert glauque marqué de lignes parallèles assez rapprochées les unes des autres; le bord esl rude et muni d'une étroite arête cartilagineuse très-finement dentée. Les jeunes feuilles et celles du centre sont dressées, les inférieures sont recourbées, enfin les feuilles intermédiaires se dirigent presque horizontalement avec une légère courbure. Le scape s'élève du centre des feuilles; il est assez gros et s'élance de 1 mètre 25 centimètres à "2 mètres de bailleur; un long épi de fleurs serrées compactes le termine ; cet épi, s'allongeant au fur el à mesure de l'épanouissement des fleurs, finit par faire acquérir à la hampe une élévation totale de 10 à 12 pieds. Les fleurs, disposées deux par deux, sont sessiles, vertes à l'extérieur, d'un vert- jaunâtre à l'intérieur. Filets staminaux presque trois fois aussi longs que la corolle. Anthères grandes, linéaires, d'un violet foncé. Nous croyons que plusieurs plantes provenant du Mexique et appar- tenant à VA gave striata ont été confondues dans nos serres sous le nom d'Agave geminiflora (lequel doit offrir des feuilles comparative- ment molles, dépourvues de stries parallèles et de bords munis d'aspé- rités). - 10 Paehyphytnni bractconum (KLOTZSCH), ligure clans le Bol. Muif., |)l. 4951. — Famille des Crassulacées. — Décandric Penlagynie. Celle plante porte bien le nom de végétal épais que les botanistes lui ont assigné dans le mol grec composé Pachyphytum ; en effet les feuilles sont d'une épaisseur insolite, surtout dans le jeune âge où elles sont presque sphériques. Le tronc est assez court, charnu, très-glauque. <'t porte vers son extrémité supérieure les feuilles disposées en rosette, obovées, d'un glauque presque blanc qui se ternit au loucher. Les pé- doncules naissent latéralement d'entre les feuilles et s'élèvent jusqu'à •~>0 ou 40 centimètres de hauteur; ils sont accompagnés de feuilles brac- léales, charnues, oblongues ou en forme de langue, souvent teintées de rouge; leur base se prolonge de chaque côté en éperon. Épi long de 10 à Kl centimètres, dressé ou plus généralement penché lorsqu'il est en fleur. Les Heurs sont disposées d'un seul côté et sous-tendues par de grandes bradées, imbriquées, cordiformes, munies d'éperons et opposées aux fleurs; le calice de celles-ci est ample, long de 2 centimètres environ, campanule, profondément découpé en cinq segments ovés-oblongs, glauques, charnus, inégaux. Les pétales, au nombre de cinq, sont érigés- i talés, limbe d'un beau rouge. Des dix élamiues, cinq sont libres et alternent avec les pétales, les cinq autres sont plus petites et adnées aux pétales. Le Pachyphytum est originaire du Mexique, et a été introduit il y a quel- quesannéesen France elenBelgiquepar M. Cels de Paris, qui l'avait reçu, croyons-nous, de Berlin. Ce n'est donc pas une plante nouvelle, mais une plante peu répandue malgré son originalité; on la cultivera comme les Echeverria et autres plantes charnues de cette catégorie; elle se multiplie facilement en insérant peu profondément la base d'une feuille dans du sable presque sec ou, mieux, dans de la cendre de houille humectée; c'est ainsi que nous multiplions sans difficulté la majeure partie des plantes grasses, cl même certains arbrisseaux très-sensibles à l'humi- dilé. Il sullit même pour beaucoup d'Echeverria, Crussida, etc., et pour les Gloxinia, Didymocarpus, etc., de poser la feuille destinée à la mul- tiplication sur une couche de cendre de houille humide ; la radilicaliun et la production déjeunes plantes se feront sans qu'il soit, besoin d'a- voir recours à des cloches ni de donner d'autres soins que celui d'en- i retenir une humidité suffisante. H — CULTURE MARAICHERE SIMPLE CAUSERIE A PROPOS DE JARDINAGE. Oci n'est point une entrée brutale en matière; ce n'est qu'une cau- serie sans importance, une manière de se présenter pour la premier* lois, et de lier connaissance avec les gens de la maison. Aujourd'hui, nous préparons les affaires, demain nous les traiterons. Nous avions songé d'abord à l'aire tout de suite pour le jardinage ce que l'ont les calendriers, mais nous nous sommes arrêté à celle pensée que les ca- lendriers ont le tort de nous demander souvent plus que nous ne pou- vons leur donner. Voyez plutôt : dans la saison où nous sommes, (pic nous conseillent-ils? Ils nous conseillent de commencer ou de continuer les labours préparatoires et de conduire les fumiers sur les carrés du potager. Or, si c'est facile à dire, c'est souvent difficile à exécuter. Essayez donc de labourer la terre gelée, ou de semer vos engrais en temps de verglas! Il nous paraît plus raisonnable de dire à nos lec- teurs : faites ce qu'il vous sera possible de l'aire. Si la saison vous con- damne à rester au logis, ne vous plaignez pas trop ; quand les bras se reposent, la lèle peut travailler. Les hommes de la grande culture, tout en décriant les écrivains et les théoristes, les lisent encore volontiers pour abréger les longues soi- rées d'hiver ; les hommes du parterre et de la serre aiment à se tenir au courant des nouveautés; les cultivateurs d'arbres aussi; mais le maraîcher résiste encore, non pas seulement en Uelgique, mais un peu partout. Il a une tradition; il la continue et n'entend pas qu'on le dérange dans son œuvre de père en lils; il tourne une roue, toujours la même, s'enferme dans une spécialité, et n'en sort pas ou n'en sort guère. On dirait qu'il lient à constituer une race à pari parmi les tra- vailleurs du sol, à vivre d'une vie qui lui soit propre. Il a tort, car il a beaucoup à apprendre. Vous trouverez bien, ça et là, quelques maraî- chers de bon vouloir et d'initiative, s'intéressa nt aux choses de leur profession, et ne demandant pas mieux que d'élargir un peu leur hori- zon ; mais combien sont-ils? Vous les compteriez en Belgique comme nous les compterions en France. Les progrès que la culture potagère de pleine terre a réalisés ne reviennent pas de droit aux hommes du métier. Visitez les halles, les marchés de nos principaux centres de population ; vous y trouverez de beaux produits, sans doute, mais peu ou point de nouveautés. Nos ma- raîchers sont, nous l'avons dit, engagés dans les vieilles roule- et ne — 12 — veulenl poinl eo ouvrir de nouvelles; ils ont leur courant cl le suivent, leurs débouchés de vieille date et ne songent poinl à en créer d'autres. La clientèle, pensent-ils, se contente de ce que nous lui fabriquons de mémoire d homme, et n'exige rien de plus; donc, à quoi bon se casser la tète pour imaginer et introduire des denrées qu'elle ne demande pas. Mauvais raisonnement, très-mauvais; ce n'est point à la clientèle à faire le jardinier, c'est au jardinier à faire sa clientèle, à l'habituer peu à peu aux espèces ou aux races recommandées. Nous avons nos gour- mands pour les gros légumes , comme pour les primeurs et les pro- duits do hache. Multiplions ces gros légumes et les perfectionnons , d'abord à titre d'essai ; puis, offrons-les, faisons valoir leurs qualités, et nous trouverons des amateurs qui les achèteront el les payeront sans y regarder de trop près. Soyons justes et reconnaissons que les amateurs en question ont fait plus pour le potager que les jardiniers. Vous rencontrerez dans les jardins de châteaux et même dans des jardins beaucoup plus modestes, des légumes que vous chercheriez vainement à Saint-Gilles, aux envi- rons de Liège, de Malines, d'Anvers, de Gand ou d'Alost, chez les meilleurs maraîchers de ces différentes villes. Nous en avons la preuve. Quand il nous arrive de signaler ce fait, on nous répond : — C'est vrai, mais les amateurs ne sont pas tenus de compter aussi serré que les hommes du métier. — Nous répliquons qu'il n'en coûte pas plus de produire en pleine terre des légumes lins et délicats que des légumes communs, et qu'en débutant avec prudence, il y a tout à gagner, rien à perdre. Ainsi, par exemple, nous cultiverions déjà sur une grande échelle la rhubarbe comestible, le crambé ou chou-marin, le cardon d'Espagne, que nous ne serions guère en peine d'écouler nos produits. Voilà trois légumes qui réussissent à merveille sous le climat de la Bel- gique, auxquels bien certainement les consommateurs ne feraient poinl défaut, et qui pourtant ne ligurent pas dans les marais des jardiniers du pays, si ce n'est à titre de spécimens, d'échantillons, de chose rare, île curiosité. Dans nos excursions dans la Flandre occidentale, nous avons visité les potagers d'un village, dont le nom nous échappe, \illage éloigné de (rois ou quatre kilomètres seulement de la station de Pas- schendael, et qui esl désigné sous l'appellation significative de Jardin tiOstende Nous nous disions : — Pour sûr, nous y trouverons la fine Heur des légumes, nous y trouverons tout ce que recherchent les Anglais, la rhubarbe, le crambé, le cardon. Eh bien, nous avons été promptement désillusionné. Le cardon n'y élail pas, le crambé non plus; nous n'avons découvert que trois ou quatre planches de rhubarbe, à pétioles verts, maigres et plats, perdues, étouffées sous de grands arbres de verger. Là, assurément, ce ne sont pas les débouchés qui manquent aux produits; ce sont, au contraire, les produits qui man- - 13 - quent aux débouchés. Et cela est ->i vrai, que les jardiniers il<' I endroit sont forcés d'en convenir. L'un d'eux, jeune homme Irès-inleiligent , nous disait à ce propos : (Test un malheur, monsieur, que nous m sachions pas faire ici de ces longues cotes de rhubarbe, de lu grosseur du bras, comme on en l'ait en Angleterre. Nous ne serions pas en peine de les vendre à Oslendc. Il est évident que ce jardinier comprenait ses intérêts; mais il est évident aussi qu'il n'avait pas précisément les connaissances indispen- sables à sa profession, qu'il n'avait jamais eu de renseignements sur les bonnes variétés et les bons procédés de culture. Au lieu de cultiver à l'ombre une rhubarbe commune et de serrer les pieds les tins contre les autres, afin de perdre le moins possible de terrain, il aurait pu, tout aussi bien que les jardiniers anglais, s'attacher aux espèces ou variétés ondulées, prince Albert, rouge bàlive, groseille, du Népaul,etc, les espacer à 1 mètre ;>0 centimètres , leur donner de l'air cl de la lu- mière, et obtenir ainsi de magnifiques produits. Quand les rhubarbes du château de Mirwarl, par exemple, presque au cœur de l'Ardenne, délient celles de Londres, il n'y a pas à douter qu'on peut les produire avec succès dans tous les potagers de la Belgique; et quand même le marché d'Ostende n'en assurerait pas la vente, est-ce qu'il ne serait pas facile de créer des débouchés à ce produit dans l'intérieur, de le sub- siiluer aux groseilles vertes qui ne le valent point pour la préparation des tartes? certainement non. Ce que nous disons ici d'une plante, nous pourrions le dire de plu- sieurs autres. Que les jardiniers se donnent la peine de les introduire dans leurs potagers, — et ils le peuvent, —et qu'après s'être donné celle peine, ils les produisent sur les principaux marchés, à des con- ditions raisonnables, les acheteurs ne se feront pas attendre. Et notez bien qu'il ne s'agit pas en ce moment de nouveautés; nous ne parlons que de légumes d'introduction ancienne, qui datent, les uns de plusieurs siècles, les autres d'une centaine d'années au moins, et qui n'en sont pas mieux connus pour cela. Si nous voulions aborder le chapitre des nouveautés proprement dites, nous vous entretiendrions de l'igname batate, du cerfeuil bulbeux, par exemple; toutefois, nous insisterions moins, nous nous bornerions à conseiller aux jardiniers de les cultiver comme plantes d'essai el d'en offrir les produits au même litre aux amateurs. De celte manière, ils se tiendraient à la hau- teur des progrès horticoles, sans s'exposer le moins du monde à des chances de perte et pourraient deviser sur loules choses, par expé- rience, tandis qu'à cette heure, un maraîcher de profession est pour ainsi dire condamné à rester bouche close dans un entretien sur le jardinage. C'esl lui qui devrait tenir le haut du pavé, ci il ne lient que le bas; c'esl lui qui devrai! donner le mouvement, cl il le reçoit ; c'esl - 14 — lui qui devrait jeter les races nouvelles dons la circulation, tandis qu'il est souvent le dernier à les recevoir; en un mot, il devrait être le re- morqueur, tandis que nous sommes forcé de le remorquer. Voilà de dures et tristes vérités, mais enfin ce sont des vérités, et il est bon qu'elles se produisent. Est-ce à dire que les maraîchers, en général, sont rebelles à toute innovation? Non, nous en connaissons, même parmi les anciens, qui accueillent assez volontiers les observations qu'on leur adresse et ne demanderaient peut-être pas mieux que de marcher avec leur époque. Mais où donc leur a-l-on jalonné la route à suivre? En Belgique vous avez ouvert des écoles aux fils des cultivateurs; vous avez ouvert des conférences aux instituteurs primaires; vous avez donné rendez-vous aux jardiniers pour leur enseigner la taille des arbres; vous n'avez rien négligé pour propager l'étude et le goût des plantes d'ornement; mais vous avez oublié le maraîcher. Nous nous trompons, vous ne l'avez pas oublié tout à fait; vous l'avez enrôlé dans quelqe.es sociétés horticoles et invité «à prendre pari aux expositions. C'est bien, malheu- reusement ce n'est point assez. Là, sans doute, ils peuvent voir et voient en effet des produits qu'ils ne connaissent pas. Si ces produits sont convenablement étiquetés, ce qui n'arrive pas toujours, ils peu- vent se renseigner et s'instruire dans certaines limites. C'est bien encore, c'est un premier pas, mais l'étiquette ne mentionne point les qualités des légumes; elle ne dit pas pourquoi ceux-ci sont préférables à ceux-là, quels terrains leur conviennent, quels terrains leur sont contraires. Une étiquette n'est point une démonstration; elle est trop laconique. Ceci nous rappelle la dernière exposition horticole de Namur. Il y avait là, sur une grande table, au milieu de légumes divers, deux ou trois échantillons du pâtisson jaune et quelques tiges de la létragonie étalée. — Une jardinière , qui passait, s'arrêta court devant les pâtis- sons et s'écria avec une sorte de joie : — Tiens, voilà des artichauts de Jérusalem, une excellente chose, ma foi, et qui se vendait bien ; nous les avons cultivés autrefois, il y a une dizaine d'années, mais depuis lors, nous avons perdu la graine Où pourrait-on s'en procurer? — Une pareille question est presque incroyable. Parce que, peut-être, il n'y a point de graines de pâtisson à Namur, on ne suppose point qu'il puisse y en avoir ailleurs, soit à Bruxelles, soit à Liège. La même personne fait quelques pas en avant et demande : — Quel es! donc ce légume qui a des feuilles comme les épinards? — C'est la létra- gonie. — Comment la cullive-l-on? Ça demande-t-il autant d'eau et ça craint-il autant les grandes sécheresses que l'épinard? La graine est- elle chère? le produit est-il fort? Enfin, c'était des questions à n'en pas finir, et l'étiquette ne pouvait que répondre : Tétragonie étalée. - 15 - Belle réponse en vérité ! la jardinière n'étail pas plus avancée en sortant qu'en entrant. Ou va nous dire : Il y a des livres qui traitent de toutes ers choses; que les Rens qui ont le désir do s'instruire les ouvrent oi lisent. En ont-ils toujours le temps? Quand l'aube se lève, ils sont debout ; quand la nuil tombe, ils sont encore au potager, et Dieu sait ensuite s'ils ont besoin d'une lecture pour s'endormir. L'hiver seulement leur crée quelques loisirs qu'ils pourraient employer utilement, mais le praticien se défie des écrits qui traitent de sa profession, et d'ailleurs, il ne les connaît pas tous et ne saurait l'aire un choix. Nous ne connaissons, nous, qu'un moyen de le saisir et de l'amener par la suite à lire les publications spéciales : c'est d'ouvrir dos coule- ronces à son intention. Il faut s'adresser ;ï ses oreilles avant de s'adresser à ses yeux; il écoule plus volontiers qu'il ne lit. Los horticulteurs de Liège, i\v lluy. de Verviers, ont eu recours à ce moyen et paraissent s'en trouver bien. Nous souhaitons qu'on procède de mémo par toute la Belgique. Dites aux jardiniers que tel jour, à telle heure, on traitera de la culture maraîchère, qu'on leur mettra sous les yeux dos produits nouveaux ou des produits peu connus, qu'on leur en détaillera la cul- ture et les avantages, et ils se dérangeront pour courir à l'appel, les uns avec le désir d'apprendre, les autres par simple curiosité et un peu dans l'espoir (\c se moquer. C'est, à vous de ne point prêter le flanc à la moquerie et de prouver tout de suite qu'il y a beaucoup à gagner dans de semblables réunions. Après lotit, rien n'est plus facile, car quelle que soit la spécialité d'un jardinier, vous pouvez lui présenter des espèces ou variétés qu'il ne connaît pas, et qui, nécessairement, l'intéresseront. Si, le plus sou- vent, il s'obstine à ramener de vieilles races plus ou moins communes à la mémo place, c'est que, peut-être, il n'a pas eu l'occasion d'en voir d'autres. Dans un livre, vous ne lui donnez que dos noms; dans une conférence, vous pouvez lui montrer les choses. La conférence est au livre ce que la locomotive est ou tombereau, la vapeur à un attelage do bœufs. Voulez-vous amener le jardinier à lire, amenez-le d'abord à écouler; frappez de suite son attention. D'après ce qui précède, on voit qu'en abordant les questions de cul- lure potagère, nous ne comptons point sur la conversion immédiate des jardiniers d'ancienne souche. Il nous parait plus facile de créer que de refondre. Aussi, nous nous adressons principalement à ces jeunes hommes qui éprouvent le besoin de sortir des sentiers battus, et à ces amateurs intelligents qui , en matière de jardinage d<> pleine terre, comme en matière de grande culture, se tiennent à l'avanl-gardc des populations travailleuses, payent de leur- personnes et donnent de bons exemples autour d'eux. P. Joigneaux. It; — POMOLOGIE SUR L'ENGRAISSEMENT DES ARBRES FRUITIERS. Le sujet de l'engraissemenl , cet objet si important pour la produc- tion, a été peu débattu encore dans la presse horticole, quoiqu'il puisse paraître extraordinaire que les arbres fruitiers, dont nous attendons une abondance de fruits, eussent moins besoin d'engrais que les autres plantes cultivées. Le sujet qui nous occupe peut être considéré sous un triple point de vue; savoir : 1° Quelles espèces de fruits supportent l'engraissement? "2° A quelle époque de l'année peut-on et doit-on engraisser? 5° Quels sont les engrais qui conviennent pour l'engraissement des nbres fruitiers et comment y doit-on procéder ? Examinons successivement chacun de ces points : 1° Quels arbres fruitiers supportent l'engraissement'.' Relativement à cette question il n'y a guère d'exception négative qu'à l'égard du Cerisier à fruits doux (griottier), car cet arbre, non-seule- ment exige fort peu d'engrais, mais on a fait la remarque qu'une abon- dance de fumier en abrège la vie, parce qu'il y détermine l'écoulement de la gomme. Si ces arbres croissent dans un jardin potager, il n'est pas nécessaire de les engraisser; dans les vergers on se contente de bêcher la terre autour du pied de l'arbre, tous les trois ou quatre ans, et d'y mettre un panier ou deux de compost suivant la force de l'arbre, et encore cette opération n'est considérée comme urgente que dans le cas où les fruits resteraient petits et de mauvaise qualité. Les Merisiers se trouvent, au contraire, très-bien d'une fumure mo- dérée, et récompensent par une ample récolte la dépense. Les Cerisiers à fruits acides (Merisiers) ne veulent pas être plantés trop profondément, car dans celle position ils ne vivent pas longtemps ; et, dans les terrains à sous-sol très-humide, nous conseillons de les greffer sur Mahaleb.qui résiste mieux à l'humidité croupissante que le Merisier franc. Les Pruniers aiment une fumure réitérée tous les ans; cela s'entend surtout pour la Reine-Claude , les Mirabelles, les prunes dactyloïdes et les prunes américaines. Contrairement à l'opinion géuérale, nous conseillons l'engraissement des arbres à fruits à pépins, lesquels, étant en même temps taillés d'après les règles de l'art, portent alors abondamment, quelle que soit d'ailleurs la forme qu'on leur donne. — 17 - Les Groseilliers, les Fraisiers, les Framboisiers ccssenl de donner de beaux et de bons fruits si on ne les engraisse pas; plus la fumure est abondante, ptusgrand sera le rapport en fruils (I). 2. A quelle, époque de Vannée convient-il d'engraisser les arbres fruitiers'.'' La réponse à cetle question a été fixée par une foule d'expériences : à savoir, que le meilleur moment d'engraisser les arbres fruitiers est le printemps (2), avant le commencement de la végétation; les ma- tières volatiles de l'engrais n'ont pas le temps de se dissiper dans l'air et sont promptement absorbées par les racines sous l'influence de la chaleur et de l'humidité. Si, du reste, certaines considérations exigent que le terrain soit en- graissé en automne, il faut s'y prendre de manière à ce que l'engrais soif enterré immédiatement et ne point le laissera la surface. Outre l'engraissement du printemps, on engraisse les arbres qui sont plantés dans le jardin à l'anière-saison, vers la lin de juillet ou d'août, ce qui produit un excellent effet sur les fruits qui pendent aux arbres. Lorsqu'un arbre fruitier doit produire à la fois dos fruits et du bois à fruits pour l'année suivante, il est évident qu'il faut lui amener autant de sucs que possible. L'omission de cetle opération est la cause pour laquelle, dans tous les jardins, les arbres fruitiers ont besoin d'une année de repos après une année de fructification abon- dante, afin d'accumuler de nouveaux sucs à fruils. Ce n'est cependant pas à dire qu'une fumure réitérée soit absolument nécessaire pour obtenir tous les ans une récolte, nous pensons au contraire qu'une bonne fumure, une fois donnée, est suffisante. 5. Quelles sont les substances qui peuvent être appliquées ai 'engrais- sement des arbres fruitiers et comment doit-on procéder à l'engraisse- ment? Les meilleurs engrais pour les arbres sont les vidanges des latrines; le guano exige dans son application trop de précautions pour que l'on se (1) D'après mes expériences, de tous les arbres fruitiers, c'est la Vigne qui sup- porte la plus grande quantité d'engrais. Si on l'arrose de temps à autre avec du purin de vache, les grappes non-seulement mûrissent plus lût, mais elles con- tractent un goût plus sucré et plus aromatisé. (2) La théorie indique au contraire la fumure d'automne comme la plus ralion- nelle; en voici les raisons : tous les arbres fruitiers poussent leurs nouvelles racines, c'est-à-dire celles qui absorbent la nourriture, déjà en février et même plus lot lorsque le temps est doux. Si alors elles rencontrent de la nourriture elles l'absorbent avec avidité, au plus grand avantage de l'arbre. On se trompe généra- lement lorsqu'on pense que le fumier qu'on met en terre est immédiatement absorbé par les racines ; il doit d'abord être converti en sels ; mais comme cela n'a pas lieu de suite et qu'il faut au contraire du temps pour que celle transformation s'opère, il est rationnel d'enfouir l'engrafs en automne 9 — 18 — permette de le recommander d'âne manière absolue. Les eaux des ramiers sont Irès-efficaces, mais leurs effets sont d'une courte durée. Les os en poudre ainsi que les rognures de corne doivent être enfouis en automne. Quant à l'application dos engrais, nous ferons remarquer qu'il serait dangereux pour la vie de l'arbre de placer en contact immédiat avec les racines des excréments d'animaux frais ou non décomposés. Lorsqu'on est à même d'employer des engrais liquides, il faut faire bêcher la terre dans tout le périmètre aérien de l'arbre jusqu'à l'extré- mité des brandies, car c'est vers ce point correspondant dans le sol que se trouvent aussi les jeunes racines. L'emploi des engrais à l'état liquide est toujours préférable; les os en poudre, les rognures de corne, le sang, le guano et d'autres com- posts doivent être délayés dans de l'eau ou dans du purin avant qu'on s'en serve. Comme les vidanges constituent un engrais que tout le monde est à même de se procurer et qu'il est en même temps le plus efficace, nous nous y arrêterons un peu plus longtemps. Cet engrais a, comme on sait, une très-forte odeur qui est surtout désagréable au moment où l'on s'en sert. Cette odeur provient principalement de la grande quantité d'ammoniaque unie au soufre qui s'en exhale. On peut anéantir cette odeur instantanément en y ajoutant quelques livres de vitriol vert (sulfate de fer), ou du plâtre en poudre. Ces deux substances sont douées de la faculté de neutraliser l'ammoniaque, qui de celte manière est réservée pour la végétation des arbres. L'engraissement avec des vidanges mélangées de sulfate de fer pré- sente encore le grand avantage de détruire une infinité de ces petits insectes, qui sont doués de l'instinct de piquer les meilleurs fruits, et dont les ebrysalides bivernent dans le sol autour de l'arbre. Scu. SUR LA CONSERVATION DES FRUITS. Cette question est devenue de nos jours d'une grande importance, depuis que le commerce des fruits verse dans le pays des sommes con- sidérables. Si la recolle a été peu abondante, le prix des fruits est naturelle- ment fort élevé; mais celle circonstance ne profile guère au produc- teur, parce qu'il n'a rien ou peu à vendre. Si, au contraire, la récolle a été abondante, les prix baissent en raison de la quantité et de l'en- combrement des marebés. Dans ces cas d'abondance, il est du plus haut intérêt pour le cultivateur de conserver une partie de ses pommes — 19 — ou poires jusqu'au printemps, saison où il pourra les vendre à des prix bien plus élevés qu'immédiatement après la recolle. La conservation des fruits dans les caves n'est pas possible ou ren- contre beaucoup d'obstacles à la campagne, où généralement elles ne sont pas assez spacieuses, pas assez sèches et pas assez aérées pour y conserver longtemps des fruits en bon état, et exempts de celle odeur inoisie qu'ils contractent dans ces sortes de réduits. La conservation dans des caisses, dans des tonneaux ou sur des rayons, ne peut être appliquée en grand. Toutes ces considérations ont engage plusieurs personnes â conserver leurs pommes, etc., dans des silos construits expiés à cet effet, et, après en avoir fait d'abord l'essai en petit. (>-> silos doivent être creusés dans un terrain un peu élevé, où l'eau n'at- teigne pas aux fruits, et être assez profonds pour qu'on puisse les cou- vrir avec deux pieds de terre pendant la rude saison. Quelques-uns les doublent en paille, d'autres, en planches; on peut aussi les faire con- struire en maçonnerie, en guise de hache à l'abri de l'humidité. Quand le silo est ainsi apprêté, on y dépose par couches les fruits qu'on a pris soin de cueillir à la main, cl de façon que les sortes les plus tardives se trouvent au fond, et séparées des autres par une couche de paille sèche cl sans odeur. Quand le silo est plein, on le couvre d'une couche de paille cl ensuite de planches. Le tout est recouvert de deux pieds de (erre. On peut, être sur que les fruits ainsi déposés dans des silos se con- serveront jusqu'au printemps suivant. Il va sans dire que chaque pomme on poire, avant de les déposer dans le silo, doit être examinée pour voir si elle n'a pas reçu d'atteinte pendant la cueillette, car de pareils fruits se gâteraient et communiqueraient la pourriture à leurs voisins. S. MISCELLANEES. DIOSCOREA BATATAS. —IGNAME DE LA CHINE. (Premier article.) Depui.-» plusieurs années, le monde horticole s'est beaucoup occupe d'une plante de la (mine introduite de nouveau par M. deMonligny, con- sul de France à Shang-Haï ; je dis introduite de nouveau, car les jour- naux en avaient déjà parlé, il y a au moins cinq ans ; mais la culture n'en ayant [tas alors été continuée, elle a été perdue de vue 5 aussi sa nouvelle apparition est-elle, à juste litre, considérée comme la seule — 20 — profitable. Nous pouvons aujourd'hui en parler utilement et avec une assez grande connaissance de cause, car des expériences nombreuses ont été faites ; nous pouvons donc la juger et la faire connaître sous ses bons comme sous ses mauvais rapports. Nous disons sous ses bons et mauvais rapports, car la culture de celle plante présente des avantages qu'il serait déraisonnable de mé- connaître; mais aussi elle a des inconvénients qui doivent èlre signalés dans l'intérêt de la vérité, afin (pie les personnes qui s'y livreront n'é- prouvent pas de déception dans leurs espérances. Cette plante, Dioscorea batatas, a du rapport avec la nombreuse famille des Convolvulus. Cette famille, dont le type se trouve dans nos haies, Convolvulus sepium, renferme des espèces dont les tubercules ou, pour mieux dire, les liges souterraines sont édules, c'est-à-dire inaiitjeables; telles que les nombreuses variétés de Convolvulus batatas ou bâtâtes, vulgairement nommées patates, qui sont cultivées facile- ment, dans nos climats, mais dont les produits ne peuvent se conserver pendant l'hiver, malgré toutes les précautions que l'on peut prendre pour y réussir. Le faciès du Dioscorea batatas a le port des Convolvulus, les liges sarmenteuses, volubiles, s'élevant à deux et trois mètres de hauteur, si elles sont ramées, et courant par terre si elles ne le sont pas; les feuilles, en cœur, sont opposées. La piaule est dioïque, c'est-à-dire que les fleurs mâles se trouvent sur un individu et les fleurs femelles sur un autre; de sorte qu'il faut nécessairement le rapprochement des deux plantes de sexe différent pour opérer la fécondation et obtenir des graines fertiles ; c'est ce qui nous manque encore jusqu'à présent, car nous ne possédons en France que la plante mâle, de sorle que nous n'a- vons pu jusqu'ici obtenir des semences fertiles. On nous a donné l'as- surance qu'un pied femelle existait au Jardin botanique d'Alger, dirigé par M, Hardy fils; faisons des vœux pour que la fécondation nous ap- porte des graines fertiles au moyen desquelles nous pourrons obtenir des variétesqui remédierontaux inconvénients que présente le Dioscorea batatas actuel, car dans son état présent, la culture n'est pas encoura- geante pour certaines localités, ainsi qu'on le verra ci-après : Les fleurs du Dioscorea batatas sont très-petites en grappes; elles viennent aux aisselles des feuilles; la forme de la graine ne m'est pas connue. Par les motifs que j'ai énumérés ci-dessus, elle doit être nom- breuse vu la quantité des fleurs. La culture de la plante est simple et facile. La plantation s'opère de plusieurs manières : 1° Les liges produisent des bulbilles aux aisselles des feuilles comme en fournit, par exemple, le Lis bulbifère. Ces bulbilles servent à la re- production ; — 21 — 2° Les tubercules y servent également; un les coupe par rondelles de 5 à 4 centimètres d'épaisseur, en ayant l'attention de veiller à ce qu'elles soient munies de plusieurs yeux; ces yeux, en se dévelop- pant, donnent autant de liges. On plante ces bulbillcs ou rondelles dans de petits pots de 10 à 15* centimèlres d'ouverture remplis de terre légère ou de terreau. On les place sur couche cl sous châssis, si la plantation se fait lorsque les gelées sont encore à craindre, car les feuilles et les jeunes liges de celte plante y sont très-sensibles. Quand les froids ne sont plus à redouter, la mise eu terre s'opère en renversant les petits pots dans la main et en mettant en place les jeunes plantes; chaque pied doit être planté de 20 à 2U centimètres environ d'écarlemenl l'un de l'autre. Le terrain qui convientâ celle plante doit cire léger, sableux, doux et très-profond; la plante ne produisant qu'une longue racine en massue, n'a pas besoin d'un grand écartement. Les tiges couvrent le sol. La plantation peut aussi se faire de suite, en ligne, en pleine terre, en suivant la raie que. trace la charrue et aux mêmes dislances. Celle plantation est alors recouverte par la raie suivante; on emploie de même, pour cette plantation, des bulbilles ou des rondelles qui n'ont pas été mises préalablement en fermentation sur couche ou sous châssis. Mais alors, la récolte de ce genre, de plantation est plus tar- dive que celle faite avec des plantes mises préalablement en état de végétation. Ce dernier mode conviendrait aux travaux agricoles, c'est-à- dire ù la grande culture. La culture d'entretien ne demande presque aucun soin : de la pro- preté, des sarclages et quelques binages, lels sonl les travaux que celle plante exige. J'ai dit que le Dioscoreu batatas demandait une terre douce, légère et profonde; cependant la plante vient aussi dans les terrains durs, argileux et calcaires, mais les produits en sonl bien moins productifs et moins beaux, et la récolle à faire est bien plus difficile, ainsi que je l'expliquerai plus tard. D'après les expériences qui ont été faites, il vaut mieux laisser courir les liges sur terre que les ramer. Si elles s'allongent trop au delà du terrain qui leur est assigné, on peut les raccourcir sans inconvénient; les animaux en sont très-friands; elles peuvent servir à la nourriture des vaches ou des autres animaux. Dans de prochains articles., je ferai connaître l'époque de la récolle, comment elle se fait, les produits qui oui été obtenus à Rouen cl dans les communes i\^^ Aulhieux, du Grand et du Pelit-Quevilly, de Sotte- ville, etc., ces récoltes résultant de la distribution des bulbilles et ion- _ 22 délies faile par la Société impériale et centrale d'Horticulture du département. Je donnerai également l'appréciation qu'on peut en l'aire sous le rap- port culinaire et sous celui de l'approvisionnement des marchés aux légumes. Toogard, Président de la Société impériale d Horticulture de Rouen. CULTURE ANGLAISE DES ROSES TREMIERES. Althœa rosea. Les Roses trémières demandent un bon sol de jardin cultivé depuis quelque temps, Lien mélangé au moyen d'un labour de deux pieds de profondeur d'une forte quantité de fumier consommé , celui que l'on relire d'une conclu! à melons par exemple, ou de vidange intimement mêlée à la terre, (les plantes poussent luxurieusement eu été dans un sous-sol humide; niais par contre les effets produits en hiver par cette humidité seront généralement désastreux aux vieux pieds que l'on aura laissés dans une pareille situation ; nous conseillons, pour obvier à ces graves inconvénients, d'enlever 1 à '2 pouces de terre autour du collet de la racine et de les remplacer par du sable blanc, jusqu'à (> pouces autour de la tige; on préserve ainsi les plantes de l'action destructive de l'humidité, et de la voracité des insectes cl des limaces; ennemis redou- tables des Roses trémières, lesquelles souvent périssent sous leurs at- taques multipliées. Le meilleur système pour obtenir de belles fleurs consiste à planter chaque année de jeunes pieds, comme cela se pratique pour les Dahlias. On propage les Roses trémières soit au moyen de boutures faites au printemps cl placées dans une couebe sourde, soit en enlevant de sim- ples yeux au mois de juillet ou en août. Les jeunes plantes obtenues de bouture se trouvent bien d'être rempotées dans de grands vases au mois d'octobre; on a remarqué qu'elles deviennent d'autant plus belles (pie les pots dans lesquels elles auront été mises seront plus grands; une terre légère mais riebe en principes fertilisants leur suffit. On place ces pots sous un châssis froid où ils passeront la saison rigoureuse jusqu'au mois d'avril (selon la température externe). A celle époque on les plantera à demeure en plein air, la lloraison de plantes ainsi traitées sera aussi belle et aussi hâtive que celle de pieds mis en place en octobre. L'espace des lignes ou rangées, entre elles, doil être d'au moins 4 pieds; on accordera 5 pieds de distance entre chaque plante d'une rangée. Trois pieds en tous sens suffisent pour séparer les plantes dis- posées en groupes ou en corbeilles. - 25 — Les Roses trémières croissent avec plaisir à l'ombre d'arbres un peu éloignés, mais elles craignent de se trouver en contael avec les ra- cines. Au mois de mai, lorsque les épis floraux auront atteint une longueur de I pied environ, on devra en retrancher un eertain nombre selon la l'orée de la plante; si le pied est très-vigoureux, on conservera quatre épis ; niais seulement deux ou trois s'il est faible. On ne laissera qu'une seule tige florale s'il s'agit d'une plante d'exposition. On doit avoir soin de bien attacher la tige i\i's Roses trémières à un fort tuteur, et ce avant que la piaule ne soit trop élevée ; sans celle pré- caution elle se déforme et est exposée à être brisée par le vent. Un lu- teur, haut de 4 pieds (au-dessus du sol), suffit pour les pieds les plus robustes. Lorsque la saison est sècbe , ce qui arrive souvent à celle époque de la formation des boulons à fleurs, il faudra recourir à îles arrosements de guano ou d'engrais liquides, en ayant soin de les distri- buer autour des racines, sans en verser trop près ni sur les liges. Les amateurs qui désirent avoir de belles fleurs doivent retrancher toutes les pousses latérales de la plante, éclairçir les boulons ;'i fleurs trop rapprochés les uns des autres et enlever l'extrémité supérieure de l'épi à la bailleur désirée, en se basant sur l'élévation habituelle de |,i plante ainsi que sur son port. Il ne faut pas cependant perdre de vue que si, par le retranchement du sommet de la tige, on obtient des (leurs plus grandes, on diminue la durée de la floraison ; et souvent aussi celle opération déligure le port des plantes. (Gardener's Chronicle, novembre 1856.) liIBLIOGRAPÏIIE. Les Expériences «fini amateur ou la Taille «1rs urines simplifiée . suivies de conseil* sur les pépinières, par F. LefèTre (1). Les fouilles sont tombées, voici le lemps des plantations. L'époque où l'on crée îles espaliers, où les amateurs de jardins et de vergers comblent les lacunes laissées dans leurs quinconces et regarnissent les espaces vides le long des treillages, esl arrivée avec les frimas et les jours courts. Bientôt, quand la ^.\i' se réveillera et commencera à circuler plus active, il faudra la diriger et surveiller dans leur croissance les bourgeons nouvellement épanouis. Un livre sur la taille des arbres et sur les pépinières ne pouvait donc paraître à un moment plus opportun , pour être lu pendant les longues soirées. Un livre sur la (aille des arbres! mais il y en a déjà tant , depuis les écrits du vieux la Quintinie, jusqu'aux traités si répandus de MM. (lalbret et Dubrcuil. Cependant le sujet esl loin d'être épuisé. Aux procédés traditionnels sont venues (l) 1 vol. in- 1 S avec planches. Prix : 2 fr., franco. A. Goin , éditeur . quai des Grands-Auguslinsf II. — 24 — s'ajouter des méthodes récentes, qu'il serait curieux «le comparer. Des esprits novateurs onl essayé d'autres moyens de conduire les arbres, et ont préconisé avec enthousiasme ces systèmes adoptés par les uns, repoussés par les autres. Autrefois, la formation d'un espalier exigeait de longues années : la serpette jouait un grand rôle et les branches subissaient des amputations répétées. Notre géné- ration pressée de jouir s'esl demandé si ces entraves, si celle lenteur étaient né- cessaires, et on a proclamé que, loin de s'opposer aux emportements de la sève et de faire impitoyablement la guerre aux rameaux exubérants, il fallait profiler de cel excès de vigueur et ménager ces gourmands indisciplinés, afin de donner en peu d'années à l'arbre l'étendue que l'ancienne méthode ne l'eût, laissé acquérir que peu à peu. Plus île serpette, plus d'amputations sévères: le pincement des rameaux dans leur première jeunesse (t), la cassure de quelques-uns d'entre eux furent proclamés désormais suffisants pour assurer à l'espalier une forme régu- lière, et pour rabattre la sève dans ses écarts les plus impardonnables. — L'élan était donné, et l'on a vu paraître les écrits et les systèmes particuliers de MM. La- chaume, Hardy, l'abbé Dupuy, Choppiu, Lepère. etc. Cependant, un amateur de notre département qui, depuis de longues années , dirige avec passion un espalier magnifique, M. Lefèvre, de Grand-Camp , près Bernay, se livrait de son côté à des observations suivies et contrôlait les théories exposées dans les livres de jardinage les plus accrédités. Après avoir longtemps appliqué les méthodes reçues, l'étude attentive des phénomènes de végétation l'ont amené à une méthode particulière que, depuis sept années, il pratique exclu- sivement. Si l'on juge de celte méthode par ses résultats, elle doit être excellente : car les espaliers de M. Lefèvre jouissent, à plusieurs lieues à la ronde, d'une véri- table célébrité, par leur végétation vigoureuse et par leurs fruits exlraordinaire- menl beaux et nombreux. Dans une préface fort spirituelle, l'auteur s'excuse d'avoir déposé la serpette pour la plume, et d'avoir ainsi cédé aux instances d'amateurs éclairés, qui, après avoir visité ses espaliers, l'ont pressé de livrer sa méthode au public. Il indique ensuite la division de son livre, qui traite : t° de la taille des arbres en espalier ; 2" de la conduite des pépinières. La méthode de l'auteur peut se résumer par ces mots que nous lisons à la fin de l'un de ses chapitres : « L'arbre qui sera le moins mutilé aura toujours la plus belle végétation. Heureux l'arbre qui ne tombe point sous la main de l'homme! » M. Lefèvre condamne l'ancienne disposition des arbres d'espalier en V : il préfère les palmelles à une seule tige verticale, et il en fait partir des branches toutes horizontales. Sur ces branches latérales, il ne laisse pousser de rameaux qu'en dessous : il s'oppose à la croissance de tous les bourgeons qui viennent en devant ou à la partie supérieure des branches. Il ne s'agit pas de couper les pousses trop vigoureuses; il s'agit, au contraire, de s'opposer à leur apparition. Pour cela, il aveugle les yeux qui. placés sur le côté supérieur des branches horizontales, don- neraient naissance à des rameaux difficiles à modérer : les bourgeons placés en dessous des branches, du côté de la terre, sont seuls conservés, parce que jamais ils ne poussent trop fort- Avec ce procédé, plus d'amputation, plus de pincement : la sève ne s'emporte jamais. Dans la méthode de M. Lefèvre, la taille et le pince- ment ne servent plus à faire disparaître les rameaux trop vigoureux; ils servent, au contraire, à fortifier les rameaux trop faibles. Les expériences que l'auteur a répétées sur les effets du pincement seront lues avec intérêt par les physiolo- gistes : elles jettent une lumière nouvelle sur la marche et la distribution de la sève dans l'organisation des végétaux. Mais si, par ce côté, le petit livre de M. Le- fèvre est de nature à être consulté par les botanistes, il s'adresse tout entier aux horticulteurs dont la curiosité sera assurément piquée par les données neuves et les aperçus originaux qui constituent celte mélhode. R. B. (1) L'opération dont il est ici question a été parfaitement traitée par M. Picol- Amelle. horticulteur, à Aincourt, près Magny (Seine-et-Oise), dans la deuxième édition d'un ouvrage qu'il a publié le 10 mai INoo, et qui a pour titre : Pratique raisonnee de l'A rboricullurc. [ Note de l'éditeur. ) •>TOfll /Vf//f /// YY//SVY . — 23 — rRICHOPILIA COCCINEA (Lindlev). (Planche III.) Le goure Trichopilia fait partie de la vaste et intéressante famille naturelle des Orchidées; il appartient à la (iynandrie Monandrie du système linnéen. Le savant orchidologue Lindley, fondateur de ce genre, lui a imposé un nom composé de deux mots grecs : Trix, trichos (cheveu, poil), et Pilion (bonnet, chapeau), par allusion aux appendices du Cli- nandre (on nomme ainsi l'espèce de fossette qui termine le gynostème à son sommet et dans laquelle l'anthère est placée), les caractères du genre sontde présenter des sépales et des pétales égaux, étalés, étroits ; un lahelle fort grand, pélaloïde, enroulé, parallèle au gynostème, trilobé; lobe inlermédiaire subbilobé à peu près plane, nu à l'intérieur. Colonne arrondie, en forme de clou. Clinandre en capuchon, trilobé, fimbrié- velti. Anthère uniloculaire , comprimée, convexe sur le devant. Masses polliniques au nombre de deux, sillonnées sur la face postérieure et adhérentes à une mince caudicule cunéiforme; glande ou rétinacle très- petite. Les Trichopilia sont munis de pseudo-bulbes charnus protégés par des squames ornées de macules ; une seule feuille termine le pseudo- bulbe; les fleurs sont solitaires et axillaires (elles naissent au pied du pseudo-bulbe). Le Trichopilia , sujet de notre article, est originaire de l'Amérique centrale, où il a été découvert par Warscewicz, qui l'envoya vers 1849 en Angleterre, sous le nom spécifique de coccinea, que le docteur Lind- ley conserva avec raison, bien que M. Henfrey eût antérieurement dé- crit ce même Trichopilia sous le nom de marginata. Nous sommes heureux de voir à ce propos que des dénominations, lorsqu'elles sont correctement imposées par les bolanistes-^/ecowfre«rs, sont parfois res- pectées par les botanistes de cabinet ; c'est une justice et un dédomma- gement auxquels les premiers qui risquent leur vie et leur santé dans l'intérêt de la science et de l'horticulture ont bien droit. Cette espèce offre des pseudo-bulbes rapprochés, allongés, oblongs ou étroits, comprimés, lisses, d'un vert foncé, revêtus à la base d'assez grandes squames brunâtres, appliquées contre le pseudo-bulbe, et sur- montés d'une seule feuille large lancéolée, coriace, devenant tout d'un coup acuminée et s'élargissant parfois vers la base, de manière à pa- raître presque auriculée. Pédoncule généralement à trois fleurs, mais souvent aussi ne portant qu'une seule fleur. Ces fleurs sont grandes, fort belles, tantôt entièrement d'un riche carmin foncé, tantôt car- minées en dedans et blanches à l'extérieur, et les sépales marginés de blanc; le lahelle est parfois d'un carmin pur, tandis que dans d'autres Février 1887. ô — 20 — cos, il est bordé d'un large liseré blanc; sous ces diil'éreiils aspects la fleur est également belle et recommandable. Les pétales et les sépales sont linéaires lancéolés et de même forme; les sépales sont légèrement tordus. Labelle enroulé à quatre larges lobes arrondis, ondulés. M. Lind- ley rapproche cette espèce du Trichopilia tortilis, dont elle se diffé- rencie surtout par ses fleurs plus grandes et carminées et par ses sé- pales à peine tordus. La floraison a lieu en avril. Le Trichopilia coccinea est une des plus jolies Orchidées américaines qui aient été introduites depuis longtemps et nous ne craignons pas de dire que cette seule plante suffirait pour justifier la faveur dont on en- toure généralement cette famille intéressante des Orchidées, dont fous les membres présentent à l'amateur comme au botaniste des formes et des nuances variant à l'infini. Celte espèce n'est pas de la dernière nouveauté, car elle se trouve déjà répandue dans plusieurs collections d'amateurs; mais sa beauté et sa facile culture nous ont engagé à en donner un fidèle dessin à nos abonnés orcbidopbiles, d'autant plus que le prix de trente francs au- quel elle est actuellement cotée est assez modéré pour les engager à l'accueillir dans leur collection. Les espèces dont se compose le genre Trichopilia sont : Trichopilia tortilis (Lindley), type du genre, jolie espèce très-florifère caractérisée par la singulière torsion de ses sépales; fleurs assez grandes, vertes ma- culées de pourpre; labelle blanchâtre. Cette Orchidée, introduite des environs de Xalapa au Mexique vers 1856, est actuellement fort ré- pandue dans les collections. Trichopilia coccinea (Lindley), que nous venons de décrire. Trichopilia Galeottiana (Ach. Richard), (Richard elGaleotli, Orchi- dographie mexicaine), espèce à fleurs moyennes, jaunes; de la pro- vince d'Oaxaca. Non introduite. Trichopilia saavis (Lindley), fleurs les plus grandes du genre, d'un blanc de crème; labelle énorme à bords ondulés, blanc jaunâtre maculé de taches irrégulières d'un violet plus ou moins foncé et orné au centre d'une large macule et de points jaune d'or. Odeur très-suave. Fleurit en avril. Introduit de l'Amérique tropicale. Assez rare encore. On cite encore le Trichopilia albida de Wendland. Nous ne con- naissons pas cette espèce. EREMURUS SPECTABILIS (Bieberstein). (Planche IV.) Le nom iVEremurus , donné à ce genre de plantes de la famille des Asphodélées et de l'Hexandrie monogynie, est composé de deux mots ^E f /y /// /// //■ 1 - j//s s /s//v //-y . — 27 — grecs signifiant queue du désert, par allusion aux longs épis floraux d< celte plante; véritable ornement des sites sauvages de sa patrie. Une seule espèce compose véritablement ce genre, c'est la SpectabilU de Bieberstein , celle que nous figurons; la description que nous en donnons plus loin indique suffisamment les caractères de cette plante et nous dispense d'en présenter la diagnose générique. En nous servant plus haut du mot véritablement, nous faisions allusion aux nombreuses synonymies auxquelles celle espèce variable, selon la nature du sol et la hauteur suprainarine des stations où elle végète, a donné lieu. C'est ainsi que le botaniste Steven , trompé par certaines apparences ducs aux circonstances précitées, a établi trois espèces sous les noms d'Ere- murus Altaicus, Caucasiens et Tauricus, désignalions purement géo- graphiques d'une seule et même espèce que les botanistes actuels, afin d'éviter une plus grande confusion, s'accordent à nommer spectabilis ; Pallas de même que Sievcrs en avaient fait un Asphodelus, le premier sous le nom de Asphodelus Altaicus, le second sous celui d' Asphodelus Sibiricas ; enfin, il semblerait que VEremurus Aucheriana, de M. Bois- sier ne serait qu'une forme ou variété de VEremurus spectabilis. — Tout aride que soit au lecteur une discussion synonymique, elle n'en est pas moins indispensable pour le préserver de l'ennui d'acheter plusieurs fois une même plante sous des désignations différentes. Description. — Plante à racines vivaces, fasciculées-fibreuses, char- nues, épaisses, descendantes. Feuilles toutes radicales de 15 à 50 cen- timètres de longueur, et de 1 et demi à o centimètres de largeur, linéaires-ligulées (en lanière) d'un vert glauque, canaliculées, obscuré- ment carénées, engainantes à la base. Scapes (racèmes compris) trois ou quatre fois aussi longs que les feuilles, dressés, arrondis, striés et pourvus de bractées. Racèmc allongé, subcylindrique, mulliflorc. Fleurs très-nombreuses, dresséesà l'état de boulons, étalées lorsqu'elles sont épanouies. Bractées du racème subulées, généralement plus courtes que les pédieelles; ceux-ci ont environ 2 à 3 centimètres de longueur. Périanlhe divisé jusqu'à sa base en six sépales ovés-ellipti- ques, étalés, de couleur jaune de soufre, légèrement teinté d'orange. Étamines au nombre de six, bypogynes ; fdcls plus longs que les sé- pales, imberbes, orange dans leur moitié inférieure; anthères bilocu- laires, oblongues, orange foncé. Ovaire libre, sessile, globuleux, frilo- culaire; style filiforme, aussi long que les étamines ; stigmate simple, petit, tronqué. Capsule membraneuse, subglobuleuse-clliptique, à six sillons, triloculaire. VEremurus spectabilis est une plante des plus remarquables de la Tauride, du Caucase, delà Sibérie allaïqucetdu Scinde; introduite dans les jardins anglais dès l'année 1800, elle avait été perdue ou oubliée dans les cultures; sa réapparition assez récente sera donc saluée avec — 28 — le même plaisir que si elle était tout à fait nouvelle; sa rusticité, son port élevé el ornemental, ses vigoureux et longs racèmes ehargés de (leurs jaunes qui se montrent en juin, la teinte glauque de son feuillage, la recommandent amplement pour l'embellissement de nos jardins (1). Une terre meuble et un peu forte, el une exposition chaude lui con- viennent particulièrement. KEM E DES PLANTES H ARES ET NOUVELLES SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. saivia Doiiviana (Van Houtte), figuré dans la Flore des Serres, pi. 1 148. — Famille des Labiées. — Diandrie monogynie. Cette espèce est vivacc, à tiges dressées, un peu rameuses, glabres, hautes d'environ 50 centimètres; les feuilles sont pétiolées, cordi- formes, un peu rugueuses, d'un vert gai. Les rameaux florifères sont chargés d'un duvet de poils glanduleux; ils se terminent par des grap- pes simples de fleurs assez denses, groupées au nombre de six à dix en faux verticilles et brièvement pédiccllécs. Le calice, couvert comme l'axe de la grappe et les pédicelles, d'une pubescence glanduleuse, pré- sente une teinte violette. La corolle, d'un rouge carmin, est remar- quable par l'extrême brièveté de sa lèvre supérieure el par l'ampleur du lobe médian de la lèvre inférieure. La Salvia Boliviana est très-propre à la décoration des jardins en été; elle végèle avec vigueur, produit une grande quantité de fleurs et forme de jolis massifs pendant la belle saison. On la rentrera en hiver «lans l'orangerie. Sa multiplication par boutures est prompte et facile. i.eperiza latifoiia (Heubert), figuré dans le Botuniccil Magazine, pi. 4952. — Syn. : Paner atium latifolium (Rnz et Payon); Chry- siphiala latifoiia (Lindley). — Famille des Amaryllidées. — Hexan- drie monogynie. Cette plante, d'un port ornemental, a fleuri récemment à Kew (sep- tembre 18b arrondies, dressées et situées au sommet du tube; les élamines sont placées entre ces dents. Filets dressés, dépassant le périanlhe. Style plus long que les élamines. Culture. — Le Leperiza latifulia, que l'on prendrait au premier abord pour un Phœdrunassa, est une belle plante, malheureusement encore fort rare (1); on la cultivera dans une terre riche et légère à la fois; un compost de terreau de feuilles bien consommées, de terre franche et de terreau de couche ou de gazon pourri, bien mêlé avec une certaine quantité de sable blanc lui serait très-favorable. De même que pour la majeure partie des plantes bulbeuses de serre froide, un peu de chaleur lui est nécessaire pendant sa période végétative. Castanca chrysophylla (DOUGLAS), figuré dans le Bot. Marj., pi. 4955. — Châtaignier à feuilles dorées. — Famille des Cupulifères. — Mo- nœcie Octandrie de Linné. « (le Châtaignier, dit sir W. Ilookcr, est peut-être la plus grande ra- reté qu'ollrc Y Arborelum (école d'arbres) du Jardin botanique de Kew. • (I) M. Linden nous fait savoir qu'il possède dans son établissement horticole, au Jardin zoologique de Bruxelles, un certain nombre d'exemplaires de Leperiza qui lui oui été envoyés directement du Pérou. — 50 — Le dessous de ses feuilles est revêtu d'une belle teiute dorée pâle, due à la présence d'innombrables petites écailles pellées colorées en jaune. Il a élé découvert en 1850, par M. David Douglas, dans l'Orégon et dans le nord-ouest de l'Amérique septentrionale, où il croît constamment sur les collines; il a été trouvé depuis en Californie par MM. Burke et Hartweg. Le seul exemplaire que possède le Jardin royal de Kew pro- vient de graines recueillies par Burke; et. quoique sa taille ne dépasse pas actuellement 5 pieds de hauteur, il a depuis quelque temps donné des épis de fleurs, et en 1850 quelques fruits qui tombèrent avant délie parvenus à maturité. Ce magnifique Châtaignier a supporté sans encombre en plein air les hivers les plus rigoureux. Espérons qu'un arbre aussi précieux ne restera pas a l'état d'unique à Kew, et que les horticulteurs trouveront le moyen de le répandre dans nos jardins, sinon il y aurait vraiment de quoi entreprendre une excursion en Ca- lifornie. Dans sa patrie, le Châtaignier à feuilles dorées atteint des dimen- sions assez grandes; sa hauteur varie entre 20 pieds et 70; et son port est magnifique. L'exemplaire de Kew est branchu presque jusqu'à la base; les jeunes branches sont dorées; les feuilles, les plus petites du genre, ont 2 à 5 pouces de longueur; elles sont courtement pétio- lées, ovées-oblongues, acuminées, coriaces, entières, glabres, d'un vert foncé luisant en dessus, revêtues en dessous d'écaillés petites, fa- rinacées, jaune d'or. Les épis floraux naissent des aisselles des feuilles supérieures ou terminales; les fleurs mâles nombreuses et rapprochées les unes des autres occupent la moitié supérieure de l'épi; les fleurs femelles, au nombre de une, trois ou cinq, sont écartées, disséminées à la base, sessiles; ovaire très-hispide, se partageant en trois styles gla- bres. Ces ovaires sont restés sur la plante pendant tout l'hiver de 1855- 1856, se transformèrent en été en un fruit trilobé et hérissé comme celui du Caslanea vesca, qui tomba sans être mûr avant l'automne. Nous recommandons vivement cet arbre ornemental à l'attention des horticulteurs et des botanistes voyageurs. Les communications avec la haute Californie et l'Orégon sont maintenant assez actives et assez ra- pides pour que l'on puisse faire venir quelques caisses de châtaignes stratifiées dans de la terre légèrement humide. On pourrait indiquer cet arbre aux correspondants sous le nom anglais de Golden-leaved Chesnut. Tricyrtis piiosa (Wallich) , figuré dans le Bot. Mag., pi. 4955. — Syn. : Uvidaria hirta? (Thuinberg.) — Famille des Uvulariées; des Liliacées et Tulipacées de plusieurs auteurs. — Hexandrie trigynic. Celte plante, par son port grêle et mesquin, offre peu d'attraits ; mais ses fleurs, d'une conformation particulière et d'un coloris distingué, — 51 — pourront la l'aire admettre dans nos serres; c'est, en somme, une espèce bien supérieure en mérite ornemental à ['Uvularia chinensis, que l'on cultive dans les jardins. Elle croîl abondamment dans le Sikkim-IIima- laya d'où elle a été introduite de graines recueillies pur MM. Hookcr et Thomson, et si la synonymie d'Uvuluria hiria est exacte, son aire géo- graphique s'étendrait jusqu'au Japon. Le Trieyrtis pilosa offre une petite racine tubéreuse, de forme irré- gulière; les tiges sont herbacées, hautes de 50 à 40 centimètres et plus, branebues, arrondies, pubescentes de même que toute la plante, à poils glanduleux. Feuilles alternes, distantes, cordées-ovées, entières, douces au loucher, semi-amplexicaules à la base où elles forment une gaine très-courte. Pédoncules par paires, terminant les branches et la lige. Fleurs solitaires, dressées, à six sépales d'abord dressés et for- mant un périanlhe campanule, s'étalant ensuite horizontalement ; les trois sépales externes présentent un large sac ou poche bossue à la base, les trois internes sont simplement cucullés (en forme de capuchon); la couleur générale de la (leur est un blanc verdàtrc, maculé et pointillé à l'intérieur de carmin ou de pourpre, ce qui égayé beaucoup l'aspect des Heurs. Style simple à la base, se partageant ensuite en trois branches, étalées devenant elles-mêmes bifides, tachetées de pourpre et chargées de poils glanduleux. Anthères violettes. Toutes ces différentes nuances composent un ensemble gracieux. Les Uvularia sont des plantes d'une culture très-facile; elles fleuris- sent bien à l'air libre; V Uvularia chinensis requiert un peu de litière pendant la saison des froids; il en sera de même pour le Trieyrtis pilosa. ueiiiKtoma dciiticuiutuiii (Labillardière) , figuré dans le Bot. Mag.f pi. 4957. — Famille des Mélaslomacées. — Décandrie monogynie. Cette belle plante a été découverte dans la Nouvelle-Calédonie par Labillardière, botaniste attaché à l'expédition envoyée par le gouverne- ment français à la recherche de l'infortuné la Pérouse. Récemment le botaniste anglais ÎMilne en envoya des graines au jardin de Kew; et les plantes provenues de ces semences fleurissent facilement en juillet et en août. Le Melasloma denticulatum constitue un arbrisseau de faille moyenne, très-branchu; les rameaux et les pétioles sont rougeàtres, rudes au toucher et munis de soies couchées. Les feuilles sont grandes eu égard à la taille de la plante, d'un beau port, largement ovées, presque coriaces, acuminées, entières, à cinq nervures principales réunies par des veines transversales, d'un vert foncé en dessus, plus pâle en dessous, et garnies sur les deux faces, surtout sur l'inférieure, — 32 — de soies subulées, couchées. Corymbes terminaux composés de quatre à six fleurs assez grandes; bradées et pédicelles rougeâtres. Calice à tube urcéolé, revêtu d'écaillés couchées, petites et imbriquées; limbe à cinq ou six lobes frangés ou ciliés. Pétales presque blancs ou légère- ment lavés de rose vers les bords. Culture. — La plupart des jardiniers se figurent que le nom de Mclusloma ou de Mélastomacée implique l'obligation d'une culture de serre chaude; cette fâcheuse impression provient en général du peu de cas qu'ils font des notes géographiques, dont les descriptions dans les recueils modernes sont généralement accompagnées; l'altitude au- dessus du niveau de la mer devrait surtout leur servir de guide. Un exemple suffit pour démontrer la justesse de nos observations : le Lysimackia Leschenaultii est originaire du Malabar, contrée éminem- ment chaude, et cependant cette plante fleurit et végète fort bien à l'air libre chez nous; cultivée en serre chaude (comme on l'aurait fait si les botanistes n'eussent pas indiqué qu'elle croissait à plusieurs milliers de pieds au-dessus du niveau de la mer, sur les monts Niljherries), elle aurait langui et aurait été rejetée parmi ces mille inutilités qui nous proviennent des régions tropicales. Les Mélastomacées sont en partie dans ce cas; si la majeure partie d'entre elles croissent dans les parties chaudes et humides du globe, bon nombre aussi se plaisent sous une tem- pérature beaucoup moins élevée ; les montagnes de l'Amérique (Mexique, Colombie, Brésil) recèlent une quantité prodigieuse d'espèces et, fait digne de remarque, généralement plus belles que celles des régions plus basses. Comment reconnaître les espèces qui exigent la serre chaude de celles pour lesquelles la protection d'une serre froide suffit? Nous avons remarqué que les Mélastomacées à bois sec, à pousses courtes, pouvaient se cultiver en serre froide, et que les espèces à bois mou cl cassant facilement exigeaient la serre chaude. Les premières, et notre Melastoma denticulatum appartient à cette série, demandent un bon drainage et un sol assez léger : terre de bruyère, terreau de feuilles, sable blanc; elles demandent aussi une exposition claire, un local aéré, des arrosements fréquents mais peu copieux, en un mot un traite- ment assez analogue à celui des Erica; on les taillera après la floraison, lorsque le bois sera aoûté; au printemps on pourra, afin d'activer le développement des pousses, les soumettre pendant quelques semaines aune chaleur modérée (15 à 20 degrés centigrades), leur donner ensuite de l'air pour les durcir et les transporter ensuite, soit sur la tablette de devant de la serre froide, soit dans des bâches froides, soit enfin à l'air libre en les préservant de la forte ardeur du soleil. Ce que ces plantes si belles et si peu connues encore demandent, c'est de l'air, de la lumière et des arrosements bien réglés, conditions essentielles à la bonne culture des plantes alpines. — 00 — De celle manière vous obtiendrez de beaux résultats a?ee les Chœto- gastra, les Calyptraria, les Marceltia, \cs Iihexia, etc. Les Mélastomacées de serre chaude sont généralement tenues trop sèches en été; une atmosphère humide leur est nécessaire; elle les pré- servera en même temps de la cochenille et des acares; en hiver soyez très-parcimonieux dans vos arrosements, respectez leur repos. Au com- post indiqué pour les espèces de serre froide, nous conseillerons d'a- jouter un quart de terre franche, cela nourrit leurs racines et empêche les liges de s'allonger outre mesure. De même que pour les espèces de serre froide, la (aille rend touffues celles de serre chaude; un jardinier ne doit pas craindre de faire travailler sa serpette sur ces plantes ; c'est ainsi que Ton obtient de charmants buissons de Centradenia. CULTURE MAKAICHÈKt: LES ENGRAIS DU POTAGER. LES LABOURS PRK PARA TOIRES. — LE ROULEAU-RAYONNEUR. — QUELQUES LÉGUMES A INTRODUIRE. En hiver, la besogne n'est pas pressante, à ce qu'on assure; les ma- raîchers, qui ne font pas de cultures forcées, peuvent se croiser les bras par moments, car il leur suftil de quelques semaines pour remettre les outils en état et faire les paillassons ou les abris mobiles. Voilà ce qu'on pense généralement, et on le pense, parce que les choses se pas- sent, en effet, de cette manière. Nous croyons, nous, qu'il ne serait pas diflicilc aux maraîchers d'utiliser les heures perdues de la mauvaise saison. S'ils ne veulent ni lire ni s'ajsembler entre eux pour parler de leurs affaires, qu'ils s'occupent au moins de fabriquer des engrais. Pour cela, il n'y a pas de saison qui tienne; rien ne les empêche de ramasser de la suie, des cendres de bois et de houille, des chiffons de laine, des plumes de volaille, des os qu'ils feront brûler dans leur foyer, pour en avoir les cendres, des urines, etc. Rien ne les empêche de mêler toutes ces substances à leurs fumiers, d'y ajouter de la terre quand il ne gèle pas, des légumes pourris, tout ce qui peut faire nombre et volume, cl d'arroser avec les eaux de savon, de lessive el de récurage, alors surtout que ces eaux sont encore chaudes et capables par conséquent d'entretenir ou de ranimer la fermentation. Il importe (pie la pourriture complète se fasse à court terme, car on ne doit — 54 — admettre au potager que des engrais réduits, parfaitement décomposés. Ne nous parlez pas des fumiers longs ; ils ne conviennent que dans la culture des pommes de terre, ou pour pailler les repiquages en temps de sécheresse. La culture maraîchère est une sorte de course au clo- cher; c'est à qui fera le mieux galoper la végétation de ses légumes et arrivera le premier sur le marché avec les plus beaux produits. Eh bien, vous arriverez le premier avec l'engrais liquide étendu d'eau ordinaire; vous arriverez le second avec du fumier bien pourri ; vous arriverez le dernier avec du fumier long. Nous allons, en peu de mots, vous dire pourquoi : L'engrais liquide ou purin, ou bouillon des jardiniers, comme l'on dit encore, est de la sève toute faite. Il arrive aux racines, passe et monte, et donne tout de suite son effet. Seulement, gardez-vous bien de l'employer trop fort, c'est-à-dire trop chargé de sels, car il ne monte- rait pas; affaiblissez-le, allongez-le avec quatre ou cinq fois son volume d'eau. Le fumier très-pourri vient tout de suite après. Les sels qui s'y trouvent n'ont besoin que d'eau pour se dissoudre, descendre aux ra- cines et aller de là dans les tiges, les rameaux et les feuilles. Donc, dès qu'il pleut ou dès que vous arrosez, l'effet de l'engrais se fait sentir; mais aussi, quand le temps est au sec et que vous n'arrosez pas, les sels ne fondant point, la végétation ne saurait aller vite. L'eau, ne l'oubliez pas, est la charrette aux engrais. C'est elle qui prend leurs sels et les emmène où ils doivent aller. Voilà pourquoi l'on vous dit : N'employez les engrais du commerce, le guano, par exemple, que par un temps pluvieux. On a raison, parce que s'il ne recevait pas d'eau, pour se dis- soudre, il resterait sans effet. Le fumier long est le moins avantageux de tous. Si les végétaux vivent jusqu'à un certain point de paille pourrie, ils ne vivent pas de paille fraîche ou à peu près fraîche. La litière n'abandonne ses sels à l'eau que lorsqu'elle est tout à fait décomposée; autrement, elle les garde. Le fumier long se fait sentir pendant deux ans, nous dit-on, tandis que le fumier court est usé au bout de la première année. C'est vrai; la litière qui n'était pas assez pourrie d'abord ne devient engrais qu'après sa décomposition dans le sol; mais ceci ne fait point le compte du jardinier. Comme ses légumes ont, pour la plupart, la vie courte, il convient que la nourriture leur arrive promptement et en abondance; ils n'ont pas le temps d'attendre que cette nourriture se fasse en terre ; il la leur faut toute faite, bonne à être mangée sur l'heure. Il en est des plantes comme des animaux; si vous les laissez pâlir dans leur jeunesse, elles s'en ressentiront plus ou moins toute leur vie. Or, pour qu'il n'en soit pas ainsi avec nos légumes, ne nous servons que d'en- grais liquide et d'engrais bien pourri. D'ailleurs, outre que les fumiers <);> — longs sont moins nourrissants que les autres, ils ont l'inconvénient de soulever trop la terre, ce qui est nuisible au plus grand nombre de nos récoltes. Pour notre compte, nous ne les employons que dans la cul- ture des pommes de terre, parce que cette plante émet, sous le nom de tubercules, des bourgeons souterrains, qui ont besoin d'air pour se développer, et qui, par conséquent, gagnent à pousser dans un sol remué ou soulevé. Nous employons encore les fumiers longs pour cou- vrir nos planches, après les repiquages, quand, bien entendu, nous avons affaire à un terrain sec et à des légumes qui aiment la fraîcheur. Les planches, paillées ainsi, entretiennent l'humidité sur le sol. En dernier lieu, et pour en finir avec les engrais du potager, nous ferons observer à nos lecteurs que plus les fumiers ou les composts renferment de substances différentes, mieux ils valent. Plus le service est complet, plus il est facile aux légumes de prendre ce qui leur con- vient particulièrement, et plus aussi ils profitent. Nous ferons observer, en outre, qu'on se trouvera toujours bien de répandre le fumier ou le compost en hiver. De cette manière, les taupes ont la partie belle et peuvent, sans nuire, dévorer les vers qui s'y trouvent en nombre con- sidérable. En ne répandant l'engrais qu'au printemps, au moment de semer, on s'expose à voir bouleverser les planches par les taupes en question. Ce sont là de menus détails auxquels on ne songe guère, mais qui pourlanl ont une grande imporlance. Sans aucun doute, les vers appellent les taupes; or, il vaut mieux les appeler en hiver qu'en toute autre saison. El puis, notez bien que l'épandage des fumiers en hiver n'est pas seulement avantageux au point de vue de la destruction des vers, il l'est encore en ce sens que la terre forme éponge et s'im- prègne complètement du jus de fumier. Il n'y a pas une particule du sol qui ne soit fumée au printemps sur une profondeur de fer de bêche ou plus, et le jardinier se trouve, par cela même, dans d'excellentes conditions pour produire. Écoulez nos maîtres en jardinage; ils nous recommandent toutes les fumures d'automne pour les semis de prin- temps, et, en ceci, ils ont raison. Les copieuses fumures, appliquées à propos, ne dispensent pas le jardinier des labours préparatoires. On doit commencer ces labours à partir de la seconde quinzaine d'octobre, et les continuer en novembre, décembre et même janvier, si les neiges et les gelées le permettent. Dans ce cas, il faut bêcher à toute profondeur de fer, de façon à rame- ner à la surface un peu de terre neuve que le fumier en couverture améliorera. Mais s'il y avait eu négligence ou surprise par l'hiver, comme celte année, et par suite impossibilité d'exéculer le labour pré- paratoire, on devrait étendre le fumier, de même que si le sol eut clé remué, attendre la fin de février ou le commencement de mars pour la- bourer, et s'en tenir à cet unique labour. Deux opérations de cette — M> — sorle, faites pour ainsi dire coup sur coup, à quinze jouis ou (rois se- maines de distance, ne valent rien. Il faut au moins deux mois d'inter- valle entre les labours, et quand celui d'automne ou du cœur de l'hiver a été empêché par une cause quelconque, on fera bien de s'en tenir à un seul, à celui qui précédera d'une quinzaine l'opération des pre- miers semis; seulement, au lieu d'aller à toute profondeur de fer, on n'ira qu'aux deux tiers ou aux trois quarts de la lame, afin de ne ra- mener en haut que de l'excellente terre. Les graines ne se plaisent point dans un sol très-ameubli; tous les cultivateurs le savent et vous diront qu'il vaut mieux semer sur labour reposé que sur labour frais. Ce n'est pas une raison pour soutenir qu'il vaut mieux ne donner qu'une seule façon à la terre que d'en don- ner plusieurs. C'est une erreur d'appréciation assez répandue. S'il est vrai que plusieurs labours exécutés précipitamment, l'un sur l'autre, ne conviennent pas, il n'en est pas moins vrai que plusieurs labours bien distancés ont d'excellents résultats. Ils ont pour but la division extrême du sol; ils mettent toutes ses particules en contact avec l'air atmosphérique, les améliorent toutes par conséquent. Quand ce but est atteint, il s'agit de consolider le terrain avant de lui confier les graines. Or, il se consolide de lui-même par le tassement, au bout de dix à. quinze jours, dans les sols riches ou consistants, au bout, d'un mois environ dans les sols légers. Si la besogne presse, on n'attend point que le tas- sement naturel s'effectue, on procède à un tassement artificiel, soit en damant la terre avec une batte, soit en la foulant aux pieds, soit en employant le rouleau. A cet effet, nous proposons un nouveau rouleau; nous disons nou- veau, parce que nous l'avons imaginé dans ces derniers temps et que nous ne l'avons vu décrit nulle part. Notre instrument, pour lequel, on le pense bien, nous n'avons pris ni ne prendrons de brevet d'invention, a pour but non-seulement de tasser la surface entière des planches, mais de rayonner ces planches en vue des cultures en lignes, les seules avantageuses par le temps qui court, les seules qui puissent nous épar- gner des frais considérables de main-d'œuvre. Les Anglais ont, pour la grande culture, un rouleau compresseur qui se compose de plusieurs roues engagées dans un essieu et écartées selon les besoins. Cet outil rend de grands services dans les terres légères, mais il nous paraît coû- teux, compliqué et difficile à régler quant à la profondeur des rigoles qu'il ouvre. Pour ces diverses raisons, il ne nous est pas venu à l'esprit de l'appliquer au jardinage. L'instrument que nous proposons est plus simple, moins coûteux et ne rayonnera qu'à une profondeur de 1 «à 2 centimètres. Le corps du rouleau est en chêne, de la largeur d'une planche ordinaire de jardin et d'un diamètre indéterminé; à ce corps de rouleau sont fixés, à Ifi centimètres l'un de l'autre, des cerceaux de — 37 — fer ou de fonle de 1 ;'i 2 centimètres en relief, ri destinés à ouvrir 1rs rayons. Deux branches saisissent le rouleau aux deux extrémités de sou axe et viennent se fixer à un manche en l>ois, terminé par une traverse également en bois. Deux personnes, placées dans les sentiers, de chaque côté de la planche du potager, saisissent la traverse et manient l'instru- ment avec la plus grande facilité. Afin d'éviter les surfaces unies que formerait le rouleau et qui ont l'inconvénient de se durcir outre me- sure, sous les pluies ballantes, il suffit d'enfoncer, dans les intervalles des cerceaux, des clous à forte tète. Les rigoles obtenues au moyen de ce roulcau-rayonneur, ne dépas- sent jamais la profondeur voulue, el la terre s'y trouve parfàilemenl lassée au fond et sur les côtés, c'est-à-dire dans les conditions les plus favorables à la végétation. On ne peut réunir ces conditions avec noire mode habituel de rayonner qui, loin de consolider la terre, l'ameublit en ouvrant les lignes. De là, l'insuccès de nos semis en terre légère. Avec le rouleau-rayonneur à cerceaux fixes, nous ouvrons des lignes très-rapproebées, à 16 centimètres l'une de l'autre. Qu'est-ce que cela fait? Nous ne sommes pas tenus de les ensemencer foutes. Si nous avons affaire à des légumes qui exigent des intervalles de 32 centimè- tres, nous laissons une rigole vide; nous en passons deux au besoin pour obtenir un écartement de 18 pouces. Si, au contraire, nous avons affaire à de petits légumes qui prennent très-peu de développement en largeur, nous utilisons toutes nos rigoles. Aussitôt la levée des plantes, et même avant la levée de celles qui mettent beaucoup de temps à sortir de terre, pourvu que nous ayons marqué les lignes avec quelques graines de colza ou de laitue, nous pouvons procéder aux sarclages avec les ratissoires à pousser. Maintenant que nous avons mis les cultivateurs maraîchers en posi- tion d'exécuter une besogne irréprochable, au triple point de vue de l'engrais, des labours préparatoires et du rayonnage pour la culture en lignes, nous allons les prier de rendre un service d'ami aux consom- mateurs, de varier un peu leurs légumes. Après tout, on se lasse à la (in des meilleures choses, et, ne changeàt-on que la couleur de ces ehoses, on ferait quelquefois plaisir aux gens. Nous avons beau vieillir, nous retrouvons toujours au marché les mêmes légumes dans les mêmes paniers; les nouveautés ne se rencontrent que chez les indi- vidus qui ne font point commerce de jardinage. Les hommes de l'art se laissent, déborder. C'est fâcheux. S'il y avait de l'inconvénient pour les maraîchers à se mettre au niveau des amateurs en matière d'horticulture, nous ne les pousserions pas ainsi la plume aux reins; mais, en conscience, qu'ont-ils donc à perdre à remplacer une racine de telle forme el de telle couleur par une racine de (elle autre forme et de telle autre couleur? à substituer — 38 — par moments une variélé de chou à une autre variété, un légume fin à un légume grossier? Qu'ils produisent petit à petit des nouveautés, et nos ménagères ne les leur laisseront pas pour compte. Pourquoi ne pas introduire, par exemple, sur les marchés, les rhubarbes comestibles, les cardons, la bette poirée, le haricot d'Alger, le suisse rouge, la picridie, les carottes d'Altringham et d'Achicourl, le chou conique de Poméranie, la télragonie étalée, le scolyme d'Espagne, le chou chinois ou Pe-tsaï, la laitue turque, le pâtisson jaune, le navet des vertus, le navet balle de neige, la boule-d'or, le noir sucré d'Alsace? Pourquoi ne pas y introduire aussi, à titre de spécimens, l'igname-balateetle cerfeuil bulbeux? P. JoiGNEAUX. MISCELLANEES. DES EFFETS DU FUMIER ANIMAL LIQUIDE (PURIN) SUR LES PLANTES CULTIVÉES EN POTS, PAR M. GORNER. ( Traduit de l'allemand. ) La manière dont ce fumier (purin) a été employé jusqu'ici a fait douter souvent de sa valeur réelle. Toutes les espèces d'engrais solides ont besoin de se décomposer dans la terre et de se transformer préala- blement en sels solubles, avant de pouvoir être absorbés par les ra- cines ; tandis que les déjections liquides des animaux le sont, au con- traire, immédiatement. C'est ce qui constitue précisément la grande valeur des engrais liquides dans les cultures. Que l'urine fraîche tue souvent les plantes est un fait reconnu et qui n'a pas besoin d'être répété; mais pourquoi leur est-elle fatale? La chimie pourrait nous l'apprendre! L'urine pure, sans mélange d'eau, ressemble à une nourriture trop forte qui produit un mauvais effet dans l'organisme; non-seulement les animaux, mais aussi les plantes, dépérissent par l'usage d'une nourriture trop concentrée. Les végétaux dont les racines se tiennent près de la surface du sol, profilent plus promptemenl des engrais liquides que celles dont les racines pénètrent plus profondément dans la terre, pour des raisons que l'espace ne nous permet pas de développer ici. Un motif qui devrait nous engager à nous servir plus souvent des engrais liquides, c'est que parfois il nous est difficile de nous procurer - 3«.) — la quantité de compost ou de terreau dont nous avons besoin. Une d'amateurs se trouvent dans ce cas ! J'avais employé en 1854 le guano liquide pour arroser mes plantes, mais l'effet n'avait pas répondu à mon attente : mes plantes présen- taient un aspect de débilité qui m'inquiétait. Que l'urine dût être fa- vorable aux plantes grasses, je n'en avais jamais douté ; mais ses bons effets sur les Éricacées et d'autres plantes délicates me surprenaient beaucoup. Au premier essai, j'employai un mélange de quatre parties d'eau et d'une partie d'urine de vacbe qui avait fermenté pendant huit jours. Tous les pots furent arrosés avec ce mélange; il s'y trouvait des Orangers, des Myrtes, des plantes de la Nouvelle-Hollande, des Erica, des Azalées, des Camellias, des Rosiers, des plantes grasses, des Fuch- sia, etc. L'arrosemcnt fut réitéré tous les huit ou quinze jours. Les premiers effets de l'arrosement furent d'abord visibles chez les Erica, soit parce que la végétation de ces plantes est très-rapide, soit que leur état antérieur était tel qu'un changement dans leur aspect était plus frappant; en effet, ces plantes étaient réellement languis- santes, à la suite d'une longue exposition au soleil du midi. L'effet de l'emploi de l'urine fut tel qu'au bout de quatorze jours leur feuillage présentait une verdure aussi fraîche et aussi belle qu'on pouvait le désirer, et une végétation aussi vigoureuse que possible. Après les Erica ce furent les Myrlacées, les Acacias et d'autres plantes de cette catégorie qui se montrèrent le plus accessibles à l'action bienfaisante de l'engrais liquide. Un beau vert gai auquel succédait une nouvelle végétation luxueuse, faisait distinguer mes plantes de loin ; un Melalenca alba, qui avait été oublié dans la distribution de l'engrais liquide, se faisait remarquer dans le groupe par sa nuance jaunâtre, que l'on n'avait par reconnue auparavant. C'était à la mi-juillet. Nous tâchâmes de réparer les fâcheux effets de notre oubli, et la plante fut arrosée avec du purin comme les autres. En peu de temps elle n'était plus reconnaissable ; elle commença à pousser de nouveaux jets ; les pousses printanières s'al- longèrent au delà du double, et les feuilles eurent bientôt un tiers de plus de leur longueur ordinaire, et cela même aux extrémités des rameaux, où elles sont ordinairement plus petites. Plus tard on remarqua aussi les bons effets du purin chez les Myrtes des Indes, les Orangers, les Lau- riers, les Citronniers et d'autres plantes. Je n'avais jamais vu auparavant un vert aussi saturé, des jets aussi vigoureux, quoique mes plantes eus- sent été rempotées à différentes reprises dans une terre fraîche. Mes autres essais eurent ensuite pour objet de fixer la proportion de l'urine que devait contenir le mélange, et à cet effet, je me décidai à sacrifier quel- ques Erica que je fis arroser en partie avec de l'urine de vache pure, et en partie avec de l'urine étendue de la moitié d'eau. A ma grande — 40 — surprise, aucun dos Erica ne mourut à la dose pure, quoique les Mousses qui végétaient à la surface des pots, et quelques Bruyères sau- vages qui avaient poussé dans le terreau, eussent succombé à Faction du purin. Afin de ne pas entrer dans trop de détails, je dirai, pour conclusion, que je crois être parvenu au résultat suivant : qu'un mélange où se trouve vingt pour cent de purin , peut être considéré comme le plus convenable et comme moyen général d'arrosement pour toutes sortes de plantes cultivées en pots. Ces expériences, dont nous recommandons à nos lecteurs de faire l'essai, sont de M. Gôrner, horticulteur à Luckau, qui les a publiées dans les Annales de l'Association pour l'avancement de l'horticulture, à Berlin. Nous disons de faire un essai, car il y a dans l'article que nous venons de reproduire, plusieurs choses qui nous empêchent d'a- voir une confiance entière en ce que nous affirme M. Gôrner. D'abord, il est difficile de comprendre comment le purin aurait fait périr la Bruyère commune, sans nuire à la Bruyère du Cap qui croissait dans le même pot; ensuite M. Gôrner dit lui-même que ses cultures étaient dans un mauvais état, et que toutes ses plantes présentaient une teinte jaunâtre, ce qui ne permet pas d'augurer très-favorablement de son savoir-faire comme praticien. Sch. CULTURE DES PLANTES ALPINES DANS LES JARDINS DE VILLE. La lecture de l'intéressant article sur la culture des plantes des hautes montagnes, et des pays très-avancés vers le Nord, par M. E, Regel, directeur du Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, et des expériences faites par ce savant sur la culture des plantes alpines, au Jardin bota- nique de Zurich, m'a engagé à indiquer sommairement les essais que j'ai tentés dans mon jardin sur la culture de ces mêmes plantes; je crois que ce compte rendu sera lu avec quelque intérêt par les personnes qui habitent les grandes villes et qui ne craindront pas de se donner quelque peine pour voir prospérer ces charmantes plantes de mon- tagnes. Le climat de la France et de la Belgique, la qualité du sol, l'air chargé de gaz délétères des usines, l'absence de ces bienfaisantes rosées si favorables à la végétation, et surtout la réverbération des murs qui enlourent les jardins de villes, sont autant d'obstacles à cette culture. Voici cependant comment je suis parvenu à faire prospérer quelques — 41 — espèces dont les exemplaires étaient infiniment divisés (opération sou- vent mortelle), et tels qu'on les trouve dans nos établissements d'hor- culture, ainsi que divers pieds arrivés directement de la Suisse. J'ai formé au milieu de mon jardin, situé dans une partie populeuse de la ville, à l'endroit le plus aéré, et. en plein soleil, un monticule de 50 centimètres de hauteur; j'y ai établi des carrés de forme irrégu- lière, en pierres calcaires brûles (I), enfoncées verticalement à une assez giande profondeur dans la terre, et d'une hauteur de 20 à 30 cen- timètres au-dessus du sol. Par ce système, les plantes se trouveront en quelque sorte exposées comme dans leurs stations naturelles; l'été, elles seront préservées contre les rayons du soleil, et à l'abri des vents; le sol conservera longtemps son humidité; en hiver, c'est un rempart contre le froid. La terre employée a été extraite des fossés qui longent les chemins d'Anderlecht, près de Bruxelles; elle est d'alluvion, mêlée d'une cer- taine quantité de sable provenant des routes, et de détritus d'animaux et de végétaux entraînés des champs voisins par les eaux pluviales : celte terre me sert pour établir le fond de ma culture; je recouvre celle première couche dune deuxième de terreau de feuilles, de 2 à 5 centimètres d'épaisseur, selon la force de la racine des plantes que l'on y place. Ce procédé empêche la terre d'alluvion de devenir trop compacte par les arrosemenls. Par le système ordinaire de culture, je perdais tous les ans les Gen- tiana alpina, bavarica, brachyphylla, ciliata, vema, et beaucoup d'autres plantes; aujourd'hui elles ont gagné en force, et ont bien fleuri. Les Fougères délicates des montagnes onl également bien pro- spéré dans celte position. Vers la lin de novembre, je répands sur ma butte des feuilles sèches, et je garantis les plantes les plus délicates de l'humidité en les cou- vrant d'un pot à fleur ébréché, en ayant soin de tourner l'ouverture du côté où la pluie et le vent s'engouffrent le moins. Les vapeurs d'eau émanant du sol peuvent s'échapper par l'ouverture, et la plante reste sèche tout l'hiver. L'abaissement de la température sur les hautes montagnes conserve pendant tout l'hiver une épaisse couche de neige : litière naturelle contre les grands froids, tandis que l'inconstance de notre climat fail fondre à chaque instant les neiges, puis survient le froid, qui trouve les plantes, dans une mare d'eau et de glace et les détruit en une nuit. Vers le mois de septembre dernier, mes plantes alpines furent cruellement tourmentées par les vers de terre; j'eus recours à un bon (I) Toute autre pierre schisteuse, graniteuse, siliceuse, etc., remplirait le même office. — 42 - arrose ment d'urine de vache; les vers furent en partie détruits, et mes plantes ne souffrirent aucunement de cet engrais ammoniacal. A droite et à gauche du monticule, je creuse, à une profondeur de 10 ou I!) centimètres plus bas que les sentiers, et j'y plante les espèces qui demandent le plus d'humidité. Bruxelles, 14 décembre 1856. J. MllU.ER, Administrateur de la Société royale do Flore de Bruxelles. DES ABRIS TRES-SIMPLES POUR LES VEGETAUX, Par M. A. Massé, membre de l'Académie. Ce n'est pas toujours dans les grands centres horticoles qu'il faut aller pour trouver des procédés de culture très-avantageux et souvent fort simples, ou bien des moyens efficaces de destruction contre plu- sieurs insectes des plus nuisibles au jardinage. Toutes les campagnes ont leur horticulture particulière, et, bien qu'elle ne soit pas à la hau- teur de celle des grandes villes, elle est cependant rationnelle dans sa pratique, utile dans son application et avantageuse pour celui qui s'y livre avec assiduité. Du reste, les habitants des campagnes, restés avec de simples mœurs au milieu de leurs pénibles travaux, ne connaissent rien au delà de ce qui est simple et naturel, et l'horticulture, réduite chez eux à la pure utilité, ne laisse pas d'avoir de l'intérêt pour le vrai praticien, sincère à la recherche de tout ce qui peut convenir aux besoins de la société. Ce qu'on va lire dans la notice suivante, relative ;'i de simples abris pour la préservation de végétaux précieux et à des moyens sûrs de destruction d'insectes des plus nuisibles à l'agriculture et ;i l'horticulture, fera aisément comprendre que nos campagnes con- naissent et pratiquent souvent des procédés ingénieux que nous re- cherchons pendant longtemps sans même pouvoir les découvrir. Chaque année, au mois de mars, je vais voir un de mes amis, habi- tant d'une campagne distante de quelques lieues de notre ville. J'ai eu plusieurs fois occasion de voir tous les carrés de laitue d'hiver entourés de rames disposées dans les sentiers des planches par rangées distantes entre elles de 1"',30 à lm,50 au plus. Toutes les laitues étaient dans un parfait état de végétation ; aucune n'avait été détruite par les gelées ou par l'humidité, tandis que celles cultivées chez nous dans les plates- bandes ou au pied des murs situés au midi ou à l'est, étaient presque détruites et le surplus rachilique. Sur les plantations que j'avais re- marquées, nous étions fort en retard, malgré les précautions prises pour assurer la végétation p ri n tanière des laitues. Il arrive donc très — 45 - souvent que celle plante potagère gèle ou bien se détruil par une trop grande humidité dans tout le nord el l'ouest de l'Europe. Je m'imaginai d'abord que ces rames avaient été ainsi placées pour empêcher les volailles , très-nombreuses dans ce village, de pénétrer au pied des plantes qu'elles n'auraient pas manqué de ravager. Mais après un examen sérieux, je reconnus bientôt qu'elles avaient un autre but qui me sembla d'une très-grande utilité pour le jardinage. Dès lors je résolus de l'appliquer à mes cultures, et, dans la suite, j'eus lieu d'en être satisfait. On sait que les gelées, en hiver et surtout au printemps, quand elles sont suivies d'un soleil brillant, sont très-nuisibles aux vé- gétaux; qu'elles les déparent le plus souvent de leurs feuilles quand elles ne les font pas périr entièrement. Si les végétaux étaient toujours dans un état de congélation el qu'ils dégèleraient ensuite doucement, comme cela arrive pour ceux situés au nord el au couchant, ils ne souffriraient nullement; mais tous ne pouvant être placés au nord, il faut obvier à l'inconvénient causé par le soleil ; c'est ce que l'on l'ait en plaçant une rangée de rames au-devant, afin d'en paralyser autant que possible les rayons el briser les courants d'air trop forts qui ne sont pas rares en hiver. Les fleurs des arbres fruitiers sont très-souvent détruites par les gelées prinlanières, si on pouvait les en préserver, on serait certain d'obtenir une récolte abondante, et presque jamais elle ne ferait dé- faut, surtout quand la conduite des arbres est faite avec discernement. Le moyen de les préserver des contre-temps consiste donc, au moment de leur floraison, à placer au-devant une rangée de rames, distantes entre elles dc()m,08 à Om,IO, en ayant soin de les incliner vers le som- met du mur. Si on cultive des plantes délicates dans les plates-banles, elles se trouvent bien de ce simple abri. Quand les fruits sont assurés et qu'il n'y a plus de gelées, ni de mauvais temps à craindre, on enlève les rames. Il est bon de le faire, sans que ce soit pour cela exigible, par un temps pluvieux ou couvert, afin d'habitUer tout doucement les arbres et les fruits au grand air. Par ce moyen, j'ai préservé de la cloque et du blanc des pêchers, abricotiers et pruniers qui auparavant étaient chaque printemps fortement endommagés de ces maladies attribuées aux changements trop brusques de la température. C'est surtout, après une pluie du soir qui vient à se congeler dans le courant de la nuit, que les fleurs des arbres fruitiers sont détruites; car, passant tout à coup d'une température tiède à une très-froide, leurs organes sexuels, très-sensibles, sont altérés dans un instant, et de là toute récolle est perdue; tandis que l'abri de simples rames paralyse les rayons so- laires, de sorte que ces derniers n'arrivent que brisés sur ces fleurs qui dégèlent tout doucement. Elles peuvent alors accomplir, sans inci- dent, l'acte générateur qui leur a été assigné par la nature et pour — 44 — lequel on les cultive* On a vu du reste, par expérience pratique, ou consigné dans divers écrits, un végétal ou un insecte abrité par un simple fragment d'écorce, une molécule de pierre ou de terre, traverser librement les rigueurs d'un hiver. La neige elle-même devient un abri certain pour tous les végétaux, parce qu'elle empêche les rayons solaires de les pénétrer, les tenant ainsi dans un engourdissement très- propre à leur santé; c'est pour eux un repos nécessaire avant de re- commencer la période annuelle de la végétation. Les bois les plus dura- bles pour rames sont les tiges du noisetier commun, de l'orme, du chêne, surtout quand son écorce a été enlevée au mois de mai ou de juin pour faire du tan. Elles peuvent durer trois ou quatre années quand on a soin de les rentrer sous des hangars ou autres abris pour les préserver de l'humidité. J'ai à faire ici une observation relativement aux paillassons dont on se sert pour abriter des arbres fruitiers, en les plaçant sur des perches inclinées au-devant des murs à l'angle de 60 degrés. La surface tapissée empêche l'air extérieur; mais les deux extrémités, c'est-à-dire les deux bouts, laissent un courant d'air très-froid qui, en parcourant rapide- ment l'espace vide, dessèche tout sur son passage. Mieux vaudrait alors laisser les fleurs à l'air libre que les exposer à être détruites par ces courants que tout bon praticien cherche à éviter. Les abris que je con- seille sont fort simples, peu coûteux et faciles à placer. Il est donc utile de les appliquer à toutes cultures bien entendues. (Académie d'horticulture de Gand.) DIOSCOREA BATATAS. — IGNAME DE LA CHINE. (Deuxième article.) Dans l'article précédent, j'ai fait connaître l'origine et le mode de culture qui devait être suivi pour obtenir la tige souterraine ou racine du Dioscorea batatas. Je dis tige souterraine, car ce ne sont pas des tubercules ayant la forme des pommes de terre ou des topinambours, mais bien une longue racine charnue en forme de massue, dont le gros bout est en bas. Elle acquiert quelquefois une grosseur de 8 à 10 centi- mètres de diamètre et une longueur de près d'un mètre, toujours en diminuant vers le sommet, c'est-à-dire vers le collet de la plante. Dans les terrains légers, sableux, profonds, aisés à défoncer, l'arra- chage peut se faire facilement, quoi qu'il présente encore un assez long travail, puisqu'il faut aller chercher après d'un mètre cette racine, et - 45 — ce n'est pas sans dilliculté, car elle esl très-cassante et il fout encore avoir le soin de creuser lout autour pour l'obtenir entière. Dans les terrains compactes et argileux, c'est un travail considérable et qui demande beaucoup de soins et de temps. La piaule se trouvant moins bien dans les terres toiles, offre de moins grosses racines; c< - racines dépassent rarement un diamètre de 4 à 5 centimètres et une longueur de 40 à &S centimètres. Si la plante rencontre un obstacle en s'enfonçant dans le sol, abus elle se divise et se bifurque au travers de l'objet de la résistance. Par exemple, chez M. Scblumberger, au château des Autbicux-sur-le-Port- Saint-Ouen, la lige souterraine, qui était arrivée à une profondeur d'environ GO centimètres, a rencontré le sous-sol composé de sable et de galet; alors, par sa vigueur, elle s'est divisée en racines informes et a broché à travers le galet, laissant au-dessus une niasse tuberculeuse et assez grosse. De ce fait, plusieurs personnes ont pensé que si l'on pavait le fond du terrain où l'on plante les Dioscorea, on pourrait obtenir de plus gros tubercules et moins longs, et enterrés moins pro- fondément. Mais ce pavage augmenterait le travail, puis la plante s'en accommoderait-elle ? La plantation se faisant en mars ou avril, la récolte s'opère en no- vembre et même plus tard. On avait d'abord pensé qu'il fallait laisser en terre cette plante pendant deux années pour obtenir des racines plus grosses, mais l'expérience a prouvé le contraire, la récolte doit s'en faire tous les ans. J'en ai laissé en terre pendant deux années, et en les arracbant en novembre dernier, j'ai trouvé les racines de l'année précédente entièrement pourries et annulées. La racine du Dioscorea est très-friable, laiteuse, et le moindre eboe la casse; il faut prendre les plus grandes précautions pour la déplanter. J'ai dit que les feuilles et les jeunes liges étaient très-sensibles aux gelées; mais les racines ne le sont pas; celles que j'ai laissées en (erre, pendant l'hiver de 1855 à 185b, ont éprouvé jusqu'à dix degrés de con- gélation sans aucune couverture, et elles y ont parfaitement résisté; ainsi le produit de cette plante est rustique et ne craint pas les gelées. La récolte une Ibis opérée, cette racine se conserve très-bien dans les caves ou dans les celliers. De lout ce qui précède, comme on le voit, la plus grande dilliculté esl l'arrachage, c'est-à-dire l'opération de la récolte, car, lorsqu'il faut fouiller un terrain jusqu'à près d'un mètre de profondeur pour avoir une racine entière, cela offre d'assez grandes difficultés; elles sont moindres, à la vérité, dans les sols légers, sableux et profonds; mais très-grandes dans les terrains compactes, lourds et peu faciles à creu- ser. Aussi, n'hésitons-nous pas à dire que nous n'en conseillons pas la culture dans les lerrains de celle dernière catégorie. — 4G — Pour opérer cet arrachage dans tous les lorrains, il convient de creuser un fossé de 80 centimètres à 1 mètre de profondeur au com- mencement de la planche, d'en jeter la terre en dehors, et de conti- nuer ainsi la déplantation jusqu'à la lin de la planche; de cette ma- nière, on récoltera les racines entières. Chaque pied ne produit qu'une seule racine, alors on conçoit que les plantes peuvent être rapprochées sans inconvénient. Dans les grandes chaleurs, j'ai donné quelques arrosements, mais très-rarement, la racine de la plante s'enfonçant très-profondément dans le sol, n'en a pas besoin. Pour ne pas diviser le sujet qui concerne chaque phase de la cul- ture, j'exposerai dans un article subséquent quels ont été les divers produits dans plusieurs localités aux environs de Rouen. Tocgard. DRAINAGE DES JARDINS POTAGERS. Par leur disposition et surtout à cause des plantations qui s'y trou- vent, le drainage des jardins potagers présente parfois des diilicultés. On ne peut pas généralement se préoccuper des pentes du sol et on doit de préférence faire suivre aux drains une direction parallèle aux allées qui sont bordées d'arbres fruitiers. La distance entre les lignes de drains ne peut non plus être régulière, puisqu'elle est commandée par les plantations. En général, on doit faire aboutir toutes les lignes de pe- tits drains dans un drain principal qui débouche dans un puisard et l'eau provenant du drainage sert à i'arrosement du potager; on doit, aulant que possible, pousser la profondeur des tranchées à 4m,50. Lorsque à cette profondeur on rencontre encore un fond de bonne terre, il est prudent de couvrir les tuyaux sur environ 10 centimètres de hauteur avec de petites pierres; mais lorsque à moins d'un mètre de la surface du sol, on rencontre un sous-sol dans lequel les racines ne pénètrent pas, on peut se dispenser de mettre des pierres; alors on doit avoir soin de couvrir les tuyaux avec de mauvaises terres, dans les- quelles les racines n'ont pas tendance à pénétrer. Ed. Vian.ne, directeur du journal le Draineur. GYNERIUM ARGENTEUM. Un amateur anglais acheta en décembre 1854 un petit exemplaire de celte intéressante Graminée; planté dans un pot de 8 pouces de dia- mètre et dans un compost de terre de bruyère sableuse et de terre argi- — 47 — leuse ramée, ce pied pnssa l'hiver dans la serre froide. An mois de fé- vrier le pot étant tapissé de racines, fut remplacé par un vase un peu plus grand. Au mois de mars nouveau rempotage, suivi en avril d'un troisième rempotage dans un vase de 14 pouces de diamètre. La piaule resta en serre jusqu'à la mi-mai. In grand Irou fut ouvert dans le jardin et rempli de deux ou trois brouettées d'un bon mélange de fumier con- sommé, de terre à froment et de terre de bruyère; le Gynerium y fui planté à demeure et acquit bientôt une grande vigueur, de telle sorte qu'au mois de novembre 18;j:> apparut une paniculc de fleurs à l'extré- mité d'une tige de !• pieds de hauteur. L'hiver de 1855-1850 ne causa aucun mal au Gynerium et maintenant (novembre 1856) il a formé une touffe admirable portant 18 panicules sur des tiges hautes de plus de (.) pieds. Quoi de plus élégant et de plus agréable à l'œil qu'une pareille piaule en une pareille saison. L'exemplaire de notre amateur est planté sur le versant d'une pe- louse, près d'une pièce d'eau. Le bas prix du Gynerium argenteum doit engager ceux qui possè- dent un grand jardin ou un parc à cultiver une piaule aussi ornemen- tale. (Garde>ier\<; Chronicle, novembre 185G.) PENTSTEMONS NOUVEAUX. M. V. Lemoine, de Nancy (Meurlhe), nous adresse son calalogue de janvier 1 857, dans lequel nous remarquons l'annonce de cinq nou- veaux Pentstemum, obtenus par ce zélé horticulteur, d'un semis du Pentstemum Hartwegii. Voici la description de ces variétés : 1 . Cardinalis (Lemoine) ; feuillage ample, tenant du Pentstemum Hartwegii et du Pentstemum pcrfoUatus ; fleurs très-grandes et bien ouvertes; coloris riche, rouge vif velouté, à centre blanc: variété florifère et naine. 2. Elegans ; (leurs de grosseur moyenne, longues; corolle à lèvres bien étalées, tube violet, les divisions du limbe de même couleur, laissant à découvert un grand centre blanc (la gorge du tube). 3. fnsignis; fleurs grandes, deux fois aussi grosses que celles du Pentstemum atro- cœruleus ; violet à centre bien blanc, quelques stries à l'intérieur; (liante vigou- reuse et s'élevant peu. 4. Lemoinei; les fleurs mesurent 5 centimètres de longueur sur 3 et demi de dia- mètre à l'orifice; tube très-gros, s'ouvrant bien, rose carmin; intérieur blanc, strié de quelques lignes pourpres. o. Ornatus; plante basse, hybride du Pentstemum Hartwegii et du Pentstemum pcr- foUatus: (leurs courtes . de moyenne grosseur, un peu aplaties, rose purpurin à l'extérieur, blanc teinté de saumon, bien veiné île pourpre à l'intérieur; les fleurs sont agglomérées sur la litre. — 48 — La variole Cardinalis, par l'ampleur des fouilles, la dimension inu- sitée des fleurs, est, ainsi que la variété Lemoinei, une précieuse addi- tion à un genre de plantes justement apprécié par les amateurs de jar- dins. Le mémo horticulteur annonce les différentes nouveautés suivantes : Veronica splendida (Richalet) ; variélé supérieure à la Veronica variegata (la plus jolie cependant îles Véroniques connues) ; épis nombreux . longs et compactes ; fleurs bien ouvertes, deux fois grandes comme celles de la Veronica variegata, rouge cerise vif à centre blanc; feuillage petit; tiges serrées; plante multiflore, nuance très-constante. Héliotrope, variélé mulliflorum (Lemoine); plante naine; ombelles très-larges; fleurs abondantes et compactes, blanc et lilas verdàtre; sera bonne en pleine terre et en pots. Héliotrope, variété Jean Mesmer (Lemoine) ; blanc et violet bleu ; port érigé ; tiges courtes, fermes; ombelles très-larges; convenable pour la culture sous cbàssis. Pelargonium zonale , variété Éclair (Lemoine) ; rose de Chine nuancé de feu , à grand centre blanc; coloris nouveau. Pelargonium zonale, variété Foudroyant (Lemoine); écarlate pourpre velouté, à grand centre blanc, forme parfaite; variété de premier ordre. Pelargonium zonale variété Pygmée (Lemoine); plante naine, ramifiée; floraison abondante, rouge garance foncé, grand centre blanc; nouvelle nuance. VERVEINES NOUVELLES. Amphitrite, Clémence-Robert, Comte de Cavour, Éclipse, Mme Bastien, M. Flandre, Psyché, Sire de Franc-Boisy, Socrate , Verlumne, toutes fort belles variétés, particulièrement la suivante : Minotaure; ombelles énormes; fleurs parfaites de forme, cramoisi-foncé mêlé de violet velouté, grand centre blanc; extra. CHRYSANTHÈMES DITS PRÉCOCES. Pierre Coindre (Aymé) ; fleurs moyennes, blanches ; variélé très-florifère; au prin- temps et à l'automne. Comte de Lambertye (Lemoine); fleurs moyennes, régulières, pleines, à pétales plans, orangé mordoré vif; pointes jaunâtres; très-belle variété fleurissant dès le mois de septembre. PETUNIA. Pétunia la Pintade (Ingelrelsl); fleurs moyennes d'un beau carmin veiné et réticulé de violet foncé. On le voit, le contingent de nouveautés fourni par M. Lemoine est brillant; il sera bien reçu par les amateurs, car il se compose des genres les plus aimés, les plus propres ta la décoration des jardins. f // f ■/'//'/// ///// ///-y////'///// Vaudn ciaue , Serre / ' //////// s// // ///-// s/ // s/ 49 SINXINCIA YOUNCIANA (Mahnock). (Planche V.) Ayant reçu depuis la publication de notre article sur le Sinningia Youngiana (page 7) un dessin fidèle de celle plante, nous sommes revenu de l'opinion que nous avions exprimée à son égard, cl nous l'avons trouvée assez méritante pour en donner aujourd'hui la figure. C'est vraiment un bel hybride au porl dressé, compacte, au feuillage propre, luisant, ornemental, aux Heurs grandes et d'un coloris violet fort beau; il ne peut manquer avec de telles qualités d'être le bienvenu auprès des amateurs. MONOCHOETUM ENSIFERUM (X.uuin). (Planche VI.) Le genre Monochœtum appartient à la famille des Mélastomacées. Intercalé d'abord par de Candolle dans le genre Arlhrostemma, il en a été définitivement séparé par les auteurs modernes qui ont ainsi con- firmé le doute que de Candolle élevait sur la fusion générique des Mo- nochœtum dans les Arlhrostemma. Les Monochœtum présentent un calice à quatre divisions, quatre pé- tales; des anthères à conneclif en forme d'éperon simple ou de soie. Ce sont de jolies plantes, bien feuillées, très-florifères et de culture fa- cile; elles se trouvent dans les terrains montueux des régions interlro- picales; le Mexique en offre plusieurs espèces, entre autres, la jolie espèce que nous représentons d'après des exemplaires vivants que M. Linden a bien voulu nous communiquer cl nous permettre de faire figurer dans notre recueil. Description. — Le Monochœtum ensiferum est un petit arbuste ou arbrisseau à branches plus ou moins divariquées; ses feuilles briève- ment, péliolées; pétiole de 2 à S millimètres de longueur, d'un beau rouge comme les parties herbacées des rameaux, sont linéaires-lancéo- lées, longues de 1 à 2 centimètres, larges de 5 à 5 millimètres, presque obtuses, très-entières, glabres ou légèrement soyeuses en dessus, velues en dessous: les trois nervures sont peu apparentes. Fleurs grandes, solitaires, roses, situées à l'extrémité de^ rameaux. Calice muni de soies et de dents roses persistâmes aussi longues que le tube: pédicelle court, long d'environ 1 centimètre. Pétales largement obovés, hauts de 3 centimètres, rose vif. Anthères des plus grandes Mars I8:i7. 5 — yo - élnmines allongées, subulées, rouges; appendice cullriforme étendu horizon talemenl jaune; anthères des petites étamines, jaunes, à appen- dice (queue) ascendant. Celle charmante plante a été découverte par M. A. Ghiesbreght, dans la province d'Oaxaca au Mexique et introduite par lui dans le riche établissement horticole de M. J. Linden de Bruxelles, d'où elle sera ré- pandue dans le commerce dans peu de temps. Elle fleurit de bonne heure au printemps. Sa culture n'offre pas plus de difficultés que celle de la Centradenia rosea, et elle s'accommode beaucoup mieux de la serre froide que cette dernière Mélaslomacée. Se laissant facilement forcer, elle deviendra une plante favorite pour orner pendant l'hiver non-seulement les tablettes des serres, mais aussi les salons et les bou- doirs où l'on recherche des arbrisseaux élégants, de petite taille et à fleurs nombreuses et apparentes. REVUE DES PLANTES RARES OU NOUVELLES. SERRE CHAUDE. paftginorn tinifoiia (Jussieu), figuré dans le Bot. Maçf., pi. 4958. — Fleur de la Passion ou Grenadille à feuilles de Laurier-lin. — Fa- mille des Passiflorées. — Monadelphie penlandrie. • Cette rare et jolie espèce, plante aux fleurs bariolées de blanc et de violet, fait partie du groupe ou section Granadilla, dans lequel de Can- dolle a réuni les Passiflores, ayant sous la fleur un involucre triphylle à folioles entières ou dentelées, mais non laciniées; un calice à dix lobes; des pédicelles uniflores et émettant des cirrhes simples des mêmes aisselles où naissent les fleurs. Ce groupe intéressant renferme les espèces à fruits comestibles et à fleurs les plus ornementales (les Passi/lora alata, quadrangularis , racemosa, cœrideo-racemosa, edu- lis, cœrulea, eoccinea , maliformis, etc.). On ne connaissait la Passi- flora tinifoiia que d'après des échantillons secs de l'herbier de Ri- chard, récollés dans la Guyane française, lorsqu'un amateur anglais, M. Charles Parker de Liverpool, en envoya en juillet 1856 des exem- plaires vivants à sir W. Hooker; c'est sur ces exemplaires, originaires de la Guyane anglaise, que ce botaniste a rédigé la description ei- après. Tige grimpante; branches arrondies, glabres, teintées de pourpre d'un côté. Feuilles longues de 10 centimètres environ, alternes, dis- la n tes, ob longues ou subcllipliques, très-entières, un peu coriaces, .1 base obtuse et à somniel courtemenl acuminé; penniveinées ; de fines veinules établissent la communication cuire les grandes veines. Pétiole court, muni immédiatement au-dessous de situ extrémité supérieure de deux glandes proéminentes. Deux stipules linéaires subulées, herba- cées, sont placées à la base du pétiole. Pédoncule long de 2 à 3 centi- mètres, solitaire, axillaire, unillore, garni à son sommet et un peu en dessous de la fleur de trois larges folioles ou bractées, dressées, ovales, membraneuses, vertes, crénelées-dentées au sommet : dents peu nom- breuses, distantes et portant chacune une glande apparente; ces trois folioles constituent un involucre moitié moins grand que la fleur; les sépales de celle-ci sont étroites-oblongues, d'un blanc-vcrdâlre au de- hors, rouges en dedans. Couronne à double rayon ; l'extérieur se com- pose de filaments moitié moins longs que ceux du rayon intérieur, violets, barrés de blanc à la base, blancs au sommet; la rangée inté- rieure ofl're un grand nombre de filets égaux, épais, mais aplatis, barrés de blanc et de rouge; à la base, de blanc-violet, et de blanc sur la moitié supérieure; le sommet est dilaté et dentelé ; enfin, on remarque (ont à fait à l'intérieur un circle tubercule que l'on pourrait considérer comme une troisième rangée. La Passiflora tinifolia produit des fruits que l'on décrit comme globuleux, jaunes, du volume d'un abricot, et probablement aussi suc- culents et d'une senteur aussi agréable que les fruits des autres espèces comestibles de la Passiflora laurifolia, par exemple, son alliée la plus proche, qui se distingue néanmoins de notre plante par ses feuilles plus en cœur à la base et plus courtes, mais surtout par les amples folioles ovales et plus crénelées de l'involucre, aussi longues que le ca- lice ; les segments de celui-ci ne dépassent pas en longueur les filaments les plus longs de la couronne. C'est une plante de culture très-facile dans une serre chaude et hu- mide. Une serre à Ananas lui convient également bien ; on la cultive alors en pot que l'on enfonce dans la tannée, et on la tient attachée près du verre à un treillis en fil de fer. Elle prospère dans une terre riche, franche et. légère; il faudra, pendant, son époque de végétation active, de mars en octobre, l'arroser copieusement et seringuer fré- quemment le feuillage pour en écarter la vermine. On pourrait, sans doute, en obtenir des fruits au moyen de la fécondation artificielle, ainsi que cela se pratique avec succès sur les Passiflora cditlis, lauri- folia et autres Grcnadilles comestibles. - :i2 — Adhatoda Cydaatefella (Nbes), figuré dans le Bot. Mac/., pi. 4!)(>2. — Adhatoda à feuilles de coignassier. — Famille des Acanlhacées. — Diandrie monogynîe. Les Acanlhacées comprennenl un nombre fort considérable de plantes parmi lesquelles les Aphelandra, les Eranthemum, les Thun- bergia, les Hexacentris el les Justicia, etc., jouissent à juste titre d'une cerlaine laveur auprès des amateurs. Le genre Adhatoda , démembré du grand genre lînnéen Justicia, renferme actuellement une centaine d'espèces dont celle que nous allons décrire est une des plus belles; ses grandes et nombreuses fleurs blanches et violettes la recommandent à l'attention. V Adhatoda Cydoniœfolia est un arbuste dressé, de taille plus ou moins élevée, à brandies obtusément tétragones , renflées vers les joints, duveteuses. Feuilles opposées, courlement pétiolées, elliptiques, ovales, assez obtuses, entières, pubescent.es, velues. Pédoncules courts, axillaires, solitaires, biflores. Fleurs érigées, très-grandes, fort élégantes. C dice duveteux, profondément découpé en cinq segments presque égaux, érigés, oblongs , et muni à la base de plusieurs bractées étroites ovées, beaucoup plus courtes que le calice. Corolle à tube blanc un peu plus long que le calice; lèvre supérieure grande, ovée, érigée, émarginée au sommet, blanche et bordée de violet; lèvre infé- rieure très-ample, pendante, largement obovée, cunéiforme, trilobée au sommet, d'un beau violet foncé, orné d'une bandelette blanche par- tageant le limbe de la lèvre en deux parties égales (ce contraste de couleurs est d'un effet charmant). Deux étamines insérées dans la con- cavité de la lèvre supérieure ; on remarque le rudiment d'une troisième ètamîne consistant en un long filet subulé, à base dilatée et velue. Ovaire enfoncé dans une profonde glande ou coupe ebarnue; style velu. On doit l'introduction de cette belle Acanthacée à MM. Veitch el fils, horticulteurs anglais, qui l'ont reçue du Brésil. Elle fleurit en automne. Culture. — Les Adhatoda, de même que les Justifia, Gendarussa, Beluperone , Graptophyllum , etc., se cultivent avec la plus grande facilité dans une serre médiocrement chaude; leur multiplication n'offre également aucune difficulté. La plupart des espèces demandent à être pincées et taillées, afin de les empêcher de filer ; une terre de bruyère sableuse mélangée avec de la terre franche suffit à leur nour- riture. En été on aura recours à de fréquents seringuages afin de main- tenir les plantes propres. On les tient généralement trop sèches et il s'ensuit que des myriades de cocbenilles les envahissent rapidement en se logeant entre les aisselles des feuilles et dans le calice des fleurs qu'elles font souvent avorter. La cochenille affectionne particulièrement les Acanlhacées. et c'est surtout à sa présence obslinée que l'on peut .JO nllribuer le discrédil dans lequel ces plantes sonl tombées auprès de beaucoup d'amateurs. On dit aussi que leurs fleurs sont de courte (hure, mais elles rachètent ce défaut par leur succession pendanl un long espace de temps. Scheerl» l*n««« ( H ANSTEIN ) , figuré dans le Bot. May., pi. 4963. — Famille des Gesnériacées. Sous le nom de Scheeria lanata, M. B. Seemann nous offre, dans le Botanical Magazine, le dessin et la description (\n Mandirola lanata de Planchon el Linden, espèce déjà fort répandue dans les collections. C'est M. Hanstein qui dans la Linnœa (vol. "27. page 515) a transféré le Mandirola lanata au genre Scheeria. Nous ferons remarquer que la planche anglaise ne donne qu'une faible idée de la gentillesse de cette jolie Gesnériacée; la figure qu'en a donnée l'Illustration horticole (pi. 80) est beaucoup plus exacte et rend mieux le duvet laineux blanc el épais qui tapisse le dessous des feuilles. M. Seemann rapporte à cette espèce les exemplaires d'une Gesnériacée (n° 191:2 de notre her- bier du Mexique) que nous avons recueillis en 1839 dans les montagnes gneissiques de Yolotepeque, dans la Cordillère occidentale de l'État d'Oaxaca près de l'Océan Pacifique. Nous avons réuni celte Gesnériacée (dans les bulletins de l'Académie royale des sciences de Bruxelles) au genre Gloxinia sous le nom spécifique de Micranlha ; sa taille n'excède pas 0 à 7 centimètres de hauteur et ses fleurs sont infiniment plus petites que celles de la Scheeria lanata. La culture aurait-elle double, triplé le volume de notre chélif Gloxinia, ainsi que le semble croire le botaniste anglais ou devrait-on plutôt considérer le Scheeria lanata comme une variété à dimensions supérieures? Les exemplaires envoyés par M. Ghiesbreght, il y a quelques années, et par M. Tonel de Mexico, ont de suite donné naissance à des plantes telles que nous les voyons actuellement, il n'y a donc pas eu de progrès sensible à constater entre les pieds mères et leur progéniture. Dans tous les cas le mérite de l'introduction ne saurait nous revenir; nous ne pouvons prétendre qu'à l'honneur de l'avoir découverte et recueillie il y a près de vingt années. Scarorthla eleganH (R. BltOWN), figuré dans le Bot. M« pieds, de forme arrondie, d'un vert vif et gai , lequel lorsqu'il est couvert de ses gracieuses ombelles, d'une délicatesse de teinte incomparable, surpasse vraiment en beauté ses congénères les plus brillants. Les fleurs exilaient une agréable odeur de miel, tandis que les glandes slipilées des pétioles, les pédicelles, le calice et les cap- sules émettent un arôme résineux fort doux. Les feuilles, porlées sui- de minces pétioles, longs de trois quarts de pouce, sont coriaces sans cire épaisses; elles mesurent de 2 à 2 pouces et demi en longueur, et environ 2 pouces en largeur; cordées à la base, elles sont arrondies et mucronées à leur extrémité; sans leur pubescence glandulaire qui dis- paraît souvent el leurs bourgeons sphériques, on ne saurait les distin- guer des feuilles du Rhododendrum Thomsoni. Fleurs horizontales et inclinées. Corolle font ù fait campanulee, de texture délicate, jaune soufre immaculé, large d'environ 2 pouces; lobes finement veinés. Le Rhododendrum Cumpijlocurj>um est coté actuellement a très-bas prix. — ïiti — CULTURE MARAÎCHÈRE. GRALNES ET PORTE-GRAINES. Si les conseils que nous allons donner arrivent un peu lard pour d'aucuns, ils arriveront du moins encore à temps pour la plupart de nos cultivateurs de potagers. La première huitaine de mars est toujours du domaine de l'hiver; ne soyons pas dupes de quelques beaux jours de soleil qui promettent plus qu'ils ne tiennent. Ils ne nous sauvent ni des gelées tardives ni des giboulées. Ainsi, ne nous pressons pas trop pour les travaux de pleine terre; ne faisons point comme ces abeilles qui sortent de la ruche avant l'heure, se laissent surprendre par le froid et restent en route. En horticulture, il ne suffit pas de prendre les devants pour arriver de très-bonne heure, il faut encore ne point s'arrêter. Eh bien, en vous hâtant de semer, vous n'êtes jamais sûr de la levée rapide de vos graines, jamais sûr d'une végétation sou- tenue. Vos légumes partent par un temps superbe, alors que l'alouette chante aux champs et le rossignol au jardin ; puis, tout à coup, quand vous vous y attendez le moins, le thermomètre baisse, le vent se lève au nord, la gelée dessine aux fenêtres les broderies que vous savez, et la végétation s'arrête. Les plantes les plus délicates en meurent, les plus robustes en reviennent, mais elles n'en souffrent pas moins et s'en ressentent plus qu'on ne se l'imagine. Les légumes qui ont durement pâli dans leur jeunesse, le font bien voir à la récolte. Ainsi, pour n'en citer qu'un exemple en passant, nous dirons à nos lecteurs que des pois nains, plantés chez nous dans la première huitaine d'avril, n'ont eu que trois jours d'avance sur des pois de la même variété, plantés vers la fin de mai, et n'ont pas rendu en gousses le demi-quart de ceux-ci. Pourquoi ? Parce qu'il y avait eu arrêt de vé- gétation, parce que les premiers avaient eu toutes sortes de misères à endurer, du froid, de la neige, du grésil, de la pluie glacée, tandis que les autres avaient eu, pour ainsi dire, toutes leurs aises. Aujourd'hui donc, nous ne nous pressons plus et nous en trouvons bien. Nous at- tendons que la terre soit bonne, que le temps soit à peu près sûr, puis nous semons, avec l'espoir que nos légumes parcourront leur roule d'un trait et sans obstacle sérieux. Mais notez, pour votre gou- verne, que nous sommes en retard de trois ou quatre semaines sur le Brahant. Question de climat. Là-bas, les couches du jardinier sont faites, tantôt sous bons châssis, tantôt sous de vieilles fenêtres à petits carreaux, tantôt à ciel ouvert, dans quelque trou abrité, que l'on cache la nuit avec un épais couvercle de paille. Ici, c'est à peine si nous son- — .>/ — geons à faire les nôtres pour y mettre de la laitue, des radis et surtout des légumes à repiquer. Nous ne nous occupons en ce moment que de nos graines et de nos porte-graines, et tenons à vous en dire deux mots. En général, les jardiniers ne se soucient point d'acheter de la se- mence et font autant que possible celle dont ils ont besoin. Aussi, il est, rare de rencontrer chez eux des races Lien pures, bien caractéri- sées; les croisements ont tout gâté. Il ne saurait en être autrement : quelque spacieux que soit le jardin d'un maraîcher, quelque soin qu'il mette à éloigner l'un de l'autre les semenceaux de la même famille, du même genre et de la même espèce, il aura de la peine à maintenir rigoureusement les caractères de ses légumes. Pour en venir à bout, il faudrait qu'il y eût de l'entente, de l'accord entre les cultivateurs des diverses localités, que chacun eût sa spécialité, et qu'il y eût ensuite échange des produits obtenus. Il faudrait aussi que l'on donnai aux porte-graines des soins, des attentions que l'on ne soupçonne guère et qui nous paraissent de toute rigueur. Tant que les maraîchers ne s'af- franchiront pas de leur routine sur ces points importants, nous ne verrons chez eux que des légumes hybrides ou abâtardis ci des graines douteuses, pour la plupart, qui viennent jeter la confusion dans nos cultures, avec d'autant plus de succès qu'on les colporte de village en village, de maison en maison et qu'on les offre à des prix faciles. Il nous semble que les marchands grainiers qui ont souci de leur intérêt bien entendu, devraient se concerter avec les meilleurs jardiniers du pays et organiser la production des semences, par spécialités. Ils y ga- gneraient et nous aussi. C'est dans l'espoir que cette amélioration sera réalisée tôt ou tard, que nous croyons devoir appeler l'attention de nos lecteurs sur la cul- ture des porte-graines. Généralement, elle est mal faite, parce qu'elle n'est raisonnée nulle part. On ne remarque pas assez que nos légumes, forcés par la culture, s'éloignent beaucoup par la forme et les qualités des types ou plantes sauvages qui nous les ont fournis. Nous n'avons plus guère dans nos potagers que des races artificielles , produites à force de soins, de petits moyens et d'engrais; or, il en est de ces races végétales perfectionnées comme des races d'animaux perfectionnés par les éleveurs. Il est plus facile de les fabriquer que de les maintenir. Pour peu que vous les abandonniez à elles-mêmes, que vous les négli- giez, elles cherchent à retourner à l'état de nature. Il faut avoir con- stamment l'œil sur elles, les surveiller de très-près, les tourmenter, contrarier leurs tendances par divers moyens. A produits forcés, cul- tures forcées; à produits artificiels, procédés artificiels aussi. Si nous laissions aller nos légumes à leur guise, comme vont les plantes des champs et des bois, nous ne les reconnaîtrions plus au bout de quelques générations; il y aurait, à notre point de vue, dégénérescence rapide. — i>8 — En voulez-vous une prouve outre mille? La voici : conservez en place «.les pieds de choux de Bruxelles (spruyl); ne les déplantez pas, ne les fumez pas après l'hiver. Ils vous donneront de la graine. Semez celte graine, et vous aurez de suite un légume dégénéré. Quelques plants reproduiront, il est vrai, fidèlement la race, mais le plus grand nombre ne la reproduiront pas et ressembleront à des choux-navets ou à des savoyards ordinaires. Plus un légume s'écarte du type, plus il exige d'attention. Règle générale, les plantes de la même famille, du même genre, de la même espèce, de la même variété, doivent être aussi éloignées que possible l'une de l'autre; autrement il devient difficile, souvent même impossible, d'éviter les croisements. Or, comme il n'est pas donné à un seul cultivateur de remplir celte condition essentielle, il serait à désirer que chaque jardinier s'en tînt à quelques spécialités. Partout où l'on s'adonne à la culture des porle-graines, sujets aux croisements, il importe de ne pas élever d'abeilles, car autant, ces in- sectes sont utiles dans les vergers pour la fécondation artificielle des Heurs des arbres fruitiers, autant ils sont nuisibles dans les potagers. Dans ce dernier cas comme dans le premier, ils contribuent à la fécon- dation, mais ils abâtardissent les espèces et variétés. Il en est de même pour les arbres, mais comme on les multiplie rarement de graines, I inconvénient est moins sensible que sur les graines de légumes. On aura soin de donner aux porte-graines des places découvertes où l'influence de l'air et de la lumière se produiront librement. Tous les légumes annuels, c'est-à-dire qui mûrissent leur semence Tannée même du semis, gagneront à être transplantés à titre de porte- graines. On aura soin, en outre, de ne pas touchera leurs feuilles pour les besoins de la consommation et d'en pincer, au besoin, certaines par- lies, afin de favoriser les parties voisines. Fort souvent, par exemple, on ne prend point la peine de transplanter les laitues, les arroches, les épinards. En ceci, l'on a tort, car les graines venues ainsi dans des con- ditions presque naturelles, donnent des produits chez lesquels les feuilles vont, chaque année, en s'amoindrissanl. Quant aux légumes bisannuels ou qui donnent leur graine la seconde année, tels que choux, navels, rutabagas, betteraves, carottes, panais, céleris, etc., nous allons donner des conseils qui, s'ils ne sont pas nou- veaux pour tout le monde, le seront assurément pour la plupart des praticiens. Ordinairement, ceux qui l'ont de la graine de choux pommés, conser- vent les sujets les plus beaux, le pied en terre, soit dans la cave, soit dans le potager, et sous abri, ce qui vaut mieux, les transplantent à la sortie de l'hiver el fendent les pommes pour faciliter la sortie de la lige florale. Nous ne condamnons pas ce procédé, mais nous ne croyons pas - 59 — (pie la conservation des pommes soil absolument nécessaire. En les supprimant, on provoque l'émission de rameaux très-vigoureux qui, en lin de compte, portent une excellente semence. Avec les pommes, on est exposé aux inconvénients de la pourriture et à la perle des su- jets réservés; avec les pieds sans pomme, les grandes précautions sont inutiles. Pas n'est besoin de les arracher et de les mettre en cave, où, dès le mois de janvier, ils s'épuisent à pousser des jets étiolés. Il \aut mieux les laisser en place, les eucapuclionner avec de la paille pour les soustraire aux fortes gelées, leur donner de l'air de temps en Lemps par les journées douces et les transplanter à la sortie de l'hiver. Tou- tefois, il y aurait peut-être une exception à faire à l'égard du chou-rave ou colrave, dont les tiges renflées en l'orme de pomme et au-dessus de terre, sont très-délicates avant leur entier développement. Nous ne saurions affirmer, faute d'expérience sur ce point, si ces pieds de choux, naturellement tendres, passeraient bien l'hiver sous un capuchon de paille et en place. Mettons donc les choses au pis et admettons qu'on doive encaver les porte-graines. Dans ce cas, il serait à craindre que, sous l'influence d'une température douce et humide, les porte-graines en question émissent des bourgeons étiolés dès le mois de janvier. Pour éviter cet inconvénient, on devrait les transporter dans une pièce un peu froide et éclairée par une ou plusieurs fenêtres, afin de prévenir une végétation anticipée. Pour ce qui concerne les racines de toutes sortes, mettez de côté dans le sable, sans qu'elles se touchent, celles d'un volume moyen, d'une forme irréprochable et à peau fine et claire. Empêchez le plus possible une végétation anticipée, et, pour cela, changez-les de place de temps à autre ou enlevez-les de la cave, au besoin, pour les mettre dans une pièce d'appartement qui ne soil ni chaude ni froide. Vous pouvez en- core, ce qui nous parait plus commode et plus simple, placer vos ra- cines en silos, dans le jardin même, s'il n'est pas trop humide. De celte manière, il n'y aura pas de végétation anticipée à redouter. C'est là ce qu'il faut évitera tout prix, car ces jeunes tiges blanches, jaunâtres, délicates à l'extrême, venues avant terme, dans l'ombre et comme en serre chaude, ne se forment qu'aux dépens de la substance des racines mères, les épuisent par conséquent en pure perle et ont rarement la force de résister à la transplantation en plein air. Si quelques-unes verdissent et se fortifient peu à peu au contael de l'air libre el de la lu- mière, beaucoup succombent sous les alternatives des gelées tardives et du dégel, et c'est a peine si les racines malades ont encore, après cela, la force de produire des tiges nouvelles qui ne sont, en définitive, que des tiges secondaires et de mince valeur. Les cultivateurs n'y son- gent pas assez et nous donnent la preuve de leur insouciance à l'époque de la plantation des pommes de terre. La plupart des tubercules, qu'ils — GO — emploient à cet effel sont germes. Quand les germes sont trop longs, ils les rompent purement cl simplement, sans s'imaginer qu'ils détrui- sent ainsi les rameaux de premier ordre et qu'ils n'auront plus à compter que sur des bourgeons secondaires ou faux rameaux. Les germes, qu'ils ne détruisent pas, pourrissent nécessairement en terre, par suite d'une trop brusque transition, car il y a loin de la température d'une ca\e à celle du sol, à la sortie de l'hiver. Donc, celte fois encore ce sont les faux bourgeons qui remplacent les bourgeons principaux; d'où il suit que la vigueur de la plante doit s'en ressentir. Aussi, les jardiniers habiles ne permettent jamais ni aux racines ni aux tubercules de pousser avant l'heure. Aussitôt que la terre du potager est bonne à labourer et que le mo- ment de piauler les mères racines est venu, on ouvre des fosses que l'on remplit d'un mélange de bonne terre et de vieux fumier, on incise les racines sur plusieurs points avec le bec delà serpette, pour former des plaies qui s'ouvrent et émettent du chevelu sur leurs bords, en même temps qu'elles se cicatrisent. Les Chinois, qui se connaissent en jardinage, fendent les racines en quatre par le petit bout, jusqu'aux deux tiers environ de la longueur, les plongent dans l'engrais et les plan- tent ensuite, en rapprochant les parties fendues. Ce procédé peut être bon, mais nous n'osons le cautionner, parce que nous ne l'avons pas soumis à l'épreuve. Dans notre pratique, nous ne faisons qu'inciser avec la serpette et plonger les racines dans un mélange de bouse de vache et de purin, avant de les mettre en terre. Quand une race nous paraît précieuse et difficile à maintenir, il est prudent de ne pas se borner à une seule transplantation. Il convient de transplanter le porte-graines une seconde fois, au bout de quelques jours de végétation, et, même une troisième fois, un peu après la se- conde reprise, afin de provoquer l'émission d'une quantité considérable de petiles racines. Il ne reste plus ensuite qu'a sarcler, biner et ar- roser en temps de sécheresse, comme pour l'enlrelien des semenceaux de toules sortes. Si nous avons affaire à des porte-graines dont les liges soient fragiles, soutenons-les à l'aide de tuteurs et donnons-leur une direction plus ou moins oblique au moment où les boutons commencent à se former, afin de modérer la circulation de la sève et de la dépenser en graines plutôt qu'en feuilles. On pourrait également ralentir à propos la marche de la sève en serrant un peu le haut des liges contre les tuteurs, au moyen des ligatures. Nous conseillons ce procédé avec les betteraves et la bette poirée, dont la végétation s'arrête difficilement sous les climats hu- mides, et s'il ne suffisait pas, on ferait bien de pincer ou de tordre les extrémités, après la formation des graines, dans le but de hâter la ma- turité. — 01 — Oubli, pas plus qu'erreur, ne fait coinple. Or, en parlant des porte- graines des légumes annuels, nous avons oublié les pois, lès haricots el les fèves. Cependant, il est à remarquer que certaines variétés dans le nombre se maintiennent mal. C'est noire faute; soumettons-les à la loi commune; au lieu de recoller la semence, un peu à l'aventure, faisons nos porte-graines à pari, plantons sur couche ou sur bon terreau, puis repiquons et pinçons convenablement. Les graines recollées sont bien rarement l'objet des soins qu'elles exigent pour ne pas s'altérer; aussi beaucoup perdent leurs faculté» germinatives au bout de deux ou trois ans quand elles pourraient les conserver cinq, six ans cl plus. Autant que possible, récoltez par un temps sec, ne sortez pas les graines de leurs enveloppes, quand elles en ont; renfermez-les dans de la toile ou dans des sacs de papier, percés d outre en outre par quelques coups d'aiguille, afin de permettre la sireulalion de l'air; placez-les en lieu sec, ni trop ebaud ni trop froid, et vous n'aurez plus lieu de vous plaindre. Quand des graines vous paraissent douteuses et que leurs facultés germinatives sont pour ainsi dire endormies, excitez-les en les faisant. tremper dans de l'eau tiède ou en les plaçant pendant quarante-huit heures entre deux gazons frais et tondus; ou bien encore, si les graines sont dures, comme, par exemple, celles de la télragonie, du crambé, de l'artichaut, du cardon, de l'épinard, etc., il y a de l'avantage à les mettre dans une terrine et à verser dessus de l'eau presque bouillante. On les relire au bout de quelques heures el on les ressuie délicatement avec un linge avant de les confier à la terre. P. JOIGNEAUX. POMOLOGIE. DE LA PLANTATION ET DE L'ENTRETIEN DES ARBRES FRUITIERS, PAR M. L. GAUCHER. Bien des personnes s'occupent de la plantation des arbres fruitiers, cl peu sont au courant de ce qu'elle exige pour réussir. De nombreux inconvénients résultent d'une mauvaise plantation ou d'un mauvais entretien. Les observations suivantes pourront, à ce sujet, être consul- tées utilement : Les arbres à fruits à pépins exigent des soins et des travaux plus nombreux que ceux à noyau. Ceux-là exigent, pour prospérer, une - 62 — terre profonde et substantielle, tandis que ceux-ci se contentent d'une terre plus légère, calcaire ou siliceuse. Il faut toujours sonder la terre où l'on veut planter à une profondeur d'environ 80 à 90 centimètres, surtout pour les arbres à fruits grrilï's sur franc : les poiriers greffés sur coignassior se contentent de 00 à 70 centimètres de terre végétale. Les arbres à noyau et les pommiers sur doucin ou paradis n'exigent pas une terre aussi profonde; 40 à 50 centimètres sont suffisants. Le meilleur sous-sol est, celui qui laisse aisément les eaux s'infiltrer, tandis qu'un terrain tuffeux ou argileux fait dépérir les arbres par son humidité stagnante, qui altère et cor- rompt les racines, dénature la qualité des fruits et détruit bientôt entièrement le sujet. Il convient dans ce dernier cas de changer la ferre, surtout si c'est au moment de la plantation des arbres, en y substituant relie du milieu des carrés ou d'autres bonnes terres végétales. Ce qui offre le plus d'avantages dans une nouvelle plantation, c'est d'ouvrir une tranchée dans toute la longueur de la ligne d'arbres à planter; si ce travail est dispendieux, on en est amplement récompensé dans la suite; autrement on se contente de faire un trou de I mètre 50 à 2 mètres de superficie sur GO à 80 centimètres de profondeur avec piochage au fond ; on dépose les couches supérieures, qui sont les meil- leures, d'un côté, celles du milieu de l'autre et celles du fond plus loin, pour être ou mélangées, ou remplacées. Si les tranchées ou trous sont faits six semaines ou deux mois d'avance, les terres se bonifient par les influences atmosphériques. La couche supérieure réservée sert, au moment de la plantation, à bien entourer foutes les racines, sans que le fumier touche à* aucune; ensuite on mélange les deux autres couches de terre avec un quart d'engrais bien consommé ou terreau. Le meilleur de tous les fumiers pour les terrains légers est celui de vache; pour les terrains froids ou humides, celui de cheval et de mouton. Les fumiers de poule ou ba- layures de basse-cour servent surtout à détruire ou prévenir les cham- pignons que les grands fumiers peuvent, produire. Deux tiers de bonne ferre à blé et un tiers de terre de poirier bien mélangées forment, ordi- nairement un sol excellent pour les arbres fruitiers. Les boues prove- nant du curage des étangs, des fossés et des talus de haie, et les gazons amoncelés en tas sont les aliments ordinaires des plantations d'arbres dans tous les sols. Quant aux terrains froids, les balayures de rues, consommées et mé- langées à des terres meubles, les rendent propices à la culture des arbres. Le sous-sol graveleux, tuffeux ou argileux ne doit jamais être entamé : les horticulteurs qui conservent encore cefte vieille routine voient leurs arbres bien végéter pendant plusieurs années, et ensuite éprouvent le désagrément do !<•> \<>ir languir et périr, attendu que les racines encaissées ne peuvent ni s'étendre, ni trouver une nouvelle nourriture. Quand un sous-sol de celle nature se présente, il convient de le couvrir de 10 à iv> centimètres de bonne terre, avant d'y mettre les arbres, do. planlor dans le sol végétal , ne fût-ce qu'à 2:i ou 50 centimètres, et amonceler des terres alentour sur une superficie de trois à quatre mètres. Lorsque le sol est trop froid, il est bon d'ajouter une quantité de marne calcaire ou de chaux proportionnée au degré d'humidité qu'il contient, pour réchauffer et activer la végétation des arbres. Dans une plantation bien entendue, la distance moyenne dos pyra- mides entre elles est i\r ,~> à i mètres; elles doivent en outre être éloi- gnées du bord dos allées de 90 centimètres à 1 mètre 20 centimètres. Pour les palmettes en espalier, 4 à li mètres sont nécessaires. La lati- tude laissée pour chacune de ces distances doit être subordonnée, non-seulenicnl à la qualité du sol, mais encore à la vigueur des espèces et à colle du sujet sur lequel l'arbre est greffé; car sur franc les poiriers doivent être plus espacés que sur coignassier, quelle que soit leur forme. La première chose à faire, au moment, de planter, c'est de garnir le trou jusqu'au point où doivent être assises les racines, on les met- tant à la hauteur voulue sans être obligé de les retirer (ce qui occasion- nerait des inconvénients, surtout dans les terrains humides); ce lit doit être composé de bonne terre bien meuble et engraissée, autant que possible. Quand celle condition est remplie, on habille la racine do l'arbre, c'est-à-dire qu'on en rafraîchit l'extrémité avec la serpette ; on fait la coupe en dessous, on supprime seulement les parties qui sont avariées ou écrasées (moins on raccourcira les racines saines, mieux l'opération sera faite, car la prospérité el l'avenir d'un arbre dépendent surtout de la longueur et de la quantité de ses racines ). Ensuite on met l'arbre à la place qu'il doit occuper, en étendant ses racines aussi hori- zontalement que possible et les espaçant entre elles, sur la terre jetée d'avance dans le trou; on le tient verticalement el on jette sur les ra- cines la meilleure terre qu'on a dû réserver et qui doit être bien meuble, bien émiellée pour pénétrer plus facilement entre toutes les racines sans laisser aucun vide. Dans le cas où les terres seraient fortes, on pourrait y mêler du ter- reau ou de bonne terre légère, et. dans les lerres sableuses ou trop lé- gères, on pourrait ajouter de la lerre forte, ce qui ferait un bien meilleur effet. Quand on a introduit assez de lerre pour que l'arbre se tienne debout, on le prend à deux mains vers la base de sa lige avec beaucoup de précaution, et par de légers mouvements de va-et-vient imprimés de bas en haut, on achève de faire couler la lerre fine entre les racines, après quoi on remplit le trou, en ayant soin de ne pas enterrer la greffe. - 64 - Lorsqu'on plante après février, il est utile de fouler très-légèrement, quelle que soif la nature du terrain ; à l'achèvement de la plantation, le rollet doit se trouvera 4 à 5 centimètres au-dessus du sol, quand In terre est forte et mouillée, tondis que dons un sol léger les plus hautes racines doivent être recouvertes de 10 à 12 centimètres de terre. Il est très-important, dans les terrains froids cl humides, et même dans une terre franche ou d'alluvion, que l'arbre soit très-peu enterré; plus les racines sont près de la surface du sol, plus les arhres sont fertiles, mieux ils se portent, et plus encore les fruits sont savoureux. Il est tou- jours utile d'arroser de temps en temps les arbres nouvellement plantés, surtout si les plantations sont tardives, et. après avoir étendu un bon paillis d'environ 1 mètre autour de l'arbre, ou même sur toute la plate- bande, quand les arbres sont forts. Pour les plantations de pyramides ou espaliers, les meilleurs sujets sont ceux de deux ans de greffe qu'on nomme trente mois ; on peut les déplanter depuis cet âge jusqu'à trente ans, en leur donnant les soins nécessaires. Lorsqu'un arbre est vieux, on doit, mettre sur le tronc, la première année de la plantation, une bonne couche de terre grasse, mêlée de bouse de vache; dans les temps secs, on mouillera le pied de l'arbre, et même l'arbre tout entier trois à quatre heures après le lever du soleil, si la température n'est pas trop froide, ce qui facilitera l'as- cension de la sève et le développement du sujet. Les arbres fruitiers à pépins ne sont pas les seuls estimés, ceux à noyau ont leurs qualités et leur mérite particuliers. Le Pêcher tient un des premiers rangs, ainsi que le Prunier, l'Abricotier, etc. Le Pêcher dirigé en espalier exige un espace de 8 à 9 mètres entre chaque arbre; le collet de l'arbre doit être à une distance de 12 à 15 cen- timètres du mur vers lequel on incline l'arbre, en ayant soin de l'y faire adhérer et de tourner la cicatrice de la greffe vers le mur. Les meilleurs sujets pour Pêcher sont les scions appelés dix-huit mois; ceux dits trente mois ou quarante-deux mois sont tout à fait in- férieurs. Il est utile de bien les connaître, car beaucoup de personnes ne savent pas faire la distinction des (rois sujets réunis ensemble, et une connaissance particulière est nécessaire pour les distinguer. Pour la fructification et la préservation des maladies, des auvents en paille ou en planches sont nécessaires de 0,50 centimètres de large sur la longueur du sujet, et. 0,50 centimètres au-dessus du sommet; on les placera depuis le commencement de février jusqu'à la fin, suivant la température, et on les retirera à la fin de mai ou dans le courant de juin. Il en est de même pour le Poirier en espalier ; on place les auvents au moment où se montrent les boutons à fleur, et on les relire à la fin de mai ou dans le courant de juin. Le Pêcher greffé sur Prunier ne con- vient bien que dans les terres humides, tandis que sur Amandier il est — ci de I8;j(>, sans couverture pendant l'hiver de is."».*i. Au mois de novembre 18'iG, je les ai l'ail déplanter, les racines produites en I85G étaienl pnfoncées dans le sol à près de 70 centimètres ; celles produites en I8."i:i étaienl entièrement pourries cl détruites. La totalité de la récolle n'a été que de 8 kilogrammes pour les r>2 pieds. Les racines étaient petites, minces et allongées ; les plus belles pesaient à peine 4 hectogrammes oO grammes. Il résulte donc de tous les détails que nous avons ènumérés ci-dessus, que le Dioscorea Batatax (Igname de la Chine) peut être facilement cul- tivé, et avec avantage, dans les terrains légers, sableux et profonds; qu'il ne demande aucun soin ni entretien pendant sa végétation , cl qu'un délai de huit mois suffit pour obtenir sa production; Qu'on doit s'abstenir de le cultiver dans les terrains durs, lourds el peu profonds; Qiw le seul inconvénient réel que présente celle culture est renfonce- ment des racines dans le sol, difficulté, à la vérité, plus facilement vaincue dans les terrains légers, mais d'un assez grand travail dans les sols durs, argileux ou calcaires. Quant à la qualité nutritive de celte plante, elle est fort bonne, agréable au goût et très-saine; elle peut rivaliser avec la pomme de terre; elle est moins farineuse; mais la difficulté de sa récolte laissera encore longtemps la pomme de terre maîtresse du terrain. Que les personnes qui cultivent la pomme de terre suivent les con- seils que nous leur avons donnés antérieurement, qu'elles plantent à l'automne profondément la pomme de terre (25 centimètres), el suc- cessivement les produits de la même culture précédente, et elles verront peu à peu s'améliorer leur récolte et disparaître entièrement la ma- ladie : l'expérience de six années prouve cette vérité. TOL'GARD. OBSERVATIONS SIR LA CULTURE DES TOMATES ET SUR L'APPLICATION DU GUANO ET DU BIP1IOSPHATE DE CHAUX. Un amateur anglais adresse l'intéressante noie suivante au rédac- teur du Gardener's Chronicle : « En février 18S6, je semai quelques graines de Tomate dans un pot que je plongeai dans une couche chaude. Le jeune plant ayant développé deux ou trois feuilles, fui re- piqué, chaque pied isolément, dans un pot el transporté dans la serre froide. Ces plantes, vers la mi-mai, étaient devenues très-vigoureuses et étaient chargées de boutons à fleur; je choisis, pour tenter mes ex- 68 — péricnces, trois piaules; je les ôtai de leurs pots sans déranger les racines, sauf l'extrémité du pivot, que je raccourcis, et les plantai dans une plaie-bande de mon jardin, contre un treillage exposé en plein midi et à la dislance d'environ 2 mètres et demi l'une de l'autre. On les arrosa copieusement avec de l'engrais liquide léger, obtenu de fumier de vache frais détrempé depuis un mois ou deux dans un ton- neau d'eau. Je lis alors ajouter à celle eau de fumier une petite quan- tité de guano péruvien et de biphosphale de chaux, provenant de ra- clures d'os. Deux jours après, la matière épaisse étant allée au fond, la masse du liquide était claire el propre à être employée. » L'auteur de ces noies ajoute que les bons effels de ce liquide sur tous les végétaux de potager ainsi que sur les plantes du jardin d'agré- ment, sont encore peu connus des jardiniers. Son emploi exige quelques précautions; on doit l'étendre de beaucoup d'eau, sinon son énergique action causerait la mort des piaules. Ceux qui désireraient faire de pa- reils essais, doivent s'assurer de la bonne qualité du guano et du bi- phosphale de chaux, et s'adresser pour cela à des maisons respectables; on vend beaucoup d'engrais de biphosphale de chaux dans lequel ce sel ne figure que de nom. « Les pieds de Tomate plantes comme nous avons dit, à bonne expo- sition, furent ombrés pendant quelques jours et de nouveau arrosés à de certains intervalles avec le liquide fertilisant ci-dessus indiqué, for- tement étendu d'eau. Leur végétation devint des plus vigoureuses, leur floraison des plus abondantes. Il fallut alors pincer et retrancher tous les jeis inutiles ou trop rapprochés, dont le nombre empêchait la cir- culation de l'air et les rayons solaires d'arriver sur les rameaux des- tinés à porter fruit ; les longs rameaux furent assujettis au treillage au moyen de bandelettes de toile goudronnée, clouées de dislance en distance, et de manière à représenter une forme en éventail. Une bonne partie des fruits fut. enlevée, car il eût élé impossible que leur grand nombre n'eût pas nui à la prospérité de la plante el à leur propre dé- veloppement. L'extrémité des liges fut pincée lorsqu'elles eurent atteint le haut du treillage (2 mètres d'élévation); les fruits acquièrent par là un plus gros volume. » Notre amateur obtint, dit-il, sur un pied 75 fruits, 63 sur le se- cond, el G8 sur le troisième, 20(5 en (oui, donnant un poids total de 42 livres environ ; produit fort satisfaisant pour Irois plantes. » J'attribue en grande partie, ajoule-l-il, l'étonnante vigueur et la grande fertilité de mes pieds de Tomate, à l'emploi de solutions de guano et de biphosphale de chaux; je fonde mon opinion sur ce qu'ayant planté, à titre d'essai comparatif, deux pieds contre le treillis el les avoir fail arroser de la même manière et aux mêmes heures, l'un avec de l'eau de fumier de vache, et l'autre pied avec de l'eau pure; — 00 - j'eus pour résulta I que le premier pied parvint a la taille des pieds irai lés au guano, mais Bvec beaucoup moins de fruits pI d'un volume inférieur; le second pied ne put atteindre le sommet du treillage, pi peu de ses fruits parvinrent â maturité. La récolle sur mes trois plantes commença en septembre et dura jusqu'à la fin d'octobre. •> Gardener's Chronicle, 24 janvier !S,*i7.) CULTURE DU LISIANTHUS RUSSELLfANUS. La culture et l'éducation de celle splendide plante, introduite du Texas depuis plusieurs années, offrent pour beaucoup d'amateurs des difficultés assez glandes pour leur l'aire croire que c'esl peine inutile de s'occuper dorénavant d'une piaule jugée intraitable par la plupart des jardiniers. Nos voisins d'outre-Manche, loin de se décourager, ont mul- tiplié leurs essais de culture, et les magnifiques exemplaires «pie l'on \oil fort souvent figurer aux expositions horticoles prouvent assez que l'on s'est exagéré le caractère rebelle du Lisianlhus Rus&ellianus. lu amateur qui a beaucoup étudié les mœurs capricieuses de celle plante, csi parvenu à trouver le défaut de la cuirasse, à vaincre celle nature sauvage; voici son système d'éducation : La graine doit élre semée vers la mi-mars; elle esl très-fine et exige par conséquent certaines précau- tions pour la répandre sur le sol ; celui-ci doit consister en un mélange de moitié terreau de feuilles et moitié de terre franche douce, auquel on ajoute une petite quantité de sable blanc; on prend un pot de 5 à 7 cen- li mètres ou plus de diamètre, on le draine fortement avec des tessons, on le remplît presque jusqu'au bord du compost indiqué que l'on foule avec force pour le rendre compacte; on achève ensuite de remplir le pol avec une couche de sable blanc d'un demi-pouce d'épaisseur (1 cen- timèlre un quart); on bassine pour (pie le lotit soit bien trempé d'eau el l'on sème assez clair; on saupoudre ensuite avec un peu de sable sec; l'opération achevée, on recouvre le pol d'un morceau de carreau en verre, el on h; porte dans un lieu chaud où la température marque 20 à 2o degrés au thermomètre centigrade; on se servira, pour rem- placer les bassinages à la surlace qui sont nuisibles aux graines fines en général, de soucoupes constamment remplies d'eau dans lesquelles les pois seront placés. Le semis lè\e au bout de Dois semaines environ, quatre semaines après le jeune plant devra élre repiqué, chaque indi- vidu isolément dans un petit godel bien draine el dans le même compost indiqué plus haut, lue température élevée el une exposition prés des vitres de la serre sont essentielles à la bonne venue des jeunes piaules; ces deux conditions remplies, de copieux arrosemenls el de fréquents — 70 — seringungcs sur le feuillage vous procureront vers l'automne do jolis petits individus que l'on devin pincer à tous les joints pour les rendre touffus. Au mois de septembre on rempote dans des vases un peu plus grands; le-; bassinages sur le feuillage doivent cesser après celle opé- ration; l'eau des soucoupes suffit pour entretenir les racines humides. On pourrait, à la rigueur, conserver les plantes dans une bonne serre tempérée, mais elles seront toujours plus belles et plus vigoureuses, après un hivernage dans une bonne couche de fumier chaud d'environ 10 à 12 degrés centigrades, où l'aérage est établi de manière à prévenir une humidité concentrée. La distribution d'eau au moyen de soucoupes ne pouvant se faire lorsque les pots sont plongés dans la couche, on devra arroser alors une fois tous les quinze jours, lorsque l'air ambiant est sec, et seulement une fois par mois si l'atmosphère est humide; ces ar- rosements ne doivent au surplus se faire que pour empêcher la plante de flétrir; les vapeurs que dégagent la couebe suffisent le plus souvent pour entretenir un degré d'humidité convenable autour des racines. On augmentera la température pour la porter vers la fin de février à 20 ou 25 degrés centigrades ; on rempotera dès qu'on s'apercevra que les plantes commencent à pousser, en se servant de grands pots ( 10, 15, 20 centimètres de diamètre ); la beauté des exemplaires dépend un peu de la grandeur des vases dans lesquels on les place définitivement. Ou ne saurait, à mesure que le printemps avance, leur donner trop de cha- leur, trop d'humidité, on ne doit pas craindre de tomber dans l'excès, pourvu que ces deux éléments marchent d'accord. La floraison aura lieu en juillet et continuera pendant deux ou trois mois de suite. Des plantes ainsi traitées peuvent se couvrir de 4 à 500 fleurs. D'après les observations de M. Forckel, directeur des serres chaudes de Sa Majesté le Roi des Belges, au château de Laeken, le Lisianthus Russellianus n'aime pas à être changé de place ou transporté dans une autre serre, surtout lorsqu'il est en boutons, car alors il jaunit de suite. Cette belle Genlianée n'aime pas à être tourmentée, aussi ne doit-on pas s'effrayer du tapis de mousse dont la surface de la terre du pot pourrait se charger; on respectera cette mousse dont, l'effet est de préserver le collet, de la racine des influences de l'air ambiant. Nous avons toujours remarqué que les Lisianthus au Mexique croissaient entre les herbes touffues des prairies, et que leur floraison était d'autant plus luxuriante que le bas des plantes se trouvait plus caché à la lumière. 71 — [NOTE SUR LES MWn.l'S. F. es Mîmulus devraient cire plus cultives qu'ils ne le sont; ces curieuses corolles ;uix couleurs si gaies, si attrayantes, ornent l'oit bien les tablettes d'une serre froide et forment de charmantes corbeilles dans les jardins durant In belle saison. Leurs (leurs se succèdent pendant fort longtemps, et si l'on a soin d'enlever les jets et de bouturer dès que l'occasion s'en présente, on peut jouir d'une floraison non inter- rompue depuis le commencement du printemps jusque vers In lin de l'automne. On doit, pour avoir de fortes plantes et de grandes fleurs, plonger les pots vers la fin de février dans une bonne couche chaude ou à défaut les porter dans une serre chaude ; on enlève, lorsque la plante est entrée en végétation, les jets ou coulants enracinés ainsi que les branches les plus vigoureuses pour la multiplication. Ces boutures s'in- sèrent chacune dans un petit pot et dans un riche compost mélangé de sable do rivière; on a recours à la couche chaude pour hâter la radifi- calion, laquelle se fait, du reste fort rapidement dans ces circonstances. Les Mimulus étant des plantes presque aquatiques, aiment beaucoup l'eau; les jeunes piaules doivent être arrosées avec soin ; car une fois sèches, elles se remettent difficilement, fleurissent pauvrement, en un mot, elles ne valent plus la peine d'être soignées. Les pots étant bien remplis de racines, seront remplacés par des vases plus grands, le double de diamètre même, afin (pie ces plantes assez voraces puissent trouver une nourriture abondante. Soumises à ce régime bienfaisant, les plantes se développeront avec rapidité; des rameaux se produiront de toutes parts et nécessiteront l'attention du cultivateur; il devra les soutenir avec de petites baguettes, sous peine de les voir s'affaisser et se briser sous leur propre poids ou sous le souffle des vents. Le compost qui leur convient le mieux consiste en bonne terre franche vierge, à laquelle on ajoute du fumier bien consommé et une forte partie de gros sable de rivière. De nouveaux rempotages seront exécutés à trois semaines d'intervalle l'un de l'autre; le dernier se fera pour les plus forts exemplaires dans des pots d'un pied de diamètre et pour les autres dans des vases un peu moins larges. Arrivés à celle période de dévelop- pement, les Mimulus ne seront plus tenus dans une atmosphère chaude, on les transportera dans un lieu frais et ombragé et bien aéré de la serre froide; ils y fleuriront pendant, fort longtemps. Si l'on préfère les planter en pleine terre, on devra préalablement à leur sortie de la serre chaude, les abriter pendant quelques jours dans une bâche et leur donner de l'air progressivement. La nature aquatique des Mimulus permet de les planter dans des endroits humides, là où bien peu d'au- tres végétaux pourraient croître; mais alors, il faut veiller aux incur- — 11 - sions des limaces très-friandes dos liges herbacées de ces plantes; un peu de suie ou de cliaux disséminée autour des touffes écartera ces redoutables mangeurs, rue bordure de Mimulus encadrant une pièce d'eau est quelque chose de fort coquet. I H grand nombre de jolies varioles, issues surtout du Mimulus cardi- naiis, ont été gagnées de semis depuis quelques années en France, en Angleterre et en Belgique; toutes sont répandues dans le commerce à un prix Irès-inodique. DAHLIAS A PETITES FLEURS, DITS LILLIPUTIENS. Une nouvelle race de Dahlias de taille peu élevée et à fleurs sem- blables à des Renoncules, commence à s'enrichir d'un certain nom- bre de fort jolies variétés. C'est surtout aux semeurs allemands (Sieek- man , Sioik, Decgen) que l'on est redevable du perfectionnement de cette race, si précieuse pour l'ornementation des petits jardins et pour la confection des bouquets. On cite parmi les meilleures variétés nou- velles : le Deutscher Goldfinck (S.), jaune d'or pointillé d'écarlate vif; le Liliput perle (S.), pourpre violacé, forme admirable; Souvenir de Belcombe, jaune canari pointé de blanc; Zelmira (S.), blanc d'argent nuancé de lilas rose tendre; Fraulein Marx (Stork), écarlate vif nuancé de feu; Ranunkel (S.), écarlate vermillon. Toutes ces variétés font partie de la riche collection de M. Adolphe Weick, horticulteur à Strasbourg. Le même horticulteur annonce trois nouvelles variétés de Fuchsia, obtenues de semis par M. Koch de Russelsheim en Allemagne ; ce sont Gloire de Russelsheim, Louis Weinrich cl Madame Ad. Koch. Toutes les trois à grandes fleurs blanches, la dernière surtout est fort belle, à corolle semi-double, d'un blanc pur rubanné de rouge vif, comme un OEillet flamand. M. Bernieau , horticulteur à Orléans , an- nonce de son côté quatre Fuchsia gagnés par ses soins; ce sont : les Fuchsia Comtesse de Linier s (Bernieau), variété à gros tube blanc, légèrement lavé de rose; sépales à pointes verdàtres, réfléchies ; corolle rose vermillonnée. magnifique. Comtesse de Tuder (Bernieau), fleur moyenne, tube rose clair, ronflé vers le milieu ; sépales infléchis rose foncé; corolle rose brillante à larges pétales, jolie variété de forme glo- buleuse. Duc de Malakoff ( Bernieau), tube rouge violacé; sépales à pointes blanchâtres; corolle rouge cramoisi foncé, et Pirouette (Ber- nieau), variété originale à grandes fleurs; tube mince; sépales longs de (i centimètres, d'un beau rose carminé; corolle très-ample, bien cam- panulée, du plus beau bleu violacé. — 17, — POMME REINETTE DL L'OHIO, GRBEN OHIO'S PIPPIN DES POHOLOGUES AMÉRICAINS. (Planche VII.) Cotte pomme est à notre sens l'une des plus estimables conquêtes de la pomologie anglo-américaine. Nous n'hésitons pas à la considérer comme une Reinette de premier ordre. L'arbre, vigoureux et fertile, digne d'èlre admis même dans un jardin peu spacieux, peut y remplacer avec avantage plusieurs variétés an- ciennes, délicates, peu productives et plus ou moins frappées d'une sorte de décrépitude. Ajoutons (pie sa vigueur lui assigne aussi, ce nous semble, une place d'élite dans les vergers. Nous ne la trouvons pas mentionnée dans les divers recueils ou traités pomologiques publiés aux Etats-Unis, que nous avons pu consulter, il esl donc permis de supposer qu'elle est de date toute récente. Sa forme est arrondie, déprimée, régulière. Son volume peut, dans de bonnes conditions, être très-considérable; en moyenne, la hauteur est de 7 centimètres, le diamètre de 8 et demi. Le pédoncule est assez long; l'entonnoir où il s'implante est profond et trèsévasé; le calice demi-clos; les sépales ou divisions vert-grisâtre, persistantes. L'épicarpe (peau), constellé de rares mouchetures grises, d'un vert prononcé d'abord, se nuance de jaune lors de la maturité et se revêt de tavelures rosées analogues à celles de la Reinette d'Angleterre, mais moins intenses. La chair, d'un blanc un peu jaunâtre, est ferme, juteuse, des plus fines, d'un goût sucré acidulé superfin de Reinette. Les loges sont, relativement étroites et contiennent quelques pépins ovales allongés, brun clair. La Reinette de l'Ohio (s'il nous est permis de traduire ainsi son ap- pellation originaire) mûrit vers la lin de décembre, a toute sa perfec- tion en février et n'est pas sujette à se colonner ni à se rider. Les rameaux sont d'un brun-rougeâlre lisse, peu foncé et parsemés de lenlicelles grisâtres très-apparentes. Les supports sont gros, longs de 5 centimètres. Les fleurs sont d'un blanc légèrement rosé, panachées en dessous de rouge cerise; les divisions calicinales sont remarquablement allongées. Les feuilles sont amples, ovales, ou plus généralement ovales-acu mi- nées, profondément et irrégulièrement dentelées, d'un vert foncé en dessus, gris vert clair en dessous et a7, p. 84. — Famille des Orchidées. Celle espèce a le port d'un Gomcza el n'offre, dit M. Lindley, que peu d'intérêt horlicullural; les fleurs, d'un jaune pur, assez petites el peu nombreuses, sont disposées en un racème beaucoup plus court que les feuilles; celles-ci ressemblent aux feuilles de YOncidium flexuosum el mesurent de 2;i à 30 centimètres de longueur; elles sont en forme de lanière, canaliculées à la base el surmontent par deux des pseudobulbes ovales el ancipités. Le Libelle panduriforme offre un étranglement fort remarquable. M. Loddiges, dans l'établissemenl duquel cet Oncidium a Henri, dit lavoir reçu du Mexique. Drosklnnera spectabllls (Li.xdlev), Gardener's Chronicle, janvier 18j7. — Famille des Scrophularinées ? On doit l'introduction de cette magnifique plante à M. Ire Skinner, négociant anglais à Guatemala, qui depuis longtemps l'ail des envois d'Orchidées et d'autres plantes à Londres, dans un but principalement mercantile, et qui de celle manière a l'ait connaître quelques unes des richesses végétales que recèlent ces belles régions montagneuses situées entre le Mexique cl l'isthme de Panama. La dédicace de ce nouveau genre est un hommage rendu par M. Lindley à ce zélé collecteur. VUroskinnera speelabilis est une plante herbacée ayant le faciès d'un Gesneria et les caractères floraux d'un Pentstemon; elle est vigou- reuse, érigée, douce au toucher; le coloris gris qui la distingue pro- vient des poils dont elle est chargée. Ses feuilles sont oblongues. den- telées, péliolées et longues de *2 à 4 pouces. Ses fleurs, de couleur — 78 — violette, sont disposées en épis terminaux, sessiles, très- rapprochés et longs de ^ pouces, et sous-tendus chacun par une bractée filiforme velue. Le calice est petit, en forme de coupe, poilu, à quatre dents; corolle d'un Pentstemon à tube d'un pâle violet, lisse, long d'un pouce et demi, terminé par un limbe bilabié à cinq lobes obtus, presque égaux. Les étamines comme celles des Pentstemon; une stérile linéaire spa- thulée, duveteuse et un peu plus courte que les plus courtes étamines fertiles. Le fruit est une capsule ovée, enveloppée, excepté au sommet qui est nu, par le calice poilu et ses quatre lobes filiformes; déliis- cence loculicide, c'est-à-dire que l'ouverture se fait par la face dorsale des loges. Ce genre est très-voisin des Pentstemon dont il diffère par son calice quadridenté en forme de coupe adhérent à la capsule, et par la débis- cence loculicide de celle-ci et non septicide comme dans les capsules des Pentstemon, enfin par son port et son aspect général. C'est une fort belle plante de serre, de nature un peu charnue et paraissant disposée à fleurir pendant une bonne partie de l'année, elle est encore trop rare et trop peu étudiée pour que nous puissions en indiquer la culture. M. Lindley dit avoir rédigé sa description d'après un faible exemplaire que possède la Société d'horticulture de Londres (cette description est en effet incomplète); il parait que Y Uroskinnera spectabilis se trouve également entre les mains de MM. Veitch, horticulteurs à Londres; de l'établissement desquels il ne tardera pas à se répandre sur le conti- nent. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Lottcifa Texensis (Rafinesque), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4904. — Famille des Lobéliacées. — Pentandrie monogynie. Cette Lobélie, originaire du Texas, doit être rangée au nombre des plantes les plus attrayantes qui ornent actuellement les parterres de nos jardins; de sa racine vivace s'élève une tige herbacée, érigée, haute de 2 à ô pieds, simple, robuste, anguleuse, fouillée. Feuilles inférieures, longues de 6 pouces environ, les supérieures graduellement plus petites et passant aux bractées ; les unes et les autres sessiles, largement ovées- lancéolées, très-acuminées, et souvent récurves, assez obscurément den- telées en scie. Racème long de (5 à 10 pouces, multiflore, presque pyrami- dal et muni de nombreuses bractées; celles-ci diminuent graduellement en grandeur vers le sommet du racème; elles sont aussi longues ou plus longues que les fleurs, étalées ou récurves, carénées et à bord denti- culé. Fleurs érigées-étalées. Calice vert à tube très-court, hémisphé- rique; à cinq angles; le limbe présente cinq longs lobes suhulés. — 71) — érigés, presque spiniformes , écartés les uns des autres. Corolle d'un riche écarlate; tube étroit, droit, long d'un pouce et plus; limbe bi- labié : lèvre supérieure composée de deux segments linéaires-lancéolés ; lèvre inférieure de trois segments un peu plus grands que les supé- rieurs. Anthères couleur de plomb. Style aussi long que les étamines, mais caché entre ces dernières. L;i Lobclia Texensis, assez voisine de la Lobelia cardinalis, en dif- fère par son port plus élevé et plus robuste, par son feuillage plus ample et surtout par son grand et vigoureux racème chargé de (leurs et de longues bradées (ce qui nuit un peu à l'effet de l'inflorescence). Elle fleurit en été cl se cultive comme la Lobelia cardinalis, c'est-à- dire quelle requiert en hiver l'abri de la serre froide, ou d'une bâche, ou un peu de litière si on la conserve en pleine (erre. Le même journal figure sous le n° 41)60, une fort belle variété de la Lobelia splendens Willd, c'est la variété ignea ou rouge de (en, qui se distingue du type par des fleurs du plus beau rouge écarlate et par des feuilles colorées en rouge sang foncé, semblable à celui qui dislingue les feuilles de certaines variétés de betteraves. Les fleurs, grandes et nombreuses, forment un long racème ou grappe terminale de toute beauté. Celte magnifique variété, originaire du Mexique, doit être rentrée dans l'orangerie durant l'hiver ; sa culture est la même que celle du type. Des corbeilles plantées de cette Lobélie doivent produire un effet extraordinaire et d'un éclat incomparable. Dodecatheou Integrlfoltum (MlCH.UJX), Garlenjlora, pi. 175. — Famille des Primulacées. Tout le monde connaît le Dodecatheou meadia ou Gyroselle : celle charmante petite plante vivace qui, au printemps, dresse une hampe au sommet de laquelle sont comme suspendues une douzaine de petites fleurs d'un rose purpurin à pétales redressés, auxquelles nos pères, par allusion poétique, imposèrent le nom prétentieux de douze-dieux. L'espèce de 31. Michaux est tout aussi jolie et ne diffère de sa charmante sœur que par son feuillage entier, ainsi que l'indique son nom spéci- ûque ^integrifoliunt ; l'une et l'autre espèce sont originaires des prai- ries tourbeuses de la Virginie aux États-Unis; l'espèce à feuilles entières est encore peu répandue dans les jardins. On recommande de planter ces jolies espèces en pleine terre dans un mélange d'une partie de terre jaune ou franche, de deux parties de terre tourbeuse et d'une demi-partie de sable; le sol doit être profond, bien drainé et à mi-ombre. On les couvre, pour passer l'hiver, avec de la mousse et des branches de sapin. Elles se multiplient de graines - 80 qu'elles produisent en abondance ou par la division des pieds; celle opération doit se faire lard en automne, dans une bâche à l'abri de la gelée. Farfugium grande (Li.nim.ey), Gardeners Chroniele, janvier I8o7. — Famille des Composées. Sous le nom de Farfugium grande, M. Lindley décrit une plante res- semblant fort à notre Tussilago Farfara, que M. Glendinning avait exposée à une réunion de la Société d'horticulture de Londres en la dé- signant comme un Tussilago à feuilles panachées ou maculées. L'aspect général permettait ce rapprochement, mais la floraison assez récente de cette belle plante a démontré une fois de plus combien il est peu prudent de se fier à ces sortes de rapprochements. Le genre Farfu- gium occupera une place fort distincte parmi les Composées labialiflorcs et près des Chaptalia et des Anandria; M. Lindley dit que le nom de Farfugium était anciennement appliqué au Tussilago farfara, à notre Pas-d'àne. Les feuilles de cette nouvelle plante sont très-grandes, tou- jours vertes, arrondies-angulaires et c rdiformes; elles ont parfois jus- qu'à 2 pieds de circonférence; leur couleur, d'un vert émeraude bril- lant, est copieusement maculée de taches d'un jaune clair. Les pétioles qui supportent ces feuilles sont laineux et longs de 12 à 13 pouces. Les fleurs sont insignifiantes; elles forment des capitules rassemblés au sommet d'un scape laineux, jaunes à centre d'un violet sale. L'ensemble du Farfugium grande est fort ornemental : « C'est une touffe d'une beauté incomparable, dit le célèbre botaniste anglais, et si les feuilles sont vraiment persistantes en hiver, comme on le croit, ce sera un objet pour les jardins sans rival pendant cette triste saison. » 31. Glendinning, propriétaire de cette belle nouveauté, dit l'avoir reçue de M. Fortune; ce serait donc une plante des régions froides de la Chine et par conséquent rustique chez nous. Espérons que nos voi- sins d'outre-mer nous mettront à même de saluer bientôt la bienvenue de l'intéressante chinoise dans nos parterres; elle y sera admise avec le même empressement que sa belle devancière la Diehjtra spectabilis. Kl CULTl'ltE MAKAICIIKKK. LES COUCHES DU MARAICHER. LEUR PRINCIPALE DESTINATION. — LES POMMES DE TERRE HATIVES, ETC. Nous comprenons que l'on fasse des primeurs sous bâche, nous ne comprenons pas que l'on en fasse sur nos petites couches du potager. Il nous est arrivé, comme à beaucoup d'autres, d'y semer de la laitue, des radis, des carottes et des oignons; les produits ne valent pas le fumier qu'on y dépense et la peine qu'on se donne. Réservons nos cou- ches pour faire lever des plants à repiquer; le profil est là, non ail- leurs. Le cultivateur de légumes de pleine terre doit nécessairement avoir des couches à sa disposition; cependant, nous en connaissons qui vivent du jardinage, même dans le voisinage des grandes villes, et qui n'ont pas de couches vitrées. Ceux-ci font un irou dans le jardin, à bonne exposition, foulent quelques brouettées de fumier dans ce trou, mcttenl quelques doigts de terre par-dessus, sèment leurs graines, et recou- vrent toutes les nuils avec un paillasson plus ou moins épais. Ce pro- cédé serait admissible dans un potager de ferme; chez des jardiniers de profession, nous ne l'admettons point. Il est économique, sans doute; ilestexpéditif. maisil présente toutes sortes d'inconvénients. Les taupes, les campagnols, les souris, les limaces peuvent s'y introduire et s'y introduisent souvent. El puis, la chaleur ne dure guère. Il peut arriver que des couches soient occupées, que l'on ait besoin d'opérer des levées rapides et de recourir pour cela à des expédients, à des fosses ouvertes à la hâte, à de simples huiles de fumier chargées de terreau ; mais ces expédients ne peuvent pas, ne doivent pas dispenser des cou- ches bien construites, soit au-dessus de terre avec coffre et châssis, soil au-dessous de terre avec murs à la chaux et châssis également. Les jardiniers, en général, savent comment l'on doil s'y prendre pour les établir; mais la plupart ne savent point qu'il y a de l'avantagea les drainer, en couvrant le fond de cailloux jetés pêle-mêle ou de morceaux de pots. Nous allons dire en quoi consiste cet avantage. Tant que le fumier n'est ni complètement lassé, ni complètement pourri, l'aération se l'ail bien dans les couches et l'eau des bassinages ne séjourne pas en excès dans le voisinage des racines; mais quand nous avons enlevé une première récolte de plants à repiquer, nous pouvons encore de- mander une récolle nouvelle à la couche refroidie, récolte quelle nous donne à temps pour les transplantations tardives, comme, par exemple, — 82 — lorsqu'il s'agil de choux à jets, de choux d'hiver , de rutabagas , de choux-navets, d'endives, de pelsaï, etc. Alors le fumier se trouve con- sommé et hissé ;'i tel point que l'air n'y court p:is facilement et que l'eau des arrosages y dort. Dans les aimées pluvieuses, il n'est pas rare de voir des semis échouer complètement ou même des plantes, bien levées, fondre ou périr avant d'achever leur développement, parce que ces plantes souffrent et que certaines larves, celles des élatérides sur- tout, les attaquent dans cet état de souffrance, tandis qu'elles les eus- sent épargnées en bonne santé. Nous avons appris cela deux années de suite à nos dépens. Depuis lors, nous avons eu soin de mettre au fond de nos couches un lit de grosses pierres, jetées au hasard, et nous ne manquons plus aucun semis. La végétation se fait mieux et plus rapide- ment qu'autrefois, comme elle se fait mieux dans un pot sans vernis et (roué au fond que dans un pot vernissé et sans trou. Pas d'air, pas de vie. En même temps que nous appelons l'attention des jardiniers sur le drainage des couches, auquel on n'a pas encore songé, que nous sachions, nous leur recommandons de fouler le fumier avec plus de soin que d'habitude et défouler également la terre destinée à recevoir la semence. C'est une œuvre de patience, nous le reconnaissons, mais il faut s'y soumettre. Il serait hien à désirer que le fumier long, que nous em- ployons, dans la circonstance, fût divisé par un moyen mécanique quelconque, car le tassement deviendrait plus facile et la chaleur déve- loppée par la fermentation serait plus douce, plus régulière et de plus longue durée. Nous recommandons enfin aux jardiniers d'adopter les semis en lignes sur couches et d'ouvrir les rayons au moyen d'une baguette que l'on presse avec la main ou avec la balle. On est sur ainsi que la graine portera sur de la terre foulée et consolidée, et c'est là, nous le savons, une condition de succès. Nous disons plus : — Quand les jardiniers au- ront à mettre sur couche et en lignes de la semence un peu grosse, ils feront bien de la déposer une à une dans le rayon, au lieu de la laisser tomber. En la déposani, et sans même le remarquer, ils exerceront sur la terre, avec le bout des doigts, une pression favorable. C'est précisé- ment celte pression qui donne de l'avance à toutes les graines, plantées ainsi, sur celles que l'on sème. Demandez plutôt aux hommes de pratique qui ont l'habitude et l'intelligence du jardinage, et ils vous diront qu'à placer les graines en terre, isolément, avec l'extrémité des doigts, on avance le plant de huit à dix jours. Nous insistons tout particulière- ment sur ce point, afin de démontrer jusqu'à l'évidence le mérite d'un sol raffermi, notamment quand nous avons à opérer sur des terres légères. Sans les couches vitrées, où en serions-nous? Personnellement, nous S3 — sommes peut-être mieux qu'aucun autre en position d'en apprécier l'importance; sans elles, nous n'arriverions pour ainsi dire jamais à l'heure. Si nous nous contentions de gros choux rouges de Frise ou de Gand, de savoyards ou de milans précoces, de cabbages, de choux- pain hâtifs, il nous suffirait de les semer chaque année au mois d'août sur une plate-bande bien riche, de les repiquer en pépinière à la fin de septembre, de les laisser passer l'hiver en pleine terre, sous la neige ou autrement, de les ombrager d'une manière quelconque en lévrier ou en mars, afin de les sauver des effets désastreux du soleil, à la suite des gelées tardives, et de les transplanter ensuite à demeure, aussitôt que le temps le permettrait. Mais nous ne saurions nous con- tenter de ces variétés; il nous Faut, en outre, des plants de choux-fleurs hâtifs, de choux-raves ou d'Arabie, de trapu de Brunswick, de chou conique de Poméranie, deFumel, de chou Joannet, qui passeraient difficilement l'hiver ou seraient trop sujets à s'emporter, s'ils le pas- saient. Nous avons besoin, par conséquent, d'une couche pour les faire en toute hâte au printemps. Ce n'est pas tout. Nous avons également besoin d'une couche pour faire nos plants de laitues, de lèves de marais, de betteraves de table, de belte-poirée, de céleri, tétragonie, quinoa, morelle noire ou brède, rhubarbe, tomate, cerfeuil bulbeux et igname-batale. Nous en avons besoin pour faire nos plants de pommes de terre de graine, nos plants de piment ou poivre long; enfin, pour faire lever en pots nos courges et nos concombres. Encore une fois, sans couche chaude ou tiède, il nous serait impossible d'obtenir des levées satisfaisantes et d'arriver à temps pour la culture de la plupart des plantes que nous venons de citer. 11 n'y a que la couche pour déterminer la germinal ion des se- mences difficiles et douteuses; et ce qui est vrai pour celle province, l'est à peu près pour le reste de la Belgique. Un jardinier sans couche est un cavalier démonté, un traînard qui tombe en roule ou qui arrive quand on ne l'attend plus. Les gens de cette sorte sont rares heureu- sement, mais enfin il y en a, et, en toute sincérité de conscience, nous leur devions, en passant, le petit coup de fouet qui réveille. Quittons maintenant les couches et arrivons aux plantations et semis à demeure. Nous n'avons que l'embarras du choix. Il nous serait très- agréable de suivre chaque culture à part el dans tous ses développe- ments, mais nous sommes encore condamné aux généralités pour le moment; nous n'aurons de loisirs que lorsque toutes nos espèces et variétés seront en pleine végétation. A celte heure, il s'agit de planter el de semer. Les jardiniers peuvent continuer en avril ce qui a été com- mencé en mars. Les plantations de pommes de terre précoces ne sont pas achevées sur les différents points du pays. Files devraient l'être depuis un mois - 84 — La variété que préfèrenl les jardiniers, et avec raison, comme étant la plus hâtive, est la marjolin. Ils attendent que les germes se soienl bien développés en cave, après quoi ils mettent les plants en terre, à bonne exposition, près d'un mur, presque à fleur du sol, les recou- vrent (Tune forte couche de paille ou de fumier long pour la nuit, les découvrent durant les journées chaudes, et arrivent ainsi, à force de petits soins, à gagner une avance de quinze jours sur les cultures non soignées. Nous nous permettrons, à ce propos, de conseiller aux jardi- niers remploi de marjolins germées dans une chambre chaude, bien éclairée, attendu que les pousses vertes sont plus robustes et valent mieux, sous tous les rapports, que les pousses étiolées, blanches ou jaunâtres, obtenues dans l'obscurité des caves. S'ils suivent ce pre- mier conseil, nous leur en donnerons un second, celui de planter les tubercules sur du fumier long et sec, qu'ils recouvriront de bon ter- reau. Il va sans dire qu'ils s'attacheront, comme dans le premier cas, à préserver le plant des gelées, à lui donner des paillassons la nuit et du soleil le jour. Une fois le plant sauvé des mauvais quarts d'heure et les tiges arrivées aux deux tiers environ de leur développement com- plet, ils feront bien de biner deux fois par semaine, afin de tenir la terre toujours meuble et soulevée, jusqu'à la récolte. Ils feront bien aussi de coucher les tiges du même côté et de butter en dessus pour les empêcher de se relever. Le huilage autour des fanes, comme on le pratique généralement, ne convient qu'aux pays chauds, où il est nécessaire d'entretenir un peu de fraîcheur au pied de la plante; en Belgique, il favorise la feuille et. retarde la formation et le développe- ment des tubercules. Avec les tiges couchées et la butte en dessus, nous ralentissons la marche de la sève, nous la concentrons vers les parties basses et l'obligeons à déborder souterrainement pour former des tubercules ou rameaux cachés. Il se passe ici ce qui se passe avec- un rameau d'arbre que nous courbons : les bourgeons rudimentaires qui n'eussent point bougé, sans cela, ne tardent pas à partir au-dessous du coude. Le procédé que nous indiquons est nouveau; nous l'avons proposé pour la première fois, il y a deux ans, nous l'avons mis à l'essai et pouvons en garantir les avantages. Le temps des repiquages de choux n'est pas encore passé ; nous devons donc en dire un mot. L'année dernière, avec de la graine de chou rouge de Frise ordinaire, nous avons obtenu des tiges et des têtes monstrueuses qui ont fait croire a une race nouvelle. Ce n'était qu'une anomalie. Voici comment nous avons obtenu ces produits superbes : nos plants qui avaient passé l'hiver en pépinière ont été repiqués à demeure dans des fosses où nous avions mis une pelletée de vieille terre découche. Avant le repiquage, les racines de chaque plant avaient élé — 85 — trempées dans une bouillie claire de bouse de vache el il»1 purin ; après le repiquage el pendant les sécheresses, les choux en question avaient reçu quatre arrosages avec de l'urine de vache étendue de deux à trois rois son volume d'eau ordinaire. Voilà tout le secret de leur végétation extraordinaire; nous le livrons avecempressemenl aux amateurs el aux jardiniers de profession, en les prévenant, s'ils veulent en user, qu'ils auront à inciser plusieurs fois les liges avec la serpette pour modérer la fougue de la sève, et à butter solidement leurs choux pour les sou- tenir contre les rafales. Nous avons remarqué, et il nous a été dit souvent qu'en Belgique la saison des pois verts était trop courte. C'est la faute des jardiniers qui devraient échelonner la plantation de ce légume de mois en mois, delà seconde quinzaine de mars jusqu'à la seconde quinzaine de juin. Parmi les variétés hâtives, le pois Michaux et le Prince Albert méritent tou- jours la préférence; le Daniel OWourcke et le Rival de Danecrofï arri- vent liuil jours plus tôt, il est vrai, mais ils rendent beaucoup moins. Parmi les variétés ordinaires ou tardives, attachons-nous, plus que jamais, au pois d'Auvergne ou Serpette et au Ridé de Knight. Et puis. au lieu de rapprocher nos lignes, écartons-les, afin d'avoir des fleurs et. des gousses des deux côtés. L'espace nous manque aujourd'hui pour tout dire; tenons-nous-en. pour finir, à quelques recommandations aussi sèches que rapides; enga- geons les jardiniers à accorder plus de place aux carottes d'Allringham et d'Achicourt, à la betterave rouge plate de Bassano pour salade, à la laitue turque, aux cardons, au cramhé maritime, à la rhubarbe comes- tihle el à la télragonie. Engageons les, en outre, à ne pas négliger les semis el repiquages de pommes de terre; une honne variété nouvelle les indemnisera tôt ou tard de leurs peines. P. JOIGNEAUX. MISCELLANEES. CULTURE FORCER DES CONCOMBRES par l'emploi du fumier et du thermosipuon réunis. — a chaltra1t (Marne). Monsieur, Je ne demande pas mieux que de rédiger pour votre nom eau journal, l'Horticulteur praticien, un article sur la culture forcée des concombres, telle qu'elle est pratiquée à Chaltrail. Je n'en suis pas à mon coup — 80 - d'essai. Voilà bien des années que je réussis. — Mais écrivant pour la première fois sur celte matière, je liens à adresser des remercîmenls publies à M. Gontier, notre premier primeurisle, pour tous les excel- lents renseignements qu'il m'a fournis avec une parfaite obligeance à une époque ou j'abordais celte branche de la culture. Hien des fois j'ai eu d'assez longs entretiens avec cet homme capable, el je ne l'ai jamais quille sans me trouver plus instruit. — Les livres bien fails apprennent beaucoup; mais si l'on y joint la conversation des bons jardiniers marchands, — quand ils veulent causer, ce qui n'arrive pas toujours, — on apprend davantage. Qu'il me soit permis de donner en passant un conseil aux proprié- taires qui ont le goût des jardins, quoi qu'il puisse paraître hors de sa place dans ce moment. C'est d'éludier un peu plus qu'ils ne le font généralement, c'est d'acquérir des notions exactes, solides d'organo- graphie et de physiologie végétales, de physique et de chimie horticoles, d'en arriver ainsi à généraliser, à se rendre compte de la plupart des phénomènes de la vie des plantes, et à en savoir au moins autant que leurs jardiniers, ce qui me paraît nécessaire. On verra alors un plus grand nombre de jardins d'amateurs gouvernés avec cette perfection qu'on admire chez les horticulteurs spécialistes de Paris. On m'ob- jeclcra, peut-être, que ces habiles travailleurs n'ont la plupart étudié ni la physiologie, ni le reste, qu'ils ont à peine le temps de lire : à cela je répondrai qu'ils passent leur vie entière avec les plantes qu'ils aiment, el qu'ils finissent par deviner, à force d'observations, les lois qui les régissent. J'en arrive à la culture des concombres. Bâche à semis et repiquage. Je ne sème pas dans un coffre chauffé en dessous par le fumier, selon les maraîchers, ni dans un coffre avec l'emploi du fumier et du Ihermo- siphon réunis, selon les primeuristes, j'ai voulu être sûr d'avoir à une dalc fixe une chaleur fixe, et voici comment j'y suis parvenu : j'ai ima- giné une petite bâche maçonnée seulement clans la terre, longue de 2m,G0, large de lm,66, recouverte d'un plancher de chêne rez-terre du jardin. — Un tuyau gouttière placé sous ce plancher parcourt l'étendue de la bâche, il aboutit à une chaudière. — Sur les murs existe un coffre en bois d'une pente de 20 centimètres; il reçoit deux châssis. Un tuyau rond d'un diamètre de 8 centimètres règne contre les parois de ce coffre; il correspond à une seconde chaudière. Les deux chaudières sont établies dans un fourneau en briques. — Les feux sont indépendants On met sur le plancher 20 centimèlres de terreau passé à un crible moyen. Les gouttières échauffent la lerre, les tuyaux fermés, l'air cou- — 87 - fenu enlre la lerre el le vitrage. La veille ùu jour où l'on \eiit semer, on fait du l'eu sous la chaudière des gouttières el l'on oblienl en peu d'heures 28" centigrades, chaleur convenable pour la germination des graines de concombres. Semis, repiquage et taille de luxe primaire {tiyc). On sème eu plein terreau le 20 novembre les deux variétés : blanc hâtif el vert Gladiator, qui me paraît préférable au vert long ùv* ma- raîchers. La graine est levée en quatre jours, alors on donne de l'air peu ou plus, selon le temps, mais autant que possible tous les jours, ne serait-ce qu'une heure. Quand les cotylédons oui acquis tout leur déve- loppement, qu'ils sont verts el étalés horizontalement, on repiquechaque petit plant jusque prés des cotylédons dans un godet enfoncé d'avance dans le terreau de la bâche. On mouille légèrement si le terreau esi trop sec. On prive complètement d'air jusqu'à la reprise. On l'ail monter le thermomètre piqué en lerre à 50-3a" centigrades, cl celui en l'air à 20-2.fi. On ombre un peu s'il fait du soleil. Au bout de trois à quatre jours les concombres sont repris. On redonne de l'air el on ne chauffe plus la terri' qu'à 28°. Vingt-cinq jours à partir de l'époque du semis, chaque lige ou axe primaire est muni de trois feuilles dévelop- pées suffisamment, outre les cotylédons. On supprime la (été au-dessus cl prés de la deuxième feuille. Les yeux placés à l'aisselle de chaque feuille laissée, ne lardent point à pointer. C'est le moment de mettre en place. Une couche à la température de 2;i° devra cire prête. Confection de la couche. A Chaltrait, le fumier ne pourrait suffire à la confection des couches de primeurs variées qui se montent à peu de jours d'intervalle, mais les feuilles de chêne sont communes. Alors on mêle un tiers de fumier di1 cheval Irès-pailleux avec deux tiers de feuilles. Inutile d'expliquer la façon de monter ces couches. Je renvoie ceux qui l'ignoreraient au Traité de culture maraîchère de Moreau et Davcrne (un livre que lous les jardiniers légumistes de la province devraient connaître comme leur Pater). On leur donne de GO à 70 centimètres d'épaisseur étant bien piétinées, en sorle qu'il n'y ait plus que la place pour mettre dans le coffre l(ï centimètres de terreau pas trop énergique, avec un intervalle de 10 centimètres entre la surface du terreau et le verre de châssis. Je préviens les personnes qui n'auraient pas l'habitude d'employer des feuilles, qu'elles niellent trois fois plus de temps à entrer en fermen- tation (pie le fumier pur. Quand une couche est ainsi faite, bonne à étouffer, il faut qu'il s'écoule quinze à vingt jours avant de pouvoir la planter. Si on est longtemps à l'attendre, elle offre ce grand avantage — 88 — de m1 [tas jeter son feu comme celle en fumier seul, cl par conséquent elle produit une chaleur plus régulière, plus soutenue. Il s'agit de la commencera propos, afin qu'elle soit bonne à piauler l — SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Ilhododendrunt ulbuni (dit. hort. BUITENZORG j DE CaNDOI.I.e), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4972). — Syn. Vireya alba (Bldme). Les botanistes et les horticulteurs se permettent dans l'appréciation des couleurs des licences auxquelles le lion public ne comprend rien, et dont il a parfois bien raison de rire; ne vaut-il pas mieux nommer les couleurs par leur véritable teinte comme les choses par leur nom, que d'employer des désignations inexactes sous le prétexte qu'elles ne sont que comparatives entre elles? C'est ainsi que la teinte claire du rouge \it' ou foncé devient du blanc, que certains tons ardoisés ou gris se transforment en bleu aux yeux de ces jardiniers qui révent le Dahlia bleu, la rose bleue, le Camellia bleu; et le public, de se moquer en appelant ces teintes incertaines et fausses, blanc de jardinier, bleu de jardinier, etc. Notre Rhododendrum album n'est pas blanc, ses Heurs sont d'un jaune pâle, et l'auteur en les nommant blanches faisait une allusion comparative entre leurs teintes claires et ces tons chauds, rouges et oranges, qui ornent les corolles des autres espèces javanaises. C'est néanmoins une espèce fort distinguée, et de taille peu élevée, à feuillage ferrugineux en dessous et de floraison facile; c'est un petit arbrisseau probablement peu élevé, fleurissant, ayant moins d'un pied de hauteur; feuilles assez nombreuses, longues de 5 à 4 pouces, oblon- gues lancéolées aiguës, glabres, d'un vert foncé en dessus; chargées en dessous de très-petites écailles ferrugineuses, qui donnent à cette face de la feuille une riche couleur de rouille; pétioles courts écailleux. Corymbes en ombelle, terminaux, plus courts que les feuilles. Pédi- celles longs d'un pouce à un pouce et demi, écailleux. Fleurs petites (pour le genre), à calice peu apparent, à corolle campanulée, couleur de crème ou jaune pale; les cinq lobes presque égaux, arrondis et obtus. Dix étamines dépassant à peine la partie plane de la corolle; lilets légèrement velus à la base et armés parfois d'une ou deux dents en forme d'épine. Ovaire rouge très-écailleux, elliptique, à cinq loges et assis sur un large disque charnu et lobé. L'exemplaire de ce joli Rosage javanais, d'après lequel a été faite la planche du Iiotanical Magazine, a fleuri au mois de novembre der- nier dans l'établissement de MM. Rollisson à Tooting, où il était tenu en serre chaude. L'introduction en est due à M. llenshall, collecteur de la maison Rollisson. M. Blume l'avait trouvé sur le mont Salak. Le Rhododendrum album, par son port et même un peu par son coloris, ressemble au Rhododendrum eitrinum, espèce également javanaise, mais dont les corolles plus tubuleuses. plus jaunes, le calice plus — 106 — ample , les feuilles plus larges et dépourvues d écailles comme tout le reste de la plante, enfin l'androcée consistant seulement en cinq éta- mines ronges, sont autant de caractères différentiels qui séparent ce dernier Rosagede celui à fleurs blanches. Nous rangeons le Bhododendrum album sous la rubrique des plantes deserre tempérée, bien que MM. Rollisson le cultivent actuellement en serre chaude, parce qu'il est probable qu'on pourra le conserver dans une température moyenne de 10 à 14 degrés centigrades. Symphorlrnrpiift mlcroptayllns (Hl'MBOLDT, IÎONP. et Kl'NTIl), figuré dans le But. mag., 4!)75. — Syn. Sympkoricarpus montanus (H., B., K.), Symphoricarpus glaucescens (II., B., K.), Anisanlhus mtcrophylla (Willi). in Roem. et Schult.) — Famille des Caprifoliacées. — Pen- tandrie Monogynie. Tout le monde connaît le joli Symphoricarpus racemosus (Symph. leucocarpus H. Paris) ou Symphoria racemosa, dont les petites fleurs rouges donnent naissance à de grosses baies d'un blanc pur, disposées en grappes et persistant jusqu'aux fortes gelées; charmant arbrisseau originaire du Canada que l'on cultive dans presque tous les jardins. L'espèce à petites feuilles croît sur les hautes montagnes du Mexique et mérite aussi bien que sa devancière d'être cultivée dans nos bosquets; ses baies sont plus petites, il est vrai, mais leur jolie couleur rosée compense amplement ce défaut; ses fleurs sont d'un rose pâle et fort nombreuses. La taille peu élevée et la disposition buissonnante de cette espèce la recommandent particulièrement pour nos petits jardins, car elle est tout à fait rustique et fleurit pendant tout l'été. Le Symphoricarpus microphyllus est un arbrisseau très-bran chu, touffu et irès-feuillé. Les feuilles sont opposées, petites, à pétioles très- courts, généralement ovées-aiguës, glauques en dessous, entières. Fleurs axillaires, solitaires, un peu plus longues que les feuilles, diri- gées vers le bas, de manière à être en partie cachées par le feuillage. Deux bractées, petites, ovées, sont situées à la base de l'ovaire. Limbe calicinal en forme de coupe, à cinq dents. Corolle tubuleuse-infundibu- li forme, teintée de rose; limbe plus ou moins étalé à cinq segments larges et ovés; tube corollaire velu intérieurement. Filets courts, insérés un peu en dessous des sinus des lobes de la corolle. Anthères oblongues à peine exsertes. Style moitié plus court que la corolle, renflé à la base. Stigmate capilé, bilobé, duveteux. Baies globuleuses de la grosseur d'une groseille, rose carné. Culture du Symphoricarpus racemosus , c'est-à-dire à mi-ombre et même entièrement à l'ombre ; planlédans un endroit frais et rocailleux, telle espèce produit. i un fort joli effet. 107 CULTURE MARAÎCHÈRE LES RAVAGES DES CAMPAGNOLS. LES HARICOTS, LES C0LHGES ET LE CIUMBÉ OL CHOU MARIN. Nous écrivons ces lignes à la date du 14 avril, par un tciîips affreux qui rappelle et dépasse même les plus mauvais jours de l'hiver. Ici, le vent d'ouest hurle et fait tremhler les maisons, la terre est littérale- ment couverte de neige, et nous avons heau chercher de l'œil nos jeunes plantes du potager, qui avaient si bonne mine la semaine dernière : plus rien, absolument rien; tout cela est caché sous le manteau d her- mine des poètes. Que le soleil l'emporte, et bien vite ! et puis, Dieu veuille que la lune rousse ne vienne pas renchérir sur celle queue de l'hiver ! Nous avions assez de misère déjà avec les campagnols. En avez-vous là-bas, sous le climat du Brabanl ? Et si vous en avez, comme nous dans le Luxembourg, par centaines et par milliers, que vont de- venir nos pois et nos lèves de marais. Pour notre compte, nous sommes presque découragé. Il y a deux ans, nous ne connaissions encore les campagnols que de vue, et n'avions pas à nous en plaindre; l'année dernière, ils ont commencé à nous donner de la tablature; mainte- nant, ils semblent disposés à l'aire ravage complet. Au fur el à mesure que les pois et les fèves sortent de terre, par le clair de lune ou la nuit noire, peu importe, ils font la \isile des planches, flairent le légume, grattent, coupent les tiges et mangent les graines. Il y a bien un moyen de préserver ces graines de leur voracité, moyen qui consiste à les tenir plongées pendant six ou sept heures dans une forte dissolution d'aloès, et à les saupoudrer ensuite de fleur de soufre avant de les planter, mais les campagnols n'en persistent pas moins à grignoter les jeunes tiges, en sorte que, tout en sauvant le grain, nous ne sommes pas plus avancés après qu'avant. Il y a moyen encore de les empêcher d'arriver directement sur les lignes ou les touffes des légumes, c'est de verser sur ces lignes ou ces touffes un mélange d'eau d'aloès, de suie el de chaux; mais ils parviennent, maigre cela, à les atteindre de loin en loin par des galeries ouvertes sur le coté. Au lieu donc de chercher à les re- buter, on ferait mieux de les détruire. Morte la bête, morte la dent. Oui, sans doute, mais nous avons employé les souricières, les pots en- fouis et à moitié remplis d'eau; rien n'y fait. Nous avons eu recours ensuite à la pâte phosphorée, aux graines de pois trempées dans l'ar- senic el la noix vomique. et éparpillées sur les planches du potager. Ces - 108 — deux moyens in extremis nous onl, il ost vrai, délivré dos visites des campagnols, mais ils ont trop d'inconvénients et ne sauraient èlre re- commandés. Nous en sommes donc à nous demander en ce moment si les petits moulins à vent, que l'on place au jardin, dans certaines loca- lités, en vue de produire un bruit continuel et d'éloigner ainsi les taupes, ne pourraient pas aussi éloigner les campagnols. C'est à voir. Laissons les bêtes de côté, si vous le permettez, et parlons un peu des légumes, dont nous aurons à nous occuper dans le courant de mai. A tout seigneur, tout honneur ! Commençons par les haricots. 11 arrive souvent d'en piauler vers la fin d'avril, même dans I'Ardenne belge, cl de réussir, mais c'est jouer si gros jeu, sans chance de grand profit, qu'il vaut mieux reculer la plantation de quinze jours ou trois semaines. Un refroidissement de l'atmosphère peut surprendre la jeune plante, au moment de la levée, et alors les feuilles jaunissent, souffrent et ont de la peine à se rétablir. Or, encore une fois, ne nous parlez point des légumes qui languissent au début de la végétation, et vivent ceux qui partent résolument et vont à leur fin sans s'arrêter ! Il y a trois manières de planter les haricots. Tantôt on les dispose en touffes serrées, tantôt en touffes ouvertes, tantôt en lignes et graine par graine. La première méthode ne convient qu'aux pays chauds; les liges rapprochées entretiennent la fraîcheur du sol cl favorisent le dé- veloppement du légume; la seconde, qui consiste à ouvrir une fosse circulaire et à placer quelques graines à la circonférence, est très-usitée en Belgique et nous paraît excellente, en ce sens qu'elle maintient un écartemenl convenable entre les tiges, et qu'en fixanl la rame au centre du cercle, on n'ébranle point les racines; la troisième est la meilleure à suivre dans les contrées humides où les sécheresses extrêmes sont rarement à craindre. Le haricot vient pour ainsi dire partout; cependant les terrains secs el légers sont ceux qu'il préfère. Non-seulement, il est sujet à pourrir dans les terrains frais, avant de lever, el surtout quand une pluie sur- vient après la plantation, mais il est encore, plus qu'ailleurs, exposé aux ravages des limaces, dans le cours de sa végétation. La culture de ce légume esl si répandue, et si connue par conséquent, que nous nous garderons bien de l'aborder dans tous ses détails. Nous nous bornerons à dire : « Faites tremper vos graines dans de l'eau tiède, pendant une demi-heure, roulez-les dans de la cendre de bois, laissez-les en- suite se ressuyer convenablement au soleil, plantez presque à fleur de terre, répandez au-dessus de chaque touffe recouverte une bonne poi- gnée de poussier de charbon, el la levée se fera plus vite qu'autrement. Si, après la levée, vous avez à souffrir des ravages des limaces grises, entourez les pieds de haricots d'un mélange de cendres de bois el de suie. Si, après la floraison, vous tenez à hâter le développement des — 109 — gousses, bine/, faiblement, puis revenez à l'emploi du poussier de charbon de bois ou de bouille, autour de chaque loufl'e, et sur une épaisseur d'un travers de doigt. Ne donnez pas de rames très-élevées à ceux de vos haricots qui en exigent; les tiges retomberont, la sève circulera moins vite et les gousses ne s'en développeront que mieux. Enfin, ne craignez pas de ramener vos haricots plusieurs années de suite ;ï la même place; car la seconde et la troisième année, vous ob- tiendrez une récolte plus abondante que la première. Quant au choix des variétés à cultiver, nous maintenons, en pre- mière ligne, parmi celles ;'i rames, le sabre à larges cosses, le haricot princesse Friolet et le haricot (V Alger ou beurre à grains noirs, trois excellents mange-toul qui donnent un produit considérable. Malheureu- sement, le haricot d'Alger n'est pas de vente facile, parce qu'il est moins appétissant sur le plat que sur pied, et qu'étant fort gros et de couleur jaune, on ne l'accepte pas dans les restaurants, sous le nom de petit haricot vert. Le haricot d'Alger que, pour notre compte, nous estimons beaucoup, a cependant un double inconvénient que nous voulons si- gnaler. Ses gousses pourrissent assez souvent par la pointe, et, comme si ce n'était point une variété bien fixe, ces mêmes gousses ont parfois de la tendance à se marbrer de rose. — Parmi les variétés naines, nous recommandons tout particulièrement le Nain de Soissons, que l'on nomme encore gros pied, deux à la touffe et basset. Il est tout à la fois précoce et très-productif. Nous recommandons également, et au même titre, les Suisses gris de Baguolet, ventre de biche et rouge. En Belgique, on consomme le plus ordinairement les haricots en gousses vertes et en grains secs; on n'y fait pas assez de cas, selon nous, des grains verts, désignés en France sous l'appellation élastique de haricots blancs. Pour ce mode de consommation, nous ne connais- sons pas de variété supérieure au flageolet de Laon. Toutefois, sous les climats rudes, tels que celui de l'Ardenne, il n'y a pas lieu d'y songer; nous en sommes réduit au grand haricot d'Espagne à fleurs blanches, qui n'est qu'une variété de celui à fleurs rouges, cultivé dans les par- terres de village. Son grain est gros, farineux, sa\oureux, mais il a la peau épaisse. Que voulez-vous ? Faute de grives, on mange des merles. On pourrait, ee nous semble, en tirer un excellent parti pour la pré- paration des purées. Les meilleurs haricots, pour le grain sec, sont toujours le soissons à rames, le prédome, le blanc commun et le rouge d'Orléans. Si nous mettons le soissons en tète de colonne, c'est uniquement pour nous conformer à l'opinion générale ; si nous ne consultions que notre goût particulier, nous lui ferions un mauvais parti. Il est beau, soit, mais nous le trouvons fade et savonneux. Des haricots , permettez-nous de passer aux courges ou potirons. — 110 — Ce n'est pas un légume très-recherché dans ce pays; cependant il a ses amateurs, et nous l'avons rencontré aux expositions des provinces tic Liège et de Naraur. Nous avons successivement cultivé le potiron jaune de Paris, la citrouille de Touraine, le potiron vert, la courge longue de Barbarie, celle d'Italie, de Naples, de Valparaiso, la moelle végétale des Anglais, legiraunion turban, les pâtissons variés ou arti- chauts de Jérusalem; nous avons cultivé toutes ces espèces et variétés avec un succès qui nous a étonné, à cause du climat; nous avons mangé des unes et des autres, et savons par conséquent à quoi nous en tenir sur chacune d'elles. Les pâtissons sont petits, mais ils ont la chair serrée et tiennent plus qu'ils ne promettent. Nous les plaçons, sans hésiter, hien au-dessus de toutes les Cucurbitacées que nous venons d'énumérer. Ils ont, en outre, l'avantage de ne point courir, comme la plupart des autres. T.e Giraumon turban occupe le second rang, quant à la qualité; du moins, les jardiniers et les connaisseurs émérites le veulent ainsi. Pour notre part, au risque de commettre une hérésie, nous déclarons tout net que nous lui préférons la moelle végétale, la courge d'Italie et la longue de Barbarie. La citrouille de Touraine n'est pas à dédaigner, sans doute; mais ce n'est point ce qu'on peut appeler une courge fine. Celle-ci a surtout le mérite du volume; nous avons pu la pousser jusqu'à 35 kilogr. environ, résultat très-salisfaisant, ce nous semble, pour le pays. Nous ne conseillerons à personne de planter les courges à demeure, même dans de l'excellent terreau, car pour quelques graines qui réussissent, beaucoup pourrissent ou sont exposées à la dent des cam- pagnols et des souris. Il vaut mieux placer quelques doigts de bonne terre sur un tas de fumier, et y planter la semence de courge dans la seconde quinzaine de mai, par un temps tiède. En moins d'une se- maine, pour peu que la température du fumier soit élevée, la semence lève, et au bout de sept à huit jours on peut enlever les plantes, avec ou sans la motte, et les mettre à demeure dans un terrain bien fumé. C'est une opération que l'on doit exécuter dans la soirée, alors que le soleil n'a plus guère de force; puis l'on arrose. Les courges repren- nent avec une facilité extraordinaire; elles reprennent même de bou- ture, et pour ainsi dire aussi bien que des rameaux d'osier. On peut encore faire lever les courges en pots, sur couche tiède et sous châssis ; de cette manière, la germination est encore plus sûre et plus prompte que sur le fumier. Les limaces sont très-avides des jeunes feuilles de courges; vous ne les perdrez donc pas de vue et ne les transplanterez pas trop près des haies, qui sont, avec les murs dégradés, le refuge habituel de ces animaux. Quelquefois, et en Belgique notamment, on cultive des courges au — m — mur; on les fait grimper à un treillage, puis, quand les fruits sont formés, l'on s'arrange de façon à leur donner un support. Celte mé- lliode n'est point la nôtre; nous la réservons aux eourges pèlerines qui n'atteignent pas un gros volume, et se soutiennent très-bien à des tuteurs. Nous laissons ramper les autres espèces et variété. Quand on veut avoir de très-gros fruits, on n'en laisse porter qu'un seul, deux au plus à chaque pied; on rogne, on taille les rameaux, deux nœuds au-dessus de la courge ou des courges réservées, afin de refouler la sève sur elles. Nous procédons ainsi parfois, mais le plus souvent nous ne taillons pas. Lorsque le fruit est formé, nous incisons le dessous du rameau, à deux nœuds de distance du fruit en question, puis nous enterrons la partie incisée dans une petite rigole et la re- couvrons. La partie de rameau prend racine et emprunte au sol assez de sève pour nourrir d'autres fruils. Les courges demandent beaucoup d'eau au pied, beaucoup de cha- leur à la télé, s'il est permis de s'exprimer ainsi. Toutefois, on aura soin de ne pas supprimer les feuilles qui ombragent les fruits, parce qu'une chaleur sèche en durcirait la peau et les empêcherait de grossir. Par cela même que l'on doit arroser souvent les courges, en terrain sec s'entend, il faut leur fournir beaucoup d'engrais, attendu que l'eau lessive et épuise. Eh bien, l'engrais par excellence, pour cette plante, est la colombine du pigeon ou de la poule. On la prendra sèche, on l'écrasera, et tous les quinze jours on en jettera deux ou trois poignées dans l'arrosoir, avec de l'eau mêlée d'urine de vache ou de jus de fumier. Nous laissons porter à chaque pied de courge coureuse quatre ou cinq fruits ordinairement, sept ou huit au plus, quand nous avons affaire à la moelle végétale. Nous supprimons le surplus et les em- ployons pour l'usage de la cuisine, en guise de concombre. Sous chaque fruit conservé, nous plaçons une ardoise ou une pierre plate quel- conque. A l'approche des premières gelées, par un temps sec, nous faisons notre récolte et mettons nos courges sur les étagères de la cuisine. Dans la cave, elles pourriraient; au grenier, elles gèleraient. Dans la cuisine, elles se conservent très-bien jusqu'en avril. A l'heure où nous écrivons ces lignes, il nous reste encore deux ou trois courges en bon état. Nous aurions encore à vous parler du crambé, des endives et du scolyme, mais la place nous manque; ce sera pour le prochain nu- méro. Toutefois, vous nous permettrez quelques mots à la hâte en ce qui concerne le crambé. On ne le cultive guère plus en Belgique qu'en France, et l'on a tort. A qui la faute? Aux livres spéciaux qui s'éver- tuent à créer des difficultés, même dans les opérations les plus sim- ples. La culture du crambé n'est pas plus difficile (pie celle de l'oseille; — 112 — il n'y a donc pas lion de reculer, mais on nous dit qu'il faut de grands cylindres en terre cuile avec couvercle, ou des ruches habilement faites pour étioler les jeunes pousses de ce légume. C'est plus qu'il n'en faut pour rebuter les plus entreprenants. Pour notre part, nous avons employé, ;ï cet effet, les pots et les caisses en bois, et n'avons réussi qu'à faire pourrir une partie de nos plantes. Cette année, vers la fin de mars, alors que les bourgeons commençaient à marquer et par un temps sec, nous avons pris le parti de butter chaque pied avec de la ferre, et nous en trouvons bien. Le moyen est économique, expéditif, à la portée de tout le monde, très-employé même par certains jardi- niers. Recommandons-le, et ceux qui reculaient devant la culture du crambé ou chou marin, ne reculeront plus, et nous réussirons peut- être à faire adopter ce légume qui, bien blanchi à l'eau bouillante et à diverses reprises, puis préparé à la manière des asperges en petits pois, sera tôt ou tard très-recherché. P. Joigne.ux. MISCELLANEES. CULTURE DES APHELEXIS. Les Âpkelexis forment le plus joli groupe des plantes dites immor- telles, tant à cause de la beauté et de la profusion de leurs fleurs que par leur port touffu et ferme. Les quelques espèces qui composent le genre Âpkelexis de Don, sont originaires du Cap de Ronne-Espérance. Plusieurs auteurs les réunissent aux ffelichrysum et aux Heliplerum ; nous indiquerons à la fin de cet article la synonymie des espèces cul- tivées. Ces plantes sont très-eslimées en Angleterre, où on les cultive avec succès; nous espérons que le système assez simple d'éducation que nous présentons ici, d'après un habile cultivateur anglais, engagera nos amateurs à s'occuper sérieusement de ces splendides Immortelles. On choisira pour la multiplication les jeunes pousses sans disposi- tions à fleurir, et dont le bas est déjà ferme; on les retranche du pied mère au moyen d'un canif bien aiguisé, afin que la coupe soit nette, et on enlève les écailles ou feuilles jusqu'à 2 à 5 centimètres de la base. Cette opération se fait vers la fin d'avril ou dans les premiers jours de mai. On insère ces boutures dans des godets, au fond desquels on place plusieurs petits tessons pour assurer un bon drainage; sur ces fessons une couche de terre de bruyère fibreuse, et l'on remplit avec du sable blanc bien humecté. On se trouvera fort bien de mettre le — 113 — godet dans un second pot plus large, de remplir le vide laissé entre k> deux avec du sable, el de recouvrir le tout d'une cloche s'appuyanl à la paroi intérieure du grand pot. Il faudra ombrer lorsque le soleil donnera sur la serre, el avoir le soin, quand on aura arrosé, ce qui «loi t se faire avec beaucoup de précautions, de ne remettre l.i cloche que quand le sable sera sec à la surface. Une couche modérément cliaude snflit pour stimuler l'émission des racines des boutures. On doit, quelques jours après l'insertion des boutures, soulever la clocbe vers le soir, afin de leur donner un peu d'air et prévenir les funestes effets de l'humidité ; on supprimera tout à fait l'emploi des cloches dès que quelques racines auront traversé la couche de lerre, et on rem- potera dans de petits pots lorsqu'elles auront tapissé le fond des go- dets. Les jeunes plantes seront alors placées dans une bâche froide, sous châssis, et y passeront l'été, sans autres soins que de leur donner de l'air et de les garantir des ardeurs du soleil. Si ces diverses opéra- tions vous semblent trop minutieuses, procurez-vous alors de jeunes plantes, trapues et robustes, cultivées dans des petits pots. Rempotez- les immédiatement , en ayant soin de dégager préalablement les ra- cines enchevêtrées ou trop serrées. Le meilleur compost à leur don- ner consiste en trois parties de lerre de bruyère fibreuse, deux parties de sable blanc ou de tout autre sable pur, rude au toucher et angu- leux, el d'une partie de terre argileuse (en très-petite quantité) el de fragments de tessons et de charbon de bois. Les jeunes plantes avan- ceront rapidement dans ce compost, et nécessiteront, lorsque les vases seront remplis de radicelles, des pots plus grands. Deux rempotages suffisent la première année; on pince les pousses, et pour obtenir des plantes buissonnantes, et pour empêcher la floraison, qui sera d'autant plus belle et plus abondante l'année suivante. On retranche, lorsque les plantes ont achevé leur floraison, les longs jets fleuris et on rempote. En hiver, on ne donnera que fort peu d'eau ; le sol ne doit pas ce- pendant devenir tout à l'ait sec. Au printemps, les arrosements devien- dront réguliers, sans être trop abondants. On pourra avoir recours, deux fois par semaine, dès que les plantes commenceront à montrer des boutons à fleur, à de très-légères solutions d'eau de fumier; enfin, de fréquents seringages sur la tête des plantes contribueront beaucoup à leur santé et à leur vigueur. Les Aphelexis exigent, au printemps, une température moyenne de 8 à 10 degrés centigrades, avec, une libre circulation de l'air; les cou- rants d'air froid doivent leur être évités avec soin ; les pots doivent être, â mesure que la chaleur extérieure augmente, garantis des rayons trop ardents du soleil. Au commencement de l'automne, on les placera en plein soleil, dans une bâche ordinaire, que l'on panneautera seulement lors de fortes pluies ou lorsque les nuits seront froides; vers h» mi- Jhi I8."i7. JO — 114 — octobre, on les disposera sur les tablettes de la serre froide, et la tem- pérature pendant l'hiver ne devrait jamais descendre beaucoup plus bas que 8 à 10 degrés centigrades. Les magnifiques capitules tf Aphelexis se conservent pendant plu- sieurs années, si l'on a soin de les préserver de la poussière et de l'hu- midité; associés aux fleurs de Gnaphalium, Helychrysum, à quelques Graminées, telles que Briza maxima, Stipa permuta, et aux capsules rouges séchées du joli Phy salis Alkekengi , ils forment de charmants bouquets d'hiver. La liste suivante comprend les plus beaux Aphelexis cultivés acluel- lemenl : iphelexis humilis, var. grandiflora ou macranlha (Helipterum humile). d'un riche rose violacé: capitules larges de 6 à 8 centimètres. — rosea, variété naine, d'un beau rose. — macrantlia purpurea; la meilleure variété naine, ;'i grandes fleurs vio- lettes. — proliféra, var. Barnesi. Très-belle, fleurs violettes. Barnesi, fleurs d'un rose vif. Variété considérée comme la plus belle el la plus grande. rupestris grandiflora, rose cramoisi. — speciosissima, d'un rose violacé de toute beauté. venusla, variété tout à fait distincte. Fleurs petites, en touffes. On cultive également les : Aphelexis sesamoides Don (Helichrysum sesamoides, Xeranlhemum sesamoides el Heliplerum), à fleurs violettes. — heterophylla Don (Helipterum heterophyllum) , à fleurs blanclies et rouges. — fasciculala Don el ses variétés lutescens, versicolor et rubra, à fleurs couleur de paille, pourpres et blanches el écarlales. filiformis Don (Helichrysum ericoides, Helipterum filiforme), à fleurs rosées. Enfin \' Aphelexis incana Don (Helichrysum incanum, Helipterum incanum),:d fleurs blanches el violettes. Cette espèce est originaire de la serre de Van Diémen. Toutes ces espèces et variélés peuvent s'obtenir chez nos grands hor- ticulteurs, en petites plantes, à des prix fort bas. M. A. Van Geert . de Gand, les cultive avec succès dans des serres froides peu élevées et I rès-aérées. — 115 - MÉTHODE POI II CULTIVER AVEC SUCCÈS LE FRAISIER BLACK-PR1NCE. Celle variété, gagnée il y a quelques années par M. Cuthill, horticul- teur anglais, se recommande parsa précocité, sa fertilité, la longue durée de son produit et la couleur foncée de son fruit (de là sou nom anglais de Prince noir), qui est de grosseur moyenne à chair juteuse, acidulée, d'un goût agréable. Enfin c'est une variété très-utile pour la culture forcée. Mais la culture ordinaire des fraisiers ne suffit pas pour faire produire à cette variété toute spéciale des fruits de bonne qualité; c'est faute d'avoir étudié la manière d'être de ce fraisier, que beaucoup de personnes l'ont rejeté en l'accusant de ne donner que des fruits petits, durs, en un mot sans valeur. M. Nicholson écrit au journal le Gardener's Chronicle, (pie le fraisier Black Prince est une sorte toute particulière qui exige une culture spéciale; plusieurs années de succès dans cette culture l'engagent à rendre sa méthode publique, et les personnes, dit-il, qui suivront ses conseils sont à peu près certaines d'effectuer , la première saison après la plantation, une abondante récolte de belles fraises bien colorées, et dune excellente saveur. Faites bêcher, dit-il, au commencement de juillet une plate-bande comme s'il s'agissait de faire une couche, saupoudrez la surface de quelques poi- gnées de suie et égalisez avec le râteau. Ouvrez ensuite avec la bêche des tranchées peu profondes, dans lesquelles vous planterez les cou- lants, auxquels on aura laissé un talon d'environ un pouce; le jeune plant se lient mieux en terre, grâce à ce support, et les vers ne peuvent facilement l'arracher hors du sol. L'espace entre les tranchées sera d'environ 20 centimètres, et les jeunes plantes seront écartées l'une de l'autre d'environ 10 centimètres; mettez un peu de terreau ou de fumier consommé autour des racines, et remplissez le creux de la tranchée en foulant le sol sans enterrer la couronne de la plante; donnez un bon bassinage. Les rayons solaires étant dans celte saison d'une grande puissance, il faudrait garantir pendant quelques jours le jeune plant de leur action au moyen de branchages, ou mieux en liebant de distance en distance des baguettes fourchues élevées de 50 à 40 centimètres au-dessus du sol ; on croise des lattes sur ces four- ches, el au-dessus on jette des nattes qui abritent parfaitement le plant el n'empêchent pas la circulation de l'air; on arrose quand le besoin s'en fait sentir, et l'on coupe les coulanls aussitôt qu'ils se pré- sentent. Vous aurez de cette manière au mois d'août ou de septembre, une bonne provision de jeunes fraisiers vigoureux el bien développés pour la plantation définitive. Les lignes seront maintenant espacées de '('i à 50 centimètres el exhaussées de o à 8 centimètres au-dessus de la — MO — surface, el chaque pied de fraisier sera planté à une dislance de 30 à ôo centimètres; on donne une bonne mouillure et on paille immédia- tement avec de la litière, opération que l'on renouvelle au printemps suivant. L'auteur ajoute qu'un saupoudrage de suie exécuté en même temps produira un excellent effet. Au printemps, on donne un léger labour, on terrcaule ; les soins ultérieurs se bornent aux binages, sar- clages el aux arrosements. La récolte a lieu de mai jusqu'en juillet. La plantation devra être renouvelée au bout d'un an de rapport ou tout au moins de deux années; le fraisier Black Prince cultivé plus longtemps dégénère et prend le blanc, ce qui a fait dire à bien des personnes qu'il ne valait rien; on sait cependant que beaucoup de fraisiers ne pro- duisent que dos fruits inférieurs après la deuxième année de rapport. M. Nicholson indique pour les petits cultivateurs la rotation suivante dans la culture du potager : après la récolte de pommes de terre bàlives, labourez la pièce de terre et plantez-y les fraisiers comme il a été indiqué plus haut. Au mois de juillet suivant, après la récolte des fraises, bêcbez les planches et remplissez-les de choux, de brocolis ou d'épinards, qui seront consommés vers l'époque de la plantation des pommes de terre hâtives ; celles-ci de nouveau feront place aux frai- siers et ainsi de suite. Deux pièces de terre ainsi cultivées alternative- ment, peuvent produire sur un espace restreint une succession de plantes potagères fort recherchées et donner un beau bénéfice. Un autre cultivateur de fraisiers, M. Brown, écrit au journal le Gar- deners Chronicle, qu'il a été aussi heureux que M. Nicholson d;ins la culture de cette utile variété (le fraisier Black Prince). « Ma serre à pêchers, ajoute-t-il, a 40 pieds de longueur et 8 de largeur, les tuyaux de chaleur sont, adossés au mur de derrière. J'ai fait placer trois tablettes près des vitraux, suspendues aux membrures du toit, pour faire un essai comparatif des fraisiers Black Prince, Keen's Seedliny et Sir Harry. Le M février dernier, je recueillis d'excellents fruits très savoureux sur le Black Prince pesant une demi-once, quelques fraises dépassaient ce poids. Le fraisier Sir Harry, plus tardif, com- mençait à se colorer et présente une fort belle apparence. Le Keen's Seedliny en est au même point, mais donnera une récolte beaucoup plus abondante ; j'estime à cinq pour cent les fruits qui n'ont pas noué. Dans Sir Harry , cette proportion est très-forte : elle s'élève au tiers; enfin dans le Black Prince tous les fruits ont noué. J'infère de ces expériences qu'il n'existe aucun fraisier plus profitable que ce dernier, soit pour la culture forcée, soit pour la culture en plein air. Cette variété devrait figurer dans tout potager. Je ne pense pas non plus qu'il soit absolument nécessaire de lui accorder un traitement différent des autres fraisiers; mais j'ai remarqué qu'elle ne doit pas être cul- tivée pendant plus de deux années à la même place. — 117 — GREFFAGE DES ARBRES A FEUILLES PERSISTANTES SUR LES ARBRES A FEUILLES CADUQI I - En réponse;! une invitation adressée par M. liaumann, président de l'Académie d'horticulture de Gand, aux horticulteurs, de lui faire parvenir des noies relatives aux expériences qu'ils auraient pu faire sur le greffage des arbres à feuilles persistantes, sur des espèces à feuilles caduques, MM. Ballet frères ont adressé à ce sujet, à M. Bau- niann, l'intéressante note que voici : •< Monsieur le président, » Dans le dernier numéro des Annales de l'Académie d'horticulture de Gand, vous demandez quelles sont les expériences dont les résul- tais auraient été satisfaisants dans le greffage des arbusles à feuillage persistant sur ceux à feuilles caduques. » Nous avons l'honneur de vous rendre compte de celles qui nous ont toujours réussi et qui, probablement, ont obtenu les mêmes succès cbez nos confrères : » Le Photinia glabra, vulgairement connu sous le nom de Cratœgus glabra (Alisier glabre), et sa sous-variété, le Photinia serruluta den- lata, vivent parfaitement, greffés sur le coignassier commun, et plus vigoureusement sur le coignassier d'Angers. Nous préférons l'écusson à la greffe en fente, et nous n'employons jamais de trop gros sujets, dans la crainte du décollement de la pousse de la première année. Nous avons ainsi obtenu dans nos pépinières des Cratœgus glabra à haute tige, de 2 mètres de haut, n'ayant que deux ans de greffe. Il est à remarquer (pie cet alisier ne vient pas aussi bien sur épine blanche, comme les autres alisiers. — Il y a quatre ou cinq ans, à la suite d'un désastreux hiver, qui a tué tant d'arbrisseaux toujours verts, les Cratœgus des jardins bourgeois (les fortes touffes qu'on n'avait pu cou- vrir) étaient complètement gelés jusqu'au bourrelet de la greffe, tandis que le tronc du coignassier était resté intact. » UEriobotrya japonica, Bibacier ou Néflier du Japon, réus>it également bien sur coignassier, mais greffe en l'ente ou en placage. Comme le précédent, l'épine blanche convient moins que le coignassier. » Le Cotoneaster buxifolius, greffé en tète sur tige d'Aubépine, forme d'agréables parasols ; les rameaux, légèrement pendants, sont duve- teux, les feuilles luisantes et le fruit couleur corail; tandis que le Coto- neuster microphyllus s'élève en une pyramide élégante, dont les fruits nombreux, rouge poudré, contrastant avec le feuillage sombre, en font un des plus jolis arbustes d'hiver. -- L'un et l'autre se cultivent encore — 118 - francs de pied; le premier pour les terrains en penle, les talus; le second connue arbuste de groupe ou pour orner un appartement. » Depuis longtemps nous multiplions le Laurier-Amande [Prunus laurocerasus), — outre le marcottage en pied, ■- écussonné sur meri- sier commun, à fruits ronges (Cerasus aviwn), cl sur merisier à grappes [Cerasus padus) à haute tige et demi-tige. Par ce moyen le sujet est très-robuste contre le froid dans les terrains ordinaires. » Toutes lesJUahonias peuvent être soudées sur épine-vinette [Berberis vulgaris). Celle du Népal donne des liges assez fortes pour permettre de lui rapporter des greffons de Mahonia à une certaine hauteur. » Le coignassier et l'aubépine sont encore les sujets les plus conve- nables pour recevoir le buisson ardent [Mespilus pyracantha) à fruit écarlate et à fruit blanc-jaunâtre. » Le Cerasus caroliniana vivra plusieurs années sur le merisier à grappes et le Cerasus ilicifolia (cerisier à feuilles de houx) se greffe sur Sainte-Lucie, Mahaieb; et à cause de la finesse de son épidémie, on pourra l'y introduire de la même façon que les rosiers greffés en serre. » Les clématites toujours vertes reprennent sur la clématite ordinaire; la ténuité des rameaux exige quelques précautions dans l'opération. » Il y a bien encore le Malus sempervirens, qui se greffe par écusson comme les autres pommiers, mais son feuillage est très-peu persistant. » La facilité de bouturer, marcotter ou semer les fusains du Japon (Evonymus japonicus), Alaterne (Rhcumius Alalernus), viorne Awa- fuski et de Chine [Viburnum awafuski et Viburnum sinense), troëne du Japon et du Népal (Ligustrum japonicum et népalaise), etc., etc., nous ont empêché d'en essayer la greffe sur fusain d'Europe, nerprun, \iorne, troène, lilas, etc. » Le mariage des greffes précitées s'établit généralement bien, en intro- duisant sous l'écorce des petits rameaux, munis de deux ou trois yeux et taillés en biseau, tel qu'on pratique la greffe de boutons à fruits, surtout depuis qu'on l'a appliquée à regarnir les arbres dénudés, dont I écorce trop vieille s'opposerait à la pose de Técusson. » Tous ces détails vous sont sans doute très-familiers, à vous, mon- sieur le président, qui savez multiplier avec tant de succès les rosages et les autres beaux genres qui enrichissent votre établissement renommé. Notre but a été de répondre à votre appel, et de corroborer des faits qui vous seront signalés par des hommes beaucoup plus expé- rimentés que nous. » Veuillez agréer, monsieur le président, et faire agréer aux mem- bres de l'Académie borticole de la capitale des fleurs, les salutations respectueuses et dévouées de vos obéissants serviteurs, » C. BALTET FRENES, Horticulteurs, faubourg de Groncels, i t. à Troyes. > — 1l!> — Les faits que relatent M.M. Ballet, sont du plus li. ml intérêt pour l'horticulture, et les lecteurs du journal de l'Académie en jugeront aussi probablement comme moi. Maintenant j'appellerai l'attention de ces habiles confrères, ainsi que de tous ceux à qui cela importe, sur la question de savoir jusqu'à quel point réussit l'opération contraire, c'est-à-dire le greffage des arbres à feuilles caduques sur arbres à feuilles persistantes; et je verrais avec plaisir une réponse à ma question, si en effet le Viburnum macrocephalum a réussi en France, comme on l'a dit, sur le Viburnum linus? .1. B. SUR LE PENTAS CARNEA. Le Pentax carnea et sa variété rose sont de charmantes plantes que tout amateur devrait posséder, et que tout horticulteur devrait cultiver en grand, car elles donnent beaucoup de fleurs fort utiles pour la con- fection des bouquets. Nous les voyons fréquemment figurer aux exposi- tions et dans les boutiques des marchands-fleuristes, mais en général ce sont des exemplaires médiocres et ne donnant qu'une faible idée de la beauté que peuvent acquérir ces jolies plantes lorsqu'elles sont con- venablement traitées. Toute plante, quelque peu exigeante qu'elle soit, témoigne presque toujours sa reconnaissance envers celui qui lui ac- cordera certains soins en se présentant plus vigoureuse, plus feuillée, et en se couronnant de fleurs plus grandes, plus colorées et plus aptes à porter des graines. C'est souvent à l'aspect des plantes vulgaires ou de culture facile que l'on peut juger du goùl et de l'aptitude d'un jardi- nier; s'il a en lui le feu sacré il ne dédaignera pas d'accorder son at- tention aux plantes ordinaires, il les fera valoir el paraître sous un jour tout différent de celui sous lequel l'insouciance ou le dédain ont cou- tume de nous les présenter. Les remarques que nous livrons aux ama- teurs sont plus importantes qu'on ne le croit, el se seront souvent pré- sentées à leur esprit; elles pourraient, croyons-nous, recevoir une utile application pour apprécier les qualités d'un employé jardinier. Le sol le plus propre à la culture des Pentas consiste en un mélange par parties égales de terre de bruyère, de terre franche non tamisées mais brisées en petits morceaux, et de fumier de vache bien consomme et passé au tamis; on ajoute quelques fragments de charbon de bois et une certaine quantité de sable pour rendre le tout bien perméable. Le commencement du printemps (avril niai) est la meilleure époque pour le bouturage; les boutures qui devront avoir de 5 à (» centimètres de longueur et être munies d'un talon, seront insérées dans des godets ou pots bien drainés et remplis de terre légère sableuse et ensuite placées — hiO — dans une bonne couche ou bâche chaude en observant les règles ordi- naires de bassinage et d'ombrage. Les boutures seront bien enracinées au bout de quelques semaines et devront être rempotées dans des vases de 5 à 7 centimètres d'ouverture avec le compost indiqué ci-dessus, mais plus sableux, et de nouveau plongées dans la couche et aussi rap- prochées que possible du vitrage. Une température très-élevée n'est pas nécessaire, 15 à 18 degrés centigrades suflisent pour assurer leur bonne venue. On donnera de l'air pendant la journée, on ombrera lé- gèrement et vers le soir on seringuera sur la tète des plantes. Les pousses vont se développer rapidement, et il sera nécessaire de pincer les principaux jets et de rempoter, opérations qui devront se faire presque simultanément dès que les racines ont entièrement tapissé les parois des pots; quatre ou cinq jours d'intervalle entre la (aille et le rempotage seront observés, afin de ne pas provoquer à la fois un temps d'arrêt dans le développement des racines et dans celui des pousses. Les boutures, enracinées de bonne heure au printemps, doivent former, si elles ont été convenablement traitées suivant nos instructions, de belles plantes compactes etbuissonnantesdans des pois de î) à 10 pouces de diamètre; et on peut, si on les juge suffisamment fortes, les laisser porter fleurs, ce que l'on obtient en supprimant le système des pince- ments. Les soins ultérieurs se bornent à aoûter les exemplaires dans une serre froide sèche, et de les arroser très-modérément pendant l'hiver : juste assez pour conserver leur feuillage en bon état; on les transfère au mois de février ou de mars, ou plus tôt si on le désire, dans la serre chaude, après les avoir taillés en forme compacte. Ces plantes, sous l'influence de la chaleur, seront bientôt en végétation active; il faudra alors examiner leurs racines et rempoter au besoin. Les pousses seront fréquemment pincées, et ce jusqu'au moment où, satisfait de la forme et de la force de la tète de l'arbrisseau, on arrêtera les pince- ments pour permettre aux fleurs de se former; six ou sept semaines à partir du dernier pincement suffisent pour amener une abondante et riche floraison. En taillant de nouveau après la floraison, on obtient une seconde et même une troisième floraison avant l'automne. Ces exemplaires auront fait leur temps; il vaudra mieux les mettre au rebut, et les remplacer par de jeunes plantes. s s/// sS/S S/s'/ s" s/ys/s '///s/y/ ///' , .\,,.. 1-21 ADHATODA CYDONLSFOLIA (Nf.f.s von EsenBF.CK). ADHATODA A FEUILLES DE COIGNASSIER. (Planche XI.) La beauté, la facile culture cl l'abondante floraison de celle Acan- thacée, nous oui engagé à en offrir un dessin û nos lecteurs; ils irouveronl une description détaillée des caractères qui la distinguent de ses congénères dans le n° 3 (page ;>2) du présent recueil. GEUM HYBRIDES VARIES. (Planche XII.) Le genre Geum de Linné (Benoîte en français) (■!), appartient à la grande famille naturelle des Rosacées, tribu des Dryadées , et à Tlcosandrie Polygynie de Linné; il se compose d'herbes à feuilles diversement découpées et présente un tube calicinal renflé et terminé en limbe quinquéfide, cinq bractées extérieures et. alternes aux divi- sions du calice, cinq pétales, des étamines nombreuses, des carpelles secs et disposés en tête, un style articulé et appendiculé, ou barbu après la floraison, une semence ascendante et un gynopbore plus ou moins développé. On en connaît un assez grand nombre d'espèces : sept habitent, la France; ce sont : le Geum vrbanum (L.),à fleurs jaunes assez petites; elle porte vulgairement les noms Benoîte commune, Cabote ou Récise ; sa racine séchée est préconisée comme ayant des pro- priétés astringentes ; on l'emploie pour arrêter les crachements de sang ; les feuilles broyées guérissent quelquefois les fièvres intermittentes; — le Geum rivale (L.), à fleurs jaune rosé; ces deux espèces se retrou- venten Belgique; — le Geum Pyrenaicum (Ramond),à fleurs jaunes; — le Geum sylvaticum (Pourr), qui habile les bois près de Narbonne ; — le Geum Thomasianum (Seringe), des Pyrénées; — le Geum reptans, à fleurs jaunes des Alpes, — et le Geum montanvm (L.), à fleurs jaunes, très- grandes; espèce cultivée dans les jardins. — Le Geum eoreineum (I) Geum du grec Geun, agréable au goût. Los racines du Geum vrbanum ont une saveur légèrement aslringente aromatique, rappelant un peu celle des clous de girofle, de là le nom de Caryoplii/llata que lui avaient appliqué les anciens holanistes. Les racines recueillies dans des endroits bien exposés sont plus aroma- tiques que celles croissant dans des lieux humides. On prélpnd que ces racines, jetées fraîches au printemps dans la bière, lui donnent un bon goût el l'empêchent d'aigrir. Jun 1887. Il — m — (Sibth), de l'Orient, et le Geum Chiloense (Balbi), du Chili (espèce plus rare et plus belle que le coccineum avec lequel elle est généralement confondue), sont des plantes recherchées et dignes de figurer dans tous les jardins. Les Geum se plaisent dans un terrain frais, un peu humide ; toute- fois, les Geum coccineum et Chiloen se exigent une exposition chaude. M. Reyckaerls, jardinier- fleuriste à Stalle, près de Bruxelles, cherche depuis plusieurs années à perfectionner les Geum au moyen de la fécondation artificielle; les trois jolies variétés que représente notre planche XII nous semblent assez méritantes pour être recom- mandées aux amateurs de plantes rustiques; on doit aussi stimuler et encourager ces sortes d'essais souvent si longs et si peu fructueux pour l'oblenteur. Voici les notes qui nous ont été communiquées par M. Reyckaerls, sur les variétés de Geum obtenues par lui : N° 1. Geum Reyckaertii est une variété à grandes et belles fleurs de couleur mordorée, ressemblant aux fleurs de la Potentilla Antver- piensis. Elle est issue d'une seconde génération de semis du Geum montanum et donne, comme ce dernier, une grosse racine pivotante. Sa floraison commence en mars et se prolonge jusqu'aux gelées. Celle variété donne fort rarement de bonnes graines et se multiplie diffici- lement, car elle produit peu de jets latéraux. N° 2. Geum Mulleri. — Jolie variété dédiée par M. Reyckaerls à M. Muller, amateur distingué de plantes de pleine terre; elle fleurit presque aussi abondamment que le Geum Reyckaertii, de mars en sep- tembre. Elle est issue, selon l'obtenteur, du Geum Reyckaertii, fécondé par le Geum coccineum. Ses feuilles sont plus longues que celles de la première variété; elle est également pourvue d'une forte racine pivotante; elle a le mérite de fructifier plus facilement. N° 5. Geum Gloire de Stalle (Reyckaerls), variété (rès-florifère, fort distinguée par son superbe coloris d'acajou poli. Panicule portant jusqu'à vingt et trente fleurs a la fois. L'époque de la floraison est limi- tée au mois de juin, en même temps que le Geum coccineum. Celle variété donne souvent à la première floraison des fleurs semi-doubles comme la Potentilla Antverpiensis. Origine non constatée. M. Reyckaerts a coté ces trois variétés à des prix modérés; le même horticulteur possède une importante collection de plantes vivaces de pleine terre et de Yucca. , ièk SS/Yr S/.J S/S — 123 — REVUE DES PLANTES RARES OU NOUVELLES. SERRE CHAUDE. Clrrhopetalum Medusae (LlNDLEY), Gguré dans le Iiot. Mai/., pi. 4977. — Famille des Orchidées. Il csl peu d'Orchidées tropicales, quelque étrange que soit la forme de leurs fleurs, qui présentent un aspect plus original et plus remar- quable que le Clrrhopetalum Medusœ. Ses fleurs, quoique petites, sont très-nombreuses et réunies en un épi court el dense, figurant assez hien, par rallongement extraordinaire des deux sépales latéraux (\v^ fleurs, une tète échevelée ou une de ces curieuses actinies aux longs bras déliés que l'on observe dans nos Aquaria d'eau de mer; le nom à'Orchis à tête de Méduse, appliqué par M. Lindley à cette sin- gulière plante, est heureusement trouvé. Le Clrrhopetalum Medusœ est originaire des environs de Singapore, d'où il a été introduit, depuis plusieurs années, par MM. Loddiges ; il fleurit en hiver. Les pseudobulbes sont ovés, comprimés et subtétragones, d'un brun foncé, munis a la base d'une ou plusieurs larges écailles brunes ; ils s'élèvent d'un rhizome mince et rampant. Feuille solitaire terminale, longue de 25 à 50 centimètres, ligulée, obtuse, charnue et subcoriace. Scape naissant à la base du pseudobulbe, haut de 15 à 20 centimètres, érigé ou incliné, entièrement revêtu de longues bractées membra- neuses, concaves, engainantes et d'un vert pâle ; il est terminé par un épi court, arrondi, niulliflore, formant tète, muni de bractées linéaires- lancéolées acuminées. Fleurs sessiles, petites, blanches ou couleur de crème, légèrement maculées de jaune fauve. Sépales à base assez large, ovée-lancéoléc, diminuant dans le sépale supérieur en une pointe comparativement courte, et, dans les deux sépales latéraux, en filets pendants longs de 10 à 12 centimètres. Pétales petits, à base large, plus longs que le gynostème. Labelle plus court que les pétales , ap- pliqué contre In base de la colonne; celle-ci présente deux pointes éri- gées, subulées, à peu près de la longueur des pétales. Cette Orchidée est encore peu répandue dans les collections. odontosiossum inceps (C. Lem.mre), figuré dans Y Illustration horticole, pi. 128. — Famille des Orchidées. Cette nouvelle espèce est, ainsi que le dit M. C. Lemaire, très-voi- sine des Odontoglossum maculatum (La Llave), et cordatum (Lindley). — m — Elle en diffère suffisamment pour qu'on l'admette comme espèce dis- lincte. Elle s'éloigne de VOdontoglossum mactdatum par son scape dressé, ancipilé, flexueux, pauciflore el non pendant, cylindrique, pluriflore, et par son labelle à peine onguiculé, cucullé et cuspidé ; de VOdtàttoglossum cordatum par sa feuille solitaire, son labelle cuspidé (el non Irés-acuminé) et à bords irrégulièrement dentés-lacérés (et non très-entiers). Elle appartient à la section des Xanthoglossum. C'est une espèce fort jolie, originaire du Mexique, d'où elle a été introduite dans l'établissement Verschaffell, par MM. Tonel frères. Elle doit provenir, croyons-nous, des forèls de chênes des régions tempérées, du Michoacan el des environs de Cuernavaca, el peut èlre même, si nos souvenirs sont exacts, de la Cordillère d'Oaxaca, à 8,000 el !>,000 pieds d'altitude supra-marine. Les pseudo-bulbes o\és, comprimés-ancipilés, supportent une seule feuille lancéolée, oblongue, six fois plus longue que le pseudo-bulbe; la nervure centrale du dessous de la feuille est en carène aiguë; le scape ancipilé, flexueux, érigé, porte de trois à cinq fleurs; il est muni de squames membraneuses, à dos ailé, moitié plus courtes que les pédi- celles, et à base subamplexicaule. Les fleurs sont grandes; leurs trois segments extérieurs (sépales) sont étroitement lancéolés et longuement acumînés, verts en dessous et carénés, d'un beau brun uniforme en dedans, très-finement et horizontalement striés de jaune à la base; les deux segments internes (pétales) plus larges, presque rhomboïdes, sont, ainsi que le labelle, d'un beau jaune, richement maculé de rouge- brun de la base au milieu. Labelle à peine onguiculé, presque sessile, dilaté-cordé à la base, cucullé, cuspidé, à bords dentés lacérés; appen- dice petit, en forme de selle ; au milieu se trouve une ligne élevée, qui se prolonge en avant en deux petites dents divariquées. Gynoslème dé- pourvu d'ailes à peine pubescentes. VOdontoglossum anceps fleurit en février. L'établissement Verschaf- fell en possède un certain nombre d'exemplaires, el les cote à un prix modéré. Hoppieiia *a>geiioide.<* (Lemaire) , figuré dans Y Illustration horticole, pi. 129. — Gesneria egregiu (Hortul.). Vffeppiella Nœgelioides est une fort jolie hybride, née dans réta- blissement de M. A. Verschaffell, de Gand, de graines obtenues par une fécondation artificielle de la Nœgelia (Gesneria) zebrina, à feuilles panachées, fécondée par Vffeppiella atrosanguinea (Regel). De ce ma- riage est résulté une hybride offrant le feuillage de ses parents el les formes florales de Vffeppiella atrosanguinea Ses feuilles sont amples, belles, d'un vert sombre, velouté en dessus, d'un rouge foncé en des- sous; les fleurs, grandes et nombreuses, sont axillaires et terminales — 125 — en particule étalée, cl portées sur de longs pédoncules rouges el velus; le tube esl écarlate ; le limbe, d'un rouge pâle avec un large ocelle carné à l'orifice. Les tiges, les pétioles, les pédoncules et leurs divisions, ainsi que le calice, sont couverts de petits poils glandiilifères comme ceux que l'on remarque sur les sommités de YHvppiella atrosanguinea. Celte jolie hybride se cultive aussi facilement que les Achimènes. Comparera* mlcata (PûEPplG et EndUCHBR), figuré dans le Bot. Mag., pi. 41)80. — Famille des Orchidées. — Comparettia à feuilles en faux. Le genre Compureltia a été fondé sur la présente espèce par MM. Pœppig et Endlicher, et dédié à André Comparetti, savant phy- siologiste et botaniste de Padoue. Ce genre est très-remarquable en ce que ses fleurs offrent deux éperons. Le docteur Lindley fait observer à cet égard que le labelle ou les sépales de beaucoup d'Orchidées pro- duisent un éperon, mais qu'il est fort rare qu'un même organe soit muni de deux éperons. On ne citait que les genres Satyrium el Diplo- centron, comme offrant ce cas particulier. Le labelle, dans les Compa- rettia, est muni de deux éperons, lesquels sont cachés et, enfermés dans un éperon, formé à la suite de la réunion des sépales latéraux. Singulière structure que l'on retrouve parmi les Uenonculacées dans les Aconits. Le Comparettia falcata offre des pseudo-bulbes lisses, oblongs, réu- nis en groupes, plus ou moins recouverts par des squames engainantes. Feuille solitaire terminale lancéolée, à peine arquée en faux, tordue obliquement, aiguë au sommet. Scape latéral long de 10 à 15 centimè- tres, filiforme, rouge, pendant, muni de dislance en dislance de petites écailles brunes, apprimées et un peu engainantes. Ce scape porte un racème de quatre à six fleurs distantes les unes des autres, et d'un ma- gnifique rouge pourpré presque cramoisi. Sépale intermédiaire et pé- tales libres, concaves; les deux sépales latéraux combinés en un seul, lequel est situé sous le labelle et forme un éperon. Labelle libre, large- ment obeordé, présentant une élévation sur l'onglet et muni à sa hase de deux éperons subulés logés dans l'éperon des sépales. Colonne libre. Celte fort jolie Orchidée, d'abord trouvée au Pérou où elle croit sur les arbres, a été ensuite découverte près de Merida en Colombie, par M. .1. Linden qui en fit parvenir des exemplaires vivants en Europe. On la cultivera de préférence sur un bloc de bois suspendu dans la serre. Elle fleurit en décembre. — 126 — Aerldes eyllndrlcum (LlNDLBY), figuré dans le Bot. Bfag., pi. 4982. — Aeridesà feuilles cylindriques. — Famille des Orchidées. La lige de celte Orchidée, longue de 30 à 40 centimètres, esl ronde, flexueuse, probablement pendante, revêtue des bases engainantes, striées et d'un brun violacé des feuilles; celles-ci sont distantes, longues de 10 à 15 centimètres, rondes, subulées et soudainement rétrécies- acuminées vers le sommet comme si la moitié supérieure eût été coupée et enlevée en longueur; un mince sillon court le long de la l'ace supé- rieure de la feuille depuis la base du rétrécissement jusqu'à la gaine. Texture rude et rigide. Fleurs latérales, solitaires, blanches, assez grandes, à sépales obovés-cunéiformes, ondulés, à pétales étalés, sem- blables aux sépales, mais plus amples. Lobe très-curieusement con- formé, blanc immaculé. Ses lobes latéraux sont grands, apparents, dressés à base large, bifides; lobe intermédiaire défléchi, largement obeordé, onguiculé, bipartit; le disque porte à sa base deux laines ou protubérances légèrement velues; le dessous du labelle se prolonge à sa base en un éperon subulé, arrondi, verdàtre vers le haut et rouge au sommet. Colonne courte, non ailée, verdâlre teinté de rose. Cette espèce, encore fort rare, provient des grandes Indes; elle a fleuri pour la première fois en février dernier, dans la serre de M. Parker, à Hornsey. Sans être brillante ni dune floraison riche, c'est cependant une Orchidée digne d'être recommandée. Bégonia Griffithii (\V. Hooker) , figuré dans le Bot. Mag., pi. 4984. — Bégonia picta (Hortul.). — Famille des Bégoniacées. — Moncecie Polyandrie. Ce nouveau Bégonia esl peut-être le plus beau de la série des espèces acaules, dont la plupart sont cependant très-remarquables par un feuil- lage ample et à coloris chatoyant métallique ou velouté. On le suppose originaire du Hootan, de celle terre indienne si fertile en plantes ha- billées de riches couleurs; son apparition dans le monde horticole européen est de date toute récente. MM. Henderson, horticulteurs à Londres, ont propagé cette espèce sous le nom de Bégonia picta, déno- mination qui ne pouvait subsister, parce qu'il existe un autre Bégonia picta décrit par M. Smith, et figuré il y a fort longtemps dans le Bot. Mag. (pi. 2902). Le Bégonia Griffithii est acaule. Les feuilles s'élèvent directement du rhizome souterrain ; elles sont grandes eu égard à la taille de la plante, épaisses, obliquement cordées, brièvement acuminées; le sinus profond de la base à sinus forme deux lobes arrondis se recouvrant; bord sinué crénelé, poilu; les poils sont courts et s'élèvent d'un petit tubercule pellucide, ce qui donne une apparence granulée à la surface; la couleur — 127 — du feuillage est un beau vert admirablement panaché : à quelque dis- tance du bord cilié se trouve une large bande courant parallèlement au bord d'un vert pâle; le bord lui-même est d'un pourpre foncé; le des sous de la feuille est d'un vert pâle, à centre et bord couleur de sang. Pétioles â peu près aussi longs que les feuilles, assez épais, rouges à la base, glanduleusemenl velus; scapes semblables aux pétioles, mais plus longs que ceux-ci. Cyme pauciflore à bractées caduques. Fleurs grandes, blanches intérieurement; les mâles offrent quatre sépales; les femelles cinq Capsule obliquement ovale, presque arrondie, hispide et tant soit peu luberculée, pourvue de deux ailes étroites et d'une grande aile à bord crénelé se projetant de la base. Celte charmante et ornementale espèce exige une certaine somme de chaleur et d'humidité, et d'être tenue à l'ombre; elle est cotée dans les catalogues marchands de 1857 à un prix modéré. Bégonia heraclelfolla ; var. .Vigricans, figuré dans le Bot. May., pi. 4983. — Syn. : Gireoudia keracleifolia, var. punctata (Klotzsch.) — Bégonia punctata (L. et Otto). — Bégonia nigricans (Hort. Berlin). — Bégonia nigrescens (Hortul.). Celte belle variété du Bégonia keracleifolia est originaire des ré- gions tempérées du Mexique, d'où elle a élé introduite vers 18H par l'explorateur, M. Melchior Verheyen, actuellement horticulteur à Bruxelles, et par nous; elle est généralement connue sous le nom de Bégonia nigrescens , quoique nous l'ayons signalée depuis longtemps comme une simple variété du Bégonia keracleifolia de Schlechl et Chamisso. Les feuilles sont vertes, à bords ombrés d'une large teinte d'un vert foncé presque noir; les pétioles, scapes et pédicelles sont rougeàtres ; les bractées, d'un vert pâle; les pétales sont presque blancs; enfin la large aile de la capsule est rose. Cette belle variété, encore peu répandue, fleurit en hiver. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Befarla Mathewsll (FlELDING et GARDNER), figuré dans le Bot. Mag., pi. 41)81. — Syn : Befaria pkillgreœfolia, (Bentham). — Famille des Éricacées. — Déeandrie Monogynie. On doit l'introduction de cette plante à M. Lobb qui la rencontra dans les montagnes du Pérou et en envoya des graines à MM. Veitch dans l'établissement desquels elle vient de fleurir (mars 1857). be Befaria Malhetcsii est un arbuste à rameaux arrondis, très- li- gneux, ferrugineux ou rougeàtres. Feuilles assez abondantes, étalées ou subérigées, de longueur variable (2 à 7 centimètres), courtemenl pé- tiolées, oblongues-ellipliqucs, aiguës, glabres, d'un vert foncé en dessus, — 128 — glauques en dessous e! souvent un peu tomenteuses. Fleurs en racème ou plutôt en corymbe, portées sur des pédoncules terminaux écailleux. Calice court, en forme de coupe, duveteux à la base, présentant cinq a. sept lobes érigés ovés et aigus. Corolle de cinq à sept pétales oblongs- spalulés, d'un jaune de soufl're pâle. Étamines au nombre de dix, rare- ment de douze, beaucoup plus longues que les pétales, courbées vers le haut; filets subulés, velus vers le bas; anthères ovées, à deux loges, souvrant au sommet par deux pores. Ovaire déprimé-globuleux de cinq à sept lobes et de cinq à sept loges. Style allongé, courbé vers le sommet. Stigmate dilaté, à disque petit, quinquélobé. Les Befaria sont de beaux arbrisseaux ayant assez d'analogie avec les Azalées de l'Inde; et qui sont destinés à jouer un rôle important dans l'ornementation des serres froides lorsqu'on en connaîtra mieux la manière de végéter ; on les traite actuellement comme les Azalées de l'Inde. Leur multiplication par le bouturage est assez facile, quoique leur bois soit dur et sec; la voie du couchage serait le moyen le plus certain pour obtenir rapidement de belles multiplications. La Colombie et le Mexique offrent un certain nombre de belles espèces de Bejaria ou Befaria à fleurs coccinées, roses et blanches, dont la beauté et l'élé- gance peuvent rivaliser avec les meilleures Azalées actuellement dans le commerce; quelques-unes de ces espèces ont cependant le grave dé- faut de ne pas bien épanouir leurs corolles à cause d'une espèce de gomme-résine qui suinte des pédicelles et du calice, englue ces différents organes et empêche la corolle de bien étaler ses lobes, et le corymbe ou panicule de se développer librement. Prunus triioba (Lindley), Gardener's Chronicle, 18 avril 1857. Le Prunus triioba est une de ces nombreuses et importantes trou- vailles faites en Chine par M. Fortune et qui ont rendu le nom de cet heureux voyageur familier à tous les amis de Flore. Celle introduction est fort intéressante eu ce qu'elle dolera nos jardins d'un nouvel arbre rustique fort ornemental. Un exemplaire a fleuri récemment dans réta- blissement de M. Glendinning à Chiswick près de Londres; les fleurs semi-doubles, d'un coloris rosé fort délicat, mesuraient environ 5 cen- timètres et demi de diamètre (1 pouce et demi). Les feuilles, poilues, doublement dentées, sont généralement en forme de coin et trilobées, ce qui est fort remarquable dans le genre Prunus. Les rameaux sont légèrement pubescents; le calice à tube campanule glabre présente des dispositions à se colorer en rose et à acquérir la texture des pétales; l'ovaire est velu comme celui du pécher. M. Lindley ne nous dit pas si ce prunier, au mérite d'être ornemental, joint celui non moins grand de produire des fruits de bonne qualité. - 129 — CULTURE MARAÎCHÈRE SCOLYME. — ENDIVES. — PE-TSAI. — NAVETS. Vroici quatre sortes de légumes qui demandent à être semés tardive- ment. Dès que l'on cherche à les sortir de leur saison et à gagner l'avance, ils s'emportent et se mettent à fleur. Vous les contrariez; donc ils souffrent et ont hàlc de se reproduire tant bien que mal. Cette tendance à monter est d'autant plus marquée que le climat est plus dé- favorable à la plante. Ainsi, nous avons toutes les peines du monde à dominer le scolyme, légume des pays chauds. Notre soleil n'est pas le sien, il ne s'acclimate qu'à regret, et quoi que nous fassions, beaucoup de tiges florales se développent la première année. La racine y perd eu délicatesse, sans doute; elle durcit un peu; quelquefois même le cœur devient tout à fait ligneux, mais en fin de compte, et malgré cet incon- vénient, que les livres ont exagéré, nous trouvons la culture du sco- lyme avantageuse. La racine de celte plante est bien autrement grosse et longue que celle de la scorsonère et du salsifis. C'est le volume qui constitue son principal avantage. Sa saveur particulière est agréable; sa chair est un peu pâteuse. Nous semons nos scolymes vers la fin de mai ou dans le courant de juin, sur vieux fumier et terre parfaitement tassée, soit en rigoles, soit à la volée. Sur une terre fraîchement remuée, les racines fourcheraient à l'infini. Au bout d'une quinzaine de jours ou de trois semaines en- viron, la plante lève à la manière des artichauts ou cardons; puis, pour peu que la température soit douce et moite, la végétation marche auc- une grande rapidité. Nous l'activons de notre mieux par des sarclages et (les binages répétés, et, en même temps, nous éclaircissons, de manière à laisser des intervalles de 25 à 50 centimètres entre les pieds. Ce que nous perdons en vides, nous le gagnons en développement de feuilles et de racines. Il ne nous reste plus qu'à surveiller les planches et à supprimer les tiges florales, à mesure qu'elles se montrent. L'année dernière, un cultivateur de nos amis s'imagina de repiquer le scolyme pour l'empêcher de monter. 11 réussit à souhait; les plantes repiquées ne bougèrent point, mais les racines se divisèrent et s'en- chevêtrèrent. Reste à savoir maintenant si la transplantation a eu lieu selon les règles, dans un terrain reposé et ne contenant point de fumier long. C'est un essai à renouveler. On peut arracher les racines de scolyme à l'approche des gelées et les mettre en cave, dans du sable, à litre de provision d'hiver; on peut — 130 — également les laisser en terre jusqu'au printemps. Les jardiniers de- Paris nous disent qu'il est prudent alors de les couvrir de paille ou de Feuilles mortes; ici, sur un des points les plus élevés de la Belgique, nous n'usons pas de cette précaution; les neiges l'ont couverture et valent mieux que la paille et les feuilles. En raison de la longueur de ses racines, on n'arrache pas le scolymc aussi aisément que la scorsonère et le salsifis. Quelle que soit la divi- sion, la légèreté du sol, il est impossible d'atteindre, avec une fourche de fer, à la profondeur voulue; la fourche en question ne sert qu'à dé- chausser et ébranler la plante; il faut, après cela, saisir la racine à deux mains et la tirera soi verticalement, sans secousses. Les extré- mités se rompent presque toujours, mais la perte n'est pas considé- rable. Les racines de 50 à GO centimètres sont communes. On ne rencontre guère le scolymc que dans les potagers d'amateurs ; les jardiniers de profession ne l'ont point encore admis dans leurs cul- tures. Espérons que, tôt ou lard, cette lacune sera comblée. Parlons à présent de la chicorée-endive. Nous avons les endives fri- sées et les endives à larges feuilles ou scaroles. La première catégorie comprend la chicorée de Meaux, celle d'Italie, celle de Rouen et la chi- corée mousse; la seconde comprend les scaroles blondes et vertes. En Belgique, on s'attache surtout aux endives d'Italie. Pour bien réussir, ce légume exige une terre riche en humus et de quelque consistance par cela même. Il est sujet à monter, quand on le sème de bonne heure. Sous le climat des Flandres et du Brabanl, la seconde quinzaine de mai est l'époque la plus favorable pour le semis des endives; sous le climat du Luxembourg, nous devons attendre la seconde quinzaine de juin; toutes les fois que nous nous pressons trop, nous échouons im- manquablement. En Belgique et dans la Flandre française, on fait une consommation prodigieuse d'endives ; aussi la culture de celle plante y est-elle poussée jusqu'à la perfection. Sous ce rapport, le pays wallon ne saurait lutter contre le pays flamand. Il y a donc de nouveaux efforts à tenter pour établir le niveau; tentons-les. Quand vous aurez le terrain convenable, procurez-vous de la graine de deux ans, car celle de l'année donne des plants trop sujets à s'em- porter, semez la en temps voulu, bassinez le semis pour hâter la ger- mination, sarclez et éclaircissez bien la pépinière. Attendez, pour repi- quer, que les plants aient de 8 à 10 centimètres, faites le repiquage par un temps couvert ou le soir quand le soleil n'a plus de force, espacez à 30 centimètres au moins, pressez fortement la terre au collet, puis arrosez avec un mélange de purin, de colombine et même de matière fécale, mélange que vous affaiblirez avec de l'eau. Renouvelez cet airo- sement tous les huit jours; arrosez, en outre, en temps de sécheresse, — 131 — avec de l'eau ordinaire, et vos endives prendront un rapide dévelop- pement. Aussitôt que les feuilles de la base ne grandiront plus et que le cœur de l'endive se remplira, vous songerez à l'étiolement. Le plus souvent, on ne donne pas à cette opération tous les soins qu'elle demande. On se contente de ramasser les feuilles par le dessous, de les retrousser et de les lier par le haut. D'aucuns même poussent la précaution jusqu'à les coiffer avec des feuilles de chou, comme ils font à l'endroit de la laitue romaine ou chicon. C'est aller trop vile en besogne et arrêter le développement des feuilles du cœur. Chaque endive à étioler veut deux liens. Le premier s'applique à la hase et lient les principales feuilles redressées, laissant aux petites feuilles du cœur la facilité de se déve- lopper et de se masser. Dès que l'intérieur esl bien fourni, bien plein, on applique la seconde ligature au sommet de la plante. Au bout de quinze jours à trois semaines, les endives sont blanchies et bonnes à prendre. Si, lorsqu'elles viennent d'être liées, le temps se mettait au sec prolongé, on devrait arroser, mais avec le goulot de l'ar- rosoir, au pied seulement, et en prenant garde de mouiller les feuilles du cœur; autrement, la pourriture ne les épargnerait point. C'est pour éviter celte pourriture, que l'on recommande bien de ne jamais lier les endives en temps de pluie et pendant la rosée. Puisque nous en sommes sur le compte des légumes sujets à s'em- porter, nous devons dire quelques mots du pe-lsaï ou chou chinois, dé- licieuse plante trop peu connue et trop peu répandue. On lui reproche, il est vrai, de monter presque toujours à fleurs la première année, mais il nous semble qu'avec de la vieille graine semée sur couche tiède ou froide et deux repiquages, au lieu d'un seul, on réussirait à empêcher la montée. Admettons, à la rigueur, que ce soit chose impossible. Devrait-on, pour cela, renoncer définitivement à la culture du pe-tsaï ? Ce n'est pas notre avis. On pourrait le semer à demeure et assez dru, vers la fin de juin et au commencement de juillet. On le couperait dès qu'il ferait mine de vouloir monter et on le consommerait à la manière des feuilles de navets. Tant que les boulons ne sont pas ouverts, les feuilles et les tiges du chou chinois sont tendres, et admissibles poul- ies préparations culinaires. Nous l'avons cultivé et le cultiverons en- core, à titre de légume délicat. Nous n'avons pas de choux assurément qui vaillent le pe-tsaï. La culture de celte plante ne présente aucune difficulté. Quiconque a semé et repiqué des choux, sèmera et repiquera le pe-tsaï avec autant de succès que les plus habiles jardiniers. Seulement, nos lecteurs sau- ront que les allises raffolent du légume en question, et ils devront, en conséquence, essayer de les éloigner par les binages, les arrosages ou de meilleurs moyens, s'ils en connaissent. Pour notre compte, nous — 132 — avouons humblement noire impuissance à l'endroit de ces insectes. Chaux, cendres, eaux de savon, rien n'y l'ail. Cette année, les attises sont si nombreuses, iei du moins, que les jeunes semis ni; leur suffisent plus; elles n'épargnent pas même les choux d'automne repiqués et prêts à tourner. Vers la tin de ce mois, nous aurons à semer les navets de table. Pas n'est besoin d'entrer clans les détails de la culture de ce légume; toits vos lecteurs la connaissent; nous nous bornerons à leur signaler les variétés les plus délicates. Parmi les navets tendres, nous recomman- dons aux jardiniers celui des vertus; parmi les demi-durs, nous n'eu connaissons pas qui soit supérieur au noir sucré d'Alsace et qui réus- sisse mieux dans les terres légères de la Belgique; la variété boule d'or n'en approche point. Parmi les navets secs, le petit telteuu ou navet de Merlin est délicieux, mais il n'est pas d'un rapport, satisfaisant; la va- riété de malteau est préférable. Si nous ne préconisons pas le navet de San lieu , l'une de nos meilleures variétés françaises, c'est qu'ici nous avons échoué dans un premier essai de culture, avec de la graine de choix qui nous avait été adressée de Saulieu même par un de nos amis. Nous avons été plus heureux l'année dernière avec le navet d'Orret. C'est une variété lonuue, de la forme et de la couleur de la racine du salsifis blanc, variété très-renommée, et ajuste titre, dans le Châtillon- nais (Côte-d'Or). Elle n'est pas connue dans le commerce; vous ne la découvrirez sur aucun catalogue. Jusqu'ici, les cultivateurs d'Orret ont eu le monopole de sa culture et ont pris entre eux l'engagement de ne point livrer de graines aux personnes étrangères à leur localité. Ce n'est pas sans peine que nous avons pu nous en procurer l'année dernière. En nous en adressant un échantillon, on a eu soin de nous donnera entendre qu'on nous faisait une véritable faveur. Nous profiterons de cette faveur pour répandre le navet d'Orret, cette année même, dans toute la Belgique, certain qu'on nous saura gré de cette introduction et que la variété en question fera son chemin rapide- ment. P. JofGNEAUX. 155 - BIBLIOGRAPHIE. GUIDÉ PRATIQUE DU JARDINIER MULTIPLICATEUR, par M . ("aurikki:. — t vol. in-18 de 270 pages (1). Les végétaux sonl doués de deux grandes facultés, celle de produire des graines, ce qui constitue la fructification ou la reproduction proprement dite, et celle de se diviser ou d'être divisée en plusieurs parties, don! chacune peut vivre isolément, ce qui constitue la multiplication ou la reproduction par division. C'est ainsi que s'exprime Auguste Pyrame de Candolle, d'illustre mémoire, dans sa Physiologie végétale, t. II, p. 4(i.">. La graine multiplie l'espèce. Le bourgeon provenant soit de cou- chages, de boutures ou de greffes, propage l'individu. Il n'y a que ces quatre modes de multiplier les végétaux. M. Carrière consacre une partie de son livre à chacun de cca modes. Il traite d'abord des semis. Dans cette première division, il passe en revue le sol, la stratification, l'époque favorable et l'exécution des semis. — Semis en grand : — tous ceux qui se pratiquent sur une certaine étendue de terrain; semis en petit : — ceux qui se font en pots, ter- rines, sur couches, etc. ~ Les soins à donner aux plantes : — de l'éclaircissage, du repiquage, de rempotage, du pincement. — Appli- cations de ces opérations aux plantes de pleine terre annuelles, bisan- nuelles, vivaces, ligneuses, de serre. — Vient après le traité des cou- chages, avec ses procédés divers. — Puis celui des boutures : 1° Boutures dépourvues de feuilles avec un seul œil, avec talon, avec parties souterraines, avec écailles; 2° Boutures pourvues de feuilles, de feuilles sans rameaux, de ra- meaux herbacés, de rameaux aoûtés, de plantes vivipares. Il passe en- suite aux greffes, qu'il divise en végétaux ligneux et en végétaux her- bacés. Dans le premier groupe, il décrit celles qui se font par rameaux détachés comme la greffe en fente ordinaire, avec rameaux à fruits, en couronne, en placage, etc., et celles qui sonl dépourvues de rameaux (celles en écusson , en flûte, en sifflet). Dans le second groupe, c'est encore la greffe en fente, celle des Dahlias, des Roses trémières, des Clématites. Il complète ce travail par des considérations générales sur les greffes, sur les soins à leur donner, le temps le plus favorable pour les faire, sur le choix des rameaux, des outils nécessaires pour les (t) Prix, franco, H fr. 50 c. Auguste Gom, éditeur, quai des Grands Auguslins, il . ;'i l*.i ris . - Pare*t. Montagne de Sion. 17, à Bruxelles. — 134 — effectuer. Enfin, il termine parties observations sur les mères desti- nées à fournir des boutures, des rameaux pour les couchages, pour les greffes, pour les graines, sur les abris, le mode d'ombrager les serres. Ce sommaire donne déjà une idée favorable de la manière métho- dique de l'auteur. Je vais maintenant pénétrer dans le cœur de l'ou- vrage, et chercher à mettre en lumière les considérations les plus im- porta nies qu'il renferme. ne.** serais. Toutes les fois que l'on pourra entretenir la serre humide, il y aura toujours avantage à placer les graines le plus près possible de la surface du sol. — Page 13. Lorsque la faculté germinalive des graines est affaiblie, lorsque celle-ci sont vieilles, on peut les ranimer en les trempant dans une eau rendue légèrement alcaline au moyen de la chaux. L'opération du chantage, que l'on fait subir au blé avant de le semer, a pour but, dit-on, de le débarrasser des corps étrangers qui peuvent en occuper la surface. Si ce résultat est atteint, celui que nous signalons ne l'est pas moins, et cela sans avoir été remarqué. — Page 15. Epoque favorable au semis. — Pour les piaules annuelles, lors- qu'elles seront assez rustiques pour supporter l'hiver sans souffrir, il y aura toujours avantage à les semer à l'automne. On peut aussi les repiquer sous châssis froid. Quant aux plantes bisannuelles, elles doi- vent être semées vers le commencement de juin. — Page 10. Semis sur terre. — Les graines très-fines, celles des Spirées, Frai- siers, Orchidées, etc., doivent être semées sur le sol et bassinées sou- vent, afin d'être toujours humides; mais il faut en même temps les préserver des atteintes du soleil. L'auteur donne ici un excellent con- seil, qui devrait toujours être appliqué aux semis de Fraisiers, que beaucoup de jardiniers inexpérimentés compromettent faute de soins. Il engage à recouvrir les semis d'une couche de grande paille de seigle. La germination s'effectue bien. On éclaircit peu à peu cette paille, à mesure que le besoin s'en fait sentir, puis on la supprime entièrement. - Pages 41-42. Les chapitres sur les semis de plantes aquatiques et sur les moyens les plus prompts pour faire germer les graines sont pleins d'intérêt. A propos de l'emploi des châssis. — Les couches peuvent donner de bons résultats pendant toule l'année, mais à la condition que les plantes qui les occupent seront à l'air libre l'été et fréquemment bassinées; encore dans beaucoup de circonstances verra-t-on la grise s'en emparer, page 51), et j'ajouterai, surtout quand on replante melons sur melons, haricots sur haricots. Sur la faculté germinalive des graines. — L'absence à peu près — Hu — totale de l'air, surtout l'invariabilité absolve de la température, sem- blent être une cause importante de la conservation dv* graines, el l'au- teur s'appuie de terrains nouvellement mis à nu qui se sont couverts de plantes étrangères au pays. Ce fait qu'il avance ne peut être mis en doute; il est consigné dans plusieurs ouvrages de botanique. Il faut donc admettre la conservation des graines en terre ou leur développe- ment spontané. Hypothèse que M. Carrière repousse tout comme moi. el par une considération Irès-élevée : « Quelque chose ne peut venir de » rien : le néant ne donne pas la vie; lu vie ne naii que dr lu vie. Toute » autre idée est non-seulement ridicule el vide de sens, mais elle est >• en même temps un outrage envers le Créateur. » Page ;i7. Dans une même famille les graines de certains genres lèvent rapide- ment, tandis que celles d'autres genres, quoique très-voisines deman- dent plus de temps : celte différence se rencontre même entre les espèces, el parmi ces dernières, des graines récoltées sur le même individu, soumises aux mêmes milieux lèvent à des intervalles considérables... bes graines lèvent d'autant mieux qu'elles sont plus nouvelles. Une exception remarquable à celle règle, c'est le Linum grandiflorum, dont les graines nouvellement récollées ne lèvent pas. — Pages 38, ;>!). Les pépins de poire offrent celte singularité que, si on les sème sans leur avoir fait, subir de préparai ion, ils ne lèvent ordinairement que la deuxième année, si, au contraire, on les lave bien afin de les débarrasser d'une sorte de mucilage qui les entoure et forme une enveloppe imper- méable à l'air et à l'eau, alors ils lèvent très-bien dès la première année. — Page 01. Du repiquage. — Le mot est bien connu el la chose très-praliquée, à Paris surtout ; mais j'ai vu faire du jardinage en province et je puis as- surer qu'il est encore nombreuses contrées de France où cette pratique importante est complètement ignorée, aussi bien pour les plantes co- mestibles que pour les plantes décoratives. La réussite du repiquage, dit M. Carrière, dépend en grande partie de la quantité de racines dont les plants sont munis, et surtout de l'intervalle plus ou moins long qui se sera écoulé entre le moment de leur arrachage el celui de leur replantation, comme aussi du soin qu'on apporte cà leur enlèvement du sol. On doit éviter que les racines soient exposées au contact de l'air, car les spongioles étant très-tendres el gorgées de liquide, sont très- promplement détruites, et comme ce sont les principaux organes d'ab- sorption, la reprise est d'autant plus assurée que le nombre en est pins grand et la conservation plus parfaite. Il faut éviter de repiquer quand les hâles sonl très-grands, choisir un temps couvert, ne prendre le plant, qu'au fur el à mesure du besoin, — Page (»('». Du pincement. — Demandez à la plupart des jardiniers éloignés d'un certain rayon de Paris, quelles plantes doivent subir le pincement, ils - l.-fi — nous répondront, el ceux qui passent pour les plus habiles* qu'on pince le pécher, le poirier, je doute qu'ils citent l'abricotier, le cerisier, le prunier, le groseillier ; mais appliquer celle opération ;ï des plantes vi- vaces ou annuelles, ;ï de petits arbrisseaux de serre, ils n'en ont pas la moindre idée. Et cependant, c'est a l'aide du pincement que Ions nos fleuristes de Paris préparent ces ravissantes plantes faites au moule, chargées d'une multitude de fleurs et qu'ils exposent quotidiennement sur nos marchés à l'admiration du public. Le pincement demande à Hre fait avec discernement pour obtenir ce résultai. Il ne s'agit, pas de raccourcir un axe trop long, puis un autre une autre fois. Il faut que les axes appartenant ri la même génération soient pinces simultanément, ceux qui se développeront ensuile subiront le même sort. Il en résultera que la plante étant jugée suffisamment branchue, tous les axes florifères ayant le même âge, s'épanouiront au même moment. Telle est l'origine de ces plantes correctes, irréprochables de forme. Il est peu de pro- priétaires chez qui on en rencontre de pareilles. M. Carrière nous dit que cette opération peut s'appliquer au plus grand nombre de végétaux dicotylédones, excepté à ceux qui n'émet- tent pas ou très-difficilement de bourgeons axillaires. Pour les monoco- tylédonés au conlraire le pincement est presque toujours défavorable. Des plantes annuelles. —Tout êlre organisé tend à se reproduire; si vous lui en ôtez les moyens, vous pouvez prolonger sa durée dans une certaine mesure, surtout chez les végétaux. « Le terme de la vie des piaules annuelles paraît être marqué par » leur fructification. On pourra donc, dans quelques cas, prolonger leur » existence en les empêchant de produire des semences... La vie ne se » prolonge qu'à la condilion qu'on empêchera le rameau de fleurir. » — Page G8. Il me semble que parfois on peut prolonger la durée de la plante en la laissant fleurir; mais en ne la laissant pas fructifier, la Julienne de Mahon, que l'on tond après la fleur, nous en offre un exemple. Repiquage des plantes annuelles. — Ce travail se fait lorsque les plantes sont jeunes et lorsqu'elles ne sont pas encore durcies ni étio- lées par leur trop grand rapprochement. Dans aucun cas on ne doit retrancher leurs racines. L'auteur recommande le pincement pour les espèces annuelles dont on veut obtenir plus de rameaux et par suite plus de fleurs, ou rendre naines celles qui sont hautes. — Page 70-75. Pincement, des plantes vivaces. — Il se fait à l'époque où les liges sont déjà développées, mais toujours bien avant qu'elles fleurissent. Si on pince pour changer l'époque de la floraison, on attend plus lard. On applique le pincement avec avanlage aux phlox, aster, chrysan- thèmes. Il est nuisible sur les espèces qui n'émettent point de bourgeons axillaires. — Pages 70-80. - 137 - Les chapitres intéressants se succèdent. <>n trouve ;'■ citer à chaque page. Ceux sur la division des plantes vivaces et svr le repiquage des planta ligneux termineront code première partie (Je mon analyse. Ils ne son! pas les moins importants. Veuillez les méditer. Qui n'a pas en- tendu dire et lu partout qu'on multipliait les piaules dites vivaces par les racines, en les éclatant Ions les l rois ans, depuis l'automne jus- qu'au printemps, quand on réservai I les touffes trop Tories? Cette pra- tique erronée est encore fort en usage. Ah ! il faudra bien du temps- avant que le jardinage rationnel ait pénétré dans nos établissements d'horticulture, ce qui n'empêche pas d'avoir à loul propos le mot de progrès à la bouche. Ce n'est pas le moment du repos des plantes qu'il faut choisir, dit M. Carrière, c'est lorsqu'elles commencent à végéter. En agissant diffé- remment on fait fausse roule et on a un résultai souvent mauvais. Il cite deux espèces très-prinlanières de la famille des crucifères, lArabis alpîna et VAubrietia deltoïdes, d'un effet si gracieux dans les rocailles et en bordures. Si on les sépare aussitôt la floraison passée, quand elles entrent dans leur époque de repos, la plus grande partie péril. Règle générale, le printemps est l'époque la plus avantageuse à la division des piaules vivaces, sauf celles dont la floraison est Irès-printanière. — Pages 80-82. A quelle époque repiquer les plants ligneux à feuilles caduques ? — Si le sol est léger, à l'automne; s'il est argileux et humide, au prin- temps. A quelle époque, les plants ligneux à feuilles persistantes, y compris les conifères? — Au commencement de l'automne, non pas toujours et quand même, mais en prenant pour base la nature des plantes, la con- dition du sol. El. voici la raison physiologique qu'il en donne : la végé- tation des plantes de celte section étant pour ainsi dire continue, en- traîne comme conséquence l'action continuelle de tous leurs organes; car, comme c'est surtout par les feuilles que se fait 1 évaporalion , et que ces dernières sont ici persistantes, il faut nécessairement aussi que les perles occasionnées par celte évaporalion soient constamment répa- rées : c'est par l'absorption des liquides nourriciers que se fait cette réparation. — A l'automne, le temps est encore favorable à la végétation, l'air esl moins sec, le soleil moins brûlant, toutes circonstances avanta- geuses à la reprise. — Pages ii d'Évreux. Celte exposition a eu lieu «lu i au 7 mai, au Jardin des Piaules, dans une ba- raque que nous regrettons rie trouver d'une simplicité trop primitive. M. Hervieu, de Caen , a eu les honneurs rie la fête; ses Azalées, Rhododendrons et Pélargo- niums sont ries plus méritants. M. Gen-atalis l'a suivi rie près, avec une charmante collection de Bruyères et rie Rosiers. Les Azalées rie M. Hue n'étaient pas moins remarquables; mais le voisinage rie ses beaux Camellias leur faisait un peu de tort. Nous avons vu aussi avec intérêt les Calcéolaires rie M. Deshayes et les piaules grasses rie M. Lelellier. Quant aux Pivoines de M. Guérin-Modeste, il suflil de les nommer pour en faire l'éloge. Enfin, M,nP veuve Quélel, rie Caen, avait exposé une riche collection d'Anémones coupées. Les légumes rie primeurs de M. Houdou oui été justement appréciés; ses Me- lons avaient une très-belle apparence. M. Plot a été mentionné honorablement pour ses légumes, ainsi que pour ses fruits conservés. Le jury n'a pas cru devoir accorder rie prix pour les Ignames; celle sévérité nous a surpris. Il y avait là cependant de bien beaux Rhizomes, exposés par MM. Auberl, Piélou et Pépin, notre habile chef des cultures du Jardin des Plantes de Paris. Les Ignames de ce dernier exposant, venues dans une terre du domaine d'Harcourl, à sous-sol dur, avaient Go centimètres de long et pesaient 500 grammes; quelques-unes montraient déjà une tendance à se bifurquer. En fait d'instruments, nous signalerons la tondeuse de M. Ganneron, qui, bien qu'opérant dans des conditions très-peu propices, a mérité une mention hono- rable. Nojus ne doutons pas que cet excellent instrument n'obtienne, dans les prochains concours horticoles , des récompenses plus élevées. Le métier à faire les paillassons, du même exposant, a aussi très-bien fonctionné. A. D. Exposition de Paris. Le Palais rie l'Industrie a ouvert ses portes, le 20 mai, aux nombreux amateurs de l'horticulture. La commission d organisation , présidée par M. Bernard, rie Bennes, a tiré un excellent parti du vaste local qui lui était accordé. Bernions justice à ses membres, el surtout à son infatigable secrétaire, M. Bouillarri. La commission a fait de la grande nef du palais un jardin paysager, composé surtout rie grandes pelouses vertes, entourées et coupées par rie larges allées. Des massifs de fleurs et des arbres isolés s'élèvent de distance en distance, et sont groupés d'une manière très-harmonieuse. Un rocher, disposé au milieu , laisse couler en cascades, l'eau d'une petite rivière qui a reçu des plantes aquatiques; un pont rustique, jeté vers le milieu de son cours, produit un heureux effet. Toul le jarriin est renfermé entre ries plantations d'arbres verts qui forment un cadre bien assorti au tableau. Les Azalées el les Rhododendrons dominent, comme cl habitude, dans celle exposition. Nous retrouvons là les noms bien connus de MM. Berlin, Paille!., Michel, Courtois. M. Linden a exposé de beaux groupes de plantes de serre, Fou- gères herbacées et arborescentes, Araliacées, Broméliacées, etc.; M. Lbomme , quelques Fougères de la belle collection du jardin rie l'École de médecine; M. Cbanlin, qui présente aussi des Fougères en arbre, s'est surtout distingué pour les Palmiers, Cycadées el végétaux analogues; on remarque encore, dans celle dernière calégorie, les lots du prince de Troubelzkoi, rie MM. Luddemann, Ron- gier-Chauvière. Parmi les plantés de serre chaude , il faut enfin noter les Orchi- — ir. — dées de MM. Lurideman , Tliibaul el Kéleleér, les Broméliacées do M. Luddemann el les Caclées de MM. Cliantin el Landry. M. Alphonse Dufoy soutien) su vieille répudiation pour les Pélargoniums el les Verveines. Des lois remarquables de Cinéraires . de Calcéolaires, sonl exposés par MM. Chevalier, Tabarel Duval. Les arbres el arbustes d'ornement de pleine terre nous offrent surtout les Coni- fères de MM. Croux ei Leroy, d'Angers; les Houx el Mahonia de mm. Mathieu el Portemer. On sait avec quels succès MM. Fontaine el Hippolyte Jamain cultivent les Rosiers. MM. Vilmorin, Tollard, Lierval , ont présenté d'intéressantes collections de piaules annuelles ou vivaces, en fleurs. Mentionnons encore les Pivoines de M. Guérin-Modeste, les Quarantaines de M. Chaté, les Péttinies de MM. Dufoy el Ta bar, les Anémones de M",c Tirard. les plantes des colonies françaises, exposées par MM. Aubry-Lecomle , Kelanger et Richard, et surtout les Amaryllis de M. Aimé-Turlure. Nous ne ferons que signaler les beaux produits dis cultures fruitières et ma- raîchères. Les objets d'industrie horticole, relégués dans l'aile du sud, ne sonl pas moins intéressants à voir et nous ont mis à même de constater de notables progrès. En résumé , celle exposition fait honneur à la Société impériale et cen- trale d'horticulture. A. I>. LE PALAIS DES FLEURS. Forcés de quitter leur établissement de la rue des Trois-Couronnes, devenu trop restreint par suite du développement de leurs cultures, MM. Lemichez l'ont transféré dans un vaste jardin de neuf hectares, situé à l'extrémilé de la rue de Villiers, aux Thèmes, non loin du bois de Boulogne et de l'ancien parc de Neuilly. Ce terrain, richement planté, mais d'un goût équivoque, a dû être modifié, en même temps que l'on s'occupait de la construction des serres. Au bout d'un an, le plan de MM. Lemichez était réalisé, et le plus riche établissement d'horticulture que possède la France était définitivement fondé. Voici une esquisse aussi rapide, que possible de celle admirable création; leurs auteurs l'ont appelée à juste litre le Palais des Fleurs, et le monde horlieole français et étranger en a consacré le baptême. Les frères Lemichez étaient des horticulteurs praticiens de première distinction; ils sont devenus des architectes de premier mérite. Ils ont eu le bon esprit de procéder par la règle du crescendo. Ainsi, une. grille modeste, mais de bon goût, entourée de treillages el d'ornementations propres à recevoir des plantes fleuries, donne entrée dans l'établissement, l'ne large allée, flanquée de magnifiques Magnolia el d'arbusles à feuilles persistantes, révèle déjù cependant la distinction des lieux. Ce parcours circulaire, qui n'a d'abord pour point de vue que des groupes de Uhododendrum et de Kalinia, change bienlôt d aspect en arrivant devant l'habilalion principale, vis-à-vis de laquelle d'immenses pelouses mouve- mentées avec art el ;'i perle de vue, offrent le plus ravissant ensemble. La vue se perd d'abord dans la profondeur du tableau ; l'œil est ébloui el provoqué par In multitude des détails. Les fulaies, les vallons, les corbeilles, les massifs, les accidents, tout est calculé avec un art et un goût qui font de ce grand travail un des plus beaux jardins paysagers connus. En continuant la gninde allée de cein- ture, on arrive ;'< une légère et élégante marquise, qui forme le premier vestibule du Palais. — 144 — Ce palais, construction de forme circulaire par les deux bonis, est un du f- d'œuvre de simplicité, d'élégance el de solidité tout à la fois. La nef centrale ou le dôme prolongé s'enfonce el finit au loin, relié à deux autres voûtes en contre- bas, qui vont se réunir et se fondre avec la première au fond de l'édifice, en emprun- tant la forme d'un sanctuaire. Il résulte de celle triple figure aérienne un vaste parcours au centre el deux galeries latérales de la plus parfaite élégance. Quant aux armatures, aux arceaux, ;mx colonnettes, à toutes les pièces inhérentes à celte admirable charpente de fer. tout est léger, gracieux, hardi, solide: et, à quelque poinl qu'on >e trouve placé, rien ne gêne la vue. tout est Iransparenl, connue si les trois nefs en dentelle de fer émaillé de crislal se trouvaient magnifiquement suspendues. Honneur à la maison Lefèvre qui a exécuté ce chef-d'œuvre, el à MM Lemichez qui en ont étudié el i\\é le dessin ! Donnons aussi des éloges aux appareils de chauffage, si habilement disposés parla maison Chevalier. Faut-il aborder maintenant la description des plantations si richement faites dans ce vasle et brillant conservatoire? Ce serait bien intéressant, mais ce serait trop long. Un des membres les plus distingués de la Société impériale d'horticul- ture a dit qu'en entrant on trouvait là un jardin paysager au fond duquel un rocher laissait échapper les eaux qui alimentent une prairie de Lyeopodium. Il aurait pu dire presque un jardin céleste. Les massifs y sont formés des plus riches individus qu'on puisse rencontrer parmi les Camellia, Bhododendrum, Azalea, Kalmia. Mimosa, etc. A traversées massifs, l'œil est délicieusement provoqué par les plus riches végétaux jetés çà el là isolément, avec un art el un goûl à désespérer les plus habiles architectes des jardins. Les Latania, les Cupressus funebris, les Yucca, les Chamœrops, les Dracœna, les Rhopala Corcovadensis. les Phyllocladus, \es Cvninghamia, les Dnmmara australis, les Araucaria Brasiliensis , imbricala excelsa, etc., n'y ont été admis qu'à l'étal de gigantesques exemplaires. Pour donner encore, et toujours d'une manière imparfaite, une légère idée de l'établissement, il faut dire que les frères Lemichez y ont concentré les cultures de lous les genres. Les serres principales jetées à la gauche du jardin d'hiver ont une étendue de 300 mètres environ, sans y comprendre toutes les petites serres dites hollandaises. On y trouve successivement la serre chaude des grands spécimens de plantes exotiques , — la serre d'exposition des Azalées et des Camellias lors de leur floraison, —la serre particulière aux Camellias. — la serre tempérée des Pélargoniums, — la haute serre chaude pour les Orchidées. — la serre chaude à multiplication, — la serre chaude à forcer, — la serre tempérée affectée à diverses spécialités. — la serre froide pour certains genres, — diverses autres serres de conservation. Toutes ces galeries de fer sont reliées entre elles ou à peu près : la visite en est très-facile, les plantes y sont distribuées et classées avec méthode et intelligence; la bonne pratique a passé par là et a tout dirigé. Les bornes d'une simple notice ne permettent point de plus longs détails, el c'est dommage, car on écrirait avec plaisir, et currente calamo, un volume tout entier sur les jardins, les serres et le Palaisdes Fleurs des frères Lemichez. Tout y est splendide el merveilleux, et rien en France n'avait jusqu'ici pu faire espérer une pareille créalinn particulière, car rien de semblable n'existait jusqu'ici, ni sous le rapport de la construction, ni sous celui de la plantation des jardins d hiver. Chéreai , Président honoraire de la Société impériale d'horticulture. \~ote rie l'Éditeur. — Nous apprenons qu'à la suite d'un rapport fait par M. Ché- reau, M. Lemichez aîné a été nommé membre honoraire de l'Institut des arts unis de' Londres 's.jyy y yyy /. / ) r Yyyy / thi V YYYY Y f'Y/Y/YYYYYYYVYYYY. /.,;u/ . ( 'kùxpas J/r.rù/ur. — 145 — GESNERIA (NiEGELIA) CINNÂBARINA (Linden). ( Planche XIII. ) Couronnée de la première palme du concours do la plante nouvelle fleurie, la plus remarquable, proclamée par tous comme le bijou le plus brillant de celle brillante exhibition quinquennale, de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand (mars 1857), la Gesneria cinnabarina que nous nous hasardons à figurer est parée de couleurs tellement vives, chatoyantes et veloutées, qu'elle défie le pinceau le plus habile à reproduire même imparfaitement ce Feuillage de velours vert, marbré de reflets ignés et métalliques, celle inflorescence du vermillon le plus éclatant. Nos prétentions se bornent, devant celte impuissance que nous constatons en toute humilité, à présenter une peinture imparfaite comme coloris , mais au moins fidèle comme esquisse générale du port et du mode d'inflorescence de la Gesneria cinnabarina. La première impression a l'aspect de cette plante vous reporte à la Gesneria zebrina avec laquelle notre nouvelle espèce présente cer- taines relations botaniques, mais dont elle se dislingue amplement par le mode d'inflorescence, la forme et le coloris des fleurs et enfin par le feuillage. Racine tubéreuse écaillcuse comme dans la Gesneria zebrina. Tige forte, dressée, érigée, ronde, rameuse, couverte de même que les feuilles cl les pédi celles de longs poils soyeux rouges. Feuilles amples, opposées, ovées-subaiTondies, un peu cordées à la base, un peu acu- mtnées, à bords crénelés-dentés, réticulées, veinées; nervure et veines proéminentes en dessous, d'un vert foncé velouté en dessus ; veines marquées de carmin ou de pourpre velouté; intervalles marbrés de reflets métalliques; en dessous d'un vert plus pale ombré et lavé de pourpre. Pétioles longs, robustes, rouge pointillé de jaune. Tige florale dressée érigée, feuillee jusque près du racème terminal, ramifiée; branches latérales dressées, opposées, axillaires, portant un long épi de fleurs el formant avec la lige principale, une énorme et splendide pyramide de 2 à 3 pieds de hauteur. Pédicelles assez minces, beaucoup plus courts que dans la Gesneria zebrina, ce qui contribue à la beauté de l'aspect des épis : denses el serrés el non lâches et divergents comme dans la Gesneria zebrina; une petite bractée se trouve à la base des pédicelles. Fleurs grandes, nombreuses, digilaliformes, rapprochées, pendantes, d'un rou;,ve vermillon vif, tigré à la jjorge du tube cor< I- laire de points plus foncés. Calice petit à divisions étroites, lancéolées, vertes. Corolle campanulée allongée (forme des Digitales), un peu Juillet 18:i7. 13 — I4G — ventrue en dessous, glandulcuse-pubescente ; limbe subbilabié; 1rs lobes supérieurs plus courts, arrondis, presque droits; les (rois lobes inférieurs plus grands, ovales arrondis, étalés, très-entiers. La Gesneria cinnabarina est d'introduction toute récente; elle date du mois de juin 1856, époque à laquelle notre excellent ami et émérile voyageur M. A. Ghiesbreght, en rapporta à M. Jules Linden des bul- billes de Chiapas, l'Etal le plus méridional et le moins exploré du Mexique. Quelques mois après, M. Linden avait le plaisir de la voir en fleurs, et de s'assurer que les éloges qu'en avait faits l'heureux introducteur étaient plutôt, en dessous de la vérité qu'exagérés! La floraison commence en novembre et se prolonge jusqu'en avril, c'est-à- dire (pie ses brillantes corolles égayeront la serre chaude pendant les cinq mois les plus tristes de l'année. M. Linden annonce dans son nouveau Catalogue que cette plante sera livrée à partir du 1rr septembre prochain, au prix de 20 francs. h. <;. VARIETES HORTICOLES DE PYRETHRUM ROSEUM. (Planche XIV. ) Les Pyrethrum roscttm et carnenm de Rieberstein ont entre eux de si grandes affinités qu'il est fort difficile de les distinguer l'un de l'autre autrement que par la différence du coloris (1). Ces deux plantes proviennent de la Transcaucasie et sont cultivées depuis longtemps dans nos jardins, comme jolies plantes vivaces, rustiques, vivant dans toute espèce de terre. Plusieurs variétés ont été obtenues depuis quel- ques années, de l'une et de l'autre espèce, sans qu'il ait été constaté s'il y avait eu mariage entre les deux plantes ou si les variétés provenaient plutôt d'une espèce que de l'autre; l'affinité que nous avons signalée nous force à attacher peu d'importance à cette consta- tation. Néanmoins, comme les magnifiques variétés que nous représen- tons dans la planche de celte livraison sont parées de couleurs vives et prononcées, nous croyons devoir les reporter plus convenablement à un type foncé comme le Pyrethrum roseum qu'au Pyrethrum car- neum, dont les fleurs beaucoup plus pâles semblent nous promettre une race à coloris tendres, peut-être blancs. (1) M. M. Bieberslein fait observer que les feuilles du Pyrethrum roseum sont moins découpées que celles du Pyrethrum carneum , à divisions plus étroites, moins profondément laciniées, à dentelures rapprochées et non divergentes, et que les pédoncules, au lieu d'être solitaires, se développent souvent plusieurs à la base du pédoncule principal : particularité que présente la variété à fleurs doubles de M Bedinghaus et qui la rend si ornementale et mulliflore. ; ; - - - ■ :';:-."-- / . . ... — 147 — Les trois variétés que nous figurons nous oui été tout réeemmenl communiquées, par M. II. J. Bedinghaus, horticulteur â Nfimy, près ni chenilles, ni fourmis, etc., sur les feuilles de ces Pyrèthres. » Nous publions avec plaisir cet intéressant fragment de la lettre de M. Bedinghaus ; elle est empreinte, selon nous, d'un cachet de modestie relevée par la conscience d'un travail persévérant; elle peut servir d'exemple à ceux qui s'occupent de semis et à les fortifier contre le découragement. II. G. - r. > REVUE DES PLANTES KAKES OU NOUVELLES SERRE CHAUDE. Gardeula elirlodora (\V. HoOKEK), ligure (Unis le Bot. Mutj., pi. 4987. — Famille des Rubiacées. - Penlandrie Monogynie. Ce joli arbrisseau est originaire de Natal (côte sud-est d'Afrique), d'où il a été importé dans les serres de MM. Rollison, de Tooting, près de Londres ; ses (leurs, petites en comparaison de celles des espèces que nous cultivons, sont blanches, nombreuses et réunies en groupes ou corymbes axillaires; elles exhaleni une délicieuse odeur de fleurs d'Oranger, fleurs dont elles affectent assez bien la forme et l'aspect. Le Gardénia citriodora constitue un éléganl arbuste peu élevé itiO à 80 centimètres de hauteur), toujours vert, à branches érigées-étalées, arrondies ou parfois oblusénient subqiiadraiigulaires. Feuilles oppo- sées, subcoriaces, elliptiques-lancéolées, plutôt aiguës qu'acuminées, étalées, portées sur des pétioles longs de 10 à \2 millimètres. Stipules larges et apparents, s'élevant d'une base large et charnue, étroitement subtiles, érigés, apprîmes, longs de "2 à 5 centimètres. Fleurs délicieuse- ment odorantes, agrégées aux aisselles des feuilles en corymbes alternes pluridores. Pédoncules et pédicelles très-courts. Calice à cinq lobes ovés-lancéolés, ciliés; on remarque trois petites glandes oblongues et sessiies placées intérieurement et un peu au-dessous de chaque sinus du limbe. Corolle bypocratériforme, blanche à tube jaunâtre; limbe à cinq lobes étalés, oblongs-obovés, blanc pointé de rose-carminé. Cinq étamines, petites et insérées près de la bouche de la corolle; anthères linéaires, oblongues, jaunes, saillantes. Style aussi long que le tube de la corolle; stigmate en forme de massue; surface sliginalique bilabiée, glanduleuse- tomenteuse. Si la culture de ce nouveau Gardénia est aussi facile que celle du Gardénia florida, ce que nous ne savons pas encore, il est certain alors que ce sera une précieuse acquisition pour les serres et surtout poul- ies jardiniers-bouque tiers. Bégonia Wagcncrlana (KLOTZSCII), ligure dans le Bot. Uag., pi. 41)88. — Mo&chkowitzia Wageneriana (Klotzsch). Ce Bégonia, natif de Venezuela, atteint un ou deux pieds de hauteur; il est glabre dans toutes ses parties et d'un vert-pâle; son port est peu gracieux. Les liges sont arrondies, succulentes, dressées, d'une consi- stance faible, à branches éparses. Feuilles cordées-ovées, acuminées, — 150 — avec un profond sinus à la hase, subpeltées; bord obscurément lobé et plus ou moins dénié en scie. Pétiole long d'un pouce et demi à deux pouces, légèrement teinté de rouge, de même que les veines du dessous de la feuille, et la face inférieure des jeunes feuilles; pédoncules axil- laires et terminaux, m ulti flores, formant des cymes distincts, et plu- sieurs fois dicholomes, dans chacun desquels dominent soit les fleurs mâles, soit les fleurs femelles. Fleurs mâles a deux sépales, cordés ou réniformes-orbiculaires, blancs, élalés. Fleurs femelles, à cinq sépales, petits, oblongs-spatulés, verts; bractées au nombre de deux oblon- gues, ciliées; capsule lui binée, triangulaire, présentant deux ailes étroites et une troisième fort grande, triquèlre; divisions du stigmate allongées et disposées en spirale. Ce Bégonia fleurit au printemps; sans avoir de grandes prétentions ornementales, il se recommande néamoins par l'abondance de ses fleurs et par ses cymes nettement composés soit de fleurs mâles d'un beau blanc relevé par un gros amas d'étamines dorées, soit de fleurs femelles très-nombreuses, vertes, et comme armées des longs lobes du style, curieusement enroulées en lire-bouchon. uegonia rosacea (Pitzeys), figuré dans la Flore des Serres et Jardins de l'Europe, pi. 1194. Celle gracieuse espèce de Bégonia appartient, dit M. Pulzeys, au même groupe que les Bégonia octopetala (lier.) et rubricaulis (llook.), et sur lesquels M. Ivlolzsch, dans sa révision des Bégoniacées, a établi le genre Huszia. Elle est originaire de la Nouvelle-Grenade, d'où elle a été récemment introduite par M. Triana, dans les serres de M. J. Linden. C'est une espèce acaule, à racine tubéreuse, émettant successivement plusieurs pédoncules de 25 à 50 centimètres de hauteur, d'un rouge vif, pubescenls, se subdivisant une ou deux fois, chaque division por- tant trois fleurs larges d'environ 50 millimètres, et présentant dans leur aspect quelque analogie avec certaines Potentilles. Ces fleurs, en s'épanouissanl , sont d'un blanc de crème; au bout de quelques jours, elles sont maculées de rouge et de vert, surtout sur les bords et extérieu- rement. Les fleurs mâles ont huit sépales; les externes arrondis, denli- culés sur les bords; les internes moitié moins larges, oblongs-cordés; étamiues très-nombreuses à filets libres. Les fleurs femelles n'ont que six sépales disposés et de même forme que ceux des fleurs mâles ; style persistant mulli partit, à divisions tordues en spirale; capsule pubescente, à trois ailes, dont la plus grande est ascendante et deux fois plus longue que les deux autres. Les feuilles, d'un vert foncé, sont brièvement cordées à côtés inégaux, profondément bilobées à la base, subacuminées, sinuées-den- — 151 — lées; nervures de l.i face inférieure velues; pétioles moitié plus longs que la feuille, eanaliculés en dessus, rouges et garnis de poils laineux blancs ou rougeâtres; stipules membraneuses, cordées, extérieurement velues. Le Bégonia rosacea (1), que nous considérons comme une char- mante addition d'un genre justement apprécié, fleurit pendant l'été et l'automne. Cypripedîum hlr«utl«ilmum (LlNDLEï) , figuré dans le liai. Mai/., pi. 4990. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Diandrie. On ne connaît point au juste la pairie de celle nouvelle espèce de Cypripedîum, achetée par un amateur anglais, .M. Parker, de Hornscy, à une veule d'Orchidées de l'Inde; on la croit originaire de Java. C'est peut-être la plus belle espèce du groupe si distingué dc^ Cypripedia acaules ; elle est alliée aux Cypripedîum iiisi<)>i<', villosum, Lowii et barbatum, tout en étant parfaitement distincte de chacune de ces plantes. C'est ainsi que le Cypripedîum insigne est seulement tomen- teux et que ses pétales n'ont pas la forme spatulée, les longs poils et les bords fortement ondulés de notre nouvelle espèce; que le Cypripe- dîum villosum porte des (leurs plus allongées dépourvues d'ondula- lions et de cils aux pétales el que son élaminc stérile est tronquée au lieu d'être carrée ; que les longs pétales plais et nus du Cypripedîum Lowii l'en distinguent au premier coup d'ceil ; enfin le Cypripedîum barbatum présente l'élamine slérile circulaire, des feuilles courtes el maculées el est dépourvu de ces longs poils hérissés qui donnent un aspect tout pariiculier à noire nouveau Cypripedîum. Les feuilles mesurent souvent plus de 50 centimètres de long; elles sont linéaires-oblongues ou ligulées, aiguës ou bifides au sommet, distiches, carénées, canaliculées et équitantes à la base, coslées. mais obscurément striées, d'un vert uniforme et tout à fait glabres. Scape à peu près aussi long que les feuilles, arrondi, vert lavé de violet foncé, velu ou chargé, de même que les bractées, l'ovaire el le revers de la fleur, de longs poils étalés. Bradée largement ovée, engainante, uni- flore. Pédicelle court, à peu près inclus dans la bractée. Sépales ciliés ; le supérieur large, rhomboïdal-cordé, à bords réfléchis, d'un vert pourpré foncé, strié, tout à fait vert au bord; sépales latéraux verts, réunis en un seul, de forme ovée, slrié el plus court que le labelle. Pétales liés-larges, élalés horizontalement, largement spatules, ciliés, à lame violette et onglet vert, macules et pointillés de violet foncé; bords singulièrement lobés-ondulés. Labelle ample, vert foncé lavé de violet, bord cilié. Gynoslème court panaché de blanc et de vert el ma- culé de violet foncé. (1) M. Linden l'annonce dans son Catalogue de 185" au prix de 15 francs. — 152 — Le Cyprîpedium hirsutissimum a fleuri nu mois d'avril dernier. Il nous est revenu que quelques exemplaires de celle magnifique Orchidée ont élé acquis par M. J. Linden de Bruxelles; de telle sorte que M. Parker ne sera bientôt plus le seul à jouir de celte belle piaule. Trichopilia crispa (Lindley), Gardener's Chronicle, 1G mai 1857. — Famille des Orchidées. — (îynandrie Monandrie. Celte fort belle Orchidée a élé dernièrement exposée au salon de la Société d'horticulture de Londres, par M. Rucker; elle provient des collections recueillies dans l'Amérique tropicale par M. Warscewilz. — Son port et son feuillage sont ceux du Trichopilia coccinea (voir notre planche III); mais son pédoncule parait être constamment biflore; le bord du [abolie est irrégulièrement, mais très-foricment crispé, et son coloris d'un rouge de sang foncé rend ses fleurs plus attrayantes que celles du Trichopilia coccinea. M. Lindley ajoute que, malgré le nom qu'il a imposé à celle Orchidée en vue de venir en aide aux ama- teurs, il croit cependant qu'elle ne doit être considérée que comme une simple variété du Trichopilia coccinea, auquel elle se rapporte entiè- rement, sauf par les deux ou trois caractères indiqués ci-dessus. Aerides wigtatianuni (Lindley), Gardener's Chronicle, 23 mai 1857. — Syn. : Aerides testaceum (Lindl.), Gênera and spec. Orch., p. 258. — Vanda parviflora (Lixdl.), Bot. Regist., 1844. — Famille des Orchidées. — Gynandrie Monandrie. Par son aspect celle plante ressemble aux autres Aérides de nos serres, mais ses fleurs sont très-différentes. Elles forment un racème érigé, long de 5 à 6 pouces, situé à l'extrémité d'un pédoncule commun ; elles sont un peu moins grandes que les fleurs du Vanda Roxburghi, émettent une faible odeur de miel; leur coloris est abricot pur, à l'exception du labelle qui est violet au bout, cunéiforme et presque entier, et présente deux lignes élevées courant parallèlement au cenire du labelle. Les feuilles sonl en lanière, bilobées et plus courtes que le racème. C'est une fort jolie espèce native del'Hindoustan et de l'île de Ceylan ; introduite en 1843, dans les serres de MM. Loddiges, elle y fleurit l'année suivante, mais si mal que son identité avec V Aerides Wigh- tianum ne put élre reconnue alors. Un bel exemplaire appartenant à M. C. B. Warner a permis à M. Lindley d'en constater le mérite. I .') ~> SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Eeheverrla canalleulata (\V. IlookKlt), figuré dans le Bot. Mag., pi. 4986. — Famille t\vs Crassulacées. Décandrie Penlagynie. Celle planle est originaire des enviions de Real del .Moule au Mexique, légion montagneuse et froide située au nord de Mexico, et élevée de 8 à l), OUI) pieds au-dessus du niveau de la mer; région alpine où croit un grand nombre de fort belles espèces de Mamillaria, d'Eckino- cactus, différents Pinus, des Chênes, des Pentstemon, des Bouvardia et plusieurs belles Éricacées. C'est une assez jolie espèce fleurissant facilement en longs racèmes portés sur des liges florales d'un pied ou deux de bailleur. Fleurs rouge de brique vif, orange à l'intérieur; assez grandes (un pouce de longueur) et nombreuses. Feuilles disposées en rosette, nombreuses, étalées, longues de 4 à (5 pouces, oblongues ou un peu en lanière, épaisses, charnues, s'amoindrissant vers le sommet en une pointe mince presque filiforme, profondément canaliculées en dessus, glauques et lavées de pourpre. La tige florale est. garnie de feuilles distantes passant graduellement en de petites bractées très- glauques oblongues-obtuses. VEcheverria canaliculata se rapproche beaucoup de VEcheverria Scheerii (LindI.), mais s'en dislingue par les feuilles oblongues et pro- fondément canaliculées de la rosette, largement spalulées dans celle de VEcheverria Scheerii. La floraison a lieu en avril. Les Echeverria se cultivent avec la plus grande facilité; exigent une certaine quantité d'eau pendant leur végétation active, beaucoup de lumière et une terre un peu forte. En été, on les expose en plein air; en hiver, on les conservera presque secs et en serre tempérée sèche. Aqullegla exlmla (PlANCHON, Ilort. Van IIoltte), figuré dans la flore des Serres, pi. 1 188. — Famille des Renonculacées. — Polyandrie Penlagynie. C'est parmi des graines importées de Californie par M. Roursier de la Rivière, et toutes acquises par rétablissement Van Houtte, que s'est trouvé YAquilegia eximia, charmante nouveauté voisine ôe.sÂquilegia Skinnerî et Canadensis, mais qu'elle surpasse et pour les dimensions et pour la grâce du poil, 'foute la planle, à l'exception des Heurs, est visqueuse-duveteuse; les feuilles sont bilernées à segments triparlils ou trilobés, incisés-dentés ; fleurs de couleur orange vif, longuement pêdonciilées, courbées, tout à fait renversées et imitant assez bien, dit M. Planchon, une couronne à dix pointes surmontée de cinq fleurons; ces fleurons seraient les petits renflements sphériques qui terminent chaque cornet el dont la face interne secrète une liqueur miellée ; — 154 — ^épules lancéolés, réfléchis; limbe des pétales Irès-courl, entier; éperon droit un peu plus long que les sépales: styles dépassant les étamines. UAquilegia eximia a fleuri pour la première fois à Gand, en 185G; c'est une plante tout à fait rustique et d'une élégance exquise. laiiucetiiiii elegans (Décaisse), figuré dans la Flore des Serres, pi. H9I. — Famille des Composées. — Sénecionidées. — Syngénésie Polygamie superflue. Quel est le jardin d'amateur où l'on ne rencontrera pas un pied de notre Tanaisie vulgaire, dont le feuillage, d'un beau vert l'once et élé- gamment découpé, et les nombreuses fleurs, d'un jaune d'or éclatant, sont d'un effet si pittoresque, surtout dans la variété à feuilles frisées? Un port touffu, la rusticité, l'aptitude à embellir les rocailles, l'odeur particulière même de cette plante, lui ont assuré depuis longtemps un coin du jardin; sa nouvelle congénère, la Tanaisie élégante, mérite un bon accueil, non parce qu'elle vient de fort loin, de la Californie, d'où ses graines ont été rapportées par 31. Boursier de la Rivière, mais parce que ses tiges, hautes de 50 à 40 centimètres, légèrement angu- leuses, velues et grisâtres, portent de grandes feuilles, auxquelles leurs profondes et fines découpures donnent, une élégance peu commune. Ses feuilles, doublement pennées, sont d'un blanc de neige avant leur entier développement, à lobes épais, dont les bords sont enroulés en dessous et parsemés de petites glandes odoriférantes; les capitules naissent à l'extrémité des rameaux, et forment une sorte de corymbe d'un beau jaune doré. La valeur décorative de cette plante est ici heu- reusement associée au mérite d'être vivace et rustique chez nous; aussi nous ne doutons pas que le Tanacelum eleguns ne trouve facilement son chemin dans tous les jardins. Datnra aibido-flava (C. I.emaire), figuré dans V Illustration horticole, pi. 151. — Famille des Solanacées. — Pentandrie Monogynie. Cette belle plante a été découverte en 1847, dans l'île Sainte-Cathe- rine au Brésil, par 31. F. Devos, collecteur de M. A. Verscbaffell de Gand. Sa première floraison eut lieu en mars 1855. M. Lemaire la regarde comme une espèce inédile, et qui se distingue par un bel et ample feuillage vernissé en dessus, violacé en dessous, de très-grandes fleurs campa ni formes et passant d'un vertd'émeraudeà un jaune verdâtre ou blanchâtre. C'est un arbrisseau vigoureux, bien ramifié, bien feuille, glabre. Ramilles très-courts, épais el d'un violet noirâtre, ainsi que les pétioles. Feuilles disposées surtout au sommet des rameaux, ovales- oblongues brièvement acuminées, très-grandes (longues de 14 à 55 cen- timètres, larges de 10 à F2 , d'un vert sombre vernissé en dessus, plus pâle ou violacé en dessoi^ ; nervures épaisses, arquées, distantes. — 155 — Fleurs terminales, solitaires ou géminées, très-grandes ( I '■> à 16 centi- mètres de long, 12 de diamètre); pédoncule irès-coort. Tube calicinal très-glabre, qninquangulaire-aigu. Corolle épaisse, Irès-glabre, lubulée- pentagone de la base au milieu, puis largement campanulée, multi- coslée, à cinq grandes dénis cuspidées-obtuses, tricostées, élroitemenl et brusquement révolutées dès l'anthèse. Cinq étamines exserles : anthères oblongues, dressées; style grêle, très-glabre; stigmate allongé bilamellé. Le Datura albido-flava peut, dit M. A. Verschaffell, tort bien se contenter de l'abri d'une bonne serre tempérée ; à son défaut, de la serre chaude ordinaire. Pendant la belle saison, il peut rester à l'air libre, en sera plus robuste et n'en fleurira que mieux. Terre forte et riche en humus. IJouturage facile et prompt par section de jeunes rameaux, dont on retranchera, avant de les planter, les feuilles infé- rieures et la moitié des suivantes ; placer sous cloche, avec chaleur modérée. Cette piaule, par le curieux coloris de ses Meurs, contraste fortement avec les blanches corolles du Datura suaveolens (Dalura arborea) ; malheureusement le contraste des odeurs entre ces deux espèces n'est pas aus>i agréable : autant celle du Datura suaveolens est agréable, autant les effluves émanées de V albido-flava sont nauséa- bondes. CULTURE MARAICHERE. PLANTATIONS ET SEMIS D'ARRIERE-SAISON. Nous ne déployons pas pour les cultures de l'arrière-saison la même activité que pour celles du printemps, et fort souvent nous laissons inoccupés des terrains qui, sans s'épuiser, pourraient nous donner des produits avantageux en récoltes dérobées. Jetez un coup d œil, en passant , par-dessus les murs ou les haies de nos potagers et vous verrez que la plupart des carrés ne portent rien d'octobre en mars. Le jardinage, à notre avis, ne devrait point chômer ; aussitôt une récolte enlevée, aussitôt la place envahie par une autre, à la con- dition, bien entendu, de ne point lui marchander l'engrais. Nous savons qu'en exigeant, toujours et sans cesse, nous allons contre les principes, que nous altérons plus ou moins la qualité des produits, mais nous savons aussi, malheureusement, que les vrais connaisseurs sont, rares et que la quantité nous sauve. Ainsi donc, pas de trêve au potager, pas de répit à la terre; aussitôt les cultures de printemps et d'été finies, il faut aviser à faire suer — 156 - encore au sol sa réserve de sève; morl ce légume, vive cet autre! arrière les débris, en avant les nouvelles graines et les nouveaux plants ! En Belgique et en France, nous vivons sur les vieilles pommes de lerre, par exemple, en attendant que la culture forcée jette sur le niarelié les variétés les plus précoces, comme la marjolin , la six- semaines de Lyon, le comice d'Amiens et les yeux bleus. En Angle- terre, on n'attend pas ainsi. A parlir des mois de mars et d'avril, les jardiniers offrent aux consommateurs une contrefaçon de pomme île lerre nouvelle qui a élé beaucoup vantée par les voyageurs, qui ligure sur les meilleures tables, trompe les plus habiles et mérite assu- rément une mention particulière. Nous avons opéré ici à la manière des Anglais et obtenu d'aussi bons résultats qu'eux. Nous allons, en quelques mots, vous donner les détails de celte opération : Arrangez-vous de façon à conserver jusqu'en juillet des tubercules de l'année précédente, et, pour cela, transportez-les dans une chambre fraîche et changez-les de place deux fois par semaine, à parlir du mois d'avril. Vers le 15 juillet, mettez vos plants en lerre à la profondeur ordinaire. A l'approche de l'hiver, quand les fanes seront mortes et que les gelées seront à craindre, vous butterez chaque touffe, afin de la préserver des rigueurs de la saison, et le printemps suivant, vous procéderez à l'arrachage, de bonne heure, avant que la terre ail eu le temps de se l'échauffer et de développer les germes des petits tuber- cules. Vous mettrez ces tubercules de primeur dans une chambre froide et les remuerez toutes les semaines pour les empêcher de fer- menter. Avec ces précautions, vous aurez jusqu'à la venue des pommes déterre nouvelles, un produit de transition qui, certes, n'est pas à dédaigner, produit dont la culture constitue une industrie très-impor- tante chez nos voisins les Anglais. Les pommes de terre, ainsi obtenues avant leur entier développe- ment, ne sont ni dures ni insipides comme celles entièrement déve- loppées qui restent en (erre après l'arrachage et que la bêche soulève après l'hiver, au moment, des labours. Elles sont fines, délicates et d'une saveur pareille à celle ôcs pommes de lerre nouvelles. C'est à s'y méprendre. Par la même méthode, les jardiniers savent se procurer des carottes et des panais qu'ils vendent dès le printemps, à titre de nouveautés, c'est-à-dire à u\i prix fort élevé. A cet effet, ils sèment ces deux légumes dans la première quinzaine d'août cl provoquent une levée rapide à l'aide d'arrosements. Quand vient l'hiver , les petites racines sont formées; il ne reste plus qu'à les proléger avec des feuilles sèches. Souvent même, celle précaution esl inutile; la neige les protège mieux que les feuilles. 137 — l.es ca roi les et les panais, que Ton obtient par cette méthode de < u II lire, ne valenl pas les primeurs de bon aloi, mais valent mieux que les racines de conserve. On peut encore obtenir des carottes et des panais huit ou quinze jours plus lot qu'avec les semis de printemps, en ayant soin de les semer vers la fin d'octobre ou en novembre. Cette méthode est des plus rationnelles et nous la pratiquons avec succès. Il se passe ici ce qui se passe avec le semis naturel. Vous avez dû remarquer que nos porte- graines de carottes, de panais, de persil, de cerfeuil, ele , perdent chaque année une partie de leur semence et que celle semence, épar- pillée sur le sol consolidé, lève très-bien au printemps et en quantité considérable; vous avez dû remarquer en même temps que les semis naturels ont toujours l'avance sur ceux faits à main d'homme. Voilà le maître, voilà la leçon ; au lien de mettre ses graines dans un sac, comme le jardinier, la nature les confie de suite à la terre et maintient mieux que nous leurs facultés germinatives. Imitons-la plus souvent cl plus généralement. Les cultivateurs de jardins savent parfaitement que l'on peul semer les carottes et les panais à la veille de l'hiver, mais ils se comportent à peu près comme s'ils ne le savaient pas et n'usent du procédé que par exception. Ils ont lorl, puisque le succès est certain et que par ce moyen les racines fourchent moins que celles de printemps. En voici la raison : — Toutes les fois que vous avez affaire à un terrain fraîche- ment remué el fumé avec du fumier frais, — ce qui arrive sans cesse avec les cultures de printemps, — les racines fourchent; toutes les lois, au contraire, que la terre a eu le temps de se rasseoir et le fumier de pourrir, les racines offrent de belles formes. Or, il est clair qu'une terre préparée en octobre ou novembre présente ces conditions au prin- temps, surtout si l'on a eu soin d'y enterrer de l'engrais parfaitement décomposé et de la piétiner avant el après le semis. C'est d'ailleurs ce qui doil être exécuté. Il va sans dire que celte opération préparatoire ne dispense pas le cultivateur de consolider de nouveau, à la sortie de l'hiver, les planches ensemencées, afin de combattre les efl'eis de la gelée qui soulève toujours le sol plus ou moins et de combler les con- duits des taupes et des campagnols. En prenant ces précautions, il y a un avantage incontestable à semer dès l'automne, en pleine terre, les racines dont il vient d'être parlé. Nous voudrions encore que l'on semât, au mois d'août, des salsifis et des scorsonères, sans préjudice des semis de mars et d'avril. On va nous répondre que ces racines n'entrent dans la consommation qu'à la sortie de l'hiver, qu'elles arrivent à point à l'époque du carême, alors (pie la plupart des provisions sont épuisées et qu'il n'est pas nécessaire d'en produire au marché avanl ou après celle époque. Nous ne sau- - 158 — rions, pour notre part, nous contenter de celte raison; en fait de cul- ture potagère, nous ne sommes ni ne devons être l'esclave des dates fixes. Quand un légume nous plaît, nous le désirons et le recherchons sans consulter d'abord le calendrier. Vous nous apportez des salsifis et des scorsonères pendant le carême; soit, soyez le bienvenu; mais y aurait-il de l'inconvénient à nous eu apporter en plein été? Nous ne le pen- sons pas. Ceux qui aifectionnent ces racines à la sortie de l'hiver n'en feraient point lî, sans doute, au mois de juillet ou d'août. On va nous dire qu'alors le potager est chargé de produits, que les amateurs ont le choix dans le nombre. — El puis après, qu'est-ce que cela prouve? De quel droit nous impose-t-on certaines espèces plutôt que d'autres. Pouvez-vous, oui ou non, livrer au marché, durant l'été, des racines de scorsonère et de salsifis? Vous le pouvez en semant dès le mois d'août; donc vous le devez. Ces deux plantes sont robustes; elles sont déjà fortes quand vient l'hiver et ne sont point en peine de lui résister, même sous le climat de l'Ardenne. Les jardiniers ne l'ignorent pas plus que nous, mais ils ont leur routine et il leur en coûte d'en démordre. Ils veulent à toute force imposer leurs lois aux consommateurs, quand, en bonne lactique, ils devraient se conformer de tous points aux désirs de ces derniers. Nous rappelons à ceux de nos lecteurs qui ne sont point jardiniers de profession, qu'il est de leur intérêt de faire des semis de choux vers le milieu du mois d'août, sur couche froide ou sur bon terreau. Ils sèmeront le savoyard hâtif, le cabbage, le gros chou-pain, le cabus d'Allemagne, le chou rouge de Frise et même le chou-fleur d'Angleterre ou de Bruxelles. Ils les repiqueront, en pépinière, vers la fin de sep- tembre ou au commencement d'octobre, les ombrageront d'une manière quelconque à la sortie de l'hiver, afin de prévenir les fâcheux effets du soleil après les gelées de la nuit, et les transplanteront à demeure dès la fin de février ou dans les premiers jours de mars. C'est le seul moyen d'obtenir de très-beaux produits et de les obtenir de bonne heure. Avec nos plants de couche de printemps, plants frêles et délicats, nous avons à souffrir horriblement des ravages des altises et ne pouvons compter sur rien. Celle année, nous en savons quelque chose, puisque nous avons dû renouveler quatre fois nos plants de choux et que nous ne désespérons pas de les renouveler une cinquième fois. Où en serions- nous sans nos choux semés au mois d'août de l'année dernière ? Les livres nous disent que les choux-fleurs passent difficilement l'hiver; ne les croyons pas sur parole; semons-les, comme les autres, repiquons-les de même, mettons-les à demeure en pleine terre, en février ou mars, si le temps le permet, et ils pommeront en juin. Si nous disposons de coffres mobiles à châssis vitrés, abritons-les et ils nommeront en mai. — 159 — Nous rappelons enfin à nos lecteurs qu'ils doivent se munir de graines d'oignons blancs, les semer vers le 4 S août, les repiquer A demeure en novembre, ou ne les semer qu'à la (in d'août pour les repi- quer au printemps de l'année suivante. P. Joigneaux. BIBLIOGRAPHIE. GUIDE PRATIQUE DU JARDINIER MULTIPLICATEUR, par M. Carrière. — \ vol. in-18 de -270 pages. ( Suite. - Voir le numéro de juin, p. 133.) DES COUCHAGES. Il est avantageux de donner aux rameaux à multiplier, lorsqu'ils sont couchés, une position à peu près horizontale. On ne doit pas les laisser dans une position verticale, comme plusieurs écrivains l'ont conseillé. En effet, dans celle dernière position, la sève n'éprouvant dans sa marche aucun obstacle, se porte vers l'extrémité des rameaux, et les racines ne se développent que très-difficilement; cette remarque vaut la peine qu'on en fasse son profit. — Page 107. Le déchaussage externe ou en botte, qui consiste à amonceler la terre autour de la mère, employé presque exclusivement pour multiplier les cognassiers, pourrait l'être pour un grand nombre de plantes qui émettent beaucoup de drageons. Le déchaussage interne ou creux, qui consiste au contraire à creuser le sol dans lequel se trouvent les plantes mères, et qui n'est guère em- ployé que pour obtenir des plants de rosier des quatre saisons, pour- rait, comme le premier procédé, être appliqué à d'autres végétaux. — Page 110-111. DES BOUTURES. Et d'abord, voyons la théorie que l'auteur nous donne des boutures. Toutes les parties des végétaux jeunes et viables contiennent tous les éléments d'une plante entière, et sont susceptibles, étant placées dans des milieux convenables, de faire des plantes pareilles à celles dont elles sont détachées. Dans chaque portion du végétal il y a une vie la- tente et dont nous pouvons exciter le développement. Quelles sont les conditions nécessaires à la reprise des boutures? Tout végétal absorbe et évapore. La vie ne peut donc persister qu'autant que ces fonctions sont dans un certain rapport. Dans les boutures, l'absorption se fait, mais avec moins d'énergie; et seulement par la capillarité et selon les lois de l'endosmose. Si une bouture donc ne recevait pas constamment — 100 — une certaine somme d'humidité, si l'absorption était moindre que l'é- vaporation, elle périrait. De là l'emploi des cloches pour atténuer les effels de Pévaporation esl d'autant plus nécessaire que les parties bou- turées sont plus herbacées, plus aqueuses. Nous considérons comme principe rigoureux, démontré au point de vue pratique, qu'il est indis- pensable, pour la nidification des boutures, que l'absorption soil plus considérable que Pévaporation. C'est ce qui se passe sous les clocbes. — Page 115-1 19. — On ne peut mieux raisonner, plus clairement, plus à la portée de chacun, et cela en faisant marcher parallèlement la théorie et la pratique s'éclairant l'une l'autre. M. Carrière considère comme identiques au point de vue de la mul- tiplication, toutes les parties souterraines des végétaux auxquelles les botanistes ont imposé des noms divers, qu'ils ont jugé être tantôt des racines, tantôt des rhizomes; il entre à ce sujet dans une discussion qu'il eût peut être mieux fait de laisser aux savants spéciaux. Quant à moi, j'ai une opinion faite, mais ce n'est pas le moment de l'émettre. - Il n'y a pas de famille, dit-il, et pour ainsi dire, de genres qui ne ren- ferment des espèces qui ne se prêtent à la multiplication, à l'aide des parties souterraines. Dans certaines familles toutes les espèces possè- dent celte propriété. Boutures avec écailles. — Employées pour multiplier les plantes dites bulbeuses, exemple : les lis. Elles doivent être placées dans le même sens que celui qu'elles occupaient lorsqu'elles étaient adhérentes au bulbe. Elles doivent être enterrées pour que leur moitié inférieure au moins soit cachée. Boutures de feuilles et fragments de feuilles. — Mode exceptionnel, on n'en fait guère usage que pour les plantes de serre chaude ; c'est dans la famille des Gesnériacées que les feuilles émettent particulière- ment des bourgeons. Soin eut une partie du limbe suffit. M. Carrière enregistre ici un fait physiologique très-curieux. Dans les boutures de feuilles, les racines se montrent d'abord, puis les bourgeons; mais ces derniers ne sortent pas immédiatement de la feuille, comme on pour- rail le croire; celle-ci peut être considérée comme leur aïeule, comme une mère nourrice qui donne naissance aux racines et les alimente; puis celles-ci à leur lour produisent des bourgeons. Aussi, en raison de ce double phénomène, cette transformation devient impossible dans un grand nombre de plantes. Chez le Hoya carnosa, il n'y a jamais d'autre production aérienne que la feuille-mère. Les racines peuvent garnir des vases très-grands, sans jamais produire un seul bourgeon. — Pages 147- 150. Il arrive parfois que les feuilles s'enracinent, sans pour cela pro- duire de bouigeons à leur base, et que ceux-ci apparaissent tout à coup sur la partie supérieure de la feuille, exemple : le Bégonia. Le pétiole — 161 — s'enracine et les bourgeons font éruption le long des grosses nervures, à l'angle qu'elles forment à leur insertion sur la nervure médiane. Ce sont ces gemmes, ou plantes composées de toute pièce, qu'on détache et qu'on fait enraciner comme s'il s'agissait de rameaux. — Page 152. Boutures avec rameaux herbacés. — L'auteur recommande le bou- turage des Pelargonium innuinuns et zonale en plein air et même au soleil. Ceci me rappelle que j'ai vu employer ce moyen chez M. I,e- michez, à Neuilly, au mois d'août 18;J0. Une plate-bande en plein carré en contenait plusieurs milliers. J'ai encore sa phrase dans la tête : Vous voyez, on simplifie toujours cette méthode si excellente. Je n'en perds pour ainsi dire pas. Sur le rempotage des boutures. — On trouve comme ailleurs d'excel- lents conseils. Il vaut mieux faire deux et même trois rempotages qu'un seul dans de trop grands vases, les plantes se porteront toujours mieux. Des arrosements. — Opération des plus importantes et cependant à laquelle on apporte en général le moins de soins. Ce sont les moins exercés auxquels on confie ce travail. Il faut avoir égard à la nature des plantes, si elles sont vigoureuses ou non, en repos ou en végéta- tion, couvertes de feuilles ou en portant à peine. Plusieurs substances mêlées à l'eau sont très-favorables à la végétation, telles que le guano, la poudrette, la colombine, le purin, la colle-forte; mais on ne doit faire usage de tous ces ingrédients qu'avec une très-grande réserve et tou- jours en commençant avec des proportions minimes. — Pages 164-165. M. Carrière donne le nom de bouturage-écusson à un nouveau mode qui paraîtrait avoir été découvert par M. Vilmorin et qui lui a réussi pour toutes les espèces qu'il y a soumises. C'est en effet un écusson qui sert de bouture, mais un écusson bordé, c'est-à-dire détaché avec une partie du bois qui adhère à son écorce. La feuille qui accompagne l'œil doit être conservée dans son entier si elle est petite, le limbe sera tronqué si elle est considérable. La plantation se fait dans de la terre de bruyère ou du sable. On enterre l'œil et la base du pétiole. On place ces boutures sous cloche. — Page 166. DE LA GREFFE. M. Carrière rappelle ici ce qui a été enseigné par tous les physiolo- gistes, que la soudure ne peut avoir lieu qu'entre des végétaux ayant une certaine analogie, et il rend hommage aux travaux des botanistes, en reconnaissant l'influence qu'ils exercent sur les opérations de la pratique. Cet éloge de la science dans la bouche d'un homme instruit, sans doute, mais horticulteur praticien avant tout, lui fait un honneur infini; aussi, pour l'édification de ses confrères qui pourraient encore l'aire fi de la science, dois-je citer textuellement ce passage si bien senti : « La botanique, cette science que la plupart des jardiniers trai- JtlLLET is:i7. u - 162 — » lenl avec mépris, csl pourtant celle qui leur sert de guide dans la » greffe, parce que c'est elle qui a établi certains groupes plus ou moins « naturels, il est vrai, en rapprochant l'une de l'autre les plantes dont « les caractères organiques sont ;ï peu près semblables Pour nous, » nous regardons celte science comme l'une des plus belles et des plus » précieuses pour l'horticulture.... Honneur aux Tournefort, aux » Linné, aux Jussieu, qui ont découvert, par une patiente élude de la » nature, ces lois dont la connaissance devait plus tard rendre de si » importants services! » Qu'il me soit permis de me citer à ce propos. A vingt ans j'habitais une campagne dans le centre de la France, sans conseils, sans points de comparaison, et où la culture est encore aujourd'hui très -arriérée. Ce qui détermina ma vocation pour le jardinage, ce ne fut pas le Bon Jar- dinier, ni aucun livre pratique, mais des ouvrages de botanique, ce furent VOrganographie et la Physiologie végétale de de Gandolle. Croire qu'on peut se passer de théorie est l'utopie d'un ignorant. La réussite des greffes sera d'autant plus certaine qu'on aura da- vantage tenu compte de la place qu'occupent relativement, dans hmé- thode naturelle, les deux végétaux qui concourent à l'opération. Toutes les greffes qui se font sur des genres différents portent le nom de greffes digênères; exemples : le poirier sur le coignassier, le chio- nanthe sur le frêne. On pourra greffer avec succès des arbres à feuilles persistantes sur des arbres à feuilles caduques; exemple : le Magnolia grandiflora sur le Magnolia pur pur ea. Mais on ne peut faire l'opération inverse, c'est- à-dire greffer des arbres à feuilles caduques sur des végétaux à feuilles persistantes sans entraîner la mort de ceux-ci. Ces faits s'expliquent facilement. Dans le premier cas, le sujet, qui ne cesse de végéter que par la chute de ses feuilles, se trouvant continuellement excité par la persistance de celles de la greffe, conserve toute sa vitalité. Dans le deuxième cas, il en est autrement : le sujet devait, par sa nature, être toujours en végétation, et il se trouve forcé de s'arrêter par suite de la chute des feuilles de la greffe. Cet arrêt subit et opposé à sa manière dêlre, détermine une réaction qui amène la mort. — Page 176. Le sujet joue relativement à la greffe le rôle attribué au sol relative- ment à la graine. C'est en réalité un sol d'une nature toute particulière, sur lequel on plante, au lieu d'une graine, un fragment d'un végétal tout développé. — Page 177. Les conditions nécessaires pour la réussite de la greffe ressortent des lois organiques et naturelles. C'est la similitude ou la parenté entre la greffe et son sujet à laquelle l'auteur donne le nom de loi similaire ou d'identité. En règle générale, les espèces d'un même genre auront plus de tendance à s'unir que des espèces appartenant à des genres voisins. — 1G3 — Cependant le pommier appartenant au genre Pyrus reprend, mais ne vit pas très-longtemps lorsqu'il est greffé sur ce dernier, tandis qu'il re- prend vite et très-bien sur le cognassier genre différent, mais qui louche le genre Parus. Il y a donc entre ces végétaux des différences organiques que la science n'est pas encore parvenue à découvrir. — Page 479. Il est une règle très-admise : pour que les greffes réussissent, il faut que leur écorce et celle des sujets coïncident parfaitement. L'auteur la juge fausse en principe et ordinairement vraie dans l'application. Elle pèche par le principe, puisque dans les plantes désignées sous le nom de plantes iprasses les greffes se placent au centre de la lige el la reprise s'opère pourtant très-bien. Elle est vraie en ce sens qu'en faisant coïncider les écorces à l'extérieur, les parties les plus jeunes, celles qui sont en voie de formation se trouvent en contact les unes avec les autres. L'auteur entre dans des détails très-précis, très-intéressants, sur les sortes de greffes les plus généralement pratiquées dans l'horticulture moderne : — Greffes en placage très-usitées pour les arbustes de serre froide à feuilles persistantes. — Greffe mixte (greffe Luizet), presque ex- clusivement employée pour mettre les arbres à fruit. — Greffe anglaise (en pied de biche), dont on ne fait usage que sur de petits individus ; greffes herbacées, de dahlia ; manière d'opérer selon qu'on désire ou non qu'elles s'affranchissent ; greffe centrale, uniquement pour les plantes grasses. Il termine ce chapitre important par de sages conseils sur l'époque de faire les greffes, sur le moment de les couper et sur le choix des rameaux. Il y a bien des manières de rendre compte d'un ouvrage. Celle que j'ai suivie ne sera peut-être pas du goût des éditeurs de ce recueil, car elle prend plus de place qu'on en accorde généralement aux articles bi- bliographiques; mais faisant mon apprentissage dans les Revues, je n'ai pas encore acquis l'habitude de renfermer mes pensées dans un cercle tracé d'avance, sous peine de ne pouvoir le franchir. Si je sais réunir de nombreuses variétés de plantes sur un petit espace, j'ai craint de ne pouvoir grouper assez d'idées dans une page. Voilà pourquoi il m'a fallu tant de papier ! M. Carrière ne m'en voudra pas, car cet écrit lui est consacré en entier; et si mes lecteurs, en y mettant un peu de bonne grâce, le parcourent d'un bout à l'autre, je suis persuadé que tous voudront faire plus ample connaissance avec le Guide du Multiplica- teur, pour le succès duquel je fais les vœux les plus sincères, autant dans l'intérêt du consciencieux auteur que dans celui des praticiens. Ce livre est destiné à apprendre beaucoup à ceux qui ignorent et même à ceux qui savent. Comte LÉONCE DE LAMBËRTYE. — 164 — MISCELLANÉES. MEUBLES ET ORNEMENTS RUSTIQUES. Le style rustique embrasse toutes les œuvres destinées à l'ameuble- ment des campagnes, et qui ont un caractère simple et naturel ; c'est l'art de grouper d'une manière gracieuse des matériaux grossiers, tels que les fournit la nature. En un mot, dit un auteur anglais dans VHortxcultural Magazine, un meuble rustique doit autant que pos- sible représenter les premiers efforts de l'homme, pour arriver à fabri- quer ce qui lui est nécessaire avec les matériaux les plus simples. Les premiers ponts, les premiers cottages, les premiers meubles étaient des constructions dénuées d'élégance, faites sans grand travail, d'une façon grossière et telles que le goût actuel ne saurait les accepter; et si l'art moderne s'est emparé de ce mode primitif de construction, il s'est servi de ces matériaux grossiers pour les grouper d'une manière gracieuse, et conforme à notre sentiment du beau et les approprier à nos besoins et à nos fantaisies. La construction des meubles et ornements rustiques n'exige point de connaissances de menuiserie, ni un attirail d'instruments; avec un peu de goût, on saisira facilement les diverses combinaisons auxquelles les élagages du verger et des arbres de la forêt peuvent donner lieu. Une scie, une tarière ou vrille, une hache, un fort ciseau, des tenailles, un marteau et des clous, composent toute la série des instruments nécessaires à ce travail. Les branches et le tronc d'un pommier rugueux, bossue, sont particulièrement propres à la construction des meubles rustiques ; le poirier, le prunier, le chêne, sont également fort utiles à cause de la fréquente courbure et des bifurcations variées qu'ils pré- sentent. Le bois doit être sec avant d'être employé; revêtu de son écorce, il offre un cachet de rusticité complet, mais qu'il ne conserve malheureusement pas très-longtemps : l'écorce se détache peu à peu et finit par tomber entièrement; une couche ou deux de peinture appli- quées tous les ans retardent jusqu'à un certain point la chute de l'écorce, mais ne sauraient toutefois l'empêcher; aussi il est préférable d'enlever l'écorce immédiatement et d'appliquer sur le meuble une couche de bon vernis. Les paysans de Boitsfort, près de Bruxelles, font de charmantes corbeilles et de fort jolies jardinières rustiques en bran- ches de chêne vernissé; de plus, l'écorce abrite toujours une certaine quantité d'insectes xylophages, qui détruisent rapidement les meubles les plus solides; tandis que la surface lisse du bois dénudé ne leur offre aucune retraite pour se cacher. Aussi la vermoulure y est bien inoins fréquente. — 165 — l'n peu d'habitude et ensuite le i;oùt vous amèneront bientôt à savoir tirer parti des différentes branches d'un arbre Ainsi une grosse souche, une grosse branche trifurquée, donnent de suite l'idée d'une table : il suflit de retourner la branche et d'asseoir ses trois bras en les sciant à longueur voulue. Une planche ronde ou carrée clouée sur la coupe horizontale de la branche ou du tronc forme le dessus de la table. De grosses branches arquées et bifurquées formeront naturel- lement des bancs; la partie servant de siège sera rendue plane à la hache ou recouverte d'une planche. Ces premiers essais de construc- tions, d'une extrême simplicité, vous conduiront ensuite à fabriquer des meubles d'une forme plus gracieuse; c'est ainsi que trois branches plus ou moins rameuses et bifurquées peuvent fournir les éléments d'une table par l'entrelacement de leurs bras; l'extrémité des branches sera fixée à la pièce de dessus soit par des clous, soit dans des trous forés dans cette pièce. Arrivons à des agencements plus compli- qués : la table que représente la fig. 1 est établie au moyen d'un Dmnaa Fig. 1. tronc droit fiché en terre; c'est, le support sur lequel repose la pièce plane de dessus; trois ou quatre branches courbes sont fixées par des clous au tronc et à la tablette, et servent à la consolider; cela suffirai! à la rigueur; mais deux ou trois branches noueuses et ramifiées s'ap- puyant d'un côté sur le sol, de L'autre au support, ajouteront de l'élé- gance et de la force à votre construction, et le support, grâce à cet appui, pourra être plus mince. La fabrication d'une chaise, d'un canapé, exige une certaine somme d'habileté pour établir le dossier; on choisi! à cet effet une branche — 1GG — présentant une courbure convenable, et on la scie perpendiculairement en deux parties égales, lesquelles formeront les deux côtés symétriques du dossier; la surface plane par derrière, la convexe par devant. Notre fig. 2 représente une cliaise ainsi fabriquée; les brandies accessoires sont clouées ou introduites comme chevilles dans le dossier. B'Mtmvi Fig 2. Fig. 3. La fuj. 5 offre une beureuse application du style rustique à la décoration des jardins; c'est une corbeille deslinée à recevoir une touffe d'Hortensia, de Géranium, de Pétunia, de Rosier buissonnant ou de toute autre plante à effet pouvant supporter le plein air pen- dant la belle saison ; on peut se servir pour vase intérieur d'un petit tonneau coupé par le milieu, ou d'une cuvelle faite exprès, que l'on revêt de branches fendues et entrelacées de noisetiers ou de chêne ; une branche ou deux de chêne et de gros lierre nouées par les deux bouts encerclent et terminent le haut de la corbeille. Le support peut être façonné de différentes manières, sur trois pieds, sur un tronc fourchu ou simple, sur des branches entrelacées, etc. Les accessoires, tels que cônes de sapin, clochettes, plaques de bois polis ou peints en couleurs variées, que quelques personnes font ajouter aux meubles rustiques détruisent l'harmonie du style, et vous font tomber dans le genre rococo et niais. Faisons remarquer que Ton ne doit pas réunir de grosses bûches ou des souches volumineuses à de faibles branches; on emploiera ces fortes pièces comme supports de tables ou de corbeilles; avec les petites on fait des dossiers de chaise ou de canapé, des tablettes, des corbeilles, des tabourets, et les - 167 — embellissements des grands meubles. Il faut en un mot, qu'une cer- taine harmonie, qu'une certaine proportion règne entre toutes les parties, sinon l'on tombe dans l'affectation et le ridicule. DES PERCE-OREILLES. M. Oberdieck, célèbre pomologue, recommande pour détruire sinon pour diminuer les perce-oreilles, si redoutables aux fruits et aux fleurs, de déposer de vieux paniers aux endroits où ils se cachent. On laisse ces paniers pendant deux ou trois jours tranquillement à leur place, puis on les saisit un beau malin et on les secoue avec force; les perce- oreilles, qui s'y rassemblent parfois par milliers, tombent sur la terre où on les écrase. Des chiffons de laine, des déchets provenant de la tonte des haies, des tiges de pavots, la paille de pois ou la paille ordi- naire, liée en bottes minces, rendent à peu près le même service. M. Oberdieck, en déposant dans son jardin, près des espaliers, plu- sieurs vieux paniers, est parvenu à détruire des milliers de perce- oreilles, et a ainsi réussi à restreindre les dégâts qu'ils occasionnaient dans ses meilleurs fruits. Dès qu'on est une fois parvenu à maîtriser la trop forte multiplication de cet insecte, il devient ensuite facile, avec un peu d'attention, de le tenir en bride. Les amateurs de Dahlias peuvent facilement attraper les perce- oreilles, en déposant au printemps, près des jeunes plantes, les vieilles tiges de l'année précédente, qui sont ouvertes à l'un des deux bouts et fermées à leur bout opposé, de manière que le bout ouvert soit dirige du côté de la plante. On trouve souvent, peu de jours après, dans chaque tige quelques centaines de jeunes perce-oreilles. Il paraît, que ces insectes affectionnent particulièrement l'odeur des tiges de Dahlias, car aussitôt qu'ils en trouvent, ils se disposent à \ déposer leurs œufs. Inutile de dire que les bouts des tiges doivent être conservés pen- dant I hiver dans un lieu sec. S. — Ki8 — EXPOSITION DE VALOGNES (Manche). Celte exposition a eu lieu du 5 au 9 juin, dans la belle salle que la ville a fait construire sur la place du Château : elle étail fort remarquable ; aussi de nombreux visiteurs sontvenus payer un juste tribut d'éloges aux horticulteurs de l'arrondisse- ment de Valognes. Les fleurs variées, les fruits et légumes, les meubles rustiques el les instruments de jardinage témoignaient par leur bon choix de l'heureuse ému- lation qui s'est établie entre les exposants, des progrès qui se font remarquera chaque exposition. S.E.Ie ministre de l'agriculture et des travaux publics avait bien voulu, sur les instances de l'honorable présidenl de la Société, M. le général Meslin, mettre deux médailles spéciales d'argent destinées l'une aux travaux de l'arbori- culture, l'autre à la culture maraîchère. Deux concurrents, MM. Paul Le Cappon et Louis Lepoiltevin, dans le concours d'arboriculture, se présenlaientavec un mérite égal; la médaille échut par voie du sort au premier de ces horticulteurs intelli- gents; un diplôme remis à chacun constate légalité de leur mérite. Le grand prix pour la culture maraîchère est décerné à M. Duclos, jardinier chez M. du Poerier «le Franqueville. Les beaux légumes de M. Picot, jardinier de Mme du Picot, reçoivent le premier prix donné par la Société; les récompenses obtenues par Mil. Touroude, Typhaigne, Georges André, Olivier et Lemire, prouvent combien la culture maraîchère a fait de progrès dans l'arrondissement de Valognes et l'importance que la Société attache à cette spécialité. Un lot de pommes et poires parfaitement conservées atteste les soins de M. du Mesnildot, propriétaire à Anneville en Saire; une médaille d'argent lui est accordée. Les collections de Pélargoniums étaient nombreuses, bien choisies et bien cultivées; celle de M. Paul Le Cappon obtient le premier prix; les Fuchsia et les Azalées de ce même horticul- teur remportent également les premières palmes ; une charmante corbeille de roses coupées de M. Bitol, avoué à Valognes, reçoit le prix; le jury remarque dans ce contingent une jolie rose de semis qu'il nomme séance tenante Triomphe rie Valognes. Mme veuve Quétel de Caen avait exposé une remarquable collection d'Anémones : une médaille spéciale lui est décernée. Les Pensées de M. Otbon , avocat à Valognes; les Anémones ou semi-doubles de M. Touroude; les meubles rustiques de M. Dagoury fils, de M. Lemire; les outils de jardinage de M. Debout; le sécateur à deux lames tranchantes de M. Goubaux : les Rhododendrons, Azalées, Pélargoniums el Pensées de M. Malherbe, de Bayeux, et les Verveines de M. Ourry, horticulteur à Cherbourg, sont vivement appréciés par le jury qui leur décerne à tous des premiers prix. ////// V/V//W /V////7/V7/V/ . /■ — h; et du 16 mai. Les fleurs du Rhododendrum Veitchianum ont , toutes grandes qu'elles soient, le faciès d'un Azalea et M. Lindley a eu raison de com- parer les lobes de leur corolle aux lobes crispés et ondulés de Y Azalea crispiflora, mais botaniquement la plus grande affinité de cette nouvelle espèce est avec le Rhododendrum formosum [Rhododendrum Gibsoni des horticulteurs), à côté duquel il devrait être systématiquement placé, bien qu'il en soit très-distinct cl par les fleurs et par le feuillage. C'est un arbuste de taille moyenne, dont les vieilles blanches sont revêtues d'une écorce rouge-brunâtre, glabre. Les feuilles, longues de 5 à 4 pouces (8 à 10 centimètres), sont exactement obovées, coriaces, aiguës el même mucronées à l'extrémité, se rétrécissant graduelle- ment vers le bas en un pétiole très-court ; elles sont glabres, et nues en dessus, glauques en dessous et revêtues d'écaillés résineuses dissémi- nées, orbiculaires, rouges ou ferrugineuses. Les fleurs naissent par trois ou quatre au sommet des branches; leurs pédicelles sont écail- leux, ainsi que la partie externe au calice; celui-ci est à cinq lobes courts et ovés, munis de quelques soies rudes marginales. Corolle fort grande, d'un blanc pur, infundibuliforme-campanulée à tube court; limbe Irès-élalé à cinq lobes, profonds, presque égaux, obovés, étalés, bords fortement ondulés et crispés. Étamines de douze à quatorze, s'éle? vant d'un disque hypogyne lobé et annulaire; anthères blanches, linéaires. Ovaire oblong-ové, trés-écailleux , de même que la ba.se du style. Stigmate dilaté, à cinq lobes. Le Rhododendrum Veitchianum a été importé directement de Moul- mein par MM. Veitch et fils, horticulteurs à Chelsea près Londres. KEVUE DES PLANTES KAKES OU NOUVELLES. SERRE CHAUDE. Beadroblum erepldatum (LlNDLEY), ligure dans le Bol. May., pi. 4993. — Famille des Orchidées. Le Dendrobiitm crepidatum ou à label le en forme de pantoufle, est une charmante espèce originaire de l'Inde (de l'Assam ou des colline? de Khasya, dans le Bengale oriental), d'où elle a été introduite il v a quelques années, mais sans doute en quelques exemplaires seulement, car elle ne se trouve pas indiquée sur les catalogues horticoles, el Ton — 172 — ne cite que M. Holford qui l'ail eu en fleurs en 1850. L'exemplaire décrit clans le Botanical Magazine a été communiqué en avril dernier au savant rédacteur de cel utile recueil par M. Parker, horticulteur à Hornsey. M. Lindley considère ce nouveau Dendrobium comme voisin du Dendrobium Pierardi et surtout du Dendrobium cretaceum, dont il diflere surtout par ses fleurs plus grandes et plus fortement teintées de carmin et de jaune orange et par ses ovaires et pédicelles plus allongés et colorés en rouge. Les tiges du Dendrobium crepidalum. ont de 25 à 55 centimètres de longueur; elles sont fermes, presque érigées, arrondies, striées, branchues seulement à la base, à joints assez rapprochés où l'on remarque les vestiges d'une écaille engainante. Feuilles rares et seule- ment sur les jeunes tiges non fleuries. Fleurs grandes, blanches, à extrémités roses, jaune orangé au centre du labelle; elles naissent généralement par deux aux joints des liges non fouillées. Pédicelles et ovaires minces assez longs, rouges. Sépales étalés, ohlongs, obtus. Pétales semblables aux sépales, mais plus larges et subarrondis, étalés. Labelle presque cordé, étranglé à la base, entier, très-légèrement trilobé, obtus ou relus au sommet, replié de chaque côté de la base, de manière à présenter une cavité calcéiforme (en pantoufle); surface interne pubescenle, à l'exception du disque qui est obscurément strié; la base du labelle se termine extérieurement en un éperon très-obtus. Colonne très-courte. çirrhopetaium Cumingfi ( Lindley ) , figuré dans le Bot. Mag. , pi. 4996. — Famille des Orchidées. On doit l'introduction de cette fort jolie Orchidée à M. Cuming qui la rapporta des îles Philippines vers 1840. Sa floraison facile, le riche colons de ses fleurs disposées très-régulièrement en ombelle déprimée, presque circulaire, assurent à cette espèce une place dans toute collection d'élite. Les pseudo-bulbes, petits, ovés ou oblongs, monophylles et munis dune large écaille membraneuse engainante, s'élèvent d'un caudex rampant ; quelques racines fibreuses se montrent sous les pseudo-bulbes. Feuille solitaire terminale, longue de 8 à 10 centimètres, oblongue ou elliptique, coriace, dépourvue de nervure et s'amincissanl vers le bas. Scapes solitaires naissant de la base du pseudo-bulbe, beaucoup plus longs que la feuille, minces, filiformes, rouges, portant deux petites écailles. Fleurs en ombelle rayonnante presque circulaire, d'un riche pourpre violacé. Pédicelles très-courts, de longueur égale, rouges de même que l'ovaire, et munis à la base de très-petites bractées vertes. Sépales très-inégaux : le supérieur petit, concave, ové, Irès-élioitement acumîné, frangé de longs poils glanduleux; sépales latéraux longs de — 173 — près de 5 centimètres, linéaires-oblongs, brièvemenl acuininés, se projetant en avant, et tordus à la base de manière que les bords extérieurs se touchent. Pétales de môme forme que le sépale supérieur, mais un peu moins grands et ('rangés comme lui. Labelle, petit en pro- portion de la dimension de la fleur, épais, charnu, en forme de langue, obtus; le disque présente deux proéminences ou plis élevés; la base s'articule avec le prolongement décurrent de la base de la colonne; celle-ci est épaisse et courte, ses côtés se projettent en l'orme d'ailes. Le Cirrhopetalum Cummingii fleurit au printemps; il croit fort bien sur un bloc de bois suspendu dans la serre; on le cultive également dansle sphagnum. Puya vlreseeng (\V. IIookF.it), iiguré dans le But. Mag., pi. 4991. Famille des Broméliacées. — Hexandrie Monogynie. M. W. Hooker dit avoir reçu cette plante des jardins belges sous le nom de Puya; il la suppose originaire de Venezuela ou de la Nouvelle- Grenade. Sa floraison a eu lieu en mars 18*J7. C'est une espèce orne- mentale, acaulc, de taille moyenne. Ses feuilles ont de 50 à 00 centi- mètres de longueur; elles sont inermes, linéaires-lancéolées, assez larges, se terminant brièvement en une pointe courte et fine; de cou- leur vert foncé terne; leur surface est striée par des lignes parallèles rapprochées. Scape haut de GO centimètres el plus ; les feuilles qui le garnissent intérieurement se transforment graduellement en bractées rapprochées et pour ainsi dire imbriquées, acuminées, subulées à hase large et engainante- Épi solitaire ohlong, long de 15 ■'» 20 centimètres, lâche, composé et muni de nombreuses bractées largement ovées , acuminées, vert jaunâtre lavé et strié de brun rouge. Fleurs presque sessiles, grandes, nombreuses, d'un blanc verdâlre ou jaunâtre Irès- pàle. Calice à trois sépales linéaires-oblongs, submembraneux, obtus, entiers, dressés, appliqués contre la base étroite de la corolle. Trois pétales amples, larges, spatules, à limbe étalé; les onglets fort longs adhèrent légèrement par les bords. Six é ta mines à filets plus courts que les pétales, attachés dans presque toute leur longueur à l'onglet; anthères suhsagittées. Style aussi long que les élamines, articule près de la base. Ovaire subpyramidal, ohlusément trigone. SERRE FROIDE ET PLEINE TEUUE. iioi'oiiioiem Bonrgœi (Schultz-Bipont), figuré dans le Bol. Mag., pi. 4994. — ■ Famille des Composées. — Syngénésie- Polygamie superflue. Cille fort jolie plante de serre froide a été découverte en l centimètres jusqu'à près d'un mètre do hauteur: il est branebu et généralement glabre. Les feuilles sont alternes, très-variables de forme; les inférieures longuement péliolées sont lyrées-pinnées ; à lobe terminal ample, profondément cordé, aigu, sinué-anguleux; lobes latéraux très-petits, distants, opposés, cordés-ovés; pétiole muni vers le bas de ebaque côté d'une largo oreillette; fouilles supérieures per- dant graduellement leurs lobes latéraux, petites et à pétiole entière- ment et largement ailé et presque amplexicaule; surface supérieure dos fouilles glabre; surface inférieure blanche et arachnoïde. Fleurs radiées, disposées en corymbes larges, composés el un pou feuilles; pédicelles munis de plusieurs bractées subulées. Involucre hémisphé- rique, glabre, dépourvu do bractéoles; corolles de la circonférence (demi fleurons) d'un violet pâle, à akène glabre et dépourvu de pap- pus; corolles du centre (fleurons) d'un violet foncé, à akènes poilus et à pappus presque aussi long que le fleuron tubulaire. Le Doronicum Bourgœi se multiplie de graines et do boutures; c'est une excellente acquisition pour la serre froide. Forsythia suspensa (Vahl.), figuré dans le Bot. Mug , pi. 4995. — Syn. : Syringa suspensa (Thunbf.rg). — Famille des Oléacèes. — Diandrie MonOgynie. Aussi rustique que le Forsythia viridissima Lindley, le Forsythia à rameaux pendants l'emporte sur celui-ci en beauté el en grâce; ses (leurs sont plus grandes, mieux faites, son port plus élégant. Il fleurit de même au commencement du printemps avant l'évolution dos fouilles. C'est sur cotte espèce : le Syrinqa suspensa de Thunberg, qu'a été créé le genre Forsythia ; il paraîtrait, qu'elle a été introduite du Japon en Hollande vers 4853, par M. Verkerk-Pistorius, c'est-à-dire bien longtemps avant l'envoi en Europe du Forsythia viridissima par Fortune. Il est assez étonnant qu'une pareille plante soit restée si longtemps dans l'oubli. M. Siebold dit que le Forsythia suspensa est seulement connu au Japon à l'état de culture, et qu'il semble y avoir été importé do la Chine. C'est un arbrisseau très-branchu à rameaux épars, revêtus d'une i (oko rouge, souvent exlraordinairement allongés et pondants. Feuilles de formes variables, simples ou trifoliées à folioles ovées ou subi boni- - Wi — boïdes, dentelées. Fleurs grandes, forl belles, jaunes, naissant de bourgeons écailleux opposés. Pédoncules allongés (ils sont courts dans le Forsythia riridissima), souvent pendants et munis de bractées. Calice profondément découpé en quatre lobes lancéolés, érigés-étalés, grands en proportion de la fleur. Corolle ample, d'un jaune brillant, rayé d'orange dans le tube qui est court, campanulée on roue; segments oblongs, plus larges et moins allongés quedans l'autre espèce Deux étamines aussi longues que le tube, et insérées à la base même de la corolle. Pistil petit, plus court que les lobes calicinaux. Ovaire globuleux. On multiplie aisément celle plante; en recouvrant de terre l'extré- mité des brandies pendantes; la radilication se fait en peu de temps. MM. Veitch et Gis, horticulteurs à Chelsea, près Londres, propriétaires de ce joli Forsythia, le mettront prochainement en vente. Seabloiia atropurpurea L., flore pleno ; ligure dans la Flore desserres et jardins de l Europe, pi. 1203. Famille des Dipsacées. — Tétrandrie Monogynie. M. Van lloullc a reçu cette fort jolie plante de M. Dôller, jardinier de M. le comte de Scbœnborn, à Vienne, qui l'avait trouvée parmi des semis. Les capitules d'un cramoisi velouté noir, reflété de feu, appa- raissent vers la fin de l'été et jusqu'en hiver. On doit, pour l'avoir plus belle, dit M. Van Houlte, la cultiver à la manière des Géraniums et la soumettre à une taille sévère. — On bouture au printemps. — File sera mise en vente au premier septem- bre prochain par l'établissement Van Iloutle. Nous ne savons pas si la duplicalure des fleurs provient de la trans- formation des étamines en organes pétaloïdes ou si elle doit être attri- buée à un dédoublement, de la corolle, comme dans les Daluras et les Campanules; l'inspection de la figure nous porte à croire que cette dernière supposition est plus proche de la vérité que la première. - 17IÎ CILTUHK MARAÎCHÈRE. TETRAGONIE ETALEE. INSERINE QUlNOA. — IGNAME BATATE. — CERFEUIL BULBEUX. — RACINES DE CHICORÉE. - ÉTAT DES POTAGERS. Nous avons on tant do misère celte année avec nos épinards d'été, que nous voulons prendre nos mesures pour l'année prochaîne et les remplacer avec avantage. A eet effet, nous songeons à la télragonie étalée, que d'aucuns appellent l'épinard do la mer du Sud et que nos marchands grainiers désignent, sur leurs catalogues, sous le nom peu scientifique de télragone cornue. Les qualités de cette plante, introduite on France et en Belgique vers 1810, sont parfaitement connues; malheureusement, la levée des graines est si capricieuse que, jusqu'à ce jour, les jardiniers et les amateurs n'ont point osé se livrer à une culture régulière de la plante en question. Voici ce qu'en dit le Bon Jardinier : — « L'expérience a pleinement constaté, en France et en Angleterre, le mérite de cette plante comme épinard d'été. Elle a, en effet, tellement la qualité de l'épinard, qu'on peut s'y méprendre. L'avantage particulier de la télragone, c'est que plus il fait chaud, plus elle produit, tandis que l'épinard monte si vite que l'on peut quelque- lois à peine obtenir une cueillette. Les semis en place au printemps sont souvent capricieux pour la levée; un semis fait à la fin d'octobre, et qui ne lève qu'au printemps, nous a quelquefois mieux réussi. » Ce quelquefois n'est pas consolant ; il est clair, d'après cela, que, selon le livre cité plus haut, on n'est pas précisément sûr de la le\ée dos graines, pas plus avant l'hiver qu'après. Parlant, on s'explique très-bien l'hésitation des jardiniers à entreprendre la culture de la télragonie. Nous allons, en deux mots, les sortir d'embarras. Voilà quatre ans que nous cultivons ce légume et que nous avons à nous plaindre des caprices de sa germination. Tout en y attachant une grande importance, nous étions presque résolu à l'écarter de notre potager. Sur ces entrefaites, le livre de Lindley nous tomba sous la main et nous lûmes avec un vif intérêt les passages qui traitent de l'échaudage des graines d'une germination difficile. Lecture faite, nous primes le parti d'user de ce procédé héroïque à l'endroit des semences de la télragonie. L'année dernière, alors que colles de ces semences enterrées sur couche s'obstinaient à y dormir, nous prîmes le parti de pratiquer un semis de pleine terre, après avoir opéré l'échaudage, mais timidement. Le résultat fut favorable: nous obtînmes une lovée — 177 - des plus satisfaisantes. Celle année, au printemps, nous semâmes de nouveau sur couches. Trois ou quatre graine-, germèrent; c'était à se dépiter et à y renoncer. Cependant, nous ne perdîmes pas courage, nous versâmes sur un certain nombre de graines restantes de l'eau tout à fait bouillante, et laissâmes nos graines dans celte eau pendant trois ou quatre jours. Celte opération avait lieu au commencement de juin. Les semences échaudées furent mises en pleine terre et la levée ne se fit guère attendre, à notre grande satisfaction, Aujourd'hui donc, nous pouvons dire en toule assurance aux amateurs et aux jardiniers : — Ne reculez plus devant la culture de la tétragonie; il vous suffira de passer ses graines à l'eau bouillante pour en déterminer la germination et assurer la levée, sinon de toutes les graines, au moins d'un assez grand nombre. L'anserine quinoa peut encore nous tenir lieu d'épinards d'été. Elle a sur la tétragonie l'avantage de bien mûrir ses graines sous le climat de la Belgique, et d'en produire une quantité prodigieuse. Elle a presque exactement la saveur de l'épinard, et nous connaissons des personnes qui lui donnent la préférence sur ce légume au point de vue de la délica- tesse. L'anserine quinoa est d'une culture très-facile et donne des pro- duits abondants toutes les fois qu'on prend la peine de la sarcler avec soin, et de l'éclaircir de bonne heure. Cette dernière opération nous paraît surtout essentielle. On peut semer le quinoa à demeure dans le courant d'avril, en lignes ou à la volée, de même que l'on peut le semer sur couches en mars et le repiquer dès que le plant a sept ou huit centimètres. Pour notre compte, nous préférons la première méthode à la seconde, parce que, l'année dernière, nous avons eu beaucoup à souffrir de la trans- plantation. Sur trois longues planches de sujets repiqués, nous n'avons pu sauver que trois ou qualre pieds. Les larves de certains insectes que l'on connaît sous le nom de taupins et vulgairement de marteaux, ont tout ravagé, malgré nos soins de tous les jours. Nous avons dû, on le pense bien, renoncer au repiquage et adopter la méthode du semis à demeure. Nous nous en trouvons â merveille et la recommandons à nos lecteurs. Permettez-nous, à présent, de vous dire un mol de l'igname batate. Au risque de faire acte d'hérésie horlicole, nous déclarons que ce légume nouveau ne tiendra pas les promesses qui ont été faites en son nom. Non-seulement sa venue est lente et exige deux années pleines pour le développement d'un produit de quelque valeur; non-seulement l'igname exige une profondeur de terre considérable et présente des difficultés pour l'arrachage, mais elle a déplus l'inconvénient de lever avec une grande irrégularité. Cet inconvénient n'a pas été constaté, el nous le regretlons, car il devait élre très-bien connu des personnes qui Aoot 1857. 16 - 178 — oui prôné ce légume avec tant d'ardeur dans ces derniers temps. Ainsi, vous planterez des tronçons d'igname dans un même terrain , à une même profondeur, le même jour, et vous en aurez qui auront un mètre de tige, alors que les autres ne commenceront qu'à pousser. Or, il est évident que ces derniers venus ne donneront jamais d'aussi belles racines que les premiers, et que celte irrégularité dans la levée ne satisfera jamais l'homme de la grande culture. Nous maintiendrons peut-être l'igname dans nos jardins à litre de curiosité et pour grossir le nombre de nos espèces, mais nous persistons à croire (pie nous n'en tirerons pas plus profit dans l'avenir (pie dans le présent. Voici un légume qui a fait un peu de bruit en même temps que le précédent. Nous voulons parler du cerfeuil bulbeux. Tout d'abord, nous nous plaignons d'une chose que voici. Les personnes qui ont, recommandé la culture de cette plante auraient dû, ce nous semble, en indiquer les détails. L'accomplissement, de ce simple devoir eût épargné des frais inutiles à bon nombre de personnes. Pour notre part, nous avons cru qu'on pouvait semer le cerfeuil bulbeux au printemps, et nous l'avons semé en pure perle, puisqu'il ne pousse qu'après avoir été semé à l'automne. Nous en savons qui ont procédé comme nous, qui se récrient contre les marchands de graines et. ont raison de se récrier. Quand il nous arrive d'aclieter quelques échantillons de graines de par- terre, nous sommes à peu près sûrs de trouver les opérations de cul- ture résumées sur l'étiquette du paquet. Pourquoi ne pas agir de même avec les graines de légumes, surtout lorsque ces légumes sont nouveaux ou peu connus. Il n'y a pas d'inconvénient à passer brusquement d'un sujet à un autre ; il n'y a pas nécessité de ménager les transitions. Donc, du cer- feuil bulbeux, nous arriverons d'un bond à quelque chose de très- commun, aux racines de la cbicorée. Les personnes qui habitent le Brabanf, la province d'Anvers et les Flandres, ne cultivent pas unique- ment la chicorée pour transplanter ses racines en cave pendant l'hiver et produire cette salade fine et étiolée, généralement connue sous le nom de barbe de capucin. Ils la cultivent encore pour tirer parti de ses racines pendant l'été. A ce titre, c'est un légume admis sur toutes les tables et recherché, malgré son amertume ou plutôt à cause d'elle, par un grand nombre de personnes. En France, et ici, dans le pays wallon, nous ignorons tout à fait cette préparation des racines de chi- corée. Elle peut être vieille comme le monde dans les Flandres; ici, nous la tenons pour nouvelle et originale. A ce propos, et dans le cas où certains de nos lecteurs tiendraient à en faire l'essai, il nous paraît utile de mettre le pied en passant sur le domaine de la cuisinière bour- geoise et de dire comment l'on doit tirer parti de la chose. — Dès que les racines de chicorée sont de la grosseur du doigt, ce qui arrive ordi- - 179 - nairement dans le courant de juillet , on les arrache , on les nettoie comme les carottes, puis on les jette dans l'eau bouillante avec du sel. Quand ces racines sont cuites, on les relire de l'eau bouillante pour les jeter dans l'eau froide. Après cela, on fait fondre du beurre dans une casserole, on y délaye une cuillerée à café de farine, on y ajoute de l'eau, ou mieux du bouillon, du poivre et du sel, et enfin un peu de crème. On verse les racines dans celte sauce, on les tourne quelques minutes et on les sert. A présent que nous avons dit ce que nous avions à dire louchant certaines cultures spéciales, parlons un peu de l'état des récoltes dans nos potagers. Selon les gens de l'Ardenne, jamais sécheresse n'amena chèreté. A ce compte, nous devrions nous attendre aux récoltes abondantes el au bas prix des denrées maraîchères. Cependant, nous ne pouvons ajouter foi pleine et entière au dicton; tout en espérant de beaux produits dans les sols riches, fumés de vieille date et faciles à arroser, nous craignons que la végétation ne soit tourmentée dans les terrains secs, de création nouvelle, exposés au midi el, éloignés de l'eau. Mais si nous n'avons pas partout la quantité, nous aurons bien certainement la qualité, et c'est un point à prendre en considération, dès qu'il s'agit de légumes. Autant que nous pouvons en juger par ce qui se passe chez nous, par ce que nous avons vu dans les provinces de Namur, de Liège el de Bra- bant, la récolte de choux sera faible. Si le gros chou d'Allemagne fait bonne figure encore, malgré la chaleur tropicale de ces derniers jours, en retour le trapu de Brunswick, les choux-fleurs, les choux-raves ou d'Arabie, et les choux-navets font peine à voir. Ils ont eu à souffrir des insectes, ils souffrent à présent de la sécheresse ; c'est plus qu'il n'en faut pour les anéantir en partie. Les chenilles aidant, le mal ne fera qu'empirer et se précipiter. Le chervis , les panais cl les carottes qui aimenl la fraîcheur, ne sont pas à leur aise , on le pense bien. Les pommes de ferre, plantées avant l'hiver, produiront beaucoup, attendu que les tubercules placés à une grande profondeur, se trouvent dans de bonnes conditions de végétation. Les pommes de terre plantées au printemps el au niveau du sol pour ainsi dire, ne prendront pas de développement, surtout dans les terrains légers et pierreux. Les navels seront tardifs, parce que les premiers semis ont été maltraités par les altises et que les seconds paraissent souffrir beaucoup en ce moment, et des insectes et de la sécheresse. La difficulté des repiquages élèvera nécessairement le prix des endives ; on ne pourra les obtenir qu'à grand renfort d'arrosage, et il est juste que les frais de main-d'œuvre se payent. Presque partout, l'ail et les oignons s'annoncent bien. Les laitues pommées souffrent, les romaines ou chicons souffrent également, font leur cœur avec peine et durcissent par les côtes. Les haricots, — 180 — plantés un pou serrés, nous promettent, sinon de hautes fanes, au moins de nombreuses gousses, et c'est là l'important de la chose. Ceux qui ont été plantés clair et à peine recouverts , souffrent de la chaleur, jaunissent et auraient besoin d'être buttés, niais il y a lieu de croire que notre conseil arrivera quand les lecteurs n'en auront plus besoin. L'année, selon toute vraisemblance, sera bonne pour les plantes des pays chauds. Ainsi, nous aurons de magnifiques cardons, des courges d'un fort volume et d'excellente qualité, des concombres en abondance, des tomates, pour peu que nous prenions la peine d'arroser copieusement ces légumes matin et soir. P. JoiGNEAUX. POMOLOGIE. DE LA SCARIFICATION DES ARBRES FRUITIERS COMME MOYEN D'EN AUGMENTER LA FERTILITÉ. Il y a déjà quelques années que la scarification (incision longitudinale) et la décorticalion circulaire pratiquées sur la tige ou les branches des arbres fruitiers, comme moyens d'en stimuler la fructification, faisaient la ronde dans tous les journaux d'horticulture de l'Europe et de l'Amé- rique. Cependant, cette méthode, nullement nouvelle pourcette époque, est tombée, comme tant d'autres, dans un oubli presque complet. Notre but n'est pas d'entrer dans l'examen des raisons pour lesquelles elle n'était pas viable, car nous serions obligés d'entrer dans des discussions de physiologie végétale, ce qui serait en dehors de notre compétence (I). (1) Le traducteur de cet article ne voit pas de grandes difficultés pour expliquer la raison pourquoi la méthode de scarifier les arbres fruitiers a été abandonnée. La décorticalion circulaire se basait sur la supposition que cette opération empêchait la descente dans l'écorce des sucs qui avaient été élaborés dans les feuilles. Mais cette supposition part de fausses prémisses; car une sève qui descend dans l'écorce n'existe pas. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à enlever une bande circulaire de quelques pouces de longueur d'un jeune arbre, un frêne par exemple, et l'on verra qu'il continuera à vivre au moins i à 5 ans encore. Nous avons en ce moment sous les yeux cinq jeunes frênes qui avaient été opérés ainsi en avril 1854 et qui vivent encore. Où est donc ici la prétendue sève descendante? Dans nos éludes de la physiologie végétale nous n'avons pu découvrir nulle part la preuve certaine d'une sève descendante, il y a cerlainement plus de preuves qui démontrent le contraire; et pour en citer une, nous demanderons comment il se fait que le sujet sauvage sur lequel on a enté un rameau d'une bonne espèce, ne prend pas les caractères de celui-ci, ce qui devrait cependant avoir lieu si la sève descendait continuellement de la couronne vers le pied de l'arbre. Mais on sait - 181 - Won intention esl, au contraire, de rappeler aux cultivateurs un moyen très-ancien et peut-être très-connu; je veux parler de l'espèce de scari- fication pratiquée sous le nom de saignée el qui consiste à fendre I e- corec depuis le commencement de la couronne jusqu'à la racine. Je sui> convaincu que c'est une erreur de ne pas oser appliquer celle mé- thode dans toute son étendue et aussi énergiquement qu'il le faut pour assurer le succès qu'on en attend. Peut-être le nom de saignée est-il la cause que le moyen n'est pas aussi fréquemment appliqué qu'il serait à désirer; involontairement on fait des rapprochements et on craint d'affaiblir l'arbre, comme cela a lieu chez les hommes et les animaux auxquels on lire du sang. N'a-t-on pas vu de célèbres pomologues, qui malheureusement ne le sont que dans leur cabinet, soutenir la thèse que par les saignées on fait perdre aux arbres trop de sève et qu'on les affaiblit, mais que ce même affai- blissement, ajoutent ces messieurs, est nécessaire pour rendre les arbres fertiles! Oui, après cela, en voudra au néophyte, si, en se fondant sur de pareilles autorités et dans la crainte d'affaiblir ses arbres, il n'ose pas entreprendre l'opération, ou ne l'exécute pas comme il le faut? Que la perle de sève n'est pas aussi grande qu'on le prétend, il esl facile de s'en convaincre en faisant une incision longitudinale dans l'écorce d'un figuier ou d'un sumac, arbres qui regorgent de sucs : sur une étendue de 4 à G pieds, il n'en sortira pas la quantité d'un gros. Si l'on l'ail une incision circulaire, la quantité de suc que perd l'arbre esl plus giande. « t'n arbre fruitier doit avoir achevé la production de bois mur avant qu'il puisse fructifier , est une ancienne règle de nos ancêtres, qui a pour signification qu'un arbre, avant qu'il puisse porter des fruits, doit avoir atteint une hauteur et une force relative à sa nature et au sol, on, en d'autres termes, qu'il doit avoir atteint un certain âge, un âge viril. C'est alors que la croissance se ralentit. On se tromperait du reste beaucoup si l'on considérait ce ralentissement dans la crois- sance comme le commencement de la fructification; c'est le contraire qui arrive le plus souvent. Ce serait donc commettre une faille que de qu'au-dessus île l'endroit de la greffe la sève reste invariablement toute aulre qu'en dessous dans le sauvageon. Le vrai molif pour lequel la méthode de la scarifica- tion a été abandonnée, c'est que les arbres en devenaient malades, comme ils le deviennent toujours après des blessures graves de ce genre. El ceci s'explique «'gaiement. Lorsqu'on enlève une bande circulaire de l'écorce, l'aubier sous- jacent est mis à nu ; le cambium qui en sort se desséche et il n'est plus possible que de nouvelles couches ligneuses puissent se former. La sève ascendante esl donc forcée de continuer à mouler dans l'ancienne couche d'aubier: mais comme celle-ci finit par s'oblitérer, la sève est arrêtée dans son mouvement ascendant el la partie de la brauche qui esl située au-dessus de la région opérée, n'esl plus nourrie el doit nécessairement tôt ou lard se dessécher. — 18:2 — vouloir affaibli: un arbre d'une certaine force, dans le bul de le faire fructifier L'arbre doit avoir montré d'abord une certaine disposition à fleurir avant qu'on puisse venir à son aide. La racine cl la couronne d'un arbre se trouvent dans des rapports réciproques; la partie intermédiaire entre les deux forme la tige; c'est elle qui entretient la communication entre ces deux parties. Plus la lige est épaisse, plus elle peut envoyer de sève à la couronne; plus la cou- ronne est étendue, plus elle est chargée de feuilles et plus elle attirera de sève, et plus tôt l'arbre produira des fruits. Un obstacle essentiel qui s'oppose à la croissance de la tige en largeur, c'est l'écorce. Cbez un arbre qui croît rapidement, l'écorce gorgée de sucs devient élastique, mais pas assez pour faciliter les propensions expansives de la tige; il en résulte un conflit de forces dans lequel la résistance de l'écorce l'emporte toujours. En fendant l'écorce, onobvie à cet inconvénient, la formation de nouveaux canaux et de fibres ne rencontrant plus de résistance du côté de l'écorce, le grossissement de l'arbre se fait avec une nouvelle vigueur. La petite peine qu'on s'est imposée est amplement compensée par la fertilité de l'arbre. Cbez les arbres faibles et languissants l'écorce est fragile, dure et sècbe; l'arbre, à cause de son peu d'énergie, est incapable de vaincre la résistance qu'elle lui oppose. Ces arbres profitent peu, ne grossissent que faiblement, et s'ils portent des fruits, ils sont petits et insipides. La scarification est ici, comme dans le cas précédent, un moyen sûr. En effet, la cause de l'infertilité dans les deux cas est identique; elle consiste dans la résistance de l'écorce, et si l'on procède énergiquement, la scarification écarte complètement l'obstacle (1). Chez un arbre maigre on fera deux fois autant d'incisions que la tige mesure de pouces de circonférence. La première année, celte opération héroïque ne scia suivie d'aucun succès, ce que l'on verra au peu d'élargissement que montrent les incisions. L'année suivante, l'arbre sera déjà en étal de faire un plus grand effort; on réitérera l'opération. Si l'écorce était très-dure on pourrait hardiment trancher dans les premières incisions. On pourrait saigner une troisième fois le même arbre, si après la seconde opération l'effet n'était pas sensible, c'est-à-dire si les fenles ne s'élargissaient pas beaucoup. On pense que la saignée produit un arrêt chez les arbres vigoureux; mais c'est le contraire qui a lieu et ils fructifieront en beaucoup moins de temps. Je ne conseillerai cependant pas de faire autant d'incisions sur les arbres vigoureux que sur les faibles, car la force expansive (1) Il s'entend de soi-même que si la cause de la langueur d'un arbre provient de la mauvaise qualité du terrain il devient nécessaire d'amender préalablement celui-ci. sans quoi toutes les saignées du monde n'y feront rien. — 187. — de l'aubier y est si grande dans les premiers que, sous le contenu même, les incisions deviennent béantes, et que les lanières de IV- corce, si elles sont étroites, se détachent; ces entailles ne font aucun mal réel à l'arbre, mais le défigurent pour quelque temps. Quatre inci- sions sont suflisanles sur ces arbres, et on peut réitérer l'opérât ion au bout de quelques mois ou l'année suivante. Il est bien rare que les arbres saignés d'après cette méthode fassent longtemps attendre leurs fruits. Des espèces qui tiennent le milieu entre ces deux extrêmes sont traitées conformément à leur étal respec- tif. Chez tous les arbres à pépins cette méthode peut être appliquée sans conditions. Chez ceux à fruits à noyau, j'ai d'abord hésité parce que les libres corticales y sont moins parallèles; je craignais qu'en les tranchant, l'écoulement de la gomme ne se présentât immédiatement; mais j'eus bientôt acquis la certitude que mes craintes n'étaient point fondées , car sur les pruniers les bons effets de l'opération se firent déjà remarquer l'année suivante. Chez les cerisiers à fruits doux, la scari- fication ne produit aucun effet sur la fructification, ni en bien, ni en mal ; mais l'écorce de l'arbre est défigurée (I). Je n'ai point encore fait d'expériences comparatives, relativement au moment opportun d'exécuter la scarification; c'est pourquoi j'opère de- puis le printemps jusqu'en automne, selon que j'aperçois un arbre qui paraît en avoir besoin. Jamais je n'en ai vu résulter aucun inconvénient. Je pense cependant que l'opération devrait êlre exécutée au prin- temps ou dans la première moitié de l'été, car il est évident que lorsque la végétation a déjà commencé à se ralentir, l'effet de l'opération ne pourrait plus se faire sentir dans la même année. Si l'on exécute l'opé- ration au milieu de l'été, il y a danger que les rhynchites déposent leurs œufs dans les fentes (2). Il faudrait, si l'on craignait que le mal n'eût envahi l'arbre, badigeonner le tronc avec un lait de chaux vive. Quant à la profondeur où la lame du couteau doit pénétrer, il parait qu'il vaut mieux faire un peu trop que trop peu ; car il n'y a pas de mal si l'aubier est entamé; mais l'effet de l'opération serait incomplet, si l'écorce n'était pas entièrement coupée, car dans ce cas le liber exerce- rait encore une grande résistance. Au bout de quelques années les traces des incisions sont entière- ment effacées. Ce que nous venons de dire, se résume dans les faits suivants : 1° La saignée ou incision longitudinale est un excellent moyen de (t) De tous les arbres fruitiers, le cerisier à fruits doux est le plus sensible à une laille mal entendue, souvent on le voit périr peu de temps après l'opération Aussi quand une branche commence à se dessécher, il n'y a plus moyen de sau- ver l'arbre de la mort. (2) Ces insectes ruinent au printemps les bourgeons de l'arbre. — 184 — rendre fertiles en deux ou trois ans des arbres qui, à cause d'un trop grand âge ou de trop de vigueur, ne portent pas de fruits ou en por- tent de mauvais; 2° Le temps normal de la fructification peut être avancé par ce moyen ; mais il faut se garder de s'attendre a l'impossible; 5° Les arbres qui contiennent peu de sève doivent être saignés plus rigoureusement que ceux qui sont en pleine vigueur ; 4° Le moment le plus opportun d'exécuter l'opération est le printemps; mais on peut la faire également en automne après la chute des feuilles ; 5° L'incision doit descendre jusqu'à l'aubier et l'écorce doit être com- plètement tranchée ; 6° Les arbres qui portent déjà, deviennent plus fertiles après la sca- rification, en ce que la circulation de la sève est augmentée; 7° Les arbres à fruits à noyau supportent également l'opération sans contracter l'écoulement de la gomme (1); 8° Chez les cerisiers à fruits doux (bigarreautiers) la scarification ne produit aucun effet. (Traduit des Annales de la Société pour l'avancement de V horticulture en Prusse.) Scn. FRUITS PEU CONNUS ET RECOMMANDABLES PAR LEURS RONNES QUALITÉS POIRES. Beurré de Saint- linand (GRÉGOIRE). Cette variété, décrite et figurée ainsi que les suivantes dans les An- nales de Pomologie belge et étrangère (4e année, 1856) (2), a été ob- tenue dans le village de Saint-Amand, près de Fleurus, par M. Gré- goire, curé de cette paroisse, qui l'a communiquée en octobre 1855 à la Commission royale de Pomologie. — C'est un fruit de première qua- lité, dont la maturité a lieu vers la mi-octobre. L'arbre, très-vigoureux (1) Les incisions longitudinales sont même préconisées et employées sur le pêcher pour éviter la gomme ou pour guérir l'arbre de cette maladie; dans ce cas elles doivent être plus ménagées et moins profondes. H G. (2) Cet excellent recueil, publié par la Commission royale de Pomologie, insti- tuée par S. M. le Roi des Belges, parait par livraisons de quatre planches grand in-4°. Le prix de la souscription est de 24 francs par an ou par volume (pour la Belgique et 26 fr. pour la France, sans frais à domicile), contenant 12 livraisons. Quatre volumes ont paru de cet ouvrage indispensable à celui qui s'occupe sé- rieusement de pomologie. On s'abonne à Bruxelles, chez F. Parent, éditeur, et à Paris, chez A. Goin, éditeur d'ouvrages d'agriculture et de jardinage, quai des Grands-Augustins. 41. H. G. — 185 — et très-fertile, s'élève pyramidalement et porte son bois droit; ses bran- dies à fruit sont grêles, grises; les jeunes rameaux sont assez gros, longs, un peu arqués, striés, droits, cotonneux vers leur sommet et aplatis sous chaque gemme. L'épiderme, lisse, luisant, gris-brun, est ponctué de quelques lenticelles blanc sale, peu appareilles. Les méri- tliallcs sont réguliers, assez courts. Les gemmes sont très-allongés, grêles, pointus, écartés, portés sur de légers supports, de couleur brun clair lavé de gris argenté. Le bouton à fleur est assez gros, allongé, pointu, brun fauve lavé de gris. Les feuilles sont moyennes, ovales- allongées ou ovales-lancéolées pointues; quelques-unes ont les bords relevés en gouttière, mais la plupart sont planes; leur serralure esl large, profonde et aiguë; le pétiole, long de 15 à 20 millimètres, est gros, vert clair, largement et profondément canaliculé; stipules fili- formes. Le fruit est presque moyen, arrondi-lurbiné; l'épiderme, vert clair, passe au jaune d'or et se nuance de rouge-orangé du côté du soleil, à l'époque de la maturité; il esl en outre ponctué, panaché et ombré de roux clair. Le pédoncule, gros, ligneux, brun, arqué, est implanté dans une cavité peu profonde et étroite. Le calice, couronné, est placé dans une petite cavité très-évasée; ses divisions sont brun-noir, dres- sées. La chair est blanc-jaunâtre, des plus fines, demi-beurrée; son eau est très-abondante, sucrée et d'un parfum très-agréable. (Extrait du texte de M. A. Bivort.) Polie Séraphiue Ovyn (SOCIÉTÉ VAN MoNS). Cette poire provient d'un arbre de semis, cultivé dans le jardin de la Société Van Mons; dégustée par la Commission royale de pomologie, elle a été reconnue de toute première qualité. L'époque de sa maturité a lieu vers la mi-octobre. L'arbre est vigoureux et très-fertile. Ses branches à fruit sont moyennes, grises, ponctuées de larges lenticelles rondes, blanc-pâle. Le boulon à fleur est moyen, conique, pointu, brun-roux ombré de brun-marron. Les supports sont grêles, courts, ridés et gris à leur base, lisses, jaune noisette et peu renflés à leur sommet. Les jeunes rameaux sont longs, de grosseur moyenne, légèrement flexueux et striés, ar- qués et renflés à leur sommet. L'épiderme est lisse, luisant, gris- verdàtre du côté de l'ombre, gris-brun du côté du soleil, ponctué de petites lenticelles ovales, blanc sale et. proéminentes. Le gemme esl ovale-pointu, brun foncé lavé de gris-cendré, saillant et porté sur un léger renflement du bois. Les mérithalles sont courts. Les feuilles sur les rameaux sont ovales, arrondies, pointues, vert clair; leurs bords sont relevés en gouttière et légèrement sinués. Sur lambourdes, elles — 186 — sont très-allongées, aiguës, planes, el leurs bords sont irrégulièrement serretés. Le péliole, grêle, ligneux, vert clair, long de 2 centimètres, lorsqu'il supporte les feuilles des rameaux, est long de G centimètres lorsqu'il porte les feuilles des lambourdes. Stipules parfois linéaires, niais plus souvent falciformes. Le fruit est moyen, arrondi, ou courtcment turbiné; l'épidémie, lisse, vert clair, prend une teinte jaune d'or à la maturité; il est pana- ché de rouge obscur du côté frappé par les rayons solaires, lavé de brun-roux autour du pédoncule et du calice, maculé de même et ponctué de gros points gris-blanc et gris-roux. Le pédoncule, assez gros, ligneux, arqué, brun clair, long de "2o à 50 millimètres, est im- planté obliquement dans une petite cavité. Le calice, étoile, occupe une cavité peu profonde et étroite; ses divisions sont grises. La cbair est blanc-jaunâtre, demi-fine, fondante, beurrée; son eau, très-abondante, est sucrée, vineuse et d'un parfum des plus agréables. (Extrait du texte de M. A. Bivorl.) Poire Nouvelle Fulvie (GRÉGOIRE). «■ Ce nouveau gain de notre collègue de Jodoigne est, dit M. A. Bi- » vort, une des poires les plus méritantes peut-être qu'on ait acquises ■ depuis nombre d'années. Beauté, boulé, maturité tardive, fertilité, >• elle réunit à elle seule toutes les qualités que peut désirer l'amateur » le plus exigeant. » Pareil éloge émanant d'un pomologue aussi con- sciencieux que l'est M. Bivorl, recommande suffisamment celte nouvelle poire à l'attention des cultivateurs de bons fruits. « Comme la plupart des gains du même auteur, qui sont trop délicats » pour nos vergers, la place de la Nouvelle Fulvie, ajoute M. Bivorl, » est dans nos jardins : mieux ceux ci seront abrités, plus le sol en sera » généreux el plus on obtiendra de beaux et savoureux produits. Le fruit est gros ou très-gros, pyriforme, pyramidal, fortement bos- selé; il mesure ordinairement 10 centimètres en bauteur sur 7 en dia- mètre; l'épidémie, jaune citron à l'époque de la maturité, est coloré de rouge vif du côté frappé par les rayons solaires, panaché et ponctué de. brun-roux et ombré de même couleur autour du pédoncule; il est plus linement et plus fortement ponctué près du calice que sur le reste du fruit. Le pédoncule, long de 15 millimètres, est gros, noir, implanté à la base du fruit, sans solution de continuité. Le calice est couronné; il occupe une cavité assez profonde, dont l'orifice est rendu irrégulier par plusieurs gibbosités. La cbair, blanc-jaunâtre, est très-fine, fondante beurrée; son eau est abondante, sucrée, d'un parfum exquis, ayant de l'analogie avec ceux du Pusse-Cul mur et du Bon-Chrétien d'Espagne. La Nouvelle Fulvie est de qualité tout à fait supérieure; son pre- — 187 — raier rapport a eu lieu en 18a4; clic mûrit en janvier et en lévrier. L'arbre mère est assez vigoureux et affecte naturellement la forme pyramidale; ses branches à fruits sont moyennes, grises; les supports, gris, ridés à leur base, sont renflés, brun-roux à leur sommet. Le boulon à fleur est moyen, ovalc-poinlu, brun, ombré de brun-marron et lavé de gris. Les jeunes rameaux sont longs, grêles, arqués, flexueux et striés; l'épidémie lisse, luisant, gris-brun du côté du soleil, brun noisette du côté de l'ombre , est ponctué de nombreuses lenlicellcs, rondes ou ovales, légèrement saillantes, gris-roux, irrégulièrement disséminées sur toute sa surface. Le gemme est gros, arrondi, pointu, brun clair ombré de brun foncé et de gris, écarté, ou comprimé entre deux renflements du bois et souvent porté sur des rudiments de lam- bourde. Mérithalles inégaux. Les feuilles sont petites, ovales-arrondics, aiguës, planes, vert clair; la serralure est peu profonde et obtuse; les feuilles secondaires sont lancéolées, pointues, partiellement serrelées. Le pétiole, long de 10 à lu millimètres, estgrèle, vert clair, légèrement canaliculé. Stipules linéaires. Les poiriers Nouvelle Fulvie et Séraphine Ovyn, sont annoncés dans le dernier Catalogue de M. Papeleu, horticulteur-pépiniériste, à Lcde- berg-Iez-Gand et à Welteren, au prix de un franc cinquante centimes pièce. MISCELLANEES. MOYEN D'AMÉLIORER LA QUALITÉ DES FRAISES. A Messieurs les Membres du Comité de la réduction. J'ai l'honneur de vous envoyer le modèle d'un petit plat de terre cuite vernissée, dont je me sers avantageusement comme porte-fraises. Cet objet, déjà employé avec succès en Angleterre pour d'autres fruits et légumes, avec ou sans cloche en verre, a produit partout les meil- leurs résultats. Des expériences comparatives, faites à l'aide de ces petits appareils, ont démontré que. par leur emploi dans la culture des fraisiers, on obtient : l°Une maturation plus rapide et par conséquent plus précoce; 2° Une augmentation sensible dans la grosseur et le poids du finit; 5n La propreté et la conservation de ce fruit en cas de pluie ou d'hu- midilé prolongée. Ainsi que l'indique la figure suivante, le porte fraise se compose de — 188 — deux plateaux semi-sphériqucs, <| u<* l'on rapproche de A en 15, après avoir réuni au centre la touffu de plantes qu'il s'agit de conserver. Dès que ces plateaux sont réunis, comme cela se remarque en C D dans la vignette ci-dessous, les fruits viennent se poser à la surface. EvK xa Ils profitent ainsi de la chaleur qu'ils reçoivent directement, et des rayons solaires reflétés par la partie supérieure des plateaux. J'ajou- terai que la forme un peu évasée de l'appareil permet aux eaux de pluie de se réunir au centre, lesquelles viennent en temps de sécheresse rafraîchir les racines de la plante, et par suite, donnent au fruit un développement de plus en plus considérable. D'après les renseignements qui me sont fournis, on pourra sous peu se procurer des porte-fraises chez M. Jean Moermans , potier à la station du chemin de fer d'Alken, et à la fabrique de MM. Henault frères, près de Tongres, au prix de quelques centimes par vase. Veuillez agréer, etc. Bon Adrien de Heusch. Cortessem, 30 mai 1857. En nous autorisant à reproduire cet article, inséré en premier lieu dans le Journal de la Sociélé centrale d'agriculture, l'auteur nous — 189 — annonce qu'il vient d'achever une cloche lanterne en fonte, do prix très- minime, joint à une grande solidité, qu'il destine ;'i être superposée ;'i l'appareil que nous représentons en figures et à nous donner des fraises en mars ou avril pour les espèces ordinaires et pendant tout l'hiver pour celles dites perpétuelles. EXPOSITIONS. Exposition d'été «le In Hoclété royale «le Kotnnlqiie el «l' Agriculture «le Gond. Celte exposition a eu lieu du J2S juin au 1er juillet. Vingt-sept concours avaient été ouverts par la Société, cinq ont été annulés f;iute de concurrents. M. Jean Verscuaffelt obtient le deuxième prix affecté au concours de la plus belle collec- tion de soixante-quinze [liantes en fleurs: une jolie série d'Amaryllis distingués contribuaient par leur présence à rebausscr l'ensemble du contingent et à lui donner un certain éclat; la température sèche et brûlante qui règne depuis le mois de mai a afl'ecté beaucoup de plantes de jardin et de serre froide, et a soumis la patience des jardiniers à une rude épreuve; il leur devenait presque impossible de maîtriser le développement de certaines espèces, d'en retarder la floraison et de les conserver fleuries pendant quelque temps. Un beau pied d'Euphorbia splendens, exposé par M. Camille Van den Bossche. obtient les honneurs du con- cours de belle culture. Le Concours de vingt-cinq plantes remarquables a été dignement rempli par M. A. Van Geert. Son contingent renfermait quatre nouveaux Rhododendrons ; Rhododendrum Princess royal, de Veitch ; hhododendrum ochraceum ; Uhododen- drum elethrœfolium, et le magnifique hhododendrum Blanfordiwflorum, Hooker; le joli Hypericum oblongifolium , dont nous avons donné la figure (numéro de janvier 1857, pi. lre), YAdhaloda Cydonœfolia (voir notre numéro de juin dernier) ; le Thunbergia laurifolia, que nous représentons dans ce numéro ; le rare et magni- lique Aralia reticulata; le Larix Kœmpferi; le Tradescantia discolor, variété iineata, dont le vert foncé de la page supérieure des feuilles est coquettement ligné de blanc, de jaune el de rose; le rare Uammara undulœfolia de la Nouvelle- Ecosse, etc. Le jury accorde à l'unanimité le premier prix à ce précieux envoi. M. A. Verscliatîell remporte les deux prix affectés au concours de la plante fleurie ou non fleurie, récemment introduite; le premier prix avec le Clematis lanuginosa, variété pallida (en fleur) ; le second avec le Colletia Bictoniense (non fleuri). Deux belles collections de Pelaryonium, présentées l'une par M. Ch. de Buck, l'autre par M. Robichon, obtiennent, ex aequo, le premier prix du concours de trente Pelargonium en fleur; les meilleures variétés de la race à cinq couleurs figuraient dans les deux lots. Une collection de trente Fougères (parmi lesquelles figuraient VAngiopteris evecla, le Cibotium Schiedei, le Balantium antarcticum, le gracieux Asplenium Belangeri, le Cyathea elegans, le Dictyoglossum crinitum, le curieux Platycerium grande, etc., appartenant à M. le baron Heynderycx, président de la Société, reçoit un premier prix; une jolie collection de ce même ordre de plantes, exposée par M. A. Van Geert, remporte le second prix. — Le jury décerne à l'unanimité le — 190 — (►roniier prix du concours de la plus belle Fougère en arbre, à l'exemplaire princiei de Ralantium antarcticum, expose: par M. A. Verschaffelt. MM. A. Van Geert et D. Spae avaient exposé deux riches collections de Coni- fères; celle de M. Van Geert, qui obtint le premier prix, renfermait les rares Araucaria Cookii cl Pammara Broronii; un second prix est décerné à M. D. Spae. Le concours de dix Orchidées en fleur avait attiré deux exposants : l'un, M. A. Verschaffelt, obtient la première palme; l'autre, M. le baron Heynderycx, la seconde; dans la collection du célèbre horticulteur gantois, se faisaient remarquer les Aerides odoratum, affine rubrwm, une variété du Vandasuavis, le Dendrobium Dalhousianum ; une jolie variété à bords pourprés du Vanda tricolor ; dans celle de l'honorable président de la société, nous citerons le Dendrobium Gibsoni, le Myanthus ftmbriatus, le Cheîonanthera speciosa, etc. La race des Achimencs {Tydœa, Mandirola, Scyadocalyx, Locheria, etc.) est devenue entre les mains d'habiles semeurs et hybridateurs une source féconde en variétés el hybrides charmantes. Les Tydœa hybrides, exposés par M. A. Ver- schaffelt, ont été avec raison récompensés d'un premier prix du concours pour la plante en fleur obtenue de semis en Belgique ; nous avons vu de ces semis prove- nant du Tydœa amabilis, d'un coloris rose-pourpré, rose violacé réticulé de veines plus foncées, etc., qui nous ont paru d'une délicatesse de tons et d'une élégance peu commune. Les Gloxinies attirent toujours l'attention et partagent avec les Achimènes la faveur du public et les soins des semeurs; les collections de ces plantes, exposées par MM. Edm. Claus, premier prix, et J. Verschaffelt, deuxième prix, étaient fort jolies. La collection de quarante Calcéolaires en fleur, de M. J Verschaffelt, obtient le premier prix. M. A. Coene remporte le premier prix du plus beau lot de quarante Fuchsia en fleur, el M. A. Tonel, le second. Les Verveines , de M. J. Van Damme Sellier (premier prix), el celles exposées par M. Albert Coene (deuxième prix), ont été dignement appréciées. — Une riche collection de Pétunia, comprenant toutes les dernières nouveautés, fait décerner un premier prix à M. F. Coene. M. L. de Cock reçoit un premier prix pour une collection de quinze Lis en fleurs. Le beau contingent de Bégonia, exposé par M. Van den Hecke, de Lembeke, remporte à l'unanimité le premier prix; son concurrent, M. Ch. de Buck, le deuxième; nous citerons les Bégonia Roylei el semperflorens Saundersii, excel- lente variété de salon, envoyés par le premier exposant. Le nombre d'espèces qui est venu depuis quelques années augmenter la famille des Lycopodiacées [Lycopodium et Selaginella) a engagé le conseil de la Société à ouvrir un concours spécial en faveur de ces charmantes plantes dont la fraîche et éternelle verdure réjouit les yeux; c'est le moyen le plus efficace de faire naitre. pour ainsi dire, du nouveau en horticulture. En Lycopodiacées la marge est grande : les botanistes en énumèrent plus de trois cent vingt espèces (dont plus de deux cents Selaginelles); l'horticulture n'en cultive encore que vingt-cinq à trente, et les plus belles restenl à introduire. M. Éd. Claus obtient à l'unanimité le premier prix affecté à ce concours. Les collections de vingt-cinq plantes a feuilles marbrées, panachées ou striées, île MM. le baron Heynderycx et Van den Hecke, sont proclamées, à mérite égal, dignes d'un premier prix. On néglige les Cactées, c'est fâcheux : car ces plantes exigent peu de soins; une chambre où elles soient à l'abri de la gelée, leur suffit en hiver, el elles sont si jolies avec leurs couronnes de fleurs, si intéressantes par la régularité de leurs formes ciselées, pour ainsi dire avec une précision géométrique; Gand, heureuse- — 191 — ment possède deux concurrents sérieux, MM. L. de Smel »:i Auguste Tonel, aux- quels le jury accorde respectivement un premier et un second prii. M. de Smel présentait, entre autres, VAstrophyton triyriottigma, les Echinocactus Monvillii, pectcni férus, denudatus, centeterius ; les Mamillaria elephantidens, nivea deda- lœa, elc. M. Tonel. VAnhalonium prismalicum, Cercus senilis, Echinocactus Mirbelii, elc. Nouscilerons de M. L. de Smel, une riche collection de soixanle- cinq espèces d'Aloës {Aloe, Apiera, Gasteria, Uaworthia, etc.), que le jury oublia de récompenser; cependant ces sortes de collections sont difficiles à former. Les prix du quinzième concours (collection de vingt-cinq Yucca, Agave. Aloe, Draceena, Pincenecticia] sont remportés, le premier par H. le notaire Beaucarne, le second, par M. A. Tonel. Enfin, deux riches collections de Palmiers, de ces nobles plantes indispensables à l'ornementation d'un salon de Flore, présentées par M. A. Verschaffelt et Jean Verschaffelt, reçoivent respectivement un premier et un second prix. BIBLIOGRAPHIE. Traité élémentaire «les Champignons comestibles et vénénem . par A. Durcis, professeur à l'école impériale d'agriculture île Grignon. — Ouvrage couronné par la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris (1). Le livre dont nous nous proposons de tracer une courle esquisse n'est pas un de ceux dans lesquels on aborde les hautes considérations scientifiques : son but est plus modeste, mais non moins utile. L'auteur a voulu simplement mettre ses lecteurs à même de pouvoir distinguer avec certitude les champignons comes- libles des espèces vénéneuses, et prévenir ainsi, autant que possible, les trop nombreux empoisonnements qu'occasionnent ces dernières. il n'est en effet pas d'année où les journaux ne rapportent des cas d'accidents mortels provoqués par une fatale méprise : et comment en serait-il autrement? Le botaniste qui a fait de l'étude des plantes son occupation unique parviendra bien à établir la distinction quelquefois si difficile des bonnes et des mauvaises espèces; il pourra au besoin s'aider des savants traités que seul il a entre les mains; mais ceux qui n'ont pas fait ces éludes spéciales, et ceux-là sont de beau- coup les plus nombreux, se trouvent dans l'alternative, ou de se priver d'un ali- ment précieux, ou de s'exposer aux conséquences terribles d'une méprise. M. Dupuis,qui, par sa position de professeur à l'École impériale d'agriculture de Grignon, est si bien à même d'apprécier les besoins du cultivateur, a voulu com- bler cette lacune et mettre entre les mains de tous ceux qui récollent les champi- gnons, un livre que tous puissent facilement comprendre. Son Iraité, essentielle- ment pratique, peut être compris par les personnes les plus étrangères à l'étude des plantes, et il ne peut manquer, non-seulement de faire éviter les méprises, mais encore, ce qui a aussi unecerlaine importance, de favoriser ainsi l'usage des champignons comestibles. Il faut bien se rappeler en effet que la crainte de l'em- (I) Un vol. in-18, avec huit planches coloriées ; prix : 1 fr. 75c— Paris, librairie centrale d'agriculture et de jardinage, quai des Grands-Auguslins, 41; A. Goin, éditeur. — Bruxelles , librairie de F. Parent , éditeur, montagne de Sion ,17 — Envoyer franco des cachets d affranchissement à 20 c. — 192 — poisonnement fait souvent rejeter un aliment très-riche en azole assimilable et par conséquent précieux pour le paysan dans l'alimentation duquel l'azote fait en général défaut. C'est ;'. relie richesse en azote qu'est dû le mode de putréfac- tion des champignons, mode tout à fait analogue à la putréfaction des matières animales. Enfin, remarquons avec M. Dupuis que certaines espèces peuvent servir d'alimentation aux animaux, et que tous forment, en abandonnant au sol les pro- duits de leur destruction, un engrais des plus riches. La première partie du livre de M. Dupuis se compose de notions générales nécessaires pour pouvoir bien comprendre les différences que présentent entre elles les espèces. Là, se trouvent sommairement indiqués, l'organisation des champignons, leurs propriétés et leurs usages, les moyens généraux de distin- guer les bonnes des mauvaises espèces, la culture des champignons, et enfin le traitement à suivre en cas d'empoisonnement. La seconde partie comprend l'étude des dix genres principaux, en négligeant toutes les espèces que leur odeur, leur dureté, etc., font repousser par les consom- mateurs. Dans chacun de ces genres, l'auteur a mis en parallèle les caractères des espèces voisines qui se ressemblent extérieurement tout en ayant des propriétés toxiques ou alibiles bien différentes. Ajoutons en outre que pour rendre la distinclion encore plus facile, l'ouvrage se trouve orné de planches lithographiées et coloriées avec soin, etqui représentent avec fidélité les espèces alimentaires à côté des espèces toxiques avec lesquelles on peut les confondre. C'est donc une œuvre utile que nous signalons au public ; le but que se propo- sait l'auteur a été atteint, c'est ce qui lui a valu la haute approbation de la Société impériale d'horticulture. Docteur Coulier. Graines de Quarantaine (STOCK). — Un horlictlltcur anglais a remarqué que toutes les fleurs (simples) ayant cinq, six ou sept pétales, produisent des graines dont les fleurs seront doubles et ce huit fois sur dix. Il faut, dit-il, bien examiner les plantes lorsqu'elles sont en pleine floraison, et marquer au moyen d'un ruban ou d'un fil coloré, les Heurs présentant un des nombres de pétales indiqués; recueillez les graines provenant des fleurs marquées et semez-les à part. Salvla spIendcBis pour floraison d'hiver. — Prenez , dès que VOS plantes commencent à boulonner en août, des boutures sur les jets les plus vigoureux immédiatement au-dessous du troisième joint ; insérez chaque bouture isolément dans un godet et plongez-les dans une bonne couche chaude, et sous cloche; servez-vous d'un mélange, par parties égales, de terreau de feuilles, de sable et de fumier consommé; ayez bien soin que la bouture ne retombe de côté, car il est à peu près cer- tain qu'elle ne se redressera plus et qu'elle périra ; il faut donc les assujettir cà un petit tuteur avant de les recouvrir de la cloche. Une fois enracinées, vos boutures seront graduellement rempotées dans des vases d'un diamètre de plus en plus grand , jusqu'à celui que l'on jugera convenable pour y attendre la floraison. Cette belle plante est irès-ulile pour les serres froides, qu'elle ornera pendant les tristes mois de novembre, décembre et janvier. "/= <7/,JS j/.U //4 — \\tT de pareils mérites : précocité, saveur exquise, longue portée, beauté d'aspect, le Fraisier Prime impérial doit être reçu par tous les amateurs el cultivateurs de bons fruits, comme une nouveauté d'élite et une précieuse addition aux primeurs les plus recherchées ; nos maraîchers sauront gré à M. Graindorge de l'obtention de celle belle et productive fraise. Nous ne pouvons terminer ce chapitre sur les fraises, sans parler des cultures des fraisiers de M. Ferdinand Gloede, propriétaire, aux Sablons près et par Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne). La collection de cet amateur comprend toutes les variétés obtenues depuis quelques années, son catalogue pour l'automne 1857 el le printemps 1858, ne renferme que les sortes les plus recommandantes et les variétés nou- velles; parmi ces dernières, nous trouvons mentionnés : le fraisier Prince impérial, au prix de 2 francs 50 centimes la pièce, et de 25 francs la douzaine; le Fraisier duc de Malabo ff obtenu par M. Gloede, d'un semis de l'ancienne fraise du Chili, velue, fécondée par la Bristish- (Jaeen; c'est une sorte très-vigoureuse el d'un très-grand produit; le fruit de première grosseur est d'un rouge très-foncé, à chair rose très- fine, vineuse el parfumée ; le fraisier Empress Eugénie (Knevett), variété anglaise à très-gros fruits (quelques-uns mesuraient G pouces et un quart de circonférence); la chair d'un beau rouge esl très-juteuse et d'un parfum supérieur à celui de la plupart des très-grosses fraises, cl le fraisier Mistress D. Xeilson (Sléwart et Xeilson), variété hors ligne, la plus tardive connue, ayant celte année commencé à fructifier chez M. Gloede, lorsque la récolte des autres fraises était entièrement terminée. Elle a en outre le mérite d'être d'une qualité supérieure. FrUit très-gros, couleur rouge-orangé, chair blanche; ces trois beaux fraisiers sont également côtés à 2 francs 50 centimes le pied. GROSEILLIER CASSIS BLACK NAPPE. ( Planche XVII.) Celle variété du Groseillier à fruits noirs, poivrier, Ribes nigrum des botanistes, est annoncée sur les catalogues de quelques pépinié- ristes sous les noms de Cassis royal de Naples, Gros de Naples, Gros Cassis, etc., mais je crois que son véritable nom est Black Nappe, ce qui veut dire en français nappe noire (I). Quel que soit du reste le lieu de sa provenance, il n'en est pas moins utile de signaler aux cultivateurs la beauté du fruit de ce Cassis (1) Celle traduction est fort contestable, el nous avouons ne pas la comprendre: car le mot nappe n'est pas anglais. H aurait peut-être mieux valu sen tenir an nom de Cassis royal de Naples. (II. G.) - t , ■ //,j ' //yiic data (Lindley), figuré dans le Bot. Mag., pi. 5001. — Famille des O/cb idées. Cette Orchidée, découverte en premier lieu au Népal el dans le Sylhet par M. Wallich, fut trouvée ensuite dans le Boolan, par feu M. Griffitb, qui en donna un dessin, mais point de nom spécifique ; plus tard, le docteur Hooker la rencontra dans le Sikkim Himalaya, à une élévation supra-marine de 4,000 à 0,000 pieds, et enfin MM. Slrachey et Winlerbotlom l'observèrent à Kamaon, dans la vallée de Sarjée, à 0,700 pieds au-dessus du niveau de la mer; M. Lindley la décrivit en 1830 dans son Gênera el Species Onh., page 40, d'après des échan- tillons secs de l'herbier Wallich. C'est une espèce assez belle, à fleurs de (aille moyenne, couleur de crème, disposées an nombre de S on H» sur un assez long épi. Les pseudo-bulbes sont oblongs, comprimés, — Ii)8 — anguleux, sillonnés, écailleux à la base dans leur jeune âge et portant, deux ou (rois grandes feuilles oblongues, coriaces, membraneuses , striées, acuminées, longues d'un pied cl demi et plus. Scape terminal sur le bulbe, s'élcvanl d'entre les feuilles, plus court qu'elles et revêtu, plus bas que l'épi floral, de grandes bractées opposées, imbri- quées, rapprochées, brunes, dures et obtuses. Bractées florales longues, subcarénées, membraneuses, caduques. Fleurs inclinées à sépales cl pétales étalés, étroits, lancéolés; les pétales plus petits et plus étroits. Labelle grand, élégamment marqué d'une macule d'orange formant une figure régulière, obové, aigu, très-faiblement trilobé; disque plane avec trois légères proéminences et deux longues crêtes ondulées, crispées, d'un beau blanc pointillé de rouge au bord et d'un effet vraiment remarquable. Colonne allongée, ailée vers le haut. Celle espèce fleurit au printemps. L'exemplaire figuré dans le Botanical Magazine avait été envoyé à sir W. Ilooker, par M. Parker, horticulteur à Hornsey. Les catalogues marchands cotent le Cœloqyne elata à un prix assez bas, 20 à 50 francs; c'est une plante vigoureuse, d'un porl imposant, mais d'une floraison assez peu attrayante. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Rhodocieiicii'uui Tiiont«oni (Hook. fils), figuré dans le Bot. May , pi. 4997. — Famille des Éricacées. — Décandrie Monogynie. Bien que répandue actuellement dans toutes les colleclions euro- péennes, cette belle espèce n'avait pas encore fleuri. M. Melhven, hor- ticulteur à Edimbourg, a eu le plaisir de la voir se parer de ses bril- lantes corolles au mois d'avril dernier. On sait que ce Rosage croît sur l'Himalaya, à une altitude supra-marine très-élevée (11,000 à 13,000 pieds), et qu'il pourrait, en raison de cet habitat, supporter facilement en plein air les rigueurs de nos hivers; cependant, à moins de trouver le moyen de retarder la floraison, l'avantage de cette rusticité serait d'une importance tout à fait négative pour celui qui ne se borne pas à cul- tiver uniquement des plantes pour leur feuillage, mais bien pour jouir de leurs fleurs. L'abri d'une bâche ou de la serre froide est indispen- sable aux Rosages de l'Himalaya, dont les espèces montrent leurs co- rolles à la fin de l'hiver. Nous croyons cependant que les sortes vérita- blement rustiques pourront servir plus tard pour la forcerie, comme cela se pratique avec divers Rkododendrum, avec les Kalmia, les Le- ihim, Rhodura, etc. Le Rkododendrum Thomsoni atteint dans ses montagnes une hau- teur de 6 à 10 pieds, et même de 15 pieds dans les bois humides. Les branches inférieures très-fortes (M. Hooker indique 1 pied de dia- mètre !); les supérieures minces, feuillées surtout aux extrémités. Les — 199 — feuilles sont longues de deux ou irois pouces, très-larges, glabres; à texture coriace, mais pas très-épaisse; la couleur est d'un vert vif; le dessous de la feuille est presque glauque. Les fleurs, tout à fait inodores, sont réunies m léte au nombre de six ou de huit, à l'extrémité des branches eourles; pédoncules longs d'un pouce et au delà. Corolle re- marquable par sa magnifique couleur rouge de sang foncé el par sa sur face luisante; le seul Rhododendrum fulgens lui est peut-être supérieur sous ce rapport; le lube est allongé, long de 2 pouces el souvent com- primé verticalement; le limbe ample, étalé, présente cinq lobes êeban- crés au sommet; les lobes supérieurs sont ornés' de macules très- foncées. On remarquée la base, dans l'intérieur de la corolle, une forte sécrétion de miel dépourvu des propriétés toxiques qui caractérisent la liqueur miellacée i\e^ Rhododendrum Dalhousiœ el argenteum. M. Hooker fils avait d'abord détaché du Rhododendrum Thomsoni une espèce qu'il avait nommé*' Candelabrum, à fleurs d'un rouge moins foncé, à calice beaucoup plus court el à ovaires glanduleux-poilus; un examen plus sérieux l'a engagé à supprimer celle espèce et à la reporter comme simple variété sous le nom de variété candelabrum du Rhodo- dendritm Thomsoni. Ces deux plantes sont dépourvues de ces petites écailles apprîmées, si abondantes dans beaucoup d'espèces de Rhodo- dendrons. — Il y a beaucoup d'analogie entre le Rhododendrum Thom- soni el le Rhododendrum Hookeri (Nutlall) de Boolan, dont on a donné un dessin dans le n° 9 du Journal d'Horticulture pratique de la Belgique (année 1850). Burtonla «cabra (R. Brown), figuré dans le Bol. Maq., pi. 5000. — Syn. : Gompholobium scabrum (Smith.). — Famille des Légumi- neuses. — Décandrie Monogynie. Cette charmante plante, introduite en 1805 par M. P. Good, fleuris- sait très-bien vers cette époque dans la serre froide du jardin de Kew ; puis elle disparut des cultures; sa réapparition dans nos jardins après un demi-siècle d'absence lui donne presque l'importance d'une plante toute nouvelle. Elle surpasse en beauté les espèces les plus distinguées introduites depuis 1805, telles que les Burtonia pulchella el villosa de Meisner; elle se reconnaît facilement à ses feuilles très-rudes au lou- cher, comme la surface d'une lime. Le Burtonia scabra forme un petit, arbuste ayant le port d'un Erica, garni de brandies érigées, roides, légèrement pubescentes et chargées de feuilles; celles-ci érigées, imbriquées, alternes, glabres, se divisent jusqu'à la base en Irois folioles rigides, linéaires-subulées, brièvement péliolulécs et quelque peu uncinées, mais mu tiques à l'extrémité; le bord est replié; la surface est rendue rude au loucher par la présence de nombreuses papilles petites el coriaces. Stipules larges, membra- - 200 — neuses, ciliées. Fleurs très-apparentes et fort jolies naissant aux ais- selles des feuilles, se rapprochant à plusieurs en faux verticilles près du sommet des branches. Pédicelles courts, bractéolés. Calice glabre, cilié au bord et marqué de points noirs à l'extrémité des lobes. Éten- dard étalé, d'un beau violet, jaune à l'onglet. Ailes couleur rouge de sang; caréné jaunâtre. Ovaire velu. Style. subulé. — La floraison a lieu en mai. Les Burtonia, de même que leurs alliés les Gompholobium, Dill- icyniu, Gastrolobium, etc., exigent une serre bien éclairée et bien aérée; les pots dans lesquels on les cultive doivent être bien drainés, car ces plantes craignent une humidité prolongée; les arrosemenls doivent être modérés mais réguliers; le sol le plus favorable est un mélange par parties égales de terre de bruyère et de terre franche très-sableuse. La multiplication se fait assez facilement au moyen de jeunes boutures insérées dans le sable et recouvertes d'une cloche. Cydonia japonica, var. Maiiardii, figuré dans l Illustration horticole, pi. 155. Cette variété a été obtenue en France par un amateur du Mans, M. Mallard, qui l'année dernière la communiqua en fleurs à M. A. Ver- schaffelt et dont celui-ci s'empressa d'acquérir la propriété entière. C'est qu'en effet le gain de M. Mallard est de tous points méritant; ses fleurs, grandes et nombreuses, à fond d'un rose vif, sont élégamment bordées d'une large bande d'un blanc pur qui avance quelquefois en courtes fascies sur les pétales; l'opposition franche et heurtée du blanc marginal avec le rose du fond, fait, dit M. Lemaire, véritablement de ses fleurs une chose attrayante et ornementale. Elle se rapproche par son coloris de la variété Moerloosii, mais dans celle-ci le blanc alterne en panachures avec le rose. M. A. Verschafl'ell annonce le Cydonia Japonica Mallard ii dans son nouveau catalogue pour l'automne 1857, au prix de 10 francs. Azaiea indica, var. Baron de vrière, figuré dans V Illustration horticole, pi. 150. C'est à M. Vincke, horticulteur à Bruges, que l'on doit l'obtention de cette variété, dédiée à M. le baron de Vrière, gouverneur de la Flandre orientale, par M. A. Verchaffelf, acquéreur de ce beau gain. Les fleurs sont très-grandes, fond rose tendre, passant au blanc presque pur du milieu aux bords; une belle et large macule d'un rose vif ponctué de cramoisi orne le lobe supérieur; çà et là, mais très-rarement, apparaît une strie cramoisie, comme on en observe sur les Azalées à fond blanc. Les feuilles >ont petites, coriaces, lancéolées-elliptiques, cou\crles de poils couches. — 201 — M. A. Versehaffelt annonce celte belle variété au prix de 10 francs. Il annonce également trois autres variétés distinguées : VA zalea magni- /lora obtenu par M Spae, de Gand, dont la fleur est d'u ru' grandeui extraordinaire cl ressemblant pour le coloris à celui de VA zalea admi- ration; VA zalea qigantiflora, à fleurs d'un énorme volume, un peu charnues, d'un beau rose vif; le lobe supérieur et la moitié antérieure des ùvux latéraux, d'un rose plus vif et parsemés de macules coceinées et VA zalea rosea illustrata (Van Coppenolle) à fleurs semi-doubles ; bonne variété rappelant VA zalea Reine des Belges et le surpassant en beauté. seneeto Tagetea (Lindley), Gardener's Chronicle, 25 juillet 18IJ7. — Famille des Composées. — Syngénésie Polygamie-superflue. Le Jardin de la Société d'horticulture de Londres est redevable à M. Skinner de l'introduction de ce nouveau Senecio. C'est une plante grimpante , sufrutiqueuse , à tiges minces striées, portant des feuilles péliolées ovées, arrondies à la base, denliculées, à peine anguleuses, de la grandeur de celles du Fuchsia glubosa. Les capitules forment des cymes larges de 2 à 3 pouces; ligules du rayon au nombre de qu - torze environ, de couleur orangée .plus ou moins brillante : ceci est encore incertain, dit M. Lindley, car la plante cultivée à Chiswick n'a pas encore fleuri et la description est faite d'après des échantillons secs envoyés du Mexique par M. Skinner. — Nous aurons donc proba- blement à revenir sur le compte de celle espèce qui se rapproche des Solarium volubilis et Boyolcnsis. CULTURE MARAICHERE. 11 y a belle heure que nous vous avons, par anticipation, entretenus des cultures de la fin de l'été et de l'automne; pour le moment donc, nous n'en parlerons pas. Il y a belle heure aussi que nous vous avons dit notre mol sur l'état des potagers, et si nous avions à le redire, nous ne bifferions pas un mot de nos assertions; au contraire, nous pourrions y ajouter. Personnellement, nous n'avons pas à nous plaindre; il y a mieux, nous nous réjouissons, nous avons plus et plus beau que les années dernières, mais si la Pologne était ivre quand Auguste avait bu, il ne s'ensuit pas précisément que tous les jardiniers soient dans la joie, parce que voire serviteur, en véritable égoïste, bal des mains et — 202 - se mire dans ses légumes, sur un tout petit coin de l'Ardennc. Non, non, les jardiniers, en général, ne sont pas contents, et ils ont leurs raisons pour ne pas l'être. Misère dans la petite culture, abondance dans la grande; il y a compensation, et c'est ce qui nous console. Après tout, prenons les choses comme le bon Dieu nous les envoie; ne nous lamentons pas, puisque les lamentations ne mènent à rien, et taisons tout simplement des vœux pour que l'année 18Ii8 soit un peu moins chaude que l'année 1857. Maintenant, passons. Un de nos amis de Paris, qui est en même temps le vôtre, nous a adressé vers la lin de l'hiver loutes sortes de grains à essaye!'. De son côté, M. Panis nous a l'ait la même gracieuseté. Malheureusement, il convient que vous sachiez que, dans le nombre de ces graines, se trou- vaient quantité de choux et de navels, c'est-à-dire des variétés qui ont eu leurs aises, comme le poisson sur la paille. Les unes n'ont point poussé; les autres ont été dévorées cinq ou six fois par les attises; les plus robustes, enfin, ne font pas bonne mine. Nous ne pouvons pas, en conscience, juger ces légumes sur un unique essai, pratiqué dans les conditions les plus défavorables, et vous dire sur la vue d'un ou de deux échantillons défectueux que ce sont des races à rejeter. Palience, nous y reviendrons. En attendant, permettez-nous de rapides observations sur une laitue qui nous est venue de la maison Vilmorin et qui porte le nom un peu prétentieux de laitue, romaine panachée améliorée. Ce chicon a parfaitement réussi chez nous, mais son feuil- lage a quelque chose de sombre, d'attristant, de demi-deuil qui produit un mauvais effet. Première impression a mettre en ligne de comple. Cependant, il serait absurde de proscrire un légume, parce que sa cou- leur laisserait à désirer. C'est comme si nous proscrivions la grive en laveur du geai et l'ortolan en faveur du Marlin Pécheur. Nous man- querions au bon sens le plus vulgaire et mériterions la moquerie des gens d'esprit. Donc, tout en regrettant que le feuillage de la laitue romaine panachée et améliorée ne soit ni flatteur, ni appétissant, nous lui pardonnerions ce défaut, — car c'en est un au point de vue de l'effet et de la vente, — si la qualité était vraiment supérieure et de nature à le racheler. Mais vous saurez qu'il n'en est rien. Ceux qui ont amélioré la laitue panachée en question, n'ont point fait de prodige. Celle romaine , recommandée à tort, est mangeable sans doute, mais elle n'approche pas de noire grise maraîchère et de notre verte, si tendre, si cassante, si juteuse. Elle ne s'élève pas même au niveau de l'al- phange à graine noire qui, du moins, a le mérite de fournir beaucoup et de monter lentement. La panachée améliorée ne fournil guère, ne se coiffe pas seule et s'emporte au galop. Ses feuilles extérieures sont un peu cotonneuses, à la manière des feuilles de notre grosse chicorée à racines ; celles du cœur sont d'un blanc jaunâtre, fouetté de sang clair — 203 — et onl plus de tendance à se chiffonner qu'à se rompre. Pour une romaine, c'est an défaut capital. Notre navel d'Orrel est superbe el brille ;'i coté des autres variétés comme une exception, ("'est donc une conquête réalisée, une inirodin tion précieuse qui ne nous échappera pas. Sous le climat de l'Ardennc, celle racine nous parait tout aussi délicate (pie dans son propre pays. Nous l'avons comparée dernièrement au navet du Palalinal ; autant, bien entendu, qu'on peut comparer une race sècbe et une race tendre, cl l'avantage en laveur du navet d'Orrel n'était pas contestable. Voilà pour le succès, voici pour l'échec. Nous voudrions étendre un peu la culture du chervis et remettre en honneur ce légume si vanté par Olivier de Serres cl assez connu dans le pays de Liège, sous le nom de carotte blanche, bien que ses racines enchevêtrées n'aient rien de commun avec celles de nos carottes. Nous avons échoué l'année dernière; nous avons échoué celle année. La plante s'est emportée el la racine est devenue coriace comme du bois sec. Nous nous en pre- nons à noire terrain el aux Toiles chaleurs. Bien certainement, le climat de la Belgique convient mieux au chervis que le climat du midi île la France. Qu'on lui donne des terrains frais el des arrosages copieux, et l'on réussira, mieux encore en Ardenne que partout ailleurs. A diverses reprises, nous vous avons parlédesrovagcsdes larves parmi les plantes repiquées, notamment parmi les choux, choux-raves el rutabagas. Aujourd'hui, nous sommes heureux de vous apprendre (pie des moyens préservatifs onl été découverts. Un curé du canton de lloufl'alize a sauvé ses plantes repiquées en les arrosant avec de l'eau de suie ; dans certaines localités du canton de Durbuy, on se sert, à cet effet, de cendres lessivées, que l'on jette dans les trous avant la trans- plantation. Ce procédé s'étend, se généralise cl passe pour infaillible. Pour noire compte, nous ne le connaissions pas, et, en même temps que nous en prenons note, nous engageons nos lecteurs à ne point le perdre de vue. Pierre qui roule n'amasse pas mousse, dit un vieux proverbe, ce qui revient à établir qu'on ne l'ail point fortune en courant. Le proverbe a du bon, mais tout en nous inclinant devant sa sagesse, nous n'en roulons pas moins de canton en canton, el aussi, parfois, de province en province; el, en roulant, nous découvrons çà et là des choses que nous ne soupçonnions guère. Tout à l'heure, nous vous citions l'effica- cité des cendres lessivées contre les larves du potager. Qu'en saurions- nous, sans nos excursions? Maintenant, nous allons vous entretenir des cloches en osier, si peu répandues et cependant si utiles pour les cul- tures précoces, les piaules sensibles à la gelée, les repiquages et le bouturage. C'esl à Tirlemonl que nous les avons vu employer pour la — 204 — première fois sur une assez grande échelle, et nous nous demandons pourquoi on ne les emploie pas partout. Ces cloches, que vous con- naissez probablement, mais que d'autres ne connaissent pas, sont, tout simplement tic petits paniers façonnés en forme de nids à pigeons, munis de quatre pieds, et couverts extérieurement de couleur à l'huile. Chacun de ces paniers coûte vingt centimes environ cl dure au moins trois ans. Ce n'est donc pas la mer à boire. Avec les cloches en osier, nous pouvons avancer d'une quinzaine certaines de nos récoltes. Pour les amateurs, c'est quelque chose ; pour les jardiniers, c'est plus encore. La peur des gelées tardives, nous oblige sans cesse à reculer nos semis ou la transplantation de jeunes légumes levés sur couche. Eh bien, avec des cloches en osier, nous recouvrons pendant la nuit et découvrons le jour; par conséquent, plus de petites gelées à redouter. Nous aurons, si nous le voulons, des haricots prêts à fleurir, quand ceux du voisin, cultivés à ciel décou- vert, ne commenceront qu'à sortir de terre; des laitues prêles à pom- mer quand, autre part, elles seront à peine bonnes à repiquer. Pas n'est besoin d'allonger les citations pour démontrer L'importance des cloches en jardinage. Nous ferons observer, en outre, qu'en temps de sécheresse, ces cloches sont excellentes pour préserver les plantes repiquées et les boutures des atteintes du soleil. C'est assurément plus qu'il n'en faut pour les recommander à l'attention des jardiniers et des amateurs. Notre correspondance ne serait pas complète, si nous ne disions un mot de la conservation des porte-graines. Nous avons déjà agité cette question dans un des numéros de ce journal (mars 1857, p. 50), dans l'article consacré a ce sujet, nous avons donné le conseil de main- tenir les porte-graines en cave pendant l'hiver, de les en sortir au moment de la pousse et de les transporter dans un appartement froid, à l'exposition de la lumière du jour. A ce propos, une remarque nous a été soumise; on nous a dit que si, dans la plupart des cas, notre recommandation pouvait être suivie, elle ne pouvait cependant pas l'être toujours. Lés cultivateurs n'ont pas souvent de pièce disponible, et il peut arriver que ceux qui en ont se laissent surprendre par une germination anticipée en cave. On ne songe pas toujours à dégager ses porte-graines du sable qui les recouvre, et un beau jour, l'on est tout surpris d'avoir des germes d'un demi-pied de longueur, au moment même où l'on s'imaginait que la végétation ne devait faire aucun mou- vement. La remarque est juste, elle est fondée. Nous avons, en efl'et, des caves traîtresses, sur lesquelles il y aurait imprudence à compter, des caves où la germination des porle-graines commence dès le mois de janvier. Le cas devient embarrassant. Pour éviter cet inconvénient, nous conseillons une pratique suivie — 205 — dans mi grand nombre de localités. Bile consiste en ceci : On ouvre un large Irou dans une des parties les plus sèches du jardin, puis tout autour, et même au milieu de ce trou, on dispose toutes les racines de porte-graines, racines de betterave, de carotte, de chou-rave, de navel, de céleri, etc., par lits d'une simple rangée, avec du sable ou de la terre sèche au-dessus de chaque lit. Dans celle disposition, l'extré- mité «les racines occupe In circonférence, tandis que le collet regarde le centre de la fosse. Une fois la conserve établie, on forme avec un pieu èl des perchettes une petite charpente au-dessus de la fosse, charpente que Ton recouvre de paille, de façon à sauvegarder les porte-graines. pendant l'hiver, contre les rafales, les pluies et les neiges. Seulement, chaque fois que, dans la saison rigoureuse, il survient des jours de soleil et de douce température, on écarte un peu la paille du toit pour donner l'air aux plantes. A la sortie de l'hiver, quand les fortes gelées ne sont plus à craindre, on donne un peu plus de jour encore pour retarder la germination, et, un peu plus tard, on enlève tout à fait la paille. En procédant ainsi, les racines ne s'épuisent, pas en pousses étiolées, et quand on transplante des porte-graines en pleine végétation, on a du moins des feuilles vertes et robustes qui contiennent leur dévelop- pement régulier et n'ont rien à craindre des gelées tardives. Avec nos porte-graines étiolées en cave, nous ne pouvons pas toujours répondre du succès; pour peu que les nuits soient froides, les fanes pourrissent et parfois aussi les racines. P. JoiC.NE.UX. POMOLOGIE. FRUITS PEU CONNUS ET RECOMMANDA BLES PAR LEIRS BONNES QUALITÉS. POMMES. pomme noise (Annales (Je Pomologie, t. IV, p. 77). Cette pomme, que nous considérons, dit M. Hennau, comme la meil- leure de celles mûrissant en août, est à peine connue en dehors des anciens pays de Liège, de Namur et de Limbourg; nous estimons qu'elle est originaire de l'une ou de l'autre de ces provinces, où, depuis un temps immémorial, elle est en très-haute estime comme fruit d'été. On l'a quelquefois confondue avec d'autres pommes étrangères, qui ont — 20G - avec la noire quelque affinité, quelques traits de ressemblance, nommément avec la Calville blanche d'été, de Knoop [Madeleine blanche de Noisette, Jardin fruitier), cl avec la vraie Calville blanche d'été de Miller et de Diel, qui est une variété différente de la première. Celle opinion a été accréditée par des pépiniéristes d'un légitime renom en Belgique, mais nous la croyons erronée. Noire Pomme neige s'en dis- lingue par plusieurs caractères qu'il serait trop long d'énumérer, entre lesquels nous mentionnerons seulement le volume qui est moindre, et le mérite qui est incontestablement supérieur. La Pomme neige, ajoute M. Hennau, est un fruit moyen (0 centi- mètres de diamètre sur 5 au moins de largeur), de forme globuleuse, se rétrécissant un peu vers l'œil. Le calice, dont les divisions sont lon- gues et recoquillées, est clos et occupe une cavité peu profonde, d'où partent, sans faire trop de saillie, quatre ou cinq côtes, peu proémi- nentes sur la périphérie du fruit. Le pédoncule, long et mince, d'un vert clair, s'implante profondément dans une cavité infundibuliforme unie et régulière. L'épicarpe (peau) lisse, fin, luisant, un peu onctueux au loucher, et d'un verl légèrement nuancé de jaune citron du côté de l'ombre, revèl une teinte jaune moins indécise du côté du soleil, où se remarquent souvent des tiquetures à bords rougeàtres ; ailleurs les points sont gris, clair-semés, fort apparents. L'éclatante blancheur de sa chair très-fine, très-délicate, justifie pleinement le nom qu'elle a reçu ; l'eau est abon- dante, sapide, rafraîchissante, d'un arôme suave. De nombreux pépins brun-marron, ovoïdes, occupent, sans les remplir, des loges relative- ment spacieuses. C'est là l'un des caractères du genre Calville, dans lequel cette pomme nous semble devoir être rangée. L'arbre, de moyenne vigueur, un peu lent à fructifier, devient très- fertile dans l'âge adulle. Il ne doit pas prendre place dans les vergers, à moins qu'ils ne soient parfaitement abrités des vents d'ouest, attendu que le fruit, une fois parvenu à sa maturité, tombe au moindre vent. Nous conseillons donc de le cultiver sur nain. Le bois est de couleur brun-olive nuancé de jaune. Les jeunes rameaux, d'une teinle rou- geàtre, sont assez grêles et divariqués; les lenlicelles y sont peu nom- breuses, peu apparentes. Les feuilles sonl assez amples, épaisses, ovoïdes, oblusément et régulièrement dentelées, duvetées en dessous. Le pétiole est long, fort, un peu teinté de rouge clair. Ajoutons, en terminant, que plus d'une ménagère experle nous a beaucoup vanté l'emploi de la Pomme neige, pour certaines conserves. (Texte de M. C. A. Hennau.) — 207 — ■•oiiimc Dnehewe «roiilciilioiirg (Annales de Potnologie, I. IV, p. 81). Celle pomme, qui nous semble appartenir à la famille des Calvilles bâtardes (Gulderlinge), esl de date récente et nous n'avons pa en trouver In description nulle part. Originaire de |{us>ie, elle porte avec elle, pour ainsi dire, son certificat d'origine, comme les pommes Alexandre I,r, Blanche d'Astracan, etc. Nous voulons parler de celle sécrétion onctueuse dont la prévoyante nature a revêtu leur épiearpe délicat, pour les protéger contre les rigueurs du climat moscovite. Mlle a élé introduite en Angleterre, il y a quelques années, sous le nom de Duchess of Oldenburgh , par M. Kirke, pépiniériste à Brompton. Elle s'est parfaitement acclimatée chez nous, où elle porte d'abondantes récoltes, sans jamais tromper nos espérances, même dans les années les moins favorables. Celle pomme est d'une forme assez irrégulière, gibbeuse et d'un volume plus que moyen, mesurant communément G centimètres de hauteur sur 7 à 8 de diamètre. Le pédoncule, extrêmement court, s'im- plante dans une cavité peu profonde, aux bords évasés, assez unis, et plus ou moins largement maculée de gris-verdâtre. Le calice, ordinai- rement clos, aux divisions touffues, allongées, d'un vert-brunâtre, occupe une cavité profonde, bosselée et brusquement déclive. L'épi- carpe (peau) d'abord vert clair et jaunissant plus lard, est teinté et lavé de rouge cerise du côté du soleil : coloris qui se ternit et s'efface graduellement dans les parties restées à l'ombre. Çà et là, se montrent à peine quelques petits points blanchâtres. La chair esl blanche, grenue, légère; une fois exposée à l'air, elle prend rapidement une teinte jaunâtre, si elle est mûre. Son eau, sucrée, acidulé, est abon- dante et d'un très-agréable parfum, qui nous semble rappeler un peu l'arôme de l'Ananas. Les loges et le trognon qui sont fort amples, con- tiennent des pépins brun marron, obovales, parfois avortés. La Pomme Duchesse d'Oldenbourg mûrit vers le 15 août, et doit, se consommer dans la quinzaine. On voit combien est précieuse à pareille époque cette nouvelle variété : moins du reste pour le dessert que pour les usages culinaires. L'arbre d'ailleurs, répétons-le, esl d'une, remarquable fertilité; ajoutons que sa complexion est saine et rustique. Le bois est brun nuancé, olive-verdâlre, tiqueté de rares lenticelles grises peu saillantes. Le jeune bois se teint de rouge obscur vers la partie exposée aux rayons solaires. Les feuilles sont amples, épaisses, ovales-acuminées, d'un vert luisant sur la page supérieure, cotonneuses en dessous, d'une serrature régulière peu profonde; les pétioles sont forts, lomenteux; les stipules linéaires. (Texte de M. C. A. Hennau.J — 208 — MISCELLANÉES. CULTURE F)U TRITONIA AUREA. Le Tritonia aurea (Pappe et Ilook, Bot. May., pi. 4335) est une charmante plante bulbeuse voisine des Ixia et appartenant comme ces dernières à la famille des [ridées et à la Triandrie monogynie. Quelques auteurs, il est vrai, considèrent le genre Tritonia établi par K.er aux dépens du genre Ixia, comme un doubleemploi de ce dernier; mais comme il est généralement adopté aujourd'hui et que notre plante est connue des amateurs sous le nom de Tritonia aurea, nous nous tiendrons à celte dénomination. Le Tritonia à fleurs dorées est origi- naire du district de George dans la colonie du Cap et a été introduit par MM. Pappe et Villett qui en envoyèrent des bulbes vers 1847 à M. Backhouse, borticulleur à York, en Angleterre; la beauté et le nombre de ses fleurs, sa taille assez élevée, et sa culture assez facile, ont acquis une juste réputation à celle espèce, la plus belle d'un genre déjà riebe en jolies plantes. Le scape s'élève souvent de GO à 75 centi- mètres de hauteur; il est feuille vers le bas et se termine par une ample panicule chargée de grandes fleurs d'un orange brillant, passant au rouge et de longue durée; les feuilles sont distiques, longues (moins longues que le scape), étroites, linéaires, ensiformes et striées. Élamines et style très-saillants et très-longs. Le bulbe est assez grand, subglobu- leux, strié, brun, et émet de nombreux jets latéraux. La mi-février ou le commencement de mars est l'époque la plus favorable pour la mise en pots des bulbes; plus tard on risquerait de briser la pousse supérieure de nature très-fragile et de retarder ainsi considérablement le développement de la plante; à l'époque prescrite pour le rempotage, cette pousse n'a souvent que quelques millimètres de hauteur et offre moins de chances d'être endommagée. On plante six bulbes, les plus forts possible (les jeunes seront trailés séparément) dans de larges pots que l'on aura préalablement bien drainés au moyen d'un lit de 5 à 4 centimètres d'épaisseur de tessons, de gros gravier et de morceaux de charbon de bois, et rempli d'un mélange par parties égales de terreau de feuilles consommées, de terre argileuse sableuse et de terre de bruyère tourbeuse, auquel on aura ajouté une certaine quantilé de sable. Quelques personnes tamisent leurs terres avant de les employer; ce travail est inutile; il est bien préférable de se servir de sols non tamisés, qui permettent aux eaux d'arrosement de les pénétrer plus facilement et de les traverser sans y séjourner longtemps. En plantant les bulbes, il faut avoir soin de les enfoncer assez profon- — 209 — dément, de manière à ce qu'ils soient recouverts d'au moins .'* à <» cen- timètres de terre; on bassine légèrement pour affermir le sol; les arrosages subséquents sont différés jusqu'à l'apparition des pousses au-dessus du sol. La plantation achevée, on porte les pots dans une bâche froide; là les Tritonia se développeront peu à peu, mais d'une manière régulière; évitez tout surcroît de chaleur, car s'il est vrai que ces plantes végéteront plus rapidement sous une température de 18 à 20 degrés centigrades, la floraison sera aussi moins belle, la panicule moins grande, le port général plus faible que lorsqu'elles sont soumises à un traitement moins excitant. Une fois en pleine végétation, on les arrosera fréquemment, on aura de plus recours aux seringages, très- utiles pour les garantir des attaques de l'araignée rouge, insecte qui affectionne beaucoup trop les Tritonia; on reconnaît ses ravages à la teinte jaune des feuilles ; si les seringages étaient impuissants à chasser cette vermine, il faudrait laver les feuilles et la tige avec de l'eau de savon noir. On placera les Tritonia, dès qu'ils seront bien développés et vigoureux, dans un lieu abrité du jardin en plein air où ils formeront leur panicule en toute liberté; on devra, pour jouir longtemps de leurs brillantes corolles, les rentrer dans l'orangerie, là elles feront les délices de l'amateur pendant les mois d'août et de septembre. On peut également planter les Tritonia en plate-bande, à exposition ebaude et abritée, dans de la terre de bruyère tourbeuse et sableuse, où ils rivaliseront de beauté avec les fastueux Gladiolus psitlacinas. Les gros bulbes sont entourés de bulbilles que l'on enlève au moment de la plantation et que l'on élève en pots et dans un compost plus sablonneux que celui indiqué pour les vieux bulbes. Ces bulbilles for- meront deux ou trois années après des exemplaires de force à fleurir. Après la floraison, on reporte les plantes dans une bâche froide, en les exposant en plein soleil; on continue lesarrosements afin d'aoûter complètement les feuilles et d'endurcir les bulbes; on les diminue lorsque le feuillage commence à se faner pour les suspendre complète- ment lors de sa chute. On conserve les pots dans un endroit sec et à l'abri de la gelée jusqu'en février. Quelques cultivateurs n'accordent à ces plantes qu'un mois ou deux de repos, les rempotent vers la mi- octobre, et plongent les pots dans une couche de vieille tannée, mé- langée de fumier d'étable frais, qu'ils recouvrent de panneaux et de paillassons pendant l'hiver. Parcelle méthode on obtient une floraison un peu plus précoce, mais on a plus d'embarras que par notre système. Celte méthode est surtout bonne pour les Sparaxis, Dabiana, Ixia, Oralis, Lachvnalia, Gladiolus, etc., et plusieurs Tritonia, qui souvent commencent à fleurir dès les premiers jours de mai. On a remarqué qu'en recouvrant le litde tessons, qui forme le drainage des pots, d'une couche de fumier de vache bien décomposé, les glaïeuls plantés en octobre acquéraient une vigueur remarquable. Septembre 1857. IS — 210 — PUBLICATIONS BOTANIQUES ET HORTICOLES DES PAYS-BAS. Paris, août 1 8f»7. Nous avons remarqué à l'Exposition d'horticulture quelques ouvrages hollandais présentes pur. M. Vattemare, le directeur dos échanges liilé- raires internationaux. Nous avons cru devoir en dire quelques mois à cause de leur valeur, en même temps que pour donner un aperçu de l'importance de la littérature botanique néerlandaise. L'histoire naturelle, et particulièrement celle des plantes, est. une des branches scientifiques les plus cultivées dans les Pays-Bas ; mais malheureusement, grâce à la langue de ce pays très-peu connue, les pu- blications des Blume, des de Vriese, des Miquel, des lunghuhn (1), etc., ne sont consultées que par un très-petit nombre de savants, tandis que l'horticulture, par exemple, pourrait leur faire de nombreux em- prunts. L'Illustration des Rafflesias est un échantillon de ces beaux travaux. On connaît ces magnifiques végétaux, remarquables à la fois par leur dimension et leur manière d'être, ces fleurs si phénoménales qui se développent comme des champignons sur la lige d'un arbre (appartenant à une espèce de Cissus) dont elles sont les parasites. On trouve dans le texte (en français) de l'ouvrage à la suite de l'exposé purement botanique, des détails minutieux sur la forme et la grandeur des fleurs de Ra/flesia, mais qui ne peuvent néanmoins nous per- mettre une description fidèle, car pour de telles plantes la représen- tation figurée est indispensable afin d'en donner une idée quelque peu exacte. Dans ce rapport, les planches de V Illustration des Rafflesias (2) sont on ne peut plus fidèles, car elles ont été dessinées sur les lieux mêmes; celle qui représente la végétation de la Rafflesia Rockussenii au mont Salak (Java) mérite l'attention du botaniste et de l'artiste, elle offre un tableau saisissant de la nature tropicale dans toute sa luxu- riante fécondité, telle qu'elle se montre sous le climat si chaud et si humide de la Malaisie. Il est une autre publication de la Hollande sur laquelle nous nous appesantirons quelque peu : nous voulons parler du Tuinbouw (1) On trouve un catalogue très-complet des publications sur Tliisloire naturelle des Indes néerlandaises dans l'ouvrage du docteur Jcnghdhn. Java; zijne ge- daante zijn planlcntooi en invendige bonw (Java; sa forme, les plantes qui l'ornent, sa formation géologique). Amsterdam, 2e édit., 1852-1854. Gr. in-8°, I. I, p. 179-190. (2) Illustration des Rafflesias Rochussenii et Patma d'après les recherches faites aux îles de Jura cl de Nœssa liambangan (près Java) par MM. Teysmanw el S. BiNivENUYk de Builenzorg; par M. H. de Yrikse. Leyde, 1854, in-fol.. el six planches. — 211 — fiôra (1). Ditns les volumes parus nous avons trouvé plusieurs travaux intéressants dont l'énumération ne sera pas sans utilité. L'année 1854 nous offre un mémoire très-curieux sur les Ignames il»' la Chine et du Japon (Schân-yô en chinois, Naga-imo, Yamma-imo en japonais), d'après les ouvrages originaux de ces contrées par M. J. Hoffmann, l'interprète «lu roi de Hollande pour le japonais (p. 289-503), une noie sur les lis de montagne du Japon [Lilium jama-juri, Si l ô - 3 1 0 ) , iïn Bilbergia thyrsoidea, Mari, (planche, p. 535-555), eie. L'année 1855 renferme aussidesdocumentssur l'Igname en partie inédits, en partir d'après les revues françaises (p. 56-40, 329-331 , 340-353) ; une note de Siebold, le fameux explorateur du Japon sur les nouvelles espèces de patates do ce pays qu'il a introduites dans son jardin de Leyde (p. 281-285) ; des descriptions du Thvjopsis dola- brata (p. 1-2, planche); du Cedrus deodora (p. 95); du Mangoustan [Garcinia Mangostana, p. 96); de l'herbe de Para (Panicum jumen- lorum, p. 285-287); ùc>< mémoires sur l'introduction du quinquina du Pérou à Java (p. 151-161, 257-271), sur une nouvelle nomenclature i\{>s palmiers des jardins des Indes orientales néerlandaises (p. 560- 571), sur le développement des piaules de Surinam et suc l'état prospère de celle colonie (p. 12-32, 44-55), et un travail sur la culture do Orchidées (p. 1)7-128, 161-192,225-256,289-526; en tout plus de 120 pages). Dans le volume de 185(5 nous trouvons des notions sur le Cyprès pleureur de l'Himalaya Cupressus funebris, p. 1-3), sur le Cyclanthera pédala, Schrad. (p. 49); sur l'herbe de Para (Panicum jumcnlorum, p. 25-20) ; sur une plante potagère propre à tenir lieu do epinards (Pircunia esculenta, Miquel, p. 84-86); sur les espèces du genre Mschynanthw (p. 152-159) ; sur la culture de l'Igname de Chine (p. 03-04) ; sur l'origine des Calebasses (55-57); des travaux concernant les Palmiers considérés sous le rapport de leurs attributs botaniques, de leur culture, de leur utilité industrielle (p. 57 05); l'histoire de la Vanille, un nouveau produit des Indes orientales néerlandaises (p. 55- 49, 65-85, avec deux planches de la Vanilla Guyanensis et deux planches de la Vanilla planifolia) ; un nouvel examen louchant le Camphrier de Sumatra et de Bornéo (Dryobalanops Camphora, p. 80- 110); l'arbre Gulla-percha des Indes néerlandaises (Isonandra gutta, p. 11)3-238 et. planche); la culture des plantes japonaises à Leyde par (I) Tuinbouw flora van Nederland eu zijne overzeesche bezitlingen, uilgegeveo onder de bescherming van Z. M. den koning door de koninklijke Nederlandsche Maalscliappij lot aanraoediging van den Tuinbouw. Leyde, 1854-1856, 8« derde deel [Flore des Jardins de la tjéerlande et de ses possessions d'outre-mer, publiée sous le patronage de S. M. le roi par la Société royale néerlandaise pour l'enceu ragemenl de l'horticulture), — 212 — M. de Siebold (p. 140-152); un mémoire très-curieux sur l'âge dès arbres(p. 113-498, 161-492, 245-256). Nous pensons que ces extraits suffiront pour faire comprendre tout l'intérêt qu'offrent les publications néerlandaises aux sciences de la botanique el de l'horticulture. L'agriculture, en ce qui concerne nos colonies, y trouvera aussi de précieux renseignements; car en f;iit de cultures tropicales il faut se rappeler que les Hollandais ont su déve- loppera Java, sur une vaste échelle, les cultures du thé, de la cochenille, du canellier étrangères au pays et sont parvenus à fonder un système agricole des plus remarquables. Paul Madimez. DE LA CULTURE EN PLEINE TERRE DES ROSIERS THE ET DE LA NOUVELLE ROSE JAUNE 1SABELLA GRAY. Les Rosiers Thé étant plus délicats que la plupart de leurs congé nères, exigent certains soins de culture et un abri pendant nos froids rigoureux; l'humidité et les changements brusques de température de nos climats inconstants les détruisent plus qu'un froid rigoureux mais continu. Il est certain qu'on peut conserver en pleine terre la majeure partie des Rosiers Thé en drainant suffisamment le sol ; les alternances de gelée et de dégel n'ont plus alors cette influence si fatale aux plantes qui croissent dans un terrain peu perméable. Il faudra, si l'on voulait tenter cette expérience, creuser le sol à une profondeur de bOà 60 cen- timètres, charger le fond d'une couche de tessons de pots, de morceaux de briques, de plâtras et autres matériaux poreux. Cette couche, épaisse d'au moins 16 à 18 centimètres, sera ensuite recouverte jusqu'à la hau- teur voulue du compost suivant : terre franche et fumier consommé par parties égales; on ajoutera, pour rendre le mélange plus perméable, une certaine quantité de gros sable. On plantera les Rosiers dans ce terrain ainsi préparé; ils y fleuriront fort bien, car ils se plaisent dans un sol riche el léger. Si la terre du jardin était de nature perméable, on se bornerait à la fumer convenablement. A l'approche des grands froids, on fichera en terre, çà et là autour des rosiers, des frondes sèches de la grande Fougère des bois (Pteris Aquilina) ; ce simple abri est un des meilleurs que nous connaissions; on peut aussi se servir de paille et de paillassons, mais sans perdre de vue que les rosiers ne doivent jamais être tellement couverts que la circulation de l'air soit complète- ment, arrêtée. Nous le répétons, un abri léger pendant les froids in- tenses suffira si le sol est bien drainé. Beaucoup d'amateurs relèvent leurs rosiers à l'entrée de l'hiver pour les héberger en bâche ou en serre froide; mais en observant nos recommandations, cette déplanta- - 213 — tion devient inutile, tant pour le> \uriélé> franches de pied que pour telles greffées ou écussonnées. Les Rosiers Thé Lien cultivés forment la tribu la plus intéressante du genre rosier, soit qu'on les élève autour des piliers de la série froide ou qu'on les palisse contre un mur. Les meilleurs sujets pour recevoir les grilles el les écussons de Rosiers Thé sont la Rosa Bank- siir variété Fortunei, à fleurs blanches, plus rustique que les autres (1), et la Iiosa canina ou églantier ordinaire. Parmi les plus belles Roses Thé viendra briller la rose Isabella Gnnj, obtenue de semis dans la Caroline du sud aux Étals-Unis, par M. Gray, et récemment introduite en Angleterre; elle fleurit très- abondamment et croît avec vigueur. Ses fleurs sont d'un beau jaune doré uniforme, c'est-à-dire sans aucune de ces teintes saumonées, jaune citron ou chamois, que l'on observe communément dans celle classe de roses, grandes, bien faites et d'une odeur très-suave. L'exposition du 7 avril dernier, de la Société d'horticulture de Londres, comprenait de magnifiques contingents de Rosiers forcés, entre autres une variété jaunâtre nommée Ocliroleuca, portant 43 Heurs, objet de l'admiration générale; > mais, dit le rapporteur de celle exposition [Gardener's Chronicle, 1 1 avril 1857), le principal bijou de cette partie de l'exhibi- tion était un nouveau Rosier Thé grimpant, à fleurs d'un jaune foncé, provenant de la Caroline du Sud, présenté par M. Low, horticulteur à Clapton, prés Londres. Rien que la plante eût un peu soufl'ert du Irans- porl, on pouvait néanmoins juger de son mérite; elle portail au delà de quarante fleurs grandes el doubles, et d'un coloris presque aussi beau que celui de l'ancienne variété jaune à peurs doubles, si diflicile à porter. Ce sciait donc une acquisition précieuse si celle nouvelle va- (I) M J. Cherpin, dans son intéressant Journal des Roses et des Vergers, Lyon, 4e année , 1re livraison , dit à propos de la greffe de Rosiers sur [tanks jaune, ima- ginée par M A. L. el décrite en ces termes dans une publication du midi de la France : « On obtient par celle greffe de longues guirlandes de roses. Le Banks s'é- lève beaucoup; il a une végétation vigoureuse; les rosiers remontants greffés sur les tiges ont donné dans l'année un développement de 6 à 7 mètres. Le Rosier Banki fleurit plus loi que nos rosiers remontants; la floraison des roses greffées :i de- vancé de Irois semaines celle des variétés greffées sur églantiers. » Peut-être ce moyen est-il praticable dans le Midi, niais dans nos contrées, ajoute M. Cherpin. et dans le Nord où le froid sévit rigoureusement, le Banks, même la variété a fleurs jaunes, ne peut guère être conservé qu'avec beaucoup de soins. Nous ne pensons pas, du reste, que les greffes soient faciles à la reprise el durent longtemps sur celte espèce. Plusieurs variétés de Mulli flores, dont la végétation est aussi luxu- riante que celle du Banks, nous paraissent offrir des avantages plus certains aux amateurs. Nous les engageons néanmoins à lenler l'essai recommandé par les horticulteurs du Midi. » — Les observations de M. Clierpin sont fort justes quant aux anciens Banks, mais la variété Fortunei à fleurs blanches esl employée en Angleterre comme riant plus rustique. — 214 -- riété tient les belles promesses qu'elle vient de l'aire. Le rapporteur ajoute qu'il y a déjà en Angleterre deux ou trois Miss Gray dont les qualités n Oui point encore été appréciées, de telle sorte que les ama- teurs doivent être sur leurs gardes et bien spécifier dans leurs de- mandes la variété exposée à Chiswick. Dans le numéro du 4 juillet du Gardener's Chronicle, nous lisons sous la signature de M. T. Hivers, rosomane el pomologue distingué, que « M. Andrew Gray, ex-chef jardinier chez ML Buis! à Philadel- » plue, s'établit, il y a environ huit ans, à Charleston (Caroline du » Sud) et s'attacha à la culture des Rosiers; il sema des graines de la « Rose noisette Chromatelle (Cloth of Gold des Anglais), et choisit » dans ce semis deux variétés, l'une qu'il nomma Isabella Gray, l'autre >• Jane Hardy, la première fleurit fort bien en Amérique, sans toute- » l'ois égaler en beauté la Rose Chromatelle; la seconde fleurit mal. Il » y a environ trois ans que M. Buist envoya la rose Isabelle Gray en » Angleterre, dont la première floraison a eu lieu celte année. Il » n'existe donc qu'une seule Rose Isabelle Gray, qui probablement de- » viendra une fort bonne variété florifère. » M. William Paul, cultivateur renommé de rosiers, écrit à son tour qu'il n'existe qu'une seule rose américaine, Isabella Gray, obtenue par M. Gray, et envoyée en premier lieu à M. Paul par M. Buist ; de telle sorte que les personnes qui ont acheté l'an dernier ce rosier, peuvent être assurées de son identité. Nous avons cru devoir entrer dans quelques détails à l'égard d'une variété aussi remarquable, d'autant plus que son prix actuel est assez élevé (10 à 20 francs). NOUVEAU FRUIT COMESTIRLE DU CHILI. Eugenia Ugni (Molina). Le programme de l'exposition de fruits du 24 octobre 1857, émis par la Société d'horticulture de Londres, ouvre un concours pour la plus belle assiettée de fruits d' Eugenia ugni; le premier prix est d'une va- leur de 50 francs ; le second, de 25 ; ces deux prix sont offerts en faveur de ce nouveau et précieux fruit par M. C.-W. Dilke, membre de la So- ciété. — On se demande quelle est donc l'importance de ce fruit que l'on semble placer sur un pied d'égalité dans le programme des concours avec les ananas, les raisins et les oranges? C'est l'importance qui s'attache à l'introduction d'un fruit reconnu délicieux, mûrissant sous notre climat! La plante nommée Eugenia ugni est originaire du Chili, où elle fut - 21 Ji — remarquée, au commencement du siècle dernier, parle célèbre voyageur le père Feuillée, qui en publia une description el une figure sons le nom àeMirtillo. C'est un arbrisseau touffu, ;ï rouilles toujours vertes, d'une couleur plus foncée et d'une texture plus épaisse que cilles du myrte auquel YEugenia ugni ressemble beaucoup. Il parait plus rus- tique que le myrte, à en juger par la facilité avec laquelle une plante en la possession de M. Lindley a traversé les deux derniers hivers dans une bâcbe humide, non chauffée et exposée au Nord; le froid ne lui lit aucun mal. Les Heurs sont blanches, teintées de carmin et offrent une apparence particulière comme si elles étaient de cire; elles pendent solitaires entre les feuilles. Le fruit consiste en baies rondes, d'un violet noirâtre, du volume des baies du groseillier noir ou cassis, dont le goût, lors- qu'elles sont mûres, ressemble à celui produit par un mélange de fraises, d'ananas et de goyaves violettes (fruit du Psidium cattleianum Lindl.) (I). « Selon mon opinion, » ajoute M. Lindley, auquel nous em- pruntons ces détails (Gardener's Chronicle, 18 avril 18;J7). « Le fruit de YEugenia ugni est un des plus agréables au goût qui ail été introduit dans les cultures ; et bien que le peu de grosseur des baies semble sou- lever des objections, leur abondance compense leur peu de volume. » VEugenia ugni possède une grande qualité, celle d'être d'une cul- ture facile, et il n'y a pas de raison, croyons-nous, pour qu'on ne puisse le cultiver partout où le myrte ordinaire peut vivre. Il exige, lorsque les fruits sont noués, la plus forte somme de chaleur possible; ainsi les pieds cultivés en pots doivent, dès que leurs fleurs ont passé, être exposés en plein soleil dans la partie la plus chaude du jardin, par exemple, au pied d'un mur au midi ; on pourrait même, pour être plus certain de la récolte, établir au-dessus des plantes une toiture tempo- raire pour les préserver de la fraîcheur des nuits; si on les laisse en serre froide, on les placera assez près des vitres et de manière à ce qu'ils reçoivent en plein les rayons solaires. Ces remarques, dit M. Lindley, sont de simples suggestions; les essais qui \ont se tenter cette année permettront de mieux connaître les errements de la culture de cet inté- ressant arbrisseau; une grande quantité de pieds ont été vendus depuis peu, à différentes personnes, probablement en vue du concours du mois d'octobre; les différents résultats obtenus serviront de leçon pour l'avenir. Les fruits dégustés par M. Lindley provenaient de plantes cultivées dans une serre de MM. Veitch; une médaille fut décernée à ces émi- (I) Le Psidium cattleianum, originaire du Brésil, esl réputé comme produisant les meilleures goyaves; le fruit est d'un brun orangé; sa pulpe offre la consistance • ■l le sroûl d'une fraise. - 216 nents horticulteurs à l'exposition du mois de juin 18;j<), pour l'envoi de ces fruits. VEugenia ugni est assez multiplié actuellement pour que l'on puisse s'en procurer facilement de jeunes piaules à un prix fort bas. Il serait à désirer que quelques amateurs du centre et du midi de la Fiance vou- lussent bien tenter celle culture eu plein air. NOTES SUR LES PROPRIETES MEDICINALES DE QUELQUES PLANTES INDIGÈNES. 4 apsclln luirsa pnstoi-is ai. C. (TlILASPI, LlN.). — Famille des Crucifères. Français : Tabouret, Bourse à berger. — Anglais : Shepherd's purse. — Allemand : Die Hirtentasche. — Hollandais : Herders-Taschjes. Description. — Tige de un à deux pieds, dressée, rameuse, munie de quelques poils. Feuilles radicales roncinées, un peu velues, sub- ciliées sur les bords, étalées en rosette ; les cauliuaires déniées, incisées, hastées, semi-amplexicaules. Fleurs blanches petites terminales. Sili- cule (fruit) triangulaire, comprimée, glabre, éebancrée au sommet. Cette plante annuelle, Irés-commune, se trouve dans toule l'Europe, aux bords des chemins, dans les endroits cultivés, sur les murs, elc. Elle croît presque toute l'année. Comme la plupart des Crucifères, celle plante possède des propriétés qui ne sont pas à dédaigner, malgré cela elle est pour ainsi dire pro- scrite de la matière médicale ou du moins reléguée dans l'oubli, sans doute parce qu'elle est trop commune. Elle passe pour astringente. La plante entière pelée est conseillée en topiques pour les douleurs rhumatismales, les hémorroïdes, etc. On a obtenu, par l'administration de son suc, de très-bons résultats dans les maladies de poitrine et principalement dans l'hémoptysie (crache- ment de sang), maladie dans laquelle M. le docteur Devos de Bruxelles en préconise l'usage, par suite des succès qu'il en a obtenus. Son suc est recommandé à la dose de deux à quatre onces, contre les éjections sanguines, même pour les bestiaux. Les campagnards se servent fréquemment de celte plante pour arrêter toule espèce d'hémorragies, tant pour leurs semblables que pour les animaux domestiques. B. m? *p* ^ f?C/ttt?(\ — 217 — DORONICUM BOURGOEI. ( Schultz-Bipont. ) (Planche \l\.) Il nous a semblé utile de donner une bonne figure de ce joli Doronic dont nous avons publié une description clans noire numéro du mois d'août 1887, page 173; car il est probable que les catalogues de mar- chands grainiers en offriront des graines prochainement; et les ama- teurs pourront juger, par notre planche, du mérite de celle nouveauté. — C'est une plante d'orangerie comme les Cinéraires des lies Canaries, avec lesquelles elle a la plus grande analogie; les botanistes, et, entre autres, M. le professeur Schultz-Bipont, qui s'occupe particulièrement de la famille des Composées, légitiment la distinction du genre Doronicum sur ce que les akènes du disque sont munis d'un pap'pus, tandis que les akènes du rayon en son! dépourvus. Le port, l'inflorescence, le coloris même des fleurs rappellent les Cinéraires, el nous ne serions pas surpris que noire Doronicum n'eu fasse un jour partie. I.e Doronicum Bourg œi fleurit très-abondamment au printemps; sa culture, des plus faciles, se résume en celle des Cinéraires. Sa multipli- cation a lieu par les graines qu'il donne assez facilement et par le bou- t urage des jets latéraux. PRONE PONDS SEEDLING. (Planche XX.) Ce fruit, très-distingué par son volume, l'un des plus considérables du genre, a été obtenu en Angleterre il y a quelques années et n'est pas encore très-répandu sur le continent; il est de seconde qualité, mais sa beauté, la vigueur et la fertilité de l'arbre, lui donnent droit à une place dans toutes les collections d'amateurs. La forme de la Pond's Seedling est ovale, allongée, amincie vers le pédoncule, arrondie au sommet vers lequel son diamètre augmente; la rainure, très-apparente, un peu plus profonde vers le liant, partage le finit en deux moitiés inégales ; il mesure en longueur G à 7 centimètres sur 4 à 4 et demi de diamètre. Le point pistillaire est peu apparent, petit, rond, brun, placé à fleur du fruit. Le pédoncule, long et gros, vert, renflé à son sommet, est im- planté dans une cavité arrondie el peu profonde. La peau, rouge- violacé, ponctuée de points gris et couverte d'une pruinc bleuâtre, est «paisse et se sépare facilement de la choir. Celle-ci est jaune, succulente, demi-fondante, sucrée, mais sans arôme particulier bien caractérisé. Octobre 18o7. <9 — 218 - Le ooyau est ovale, long de (rois centimètres, large de un et demi, tronqué à sa base et se terminant en pointe eflîlée à son sommet; les joncs sont rugueuses, les arêtes du ventre tranchantes, divisées par un sillon étroit et profond; ses arêtes dorsales sont largement espacées; celle du milieu est obtuse, tandis que les latérales sont tranchantes. Le noyau, en se séparant de la chair, en retient quelques parcelles. Celte prune mûrit, en Belgique, du 15 au 50 du mois de septembre; elle tient fortement à l'arbre et se fendille rarement par la pluie. L'arbre, très-vigoureux, a le bois gris-brun; les rameaux de l'année sont longs, droits, lisses; leur couleur est rouge-brun. Le gemme est pointu, gris-verdàlre. Les feuilles, vert foncé, velues, ovales-lancéolées, ont environ 12 centimètres de longueur sur G de largeur; vers le mi- lieu, leur pétiole est cannelé, long de 3 à 4 centimètres. (A. Royer, Annales de Pomologie belge et étrangère, livraisons 1-5, 1857.) On peut se procurer cette belle prune chez la plupart de nos pépi- niéristes. L'exemplaire figuré provient d'un arbre cultivé en pyramide. REVUE DES PLANTES RARES OU NOUVELLES. 1° SERRE CHAUDE. Wendrobiiim nobile, var. pallidiflormn , figuré dans le Bot. Mag., pi. 5005. — Famille des Orchidées. Celte variété diffère surtout du type par ses pédoncules unifiores, par ses fleurs moins grandes, à pétales plus étroits, et par l'absence du beau coloris rose et de la large macule rouge de sang qui orne le tube du labelle du type. Telle qu'elle est, cette plante est fort jolie et ressemble beaucoup au Dendrobium crepidatum; son labelle pubes- cent est d'un jaune de soufre pâle, à lobes latéraux marqués de stries purpurines ; les sépales et les pétales de couleur blanchâtre sont bordés 'de rose, de sorte qu'en somme celle variété à fleurs pâles nous paraît aussi élégante que le type à fleurs roses. M. Van Houtte, de Gand, en possède des exemplaires. îFd ■ ï©. — 219 — kgave denaMera (W. HOOKER), figuré dans lu llol. Mag., pi. 5006. Famille dos Amaryllidées. — Hexandrie Monogynie. Il est peu degrobpes de piaules dont l'élude soit moins avancée que celui des Agave, Littœa, Fourcroya, Dasylirion, etc. Les fragments que l'on trouve dans les herbiers soni insuffisants, sinon pour l'analyse des Heurs, du moins pour la description du port, du feuillage, etc. La nature charnue de ces plantes, le volume considérable auquel elles atteignent, s'opposent à ce que les naturalistes explorateurs les com- prennent dans leur butin de plantes sèches; et, dans tous les cas, de pareils échantillons sont trop déformés pour que le botaniste puisse les décrire avec succès. Ce n'est donc que sur des pieds cultivés en Europe que l'élude de ces plantes pittoresques et ornementales peut se faire ; et jusqu'à ce jour, bien que le nombre d'espèces cultivées soit assez grand, soit à cause de leur rare floraison ou de l'inadvertance des possesseurs d'exemplaires en Heurs, peu d'entre elles ont été décrites dune manière satisfaisante. On commence à s'occuper sérieu- sement de ces nobles végétaux; de grandes collections ont été formées au Jardin royal de Kevv, dans divers jardins botaniques de l'Alle- magne, tle la Hollande, de la Belgique et de la France: enfin leur cul- ture est mieux comprise; on peut donc inférer que, grâce à ces diverses causes, la connaissance de ces sortes d'Amaryllidées fera bientôt assez de progrès pour faire justice de celte foule d'espèces et de genres adoptés provisoirement. Un botaniste allemand, M. Kunlh, a décrit trente-huit espèces d'Agaves qu'il partage en trois sections : 1° scape paniculé-rameux ; 2° scape simple, fleurs disposées en épi et sessiles; et 5° espèces à classer (incertaines). La plante qui fait l'objet de cet article appartient à la deuxième section; sir W. Ilooker la con- sidère comme nouvelle, car, dit-il, elle ne s'accorde avec aucune des espèces décrites par Kunlh. VAgave densiflora fait partie de la collection de plantes grasses du Jardin de Kevv; on le croit originaire du Mexique. C'est une espèce acaulc pourvue de nombreuses feuilles : les externes étalées horizon- talement, les autres assumant graduellement une direction érigée, les centrales sont tout à fait dressées; toutes sont obovées, lancéolées, dilatées à la base, épaisses, roides, se terminant en une pointe fine; bords inégalement épineux-dentés; dents érigées-étalées, courtes, à base large, à peine longues d'une ligne, dures, cornées, presque noires ; la largeur des feuilles varie de 4 à 5 pouces, leur longueur n'atteint pas trois pieds; elles sont convexes à la surface inférieure, presque planes ou canaliculées en dessus ou concaves près de l'extré- mité ; leur couleur est le vert foncé sans aucune teinte glauque. Le scape, haut d'environ 6 pieds (épi compris), et (\u\\ diamètre — 220 — dépassant un pouce, s'élève d'entre les feuilles terminales; à sa base se trouvent deu* ou trois feuilles étroites qui passent de suite en de longues bractées (3 à 4 pouces) subulées et membraneuses, d'abord vertes, ensuite d'un brun pâte, nombreuses, plus du moins érigées ou étalées, ou même défléchies. L'épi s'allonge à mesure que les fleurs se montrent et unit par atteindre une longueur de plus de 1 pied, chargé d'innombrables boulons cylindriques, acuminés, vert pâle, rapprochés les uns des autres de manière à former une masse dense et compacte. Les fleurs s'épanouissent du bas vers le sommet; l'épi assume bientôt un aspect fusiforme, large, étroit vers le bas, et de couleur brunâtre par la présence des fleurs fanées et pendantes-, plus baut apparaît une large bande de fleurs jaunâtres très-avancées, mais non fanées; au- dessus s'élève une zone où domine le riebe violet des étamines et du pistil des corolles récemment ouvertes ; enfin le sommet est formé par les boulons. Les fleurs, souvent seulement pourvues d'étamines, sont très-rapprochées et très-nombreuses, sessiles, chaque paire soustendue par une bractée subulée. Périanlhe d'un jaune verdâtre, hypocratéri- forme ; les segments du limbe élalés-réfléchis, sphacelés à l'extrémité. Filets plus de deux fois aussi longs que le périanthe, violets. Anthères longues, versatiles, d'un violet foncé, jaune à la dissémination de l'abondant pollen. Ovaire elliptique, un peu anguleux, triloculaire ; graines nombreuses, disposées sur deux rangs dans chaque loge. Style plus court que les étamines, gros et filiforme. Stigmate obtus, un peu dilaté. Agave maculai;» (Regel), figuré dans la Garten Flora, mai 1857, pi. 158. Cette espèce fort remarquable a été obtenue au Jardin impérial de botanique à Saint-Pétersbourg, de graines envoyées du Mexique par M. Karwinski, voyageur naturaliste, dont le nom est bien connu des amateurs de Cactées. — Les feuilles radicales sont réunies de manière à former une belle touffe d'un effet très-ornemental ; elles sont linéaires lancéolées, coriaces, en gouttière en dessus, convexes en dessous, mais sans carène, recourbées, à bordure très-étroite, transparente et blanche, avec de très-fines dentelures; leur couleur générale est le vert-clair orné sur les côtés de la feuille de taches d'un beau brun qui se déta- chent nettement sur le fond; leur longueur est d'environ 50 centimètres, leur largeur de 5. La hampe s'élève du milieu du faisceau des feuilles à une hauteur d'environ 1 mètre seulement; elle porte dans le haut des grappes peu fournies de fleurs dressées, mélangées de verdâtre et de pourpre. — 224 — wormia exeeiaa (Jackson), Gguré dans la Flore des Jardins du royaume des Pays-Bas , S* el <>•' livraisons, I 7 . Syn. : Capellia multiflora (Blijme). — Famille des Dilléniacées. — Polyandrie Poly- gynie. Le genre Wormia se compose d'arbres ou d'arbrisseaux sarmenleux croissant à Madagascar, à Ceylan, à Java, el dans les régions tropicales de la Nouvelle-Hollande; leurs feuilles alternes sont péliolées, ovales, coriaces, sinuées-dentées, penninervées, aréolées-veinées en dessous; le pétiole est souvent, ailé, à base calleuse ; lés stipules sont grandes, oblongues, acuminées; les pédoncules sont anguleux et se disposent en racèmes souvent unilatéraux ou paniculés, situés vers le sommet des rameaux ; les (leurs sont blanches ou jaunes, à calice pentaphylle : folioles subarrondies, persistantes; la corolle offre cinq pétales, hypo- gynes, décidues; étamines en nombre indéfini, hypogynes, multisé- riées, de longueur égale; anthères biloculaires, allongées-linéaires, s'ouvrant au sommet par une fente courte. Cinq à dix ovaires, unilo- culaires, libres; ovules nombreux, bisériés. Styles terminaux, subulés, filiformes; stigmates émarginés. Capsules folliculiformes , déhiscentes par la suture ventrale, contenant de 8 à 12 graines enveloppées cha- cune par un arille pulpeux. Le Wormia excelsa est un arbre très-élevé et d'une rare beauté, que M. Blume rencontra dans l'île de Noussa-Cambangan, el M. Reinwardl dans plusieurs localités de l'île de Java ; il se distingue par ses grandes feuilles elliptiques oblongues, à pétiole subailé. « Nous regrettons, disent les savants rédacteurs de la Flore des Jar- dins du royaume des Pays-Bas, que nous n'ayons pu conserver la nomenclature du docteur Blume, qui avait dédié cette belle piaule au plus noble des protecteurs que la science ait jamais eu parmi les gou- verneurs généraux des Indes orientales néerlandaises. Mais nous sommes lout à fait d'accord avec JMM. Hooker et Thomson, qu'elle doit être rap- portée au genre Wormia. L'opportunité ne manquera pas de dédier un nouveau genre parmi les formes majestueuses de l'Inde, à feu S. E. le baron Valider Capellen. » Le Jardin botanique de Leyden doit l'introduction de cette noble plante à M. Teysmann, jardinier en chef de Builenzorg, qui parvint à en envoyer un pied vivant en Europe en 1855. Nous faisons des vœux pour que le Wormia excelsa, dont la multi- plication se fait par boutures et par le marcottage, puisse bientôt orner nos serres de son port majestueux. _. 222 2° SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. itiiodoiieiMii'on calophylluin ( Nuttall ) , figuré dans le Bot. May., pi. 5002. — Famille des Ericacées. — Décandrie Monogynie. Ce Rosage est une des nombreuses découverles faites par M. Booth dans les montagnes dit Rootan ; des exemplaires provenus de graines envoyées par cet explorateur à M. Nultall ont fleuri en mai dernier. Ces plantes ont atteint une hauteur de 5 pieds, et sont garnies de fortes brandies assez étalées ; les jeunes rameaux sont écailleux. Feuilles longues de 5 à 5 pouces, fermes, roides , coriaces, ovées, oblongues ou à peu près elliptiques, d'un vert foncé luisant, penniner- vées, obtuses à la base, très-aiguës au sommet; la face inférieure est glauque dans les jeunes feuilles, ferrugineuse chez les adultes; on y observe une immense quantité d'écaillés orbiculaires pcllées, dont on retrouve quelques-unes sur les veines de la face supérieure. Pétiole long d'environ trois quarts de pouce, très-robuste, d'un vert brunàlrc. Le corymbe se compose de quatre ou cinq grandes et belles fleurs ; les écailles bractéales sont amples, ovées, concaves, membraneuses et déciduës. Pédoncules courts et écailleux. Calice très-écailleux, court, à cinq lobes : ceux-ci arrondis, égaux ou à peu près. Corolle longue d'environ 5 pouces et large d'autant vers le limbe, d'un blanc pur légè- rement teinté de jaune verdàtre ; elle est tubuleuse, campanulée, un peu ringente ; le limbe est profondément découpé en cinq lobes larges, étalés, un "peu ondulés et aigus ; les deux lobes inférieurs sont plus fortement fendus que les autres. Etamincs plus courtes que la corolle, au nombre de dix-huit à vingt: filets glabres; anthères d'un brun vio- lacé, duveteuses. Ovaire à dix loges ou plus, assis sur un disque ou anneau charnu, très-écailleux, ainsi que le style qui est fort long. Stig- mate large et pelle. Ce beau Rosage a le défaut d'émettre d'entre les corymbes de fleurs de nouvelles pousses à rameaux écailleux et garnies de stipules, qui for- ment une sorle de verticille autour de l'inflorescence, et nuisent con- sidérablement à sa beauté et à sa netteté. Le Rhododendron calophyllum est actuellement coté à un prix fort bas chez la plupart des horticulteurs; son magnifique feuillage le range parmi les plantes d'ornement. .iznica oecideiifaiis (Tokrey et Giuy) , figuré dans le Bot. May., pi. 5005. — Syn. : Azalea calendulacea (Hook et Aunott). — Fa- mille des Érieacêes. — Pentandrie Monogynie. Le dessin que donne sir W. Hooker dans le Botanical Magazine •', été l'ail d'après un superbe exemplaire communiqué par MM. Veitch, — 223 — provenu de graines envoyées de la Californie par M. W. Lobb. Celle espèce, qui se trouve dans plusieurs parties de l'Amérique septentrio- nale situées vers l'océan Pacifique, se rapproche beaucoup de VAzalea calendulacea , et semble même devoir s'y rapporter : le feuillage est semblable; la forme et la structure des (leurs est identique; la diffé- rence n'existe que clans la couleur des corolles : ainsi celles de VAzalea calendulacea sont colorées en jaune ou en orange, passante une teinte l'eu; tandis que les fleurs de VA zulea occidentalis son I blanches rayées de rouge sur le tube et à l'extrémité externe dv^ segments; enfin le lobe supérieur du limbe de la corolle a le disque intérieurement jaune. Sir W. Hooker ajoute que les descriptions des Azalea viscosa, nudiflora et calendulacea des parties orientales de l'Amérique septentrionale ne lui semblent nullement satisfaisantes, car des caractères qui leur sont assignés, peu sont vraiment permanents, et la difficulté de trouver des caractères fixes est encore plus grande lorsqu'on étudie les nombreuses variétés et hybrides que possèdent nos jardins. C'est le seul Azalea que l'on ail rencontré à l'ouest des Montagnes Rocheuses. Sa vigueur, son beau port, ses amples corymbes de grandes fleurs d'un blanc carné recommandent VAzalea occidentalis à I attention des amateurs. «oiiiféres nouvelles. M. le professeur de Visiani, directeur du Jardin botanique de Padoue, a décrit dans un mémoire intitulé Illustrazione délie Piaule nuove o rare deW orto botanico di Padova, trois nouvelles Conifères ; ce sont : Pinus Parolinii (Visiani). Cette espèce croît, dit-on, à l'état sauvage sur les versants et dans les vallées du mont Ida, en Bithynie, où elle Corme, à elle seule, de vastes forêts. Un exemplaire existe dans le jardin du comte Parolini, à Rassano; il est âgé de 54 ans, et a atteint une bailleur d'environ 14 mètres. Ce nouveau Pinus se distingue du Pinus Pallasiana par la forme de sa tête en parasol et par quelques particularités dans les cônes; du Pinus Ilalepensis par celte même forme en parasol, par des feuilles un peu plus fortes et plus longues, et par ses cônes presque sessiles. Ne serait-ce pas le Pinus Salz- manni? se demande M. Lindlcy dans le Gardeners Chronicle, en don- nant la description des trois Conifères d'après le mémoire du botaniste italien. Juniperus Bonatiana (Visiani). Ce Genévrier est cultivé dans le Jardin botanique de Padoue ; il y porte fruit en mai et juin. Ses baies, d'un bleu noirâtre, sont globuleuses, pédonculées, et présentent quatre ou cinq tubercules. Il est voisin des Juniperus Sabinoides, turbinata et thvrifera, mais s'en distingue par la teinte vert d'herbe glauque - 224 — qui le caractérise. Ses rameaux sont très-élalés. M. Lindley observe que le professeur «le Visiani indique ailleurs que les baies sont vertes el glauques, et qu'il les figure même ainsi. Juniperuë Cabiancœ (VlSlANi). Celle espèce arborescente est cultivée dans le jardin de M. Cabianca, à Longa (province de Vicence), qui l'avait reçu de Belgique sous le nom de Juniperus phœnicea, auquel il ressemble, mais dont il diffère cependant par ses feuilles aiguës, ses branches quadrangulaires, et par ses baies à deux ou trois lobes, tronquées ou émarginées d'un gris terne et non d'un brun luisant vif comme dans le Juniperus phœnicea. Le Juniperus Cabiancœ devrait être comparé, dit M. Lindley, avec le Juniperus sinensis. Les journaux borlicolcs annoncent différentes variétés nouvelles : En Azalées, la variété Amœna lateritia , hybride obtenu par le mariage de V Amœna amœna et de V Amœna lateritia; les fleurs offrent le coloris de ce dernier et le caractère particulier au premier de Heurs sans calice: cest une hybride très-florifère. Yi Amœna amœna grandi- flora, qui ne diffère de la précédente variété que par sa riche laque carminée ; V Amœna amœna floribunda se distingue par ses grandes et nombreuses fleurs rose carné ou carmin clair. (Floricullural Cabinet, août 1857.) M. Dupuy-Jamain , horticulteur a Paris, a obtenu trois variétés (ÏAzalea vigoureuses et très-florifères; leurs fleurs, de première gran- deur, sont très-régulières. La variété Julius de Saint-Projet est rose ponctué de rouge à la base supérieure des lobes supérieurs de la corolle; la seconde variété, ayant pour nom Coquette de Paris, porte des fleurs d'un blanc pur ligné et strié d'un beau rouge carmin ; la troisième est VAzalea Paul Dupuy ; ses corolles, d'un rouge brique, sont ornées de ponctuations carminées «à la base des lobes supérieurs. La première et la seconde variété seront mises le printemps suivant au commerce au prix de 10 francs chacune. (Horticulteur français, avec planche, numéro de juillet 1857.) En ChrysantJtèmes, le Floricultural Cabinet mentionne Desdemona, fauve et saumon, fleurs grandes, doubles, fort belles. — Kintj of Ané- mones; forme d'Anémone; fleurs grandes et belles, d'un cramoisi violet; coloris distinct. — Madame Sentir, fleurs d'un blanc pur, ané- moniformes; charmante variété. — Ninette, variété lilliputienne, cou- leur de soufre, très-double, formant presque boule; floraison pyrami- dale; belle variété d'un aspect particulier. — Ces Chrysanthèmes ont été mises dans le commerce anglais par M. Salter. 225 CULTURE MARAICHERE Je débute par un reproche. Une lois n'est pus coutume. Mon dernier article est entaché de petites incorrections qui ne font plaisir ni à l'œil ni à l'oreille, et me prouvent que l'épreuve corrigée et retournée de Saint-Hubert à Bruxelles s'est égarée quelque pari, avant d'arriver à destination. Me voici dégagé de l'affaire, et c'est tout ce que je vou- lais. Durant le mois qui vient de s'écouler, j'ai fait de bonnes étapes. visité plusieurs provinces et vu de près des centaines de potagers. Dans le nombre, il y en a de beaux, mais c'est l'exception, et nous saurons l'hiver prochain ce que vaudront les légumes. Je n'ai rien remarqué de véritablement nouveau, attendu que les nouveautés sont rares sous le soleil et que l'on lient souvent pour telles des plantes peu répandues, comme, par exemple, la tomate en poire et la tomate cerise, rouge et jaune. Je vous les cite entre mille, parce qu'elles sont raies dans les potagers et que plusieurs jardiniers ont appelé mon attention sur elles. Ce sont, il faut en convenir, de charmants légumes; leurs fruits, dis- posés en grappes, ornent très-bien les dessous d'espalier et mûrissent en même temps que ceux de la tomate commune. Les valent-ils? Là est la question. On m'a signalé aussi, de loin en loin, Yendive dorée lente à monter. Je la connais pour l'avoir vue et cultivée cette année même, et je n'hé- site pas à la recommander. C'est beau et bon, deux qualités qui ne vont pas toujours de pair. L'endive dorée a le mérite, en outre, de ne pas s'emporter en tiges, comme la plupart de nos variétés très-vantées, d'où je conclus que l'on pourrait, sans inconvénient, la semer de bonne heure. J'ai à vous entretenir à présent d'une nouvelle variété de pomme de lerre, qui me semble parfaitement caractérisée et que j'ai obtenue de semis l'année dernière. Les tubercules, d'un rouge pâle, sont d'un beau volume, un peu allongés, sensiblement aplatis et d'excellente qua- lité. Ce qui caractérise surtout celle variété, c'est la soudure des folioles terminales des feuilles. Sur le même pied, il n'est pas rare de voir trois folioles soudées exactement, de manière à n'en former qu'une seule, el cela sur un certain nombre de feuilles : quelquefois, la soudure ne réunit que deux folioles; quelquefois aussi, celte soudure resle impar- faite quoique bien accusée. Cette observation ne paraît s'appliquer qu'à la variété en question ; le caractère indiqué ne se retrouve nulle pari dans notre collection qui, Dieu merci, est cependant l'une des plus Octobue 1857. 20 — 226 — variées de la Belgique. Si j'attache de l'importance à celte soudure multipliée des folioles, c'esl qu'elle dénote une grande énergie de végé- tation, et peut-être une rnce robuste qui n'aura pns à souffrir de In maladie, et qui, sans être précoce, ne sera p;is non plus tardive. Celle année, la variété dont je vous entretiens a élé épargnée parla gale, tandis que les autres, y compris ses plus proches voisines, ont été fort maltraitées par cette maladie, que nous nommons ici la rogne et qu'ail- leurs on appelle verrues : ne me demandez pas quelle est la cause de celte affection; je l'ignore. En Ardenne, dans la province de Nainur el aussi dans la province de Liège, on la met sur le compte de la chaux, mais comme je n'ai pas employé de chaux, depuis que je m'occupe de cultures légumières, il y a lieu de croire que celte substance n'est pas la cause unique. Les insectes continuent leurs ravages au potager. On prétend que cela vient de ce que nous dérangeons parfois l'ordre naturel des choses; que si nous avions des égards pour les taupes, il n'en serait plus ainsi. Pour mon compte, je n'ai pas eu le temps de déranger l'ordre naturel en question, je n'ai pas tendu un seul piège aux laupes, je n'en ai sup- primé aucune celte année; elles ont pu prendre librement et ont pris possession du potager; elles ont fouillé, miné, soulevé tout à leur aise, et malgré ces puissants auxiliaires, je ne me trouve pas mieux partagé, sous le rapport des insectes nuisibles, que mes voisins du pénitencier, par exemple, qui n'ont pas une seule taupe dans leur jardin. A voir ce qui se passe au-dessus du sol, à portée de l'œil nu, j'ai bien peur qu'il ne se passe de vilaines choses en dessous; quand je découvre des larves de faupin, un autre petit ver blanc que je ne connais pas de nom et une troisième larve d'un gris sale parmi les oignons, je me demande ce que nous découvrirons ces jours-ci parmi nos racines, carottes, panais, salsitîs, scorsonères, etc. A propos d'animaux qui nous font des misères à n'en pas finir, je vous dirai, si vous ne le savez déjà, que les rais ont un goût prononcé pour les fèves de marais, et qu'en moins de deux nuits, un seul de ces animaux dépouillerait plusieurs planches de leurs gousses dessé- chées. Dernièrement, et pour la première fois, nous avons été témoin du fait à Marchin, dans le potager de M. le comte de Robiano. Le ma- raudeur a élé pris, el nous signalons ceux de sa race à la vigilance des cultivateurs. Nous voici arrivé au moment de récoller les racines pour nos provi- sions d'hiver. C'est une grosse affaire. Ne nous pressons pas trop, et avant de commencer l'opération, consultons le baromètre. Méfions- nous du brouillard et de l'humidité de l'air; ne sortons nos racines de terre qu'après la chute de la rosée, par une journée sèche, et lais- sons-les deux ou trois heures sur le sol pour bien les ressuyer, avant — ±27 — de les mettre en cave ou en silos. Négliger cette précaution facile, cV>t s'exposer bénévolement à perdre une partie de ses produits par la pourriture. Il n'y a pas huit jours qu'on se plaignait du chaud, cl avec quelque raison; à l'heure, où j'écris ces lignes, on se plaint de la pluie. Nous ne sommes jamais contents. Sous le climat de l'Ai tienne, nous ayons eu, comme autre part, de la sécheresse à tout cuire, el des terres qui auraient bu, sans se reprendre, l'eau d'un étang. Votre serviteur n'a cependant pas donné une goutte d'eau à ses légumes, cultivés dans II s cailloux et en plein midi, non, pas une goutte, .si ce n'est aux concom- bres et aux courges; el malgré cela, il y a eu végétation luxuriante. Pourquoi cela? Parce que les terres légères, copieusement fumées et foulées à outrance, maintiennent, toujours assez de fraîcheur au pied des plantes et leur permettent de lutter avec avantage contre les séche- resses persistantes. Quand je vois un potager souffrir beaucoup de la chaleur, je me dis qu'il y a de la faute de celui qui le cultive. Ou ce potager n'a pas été défoncé convenablement, ou bien encore, on lui a marchandé le bon fumier d'étable, ou bien enfin la terre n'a pas élé suffisamment plombée. Je sais que l'eau est. un agent puissant dans le jardinage, qu'avec elle on réalise des merveilles, que sans elle il est impossible de lancer les récoltes au pas de course; mais je sais aussi que sous le climat d'une bonne partie de la Belgique, on peut, à la rigueur, jardiner à sec quand on a fumé fort avec de l'engrais d'étable et plombé d'une manière irréprochable. J'en ai l'expérience ici el je l'invoque. J'ai fumé comme on fume dans les plus riches terres des Flan- dres; j'ai tassé comme on ne tasse peut-être nulle part dans les pays de terre meuble, à coups de rouleau d'abord, à coups de talon entre les lignes ensuite, et cela tant que la terre a cédé, tant que les clous des souliers ont fait empreinte, et jusqu'à ce que les intervalles de mes lignes aient la solidité des vieux sentiers C'est ce qui a soutenu el sauvé les produits. Et alors, même que l'année aurait été pluvieuse au lieu d'être sèche, je me féliciterais très-probablement encore de cette méthode. En raison de la pente du terrain , il aurait moins bu d'eau claire qu'un terrain meuble, m'aurait dépensé moins de fumier en pure perte, et aurait fourni constamment aux plantes une sève riche. Je souhaite que ces observations soient utiles aux jardinier- i an* amateurs qui, dans les sols à fond sec et exposés au midi, ne s? y ent pas toujours employer l'engrais convenable. J'en connais qui, en pare; cas, n'établissent aucune différence entre les fumiers secs d'écurie ou de bergerie et les fumiers frais de l'étable ou de la porcherie, aucune différence entre les composts riches en substances végétales et l<> engrais pulvérulents du commerce. Tant que la pluie leur vient en — 228 — aide, la végétation marche, mais dès qu'une longue sécheresse arrive, la végétation s'arrête. 1857 a été une rude leçon pour des milliers de cultiva leurs de légumes, et il est à désirer qu'ils s'en souviennent el en profilent. Les contre-temps el les mécomptes n'ont pas empêché les expositions de se produire celte année comme les années précédentes, mais les exposants ont invoqué et invoqueront encore le bénéfice des circon- stances atténuantes. Toute imperfection, toute défectuosité es! mise à la charge du soleil ; nos jardiniers lui font porter leurs péchés et ne le ménagent point. C'est le soleil qui a tout perdu, tout gâté, tout com- promis; sans lui, nous aurions vu des prodiges; les hommes du métier nous l'affirment; si nous n'en voyons nulle part, ce n'est pas de leur faute; il y a eu cas de force majeure; ils s'en lavent les mains et se disent blancs comme neige. — On nous montre du doigt des légumes el l'on nous dit : — Ça laisse à désirer, sans doute, mais c'est joli pour l'année. Dans certains cas, il y a du vrai; nous ne demandons pas mieux que de faire la part du Ciel dans les choses de ce monde, mais il y a des bornes qu'il ne faudrait point dépasser et que l'on dé- passe. A propos d'exposition, je vous annonce, en finissant, el presque à litre d'événement, qu'il s'en prépare une pour le 11 octobre prochain, dans un village du cœur de l'Ardenne, à Bras, à G kilomètres de la ville de Saint-Hubert. Imaginez-vous que dans ce pays de bruyères et de ter- rains à 300 ou 400 francs l'hectare, au plus, il s'est trouvé une poignée de cultivateurs qui, livrés à eux-mêmes, ont pris le parti de démontrer que le Luxembourg valait mieux que sa réputation. C'est de l'audace, mais comme la fortune est capricieuse et se met assez volontiers du côté des audacieux, il y a lieu d'espérer. Nos hommes avaient beaucoup de bonne volonté et très-peu d'argent. Qu'ont-ils fait pour triompher de la situation? Je vais vous le dire ; ils ont demandé à la députation perma- nente de la province l'autorisation d'organiser une loterie et d'émettre cinq cents billets; la députation leur en a accordé mille à 1 franc pièce, et c'est à qui en aura dans la province. On ne se les arrache pas précisément, mais peu s'en faut. Premier succès. Une exposition hor- licole et agricole au beau milieu de l'Ardenne, se dit-on, mais c'est étonnant; une exposition montée par de pauvres diables qui ont la foi, rien que la foi, pas de subside avec, pas de caisse, qui se permettent dos affiches du grand formai, en lettres rouges et noires, imprimées dans la capitale, el qui de plus ont l'aplomb de choisir pour juges de leurs produits des notabilités des provinces de Namur et de Liège: mais, ("est prodigieux, c'est un lotit' de force. Eh! mon Dieu, oui, c'est préci- sément cela, rien de plus, rien de moins, el je parierais que les choses iront pour le mieux. On distribuera des médailles de vermeil, des — 229 — médailles d'argent, des livres, des graines, des outils, puis l'on ter- minera par un banque! où l'on servira chevreuil, mouton d'Ardenne, jambon d'Ardenne, truites, etc. P. Joigne aux. MISCELLANEES. NOTES ADDITIONNELLES A LA CULTURE FORCÉE DES PÊCHERS RN POTS. Un amateur écrit au Gardener's Chronicle (août 15, IN'j7) qu'il a mis en pratique le syslème de M. Saul (voir le numéro d<' juin 18.'i7 de l'Horticulteur praticien), et que quelques détails sur le mode de traitement des pêchers à suivre depuis le mois d'août jusqu'au moment de les rentrer dans les forceries lui seraient fort utiles. <; Ses arbres » sont, ajoule-l-il, exposés en plein air au soleil et dans un lieu bien » aéré, ainsi que le recommande M. Saul; mais il craint que le feuil- » lage devenu jaunâtre, çà et là, ne soit attaqué par les acares; on » seringue les piaules journellement et bientôt elles seront rempotées > dans de plus grands vases. Que doit-on faire ensuite? doit-on enterrer » les pots contre un mur exposé au nord, au midi, ou sous un abri » fermé, jusqu'au moment voulu pour les rentrer? « Voici la réponse de M. Saul à la demande du correspondant du Gardener's Chronicle; elle est de nature à intéresser les personnes qui s'occupent de cette culture et qui ont pu se l'aire les mêmes questions. « Les pêchers de votre correspondant sont probablement attaqués par l'acare (araignée rouge) et bien qu'ils soient seringues tous les jours, je demanderai si le dessous des feuilles est également seringue? Les pêchers en pots exigent à cet égard une grande attention. Je conseille donc les seringages jusque vers la tin de septembre, et de les discontinuer alors; celle opération doit se l'aire le matin une fois le mois d'août passé, car doré- navant les nuits deviennent froides et les gelées blanches se foui sou- vent sentir avec intensité- Le rempotage doit être fait de suite (vers la mi-août); et les pots employés seront assez grands pour que les arbres y puissent rester jusqu'à la campagne suivante. Si les plantes sont robustes el bien enracinées, et cultivées dans des pots de 10 pouces de diamètre par exemple, rempotez-les dans des vases de 12 pouces, et elles s'en trouveront fort bien; et ainsi de suite pour les exemplaires plus forts. Il est essentiel, en rempotant, de bien fouler la terre entre la molle et les parois du pot. Enterrez ensuite vos pois dans un lieu — 230 — aéré el exposé au soleil, soit près d'un mur au midi, soit dans tout aulre endroit abrité des loris vents d'automne. Lu terre des pots doit absolument être préservée de l'humidité; des tuiles ou des ardoises seront disposées sur les vases de manière à rejeter la pluie. Au com- me ement d'octobre, enterrez-les derrière un mur au nord, où vous l< isserez jusqu'au moment requis pour les forcer. Mais ne les ph p, pas sous un abri fermé ; le manque d'air leur serait très-nui- sil n hangar ouvert, à toit vitré, serait, par contre, le meilleur em- >' en! que vous pourriez leur offrir; car la terre des pots se main- li iil dans une excellente condition, les plantes recevraient l'air et mièreen abondance, sans être surexcitées. LE PTI-IÎIS AQUILINA OU FOUGERE COMMUNE, EMPLOYÉ COMME ALIMENT. La comparaison de notre Pteris aquilina (Fougère à l'aigle) avec le Pteris esculenta, Forster, de la Nouvelle-Zélande, a fait émettre au doc- teur Hooker, que ces deux plantes pourraient n'être que des formes variées dune seule el même espèce; les propriétés esculentes de l'une et de l'autre sembleraient appuyer celte idée. On sait que notre Fougère est employée depuis fort longtemps dans certains cantons montagneux du centre de l'Europe comme matière à mélanger avec la farine de seigle dans la fabrication du pain, lorsque la pénurie de la récolte se fait sentir dans ces districts isolés. Le Pteris esculenta est recherché par les indigènes de l'Australie et des îles de la Polynésie, et M. le doc- teur Blume nous a dit que c'était un mets fort apprécié à Java ; ce n'est plus comme substance additionnelle qu'il est employé, mais comme légume à l'instar de nos asperges; les jeunes frondes lendres et blanches sont coupées près des rhizomes avant leur sortie de terre, comme cela se pratique avec l'asperge; cuites dans l'eau et assaisonnées de sel, elles forment un plat très-agréable ; les habitants de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie réduisent les rhizomes en farine el en font des galettes. Les propriétés esculentes des rhizomes de notre Pteris aquilina ayant été confirmées par les expériences du révérend docteur Berkeley, il s'agissait de savoir si leurs frondes possédaient les mêmes bonnes qualités que nous venons de faire connaître au Pteris esculenta. M. Benjamin Clarke s'est livré à l'étude de cette question, que ce savant regarde comme très-inléressante, parce que, dit-il, les pro- priétés des Fougères (et il paraîtrait, d'après les différentes observations recueillies sur leur emploi en médecine, qu'elles possèdent toutes les mêmes propriétés plus ou moins développées) sont Ioniques, anti- - 231 bilieuses et principalement désobstruenles ;el par conséquent l'inlroduc- lion d'une Fougère esculenle dans noire système culinaire sérail forl ulilc comme changement de nourriture pour les personnes souffrant de la dyspepsie et de ses suites. Le résultat des expériences de M. M. Clarke, pendant >i\ semaines, lend à confirmer l;i valeur esculente de notre Pteris aquilina; les jeunes frondes ou pousses que l'on extrait presque blanches du sol, constituent un fort bon plat. M. Clarke, ne se fiant pas à sa seule opi- nion en celle matière de goût, (il parvenir des bottes de ce nouveau légume à différentes personnes sans leur en faire connaître le nom; toutes répondirent qu'elles l'avaient trouvé supérieur à divers autres légumes auxquels elles le comparaient. On doit couper au printemps les jeunes frondes aussitôt qu'elles commencent à poindre au-dessus de la terre et aussi bas que possible, prés du rhizome (lequel est souvent à 00 et 40 cenlimètres el plus enfoncé dans le sol); si ces jeunes frondes sont bien blanches, une heure de cuisson suffira, si, au contraire, elles commencent à verdir, il faudra les faire bouillir pendant une heure et un quart ou une heure et demie el retrancher les parties foliacées. On ajoute une quantité de sel suffisante pour leur communiquer un léger goût salin. Mais ce légume conserve encore après la cuisson une saveur herbacée un peu âpre, assez semblable à celle du thé, aussi doit-on le manger avec une de ces sauces que l'on est dans l'usage de servir avec les asperges. Il est à croire que cette saveur disparaîtra lorsque le Pteris aquilina sera soumis à une culture spéciale, ou à quelques soins dans ses lieux de naissance, car M. Clarke a remarqué que des frondes longues de 6 à 8 pouces, bien blanchies dans du sable que l'on avait entassé sur les rhizomes, offraient à peine cette saveur herbacée qui pourrait déplaire dans le principe; et en cet état, notre nouveau légume était préférable à l'épinard ; ses effets bienfaisants sur les organes digestifs étant même mis hors de cause. Le Pteris aquilina croit abondamment dans nos bois et dans toute l'Europe ; il se retrouve en Amérique, en Afrique el en Asie ; et si nous adoptons l'opinion du docteur Ilooker, que le Pteris esculenta, de Forsler, en soil une forme que nous nommerions géographique, les îles de la Polynésie, la Nouvelle-Hollande nous l'offriraient également. 232 - BIBLIOGRAPHIE. NOUVEAU TRAITÉ DE CULTURE POTAGÈRE DESTINÉ Al'X CULTIVATEURS DE NOS CAMl'AGÎVES, ETC., PAR M. JOIGNE AU X (1). La botanique descriptive française a ses ouvrages généraux et ses ouvrages particuliers : — Les Flores de Lamarck el de Candolle, dont la 3e édition date de tslTi; le Botanicon Gaîlicum de Duby (1828); celle de Mulel (1834); tout récem- ment la Flore de France, par MM. Grenier et Godron (1818-1856); si celle der- nière est de beaucoup la plus complète, cela tient à ce que ses auteurs ont pu con- sulter des Flores locales nouvelles faites avec soin; celles des environs de Paris, de MM Cosson et Germain; du centre de la France, de M. Boreau; de Lorraine^ de M Godron; de l'Alsace, de M. Kirschleger, etc., et une foule de catalogues raisonnes. Il n'en est pas de même de l'horticulture maraîchère. Elle est enseignée dans un seul traité général [le Bon Jardinier) que l'on peut consulter avec profit, mais qui est loin de suffire, et dans trois ouvrages composés dans un but particulier. MM. Moreau el Daverne, M. Courtois-Gérard, dans leurs manuels, entrent dans des détails précis, exacts sur la culture potagère telle qu'elle esl pratiquée dans les ma- rais de Paris. M. Mail're a publié un Manuel analogue sur la culture maraîchère, du midi de la France. Peut-on penser que les quatre ouvrages que je viens de ciler puissent suffire à la France entière, dont les climats el les terrains sont si variés ! Eh bien ! en dehors des trois Manuels en question, je n'en connais pas un seul d'intérêt local. S'il existe, je l'ignore. Il faudrait que chacune de nos anciennes provinces, je n'ose pas dire encore chacun de nos départements, eût un Manuel approprié au sol, au climat, aux habitudes de la contrée. Serait-ce donc trop que de demander pour les piaules utiles, un travail analogue à celui qui a élé fait et qui se poursuit tous les jours sur les plantes sauvages dans un but uniquement scientifique. Ce courl préambule m'était nécessaire pour faire justement apprécier une des qualités du Nouveau Traité de culture potagère, par M. Joigneuux, publié à Bruxelles en 1855, mais dont je n'ai eu connaissance qu'en 1857. M. Joigneaux habile Saint-Hubert, dans le grand-duché de Luxembourg (chaîne des Ardennes) ; il a voulu enseigner la culture des plantes potagères aux habitants del'Ardenne. H a fait un Traité local, non point pour ceux qui savenl ou croient savoir, pour les riches propriétaires, pour les jardiniers des villes, mais à l'usage des écoles primaires, des cultivateurs, de tous ceux enfin qui ne savent pas; la chose, esl assez neuve, assez importante pour qu'elle mérite d'être prise en con- sidération et de rencontrer des imitateurs. Je ne puis résister au plaisir de lui laisser raconter dans quel but son livre a élé conçu : « Ce livre n'a pas élé écrit pour les villes; nous n'y parlons ni de couches à » châssis vitrés, ni de bâches, attendu que les primeurs coulent cher à produire » et que nous n'avons pas d'argent à jeter par les fenêtres. Nous nous en tenons (l)Un vol. in-18; prix, franco, 2fr. 25 c. — Paris, Auguste Goin, libraire-éditeur, quai des Grands-Augustins, 41. — Bruxelles, F. Parent, montagne de Sion, 17. - 235 - » loul simplement à la grosse culture maraîchère, à celle qui esl à la portée de » nos bourses et suffit à dos besoins. Nous prenons par la main l'homme qui ne » s. ùt absolument rien en matière de jardinage, nous l'aidons à créer son potager » à le distribuer, à le clore , nous l'aidons à Fabriquer ses engrais ; nous ne l<: per- » dons pas (le vue un seul instant; nous voulons enfin qu'après nous avoir lu et » compris, il obtienne chez lui, à deux pas de la ferme, et sans le secours de per- » sonne, la plupart des beaux produits qu'il est obligé de tirer aujourd'hui des » villes; nous voulons qu'il connaisse les variétés nouvelles de légumes, qu'il les » introduise dans son jardin, quitte à en chasser, pour cela, les races communes » qui s'en vont de vieillesse ou de maladie; nous voulons qu'il sache parfaitement d tirer parti de ses produits; nous voulons, enfin, lamener à reconnaître que » multiplier les légumes, c'est économiser sur le pain et se créer des ressources » ignorées. » — Peut-on mieux penser et mieux dire ? Il appartenait donc à l'un des auteurs du Dictionnaire d'Agriculture, praticien instruit et écrivain correct, d'essayer de populariser les meilleurs procédés de culture, de les mettre à la portée des plus petits, des pauvres, des illettrés. Il a fait une bonne action et un bon livre. Je vais prouver pourquoi le livre est bon. Toutefois, je me permettrai une seule critique. J'ai été fâché de rencontrer dès la deuxième page de l'ouvrage de M. Joigneaux, l'appréciation suivante au sujet des écrits horticoles de MM. Vilmorin et Courtois-Gérard, «< La maison Vilmorin a son livre, la maison Courtois-Gérard a le sien.. .., il ne » dépendrait que de nous d'allonger la liste afin d'établir que, dans la plupart des » cas, les traités de culture polagère ont été descendus au niveau des intérêts » commerciaux, etc. » Le Manuel pratique de culture maraîchère, de M. Courtois-Gérard, la Descrip- tion des Plantes potagères, par M. Vilmorin, peuvent, j'en conviens, servir dans une certaine limite les intérêts commerciaux de leurs auteurs. A cela je ne trouve pas à redire, puisqu'ils servent surtout les intérêts de ceux qui achètent par les bons renseignements qu'ils renferment sur les procédés de culture et sur les mé- rites des variétés. — Les principaux marchands grainiers ont des jardins d'expé- rience, ils contrôlent les qualités et les défauts de chaque nouveauté. Je dois donc leur reconnaître toute compétence pour en parler. Dans le premier chapitre du livre qui nous occupe : ce qu'il faut pour faire un bon potager? l'auteur traite de la terre, de l'engrais, de I eau, des outils et de la semence. Dans le deuxième, il parle des fumures et des labours; dans le troisième et der- nier il groupe par familles naturelles les oG espèces potagères dont il décrit la culture. Ces chapitres sont traités avec soin et dénotent une pratique exercée. Passons au détail des légumes. Les pommes de choux-raves demandent beaucoup d'eau au moment où elles paraissent. Il est nécessaire qu'elles se développent rapidement; sans quoi des bourrelets rugueux se forment à la hase et rendent le légume coriace. Ne vous pressez pas trop de semer les navets, car les semis hâtifs réussissent rarement ; de deux choses l'une : ou les attises les détruisent après la levée, ou les plantes moulent la plupart du temps M. Poiteau avait cru que les œufs de l'ai lise tenaient à la graine et qu'il suffisait, pour s'en défaire, de plonger cette graine pendant quelques heures dans de la furie saumure Ce procédé ne nous a pas réussi. Les radis ne réussissenl bien qu'à la condition de pousser vile. Un sol de choix. un peu domine, une température douce et des arrosements suivis, voilà ce qui leur faut. Attendez donc que la terre soit convenablement réchauffée pour semer Le crambe maritime, très-répandu en Angleterre, à peine connu en France et en — 234 — Belgique, est un excellent légume; comme en outre, il est d'une culture facile, il y a lieu de le croire destiné à faire lot ou tard son chemin même dans nos campa- gnes. Contrairement à la pratique habituelle de couper les œilletons une fois blan- chis, M. Joigneaux conseille de détacher feuille par feuille en avant soin d'épar- gner le cœur. Les pois. Vous accorderez la préférence aux pois Bivort, Prince Albert, Michaud de Hollande, Rival de Danecroft, Daniel O'Roërke, les plus précoces parmi les pois à grandes ou à demi-rames. Quant aux tardifs, vous vous en tiendrez au Knighl ou ridé el au pois d'Auvergne. Les Knighl passent avec raison pour les plus sucrés de tous les pois ; ne les semez que sur fumure ancienne. Dans les pays chauds, la plantation par ton Iles est avantageuse en ce que les liges ainsi groupées entretiennent bien la fraîcheur dans le sol ; mais dans les cli- mats humides et froids, il vaut mieux disposer les pois en lignes suivies, graine par graine. L'auteur conseille, sur une planche de 1 mètre '20 centimètres de lar- geur, deux lignes de pois; dans l'intervalle semer cerfeuil, céleri, navets; jamais placer deux planches l'une contre l'autre et de ne ramener ce légume à la même place que tous les six ou sept ans ; de ramer en dedans des lignes sous le climat de la Belgique : les effets de la chaleur solaire se produisent bien. — De récoller les cosses du dehors pour les besoins et laisser celles du dedans se développer et mûrir pour graines. Haricots. 1° Grimpants à grains blancs en première ligne, le grand haricot sabre, excellent en vert el en sec. — Princesse Friolet, très-répandu en Belgique. En France, on vante beaucoup le Haricot de Soissons. Personnellement, nous le trouvons bon, dit-il, mais savonneux. C'est assez mon opinion aussi, mais pas dans tous les terrains. M. Joigneaux fait grand cas du Haricot d'Alger, Haricot beurre; il est jugé ainsi généralement. Je dois dire que j'ai été obligé d'y renoncer dans mes cultures, à cause de sa grande fadeur et de son goût un peu sucré. 2° Haricots nains. — Le nain blanc sans parchemin el le sabre nain seulement. Comme les cosses de ce dernier sont longues et traînantes, on aura soin de le planter en terrain sec, autrement ses cosses pourriraient vite; j'ai été obligé d'y renoncer à cause de cet inconvénient. Il paraît que le flageolet blanc n'a pu réussir sous le climat de l'Ardenne. Au sujet de cet excellent haricot, je dirai que depuis deux ans je cultive une variété à grain verdàtre jusqu'à parfaite maturité, qui m'a été communiquée par M. Vil- morin. Sa couleur le fait rechercher. Il a d'ailleurs les qualités de l'autre. Il recommande le noir de Belgique hâtif, très-bon el chargeant beaucoup. Je le cul- tive chez moi depuis quinze ans. Il est plus rustique que le blanc. L'habitude en Belgique est de semer très-espace, à 80 centimètres pour les ha- ricots à rames. Les graines sont semées à la circonférence d'un trou fait à la main. recouvertes à peine, les tuteurs enfoncés de suite au milieu de chaque trou. Les haricots trop enterrés sont sujets à la pourriture. M. Joigneauxconseille d'arracher les céleris-raves au moment des gelées et de les mettre en cave. Une méthode plus simple que je suis à Chaltrail pourrait être em- ployée, je crois, avec succès dans l'Ardenne. Je laisse lout l'hiver mes céleris-raves en place. A l'approche des forles gelées je supprime le haut des feuilles et je couvre les planches d'une forle épaisseur de feuilles sèches. Les racines continuent à grossir el ne sont jamais charnues. La gelée ne pénètre jamais sous cette couver- ture. Pommes de terre. L'auteur recommande les variétés suivantes : la Kidney hâtive, à laquelle M. Lelieiir a donné le nom de Marjolin. C'est sous ce dernier nom qu'elle, esl connue dans le commerce français. Elle esl la plus hâtive de toutes. La Naine hâtive, la Schaw : je la cultive a Chaltrail depuis quinze ans. C esl — Ï235 - selon moi, la meilleure des Saint-Jean, le Comice d'Amtcii.s, les yeux bleus, le cor- niclum jaune. — Il remarque que la maladie a alleinl plus ou moins toutes ces variétés. Les maraîchers ordinaires, dit-il, pour avancer de quinze jours le moment de lu récolle, font germer dans un lieu chaud el éclairé le tubercule quinze jours avant de le planter. Les germes développés, ils ouvrent des trous peu profonds, les gar- nissent de bon terreau bien sec, placent les tubercules sur ce terreau, puis recou- vrent avec précaution et légèrement avec du terreau d'abord , puis avec de la terre finement émietlée. — Lorsqu'on lient plus à la qualité des produits qu'à leur précocité, on doil s j prendre différemment, s'arranger de façon que les tubercules ne germent point avant d'être plantés. — four cela les remuer, souvent en cave en février et les enlever de la cave pour les porter dans une chambre ni froide, ni chaude aussitôt que l'atmosphère s'adoucit au dehors et que les germes font mine de se développer. Ces tuhercules resteront fermes et ne s'épuiseront pas en germes Irop précoces, comme ceux qu'on sort de la cave fin de mars ou en avril. La plantation des pommes de terre vers la fin de septembre nous a donné, dit-il, constamment délions résultats sous le climat de l'Ardenne. Les cornichons du commerce doivent leur couleur verte au verdel que Ton obtient en faisant bouillir et refroidir du vinaigre dans des vases de cuivre. Or le verdet est un poison. Le cornichon tel qu'il se prépare dans les ménages belges doil être préféré. Les concombres verts coupés par tranches, crus et marines pendant une à deux heures dans de l'huile el un peu de vinaigre, sont un excellent hors-d'œuvre. — Les Anglais en font grand usage avec la viande. Déjà on les imite à Paris, mais dans le reste de la France à peine connaît-on celte variété de concombre el l'usage qu'on peut en tirer. Courge. Il regrette que la culture n'en soit pas plus répandue, et je partage ses regrets, car bien préparée, c'est un plat excellent. Sous le climat froid de l'Ardenne, il a obtenu sans peine la courge de Touraine, celle à la moelle el la verte d'ilalie. On dit que c'est une plante de luxe qui ne sert à rien, qu'on n'en peut faire que des soupes fades. — Nous comprenons maintenant qu'on néglige les courges, puisqu'on ne sait pas en tirer parti. Dans ce traité de culture on trouve d'excellentes recettes pour préparer la chou- croute, les courges, le crambé, les choux rouges, la manière économique de faire les conserves de haricots verts, la pâle de panais fort répandue chez les Allemands de la Thuringe. Ici s'arrêtent mes citations recueillies dans toutes les parties de l'ouvrage' de M. Joigneaux. Je pense que les abonnés de l'Horticulteur praticien trouveront comme moi qu'il est dénature à être fort recommandé et que s'ils ne le possèdent pas, ils ne larderont guère à se le procurer. — S'il est indispensable pour les habitants de l'Ardenne, il peut être très-utile à consulter dans d'aulres provinces, même hors de la Belgique; car il renferme indépendamment des indications locales, des fails de culture générale. Chacun peut donc y trouver sa pari ; et quant à ce qui me concerne, j'ai la ferme intention d'appliquer l'année prochaine, à mon jardin, plusieurs des excellents procèdes qu'il indique. f." Léonce de Lahskrtti Challrait (Marne). — 23(; - EXPOSITIONS. EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE DE BRUXELES. 26 juillet 1857. Le vaste bas-fond du Parc de Bruxelles, connu sous le nom de la Madeleine, témoin il y a un an d'une admirable fêle florale, avait été de nouveau choisi pour l'exposition d'été 1857, comme l'emplacement, le plus favorable en cette brûlante saison pour un concours horticole. Des tentes élégantes abritaient les plantes précieuses et délicates, elles fruits; les autres collections avaient été disposées en groupes variés, en corbeilles d'un mémo genre au milieu des fraîches pelouses et sous l'ombre des grands arbres. Malheureusement le nombre de plantes fleuries était irop restreint pour rompre l'uniformité verdoyante du cadre; les contingents de grands Palmiers, Cycadées, Rroméliacées, Liliacées, isolés, sans avant-postes fleuris, perdent de leur majesté, lorsque au-dessus d'eux planent des géants de 100 pieds de haut. De grandes tentes ou des salles où toutes les plantes sont groupées, nous semblent peul-ètre plus favorables aux expositions que ces emplace- ment boisés où la vue est distraite par la majesté du cadre? Le premier prix du concours de bel envoi (entre amateurs) est. décerné à M. G. Forckel, directeur des serres chaudes au palais du roi, à Laeken; on y remarquait une riche série de ces beaux Ixora que nous avons eu souvent le plaisir de citer à cause de leur belle culture et de leur brillante floraison. M. Van Riet, horticulteur à Bruxelles, obtient pareille distinction pour ce même concours entre jardiniers. Son envoi, composé d'une soixanlaine de plantes, était remarquable par sa fraîcheur. Deux importantes collections, envoyées pour le concours des plantes d'ornement, l'une par Mme Legrelle-d'ÏIanis d'Anvers, l'autre par M. P. Janssens, horticulteur à Bruxelles, reçoivent l'une et l'autre un premier prix ; un énorme pied de Ceratozamia Mexkana à frondes de 5 à 4 métrés de longueur, un bel exemplaire de Dracœna indivisa se faisaient particulièrement remarquer dans le contingent de Mme Legrelle. Un exemplaire de Meyenia erecta, conduit autour d'une boule en fil de fer et garni de plusieurs fleurs, obtient la médaille du premier prix de plante nouvelle exotique fleurie. Ce spécimen avait été présenté par Mme Legrelle-d'lfanis. 11 est fâcheux que les fleurs si attrayantes de Meyenia aient si peu de consistance et qu'elles se déforment si vite. — 237 - Le premier prix du concours de piaules nouvelles fleuries ou non fleuries est décerné à M. A. de Janli. Cet envoi consistail en neuf plantes nées dans du détritus américain (terre de Corel dans laquelle on expédie les graines de Palmiers, etc.). Le concours du semis nouveau nous offre un joli Pldox, nommé Princesse Charlotte par l'exposant, M. Rodigas, de Lierre; de volu- mineux bouquets de fleurs rose foncé à centre blanc distinguent cette jolie variété à laquelle le jury accorde le premier prix; un Gloxinia à fleurs érigées, à tube blanc et limbe violet bleu, étoile vers la gorge de cinq rayons blancs, obtenu de semis parMme Legrelle-d'Hanis, reçoit le second prix. Un bel exemplaire bien fleuri de Gloriosa Plantât, envoyé par M. le baron Heynderycx, oblienl le premier prix du concours de belle florai- son ; le second prix est accordé à mérite égal à une fort belle Bromé- liacée, exposée par M. Éd. Mottin; c'est le Biltbergia Croyana, introduite du Brésil par M. de Jonghe et à un fort exemplaire très- remarquable d'Hydrangea Japonica, envoyé par Mm,: H. Bertrand. Le Cattleya crispa est, sans contredit, l'une des plus belles et des plus élégantes Orchidées que l'on connaisse; un exemplaire de celle piaule présenté par M. V. Bauchau, président de la Société royale de Namur, se distinguait par sa belle culture et son abondante floraison ; le jury lui accorde la médaille en vermeil; le second prix de ce concours (à la plus belle Orchidée) est décerné à un fort pied de Stanhopea oculata, exposé par Mme Henri de Brouckère. Le premier prix pour la plus belle collection d'Orchidées est décerné à l'unanimité à une collection de seize espèces bien fleuries, apparte- nant à M. le baron Heynderycx, de Cand. Une précieuse collection de Palmiers, exposée par Mmc Legrelle- d'Hanis, d'Anvers, obtient la médaille en vermeil, grand module. On \ remarquait le rare Corypha aiistralis, le Cocos nucifera, un beau Ceroxylon ferrugineum, elc. Celle dame cueille une nouvelle palme avec un magnifique envoi de Maranta; la vigueur des exemplaires, la fraîcheur de leur feuillage, et le développement remarquable des vingt espèces qui composaient celle collection, ont vivement frappé les connaisseurs; on sail que ces plantes sontassez capricieuses et fondent rapidement entre des mains ordinaires. Au concours des Gesnériacées, nous trouvons deux belles collections en présence; la première, composée de variétés à fleurs dressées (Gloxinia erecta), riches de couleur et parfaites de forme et de tenue, obtient le premier prix; elle était envoyée par M. P. Vau Tilborgh, pharmacien à Bruxelles ; la seconde comprenait d'excellentes variétés à fleurs horizontales, c'est-à-dire celles communes au type; son pro- priétaire, M. Ph. Janssens, reçoit le second prix. — 258 - Une riche collection tic soixante Fougères, appartenant à S. A. S. le duc d'Arcnberg, obtient le premier prix ;ï l'unanimité du jury. La faveur avec laquelle les plantes à feuillage panaché, discolore, zébré, maculé, etc., soûl accueillies par mus les amateurs a engagé In Société à établir un concours spécial en leur honneur. Quatre concur- rents répoodirenl à cet appel, deux avec des collections de plantes de serre. Ic> deux autres avec des piaules de pleine terre. Dans la première catégorie, la riche et nombreuse collection exposée par M™' veuve Fonson, deMons, remporte le premier prix, que le jury, pour témoigner sa \ ive satisfaction, transforme en une médaille spéciale en vermeil grand module. Ce contingent se composait de quatre-vingt- trois espèces de plantes à feuilles panachées; Bégonia, Anœctochilus, Maranta, Pandanus, Pavetta Borbonica, Yucca, Dracœna, Aroïdées, Agave, jusqu'au Coronilla Emerus. M. Peltier, horticulteur à Schaer- beek-Iez-Bruxelles, reçoit le second prix. Dans la seconde catégorie, c'est M. X. Reyckaerl. horticulteur à Stalle près Bruxelles, qui emporte le premier prix; sa collection de plantes panachées de pleine terre ne comprenait pas moins de cent quinze espèces et variétés. Son con- current M. Fortin, négociant à Bruxelles, dont le contingent formé d'en- viron quatre-vingts plantes était fort remarquable, reçoit le second prix. Ce concours avait réuni dans les deux catégories plus de deux cents espèces différentes de plantes panachées; résultat qui démontre sur- abondamment l'importance et l'utilité des concours spéciaux. Les Pelargonium zonale de Mme Charles Verhulst, groupés en une charmante corbeille, obtiennent le premier prix. Un second prix est accordé aux Fuchsia de M. A. Van Baerlem. Le bel envoi de Dahlias cultivés en pots et exposés par M. Van Riet; les corbeilles garnies de plantes retombantes de M. Jaune et les Roses coupées de M. J. B. Van- dervée, horticulteur, font décerner un premier prix à chacun de ces exposants. Une collection de quatre-vingts Conifères fort bien cultivées et d'un bon choix, appartenant à MM. Vandendriesse et Panis, mar- chands-grainiers du Roi à Bruxelles , remporte le premier prix du quinzième concours. Le jury accorde à l'unanimité une médaille en argent au riche envoi de Bégonia fait par M. L. Lubbers, horticulteur, à Jxelles-lez-Bruxelles; on remarquait parmi les cent espèces qui com- posaient cet envoi plusieurs plantes d'une introduction toute récente. Les Lantana, au nombre de quinze variétés, exposés par M. Janné obtiennent un second prix. Le concours de plantes de pleine terre avait été dignement rempli par trois concurrents sérieux. Le beau choix et la bonne venue des plantes du riche contingent de M. Beyckaert font décerner la médaille en vermeil à cet intelligent jardinier. La collection presque aussi belle de M. Fortin reçoit le second prix; enfin, un troisième prix est décerné - 259 — à une petite collection bien choisie el bien intéressante envoyée1 par M. Bedinghaus, de Nimy près de Mons, horticulteur dont nous avons réceraraenl fait figurer les beaux gains de Pyrethrum dans notre recueil. L'élude de nos plantes indigènes est très-négligée; e'esl un l'ail regrettable, parce que, sous le rapport scientifique, leur connaissance conduit naturellement à celle des plantes exotiques : dont elle en facilite singulièrement l'analyse; c'est encore regrettable sous le poinl de vue horticole; car beaucoup de nos plantes offrent un intérêt réel: les uwvs par l'élégance de leur port, celles-ci par une floraison abon- dante ou prolongée, celles-là par des couleurs attrayantes... Il s'agirait seulement de s'en occuper, de les perfectionner par la culture el l'hybridation. Le concours ouvert par la Société royale de Flore en faveur des plantes indigènes stimulera, nous n'en douions pas, le zèle de nos amateurs. Que la Société persiste à encourager la culture de ces sortes de collections, et d'ici à quelques années la persévérance des uns, l'habileté des autres jetteront dans le monde horticole des plantes rustiques dignes de lutter avec celles que nous recevons des zones lointaines. M. Fortin avait réuni une collection de quarante-deux plantes indigènes; ce premier essai a été encouragé par une médaille en argent. Les collections de fruits se bornaient à deux envois : l'un, provenant de la campagne de M. Rey, à Droogenbosch, comprenait une quaran- taine de fruits variés ; le premier prix est affecté à cet envoi dû aux soin.» de M. Vandermeulen, jardinier de M. Rey; le second prix est décerné aux Raisins et Brugnons exposés par M. le général de Waulhier, à Saint-Josse-ten-Xoode. Cette section de l'exposition était assez faible- ment représentée. Le jury clôt ses opérations en accordant : 1° une médaille en vermeil à M. le chevalier J. de Knyff, de Waelhem, pour un magnifique exem- plaire de Cijcas revotuta, chargé de feuilles et dune culture admirable: 2° en proposant une médaille spéciale d'honneur à M. Linden, qui avait, l'ail un envoi d'une centaine de plantes précieuses par leur nou- veauté et leur beauté, et renoncé gracieusement à prendre part au concours. Le conseil d'administration de la Société s'empresse de déférer à la proposition du jury el s'associe par cette décision au sen- timent général d'admiration que le contingent de M. Linden avait pro- voqué. Comme nous nous proposons d'écrire un article spécial sur les plantes nouvelles que possède M. Linden, nous nous bornerons pour le moment à dire que son envoi comprenait un lot de quatorze plantes nouvelles introduites directement par l'exposant, et parmi lesquelles brillaient au premier rang les Bégonia Rex, Lazuli, Simonsii, fîmbriala et metallica, el le Cyanopkyllum magni/îcum ; une collection de Fou- - 240 — gères nouvelles et raies, une collection de Palmiers, plusieurs Aroïdées cl enfin un joli choix d'Orchidées (Saccolabium, Vu h du, Stanhopea, Oncidium, Phalœnopsis, Uropedium), etc. L'exposition de la Société royale Linnéenne de Bruxelles a élé ouverte le 24 septembre par S. A. R. Mgr. le duc de Brabant. Les concours de fruits, de légumes et de piaules d'agrément ont élé dignement remplis. La section de Pomologie, à laquelle la commission royale de Pomologie avait prêté particulièrement son concours, offre des contingents du plus haut intérêt, et témoigne des progrés marqués dans la culture et le choix des arbres fruitiers en Belgique; aussi cette section de l'expo- sition provoque l'admiration générale. Nous nous proposons de rendre compte dans notre prochain numéro de cette brillante exposition. Constatons avec bonheur qu'amateurs et horticulteurs ont rivalisé de zèle en celte occasion; que tous les produits sont supérieurs en qualité comme en choix, et qu'il n'y pas de ces contingents d'un mérite équi- voque qui trop souvent déparent nos expositions ordinaires. H. G. >- - 241 — FORSYTHIA SUSPENSA (Vaiii..). (Planche XXI.) Nous n'avons rien à ajouter ù la description que nous rivons donnée de ce bel arbrisseau dans noire cahier du mois d'août (Horticulteur praticien, pages 174-175). — Des connaisseurs qui ont vu le Forsythia suspensa en fleurs chez MM. Veitch et (ils, à Chelsea, près Londres, nous ont confirmé la supériorité sur le Forsythia viridissima. Celle opinion nous fait pressentir le bon accueil que tous les amateurs de plantes rustiques feront à la nouvelle venue. FUCHSIA VARIES. 1. Fuchsia Cornelissen (Cornemssf,!*). — 2. Fuchsia Wonderful. — 3. Fuchsia Triomphe de Bruxelles (Oornkmssi.\ (Planche XXII.) Les variétés I et ô ont été obtenues de semis par un modeste jardi- nier du faubourg de Schaerbeek, M. Cornelissen ; l'une et l'autre sont fort distinguées, très-florifères et méritent d'être recommandées. La première variété, que nous avons nommée Cornelissen, du nom de son oblenleur, est à fleurs doubles, et, comparée avec le Fuchsia Hender- soni, nous a paru supérieure par le volume de ses fleurs et par la grandeur de la corolle, d'un bleu violacé foncé et velouté, teinte que le pinceau de l'artiste ne saurait rendre sur le papier. Le Fuchsia auquel M. Cornelissen a voulu imposer le nom un peu prétentieux de Triomphe de Bruxelles est, sans contredit, un des plus étoffés et des plus beaux que nous ayons vus parmi les variétés de couleur foncée. La corolle est ample, large et formée de pétales d'une consistance remarquable; leur étoffe est excessivement épaisse et telle qu'on croirait, en la touchant, sentir un morceau de cuir. Aussi, grâce à cette particularité, la corolle ne se déforme pas et conserve plus longtemps que dans les autres Fuchsia sa belle teinte bleu-foncé. Nous avons eu occasion de remarquer, depuis que notre dessin a été fait, des fleurs plus grandes que celle que nous représentons. M. Cornelissen, rue Sainte-Alphonse, à Saini- Josse-len-Noode lez-Bruxelles, se propose de mettre ses deux Fuchsia Cornelissen et Triomphe de Bruxelles en vente au printemps au prix fort modéré de cinq francs pour les deux pris ensemble. Le Fuchsia Wonderful esl une variété mise en 1 856 dans le com- merce par son oblenteur .A!. Epps, fleuriste anglais; elle est encore à Novembre 1857. 21 — 242 — peine connue; les sépales, complètement replies contre le lube qu'ils cachent entièrement, donnent un aspect étrange aux fleurs et font com- prendre l'épilhète de merveilleuse que M. Epps a appliquée a ce Fuchsia ; la corolle, d'un violet rosacé changeant, est très-grande et par ticulièrcment évasée, beaucoup plus que celle d'Alfred de Salter. Celle large corolle en coupe renversée et ces sépales peut-être trop repliés, selon les règles de l'esthétique, impriment 'à ce Fuchsia un cachet d'originalité qui sera apprécié par les amateurs; du reste, les fleurs sont grandes et d'un beau coloris; et la plante est robuste et florifère. Cette variété, que nous avons reçue de Londres celle année, nous avait d'abord donné des fleurs tellement petites et mal colorées, que nous pensions être dupe d'une mystification ; une quinzaine de jours après, nouvelle floraison, mais celle l'ois telle qu'on nous l'avait annoncée. REVUE DES PLANTES RARES OU NOUVELLES. SERRE CHAUDE. i»< niii oi.hiiu crepidatuni , var. labello glabro, figuré dans le Bot. Maçj., pi. 5011. Celte Orchidée avait été d'abord prise pour une nouvelle espèce de Dendrobium , mais un examen comparatif avec le Dendrobium crepi- datuni (voir la description , page 172 de V Horticulteur praticien) a démontré qu'elle était une variété de la susdite espèce, à fleurs plus petiles dont le labelle était glabre et plane, c'est-à-dire, que les côtés situés près de la base du labelle étaient étalés, au lieu d'êlre redressés comme dans le type. C'est une fort jolie plante originaire d'Assam , à teintes plus violacées que le vrai Dendrobium crepidatum. Agapete* buxiroiia (Nuttall ) , figuré dans le Bot. Mag., pi. 5012, — Famille des Vacciniées. — Décandrie Monogynie. M. Boolh a rencontré en quelque sorte une terre promise pour l'horticulture en explorant le Boolan et les frontières du pays d'Assam; en effet, ces régions de. l'Inde sont riches en plantes, belles par leur port et leur feuillage, ou belles par les fleurs attrayantes dont elles se parent. VAgapetes buxifolia est du nombre de ces dernières. C'est un arbuste touffu à feuilles persistantes, s'élevant a 4 ou 5 pieds de hauteur; la base du buisson est une grosse tige renflée, tubéreuse, que l'on pren- drait pour une racine; cette tige, comme dans beaucoup de piaules /w^ ;/sY / '/y s S' ..' W • • ' ' ' ' /' ft . ' ' ■ — 243 — congénères de l'Inde, comme dons les àfacleania el quelques Thibau- (lia du Mexique el du Pérou, adhère fortement par <1<' nombreuse* petites racines Gbreuses aux troncs moussus des arbres dans les forêts humides, situées enlre 2,000 et 3,000 pieds de hauteur supraroarine , sur les flancs des monts Duphla ( frontière orientale du Bootan ). Des branches étalées, vergetées, poilues, forment le buisson ; les feuilles nombreuses, rapprochées, al ternes, étalées, sont longues d'un pouce environ, coriaces, d'un vert vif en dessus, plus pale en dessous, courtement péliolées, obovées-cunéaires vers la base, subaiguës el obscurément déniées au delà de la moitié antérieure de la feuille. Fleurs rouge vif, solitaires ou par deux, axillaires, portées sur (\c> pédicelles minces, poilus, d'un demi-pouce de longueur. Calice obeo- nique-campanulé, vert, poilu; limbe a cinq dents vertes, triangulaire-- ovées, courtes. Corolle tubuleiise, cylindrique, longue d'un pouce environ, glabre, d'un rouge brillant; limbe à cinq segments étalés, ovés-lancéolés, acuminés. Dix étamines; filets à base large et arquée; anthères linéaires, crénelées, formées en une paire de longs tubes connés très-minces, dépassant un peu l'orifice de la corolle. Disque épigynique annulaire, entier. Style érigé, droit, se renflant graduelle- ment vers le sommet; celui-ci est tronqué et obscurément quinquélobé. Cette jolie Vaccin iée à feuillage toujours vert fait, partie de la riche collection de plantes du Bootan, de M. Nullall, possesseur, comme l'on sait, de toutes les introductions (Rhododendron, etc.) de M. Booth. M. Nuttall a imaginé de greffer par approche VAgapetes buxifolia sur une espèce du genre Epigynium (Epigynium leucobolrys) (Nullall); c'est ainsi qu'il a réussi à en obtenir des fleurs. Culture. — Les Vacciniées et Éricacées, dont la tige est renflée vers le bas en gros mamelon tubéreux, doivent èlre cultivées à peu près comme les Orchidées : dans des pots assez larges, fortement drainés et dans un mélange de mousse hachée ou de sphagnum el de terre de bruyère fibreuse; enfin être placées dans une atmosphère moite el chaude; leurs rameaux supérieurs pourraient mieux se trouver des rayons solaires légèrement tamisés que les Orchidées, mais la portion renflée de la lige devra toujours être abritée; c'est ainsi que nous avons élevé les Macleania des environs de Xalapa au Mexique, et les avons obtenu en fleurs. Epigynium acuminntum (Ki.otzscii ) , figuré dans le Bot. 3faa., pi. 5010. — Syn. : Àgapeles acuminata (Don.). — Thibaudîa acuminata (Wallich). — Famille des Vacciniées. — Décandrie Monogynie. Celle plante fait partie du groupe des Vacciniées, si riche en belles espèces el si abondant dans les régions subtropicales cl tempérées des — 244 — montagnes humides de l'Inde, et dont très-peu d'espèces ont été intro- duites en Europe. UEpigyniufn acuminatum fut d'abord découvert par les collecteurs de feu Wallich, dans les montagnes de Khasia (Sylhcl) ; M. Griffilh et MM. Ilooker et Thomson le recueillirent dans ces mêmes montagnes vers 3,000 et 4,000 pieds d'altitude supramarine, ei le trouvèrent croissant généralement en épiphyle sur les arbres. L'introduction de celle plante dans les jardins anglais est due à M. Booth , qui l'envoya du Boolan à M. Nultall. C'est un joli arbuste à grandes feuilles persistantes, el s'élèvent de 2 à 4 pieds de hauteur, il se ramifie peu. Feuilles alternes, à pétioles courts et robustes, lon- gues de 4 à 8 pouces et plus, lancéolées, acuminées, dentées : dénis écartées; très-coriaces, persistantes, d'un vert foncé opaque en dessus, vert plus pâle et souvent violacé en dessous; la face supérieure est parfois marbrée de violet ; côtes fortes, nervures latérales distantes; pétiole muni de deux glandes mamelliformes vers la base de la lame. Fleurs très-nombreuses, rassemblées en corymbes pendants, sortant le long de la tige ou des rameaux et plus bas que le feuillage. Pédon- cule commun, de longueur variable (un quart de pouce à i pouce). Pédicelles longs d'un pouce, en forme de massue, d'un beau rouge de corail, à peu près celui des fruits du Sorbier, ainsi que les calices et les corolles, et, couverts, de même que ces derniers, de poils très-courts. Tube calicinal hémisphérique, à limbe quinquédenté. Corolle presque globuleuse, présentant cinq angles, peu visibles et autant de segments .courts et recourbés. Disque épigynique entier. Étamines à filets assez larges, plus courts que les anthères; celles-ci sont mutiques. Le port, le mode d'inflorescence rappellent beaucoup les Thibaudia de l'Amérique tropicale (Nouvelle-Grenade, Mexique), ce qui nous porte à croire que les Epigynium doivent être cultivés de même ; c'est- à-dire en serre tempérée, plutôt qu'en serre chaude, et dans de la terre de bruyère fibreuse; en été on devrait les placer en plein air dans un endroit mi-ombragé el abrité des forts courants d'air. Les horticulteurs se sont jusqu'ici peu occupés de cette belle classe de plantes; cela est fâcheux, parce que, bien cultivées, elles fourniraient un précieux contingent d'arbrisseaux à feuilles persistantes et à fleurs d'une richesse de coloris très-remarquable. iroHkiunera speetabiiis ( Lindley), figuré dans le Bot.Mag ., pi. 5009. — Famille des Scrophularinées. — Didynamie Angiospermie. Cette plante remarquable constitue un nouveau genre que le savant docteur Lindley a dédié à son ami M. Ure Skinner, « au plus généreux des négociants, au plus zélé des collecteurs, à qui ou par les soins duquel la botanique du Mexique occidental et de Guatemala doit plus quà aucun des voyageurs qui ont visité ces régions. » M. Skinner doit être — 24ï) - aussi flatté par h publication de ces lignes tombées si cordialement de l,i plume du rédacteur du Gardener's Chronicle, que de la dédieace d'une plante aussi distinguée que celle choisie par notre estimable ami M. Lindley. Nous ne pouvons ajouter à ces éloges que cette réflexion : « Heureux le voyageur dont les travaux, les recherches, les trouvailles en un mot, ont pour interprète des hommes consciencieux et savants comme les Lindley, les llooker, les Decaisne, les Henlham ! » VUroskinnera a fleuri à Kew, au mois de juillet, dans la serre chaude. C'est une plante herbacée, érigée, robuste, ressemblant à un Gesneria, couverte de poils gris rapprochés. Feuilles oblongues, den- tées, péliolées, longues de 2 à 4 pouces. Les fleurs sont disposées en épis sessiles, terminaux, denses, hauts de 5 pouces, et sous-tendus chacun par une bractée filiforme poilue. Calice petit, en forme de coupe, velu, à quatre dénis. Corolle lilas ou violet-pâle, lisse, longue d'un pouce et demi, en forme d'entonnoir; le limbe, à cinq lobes à peu près également obtus, est hilahié, puhescent en dessus. Les quatre éta- mines fertiles ressemblent à celles des Pentstemon ; l'étamine stérile est linéaire-spathulée, pubescente et un peu plus courte que les deux étamines fertiles les plus courtes. Le fruit est une capsule ovée, nue au sommet, mais pour le reste étroitement embrassée par le calice poilu et par ses quatre lobes filiformes; la déhiscence a lieu par le dos des carpelles. Graines nombreuses, scrobiculées (surface creusée de petites fossettes irrégulières), petites, ovales, plaues-eonvexes, bordées par une membrane étroite, rassemblées sur un placenta spongieux, central. VUroskinnera spcctabUis exige la serre chaude; des arroscmcnls abondants au printemps et en été; peu d'humidité en hiver. La multi- plication est simple et facile. — On peut se procurer cette charmante plante chez la plupart de nos grands horticulteurs; la maison Jacob Makoy, t'annonce au prix de 10 francs. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. Rhoiiodondriun wiiMisorii ( Nullall ) , figuré dans le Bot. May. , pi. 5008. Ce Rosage a été découvert par M. Rooth, dans les montagnes du Boofan, à une élévation supramarine de 7,000 à 9,000 pieds. Celte espèce se plaît dans les endroits arides et exposés, en compagnie des Pins et des Cyprès, etc. La floraison des exemplaires provenus de graines envoyées à M. Nuttall a eu lieu en juin 1857. Le Rhododendrum Windsorii est arborescent; ses feuilles sont coriaces, obovées-lancéolées et aiguës, longues de 4 à ."> pouces, larges de I pouce à 1 pouce et demi, fortement réticulées et pen ni nervées, — nu — luisantes, blanc-argenté on dessous, devenant ensuite brunâtre. Capi- tules mullillores ; bradées dilitlées, soyeuses; lobes de la corolle émar- ginés; leur couleur est un rouge carminé foncé, plus l'once que dans le Rhododendrum arboreum, auquel noire nouveau Rosage est allié. Il se rapproche encore plus du Rhododendrum roseum des horticulteurs, dont il diffère néanmoins et par le feuillage et par le coloris floral. Le calice présente cinq lobes allongés, s'amineissant vers le sommet. Élamines au nombre de dix. - Capsule cylindrique-oblongue glabre, oblique à la base, et à dix loges. Il existe une variété à fleurs blanches du Rhododendrum Wind- sorti, variété que M, Nutlall serait disposé à regarder comme une espèce particulière, reconnaissable par ses feuilles plus lancéolées, d'un vert terne, opaque en dessus, mais comme dans le type d'un blanc argenté en dessons passant finalement au brunâtre; les fleurs de celte variété sont constamment blanches. Le Rhododendrum Windsorii et sa variété Leucanthum ou à fleurs blanches sont répandus dans le commerce; on les cote actuellement de ô à o francs; prix encore trop élevé, car ces Rosages nous semblent d'une beauté fort médiocre. CULTURE MARAICHERE. Le dernier numéro de notre Horticulteur praticien consacre à la fougère commune (Pteris aquilina) un article fort intéressant. Je vous demande la permission de m'y arrêter un peu et de vous dire ce que mon expérience personnelle m'a appris à ce propos. Parler de fougère aux gens qui vivent en Ardenne, c'est parler de grives à un tendeur ou de lièvres à un braconnier. Ils ouvrent, l'œil, dressent l'oreille et sentent une espèce de frisson courir sous la peau. La pre- mière fois qu'il fut question de la fougère commune, à litre de légume, je tins bonne note de la ebose et me promis bien d'en essayer. L'essai eut lieu tout, de suite sur une grande échelle ; on servit un gros plat de frondes de fougère en petits pois, et. les convives s'accordèrent à recon- naître que le Pteris aquilina n'était point à dédaigner et valait bon nombre de légumes admis sur nos tables. Cependant les fougères, ainsi préparées, laissaient beaucoup à redire : elles avaient été récoltées parmi les bruyères et un peu tardivement; elles n'étaient pas précisé- ment aussi tendres qu'on aurait pu le désirer, et leurs jeunes feuilles, roulées en crosse, craquaient sous la dent. Si, conformément aux recom- mandai ions de M. Clarke, l'on avait coupé les frondes entre deux terres, — 247 — alors qu'elles commençaient à pousser, on aurait eu quelque chose de plus lendre et de plus délicat; si mène, nous avions pris la peine de recoller nos fougères au milieu des bois, à l'ombre, le résultat eùi été très-satisfaisant, à la condition, bien entendu, de passer les liges vertes à l'eau bouillante, plutôt deux fois qu'une. Au dire de M. Benjamin Clarke, il serait à désirer qu'une fougère entrât dans notre système culinaire, à raison de ses propriétés toniques, antibilieuses et désobstruantes. Nous ne demandons pas mieux, mais il nous semble qifà les introduire dans le potager, le jeu ne vaudrait pas la chandelle. Pour le moment, il y a moyen de s'approvisionner largement dans le Luxembourg, parmi les bruyères incultes, les (erres nouvellement essartées et les bois. A quoi bon cultiver à grands frais ee que la nature se charge, tous les ans, de nous donner par millions et milliards de plants. La fougère fait le désespoir des mauvais cultiva- teurs; allez à la récolle chez eux, et vous leur rendrez un signalé ser- vice. Plus tard, quand l'agriculture sera en progrès partout, quand la fougère, tourmentée par les bons laboureurs el surtout par la fouilleuse, deviendra rare et menacera de disparaître, nous pourrons et devrons peut être la prendre sous notre protection, l'améliorer et lui donner rang de légume au potager. Nous reparlerons donc de ceci dans une vingtaine d'années. Puisque nous en sommes sur le chapitre des légumes à créer, pour- quoi passerions-nous sous silence l'épi lobe à feuilles étroites (Epilobium anguslifolium) qui, sans médire, ne serait pas indigne de figurer a côté des jets de houblon. Cette plante abonde dans le Luxembourg, au milieu des forêts, à l'exposition du nord, et notamment sur les vieilles places de fauldes. Elle est d'une culture facile el pourrait fournir abon- damment, si l'on avait soin de la disposer en lignes et de couvrir les jeunes liges de terre ou de sable, au fur et à mesure de la pousse, afin de les maintenir blanches et tendres, c'est-à-dire de les étioler parfaite- ment jusqu'à une hauteur de 12 ou 15 centimètres. A propos de nouveautés légumières, on nous demande el nous nous demandons pourquoi l'on ne tire pas parti du mésembryanlhème cris- lallin comme du pourpier. Plusieurs amateurs de notre connaissance mettent ces deux plantes sur la même ligne. La première est bien connue des jardiniers sous le nom de glaciale, et serait d'un effet char- mant dans nos potagers, à raison des vésicules transparentes qui la font paraître couverte de glace, surtout quand le soleil brille. Sa culture ne présente aucune difficulté. On sème la glaciale au printemps, lorsque les gelées ne sont plus à craindre, soil sur couche pour repiquer, soit à demeure sur les plates-bandes, en ayant soin de frapper les graines avec la main ou le dos de la bêche, seulement pour les fixer. Un peu trop recouvertes, elles ne lèveraient pas. — 248 — Le mois dernier, je vous ai donné avis de l'exposition de Bras; au- jourd hui je puis vous annoncer qu'elle a dépassé mes espérances, et de beaucoup. La culture maraîchère y était représentée dignement, Irès-dignement; tous les légumes que vous rencontrez au marché de Bruxelles étaient là, sans compter ceux que vous n'y rencontrez pas. Les paysans ont fait la leçon aux hommes du métier- Ils n'ont point, reculé devant l'introduction des races nouvelles ; ainsi, j'ai remarqué avec bonheur, chez la grande majorité des concurrents, la substitution des trapus de Brunswick aux anciens cahus dégénérés, des betteraves de Bassano, aux variétés grossières utilisées pour la salade, des navels tins aux navels à vaches, etc., etc. La bette à cardes, les variétés de haricots les plus délicats, le scolyme, le chervis, la léti agonie, le chou- rave, les courges de Touraine, les giraiimons , les palissons, les pommes de terre en renom, telles que la coquette et la bleue, l'igname balaie même, et bien d'autres légumes inconnus dans l'Ardenne, il y a deux ans, se trouvaient là de toutes paris pour affirmer le progrès. Il y a mieux : des collections de fruits, d'une beauté remarquable, en- voyées du château de Mirwart par le jardinier de l'endroit; d'Arlon par M. Waltzin ; de Sainl-Hubert par M. Léopold Zoude ; de Neupont par M. Demoor, et de diverses autres localités par divers autres expo- sants, ajoutaient à l'éclat et à la variété des produits, et frappaient, d'élonnemenl les connaisseurs. Enfin, grâce aux faveurs d'une année vraiment exceptionnelfe, nous avions des raisins aussi appétissants que dans la région des vignes. Quand je vous disais que ce serait un événe- ment, je ne me trompais pas, et j'en prends à témoin environ trois mille visiteurs. Le ciel lui-même avait voulu être de la fêle. Les bour- rasques avaient cessé juste à point, et les pluies battantes avaient égale- ment cessé. Plus de vent, plus d'eau, plus de nuages, mais un ciel bleu, une atmosphère douce, un beau soleil , la paix et la joie au- dessus de nous, la paix et la joie parmi nous. Je n'exagère pas, croyez- le bien, je reste au-dessous de la vérité. L'exposition de Bras fera époque dans l'Ardenne; elle a donné la mesure de ce que l'on pouvait attendre du pays des landes, non point la mesure oulrée, mais la juste mesure, attendu qu'aucun exposant ne s'était livré à ces cultures excentriques et onéreuses, exécutées en vue des concours plutôt qu'en vue du bénéfice net. Tous les produits soumis ici à l'appréciation des jurés et du public, provenaient de cultures normales, régulières, suivies de près et à diverses reprises par des commissaires visiteurs. Patience, s'il vous plaît; dans quelques mois, le chemin de fer nous reliera aux riches provinces, et les locomotives aidant, nous irons mêler nos den- rées aux vôtres sur les grands marchés. Quand votre printemps finira, le nôtre commencera ; ce que vous nous donnerez en mai, nous essaye- rons de vous le rendre en juillet ; service pour service. Que vos jardi- — 249 — niers de profession ne lassent pas trop longtemps encore les rétifs, et se donnent la peine de regarder derrière eux , car s'ils n'y prennent garde, les paysans ne larderont point à leur emboîter le pas et même à les distancer. Nous avons dans nos campagnes, et en matière de cul- ture potagère, un avantage sur eux, c'est d'avoir affaire à i\cs hommes qu'aucun précédent n'enchaîne, à des hommes qui, dans le cas parti- culier, n'ont point de routine, parce qu'ils n'ont point de passé. Demandez-nous des nouveautés qu'il soit en notre pouvoir de produire, et vous les aurez. Adressez-vous à des maraîchers, et la plupart ne vous répondront pas. En tout, partout et à propos de tout, c'est ainsi que se passent les choses; une fois engagé de vieille date dans une ornière quelconque, on s'obstine à n'en point sortir; on recule devant le coup de collier et devant l'inconnu. Vous me permettrez de ne pas me laisser aller plus loin au courant de la digression qui m'emporterait je ne sais où. Nous voici à la veille de l'hiver; les feuilles jaunissent cl s'en vont; nous avons par moments un ciel gris qui fait songer à la neige, et des gelées blanches qui eu annoncent d'autres. Quand ces lignes paraîtront, les travaux du jardi- nage de pleine terre seront peut-être suspendus, mais peut-être aussi sera-l-il temps encore de semer des carottes, des panais et du cerfeuil bulbeux, qui lèveront plus sûrement et huit ou quinze jours plus lot que les graines de mêmes sortes semées au printemps prochain, parce qu'il y aura eu stratification pour ainsi dire, et que les semences stra- tifiées conservent mieux leurs facultés germinalives que dans un sac de toile ou de papier. Voici l'heure de commencer les labours profonds d'automne dans le potager, d'enterrer le fumier selon les uns, ou de le mettre en couver- ture sur la terre labourée, selon nous. Je persiste dans cette manière de voir et d'agir. Jusqu'à ce jour, elle m'a donné de bons résultais, ei je m'y liens. Je crois vous avoir dit mainte fois que l'évaporation des gaz ne m'inquiétait point, que je complais beaucoup plus sur les sels solu- bles que sur eux; j'ai l'honneur de vous le répéter de nouveau. Avec le fumier enterré et emprisonné enlre deux tranches de terre, la fumure me paraît inégale, et il y a toujours un peu d'irrégularité dans la levée des graines; avec le fumier en couverture, les sels de l'engrais fondent en temps de pluie ou au moment des neiges, et la terre fait éponge; aucune particule de cette terre n'échappe à leur action. J'insiste tout particulièrement sur la nécessité de fumer à l'automne, car les vieilles fumures sont de rigueur dans le jardinage pour toutes les plantes, à l'exception des pommes de terre, qui exigent un fumier frais et peu décomposé. Avec les fumiers d'automne, voire sol est bien imprégné d'engrais à la sorlie de l'hiver, et l'effet de cet engrais se produit énergiquement et promptement. Or, c'est là ce que nous — 250 - voulons. Plus noire engrais est pourri, plus il est assimilable, ri mieux il lance la végétation. Il serait bien à désirer que les cultiva- teurs de potagers se pénétrassent une lois pour toutes de celle vérité incontestable, el s'arrangeassent de façon à réunir dans le courant de l'année assez d'engrais pour fumer entièrement leur jardin. Nous n'aimons pas ;'i les voir, vers la lin de l'hiver, faire flèche de tout bois et enfouir à la bêche de la litière à. peine attaquée par les urines du bétail. Celle litière ne saurait donner de résultats rapides. Pour nourrir les piaules, il faut qu'elle puisse 9e décomposer d'abord com- plètement, el ce n'est ni en quelques jours, ni en quelques semaines que le travail de décomposition peut s'effectuer d'une manière satisfai- sante. I». JOIGNEAUX. POMOLOGIE. DE QUELQUES EXEMPLES INTERESSANTS HE MODIFICATIONS PRODUITES SUR CERTAINS ARBRES FRUITIERS PAR LE CLIMAT, LE SOL, LE SUJET, ETC. Il est encore un certain nombre de pomologues qui accordent une trop grande importance à la classification systématique (très-utile en elle-même, il est vrai) des fruits d'après leurs caractères externes et internes, et qui croient même qu'il est facile, comme en botanique, de trouver le nom d'un fruit d'après une courte description diagnostique. Quelques exemples prouvant que les caractères des fruits se modifient selon les différences de conditions dans lesquelles ils sont produits, pourront peut-être engager ces pomologues à faire de nouvelles obser- vations sur la nature des fruits soumis à des cultures diverses et à des conditions climatériques également différentes. Par ces exemples beaucoup d'amateurs pourront se rendre compte pourquoi un fruit reçu sous tel nom ne répond pas exactement à la description qu'en ont donnée les pomologues; car la bonne foi du fournisseur ne doit pas toujours èlre mise en suspicion. L'auteur de cet. article assure que quatre changements de domicile dans des localités ayant un sol différent et qu'un très-grand nombre d'envois de fruits qui lui étaient expédiés, pour en faire la détermination, des contrées les plus variées de l'Alle- magne, lui onl suffisamment fourni l'occasion de constater les modifi- cations produites dans les fruits par le changement des conditions dans lesquelles ils étaient habituellement produits. - 251 - Il cile d'abord la Pomme rose d'été de Virginie. Celle pomme dont j'ai vu, dit-il, à Gu linge n de menu; qu'à Nienburg, de très-beaux spécimens, ne différait qu'en quelques points peu importante de In description donnée par Diel; il ne me restait donc qu'un léger doute louchant l'époque de la maturité, doute qui fut dissipé quand je me lus assuré que Diel lui-même s'était trompé à cet égard. Je possédais à Nienburg, dans la ville, un spécimen de ce Pommier élevé en pyra- mide sur paradis, et hors de la ville un arbre à haute tige, lequel, planté dans un sol médiocre, donnait des fruits plus petits que ceux produits sur la pyramide. Je lis enlever la pyramide de mon jardin de ville et la fis mettre dans mon nouvel établissement, dans un terrain noir, compacte, et passablement sec à cause de sa situation. Lu même temps, je piaulai dans un jardin nouvellement établi, à 250 pas de mon établissement, un jeune arbre greffé de mes mains; le sol de ce jardin était argileux et fertile. Les deux arbres reprirent facilement. Celte année la pyramide porta trois belles pommes, et le jeune arbre à haute lige neuf; deux autres jeunes arbres dans la pépinière portaient l'un une pomme, l'autre quatre. Les fruits du pommier à haute lige se ressemblaient entre eux, mais différaient non-seulement de ceux de Nienburg, mais aussi des pommes produites sur la pyra- mide, au point qu'une personne non instruite des circonstances préci- lees, aurait pris ces fruits pour des variétés distinctes. Pour abréger, nous désignerons par A les fruits de la Pyramide et par B ceux du Pommier a haute lige. A. B. fruits plus gros ; ils n'atteignent pns le volume indiqué par Diel. Pédoncule (queue) grêle, ligneux, Pédoncule long seulement de 3/4 «le long de t 1/3 pouce à 1 1/2 pouce. pouce à 1 pouce, plus gros et enfoncé dans une cavité plus large, plus pro- fonde et plus fortement colorée de rouille. Épidémie (peau) blanc de cire, les Épiderme vert jaunâtre, passant au points saillants entourés de petits points beau jaune à la maturité , orné du côté blanchâtres; quelques faibles traces de frappé par le soleil de nombreuses stries ces slries rouges indiquées par Diel, fines de couleur cramoisi, interrompues bien que le soleil frappât la pomme par des points de même couleur; enfin durant tout l'après-midi. aussi vivement leinlé qu'une pomme Gravenstein ordinaire. Les fruits situés à l'ombre étaient plus rouges que la pomme A. Chair blanc jaunâtre, assez succu- Cbair plus jaune, plus douce et plus lente, chargée d'un acide fin, assez sem- succulente, rappelant la pomme Gra- blable à celui de la Calville blanche venslein. d'été; mais si prononcé, qu'une per- sonne à qui l'auteur de ces noies avait recommandé la culture de ce pommier. trouva le fruit trop aigre. Pépins plus nombreux. Trognon plus birge. - 282 — L'avenir nous apprendra sans doute si les différences on modifica- tions que nous venons de signaler resteront constantes ou si elles s'ef- faceront à mesure que les arbres s'habitueront aux nouvelles conditions d'existence qui leur ont été faites. Ces modifications ne peuvent, au reste, avoir d'autre cause que celle de la diversité des sols, et nous croyons être d'autant plus fondé dans notre supposition, que les fruits des trois arbres cultivés dans la pépinière étaient identiques entre eux. J'attribue aux mêmes causes une différence que j'ai observée à Nien- burg dans une Reinette mennonite. J'avais dans le temps émis la sup- position que la Reinette mennonite était identique avec la Reinette an- glaise de l'Hôpital (Stjke House Rasset) ; mais je n'avais pu acquérir une certitude complète à cet égard, parce que, planté dans un sol sablon- neux, le Pommier Reinette mennonite n'avait porté pendant deux ans que des fruits imparfaits et que des rameaux entés plusieurs fois sur cet arbre se desséchèrent. Plus lard, une pyramide de cette Reinette, que j'avais apportée de Nienburg et plantée dans mon nouveau jardin, porta la même année douze belles pommes, lesquelles, par leur gros- seur, la rougeur du côté frappé par le soleil et par les tacbes de rouille, semblaient, tellement différer de la Reinette de l'Hôpital, que je fus tenté de les regarder comme une variété distincte. Je fis part de mon opinion à M. Lucas, en lui envoyant quelques-uns de mes fruits. M. Lucas me répondit que la Reinette de l'Hôpital était cbez lui exac- tement comme les deux pommes que je lui avais adressées. Entre-temps j'avais reconnu moi-même, par la comparaison de fruits de la Reinette de l'Hôpital que m'avait envoyés M. Waltman, pomologue consciencieux et exact, que les deux pommes étaient identiques, quoique les fruits de M. Waltman fussent un peu plus gros et plus beaux que mes pommes mennoniles, qui atteindront à celte grosseur lorsque mon arbre sera bien enraciné. Tn fait analogue m'est arrivé avec les fruits de la Pomme d'été d'Astracan et de la Pomme d'été verte de Livonie. Ces deux pommes différaient d'abord par la forme et la couleur; mais, parvenues à leur parfaite maturité, elles se sont montrées identiques et par la chair et par la saveur. J'ai obtenu un semblable résultat, de deux pommes très-différentes par leurs caractères extérieurs : le Pigeonnet rouge d'hiver et le Pigeon royal. Cette dernière était, conforme à l'espèce que j'avais reçue de M. Diel, mais le Pigeonne!, rouge d'hiver était, si distinctement rayé de jaunâtre et de rouge, que je croyais avoir devant moi le vrai Pigeon rouge d'hiver de Diel, et que je me demandai si l'on ne m'avait pas, par erreur, envoyé le Pigeon royal. Cependant, lorsque j'eus dégusté les deux fruits, je ne trouvai aucune différence dans la chair — 253 - H dans la saveur; les caractères externes avaient seuls varié. Ce faii confirme l'observation déjà faite par d'autres politologues, savoir : que le Pigeon rouge esl sujet ù varier selon les conditions d'emplacement. J'ajouterai encore, qu'après avoir établi l'identité de ces pommes, je n'ai cependant pu remarquer dans le Pigeon royal, reçu de Diel , la saveur du Borsdorf, que ce politologue lui attribue. Ces exemples des modifications de certains fruits, que je pourrais multiplier au besoin, suffiront pour le but que je poursuis. J'ai re- marqué également que les pommes récoltées dans les jardins situés hors des villes étaient plus vivement colorées que celles provenant, d'arbres cultivés en ville, et que des modifications de caractères in- ternes et externes sont très-appréciables et communes dans certains fruits; tandis qu'elles n'ont pas lieu dans d'autres variétés, lesquelles demeurent invariables; ce phénomène s'observe également dans d'au- tres végétaux : je ne citerai que le Dahlia, dont j'ai du éliminer plu- sieurs variétés de mon jardin, tandis que leur floraison était parfaite dans d'autres jardins. De ce qui précède, nous pouvons inférer que la variation des carac- tères des fruits résulte des modifications des conditions d'habitat; que le nombre des fruits qui se ressemblent exlérieuremenl et qui, malgré cela, ne sont pas identiques, est considérable; que les descriptions et définitions de fruits les plus exactes sont souvent insuffisantes pour nous guider dans la recherche du nom d'un fruit, et enfin que les des- criptions d'un grand nombre d'entre eux ont besoin d'être complétées par de nouvelles observations. (Traduit du Recueil mensuel rie Pomologic et d'Arboriculture pratiques, par LUCAS el ÛBBRDIERK.) Scii. CULTURE DE LA VIGNE EN POT. C'est à ceux qui n'ont pas de jardin ni même un simple mur pour y élever une vigne, que nous recommandons la méthode suivante, ima- ginée par M. Lucas, pomologue à Hohenheim, dans le Wurtemberg, pour cultiver la vigne dans des pots. Les espèces qui conviennent le mieux pour cette culture sont en général les variétés précoces, entre autres, le bleu portugais et les chasselas, mais point les espèces vigoureuses qui font trop de bois, comme par exemple le Frankenthater. On choisit en automne ou en hiver un certain nombre de sarments des plus parfaits, munis de gemmes ronds et bien saillants. On enlève ces yeux ou gemmes avec une petite portion du bois qui y adhère. On dépose ces veux sur la — 254 — terre, dans dos pois à fleurs, de manière que leur bout regarde le ciel, et on les recouvre avec un peu de lerre. Toule bonne terre franche de jardin est bonne pour cela. L'opération se l'ait en lévrier ou plus tard, niais alors les pieds obtenus de ces yeux ne deviennent pas assez forts. Les pois contenant les yeux sont placés dans une couche chaude ou dans une chambre habitée et chauffée; on les tient modérément humides; les yeux se développent dans cette température avec rapidité et avec vigueur, et au bout de huit jours les racines commencent à rem- plir les vases. Quand les jeunes vignes auront 1/2-5/4 de pied, on les repiquera dans des pots assez grands contenant une terre très-fertile et légère; on les tiendra constamment chaudes afin d'en entretenir la végétation. Quand les racines se seront, bien développées, on procédera à un second rempotage dans des pots de 12 à 15 pouces de diamètre et d'autant de hauteur. Les pots doivent être bien drainés avec des substances poreuses. On conservera jusqu'en juillet les jeunes vignes dans un local chaud et où elles seront, à l'abri d'un trop fort changement de température; en même temps on activera la végétation par des engrais liquides et en attachant perpendiculairement les sarments. Tous les jets latéraux ou faux bourgeons seront pinces jusqu'à un œil. Vers le milieu de juillet les vignes auront 5 à G pieds de hauteur; on les porte alors à l'air dans un lieu à l'abri des mauvais vents, mais exposé au soleil, afin que le bois puisse mûrir parfaitement et les bourgeons se développer assez pour pouvoir produire des fruits l'année suivante. Les pots restent dans cette position jusqu'à ce que quelques légères gelées auront fait tomber les feuilles, signe non équivoque de la maturité du bois. On hiverne les pots dans un local dont la température n'est pas ]) degrés au-dessous ni 5 degrés au-dessus de zéro. On peut forcer ces vignes au printemps dans une chambre près des fenêtres, où elles donneront des fruits mûrs vers la fin de juin. Ce forçage demande cependant quelques précautions et une certaine habitude, faute de quoi l'opération manque souvent; il vaut donc mieux laisser végéter les vignes dans un appartement ou dans une serre ne recevant pour toule chaleur que celle provenant du soleil ; ainsi point de chaleur artificielle. Lorsqu'il fait beau temps, on place les pots à l'air et on les rentre le soir et lorsqu'il fait, mauvais. De cette manière on peut se procurer des raisins mûrs au milieu de juillet. On doit, afin de forcer tous les yeux, qu'on laisse aux sarments, de pousser et de se développer égalemenl , tailler, suivant leur force, à 8 ou 10 yeux parfaits ; on pince ceux d'en bas, et on attache la plante, qui consiste en un seul jet, soit horizon- talement en ligne droite, ou on la courbe en cercle en rattachant à un cerceau. Aussitôt que les grappes se montrent, on détache le cep el on le conduit en pyramide autour de trois ou quatre bâtons fichés dans - 2i;:; — la ierflB du pot; on attache également à ces tuteurs les pousses chargées de grappes. Les pousses qui ne montrent pas de grappes sont supprimée»; toutes les autres sont pincées jusqu'à la troisième feuille au-dessus d'une grappe. La pousse qui est située le plus en bas, doil rester intacte; c'est elle qui fournit le sarment pour l'année prochaine; on l'attache verticalement. Après la recolle des grappes on retranche le sarment qui vient de donner ses fruits et on traite celui qui est resté comme le précédent. On ôte la vieille terre de dessus les racines et on la remplace par de la (erre fraîche ou du compost, dont on soutient l'action par des arrosenienls ;ivec dos engrais liquides. S. (Journal ullpiiitnid de Pomologic.) MISCELLÀNEÈS. DU CISSUS DISCOLOR. Cette belle piaule se plaît particulièrement dans un sol composé par parties égales de terre tourbeuse légère et de terre de bruyère mélan- gées d'un peu de terreau de feuilles et d'une certaine quantité de gros sable pour rendre le mélange poreux. Le drainage des pots doit être fait avec soin, et puisque nous sommes sur ce chapitre, nous recom- manderons pour toute plante de placer au fond du pot qui doil la recevoir, des tessons assez gros pour que l'écoulement de l'eau d'arro- sage se fasse avec la plus grande facilité; les tessons cassés en frag- ments très-menus doivent être bannis dès que l'on opère avec des pots de plus de 6 à 8 centimètres de diamètre, car ils se lassent trop et bouchent les issues. Le Cissus discolor exige une température élevée et de l'ombre; on doit le placer dans la partie la plus chaude de la serre; dans une serre à Orchidées il végétera vigoureusement ; ses feuilles seront plus grandes, plus richement veloutées que dans une serre chaude ordinaire. Il résulte de celte observation qu'il lui faut une chaleur moite pour étaler dans toute sa fraîcheur cet admirable feuillage aux teintes inimi- tables, qui rendent ce Cissus si ornemental. Aussi, il vaut mieux, selon nous, à moins de pouvoir placer le Cissus discolor dans les conditions que nous venons d'indiquer, de ne pas perdre son temps à cultiver cette plante, ou bien se résigner à trouver de la beauté dans les quel- ques feuilles vertes et rouges, souvent brunâtres au bord, à macules — 2;io — rarement appareilles et alors d'un gris plombe, que la cochenille, les acares et les pucerons n'auront pas trop endommagées; ces résultats, que nous n'exagérons pas, sont presque inévitables dans une serre sèche, malgré tous les arrosemenls fournis a la plante. Nous avons cependant vu d'assez beaux exemplaires cultivés dans des couches chaudes, en tannée et dans des bâches à multiplications. Le Cisstts discolor doit être tenu humide pendant la belle saison ; et des seringages dirigés surtout sur la face inférieure des feuilles activent la végétation et opposent le meilleur frein connu à l'invasion des insectes parasites; on diminuera graduellement les arrosages à l'entrée de l'automne pour les supprimer presque entièrement depuis le mois de novembre jusqu'en février, sans permettre cependant que le sol se dessèche trop. On rempote au printemps dès que la plante donne signe d'entrée en végétation, et l'on plonge les pots dans une couche chaude pour hâter le développement des racines et l'émission des premières feuilles; on les porte ensuite dans une serre à Orchi- dées ou, à défaut, dans un coin ombragé de la serre chaude, où on pourrait jeter sans préjudice de l'eau en abondance pour entretenir une atmosphère humide autour du Gissus. Les exemplaires seront conduits sur des éventails treillissés ou, mieux encore, sur des colonnettes en fil de fer; on attache la tige principale, mais on laissera les rameaux géné- ralement libres; le feuillage des branches retombantes offre mieux à l'œil ses brillantes teintes que lorsqu'il est relevé vers le sommet des colonnettes. OBSERVATION CONCERNANT LA CULTURE DES BRUYÈRES DU CAP. J'ai cultivé dans le temps plusieurs espèces de bruyères du Cap; mais, malgré les soins assidus que je leur ai donnés, je n'ai jamais pu les conserver au delà de deux ans, quoique j'eusse choisi des espèces des plus rustiques : j'ai réfléchi depuis sur les causes qui rendent si diffi- cile la culture de ces plantes. Si je ne les ai pas découvertes toutes, je crois en pouvoir signaler quelques-unes. Chaque fois que j'avais perdu une de mes bruyères et avant de la jeter au fumier, j'examinais la motte des racines que je trouvai le plus souvent tout à fait sèche et impéné- trable dans l'intérieur. Celui qui a cultivé les bruyères sait combien ces plantes sont sensibles à l'endroit de leurs racines, et qu'en les rempo- tant on laisse la motte entière en faisant tomber seulement, la terre épuisée du pourtour; de là vient cependant que la motte des racines se durcit de plus en plus à l'intérieur, et qu'à la fin l'eau n'y peut plus — TM — . pénétrer. Cet inconvénient est sut'toul inévitable si l'on cultive les hrovêres dans une terre de bruyère sèche, sablonneuse el tamisée. Se servir d'une pareille terre pour y cultiver les Erica est la plus grande bévue qu'on puisse commettre, parce (pie la terre de bruyère devenue sèche a peu d'affinité avec IY;m, el celle-ci s'écoule BUSSJ vile qu'on la verse sur le pot. Cet inconvénient el par conséquent la perte des plantes peuvent être évités si l'on compose la terre qui doit les nourrir de gazon pourri ou, à son défaut, d'une partie d'argile douce, de salde et de terre de bruyère; mais le gazon pourri mérite Ion jours la préférence. On pourrait aussi ajouter n ce compost on peu de tourbe fibreuse; dans lous les cas, l'argile n'y peut pas manquer. Il faut aussi que la terre ne soil pas tamisée. L'argile a pour but d'empêcher le dessèchement de la terre, ou, si cela a déjà eu lieu, de faciliter la prompte infiltration de l'eau. Celte terre présente en outre l'avantage d'empêcher la pourriture des racines, ce qui arrive souvent, nonobstant le drainage des pots, quand on arrose avant que la terre se soit un peu desséchée. Quelqu'un qui a vu les Erica dans leur patrie, au Cap, assure que ces plantes y sont moins belles que dans nos serres. Ceci n'est pas une exagération; une foule d'autres piaules, notamment des familles des Acanlhacées, des Mélaslomées, des Lycknophora, etc., ont dans leur pays l'apparence de balais. Les Erica conservent leurs feuilles un peu plus longtemps, il est vrai, mais elles perdent leur beauté à mesure qu'elles montent et qu'elles vieillissent. On est donc obligé de les renou- veler soit de boutures, soil de graines. Cependant, il y a encore un autre moyen de conserver la beauté des Erica, c'esl la taille, opération qu'on avait cru leur êire inapplicable. Tous les ans, après la floraison, on taille les plantes, on élague les jets faibles el ensuite on les place dans un lieu aéré. Les jeunes pousses que les plantes feront dans celle position produiront des fleurs l'année suivante. Le rempotage des bruyères a lieu, comme on sait, avanl la floraison. Scii. DES CALCEOLÂIRES LIGNEUSES. La race des Calcéolaires ligneuses s'enrichil depuis quelques années de variétés fort distinguées par leur coloris, et si elles n'offrent pas encore toutes ces teintes brillantes qui sorti l'apanage des Calcéolaires herbacées, la persévérance des semeurs ne tardera pas à les leur pro- curer; ce n'esl plus qu'une question de temps. Plus florifères que les Calcéolaires herbacées, les Calcéolaires ligneuses ont l'avantage d'être plus robustes, et par conséquent d'exiger moins de soins de culture. On a donc tort de les repousser comme éiiinl de mœurs difficiles, el tVoYBMBKR 18^7. 22 . — 258 — lotit amateur peut fiiire .lui-même son stock de Calcéolaires ligneuses aussi bien que de Verveines, de Pélargoninnms, etc. Le grand secret rie cette culture consiste ;'i tenir les plantes presque sèches en hiver, à les préserver soigneusement de la gelée tout en les chauffant le moins possible: à les arroser copieusement en été et à les préserver en tout temps de la grande ardeur du soleil. Des bâches à châssis mobiles, adossées à un mur faisant face au sud-est, conviennent particulière- ment à ces plantes; elles s'y soutiendront mieux que dans une serre; et si les bât lies étaient vitrées sur le devant et sur les côtés, les effets n'en seraient que pins appréciables ;'i la floraison. Le mode d'ouverture des châssis n'est pas indifférent ; ainsi les châssis à charnière on châssis glissants ne sont pas en général favorables à la culture des plantes qui exigent un aérage abondant mais indirect; les châssis qui se relè- vent abritent bien les plantes de l'action directe de l'air et les préservent de la pluie durant les temps pluvieux. Les Calcéolaires demandent, comme nous avons dit, peu d'eau en hiver; il faut cependant éviter qu'elles ne se flétrissent par un excès de sécheresse ; toute feuille morte sera enlevée de suite ; on devra, lorsque le froid devient rigoureux, chauffer la bâche soit au moyen de réchauds de fumier, soil en faisant fonctionnel- le thermosiphon ; des paillassons que Ton placera le soir sur les châssis suffiront en temps ordinaire. Il pourrait cependant arriver que vos Calcéolaires soient prises par la gelée ; on réparera cet accident en conservant, pendant quelques jours, les paillassons sur la bâche et en laissant ensuite pénétrer peu à peu les rayons solaires sur les plantes endommagées. Les Calcéolaires don- nent ordinairement signe d'entrée en végétation vers la fin de février; c'est alors le moment de les rempoter avec un compost d'un quart de terreau de feuilles, d'un quart de fumier consommé de vache ou de cheval , et d'une moitié de terre de gazon pourri ; on ajoute à ce mélange une certaine portion de sable pour le rendre plus perméable. En mars et avril nouveaux rempotages selon le développement des plantes ; le dernier rempotage doit être fait vers la fin d'avril ou au commencement de mai. Alors commencent les arrosages stimulants; par exemple, avec l'eau de guano très-faible ou de fumier de vache; cette distribution faite tous les trois ou quatre jours influe beaucoup sur la beauté des fleurs. Les Calcéolaires ainsi traitées doivent être en pleine floraison en mai et juin. Les soins à donner aux Calcéolaires après la floraison consistent à les rabattre plus ou moins fortement, à remplacer le vieux sol au- dessus des racines par une couche de compost frais, à placer ensuite les plantes dans un lieu ombragé et à les arroser copieusement; ce traitement aura pour effet de faire développer un certain nombre de jets latéraux que Ton enlèvera lorsqu'ils auront atteint une longueur — 259 — de 5 à 8 centimètres, pour traiter comme des boutures ordinaires, en en disposant plusieurs dans un pot à une distance d'environ 5 centi- mètres l'une de l'autre, et en recouvrant d'une cloche; ce bouturage peut se continuer jusqu'en septembre et même plus tard ; nous con- seillons cependant de s'arrêter vers la mi-septembre , parce que les derniers jets sont trop faibles el ne seraient pas assez bien remis pour supporter la saison d'hiver. On repique les boutures bien enracinées dans des pots de 10 centimètres de diamètre avec le compost suivant : un tiers de terre friable provenant d'une ancienne prairie ou de gazon pourri, un tiers de terre de bruyère et un tiers de terreau de feuilles, le tout mélangé avec une certaine portion de sable blanc. Ces jeunes plantes, traitées ensuite comme il a été dit ci-dessus, formeront de jolies touffes qui se couvriront de fleurs au mois de juin suivant. Les douze variétés de Calcéolaires que nous signalons- ci-après sont considérées en Angleterre comme les plus belles obtenues jusqu'ici : Orange Boven. Orange perfection. Kingofthe Yellows, ou Roi des Jaunes Eclipse (écart a te cramoisi). (d'un jaune vif). King of Sardinia (cramoisi). Gem (jaune avec macule brune). Yellow Prince of Orange (jaune). Beauty of Montréal (cramoisi clair ). Haivk (orange maculé brun). Yellow divarf (nain). flegwood llawkingn (brun orangé). Aitrea floribunda [jaune d'or). Les six dernières variétés sont particulièrement propres à la culture en pot. (Extrait du Gardener's Cltron'uie, août 29, 1857.) EXPOSITIONS. SOCIETE ROYALE LINNEENNE DE BRUXELLES. EXPOSITION DES 24-28 SEPTE.MBKE 1857. Nous diviserons notre compte rendu en trois sections, comme le programme des concours ouverts par la Société royale Linnéenne de Bruxelles, et nous commencerons par la section intitulée Horticulture, c'est-à-dire celle des produits que Ton désigne habituellement sous le nom de plantes d'agrément C'est la partie florale de l'exhibition. La longue avenue qui conduit à l'établissement géographique de MM. Vander Maelen présentait deux magnifiques lignes île végétaux — 260 — exotiques choisis parmi les nobles familles tirs Cycadées, des Palmiers, des Liliacécs el des Àmaryllidées ; nous nous sommes longtemps arrêté i'i admirer l'effet que produisent les Cycas revoluta, les Pinceneclitia tuberevlata, slricta el glatira, les Jubœa spectabilis, les Dracœna rfraco, indivisa et australi», les Bonapartea, les Yucca aloifolia el ses belles variétés; le Dion edule, le Chamœrops Itumilis, eic, ainsi disposés de manière à faire valoir ton l l'ensemble de leur poil, tonte l'harmonie de leurs formes; chaque piaule séparée de sa voisine par un certain espace, pose avec plus d'avantage el sollicite l'attention sans nuire à la beauté des plantes immédiates. Une partie des grands exemplaires qui ornaient l'avenue, et choisis parmi les familles que nous venons de citer, appartenait à M. Allard, directeur de l'hôtel des monnaies à Bruxelles; le jury décerne une médaille spéciale de ver- meil à ce beau contingent ; une autre partie avait élé fournie par M. P. Janssens el par M. Van Riel. Plusieurs forts exemplaires de Phomrium tenax figuraient çà el là; quatre énormes touffes, exposées par M. le comte Coghe'n, oui été vivement admirées et onl valu à leur propriétaire une médaille spéciale d'argent. En se rapprochant de l'établissement, les lignes de grandes plantes d'ornement étaient rem- placées par des estrades chargées de produits de la culture maraî- chère et de grande culture : tels que légumes variés de marché, pommes de terre, betteraves, Discorea bat al as, maïs, tabac, chan- vre, etc. Dans la grande cour se trouvaient réunies les collections de plantes délicates. Les fruits occupaient toutes les salles du rez-de- chaussée, une partie du salon de la bibliothèque, la grande salle du musée mineralogique, et une partie de la serre froide. Pas un coin qui n'exhibât une piaule, un bouquet, une gerbe de blé, une assiette de pommes ou un trophée de courges! et le public de se presser pour admirer cet assemblage de produits si variés. Le jury a décerné les prix suivants : ln Concours dit du bel envoi (entre horticulteurs). — Premier prix, à M. F. Decraen, horticulteur à Saint-Gilles; - deuxième prix, à M. Van Riel, horticulteur à Bruxelles. 2° Même concours entre amateurs. — Premier prix, à M. Forckel, directeur des serres chaudes au château de Laeken ; — deuxième prix, à M. F. Vander Maelen. — L'envoi de M. Forckel étaR très-remarquable, et une vingtaine de beaux Ixora en Heurs contribuaient à lui donner un éclat tout particulier. 3n (ôl1' du programme). A l'envoi de60 plantes au moins, fleuries et non fleuries (ces dernières ne pouvant former que le quart de l'envoi). — Premier prix, à M. P. Janssens, horticulteur à Bruxelles; de beaux Crinutn americanum, des Amaryllis, des Clerodendrum, YEnjthrina — 201 - nistu Culli, le Statice macrophylla, puis des Yucca quadricolor, des Araucaria excelsa, Cunninghami, le Latania borbonica, etc., compo- saient cet envoi. 4" (3ôr du programme). .1 /« piaule fleurie la //lus rare. Un Phlox pyramidal, à Éleurs d'un joli rose, moucheté el ligné de rose violacé, obtenu de semis par M. de Beucker, horticulteur à Anvers, el portant le nom assez prétentieux de Antwerp's Wonder (Merveille d'Anvers), obtient le premier prix; le Meyenia erecla, de Mmc Legrelle d'IIanis, reçoit le second prix. 5° (54,: du programme). Pour la plante la plus remarquable par sa belle culture. - Le jury, en considération de l'extrême beauté el de la remarquable floraison d'un exemplaire du Lagerstrœnia indicu, envoyé par M. le baron Ilenderycx, de Gand, décerne en faveur de celle plante une médaille de vermeil au lieu de celle d'argent portée au programme. Le public semblait ratifier celte déci>ion par les expressions laudatives dont il se servait en présence de ce noble ai buste littéralement couvert de (leurs d'une grandeur et d'une fraîcheur extraordinaires. C'était vraiment le bijou lloral de l'exposition. D'autres exemplaires fort bien fleuris, mais beaucoup moins forts, figuraient dans les contingents de RI. F. de Craen; la température élevée de l'été a sans doute contribué à amener ces riches floraisons. — Le deuxième prix est décerné à M. le notaire Den Abl, à Merchtem, et le troisième prix à un beau pied de Dickorisandra ovata, exposé par RI. le baron Heynderycx. (i" (35e concours). Concours de plantes de genres différents, non fleuries. — Premier prix (médaille de vermeil), à RI. Verdickt, jardi- nier en chef chez MM. Vander Maelen. Cette collection était fort re- marquable; on y distinguait surtout de beaux Agaves : Xylinicantha, jUifera, el une variété major; le rare Aloe atbo-cincta, des Bonapartea et Dasylirion d'un superbe développement. 7° (3G° concours). Collection de Palmiers, Cycadèes, elc. Premier prix, à .M. F. Vander Maelen. - On remarquait dans ce contingent de beaux exemplaires de Ceroxijlon undicolu, de Hyophorbe indicu (Areca lutescens), de Cocos schizoplnjlla, de Wullichia cary otoides, de Thri- nax Burbadensis, etc., et autres espèces distinguées par leur rareté et leur bonne culture. 8° (37e concours). Collection de 20 Dracœna, Cor dy Une, Pincenec- tieiael Yucca. — Le premier prix, consistant en une médaille de ver- meil, est décerné à RI. P. Janssens, de Bruxelles ; ses Dracœna indivisa et Guatemalensis, Yucca uloi/olia — le jury leur acborde à chacun un premier prix pour constater l'égalité de mérite des tache de terre, que les habitants des tropiques mangent rôtie comme des marrons; le Ptper bétel, le Caladium esculentum, aliment principal des peuples — 2<;; — de la Polynésie, etc. De pareilles collections méritent d'être hautement encouragées; car, faites avec intelligence, elles servent a répandre l'instruction el le désir d'apprendre. Une médaille spéciale d'argent. est décernée à M. H. Délia Faille. Le jury décerne ensuite : Une médaille d'argent à la collection de Conifères de M. Panis, mar- chand grainier à Bruxelles; une médaille de vermeil à M. Van Riel . horticulteur à Bruxelles, pour son envoi de (liantes d'ornement de serre froide; des Orangers, des Lauriers, des Dracoena draeo, des Phormium, des Yucca, des Slrelitzia, des Araucaria, etc., figuraient dans celle riche collection dont plusieurs beaux exemplaires ornaient l'avenue principale de l'établissement. Une médaille d'argent à M. F. Muller, le digne el zélé président de la Société. Le jury n'a pas voulu que la riche collection de Yucca, Dra- coena, Cordyline, Agave, Littœa et Pineeneeticia, exposée par M. Mill- ier, fût seule frappée d'ostracisme; et en décernant une médaille hors concours, il a accompli un acte de justice, tout en respectant le sen- timent, d'abnégation du président qui avait refusé de prendre part au concours. Médaille d'argent à M. V. Bauchau , président de la Société royale d'horticulture de Namur, pour sa collection de Bhopala, parmi lesquels se faisaient remarquer les Rliopala Jonghii, heterophylla, silaifolia, complicata, excelsa, etc. Enfin, une mention honorable aux fleurs de Gaillardia grandi flora, joli hybride exposé par M. Van Hoorenbeck de Malines. Ajoutons que le succès de cette brillante fêle florale a dépassé l'at- tente des amateurs; il prouve combien le zélé el le dévouement d'une administration intelligente parviennent à d'heureux résultats eu stimu- lant l'amour-propre de cet exposant, en relevant la modestie de celui-là, en encourageant les efforts de tous par le déploiement même de son énergie et de sa conviction dans l'utilité du but proposé. Les amateurs et le public, auxquels nous nous adjoignons de grand cœur, ont parti- culièrement, apprécié le zèle et l'activité de MM. F. Muller, président de la Société; De Cock, vice-président, el Janssens, administrateur de la Société royale Linnéenne de Bruxelles, qui ont donné tous leurs soins à préparer celte belle exposition. Nous traiterons, dans notre prochain numéro, la partie pomolo- iiique. !l. G. V m ! m. ! ,;SY//vrt /'/ rrt //.- - — 2G3 — BURTONIA SCABRA (R. Brown). Burtonie ù feuilles rudes. (Planche xxill, flg. 1.) Le genre Burtonia Appartient à la grande famille naturelle des Légu- mineuses et rentre dans la Décandrie Monogynie du système Linnéen. Établi par le célèbre botaniste anglais Robert Brown , sur l'espèce que nous représentons d'après un excellent dessin donné, il y a peu de temps, par le Botanical Magazine (pi. 5000), ses caractères géné- riques sont : un calice profondément quinquéfide ou quinquépartit ; divisions presque égales ; corolle papilionacée à étendard brièvement onguiculé, plus long que les ailes obovées-oblongucs; carène égalant â peu près les ailes, incurves, légèrement aiguës ou subrostrées. Dix éla- mines libres à filets glabres; ovaire sessile, biovulé. Style souvent subulé à base dilatée, glabre ou barbu vers la moitié inférieure; stigmate petit, imberbe. Légume ové ou subarrondi, subvcnlru. Graines dépourvues de callosités. Les Burtonia se composent d'arbustes et d'arbrisseaux ayant la Nouvelle-Hollande pour patrie ; leurs feuilles sont éparses, simples ou trifoliolées, subulées et très-entières; ils n'offrent point, de stipules; leurs fleurs sont agglomérées au sommet des rameaux, ou disposées en corymbes terminaux; les pédicclles sont courts et munis de deux brac- tées (Endlicher). Les quelques espèces introduites dans nos cultures so*U fort jolies et méritent d'être plus répandues qu'elles ne le sont; la Burtonie à feuilles rudes, la première connue (elle a été introduite en 1803), est une charmante plante d'orangerie ou de serre froide, et il est peu d'espèces, parmi celle riche coborte de Légumineuses de la Nouvelle-Hollande et du Cap, qui lui soient supérieures en élégance et en fraîcheur de coloris; mais, en consciencieux rapporteur, nous devons ajouter que la culture de ces plantes exige des soins assez grands; les Burlonies sont sensibles à l'humidité et à la sécberesse, elles requièrent une serre bien éclairée et bien aérée; elles doivent être placées près des vitres. Le rempotage est une opération délicate; car leurs racines déliées souffrent beaucoup lorsqu'elles sont exposées à des manipulations un peu rudes. Nous renvoyons pour les autres détails à notre numéro de septembre 1857, pages 199-200. Dkce.mbrf, I S * ) 7 . — 2GG — VIOLA PEDUNCULATA (Torrey et Gray, Flora of X. America). Violette à long pédoncule. (Planche XXIII, fig. 2.) Le rédacteur du Botanical Magazine, sir W. Hooker, en décrivant cette nouvelle Violette (pi. 5004), la considère comme la plus belle du genre, bien qu'elle soit privée de cet agréable parfum, qui rend si attrayante la Violette de nos bois. Découverte en premier lieu en Cali- fornie par l'infortuné voyageur Douglas, elle fut retrouvée depuis par M. W. Lobb, qui en envoya de beaux. exemplaires secs et des graines à MM. Veitch et fils, horticulteurs à Londres; des plantes issues de ces graines, exposées en fleurs cette année, à une des fêtes florales de la Société d'horticulture de Londres, furent admirées par tous les con- naisseurs. Nous espérons que l'avenir ne détruira pas la bonne opinion que l'on a conçue de cette Violette. La floraison a lieu au mois de mai; elle est fort abondante. La Violette à longs pédoncules est munie de racines vivaces, longues, minces, éparses. Les tiges, plus ou moins compactes, atteignent 4, 8 et 40 pouces de longueur; elles sont ramifiées; rameaux dichotomes, angulaires, herbacés, presque glabres, de même que toute la plante. Ses feuilles, longues de 2 ou 5 pouces, sont submembraneuses, larges, cordées-rhomboïdes, d'un vert intense, obtuses, veinées-réticulées, grossièrement crénelées-dentées; pétiole mince et long de 5 à 4 pouces. Stipules oblongues ou linéaires-oblongues, assez larges, pinnatifides à la base. Pédoncules solitaires, axillaircs, deux fois aussi longs que les feuilles, angulaires, et munis d'une paire de stipules subulées, opposées ou alternes, et situées beaucoup au-dessus de la portion médiane. Les fleurs sont d'un riche jaune d'or; les trois pétales inférieurs sont mar- qués de rouge de sang foncé à la base ; les deux pétales supérieurs pré- sentent chacun, sur la face inférieure, une large macule de même couleur. Calice suivant les caractères du genre. Pétales latéraux garnis à la base de la lame d'une touffe de poils; les deux pétales supérieurs sont longuement onguiculés. Éperon presque nul. Deux étamines infé- rieures présentent une crête ou aile épaisse sur le dos. Ovaire oblong- ové; style en forme de massue. Stigmate capité, fendu longitudinalement et pourvu d'un petit éperon à la naissance de la fente; un cercle de poils entoure à moitié le stigmate. MM. Veitch cultivent cette Violette en serre froide et en bâche. V J ///////// . /./'//(//. — 207 - CYPR1PED1UM HIRSUTISSIMUM (Limdley). (Planche XXIV.) Celte belle espèce de Cypripedium s'élant répandue assez promple- ment dans les grands établissements d'horticulture de Belgique (1) et de France, depuis la description que nous en avons donnée en juillet 1 8L»7, il nous a paru qu'une figure exacte serait utile à nos lecteurs amateurs de ce magnifique genre d'Orchidées, et ferait mieux ressortir que par de longues phrases, les mérites transcendants de la nouvelle venue. Nous ajouterons seulement à notre notice (voir page loi), que ce Cypripedium est, selon nous, de culture facile; caries exemplaires que nous avons examinés accusaient, malgré un long voyage, une vigueur de tempérament qui nous a semblé fort rassurante pour les acheteurs ; plusieurs de ces plantes présentaient même des dispositions à une floraison prochaine. Le Sphagnum haché ou en molles convient particulièrement au Cypripedium hirsutissimum, témoin les fortes racines qu'il émet en peu de temps au contact du Sphagnum et sous l'influence de la cha- leur humide de la serre. REVUE DES PLANTES RARES OU NOUVELLES. SERRE CHAUDE. Pandanus caudelnbriim (P.UISOT DE BeAUVOIs), Flore (l'OwarC et de Bénin, figuré dans le Bot. May., pi. 5014. — Famille des Pan- danées. — Diaecie Polyandrie. Le Pandanus candelabrum est originaire de la côte occidentale de l'Afrique où il semble être très-commun. On le trouve dans plusieurs îles des Indes occidentales où il a été introduit avec d'autres plantes africaines, de même que l'on trouve un assez grand nombre de végé- taux américains près de Sierra-Léone et d'autres villes africaines; les rapports fréquents qui ont eu lieu depuis plusieurs siècles entre la cote (1) Entre autres chez MM. JacoL-Makoy et Comp., à Liège (leur catalogue la cole à 50 fi\); Jules Linden, à Bruxelles; Louis Van Houlle et Ambroise Verschaffell, à Ganil. — 208 — africaine cl les Indes occidentales ont naturellement amené cet échange de produits. Le Jardin royal de Kew est redevable pour des exemplaires vivants du Pandanus candelabrum à M. II. Robinson, gouverneur d'une dés îles des possessions anglaises dans les Indes occidentales; de beaux spécimens de fruits accompagnaient l'envoi et ont permis à sir W. Ilooker d'en donner un bon dessin dans le Botanical Magazine. On ne connaît pas la taille à laquelle parvient ce Pandanus; le bel exemplaire du palais de Sydenham et provenant de la célèbre collec- tion de MM. Loddiges avait 25 pieds de hauteur. Le tronc porte vers sa partie supérieure de fortes branches diver- gentes ou infléchies, à extrémités érigées et couronnées d'un bouquet de feuilles admirablement disposées en spirale sur trois rangs; ces feuilles ont 2 ou 5 pieds de longueur (peut-être plus) et 2 pouces environ de largeur; elles sont de forme linéaire-subulée, larges et engainantes à la base, costées, glauques, à bord armé de dents épi- neuses assez écartées, d'un brun rouge, dirigées vers le ciel. Le fruit, envoyé par M. Robinson, n'était pas tout à fait mûr; il est solitaire et porté sur un fort pédoncule décurve naissant de l'aisselle d'une feuille; ce fruit presque globuleux, mais déprimé, a quelque chose de la struc- ture de celui de l'Ananas ou de celui de l'arbre à pain; il se compose de plusieurs noix drupacées subcomprimées, ovées, très-dures et libreuses, anguleuses, rassemblées de manière à produire la forme globuleuse du fruit. — Ces noix ou drupes montrent les traces de cinq (ce nomhre semble variable) cellules allongées contenant chacune une graine ou ovule dressé; vues isolément, elles sont richement colorées : en jaune vers le bas, d'un vert foncé au-dessus avec une teinte rouge qui forme la démarcation entre la portion libre et celle en contact avec les drupes avoisinanles; le sommet est couronné de quatre à six stig- mates bruns sessiles. Le Pandanus candelabrum est encore fort rare. Le Jardin bota- nique de Bruxelles possède un Pandanus haut de 20 à 25 pieds qui se rapporte entièrement à la description que Palisol de Beauvois a donnée du Pandanus candelabrum. Nous venons de retrouver dans l'herbier du jardin un spadice mâle assez complet que notre plante a produit il y a plusieurs années; nous en donnerons la description dans le Bul- letin du Jardin botanique. Diiienia specios.i (Tiunberg), figuré dans le Bot. Mag., pi. 5010. — Syn. : Dillenia elliplica (Thunb.); Dillenia indien (L.) ; Syalita (Ùhode), Hort. mal., vol. 5, pi. 58, 51). Le Dillenia speciosa est cultivé depuis près d'un demi-siècle; son port, son feuillage ornemental l'ont rendu un bote obligé de la serre — 209 — chaude; mais jusqu'à ce jour nulle fleur n'avait paru sur aucun des nombreux individus disséminés dans les serres européennes. Lors- qu'un horticulteur anglais, M. Osborne, à Fulham, en présenta en août dernier un exemplaire fleuri à sir W. Ilooker; cel exemplaire, à peine haut de 2 pieds, cultivé dans un petit pot, provenait d'une bouture faite assez récemment; il est donc probable, ajoute le botaniste anglais, que le temps d'arrêt causé au développement rapide du feuillage, a provoqué la formation d'un bourgeon à fleur? Cette particularité se présente souvent, et il est peu d'horticulteurs qui ne l'aient constatée. Un cas analogue, cl qui mérite également de Axer l'attention sérieuse des hommes de l'art, c'est de voir bon nombrede plantes fleurir parfai- tement peu de temps après leur arrivée d'un jardin du continent, et <|ui ensuite ne fleurissent que rarement ou jamais. La température trop uniforme et élevée à laquelle nous soumettons nos plantes de serre chaude doit probablement être un obstacle à la floraison? Il existe peu de plantes qui ne jouissent dans leur patrie d'une époque de repos, occasionnée parfois par le froid, souvent par la chaleur et les courants aériens; causes nécessaires à la santé et au développement normal des plantes. La séquestration en panier ou en caisse pendant plusieurs jours peut donc produire des efl'els analogues et. déterminer une réac- tion favorable à l'émission des fleurs. Des expériences devraient être dirigées sur ces points. Le Dillenia speciosa habite les forêts épaisses de toute l'Inde tropi- cale depuis Malabar et Ceylan à l'ouest jusqu'au royaume d'Ava et à l'archipel Malais. Les indigènes le cultivent comme arbre d'ornement. Son fruit ressemble à nos pommes par le volume et par la forme; on le mange, mais sa grande acidité doit être corrigée par une forte addition de sucre. Le tronc, dans le lieu natal, est gros sans être très-élevé. Branches nombreuses, étalées, ensuite ascendantes. Feuilles alternes, confinées vers les extrémités des rameaux, à pétioles courts, dilatés, canicules et engainants; la lame de la feuille mesure de 25 à 50 centimètres de longueur; elle est oblongue ou oblongue lancéolée, penniveinée à veines ou côtes nombreuses, rapprochées, obliques, parallèles, simples et se terminant chacune à la pointe des fortes dents du bord. Pédoncule solitaire entre les feuilles terminales, recourbé de manière à offrir la fleur dans une position oblique. Calice à cinq très-grandes sépales concaves, vert pâle, épais et charnus, minces et membraneux au bord. Pétales longs d'au moins 7 à 8 centimètres (la fleur a environ 1j à 18 centimètres de diamètre) obovés-cunéiformes, blancs, concaves dans leur partie supérieure, obscurément veinés et faiblement ondules. Étamines nombreuses, formant une masse compacte autour du pistil, qu'elles cachent entièrement à l'exception des stigmates, ou, comme — 270 — Hoxburgh dit, « formant dans le centre un volumineux globe jaune, élégamment couronné par les rayons blancs, lancéolés, étalés du stigmate. » — Filets courts, blancs; anthères linéaires, jaunes, s'ou- vrant à l'extrémité par deux pores. Quinze à vingt ovaires, linéaires, réunis en une grosse masse ovéc, conique, présentant une partie centrale charnue; chaque ovaire est uniloculaire et polysperme. Ovules petits, attachés à un long réceptacle dans l'axe de l'ovaire. Styles aussi nombreux que les ovaires, linéaires-lancéolés, blancs, radiés. Fruit composé, consistant en nombreuses capsules subréniformes, fixées à la masse charnue centrale et contenant un liquide glutineux, pellucide qui enveloppe les graines. SERRE FROIDE ET PLEINE TERRE. cotionopsi* rotundlfoifa (Bentham), var. grandiflora, figuré dans le Bot. Mag., pi. 5018. — Syn. : Wahlenbergia rotundifolia(Y). C). — Famille des Campanulacées. — Pentandrie Monogynie. Celte variété diffère de son type (que nous avons décrit à la page 2G2 du 14e volume du Journal (V Horticulture pratique de la Belgique) par des fleurs plus grandes à corolle verte et jaune teintée et lavée de pourpre à l'intérieur, surtout à l'orifice du tube; ses feuilles sont également plus grandes et plus souvent alternes. La forme de la corolle et des lobes calicinaux amples et étalés donne à ces fleurs beaucoup de ressemblance avec celles de VA tropa Belladonna. C'est une plante grimpante originaire de l'Himalaya, fort intéressante, mais d'un effet ornemental assez médiocre. saivia eandeiabrnm (Boissier), figuré dans le Bot. Mag., pi. 5017. — Famille des Labiées. — Diandrie Monogynie. Il est peu de Sauges, même parmi les plus richement colorées du Mexique, qui puissent rivaliser d'élégance et de beauté avec la Salvia eandeiabrnm découverte, il y a quelques années, dans les districts mon- tueux du sud de l'Espagne, à 2,000 et 5,000 pieds d'altitude supramarine, par le botaniste Boissier; il est étonnant qu'une aussi jolie plante suffruliqueuse et rustique ne soit pas plus répandue dans nos jardins. Le nom spécifique se présente de lui-même en conséquence de la forme régulière de la panicule et de ses branches tricholomes. La plante exhale une forte odeur aromatique; sa floraison a généralement lieu en juillet. La Salvia eandeiabrnm atteint avec sa panicule une hauteur de o à 4 pieds; ses tiges sont quadrangulaires, érigées, velues, ligneuses vers le bas et ramifiées, très-fcuillées. Feuilles oblongues-lancéolées, un peu obtuses, longues de 5 à 4 pouces, crénelées, très-rugueuses, poilues et — 271 — chargées de points glanduleux. Pétiole long d'un pouce, canalicolé en dessus. Panicule terminale, nue, glauque, érigée, ramifiée; brandies opposées en croix, étalées, portant chacune un cyme de plusieurs grandes fleurs étalées, pédicellées; bractées petites, linéaires, situées à la naissance de chaque ramification. Calice vert rayé de violet, à côtes saillantes, bilabié et quinquédenté , chargé de glandes cristallines; corolle trois fois aussi longue que le calice, velue à l'extérieur, blanche, striée de violet -pâle. Tube élargi vers le haut. Lèvre supérieure blanche, très-comprimée latéralement, droite, plus large vers le som- met. Lèvre inférieure d'un riche violet foncé, maculé et strié de blanc à la gorge, trilobée; lobes latéraux réfléchis; lobe central ample, pen- dant, bifide. Appendice slaminode (connectif) obtus. Style bifide. M. Boissicr dit que cette magnifique Sauge, si digne d'être cultivée, forme dans la section Eusphace du grand genre Salvia un petit groupe avec lesSfl/n'« divaricata (Montbret) et Ancheri (Hentham), toutes deux orientales et dont se rapproche le Salvia candelabrum par le port et le mode d'inflorescence. La distinction est du reste facile à établir entre ces trois espèces. Cette Sauge si belle a cependant un défaut capital : ses fleurs sont de courte durée; elles tombent peu de temps après leur épanouissement, de sorte que la plante a généralement une triste apparence. II se pour- rait cependant qu'un peu de chaleur au pied de la plante empêchât la chute si rapide des fleurs. Il lui faut une température chaude et sèche pendant la floraison, et une atmosphère chaude et humide pendant sa végétation ; conditions assez difficiles à trouver sous notre climat. Sabbatla campcsti-i* (Nlttall), figuré dans le Bot. May., pi. 5015, et dans la Flore des Serres de L. Van Houttc, pi. 9U6. — Famille des Gentianées. — Pentandrie Digynic. Cette plante annuelle à jolies fleurs rose foncé avec une étoile jaune, est originaire de l'Arkansas, de la Nouvelle-Orléans et du Texas ; elle est cultivée dans plusieurs jardins de l'Allemagne et de la France; mais pas assez en raison de son élégance et de l'odeur suave qu'elle émet. Ses racines, peu nombreuses, sont fibreuses et ramifiées. Les liges, hautes de 10 à 30 centimètres, sont branchues, dichotomes; chaque petit rameau se termine par une fleur solitaire pédonculéc; la tige et les branches sont arrondies et présentent quatre angles légère- ment ailés; elles sont glabres comme toutes les autres parties de la plante. Les feuilles, à peine longues de 2 centimètres, sont opposées, ovées, sessiles ou même subconnées, entières et parcourues par trois à cinq nervures. Calice à tube en forme de massue, à cinq ailes longi- tudinales; limbe découpé en cinq segments subulés, étalés, presque foliacés. Corolle ample, élégante, de forme variant entre celle en roue — "272 — et celle en entonnoir-; tube court, presque renflé. Limbe à cinq seg- ments largement obovés, étalés, couleur lilas ou rose foncé; gorge jaune. Cinq élamines à filets insérés à la gorge. Anthère linéaire. Ovaire ovale. Style plus court que l'ovaire, bifurqué au sommet. Stigmates allongés, tordus en spirale, et revêtus en dessus de poils glanduleux. M. Ilaage, horticulteur à Erfurt, qui le premier répandit dans le commerce le Sabbatia campestris, l'avait donné comme une espèce bisannuelle et rustique; mais il paraît qu'il doit, être cultivé comme plante annuelle; on le sèmera de bonne heure, de préférence sur couche chaude; lorsqu'il aura quelques centimètres de hauteur, on le repiquera en pleine terre dans un endroit bien exposé du jardin; le sol doit être composé de terre de bruyère tourbeuse et de terre franche. La floraison a lieu en été et dure assez longtemps. M. Vilmorin dit « que la graine, qui lève difficilement, demande à être semée en terre » limoneuse ou tourbeuse et à être peu ou pas recouverte. Maintenir » la terre constamment humide et ombragée jusqu'à germination. » magnolia excelsa ( HORTUL. ). M.Jacques fait connaître dans le Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris ( numéro d'août 1857), l'existence d'un fort beau Magnolia qu'il a observé dans un jardin à Montgeron, près de Villeneuvc-Saint-Georges. C'est un arbre d'un port superbe, haut d'environ 10 mètres, à tète pyramidale, avec des feuilles caduques, alternes, assez longuement pétiolées, ovales-lancéolées, un peu pointues, obtuses à la base ou presque cordiformes, très-entières, à bords ondulés, d'un beau vert en dessus, glauques et finement pubescentes en dessous ; elles sont longues de 20 à 50 centimètres. Les fleurs terminent les jeunes rameaux et sont portées par un pédoncule glabre, long de 5 centimètres; — elles se composent de trois sépales d'un vert jaunâtre, concaves ; puis de cinq à sept pétales lancéolés, convexes, un peu tour- mentés, d'un jaune pâle verdâlre, un peu blanchâtre, comme tomen- teux en dehors, glabres en dedans, longs de 7 à 9 centimètres. Les élamines sont jaunes, assez courtes; les styles sont longs, érigés et appli- qués sur les ovaires. Les fleurs s'épanouissent en mai avec les jeunes feuilles. Ce bel arbre, ajoute M. Jacques, me paraît différer beaucoup de tous ceux que je connais ou dont j'ai pu voir les descriptions. — Quelques jours avant mon excursion à Montgeron, j'avais remarqué chez M. Armand Contier, à Fontenay-aux-Roses, un jeune individu de Magnolia qu'il a acquis sous le nom de M. excelsa. Après l'avoir con- fronté avec un échantillon de celui de Montgeron, j'ai reconnu qu'ils étaient identiques, c'est pourquoi j'ai conservé à ce dernier le nom sous lequel notre collègue a reçu le sien. — (Note sur un Magnolia proba- blement nouveau ; par M. Jacques.) — 2?r, cn/riïRË MARAÎCHÈRE. Je commence à jalouser mes confrères de la culture forcée. Chez eux, la bonne saison ne finit pas, l'hiver est inconnu, la chaleur du thermosiphon fait oublier un peu la chaleur du soleil, et ils se moquent bel cl bien de la neige, du verglas el de la bise. Heureux hommes qui ont mis les tropiques sous verre el jardinent en janvier comme au temps des canicules! Il y a de la vie autour d'eux, de la feuille, de la fleur, des racines qui poussent ; le livre de la nature reste ouvert sous leurs yeux. Chez nous, ce n'est plus cela ; le livre est fermé, les feuilles sont mortes, la terre est nue, les outils se rouillent , la moitié du po- tager est dans la cave et l'autre moitié au grenier. Les sujets man- quent, le cerveau s'engourdit, adieu jardin, adieu jardinier; plus de légumes à tourmenter, plus de nouveautés à surveiller, par conséquent plus d'hommes. A propos de nouveautés, convenez-en, nous sommes les gens les plus malheureux du monde, les déshérités de ce temps-ci, les parias de l'espèce. La belle culture a ses voyageurs, ses amoureux, ses enthou- siastes, allant et furetant sur tous les coins du globe, toujours à la recherche de l'inconnu; mais personne ne se passionne ainsi pour la gloire du potager et ne risque un cheveu de sa tète pour la conquête d'un légume. Quand nous avançons d'un pas, c'est un peu à la manière des chevaux de manège, en tournant dans le même cercle; nous ne faisons beaucoup de chemin que pour nous retrouver éternellement à la même place. Il me semble pourtant que nous ne sommes pas plus que d'autres condamnés à l'immobilité, que nous avons un horizon devant nous, que parmi les centaines de milliers de plantes éparpillées à la surface de la terre, il doit y avoir à butiner encore pour le potager. Dieu qui a, quant à l'herbe, fait la part si large aux bêles, n'a pu la faire si petite aux hommes. Je crois que si nous ne trouvons rien, c'est parce que nous ne cherchons pas, et que si nous ne cherchons pas, c'est tout bonnement parce que nous n'avons pas d'intérêt pécuniaire à chercher. Une jolie fleur, rare el nouvelle, paye généreusement les frais de sa conquête; c'est l'œil des amateurs qui la juge, qui l'ap- précie; mais en fait de légumes, les choses se passent différemment; on ne se prononce point sur l'apparence, on ne se décide que sur la saveur; c'est le palais, non l'œil qui devient juge suprême en pareil ras. El puis, nous avons à compter avec la cuisson et. l'assaisonnement. Supprimez la sauce et le poisson ne passera pas. Ce n'est pas tout : il Décbmbri 18"i7. 2t — 274 — est rare, Irès-rare, qu'un légume nouveau soit accepte d'emblée; il est rare qu'on le trouve tout de suite digne de la table, à moins qu'il ne se rapproche par le goût d'un légume déjà connu et aimé. Celui-ci fait la planche, l'autre n'a plus qu'à suivre. Vous voyez donc bien que nous sommes enveloppés d'un réseau d'obstacles, que notre situation est des plus ingrates et des plus em- barrassées. Ce sont ordinairement quelques consuls à l'étranger ou quelques missionnaires qui gratifient la vieille Europe de légumes nou- veaux: mais il y a lieu de croire qu'ils entendent les juger par eux- mêmes d'abord avant de nous les recommander, et que les jugeant sur l'apprêt des Chinois, des Indiens, sur le mérite de nous ne savons quelle sauce plus ou moins barbare ou sauvage, ils n'envoient pas précisément tout ce qu'ils pourraient envoyer. Il serait à désirer que ces messieurs ne fissent aucune exclusion, que toutes les plantes mangées par l'homme nous parvinssent par leur in- termédiaire, sans exception aucune, et avec les indications indispen- sables bien entendu, que ces légumes fussent soignés tout particulière- ment dans les jardins botaniques ou par des amateurs intrépides, qu'on soumît ces légumes à diverses préparations, qu'on ne s'en tînt jamais sur leur compte à une première impression, qu'on ne jugeât point en dernier ressort sur un repas d'essai, car les jugements préci- pités sont rarement bons. A ce propos, je vous rapporterai que, ne trouvant nulle part de renseignements sur la manière de préparer le crambé, je le fis un jour assaisonner à l'aventure, et que je l'estimai détestable. — Pourtant, pensai-je, ceux qui ont parlé de ce légume le tiennent pour excellent et le prônent; j'ai la majorité contre moi, ne nous entêtons pas, n'abaissons pas trop vite ce qu'ils exaltent, essayons de blanchir les jeunes pousses du crambé à l'eau bouillante, afin d'en enlever l'amertume, et peut-être trouverons-nous délicieux après cela ce que nous avons trouvé mauvais d'abord, cl c'est ce qui arriva. En attendant qu'il nous vienne des nouveautés de l'Asie ou de l'Amé- rique, — peut-être attendrons-nous longtemps, — vous me permettrez de continuer ma causerie du coin du feu et de vous dire un mot de certaines plantes d'Europe que l'on voudrait améliorer et introduire^ dans nos potagers, comme, par exemple, le cerfeuil bulbeux (Chœro- phyllum bulbosinn), la gesse tubéreuse [Lathyrus tuberosus) et la terre noix (Carum bulbocastanum). Je souhaite de tout cœur que le cerfeuil bulbeux fasse son chemin, et que le bien qu'on en dit soit la pure vérité, mais si je devais me prononcer d'après mes premiers essais, je ne lui prédirais certainement pas un avenir semé de roses. Quant a la gesse tubéreuse, c'est une de mes plus vieilles connaissances; elle abonde dans les terrains argileux de mon pays, et les laboureurs ne la dédaignent pas. Cette racine, nous le croyons, pourrait être amélio- - 27b' — rce ou plutôt développée par de bous procédés de culture, el donner par suite des produits assez considérables. Seulement, il reste â savoir s'il serait aisé de la faire adopter à titre de légume. Nous avons de la peine à l'admettre, cl voici pourquoi : crue, elle possède une saveur agréable, qui la l'ait rechercher d'un grand nombre de personnes; niais cuite à l'eau, à la façon des châtaignes, celle saveur propre dis- paraît entièrement, cl l'on n'a plus affaire qu'à un aliment fade et ;ï noire avis de peu de valeur. Toutefois, de ce que la gesse tubéreuse cuite à l'eau n'est point appétissante, il ne faut pas conclure à son rejet définitif; il vaudrait mieux la soumettre à quelques autres pré- parations, essayer, par exemple, de la rôtir, et de l'assaisonner après coup. Ainsi préparée, elle aurait peut-être des propriétés que nous ne lui soupçonnons pas, et, alors, il y aurait lieu de tenter son améliora- tion par le jardinage. En ce qui concerne la terre noix, je serais fort en peine d'exprimer une opinion, attendu que je n'en ai jamais mangé. Voici ce qu'en dit Philippe Miller : — « Les pauvres gens déterrent ses racines et les mangent crues ; leur goût, approche beaucoup de celui des châtaignes; ce qui leur a fait donner le nom de bulbocastanum : lorsqu'elles sont bouillies, elles deviennent très-agréables au goût, et on les croit fort nourrissantes. Les pourceaux en sont très-friands; ils les cherchent avec avidité et s'engraissent bientôt avec celte nourriture. » Ce sont là des renseignements capables de séduire ; seulement, il est à remarquer que la terre noix, telle qu'elle existe dans les terrains calcaires de la Belgique et de la France, ne fournit pas plus que la gesse tubéreuse et occupe plus de terrain. Il est à remarquer, en outre, que son bulbe ne se développe pas complètement la première année de sa végétation, qu'il faut par conséquent le laisser en terre deux ou trois ans. Cette circonstance ne me paraît pas encourageante. Tout bien réfléchi, et quel que soit mon désir de voir s'élendie la collection de nos légumes, je ne saurais encourager les tendances de certains amateurs qui ne seraient pas fâchés de nous voir introduire dans le jardin quantité de plantes spontanées qui ne payeraient pas leurs produits ni nos peines, ni le loyer du sol. Je me défie de l'en- gouement de ces amateurs, alors même que je les tiens pour désinté- ressés, et je m'en défie tout autant que des réclames de ces jardiniers qui, dans ces dernières années, nous ont vanté outre mesure l'oxalide crénelée, l'ulluco el même l'igname balate. Peut-être y ont-ils trouvé leur compte, mais assurément nous n'y avons point trouvé le nôtre. Puisque nous venons de citer le nom de l'igname, permettez-moi encore une courte observation à son sujet : — Je ne sais pas au juste ce que vous en pensez sous les climats favorisés de la Belgique, mais je suis tenté de me ranger à Lavis d'un de vos savants les plus recommanda- — 270 - Mes, qui m'écrivait un jour que l'igname se maintiendrait peut-être au potager, mais qu'elle n'en sortirait pas pour aller l'aire concurrence à la pomme de terre en plein champ. Personnellement, et en ce qui louche l'Anlenne, je vais plus loin, et ajoute qu'elle ne se maintiendra même pas au potager, car son rendement est d'une insignifiance déplo- rable. C'est, pour moi du moins, une plante de collection, un légume d'exposition, une fantaisie, rien de plus. Passons, si vous le voulez bien, à quelque chose de plus sérieux : — nous venons de récolter nos graines ; il s'agit dorénavant de maintenir le plus longtemps possible leurs facultés germinatives. A cet effet, déjà, nous avons, dans le cours de cette publication, donné quelques indi- cations utiles. Ce serait le moment d'y revenir, mais comme il n'est pas nécessaire de tomber dans les redites, je m'en tiendrai à une re- commandation essentielle, celle de soustraire les semences à une tem- pérature trop élevée. Il me semble qu'on ne tient pas assez compte des effets de la chaleur sur les graines, et qu'il en résulte des inconvénients tout aussi graves que si on les exposait à une humidité constante. Un jour, un de mes amis fait un voyage en Amérique, avec le désir et la ferme intention de s'y fixer. 11 emporte une collection de graines d'Eu- rope, et, parmi ces graines, le haricot beurre. Il parcourt les Etats- Unis pendant quelques mois, et revient avec, les graines en question. Celles du haricot beurre avaient eu à souffrir de l'humidité; une légère moisissure les recouvrait, et nous avons pu nous convaincre que leurs facultés germinatives étaient anéanties. D'autre part, il m'est arrivé de conserver la même semence en lieu chaud, et d'arriver exactement au même résultat. C'est ce que l'on ne sait pas assez, et voilà pourquoi nous insistons tout particulièrement sur ce point. Oui, encore une fois, la chaleur soutenue et élevée est tout aussi funeste aux graines que l'hu- midité constante et tiède. Celle-ci développe les facultés germinatives et les détruit avant l'heure ; la chaleur les anéantit sans les développer, ou tout au moins les paralyse pour longtemps. En voici une nouvelle preuve: — Un jour, un jeune et intelligent botaniste du pays veut bien récoller à mon intention, dans la Famenne, de la semence de panais et de carottes sauvages. Soit insouciance, soit oubli, je conserve cette semence en poche pendant plusieurs semaines, puis je l'en- ferme dans une caisse rapprochée du foyer. Le printemps d'après, je sème celle graine et l'arrose pour en faciliter la levée. Rien ne lève; seulement, au bout de deux ans, et alors que je n'y comptais plus, la carotte sauvage apparaît. Quant aux panais, il n'en reste pas trace, et ceci se comprend, puisque la faculté germinalive de la graine de panais se maintient rarement plus d'une année. Pour celle de la carotle, c'est différent, puisque dans les conditions ordinaires elle germe encore au bout de trois ou quatre ans. Chez elle donc la faculté germinalive — 1>77 — n'élait que paralysée, tandis que chez le panais elle était détruite. Il résulte de là que les cultivateurs qui ne prennent point souci de leurs semences, qui les niellent en lieu chaud et mal aéré, s'exposent à ne rien voir lever l'année du semis. Ils en accusent la qualité de la graine; ils en accusent quelquefois aussi, et souvent avec raison, le marchand «] ni la leur a vendue; niais si très-souvent leurs accusations sont fon- dées, souvent aussi elles ne le sont pas. Avant de s'en prendre de l'in- succès à la graine et au marchand, ils feraient bien de se demander s'il n'y a rien de leur faute. Si je n'avais pu juger de l'effet de la chaleur par moi-même, je me garderais de soumettre cette observation au publie, mais comme je liens mes observations pour bonnes et exactes, j'invite les lecteurs de ce journal d'horticulture à se soustraire de leur mieux aux effets (pie je viens de signaler. Ce qu'il faut aux graines, c'est une tempéra- ture ordinaire, ni froide, ni chaude, ni humide; c'est de plus une aération convenable. Le manque d'air est tout à fait nuisible. Ainsi, ne renfermons notre semence ni dans des sacs de papier collé, ni dans les chambres à feu. Servons-nous, à cet effet, de petits sacs de toile que nous réunirons dans un sac plus grand , et que nous placerons dans une pièce de l'habitation qui n'ait rien à craindre de la gelée, de l'humidité et de la chaleur; ou bien encore, mettons nos graines avec de la terre dans de petites caisses, et gardons-les dans la cave. C'est parce que nous ne prenons pas d'ordinaire ces précautions, que nous sommes tout surpris de ne voir lever qu'au bout de plusieurs se- maines, d'un mois, et quelquefois plus, de la semence qui devrait germer au bout de quelques jours. C'est pour cela aussi qu'il y a presque toujours profit à humecter les graines pendant un certain nombre d'heures avec de l'eau tiède avant de les semer, pour ranimer leur puissance de germination. La paralysie ou l'anéantissement de cette faculté provient sans aucun doute de l'évaporalion complète de leur eau de végétation, et ce n'est qu'en la leur rendant qu'on par- vient à la rétablir. P. Joigneaux. 278 — MISCELLANEES. L'AURICULE. L'AuricuIe, quoique presque délaissée de nos jours, a cependant con- servé quelques fervents admirateurs, quelques zélés collectionneurs; c'est quYn dépit des fluctuations si nombreuses de la mode, de cet engoue- ment capricieux qui élève momentanément un genre de plantes aux dépens des autres, L'AuricuIe, par la variété de ses couleurs, la perfec- tion de ses formes florales, a conservé ces attraits puissants qui la fai- saient ranger par nos pères parmi les fleurs nobles de premier ordre. Ces réflexions nous sont venues à la vue de différents spécimens de la collection de M. Jacob-Weihe (autrefois Jacob-Makoy), horticulteur à Liège, collection que nous considérons comme l'une des plus intéres- santes d'Auricules dites liégeoises qui existent actuellement en Europe. L'AuricuIe est une fleur sociale où plusieurs fleurons sont réunis sur le même pédoncule, formant un bouquet ou une ombelle hémisphé- rique. Chacune des fleurs peut donc offrir des beautés particulières, individuelles, de môme qu'elles peuvent, par leur réunion, présenter un ensemble plus ou moins parfait. La grandeur de la fleur est pro- portionnée à la taille du genre auquel elle appartient. Il y a de petites fleurs mignonnes qui ne sont pas à mépriser, il y a aussi d'imposantes corolles ayant jusqu'à 2 pouces de diamètre, mais qui sont rarement bien faites. La fleur de l'Auricule est, en terme de botanique, en forme de roue, c'est-à-dire que le tube de la corolle, court et cacbé au fond du calice, s'étale à sa partie supérieure en un limbe plan, lequel est divisé en cinq, six, jusqu'à neuf lobes, arrondis, échancrés plus ou moins profon- dément au sommet. On regarde comme une grande beauté le limbe qui présente un disque parfaitement plan, uni et arrondi. Le plus haut degré de perfection consiste dans l'absence de l'échancrure aux lobes. Nous avons remarqué plusieurs fleurs dans la collection d'Auricules de M. Jacob-Weihe qui offraient ce type si recherché de perfection. Toute fleur, pour être belle, doit être d'une forme régulière dans son ensemble ou dans ses divisions; si cette forme représente, par exemple, un plan, un hémisphère, un cône, il faut que l'harmonie géométrique soit com- plètement observée, qu'il y ait régularité relative ou générale. Une belle Auricule ne doit pas, par conséquent, être creusée au centre et avoir la forme d'un cornet ou d'un entonnoir; ce défaut gâte tout, car — 279 — il empêche de regarder la fleur de face. L'on conçoit qu'une Auricule qui est frisée au bord on Irop profondément écliancrée, ne puisse être langée parmi les parfaites, car ces frisures et ces écliancrures ne répondent pas à l'idée d'un cercle. L'entrée ou l'ouverture du tube de la corolle doit être étroite et parfaitement close par les élamines et le bout du pistil ; sans cela la fleur présenterait un vide, une cavité qui interromprait la surface du plan. L'extrémité du pistil doit être de niveau avec les élamines ou tout au moins ne pas les dépasser. Les uns considèrent le pisiil saillant comme une imperfection, .sans en donner la raison; d'autres le regardent simplement comme un cas accidentel, dont il ne faut tenir aucun compte. Tout ce que je puis en dire per- sonnellement, c'est qu'il ne se reproduit point par les semis comme cela a lieu pour d'autres défauts; les Auricules ainsi constituées peuvent, si elles se distinguent par des qualités éminentes,' servir de porte-graines dans le croisement avec d'autres variétés. La fleurd'une Auricule doit être éloil'ée et d'une texture plutôt épaisse que mince; car dans ce cas le limbe est inégal ou se rejette en arriére et le coloris est souvent pâle. On estime hautement les fleurs dont les divisions de la corolle sont au nombre de neuf ou dix et toutes de la mémo largeur. Le véritable amateur considère les Auricules à fleurs pleines comme des gains sans mérite aucun; en effet, une fleur qui est naturellement plane ne peut montrer toutes ses beautés lorsque sa corolle s'est dédoublée. On distingue trois parties dans une fleur d'Auricule, à savoir : l'entrée du tube, l'œil et l'anneau. Nous allons examiner chacune de ces parties : 1° L'entrée du tube ou point central. — Celte entrée ne doit pas être large ou béante, mais être close par les élamines qui y forment une petite couronne. 2° L'œil. — C'est la partie du disque qui entoure immédiatement l'entrée du tube; il contribue particulièrement à la beauté et à la per- fection de la fleur; son importance exige qu'on lui accorde une atten- tion loute spéciale. Ainsi, il doit occuper le tiers ou mieux encore la moitié du disque; de même que chez l'homme, la grandeur de l'œil est considérée dans l'Auricule comme une beauté de premier ordre. Un œil trop petit nuit aux mérites delà plus belle fleur. La ligure de l'œil est ordinairement ronde, par conséquent régulière; elle esl quelquefois évasée dans les Auricules liégeoises, et en étoile dans les variétés anglaises. Ces deux formes, aujourd'hui que l'on possède tant de fleurs parfaites, sont considérées comme défectueuses et ne sont tolérées qu'en faveur des qualités remarquables que ces fleurs pourraient présenter. L'œil est blanc ou jaune. — S'il est blanc, que sa blancheur égale celle — 280 — de la neige, surtout s'il s'agit d'Auriculcs anglaises; le coloris de l'œil jaune varie en intensité de tons depuis le jaune paille jusqu'au jaune- orangé. de jaune pur fait ressortir à leur avantage certaines nuances du bord de h Heur, mais en général l'œil blanc l'ail mieux valoir les cou- leurs; Peffel des contrastes qu'il produit esl plus énergique. Il y a dans une Auricule liégeoise à œil blanc, quelque chose de noblect d'attrayant, qui la f;iit préférer par celui-là même qui n'est pas connaisseur. Mais la nature ne se rallie pas docilement à nos caprices, ne se lie pas à nos règles ; j'ai souvent remarqué que Paul blanc ne se trouve qu'à côté de certaines nuances, et que l'œil jaune était constamment accompagné de certaines autres nuances, et dans ce cas j'estime comme une bonne for- lune les fleurs dont l'œil est jaune paille au lieu d'être jaune d'or : le contraste des nuances est plus harmonieux. Les fleurs rouge ponceau ont généralement un œil jaune d'or; un œil blanc serait pourtant plus désirable; les fleurs à nuances pâles sont le plus souvent accompagnées d'un œil blanc; un a^il jaune serait plus beau, mais On trouve dans les Auricules presque toutes les nuances imaginables; une belle collection de ces fleurs offre, en quelque sorte, l'ensemble des couleurs du royaume de Flore. Celte observation s'applique partir culièrement aux Auricules anglaises, chez lesquelles l'associalion des couleurs présente plus de variétés que dans les Auricules liégeoises. Les collections anglaises n'offrent plus, comme autrefois, ces nom- breuses variétés de teintes; la mode en a fait supprimer une grande partie que l'on ne retrouve actuellement que dans quelques rares collections du continent, chez M. Booth, à Hambourg, par exemple. Un fait remarquable que nous avons vainement cherché à nous expliquer par les lois de la physique, c'est que les Auricules produisent plus d'effet a l'ombre qu'au soleil, tandis que les autres fleurs exigent des conditions diamétralement opposées. Cela lient probablement à la structure anatomique de l'épiderme de la fleur. 5° L'anneau. — Cette troisième partie occupe la périphérie de la fleur; c'est le siège des couleurs et par conséquent de la beauté de l'Auricule. Les couleurs des variétés anglaises sont plus variées et diffé- remment distribuées que dans les Auricules liégeoises. Dans les pre- mières il y a des stries, des macules, des panachures, des flammes, des écussons, etc., le tout nettement dessiné par celle poudre blanche qui recouvre aussi entièrement l'œil. Deux ou trois couleurs différentes forment souvent le dessin de l'anneau. On n'observe rien de semblable dans les liégeoises ; la présence de la poudre blanche est considérée comme un défaut, comme un signe certain d'une race vulgaire. Tantôt c'est une couleur uniforme qui remplit tout l'anneau ; celte couleur doit être rare et brillante pour faire accepter la fleur ainsi parée; tantôt l'œil est bordé d'une couleur foncée qui passe insensiblement à une — 281 — nuance plus claire, mais de mémo ton; par exemple, du cramoisi fonc< au rose; du bleu foncé au bleu clair; du pourpre foncé au gris de lin; du rouge foncé au carné ou au lilas Ces sortes de fleurs sont com- munes et ne méritent de place dans une collection choisie que lors- qu'elles se distinguent par une lx lie forme, des nuances vivaces, un beau bouquet et un beau feuillage. Les fleurs les plus rares, les plus belles et par conséquent les plus recherchées sont celles qui présentent deux nuances n'ayant aucun rap- port entre elles, et assez tranchées pour produire un contraste frap- pant; par exemple, un fond brun foncé bordé de vert, d'orange, de gris, de couleur fleur de pécher, etc. De pareilles fleurs, munies d'un œil blanc qui fait ressortir davantage le brun du fond de l'anneau, et parées de teintes veloutées et brillantes, sont considérées comme étant de premier ordre ; elles sont du reste fort rares. Les collections d'Auricules choisies étaient assez nombreuses autre- fois ; les curés de campagne se livraient notamment avec prédilection à celte culture. Mais il n'en est plus ainsi de nos jours; des Auricules qui se vendaient jadis à 25, h'O, GO francs n'existent plus; la plupart des fleurs que l'on voit encore chez les jardiniers ne valent pas la peine d'être cultivées. La mode a planté ailleurs son drapeau. Espérons toute- fois que cette fleur, qui offre tant de charmes et de satisfaction à celui qui se livre à sa culture, sera un jour relevée de l'humble position où elle se trouve actuellement et rétablie au rang distingué qu'elle a si longtemps occupé chez nos ancêtres. Sch. LES PIILOX. Les Phlox s'accommodent de toute espèce de sol de jardin, fleuris- sent avec une extrême facilité ! pourquoi donc s'en occuper une fois mis en place? Celte opinion, généralement adoptée, doit être combattue non-seulement par le principe admis presque sans restriction par les horticulteurs, que toute plante cultivée par les mains de l'homme re- quiert une certaine somme de soins pour accomplir avec succès les différentes phases de sa vie active (n'est-ce pas à ces soins que nous devons l'apparition de formes plus belles et plus variées de fruits plus succulents?); mais elle doit encore être combattue par les expériences de jardiniers intelligents qui ont obtenu des plantes d'une tenue admi- rable, d'une floraison parfaite. Nous citerons MM. Downie et Laird, horticulteurs à Edimbourg, dont les Phlox sont cités en Angleterre comme des modèles de perfec- tion. Le mode de culture adopte par ces messieurs est facile à suivre; — 282 — chacun do nous peut l'entreprendre dans son jardin, et les quelques soins que l'on accordera à ce beau genre de piaules seront amplement payés par de magnifiques panicules dont vos Phlox se pareront à l'arrière-saison. Ne les considérez pas comme de simples cache- murailles ou cache-coins indifférents au bon comme au mauvais lot qui leur échoit, mais procurez-leur la petite somme de bien-être qu'elles exigent. : de l'humidité, une exposition abritée mais aérée, et de temps à autre un breuvage stimulant pour activer leurs fonctions vitales. Choisissez pour votre plantation un endroit abrité et ouvert, et un sol riche, meuble, argileux, pas trop sablonneux, ayant une profondeur d'au moins oO à GO centimètres. Labourez ce sol en automne, sans trop le fumer; évitez autant que possible l'emploi du terreau de feuilles ou de matières végétales décomposées ; ces terreaux engendrent beaucoup d'insectes et de vers qui attaquent et détruisent les jeunes plantes. Si votre sol avait été bien fumé antérieurement, n'y ajoutez rien ; plus tard, vers l'époque de la floraison, vous pourrez distribuer à vos plantes deux arrosements par semaine d'engrais liquide. Les crot- tins de mouton sont particulièrement recommandés dans ce cas; leur influence sur le volume des épis floraux et sur l'intensité de coloris du feuillage est facile à constater. Évitez de planter vos Phlox dans un terrain incliné ou exhaussé, car ils sont, très-sensibles à la sécheresse. 11 sera nécessaire, pendant les chaleurs, d'arroser copieusement, la plantation au moins une fois par semaine. C'est en négligeant l'obser- vation de ce point important que tant de massifs ou parcs de Phlox restent chétifs, fleurissent prématurément en ne donnant que des épis incomplets ou mal formés. 11 est reconnu que les jeunes plantes por- tent une inflorescence plus fournie que les vieux pieds; il est donc mile de se précautionner en été de boutures que l'on fera sous cloche et que l'on rempote dès qu'elles sont enracinées (ce qui a généralement lieu en quatre semaines) ; ces boutures, trop faibles pour être plan- tées en pleine ferre avant la mauvaise saison, devront être hébergées pendant l'hiver dans une bâche froide ou dans une pièce aérée non chauffée. Si le temps est favorable à la fin de mars, on les plante à . 270 —indigènes (Notes sur les pro- priétés médicinales de quelques:. 216 —rares et nouvelles (Revue des). •;. 28, 30,73, 100, 123, 149, 171, 196, 218, 243, 267 Poire Beurré de Sainl-Amaod. 181 —Nouvelle Fulvie. 186 — Séraphine Ovyn. 183 Pomme Duchesse d'Oldenbourg. 207 —neige. 203 — Reinette de l'Ohio. 7.5 —de terre hâtives. 81 Pomologie. 10, 61, 180, 203, 230 Potager (Les engrais du). 33 —(État des). 170 Primeurs. 9G Prune Pond's Seedling. 217 Prunus triloba. 128 Pteris aquilina ou Fougère com- mune employée comme ali- ment. 230 Publications botaniques et horti- coles des Pays-Bas. 210 Puya virescens. 173 Pyrelhrum roseum (Variétés hor- ticoles de). 146 Pihododendriim calophyllum. 222 —campylocarpum. 33 —album. 103 — Thomsoni. 198 — Veilchianum. 170 — Windsorii. 213 Rose jaune Isabella Cray (De sa culture en pleine terre). 212 Roses Irémières (Culturo des). 22 Rosiers thé (De la culture en pleine terre des). 212 Rouleau rayon neur. 33 Sabbatia campes/ris. 271 Salvia albo-cœrulea. 98 —Boliviana. 28 —candelabrum. 270 —splendens pour floraison d'hi- ver. 192 Scabiosa alropurpurea. 173 Scheeria lanata. 33 Scolyme. 129 Scaforthia elegans. 3:> 292 — Semis d'arrièrc-saison. 153 Semis. 134 Senecio Tagetes. 201 Serre chaude. 0, 30, 75, 100, 123, U9, 171, 100,218, -21-2, 207 -froide. 8, 28, 51, 78, 103, 127. 153, 173, 198, 222, 215, 270 Sinningîa Youngiana. 7, 10 Sonerila elegans. 102 Stokesia cyanea. 74 Stokésie à fleurs bleues. ib. Symphoricarpus microphyllus. 100» Taille des arbres simplifiée (Les expériences d'un amateur ou la). 23 Tanacetum elegans. 154 Tapina splendens. 97 Tétragonie étalée. 176 Thûnbergia Ilarrisii. 190 — lait ri fol ia. 160 Tomates (Observations sur la cul- ture des). 67 Trichopilia coccinea. 25 — crispa. 132 Tricyrlis pilosa. 30 Tritonia aurea (Culture du). 208 Uroskitinera spectabilis. 77, 244 Un mot au lecteur. 1 Végétaux (Des abris très-simples pour les). 42 Verveines nouvelles. 48 Vigne en pot (Culture de la). 233 Viola pedunculata. 266 Wormia excelsa. 221 FIN DE LA TABLE. ^mr, ^««^«Bfeaap VA' HSP (p»^ A^ ddys^ A r\ ;A8ôi5 âiSSffii • ^ A fâAA/J 1^1 0b ' Uï ^ i»'» 'MaYsTaT^ ËbûUâ rcsl FaT®!^Ïa w A £ a ^ r\ ï/KAAAA/'l mfà&^r ^ /o. /"\V 9iï£L r T \nr iAA /?N /5v «s /* ^M£V 0 * * * ^\/\£y k*5h •p' fin/* GoS^fôWâKE y Me **? m