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THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

PURCHASBD PROM THS

JACOB H. SCHIFF FUND

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Littérature arabe

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A LA MÊME LIBRAIRIE

HISTOIRES DES LITTÉRATURES (Oiaqne volame in-S° tcu, brochi, S b.; idil to[le. . 6 (r. 60)

Litténtuie anglaise, par Edmund Gosss (traducdon Henry-D. Davray).

Littérature Japonaise, par W. G. Aston (traduaion Henry-D. Davray.)

Littéiatuie nuse, par K. Waliszewski.

oiniiicii 11 SoMe, li Narr^ a U

Conlommitn. Imp. Pin, BRODAHD. 1IU-IM3.

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HISTOIRES DES LITTÉRATURES

Littérature arabe

PAR

CL. HUART

SsiréUlr>-intarpr*li da GouTimnniiil, PrDt*a«nr t l'Écol* ip^cialo Uorou oritnUla TiTula.

Librairie Armand Colin

Paris, 5, rue de Mézières

Tou droit* rOir

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AVANT-PROPOS

11 n'existe pas, en langue française, d'histoire de la littérature arabe. Une courte notice traduite de l'anglais de Joseph Berington (1823), quelques pages de VArabie de Noël Desvergers (1847) et de VHistoire des Arabes de L.-A. Sédillot (1854) sont tout ce qui permet de se former une idée des productions des écrivains de langue arabe pendant treize siècles. L'Angleterre possède un manuel très incomplet, à la plume de M. Arbuthnot {Arabie authors; Londres, 1890). La Russie et l'Italie peuvent revendiquer : la première, VEsquisae de la littérature arabe autographiée par V. Guirgass; la seconde, la Storia délia litteratura arabe sotto il califfato, du chevalier Filippo de Bardi (1846). C'est en allemand que l'orientaliste autrichien Hammer-Purgstall, qui a remué tant de documents sans en tirer un parti suffisant, a écrit sa Literatur- geackichte der Araber, parue à Vienne en sept volumes

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AVANT- PROPOS

de 1850 à 1856; c'est en altemand également que M- C. Brockelmann, professeur à l'Université de Breslau, a donné l'ouvrage le plus récent sur la matière, sa Geschickte der Arabischen LÂtteratur, en deux volumes, dont le premier a paru à Weimar en 1897-98 et dont le second vient de se terminer par la publication toute récente de sa deuxième livraison (Berlin, 1902), survenue alors que la correction des épreuves du présent ouvrage était déjà presque achevée.

Malgré les critiques très justes que lui ont adres- sées MM. Barbier de Meynard, Seybold, Goldziher et Martin Hartmann, ce dernier ouvrage, qui est plutôt un manuel de bibliographie qu'une véritable histoire de la littérature, est plein de renseignements utiles qu'il a groupés pour la première fois. La publication des catalogues de manuscrits arabes conservés dans les bibliothèques de l'Europe, aujourd'hui achevée en très grande partie, celle des bibliothèques des mosquées de Constantinople , entreprise par plu- sieurs ministres de l'Instruction publique de Tur- quie, parmi lesquels Munif-parha, ont puissamment aidé M. Brockelmann. Nous nous sommes servi de son ouvrage comme guide; l'indication soigneuse des sources permet en effet, assez généralement, de retrouver sans trop de peine l'origine des ren- seignements donnés; malheureusement cet impor- tant ouvrage est déparé par de trop nombreuses

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AVANT- PROPOS

fautes typographiques en ce qui concerne les dates. La divisioa du premier volume de M. Brockelmann est avant tout historique. Le premier livre est consacré à la littérature nationale des Arabes, c'est- à-dire à celle qui sort du fond même de la nation, sans mélange d'éléments et d'influences étrangères; le second comprend la littérature musulmane en langue arabe, due, comme on le sait, à tous les peuples vaincus pour lesquels l'arabe était devenu la langue littéraire et scientifique des couches civi- lisées; ce sont des Sémites (Syriens, Chaldéens de la Mésopotamie), des Égyptiens, des Persans, des Berbères , des Espagnols qui écrivent , mais ils écrivent en arabe. Le premier livre est divisé en plusieurs sections : l'une depuis les origines jusqu'à la mission de Mahomet, l'autre au temps du Pro- phète, la troisième à celui des Oméyyades; le second comprend une période classique qui va du commencement du khalifat des Abbassides jusque dans les environs de l'an mille, et une période post- classique qui s'étend jusqu'à la prise de Bagdad par les Mongols (1258). Le second volume comprend la période qui s'étend de la prise de Bagdad à la conquête de l'Egypte par les Ottomans sous Sélim I" en 1517, et les temps modernes de 1517 à nos jours. On sent très bien tout ce qu'a d'artificiel cette division. Il est certain que la belle période de la littérature est celle qui va jusqu'aux environs de

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VIII AVANT-PROPOS

l'an mille, le déclin devient sensible; mais la chute du khalifat abbasside et la conquête de l'Egypte par les Turcs, qui ont eu de vastes consé- quences au point de vue politique, n'en ont pas eu sur la littérature; ce sont d'autres événements, d'autres causes qui ont évincé l'arabe des pays il régnait en maître, et ont ainsi circonscrit son champ d'action, tandis qu'il pénétrait, par la force d'expan- sion de la religion dont il est le véhicule, dans des régions qui lui étaient restées fermées jusqu'alors. Il ne faut donc prendre ces divisions que pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire un moyen commode de se représenter en raccourci l'histoire de l'Orient musulman.

L'ouvrage de M. Brockelmann étant le traité le plus récemment paru sur la matière, nous l'avons suivi pour la partie déjà publiée lors de la composi- tion du présent ouvrage et nous lui avons emprunté de bons renseignements; mais la sécheresse de son style ne pouvait convenir à un volume du genre de celui-ci, non plus que la nature technique, réservée aux arabisants seuls, de ses indications; aussi avons-nous toujours recouru aux sources ori- ginales, sans trop sacrifier cependant à l'attrait des légendes populaires dont sont remplies les antholo- gies littéraires, et qui n'ont que peu de rapport avec l'histoire vraisemblable. Depuis lors, M. Brockel- mann a donné un résumé de son grand travail dans

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le sixième volume de la série intitulée : Die Liltera- turea des Ostena in Einzeldarstellungen (Leipzig, 1901), qui est fait à un point de vue moins spécial.

Le présent livre ne pouvait se permettre une aussi vaste envergure. Depuis le xvi* siècle, une foule d'illustres orientalistes ont publié le texte ou donné la traduction, jadis en latin, aujourd'hui dans les langues européennes les plus diverses, des princi- pales œuvres sorties de la plume des écrivains arabes. C'est donc à la littérature imprimée, soit en Europe, soit en Orient, que l'on s'est attaché davan- tage, sans négliger cependant d'indiquer ce qui reste encore en manuscrit quand il est question d'un auteur fort connu. On a dû, de propos délibéré, sacrifier la mention de ces poeix minores, de ces littérateurs de rang infime dont les œuvres sont soigneusement conservées en manuscrit, en atten- dant qu'un éditeur les publie ou qu'un érudit en quête de proie à dévorer en extraie ce qui vaut la peine d'être dit. On s'est attaché aux grandes lignes, pour donner un tableau du développement des lettres arabes à travers tout le moyen âge jusqu'aux temps modernes, l'emploi de l'imprimerie et la création d'une presse orientale promettent encore de beaux jours à une langue qui vivra aussi longtemps que la religion musulmane, professée par deux cents millions d'hommes et dont les adeptes s'accroissent tous les jours.

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LE CLIMAT ET LA RACE. ORIGINES DE LA POÉSIE SES FORMES PRIMITIVES

ht djiert et lei rilles. Loi Arabei oomadM, Laar parenU aémitiqne. La marcbe das caraTanes dans les sables. Las États dn sad et da nord. Souveolra d'anciennes poésie* arabe*. La satire, sorte d'évocalion magique ; ■es rites particalien 1

CHAPITRE II

LA POÉSIE ANTÉ-ISLAMIÛUE

Les Mo'allaçdt. ImTonoDl-Qaïs, roi et po^. Les poètes de coar et ceux da dfsert. Nâbigba Dhob7ADi, 'Antara, Tarafa, Zobéîr, 'AlqamH. Les VDleors et les ban diU : Teab bâta- Charran, ChaurorA. Libéralité deHfltim- Taï. Un païen judalsant, Omeyja ben-Abi'j-Çalt. Un manotbéiete , Bl- A'cba. Poètes jnifs et cbrétiens. Origioes de la prose B

CHAPITRE III

LE KORAN

Uabomet et sectes religienses de ion temps en Arabis. Le r61e des Hanils. La révélation du Koran, ses époqnei différentes, les variatloDa de son iljle. Constitution etrcTision da texte. Particalaritéi de sa rédac- tion. Les panégyristes de Hahomet; Lébld, passage duKaran qni amena ■a conversion; Hass&n ben Thibit 32

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CHAPITRE IV

LES 0MËYYADE3

Imitation maladroite d'anciennes </açidai; développement de la poiiie de circonttance. 'Omar ben- Abi-Rabi'a, ses avenlares et ees poéijei amoarenaea. Poètes de Hédine. Le chantre dei Oméyjadei, El-Akbtal. Djirir et Féroideq, lear ritalité. Dhou'r-itomma, l'un des derniers poètai da désert. DéTeloppemeot du radjas. Les Persani commencent î. com- poser en laDgne arabe. ZijAd ben Soléiman. Lei femmes poètes ; LAUa el-Akbjaliyya et ses élé^ei funèbres, El-Khansâ et ees épi^ammea. Poites cbritiena. A'cba Homdan Bbandonne i'étade du droit pour la poésie; ses aientares. Les poésies bachiqoee do khalife Wélid. El-Kométt. défenseur des Arabes de Hodar on du Nord. Hammftd er-Rflwija et l'au- torité de ses citations. Débat* de l'biatoire 45

CHAPITRE V

LES ABBA8SIDES

Bataille da grand ZAb et fondation de Ba^^dad. La Perse Tsineue prend sa revanche: inOnence de l'esprit arjen sur le aémitisme des Arabes. Liberté de langage de Uoati* ben Ayis. Le nègre abyssin Abon-Dolima, Le Persan BachchAr ben Bourd. Herwân ben Abi-Hafga, Ibn el-AhoBl. Les poésies bachiqnes d'AboD'Nowfts. Hoslim, la Victime des belles >. Le moraliste Abau'l-Atâhija. Hnsiciens et chanteara. Ali ben el-Djahm, commensal da khalife EI-HoUwakkil. La poétesse Fadl et la cban- tease Mahboubé. Le satiriste Ibn er-Boùml. El-Bohtori. Le khalife d'un jour, Ibn el-Mo'tasi. Un commissaire de police poète : Ibn el-BBdjdjAdj. Hihydrben Harioùjé, maidéen,ae convertit à l'islamisme. Les provinces. Dik el-Djinn (le Coq des génies) et le mouvement de réaction nationaliste des Cho'oMii.Lat Bamdanidesft Alep. Hoténebbi,Gls d'an porteur d'ean. Abou-Pirâs.prince et général. Le chancelierTagbràl.AbonTAlAel-Ma'arri, le libre penseur. Littérature arabe en Perse. L'Arabie, l'Egypte, la Syrie, la Sicile, l'Espagne. La prose élégante et rimée : Ibn Hobàta, Bl-Kbériimi, HamadhAni, Bariri 63

CHAPITRE VI

LES ABBASSIDES (stniK). LA GRAMMAIRE

Écoles de Koùfa et de Bassoro. Le dictionnaire linguistique et ta métrique de Khalil. Le Lt'iTt de Sibawalh. El-Afma*l. Le Kâmil d'El- lioberrad. Ibn Doraid, poète et èrudît. El-Kisfll invente nne manier* particulière de lire le Koran. L'école éclectique de Bagdad. Le lexico- graphe El'Djanheri. L'Université Nizhimij/ya de Bagdad. Les trois Ibn el-Athir duu le Kurdistan 139

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CHAPITRE vn

LES ABBASSI0E3 (smn). L'HISTOIRE, LES FABLES

ET LES ANECDOTES

Laa Lraductioni dci biitoirei des rois de Peraa incitent ie> Arabei à écrire lei leon. Ibn libsq, biographe d* Uabomet. El-Wflqidi, El- BélAdbori, Tabari, Uoi'oûdi, Hamia elIçfahAni. Le Lirre dti chaatoni d'Abou'l-Poradj el-IçrahAni. Le Fihriit. L'hiatoire de> prOTÎnces. Les biographe! de Saladin. L'autobiographie d'Ihn Honq[idh. L'hiatorien de lamédecioe, Ibn Abi-Otaïbi'a. Ibn Khallikan. Le pridicatenr de Bagdad. Kimaleddin, l'hialtirieii d'Alep. 'Omâra do Yérnen. Ibn el-Albtr. El-Uakin, Bar-HebrcD*. Lei Fables àa KaUla et Dintaa. Lea Anlhologiei... 173

CHAPITRE Vin

LES ABBASSIDES (SDirs). LA TRADITION DU PROPHÈTE

ET LA JURISPRUDENCE

DéTaloppement de la icience do kadith. Lee ÇakSh* de Bokhârl et de

Hoelim. Lea £oiuBoa coatamaa. Lacrîtiqne dai autoritéa do hadith, La

jnriaprudeDce. Lea BaD«fitei, le* Halékilea, lei ChBfé'itea, le» Uamba-

lite*. lei ZbAhiritee, le* Chiites. L'itnde da Koran. La théologie dog;-

natiqne. Lei mjatiqaei 316

CBAPtTRE U

LES ABBASSIDES (sum). LES SCIENCES

Lea tradnctioDS da grec. La philosophie. Les metbémoliqaes. L'as- tronomie et l'astrologie. La géographie. La médecine. L'alchimie. Lea cncjclopédiea S7B

CHAPITRE X

LA LITTÉRATURE DEPUIS LA PRISE DE BAGDAD

JUSQU'A LA FIN DU XVIII' SIÈCLE

La poéaie. L'histoire. Ibn Khaldoan, EI-Haqrtii. SojoAti. Les Tnrci commencent A écrire eo arabe. El-Uaqqari de Tlemcen. Hadji-Khalra. La Philologie. Hatoe. Sondas. Anthologies et livrea populaires. Lea mUt tl une JVui'It. Le Ronait d'Antar. Antres romans de cheralerie. Lea fables de LoqmAn 320

CHAPITRE XI

LE XIX- SIÈCLE

Michel Sabbâgh,le Cfaélkh BtU'a.Ndçir-el-YAildjl.Farisecb-aiidTBq. L'Egypte : actiiité littéraire sons l'impalsion de H4hemet-Ali. Dévelop-

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CHAPITRE XII

LA PRESSE PÉRIODIQUE

Origines la presse arabe en Egypte. IMTeloppement des joarnani de Bejroiitb. Renu de la presse arabe dans la monda entier. L'aieoir ds la litUratare arabe 428

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LITTÉRATURE ARARE

CHAPITRE I

LE CLIMAT ET LA RACE. ORIGINES DE LA POÉSIE. SES FORHES PRIMITIVES.

Une longue série de montagoes blanchâtres, en deots de scie; plus au sud, de vastes plaines à l'horizon infini, parsemées de cailloux noirâtres; enfin le désert de sable, aux tons rougeâtres, aux dunes arrondies, mobiles au gré des vents, oii le voyageur craint sans cesse de périr : telles sont les régions qui séparent l'Arabie du reste du monde, et qui en firent si longtemps une contrée mysté- rieuse. Partout ailleurs la mer : la mer Rouge aux bas- fonds madréporiques, récirs dangereux à fleur d'eau, l'océan Indien aux moussons périodiques et aux grandes tempêtes du large, le golfe Persique qui vient mourir dans les alluvions des deux grands fleuves historiques, l'Euphrate et le Tigre. Au centre de la péninsule, de hautes montagnes nues; à leurs pieds, l'on trouve des sources, des villes entourées de jardins de palmiers. Au bord de la mer, de nombreux ports viennent s'em- barquer les produits de l'agriculture, les dattes et le café,

UTTiRATCBI ABABI. 1

LITTBRATDRB ABÂBE

la gomme et le baume, arrivent quelques maigres produits de l'industrie européenne.

C'est dans ce territoire que, de temps immémorial, vont et viennent les Arabes nomades, grands possesseurs de troupeaux, transportant leur camp de tentes noires en poîl de chameau l'herbe pousse et sourd le maigre (îlet d'eau, voyageant d'un point à un autre sur la monture imposée par la nature du pays, le chameau à une bosse, en ses caravanes éternelles qui sont parfois des expéditions de guerre. Quel est ce peuple, qui en un moment de son histoire se révéla subitement au monde par des fortunes étonnantes, la chute du grand empire perse des Sassanîdes et la défaite des légions romaines du Bas-Empire? Un moment d'enthousiasme, qui ne fut qu'un éclair, précipita à la conquête du monde les hommes qui jusque-là avaient guerroyé les uns contre les autres pour la possession d'un site de campe- ment favorable ou pour venger leurs injures. Mais le Bédouin est vite retombé dans son genre de vie primitif, il a conservé avec amour son ignorance native, dont il n'a jamais voulu sortir ; et quant à l'Arabe des villes, la fréquentation des marchands syriens et chaldéens, avant l'islamisme, celle des pèlerins qui de toutes les parties du monde musulman viennent vénérer le temple sacré de la Mecque, la Ka'ba et sa pierre noire, depuis Moham- med le prophète, l'a bien un peu civilisé, mais bien peu ; et encore aujourd'hui, les vices qui sont les vertus de l'homme primitif, l'astuce, la cupidité, la défiance, la cruauté régnent encore, sans palliatif, dans le cœur des citadins de ces villes inaccessibles.

Au moins l'Arabe du désert est brave ; sa vie d'aven- tures lui fait un devoir d'être courageux. Éternel voya- geur, il va de place en place à la recherche de l'aiguade

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nécessaire au campement, de la maigre verdure indispen- sable à ses troupeaux. Pendant longtemps il ne connut comme monture que le chameau; la Bible et l'antiquité classique ne parlent que de cet animal. L'introduction du cheval à quelle époque? nous ne savons donna un nouvel aliment à ses qualités morales : l'Arabe devint excellent cavalier, et, a partir du tv° siècle de ootre ère, on voit apparaître la cavalerie sarrasine; la tribu arabe des Thamoudites a des combattants qui brandissent la lance, montés sur le pachyderme dont Buffon trouvait la conquête noble. Souvent les guerriers se hissaient â deux sur le dromadaire, comme dans ces escadrons que le général Bonaparte avait organisés pour éclairer le désert; arrivés snr le lieu du combat, l'un des deux mettait pied à terre et enfourchait le coursier mené en laisse, la croupe libre, jusque-là. Vêtu de la cotte de mailles empruntée à la Perse, le casque en tête, secouant sa longue lance de bambou que la navigation du golfe Per- eique apportait de l'Inde à El-Khatt, le cavalier chargeait puis s'enfuyait, quitte à revenir à la charge sur l'ennemi qui s'avançait à sa poursuite. Cela, c'était la guerre; mais le Bédouin était aussi voleur, bandit, brigand; le ghazou, la razzia, comme nous disons d'après un mot emprunté à l'Algérie, est bien une forme primitive de la lutte pour la vie, mais pour nous, civilisés, c'est un acte de brigandage, pillage des troupeaux, enlèvement des femmes et des enfants destinés à servir d'esclaves, parfois massacre com- plet. Les poésies de ces brigands ne sont pas les moins belles de celles que nous ont laissées les anciens temps. D'où venait ce peuple? Il appartient certes, par sa langue et sa conformation ethnologique, au grand groupe des Sémites, répandus dans toute l'Asie antérieure; il se peut que la péninsule ait été peuplée par une mîgra-

i LITTÉRATURE ÂRÂBB

tion de tribus venant des plaines basses de la Babylonie. Cependant ses traditions nous laissent deviner des croi- sements de races avec des populations africaines. De bonne heure le commerce des captifs a introduit des nègres sur le sol de l'Arabie. Il est étrange que les Arabes eux-mêmes considèrent comme Arabes pur- sang ces populations du Yémen que nous savons voisines des Ethiopiens par la race et le dialecte, et admettent comme créateur de leur nationalité, à une époque plus récente, une émigration de Sémites amenés parismasi, le fils d'Abraham et d'Agar, ou descendus de son mariage avec une fille du Yémen. Quoi qu'il en soit, la lutte des descendants de Qahtan, censé roi de Saba, avec ceux d'Adnau, de la lignée d'IsmaCl, les guerres que se livrè- rent les tribus qui s'y rattachaient et que leurs migrations menaient à travers les sables et les montagnes, furent l'occasion se révéla le génie poétique de l'Arabe. Les longues marches de la caravane à travers les déserts monotones, au balancement uniforme du cha- meau, qui plie en deux le corps de son cavalier et donne le vertige du mal de mer à qui n'y est pas habitué, invi- tèrent de bonne heure l'Arabe à chanter des poésies. Il remarqua même bien vite qu'en pressant la mesure de sa récitation, la longue file de chameaux redressait la tête, relevait le pas, accélérait la marche; cet animal stupide et vindicatif est, en quelque degré, accessible à la musique, tout au moins au rythme. Les quatre pas lourds de sa marche fournirent la mesure, et l'alternance des syllabes brèves et longues de la langue parlée donna les temps successifs de cette mesure. Ce tut le kidd, le chant du chamelier conducteur de la caravane. Et cela fut l'origine des mètres de la prosodie, inventés sans s'en douter par le génie natif du Bédouin, découlant

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LB CLIMAT 2T LA BACE

des besoias de la vîe au milieu desquels il traînait sa moDotone existence, et dont plus tard les théoriciens farmulërent les lois : on sait que Khalil conçut l'idée de sa métrique en entendant les ouvriers batteurs de fer, au bazar, frapper alternativement l'enclume de leurs coups cadencés. Jusqu'à cette découverte féconde du profond grammairien, les Arabes avaient fait des vers sans en connaître les lois autrement que par le sentiment inné qu'ils avaient de la mesure poétique.

Voilà donc l'Arabe chantant au cours de ses longs voyages, inventant des poésies il célébrait des sujets bien restreints, l'image de la bien-aîmée, les vestiges laissés par le campement disparu, enfin les luttes de la guerre. Non pas que les souvenirs que lui laissaient les coups de main auxquels il avait pris part, pillages de caravanes, luttes pour la possession d'un point d'eau, querelles pour des chameaux enlevés, aient jamais déve- loppé chez lui le sentiment épique. Ce merveilleux apa- nage des races indo-européennes, la faculté de traduire des événements historiques ou légendaires en immenses poèmes remplis de tableaux grandioses, dont les héros surhumains sont le type d'un idéal toujours poursuivi, jamais réalisé, manque à l'esprit des peuples de langue sémitique. Le souffle est plus court, mais n'en est pas moins puissant pour cela ; et si ramassée que soit l'expres- sion des idées elle n'en a pas moins produit un effet considérable sur la conscience de l'humanité : car c'est de cette inspiration que sortirent les poèmes religieux en prose nés à Jérusalem ou à la Mecque.

C'est donc du désert que devait sortir la poésie arabe; car dans les villes, on était trop plongé dans des préoc- cupations mercantiles pour que jamais une littérature en dût venir. Au sud, les populations himyaritcs, placées

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LITTéRATOIIB ARABE

sur les routes du commerce qui reliaient, dès l'antiquité la plus reculée, par la voie de mer, l'Egypte a l'Inde, avaient fondé des villes qui se groupèrent en États, entre autres celui de Saba dont la reine légendaire figure parmi les personnages qui vinrent saluer la gloire des descen- dants d'Israël, le fils de l'heureux David, le sage Salomon, et dont nous constatons l'existence, aux premiers siècles de l'ère chrétienne, par les monuments dont le Yémen et le Hadramaut ont conservé les ruines, parles inscriptions en caractères himyariqucs relevées par J. Halévy et Glaser. Au nord, la civilisation syrienne avait de bonne heure pénétré dans les oasis de l'Arabie, apportant avec elle ses dieux, comme n Téïma. Sur la frontière de l'empire romain, sur celle de l'empire perse des Arsa- cides et des Sassanides, il s'était établi de petits États ; les princes de Ghassan, à l'ouest do désert de Syrie, ceux de Mîra, non loin de l'Euphrate, régentaient de petits royaumes, centres de civilisation dont l'éclat rayonnait plus loin que nous ne saurions le penser. A Hira, notam- ment, où une population mélangée était venue se grouper de différentes contrées, les 'Ibâds, anciens esclaves affranchis, restés clients des tribus, se livraient au com- merce et voyageaient dans l'Arabie ils portaient le vin récolté sur les rives du grand fleuve et fabriqué dans leurs celliers; ces Ibàds étaient chrétiens, et nous verrons un peu plus loin que ce sont ces marchands de vin qui, en portant aux Bédouins la liqueur enchanteresse que les oasis ne produisent pas, introduisirent parmi eux les idées chrétiennes et firent dos prosélytes qu'on n'au- rait pas attendus d'une évangclisation de cette nature. Les plus anciens monuments de cette poésie arabe primitive sont les fragments qu'on nous a conservés des morceaux relatifs au Hidjâ, à la satire, à laquelle on

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LE CLIMAT ET LA HACl! 7

attachait des idées superstitieuses et on prêtait un effet magique. Le poète, proprement le savant, chd'ïr, était une sorte de devin auquel on s'adressait pour composer ces satires qui couraient de bouche en bouche à travers les tribus de même origine, et auxquelles répondaient bientôt des satires équivalentes sorties du cerveau du poète de la tribu adverse.

Nous ne possédons plus rien de ces chants qu'impro- visaient les Arabes du Sinaï quand ils rencontraient une source après un long voyage, comme le raconte l'ancien préfet de Constantinople, devenu ermite, saint Nil, vers l'an 400 après J.-C. Sozomène, auteur grec qui écrivit au v* siècle une histoire ecclésiastique, rapporte qu'en 372, Mania ou Mavia, reine des Sarrasins, ayant battu les troupes romaines de Palestine et de Phénicie, le souvenir de cette victoire se conserva dans les chants populaires des Arabes. La mémoire des hommes, quand elle n'est pas fixée sur la brique, la pierre ou le papier au moyen des traits de l'écriture, est bien courte et ne garde pas longtemps le souvenir des temps passés. Aussi ne faut-il pas s'étouner si les poésies arabes les plus anciennes ne remontent qu'au vi' siècle de notre ère, lorsque les voya- geurs nabatéens venus de Syrie apportèrent l'alphabet cstranghélo et l'appliquèrent à la langue arabe, ainsi qu'on en voit un essai dans l'inscription bilingue de Harrân.

C'est aux djinns, à l'esprit malicieux plutôt que méchant qui peuple les solitudes, que l'ancien poète rapportait son inspiration ; et ce djinn lui insufflait l'idée de persiffler l'ennemi de la tribu, avec l'arriëre-pensée que la mordante satire, répétée dans les différents campements, était capable de faire du mal à cet ennemi, de l'envoAter, comme disaient les magiciens de notre

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8 LITTERATURE AHABB

moyen âge. Le poète est le savant, le connaisseur des opérations magiques, l'oracle de la tribu, iuspiré par le djinn. C'est par l'ordre du vieux poète Zohéïr ben Djauûb que le campement changeait de place, ou s'installait au moment et au lieu qu'il jugeait favorables. C'est sur soq avis qu'on entreprenait lea guerres, et lors du partage du butin, on lui faisait sa part, celle des plus braves. Son arme, c'est la satire, qui irrite, qui blesse, comme les armes les plus acérées, qui précipite les peuples les uns contre les autres, mais qui est aussi une incantation qui menace l'ennemi, qui cherche à lui nuire en faisant agir les divinités malfaisantes du désert, qui le maudit, et le voue il la perte, à la destruction , par l'emploi du mot fétiche, que seul connaît le savaut, le châ'ïr. Il ne nous est point malheureusement resté de textes de ces satires; mais il est aisé d'imaginer sur quels sujets elles roulaient en les comparant à la fameuse malédiction de Balaam.

Le hidjd était accompagné de rites spéciaux, tels que de s'oindre les cheveux d'un seul câté de la tête, de laisser trainer son manteau, et de ne porter de chaus- sure qu'à un seul pied.

Ce fut d'abord en prose rimée, aadf, que l'on prononça ces formules; puis l'invention du mètre radjaz, sorte de mélopée fort simple, deux longues suivies d'une brève, puis d'une longue, le remplaça : ii partir de ce moment il y eut une poésie arabe, bien que dans le sentiment des indigènes, ce mètre ne soit pas un vrai mètre prosodique ; mais ils ont au moins conservé le souvenir que ce fut leur mètre primitif, celui d'où découlent tous les autres, j'entends ceux des poètes du désert : car plus tard la vie citadine, l'influence de la danse et de la musique firent inventer des rythmes nouveaux.

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CHAPITRE II

LA POÉSIE ANTËISLAHIQUE

Les plus sDcieDDes poésies anté islamiques sont celles qui forment le recueil des sept mo'allaqa, littéralement les 0 suspendues », nom qui leur fut donné beaucoup plus tard par Hammâd er-Ràwiya et d'où est sortie la légende, entièrement fausse d'ailleurs, que ces poèmes, écrits avec de l'encre d'or, étaient suspendus au fameux temple de la Mecque, à la Ka'ba. Celui qui leur a donné ce nom a simplement voulu faire allusion à la place d'honneur qui leur est accordée sur le Parnasse arabe comme un lustre est suspendu au milieu d'une salle ou plutôt comme un collier est suspendu au cou, car on les appelait aussi es-Somoût, « les colliers de perles ». Les poètes dont les chefs-d'œuvre oui eu l'honneur d'être ainsi groupés sont Imrou-oul-Qaïs, Tarafa, Zohéïr, Lébid, Amr ben Koltboum, 'Antara, El-Hàrith ben Hilliza (selon d'autres, les deux derniers sont Nàbigha et A'cha). A cette époque, la qaçtda a déjà trouvé sa forme définitive. D'après les anciennes règles rapportées par Ibn-Qotaîba, l'auteur d'une qaçida devait commencer par mentionner les campements abandonnés; puis il se lamentait, priait

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10 LITTÉRATDRB ARABE

ses compagnons de s'arrêter, tandis qu'il rappelait le souvenir des habitants partis pour chercher d'autres campements et d'autres aiguades. Il abordait ensuite la partie amoureuse, se plaignait des tourments de la passion et par attirait sur lui l'attention et l'intérêt ; il racontait ses voyages pénibles et fatigants dans le désert, parlait de la maigreur de sa monture dont il fai- sait l'éloge et la description. Enfin il terminait par le panégyrique du prince ou du gouverneur à qui il récitait son poème, afin d'obtenir des marques de sa générosité. C'était la récompense qu'attendait l'auteur et dont il vivait.

Cette dernière règle ne s'applique naturellement pas à celui dont les œuvres sont considérées comme les plus anciennes, et que le hasard de la destinée avait fait naitre sur un trône. iHROn-ouL-QAÏs, HondodJ, le roi errant, appartenait à la race de Kinda, race méridionale; ses ancêtres s'étaient créé une principauté dans le Nedjd. Son père Hodjr, qui était sévère, voulut punir son fîls du penchant amoureux qui le possédait, et l'envoya garder, en qualité de berger, ses troupeaux de moutons. La révolte des Beni-Asad mit lin à la vie de Hodjr, et le poète commença une carrière aventureuse, vie de roi détrôné, cherchant les moyens de récupérer le trône paternel, qu'il ne retrouva plus jamais. II finit par se réfugier chez Samuel, prince de Téïma, qui possédait le château d'Ablaq et était de religion juive. Vers l'an 530, l'empereur romain Justinien, qui avait pensé il utiliser ses services contre les Perses qui menaçaient les fron- tières, l'autorisa à venir le trouver, à la demande du prince de Ghassan, qui commandait pour les Romains la frontière de Syrie; il fit un voyage en poste la poste des chameaux et des chevaux jusqu'à Constantinople,

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LA POBSIB ANTB ISLAMIQUE II

il séjourna longtemps, attendant une place, qui ne venait pas, de la part de l'empereur déjà vieilli. Nommé phylarque de Palestine, il retournait au désert, lorsqu'il mourut à Ancyre, empoisonné, sur l'ordre de l'empereur et d'après la légende, par le don d'un manteau d'honneur, robe de Nessus qui couvrit son corps d'ulcères, pour avoir séduit une princesse. Considéré par Mahomet comme le plus excellent des poètes et leur chef, d'après une tradition, c'est lui qui le premier avait soumis le vers à des règles fixes. Quand on vint lui apprendre la mort de son père, il était occupé à boire du vin et à jouer aux dés; il continua la partie, et ce n'est que quand elle fut finie qu'il s'écria : « Je m'înterdîs le vîn et les femmes jusqu'à ce que j'aie tué cent individus des Béni- Asad, et coupé les cheveux du front, comme trophée, à une centaine d'entre eux. » C'était un esprit fort qui n'hésita pas à jeter, à la tète de l'idole Dhou'l- Khôl osa, dans la ville de Tabâla, les trois flèches du destin, parce que le sort lui interdisait de poursuivre la vengeance de la mort de son père.

A côté du poète-roi, il faut citer, comme créateur de la qaçlda, Mohalhil, dont le surnom a été traduit ordinai- rement par « le poète subtil », mats il est plus probable que c'est un sobriquet qui lui est resté de ce qu'il a employé, dans un vers, l'expression halkaltou pour dire « j'ai fait écho ». On ne connaît de lui qu'un petit nombre de vers.

Nabigha Dhobtani, d'une tribu originaire des envi- rons de la Mecque, habitait les villes ; on le trouve à Hira, la cité semi-persane, semi-arabe, sous le règne des rois Al-Moundhir 111 et Al-Moundhir IV; cette ville devînt nn centre littéraire d'où la poésie rayonnait sur toute la péninsule. Le successeur de ce dernier, No'man Abou-

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13 LITTéRATDRE ARABE

Kabous, se fâcha contre le poète qui avait usé d'une trop grande liberté dans les vers il flattait la reine; l'exilé alla trouver a Damas les princes rivaux de ceux de Hira, les clients de la cour de Constantinople, les Gbassanides. 'Amr ben Hàrith le reçut fort bien : mais après sa mort il retourna à Hîra et rentra en faveur. Après la mort de son bienfaiteur, il quitta l'entourage de l'usurpateur imposé par les Perses vainqueurs, et rentra dans sa tribu. C'est qu'il mourut, peu de temps avant que Mahomet, par ses prédications, soulevât l'Arabie. Nâbigha était poète de cour : il se vantait de réserver aux princes l'hommage de ses compositions; mais il faisait un usage grandiose des libéralités que ses flatteries lui attiraient ; présent à toutes les fêtes, il dépensait royalement.

Un poète du désert, par contre, c'était 'Antaba, fils de Cheddâd, dont le nom devait être repris plus tard par les conteurs populaires du Roman tTAnlar pour incarner le type des vertus prêtées aux paladins errants des tribus païennes . Le héros de la tribu d'Abs était mulâtre; fils d'une esclave abyssine, il avait la ièvrc infé- rieure fendue; il dut à sa valeur personnelle la réputa- tion qu'il acquit comme guerrier et qui lui valut de passer du rang d'esclave à celui de fils reconnu de Cheddâd. Il se trouva mêlé à la terrible guerre suscitée à l'occasion de la rivalité du cheval Dàhis et de la jument Ghabrâ; on sait que la trahison seule empêcha le merveilleux coursier de gagner la course, et que Qaïs, le chef de la tribn d'Abs, pour en tirer vengeance, mena contre ses ennemis une guerre terrible. 'Antara fut le rapsode de ces longs combats. Il chanta la bataille d'El-Farouq, la bravoure des Absides sauva les femmes de la captivité; il avait juré de ne pas laisser de repos à l'ennemi « aussi longtemps qu'il brandirait une lance ». 'Antara périt en

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LA POESIE ANTÊISLAMIQUE 13

combattant la tribu de Taï : il était âgé et n'avait plus la vigueur de ses jeunes ans : on dit qu'il tomba de cheval et ne put se relever à temps. Sa mort fut le signal de la paix et de la fin de cette grande guerre ;* malgré le désir d'Abs de venger son héros et son poète, on racheta, pour le prix de cent chameaux, le meurtre d'un de ses parents, et les poètes célébrèrent la fin de la longue lutte. Il a chanté son amante 'Abla, mais son sujet préféré fut tou- jours le bon combat. C'est lui qui a dît : « Nous tour- noyions comme la meule tourne sur son axe, tandis que nos sabres s'écrasaient sur la tête des combattants. »

Takafa, dont le nom était 'Amr ben el-'Abd, était encore un poète de cour; il vivait dans l'entourage du roi de Hira 'Amr, fils de Hind. Son oncle Motalammis s'appelait Djérir, fils d"Abd-el-Masih (ou d''Abd-el-'Ozza d'après Ibn Qotaïba) ; il fut surnommé Motalammis, u celui qui cherche avec instance », parce que, dans un vers célèbre, il avait parlé de la mouche bleue qui furète. Sa sœur Khirniq était aussi poète. Ingrat et d'esprit léger, Tarafa s'était moqué de son oncle qui avait dans un vers employé une expression impropre. « Ta langue te fera périr, » dit l'oocle. II ne craignit pas de diriger ses moqueries contre le roi lui-même, qui inventa, pour se débarrasser de lui, de l'envoyer en mission en compagnie de son oncle Motalammis auprès du gouverneur de Babréin. Son oncle ouvrit la lettre de créance et vit que le roi ordonnait au gouverneur de le mettre it mort. Pen- sant que celle qui était entre les mains de son neveu disait la même chose, il lui conseilla de l'ouvrir; Tarafa ne voulut pas rompre le cachet du roi. L'oocle eut peur et s'enfuit en Syrie; Tarafa poursuivit son voyage et fut enterré vivant à son arrivée dans le Babréin . Il est curieux de constater que dans ses vers ii s'est montré plus judi-

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14 LITTESATURB ARABE

cieux que daos sa conduite, et qu'il est à peu près le seul des anciens poètes chez qui l'on trouve quelques réflexions, quelques maximes ou apophtegmes, tandis que les autres se laissent emporter par leur nature vive, exubérante, mais enfantine.

ZoHÉiR ben Abi-Solmâ, de la tribu de Mouzîna, est avec Imrou-oul-Qaïs et Nâbigha Dhobjànî, l'un des trois grands poètes des tribus arabes. On ne sait lequel des trois l'on préfère ; mais l'on est d'accord pour leur donner la suprématie sur les autres. Il était d'une famille qui possédait le don de la poésie; son beau-père Aus ben Hadjar, ses sœurs Solmâ et El-Khansà, son fils Ka'b le panégyriste de Mahomet, se firent connaître. II avait le caractère d'un moraliste ; ses vers se font remarquer par leur sérieux, leur tendance sentencieuse et didactique. Il estimait peu les louanges, qui ne rendent pas immortel, et surtout les louanges mensongères qu'il évitait; il s'abstenait d'emprunter aux autres poètes des vers pour les insérer parmi les siens, et d'employer des mots diffi- cilement intelligibles. Tel est le jugement porté sur lui par le khalife Omar qui admirait surtout, dans Zohéîr, le soin qu'il avait pris d'éviter l'emploi d'un langage hoûchî, c'est-à-dire inintelligible. On prétend mais ce n'est probablement qu'une légende, comme il y en a tant à ces époques lointaines que le prophète Mahomet rencontra le poète Zohéîr, alors âgé de cent ans, et demanda à Dieu de le protéger contre le djinn inspirateur de ses vers. Guerrier lui-même, il quitta brusquement sa tribu à la suite d'une injustice qui lui était faite dans le partage du butin, et se retira dans celle de Ghatafân, il séjourna depuis lors. Il chanta la pacification qui mit fin à la longue guerre de Dâhis.

Harim, son bienfaiteur, avait juré de lui donner à

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LA POESIE ANTEISLAMIQDE 16

toute occasion, soit qu'il lui adressât des louanges, ou qu'il lui demandât quelque chose, ou simplement qu'il le saluât; Zobéïr fut honteux de recevoir ainsi des esclaves ou des chevaux, de sorte qu'il prit l'habitude, quand il le voyait dans une assemblée, de saluer tout le monde, sauf lui. Ce sont délicatesses du désert, mœurs empreintes d'une noble rudesse. Plus tard les enfants de Harim diront : « Certes, tes louanges sont belles, mais nos cadeaux l'étaient aussi », et on leur répondra : « Vos dons n'existent plus, tandis que ses vers vivent encore; ce sont des vêtements d'honneur que le temps n'use pas. »

Il avait la réputation d'un grand seigneur riche, de mœurs douces et connu pour ses scrupules religieux. On préfère ses vers parce qu'ils étaient les plus beaux, les plus éloignés de l'exiguïté, contenant le plus d'idées en moins de mots, les plus exagérés en louanges, et renfermant le plus de proverbes. El-Khansù eut le triste devoir de prononcer l'éloge funèbre de son frère.

'Alqaha ben Abada, surnommé El-Fahl, était de la race de Témim. Il adressa au prince de Ghassan, El-Hàrith ben Djabala, un poème pour le remercier de la mise en liberté de ses compatriotes prisonniers. Ce qu'on raconte de sa rivalité avec Imrou-oul-Qaïs appartient au domaine de la légende. La comparaison de la chamelle qui le portait à travers le désert avec l'autruche fuyante est célèbre; il a dépeint l'oiseau aux grandes pattes qui s'éloigne de son nid, a la recherche de la nourriture, se repaît tranquillement des graines amères que portent les broussailles des dunes, puis, se rappelant ses œufs aban- donnés, se met à courir de ses longues échasses noirâtres, dépourvues de plumes. Ailleurs il représente d'une façon saisissante les squelettes blanchâtres des chameaux morts

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IS LirrâBATURB ABABE

de fatigue daoB les sables, doDt la peau desséchée et ratatinée sous l'ardeur du soleil paraît noirâtre et recouvre encore en partie les os blafards.

Les Moallaqât ne sont pas les seules sources qui nous aient été conservées; nous avons encore les diwans (recueils de poésies rangées selon l'ordre alphabétique de la rime] des six poètes réunis par le grammairien el- Açma'i, conservés dans une récension due au savant arabe d'Espagne YoAsouf el-A'lam de Santa-Maria, qui vivait au XI* siècle, et publiés par Ahlwardt; les poésiei dîtes Mofaddaliytfdtf ainsi appelées d'après le nom d'El- Mofaddal ed-Dabbt qui les avait réunies en volume pour son élève le prince El-Mehdi, au viii* siècle, et dont Thor- becke avait commencé la publication; le Djamharat Ach'âr el-'Arab (réunion des poésies des Bédouins], dont le nom du compilateur est supposé, mais qui est déjà cité par Ibn Rachiq au xi' siècle, et qui a été imprimé à Boulaq; le Hamdaa ou recueil de bravoure d'Abou- Temmàm, publié par Freytag et traduit en allemand par F. Râckert; un ouvrage du même titre et du même genre compilé à la même époque (ix* siècle) par el- Bohtori, et dont un unique manuscrit se trouve à Leyde; V Akhbâr-el-Loçoûç (histoires des brigands] du grammai- rien Sokkarî, dont un fragment a été publié par Wright, et le grand Kitâb el-aghdni (livre des chansons) d'Abou'I- Faradj 'AU el-Içfahâni, publié en vingt volumes par l'imprimerie de Boulaq, auxquels M. Brûnnow en a ajouté un vingt et unième d'après les manuscrits retrouvés dans les bibliothèques d'Europe- Cette immense compi- lation littéraire est la source la plus importante en ce qui concerne les circonstances au milieu desquelles ont vécu les poètes des premiers siècles de la littérature arabe et dans lesquelles ils ont composé leurs œuvres. A

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LA POÀSIB ANTÉISLAMIQDB 17

côté de ces textes il convient d'indiquer les poèmes des Hodbéilites, c'est-à-dire de cette tribu de Hodhéîl qui vivait au sud-est de la Mecque, et dont on a des vers tant de l'époque a nté islamique que des temps musulmans, réunis par le grammairien Sokkari, et étudiés et traduits en partie par Kosegarten, Abicbt et Wellbausen.

A côté du groupe des six poètes, réunis par l'admira- tion de leurs commentateurs, nous trouvons encore de nombreux guerriers chantant leurs exploits et leurs amours. Tbâbit ben Djâbir el-Fehmi fut surnommé T^bbata-Cbahran (celui qui porte le mal sous son bras) * parce qu'on le vît un jour avec un couteau qu'il avait mis soas son aisselle. Comme 'Antara, il était mulâtre; comme lui, il fut paladin errant, et s'il n'est pas aussi célèbre que lui, c'est qu'il n'y eut pas de roman popu- laire pour transmettre son nom aux contrées éloignées.

On prétend aussi qu'il avait ramené du désert un bélier, et que ce bélier était une gkoule, un djinn femelle, ou bien qu'il rapporta à sa mère un sac plein de vipères ; ce sont des explications forgées après coup pour expli- quer un étrange sobriquet. C'était un voleur; il forçait les gazelles à la course. Il fait allusion dans ses vers à ses aventures avec les ghoules ; il les a vues, avec leurs deux yeux au milieu d'une tète borrible, comme celle d'un chat, avec la langue fendue, deux jambes d'avorton, comme un cbien rôti vêtu d'un vêtement de bure gros- sière. Un homme de Thaqif, Abou-Wahb, qui était un poltron malgré sa haute taille, rencontra, un jour qu'il était vêtu d'un beau manteau, le fameux coureur, et lui demanda ce qui le rendait victorieux contre tout le monde, bien qu'il fût petit, court et malingre. « C'est mon nom, dît le brigand; quand je rencontre quelqu'un, je lui dis : Je suis Téabbata-Charran, son courage fond et

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18 LlTTâBATDRB ABABB

il me donne ce que je veux. » Il lui proposa d'acheter son nom moyennant le vêtement qu'il portait et le droit de prendre son propre surnom d'Abou-Wahb, marché qui fut accepté : il donna le vêtement neuf et prit en échange les haillons en loques. Mais le poète parcourut les tribus en chantant : « Quand même nous aurions changé de nom, qui donnera à Abou-Wahb la patience avec laquelle je supporte les malheurs, mon courage indomptable en face de toute adversité ? n II était fertile en ruses et avait une ouïe singulièrement délicate. Un soir, au campement, il avertit ses compagnons que l'ennemi était proche; et quand on lui demanda d'où il tenait cet avis, il répondit : « C'est que j'entends battre le ctBurdes hommes, là, sous mon pied. » Les beaux vers du Hamâsa sur la mort de ses parents sont-ils de lui? « Sur le chemin au bas de Sala est un homme tué dont le sang ne sera pas versé impunément. » Des critiques arabes les ont attribués à Khalef el-Ahmar.

Compagnon d'aventures de Téabbata-Charran, Chan- FABA, « l'homme aux grosses lèvres », très laid dévisage, était un de ces coureurs célèbres qu'un cheval au galop ne pouvait atteindre. De le proverbe fameux : Meilleur coureur que Chanfara.

En guerre avec les Béni-Salamao, il jura d'en tuer cent; et voici comment le serment fut tenu. Chaque fois qu'il rencontrait un homme de cette tribu, ïl tirait sa flèche et l'atteignait à l'œil. Il arriva ainsi au chiffre de quatre-vingt-dix-neuf victimes. La tribu des Béni-Salaman songea à se débarrasser de cet ennemi importun. Aeir, lîls de Djaber, l'un de ses concurrents à la course, le guetta, et le surprit pendant la nuit quand il était des- cendu dans une gorge pour y boire. C'est ainsi qu'il périt; mais ensuite, dit la légende, un de ses ennemis passant

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LA POBSIB ANTElSLAHtQOB 19

auprès de son crâne et lui ayant donné un coup de pied, uoe esquille lui entra dans le pied et lui fit une blessure dont il mourut; de sorte que le chiffre de cent victimes fut atteint, et le serment accompli. Lui-même avait demandé à ne point recevoir de sépulture, s'il faut en croire les vers que noua a conservés le Hamâsa : « Ne me donnez point la sépulture, car il vous est défendu de me rendre ce devoir : mais c'est à toi de te réjouir, 6 hyène, quand ils se chargeront de ma tète (et c'est dans ma tète que réside la plus grande partie de moi-même). » Téab- bata-Charran prononça en vers son oraison funèbre.

II est célèbre par sa grande ode, la Lâmiyyat-el- Arab, c'est-à-dire le poème rimé en l, dont Silvestre de Sacy et Fresnel ont donné de belles traductions. On a douté que le fameux poème fût de Chanfara, on a fait remar- quer que les anciens philologues arabes ne connaissent pas son existence ; mais s'il n'est pas de Chanfara, il est d'un auteur vraiment bien au courant de l'ancienne vie arabe, et qui sentait souffler en lui l'inspiration des féroces habitants du désert. Il ne pourrait être, en ce cas, que de Khalef el-Ahmar.

A cdté d"Antara, la tribu d"Abs peut nommer avec orgueil 'Orwa ben bl-Ward; elle le considérait même plutôt comme un poète, et 'Antara comme un héros. Son père, chanté par 'Antara, avait pris part à la guerre de Dâhis. Lui-même guerroya, comme les autres. On l'ap- pelait 'Orwa des indigents, parce qu'il avait rassemblé une troupe de pauvres pillards aux besoins desquels il subvenait quand ils rentraient bredouilles de la razzia. Il les a chantés : « Que Dieu couvre d'ignominie le pauvre quand, enveloppé de la nuit obscure, il se glisse sar le eol tendre, habitué des écorcheries de chameaux ! Que le pauvre est beau, au contraire, quand sa joue est

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M LITTiuLTDRE ARÂBK

éclairée par la flamme du feu emprunté au voisin, qui l'illumine! S'il rencontre la mort, c'est une mort glo- rieuse; a'il acquiert la richesse, il s'en est rendu digne. » [| avait enlevé une jeune fille nommée Salma, l'avait affranchie et épousée ; au bout de dix ans, ses parents la rachetèrent en surprenant le consentement d"Orwa, pendant qu'il était ivre. Salma le quitta en faisant l'éloge de sa générosité et de sa bravoure; mais elle n'avait pu s'habituer à s'entendre traiter d'esclave par les femmes de la tribu. Sa libéralité était sans bornes : a Pour moi, je partagerais mon corps pour nourrir mes hôtes, et je me contente de boire une eau pure. » Aussi l'a-t-on comparé au fameux Hàtim, de la tribu de Taï.

Dhou'l-Açba' el'-Adwani, dont le nom propre était Hourthan ben el-Hârîth, devait son surnom de Ckomme au doigt à ce fait qu'un de ses doigts s'était desséché par suite de la morsure d'une vipère. La tribu d"Adwân, à laquelle il appartenait, était puissante par le nombre de ses guerriers, par la célébrité d'Amir, fils de Zharib, qui avait été reconnu comme Hakam ou arbitre suprême par tous les Arabes de la descendance de Qaîs, par le privilège qu'elle avait de haranguer les pèlerins de la Mecque au moment du retour et de leur concéder la per- mission de rentrer dans leurs tribus. Cette prospérité déchut à la suite de luttes intestines, et ce fut la ruine de sa tribu qui inspira les élégies de Dhou'l-Açba'. « Les soutiens de la tribu d"Adwân étaient semblables aux serpents qui rampent sur la terre; ils ont voulu s'élever à l'envi les uns des autres, ils ont rencontré le néant. » Il atteignit un âge très avancé; ses quatre gen- dres, craignant qu'il ne tombât en enfance, essayèrent de l'empêcher de dissiper son avoir; mais il leur répon- dit : « Si vous prétendez que j'ai vieilli, sachez qu'on ne

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m'a jamais considéré comme un fardeau ni comme un être stupide ou imbécile. Pourquoi donc me calomnier ainsi? » Et dans une autre pièce de vers : « Ne t' étonne point, Omàma, de ces événements : c'est la fortune et le destin qui nous ont accablés. » Omàma était sa fille, poète elle-même, qui déplora également la destruction de la puissance d"Adwân : « Ils se sont passé entre eux une coupe; malheur à ceux qui ont bu! ils ont péri, ils se sont réfugiés dans les déserts.... » Dans les conseils qu'il adressa à son fils Oséïd (le lionceau), il se crée un noble idéal du guerrier arabe : k Sers-toi de tes biens noblement; rends-toi le frère des hommes généreux toutes les fois que tu pourras former avec eux des liens de confraternité. N'oublie jamais, quelque grande que soit la distance, ce que tu dois au frère de ton frère ou au pauvre. Précîpite-toi dans les batailles lorsque les héros les plus intrépides refuseraient de charger ; et lorsqu'on t'appelle pour une affaire importante, prends son fardeau tout entier sur toi. »

Qotba ben Aus bl-Hadida se prit de bec avec Zabbân ben Sajyàr et échangea des satires avec lui; c'est même son adversaire qui l'avait surnommé El-Hàdira (le gros, le ramassé) et ce sobriquet lui resta : « On dirait que to es une femme aux épaules grosses, aux flancs mai- gres ». C'était à l'occasion de la chasse; le soir Zabbân se mit à part pour faire rôtir le gibier; alors Hàdira l'interpella : a Tu abandonnes ton compagnon d'expédi- tion ; tu ne songes qu'à ta bouche dans les ténèbres. » Piqué, Zabbân répondit par le vers il le comparait à une « femme aux fortes épaules ». Et ils continuèrent à se rejeter la balle.

'Abid ben bl-Abrab, de la tribu d'Asad, vivait a la cour de Hira et était en rapport avec Nâbigha Dhobyàni. Par-

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3S LITTÂKATDRE ARABE

venu a ud grand âge, dît-OD, il fut mis à mort par le roi Moundhir, fils de Mà-Essemà, comme sacrifice sur le tom- beau de deux amis du roi, qu'il avait fait enterrer vivants jadis, dans sa colère. Le roi avait juré de faire mettre à mort le premier qui se présenterait à lui le second jour du deuil annuel qu'il s'était imposé, et de nourrir de son sang les corbeaux. Le poète demanda qu'on le fit mourir après qu'il se serait enivré de vin. Cette coutume barbare dura jusqu'au moment oii le roi, vaincu par la générosité d'un certain Hanzhala, de la tribu de Taï, qui avait demandé un délai et promis de revenir, revint à temps pour remplir sa promesse et délivrer son garant qui allait être mis à mort à sa place. Depuis cette aventure Moundhir supprima les sacrifices sanglants. 'Abid était pauvre et n'avait aucune fortune : un jour qu'il menait a l'abreuvoir le troupeau de sa sœur Mawiya, il fut repoussé par un homme qui le frappa au front; le pauvre diable s'en retourna tout triste et s'endormit à l'ombre des arbres. Il se réveilla poète; un génie était venu le visiter pendant son sommeil et lui avait placé dans la bouche une boulette de poésie.

Hatih, de la tribu de Taî, est universellement connu par sa générosité sans bornes. Lorsqu 'arrivait le mois sourd (Rédjeb), respecté par les païens de Modar, il faisait tuer dix chameaux par jour et en nourrissait ses hôtes. Les poètes El-Hotaï*a et Bichr ben Abt-Khâzim reçurent l'hospitalité chez lui. Il avait perdu son père de bonne heure ; recueilli par son grand-père Sa'd ben el- Hachradj, il lui joua le mauvais tour de distribuer à une caravane de poètes qui passait tout le troupeau de cha- meaux qu'il était chargé de garder. L'ambition d'être reconnu le pins généreux des hommes l'avait poussé à cet acte d'extravagance. Son grand-père ne put lui par-

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LA POESIK AKTBISLAUIQUE 33

donner ce coup ; il fît plier ses tentes et abandonna Hâtîm seul avec une esclave qu'il lui avait donnée, sa jument et son poulain. C'est alors qu'il prononça ces vers magni- fiques : « Je n'ai pas souffert du départ de Sa'd avec sa famille, lorsqu'il m'a laissé seul au logis, séparé de mes proches. En prodiguant ma fortune, je me suis acquis impétueusement de la gloire, au moment la guerre montre ses hideuses dents tordues. »

Le tombeau de Hâtim était entouré de pierres dres- sées en face les unes des autres, comme si c'étaient des pleureuses. C'est qu'Abou'I-Khaïbari, un certain soir, interpella Hâtim mort et lui demanda de le régaler. Au matin il trouva sa chamelle égorgée, dont ses compa- gnons se régalèrent; puis le fils de Hâtim vînt lui raconter que son père lui avait, en songe, ordonné de lui restituer de son troupeau la chamelle qu'il avait égorger pour ne pas faillir à la réputation de son hospi- talité.

Et tant d'autres : Laqit ben Ya'mour, de la tribu d'Iyâd, qui fréquentait les vastes plaines de la Mésopo- tamie, composa une longue ode pour prévenir ses com- pagnons des embûches du roi de Perse Chosroès, qui voulait débarrasser les rives de l'Euphrate de la pré- sence gênante de ces maraudeurs; mais ceux-ci ne cru- rent pas en l'avertissement de leur poète, et ils furent surpris et massacrés. Aus ben Hadjar, de la trîbu de Témîm, était de la province lointaine du Bahréïn ; rap- sode ambulant, on le vit parcourir l'Arabie du Nord et les contrées de l'Euphrate, oii l'attirait la cour des rois de Hira. Ses poésies, dont nous n'avons plus que des fragments, sont remplies de descriptions de scènes de chasse et d'armes de toute espèce. Au cours d'un voyage, il fut précipité en bas de son chameau et se

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LITTERÂTUBB ARABE

brisa ies deux jambes; soigné par Fodâla ben Kilda, qui vÎDt planter sa tente à l'endroit même il était tombé, et par sa fille Halîma, il leur consacra, par recon- naissance, des poésies qui nous ont été conservées.

Une Ëgure historique intéressante est celle d'OuATYA, fils d'Abou'ç-Çalt, un Mecquois it Taïf, « qui avait lu les livres et suivait les doctrines judéo-chrétiennes », et qui pourtant resta païen jusqu'à sa mort, en 630, huit ans après l'hégire. Vers l'an 572, lui ou son père avait fait partie d'une députation envoyée par les Qoréïchites au roi du Yémen Séïf ben Dhi-Yezen, et il lui avait adressé en vers des félicitations pour sa victoire sur les Abys- sins. En général, les poésies d'Omayya roulaient sur des sujets religieux empruntés au fond commun des idées juives et chrétiennes; on peut le considérer comme un précurseur de Mahomet ; c'est lui qui, dans ses vers, avait appelé le jugement dernier le « Jour de la déception mutuelle », yaum el-têghdboun, expression qui a passé dans le texte du Koran (chap. 64). Il donnait à Dieu des noms étranges qui n'avaient jamais frappé l'oreille des Arabes : il l'appelait tantôt silUt, « l'empereur m, et tantôt taghrour, a porte -couronne » (perse taha-barâ). Il portait un cilice par dévotion; il a mentionné dans ses vers les prophètes de l'Ancien Testament et les hanîfs, secte d'Arabes qui vivaient selon la religion d'Abraham et d'où est sorti l'islamisme. II interdisait l'usage du vin et ne croyait pas aux idoles. Les musulmans prétendirent plus tard qu'il aurait désiré que Dieu l'élût pour son prophète, et qu'à ce titre il jalousa Mahomet, contre qui il composait encore des satires en 624.

El-A'cba s'appelait de son vrai nom Méïmoôa ben Qaïs; il était dans cette contrée éloignée du Yémàma, au midi du Nedjd, qui borde le grand désert inaccessible

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LA POésIE AMTÉ ISLAMIQUE 2S

du Dahnà; c'est là, dans le village de Manfoùba, que l'on montrait son tombeau. 11 alla porter ses louanges rétri- buées à travers toute l'Arabie, depuis le Hadramsut jusqu'à Hira,près de l'Ëuphrate; ses moqueries versifiées le rendaient la terreur de ses adversaires. Il était mono- tbéistc et croyait à la résurrection et au jugement der- nier; ses idées avaient été influencées par ses amis chré- tiens, soit par les 'Ibâds de Hira, cbez lesquels il venait acbeter du vin, soît par son ami l'évéque de Nedjrân dans le Yémen. On loue dans ses vers la variété des mètres, l'art du panégyrique et de la satire : on a cité ses des- criptions du vin et de l'onagre. L'ode dans laquelle il a chanté la mission de Mahomet est devenue célèbre dans tout l'Orient. Son père Qaïs avait été surnommé QatU el-djoû', « mort de faim », parce que, étant entré dans une caverne pour s'y mettre à l'ombre, une roche se détacha de la montagne et boucha l'entrée de la grotte, de sorte qu'il ne put en sortir et qu'il y périt de faim. Quant à son fils, il est placé au rang des grands poètes : Silvestre de Sacy estimait qu'il méritait d'aller de pair avec les auteurs des Mo'allaqât, et les Arabes, parlant de leurs meilleurs poètes d'avant l'islamisme, le com- paraient à Imrou-oul-Qaïs, à Nâbigba et à Zohéïr. Il a chanté dans ses vers Horaïra, qu'il aimait et qui était une esclave noire ; elle avait une belle voix et son maître la faisait chanter pour son plaisir. Il se rendait tous les ans à la foire d"Okàzh; il eut l'occasion d'aider, par les louanges qu'il lui adressa pour reconnaître son hospi- talité, un certain Mohallek, qui était pauvre, à trouver des maris pour ses huit filles. Une fois qu'il s'en retour- nait cbez lui chargé de présents, îl craignît d'être dépouillé par les Beni-'Amir, dont il avait à traverser le territoire. Il demanda à 'Alqama, fils d'Allatha, de le pro-

LITTERATURE ARABE

téger; celui-ci s'engagea à le défendre contre les hommes et les djinns. El-A'cha lui demanda s'il promettait de le défendre aussi contre la mort, ce qu"AIqama refusa. Mais 'Amir, fils de Toféîl, lui promit de le protéger même contre la mort. « Comment cela? lui demanda A'cha. Si tu viens à mourir, lui répondit 'Amir, pen- dant que tu seras sous ma protection, je payerai à ta famille l'amende qui est le prix du sang. » A'cha fut satisfait de cette réponse, mais non son premier protec- teur évincé : « Si j'avais su, dit alors celui-ci, ce qu'il demandait de moi, je le lui aurais accordé. »

Parmi les poètes des villes, il faut citer Qais, hls d'El- Khatîm, qui habitait Yathrib, ville qui plus tard prit le nom de Médine, qu'elle porte encore aujourd'hui. Il est célèbre par la vengeance qu'il poursuivit contre le meur- trier de son père et de son grand-père et par la guerre qu'il suscita à cette occasion entre les tribus d'Ans et de Khazradj. C'était un bel homme, aux sourcils se rejoi- gnant, aux grands yeux noirs, aux lèvres rouges, aux dents éclatantes de blancheur. Hassan ben Thâbit avait conseillé à la poétesse El-Khansà de l'attaquer par ses satires : « Je n'attaque jamais personne, répondît-elle, sans l'avoir vu. » Elle vint visiter Qaïs un jour; elle le trouva couché par terre dans une chambre; elle le fit lever en le poussant du pied, le fit avancer et reculer, de sorte que Qaïs s'écria : « On dirait qu'elle examine un esclave avant de l'acheter au marché ! » Puis il se recoucha et se rendormit : « Jamais je n'attaquerai un homme pareil ! » dit El-Khansâ. Il mourut d'une flèche à la guerre.

La coutume de pleurer les morts et l'industrie des pleureuses attitrées enfantèrent l'élégie destinée à célébrer le panégyrique des défunts (ntarf/tiya), et qui fut, comme cet ofEce des obsèques, réservé aux femmes. Le poème

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LA POéSIB ANTÉISLAHIQOE 37

commence par la représentation du deuil ressenti, des larmes dont la pleureuse ne peut arrAter le cours, puis continue par l'exposition des vertus du défunt qui engendrent le regret cuisant de ne plus le posséder ; et ce sont les principales vertus des Arabes païens, la vaillance et la générosité, qui forment la base de ces éloges; enfin vient l'appel à la vengeance. C'est par la composition d'élégies de ce genre que El-Khansa se rendit célèbre. Son nom était Tomàdbir; le surnom sous lequel on la connaît signifie « la vache sauvage, au museau écrasé ». Elle était mariée; elle le fut d'abord à Mirdâs, fils d'Abou-'Amir, puis après sa mort à 'Abdallah, fils d"Abd-e]-Ozza. Elle célébra la mort de ses deux frères, Mo'âwïya et Sakhr, le second, poète lui-même, tué au cours d'une razzia.

Poètes juifs et chrétiens.

Dans les villes du nord du Hedjaz habitaient des Juifs, qui peut-être avaient quitté la Palestine au moment des guerres sous Titus et Adrien; mais la tradition locale fait remonter leur émigration jusqu'aux temps qui suivirent la mort de Moïse , et dît qu'à la conquête romaine les Qarizha, les Hadal et les Nadhir vinrent rejoindre leurs coreligionnaires. Ces colonies avaient été un centre de propagande religieuse, et des tribus arabes s'étaient affiliées à elles. Elles n'avaient conservé que leur religion; leur langue était devenue purement arabe. Elles se mirent à chanter à la façon des nomades, et eurent leur plus grand poète dans la personne de Samaual (Samuel), petit-fils d'Adiyà. C'était un grand seigneur, qui habitait le château d'Ablaq, qu'on appelait l'unique,

M LITTénATURE ARABE

auprès de la ville de Téïma. Ce château avait été élevé par son grand-père, qui y avait fait creuser un puits. Les Arabes y venaient et y tenaient un marché. Samaual est célèbre par sa fidélité à la foi jurée, qui lui fit livrer son propre fils pour Imrou-oul-Qaïs. Le roi poète, déchu de sa splendeur, s'était réfugié chez lui et lui avait demandé de le recommander aux rois de Ghassan, qui intéresseraient l'empereur romain de Constantinople à sa cause. Il lui avait donné un guide pour le conduire en Syrie. Lorsque El-Hârith ben Zhâlim, envoyé par El-Moundhir pour s'emparer des trésors d 'Imrou-oul-Qaïs confiés à Samaual, vint assiéger le château, il s'empara du fils du prince juif, qui chassait dans les environs. « Je ne rendrai jamais l'argent qui m'a été confié, dit le fidèle déposi- taire »; et son cruel ennemi fit couper en deux son fils par le milieu du corps. Samaual chanta alors : « J'ai gardé fidèlement les cuirasses du Kindite,...j'ai été fidèle, alors que tant de gens trahissent. »

Parmi les coreligionnaires de Samaual, on peut citer Ek-Rabi, fils d'Abou'I-HokaVk, qui se battit vaillamment a Bouùt à la tète de sa tribu, et dont les fila furent de violents adversaires du Prophète. Il se mesura avec Nàbigha dans ce jeu poétique l'un des interlocuteurs disait l'hémistiche d'un vers tandis que le second com- plétait impromptu le sens et la rime par un second hémi- stiche.

A côté du judaïsme, le christianisme avait fait des prosélytes en Arabie. La Syrie, les Arabes du Nord conduisaient d'incessantes caravanes, était couverte d'églises et de couvents; en Mésopotamie la population était chrétienne. Les princes de Ghassan à Damas pro- fessaient cette croyance ; les Lahmides à Hira l'adoptèrent également. Les vers d'un poète comme Omayya-ben-

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LA POBSIB ANTÉIEL&MIQTIK Î9

Abî'ç-çalt qui, sans être chrétien lui-méiDe, propageait BOUS la tente les idées dominantes puisées dans les livres judéo-chrétiens, avaient beaucoup fait pour répandre ces idées dans l'Arabie.

Dans la ville de Hira, qui comptait une population mélangée d'éléments araméens et arabes, les 'Ibàds for- maient le fond même de la population primitive, à côté des Arabes de la tribu de TanoAkh, moitié bédouins, moitié cultivateurs, qui s'étaient emparés du pays, et des Ahldf, protégés ou clients venus se réfugier de toutes les parties de l'Arabie ; or ces 'Ibâds étaient chrétiens ; ils avaient, avec quelques juifs, monopolisé le commerce du vin produit par la contrée riveraine de l'Euphrate, et allaient porter cette denrée, à travers les déserts, dans les villes et les campements des Arabes, intrépides buveurs. 'Antara parle d'un héros du désert qui faisait, à force de boire, « tomber les drapeaux des marchands de vin », allusion à ce fait que ceux-ci élevaient un dra- peau sur leur tente pour annoncer leur marchandise; la chute de ce drapeau indiquait que leur provision était épuisée. Déjà les idées religieuses du poète Ël-A'cha avaient été influencées par les conversations qu'il avait eues avec ces marchands de vin, porteurs de la bonne parole. Ces chrétiens, qui probablement appliquèrent les premiers à la langue arabe les caractères de l'écriture syriaque, comptaient des poètes dont le plus célèbre était 'Asi BBH Zbïd. Il appartenait à une ancienne famille de Hira qui occupait une grande position dans cette ville; son père avait été élevé à la cour persane des Sassanides à Ctésiphon; dans l'interrègne entre No'man I" et Al- Moundhir, on l'avait choisi pour gouverner la ville; il continua à l'administrer sous le second de ces rois. Comme son père, 'Adi fut élevé à la persane; bien vu du

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SO LITTÉR&TUBE ARABE

Roi des rois, il fut envoyé en ambassade à Constanti- nople et passa par Damas il composa sa première poésie. A son retour, son père était mort; mais le poète avait horreur des fonctions oflicielles; il préféra rester indépendant et libre, et courir entre Hira et Ctésiphon, en chantant les délices du vin. Il contribua à faire monter sur le trône No'man, fils d'Al-Moundhir; mais les Béni-Marina, qui avaient vu évincer leur candidat, jurèrent sa perte; ils le dénoncèrent comme ayant parlé avec mépris du roi, qui lui devait quelque peu sa cou- ronne; celui-ci l'attira sur son territoire et le fit jeter en prison. Le roî de Perse voulut prendre sa défense; mais quand son envoyé arriva à Hira, il trouva le poète assas- siné dans la geôle. Les vers bachiques d"Adi ben Zéîd firent plus tard les délices du khalife oméyyade Wélîd II.

La prose.

Il ne nous est rien resté de la prose de ces époques anciennes, parce qu'elle n'était pas écrite et qu'on ne lui accordait pas assez d'importance pour qu'elle méritât cet honneur. On peut se faire une idée, par les recherches des philologues arabes, de ce que devait représenter cet état très primitif : les récits des veillées, samar, sous la tente des nomades, les contes que déjà des conteurs de profession allaient colporter de ville en ville, comme le Mecquois Nadr ben Hârith, qui avait appris à Hira les belles légendes que les Perses racontaient de leurs anciens rois, et s'était fait une célébrité qui contreba- lança un moment celle que Mahomet devait aux récits du Koran empruntés à la Bible; la bataille de Bedr mit fin

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LA POÉSIE ÀNTÉlSLÂMlQnB 31

au développement de cette coDtreiBÏDe dangereuse. Les récits légendaires et fort peu historiques des journées des Arabes, de ces grandes batailles livrées au désert, les proverbes collectionnés plus tard par les philologues, et provoqués par des événements déjà oubliés, incom- préhensibles souvent et expliqués par des commentaires inventés de toutes pièces, enfin les allocutions par lesquelles on se flattait d'agir sur la pensée de ses sem- blables, forment les éléments d'un art littéraire dont nous ne possédons aucun document, mais qui devait se déve- lopper considérablement par la suite.

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CHAPITRE III

LE KORAN

D'une famille pauvre et peu considérée, Mohammed, qui avait débuté par accompagner en Syrie les cara- vanes de la Mecque, avait trouvé la fortune dans son mariage avec Khadidja. De son temps* deux sectes reli- gieuses, en dehors des religions judaïque et chrétienne dont nous venons de voir le développement, s'étaient implantées en Arabie. L'une est celle des Rakoussia, l'autre celle des Hanifs. La première se rattache indubi- tablement aux mandaïtes ou chrétiens de saint Jean- Baptiste, que le moyen âge a connus sous le nom de Sabiens et qui vivent encore en communauté dans la basse Mésopotamie ; c'étaient des Ebionîtes, vénérant le' Précurseur, antérieurs au mouvement gnostiqne. Les Hantfs étaient des Essénieng qui s'imaginaient pratiquer, BOUS le nom de religion d'Abraham, un judaïsme puri&é de pratiques rituelles et laissant de côté la lecture des textes sacrés. C'est dans le sein de cette société de Hanifs que l'Islamisme s'est formé. Mohammed disait de lui-même qu'il était un hanif, comme ceux que l'on connaissait a la Mecque, à Taïf et à Yathrib. Par hanif,

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il faut entendre monothéiste et ennemi de l'idolâtrie ; et quand Mohammed commença ses prédications, les Mec- quois lui dirent qu'il était devenu sahien. Ces hanifs colportaient un livre qui s'appelait les Çohofou rouleaux d'Abraham. Peu d'années avant la mission du prophète, un missionnaire de cette secte était venu dans le Hedjaz, pour prêcher le monothéisme d'Abraham, et il avait rencontré des adeptes. Ces rouleaux furent plus tard déclarés faux par Mohammed. Maintenant ces rouleaux étaient-ils vraiment un livre, comme l'a cru Sprenger, ou bien ne faut-il voir dans cette expression qu'une vague appellation désignant peut-être la Bible des Israélites? Quoi qu'il en soit, ces chrétiens de saint Jean et ces hantfs avaient, au milieu du polythéisme de la péninsule arabique, préparé le terrain allait réussir la prédica- tion du monothéisme islamique.

Quant aux Juifs, qui habitaient dans les principales villes et avaient converti à leur culte certains chefs de tribu, et aux chrétiens de Syrie et de Mésopotamie dont ta propagande avait été singulièrement favorisée par un poète comme Omayya ben-Abî'ç-Çalt, en contant les épi- sodes de la Bible dans les campements bédouins, leur influence est indiscutable.

Le Koran a été révélé par pièces et morceaux, et l'état dans lequel il nous a été transmis ne rend que faiblement compte de la manière dont il a été composé, car les cha- pitres ou sourates ont été, lors de la rédaction définitive sous le khalife 'Othmân, rangés par ordre de longueur l'exception du premier}, ce qui est un procédé tout à fait artificiel.

Mohammed, dit le Koran, recevait ses inspirations du Saint-Esprit, qu'il considérait comme un ange et que plus Urd, dans les chapitres révélés à Médine, il appela du

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H LITTÉRATURE ARABE

nom de l'arcbange Gabriel, qu'il prononçait Djabril. Dans les extanes se produisait l'inspiration, il croyait voir le visage de l'archange et quand on lui demandait à qui il ressemblait, il citait un jeune homme de la tribu de Kelb qui s'appelait Dihya ben Khalifa. C'était toujours par petites parcelles que la révélation se produisait, par versets isolés ou par groupes de quelques versets; quand la révélation était terminée, Mahomet appelait un de ses secrétaires, surtout 'Abdallah ben Sa'd ben Abi-Sarh, pour écrire les mots sous sa dictée, et faisait ranger la feuille écrite à telle ou telle place.

Le nom de sourate est hébreu, il signifie une rangée de pierres dans un mur, et par analogie une ligne d'écri- ture. Koran veut dire lecture; fourqân, nom qu'on lui donne aussi, signifie (dans les langues sémitiques autres que l'arabe) <i affranchisse ment, délivrance » de la « révé- lation ».

Le style du Koran est très différent selon les époques de la vie du prophète se sont produites les révéla- tions. Sa caractéristique principale est d'être écrit tout entier en prose rimée, très sensible dans les premières sourates, ob les versets sont très courts, et qui n'est plus marquée, dans les longs chapitres révélés à Médîne, que par la pause terminale du verset, qui rime par assonance avec les autres pauses. En outre il ne faut pas perdre de vue que l'arrangement actuel des chapitres est tout à fait artificiel. On sait comment la compilation en a été faite. Les auditeurs du Prophète avaient commencé par se fier à leur mémoire pour retenir le texte des révélations dont ils étaient témoins, puis ceux qui savaient écrire les tra- cèrent en caractères antiques sur des feuilles de palmier, sur des peaux d'animaux tannées, ou sur des os dessé- chés. Lorsque le Prophète mourut et qu'on vit que

l'heure du jugement deroier s'éloignait toujours de plus en plus (car la croyance des premiers musulmans, comme celle des premiers chrétiens, était que les jours étaient accomplis et que la grande résurrection allait venir), que, d'autre part, les guerres civiles et les expé- ditions sur les frontières étrangères se multipliaient, et que la mort enlevait nombre de ceux qui savaient tout ou partie du Koran par cœur, on eut peur de voir la parole de Dieu disparaître entièrement, et l'on réunit tous ces fragments épars; Zéïd ben Thâbit, disciple de Mahomet, fut chargé par le premier khalife, Abou- Bekr, de rassembler tout ce qu'on pouvait retrouver du texte sacré, et d'en former un volume; les chapitres furent alors, sans égard pour leur ordre historique, rangés par ordre de longueur, d'abord les plus longs, précédés de la Fâliha ou court chapitre de sept versets qui ouvre le livre, puis les plus courts. Or ceux-ci sont les plus anciens, ayant été révélés à la Mecque avant l'émigration, tandis que les longs chapitres placés en tête de l'ouvrage sont pour la plupart de l'époque le Prophète, devenu chef d'armée et d'État, commandait à Médine les troupes qui devaient lui donner promptement la capitale religieuse de l'islamisme. Cette rédaction de Zéïd peut être considérée comme définitive ; car, quelques vingt ans plus tard, on en fit une nouvelle récension, qui porta plutôt sur des détails de langue et de grammaire que sur l'ordonnancement général du texte.

Le style du Koran n'est pas uniforme, et ne saurait l'être. L'expression de la pensée est purement sémitique, et se rattache étroitement à cette longue série historique de documents émanés de source hébraïque, depuis les antiques versets de la Tôra jusqu'à l'Evangile, en passant par l'inspiration prophétique qui gravitait autour de

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LITTEBÂTORE ARABE

Jérusalem . Les phrases sont découpées en versets, d'abord très courts, puis très longs : le caractère de prose rimée est donné par les allitérations qui marquent la fin de chaque verset. Les chapitres se rangent en deux grandes classes, selon qu'ils ont été révélés à la Mecque ou à Médine : les premiers sont ceux de la pré- dication avant l'émigration, les seconds ceux qui ont suivi l'hégire,

Au début, le souffle est court, parce que l'inspiration est intense, les adjurations pathétiques; Dieu parle, et l'homme disparaît. Mahomet s'y montre dans son carac- tère de prophète; il n'est pas encore l'homme d'État, le législateur qui crée une société nouvelle; il n'a pas pour objet de donner à ses compatriotes un code, mais de les initier au culte du Dieu unique. On n'y trouve rîen de rituel, aucune mention de lois sociales. Mahomet invite ses auditeurs à croire à l'évidence de leur aperception de l'univers, il leur demande d'admirer les merveilles de la nature, les étoiles, le soleil, la lune, <( tous signes de la puissance de Dieu, si seulement vous voulez le com- prendre » ; ou bien il raconte les malheurs survenus aux anciennes générations qui n'avaient pas cru à la mission des prophètes, légendes viennent se confondre des fables rabbiniques et d'anciennes traditions nationales relatives aux tribus disparues d"Ad et de Thamoûd.

Dans les plus anciennes sourates de la Mecque, les phrases ont un enchaînement rythmique, mais non un mètre régulier; des formes prosodiques ne se rencontrent que très rarement et dans de courts passages. L'exprès* sion de la pensée est ramassée sur elle-même, et la plu- part du temps très vague et incomplète. Mais le discours est fier et passionné; on sent que le Prophète emploie toutes ses forces à essayer de convaincre les indifférents

de la réalité de sa mission ; la véhémence de l'expression transperce même le pâle manteau dont la voile la traduc- tion dans nos langues analytiques. C'est d'un poète autant que d'un prédicateur, selon la 6ne remarque de Stanley Lane-Poole. Son grand argument pour exhorter à faire le bien et à craindre Dieu, c'est le jour du jugement; et pour récompenser les croyants, ce qu'il fait luire à leurs yeux, c'est l'espoir du paradis. « Lorsque le ciel se fen- dra, que les étoiles seront dispersées, que les mers con- fondront leurs eaux, que les tombeaux seront renversés, l'âme verra ses actions anciennes et récentes.... Les justes seront dans le séjour des délices, mais les préva- ricateurs dans l'enfer, n Ses imprécations contre ses ennemis sont terribles; mais il ne faut pas oublier que dans tout le Koran c'est Dieu qui parle, et que le pro- phète n'est que l'intermédiaire de la révélation. Les sen- timents féroces de l'Arabe du désert s'y dévoilent fran- chement, sans nulle hypocrisie qui en cache la barbarie. La malédiction adressée à son oncle Abou-Lahab est célèbre : « Que les deux mains d'Abou-Lahab périssent, et qu'il périsse lui-même. »

Dans une seconde catégorie des chapitres de la Mecque, les adjurations « par le soleil et sa clarté, par la lune quand elle le suit de près, par le ciel et celui qui l'a bâti n ont presque disparu; c'est la formule « par le Koran! » qui les remplace. Le discours commence par la déclaration : « Ceci est la révélation de Dieu », et ponr qu'il n'y ait pas de doute sur la provenance des paroles émises par la bouche du Prophète, celui-ci met en tète l'ordre qu'il a reçu de la divinité sous cette forme : « Dis! » L'histoire des anciens prophètes hébreux, tirée de l'Haggada juive au moyen de commu- nications verbales obtenues des Juifs qu'il avait fré-

LITTERÂTDRB ÂHÂBB

queotés, est la principale preuve que Mahomet donne de sa mission; rien d'étonnant que, par cette voie indirecte, cette histoire soit inexacte et légendaire.

Une troisième période, celle de l'argumentation, se fait remarquer en ce que la langue est devenue plus pro- saïque. Le seul trait nouveau est la réponse que fait le Prophète à cette « génération mauvaise et adultère n qui a l'outrecuidance de demander un miracle pour preuve de sa mission. Le miracle, dit-il, est partout: « Pourquoi demander un miracle, quand toute la nature est miracle? Je ne suis que pour avertir. > Enfin il convient de donner une place à part à tous les versets oii le nom donné à Dieu est a er-Rahmân n (le Miséricordieux), le même nom que portait la divinité païenne de certaines tribus.

La seconde partie comprend les vingt-quatre chapitres composés pendant les dix années passées à Médine après la fuite. L'enthousiasme se calme, le prédicateur devient légiste, homme d'État. Il enseigne, il explique; il n'a plus à subjuguer ni à convaincre, l'esprit de ses adeptes est tout formé; ils croient, et la foule grossissante de ses disciples montre à ses ennemis sceptiques qu'il y a chez lui une force naissante avec laquelle il faudra bientôt compter. Le caractère poétique du style disparait, ce n'est plus qu'une longue prose, avec des répétitions constantes, destinées à faire pénétrer quelques idées simples dans les cerveaux les plus rebelles. Ses allocu- tions, qui commençaient à la Mecque par la formule : « 0 hommes ! », débutent maintenant par la formule ini- tiale : « 0 vous qui croyez.... » et quand il s'adresse à ses adversaires : n 0 Juifs ! » ou bien : « 0 hypocrites ! » Le style général est lourd et diffus, les versets sont très longs. Les chapitres sont composés de harangues frag-

LB KO RAM

mentaires et de phrases détachées; néanmoins on ren- contre parfois des passages d'une beauté et d'une éléva- tion de pensée et d'expression véritablement remarqua- bles. Les principes de la réglementation religieuse, civile et pénale de la nouvelle société sont presque tous contenus dans trois des plus longs chapitres, les second, quatrième et cinquième, qui forment à eux seuls près d'un dixième de la totalité du livre sacré.

Le texte du Koran, à n'en pas douter, n'avait point été rassemblé du vivant du Prophète ; seuls quatre disciples, Obayy ben Ka'b, Moàd ben Djabal, Zéïd ben Thâbît et Abou- Zéïd Ançâri, en avaient réuni des collections plus ou moins complètes. La lutte contre le faux prophète Moséï- lima avait conduit à la mort nombre de ceux à la mémoire de qui le texte était confié, lorsque Abou-Bekr, sous l'impulsion d'Omar, qui avait vu de ses yeux dispa- raître ces précieux témoins, ordonna de réunir ce qu'on pouvait rassembler de textes écrits, et il confia cette mis- sion à Zéïd, que Mahomet avait eu pour secrétaire. Omar, qui eut la haute main sur cette rédaction, n'y admit que les passages écrits, corroborés par la déclaration affirma- tive de deux témoins ; c'est dire que bien des fragments de la révélation, qui ne pouvaient s'appuyer sur ces deux ordres de preuves, bien que peut-être authentiques, ne furent pas admis; c'est ce qui permit plus tard aux Chiites de prétendre que le texte sunnite était incomplet, et qu'on en avait retranché tout ce qui avait rapport à la mission providentielle d"Ali et de sa famille. Ce recueil n'avait rien d'officiel, et ce qui le prouve, c'est qu'à la mort d'Omar il devint la propriété de sa fille Hafça.

Pendant les guerres d'Arménie et d'Azerbaïdjan, les soldats venus de l'Irak et ceux de la Syrie disputèrent sur la vraie manière de lire le Koran ; leur chef Hodhaïfa

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40 LITTBRITURB AHABB

soumit la question au khalife 'Othmâo, qui chargea Zéïd ben Thâbit et quelques autres Qoréïchites de rédiger un texte définitif. Cette commission fit réunir tous les exem- plaires existants, mais reconnut comme base celui d'Abou-Bekr, conservé par Hafça; une fois le travail terminé, 'Othmân fit détruire tous les textes, à l'excep- tion de celui d'Abou-Bekr, qui d'ailleurs ne tarda pas à être détruit n son tour par Mcrwân, gouverneur de Médine; de sorte que toutes les copies du Koran répan- dues aujourd'hui dans le monde musulman sont, sans aucune exception, la reproduction de celle d"Othmân.

Mahomet, qui n'aimait pas les poètes païens et qui craignait toujours que ses adeptes ne l'abandonnassent pour retourner écouter les chants rhytmés qui avaient bercé leur enfance, trouva des poètes pour célébrer ses louanges. Lébid a un de ses poèmes comptés parmi les Mo'allaqàt. Il appartenait à une famille considérée des Benî-Dja'far; son père Rébi'a avait mérité, par sa géné- rosité, le surnom de Rébi'a des indigents ; vers l'an 560, il vécut très âgé, jusqu'au commencement du khalifat de Mo'âwiya, vers 661 ; la légende prétend qu'il vécut cent quarante-cinq ans. Il entendit la prédication de la Mecque, mais n'en fut nullement touché; lorsque Mahomet se fut retiré à Médine, 'Amir, oncle de Lébid, qui devait à ses prouesses le sobriquet de Jouteur des lances, tomba malade et envoya son neveu con sulter le Prophète sur son cas; c'est alors que Lébid entendit réciter le Koran, et cette récitation, faite avec l'aspect sérieux et sombre des gens convaincus, fit la plus profonde impression sur son esprit. On cite même le passage qui entraîna son adhé- sion définitive à la nouvelle religion :

i( Ce sont eux qui ont acheté l'erreur avec la monnaie de la vérité, mais leur marché ne leur a point profité: ils

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LR KORAN

ne sont plus dirigés dans la droite voie. lia ressemblent à celui qui a allumé du feu ; lorsque le feu a jeté sa clarté sur les objets d'alentour et que Dieu l'a enlevée soudain, laissant les hommes dans les ténèbres, ils ne sauraient voir. Sourds, muets, aveugles, ils ne peuvent plus revenir sur leurs pas. Ils ressemblent à ceux qui, lors- qu'un nuage gros de ténèbres, de tonnerre et d'éclairs, fond du haut des cieux, saisis par la frayeur de la mort, se bouchent les oreilles de leurs doigts, à cause du fracas du tonnerre, pendant que le Seigneur enveloppe de tous côtés les infidèles. Peu s'en faut que la foudre ne les prive de la vue; lorsque l'éclair brille, ils marchent à sa clarté; et lorsqu'il verse l'obscurité sur eux, ils s'arrêtent. Si Dieu voulait, il leur ôterait la vue et l'ouïe, car il est tout-puissant. 0 hommes I adorez votre Seigneur, celui qui vous a créés, vous et ceux qui vous ont précédés; peut-être le craindrez- vous. »

* Après la mort de son oncle il accompagna a Médine une députation de sa tribu et se convertit alors publique- ment; devenu musulman, il n'attacha plus aucun prix à ses poésies, et n'en parla plus que malgré lui. Ce qu'il admirait le plus dans le nouvel ordre de choses, c'est l'or- ganisation de la société qu'il voyait succéder à la vie de misère, de luttes et de rapines qui avait été jusque-là le lot des Arabes de la tente ; il trouvait admirable qu'il y eût a une force publique établie pour protéger les hommes les uns contre les autres, des maisons de secours d'où un em- ployé sortaiit avec des besaces, distribue la subsistance à ceux qui ont besoin, enfin un trésor public chacun reçoit le salaire auquel il a droit ». Cela en dit long sur l'état de la péninsule avant le Prophète.

Lébid avait un frère, Arbed, qui fut frappé de la foudre au retour d'un voyage ' à Médine, il avait

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cherché, dît-on, à surprendre le Prophète et à le tuer; cette mort subite fut attribuée à la vengeance céleste. Le poète pleura longtemps son frère; il a composé sur lui de tristes élégies il chante le néant de la vie : « L'homme n'est qu'une flamme légère : après s'être élevée en l'air, elle se convertit bientôt en cendres. » Il prescrivit à ses deux filles, avant de mourir, un deuil d'un an : « Gardez-vous de vous déchirer le visage ou de raser votre chevelure ; dites plutôt : Notre père était un homme qui jamais n'a abandonné son allié, ni trahi la confiance de son ami. Répétez ces paroles jusqu'à ce qu'un an soit révolu, puis allez en paix, car celui qui a pleuré un an entier, a satisfait a son devoir et ne mérite aucun reproche. »

Mais à Hassan ben Thabit était réservée la gloire d'être le panégyriste du Prophète et de chanter ses succès. Il était à Médine, avait dans sa jeunesse visité Hira et Damas, puis il s'attacha à Mahomet comme poète de cour, chargé de répondre à ceux que les députations des tribus, qui venaient se soumettre, amenaient avec eux. A côté des grands modèles du paganisme, Hassan est bien pâle et son style bien simple; mais le sujet qu'il a traité lui a assuré, chez les musulmans, une renommée immortelle. Ka'b bbh Zobéïb, le fils de l'auteur de la Mo'allaqa, avait commencé par se moquer du nouveau prophète; la conversion de la tribu de Mouzéîna, à laquelle il appartenait, celle même de son frère Boudjéïr ne firent qu'exciter sa verve railleuse. Cela déplut à Mahomet, et cela pouvait devenir dangereux, à cause du pouvoir de la poésie sur l'esprit des Bédouins; il le con- damna à mort. Il fut difficile au poète d'échapper à l'exé- cution de ce terrible jugement; il y parvint néanmoins habilement. Les louanges qu'il adressa au triomphateur

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lui plurent tellement qu'il fit présent à Ka'b de son propre manteau (fourt^a), cadeau qui assura la renommée de l'auteur des vers et dont il le remercia par un poème, connu par ses deux premiers mots : « Bânat So'dd.... » qui a été lu et admiré dans tout l'Orient musulman.

MoTÂHHiH ben Nowaïra s'est rendu célèbre par les élégies, pleines d'une émotion profonde, qu'il a consa- crées à pleurer la fin tragique de son frère Màlik. Celui-ci était le chef de la tribu de Yarbou', branche des Témim; il s'était converti à l'islamisme, et on avait fait de lu! un percepteur d'impàts. Après la mort du prophète, quand les Arabes cessèrent de sentir le poids de la main qui les avait réduits au silence, il fut un de ceux qui se soulevèrent contre le khalife Aboo-Bekr, son successeur, et tentèrent de se soustraire à une autorité qui leur semblait oppressive ; on sait que ce mouvement fiit promptement enrayé par les généraux du khalife; Màlik fut battu, se rendit à Khâlid et, quoique musulman, paya de sa vie sa rébellion.

Abou-Mihdjan avait attendu, pour se convertir a l'is- lamisme, que la tribu de Thaqîf, à laquelle il appartenait, eût été convaincue, par la force des armes, de la mis- sion du Prophète; mais il conserva toujours, de ses erreurs païennes, un amour immodéré du vin, ce qui lui valut quelque temps de prison de la part des maîtres de la nouvelle religion, qui ne badinaient pas sur ce sujet; incorrigible, il fut enfin relégué par le khalife 'Omar sur les frontières de l'Abyssinie, oii il ne tarda pas à mourir. C'était un brave guerrier, comme il le montra dans la guerre de Perse, à la bataille de Qâdisiyya. Nous n'avons que par fragments ses poésies bachiques.

Djarwal ben Aus avait été surnommé le Nabot, el- HoTAî**; il fut un des maîtres de la satire. Troubadour

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H LITTÉRATDRB ABABB

errant de tribu en tribu, se rattachant tantôt aux Benî- 'Abs, tantôt à d'autres tribus, il gagnait sa vie au moyen des présents que lui faisaient les grands et les riches, en récompense de ses louanges ou par crainte de ses attaques mordantes. Son talent dans ce genre, en soule- vant les colères autour de lui, le firent considérer comme un homme dangereux que, dans un intérêt de sécurité publique et de paix générale, le khalife 'Omar fut obligé de mettre en prison. D'autres, comme Aboo-Dhodaïh, de la tribu des Hodhéïlîtes, s'étaient engagés dans l'armée conquérante; il accompagna 'Abdallah ben Sa'd dans le nord de l'Afrique, fut député par ce général au khalife 'Othman pour lui annoncer la prise de Carthage. Il avait eu le malheur de se voir enlever par la peste, en Égjrpte, ses cinq fils, et il consacra une élégie à ce triste souvenir. Avec Abou'l-Asouad Dodali nous abandonnons le désert, car il était habitant des villes; c'était un notable de Bas- sora, qui est connu par le rôle politique qu'il joua auprès du khalife 'Ali, dont il était le partisan ; il figura à ses côtés pendant cette longue bataille de ÇilBn qui fut le prélude des malheurs des Alides. C'est à lui qu'on attribue l'invention de la grammaire arabe, et cela lui a valu quelque renommée qui a rejailli sur ses vers, d'ail- leurs assez médiocres. Les critiques considèrent comme supposées les poésies attribuées à Abou-Tàlib, oncle de Mahomet, et avec encore plus de certitude celles qui ont été mises sous le nom du khalife 'Ali, et dont les ten- dances chiites ont promptement démontré qu'elles avaient été composées, on ne sait à quelle époque, pour les besoins de la cause des Alides.

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CHAPITRE IV

LA DYNASTIE DES OHéïïADBS

La révolte de Mo'âwiya, son succès et la disparition définitive du khalifat de Médine, en transportant au dehors des déserts de l'Arabie, sur un théâtre qui héri- tait d'une vieille civilisation gréco-syrienne, à Damas, la capitale du nouvel empire, enlevait la prédominance aux tribus nomades pour la donner aux citadins. Pour ce qui est de la littérature, on voit les poètes de cette seconde Ûoraison sacri&er encore, par une imitation maladroite, sur l'autel de la vieille ode des Bédouins, la qaçlda ; mais en même temps les poésies de circonstance, que tous les incidents imprévus de la vie politique du nouvel empire provoquaient, nous fournissent une ample mois- son. 'Omar bbn Abi-Rébi'a appartenait à la tribu de Qoréïch, celle d'où était sorti Mahomet, mais qui n'avait encore produit aucun poète. Son père était un négociant que le Prophète avait envoyé gouverner une province du sud de la péninsule, fonctions qu'il conserva jusqu'à la mort d"Omar et peut-être même sous le kha- life'Othman; puis il revint dans son pays natal. C'est que grandit le jeune poète; il ne quitta pas cette

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LITTSnATURB ARABE

ville jusqu'à sa mort, sauf quand il fut mené prisonnier a Damas, et ne prît pas part aux guerres que les musul- mans poursuivaient sur les frontières de leur empire agrandi. Riche et oisif, il eut l'occasion de célébrer les louanges de nombreuses dames, parmi lesquelles deux princesses de la famille régnante ; ses aventures amou- reuses le mirent en mauvaise vue auprès du khalife de Damas, 'Omar II, qui le fit enchaîner et conduire auprès de lui, en compagnie de son ami El-Ahvtraç ; celui-ci fut exilé à l'île de Dahlak dans la mer Rouge, et 'Omar bea Abi-Rébi'a dut jurer de renoncer à son art, serment qu'il lui fut probablement facile de tenir, car il était alors septuagénaire; il ne tarda pas d'ailleurs à mourir, vers l'an 719, peut-être dans un naufrage, quoique ce ne soit pas bien sûr. Ses poésies, mises en musique et popularisées par les chanteurs, parcoururent tout le monde arabe.

A côté de lui 'Abdallah bbn Qais eb-Rooqattat se fit remarquer par la part qu'il prit aux prétentions d" Ab- dallah ben Zobéïr au khalifat; il accompagna le frère de celui-ci, Moç'ab, en Irak, dont il venait d'être nommé gouverneur, était avec lui à la malheureuse bataille oii tomba Moç'ab (690), se tint caché pendant un an et retourna à Médine. Le khalife 'Abd-el-Mélik lui par- donna, mais ne lui rendit pas la pension dont il jouissait. Médine compte encore comme poètes, à cette époque, Qaïs ben Dharih, frère de lait de Hoséïn, le malheureux tils d"Ali, martyr de Kerbéla, qui aimait une Lobna, et qui la rendit par ses chants tellement célèbre qu'on lui attribua plus tard toutes les poésies figurait le nom de Lobna; on fit de même pour le fameux Medjnoun, le fou des Beni-'Amir, qui s'appelait en réalité Qaïs ben Molawwah, devenu fou d'amour pour la belle Léïla, et

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dont les aventures servirent de thèmes sur lesquels les poètes persans brodèrent le canevas de leurs poésies mystiques. Djémil ben 'Abdallah aimait Botaîna, comme Kothayyir aimait 'Azza la Bédouine ; celui-ci appartenait à la secte chiîte des Kéîsanîa, ce qui ne l'empêcha pas d'être bien reçu à Damas par 'Abd-el-Mélik. La même ville contenait alors dans ses murs un chanteur d'origine persane, nommé Jonas (Yoânous) et désigné sous le surnom de secrétaire (Kàtib) , qui avait appris la musique de Soraïdj ben Mohriz et d'El-Gharid. Le kha- life Wélid, fils de Yézid, le fit venir en Syrie lorsqu'il monta sur le trône en 742. Ce chanteur était aussi auteur, et il écrivit un Livre des chansons qui fut le premier modèle du fameux Kitdb el-aghdni d'Abou'I- Faradj el-Içfahâni.

Les Oméyyades trouvèrent dans El-Akhtal le chantre de leurs exploita. C'était un chrétien de la tribu de Tagh- lib, originaire du Ncdjd, mais établie alors en Mésopo- tamie ; son nom était Ghiyâtb. Akhtal veut dire qui a les oreilles flasques et pendantes ; était-il affligé d'un défaut de ce genre? Si oui, ses adversaires n'auraient pas manqué de s'en moquer; or ils ne l'ont pas fait. D'autres disent qu'il faut prendre ce mot dans le sens de « bavard », qu'il a également.

Encore tout jeune, il s'attaqua à la réputation de Ka'b ben Djoaïl, qui était de la même tribu que lui et le poète attitré de la nation : ils se firent une guerre d'épi- grammes. 11 perdit de bonne heure sa mère Léïla, et eut à souffrir les persécutions d'une marâtre qui l'employait à des soins pénibles et l'envoyait garder les chèvres; il se vengea d'elle en lui enlevant par ruse une outre pleine de tait et des fruits secs. La religion que profes- sait El-Akbtal était plutôt d'apparat purement extérieur;

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U LITTÂRÀTORE ARÂBB

il portait uae croix sur la poitrine, et il conserva ce signe jusque dans le palais des Oméyyades à Damas, quand la faveur de ces princes l'y appela. Il se soumettait parfois à des pénitences assez dures, comme celle que lui infligea le prêtre de sa tribu, qui le prit par la barbe et le rossa. Le kbalife 'Abd-el-Mélik, bien que peu religieux, essaya de le convertir à l'islamisme : « J'accepte si l'on m'ac- corde l'usage du vin et la dispense du jeune du Rama- dan », dit le poète : et il composa ces vers : « Jamais je n'irai crier comme un âne : Allons! a la prière! mais je continuerai à boire la bienfaisante liqueur et me proster- nerai au lever de l'aurore, u Ce dernier vers est intéres- sant, parce qu'il montre que la vieille coutume des chré- tiens primitifs, de s'assembler en se tournant vers le soleil levant, s'était encore conservée, au viii* siècle, chez les Arabes de la tribu de ïaghlib.

Ka'b ben Djoaïl ne lui tint pas rancune de ses épi- grammes, car ce fut lui qui le recommanda à Yézid, fils de Mo'âwiya; celui-ci cherchait quelqu'un pour composer des diatribes, qui, répandues dans le désert et propagées par les chanteurs à travers les villes de la péninsule, pus- sent servir le but politique des Oméyyades et détourner l'affection publique du parti des Ançàrs, ces Médînois qui avaient été les premiers défenseurs du Prophète. La protection de Yézid le sauva des rancunes que soulevèrent ses injures violentes.

Un sujet souvent traité à la cour des Oméyyades, ce fut la suprématie respective des trois poètes, Akhtal, Férazdaq et Djérir. Les princes s'amusaient it provoquer des appréciations chez leurs courtisans, et ceux-ci, qui craignaient la vengeance des deux poètes exclus s'ils donnaient la palme au troisième, se tiraient de la diffi- culté par des définitions générales : « Djérir puise dans

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DDe mer, disait l'un ; Férazdaq taille daos un roc ; quant à Akhtal, il excelle dans l'éloge et la poésie héroïque, n Plus tard, sous les Abbassides, quand les passions furent éteintes, les grammairiens finirent par préférer Akhtal, parce que sa poésie était plus correcte et plus soignée, et qu'il a su composer le plus grand nombre de pièces d'une certaine étendue, irréprochables d'un bout à l'autre, pour le fond et pour la forme. Les qualités qu'on admirait en lui étaient donc la longueur du souffle et la pureté de l'expression : on ne nous dit rien de la hauteur de l'inspiration. Mais un vers célèbre entre tous, et qu'Haroun er-Rachid aimait a se remémorer, nous prouve l'élévation des sentiments moraux exprimés par le poète ; c'est celui de l'ode adressée au khalife 'Abd-el-Mélik, oii il parle des Oméyyades : « Terribles dans leur colère, tant qu'on leur résiste, ils sont les plus cléments des hommes après la victoire. »

Pendant que la renommée d'Akhtal se répandait en Mésopotamie et en Syrie, celle des deux autres poètes Djérir etFérazdaq croissait dans l'Irak.

Férazoaq était un musulman pieux et convaincu, plein de dévotion pour la famille du Prophète, et avec cela libertin, cynique, se faisant un jeu d'attaquer l'honneur des femmes, abusant de la terreur qu'inspirait sa muse ordurière, et néanmoins très poltron, plus timide qu'un moineau, vindicatif et haineux : tel était le triste carac- tère de ce grand poète. Il s'appelait Hammam et appar- tenait à la tribu de Témim; il naquit à Bassora vers 641. Le khalife 'AU lui conseilla d'apprendre le Koran plutôt que de s'occuper de poésies; le jeune homme se serait mis des chaînes aux pieds Jusqu'à ce qu'il ait su par cœur le texte sacré. Mais la mort de son père ranima bientôt ses sentiments poétiques. La haine des Beni-Nahchal lecon-

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BO LITTBtIATUtlB ARABE

traignît à s'expatrier, il se reodit à Koufa et à Médine, il fut bien traité par Sa'ïd ben el-'Aç. L'imprudence qu'il commît de se vanter, dans une pièce de vers, d'avoir franchi l'enceinte d'un harem au moyen d'une échelle de corde, souleva les colères des bons pharisiens de Médine ; il fut exilé par Merwàn et se serait établi à la Mecque si la mort de son ennemi Ziyad, gouverneur de l'Irak, ne lui avait permis de rentrer dans sa tribu. Ses aventures avec sa cousine Newûr qu'il épousa, qui voulut divorcer sans pouvoir trouver de témoin à produire devant le juge, parce qu'on craignait les satires du poète, qui se réfugia auprès d"Abdallah ben Zobéïr, le prétendant de Médine, et qui enfin obtint le consentement de son mari à la séparation, ont fait l'objet de poésies, non moins que ses luttes avec son adversaire Djérir.

Il mourut d'une maladie de peau, gagnée pendant un voyage dans le désert, vers l'an 72S. Il était partisan déterminé des droits des Alides, et la pièce de vers par laquelle il célébrait Zéïn el-'Abidin, petit-fils d"Ali, lui valut d'être mis en prison; il avait alors soixante-dix ans. Mais son domaine propre est celui de la satire, et il faut convenir qu'il n'y connut aucune borne, pas plus celle de la décence que celle de l'honnêteté, sans compter qu'il pratiquait couramment et largement un défaut qu'on a reproché souvent aux Arabes, celui de piller sans ver- gogne les vers de leurs voisina; il était plagiaire, obli- geait ses concurrents à lui céder la propriété de vers qui lui plaisaient et qu'il mettait sous son nom.

KoTiiAYYiR, dans le Hedjaz, était célèbre par ses excentricités; c'était un partisan des Alides, qui profes- sait les opinions religieuses les plus extravagantes; ses prétentions ridicules l'avaient fait surnommer l'Anté- christ. Avec cela de petite taille, ce qui prétait à la

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LA DYNASTIE DBS OMÉYYADBB 51

moquerie. On disait c'est même un mot d'Akhtal que transplanté du Hedjaz en Syrie, i! s'y trouvait affamé et engourdi par le froid relatif de ce dernier pays. Mais Djérir, du Yémama, dans le sud du Nedjd, avait les faveurs de la foule. Djbrir était aussi de la tribu de Témim. Il vécut dans l'Irak, et eut l'occasion d'adresser ses louanges au terrible gouverneur qui par sa sévérité faisait trembler tout le monde, Ël-Had]djâdj. Mais la faveur des princes oméyyades ne s'étendit pas jusqu'à lui; 'Abdel-Mélik était prévenu contre lui par Akhtal; il lui fallut attendre qu"Omar II montât sur le trône pour se voir préférer à ses concurrents. Puissant lutteur, sa TÎe se passa aux joutes poétiques; le plus célèbre de ces combats est celui qu'il soutint contre Férazdaq, appuyé par Akhtal. 'Obaïd, qu'on appelait le a berger des cha- meaux », parce qu'il avait décrit eu beaux vers ces ani- maux, compagnons inséparables du nomade, avait pris le parti de Férazdaq; Djérîr ne put le lui pardonner et il le poursuivit de ses sarcasmes jusqu'à ce qu'il le chassât de Bassora et soulevât contre lui la colère de sa propre tribu. Djérir mourut en 728, la même année que Pérazdaq; il avait rejoint son pays natal, le Yémama, vers la fin de sa vie.

A la même époque Ghaïlan ben 'Oqba, surnommé Dhod'r-Rohha, continuait la tradition des poètes du désert, mais d'une manière moins vivante : Férazdaq lui reprocha de trop se complaire, comme les anciens auteurs, à la description des campements abandonnés, de l'oiseau qatd et des chameaux; il avouait d'ailleurs lui- même que ses comparaisons pouvaient s'étendreà l'infini. Néanmoins ses poésies firent longtemps l'admiration des philologues, peut-être surtout à cause des mots rares qu'elles contenaient.

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SI LITTÉRATDRE ABABB

A côté de ces poètes qui coatinuaieiit la tradition clas- sique des longs récits rythmés, nous voyons le plus simple des mètres prosodiques, le radjaz, prendre tout à coup une importance considérable et se hausser à la hauteur de ses frères dans l'admiration des foules. Méprisé pendant le paganisme, considéré comme une sorte de prose cadencée bonne tout au plus pour l'im- provisation, le radjaz, assoupli el transformé déjà par EUAghlab ben 'Omar ben 'Obaïda, tombé en vaillant guerrier a la bataille de Néhawend (641), prend son déve- loppement avec Abou-Nedjm el-Fadl ben Qodùma el- 'Idjli, l'ami du khalife Hicham, El-'Adjdjâdj et son fils Rou'ba.

Les élégies funèbres d'une femme, Léila bl-Akhy alita, sont célèbres, surtout celles qu'elle consacra à Tauba ben el-IIomayyir, qui l'aimait et eut la douleur de la voir mariée par son père à un étranger, un vilain jaloux qui la battait. On raconte qu'une nuit, lassée de se voir vic- time, elle appela un hôte inconnu qui était descendu au coucher du soleil dans la tribu; que celui-ci vint dans l'obscurité, sans être reconnu, appliqua trois ou quatre coups de gourdin sur les épaules du mari, et que ta poé- tesse l'empêcha d'intervenir davantage dans cette que- relle de ménage. Il partit sans être reconnu et on ne le revit plus. Elle sauva son ami de bien des embûches que lui tendirent les jaloux : il lui fut fidèle jusqu'à sa mort, qui survint dans une lutte entre tribus (704). La célébrité que lui valurent ces poésies touchantes l'encouragea a continuer de composer; elle visita la cour des princes, elle alla voir le khalife 'Abdcl-Mélik et le gouverneur de l'Irak, El-Hadjdjâdj, auquel elle adressa des compliments généreusement récompensés. C'est en se rendant auprès de son cousin Qotaïba ben Moslim, le général musulman

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qui gouveroait la province du Khoraaan, qu'elle mourut pendant le voyage (707). D'entre les poétesses, El-Khansâ seule peut lui être considérée comme supérieure. Elle était de haute taille avec de grands yeux noirs. Elle fit une guerre d'épîgrammes ii Nâbigha el-Dja'di, qui le lui rendit bien, au sujet des attaques d'un certain Sawâr ben Aufa, qu'on appelait Ibn el-Hayâ, du nom de sa mère, et qui avait médit en beaux vers de la tribu d'Azd ; Nâbigha lai avait répondu, et tout cela se passait à Ispahan. Les vers circulèrent dans le désert et les tribus attaquées parlèrent de se plaindre au gouverneur de Médine ou même au khalife.

Parmi les poètes du désert qui étaient chrétiens il faut conapter 'Abdallah ben el-Moukbâriq, qu'on appelait le Nâbigha des Béni-Chaïbâu, qui jurait par l'Évangile, par les moines et par les serments habituels aux chrétiens. Il quittait volontiers les steppes syriennes pour venir à Damas réciter aux khalifes ses panégyriques largement rétribués; 'Abdel-Mélik ben Merwàn et Wélid furent ses protecteurs; Hicham, au contraire, ne pouvait pas le sentir et le tint éloigné. On chanta longtemps le poème qui débute ainsi : « Mes yeux ont versé des larmes à la vue des traces laissées à Hafîr qui s'effacent dans la solitude tristes comme les versets des Psaumes. » 'Omaïr ben Choyaïm, de la tribu de Taghiib, neveu d'El- Akhtal, était aussi chrétien, mais il devint musulman plus tard. On l'appelait El-Qotàmi, l'Ëpervier, à cause d'une comparaison qu'il avait rendue célèbre, et aussi Çarî'-al- Ghawuni, la Victime des belles, expression dont il est l'inventeur et que plus tard Moslim rendit fameuse. li mourut en 728.

A c6té de ces poètes il faut mettre encore A'cha Hahdan, lecteur du Koran et jurisconsulte de Koufa, qui

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U LITTERÂTORB ÂR&BE

délaissa les études du droit pour dire des vers, alla com- battre les païens du Déïlem dans les montagnes au sud- ouest de la Caspienne, tomba entre leurs mains comme prisonnier de guerre, fut délivré par l'amour d'une jeune Déïlémite, prit parti pour le rebelle 'Abder-Rahman ben el-Ach'ath, qui avait osé proclamer la déchéance d"Abdel- Mélik et qu'on disait être le Qahtanide dont les musul- mans attendaient la venue, signe précurseur du juge- ment dernier, mais qui fut vaincu par El-Hadjdjâdj (702); le poète suivit le triste sort de son maître ; confondu dans la foule des prisonniers, il fut mis à mort par le redoutable gouverneur de l'Irak qui ne pouvait lui pardonner les vers il l'avait imprudemment attaqué. Abmed en- Naçibi, avec lequel il avait contracté des liens de confra- ternité, à la façon des Arabes du désert, était un musi- cien qui chantait les vers de son ami.

El-Hadjdjàdj avait une sœur, Zéïneb, qui fut aimée de Nomaïri, poète erotique de Taïf ; mais le gouverneur jugea que les louanges du littérateur compromettaient sa famille; le poète dut s'enfuir auprès du khalife de Damas. Zéïneb, qui avait été envoyée dans cette ville lors de la révolte d'EI-Acli'ath, y mourut d'un accident, étant tombée de sa mule. Nomaïri se consola en chantant des élégies sur sa tombe.

La conquête musulmane avait donné un vaste empire à la langue arabe, et déjà des essais littéraires se pro- duisent dans lesquels se font connaître des hommes pour qui l'arabe n'était pas la langue de leur race. Il est impossible de ne pas reconnaître un Persan d'origine, quand ce ne seraitqii'à raison de son surnom d'El-A'djam, dans ZiYAD bbn SoLi'iiuAK, qui se rattachait comme client à une tribu arabe (par client il faut entendre esclave affranchi ou individu ayant recherché volontairement un

LA DYNASTIE DES OUETYADES

patronage qui le relevait de la condition singulièrement abaissée, à cette époque, de vaincu, même devenu musul- man de religion], qui habitait à Persépolis, était, suivant quelques personnes, à Ispahan et mourut dans le Khorasan en 689. Son éloge funèbre de Mohalleb ben Abi-Sofra emporta tous les suffrages ; « Dis aux cara- vanes que la bravoure et la générosité ont été enterrées â Merv de la façon la plus claire, u Son talent poétique surmontait une difficulté d'élocution qui le gênait, et on lui reprochait une prononciation patoise; il n'articulait pas la lettre 'Ain, ce pbonème caractéristique de la langue arabe, qui est le grognement du chameau qu'on charge, et prononçait mal le cad ou s emphatique j il ignorait l'A du gosier.

Voici un autre Persan devenu poète arabe, Isma'ïl ben Yasàr, client d'une tribu arabe et partisan des Zobéïrides. Ayant accompagné 'Orwa, fils de Zobéïr, dans son voyage auprès du khalife Wélid, il composa une élégie sur le fils de son protecteur tombé d'un toit au milieu d'un troupeau de chevaux qui le déchirèrent de leurs ruades. Plus tard il rendit encore visite à Wélid, quand celut-cî était à la Roçàfa de Syrie, construite par Hicham à l'oc- cident de Raqqa. C'est que du temps de ce prince, au lieu de chanter ses louanges, il se mit ii célébrer les Persans. Le khalife entra dans une violente colère et le fit jeter dans une pièce d'eau, d'où on le retira à moitié asphyxié pour l'exiler dans le Hedjaz. 11 avait deux frères, Mohammed et Ibrahim, tous deux poètes également, et qui sortaient des esclaves enlevés dans la province du Fars. Isma'ïl est le premier exemple de ces Cho'oâbiyya, fanatiques de leur race, qui, malgré leur éducation arabe, prononçaient hautement qu'ils étaient d'une autre origine que leurs grossiers vainqueurs.

SS LITTERATURE ARABE

Entre autres poètes étrangers à la race arabe, que l'ascendant de la conquête et de la poésie du désert avait convertis à la langue du Koran, il ne faut pas omettre Abou-Alà Aflah ben Yasâr. Son père était un Indien des bords du Sind; les hasards de l'existence firent naître l'enfant à Koufa, mais il parla toujours mal l'arabe, observation déjà faite à propos des Persans qui avaient adopté la langue triomphante. Panégyriste des Oméyyades, il eut à diriger contre les Abbassides les traits de ses satires; il vécut assez pour voir ceux-ci, vainqueurs, grâce à l'appui des Chiites de Perse, fonder Bagdad sur les bords du Tigre, car il ne mourut que sous le khalifat de Mançour, en 774. Sa prononciation était tellement défectueuse qu'il fut obligé de faire réciter les poésies qu'il composait par un esclave barbarin qu'il possédait et qui était doué d'un bel organe. Les panégy- riques qu'il adressa à Mançour ne plurent pas au khalife, qui ne pouvait oublier qu'il avait pleuré en vers la mort de Naçr ben Sayyàr, l'adversaire d'Abou-Moslim. Aussi, rejeté par l'Abbasside, le poète se vengea par ses satires; il se moqua de l'arrêté qui prescrivait au peuple de porter des vêtements noirs, couleur des Abbassides,

Le khalife Wélid était poète, compositeur de musique et chanteur. Avec sa nature d'artiste, il se livra de bonne heure aux plus grands excès; il buvait du vin pendant son pèlerinage à la Mecque. Abandonné par l'affection du peuple, il fut tué par les Yéménites en 742, un an après la mort de son oncle Hicham. Comme auteur de chansons bachiques, il avait pris pour modèle 'Adi-ben- Zéïd et il eut pour successeur, dans ce genre, le grand poète Abou-Nowâs. Bel esprit et pourvu de toutes les qualités extérieures, maïs débauché et ébonté, ce kbalife devait déplaire aux musulmans; aussi l'accusa-t-on de

DBS OHBTTÂDES

pactiser avec la religion des Persans et d'y croire en secret. II a composé de nombreux airs ; il savait jouer du luth, marquer le rythme sur les timbales, marcher cq cadence au son du tambour de basque; il s'en cachait, il est vrai, et interdisait à ses compagnons d'en parler. A la Mecque il n'eut rien de plus pressé que de mander le meilleur chanteur de la localité, un certain Yahya, qu'on appelait l'Éléphant (Fil), et de prendre leçon de lui. Yahya, enthousiasmé, demanda au khalife d'être compris dans sa suite, pour pouvoir profiter des leçons d'un artiste renommé qu'il reconnaissait comme maître.

El-Koméit connaissait les divers dialectes de l'Arabie, il savait l'histoire de ses guerres; partisan fanatique des tribus de la race de Modar, il célébra leurs exploits en raillant les tribus du sud. Il s'était attaché à la famille de Hàchem, aux descendants du Prophète, et ses plus beaux panégyriques lui sont adressés. Son amitié avec le poète Tirimmâh est restée proverbiale, et ce phénomène était d'autant plus curieux qu'ils étaient d'opinions dia- métralement opposées, Koméït étant chlïte et tenant pour les gens de Koufa, tandis que Tirimmâh était kha- rédjîte et tenait pour ceux de Damas, ville dont il était originaire. On leur demanda : « Étant différents en tout, comment pouvez-vous vous entendre ? Nous avons de commun la haine du vulgaire, » répondit Koméït. Odi profanum vulgus et arceo : tout poète est un aristocrate. Ses attaques contre la dynastie régnante lui valurent d'être arrêté et emprisonné par l'ordre d'HicIiam, qui voulait lui faire couper la langue et la main; il fut sauvé par le dévouement de sa femme, qui lui prêta ses vête- ments pour s'enfuir de la geôle. Masiama, fils du khalife, obtint ensuite son pardon en l'honneur de l'éloge funèbre que le poète avait fait de Mo'àwîya, son grand-père.

U LITTERATURE ARABE

éloge que l'on dît avoir été réellement improvisé. Il mourutde mort violente en 743; il fut tué par les troupes de Khâlîd lors d'un soulèvement.

C'est à cette époque que florissait un homme remar- quable, Hamhad ben-Sabour, surnommé Er-Rawiya ou le Citateur, parce que sa mémoire extraordinaire avait con- servé des milliers de vers arabes anciens et des poèmes entiers. C'est a lui que l'on doit la cooservalion d'une grande partie des poèmes antéislamiques; c'est à lui qu'on est redevable de la réunion en un livre des sept Mo'allaqas. C'était un Iranien; son père Sabour (Sapor), fait prisonnier dans les guerres, appartenait à cette redoutable race des Déîlémites qui, bravant les Arabes, se maintenait indépendante dans les montagnes inacces- sibles du Guilan et qui plus tard, sous le nom de Bouïdes, devait s'emparer de Bagdad et réduire le khalifat à une souveraineté purement spirituelle. C'est également à Koufa que naquit ce commentateur, cet érudit des pre- miers temps, qui trahissait son origine étrangère par ses fautes de langage. La faveur que lui avait réservée Yézid lui avait attiré le mécontentement de Hicham; à l'avène- ment de celui-ci, il dut se tenir caché un an dans sa maison, n'en sortant que secrètement pour voir des amis auxquels il pouvait se fier; mais le nouveau khalife ne tarda pas à l'appeler à Damas. On donne comme la date de sa mort 771 ou 774. Son érudition s'étendait à l'histoire légendaire des Arabes antéislamiques, à leurs poésies, à leurs généalogies, à leurs dialectes. Il savait distinguer le style ancien du style moderne; il se vantait de pouvoir réciter cent odes longues, du temps du paganisme, rimant sur chaque lettre de l'alphabet. C'était une ency- clopédie vivante. Il avait commencé par être un mauvais sujet et un voleur; des vers qu'il trouva sur un homme

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I^ DYNASTIE DBS OMETTADES

qu'il dépouilla au milieu de la nuit éveillèrent sa vocation. I) composa lui-même des poésies; EI-Mofaddal ed-Dabb{ l'accusait de mêler ses imitations aux vers des ancieus poètes, de façon à ce qu'on ne pouvait plus les distinguer, et l'on prétend même que, pressé par le khalife El-Mehdi, Hammâd aurait avoué ses supercheries.

C'est sous le règne des Oméyyades que l'on voit poindre l'histoire. L'on dit que Ziyàd, frère de Mo'àwiya et son lieutenant, avait écrit un livre sur les prétentions des familles arabes, destiné à servir d'arme entre les mains de ses descendants contre ceux qui attaqueraient sa propre origine (il était fils d'Abou-Sofyân, père de Mo'àwiya, et d'une esclave), mais ce n'est pas sûr, bien que l'attribution ait pour elle l'autorité du Fihrist. 'Abîd ben-Chariya était un Arabe du sud ; appelé de Sanaa à Damas par Mo'àwiya, il lui racontait les histoires des rois du Yémen et les légendes bibliques, ainsi que Wahb ben Monabbib, juif d'origine, converti à l'islamisme, ou peut être sabien.ou chrétien de saint Jean-Baptiste. Son surnom d'Abnâwi indiquait qu'il descendait de cette colonie perse laissée dans l'Arabie du Sud par les troupes envoyées par Chosroès I" AnouchirwâQ contre les Abyssins. \\ a joué un grand r61e dans l'élaboration de la jurisprudence et de la théologie musulmane, qui, après le Koran, reposent sur les kadith ou traditions du Prophète; Wahb est un des plus anciens et des plus populaires traditionnistes. à Dhimàr, près de Sanaa, il mourut nonagénaire en 728. Abou Mikfanaf Loùt ben Yahya écrivit trente -trois traités sur des personnes et des événements différents; ils sont consacrés surtout à l'histoire de la conquête de l'Irak, pour laquelle il fut, dans les premiers temps, l'auteur incontesté; il mourut en 774.

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littbbathiib arabe

Mohammed ben Moslim ez-Zohri, qu'on appelait Iba- Chihùb, du nom d'un de ses ancêtres, est un de ces savants qui se plongèrent dans l'étude des traditions du Prophète. Il était de Médine, mais n'appartenait pas à ce parti irréconciliable qui considérait comme des usurpateurs les Oméyyades établis à Damas. 11 se rendit en Syrie, fut choisi par le khalife Hicham comme précepteur de ses enfants et entra dans la magistrature sous Yézid II. Ses attaches avec la dynastie des Oméyyades peuvent faire suspecter les tendances dans lesquelles il dirigea sans doute inconsciemment ses études théologiques. Le kha- life 'Omar II recommanda par lettre aux diverses pro- vinces de l'empire de prendre l'avis d'Ez-Zohrî sur les ditBcultés juridiques qui se présenteraient, «car on ne trouvera personne , dit-il, connaissant mieux les usages des temps passés n. Quand il restait à la maison, il se plongeait tellement dans la lecture des livres qui l'en- touraient que le monde n'existait plus pour lui, à tel point que sa femme s'écria un jour : « Ces livres m'ennuient plus que les trois autres femmes que la loi lui permet d'avoir, bien qu'il n'en ait qu'une! » 11 mourut à soixante- treize ans en 742, dans sa ferme d'Adama, en Arabie, entre le Hedjaz et la Syrie.

La conquête de la Syrie et le choix de Damas comme capitale du khalifat avaient mis les musulmans en relations intimes avec les chrétiens. Saint Jean Damascène, dont le père était reçu à la cour d"Abdel-Mélik, écrivit une défense de la religion chrétienne contre les dogmatistes musulmans. En Irak c'était le grand théologien Hasan Baçri, mort en 728, qui régnait sans conteste sur l'ensei- gnement de la doctrine ; il parlait l'arabe avec une pureté et une élégance qui sont restées célèbres; il était aussi très beau de visage, mais un accident le fit tomber

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U DYNASTIE DBS OHETYADSS 61

de sa monture, lui écrasa le nez et le défigura. Son père habitait la Méeène et fut fait prisonnier et esclave lors de la conquête de cette province par Khàlid en 633. Son élève Wâçtl ben 'Ata se sépara de lui et fonda l'école des Mo'tazélites, sorte de rationalistes. Il grasseyait, et comme il ne put jamais surmonter ce défaut, il s'astrei- gnait en parlant à éviter l'emploi de mots oii figurait la lettre r;U avait un long cou, et l'on se moquait un peu de lui à ce propos; il mourut en 748. Mais les ouvrages théologiques de ces époques lointaines ne nous sont pas parvenus. On commença à s'occuper de rassembler des proverbes arabes; le prince Khàlid, fils de Yézid, s'occu- pait d'alchimie, science que lui avait enseignée un cer- tain moine Marianus; il écrivît trois traités, dont le pre- mier traite de son professeur et de l'enseignement qu'il lui donna.

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CHAPITRE V

LES ABBASSIDES

La bataille du grand Zâb fut uoe revanche de la Perse contre i'Arabie victorieuse, revanche bien incomplète, car un peu plus d'un siècle s'était écoulé, et la Perse avait reçu de ses vainqueurs deux empreintes indélé- biles : la religion et la langue. L'Avesta, code religieux de la dynastie des Sassanides, renouvellement du vieux culte d'Ahoura-Mazda, avait disparu et n'était plus con- servé que dans un petit nombre de pyrées que laissait subsister la tolérance du vainqueur; la langue persane n'était plus qu'une langue parlée, elle avait perdu tout caractère d'une langue littéraire; les Persans n'écrivaient plus qu'en arabe, et l'impression de la langue sémitique fut si forte qu'elle s'est maintenue jusqu'à nos jours. Mais la Perse possédait une autre force, intangible celle- là, c'est son esprit aryen, l'esprit imaginatif, créateur et puissant de la grande famîUe indo-européenne, l'es- prit artiste, philosophique et penseur qui, à partir de ce moment, influe puissamment sur la littérature arabe, va lui permettre de se développer sur toute la surface de

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LBS ADBASaiDBS 63

l'empire des khalifes, et de produire cette masse éaorme d'ouvrages dont une grande partie a certes disparu dans les destructions de la conquête mongole, mais dont on a conservé les principaux monuments, et dont l'influence sur l'Europe au moyen âge a été beaucoup plus considé- rable qu'on ne l'imagine.

En créant Bagdad sur la rive droite du Tigre, les Abbassides semblaient chercher dans ce site un com- promis entre les Arabes, créateurs de l'empire des kha- lifes, et les Persans, auteurs de larévolution qui amenait les fils d'Abbas sur le trône. A droite du Tîgre, c'est la Mésopotamie, sémitique de temps immémorial, et par- courue, depuis la chute des anciens empires, par des Arabes nomades. A gauche, c'est déjà le territoire iranien. Le nom de la ville lui-même est persan et signifie donné par Dieu. Aujourd'hui que la Bagdad des khalifes est entièrement ruinée et qu'il n'en reste qu'un petit nombre de monuments, la Bagdad moderne, située, comme on «ait, sur la rive gauche du Tigre, renferme encore un nombre considérable de Persans.

Au VIII* siècle, l'influence persane, dès le début, se fait si vivement sentir au point de vue politique que Man- çour n'hésite pas à se défaire du général Abou-Moslim, qui avait renversé la dynastie oméyyade , par l'as- sassinat, comme le fera plus tard Haroun er-Rachid à l'égard de la famille persane des Barmékides, qui lui avait donné de trop puissants ministres. Dans la littéra- ture cette influence est immense; elle pénètre tout, la poésie, la théologie, le droit; c'est que les Arabes n'écri- vent plus, et que tout, l'administration, les charges de cour, la justice, appartiennent à des non-Arabes, et que la littérature est écrite par des non-Arabes. A partir de ce moment, l'arabe est la langue, l'unique langue de

M LITTKRATOIIE ARABE

l'immeose empire des khalifes ; mais elle est parlée et écrite par des gens qui ne sont pas d'origine arabe, mais seulemeot de culture : tous, Persans, Syriens, Berbères du Maghreb, sont foodus, amalgamés dans ce puissant creuset. De ce mélange, les plus intellectuels s'affran- chiront plus tard; la langue persane, qui ne dépouillera plus jamais le manteau dont l'a couverte la domination des Sémites, redeviendra langue littéraire et aura la gloire de susciter autour d'elle d'autres littératures, ses filles, telles que la turque-ottomane et l'hindoustanie; mais en Occident l'arabe ne sera chassé d'Espagne qu'en même temps que les Maures, et le Maghreb conservera à tout jamais la langue de ses vainqueurs, devenue son idiome national.

La poésie change de caractère. La longue qacida du désert, donnée comme modèle aux élèves par les théori- ciens, ne fournit plus d'oeuvres originales; elle est vouée à l'imitation servile, donc à la platitude; mais une poésie toute nouvelle naît sur les bords du Tigre, l'éclat de la splendeur de l'empire attire les esprits d'élite.

Mouti' ben Ayas.

MouTi' BEN Atas était d'une famille de Palestine : son père avait accompagné El-Hadjdjàdj lorsque ce général alla réduire dans la Mecque même le prétendant 'Abdallah ben Zobéïr, et lorsqu'il défit cet autre prétendant, qui, sorti des lointaines contrées de l'Arachosie, faillit ren- verser le khaltfat, Ibn el-Ach'ath. Quant à lui, et élevé à Koufa, il s'était attaché d'abord au khalife Wélîd ben Yczid ; mais, après la chute des Oméyyades, il s'adressa

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LES ABBABSIDES «S

à Dja'far, fils du khalife Maoçour, qui le garda à son ser- vice oii il resta jusqu'à sa mort : ce qui d'ailleurs déplai- sait fort il soD père le khalife. Ses poésies se distinguent par l'élégaace de l'expression et la profondeur du senti- ment : sa description des deux palmiers de Holwân suffit à le rendre célèbre. D'une indifféreuce apparente en matière religieuse, il parait avoir dissimulé des croyances hérétiques. On l'accusait de n'être pas au fond un vrai musulman; il se défendait d'être Zindiq (manichéen), mais on le surprit récitant des vers suspects. On fuyait sa compagnie, qui était celle d'un débauché. Ses vers étaient fort libres; il dit un jour à une femme qu'elle n'était pas moins digne que le khalife El-Mehdi de monter dans la chaire du prédicateur, ce qui fit beaucoup rire le souverain.

Abott-Doiama.

Comme farceur et fou de cour il faut citer le nègre abyssin Abou-Dolàma Zend ben el-Djaun, qui avait fait la guerre contre les Oméyyades et était admis aux séances des khalifes Mançour et Mehdi; mauvais musul- man, mendiant effronté, mais spirituel. II était le favori de Mançour, à qui il avait sans doute rendu un grand service en le louant, dans un panégyrique, d'avoir mis à mort Abou-Moslim, car le peuple avait peine à comprendre pourquoi les Abbassîdes récompensaient d'une façon aussi ingrate le grand général qui les avait fait monter sur le trône. 11 se moqua du khalife qui avait ordonné à ses sujets de se vêtir de noir, couleur des Abbassides , et pair une saillie spirituelle il obtint, seul de tout le peuple, d'en être dispensé. Lorsque Mousa ben Daoud fit le pèRerinage de la Mecque, il promit au bouffon dix mille

LITTERATURE J

drachmes s'il voulait l'accompagoer ; celui-ci empocha i'argent et disparut dans des villages il allait boire du vin. Craignant de manquer l'époque du pèlerinage, Mousa se mit en route et rencontra l'ivrogne sur sa route; il le fit lier et jeter dans un palanquin; mais ses impudentes répliques obligèrent Mousa à se débarrasser de lui et à le laisser achever de dépenser la somme qu'il lui avait donnée. Il mourut en 778. Pour payer une somme d'argent a un médecin qui avait guéri son fils, il lui conseilla de citer devant le juge un riche juif, s'ofTrant comme faux témoin pour prouver le dire du médecin; le juge, qui savait à quoi s'en tenir sur la réalité de la réclamation, mais qui craignait la méchante langue d'Abou Dolama, préféra payer de sa poche la somme demandée. C'est ainsi qu'il se fit soigner pour rien. Un jour qu'il avait fait allusion, dans ses vers, h une pré- tendue parenté existant entre lui et le khalife, El-Mchdi, fort en colère, lui demanda remontait cette parenté : « A Adam et Eve, » répondit le bouffon ; et cette saillie fit rire le khalife. On disait de lui qu'il ferait rire le diable. El-Mehdi le miten demeure, sous peine de mort, un jour qu'il était en nombreuse compagnie, de satiriser tous les assistants; dans ce péril extrême, Abou-Dolama se sauva par son esprit; il s'attaqua lui-même, s'appela « face de singe coilTéc d'un turban », « précurseur du Jugement dernier », et autres aménités, ce qui amusa beaiicoup l'assistance. A la chasse, le khalife atteignit une gt zelle d'un coup de flèche, tandis que son compagnon 'Ali ben- Soléïmau ne réussissait qu'à frapper un des chiens ctela meute, qu'il tua ; Abou Dolama résuma l'aventure de 'aafta plaisante : « Le khalife tue une gazelle et 'Ali un cjlùtn; bravo! chacun mangera la provision qu'il s'est faHie. > Et El-Mehdi de rire au point de chanceler sur sa P^lle.

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Bachchar ben Bourd.

Bachchar BEN BouRD était un Persan de race, peut- être même desceadait-il d'une souche royale, comme il le prétendait. C'est aux environs de Bassora qu'il naquît, son père avait été amené comme esclave; son grand-père avait été fait prisonnier de guerre dans le Tokharistan, au fond du Khorasan. Il était habile dans l'art de pétrir l'argile. Il naquit aveugle. Ayant obtenu plus tard son affranchissement de la femme arabe dont il était la propriété, il vécut tantôt à Bassora, lieu de sa naissance, tantôt à Bagdad. Il connut le théologien Wâçil bea 'Ata, fondateur de l'école des Mo'tazélïtes, qui ; attribuait à ses vers la démoralisation qui régnait à , Bassora, et resta libre penseur; il s'était affranchi de la règle des cinq prières journalières; en réalité il était Zindiq, c'est-à-dire qu'il croyait en secret à la religion de l'Avesta tout en conservant les dehors de l'islamisme. Il fut toujours suspect; son panégyrique du khalife Mehdi lesauva une fois. Le khalife se borna i) lui inter- dire de parler des femmes dans ses vers, mais ayant eu l'imprudence de s'attaquer au ministre Ya'qoûb ben Daoud, celui-ci s'en vengea en lui faisant donner soixante- dix coups- de fouet, traitement dont il mourut; il avait alors quatre-vingt-dix ans (783).

Il était laid, car en outre de son infirmité congénitale, qui faisait voir deux morceaux de chair rouge à la place I Jcs yeux, i! avait le visage ravagé par la variole. Il consi- [jérail l'élément du feu comme supérieur à celui de la Uerre, et justifiait Satan, ange créé du feu, d'avoir refusé Lie se prosterner devant Adam, fait de limon, ainsi que

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LITTERATURE ARABE

le dit le Koran; il a même composé ua vers qui est clai- rement mazdécn : a La terre est obscure et le feu est brillant; depuis qu'il existe, on l'a adoré ». C'était un misanthrope qui remerciait Dieu de l'avoir privé de la vue, a pour ne pas, disait-il, voir ce que je hais ». Quand il allait réciter udo poésie, il frappait dans ses mains, toussait et crachait a droite et à gauche ; mais dès qu'il avait ouvert la bouche, il provoquait l'admiration. Il avait commencé à composer des vers avant l'âge de dix ans; il se vantait d'avoir connu Djérir et même de l'avoir satirisé, mais le grand poète du désert l'avait trouvé trop jeune : « S'il m'avait répondu, disait Bech- chàr, je serais le premier entre tous ceux de l'époque. » Ce que le grammairien A<;ma'ï goûtait le mieux dans ses vers, c'est qu'ils provenaient d'un génie naturel qui se refusait à polir longtemps le vers avant de le publier; ils étaient pour ainsi dire presque improvisés. Quand on lui demandait d'où, provenait la pureté de la langue qu'il parlait, il en faisait remonter la gloire aux vieillards et aux femmes de la tribu bédouine des 'Oqaïl, à laquelle il se rattachait comme ancien esclave affranchi. On lui reprochait cependant de cheviller à outrance et d'intro- duire dans ses vers des noms d'hommes ou de lieux qui n'avaient jamais existé; il avait donné des surnoms poétiques k plusieurs pièces de sa maison, ce qui plongeait dans une douce stupéfaction les non-initiés à qui il en racontait les beautés.

Merivan ben Abi-Hafça.

MBnWAK BEN Abi-Hafça était le fils d'un juif du Khora- san qui, emmené par Merwân ben el-Hakam, alors gou>

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LB9 ABDASSIDBB 69

verneur de Médine, dans le Yémama, en Arabie, comme collecteur de taxes, y avait épousé une Arabe de sang libre. en 721, il fut étranglé en 797 par une ven- geance particulière, provoquée par des vers ayant une couleur politique et dirigée contre les prétentions des Alides; nous avons les aveux du criminel, qui ne fut pas reconnu. C'était un imitateur de l'ancienne poésie du désert. D'après Ibn-Khallikan, il était arrière-petit-fîls d'Abou-Hafça, affranchi de Merwân, qui lui avait donné la liberté pour les services rendus lors du siège de la maison du khalife 'Othman à Médine : il lui avait sauvé la vie. On dit que c'était un médecin juif qui se convertit à l'islamisme. Le peuple de Médine croyait cependant qu'il était affranchi du fameux poète et châtelain Samaua!. On dit aussi qu'Abou-Hafça fut fait prisonnier lors de la prise de Persépolis sous 'Othman. Quant à Merwân, qui était dans le Yémama, il se rendit à Bagdad, composa des panégyriques à la louange d'EUMehdi et de Haroun er- Racbid, écrivit des satires contre les descendants d'Ali. Son morceau le plus célèbre est une qaçida rimée en l composée à la louange de Ma'an, fils de Zaïda, gouverneur du Yémen, dans lequel il chante sa générosité inépui- sable : « Quand on lui demande une faveur, Ma'an évite de prononcer le mot non, car ce mot lui semble un mot interdit. » 11 était avare, et venait au palais du khalife vêtu d'une peau de mouton et de vêtements de grosse toile de coton; par économie, il n'achetait que des têtes de mouton et ne mangeait pas d'autre viande, hiver comme été. C'est sur lui qu'on fit ce vers : « Merwân n'a pas de zèle pour la noce, il n'est jaloux que des mar- mites, n

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70 LITTERATURE ARABE

Ibn eî-Ahnaf.

A côté du rôle dangereux joué par ces poètes qui con- sacraient leurs œuvres à la politique, bien plus aimable est l'auteur des poésies amoureuses, Aboul-Fadl el- 'Abbâs Ibn bl-Ahnaf, descendant d'Arabes établis dans le Khorasan et alliés à des familles iraniennes; compagnon du khalife Haroun er-Rachid, il le suivît dans ses cam- pagnes et mourut à Bagdad (807 ou 813). La grâce et l'élégance de sa diction firent la joie des gens de goût. C'était un homme ayant de grandes manières, rien d'un débauché; il était poli, mais il ne sortit jamais du genre de la poésie amoureuse, il ne possédait pas l'art de la satire et du panégyrique. Le seul ennemi qu'on lui connût était le grand théologien mo'tazélite Ibn Hodhéil cl-'Allàf, qui lui reprochait d'avoir affirmé la prédestination dans un de SCS vers.

Abou-Nowâs.

Mais le plus célèbre de cette pléiade est sans contredit Abod-Nowas, le poète bachique et lyrique par excellence, dont les œuvres ont été étudiées par Nôldeke et Alfred von Krcmer. 11 était en pleine Susiane, à EJ-Ahwaz (vers 75G), d'une mère d'origine persane, qui était laveuse chez des foulons, mais c'est à Bassora qu'il reçut les leçons de son maître le poète Wâliba, qui le présenta aux Barmé- kides et qui eut plus tard l'occasion de le regretter, à cause de l'ingratitude de son élève; il parcourut un an le désert pour y étudier la pure langue des Bédouins. A

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LES ABBAS9IDBS

Bagdad it fut apprécié des khalifes Haroun et Ernio, malgré ses mauvaises mœurs. Devenu vieux, i! renonça à la débauche et se livra à des pratiques de piété; ses moqueries à l'adresse d'un membre de la famille des Beni-Naubakht le firent maltraiter, ce dont il mourut vers l'an 810. Abou-Nowîis embrassa les genres les plus divers de la poésie arabe : non seulement il chanta le vin comme 'Adi ben Zéïd et Wélid ben Yézid, mais encore il composa, comme ses devanciers, des élégies, des poésies amoureuses, des satires, des panégyriques, des facéties, des poèmes de chasse, îl renouvela le style des anciens et intrépides chasseurs du désert, et enfin des poèmes dévots qui marquent sa dernière transfor- mation. Sa mémoire était extraordinaire, et, détail non moins remarquable, il ne possédait aucune bibliothèque; à sa mort on ne trouva chez lui qu'une couverture de livre renfermant un cahier de notes de grammaire. Le khalife l'avait fait mettre en prison ; le poète lui écrivit en vers : k Si vous tuez Abou-Nowàs, oii en trouverez-vous un autre? n L'esclave Djénân fut la seule femme qu'il aimât réellement : elle était instruite et spirituelle; elle avait une érudition historique et poétique. Elle partit pour le pèlerinage de la Mecque, et le poète la suivit; c'est alors qu'il dit ces vers : « Ne voyez-vous pas que j'ai passé ma vie à sa poursuite, entreprise diflicilc? Nous avons faille pèlerinage en même temps; ce voyage seul a pu nous réunir. » Djénân ne l'aimait d'abord pas, mais la constance de l'amoureux fit fléchir les rigueurs de la cruelle. 11 est le premier qui employa des métaphores hardies pour décrire les diverses parties du corps de l'amante; entre autres ce vers est de lui : « Elle soufflette la rose avec des jujubes, » c'est-ii-dire la joue avec le bout des doigts. Les scènes qui représentent des buveurs

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intrépides, toujours altérés, qui ne se laissent pas dis- traire de leurs graves occupations par l'appel à la prière que lance en vain le muezzin du haut des minarets, le chant du hon vin vieilli dans l'amphore recouverte de toiles d'araignée, obtenu à prix d'or du marchand juif ou chrétien, et dont l'éclat réjouit et réchauffe l'obscurité - de la nuit, tel est le thème des plus célèbres productions d'Abou-Nowâs, que vient traverser parfois le souvenir triste des temps écoulés et des compagnons disparus, pensée lamentable que refoule bien vite un nouveau coup de la liqueur divine.

Mosîim.

Mosuu ben el-Walid, connu sous le surnom de Cari' el-Ghawânl, « la Victime des belles n, que lui avait donné Haroun er-Rachid, était client d'une famille d'Ançàrs ou auxiliaires, c'est-à-dire de ces habitants de Médine qui s'étaient fait une noblesse en soutenant le Prophète contre ses ennemis. Il était à Koufa entre 747 et 757, d'un père qui exerçait le métier de tisserand, comme Ibn-Qanbar le lui reprocha plus tard cruellement ; «■ trouverais-je un être plus infime que ton père? Je me trompe, il en est un, c'est toi. Longtemps il a tissé la trame des manteaux, aussi mal que tu tisses la trame de tes vers. » On ne sait point quels furent ses maîtres; peut-être se rattache-t-il directement aux grands poètes de l'âge héroïque, dont il étudiait les œuvres. Bohème insouciant, dépensier et sans songer au lendemain, il couchait souvent, faute de gîte, sous le ciel étoile, dans l'unique manteau qu'il possédât. Ses protecteurs, le vail- lant général Yézid ben Mazyad, Mohammed, fils du kha-

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life Mançour, le mioîslre Fadl ben Sahl le tirèrent de ce mauvais pas; le dernier même n'hésita pas à lui donner UD emploi dans la cour de justice de la province de Djor- djàn, puis lui confia les délicates foactions de directeur de la poste aux chevaux dans la même localité; seulement il lui adjoignit un intendant chargé de loucher les revenus des fermes qu'il lui avait données dans les envi- rons d'Ispahan, de prélever la somme nécessaire pour ses dépenses journalières et d'acheter de nouvelles terres avec le surplus économisé. Il était grand amateur du produit des vignes que les Mazdéens cultivaient à Tize- nâbàd, et il a chanté les délices du vin : « C'est la fiUe des mages, devenue musulmane par son union avec les convives. Nous l'avons demandée en mariage et le négo- ciateur qui nous l'amène marche d'un pas grave et solennel, n La pièce tout entière est à lire, dans la char- mante traduction qu'en a donnée M. Barbier deMeynard. Ses ennemis le raillèrent de sa passion; 'Abbâs Ibn el- Ahnaf l'appelait par dérision « la victime des sorcières n et d'autres disaient « ta victime de la coupe pleine ». Son ivresse était d'ailleurs élégante et son style classique, à la manière des anciens modèles, qu'il suivait de près tout en lançant par le monde de nouvelles métaphores. Ses poésies amoureuses sont moins sincères, et il a reconnu lui-même qu'il chantait l'objet de ses pensées parce que le bon ton l'exigeait, mais que son goût était pour de moins hautes dames. Dans la satire, îl paraît être resté inférieur à ses adversaires; sa dispute avec le poète Ibn- Qanbar fut violente, mais l'avantage de l'insulte, comme l'ont constaté Abou'l-Faradj el-Içfahâni et El-Mobarrad, resta à son adversaire. Il mourut eu 803, étant encore en fonctions, étranger à Djordjûn comme le palmier qu'il a chanté dans son dernier vers. Sur le point de mourir, il

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avait fait jeter dans la rivière le brouillon de ses poésies, à titre de pénitence pour ses compositions bachi- ques.

Abou'l-Atâhîya.

A la tribu des 'Anézés appartenait Adou'l-Atàhiya Isma'ïl ben Qàsim, en 748 dans !e Hedjaz, qui vécut à Koufa, se rendit à Bagdad alors que ses vers l'avaient déjà fait connaître, et y tomba amoureux d'une esclave de Mehdi, nommée 'Otba. Il mourut en 828. La caractéris- tique de son style est l'emploi d'expressions simples et accessibles n tous, parce que ce sont des sermons en vers sur l'instabilité des choses de ce monde; il est à cause de cela l'ancêtre de cette longue série d'ouvrages parénétiques qui fleurit surtout dans la littérature per- sane. Il évitait les expressions recherchées, de façon à £tre compris par le peuple.

On le surnommait le marchand de jarres (EI-Djarràr) parce qu'il avait d'abord exercé ce métier. On allait l'entendre réciter ses vers, et l'on écrivait, sous sa dictée, les pièces de poésie sur les fragments de poterie brisée ramassés à terre.

Il se vantait de pouvoir mettre en vers toutes ses paroles ; et quand on lui demanda s'il connaissait la proso- die, il répondit : « Je suis supérieur à toute prosodie; » et le fait est qu'il a écrit sur certains mètres de son invention qui ne rentrent pas dans les règles de la prosodie classique. 'Omar ben el-'Alù, gouverneur du Tabaristan, l'ayant libéralement récompensé pour des vers qu'il lui avait adressés, excita la jalousie des autres poètes; il les rassembla et leur tint ce petit discours :

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« Il est étrange que vous autres poètes soyez si jaloux les uns des autres. Quaod l'un de vous vient nous présenter une qaçtda composée en notre honneur, il emploie cin- quante vers à célébrer les charmes de sa maîtresse, et ne commence son véritable sujet que quand il a épuisé ses louanges; Abou'I-Atâhiya, au contraire, ne consacre que peu de vers h sa bien-aimée et commence tout de suite son panégyrique. Pourquoi ëtes-vous jaloux de lui? » Sur le point de mourir, il fit venir a côté de lui le grand chanteur Mokhâriq pour lui chanter ces vers qu'il avait composés : n Au terme de mon existence, les peines des femmes qui me pleurent seront courtes. Mon amie cessera de penser à moi; elle oubliera mon amour, et trouvera vite un nouvel ami. y> Sa dernière volonté fut qu'on ioscrivit ces mots sur sa tombe : m Une vie qui se termine par la mort est une vie pleine d'amertume. »Abou-Nowùs lui reprochait son extrême facilité, qui lui permettait de composer cent ou deux cents vers par jour. Lui aussi, il renonça à la poésie sur le tard, par motif religieux pro- bablement, mais cela lui valut d'être enfermé dans la prisoD des criminels et d'être amené en présence d'EI- Mchdi, qui lui donna le choix entre la mort et la conti- nuation de son art : « J'aime mieux faire des vers, » dit le poète, et il fut immédiatement mis en liberté. On lui prêtait l'idée d'avoir adopté les croyances des philo- sophes grecs, parce que ses vers parlaient de la mort, mais non de la résurrection; on lui reprochait aussi son avarice, d'autant plus incompréhensible qu'il avait amassé de grandes richesses. Le surnom sous lequel il est connu, et qui signifie probablement l'Intrigant, est au khalife El-Mehdi. Il se fit des ennemis, tels que 'Abdallah, fils de Ma' an, qui le prit par ruse et lui donna cent coups de fouet, mais très doucement, par crainte de sa vengeance;

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LITTERATURE ARABE

néaoraoias te poète profita de la maosuétude de son eancmi pour l'invectiver davantage, en le comparant à une femme entourée d'eunuques : « Elle m'a frappé de sa main, la fille de Ma'an, elle s'y est fait mal, et je n'ai rien ressenti. » Il prétendait que la plupart des hommes par- laient en vers sans s'en douter, et que s'ils savaient donner à leurs paroles la composition parfaite, ils seraient tous poètes. Le grammairien EI-Asma'ï disait d'Abou'l- Atàhiya : « Ses vers sont eomme la place publique devant le palais des rois, oii il tombe des perles, de l'or, de !a poussière, des débris de poteries et des noyaux. » Abou'l- Atâhiya considérait comme son chef-d'œuvre le vers il a dît : « Les hommes sont dans l'insouciance, tandis que la meule du destin continue de moudre. » Haroun er- Rachtd le fit aussi emprisonner, quand il voulut se livrer à l'ascétisme, pour le forcer à composer des vers erotiques.

El-Akawwak.

El-*Aka\vwak (le Courtaud], surnom d"Ali ben Djabala, était dans la classe des afTranchis; sa famille était originaire du Khorasan; aveugle de naissance (ou bien il le devint à sept ans, par suite de la variole), il avait une peau noirâtre et marquée de taches de lèpre. Le khalife Mamoun se mit en colère contre lui à l'occasion d'une pièce de vers qu'il avait composée en faveur de Homéiid et-Toûsi et le souverain relevait des éloges extravagants, tels qu'on n'en donne qu'à la divinité et parce qu'en parlant d'Abou-Dolaf, il avait dit que tous les Arabes sur la terre empruntaient leurs belles qualités à Abou-Dolaf, sans faire d'exception pour le souverain

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LES ABDASSIDBS 17

lui-même- Le poète se trouvait dans les montagnes de rirak-Adjémi; forcé de fuir, il fut saisi en Syrie, amené a Bagdad et eut la langue arrachée; l'hémorragie amena sa mort, en 828; il était en 776.

Abou-Dolaf, qu'il avait loué, entendit, un jour qu'il traversait une ville de l'Irak, deux femmes se dire l'une à l'autre : « Celui-ci est Abou-Dolaf, celui dont le poète a parlé en ces termes : « Abou-Dolaf est le monde entier, « nomades ou citadins ; s'il se détourne de sa route, tout le « monde le suit. » Ce qui fit pleurer le grand seigneur, se repentant de n'avoir pas récompensé BI-'Akawwak comme il le méritait.

Ibrahim et Ishaq eî-Mauçili.

Comme poètes, mais aussi comme chanteurs et compo- siteurs de musique et incomparables dans ces derniers rôles, sont célèbres deux Persans d'origine, Ibrahih el- Mauçili et son fils Isuaq (mort en 849). Le père n'était pas il Mossoul, comme son surnom paraît l'indiquer, mais il s'y était enfui pour y étudier la musique; c'est à Koufa qu'il avait vu le Jour d'un noble Persan, Mâhùn (dont le nom iranien fut transmué en Méïmoun], émigré du Fàrs en 742. C'est le khalife El-Mehdi qui commença à goûter sa musique, et sa faveur continua d'augmenter sous ses successeurs; lorsque Haroun er-Rachid se brouilla avec son esclave Màrida, et que Dja'far le Barmé- kide, dont les Mille et une Nuits ont popularisé le rôle de grand ministre, voulut raccommoder le souverain et sa favorite, il fit écrire par le poète 'Abbàs Ibn el- Ahnaf et mettre en musique par Ibrahim des vers pas- sionnés qui réconcilièrent les deux amants. Son fils.

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Ishaq (né en 767) lui succéda; c'est de lui que le khalife Mo'taçem disait : « Quand Ishaq chante, il me semble que l'étendue de mon empire s'augmente- » 11 perdit la vue deux ans avant sa mort. II était aussi versé dans la science des traditions du Prophète, le droit et la théologie scolnstiquc, que dans la musique. EI-Mamoun disait de lui ; K Si Ishaq n'était pas aussi célèbre comme chanteur, je l'aurais nommé juge, il le mérite mieux que nos cadis actuels, et les dépasse par sa conduite, sa piété, son hon- nêteté; mais son talent de musicien éclipse tous les autres, n II fut le second a écrire un Livre des Chansons (Kitàb el-Aghâni} il avait recueilli les morceaux qu'il chantait.

El-Mehdi avait interdît à Ibrahim d'aller voir ses fils Mousa (el-Hàdi) et Haroun (er-Rachid) : l'ayant fait, il fut puni de trois cents coups de fouet et mis en prison. El- Hàdi SG montra plus tard tellement prodigue à l'égard d'Ibrahim, que son fils Ishaq put dire que si le khalife avait continué de vivre, ils auraient pu construire en or et en argent les murs de leur maison.

Di'bil el-Kho^aî.

Parmi les poètes de Bagdad d'origine arabe ou tout au moins sémitique, il faut encore mentionner Di'bil ben 'Ali el-Khozà'î, en 765 à Koufa ou à Karkisiya (Circe- sium); il fut quelque temps chargé de fonctions adminis- tratives en qualité de gouverneur d'une petite ville du Tokharistan, dans la Perse du Nord-Est; il mourut en 860 en Babylonie; c'était un satirique, qui s'occupa de recueillir dans un livre des biographies de poètes. Méchante langue, il n'épargnait personne, pas même les

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khalifes. Aussi fut-il constammeat en fuite et obligé de se cacher. Son nom était tellement craint qu'ayant un jour rencontré un épileptîque qui se tortîait sur le sol dans une crise de douleur, il lui sufBt. de lui crier son nom dans l'oreille pour le guérir. H avait d'ailleurs d'autres méfaits sur la conscience : il attaqua une nuit un chan- geur qui rentrait à sa maison, et qu'i! croyait porteur de sa bourse, comme à l'ordinaire; mais ce jour-là il n'avait dans sa manche qu'un chiffon renfermant trois grenades : cependant la victime était morte sur place, et la justice poursuivit l'assassin, qui dut quitter Koufa après s'être longtemps caché.

I) préparait des satires par avance, et quand il avait à se venger de quelqu'un il insérait son nom dans la pièce préparée. El-Bohtort préférait Di'bi! à Moslim, parce que la langue qu'il écrivait et le caractère de ses poésies étaient mieux dans le goût arabe.

Il disait, dans sa vieillesse : « Il y a plus de cinquante ans que je me promène avec ma croix sur mon épaule, mais personne n'a encore pu m'y clouer. » C'était un ami de Moslim, qui lui avait donné de profitables conseils. Cependant quand Moslim fut chargé du gouvernement d'une ville en Perse, 11 ne voulut plus le reconnaître, ce dont Di'bil se vengea par une mordante satire. C'était un chiite convaincu, partisan des droits d'Ali au khalifat.

C'est lui qui &t sur le khalife Mo'taçim le vers qui cingle comme un coup de fouet : « Les Abbassides sont au nombre de sept, d'après les livres, qui ne nous parlent pas d'un huitième, à moins que ce ne soit comme les Sept Dormants dans leur caverne, sept braves gens, dont le huitième était un chien. » I! est vrai que plus tard il se défendit de les avoir faits.

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'Ali ben el-Djakm.

'Ali ben el-djahh, surnommé Es-Sàmi parce qu'il des- cendait d'une branche des Qoréïchites de ce nom, com- mensal et compagnon du khalife Kl-Motawakkîl, était dans le Khorasan, d'où El-Mamoun l'avait amené à Bagdad. Il était l'ennemi des Chiites; il a écrit de nom- breux vers contre les prétentions des A)ides ; II insultait également les chrétiens, entre autres le fameux médecin Bokhtyëchou', et les Mo'tazélites. Pour une satire qui déplut au maître qu'il avait d'ailleurs mécontenté par des dénonciations incessantes contre ses compagnons, il fut emprisonné et exilé. Rentré dans son pays que gouver- nait Tâhir, il fut, sur l'ordre du khalife, un jour tout entier attaché nu à une croix, comme il l'a raconté lui- même : « Ce n'était pas une personne d'un mérite infé- rieur ou un homme inconnu qu'on a crucifié à Chadyakh le lundi soir. Par cette exécution, ils ont satisfait leur vengeance; mais, grâce à Dieu, leur victime était un homme d'honneur et respectable. » De il se rendit en Syrie, et c'est en se dirigeant d'AIep vers l'Irak qu'il tomba en se battant contre un gkazou de bédouins (en 863). Quand les secours arrivèrent on le trouva mourant, mais prononçant encore des vers : « A-t-on ajouté de l'obscurité à la nuit, ou le torrent a-t-il emporté le matin ? Je pense aux gens de la rue de Dodjaïl à Bagdad, mais comme j'en suis loin ! » Les Orientaux admirent cette pensée délicate : a L'inimitié d'un homme sans honneur ni religion est une affliction sans égale, car il vous aban- donne sa propre réputation tandis qu'il attaque ta vôtre, que vous préservez si soigneusement. »

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LES ABBASSIDB8 81

Il a lui-même raconté que sa vocation poétique se manifeRta pour la première fois lorsque son père le fit enfermer dans l'école il se rendait. Il écrivît alors à sa mère pour se plaindre de l'inhumanité de son père ; a Tous les élèves ont quitté l'école, et moi j'y reste emprisonné sans avoir commis de faute ! » Sa mère obtint alors sa liberté; mais sa réputation de menteur était telle que l'on prétendit que ces vers avaient été com- posés à soixante ans, et que par conséquent il n'avait pu les écrire étant à l'école.

La poétesse Fadl et Mahboubé.

Sous le règne de Motavrakkil, prince artiste, ami des jeux et des bouffonneries, qui fut le premier à les intro- duire dans le palais des khalifes, la musique et la danse se développèrent encore plus que par le passé. Parmi les poètes de cour, nous trouvons à cette époque une femme originaire de l'Arabie centrale, menant à Bagdad une vie assez libre; sa liaison avec le poète Sa'id ben Harotd, d'origine persane, et d'opinions religieuses très orthodoxes, qui fut chef du bureau des dépêches sous le khalife Mosta'in, tandis que la chanteuse était chiite, remplit toute l'histoire de sa vie. On la faisait venir dans le harem du khalife pour j charmer les belles favorites. C'était une femme d'un esprit prompt, d'une riposte alerte; elle était calligraphe. Son ami Sa'id avait fini par s'apercevoir qu'insensiblement il copiait son style. Elle allait librement le voir; un jour qu'elle entrait, Sa'id se leva avec empressement, la salua et l'invita à rester chez lui : « Un envoyé du palais, répondît-elle, vient d'ar-

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LITTERATURE il

river chez moi, il ne m'est donc pas possible de rester; mais je suis montée chez toi, parce qu'il me répugnait de passer devant ta porte sans venir te voir. » Et Sa'id d'improviser : n Tu es comme le soleil qui éclaire le monde, et dont la lumière semble tout près de nous ; mais oïl est la possibilité de l'atteindre! » L'attachement de Sa'id n'empêcha pas l'inconstante FadI d'accepter les hommages du jeune chanteur Buunân; mais au moins elle n'agissait que sous l'empire d'un sentiment vrai et sincère; quelle différence avec les musiciennes esclaves, qui, suivant la poétesse elle-même (nous savons par d'au- tres témoignages que c'est vrai), « reçoivent le pauvre comme un chien, et ne demandent jamais que des mines d'or »! Sur le point de mourir, Fadl voulut encore une fois revoir son ami, et elle eut la force de lui écrire : « Ma patience est ii bout, et mes soufirances ne font que s'accroître; ma maison est proche, il est vrai, mais lu en es encore bien loin! » C'était sous le khalifat de Mo'tamid, en 873. Dans le harem même de Motawakkil, on admirait la chanteuse Mahboubé, née h Bassora, mais d'origine étrangère. Elle composait des vers qu'elle chantait en s'accompagnant sur le luth; mais on préférait sa poésie à son chant, qui était médiocre. Quand Mo- tawakkil fut assassiné, Mahboubé garda le deuil et renonça à tout plaisir jusqu'à ce qu'elle mourût. EUe déplut par cette fidélité persistante au nouveau maitre à qui elle était échue en partage lors de la dispersion du harem du khalife ; mais un officier d'origine turque l'ayant demandée en cadeau, l'affranchit, lui rdonna de quitter Sàmarra et de s'établir elle voudrait. Elle mourut à Bagdad dans la plus profonde obscurité.

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LES ABBASSIDBS

Ibn er-Roumi.

IsH BB-RoDMi, le fils du Grec, surnom qu'il devait à son grand-père Djoraïdj ou Georges, à Bagdad en 836, fut empoisonné par le ministre du khalife Mo'tadîd, Abou'I-Hoséïa Qâsïni ben ■Obéïdallah, qui avait peur de tes satires. Celui-ci suborna un domestique qui lui remit OD biscuit préparé. Quand Ibn er-Roumi l'eut maugé, il aperçut qu'il était empoisonné et se leva pour partir : « Ou allez-vous? dit le ministre. A l'endroit vous m'avez envoyé. Bien, répliqua le vizir, vous présenterez mes hommages à mou père. Je ne prends pas la route de l'enfer, » répondit le poète, qui se retira chez lui, se fit soigner par un médecin qui, dit-on, se serait trompé de drogues, et mourut quelques jours après.

Ses vers sont admirables pour la beauté de l'expression et l'originalité de la pensée ; on y remarquait surtout la nouveauté des idées. II bafoua la manie des Orientaux de se teindre la barbe : k Quand les cheveux d'un homme continuent d'être noirs bien que sa jeunesse disparaisse, ce ne peut être qu'une teinture artificielle. Comment un vieillard peut-il s'imaginer qu'on prendra pour naturelle cette couleur noire, ou qu'on le considérera comme jeune ? n

El-Bohtori.

EL-BoBTOni (Wéltd ben 'Obéïd), de la tribu de Taï, à Manhidj ou dans le voisinage en 820, compagnon d'abord de son compatriote Abou-Temm5m, se rendit plus

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84 LtTTBRATVRB ADABE

tard à Bagdad et y vécut longtemps comme panégyriste de Motawakkil et de ses courtisans ainsi que des chefs de l'administration civile. Il mourut en 897, soit dans sa ville natale, soit à Alep. Comme Abou-Temroâm, dont le plus beau titre de gloire est d'avoir recueilli le Hamàsa, il réunit aussi un livre de ce genre ; ses poésies d'ailleurs sont une imitation de l'ancien style. Il parle fréquem- ment d'Alep et de la plaine qui l'entoure, car il avait pris ce pays en affection. C'est Abou-Temmâm qui, l'en- tendant réciter à Homs un poème de sa composition, devina son talent poétique, et comme il était pauvre, Abou-Tcmmnm écrivit aux habitants de Ma'arrat en- No'mân une missive pour le leur recommander; sur cette lettre, ceux-ci lui firent une pension de quatre mille dirhems; c'était le premier argent qu'il gagnait. Abou'I- 'Alâ el-Ma'arri considérait Abou-Temmâm et Moténabbi comme deux moralistes, tandis qu'il voyait le vrai poète dans El-Bohtori. Il était très avare, portait des vêtements malpropres et laissait mourir de faim son frère et un domestique qu'il avait chez lui. Il a peu laissé de satires; son Ris a raconté que son père lui avait recommandé, à son lit de mort, de brôler toutes celles qu'il avait faites dans un moment de colère et sous l'empire de sentiments de vengeance, et cela pour éviter à son fils les difificultés provoquées par des ressentiments. Mais Abou'l-Faradj el-Içfahàni a établi, par les fragments connus de satires d'El-Bohtori, qu'il avait été tout à fait inférieur daos ce genre.

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LBS ABRASSIDES

Ibn el-Mo'ta-:^^, le khalife d'un jour.

Les fiU des rois eux-mêmes s'en mettaient, 'Abdallah Ibn el-Mo'tazz, fils du khalife El-Mo'tazz, en 8G1, meoa sous le règne d'El-Mo'tadid une vie libre de poète et de savant. Après la mort du khalife, il fut mêlé aux intrigues de cour ; les mécontents de la politique de Moqtadir, livré aux femmes et aux eunuques, choisirent 'Abdallah pour khalife sous le nom d'EI-Mortadi (17 déc. 908), mais la garde du khalife eut l'avantage sur ses partisans; son règne ne dura qu'un jour; Ibn el-Mo'tazz s'enfuit dans la maison d'un joaillier, y fut bientôt découvert et étranglé le 29 décembre par l'eu- nuque Mounis, chambellan et trésorier du khalife. Sa poésie, dans le genre d'Abou-Nowâs, a renoncé à toute imitation des anciens poètes-, c'est avec une élégance aristocratique qu'il écrit de petites pièces charmantes de circonstance. A coté de cela, il s'occupa de l'histoire de la littérature et écrivit le premier en langue arabe un grand ouvrage sur la rhétorique (Kitâb el-badi', conservé à l'Escurial). Ses vers offrent un sens clair et un style aisé.

Il avait formulé les règles de la saine rhétorique par ce dicton : « L'éloquence est l'expression juste des idées au moyen de peu de mots. » Il eut des poètes qui pleurèrent sa mort tragique, comme 'Ali ben Mohammed Ibn Bassùm, l'élégant et subtil, et son ami Ibn el-'Allàf Hasan ben Ali, poète aveugle de Nahréwan, qui pour éviter les persécutions écrivit sa fameuse élégie sur la mort d'un chat, de son chat favori, qui avait l'habitude d'entrer dans les pigeonniers voisins et d'y dévorer les

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86 LtTTÉRATCRE ARABE

pigeons, et qui fut méchamment tué par les proprié- taires : « Tu nous as quittés, minet (hirr), et ne reviendras jamais plus! Tu étais comme mon enfant! Comment pou- vons-nous cesser de t'aîmer, toi qui étais pour nous une sûre protection! u Ibn el-Mo'tazz aimait à boire du vin le matin, dans les prairies de Matira, près de Sàmarra, non loin du couvent chrétien d'Abdoûn : « Que de fois, à l'aurore, je fus éveillé par la voix des moines à leurs prières ! Vêtus de robes noires, ils chantaient matines, la cordelière autour des reins, les têtes rasées cerclées d'une couronne de cheveux. »

Ibn el~Hadjdjâdj.

L'administration des Abbassides peut revendiquer le mohtasib, commissaire chargé de la police des marchés, de la surveillance des poids et mesures et des mœurs à Bagdad, Ibn BL-HAnjDJADj, plus tard destitué et qui mourut en l'an 1000. Ses poésies légères eurent un succès et une célébrité considérables; on en vantait le tour aisé et enjoué. On l'a comparé à Imrou-oul-Qaïs dans ce sens que, comme lui, il a créé un nouveau genre de poésie dans lequel il est resté sans rival. C'était un chiite convaincu, et il prescrivit par ses dernières volontés d'être enterré aux pieds de l'imam Mousa, dont le tom- beau est non loin de Bagdad. A côté de lui il faut rap- peler le chérif Mohammed er-Ridà, un des descendants du Prophète ; son père Tahîr avait exercé les fonctions d'inspecteur de la descendance d'Ali, de premier prési- dent de cette sorte de cour de cassation que l'on appelait el-Mazhâlîm, et de chefde la caravane des pèlerins. Il avait

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tES ABBASSIDES

commencé très jeune à composer des vers, et il continua toute sa vie à en produire un nombre considérable. Il s'occupa aussi d'exégèse coranique et écrivit des ouvrages sur la rbétorique du livre sacré; il mourut à Bagdad en 1015.

Mihyar ben Mar:^oûyè.

Un de ses élèves, Mibvar ben MARzoî)Yà, fut par lui converti à l'islamisme; car c'était un mazdéen, dans te Déïlem ou région montagneuse au sud du Guilan, sur les côtes de la mer Caspiennne, et qui mourut à Bagdad en 1037. Il était secrétaire pour la langue persane, et étudia la poésie avec le chérif Er-Ridâ. Ses opinions chiites révoltaient les Sunnites, dont l'un d'eux finit par lui dire : n Mihyâr, en vous convertissant, vous n'avez fait que passer d'un coîn à l'autre de l'enfer. » On admirait, dans ses vers, la délicatesse de la pensée et la remarquable douceur de l'expression.

Les provinces.

La capitale n'était pas seule à attirer les génies poéti- ques dont les œuvres se manifestaient d'un bout à l'autre de l'empire. Pour des motifs politiques ou religieux, ou pour d'autres raisons personnelles, ils restèrent éloignés du centre et se contentèrent delà protection des gouver- neurs de provinces. Le Sbid Himyakite, Isma'ïl, à Bassora vers 729, dut à cause de ses opinions chiites quitter cette ville pour Koufa; il reconnut Abou'l-'Abbâs SaSab lors de la prise de cette ville, mais se tint à l'écart

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88 LITTÉRATURE ARABE

de lui et de ses successeurs quand il les vit persécuter les Alîdes, et mourut en 789 à Wùsit. Ses poésies se distinguent par la simplicité de la langue, comme celles d'Abou'l-'Atàhiya et de Bachchâr ben Bourd.

Lui qui était de parents kharédjites, de la secte des Ibàdites, il célébra pendant plus de quarante ans, dans d'innombrables pièces de vers, les gloires de la maison d'Ali, avec un talent quî força l'admiration de ses ennemis. Il a raconté lui-même que c'était à la suite d'un songe qu'il s'était converti aux croyances de la secte des Kéïsànites, partisans de Mohammed, âls de la Hanéfîte. Son teint bronzé attestait les croisements de races qui s'étaient produits dans le sud de l'Arabie. II était grand et bien fait; il avait les dents belles et la chevelure ahou- dante. Il se distinguait par la fécondité de son imagina- tion et l'énergie de la pensée; les Bédouins eux-mêmes prisaient son style. Ses habitudes d'ivrognerie lui valurent d'être arrêté une nuit par la police en flagrant délit dans les rues d'EI-Abwaz, en Susiane. Dans ses satires, ani- mées d'une haine violente contre les compagnons du Prophète, il alla jusqu'à comparer 'Aïcha <( au serpent qui cherche a dévorer ses petits u.

Abou'ch-Chiç Mohammed ben 'Abdallah s'attacha comme panégyriste à l'émir de Raqqa, Oqba ben Dja'far ben el-Acb'nth el-Khozà'!, écrivit des poésies bachiques, et des élégies sur la perte de sa vue, qui lui arriva avec l'âge; il mourut en 811. Cousin de Di'bil el-Khozù'i, il était resté obscur a côté de MosHm ben el-Wélid, d'Achdja' et d'Abou-Nowàs. L'émir de Raqqa était riche et généreux, et ses dons maintinrent le poète auprès de lui. 11 avait la pensée prompte et composait très vite.

Dans la péninsule arabique nous ne trouvons plus de poètes : c'est ii peine si l'on peut citer Ibn Harma

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LES ABBASStDES

Ibrahim ben 'AH, en 685, qui vécut à Mcdine, partisan des Alidea, grand ami du vin, mort en 767; eu revanche, la Syrie continue de briller d'un grand éclat. Abou Temmâm Habib ben Aus, en 807 dans le voisinage du lac de Tibériade, d'un père chrétien nommé Tadoùs le dro- guiste (Thaddée), voyagea beaucoup; étant jeune il était a Homs le poète El-Bobtori le rencontra jouissant déjà d'une renommée poétique; cependant quelques-uns pré- tendent qu'étant enfant il distribuait de l'eau dans des mosquées du Caire. li est certain que c'est en Egypte que ses productions littéraires furent tout d'abord appréciées. Étant venu à Damas sans pouvoir y trouver de prolecteur, il profita d'un voyage que fit £l-Mamoun en Syrie pour aller le trouver sans pouvoir obtenir d'être reçu. Parvenu à Mossoul il fit une excursion en Arménie l'attendaient les riches présents du gouverneur Khâlid ben Yézid. La mort du khalife £l-Marooun le ramena à Bagdad il trouva un accueil favorable auprès d'El-Mo'taçim; aussi lui consacra-t-il de nombreux poèmes, ainsi qu'à ses courtisans. La renommée grandissante d"Abdallab ben Tafair, qui était presque indépendant en Khorasan, l'at- tira auprès de lui; à son retour, retenu ii Hamadan par une tourmente de neige qui avait rendu infranchissables les passes du Zagros, il y fit la connaissance de l'érudit Abou'1-Wéfa ben Salama, qui lui ouvrit toutes grandes les portes de sa bibliothèque, ce qui lui donna le goût de rechercher et réunir les poésies des anciens poètes arabes et lui permit de composer, entre autres, son Hamâsa qui nous a conservé la notion d'une foule de poètes et de poé- sies de l'ancienne époque arabe. Comme poète, il aurait peut-être été vite oublié; mais comme compilateur du Hamâsa, il est resté célèbre, et son commentateur Tébrizi a pu dire : « Abou-Temmàm, en réunissant cette antho-

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logie, s'est montré meilleur poèlc que dans ses propres vers. » Cependant l'on disait aussi de luî qu'il surpassait ses contemporains par la pureté de son style, le mérite intrinsèque de ses poésies, et la manière excellente dont il savait traiter un sujet. Ibn-Khallikao a établi qu'Abou Temmàm avait passé les derniers jours de sa vieâMossoul Hasan ibn Wahb, secrétaire du directeur de la chan- cellerie, l'avait envoyé comme directeur de la poste aux chevaux : fonctions de toute confiance dans l'empire des Arabes, car ce fonctionnaire, en outre de son service public, renseignait l'autorité centrale sur ce qui se pas- sait dans les provinces; il mourut dans cette ville vers

Dik el~Djinn.

Avec Dik el-djinn (le Coq des génies, ainsi surnommé parce qu'il avait des yeux verts et était très laid] Abdessé- lâra ben Raghbàn nous avons un exemple de cet intéres- sant mouvement d'idées qui souleva contre les Arabes d'Arabie et leurs prétentions à la supériorité et à la no- blesse toutes les races vaincues qui relevaient la tète, et qui trouvaient des rhéteurs pour défendre leurs droits, d'ail- leurs purement imaginaires; on appelait ces gens des cho'oûbiyya. Ils n'oubliaient qu'une chose, c'est que leur patriotisme ne pouvait se manifester qu'en langue arabe, et que l'emploi de cette langue était la marque indélébile de la conquête. Le Coq des génies était un fameux Cho- 'oûbî; à Homs en Syrie, pays qu'il ne quitta jamais, il plaida la supériorité des Syriens; il était en même temps chiite et composa des élégies sur la mort lugubre de Hoséïn, (ils d"Ali, a la bataille de Kerbéla. Il mourut en

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LES ABBASSIDBS

849 âgé de plus de soixante-dix ans. I! avait dissipé tout son patrimoine dans le désordre et les plaisirs. Il avait une esclave nommée Dounyâ, dontil était passionnément amoureux, et à qui il consacra de nombreux poèmes; mais dans un accès de passion criminelle et de jalousie, il la mit à mort sur un soupçon qu'il avait conçu à l'égard de la conduite de la servante envers un esclave nommé Waçif ; crime dont il se repentit amèrement plus tard.

L'épanchement de sa douleur nous a valu les vers il exhale sa plainte : « 0 branche de dattes ! la destruction est tombée sur toi! J'ai arrosé de ton sang la terre... » Son image venait le visiter pendant la nuit : « Elle visita ma couche après ses funérailles... et je lu! dis : Joie de mes yeux! tu m'es rendue enfin! mais comment est-ce possible? Et elle répondit : Là-bas mon corps est déposé, mais ceci est mon âme qui vient te visiter. » On remarquera l'expression des regrets; celle du remords est absente; en accomplissant cet assassinat le poète ne faisait qu'user du droit que la loi lui reconnaissait; sa conscience était tranquille.

Les Hamdânides à Alep.

Le règne des Hamdânides à Alep créa dans cette ville un mouvement littéraire des plus importants, dont In célébrité ne tarda pas à se répandre dans tous les pays l'on parlait l'arabe. Séïf-Eddaula, qui s'y établit alors que le khalifat de Bagdad était disputé entre des chefs militaires d'origine turque ou persane, eut à défendre l'État qu'il avait créé contre bien des ennemis extérieurs, et surtout contre les troupes romaines de Byzance; néanmoins il vit fleurir autour de lui plusieurs

9S LtTTKnATURB ARABE

poètes, doDt les plus célèbres sont Moténebbî et Abou- Firâs el-Hamdânï.

MoT^NBBBi, Ris d'un porteur d'eau, était à Koufa en 905 ; il passa son enfance en Syrie et parmi les Arabes du désert. Étant jeune homme, il se crut prophète, fonda une nouvelle religion dans les plaines qui entou- rent la petite ville de Sémâwàt sur l'Euphrate, eut des révélations dans le genre de celles du Koran, et réunit quelques sectateurs autour de lui ; mais au bout de fort peu de temps, il fut défait par Loulou, le général des Ikhchidites commandant à Homs, et mis en prison ; de son surnom de Moténebbî, « celui qui se prétend pro- phète n. La prison dont il ne sortit qu'après avoir reconnu la vérité de l'islamisme, lui révéla son génie de poète. En 948, arrivé à la cour de SéiT-Eddaula, il composa pour le louer des poèmes tellement beaux que les noms de l'au- teur et du protecteur sont indissolublement liés l'un à l'autre .

Leur bonne entente toutefois ne dura que neuf ans. A la suite d'une dispute avec le philologue Khàlawalh, Persan de Susiane, qui s'emporta jusqu'à le frapper au visage avec une clef, il quitta Alep et alla offrir ses services à l'ennemi de la dynastie des Hamdànides, à l'eunuque nègre Knfour et à Anoûdjour, ministres des princes Ikhchidites qui s'étaient rendus indépendants en Egypte; seulement les résultats de sa démarche trom- pèrent son attente; furieux, il s'enfuit et se rendit a Bagdad, oii commandait de fait le ministre El-Mohal- labt, qui aurait bien voulu être l'objet des louanges de l'illustre poète ; mais celui-ci ne lui accorda pas la gloire qu'il sollicitait, de sorte que le poète alla rechercher en Perse, à Chiraz, Adod-ed-Daula, le Bouïde, qui le récom- pensa généreusement. C'est en revenant de le visiter

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qu'il tomba, aoa loin de Bagdad, au milieu d'une expédi- tion de brigands bédouins et fut tué (965).

Les poésies de Moténebbi ont été applaudies et criti- quées outre mesure dans le monde arabe et dans le monde européen . Le cadi Abou'l-Hasan se vantait de tenir le milieu entre les admirateurs et les détracteurs du poète, les premiers lui donnant la préférence sur tous les autres poètes de son temps et l'élevant au-dessus de tous ses rivaux, tandis que les seconds prétendaient que ses discours n'étaient qu'un bavardage, ses expres- sions que des barbarismes. Tha'âlibi, l'auteur du Yati- met-ed-Dakr, trouvait à juste titre que la division des esprits sur ce sujet est la preuve la plus évidente de son mérite et de sa supériorité ; il vantait aussi son habileté : a la rime est soumise à son empire et les pensées sont ses esclaves ». Quand on examine de près l'opinion des cri- tiques orientaux, on voit que ce qu'ils louent le plus dans Moténebbi, c'est la recherche de l'expression, l'abandon de l'antique simplicité pour l'afTéterie, l'accu- mulation d'images hétéroclites; c'est ainsi qu'il fut le premier à composer des vers dans le goût de celui-ci ; a II marcha à la tête d'une armée soulevant un nuage de poussière qui obscurcit la vue ; il semblait que les soldats vissent avec leurs oreilles ; n et cela parce que l'obscurité était telle qu'on ne pouvait voir avec ses yeux! Ce» fâcheuses inventions du pseudo-prophète et de ses con- temporains eurent un succès tel qu'elles régnèrent en maîtresses sur la poésie orientale, que nous allons voir verser de plus en plus dans la boursouflure et les images forcées. Comme preuve de la popularité de Moté- nebbi, Ibn Kballikan cite ce fait que, pour expliquer ses poésies, on a écrit plus de quarante commentaires; cela tient surtout à ce que les expressions rares et recher-

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LtTTBIlATDRE ARABE

chées dont il abusait avaient begoln d'Être expliquées pour être comprises. L'avarice était le seul défaut qu'on put lui reprocher : sa conduite morale frappait au milieu des plaisirs et des débauches de la cour de Séïf-Eddaula ; un rigide musulman remarqua même que quoiqu'il ne jeûnât pas, ne fit pas les cinq prières canoniques journa- lières, ni ne lût pas le Koran, il ne disait cependant jamais de mensonge.

D'autre trempe était Abou-Fibàs el-Hamdàni, qui était de la famille même de ces princes d'Alep et cousin de Séïf-Eddaula, qui l'avait nommé gouverneur de la ville de ManbidJ, et qu'il accompagna dans ses luttes contre le Domestique, général en chef des troupes romaines d'Asie. Fait prisonnier en 959, à la chute de la forteresse qu'il défendait, il fut conduit à Constantinople et y resta jusqu'à sa mise en liberté en 965. Pendant sa captivité il composa de nombreuses élégies adressées aux mem- bres de sa famille, parmi lesquelles un poème célèbre adressé à sa mère à Manbidj, qui a été traduit en alle- mand par Ahlwardt. A la mort de Séîf--Eddaula (967), il prétendit au trône de la principauté de Homs, mais i! périt dans un combat avec les troupes envoyées contre lui par le fils de Séif-Eddaula. Abou-Fîrâs était un brave guerrier, dont les poésies, dépourvues d'appareil pédao- tesque, respirent des sentiments vrais et francs exprimés dans une langue noble et élevée ; elles forment le journal de sa vie accidentée.

A côté de ces deux maîtres de la langue, on peut encore citer, dans l'entourage de Séïf-Eddaula, Es-Sari br-Reppà, ainsi nommé parce que dans sa jeunesse il avait été stop- peur ou repriseur d'étoffes à Mossoul; après la mort de Séïf-Eddaula il se rendit à Bagdad auprès du ministre El- Mohallabi ; Tha'àlibi lui a reproché de nombreux plagiâtes.

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Il avait pris pour modèle Kochàdjim, alors célèbre en Orient; il avait contracté l'habitude, pour augmenter le volume des copies qu'il faisait de cet auteur, d'insérer ses propres vers au milieu des siens. En-Nâmi (Abou'l-' Abbâs Ahmed], successeur de Moténebbi comme poète de cour, mourut à Alep entre 980 et 1008; on l'appelait El-Mis- stsi parce que sa famille était originaire de Mopsueste en Cilicie. On a conservé de lui les vers spirituels qu'il a consacrés a un seul cheveu noir qui était resté sur sa tète chauve : « Je dis à mes cheveux blancs, efirayés de la présence de cet étranger : Je vous en prie, respectez- le. Une épouse noire d'Afrique ne restera pas longtemps dans la maison la seconde femme est blanche de peau. » Abou'l-Faradj , qu'on surnommait El-Babbaghâ (Perroquet) à cause d'un défaut de prononciation, était de Nisibine; après la mort de son protecteur il se rendit à Mossoul et à Bagdad, et mourut en 1007. Ez-Zâhi Ali ben Ishaq ne séjourna à Alep que temporairement : il vivait ordinairement à Bagdad, il était et il tenait une boutique de marchand de coton ; il y consacra des poèmes aux Abbassides et au vizir El-Mohallabi; il mourut en 963; il est célèbre par ses descriptions : on cite les vers qu'il a consacrés à la violette, a. fleur d'azur dont la tige semble trop faible pour supporter la fleur », au vin « si transparent dans la coupe qu'il en semble lumineux m, aux belles « dont les yeux semblent brandir des sabres et dégainer des poignards, dont le visage voilé rappelle le croissant, et dévoilé, la pleine lune ».

L'Egypte échappait de plus en plus à l'action du kha- lifat de Bagdad; les Toulounides et les Ikhchidites s'y étaient rendus indépendants ; les temps n'étaient pas loin les Fatimides, venus d'Afrique, allaient y établir un khalifat chîïte. Passant sur le kâlib ou secrétaire

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LITTERATURE ARABE

Hâchid ben Ishaq, qui florissait vers 850 et a laissé ud diwan plein d'obscénités qui est conservé à la biblio- thèque de Berlin, nous pouvons noter le chérif Abou'l- Qàsim Ibn Tadâtabâ, qui remplissait les fonctions d'ins- pecteur des descendants d'Ali; tl mourut en 956. Ses poésies sont surtout mystiques et ascétiques ; ou cite cepen- dant sa description d'une longue nuit : a Les Pléiades sem- blent cette nuit avoir voyagé tout le jour et être arrivées fatiguées à leur station du soir. Elles ont dressé leurs tentes pour que leur caravane puisse reposer, aucune planète ne roule dans son orbite, aucune étoile ne se bâte dans sa voie nocturne (tellement la nuit est noire). »

Abou'l-Qàsim Mohammed ben Hâni' el-Andalousi était k Séville, mais son père était originaire d'un village des environs de Mahdia en Tunisie. Banni de sa ville natale à vingt-sept ans, parce que la dissipation dans laquelle il s'était plongé l'avait fait accuser de par- tager les opinions des philosophes grecs, lui avait valu la haine du peuple et avait contraint son protecteur, qui craignait d'être accusé de pactiser avec ses idées, de le prier de s'éloigner quelque temps, il se rendit auprès de Djauhar, le général du Patimide El-Mançour, puis auprès du (ils de celui-ci, El-Mo'îzz, quand il remplaça son père en 95.3, et l'accompagna lorsqu'il se mit en route pour la conquête de l'Egypte en 969. Au bout de quelque temps il retourna au Magreb rejoindre sa famille et l'amener en Egypte; il fut en cours de route assassiné à Barqa dans l'ancienne Cyrénaïque (973), jeune encore, ayant au plus quarante-deux ans.

El-Mo'izz, en entrant en Egypte, apprit la mort de son protégé ; il en fut extrêmement afQigé : « Nous espérions, dit-il, mettre cet homme en compétition avec les poètes d'Orient, mais ce plaisir nous a été refusé, n Abou'I-'Ala

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el-Ma'arri, qui n'aimait pas les vers d'Ibn Hâni', les com- parait à des grains de blé broyés par ta meule, à cause de la dureté de sa phraséologie.

tÉmu, second fils du khalife fatimidc El-Mo'izz, en 948, composa des dithyrambes consacrés à son frère le khalife EI-'Aziz et mourut en Egypte en 985. Celui-ci, qui avait succédé à El-Mo'izz après avoir été désigné de son vivant comme héritier présomptif, était aussi poète. Témim a écrit des poésies amoureuses, tout en imitant les poètes du désert dans ses descrip- tions de gazelles souETrant de la soif. A côté de lui nous pouvons citer Ibn-Wakî', à Tinnis près de Damiette, mort dans la même ville en 1003; on appréciait en lui l'originalité de la pensée. Compilateur remarquable, il a consacré un ouvrage à rechercher les plagiats attribués il Moténebbi. Un défaut de prononciation l'avait fait sur- nommer El-' Atis (Celui qui éternue). Il a chanté les délices de l'amour refroidi ; « Mon cœur, jadis aimant, est maintenant délivré de ton amour, et ne sent plus pour toi ni inclination ni désir. Ta cruauté m'a réconcilié avec ton absence; un parent peut cesser de regretter la mort d'un enfant revéchc. n 11 était d'ambition modeste : « Une position obscure satisfait mes souhaits, qui se détournent d'un rang élevé. Cependant ils n'ignorent pas combien les grandeurs sont douces, mais ils préfèrent la santé, m

ABOu'a-RAgA'MAQ était originaire d'Antioche, Établi en Egypte, il adressa des louanges aux souverains fatimides et aux grands de ce pays ; il y mourut en 1008. Et-Tihami (Abou'I-Hasan 'Ali ben Mohammed) n'a pas produit un gros volume, mais la plus grande partie des pièces qui le composent sont exquises, àla manière orientale, c'est-à- dire pleines de comparaisons exagérées et imprévues.

LITTBRATUBB ARABB

Célébrant la libéralité d'uD ministre, il s'écrie : « Com- parés à sa magni&ccnce, le nuage gonflé n'est plus qu'une vapeur, et les mers de simple» ruisseaux. » Mais il a composé une fort belle élégie sur la mort de son fils encore jeune, et l'on prétendit que ses péchés lui avaient été pardonnes pour avoir écrit une si belle pièce de vers. Le rôle politique qu'il joua fut cause de sn perte. Étant arrivé secrètement en Egypte porteur de lettres de Hassan ben Mofarridj, chef de la tribu de Taï, adressées aux Beui-Qorra qui habitaient la province de Barqa, l'ancienne Cyrênaïque, et venaient de se révolter contre les Fatimides en faveur d'un descendant des Oméyyades, il fut arrêté et jeté dans une prison du Caire il fut mis à mort en secret en 1025.

Toghrai.

Abou Isma'il el-Hasan TochiiàÏ était d'origine persane, à Ispahan; à la fois poète, savant et homme d'Etat; son surnom signifie : Celui qui trace le togkrd, sorte de dessin formé de lettres entrelacées qui se place en tête des diplômes et actes officiels et sert à lui donner le caractère d'authenticité. Le calligraphe qui le trace est en réalité le chancelier de l'Etat. C'est à Bagdad qu'il composa la Ldmiyyat el-'Adjam (l'ode rimée en / des non-Arabes) par opposition à la célèbre Lâmiyyat el-'Arab, dont l'auteur est Chanfara; c'est une élégie sur le malheur des temps. Plus tard le sultan seldjoukide Mas'oud le prit pour son ministre, dans sa capitale de Mossoul. Lorsque celui-ci fut défait à ta bataille d'Hama- dan (1121) par son frère Mahmoud, le poète fut fait pri-

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soDDÎer et exécuté sur le conseil du vizir Souméïrami, souB le prétexte d'athéisme. Son diwan contient de nom- breux panégyriques du sultan Sa'id, fils de Mélekchah, et du grand ministre Nizhiim el-Molk. Les orientalistes Pocock et Golius se sont exercés à traduire en latin ta Lùmiyya de Toghràï.

Un copiste et libraire de Bagdad, Abou'l-Ma'àli Sa'd el-Haziri (f 1172), surnommé Dellàl el-Kotob (le Courtier de livres], a réuni ses propres poésies sous le titre de Lou- mah-el-moulah, par ordre alphabétique, ainsi qu'un recueil d'énigmes qui se trouve au Caire. Nous n'avons plus son Zînat ed-dahr, anthologie des poètes de son temps et de leurs prédécesseurs, ornée de biographies, non plus que ses nombreuses compilations. Ses composi- tions abondent en pensées gracieuses exprimées avec beaucoup d'élégance.

En l'honneur du grand ministre des Seldjoukides, r^izhàm el-Molk, Mou'in-Eddin Ahmed ben 'Abderrazzàq bt-Tamtakâni rima son ode à échos [tardji') que Silvestre de Sacy a fait connaître et a traduite dans sa Chrestomalhie arabe.

oAbou'Valâ el-Ma'arrî.

La Syrie avait alors vu naître un philosophe qui fut le dernier des grands poètes de la langue arabe, et dont le pessimisme, exprimé en beaux vers, provoqua l'admiration de nombreuses générations.

Abou'l-'alâ el^Ma'aruî, àMa'arrat-en-No'man, dans la Syrie du Nord, en 973, était d'une famille qui se rat- tachait à la tribu yéménite de Tanoùkh. A l'âge de quatre ans, il fut atteint de la variole et perdit un œil ;

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plus tard l'œil resté sain fut détruit à son tour et il devint totalement aveugle. Malgré cela il reçut une édu- cation soignée à laquelle veilla son propre père, dont il a éternisé la mémoire dans une élégie. Après avoir con- tinué ses études à Alep, ît lit un premier voyage à Bagdad, qui ne lui réussit pas, car il s'y sentait étranger et ne rêvait que de sa ville natale; il y revint cependant l'année suivante pour y faire la connaissance d'Abdes- sélâm de Bassora, directeur de l'une des grandes biblio- thèques de la ville. Celui-ci réunissait chez lui, chaque vendredi, une société de libres penseurs dont Abou'l- 'Atù fit bientôt partie : les uns étaient rationalistes, comme les Mo'tazclites, d'autres purement matérialistes; cette fréquentation eut une grande influence sur la direc- tion de son esprit. Cependant, au bout d'un an et sept mois, rappelé à Ma'arra par la nouvelle de la maladie de sa mère, il arriva trop tard pour recueillir son der- nier soupir, pleura sa mort dans des vers pleins de sentiment, et ne quitta plus sa ville natale. Ses poésies de jeunesse ont été rassemblées sous le titre de Sitjl az- zand (les Etincelles du briquet) et celles de son âge mùr, BOUS celui de Luzoâm lam yalzatn (Obligation qui n'est pas indispensable), ainsi appelées d'après la difficulté vaincue d'une double ou triple rime, ce qui n'est pas indispensable en prosodie ; il a laissé un recueil de lettres, un traité de l'ascétisme et de la prédication en prose rimée et en vers. On dit qu'il avait écrit un Koran, imi- tation de celui du Prophète et qui n'était peut-Atre que le persiflage d'un libre penseur. Comme on lui objectait que l'ouvrage était bien fait, mais qu'il ne produisait pas l'impression du vrai Koran : « Laissez-le lire pendant quatre cents ans dans les chaires des mosquées, répHqua- t-il, et TOUS m'en direz des nouvelles. »

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LES ABBASSIDES 101

Ibn Kocb&djin Mahmoud a aussi laissé un diwaa ou recueil de poésies rangées par ordre alphabétique. Il était le petit-hls d'ua Indien des bords du Siode, et vivait à Ramla. Il mourut vers 961.

Abou'UFaradi Mohammed bl-Wa'wa' de Damas était un poète précieux et délicat, qui abusa des descriptions et des métaphores; il est l'auteur du vers fameux : « Elle fit pleuvoir des perles du narcisse, arrosa la rose et mor- dit les jujubes avec ses grêlons, » qu'on pourrait prendre pour la description d'un nuage, mais a tort, car il s'agit d'une femme : les perles sont les larmes, le nar- cisse l'œil, la rose est la joue, les grêlons les dents, et les jujubes ne sont autre que les lèvres roses. Ces facettes durent paraître charmantes quand on les inventa; plus tard, répétées ii satiété par des milliers de poétaillons en persan, en hindoustani et en turc, elles forment la plus fastidieuse répétition de formules creuses qu'on peut imaginer. Il mourut à la fin du siècle.

A Bagdad vécut Abou-' Abdallah el-Ablah, qui y naquit et y mourut; c'est vers 1183 que ce dernier événement arriva. Ses poésies, dont quelques-unes ont été conser- vées au British Muséum, unissent la tendresse du senti- ment à l'artifice du style. Elles n'étaient pas très nom- breuses, mais elles eurent un grand cercle de lecteurs ; les musiciens s'en emparèrent et les chantèrent sur de vieux airs; ils s'empressaient autour de lui pour lui réclamer des poésies nouvelles. En 1160, le Kâtib 'Imàd- Eddîn, auteur de la Kharîda, entendit réciter ses vers. Son surnom d'Ël-Ablah signifie le Sot; mais on s'est demandé si on ne le lui avait pas donné par antiphrase; c'est ainsi que les Arabes appellent un nègre Kàfour (Camphre], et nous Boule-de-neige.

Ibn bt-Ta'.IwidhI (Abou'1-Fath Mohammed) était le fils

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lOS LITTÉRATURE ARABB

d"Obéïd-allah, qui s'appelait proprement NoAchtékin et était un esclave turc affranchi; par sa mère il était le petit-âls du célèbre ascète Ibn et-Tâ'àwidhi, d'où son sur- aoiB. en 1125 à Bagdad, il fut élevé par les soins de son grand-père maternel, devint secrétaire à l'adminis- tration des (iefs : en 1183, il perdit la vue; il se lamente, dans nombre de ses poèmes, sur la privation de l'usage de ses yeux et regrette les jours de son active jeunesse. Avant cette calamité, il avait réuni ses poésies en un diwan, qu'il compléta plus tard, en y ajoutant ce qu'il appelait Ziyâdât ou Additions. Quand il devint aveugle, il occupait encore son poste dans l'administration; il obtint que son nom fût remplacé, sur les registres du personnel, par ceux de ses fils; néanmoins il paraît que ceux-ci se montrèrent ingrats et ne nourrirent pas leur përe, qui adressa au khalife Nàçîr-Lidînillah une plainte en vers si touchante, pour demander une pension viagère pour lui-même, que le khalife ta lui accorda, u Si cette pièce de vers avait été récitée à un roc, dit Ibn Khallikan , elle l'aurait amolli, n On admira son style aisé et gra- cieux; la correction et la douceur de l'expression s'y alliaient à la subtilité de la pensée, on les trouvait char- mantes au plus haut degré. Sa mort arriva en 1188.

Idm el-Mo'allim (le Fils du professeur] est le surnom d'Ahou'l Ghanùïm Mohammed el-Horti , de Hort près de Wàsit, en 1108, mort en 1196. Dans ses poésies, c'est le sentiment pathétique qui domine, ainsi qu'une délicatesse naturelle de la pensée; elles appartiennent aux genres amoureux et panégyrique; le style en est aisé et les pensées justes; elles eurent un succès consi- dérable, se répandirent au loin et procurèrent à leur auteur l'estime publique, l'aisance et l'influence. On les apprenait par cœur avec plaisir, et tes prédicateurs les

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citaient dans leurs serinons. Chaque ode qu'il composait était immédiatement apprise par cœur par les derviches appartenant à l'ordre religieux des Rifù'iyya, qui les chantaient dans leurs assemblées pour se procurer l'extase mystique. Le chant de l'amour charnel les menait sur la voie de l'amour divin. Il régnait une jalousie mutuelle entre Ibn el~Mo'allim et Ibn et-Ta'ùwidhi, qui s'adressèrent l'un à l'autre des satires. Un jour que le premier passait it un endroit le chéïkh Ahou'l-Faradj Ibn eUDjauzi avait l'habitude de prononcer de pieuses exhortations, il vit une foule nombreuse assemblée et s'informa du motif qui produisait l'encombrement de la rue. On lui apprit que c'était une prédication d'Ibn el- Djauzi qui allait avoir lieu. 11 réussit à se faire place et s'approcha du prédicateur assez près pour l'entendre dire : « Ibn cl-Mo'altim a exprimé une pensée fort belle dans ce vers : La réputation de ton nom renouvelle, pour mon oreille, le plaisir de l'entendre, et celui qui le répète me parait charmant. » L'auteur fut délicieusement frappé de s'entendre ainsi citer, mais ni le prédicateur ni personne de l'assemblée ne sut qu'il était là.

'Isa ben Sindjar BL-HiDjiai était comme son père un soldat des troupes régulières turques. Il naquità Arbèles. Un frère d'Ibn Khallikan, nommé Diyâ-Eddin 'Isa, était lié d'une étroite amitié avec Ël-Hùdjiri ; quand le biographe arabe quitta Arbèles en 1229, le poète était alors détenu dans la citadelle de cette ville, » pour des motifs qu'il serait trop long de rapporter »; il trompait son ennui en composant des vers sur sa captivité. Plus tard il obtint sa mise en liberté et entra au service de Mozhaffar-Eddin Koûkbouri (le Loup bleu], qui régnait à Arbèles depuis 1190; il fut en faveur et adopta le costume des soufis. A la mort de son maître en 1232, il quitta cette ville

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10% LITTEBATVRB ARABE

et il n'y retourna que quand Bàtikin, esclave arménien, fut chargé de l'administrer au nnm du khalife. Il y résida constamment pendant longtemps. Un jour, en sortant de sa maison, il fut poignardé par un assassin qui l'épiait depuis quelque temps. Il expira la même journée, en juin 1235, après avoir écrit, malgré son affreuse blessure, un appel en vers à la vengeance de Bàtikin ; il avait ii peine cinquante ans. Son surnom d'Ël-Hàdjirî se rapporte à El'Hâdjir, village dans le Hedjaz ; il n'y était pas né, mais bien à Arbèles ; on le lui donna à cause de la mention fréquente qu'il en faisait dans ses vers, ce qui indique bien tout ce qu'il y a d'artificiel dans la poésie de cette époque, oii les auteurs, par esprit d'érudition, citaient des endroits qu'ils n'avaient jamais vus, ils n'avaient jamais mis les pieds et qu'ils ne connaissaient que par la lecture des anciens poètes arabes : telle la Grèce pour les poètes français du xvii' siècle. Son diwan a été recueilli et mis en ordre par 'Omar ben cl-Hosémi de Damas, qui l'a rangé en sept chapitres : les ghazels ou poésies amoureuses, celles du temps de sa captivité, les mokhammasdt ou stances de cinq vers, les vers isolés, les satires, les poésies populaires appelées maivdli, et enfin les quatrains ou doù-béït; il a été imprimé au Caire en 1888.

Un autre poète d'origine turque, Aïdamir el-Mohyawî, surnommé Fakhr bt-Turk (la Gloire des Turcs), était un affranchi de Mohyî-Eddin Mohammed ben Sa'îd. Il florissait dans la première moitié du xiii' siècle. C'est le poète des jardins et des fleurs ; il a aussi écrit des poésies populaires dites Mowachchah. Dans ce même genre on remarque Ifan el-Halâwî de Mossoul (Ahmed ben Moham- med), né en 1206, qui fut le poète de cour de Bedr-Ëddin Loxyloa, atâbek de Mossoul, et qui mourut en 1258; c'était

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LES ABBASGIDES 105

UD des élégants de la ville, d'une fréquentation aimable et agréable, mais d'un esprit fort léger; il a chanté, dans ses odes, les khalifes et les rois de son époque, tels que Mélik-Nàçir Dâoud, seigneur de Karak. Lorsque le prince de Mossoul se rendit en Perse à la rencontre de Houla- gou, le pelit-61s de Tchinguiz-Khan, qui marchait à la conquête de Bagdad, son poète favori l'accompagna; mais celui-ci tomba malade en route et mourut dans les environs de Salmâs, à l'âge de près de soixante ans. Tout d'abord Bedr-Eddin Loulou, loin d'avoir en lui un "confi- dent Intime, ne l'admettait môme pas à sa table et dans sa société; il l'employait à réciter, les jours de fête, les panégyriques qu'il avait composés; mais à la suite d'une saillie spirituelle du poète à propos de son bidct que le prince avait rencontré malade dans un jardin, il le prit dans son cercle de commensaux habituels et lui attribua une pension.

Si nous citons encore les noms du poète chiite 'Izzeddîn 'Abd-el-Hamid Ibn Abi'l-IIadîd (■}■ 1258), auteur de sept poésies appelées ea-sab' el-'Alaiviyyâl, sur les louanges du Prophète, la prise de Khaïbar et de la Mecque, la mort de Hoséîn fils d'Ali, et le panégyrique du khalife Nàçir-Lîdinillah, dont un manuscrit existe à Leyde; de Djémùl-Ëddin Yahyà eç-Çarçari, originaire de Çarçar dans le voisinage de Bagdad (7 1258), qui fit le tour de force de composer, à la louange de Mahomet, un poème dont chaque vers renferme toutes les lettres de l'alphabet et de résumer le droit hambalite en vers sur le mètre tatvil; de Medj-Eddin el-Wà'îzh ei-Witri, prédicateur de Witr (-}- 1264), auteur de vers à la louange de Mahomet et sur les mérites du pèlerinage; de Chems-Eddin el- WîVizh el-Koùfl (prédicateur de Koufa), mort à quatre- vingts ans en 1276, dont les poésies existent en manus-

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lOe LITTÀRATORB ABADE

crit à Gotha, et de Medjdeddin Ibn Abi-Chùkîr d'Ar- bêles, qui vivait encore en 1277 et dont un poème, Tadhkiret el-artb, se trouve à la Bibliothèque Nationale, nous aurons passé en revue le mouvement poétique qui a Bagdad pour siège.

Perse.

La ville de Bost, dans le Sidjistan, qui fut brillante au moyen âge par sa prospérité et sa science, et dont les ruines inexplorées gisent dans les espaces déserts qui séparent la Perse de l'Afghanistan, donna naissance en 971 à Abou'1-Fath 'Ali el-Bosti, qui dans ^ jeunesse fut secrétaire du chef de cette ville, BatyoAr, et passa au service du chef turc Subuk-Tékin, le père du fameux Mahmoud le Ghaznévide, lorsque le prince de Bost fut défait par lui. Il mourut à Bokhara en 1010, sous le règne de Mahmoud. Ses œuvres en prose et en vers étaient surtout admirées pour l'emploi, disons l'abus, qu'il faisait de l'allitération. Un extrait de son diwan est conservé à Leyde; sa qaçida la plus célèbre, que l'on connait sous le nom de Qaçidat el-Bosti, et qui a été plu- sieurs fois commentée, est assez répandue dans les diverses bibliothèques d'Europe.

Abou-Mançoùr 'Ali ben el-Hasan est connu sous le surnom de Sorr-Dorh (Bourse de perles), qui lui fut donné à cause de son talent poétique, tandis que son père avait été surnommé Sorr-Baar (Bourse de fiente) à cause de son avarice; c'est ce qu'Abou-Dja'far Mas'oûd el-Bayadi nous a fait savoir par ses vers satiriques; il a eu seule- ment le tort d'ajouter : « Ce que votre père avait amassé, vous, l'ingrat, l'avez dispersé, et vous l'appelez poésie; »

LES ABB49SIDB9

c'est injuste, car les vers de Sorr-Dorr sont charmants. Nous ne savons presque rien de sa vîe; il naquit anté- rieurement à l'an 1009; il était à Wâsit lorsque Fakhr- Ëddaula Mohammed beo Djéhlr fut nommé vizir, et le félicita de sa nomination. Il mourut par accident en 1072 ; une fosse pour prendre les lions avait été creusée près d'un village sur la route du Kborasan, et il y tomba.

L'étude du droit chaféîte n'empêcha pas les talents poétiques d'Abou'I-Hasan 'Ali el-Bakhaiizi de se déve- lopper; il s'était exercé à l'art de la calligraphie, et fut employé occasionnellement dans les bureaux de la secré- tairerie d'État. II était à Bùkbarz, chef-lieu d'un canton entre Nisapour et Hérat, dans le Kborasan. Il passa sa vie dans des alternatives de richesse et de pau- vreté, et éprouva de surprenantes vicissitudes dans ses voyages et ses séjours dans les villes. It écrivit, en dehors de son propre diwan, une continuation, jusqu'il l'an 450 de l'hégire, du Yatimat eddahr de Tha'àlibi, sous le titre de Doumyal-el-qaçr (Statue du palais) ; c'est, comme l'ouvrage qu'il continuait, une anthologie poétique. Il fut assassiné dans sa ville natale, au milieu d'une partie de plaisir, dans l'été de 1075, et te crime resta impuni.

Un membre de la sainte famille de Hachim, un des- cendant d'Ibn 'Abbâs, le chérif Abou Ya'la Mohammed, mieux connu sous l'appellation d'IaN el-Habd&riyya, était à Bagdad. Poète de grand talent, il avait la langue acérée; ses satires n'épargnaient personne. Il faisait partie du cercle de poètes qui entouraient le grand ministre des Seldjoukïdes, Nizhàm el-Motk; les genres de composition qu'il affectionnait étaient la satire, les pièces humoristiques et obscènes : « Quand it veut bien consentir à respecter la décence, ses poésies sont haute- ment belles, M dit te Kàtib 'imâd-Eddtn dans sa Kkarîda.

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108 LITTéRÀTURE ARABB

Nïzbûm el-Molk avait pour lui une indulgence poussée à la limite la plus extrême. Un esprit de haine et de jalousie s'était élevé entre ce ministre et Tadj el-Molk Ifan Darest, secrétaire de Turkan-Khatoun, épouse de Mélek-Chah, et qui d'ailleurs lui succéda après sa mort. Celui-ci demanda à Ibn el-Habbâriyya de composer une satire sur Nizhâm cl-Molk, lui promettant, s'il y consen- tait, une récompense considérable et l'appui de sa faveur. « Comment, dit le poète, pourrai-je attaquer un homme aux bienfaits de qui je dois tout ce que je vois dans ma maison? » Néanmoins Ibn Darest ayant insisté, le poète composa ces vers : « Quoi d'étonnant que Nizhâm el- Molk gouverne et que te destin l'assiste? La Fortune est comme ta roue hydraulique qui sert à faire monter l'eau du puits, les bœufs seuls peuvent la faire tourner. » Quand on fît part au ministre de cette méchante attaque, il se contenta de faire observer que le poète avait simplement voulu faire allusion à son origine : il était de la ville de Tous dans le Khorasan, et le pro- verbe populaire disait que les gens de Tous sont des bœufs (nous dirions des ânes); non seulement il s'abstint de punir le poète, mais il le récompensa et le traita avec plus de faveur encore qu'auparavant. C'est une noble conduite, et une marque d'extrême indulgence, que les Orientaux, peu coutumiers de faits pareils, irascibles et prompts à la vengeance, admirent à cause de leur rareté. Comme exemple de ses vers humoristiques, on cîte les suivants : « Quand Abou-Sa'id s'aperçut que, pendant une année entière, je m'étais abstenu de boire du vin, il me dit : « Quel est le chéîkh qui vous a converti à une vie plus honorable? n Je répondis : « Ce cheikh, c'est la pauvreté. »

L'une de ses productions tes plus originales est un

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LES ABBASSIDBS

recueil d'apologues, de fables et de maximes morales sur le plan de Kalila et Dimna; cet ouvrage porte le titre A'Eç-Çâdih wal-bâghim (Celui qui parle bas et mur- mure); il est entièrement en vers sur le mètre radjaz, au nombre de deux mille, et sa composition occupa l'au- teur dix ans. Il le dédia à Abou'l-Hasan Sadaqa el- Mazyadi, seigneur de HiUa, ville qui occupe le site de l'antique Babylone, et lui envoya le manuscrit par son fils, en s'excusant de ne pouvoir s'y rendre lui-même; il obtint en revanche une ample récompense. Ce livre est connu aussi sous le titre de Natâïdj-el-fiuia (Résultats de la discorde). Le poète raconte qu'une fois, au cours d'un voyage, il s'éveilJa ta nuit et entendit une dispute entre un Indien et un Persan sur la prééminence de leurs pa- tries respectives; chacun, pour soutenir son dire, racon- tait des fables et des apologues. Tel est le canevas de cet ouvrage, dont Hammer a traduit en vers allemands un morceau considérable dans les Wiener Jahrbiicher; il a été imprimé au Caire et à Beyrouth. Quant à Tbn el- Habbùriyya, il mourut en 1110 à Kirman, il passa les dernières années de sa vie, après avoir résidé quelque temps à Ispaban.

De pure race arabe et d'origine aristocratique était Abou'l-MozhaSar Mohammed bl-Abiwardi, qui appar- tenait à la famille des khalifes oméyyades et à la tribu de Qoréïch, quoique sur le sol iranien, à Koùfàn, petit village du Khorasan à six lieues d'Abiward . Il s'acquit une grande célébrité comme poète, mais il fut en même temps érudit, traditionniste et généalogiste. Ses pièces de vers sont classées sous trois rubriques différentes : 'Iraijit/ûl (pièces relatives à l'Irak), poésies de jeunesse, panégjTÎques des khalifes et de leurs ministres ; Nedjdiyâl (poésies qui chantent le Nedjd ou Arabie centrale, l'Ar-

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110 I.1TTÉRATDRB AHABB

cadie des poètes orientaux) ; Wedjdii/ât (pièces erotiques) . Nous n'avons plus, malheureusement, son Histoire des villes d'Abiivard et de Nasa. Sou origine illustre l'avait rempli d'une vanité exagérée, d'orgueil et d'arrogance; dans ses prières, il avait coutume de dire : « Dieu tout- puissant! fais-moi roi de l'Orient et de l'Occident de la terre! » Dans ses vers le descendant des Oméyyades transparait parfois : « Nous régnâmes sur les royaumes de la terre, a-t-îl dît, et leurs grands se soumirent à nous, bon gré mal gré. n Sa vîc fut vertueuse et sa con- duite exemplaire. Il mourut empoisonné à Ispahan, dans l'après-midi du 4 septembre 1113,

D'origine syrienne était Idn bl-Khayyat (le fils du tailleur), à Damas en 1058; il avait obtenu le titre honorifique de Chihàb-eddin (flambeau de la religion), et était employé d'administration lorsqu'il se mit à voya- ger; troubadour errant, il composait des éloges des grands personnages qu'il rencontrait sur sa route, et finit par aboutir en Perse, il mourut en 1123. A Alep, il avait rencontré le poète Abou'l-Fityân Ibn Hayyoûs, et lui avait présenté ses vers; ce qui fit dire au vieux poète d'Alep que la venue de ce jeune homme lui annon- çait sa mort prochaine parce qu'il était rare, dans une profession, qu'un auteur de chefs-d'œuvre parât sans que ce fût l'annonce de la disparition prompte du doyen des maîtres. Son diwan, réuni l'année même de sa mort et qui a été, au moyen âge, extrêmement répandu, est conservé à l'Escurial et à Copenhague.

En ce même temps, la ville de Gaza en Palestine avait aussi produit son poète dans la personne d'Abou-Ishaq Ibrahim ben Yahya el-Kelbî bl-Gbazzî, en 1049; il vint à Damas en 1088 pour y étudier le droit, puis se rendit à Bagdad et s'établît pour plusieurs années dans

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le collège Nizhâmiyya, il composa des élégies et des panégyriques ; enfin il partit pour le Khorasan oii il trouva matière à louer des princes qui le récompensèrent géné- reusement de ses éloges ; c'est que ses compositions commencèrent à trouver des admirateurs. It fit lui-même un choix de ses meilleures poésies et les réunit en un volume qui contient environ cinq mille vers. 11 voyageait continuellement et pénétra jusque dans le Kirman, dont il célébra le gouverneur, Naçr-Eddin Mokram ben el-'Alâ,

Il mourut sur la route entre Merv et Balkh en 1130, et fut enterré dans cette dernière ville. Quand il sentit les approches de la mort, il s'écria : « J'espère que Dieu me pardonnera pour trois raisons : je suis compatriote d'Ech- Cfaàféï, je suis un vieillard, et loin de ma famille. »

Nàçih-Eddio BL-AnnADJÂKi appartenait à une famille qui faisait remonter sa noblesse aux Ançàrs ou auxiliaires de Médine qui prirent le parti de Mahomet contre les Mecquots. Il fut magistrat, cadi suppléant de Chouster et d'Asker-Mokram ; en 1068 à Arradjùn près d'El-Ahwaz en Susiane, il fit ses éludes au collège Nizhàmiyya d'Ispa- han ; il commença à composer quelques années postérieu- rement à 1087, vers la période de la mort de Nizhàm el- Molk, et continua jusqu'à sa mort en 1149. Sa suppléance des cadis en titre l'amusait ; il y a fait allusion dans ses vers : « Que je puisse être suppléant dans une telle pro- fession est un des tours de la fortune. C'est un miracle que j'aie assez de patience pour endurer de tels change- ments! » Il a dit encore ; a Je suis sans contradiction le plus poétique juriste de l'époque, et au moins le docteur en droit le plus instruit parmi les poètes. » Son diwan, qui se compose surtout d'apologies assez longues, a été réuni par son fils.

'Amid ed-dîn As'ad ben Naçr bl-Abahzî, à Abarz

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us LITTERATURE ARABB

dans le Fars, fut ministre de l'Atabek Mozhafler-Eddîn Sa'd ben Zenguî ; sous Abou-Bckr, le protecteur du poète persan Sa'di, il fut destitué et enfermé,, sous l'accusation de trahison, dans la prison d'Etat d'Ochkonwân, l'une des trois forteresses qui couronnent le site de Pcrsépolis (fin de 1226) et y mourut quelques mois après. Pendant sou internement, il composa une ode qui a été recueillie par son fils Tadj-Eddin Mohammed et qui est restée célèbre en Perse. Elle est remarquable par son style contourné et diffus, cl rempli de formules de convention apprises à l'école, au milieu desquelles il passe parfois un souffle de vraie et de franche poésie. Elle a été publiée et traduite en français par l'auteur de ces lignes.

Parmi les poètes persans qui ont écrit en arabe, on ne peut oublier Sa'di, le délicieux auteur du Guliatan et du Boûstan, ces deux fleurs jumelles de la littérature ira- nienne. Sa'di a composé des tjacidas arabes, dont la première est une élégîc sur la prise de Bagdad par les Mongols et la mort du dernier khalife abbasside. Il écri- vait dans cette langue comme dans la sienne propre, avec cette simplicité merveilleuse, ce naturel inimitable qui le distinguent entre tous ses confrères de l'Iran; en même temps ses vers sont remplis de sentiments pathé- tiques et touchants. Ses odes sont au nombre de vingt. Sa'di, à Chiraz, capitale du Fars, vers 1184, perdit de bonne heure son père attaché au service de l'atabck Sa'd ben Zenguî, alla suivre à Bagdad les cours de l'uni- versité Nizhùmiyya, fit plusieurs fois le pèlerinage de la Mecque, exerça, par esprit de charité, la profession de distributeur d'eau dans les marchés de Jérusalem et des villes de Syrie, fut fait prisonnier par les Francs et obligé de travailler avec des juifs à nettoyer les fossés de Tripoli de Syrie; il fut alors racheté par un Alépin qui lui donna

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s ABBASStOBS

sa fille eQ mariage. Il raconte lui-même avoir visité Kachgar dausIeTurkestan.l'Abyssinie etl'Asie Mineure^ il parcourut l'Inde eu passant par l'Afghanistan. Il finit sa vie de voyageur en rentrant s'établir à Chiraz dans un ermitage en dehors de la ville, près des sources du canal de Rokn-Abàd; c'est qu'il mourut (1291), plus que centenaire, et qu'il fut enterré.

L'Arabie.

L'Arabie n'est plus ce qu'elle avait été naguère, le ber- ceau delà poésie j cependant son (lambeau n'est pas entiè- rement éteint; au Yémen, nous trouvons encore, vers 1058, un poète indigène, 'Abd-er-Rabim BL-Botrn'î, dont les vers sont pleins du sentiment religieux et mystique; cent ans plus tard, dans la même région, un autre poète soufi, Abou'I-Hasan Ibn Khoumârtâch l'Hîmyarite, com- posa à vingt-deux ans une ode mystique commentée plus tard. Dans la province de Babréïn, nous trouvons comme poète 'Ali ben Moqarrab ben Mançour el-lbraliimi, qui appartenait à cette famille des 'Oyoùnides qui avait fondé, après l'expulsion des Carmathes, un État vassal des khalifes de Bagdad; après avoir vécu à la cour de son grand- oncle Mohammed et du fils de celui-ci, Mas'oùd, il se brouilla avec ce dernier et s'enfuit à Mossoul oii le géographe Yâqoût le rencontra en 1220, puis à Bagdad oii il mourut probablement en 1234. Ses panégyriques se sont adressés successivement à ses parents les 'Oyoùnides, au khalife abbassidc Nàçir Lidinîl- lah et à Bedr-Eddin Loulou, prince de Mossoul. Enfin un Syrien d'origine, Emin-Eddaula Abou'l-Gbanâïm Moslim,

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LITTERATURE ARARE

qui était de Chaïzar sur l'Orontc, dédia au dernier des princes éyyoubites du Yémeu, MéHk-Mas'oùd Salàh- Eddio, son authologic poétique intitulée Djamharat el- ialttm.

L'Egypte.

Alexandrie donna lejouren 1137à Ibn-Qalâqis (Abou'l- Fotoùh Naçr-allah), que l'on appelait encore El-Qddt el-a'azz (le Juge le plus illustre) et qui avait si peu de barbe que sa face en paraissait toute glabre, ce dont on se moquait beaucoup . C'était cependant un poète de talent. Ayant quitté l'Egypte à la suite des troubles qui suivirent t'établisscmcnt de Saladin, il se rendit en Sicile il 5t la connaissance d'un chef musulman nommé Abou'l-Qâsim bcn cl-Hadjar, ce qui prouve que sous Guillaume II, le troisième roi normand de cette île, des chefs musulmans y avaient conservé une haute position. Traité généreusement par lui, il lui dédia le Zakr~el~bâaim (la Fleur qui sourit), que nous n'avons plus. 11 y avait alors en Sicile un ambassadeur égyptien ; Ibn Qalàqis voulut profiter de son départ pour s'en retourner à Alexandrie, mais comme c'était la saison d'hiver, les vents contraires ramenèrent à son point de départ le navire qui les portait. Plus tard le poète se rendit au Yémen et vécut quelque temps à Aden; puis 11 voulut rentrer en Egypte, maïs son vaisseau fit naufrage près de l'île de Dahlak dans la mer Rouge et il fut forcé de revenir à Aden après avoir perdu toute sa fortune, fruit de la générosité d'Abou'l-Faradj Yâsir, ministre du sou- verain d'Aden (11 août 1168). Il retourna presque du auprès de son protecteur.

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Le 29 mai 1172 il mourut à 'Aïdhâb, petit port près de Djedda. Ses nombreux voyages lui ont fait dire de lui-mSme : « 11 y a beaucoup d'hommes dans le monde, mais je suis destiné à n'avoir pour compagnons que des matelots et des conducteurs de chameaux. i>

Un autre magistrat égyptien que ses graves occupa- tions n'empêchaient pas de cultiver avec succès les belles-lettres, c'était Hibat-Allah Ibn Sanà-el-Molk , que l'on surnommait El-Qddies-sa'ïd (le Juge fortuné). Il était en 1150; en mars tl76, il se rendit en Syrie, oii son protecteur Ef-Qâdi el-Fâdil Modjir-Eddin d'Ascalon, ministre de Saladin , avait accompagné son maître et sa réputation l'avait précédé; le Kùtib 'imàd-Eddin, auteur de la Kharlda, l'y rencontra et le trouva une merveille d'intelligence. Son mérite et ses talents le menèrent seuls au rang émînent qu'il occupa, en même temps qu'ils lui valaient les faveurs de la fortune. Il mourut au Caire en 1211.

Celui de ses diwans qui nous a été conservé, le Ddr et- {!><£« (Dépôt de broderies), est composé en grande partie de poésies populaires dites Mowackchahât; le Focoûç el- foçoûl est une anthologie de morceaux de vers et de prose extraits de sa correspondance littéraire. 11 faisait partie, au Caire, d'une société de poètes qui tenaient des séances pendant lesquelles ils échangeaient des conver- sations agréables; c'étaient des académies bénévoles, auxquelles il ne manquait qu'une organisation pour devenir peut-être aussi célèbres que beaucoup d'autres.

Kémal - Eddin Ibn en-Nabih fut le panégyriste des princes eyyoubites. Plus tard il entra au service d'El-Mélik el-Achraf Moùsa, prince de Nisibe, en Mésopotamie, comme secrétaire rédacteur, et il mourut dans cette ville en 1222. Son diwan a été imprimé à Beyrouth en 1882;

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une de ses poésies a été traduite en anglais dans les Spé- cimens of arabian poetry de Carlyle. Ses poésies légères sont pleines d'afféterie et de jeux de mots.

'Omab Ibn el-Farbd, le plus grand poète mystique arabe, naquit au Caire en 1181 et mourut dans la même ville en 1235, après un séjour de quelque temps à la Mecque. Son dïwan a été recueilli et mis en ordre par son petit-fils 'Ali. Ses œuvres sont, en langue arabe, un modèle parfait du style que les soufîe employaient pour décrire leurs extases. On sait que ces philosophes pan- théistes chantaient l'amour de la Divinité et le désir de la réunion avec le grand Tout en empruntant à la vie humaine les peintures les plus enflammées, et qu'ils n'hésitaient pas à chercher dans l'usage et l'abus du vin une exaltation qu'ils s'imaginaient les rapprocher de l'Être suprême. C'est ainsi qu'une des odes d'Ibn Fâred est consacrée aux louanges du vin.

BbhI-Eddin Zohéïr el-Mouhaltabt , secrétaire dans l'administration égyptienne, poète de cour des Eyyou- bites, mourut en 1258, laissant un diwan publié et traduit en anglais par E. H. Palraer. C'est chez lui qu'on saisit combien la langue arabe était devenue souple et se prétait aux mille délicatesses de sentiments affinés par une civi- lisation brillante, celle des successeurs de Saladin.

Chéref-Eddin Mohammed bl-Bouçiri s'est acquis, dans le monde musulman, une renommée universelle par son ode au manteau du prophète {Qaçidet el-Bourda), imitation du panégyrique de Ka'b ben Zohéïr. Il était en 1211 et mourut en 1294. De nombreux commentateurs ont expliqué les beautés de cette œuvre; M. R. Basset en a donné une traduction française ; il en existe des traduc- tions allemandes et une anglaise. Bien plus, des poètes se sont amusés à en écrire des paraphrases, ce qu'on

LES ABBASSIDES 117

appelle takhmis, et qui consiste à écrire trois distiques de remplissage, ce qui, avec les deux distiques du vers arabe, fait cinq. D'autres panégyriques du Prophète sont encore sortis de la plume îuspirée de Bouçiri : ce sont l'ode appelée Omm-el-Qora (la Mère des villes, surnom de la Mecque), et quatre autres pareilles.

Djéroal-Eddin Yahya Ibn Matrouh naquit dans la haute Egypte, à Syout, le 8 juin 1196. C'est qu'il passa sa jeunesse et poursuivit des études qui le firent entrer dans l'administration civile. Après avoir occupé divers emplois, il fut attaché au service du prince Éyyoubite El-Mélik -Çùlih Nedjm-Eddin, fils de Mélik-Kâmil et son lieutenant pour l'Egypte, et il l'accompagna lorsque ce prince fut chargé par son père d'aller administrer ses nouvelles acquisitions d'Orient, en Irak et en Mésopo- tamie (1231); il le suivit également lorsqu'il rentra en Egypte (1240) et fut nommé intendant du trésor. Quand son maître fut, pour la seconde fois, investi de la prin- cipauté de Damas, Ibn Matrouh fut chargé d'administrer cette ville et son district avec le titre de vizir, puis il eut l'ordre d'aller reprendre, a la tête d'une armée, la ville de Homs, tombée entre les mains de Mélik-Nàçir; c'est pen- dant le siège de cette ville que le sultan apprit que les Croisés se réunissaient dans l'Jle de Chypre pour attaquer l'Egypte : il retira ses troupes en hâte et les ramena dans ce dernier pays, tandis qu'lbn Matrouh tombait en dis- grâce pour certains actes qui avaient déplu ; néanmoins il continua, malgré sa défaveur, son service auprès de son maître. Saint Louis avait pris Damîette le 11 juin 1249; EI'Mélik eç-Çâlih vint camper à Mansoura et y mourut le 23 novembre 1249; Ibn Matrouh retourna alors au Vieux- Caire et y resta dans sa maison jusqu'au jour de sa mort le 19 oclobre 1251. H était l'ami d'Ibn Khallikan, qui dit

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118 LITTÉRATORB ÀHABB

qu'il possédait de grands taleals, uo caractère aimabie et unissait à ses mérites les plus estimables qualités du cœur. Ils restèrent en correspondance quand ils se furent séparés; quand ils se réunissaient, ils passaient le temps en réunions littéraires et en conversations amu- santes. Ibn Matrouh récita ses vers à son ami, qui en a inséré un certain nombre dans son dictionnaire biogra- phique. Quand il se fut retiré de la vie publique à la suite de la mort de son patron, son désceuvrement lui pesa; il souffrit d'une maladie d'yeux qui devint incurable et le priva de la vue. Il avait connu tout jeune, dans la haute Egypte, Béhâ-Eddin Zohéïr; ils étaient comme deux frères. Plus tard ils entretinrent entre eux une corres- pondance versifiée. Son diwan a été publié à Constanti- nople en 1881. On y trouve une pièce sur la bataille de Mansoura, gagnée par Mélik-Mo'azbzham et saint Louis fut fait prisonnier.

La Syrie.

A Damas était on 1161 Ibn es-SÂ'âti, que sa filia- tion permet de croire d'origine iranienne, car son père s'appelait Rustem et son grand-père HardoOz; par suite de circonstances inconnues, c'est en Egypte qu'il passa sa vie, c'est ce pays qu'il chanta dans ses vers, c'est qu'il mourut, au Caire même, en mars 1208. 11 laissa deux recueils de poésie, un grand qui est conservé à la mosquée de Sainte-Sophie, et un petit qui porte le titre de Moqattaât-en-Nil (Fragments relatifs au Nil) et dans lequel il a décrit, entre autres, en termes élégants et fort admirés, les délices d'un jour et d'une nuit qu'il passa

LES ABBA8SIDES 119

à Syont, daas la haute Egypte. Ses vers aboadent en idées que les Orientaux trouvent charmaDtes, et dous précieuses et affectées.

Nous n'avons plus le diwan en quatre volumes de Chihâb-Eddin Yoàsouf ben Ismâ'ïl d'Alep, surnommé Ech-Chawwâ {le Rôtisseur). en cette ville vers l'an 1166, il acquit une grande habileté technique dans la versification; il aimait à introduire des termes de grammaire dans ses vers; il composait de petites pièces de deux ou trois lignes, contenant des idées originales et recherchées. Il se lia d'amitié avec le biographe Ibn Khallikan, qui aimait à discuter avec lui sur les difiicultés et les subtilités de la grammaire arabe; ils devinrent compagnons inséparables depuis l'an 1236 jusqu'à ta mort d'Ech-Chawwà en 1237, un an après. Il était de ces sectaires qui ont adopté les plus extravagantes doctrines des sectes chiites, c'est-à-dire qu'il croyait qu'Ali et les imams, ses descendants, étaient des incar- nations de la Divinité.

'Abdbl-Mohs)n ben Hamoûd ct-Tanoûkhi, en 1174, s'était instruit par de nombreux voyages et était entré au service du Mamelouk 'Izz-Eddin Aïbek, prince de Sar- kfaad, dont il fut d'abord secrétaire, puis ministre, fondions qu'il occupa jusqu'à l'assassinat de ce prince en 1229. H mourut lui-même en 1245, laissant, entre antres ouvrages, le Miflâb el-Afrâh fi'mlidâk er-rdh (Clef des joies, louanges du vin), recueil de poésies bachiques à la façon d'Abou-Nowâs.

Noùr-Eddin Mohammed eUls'irdi, à Séert en 1222, fat l'un des poètes les plus appréciés de Mélik en-Nàçir l'Eyyoubite, prince d'Alep, auquel il s'était particulière- ment attaché et auquel il dédia ses Ndçiriyyât, panégy- riques conservés à l'Escurial. Il était effronté et sans

vergogne. Une de ses odes est consacrée à défendre le vin contre le hachlch. Il mourut en 1254.

Ibn eç-Çaffnr (le Fils du chaudronnier] de Mardïn, autrement dit Djélal-Eddin 'AH ben Yoùsouf, dans cette ville en 1179, fut secrétaire-rédacteur au service du prince Orlokide el-Mêlik el-Mançour et périt lors de la prise de la forteresse par les Mongols en 1260. Ses poésies, légères et erotiques, font partie des manuscrits conservés h Gotha.

Nedjm-Eddin Abou'l-Maâli Ibn Isràïl (Mohammed ben Sawwar), à Damas en 1206, mourut dans cette même ville en 1278; c'était un derviche, qui se retira du monde et voyagea. Son dîwan est à l'Escurial.

Ibn Monir ET-TARABOtosi (Ahou'l-Hoséïn Ahmed] était fils d'un chanteur ambulant qui récitait des poésies dans les marchés de Tripoli de Syrie; il naquit dans cette ville en 1080; en grandissant, il apprît le Koran par cœur, étudia la grammaire et la philologie, et commença à tirer des poésies de son propre fonds; il se rendit à Damas et s'y établit. En religion il professait des opinions chiites. Le nombre de ses satires et la causticité de son langage étaient excessifs, que Bourî, fils de l'atabek Toghtékin et prince de Damas , le tint emprisonné quelque temps et avait l'intention de lui faire couper la langue; de puissantes interventions sauvèrent le poète de ce supplice; on se contenta de le bannir de la ville. Celui-ci se rendît alors à Alep, oii il mourut en 1153; il fut enterré sur la colline de Djauchan, en dehors de la ville, et le biographe Ibn Khallikan y visita son tombeau. L'atabek 'Imad-Eddin Zengui assiégeait le château de Djabar lorsqu'il entendit son musicien chanter des vers d'Ibn-Montr qui lui plurent : il donna l'ordre de faire venir l'auteur d'AIep en toute hâte; mais la même nuit

LBS ABBA9SIDB3 131

Ibn MoDtr arriva au camp, l'atabck fut assassiné, et l'armée reviot à Alep, ramenant le poète décooGt. Son ennemi Ibn el-Qaïsarùni, dont ÎI 9'était si souvent moqué en prétendant qu'il avait le mauvais œil, le félicita ironiquement de sa belle équipée. La poésie d'Ibn Monîr est éminemment raffinée; la bibliotbëque de Berlin a conservé sa qaçlda et-Tatarit/t/a, ode de quatre-vingt- onze vers sur son esclave Tatar, qu'il avait envoyé porter des présenta au chérif El-Moùsawî et que celui-ci avait retenu; il y laisse entendre qne, pour rentrer en pos- session de son serviteur, il serait disposé a renoncer à sa profession de foi chiite.

Ibh Hattous, qui vit le jour à Damas le 27 décem- bre 1003, était le fils du chef d'une tribu arabe du désert, ce qui le fit surnommer El-Emir, et s'appelait proprement Abou'l-Fityàn Mohammed ben Soltnn; Hayyoûs était son aïeul. Il fut en relations avec un grand nombre de princes et de personnages importants, qui le récompensèrent généreusement des louanges qu'il leur prodigua, mais il s'attacha particulièrement aux Beni- Mirdas, famille qui régnait alors à Alep, ville il se rendit en 1072. L'un des princes de cette dynastie, Mahmoud ben Naçr, lui avait fait un présent de mille pièces d'or. A la mort de Mahmoud (1075), il alla trouver son fils et successeur Djélal-Eddaula Naçr pour lui pré- senter, en vers, ses compliments de condoléance; dans le cours de son poème il disait : u Mahmoud m'a donné mille pièces d'or de son trésor ; je sais bien que son fils Naçr en fera autant. » L'élégie plut tellement à Xaçr qu'il s'écria : « S'il avait dit que Naçr doublerait plusieurs fois cette somme, au lieu de dire qu'il en ferait autant, je l'aurais certainement fait. » Les bienfaits de la famille de Mirdas permirent au poète de se faire bâtir

m LITTÉRATUBB ARABE

une maison à Alep, sur la porte de laquelle il fit inscrire des odes de sa composition pour célébrer « la bonté de ceux qui l'avaient délivré de l'adversité et de la tyrannie de la fortune ». Il y mourut en janvier 1081.

DjaTar bcn Chems-el-Kbilàfa el-Afdali tirait son sur- nom d'EI-Afdal Emîr-el-djoyouch, ministre d'Egypte, au service duquel il avait été. en 1148, il mourut au Caire en 1225. Copiste de mérite, les ouvrages transcrits par lui étaient recherchés pour la beauté de l'écriture et leur correction, qualités qui, en Orient, s'excluent presque toujours l'une l'autre. La plupart de ses ouvrages sont des compilations l'on ne peut louer que le bon goût qui présida au choix des pièces qu'elles renfer- ment. Cependant il a également laissé des compositions poétiques; H^idji-Khalfa mentionne son diwan. On a admiré les vers il dît que « la misère est suivie par le bonheur; considérez que le mal qui a cessé est préférable à la joie qui est en train de disparaître ».

Séïf-Eddin el-Mochidd était un Turcoman d'origine qui s'appelait 'Ali ben 'Omar ben Qyzyl ben Djildak el- Yaroùqi; il naquit au Caire en 1205, puis fut appelé à Damas en qualité d'inspecteur {mockidd) du bureau des administrations publiques par El-Mélik en-Naçir Yoùsouf ; il mourut en cette ville en 1258. C'était un homme d'une fréquentation agréable et d'un entretien spirituel. Od peut trouver son diwan à l'Escurial et au Britîsh Muséum.

De cette époque nous ne retiendrons encore que les noms d'Ibn ez-Zaqqàq el-BoIqini, mort en 1134 à moins de quarante ans, et connu pour ses mowachckakdf, de Zhàfir el-Haddâd d'Alexandrie, mort au Caire en 1135, dont le diwan, composé en grande partie de panégyriques et d'élégies, est à Berlin ; d''Ali el-Hamadâni es-Sakhàwî,

LES ABBA3S1DBS 1Ï3

auteur de sept odes à la louange du Prophète, commen- tées plus tard par 'Abd er-Rahman beu Isma'îl ben cl- Maqdîsi, dans un texte conservé à Paris; de Zéïn-Eddin Katâkit, originaire de Séville, en t208 et mort au Caire en 1285, dont la bibliothèque de Gotha possède de« poésies; de Nàçîr-Eddin Ibn en-Naqib cl-Nafisi, mort au Caire en 1288, qui avait composé des poésies fragmen- taires, dont quelques-unes se retrouvent dans le Fatvât el-Wafayât d'El-Kotobî, et une anthologie intitulée Mandzil el-Ahbâb, dont un exemplaire peut être consulté dans la bibliothèque de la mosquée Nouri-Osmanié à Constantinople ; de Siràdj-Eddin el-Warrâq, poète copieux et abondant, en 1218, mort en 1296, qui était calli- graphe et expéditionnaire au service du gouverneur du Caire, et dont les poésies, excessivement nombreuses et formant environ trente volumes, avaient été réduites par lui-même en un diwan de sept épais volumes; nous n'en avons plus qu'un extrait fait par Çafadi en 1346.

Chihâb-Eddin et-Tella'farî (Mohammed ben Yoûsoul) naquit à Mossoul en 1197; les panégyriques qu'il adressa au prince Mélik-el-Achraf ne l'empêchèrent pas d'être exilé de cette ville parce qu'il était adonné aux jeux de hasard, interdits par la loi musulmane : les sommes que lui donnait son protecteur étaient immédiatement dissi- pées par lui au jeu; il se transporta alors dans la ville d'Alep, fut d'abord bien accueilli par le prince, puis mérita sa défaveur par le même défaut; on fut obligé de faire annoncer par le crieur public que quiconque serait vu jouant avec lui aurait la main coupée.

It ne fut pas plus heureux à Damas oîi, perdant au jeu l'argent qu'il soutirait aux grands personnages, il en fut réduit à coucher dans les fours à chauffer les bains publics. Enfin on le retrouve à la cour du prince de

1H LITTÉRATURE AHABB

Hama, ville il mourut en 1277. Ses poésies sontàl'Eia- curîal et à Berlin ; sortant des mètres classiques, il a écrit également des chansons populaires appelées motvack- chahtît.

'Afif-Eddin Soléïmân et-Tilïmsâni, en 1213, vécut au Caire et à Damas tantôt comme soufi, tantôt comme écrivain, et mourut dans cette dernière ville en 1291. Sa famille était originaire de Koufa; il prétendait au mysti- cisme, employait volontiers les expressions particulières dont se servent les soufis : on le soupçonnait même de tendre vers les croyances des Nosaïris ou Ansariéa. Quand il mourut, il prononça ces paroles : « Celui qui connaît Dieu ne saurait le craindre; je suis au contraire joyeux d'aller le retrouver, u II était à Damas huissier du percepteur du trésor public. Son fils, Mohammed ben Soléïmân, le doux poète, dont on disait qu'il pénétrait dans les cœurs avant d'avoir frappé les oreilles, composa des vers élégants qui firent l'admiration des Damas- quins. On l'avait surnommé Ech~Ckâbb ez-Zharlf {le Jeune homme spirituel). au Caire en 1263, il mourut en 1289 à Damas; il n'avait que vingt-six ans.

A côté de ces noms, ceux d'Abdallah el-Khafûdji [f 1074), qui célébra les louanges du grand émir Sa'd- Eddaula Ali benMounqïdh, deMa'dàn ben Ketbîr el-Bûlisi, dont on ne connaît rien en dehors de ses panégyriques et élégies conservés à Gotha, du prince Bahrâm-Chah ben Farroukh-Chah, petit-neveu de Saladin, qui régnait ù Baaibek en 1182 et fut assassiné en 1230 en laissant un diwan composé de poésies amoureuses et de poèmes che- valeresques qui est à la Bibliothèque nationale; ceux encore de Çadr-Eddin el-Baçrl, qui dédia au prince d'Alep Mélik-Niîçir Abou'l-Mozhaffar Yoùsouf son Hamdsal el- Baçriyya; de Tadj-Eddin de Sarkhad, en 1201, pro-

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LES ABBAS81DBB 12b

fesseur de droit hanéSte à Damas, il mourut eu 1275; de Chems-Eddiu el-KhafiFaf, panégyriste du Prophète, nous font passer en revue les petits poètes de cette époque en Syrie.

La Sicile.

Abou-Ishaq Ibrahim ei-Housri, poète de Kairouan en Tunisie, y était et y mourut en 1061; il a composé des poésies sur sa ville natale, que l'on retrouve à l'Es- curtal; il a laissé trois anthologies de différents formats : le Zakr el-Adâb (Fleurs de la littérature), imprimé à Boulaq sur les marges de V Iqd-el-Férid d'Ibn 'Abd-Rab- bihi, le Kitab el-maçoûn (Livre bien gardé) et le Noûr et- ïor/'(Lumière du regard).

Un prince qui fut aussi poète un jour, c'est El-Mo'izz Ibn Bâdis, ce membre de la dynastie des Zîrides qui pro- pagea dans l'Afrique du Nord le rite malékite à l'exclu- sion du rite hanéfite qui avait dominé jusqu'alors, et qui se sentit assez puissant pour rompre les liens de vassa- lité qui l'attachaient aux Fatimides d'Egypte et pour reconnaître publiquement la suzeraineté, purement fic- tive, du khalife de Bagdad. en 1007, il mourut en 1061 après un très long règne. Pour célébrer sa déclaration d'indépendance relativement aux Fatimides, il composa une ode, appelée Nafakdt-Qodaiyya (Effluves sacrés), qui se trouve à l'Escurial.

Ibo Charaf el-Qaïrawâni cl-Djodbâmi était borgne ; il fiit en lutte littéraire avec Ibn Rachiq, qui composa contre lui des satires; il mourut en 1068- L'Escurial a conservé de lui une Séance littéraire sur les poètes les plus célèbres. Il est l'auteur d'un vers gracieux sur le

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ISe LITTERATrRE ARABE

bois du luth : « Quand il était frais, les oiseaux chao- taient sur ses branches; maintenant qu'il est sec, ce sont les bommes qui chantent en s 'accompagnant sur lui. »

Abou 'Abdallah Mohammed ech-Choqrâtîsi, mort dans le Djérid (Tunisie) en 1072, auteur d'une ode à la louange du Prophète, souvent commentée, Abou'l-Fadl et-Toû- zéri, vers 1041, mort en 1113, qui composa une ode intitulée el-Monfaridja, fréquemment commentée, amplifiée et imitée; Abou'l-Hasan Hâzim el-Qartâdjini, en 1211, mort à Tunis en 1285, auteur de plusieurs odes à la louange du souverain Hafside de Tunis El- Mostançir-BlUah, terminent la liste des poètes qui fleu- rirent dans l'Afrique du Nord du xi° au xiii' siècle.

'Abdeidjabbàr Ibn Hamdis était en Sicile; jeune encore, il se 6t connaître par ses productions poétiques. II avait une trentaine d'années lorsque les Normands conquirent l'île sur les Arabes, en 1078; il s'enfuit à la cour du khalife d'Espagne El-Mo'tamid, fut bien accueilli par lui et l'accompagna en captivité lorsque le prince africain Yodsouf ben Tàchifin s'empara de lui en 1091. Le khalife mourut au bout de quatre ans, et le poète resta à Mehdia en Tunisie. Plus tard nous le retrouvons à Bougie il mourut, octogénaire et aveugle, en 1132; certains disent qu'il mourut dans l'île de Majorque. Son diviran a été publié à Palerme par Monçada et son chan- sonnier à Rome par Schîaparelli.

L'Espagne

Dès le premier siècle qui suivit la conquête de l'Es- pagne, les vainqueurs y cultivèrent avec succès la poésie; cependant ce n'est qu'avec lexi' siècle que nous trouvons

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des renseignements suffisants sur le mouvement litté- raire dans ce pays. Nous rencontrons au début YoAsouf ben Haroùn er-Ramâdi, poêle de Cordoue, qui y mourut pauvre en 1013, après avoir eu un grand succès ; il fut remarqué à cause du nombre de ses productions et de la rapidité avec laquelle il énonçait ses idées ; it ne reste cependant de lui que quelques vers épars dans les antho- logies, ainsi qu'une ode composée par lui pour charmer ses loisirs pendant qu'il était en prison. Ensuite vinrent 'Abdallah ben "Abdes-Sélam, auteur du Dorr el-manzkoum (Perles rangées en ordre], diwan par ordre alphabétique et composé de panégyriques et de félicitations pour l'an nouveau ; Abou'I-Fath Ibn el-Hasina vers 1048, 'AH el- Mayorqi, originaire des Baléares, qui mourut à Bagdad en 1084, le khalife abbadide de Séville El-Mo'tamid, ami et protecteur des lettrés, poète lui-même, Ahmed en- Noméïri au début du xii* siècle, et Abou'l 'Abbûs et-Totili el-A'mà, l'aveugle de Tudèie, mort jeune en 1126, qui chanta l'AImoravide 'Ali ben Yoùsouf ben Tâchifin et composa des mowachchahât.

Ibn-Zérdoun (Abou'l-Wélid Ahmed) était d'une fa- mille considérable de Cordoue, il naquit en 1103. Le rôle important qu'il jouait encore jeune dans sa ville natale attira sur lui l'attention de Wallâda, fille du khalife oméyyade El-Mostakfi, assassiné en 1025. Leurs amours furent traversées par Abou'l-Hazm ben Djahwar, alors maitre de Cordoue, qui le fit jeter en prison; il s'enfuit, mais le désir de revoir Wallâda le ramena dans la même ville. A la mort de son persécuteur, le fils de celui-ci, Abou'l- Wélîd, étant monté sur le tràne, rappela Ibn-Zéïdoun et fît de lui son vizir. Abou 'Amir ben 'Abdoùs s'étant porté candidat à la main de Wallâda, Ibn- Zéïdoun lui adressa, au nom de celle-ci, une épître

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ISS LITTÉRATORB AUBE

célèbre oh elle refusait sa demande en mariage. Les rapports qu'il entretenait avec le prince de Malaga, Idrîs II, ami des arts, le rendirent également suspect à son protecteur Abou'l-Wélid, qui le bannit. Il se rendît alors à Séville oii régnait El-Mo'tadid, qui lui réserva une brillante réception et le choisit bientôt après pour réunir sur sa tète les chaînes de premier ministre et de commandant des troupes. Il réussit à tel point dans ces fonctions que le successeur de Mo'tadid, El-Mo'tamid, les lu! conserva jusqu'à sa mort en 1070. La lettre à Ibn-Abdoùs a été publiée et traduite par Reiske en 1755 ; plus tard l'orientaliste hollandais Weijers s'est occupé de lui, et plus récemment encore M. Besthorn a étudié sa vie et a publié la lettre adressée à Ibn Djahwar.

'Abd-el-Medjid Ibn 'Abdoùn, à Evora, attira de bonne heure sur lui l'attention d"Omar ben Aftas, alors gouverneur de cette ville. Quand celui-ci succéda à son frère Yahya, il fit venir le poète à Badajoz et lui confia les fonctions de secrétaire. Lorsque l'irruption des Almo- ravides fit perdre à ce prince ses États et sa vie, en 1092, Ibn Abdoùn entra en la même qualité au service de Sir ben Abi-Bekr, commandant les troupes d'Afrique; puis il passa au Maroc le fils de Yoùsouf ben Tâchifin l'employa aussi comme secrétaire. 11 mourut dans sa ville natale, il était venu revoir sa famille, en 1134. L'ode qu'il a composée sur la fin de la famille d'Aftas devint célèbre; elle a été commentée par Ibn Badroùn et par Isma'ïl Ibn Athir.

Entre Jativa et Valence se trouve Jucar, que les Arabes appelaient une île parce que ce village est entouré par les eaux de la rivière du même nom. C'est qu'en 1058 naquît Ibn Khafûdja (Abou-Ishaq Ibrahim); c'est qu'il vécut sans essayer de courtiser les roitelets

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LES ABBASSIDBS 139

qui s'étaient partagé la contrée, et qui cependant met- taient leur gloire à patronner les lettres. Toutefois il adressa de nombreux panégyriques à Abou-Ishaq Ibrahim ben Yoùsouf ben TâchiGn, comme nous le voyons par son diwan qui a été imprimé au Caire en 1869.

Médecin et poète a la fois était cet Espagnol d'Almeria qui entra au service du sultan seidjoukide Mahmoud ben Mélekchâh en 1127 et installa pour lui un hôpital de campagne monté sur quarante chameaux; il se nommait 'Obétdallah ben Mozhaffar; en 1093, il entreprit le pèlerinage de la Mecque en 1122, séjourna à Damas et à Alexandrie, vécut quelque temps comme professeur à Bagdad et retourna ensuite à Damas, ob il mourut en 1154. De ses vers, en dehors de ceux qui sont cités dans les anthologies, il n'est guère resté qu'un poème dans le mètre radjaz, Ma arret-el-béît, qui se trouve dans un manuscrit de Berlin.

Abou-Bekr Mohammed Ibn Guzman, troubadour am- bulant, allait de ville en ville célébrer les grands dans ses panégyriques et vivait des récompenses qu'il obte- nait par ce moyen . 11 a écrit des poésies populaires dans la forme dite zadjal, jusqu'alors réservée aux impro- visateurs, et qu'il a élevée à la dignité de mode litté- raire; aussi a-t-on pu le considérer comme l'inventeur de ce genre de poésie. Il l'a employé même pour célébrer les panégyriques des princes, tandis qu'avant lui la noble qaçlda avait seule été réservée à cet usage. Le manuscrit unique du Musée asiatique de Saint-Péters- bourg a été publié par M. D. de Gunzbourg.

Abou-Ishaq Ibrahim Ibn Sahl, israélite de Sévîlle, se convertit plus tard à l'islamisme. Il pérît noyé, en même temps qu'Ibn Kballas, gouverneur de Ceuta, en 1251 ou 1260; il avait un peu plus de quarante ans. II fréquen-

LirrtlIiTDHI IIUBI. "

ISO LITTÉIUTUIIE ARABE

tait la société musulmaDe avant sa conversion, et com- posa même un poème en l'honoeur de Mahomet avant d'entrer au nombre de ses sectateurs. Cependant sa con- version a laissé des sceptiques, qui avaient remarqué qu'il ne se privait pas de boire du vin. Il a écrit des poésies sur le mètre populaire dit movfackchah, qui ont été réunies par Hasan ben Mohammed el-'Attâr et litho- graphiées au Caire.

L'administration espagnole pouvait revendiquer à bon droit Abou-Zéïd 'Abd-cr-Rahman Ibn Yakhlaftan qui, après avoir été employé comme secrétaire par différents princes arabes, fut exilé par l'Almohade EI-MamoAn. Réfngié au Maroc, il se raccommoda avec le sultan en 1230, mais sans grand profit pour lui-même, puisqu'il mourut trois mois après. Ses œuvres complètes en prose et en vers ont été rassemblées par un de ses élèves en un volume qui se trouve à Leyde et dont le contenu est relatif à l'édification et à l'ascétisme; du même genre sont les pièces de vers renfermées dans un manuscrit de l'Escurial, auxquelles il faut joindre un certain nombre d'odes à la louange du Prophète. Un auteur de poèmes soulis sous la forme populaire du motvachchah est cet Espagnol à Chouchtar, localité du Wadi-Ach en Andalousie, mort à Damiette en 1269, Abou'l-Hoséin 'Ali ech-Chouchtarl. Un habitant de Malaga, Abon'l- Hakam Mâlîk Ibn el-Morahhal, écrivit le panégyrique du Prophète en vers populaires.

La prose élégante et rîmée.

La même époque vit composer des ouvrages de prose qui peuvent être mis à côté des œuvres poétiques. La prose rimée, dont le chef-d'œuvre est le Koran, avait

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LES ÀBBÂSSIDES 1S1

perdu sa vogue d'avant l'islam et était totalement délaissée, lorsqu'elle retrouva un renouveau avec les prônes (Khotba), l'art épistolaire et les compositions poétiques devenues célèbres sous le nom de Séance» (maqâmât).

Ibn NoeiTA, à Méyyâfàriqta en Mésopotamie (d46), prédicatenr à la cour de Séïf-Eddaula à Alep, mourut dans sa ville natale en 984; on l'appelle El-Khatîb, le Prédi- cateur, pour le distinguer de son homonyme Ibn Nobâta, le Poète, qui vivait également à la cour de Séïf-Eddaula. Une grande partie des sermons d'Ibn Nobâta sont con- sacrés au devoir de la guerre sainte; ils étaient destinés à encourager le peuple et à le stimuler à porter secours à son prince, dont nous avons vu plus haut les luttes continuelles avec les troupes romaines de Byzance. Le plus célèbre de ses sermons est celui qui est connu sous le nom de Sermon du songe ou de la vision, composé pendant un rêve le prédicateur crut voir lui apparaître le Prophète en personne ; il a été publié et traduit par Mac-Guckin de Slane dans le Journal Asiatique de 1840. Quant au poète du même nom, il allait de pays en pays réciter aux princes et aux grands personnages les poèmes qu'il avait rimes à leur gloire. en 938, il mourut à Bagdad en 1015. C'est à lui qu'il arriva une étrange aventure racontée par Ibn Khallikan. Faisant un jour la sieste dans le vestibule de sa maison, un individu arrivé des régions de l'Orient vint lui demander s'il n'était pas l'auteur des vers il est dît : « Celui qui ne meurt pas par l'épée mourra de quelque autre façon ; les modes sont différenu, mais le malheur reste le même; » et avant la fin de la même journée, un habitant de Tiaret en Algérie vint lui poser la même question ; ce qui surprit fort Ibn Nobâta, c'est que la célébrité d'un de ses vers eût atteint

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LITTÂUTVBE ARABB

à la fois les extrémités est et ouest du monde musulmaD. Abou-Bekr bl-KhArizmi avait pour mère la propre soeur de l'historien Tabari; en 935, il est le premier auteur qui nous ait laissé un recueil de lettres. C'est un épis- tolier qui avait eu de nombreuses aventures. Il était d'origine persane; son père était du Khârizm, aujour- d'hui Khanat de Khiva, sa mère du Tabaristan ou Mazan- déran au nord de la Perse; dans sa jeunesse il vécut quelque temps à Alep à la cour de Séïf-Eddaula, se rendit à Bokhara auprès d'Abou-'Ali el-Bal'ami, se sépara bientôt de lui, séjourna à Nisapour dans le Kho- rasan ainsi que dans le Sidjistan, oii il lut mis en prison pendant longtemps à cause d'une satire dirigée contre le gouverneur Tahir ben Mohammed. De retour à Nisapour, il s'y établit après quelques voyages à Ispahan et à Chiraz. Sa manie de composer des satires lui attira la confisca- tion et la prison de la part d'El-'Otbi, ministre du Ghaz- névide Mahmoud; puis il se rendit dans le Djourdjàn, d'où il fut rappelé, après l'assassinat d'Otbi, par son successeur Abou'l-Hoséïn el-Mouzani. Vers la fin de sa vie sa réputation commençait à être efiacée par celle de Hamadhâni. Il mourut en 993, ou 1002. Tha'âlibî, en sa Yatîmat ed-dahr, nous a conservé des extraits de ses poèmes ; mais ses Résaîl ou lettres en prose rimée sur tous les sujets de littérature possibles ont rendu son nom célèbre. Étant allé trouvé le ministre Ibn-'Abbâd, le chambellan lui fit savoir que son maître ne permettait d'entrer chez lui à un littérateur qu'à la condition que celui-ci saurait par cœur vingt mille vers d'Arabes du désert. « Est-ce vingt mille vers composés par des hommes ou par des femmes ? » demanda Abou-Bekr el-Khâ- rizmi, ce qui le fit reconnaître : « Ce ne peut être que lui, dit le ministre ; qu'on le fasse entrer, n L'accueil qn'il

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reçut de ce personnage ne l'empêcha pas de le persifler plus tard : a Ne louez pas Ibn 'Abbâd même s'il répand des bienfaits assez abondants pour faire bonté au nuage plein de pluie; car de tels actes sont chez lui la suggestion de sa fantaisie; quand il accorde, ce n'est pas par libéralité, ni par avance qu'il refuse. » Dieu maudisse l'ingrat! s'écria alors le ministre. Un de ses compatriotes nous a laissé de son caractère ce portrait peu flatteur : « Abou- Bekr possède science et talent, mais il n'est pas fidèle à ses engagements. Son amitié dure du matin à la nuit, mais non plus tard. »

Bédi'-Ezzemàn (le prodige de son temps) el-Hahadhani quitta jeune encore sa ville natale d'Hamadan en 990, voyagea dans les mêmes contrées qu'EI-Khârizmi, séjourna à Nisapour, soutint dans cette ville une joute oratoire contre El-Khàrizmi, plus âgé et plus connu que lui; il parait s'être établi enfin à Ghazna dans l'Afgha- nistan et être mort à quarante ans en 1008, à Hérat, après avoir été enterré trop précipitamment en état de léthar- gie; ses cris furent entendus dans la nuit, son tombeau fut ouvert, mais on le trouva mort de frayeur, sa main empoignant sa barbe. Il avait une mémoire si prodi- gieuse, qu'il récitait exactement quatre ou cinq feuillets d'un livre, après les avoir lus une seule fois, et qu'il répétait sans hésiter un poème pour l'avoir entendu déclamer seulement une fois. Il composait avec la même facilité, soit en prose, soit en vers, et improvisait sur un sujet choisi à volonté ; il lisait en prose ce qui était écrit en vers, et vice versa; mieux encore, il mettait quelque- foi» par écrit ce qu'on lui avait demandé, en commençant par la dernière ligne et en continuant ainsi à rebours. Il traduisait avec la même promptitude les vers persans en vers arabes. C'est à Nisapour qu'il composa ses Séances,

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dans lesquelles il met en scène un être ioveoté Dommé Abou'1-Fatb Iskandéri, et qui contieDoent des traits de mendicité et autres sujets. Ces séances sont en effet des contes, dont on reconnaît tout de suite l'origine aryenne, assez courts, mais écrits dans un style brillant et difficile se rencontrent les mots les plus rares du lexique arabe. Le béros forgé est un cbevalier d'industrie, qui se fait passer tantôt pour Nabatéen et tantôt pour Arabe, tantôt pour cbrétien et tantôt pour musulman : « Je suis le caméléon, dit le béros, je change continuellement de couleur; ne te laisse pas décevoir par la raison : il n'y a de véritable raison que la folie. »

Le nom de maqâma « séance » désignait depuis long- temps ces réunions de savants etde lettrés qui se réunis- saient auprès des khalifes et des gouverneurs pour y échanger leurs idées sur des points de grammaire et y faire assaut d'esprit et d'érudition; Ibn Qotéïba les signale déjà dans ses 'Oyoun el-Akkbâr. Mais Hamadbàni est le premier qui a eu le mérite, en réunissant en volume les historiettes consacrées k des aventures plaisantes de mendiants et de fourbes, revêtues des plus brillantes couleurs par un maître érudit connaissant à fond l'homo- nymie de la langue arabe, de créer un nouveau genre littéraire dont le chef-d'œuvre fut plus tard les célèbres séances de Ilariri. La bibliothèque de Berlin a conservé une séance du même genre, écrite à la même époque par un auteur qui, à Bagdad en 939, fut poète de cour ii Alep du temps de Séïf-Eddaula, puis à Réï, auprès du gouverneur Mohammed ben el-'Amid, et mourut dans sa ville natale en 1014 : 'Abdel-'Aziz ben 'Omar es-Sa'di.

A la même époque on peut citer, comme auteurs de correspondances littéraires, Abou'l-Hosérn el-Ahwâzi et ce païen hellénisant de Harrân, appartenant à cette secte

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I^B ABBASSIDES

qui conserva jusqu'en plein islamisme les vieilles reli- gions de la Syrie fortement mélangées de syncrétisme gréco-romain et qui avaient fait croire qu'ils se ratta- chaient aux Çabiena ou chrétiens de saint Jean-Baptiste formellement compris par le Koran parmi les Gens du Livre, je veux dire Abou-Ishaq Ibrahim ben Hilàl, sur- nommé Eç-Çâbi, qui fut chef de la correspondance offi- cielle sous le Bouïde 'Izz-ed-Daula et que la haine d"Adod-ed-Daula voulut faire piétiner sous tes pieds des éléphants lors de la prise de Bagdad en 977; il eut le bonheur de s'en tirer au moyen de la prison, et fut gracié à la condition d'écrire une histoire des Bouïdes. Il mourut dans la misère en 994.

La gloire de composer le plus brillant monument lit- téraire en prose rimée arabe était réservée à Abou- Mohammed el-Qàsim el-Hariri, auteur des célèbres Séances. Il naquit à Bassora en 1054 ; sa famille était de Machàn, petit village malsain perdu dans les plantations de palmiers aux environs de la grande vîUe commer- ciale. Ses propriétés rurales lui fournirent assez de revenus pour lui permettre de mener une vie indépen- dante et de se livrer en toute tranquillité à ses études linguistiques et littéraires. Il mourut eu 1122. Son recueil de Séances, venant après celui de Hamadhâni, avait ce dernier pour modèle, mais il le dépassa par la richesse de l'imagination et par l'emploi d'un vocabulaire encore plus développé et étudié. Il met en scène, comme son prédécesseur, un personnage feint, vagabond nourri de littérature, Abou-Zéïd de Saroudj, qui se ren- contre avec lui dans les situations les plus extraordinaires. Ce nom n'est pas tout à fait inventé; le fils de Hariri a raconté dans quelles circonstances il avait été adopté; un étranger d'une misérable apparence, entrant dans la

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mosquée et s'exprimant avec élégance, avait répondu aux demandes qui lui avaient été adressées : « Je suis Abou- Zéïd de Saroudj. » Cette ville de Mésopotamie venait d'être prise de force par les chrétiens de la 1'° croisade et mise au pillage ; Abou-Zéïd avait eu sa fille enlevée comme captive ; dépouillé de tout, il vivait de la charité publique . Mais la richesse du style est encore plus merveilleuse que la trame légère qui réunit les uns aux autres les cinquante contes du recueil.

Notre grand orientaliste Silvestre de Sacy, le maître des études orientales au commencement du xix' siècle, en a publié le texte arabe avec une préface et un com- mentaire écrits par lui-même tout en arabe, ce qui n'est pas le moindre tour de force accompli par ce vaste esprit-

Hariri, à côté de cet ouvrage célèbre, a encore laissé d'autres compositions, telles que les deux lettres dans lesquelles chaque mot commence par un s ou un ch, jeu puéril, d'une difficulté considérable, le moyen âge occidental s'est aussi complu; un ouvrage grammatical sur les fautes de langage usuelles chez les gens instruits, qu'il a intitulé la Perle du plongeur dans les idées fausses des gens du monde (Dorret el-Ghawwâs fi auhàm el-Kha- wâss); les Récréations grammaticales, Molkal el-Jrâb, poème didactique qui a été traduit en français par M. L. Pinte.

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CHAPITRE VI

En même temps se développait l'étude de la langue et de la grammaire arabe, sortie de l'exégèse du Koran, et destinée à répondre aux besoins des peuples et des indi- vidus, de plus en plus nombreux, pour qui la connais- sance de la langue des vainqueurs était d'absolue néces- sité. C'est à l'enseignement de la logique d'Aristote, cul- tivée dans l'école syro-persane de Gondécbàpour, ainsi que l'a montré Ernest Renan, qu'il faut faire remonter les recherches des Arabes sur le mécanisme de leur langue. L'interprétation du Koran et le besoin d'expliquer les difficultés du texte créèrent des recherches qui -furent plus tard continuées pour leur seul intérêt, amenèrent à constituer la lexicographie de la langue et à en resti- tuer les vieux monuments ; de sorte que de ces travaux mêmes naquit la critique des textes, dans les limites que pouvait permettre l'érudition toujours incomplète des Orientaux, parce que ceux-ci ne peuvent guère sortir du cercle tracé par leur langue maternelle.

Deux écoles de grammairiens naissent à la fois dans le bassin du Tigre et de l'Euphrate. A Bassora, fondée

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LITTBRATDRB ARABE

en 636 par un des généraux du khalife 'Omar, centre d'une population mélangée d'Arabes et de Persans, par- lant deux langues entièrement différentes par l' opposition marquée de ces deux idiomes, jointe à celle moins frap- pante mais réelle de la langue littéraire, dérivée du dia- lecte qoréïchite du Koran, et des autres dialectes vivant dans la péninsule arabique, une école s'était créée dont les origines sont obscures : on fait remonter à Âbou'l- Aswad l'honneur de l'avoir fondée; mais pour trouver quelque chose de plus sftr, il faut descendre jusqu'à 'Isa BEN 'Omar et-Thaqafi, mort en 766, maitre des célèbres grammairiens Khalil et Sibawaïh; il avait une réputation comme lecteur du Koran. A côté de lui son ami Abou 'Amr ben el-A'Ià, à la Mecque en 689, mort en 770, à Koufa, au retour d'un voyage à Damas, collectionnait les anciennes poésies arabes; on dit que dans un accfes de pîétîsme il mit au feu sa collection pour se vouer à l'étude exclusive du Koran, dont il est d'ailleurs reconnu pour l'un des sept lecteurs qui font autorité. Il eut pour élève Yoùnous ben Habib, affranchi d'une tribu arabe, d'origine peut-être persane, plutôt araméenne, à Djabboul, petite ville sur le Tigre entre Wasit et Bagdad, qui s'occupa à recueillir des particularités rares de la langue, des mots dialectaux et des proverbes, et se livra à des recherches sur la syntaxe . Le grand maître de cette école fut un Arabe de l'Oman, Khalil ben Ahmed, à qui on attribue l'invention des règles de la prosodie (on pré- tend qu'il les découvrit en entendant le marteau d'un forgeron retomber sur l'enclume], et qui fut l'auteur du premier ouvrage lexicographique connu, le Kitàb el- 'Ain {livre de la lettre 'Aïn), dans lequel les lettres ne sont pas rangées dans l'ordre de l'alphabet arabe ni dans celui qu'on peut appeler historique, parce que des Phé-

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nicieas ses inventeurs il est passé en grec et en latin, mais dans un ordre suggéré par les lois de la phonétique et de la linguistique; l'atphabet ainsi compris commen- çait par la lettre 'aï/i, si caractéristique des langues sémi- tiques et surtout de l'arabe (on sait que c'est l'articulation gutturale du chameau que l'on charge de son bât) et se terminait par la lettre t/. C'est un ordre rationnel et expé- rimental de ce genre que Lepsius a de nos jours adopté dans son Standard-Alphabet, qui fait la joie des lin- guistes et oblige les savants à apprendre un alphabet de plus. II est intéressant de connaître l'ordre adopté par un savant arabe du viti" siècle : d'abord les guttu- rales (aln, hhy h, kh, gk, q), les palatales (k, dj), les chuintantes et sifflantes (cA, c, dd, s, =), les linguales (tt, d, t, z/i, dh, th, r, l, n), les labiales if, b, m), les semï-voyelles [tv, hamza, y). Cet ouvrage, commencé pendant un séjour de l'auteur dans le Khorasan et achevé après sa mort par Léïth bea Mozhaffar, figurait dans la bibliothèque des Tahirides et fut apporté à Bagdad en 862, il fut l'objet d'études constantes et de remaniements. C'est surtout par le fameux ouvrage de son élève Siba- WAiH, le Kitâb ou Livre par excellence, que nous pouvons nous rendre compte de l'influence que Khalil a eue sur l'école de Bassora. Sîbawaih est la manière dont les Arabes prononçaient le nom de ce Persan, Sibouyè, dont on expliquait la signification par « odeur de pomme » et qui n'est peut-être que l'ancien nom historique de Sébokht. Venu à Bassora à trente-deux ans, il y termina ses études, puis se rendit à Bagdad dont le séjour lui devint intolérable à la suite d'altercations qu'il eut avec El-Kisâï, précepteur du fils d'Haroun er-Rachid, au sujet d'un accusatif pour un nominatif; furieux de ce qu'on eût fait témoigner contre lui, à prix d'argent, des Arabes

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du désert à la bonne foi desquels il croyait pouvoir se fier, de retour dans sa patrie, il y mourut encore jeune, dans la quarantaine, près de Chiraz (793 ou 796). Son Kil4b fut célèbre daos tout l'Orient et est resté la grande autorité à laquelle on aime à remonter; jamais on n'a voulu lui reconnaître d'égal. Le texte en a été publié par M. H. Derenbourg, et traduit en allemand par G. Jahn.

A côté de Sibawaih, Khalil avait eu encore pour élèves MoARRiDi ben 'Amr es-Sadoûsî, dans le désert, qui accompagna dans le Kborasan le khalife Mamoun, vécut quelque temps à Merv et à Nisapour, puis revint mourir à Bassora en 810, et Nadhr ben Cboméïl, à Merv et qui y vécut après être allé étudier la grammaire et le droit à Basaora ; pourvu d'uD emploi de juge dans sa ville natale, il y mourut en 818, laissant des ouvrages d'exé- gèse sur le Koran et la tradition, ainsi qu'une encyclo- pédie de la langue des Bédouins (Kitâb aç-çifàt), devenue très célèbre.

A la même école se rattache un élève de Sibawaih, Mohammed ben Ahmed el-Mosta'mîr , que son maître avait surnommé Qotrob, c'est-à-dire le Loup-garou, qotroh n'étant autre que la déformation du grec lykanthropos; il lui avait appliqué ce surnom parce que, désireux de s'ins- truire, il arrivait toujours aux leçons avant tous les autres élèves; affranchi à Bassora, il fut précepteur des enfants d'Abou-Dolaf, l'un des généraux de Mamoun et de Mo'taçim, et a laissé une collection d'ouvrages lexico- graphiques, au nombre de vingt-huit, dont quatre se sont conservés jusqu'à nos jours et ont été copieusement com- mentés, surtout le Livre des racines trilitères dont la signification change avec la vocalisation {Kttâb el-Motkal~ lath), qu'il fut le premier à écrire et dont le genre fut souvent imité depuis. Il mourut en 821.

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LES ABSÂSSIDBS lU

C'est parmi les élèves de Qotrob qu'il faut ranger Mohammed ben Habib, à qui nous devoos le recueil des poésies deFérazdaq; il s'occupa également de l'aocienne histoire des tribus arabes, et composa sur ce sujet un livre que nous n'avons plus. Il mourut à Sâmarrà en 859. Habib était le nom de sa mère.

Abou-'ObaîdaMA'MARBBNBL-MoTHANNJLétaitnéàBassora en 728 de parents juifs établis en Perse; contemporain de Kbalil, mais non son élève, il suivit les cours d'Abou- *Amr ben el-A'lâ. Rattaché au parti religieux et politique des Kbarédjites, dont le centre d'action était Bassora, ses tendances furent également cko'oubites, c'est-à-dire qu'il combattit pour la supériorité des races vaincues sur les Arabes vainqueurs, ainsi que nous l'avons expliqué plus haut. Il fut appelé à Bagdad en 803 par Haroun er-Ra- chid. Il s'était fait tant d'ennemis par son livre el-Matâlib (Livre des défauts des Arabes) que lorsqu'il mourut à BasBora en 825, empoisonné par une banane, personne ne suivit son cercueil, phénomène inouï chez les musul- mans. Il portait des habits malpropres et grasseyait. Il a écrit deux cents traités grammaticaux et philologiques, composés d'extraits de poèmes et de proverbes de la péninsule arabique. Le poète Abou-Nowâs avait pris des leçons d'Abou-'Obaïda ; il l'estimait très haut et mépri- sait El-Açma'ï, dont il disait que c'était un rossignol en cage, c'est-à-dire qu'il prononçait de beaux discours sans en comprendre un mot; quant à son maître, il disait de lui : K C'est un paquet de science ficelé dans une peau. » Quand il récitait des vers, il ne marquait pas la mesure et, en répétant des passages du Koran ou de la tradition, il faisait exprès des erreurs ; et quand on lui en demandait la raison : « C'est, disait-il, parce que la grammaire est de mauvais augure. » Son Livre des journées des Arabes a

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servi de base au Livre des chansons d'Abou'I-Faradj el- Içfahâoî et au Kâmîl d'ibn el-Athir.

Abou-Zéïd Sa'ïd ben 'Amu el-Ançâri était aussi un élève d'Abou-'Ainr ben el-A'Ia; d'origine médinoise mais à Bassora, il fut appelé à Bagdad lors de l'avènement au trdne du khalife Mehdi et y mourut en 830 a l'âge de près de cent ans. Il était qadari, c'est-à-dire qu'il admettait le libre arbitre de l'homme, opinion théologique considérée comme hérétique; cependant, en matière de tradition du Prophète, il est regardé comme une autorité sûre.

Mais le plus célèbre des élèves d'Abou-'Amr fut El-Açma'ï 'Abdel-Mélik ben Qoraïb, de vraie extraction arabe, à Bassora eu 739. Son érudition étonnante lui valut la plus grande considération à la cour de Haroun er-Rachid, en même temps que comme professeur et comme écrivain il exerçait une grande influence dans les cercles littéraires. Il se distingue de ses devanciers par son piétisme exagéré, dont l'expression déborde même sur ses travaux philologiques. Il mourut vers 831. Il écrivit des ouvrages sur une foule de sujets, entre autres le Kitâh el-Khéïl (Livre des chevaux), dans lequel il énumé- rait, avec citations appropriées de vers arabes, les noms donnés par les Bédouins à toutes les parties du corps du noble anima). Ce fut même l'occasion d'une anecdote racontée par El-Açma'ï lui-même. Celui-ci vint un jour, accompagné d'Abou-'Obaïda, trouver le ministre Fad) ben Rabi', qui lui demanda en combien de volumes était le fameux traité des chevaux : « Un seulement ! » répondit le grammairien. A la même question, Abou-'Obai'da, qui était aussi l'auteur d'un traité sur le même sujet, répondit que le sien était de cinquante volumes. « Allez à côté de ce cheval, » dit FadI en montrant une bète qu'il venait de faire sortir de son écurie, « et placez votre main suc-

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LBS ABBASSIPBB

cessivement sur toutes les parties de son corps en don- nant leur nom. Je ne suis pas vétérinaire, répondit Abou-'Obaïda; tout ce que j'ai écrit sur ce sujet m'a été fourni par les Bédouins. » El-Açma'ï, au contraire, se prêta à l'expérience demandée par le ministre, et tenant le cheval par la crinière, nomma les différentes parties du corps en récitant en même temps les vers des poésies bédouines qui les mentionnaient. C'est lui qui naturelle- ment obtint le don du cheval en récompense de sa science. Plus tard, quand il voulait piquer Abou-'Obaïda, il ne manquait pas d'aller lui rendre visite monté sur le cheval qui avait été la cause de sa confusion. Le respect d'Ël- Açma'î pour le livre sacré et les traditions du Prophète était tel, qu'il refusait d'en interpréter les difficultés et les obscurités au moyen de son érudition; il répondait toujours : h Les Arabes du désert disent que telle et telle expression signihent telle chose, mais je ne sais pas ce qu'elle peut signifier dans le Koran. » Cette timidité dans l'exégèse provenait de ses sentiments religieux, et l'empêcha d'utiliser à l'étude du texte sacré les belles qualités qui l'avaient rendu célèbre en matière profane.

El-Akhfach {sarnommé El- Ausal, « le Moyen «, pour le distinguer d'un autre grammairien plus ancien] Sa'Vd ben Mas'ada était à Balkh et probablement d'origine per- sane; il était affranchi d'une tribu arabe. Plus âgé que Slbavraih, il avait néanmoins été son disciple préféré, et il avait coutume de dire ; o Mon maître n'a pas inséré dans son Kitàb un seul passage sans l'avoir soumis à mon examen. » C'est en effet ii lui que l'on doit la con- servation de la précieuse grammaire, dont il combattait cependant certaines tendances. Son surnom d'Akhfach signifie M qui a de petits yeux et nyctalope » ; en outre, il

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avait la bouche ouverte et ne pouvait couvrir les dents avec les lèvres. Il mourut vers 835.

El-Açma'ï forma des élèves. Le premier est Abou-'Obaïd Ël-Qasim bek Sallah, à Hérat d'un esclave grec, en 773. Il étudia non seulement à Bassora avec El-Açœa'ï, Abou-'Obaïda et Abou-Zéïd, mais encore à Koufa avec Ibn el-A'ràbi et El-Kisàï. Nommé précepteur des enfants de la famille de Hartama, gouverneur du Khorasan sous Haroun er-Rachid, puis de ceux de Thâbit ben Naçr, gouverneur de Tarsous en Cilicie, ce dernier fonction- naire l'établit dans un poste de cadi qu'il conserva pen- dant dix-huit ans. Puis il se rendit auprès d"Abdallah ben Tàhir, gouverneur du Khorasan, qui l'accueillit généreu- sement. C'était un littérateur d'une prudence merveil- leuse, qui pour éviter que les vers satiriques qu'il plaçait dans ses ouvrages ne lui attirassent des désagréments, y remplaçait les noms de personnes par des substantifs fabriqués par lui à la mesure du vers. Dans ses dernières années on le retrouve à Bagdad; îl mourut à la Mecque ou à Médine au cours d'un pèlerinage (837). On disait de lui qu'il partageait la nuit en trois portions : une pour la prière, une pour le sommeil, et la troisième pour la com- position de ses ouvrages. Parmi ceux-ci le Gharib el- Moçannaf, auquel il travailla quarante ans, est conservé à la bibliothèque khédiviale du Caire, le Gharib cl- Hadith à Leyde et le Livre des proverbes à Paris.

Le second est Aboo-Hatih Sahl ben Mohammed, ori- ginaire du Sidjistan, mort vers 864. Il habita quelque temps Bagdad ; vers la fin de sa vie il renonça a s'occuper d'érudition et se livra au commerce de la librairie. Il est connu comme l'auteur du Kitàb el-Mo'ammarin conservé à la bibliothèque de l'Université de Cambridge et consacré aux hommes qui ont vécu longtemps; son Livre des pal-

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LES ABBASBIDBS

miers (Kitàb en-nakhl) a été étudié par Cusa et Lagumina. Il fut le maître d'iba Doréïd et d'El-Mobarrad. C'était un homme pieux qui chaque jour consacrait une pièce d'or aux aumônes, et chaque semaine lisait le Koran en entier. Il était, disait-on, meilleur poète que grammairien. Une anecdote qu'on raconte de lui prouve qu'il connaissait l'emploi d'encres sympathiques pour dissimuler l'écri- ture. 11 disait à ses élèves : « Si vous voulez confier un secret au papier, écrivez avec du lait frais; les mots appa- raîtront quand vous j jetterez des cendres chaudes de papier brûlé ; ou bien écrivez avec une solution de sul- fate de fer : l'écriture deviendra visible en y versant une infusion de noix de galle. Vous pouvez encore écrire avec cette infusion de noix de galle et y verser le sulfate de fer. »

Le troisième, Abou 'Omar Salih bbn Ishaq el-Djarmi, était un jurisconsulte et un grammairien à Baesora; il se rendit à Bagdad, il eut de grandes discussions avec El-Farrà; il mourut en 840. Le quatrième, Abou'l-Fadl el-'Abbâs ben Faradj er-Riyàchi, périt à Bassora pendant l'insurrection de l'Alide de Bassora, le prétendu 'Ali ben Mohammed, chef des Zendjs, en 871. Lors de la prise de la ville par ces nègres féroces, il fut compris dans le massacre général des habitants. Un cinquième est Es- Soukkari Abou-Sa'ïd el-Hasau ben el-Hoséïa, en 827, mort en 888, qui a réuni et édité critiqucment les anciennes poésies arabes, le diwan des Hodhéïlites et celui d'ImrououlqaÏB. Un sixième est Abou-'Othman Bekr ben Mohammed el-Màzini, mort en 863 ; il refusa un jour de donner des leçons de grammaire à un non-musulman, en prenant pour texte le Livre de Sibawaih, à cause des citations du Koran que celui-ci renferme, et qu'il ne vou- lait pas expliquer à l'élève par crainte de profanation ,

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malgré la somme considérable que celuï-ci lui offrait et son extrême pauvreté. Appelé à Bagdad, il expliqua au khalife Wathîq uue difficulté grammaticale qui se trouve dans un vers du poète El-Ardji, poète erotique de la Mecque, petit-Bis du khalife 'Othman.

L'une des coloones de l'école de Bassora fut El- MoBARBAD Mohammed ben Yézid el-Azdi, l'auteur du Kdmil ou traité complet de grammaire. à Bassora vers 826, élève d'El-Màzini et d'Abou-Hatim, il com- battit plusieurs des théories de Sibawaih. Vers la fin de sa vie il s'établit à Bagdad, il mourut en 998. Il a raconté lui-même d'où lui venait le surnom d'El-Mo- barrad (le Rafraîchi). Un jour le chef de la police vou- lait l'avoir avec lui et jouir de sa conversation, El- Mobarrad, pour échapper à sa société qui l'ennuyait, s'était rendu chez un de ses amis; quand on vint l'y chercher, il se cacha dans le panier d'osier qui sert d'enveloppe aux dames-j cannes, de sorte qu'on ne le trouva pas; et quand l'enquêteur fut parti, son hôte l'appela en lui criant : El-Mobarrad (le Rafraichi]! sur- nom qui lui resta.

C'est toute une dynastie de philologues et de profes- seurs de grammaire que forme la famille d'EI-Yazidi, depuis Abou-Mohammed Yahya, affranchi de la tribu d'Adi, mort en 817 ii Merv, et ses cinq fds : Mohammed, qui était aussi poète, Ibrahim qui accompagna Mamoun en Asie Mineure et mourut en 839; Isma'ïl, 'Obaïd-Allah ctlshaq, jusqu'à l'un de ses descendants, Abou-' Abdallah Mohammed ben el-'Abbàs, précepteur des enfants du khalife Moqtadir et qui mourut eu 922. Il écrivit une histoire de cette famille. Yazidi était un jour présent à une séance de musique chez Mamoun : « Dis-moi, inter- rogea le khalife, y a-t-il quelque chose de mieux dans la

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vie que la séance à laquelle nous assistons? Oui, répon- dit Yazidi, il y a les actions de grâces dues au Très Haut pour l'insigne faveur qu'il vous a faite en vous permettant de la réunir. » Réponse pieuse qui plut au khalife.

El-Mobarrad compta au nombre de ses élèves Ez-Zadj- djàdj Abou-Ishaq Ibrahim ben Sahl, ancien ouvrier ver- rier devenu philologue, mort à plus de quatre-vingts ans vers 922, qui fut précepteur du ministre d'El-Mo'tadid et entra plus tard au service du khalife lui-même, et qui donna son surnom à son élève 'Abder-Rahman ben Ishaq ez-Zadjdjàdj , qui naquit à Néhavtrend, fut professeur à Damas et à Tibériade, il mourut en 949; il a donné dans le Kitdb el-Djoumal (le Livre des phrases) un ou- vrage instructif sur la grammaire arabe, mais allongé et alourdi par un trop grand nombre d'exemples; on dit qu'il le composa à la Mecque, et qu'après avoir terminé chaque chapitre, il avait tourné sept fois autour de la Ka'ba, comme c'est le rite pendant le pèlerinage, en priant Dieu de lui pardonner ses fautes et de rendre son livre utile aux lecteurs. Comme élève du même Ez-Zadjâdj nous ne pouvons passer sous silence El-Hasan ben Bichr el-Amidi, à Diarbékir (ancienne Amidn], mort en 987, qui a écrit un livre de critique sur la poésie, consacré à un parallèle entre les deux poètes Abou-Temmâm et Bobtori.

Ibn DoRÂiD (Abou-Bekr Mohammed ben el-Hasan] était k la fois poète et érudit. à Bassora en 837, originaire de l'Oman, il put échapper aux massacres qui suivirent la prise de sa ville natale par les rebelles nègres connus sous le nom de Zendjs ; eu 871, il retourna dans son pays d'origine et y séjourna douze ans ; puis il passa en Perse et s'acquit, par ses panégyriques et notamment par son ode el-MaqçoAra^ traduite en latin par Houtsma, Scheîdius

LITTERATDBB ARABE

et Naunestad Boysen, la faveur du gouverneur de Susîane et du Fars, 'Abdallah beu Mohammed ben Mikàl, qu'on appelait communément ech-Châh, <( le Roi ». C'est en l'honueur de ce personnage et de son fils qu'il écrivit un grand dictionnaire sous le titre de Djamhara. Après la destitution de ses protecteurs, il vint à Bagdad (920) le khalife El-Moqtadir lui fit une pension qui lui per- mit de continuer ses études; c'est dans cette dernière ville qu'il mourut en 934. Il a écrit sous le titre de Kitâb el-Ichliqâq (Livre de l'étymologie) un dictionnaire généa- logique des tribus arabes qui a été publié par Wûsten- feld. Il avait gagné de grosses sommes au service des gouverneurs du Fars; mais comme il était généreux et même prodigue, il n'avait jamais d'argent entre les mains; c'est en Perse également qu'il avait contracté le goût de la boisson: il s'enivrait volontiers. Un mendiant lui ayant demandé l'aumône, il lui donna un barillet de vin, n'ayant rien d'autre; et comme on désapprouvait le don d'une chose défendue par le Koran, il répondit : « C'est tout ce que j'ai. » Il fut atteint de paralysie dans sa vieillesse, et survécut encore de deux ans à la dernière attaque.

Ibn eb-sbrradj (Mohammed ben es-Sari], l'élève préféré d'EI-Mobarrad, avait un défaut de prononciation grave chez un grammairien : il grasseyait Vr, que les Arabes prononcent en faisant vibrer le bout de la langue; il mourut en février 929. Un autre élève du maître était un Persan de la ville de Fasâ dans le Fars, Ibn Durusta- waïh ('Abdallah ben Dja'far), en 871, mort à Bagdad en mai 958.

Le Persan Behzâd, qui professait les croyances de l'Avesta et habitait la ville de Sirâf, sur le golfe Persique, avait en un fils qui devint grammairien sous le nom

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d'EUHasan ben 'Abdallah e&-Sirâfi, qui voyagea beaucoup, quitta sa ville natale à vingt ans, étudia le droit dans rOmau, la métaphysique à Asker-Mokram en Susiane, et termina ses études à Bagdad avec Ibu Doréïd, qui lui enseigna la philologie. Pendant quarante ans il fut coad- juteur du grand cadi hanéfite dans la mosquée de Roçafa en même temps qu'il donnait des leçons de grammaire ; il mourut en février 979. Il vivait retiré et menait une vie pleine de gravité. Il avait puisé à l'école d'Abou- Mohammed ben 'Omar des opinions mo'tazélites qu'il dissimulait; il vivait du travail de ses mains, copiant des manuscrits pour gagner son pain.

Es-Serrâdj et Ibn Doréïd avaient eu pour élève Abou'l- Hasan 'Ali ben 'Isa er-Roummânl, l'Ikchiditc, le Libraire, d'une famille originaire de Sâmarrâ, à Bagdad eu 908, mort dans la même ville en 994, qui s'occupa surtout de résoudre les difficultés grammaticales, à en juger par l'ouvrage qu'il a laissé et que possède la Bibliothèque nationale, seul survivant des dix-huit livres qu'il avait écrits.

Nous retrouvons encore un Persan dans Abou-'Ali el-Hasan ben Ahmed el-Fârist, à Fasà en 901; il vint étudier à Bagdad à l'âge de dix-huit ans, se rendit à la cour de Séïf-Eddaula à Alep, en 952, et du Bouïde 'Adod- Eddaula à Chiraz, auquel il dédia son Kitâb el-Idàh, Livre de l'explication grammaticale, et son Takmîla (Complé- ment). De retour à Bagdad, il y mourut en 987.

Un peu après l'école de Bassora était née l'école grammaticale de Koufa, dont on peut dire que bien moins que la première elle tenait à renfermer la langue arabe dans des paradigmes étroits; elle tenait compte, par con- séquent, plus de l'usage de la langue vivante que des constructions artificielles des grammairiens. On attribue

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lED LITTBRATCRB ARABE

sa fondation a un contemporain de Khalil, Abou-DjaTar Mohammed ben Abi-Sâra er-Rouàsi. Son élève, El-Kisàï ('AH ben Hamza), était d'origine persane. Il alla étudier aussi à Bassora auprès de Khali! et entreprit sur son con- seil un long voyage parmi les tribus arabes du désert, considérées comme les conservateurs du put langage. Il fut l'auteur d'une manière particulière de lire le Koran et est compté parmi les sept lecteurs canoniques. Haroun er-Rachid lui confia l'éducation de ses deux fils Amin et Mamoun. Il fut l'adversaire de Sibawaih. Il mourut à Ranboâya près de Réî (RhagèR, non loin de la Téhéran actuelle} vers 805,

De son œuvre, en dehors des fréquentes citations que l'on trouve dans les auteurs, il ne nous a été conservé qu'un traité sur les fautes de langage du vulgaire (Risàla fi lahn el-'àmma), conservé à la bibliothèque de Berlin, et qui est probablement le plus ancien ouvrage composé sur ce sujet.

Eiv-Farbâ {Abou-Zakariyà ben Ziyâd) fut son principal élève; il était comme lui d'origine persane; sa famille était de la race des rudes montagnards du Déïlem. Le khalife Mamoun le choisit comme précepteur de ses fils; il enseigna la grammaire à Bagdad. C'est en se rendant à la Mecque qu'il mourut en route, à l'âge de soixante- trois ans, en 822.

El-Mofaddal ed-Dabdi s'occupait de réunir des vers des anciens poètes et des proverbes arabes; ces deux ouvrages nous sont restés : le premier est le Mofaddaliyyât, qu'il rassembla pour son élève, le prince El-Mchdi; le second, le Kildb el-Amtkâl. EUMofaddal avait, à un moment donné, joué un rôle politique qui avait failli lui coûter cher ; il avait pris part au soulèvement de l'Alide Ibrahim que ses partisans nommaient VAme pure, contre

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LES ABBASSIDBS

le khalife Mançour. Il fut mis en prison, plus tard gracié et obtint la charge de précepteur du fils du khalife. Il mourut en 786, en laissant pour élève Abou-'Amr Ishaq bea Mirar ech-Chéïbâni, qui s'occupa également de recueillir d'anciennes poésies; il mourut en 821; il étudia spécialement les anecdotes, les expressions rares et la poésie improvisée des nomades. Son fils nous a raconté qu'il avait rassemblé et classé les poèmes de plus de quatre-vingts tribus; quand il avait fini de recueillir ce qu'il trouvait dans un campement, il en publiait le résultat et en déposait une copie dans la mosquée de Koufa; il écrivît ainsi de sa propre main plus de quatre-vingts volumes. Un autre des élèves de Mofaddal fut Ibn el- A'bAbi (Mohammed ben Ziyàd); Mofaddal avait épousé sa mère, qui avait d'abord été mariée à un esclave du Sind qui fut le père d'ibn el-A'râbî. 11 mourut h Sùmarrâ en avril 846. Il tenait le premier rang pour sa connaissance des expressions rares, et il critiqua les ouvrages des autres philologues en signalant les fautes qu'ils avaient commises. Il avait une mémoire prodigieuse; un de ses élèves, Abou'l-'Abbùs Tha'lab, suivit ses leçons pendant plus de dix ans et ne le vit jamais avec un livre a la main; cependant il dictait à ses élèves des textes philo- logiques, de quoi former des charges de chameau.

Ibn es-Sikkît (Abou-Yoàsouf Ya'qoùb ben Ishaq) était le fils d'un Susien, probablement d'origine araméenne; lui aussi alla fréquenter les Bédouins pour y compléter sa connaissance de la langue arabe. La célébrité que lui valurent ses ouvrages décida le khalife Ël-Motawakkil à lui confier l'éducation de son fils El-Mo'tazz. La préfé- rence qu'il accordait aux prétentions des Alides au trône, et qu'il ne dissimulait pas même au khalife, lui valut d'être châtié et piétiné par la garde du corps du khalife.

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1B9 LtTTBBATUBE ARABE

composée de Turcs, traitement doDt il mourut deux jours après, en 857. On dit que comme grammairien il man- quait de pénétration . Son meilleur ouvrage est Vlçlâh el-Manliq (Correction du langage); il a écrit également des commentaires des diwans d'EI-Khaosà et de Tarafa. Il eut pour élève Abou-Tàlib el-Mofaddal ben Salama, qui fut le compagnon de Fath ben Khâqân et d'isma'll ben Bulbul, tous deux ministres de Motawakkil, écrivît un recueil de proverbes sous le titre de Ghâyet-el-Adab (le Sommet de la morale) et mourut en 920.

Mais le véritable succeaseur de l'enseignement d'Ibn el-A'râbi fut Aboul>'Abbâs Ahmed ben Yahya Tha'lab, en 815, mort à la suite d'un accident à Bagdad en 904- H jouissait d'une confiance complète au sujet de sa com- pétence en matière de traditions; jeune encore, sa répu- tation de bon diseur de poésies arabes s'était déjà répandue. Ibn el-A'râbi, son maître, ne craignait pas, dans les questions douteuses, de faire appel à la science de son élève. Il a écrit le Kitàb el-Fasih, sur la forme et la signification des mots douteux, les Qawà'îd'ech-Clii'r, règles de la poésie; il a recueilli et publié les diwans de Zohéïr et d'F.l-A'cha.

Il eut pour élèves : Idn el-Anbâhi (Abou-Bckr- Mohammed ben el-Qàsim), fils d'un savant traditionniste et grammairien qui enseigna sa science à son fils, en 885, mort en 939. C'était un homme pieux qui s'était tracé comme règle de conduite de suivre la Sonna ou tradition du Prophète. Il écrivit le Kildb gkarih-el-Hadith (Livre des expressions rares et étranges qui se ren- contrent dans la tradition), cité par Ibn el-Athir dans la préface de son Nihdya, le Kitâb-el~Adhdâd (Livre des mots ayant des significations opposées), publié par M. Houtsma, le Kitâb el-îdhâk (le Livre de l'expli-

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LB5 ABBASSIDES 153

catdoD) sur les pauses et le commencement des versets dans la lecture du Koran ; il eut lui-même pour élève Ibn el-'Ozaïr (ou Ibn el-'Ozaïri) Abou-Bekr Mohammed ben 'Omar, originaire du Sidjistan, mort en 941, qui écrivît, sous le titre de Nozhet el-qoloûb (Plaisir des cœurs), un dictionnaire des expressions rares du Koran.

Ed-Motarbiz (Abou-'Omar Mohammed ben 'Abdel- nrâbidez-Zàhid),qui par sa fidélité à son maitre mérita le surnom de Ghoulâm Tha'Iab (Serviteur dévoué de Tha'lab), en 874, mort en 956; son élève Ibn Khàlawaïh (mort en 980) a rédigé et édité son Kitâh el-'Acharât (le Livre des Dizaines), explications de mots qui dix par dix ont le même commencement. Sa mémoire étonnante et son érudition impeccable lui attirèrent la haine de ses compétiteurs, qui tentèrent en vain de surprendre sa véra- cité et son exactitude.

Les deux écoles rivales de Bassora et de Koufa dispa- rurent au iv° siècle de l'hégire pour s'unir dans une seule école qu'on a pu appeler l'école de Bagdad, et qui es- sayait naturellement de fusionner les tendances contra- dictoires des deux villes de province dont l'éclat pâlis- sait de plus en plus devant le succès et la grandeur de la ville fondée par El-Mançoùr. En sa qualité de capitale, Bagdad attirait à elle les sommités de l'empire.

Ibn Qotaïba (Abou-Mohammed 'Abdallah ben Moslim) était à Bagdad ou h Koufa en 828, d'un père originaire de Merv, par conséquent de souche iranienne. 11 fut quelque temps cadi à Dînawer dans l'Irak -Adjé mi, fut ensuite professeur à Bagdad, il mourut vers 889. Il se montra non seulement grammairien, mais aussi historien ; il prit part aux luttes théologiques qui occupaient les esprits de son temps et défendit la tradition musulmane contre les sceptiques qu'avait formés la traduction en

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IH LITTÉRATIIRB ARABE

syriaque, puis en arabe, des livres de la philosophie grecque. Il a écrit le 'Oyoùn el-Akhbâr {Sources des tra- ditions), publié par M. Brockelmann, sorte de chresto- mathie d'œuvres de poètes anté-islamiques, et d'exemples choisis dans la tradition et l'histoire ; le Kitàb el-Ma'ârif (Livre des connaissances), manuel d'histoire publié par Wûstenfeld ; l'Adab cl-Kùtib ou guide du secrétaire ; le Tabaqât ech-Cho'arâ , sur les différentes classes des poètes.

Abou-Hanîfa bd-Dinawarî (Ahmed beo Dâoud) était d'origine persane, comme l'indique le nom de son grand- père Wanand. C'était un homme vraiment encyclopé- dique, qui, après avoir étudié les belles-lettres avec Ibn es-Sikkit, apprit les mathématiques, la géographie, l'astronomie et l'histoire; il mourut en 895. Son Kitàb en-Nabût (Livre des plantes) n'était pas à proprement parler un livre d'histoire naturelle, mais plutôt de litté- rature ; il était consacré aux plantes citées par les anciens poètes dans leurs vers. Cet ouvrage est connu par les extraits qu'en a conservés le Khizdnet el-Adab. En revanche, son ouvrage historique, Kitâb el-Akhbâr et-Tiwdl (le Livre des longues histoires), conservé à la bibliothèque de Saint-Pétersbourg, a été publié par M. W. Guirgass. Il est surtout conçu au point de vue persan; Alexandre et l'histoire légendaire des anciens Perses, la conquête de l'Irak par les Arabes, les longues luttes du khalife Ali contre ses compétiteurs y tiennent une place considérable.

En-NAchi bl-Akbab (c'est-à-dire senior) Abou'U'Abbàs Ibn Chirchir était à Anbàr, ville du bas Euphrate, dont le nom décèle l'origine persane (il signifie « magasin » en cette langue; ce n'est point, comme on l'a cru, le gréco-latin È[xitiptoy, emporium)\ il vécut à Bagdad et

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LES ABBA8SIDBS tSG

mourut en Egypte en 906. C'était un poète qui cultiva le genre des scènes de chasse et la poésie didactique relative à ce sport; il a consacré de belles pièces à la description des faucons. 11 s'occupa, en niAme temps que de gram- maire, de prosodie et de théologie scolastique. On vante son habileté de logicien, et sa dialectique subtile, qui lui permettait de renverser toutes les preuves alléguées par les grammairiens en faveur de leurs doctrines. Il s'attaqua aux principes de versification établis par Khalil et en inventa d'entièrement nouveaux.

La même école peut encore revendiquer le Chéïkh-el- Islam Ibrahim ben Ishàq bl-HarbÎ, originaire de Merv, qui écrivit sur des sujets de théologie et de jurisprudence ; en 814, il mourut en 898; il fut élève d'Ahmed ben Hambal, fondateur du rite orthodoxe des Hambalites; E!-Wachchà (Abou't-Tayyeb Mohammed ben Ahmed), élève d'El-Mobarrad et de Tha'lab, mort à Bagdad en 936, simple maître d'école, mais écrivain élégant, qui nous a laissé, dans son Kitâb-el-Mowachchà , publié par M. Brûnnow, un tableau animé et plein d'intérêt sur la civilisation de son temps, ainsi qu'un recueil de modèles de lettres qui se trouve a Berlin; Abou'1-Fadl el-Harawi, Persan â Héràt, élève des mêmes, mort en 940, qui a écrit un Kitdb Mafdkhir el-maqâla {Livre des discours glorieux), conservé en manuscrit h Constantinople; El- Akhfach le Petit, éditeur du Kùmil d'El-Mobarrad et com- mentateur du Livre de Sibawaih, se rendit en Egypte en 900, en revint en 918 et mourut à Bagdad en 920.

Ibn el-Marzobàh (Abou Bekr Mohammed ben Khalaf), mort en 921, écrivit un livre pour démontrer la supé- riorité du chien sur la plupart des hommes (manus- crit de Berlin), mais on n'en sait rien de plus; Ibn Khàlawaïh (Abou-' Abdallah el-Hoséïn), élève d'Ibn Doréïd

ISS LlTTÉtlATVRB ARABB

et d'EUAnbâri, se livra à l'étude de la tradition du Pro- phète et fut même quelque temps professeur de celte science dans la grande masquée de Médine; plus tard il se rendit à Alep, entra au service des Hamdanîdes et y fréquenta le poète Moténebbi; il y mourut en 980; il est l'auteur d'un livre intitulé Laîsa sur les exceptions de la langue arabe, dont le texte a été publié d'après le manuscrit unique du British Muséum par M. H. Deren- bourg. Ibn Djiniii {Abou'1-Fath 'Othmàn] de Mossoul était le fils d'un esclave grec; il devînt professeur dans sa ville natale après avoir étudié à Bagdad sous la direc- tion du grammairien Abou 'Ali el-Fàrisi, de l'école de Bassora ; il retourna plus tard dans la capitale, y succéda même à son maitre et y mourut en 1002 ; ses nombreuses publications, dont il ne reste qu'un petit nombre, se distinguent par la façon dont il a appliqué la philoso- phie à l'étude de la grammaire; M. G. Hobey a publié et traduit en latin son traité des principes de la flexion. Abou-Hilfil el-'Askari(el-Hasan ben 'Abdallah), est l'auteur d'un recueil de proverbes, de différents ouvrages sur les règles de la composition en prose et en vers, sur divers sujets de littérature, et d'un commentaire du diwan d'Abou-Mihdjan ; Ibn Asad el-Bezzàz, le Marchand de toile (Abou -'Abdallah Mohammed), auteur d'un livre destiné à expliquer les vers difficiles, mort à Bagdad en 1019, était célèbre par sa calligraphie, d'où son surnom de Kùtib (le Secrétaire}; il fut le maitre du célèbre calli- graphe Ibn el-Bawwàb; Ez-Zodjadji (Aboul-Qùsim Yoù- souf ben 'Abdallah), mort eu 1024, est l'auteur d'un livre donnant, par ordre alphabétique, les noms des diflérents membres du corps.

Dans cette même période, en Perse, 'Abder-Rahman ben 'Isa el-Hamadhâni, secrétaire et calligraphe, mort en

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932, composait le Kilâb el-alfdzh el-Kitdbiyya sur ta Synonymique, édité par le R. P. Chéîkho à Beyrouth; Abou-Ibrahim Ishaq ben Ibrahim, originaire de la ville de Fàràb (ou Otrar] dans le Turkestan, vécut quelque temps à Zébid il écrivit son Diwan el-Adab pour le roi du Khârizm (Khiva), Atsiz, puis il retourna comme pro- fesseur dans sa ville natale, il mourut en 961; il fut le maître et le professeur de son neveu, le fameux lexico- graphe El-Djavhari (Abou-Naçr Isma'ïl ben Hammâd). Après avoir étudié à Fûràb sous la direction de son oncle, il se rendit à Bagdad, il put profiter des leçons d'EI-Fârisi et d'Ës-SirAfi, entreprit, pour compléter sa connaissance de la langue arabe, des voyages dans l'Irak- Arabi et le désert de Syrie, retourna ensuite dans l'est et se fixa d'abord à Damghân puis à Nisapour dans le Khorasan, il mourut à la suite de la chute du toit de sa maison, ou de la grande mosquée, car les versions diffërent, vers 1002. Son grand dictionnaire, eç-Çahâh &'l-Logha, est rangé alphabétiquement d'après l'ordre de la dernière lettre radicale, disposition étrange qui a été suivie par ses successeurs, et dont l'emploi, utile aux poètes, l'était peut-être encore plus à leurs critiques; car on sait que plusieurs lettres arabes ne différent entre elles que par les points que l'on emploie pour les dis- tinguer; lorsque le copiste en oublie un, ce qui est fré- quent, le mot est inintelligible; l'ordre adopté par El- Djauhari permet de rectifier des erreurs de ce genre plus aisément peut-être que par notre procédé de ranger les racines de l'arabe suivant l'ordre de la première radicale. 11 en rédigea lui-même environ la moitié; ce travail fut terminé par un de ses élèves, Abou-Ishaq Ibrahim ben Salih el-Warrâq (le Papetier ou le Libraire), qui laissa s'y glisser quelques erreurs.

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LITTERATURB ARABE

D'autres lexicographes travaillaient en même temps le même sujet. El-Azhari (Aboii-Mauçour Mohammed bea Ahmed), à Hérat en 895, tomba entre les mains des Carmathes au retour du pèlerinage de la Mecque, lorsque la caravaue Tut pillée entre Médine et Koufa le 26 avril 924, resta prisonnier et esclave d'une tribu bédouine qui, selon les saisons, voyageait dans l'inté- rieur de la péninsule; ce qui donna, bien malgré lui, à notre Persan d'Hérat l'occasion d'apprendre l'arabe à la source même. Une fois délivré de captivité, il rentra dans sa ville natale, y professa longtemps et y mourut en 981. Son dictiounaire, le Taftdhib el-Logha, est rangé dans l'ordre des organes d'émission des lettres, comme Khalil l'avait fait pour son Kitàb-el-'Aïn.

Le Çâhib Ibn 'Abbâd (Abou'l-Qâsim isma'ïl) el-Tâlaqâni, à Tàlaqân près de Kazvia en 938, était le fils du ministre des princes Bouïdes Rokneddaula et 'Adod- Eddaula ; c'est lui qui reçut le premier le titre de çdhib, ou compagnon. Il suivit à Réî les leçons d'Ibn Fâris et termina ses études à Bagdad; à son retour, le prince Bouïde Moayyid-Eddaula, dont il était compagnon d'en- fance, le choisit comme ministre, poste qu'il conserva sous son successeur Fakhr-Eddaula. Protecteur de l'art et de la science, il écrivit lui-même des vers et des let- tres qui ont été réunies sous le titre de Kâfi'i-Kofât. Le troisième volume de son Mouhtt, dictionnaire par ordre alphabétique, qui en avait sept, conservé à la biblio- thèque kbédivîale du Caire, contient un grand nombre de mots, faiblement appuyés de peu d'exemples. Il mourut en 995. Il était populaire à Réï, et ses obsèques, présidées par le prince en personne, furent l'occasioa d'une grande démonstration de tristesse.

Ibn Fâris br-Râzi (Abou'I-Hoséïn Ahmed) fut profes-

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seur à Hamadan, il eut pour élève Badi'-Ezzéman Hamadhâni, l'auteur des Séances; il fut ensuite appelé k Réï par Fakhr-Eddaula, pour être le précepteur de sou fils Abou-Tâlîb. Il nous donne le premier exemple d'un Iranien d'origine qui prend parti en faveur des Arabes dans les querelles des Cho'oûbiyya. Il a aussi écrit des vers élégants, entre autres ceux il satirisa les habi- tants d'Hamadan, dont l'ignorance était proverbiale : a Pourquoi n'offrirai-je pas une prière sincère pour cette ville j'ai eu l'avantage d'oublier tout ce que j'ai appris? » 11 mourut à Réï en 1005, Son Modjmal fîl-logha est un dictionnaire rangé dans l'ordre de la première lettre radicale; son Fiqh al-logha (Jurisprudence de la langue), est une introduction à la lexicographie arabe, remplie de considérations philosophiques.

Ahmed ben Mohammed el-Harawî était originaire d'Hérat; élève d'El-Azhari, mort en 1010, il est l'auteur du Kitàb el-Gharibéïn (le Livre des deux merveilles), traité des expressions difficiles qui se rencontrent dans le Koran et la tradition. Cet ouvrage, qui fut considéré comme très pratique, se vit copié à de nombreux exem- plaires, dont plusieurs existent en Europe. L'auteur d'un ouvrage aussi sérieux aimait les conversations libres, ne se privait pas de boire du vin en particulier, et s'entourait de gens d'esprit qu'il accompagnait dans leurs parties de plaisir. Son contemporain Nizhàm-Eddin Hasan ben Mohammed de Nîsapour écrivit un livre du même genre sur le Koran en même temps qu'il compo- sait un commentaire de l'Almageste de Ptolémée; cet astronome doublé d'un grammairien mourut en 1015.

L'Egypte n'était pas restée étrangère â ce mouvement, comme en témoignent les travaux d'Ibn Wallàd {Ahmed ben Mohammed), élève d'Ez-Zedjdjàdj , mort au Caire en

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943 et qui écrivit un dîctioiiDaire des mots se terminant par la voyelle a brève ou longue (Kitâb el-maqçoùr w'èl- mamdoùil]; d'En-Nahhâs (Abou-DjaTar), élève du même, professeur au Caire, qui fut précipité dans le Nil en mai 950, un jour qu'il récitait des vers assis sur l'escalier du Miqyâs ou nilomctre de l'ile de Rauda, par un homme du commun qui crut qu'il prononçait une conjuration pour empêcher le débordement annuel du fleuve et par assurer la disette et la cherté des provisions. C'était un homme d'habitudes sordides; quand on lui donnait une mousseline pour entourer le turban, il la coupait en trois, par avarice.

L'Espagne avait profité des leçons d'Asot-'Au (Isma'ïl ben el-Qàsim] el-QAli, originaire de la ville de Qâliqalâ en Arménie, en 901, qui avait étudié à Bagdad en 915; il quitta cette ville en 939, entreprit un voyage dans les régions lointaines du Magreb et finit par échouer à Cordoue, il s'installa comme professeur de grammaire et mourut en 967. L'ouvrage qu'il dictait ii ses élèves espagnols est connu sous le nom de Kitâb el- Amâli (Livre des dictées); c'est une anthologie conte- nant des traditions relatives au Prophète, une immense quantité de notes relatives aux proverbes, à la langue et à la poésie des anciens Arabes, des anecdotes sur les poètes de la cour des khalifes, des pièces de prose et de vers conservés par la tradition orale. Un autre de ses ouvrages, le Kitâb el-Bâri, était consacré aux traditions du Prophète. Il eut pour principal élève Abou-Bekr Mohammed ben el-Hasan ez-Zobéidi, dont il compléta les études commencées déjà sous des maîtres espagnols, d'une famille originaire d'Emësc en Syrie, mais à Séville en 918, Apres avoir achevé ses études à Cordoue, il fut chargé, par le khalife Mostangir el-Hakam de

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LES ABBASSIDES

réducation de son fils Hichdm, qui ayant succédé à son père fit de son ancien maître le cadi de SévîUe et le chef du guet de cette ville, il mourut en 989. Cette nomina- tion lui valut une fortune dont ses descendants jouirent longtemps. Il composa une grande quantité de pièces poétiques, le Wâdth (Traité clair) sur la grammaire, qui se trouve à la bibliothèque de l'Escurial; l'Istidrâk, publié par M. Guidi, et une liste classihée des grammai- riens et philologues qui avaient fleuri avant lui tant en Espagne qu'en Orient, et dont Soyoûti s'est servi dans son Mizkar.

L'Université Ni-^^hâmiyya de Bagdad.

La fondation de l'Université Nîzhàmîyya à Bagdad offrait un centre naturel à l'étude des lettres classiques. C'est que furent élaborés de nombreux travaux sur la poétique et la rhétorique, la lexicographie, le plus souvent par des professeurs d'origine persane.

Yahya ben 'Ali, surnommé El-Khatib et connu sous le nom d'Et-Tibrizi, était en 1030 à Tébrîz en Perse; il étudia les traditions à Sour, l'ancienne Tyr; le poète Abou'l-'Alâ el-Ma'arri lui avait enseigné la philologie; il vécut quelque temps en Egypte comme professeur, puis vînt à Bagdad, il fut professeur à la Nizhàmiyya jus- qu'en 1109, date de sa mort.

On dit que quand il voulut se rendre auprès d'Abou'l- 'Alà el-Ma'arri, pour lui demander des directions dans l'étude du Kitûb ct-Tahdib d'Abou-Mançoùr el-Azhari, il n'avait pas d'argent pour louer une monture; il mit cet ouvrage dans un sac qu'il porta sur le dos, et entreprit à pied le long voyage de Perse en Syrie. La sueur de

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16S LITTésATURE ARABE

son dos passa à travers les parois du sac et marqua de taches d'humidité le précieux maouscrit, que I'od con- serva longtemps dans une des hiblîothèques de Bagdad et que l'on montrait aux visiteurs, tl écrivit un traité de prosodie et de métrique, un abrégé de la grammaire du Koran, et des commentaires sur les Mo'allaqât, le Hamaaa, le diwan d'Abou-Temmàm et celui de son maître Abou'l-'ÂIà el-Ma'arri.

Il eut pour élève Abou-Mançoùr Mauhoùb Ibn el-Dja- wALiQi, eo 1073, mort à Bagdad en 1145, connu par un livre sur les mots étrangers introduits en arabe, qui a été publié par M. Sachau, et par le Takmila, complé- ment de la Perle du plongeur de Hariri, édité par M. H. Derenbourg sous le titre de Livre des locutions vicieuses. Un ouvrage sur les noms des chevaux arabes et de leurs cavaliers se trouve en manuscrit à l'Escurial et à Munich. Sa calligraphie était renommée, et l'on se disputait les pièces écrites de sa main. Il occupait les fonctions d'imam auprès du khalife El-Moktafi et dirigeait les cinq prières journalières auxquelles le souverain assistait. Un élève lui ayant demandé un jour, pendant une de ses leçons, l'explication de deux vers contenant des termes techniques d'astronomie, il s'aperçut qu'il ne connaissait rien à cette science et jura de ne pas reprendre son cours avant d'avoir appris les règles des mouvements de la lune et du soleil.

Abou'l-Ma'àli Mohammed bcn el-Hasan Ibn Hahdoon, surnommé Kâfil-Koufât ou « l'Homme parfait par excel- lence », était à Bagdad, en 1101, d'une famille consi- dérable qui avait fourni à l'administration des hommes d'Etat; il avait commencé par servir dans l'armée; sous le khalife El-Mostandjid 11 fut d'abord inspecteur du palais puis secrétaire d'État. C'est pendant qu'il occupait ces

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dernières fonctions qu'ayant eu l'imprudence de blâmer ouTertement, dans un document officiel, les maux qu'il voyait autour de lui, il fut destitué et jeté en prison, il De tarda pas à mourir (1167). Il a laissé, sous le titre d'et-Tedhkira, une anthologie historique et philologique en douze volumes, dont Alfred von Kremer a tiré ses recherches sur l'histoire et tes mœurs des Arahes avant l'islamisme.

Sa'ïd ben el-Mobàrek Idn ed-Dahhan, en 1101 à Bagdad, s'y acquit la réputation d'un grammairien hors ligne. Plus tard il quitta cette ville pour se rendre à Mossoul auprès du vizir Djémal-Eddin el-Isbahânî. Pen- dant son absence sa bibliothèque fut envahie par les eaux du Tigre, qui avait débordé; on lui porta à Mossoul les livres qu'on avait pu sauver; comme ils étaient endom- magés par l'eau du fleuve, il voulut les réparer en les couvrant de fumée de ladanum, résine du ciste de Crète, ce qui lui fit perdre la vue; bientôt après il mourut dans cette même ville de Mossoul en 1173. De ses ouvrages, nous n'avons plus que le Foçoûl sur la métrique et une qaçida conservés à Gotha.

De l'université Nizhâmiyya sortait encore Kémal-Eddin 'Abder-Rahman Ibn el-Anbahi, qui y avait étudié la phi- lologie et qui y enseigna la même science à son tour. Dans les dernières années de sa vie il renonça au monde, s'enferma dans sa chambre et se consacra à l'étude et aux exercices de piété. en 1119, il mourut en 1181. Ses Mystères de la langue arabe (Asrâr el-'Arabiyya), qui ' sont une grammaire, ont été publiés par M. Seybold it Leyde. Son livre de la Décision équitable entre les gram- mairiens de Bassora et de Koufa, rédigé à la demande de ses élèves de la Nizhâmiyya, a fourni à M. Koschut la matière d'une étude grammaticale. Le Nozkat el-alibbd

16i LITTBRATUnE ÂRÀBE

(le Plaisir des gens de cœur au sujet des catégories de littérateurs) est une histoire de la littérature arabe depuis ses origines jusqu'à son époque ; il a été lithogra- phie au Caire. D'autres ouvrages sur la grammaire se trouvent à Leyde et à Paris.

Mouhibb-Eddin Abou'l-Baqâ 'Abdallah bl-'Okbaiii, en 1130, mort en 1219, eut vers la fin de sa vie la réputa- tion d'un grand philologue ; il avait également étudié la jurisprudence du rite hanéfitc; son habileté en arithmé- tique lui avait facilité l'étude du partage des héritages. Sa famille était d"Okbara, village sur le Tigre en amont de Bagdad, d'où il est sorti un certain nombre de per- sonnages remarquables. Il était privé totalement de la vue. Il a écrit des commentaires sur les poésies de Moté- nabbi et sur les séances de Ilariri, sur les expressions syntactiques non usuelles chez les ancicas poètes [Kitdb el-Moudjiz), sur les causes de la flexion et de l'absence de flexion dans les mots {el-Loubdb).

En Perse la langue arabe continuait d'à tre étudiée avec amour; c'était la langue scientifique par excellence; une foule d'idées semblaient ne pouvoir être exprimées, d'une façon claire et précise, qu'en arabe. C'était l'époque le persan renaissait à l'existence, et commençait à fournir cette pléiade brillante de poètes qui lui assure une gloire éternelle; mais cette langue vulgaire, fille de l'an- cien pehlevi, que les littérateurs forgeaient à nouveau sur leur enclume, il lui manquait bien des mots qu'elle avait perdus et qu'il fallait emprunter à l'arabe. Celui-ci jouait par conséquent le rôle du latin au moyen âge : on ne le parlait plus que dans les discussions de l'Université, mais on l'écrivait toujours.

Abou-Mançour 'Abdel-Mélik bth-Tha'alibi, à Nisa- pour en 961, mort en 1038, fut un compilateur énergique

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chez lequel se montre déjà le procédé, devenu de plus en plus commun, qui consiste à ne pas citer la source des emprunts, ce que la littérature arabe avait soigneu- sement marqué, au contraire, daas sa belle époque. Son grand ouvrage, Yatimat ed-dakr fi mahdsin ahl el-acr (la Perle unique du siècle, sur les belles qualités des contemporains) est une anthologie des poètes de son époque, rangés d'après l'ordre de leur pays d'origine; tes extraits des poèmes cités sont précédés d'une bio- graphie malheureusement fort courte. Le Latâlf el-Maâ- rif (Facéties de la science) a été édité par de Jong à Leyde; c'est un recueil d'anecdotes et de renseignements curieux. Le Fiqkal-logha (Jurisprudence du langage) est un dictionnaire des synonymes. Le Latâïf eç-çahdba ival-tdbiln (Facéties des compagnons du Prophète et de leurs successeurs) est un recueil de bons mots échappés aux autorités du droit musulman; P. Cool en a publié des extraits dans la grammaire de Hoorda; un autre recueil d'ana (ahdsin Kalim en-nabi, etc.) a été étudié par Valeton. On lui doit encore d'autres ouvrages gramma- ticaux qu'il serait trop long d'énumérer. Enfin c'est peut- être lui qui est l'auteur du Kitdb el-Ghorar, dont une partie, relative à l'ancienne histoire des Perses, a été publiée et traduite par M. Zotenberg.

Abou'I-Hasan Tahir Idn BisACBiD, bien qu'ayant passé sa vie en Egypte, était d'origine persane, des côtes méri- dionales de la Caspienne. Il fut attaché au bureau de rédaction de la correspondance officielle du Caire , pour corriger au point de vue de la grammaire les pièces qui lui étaient soumises, et il recevait un traitement mensuel pour cela; plus tard il renonça à ses fonctions, pour s'en remettre à la Providence du soin de pourvoir à son entretien, après avoir vu un chat venir quêter la aourri-

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ISe LITTÉRATUIIE ABABS

ture pour un de ses semblables devenu aveugle. Il mourut en janvier 1077, étant tombé une nuit du toit de la vieille mosquée du Caire dans l'intérieur du monument; il lais- sait un manuel de grammaire en dix chapitres intitulé el-Moqaddima (la Préface), commenté par lui-même et par d'autres auteurs.

Abou-Bekr 'Abd-el-Qahir el-Djordjani, mort en 1078, a écrit un traité grammatical des cent particules régis- santes dont les copies ont été multipliées à l'infini et se trouvent dans toutes les bibliothJiques ; Erpénius à Leyde en 1617, Baillie et Lockett à Calcutta s'en sont occupés. D'autres ouvrages sur la syntaxe ont eu l'honneur d'être commentés fréquemment.

Un autre compilateur persan, Abou'l-Qâsim el-Hoséïo er-Raghib el-]çbaham, originaire d'Ispahan, mort en 1108, a réuni sous le titre de Mohâdarât eî-odabâ (Conversation des gens lettrés) une anthologie littéraire très copieuse : il a composé un dictionnaire des mots du Koran rangés dans l'ordre alphabétique (A/o^iK^ffr alfdzk el-Qor'dn) avec des citations empruntées à la tradition et aux poètes; il a écrit un traité de morale que Ghazàlî portait continuellement sur lui [KUdb ed-dharia), et un commentaire du Koran.

A cette époque, les anciens proverbes arabes furent recueillis par Abou'1-Fadl Ahmed el-Méidani, mort à Nisapour, sa ville natale, en 1124; son grand travail a été la base de celui de Freytag, Arabum proverbia. Un dictionnaire (es-sâmi fPt asdmi) et une syntaxe (al-hddi lick-Ckddt) ont été quelque peu laissés dans l'ombre par le succès des Proverbes.

Abou'l-Qâsim Mahmoud ez-Zamakhchari, surnommé Djdr-Allah (le Voisin de Dieu], à cause du long séjour qu'il fit à la Mecque, était à Zamakhchar dans le Kharezm

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(Khanat de Khiva actuel) en 1074. Sa jeunesse fut cod- sacrée a des voyages d'études ; le pèlerinage sacré le mena à la Mecque; îl mourut dans sa contrée natale, dans la ville de Djordjaniyya (Ourghendj , l'ancienne capitale du pays], en 1143. 11 avait une jambe de bois, ayant eu un pied gelé pendant une tempête d'hiver; cet accident avait nécessité l'amputation; il portait sur lui une attestation de témoins oculaires pour prouver que cette amputation provenait d'un accident naturel, et non d'une condamna- tion criminelle.

Il était franchement mo'tazélite, et quand il écrivit son commentaire du Koran, il le commença par ces mots : M Louange à Dieu qui a créé le Koran ; » plus tard l'ortho- doxie remplaça le mot créer par le verbe révéler . Bien que dans ses ouvrages lexico graphique s îl se servît d'inter- prétations en langue persane, plus accessible à ses com- patriotes, il était tellement persuadé de la supériorité de la langue arabe qu'il était opposé à ces tendances des Cho'oâbiyya dont nous avons précédemment parlé. Son grand commentaire du Koran s'appelle le Kachchdf (Celui qui découvre les vérités de la révélation) ; il a été imprimé à Calcutta et au Caîre, et fréquemment com- menté. Le Kitâb el-Mofaççal (le Détaillé) est un manuel complet de grammaire arabe; il a été édité par Brock à Christiania. Le Moqaddimat el-adab (Préface de la litté- rature) est UD dictionnaire arabe-persan qui a été publié par Wetzsteio; le Kitdb el-Amkina (Livre des localités, des montagnes et des eaux), lexique géographique, a paru grâce aux soins de Salverda de Grave. Le Nawdbigh el~ Kaîim (les Paroles jaillissantes), recueil de proverbes, avait déjà, au xvm' siècle, attiré l'attention de H. A. Schultens, qui l'a traduit en latin; M. Barbier de Meynard a de nouveau étudié ce texte; VAtwdq edhdhakab (les Colliers

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168 LITTBR&TURB ARABE

d'or), allocutions morales, a été traduit en allemand par Joseph de Hammer, Fleischcr et Weil, en français par M. Barbier de Meynard.

L'année même de la mort de Zamakhchari naissait dans la même contrée Abou'1-Fath Nàçir el-Motarrizi (f 1213), que l'on s'accoutuma â appeler son successeur. Il joignit à des études littéraires l'enseignement de la jurisprudence hanéfite et de la dogmatique des Mo'tazé- lites. Il a laissé un manuel de syntaxe, le Micbâk {la Lampe), un dictionnaire des termes rares usités dans le style des jurisconsultes, el-Moghrib fi lertib el-Mo'rib, un lexique de synonymes, el-Iqnd', et un commentaire des Séance* de Hariri. En 1204, il se rendit à Bagdad, au cours d'un pèlerinage à laMecque, et y eut de fréquentes controverses au sujet de ta doctrine des Mo'tazélites ; il y donna également des leçons de philologie.

Au Kharezm également était Sirâdj-Eddin Yoùsouf bs-Sakkâki en 1160; il y mourut en 1229. Il est l'auteur du Mifiâh el-Oloûm (la Clef des sciences) sur la grammaire et la rhétorique, souvent commenté.

Le Kurdistan, de son côté, produisait trois Ibn el- Athir : le théologien Medjd-eddin, l'historien 'Izz-Eddin, et le littérateur Diyà-Eddin Fakhr-Eddin Naçrallah. Ce dernier naquit dans la petite ville de Djéziret-Ibn-'Omar, sur les bords du Tigre, au pied des montagnes du Kur- distan, en 1163; il étudia à MOssoul; en 1191 il entra au service de Saladin; l'année suivante nous le trouvons ministre du fils du grand guerrier, El-Mélik el-Afdal. Lorsque celui-ci évacua Damas, Diyâ-Eddin, menacé de mort, dut s'enfuir en Egypte, il se cacha quand EI- Mélik el-'Adil en fit la conquête, puis il alla retrouver son maître à Samosate; en 1210 il entra au service d'EI- Mélik ez-Zàhir à Alep, en 1221 à celui du prince de

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Mossoul, Nàçir-EddÎD, en qualité de secrétaire; il mourut en 1239 à Bagdad. On a peine à comprendre qu'au milieu d'une vie aussi agitée et de ses déplacements con- tinuels, il ait pu, en dehors de sa correspondance magis- trale réunie sous le titre d'El-Wachy el-Marqoum, impri- mée à Beyrouth et étudiée par M. MargoHouth, se livrer à des études d'esthétique et de critique littéraires qui nous ontvalu le livre d'El-Matkal es-Sâir, étudié par M. Gold- ziher, la Poétique (el-Borhân) et le Langage des (leurs (el-Azhàr), conservés en manuscrit à Berlin et à Paris.

En Syrie nous trouvons Abou'UBaqâ Yatch Ibn Yaïch, Bumommé Ibn bç-Çaïgh (Fils de l'orfèvre), en 1158 à Alep, qui voulut se rendre à Bagdad pour y entendre les leçons d'Ibn el-Anbârt et qui apprit sa mort ù peine arrivé à Mossoul; il resta quelque temps dans cette dernière ville, puis retourna à Alep y remplir les fonc- tions de professeur de belles -lettres jusqu'à sa mort (1245); il a commenté le Mofaccal de Zamakhcharï. L'auteur du Dictionnaire biographique, Ibn Khaltikan, profita de ses leçons en 1229 ; il nous a transmis l'expres- sion de sa vive admiration pour son maître, qui avait un rare talent pour aplanir les difficultés et les rendre intelligibles ; il parlait d'une voix douce et usait d'une patience exemplaire avec les commençants qui assistaient à ses leçons. Sous sou caractère sérieux et sa gravité se cachait un fond plaisant. Un jour qu'après avoir assisté à une de ses explications d'un vers arabe ofi le poète comparait, suivant l'image bien connue, son amante à une gazelle, un légiste, qui l'avait écouté avec attention et paraissait avoir compris, l'interrompit tout à coup par ces roots ; « Maître, dites-moi quel point de comparaison il y a entre une belle femme et une gazelle. La queue

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LITTERATURE ARABE

et les cornes », répliqua le professeur impatienté, ce qui mit tout le moDile en belle humeur.

Djémâl-Eddin Mohammed Ibn Mâlek el-Djayyàni était originaire de Jaen en Espagne, mais à Damas en 1203; après avoir achevé ses études à Âlep, il revint pro- fesser la littérature à Damas, il mourut en 1273, après s'être acquis la réputation du plus grand philologue de son temps. Il a écrit un grand ouvrage aujourd'hui perdu, e/-/'a(4'(£l<2(rEnseignement utile), qui traitait de la syntaxe et dont nous avons un extrait dans le Taahil el-fawdïd; VAIfiyya, poème didactique sur la grammaire en mille vers environ, souvent commenté et imprimé, dont se sont occupés Silvcstre de Sacy, Dieterîci, L. Pinto et Goguyer; le Lâmiyyat el-Afâl, autre poème didactique sur la conjugaison des verbes arabes, autographié par Wallio il Helsingfors, publié par Kellgren, Volck et Goguyer . D'autres ouvrages grammaticaux , d'une moindre renommée, sur la syntaxe, la métrique et la synonymique, se trouvent en manuscrit dans diverses bibliothèques.

Dans l'Arabie du Sud, NacuwXk ben Sa'ïd el-Himyari, poète et savant, s'occupa des traditions de son pays natal et composa une ode himyarite qui a été éditée par Alfred von Kremer et traduite en anglais par Prideaux, dans laquelle il ne faudrait pas chercher de véritables renseignements historiques. Un dictionnaire, Chema et- 'oloûm (Soleil des sciences) et un traité en prose rimée sur lavéritable religion opposée aux croyances des différentes sectes et aux rêveries des philosophes, intitulé Kitdb el- hoârel-'ïn (Livre des houris aux grands yeux), complètent son bagage littéraire.

Djémâl-Eddin Othmàn Ibn el-Hâdjib, fils d'un cham- bellan kurde de l'émir 'Izz~Eddin-Mousak es-Salâhi, à

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LES ABBASSIDBS , 171

Esné (Haute-Egypte) en 1175, étudia d'abord au Caire le droit malékite et la lecture du Koran, puis s'adonna aux belles-lettres, partit pour Damas et y donna des leçons comme professeur, dans la grande mosquée des Oméy- yades. Plus tard il revint au Caire; il mourut à Alexandrie, ou il venait de s'établir, en 1249. Il a écrit des ouvrages souvent commentés et qu'on trouve presque dans chaque bibliothèque : la Kdfiya, court manuel de grammaire, la Chdfiya, dans le même genre, le Maqçad-el-djalil, métrique, des Amdli, ou leçons dictées sur le Koran, Moténebbi et d'autres poètes, le Montakâ-es-soudl wél- amal []e Terme de la demande et de l'espoir), manuel de droit malékite.

Dans l'Afrique du Nord, Abou-'Ali el-Hasan Ibn Rachiq naquit en 980, ou en l'an 1000, suivant d'autres; il était Gis d'un esclave grec, d'autres disent d'un orfèvre. En 1015 il se rendit h Kairouan et y adressa à El-Mo'izz ben Bâdis des louanges qui lui concilièrent la faveur de ce prince. Lore de la destruction de Kairouan par les tribus arabes d'Egypte envoyées par le khalife fatimide (1051), il s'enfuit en Sicile et s'établit à Mazzara, oii il mourut en 1064 ou 1070. Son Kttdb el-Omda (le Soutien), sur les beautés et les règles de la poésie, précédé d'une intro- duction très détaillée sur l'art poétique en général, a obtenu les louanges d'ibn Khaldoun, l'auteur des Prolé- gomènes, qui fait de lui le critique par excellence de la poésie arabe des temps modernes; son Onmoûdkadj {Spé- cimen) traite des poètes de la ville de Kairouan.

En Espagne, Abou'l-Khattâb 'Omar Ibn Dihyael-Kelbî, à Valence vers 1149, était surnommé Dkou 'n-nasabéïrt (Aux deux généalogies) parce qu'il descendait par son père de Dihya el-Kelbi, ce personnage curieux du temps de Mahomet dont le prophète disait qu'il ressemblait à

172 LITTÂnATUBB ARABE

l'ange Gabriel, et qu'il envoya comme ambassadeur à HéracliuB, et par sa mère, de Hoséïo, fils d'Ali, li parcou- rut toute l'Espagne pour étudier; nommé deux fois cadî à Dénia, il fut destitué de cette charge à cause de sa con- duite scandaleuse. Il reprit alors le bâton du voyageur, se rendit à Maroc et à Bougie nii il enseigna la science des traditions (1198), séjourna quelque temps en Egypte avant de partir pour le pèlerinage de la Mecque, puis y revint en faisant un long détour de plusieurs années par la Syrie, la Chaldée, la Perse. A son retour, El-Mélik el-'Aziz le choisit pour précepteur de son fils El-Mélik el-Kûmil, qui, une fois parvenu au pouvoir, construisit pour son ancien maître la Medressé Kâmiliyya, il pro- fessa la science des traditions. Tombé plus tard en dis- grâce, il fut destitué, et mourut le 30 octobre 1235.

Vers la m Ame époque nous trouvons Diyâ-Eddin Mohammed el-Khazradji, mort en 1228, auteur d'un poème didactique sur la métrique, intitulé er-Râmiza ech-Châfiya, édité par Guadagnoli à Rome en 1642, et souventcommenté.

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CHAPITRE VII

L'histoire.

Nous avons vu plus haut comment l'histoire a com- meDcé avec les Maghdzi, ouvrages consacrés au récit des guerres de Mahomet. Le développement de plus en plus considérable de l'étude de la tradition (hadith), l'une des bases fondamentales du droit, obligeait à recueillir le plus de renseignements possible sur la vie du législa- teur. A côté de cela l'étude des anciennes poésies arabes menait à s'occuper des anciens faits historiques et des Journées ou batailles auxquelles il était fait allusion dans les vers des poètes, tandis que des annalistes recueil- laient les événements qui s'étaient passés depuis l'isla- misme en y joignant, de seconde main, des renseigne- ments légendaires sur ce qu'ils croyaient être l'histoire ancienne de la Perse et du peuple hébreu. Les traduc- tions des Livres de» Rois sassanides en arabe, qui de bonne heure avaient été faites par des Persans parlant et écrivant l'arabe, donnèrent sûrement une impulsion

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174 LITTÉRATURE ARABE

aux études historiques ; tl est clair que les khalifes abbas- sidcs, dont ta capitale était fort proche des ruines de Séleucie et de Ctésiphon (sans compter les vieilles villes babyloniennes dont le souvenir était totalement perdu), ne voulurent pas rester au-dessous des rois que les Arabes avaient vaincus, eu laissant au monde le récit des faits accomplis sous leur règne.

Ibn Ishaq.

A la fin de la dynastie des Oroéyyades nous trouvons déjà un auteur de maghâzi, Mousa ben 'Oqba ben Abi'l- 'Ayyânh, dont les travaux lu! valurent le titre singulière- ment honorable d'imdm el-maghdzi, « chef ou directeur des études historiques relatives aux guerres du Pro- phète a ; son ouvrage fut recueilli en 1387 par Ibn Qàdi Chohba; quant à l'auteur, affranchi de la famille de Zobéïr àMédine, il mourut en 758. Mais la grande autorité de cette époque que l'on voit constamment citée dans les ouvrages subséquents, c'est Abou-'Abdallah Mohammed Ibk Isbaq, dont l'ouvrage original est aujourd'hui perdu, mais dont nous avons conservé une grande partie dans la compilation d'Ibn Hicham ('Abdelmélik el-Htmyari el-Baçrî), mort en 834, au Vieux-Caire, Sîrat er-Rasoâl (Biographie du Prophète) , publiée par Wùstenfeld et traduite en allemand par G. Weil. Les inimitiés qu'lbn Ishaq s'était attirées à Médine l'obligèrent à quitter cette ville pour Alexandrie, d'où il partît pour Koufa et Réï; à Hira, il rencontra le khalife ËUMançour, qui l'invita à s'établir à Bagdad, nouvellement fondée par lui, et à y réunir en un volume les traditions qu'il avait recueillies sur l'histoire de Mahomet . Il y mourut en 768.

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El-Wàqidi.

Un autre historien du plus grand renom est El-Wàqidi, mais ce renom il le doit surtout aux faussaires qui, très probablement au temps des croisades et pour ravi- ver l'esprit guerrier des musulmans en leur rappelant l'époque brillante des conquêtes, mirent sous son nom vénéré des romans historiques sur les guerres de Syrie, de Mésopotamie, d'Egypte et d'Afrique. Cependant son grand ouvrage historique (Kitàb el-Magbâzi) nous est parvenu et a été édité à Calcutta par Alfred von Kremer. à Médine en 747, Abou- 'Abdallah Mohammed ben .'Omar el-Wâqidi y exerça d'abord le métier de marchand de blés ; s'étant ruiné par sa prodigalité, il dut quitter la ville. A Bagdad, il trouva le ministre Yabya ben Khùlïd le Barmékide, qui lui fournit les moyens d'arranger ses affaires et le nomma cadi dans la partie occiden- tale de la capitale; plus tard le khalife Mamoun l'établit en la même qualité à Roçâfa, il mourut le 28 avril 823.

Une anecdote rapportée par Mas'oudi dans les Prairies tfor, traduites par M. Barbier de Meynard, éclaire bien les relations amicales existant entre lui et ses voisins; on la tenait de Waqidî lui-même : « J'avais deux amis, dont l'un était de la famille de Hacbem, et nous ne formions, pour ainsi dire, qu'une seule âme. Aux approches de la fête de la rupture -du jedne, je me trouvais dans une gêne extrême, ma femme me dit : « S'il ne s'agissait « que de nous, nous pourrions supporter la misère et « les privations, mais nos pauvres enfants! Ils me font « pitié et me déchirent le cœur! Ils verront les enfants

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LITTERATDnB ARABE

« du voisinage parés et habillés de neuf pour leur fête, K tandis qu'ils conserveront, eux, leurs misérables gue- « nillei. Ne pourrais-tu, par un expédient quelconque, « trouver de quoi les habiller? » J'écrivis à mon ami le Hachémite, et le priai de me venir en aide pour l'éven- tualité qui se présentait. Il m'adressa aussitôt une bourse cachetée, en m 'in formant qu'elle contenait mille dirhems. J'avais à peine eu le temps de me reconnaître, lorsque je reçus de mon autre ami une lettre renfermant les mêmes doléances que celles que je venais d'adresser à mon compagnon hachémite. Je lui envoyai la bourse telle qu'elle m'était parvenue, et je me rendis à la mosquée je passai la nuit, n'osant plus me présenter devant ma femme. Celle-ci, cependant, lorsque je rentrai, approuva ma conduite et ne me fit pas le moindre reproche. Nous en étions là, quand l'ami hachémite entra portant avec lui la bourse toujours dans le même état et me dit : « Avoue-moi franchement l'usage que tu as fait de ce que je t'ai envoyé. » Je lui racontai la chose telle qu'elle s'était passée, et il reprit en ces termes : « Au moment ton message m'est parvenu, je ne « possédais au monde que la somme que je t'ai fait « remettre; j'écrivis donc à notre ami commun pour le u prier de me venir en aide et il m'envoya ma propre « bourse encore scellée de mon sceau. » Nous fîmes alors trois parts et nous les partageâmes entre nous trois, après avoir, au préalable, mis de côté une somme de cent dirhems pour ma femme. »

Son secrétaire Ibn Sa* d {Abou- Abdallah Mohammed), mort en 845, rassembla ses ouvrages, dont il possédait un des quatre exemplaires existant à la mort de l'auteur; lui-même composa un recueil de biographies (tabaqdt) du Prophète, de ses compagnons et de leurs si

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LES ÀBBÀSSIDI

la vie de Mahomet a été parfois donnée comme un volume à part.

Pendant que ces auteurs s'occupaient d'écrire l'histoire générale, El-Âzraqi rédigeait une histoire de la Mecque d'après les traditions fabuleuses de la période antéisla- miquc et d'après les notes recueillies par son grand-père Abou'l-Wélid el-Azraq, descendant de la dynastie des Ghassanides, mort en 834. El-Azraqî mourut peu après 858; après lui, El-Fàkihi {Abou-'Abdallah} écrivit aussi une histoire de la Mecque en 885; ces deux chroniques ont été publiées par Wûstenfeld. Nous n'avons plus l'histoire de Médine d'Ibn Zabàla, de Bassora et de Koufa d'Omar ben Chabba, de Wàsit d'Aslam ben Sahl, de Mossoul d'Abou-Zakariyâ el-Azdi, qui était cadi de cette ville, de Raqqa d'El-Qochaïrî, de Harràn par Abou- 'Aroûba el-Harrani, qui avait voyagé en Egypte et en Syrie et professa la science des traditions à Bagdad ; nous ne possédons plus celle de différentes villes de Perse, telles que l'histoire de Merv par Ahmed ben Sayyàr, d'Ispahan par Ibn Mandèh, de Boukhara par Mohammed el-Bokhàri, d'Astérabad et de 'Samarcande par 'Abder-Rabman el-Idrîsi ; nous avons cependant, à la Bibliothèque nationale, le Rit/ âd en-No foûa (Parterre des âmes), histoire des savants légistes et des hommes pieux de la Tunisie, par Abou-Bekr cl-Mâliki. Le British Muséum possède le volume de la grande histoire de Bagdad par Abou'I-Fadl Ahmed ben Abi-Tàbir Taïfoùr, qui était d'origine iranienne et appartenait à une famille jadis princière du Khorasan. II était en 819 à Bagdad et y mourut en 893.

Ibn bl-Kblbi (Abou'UMoundhir Hichùm) était le fils d'un guerrier qui, après avoir pris part à la bataille de Déïr- el-Djémùdjim dans les rangs des troupes que le rebelle

LITTS RATURE ARABE

Ibn el-Ach'ath avait ramenées d'Arachosîe, s'était occupé d'exégèse koraniquc et avait rassemblé avec beaucoup de soin des notes sur les généalogies et l'histoire des anciens Arabes. 11 était mort en 763. Son fils reprit ces études et écrivit un grand ouvrage sur les généalogies dont des fragments manuscrits existent à Paris et à l'Escurial, et un curieux et précieux traité sur les idoles des anciens Arabes, dont Yâqoût nous a conservé de nombreux extraits dans son Dictionnaire géographique. Ce dernier ouvrage, dont le sujet n'était pas pour plaire aux musulmans, qui détestaient les souvenirs de l'anti- quité païenne de ta péninsule comme ceux d'un âge d'ignorance, lui valut la critique ardente de contradic- teurs qui l'accusèrent de falsifications; YàqoAt, qui lui emprunta beaucoup de renseignements, te défendit contre ces reproches, et la critique moderne lui a donné raison. Ibn cl-Kclbî, qui était a Koufa, vécut quelque temps à Bagdad et mourut en 819. 11 a écrit aussi un ouvrage sur les généalogies des chevaux arabes pendant le paga- nisme et l'islam. Il avait une mémoire très inégale; et il a raconté lui-même que, sur les reproches de son oncle, il avait appris le Koran par cœur en trois jours, tandis que, d'un autre côté, se regardant au miroir, il prit un jour sa barbe dans sa main avec l'intention de couper tout ce qui dépassait par en dessous, puis il oublia immé- diatement cette résolution et la coupa par en dessus, trop courte par conséquent.

Un historien de très grande valeur, dont l'ouvrage est malheureusement perdu, après avoir été utilisé par Bélà- dhorî et Tabari, c'est El-Médàïni (Abou'l-Hasan 'Ali], en 753, mort à une date incertaine (de 830 à 845). Le FikriaC donne cent onze titres d'ouvrages écrits par lui sur l'his- toire du Prophète, de ta tribu de Qoréïch, des khalifes ;

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LES ABBASSIDES 179

on cite de lui le Kitâb el-Maghâzi et le Tarikk el-Kholafâ. Il a composé plusieurs ouvrages sur les femmes célèbres et des recueils d'anecdotes. Son nom indique qu'il était originaire de Ctésiphon (Médàïu).

A côté de cet ancêtre des historiens arabes il convient de placer Ez-Zobéïr Ibn Bekkâr (Abou-' Abdallah), de la famille d"Abdallah ben Zobéïr, qui vivait à Médine. Déjà dans sa jeunesse il jouissait d'une réputation à cause de ses connaissances en matière de tradition, d'histoire et de généalogie. II se rendit à Bagdad à la suite d'une brouille avec les descendants d'Ali, mais comme il ne trouva pas, à ta cour des Abbassides, les encouragements qu'il espérait, soupçonné au contraire de servir les inté- rêts du parti des Alides, il retourna dans son pays, fut nommé cadi de la Mecque, ce qui lui fournît à plusieurs reprises l'occasion de retourner à Bagdad. A l'âge de quatre-vingt-quatre ans, il était à la Mecque lorsqu'il tomba du toit de sa maison et se brisa la clavicule et une côte, ce dont il mourut deux jours après, le 20 octobre 870. Il est l'auteur d'une généalogie de la tribu de Qoréîch, dont le manuscrit se trouve à la Bodléienne, et d'un recueil de récits historiques auquel il donua le titre de MowafTaqiyyàt, parce qu'ils étaient destinés à l'amuse- ment et à l'instruction d'EI-Mowafiaq, fils du khalife Motawakkil; les trois dernières parties de l'ouvrage, sur dix-neuf, sont conservées ii Gœttingue.

El-Bélâdhorî.

Ei-BéiADHOBt (Abmed ben-Yabyà) était Persan de nais- sance; il fréquenta la cour des khalifes Motawakkil et Mosta'ïn ; El-Mo'tazz le chargea de l'instruction de son fils

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LtTTBBATIIRE ARABE

'Abdallah, ce poète qui fut khalife un seul jour. Il mourut en 892, après avoir été atteint d'aliénation mentale à la suite de l'absorption d'une trop grande dose d'anacarde ou noix de marais {bélâdhor), ce fruit singulier de l'Iode dont l'on prétend qu'il développe la mémoire, d'oii son surnom; on fut obligé de l'enfermer dans un hôpital, il termina ses jours. Son Kitâb Fotoûh et-Boldân (Histoire de la conquête musulmane), publié par M. de Gœje, est un document absolument remarquable pour l'histoire des expéditions conquérantes des musulmans dans les premières années de l'Hégire ; le soin qu'il met à indiquer les sources verbales il a puisé en fait un document précieux; ce n'est malheureusement que l'abrégé d'un plus grand ouvrage, resté inachevé. Il avait écrit, sous le titre à'Ansâb el-Achrâf {Généalogie des nobles), un autre ouvrage historique dont deux volumes ont été con- servés; le premier fait partie de la collection Schefer entrée récemment à la Bibliothèque nationale, le second a été autographié par Ahlwardt à Greifswald. Enfin il a traduit, du persan en arabe, des ouvrages dont on ne connaît que la traduction en vers arabes de V'Akd Ardé- chlr (l'Epoque d'Artaxercès), consacré probablement aux légendes qui entourent la fondation de l'empire des Sassanides par Ardéchir Babégân, mais qui est totale- ment perdue; nous ne la connaissons que par l'indication qu'en donne le Fihrist.

Tabarî.

C'était encore un Persan d'origine que le graud histo- rien de cette époque, Tabarî (Mohammed ben Djérir), dont ou vient d'achever à Leydc ta publication colossale de son

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LES ABBASSIOBS IBt

chef-d'œuvre. Il était ea 838 â Amol dans le Tabaris- tan (Mazandéran), au sud de la Caspienne. Il voyagea en Egypte, en Syrie et dans l'Irak, puis il s'établit à Bagdad comme professeur de traditions et de jurispru- dence; dans cette dernière science il suivit d'abord tes enseignements du rite chaféïte, dont il avait profité pen- dant son séjour en Egypte, puis il voulut créer une école à lui, mais sans succès; au contraire, cela lui valut l'ini- mité des farouches Hambatitcs de Bagdad. A ses recherches sur ces deux terrains on doit le Tahdhib el- Athâr, qui se trouve à Constantinople (bibliothèque de Kieuprulu Méhemet-pacha), et le grand Tafsîr ou com- mentaire du Koran, qui a été plus tard traduit en persan et en turc. Mais son histoire universelle [Akhbâr er-rou- soul wH-molotik, Histoire des prophètes et des rois), la première complète en langue arabe, dans Inquelle il a rassemblé une foule d'indications qui sans lui se seraient perdues, est pour nous des plus intéressantes, parce que c'est le document le plus ancien que nous ayons de l'his- toire arabe; on sait les peines qu'on a eues pour en cons- tituer le texte complet, dispersé volume par volume dans une foule de bibliothèques d'Europe et d'Orient. Il mourut à Bagdad le 16 février 923. Il avait une capacité de travail remarquable et écrivît chaque jour, pendant quarante ans, quarante feuillets.

Eç'Çouli.

Eç-ÇovLi (Abou-Bekr Mohammed ben Yahya) descendait d'un prince turc du Djourdjàn, Soul-Tékin, qui avait été converti du mazdéisme à l'islamisme. A la cour des kha-

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18! LtTTERATltnB ARABE

lifes Moktafi et Moqtndîr il était apprécié à cause de sa manière de jouer aux échecs qui était passée en proverbe ; on disait : jouer aux échecs comme Eç-Çoùli. Mais ses sentiments a IVgard des descendants d'Ali le mirent dans une position si critique, qu'il dut s'enfuir de Bagdad et se cacher il Bassora, il mourut en 946. Il s'était occupé des poètes arabes et avait écrit leur histoire ainsi que des traités spéciaux sur plusieurs d'entre eux tels que Abou-Temmam, Abou-Nowâs, EUBohtori; il avait écrit un livre d'histoire sur les Abbassides et sur ceux d'entre eux qui avaient cultivé la poésie; cet ouvrage se trouve au Caire.

Mas'oudi\

Avec le spirituel et attachant conteur Mas'oudi (Abou'I- Hasan 'Ali) nous voyons commencer une nouvelle branche de la littérature arabe, celle des anecdotes historiques. Originaire d'une famille arabe qui se rattachait à Mas'oud, un des compagnons du Prophète, il naquit à Bagdad, entreprit des voyages qui le menèrent en Perse oîi il visita Istakhr (Persépolis) en 915, et jusque dans l'Inde il traversa Moultan et MansoAra, puis la péninsule du Dekhan jusqu'à Ceylan ; il s'y embarqua, parcourut la mer de Chine et la mer Rouge, passa par Madagascar et revint en Arabie par l'Oman. La mer Caspienne, puis la Syrie et la Palestine attirent son esprit avide de connais- sances; il était en 926 à Tibériade, en 943 à Antioche et en Cilicie, deux ans plus tard à Damas.

Pendant les dernières années de sa vie il habita tantôt l'Egypte et tantôt la Syrie ; en 947 et en 955 il se trouvait à Fostiît (le Vieux-Caire), il mourut probablement en

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LBS ÂBB ASSISES 1S3

95G OU 957. Esprit curieux et chercheur, Mas'oudi n'a négligé aucune des sources d'inforroatioD qui lui étaient accessibles; il a étendu ses recherches, en dehors de l'érudition purement musulmane, sur l'histoire des Perses, des Indiens et des Romains, sur les traditions des païens, des juifs et des chrétiens; pour la période des khalifes, les innombrables anecdotes des Prairies d'Or (MoroAdj edh-Dhahab) sont la source la plus féconde en même temps que la plus amusante de renseignements sur la civilisation orientale de son époque. Son grand ouvrage historique, dont les Prairies ne sont qu'un extrait, V Akhbdr-ez-zamân, était en trente volumes; le premier seul a été conservé à Vienne. Le Kitdb el-Ausat (Livre moyen), en était un abrégé. Le Tanhîh tvèl-ickrdf (l'Avertissement et la revision), est comme le résumé philosophique de l'œuvre entière de Mas'oudi; le texte en a été publié par M. de Gœje et traduit en français par M, le baron Carra de Vaux,

Ham\a el-Içfahâni.

Hahza ben Hasan bl-IçfahiIni était Persan ; aussi, dans «on ouvrage historique, a-t-11 traité l'histoire légendaire de son pays d'après les communications verbales qui lui furent faîtes par les prêtres du feu, et d'après des sources iraniennes. Appartenant à la secte des Cho'oùbiyya, dont il fut un ardent défenseur, il chercha, dans ses ouvrages, à rétablir la véritable orthographe des noms iraniens déformés dans la bouche des Arabes. Il vivait vraisembla- blement à Bagdad au commencement du x* siècle de notre ère. Ses Annales ont été pubHées à Saint-Pétersbourg,

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avec une traduction latine, par Gottwaldt. La bibliothèque de Munich possède un livre des Proverbes écrit par lui ; celle du Caire un parallèle entre l'arabe et le persan.

Le Livre des chansons.

Abo^'l-Fahadj bl-Içfahàni ('Ali ben-el-Hoséïn) était, comme te précédent, à Ispahan, mais tout à fait par hasard, car il se rattachait à la lignée des Oméyyades et était de pure race arabe. en 897, il fit ses études a Bagdad et mena la vie de beaucoup de lettrés de cette époque, allant d'Alep, régnait Séïf-Eddaula, jusqu'en Perse retrouver les ministres des princes Bouïdes, soit Isma'ïl Ibn Abbàd, soit Ël-Mohallabi. A un âge avancé, il perdit peu à peu ses facultés mentales et mourut le 21 novembre 967. L'origine commune qu'il avait avec les Oméyyades lui fit entretenir des rapports fréquents avec ceux de leurs descendants qui s'étaient établis en Espagne, et dont il reçut des présents en récompense des livres qu'il leur dédia. Son Kitâb el-Aghdni (Livre des chansons) a été publié à Boulaq, et complété par un vingt et unième volume édité à Leyde par M. Brilnnow. Ces chansons, c'est tout simplement l'histoire des poésies arabes qui ont été mises en musique; et comme cela est arrivé à une quantité énorme de vers des poètes anté- islamiques, ainsi que des quatre premiers siècles de l'hégire, cela a fourni à l'auteur l'occasion de réunir une foule de détails biographiques sur leurs auteurs; sous le préteste de chansons, ce livre admirable renferme des anecdotes, des renseignements sur la vie du désert et des villes, sur l'intîmité des souverains et des khalifes, qu'on

LES ABBASSIDES 185

ne trouve nulle part ailleurs. C'est une riche mine pour l'étude de la société arabe à son époque brillante. La bibliothèque de Berlin possède un autre ouvrage du même auteur, le Kitâb eî-diydrdt {Livre des monas- tères), donuant l'histoire de nombreux couvents, buts de pèlerinage, sis aux environs du Tigre et de l'Euphrate, ou en Egypte; c'est en réalité une anthologie des vers CCS couvents ont été célébrés. II ne faut pas oublier que les musulmans qui visitaient les cloîtres chrétiens n'allaient pas y chercher des motifs de dévotion, mais tout simplement l'occasion d'y boire du vin, liqueur pro- hibée dans les villes mahométanes. Les poètes célé- braient par reconnaissance le lîeu béni qui leur avait procuré des moments de douce ébriété.

A la cour de Séïf-Eddaula on rencontrait encore tes deux frères qu'on avait surnommés les deux Khâlidis, Abou- 'Othmâo Sa'rd et Abou-Bekr Mohammed, tous deux bons poètes; le souverain d'Alep les récompensa généreuse- ment de leurs louanges; ils écrivirent une histoire de Mossoul, la biographie d'Abou-Tenimam et d'ibn er- Roâmi, et une anthologie de poètes modernes sous le titre de Hamdsa.; ce dernier ouvrage existe au Caire.

Le Fihrist.

Un ouvrage unique en son genre, à cette époque, dans la littérature arabe, c'est le traité de bibliographie connu sous le nom de Fihrist (Index). On sait malheu- reusement peu de chose sur son auteur, Abou'l-Faradj Mohammed ben Ishaq ben Abi-Ya'qoùb en-Nadîm, sur- nommé le Libraire (el-Warrâq) de Bagdad. C'est une liste

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de livres dont la plupart sont aujourd'hui perdus, soit qu'ils n'aient pas survécu aux grandes catastrophes qui frappèrent les bibliothèques de Bagdad (destruction par les Mongols au xiii° siècle et par Tamerlan au xv*), désastres qui peuvent être comparés, pour le moyen âge arabe, aux diverses destructions de la bibliothèque d'Alexandrie pour le monde antique, soit parce que, résumés dans des ouvrages plus récents qui jouirent de la vogue, on cessa de les copier et qu'ils disparurent par suite de la vétusté. Cet ouvrage a été écrit en 988; l'au- teur est probablement mort huit ans après, en 996, On a tout à fait renoncé à admettre l'opinion émise par Sprenger, que ce serait le catalogue d'une bibliothèque, parce que les considérations historiques qu'il renferme font visiblement partie du plan primitif de l'ouvrage.

Histoire des provinces.

L'histoire de la conquête de l'Egypte, de l'Afrique septentrionale et de l'Espagne fut écrite par Ibn 'Abd-bl- Hakam (Abou'l-Qàsim 'Abder-Rahman), mort au Vieux- Caire en 871, qui était fils du eadî des MaléUtes eQ Egypte. Ce livre, qui est à la Bibliothèque nationale, a été utilisé en partie par Mac-Guckin de Slane dans un appendice h sa traduction de VHisloire des Berbères d'Ibn Khaldoun; des fragments ont été édités par J. Karle et John Harrîs Jones.

Sa'ïd BEN el-Batriq était le nom arabe du médecin chrétien Eutychius, au Vieux-Caire en 876, qui se distingua par ses études historiques, fut nommé en 933 patriarche mclkite d'Alexandrie et mourut en 939. Alors

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qu'oD se demandait laquelle était la plus ancienne, de la langue hébraïque ou de la syriaque, il a soutenu que la langue grecque était la première de toutes, à cause de son abondance et de son étendue. Son histoire uni- verselle, appelée Nazhni el-Djaiihar (les Perles rangées en ordre), a été traduite en latin par E. Pocock.

Tandis qu'Ahmed ben Yousoùf Ibn ed-DAya (mort en 945) écrivait l'histoire anecdotique du fondateur de la dynastie des Toulounides, Ahmed ben Touloun, et de son fils Khomârawaîh, Ibn-Yoùsouf (Abou 'Omar Moham- med] composait pour le prince Kàfour, sous le titre de Fadâït-Miçr (les Qualités excellentes de l'Egypte), un résumé de l'histoire et de la géographie de ce pays jusqu'à son époque, qui a été traduit en danois par M. J- Oestrup, une histoire des cadis égyptiens, et une autre des gouverneurs de cette même contrée, qui exis- tent en manuscrit au British Muséum; Abou'I-Hasan Mohammed d'Alexandrie composait un journal du gou- vernement de Mo'izz Lidinillah que l'on peut voir à la bibliothèque de l'Escurial ; Ibn Zoulàq el-Léïthî (el-Hasan ben Ibrahim), en 919, mort le 30 novembre 998, rédigeait divers ouvrages sur l'histoire et la géographie de l'Egypte, qui se trouvent dans les bibliothèques de Paris et de Gotha.

L'histoire d'Espagne commençait à s'écrire avec 'Abd- el-Mélik ben Habib es-Solami el-Mirdâsi, en 796 à Iliçn-Wât, près de Grenade, mort à Cordoue le 17 février 853, qui, au cours d'un pèlerinage au Hedjaz, apprit à Médine les doctrines juridiques de Màlik ben Anas et les répandit dans son pays. Seulement nous n'avons rien de ses nombreux travaux, si ce n'est le commencement d'un ouvrage sur le partage des héri- tages, qui est à Berlin ; quant à l'histoire qui est à la

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Bodléienoe, c'est, comme l'a reconnu Dozy, un ouvrage qui lui a été attribué sans raison. Après lui vient Ahmed ben Mohammed er-Râzi de Cordoue, d'une famille ori- ginaire de Réïen Perse, mort en 937, dont la description et l'histoire de l'Espagne ont fourni la base de l'ouvrage espagnol connu sous le nom de Cronica del moro Rasis. La figure la plus intéressante de cette époque et de ce pays est celle du philologue et historien Ibn cI-Qoùtiyya (Abou Bekr Mohammed ben 'Omar ben 'Abd-el-Aziz), c'est-à-dire le fils de la Gothe. Son aïeul 'Isa avait épousé une princesse d'Espagne, Sara, fille du roi goth Oppas, lorsqu'elle était venue rendre visite à Damas au khalife Hicham ben 'Abdel-Mélik, pour se plaindre à lui de son oncle Ardabast. Isa fut envoyé avec son épouse en Espagne et ses descendants continuèrent d'habiter Séville. Abou-Bekr, à Cordoue, fut présenté au khalife El-Hakam II par El-Qàli, comme le plus grand savant du pays. II mourut en 977 a Cordoue, en laissant un Tarihh el-Andalos, histoire d'Espagne depuis la con- quête musulmane jusqu'en 893, dont le manuscrit est à Paris. Cherbonneau et M. 0. Houdas en ont publié et traduit des extraits; Cardonne s'en est servi pour son histoire de l'Afrique et de l'Espagne. 11 est aussi l'au- teur d'un livre de la conjugaison des verbes publié par J. Guidi.

La Perse se distingue par la production de biogra- phies en prose rimée, d'un ton de panégyrique, desti- nées à célébrer les princes des dynasties qui s'élevaient successivement sur le sol iranien à mesure que le pou- voir des khalifes abbassides devenait plus faible. Abou- Naçr Mohammed bl-'Otbi, en Perse, appartenait à une famille d'origine arabe ; il occupa des postes impor- tants dans l'administration de l'empire fondé par le chef

LES ABBA8SIDB9 189

turc Subuk-Tékin et son fils Mahmoud le Ghaznévide; finalement il était directeur de la poste aux chevaux à Gandj-Roustaq. Il mourut en 1036. Son chef-d'œuvre, le Kitâb el-Yéminl, ainsi appelé du surnom honorifique du sultan Mahmoud, Yémin-ed-Daula (Bras droit de l'Em- pire) est l'histoire du règne glorieux de ce prince jus- qu'en l'année 1018; l'auteur profita de l'envoi de ce livre pour indiquer qu'il était en butte aux intrigues d'Abou'l-Hasan et-Baghawi, qui avait réussi à lui enlever sa place. Cet ouvrage, célèbre par l'éclat de son style, a été commenté par plusieurs auteurs et traduit en persan et en anglais.

Les biographes de Saladin.

'IuAdeddin, surnommé El-Kâtîb el-Içfahàni (le Secré- taire d'Ispahnn), consacra sa plume k écrire l'histoire de Saladin, son maître; on l'appelait Alouh, mot persan qui signifie aigle. en 1125 à Ispahan, il vint étudier à l'Université Nizhâmiyya de Bagdad; son protecteur, le ministre 'Aun-Eddin Ibn Hobéïra, lu! procura la place lucrative d'inspecteur des services administratifs à Bas- sora, puis à Wàsit; mais à sa mort, en 1165, destitué et traîné eu prison, il mena une vie misérable qui ne cessa qu'au bout de deux ans, quand il se fut résolu à se rendre à Damas, il fit la connaissance de Nedjm- Eddin EyyoAb et de son fils Saladin. Le sultan Noureddin, fds de l'atabek Zengui, lui fit donner un emploi de copiste et le chargea d'une ambassade auprès du khalife Mostandjid. Cette mission lu! valut, à son retour de Bagdad, d'être chargé des foDctîons de pro- fesseur dans l'école nouvellement construite et que l'on

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appela de son nom El-'Imâdiyya, et eosuite d'obtenir, l'année suivante, les fonctions de président du conseil. La mort de Noureddtn ruina sa situation. Le fiU de ce prince, qui lui succéda en 1173, n'était qu'un enfant : les ennemis d"lniiîdeddin le circonvinrent et obligèrent 'Imi'id à quitter sa place et la cour. II voulut se rendre à Bagdad, mais, tombé malade à Mossoul, il y apprit que Saladin s'était emparé de l'Egypte et marchait vers la Syrie. Il parvint à le rejoindre à Alep : le grand souverain musulman le prit à sa suite et l'emmena dans ses campagnes. A la mort de son protecteur, voyant son influence ruinée, il se retira dans la vie privée et s'occupa de travaux littéraires jusqu'à sa mort (20 juin 1201). C'est ainsi qu'il écrivit, sous le titre de Fath el-Qoussi, l'histoire de la conquSle de la Syrie et de la Palestine par Saladin, publiée par C. de Landberg; sous celui d'el-Barq ech-châmi, l'histoire de son temps en sept volumes, y compris son autobiographie; le cin- quième volume se trouve à la Bodléienne ; le Nouerai et- fatra contient l'histoire de la dynastie des Seldjoukides et de leurs ministres; c'est en réalité une traduction abrégée, en style pompeux et extravagant, de l'ouvrage persan de Chéref-Eddin Anocherwàn ; le Kharîdat el-Qaar est une anthologie des poètes du vi' siècle de l'hégire, avec des remarques écrites dans un style prétentieux et malheureusement presque absolument dénuées de ren- seignements historiques; c'est une continuation du Yalimal-eddakr de Tha'àtibi.

Un ami d"lmàd-Eddin, qui est connu par ses pièces de correspondance, soit avec lui, soit avec d'autres per- sonnes, fut Abder-Rahim ben Ali d'Ascalon, surnommé El-Qadi Et^FÀDiL (le Juge excellent). Il était le fils du cadi de cette petite ville de Palestine; en 1135, il

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; ABBAESIDES

trouva des emplois en Egypte; il fut successivement attaché au bureau de rédaction du Caire, secrétaire du juge d'Alexandrie, secrétaire d'État sous le khalife fati- mide Ez-Zàfîr et ses successeurs, et resta dans les mêmes fonctions sous Saladîn , qui le nomma gouverneur d'Egypte pendant sa campagne de Syrie. Pendant un séjour il Damas il fit la connaissance d'Imad-Eddin, et ces deux personnages restèrent amis. Il mourut Ie26jan- vier 1200. Le fils et le petit-fils de Saladin, 'Aziz et Mançour, lui conservèrent leur faveur.

Continuons la série des biographes de Saladin. Yoù- souf ben Ràfi Béhâ-Eddîn d'Alep naquit a Mossoul le 6 mars 1145. Attiré à Bagdad par la renommée de l'Uni- versité Nizhâmiyya, il se rendit dans cette ville et fut chargé des fonctions de répétiteur; plus tard il retourna professer à Mossoul, fit le pèlerinage de la Mecque, au retour duquel il se rendit à Damas oii Saladin le dis- tingua et le nomma en 1188 juge de l'armée et cadi de Jérusalem. Après la mort de son protecteur, il se retira à Alep, dont il fut cadi sous les successeurs de Saladin, et y fonda, de sa propre fortune, deux medressés. Il perdit son influence lorsque Aziz renonça à la royauté en 1231 et vécut encore trois ans comme simple parti- culier. La Vie de Saladin, dont il est l'auteur, porte le titre d'En-Nawddir es-SoUdniyya ; elle a été éditée par Albert Schultens. Béhû-Eddin a aussi composé une his- toire d'Alep qui existe en manuscrit au musée asiatique de Saint-Pétersbourg, et des ouvrages de jurisprudence qui se trouvent à Paris, à la Bodléïennc et au Caire.

Chihâb-Eddin 'Abder-Rahman ben Isma'ïl, surnommé Aboc-Chàma, parce qu'il était marqué d'une envie noi- râtre sur le sourcil gauche, à Damas le 10 jan- vier 1203, étudia dans sa ville natale et ii Alexandrie,

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in LITTÂRATDRB ARABE

revînt à Damas et y exerça les fonctions de professeur dans diverses medressés. Sa maison fut envahie par uo mouvement populaire dirigé contre lui, parce qu'on le soupçonnait d'un crime; il reçut tant de coups qu'on le laissa pour mort. Quelque temps après ses adversaires renouvelèrent leurs attaques, et il périt assassiné le 13 juin 1268. L'histoire des deux sultans Nour-Eddin et Saladin, sous le titre de Kildb er-RaudaCéXn, est son œuvre : elle a été publiée et traduite en partie par Gœr- gens et Rohricht, ainsi que dans le recueil des Historiens des Croisades publié par l'Institut de France. Il a en outre laissé des poésies et des commentaires sur les panégyriques du Prophète de son maître Sakhàwi et de Bouçiri.

Abou'l-Mahàsin Mohammed Ibh 'Onaïh naquit dans cette même ville de Damas le 20 octobre 1154. Poète précoce, il s'attira l'anîmosité de Saladîn par ses mor- dantes attaques contre tous les grands, et fut banni. II parcourut la Perse, la Boukharie et l'Inde, le Yémen il demeura quelque temps, le Hedjaz et l'Egypte, et rentra à Damas après la mort de Saladin. Il reçut de son successeur le titre de vizir et fut chargé de missions diplomatiques; il mourut le 7 janvier 1233. C'était un homme gai et plein de bonne humeur, il improvisait aisément, et répondait aux énigmes versifiées, tout en les résolvant, par d'autres encore plus ingénieuses. N'ayant pas pris la précaution de rassembler, de son vivant, ses poésies en volume, elles se sont éparpillées et perdues; la bibliothèque de Berlin possède une élégie de lui sur la mort d'El-Mélik el-Mo'azhzham. Le bibliographe turc Hadji-Khalfa a vu et noté sa biographie d'El-Mélik el- 'Aziz, hls de Saladin.

Pendant qu'en Egypte Mouhyiddin Abou'I-Fadl cs-

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LEB ABBA9SIDBS 193

Sa'di, mort en 1293, écrivait les biographies des sultans Béïbars et Achraf, un auteur persan qui rédigeait en arabe composait celle du sultan du Kharezm Djélal-Eddin Mangobirtî, l'adversaire malheureux de Tchinguiz-Khan Mohammed ben Ahmed bn-Nasawi était à Khorendiz près de Nasa; il fut employé comme secrétaire au service de ce sultan, lorsqu'il revint de son expédition dans l'Inde en 1221, et il lui resta attaché jusqu'à sa mort (1231). Dix ans plus tard il écrivit l'histoire de son pro- tecteur, publiée et traduite en français par M. 0. Houdas. Comme historien, il est calme et impartial ; comme litté- rateur, il est lourd; on sent que la plupart du temps ses phrases arabes étaient pensées en persan.

L'autobiographie d'ibn Monqidh.

Abou'l-MozhafTar Osâma Ibn Monqihb fait mieux que d'écrire l'histoire des autres: il rédige la sienne propre et introduit le nouveau genre de l'autobiographie. le 25 juin 1095 à Chaïzar, petite forteresse de la vallée de l'Oronte en Syrie, qui était le chef-lieu d'une principauté héréditaire dans sa famille, banni en 1138 par son oncle 'Izz-Eddin, qui redoutait sa valeur et son ambition, il alla habiter Damas, puis desservi auprès de son protecteur Chihâb-Eddin Mahmoud, il se rendit en Egypte il ne s'occupa plus que de chasser. En 1150 et en 1153 nous le voyons combattre les croisés it Ascaloa; l'année sui- vante il revient à Damas, fait le pèlerinage de la Mecque, accompagne Nour-Kddin en 1 162 dans sa campagne contre les Francs, se réfugie ensuite à Hisn-Kéifa en Mésopo- tamie, oîi il se livre à des travaux littéraires; rappelé à

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LiTTEBATORB ARABB

Damas par Saladin, il ne fut bieo en cour que peu de temps et n'accompagna pas en Egypte le vainqueur des Croisés ; il mourut dans la capitale de la Syrie le 6 no- vembre 1188, laissant comme écrits son autobiographie éditée et traduite en français par M. H. Derenbourg, le Kitdb el-badC sur les beautés et les défauts de la rhéto- rique poétique, et le Livre du Bâton, monographie des bâtons célèbres ; M. Derenbourg a publié des extraits de ce dernier ouvrage et les quelques fragments de poésie qu'il a pu recueillir de divers càtés. Esprit original et observateur, Osâma doit à son amour de la chasse d'avoir étudié les mœurs des animaux sauvages; la bravoure de son caractère se reflète dans le style simple et énergique dont il retrace ses aventures ; ses compositions poétiques sont d'un lettré.

Djémal-Eddin 'AH ben Zàfir, en 1171, succéda à son père comme professeur à la medrcssé Kàmiliyya au Caire, fut ensuite ministre du prince Mélik el-Achraf ; on lui doit une histoire des dynasties écoulées {ed-dowal el- monqatta)y jusqu'en 1225, et un recueil de bons mots et de réponses spirituelles intitulé Baddl' el-bidâya. Abou'I-Fath el-Boundâri d'Ispahan abrégea, en 1226, sous le titre de Zobdat en-nouçra, l'histoire des Seld- joukides d"Imad-cddin, et traduisit en arabe le Livre de» Rois du poète persan Firdausi.

En Occident, l'histoire des Almobades attirait l'atten- tion d"ABDBL-WAHiD bcn Ali el-Marrâkochî, le 10 juil- let 1185 à Maroc, qui, après avoir terminé ses études à Fez, se fixa en Espagne il resta jusqu'en 1216; puis il se rendit en Egypte, pays qu'il ne quitta plus jusqu'à sa mort, sauf pour un court pèlerinage à la Mecque. Son Kitâb el-Modjib, écrit en 1224, a été publié par R. Dozy et traduit par M. Ë. Fagnan.

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LES ABBASSIDES 19S

Djérnat-Eddin Mohammed beo Sâlîm ben Wâsil, en 1207, vécut à Hama en Syrie, il enseignait le droit chaféïte, la philosophie, les mathématiques et l'astrono- mie. En 1261 le sultan d'Egypte Béïbars le fit venir au Caire et lui conda une mission auprès du roi de Sicile Manfred, fils de Frédéric II, pour lequel il écrivit un traité abrégé de logique. A son retour il fut nommé cadi de sa ville natale et professeur à la medfessé. Il a tracé, sous le titre de Mofarridj el-Koroûb, l'histoire de la dynastie des Eyyoubites continuée jusqu'en 1296 par 'AU ben 'Abder-Rahman, secrétaire de Mélik el-MozhalTar, prince de Hama et prédécesseur du géographe couronné Abou'1-Féda.

Abou'l-Hasan 'Ali ben Yoùsouf Ibm el-Qifti était ainsi surnommé d'après la petite viile de Qift, ancienne Cop- tes, dans la Haute-Egypte, il était en 1172. 11 habita toute sa vie la Palestine et la Syrie; après quel- ques années passées à Jérusalem, il s'installa en 1202 à Alep; Mélik ez-Zâhir le chargea de l'administration de cette ville en 1214 contre son désir ; et dès la mort de ce prince, il se hâta de se décharger de ce fardeau. Cependant il devait s'être rendu indispensable dans cet emploi, car nous le voyons l'accepter encore à deux reprises, et il était dans ces fonctions lorsqu'il mourut le 31 décembre 1248. Grand amateur de livres, il avait renoncé à tous les plaisirs de la vie pour s'adonner à sa passion favorite. Son principal ouvrage, Ikkbdr el-'Olama (l'Information donnée aux savants au sujet de l'histoire des sages), est connu par un extrait qu'en a fait en 1249 Mohammed ben 'Ali ez-Zauzani sous le titre de Tarîkh el-hokamâ (Histoire des sages); ces deux ouvrages ont été étudiés par A. Miller et J. Lippert. Il a laissé aussi une histoire des grammairiens, dont un extrait par Ed-Dha-

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ige LiTTiRATURB ARABE

habi est conservé à Leyde, et uo ouvrage posthume con- sacré aux poètes quî portent le nom de Mohammed, et qui se trouve à Paris.

Ibn Âbi-Osaibia.

MowafTaq-Eddin Abou'l-Abbâs Ibn Abi-Osaibi'a, histo- rien de la médecine, était le tils d'un oculiste établi à Damas il naquit en 1203. Pour compléter ses études de médecine commencées en Syrie, il Et le voyage du Caire et y rencontra le botaniste et médecin Ibn Béïtâr, qui l'encouragea. Il fut en correspondance avec Abdella- tif, auteur de la Relation de l'Egypte. Saladin le chargea de diriger l'hôpital qu'il venait de fonder au Caire en 1236; néanmoins l'année suivante il se rendit à l'appel de l'émir 'Izzeddin Aïdémir et se transporta à Sarkhad dans le Hauran, prés de Damas, oii il mourut en janvier 1270. Son histoire des médecins porte le titre de 'Oyoân el-anbâ et a été publiée par A. Mûller à Kœaigsberg en 1884.

Ibn Khaîlikan.

Chemseddin Abou'l-'Abbàs Ahmed Ibk Kballikan, dont la famille était originaire d'Arbèles et se rattachait aux Barmékides, naquit le 23 septembre 1211; il était le fils d'un professeur de la medressé Mozhaffariyya d'Arbèles, qui lui donna ses premières leçons; puis il partit pour la Syrie; il était en 1229 à Alep, en 1234 à Damas, quatre ans après à Alexandrie et au Caire. Il remplaça quelque temps le grand Cadi Yoûsouf ben el-

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LBS ABBASSIDES 107

Hasaa de Sindjar et fut désigné en 1261 pour occuper le poste important de grand cadi de la Syrie, dont le siège était à Damas. Cette position lui réservait d'autant plus d'inÛuence qu'appartenant au rite chaféïte, il avait sous sa juridiction les adhérents des trois autres rites ortho- doxes. En 1266, le sultan Béiliars nomma des cadis indé- pendants pour les rites hanéfite, hambalite et malé- kite, ce qui diminua considérablement la situation d'Ibn Khallikan, qui d'ailleurs perdit sa place cinq ans plus tard. Il ne rendit alors au Caire pour y remplir les fonc- tions de professeur à la medressé Fakhriyya et profita de ce temps pour achever, en sept ans, son grand dictiou- naire biographique. En 1280 il fut rétabli dans sa charge de cadi ; mais deux ans après il lui arriva la mésaventure de passer quelques semaines en prison, parce qu'on le soupçonnait de favoriser la révolte du gouverneur de la ville ; cependant il parvint à se justifier, car on le laissa dans sa place jusqu'en mai 1281 il fut destitué. Pour \'îvre, il donna des leçons à la medressé Aminiyya et mourut le 30 octobre 1282, Son Wafayât el-A'ydn (les Décès des grands personnages) est un dictionnaire des hommes célèbres de l'islamisme, à l'exclusion des com- pagnons du Prophète, des quatre premiers khalifes et en général des personnages du premier siècle de l'hégire ; commencé au Caire en 1256, il fut terminé dans la même ville en 1274 après avoir été interrompu par la mission de l'auteur à Damas. Le manuscrit autographe est con- servé au British Muséum. Le texte a été publié par F- Wûstenfeld; Mac-Guckîn de Slaue en avait commencé la publication, mais elle fut interrompue à peu près à la moitié j en revanche, cet orientaHste en a donné la tra- duction intégrale en anglais. Ibn Châkir el-Kotobi a écrit, dans son Fawâl et-Wafatfât (Omissions du livre

198 LITTÂRATUBB AHABB

des décès) les biographies de personnages illustres omises dans le grand dictionnaire d'Ibn Khal- likan.

Le prédicateur de Bagdad.

Abou-Bekr Ahmed bl-Kb&tib bl-Baghuadi (le Prédica- teur de Bagdad) était aux environs de cette ville, à Darzidj.ln, gros village en aval, sur le Tigre, en 1002. Il était de ces savants qui parcouraient le monde à la recherche des traditions du Prophète; ses longs voyages furent récompensés par la renommée qu'il acquit, d'ua des maîtres de cette science. De retour à Bagdad, il fut nommé prédicateur et y mourut en 1071, laissant une histoire des savants de Bagdad en quatorze volumes, un traité de l'art de rechercher l'authenticité des traditions, intitulé el-Kifâya (le Livre suffisant), un autre [Taqyld el-'ilm) pour prouver que la tradition peut être mise par écrit, un troisième sur la manière d'écrire correcte- ment les noms propres {eUMu'tanif).

Dans le lointain Khorasan, à Merv, Abou-Sa'd 'Abdel- Kérim bs-Sah'1hi, suraommé Tâdj-eUlslam (la Mitre de l'islamisme), qui était le 11 février 1113, avait quitté sa patrie à la recherche des traditions, mais il y rentra plus tard, et y mourut en janvier 1167. Il composa un supplément à l'histoire de Bagdad d'El-Khatib, en quinze volumes, et le Kitâb el-anaâb (Livre des noms patro- nymiques), en huit volumes, qui se trouve à la biblio- thèque de Mohammed Kieuprulu ii Constantinople, et dont l'importance, suivant une remarque de M. Sachau, est considérable pour les noms propres et l'histoire de l'Asie centrale , à cause des renseignements biographi-

LB8 ABBASSIDES 109

quea qu'il contient. Ce grand ouvrage a été abrégé par 'Izzeddin Ibn el-Athir dans son Lobdb en trois volumes, lequel a encore été abrégé parle polygraphe Soyoùtidans son Lobb-el-Lobâb édité par Veth,

Damas, la grande ville de Syrie, trouva aussi son historien dans Ibn 'Asâkir; elle possédait déjà une topo- graphie historique dans Vl'lam fi faddil eck-ckdm d'Abou'l-Hasan 'Ali er-Raba'î, composé en 1043. Abou'l- Qâsim 'AU Ibn 'Asâkir y était en septembre 1105. En 1126, il se rendît à Bagdad et de en Perse pour y étudier les traditions du Prophète; à son retour il remplit les fonctions de professeur à l'école Nouriyya, et mourut dans sa ville natale le 26 janvier 1176; Saladin lui-même assista à ses funérailles. Son Tarlkh, ou His- taîre de la ville de Damas, est établi sur le plan de l'histoire de Bagdad, c'est-à-dire que c'est un recueil de biographies de savants célèbres nés à Damas ou qui y séjournèrent quelque temps; ouvrage considérable en quatre-vingts volumes, abrégé plus tard par différents auteurs.

Kémal-Eddin.

Kbhal-Eddin Abou'l-Qàstm 'Omar Ibn el-'Adim écrivit l'histoire d'Alep, il était en 1191 ou 1193, d'une famille de cadis. Après avoir voyagé, pour ses études, dans la Syrie, le Hedjaz et la Mésopotamie, il rentra dans sa ville natale et y remplit les fonctions de secré- taire d'administration, de cadi et même de ministre de plusieurs princes qui l'employèrent aussi à des missions diplomatiques. Il accompagna Mélik en-Naçir en Egypte lorsque ce prince fut obligé d'abandonner Alep aux

SOO LITTÉRATORE ARADB

dévastations des Mongols, qui venaient de s'en emparer (26 janvier 1260). Cependant Houlagou, pettt-ËIs de Tchiaguiz-Khan, le choisit comme grand cadi de Syrie; il revînt donc à Alep revoir sa patrie en ruines et la pleura dans une élégie dont on a conservé un fragment ; mais peu de temps après il mourut au Caire (21 avril 1262). Sa grande histoire s'appelle Boughyat et-Tdlib; c'est une histoire des savants de cette ville, en dix volumes; elle a été abrégée par l'auteur lui-mime sous le titre de Zobdat el-halab (la Crème du lait), et rangée par ordre chronologique; Freytag en a publié des extraits, et M- Blochet l'a traduite en français. Il était habile callî- graphe, et la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg possède des modèles d'écriture tracés de sa main.

Omâra du Yémen.

Abou Mohammed 'OhIra ben 'Ail, au Yémen en 1121, étudia à Zébid, accompagna le pèlerinage de la Mecque en 1154 et fut envoyé en mission par l'émir de la ville sainte, en Egypte, alors gouvernée par le khalife fatimide El-Fàïz. Le succès de cette mission lu! en fît con- fier une seconde deux ans après. Il ne retourna plus au Yémen. Établi en Egypte depuis 1157, il salua par un panégyrique la conquête de Saladin. Plus tard il prit part à un complot destiné à rétablir sur le trône le fils du dernier des khalifes fatimides, avec l'aide du roi franc de Jérusalem; le plan fut trahi et 'Omara mis à mort le 6 avril 1175. M. H. Derenbourg a publié les Noukat et-Açriyya (Finesses contemporaines), aubiographie et récits sur les vizirs d'Egypte, comprenant également un

LBS ABBAS&IDES SOI

choix de poésies; M. H. Cassels Kay a édité et traduit son histoire du Yémea. L'ode qu'il adressaità Saladin se trouve dans le Khitat de Maqrizî et dans la traduction de la géographie de l'Egypte de Qalqachandî par WQs- teafeld ; trois vers consacrés par lui à célébrer les Pyramides ont été traduits en allemand par J . de Hammer dans les Mines de l'Orient.

En Egypte également florissait l'émir El-Mokhtâi bi- MosABBiHi ('Izz-el-Molk Mohammed), d'une famille origi- naire de Harràn, au Vieux Caire en 976. Entré dans la carrière de l'administration, nous le trouvons en 1007 secrétaire du khalife fatîmide Hâkem ; il fut chargé d'ad- ministrer certains districts de la Haute-Egypte, puis nommé chef de bureau des finances chargé du payement de la solde. Il mourut en avril 1029. Des nombreux livres qu'il a composés, il ne nous reste qu'un seul volume, conservé à l'Escurial, de sa grande histoire de l'Egypte.

La conquête de ce pays par Saladîn convertit à l'isla- misme Abou'l-MakârimAs'adlBN Mammîti, alors employé dans l'administration, ainsi que sa famille. Son change- ment de religion lui valut le poste de ministre de la guerre. L'inimitié du vizir Çafi-Eddin 'Abdallah ben Choukr le contraignit à s'enfuir à Alep, il se réfugia auprès du prince qui gouvernait cette ville, Mélik Zâhtr; il y mourut à soixante-deux ans, le 30 novembre 1209. Il a décrit les règles de l'administration égyptienne au temps de Saladin dans ses Qawdnîn ed-datvâ\vln, et a satirisé la mauvaise administration du vizir Kara-Kouch dans eon Ktâb el^Fâckoûch, étudié par M. J. Casanova; c'est peut-être de que Kara-Kouch est devenu, en Orient, le Calino de la magistrature (hokm-karakouchl est un jugement qui ne tient pas debout, dont les attendus spéciaux mènent à une décision illogique] et que sa

SOS LITTÉRATURE ARABB

légende, en se développant, en a fait le type du Polichi- nelle oriental [Kara-gueuz). C'était un poète de mérite : nous n'avons plus son panégyrique du vainqueur des Croisés ni son poème de Kalila et Dimna.

A Ouargla, en Algérie, était Aboo-ZararitI Yahya ben Abi-Bekr; il étudia dans le Oued-Righ auprès du Chcïkh ibadite Soléïman ben Iblaf el-Mazati, mort en 1078, et écrivit une bistoire des imams ibadites du Mzab, qui a été publiée par Masqueray.

Abou'l-Hasan 'Ali Ibn Sa'id el-Macbrébi, en 1208 ou 1214 au château de Yahsoub (Alcala Real] près de Grenade, étudia à Séville et accompagna son père à la Mecque en 1240; celui-ci étant mort à Alexandrie en 1243, Ibn Sa'ïd séjourna au Caire, puis se rendit à Bagdad , il vît trente-six bibliothèques dont il copia des extraits, à AIcp et à Damas. A son retour il visita la Mecque, revint en Occident et entra au service de l'émir Abou-'Abdallah el-Mostançir, maître de Tunis (1254). Voyageur invétéré, il repartit pour l'Orient en 1267; désireux de connaître Houlagou, dont les con- quêtes avaient répandu la renommée partout, il se rendit en Arménie à la cour de ce prince, y séjourna quelque temps et revint mourir, soit à Tunis en 1286, d'après Soyouti et Maqqari, soit à Damas en 1274, d'après Ibn Taghribirdî. Des fragments de son Moughrib ont été publiés par VoUers. 11 a complété la géographie de Ptolémée dans son Bast el-ard, dont Aboul-Féda s'est servi habituellement; la Bibliothèque nationale possède l'exemplaire de travail du prince de Hama. Son 'Onwan el-Morqiçât wèl-Motribât a été imprimé au Caire ; il con- tient des modèles de littérature des temps anciens et nouveaux rangés d'après une esthétique particulière à l'auteur. Enfin son Qidh el-Moalld, qui traite des poètes

LES ABBASSIIIB3 203

espagnols au début du vu* siècle de l'hégire, se trouve en extrait à Paris.

Vers la fin de ce même siècle Ibn el-ldhàri de Maroc écrivit, sous le titre de el-Bayân el-Mogkrib une histoire de l'Afrique et de l'Espagne publiée à Leyde par R. Dozy.

En Espagne, Aboul'-Wélid 'Abdallah Ibn el-Faradï a écrit une histoire des savants musulmans de ce pays que M. F. Codera a éditée. II était à Cordoue en 962 ; au retour du pèlerinage de la Mecque, il passa par l'Egypte et Kairouan, il compléta ses études, et fut, en rentrant dans sa patrie, nommé cadi de Valence (1009). Lorsque les Berbères prirent et pillèrent Cordoue en 1012, il s'y trouvait et perdit la vie dans ce désastre.

Abou-Naçr el-Fath Ibn Khàqàn était originaire de Sakhrat-el-Walad, village près d'Alcala Reale, non loin de Grenade; il mena dans sa jeunesse la vie d'un vaga- bond et d'un franc buveur; quand il eut réussi à se faire remarquer par le prince de Grenade, Tûchifin ben Ali, il obtint une place de secrétaire. S'étant rendu au Maroc, il y fut étranglé, en 1134 ou 1140, dans un caravansérail de la capitale, peut-être par l'ordre d"Alt ben Yoùsouf ben Tâchifin, dont il avait acquis l'inimitié par des vers adressés à son frère Ibrahim, auquel il avait d'ailleurs dédié ses Colliers d'or natif et Beautés des grands (Qalâïd el-'lqyan mahàsin el-A'yàn), ouvrage en prose rimée, apprécié à cause de l'éclat de son style, et qui contient des anecdotes sur des princes, des ministres, des juges et des poètes avec un choix de leurs poésies. Le texte en a été publié à Paris par Solaïman el-Harâïri et traduit en français par E. Bourgade. Le Malrnah el-anfos, du même auteur, édité à Constantînople, parait n'être qu'une rédaction primitive et moins développée de cet ouvrage.

Abou'Merwân 'Abd-el-Mélik Ibn Badroun, de Sîlves,

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304 LITTBIUTUIIB ÂHÂBE

au sud du Portugal, d'une vieille famille himyarite quî y avait émigré, vécut à Séville et écrivit dans la seconde moitié du xii* siècle ud commentaire histori- que sur le poème d'Ibn 'Abdoun, qui a été publié par R. Dozy.

L'histoire des savants espagnols d'Ibn el-Faradi fut continuée par Abou'I-Qàsim Khalaf Ibo Bachkouâl (Abeu Pascualis) de Cordoue, sous le titre de Kitâb es-sila (le Cadeau), édité par M. Codera. le 30 septembre 1101, l'auteur avait été quelque temps juge suppléant à Séville ; il mourut dans sa ville natale te 5 janvier 1183. Une autre biographie d'hommes et de femmes célèbres d'Espagne est le Boughyat el-Molalammis (le Désir du chercheur) d'Abou-Dja'far Ahmed ben Yahya bd-Dabbî de Cordoue, publié par Codera et Ribera; cet ouvrage contient égale- ment une histoire de la conquête de l'Espagne et des khalifes oméyyades jusqu'en 1196. Le Sila d'Ibn Bach- kouâl fut continué par Abou-' Abdallah Ibn bl-'Abbâr, à Valence, secrétaire du gouverneur de la ville, Mohammed beu Abi-Hafs. Quand le fils de celui-ci, Abou-Zéïd, se convertit au christianisme et se rendit auprès du roi d'Aragon, Ibn el-'Abbâr fut envoyé en mission en Afrique pour demander du secours contre les chrétiens, qui assiégeaient Valence et la prirent en 1235, malgré la flotte ramenée par l'ambassadeur. Celui-ci se décida à quitter l'Europe; il se rendit à Tunis et y obtint une place de secrétaire dans le Divan ; il fut même vizir d'El- Mostançir. Soupçonné d'avoir trempé dans un complot, il fut assassiné dans sa maison par l'ordre du prince [2 jan- vier 1260). En outre de sa continuation, il a écrit le Houîla es-siyarâ, biographies de princes et de person- nages d'Espagne et de l'Afrique du Nord, qui étaient poètes. L'Escurial a conservé le traité qu'il composa sur

LES ABBASSIDBS !05

les secrétaires disgraciés qui rentrent en grâce, et qui lui valut de nouveau la faveur du prince de Tunis.

Revenons en Orient. Abou-'Alî Ahmed ben Mohammed Ibn Miskawaïh, trésorier et homme de confiance du prince bouïde 'Adod-ed-Daula, mort en 1030, a écrit une histoire universelle sous le titre de Tadjdrib el-Omam, dont le sixième livre a été publié à Leyde par M. de Gœje; un livre de sagesse pratique sous celui à'Adâb el-Arab ivèl Fours (Mœurs des Arabes et des Perses], qui traite aussi des Indiens et des Grecs; un traité de morale [Tah- dhib eî-Akhldq), qui a été imprimé au Caire.

Un magistrat égyptien, Ab ou-' Abdallah Mohammed ben Salàma el-Qodâï qui avait étudié à Bagdad la science des traditions et le droit chaféïte et été nommé cadi, fut chargé d'une ambassade auprès de l'empereur romain de Constautinople. Lorsqu'Abou'l-Qâsim 'Ali el-Djardjarâï, auquel le khalife El-Hâkem avait fait couper les deux avant- bras, fut chargé du poste de vizir par le khalife fatimide Ez-Zàhir en 1027, El-Qodâï eut la délicate fonction, toute de confiance, d'apposer sur les décrets de ce ministre ta formule qui les validait. Il mourut en 1062 au Vieux- Caire. Sous le titre de Kildb el-inbâ, il a compilé une histoire universelle depuis la création du monde jusqu'au Ta* siècle; sous celui de 'Oyoun el~Mé' drif {Scarcea des connaissances), une histoire des patriarches , des pro- phètes et des khalifes oméyyades , abbassides et fati- mides ; et sous le nom de Chihâb (la Flamme), un traité des traditions du Prophète pouvant servir de base à la morale.

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Ibn eî-Athir.

Abou'l-Hasan 'AU 'Izz-Eddin Ibn bl-Atbib, à Djézî- ret-ibn-'Omar, sur le Tigre, au pied des montagnes du Kurdistan, le 13 mai 1160, accompagna à Mossoul,à l'âge de vingt ans, son père, qui venait d'être destitué de ses fonctions de gouverneur. Il y compléta ses études et pro6ta de ses voyages subséquents pour étendre ses con- naissances dans le champ des traditions du Prophète et de l'histoire, soit à Bagdad, oii il alla plusieurs fois en qualité de pèlerin de la Mecque ou d'envoyé du prince de Mossoul, soit en Syrie et à Jérusalem. De retour à Mossoul, il y vécut en simple particulier, et employa ses loisirs à l'étude et au travail. Sa maison devint un centre de réunion pour les savants et les étrangers. Ibn Khallikan le rencontra en 1229 à Alep (il vante son extrême modestie), d'oîi il se rendit l'année suivante à Damas, rentra à Alep, puis à Mossoul, il mourut en mai 1234. Son histoire universelle, eUKâtnil fi'l-tarikk (Chronologie complète), s'étend jusqu'en 1231; la partie qui va de la création à l'année de l'hégire 310 est un abrégé de Tabari, auquel il a ajouté quelques rensei- gnements provenant de sources différentes, ainsi que l'a récemment démontré M. Brockelmann dans une dis- sertation spéciale; le texte a été publié par Tornberg. VOusd el-ghâba (Lions de la forêt) est un traité histo- rique sur sept mille cinq cents compagnons du Pro- phète; il a été imprimé au Caire; cet ouvrage est impor- tant pour l'histoire du hadith. Enfin il a, dans son Lobâb, abrégé le grand ouvrage de Sam'àni sur les Boms patronymiques.

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LES ABBAS5IDBS

Abou-Ishaq Ibrahim Ibn ABiVDAM.né àHamaen 1187, occupait en cette ville les foDctioDS de cadi du rite cha- féïte. Il fut chargé d'une ambassade auprès du khalife Mosta'çem en vue d'obtenir pour Mélîk-Mançour, prince de Hama, l'investiture du district de Meyyâfàriqiu, devenu vacant par suite de la mort de Mélik el-Mozhaffar Ghazi (1244). L'envoyé tomba malade en route, dut reve- nir de Ma'arra dans sa ville natale pour y mourir bientôt après. C'est au même Mélik el-Mozhaffar qu'il avait dédié son Tarîkh el-Mozkaffari , histoire générale des peuples musulmans en six volumes, qui est une des sources oii a puisé Abou'1-Féda. La partie qui a trait à la Sicile a été étudiée depuis longtemps en Europe; dès 1650, Inoegeo la traduisait en italien; plus tard Carusius (1723) la tra- duisait CD latin et Gregorio (1790) la faisait figurer dans sa collection de documents arabes relatifs à l'histoire de la grande île d'Italie.

Fils d'un esclave turc du ministre Ibn Hobéïra, affranchi et élevé par lui, Chems-Eddin Abou'l-Mozhaflar Yoûsouf SiBT Ibn el'Djauzi, à Bagdad en 1 186, tira son surnom de ce que son père avait épousé une fille du célèbre pré- dicateur et polygraphe Ibn el-Djauzi ; celui-ci éleva son petit-fils YoÙBOuf, car son père était mort peu de temps après sa naissance. Après avoir étudié à Bagdad et avoir voyagé, il s'établit à Damas comme prédicateur et pro- fesseur de droit hanéfite ; il mourut dans cette même ville le 10 janvier 1257. Son Mirât ez-zéman est une histoire universelle jusqu'en l'année 1256; le tadhkiral Khawâçç el-omma est une histoire du khalife Ali, de sa famille et des douze imams ; il y en a un manuscrit à Leyde. Sous le titre à'el-Djelis eç-çâUk (le Compagnon honnête), il a écrit un traité de politique et d'éducation des princes en l'honneur de Mousa ben Abi-Bekr l'Eyyoubite, lequel

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308 LITTÉHATURB ARABE

est à la bibliothèque de Gotha j celle de Paris possède une collection d'anecdotes intitulée Kanz-el-Moloûk{le Trésor des rois).

Eî-Makin.

Mais s'il est un historien arabe dont le nom soit fami- lier de longue date au lecteur, c'est Georges el-Makih Ibn el-'Amid, au Caire en 1205, fils d'un moine défroqué, employé chrétien du ministère de la guerre, qui entra dans l'administration et obtint, étant encore jeune, une place du même genre. Lors de la disgrâce d"Ala-Ëddin Tibars, gouverneur de la Syrie, tous les employés de son bureau militaire furent conduits et emprisonnés en Egypte ; parmi eux étaient El-Makin et son père ; celui-ci mourut en 1238, le fils fut bientôt mis en liberté et rétabli dans ses fonctions. Plus tard on le soupçonna de nouveau et il resta quelque temps en prison. Ces mésaventures le dégoûtèrent des emplois publics; il se retira à Damas, il mourut en 1273. Son histoire universelle porte le titre à'el-Madjmou el-Mo- bârek (le Recueil béni] ; la seconde partie, qui s'étend de Mahomet à l'an 1260, a été publiée et traduite en latîn par Erpénius, en anglais par Purchas, en français par Vattier.

Un autre chrétien, diacre monophysite de l'église de la Vierge qu'on appelait Mo'allaqa (la Suspendue), au Vieux- Caire, Abou-Choukr Botros (Petrus) Ibn er-Râhib, qui vivait encore en 1282, a écrit une histoire universelle jusqu'en 1259, qui a été traduite en latin par les savants maronites Abraham Ecchclcnsis en 1651 et J.-S. Asse- mani en 1729.

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LES ÀBDASSIDBS

Bar-Hebrœus.

Yohannâ Abod'l-Farad) , connu également sous son nom syrien latinisé de Bar-Hbbbxus (le Fils de l'Hébreu), était le fils d'un médecin juif de Malatia, Ahrôn, qui s'était fait baptiser. en 1226, il accompagna son père qui fuyait devant l'invasion mongole, à Antiocbe (1243), il devint moine et mena une vie d'anachorète, dans une caverne ; un peu plus tard il poussa jusqu'à Tripoli de Syrie, pour y étudier la dialectique et la médecine. Le 12 septembre 1246 il fut nommé évéque de Goubos près de Malatia et prit en cette qualité le nom de Gré- goire. L'évècbé d'Alep fut en 1252 la récompense dont le nouveau patriarche jacobite Dionysius paya le zèle déployé pour le faire élire; en 1264 il fut nommé maphrian (archevêque des Jacobites orientaux) ; son siège était Mossoul; cependant il habita ordinairement les villes persanes de Tébriz et de Méragha, oii se tenaient habituellement les empereurs mongols de Perse ; c'est dans cette dernière ville qu'il mourut le 30 juil- let 1289. Son activité dans la littérature syriaque a été considérable; noua ne pouvons parler ici que des ouvrages qu'il a composés en langue arabe. Le Moukhtaçar ed- dotval (Abrégé des dynasties) est en effet un résumé de l'histoire auquel l'auteur a ajouté des renseignements sur la littérature médicale et mathématique des Arabes ; c'est la traduction amplifiée de sa chronique syriaque, qu'il fît peu de temps avant sa mort, à la demande d'un musulman; aile a été éditée par E. Pocock à Oxford et parle R. P. Sal- hani à Beyrouth, et traduite en allemand par Bauer.

L'histoire légendaire des prophètes hébreux, telle urrtBATtnii ahabe. 14

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310 LITTERATORB ARABE

qu'elle est parvenue aux Arabes par la tradition orale des Juifs de la péninsule arabique, a été traitée par Abou- Ishaq Abmed eth-Tha'Iabî de Nîsapour, jurisconsulte chaféïte mort en 1036, dont on a imprimé au Caire VArdts el-médjâlis (les Mariées des séances) ; un ouvrage plus sérieux est son El-Kechf wèl-baydn (Recherche et expo- sition) consacré au commentaire du Koran ; un opuscule bizarre sur les victimes du Koran, intitulé Kitdb mobârak (Livre béni), est consacré à l'histoire de ceux qui mouru- rent d'avoir écouté la lecture du Livre sacré.

Un recueil de récits, d'anecdotes et de poésies sur l'amour et les amoureux est le Masdri el- ochchâq d'Aboa Bekr Mohammed ben Dja'far Ibn es-Sarradj de Bagdad, vers 1027, mort en 1106; son succès explique qu'il ait été abrégé dans l'Astvdq el-aekwdq (Marché aux amours) d'Ibrahim ben 'Omar el-Biqâï (mort en 1480), et que ce dernier livre ait été à son tour l'objet d'un choix dont nous avons le résultat dans le Tezyin el-aawdq (l'Orne- ment des marchés) de Daoud el-Antaki (mort en 1599).

Hodjdjat-Eddin Mohammed Ibn Zkafar, en Sicile, élevé à la Mecque, vécut dans son pays d'origine et mourut à Hama en 1169, en laissant le Solwân eUMoîd' (Consolation du prince), traité de politique; Vlnbd nocL- jabâ el-abnâ, traits de caractère et anecdotes d'enfants célèbres dont le manuscrit est à la Bibliothèque natio- nale; le Khéïr elrbochar, recueil de prophéties sur les prophètes.

Le célèbre calligraphe Yâqoût el-Mostaçimî (Djémal* Eddin Abou'd-Dorr), mort à Bagdad en 1298, a compilé une anthologie d'anecdotes et de poésies sous le titre d'Akhbâr wa ach'âr (Nouvelles et Poèmes), et une collec- tion de sentences et d'apophtegmes, Asrâr el-hokamd (les Secrets des sages).

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Les Fables de Kaîiîa et Dimna.

L'on s'était mis à traduire du pehivi en arabe des ouvrages de littérature qui msuquaient à ce dernier domaine ; inutile de dire que c'étaient des Persans, habiles à manier les deux langues, qui se livraient a ce travail. 'Abdallah Idn bl-Moqaffa' était un Persan qui, avant sa conversion à l'islamisme, portait le nom de Roùzbih. 11 vivait à Bassora, oh il était devenu l'intime ami du grammairien Khatil. En 757 il fut mis à mort sur l'ordre du khalife El-Mançour, dont il s'était attiré la colère par la manière dontîl avait rédigé l'acte d'amnistie concernant son oncle 'Abdallah ben 'Ali ; le gouverneur de Bassora saisit avec empressement l'occasion de se venger des sarcasmes qu'il avait éprouvés de la part des Persans ; il lui fit couper les membres, qu'on jeta dans un four. Il a traduit du pehivi en arabe les fables de Kalila et Dimna, qui ne sont autre chose qu'une adaptation des contes indiens du Pantchatantra, originairement rapportés de l'Inde, sous Chosroès I" Nouchirwan, par le médecin Barzouyèhj il a écrit le Dorra el-Yatima sar l'obéissance due aux rois, qui a été imprimé au Caire, et le Siyar Moloâk el-'Adjem, biographies des rois de Perse, traduc- tion du livre pehivi Khodùï-namè, ouvrage composé sous le règne du dernier des Sassanides, Yezdegird III ,- c'est une des sources dans lesquelles le poète persan Firdausï puisa plus tard les éléments de son Livre des Rois ; la traduction arabe est perdue, mais de nombreux fragments s'en rencontrent dans V Oyoûn-eUakhiâr d'Ibn Qotéïba. Le père d'Ibn el-Moqaffa' s'appelait Dâdawaih : il avait été chargé, sous le gouvernement du fameux et cruel Hadj-

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LITTERATCRE i

djadj, de la perception des impôts dans les provinces d'Irak et de Fars; il se rendit coupable d'extoreioas ; Hadjdjadj le 6t mettre à la torture, et il conserva toujours de ce supplice une main grippée et recroquevillée, ce qui 6t qu'on lui donna le surnom de Moqaffa'. 'Abdallah était attaché au service d'Isa ben 'Ali, oncle paternel des kha- lifes Abou'l-Abbas Saffâh et Mançour; ce fut entre ses mains qu'il abjura le mazdéisme. On l'accuse d'avoir travaillé, avec quelques autres ennemis de l'islamisme, a imiter le style du Koran; il aurait été ainsi un prédéces- seur du rénovateur contemporain de l'islamisme en Perse, 'Ali-Mohammed le Bab, qui lui aussi a écrit dans le style koraoîque. Khalil disait de lui qu'il avait plus de science que de jugement; il est vrai qu'Ibn el-Moqafia' disait du grammairien arabe qu'il avait plus de jugement

que

de science.

On lui demanda un jour de qui il avait appris les règles de la civilité. « J'ai été moi-même mon maître, répondit- il; toutes les fois que j'ai vu un autre faire quelque bonne action, je l'ai imitée, et quand j'ai vu quelqu'un faire une chose malhonnête, je l'ai évitée, u

Les anthologies.

Amr ben Bahr, surnommé El-Djabizh (Qui a l'œil écar- quillé et à fleur de tète), est un esprit extraordinairement varié, qui s'est occupé d'une foule de sujets et a rédigé de nombreux ouvrages, moins dans le but d'enseigner que dans celui d'amuser. Il vivait à Bassora ; sur le terrain théologique, il appartenait à l'école mo'tazélite, mais cependant il créa une secte qui fut appelée Djahizhiyya,

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LB9 ABBA99IDB9

de son propre nom. Ami d'Ibn ez-Zayyât, le ministre du khalife El-Wâthiq, il faillit partager son sort lorsqu'il fut mis à mort par Motawakkil ; cepeudant le khalife, auquel il avait été recommandé, le 6t appeler à Bagdad pour diriger l'éducation de son fils ; mais quand il vit sa laideur, il le renvoya immédiatement avec un présent de dix mille dirhems. Il devait, en effet, son surnom à ce qu'il avait la cornée saillante.

Il mourut en 869. Vers la fin de sa vie, il fut atteint de paralysie, de telle sorte que l'un des côtés de son corps était enflammé et l'autre froid et insensible, même si on le prenait avec des tenailles. Pendant sa maladie, il avait coutume de dire : « Des maladies de nature con- traire ont conspiré contre mon corps ; si je mange quel- que chose de froid, cela saisit mes pieds, et si c'est quelque chose de chaud cela me porte à la tète. » Il avait quatre-vingt-seize ans, « et c'est encore le poids qui me pèse le plus lourd, » disait-il.

Parmi ses ouvrages, il convient de citer le Kitdb el- Baydn w' et-labayyon (non tabyin, comme on l'a imprimé), sur la rhétorique, mais sans aucun caractère didactique; l'enseignement y est donné par exemple au moyen d'anec- dotes des plus variées; le texte en a été publié au Caire; le Lipre des animaux (Kitâb el-haïwân), qui n'est pas tout à fait un traité d'histoire naturelle, mais plutôt une anthologie de passages il est question des animaux et de ce qui a été dît à leur propos; un livre sur la conduite des rois rempli de détails intéressants sur les règles de l'étiquette; un livre des avares, scènes de mœurs prises dans la vie intime des habitants de Bassora, qui vient d'être édité à Leyde par M. G. van VIoteu; un autre sur les mérites des Turcs, dont une copie faisait partie de la collection Schefer, et est entrée à la Bibliothèque natio-

314 LITTÈHATURE ARIDB

nale; ud parallèle entre le printemps et l'automne, imprimé à Constantinople sous aon nom, bien que l'at- tribution en soit peu sûre; enfin une collection de cent apophtegmes attribués, sans aucune raison d'ailleurs, à Ali, le gendre du Prophète, et qui eut beaucoup de succès. Ëo outre, on n'a pas manqué de le croire l'auteur du KUâb el-Mahdsin (Livre des Beautés et des Antithèses] dont le texte arabe a paru à Leyde, grâce aux soins de M. van Vloten, et qui dérive directement de son école.

Sous le titre de El-Faradj ha à ech-Chidda (le Délasse- ment après la peine), Ibn Abi'd-Dovnta (Abou-Bekr beo 'Abdallah) a écrit une compilation d'anecdotes et d'histo- riettes morales sur le modèle et avec le même titre qu'au ouvrage d'El-Médâïni, aujourd'hui perdu. en 823, îl fut, quoique client des Oméyyades, précepteur du kha- life El-Moktafi quand celui-ci était encore enfant; il mourut en 894. Son Makdritn el-Akhlâq (les Nobles qua- lités) est un traité moral de l'idéal humain selon les tra- ditions du Prophète; le Dhamm el-maldki (Blâme des instruments de musique) est un traité du même geure dirigé contre les dissipations en général, qui commen- çaient par la musique pour finir par l'ivrognerie et la débauche ; il en a composé beaucoup d'autres qui n'exis- tent qu'en manuscrit ou qui ne sont connus que par des citations.

Ibn 'Abd-Rabbibi (Abou-'Omar Ahmed ben Mohammed), à Cordoue en 860, descendait d'un affranchi des Oméyyades qui régnaient en Espagne ; poète à la fois classique et populaire, il mourut en 940 après avoir souffert quelques années de la paralysie; il est l'auteur d'une autre anthologie bien connue, El-'Iqd el-Férid (le Collier unique), divisé en vingt-cinq chapitres, qui for-

LES ABBÂSSIDES

ment les perles du collier; le chapitre XIII forme la perle du milieu, la plus grosse.

Et-Tamockb! (Abou 'Ali Mobsin], (ils du cadi et poète *Ali ben el-HoséÏD, à Bassora en 939, écrivit, sur le modèle des ouvrages de Médàïni et d'Ibn Abi 'd-Douoyà, un Faradj ba d-ech-Chidda (Recueil de contes destinés à dissiper l'ennui). L'auteur exerça les fouctions de cadi dans différentes villes des environs de l'Euphrate et de la Sasiane; il mourut en 994. Il a écrit en outre un Kitâb el-Moatadjdd, recueil d'anecdotes et de traits de carac- tère du temps des Abbassides, et le Nachwdn el-mokd- dara (Excitation à la conversation], qui est un recueil du même genre la Bibliothèque nationale). Quand il composa son Faradj (957), il était directeur du bureau du pesage à l'hôtel des mounaies d'el-Ahwàz , en Susiane.

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CHAPITRE VIII

LES ABBASSIDES {SuiU). LA TRADITION DU PROPHÈTE ET LA JURISPRUDENCE

Le Koran ne pouvait à lui tout eeul renfermer toute la loi d'un grand empire ; il fallut de bonne heure éclairer ses préceptes à la lumière des explications que Mahomet lui-même avait données, et qui se transmettaient plus ou moins fidèlement par la mémoire des hommes, à Médîne et ailleurs. Quand on voulut rédiger ces apophtegmes du Prophète, le plus grand mal était déjà fait; la mémoire infidèle en avait tronqué la plupart; d'autres avaient été fabriqués de toutes pièces pour justifier les tendances de tel ou tel groupe de dissidents. C'est alors que se créa la science du haditk, c'est-à-dire la critique appli- quée aux sources d'où dérivait la tradition, sources d'un caractère unique, puisque toutes se rapportaient forcé- ment à l'étude de la succession de témoins qui s'étaient transmis oralement telle parole du Prophète entendue et apprise par cœur par ses compagnons, témoins auri- culaires. En réalité cette science du hadith, telle que l'ont comprise les Arabes, emploie le même procédé que le juge musulman qui doit, avant de l'admettre à témoigner, s'éclairer sur le caractère moral, sur le genre

LBE ABBASSIDKS

de vie, sur la réputation de droiture du témoin qu'il veut entendre. Cette critique a réussi à établir une chaine ininterrompue pour un certain nombre de ces apophtegmes j elle ne peut garantir que l'authenticité de la transmission, non celle de la tradition primitive; nous n'avons pour caution de celle-ci que la véracité et la bonne mémoire de celui qui l'a recueillie le premier de la bouche de Mahomet.

Les premiers travaux consacrés au hadith sont donc des travaux de jurisprudence. Après les ouvrages de Màlik ben Anas et d'Ahmed Ibn Hambal, il faut citer les Mousnad, dans lesquels les traditions sont rangées d'après l'ordre des derniers témoins, sans égard ii leur contenu; puis les livres appelés Mouçannaf, dans les- quels les traditions sont rangées d'après leur contenu, et qui sont partagés en chapitres selon les différentes questions rituelles, juridiques ou morales qu'ils traitent. Le motif qui a fait adopter cette disposition était de permettre des recherches relativement aisées aux juristes qui s'en tenaient de préférence à la lettre du hadith, contrairement à leurs adversaires qui admettaient l'inter- prétation par les lumières individuelles du juge {açhâb er-rai). Le premier ouvrage de ce genre, et qui est resté un chef-d'œuvre et un modèle, est le Çahik (le Livre sin- cère) de BoKBÂRi. Abou 'Abdallah Mohammed ben Isma'ïl était à Bokhara le 21 juillet 810 d'une famille ira- nienne; son grand-père s'appelait Berdizbeh ou Yez- dizbeh. A seize ans, il entreprît le pèlerinage de la Mecque, et profita de cette occasion pour entendre les leçons des professeurs de traditions à la Mecque et à Médioe : il poussa jusqu'en Egypte et parcourut, dans la même intention, toute l'Asie islamique; il passa cinq ans entiers à Bassora. Après une absence de seize ans, il

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lis LITTÉnATUnE ARABE

retouroa à Bokhara et y composa son Çahih. I) mourut le 31 août 870. Le gouveroeur du Khorasau l'avait banni à Kharteag, village des environs de Samarcande. C'est pendant qu'il était à Mêdine qu'il écrivit son grand ouvrage historique sur les traditionoistes dignes de foi (cet ouvrage existe en manuscrit à la bibliothèque de Sainte-Sophie). Quand il rentra à Bokhara, il rapporta une provision de six cent mille traditions, sur lesquelles il en choisit sept mille deux cent soixante-quinze, qui figurent seules dans le Çahih et qui depuis lui sont unanimement considérées comme authentiques. Il écrivit aussi un commentaire du Koran.

Un autre Çahih fut écrit, a la même époque, par un contemporain de Bokhâri. Moslim (Abou'l-Hoséïn ben el-Hadjdjâdj), à Nisapour dans le Khorasan en 817, visita Bagdad plusieurs fois et mourut dans sa ville natale le 6 mai 875; comme dans le Çahih de Bokhâri, les matières de celui de Moslîm, qui sont les mêmes avec d'autres autorités, sont divisées d'après l'ordre adopté en matière de jurisprudence, mais sans tètes de chapitres. Il est aussi remarquable par une introduction l'auteur traite en général et complètement de la science des traditions.

Lui aussi visita le Hedjaz, l'Irak, la Syrie et l'Egypte à la recherche des traditions ; il en avait, dit-on, recueilli plus de trois cent mille, qui servirent de base à son recueil. L'amitîé qui existait entre Moslim et Bokhâri survécut même aux persécutions qui obligèrent ce der- nier à quitter sa ville natale; il le défendit contre les théologiens qui afSrmaient comme un dogme que non seulement le Koran, comme parole de Dieu, était incréé, mais encore qu'il en était de même de la prononciation des mots qui le composent.

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I ABBA9SIDES

Les deux Çakiha, celui de Bokhârî et celai de MoBlim, sont devenus deux livres canoDÎques de l'islamisme; ils peuvent être considérés comme un résumé de la science des traditions au m* siècle de l'hégire. A côté d'eux quatre autres ouvrages complètent le chiffre de six livres canoniques auxquels les musulmans se sont arrêtés; ils ont été également composés à la même époque. Ce sont les Sonan (Coutumes) d'AsoD Dîodd (Soléïman ben el-Ach'ath), originaire du Sidjistan, en 817, qui, après avoir comme ses confrères parcouru longuement diverses contrées de l'Orient, finit par s'éta- blir à Bassora, oit il mourut en février 889- Son recueil ne contient que les traditions qui ont un intérêt pour ta jurisprudence ou les règles rituelles. Cet ouvrage eut le plus grand succès à l'origine, balança celui des deux Çahihs, maïs il finit par être entièrement négligé, tandis que l'autorité de BokhSri et de Moslim n'a fait que croître jusqu'à nos jours. Il avait recueilli cinq cent mille traditions, dont il choisit pour son ouvrage quatre mille huit cents. Il usa fort peu de critique, car il avoua lui-même qu'il avait inséré dans son livre, non seule- ment celles qui sont authentiques, mais encore celles qui paraissent l'être et celles qui le sont presque : mais il ajoutait que de ce nombre, quatre seulement étaient nécessaires à l'homme pour sa conduite religieuse ; voici ce sommaire de la loi islamique : u Les actes seront jugés d'après l'intention; la preuve de la sincérité d'un musulman, c'est qu'il ne s'occupe pas de ce qui ne le regarde pas; le vrai croyant ne l'est qu'à la condition de désirer pour son frère ce qu'il désire pour lui-même; ce qui est licite est clair et l'illicite également, mais il y a entre les deux des choses douteuses dont il vaut mieux s'abstenir. »

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3S0 LITTBnATDRB ARABE

Abou-'Isa Mohammed et-Tirmidhi a écrit, sous le titre de Djâmi (recueil complet], une sorte d'encyclopédie des traditions qui servent à éclaircîr la loi, en indiquant celles qui ont joué le rôle d'arguments pour telle ou telle question juridique, et en marquant la différence des écoles de jurisprudence, ce qui fait de son recueil, qui a d'ailleurs été imprimé ii Boulaq, un ouvrage capital pour séparer l'une de l'autre ces écoles dès leur origine. C'était un élève de Bokhàrî, à BoAch près de Tir~ midh, petite ville sur les bords de l'Oxus, en pleine Asie centrale, et il mourut dans la même localité en 892, après avoir, comme ses confrères, parcouru le monde oriental à la recherche des traditions. En dehors de son livre sur les hadith, î! nous a été conservé le Kitâb ech~ chamâîl, sur la physionomie et les qualités extérieures de la personne de Mahomet, ouvrage sur lequel ont été écrits plus de dix commentaires, et dont le texte a été imprimé à Calcutta, au Caire et à Fez, et un recueil de quarante traditions choisies destinées à résumer les prin- cipes de la loi musulmane; c'est le premier exemple connu de ce genre d'ouvrages, qui devait par la suite pulluler en nombre infini.

Un autre Sonan est celui d'Abou 'Abder-Rahman Ahmed BN-NAsÂii, remarquable par les recherches sub- tiles qu'il a poussées dans les plus petits détails du rituel; et l'on sait que les cas de conscience posés et résolus par les casuistes musulmans , au sujet des degrés de l'impureté corporelle, des qualités de l'eau des ablutions, etc., sont excessivement subtils et recherchés. Il rapporte des textes sur tout, m£me pour des manifes- tations purement populaires du sentiment religieux; dans la partie juridique, îl donne des formules pour tous les cas possibles du droit. C'est donc un ample formulaire

LES ABBASStDBS 331

de casuistique rituelle et légale ; il y a peu de chose à en tirer pour l'histoire de la dogmatique. L'auteur était à Nasa dans le Khorasan en 830; il se rendit au Vieux- Caire, oii il vécut jusqu'en 914 ; puis il partit pour Damas, il souleva l'opiniou populaire par la composition de son livre sur les traditions favorables à la famille d'Ali; le peuple, qui tenait encore pour le souvenir des Oméyyades, le chassa de la mosquée et le foula aux pieds. Transporté à Ramla en Palestine, il y mourut des suites de ce trai- tement; cependant un auteur affirme que ce fut à la Mecque qu'il fut porté et enterré. Il a encore laissé ud livre des traditionnistes faibles, c'est-à-dire dans l'auto- rité desquels on ne peut avoir qu'une médiocre confiance et qui se trouve en manuscrit au British Muséum et à la Bodléïenne. Il avait un tempérament ardent et, pour le combattre, sans doute, jeûnait un jour sur deux.

Le quatrième de ces ouvrages est le Sonan d'IsN Mâdia (Abou-'Abdallah Mohammed hen Yézid), de Kazvin, en Perse, en 824, mort en 887, après avoir parcouru l'Orient depuis le Khorasan jusqu'en Egypte. Cet ouvrage n'eut que peu de succès à cause des nombreuses tradi- tions de faible autorité qu'il contient; c'est seulement plus tard qu'on le comprit dans le nombre des livres canoniques. Il a été lithographie à Dehii. Ibn Mâdja a écrit aussi une histoire de sa ville natale qui est perdue

A côté de ces six Corpus du droit musulman et des traditions, le^ouâ/ia(fd'ED-DARiHi('Abdallah hen 'Abder- Rahman) de Samarcande, mort en 869, ne comprend guère qu'un tiers des matières qu'ils embrassaient, et est rédigé dans des intentions pratiques ; il a été lithographie à Cawnpore. Ibn Hibbàn (Mohammed hen Ahmed], à Bost dans le Sidjistan, entre Hérat et Ghazna, peut- être d'origine iranienne, fit de longs voyages, depuis

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«s LITTéRATDHB ARABE

l'Asie centrale jusqu'à Alexandrie, au retour desquels il fut nommé cadt à Samarcande, Nasa et Nisapour; il rentra ensuite dans sa ville natale comme professeur de tradition et y mourut à quatre-vingts ans, en 965. Il y avait construit une maison il avait installé sa nom- breuse bibliothèque. II s'était occupé d'astronomie, de médecine et d'autres sciences. Son livre porte le titre de Taqâsim wkl-anwâ' .

Abou-Bekr el-Adjorri (Mohammed ben el-Hoséïn), à Adjorr (les Briques), village près de Bagdad, d'où son surnom, est l'auteur d'une collection de quarante tradi- tions qui le rendit célèbre, et qu'on trouve en manuscrit à la bibliothèque de Berlin, ainsi que d'autres ouvrages que possède la même bibliothèque, tels qu'un traité sur la question si le vrai croyant doit rechercher les sciences et sur les qualités que doivent posséder les porteurs du Koran.

Abou'l-Hasan 'Ali ben 'Omar bd-DAraqotni, qui doit son surnom à un grand quartier de Bagdad appelé Dàr- el-Qotn (Maison du coton), était en effet dans cette ville en avril 919; il eut une grande célébrité comme jurisconsulte du rite chaféîte. De bonne heure il avait appris les traditions à l'école d'Abou-Bekr, fils de Mo- djâhid, et il fut son véritable successeur. C'est vers la fin de sa vie qu'il commença à enseigner la lecture du Koran. Il savait par cœur plusieurs diwans de poètes du désert, et entre autres celui du Séïd Himyarite, ce qui fit croire à plusieurs qu'il suivait ses doctrines chiites. Il était d'une conscience scrupuleuse : appelé à témoigner devant le cadi Ibn Ma'roûf, il s'en repentit plus tard, parce que son témoignage, relatif à des traditions du Prophète, avait été admis par le juge sans conteste, sur sa seule autorité, tandis qu'en matière ordinaire il faut deux

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témoins. Ayant appris que Dja'far ben Hinzâba, vizir du prince Ikhchidite Kâfour en Egypte, avait l'intention de composer un Corpus de traditions du genre des Mouanad, il se décida à entreprendre le voyage pour l'aider dans ce travail. Il resta en Egypte, oii il fut généreusement récompensé, jusqu'à l'achèvement de cet ouvrage. De retour dans sa ville natale, il y mourut en décembre 995. Son Kilab es-Sonan {Livre des coutumes] existe â la bibliothèque de Sain te -Sophie. Dans un autre ouvrage (el-istidrâkât wèt-tétabbo*) il établit la faiblesse de deux cents traditions admises par les deux Çahih de Bokhâri et de Moslim : c'est donc un ouvrage de critique appli- quée aux traditions.

El-Khattâbi (Hamd ben Mohammed), dont le peuple prononçait le nom Ahmed au lieu de Hamd, était à Bost dans le Sidjistan en 931, ville dans laquelle il mourut en mars 998. Ses ouvrages sont des commentaires des grandes collections canoniques; vers la lin de sa vie il eut des tendances mystiques et alla se réfugier dans un ribât ou couvent de soufis sur les rives du fleuve Hil- mend. Il avait étudié dans l'Irak; il était aussi poète; c'est lui qui a dit : « Ce ne sont point tes peines de l'absence, mais le manque d'un ami sympathique qui est la plus grande affliction qu'on puisse souffrir. Je suis étranger à Bost et à son peuple, et c'est pourtant que je suis et que ma famille habite. >

El-Batti' (Mohammed ben 'Abdallah), à Nisa- pour en 933, fut nommé cadî dans sa ville natale en 966, mais il entreprit un grand voyage dans le Khorasan et dans le Hedjaz pendant les années suivantes. Bien que plus tard nommé cadi de Djourdjan, il refusa cette place et (ut fréquemment employé par les Samaoides comme ambassadeur auprès des Bouîdes, maîtres du khalifat

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par la conquête de Bagdad. Il mourut le 3 août 1014. En 971, il fit un second voyage à travers l'Orient pour aller disputer avec les savants des différentes villes qu'il traversait. Il penchait alors vers la doctrine des chiites. Il écrivit son Kitâb el-Mostadrak comme critique des deux Çahihs, pour montrer que plusieurs traditions négligées par ces deux Corpus étaient parfaitement authentiques et avaient été passées sous silence à tort. Ibn Fourek d'ispahan (Abou-Bekr Mohammed ben el- Hasan) étudia à Bagdad, se rendit ensuite à Réï, dont le séjour lui fut rendu difficile par certains innovateurs en matière de religion, et à Nisapour, il eut un grand succès comme professeur et écrivain. Appelé pins tard à Ghazna dans l'Afghanistan, il y soutint de nombreuses controverses; au retour de cette ville, il fut empoisonné en chemin en 1015. On lui donnait le titre A'Oustâd, le Maître par excellence. On bâtit exprès pour lui un collège et une maison. Son eorps fut transporté à Nisa- pour; la chapelle funéraire qu'on y construisit devint un but de pèlerinage; quand on souffrait du manque de pluie, on allait prier sur sa tombe : cette prière était toujours exaucée. Un de ses mots était le suivant : « La charge d'une famille est le résultat d'une passion légi- time; quel doit donc être le résultat d'une passion illé- gitime? » Son livre des définitions des fondements du droit hanéfite est au British Muséum; la bibliothèque de Leyde a son traité sur certaines traditions; d'autres se trouvent dans -celle de Raghib-pacha, à Constanti-

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LES ABBA6SIDKS

La critique des autorités du hadith.

A côté de la science des traditions, qui codifie et qui critique, on voit naître au x' siècle la science dite 'ilm er-ridjdl, proprement la science des hommes, qui s'oc- cupe tout spécialement de la critique des témoins et des autorités sur lequels repose tout l'édifice de la tradition. Parmi les auteurs les plus importants qui ont écrit sur cette matière, on peut citer Ibn Abi-Hâtim ('Abder-Rah- man), à Réï en 894, mort à Tous dans le Khorasan en 939, auteur du Kitâb el-djarh wèt-la'dîl (la Critique et la Correction), en 6 volumes conservés en manuscrit au Caire et à Constantinople ; Et-Tabarûni (Abou'l-Q.îsim Soléïmàn)jnéen870àTibériade, qui consacra trente-trois ans à des voyages, s'établit à lapaban et y mourut en 971 ; son ouvrage le plus connu est le Mo'djam (Dictionnaire alphabétique des traditionnistes), dont il donna trois édi- tions, une complète, une moyenne et une abrégée : c'est celle-ci dont des volumes isolés se trouvent à Paris, au British Muséum, à TEscurial. El-Kélàbàdhi (Abou-Naçr- Ahmed), en 918 dans un quartier de Bokhara, qui lui donna son surnom, mort en 398 (1008), a laissé un travail sur les noms des /idfizh cités dans le Çabih de Bokhâri. De même 'Abdel-Ghanî ben Sa'ïd l'Égyptien, au Caire en 944, qui était, avec les deux philologues Abou-Osâma Djonàda et Abou-'Ali el-Hasan d'Antioche, habitué de la bibliothèque fondée par le khalife El- Hàkem; leur amitié fut malheureusement interrompue par l'exécution des deux philologues sur l'ordre du kha- life; Abdel-Ghanî, craignant pour lui-même, se tint caché jusqu'au moment oii il se sentit en sûreté. Il

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LITTB RATURE ÀR&BB

mourut dans la nuit du 25 au 26 juin 1018, laissant au livre sur les noms des tradittonnistes qui se ressemblent et qui di&erent; il est à la bibliothèque de Kieuprulu Méhemet-pacha à Constantinople.

Développement ultérieur du hadith.

La science des traditions, qui a atteint son summum dans la composition des six grands recueils, s'approche de la période il faut abréger, commenter, expliquer les codes laissés par les auteurs célèbres. On en arrive vile a résumer, pour le grand public, dans un choix de qua- rante traditions, les règles fondamentales de l'islamisme; et ces quarante traditions donnent naissance à leur tour à d'infinis commentaires. On comprendra que nous ne prenions, dans cet ensemble considérable, que les œuvres qui ont obtenu quelque succès et produit quelque impres- sion durable.

En Egypte, Abou'l-Qàsim el-Hoséïn ben 'Alî el-Wézir bL'Maghrébi était en 9S1 d'une famille considérable d'origine persane; son trisaïeul s'appelait Behràm. Le khalife fatimide El-Hâkem ayant fait massacrer les prin- cipaux membres de sa famille le 19 juillet 1010, il s'en- fuit à Ramlé et souleva contre le pouvoir suzerain le prince qui gouvernait cette ville ; malgré l'appui du cbérif de la Mecque, qui fut battu, l'entreprise ne réussit pas, le prince de Ramlé fit sa paix avec le farouche Hâkem, et Abou'I-Qâsim partit pour les régions orientales, il remplît de hautes fonctions olHcietles auprès de divers princes de ces régions. Quand il mourut à Meyyâfàriqîn (1027 ou 1037), il était ministre du prince IbnMerwân.

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LES ADBA&8IDBS 3ST

De ses ouvrages littéraires il n'est rien resté : le British Muséum possède le Kildb el~inds, dtctioDDaire par ordre alphabétique des noms de tribus arabes, avec des cita- tions de poètes et des notices biographiques et histo- riques.

Abou-Bekr Ahmed ben el-Hoséïa el-BaÎhaqi, près de Nisapour dans le Khorasao, dans le village de Khos- rauguerd, qui dépendait de Baïhaq, en 994, voyagea longtemps à la recherche des traditions du Prophète, et fut professeur de droit chaféïte ii Nisapour, il mourut en 1066. C'est lui qui le premier recueillit les sentences ou opinions légales d'Ech-Chaféï, en dix volumes; une grande collection de traditions porte le titre de Kitâb eê-sonan tvél-âthdr, dont un manuscrit autographe est conservé au Caire, ainsi qu'un abrégé du même.

L'éroir Abou-Naçr *Ali Ibn Màkoola était aussi d'ori- gine persane : c'est non loin de Bagdad, à Okbarà, qu'il naquit le 9 août 1030. Son père Hibat-AUah devint ministre du khalife El-Qaïm; il l'accompagna à Bagdad, son oncle était cadi, puis entreprit de longs voyages ; c'est pendant l'un d'eux qu'il fut assassiné et dépouillé par ses esclaves turcs, sur le territoire de la Perse; la date exacte est inconnue (vers 1094). Il s'était consacré à l'étude des noms propres; nous avons encore Vlkmât (Achèvement), destiné ik compléter le Afo'/am/'d'EI-Kbatlb el-Baghdâdi, sur le même sujet; ouvrage extrêmement pratique et utile, au dire d'Ibn Khallikan, pour fixer l'orthographe des noms propres, surtout dans l'étude des traditions.

Abou'1-Fadl Mohammed ben Tâhir Ibh el-QaïsarJIni naquit à Jérusalem d'une famille originaire de Césarée de Palestine le 18 décembre 1058, mais il acheva ses études à Bagdad et ne revint dans sa ville natale qu'après

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SÎS 1.ITTBR4TDRB ARIBB

des voyages longtemps prolongéB. Il resta quelque temps à Hamadau, oJi il professa la science des traditions. Il mourut à Bagdad en ill3 au retour du pèlerinage de la Mecque. Son Kitdb et-anadb el-moUafiqa a été publié par de Jong, sous le titre de Homonyma inter nomina relativa. Berlin possède son traité manuscrit des tradi- tions falsifiées; V Atrdf el-ghardïb est au Caire.

Abou-Mohammed el-Hoséïn bl-Fârrâ el-Baghaw!, à Baghchoùr, entre Hérat et Merv, mourut dans cette dernière ville en 1116 ou 1122, après avoir compilé un recueil de traditions (Maçdbih ea-Sonna), d'après les sept ouvrages fondamentaux, souvent commenté et abrégé, comme par exemple dans le Michkât et-Maçâbih de Mohammed ben 'Abdallah el-Khatib et-Tibrîzî, très ré- pandu en Orient et réimprimé dans l'Inde et en Russie. Une autre collection de traditions (Chark es-Sonna), un abrégé de la jurisprudence et un commentaire du Koran ont été conservés jusqu'à nos jours.

'Add-bl-Ghâpir ben Isma'ïl el-FIrisI, à Nisapour en 1059, parcourut le khanat de Khiva et se rendît dans llnde à travers l'Afghanistan. 11 avait été un enfant pro- dige : à cinq ans il savait lire le Koran et réciter en per- san les articles de foi. A son retour, il fut nommé prédi- cateur dans sa ville natale, il mourut en 1134. On lui doit un de ces Kitdb el-Arbaïn le résumé de ta doc- trine islamique est donné en quarante traditions choi- sies; un ouvrage plue utile est le Medjma el-G!iaréZb (Réunion de curiosités), dictionnaire pour les grandes collections de hadtth; et le Mofhim, commentaire sur le Çahîh de Moslim.

Un autre voyageur savant, lui aussi en Perse, est Abou-Tâhîr bs-Silafî, qui, d'Ispaban il était en 1082, se rendit à Bagdad et à Alexandrie. Dans ceHe

dernière ville, Ibn es-Sallùr, ministre du khalife fatimide Zâfir, lui fit construire une medreasé en 1151, il pro- fessa jusqu'à sa mort en 1180. En outre d'un recueil de quarante traditions appelé ordinairement eUBolddniyya, parce que chaque tradition avait été recueillie dans une ville différente, il s compilé un dictionnaire des chéïkhs de Bagdad qui existe en manuscrit à l'Escurial.

Le frère de l'historien Ibn el-Athîr, Medjdcddin Abou's- Séàdât el-Mobârek, à Djéziret-îba-'Omar en 1149, entra au service du prince de Mossoul, l'émir Qai'maz, en qualité de rédacteur, et vit sa position s'améliorer encore sous ses successeurs. A un âge avancé, il fut atteint de paralysie aux mains et aux pieds et mourut en juin 1210. La maladie qui l'avait obligé à quitter le service public tuî donna le loisir de dicter et de publier les ouvrages qu'il a laissés : la satisfaction qu'il éprou- vait de ce travail et le bonheur qu'il ressentait de n'avoir plus à courtiser les grands le firent renoncer à un trai- tement qui devait le guérir et qu'un rebouteur maghré- bin lui avait prescrit. Il a écrit le Djâmi' el-Oçoûl (Ency- clopédie des principes), qui donne les traditions des pro- phètes rangées par ordre alphabétique des chapitres, ainsi que des biographies de Mahomet et de ses contempo- rain; le Niliâya, dictionnaire des traditions curieuses et rares; le Moraçça {Orné de brillants), lexique des sur- noms par Abou et Ibn; le Mokkteîr, biographies de mu- sulmans célèbres.

Mouhibb-Eddin Mohammed Ibn em-Nadjdjâii, juriscon- sulte cbaféïte, à Bagdad en 1183, élève d'ibn el-Djauzî, consacra vingt-sept années de sa vie à de longs voyages. L'érudition qu'il acquit de cette façon le décida à s'éta- blir dans sa ville natale comme professeur et homme de lettres; il y mourut en 1245. A Médine, il avait composé

le Nozha sur l'histoire de cette ville; plu» tard, il écrivit le Kémiîl, recueil des biographies des témoins transmet- teurs de traditions, qui a servi de base à d'autres traités du même genre. 11 avait rédigé un complément (cf^r/) de l'histoire de Bagdad par Et-Khatîb, dont on a un abrégé par Ibn Aïbek ed-Dîmyâti, qui se trouve au Caire.

Abou-No'aÏm Ahmed bl-Isfahâm, à Ispahan en 948, jurisconsulte chaféïte, mort en 1038, a laissé le Hilyel- el-anbiyâ (Ornement des prophètes), qui est une histoire des personnages saints et pieux et une relation de leurs miracles, et le Tibb en-nabi (la Médecine du prophète), recueil de kaditk ayant trait à la médecine; une histoire des savants d'Ispahan, qui est à Leyde, et d'autres ouvrages sur les traditions.

Taqi-eddin Abou-'Amr 'Othmàn Ibn es-Salàh, à Cha- rakhân, dans la province de Chéhrizor, entre Erbil et Hamadan, en 1181, était d'origine kurde. Il commença à étudier à Mossoul et parcourut les principales villes du Khorasan. il fut professeur à Jérusalem, puis se rendit à Damas, il se fixa définitivement; il y professa le droit chaféïte dans diverses medressés, notamment dans celle qui venait d'être fondée par la sœur de Saladin, et il y mourut le 20 septembre 1245. Son Aqça 'l-amal weck-Chauq {l'Espoir et le désir le plus vif), qui traite de la science des traditions, a été fréquemment com- menté et a fourni la base de nombreux extraits. Il a con- sacré un ouvrage à rechercher les traditions relatives à la supériorité d'Alexandrie et d'Ascalon sur les autres villes; son recueil de fetvas et son traité des règles du pèlerinage se trouvent au Caire.

En territoire syro-arabe, près des limites de l'Egypte, était né, en 1149, Clicrcf-Eddin Abou'l-Hasan Ibn al- Mofarridj bl-Maqdisî, qui fut lieutenant de juge à Alexan-

LES ABBABSIDES S3t

drie, puis professeur au Caire, il mourut en décembre 1214. Son livre des quarante traditions se distingue par l'indication exacte de l'époque vivait chaque témoin et par un isnâd complet.

Abou-Mohammed 'A.bd-el-'Azh!m el-Moundhirî, en Egypte en 1185, qui parcourut pour étudier les contrées de la Mecque, de Damas, d'Edesse et d'Alexandrie, fut pendant vingt ans professeur de hadilh du rite chaféïte à la medressé Kâmîliyya au Caire, et y mourut en 1258. Son Kitdb et~targhib wet-tei-hib est un recueil de tradi- tions rangées de telle façon que d'un côté sont celles qui conduisent au bien, tandis que de l'autre sont celles qui font éviter le mal. Son recueil de biographies de traditionnistes marquants est au British Muséum.

En Espagne, Abou 'Omar Yoûsouf Ibm 'Abd-bl-Barr, à Cordoue en 978, étudia dans cette ville et acquit la réputation d'être le plus grand connaisseur de hadith dans le Maghreb. 11 voyagea quelque temps dans l'ouest de l'Espagne, puis s'établit à Dénia, tout en se rendant parfois à Valence et à Jativa. Sous le gouvernement du prince Mozhafiar ben el-Aftas, roi de Badajoz, il fiit nommé cadi de Lisbonne et de Santarem; il mourut à Jativa le 3 février 1071. Le Kitdb el-IstCdb traite de la biographie des compagnons du Prophète, rangés par ordre alphabé- tique; le Dourar (les Perles) est une histoire abrégée des guerres du temps de Mahomet; Vlntiqâ est consacré aux trois grands fondateurs de rites : Màlik, Abou-Hanifa et Chaféï; \e BahdJet-el-Médjdlis tst un recueil de proverbes, apophtegmes, récits et vers, dédié au prince MozhalTar.

Abou-' Abdallah Mohammed Ibn ABi'L-KiiiçÀLeUGhûfiqi, en 1072 à Burgalet, village du district de Segura, près de Jaen, érudit et poète, vécut à Cordoue et ii Gre- nade ; il fut chargé des fonctions de ministre pour l'inté-

Sn LITTË RATURE ARABE

rieur et la guerre, et périt lors de la prise de Cordoue par les Almoravïdes, le 27 mai 1146. Sou Zhill es-aahdb [l'Ombre des nuages) est consacré aux femmes et aux parents de Mahomet; le Minkâdj el-manâqib est une poésie en l'honneur du Prophète et de ses compagnons; des pièces de correspondance et des séances littéraires de sa composition sont conservées à l'Escurial.

Le cadt Abou'1-Fadl 'Vïkn ben Moùsa, en dé- cembre 1083, étudia à Cordoue et fut nommé cadi à Ccuta, sa ville natale. En 1137, il passa en la même qualité à Grenade, puis retourna à Maroc, il mourat en 1149. II a écrit un ouvrage célèbre en Orient, ech- Chifd fi tarifhoqouq el-Moçtafa, vie de Mahomet, imprimé au Caire et fréquemment commenté ; el-llmâ, théorie de la tradition, de ses sources et de ses principes, édité par un de ses i\hs^i;\^ Machâriq el-anwâr, sur les traditions authentiques et l'explication des expressions obscures qui s'y rencontrent; el-l'lâm, droit pénal; le Tertib el- modhdkara, sur les noms propres du rite de Mâlik.

Abou 'l-*Abbâs Ahmed ben Ma'add el-IqlIcbi, à Dénia, y poursuivit ses études ainsi qu'à Valence. II pro- fita de son pèlerinage en Arabie (1147) pour passer quel- ques années à la Mecque, qu'il ne quitta qu'en 1152; sur la route du retour, il mourut à Koùs, dans la Haute- Egypte, en 1155. Le Kaukab-ed-dourrî (l'Étoile brillante) est un recueil de hadith, extrait des grandes collections canoniques. Le Nedjm (l'Etoile) sur les proverbes arabes et étrangers a été imprimé au Caire.

Abou-lshaq Ibrahim Ibn-Qorqool, à Almeria en un, mort â Fez en 1173, a traité des traditions dans son AlaldU'-el-antvdr (le Lever des lumières).-

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LES ABBASSIDES

La jurisprudence.

La science des traditions établissait une des bases du droit par la critique des apophtegmes du Propbète qui venaient éclairer les points laissés obscurs par le Koran ; la jurisprudence, de son côté, travaillait à constituer une littérature des plus considérables, motivée par les diffi- cultés innombrables qui se soulevaient à l'application des règles simples posées par le livre sacré. D'ailleurs ces deux branches d'études marchaient de front, car c'est le besoin de rechercher des règles claires et précises basées sur un acte ou des paroles authentiques du législateur qui avait porté des savants à rechercher, k rassembler, à recueillir, à collîger des traditions souvent contradic- toires et à les éclaircir, les interpréter par la critique des témoins qui les avaient transmises. S(tr de ses auto- rités, il semblait que le juge fût plus certain de ta léga- lité du jugement qu'il rendait, que sa conscience fût plus tranquille. Pendant longtemps cependant le droit avait admis pour le juge la faculté de se décider d'après ses propres lumières, avant que la doctrine se séparât en deux, celle des AçHâb ei-raï qui admettaient les interpré- tations individuelles, et les partisans de la lettre qui s'en tenaient au texte traditionnel du kadith. Il est probable que les rapports des Arabes avec les chrétiens de Syrie, que nous avons vus jouer un rôle considérable à la cour des Oméyyades de Damas, les ont mis en relations avec les théories du droit romain de l'époque de Justinien, qui avait survécu chez eux ii la conquête musulmane.

Les plus anciens monuments du droit musulman étant perdus, nous devons commencer l'étude de cette branche

SM LITTËRATCRE ÀRÀBB

de la littérature avec les chefs des quatre grands rites orthodoxes, les HanéGtes, les Malékites, les Chaféïtes et les Hambalites.

Les Hanéfites.

Leur fondateur, Abou-Hamfà No'màn ben Thàbit, était le petit-Bis d'un esclave persan; il naquit à Koufa, en 699, et y exerça le métier de marchand de drap; comme aff'ranchî, il se montra sympathique au mouvement qui portait les Abbassides sur le trône, avec l'appui des forces latentes que recelait la Perse, mais ses véritables sentiments étaient pour les droits prétendus légitimes des Alides, et le tour que jouèrent les Abbassides en leur subtilisant leurs droits au trône, ne pouvait plaire â ce Persan de race. Aussi prit-il parti pour le soulèvement des Alides à Médine, en 762, et fut-il jeté en prison; il y mourut en 767. Plus tard, quand on ne comprit pas que le gouvernement des Abbassides n'eût pas cherché à attirer à son parti un aussi grand chef d'école, que l'on appelle encore aujourd'hui le Grand Imam, il se forma une légende : on raconta que le khalife Mançour voulut le contraindre à accepter un poste de cadi, et que les mauvais traitements que lui valut sa résistance ame- nèrent sa mort. Il avait eu pour maitre Hammâd ben Abi-Soléîmân, mort vers 737, qui lui avait enseigné te procédé du qiyâa, c'est-à-dire l'emploi de l'analogie en matière de jurisprudence, qui est resté la règle de son école. On attribue à Abou-Hanifa le KUab el-Fiqk cl- Akbar (le Grand Livre de dogmatique; ce n'est que plus tard que fiqh a pris le sens de jurisprudence), imprimé à Lucknow en 1844, avec une traduction hîn-

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LBS ABBA5S1DBS

doustanie; ud Mousnad, recueilli par ses élèves; un Waçiyya ou Testament adressé à ses amis sur les dogmes de l'islamisme ; un Makhdridj fi'l-hiyèl, consacré à l'étude des chicanes. La plupart des écrits d'Abou- Hanifa ont été probablement rédigés par son petit-fils Isma'ïl ben Hammàd, cadi de Bassora et de Raqqa, mort en 827.

Abou-Hanifa laissa comme élève Abou-YoDsouf {Ya'qoub ben Ibrahim), surnommé le second imam, à Koufa en 731, d'une ancienne famille arabe. Nommé cadi à Bagdad par le kbalife Mehdî, il conserva ce même poste jusqu'à sa mort en 795. Bien qu'ayant mis en pratique les doc- trines de son maitrc, il commença à se raidir contre l'emploi de la ratiocination personnelle et à attribuer une plus grande part, dans la décision des cas douteux, aux traditions du Prophète qu'à l'analogie, dont Abou- Hanifa avait fait le plus grand usage. Son Kitâb el-Kha- râdj (Livre de l'impôt foncier) a été imprimé à Boulaq.

Abou-Yoûsouf forma à son tour un élève, Mobàhhed ben cl-Hasan ECH-CHÉïBÀNt, à Wâsit en 749. Après être allé puiser à la source de l'enseignement de Màlik ben Anas à Médine les traditions sur lesquelles repose l'étude du droit, il fut nommé à son retour cadi de Raqqa; des- titué en 802, il vécut ensuite à Bagdad et accompagna Haroun er-Rachid en 804 à Réï, il mourut.

Plus tard el-Khaççàp (Abou-Bekr), qui perdit sa biblio- thèque dans le pillage de sa maison par les milices tur- ques à la suite de l'assassinat du khalife El-Mohtadi; l'Égyptien Et-Tabàwi (Abou-Dja'far), à Tabà en 843, mort en 933 ; le Boukhare El-Marvtrazî, ministre du prince samanide Hamld, qui tomba dans les mains des Turco- mans à Merv et fut écartelé par eux en 945; El-Qodoûri de Bagdad (Abou'l-Hoséïn), en 972, mort en 1036,

S36 LITTÉRATVIIB ARABE

auteur d'un manuel abrégé coddu sous son nom et sou- vent cité jusqu'à nos jours, furent les lumières de la secte hanélite.

Les Malékites.

Les Malékites tirent leur nom de leur fondateur, Abou-'Abdallah MAlik ben Anas, à Médine eo 715, élève du tradîtionnïste Ez-Zohri ; partisan décidé des Alides, il facilita la révolte de Mobammed ben 'Abdallah contre les Abbassides en 762 par un fetva, se rallia plus tard au gouvernement de Bagdad, et eut l'occasion de voir le khalife Ilaroun, lors du pèlerinage de 795, assis- ter à ses leçons. Son Kilâb eUMowaUa est basé sur Vidjmâ' de Médine, c'est-à-dire sur l'accord unanime des habitants de cette ville touchant les traditions et les coutumes reçues; bien des cas douteux sont résolus par lui, eu l'absence de toute base traditionnelle, par les décisions des juges qui l'ont précédé et la constatation de l'usage de Médine. Mâlik se préoccupa peu de livrer à ses élèves un texte revu et coordonné : c'est ainsi que l'on peut expliquer les différences considérables qui exis- tent entre les diverses recensions de son livre, par exem- ple celle de l'Espagnol Yahya el-Maçmoùdi, et celle de Mohammed ech-Chéïbàni, que nous avons vu plus haut aller entendre à Médiue les leçons de Mâlik.

Abder-Rahmân ben el-Qàsim, son élève, en 719, répandit et vulgarisa l'enseignement de Màlik dans le Maghreb, l'ou sait qu'il est resté dominant jusqu'à nos jours; l'Algérie est en entier malékite. 11 mourut au Caire en 806; il a laissé, sous le titre de Kitâb el-Modawwana, un manuel du droit malckite primitivement rédigé par

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) ABBASSIDEB

Asad ben el-Forât et consistant en réponses faites par Ibn el-Qâsim à ses questions, puis revu, corrigé et amendé sous la dictée de l'auteur par le cadî de Kai- rouan, Sahnoùn Abou-Sa'îd et-Tanoukhi.

Parmi les plus importants docteurs malékites de ces époques, il faut citer Ibn Abi-Zéïd de Kairouan, qui était en Espagne, à Nafza, en 928, vécut en Tunisie et mourut au Maroc, à Fez, vers 990.

Les Chaféîtes.

L'imam Ecb-Chafbï {Mohammed ben Idris), fondateur du rite chaféïte, en 767 à Gaza, d'autres disent à Ascalon ou même au Yémen, vécut jusqu'à l'âge adulte dans la tribu bédouine des Béni-Hodhéïl et y acquit la conoaissance de la langue classique pure. C'est auprès de lui que le grammairien El-Açma*ï alla recueillir à la Mecque tes poésies des Hodhéïlites et de Chanfarâ. En 786 nous le voyons se rendre à Médine et y écouter l'en- seignement juridique de Mâlik. Ayant accompagné son oncle Abou-Moç'ab, nommé cadî au Yémen, il y fut com- promis dans les menées du parti des Alides, arrêté par le gouverneur et conduit devant le kbalife Haroun, à Raqqa ; l'intervention du ministre FadI ben Rabi' !e sauva : il profita de sa présence forcée pour écouter les leçons de Mohammed ech-Chéïbâni; puis il se rendit en Egypte en 804, fut bien accueilli par le gouverneur de la province, retourna plus tard à Bagdad et paraît y avoir enseigné avec succès sa doctrine, qui différait par de nombreux côtés de celle de ses devanciers; puis il repartit pour l'Egypte en 813, et y mourut, après un pèlerinage à la

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LITTBRÂTCIIB ÀRÀBE

Mecque, à Fostat ou Vieux-Caire, le 20 janvier 820 ; son tombeau est aujourd'hui un lieu de pèlerinage fréquenté. Ou doit à Chaféi' d'avoir repris à Abou-Hanifa la méthode de l'analogie et de l'avoir réduite à des règles pratiques. Des cent neuf ouvrages qu'il avait composés, il ne reste que quelques manuscrits, encore inédits, disséminés dans les bibliothèques de Constantinople et du Caire, quelques poésies éparses dans celles de Berlin et de Leyde.

L'école chaféïte d'Egypte compte EI-Mouzanî (Abou- Ibrahim), mort en 877, auteur d'un abrégé de la doctrine du maitre, El-Mondhiri de Nisapour, qui vécut à la Mec- que, où il mourut en 930; Ez-Zobéîrî (Abou-' Abdallah), qui porta l'enseignement du droit chaféïte à Bassora et à Bagdad ; Ibn el-Qâçç ou le fils du conteur (Aboul-'Abbâs), qui professa à Amol dans le Tabaristan et mourut à Tarse en Cilîcie (946), il était allé en voyage, ou bien, selon d'autres, il exerçait les fonctions de cadi ; El-Qattàn (Abou'l-Hasan), professeur de droit à Bagdad, mort en 970. El-Mahàmili étudia à Bagdad auprès des élèves d'Ech- Chaféï, y professa également et y mourut en 1024; de même EULàlakàï (le fabricant de sandales) Abou'l-Qàsim Hibet-AUah, qui y étudia et y enseigna, et plus tard se rendit à Dinawar dans l'Irak- Adjémi , et y mourut en i027.

Les Hambalites.

Ibn Hambal (Ahmed ben Mohammed) naquit à Bagdad en 780; ses parents étaient originaires de Merv, qu'ils avaient quitté peu de temps avant sa naissance. Comme tous les traditionnistcs de cette époque, il entreprit des voyages qui le conduisirent en Syrie, en Mésopotamie et

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LES ADBASSIDES

dans la péninsule arabique, il séjourna quelque temps. De retour à Bagdad, il y reçut les leçoas d'Ech-Chaféï jusqu'au départ de celui-ci pour l'Egypte. Il fuuda la quatrième secte orthodoxe, qui diffère des autres surtout en ceci que son fondateur rejeta totalement les lumières personnelles du jurisconsulte pour ne voir la base du droit que dans les traditions du Prophète exclusivement; c'était une réaction, qui eut peu de succès dans le temps et dans l'espace; car elle ne lit guère de prosélytes en dehors de la province elle était née, et elle est aujour- d'hui presque entièrement disparue. Il y en a encore à Damas, ils se distinguent du reste de la population musulmane en ce qu'ils ne mangent pas les produits des jardins potagers arrosés par l'épandage des eaux d'égouts. Les Uambaiites se firent remarquer par leur fanatisme et suscitèrent bien des troubles à Bagdad, quand le pouvoir des khalifes s'y affaiblît. Lorsque le khalife El-Mo'taçim adopta comme dogme la doctrine mo'tazélite de la création du Koran, Ibn Hambal fut une des victimes de la persécution qui s'en suivit : il fut emprisonné et resta enfermé jusqu'à la mort de Mo'taçim en 842; mais Wâthiq ne lui permit pas de sortir de sa maison il resta interné ; Ël-Motawakkil, en revenant à l'orthodoxie pour des motifs purement poHtiques, rendit Ibn Hambal à la liberté. Il mourut le 31 août 855, laissant un Mousnad ou recueil de traditions rédigé par son fils 'Abdallah et différents autres ouvrages restés tous manuscrits.

La plupart des livres écrits par les élèves d'Ibn Ham- bal sont perdus ; c'est à peine si l'on peut citer un abrégé de la jurisprudence àEl-Kbiraqi, mort en 945 à Damas, venant de Bagdad, qu'il avait quitté à la suite de mouve- ments populaires; ses ouvrages furent détruits dans un incendie après son départ; et Abou-' Abdallah el-IIasan

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ben Homéïdcl-Baghdadi, dont le Takdkib el-adjwiba con- tieDt des réponses sur des questions juridiques et se trouve à Berlin.

Les Zhâhirites.

D'autres sectes moins importantes étaient également nées des études de jurisprudence auxquelles s'attachaient tant d'esprits éclairés. L'école des Zhâhirites, dont on doit la connaissance aux belles études de M. I. Goldziher, avait été créée par Abou-Soléïman Daoûd ben 'Ali, ori- ginaire d'ispahan, à Koufa en 815 ; il étudia auprès des plus célèbres tradîtionnistes de Bagdad et connut à Nisapour Ishaq ben Râhwaïh ; il professa à son tour avec éclat à Bagdad, il mourut en 883. L'école qu'il fonda répudia absolument toute analogie, toute citation sur l'autorité d'un imam, pour s'en tenir au sens extérieur {d'où le nom de Zhdhir que porte la doctrine) du Koran et de la tradition. Cette doctrine se répandit en Perse, dans l'Inde et dans l'Oman, surtout chez les mystiques; cependant elle ne dura guère en Orient; c'est dans le Maghreb et en Espagne qu'elle fleurît plus tard et pro- duisit de nombreux ouvrages.

A côté de ces grands chefs d'école, il faut encore citer les noms de Yahya ben Adam ben Soléïman, mort en 818, qui s'occupa de questions de droit sans se rattacher par- ticulièrement à une école déterminée, et qui écrivit un livre de l'impôt foncier dont le texte a été publié à Leyde par Juynboll, et le fameux historien Tabari, qui joignit l'étude de la jurisprudence à celle de l'exégèse du Koran, et dont un élève, Abou'l-Faradj el-Mo'àfà ben Zakariya de Nahréwâa (915-1000), écrivit eu cent séances, sous

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LES ABBASEIDES

le titre de Kitâb el-Djalls (le Livre du commensal), ud résumé des explications relatives à tel ou tel dit du Pro- phète et de ses compagnons.

Les Chutes.

En dehors du cercle des quatre grandes sectes ortho- doxes et des autres écoles du même genre, les Chiites créaient à leur usage une jurisprudence qu'il nous reste à étudier, bien qu'il n'en existe plus, pour les époques anciennes, que fort peu de chose. Au Yémen, la secte des Zéïdites, qui s'était rendue maîtresse de cette pro- vince au II' siècle de l'hégire et s'y est maintenue jusque de nos jours, compta comme docteurs : El-Qùsim ben Ibrahim el-Hasani (mort en 860); son petit-fils, El-Hàdi Ila'1-Haqq (Celui qui guide vers la vérité] Abou'l- Hoséïn Yahyà (859-910); un autre de ses descendants, El-Mehdî-Lidinillah (Celui qui est dirigé vers la religion de Dieu) el-Hoséïn ben el-Qàsîm, mort en 1013; l'imam El-Moayyed-Billah Ahmed ben e!-Hoséïn (944-1020) ; leurs ouvrages, naguère inconnus en Europe, ont été rap- portés du Yémen par M. Glaser et se trouvent actuelle- ment à Berlin.

En Perse, les idées chiites se confondaient toujours avec le sentiment des revendications nationales, on peut citer : Abou-Djà'far el-Qoummi (mort en 903), auteur d'un recueil de traditions chiites; El-Kolini (Mohammed ben Ya'qoûb), mort en 939, qui écrivit un traité théologîque sous le titre de el~Kâfi fi'i/m eddin (le SuHBsant en matière de science de la religion); Abou-Dja'far Ibn BûhoAyè de Qoum, qui vint du Khorasan à Bagdad en 966

LtTTEB&TOnK AHABE

et y mourut en 991 : plusieurs de ses très nombreux ouvrages (près de trois cents) se trouvent en Europe; En-No'man Iba Hayyân, qui quitta la secte malékîte pour devenir Imamite, se rendit en Egypte avec le conqué- rant fatimide El-Mo'izz, y fut nommé cadi et y mourut en 974; le chef de la secte iniamienne, Abou 'Abdallah cl-Mofid (949-1022), de Bagdad.

Développement ultérieur

de la jurisprudence.

Parmi la foule d'auteurs qui ont développé les prin- cipes posés dans les siècles précédents, on ne peut citer que les principaux :

Ali ben Abi-Bekr el-Marghinâhi, mort en 1197, a écrit un manuel pour l'étudiant qui commence l'étude du droit hanéfite, sous le titre de Bidiîyei-el-Mobtédi, commenté par lui-même sous le titre de Hidâya (la Direction); la traduction persane de ce dernier ouvrage a été rendue en langue anglaise par Ch. Hamilton en 1791. Commenté par des écrivains arabes, persans et turcs, le Hidâya a eu le plus grand succès que l'on puisse souhaiter à un manuel de droit musulman.

Siràdj-Eddin Abou-Tâbir Mohammed es-Sadj^wendî, qui florissait vers la fin du vi* siècle de l'hégire, a écrit un Kitâb el-Farâîd ou Traité du partage des héritages, surnommé Siràdjiyyé, d'après le surnom del'auteur, quîa été traduit en anglais par Prasauma Kumar Sen a Seram- pore, en 1885, et par A. Rumsey à Londres, en 1890.

Le rite chaféïte s'enorgueillit d'avoir possédé Abou'l- Hasan 'Ali ben Mohammed bl-Mâwbrdi, à Bassora

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LES ABBJkSaiDES 2Ï3

en 974, qui étudia dans sa ville natale et à Bagdad, fut quelque temps grand cadi à Ostowâ près de Nisapour, et s'établit ensuite définitive ment à Bagdad, il fut Dommé juge suprême. Ses ouvrages n'ont pas été publiés de son vivant; ils doivent d'avoir vu le jour à quelqu'un de ses élèves. 11 mourut en mai 1058, âgé de quatre- vingt-six ans. Son ouvrage principal est le Kitâb el- ahkâm es-soltdniyyé, publié par Enger h Bonn, en 1853; c'est un traité de politique, qui montre l'idéal, bien peu réalisé, d'un gouvernement musulman dans l'idée des juristes d'alors, modèle d'une société qui n'a jamais existé, comme la République de Platon et la Cyropédie de Xénophon. La définition abstraite du khalifat, les qualités nécessaires à l'exercice de l'autorité suprême, l'étude des divers modes d'élection, les limites du pou- voir exécutif du vizir et des gouverneurs de province sont les sujets les plus intéressants dont traite le chef-d'œuvre de ce penseur musulman. Une traduction française en a été préparée par le comte Léon Ostrorog; un volume a déjà paru. En dehors de ce traité célèbre, il a écrit un livre de conseils pour les roîs, un autre sur les règles à suivre par les ministres, un traité de politique et de gouvernement qui s'appelle Tashil en-nazkar ivatadjîl ez-Zkafar (le Moyen de faciliter la réflexion et d'arriver à une victoire prompte), un autre sur les marques de la prophétie {a'iâm en-nobotvwa), un Recueil de proverbes et apophtegmes, un Traité de morale [ddâb ed-dounya tvèddin), imprime à Constantinople et au Caire, et qui est encore étudie dans les écoles de la première de ces deux villes.

Abou-Ishaq Ibrahim ben 'Ali ech-Chiràzi naquit à Firoûz-Abâd, près de Chiraz, en 1003; il alla à Bassora, pois à Bagdad. Il fut chargé de diriger l'Université Nizhà-

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LITTBRÀTURB ARABE

miyya, quand elle fut fondée par l'illustre Nîzhàm-el-Molk, le grand ministre des Seldjoukîdes, en 1066; il refusa d'abord, puis finit par accepter sur l'iusistance de ses élèves, qui menaçaient de le quitter s'il ne transportait pas son cours a la nouvelle école. En qualité d'envoyé du khalife El-Moqtadi, îl entreprit le voyage de Nisapour, qui fut pour lui une marche triomphale à cause de sa renommée de professeur et d'écrivain. Peu de temps après son retour, il mourut le 6 novembre 1083. Le Mokadkdhab (Livre corrigé) est un traité de droit cha- féïle, de même que le Kittîb el-Tanbih {Livre de l'aver- tissement), publié par H. Keijzer à Leyde, en 1853. D'autres ouvrages sur la jurisprudence, la dialectique, le catéchisme musulman et l'histoire des savants cha- féïtes sont moins connus.

Lorsqu'Abou-Ishaq refusa, en 1067, pour la première fois, la place de professeur à la Nizhamiyya, ce fut Abou- Naçr 'Abd-es-Séyyid Ibn es-Sabbàgh qui le remplaça, peu de temps il est vrai, puisque vingt jours après Abou- Ishaq revenait sur son refus. Ibn es-Sabbàgh était en 1009, à Bagdad; il eut encore une fois l'occasion de remplir l'intérim de la chaire qui lui avait échappé; mais étant devenu aveugle, îl dut renoncer à tout ensei- gnement. Étant allé trouver le ministre Nizhàm-el-MoIk à Ispaban, il obtint la promesse qu'on bâtirait une école exprès pour lui; mais il mourut trois jours après sou retour, en 1084. Le Châmil fi'lforoiV (Traité complet de la jurisprudence), le seul livre de lui qui nous soit resté, se trouve au Caire; c'est, au dire des critiques indigènes, non seulement l'un des meilleurs traités de droit cha- féïtc, mais encore l'un de ceux qui renferment les tra- ditions les plus authentiques et dont les raisonnements sont le plus concluants.

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LES ABBASSIDBS 346

Abou 'l-Ma'àli 'Abdel-Mêlik bl-Djowéïnî 1mâh-el> HabahéÏn naquit le 12 février 1028, à Bochtanikan, vil- lage près de Nîsapour. A la mort de son père, Abou- Mohammed 'Abdallah ben Yoùsouf, qui était professeur dans cette dernière ville, il le remplaça, n'ayant pas encore vingt ans; plus tard cependant, pour compléter ses études et accomplir le pèlerinage sacré, il se rendit à Bagdad et de dans les deux villes saintes, la Mecque et Médine, il professa pendant quatre ans : de son surnom. A son retour à Nisapour, Nizhàm-el-MoIk créa pour lui une école, il donna des cours jusqu'à sa mort, qui le surprit le 20 août 1085, alors qu'il était allé visiter son village natal dans l'espérance de s'y guérir d'une maladie. En même temps que ses fonctions de profes- seur, il avait rempli celles de prédicateur; il tenait à Nisapour, le vendredi, des assemblées il prononçait des sermons et présidait des discussions sur certains points de doctrine; il joignait à ces occupations celle de directeur des waqfs ou biens-fonds consacrés à l'entre- tien d'œuvres pieuses. Pendant près de trente ans, il resta en possession incontestée de ces différentes places. Quand il mourut, ce fut un deuil général; on brisa la chaire de la grande mosquée il prêchait, et ses élèves, au nombre de quatre cent un, détruisirent leurs plumes et leurs encriers et ne reprirent leurs études qu'au bout d'un an. Son chef-d'œuvre est le Nihdyet el-Mallab (Résultats satisfaisants de la recherche), traité des doc- trines chafêî'tes, dont on disait que l'islamisme n'avait jamais rien produit qui lui fût égal; il a été conservé en manuscrit au Caire. h'el-Waraqâl (les Feuilles), sur les principes du droit, a été souvent commenté. Le Moghitk el-Kkalq est destiné à montrer la supériorité do la doc- trine chaféïte sur les autres.

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2t0 LITTBnATDIIB kKkBB

Une victime des Assassins, qui épouvantaient alors le monde musulman par leur propagande par le fait, ce fut le docteur chaféïte Abou'I-Mahàsin "Afad el-Wâhid er- Roâyùni, dans le Tabaristan en février 1025. Le grand ministre desScldjoukides l'honorait d'une faveur spéciale à raison de son mérite éminent. Après avoir résidé quelque temps à Bokhara, le docteur se rendit à Ghazoa et à Nisapour, puis revint dans sa contrée natale et y fonda, dans la capitale Amol, udc école; plus tard, il professa a Réï et à Ispahan. Son Bahr-el-Madhhab (Mer de la doctrine) est le plus volumineux traité de jurispru- dence chaféïte que l'on ait jamais possédé; il est au Caire. L'auteur avait coutume de dire : « Si tous les ouvrages de l'imam Chaféî brûlaient, je pourrais les dicter de mémoire, » C'est en 1108 qu'à la fin d'une de ses leçons, il fut assassiné à Amol, par les sectaires fana- tiques qui tenaient le château d'Alamoût, dans les mon- tagnes voisines.

Abou'I-IIasau 'Ali EL-Kivi el-HabuAsi était aussi dans le Tabaristan, en 1058. 11 étudia à Nisapour sous la direction de l'Imâm El-Haraméïn qui le prit comme répétiteur, professa lui-même à Baïhaq, puis à Bagdad, il entra à l'école Nizhàmiyya, à laquelle il resta attaché jusqu'à la fin de sa vie. Le sultan Setdjoukide Barq- yaroùq, fils de Mélek-Chûh, qui avait une grande estime pour lui, le chargea de remplir les fonctions de cadi en chef; il mourut en 1110. C'était un homme d'une belle prestance, d'une voix claire ; il s'exprimait dans un lan- gage élégant. Son surnom de Kiyd est un mot persan qui veut dire « personnage de haut rang et de grande influence ». Son Oçoûl eddin (Principes de la religion) et son Ahkdm el-Qor'dn (Jugements du Koran) sont au Caire .

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LES ÂBBASSIDES

Abou-Bbkr Mohammect bch-Cbâchi, surnommé Fakhr- el-lElâtn et généralement connu sous l'appellation de Mostazhiri, naquit à Méyyâfôrîqîn en 1037, d'une famille origioaire de Châch, ville du Turkestan, au nord du Yaxartes ou Sir-Deryâ. Après avoir étudié dans sa ville natale, il se rendit à Bagdad et à Nisapour, et revint dans la capitale du khalifat abbasside, il fut nommé, en 1110, professeur h la Nizhàmiyya, poste qu'il conserva jusqu'à sa mort en 1114. Le Hilyet el-'Olamâ (Ornement des savants) est un traité de droit chaféîte qu'il a dédié au khalife Mostazhir.

Abou-Chodjâ' Ibn bd-Daheân était à Bagdad, il acquit de vastes connaissances, non seulement en matière juridique, mats encore sur les terrains variés de la litté- rature et même des mathématiques, ce qui lui était utile pour le calcul du partage des héritages. Il s'attacha d'abord, à Mossoul, au ministre Djémâl-Eddin el-Içfahàni et passa ensuite du côté de Saladin, qui te chargea d'un poste administratif à Méyyâfùriqin. N'ayant pas pu mar- cher d'accord avec son supérieur, le gouverneur de la ville, il se rendit à Damas et en Egypte à la recherche d'un poste plus en rapport avec ses convenances. Il fit le pèlerinage en 1193; au retour, son chameau s'étant laissé tomber, il fut tué par le choc de la selle de bois (février 1194), près de Hilla, sur le site de l'antique Babylone. On disait de lui que sa plume était plus élo- quente que sa langue. L'usage des tables astronomiques, qui lui était familier, le porta à rédiger des tableaux juridiques réunis dans un volume qui s'appelle Taqwlm en-Nazkar (le Calendrier du regard); les tables sont divisées en dix colonnes qui indiquent les différents points de vue se placent les rites orthodoxes pour les considérer, et les solutions qu'ils en donnent.

348 LITTERATURE ARABE

Uq autre Abod-Chodjà* Ahmed bl-Içfabàni écrivit, vers la fin du vi" siècle de l'hégire, un abrégé du droit cha- féïte sous le titre de Taqrib ; il a été édité par Keijzer à Leyde en 1859 ; le Fath el-Qarib de Mohammed ben el- Qâsim el-Ghazz!, publié et traduit par M. Van den Bcrg, sous le titre de « Révélation de l'omniprésent », en est un commentaire.

La ville d'Amîd, que l'on appelle aujourd'hui Diar- békir, vit naître, en 1156, Séïf-Eddin 'Ali el-Amidî, qui appartint d'abord au rite hambalite, puis passa aux Cha- féïtes à Bagdad. Il étudia la philosophie en Syrie et fut "professeur au Caire. Accusé d'hérésie, d'athéisme et d'immoralité, à cause de ses connaissances philosophi- ques, il dut s'enfuir à Hama, il composa ses ouvrages; néanmoins il fut rappelé à Damas comme profeseur, puis destitué au bout de quelque temps; il mourut en 1233, après avoir écrit VAbhâr el-Afkâr (les Pensées vierges), traité de philosophie dogmatique, et Vlhkdm el-Hokkdm, sur les bases des décisions juridiques.

ABon-ZAKARiri Yahya ben Charaf bn-Nawawî, en 1233 à Nawâ près de Damas, dans le Hauran, étudia la théologie dans la capitale de la Syrie, il s'installa comme simple particulier à son retour du pèlerinage en 1253. 11 remplaça Abou-Châma lors de la mort de celui- ci, et fut sou successeur à l'école des haditk Achrafiyya. Il mourut dans sa ville natale, il était allé se reposer de ses travaux considérables, le 22 décembre 1278. Son Minkddj el-tdliùin a été publié et traduit, sur l'ordre du gouvernement néerlandais, par M. Van den Berg à Bata- via, en 1884, sous le titre de Guide des zélés croyants, manuel de jurisprudence musulmane selon le rite de Chàféï; cet ouvrage a été fréquemment commenté, honneur qui a été également réservé à son recueil de

LES ABBASSIDES 249

quarante traditions. Ses études juridiques l'ainenéreut à rédiger, pour fixer l'orthographe du Dom des auteurs cités daus les textes, le Tahdhîb el-asmâ (Correction des noms propres), édité par F. Wûstenfeld à Gœttingue, en 1842-47, sous le titre de Biographical Dictionary of illuslrious men. Son Taqrlb wa Taïsîr (l'Etude facilitée), introduction à l'étude des traditions, imprimé au Caire en 1890 avec le commentaire que lui a consacré Soyoûti sous le titre de Tadrib, a été traduit en français par M. Marçais. Vingt autres de ses ouvrages se trouvent dans diverses bibliothèques d'Europe et d'Orient.

A côté de ces noms, les hambalîtes ne peuvent guère citer que celui de Mowaffaq-ëddin 'Abdallah Ibn Qodâma bl-MaqdisÎ, à Djemmâ'îl, en Palestine, en 1146, qui étudia à Bagdad et mourut en 1223 en laissant un traité de droit hambalite appelé el-Moqni' (Celui qui satisfait), et d'autres ouvrages dont on a les manuscrits de douze au moins. Son neveu Abou'I-Faradj 'Abdcr-Rahman, à Damas en 1200, fut son élève, devint prédicateur et pro- fesseur à l'école des traditions, et fut choisi comme cadi du rite hambalite lors de la création, en 1265, de juges spéciaux pour chacun des quatre rites orthodoxes. Il fonda une école qui porte son nom et mourut en 1263. Dîyà-Eddin Mohammed ben 'Abd-el-Wîihid ed-Ûimachqi, en 1173 à Déïr eUMobârek, fit ses études en Egypte, à Bagdad et à Hamadan. En 1203, il revint à Damas, entreprit ensuite un long voyage d'études qui le mena jusqu'à Merv, et accomplit enfin le pèlerinage ; il mourut en 1245, laissant un traité de la médecine du Pro- phète qui est à Paris, et un Fadâïl el-A'mdl (Mérites des œuvres), qui traite surtout des mérites que l'on acquiert par l'exercice des litanies spéciales aux derviches. 11 avait construit une école, à laquelle il

LITTHRATURB i

laissa sa bibliothèque, qui fut pillée et dispersée plus tard.

La doctrine des Zliàhirites avait trouvé en Espagne son grand protagoniste dans la personne d'Abou-Moham- med'Ali Ibn Hazh, d'une famille originaire de Perse, fila d'un haut fonctionnaire de Cordoue, il naquit le 7 novembre 994, dans le faubourg oriental appelé alors Mounyat-el-Moghlra. 11 suivit la même carrière adminis- trative que son père et s'éleva jusqu'au rang de vizir, bien qu'il manifestiU la plus profonde indifférence pour les avantages mondains. Se détachant peu à peu de l'école chaféïte de la tradition, il reçut les leçons de DaoAd le Zhâhirite dout il étendit le premier les principes au dogmatisme, c'est-à-dire l'adoption pure et simple du sens exotérique du texte, sans l'explication au moyen de l'analogie ou de l'autorité d'un juris perilua. Il a écrit beaucoup de livres, qui ont formé peu d'élèves. II se fit beaucoup d'ennemis par l'acrimonie de ses attaques ; ceux-ci s'en vengèrent en l'accusant d'hérésie et en le faisant destituer et chasser de diverses provinces d'Es- pagne. Il passa le reste de sa vie dans sa propriété près de Niebla, il mourut le 16 août 1064. La bibliothèque de Gotha possède son Ibtdl el-qiyâs wer'-raï (Destruction de l'analogie et de l'examen spéculatif), qui est une polé- mique, au point de vue zhâhirite, contre les principes du droit orthodoxe. Il a écrit aussi un Kilâb el-milel ivèn- nihal (Histoire des sectes philosophiques et religieuses) qui a été étudié par Steinschneider et Goldziher. Au milieu de quelques autres traités de jurisprudence, on rencontre un ouvrage purement littéraire que garde la bibliothèque de Leyde, Tauq-el-kamâma (le Collier de la colombe), anthologie de poésies amoureuses.

Abou-' Abdallah Mohammed Ibn ToChart (forme ber-

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i ABB ABSIDES

bère du nom d'Omar) naquit le 21 février 1092 dans les montagnes de l'Atlas qui dominent la province de SoAa au Maroc. Très jeune encore, il s'était attiré un grand renom de piété. Il voyagea : le désir d'accomplir le pèle- rinage de la Mecque le conduisit d'abord à Cordoue, puis au Hedjaz et enfin à Bagdad, i) suivit les cours de la Nizhâmiyya. Élève des professeurs du dogmatisme acha- rite, il rapporta cette doctrine à Tripoli de Barbarie, et mêla à l'interprétation allégorique le dogme chiite de l'impeccabilité de l'imam de la famille d'AH. Les tumultes que causa son enseignement le firent éloigner de Tripoli et de Bougie; il se retira dans la tribu berbère des Maç- mouda, d'où il était originaire, et qui prit son parti; pour- suivi par le gouvernement, il se déclara Mahdi en 1121 et commença la lutte contre les Almoravides. Il mourut au cours d'une entreprise contre la ville de Maroc, quatre mois après que ses troupes eurent été défaites devant cette place, en 1130. Ses successeurs répandirent son enseignement dans l'Afrique du Nord et l'Espagne; son élève 'Abd el-Moumin fonda la dynastie des Almo- hades. La bibliothèque de Paris possède ses œuvres complètes, réunion de petits traités de théologie et de jurisprudence; un autre ouvrage de lui, le Kanz-el- 'Oloâm (Trésor des sciences), philosophie religieuse, est au Caire.

Les Almohades nous amènent aux Chiites. Les Zéldites de l'Arabie méridionale produisent des ouvrages pour expliquer et défendre leurs doctrines ; Abou-Tâlib Yahya el-Bothâni, surnommé l'imam qui parle par la vérité (Nàtiq bil-haqq), mort en 1033, écrivit, en outre d'un traité de jurisprudence [et-Tahrir), une histoire des imams zéldites jusqu'en 971 {el-Jfiîdct]\ un recueil de traditions a été compilé sous le titre de Dorer el-ahddith, par

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353 LITTI! RATURE ARABE

Taqi-Eddin Abdallah Ibn Abi-Nedjm, mott vers 1165; 'Abdallah ben Zéïd el-'Ansî écrivit les Fatâwâ en-na- bawiyya contre les Motarrîtites, le' Mandkidj el-béyân dans le même sens ; il vivait vers 1233 ; l'imani el-Mançoùr Billah 'Abdallah ben Hamza, en 1166, mort en 1217 à Katikébùn, a laissé un recueil de poésies, un traité des devoirs des parents et des enfants les uns envers les autres [el-béydn wéth-thabdl), une défense du parti des Zéïdites [risdlet el-Kâfiya) et d'autres traités du même genre. La plupart de ces ouvrages sont à Berlin; quel- ques-uns se trouvent au British Muséum.

Parmi les imamites, le chérif el-MortadJI, dont le nom était Abou'l-Qàsim 'Ali ben Tnhir, descendant d'Ali ben Abi-Talib, en 966, occupa à Bagdad les fonctions d'inspecteur de la famille des Alides et y mourut en 1044. Il a réuni, sous le titre de Ed-dorèr ivèl-gkot'er {Perles et Étoiles), les quatre-vingt-deux discours qu'il eut l'occasion de prononcer devant des assemblées prési- dées par lui-même, qui embrassent une grande variété de sujets littéraires et contiennent des observations grammaticales sur des passages du Koran ou du hadith expliqués au moyen d'anciennes poésies. Le Chihâb /TcA- Chéîb ivéch-chabdb, sur la canitie et la jeunesse, a été imprimé à Constantinople. Il est moins que ce ne soit son frère Ràdi) l'auteur du Nahdj-el-bèldgha, recueil d'apophtegmes attribués par lui à Ali; le commentateur turc Mostaqim-Zàdè a même prétendu qu'il était le véri- table auteur du diwan attribué à Ali, ce qui n'aurait rien d'impossible.

Abou-Dja'far Mohammed, à Tous dans le Khorasan en 995, passa la plus grande partie de sa vie à Bagdad et mourut à Nédjef (Méchehed-Ali) en 1067. 11 a écrit le Fihrist Kotob ech-Chi'a (Liste de livres chiites), quî a été publié

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LES ABBÀSSIOBS

à Calcutta par A. Sprenger et Maulawy 'Abdul-Haqq. Outre divers ouvrages de jurisprudence, notamment le Takdhib el-Ahkâm {Correction des jugements], il tente d'accorder des kadith différents, i) a composé un livre de prières (el-hall wH-'iqd) et un traité du culte musulman sous le titre de Miçbâh el-Molédjehhid.

Radi-Eddin Abou *Ali et-Tabarsî, mort en 1153, a écrit un grand commentaire du Koran sous le nom de Medjma el-bèyân, et un autre encore plus grand sous celui de Djâmi' el-djawâmi' : il a défendu les doctrines imamites dans son Kitâb el-ihlidjddj {Livre de l'argumentation).

Nedjm-eddin Dja'far el-Hilli, surnommé el-Mohaqiqq {l'Examinateur), eu 1205 à Hilla, écrivit le grand code chiite connu sous le nom de Charât el-Islâm (Lois de l'Islamisme), qui a été imprimé à Calcutta et dont Mirza Kasem-Beg avait commencé la publication avec une tra- duction russe : il a été traduit en entier en français par M. A. Querry. On dit que l'astronome Naçir-Eddin Toûsi, qui accompagnait l'empereur mongol Houlagou, se fit un honneur d'assister à ses leçons. II mourut en 1277, d'une chute qu'il fît de la terrasse de sa i

L'étude du Koran

Sous l'influence des recherches nécessitées par l'étude du droit, le Koran, base de toute la jurisprudence et de la société musulmane, fut l'objet d'ua examen de plus en plus approfondi. Il était important d'en bien lire le texte, de fa^on à éviter toute fausse lecture qui aurait pu en vicier le sens ; il l'était encore plus d'en bien saisir le sens. Ce furent deux branches de la sciencp d'Orient

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LITTERATURE ARARE

qui se créèrent, celle de la lecture et celle de l'exégèse.

En établissant un seul texte qui devait faire (oî et sup- primer toute cause de discussion sur la véritable lecture du livre sacré, le khalife 'Othman avait cru donner une base inéltranlable à la nouvelle religion. C'était une illu- sion. Malgré la disparition des textes qui n'étaîeat pas conformes à la Vulgate reçue, des écoles se formèrent dans les grandes villes de l'empire, à la Mecque et à Médinc, jalouses de leur réputation de villes saintes, à Bassora et à Koufa, régnait la science de la gram- maire. C'est que par tradition orale se transmettait l'art de lire le Koran, et chaque manière enseignée pou- vait citer l'autorité d'un grand nom auquel remontait l'enseignement. Cependant les différences que multipliait la tradition orale obligèrent de la remplacer bien vite par la tradition écrite. Déjà au milieu du ti° siècle de l'hégire Ya'qoùb el-Hadhrami compila un ouvrage sur les différentes manières de lire. Cependant de tous les livres dont on nous cite les titres, nous n'avons plus rien, ni la compilation du célèbre historien Tabari, ni le résumé des sept écoles de lecteurs donné par Abou-Bekr Ibn Modjàhid; il faut descendre jusqu'au iv' siècle pour trouver conservés à Berlin, à Alger et à Leyde, de courts ouvrages d'Ibn Khâqan (f 927) et d'Ibu Mihran (f 991).

De beaucoup plus intéressante à notre point de vue est l'interprétation du texte même du Koran. De très bonne heure les compagnons du Prophète furent inter- rogés à l'envi sur la signification des passages difficiles et obscurs, et ils sont nombreux, les uns par l'emploi d'un style volontairement concis et prêtant à plusieurs explications, les autres par l'usage de mots du dialecte qoréïchite que les autres Arabes entendaient mal ou point du tout. 'Abdallah Ibn 'Abbâs, oncle de Mohammed,

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LES ABBASSIDES 256

auquel on fait remonter l'origine de tant de hadith dont il fut le premier témoin auriculaire, eut souvent à rendre de véritables décisions exégétîqucs sur les difficultés qu'on lui soumettait; aussi son autorité est-elle souvent citée par les commentateurs des époques postérieures. A partir de ce moroeat il commence à se développer une littérature considérable dont les productions encombrent encore aujourd'hui les bibliothèques de l'Orient. Nous avons déjà eu l'occasion de citer, parmi les productions du tu' siècle, les ouvrages d'Ibn Qotéïba, d'Ez-Zedjdjàdj, de Tabaji et de Nisàpouri. A cette époque les mystiques viennent ajouter leurs explications fantasmagoriques et leurs rêveries aux recherches de leurs prédécesseurs; des individus comme Sahl bon 'Abdallah et-Tostéri, élève du saint musulman Dhou'n-Noùn l'Égyptien, qui mourut en odeur de sainteté vers 886 à Bassora et qui fît des miracles, introduisirent dans le commentaire du texte sacré une foule d'interprétations ésotérîques pour en fausser le sens dans la direction de leurs idées à la fois morale et mystique, en tirant de mots simples, dé- tournés de leur signification naturelle, toute une explica- tion destinée à servir leurs projets. A côté de ces mystiques d'origine aryenne, nous trouvons cependant des juriscon- sultes pour se livrer à une saine exégèse, en se bornant à prendre dans le texte ce qui s'y trouve ; nous pouvons citer parmi eux El-Djassàs er-Râzi, savant hanéfite de l'école de Bagdad, qui vécut longtemps comme profes- seur à Nisapour, et dont on trouve les ouvrages à Cons- tantinople et au Caire; 'Abdallah ben 'Atiyya de Damas, qui appliqua a l'explication du Koran sa profonde connaissance de la langue arabe des poésies anté- islamiques; Ibn-Zamanéïn, savant espagnol du rite malé- kitc, mort en 1008, qui a laissé un commentaire que le

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LITTBRATVHE ARABE

British Muséum conserve en abrégé ; El-Hasan ea-Nisâ- pouri, ancien adepte de la secte dogmatique des Karrâ- mîyya, devenu plus tard chaféïte, et qui joignit à sa réputation de savant exégète celle d'un historien et d'un philologue (f 1015); Ibn Salàma de Bagdad, il pro- fessa dans la mosquée d'eUMançour et écrivit le premier ouvrage que nous ayons sur les passages singuliers du Koran qui se suppriment les uns les autres et qu'on appelle ndsikk et mansoukh (celui qui abroge et celui qui est abrogé) ; on sait que, bien que le Koran soit réputé la parole divine elle-même que Mahomet n'a fait que trans- mettre, certains préceptes ont été abrogés et annulés par des prescriptions subséquentes; c'est ainsi qu'un mo- narque se dédit sans vergogne, sous prétexte qu'il était mieux informé la seconde fois; rien en cela ne choque les musulmans, habitués, par l'obéissance passive qui est le fond de leur religion, à voir en Dieu un autocrate plus puissant que ceux qu'ils ont pu connaître sur cette terre. Les chiites eux-mêmes, dès le tv' siècle, possédèrent des interprètes du Koran, tels qu'Abou'l-Hasan 'Ali el- Qoummi, auteur d'un commentaire abrégé l'on voit la famille d'Ali représentée comme la source de toute science, et l'on prend sur le fait, pour ainsi dire, l'apparence de fabrication de toutes pièces, qui est la caractéristique des ouvrages chiites.

L'art de lire le Koran a été traité par Abou-Mohana- med Makî ben Hammouch bl-QaÏsi; à Kairouan en 966, il alla étudier à l'âge de treize ans la philosophie et l'arithmétique en Egypte, revint dans son pays, en repartit en 987 pour la Mecque, et continua ses études en Egypte lors de son retour. Voyageur incorrigible, il repartit une troisième fois pour la vallée du Nil, en vue d'y étudier les différentes manières de lire le Koran, au

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LBB ABBASSIDES

nombre de sept, et y resta un an. En 997 il retourna à la Mecque il séjourna quatre ans, puis il se rendit en Espagne, professa dans différentes mosquées de Cordoue, lut nommé prédicateur et imam à la grande mosquée et conserva ce poste jusqu'à sa mort en 1045, bien qu'il ne fàt pas à mime de le remplir parfaitement, car il était plutôt professeur de Tart de psalmodier qu'auteur de sermons. La Bodléïenne possède son Ri'âya li-tadjwid el-qirda (l'Observation de la bonne lecture); la biblio- thèque de Berlin, celles de Gotha et du Caire ont con- servé son Tabçira, son Kechf, son l'râb mouchkilât el-Qor'âa (Explication grammaticale de certains mots difhciles du Koran) et son Cherh Kallâ wa halâ (Com- mentaire sur ces deux expressions arabes).

Abou 'Amr 'Olhraàn ben Sa'ïd ed-Dànï, en 981 à Dénia en Espagne, fit le pèlerinage en 1006, et demeura quatre mois à Kairouan et un an au Caire. A son retour il s'établit dans sa ville natale il mourut en 1053. II a laissé, sous )e titre de TaUlr, un traité des sept lectures différentes; un autre du même genre appelé Djamî el- béyân, un livre sur la composition du Koran et l'établis- sement de son orthographe (el'Moqni), et quelques autres traités du même genre : ce qui ne fait guère que neuf sur les cent vingt qu'il avait composés.

Abou-Tàhir Isma'îl Ibn Khalap es-Saraqostî naquit à Saragosse et y mourut le 4 janvier 1063; il était fort versé dans la littérature; il ne cessa d'étudier et de com- muniquer ses informations au public jusqu'au jour il mourut. Son Kitdb el-'Oiuvân existe en manuscrit à Berlin.

Abou'l-Mozhaffar Yahya Ibn Hobéïra était fils d'un soldat de la colonie militaire établie sur le Dodjéïl, dans l'Irak; îl était de pure race arabe ; il étudia à Bagdad le droit LtrrfiiiTDBa tu*». '"1

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LITTKRÀTDRB ARABE

hambalite et lee sciences coraniques, puis il eutra dans l'administratioD et s'éleva jusqu'au rang de vizir, en récompense d'une lettre bien tournée par laquelle il avait fait désavouer l'eunuque abyssin Mas'oud el-Bilali, préfet de police des Seldjoukîdes à Bagdad. Il mourut en 1165. Son Ifsâh est consacré aux mots du livre sacré sur la lec- ture desquels les plus célèbres lecteurs difi%rent d'avis ; il existe à Paris; son lehrdftrtâte de la diËFérence entre les quatre rîtes orthodoxes.

El-Qàsim ben Firroh ech-Cbâtibî, à Jativa en Espagne en 1144, vint au Caire en 1176, y fut lecteur du Koran et y mourut en 1194. Le nom de son père est l'ancien espagnol fierro (pour hierro), fer. Son chef- d'œuvre, qui porte le titre de Hirz eî-Amdni wa Wadjh et-Téhdni (les Souhaits acccompUs et les félicitations ouvertes), mais qui est plus connu sous l'appellation de Châtibiyya, est un poème didactique de cent soixante- treize vers, versification du Taïslr, destinée à être apprise par cœur, et qui contient, dans un langage barbare et difficilement intelligible, toutes les règles de la lecture du Koran. Ibn-Khallikan pensait qu'aucun ouvrage du même genre n'avait été produit auparavant. Admirons la dinicuUé vaincue, et passons. Le ^o7/tf''d'Ed-Dàni a été aussi versifié par lui; il a laissé également un commen- taire du Koran.

Il eut comme élève 'Àlam-eddin Aboul'Hasan 'Ali is- Sakhâwi ; en 1163 à Sakhâ en Egypte, il exerça à Damas la profession de lecteur du Koran et y mourut en 1245. Il a écrit de nombreux ouvrages sur les sciences reli- gieuses, entre autres le Hidâyet el-Mortdb (Directian dans les cas suspects), poème en quatre cent vingt-sept vers sur les expressions homonymes qui se rencontrent dans le Koran, des commentaires sur les ouvrages de sou

LES ÀBBÂ9SIDSS 3t9

maître ech-Châtibi, sept poésies religieuses, et une cor- respondance poétique avec son contemporain Kémâl- Eddîn ech-Chéricbi, commentateur des Séances de Hariri. Son enseignement oral eut tant de succès, qu'on voyait la foule s'empresser autour de lui dans la grande mosquée des Oméyyades, pour apprendre à lire le Koran sous sa direction ; chacun n'approchait qu'à son tour, après avoir attendu fort longtemps. Parfois deux ou trois personnes lisaient à la fois, en sa présence, des passages diffé- rents du livre sacré, et il leur faisait successivement ses observations.

En même temps que la lecture du texte, l'interpréta- tion de sa signification occupait les loisirs des grammai- riens. Abou'l Hasâk 'Ali ben Ibrahim el-Haopi était ori- ginaire d'un village des environs de Bilbéïs en Egypte; il mourut en 1038 après avoir écrit le Borhdn {la Preuve), commentaire du Koran en vingt-huit volumes. Abou'l- Hasan 'Ali Ihn MattoAyè zl-Wâhidi, de Nisapour, descen- dait d'une famille araméenne et chrétienne, comme l'in- dique le nom de son aïeul (Mattai, Mathieu); élève de Tha'labi, il mourut, après une longue maladie, en 1075. L'Asbâb en~Nozoûl (les Motifs de la révélation) est un récit historique des occasions ponr lesquelles furent révélées tes sourate» et les versets du livre sacré ; il a écrit aussi deux commentaires, le Wadjlz et le IVasît, et s'est occupé d'expliquer les vers de Moténebbi d'une manière supérieure à celle de ses devanciers.

Abou-Bekr Mohammed Idk el-'Abab1 naquît à Séville en 1076, accompagna en 1092 son père qui faisait un voyage en Orient, et parcourut Damas, Bagdad et le Hedjaz. Après avoir accompli les cérémonies du pèleri- nage, il revint à Bagdad écouter les leçons de Ghazâli, et retourna à Séville par Alexandrie et te Caire. Rentré

360 LITTÉHATTRE ARABE

dans sa ville natale en 1100, il y exerça quelque temps les fonctions de cadi, puis il y professa jusqu'à sa mort en 1151. Nous n'avons plus son commentaire des tradi- tions de Tirmidhi, intitulé Aridet-el-Akwadi, mais on trouve encore au Caire son commentaire du Koran {Qdnoûn el-ta'ivlt), ses études juridiques sur le texte sacré, et son traité du mariage {fardïd en-nihâh). 'Abder- Rahman ben 'Abdallah bs-SohéÏli el-Khat'ami, près de Malaga, dans le village de Sohéïl, en 1114, étudia à Grenade, habita quelque temps Séville et revînt finale- ment à Malaga. Le sultan du Maroc Ya'qoAb ben Mao- çoùr le fit venir auprès de lui, et il mourut dans l'Afrique du Nord, trois ans plus tard, le 23 novembre 1185. Son Ta'rifivel-ildm explique les passages du Koran il se rencontre des noms propres; le Raud el-Onof esl ua commentaire de la biographiedu Prophèted'Ibn Hichâm, étudié par P. Bronnie.

Tout le long travail des commentateurs que nous avons vus jusqu'ici, grammairiens pour la plupart, est résumé dans le célèbre ouvrage de Béidâwf, Amvâr et'tanstl wa asrdr et-Ca'ivil (les Lumières de la révélation et les mystères de l'interprétation), édité par Fleischer. 'Abdal- lah ben 'Omar EL-BÉiDlviri, originaire de Béida, petite ville du Farsistan, était le fils du grand cadi de cette province sous l'atâbek Abou-Bekr ben Sa'd, Mécène de la poésie persane ; il fut lui-même cadi à Chiraz, capitale de la province, et vécut ensuite à Tébriz, il mourut vers 1286. Son commentaire a pour base le Kackchdfde Zamakhchari, auquel il a ajouté beaucoup de matières empruntées à d'autres sources. C'est celui que préfèrent les Sunnites; mais il est insuffisant, parce que les matières y sont traitées trop brièvement. Il a d'ailleurs été critiqué, même en Orient. Le Minhâdj eUWoçoûl

LES ABBASSIDES

est un traité de droit chaféîte, comme le Gkâya el-Qoçwa ; le Miçbâk el-anvdh est un manuel de théologie ; le Tawâli el-anivâr traite de la métaphysique. Enfin il a écrit l'his- toire de la Perse depuis Adam jusqu'en 1275, dans le Nizkâm et-Tawdrikh, rédigé en persan.

ABoa't.-WALiD Soléïman ben Khalaf Et^BÀDJi, à Badajoz en 1012, partit pour l'Orient en 1029 et y séjourna treize ans, dont trois à la Mecque et trois à Bagdad. A son retour, il occupa une place de cadi malé- kile, et mourut en 1081 à Almerla. On a de lui un Sonan eç-Çâlikln (Mœurs des gens pieux), collection de tradi- tions relatives à la morale, le Foçoûl el-Akkdm sur la jurisprudence, et une réponse, conservée à l'Escurial, à une apologie du christianisme contenue dans une lettre adressée par un moine français au prince de Saragosse Moqtadir.

La théologie dogmatique.

Le Koran avait des adversaire^ irréductibles, auxquels du reste il laissait une place inférieure dans la nouvelle société, sans les contraindre à quitter leur religion : c'étaient les juifs et les chrétiens. Les derniers surtout ne se faisaient pas faute d'argumenter contre une religion qui prétendait les dominer; c'est en Syrie, pays récem- ment arraché à la domination des empereurs romains d'Orient, que la lutte était vive et la dialectique pressante. Le besoin de répondre à ces adversaires redoutables créa, chez les Musulmans, la théologie dogmatique. Puis les sectes naissantes dans le sein même de l'islam contrai- gnirent les docteurs orthodoxes à lutter contre les nova- teurs, à coups d'arguments puisés dans les textes. Les

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3S2 LITTÂHATDRB MABB

Mourdjïtes trouvaient extrême le dogme de la prédesti- nation absolue et y apportaient des méDagements; ils eurent la gloire de compter le grand jurisconsulte Abou-Hanifa parmi leurè adeptes. Mais les attatjues que l'orthodoxie eut à subir lui vinrent des rationalistes, que l'on appelle en arabe Mo'tazila, c'est-à-dire ceux qui se séparent. C'est à Bassora que Wâsîl ben 'Atâ fonda la secte des Mo'tazélitcs. Cette école dirigea surtout ses recherches sur les questions relatives à l'existcDGe de Dieu et à ses attributs. On dit que les anciens mo'tazé- litcs auraient puisé à la source de la dialectique grecque ; c'est possible, mais on ne saurait le prouver en l'absence de leurs écrits, qui sont perdus. Au m* siècle, on se disputa sur la fameuse question de savoir si le Koran était créé ou existait de toute éternité; les orthodoxes penchaient pour la seconde explication, les Mo'tazélitcs affirmaient avec autorité la première. La lutte fut longue et ensanglanta l'empire musulman ; te khalife Ël-Mamoun déclara officiellement en 827 que le Koran était créé et ordonna des poursuites contre ceux qui n'admettraient pas ce dogme. L'éclatant succès de la doctrine mo'tazélite ne fut pas de longue durée. El-Motawakkil, qui tenait à s'attacher les orthodoxes pour des motifs politiques, renversa ce fragile édifice et mit le bras séculier à la disposition des ennemis des Mo'tazélitcs en 851. En même temps Mohammed ben Ishaq de Nisapour écrivait contre eux son livre de l'unité de Dieu et de la preuve des attributs du Seigneur; mais la disparition définitive du mouvement mo'tazélite, ainsi que l'établissement d'une orthodoxie rigide et définitivement fondue dans un moule d'oil elle ne devait plus sortir, sont dus à un grand docteur musulman, Abou'l-Hasao 'Ali ben Isma'îl bl- Ach'ari. Il appartenait à une ancienne famille noble de

LES ÂBBASSIDEB 36S

l'Arabie, et naqnit en 873 à Bassora. Bien qu'élevé dans une famille orthodoxe, il devint mo'tazélite eu écoutant les leçons du grand docteur de cette secte, El-Ûjobbàï, et il conserva cette croyance jusqu'à la quarantième année de sa vie. A ce moment il trouva son chemin de Damas et revint à l'orthodoxie. Ses études mo'tazélitcs le rendirent redoutable, car il pouvait combattre les rationalistes avec leurs propres armes. Son abjuration fut publique et elle eut le plus grand retentissement, car c'est dans la chaire de la grande mosquée de Bassora qu'il déclara renoncer aux croyances mo'tazélites et retourner à la foi de ses pères (en 912). Plus tard il se rendit à Bagdad et y écrivit quatre-vingt-dix- neuf ouvrages, dont beaucoup ne sont que de petits traités.

En m£me temps qu'El-Ach'arî, Abou-Mançoûr Moham- med beo Mahmoud el-Màtouridi, ainsi surnommé d'après un faubourg de Samarcande il était né, entreprenait une réforme de la dogmatique orthodoxe qui eut un vif succès dans rinde, la Transoxiane et la Turquie ; d'ailleurs de très petites divergences le séparaient d'El-Ach'ari, Il mourut dans sa ville natale en 944. Cette même ville ne tarda pas d'ailleurs à donner naissance à un polygraphe de la plus grande activité, Abou'l-Léïth es-Samarqandi, docteur hanéfite qui embrassa les domaines variés de la théologie, de la jurisprudence, de l'exégèse et de la morale. Il mourut vers 993.

Abou-Hâmid Mohammed EL-GRAzJ^Lt, ainsi surnommé, selon Sam'àni, d'après le village de Ghazàla, près de Tous dans le Khorasan, il naquit en 1059, et non el- Ghazzâli, comme on le prononce communément, alla étudier la théologie a Nlsapour, il reçut les leçons de l'imâm El-Haraméïn. Après la mort de son maître, il s'at-

SEÏ LITTBnATDne IBABE

tacha au célèbre ministre Nizhâtn-el-Molk, qui réuais- sait autour de lui les savants les plus illustres; il resta victorieux dans les discussions publiques qui s'ouvrirent et les caravanes ne tardèrent pas à porter sa réputation au loin. En 1051, il fut chargé de professer a la Nizhâ- oiiyya de Bagdad trois cents auditeurs se pressaient autour de lui; mais, au bout de quatre ans, il résigna ces fonctions et les fit confier à son frère Ahmed, afin de pouvoir vaquer plus librement à ses recherches philoso- phiques. 11 se retira du monde et se livra à des pratiques ascétiques, pendant onze ans, ainsi qu'il l'a raconté lui- même. Il voyagea; Damas, Jérusalem, la Mecque, Alexan- drie le reçurent tour à tour. C'est alors qu'il chercha à concilier la science et la foi et s'enfonça dans le mysti- cisme panthéiste des soAfis.

A Alexandrie, il entendit parler du soulèvement des Almoravîdes, dont le fondateur pensait avoir créé un mouvement de réforme dans l'islamisme, et il conçut le projet d'entrer au service de Yoùsouf ben Tâchifin; mais celui-ci mourut en 1106, avant que Ghazâli eât entrepris son voyage, et le philosophe, renonçant à ses intentions, retourna dans sa ville natale de Tous, il vécut tran- quille, sauf pendant le temps qu'il consacra, à la demande de Mohammed, fils de Mélek-Chàh, à professer à Nisa- pour. Il mourut dans le quartier de Tabaràn, le 19 dé- cembre 1111 ; il y avait fondé uo monastère de soùfis et une medressé pour les études théologiques. Soyouti a pu dire de lui : « S'il avait y avoir un prophète après Mahomet, c'aurait été sûrement el-Ghazàli ». L'admira- tion du monde musulman lui fit décerner le titre de Hodjdjat el-lalâm (l'Argument décisif de l'islamisme). Il appartenait au rite chaféïte, qui était le plus répandu en Perse à cette époque; on est loin du triomphe du cfaîî-

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tïsme, qui ne deviendra religion d'État qu'avec les Çafawides, au xvi* siècle.

Les ouvrages sortis de ta plume de Ghazàli sont exces- sivement nombreux ; M . Brocketmann en énumère soixante-neuf qui ont été conservés. Nous ne pouvons en donner ici qu'une indication rapide. Le Djawâhir el'Qor'dn (les Joyaux du Koran) est une théologie sys- tématique; l'Aqlda est un exposé des articles de la foi . musulmane qui a été édité par Pocock dans son Spéci- men. La Perle précieuse (Ed-dorra el-fàkhira) traite du jugement dernier et de la fin du monde, ce que les Uiéo- logiens nomment eschatologie; elle a été éditée et tra- duite par M. L. Gautier. La morale et la théologie mys- tique sont codifiées dans VIhyâ 'oloâm eddin (Revivification des sciences de la religion). Le Mlzân el-'amal (Balance des œuvres) a été traduit en hébreu par Abraham ben Hasdaï de Barcelone et publié par Goldenthal. Le Kimiyâ ea-sédda (l'Alchimie du bonheur) est une morale popu- laire fondée sur le mysticisme; écrit primitivement en persan, cet ouvrage a été traduit en anglais par H. A. Homes, sous le titre de The alchemy of happiness. Ayyoukâ'l-walad (0 enfant!) est un célèbre traité de morale que Hammer>Purgstall a publié et traduit en alle- mand. En matière juridique, ses traités de droit chaféïte ont eu une grande célébrité dans le monde musulman; le Baslt, le Waaît et le Wadjiz sont des abrégés les uns des autres. En philosophie, le Téhâfot~el-Féldsifa (Chute des philosophes) est une attaque contre les adhé- rents de la philosophie grecque; il a été étudié par M- de Boer; le Maqdçid el-falâstfa (But des philosophes) forme une sorte d'introduction au précédent ouvrage : le texte a été publié à Leyde par M. G. Béer; on en a une traduction latine de Gondisalvi, Imprimée à Venise en

LITTERATORB ARABE

1506. Le Mounqid min ed-dalâl (Préservatif de l'erreur), composé après avoir repris ses cours à Nisapour poar la deuxième fois, expose le développement de sa pensée philosophique ; il a été publié et traduit par Schmdlders dans son Essai sur les écoles philosophiques chez les Arabes; uue seconde traduction, bien améliorée, a été publiée dans le Journal Asiatique de 1877, par notre savant maître, M. Barbier de Meynard.

A càté du grand docteur chaféïte, il ne faut pas oublier son frère Abou'UFotoâh Medjd-Eddin Ahmed, qui lui succéda à la chaire de la Nizhâmiyya. Comme lui, il peo- cha vers le mysticisme, et répandit ses idées par la pré- dication plus que par l'écriture, car il était d'une belle prestance et possédait le don des miracles. Sa passion était de prononcer des sermons en public, ce qui lui fît quelque peu négliger ses études juridiques. Il mourut à Kazvin, en 1126. Il a abrégé VIhyâ de son frère, et a écrit des traités sur le soufisme, tels que le Minkâdj el- Âlbâb (la Voie des cœurs), un traité sur les avantages de la pauvreté et la prise du froc chez les mystiques; un livre [Bawdriq el-ilma) pour prendre la défense de la musique prohibée comme futile et frivole par les musul- mans stricts, considérée, au contraire, par les mystiques, comme un moyen de parvenir à l'extase. Le Kitâb ed- dâhira est un résumé du système de son frère.

Nedjm-Eddin Abou-Hafg 'Omar bk-Nasafî, en 1068 à Nasaf, ville de la Transoxiane, mort en 1142, était l'un des plus grands docteurs du rite hanéfîte, a son époque. Son ouvrage le plus célèbre est Y'Aqdïd (Articles de foi), cathéchisme musulman, publié par W. Cureton et traduit en français dans le Tableau de Cempire othoman de Mouradjea d'Ohsson, et en allemand par Ziegler. Il a écrit aussi un long poème didactique de deux mille sept

cents vers sur les différences qui partagent les chefs des rites orthodoxes, et au moins deux commentaires du Koran.

Abou'1-Fath Mohammed bch-Ch&hrastâni naquit en 1086 à Chahristan, bourgade du Khorasan, étudia à Djordjâoi^a {Ourghendj} et à Nisapour, il s'occupa spécialement du système théologique d'El-Ach'arl. Il pro- fita d'un pèlerinage à la Mecque, eu 1116, pour passer, à son retour, trois ans à Bagdad ; revenu dans son pays d'origine, il y mourut en 1153. Son Kitâb el-milèl wên- nihal est un exposé complet et détaillé des diverses opi- nions philosophiques et des sectes religieuses musul- manes et autres; il a été publié par Cureton et traduit en allemand par Haarbrûcker. Il avait écrit une histoire des philosophes que possédait Bland; une traduction persane, apportée en Europe par Fraser, y a été achetée par un prince d'Oude, et emportée par lui dans l'Iode. Le Nihdyet el-iqddm (Limite du progrès) est un traité complet de théologie scolastîque. Le Muçâra'al el-fèld- eifa est une discussion de sept questions métaphysiques.

Siràdj-Eddin 'Ali bl-Oôchî, à Ouch dans le Ferghana, écrivit vers 1173, sur les principes de la foi musulmaue, un poème didactique rimé en / et connu eous le nom d'AmdU (Dictées), qui a été publié par P. de Bohien et souvent commenté. De son Ghorar el-akkbâr il a été fait un extrait de cent courtes traditions, conservé en manuscrit au Caire et à Berlin.

A l'occasion d'une lettre écrite par l'empereur romain de Constantinople au sultan d'Egypte Mélik-Kàmil, Abou'1-Baqà Çâlehel-DJa'fari composa, en 1221, une réfu- tation du christianisme et du judaïsme sous le titre A'El- béydn el-wadih el-machhoûd, utilisée par F. Triebs dans sa dissertation publiée à Bonn en 1897.

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ses LITTÉHATORE AHABB

'Abdel- 'Azîz ben 'Abdes-Sélâm es-SouhÎ, Buroommé Sultan el-'Olamd, en 1181 à Damas, y remplit les fonctioDS de prédicateur jusqu'à ce qu'il fAt appelé en Egypte par Mélik-Çâleh, vers 1240; il resta dans ce pays jusqu'à sa mort, en 1262, après avoir composé, sur la jurisprudence chaféîte, un grand nombre d'ouvrages dont vingt-quatre ont été conservés, tels que le grand et le petit Qawâïd eck-Charî'a (Règles de la loi), le Mothat el-l'tiqdd, qui est une critique du système d'El-Ach'arî, et une polémique contre certains novateurs, tels que les hackwiyya.

Les mystiques.

Le même mouvement qui entraînait les esprits vers l'orthodoxie religieuse en emmena un grand nombre au delà des bornes de la raison et développa, sous de» influences venues de Perse, le mysticisme dans le monde musulman . Ceux qu'on a appelés les saints de l'islam sont des mystiques, ou pour leur conserver le nom qu'ils portent en Orient, des Soufîs, c'est-à-dire des gens vêtus de laine, nous dirions de bure. C'étaient des ascètes, d'abord à la façon des moines chrétiens, des gens renon- çant au monde, à ses biens périssables, pour se vouer à la contemplation dans des contrées désertes; plus tard ce furent des confréries, des ordres religieux ayant cer- tains lieux de réunion pour leurs prières en commun, prières qui devinrent vite des exercices spirituels d'un ordre très matériel, tels que la danse des derviches tour- neurs, les travaux de jongleurs des Aïssaouas, les cris ou rugissements des Rifà'iyyajmais à l'époque lointaine dont nous parlons, nous n'en sommes pas encore là. La

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LB8 &BBA8SIDBS

question se pose de savoir si le mysticisme musulman a son origine dans l'Inde ou chez les moines grecs et syriens; dans les deux cas, il est l'entier contrepied de l'esprit sémitique; c'est une influence aryenne des plus caractérisées qui l'a amené.

Les plus anciens mystiques dont les ouvrages nous sont restés sont Abou-' Abdallah el-Harith ben Asad el- Mouhâsibi, qui était de Bassora; il prêcha la renoncia- tion au monde et donna l'exemple en refusant l'héri- tage paternel, sous le prétexte d'un scrupule légal dérivé de ce que son père était partisan de la doctrine du libre arbitre de l'homme, contraire au thème orthodoxe de la prédestination, et qu'en droit musulman des personnes de religion différente ne peuvent hériter l'une de l'autre ; il vécut et mourut en 857 dans l'indigence. Chez son contemporain Dhou'n-Noûn l'Égyptien, à Ikhmim, les idées religieuses paraissent étroitement liées à des conceptions fantastiques sur le rôle de l'alchimie; avec El-Djounéïd (f 910), d'une famille de Néhâwend (son père était verrier), le soufisme devient décidément pan- théiste ; ce maître réunit autour de lui un certain nombre d'élèves; l'un d'eux devint célèbre, ce fut El-Hoséïn ben Mançour el-Hallàdj, d'origine persane, qui fit des mira- cles et attira autour de lui un certain nombre de prosé- lytes, tellement que le pouvoir en prit ombrage; sous le prétexte qu'il avait déclaré que Dieu s'était incarné en lui, il fut conduit devant le juge de Bagdad, condamné à mort et exécuté (921).

Nous avons vu, avec Ghazâlî, le théologien pencher vers le mysticisme. Nous allons étudier maintenant le mouvement donné à la littérature par cette nouvelle branche, d'inspiration iranienne. Abou'l-Qâsim 'Abdel- Kérim bl-Qoghaïri, en 986 d'une famille établie dans

270 LITTBHATUnB ARABE

le Khorasaa depuis la conquSte, perdit son père de bonne heure et hérita d'un bien-fonds situé près d'Os- towà; il alla étudier à Nisapour en vue d'acquérir les connaissances nécessaires pour le défendre contre les exactions du fisc. Abou 'AH el-Hasan ed-Daqqàq, le grand maître du soufisme, dont il suivit les leçons, le poussa dans la voie de la science et du mysticisme, et le conduisit à s'y vouer entièrement; il lui donna même, plus tard, sa fille en mariage. En 1056, il se rendit à Bagdad et y professa la science des traditions dans le sens chaféïte ; il mourut à Nisapour, en 1072. Il joignait à une profonde connaissance du soufisme, une grande habileté de calligraphe et une érudition remarquable ea matière de belles-lettres . La Risdla qui porte son nom a été écrite pour donner un nouvel éclat aux doctrines mysti- ques, qui, de son temps, avaient un peu perdu de leur succès; le Tertlb es-Soloûk fi. tarîq Allah (Disposition à la marche dans la voie de Dieu) est un guide du soufi débu- tant; le Tahbîr est un traité des cent noms de Dieu et de leur emploi dans la prière.

Abou Isma'ïl 'Abdallah el-Hérbwi, à Kohan-diz en 1005, mort à Hérat en 1088, a laissé un Mandzil ea- Sâîrin, qui traite des diverses étapes que le soufi doit parcourir avant d'obtenir la connaissance de la vérité; un Dhamm el-Kaiâm , qui est une attaque contre la théologie dogmatique et scolastique, et un Tabaqât es~ Soufiyya (Histoire des mystiques), qui est la base sur laquelle le poète persan Djâmi a édifié son Nafakdt el- 0ns.

Tâdj-el-Islâm el-Hoséïn Ibn KhahIs el-Mauçilî, à Djohéïna, village près de Mossoul, descendit le Tigre pour aller étudier le droit chaféïte à Bagdad, auprès de Ghazâli, et devint cadi d'une bourgade de l'Euphrate

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LBS ÂBBASSIDBS 271

entre Raqqa et Bagdad. Il se retira plus tard à Mossoul et y mourut en mai 1157. Ses Manâqib el-abrdr (Biographie desge&B pieux)soiitune imitation de la^ijfï^a deQochaîri avec une histoire des soufis.

Le ChéÏkh 'Ad! ben Mousâfir el-Hakkâri naquit dans le village de Béït-Qâr près de Baalbek; il Gt, étant encore jeune, de longs voyages pour rendre visite aux princi- paux souHs de son temps. Plus tard il se retira, dans les montagnes à l'ouest de Mossoul, au milieu des ruines d'un couvent chrétien, il établit sa zâouïa;i\ y mourut en 1163, après avoir fondé l'ordre religieux des 'Adawiyya. Les Yézidis, qui probablement à cette époque habitaient les montagnes de Siadjar, le prirent pour leur protec- teur, tout en lui rendant un culte qui n'a presque rien de musulman; il est resté, jusqu'aujourd'hui, leur grand saint et son tombeau est un lieu de pèlerinage. La biblio- thèque de Berlin possède son catéchisme, J'tiqâd akles- sonna (Croyances des sunnites), ses conseils aux khalifes et à ses élèves ( ]Vaçdy£), ainsi que deux odes conçues dans le sens mystique.

Mouhyi'ddîn 'ÀBo-BL-QjlDin sL-GiLilN!, un des grands saints de l'Islam, rattachait son origine à Ali; en 1078, dans le Guilan, au sud de la mer Caspienne, il se rendit jeune encore à Bagdad, il se mit à étudier le droit hambalite en 1095. En 1127, il commença à tenir des séances d'édification; il acquît vite une réputation de sainteté, et fît des miracles. Il disait : « Je voudrais avoir eotre les mains tous les bïens de ce monde, pour donner à manger à ceux qui ont faim ». Il mourut en 1166 : l'ordre religieux des Qâdiriyya, qu'il avait fondé, main- tient encore aujourd'hui sa renommée et sa doctrine dans tout l'Orient. Notre grand adversaire d'Algérie, l'émir Abd-el-Kader(Mouhyi'ddin'Abd-el-Qâdiret-Hasanl),

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LITTBRATDRE ARABE

que l'auteur de ces ligaes a eu l'honneur de connaître persoancllenient à Damas il s'était retiré, se flattait de descendre de l'illustre saint de Bagdad. Il a écrit le Ghounya Utâlibl lariq el-haqq (l'Ouvrage suffisant pour ceux qui recherchent la voie de la vérité], traité complet du soufisme; le Fotoùh el-ghaîb (Ouverture des mystères), règles de conduite pour ses adeptes; le Djald el-hkdtir, recueil de sermons prononcés, soit dans la medresaé, Boit dans le couvent des soufis de Bagdad en 1150 et 1151, qui est conservé à la bibliothèque de l'India Office; un autre recueil du même genre, El-fath er-rabbdni (Révélations du Seigneur), qui a été imprimé au Caire; de nombreuses formules de prières et des poésies mys- tiques.

Diyâ-Eddio 'Abdel-Qâhir ben 'Abdallah es-Sohrawerdî, descendant du khalife Abou-Bekr, en 1097 à Sohrawerd, petite ville près de Zendjan, dans l' Azerbaïdjan, alla étudier le droit haoéfite à la Nizhàmiyya, se tourna vers le mysticisme, vécut dans la solitude et se construisit une zâouïa à l'occident de Bagdad. De 1131 à 1152, il pro- fessa à la Nizhâmîyya; en 1160, il tînt des séances de derviches à Mossoul ; il ee dirigea ensuite vers Jérusalem, mais ne put atteindre cette ville occupée alors par les Croisés, et resta à Damas, Nour-Eddin Mahmoud ben Zengi l'accueillit avec beaucoup d'honneurs. Il revint ensuite à Bagdad et y mourut en 1168. Son traité du mysticisme porte le titre à'Addb el-mouriâln (Morale des adeptes); la bibliothèque de Vienne possède aussi un commentaire de lui sur les cent noms de Dieu.

11 convient de ne pas le confondre avec un autre ascète célèbre, Chihàb-Eddin Yahya ben Habach ben Amirek bs-Sobbawerdi, qui étudia le droit à Méragha, adopta le soufisme et se mit à vagabonder à Ispahaa,

LES ABBAS9IDBS 273

Bagdad et Alep. Sa doctrine éclectique était ud mélange d'idées néoplatoniciennes et de traditions iraniennes, modifiées par l'islamisme et la conception cbîïte d'un imam impeccable caché; il la nommait Hikmet el-ichrdq (Philosophie de l'illumination, illuminisme), et ses dis- ciples ont pris de le nom d'ickrdqia {illuminés). Au début de son séjour à Alep, il parait avoir trouvé des dispositions favorables chez le prince qui gouvernait cette cité, Mélik-Zàhir, fils de Saladin; mais soupçonné d'hérésie par les orthodoxes, malgré le soin qu'il pre- nait de déguiser son enseignement au moyen d'une ter- minologie obscure, ceux-ci réussirent à détourner de lui l'esprit de Mélik-Zâhir, qui le fit mettre à mort en 1191 ; il n'avait que trente-huit ans. Son tombeau y est un but de pèlerinage; te peuple l'appelle Cheikh maqtoâl (le Chéikb assassiné). En outre du Hikmet dont nous venons de parier, il a écrit le Talwîhal sur la logique, la phy- sique et la métaphysique, le Hayakil en-Nour sur le mys- ticisme, VAlivah el~Imadiyyé sur l'infini, l'absolu, les attributs de Dieu, dédié au prince ortokide 'Imâd-Eddin Qara-Arslan,et d'autres ouvrages moins considérables.

Dans le Maghreb vivait à la même époque Abou-Madyan Cho'aïb ben el-Hasan, connu en Algérie sous le surnom de Bou-Medin; il mourut en 1193, laissant une réputa- tion aussi grande que celle d"Abd-el-Q5dir. el-Gilânî à Bagdad. On a de lui divers recueils de sentences, dont on, l'abrégé du Tohfat el-Arib, a été publié et traduit eu latin par Fr. de Dombay; il a composé aussi des vers mystiques.

Un Espagnol, établi à Damas il exerçait le métier de médecin, Abou'1-Fadl 'Abd-el-Mou'in ben 'Omar bl- Djilyani, en 1136, mort en 1205, a écrit un manuel de mysticisme sous le titre A'Adab es-Soloiik, une apo-

uttIhatdiii AKU». I o

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LITTERATURE ARÀBB

logie de Saladin en prose riiuée et en vers, pour célébrer la prise de Jérusalem, le Manddih el-mamddih; les louauges du même prince le conduisirent à composer des poésies auxquelles i) donna la forme extérieure d'arbres, de colonnes, de cercles, d'échiquiers; ces compositions bizarres se trouvent à Paris et à Upsal, sous le titre de Diivan el-ledbidj.

Rokneddin Abou-Hâmid bl-Ahidi de Samarcande , savant jurisconsulte, mort à Bokhara en 1218, traita, soua le titre de Miratel'Madni{\e Miroir des différentes pensées], la question de l'indépendance du microcosme, le corps humain, par rapport au macrocosme, d'après une traduction persane d'un ouvrage indien. De Guignes, Gîl- demeister et Pertsch se sont occupés de ce livre. On a aussi de lui deux manuels de dialectique et de controverse (et-tariqa el-Amidiyya et el-Irchâd) et un traité des talis- mans [Haud el-kaydt).

Nbdjh-Eddin Abou'l-Djémihl el-Khlwaqt, surnommé KoBRÂ, mort en 1221, a écrit des ouvrages mystiques : le Fawdtih el-Djémâl, le Khâïf el-hâïm, sur les dix moyens par lesquels on peut obtenir la pureté du corps et de l'âme et par s'approcher de la divinité, et deux opus- cules sur des sujets analogues.

Chihab-Eddin Abou-Hal'ç 'Omar es-Sobba'werdi, qu'il faut distinguer du chéïkh assassiné à Alep qui portait les mêmes surnoms, naquît en 1145 à Sohrawerd, étudia le droit chaféîtc et se sentit entraîner vers le mysticisme. Plus tard nous le trouvons établi comme professeur et prédicateur à Bagdad, od il mourut en 1234. Il était le neveu de Diyà-Eddin (voir plus haut) ; il fut son élève et celui d"Abd-el-Qâdir el-Gilâni. VAwârif el-médrif (les Dons divins de la connaissance), il traite du mystî- risme des soufis, a été imprimé à Boulaq; le Kechf el

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faàatk el- Younaniyyé est dirigé contre l'étude de la phi- losophie grecque et en faveur de la religion musulmane. D'autres traités sont consacrés à vanter la pauvreté et le renoncement au monde, à décrire les différentes sta- tions que l'âme doit parcourir avant de parvenir à la con- naissance de Dieu, à parler de la prise d'habit, consé- cration du derviche à la vie contemplative.

MouHri'DDiN Abou- 'Abdallah Ibn el-'Arabi, à Murcie en 1165, se rendit à Sévilie en 1172 et s'y voua à l'étude des hadith et de la jurisprudence. En 1201 il entreprit des voyages qui le conduisirent au Hedjaz, à Bagdad, à Mossoul et en Asie Mineure ; sans pouvoir rentrer dans son pays natal, il mourut à Damas en 1240. Lui qui sui- vait, sur le terrain du droit, la stricte doctrine des Zhàhi- rites, il se livra à une fantaisie désordonnée sur celui de l'entratnement mystique. Ce qu'il a composé d'ouvrages est inimaginable, et sa facilité d'invention ainsi que le grand nombre de ceux qui nous ont été conservés luî ont valu la réputation du plus grand mystique de l'Orient musulman. Son chef-d'œuvre, le Fotoûhât el'Mekkiyyé (Révélations de la Mecque) est un traité de mystique en douze volumes ; le Fosoûs et-Hikam (Mosaïque de pré- ceptes), sur l'existence et l'importance des vingt-sept prophètes principaux, a été composé en 1230, à Damas, à la suite d'une apparition du Prophète; le Mackâhid el- asrdr el-Qodsiya (Apparition des mystères sacrés) et YAnwdr (les Lumières) ont été écrits à Konia en 1209 ; l'/nclta ed-dawâîr est consacré à expliquer la place de l'homme dans la création et la cosmogonie ; VOqlat el- mostaufiz décrit les créatures du monde d'en haut et de celui d'icî-bas, esprits, trône de Dieu, les étoiles, la terre ; le Tohfates-8afara{C.aLA.%m fait aux voyageurs) précise les étapes du voyageur mystique dans la connaissance de

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Dieu ; le Hilyet eMMâ/ (Ornement des ascètes), guide du booheur, a été composé à Taïf près de la Mecque ea 1202. Le Kimiyâ es-Sé'dda (Alchimie du booheur) traite des propriétés et des vertus de la formule de la croyance en l'unité de Dieu; VIfdda (Information) parle des trois con- naissances fondamentales : Dieu, le monde rationuel et le monde sensible. Un certain nombre de ses traités reposent sur les sciences occultes, comme ses études sur le Djefr ou livre cabalistique attribué à Ali ; son Fâtda (Utilité) route sur la divination par le moyen des lettres de l'alphabet. Le Terdjuman el-achwâq (Interprète des amours) est un recueil de poésies soufies publié à la Mecque en 1201; il composa lui-même un commentaire sur son propre ouvrage, pour se défendre contre l'aucu- satïon d'avoir chanté l'amour charnel, et non l'amour divin; bien d'autres poésies du même genre ont été réunies sous des titres différents. De ses deux cent quatre- vingt-neuf écrits, cent cinquante ont été catalogués par M. Brockelmann comme existants dans les bibliothèqaes d'Europe et d'Orient.

Le fondateur de l'ordre religieux des Chàdhiliyya, Abou'l-Hasan 'Ali bch-CbAdbili, dans une petite ville à l'ouest de Tunis, mourut en 1258, après avoir écrit el-Moqaddima el-Ghazziyya (la Préface de Gaza], sur les devoirs du culte divin; le célèbre Hizb-el-bahr (Litanie de la mer), prière dont il croyait avoir reçu- la formule de Mahomet laî-mëme, et que le voyageur Ibn Batoùta a trouvée assez intéressante pour figurer in extenso dans le récit de ses aventures, et d'autres litanies du même genre ont été conservées.

Un élève d'Ibn 'Arabi, Çadr-Eddin Abou'l-Ma'âli bl- QoNAWi, de Konia, l'ancienne Iconium, en Asie Mineure, mort en 1273, a écrit un commentaire sur ta Fdliha ou

LBS IBBASSIDBS

premier chapitre du Koran, sous le titre ATâjâz el-béyan (Explication miraculeuse], sur les quarante hadith et sur les cent noms de Dieuj la Hâdiya (la Directrice) est un opuscule sur les principes de la théodicée musulmane; le Noçoûç est un traité de mysticisme soufi; le Mifiak el-Gfiaîb (Clef du monde mystérieux) est une introduc- tion scientifique à la connaissance de la personnalité divine et de ses mystères.

'Izz-Eddin 'Abdessélàm Ibn Gbûnim el-Maqdist (ou el- Moqaddésî), c'est-à-dîre originaire de Jérusalem, mort en 1279, a fait chanter les louanges du Créateur par les oiseaux et les fleurs dans son Kechf el-Aarâr (les Mys- tères dévoilés), publié et traduit par Garcia de Tassy sous le titre de Les oiseaux et les fleurs ; le Hall er-romoùz (Solution des problèmes) est un traité de mysticisme; le Taflis Iblia (le Diable ruiné), imitation du Telbis d'ibn Djauzî, est destiné à combattre ceux qui croient que Dieu n'a aucune part dans le mal, tandis qu'au contraire il le tolère exprès.

'Izz-Eddin 'Abd el-'Aziz Eo-DiniNi, à Dirin en Egypte en 1215, mort en 1295, est l'auteur d'une poésie célèbre sur le jugement dernier, Qilâdet ed-dorr el-manchoûr (le Collier de perles déployé}, que l'on joint ordinaire- ment à la Kharldat el-'Adjaïb ou cosmographie d'Ibn el- Wardl ; il a écrit encore d'autres ouvrages, le Tahdrat el-Qoloûb (Pureté des cœurs), collection d'anecdotes édi- fiantes, de conseils et de prières, le Tatslr, poème didac- tique de plus de trois mille deux cents vers sur l'exé- gèse du Koran, une réfutation du christianisme [Irchdd el'kai/ârd (]e Guide des égarés), qui est conservée à Paris.

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CHAPITRE IX

LES ABBASSIDES {tuiU). ~ LES SCIENCES.

Les traductions du grec.

A la suite des conquêtes d'Alexandre, l'esprit hellé- nique avait envahi l'Asie, et l'école d'Alexandrie avait maintenu longtemps un centre d'érudition-, de recher- ches scientifiques au milieu de populations dont la cul- ture de l'esprit était le dernier souci. Malgré les désas- tres qui avaient frappé les bibliothèques, dépositaires de la pensée antique, il restait en circulation asset d'écrits pour qu'on put sentir que cette pensée n'était point morte. La Syrie et la Mésopotamie étaient sous l'inQuence de la civilisation hellénique. Dans les innom- brables cloitres des moines syriens, on traduisît pendant des siècles, du grec en syriaque, les ouvrages de la phi- losophie et de la science grecques, et c'est dans ces tra- ductions syriaques que les traducteurs arabes allèrent puiser à leur tour. L'académie fondée à Gondèchâpour en Susiane par Chosroès I", en 350, avait aussi répandu

LES ABB ABSIDES

en Orient la connaissance de la science grecque et main- tenu le goût des études philosophiques et médicales. En pleine Mésopotamie, la ville de Harràn, l'ancienne Carrae, avait été défait Crassus, était restée païenne, et les dieux de Grèce et de Rome, dans un syncrétisme qui rappelait les derniers temps de l'Empire romain, s'y alliaient aux antiques divinités des Sémites. C'était encore un centre de civilisation hellénique, en plein moyen âge; ses habitants s'y livraient particulièrement à des études mathématiques et astronomiques.

C'est le khalife El-Mamoun qui, en fondant a Bagdad une université (béît el-hikma), en y adjoignant une biblio- thèque et un observatoire, détermina dans le monde musulman un mouvement scientifique considérable dont les échos furent répercutés au loin et allèrent plus tard réveiller, par le canal de l'Espagne musulmane, l'esprit de l'Europe endormie. C'est ce mouvement qui fit passer syriaque en arabe une foule de traductions du grec et enrichit ainsi d'une nouvelle branche une littérature déjà variée et fort riche.

Ainsi El-Hadjdjâdj el-Hàsib traduisit l'Astronomie de Ptolémée sous le titre qui lui a été conservé, celui d'Almageste, ainsi que les Éléments d'Euclide; Yohannâ ben Batrik {-l- 815), la Politique d'Aristote ; Abd-el-Mésih Nàïma de Homs, la Théologie d'Aristote d'après Por- phyre, à la demande du khalife El-Mo'taçim; Qostâ ben Louqa de Baalbek, connu par des travaux originaux sur la médecine, l'astronomie et les mathématiques, fit passer en arabe une foule d'ouvrages grecs; Abou-Zéïd HoDéïn ben Ishaq, fils d'un pharmacien chrétien de Hira, alla étudier la médecine auprès de Yahya ben Mâsawéïh, qui florissait sous Haroun er-Rachid, traversa l'Asie Mineure, il eut l'occasion d'apprendre le grec,

ISO LITTERATDIIB ARABE

retourna à Bagdad, le khalife El-Motawakkil le choisit pour son médecin particulier, et y écrivit des ouvrages sur la médecine et fa philosophie en mAme temps qu'il traduisait en arabe l'Ancien Testament sur la version des Septante, le Timée et la République de Platon, les Aphorismes d'Hippocrate, les ouvrages de Galîen et de Dioscoride, et d'autres encore. Sa fin fut malheureuse- Ayant pris part à la querelle des images qui divisait l'Église chrétienne, il fut excommunié par l'évfique Théodose et, de chagrin, s'empoisonna (novembre 873). Son fils et principal élève, Ishaq ben Honéïn, intime ami du vîzîr Qâsim ben 'Obaïdallah, fut plus philosophe que médecin ; il traduisit les Catégories d'Aristote ; il mourut paralysé en 910.

Après eux on signale encore flobéïch ben el-Hasan, neveu d'ishaq, qu'il aida dans ses travaux, et qui traduisit Dioscoride et Galien; Abou-Bichr Mattà ben Yoùnous, mort à Bagdad en 940, qui s'occupa de la Poétique d'Aristote ; Abou-Zakariyâ Yahya ben 'Adî, surnommé le Logicien, chrétien jacobite, dont il n'est resté que le nom, ainsi que le médecin Ibn Zeraa, de la même con- fession chrétienne, qui traduisit des ouvrages de méde- cine et de philosophie.

La philosophie.

La lecture des traductions d'Aristote fit naître l'étude de la philosophie, qui, dans le monde musulman, resta enfermée dans le cercle relativement étroit des penseurs et des savants; elle n'eut pas de prise sur le commun du peuple; mais, dans le monde des travailleurs de la

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LES ABBASSIDB8 SSl

pensée, elle fut adoptée avec enthousiasme. Déjà sous le khalife El-Mo'taçim, vers 840, Chihûb-Eddin Ibn Abl'r- Rabt composa, a la demande du souverain, un traité de politique précédé de considérations sur la psychologie qui peut être considéré comme le plus ancien ouvrage de ce genre en langue arabe; il. est conservé à Paris et a été imprimé au Caire {Soulouk el-Mâlik fi tedbir el-MamdUk). Après lui vient Ya'qoub ben Ishaq el-Kïndi, fils du gou- verneur de Koufa, qui était d'ancienne famille arabe; dans cette ville, il alla étudier à Bassora, puis à Bagdad, oii il s'établit définitivement. Il fut compris dans les poursuites qui suivirent la réaction orthodoxe du temps de Motawakkîl, vit confisquer sa bibliothèque, dont il ne put obtenir la restitution que peu avant la mort du khalife et la sienne. 11 écrivit environ deux cents ouvrages sur les sujets les plus variés.

Ahmed ben et-Tayyîb es-Sarakhsî, à Sarakhs dans le Khorasan, est plus connu sous son surnom de Tilhidh- KL-KiNDi, l'élève d'EI-Kindi; on n'a plus ses ouvrages; il faisait partie de la suite du khalife El-Mo'tadid, dont il avait été le professeur, et en punition de ce qu'il avait laissé échapper un secret qui lui avait été confié, il fut jeté en prison et mis » mort en 899.

D'une famille turque de la Transoxiane sortait Abou- Naçr Mohammed bl-FàrAbi, à Farab, la moderne Otrar, qui étudia à Bagdad la médecine et la philosophie. Attiré à Alep par l'éclat de la cour de Séïf-Eddaula, le protecteur des lettres et des sciences, il y vécut retiré du monde, donnant des leçons dans les charmants jardins qui entourent la ville, et mourut à Damas en 950, alors qu'il accompagnait son maitre pendant un voyage. II écrivit sur la logique, la morale, la politique, les mathé- matiques, l'alchimie, la musique. Ibn Khallikan l'appelle

SSÏ LITTBRATDBB AUDE

le plus grand philosophe que l'islamisme ait jamais possédé; c'est à lui qu'Avicenae doit sa science, et il fallut ea effet un graod maître pour un aussi illustre élève. A son arrivée à Bagdad, il ignorait l'arabe; ce fnt sa première étude. Quand il fut maître de cette langue, il put profiter des leçons d'Abou-Bichr Mattâ ben Yoùnous, qui enseignait la logique; El-Fârâbi remplit soixante-dix volumes avec les notes qu'il prit à son cours oii il expliquait le traité d'Aristote sur ce sujet. U lut deux cents fois le Traité de l'âme du célèbre philosophe grec. « Si j'avais vécu de son temps, aimait-il à dire, j'aurais été le chef de ses élèves, a

Ses considérations utopiques sur une cité modèle, adaptation de U République de Platon aux idées musul- manes, sont des plus curieuses; elles sont d'un philo- sophe, non d'un homme politique ni d'un jurisconsulte. Les hommes doivent avoir un gouvernement monarchique et une croyance religieuse. L'Etat le plus parfait serait celui qui comprendrait toute la terre habitée : dans une pareille monarchie universelle, il faudrait que les gou- vernés fussent des saints, et les gouverneurs des sages. Toutefois l'auteur admet que si l'on ne rencontre pas chez un seul homme les qualités qu'il exige du monarque, on peut lui en adjoindre un second, un troisième et ainsi de suite : ce beau système aboutirait à la répu- blique aristocratique.

En 966, un Arabe de Jérusalem, Motahhar ben Tùhir el-Maqdisi, se trouvait à Bost dans le Sidjistan et y rédigea, à la demande du ministre d'un prince samanide, un résumé des connaissances de son époque sous le titre de Kilâb el'bèd' wèt-tarikh (Livre de la création et de l'histoire) dans lequel il fait part au public, en dehors du fonds commun de l'érudition musulmane, du fruit de

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LES ABBAS31DES

ses recherches personnelles, de ses entretiens avec les prêtres des Mazdéens et avec les rabbins juifs. Cet ouvrage fut attribué plus tard, l'on ne sait pourquoi, au philosophe Abou-Zéîd Ahmed ben Sabl el-Balkhi et catalogué sous son nom. Une copie du manuscrit unique existant dans une des bibliothèques de Constantinople a été rapportée d'Orient par celui qui écrit ces lignes et est actuellement en cours de publication, avec sa tra- duction, par les soins de l'École des Langues orientales vivantes de Paris.

La prise de Bagdad par les Bouïdes en 945, la mise sous tutelle du khalife abbasside, réduit à n'être plus qu'un automate revêtu d'un unique pouvoir spirituel, donna quelque vie à la libre spéculation philosophique, entravée par le succès de la réaction religieuse sous Motawakkil et ses successeurs. Ces princes, originaires d'un simple pécheur du Tabaristan, devenu condottiere à la suite d'un chef de cette province, étaient chiites et s'intéressaient fort peu aux progrès de l'orthodoxie. C'est sous l'influence de cette liberté relative que l'on voit se former ii Bassora, vers le milieu du iv" siècle de l'hégire, une société de philosophes qui s'appelaient Ikhwân eç-Çafà (les Frères de la pureté), et qui rédi- gèrent, en cinquante et uu traités, toute la somme de la philosophie arabe. Cet ouvrage célèbre a été traduit et étudié en allemand par M. F. Dieterici.

Avicenne (Abou 'Ali el-Hoséïn Idn Sivk) était le fils du gouverneur d'une petite ville près de Bokhara; en août 980, il étudia a la fois la philosophie et la médecine dans le chef-lieu de la province. A peine âgé de dix- sept ans, une cure merveilleuse qu'il fit au prince samanide Noùh, fils de Mauçour, lui ouvrit l'accès du palais. A vingt-deux ans, ayant perdu son père, il se

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reodit auprès du roi du Khârizm (Khiva) 'Ali ben Mançour, voyagea daos le Khorasan et dans le Djordjàn, il resta quelque temps comme professeur et composa sod chef- d'œuvre médical, le Qdnoun fV-tibb (CaooD de la méde- cine). Plus tard il se rendit à Réï et à Kazvin, arriva à Hamadan, il devînt ministre du prince Bouîde Chems- Eddaula, puis dut résigner ses fonctions sous l'influence du parti militaire; sous le fils et successeur de ce prince, Tâdj-Ëddaula, il fut accusé de haute trahison et enfermé dans une forteresse dont il put s'échapper au bout de quelque temps pour se réfugier à Ispaban, auprès d'Ala- Eddaula Abou-Dja'far Ibn Dochmanziyâr. Epuisé par ud travail excessif et par la débauche, il mourut dans le cours d'une maladie contractée pendant une campagne contre Hamadan en 1037.

Ses ouvrages embrassent tout le domaine des sciences cultivées dans l'Orient à cette époque. En matière théo- logique, il a écrit des risâla ou opuscules sur différentes sourates du Koran, sur le jugement dernier, sur les miracles, les songes, la magie et tes talismans; mais la philosophie fut son domaine principal. Le Ckifa est un traité de logique, de physique, de mathématiques, et d'astronomie; accusé de s'y être montré l'adversaire de la doctrine du Koran, il écrivit à son élève préféré 'Obaïd-Allah de Djozdjân une lettre pour s'en disculper; Ylchdrdt wet-tanblhât, manuel de logique, a été publié et traduit, sous le titre de Livre des théorèmes et des afertiasements, par M. J. Forget à Leyde. L"Oyoûn e/- kikma {Sources de la sagesse) est consacré à la logique, à la physique et à la théologie. Son Hayy ben Yaqzkan, traité mystique, a été traduit par Mehreu. M- le baron Carra de Vaux a publié, traduit et commenté son ode sur l'âme. Sa Khotbat el-Gharrâ (Sermon brillant) a été

éditée par Golius. L'opuscule des Oiseaux [Risâlet et-laîr) est une parabole mystique sur les oiseaux prisonniers. Une réfutation de l'astrologie montre comment le grand médecîo s'était dégagé du plus tenace des préjugés de son temps, qui est encore loin d'avoir disparu de l'Orient de nos jours. Son poème didactique sur la logique, en deux cent quatre-vingt-dix vers, a été publié par Schmœlders.

Dans le domaine des sciences physiques et naturelles, en dehors d'une dizaine d'opuscules sur l'astronomie et la physique, nous trouvons le code de la médecine, le fameux Qdnoun, si souvent commenté, et des poésies didactiques, telles que la Mamho&ma ou poésie sur la médecine, en mille trois cent seize vers, et une autre sur l'anatomie.

Abou't'Wéfa MoBACHcnn ben FAtik, émir égyptien, a écrit en 1053 un recueil d'apophtegmes de tous les sages de l'antiquité et du moyen âge sous le titre de Mokhtdr eî~Hikam (Pensées choisies); la partie de cet ouvrage relative à ta légende d'Alexandre a été publiée et traduite par M. Meissner.

Abou-Bekr et-Tortoùchi Ibn Abi-FUndaqa était à Tortose en i059; il étudia te droit malékite à Saragosse, et les bel) es -lettres à Séville, accomplit le pèlerinage en 1083 et parcourut l'Orient; il alla jusqu'à Bagdad; à son retour, il s'arrêta en Egypte et s'établit à Alexandrie, oii il mourut en 1126, comme professeur de traditions. Son Sirâdj el~Moloâk (Flambeau des rois) est un guide de la conduite des princes, terminé au Vieux Caire en 1122 et dédié au vizir El-Mamoun. Sa vie fut celle d'un ascète dévot, pratiquant les mortifications et menant l'existence d'un pauvre, content de peu.

Le philosophe Avenpacc (Abou-Bekr Ibn es-Sàïgh

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Ibn Bâdjdja] naquit à Saragoese; il vécut à Séville et à Grenade; plus tard tl se rendit à Fez, a la cour des Almoravidesj et y fut emprisonné à l'occasion du médecin Abou'I-AIa Ibn Zohr, en 1138. En outre de la philo- sophie, il s'était occupé aussi de musique. On a de lui vingt-quatre petits écrits sur la philosophie, la médecine et les sciences naturelles, une lettre d'adieu et un poème cynégétique, Tardiyya; ses ennemis le considéraient comme un libre penseur.

Ibn Tofaïl, à Cadix, élève d'Avenpace pour la philosophie et la médecine, entra comme secrétaire au service du gouverneur de Grenade, devînt ensuite médecin particulier et ministre de l'almohade Yoûsouf; il mourut à sa cour, à Maroc, en 1185. Son Asrâr el- hikmat el-Mochriqiyya (Secrets de la sagesse illuminative) a été imprimé à Boulaq. Son roman philosophique de Hayy ben Yaqzhan, qui représente l'éveil de l'intelligence dans un enfant seul dans une lie déserte, a été édité par E. Pocock à Oxford, sous le titre de Philosophas aulodidactus. Il s'efforça de concilier la loi révélée avec la philosophie.

Averrhoès (Abou 'l-Wélld Ibn Rocbd], d'une famille de juristes, naquit à Cordoue en 1126 et y fit ses études. En 1153, s'étant rendu à Maroc, il y fut présenté par Ibn Tofaïl au roi almohade YoAsouf. En 1169 il fut nommé cadi à Séville; deux ans plus tard il retourna dans sa ville natale, d'où un ordre de Yoùsouf l'appela à Maroc; ce souverain voulait le nommer son médecin particulier, mais le savant ne tarda pas à retourner comme cadi à Cordoue. Vers la fin de sa vie il fut banni et interné à Ëlisâna, non loin de Cordoue, par le suc- cesseur de Yoùsouf, Ya'qoùb el-Mançour, qui le soupçon- nait d'hérésie à cause de ses études philosophiques ;

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LES ABBA3SIDBS SS1

Déanmoias il fut encore appelé uoe fois à Maroc, il mourut le 10 décembre 1198, Noua avons de lui le Facl el-Maqdl (Discours décisif), il s'eiForce de concilier la foi et la science; une réfutation du Téhdfot de Ghazàli, qu'il intitula Tèkâfot et-Ukâfot (la Chute de la Chute), dont le texte arabe a été imprimé au Caire; une théra- peutique sous le titre de KouUiyyât, et son commentaire sur la Poétique et la Rhétorique d'Aristote, publié et traduit en italien par F. Lasînio. Un fragment du corn- mentaire d'Alexandre d'Aphrodisias sur la métaphysique du grand philosophe de Stagyrc a été traduit par Freu- denthal.

Borhân-Ëddin Bz-ZBRDODDJi écrivît vers 1203 le Ta'lim el-muté'allim (Instruction de celui qui veut apprendre), manuel dont les exemplaires sont excessivement répan- dus, et qui a été édité par Reland,. puis par Caspari, BOUS le litre d'Enckiridion aludiosi.

Pour les besoins de l'enseignement, les manuels se multiplient. Ahou-'Abdallah bl-Khawindjî, en 1194 d'une famille persane, devenu cadi au Caire et mort en 1248, écrivit à la Mecque en 1227 un résumé de ce genre, appelé el-Djomal ou el-Moâdjiz, ainsi qu'un traité plus développé sous le nom de Kechf et~asrar (les Secrets dévoilés); Athir-Ëddin Mofaddal el-Abhari, mort en 1264, a composé un Hiddyat~el-hikma (Guide de la sagesse) qui traite en arabe de la logique, de la physique et de la métaphysique, et le Kitdb el'îsagkoûdji, d'après t'cl(raYci>Y'i ou introduction aux catégories d'Aristote, par Porphyre, Ncdjm-Ëddin 'Ali bl-Katibi de Kazvin, mort en 1276, a écrit, à la demande de Chems-Eddîn Moham- med Djowéïni et en son honneur, un traité de logique appelé Er-Risdla eck-chamtiyya, publié par Sprenger en appendice au Dictionary of the lechnical terms, le

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Hikmet eU'Atn (Philosophie de l'essence), sur la physique et la métaphysique, ainsi que le DJdmi-ed-dagdtq sur les mêmes sujets; Siràdj-Ëddin Abou'th-Thanâ EL-Oiiii*.wi, mort en 1283, a consacré à la logique son MatdlC el anivdr.

La controverse et la dialectique, à cette époque, revendiquent les noms de Borhân-Eddin bn-Na8ApI (1209- 1288) avec son Foçoâl et sa Moqaddima, ainsi que d'autres livres du même genre, et de Chems-Eddin es- SaharqandÎ avec sa Ritâla, le Qostâs et le ' Aïn-en-Nctzar sur la logique, les Cahdîf sur la dogmatique, et VAchkâl et'la'sis sur la géométrie d'Euclide.

'Abd-el-Haqq Ibn Sab'im, à Murcie, connu comme fondateur de la secte mystique des Sab'iniyya, se trou- vait à Ceuta lorsque le sultan almohade 'Abd-el-Wâhid le chargea de répondre à quelques questions philoso- phiques que l'empereur d'Allemagne Frédéric de Hohen- staufen avait adressées aux savants arabes; sa corres- pondance à cette occasion a été publiée et étudiée par A. F. Mehren dans le Journal Asiatique. Ibn Sab'io se suicida à la Mecque en s'ouvrant les veines du poignet (1269). Il a laissé une introduction à la métaphysique appelée Bodd el-'ârif, un ouvrage dénommé Asrdr el Hikmat el-mochriqiyya (Mystères de l'illuminisme), et des prières dont tous les mots commencent par ta lettre q.

Chems-Eddin bcb-Cbahkazouri el-Ichràqî écrivit au vil' siècle de l'hégire, en outre des Romoâz ival-amlkâl el-lahoûliyya (Mystères et paraboles divins) et du Ckad- jarat eUildkîyya (l'Arbre divin), une histoire des philo- sophes depuis Adam jusqu'à Galien sous le titre de Raudat el-afrdk (le Jardin des joies).

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Les mathématiques.

Comme on vient de le voir, l'étude des mathématiques marchait de pair avec celle de la philosophie. Il est hors de doute que la géométrie provenait exclusivemeDt de sources grecques, et particulièrement des Eléments d'Eu- clide; mais on peut se demander si l'arithmétique doit beaucoup à ta science de l'Inde. C'est l'adoption du sys- tème des chiffres indiens qui aurait, suivant M. Brockel- mann, permis aux Arabes de faire de grands progrés dans cette science; mais leur adoption est assez récente, et les Arabes se sont, comme les Grecs, servis de la valeur numérique des lettres de leur alphabet avant d'adopter la numération décimale provenant de l'Inde, qui depuis a fait le tour du monde sous le nom de chiffres arabes, mais qui avait peut-être été empruntée par les Indiens au système de Vabacus (la case vide remplaçant le zéro), inventé probablement à Alexandrie dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. L'auteur arabe du x* siècle qui a écrit le Kitâb el-bèd tvèl-Tarikh (le Livre de la création et de l'histoire], Motahhar ben Tâhir, cite comme une curiosité, en chiffres indiens ou dévanagari, un nombre assez considérable attribué par les peuples de l'Inde à la durée du monde actuel; il est clair que de son temps les chiffres arabes n'exis- taient pas encore sous la forme que les Arabes leur ont donnée, et que l'emploi des chiffres indiens, quoique connu des savants, n'était pas courant; sans cela l'au- teur n'aurait trouvé rien d'extraordinaire, ni ses lecteurs noD plus, à l'apparence du chiffre qu'il cite.

Le plus ancien mathématicien arabe est Ab ou- 'Abdallah

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bl-Khàhizmi, qui vivait sous le khalîfat de Mamoun, vers 820. A la demande de ce prince, il composa un extrait de l'ouvrage îndîen appelé Siddhaota et eotreprît une révision des tables de Ptolémée. Ses ouvrages sur l'algèbre et l'arithmétique, traduits de bonne heure en latin, firent leur tour d'Europe : on sait que c'est de son surnom ethnique d'El-Khârizmi (il était originaire du Khàrizm, ancien khanat de Khîva) que vient le mot algorithme. A la cour de Mamoun vivaient encore les trois fils do Mousa ben Chàkir, Mohammed, Ahmed et Ël-Hasan, qui écrivirent un grand nombre de traités techniques; mais le mathématicien le plus en vue de cette époque était un sabien de Harran, Thâbit ben Qorra. D'abord changeur de son métier, il alla étudier les sciences à Bagdad, se disputa sur le terrain théoto- gique avec ses coreHgîonnaires à son retour dans sa ville natale, et se vit rejeter par eux du sein de leur commu- nauté. S'étant retiré à Kafartoutâ, il y fit la connaissance de ce Mohammed, fils de Mousa ben Chàkir, que nous venons de citer, lequel l'emmena à Bagdad et le présenta au khalife El-Mo'tadid. il se livra exclusivement à la composition d'ouvrages de médecine et de mathéma- tiques et s'occupa surtout de la théorie des nombres; c'est qu'il mourut le 18 février 901.

Wœpcke a donné une notice sur une théorie ajoutée par Thâbit ben Qorra à l'arithmétique spéculative des Grecs; le cinquième livre des sections coniques d'Apol- lonius de Pergé a été édité et traduit en allemand par M- L. Nix; d'autres ouvrages sont conservés en manus- crit dans les bibliothèques publiques. Son fils Sinân était le médecin particulier des khalifes Moqtadir et Qâhir; il céda à leurs menaces et finit par embrasser l'islamisme j mais cette satisfaction ne les désarma pas :

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il eut peur et s'enfuit au Kborasan. II en revint plus tard et mourut à Bagdad en 942. Nous n'avons plus ses ouvrages mathématiques et historiques; on n'a conservé que les travaux sur la mesure des paraboles et la géo- métrie en général écrits par son lils Ibrahim, mort en 946. Abou-Bekr el-Karkhî, ainsi surnommé du nom d'un faubourg de Bagdad, est connu pour avoir dédié à Fakhr- el-MoIk, ministre du prince bouïde Behâ-Eddaula, un abrégé d'arithmétique dont Wœpcke a publié un extrait et qui a été traduit en allemand par M. Hochheim.

Ibn rl-Haïtham avait un emploi gouvernemental dans sa ville natale de Bassora, avec le titre de vizir, et s'était fait une réputation par ses connaissances mathématiques, lorsque le khalife El-Hàkim, apprenant qu'il s'était vanté de pouvoir régulariser les inondations périodiques du Nil, l'appela auprès de lui. Il remonta le (ieuve jusqu'à Assoaan et s'y convainquit de l'impossibilité de réaliser son projet. Le khalife, en dédommagement de son dérangement, lui confia au Caire une place dans l'admi- nistration, qu'il ne sut pas remplir; il s'attira par la colfere du souverain. Il se tint caché jusqu'à sa mort en 1020, rentra dans la possession de ses biens confisqués et ne s'occupa plus que de travaux littéraires. Il mourut en 1038. Sédiliot a donné la notice du traité des connues géométriques d'Ibn el-Haïtham. Son traité d'optique [Tahrir el-monâzhara) a été publié et traduit, sous te titre A'Optieœ thésaurus Alhazeni, par Fr. Roesner à Bâie, en 1572.

Abou'1-Fath 'Omar bi^KhattAh, poète persan, célèbre à ce titre par ses quatrains mystiques, était aussi mathé- maticien, et en cette qualité se servait de la langue arabe pour ses ouvrages scientifiques. Son traité d'algèbre a été publié et traduit eu français par Wœpcke. La biblio-

LITTEHÂTCRB lAÂBB

thëque de Leyde a uq commentaire de lui sur Euclide, celle de Gotha un traité d'analyse chimique minérale pour déterminer les quantités d'or et d'argent dans un composé de ces deux métaux. II était astronome et sur- tout astrolo^e du sultan seldjoukide Mélek-Chàh. C'est lui qui procéda à ta réforme du calendrier connue sous le nom d'ère Djélaléenne, d'après le surnom de Djélal- Eddin que portait Mélek-Châh. Il mourut en 1121.

Mahmoud el-Djagumîm el-Khàrizmi, mort en 1221, a écrit un abrégé d'astronomie {Molakkkhaç fi'l-kéla), qui a été traduit en allemand par Rudioff et Hochheim dans le journal de la Société orientale allemande.

Abou'I-Hasan 'Ali el-Marrâkocbi (ou Abou'AU el-Hasan d'après le manuscrit de Leyde) écrivit en 1230 son DjdmC el~mabâdi wèl-ghdydt (Réunion des commence- ments et des fins), qui a été traduit en français, sous le titre de Traité des instruments astronomiques des Arabes, par J.-S. Sédillot et publié par son fils.

Yahya Ibk ABi-CHOtKB, qui portait le titre honori- fique de Moukyi 'l-milla tveddin (Revivificateur du peuple et de fa religion), était originaire d'Espagne; contempo- rain de l'historien syriaque Barhebrœus, il vécut d'abord en Syrie, puis à la cour de l'empereur mongol Houlagou. Outre de nombreux ouvrages sur l'astrologie et l'astro- nomie, il s'est occupé des sections coniques d'Apollonius de Pergé et des sphériques de Ménélaâs et de Théodo- sius, ainsi que du comput du temps chez les Chinois et les Ouïgours.

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LES ABBAB8IDES

L'astronomie et l'astrologie.

L'une ne va pas sans l'autre : pendant des siècles, l'astronome n'a pu se procurer les moyens de vivre et d'étudier qu'en vendant des formules astrologiques. Qui pouvait s'intéresser a la marche des astres ? Tandis que tirer un horoscope, connaître l'avenir qui se dévoile fai- blement et ae déroule lentement, voilà qui avait de l'im- portance pour les particuliers et les États. De bonne heure nous voyons écrire, vers le commencement du III* siècle de l'hégire, un traité populaire d'astrologie divisé en douze chapitres d'après le nombre des signes du Zodiaque, par Abou-Yoûsouf Ya'qoûb el-Qarcht, et qui se trouve à la bibliothèque de Berlin. Un peu plus tard Ahmed ben Mohammed el-Farghâni, dont nous ne savons rien de plus, si ce n'est qu'en 861 il construisit un nou- veau nilomètre en Egypte, écrivit un traité d'astronomie qui le rendit célèbre en Europe sous le nom d'Alfraganus, et que Golius publia et traduisit en latin en 1669 à Ams- terdam.

En 885 mourait à Wâsit le grand astronome Aboo- Ma'char Dja'far ben Mohammed, originaire de Balkh dans l'Asie centrale, que le moyen âge appelait Albu- maser. Si l'Europe admire en lui l'astronome, l'Orient s'émerveille de sa science divinatoire et de ses opéra- tions astrologiques, au moyen desquelles il retrouvait des trésors et les objets perdus. De ses compositions on a conservé le Madkkal ou introduction à l'astrologie, et d'autres ouvrages d'astronomie gardés en manuscrit par diverses bibliothèques d'Europe.

Mohammed ben Djabïr al-Battànî, célèbre en Europe

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LITTERATURE ÀRÀBE

BOUS le nom d'Albatégnius, était un gabien de Harraa; à Raqqa sur l'Euphrate, oii il vivait, il fit des observatïoDs astronomiques de 882 à 900 et y dressa ses tables que possède l'Escurial et que M. NalHoo publie et traduit en latÎD a Milan. En se rendant à Bagdad pour y soutenir un procès, il mourut en 929 dans une petite bourgade sur la route. Ses tables, traduites par Platou Tiburce, sous le titre de De scientiâ stellarum, imprimées à Nuremberg en 1537, provoquaient encore, à la fin du XVIII* siècle, l'estime de Lalande.

A côté de ces grands noms, on peut citer encore ceux des Persans Kouchyar ben Labbân, auteur d'ouvrages astronomiques et astrologiques, vers 961 ; Abou-Naçr el-Qoummi, vers 968; Abou't-Hoséïn 'Abder-Rahman ea- Soufi de Réï, astronome au service du prince bouïde Adod-Eddaula, mort en 986, auteur d'une description des étoiles fixes qui a été traduite en français par Schell- jerup à Saint-Pétersbourg en 1874 et d'un mémoire sur l'astrolabe que Bernard Dorn a utilisé dans une de ses études; Abou-Sahl Waïdjan ben Rustem et-Kouhi, vers 990; Abou'l-Wefâ Mohammed el-Bouzdjâni, originaire d'une bourgade près de Nisapour dans le Khorasan, mort en 997, qui imita l'Almageste de Ptolémée et laissa la réputation d'un grand géomètre, pour avoir déduit cer- tains corollaires inconnus avant lui; c'est une question de savoir s'il a réellement, comme le croyait Sédillot, découvert la troisième inégalité lunaire avant Tycho- Brahé. Après ces Persans viennent 'Ali ben Abi-Sa'ld es-Sadafi, astronome du khalife fatimide d'Egypte Ël- Hakem, auquel il a dédié sa grande Table hakémite dont Caussin de Perceval s'est occupé dans les Notices et Extraits; il mourut en 1008; Abou'UHasan 'Ali ben Abi'r-Ridjâl en Afrique, dont l'astrologie fut traduite en

LES IBBÂSBIDES

latin et imprimée à Bâie en 1551 sous le nom d'Albo- hazen; Abou'l-Qâsim el-Ghàfiqt, médecin et mathéma- ticien espagnol, dont le traité de l'astrolabe est conservé au British Muséum.

La géographie.

La géographie des Arabes est d'origine grecque; El- Kindi se fit traduire l'ouvrage géographique de Ptolémée, traduction améliorée plus tard par Thâbit ben Qorra; nous n'avons plus ce travail : le plus ancien abrégé de géographie que nous possédions est le SouraC el-ard (Figure de la terre) de Mohammed ben Mousa el-Khàrizmi (1036), étudié par W. Spitta et C. Nallino. Mais il était donné à la langue arabe, pour répondre aux nécessités politiques et économiques du vaste empire que le kha- lifat avait à administrer, de produire de bonne heure des ouvrages de géographie descriptive dont l'intérêt, pour la connaissance de l'Orient au moyen âge, est capital : aussi les plus éminents des orientalistes se sont-ils astreints à les étudier et à les publier.

Ce sont les maîtres de la poste aux chevaux, c'est- à-dire les fonctionnaires qui, dans la capitale et dans les cheTs-lieux de province, assuraient la transmission de la correspondance olficielte en même temps qu'ils avaient la mission non avouée de tenir au courant, par des rap- ports de police, l'autorité centrale de ce qui se passait dans toutes les régions de l'immense empire, qui écri- virent, pour les besoins de leur service, la description des terres régnait le Koran. Ibn Khordâdbeh ('Obéï- dallah ben 'Abdallah) était Persan d'origine; son grand-

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3SS LITTÉRATUnE AIIABB

père, qui appartenait à la religion mazdéenne, s'était converti à l'islamisme, son père avait été quelque temps gouverneur de la province du Tabaristan sur la mer Cas- pienue. Lut-m^mc vécut à Bagdad, y fit la connaissaQce du célèbre musicien Ishaq de Mossoul, qui lui enseigna la musique et les belles-lettres; il fut enfin envoyé dans l'Irak persique comme directeur des postes; il était à Sàmarra sur le Tigre lorsqu'entre 844 et 848 îl écrivît son Litre des routes et des provinces qui donne l'indica- tion exacte des relais de poste et le montant des impôts de chaque province. M. Barbier de Meynard a le premier publié et traduit cet ouvrage dans le Journal Asiatique; plus tard M. de Goeje, à Leyde, en a donné un texte corrigé d'après des manuscrits moins défectueux.

Ibn Wàdih el-Ya'qoûbi, proprement Ahmed ben Abi- Ya'qoûb, appartenait à la famille des khalifes abbassides. Son bisaïeul Wâdih, affranchi du khalife Mançour, puis gouverneur d'Arménie, de l'Azcrbaïdjan et de l'Egypte, était chîîte : son dévouement pour l'Alide Idris, dont il facilita la fuite vers le Maroc, lui valut la peine de mort. Quant à notre géographe, il vivait auprès des princes tahérides du Khorasan; il entreprît un voyage dans l'Inde, en Egypte et dans le Magrcb, il écrivit, sous le titre de Licre des pays, sa description du Magrcb, remplie de détails topographiques et de descriptions des principales villes. Il composa également une histoire des Abbassides qui est en réalité une Histoire universelle abrégée en deux volumes, s'arrètant à l'année 872, et dont l'intérêt est double, parce que c'est le plus ancien ouvrage historique écrit par un chiite et avec des ten- dances chiites, et parce que l'auteur s'est servi de bonnes et anciennes sources dont la science a pu tirer profit.

Abou-Bekr Ibn el-Faqîh était de Hamadan en Perse;

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ii écrivit, peu après la mort du khalife Mo'tadid (902), son livre géographique, dont on n'a plus que l'extrait fait en 1022, par 'Ali ben Dja'far de Chaïzar, et qui est remar- quable en outre parce que la ville de Bagdad, la capitale, n'est pas mentionnée, ce qui pourrait faire croire qu'il a été rédigé sur des données recueillies au temps des Oméyyades, avant la fondation de cette ville illustre. Ibn Rosteh {Abou-'Âli), qui se trouvait à Ispahan ver» 903, y compila une encyclopédie appelée el-A'ldk-en- Nafïaa; la partie géographique, qui eu forme le septième volume, a été conservée au British Muséum et publiée, ainsi que les précédents, par M. de Goeje dans sa BibUo- theca geographorum arabicorum. Récemment M. Guy Le Strange a fait connaître ua Ibn Serapion, dont le nom étrange rappelle l'Egypte, qui rédigea, après la prise de Bagdad par les Bouïdes, en 945, une descrip- tion de cette capitale et de la Mésopotamie; mais nous ne savons rien de ce topographe, dont la place est histo- riquement ici. Un ambassadeur du khalife El-Moqtadir, Ibn Fadian, envoyé en 921 auprès du roi des Bulgares, alors cantonnés sur les bords du Volga, en rapporta un récit de sa mission qui a été utilisé par Yaqout pour son grand dictionnaire géographique; la partie relative aux anciens Russes a été publiée et traduite en allemand par Frœhn .

Qodama (Abou'l-Faradj), surnommé le Secrétaire de Bagdad, mort en 922, a laissé un livre de l'impôt fon- cier qui, avant de passer à l'examen des questions con- cernant l'établissement et le rendement de l'impôt, donne un exposé de l'organisation du service des postes et un résumé de la géographie de l'empire arabe et des con- trées avoisioantes. Mais Qodama n'était géographe que d'occasion; il était littérateur de profession; il a écrit un

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LITTERATUIE AB&BE

ouvrage intitulé Critique de la poésie, qui traite de l'art poétique chez les Arabes, et un de ses élèves a rédigé d'après ses leçons un ouvrage sur la rhétorique que possède l'Escurial.

La dynastie des Samanides commençait alors à faire parler d'elle dans le Khorasan, elle s'était rendue de fait indépendante. Elle protégeait les lettres et les sciences, et la géographie lui doit d'avoir vu paraître un ouvrage écrit entre 892 et 907 par El-Djalhâni, qui fut ministre de plusieurs de ces princes, et qui est aujour- d'hui perdu, à moins qu'Edrisi ne l'ait utilisé pour sa des- cription de l'Asie, comme on l'a insinué. Le même El-Djaïhàni, profitant de la présence à la cour de Bou- khara du prince indien Kalatli, fils de Chakhbar, chargea le poète arabe Abou-Dolaf Misaar ben Mohalhal, à Yambo dans la mer Rouge, d'accompagner le prince indien dans son retour à travers le Tibet; le poète voya- geur revint de l'Inde par Kachmir, l'Afghanistan et le Sidjistan et rédigea à son retour un livre intitulé Mer- veilles des pays, qui a été utilisé par Yaqoutet Qazwîni et étudié par SchlSzer.

Le philosophe Abou-Zéîd Ahmed ben Sahl el-Balkbî a composé en 921 un livre intitulé Sowar el-aqâlim (les Figures des climats), qui renferme surtout des cartes géographiques et dont un exemplaire se trouve à Berlin. L'auteur avait appartenu dans sa jeunesse à la secte des Imamites; pour la mieux connaître, il s'était rendu dans l'Irak, avait profité des leçons d'El-Kindi et s'était livré à des études philosophiques. Le prince de Baikh, qui portait le même nom que lui, Ahmed ben Sahl, le cou- vrit de bienfaits et lui permit d'acheter un fonds de terre. Il mourut en 934. C'est à lui qu'on a attribué, probable- ment à tort, mais déjà depuis fort longtemps, le Livre

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de la Création et de l'histoire dont le véritable auteur parait Être Motahhar ben Tabir el-Maqdisi, qui se trou- vait dans la ville de Bost en Sidjistan.

La géograpbîe de la péninsule arabique a été le terrain d'élection d'El-Hamdâni, originaire d'uue famille du Yémen, passionné pour les antiquités de l'Arabie heu- reuse, pour les souvenirs de son histoire, pour les vieilles forteresses ruinées qui rappellent l'ancienne grandeur du royaume de Saba; sa description de la péninsule a été éditée par D. H. Mûller et étudiée par Sprenger ; son livre intitulé Iklil (la Couronne), qui se trouve à Berlin, a fourni à D. H. Mûller la matière d'une étude sur les châteaux forts du sud de l'Arabie.

Abou-'Abdallah el-Maqdisi, que l'on continue à appeler El-Moqaddési par suite d'une habitude prise de longue date (cette dernière forme de son surnom est admissible, mais peu usitée), était à Jérusalem ; il passa une grande partie de sa vie à parcourir l'empire musulman, sauf peut-être les extrémités orientale et occidentale, l'Inde et l'Espagne. Son livre, intitulé Ahaan et-taqdsim fi ma- rifèt el-aqalim (la Meilleure des divisions pour la con- naissance des climats) est un ouvrage très complet dans lequel il donne, en outre de ses observations per- sonnelles, le résumé des connaissances antérieures; il l'écrivit en 985. Cette description des États musulmans a depuis été souvent utilisée par les géographes qui l'ont suivi.

Abou-Raïhân Mohammed bl-Bihouni tirait son surnom de ce qu'il était dans un des faubourgs de Khwà- rizm (Khiva), en septembre 973. Sa famille était d'ori- gine persane. Il fit de profondes études en histoire, en mathématiques et en médecine; il fut en correspon- dance avec Avicenne. Il se rendit plus tard dans l'Inde,

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100 LITTÉRATDRB ARABE

dont il étudia les sciences, et dont il nous a laissé une description fort exacte sous le titre de Tartkh el-Hind (Histoire de l'Iode), publiée et traduite en anglais par M. E. Sachau. Après son retour il s'établit à la cour du sultan Mas'oùd, fils du célèbre Mahmoud ben Subuk- tékin le Ghaznévide, auquel il dédia son Qânoân el- Mas'oûdi, traité complet d'astronomie. Il mourut à Ghazna le 13 décembre 1048. Il était chiite, comme la plupart de ses compatriotes, et mal disposé pour les Arabes. Sa chronologie des peuples orientaux [el-AUtâr el-bâqiya, les Monuments existants des siècles écoulés), remplie de renseignements des plus intéressants sur les peuples de l'Asie centrale, a été publiée et traduite en anglais par M. Sachau.

Abou-'Obéïd bl-Bekhi, à Cordoue en 1040, mort dans la même ville en 1094, a composé, sous le nom de Mo'djam ma ista'djam, un dictionnaire géographique des noms de localités cités dans les anciens poètes arabes avec une introduction qui parle de la position géogra- phique des tribus, qui a été publié par Wûstenfeld, et une géographie générale, sous le titre commun à la plu- part des traités arabes de cette science, el-Mésalik wèl- mémalik (les Routes et les provinces), dont le haron Mac- Guckin de Slane a extrait et traduit en français la Description de V Afrique septentrionale.

Mohammed ben Abi-Bekr bz-Zobhi, qui vivait à Gre- nade en 1137, a laissé une géographie dont on a extrait la description du Sous el-aqca qui a paru dans le Bul- letin de correspondance africaine.

Abou-'Abdallah ech-ChérifEL-EDRisi, àCeuU en 1099 d'une famille alide, étudia à Cordoue, fit de longs voyages et vint à la cour du roi normand de Sicile, Roger II , pour lequel il écrivit en 1154 son grand

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ouvrage géographique, Nozkat eUMochtâq, qui a été traduit en français, d'une façon d'ailleurs insufEsante, par Amédée Jaubert.

Abou-' Abdallah Mohammed bl-Mazini, il Grenade en 1080, parcourut une grande partie du monde mu- sulman, l'Egypte oîi il arriva en 1114, Bagdad il se rendit en 1161, puis le Khorasan, d'oii il revint en Syrie pour s'établir à Damas. Il mourut dans cette dernière ville en 1169. 11 rédigea sa géographie, intitulée Tohfat el-albdb iva nokkbat el-A'djâb (Présent fait aux cœurs et choix de merveilles) d'après ses propres voyages et les récits de témoins dignes de foi. Il réunit, pour la biblio- thèque d'Abou'l-MozhaflFar Yahya ben Hobéïra, le récit de ses voyages, l'on trouve beaucoup de légendes fabuleuses, sous le titre de Nokkbat el^adhân. Du même genre doit être le 'Adjdïb el-Makhlouqat (Merveilles des Créatures), conservé à la Bodléienne; ce titre devait beaucoup servir après lui.

Abou'I-Hoséïn Mohammed Ib> Djobair écrivit, vers la fin du vi' siècle de l'hégire, un récit de son pèlerinage à la Mecque, en partant d'Espagne. Le texte en a été publié par Wright; des extraits en ont été traduits en français par Amari et Crotla. Il était originaire de Valence, il naquit en 1145, puis s'était établi à Gre- nade; il en partit en 1182 pour accomplir son voyage. Au retour il visita Malaga, Ceuta et Fez, il donna des leçons. Il mourut en 1217, après avoir amassé une for- tune considérable à laquelle il renonça par esprit de dévotion,

Yàqodt ben 'Abdallah er-Roumi était de parents grecs sur le territoire de l'empire romain d'Orient, vers 1179 ; enlevé dans une razzia, Il fut conduit à Bagdad et vendu comme esclave à un négociant de Hama établi dans

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la capitale du khalifat. Son mattre lui 6t dooner nue éducation soignée et l'envoya, jeune encore, faire des voyages de négoce. Au retour de son troisième voyage dans le golfe Persique en 1194, il se brouilla avec son mattre, qui était aussi son bienfaiteur; chassé de la maison, il se fit copiste pour vivre et étudia auprès du grammairien El-Okbarî. Quelques années plus tard il se raccommoda avec son patron et reprit encore une fois la route du golfe Persique; mais à son retour, l'année suivante, il trouva mort le négociant de Hama, s'établit comme libraire et commença à publier des écrits. En 1213 il recommença à voyager; tl se rendît à Tébriz, puis partit de Moaaoul pour la Syrie et l'Egypte, et se rendit en 1215 dans le Khorasan. Pour se consoler du chagrin que lui causa le départ d'usé esclave turque, dont il avait se défaire par suite du vide de sa bourse, il lut les livres que contenaient les bibliothèques de Merv, et conçut le plan de son grand dictionnaire géo- graphique. Après y être resté environ deux ans, il se rendit à Khiva et à Balkh ; c'est pendant qu'il se trouvait dans cette dernière ville qu'il apprit la prise de Bokhara et de Samarcande par les Mongols; effrayé par ce désastre, il retourna dans le Khorasan et rentra en 1220 à MoBSOul, il reprit son métier de copiste. Le vizir Djémâl-Eddin ech-Chéîbâni, auquel il avait eu recours, lui facilita les moyens de venir le trouver à Alep en 1222. De retour à MobbouI, il s'occupa de terminer son diction- naire, achevé le 13 mars 1224. En 1227 il fit encore une fois le voyage d'Alexandrie, en revint à Alep l'année suivante et se remit à corriger le manuscrit de son grand ouvrage. C'est qu'il mourut le 20 août 1229.

Le Mo'djam el-boldân a été publié par WCtstenfeld, ainsi que le Mocklarik, dictionnaire des homonymes

LES ABBASSIDBS 303

géographiques; l'abrégé du premier, Mardçid-el-ittilâ' , publié à Leyde par Juyoboll, a été pendant longtemps le seul ouvrage de ce genre qu'aieat pu cousulter les orientalistes. Il a composé aussi un dictiounaire des gens de lettres, Mo'djam el'odabâ, dont M. Margoliouth prépare une édition. Le Moqtadhab min djamharat en-naaab, qui existe en manuscrit au Caire, est une sélection de la généalogie des tribus arabes.

Le médecin Mowaffaq-Eddin 'Abd-el-Latip beu YoA- souf, à Bagdad en 1160 et mort dans la même ville le 10 novembre 1231, a écrit une description de l'Egypte dont se sont occupés J. White, Wahl et Silvestre de Sacy. Il a laissé en outre un recueil d'apophtegmes du Prophète et de ses compagnons, le Tadjrid, et une des- cription de la personne de Mahomet, abrégée d'après le Maqâîat et-Tadj.

Zakariyâ bl-Qazwini, à Kazvin dans l'Azerbaidjan vefs 1203, descendait d'Anas, fils de Malek. Il quitta sa ville natale, nous ne savons pour quelle raison, et s'éta- blît en 1232 à Damas, il fit la connaissance d'ibn el- 'Arabi. On le retrouve ensuite cadi des villes de Wâsit et de Hilla sous El-Mosta'çim, dernier khalife abbasside de Bagdad; il mourut en 1283. Il est l'auteur de V'Adjaîb el-Makhlouqât (Merveilles des créatures), cosmographie, publiée par Wûstenfeld, ainsi que VAtkdr el-Bildd (Monuments des contrées), qui est une géographie his- torique.

Abou-Mohammed el-'Abdari, qui était de Valence, écrivit en 1289 un Rihla (Voyage), qui contient la des- cription des villes d'Afrique et des détails sur les mœurs de leurs habitants ainsi que sur les savants qui y demeuraient.

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LITTEKATCKE ARABE

La médecine.

Les Syriens avaient porté la coDiiaissaiice de la méde- cine jusqu'en Orient; l'académie de Gondéchâpour, en Perse, en avait gardé la tradition jusqu'au temps des khalifes abbassides. C'est que le khalife Mançour alla chercher Georges Bokhtyëchou' pour faire de lui son médecin particulier. Cependant la médecine arabe reçut aussi une certaine influence de l'Inde; nous savons qu'à la cour de Haroun er-Rachid se trouvait le médecin indien Manka. A. MûUer a établi que Rhazès s'était servi, dans son Hdm, du Sucruta indien.

Les khalifes Mo'taçim et Motawakkil eurent pour médecin Abou'l-Hasan 'Ali ben Sahl ben Rabban, fils d'un médecin juif du Tabaristan ; le premier de ces sou- verains n'eut pas de cesse qu'il ne l'eût converti à l'isla- misme; son changement de religion lui assura sa place. Son titre de gloire est d'avoir été le professeur de Rhazës; ses deux ouvrages, el-Konnâch (Système de la médecine) et Hifzh ec-Çihka (Conservation de la santé) se trouvent à Berlin, au British Muséum et à la Bodléienne.

De Gondéchûpour venait également Abou-Zakariyâ Yahya ben Mâsawéïh, fils d'un apothicaire de cette ville. A Bagdad, il faisait ses études, il rencontra Gabriel, fils de Bokhty£chou', médecin particulier de Haroun cr-Rachid, qui lui confia la direction d'un hôpital ; plus tard il lui succéda auprès du khalife Mançour et de ses successeurs jusqu'à Wâthiq. 11 traduisit du grec de nombreux ouvrages et en composa lui-même d'origi- naux, tels que le Natvddir el-tibb (les Curiosités de la médecine), dédié à Hooéîn ben Ishaq.

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LES ABBASaiDBS

Ishaq ben 'Imrân, appelé à Kaîrouac par le prince aglabite Ziyàdet-Allah III, qui souffrait de la mélancolie, était de Bagdad. Après s'être brouillé avec ce prince, il périt dans les supplices sur la dénonciation d'un ennemi, qui était juif; il a laissé un traité de la mélan- colie qui est à Munich.

Le grand médecin de cette époque est RKAzàs, autre- ment dit Abou-Bekr Mohammed ben Zakariyâ er-Ràzi, c'est-à-dire à Réï, l'ancienne Rhagès. Jusqu'à trente ans il ne s'occupa que de musique; puis il vint à Bagdad et y étudia la médecine sous la direction d"Ali ben Sahl ben Rabban, le médecin du khalife Mo'taçim. Quand il y fut passé maitre, on le chargea de diriger l'hôpital de Réï; plus tard il revint à Bagdad en la même qualité. Puis il voyagea : déjà la renommée de sa science s'était répandue en Orient; le prince samanide MançoAr ben Ishaq l'accueillit à sa cour, et le médecin lui dédia l'ou- vrage qu'il nomma Mançoùri. Ce souverain du Khorasan était brutal ; quand Rûzi lui présenta son ouvrage sur l'alchimie, il exigea que le savant prouvât par l'expé- rience la réalité des faits qu'il avançait; et comme celui-ci n'en pouvait rien faire, pris de colère, il lui déchargea un coup de fouet sur la tête, ce qui le rendit aveugle. On ne sait pas la date ni le lieu de la mort du grand médecin; car les uns disent 923, les autres 932; on hésite entre Bagdad et Réï. Son grand ouvrage, le Hàwt, n'avait pu être rédigé en entier par lui : il le fut, d'après ses notes manuscrites, après sa mort, sur l'ordre du ministre du prince bouïde Rokn-Eddaula. Le Man- çoûri, traité de la médecine en dix livres, le livre de la variole, et tant d'autres, ont été de bonne heure traduits en hébreu et en latin, ou publiés dans le texte; la bibliothèque de l'Escurial en contient un grand nombre.

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SM LITTÉRATURE ARABE

L'Egypte, de son côté, avait donné naissance à Ishaq beo SoléïmaD, que son surnom d'Israïli indique d'ori- gine juive; sous le prince aglabite Ziyndet-Allah 111, il se rendit à Kairouan, il connut Ishaq ben 'Imran ; plus tard, après la cbute des Aglabites, il passa au service du khalife fatimide El-Mehdi et mourut vers 932 après avoir écrit un livre des fièvres, un traité des aliments et des médicaments, des recherches sur les éléments.

'Isa ben 'Ali, médecin chrétien, écrivit à Bagdad un mémoire sur les maladies des yeux et la manière de les traiter, qui fut connu de bonne heure en Europe par l'usage qu'en fit la chirurgie, imprimé ii Venise en 1499. Un autre auteur que l'Europe connut aussi à la Renais- sance, c'est Ali ben 'Abbas, médecin du prince bouïde Adod-Eddaula ; il était fils d'un Mazdéen {d'où son sur- nom de Madjousî] et à el-Ahwaz, en pleine Susiane. Son ouvrage principal s'appelle Kdmil ec-çinâ'a et~tib- bitfé (le Traité complet de l'art médical] et a été tra- duit en latin par Etienne d'Antioche et publié à Leyde en 1523.

Abou-Sahl 'Isa ben Yahya était un chrétien du Djord- jàn, qui exerçait la médecine dans le Khorasan ; mort jeune, à quarante ans, vers l'an 1000, il fut le professeur de médecine d'Avicenne; il a écrit une encyclopédie médicale divisée en cent monographies, une thérapeu- tique générale, une démonstration de la sagesse de Dieu dans la création des divers membres et organes du corps de l'homme, et plusieurs autres traités de moindre importance.

Revenons vers l'Occident. Nous y trouvons un Maghré- bin, à la fois jurisconsulte et médecin, Abou-' Abdallah Mohammed ben 'Ali ben Toumirt, mort en 1001, qui aurait composé ciuq cents ouvrages, dont on rencontre quel-

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ques fragments dans les bibliothèques ; El-Djazzâr (Abou- Dja'far), qui, contrairement à la pratique de ses contem- porains, préférait soigner des particuliers dans la ville de Kairouan que des princes, et qui, par zèle religieux, prenait part chaque année aux cxpéditioDs de pirates organisées en Tunisie sous prétexte de guerre sainte contre les infidèles, ce qui ne l'empêcha pas de mourir très âgé, à plus de quatre-vingts ans, en 1004. Un traité abrégé de médecine, sous le titre de Zâd el-Mosdfir (le Viatique du voyageur et la nourriture du sédentaire), un livre sur la conâance que l'on doit avoir dans les simples, un autre sur l'éducation des enfants, ont été conservés; son traité de la médecine des pauvres et des indigents fait de lui un prédécesseur de Raspaîl. A Cordoue, sous le khalife 'Abder-Rahman III, nous trouvons Abou'l-Qàsîm Khalaf ben 'Abbàs ez-Zahrâwi, plus connu sous la défor- mation européenne de son surnom, Albucasis, grand chi- rurgien, qui employait fréquemment la cautérisation, et dont les œuvres ont été traduites en latin et publiées au début de l'imprimerie.

Abou'l-Faradj 'Abdallah Ibn et-Tayybb, médecin chré- tien , professeur à l'hôpital fondé à Bagdad par le Bouïde Adod-Eddaula, et en même temps secrétaire du catholicos Elias t", mourut en 1043. Il a paraphrasé les ouvrages de Galien et composé des livres sur la théo- logie chrétienne.

Son élève Abou'l-Hasan el-Mokhtâr Ibn Botlâk, égale- ment chrétien et médecin, accomplit le voyage d'Egypte en 1047 pour faire la connaissance de son adversaire littéraire Ibn Ridwàn; se sentant près d'être battu, il gagna le territoire de l'empire grec, se rendit à Coas- tanttnople et à Antiochc, se réfugia dans un cloître et y mourut postérieurement à l'année 1063. Son Taqwim

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eç-çihha (Tables de la Baaté] est une réunion de quarante tables de mortalité, qui ont été publiées et traduites à Strasbourg en 1532. Le Da'wat el-alibba est une conver- sation entre l'auteur et un médecin septuagénaire à Méyyâfâriqin, sur la médecine. UAmrâd el' Arida est an traité de thérapeutique à l'usage des personnes éloi- gnées de la ville. Il a écrit deux opuscules, l'un pour indiquer les vices rédhibitoires que l'on peut trouver à la vente d'un esclave, l'autre pour démontrer que le poulet a le sang plus chaud que tout autre volatile.

Abou-Sa'ïd 'Obaîdallah Ibn Bokbtyèchou' appartenait à la célèbre famille de médecins chrétiens des Bokhtyè- choA' ; il était ami d'Ibn Botlàn, vécut à Méjyàfàriqfn et mourut vers 1058. Il a écrit sur l'amour en tant que maladie, et sur les spécifiques.

Abou' UHasan 'AU Ibn RidwAn était un Égyptien à Gizèh, au pied des grandes pyramides; le khalife El- Hâkim le prit comme médecin particulier, ce qui fut le point de départ de sa fortune. Malheureusement les richesses qu'il avait amassées furent gaspillées plus tard par un fils adoptif qui trahit sa confiance. H mourut en 1061 ou 1068. Sous le titre de Kifayet et-Tablb (Ce qui suffit au médecin) il a donné un traité de nosologie et de diagnostic, l'inspection des urines joue un rôle dominant. VOçoûl fit-tibb (Principes de la médecine) n'a été conservé qu'en traduction hébraïque. Son com- mentaire sur VAra pâma de Galien a. été traduit en latin et imprimé à Venise en 1496; de même son corn' mentaire sur le Quadriparlitum de Ptolémée (Venise, 1484).

Abou-'Ali Yahya Ibn Djazla, chrétien d'origine, se convertit à l'islamisme en 1074 et devînt secrétaire du cadi hanéfite de Bagdad; il écrivit une lettre, aujourd'hui

LES ABBABSIDBS 309

perdue, pour réfuter les doctrines chrétiennes. 11 s'oc- cupa de médecine et exerça cet art à l'égard de ses voi- sins et de ses amis, sans exiger de rétribution non plus que le payement des drogues qu'il fournissait; il mourut en 1100. Il a réuni, sous le titre de Taqtvîm el-Abdân, des tableaux de maladies d'après le modèle des tables astronomiques, traduits en latin à Strasboui^ en 1532, et sous celui de Minhaij el-beyân, un index alphabé- tique des remèdes simples et composés.

Abod'ç-Çalt Ouayta ben 'Abd-eU'Aziz naquit en 1068 à Dénia en Espagne. En 1096 il se rendit à Alexandrie et de au Caire. Pour avoir tenté de renflouer un navire échoué, et n'y avoir pas réussi, il fut jeté en prison et y resta jusqu'en 1111. Il quitta l'Egypte à la suite de cette mésaventure et se retira à Mehdia en Tunisie, il trouva une réception honorable et il mourut en 1134. Il a laissé un recueil des drogues simples [el-Adwiya et- mofrada), un traité de l'astrolabe, des problèmes astrono- miques avec figures, un traité de logique appelé Taqwîm ed-dkilm (Tableaux de l'esprit). Il avait composé des poé- sies que nous n'avons plus, à l'exception d'une ode conservée à Berlin.

Abou'l-Faradj 'Abd-er-Rabmàn ben Naçrallah de Chi- rac, qui exerçait la médecine à Alep vers 1169, a écrit, en outre d'un traité sur les mystères de la science du mariage [el-Idâh fi aardr 'ilm en-nikâh) et du Raudat el-Qoloâb {le Parterre des cœurs) sur l'amour, un livre de l'interprétation des songes [Kholdcat el~Kéldm), qui a été traduit en français par P. Vattier, sous le titre d'Oneiro- crite musulman.

Maïmonide {Abou 'ImrânMoAsâ Ibh Maihoon), le grand philosophe juif de Cordoue, était médecin. en 1139 à Cordoue, il étudia la théologie juive et la médecine. Il

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LITTERATURE ARABE

se fit passer quelque temps pour musulman lorsque le second sultan almohade, * Abd-el-Mou'miu , ordonna aux juifs et aux chrétiens qui habitaient ses États de choisir entre l'islam et l'exil; puis, quand il eut mis en ordre ses aSaires, il se rendit en Egypte, reprit sa véritable religion et fonda même une école talmudique au Vieux Caire. Saladin le choisit pour son médecin, poste qu'il conserva sous son successeur Mélik-'Azîz. Il mourut en 1204. Son Guide des égarés, écrit en arabe, mais en caractères hébraïques, rentre dans la littérature arabe; c'est un traité philosophique à l'occasion de certains termes de la théodicée de la Bible; il a été publié et tra- duit en français par S. Munk. Parmi ses ouvrages médi- caux, on peut considérer surtout comme curieux un traité dédié au cadi El-Fâdîl, sur le venin des reptiles et le moyen de s'en guérir.

L'alchimie.

L'Alchimie avait trouvé des adeptes dans la famille des Oméyyades, puisque nous avons vu un prince de cette dynastie, Khâlîd ben Yézid, élève du moine Marîanus, écrire trois traités sur ce sujet. Djâbir ben Hayyàn, le grand alchimiste, dont l'enseignement domine le moyen âge, aurait été son élève ; on dit encore que l'imam Dja'far Çâdiq, le maitre des sciences occultes, aurait été le professeur de Djâbir. De quel pays était-il originaire? on ne le sait. Les uns disent Toâs, dans le Khorasan, les autres Antaradus, sur la côte de Syrie; M. Brockel- mann pencherait à voir en lui un sabien de Harrân. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il vivait à Koufa vers

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LES ABDASSIDBS 811

776. Od connait de lui vingt-sept ouvrages, dont plu- sieurs ont été traduits en latin et en allemand et publiés à Nuremberg, à Francfort et à Strasbourg, entre les dates de 1473 et de 1710.

A ia 6n du m' siècle de l'hégire, comme l'a établi Rosen, i'alchimiste Mohammed ben Oméïl composait une ode sur certains êtres ailés vus sur les murs d'un temple à Bousir, dans lequel la légende populaire croyait retrouver la prison Joseph a été enfermé, et écrivait sur cette même ode un commentaire avec des considéra- tions empruntées a l'alchimie.

A côté de ces rêveries la chimie en germe n'avait pas encore de base scientifique, nous voyons, à la même époque, paraître un ouvrage consacré a l'agriculture nabatéenne et rempli d'observations scientifiques con- servées par la tradition des laboureurs des plaines de la Mésopotamie. On sait que, par Nabatéens, les Arabes entendent la population autochtone de la Chaldée et de la Babylonie, population sémitique dont l'araméen était devenu la langue après avoir supplanté les vieux dia- lectes. Abou-Bekr Ibn el-Wahchiyé était Araméen d'ori- gine, né en Irak. Il écrivit, en 904, un Livre de l'agri- culture nabatéenne dans lequel Chwohlsson avait cru retrouver des restes de la vieille littérature babylonienne, tandis que l'auteur arabe, poussé par son désir de mon- trer que la civilisation araméo-syrienoe était plus belle, plus développée que celle des Arabes conquérants, n'avait pas hésité, pour appuyer sa thèse, à fabriquer de toutes pièces des écrits qui n'avaient jamais existé. L'orientaliste russe n'avait pas réfléchi qu'Ibn el-Wah- chiyé, non plus que les Arabes d'Egypte pour les hiéro- glyphes, n'avait aucune connaissance de la littérature babylonienne, dont le système d'écriture n'a été déchiffré

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SI3 LITTERATDRE À&ÀBB

que de nos jours. Une autre tendance qui 9e fait voir dans le même ouvrage, c'est le désir de combattre les dogmes musulmans au moyen des textes allégués, bien que l'auteur se montre toujours pieux sectateur de l'Islam. Une autre falsification du même auteur est le Ckaiiq el-Moslakâm (le Désir du cœur troublé qui veut coDDattre les secrets des écritures), consacré aux diverses écritures des différents peuples, matière que l'auteur, comme tous les Orientaux, ne pouvait connaître que bien imparfaitement. Enfin, on lui doit un certain nombre de traités d'alchimie, et le Sidret el-Montaka (le Buisson de la limite), conversation sur des sujets religieux et philosophiques.

Un Espagnol de Madrid, Abou'UKùsim Maslama e)- Madjriti (-j- 1007), était célèbre sous El-Hakam II par ses connaissances mathématiques et astronomiques, peut-être encore plus par sa pratique des sciences occultes. Il écrivit sur l'alchimie et sur la fabrication des talismans et des amulettes.

C'est à la même époque qu'il faut ranger l'auteur du plus ancien livre arabe connu sur la minéralogie, le Livre des minéraux et des pierres précieuses, par 'Otârid ben Mohammed, surnommé El-Hâ$ib (le Calculateur) ou El- Kàtib (le Secrétaire). Vers l'an 900, le chef des écuries du khalife Mo'tadid composait un traité sur les chevaux et l'équitation qui est également le plus ancien ouvrage arabe sur la matière; il est au British Muséum. Cethip- pologue s'appelait Abou-YoûsoufYa'qoùb ben Akhi-Hizàm. L'interprétation des songes, enfin, une des plus anciennes fausses sciences de l'Orient, est représentée par le Kîtàb ei-Qâdiri, dédié au khalife eUQâdir par Abou-Sa'id Naçr ben Ya'qoûb ed-Dinawari en 1006.

Vers le même temps on voit poindre également les

LES ABBASSIDBS

encyclopédies abrégées, dontie nombre devait plus tard devenir considérable. La plus ancienne est le Mafâtlh et- '0/oum (Clefs des sciences), édité par M. G. van VIoten, d'après le manuscrit de Leyde, et qui fut écrit par Abou- 'Abdallah Mohammed el-Khàrizmi pour le ministre du prince samanide Noûh II, Abou'l-Hasan 'Obéïdallah el- ■Otbi. Le Kitâù el-Moqâbasdt d'AH et-ïauhidî (•{• 1009), divisé en cent trois sections sur différentes sciences, rentre dans la même catégorie.

'Abdallah Ibn Béïtàh, à Malaga, voyagea comme botaniste en Egypte, en Asie Mineure et en Grèce. A Damas, il entra au service du prince Mélik-Kâmil comme botaniste en chef; quand son protecteur fut mort, il retourna au Caire, mais il ne tarda pas à rentrer à Damas, malgré l'honorable réception que lui avait ré> servée Mélik-Çalih;il mourut dans la capitale de la Syrie, en 1248. H a laissé deux ouvrages sur les simples, le Mûghnl et le Djdmi mofradât, traduit en allemand par J. von Sontheimer et en français par L. Leclerc.

Abou-Zakariyà Yahya Ibn bl-'Awwàu, de Séville, écrivit dans la première moitié du vi* siècle de l'hégire le Kitdb el-Faldha (Livre de l'agriculture), d'après des sources grecques et le résultat de ses propres recherches, publié et traduit en espagnol par Banquera, en français par J.-J. Clément-MuUet.

Chihàb-Eddin Abou'l-'Abbâs bt-TîpàchÎ, mort en 1253, a écrit un livre sur les minéraux et les pierres précieuses, YAzhdr el-afkâr (Fleurs des pensées), étudié par Ravins à Utrecht en 1784 et par Clément-Mullel en 1868.

Les sciences occultes contribuaient aussi à enrichir le domaine littéraire, par exemple le diwan appelé Chod- hoûr ed-dakab (les Rognures d'or), recueil de poésies sur la pierre phiiosophale, de Borhàn-Eddîn Ibn ABFA.'-Ri-

litterâtuiib ahabb

SABOU, de Jaen en Espagne, mort a Fez en 1197. Zéïn- Eddin 'Abder-Rahim bl-Djaubakî, au village de Djaubar près de Damas, se trouvait en 1216 à Harrân en Méso- potamie, en 1219 à Konia en Asie Mineure, et écrivit pour rOrtoliide Mas'oûd, prince d'Amid (Diarbékir) et d'Hiçn-Kéïfa, le Mokhtdr fi Kechf-elasrâr (Livre choisi pour la révélation des mystères], l'on donne l'expli- cation des tours de passe-passe et de prestidigitation. Mouhyi'ddin 'Abou'U'Abbàs el-Boûmi, mort en 1225, a composé de nombreux opuscules sur la magie, tels que le Fadâïl eî^basmala, sur l'usage de la formule BismiUah et son emploi dans les opérations magiques, le Qaha el- iqtidd, sur les propriétés mystérieuses du nom de Dieu et la manière de s'en servir dans les talismans, le Maivdqit el-ghdydt sur les mystères de la vie contem— plattve des soufis, le Sirr el-hikam sur la cabale et la divination.

Les encyclopédies.

Les compositions originales disparaissent de plus en plus pour être remplacées par les compilations, les abrégés des grands ouvrages que l'on avait peine à se procurer, dont il fallait ensuite commenter le texte trop concis pour le tirer de son obscurité. Aussi y a-t-il tendance, chez les auteurs, à sortir d'une spécialité pour englober un champ de connaissances de plus en plus vaste. Nous avons déjà vu de ces hommes universels; nous allons en trouver quelques autres.

C'estainsiqueDjémal-Ëddin Abou-'AbdallahBL-QAZwiNÎ écrit en 1135 le Mofîd el-'oloûm, encyclopédie populaire,

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LES ABBAS8IDBB SIS

religieuse, morale, géographique et historique, que Abou-'Amir Mohammed el-Balaw! , mort en 1164 à Séville, rédige VOnmoddhadj el-'Oloûm consacré ïi vingt- quatre sciences diETérentes, et qu'Abou-Bekr Mohammed bl-IcrbIlI, à Séville en 1108, qui devint â soixante- dix ans imam de la grande mosquée de Cordoue, il mourut en 1179, rassembla les titres de plus de quatorze cents ouvrages dans son Fihriat, édité par Codera et Tar- rago à Saragosse.

Un polygraphe d'une facilité de composition extraor- dinaire, ce fut Djémal-Eddin Abou'l-Faradj 'Abder- Rahman Ibn bl-Djauz!, d'une ancienne famille arabe qui rattachait son origine au khalife Abou-Bekr. Il naquit à Bagdad en 1116; son père était un homme riche qui lui fit donner une éducation coûteuse et soignée. Grand ama- teur de livres, quand il n'eut plus d'argent, il vendit les deux maisons que lui avait laissées son père pour augmen- ter encore sa bibliothèque. Il avait été d'une intelligence précoce : à sept ans il suivait l'explication du Mousnad d'Ibn Hambal et il conserva toute sa vie un goât parti- culier pour l'étude des traditions du Prophète. Rigide harabalite, il combattit vigoureusement les adeptes des autres opinions orthodoxes. Comme écrivain abondant, il n'y a que Soyoùti qui puisse lui être comparé. Ses tra- vaux embrassent tout le domaine de la littérature, sauf la grammaire, la théologie scolastique et les sciences exac- tes. Il fut prédicateur à la Mecque et à Bagdad, non à la mosquée, mais dans des réunions particulières. Les Sun- nites et les Chiites, qui se disputaient fréquemment, le choi- sirent un jour pour décider entre eux; il se tira d'affaire par une phrase ambiguë qui satisfaisait les deux partis. II se vantait d'avoir converti plus de cent mille hommes à une vie pieuse et d'avoir amené plus de dix mille jeunes

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310 LITTERATtlilB ARABB

gens à réfléchir sur eux-mêmes. I] mourut en 1200. Pour exprimer sa prodigieuse activité, on disait que si l'on additionnait le nombre de cahiers ou fascicules de vingt pages écrits par lui pendant sa vie et en divisant ce total par la durée de celle-ci, on trouverait au quotient neuf cahiers par jour; résultat incroyable qu'lbn Khallîkan rejette comme inadmissible pour la raison.

Sur le terrain de la science du langage, nous voyons qu'il a écrit un Taqwtm el-logha, vocabulaire de fautes de langage du peuple; sur celui de l'histoire, le Monta- zkam, histoire universelle, le Dhakab el-Masboûk (l'Or fondu), histoire des souverains musulmans, YAkkbâr el- adhkiyd (Annales des gens intelligents), le Kitdb el-Ho~ maqâ (Livre des sots), le Kitâb el-qoçcâç (Livre des con- teurs populaires), le Wafd sur la biographie du Prophète, les Mandqib ou panégyriques d'Omar, de Hasan el-Baçrt et d'Ahmed Ibn Hambal. En matière de traditions on peut citer le Djdmi'el-Maadnid, rédigé par Mouhibbi et-Tabari, le Mantiq el-Mafhoum qui renferme les traditions sur les bëtes et les objets inanimés qui ont été doués de lan- gage par miracle; \&Maudou'dt, ou Traditions supposées, se trouve au Caire.

La jurisprudence lui doit deux ouvrages : le Tahqiq sur les traditions controversées, et le Bdz el-achhab el-Mon- qadd, qui est une défense de la doctrine hambalite contre les anthropomorphistes. L'exégèse coranique lui a fourni la matière de i'Adjdîb 'oloâm el-Qordn, introduction générale à l'étude du texte sacré, le Mokklaçar et le Modjtabâ, qui en sont des abrégés, le Zdd el-Maalr (Pro- visions de marche), manuel du prédicateur, et VArib, qui est un commentaire des passages diil&ciles du livre.

La morale pratique et l'édification l'ont conduit à compiler de nombreux ouvrages parmi lesquels on pourra

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indiquer le Talbîs IbUs (les Ruses du diable), el-Hadâïq [les Jardins), histoires édifiantes sur le Prophète et ses compagnons, ie Maurid el'Adkb, recueil de soixante-dix sermons qu'il prononça à la Mecque, un livre de Séances, accompagné d'un commentaire lexicograp bique, composé en trente-quatre jours à Bagdad; la médecine lui doit le Loqat el-mandfi', histoire, nosologie et thérapeutique, et le Tibb er-Rouhdni (Médecine de l'âme). Le Mouthir el- 'Azm, le Tabçiret el-akhyâr, qui traite du Nil, rentrent dans le cadre de ta géographie. Le Kitdb el-Moudhich s'adapte diHicilement à une classification quelconque, car il traite à la fois des sciences du Koran, de la langue, de ta tradition, de l'histoire et de la morale.

FAKBK-EnniN bb-RJIzi était le fils d'un prédicateur de Réï, l'ancienne Raghès, près de la Téhéran actuelle, il naquit le 7 février 1149. Il étudia dans sa ville natale ainsi qu'à Méràgha, fit un voyage sur les rives de l'Amoû-Deryâ et dans la Transoxiane, en fut chassé, se rendit à Ghazna et dans le Khorasan, il fut reçu avec beaucoup d'honneurs ; il finit par s'établir à Hérat, oii mourut en 1209. Le succès de ses ouvrages fut considé- rable et fit oublier beaucoup de ceux de ses devanciers est le premier qui y introduisît un arrangement systéma- tique que personne n'avait employé avant lui. Ses pré- dications, qu'il prononçait Indifféremment en arabe et en persan, faisaient une grande impression : lui-même manî' festait tant d'émotion qu'il en versait des larmes. I ramena à la foi orthodoxe un grand nombre d'adeptes de la secte anthropomorphiste des Karrâmiyya.

Appartenant au rite chaféïte, il a écrit un panégyrique de l'imam Chaféï ; on lui a attribué longtemps une his- toire dont Jourdain et Henzius ont donné des fragments (le Fakhri d'Ibn TIqtaqa) ; il a écrit un traité de jurisprudence

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318 LITTÉRATDRE ARABE

intitulé MahçoiU, un grand commeolaire du Koran sous le Dom de Mafdtih eUghaïb (CleTs du monde mystérieux), qui a été imprimé au Caire et à Coastantinople, l'Asrdr et-lanzil (Mystère de la révélation) sur la théologie sco- lastique, le MatâUb el-'âliyyé (Questions supérieures) sur la nature de Dieu, le Mabdhith ech-ckarqiyyé (Questions orientales] sur la physique et la métaphysique, sujet traité également par le Mohaçcal, dont Schmœlders et Schreiner se sont occupés. Le Sirr el-Maktoum (Secret caché) est un traité complet d'astrologie, ainsi que Ylkhtiydrâl el-' Aldiyyé , écrit primitivement en persan pour 'Ala-EddÎD, roi du Khàrizm, traduit ensuite en arabe par un inconnu.

Abou-DjaTar NaçIr-Eddin bt-Toosi, célèbre astronome, naquit en 1210 a Tous dans le Khorasan, jouit de la plus haute estime de l'empereur mongol Houlagou, qui appré- ciait ses talents astrologiques et fit élever pour lui un observatoire àMaràgha; il l'accompagna dans ses cam- pagnes, et fit mettre à part du pillage les livres prove- nant des bibliothèques de Bagdad, de la Syrie et de la Mésopotamie, dont il se fit une bibliothèque considérable, plus de quatre cent mille volumes, et qu'il sauva ainsi de la destruction. Ses ouvrages sont une compilation d'autres qui existaient avant lui; cependant il a eu le mérite d'avoir traité la trigonométrie comme une science à part. 11 mourut en 1273 à Bagdad.

Dans le domaine de la jurisprudence, il a écrit le Dja' tvâhir el-fardtd\ dans celui de la théologie scolastique, le Tadjrid el-'Aqdïd, souvent commenté, et le Qawdld el-'Aqdïd (Règle des,articles de foi) sur la nature de Dieu, le caractère de la prophétie et de l'imamat, ainsi que la résurrection. En philosophie, il a rédigé en persan une métaphysique, sous le titre de Fofoûl, qui a été traduite

LBS ABBA9SIDBS

en arabe par Djordjani, ainsi qu'un manuel des soufis sous le titre Ae Auçdf el-achrâf; en mathématiques, il a donné une édition arabe des éléments d'Euclîde qui a été imprimée à Rome en 1594; son traité du quadrilatère a été traduit en français par Alexandre -pacha Carathéo- dory d'après un manuscrit de Constaatinople. En astro- nomie, il a donné une édition de l'Almageste de Ptolémée, des éléments d'astronomie sous le titre de Tadhkira et un autre sous celui de Zobdat el-Idrdk; il a dressé en persan les fameuses tables astronomiques connues sous le nom de Zidj Ilkhdni (Tables impériales), traduites plus tard en arabe; il s'est occupé de divers ouvrages d'Autolycus, d'Hypsiclès, de Théodose et d'Aristote dont il avait eu connaissance par les traductions arabes de Thâbit ben Qorra et Qostâ ben Louqâ. h'Albdb el-bâkiyyé est un traité d'hygiène, et le Wâfi un traité complet de géo- mancie. Cinquante-six ouvrages sont mentionnés par M. Brockelmann.

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CHAPITRE X

LA LITTÉRATURE DEPUIS LA PRISE DE BAGDAD JUSQU'A LA FIN DU XVIII* SIÈCLE.

La poésie.

Çafi-Eddin 'Abd-el-'Aziz ben Saràya el-Hilli, le 27 août 1278, poète de cour des Ortokides qui régnaicDl à Mardin, rendit visite en Egypte à Mélik-Nûçir (1326), mais ne tarda pas à rentrer à Mardin ; il mourut à Bagdad vers 1351. Il a passé, auprès de ses contemporains, pour l'un des meilleurs poètes. Son diwan a été imprimé à Damas et à Beyrouth; ses poésies consistent surtout en jeux de mots. Il a composé, sous le titre de Qaçida des Ortokides, vingt-neuf poésies de vingt-neuf distiques chacune, commençant par la même lettre de l'alphabet et se terminant suivant le même ordre ; elles sont consa- crées au panégyrique de Mélik-Mançour, l'Ortokide, qui régnait de 1294 à 1312. L'ode qu'il adressa au prince égyptien qu'il avait été visiter a été traduite en latin et en allemand par Bernstein. Il a écrit aussi des poésies

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DECLIN DBS LETTRES

populaires ainsi que le livre intitulé el-Atil el-hdli, dont le manuscrit unique est à Munich.

Idn Nobata Djémal-Eddîn, en 1287 à Méyyâfàriqin, fut élevé en Egypte et se rendit en 1316 à Damas; il eut l'occasion de fréquenter la cour d'Aboul-Féda, prince de Hama, historien et géographe; il fut ensuite attaché à l'administration en qualité de secrétaire. II était âgé de plus de soixante-dix ans lorsque le sultan Hasan le fit venir au Caire pour remplir auprès de lui les fonctions de secrétaire ; malheureusement son protecteur mourut l'année suivante; la pension qui lui fut attribuée ne fut payée qu'irrégulièrement. 11 vécut jusqu'à soîxante-dix- neuf ans et mourut Èk l'hôpital, en 1366, laissant un diwan, une anthologie [Sadj'el-Molaivtvatj), un traité de la con- duite des rois [Solodk dowal el-moloûk) et quelques autres ouvrages .

Ibn Hidjdja (Abou'l-Mahàsin Taqi-Eddin) était en 1366 à Hama; il exerça d'abord le métier manuel de fabricant de boutons, d'où son surnom d'el-Azrâri; plus tard il se voua à l'étude, visita Mossoul, Damas, le Caire ; en 1390, il vit l'incendie allumé à Damas pendant que la ville était assiégée par le sultan Barkok et composa sur ce désastre une lettre adressée à Ibn Makànis. Il revit encore une fois le Caire et y occupa une place de rédac- teur dans l'administration. En 1419 on le voit accom- pagner le prince Ibrahim dans une campagne en Asie Mineure. Il retourna dans sa ville natale en 1427; il y mourut en 1434. Sun œuvre la plus célèbre est une imi- tation du poème du Manteau en l'honneur du Prophète, toutes les fleurs de la rhétorique orientale sont prodi- guées, et qui est connue sous le nom de Badi 'it/t/a. Il a réuni ses poésies, composées les unes au Caire, les autres à Hama, sous le titre de Thamarât ech-Chahiyya. Les

LITTERATURB t

lettres et les diplômes qu'il a composés peadant «ju'il était au service des Mamelouks égyptiens ont été réunis sous le titre de Qakwal el-inckâ (Liqueur eaivraote du style épistolaire)- Une anthologie de prose et de vers, appelée Tkamârât el-Aurâq (Fruits des feuilles] a été imprimée à Boulaq sur les marges du Mohddarat de Râghib Içfahàni. Moins importants sont les ouvrages du même genre compilés d'après Ibn Khallikan, Ibn Hichâm, Damiri.

Naçir-Eddin Nocaîr el-Hammàmi vivait au Caire; il était d'un caractère fin et rusé; il vivait du métier de locataire et tenancier de bains publics (hammam), d'où son surnom ; devenu vieux, il fut obligé d'y renoncer et de se livrer à la meudicité en composant des poésies et des mowachchah qu'il offrait. Il mourut en 1312.

Siràdj-Eddin 'Omar beo Mas'oâd, suroommé el-Madj- djân (l'Obscène), était recherché dans la société : il est l'auteur de mowachchah, et mourut à Damas en 1301.

Un grammairien critique, qui retrouvait des fautes chez ies meilleurs poètes et lexicographes, ce fut le cheikh Taqt-Eddin 'Abdallah cs-Saroùdji, à Saroudj en 1230, mort au Caire en 1294. Il composa de nom- breuses poésies que les chanteurs faisaient connaître. 11 sortait peu de chez lui et n'apparaissait guère qae le vendredi; il n'aimait pas qu'on annonçât sod nom, et il disait : « Il y a chez les amis trois degrés d'amitié : au début, je m'entends appeler le cheikh Taqi-Eddîo; plus tard, je n'entends plus que et-Taqi tout court: je sens que je commence à les ennuyer ; quand on en vientà m'appelcr es-Saroûdji, je sais que c'en est Snî avec eux. »

Chcms-Eddin ed-Dahuân (Mohammed ben 'AIî) était fabricant d'huile, d'oii sou surnom; son industrie ne nuisit pas à son talent; il fut poète, musicien possédant

DÉCLIN DBS LETTRES 333

une virtuosité sur l'instrument à cordes appelé qdnoân (c'est une harpe couchée sur une table d'harmonie, un peu plus grande que la zither des Autrichiens et plus petite que le cyinbalum des Hongrois), et compositeur d'airs musicaux; il mourut en 1321.

Chéref ben As'ad el-Miçri était un homme de la basse classe, doué d'uu goût naturel, qui composait des poésies obscènes et comiques, fréquentait la société qui s'amuse et les chanteuses publiques. Il mourut en 1337.

'Othmàn Abou'1-Fath el-Balati était à Balat, petite ville près de Mossoul : il était grand et gros, avec une longue barbe; il portait en plein été un énorme turban et des vêtements les uns sur les autres. Il avait étudié quelque temps à Damas; il se rendit en Egypte quand Saladin s'empara du pays ; il y fut nommé lecteur et pro- fesseur de grammaire attaché à la grande mosquée. 11 était adonné à la boisson et aux plaisirs. Un jour qu'un musicien était venu lui chanter un air, il se mit à pleurer, le musicien fit de même. Abou'1-Fath, surpris, lui demanda pourquoi ces larmes. « C'est parce que mon père pleurait en entendant cet air, et que vous me l'avez rappelé, dit l'artiste. Vous êtes donc le fils de mou frère? » dit Abou'1-Fath; et depuis lors il n'appela plus le virtuose que « mon neveu », et il fit de lui son unique héritier. Il est l'auteur d'un mowachchah à la louange du cadi El-Fâdil.

Ibn Fadl-Allah BL-'OHAai (Chihâb-Eddiu Abou'l-'Abbàs) descendait du khalife Omar et appartenait à une famille de magistrats chaféïtes. 11 a été prdné pour la facilité avec laquelle il improvisait du bout de la plume ; il était un littérateur complet, selon l'expression de Çafadi, c'est-à-dire qu'en prose ou en vers il alitait éga- lement la théorie à la pratique, la science à l'action. 11

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SM LITTJ&BATlJtlE ARABE

avait des connaissances étendues sur le terrain de la biographie, en histoire et en géographie. à Damas le 9 juin 1301, il étudia le droit et la prosodie dans sa ville natale, puis voyagea dans les pays de la domination égyptienne, accompagna son père lorsque MéKk-Nàçir le chargea des fonctions de secrétaire d'État, fut nommé cadî au Caire, puis secrétaire d'État à la mort de son père; ensuite il rentra à Damas il mourut de la peste en'1348, à l'âge de cinquante ans lunaires. Son Mnsdiik el-abçâr est un ouvrage géographique, historique et biographique en plus de vingt volumes, qui a été étudié par de Guignes en 1758 et Quatremère en 1838, dans les Notices et Extraits ; Pocock s'en est servi pour l'histoire des Arabes. Son Tarif bi-mostalah eck-ckérif est un recueil de modèles de lettres adressées par les sultans mamelouks aux puissances étrangères. Les Ckatawiyydt (les Hivernales) sont des lettres envoyées de Damas à plusieurs savants, pendant l'hiver de 1343-1344, oîi la ville était couverte de neige, dont le manuscrit est it Leyde. Il consacra un grand ouvrage en quatre volumes à célébrer les vertus de sa propre famille, Fawâdhil es- aamar. Il composa de nombreuses odes et radjaz dans les mètres classiques, ainsi que des poésies populaires en strophes, motvac/ichak et dou-bèït.

Ibm eth-Tharada ('Ali ben Ibrahim), prédicateur de Wàsit, était en juin 1298; il fit ses études à Bagdad et se rendit plusieurs fois à Damas, il prêcha dans la grande mosquée des Oméyyades; puis il tomba malade de mélancolie, et mourut dans l'hàpitai des fous d'Ibn Sowatd à Damas, en 1349. Sa folie douce consis- tait à porter sous le bras un sac auquel il attachait tous les fils et ficelles qu'il rencontrait, et dont il ne se séparait jamais. Cet état ne l'empêcha pas de composer

DÉCLIN DES LETTRES 335

d'excellente poésie. Il s'imaginait avoir laissé à Bagdad une bibliothèque de deux mille volumes dont des négo- ciants se seraient emparés et qu'ils auraient vendue, livre par livre, dans les bazars de Damas. Quand il mourut, on ouvrit son sac; on n'y trouva que des cahiers épars contenant des vers et des sermons. 11 a aussi com- posé des poèmes en strophes, mowackckah et mâwdUyd.

Ibn el-Mor*hhal (Çadr-Eddin Mohammed), que l'on connaît en Syrie plutôt sous le surnom d'ibn el-Wékîl, était Égyptien d'origine; à Damiette en août 1267, il mourut au Caire en 1316. C'est à Damas qu'il étudia la jurisprudence, base de toutes les autres études à cette époque, comme ailleurs la théologie; il savait un grand nombre d'ouvrages par cœur, comme le Mofaççal, qu'il avait appris en cent-un jours, les Séances de Harîri apprises en cinquante jours, et le diwan de Moténebbî, prétend-on, en une seule semaine. Habile dans la contro- verse, lui seul pouvait soutenir, d'entre les Chaféïtes, la discussion avec le cheikh Taqi-Eddin Ibn Téïmiyya. Il fut pendant sept ans chargé des fonctions de cheikh de l'école des traditions Achrafiyya. C'était un homme dis- cret et plein de retenue, ami des grands, aimant la société. Il a composé des vers dans tous les genres, y compris les genres populaires des mowachchah, doubéïC, mokhammas, zadjat et biUiq. 11 a réuni ses principales compositions poétiques dans une anthologie appelée El-ackbdk wèn-Nazhâïr.

Yoùsouf Ibn Zaïlaq fut tué par les Mongols lors de la prise de Mossoul en 1262. Le Fawât el-wafaydt d'El Kotobi a conservé quelques-unes de ses poésies, dont plusieurs sont des mowachchah destinés à être chantés; elles sont du genre erotique. Chems-Eddin Moham- med, le prédicateur de "Wàsît, mort en 1344, à près de

ISe LtTTBRATOKE ARABE

soixante-dix ans, est également auteur de poésies popu-

El-Kéiwàni descendait de Kéïwân, ancien esclave de Ridwàn-pacha, gouverneur de Gaza, devenu soldat des troupes syriennes, dans lesquelles il obtint un grade élevé; ces bandes se firent remarquer par leurs violences et leurs injustices : il fut tué à Baalbek en 1623. Quant à lui, El-Kéiwàni, il s'attacha à Osman Khaliça, kiaya du grand-vizir, a son arrivée à Damas, et l'accompagna dans la campagne a laquelle îl prit part et il fut tué; a sa mort il revint à Constantin ople, puis en Syrie. C'est qu'il prit le caractère triste et mélancolique qu'ont ses poésies. 11 adressa des panégyriques à Abdallah-pacha Tchètèdji lorsque celui-ci, nommé gouverneur de Damas, y réprima les désordres qui ensanglantaient la ville. Sa prose rimée était également remarquable.

'Abd-el-Gbani de Naplouse, afhlié aux ordres religieux des Naqchbendîs et des Qâdiris, d'une famille origi- naire de Naplouse, à Damas en 1641, perdit son père de bonne heure, étudia la jurisprudence, commença à rédiger à l'âge de vingt ans. Il resta sept ans enfermé dans la maison qu'il occupait près de la mosquée des Oméyyades; de mauvaises langues prétendirent qu'il avait renoncé à pratiquer les cinq prières journalières, et qu'il satîrisait les gens dans ses vers. Le peuple se sou- leva et le maltraita; c'est ce qui lui fit adresser des satires contre lui; mais plus tard on le considéra comme un saint, et l'on s'empressa de venir le visiter. En 1664, il se rendit à Constantinople, y séjourna peu de temps; en 1688, il visita la Béqaa et le Liban; en 1689, Jéru- salem et Hébron; en 1693, il se rendit en Egypte, puis au Hedjaz. En 1700, il passa une quarantaine de jours à Tripoli de Syrie. En avril 1707, il quitta la maison

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DECLIN DES LETTRES 3S7

occupée jusque-là par ses maîtres dans le centre de la ville pour aller s'établir à Sàlihiyya, sur les pentes du mont Qâsyoûn, qui est comme un faubourg de la capitale de la Syrie. Ses principaux ouvrages en prose sont un commentaire du Tafsir de Béidawi, inachevé, le commen- taire du diwan d'Omar Ibn el-Fared, et d'innombrables vers; on dit qu'il fit des miracles, mais qu'il u'aimait pas qu'on en parlât. Il intercédait volontiers, auprès des auto- rités, en faveur des malheureux qui s'adressaient à lui. Ses poésies se répandirent dans tout le monde arabe; il mourut d'une courte maladie, à plus de quatre-vingt-dix ans, le 24 chabân 1143 (4 mars 1731). Les bazars de la ville furent fermés le jour de son enterrement, et la foule se porta à Salibiyya pour y assister.

L'émir Mandjak ben Mohammed el-Yoûsoufi descen- dait du chef de ce nom, qui avait gouverné Damas vers 1370. A la mort de son père, îl dépensa largement sa fortune, la dissipa totalement par ses prodigalités, puis il se retira de ia vie mondaine. Il quitta les pays arabes pour les pays turcs, et présenta même une pièce de vers au sultan Ibrahim, sans rien obtenir de lui. Pour rappeler les temps de sa misère et ses souffrances à Constant!- Dople, il a écrit les Roûmiyydt; d'autres pièces de vers ftont consacrées au vin et à l'ascétisme. Un an avant sa mort, il reprit sa vie de dissipation. C'est en 1669 qu'il quitta définitivement ce bas monde; il avait soixante- treize ans.

Le cheikh Moçtapa-Efendi bl-Bâbi tirait son surnom d'un village des environs d'Alep, appelé el-Bâb. Après avoir commencé des études juridiques à Alep, il se rendit à Damas en 1641 pour les y achever; ensuite il entra dans la magistrature ottomane à la suite d'un voyage qu'il fit à Constanlinople, et pendant lequel il

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SIS LITTÉRATURE ARABE

écrivit sur cette ville un poème oJi il rappelle sa patrie absente; il adressa également des louanges au chéikb- el-Islam Yah^a-Ëfendi et au grand vizir Ahmed-pacha Kieuprulu. Il occupa successivement les postes de cadî à Tripoli de Syrie, à Magnésie en Asie Mineure, à Bagdad et enfin à Médine (1680); il fit le pèlerinage cette année même et mourut à la Mecque au mois de janvier de 1681. Son diwan, imprimé à Beyrouth en 1872, contient l'éloge funèhre d'une dent molaire qui lui fut extraite; cette pièce est fort amusante.

AïcHA bl-Bâ'ouniyya était la fille d'Ahmed ben Nâçir- Eddin el-Bà'oùni; elle est l'auteur du l'alh el-Mobln, ode rimée en m à la louange du Prophète; cette pièce de vers est accompagnée d'un commentaire par elle-même, ter- miné en 1516. On cite encore d'elle des vers spirituels où, sur une question juridique controversée, elle a trouvé le moyen d'exprimer, en cinq vers, les opinions des doc- teurs des quatre rites orthodoxes, A cette même famille d'EI-Bâ'oâni appartenait Bahâ-Eddin Mohammed ben Yoûsouf, en 1446 dans le faubourg de Sàlihiyya, qui s'étage, près de Damas, sur les premières pentes du mont Qâsyoûn, et qui mourut le 16 février 1505. C'était un amateur d'histoire qui aimait à réduire les annales aux proportions de petits poèmes mnémotechniques; c'est ainsi qu'il a écrit un radjaz, le Tohfat ezh-Zharifa, sur l'histoire générale jusqu'à l'intronisation du sultaa mamelouk Qàït-Baï, et un autre sur le gouvernement des deux souverains égyptiens Bârs-Bâï et Qâït-Bàï; il n'a pas manqué de consacrer en outre à ce dernier, suivant l'antique usage, un panégyrique probablement rétrîbné; enfin un poème, Behdjet el-Kkould, traite de l'éducation des enfants.

Ibn Ma'toàq mourut h soixante-deux ans le 21 dé-

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DÉCLIN DBS LETTRES 329

cembre 1676. Son diwan, recueilli et publié par son fils, est rempli par des panégyriques de gouverneurs persans sous le règne du Çafawide Châh-Çafi, et a été lithogra- phie en 1861, probablement au Caire.

Ahmed el-Kurdi ben Elyâs, surnommé el-Arradjâni es-Saghir et « Qamous ambulant », d'origine kurde, fut lexicographe et poète; son père, originaire de Chehrizour, était venu s'établir à Damas et avait été chargé des fonctions de prédicateur du caravansérail de la bourgade de Nebk, dans laquelle il s'était marié. au commencement du xii' siècle de l'hégire (1689 et suiv.}, il se rendit à Damas pour y étudier à la medressé de Soméïsât et devint cuisinier de cette école; son caractère léger, ses disputes continuelles lui rendirent la vie difGcile et il partit pour Constantinople dans la crainte de poursuites légales à l'occasion d'une faute qu'il avait commise. Ses inconséquences l'obligèrent de quitter la capitale de l'Empire oii cependant il avait trouvé un protecteur, et de se rendre à Tripoli de Syrie, il se maria et obtint différents postes, puis il passa en Egypte, le gouverneur Mohammed-pacha Rùghîb le prit sous sa protection. 11 l'accompagna à Alep quand celui-ci en fut nommé gouverneur et il y mourut en avril 1756.

L'histoire.

Mohammed ben-' Ali Ibn Tabâtabâ, surnommé Ibn et- TiQTAQÀ, vers 1262, se trouvait en 1302 l'hôte du gouverneur de Mossoul, Fakhr Eddin 'Isa ben Ibrahim, lorsqu'il lui dédia son histoire de l'empire musulman depuis son commencement jusqu'à la fin du khalifat de

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UO LITTÉRÀTOHE ARABB

Bagdad, intitulée el-Fahhri, qui a été publiée par Ahlwardt , puis par M. H. Dercnbourg.

Il s'est astreint à écrire d'un style simple et à la portée de tout le monde, car il a remarqué que beaucoup d'écrivains, en employant un style recherché et des expressions rares, ont restreint l'utilité de leurs ouvrages. Or il tient à être compris, car sou livre est un traité de politique à l'usage des souverains qui veulent gouverner par eux-mêmes et ne pas rester de simples jouets de parade entre les mains de leurs ministres. Ses préceptes de gouvernement sont appuyés d'exemples tirés de l'histoire des dynasties orientales.

Ahmed bl-Gabrinî, de la tribu berbère de Gabrâ, en 1246 à Bougie, y remplit les fonctions de cadi et y mourut en 1314. Sous le titre de 'Onwân ed-dirdya, il a écrit une galerie des littérateurs de Bougie au vu* siècle de l'hégire, que Cherbonneau a fait connaître.

Abou'I-Hasan 'Ali Ibn Adi-Zar', à Grenade et établi au Maroc, a raconté l'histoire des rois du Maghreb et de [a ville de Fez dans son Raud el-Qartâs (le Jardin du papier, nom d'un lieu de promenade en dehors des portes de Fez), qui a été édité par Tornberg à Upsal, tra- duit en allemand par F. de Dombay à Agram en 1794, en portugais par Fr. Jozé de Santo Antonio Moura à Lis- bonne en 1828, en français par Beaumicr en 1860.

Le cadi Ibn TÉÏHtYYA(Taqi-Eddin Abou'I-'Abbâs) naquit à Harrân en janvier 1263; il était le descendant d'un célèbre prédicateur connu sous le même surnom. Son père s'enfuit avec toute sa famille devant les Mongols; n'ayant pu se procurer de bêtes de somme, il chargea ses livres sur une voiture qu'il fut obligé d'abandonner pour se sauver, tellement la poursuite des ennemis était vive. Réfugié à Damas, le jeune Ibn Téïmîyya y étudia le

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DECLIN DES LETTRES

droit hambalîte et à la mort de son père le remplaça comme professeur ; il n'avait que vingt et un ans. Il jouit de la considération du sultan Mélik-Nâçir, monté sur le trône en 1294 ; mais il s'était fait beaucoup d'ennemis par sa libre polémique, et la réponse qu'il donna à la question posée à Hama au sujet des attributs de Dieu souleva contre lui l'opinion, ce qui le fit destituer. Les persécu- tions ne s'arrêtèrent plus, bien que parfois on lui rendit sa place, par exemple, quand il fallut prêcher pour exci- ter le peuple à la guerre contre les Mongols. En 1305 il se rendit au Caire avec le cadi chaféïte ; après une séance du conseil des juges et des grands, il fut interné dans le puits de la citadelle avec ses deux frères, et y resta enfermé pendant un an et demi. Ramené à Damas en cbevaux de poste, il y resta en prison un temps égal, qu'il passa à édifier les prisonniers en matière de religion. On le fit revenir au Caire, et le sultan Béïbars le fit emprisonner dans la forteresse d'Alexandrie, oii il ne resta que huit mois, le rétablissement sur le trône de Mélik-Nâçir lui ayant rendu la liberté. Au Heu de se venger de ses enne- mis, il leur pardonna; il fut nommé professeur à l'école fondée par ce sultan et resta son conseiller. 11 profita du départ de l'armée pour la Syrie, l'accompagna, vint à Jéru- salem et rentra à Damas après une absence de plus de sept ans. 11 y reprit son enseignement et ses fonctions de juge; mais la haine de ses ennemis, qui s'était réveillée, lui fit interdire tout emploi public en 1318; ayant refusé de se soumettre au décret, il fut emprisonné près de six mois. Après sa mise en liberté il reprit son genre de vie, jusqu'au moment la publication de son ouvrage sur la visite des tombeaux des Prophètes et des saints le fit enfermer dans la citadelle; on lui réserva une cellule isolée il put se livrer à ses travaux littéraires ; il com-

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posa plusieurs volumes sur les questions qui lui avaient valu ses mésaventures, mais quand ses travaux vinrent à la connaissance du public, on lui enleva ses livres, son papier et son encre, ce qui fut le coup te plus sensible qui ['eût jamais frappé. Il tomba malade bientôt après et mourut au bout de vingt jours, en septembre 1328. Ses funérailles furent suivies par un concours de peuple extraordinaire. De ses nombreux ouvrages, la science européenne a surtout utilisé le fetva qu'il avait rendu contre les Noçaïris ou Ansariés des montagnes de la Syrie, et qui a été étudié par E. Salisbury et Stanislas Guyard. Maraccî s'est servi d'un de ses ouvrages contre les chrétiens (Takhdjil akl-el-Indjil) dans sa préface de la réfutation du Koran. Les bibliothèques d'Europe renfer- ment quarante-cinq ouvrages sortis de la plume de cet esprit original.

C'est dans l'enseignement hambalite d'Ibn Téïmîyya et de ses élèves qu"Abd el-Wahhâb alla puiser le fanatisme sunnite et la haine des innovations par lesquels se dis- tingue la réforme de l'islamisme qui porte le nom de Wahhabitisme, ainsi que l'ont démontré MM. Snouck Ilurgronje et Goldziher . Ce cadi était antropomor- phiste et tenait à l'interprétation littérale des passages du Koran il est question de la personnalité divine. Dans le domaine juridique, il admettait les déduc- tions logiques tirées par lui-même du corpus des tradi- tions du Prophète, et pratiquait le qiyâa ou emploi de l'analogie. Le voyageur Ibn Batouta raconte qu'il jouis- sait à Damas d'une grande considération, qu'il discourait sur les diverses sciences, mais qu'il y avait dans son cer- veau quelque chose de dérangé. Lorsqu'on le fit compa- raître au Caire devant Mélik-Nâçir, la seule réponse qu'il fit à la demande du grand cadi qui l'interrogeait

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DÉCLIN DES LETTRES 3311

sur les imputations portées contre lui fut celle-ci : « 11 n'y a d'autre dîeu que Dieu. » Il eut pour élève préféré Ibn Qayyim el-Djauzîyya (Chems-Eddin Mohammed), qui l'a probablement aidé dans la révision du style de ses com- positions, et qui est lui-même l'auteur d'ouvrages dont une trentaine existent dans les bibliothèques ; en 1292 à Damas, fils de l'administrateur de la medressé el-Djau- ziyya, il participa aux tribulations de son maitre et fut comme lui emprisonné au Caire; ces persécutions ne cessèrent pas avec la mort d'Ibn Téïmiyya, elles se con- tinuèrent encore quelque temps. Chems-Eddîn mourut le 17 septembre 1350.

On ne sait presque rien de la vie de HâGzh-Eddin Abou'l-Bérékàt en-Nasalî, mort en 1310, dont les ouvrages ont eu l'honneur insigne de provoquer des foules de commentateurs, a commencer par son Manâr el-aruvdr (le Phare des lumières), sur le droit, dont le bibliographe Hadji-Kbalfa mentionne près de cinquante commentaires ; le Wâfi et son commentaire le Kdfi ont été achevés à Bokhara en 1275; plus tard l'auteur l'a abrégé dans son Kanz ed-daqdlq. Son 'Omcf a, catéchisme musulman, a été publié à Londres par W. Cureton sous le titre de Pillar oflhe creed of the Sunnites; il a été commenté par son auteur lui-même sous le titre A'el-Vtimâd fVl-itiqâd.

Rachid-Eddin (Fadl-Allah ben Abi'l-Khéïr], l'historien persan des Mongols, à Hamadan en 1247, exécuté à Tébriz en 1318 sur l'accusation d'avoir empoisonné le sultan Euldjattou, était un médecin d'origine Israélite. 11 fut médecin d'Abaqa, puis ministre de Ghâzan et de son frère Kuldjai'tou. Il a écrit en arabe quatre ouvrages qui sont conservés à la bibliothèque Nationale, Mafâtih et. tafâalr, Lataïf el-kaqdïq, Taudihât, Soltaniyya.

Aboo'l-Fédà Isma'ïl ben 'Ali appartenait à la famille

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UTTEHATVRB ARABE

des Ëyyoubites, que la fortune de Saladin avait portée sur différents trônes. Ses ancAtres avaient régné à Hama; son père El-Mélik el-Afdal, frère du prince El-Mélik el- Mançoùr, avait s'enfuir avec sa famille devant les Mongols et était descendu à Damas, dans la maison d'Ibn eZ'Zandjabilî; c'est qu'Aboul-FédA naquît, en 1273. 11 reçiit une éducation de guerrier et de lettré; à peine âgé de douze ans il accompagna son père au siège de la forteresse de Markab, enlevée aux Hospitaliers en 1285; il se trouva à la prise de Tripoli et au siège de Saint-Jean- d'Acre, il commandait un peloton de dix hommes. Les services qu'il rendit au sultan d'Egypte Mélik-Nâçir lui firent confier en 1310 la principauté de Hama, après qu'elle avait été confisquée parce que son cousin était mort sans enfanta. Le titre honorifique de Mélik-Çâlih, puis celui de Mélik-Moayyad récompensèrent le soin qu'il prit chaque année de se rendre au Caire pour y renouveler les liens de vassalité qui l'attachaient au sultan. En 1313 il aida les troupes égyptiennes à rétablir à la Mecque le chérif Abou'l-Ghéïth. Il mourut à soixante ans, de la fièvre intermittente, en octobre 1331. Son Histoire univer- selle, qui a fait sa réputation, n'est qu'un abrégé d'Ibn el-Athir, abrégé lui-même de Tabari, continué jusqu'en 1329; mais elle a eu le mérite d'attirer l'attention des orientalistes à une époque l'on ne possédait pas encore ces deux derniers documents.

Publié en partie à Copenhague avec une traduction latine par Reiske, sous le titre d'Annales muslemici, le texte a fourni matière k d'autres recherches; c'est ainsi que Fleischer a publié et traduit en latin la partie réser- vée à l'histoire anté-islamique, dont Albert Schultens et Silvestre de Sacy avaient déjà donné des extraits ; la vie de Mahomet, traduite en latin par Gagnier, a été publiée

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et traduite ea français par Nofil àca Vergers, en anglais par W. Murray. Sa géographie générale, avec tableaux, a été publiée par Reinaud et Mac-Guckin de Slane, traduite en français par Reinaud et Stanislas Guyard. Le premier de ces deux orientalistes a écrit, en guise de préface à sa traduction, une introduction générale à la géographie des Orientaux qui est un de ses meilleurs ouvrages.

Abou'l-'Abbas Ahmed en-No\vâïri était en Egypte, dans la bourgade de Nowaïra ; il fut célèbre comme his- torien et jurisconsulte ; sa calligraphie était estimée a ce point que chacune des huit copies qu'il fit du Çahih de Bokhari lui fut payée mille dirhems. Il mourut à cinquante ans, en juin 1332. Son encyclopédie, Nihâyet el-érèb (l'Extrême besoin], est une revue générale des con- naissances humaines en cinq grandes divisions, le ciel et la terre, l'homme, les animaux, les plantes, l'histoire. C'est de qu'Albert Schultens a extrait son histoire des Yoqtanides dans le Yémen; l'histoire de la Sicile a été traduite en français par Caussin le père; ta conquête de l'Afrique du Nord par les Arabes a été étudiée par Otier; l'histoire de cette même contrée a été traduite par de Slane; Silvestre de Sacy en a extrait ce qui est relatif aux Druzes, Hammer-Purgstall les ordonnances égyptiennes sur les costumes des chrétiens et des juifs, et Defrémery des anecdotes relatives à Ea vie du sultan Béïbars.

Abou'1-Fath Mohammed Ibn Séytid bn-nàs, dont les parents étaient originaires de Sévîlle, naquit au Caire en 1263, et se rendit à Damas en 1291 pour y compléter le cycle de ses études; on dit qu'il reçut les leçons de près de mille professeurs. A son retour il professa dans sa ville natale. Amateur de livres, il s'était formé une belle bibliothèque l'on pouvait montrer, en dehors des

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manuscrits tracés par lui-même, des autographes d'on- vrages célèbres. Il mourut en avril 1334. Il a compilé une biographie de Mahomet, 'Oyoûn el-âthdr (Sources des moDuments), et a réuni, sous le titre de Bochrd el-labib (Message de l'homme de cœur], les poésies qu'il a lui- même composées à l'éloge du Prophète : c'est que Kose- garten a été prendre l'ode qu'il a donnée dans son Car- minum orientalium triga.

Chbhs-Eddin Abou 'Abdallah es- S ou fi ed-Dhucbqi était imam du petit village de Rabwé près de Damas, dont Ibn Batouta a dît que « c'est un des plus jolis points de vue du monde et un de ses plus beaux lieux de plai- sance; on y trouve des palais élevés, de nobles édifices et des jardins admirables » ; c'était un lieu de pèlerinage, à cause d'une petite grotte en face de laquelle se trouvait le prétendu oratoire de Khidr, assimilé au prophète Elie. Une grande partie de ses champs cultivés, de ses vergers et de ses maisons y étaient constitués en legs pieux dont les revenus servaient à l'entretien de l'imam, du muezzin et des pèlerins. C'est que Chems-Eddin écrivit sa cosmographie, Nohhhat ed-dakr, publiée par Mehren à Saint-Pétersbourg et traduite par lui-même à Copenhague, ouvrage qui tout récemment encore (189Q a servi de base à une thèse de M. H. Dehéraîn. Cepen- dant Chems-Eddin, qui était un mystique, se retira plus tard à Safed en Palestine, et y mourut en 1327 à l'âge de soixante -treize ans. Il cultiva aussi la poésie, et l'on cite de lui des vers que lui avaient inspirés les beaux sites des environs de Damas. Au dire de Reinaud, aa cosmo- graphie laisse beaucoup à désirer sous le rapport de la critique, mais elle a été très utile pour la connaissance de la géographie du moyen âge, parce qu'elle contient l'indi- cation de faits que l'on ne rencontre pas ailleurs.

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Abou-Hatvan Mohammed bco YoAsouf, de la tribu ber- bère de Nafza, surnommé el-Djayyàni parce que ses BDCëtres vivaient dans la ville espagnole de Jaen, à Grenade en novembre 1256, compléta ses études en se rendant successivement à Malaga, à Velez et à Alméria, puis quitta l'Espagne en 1280, à la suite d'une dispute avec son maître Ibn ez-Zobéïr, parcourut l'Afrique du Nord et l'Egypte, accomplit le pèlerinage et revint en Egypte par la Syrie, C'était un polyglotte; il savait le persan, le turc et l'éthiopien et a écrit des ouvrages sur ces différentes langues. Il succéda en 1298 à son maître Ibn en-Nahhâs comme professeur de grammaire, puis de traditions, et s'acquit l'amitié de l'émir Séîf-Eddin Arghoun, qui devint gouverneur d'Egypte en 1312. Très frugal, il vivait de quelques oboles; il n'achetait pas de livres, dont il ne sentait nul besoin; ceux qu'il voulait lire, il les empruntait aux bibliothèques publiques. Ancien Zhâhirite, il se tourna complètement vers la doctrine chaféite et ne l'abandonna plus. Il mourut en juillet 1345, cinq ans après sa fille Nodhàr, femme de lettres elle-même, à laquelle il a consacré un opuscule qui est une sorte d'autobiographie. Son Idrdk, qui représente la langue turque telle qu'elle était parlée au Caire par les colons de l'Asie centrale au xiv* siècle, a été publié à Constantinople. Il a composé aussi des poésies populaires dites mowachchakdt.

Chems-Eddin Abou-' Abdallah Mohammed ed-Dhahabi, d'origine turcomane, à Damas en 1274, commença à étudier à dix-huit ans et entreprit des voyages qui lui firent faire la connaissance de plus de douze cents savants. Il fut professeur de traditions à Damas, mais ne put entrer en la même qualité à l'Achrafiyya parce que le fondateur avait posé des conditions, relativement aux croyances du

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3SB LITTÉRATCBB AHÂBB

professeur, qui étaient pour lui in admis sib les. Il mounit le 5 février 1348, Parmi les nombreux ouvrages qu'il a laissés, on coonaît surtout le Mocktabih, publié par P. de Joug B Leyde, et une Médecine du Prophète, traduite en français par Perron. Son Tabaqât el-Hoffdzh (Classes de eeux qui savent les traditions par cœur), abrégé et cod- tinué par SoyoAti, a été publié par Wûstenfeld sous le titre de Liber classium. Sa grande histoire de l'islamUiDe (Tarikh cl-îslam) est dispersée en volumes isolés daas toutes les bibliothèques de l'Europe.

ZéïR-Eddin Abou-Hafç 'Omar Ibn el-Wardi naquit en 1290 a Ma'arrat en-No'man dans la haute Syrie, étudia le droit à Hama et fut nommé suppléant du cadi Ibn eo- Naqib à Alep. Il abandonna cette place à la suite d'un songe, se livra entièrement à la composition littéraire, et mourut dans cette même ville d'Alcp, de la peste, en mars 1349. Son histoire est un abrégé de celle d'Aboul- Fédâ avec une continuation jusqu'à l'année de sa mort. Le recueil de ses poésies a été imprimé à Constantînopte. D'autres ouvrages sont consacrés à la grammaire, à U jurisprudence, au mysticisme et même à la littérature pure, par exemple cette Séance sur la peste conservée par Soyouti dans l'ouvrage qu'il a composé sur cette afireuse épidémie. On lui a attribué, probablement ii tort, le Kka- ridat el-Adjâïb qui traite de la géographie et de l'histoire naturelle, avec toutes sortes de récits fantastiques et merveilleux; ce n'est d'ailleurs qu'une transcription pure et simple, presque mot pour mot, du Djâmî el fonoûn (Encyclopédie), composé par Nedjm-Eddin Ahmed cl-Harranî, savant hambalite qui se trouvait en Egypte en 1332. Cet ouvrage curieux a été imprimé au Caire; î) a été étudié par de Guignes, Fraehn, Hylander, Tornberg, Freund, Wûstenfeld et Mehren.

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'Adod-Eddin el-Idjî de Chiraz, jurisconsulte chaféïte, cadi et soufi, mort en 1355, a écrit une histoire des patriarches, de Mahomet et de quetques-uns de ses compagnons. Il a donné, sous le titre de Métvâqif (les Stations), un traité de métaphysique et de théologie musulmane, dont Sœrensen a publié la cinquième et la sixième partie, aiosî que l'appeudice consacré aux sectes musulmanes, avec )e commentaire de Djordjâni.

Ibn Cbâkir EL-KoTosi (le Lîhraire), originaire d'AIep, mort en 1363, étudia dans sa ville natale et à Damas, se livra au commerce des livres pour gagner sa vie et s'y enrichît. Il a rédigé, sous le titre de 'Oyoân et-tawâ- rikk, une chronique des khalifes et des savants avec des détails particuliers sur Damas, et une continuation ou supplément du grand dictionnaire biographique d'Ibn Khallikan, FawâC el-Wafayâl, qui a été imprimé à Boulaq.

Khilil BEN AïBBK eç-Çapadi, à Safed en Palestine, en 1297, fut secrétaire du gouvernement à Damas, au Caire et à Alep, puis directeur du trésor à Damas; il mourut en 1363. Son principal ouvrage est le Wdfi bil- Wafaydt, dictionnaire complet de biographie, dont les vingt-six volumes existent dispersés dans les biblio- thèques d'Europe. Un autre ouvrage est spécialement réservé aux hommes et aux femmes célèbres du viii' siècle de l'hégire, c'est-à-dire ii ses contemporains {A'yân el-'açr). Une anthologie curieuse est celle qu'il a consacrée aux poésies qui parlent des larmes, Ladhdkat es-Sam . Le Lau'at ech-ckdki wa dam'at el-bâkî est une histoire immorale entremêlée de vers. Le Djinân el-djinâs, sur les Qeurs de rhétorique, a été imprimé à Constantinoplc. D'autres anthologies et compilations sont sorties de sa plume féconde.

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SiDt Khaul eUDjondi, jurisconsulte raalékite, étudia au Caire, y fut professeur et mufti et y mourut en novembre 1365. Il est l'auteur du Mokhtacar, précis de jurisprudence malékite usité par les tribunaux indigènes de l'Algérie, souvent réimprimé à Paris par les soins de la Société asiatique, traduit en français par le D' Perron dans V Exploration scientifique de V Algérie , et dont M- E. Faguan a dressé les tables de concordance. Ce manuel pratique et concis a été fréquemment commenté. Il a écrit en outre la biographie du chéïLb 'Abdallah el- Manoùfi, qui fut son professeur, et quelques autres ouvrages restés, comme ce dernier, manuscrits.

Isma'ïl ben 'Omar Ibn KéthIii, en 1302, tradition- □iste et historien, succéda comme professeur à Edh- Dhahabi à Damas et enseigna quelque temps à l'Achra- (iyya, puis ces dernières fonctions lui furent retirées : il mourut en 1372. Le Bidâya wè'n-Nîkdya [le Commen- cement et la Ftu) est une grande histoire universelle qui part de la création du monde pour se terminer en 1337; le plus complet des exemplaires conservés se trouve à Vienne. La partie relative au gouvernement des Éthio- piens dans le Yémen a été publiée par J.-F.-L. George à Berlin. Il s'est occupé également de l'imâm Cbaféî et des traditionnistes de son école.

Chihâb-Eddin Abou't-Abbàs Ahmed Ibn Aei-HAnjALA, philologue et poète, hambalite de Tlemcen, il naquit eu 1325, voyagea, se rendit à la Mecque pour y accom- plir les rites du pèlerinage, en revint par Damas et ta Syrie et s'établit au Caire, oh il fut nommé chéîkh d'un couvent de derviches; il y mourut de la peste en 1375. Son grand -père avait reçu le nom d'Abou-ffadJala^ a l'Homme à la perdrix », parce qu'une perdrix avait un jour pondu un œuf dans son manteau. Il est l'auteur du

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Sokkardân (le Sucrier), ouvrage historique et géogra- phique sur l'Egypte, qui contient une biographie du sultan Mélik-Nâçir, auquel il est dédié ; c'est une antho- logie qui roule sur l'importance du nombre sept pour ce qui concerne l'Egypte; l'idée de tout rattacher à ce nombre fatidique de sept lui enlève toute valeur histo- rique; il a été imprimé à Boulaq. Son Dwdn eç'Çabâba est consacré à l'histoire des amoureux célèbres; il a été publié au Caire sur les marges du Tezyîn el-aawâq de Dâoud el-Antâkî.

LisIn-Eddin Abou-'Abdallah Mohammed Ibn el-KhatÎb appartenait à une famille syrienne émigrée en Espagne; il naquit à Grenade en novembre 1313; les biens de son père, qui avaient été coufisqués, lui furent rendus et il devint l'ami du septième prince de la dynastie des Beni'l- Ahmar de Grenade, Abou'l-Hadjdjàdj Yoûsouf, qui le chargea de diriger l'administration du royaume. Ce poste lui fut conservé par le successeur de ce prince, Moham- med V, et il l'accompagna en Afrique lorsqu'il dut fuir devant son frère Isma'ïl, en 1359. Mohammed V revint d'Afrique trois ans plus tard, reprit Grenade et rétablît Ibn el-Khatib dans ses fonctions. Cependant, sur une accusation de trahison formulée par ses ennemis, il fut jeté en prison et exécuté bientôt après (1374). Son his- toire des khalifes eo Orient, en Espagne et en Afrique a fourni à Casïri, dans sa Bibliothèque hispano-arabe, un long extrait sur les sultans aghlabites et les khalifes fatimides qui ont régné en Afrique et en Sicile, réim- primé dans la collection de l'histoire de Sicile de Rosario Gregorio. Il s'est occupé de l'histoire de Grenade et a donné les annales de ses souverains jusqu'en 1363; il a écrit la biographie des hommes célèbres de cette capi- tale, y compris la sienne ; Casïri en a extrait la matière

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de deax cent quatre-vingts notices. Un récit de ses voyages donne la description des villes espagnoles, des savants qu'on y rencontre et des bibliothèques qu'on y fré- quente.

Bedr-Eddin Abou-Mohammed el-Hasan Ibn Habib, savant chaféïte, naquit à Damas en 13i0; il profita si bien de l'enseignement qui lui fut donné qu'à l'âge de treize ans, après avoir assisté à la prière dans la grande mosquée, il composa une poésie sur cet événement. H accompagna à Alep son père, qui avait été nommé profes- seur de hadith et remplissait en même temps les fonc- tions de directeur de la police municipale. Le pèlerinage lui fournit l'occasion de passer par le Caire, Alexandrie, Jérusalem et Hébron; il fit l'année suivante (1338) un second pèlerinage à la Mecque. Il fut alors revêtu d'un emploi public à Alep et accompagna l'émir Chéref-Eddin dans sa tournée pour faire rentrer les impôts, ce qui lui permît de connaître les principales villes de Syrie. A partir de 1344, il se livra à des travaux de rédaction; il entreprit en 1354 un voyage d'agrément à Tripoli, y fit la connaissance du gouverneur Séïf-Eddîn Mandjak ; bien accueilli, il resta deux ans dans cette ville; quand ce personnage fut nommé gouverneur de Damas, il alla le rejoindre, y resta trois ans et fut reçu avec distinction par les savants du chef-lieu de la Syrie. Il passa à Alep les dernières années de sa vie et y mourut en août 1377- On lui doit l'histoire des sultans mamelouks de l'Egypte, sous le titre de Doi-rel-el-Aslâk (la Perle des filières), qui s'étend de l'année 1250 à 1375, avec l'indi- cation des événements dans les contrées voisines et des notices nécrologiques fort précieuses sur les hauts per- sonnages et les savants de cette époque ; mais comme le texte est écrit tout entier en prose rimée, on peut lui

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reprocher d'avoir sacrifié à la rime l'exactitude histo- rique. Son fils Zéïn-Eddîn Tàhîr a continué ses Annales jusqu'en 1398. Cet ouvrage a servi à Maqrizi, qui y a puisé des renseignemeuts pour son histoire des sultaus mamelouks. Il a écrit aussi l'histoire du sultan Qalâoun et de ses fils. Son Nasim es-saba (Souflle du zéphyre), représentation de tableaux de la nature et de scènes de la vie humaine, est écrit en prose rimée mêlée de vers.

Mohammed ben 'Abd-er-Rahim Ibn bl-Fokàt apparte- nait à une famille considérable du Caire. 11 étudia sur- tout les traditions et la jurisprudence ; cependant, c'est comme historien qu'il nous intéresse, parce qu'il est une des sources de l'Histoire des croisades. en 1334, it mourut le 2 avril 1405. Son Histoire des dynasties et des rois est une chronologie musulmane jusqu'en 1396, mais dont une partie seulement a été mise au net par l'auteur. Il y en a neuf volumes à la bibliothèque de Vienne; on les considère comme le manuscrit auto- graphe; ils vont de 1107 à 1396, avec de nombreuses lacunes. Ces volumes ayant été apportés à Paris à ia suite de la campagne de 1809, et y étant restés jusqu'en 1814, Jourdain, orientaliste laborieux, en fit un extrait considérable, utilisé par Michaud dans VHistoire des croisades, et par Reinaud dans le quatrième volume de la Bibliothèque des croisades.

Vers la même époque un savant cadi de Constantine, Abou'l-'Abbâs Ahmed Ibn el-Khatîb el-Qsamtini, a com- pilé une série de notices biographiques très courtes consacrées à cinq cents personnages célèbres depuis Mahomet jusqu'en 1404, rangées par ordre chronolo- gique, et a écrit en l'honneur du prince mérinide Abou- Fàris 'Abd-el-Aziz, sa Fârisiyya, histoire de la dynastie des Hafçides, dont Cherbonneau a donné des extraits

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tu. LITT^RATDRB ARÀBB

dans le Journal asiatique, d'après le manuscrit qu'il avait découvert à ConstuDtÏDe même.

L'Arabie avait alors produit un auteur mystique, 'AHf- Eddln 'Abdallah el-Yàfi'î, dans le Yémen en 1298, qui étudia à Aden, puis se Gxa tantôt à la Mecque, tantôt à Médine, à partir de 1318. 11 ne quitta ces deux villes que pour un voyage à Jérusalem, à Damas et au Caire, en 1324, et une courte excursion au Yémen en 1337; il mourut à la Mecque ea 1367. Son ouvrage sur l'inter- prétation mystique du Coran, Mokhtaçar ed-dorr en- nazkim, extrait d'un ouvrage d'Ibn el-Khachchàb, auteur mort vers 1252, a été imprimé au Caire, ainsi que soo Raud er-rayâhln (Parterres des basilics), contenant cinq cents histoires édifiantes de saints et de personnes pieuses; un autre livre ne contient pas moins de deux cents historiettes du même genre relatives au saint per- sonnage 'Abd eUQùdir el-Gilâni et à d'autres illustres soufis.

A côté de lui, il convient de mentionner Abou-Madyan Cho'aïb el-IIoraîrich, en Egypte, mort à la Mecque en 1398, dont le Raud el-fdîq (le Parterre excellent), recueil d'anecdotes morales et pieuses et de traditions sur le jugement dernier, a été également réimprimé plusieurs fois au Caire. Le Nozhat el-Madjdlis (Distrac- tions des réunions), d"Abder-Rahman eç-Çafibùri, écrit à la Mecque en 1479, est de même un succès de publica- tion des presses égyptiennes.

Au Yémen vécut l'auteur d'un ouvrage bizarre, Chéref- Eddin Isma il Ibn cl-Moqri, en 1354 à Abyât-Hoséïn, dans le district de Sordéd, qui fut professeur à Ta'izz et à Zébid; dans cette dernière ville, il fut quelque temps en fonctions déjuge; îl y mourut en 1433. Quant à son œuvre principale, VOnivdn eck-Chérefel-ivdfi, c'est

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UD texte divisé eu trois larges colonnes séparées les unes des autres par quatre minces; les colonnes du milieu contiennent un traité de droit, en même temps que les coIoDDes minces intermédiaires, lues à part, renferment des traités d'histoire et de grammaire; enfin, les deux colonnes minces des extrémités, composées de lettres isolées formant le commencement ou la fin des colonnes voisines, présentent, quand on les lit de haut en. bas, un sens complet. Cette étrange disposition, qui en fait un chef-d'œuvre de difficulté vaincue , a été imitée par Soyoùti dans son Nafkat el-Mîskiyya.

Ibn Khaldoûn.

Nous arrivons au grand historien et philosophe Abou- Zéïd 'Abder-Rahman Ibn KhaldoOn. 11 descendait de la tribu de Kinda dans le Hadramaut; son ancêtre Khalid, venu avec une armée en Espagne au m' siècle de l'hégire, avait donné son nom à la famille des Benou- Khaldoûn, en ajoutant à son nom une terminaison fréquente dans l'onomastique du Yémen. Cette famille avait habité Car- mona, puis Séville, et enfin s'était établie à Tunis, Ibn Khaldoûn naquit le 27 mai 1332. Après avoir terminé ses études, il entra au service du sultan hafçide Abou- Ishàq Ibrahim en qualité de calligraphe. Il faisait partie de la suite de ce prince, lorsqu'il perdît une bataille qui le força de se réfugier à Ceuta en 1352 ; et quand son protecteur eut rétabli ses affaires et eut installé sa capi- tale à Fez, il fit venir auprès de lui le jeune calligraphe qui devint son secrétaire. Cette faveur excita l'envie; son intimité avec l'émir de Bougie interné à Fez fournit

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LITTBRATDBB ARABB

le prétexte de l'accuser de trahison ; îl fut jeté en prison, il resta jusqu'à la mort du sultan Abou-'laân en 1358. Le régent du royaume, El-Hasau ben 'Omar, qui dirigeait les afiaires au nom du jeune Abou-Sàlim, âgé de cinq ans, le mit en liberté et lui rendit son emploi. Sa situa- tion ne fit que croître depuis lors; quand le sultan Abou-'Abdallah Ibn el-Ahmar reconquit sur son frère Isma'ïl le royaume de Grenade, il fut cbargé par lui de conclure la paix avec Don Pedro, tyran de Castîlle. Il avait décidé de rester en Espagne et y avait fait venir sa famille; mais se sentant entouré de jaloux, il profita de ce qu'Abou-'Abdallab Mohammed, son compagnon de prison à Fez, était rentré en possession de Bougie pour se rendre dans cette ville en 1364, il devint grand chambellan du prince et régent du royaume.

Cette bonne fortune dura peu. L'année suivante son protecteur perdît la vie dans une expédition contre Abou'l 'Abbâs, prince de Constantine, et Ibn Khaldoûn, au lieu de résister et de défendre la ville de Bougie, comme le désiraient les habitants, la remit au vainqueur. Se voyant traité avec défiance par le nouveau souverain, U s'éloigna secrètement. Malgré l'affirmation d'ibn Khaldoùn, qu'il préférait l'étude à des fonctions publiques, il est certain qu'il avait un penchant dominant à se mêler des affaires politiques, auxquelles le prédisposaient ses connais- sances et sa finesse de jugement. C'est ainsi qu'il s'at- tacha à 'Abd el-'Aziz, qui avait chassé Abou-Hammou de Tlemcen, et après sa mort à "Abder-Rahman et à Abou'l ' Abbas, qui s'étaient partagé le gouvernement. Soupçonné de pencher vers le premier de ces duumvirs, il fut empri- sonné par le second en 1374, mais obtint au bout de quelques jours sa liberté et la permission de se rendre en Espagne : bien reçu d'abord par Ibn el-Ahmar à Gre-

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na4le, bientôt après tombé en disgrâce, il revint à Tlemcen juste à temps pour y voir Abou-Hammou restauré sur le trône.

Abou-Hammou lui demanda le service qu'il lui avait déjà rendu, d'accepter une mission auprès des Bédouins pour les mettre de son parti; Ibn Khaldoùn se mit en route, mais il séjourna quatre ans dans le château d'un principicule nommé Qal'at Ibn Salama; il y travailla à ses Prolégomènes et à son grand ouvrage historique. Comme il manquait des livres nécessaires pour parfaire son œuvre, il se rendit à Tunis en 1378, fut reçu avec beaucoup d'honneur par le sultan Abou'l-'Abbâs et y écrivit l'histoire des Berbères. Son ancien condisciple Ibn 'Arafa, devenu mufti, l'ayant représenté comme un homme dangereux, le sultan voulut le prendre avec lui dans une expédition qu'il préparait; mais Ibn Khaldoùn pria qu'on le laissât accomplir )e pèlerinage de la Mecque, pour laquelle il partit, par la voie de mer, en 1382. Quand il passa au Caire, sa renommée s'était déjà répandue, les étudiants vinrent en foule assiéger sa maison en le priant de rester en Egypte et de leur donner des leçons; il y consentit parce qu'aucune caravane ne partait pour la Mecque cette année-là. Le sultan Barkok le nomma malgré lui grand cadi malékite. Son impartialité, la sévé- rité avec laquelle il poursuivit les abus lui firent beau- coup d'ennemis. Entre temps, sa famille avait enfin obtenu du sultan de Tunis la permission de venir le rejoindre, mais elle périt tout entière dans un naufrage. A la suite de ce malheur, le sultan, pris de pitié, le déchargea de ses fonctions de cadi ; il chercha des con- solations dans l'enseignement et la composition litté- raire. Trois ans après il accomplit le pèlerinage inter- rompu.

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BU LITTÉSATURE ARABE

A son retour il écrivit l'histoire de sa vie; mais le sultan Barkok le fit enlever d'une propriété qu'il lui avait accordée dans le Fayyoum et le força d'accepter de nouveau les fonctions de cadî, qu'il conserva jusqu'en 1400, sous le successeur de Barkok, Mélik Nàçîr Faradj, il fut accusé et emprisonné à cause de sa grande sévé- rité; néanmoins il obtint une place de professeur. 11 accompagna le sultan dans sa campagne de Syrie contre Tamerlan; mais l'infidélité des oflîciers égyptiens ayant obligé son maître à une prompte retraite, l'hislorien quitta secrètement Damas et se rendît auprès du conqué- rant tartare, quî le reçut avec honneur et lui permit de retourner au Caire reprendre son poste de cadî, qu'il perdit encore et regagna plusieurs fois; il était en fonc- tions lorsqu'il mourut le 20 mars 1406.

Ibn Khaldoùn est l'un des pins grands historiens de la littérature arabe, parce qu'il a formulé, dans ses célèbres Prolégomènes, toute une philosophie de l'histoire musul- mane, telle que pouvait la concevoir un magistrat et homme d'État à la fin du xiv* siècle. Il y pose également de bons principes de la manière d'écrire l'histoire; il est dommage, comme l'a fait remarquer Wûstenfed, qu'il ne les ait pas suivis, car ses annales sont une compilation, parfois trop concise pour être bien comprise, et les sources ne sont pas toujours exactement indiquées. Son style n'est pas classique ; néanmoins on le donne comme modèle, a cause de la façon claire dont il a traité la phi- losophie de l'histoire. Son ouvrage s'appelle le Lifre des exemples [Kildb el-'Ibar); il se divise en trois parties : les Prolégomènes, traduits en français par Mac-Guckin de Slane dans les Notices et Extraits, après qu'Etienne Qua- tremère en avait publié le texte dans le même recueil; le corps de l'histoire des Arabes et des peuples voisins:

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l'histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, publiée et traduite en français par de Slane à Alger. L'histoire des Aghlabites et des Arabes de Sicile, qui en fait partie, avait déjà été publiée et traduite par Noël des Vergers.

Dans ses Prolégomènes, il commence par poser les règles de la critique historique, qui permettent de bien fixer les faits; il entre dans son sujet par la grande dis- tinction des peuples en tribus nomades et tribus séden- taires ; il décrit la formation des villes, l'influence qu'elles exercent, la naissance de tout pouvoir par l'esprit de corps des familles, ta fondation des empires et les causes de leur décadence; la nature des différentes espèces de royauté, du khalifat et de l'imamat, c'est-à-dire du pou- voir temporel et du pouvoir spirituel du khalife. Tout cela est exposé dans un style inégal, par un homme emporté par ses idées, qui se répète pour mieux insister et qui interrompt sans cesse une argumentation pour fournir la preuve historique de ses théories. On y trouve partout un esprit singulièrement sagace et ferme, uni à une grande puissance de généralisation, et je ne connais aucun livre qui soît plus digne d'être étudié par qui- conque veut comprendre l'histoire des empires musul- mans. L'ignorance complète était l'auteur de l'histoire des républiques libres de la Grèce et de celle de la for- mation de l'empire romain diminue beaucoup la valeur de ses réflexions au point de vue général ; mais elles gar- dent tout leur prix en ce qui concerne f'hîstoire des peu- ples de l'Islam.

La petite ville de Beyrouth, qui doit son nom à des puits qui l'alimentaient, car elle est bâtie sur un cap rocheux, assez loin des rivières, et n'a reçu d'eau potable qu'il y a une trentaine d'années, a eu l'honneur de voir

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son histoire écrite par ud membre de la famille des Bohtor, qui gouvernait avec le titre d'émir la contrée montagneuse appelée el-Oharb, dans le Liban; il g'appe- iait Çàlih ben Yahya; on sait qu'il est mort postérieure- ment a l'an 1436. Son livre, qui traite de l'histoire de sa famille et de la ville sous la domination des Égyptiens et des Francs, et qui existe en manuscrit à la biblio- thèque Nationale, a été publié par L. Chéîkho dans le Machriq, journal de Beyrouth.

Un cadi de la petite cité d'Aïntâb, au nord d'Alep, donna naissance à l'historien El-'Aïnt (Bedr-Eddin Mah- moud), par abréviation d"Aîn-Tàbi, en juillet 1360. II commença par étudier le droit sous la direction de son père, avec tant de succès qu'il put le suppléer comme juge avant même d'avoir terminé ses études. Il se rendit it Alep, d'où sa famille était originaire, pour les y achever, et à la mort de sou père visita plusieurs villes de la Syrie, fit le pèlerinage, en revint en 1386 à Damas et à Jéru- salem, où il lit la connaissance du soufi 'Ala-Eddin Ahmed es-5irâfi, qui l'emmena au Caire et lui procura une place dans le couvent Barqoqiyya, nouvellement fondé. L'in- fluence d'un de ses protecteurs, l'émir Hakam, lui fit obtenir en 1399 la place de commissaire de la police municipale au Caire, qui venait d'être enlevée à Maqriiî. L'instabilité des postes administratifs lui fit perdre et retrouver plusieurs fois de suite cette situation. Tombé en disgrâce et soumis à la torture sous le sultan Mélik Moayyad Chéïkh (1412), puis revenu en faveur et nommé professeur à l'école fondée par ce souverain, envoyé même comme ambassadeur à Constantinople auprès de l'empe- reur romain d'Orient, il retrouva la plus entière estime auprès de ses successeurs Mélik Zhâhir Tatar et Mélik Achraf Barsbaï; ce dernier surtout aimait à l'avoir dans

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son voisinage, parce qu'il pouvait s'entretenir avec lui en turc sur des questions religieuses. L'avènement de Mélik 'Aziz Yoûsouf le rendit à sa chaire de professeur (1438), puis il profita d'un retour de faveur pour réunir en sa personne les fonctions de grand cadi hanéfite, de maître de la police et de curateur des fondations pieuses, qui n'avaient jamais encore été réunies sur une même tète. Des intrigues lui firent perdre cette dernière place et il renonça a la vie publique ; il mourut le 29 décembre 1451 . Son 'Iqd el-djoumdn (Collier de perles) est une histoire universelle depuis la création jusqu'en 1446 ; le Djauhara est une biographie en vers du sultan Mélik Moayyad. De nombreux commentaires sur des ouvrages de théologie et de jurisprudence lui ont valu une célébrité qui n'a que peu d'intérêt pour nous.

Abou't-Tayyib Ahmed el-Hidjazi étudia les traditions sous la direction d'ibn Hadjar el-'Asqalani; il était en 1388; mais l'abus qu'il fît de la noix de marais ou anacarde compromit sa santé et l'obligea à renoncer aux études juridiques, pour ne plus se consacrer qu'à la litté- rature. Il mourut en 1470. En outre de ses propres poésies, que l'on retrouve dans un manuscrit de l'Escu- rial, il a réuni une anthologie poétique, oii l'on rencontre aussi des poèmes populaires comme les mowachchak et les zadjal, sous le titre de Raud el-Adâb (Parterres de la littérature]^ cet ouvrage a été imprimé à Bombay. La bibliothèque Nationale et le British Muséum possèdent de lui le Néïl er-rdïd, opuscule qui donne la liste de la hau- teur de la crue annuelle du Nil depuis l'époque de l'hé- gire.

Abou'l-Khéïr Ibn bl-DjazarI naquit à Damas en 1350 ; un pèlerinage à la Mecque le conduisit au retour vers le Caire; revenu dans sa ville natale, il devint en 1391 cadi

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de Damas, vît ses propriétés d'Ég^rpte confisquées en 1395 et se rendit alors en Asie Mineure, à Brousse, auprès du sultan ottoman Bajazet I". Après la bataille d'Ancyre il fut envoyé par Tamerlan prisonnier à Samar- cande ; à la mort du conquérant tartare, il rentra en Perse et s'établit à Chiraz, il fut nommé cadi, et il mourut en 1429, après avoir employé les dernières années de sa vie à un voyage qui le mena de Bassora jusqu'à la Mecque et à Médine. Ses ouvrages sont consa- crés à l'art de la lecture du Koran, notamment un poème didactique qui a été lithographie au Caire et souvent commenté. Son Dkât ech-chifâ est un poème qui com- prend une courte revue de l'histoire du Prophète el des quatre khalifes orthodoxes, puis un résumé très succinct de l'histoire musulmane jusqu'au règne de Bajazet I**, composé à Chiraz en 1396, à la demande du sultan Mohammed, qui y régnait alors.

Un soufi, Djémal-Eddin 'Abd-er-RazzÂq de Kâchan, mort en 1330, a laissé un dictionnaire des termes tech- niques (içtitdhdt) employés par les mystiques, publié par Sprenger à Calcutta (1845); le Lal4ïf el-tldm, dont le sujet est analogue et a été utilisé par Tholuck dans son étude sur le dogme spéculatif de la Trinité dans l'Orient moderne, et un Traité de la prédestination et du libre arbitre, traduit par Stanislas Guyard.

Un descendant du fameux ascète 'Abdel-Qâdir el-Gilàni, Qotb-Eddin 'Abd el-Kérim, en 1365, et qui vivait encore en 1423, a écrit, sur ia destinée humaine, l'Insdn el-Kdmil (l'Homme parfait}, qui a été imprimé au Caire, et dix-neuf autres ouvrages sur divers points du mysticisme.

Il n'est pas jusqu'au poète persan Djâmi (1414-1492) qui n'ait écrit treize ouvrages en arabe sur des questions de théologie.

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Çârim-Eddio Ibrahim Ibn Doqhaq, zélé disciple d'Abou- Hanifa, vers 1350, en Egypte, fut conduit en 1401 devant le cadi Djélal-Eddin el-Bolqini pour avoir écrit que Abou-Hanifa était supérieur à Chaféï; bien qu'il s'en excusât en disant qu'il avait pris cette appréciation dans d'autres ouvrages, il fut condamné à être fouetté et jeté en prison. Il mourut en 1406. Son Nozhet el-ânâm [Plaisir des humains) est une histoire de l'islamisme en douze volumes, rangée chronologiquement et traitant principa- lement de l'Egypte; une partie du manuscrit autographe est à Gotha. II écrivit, à la demande de Barkok, son Djauhar elk-thamin, histoire de l'Egypte jusqu'en 1402, continuée plus tard par un anonyme jusqu'en 1500. D'autres œuvres ont chanté les merveilles du Caire et d'Alexandrie, célébré le panégyrique du sultan Barkok, rappelé la vie du grand imam Abou-Hanifa et de ses élèves célèbres. La description de l'Egypte [ed-Dorra el- Modia) a été publiée au Caire par C. Vollers (1893) d'après le manuscrit autographe de la bibliothèque khé- diviale.

Un cadi des Hanéfites à Alep, qui fut reçu par Tamerlan lors de la conquête de cette ville, et qui nous a laissé un récit decette réception, utilisé par Ibn 'Arabchah dans sa vie de Ttmour, Abou'l-Wélid Ibm Chihna, a rédigé un abrégé d'Abou'l-Féda continué par lui jusqu'en 1403, et l'a appelé ftaudat el-Manâzhir (le Parterre des specta- cles). Gottwaldt en a donné une notice dans le Journal asiatique, et le texte a été imprimé à Boulaq sur les marges d'Ibn cI-Athir. II était en 1348 et mourut en 1412; il a laissé une foule de petits poèmes didactiques sur la théologie, la logique, le droit. Son fils, Modbibb- Eddin Abou'l-Fadl Ibn Chibna, était aussi entré dans la magistrature; il vécut au Caire, il remplit, avec

au LITTiBlTDHB ARABE

quelques intervalles de loisir, le poste de grand cadi hanéfite de 1461 à 1471, puis celui de chéïkh-ul-Islam ; il mourut en 1485 ; il mit en ordre l'ouvrage de son père déformé par les copistes, et écrivit un commentaire sur le texte ; il a laissé une histoire d'Alep dont Alfred von Kremer a donné des extraits.

Abou'l-'Abbâs Chihâb-Eddin el-Qalqaghbhdi tire son surnom d'une bourgade située près du Caire dons le dis- trict de Qalyoub, sa famille était établie; il mourut en 1418. Il a écrit sur la généalogie et l'histoire plue ou moins légendaire des tribus arabes anté-ïslamiques ; il a composé UD manuel de l'art d'écrire avec élégance, qui, destiné aux candidats aux emplois administratifs d'Egypte, renferme des détails intéressants sur la géographie, l'his- toire, la civilisation de ce pays et des provinces syriennes, qui ont été utilisés par Wûstenfeld; H. Sauvaire en a aussi donné des extraits.

Abou't-Tayyib Taqi-Eddin bl-Fasi, à Fez le 31 août 1373, vint à Médine en 1377 avec sa mère et retourna à la Mecque avec elle en 1386. Il voyagea ensuite, par- courut le Caire, Damas, Jérusalem, Alexandrie et le Yémen. De retour à la Mecque en 1405, il y devint cadi et professeur de droit malékite, fonctions qu'il perdit en 1414 pour les reprendre un mois après. Devenu aveugle en 1425, il dut renoncer à son poste judiciaire et se rendit au Caire pour y consulter le mufti malékite sur la possibilité de juger malgré cette infirmité. La décision juridique qu'il obtint ayant été favorable, il retourna prendre ses fonctions à la Mecque, fut destitué en 1427 et mourut deux ans plus tard. Il a écrit une description historique et topographique de la Mecque sous le titre de el-Iqd etk-thamln (le Collier précieux), qu'il a abrégé lui- même dans deux autres ouvrages, et dont il a donné une

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secoQcie édition dans son Chifd el-Ghardm, d'où WûsteD- feld a tiré les extraits qu'il a donnés dans ses Chroniques de la Mecque.

La chronique d'Ibn Kéthir a été continuée par Abou'l- 'Abbas Ahmed ET-TABAitiNi, à Tibériade, mort en 1432 ; son travail embrasse la période de 1220 à 1337 ; il en existe une traduction française manuscrite, due à Cl. Bérault, successeur de d'Herbelot au Collège de France, et conservée à la Bibliothèque nationale.

Tâqi-Eddin Abou't-'Abbâs Ahmed bl-Maqrizi tenait le surnom sous lequel il est connu, d'un faubourg de Baal- bek en Syrie, son grand-père, traditionniste hanéfite, avait habité avant d'émigrer à Damas; puis son père 'Ala-EddÎD, fils du précédent, s'était établi au Caire, naquit Maqrizi en 1365. L'enseignement de la doctrine chaféïte St une profonde impression sur lui, et il devînt l'adversaire des hanéfites. Après son retour du pèlerinage de la Mecque eu 1385, il fut comme son père cadi sup- pléant et employé d'administration, remplît en 1399 les fonctions de maître de la police et fut ensuite successive- ment prédicateur de mosquée et professeur de science des traditions. En 1408 il se transporta à Damas, il fut chargé d'administrer les vakoufs de la Qalànisiyya et de l'hôpital Nouriyya et de professer dans les médressés; mais il refusa d'être cadi. De retour au Caire, il s'adonna à la composition littéraire, et devînt l'historien de l'Egypte musulmane. En 1431 il entreprit avec sa famille le pèlerinage sacré, et fut attaqué par les Bédouins, ainsi

fue toute la caravane, pendant la route; il revint en gypte en 1435 et mourut en 1442, à la suite d'une longue maladie. Le Matvâ'izh wel-i'tibdr (Exhortations et considérations), plus connu sous le nom de Khitat (le Cadastre), est une histoire et une géographie de l'Egypte

LITTBRATDBE AlABE

qui traite surtout de la topographie du Caire, et il s'est approprié les ouvrages de ses devanciers, sans les citer; Langlës, Silvestre de Sacy, Hamaker en ont publié des extraits ; Wetzer a fait paraître le texte de l'histoire des Coptes, que WûsteDfeld a traduite en allemand. Le texte intégral a été publié à Boulaq, et M. U. Bouriaut en donne une traduction française dans les Mémoires de l'École du Caire.

La bibliothèque de Gotha possède le manuscrit auto- graphe de son histoire des khalifes fatimides : Kosegarten en a extrait le récit de l'entrée d'El-Mo'izz au Caire, qui figure dans sa Ckrettomathie arabe. Il a écrit l'histoire des sultans mamelouks sous le titre de SoUtâk li-marifet dofval el-molouk (la Marche vers la connaissance des dynasties royales) dont Etienne Quatremère a traduit la matière de deux volumes. Il avait commencé un diction- naire alphabétique des biographies de tous les princes et hommes célèbres de l'Egypte; l'ouvrage entier devait avoir quatre-vingts volumes; seize seulement ont été mis au net; trois d'entre eux se trouvent à Leyde.un à Paris; ce sont des autographes. Un recueil d'opuscules, qui se trouve également à Leyde et à Paris, a fourni à Silvestre de Sacy le Traité des monnaiet musulmanes, dont le texte avait déjà été publié par Tychsen d'après un manuscrit de l'Escurial; le même Tychsen a donné le texte du traité des poids et des mesures légales; Paul Noskowyj a fait paraître à Bonn l'histoire de la province du Had- ramaut, rédigée à la Mecque sur les informations four- nies par les pèlerins originaires de. cette contrée ; Wûs- tenfeld a fait connaître sou explication des familles arabes immigrées en Egypte; l'histoire des souverains musulmans de l'Abyssinie avait été imprimée dès 1790 à Leyde par Rink ; celle de la chute de la dynastie des

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Oméyyades et de l'avènemeiit des Abbassîdes au khalifat a été traduite par S. de Sacy dans \e Magasin encyclo- pédique, et publiée par G. Vos à Leyde (1888).

Abou-Bekr Tiqi-Eodin Ib» Qadi-Cbobba, docteur cha- féïte de Damas, en 1377, qui fut grand cadî dans sa ville natale, professeur dans les diverses médressés, ins- pecteur de l'hdpital Noùriyya, et mourut en 1448, s'est occupé de compléter la chronique de Dhahabî en don- nant une liste alphabétique d'hommes célèbres, rangés par période de dix ans ; il a écrit les biographies des cha- féîtes jusqu'en 1433, ouvrage qui a été utilisé par Wûs- tenfeld pour ses recherches sur les académies des Arabes.

Chihâb-Eddin Abou'1-Fadl Ibh-Hadjar el-Asqalîhi appartenait également au rite chaféïte. à Ascalon en 1372, il perdit son père de bonne heure et fut élevé par un parent; il n'avait pas encore onze ans qu'il fit le pèle- rinage de la Mecque; il y resta les années suivantes, a'occupant de commerce, tout en se livrant à l'étude des belles-lettres et en composant de fort bonne poésie ; puis il voyagea pour étudier la science des traditions, se rendit au Caire, visita la Palestine, le Yémen à deux reprises, rentra en 1403 au Caire, il professa le haditk et le droit avec le plus grand succès; il forma la jeune génération des étudiants en droit, qui purent tous se dire ses élèves, et il s'acquit ainsi une grande réputa- tion. Plus tard il devint grand cadi à plusieurs reprises, refit le pèlerinage sacré en 1421, entreprit en 1432 un voyage à Alep et y donna des leçons publiques. Il mourut au Caire en février 1449. Son Inbâ el-Ghomr (Enseigne- ment des ignorants) contient l'histoire politique et litté- raire de son temps (1371-1446), en Egypte et en Syrie, avec son autobiographie et des détails sur les tradition- nistes de son époque, sujet qui lui était cher, car il a

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consacré aux traditionoïstes et aux jurioonsultes un grand nombre de travaux dont l'énamération n'embrasse pas moins de trente-neuf numéros dans la liste de M. Broc- kelmann. Le Dorar el-Kdmina (iss Perles cachées) con- tient la biographie des personnages célèbres du viii* siècle de l'hégire. Son diwan a été assez apprécié des modernes pour avoir les honneurs de l'impreesioa.

Abou'l-'Abbâs Ahmed Ibn 'AbabchIb, à Damas le 6 novembre 1389, fut emmené en 1400 captif à Samar- cande, avec sa mère et ses frères, lors de la prise de la ville par Tamerlan. Dans ces contrées éloignées, il trouva le moyen de compléter son instruction et d'y joindre oae connaissance complète du persan et du turc. En 1408, il se rendit dans le Khatâ (Turkestan chinois d'aujour- d'hui], dans le Khârizm (Khiva) et le Decht-Qyptchaq (la grande steppe de Tartarie], passa plusieurs années dans la ville de Hàdji-Terkhân (aujourd'hui Astrakhan), pour y compléter ses études de droit; il s'y trouvait encore en 1411. Après avoir parcouru la Crimée, dont il fré- quenta les savants, il se rendit à Andrinople, le sultan ottoman Mohammed I", Ûh de Bajazet I"*, venait de se rendre seul maitre du pouvoir, malgré les compétitions de ses frères. Le sultan le reçut avec beaucoup d'hon- neurs, se l'attacha et refusa de le laisser partir pour Damas, ob l'appelait l'émir Tchaqmaq; il le chargea de traduire en turc des ouvrages arabes et persans, le nomma secrétaire particulier et lui confia le soin de cor- respondre en arabe, persan et turc avec les cours étran- gères. A la mort de Mohammed I" (1421), Ibn 'Arabchâb, désireux de revoir sa patrie, se rendit à Damas, il fiit surnommé 'Adjamî (l'Étranger). Il s'y livra entièrement à la vie contemplative et à la rédaction de ses ouvrages; cette douce quiétude fut interrompue par son départ

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DECLIN DES LETTRE S

pour la Uecque en 1428; à son retour, il s'établit au Caire, pour y continuer sa vîe de philosophe, et s'acquit la considération et l'amitié des savants. L'émir Tchaqmaq était devenu sultan en 1438, avec le titre de Mélik Zhàhir; mécontent de ce qu'Ibn 'Arabchah n'avait pas répondu à sa précédente invitation, il prêta aisément l'oreille à des dénonciations calomnieuses et le fit jeter en prison : l'infortuné littérateur y tomba malade et mourut, bien qu'il fût presque immédiatement relâché, au bout de douze jours, le 25 août 1450.

L'Adjdib el-maqdour (Merveilles de la prédestination) est l'histoire de la vie et des conquêtes de Tamerlan, dans un style prétentieux, difficile, rempli d'expressions recherchées, et en prose rimée; le texte a été publié par Golius chez Elzévir, en 1636, par Manger, avec une tra- duction latine (1767-72), à Calcutta et au Caire; Pierre Vattier en a donné une traduction française sous le titre de « l'Histoire du grand Tamerlan, traduite de l'arabe d'Ahmed, fils de Gueraspe » (1658j. Le Fâkikai el-Kkolafd (le Bonbon des khalifes) est un livre de politique déguisée sous la forme de fables en prose rimée imitée du Mar- xobân-ndmè persan ; il a été édité par Freytag (1832) et imprimé à Mossoul et au Caire.

Deux de ses fils eurent une moindre célébrité comme auteurs. Tâdj-Eddin 'Abd-el-Wahhâb, en 1411 à Astra- khan, qui avait accompagné son père à Damas et se rendit plus tard an Caire, il mourut en 1495, a écrit des poésies didactiques sur l'exégèse et la généalogie; El-Hasan écrivit vers 1494, sous le titre de Iddh ez~ Zhoim, l'histoire en prose rimée du tyran Ibrahim de Naplouse, qui commandait à Damas vers 1446 et s'était attiré, par ses exactions, l'animosité des habitants de cette ville (manuscrit de Berlin).

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3«0 LITT&RATORE AAABB

âboo'l-MahIsin Djémâl-Eddin Ibh Tacri-Biudi était le file d'un esclave turc au service d'un négociant nommé Bachboghà, que le sultan Mélik ez-Zhâhir Barkok acheta au début de son règne (1382), fit élever et auquel il confia plus tard le gouvernement d'AIep; sous son successeur Mélik-Nâçir Faradj, il fut atâbek (chef des troupes) et gouverneur de Damas, à trois reprises différentes; il était encore revËtu de cette qualité lorsqu'il mourut en 1412. Abou'l-Mahâsin naquît au Caire en 1411 ; il porta le titre de grand émir, soit à cause de sa naissance, soit parce que des fonctioDS comportant ce titre lui furent conférées. Il était à la Mecque au début de l'année 1459, lorsque Chihâb-Eddin Ahmed et-Tatâri y fut nommé cadi; il mourut en 1469. Son Nodjoâm ez-Zâkira (les Étoiles brillantes) est une histoire d'Egypte depuis la conquête arabe sous 'Amr ben el-'Aç, jusqu'en 1453, indiquant année par année les décès de personnages marquants; l'édition de Juynboll va jusqu'à l'année 975. L'abrégé qu'il en a fait lui-même s'étend jusqu'à l'année 1460. Le Maurid el-latâfet (l'Abreuvoir de la douceur) contient, après une courte histoire du Prophète, l'énu- mératioQ de quelques-uns de ses compagnons , des maîtres de l'Egypte et de leurs ministres jusqu'à son époque; J.-E. Carlyle en a donné une édition (1792). Le Manhal es-Sâfî est un dictionnaire biographique qui forme la continuation du Wdfi de Çafadi, de même que le Hawâdith ed-dohoûr continue le Soloâk de Maqrizi jusqu'en 1456. Le Bahr ez-Zdkhir était un grand ouvrage historique dont il n'existe qu'un volume à Paris, conte- nant les années 652-690.

Abou'1-Fadl Qâsim Ibn Qotl ouboghî est l'auteur d'un dictionnaire historique des écrivains et jurisconsultes du rite hanéfite, appelé Tadj et-térddjim (Couronne des

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DBCLIN DBS LETTRES

biographies), important pour la Gonnaissance des noms historiques; G. FlOgel en a donné une édition. On sait peu de chose de l'auteur. en septembre 1399 au Caire, il y étudia la langue arabe, la logique et le droit hauéfite, visita Damas et d'autres villes pour y compléter ses études, et écrivit de nombreux ouvrages ; il mourut au Caire en 1474.

Soyoûti.

Un homme destiné, par ses travaux encyclopédiques, à incarner la science musulmane au xv' siècle, c'était l'Égyptien Sotoûti (Djélàl-Eddin Abou'1-Fadl 'Abd-er- Rahman). Il était originaire d'une famille persane établie depuis plus de trois siècles à Syout ou Osyout dans la Haute-Egypte, mais il naquit au Caire le 3 octobre 1445. Ses ancêtres avaient occupé des fonctions publiques : l'un avait été juge, l'autre chef de la police municipale; un troisième était devenu un riche marchand; son père avait été cadi au Caire, et s'était ensuite retiré du monde pour se consacrer à la lecture du livre sacré. Quand il mourut, en mars 1451, le jeune 'Abder-Rahman n'avait que cinq ans et demi; il fut élevé par un ascète qui lui fit apprendre par coeur le Koran avant d'avoir huit ans. Après avoir visité le Fayyoum et Damiette, il partit en pèlerinage pour la Mecque en décembre 1464; à son retour, il professa la science des traditions, et son maître 'Alam-Eddin el-BoIqini lui obtint la chaire de premier professeur de jurisprudence à la medressé Chéïkhoûniyya, place jadis tenue par son père.

Son arrogance et même son manque de loyauté lui attirèrent la haine des savants, attisée par les contro-

363 LITTÉIATOBB ARABE

verses âpres auxquelles il se livrait. Soq avidité luï fit retrancher une partie des pensions attribuées aux soufis de son école, on les réserver à d'autres; ils se soule- vèrent contre lui en février 1501 ; à la suite d'une enquête judiciaire, il fut destitué par le sultan Toumân-Bâî. Il se retira alors dans son habitation de l'Ile de Rauds. On voulut lui rendre sa place de professeur à la mort d'Ibn Ballàn, qui lui avait succédé, mais il n'accepta pas et mourut dans sa retraite le 17 octobre 1505. Il a donné lui-même les titres de trois cents de ses écrits; la liste de M. Brockelmann en énnmëre trois cent quinze ; FlQget a dressé une autre liste qui en comprend cinq cent soixante et un. Cependant beaucoup de ces composi- tions, qui pour la plupart ne sont pas originales, se réduisent souvent à un seul cahier; à Leyde il y a un seul volume qui contient quatorze de ces traités. On l'a accusé d'avoir pris des ouvrages de ses devanciers, de les avoir un peu remaniés et transformés, et de les avoir donnés comme siens. Cepeodant ils ont eu un succès considérable, comme tout travail de compilation qui met à la portée des jeunes générations les ouvrages conser- vés dans les bibliothèques de pays lointains, et que l'imprimerie n'est pas encore pour multiplier et popu- lariser; ce n'est qu'à la fin du xviii* siècle que la typo- graphie, appliquée aux caractères arabes, fera son appa- rition à Constantinople. Jusque-là l'Orient ne connaîtra d'imprimés que les incunables orientaux de Rome et de Leyde. Quoi qu'il en soit, Soyoùti a pour nous le mérite d'avoir conservé, dans son travail d'abréviateur et de compilateur, d'anciens écrits qui sans cela seraient perdus pour nous.

Son Histoire des khalifes a été admirée parce que c'est un résumé, commode peut-être pour l'usage des classes

DÉCLIN DBB LETTRES IBS

en Orient, mais qui ne peut aucunement nous satisfaire. Elle s'étend depuis Abou-Bekr jusqu'à l'année 1497, El-Mostamsik devint khalife abbasside au Caire; elle a été publiée par Nassau Lees à Calcutta et traduite en anglais par M. Jarrett; elle est suivie d'un poème didac- tique, destiné à être appris par cœnr, et les noms des khalifes sont rangés par ordre. Son Histoire de l'Egypte et du Caire, Hoan el-Mokddara, est une compilation de vingt-huit ouvrages historiques. 11 est l'auteur de l'abrégé et de la continuation du Tabaqât el-Hoffâzh de Dhahabi, qui a été publié par Wûstenfeld. Son livre des inter- prêtes du Koran a été édité par Meursinge. Son abrégé du Lobâb d'Izz-Eddin Ibn cl-Athîr, extrait du grand ouvrage de Sam'âni, a paru à Leyde par les soins de Veth. Le Kitâb el-Awâïl (Livre des connaissances pri- mordiales) est un abrégé d'Ël-'Askari, étudié par Gosche. Son hqdn, sur l'exégèse du Koran, a été édité à Calcutta, réimprimé au Caire. Un commentaire du Koran célèbre en Orient est le Tafsir des deux Djélâls, dont la première moitié, jusqu'au chapitre xvii inclus, a été écrite par son maître Djélàl-Eddia Mohammed el-Mahalli, en 1389, mort en 1459, professeur de jurisprudence au Caire et commentateur obstiné, et la seconde moitié par notre Djélâl-Eddin Soyoùti, son élève, qui acheva l'ou- vrage en quarante jours. Kosegarten et Grangeret de Lagrange ont donné des extraits de l'anthologie intitulée El-Mardj en-nadir (le Pré fleuri). Le Chamdrtkh sur la science historique a été publié par M. C.-Fr. Seybold (1896), ainsi que son traité sur les Konya ou surnoms. Ghars-Eddin Khalil ben Châhin ez-Zhâhiri, en 1410, était en 1435 gouverneur d'Alexandrie lorsqu'il reçut un vêtement d'honneur; l'année suivante il fut chargé de conduire à la Mecque la caravane sacrée partie

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du Caire, et on lui donna à cette occasion le titre it vizir; OD le retrouve en 1437 gouverneur de la forteresse de Karak, les deux années suivantes à Safed et à Damas. Il mourut en 1468, en laissant, dans son Zobdat kechf el-mémâîik, un tableau politique et administratif des États possédés par les Mamelouks du xiii' an xv* siècle, c'est-à-dire l'Egypte, la Syrie et le Hedjaz, dont le texte a été publié par M. P. Ravaisse. Il a composé aussi an traité d'onîrocritique sous le titre d'el-Ichdrdt (les Indi- cations], étudié par N. Bland et imprimé au Caire sur les marges du Tatlrel-andmd'A.hd-ei-Ghanl en-Nâbolost.

Un savant de Syout en Egypte qu'il ne faut pas con- fondre avec le célèbre polygraphe Soyoâti, c'est Chems- Eddin Abou-' Abdallah, également surnommé Soyoûti, qni se rendît à la Mecque en 1444, avec toute sa famille, poussé par le désir de visiter les lieux saints de l'isla- misme, car il était très pieux. Il y resta neuf ans, vivant de la charité publique. Puis il revint au Caire en 1453, entra au service d'un haut fonctionnaire qui le prit avec lui en Syrie, ce qui permit au zélé pèlerin de visiter Jérusalem en 1469 et d'y écrire son llhâf el~akhiççd, histoire et description du temple de Jérusalem, déjà étudiée par P. Lemming à Copenhague en 1817, traduite en anglais par J. Reynolds en 1836, et dont des extraits ont été récemment traduits à nouveau par M. Guy Le Strange.

C'est en Egypte également que vivait le vétérinaire du sultan Mélik Nâçir, fils de Qalàoun, Abou-Bekr ben el- Mondhir, mort en 1340, qui écrivit pour son souverain le Ndçiri, nom donné habituellement au Kdmil ec-Çinâ- aléïn (la Perfection des deux arts), traité complet d'hip- pologie et d'hippiatrie, traduit par Perron. Un médecin du Caire, à Sîndjâr, qui mourut de la peste en 1348,

nécLIN DB9 LETTRES 3S5

IbD el-ÂlcfâDi, écrivit une eocyclopédie de soixante sciences différentes, Irckâd el-qâçid {la Direction de celui qui recherche les plus hautes questions), publiée par Sprenger dans la Bibliotheca Indica, et y joignît des traités d'ophtalmologie {Kachf er-raïn), de médecine domestique {Gkonyat el-labîb), d'application de la sai- gnée {Nihdyet el-qaçd), et des ouvrages sur les pierres précieuses [Nokkab edh-Dhakkâïr) et sur l'achat des esclaves {en-Nazhar wet-tahqîq) qui sont restés manus- crits. À la même époque Kémal-Eddin Mohammed ben MoAsa bd-DahîhI, en 1344, mort au Caire en 1405, écrivait son Hayât el-kaïwân (la Vie des animaux), dic- tionnaire de zoologie qui traite également les questions d'étymologie et de grammaire se rapportant au nom des animaux, avec citation des traditions, des fragments de poésie et des proverbes qui s'y rattachent; des trois recensions qu'il en a faîtes, la plus grande, terminée en 1371, a été imprimée six fois au Caire.

'Izz-Eddin Aïdehir ben 'Ali ben Aïdémîr el-Djildaki, mort au Caire en 1342, était un alchimiste qui a écrit de nombreux ouvrages sur sa science préférée, mère de la chimie moderne, qu'il appelle la science de la balance ('i7m el-mlzdn) et de la clef Çtlm el-miftâh); plusieurs de ses compositions sont, naturellement, spécialement ré- servées à la recherche de la pierre phîlosophale {talab el-iksîr), l'élixîr de longue vie par excellence. Hadji- Khalfa énumëre vingt-quatre ouvrages composés par lui sur les arcanes de la science mystérieuse.

Les Béni-Ziyao de Tlemcen trouvèrent leur historien dans la personne d'Abou-'Abdallah Mohammed ben 'Abd- el-Djélil, imam de Tenës, qui llorissaît à Tlemcen sous le sultan El-Motavirakkil à qui il a dédié son livre, Nazhm ed-dorr w'èl-iqyân {Collier de perles et d'or natif), dont

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la première partie a été traduite par l'abbé Barges. Il mourut eu 1494.

Abou'l-Hasan 'Ali Nouh-Eddin bs-Sahhoodi, l'historien de la ville de Médiue, naquit sur les bords du Nil supé- rieur, à Samhoùd, gros village de la Hante-Égypte. Il alla étudier au Caire, puis partit pour le pèlerinage et n'en revint plus, car il s'établit à demeure à Médine eu 1465 et y professa dans une des principales écoles. Il prit sur lui de déblayer la grande mosquée, détruite par l'incendie en 1256, de ses décombres et de ses cendres, et n'eut pas de cesse qu'il n'entretint une correspon- dance active avec les princes de Bagdad et du Caire pour obtenir leurs subsides, jusqu'à ce qu'il eût persuadé au sultan d'Egypte Qaïtbaï, eu 1474, de lui fournir les moyens de reconstruire le monument détruit. Ce sultan vint lui-même visiter Médine en 1479; Samhoudi eut on entretien avec lui, dont le principal résultat fut d'inter- dire aux habitants de faire le commerce de prétendues reliques du Prophète. Pendant qu'il était à la Mecque en 1481, la mosquée de Médine prit feu de nouveau et entraîna dans sa ruine la maison de l'historien et sa bibliothèque de trois cents volumes. Il profita des tra- vaux de reconstruction pour aller, après une absence de seize ans, revoir sa vieille mère à Samhoùd; celle-ci mourut au bout de dix jours après le retour de son fils, qui reprit le chemin de Médine, en emportant une masse de livres que le sultan lui avait donnés pour reconstituer sa bibliothèque. Nommé chéïkh-ul-ialam dans la ville du Prophète, il y mourut en 1505. II avait perdu, dans l'in- cendie de sa maison, le manuscrit inachevé d'une grande histoire de Médine qu'il projetait et qui aurait contenu tout ce qui avait été écrit sur ce sujet jusqu'alors; mais il en avait (ait, à la demande d'un grand persounage, un

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extrait bien rangé en ordre {Wéfâ'l-Wéf^, qu'il avait emporté avec lui à la Mecque pour le mettre au net. C'est que Wiistenfeld a pris les documents sur l'his- toire de Médine qu'il a publiés à Gœttingue. Une édition encore plus abrégée, intitulée Kkolâçat el-Wéfd, a été imprimée à Boulaq.

Un Persan, Ikhtiyâr-Eddin ben Gbiyàth-Eddin el- Hoséïni, qui avait fait ses études b Hérat et y était devenu cadi, puis se retira dans son village natal pour s'y livrer à l'agriculture après la prise de la ville par Mohammed- Khan Chéïbàni, et qui mourut à Turbet en 1522, a écrit YAsâs el-iqtibda (Base du plagiat) à la demande du sultan timouride Hoaéîn Baïqara, en 1492. Cet ouvrage, qui a été imprimé à Constantinople, est une collection de ver- sets du Koran, de traditions, de proverbes, de morceaux choisis de prose et de vers ; c'est un manuel du parfait rédacteur.

Un de ses compatriotes, Abou'l-Qàsim ei-Léïthï es- Samarqandi, composa vers 1483 un traité des métaphores intitulé Fardtd el-fawdtd et plus connu sous le nom de Riadlat es-Samarqandiyya, qui a été l'objet de nombreux commentaires jusque dans les temps les plus voisins de nous.

SoyoAti, que nous avons vu accuser de plagiat, pis que cela, de démarquage, éleva la même accusation contre Chihâb-Eddin el-Qastai.lani, savant chaféïte au Caire en 1448, qui y fut prédicateur et y mourut en 1517; il le fit citer devant le cbéïkh-ul-islam en prétendant qu'il avait copié nombre de ses ouvrages sans le nommer. Qastallânî voulut plus tard chercher un raccommode- ment et se rendit à la demeure de Soyouti dans l'ile de Rauda, mais il ne fut pas reçu. C'est à propos du Métvdhib el~Ladoniyya (les Dons mystérieux), ouvrage

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MS LITTEHATURB ARABE

consacré à la biographie do Prophète, que la dispute eut lieu. Le Méwâhib a eu un grand succès, il a été com- menté et traduit en turc, puis fréquemment imprimé. Un commentaire sur le Çahih de Bokhâri, Irckâd~e»- Sdri (Direction du voyageur nocturne), en dix volumes, a été imprimé à Boulaq et à Lucknow. D'autres livres ont été écrits par lui sur les mérites d"Abd-el-Qàdîr el- Gllàn!, du chéîkh Abou'l-Qàstm Chàtibi et du chéïkh Abou'l-'Abbâs Ahmed el-Harrâr, prieur du cloître d'ez- Zàbidî près du Caire; mais, sauf le second, ils ne nous sont point parvenus.

Abou'l-Youmn 'Abd-er-Rahman Movdjir-Eddik el- 'Oléïmi, grand cadi des hambalites à Jérusalem, mort en 1521, a écrit la chronique de Jérusalem et d'Hébron, Anis el-Djélil (le Compagnon de l'homme glorieux), dont Hammer a donné des extraits dans les Mina de l'Orient et que Henry Sauvaire a traduite par fragments ; cette chronique a été composée ou plutôt compilée avec une rapidité merveilleuse, ayant été terminée en moins de quatre mois, dont un tout entier inoccupé, l'auteur ayant été empêché d'écrire par suite des événe- ments.

Un élève de Soyoùti, Abou'l-Barakât Mohammed Ibh Itàs, hambalite d'origine circassienne, le 9 juin 1448, mort vers 1524, s'est occupé de l'histoire générale du monde, de celle de l'Egypte jusqu'en 1522, rangée d'après les années et les mois et intitulée Béddl' ez-Zokoâr; on lui doit aussi un livre de cosmographie qui traite spécia- lement de l'Egypte, Nackàq el-A::hdr (l'Odeur des fleurs), achevé en 1516 et qui a été analysé par Langlès dans les Notices et Extraits.

Abou-' Abdallah 'Abder-Rahman du Yémen, surnommé Ibh sn-D^BA' (c'est-à-dire, parait-il, le Fils du blanc),

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DECLIN DES LETTRES

à Zébtd le 7 octobre 1461, fut élevé par son graad-përe maternel Isoia'ïl pendant que son père faisait un voyage sur les côtes de l'Inde, pendant lequel il mourut, lais- sant son fils dans le besoin. Celui-ci avait du goût pour les mathématiques et la jurisprudence ; il voyagea pour apprendre, revint à Zébid, fit le pèlerinage en 1491, reçut à la Mecque les leçons de Sakbâwi et, de retour dans sa ville natale, conçut le projet d'en écrire l'his- toire. Le Boghyat el-Mostéfid, qui s'étend jusqu'à l'année 1495, attira sur lui l'attention du sultan Mélik-Mozhaffar Amir ben Tàhir, qui l'engagea à écrire l'histoire de la dynastie des Beni-Tâhlr, El-'iqd el-hdhir (le Collier brillant), l'en récompensa généreusement et te nomma professeur des traditions à la grande mosquée de Zébid, place qu'il occupa dignement jusqu'à sa mort en 1537. C'est du Boghyat que Th. Johannsen a extrait les frag- ments qu'il a donnés dans son Historia Jemanas. Avant lai, Abou-'Abdallah Mohammed el-Djanadi, mort en 1332, avait écrit l'histoire politique et littéraire du Yémen dans son Soloâk, d'où M. H. C. Kay a tiré des renseigne- ments sur les Carmathes de cette contrée.

L'Empire ottoman continuait alors ses grandes con- quêtes d'Asie, qui faisaient suite à son établissement en Europe. La bataille de Merdj-Dâbek près d'Alep et la mort du sultan mamelouk QançoAh-el-Ghoûrî lui avaient livré la Syrie; l'Egypte fut conquise par Sélim I" en 1517. Ibk Zuhbvl, que l'on appelait er-Rammâl (le Géo- mancien) parce qu'il gagnait sa vie en traçant des figures d'horoscope sur le sable, eut l'occasion de suivre les mouvements des troupes, probablement comme employé de l'administration militaire ; il fut même enfermé, avec le corps auquel il était attaché, dans le fort d'Aboukir. Il a rédigé l'histoire de la conquête de l'Egypte par les

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Ottomans, une géographie générale et un traité sur la géomaocie.

Les Turcs se mettent à écrire en arabe comme les Per- sans l'avaient fait jadis. Le professeur Moçtafa, à Tachkieupru l'année de la prise de Constantinople par Mahomet II (1453), que Bajazet II avait choisi comme précepteur de son fîls Sélîm, avait eu, la veille de son départ de Brousse pour Angora, un songe dans lequel il vit un beau vieillard lui annoncer la naissance d'un garçon qu'il nommerait Ahmed. Cela arriva effective- ment; Ahmed naquit un mois plus tard, le 2 décem- bre 1495, et fut surnommé Tachkieupni-Zàdè (le Fils de Tachkieupru) d'après le nom d'origine de son père. Après avoir embrassé dans ses études le cycle complet des con- naissances du moyen âge oriental, îl entra dans la car- rière du professorat et enseigna successivement à Dimé- toka, à Constantinopte, à Uskinp en Macédoine, à Andri- Qopte comme cadi en 1551. Atteint d'une inflammation des yeux en 1554, il perdit la vue presque complètement et fut obligé de dicter ses ouvrages; il mourut en 1560. Le Nawâdir el-akhbâr (Curiosités de l'histoire) est un dictionnaire, par ordre alphabétique, des hommes illus- tres de l'islamisme, d'après la Vie des compagnons du Prophète d'Abou-Mohammed, le dictionnaire biogra- phique d'Ibn Khallikan et l'histoire des philosophes de Chahrastânl. Le Chaqdlq en-No'mâniyya (les Anémones) est un ouvrage consacré à la biographie de cinq cent vingt-deux hommes illustres, ulémas et eoftfis, de l'Em- pire ottoman, divisé en dix classes d'après les dix règnes qui s'étendent d'Osman, fils d'Ertoghrul, jusqu'à Suléî- man ; à ta fin se trouve sa propre autobiographie, dictée en 1558. Le Miftâk ea-Seâdet wa Miçhâh es-aiyddet (Clef du bonheur et lanterne de la maîtrise) est une encyclo-

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pédïe sur les objets des sciences, dictée à ses élèves et terminée en 1560; elle a été utilisée par Hadji-Khalfa pour son dictionnaire bibliographique, et traduite en allemand par Hammer; traduite en turc et complétée par sou fils Kémal-Ëddin Mohammed, elle a été imprimée à Constantiuople.

El-Hoséïn ben Mohammed bd-Dit1rbekbi, à Diar- bék.ir, s'était établi à la Mecque, il fut cadi et mourut en 1558- Le Khamis fi. Ahwâî en-nafs ennafia (Livre par- tagé en cinq parties relativement à l'Ame précieuse) est une biographie du Prophète compilée d'après plus de cent ouvrages dijETéreats, continuée par une revue géné- rale des khalifes jusqu'au sultan Suléïman I" (1520) ; ter- miné en 1533, cet ouvrage, dans certaines copies, est continué jusqu'à Mourad III (1574). Il a été imprimé au Caire ; l'histoire de l'assassinat du khalife 'Omar en a été extraite et publiée avec une traduction allemande par O. von Plateu ; un court extrait figure dans la grammaire arabe de Petermanu.

Dans l'Inde, le chéïkh Zéïn-Ëddin el-Ma'bar! écrivait en arabe l'histoire du développement de l'islamisme dans le Malabar, de l'établissement des Portugais et de leurs persécutions à l'égard des Musulmans de 1498 à 1577. Le Tohfat el-ModJdkidin a été traduit en anglais par Rowlandson; un fragment a été inséré dans la traduc- tion de l'histoire de l'Inde de Périchta par J. Briggs.

Mohammed Qotb-Eddin en-Nahrawâli était originaire d'une famille établie jadis dans l'Inde, à Nahrawàla, capi- tale du Guzzerate, avait vécu son arrière-graud-père Qâdi-Khan Mahmoud de Dehli. Son père avait émigré à la Mecque, il occupait une place de professeur; c'est que naquit Mohammed en 1511. A la fin de ses études accomplies dans sa ville natale, le jeune homme

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se rendit en Egypte (1536), il suivit les cours des pro- fesseurs, élèves de Soyouti, puis de à Constaotinople. Présenté au sultan Suléimas par le vizir Ayaa-pacha, il reçut en présent un vêtement d'honneur, fut nommé pro- fesseur a l'Achrafiyya, école de la Mecque, dont il mît en ordre la bibliothèque. Il a laissé le récit d'un second voyage qu'il fit de Médine à Constaotinople en traversant l'Asie Mineure (1558). Le vizir Ali-pacha lui raconta ses campagnes : Qotb-Eddin fit la remarque que l'histoire disparait avec la mort de ses témoins oculaires quand une rédaction n'en a pas été faite, et il cita comme modèle l'histoire de Nour>Eddin et de Satadin par Abou-Châma; Ali-pacha chargea alors le secrétaire Ali-Tchélébi de mettre par écrit les campagnes des Ottomans, mission dont il ne parait pas s'être acquitté. Qotb-Eddio, de retour à la Mecque, fut nommé professeur du rite hamba- lite lorsque l'université Suléîmaniyya y fut établie (1567); il mourut mufti de la ville sainte en 1582. LTldm bi-a'ldm Bèlad el-Harâm (Instruction sur les par- ticularités notables de la Demeure sacrée) est une his- toire de la ville de la Mecque et de la Ka'ba, qui a été publiée par Wûstenfeld. Le Barq el-YémdrU (Éclair du Yémen) contient l'histoire de l'Arabie heureuse depuis l'année 1495, de la première conquête ottomane sous le vizir Su ïm an -pacha, du retour des Zéîdites et de la seconde conquête par le grand vizir Sinân-paoha, auquel l'ouvrage est dédié.

Moçtafa-Efendi EL-DiENNiBi était originaire de la petite ville de Djennâba, sur te golfe Persique; il fut cadi d'Alep ; destitué, il mourut en 1591. Il a écrit en arabe, puis traduit en turc l'histoire de quatre-vingt-deux dynasties musulmanes en autant de chapitres, jusqu'en 1589. De J.-B. Podestà a tiré l'histoire de Tamerlan,

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qu'il a traduite en latin et publiée à Vienne en 1680. Le même auteur a aussi laissé un traité de la construction de la mosquée de Sainte-Sophie et des murailles de Constan- tinople.

Amir er-Ro'Ami, secrétaire des princes Chems-Eddin et 'Izz-Eddin, qui possédaient la forteresse de Kaukéban près de Sanaa au temps de la conquête turque, fut en rapports personnels et de correspondance avec les com- mandants des troupes ottomanes, notamment avec Hasan- pacha, nommé en 1580. Il a consigné ses souvenirs dans deux ouvrages, dont l'un, qui est à la bibliothèque de Leyde, a été publié par Rutgers, sous le titre de Hiatoria Jemanae nub Hasano Pascha, et dont l'autre est réservé à l'histoire de l'émir 'Izz-Eddin.

Abou'l-'Abbâs Ahmed BL-QARABiiifi naquit en 1532, à Damas, d'un père qui, étant inspecteur de la mosquée des Oméyyades, vendît à son profit les tapis de prière, fit démolir une école matékîte et fut pour cela étranglé eu 1559. Son fils Ahmed, entré dans l'administration, fut secrétaire, puis président du bureau qui administrait les deux hôpitaux de femmes de Damas relevant de l'Egypte j ce fut un personnage considérable, qui fréquentait sur- tout le monde judiciaire. Il mourut en 1610. Il a écrit an résumé de l'histoire de Djennâbi, en y ajoutant quelques suppléments et quelques inexactitudes, sous le titre de Akhbdr ed-dowal tva Athdr el-Otval (Histoire des dynas- ties et monuments des anciens); le texte en a été imprimé à Boulaq sur les marges d'Ibn el-Athir.

Abou'I-Mawâhib 'Abd-el-Wahhàb bgh-Cba'rAni était un mystique du Vieux-Caire qui s'était fait connaître de bonne heure par ses écrits, que ses ennemis préten- dirent être opposés aux dogmes orthodoxes ; on essaya de le convaincre d'impiété en falsifiant un de ses ouvrages.

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374 LtTTÀRATOBB ARABE

Il n'eut pas de cesse qu'il n'eût réussi à convaincre les principaux docteurs de son innocence. II mourut en 1565, après avoir laissé son nom à une secte dont il fut le fon- dateur. Il croyait avoir reçu de Dieu les dons les plus merveilleux, entre autres celui de faire des miracles. Sa Balance de la loi musulmane, dans laquelle il essaye de dégager l'esprit de la législation islamique et de réduire à l'unité les divergences des quatre rites orthodoxes, a été traduite par le D' Perron. Cha'râni explique et apprécie les raisons du désaccord des jurisconsultes, et il les trouve dans l'incertitude que présente l'interpréta- tion de certains hadUh; ce qui montre bien qu'aux yeux des docteurs musulmans, le grand édifice de la loi est une oeuvre purement humaine, malgré l'autorité reli- gieuse de sa base. Son Lawâqik el-Anwdr (les Lumières fécondantes), qui contient les biographies des mystiques les plus célèbres depuis les origines du soufisme, a été imprimé au Caire, ainsi que son Latdlf et-minan.

El-Maqqarî de Tlemcen,

A l'autre extrémité du monde musulman, en plein Maghreb, Tlemcen voyait naître, vers 1591, Chihâb-Eddin Abou'l-'Abbàs il-MaqqahI, ainsi appelé du village de Maqqara dont sa famille était originaire. Il fit son éduca- tion dans cette ville, dont son oncle Sa'îd fut mufti pen- dant soixante ans. Plus tard il alla compléter ses études à Fez et à Maroc, il resta jusqu'en 1618; îl se résolut alors à accomplir te pèlerinage pour fuir les troubles poli- tiques qui venaient d'éclater. L'année suivante il passa, à son retour, par le Caire, il se maria; cependant les

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DÉCLIN DES LETTRES 87B

honneurs qu'on lui fit ne l'empêchèrent pas de trouver que la vie y était trop inhospitalière pour s'y plaire; repris de la passion des voyages, il se rendit à Jérusalem en 1620, puis cinq fois encore à la Mecque, et resta quelque temps à Médine, il professa un cours de haditk. En 1627 il revint au Caire, mais pour en repartir; il visita encore une fois Jérusalem, puis gagna Damas, ses compa- triotes du Maghreb lui avaient préparé une habitation qui ne fut pas de sou goût. Ahmed ben Châhin, direc- teur de l'école Djaqmaqîyya, lui envoya les clefs de cet établissement avec une invitation en vers à laquelle Maq- qari répondit dans le même style. Emerveillé de la belle installation de cette école, il ne voulut pas d'autre demeure. Pendant son séjour il donna des leçons à la grande mosquée. Le succès qu'eurent ses cours lui lais- sèrent un excellent souvenir dont il a parlé dans ses poé- sies; aussi y revînt-il encore une fois en 1631. De retour au Caire, qu'il se préparait à quitter définitivement, il fat pris de fièvre et enlevé en janvier 1632. Le Nafli et-Tib (Souffle des parfums), son principal ouvrage, est divisé en deux parties principales, consacrées, la première à l'histoire politique de l'Espagne musulmane et à celle des savants qui y sont nés, la seconde à la vie du vizir Lisân- Eddin Ibn el-Khatib; cet ouvrage considérable, imprimé en quatre volumes à Boulaq, a été écrit en un an, pen- dant son séjour au Caire, à son retour de son premier voyage à Damas ; cette compilation fut faite à la demande d'Ahmed Ibn Châhin sur des matériaux qu'il avait amas- sés depuis longtemps; la rapidité de la rédaction en est décelée par un certain désordre. La première partie du Nafhel'Tlb a été publiée, soua le titre A'Analectea sur rhùtoire et la littérature des Arabes d'Espagne, par R. Dozy, G. Dugat, L. Krehl et W. Wright; l'histoire

376 LITTERATURE ARABE

politique, rangée dans un ordre différent, en a été extraite par Pascual de Gayangos et traduite en anglais par lui, sous le titre de The kislory ofthe Mohammedan dynastie» in S pain.

Hadji-Khalfa.

Moçtafâ Hadji-Khalfa, surnommé Kâtib Tchélébi, était un Turc de Constantinople, son père était employé au Séraskïérat. Il entra également dans l'administration militaire, accompagna en 1625 l'armée dans la campagne de Bagdad; il était l'année suivante au siège d'Erzeroum. De retour à Constantinople en 1628, il trouva son père mort, en laissant le vœu que son fils n'abandonnât jamais ses études; cependant le jeune Moçtafâ ne put pas rem- plir immédiatement les dernières volontés de son père : il dut accompagner l'armée à Bagdad et à Haroadan en 1629, à Alep en 1633; seulement il profita de l'hiver de cette dernière campagne pour accomplir le pèlerinage de la Mecque, d'où son titre honorifique de Hadji, « Pèle- rin Il ; après la campagne d'Erivan, il renonça à l'admi- nistration et se consacra tout entier aux sciences. La recommandation de son ami de jeunesse, le mufti 'Al>d er-Rahim-Efendi, lui fit obtenir une place de Khalifu ou lieutenant (prononcé par les Turcs Khalfa) de la guerre, position qui lui laissait le loisir de se livrer à ses occupa- tions. Il assista en cette qualité au grand conseil tenu le 18 février 1653 en présence du sultan Mohammed IV pour remédier au désordre des finances. Il mourut, n'ayant pas encore soixante ans, en septembre 1658. En outre de ses ouvrages turcs dont nous n'avons pas à parler ici, tels que le Djihân-Numâ et l'histoire des

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guerres maritimes, il a laissé un grand traité encyclo- pédique et bibliographique qui est la base de toutes les recherches sur les littératures arabe, persane et turque, le Kèckf ez-Zkonoûn (les Doutes éclaircis), dont Gustave Fluegel a donné le texte et la traduction latine sous le titre de Lexicon bibliographicum. Le Fedklèkè est un résumé de l'histoire générale de Djennâbi, les dynas- ties citées sont portées de quatre-vingt-deux à cent cin- quante.

Le cheikh Mohammed ben 'Abd-el-Mo'ti el-IshjIq1 naquit à Manoùf en Egypte et y fit ses études; plus tard il passa au Caire il se fit connaître comme poète; il mourut dans sa ville natale peu après l'année 1650. 11 avait dédié au sultan ottoman Moçtafa 1" son Akkbâr el- Owal, histoire anecdotique de l'Egypte depuis la con- quête arabe.

Ahmed el-Kbafàoji descendait d'une vieille famille arabe établie dans un village près du Caire. Après avoir étudié la philosophie sous la direction de son oncle Abou-Bekr ech-Chanawâni, surnommé le Slbawaih de son siècle, il fit le pèlerinage de la Mecque avec son père et poussa ses voyages jusqu'à Constantinople, il étu- dia les mathématiques. Nommé cadi en Roumélie, à Uskiup et à Salonique, il fit sa fortune, il fut envoyé en Egypte comme cazaskier. De retour à Constantinople, il fut l'objet de médisances et d'imputations qui le firent bannir et renvoyer au Caire comme cadi, place qui devait suffire à son entretien ; il s'occupa alors de travaux litté- raires, eut pour élève Fadlallah, le père du fameux bio- graphe Moufaîbbî, et mourut le 4 juin 1659. Son Kha- bâyâ ez-Zawdyd (les Secrets cachés dans les angles) est une histoire des littérateurs de son temps divisée en cinq sections : Syrie, Hedjaz, Egypte, Maghreb et Roum,

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s 78 LITTÉRATURB ABABB

c'est-à-dire Turquie, plus un appendice coosacré à ses propres sermons en vers et en prose. Son élève Fadlal- lafa en avait pris une copie à Damas et cet ouvrage fonda la renommée de Kbafâdjî. Le RéXhdna est une seconde édition du m£me ouvrage, les poètes sont surtout mis en vue, et accompagnée de plusieurs séances, dont une dirigée contre Yahya ben Zakariyâ, chéïkh-ul-islam à Constantinople. Ces deux ouvrages ont servi à Mouhibbi, dont nous parlerons plus loin. Son Tirez el-IHédjdlà (Bordure ornée des séances) est une collection de cin- quante et un petits morceaux sur des questions gramma- ticales, d'exégèse et de rhétorique.

Fadlallah beo Mouhibb-AUah , à Damas le 2 décembre 1621, apprit le persan et le turc et se fit remarquer par son intelligence précoce. A seize ans, ayant perdu son père, il entra comme secrétaire au ser- vice du mufti 'Abd-er-Rahman el-'Imâdi;en 1638, il &t le voyage d'Alep, se trouvait le cbéïkb-ul-islam Yahya, venu de Constantinople, et obtint de lui l'investiture de la prébende de la mosquée Derwicbîyya qu'avait possédée son père. Il se rendît ensuite à Constantinople et au Caire, suppléa dans cette dernière ville le cadi Mohammed el-BorsawE, fit la connaissance de Khafàdji et suivit ses leçons; la maladie leforçadereveniràDamaSgCtluidonna l'occasion de lire des livres de médecine et d'étudier cette science; mais il ne se rétablit pas. Nommé cadi de Diar- békir, il s'y trouva mieux, put faire le voyage de Cons- tantinople et y resta quatre ans. Nommé cadi à Beyrouth en 1666, il y demeura environ un an, durée habituelle des charges de cadi dans l'Empire ottoman, et revint mourir à Damas le 17 octobre 1671 . Le supplément aux biogra- phies de Hasan el-Bourini, qu'il a rédigé, a été la base du grand ouvrage de son fils Mouhibbi.

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DÉCLIN D8S LETTRES

Ibrahim beD'Abd-er-RahmaaBL-KBiYÎRiid'uneai famille établie eo Egypte, était le 16 juin 1628 à Médine, son père, venu du Caire pour le pèlerinage, était resté pour y remplir les fonctions de prédicateur et de professeur de kadiih, Ibrahim marcha sur ses traces. Devenu prédicateur à la mosquée du Prophète, il se vit enlever cette position par un étranger et se résolut à faire le voyage de Constantinopte, il obtint ce qu'il désirait du chéïkh ul-islam et du grand-vizir. A son retour, il traversa la Syrte et la Palestine pour se rendre au Caire, il séjourna quelques jours avant de se joindre à la caravane de Médine (1670). Il ne resta pas longtemps en possession de ses charges, le chéïkh de la mosquée ayant exigé que les prédicateurs cbaféïtes pro- nonçassent le Bismillak d'après le rite hanéfite, c'est-à- dire à voix basse; El-Khîyâri n'ayant pas voulu se sou- mettre à cet ordre, il périt soudainement empoieonaé le 4 novembre 1671. Il a écrit le récit de son voyage, dont le manuscrit est à Gotha, et qui a été étudié par Fr. Tuch.

En ce même temps Ibn Asi-DraiR er-Ro'aïni de Kairouan écrivait en 1689 l'histoire de l'Afrique du Nord et de Tunis, tandis qu'en Egypte Mohammed DitJIb bl- Itlidi terminait la même année son roman des Barmé- kides, presque entièrement rempli de fables, qui a été plusieurs fois imprimé au Caire et à Boulaq. Mohammed BL-MooHiBBi, fils de Fadlallah, naquit en 1651 à Damas; pendant l'absence de son père, il entretint, à l'âge de douze ans, nue correspondance avec lui en vers et en prose rimée. Il se rendit lui-même plus tard à Constanti- nople pour y compléter ses études. Il y eut pour protec- teur Ibn Béïram, qui avait été quelque temps cadi à Damas, et qui le prît avec lui quand il fut nommé cazas-

LITTEDATOIIB ARABE

kier à Andriaople; il le suivit lors de son remplacement eu 1676; après sa mort il retourna à Damas, s'y livra à des travaux littéraires, fit le pèlerinage de la Mecque et y fut quelque temps cadi suppléant, puis il alla occuper k Damas la place de professeur dans l'école Aminiyya ; il y mourut le il novembre 1699. Son ouvrage principal, imprimé au Caire en quatre volumes, contient mille deux cent quatre-vingt-neuf biographies d'hommes célèbres morts pendant le xi* siècle de l'hégire.

La philologie.

Au commencement du viii* siècle de l'hégire, Ahmed ben'Ali ben Mas'oud écrivit un traité grammatical à l'usage des écoles, sous le titre de Mardh el-artvdh, souvent imprimé ou lithographie en Orient.

An Caire mourut en 1311 Djémal-Eddin Mohammed Ibn Mokarram, compilateur d'une facilité de production étonnante, puisqu'il aurait laissé après lui cinq cents volumes, et au zèle duquel nous devons un ouvrage extrêmement précieux pour la connaissance de la langue arabe, te Liada el-'Arab, énorme dictionnaire qui ren- ferme à la fois le contenu du Çahdh de Djauhari, du Djamhara d'Ibn Doréïd, et du Mohkam du philologue espagnol de Murcie Ibn Sfda. Ibn Mokarram était dans l'Afrique du Nord en 1232. A c6té de cet ouvrage capital, les abrégés de l'histoire de Damas d'Ibn 'As&kir et de celle de Bagdad de Sam'âni sont de peu de valeur.

Un surnom universellement connu dans tout le monde musulman, c'est celui d'IsN Adjobrodh, que portait Abou- 'Abdallah Mohammed ben Dâoud es-Sanhadji, dont on

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DÉCLIN DES LETTRES 3B1

ne sa!t rien, ai ce n'est qu'il est Diort en 1324 et qu'il a composé, pour l'instruction de son fils Abou-Mohammed, une grammaire très élémentaire célèbre sous te nom d'Adjorroumitfya, qu'on dit avoir été écrite à la Mecque. Ce petit ouvrage a eu un succès si général, qu'il est devenu la base des études grammaticales en Orient; la cause principale de la faveur dont il a joui est surtout sa brièveté; mais sa concision est telle, qu'il a besoin d'un commentaire. II a été imprimé nombre de fois, depuis l'édition de Rome en 1592 et la traduction latine qu'en a donnée Thomas Erpénius à Leyde en 1617, jusqu'aux traductions de Bresnier (1846-1866), Perowne (1852) et Trumpp (1876).

'Abdallah ben Yoàsouf Ibk HichjIm, en 1308, fut élève du grammairien d'Espagne Abou-Hayyâo; en sa qualité de docteur chaféîte, il devint professeur d'exégèse coranique au Caire; cinq ans avant sa mort, il passa au rite hambalite pour obtenir une place dans une médressé de cet ordre ; il mourut en 1360, après avoir écrit, sous le nom de Qatr en-Nadâ (la Pluie de rosée) une gram- maire qui a été traduite en français par M. Goguyer. Son Mogknî el-labib, traité général de syntaxe, écrit à la Mecque de 1348 à 1353, a été imprimé à Téhéran et au Caire; son l'rdb, sur les règles de la flexion, publié et traduit en français par Silvestre de Sacy dans son Antko~ logie grammaticale arabe, a été imprimé au Caire avec un commentaire, ainsi que la grammaire dite Chodkoâr ed-dhakab (Rognures d'or), les Enigmes (Alghàz) sur les diiGcultés grammaticales. Dix-neuf ouvrages de sa com- position, tous relatifs à la grammaire, sont conservés dans les bibliothèques d'Europe.

Abou't-Tâhir Medjd-Eddin iL-Fiaonz-ABÂDi était d'une famille originaire de FiroAz-Abâd dans le Farsistan; ÎI

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Sn LITTBRATttlIB ARABE

naquit en 1329 à Kârizin, bourgade près de Chiraz; il alla étudier la philologie et les traditions à 'Wâsit, à Bagdad et à Damas; en 1349 il accompagna à Jérusalem son maître Taql<Eddin 'Ali es-Sobkî, y resta dix ans occupé de travaux littéraires, puis il partit pour le Caire, visita l'Asie Mineure et l'Inde. Il fut invité par le sultan Ahmed ben Owéïs à se rendre à Bagdad ; en 1393, il rencontra Tamerlan à Chiraz; il fut bien reçu par le conquérant et richement récompensé; puis il partit encore une fois pour l'Inde; comme il s'en retournait à la Mecque, le sultan du Yémen, Isma il ben 'Abbâs, lui donna sa fille en mariage et le nomma grand cadi du Yémen avec rési- dence à Zébid, en 1393; c'est qu'il mourut à la fin de l'année 1414, après avoir souhaité de finir ses jours à la Mecque, ce que le sultan Isma'ïl ne permit pas.

Il avait fait construire des maisons à ta Mecque et à Médine des professeurs institués par lui enseignaient durant ses absences. Firoàz-Abâdi est universellement connu de tous les arabisants, même des commençants, par son grand ouvrage de lexicographie, le Qâmoûa el- mohîtk (l'Océan qui entoure la terre], qui est la base des dictionnaires européens de la langue classique, soit direc- tement, soit complété au moyen de ses commentateurs, entre autres Séyyid Mortadâ ez-Zébidi, dont le Tadj' el-'aroûa (Tiare de la mariée] a été imprimé en dix volumes à Boulaq. II écrivait aussi le persan, comme le prouve son Sifr es-sé'dda, histoire de la vie du Prophète, qui est à Gotba, et qui a été traduit en arabe en 1401, par Abon'l-Djoùd eUMakhzoùmi.

Le chrétien Djabrîl ben Farhât appartenait à la famille de Matar; à Alep le 20 novembre 1660, il étudia le syriaque, puis l'arabe auprès du chéïkh Soléîmân en- Nahwî;il apprit aussi l'italien. Il renonça au monde avant

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DÉCLIN DBB LETTRES 3Sï

d'avoir vingt ans; il entra dans les ordres à vingt-trois ans, et quitta sa ville natale, en compagnie de plusieurs jeunes gens, pour se retirer dans les monastères du Liban; leur communauté fat autorisée par le patriarche maronite Istifan ed-Dowai'hi d'Ehden en 1694; ce primat, qui avait le titre de patriarche d'Antioche, et est connu par une Histoire des Maronites, leur céda, pour y hahiter, le couvent de Sainte-Maure à Ehden, dans la région des cèdres. En 1711 notre cénobite se rendit à Rome, fut bien accueilli par le Pape, revint au Liban, puis se rendit en 1721 à Alep pour y corriger la traduction en arabe des œuvres de saint Jean Cbrysostome, à la demande de l'évèque melchite. En 1725 il fut nommé évëque d'Alep el reçut le nom de Germanos. 11 mourut le 9 juillet 1732 ; le curé Niqolàos eç-Çaïgh, le poète, supérieur des moines basiliens de Saint-Jean de Chouéïr, mort en 1756, dont les poésies ont été imprimées à Beyrouth (1859), et qui était l'ami de sa jeunesse, a composé une élégie sur sa mort. Son diwan, qui comprend des poésies sacrées et édifiantes, a été abrégé par lui-même sous le titre de Tedkkira, en 1720; imprimé pour la première fois à Beyrouth en 1866, il y a été réimprimé dans une seconde édition annotée par Sa'ïd el-Khoùrl (1894). Sa grammaire arabe, Baktk el-matâlib, a eu trois éditions, la première à Malte (1836) et la dernière à Beyrouth (1891) ; son dic- tionnaire {Ahkâm bdb el-irâb), abrégé du QâmoAs, a été publié et augmenté par Rochaïd Dahdâh (Marseille, 1849).

Maroc.

Sous le règne de Mouley Abou'I-'Abbâs Ahmed el- Mançoûr (1578-1603) vécut Abou'I-'Abbâs Ahmed ben Mohammed, surnommé Ibn el-Qâdi, qui a composé un

ut LITTERATURE ARABE

certain nombre d'ouvragée biographiques et historiques ; son Djadhwet el-Iqtibâ», consacré aux bomnies marquants qui sont nés ou ont vécu à Fez, a été lithographie dans cette même ville en 1892 ; la biographie de son souverain et protecteur, et-Monléqâ et-Maqçoûr, est citée par l'au- teur du Nozhet el-Hddi, et son Dorret el-hidjdl, qui est un dictionnaire biographique, est conservé en manuscrit à la bibliothèque universitaire d'Alger.

Vers la fin du xvi* siècle périt aux côtés du roi Don Sébastien et de Mouley-Mobammed, à la bataille de Wadi'l- Makhâzin (Alcazar el-Kébir), dans laquelle les Marocains vainquirent les Portugais (4 août 1578), un homme qui a réuni, dans un dictionnaire appelé Dauhat en-Nâchir, lithographie à Fez en 1891, les biographies des hommes marquants du Maghreb au x* siècle de l'hégire. Il était à Hibth dans le district d'Alcazar eç-Çaghir, et s'appe- lait Mohammed ben-'Ali ben Miçbâh, quoiqu'il soit plus connu eous le surnom d'Ibn 'Asker. Son ouvrage fut con- tinué par Abou-'Abdallah Mohammed ben et-Tayyib, qui réunit les matériaux d'un dictionnaire biographique du Maroc pendant les xi* et xii* siècles de l'hégire, le Nechr el-Matkdni, lithographie également à Fez en 1892.

En 1661, Abou-Sâlem 'Abdallah ben Mohammed el- 'Ayyâchi accomplissait, dans le sud de l'Algérie et des États barbaresques, un voyage (Sikla) qui a été traduit en français par Adrien Berbrugger (1846).

Au commencement du xviii* siècle, Mohammed eç- Çaghir ben el-Hadj et-Wafrâni (de la tribu chelha des Oufràn], qui habitait la ville de Maroc et y occupait une situation officielle à la cour du sultan Mouley Isma'il (1672-1727), fut en disgrâce à la fin de sa vie et mourut probablement avant la prise d'Oran par les Espagnols (1732). Il a écrit, sous le titre de Nozhet el-Hddi, l'histoire

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DÉCLIN DBS LBTTKBS

de la dynastie saadienne (1511-1670), qui a été utilisée par José de Santo Antonio Moura (1824), Graberg de Hemsô (1834), Mac-Guckin de Slane, Mohammed ben Rahhal et le général Dastugue, et a été intégralement publiée et traduite en français par M- 0. Houdae (1889).

Soudan.

Au commencement du xit* siècle, la partie nord du pays des nègres, les environs de Tomboucton, s'ouvrit à la cirîlisation sous l'influence de la science arabe pro- pagée par les tribus berbères du Sahara, et des docteurs à la peau d'ébène commentèrent les matières savantes qu'ils étaient allé étudier au Caire. Les habitants du pays de Melli étaient déjà musulmans depuis le temps des Almoravides : le voyageur Ibn Batouta nous a laissé de bien curieux détails sur ce pays, qu'il visita au cours de sa tournée en Afrique. Ahmed ben Ahmed ben 'Abder- Rahman, en 1357, était allé étudier en Egypte; il y professa même et y composa un abrégé du commentaire que son maître, Ibn Marzoùq le jeune, avait consacré au Djoumel : on sait qu'il vivait encore après l'année 1427. 'Abd-el-'Aziz le Takrourien, d'une érudition remar- quable, avait pu citer aux savants du Caire, sans com- mettre la moindre erreur, les sources Sidî-Khalil avait puisé la matière des questions traitées dans son Précis. Un autre jurisconsulte « qui savait par cœur des relations de voyages », MakhloAf ben 'Ali el-Bilbali, n'avait com- mencé à s'instruire que dans un âge très avancé ; ses pre- miers succès dans cette voie lui valurent de tels encou- ragements qu'il se rendit à Fez pour y suivre les le^ODS

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3S6 LITTÉRàTORB IRABB

d"Alî ben Ghâzi; son talent lui valut dès lors une grande réputation, qui le suivît quand il revint au Soudan pour y donner des leçons à son tour. Pris de nostalgie à l'égard du pays il avait puisé sa science, il retourna au Maroc, mais il y fut empoisonné et revint mourir à Tombouctou vers 1534.

El-Hadj Ahmed ben 'Omar ben Mohammed Aqlt, qui appartenait à la tribu berbère des Sanhadja, à Tom- bouctou, a laissé dans son pays la réputation d'un saint; l'on racontait même que, pendant l'accomplissement du pèlerinage qu'il fit en 1485, il vit, étant à Médine, les portes du tombeau de Mahomet s'ouvrir toutes seules devant lui, alors qu'il n'avait pu obtenir l'accès du monu- ment. C'est pendant son voyage à la Mecque qu'il fit la connaissance de Soyouti ; à son retour, qui coïncidait avec la révolte du tyran nègre Sonni-'Ali, il se fixa à Kano, puis dans d'autres villes du Soudan, il donna des leçons; le sultan du pays lui proposa les fonctions d'imam, mais il ne voulut point les accepter; il refusa tout emploi public pour se consacrer à l'enseignement. Il avait copié de sa main un assez grand nombre de livres ; à sa mort, en 1536, on trouva chez lui sept cents volumes.

Son frère, le chéïkh Mahmoud ben 'Omar, à Tom- bouctou en 1463, fut le marabout le plus vénéré du Soudan ; doué d'une nature tranquille et d'une mémoire surprenante, il jouissait d'une grande considération. Le roi du pays allait lui rendre visite et lui demander sa bénédiction; mais les cadeaux que le pieux personnage recevait de toutes parts le laissaient indifférent. En 1498, nommé cadi, il réforma la justice en refrénant la cor- ruption qui régnait en maîtresse dans les prétoires; aea fonctions ne l'empêchèrent pas de continuer à professer,

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à expliquer le Précis de Sidî-Khalil qu'il avait introduit au Soudan, ainsi que la Modaivfvana de Sabnoàn. En 1510 il accomplit le pèlerinage sacré, et mourut en 1548, à quatre-vingt-sept ans lunaires.

Mohammed ben 'Abd-el-Kérlm el-Mogbili était de Tlemcen; d'une nature hardie et entreprenante, d'un fanatisme intransigeant, il provoqua des maasacres d'israé- lites qui ensanglantèrent le Touat, il était prédicateur. Il célébra cet événement par la composition d'un poème à la louange du Prophète ; puis il quitta le Touat pour s'en* foncer dans le Soudan, il enseigna les sciences du Koran et la jurisprudence à Takeda, Kachena et Kano. Ayant appris que son fils venait d'être assassiné, proba- blement à titre de représailles, par les juifs du Touat, il repartit pour le Sahara, mais il mourut presque an moment de son arrivée. Il avait écrit une vingtaine d'ou- vrages sur le droit, la théologie, ainsi qu'une correspon- daoce en vers et en prose avec DjéUl-Eddin Soyouti sur le raisonnement.

El-'Aqibben 'Abdallah el-Ansammani était à Takeda, village berbère des frontières du Soudan; il fut l'él&ve d'EI-Martli et suivit aussi les leçons de Soyouti au Caire; on admirait surtout sa facilité ii s'exprimer; il mourut après l'année 1543, laissant quelques traités de jurispru- dence.

Ahmed ben Ahmed ben 'Omar, fils du marabout Ahmed ben 'Omar, dont nous venons de parler, était en 1522 : il étudia la théologie, la logique et la diction; son érudition lui valut une place distinguée parmi les savants de son temps. Ses vertus et sa popularité lui permettaient d'adresser des remontrances sévères aux gêna de toute classe, et même aux princes du pays. Un jour qu'il se rendait à Kaghon, il ht atteint d'une grave

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3M LITTéRATORE ARABE

maladie. Le sultan Acbkar Daoud allait tous les soirs passer plusieurs heures auprès de lui et ne mit fin à ses assiduités que lorsque la santé du malade fut complète- ment rétablie. Il avait formé une bibliothèque considé- rable qu'il n'hésitait jamais à mettre à la disposition des étudiants. En 1549, il accomplit le voyage de la Mecque, passa par le Caire, oii il fut en relations avec les savants de l'époque, mais surtout avec le soufi Mohammed el- Bekri, qui lui fit écrire sous sa dictée les litanies et les oraisons en usage dans les confréries religieuses de mys- tiques. Il avait commencé à écrire des ouvrages sur divers points de la jurisprudence et de la théologie, mais la plu- part de ses compositions demeurèrent inachevées. 11 mourut en 1583.

La figure la plus originale de cette époque est celle de Mohammed ben Mahmoud ben Abou-Bekr, surnommé Baghyo'o, jurisconsulte de Tombouctou, d'une famille de Ouankoro, qui passa sa vie à enseigner. Il aimait les amis de ta science et leur témoignait toute espèce d'égards : il leur prêtait volontiers ses manuscrits les plus précieux et ne les leur réclamait jamais, quelque rares qu'Us fussent. Jamais il ne refusait un livre à un étudiant, quand même celui-ci lui aurait été tout à fait inconnu. Ce qu'il y a de plus étonnant, c'est que cet homme qui distri- buait si aisément les livres de sa bibliothèque était pas- sionné pour eux et faisait beaucoup de frais pour en acheter ou en obtenir des copies. Il était d'une patience à toute épreuve pour enseigner, même aux intelligences les plus rétives, les matières les plus difficiles. Il y passait des journées entières : d'une modestie remar- quable, il s'était acquis l'affection de ceux qui le connais- saient. Né en 1524, il mourut en 1593, pen de temps après la prise de Tombouctou par l'armée marocaine

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commandée par le pacha Djouder (1591). Ses œuvres consistent surtout en gloses marginales sur des ouvrages de droit.

Aboa'l-'Abbâs Ahmed-Baba de Tombouctou descendait d'Ahmed ben 'Omar; dans le village d'Arawân en 1556, il refusa de reconnaitre l'occupation de la capitale do Soudan par les Marocains et fut conduit à Maroc, il resta emprisonné pendant quatre ans. Sa mise en liberté, ordonnée par le nouveau sultan Mouley Zîdan, lui permit de reprendre le chemin de son pays et son enseignement de la jurisprudence- Il avait cinquante ans quand il écrivit le Tekmilèt ed-dibddj (Achèvement du Brocart, ouvrage d'Ibn Ferboùn), dictionnaire biographique des savante malékites, que Cherbonneau a fait connaître et dont il a donné des extraits. Ses autres ouvrages sont consacrés à la jurisprudence et à la grammaire. « 11 était d'une justice rigoureuse, a dit l'historien du Soudan traduit par M. O. Houdas, même envers les plus humbles des hommes ; il ne dissimulait jamais ce qui était juste, fât-ce aux émirs et aux sultans. Le nom de Mahomet se trouvait écrit sur son avant-bras droit en traits blancs formés naturellement sur la peau, u II mourut le 22 avril 1627.

'Abder-Rahman ben 'Abdallah es-Sa'di,né à Tombouc- tou le 28 mai 1596, fut notaire à Dienné, puis imam de la mosquée de Sankoré à partir de 1627. Révoqué dix ans plus tard, il revint dans sa ville natale et y remplit les mêmes fonctions ; ensuite il reçut le titre de secré- taire du gouvernement, et remplit diverses missions auprès de chefs soudanais. Il avait soixante-une années lunaires quand il acheva son Tarîkh es-Souddn (Histoire du Soudan), qui a été traduit par M. 0. Houdas. II mourut vers 1655 .

Le 7'«<{AAirei«n-JVMy<fn,traduit également par M. Hondas,

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IM LrrriUTVRB arabe

eat un dîctioaaaïre biographique des pachas de Tom- bouetou depuis 1590 jusqu'en 1750; il a été écrit par le petit-fils de Mohammed ben el-Amin ben Mohammed Coud, en 1751. L'auteur, dont on ignore le nom propre, était dans la capitale du Soudan en 1700. Le soin avec lequel il donne des dates précises à partir de 1716 semble indiquer que dès l'âge de seize ans il avait com- mencé à tenir une sorte de journal. Les biographies sont d'une longueur inégale : les unes ne mentionnent que quelques dates, les autres sont au contraire très dévelop- pées, pleines de détails et d'informations; c'est surtout pour celles qui sont relatives à des personnages contem- porains que le récit est vif et animé.

Anthologies et livres populaires.

Djémâl-Eddin sL-WATwilT (Mohammed ben Ibrahim), surnommé el-Kotobî, « le Libraire », et el-Warrâq, « le Papetier », en 1235, mort en 1318, a écrit le Ghorar el'khaçâîç el-wâdika, anthologie en seize chapitres sur huit vertus et huit vices, qui a été imprimée au Caire, et le Mabdhidj et-fikar, encyclopédie des sciences natu- relles et de la géographie. La capitale de l'Egypte a vu sortir également de ses presses le Hosn et-tatvaaaul (le Bon moyen), traité de rédaction épistolaire, d'Ibo Fahd d'Alep (Chihâb-Eddto Mahmoâd), secrétaire de la chan- cellerie des Mamelouks sous Béïbara, eu 1246, mort en 1325, et qui a écrit, sur l'amour pudique, le Mandsil el-akbâb, dont quelques manuscrits existent en Europe- En supposant trente invités, appartenant à différents métiers, réunis autour d'une table, et échangeant des plaisanteries entre eux, Mohammed el-Bilbéïsi a écrit un

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ouvrage de prose mêlé de vers la langue participe déjà aux déformations courantes du dialecte égyptien actuel; ce petit livre, appelé el-Molah wat-Toraf {'P\&i- sanleries et curiosités), a été composé en 1345. Vers la même époque, 'Ala-Eddin 'Ali el-Bahâï, d'origine berbère, mais à Damas, mort en 1412, compilait le Matait el- bodour (Lever de la pleine lune], tandis que Chihâb-Ed- din Mohammed ben Ahmed BL-ABCBiai, vers 1388, dans un village du Fayyoum, mort vers 1446, réunissait les matériaux de son Moa taira f fi koU fann Mostazhraf, recueil de contes, de poésies, de maximes, souvent réim- primé an Caire et qui vient d'être traduit en français par M. G. Rat.

Chems-Eddin Mohammed en-Nawâdji, au Caire vers 1383, professeur de traditions dans les écoles chaféîtes, poète lui-même, mort en 1455, a laissé, sous le titre de Halbat el-koméît, un choix de poésies bachiques, qui a été imprimé; on trouve, dans les différentes bibliothè- ques d'Europe, d'autres ouvrages qui sont restés manus- crits, tels que le Kitdb ec-Çaboûh (le Livre de la boisson matinale), anecdotes et poésies du temps des khalifes abbassides, le Ta'hll el-Gharîb, choix de poésies arabes de l'époque musulmane rangées suivant l'ordre alphabé- tique des rimes, le Marâbi' el-ghizldn (Pâturages des gazelles), sur les poésies erotiques, de même que te Khat-el-'idhâr, d'autres encore, et enfin une étude sur les plagiats commis par son ami Ibn Hidjdja de Hama.

Daoùd ben 'Omar el-Antâkl était médecin; il habitait le Caire, bien qu'originaire d'Antioche; son père demeu- rait dans le village est le tombeau du fameux Habib le Charpentier; quant à lui, il fut guéri d'un rhumatisme congénital par les soins d'un médecin grec, qui lui apprit sa langue. Quand on l'interrogeait sur un sujet scienti-

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6que, il dictait immédiatement de quoi remplir dix à vingt pages de texte. En dehors de ses ouvrages consa- crés à la médecine, il a écrit le Tezyîn el-asivâq, antho- logie de prose et de vers sur l'amour. Il mourut aveugle à la Mecque en 1599.

'Abd-el-Qâdir eUBaghdâdi, qui mourut en 1682, a laissé, sous le titre de Khizânet el-adab (Trésor de la littérature), un commentaire sur les citations que l'on rencontre dans l'explication qu'a donnée Râdi-Ëddîn el- Astérâbâdi (f 1287) de la Kdfiya, grammaire d'Ibn Hâdjib, et qui contient une foule de renseignements précieux, puisés à des sources que nous n'avons plus, sur les débuts de la littérature.

Le Mecquois El-'Abbâs ben' Aliben Noûr-Eddia a rédigé, à Mokha, en 1735, au retour d'un long voyage qui dur» douze ans, son Nozhat el-Djélia wa Monyat el-adtb el^nîa (Délice du compagnon et plaisir du lettré ami de la société), voyage littéraire et biographique qui, partant de la Mecque, promène le lecteur à travers l'Egypte, la Palestine, la Perse, l'Inde et l'Arabie méridionale. C'est une compilation d'une érudition remarquable, qui en fait une véritable anthologie. Elle est dédiée au jurisconsulte Ahmed ben Yahya Khazendar, qui lui avait conseillé de voyager pour échapper aux ennuis que lui causaient ses parents et ses amis dans sa ville natale.

Les Mille et une Nuits.

S'il est un ouvrage célèbre entre tous, amusement des enfants et de l'âge mûr, c'est bien le livre anonyme uni- versellement connu sous le nom de Kitâb Elf léïla W

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DÉCLIN DBS

Uïla (les Mille et une Nuits). Od coonatt ta trame assez lâche qui rassemble en un seul récit une foule de contes de nature diverse : un roi supposé de l'Asie centrale prend la résolution, pour se prémunir contre les ruses et l'infidélité des femmes, de faire mourir chaque jour l'épouse qu'il s'est choisie, lorsque les deux filles de son ministre se dévouent pour sauver le pays; l'aînée, intel- ligente et nourrie de la littérature des fées et des génies, amuse le roi, chaque matin, par un conte dont elle réserve prudemment à la nuit prochaine la suite au pro- chain numéro, et tient ainsi en suspens sa curiosité jus- qu'au jour il renonce définitivement à ses funestes projets. Les noms des personnages du prologue sont persans : c'est assez dire la source il a été puisé ; c'est en effet la Perse qui possédait le Hézâr Afsânè (les Mille contes), traduit du pehlvi en arabe dès le m* siècle de l'hégire, ainsi que l'a rapporté l'historien Mas'oûdi : « Ce livre est connu dans le public, dit-il, sous le nom de Mille et une Nuits; c'est l'histoire d'un roi, de son vizir, de sa fille et de son esclave, Chirazad et Dînazad. » Ce qu'il y a de particulièrement remarquable dans ce passage de l'aimable chroniqueur, c'est la très ancienne forme, purement persane, des noms des deux person- nages féminins devenus plus tard Chéhérazade et Diaar- zade ; car Chirazad (forme arabisée de Tchihr-âzàd) veut dire, en persan, a noble par la race », et Din-âzâd, « noble par la loi »; défigurés ensuite, ils sont devenus inintelli- gibles. Cette trame, la Perse l'avait peut-âtre tirée de l'Inde, avec laquelle elle se trouvait en contact depuis les grandes conquêtes des Sassanides, renouvelant les vastes exploits de l'empire des Achéménides, fondé par Cyrus et Darius et détruit par Alexandre.

Dans ce cadre évidemment artificiel, se glissent des

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)N LirréRATTIRB ARÀBB

récits de nature diverse, introduits à diCTéreates époques que la critique a réussi à déterminer. Il y a d'abord un ancien fonds, de source probablement indienne, remar- quable par le déploiement de la fantasmagorie, tel que le conte le Pécheur et le Génie. Puis viennent s'y joindre, a Bagdad, les histoires d'amour et les aventures du bazar qui se terminent par l'apparition du khalife Haroun er-Rachid, accompagné de son vizir Dja'far le BarmélLÎde et de son eunuque Mesroùr, faisant la nuit la police des rues de sa capitale. Dans ce cycle de récits populaires se sont glissés des extraits de la littérature, comme l'histoire du khalife Oméyyade 'Omar ben 'Abd- el-'Aziz et des poètes. Un troisième groupe, plus récent, est formé par les aventures du Caire qui se groupent autour des personnages nommés Ahmed ed-Danaf et Dalila : ce sont des contes surnaturels et fantastiques, dont quelques-uns semblent une survivance de l'ancienne Egypte. D'autres sont sûrement d'origine juive, comme le conte de Boloùqya, inséré dans celui de Hâsib Karlm- Eddin, et auquel M. Horovîtz a récemment consacré aue étude; la présence de ces récits a même fait penser à M. Chauvin que l'un des rédacteurs de la récension égyp- tienne pouvait être un Juif converti. En outre on a intro- duit, pour ainsi dire de force, dans ce cadre d'histo- riettes populaires, pour parfaire ce nombre de mille et une nuits auquel on était tenu par le préambule, des romans de chevalerie tels que celui d"Omar en-No'mân, et même un roman d'aventures maritimes, l'histoire de Sindebad le Marin, dont l'origine remonte ii l'époque oii âorissait le commerce du golfe Persique et de l'océan Indien, et qui aurait été composé à Bassora au x* siècle. Quant à la rédaction de l'ouvrage telle que nous la pos- sédons, elle ne peut être que moderne, puisqu'on y a

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DÉCLIN DBS LETTRES SSB

admis les contes de Qamar-ez-Zéinân et de la femme du joaillier, de Ma' rouf et de sa femme FStima, qui sont tous les deux du xvi* siècle, et enfin l'histoire d'Abou- Qlr le Teinturier et d'Abou-Str le Barbier, la plus moderne de toutes.

Le mérite d'avoir fait connaître les MUU et une Nuits à l'Europe est le principal titre de gloire de t'orienta- liste français Antoine Galland, qui avait accompagné à Constantinople l'ambassade du marquis de Nointel et avait depuis fait encore deux autres voyages en Orient. C'est de 1704 à 1708 que parut aa traduction, qui fut un événement. Pétis de la Croix en 1710 et Caussin de Perceval en 1806, Edouard Gaultier (1824), Destaîns {1825), Trébutien de Caen (1828), continuèrent son tra- vail de traduction. Plus près de nous John Payne (1882- 84) et Richard Burton (1885-88), après Lane (1841), ont donné deux traductions anglaises complètes, le premier en treize volumes, le second en seize. Le D' Mardrus publie actuellement à Paris une traduction française intégrale, qui ne cèle aucune des longueurs du texte ori- ginal. Les éditions publiées en Orient, Boulaq et Cal- cutta, n'ont fourni la matière que des neuf premiers volumes de Payne et des dix premiers de Burton; les textes ont été complétés au moyen d'autres manuscrits, tels que celui de Tunis édité par Habicht à Breslau de 1835 à 1839, publication continuée après sa mort par Fleischer de 1842 à 1843, et celui qu'avait apporté en Europe Wortley Montagne, et qui fut utilisé par Burton. En 1886, M. H. Zotenberg, conservateur des manuscrits à la Bibliothèque nationale, découvrit le texte arabe des contes d'Aladin et la Lampe merveilleuse et de Zéïn el- Asnâm, qu'on ne retrouve pas dans les éditions orien- tales des Mille et une Nuits : on s'était même demandé

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81 GalUnd ne les avait pas inventés de toutes pièces; la découverte de M. Zotenberg et les recherches de cri- tique historique auxquelles il s'est livré pour établir que le texte découvert n'était pas une traduction arahe faite sur le français de Galland, ont démontré que celui-ci avait eu sous les yeux un texte en dialecte de Syrie il a puisé ses deux charmantes nouvelles. Le sixième volume supplémentaire de la traduction de Burton contient les histoires publiées par Dom Denis Chavis, prêtre syrien, et Jacques Cazottc (1788-89), et traduites en allemand en 1790 et 1810, en anglais en 1792.

Le style des Mille et une Nuits est absolument popu- laire et dialectal; il renferme une foule d'expressions qui n'appartiennent point à l'arabe classique, et varient suivant les provinces. Le texte d'Aladin est tout entier en dialecte de Syrie. On voit la source d'où proviennent les contes d'origine arabe : c'est le medddh, le conteur populaire qui va de café en café les soirs de fête, qui est l'auteur anonyme de la plus grande partie des nou- velles qui forment ce recueil.

Le roman d'Antar.

C'est à El-Açma'ï, le grammairien de la Gn du ti* siècle de l'hégire (739-831], que l'on fait remonter le grand roman de chevalerie dont Tarrick Hamilton avait donné une traduction partielle anglaise en 1820 et dont le texte arabe fut rapporté de Constantinople à Paris par Cardin de Cardonne. Caussin de Perceval, le fils, en disserta dans \e Journal asiatique et en donna des extraits dans le recueil des Ckrestomathies orientales (1841). Ces deux

orientalistes, puis Cberbonoeau, Dugat et Devic en ont traduit des fragments; il a été publié intégralement au Caire en 1893. Il est bien clair que ces récits populaires ne remontent pas haut, et que dans tous les cas il s'est passé de nombreux siècles depuis lors que le nom d'EI-Açma'ï n'est plus qu'une étiquette mise par le rdwi populaire en tète de ces contes pour leur donner un sem- blant d'authenticité ; ce roman dans sa forme actuelle remonte tout au plus à l'époque des Croisades. Les Orien- taux estiment peu un style aussi dénué de prétentions lit- téraires; nous y chercherons au contraire avec plaisir l'expression de l'âme du peuple, oon bridée par les for- mules toutes faites acquises à l'école et qui se retrouvent dans le texte actuel du Roman d'Antar, dans les passages en prose rimée et dans les citations poétiques, beaucoup plus nombreuses qu'on ne le croirait.

Dans le Roman d'Antar, a dit Caussin de Perceval, « on trouve une peinture fidèle de la vie de ces Arabes du désert, dont les mœurs semblent n'avoir reçu du laps des temps presque aucune altération. Leur hospitalité, leurs vengeances, leurs amours, leur libéralité, leur ardeur pour le pillage, leur goût naturel pour la poésie, toat y est décrit avec vérité. Des récits en quelque sorte homériques des anciennes guerres des Arabes, des prin- cipaux faits de leur histoire avant Mahomet, et des actions de leurs antiques héros; un style élégant et varié, s' élevant quelquefois jusqu'au sublime; des carac- tères tracés avec force et soutenus avec art, rendent cet ouvrage éminemment remarquable; c'est, pour ainsi dire, l'Iliade des Arabes. » En faisant la part de l'enthou- siasme créé par la découverte qu'il avait faite en Syrie, et à prendre le Roman d'Antar comme une oeuvre popu- laire dans laquelle il ne faut rien chercher d'historique,

LtTTBBATDRE ARABE

la description enflammée qu'en a faite Canssin de PercC' val est asaez exacte; la lecture eu est agréable, et oo peut trouver quelque intérêt à suivre ces aventures de cape et d'épée ; à tout prendre, c'est ainsi qu'Alexandre Dumas père écrivait l'hietoire de France. Parfois le con- teur rencontre des trouvailles de toute beauté, comme le fameux épisode de la mort d'Antar, tant admiré par Lamartine : le héros du désert, frappé à mort par nne fiëche empoisonnée que lui a lancée traîtreusement un implacable adversaire, remonte à cbeval pour assurer la retraite de sa tribu, et meurt appuyé sur sa lance ; l'en- nemi, terrifié au souvenir de ses prouesses, n'ose avancer, jusqu'au moment un esprit avisé imagine une ruse qui fait sortir le cheval de son immobilité de statue ; celui-ci s'élance, et le cadavre d'Antar, n'étant plus soutenu, s'écroule à terre.

Roman des Beni-Hilâî.

Dans son charmant ouvrage devenu classique, l'auteur des Modem Egyptiana, le grand arabisant Edward Wil- liam Lane, a tracé un tableau très vivant du conteur public, qui s'asseoit sur un banc devant un café, et autour duquel les citadins du voisinage venaient s'assembler en fumant le long tchîbouk, alors d'un usage général en Orient. Il a donné en même temps l'analyse de plusieurs de ces romans récités ; le Roman d'ArUar est un de ceux- là. Depuis, d'autres encore ont été publiés, parmi les- quels le Roman des Beni-Hildl. C'est le même sujet que le roman d'Abou-Zéîd, populaire en Egypte. L'émir Rizq, malgré ses dix femmes, n'avait eu que deux filles et on garçon sans bras, lorsque la princesse El-Khadrâ.

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fille du chérir de la Mecque, devint sa onzième épouse et lui donna un rejeton nègre, parce qu'ayant rencontré en voyage un oiseau tout noir qui se défendait victorieuse- ment contre une troupe d'autres oiseaux, elle avait sou- haité que son fils ressemblât à ce brave oiseau, dùt-îl être aussi noir que lui. Son vœu fut exaucé; mais son père, obligé de ne pas le reconnaître par suite de l'insis- tance de ses compagnons, répudia Khadrâ, qu'il renvoya à son père, le chérif de la Mecque. Pendant le voyage du retour, elle fut rencontrée par l'émir FadI, chef de la tribu de Zahlan, qui la prît sous sa protection et adopta son fils, le jeune Barakat, plus tard surnommé Abou-Zéïd. Celui-ci devint un héros qui fit la gloire de sa tribu d'adoption. De l'autre côté son père, qui aimait toujours Khadrâ, s'était retiré à part, dans une tente, accompagné d'un seul esclave. Plus tard la tribu dont il avait été le chef, défaite par Baraktkt et réduite à un état misérable, fit appel à ses talents et le supplia de reprendre la direction des affaires. La lutte mit en présence le père et le fils, sans se connaître. L'émir Rizq fut renversé de cheval et aurait été tué par son fils si sa mère n'était intervenue au combat pour révéler les véritables liens qui unissaient Rizq et Barakât Abou-Zéïd. Le père et le fils se reconnurent, et l'émir Abou-Zéïd pardonna à sa tribu les injures qu'il en avait reçues. Dans la grande épopée persane, le Ckah-ndmè, Firdausia mis également en pré- sence Rustem et son fils Sobràb; le père tue son fils en combat singulier, et ne le reconnaît que quand il est mort. Cet épisode saisissant est plus dramatique que l'épisode correspondant du roman arabe; l'auteur ano- nyme d'Abou-Zéïd a reculé devant la conception du parricide, même involontaire, qui l'aurait obligé d'ailleurs à terminer brusquement son récit, tandis

«00 LITTBKÂTOHB ARÂBB

qu'il coDtiaue longtemps à parler dea prouesses de son héros.

M. Martin HartmaiiD a montré que les histoires des Beoi-Hilàl et leur invasion de l'Afrique septentrion* le i^tagkrtbdl) ne forment qu'un seul cycle de légendes, qui se rattachent aux chants modulés eDCore aujourd'hui par les Bédouins du désert de Libye. Ce cycle comprend trente-huit romans, dont celui d'Abou-Zéïd n'est que le dernier de la série. C'est d'abord l'histoire de Djâbir et Djobéïr, ancêtres des Benî-Hilâl, remontant à l'époque du Prophète ; puis quatre cents ans plus tard, celle d'EI- Khadrâ, mère d'Abou-Zéïd, telle qu'elle est racontée plus haut; les aventures de Chammâ et de Zahr-el-Bân, l'on voit l'émir Sirhân, retournant dans son pays par mer, fait prisonnier par des corsaires chrétiens et deve- nant dans leur pays porcher ea chef; son épouse Chammâ va le rejoindre dans les terres des Francs. Son fils, le sultan Hasan, se rend au Yémen pour faire la guerre aux adorateurs du feu souvenir des temps historiques les Perses sassanides tenaient garnison dans l'Arabie méridionale et y est aidé par l'éternel Abou-Zéîd; ensuite il vainc le roi de l'Inde, Djarâd, conquiert son pays et ramène eo Arabie les Beni-Hilâl. La suite du roman raconte comment le sultan Hasan et Abou-Zérd se transportent au Nedjd, parce qu'il n'y avait pins rien à manger dans leur patrie. Cette même raison oblige les Beni-Hilàl à quitter le Nedjd pour l'Occident : c'est ce qu'on appelle proprement le laghrlbé (émigration vers l'ouest). Ils se rendent à Tunis, règne Ez-Zénâti Kha- lifa, nom dans lequel on retrouve aisément celui de la tribu berbère des Zénâta. Des combats fantastiques avec les Persans, avec Tamerlan, des expéditions sur les bords du Nil, entremêlés de noms qui semblent rappeler

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de lointains souvenirs des Croisades (Bardewil, Baudoin), la prise de Tanger et de Maroc complètent le cycle d'aventures qui se rattachent plus ou moins à l'invasion de l'Afrique du Nord par les Beni-Hilàl au xi* siècle de notre ère.

Roman de Séïf Dhoul-Ya^an.

Séîf est le fils d'un roi du Yémen; sa mère, une esclave, le fait abandonner dans le désert, il est miraculeusement nourri par une gazelle qui avait perdu ses petits, trouvé par un chasseur et emmené chez les Abyssins. Devenu grand, il combat le géant Moukhtatif et le tue; en récom- pense le roi veut lui donner la main de sa fille Châma, mais le ministre s'y oppose et exige que le jeune homme lui apporte la tête de Sa'doun ez-Zendjl, la terreur de l'Abyssinie, qu'il lui trouve le livre de l'histoire du Nil, protégé par des talismans dans un pays inaccessible ; il est plus tard reconnu par sa mère, qui veut l'assassiner pour régner seule. Après toutes sortes d'aventures mer- veilleuses traversées par des génies et des magiciennes, Séïf, rentré dans sa patrie, abdique en faveur de son fils pour vivre en patriarche ; mais des malheurs immérités ne tardent pas à abréger sa vie.

Une traduction française, par Ali-bey, en a paru à Constantinople (J.-J. Wick, 1847, in-8% 368 p.) sous le titre de Sultan Saif-ZuUazan, traduit de l'arabe et orné de cinq lithographies.

Le Séîf et-Tidjdn (Glaive des couronnes) est le récit, divisé en séances, des aventures d'un prince fabuleux, qui va de pays en pays, conquérant le monde, se débat- tant à grands coups d'épée contre des magiciens et des

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LITTéRÂTORE ARABE

fées, en m£me temps que contre des multitudes armées, qui se convertissent à l'islamisme entre les mains des prophètes Abraham et Ismael. Il a été traduit en français par le D* Perron.

Fables de Loqman.

Le vieux fonds des fables que nous c le nom d'Ésope, ces conseils de morale pratique mis dans la bouche des animaux, est passé en arabe et a été attribué au sage Loqman . Qu'est-ce que ce sage ? Le Koran a dit dans le chapitre intitulé Loqman : « Nous avons donné la sagesse à Loqman en lui disant : Sois recon- naissant envers Dieu. » « Loqman dit un jour à son fils par voie d'admonition : 0 mon enfant! n'associe point à Dieu d'autres divinités, car l'idolâtrie est une méchan- ceté énorme. »

Le livre sacré des musulmans faisait allusion à un per- sonnage légendaire dont le nom se rencontre à deux reprises dans les anciennes traditions arabes. La pre- mière fois, c'est à l'occasion de la destruction du premier peuple d"Ad, dans le sud de la péninsule; il avait été envoyé en ambassade à la Mecque, pour demander secours contre la sécheresse, alors que le prophète Houd, repoussé par ce peuple, fut vengé par l'envoi d'un nuage noir qui ruina le pays. Sa piété fut récompensée par le don d'une longue vie, équivalente à celle de sept générations de vautours. La seconde fols, c'est à propos du jeu du Mèïsir, qui consistait à tirer au sort, avec des Sèches, les parts d'un chameau égorgé à frais communs; sa passion pour ce jeu était devenue proverbiale; on parle aussi de sa

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finesse et de son habileté. Rien de plus dans les tradi- tions anté-islamiques ; cependant nous venons de voir qu'au temps de Mahomet, il passait déjà pour incarner la sagesse. Le Prophète ne peut avoir pris cette idée que dans une croyance populaire régnant autour de lui; sinon, les moqueurs qui l'entouraient auraient eu beau jeu s'il s'était avisé, lui le premier, d'attribuer la sagesse à un être réputé surtout pour sa perspicacité. On le nommait, il est vrai, comme auteur de proverbes, mais beaucoup d'autres, hommes et femmes, partageaient cet honneur avec lui.

Comme les autres ouvrages passés du grec en arabe, les fables n'ont point été traduites directement, mais par l'intermédiaire d'une traduction syriaque due à la plume d'un chrétien, BarçoAma, mort en 1316, et que nous avons avec la date de 1299; on connatt un recueil du même genre qui porte le titre syriaque de Matlé de Soafôs (Fables d'Ésope). C'est de que provient la ver- sion arabe, mise sous le nom du vieux Loqman, dont la sagesse était prouvée par le texte même du Koran.

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CHAPITRE XI

LB XIX* SIÈCLE

Parmi les pays de langue arabe, l'Egypte, la Syrie, Tunis, l'Algérie, le Maroc ont à divers degrés une cer- taine activité littéraire qui se traduit par la publication de nombreux journaux, mais qui se dévoile aussi par divers travaux paraissant sons forme de livres. Ce mou- vement ne se borne pas aux contrées l'arabe est parlé , mais comprend également certaines grandes villes, telles que Conatantinople, ou l'arabe est langue savante, et Paris, il est profondément ignoré, sauf d'un petit nombre d'érudits, mais se rencontrent par- fois, dans le mouvement incessant amené par ta facilité des communications, des écrivains d'Orient qui y ont fait paraître leurs ouvrages.

Michel ben Niqolâ ben Ibrihlm Si.BBiGH, à Saint- Jean -d'Acre, vers 1784, passa sa jeunesse à Damas, fut au service de la France pendant l'expédition d'Egypte et accompagna nos troupes quand elles quittèrent ce pays. Lorsque les Turcs rentrèrent au Caire, sa maison fut pillée, ses biens confisqués et sa fortune anéantie. A Paris, il fut nommé copiste ou plutôt réparateur des manuscrits à la Bibliothèque impériale; il avait fait la

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connaissance de SUvestre de Sacy, qui a traduit en fran- çais son traité de la poste aux pigeons, intitulé Mosdbaqat el-barq iv'el'gkamdm, en lui donnant le titre poétique de La colombe messagère, plus rapide que l'éclair, plus prompte que la nue; plus tard Arnold pour l'alieniaDd, et Cataneo pour l'italien, ont augmenté la popularité de ce petit traité en le faisant passer dans ces deux langues. Uo cantique, qu'il adressa à Napoléon 1" à l'occasion de la naissance du roi de Rome, (ut également traduit par S. de Sacy (1811); plus tard, les circonstances politiques ayant changé, Sabbâgh adressa à Louis XVIII un can- tique de félicitation {Néckld tékdni) que Grangeret de Lagrange fit passer en français (1814). Il avait rédigé, sur les formes modernes de la poésie arabe, mawdliya, sadjal, des notes qui étaient en la possession de Gran- geret de Lagrange et qui ont été utilisées par G. W. Frey- tag pour sa métrique arabe. Il mourut en juin 1816, laissant manuscrites une Histoire des tribus arabes et une Histoire de la Syrie et de l'Egypte, ainsi qu'une grammaire de l'arabe vulgaire de Syrie et d'Egypte (er- Risdla et-tdmma), qui a été publiée par Thorbecke à Strasbourg (1886); le manuscrit, qui faisait partie de la bibliothèque d'Etienne Quatremëre, est entré dans celle de Munich en même temps que tous les papiers laissés par l'illustre orientaliste français.

Son ami Eltoûs Boqtor (Bocthor), à Syout dans la Haute-Egypte, le 12 avril 1784, de parents coptes, fut à quinze ans attaché comme interprète à l'état-major de l'armée française; revenu en France avec les débris de l'expédition, il fut employé en 1812 à des traductions d'ouvrages arabes déposés aux archives du ministère de la Guerre, puis attaché comme interprète au dépôt général de l'armée, vit sa place supprimée en 1814, puis en 1817,

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fut autorisé à faire un cours d'arabe vulgaire à l'École des Langues orientales vivantes (1816), puis nommé pro- fesseur dans ie même établissement (1821) et mourut, à peine âgé de trente-sept ans, le 26 septembre 1821. Il a laissé un dictionnaire arabe-français qui a été publié en 1828-29, par les soins de Caussin de Perceval fils, qui lui avait succédé dans sa chaire.

Nakoula (NLqôlà) et-Turk, fils de Yoûsouf et-Turk, appartenait à la religion grecque-catholique (melchite). en 1763 à Déïr-el-Qamar, résidence de l'émîr Bécbir, chef des Druzes, et aujourd'hui chef-lieu du gouverne- ment du Liban, d'une famille originaire de Constanti- nople, il entra au service du prince druze avec le titre de mo'allem ou professeur, et fut un poète estimé dans cette petite cour. Son maître l'avait envoyé en Egypte pour le renseigner sur les projets des Français; il y resta pendant la durée de la domination française. Devenu aveugle à la fin de ses jours, sa fille Warda écrivait sous sa dictée les vers qu'il composait. Il mourut à DéVr el- Qamar en 1828. Son Précis de Voccupation francaiae a été traduit par Alexandre Cardin à la suite du Journal d'Abdurrahman Gabarti (1838); le texte en a été publié et traduit par Desgranges aine (1839). L'ode oil il a exprimé ses sentiments sur la conquête de l'Egypte a été traduite en français par J.-J, Marcel.

Le CnéïKB RifX'a et-Tahtâvr!, fils du chafé'ïte Râfi', descendant du fameux santon deTahtâ, Ahmed el-Badawl, qui prit part à la bataille de Mançoùra, débuta dans sa carrière par être élève de la mosquée el-Azhar au Caire, fut aumônier dans l'armée égyptienne avec le titre de prédicateur, puis envoyé à Paria avec les élèves de l'école égyptienne qui venait d'y être créée sous la direction d"Abdi-Efendi Muhurdàr. Rentré pins tard au Caire,

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il y fut, à la 6n de sa vie, chef du bureau des traduc- tions. Il a traduit du français de nombreux ouvrages, entre autres, en vers arabes, la Lyre brisée d'Agoub, sous le titre de Nazhm et-'oqoûd (1827) ; ses ouvrages origi- naux sont la relation de son voyage et de son séjour en France, qu'il a appelée Takhlîç el-Ibrîz (Purification de l'or), et des odes patriotiques égyptiennes {manzhoâma miçriyya). Il avait projeté d'écrire une histoire d'Egypte depuis les temps les plus reculés , d'après les auteurs arabes et autres; son Antvâr tauflq el-djéUl n'a vu paraître que le premier volume, qui s'arrête à Mahomet.

Un Libanais, le chéïkh Nâçif ben 'Abdallah el-Yazidji, en 1800 à Kefr-Chimâ, mort le 5 février 1871, qui lut attaché comme professeur à la mission américaine de Beyrouth, a imité les célèbres Séances de Hariri dans son Medjma el-bahréîn (Confluent des deux mers), imprimé à Beyrouth eu 1856; ce livre avait été précédé par une anthologie, Medjmou el-adab; un traité de logique, Qouth eç-Çinâ'a (le PàU de l'art), une grammaire arabe, Façl el-Kkitâb, un commentaire sur Moténebbi, el-Arfel-Tayyib, un traité de prosodie arabe, 'Iqd el- djomân, un commentaire de la Djâmta sur la métrique, el-Lâmia (1869), le Nâr el-qifa, un commentaire sur les vers cités dans le Mokhtacar, 'Oqoâd ed-dorar, un com- mentaire de la Khizdna, el-Womdna, sont ses princi- paux ouvrages. C'est lui qui éqrîvît à Silvestre de Sacy, au sujet de son édition des Séafices de Hariri, une lettre critique qui a été traduite en latin par A. F. Mehren. Un choix de ses poésies, extraites i^e son diwau inédit, a été imprimé à Beyrouth en 1853, 4ous le titre de Nobdha; deux ans après paraissait dans In même ville un choix de chronogrammes {tawdrikfC^ tirés du même fonds; enfin

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un recueil d'autres poésies, intitulé Tkdlttk el-qamaréïn (le Troisième croissant], a paru à Beyrouth en 1883.

Eiyâs Paradj Bas)!, maronite de Kesrawân dans le Liban, a réuni à Alep ses poésies diverses dans un volume, Madjmaâ'at azkdr (Recueil de Denrs, anthologie), qui a été imprimé à Jérusalem (1879).

Un type d'écrivain abondant et divers, mâtiné de jour- naliste, ce fut Ahmed Fiais ben Yoùsef ben Mançoûr bcb-Chidyâq, maronite converti à l'islamisme (f vers 1890), dont le nom de famille signifie enfant de chceur, quoique étymologiquement il soit proche parent du fran- çais archidiacre. Sa verve s'est attaquée d'abord à des questions lexicographiques, et ses recherches dans ce genre, marque d'un esprit ingénieux dépourvu de toute critique, il les a continuées pendant toute sa vie. Le Laflf fi hoU ma'na tarif est un dictionnaire des syno- nymes arabes, précédé d'un abrégé de grammaire, qui a paru à Malte en 1839. Ensuite vinrent le Sirr el-layâl (Mystère des nuits), sur le qalb et Vibdâl, c'est-à-dire la métathèse et les changements de consonnes dans les racines arabes; le Djâaoâa 'ald 'l-Qdmoûs (l'Espion du Qdmoùs), critique du dictionnaire de Firoûz-Abâdi ; el- Wdsita fi ma'rifet Aktvdl Mdlta, l'intermédiaire pour connaître la situation de Malte, et ta découverte du secret des sciences de l'Europe (Tunis, 1866; Constantinopie, 1881). Un poème en l'honneur du bey de Tunis a été traduit en français par M. G. Dugat. Mais son esprit caustique s'est donné libre carrière avec l'ouvrage appelé es-Sdq 'ala'ssdq (Jambe sur jambe), ou la vie et les aven- tures de Fariac, relation de ses voyages avec des obser- vations critiques sur les Arabes et les autres peuples, publié à Paris en 1855. Le Ckarh tabdt' el-kaïwân (Com- mentaire de fa nature des animaux), sur les mœurs des

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quadrupèdes et des oiseaux (Malte, 1841), est plus ou moins emprunté à Bufibn. Son fils, Sélim Fâris, a réuni, dans le Kanz er-raghâ'ïb, les variétés littéraires et scien- tifiques que lui et son père avaient fait paraître dans le journal arabe fondé à Constantioople, par celui-ci, le Djétvdib, plus tard transféré au Caire.

Un autre Libanais, Botros BiSTilNt, maronite passé au protestantisme (né en 1819, mort le 1" mai 1883), qui fut drogman du consulat des Etats-Unis à Beyrouth, a donné, dans le Moktt el-mohit (Ce qui entoure l'Océan), un supplément au Qâmoâs dont R. Dozy a fait un grand usage pour son Supplément aux dictionnaires arabes ; on y rencontre une foule d'expressions et de significations propres aux divers dialectes de la Syrie. Le Micbdk et- Tâlib (Lampe de l'étudiant) s'occupe de la grammaire arabe ; le Keckf el-hidjdb (le Voile soulevé), de l'arithmé- tique; un autre grand ouvrage est son encyclopédie arabe, Ddtrèt-eUmé' drif, encore inachevée. Il a aussi publié une vie d'As'ad ech-Chidyàq; dans un discours tenu à Beyrouth en 1859, il a traité de l'état actuel de la littérature arabe,

Le chéïkh maronite Rochaïd Dahdâu, fils de Gbâiib, plus tard revêtu du titre de comte, s'est fait connaître par des publications de textes, tels que le Fiqh el-logha d'Abou-Mançoùret-Tha 'alibi (Paris, 1861), lediwan d'ibn el-Fâred avec les commentaires de Hasan el-BoArîni et d"Abd-eI-Ghani en-Nâbolosi (Marseille, 1853; Paris, 1855; Boulaq, 1872), un choix de poésies remarquables pouvant servir de proverbes, recueillies par lui sous le titre de Tarab el-matdmi' (Délices des oreilles, Paris, 1861), des Mélanges {Qamtarat tawdmîr, Paris, 1880).

Citerons-nous encore, pour nous former une idée de l'activité littéraire de Beyrouth au cours du xix* siècle,

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les noms de Khalil-Efendi el-Khoorî, dont le recueil de poèmes (Zakr er-roba) a paru à Beyrouth en 1857, poésies de circonstance pour diverses occasions politiques; Sélim BisTSRis, qui a donné le journal de son voyage eo Europe, ea-Nozhat ech~Ckafiït/ya (Beyrouth, 1859); l'Ar- ménien Iskender-Agha Arkarios, dont le Raudat el-adah (Parterre littéraire, Beyrouth, 1858) renferme des notices biographiques sur les poètes arabes avant l'islamisme et contemporains de Mahomet, rangées par ordre alphabé- tique, et qui auparavant avait fait paraître à Marseille (1852) le Nihâyat-el-arab, série de notices sur les poètes et les personnages importants avant l'Islam; DJirdJis- Efendî Tannous 'Aoun, qui a publié à Constantinople (1884) le Darr el~Maknoûn (Perle cachée), dictionnaire technologique; Sa'ïd bl-KbodrI ech-Chartoùni, auteur de VAgrab el-maivârid, dictionnaire arabe avec supplément (Beyrouth, 1894), et du Chikâb etk-Tkdqib, manuel de style épistolaîre (1884) ; Yousef llyâs Dbbs, qui enseigna ta grammaire arabe sans maître par son Moghni'l-moté^allim (1869); le curé Ahsknios el-Fakhâïri, qui a étudié la rhé- torique dans son Raudel-djinân (1868)?

Le curé syrien Joseph David imprime à Mossoul, chez les Dominicains, des éléments de grammaire française exposés en arabe (1865), le Tenzih el-Albâb (Délassement de l'esprit), recueil de sujets moraux en prose et en vers; devenu M*' Clément-Joseph David, il public dans la même ville le Tamriné, grammaire arabe (1886), qu'avaient précédé les exercices grammaticaux [Tamrin, 1877). Le Tenvidh el-toUdb (1867) était destiné à faire pénétrer les éléments de l'arithmétique dans l'esprit des jeunes néo-Assyriens des bords du Tigre. Il mourut en 1891.

Le P. Louis Chéïkho, de l'Université Saint-Joseph à

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Beyrouth, a contribué, par ses publications, a répandre la connaissance de l'arabe classique. Le Mokhtacar ec- earf est, comme l'indique le titre, une grammaire abrégée (Beyrouth, 1886) ; le Tarqiyat el-Qdri, un choix de lectures; le MadjânCl-Adab est une immense antho- logie de la littérature, en six volumes, avec un commen- taire ou notes en quatre autres volumes, et une étude préparatoire sous le tître de Mirqdt, l'échelle du Madjânt; Y'ilm el-Adab, avec la collaboration de G. Eddé, est un cours de belles-lettres et de composition littéraire et ora- toire ; le Cho'arâ en-Naçrdniyya est une anthologie d'an- ciens poètes arabes, pour la plupart anté-islamiques, dont l'éditeur se propose de démontrer qu'ils étaient chré- tiens. Quant aux Noçaïris ou Aneariée, les mystères de leur religion ont été dévoilés par Soléïman-Efendi d'Adana [el-Bdkoura es-Soîétmdniyya), dont le petit volume a été presque intégralement traduit en anglais par E. Salisbury.

L'histoire a été aussi cultivée dans le Liban, surtout l'histoire particulière de cette province montagneuse; M*' Istifan ed-Dowéïhi d'Ehden, dans la région des cèdres, au-dessus de Tripoli, avait, comme nous l'avons vu, écrit au xvii* siècle une histoire des Maronites publiée par Rachid el-Khouri ech-Chartouni (Beyrouth, 1890), it qui l'on devait déjà un manuel de style épisto- laire, Nahdj el-mordsala (1877); un autre Maronite, le chéïkh Tannoub ben Yoàsef ech-Chtdyàq, a recueilli les annales des familles chrétiennes de la montagne dans ses Akkbdr el-A'ydn (1859)- Khalil Sbrkis a composé une histoire de Jérusalem (1874). A Mossoul, le prêtre syrien Louis Rahmànï écrit un abrégé d'histoire ancienne (1876) et un autre du moyen âge (1877); il abrège également l'histoire sainte (1883)- M" Cyrille Behnâm

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Bennt, archevAque de Mossoul, y écrit sur la vérité de l'Église catholique le Dorra en-néfïsa (1867).

Parmi les poètes, meution doit être faite de Botros Kérâma, poète chrétien, mort vers 1850, auteur de mowachchahdt; de Rîzq-AUah Hâboon, lihre penseur, mort vers 1880, qui vécut longtemps ea Angleterre, il publia quelque temps on journal arabe, et dont les Nafatkdt, qui sont en grande partie des traductions des fables de Kryloff, dédiées à l'émir Abd^el-Qader, ont été imprimées à Londres (1867); de Yoùsef el-Asir, à Saïdavers 1815, mort à Bej^outh en 1890, qui étudia à la mosquée el-Azhar, et qui, bon connaisseur de la langue arabe, fut négligé toute sa vie par les savants qui recherchaient honneurs et fortune : il est l'auteur de mofvachchahdt et d'une controverse grammaticale inti- tulée Redd ech-Chahm lU-sahm, imprimée à Constanti- naplc en 1874; de Yoùsef Deba, archevêque maronite de Beyrouth depuis 1870, qui vivait encore en 1897 et a composé des poésies populaires, ainsi que Nicohis Naqqâch, en 1817 à SaVda, mort en 1855 à Tarsons, auteur du drame Arzat Lobnân (le Cèdre du Liban), et Amin el-Djindi, poète de Homs, qui étudia à Damas et mourut dans sa ville natale en 1840, laissant un recueil de poésies qui a été imprimé à Beyrouth en 1883 dans un volume qui ea contient d'appartenant à d'autres auteurs. A Damas, nous notons Sélim-Efendi 'Anhoori, dont les Béddî' Mdrout, pièces de vers formant la troi- sième partie de ses poésies complètes, ont paru à Bey- routh (1886) ; sous le titre de Kenz en-ndzhim (le Trésor du poète et le flambeau de l'égaré), il a donné un recueil d'expressions classiques rangées par ordre des matières. A Alep, n'oublions pas Frahsis Mekrach el-Halébi, dont le recueil de vers porte le titre de El-Mir^dt el-hosnd. Un

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autre poète d'Alep, Philippe Basile Bennâ, vivait à Cons- tantînople; trois odes que les circonstances lui inspi- rèrent, i'uue pour remercier le prince de Joinville d'avoir contribué a combattre l'incendie de Péra en 1839, une autre en l'honneur de Frédéric-Guillaume IV, roi de Prusse, et la troisième qui est un hommage à 'Abdul- Médjid, ont été traduites en allemand par Otto RÔhrîg.

Soléïman ben Ibrahim Sola, d'Alep, a chanté, dans ses vers lyriques, la générosité de l'émir 'Abd-el-Qader, dont la décision énergique sauva de nombreux chrétiens pendant les massacres de Syrie en 1860; son diwan a été imprimé au Caire en 1895.

La littérature chrétienne est représentée par les Mawâ'izh OU recueil de sermons de M** Youaef Ilyâs Debs, archevêque de Beyrouth (1874), et la controverse par l'ed-Dorr el-manzhoûm, réfutation des questions et réponses signées de M^* Maxime MazbloAm, imprimée dans UQ couvent du Liban (1863). L'étude du droit revendique le Chark rdïd el-férdîd, sur le partage des héritages (1873), par Yoûsefel-Asir.

Damas, imitant Beyrouth, a une période heureuse de productions littéraires. Mahmoud Éfendi Hamza publie une série de travaux sur des questions juridiques: le Qawdtd el-auqdf, règles qui régissent les biens de main- morte (1871), el-Férdïd el-békiyt/a, sur la jurisprudence (1881), et-Tariqal el-ivâdeha, sur l'établissement de la preuve préférable (1883), Tahblr el-maqdla, étude sur le délai et la caution (1884). 'Ala-Eddin-Efendi 'Abidin compose un traité de jurisprudence avec le titre de el- Hadiyya el-'aldîyya (1882). En matière philosophique, Ahmed el-Barbfr imagine un dialogue entre l'air et l'eau, intitulé Maqdma ou séance (1883); Mohammed-Efendi el-Qalbaqdji écrit, sur la connaissance de la nature

tu l,ITTÂaÀTDBE &RÂBB

intime de rhomme au moyen du miroir des yeux, le Kechfel-AkUâq (1883) ; 'Omar-Efendi el-'Attâr, qui avait publié en 1870 un Risâla sur l'objet de la logique, y joint, en 1884, le Férdld féfvdid, sur ta signification de l'unité, le Risdla béhiyya sur l'origine du monde, le Tahqiqât béhiyya sur la signification de l'existence.

Mohammed ben Ahmed-Efendi el-Iskandérâoi y étudie les sciences naturelles dans rj4sr<£/'€i'-ra&£<&ii^ya (1883); Dûoud-Efendi Abou-Cba'r écrit un traité d'hygiène qu'il appelle Tohfat el-ikhwân. L'oraison funèbre de l'émir 'Abd-el-Qader y a été prononcée par Mohammed ben Mohammed el-Mobàrek el-Djézâïri {Lau'at ed-Damâlr, 1883). Mohammed-Efendi 'Abidin compose un ouvrage bio-bibliographique dénommé Oqoàd-el-lédlî (18S5).

Le grec orthodoxe Spiridion Çarroùf, originaire de Damas, outre de nombreux livres de liturgie publiés d'après le texte grec, compile une histoire sainte depuis la création jusqu'à la fin du premier siècle après Jésus- Christ (Jérusalem, 1855), écrit un abrégé du catéchisme (1860). Le prêtre maronite Ya'qoùb Djordjis 'Aw^vnd compose un abrégé de théologie dogmatique {Kkoîâçat el-bérâhin el-lâhoûliyya, 1873). Sim'àn Ishâq el-Qodsi écrit le Riâset Botros sur le pontificat de Pierre et de ses successeurs (1870).

A câté de la Syrie, l'Egypte, sous l'impulsion des réformes implantées par les successeurs de Méhémet- Ali, se livre à une activité de composition des plus remarquables. Les sciences européennes enseignées dans les écoles provoquent un mouvement de traduction con- sidérable, mais que nous ne suivrons pas, pour nous en tenir aux publications originales. Le mouvement, loin d'être purement scientifique, est peut-être encore plus littéraire ; c'est le moment oii les presses de l'imprimerie

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LE XIX' SIECLE

olBcielle de Boulaq et des entrepriseB particulières du Caire mettent à la portée de tous les classiques de l'éru- dîtioD musulmane. A côté des grands noms d'autrefois, OD voit des poètes donner au public le fruit de leur ins- piration : 'Ali-Efendi Dervicb (1867), avec son Ick'âr; Ibrahiro-bey Marzoûq, auteur de Ved-dorr el-béhî el- ■maruoûq (1880), mort à Khartoum dans le Soudan en 1866, Mahmoud ben Mohammed el-Qoâsi (1892), chéîkh des Sa'diyya à Dongola, qui a écrit les louanges du Pro- phète en langue vulgaire, Mohammed ben Isma'il ben 'Omar Chihàb-Eddin el-Hidjâzi, originaire de la Mecque, mort en 1857, qui fut correcteur à l'imprimerie du gou- vernement de 1836 à 1849, auteur d'un divtran paru en 1861 et du Sèfinet-el-Molk (1865), Amîn ben Ibrahim Chémil, dont \'el-Moblakar réunit cinq séances et vingt- six odes, consacrées à la description de l'homme et com- posées à Lîverpool en 1868, Ali Abou'n-Naçr (mort en 1880), forment la pléiade des poètes néo-égyptïens. L'art des chansons populaires, méprisé des littérateurs d'au- trefois, excite la verve de Mohammed 'Othmân Djélâl, mort le 16 janvier 1898, qui a aussi traduit en vers arabes les Fables de La Fontaine, de Hasan Hosni, dont le diwan porte le titre de Thamarât el-Hayât (Fruits de la vie), et d'ibn el-Fahhâm.

L'histoire d'Egypte a été écrite par 'Abder-Rahman el- Djabarti el-'Aqîli, dont VAdjdïb el-dthâr a été imprimé à Boulaq en 1880, et traduit de l'arabe en français par une société de quatre savants égyptiens. Son journal pendant l'occupation française, Mazkhar et-laqdis (copie autographe à Cambridge), a été traduit en français (1835) par Alexandre Cardin, drogman-chancelier du consulat général de France à Alexandrie. Ce savant était au Caire en 1756, d'une famile originaire de Zéîla', sur la

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Me LITTElUTnBB ÀRÂBB

côte des SomalÎB; fils du chéTkh Hasao, homme iostruit et vénéré, il alla étudier à la mosquée el-Azhar; il eaTait le Koran par cœur à onze ans, et n'avait pas encore vin^ ans quand 11 perdit son père. II était d'un beau physique et d'un caractère grave et noble. Le général Bonaparte le rappela de ses propriétés d'Abyâr, il s'était retiré; il fut nommé membre du Divan et sut se faire coDsidérer des chefs de l'armée. Après l'évacuation il ne s'occupa plus que de science. Un de ses fils ayant été assassiné en 1823 sur la route de Choubrâ près du Caire, 'Abd-er- Rahman le pleura tellement qu'il en perdit la vue et ne lui survécut que peu de temps, car il mourut en 1825.

L'bistoire d'El-Djabarti a été réduite en vers mnémo- techniques par Abou's-So'oùd Efendi (1877), sous le litre de Minhat ahl-el-'açr; le même auteur avait entrepris une histoire universelle, ed-Ders et-tâmm, dont les prolégo- mènes et la première partie ont paru au Caire en 1872; il avait d'ailleurs, en guise de préparation à ses travaux historiques, traduit du français l'histoire des rots de France {Nashm el-lédlî) et celle de l'Egypte sous Méhémet- Ali. La fondation de la maison princîëre khédivîale et les événements qui ont marqué le règne de Méhémet- 'Ali ont incité Mohammed-bey Farid à rédiger le Behdjet et-Taufiqiyya, dédié à Tevfik-pacha (1891); l'histoire élémentaire des pays d'Orient a été exprimée en arabe par Séyyid-Efendi Azmi {el-méaâUk el-ibUdâtyya, 1894)-

DJordji Zéïdân, chrétien de Syrie, s'est fait connaître par des romans historiques [Riwâyât, Fêtât Ghassan^ et a écrit l'histoire de l'Egypte pendant la domination du Mehdi au Soudan. Abdallah Fîkri-pacha, qui fut ministre de l'Instruction publique et dont les œuvres posthumes, en prose et en vers, ont été publiées par son fils en 1898, était à la Mecque en 1834, son père com-

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mandait les troupes d'occupation égyptiennes. Accusé de trahison en 1882, il démontra son innocence et se retira dans la vie privée; il fut délégué au congres des orientalistes de Stockholm en 1889 et monrut l'année suivante. Il a laissé un recueil de sentences et de pro- verbes rangés par ordre alphabétique [Nazhm el-léâU); ses œuvres diverses ont été réunies et publiées par son fils.

L'orientaliste français Jean-Joseph Marcel, qui avait accompagné le général Bonaparte en Egypte et y avait rendu de grands services à l'armée expéditionnaire et qui, de retour à Paris, y avait rempli les fonctions de directeur de l'Imprimerie impériale, n'a pas hésité à attribuer au chéïkh Mohammed el-Mohdl el-Hafnâwl la paternité d'un recueil de contes dont le titre, tout au moins celui du premier volume, est Tohfat el-mostaïqïdh el-dnis fl nozhat el-mostanîm en-nd'is [Présent fait au célibataire éveillé pour le plaisir du dormeur somnolent) et qu'il a traduit en français sous celui de Contes du ckeykh El-Mohdy. Ce chéïkh était au Caire de parents coptes en 1737; il se nommait d'abord Hibatallah; son père, ËpiphanioB Fadiallah, était intendant du kdchef (gouverneur de province) Soléïman, sur les instances duquel il devint musulman, étudia à la mosquée el- Azhar, fut secrétaire du Divan et conserva ces fonctions pendant l'occupation française. Il aimait à venir goAter les liqueurs fortes que lui offrait le jeune membre de l'Institut d'Egypte, et lui communiqua le manuscrit en question sans vouloir avouer qu'il en fût l'auteur. Plus tard il accompagna Tossoun-pacha, fils de Méhemet-Ali, dans sa campagne contre les Wahhâbites, mais il revint promptement au Caire après la défaite des défilés de Çafrâ. En 1812, il fut nommé chéïkh-ul-islam, et mourut le

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28 novembre 1815 à soixante-dix-Deuf ans. Ces contes sont une imitation des Mille et une Nuits. 'Abd-er- Rahman, héros de l'histoire, se trouve riche à ta mort de son père ; comme il n'a pas le goût des plaisirs, il se livre à l'étude et au bout de trois ans il veut jouir de sa science et en faire jouir les autres. II rassemble tour à tour ses esclaves, ses amis, ses parents, et leur narre des historiettes. Mais il a le don fatal d'endormir ses auditeurs et de s'attirer, chaque fois, des mésaventures; il arrive même, à la suite d'un concours fâcheux de cir- constances, qu'on le croit fou et qu'on l'enferme dans le Moristan, hôpital des fous au Caire. Cédant encore à sa manie, il continue à groui;cr autour de lui un cercle d'auditeurs bénévoles et à les charmer par ses récits ; ce sont ceux qui remplissent les deux derniers volumes, dont la composition aurait été achevée en juillet 1783. On s'est demandé si J.-J. Marcel n'avait pas beaucoup ajouté de son propre fonds au canevas fourni par le chéïkh el-Mohdl ; mais, comme la même accusation avait été portée contre Galland, qui en est sorti indemne, il n'y a pas lieu de s'arrêter davantage à cette imputation. La topographie historique du Caire, dont s'occupe avec zèle l'École française que le gouvernement de la République entretient dans la capitale de l'Egypte, est redevable à Ali-pacha-Mobârek, ministre de l'instruction publique, mort en 1893, des Khitat Taufiqiyya, renou- vellement de l'ouvrage classique de Maqrlzi. II a éga- lement rendu le système métrique accessible aux classes populaires [el-Mizdn, 1892). 'Ali-pacha Mobârek fut une figure intéressante de savant contemporain. en 1623 à Birinbâl, il commença par suivre la carrière militaire; il avait étudié à Paris, et prit part à la guerre de Crimée avec le contingent égyptien qui suivait l'armée ottomane.

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C'est lui qui, en 1870, fonda la bibliothèque vice-royale du Caire et rendit ainsi accessible au public un fonds très intéressant de vieux manuscrits. Les voyages en Europe ont été racontés par Hasan-Efeodi TauBq, qui avait fait une tournée en Allemagne et en Suisse [Réaâîl el-bochrâ, 1891), par Ahmed ZakC, secrétaire du khédive, délégué au congrès des orientaHstes à Genève {es-Safar il£l-Moa' tamar, 1894), par Mohammed Amîn Fikrî-bey [Irchâd-el alibbd, 1892). La géographie réclame les noms de Mah- moud Réchâd [ed-doroûa el~djogkrdfiyya , 1889) , de Moçtafa 'Alawi-bey [eth-lhamardt el-wâfiya, 1873), de Séyyid-Efendi Tauflq {en-nafahdt el- Abbâsiyya, 1894). Le chéïkh Mohammed bea'Omar et-Toùnisi, en 1789, avait fait ses études à la mosquée el-Azhar; ayant entre- pris un voyage au Wadaï et au Darfour, il en écrivit la relation qui a été traduite en français par le D' Perron. Il mourut en 1857 au Caire, il était attaché à l'école de médecine.

En dehors des ouvrages traduits du français en grand nombre, et qui échappent à notre étude, le champ des sciences exactes a été cultivé par 'AU 'Izzet-Efendi (1869), Chéfîq-bcy Mançoûr (1887), Mohammed-Efeudi Hàmid (1894), Mahmoùd-Efendi Moudjîr (1870) pour l'arithmétique; par Moçtafà-Efeodi Chauql (1871) pour le système métrique; par Isma'îl-Efendi Mari (1887) et le même Mohammed-Efendi Hâmïd pour l'algèbre ; par Ibràhtm ed-Dasoûql 'Abd-el-Ghaffâr, mort en 1883, qui dirige en 1853 la publication d'un traité de trigonomé- trie; par Hasan-Efendi Hosnï pour la cosmographie (e/- oeoul el wdfiya, 1890). Le ministre Mahmoûd-pacha el- Falakt (■{- 1885), auquel on doit notablement l'impulsion donnée à ces études, a vu traduire en arabe, par Ahmed Zakl (Boulaq, 1888), son mémoire sur le calendrier arabe

LITTBKATURB ARABB

avant l'islamisme. Le maréchal de l'Empire ottoman, Ghâzl Mohammed Mokhtâr-pacha, commissaire extraordinaire en Egypte, s'est reposé des luttes contre les Russes eo Arménie par la publication de ses Tauflqât-el-ilkâniiyya, concordance des calendriers musulman, grégorien et copte, jusqu'en l'an 1500 de l'hégire, avec des éphémé- rides historiques jusqu'en 1309 de la même ère, ainsi que par celle du Riyâd el-Makhtdr (Parterres de l'élu), traité de la fixation du temps.

Sur le terrain de la grammaire, Mohammed Ayyâd el- Tantâwi, que le sort avait conduit à Saint-Pétersbourg, qui y professait l'arabe et qui y mourut eu 1871, a laissé un traité de la langue vulgaire qui a été publié à Leipzig en 1848.

La physique, la chimie, les sciences naturelles, ont occupé les forces du D' Mohammed-Efendi Kâmil el-Ka- fràwî {el-djawâhir et-badi'a, 1888; QaldJd el-hisdn, 1892) et de Mohammed ben Soléïmân et-Tounisi [TaklU, 1843); Mahmoud Ants a écrit sur la culture du coton (1892) ; puis viennent les médecins avec leur cortège de droguistes, le D^ Hasan-pacha Mahmoud, qui a traité de la pathologie interne dans le Kholâçat et- Tibbiyya (1892) ; le D' Moham- med 'Alawî-bey, qui s'est occupé d'ophtalmologie dans ioa Nokhbat el-' Abbdsiyija (1893); le D'' Ahmed Hamdl- bey, qui a enseigné les maladies simulées dans son Tohfat el- Abbâsiyya (1895), tandis que le Dorer el-bédriyya de Mohammed Badr-bey el-BaqIi (1893) commentait les remèdes nouveaux, pour compléter V Iqd-el-djomdn, pharmacopée de Moçtafa Hasan Kassàb, imprimée en 1834, et faire suite au Nafahdt er-riyddiyya, traité des compositions pharmaceutiques, suivi d'un dictionnaire français-arabe des termes de médecine et de pharmacie, par •Ali-Efendi Riyâd (1872).

LE XIX' SIUCLB

Le Qodwèt el-far bi-açlihi, traité de l'amour de la patrie, par 'Ali Fehmi (1873), peut se ranger sous la rubrique de la philosophie; dans celle de la biographie du Prophète et de la religion musulmane nous met- trons El-'Oqoûd ed-dorriyya de Hamza Fathallah (1891), inspecteur de l'instruction publique, sur l'unité de Dieu, ainsi que son Bâkoûrat el-Kétdm, sur les droits et les devoirs des femmes dans l'islamisme, composé pour le congrès des Orientalistes à Stockholm (1889), la Dona el- Abbâsiyya, sur les articles de foi et les pratiques pieuses de la religion musulmane , de Séyyid-Efendi Mohammed (1894), et le Tarikh el-Kholéfd er-râvhidin, généalogie du Prophète et son descendant le sultan 'Abd-ul-Médjid, par Ahmed Hidjûzi Isma'ïl (1862). Au droit musulman se rattachent les ouvrages revêtus du nom de Mohammed Qadri-pacha, mort le 21 novembre 1888 [Morchid el-kaïrdn, Traité des obligations et des contrats d'après le rite hanéfite, 1891), et de Mohammed Réèfet (ed-Dorra el-yalima, Leçons de droit pénal égyp- tien, 1894).

La littérature chrétienne, cultivée par les Coptes, revendique à juste titre Y' Iqd-el-anfas, histoire sainte, par Wahbi-Efendi Tâdoros (1881); un moine du cou- vent de Saint-Barmoùs a écrit l'histoire ecclésiastique d'Egypte (el-Kkarida en-Nafiaa), dont le tome premier a paru en 1883.

Dans l'Occident musulman, Tunis et Alger peuvent meUrc en ligne quelques publications arabes. Dans la première, le chéïkh Abou'th-thanà Mahmoud Qâbàdo compose, à la louange du Prophète et de sa famille, un poème, le Kkaridat 'iqd el-léâli (1871), ainsi que des poésies réunies par son élève le chéïkh Abou-' Abdallah Mohammed es-Seoousi (1876-78). En 1868, le général

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Khaïr-Eddin et-Tounisi, ministre du bey de Tuais et plus tard grand-vizir de l'Empire ottoman, publie VAqtvam el~mésâUk, description historique, politique et adminis- trative des États de l'Europe, et Dotions géographiques sur les diverses parties de la terre. Mohammed es- SenoUBÎ, déjà nommé, fait paraître en 1892 les IsUUd'dt el-bdriaiyya, spectacles de Paris durant l'année 1889, et écrit, sous le titre de Matia ed-dardri (Lever des pla- nètes), des recherches sur la conformité de la jurispru- dence musulmane avec la loi immobilière (1888).

Dana la seconde, Abraham Daninos publie en 1848 un drame arabe, Nozhat el-Mochtâq iva gkoccat el-'Och- ckâq; la même année, le chéîkh Mohammed ben Ahmed et-Tidjâni écrit le Tokfat el-'aroûg, trois chapitres sur les femmes et le mariage ; Mohammed Qabih rédige un poème comique, le Risdlet el-abrâr, qui est le récit des aventures de deux étudiants arabes au village nègre d'Oran, publié et traduit par G. Delphiu (1887); Si Ahmed ould Qâdi, bach-agha de Frenda, donne ses impressions de voyage à Paris dans le livre intitulé er-Rihlat cl-qddiyya, louanges de la France et avertisse- ment aux nomades du désert (1878). Séyyid Soléîman ben Çiyâm avait, en 1852, raconté son voyage en France dans son Rihla. Enfin il est impossible de parler littéra- ture arabe en Algérie sans mentionner le nom de notre grand et redoutable adversaire, l'Emir Mouhyiddin 'Abd- el-Qader el-Hasant dont le Dkikrd H-'Aqil (Rappel à l'intelligent) a été traduit en français par G. Dogat, et dont les règlements militaires, Wichdk el-Kéldlb, ont été publiés et traduits par F. Patorni (1890). VIktirdth, sur le respect des droits de la femme dans l'islamisnie, par Mohammed ben Moçtafa ben el-Khodjah Kamâl l'Algériea, a été traduit par Arnaud (1895).

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Ud érudit qui a composé quelques ouvrages historiques et entre autres une description de l'île de Djerba publiée et traduite à Tunis (1884) par M. Exiga dit Kayzer, ce fut le chéïkh Mohammed Abou-Ras en-Nàçirî de Mas- cara, né en 1751, mort en 1823. Il perdit ses parents de boDoe heure et eut une enfance fort malheureuse; cepen- dant il apprit l'alphabet sans maître, et devint assez instruit pour donner des leçons de lecture et d'écriture aux étudiants en droit. Il professa à Mascara et réunit autour de lui de nombreux élèves, dictant toujours de mémoire. En 1790, il partit pour le pèlerinage, visita Tunis et le Caire, remplit au retour les fonctions de cadi et de prédicateur jusqu'en 1796, se trouva à Alger en 1800, puis à Fez et repartit pour la Mecque en 1811, il ren- contra des savants wahhabites; il reconnut que leurs principes étaient ceux des Hambalites, mais qu'ils avaient des règles pratiques différentes de celles qui sont adoptées par les quatre rites orthodoxes. Les Voyages extraordinaires ('Adjàïb el-Asfâr), traduits par M. Arnaud, sont un commentaire sur le poème écrit par lui-même au sujet de la prise d'Oran par le bey Mohammed ben 'Othmàn (1792).

Au Maroc, Abou'I-Qâsem ben Ahmed ez-Zîyâni a donné l'histoire de ce pays de 1631 à 1812, dans son Terdju- mân el-Mo'rib, publié et traduit par M. 0. Houdas. Cet ouvrage fut écrit à Tlemcen, ou il avait été contraint de se réfugier, après avoir été défait dans un combat contre les Bédouins, étant gouveroeur d'Oudjda. Plus tard l'his- toire de ce pays a été continuée par Ahmed en-Nâçîri es- Salâwl, en 1834, mort en 1897, qui avait été employé des douanes dans différents ports de la côte, et s'est servi, pour la rédiger, de documents ofGcîels {El-lstiqçd). Mohammed ben et-Tayyib el-Qâdiri écrit et imprime à

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Fez le Nachr el-Mathdrà, dictionnaire biographique des XI* et XII* siècles de l'hégire.

La Mecque a vu imprimer en 1885 une histoire poli- tique de l'islamisme, el-fotoâhatel-Ulâmiyya, par Ahmed ben Zaïni Dahiân, qui occupait dans la ville sainte les fonctions de Cheikh el~'Oîamâ, et y mourut en 1886.

A l'Orient des terres musulmanes, en plein Hindous- tan, un souverain, Mohammed Çiddiq Hasan-Khan Béhà- dour (el-Qànodji el-Bokhàri), nabab de Bhopal par suite de son mariage avec la Bégum, héritière de ce trâne vassal de l'Angleterre, en 1833 et mort en 1889, a fait imprimer à Coastantînople : el-Bolgha, lexicographie arabe, suivie d'une bibliographie des dictionnaires arabes, turcs, persans et hindous (1879) ; el-'Alam el-Kha/fâq, sur la formation et la dérivation des mots arabes; le Loqtat el-'Adjldn, mélanges historiques, suivis du Khabiat el- Akwân, histoire des religions; et-Iqlid li-adillet el-idjU- hdd wèt-taqlid, traité de Jurisprudence; et-Tariqa el- Motkld, conseils pour trouver soi-même les principes du droit; le Nozl el-Abrâr, morale religieuse (1884); et à Boulaq : le Nachwal eS'Safcrdn (Réveil de l'ivrogne, 1879), le Ghosn el-bân sur la rhétorique (1879), Hoçoûl et- ma'moâl (Obtention de ce qu'on désire) sur les principes du droit; le Fath el-béydn, commentaire du Koran en dix volumes (1884), le Hosn el-Ostva (le Beau soutien), en ce qui concerne les paroles authentiques de Dieu et de son Prophète sur les femmes (1884) ; er-Raudat en-nadiyyéy commentaire sur l'ouvrage de droit intitulé ed-Dorer el~ béhiyyé de Mohammed el-Yémeni ech-Chauqâni (Boulaq, 1879); Falh el-'alldm, commentaire sur le Bolough el- mérdm d'Ibn Hadjar (Boulaq, 1885). A Bombay, Moham* med Kérâma el-Ali ed-DehIéwî, mort en 1832, a fait im- primer une vie de Mahomet.

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Tout au Dord, à Kazan, le savant Mirzâ Mohammed 'Ali bea Mohammed Kâzhem-beg publie en 1833 un essai sur la littérature arabe [et-Tohfat el-haqlra); Chîhàb- Eddiu beu Béhâ-Eddin el-Ghazzâni el-Merdjâoi écrit l'histoire des Khans de la Transoxiane (1864).

Enfin, à Paria, Abou-Rébi' Soléïmùn el-Harâïri, qui fut répétiteur d'arabe à l'École spéciale des Langues orientales vivantes, publie les douze séances du Chéïkh Ahmed ben el-Mo'azhzham er-Râzi (1865), écrit un traité de météorologie, de physique et de galvanoplastie {Risàln fi hawâdilk el-djaww, 1862), rend un Feiwa ou consulta- tion juridique sur la question de savoir si les musulmans peuvent manger la viande des animaux tués par les chré- tiens, et cela dans le but de faciliter les voyages en Europe de ses coreligionnaires. 11 écrit un traité sur le café (1860), et présente à ses compatriotes l'Exposition universelle de 1867 i^ard el-badt el-'dmm)- Le chéïkh libanais Yoûsef Botros Karam y a publié une réponse à des attaques dirigées contre lui et contre d'autres chré- tiens dn Liban, et une autre réponse à de nouvelles objections (1863). Constantinople, capitale de l'Empire ottoman, pour qui l'arabe est une langue classique dont l'influence sur le turc est de plus en plus grande à cause des termes scientifiques qui lui sont empruntés, en con- currence avec ceux de la langue française (qui les forme d'après le grec], publie des ouvrages arabes. Ils sont naturellement moins nombreux et de moindre impor- tance que ceux qui voient le jour dans les pays oii l'arabe est la langue du peuple. Mohammed ben Mohammed Hasan Zhàfer, originaire de Tripoli de Barbarie, y a fait imçnm^rV Anwdr el-Qoudaiyya, « Lumières sacrées», sur les préceptes et les règles de l'ordre religieux des Châ- dhiliyya (1885) ; le chéïkh Mohammed Abou' 1-Hoda Efendi

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4M LITTÉRATDBB ARABE

eç-Çiyâdi, AlépÎD d'origine et afBIié à l'ordre religieux des Rifâ'iyya, est no poète mystique ; il a dooné en 18S1 El-féïd el-Mokammédi (la Grâce de Mohammed et le secours du Prophète), recueil de ses compositions litté- raires, et a consacré à la vie et au panégyrique de son maitre le chéïkh Ahmed er-Rifà'î le Qilddet el-djauhar (Collier de joyaux, 1885). Des parties les plu» éloignées de l'Orient musulman on y fait imprimer des textes arabes. C'est que le nabab de Bhopal, Mohammed Çiddiq Hasan Khan, a fait connaître au public la plupart de ses ouvrages; c'est également que le Chéïkh 'Abd ech-Chakoùr Rahmân 'Ali-Khan, du Beadelke&d dans l'HindoustaD, a donné au grand jour de la publicité son Ebniyat-el-itldm (Edifice de l'islamisme), basé sur les traditions du Prophète (1882). Le Séïd 'Abd el-GhaâHr ben "Abd el-Wâhid el-Akhras, à Mossoul postérieurement à l'année 1805, mort à Bassora en 1874, a laissé un diwau, sous le titre de et-Tîrdx el-anfaa (la Broderie précieuse), qui a été imprimé en 1888. 11 était muet; Daoud-pacha, dernier gouverneur indépendant de Bagdad, l'avait envoyé dans l'Inde pour y subir une opération ; mais quand le médecin lui dit qu'il y allait de sa vie, il répondît : « Je ne vendrai pas mon tout pour une partie de moi-même, » et il revint à Bagdad. Daoud-pacha a d'ailleurs trouvé un historien dans Amin ben Hasan el-Holwàni, professeur au mausolée du Prophète à Médine, dont le MatdW es- sooûd, lithographie à Bombay en 1887, nous fait assister aux dernières luttes victorieuses de ta Porte contre les Mamelouks, maîtres de l'ancienne capitale des khalifes abbasides. L'imam des chaféîtes de Médine, EI-Hadj Ahmed-Ëfendi, a fait paraître en 1889 El-Khotab eU wa'zhiyya (les Prônes sermonnaires et les parcelles d'or de la Chaire), recueil de sermons pour les vendredis et

i^jïGocoIr

s XIX* SIBCLB

les fêtes musulmanes, et le Hiddyet el-mortâb (Guide dans les passages suspects), traité d'exégèse coranique à l'occasion des passages douteux du livre sacré. De Tri- poli de Syrie, le chéïkh Hosém-Efendi Djlsrî-Zâdè y publie le Risâla Hamldiyya sur la vérité de la religion musulmane , controverse dirigée coutre les adeptes des nouvelles philosophies (1890). Du Yémen, l'uléma Mohammed Hilàl-ETendi, qui remplit les fonctions de président de la cour d'appel de cette province, y envoie sa Maqdma adahîyya (Séance littéraire) dans laquelle il réunit la correspondance judiciaire échangée entre lui et les présidents des tribunaux de première instance de son ressort, ainsi que celle qu'il a entre- tenue avec les procureurs généraux (1889), accompa- gnée d'une traduction turque, et \" Iqd-el-djomdn (Col- lier de perles), panégyrique de la famille d'Osman, pré- dictions des anciens sages de l'islamisme à leur endroit. Un Marocain, le chéïkh 'Abdel-Qâdir ben 'Abdel-Kérim el-Wardi& y compose et publie une élégie sur la mort du chérif Mouley Ahmed, oncle de l'empereur du Maroc Mouley Hasan, qui, réfugié à Constantinople, y est mort en 1889.

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CHAPITRE XII

LA PRESSE PÉRIODIQUE

Une partie très vivante de la littérature contemporaiae est formée par les journaux et revues en langue arabe, qui paraissent non seulement dans les pays de cette langue, mais même dans des régions l'arabe n'est étudié et su que comme langue savante, et même daas des contrées il est totalement inconnu en dehors des maîtres et des élèves de quelques rares écoles spé- ciales de tangues orientales, mais existent des émi- grés de langue arabe et des imprimeries pouvant com- poser le caractère neskhi. En Egypte, déjà l'occupa- tion française, si courte, maïs si profitable à l'Europe et à l'Orient, pour celle-là par le relevé scientifique des monuments des anciennes dynasties que ChampoUion allait bientôt lire grâce à sa découverte de l'alphabet des hiéroglyphes, pour celui-ci par la rénovation dont elle fut le point de départ, avait créé deux journaux en tangue française, le Courrier ^Egypte et la Décade égyptienne, Méhemet-Ali fondait, le 20 novembre 1828, un organe officiel de son gouvernement, le Waqât el-miçriyya (Evénement égyptien), qui paraissait au Caire, en arabe et en turc, deux ou trois fois la semaine; après soixaate-

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LA PRESSE PERIODIQUE 4S9

treize ans d'une existence mouvementée, cette feuille, qui fut le premier journal imprimé en Orient, depuis les tentatives du général Bonaparte et dont Reînaud a pu dire, en 1831, « que c'était une fondation qui jusqu'ici n'a pas eu d'autre exemple dans les contrées musul- manes n, continue toujours de paraître, en arabe, trois fois par semaine. Trente ans plus tard, le littérateur syrien Khalil el-Khoûri fondait à Beyrouth le Hadtqat el-Akhbâr (Jardin des nouvelles), bi-hebdomadaire, dont le premier numéro parut le 1" janvier 1858.

Vers 1860, la Régence de Tunis créait également un organe officiel sous le titre de er-Râïd et-Tounist. A la même époque Soléïman el-Harâïri publiait à Paris un journal appelé el-Bardjis, qui avait commencé à donner en feuilleton le Roman d'Antar. En juillet de cette même année, Ahmed Fâris ech-Chidyâq se mettait à faire paraître à Constantinople le DjéwâXb, feuille hebdoma- daire, qui, après une longue et brillante carrière, a été transféré au Caire, il y a une dizaine d'années; l'impri- merie de cette gazette a utilisé les loisirs que lui laissait le travail du journal pour publier un certain nombre de classiques arabes tirés des bibliothèques de Constanti- nople.

A Damas, cbef-Iîeu de la province de Syrie, pour laquelle l'administration ottomane a repria l'antique nom de Souriyd, paraît depuis 1865 un journal officiel de cette province rédigé en turc et en arabe; de mAme, l'année suivante, le gouvernement général de la province d'Alep, dans la partie méridionale de laquelle l'arabe est parlé, faisait paraître un organe officiel sous le nom d'e^- Forât (l'Euphrate).

En 1869, les RR. PP. Jésuites, qui venaient de joindre à leur collège de Ghazir, dans le Liban, un établisse-

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tSa LITTÂBATURB ARÂBB

meut à Beyrouth m6me, qui devait devenir peu d'années après l'Université catholique de Saiot-Joseph, commen- cèrent la publication d'une revue hebdomadaire appelée el-Backtr; en 1898, ils j ajoutèrent une revue scienti- fique bi-roeosuelle, el-Mackriq (l'Orient). En face de cette publication, Bolros el-Bistàni fondait au milieu de 1870, te DJanna (le Jardin), qui disparut en 1886; le DjonaXaa {Petit jardin), qui ne vécut que trois ans, et la revue bi- mensuelle el-Djinân, tandis que les musulmans de Bey- routh, désireux de posséder un organe à eux, créaient en 1874 le journal hebdomadaire Thamarât el-fonoûn (Fruits des sciences). Vers cette même année se fondait le Taqaddoum (le Progrès), qui eut pour collaborateurs les jeunes écrivains les plus actifs de la Syrie, comme Iskender el-'Azâr et Adib Ishaq, mort très jeune, empor- tant dans la tombe les espoirs que ses essais littéraires avaient fait naître. Le Thamarât el-fonoûn représentait l'esprit réactionnaire ou stationnaire, ce qui est tout un, de la population musulmane; le Taqaddoum ne manquait pas à son titre en ouvrant ses colonnes à toutes les idées nouvelles. Khalil Serkîs, gendre de Botros Bistàni, fonda, le 18 octobre 1877, le Liiân el-hâl (Langue de la situa- tion), d'abord bî-hebdomadaire, puis quotidien à partir de 1894. Bien que ce journal, obligé de rédiger sa partie politique sous une forme qui fât agréable au gouverne- ment ottoman, se tînt également sur la réserve à l'égard des innombrables confessions religieuses qui se parta- gent le sol de la Syrie, les maronites indépendants sen- tirent le besoin de posséder une feuille à eux et fon- dèrent en 1880 le Miçbdh; les protestants publièrent le Kaukab ec-çobk el-monir (l'Étoile éclatante du matin), aujourd'hui disparu, et le Nochra el-oabo'iyya (Publica- tion hebdomadaire), qui paraît encore. La communauté

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LA PBBB8B pAhIODIQOB tSl

grecque orthodoxe eut un moment un organe dans le Hctdiyya (Cadeau), qui ne paraît plus. Le gouvernement, pour contre-balancer l'influence réactionnaire du Tha- mardt et-fonoân, publia, à partir du 22 mars 1886, une feuille bi-hebdomadaire qui portait le titre de la ville même elle paraissait, Beyrouth, qui devint journal officiel de la nouvelle province établie en 1888, avec cette ville pour chef-lieu.

Le développement de la richesse industrielle et com- merciale qui coïncida avec le règne d'Iamaïl -pocha donna un nouvel essor au développement de ta presse. C'est alors que parurent ;

El-'Adâla (la Justice), rédigé par Mohammed et- Khajyàmi, fondé en 1897, quotidien, qui se fit remar- quer par son intransigeance fanatique et par ses attaques contre tout élément étranger; il était imprimé en trois colonnes sur un seul côté de la feuille. Le même rédac- teur fait paraître, avec Mohammed Chërbètli, une revue hebdomadaire intitulée en-Nahdj el-tjawîm (la Voie droite), depuis 1896. El-hlâm {l'Islamisme) est l'organe du vieux parti musulman, dont le centre est la mosquée el-Azhar; c'est un journal consacré aux sciences, à la littérature et à l'histoire, qui ne paraissait qu'une fois par mois, le premier jour de chaque mois lunaire; il fut fondé en 1893, par Ahmed 'Ali ech-Chùdhili ; il est maintenant hebdomadaire.

Le journal que publiait Sélim Fâris s'appelait el- Qdhira; il a cessé de paraître.

Es-Sallana (le Sultanat), hebdomadaire, fondé en 1857, représente les intérêts ottomans, et est rédigé par Iskender Efendi Chalhoàb. El-Mahroâsa (la Capitale) paraît depuis 1877 et est édité par 'Aztz-bey Zind, auquel a succédé Roufàïl-Efendi Zind; ses principaux rédac-

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LITTERATHRB ABABB

leurs soDt Yoâ sou f-E fend! Asaf et Khalîl-Efenili Naqqâch.

El-Hildl(\e Croissant), mensuel, journal de science et de littérature, rédigé par Djordjî-Efendi Zaïdân, fondé en 1892, est destiné à la vulgarisation des idées euro- péennes.

Un certain nombre de feuilles et de revues sont plus spécialement réservées aux dames. On peut nommer :

El-Falât {la Jeune fille), mensuel, paraît depuis 1892, et est rédigé par M" Hind bint Naufal ; le Mirât el-hasnâ (Miroir de ta beauté), édité par Meryem Mizbir, depuis 1896; el-Firdaua (Paradis), par Louise Habbâlin; Anîa el-djalls (le Compagnon fidèle), par Alexandra Avîerino et Lebtba Hâchîm.

Les Coptes possèdent également une presse en langue arabe, entièrement occupée des querelles intestines qui divisent la nation copte et des luttes entre le clergé et le peuple. Le Watan (la Patrie), fondé en 1878 par Mikhaïl 'Abd-es-Séyyid, bi -hebdomadaire, tient le parti du patriarche, tandis que le Tauflq (te Succès), hebdoma- daire, scientifique et progressiste, représente l'opposition.

Un journaliste libanais qui ne se sentait pas les cou- dées suffisamment libres en Syrie, Sélim Taqiâ, fonda en 1876, à Alexandrie, avec l'aide de son frère Béchara, VAhrâm (les Pyramides), le premier journal arabe quoti- dien, qui défendit et défend encore les intérêts français en Egypte ; un autre Syrien fondait bientôt après au Caire une revue hebdomadaire, el-Mahroûsa. Une revue bi- mensuelle, le Moqtataf, fondée à Beyrouth en 1877 par des élèves du collège américain, se transporta au Caire, ses rédacteurs, Fâris Nimr, Ya'qoûb Çarroûf et Chàbin Makârios, établirent en 1889 te journal el-Moqattam (du nom de la montagne qui domine la ville), dévoué au développement de l'influence anglaise. Les musutm&ns

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LA PRBSSE PERIODIQUE Ï33

n*curent d'organe qu'à partir du moment le chéïkh Ahmed Mùdhi (f 1893) fit paraître un journal politique, el-Mo'ayyad (1890), très répandu dans le monde musul- man, depuis le Maroc jusqu'aux Indes néerlandaises, et dirigé, depuis la mort de son fondateur, par 'Ali ben Yoù- souf, qui se fait appeler le Chéïkh 'Alî Yoùsouf.

A ces feuilles et ii beaucoup d'autres, telles que le Miçr, organe favorable à l'occupation anglaise, le Baçir, le Sélâm et VAkhbâr, à tendances turco-égyptiennes, sont venus s'ajouter récemment deux publications hebdoma- daires, le Moitrçad et le Mouanad, et un journal quoti- dien, le Liwd (le Drapeau), dirigé par Moçtafa Kâmil.

Dans les provinces de l'Empire ottoman, îl parait un certain nombre de journaux officiels en langue turque auxquels on joint, dans les pays de langue arabe, une partie en cette dernière langue, tels que el-Baçra pour la province de Bassora, ez-Zaurd pour celle de Bagdad, Çanâ pour le Yémen, Tarâbolaus el-gharb pour Tripoli de Barbarie, à côté duquel on peut citer le Taraqqi (le Progrès). En revenant vers l'occident des terres musul- manes, nous mentionnerons à Tunis, en dehors de la Gazette officielle déjà nommée, eî-Hddira, qui parait depuis 1890, ez-Zahra et el-Bacira, plus deux journaux arabes imprimés en caractères hébraïques, le Bostân et le Mokhayyir, écrits dans un style qui tient le milieu entre l'arabe littéraire et la langue du peuple. En Algérie le Mobachckir et le Tilimsdn (Tlemcen) représentent la presse arabe. Au Maroc il a paru une feuille politique nommée el-Magkrib.

A Constantînople, en dehors du Djéwdlh, plus tard transféré au Caire, il a paru des journaux arabes qui n'ont eu pour la plupart qu'une existence éphémère, tels que Vrtidâl, le Hawddith, le Saldm, le HaqdXq, le Monabbih,

LITTilUTUnE AHIBI. 28

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434 LITTBRÂTDRS ÂHABB

organes politiques, VInsdn et le Kaukab, feuilles scienti- fiques. Le journal du droit, el-Hoqoûq, continue de paraî- tre en arabe et en turc. Dans l'ile de Chypre, gou- vernée aujourd'hui par l'Angleterre, il parait un journal politique arabe, le Dlk ech-Charq (le Coq de l'Orient); l'Inde a aussi son Nokhbat el-Akhbâr (Choix de nouvelles), qui parait être le seul journal arabe publié sur l'immense surface de l'Hindoustan.

Ed Iulie : le Mottaqill (l'Indépendant); en France : VAnbâ, YAboul-Haul, Vluikâd, le Baçlr, le Çada, le Hoqoûq, le Ckohra, VOrwa el-Wothqd, le Radjâ, toutes feuilles aujourd'hui disparues ainsi que le Bardjîs cité plus haut; à Londres : rittihâd-eî-Arabi, le Khilâfa, et le Mirât el-Ahfvdl, édité par Rizq-Allah HasoAn, repré- sentent les feuilles qui sont mortes sur le sol étranger. Vertes encore et bien vivantes sont l'Abou Naddâra (le Père aux lunettes), feuille satirique illustrée, rédigée par le chéîkh Sanoùa, ainsi que le Tawaddod et le Moncif de Paris, le Kachkoûl de Tiflis, qui a aussi une partie tartare et persane, le Diyd el-Kkafiqaîn de Londres, avec une partie anglaise, le Kaukab Amérikd, et el-Ayydm, à New-York; le Marcad a Marseille, le Hddi à Philadel- phie, le Barâzîl, le Raqib et VAama'î au Brésil.

L'avenir de la littérature arabe.

Les pages qui précèdent donnent le tableau de la florai- son, delà maturité et du déclin d'une littérature qui a duré treize siècles, depuis le plus lointain moyen Âge jusqu'à nos jours; puis nous avons trouvé, sous l'influence de la propagation des idées modernes, uu renouveau du vieux

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LA PRESSE PERIODIQUE 435

troDC, dont plusieurs branches ont porté des fieurs, sans compter ce rejeton adventice qui est venu s'y grefièr, la presse périodique. Quel est l'avenir réservé à cette seconde culture? Sera-ce une imitation des siècles clas- siques, ou bien la langue, obligée de se modifier pour interpréter des pensées nouvelles, s'enrichira-t-elle à nouveau d'expressions jeunes qui revivifieront le vieux fonds? Il semblerait, au premier abord, que des centres d'activité littéraire tels que le Caire et Beyrouth soient destinés a produire des hommes de lettres qui, poursui- vant le mouvement commencé par leurs prédécesseurs du XIX* siècle, serviront pour ainsi dire de trait d'union entre l'Europe (dans laquelle il faut comprendre les colo- nies essaimées dans le monde entier et qui continuent l'œuvre commencée dans le continent des fils de Japhet) et l'Orient plongé dans la demi-obscurité d'un crépus- cule mourant. Us seraient aidés dans cette entreprise par le puissant soutien de la presse périodique, laquelle a pour clients une grande partie de ce monde musulman que l'on estime à deux cents millions d'âmes, et qui peut faire dans ce sens un bien énorme.

Mais quel râle joue la langue dans tout cela? Se traos- forme-t-elle, se développe-t-elle, devient-elle plus claire, plus accessible a la masse des demi-lettrés sortis de l'école primaire? La réponse, pour qui a étudié la ques- tion, ne peut être que négative. On ne voit nulle part un mouvement analogue à celui qui a, depuis trente ans, transformé la langue turque osmantie en la dégageant de sa vieille rhétorique. L'arabe est encore empâté dans les modèles classiques et emploie par suite une foule d'expressions qui ne peuvent être comprises que des let- trés, ce qui ferme au plus grand nombre l'accès de la compréhension de ce qui l'intéresserait le plus. Un article

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us LITTÉRATURE ARABE

politique qui se respecte ne saurait être écrit qu'en prose rimée : sa vaine et futile rhétorique, ses allitérations imitées des Séances de Hariri, sont l'amusement du lec- teur instruit, et c'est tout- Cependant, à côté de ces boniments de parade de foire, il se publie des articles sérieux, sur des sujets spéciaux, qui ne cherchent pas à briller par ce vain luxe de mots inutiles et vont au fond de la pensée sans se laisser distraire par les bagatelles de la porte. A vrai dire, il se dresse toujours un obstacle entre le rédacteur et le lecteur, c'est l'incertitude de la lecture d'une langue dans laquelle on ne marque les voyelles que rarement; c'est un défaut auquel il sera bien difficile de remédier; néanmoins la lecture serait moins pénible, moins hasardeuse, si l'éditeur ou l'impri- meur consentait à marquer les harakdt dans les mots qui peuvent prêter à double entente, dans le passif des ver- bes, dans les substantifs dont le sens change avec l'épel* lation; ce serait un énorme service rendu au public d'Orient dont la jeunesse ne s'est pas usée sur les dalles des uaiversités car je ne parle pas, bien entendu, du très petit nombre d'Européens qui, à titre d'étude ou de passe-temps, jettent les yeux sur un journal arabe, eux qui ont mieux que cela, et de plus pratique, chacun dans sa propre langue.

Si, au lieu d'écrire en arabe littéral, on écrivait dans les dialectes particuliers de chacun des pays possédant une presse indigène, et l'arabe est parlé? Cela n'est pas à souhaiter, car un journal établi sur une base de ce genre n'aurait de lecteurs que dans la contrée il paraîtrait. Voyez-vous un journal en arabe d'Algérie lu par un habitant de Damas, de Bagdad ou de Mascate? Le pauvre homme! Il y perdrait son Qâmoùs. Au con- traire, l'emploi de l'arabe littéral assure è la feuille une

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LA PHESBB PÉRIODIQUE 437

clientèle de lecteurs qui dépasse de beaucoup les limites des territoires ou l'arabe est parlé, et qui comprend les pays l'arabe est laogue savante, comme chez nous le latin au moyen âge : c'est la totalité des régions habitées par des musulmans, depuis le Caucase jusqu'en Chine, depuis les steppes de la Tartarie jusqu'à la boucle du Niger. Déjà, d'ailleurs, de nombreux néologismes se sont introduits dans cette langue et permettent de rendre les expressions nouvelles créées en Europe pour les besoins des temps nouveaux. L'arabe, avec sa savante grammaire, est assez malléable pour se prêter à exprimer les pensées modernes, de même qu'il fournit à tout l'Orient musul- man les termes techniques nouveaux de la chimie, de la médecine, de la plupart des sciences. La voie dans laquelle on aimerait voir entrer le littérateur de l'avenir, c'est la recherche de la clarté et de la simplicité de l'expression : le jour oii elle y sera arrivée, on peut encore prédire une belle carrière à In littérature arabe, qui vivra autant que l'islamisme, pendant de longs siècles encore.

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KosECABTEH avait commence à Greifavrald la pufalicatioo du texte accomp«^é d'une traduction latine et de notes; il o'eD a jamais paru que le premier volume en 1840,

Le R. P. Salhahi, S. J., a publié & Beyrouth, en 1888, un choix de narrations tirées du même ouvrage.

Le Koran.

En frutçaig :

Traductions de Du Rtkii, Paris, 1649, 1672; U Haye, 16S3, 1685; Anvers, 1719; Amsterdam, 1756, 1770, 1775 ; Geoève, 1751; de Savabt. Paris, 1783, an VII-1798, 1822, Amsterdam, 1786; de El, Paria, 1840, 1852.

Traductiona de Louis Mabacci, Padoue, 1698; d'AaiiAHAH Hiit- , Hamhourg, 169i; de Chk. Reinicke, Leipiig, 1721.

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BIBLtOGBAPBlB Ul

BîTi anglais :

Tradnetions de Gkorob Salb, Londres, 173i, 1764, 1821, 1824, 1857; de Rodwell, 1861, 1876, rangée d'aprèa l'ordre hiilorique des cbipitres; de E. H. Palmeb, Oiford, 1880; eu extraits par E. W. Laue.

En allemand i

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de MECEftLiH, 1772; de Peiedmch EsEitauiPT Botsek, Halle, 1773,

1775; de W*bl. Halte, 1828; d'ULuiAMn, Crefeld, 1840, 1877; de

F. RiJcKEBT, eu extraits publiés par A. MiitLoi, Francfort, 1888.

En Italien :

Traduction anonyme d'Annai Abritabene, Venise, 1547.

Il existe des traductions en hollandais par SmccEH, Ham- bourg. 16'il; Glasehakbh, Amsterdam, 1698; Tollbeis, Batavia, 1859; Keizer, Haarlem, 1860; eu russe par Sabloueot, Razan, 1877; en suédois par Ceubehstolpe, Stockbolm, 1843, et Tobnbebc, Lund,1874.

Histoire du Koran : Th. Noldeke, Ceaehîehte des Korans. Gœttinguc, 1863.

La Beavue, le Korau analysé d'après la traduction de M. Kasi- mirski et les observations de plusieurs savants orientalistes, est une sorte de table des matières renfermées dans le texte, Paris, 1S78.

Fie de Mahomet : A. Spbengbb, Das Leben und die Lehre de» Xohammei, Berlin, 1861, 1869 ; W. Muib. The Ufe of Mahomet and kistory of Islam, Londres, 1858-1861; L. Kbesl, Das Leben des Mohammed, Leipzig, 1884.

Époque des Oméyyades et des Abbassides.

Ibr Khallikah, IVafajâl-el'Ayân, en arabe, antograpbîé par F. Wûstenfeld, GŒtliugne. 1835-1840, imprimé ii Boulaq en 1882, traduit en anglais par Mac Guckin de Slane, Biographieal Die- tionary, Paris-Londres, 1843-1871.

Son supplément, le Fawât-el-Wafajât i'ïan Cqakis el-Kotobi, imprimé à Boulaq en 1866, n'existe qu'eu arabe et n'a pas été traduit.

Le Kitâb-el'Aghdai (voir ci-dessus) embrasse également une partie de celte période (les trois premiers siècles de l'bégire).

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(41 LirrilÀTUIB ÀBABB _

F. WuESTBNrELD, Dît Getckicklschreiber der Araber und ikre Werke, Gœttiogne, 1881. Getckickte der ArabUehen Aertte und Nalurforteher, Gcetlioguc, 18^0. Die Academien der Araber und ikre Lehrer, d'après le livre des Classes des ChafélteB d'Isn Q&di Chobbi, GceUiDgue,1837.

Période moderne.

En allemand, et en w"g;'fl*t i

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En aralw :

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INDEX ALPHABÉTIQUE

Aboqo, laltan mongol

el-Abarii

Abbfi» (fiU d'I, 63. Voy. A6ba$-

'AbbilB ben el-Ahnaf 73,

cl-'AbbAs bcD 'Ali bea Nour-

eddia

Abbaiild». 49, 56, 62 et aai- vaDtei, 65,

el-Abchlki

el-'Abdari

'Abdoùn (eau vent chrétien d'). 'Abdallah, fil* d'Ibn-Uambal. 'Abdallah, fils d "Abd-el-'Oiia. 'Abdallah bea 'Abd-eB-Sélam.

'Abdallah hen 'Ali

'Abdallah ben 'Atiyya

'Abdallah el-Kfaafddji ___

'AhdaUah el-HanoûG 340

'Abdallah b>n el-HookhAriq. .

'Abdallah. fiU de Ua'an

'Abdallah benQaïi er-Rouqay-

'AbdaUBhbén'so'd.; :!!!!!!!

'Abdallah ben Sa'd h«a Abi-

Sarh

'Abdallah ben Tâhir 89, 144

'Abdallah ben Zéld el-'Anst. 'Abdallah ben ZobéTr. . . 46, 60, 64 'Abdallah Fikri-pacfa 'Abdallah Ibn-el-Uo' ta» Sa, 86, 180 ■Abdallab-pacha Tchflèdi •Abd-el.'Aili(Aboa-Fâri.). 343, 346 'Abd-el-Aili ben '

Sa'd

134

'Abdel- 'Aiti ea-Solaml 2l

"Abd-el-'Aitz le Takroarien.. . 31 'Abd ech - Chakoûr Rohman

•Ali-Khan 4

'Abd-el-DIabhflr Ibn-UHmdtB.. 1!

'Abd-el-GbaffAr al-Akhra 4!

'Abd-el-Ghâ&T el-Fftriii 2

'Abd-el-6han{en-Ndbala*i. 326,4<

■Abd-el-GhBDi ben Sa'td 2

■Abd-«1-Latir 196, »

'Abd-el-Hedild Ibn-'Abdotn. . 1 'Abd-el-Hélik (le khalife}, 46 et

' Abd-rl-Milik ben Qoraib el-

Acmal 1

'AbatI'H«>ih NAIma 2

'Abd-el-Hobiin ben HamoOd

ol-Tanonkhi 1

'Abd-el-UoDDiin, inltan almo-

faade 251,3

'Abd-el-Qader (l'émir), 271,

412 et laiTBDtei, 4 ■Abd-el-Q«dir ben 'Abd-el-KË-

rim el-WardtB 4

'Abd-el-QAdir al-BaghdAdi. .. 3

'Abd-el-Qddir el-GIMni

271, 273, 274, 344, 359,3

'Abd-er-Robim el-Banr'l 1

'Abd-er-Etahlm Efeiidi 3

'Abd-er-Rabman III, khalife

de CordouB 3

'Abd-er-RahmaD, prince ds

Tlem«n 3

'Abd-er-Rahman hen el-Ach-

, .,..,Goog[c

INDBX ALP&ÂBiTlQUB

, Abd-er-Rahinu cl-Djabirti. . US

'Abd-er-Rkhman cl-Idriai 177

'Abd-«r-RBbmaD et-'tmadi .... 378 'Abd-sr-Rahman ban 'Isd el-

Hamadiai 1S6

■Abd-cT^Rahman ben lima'Il

b«n cl-Maqdiii 123

'Abd-cr-RahmaD bsn el-Qd-

(im 236,237

'Abd-ei-Rahman o-Sa'di 3SU

'Abd-er-KaiiAq

'Abd-e*-Silam de Baaiora 100

■Abd-ei-S«1am btn RaglibAi

nom du poète Dik cI-Djinc 'Abd-el.W&hid, ■ullan alm.

Abon - 'Abdallah Habammed

ÎOÎ

bade.

3SS

'Abd-el-Vlhid Bl'Harrtkoch;. 104

'Abd-«1-Wabblb 332

'Abdt-Erimdi Hubordar.

Aben-PaKiialli 204

el-Abbari (Alhtr-tddin Hofad.

dal)

Abicht

'Abld bcael-Abra* 3t,22

'Abld bcn Cbarije sa

et-Abmardi 109

Abkarios (likender-agiba) 410

'Abla, cbonMe par 'Antara. . . 13

•l-Ablah Abon-'Abdallah 101

Ablaq(chill«aa d') 10, ~

Abnilwt, lornom de Wahb

ban Uonabbih

Abau'l-'Abbâi, prioce da Ha-

ghreb 346, 347

Aboa'l-'Abbda Ahmed al-Harrdi ~ ~ Abou'l-'Abb&s Saffdh (le kba-

li(e) 87, SIS

Abou'^l-'AbbAa Tha'lab .... tâl. 152

Aban'I-'AbbAi eUTotilï 127

Abau-'Abdallab el-Ablab 101

Abau'-Abdallah el-Haaan beo

Hom^ïd el-Bao'hdadi 239

Abou- 'Abdallah Ibn-al-Ahmar,

■nltan de Grenade 346

AboD- 'Abdallah Hoh ammad,

prince de Bougie 346

Abon-'Abdallah Mohammed

bcn'Abd-el-DIélil 365

Abon - 'Abdalloh Mohammed

ben 'Ali ben Toumirl 306

AboU''AbdallBb Mohammed

ech-Cfaoqrttlitî 126

Abon- 'Abdallah Mohammed el-

KhAriimi 313

Abon- * Abdallah Mohammed ee-Senouai 421, 422

émir da Tunit.. Abou'1-Ala IbD-Zoh Abou'l-'AU el-Ha'am. 84,97.

99. 100, 161, 163

Aboa-'Ali el-Bol'ami 13i

Abou-'Ali el-Fari«i 156

Abou- 'Ali el-Haaan 3SS

Ahon-'Amr ben 'Abdoùa.. 127.138 Abou-'Antrbenol-A'lil 138, 141, lU Abon-'Amr 'Othman ben Saïd

ed-Ddni 257

Aboa-'Aro6ba el-Harrtnî 177

Abau-Atfl Aflah ben Yaiâr. ... W Abou'l-'Atahija, 74 et aai*... 88

Abou'l-Aswad. 138

Abon'I-Aiouad Douait 44

Abou'I-BaqS Cdleb e1-Dja'rari. S67 Abon-Bekr <lé khalife), 3&, 39,

40, 43. 315, 383 Ahon-Bekr ben el-Mondhir. .. 364 Abon-Bekr ben Sa'd, ataheb

dn Fera 112, 260

Abon-Bekr ech-Cbanawanl. . . 377

Abau-Bekr el-Djardjdni 166

Aboa-Bekr Ibn-Modj&bid. 22^,254 Abou-Bekr Iba el-Qo^liTTu. . . 188

Abon-Bekr el-Ksrkht 291

Abou-Bekr el-Khariimi 132

Abou-Bakr el-HMiU 177

Abou-Bekr Habammed Ihn -

Guiman 1 39

Abon-Bichr HattA ben Yaâ-

Qoua 280,282

Abon'ç-Colt Omaj'ya ben 'Abd- el-'Aiiz 309

Abou-Chdma 191, 248, 372

Abou'ch-Chiç Mohammed ben

•Abdallah 88

Abou-Chodja' el-lsrahaoi 248

Abou-Dêood 219

Abou-Dhouaïb 44

Abou-DjaTor ed-Dabbi 304

Abou-Dju'far Haa'oud el-Ba-

yadi 106

Abou-Dia'far Mohammed 253

■■- -i-Dja'far el-Qoummi 341

ri-Ojoùdel-HflkbiDami... 383

Abon-Dolnr 76, 77, 140

Abou-Dolaf Hiinar ben Hohal-

hai 398

Abon-Dolama 6i

Abou'i-FadI el-'Abhda Ibn el- Ahnar 70

, .,..,Goog[c

INDEX ÂLPHABBTIQDB

Abou'1-Fadl eU'AbbAi bcn Pa-

i-orij er-Rirùcbi 145

Abou'l-Ffldl el-Harawi 1S5

Abon'l-Fadl et-Toùièri t26

Aboal-Faradj'Abd-er-IUhman Ï49 Abou'I-Faradi 'Abd-ar-Siibmoa

ben Naçiallah 300

Abou'I-Faradi el-Bobbagba , . . 95 Abou'I-Faradi Bar-Hebrans . . 309 Abou'l-Farad] Ibn Abl-Ya'qoùb

en-Nadlm

Abaul-Farad] Ibn el-Djauii.. Ailou'l - Faradi el - IçtabAni If 18,47, 73, 8'i,142, 184

Abou'l-Faradj cl-Uo'Ard bcn

Zakarijd 240

Abou'I-Faradj Uabammed el-

Abaa-l-Q

leiandrie 187

Abou't-Haïun Sedeqa el Hai- jadi 100

Abou-Hailm Sahl ben Moham- med 144, 148

AboD-Hafjdn 337,381

Wa'-

1D1

Abou'l-Paradj Ydiir,

Abou'1-Fath 'Ali el-Bosti 106

Abou'l-Falh Ibn el-Ha>ina

Abou'l-Falb Ukandéri 134

Abou'l-Fatb Mobammedlbn

Ta'dvidbl..

101

Abon'UFtda 195, 202, 207, 321,

333 et luivantes, 838. 353

Aboo-FirUa el-Harodilni 92,

Abon'I-Fitjanlbn-HajYoai 110, 121 Abou'I-Fotoûb Naçrallah Ibn-

Qalâqia 114

Abôa'l -Ghanftliu Hobammed

el-BorU (Iba el-Ho'allim). . . 102 Abau'l-Gbéîth , cbirif da ta

Mecque 334

Abao'l - Hadjdjadj YoDaDaf ,

prince de Grenade 341

Aboa-HarcajairrBn.deMgrwAn. 60 Abou'l-Rakam Mdlik Ibn-el-

Horabbal 130

Abon-Hunifa... 331,334,335,

338, 263, 353 Abou-lIammou,pr!ncedeTl«m-

cen 346, 317

Abon'l-Heann (le cadi) 03

Abon'l-Hataa el-Ach'ari 262

Abon'l-UaitBn 'Ali ben Abi'r-

Abou'l-Hainn 'Ali el-Bâkbani, Abon'l-Hasan 'AU el-QoDmmi. Abon'l-Baaan *Ali er-Robal. .. 3aghawi,

Abou' Abou'l-

Abou'l-

Djehwi Efendi .... Hoiéln 'Abd-I

Aboa'I-Hoaéin et-Abwâii

Aboo'l-Hoaéîn 'Ali ech-Chou-

Abou'l-Hoa^lD «l-Moniani

Abou'l-Haaéln Qdsim ben'Obél-

dallah

Abou'l-Uoaéïn YabyA (el-Hâdi

ila'lbaqq)

Abou-Ibrahim lahaq ben Ibra-

Abou-'Iniln*. .......'.,,......

Abou-labaqAbmedet-Tba'Iabi. Abou-Iahaq ech-ChirAii. . 243, Abou-labaq Ibrabîm , aoltan

hafiide

Aboa-labaq Ibrahim ben Hi-

lâl eç-CAi

Aboa-lahaq Ibrahim el-Honari, Abon-lihaq Ibrahim Ibn-Sabl. Abon-Itboq Ibrahim ban Salib

el-Warrflq

Abou-Iibaq Ibrahim benYahra

Bl-OhnK.

Abou-Iahaq Ibrabim ben Yod-

aonf ben TUchiGn

Aboa'l-Kbaïbari

Aboa-Lahab, oncle de Habo-

Aban'l-Léïlb'e" Abon'l-Ha'dlî

Aboa-Ha'char.

Abou-Madjan

Abou-UadfanCbo'albel-Horal-

'l-HahâiinIbnTag:Hblrdi -HansoDr 'Ali ben el-Ha-

Sorr-Dorr

-Mançoûr cl-Atherl

-HansoAr el-Mâlooridi. . .

■Mibdjan

■Mikbnar LoÛt ban Yi

iJlâ

43, 1

•Moç'ab,

ncle de Chafii. 237

3,q,t,=c.=ïG00g[C

INDEX ALPHABETIQUE

Aboa-Uohammod 'Abdallah

ben Yoaaaur 2ii

Abou-HobamiDod ben 'Omar.. 14» Abon-llohamincil al-QAiim cl-

Barirl 1S5

Aboa-HoaliiD 56,63,65

Aboo'l'Moibaffar Hobammed

el-Abiwardi 109

Abou'l-Hoihuffsr ïah;a ben

Hobalra ,

3M

Aboa-No'aïm el-IçrabâDi 230

Abou-NowAi, se, 70 et miTBDtei

es, 68, no, 141, 18! Aboa-'Obald el-Qâiini ban Sal-

Abon-'Obalda Ha'niar ban el-

Uothanni 141 et laîtante*.

Abau-'Omar Salih ban lihai]

I Ahmed e

Abou'l-Qdaem b

Ziréni l^i

AhoD'K)Aaim ban el-Hadjar,

cher mamlman en Sicile, . . . lift

AboD'l-QAiim ChAtibi 308

Abon'I-QSMm Ibn-TabAtabA. . . 96

Abou'l-QAiim el-Ghifiql 2US

Aboa'l-Qtaim Khalaf ei-ZabrA-

wl 307

Aboa'l-Qftsim «1-LiîlhJ 367

Abon'l-Qâalm Hobammed ben

Hâni' 96

Aboa-Qir et Abon-SIr. 395

Abou'i^Raqa'maq 97

Abon-Ras en-NAgiri 423

Aboa-Sa'îd 108

Abon-Sa'td Na^r ed-DIciwari. 313

AbDO - Sdlim 346

Abon-SofTân SO

Aboa-Sol«iman DaoAd bei

'Ali..

AbDu'l'Sa'ofld Efendi

Abou-TAlib, oncle de Haboœet. AboD-TAtib, Bli de FaUir-ed-

daula

AboaVTa;;ib Ahmed el-Bid-

j««i

AboD-TemmAm. . 16, 83, S4, SB,

U7, 162, 183, 185

Abou-Wahb 17,18

Aboo'l-Wnlid el-Bâdji 261

Ahou'l-WérA el-BoQzdiani 394

Abonl-VéU ben Salama.

416

351

Abonl-Wélid H7, 1ï8

Abou'l-Wilid el-Airaq 177

Abou-Ya'lB Hahammùi Ibn^eU

Habbdrijrja 107

Aboa-YoûaoDf 135

Aboa-YoAiauf Ta 'qoAb el-Kar-

cbi Î93

Aboo-Zakariya el-Aidl 177

AboD-ZakarirA Yabja beo Abi-

Bekr 20Î

Abau-ZakarijaYahjabeD 'Adl. !S0

Abou-Zérd 144

A boa-Zéid ( Roman d) 398

Aboa-Zéïd, fila de Mohammed

ben Abi-Hafç Î04

Abou - Ziïd 'Abdcr- Rahman

Ibn-Yakhlaflan 130

Abaa-Z«Id Ahmed ben Sahl el-

Balkbi 383, 298

Abou-Zitd AniAri 39

Abou-Zéïd Sald ben 'Amr.... Hl Aboo-Zéld de Sarondj.... 135, 13S Abraham, 4. (Relig:)on d'),

24, 32. (Rouleaui d') 33

Abraham ben Haidal 365

Abraham Daninoa 4SS

Abraham Eccheleaiii 308

■Ab> (tribu d'), 'Abaidea. IS, 13,

el-A'cha 9, 34,36, 39, 163

A'chA Hamdan 53

el-Acb'ari 363, 263.367, MS

el-Ach'atb (Ibn). Vojei 'Abder-

Rabman ben el-Acb'otii.

Achdjo' 8S

Acbéminidea 393

Achkar Daoud (Sultan) 3SS

Achraf (Sultan] 193

AcbraayjB (École), 248, 32S, 337

A la Mecque 373

el-Açmal, 16, 68, 76, 141 et ani-

Tantee, 337, 396, 397

■Ad (tribn d") 36

Adam 66,67,388

'AdavrirTa (ordre relirieai

dee) 371

'AdI (le Cbiikb) 271

'AdI ben Zéld, poite chrétien.

29, 30, 50. 71

Adib lahaq 430

'Adiyd , grand-pire de Samanal. 37 el-A djam, anrnom de Ziyad

ben Solélmen 54

el-'AdjdjAdj 53

el-Adjorri. 323

Aftiorroumijiya ,.,,...., 381

3,q,t,=c.=ïG00g[C

INDEX ILPBABÉTIQDE

447

'Adcxl-eddaiiU, prince bouide. 92, Ub, t49, IM, 305, 294, 306, 3

'Adod-eddia el-ldjt 3

Adrien

■Adnân (tiibu d') 20,

el-Atdal Smir el-Djofofich (le

miniitre) 1

el-Afdali 1

'Afir-eddin Solélman el-Tilim-

■kni-tdàiaèilÀé'u/.'.'.'.'.'.'.'.'. 3

Aaah beo Yoilr

AfUe (famille d') 1

Agar

et-Agblab bea 'Omar ben

'Obaîda

Agaab , 4

'Aicha, Apooic deUabomet...

'Aïcba el-Ba'oftniyfs 3

Atdamir el-Djildaki 3

Aidamir el-Hohjawî 1

'Atn (prononciatloD de la

iBllre)

el-'AIni 3

AïMaouBs 2

AhlSf k Sira

AhlwHrdl 16,94,180,3

Abmed, frère d'El-Gbaiâli. 264, 2

AhDMid 'Ali ech-Cbddhili 4

Ahmed-Baba 3

Abmed el-Badawl 4

Ahmed el-Barbtr 4

Ahmed ben Ahmed ben 'Abder-

Rabmen 3

Abmedben Abmed ben 'Omar. 3

Ahmed ben 'AH ben Het'oud. 3

Ahmed ben ChObin 3

Ahmed hen Hambal 15S, S

Ahmed ben el-Mo'oihiham er-

Rflii 4

Ahmed ben Mohammed el-

Harawi 1

Abmed ben Uahemmed er-RAii

de Cardoue 1

Ahmed ben OwèU, loltan de

Bagdad 3

Ahmed ben SabI, prince de

Balkb 2

Ahmed ben SajjAr 1

Ahmed ben Toutonn 1

Ahmed ben Yahja Kboiendar. 3

Ahmed ben Zaîni DahlAn 4

Ahmed-pacba Kieuprnlu, grand

viiir 3

Ahmed ed-Danaf 3

Abmed Hamdl-bef 4

Ahmed HiditUi lama 'Il 431

Abmed el-Kordi 32»

Ahmed Hddhi 433

Abmed en-Na^ibi, maiiden. . . M

Abmed en-Ndtiri ei-SalAni.,, 423

Ahmed en<Nomf iri 127

Abmed er-RifA'l (cbéikh) 426

Ahmed ZakI 419

Aboura-Uaida 62

AhrOn, père de Bar-Uebraena . 209

el-AbwB( 46

el-'Akawwak 76, 77

Akhbâr el-Loçoilç 16

el-Akhracb le Mojeù 143

el-Akhfach le Petit 165

el-Akbrat ('Abdel-Ghaffâr).... 426

el-Akblal 47, 4», 61, 53

'Alam-eddin el-Bolqlni 361

'Alam-eddtn e*-Sekhllnî 368

Aladia et la lampt mtrreil'

itute 395

■Ala-eddanla Ahon.DJB'rar Ibn-

DocbmaDiiydr 284

'Ala-eddin, roi du Khariim... 318

'Ala-eddin Abmed ee-SirdS. . . 350

'AU-eddin el-Bahâî 38!

'Ala-eddin Efendî 'Abidin 413

'Ala-eddin Tibare 208

Albatégnina 294

Albohaien 29&

AIbncaaii 307

Albamaeer 293

Alexandre 154, 393

Alexandre d'AphndJtia* 287

Alexandre Damai pire 398

Aleiandre-pacba (.aralbéodo-

Tj 31»

^//fyya d'Ibn-MAlek 170

Alfraçunai 293

Alfred von Kremer. Vo^ei Kre-

*AH (le Khaiite), 39, 44, 49, 79, 86, 88, 96, 119, 154, 207, 314,

276. (Diwan d') 352

'Ali, peUt-fila d'Omar Ibn el-

Pdred 118

'Ali AbDa'n-NacT 41 G

'Ali el-BAkhatïî 107

'Ali hen 'AbbAs 306

'Ali ben 'Abder-Rabman 195

'AU ben DjabalB el-'Akaw- wak 76, 77

'Ali ben Dja'far de Cbaliar.. 2»7

'Ali ben el-Djabm 80

'Ali ben Ghâii 3SS

'Ali ben el-Hoiéïn 215

3,q,t,=c.=ïGooglc;

[ ALPHABÉTIQUE

■ABi ban Uhaq ei-Z«bi 05

'Alî ben MaoEoAr, ni du Kha-

'Ali ben Uohammed, chef ivm

Zcndji

'Ali b«Q Uahammcd Ibn-Bat-

'Ali k^n HaVarràbbéDUân-

çour «Mbrabimi

'Alî bcn 'Omar b«n QtijI bea

Djildak el-YuroAqi 132

'Ali ben SabI W Rab-

ban 304,305

'Ali ben Soléïman

'Ali ben Yoùiour bcn Tacbi-

fin 127,203

'Ali ben Zâfir (Djtmal-cddin). 194

'Ali ef-Bo»Vi!!!!!,!.!!

Alidca U, M>, 69, 80, 88, 89

'Ali-Efeodi Darricb

'Ali-Efendl Rijdd

'Ali-Fehmi

'Ali el-HamadéDiea-Sakhâwi. 122

'Ali Iiiet-Ereudi 419

'AU al-Hoyorqi 137

'Ali-Hobammad le Bab ""'

AU-pacba, TÎrir .

Ali-pacba HobArak iiS

Alt et-Taabidi 313

Ali-Tcbélébi 372

■Ali-Yoùionf (Cbélïb) 483

Atniafe$le à»PU>lémét 1E9

Almohada 104, 9&1

AlmorsTidea. . . . 128, 232, 351, 264

Alaab ('ImAd-eddio) __

'Alqamaben 'Absda el-Pabl.. 15 'Alqama, fila d'AlIatha 35.26

'Amld-eddin Ai'ad ben Manr

cl-Abarit

el-Amidi {Sélf-eddin 'Ali) S48

el-AmidI (al-Haaan ben Bichrl. 147 el-AmidI (Rokn-eddin Aboii-

Hilmîd) 274

Amin, file d'Haroao 150

AmtD ben Haaan el-HolwAni.. 426

AmlQ Chtmil 415

AmIn el-Djindi 412

AmlDi7ya{Ecole)ADaTiiaa. 197, 380

'Amir, oncis de Lfbîd JO

'Amir, fila de Zharib, arbitre

inDrAme SO

'Amir er-Ro'ADii 373

'Amr ben el- 'Abd. Voy. Tarafa ,

'Amr ben tl-'Aç MO

'Amr ben Bahr el-Djdbiib.... 211 'Amr ben UAreth, prince de

Gha»«fln 11

'Amr, fila de Hind, roi de

m™ 13

'Amr ben Kollbaa m 9

Anai, fili de Haick 301

el-Anbâri Ii6

Ancien Teilament !i

'Anéïéi [tribu des) 74

'Anhoûri (Stlim Êfendi) 412

Anaùdlo&r, ministre des Ikh-

chidile» Sfl

Aniûn 72, 111

Aniarîés. VoT. Noiairii.

el-'Anei !5!

Aaiar (Bomiirt d"), 12, 396 et

9 ai vante*, 4!9

•Antara 9,12, 17, 19, Î9

Anttehriet , auroom de Ko-

thajjir 50

Apalloniai de fngt 290. 192

cl-Aqib ben'Abdallab el-Anaam^

moni 387

Arbed, frèie deLAbid.. 41

Ardabait, frère da roi ratk

Oppa 188

Ardècbir BabégAn 180

el-Ardjî 1*6

Ariatote 137, S80. 381, S8T, 319

AniaDd(H.) 122,423

Arnold

el-Arradj4ni 111

Araecidet 6

Ari«nio> (le cart) 410

ABad(triba d') SI

A««d ben et-Fortt «7

A.'ad ben Neçrel-Abarii.... 111

A«'adech-Chidyaq 409

A«ir, fil. de Djaber «

el- 'Aakari 166, 363

Aalam ben SabI 177

Aiaaasini 546

Aatemuni (J.-S.) ÎOS

et-'At1i. anmom d'Ibn-WakI'. 97

Itaîi, roi dn Khariim 157

Aun-addin Ibo-Hobélra 1S9

An* (tribn d'1 26

AaaWHadjar 14,23

AutoljcDS 319

ÀTcapecc 385, 386

ATerrboèa S86

Aïeita 63, 67, 148

ATicenne. 283 et aniTantea, 299, 306 Avierino (Alexandre) 431

=.,Goog[c

INDEX ALPB&BÉTIQCB

U9

Ajai-pecha 372

of-'ATJflchi 384

Aid (triba d') S3

e|.Adi«ri 158,159

el-'Aiii, khalife ratimide 97

'Aiti, Gli de SaledÏD 101

'Aztiben Zind 431

el-Airaql 177

'Aua la Bédouins VI

Bab {'Ali-Hoharomed le] 213

el-BabbaKhd (Aboa'l-Faradj). 95 BachchAr ben Bonrd... 67, 68,88

el-Bddji 26t

Bagdad (École de) 153

Baghjo'o (Hobammed) 388

Babâ-eddin Muhammed bea

YoûiDur el-Ba'a{lDi 32S

Bahrdm-chdb ben Farroakh-

Châh 134

el-Belhaqi 337

Baillieet LocketI 166

BeJaietI'',iQ]taiiottoman. 353,368

el-BUkbarii 107

el-BalMi 323

el-Balawi 315

Bdattt So'id, poime de Ka'b

ben Zobtïr 43

Banqnera 313

Barbier da Uernard (M.).. 73, 167 168, 175. 3Se, 395

BarçoQma 403

Bargia (l'abbé) 366

Bar-Hebrans 309, 393

Barkok (SiUtan) 331, 347

348,353, 360

Barqoqijja (CouTent) 350

Barq-YaroAq, inltan nldjoD-

kide 348

Barmékidet 63, 70, 196

BAra-bal (Snllan) 338

Bariaavèb (le médaciD) 311

B«aiBt(M,R.) 116

Baiiora (Ecole de), 137 el ani- vante*.

BAtikin 104

el-BatUnJ 393

. BatToAr 106

Banor 309

el-BaTQdi 10«

el-Bajjri* 233

Beamnier 330

Béchir (Emir) 406

Bédi' ei-ZéiDBD el-HanadbA-

ni 133,134

Badr (bataille de] 30

Bedr-cddin Louloa, atabek de

HosBoal 104, 105, 113

Beer(ll.-G.) 365

BéhA-eddaaia, pTince boulde. 291

BéhH-eddjn d'Alep 191

BéhA-eddia el-HoDhallabi. 116,118 Behndm Benni (H" Crrille]... 411

Behidd 148

Béïban (loltan) 193, 195

197, 331, 336

el-Béldâwi 260

el-Bekri 300

Bl.Béladhori... 178,179

Beni--Ab«,44. Voj. 'Ab> (triba

Beni-'Amir (tribo dee) 25, 46

Beoi-Aïad 10,11

BeDi-ChaibOn 53

Beni-DjaTar. 40

Bmi-Hilal {Roman de»), 398 et

Beni-HodhéTI S37

B«ni-Har{na 30

Benî-Hirddi Ifaimlle du) 111

Beni-Nabchal 43

Beni-Maobahbt (ramiUe d»). . 71

Beui-Qorra 98

Beni-SalamaD 18

Beni-Zijan de Tlemcen 366

BennA (Philippe-BBiile) 413

Béranll (Cl.) 35S

Berbcugger (AdrieD) : . . 384

BerK(Van den) 248

Bernslein 320

Besthorn 128

Bl-Boiiâï 156

Bible (La) 3, 30, 33

Bichr ban Abl-KhOiim 22

el-Bilbéïii 390

el-BiqAI 310

el-Bironol 29»

BîitAai (Botros) 409,430

Biitérii (SéUn) 410

Bland 367, 364

Blachet (H.) 300

Boctbor (EItoIU) 405

Boer (de). 365

Bohlen (P. de) 367

at-Bobtori ... 79, 83, 84, 89, 147, 182 BokhAri, 217 et iniTante*. 335, 368

BokbtySchao ' 80, 304

Boloûqja 394

^,:....,Goog[c

(50

BoDaparte (etnéTal) 3,416

417, 429

el-Boiti 106

Botaina 47

el-Bothdni <Nitiq-bU-baqq). . . . 251

Botrai Bi*ttni 400,430

Bolros KArAma 41S

BoDit (combat de] 28

•l-Boùçiri 118,192

Boadiéir, frère de Ka'b ben

Zobttr 42

Bonldei ftS, 135, 184, 333

BoD-Hadin. Voy. Alioa-Hadjan.

Boondo (le chanteur) 83

el-Boundari (Aban'l-Fath). . . . 194

el-BoùDi 314

Bourda, mBDtaau de Hahomet,

43. (Qofida de la) 116

Bourrade (B.| 203

Bonn, prince de Dama» 120

el-Bour^l ('Abder-Rahim) 113

BoDliant ;H. U.) 356

el-BoOrini 40B

el-Bouidjuii 394

Breanier S81

Bri«f (J.) 371

Broch 167

Bn>cbe1maiin(H. C.).... 154. S06, 265, 276, 389, 310, 319, 358, 362

BrSnnle (P.) 360

BraiiDow(lI.l 16, 155, 1S4

Bnffon 3

BortoQ (EUcbard). 395,396

•c-Ç«bl 135

Çadr-eddin el-Bairi 124

Çadr-^ddin el-Qonawi 2TS

Çafadi 123, 323, 339, 360

Carawii 18, 2», 32, 205

ës-CaffoAri 344

Cafi-eddin 'Abdallah bon

Cboakr 201

Cafi-eddin el-Hillt 330

tahàk d'el-Djaubari 157

Çahih de Bokhâri, 217 et ani- THDifl*, 323, 225 ; de HoaUm,

218 et ■alTante* 223

Cùlih benTahja 360

Cardin (Alexandre) 406,415

Cardin de Cardonne 396

CaiJonne 188

Cari' el-gbawUni (el-Qatdai), •53. (Moilim) 73

INDEX ALPBABBTIQDB

Çarroûf (Spiridion) 414

ÇarroAr (Va'qaûb) 43s

Carlyle (J.-E.) 116,360

Carmathes 113, 1&8, 369

Carra de Vaux (B") 183,284

Carusina 207

Ca.an<.Ta (M. J.) Ml

Caiiri 34I

Caipari S87

Cataneo 4os

Canisin de Perceial (le père}, 9H,

335, 395. (le fili), 396 et

■aiTaatei 406

CaiDtte (Jacqoea) 396

ech-Cbibb ei-Zh«rir 134

ech-ChAcbi 347

ech-Chddbili. 276

ChAdbiliya (ordre religieux

dea) 276,425

ech-Cbdféî, 111, 327, 231, 337 el ■niTBDtei, 348, 317, 340, 353

Chaféïtea 237

ecb-ChAh 14g

Cbâh-CaE , aoaTeraiu Cafa-

wide". *. . , . 329

Cbâhin Halcdrioi %J3

ecb-Cbabraetâui 267, 370

Kh-CbabraioAri «l-IcbrAqi . . . 3SS Chà'lr, le poêle et le aaTant, 7,8

Cbampolliou 43S

Cbanfara 18,19, 98, S37

eeb-Cha'nlDi 373

ecb-Cbdtibl 25», 359

Cbaavin (M.} S94

CbsTis (Dom Deoia) 396

ech-Chainra 119

Chedddd, pire d'Antara 13

Chéfiq-béj Hançoilr 419

Chéhéraïade 393

ecb-Cbélbâni (Isbaq ben Hi-

rar) 1M

ecb-Cbélbdni (Mohammed), 23G

Cbélkb 'Adl.,.', ï7t

Cb«Ikb HaqtoU 273

Cbéïkb BifA'a 406

Cbéïkbo (R. P.) 157,360,410

Chéîkhoûmyya (Medreiaé). . . , 361

Chems-eddanla, prince bonïde S84

Chemi-eddin, émir du Yémen. 37] Chemn-eddin Abau- 'Abdallah

Soyoûli 364

Cbemi-eddin ed-Dïmecbqi. . . 33^6

Cbems-eddin el-KhefTlIF 124

Chema-eddin Hofaammed, pr^ j

dicateur de Wâait 3!^

:,q,t,=c.=.,GoOg[c

INDEX ALPHABÉTIQUE

Cheniï-cddiD Mohammed Djo-

wiïDi 2:

Chicil el-Hoûuiwi 1:

Chems-eddiD el-Wa'iih el-

Koûfi Il

Chcrbonnean 188, 330. 3'

389, 3' Chéref bea Ai'ad el-Uiçri.... 3:

Cbtrer-eddin, émir d'Alep 3

Cbércf-cddJD Anocherwân.... î Chércf-eddin HohHmmed el-

Boûsiri 1

ecfa-Gbirichi 3.

Cbtrir cr-Hida SG, :

Chihab-cddin Ahmed et-Ta-

Wri 3'

Chihdb-eddiD el-CbaiiÛDi e1-

Merdiâni V

ChibOb-eddin «I-HidjAii k

ChibOb-eddlD Iba ef-Kba}'ydt. 1

Chihdb-cddin Mahmoud 1

ChihAb-eddin e»-Sohrûwerdi

(Abou-Hafs'Omar), 274.

JYahTa ben Habacb) S

Chibflb-eddin Bt-Tellfl'fori.,.. 1: Cbibab-eddin yaùiouT ben la-

ma'il cch-Chawnâ 1

Cbiltai 39, &6, 80, 2<il. 2!

Cbo'aûl.iTTa SS, 90, 141, 1:

167. 1; Cboaroi* 1' (AnouchirvanJ. 23, I

ChnobUson 3

Ciddiq Haian-KbBD (Uobam-

med) 434,4

CirfiD 'bataille de)

CUment-Uullet (J.-J.) 3

Codera (F.) 303,204, 3

gohofoa rouleaux d' Abraham, ool (P.) 1

Coqdeïgéniel.Voy.Dikel'Djinii.

ec-Coûli 181, i

Craa.u» 2

CroUa.''!.'.'''.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'..... 3

Gureton IW.) 2«(, 261, 3

Cuaa et Lagumina 1

CjTQ» 3

I Dddawaib, père d'Ibn-el-Ho-

qaffa* 2H

l ed-Dabblln 322

! DuhU (Knerre de) 13,14,19

I DuhiAii (Ahmed ben ZaîDi) 434

Dalila 394

ed-Damiri 322,366

' ed-DAni 357,358

' DADudleZbdbirile 250

Ddoud el-AnUki.... 310, 341, 391

I Ddiiad bea 'Ali 340

Ddoud-Efondi Aboa-Cba'r 414

> Daoud-pacha, gouverneur de

Bagdad 436

I ed-Dnqqllq 270

l el-Dflraqotni 222

el-Ddrimi 231

Dariua 393

: Daalu eue (général ) 385

; David 6

DaTÎd (H" JoBeph) 410

I Deb((U<-You>eni}'«a) 410,412,413

Defrémery 335

> De Guignei 374,324,338

: Dehéroin (H.) 336

I Déïlémite 58

i Déliai el-Kolab, lUTDom d'el-

i Hoiiri 99

Delphin (M. G.) 422

Derenbonrg (M. U.) 140, ISC

162, 194, 200, 330 I Denrichiyj'a (masquée), à Da- ma* 378

I Deagrangea aine 406

. Deitaina 395

Davk 397

i edb-Dhahabi, 196, 337,340,3&7,363

1 d'Herbelot 35G

I Dhou'I-Açba'el-'Advdni 20

> Dhou'l-Kholoaa, idole 11

l Dbou'n-Naaabé'i-D 171

Dhoun-NoOn, l'EgjrptiflD. 356, 269 Dhon'r-nommB 51

! Di'bilel-Khoiâl 78,79.88

I Dieterici (F.) 170, 283

t Dihya bea Khaliia 34

Dihya «l-Kelbi 171

1 DIk el-Djinu 90

I Dinaraade 393

I ed-Dinawar{ 1£>4

DioDvgius, patriarche jacobite. SOU

3,q,t,=c.=ïGooglc;

4SS

DiMcorida 3S0

ed-Drrini 277

Di'tv^ju Jti poèUi 16

DijrA-eddin 'r»», frtre d'ibn-

KhkIUkaii 103

DirA-xldin Hobammed ed-DI-

b-chqi M9

Divflb el-IUidi 379

cd-DiydrbekH 37t

cI-Djabarli 415

Djâbir ban Etjjia 311

Dwbrll <l'*rchange Gabriel).. 34

Djabrll beo FBrhdt 383, 3S3

DiaTar la BarmjUda 77, 9M

DjaTar, fili du kbalite Ilaii<

«oAr 65

Dia'far b«D Chein* el-Kbilara

el-AfdBli IM

Dia'far bea Hiniâba (le TJiir). !23

DjaTar CAdiq {l'imam) 310

er-DJBghinlDi 29S

el-DJahiih 212

DiAbiihlyjB (ncU d«*} 313

el-DjaïhAni 2B8

Djantharat aeh'dr el'^Arab.,^^ 16

Djflmi, poite panan 270, 352

ef-Djanadi... 369

Djaqmaqijja (Ecole), à Da- mai 37fi

cMHardjaTdl (le Tittr) 305

el.ffiarmi IM

el-D]aTTAr (Abon'l-'AUblTa). . 74

Swwal ben Au el-BoUra. . . 43

Diaaits er-RAxi 2U

el-Djanbari 314

Djanhar, géDéral falimide .... ""

el-Djanbari 157

el-DjauAr

DjfUl-eddaDla Na^r, prince

d'Alep

DjélAlreddin 'Ali Iba-ec^affdr. 120

UJIAI-eddin el-BoIqlni 353

DjilAl-wldiD el-Haha)U 363

DjélOl-eddin Uangobirti, enl-

l<ui du Kbariiin 1»3

DjtlAli (lei deu) 363

Di^pal-eddia «cb-CbUbAni (le

Djimal-àdilâ ' èi-I{VâiiÂiiV. ' 163, 247 Djémal-eddiD Mobammed ben

SAlim ben Vdail

tKémal-eddiaYahTH oc-ÇaKati Djimal-nldin YebTa Ibn-Mat-

roAb 117,118

Ditinil bea 'AbdaUab. lyénAn

INDEX ALFBABÉTIQDB

el-DjennAbi 372, 373, 377

Diérir 48 et aoÎTantca, «8

Uirir, fil* d"Abd-el-Va>ih on •Abd-el-'0«a. Voy. MoU-

el.pîïb"*.^ Vu^

Djinne '• "ïîS

Diirdjli-Efandi Tannooi 410

el-Djobbdî ï«

Djoraïdj (Georgee), grand-p*Po

d'Ibn-«r-Hoùm[ »

Diordièni 319. W8

DJord|i-Erendl Zaïdân.. . . 416, 413

Djonder, pacha marocain 389

aï^Djonnéîd ^

eI-Djow*Ini ***

DombBj(Fr. de) 373, Î30

Domestique (le), général de*

troupe* romaine* d'Aeie 9*

Do^-biU. ....:...

Dounuol el-vaçr 197

Donnyà, e.cla« de Dlk-el- ^

Don Pedro, Ijrsn de CeatîUe. 346

DoD Sébaitien.roi de PortugaL M4

d'Ohseon (Hanradjea) 266

DonifB.) *•*

*% \k < joA 4ni. an4 VK H(; fcm

Doiy (K.) 'l88, 194, 303, 336. S76,4(»

Du^t(â.).. ■■■" ■" "" '"

37S, 397. 408, 422

EbioDÎte* 3s

Bddé (0.) *ll

Bdrl»! 298,300

Eléphant (I'). euraorn du ebao-

teur Yahja 67

Elia* t"(le catbolicoi) 307

EHo (le proph*te) 338

ElyAiParadj BfliU 408

EItoù* BoctboT 405

Eroin khalife) 71

Bmin-eddaula Abou'l - Ghaufl-

ImHo*lim 113

el-Bmtr, aarnom d'Ibn-Har-

TOÛ 121

Knger S43

Epiphanio* Padiallah 417

Erpénini (Thomu). . 166. 208, 281

E*op« 401, 403

EMénIen* 32

Etienne d'Antiocbe 306

BucUde 388, 289, 393. 319

Boldjaltoft, eultan mongol,.., 333

:=.,Goog[c

ntDBX ÂLPBABéTIQOB

BatTehio*

ETugile 3S,53

ExigB dit KaTzer

EjjonbiM» 116,196

el-F«dil a* cB<l>) 310. 323

Fadl (la poéteiM) 81

Fadl beu Rabr, le nÙDii-

tr« 142,237

Padl beoSahl 73

Fadlallah baa HooUbbal

lab..

377, !

khalilB rallmidt ' ;

Fakhr-eddaula 158, :

Fakhr-eddaala Mohammed ben

Dj*bir 1

Falcbr-addlD 'lia bcD Ibrabim.

Fakhr-addin er-R&il :

Fakhr-el-Holk

Fakhr-et-Turb 1

Farbat (Djabrll ibo). Vaj. Dji

brll et Germanoi.

Paria «cb-ChidTftq ft08, 42»

PdriaMiiDT 432

el-PariiE 149,167

el-FarrA ikb, 160

el-FarT« el-Bagbawi 228

Fath ben Kbdqdn, le minlitm. 162 el-Fath Ibn'Khâqâit , l'Eapa-

gnol 203

Fdliha, 1" cbapilre da Karan. 36

Fatimidea 95,96, 126

P<raidaq 48, 49, SI, 141

F«ricbta 371

Fikrlil 59, 185, 178, 180

Fikri-pacba 416

PU (l'EUpbant), aaraom du

cbanteur Yabja 67

Pirdaaai.poitaperian. 194,211,399

Ftroûl-Abâdi 381, 408

Pleiacber 18H, 334, 396

Flneeel (G.) 361,362,377

Podbala ban Kilda 24

ForKel(J.) 284

four^Sa, aatre Dam da Koran. 34 Frabn 297, 383

Franata Herrâcb 4IS

Fraler 267

Frédéric de Habenatanten. . .. 288

Freanal 19

Freadeolhal 287

Freond 338

FrejUg .... 16, 166, 200, 3B9, 40ft

el-Oabartt, 415. V07. el-Qja-

Gabriel (l'arcbange) 34

el-Gabrini 330

Gajrnier 334

GoSen 280, 288, 307, 308

Galland (Antoine). . . 395, 396, 418

Garcin de Tanj 277

Uaal^ar (Edouard) 396

Gantier (U. L.) 265

GajaiiEoi (P. da) 376

George (J.-F-L.)

Germaoaa ben Parbét

bril)

GbobrA Ma jun

Gbailan ben Oqba, aamommé

Dhoa'r-Romma 61

al.Ghar!d. maaicien 47

Gbaaaân (princes de), Ohaaaa-

Didea 6, 10, 12,15, 38,177

GbataféD (tribn de) 14

Gbaiali, 269, 263 et aaiTantea,

269, 270, 287

Ghaian, laltan mongol 333

GhaièU 104

CAoïau, ranîa 3, 80

. . 382, ;

1-Gba»

110

Gbijfttb (el-Akbtal) 47

GfaouIdmTba'lab, anmom d'aï-

Hotarrit 163

Ghoule, djinn remalle 17

GildemeiiUr 374

Olaier 6, 241

Goeje(H.da). 180,183,206,296,397

GorgeD* et Robricbt 192

Goguyer (M.) 1 70, SSl

Goldenlhal 266

Gold>lher(k. I,).... 240,260,332

Goliai 99,385,293,359

Gondichltpoar (Ecole de) 137

Gondiialn 266

Goache 368

Goltnaldt 184, 363

Graberg de HeniO U5

, .,...,Coog[c

INDEX ALPHABETIQUE

Grangcret de LagraDge- 363, 406

Gregorio 207

GnadaETioli 1 73

Guidi(M.) 161,188

Gailleome II, roi normand de

Sicile 114

Gairga» (M. W.) 154

Ganiboar^ (O. de) 129

Gu^ard (Staniila»].. 332, 336, 352

HaarbrOcker S<

Habbalin (Looite) 4

Habib le charpcalier 3

Habib ben An* Abou-Tem-

mâm

Habichl 3'

Hacbim (feiDillede) 57, 1<

Hadal. tribu iuiTc

el-Hadi (lekbalire)

51, 62. 54, 64, 211

Ladii-Kbaira, 122,333, 365. 371, 378 et .ulvantee.

el-Hâdjiri 103, li

Uafça, Elle do khalire 'Omar.

39. <

Saggada iui-rt J

tfajloin, arbitre laprime :

Hakam (Emir) 3:

el-Hakam II 188, 205, 3

el-Hdkem, khalife ratimide... 20 226, 391, 294, »

HaléTT (J.)

HaUma, fille de Fodhaia !

el-HalUdj 2(

Uaroadan (bataille d) !

HambdhAni, 132 et auivanles. 1:

Hamaker 3:

Hamâta d'Aban-TemmAm, 16, 18, 19, 84, 89, 162; d'el-

Bablorl

Hambalitea.... 155, 238, 239, 4:

el-Hoindflni 2'

"" mdilnidea 91, 92, 1

Hhh

mide. .

Hilton (Ch.) 242

HammAd ben Abi-Salfima. . . ; 334

HammAd er-Rdwiya 9, S8, 59

Hammdm (Féranfaq) 49

HQmmer (J. de). ... 109, 168, !01. 265, 335, 368

Hamia el-lçrahûnî 183

Hamia Fathallah 4ÎI

Hanéfitea 3U

Hanlfa 24, SS

Uanzhala, de ta trilia da Taï. 22

el-Uarbt 155

Hardobi 118

Harim 14.16

Hariri, 134 et anivantea, 163, 164, 168, 259, 326, 407, 4*5

el-Hdrith ben Djabala tS

el-HAritb ben Hilliia 9

e1-Hâritb ben Zh Ali m ag

Haroun er-Rachid 49, 63, 69 et

■aÎTBntes, 76 et ■oiTanles,

139, 141. 14S. 144, 150, 335 et

■DÎTantei, 379, 304. 394

Hartama.gouTeruear du Kbora-

»Bn m

Hartmann (M. Martin) 400

Uaaan fSullau) 8St

HaaanBBçrl go

Qaian el-Bourtni 378

el-Haian.Glad'EbD-'Arsbchah. 359 Haaan ben Mohammed el-'At-

tftr 110

el.Haaan ben 'Omar 3(6

Hasao-Ereiidi Taufiq 419

Hesan-Rfendi Hoini 415, 419

el-Hasan en-NiiApouri 366

Hasan-pachi 3TS

HosaD'pacba Hahmoad 430

Hasanibn Wahh 90

Hasoûn (Ri.q-aUah) 413,434

Haaaân bea MoCarridj, cherde

la tribn de Taï 98

HasBilD ben Tbdbit M, 43

Hdaib Kartm-eddin 3M

HAtim.delatribade Taï. 30, 33, 23

el-Hanfi 359

el-Haiiri (Aboa'I-Ha'SlI Sa'd). 99

Heniius 517

Héraclina 17S

el-Uëréwi 370

Hibat-allah, miniitre do kha- life el-Q«ï m 337

Hibat-allah lbn-Saa«-el-UoIk.. IIS Hichdm (le khalife), 52, 53, 55

et auivanteï 60, 188

Bichdm. fils du khalife e1- Ha- kam 161

, .,..,Goog[c

IIWBX ALFHABBTIQDB

U!dd,ch»tit du cham«Uer i

Bidjd, «atire G, 8

Hind bint Nanfal 432

HippocraU 3S0

UiitorUnt deê Crouade» 193

Hobéich b«D el-Hasu 380

HobeïlM. G.) 156

Hochbeim (M.) 3^1,392

Uodhaifa, général arabe 39

Hodbéïl (trOia de), HodhéHitei,

17, Vt. (Poimes dei).. 17, U5 Hodjr, père d'Imraa-oul-Qale. 10 HolwàQ (le> deux palmien de) . 66

Homéïd flUToa.i 76

Uomei JH.A.) 266

Hondodj. Voye* ImToa-ODl-

Qal..

Honéïn bea libaq 379, 304

Hora!ra 35

HoroniU (M.) 394

el-Horti (ibn.el-Ho'Bllim 103

floUia. fils d'Ali. 46, 90, lOS, 172 Uoiéïn Baïqara, EoltoD timoD--

ride 367

el-Hoséïn ben el-Qâeira (el-

Habdl-UdiniUah1 S<|1

Hoiéln-Efendt DjUrJ-Zâdi. .. . 427 el-UoséÏD b«n HaocoAr el-Hal-

Udi 369

HoepiUlier* 334

ol-Hotaî'a 32, 43

Hoâchi (langage), inintalli-

Hooda* (M. 0.). ... 1B8,' "m,

385, 389.423 Bonlegoa, inltan mongol. 105, 200, 202, 253, 292, 318 Hoartban ben el-Harith. Voyei Dhoa'l-AsbB' el-'AdwAni.

el-Uouari 1 25

HouUma (M.) 147,152

Hjlandei- 338

Bipiiclèi 319

I

'Ibûda de Hira 6, 36, 29

Ibâdiles (aecte des) 88

tbn -Abbdd, le minUtre 133

133, 158, 184

Ibn el-'Abbflr 304

Ibn 'Abba» 107, 354

Ibn 'Abd-ïl-Barr 231

ibn 'Abd-et-Hakam 186

D 'AbdoAn ISS. 204

n 'Abdoùi 127, 128

D 'Abd-Rabbibi 125 314

n Abi-Chakir 106

n Abi-Choukr î93

n Abi'd-Dain 2o7

n Abi-Dinâr 379

n Abi-d-Donaja 214, 2H

Q Abi'I-Hadid. I06

n Abi-Hadjala 340

n Abi-Hatim 225

n Abi'l-Khiçâl 331

n Abi-Nedjm 363

n Abt-Oaaibi'e. : |M

n Abi'r-RabI 281

n Abi-Randaqa 386

n Abi'r-RidjAr. ¥0701 Abon'l-

n Abi-Zar* SSO

u Abi.Zéïd 237

n el-Acb'ath 64 178

n el-Akfflni

nel-'AtlarHasanben d(el.HBkia).

AJi..

m el-Anbâri 162, 163, 1

m 'Arabchah 353, 3

•a el-A'rebi 144, 151, 1

m el-'Arabi 399,376,3

in 'Arafa 3

iD Arfa'-RâBahoa 3

m 'Aïâkir IM, 3

m 'Aiker S

m el-Alhir (DiTA^eddin) 1

iD el.Athir('Iu.eddm).. 143, 15

168, 199, 306, 334, 363, 363, 3

m el-Atbir (lledjd'«ddin] . 16g, 2

m el-'AwnAm 3

iQ Bibacbad t

inBdboAyè 2

m Bddjdia (ATeDpacel 3

inBacbkoxAl 2

inBalUn »

m BaiWLm

in BatoAta 276,332,336,3:

m el-BawwAb, le calligraphe. 1.

m Bilram 3

loBéilAr 196, 3

m BokhtjtcbouCObaîdalIah). 3i in BotlflD 307, a

IbnChAir el-Kotobi 197, 339

:,q,t,=c.=ïGooglc;

4GC

INBBX ALPHABETIQUE

IboCharar «l-(t«IrawADJ «1- Djadhflmi

Ibn Chihdb, (utdoid d'ra-Zobrl.

IbnChihna

IbnChirehir

Ibned-Dahhân 163,

Ibo Dareil

Ibned-DèTB

Ibned-Dé'iliù'

IbnDibya el-Kelbi

Ibn Djahwar 127.

Ibn el-Oiaoïi 103, 207.

277,

Ibn el-Djavrdliqi

Ibnel-Djaiari

Ibn Djaila

Ibn DjinDi

Ibn Djobair

Ibn Doqmaq

Ibn Dor«ïd... 14&. 147. HS, 16S,

Ibn Darnitawalh

IbnFadlan

IbnFahd

Ibn el-Pahbàm

Ibn el-Faqtb

Ibn il-Paradi 203,

Ibn el-Fared ('OroaT). . . . t16,

Ibn Fadlallab el-'Omari

IboFArii

Ibn FerboAn

Ibn Firrsh. \oja el-Qaiiin ban Pirroh.

Ibn cl-ForAt

Ibn Foûrek

Ibn Gniman

Ibn el-Habbdrljja

et laiyante*.

Ibn Habib

ibn Hadjar el-'Aaqaltni. 361,

Ibn el-Hadjdi&di

Ibnal-Hâdiib 170.

Ibn «l-Haltliam

Ibn el-Haldwi

Ibn Uanibta 238, 239,

Ibn Hamdia

Ibn Hamdonn

Ibn HAni<, 97. Vojrei Mobani-

med ben Hftni'. Ibn Barma Ibrahim ben 'Âli.

Ibn el-Haiina

Ibn cl-HayA (SawArben Anfa).

Ibn eayjoû 110,

Ibn Haim

IbnHibbin

Ibn HicbAm.... 174, 260, 332,

Ibn Hîdjdjn S«, S91

Ibn Hobélra S07, 257

Ibn HodbJil el-'AUaf 70

Ibn el-IdbAri 303

Ibn labaq (Hobanmiad) 174

Ibn lirâil tîO

Ibn Ijfti 368

Ibn el-KhacbchAb 344

Ibn Khafddja 12S

Ibn KbAlcaD 354

Ibn Kbalaf «a-SaraqotU 3S7

Ibn KhAlawaib 1&3, lu

Ibn Kbaldonn 171. 186,345

«t suivante!.

IbnKhalla. 129

Ibn Kballikan, 69, M, 93. 103.

108, 117, 119, 120, 131, 169,

196 et (DiTantei, 206. 227.

2SS, 281, 316, 323, 339, 370.

[bnKhamU 270

Ibn el-Khatlb 341

Ibn el-Khattb el-Qiamtini 343

Ibn el-KbaTTél 110

Ibn KhordAdbeb 29&

Ibn KhanmdTtAch l'Himiarila, 113

Ibn el-Kelbl 177, 178

Ibn Ktthir 340, 355

IbnKoebâdjim 101

Ibn KorkoO! 233

Ibn Mdâja Kl

Ibn Haïmoan 309

Ibn Ilakânia 331

Ibn Hâkoula 237

Ibn HOlek el-DjaTjftni 170

Ibn Mammâti 201

Ibn Handèb 1 J7

Ibn Ha -rouf (le cadi) 223

Ibn el-HanobAn 16S

Ibn llanoùq 385

Ibn HdiawJlh. Vojei ïabya

ben Hdinwéïh.

Ibn HatoAq 328

Ibn Hatroûb 117,118

Ibn UBttoOyè el-Vdhidi 359

Ibn Merwân, prince de Mend-

fdrigin SÎ6

IbnMfhran 254

Ibn Uiakawéïh SOS

Ibn el-Ho'allim 102, 10S

Ibn Hekairam 380

Ibn Ilonlret-Tarabolnii.. 130, 1S1 Ibn Uenqidh lO«ama). . . . 193. t9fc

Ibn Gl-Hoqaffa' 211.

Ibn el-Mttqrl 34t

Ibn el-Uorabbal 325

Ibn el-Ho'taii 86. 86

=,Googk'

INDEX ALPHABETIQUE

467

Ibn en-Habth IIG

Ibn en-Nadjdjar !Î9

Ibn eD-Nshhi» 337

Ibn en-NaqU) 33B

IbnNobâta 331

Ibn Nobdta, le prédicatear. ... 131

Ibn ■Onaîn 192

Iboel-'Oïalr 153

Ibn bI-Q£«c iSS

Ibn el-QA^ 383

Ibn Qddi Cbobba 17«>, 367

Ibn «l-OalsarOni ISl, 327

IbnQaWqi. 114

Ibn Qenbar 73, 73

Ibn Qarrira el-DjaDiijya 333

Ibn el^Oifti 196

Ibn Qotéïba. . 9. 134, 163, 211, 25&

ibn Qotloabogha 360

Ibn el-Qoûlijja " °"

Ibn Rarhiq 10, 12&,

Iboar-Bâhib

Ibn Ridwftn 307

Ibn Elochd (Avcrrhoii)

Ibn Roiteh 397

Ibn er-Hoani 83, 18S

Ibn CR-SA'Alî 118

Ibn es-Sabbagb 2U

Ibn Sab'ln 238

IbnSa'd "

IbnSabI 129

Ibn Sald e1-HBgbrtbi 302

IbD ci'Salah """

IboSalAma

Ibne»-SalIAr

Ibn SanA-el-Holk IIS

Ibn Serapion 2»7

Ibn ei-Serritdj 148, 210

Ibn SéTTid en-Nfls 335

Ibn Sida 380

Ibn es-SikUt 151, 154

Ibn Slnâ (AriMUne)

et sniTontei. Ibn Sowaîd (b«pital d*) fa

Ibn et-Ta'ft-irid'bï.."."! !!'.*.!

et «aiTantu.

Ibn Tabdiaba 96,

Ibn TaKhribirdi 202,

Ibn et-Tayyeb

Ibn TtîmiTja (le cadi).. . . 32G, 330

et inirantM.

Ibn eth-Therada 324

Ibn et-Tiqtoqa 329

Ibn Tolaîl 286

Ibn Toamart 2B0

Ibn Wddib el-Ta'qoAbi 39f;

Ibn el-WahcbiTË 311

Ibn WaW 97

Ibn WalIAd 169

Ibn el-Wardi 277, 338

Ibnel-Wékil 3Ï5

Ibn Yaïch J69

Ibn YakblafUn 130

IbnYoùioof 187

Ibn Zabala 177

Ibn Zaîlaq 325

IbnZanuinéïn 255

Ibn ei-Zandjabili 334

Ibn ciZaqqAq el-Bolqtni 123

Ibn ei-Zajjat, le ministre 313

IbnZeraa, le midecin 280

IbnZirdonn 127

Ibn Zbator 210

Ibn ei-ZobiÏT 337

Ibn Zoalaq 187

Ibn Zumbul 369

Ibrahim, anltan Ottoman 327

Ibrabim, prince 321

Ibrahim, frère d'iaroa'tl ben

ïaïflr 55

Ibrahim, lurnommé l'Ame

pare 150

Ibrabim ben 'Ali IbnHanna.. 89

Ibrahim.bey Marioùq 415

Ibrabim ed-Daaoûqi 419

Ibrahim el-Haacili 77, 7B

Ibrahim de Napionie, tyran de

Dama* 359

Ibrahim ben Yoùsonf ben

Tachifin 208

el-Icbblli 315

el-Idji 'Adod<eddin} 339

Idrt., iVlide 296

Idrrs II, prince de Halaga. ... 13S

Ihuà 'oloiim eddia 366

Ikbchiditei 93, 96

IkbUjâr-eddin ben GhivAth-

cddin el-Hnaétni 367

Ikhwdnec^afd 283

el-lkllcbt..: 233

■ImAd-eddJD (le Kdtib . . 101, 107, 115, 189, 190, 194 'ImAd - eddin Qara - Arsian ,

prince ortokide 273

'ImAd-eddIn Zennil 130

'Imddijra (Ecole) 190

Imdm él-Harnmiin 246

246. 3S3

ImroD-ool-Qaï*.. 9, 10, 14, 15, 25,

28, 86, 145

laoegeo 307

'Irâqiyat. 109

, .....,Coog[c

tss

INDEX ALPHABÉTIQUE

'laabcn 'Omar et-Thaqart. ... 1

'lia ben Sindjar el-Hidjiri... I

'lia beo Yah]» (Abou-S^l). . . :

lihaq ban Hooéln :

Ithaq bcD 'Imrdn 306, i

llhaq el-Haaçili 77, S

ishaq ben RAbwalh '.

Ishaq ben Soljiman i

•l-Iibâqi <

Iikeniliir al-'AiAr (

Ukeuder-EfeDdi Chalfaoab 1

lamael

Iiina'il, prince de Grenada.. ï

lama'ïl, la Séïd HiniTarita,.. Iima'il ben 'AbbAa, snltaD du

Yéman

lama'ïl ben Bolbul 1

lama'ïl ben Hammdd i

lama'ïl ban Qdiîm Aboa'l-'AU-

lima'ïl ben YaaUr

lema'il-Efandi Mari 4

Isma'ïl Ibn-Alblr 1

lamail- pacha t

l»ro«l

UtilAD ed-Dowaîhi (Hfrr). 383, '

iyild (tribn d")

'Ijûd (lecadi) ;

'lii-eddaula, prince bouïde... 1 'Iii-eddin, oncle d'OiSma )bn-

Uonqidb 1

'lu-eddin, émir du Yéman !

'Iii-eddin 'Abd-a)-Uomid Ibn

Abi'l-Hadîd 1

'lu^eddin Aïbek, prince da Sar-

lihad 1

'Iii-eddin ATdémir I

'liE^ddin ad-Dirini '.

'Iii-eddin «i-Maqdi>i '.

'lu-eddin HonsA ea-Saldhi.. I

Jahn (G) 140

JarreU (M.) 363

Johannaen (Tb.) 36'J

Jona> (YaAnoaB), cbantenr per-

Joneg (John Harriij 186

long{àe) 165, 228,238

Joseph 311

Jourdain 317, 343

Joaniet dea Arabei 31

Jnif» 33,37, 38.—

(Poitai arabra) 27

Jualinian 10, 233

Ja;iiboU 340,303, 360

K

Ka'b ben Djonll 47, 48

Ka'b ben Zahélr. . 14, 42. 43, 116

Ka'ba 2.9,147

Kachchdf. 167, 360

KèfoDr, nom nène 101

KAfonr rikbchidUe... 92, 187,223 Kalalli, fili de Chakhbar ,

prince indien 298

KaiUa tt Dimna 109, 202, 211

ânil d'el-Habarrad 146, 1S5

■âmii d'Ibn-el-Atbîr 206

.an,iliyya (medreMé), an

Caira 172, 104, 231

Kara-koach. le liiir SOI

Karam (Yuùaef Botroa) 425

el-Karhbi 291

Korle (J.) 186

KarrAmÎT^a (lecte dea).. 256, 317 Kdtib («ecrétaire), anmoin dn

chanteur Yoùnoi» 47

Kaiib (le^ 'Imdd-cddln. Voyei

■ImAd-eddin. el-Kdtibi (NedjiD-cddin'Ali)... 287

Kav (H. Caieda) 201. 369

Keijier (H.) 244, 348

Kéïsania. KélaUnitel, lectv

ehiîte 47,8»

el-Kéïw«ni 336

el-KélAbAdhi 325

Kelb (triba de) 34

Keligren J/O

Kémal-eddio ech-Chérlchi. . . . 259 Kémal-eddin Ihn en^Nablh... 115

Kémel-eddin Mohammed 37t

Kémal-eddin 'Omar Ibn-el-'A-

dim, historien d'Alep 199

Kerbéla (bataille de) 90

el-KhncjAr 235

Kbadidja. épouae de Mahomet 33

el-KhaMdii 377, 378

Khaïr-eddin el-Toaniii 422

Khalnwatb 93

Khalef el-Ahmar 18, 19

Khaled, général d'AboD-Bekr.

43. 5S, 61 KhAlid ben Yéiid, prince oméj-

jade 61, 89, 310

:,q,t,=c.=ïGoOgk'

INDEX ALPB&BBTIQDB

KhfllidU (!«■ deiu} 1S5

KbatU S, 138, 141. 150, 155,

1S8. 211, 212 Khalilbea Altrak e{-Cafadi.. . 330 Khalil ban Cbahin ef-Zbâbiri. 363

Khalil-Efendi NaqqSch 431

Khalil cl-Khofiri 410, 429

KhalUSerkU 430

el-KhaDaB.. 14, IG, 26, S7, 53, 152

Kharédiite» 141

Kharltia A"ImAd-^din. . 101, 107 al-Kbir;iini(Aboa-Bekr). 132, 133 el-Khdrumi (Abou' Abdallah). 290 el-Khariimi (Hohamiued ben

ol-KbBwmdiï!.'.'.'.'!^' .'.'.".'.'" 287 el-KhaUbcl-DaKbdddi 198,227,230

el-KliBllb et-Tilirtii 228

cI-EhatUbi 223

Kbairadi (tribu de) 26

el-Kbairadii(Diya-eddin Moha- med) 172

Khidr 336

el-Khiraqt 23»

Khirniq, lanrdaTarara 13

JChilat 201, 365

el-Kbirdri 379

KbomArawalh 187

Klnda (race de) 10

el-Ktodi 285, 298

el-KUlï 139,144, IBO

KiM de Sibawaih 139, 140

Kilâ6 el-Aghâni. . . 16, 47, 78, 184

Kitâb tl-Badr 85

el-KirO el-Harr&ai 246

Kobfâ (Nedjm-eddin) 274

Kochâdjira 95

el-KolIni 241

el-Koméit 57

Koran^ 30, 32 at Buîvantei, 49,

53,56,59, 68,92,94,120,130,

135, 137,138,143. 253— Inter-

pritetion du), 354 et sniT.

*roro»d'Aboa'l-*A]a«I.Ma'arri. 100

Katchnt (H.) 163

Koienirtea 17,336,356,383

el-Kotobi 123, 325. 339

Kouchyar ben Labbftn 294

Konra (Ecole de) 149

el-Koahi 294

Koakbeuri 103

KoQlhujyir 47,50

Krchl (L.) 37i

Kreiner (Alfred toû), 70, 163,

170, 175, 35' Krjloff 412

La FontaiDe (Fables de) 415

Lahmidea de Uira 28

El-LUakflï 238

Lolonde 294

Lântiuyat eVAdjam 98, 99

Umiyyatcl-'Arah 19, 98

LBDdberg (C. de) 190

LBne(E.-W.) 395,398

Lane-Poole (Stanlej) 37

Langlèa 356, 368

Laqit bea Ya'mDar 83

Latinio (F.) 387

Lablbe Hâchim 432

Ubid 9,40,41

UclercfL.) 313

Léïla, amanle de HedjDonn. . , 46

Léllo, mère d'El-Akhtal 47

Léïla el-Akbvoliya 53

Léith benHoihaffar 139

LemmiDg (P.) 364

Lcpeim 139

LoStrange (Guy) 397, 364

Lipperl(J.) 195

LiiOn-eddin Ibn el-KhaUb 341,375

Uiàa cl-'Arah 380

IiWe det chantons. 16,47,78,184 Livrei dei Roit «aasanides. . .. 173 Lobna, chaDlée par Qala ben

Dhorih 46

Loqman (Fablei de) 402

LonlaD,RénéraldesIkhebidile*. 93

Loamah tt-Moatah 99

LoQt ben Yahya 59

Ltaoûm ma lamyaUam 100

Ub'bd. eu de Zalda 69

El-Ha'bari (Zéin-eddin) 371

Ha^moAda, tribu berbîre 351

Ma'dAn ben Ketbir el-BAliiI.. 134

Maghâzi 173

El-Mabamili 938

MdbAn, père d'Ibrabim el-Haa-

çlli 77

Uabboubé, chanteuse 81, 82

Mahmoud, (nllan seldjoakide.

98, 129 Hahmoud Anit 430

, .,..,Goog[c

INDEX ALPHABÉTIQUE

Mabnioad l>«ii Haer, prince

dAI«p

Hahmond beo 'Omar (chéTkb).

Habmoud Efendl Bamia

Mahmoud Brendi Hoodjir

Hahmond le GhauitTidg. IM, Hahmoad-pBcba el-Palakl...

Hahmond el-QoAii

HahmDDd Richad

Hahomel, 11, 12, U, 24, 26,

30, 36, 38, 40, 42, 4S, 105,

111. 129, 216, 220, 229, 231,

332. 364, 301.

Haïmonlde

UakbloDr bao 'Ali el-Bilbali..

Maki el-QaI«i

el-Makin

Hdlih, (rire da Hotammim... Hdiik benAnaa, 187,317, 231,

332, 23& et luivaDtei.

UaUkitei

Ha'mar ben el-MothMiinâ

el-Uamanii (le Mialirel, 76,

78, SO, 89, 130, 140, 146, 1U), 17S, 262, 279,

el-Hamann (le -riiir)

HeDtODT (le kbalife), 56, 63,

65, IM, 153, 174, 211, 212,

234, 296,

el-Hançonr, kbalife fatimide,

Hançour, petit-fila de Saladin.

HenfoDr ben lahaq, prince aa-

el-MançoDr-billab

Handaite

Handjak (l'émir)

Uenfred, roi de Sicile

Hanta on Maria, raine dei Sar~

Maqdma, léaace

el-Haqqari, 203, 374 et aui-

Haqriri,' 201, 343, 350, 355 et

anivantei, 360, 41B.

Haracci 332

Marcel (J.-J.) 406, 417, 418

Hardrai (D') 396

e1-Harrhin«ni 242

MBrrorianth (M.) 169, 303

Hariuaus (le moine) 61, 310

H A rida, eicIaTe d'HarooD er-

Bacbid

el-Martli

Ma 'roof et Fdlîma

el-Marrâkochi 392

Marthiya, ilégie fiutbre 26

al-Hanrail (le miniatre) 336

Hailama.fîla d'Hicbam 57

Maslama el-Hadjriti 311

UaB'ond, loltan ghainirida.. 300

Mai'oud, anltan ieidjoakide. 98

Uaa'ond, prince 'oyaonide 113

Hai'oud, prince ortokide S14

Hai'oad, compa^oD da Pro- phète 182

Haa'oud el-Bajadi 106

Mai 'and el-Bihli 258

Hai'oDdi 17S, 182, 183, 393

Haaqaeraj 303

HaCira (prairie* de), pi4i da

Sdmarra 36

el-H«toaridi 363

Halt« benToAnonl 380, 283

HaulawT 'Abd-al-beqq 253

Maria. Vojei Mania.

UBwàli 104

e1-H«werdi 2i3

Mawiya, acnu d"Abid 32

Haidiens 73

el-HdiIni 145, 146, 301

e!-HaibAIim, aorte de Cour de

Haihloam (M^Marima) 413

el-Hédâînî 178, 214, 216

Hedjd-eddin Ibn Abi-CUbir. . 106 Medld-eddin al-Wt'iih el-Wi-

, le fou da> Benî-

77, 7«, Ui, 150 el-Hobdi, kbalife fatimide..

!,407

el-HéIddat 166

Htimoan, pire d'ibrabim el-

Haaçili 77

HéÎQUHin beu Qtï* el-A*cha,. 34

HeiMner(H.) 366

Hélek-Cbeb 103,393

Hélik el-Achraf, prince de

Moisoal 123

Hélik el-Achref 19t

Hilik Achraf Barab» 350

Hélik el-Achraf Ho&aa, prince

deNiaibe 115

el-Uélik el-'Adil 168

„,:....,C00g[c

INDBX ALPHABÉTIQUE

el-HélikBl-Afdal.SlideSaladiD

16B, 3 «l-Hillk el-'Aili, fil* ds Sala-

dio 172, 1B2, 3

Htlik Aiii YoAsonr 3

(il-M«lik es-Cdlih Nedim-ed-

dlD : 117, 268, 3

el-Uilik el-Kdmil. 117, 172, S67, 3 H«lik Haa'dud Saldb-eddin,

Jirince éjj'oiibils do Yémen, 1 lik-HaiiçaDr,pmcedeHamB i HéIik-HBiisDDr,pnncsortokide

120, 320, 3 Mtlik HoaTfad ChJikIi, tultan

d'Emte 350, 3

Mélik Ho'oituhsin, Tainqnear

de Hantoura 118, 1

Hilik cI-Hoihafl'ar, priace de

Hama 1

Hflik Hoihaffar Amir ben

THhir 3

HUikel-HaihaffarGha», prin- ce de MéjjrArariqiD S

M*lik-Naçir,,,. 117, 199, 320, 3; HJlik-NAsir, laltan d'Egypte,

331, 332. 334, 341, 3 ICélik-Nâ;ir Abon'l-Hoihaffar

Yoûiouf, prince d' Aie p 1

Mélik-NAci' Ddoud, leinienr

deKarak 1

Hélik-Hdcir l'RyTonblte.p rince

dAtep 1

Mélik-Nflïir Faradj 348, 3

el-Hélik-en-Nâçir YaOïODr.... 1 el-H«lik ei-Zdhir. 1S8, 195,201, S HéliL Zhdhir. Voyei Barkok et

TchaqiDaq. Htlik-ZbfibirTatar.tiiltand'B-

ii^aas !."!!!!!!!!!!!!!!!!! s

HerwftD 40, bO,

Herwân ben Abi-Hafçe

Herjem Miiblr «

Meiroor (l'eQuaqna) £

Henrainn i

Hicbaaa. i

Michel Sabbârh t

MihTOr ben MarioÙyè

HlkhàTl 'Abd-ea-Séjrrid 4

MilU tt une NuiU, 77, 392 et

tniTantes, 418.

lliner{A.) 1

HiqrA*, nilomitn 1

HirdAs, fila d'Aboa- 'Amir

Hlrdâi (tunill* de). Vojei Be-

ni-HirdAi.

el-HîrdAii

t HiriA Edihem (KasemVbeg',

263, I el-Hiaoiai

Hodd ben Djabal

el-Uo'df& ben Zakariva !

I Mo^allaqdt.. 0. 16, 26, 40, 58. ' I Ua'arridj ben'Amr ea-Sadoû-

1 Mo'àwiya, trtre d'Ël-Kbânift! ! ' Uo'Aniya rie khalife}. 40,46 67,1

el-Hoayyed-billah Ahmed ben , eJ-Hoiéîn 2(

Hoayyid-eddaale

Hobachcbir ben FAtik

el-Uobarrad, 73, 14b et sai-

Mog'ab, frère d'Abdallah ben i Zobéîr

Mochidd, ioapectear

I Mt>;tafa I". inltan ottoman. . . 3

H oc ta fa (le profeisear) de

' Tachkieupru 3

, Moçtafa 'Afaurt-beT 4

Ho^tafa Efendi el-BAbi 3

b Hoçura-Efendi Chaaqi 4

Hottafa-Haaan Kaiaâb t

i Uodar (païens de).22.— (Rocs

di)

Uodiir-eddin d'Aacalon. Voyei

el-Qadî el-Fddil. I el-Mafaddal ed-Dabbi, IS, S9, ) 160, 1 ! el-Hofaddal ben Salami (Abon- ! Tûlib) 1

Mofaddaliyât

UciiaLhil, créateur de la qa-

ç!da

) el-Uohallabi, le miniatre. 93, ! B4, 96, 1

) Hoballeb ben Abî-Sofra

) Hoballek

t Mnbammed(leprophète),2,32,

i 33. Voyex Mahomet.

t MobammedI", sultan ottoman 'i

) Hobammed V/, id i

t Mohammed V, prince de Gre-

1 nade î

l Mohammed (Sultan) de Chi-

Hobammed, fila de la Hané-

S etc

) Hobammed, frère d' lama 'il J ben YaiAr

Mohammed, 61 ( dn khalife Hangour

, .....,Coog[c

463

INDEX ÀLPHâBÉTIQVB

. fils de Mélek-

Chah

Hohammed, prince 'ojoAnidc. Hobammcd Abon-R» «n-Nt-

çiri

Mohammed 'Alawt-bcf

Mahammcd Amtn Fikn-ba;.. . Hohammed Ajjdd cl-Tant«wl Uobammed Badr-bey el-Baqlï

Mohammed el-Bokhâri

Hobammed el-Bekri

Mohammed ben 'Abdallah. .. . Hobammed ben 'Abdel-Kérim

■I-Moghili

Hobammed ban Abi-Hafça. ... Mohammeil bcn el-'AbbAs el-

Vaiidi 146,

Hohammed beo Ahmed el-

MosU'mir (Qotrob)

Hobammed ben 'Ali ei-Zaoïa-

Hohammed ben el-'Amid

Mohammed ben Habib

Hohammed benHUni'

Mohammed ben Wbaq de Ni-

Mobammed ban Moalim ei- Zohri

Mohammed ben Hogtafa ban

el-Kbodjoh KamAl

Hobammed ben 'Omar et-Toâ-

Mohammed ben Oméïl

Hohammed ben 'Othmda,... Mohammed ben el-Qâsim al-

Ghaui

Hohammed beo Bahhal

Hohammed ben Sawwar Ibn-

itran

Mohammed ben Solélman et- Tilimiinl

Hobammed ben Soléîman et- Toùniii

Mohammed ben et-Taviib el- Qâdiri

Uobammed-ber Farld

Mohammed ol-Bilb«Tai

Mobammsdct-BarB&wi,cadidu

Mohammed ech-ChéSbsDi, 335

et suivantes.

Hobammed Cberbëtli

Hohammed Ciddiq Hasan-

khan .* 424,

Mohammed Coud

Mohunmad-tfrendi 'Abldln...

Mohammed'Efendi HAmid.,.. 419 \ Hobammed-Etendi KAmil cl< I KafrAwi 420

Hobammed HiMI-Erendi...... 4S7

I Hohammed el-IskandérAni 414

I Mohammed Ktrdmael- 'Ali ed-

I Dehlewi 4!4

I Hobammed-khan Chéïbàiii... S67

I Mohammed el-Kbafjtni 431

I Mohammed el-Uobârek el-pjé-

1 lâiri 414

> Mohammed 'OtbmAn Djâldl.. 415 Mohemmed-pacba Rllghib 33t

' Hohammed Qabih «21

I Hohammed Qadrî-pacha 431

Mohammed Rèèret 4St

< Hohammed er- Rida S6

Mohammed ee-Senonsî . . 421, 422 I Mohammed et-Tidjâni 42S

Hohammed el-Ylméni ech-

Chauqlni.. 4!4

> Mohammed Zhdter 435

I el-Hohaqqiq 2^3

1 el-Mohdi (cUlkb) 417,418

Hais ■oDnl(rUjab) 22

! Holae 27

el-Mol», khalife fa timide. I gfi. 97, 187, 243, 356

el-Mo'iu ben BAdia 125,171

! el-Mobtadi 235

Moihammaiâi IM

I Mokhâriq, chanteur. 76

. HakbtAr-pacha UO

I el-Hokhtftr el-Moiabbihl 20]

eUMoktadi 244

1 el-Moktafi 162,132,214

> Honçada 126

el-Uondhiri S3S

I Uongols, 113, 130, 186, 200,

302, 326, 330, 331, 334

I Montagne rWortiei') 395

el-Hoqaddéei S9«

I el-Hoqtadir, 35, 146, 148, 182.

290, 297 I Moqladir, prince de Saragotae 261 i el-Horladâ (le chériO 252

> HortadA ei-Zèbtdi (S«id) 332

el-Mortadi, gomom d'Ibn-cl-

I Ho'Ioii 85

el-MoBabbihi SOI

HoBéTiime, feui prophite 39

: Moilim ben el-Wélid. 53,72,79,38 Hoilim (Abou'l-Ohandim) 113

Moslim, le juriaconiulle. . 318, 319 I el-Hoita'cim , khalife abbaiaide

L 207, 303

3,q,t,=c.=ïG00g[C

INDEX ALPHABETIQUE

el-UasUtD, id 81,

el-lfo*taiDsik, khalife abba*- Bide da Caire

ei-Uoatanfii^billah, Bouverain hafaida de Tunis 126,

Hoslonçir el-Haksm (le kha- life). .

i-Uo»u

d'Eipegne. .

HoetaqiiD-Zddè !

Hoataihir (le khalife) S

HoaUitkiri î

Ho'tafim, le khalife. 78, 7».

89, tïO, 239. 281. 31», C Mo'tadid. 83,85.128,147,281,

200, 297, ! Hotafahar ben Tûhir el-Maq-

disi 282. 289, i

Motalammia, oncle de Ta-

Uo'tamid, le khalife

el-Mo'tamid, khalife d'Eipa- ^e, 126 et eaivantce.

Hotammiin ben Nonaïra

el-Uoterrii 1

el-Hotarriii 1

el'Holawakkil (le khalife). 80 et laiTBDlea, 151, 152, 179, 213, 339, 262, 280, 281, 283, 304.

el-Motawakkil, saltan deTIem-

HoHaiililea, SI, fl7, l

. 100,

el-Uota»; 8&. 151,1

Hottnebbf, 84,92,93,95,158,

164, 171, 259,326,4

el-Hotid i

Mondjir-eddÎB f

el-Uouhdaibi S

Honhibb-eddin Ibn-ChUma. .. l

el-Hoahibbi 378, i

Mouhibbi et-TabaH 'c

Hoahriddia Abon'l-Fadl ea-

Sa'di 1

Ifon'lD-eddin Ahmed ben 'Ab-

der-Raiiflq et-Tantarini. .. Uoalej Aboul-'AbbAs el-Uan-

Hoalcy Ahmed, i

Uoalcy A

ley bat

Uooley lama 'Il

Honle; Hahammed

HoaleyZidan

el-Monndhir 111 et IV,

de Hira

:\e de Hou-

UoQDdbir, Gla de Ud-eaaémA,

23, 28, 29 el-Honodhiri 231

lonioi 3

Hourad 111

Mourdiitea

Uanea (l'imam)

Housa, nom du khalife el-Hi

di

Houea ben Abi-Bekt l'Eyyou

hite..

207

ben Cbflkir [les

fila de) 290

MouBo hen Daoud 65, 66

Mouaa ben 'Oqba beu Abil-

'Ayyach 174

iVouiaad, 217, 221, 223, 235,

239, 31S

Hou(i< bea Aydg 64

Houilnn (tribu de) 14, 42

104, i:

kil..

179

Uowaffaq-eddiTi el-Haqdisi

el-Mowaita i«i

Hozhaffai^ddin KoUbouri... 103 HaihafTer-eddin Sa'dben Zen- gai, atabek du Para 113

Moibaffar ben el-Aftaa, ra! de

Badaioi 231

HeihaffariTTe (medreaai) 196

MûIlcrfA.) 196,304

Moller ÎD.-H.) 399

llurra? (*

310 336

NahatJeDt 311

Nâbighe dea BeDi-ChalbAn. .. 53 MAbiKhaDhobjAni, 9.11,12,

14, 21,36, 28

Nabirha el-Dja'di 63

en-Ndcbi cl-Akbar 154

HachwAn ben Sa'ïd el-Him-

3,q,t,=c.=ïGooglc;

INDEX ALPHABBTIQUB

Naclr-eddin ToAsi 353, 318

Naçr (DiëUI-vddBDla), prince

dAlep lïl

Naçr ben Sajy&r B6

Naçr-cddiB llokram ben «1-

■Alâ 111

Nndhlr, tribu jniTe S7

Nadhr bcn Choméil 140

Nadrbcn Hlrith 30

en-NahhA* (Abon-Dja'tar).... 160

en-Nahrawdli 371

Nakonla el-Tnrk 406

Nallino 3H, SBS

en-Nïmi 95

Naqchbendia 336

Naqqdch (Nicolai) «11

CD-Naiafi (N«djm-eddin) 266

eD-Naaa£ (Borbin-eddin) 388

sn-NaaaG (Aboa'l-BértkAt).. . . ft33

en-Naadï 2Î0

en-Naïawi 183

Nftaib-eddm el-Arradj«DÎ 111

Naiiea Leei 363

NalâUj el-Fitna 109

Tiaaneitad Bajien 148

CD-NavAdji 391

en-NawawI 348

Ntdidiyât 109

NedJmaddinAbOD'l-Ha'ili Ibn-

ImùII 130

NedimeddlD Ahmed d-HarrAnl 338 Nedjm-eddln Dja'far el-Hilli.

el-kfohaaqiq 353

Nedjm-oddin en-Naiafi 266

Nedjm-eddin Sjyatb, pèn de

Seladin 189

Nedjm-eddiD Kobrd 274

Nedjran («T«qde de) 35

Nébewend (bataille de) 52

Netsm (ligende delà robe de) 11

Newdr, consine de Firaidaq. 60

NiqoUo* ec-Ctlcb (le curé). . . 383

NisAponri . . .' 255

Nii^.-L,) 290

Nliblm-eddin Haaan ben Mo- hammed de NîiapoDr 159

Niiblm-el-Holk, 9i, 107, 108,

111, 344, 245, 264 NiihAmijra (Uniieriité), 111,

113, 161 et luiTantea, 189.

191, 343, 344, 246, 347, 251,

264, 366 Niihimi77H (coUige) d'ftpa-

NMaïr'éi-HammVmî"".!!','.!];

Modbir, 611a d'AlKio-HaT7An. . 337

Hotl de* Vargen 33S, 349

Neinlel (marquU de) 395

Noldeke (H.) 70

Nomiïri 54,127

Mo'maa, fil* d'el-Honodhir,

roi de Bira 39, 30

No'man Abou-Kaboni, roi de

Hira II

en-No 'man Ibn-Hajjân S43

Normand* 1!B

No*airi8 134

NoakowTJ (Paal) 3S6

NoachUkin, pJiie d'Ibn-et-Ta-

'Awidhi 103

Nonh, &ls de Ifançonr, prince

■amanide 383

Noah il, prince *am an ide 313

Nonr-eddio (l'atab«k), 189.

190, 193. 193

Nonr-eddin 373

Noar-eddin Mohammed el-1i-

■irdi tl9

Noiiriiy» (Eeola), 199. (H*-

pilal) 355, 357

en-NowaIri 336

'Obald, la bai^r dea cha- meaux !

'Obald-allab, père d'Ibn-et-Ta-

'twidhi 11

■Obald-allali da Djoidja» 2t

■Obéidallah benHoibaffar... V. ObaTT ben Ka'b, diiciple de

Mahomet t

OchkoowAn (roTlereise d').... 11

Oeatriip (J.) 1(

'Okâih (foire d'I i

'Okba ben Dia'tar el-KboiA^. t

el.'Okbari 164, 3<

'Omalr bcn Cbofalm el-QolA-

Omama, fille de Dhon'l-Afba'

el-'AdwAni 5

•Omar (le khalife), 14, 39, 43

et amiante*, 138, 323, 371.

'Omar II 46.61,60,31

■Omar ben Abi-Rabï'a 46, <

'Omar ben Aftaa, goaTemaor

dETora l;

'Omar ben el-'Ald , gon*er-

nenrdii Tabariatan

'Omar ben Chabba 1'

3,q,t,=c.=ïGoogk'

INDEX ALPHADETIQUE

'Omar ben el-Hosélni 104

'Omar-Er«ndi el-'Altâi-

'Omar Ibn-el-Fared 116, 3Î7

'Omar el-Khayjâm

'Omar en-No 'man

el-'Omnri (Ibu Fadialiàb}! ! '.'.'. 323 Omayja ben Abi'ç-Çall, U, 28, 33 OniÉj'yadG9.45.4' elauivanlea,

5G, se, 60, C4, 6&, 98. 109,

no, 184,233

Oppas, roi golb 188

'Oaoïl (tribu de») 68

et-Ormawi 28B

'Orwa, fils do Zobéîr 65

'Orwa ben el-Ward 19, 20

Osilma Ibn-Hooqidh 183, 194

Oséid, fil> de Shon'l-Aib*' el-

•Adwâni SI

Oiman, fils d'Ertogliral 370

Oiman Khali{a 326

Ot iTorog (comte Uon) 243

'OUlrld ben Hobammed 313

'Otba, eaclave d'el-Hebdl. . . . *4

«l-'Otbt 132, 188, 313

'OthmâD (le khalirc). 33. 40,

U, 45, 39, 146, 254 'Othmân bcD Sa^d ed-Ddoi.. îbl

Ottar 33S

el-Oùcbi 267

el-Oatrani, 384. Votbi el-Wa-

fréni. 'Oyoùnidei (famille dei) 113

Palmer (E.-H.) 116

Patorni (F.) 422

FajDe (John) 386

Perowne 381

PerroD (V), 33S, 340, 364, 374,

403, 419

PerUch 274

Petermano 371

Pttii de U Croix 396

Phtnicienl 138

Pinto (LJ 1S6, 170

Plalen (O. Ton) 371

Platon 343, 2S0, 282

Platon Tibnroe 29*

Pocack, 98. 187. 209, 266, 286. 324

Fodestè (J.-B.) 372

Porphyre . 379, 287

i'rairiMiTordeliIat'oDdt. 176 183

Presauma Knmar S«n

Prideaui

Ptoldmée, ±ri, -^'JO, 294, 295,

308, Purchas

QabAdo (Uahmoad) i

Qaçida, 45, 64, 75, 113, 129. (Règles de la), 9. Son

Qaçfdat A-Botti ./ 1

el-Qàdi el-A'azi, 114. \&jn

Ibn-QaUqis. el-QAdi el-Pâdil HodjiT-eddia,

miniitre de Saladin... 115,1 Qâdi-khan Mabmoud de Dehli S el-Qftdies-Sa'id, sornomd'lbn-

Sanà el-Moli 1

el-Q&dir, le khalife i

"âdiris, QÂdiriyya (ordre ro-

ligieuide») 271, 3

âdisij-ja (bataille de)

.âbir. le khalife S

Qahtan

Qabtanide (U) qui anoonce le

Jugement dernier

Qaïmai, prince de Uossoul.. 2 Qaïi, chef de la triba d"Abs,

12. (Descendance de)

aîa ben ObaHh, frère de lait

de HosËln

Qaîs ben Halawwab (Med-

Qols, fils'd'EI-kiultlm! '.'.'.'.'.'.'.

Qala, père d'el-A'cba

Qiït-baî, soltan mamelouk, 328, 3

Qaiaoan (anltan) 3

QalAnisijya 3

el'Qalbaqdji (Habammed-E-

fendi) 4

el-Qâli 160, 1

el-Qalqachendi 201, 3

Qamar ex-Zinan 3

ÔimoiU 3

Qançoùh el-Gbo<kri 3

el.QarBmdnl 3

Qarizfaa, tribu juive

el-Oartâdjini 1

"iiim ben Firrob ecb-CbA-

i 2

«|.Qâeim ben Ibrahim el-Ha-

, ,;...,Goog[c

INDEX ALPHABÉTIQUE

n b«D Sall&in lU

el-QaiwlDi (Zakoriyi), . . 298, 303 cl-QiEwlnilDiémal-eddioAlioD-

■Abdaliabi 314

el-Qoehaïri 177, 269, 271

cl-Uoddï 205

Qodatna 297

*l-Qodoùri 235

el-Q£.na%Yi 276

Qoréicb (tribu de), Qoriicbi-

lï* 2^, 40, 45, 80, 109

QoalJ henLouqa 279, 319

Quljiiba bcn HoiUm (la gé-

nfi'Hi) 63

elQoUmi 53

Qolb-eddiD 'Abd-cl-Kérim 352

Qotbabeo Aui et-Hidirs 21

Qotrob liO, 141

Querrj(A.) 2S3

«r-Rabi, fil* d'AboD'l-hakalli,

RSchid ben Iihaq

Racbid-eddin }

Ruchid el-Kbouri t

Ridi cddin e1-AsUr«J>«di 3

Radl-cddin ct-Tabarsi S

naJfazimHre) 8,

cr-Râehib el-lsbahâni. . . 166, 3 er-Rabmân. txn dea nomi da

Dieu

RahmlVni (Louis) i

Rahautia (secte des)

Ramadan (ja&ae du)

Rasit iCronUa dtl rnoro) 1

Baapail 3

Ral(M.6.) 3

RavaitH (M. P.) 3

RuTiui 3

er-Rdzi (Mohamnied ben Zaka-

riyâ) : a

«r-RAii (Fakhr-eddin) 3

Rëbi'a. pire de Lébld

Ridjeb (mail de)

er-ReffA (ee-Sari)

Reinaad 33S, 336, 343, 4:

Reiake 1!8, 3:

Relaad SI

Renan (Email) l:

Remoldi (J.) 31

Rb'aièg 304, 3>

Ribera î(

RidwAn-pacha 3!

Hifâ'a (oliiikb) U

RifâiT-ra (ordre reliffieni dei),

103, 368. V.

Rink 3i

er-Riyacbi..- H

Rocbaïd DahdAb 383. 41

BreiDer (Fr.) »

Rohrig(Otto) *■

Roko-eddaulo, prince bonïde,

ISS, 31

Roman J'Aaiar

Roorde 1'

Rosuria Gregorio 3

Roaen 3

ei-Roua>i i:

Rou'ba, eti d'al-'Adidjadj.... 1

RoufAIl.Erendi Zind 4:

er-Roummâni 1

er-Roûrâni 3-

Rowlandion 3

ROcl(ert(F.)

Rudloff S

Rnnuey (A.) ï

Raatem, pin d'Ibn-et-Sd'dti. 1 Rat|^r 3

Saba 4. 6

f-Say et-'Atamyyât lOS

Sabiens

Sab Hnîjya 288

SdbanT, père de Hammfid ei^

Râwija 58

Sacbaa (M.) 162. 198,300

SaCT (Silveitre de), 19, 2S, 99,

136. 170, 303, 334. 335, 356.

357, 381, 405. 407

Sa'd ben el-Hacbra^j 22, 23

Sa'd ben Zennif, atabak do

Far» : 113

Sa'd ed-daala 'Ali ben HooD-

qîdh !S4

«f^adafi 294

Sadaqa el-Ual;adi 109

Sa'di, poita panan 113

:=,Googk'

INDEX ALPHABETIQUE

e>-Sa'di ('Abdsr-Rabman) 389

ei-Sddih wal-bâghim 109

Sadj', prose rimes. 8

es-SediAwendi 242

Sabl ben 'Abdallah Bt-Tostéri. 255

Saht beo Mobommcd 144

Sahnoùn, cadi de Kaironaa,

237, 387

Sald beo el-'Aç 50

SaTd ben 'Amr. 142

Sa'ïd ben el-Balriq 186

Sa'id ben Hamid 81

Sa'ïd ben Has'ada el-Akbrach 143 Sa'ïd. fila de Hilek-chah....

Sa'ïd el-Kbonri 3^3, 410

Saint-Esprit 33

Soint-Jesn Baptiste Ichiétien*

de) 32, 135

SainI Jean Damaicène 60

Saint Louis 117, 118

Saint Nil (r ermite) 7

Sakhâwi 193, 268, 369

Sakbr. Irère d'el-Khan*û 37

es-Sakkilki 168

Saladin, 114 et mJTante», 124, 168, 189 et saluantes, 230, 247, 274, 310. 323. 334, 372.

Salhani (R. P.) 209

Salih ban lahuq 145

Salisburv (E.) 333, 411

Salma. éponaa d'Orwa 20

Salomon 6

Salverda de Grave 167

Sam'dni 198. 206, 3G3. 380

Samanides 223. 298

es-Samarqaodi 263, 288

Samauol 27, 28, 69

5amar, récit dei Teillies 30

es-Samboâdi S66

es-SArai, ■urnomd"Aii ben el-

Djabnk 80

Samaeli prince de Téïma, 10, 27, 28, Vojei SamaDal.

Sanbadja, tribu berbère 386

Sanoû'a (cbéïkh) 434

Sara, fille do roi goth Oppai 188 es-Sarakbsi ""'

257

es-Sari er-Refft

e s-Saroùdji 322

Sastanidea 2,6,29,62

Satan 67

SauTaira (H.) 354,368

SawAr ben Aafa Ibn-el-Hayâ. 53

Schefer (collection) 180, 213

Scheidina 147

Scbelljenip ;

Schiaparelli 1

Scbl6zer i

SchmOldera 266, 2li5, :

Scbreiner ;

ScbultCDS (Albert). .. 191, W*. 'c

Schnitens (H. -A.) ]

Stancei de Hariri

Sîbokbl !

Sédillot 2lil. ÏU3, S

Séîd Himj'arile (le) 87, :

Séif ben Dbt-Vei«it, roi da Yé-

Seif Dhoul-yacan (roman de), i Séïf-eddaala, 91, 92, 94, 131.

132, 134, 149, 184. 185, 281,

Séir-eddin Argboun î

S*Tf-*ddin MandJBk 3

Séïr-eddin Mochidd 1

Self tl-TidJan (Tomaa de) i

Seldiouiddes, 99, 107, 190, 244,

246, ;

Sélim I" a

Sélim Fdris 4u9, 4

Sélim Taql,-, 4

Sept- Dormants (le>)

Septante (Teraion des) 1

Serkis (Kbalil) 411,4

Sejboid (M.) 163, 3

Séyyid-Erendi Aimi 4

Séjjid-Efendi Mohammed.... 4

SÉïyid-Efendi Tanfiq 4

Séjjid Soléiman beo CiTflm. 4

Si Ahmed Ouid Qadi..'. 4

Slbawaih, 138 et suÎTantea.

143, 145, 146, 150, 1

Slhonvè 1

Sibt Ibn^el-Djanii 2

Siddhanta 2

Sidi Kbalil 340, 385, 3

es-Silafi 2

Sim'dn labdqel-Qodsi 4

Sinftn, fila de l'habit ben Qorre 2

SinAn-pacha 3

Sindebad U marin 3

Siqies-Zaad 1

Sir ben Abi-Bekr 1

Sicâdi-eddin 'Omar ben Ma-

l'ond 3

SirAdj-eddin el-Oùchî 2

Sirddj-eddin el-Warrdq 1

es-Sirâfi Ii9, 1

Slana (Moc-Gnckin de). 131, 186, 197, 300,335 348, 349, 3

Snonek-Borgronje (U.) 3

Scerenien 3

, ;....,C00g[c

INDEX ALPHABETIQUE

ei-Soli^ili d-Khst'ami

ce-SuhrùH-crdi (Cbihflb-eddi

ALou-Uaf^- 'Omar) 274

cs-Sohrfl«-eidi (Divi-eddin) ,

es-S.ihri'iwtrdi (Cbib.'iL-eddin

Tflbil ben N«çr Ui

Tdchifîn ben 'Ali, prince de

Grenade ÏOS

Tuchkicnpru-iadè 370

TAdj-

ÎS*

Sula (SoUïman) 413

■•«-Solami

SulMman bcti Ibluf ct-Moiati,

rb«kh ibodilr

Soir^iman-Errndi d'Adunn

Soléiman el-ll»r»irj, 203, 42â, 429 Soléïmaa en-Xabwl (rbéikb).. '-'

S„Iqi:\, Fœur de Zohéïr

ri-Somodi, «Dtre nom des Uo-

■Ali..

!r (J

SIX

SuraïdJ ben Hohi

Sorr-baar lOfi

Sorr-docr li>g, 107

Soufiî aef

pi-Soolik(iri. Vovei Sokkari.. ... ^.,_ .__..__ ^--.CoùU 181

,ir)..

<, 34, 36

S.:ural', Ju Kl

Soyoïili, 101, l'JU, i'ri, 2'i

264, 315, 338, 3'i.-i. 3iil et

TBOIei, 3C;, 368, 372, 3SG, 3S7

Soiomèna

Spiridion Carfoûl . . .

SpitlaiW.)

Sprenk'er, 33. IHO, '

2Py, 352, 3B5

SlanlcT Lane-Poolc ,"

Steinscbneidcr 2i

Snbuk-Tékin.p^TedcAlahuioud

le Gbaz Sulé';mi<n I'

S aléi m an-pacha, yan

SoUiinoniyya (Unlversil*) à

106, 189

et-Tabardnl 2ÏS, 365

Taban, 1T3. 180, 206, 240, 254.

255, 334 et-Tabarsi 263

-eddaalo, prÏDce bouïdc.

■eddin 'Abd-el-U'ahhùb... 3iil

-eddin Mohammed \\î

■eddin de Sarkhad lit

-el-Molk Ibn-Darest 1D8

Tadaft» le droguitte, père d'A-

boa-Temmâm

et-TabAwl (Aboa-DjaTarl.. . . !iJ Tûhir, gaarerneur du Khora-

Tâhir. pïre de Uobammed ei^

Rida M

Tabir ben Mohammed 131

Tahiridea 139

Taï (tribu de) 83, M

Talfour 177

Tagblib (tribu de) ',;, 53

TMmU. ' 117

Tamim, GU d'el-Uo'iii 97

Tamerian, 18G. 348, 352. 353,

35S, 359. 372. 382, 401 Tannons bon Yoùsef ech-Chi-

Ay&q 411

Tanoùkh (tribu de) 29. il'J

el-TanoOkhi SU

et-Tantnrdni 99

Taqi-eddin 'Ali es-Sobbi 3n2

Taqi^ddin el-FAsi 354

Tadlâ (Sêlim) 432

Tarafa y, 13. ISÎ

TardjV, ode A écho» W

Tarraço SU

Tarrick UamilloD 396

dTbn-MonIr. ., 121

Tauba ben el-Qomay;ir S3

Tchaqmaq, émir de Damni.

35», 319 Tchin^û-Khan.... 105, 193,200 Tdabbata-Charran, IT et sui-

Tibriri.,' 89

el-Tclla'fari 12S

Témim (race de), 15. (Tri- bu de), 23, 43, 49, 51

TeTfik-pacha 416

Tha'âlilii, 93, 04, 107, 132, 164,

190, 409 Thabit ben Djabir el-Fehml,

imomméTÎahbataCbarran 17 Thabit ben Qarra. . . . 290, 295. 319 Tbeddée. Vo^iz Tadoùa.

, ;....,Goog[c

INDEX ALPIUBÈTIQUB

Tho'lab 151. 152. 1

Tha'Iabi 2

Themoùd (triba de), Tliamou-

ditai J[>

Tbaqif (Iribo de) 1'.

Théodoge (lévêque) !

Théodoac 3

Tbéodoïios "

Tholock ■■ 3

Thorbecka 16, J

et-Tibciii '

et-Tiracbi 3

et-Tibâml

et-TiUmiâni '

Tilmtdh-el-Kindi î

TirimmAb ,

eUTirmidhi 220. S

Titus

Tiienàbàd (Vigne» de]

Tothrd, chiffre officiel

Togtraï 9B,

ToghUkin, aUbek 1

el-Tolili '

Tomâdhir (el-Khanift)

Tùra rt>entaleoqae)

Tornberg Î06. 330, S

Toseoun.pacha - J

et-Torloùcbi tbQ-Abi-Rsndaqa 1

Touloanidea 35, ]

ToamAD-blti ;

ct-Toûiérî '

Trieb» (M.F.) ;

Tncb (Fr.)

Turkban-Kbaloan, épouse

Hélek-cbab

Tycho-Brabé

Vuleton 165

Vatlier (PI . . S08, 309, 3*9

Vetb...... 199,363

Victime des Belles, anmom d'al-Qotami at de Uoslim... 72

Vloten (G. Tan) 213, 214, S13

Volck l'O

Vûllers 203. 3"

Vos (G.) 3"

W

el-WacbchA 155

Waçir, esclave de Dik et-I>jinn 91

Wafayil el-'Ayàa 197

Wabb ben Uonabblb 69

Wabbl-Etendi (Tâdoroi) 421

Wahhfibites 417, 423

el-WatràDi 384

el-Wabidi aS9

WabI 303

Waïdiao ben Ruitem el-Kouhi 294

e|.W4'i»b el-Koùfi 105

el-WAHih el-Witri 105

Vâliba, maître d'Abou-Nowda. 70 Waltâda, fille do khalife e1-

Hottakfi 127

Wallin "0

Wanand, grand-père d'ed-Di-

é[-\fiti\à\'.'.'.'.\V.'.\'.'.'.'. .'.'.. . 1:6

Warda, fille de Nakanla et-

Tork 406

Wâsil ben 'Atâ el, 67, 262

el-Wdthiq, le khalife, 14G, 213,

239, 304 el-WatwAt (Djémal-eddinV . . . 390

el-Wawa' 101

Wcdjdiyât 110

Weiîer.. 128

■Weil(G.) 108,174

WéUd II ben Ytiid, kbalife oméyvade, 30, 47, 53, 66, 66,

64, 71 Wélid ben 'ObJId el-Bobtori, S3

Wcllbauaen 17

Wetiitein 167

el-Wézir el-Maghrébi 2^6

■Wbite (J.) 303

WŒpcke 290. 291

WrigbtfW.) 301,375

WUstenfeld, 148. 15i, 174, 177, 197, 201, 249, 300. 3ui, 303, 338, 348, 354, 355, 357, 3G3,

367. 372

Xénopbon 243

:=.,Goog[c

IRDBX ALPHÂBBTIQOB

Ya'qoûb ben Akhi-Hiiâm

Ya'qoûb bcD Daood

Ya'qoAb ben lihaq al-KindL. 'Ya'qoûb ban HbdcoAt, laltao

do Maroc

Ta'qoùb Carroùf

Ya'qoab t)jirdjU 'Awwâd....

Va'qoûb el-Hadrami

Ya'qoùb et-Hançour, prince

almobade

el.ya'qoûbi

ïdqoùt, le KéDgTapbe, 113, 178, S97, £98,

YilqoAt cl-HDtto'çimf

Yahfa, cbanlenr de la Mecque. Yabja ben Adam ben SoUiman

Yahys ben Afta»

Yabya ben Kbdlid le Barmé-

kide

tahja beD UJsawéib.... 279, Yeh;a ben ZakariyA, cbflkb-

ul-Iïlom

Yabya cî-Cai'ïari

Ysbra-Efeâdi, cbéikh-nl-ltlam

YabTa el-Maçmoûdi

YarboQ' (Iribu de)

Yatbrib, ancien nom de Hé-

dine 26

rattmct ed-dahr 03.

el-Yaiidi (famille d')

Yéménite!

Yémin ed-daula (Mahmoud la

GbanéTide)

Yeidegird III

Yéiid, fi!a de Ho'âwJVB.... VS

Yéiid II

Yéiid benMBi7ad(le géniral),

Yohanna ben ' Balrik '.'.'.'.'.'.'.'.'. YoùnnaB (Jona9),cbanlearper-

Yaânoaa ben Habib

Yoûief et-Aiir

ToAionf, prince almobade.. .. Yoùaoul el-A'lam de Stu-Hana Yoûiouf ben HaroOu er-Ra-

YaùMnf ben el-Hasan d'oSind-

Yoùaonf ben TAchiGa, 1S6, 1S8, SU ïoftaoDf-Brendl Aiaf 431

Z

ZAb (bataille do grand) 63

' Zabbân ben SayyAr 31-

; Zadjal 1W

ei-Z«djdiadi 147, IS». S5S

ei-ZâËr, khalife faUmide 191

ei-Zabi'Ali ben Iibaq 95

< ei-Zâhir, khalife ratimide.... 30S . Zamakbcbari.ieSetaoivaiiUa, 260

Zéid ben Thâbit 35,39, 40

Zéïditei (secle des), 241, 251, I 3S3, 372

Zéîn el-'Abidin &0

I Zèia tl-Andnt 395

Zéia-eddin Kaldkit 123

Zéln-eddiD Tâbir, fila d'ibn-

Uabib 343

Zéïneb, sœur d'el-Hadidjéj... 54 ZcDd ben el-Djann (AlMD-Oa-

lama) 65

. Zandj. IW, 147

: ei-Zernuùdji 2B7

. Zhâfer (Mohammed) 42â

: ZbaGr ei-Haddad 1X2

ai-Zhâhiri 363

; Zhahiriles SïO, 2ï0, 273

ZiBKler 266

. Zlrides 125

. ZiyAd, frère de Mo'dwira.... S9 ZiyAd, goDTeroeurde l'Irak.. Ml

I ZJTâd ben Soléîman 54

Ziyddât 102

ZiTAdel-Allah III, prince bi-Ib-

bile 305, 306

Zinaied-daht 99

Zindlq 65, 67

ei-Zobéidi (AboD-Bekrl 160

Zobéir (ramille d«) 174

ei-Zobéîr Ibn-BekkAr 179

ei-2obëïri 338

Zobélrides 55

eB.Zodjàdji , 156

Zohéïr ben Abi-Solmâ, 9, 14,

15, 26, 152

Zohéïr fBéhâ.eddin) 116, 118

Zobéïr beo Djanâb 8

ei-Zohri 60, 236, 300

Zotenberg(M. H.)---- 1^' 395,396

- tmp. P. QHODARD. lOÏ-lWl

..jogic

3,q,t,=c.=ïGooglc;

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3,q,t,=c.=ïGoogk'

4.

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MAY 38 W37

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