Pl AE nil ;VT EN ‘| dy LR ppt! 1 a PR TUE Dam Te ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE. IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, RUF GARANCIÈRE, N. 9. ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE, | “_ S.F: BAIRD. LECONS SUR L’'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE , LA CLASSIFICATION ET LES MOEURS DES ANIMAUX ; MH. MILNE EDWARDS, Membre de l'Institut (Académie des sciences) et de la Légion-d'honneur, Docteur és-sciences et en médecine, Professeur à l'Ecole centrale des Arts et Manulactures, ete. DEUXIEME ÉDITION. 4 ? pi ON ONE > MAMMIFÈRES. > Q 0-0 mm—— R PARIS. FORTIN, MASSON ET C', LIBRAIRES, SUCCESSEURS DE CROCHARD KT GIE, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, N° 1. 1841. v— sé. k À A _ e = TE A É Le : 7. : F F 1. ‘ de ; : È ï " SE + = # È à , £ n eme ” 1 re ? 3 4 L E* ù UP 5 ne x, > . . F 1 LL. - “l LÉ » un ‘ _ t À LA Le. y 4 F 3 ET 4 E PA ( {a Lions : ” 4 [l + 4 È ss + Te + 1 Les « + . "F4 FRS ï er » 2 12 .. Mur « 3 + , n c SZ, : Er qu s - Fo , f ; = = 4 % . + d 1} L n La É d d, F » e !, . s D Î = _— n 1 as : : 4 D A FR % x = = = ri « pu $ - H E a 4 z . D De ape = we v- < Vin ; F = € Da - ï p äà “ - TT Qu È À Ps F { r : ’ = . ÿ ps : . : > . J -. : “ 'u - n es ! > a ls £ = , _ F: L à j = . = & ee " he23. ÉLÉMENS DE ZOOLOGTE. LR SRI AVLRS SARL SS LR RLLRIAIRLLERLRRIL SR. ee AARIRS ST LRRLRT LAS Rte msn ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 271. La zoologie descriptive (1) est la branche de lPhistoire naturelle des animaux qui nous en fait connaître les formes, les propriétés et les mœurs, et qui nous apprend à les distin- guer entre eux. Pouvoir distinguer les objets que l’on étudie, et pouvoir les faire connaître avec certitude aux autres, est une condition sans laquelle les connaissances acquises ne sauraient se trans- mettre, et sans laquelle il n’y aurait point de science. Or, pour y arriver, il ne suffit pas de donner à chaque objet un nom particulier , il faut aussi donner à chacun de ces noms une défi- nition telle qu’on puisse toujours en connaître la valeur et en faire la juste application. On voit donc que, pour étudier les animaux , il est nécessaire d’en dresser un grand catalogue, dans lequel tous ces êtres portent des noms convenus , et d’in- diquer pour chacun d’eux les caractères propres à les faire reconnaître. Il est également évident que ces caractères doivent être tirés de la conformation des animaux ; car , pour être toujours appli- cables , il faut que ceux-ci les portent avec eux ; des propriétés ou des habitudes dont l'exercice ne serait que momentané , ne pourraient remplir cette condition. (1) Le mot zoologie, qui signifie discours sur les animaux , est formé de deux racines grecs, Cooy (animal ), hoy0s ( discours }. LU Definition. Nécessité des classifica- tions. 12 LOOLOGIE DESCRIPTIVE. Mais il n'est aucun animal qui puisse étre reconnu par un seul des traits de sa conformation ; les caractères qui le distin- guent des uns lui sont communs avec d’autres , et c’est seule- ment par la réunion de plusieurs de ces caractères , dont l’en- semble n'existe pas de même ailleurs , qu'il diffère de tous les autres animaux. Plus les objets qu’il importe de reconnaitre sont nombreux, plus il faut accumuler de caractères ; el comme le nombre des animaux est immense , il en résulte que, pour distinguer un de ces êtres pris isolément, il faut presque se rappeler sa description complète. Or, il n’est point de mémoire assez forte pour suffire à de pareils efforts ; et si l’on ne possédait les moyens d’arriver an même but par une route plus facile , Fétude de l'histoire natu- relle resterait éternellement dans l'enfance. Mais en établissant parmi les animaux des divisions et des subdivisions, qui elles- mêmes sont nommées et caractérisées, une grande partie de ces difficultés disparaissent ; car , à l’aide d’un petit nombre de traits et de noms, on arrive à circonscrire à un tel degré le champ de la comparaison que, pour reconnaitre l’objet dont on s'occupe, on n’a enfin qu’à le distinguer de ceux dont il diffère à peine. $ 272. Cet échafaudage de divisions, dont les supérieures contiennent les inférieures , est ce que l’on appelle une cLAssr- FICATION : C’est une espèce de dictionnaire où les objets que l’on cherche sont rangés d’après leurs propriétés, et dans lequel, pour découvrir leurs noms, on a recours à leurs caractères. Pour faire saisir l'utilité des classifications , il suffira de quel- ques exemples. Si l’on voulait, sans se servir de moyens sem- blables, définir le mot Zievre, il faudrait faire une longue énu- mération de caractères, et pour appliquer cette définition, 1l faudrait comparer la description ainsi tracée à celle de plus de cent mille animaux différens ; mais si l’on dit que le lièvre est un animal vertébré, de la classe des mammifères, de l’ordre des rongeurs, du genre lepus, On saura, par le premier de ces mots, dont la définition est connue, que ce ne peut être ni un insecte , ni aucun autre animal sans squelette intérieur ; par le second , on exclura de la comparaison tous les poissons, tous les reptiles et tous les oiseaux ; par le troisième , on distinguera de suite le lièvre des neuf dixièmes des mammifères, et lors- qu'on aura déterminé de la même manière le genre auquel il appartient, on n'aura plus qu’à le comparer à un très petit nombre d'animaux dont il ne diffère que par quelques traits plus ou moins saillans; pour le faire distinguer avec certitude, il suffira donc de quelques lignes. Il existe ici la même différence que celle qu'il y aurait à chercher tel ou tel soldat dans une CLASSIFICATION DES ANIMAUX. 3 armée , dont tous les rangs seraient mêlés, ou dans une armée bien ordonnée , dont chaque division, chaque brigade , chaque régiment , chaque bataillon et chaque compagnie se trouverait à la place qui lui appartient, et porterait avec lui des signes distinctifs. À l’aide des classifications zoologiques , on arrive à appliquer à un animal le nom qui lui convient, de la même manière que l’on parvient à trouver la personne que l’on cher- che , d’après adresse de sa demeure ; dans ce dernier cas, on s’enquiert d’abord de son pays, puis successivement de la pro- vince , de la ville, du quartier , de la rue , de la maison , et enfin de l'étage qu’elle habite ; et dans le premier cas on se demande d’abord à quelle grande division du règne animal appartient l'espèce que l’on observe, puis à quelle classe, à quel ordre, à quelle famille et à quel genre il faut le rapporter ; or , ces ques- tions résolues , le travail est presque achevé. $ 273. La classification des animaux peut être fondée sur des considérations très variées ; mais la marche à suivre, dans cette distribution , est loin d’être une chose indifférente. Tantôt les classifications ont été fondées sur des modifications que pré- sente un seul organe choisi arbitrairement et considéré dans toute la série de ces êtres ; d’autres fois , au contraire , sur l’en- semble de l’organisation de chacun d'eux. -$ 274. Les premières de ces classifications, que l’on nomme des systèmes artificiels, sont, en général, dans la pratique, d’une application facile; mais souvent elles ne font rien con- naître d’important si ce n’est le nom des objets. Supposons, par exemple , que l’on prenne pour base de la classification des ani- maux le nombre des membres dont leur corps est pourvu : on placera , dans la division des quadrupèdes , les bœufs , les gre- nouilles , les lézards , etc., tandis qu’on séparera ces derniers des serpens et de quelques autres reptiles ayant avec eux la plus grande analogie , mais auxquels l’une des paires de membres manque ; certes , on parviendra ainsi à distinguer ces animaux ; mais les différens pas que l’on aura faits successivement pour y parvenir n’auront presque rien appris sur leur nature ; jusqu’au dernier moment on aura à comparer les choses les plus dispa- rates , et on ne pourra s'élever à des considérations générales dignes de quelque intérêt. $ 275. Les secondes de ces classifications, que l’on appelle des methodes naturelles , sont destinées à être , en quelque sorte, le tableau synoptique de toutes les modifications que la nature a introduites dans l’organisalion des animaux. Dans ces mé- thodes, les diverses classes , famille et genres sont fondés sur l’ensemble des caractères fournis par chaque animal , rangés d’après leur degré d'importance respective; aussi chacune de 1 Bases des classifications, Classifica - tions artili- cielles. Classifica- tious nalurel- es. Espree. Genres. Familles, ete. Classe, et embranche : mens. Subordina- tion des carac- tères, 4 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ces divisions ne renferme-t-elle que des élémens homogènes : les êtres dont un groupe se compose se ressemblent par des points d'autant plus multipliés, que ce groupe lui-même est d'un rang moins élevé dans la hiérarchie des classifications, et en connaissant la place qu’un animal quelconque y occupe , on connait aussi les traits les plus remarquables de son organisa- tion et la manière dont ses principales fonctions s’exécutent. Dans ces classifications , on donne le nom d’espece à la réu- nion des individus qui se reproduisent entre eux avec les mêmes propriétés essentielles. Ainsi les hommes, les chiens , les che- vaux constituent, pour le zoologiste, autant d'espèces distinctes. Quelquefois une espèce diffère considérablement de toutes les autres ; mais , en général , il en existe un nombre plus ou moins considérable qui se ressemblent beaucoup et qui ne se distin- guent que par des différences peu importantes ;le cheval et l’âne, le chien et le loup sont dans ce cas. Dans les classifications naturelles, on réunit ces espèces voisines dans des groupes ap- pelés genres, el on Joint à leur nom spécifique un nom générique qui leur esi commun : ainsi On dit LÉZARD gris , LÉZARD piquele, LÉZARD ocelle, etc., pour désigner les différentes espèces du genre LÉZARD et OURS brun , OURS jongleur , OURS blanc pour les divers animaux du genre OURS. Chaque animal a, comme on le voit, deux noms qui peuvent être comparés au nom de famille et aux noms de baptême des hommes ; seulement l’ordre dans lequel on les place est l'inverse de ce qui a lieu pour ceux-ci ; le nom du genre précède toujours le nom de l’espèce. Les genres qui ont entre eux le plus d'analogie et qui diffèrent des autres genres par des caractères importans sont réunis en tribus ou en familles ; et celles-ci, d’après les mêmes principes, sont réparties en groupes d’un rang plus élevé, auxquels on donne le nom d'ordres. Les ordres sont, à leur tour , réunis en clusses , et les classes sont elles-mêmes des divisions des grands embranchemens dont le règne animal se compose. Chacune de ces divisions et de ces subdivisions porte un nom particulier , et se distingue des autres par l’existence de certains caractères propres à tous les animaux dont elle se compose. 276. Les parties qui varient le moins dans les divers ani- maux sont toujours celles qui sont les plus importantes et dont les modifications entrainent le plus de changemens dans le reste de l’organisation. Celles qui présentent, au contraire, les différences les plus multipliées ne remplissent qu'un rôle se- condaire. Il en résulte que les caractères communs à une série très considérable d'animaux et propres par conséquent à faire CLASSIFICATION DES ANIMAUX. 5 distinguer, dans les méthodes naturelles, un embranchement, une classe ou un ordre des autres divisions du même rang , sont en mème temps des traits de conformation d’une haute impor- lance pour l’histoire des animaux; tandis que ceux qui varient - d’un genre à un autre genre voisin ne sont en général que d’un médiocre intérêt. Par cela seul que l’on connaît l’embranche- ment , la classe , l’ordre et la famille auxquels l’un de ces êtres appartient, on connait par conséquent tout ce que son organi- sation présente de plus intéressant , et, comme les fonctions et les mœurs d’un animal sont toujours dépendantes, ou du moins en harmonie avec le mode de conformation de ses or- ganes , on peut déduire de celte connaissance celle de tous les points les plus importans à son histoire. $ 277. L'introduction des méthodes naturelles pour la classi- fication des êtres vivans est l’un des services les plus grands que l’on ait rendus à l’histoire naturelle : elle a changé la face de cette science , et a donné un puissant intérêt à la partie de la botanique et de la zoologie, qui, jusqu'alors, avait été la plus aride : aussi ne pouvons-nous omettre de citer ici les savans à qui l’on doit celte innovation heureuse. Ce furent les plantes que l’on rangea d’abord en familles na- turelles. Jusque-là on ne les classait que d’après le nombre de leurs étamines et de leurs pistils, ou d’après tout autre carac- tère, choisi arbitrairement et sans avoir égard à leurs ana- logies ; mais un botaniste français, Bernard de Jussieu (1), eut l’heureuse idée de les distribuer d’après l’ensemble de leur organisation, et de les répartir en groupes naturels; et son neveu , Antoine-Laurent de Jussieu , compléta sa méthode, qui aujourd’hui est adoptée par tous les naturalistes. Ce fut à une époque encore plus récente que les principes des méthodes naturelles ont été pris pour base de la classification des animaux, et c’est en majeure partie à Cuvier (2) qu'appar- lient la gloire de cette application. $ 278. En rangeant ainsi les animaux d’après les divers degrés de ressemblance qu'ils ont entre eux et d’après les différences (1) Ce fut en 1759 que Bernard de Jussieu , en établissant le jardin botanique de Triañon, y fonda sa série des ordres naturels des plantes; mais ce ne fut qu’en 1788 que l’on eut un ouvrage complet sur la méthode des familles natu- relles ; Antoine-Laurent de Jussieu , neveu de Bernard , publia alors son Genera plantarum. (2) Georges Cuvier naquit à Montbéliard, en 1769, et mourut, à Paris, en 1532; ses principaux ouvrages sont : le Règne animal, distribué d'après son organisation ; ses Lecons d'anatomie comparée ; ses Mémoires. pour servir à l'his- toire des mollusques, et ses Recherches sur les ossemens fossiles. Introdue tion. de la méthode na- turelle en zv0- logie. Division du rcgne animal en quatre em branchemens. Animaux vertébrés. 6 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. plus ou moins considérables qui les distinguent, on remarque d’abord qu’il existe dans le règne animal quatre lypes princi- paux, d’après lesquels la nature semble avoir construit tous ces êtres : aussi les range-t-on en quatre grandes divisions ou em- branchemens. $ 279. Les uns ressemblent à l’homme par l’ensemble de leur organisation : leur corps est soutenu par un squelette intérieur ; leur système nerveux se compose, outre les nerfs et les gan- glions, d’un cerveau ( fig. 77 c) et d’une moelle épinière (m), situés au-dessus du canal digestif (b, z:) et renfermés dans une enveloppe osseuse, formée du crâne et des vertèbres ; leur sang est rouge; leur cœur est musculaire et composé au moins de deux cavités : ils ont pour la vue, l’ouie, lodorat et le goût, des organes distincts, logés dans la tête. La forme de leur corps est symétrique ; ils n’ont jamais plus de quatre membres. Les sexes sont toujours séparés , et entre tous il règne des ana- logies plus ou moins grandes dans les détails aussi bien que dans l’ensemble de l’organisation. On les distingue sous le nom d'ANIMAUX VERTÉBRÉS, et on peut citer comme exemple de ce mode de structure , l’homme , les oiseaux , les poissons, etc. Fig. 77. (1) (x) Cette figure théorique est destinée a indiquer la positiou relative des grands appareils organiques dans l’embranchement des animaux vertébrés , et plus particulièrement dans la classe des mammiféres :—d cavité buccale formant l'entrée du tube alimentaire, dont l'ouverture opposée se trouve à l'extrémité postérieure du corps; —-1 intestin; —ffoie; — 1 trachée-artère; -— p poumons; — s cœur; — € Cerveau; — » moelle épinière. CLASSIFICATION DES ANIMAUX. 7 $ 280. Dans le second groupe, on trouve un mode général de conformation tout autre. Le corps est encore d’une forme symé- trique : mais il w’est plus soutenu par un squelette intérieur, ana- logue à celui des animaux vertébrés. Le squelette est extérieur , et ces animaux y sont renfermés comme dans un étui. Cette Fig. 78. (2) charpente solide ’ n’est AS ENT f formée que par la peau CAES plus ou moins modifiée dans sa nature et dans sa consistance, et se Com pose toujours d’une suite d’anneaux mobiles les uns sur les autres. C’est pour rappeler cette dis- position remarquable , qu'on a donné à tous ces êtres le nom d’ANIMAUX ANNELÉS OÙ ANIMAUX ARTICULÉS ; mais les particularités de structure que nous venons de signaler ne sont pas les seules qui les carac- térisent. Leur système nerveux se compose d’une double chaine de ganglions, dont une partie occupe la tête (fig. 738,c), et le reste (y) se trouve sur la ligne médiane de la face ven- trale du corps au-dessous du tube digestif (e, 4), de manière à former autour de l’œsophage un collier médullaire. La por- lion céphalique de cette espèce de chapelet peut, jusqu'à un cerlain point, se comparer à un cerveau; mais il n’y à ici rien qui ressemble à une moelle épinière. Le sang est presque toujours blanc , et souvent le cœur est réduit à l’état d’un simple canal longitudinal. Les organes des sens sont moins nombreux et moins parfaits que chez les animaux vertébrés, et quelquefois ils manquent tous ; enfin les membres sont en général très nombreux , et il existe, dans la structure de ces ètres , une foule d’autres particularités dont nous aurons à nous occuper par la suite. Ce mode de conformation nous est offert par les insectes , les écrevisses, les crabes, elc. (1) Coupe idéale du corps d'une ccrevisse: — e estomac, au-dessous duquel se voit l'œsophagse et la bouche; —- 2 intestin; f foie; — s cœur; — ec ganglions nerveux céphaliques, situés au-devant ou au-dessus de l’œsophage; — g ganglions nerveux thoraciques ct abdominaux, situés au-dessous du canal alimentaire. Animaux ar- ticulés ou an- nelés. 8 è ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Animaux Fig. 59. (1) $ 281. Chez d’autres animaux, il mollusques. n'existe nisqueletteintérieur ni sque- 1 lette extérieur. La peau forme une enveloppe molle et contractile : elle sécrèle souvent une matière pier- (76 reuse , qui forme des espèces de pla- bye. ques, nommées coquilles ; mais elle ec: ne constitue jamais une suite d’an- y neaux mobiles analogues à ceux des a. animaux articulés. Le système ner- f veux (/ig. 79. c,g) se compose de plusieurs masses, réunies par des filets nerveux ; mais ne constitue pas sous le tube digestif une longue chaîne ganglionnaire comme dans Fembranchement précédent. Le sang est blanc et le système circulatoire assez complet. Il n’existe jamais d'organe spécial pour lodorat : celui de louïe ne se montre que dans une seule famille , et, dans un grand nombre de ces animaux, il n’y a point d’yeux; enfin ils n’ont presque jamais de membres pour la locomotion, et dans ce groupe la structure de toutes les parties se dégrade de plus en plus. Les limacons et les “huîtres appartiennent à cette grande division du règne animal, qui est celle des ANIMAUX Mor- LUSQUES. Animaux 6 282. Dans ces trois groupes, les organes du mouvement et rayonnés Où des sens sont disposés symétriquement aux deux côtés de la spores. Fig. 80. ligne médiane et longitudinale du corps, dont les deux faces antérieure et postérieure sont dissemblables, et il existe toujours , comme nous l'avons vu, un système nerveux dis- tüinct. Dans la quatrième grande di- vision du règne animal, rien de cela n'existe. Les organes dont nous ve- nons de parler sont disposés comme des rayons autour d’un centre, et, lorsqu'il n’y en a que deux séries, les deux faces opposées du corps sont semblables. On aperçoit quel- (x) Coupe idéale du corps d'un mollusque céphalopode : — + bras ou tenta- cules, qui entourent la tète; — # bouche; — : canal alimentaire; — « anus; — ffoie: — c etg ganglions nerveux ; — p branchies; — s cœur; — 0 appa- reil reproducteur ; — v vésicule de l'encre ; — ÿ veux. ANIMAUX VERTÉBRES. 9 quefois des vestiges d'un système. nerveux rudimentaire , mais en général on n’en trouve aucune trace, et il n’y a jamais d’or- ganes spéciaux des sens bien reconnaissables. Le sang est blanc comme dans les mollusques et les insectes. S'il existe des or- ganes de circulation , ils sont des plus incomplets ; et l'appareil digestif devient d’une simplicité extrême. Enfin quelques-uns de ces animaux ne semblent être formés que d’une pulpe homo- gène, mobile et sensible. On donne à ces êtres d’une structure si simple le nom d’aAnI- MAUX RAYONNÉS, et on les appelle aussi des ZOOPHYTES ou ani- maux-plantes ; Car plusieurs d’entre eux vivent fixés au fond des eaux , et au premier abord ressemblent plus à des végétaux qu'à des êtres animés. Les polypes dont nous avons déjà eu occasion de parler, les étoiles de mer et les actinies ou anémones de mer (/g. 80), peuvent donner une idée de l’ensemble de cette division. PREMIÈRE GRANDE DIVISION DU RÉGNE ANIMAL. ANIMAUX VERTÉBRÉS. $ 283. Les animaux vertébrés sont de tous les êtres animés ceux dont les facultés sont les plus variées et les plus parfaites ; et, comme on pouvait le prévoir, d’après le principe que nous avons déjà établi relativement à la division du travail dans l’é- conomie animale , ce sont aussi ceux dont les organes sont les plus nombreux et les plus compliqués. L'existence d'une charpente solide dans l’intérieur du corps leur permet d'atteindre à une taille que les animaux articulés, les mollusques et les zoophytes n’ont jamais, et la nature de ce squelette, dont toutes les pièces sont liées les unes aux autres, . donne à leurs mouvemens une précision et une vigueur qu'on ne voit que rarement chez les autres animaux. La portion du squelette, qui ne manque jamais , qui varie le moins d’un animal à un autre, et qui est en même temps la Caractères communs, Squelette, Systeme ucr- YEUX. Appareil di- gestif. Circulation, kespiration. Sécrétions, 10 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. plus importante de toutes, est la tige osseuse qui renferme l'en- céphale, et qui est formée par le crâne et la colonne vertébrale. Sa conformation est partout essentiellement la même que chez l'homme, où nous l'avons déjà étudiée (1° partie, page 218, fig. 65). La face varie davantage ; mais on y retrouve partout la plu- part des mêmes os cloisonnant les cavités des organes de la vue et de l’odorat , et formant les deux mâchoires, qui sônL toujours placées Pune au-dessus de l'autre, sur la ligne médiane du corps. Les côtes ne manquent que très rarement : il en est de même du sternum et des os des membres ; mais le nombre et la forme de ceux-ci varient suivant les mouvemens qu’ils sont destinés à exécuter. En effet, tantôt les membres se terminent par des mains et des pieds, et d’autres fois ils ont la conforma- ion d'ailes ou de nageoires. $ 284. Le système nerveux est bien plus développé chez les animaux vertébrés que dans les autres divisions du règne ani- mal, et c’est sa partie centrale qui est surlout remarquable par son volume. La sensibilité de ces animaux est en rapport avec ce mode d'organisation , et leur intelligence dépasse celle de tous les autres. La plupart des nerfs du corps naissent toujours par deux racines de la moelle épinière, qui se termine anté- rieurement à un cervelet et à un cerveau plus ou moins volumi- neux. Les sens extérieurs sont toujours au nombre de cinq, et les organes qui en sont le siège offrent, à peu de chose près, la même disposition que chez l’homme. $ 285. L'appareil de la digestion ne présente aussi dans cette grande division du règne animal que des différences assez lé- gères, et le chyle est toujours transporté de l’intestin dans les veines par des canaux particuliers appartenant au système des vaisseaux lymphatiques. Le sang, qui est toujours rouge, et qui est bien plus riche en globules que dans les animaux inférieurs, arrive au cœur par les veines : il pénètre d’abord dans une oreillette, et passe ensuite dans un ventricule, d'où il se rend en totalité ou en partie à lappareil de la respiration ; en général ce liquide nourricier revient ensuite au cœur avant que de se rendre aux diverses parties du corps; mais quelquefois il se porte directement à celles-ci. La respiration a toujours lieu dans un appareil particulier , situé dans une cavité intérieure du corps; mais elle n’est pas toujours aérienne comme chez l’homme , et a son siège , tantôt dans des poumons, tantôt dans des branchies. Parmi les organes sécréteurs dont nous avons signalé lexis- tence chez homme , il en est deux qui ne manquent jamais : ce ANIMAUX VERTÉBRES. 11 sont le foie et les reins. Le pancréas existe également chez la plupart des animaux vertébrés, et on leur trouve aussi une rate plus ou moins développée. $ 286. La nature semble donc avoir suivi le même plan géné- Principales ral dans la création de tous ces êtres : cependant ils diffèrent différences. tous entre eux , et quelques-unes de ces différences sont même d’une grande importance dans l’économie. Ainsi , chez les uns, les jeunes se forment dans une espèce de poche, naissent vivans , et, pendant les premiers temps de leur existence se nourrissent d’un liquide particulier, le lait, qui leur est fourni par leur mère et qui est sécrété dans des organes particuliers , appelés glandes mammaires. Chez les autres animaux vertébrés , les petits proviennent d'œufs ; ils se développent sans adhérer à leur mère, et avant leur naissance ils tirent leur nourriture d’une matière renfer- mée avec eux dans des enveloppes de l’œuf (+) ; enfin 1l n'existe point de mamelles chez ces animaux , et, par conséquent, ils w’allaitent point leurs petits. Un certain nombre de ces vertebres ovipares ont la respira- tion aérienne, mais chez d’autres cette fonction a lieu aux dépens de l'air dissous dans l’eau , et s'effectue par des branchies. Enfin , parmi les ovipares à respiration aérienne , 1l en est qui sont des animaux à sang chaud, et qui respirent par toutes les parties de leur corps aussi bien que par leurs poumons, car l'air passe de ces organes jusque dans l’intérieur de leurs os, tandis que chez d’autres la respiration est très bornée et n’a lieu que dans les poumons, dans lesquels la totalité du sang veineux ne passe même pas avant que de retourner aux parties dont il provient. Ces différences coincident avec d’autres modi- fications également importantes dans la conformalion des ani- maux vertébrés; aussi, pour que la classification de ces êtres soit en quelque sorte la représentation des principales ressem- blances et différences qui se remarquent entre eux , faut-il les diviser en quatre classes , savoir : les mammifères, les oiseaux , les reptiles et les poissons. Pour se former une idée exacte des caractères propres à ces Division en quatre grandes divisions des vertébrés, il suffira de jeter les 4natre classes. yeux sur le tableau suivant. (x) C'est le jaune de l'œuf. 12 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. a, ne — mamelles. Des D Sang presque tou- jours à globules circulaires. +, Respiration simple. « Circulation Cœur à SR —, — " Pean garnie de poils. a Membres presque toujours organi- sés pour la mar- che. Poumons. "7 Respiration. double Peau garnie de plumes. RE es Membres anté- rieurs organisés pour le vol. OISEAUX. REPTILES. | POISSONS. 2, 2 mm — : Ovipares. : PT D, : Point de ma- : à meiles. : SE — ——— Sang a globules elliptiques. Branches. —_—_—_—__ mm Respiration simpie 1 I D — Circulation com- plète. Circulation in- complète. 2, nn Cœur ordinai- à : Cœur à deux rement à trois x loges. | loges. U TT À . Peau nue ou garnies d’écailles. ©" > ©" Membres orgaui- | Membres organi- sés en général | sés pour la uage. pour la marche. CLASSE DES MAMMIFÈRES. 13 DE LA CLASSE DES MAMMIFÈRES. $ 287. La classe des mammifères se compose de l’homme et de tous les animaux qui lui ressemblent par les points les plus importans de leur organisation ; elle se place naturellement en tête du règne animal comme renfermant les êtres dont les mou- vemens sont les plus variés, les sensations les plus délicates, les facultés les plus multipliées et l'intelligence la plus dévelop- pée ; et elle nous intéresse aussi plus que toute autre, car elle nous fournit les animaux les plus utiles, soit pour notre nour- riture, soit pour nos travaux et pour les besoins de notre industrie. Il est, en général, facile de distinguer, au premier coup- d'œil, un mammifère d’un oiseau, d’un reptile, d’un poisson, ou de tout autre animal , par la seule considération de sa forme extérieure et de la nature de ses tégumens ; car les mammi- fères sont les seuls animaux dont le corps est couvert de poils, et ordinairement leur forme générale ne s'éloigne que peu de celle des espèces que nous avons continuellement sous les yeux, et que nous prenons naturellement comme types de ce groupe; mais quelquefois ils ne se reconnaissent pas à un examen aussi superficiel, car il en est dont la peau est com- plètement nue et dont le corps, au lieu de ressembler à celui du chien, du cheval, ou d’un autre mammifère ordinaire, présente les formes propres aux poissons. La tête est, en général , plus grosse proportionnellement au reste du corps que celle des oiseaux , mais ne présente que ra- rement des dimensions aussi considérables que chez les pois- sons ; elle est séparée du tronc par un cou plus ou moins allongé et ordinairement bien distincte ; lorsqu'il existe une queue , elle est presque toujours grêle et cylindrique ; enfin, dans l'immense majorité des cas, les membres sont au nombre de quatre, et ne présentent entre eux que des différences légères; presque tou- jours ils sont conformés pour servir à la marche, et souvent ils peuvent être aussi des organes de préhension ; mais quelquefois ils affectent la forme de nageoires, comme cela se voit chez les phoques , les däuphins et les baleines, et d'autres fois (chez les chauve-souris), ils se transforment en ailes. $ 288. Le squelette ne présente dans cette classe que des modi- Forme ge- nérale, Squelette. Squelette. 14 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. fications en général légères; toujours il ressemble beaucoup à celui de l'homme (1), et ce n’est guère que dans la structure des membres et dans le développement plus ou moins considérable de la queue que l’on remarque des différences importantes. Fig. 81. (2) Fig. 82. (3) La forme de la tête osseuse varie beaucoup, suivant que la face prend plus ou moins d'extension , ou bien que le crâne se développe davantage, et l'étude de ces différences de propor- tions n’est pas sans intérêt; Car, ainsi que nous lavons déjà vu ,ilexiste, en général, un rapport assez direct entre le de- gré d'intelligence dont un animal est doué et les dimensions relatives de la portion crânienne de sa tête (4). À mesure que l’on s'éloigne de l’homme, on voit le crâne diminuer , les mà- choires et les fosses nasales prendre plus d'extension , les orbites se diriger de plus en plus en dehors et devenir de moins en moins distinctes des fosses temporales ; enfin, le trou occipital, qui livre passage à la moelle épinière, et les deux condyles par lesquels la tête s'articule avec la colonne vertébrale, au lieu d’être placés vers le milieu de la face inférieure du crâne, se portent de plus en plus en arrière et finissent par en occuper la face postérieure, de façon que les mâchoires , au lieu de former un angle droit avec la colonne vertébrale, deviennent parallèles à l'axe du corps. Du reste, on trouve partout à-peu- près les mêmes os, et le mode d’articulation de la mâchoire inférieure est caractéristique de la classe des mammifères ; cet (1) Voyez fig. 65 , pag. 218, 1° partie. (2) Tète d’un jeune orang-outang : — fos frontal ; — p os pariétal ; — 4 tem- poral; — o occipital; — po os de la pommette ; — »7 maxillaire supérieur ; — :inter-maxillaire ; — »2 maxillaire inférieur. (3) Tête de sanglier. (4) Voyez pag. 198, &"° partie, CLASSE DES MAMMIFÈRES. 15 os se fixe immédiatement au crâne par deux condyles saillans et la portion du temporal qui le reçoit est confondue avec le rocher, et entre dans la composition des parois du crâne, tandis que, chez les vertébrés ovipares, cette mâchoire est suspendue à un os intermédiaire entre lui et le rocher. vd Fig. 83 (1). SQUELETTE DE CHAMEAU. 6 289. Les vertèbres ont les mêmes caractères que chez l’homme , et la colonne épinière présente aussi presque toujours cinq parties distinctes. La portion cervicale varie beaucoup d’é- tendue ; chez la girafe et le chameau ({g. 83), par exemple, elle est d'une longueur extrême , tandis que, chez les baleines, elle est à peine distincte, mais néanmoins elle se compose presque tou- jours du même nombre d'os; chez tous les mammifères , excepté un seul, il y a sept vertèbres cervicales : l’Aï en a neuf. En général, le cou est d'autant plus court que la tête est plus grosse, et, par conséquent, plus lourde ; la longueur de ces deux parties réunies (1) Squelette du chameau sur un fond noir représentant la silhouette de l'animal : — v c vertèbres cervicales ; — v 4 vertèbres dorsales ; — + / vertèbres lombaires; — vs sacrum ; — vgq vertèbre de la queue ; — o omoplate ; — k hu- mérus; — cu Cubitus; — ca carpe; — #16 métacarpe ; — ph phalanges; — fe fémur ; — ro rotule; — #i tibia ; — «x tarse ; m1 métatarse. Vertèbres, 16 - ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. est ordinairement égale à celle du train de devant, circonstance sans laquelle les quadrupèdes, qui ne portent pas leurs alimens vers la bouche à l’aide de la main ou d’une trompe préhensile , ne pourraient, à moins de se coucher à terre, ni paître ni boire. Les vertèbres dorsales, qui s’articulent avec les côtes, sont au nombre de douze à quinze chez la plupart des mammifères, mais chez quelques-uns de ces animaux on en trouve davantage : le cheval en a dix-huit et l'éléphant vingt. Les différences que lon remarque dans la forme de ces os dépendent, en majeure partie, du développement plus ou moins considérable de leur apophyse épineuse; ces apophyses donnent attache au ligament cervical qui sert à soutenir la tête : aussi sont-elles d'autant plus longues, plus droites et plus fortes, que celle-ci est plus lourde ou qu’elle est portée sur un cou plus long. C’est principalement de la lon- gueur de la portion lombaire de la colonne vertébrale que dé- pend la taille grêle ou ramassée des quadrupèdes, et cette lon- gueur tient au nombre de vertèbres placées entre le dos et le bassin ; chez la plupart des mammifères, il en existe six ou sept, et leur nombre s'élève quelquefois à neuf, tandis que d’autres fois on n’en compte que quatre, trois, ou même deux. Dans les cétacés, on ne peut les distinguer des vertèbres sacrées, qui, chez les quadrupèdes , se réunissent aux os des hanches pour former le bassin. Le nombre de ces dernières vertèbres varie beaucoup; dans le lori, le phalanger, le galéopithèque et quel- ques autres mammifères, on n’en trouve qu’une seule; chez un grand nombre d’autres , il y en deux, trois, ou même quatre, et quelquefois on en trouve Jusqu'à sept; en général, le sa- crum est, proportion gardée, plus large dans les espèces qui ont l'habitude de se tenir debout que dans les autres ; mais il ne présente, chez aucun quadrupède , autant de largeur ni une position aussi favorable à la solidité de la station que chez l’homme ; chez tous les autres mammifères , il forme , avec l’é- pine dorsale , une seule ligne droite. Enfin les vertèbres coccy- giennes manquent complètement chez un petit nombre de mammifères (les roussettes, par exemple), et varient beau- coup chez les autres ; dans quelques espèces on en compte plus de trente. Elles sont de deux sortes : les unes conservent un canal pour le passage de la moelle épinière , les autres n’en ont plus ; enfin leurs apophyses sont d'autant plus saillantes que la queue est plus forte et plus mobile ; chez la plupart des mam- mifères, cet organe ne sert que peu aux mouvemens, mais chez d’autres il devient un instrument puissant de locomotion. Ainsi dans les kanguroos, les gerboises, etc. , la queue forme, avec les pieds de derrière, une espèce de trépied sur lequel l'animal se pose et s’élance ; chez un grand nombre de singes de lAmé- CLASSE DES MAMMIFÈRES. h7 rique, elle est préhensile et sert à ces animaux comme une cinquième main pour se suspendre aux branches ; enfin , chez les cétacés, elle prend un accroissement énorme et devient l'agent principal de la natation. 6 290. La conformation du thorax varie peu chez les mammi- fères ; Le nombre des côtes est le même que celui des vertèbres dorsales, et leur disposition ne diffère pas notablement de ce que nous avons vu chez l’homme. Le sternum est, en général, étroit et allongé , et se compose toujours d’un certain nombre de pièces disposées en série longitudinale. Chez les chauve- souris, Où les muscles abaisseurs de l'aile doivent avoir une grande puissance et trouver sur cet os une large surface pour leur insertion, il présente souvent, sur la ligne médiane, une crête élevée qui ressemble un peu au bréchet des oiseaux. Dans les quadrupèdes qui n’ont pas de clavicule , la poitrine est comprimée sur les côtés, et le sternum forme en avant une saillie plus ou moins marquée. Enfin, chez tous les animaux de cette classe , la cavité thoracique est séparée de l'abdomen par une cloison complète formée par le muscle diaphragme ( voyez fg. 17, pag. 6, et introduction , pag. 83, fig. 28). $ 291. Les membres sont au nombre de quatre chez tous les mammifères ordinaires, nrais chez les cétacés il n’y en a que deux , car les abdominaux n'existent pas. De même que chez l'homme, ces organes se composent toujours d’une portion basilaire et d’un lévier articulé qui se divise en trois parties principales, savoir : le bras ou la cuisse, Pavant-bras ou la jambe , et la main ou le pied; mais le mode de conformation de ces diverses parties varie un peu, suivant les usages auxquels elles sont destinées. La portion basilaire du membre thoracique , ou l'épaule, se compose essentiellement d’un grand os plat qui est appliqué sur les côtes et qui donne attache au bras: c’est lomoplate ou scapulum. Cet os est d'autant plus étendu dans le sens parallèle à la colonne, que l'animal fait avec ses bras des efforts plus violens ; et, en effet, cette conformation fournit aux muscles destinés à porter le membre contre le tronc des points d’inser- tion plus étendus. Chez les mammifères qui se servent de leurs membres thoraciques comme d'organes de préhension ou de vol, et qui les portent avec force en dedans vers la poitrine , l'omo- plate est maintenue dans sa position normale à l’aide de la cla- vicule qui , par l'une de ses extrémités, s'articule avec elle, et par l’autre s’appuie sur le sternum en manière d’arc-boutant (el fig. 84); mais chez les quadrupèdes qui n’exécutent que peu ou point de mouvemens analogues , et qui ne font guère usage de ces membres que pour la marche ou la nage, la clavicule 2 Thorax. » $ x MT. Membres. Epaule. Hanches. 18 ZOOLOGIE DESCR{PTIVE. manque complètement ou n'existe qu’à l’état de vestige ; tous les quadrupèdes à sabots et plusieurs autres sont dans le même cas. Les fonctions de la portion basilaire des membres abdomi- naux varient moins que celles de l’épaule : aussi le mode de conformation de cette partie est-il plus constant. Excepté chez les cétacés, où le bassin n'existe qu'à l'état de vestige , les os des hanches s’articulent toujours d’une manière immobile au sacrum , et se réunissent entre eux par leur extrémité infé- rieure , de facon à former un anneau complet et plus ou moins évasé, nommé bassin. La forme et,les dimensions de cette ceinture osseuse varient beaucoup; et il est à noter que, toutes choses égales d’ailleurs, la position verticale sur les membres abdominaux est d'autant plus facile que le bassin est plus large. Pa Fig. 84 (1). SQUELETTE DE CHAUVE-SOURIS. Brasetjam- Le bras et la cuisse ne présentent , chez tous les mammifères , bes. qu'un seul os, l’humérus ou le fémur. Les os de l’avant-bras et de la jambe sont généralement les mêmes que chez l’homme ; mais, chez les chauve-souris , il existe, aux membres antérieurs aussi bien qu'aux membres postérieurs, une rotule distincte. Lorsque la main devient un organe de locomotion et non de préhension , le radius ne peut plus tourner sur le cubitus et finit par s’y souder si intimement, qu’on ne peut plus l’en dis- tinguer ; il en est de même pour le péroné , qui se confond avec le tibia chez la plupart des quadrupèdes à sabots. Pieds et La conformation de la main et du pied varie beaucoup dans mains. cette classe d'animaux. Le nombre des doigts ne dépasse jamais (1) Les lettres de renvoi de cette figure et de la figure 86 ont la même signi- fivation que la figure 83 page 15. CLASSE DES MAMMIFÈRES. 19 Fig. 85. (1) cinq; maislorsque lesmembresne doivent ser- vir que de soutiens à l'animal, il y en a souvent beaucoup moins (fig. 83 et 85). Dans ce cas, ils sont en général courts et peu mobiles, et les os du métacarpe ou du métatarse se réunissent souvent pour former une seule pièce désignée communément sous le nom de canon (ce). Lors- que la main devient un organe de préhen- sion , les doigts s’allongent et acquièrent une grande mobilité ; enfin , pour transformer ce membre en aile, la nature donne à ces ap- pendices encore plus de longueur et les réu- nit par un prolongement de la peau, qui ne les empêche pas de s’écarter beaucoup entre eux (/ig. 84); et, pour en faire unenageoire, elle le raccourcit, élargit et enveloppe tous les doigts dans une peau commune sans appor- ter , du reste, aucun changement important dans la structure de ces parties. Pour s’en con- vaincre, il suffit de comparer les membres thoraciques de lélé- phant ou du chameau (fig. 83), de Phomme, de la chauve-souris (fig. 84), d'un phoque (/g. 86) et d’un cétacé. Il est seulement à noter que, dans les nageoires des baleines, le nombre des pha- langes commence à augmenter ; on en compte jusqw à sept à l’un des doigts, et cette disposition conduit évidemment à celle que nous trouverons dans les membres des poissons. Fig. 86. SQUELETTE DE PHOQUE. (1) Jambe postérieure du cheval: — # tibia; — ta première rangée des os du tarse ; — tu” deuxième rangée de ces os; — e métatarse ou canon; — s stylet formé par un rudiment de doigt latéral ; — p phalange ; — pi phalangine; — gt phalangette enveloppée par le sabot. ui Peau. Poils, 20 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Le degré de flexibilité des doigts et la nature de leurs mou- vemens influent sur leurs usages, non-seulement comme organes de locomotion et de préhension, mais aussi comme instrumens du sens du toucher. Lorsqu'ils ne peuvent embrasser les objets pour les palper , et que la main ne peut se mouler en quelque sorte sur leur forme, le iact doit être nécessairement très im- parfait; et ce qui Lend ‘à l’'émousser encore davantage, c’est lorsque l’ongle, au lieu de laisser à découvert la plus grande portion de l'extrémité du doigt, l'enveloppe en entier et prend la forme d’un sabot (fig. 85). Or, la perfection plus ou moins orande de ce sens influe à son tour sur le développement de Pin- telligence , et on peut dire avec vérité que , dans l’immense ma- jorité des cas, sinon toujours, les facultés des mamnufères sont d'autant plus élevées que leurs membres sont mieux conformés pour saisir et pour palper. $ 292. La peau, qui, ainsi que nous l’avons déjà vu, est le siège du sens du toucher , présente , chez.la plupart des mam- mifères, des particularités remarquables ; chez un petit nombre de ces animaux elle est nue , mais chez la plupart elle est garnie de poils servant à la protéger , et à conserver la chaleur développée dans l’intérieur du corps. L’existence de ces appen- dices tégumentaires est même tellement caractéristique de cette classe, qu’un des zoologistes les plus habiles de l'époque , M. de Blainville , à proposé de remplacer le nom de mammifères par celui de piliféres, lequel contrasterait avec les mots penniferes et de squammiftres qu’il voudrait faire adopter pour désigner les oiseaux et les poissons. Les poils sont produits par de petits organes sécréteurs logés dans lépaisseur du derme ou immédiatement au-dessous de lui. Chaque poil se forme dans une petite poche ovoïde , à parois blanches et résistantes, qui communique au-dehors par une ouverture étroite , et qui est appelée capsule. L'intérieur de cette cavité est revêlu d’une membrane tantôt rougeûtre , tantôt diversement colorée , qui parait être une continuation du ré- seau muqueux de la peau , et à sa partie inférieure se trouve une papille conique Ou bourgeon qui reçoit un nerfet des vais- seaux sanguins et qui produit le poil. La substance dont ces appendices tégumentaires sont en majeure partie composés offre la plus grande analogie avec du mucus desséché. En les exami- nant au microscope , on voit quelquefois très distinctement qu'ils sont formés d'une foule de petits cônes ou cornets emboîtés les uns dans les autres; mais, en général, 1ls ont l'apparence d'un simple tube corné, dont l’intérieur parait être rempli d'une matière pulpeuse. Chez la plupart des animaux, ils sont cylindriques et plus gros à leur base qu’à leur sommet ; CLASSE DES MAMMIFÈRES, 21 souvent 1ls sont plus où moins aplatis, on en connait qui sont tout-à-fait lamelleux et semblables à des brins d'herbes ; tantôt leur surface paraît être parfaitement lisse, et d’autres fois elle est cannelée ou garnie de petites aspérités, ou bien présente un aspect moniliforme; enfin leur grosseur, leur forme et leur élasticité varient aussi beaucoup d’un animal à un autre, ainsi que dans les différentes parties du corps d’un même individu. Les noms par lesquels on désigne les diverses variétés de poils diffèrent suivant les propriétés de ces filamens cornés et suivant les parties où ils croissent. Ainsi on les appelle piquans lors- qu'ils sont très gros, pointus , très raides et qu’ils ressemblent à des épines, et sotes, lorsqu'ils sont moins gros et beaucoup moins résistans , mais encore très raides , excepté vers leur ex- trémité; les crins ne diffèrent guère des soies que par un peu plus de souplesse et moins de grosseur ; en général, ils sont droits comme elles, mais cependant ils sont quelquefois on- dulés , surtout lorsqu'ils sont très longs. La Zaëne est une espèce de poil long , très fin et contourné en tous sens ; enfin le duvet ou la bourre se compose de poils d’une finesse ou d’une mollesse extrème, qui, en général , se trouve caché au-dessous d’une couche plus ou moins épaisse de poils ordinaires, que l’on désigne souvent sous le nom de jar. La couleur des poils varie beaucoup , mais peut presque tou- jours se rapporter à des modifications du blanc, du noir , du brun roux ou de jaunâtre ; elle paraît dépendre de lPexistence d’une graisse colorée qui est soluble dans l'esprit de vin bouil- lant; et lorsqu'on extrait cette huile par l’action du liquide dont nous venons de parler, les poils prennent tous une teinte gris-jaunâtre. Dans les cheveux blancs , on a trouvé aussi une huile blanche, qui , dans les cheveux roux est remplacée par une huile rougeàtre , et dans les cheveux noirs on a constaté l'existence d’une huile teinte en noir bleuâtre par du sulfure de fer (1). Tantôt les poils ont, dans toute leur longueur , la même couleur ; tantôt ils sont plus foncés à leur extrémité qu’à leur base, et quelquefois aussi ils présentent une série d’anneaux blancs et colorés. Du reste leur couleur varie, presque toujours, dans les différentes parties du corps, et la disposition générale de ces teintes constitue ce que l’on nommele pelage des animaux. En général les couleurs sont beaucoup plus foncées à la face (t) Il existe aussi, dans les différentes espèces de cheveux, du soufre qui peut facilement se combiner avec le plomb et quelques autres métaux pour former des sulfures colorés; c’est de la sorte qu’on parvient à les teindre en noir par l'application de sels de plomb, de mercure, etc. : le sulfure qu se forme alors dans la substance du poil étant de cette couleur, 22 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, supérieure qu'à la face inférieure du corps; et lor squ’elles forment des taches, celles-ci sont toujours disposées symétri- quement de chaque côté, à moins toutefois que les animaux ne soient réduits à l’état de domesticité, car alors leur pelage pré- sente souvent la plus grande irrégularités. Le pelage est ordinairement le même dans les deux sexes , et, en général , ne varie que peu aux différens âges. Dans quelques espèces cependant , les jeunes ont des taches et des nuances va- riées qui disparaissent chez l’adulte, et souvent il arrive que la couleur des mammifères change avec les saisons. Dans les pays froids , on en voit un grand nombre devenir entièrement blancs ou gris pendant l'hiver, et quelquefois aussi le même effet est produit accidentellement par des maladies ou par des causes que nous ne COnnaissons pas. En général , les poils tombent à une époque déterminée de l’année et sont remplacés par d’autres ; cette mue a lieu le plus souvent au printemps ou en automne. Tantôt elle s'opère sans que la couleur du pelage soit modifiée ; d’autres fois elle en- traine des changemens très considérables, soit dans la cou- leur, soit dans l'abondance et la nature des poils. En hiver, la fourrure des animaux est ordinairement beaucoup plus épaisse qu’en élé , eton y trouve, sous les crins ou poils plus ou moins soyeux qui la composent en partie , une quantité beaucoup plus considérable de duvet. L'influence de la température se fait sentir de la même manière sur les animaux qui habitent des chimats différens ; ceux des pays froids ont une fourrure épaisse et abondamment fournie de duvet, tandis que ceux des pays chauds n’ont guère que des poils courts, secs , raides et peu nombreux. Lersque les bulbes des poils sont extrêmement rapprochés, les fii:mens cornés qu'ils produisent se soudent en quelque sorte enire cux et forment des lames solides : c’est de la sorte que sscni naitre les espèces d’écailles qui recouvrent tout le ps de certains mammifères très singuliers, Connus sous le noi de paorgrlins; et les anatomistes s'accordent à regarder les Gngies et les cornes comme ayant la même origne. Juant à la structure de la peau, elle ne présente, chez les maminii res, rien de très parliculier. Ç 92. Les. organes des autres sens offrent aussi, dans tous les animaux de cette classe , à-peu-près le même mode d’orga nisation que chez l! homme. Dans ceux qui sont remarquables par la finesse de leur odorat (et ce sont les carnassiers plus que tous les autres ), les fosses nasales et les sinus frontaux prennent un accroissement très considérable, et les cornets, qui font saillie dans l’intérieur de la cavité olfactive, se développent am. CLASSE DES MAMMIFÈRES. 23 beaucoup; dispositions dont lutilité est facile à comprendre car elles tendent toutes à donner à la membrane pituitaire, siège de ce sens, une surface plus étendue. Les yeux sont, en général, plus gros proporlionnellement chez les mammifères nocturnes que chez ceux qui cherchent leur nourriture en plein jour; et chez les premiers, la pupille, en se rétrécissant sous linfluence de la lumière, au lieu de conserver sa forme circulaire, prend ordinairement l’appa- rence d’une fente. Chez ceux qui sont condamnés , par leur vie souterraine, à une obscurité complète, les yeux deviennent extrémement petits, et n'existent quelquefois qu’à l’état de ves- tiges; enfin, chez les mammifères qui vivent dans l’eau, le cristallin est plus sphérique que chez ceux qui vivent dans lair , et cette disposition était nécessaire pour augmenter le pouvoir réfringent de l'œil , qui , toutes choses égales @ ailleurs , a besoin de pouvoir rassembler les rayons de lumière avec d'autant plus de force qu’il est placé dans un milieu plus dense. On remarque aussi que , chez beaucoup de ces animaux, il existe au fond de l'œil, sur la choroïde , une tache colorée d’une manière très vive que l’on nomme fapis , mais on en ignore les usages. Plu- sieurs ont aussi une troisième paupière très développée et placée verticalement à l'angle interne des deux autres. Enfin la direction des yeux varie beaucoup : chez l’homme, ils sont dirigés presque directement en avant; mais à mesure que lon descend dans la série des mammifères, vers ceux dont les facultés sont moins développées, on voit ces organes devenir de plus en plus latéraux, au point que, chez plusieurs La sphère de la vision est extrèmement différente pour chaque œil , et que l'animal ne peut voir directement devant lui. L'appareil auditif présente aussi , Chez les mammifères, quel- ques modifications qui paraissent ètre en rapport avec les mœurs de ces animaux. Chez ceux qui vivent dans l’eau ou sous la terre , la conque auditive est, en général, très petite ou même toul-à-fait rudimentaire , et à mesure que l’on descend depuis l’homme jusqu'aux herbivores, on voit cette partie de loreille prendre de plus en plus la forme d’un cornet acoustique, se détacher de plus en plus de la tête , et devenir de plus en plus mobile. On remarque aussi que, dans les quadrupèdes noc- turnes , la membrane du tympan occupe en général plus d'espace el se trouve plus à fleur de tête que chez les diurnes. $ 294. Quant au système nerveux, il ne diffère chez les divers mammifères que par le développement plus ou moins considé- rable de certaines de ses parties. Chez tous ces animaux, la masse nerveuse encéphalique est très considérable , soit pro- portionnellement au volume du corps, soit relativement à la Appareil de la vue. Appareil au- itif. Systeme ner- VEUX, Fonctions de nutrition, Appareil dentaire. 24 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. grosseur des nerfs; mais tous les organes qui la composent ne concourent pas également à ce développement : ainsi les hémi- sphères cérébraux sont très volumineux , tandis que les tuber- cules optiques sont fort petits où même presque rudimen- taires, et ces hémisphères sont réunis entre eux par une large commissure , que nous avons décrite précédemment sous le nom de corps calleux ou de mesolobe (1); par la suite nous verrons que, chez les oiseaux , les reptiles et les poissons, il en est tout autrement. Le cervelet est de même assez volumineux chez la plupart des mammifères ; il se compose toujours d’un lobe médian {pro- cessus vermiculaire superieur ), de deux hémisphères qui ont la forme de feuillets séparés par des sillons transversaux, et d’une commissure qui entoure la moelle épinière en dessous et qu’on nomme la protubeérance annulaire (2). Du reste , le déve- loppement de ces parties varie beaucoup chez les mammifères , non-seulement sous le rapport de leur volume, mais encore sous celui des sillons et des circonvolutions de leur surface. À mesure que l’on passe de l’homme aux singes, de ceux-ci aux Carnassiers , et des carnassiers aux rongeurs et aux ami- maux herbivores, on voit, en général, le cerveau devenir de plus en plus petit et de plus en plus lisse. En général, la face se développe en sens contraire de lencéphale et du crâne, de façon qu’on peut, jusqu’à un certain point, juger de la conformation de lune par celle de l’autre, et appré- cier , d’une manière approximalive, par la comparaison de ces deux parties de la tête, l'étendue des facultés intellectuelles et morales. (2) 6 295. Les fonctions de nutrition s’exécutent chez tous les mammifères à-peu-près comme chez l’homme ; aussi la struc- ture des organes qui sont destinés à leur exercice ne varie- t-elle que fort peu dans cette grande classe d'animaux. C’est l'appareil digestif qui présente les différences les plus im- portantes. Presque tous les mammifères sont pourvus de dents destinées à diviser leurs alimens, mais le nombre et la forme de ces or- ganes varie suivant le régime de l’animal. Chez ceux qui se (1) Introduction , page 144. (2) Voyez introduction, fig. 39 et 40, pag. 142 et 145. (3) Voyez introduction, page 198. CLASSE DES MAMMIFÈRES. 25 Fig. 81. nourrissent de chair , les mo- laires (fig. 86) sont compri- mées et tranchantes, de façon à agir les unes contre les au- tres , comme le font les lames d’une paire de ciseaux ; chez ceux qui vivent d'insectes , ces dents (/ig. 87) sont héris- sées de pointes contiguës qui se correspondent, demanière que lesunes s'emboîtent dans les intervalles que les autres laissent entre elles. Lorsque -Ja nourriture de ces animaux consiste principalement en fruits mous, ces dents (fig. 88) sont simplement garnies de tubercules mous, et lors- qu'elles sont destinées à broyer des substances végé- tales plus ou moins dures, elles sont terminées par une large surface aplatie et rude comme celle d’une meule ( fig. 89), De toutes les dents, les molaires sont générale- ment les plus utiles; aussi leur existence est-elle plus constante que celle des inci- sives ou des canines : celles- ci sont nécessaires pour sai- sir et dévorer une proie vi- vante, et ne manquent, par conséquent, chez aucun car- nassier; mais elles sontmoins utiles aux herbivores, et les unes ou les autres manquent chez plusieurs des mammi- fères qui ont un régime végé- tal. Quelquefois aussi elles ne x servent plus à la mastica- lion , mais prennent un grand développement et constituent des défenses plus ou moins puissantes. La conformation de l'estomac varie aussi beaucoup : en géné- val, cet organe est simple comme chez lhof@ime , mais quelque- üf Tube diges- 26 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. fois 11 se compose d’une série nombreuse de poches distinctes , el, dans ce cas, 1l arrive ordinairement que les alimens, après avoir séjourné un certain temps dans une première cavité sto- macale, remontent dans la bouche pour y subir une mastica- ion plus complète , avant que de passer dans les portions sui- vantes du: tube digestif : phénomène que l’on désigne sous le nom de rumination. L’intestin , come nous l’avons déjà dit, présente des différences très considérables dans sa longueur et dans son ampleur , suivant que les alimens qui doivent y péné- trer sont fournis par le règne animal ou par le règne végétal : ainsi dans beaucoup de carnassiers, sa longueur n’est que d’en- viron trois ou quatre fois celle du corps, tandis que, chez les herbivores , elle est ordinairement de dix à douze fois , et quelquefois de près de vingt-huit fois cette longueur ( dans le moüton, par exemple ). Enfin les glandes salivaires, le foie, le pancréas, le péritoine et les autres annexes du canal digestif ressemblent presque toujours à ce que nous avons vu chez l’homme. Il en est de même de l'appareil de la circulation et de celui de a respiration : le cœur présente partout quatre cavités bien dis- üuncies ; savoir , deux oreillettes et deux ventricules ; toujours les poumons renferment aussi un nombre immense de très petites cellules, et ne laissent point passer l'air de leur intérieur dans les différentes parties du corps, ainsi que cela se voit chez les oiseaux. . KReproduc- (296. Le mode de reproduction des mammifères, comme nous SFA l'avons déjà dit, est caractéristique de cette grande division des animaux vertébrés, et après la naissance, le jeune tire encore sa nourriture du corps de sa mère; car celle-ci est toujours pour- vue de mamelles au moyen desquelles elle lallaite pendant les premiers temps de sa vie. Tantôt les petits naissent les yeux ou- verts, et peuvent de suite courir et chercher eux-mêmes leur nourriture; mais un grand nombre d’autres mammifères vien nent au monde les yeux fermés , et dans un état de faiblesse telle, qu'ils peuvent à peine se mouvoir; il en est même qui naissent pour ainsi dire avant terme, car leur corps esi à peine ébau- ché, et ils ne pourraient vivre s'ils ne se greffaient en quelque sorte à la tétine de leur mère, où ils restent suspendus pendant un temps considérable. Il est aussi à noter que chez la plupart des animaux qui naissent dans cet état d’imperfection extrême , la peau du ventre forme, au-devant des mamelles , une poche servant à loger et à protéger les petits. \pparelde Les mamelles ne servent à l’allaitement des jeunes que chez la lactation, [es femelles, mais elles existent aussi chez le mâle. Leur position varie beaucoup : tañftôt elles sont fixées sur la poitrine, d’autres Circulation ctrespiration. À CLASSE DES MAMMIFÈRES. Qi, fois sous le ventre ou même aux aines; enfin, leur nombre est, en général, à-peu-près en rapport avec celui des petits dont se compose chaque portée. Le produit de la sécrétion de ces glandes, ou le Lait, est un liquide blanc et opaque formé par de l'eau tenant en dissolution du sucre de lait, du caséum, quelques sels, et un peu d’acide lactique hbre, et tenant en suspension des globules de beurre. Ses qualités varient un peu chez les différens animaux et peu- vent être modifiées par les alimens dont ceux-ci font usage; en général , il laisse, par l’évaporation, 10 à 12 pour 100 de parties solides, mais sa richesse peut varier beaucoup, comme nous le verrons, du reste, lorsqu’en faisant l’histoire de la vache nous reviendrons sur son étude. $ 297. La classe des mammifères est très nombreuse et se com- pose de plusieurs groupes d'animaux qui présentent des types d'organisation bien distinets et qui forment autant d'ordres dif- férens. La plupart de ces groupes sont si nettement séparés de tout ce qui les entoure, qu’on ne peut avoir de doute sur leurs limites, et que tous les zoologistes s'accordent à les admettre comme formant autant de divisions naturelles; mais dans d’au- tres, le type principal se modifie tellement, qu'il se fait un passage presque insensible des uns aux autres, et que la ligne de démarcation devient très difficile à établir. Tel mammifère par exemple, a tout autant d’analogie avec le type qui représente l’ordre des quadrumanes qu'avec celui des édentés, et on peut, avec presque autant de raison, le placer dans Pune ou l'autre de ces divisions. Les différences qu’on rencontre dans ces séries d'animaux plus ou moins dissemblables, ont aussi paru à quel- ques naturalistes plus importantes qu’à d’autres, et les ont por- tés à répartir ces êtres dans un nombre d'ordres plus considéra- bles : aussi les auteurs n’adoptent-ils pas tous les mêmes bases pour la classification des mammifères, et ne sont-ils pas d’ac- cord sur le mode le plus naturel de les distribuer. La méthode que nous suivrons ici est, à peu de chose près, celle de Cuvier. Elle repose principalement sur les différences que les mammifères présentent dans leur mode de développe- ment et dans la conformation de leurs membres et de leur appa- reil de manducation, parties dont les modifications entrainent toujours avec elles une foule d’autres différences dans la struc- ture de diverses parties du corps, dans les mœurs, et même dans l’intelligence. La classe des mammifères se partage de la sorte en deux groupes principaux : les monodelphes, dont les jeunes, avant la naisssance, tirent leur nourriture d'un lacis de vaisseaux sanguins nommé placenta, et les didelphiens, qui se dévelop- Lait. Classifica- tion des mam- mifères, Supériori- té de l’homme sur les autres animaux. 28 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pent sans placenta et se rapprochent des ovo-vivipares, quant à leur mode de reproduction. Les premiers comprennent tous les mammifcres ordinaires, subdivisés à leur tour en sept ordres, et les mammifères pisciformes Ou cetaces; les seconds sont les marsupiaux et les monothremes. Les mammifères se répartissent ainsi en dix ordres, et dans le tableau ci-joint on peut voir les principaux caractères propres à chacune de ces divisions. DIVISION DES MAMMIFÈRES MONODELPHES. SUBDIVISION DES MAMMIFÈRES ORDINAIRES. ORDRE DES BIMANES. $ 298. L’ordre des bimanes, facile à distinguer du reste de la classe des mammifères par l’existence de mains aux membres thoraciques seulement, et par plusieurs autres caractères ana- tomiques, ne se compose que d’un seul genre, formé à son tour par une espèce unique. L'HOMME. $299. Notre organisation ne diffère que peu de celle d’un grand nombre d’autres mammifères ; les fonctions de la vie de nutri- tion s’exécutent de la même manière chez eux et chez nous, et la structure de nos organes des sens ne présente que peu de particularités; mais cependant l’homme se trouve à une dis- tance immense de tous les autres animaux, et ce qui Pen distin- gue surtout, c’est l'intelligence admirable dont la nature Pa doué. Les actions des animaux sont presque entièrement diri- gées par l’instincet, la faculté du raisonnement est chez eux nulle ou du moins extrêmement bornée, et ils ne peuvent, comme nous, représenter leurs idées par des signes et se les communi- quer entre eux (1) : aussi, les observations faites par l’un de (x) L’hômme seul possède un langage assez précis et assez varié pour influer sur le développement de l'intelligence ; mais c’est peut-être à tort que la plu- part des naturalistes se refusent à admettre l'existence de quelque chose d'ana- ORDRE DES BIMANES. 29 ces êtres , et l'expérience qu'il peut avoir acquise, ne profitent- elles qu'à lui seul, et sont sans résultat pour le reste de sa race ; tandis que, dans lespèce humaine , ces connaissances ,_ se transmettant par la parole et par écriture, se perfectionnent de plus en plus, et par leurs progrès réveillent en nous de nou- velles facultés ; Phomme , en un mot, est, de tous les animaux, le plus intelligent et le seul qui soit doué de perfectibilité et sus- ceplible de civilisation. Le cerveau , comme nous l’avons déjà vu, est le siège des fa- cultés intellectuelles : on doit donc s'attendre à trouver cet organe plus développé et d’une structure plus parfaite chez l’homme que chez tous les autres animaux , et c’est, en effet, ce qui parait résulter des recherches des anatomistes. Les hémi- sphères cérébraux sont plus volumineux proportionnellement chez nous que chez presque tous les autres mammifères ; les circonvolutions et les anfractuosités dont leur surface est sil- lonnée sont plus marquées et plus nombreuses, et le lobe pos- térieur se prolonge en arrière de façon à recouvrir le cervelet, tandis que chez la plupart des animaux, il ne le cache que très imparfaitement ou n'existe même pas (1). La hauteur de la partie antérieure deshémisphères cérébraux est aussi très remarquable chez l’homme, et cette disposition donne à son front un degré de saillie que les autres mammifères sont loin de présenter : les dimensions de la face sont en même temps moins considérables chez nous que chez ces derniers, et il résulte de ces deux cir- constances que notre angle facial est bien plus ouvert même que celui des animaux auxquels nous ressemblons le plus. (2) Du reste, ce n’est pas seulement à l’organisation de son cer- veau que l’homme doit sa supériorité sur tout ce qui l'entoure ; il présente encore d’autres particularités de structure qui , en le rendant le plus adroit de tous les animaux , contribuent aussi au développement de ses facultés, et le mode de conformation de ses membres est de ce nombre. Les membres thoraciques sont disposés de la manière la plus favorable pour l’exercice de leurs fonctions comme organes de préhension et de toucher ; les doigts sont longs et flexibles ; ils logue chez certains animaux. Lorsque nous étudierons les mœurs des insectes, nous verrons des phénomènes qui semblent indiquer que les fourmis, les abeil- les, etc., ont la faculté de se communiquer certaines idées; du reste cette fa- culté, lors même qu’elle existerait, serait trop bornée et trop incomplète pour pouvoir être comparée à la parole. (x) Voyez l'introduction, page 142, fig. 40. (2) Voyez ce qui a déjà été dit à ce sujet page 198 de l'introduction. Cerveau. Mains, Position ver- ticale. 90 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ont tous, excepté quelquefois lannulaire, des mouvemens sépa- rés , Ce qui n'a pas lieu chez les autres animaux , même chez ceux qui sont pourvus de mains. Le pouce, qui leur est opposable, est plus long à proportion que chez les singes , et, par conséquent , peut s'appliquer plus facilement contre l'extrémité de la face pal- maire des autres doigts et mieux saisir les petits objets. Les ongles, qui sont larges et plats, ne garnissent que la face dorsale de Pextrémité des doigts, de manière à prêter un appui au tact, sans rien lui ôter de sa délicatesse ; la main en entier peut exé- cuter des mouvemens de rotation des plus étendus, et le bras qui la porte trouve une attache solide à notre large omoplate et à notre longue clavicule. Mais, sous ce rapport, ce ne sont pas là les seuls avantages que présentent notre mode d'organisation; la division du travail exécuté par les membres est portée plus loin que chez les autres mammifères, et nous savons déjà que c’est en divisant ainsi le travail que la nature perfectionne tou- jours le jeu des organes (1). Chez tous les mammifères , l’homme excepté, les membres antérieurs servent aux mêmes usages que les membres postérieurs et sont toujours employés à la loco- motion , lors même qu’ils sont conformés de manière à pouvoir agir en même temps comme organes de préhension; chez l’homme, au contraire, les membres postérieurs servent exclu- sivement à la station et à la locomotion, tandis que les membres antérieurs restent libres pour agir comme instrumens de pré- hension et de toucher, différence qui suffirait déjà à elle seule pour les faire remplir leurs fonctions avec un degré de perfection bien supérieur à tout ce qu'on voit chez les singes et les autres mammifères. $ 300. La position verticale qui, sous une foule d’autres rap- ports encore , est si favorable à l’homme , a été considérée par quelques auteurs comme ne lui étant pas naturelle et comme élant seulement le résultat de l'éducation ; mais c’est une erreur. Quand même ille voudrait, l’homme ne pourrait marcher ha- bituellement à quatre pattes ; ilest, de tous les mammifères, ce- lui dont les membres postérieurs sont conformés de la manière la plus favorable pour servir de soutiens au corps , ettout, dans son organisation , est disposé pour la station verticale. En effet, la conformation des membres suflirait déjà pour rendre la position horizontale extrêmement incommode ; chez les quadrupèdes , le tronc est soutenu en avant sur une espèce de sangle charnue très forte qui se fixe aux omoplates et qui est formée par les muscles grands denteles; la poitrine est en ‘ (1) Voyez l'Introduction , page vite, À 14e ORDRE DES BIMANES. 31 même temps étroite, de façon qu'il suffit d’une légère déviation du corps pour que l'équilibre ne soit pas rompu lorsque l’ani- mal lève une de ses pattes de devant; enfin, l'extrémité de ces membres présente un degré de solidité qui est incompatible avec une grande flexibilité, mais qui est très utile pour la loco- motion. Chez l’homme, au contraire , le muscle grand dentelé est extrêmement faible, les épaules sont très écartées, et la main ne fournirait pas au corps un appui solide ; enfin, le peu de flexi- bilité du pied sur la jambe et la longueur de la cuisse ramenerait continuellement le genou contre terre. La tête des quadrupèdes est soutenue par un ligament appelé cervical , qui s’élend de locciput aux vertèbres de la base du cou, et ces vertèbres sont disposées de façon à les empècher de se fléchir en avant et à don- ner une grande puissance aux museles releveurs de la tête. Mais chez l’homme, il n'existe pas de ligament cervical, et les vertè- bres ne présentent pas de disposition semblable, bien que la tête soit proportionnellement plus pesante que chez aucun autre animal ; aussi, dans la position horizontale, pourrait-il tout au plus la maintenir sur la même ligne que l’épine du dos, et alors ses yeux élant dirigés contre terre, il ne pourrait voir devant lui. Du reste, cette position ne serait pas seulement gènante , elle serait impossible à conserver long-temps ; car les artères qui vont au cerveau de l’homme ne se subdivisent point comme dans beaucoup de quadrupèdes, et leur volume étant très consi- dérable , le sang s’y porterait avec tant de force qu’il en résulte- rait des apoplexies fréquentes. Dans la position verticale et bipède, au contraire , tout dans le corps humain est admirablement bien calculé pour rendre la station solide et les mouvemens faciles. Le pied est très large et disposé de façon à appuyer sur le sol dans presque toute l'étendue de sa surface inférieure; les divers os qui le forment sont solidement unis entre eux, et la jambe poseverticalement sur lui; le genou peut s'étendre complètement, de sorte que le poids du corps se transmet directement du fémur au tibia; les muscles qui étendent le pied et la cuisse sont remarquables par leur volume et leur force, et leur mode d'insertion est favorable au déploiement d’une grande puissance; car le talon fait une saillie considérable en arrière de l'articulation du pied, de ma- nière que le bras de lévier de la puissance , représenté par cet organe, est beaucoup plus long que celui de la résistance ; le bas- sin est beaucoup plus large que chez les autres animaux , ce qui, en écartant les cuisses et les pieds, augmente l’étendue de la base de sustentation ; la courbure brusque de lextrémité supérieure du fémur contribue aussi à produire le même effet ; enfin, la tête est presque en équilibre sur le tronc, parce que son articulation Appareil vo- cal. Faiblesse, Sociabilité. Régime, 39 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. PA est alors sous le milieu de sa masse, et les Yeux sont dirigés en avant, précisément dans la direction où ils doivent être le plus utiles. L'homme est le seul mammifère vraiment bimane et hipcde. Les singes, qui, sous beaucoup d’autres rapports, lui ressem- blent extrêmement , ont bien les membres antérieurs disposés comme les siens ; mais leur pied est très différent : c’est une véri- table main propre à saisir et à grimper (#g. 93) , tandis que notre pied ne peut, en aucune façon, servir d’organe de préhension ; car ses doigts sont peu flexibles, et le pouce, qui est plus gros que les autres orteils et placé sur la même ligne, ne leur est point opposable. 6 301. Un autre caractère, qui distingue l’homme des mam- mifères en général, est la perfection de son appareil vocal : c’est le seul être de cette classe qui puisse articuler les sons, et c’est à cette faculté qu'il doit la parole. Mais l’homme, qui est si favorisé du côté de l'intelligence et de Padresse, ne l’est point du côté de la force: Sa vitesse à la course est beaucoup moindre que celle des animaux de sa taille, et la nature ne l’a pourvu d'armes ni pour l'attaque, ni pour la défense. Une grande partie de son corps n’a même pas de poils pour le protéger contre l’intempérie des saisons, et il est de tous les animaux celui qui est le plus long-temps à prendre les forces nécessaires pour qu'il puisse se suffire à lui-même. Si la nature n'avait pas donné à l’homme l'instinct de la socia- bilité et la puissanteintelligence qui le distingue, il aurait été un des êtres les plus misérables qui habitent la surface de la terre, et probablement sa race en aurait bientôt disparu; mais cette impulsion instinctive, jointe au sentiment de sa faiblesse, la porté à vivre associé avec ses semblables, et alors ses facultés intellectuelles lui ont permis de tirer parti de tout ce qui l’entou- rail, pour assurer sa subsistance et son bien-être : aussi s'est-il multiplié presque à l'infini et s'est-il répandu sur tous les points de la surface du globe. (1) $ 302. D’après cela seul que l’homme est évidemment destiné à vivre en société, on devait présumer qu’il étaitfail pour se nour- rir de substances végétales plutôt que de chair. En effet les mam- mifères carnivores sont presque toujours solitaires ; car, pour trouver une proie suffisante, il faut qu’ils se répandent au loin , et, s'ils étaient rassemblés en troupes nombreuses, ils se nui- raient entre eux , tandis que les herbivores, trouvant une nour- (x) Le nombre des hommes qui peuplent aujourd’hui la surface de la terre est loin d’être connu avec exactitude; mais d’après les calculs les plus récens des ORDRE DES BIMANES. 33 riture plus abondante, n’ont pas besoin de se la disputer et peu- vent vivre paisiblement en société. Du reste, la disposition de l'appareil digestifmontre aussi que l’homme est fait pour se nour- rir principalement de fruits et de racines. Ses dents sont confor- mées de la même manière que celles des autres mammifères fru- givores. Son estomac est simple ; son canal intestinal assez long, et son gros intestin volumineux. Ses mâchoires courtes et de force médiocre, et ses canines, égales aux autres dents, ne lui permettraient guère de dévorer de la chair , s’ilne prépa- rait ses alimens par la cuisson ; mais il s’accoutume facilement aux matières animales ainsi modifiées par le feu, et leur usage, joint à celui des substances végétales, parait même plus favo- rables au développement de ses forces et à la conservation de la santé, qu’un régime exclusivement végétal : ainsi, lors même que lhomme aurait été primitivement frugivore, il est évident que, dès les premiers momens de sa civilisation, il est devenu essentiellement omnivore. $ 303. Les détails dans lesquels nous sommes entrés relative- ment à la structure de l’homme, en traitant de la physiologie et de l'anatomie, nous permettent de ne pas revenir ici sur l'ensem- ble de son organisation, et, pour compléter l’'énumération des particularités les plus importantes qu’il nous offre, nous nous bornerons à rappeler qu’il a trente-trois vertèbres, dont sept cer- vicales, douze dorsales, cinq lombaires , cinq sacrées (soudées en statisticiens, il paraîtrait qu’on peut l’évaluer à environ sept cent trente-sept millions , répartis de la manière suivante : Habitans par lieue carrée, Population. de 25 au depré. ÉUFOPE-T ler tete rte 0 227:700,000 M VeNetelitee 472 AGIÉM AAA NSTS 413 RFA AM 390,000,000. . . . . . .. 184 Afrique. . . . . CP RUE 06 cie 60;000:000: 1-0 40 Amérique. -4. {ta - (en.es ei} » 309500070004. HR 20 Océanie (y compris les iles de la Sonde etc) - 1. > + à. +» Lu. 20,000,000 CIE N 37 La population plus ou moins nombreuse d’un pays dépend moins de son cli- mat que de la civilisation et des richesses de ses habitans, Dans l’empire britan- nique, on compte 1480 habitans par lieue carrée; dans l’empire francais, 1200 pour la même superficie du sol; dans l'empire prussien, 895 : dans l'empire russe, 202. Dans les possessions asiatiques de cette dernière puissance, il n’y a guère plus de 46 habitans pour dix fois cette étendue de terrain ; et dans la Nou- velle-Hollande orientale, on n’évalue leur nombre qu’à environ 23 pour cent lieues carrées, c’est-a-dire pour un espace, qui, en France, serait peuplé par pres de 120,000 âmes, Diverses par- ticularités de structure. Naissances. 34 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. une seule pièce) et quatre (1) coccygiennes, cachées sous la pean : douze paires de côtes, dont sept vraies côtes et cinq faus- ses côtes: point d'os intermaxillaires distincts comme chez la plupart des mammifères, le nez et le menton saillans : seize dents à chaque mâchoire, savoir : quaire incisives tranchantes placées au milieu de la bouche , deux canines pointues, mais ne dépas- sant pas les autres dents, situées aux coins de la bouche, enfin dix molaires à couronne tuberculeuse , placées en arrière , cinq de chaque côté (2): le foie divisé seulement en deux lobes et un lobule : le pancréas congloméré et non partagé en branches comme chez la plupart des mammifères : le cæcum garni d’un appendice grêle; l’'épiploon pendant, comme un tablier, au-de- vant des intestins jusqu’au bassin: le rein gauche placé plus haut que le droit, tandis que l'inverse se remarque chez les autres mammifères ; l'urine contenant de l'acide urique , aussi bien que de l’urée : enfin le poumon droit divisé en trois lobes, et le pou- mon gauche en deux. $ 304. La portée ordinaire de lespèce humaine n’est que d’un petit ; mais cependant les jumeaux ne sont pas rares. D’après des recherches récentes, il paraitrait qu'il y a une couche double pour environ quatre-vingts à cent accouchemens ordinaires. On cite aussi des exemples de portées plus nombreuses; mais elles sont très rares ; des cas de couches triples ne se présentent pas, terme moyen, plus d’une fois sur trente mille naissances. Pour la plupart des animaux , les jeunes ne naissent qu’à une époque déterminée de l’année, qui en général est la plus favora- ble à leur développement. Dans l'espèce humaine il en est au- trement ; les naissances ont lieu en tout temps, mais cependant l'influence des saisons se fait encore sentir sur ce phénomène , car elles sont beaucoup plus nombreuses à certaines époques de l’année qu'à d’autres. En France , c’est en hiver, depuis décem- bre jusqu’en mars qu’elles sont les plus fréquentes, et c’est dans les mois de juin , de juillet et d'août qu’on en compte le moins. Vers le nord, les époques du maxèimum et du minimum des nais- sances arrivent plus tard ; et dans les pays chauds, au con- traire, elles se remarquent plus tôt dans l’année. Les consé- quences à déduire de ces faits sont faciles à saisir. Le nombre des enfans de l’un et l’autre sexe n’est pas le même; partout 1l naît plus de garçons que de filles ; et, chose bien re- marquable, la proportion est toujours à-peu-près la même. Dans tous les pays où les registres des naissances sont tenus (1) Quelquefois seulement trois; rarement ciuq (2) Voyez fig. 65, pag. 218 de la 1°° partie. ORDRE DES BIMANES. s 39 avec assez d’exactitude pour pouvoir servir à des calculs sembla- à bles, on a trouvé qu’il venait au monde, au moins, vingt-et- un garçons pour vingt filles; en France, cette proportion est même plus forte ; elle s'élève à seize garçons pour quinze filles. (1) Mais de ce qu'il naît plus de garçons que de filles, il ne faut pas en conclure qu’il existe plus d'hommes que de femmes, car ce serait une erreur. Les chances de mortalité sont plus fortes pour les premiers, et, à un âge un peu avancé, il y a réellement plus de femmes que d’hommes. La durée de la gestation est de neuf mois ; c’est à quatre mois Premier âge. et demi environ que le fœtus commence à exécuter des mou- vemens , et il est susceptible de vivre lors même qu’il naît à sept mois. En venant au monde l'enfant peut ouvrir les yeux, mais il ne parait pas encore jouir du sens de la vue, et ce n’est, en général , qu’au bout de quelques semaines qu’il com- mence à diriger ses regards vers les lumières les plus vives; bientôt après il fixe les objets dont les couleurs sont éclatantes, et 1l ne tarde pas à distinguer tout ce qui l'entoure ; mais pen- dant long-temps il n’a aucune idée ni des distances ni des gran- deurs. Ses autres sens ont également besoin d’une sorte d’édu- calion; pendant les cinq ou six premiers mois, il ne fait entendre que des cris; il acquiert ensuile la voix ordinaire et commence à articuler les sons vers la fin de sa première année. Les muscles des reins et des membres inférieurs sont d’abord trop faibles pour que l’enfant puisse se soutenir sur ses jambes ; mais ces organes se fortifient peu-à-peu, et vers l’âge d’un an il com- mence aussi à marcher. $ 305. A l’époque de la naissance , les dents se forment, mais Dévelop Le MSc ; ns pement de: elles sont encore cachées dans l’intérieur des mâchoires etelles 4. ne sortent au-dehors que plusieurs mois après. Le moment de l'apparition des premières dents, et la durée totale du travail de la dentition varient beaucoup; en général, les premières dents percent la gencive vers l’âge de six à dix mois; le plus ordi- nairement, ce sont les incisives du milieu qui se montrent d’a- bord, puis les incisives latérales, les canines et les premières molaires ; vers deux ans, toutes les dents de lait, au nombre de vingt, sont sorties de leurs alvéoles, et vers la septième année, (x) Dans les quimze années comprisesentre 1817 et 1531,1l est né en France 5»490,931 garcons et 7,041,247 filles ( ou terme moyen, 499,395 garçous et 469,416 filles par an), c’est-à-dire environ un seizième plus de garcons que de filles. Ce rapport ne varie que très peu. Pendant ce laps de temps, sa valeur n a 19 Jamais dépassé ‘5 et n’a jamais été au-dessous de 1? 1 4 16 Taille l’homme, de 36 ; ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. elles commencent à tomber pour faire place à celles de la seconde dentition, dont quatre se sont déjà développées au fond de la bouche, deux ou trois ans auparavant. A neuf ans à-peu-près , une autre grosse molaire vient se placer derrière les vingt- quatre déjà existantes , et plus tard , quelquefois à vingt ou vingt-cinq ans même, il en apparaît encore quatre, auxquelles on abiie vulgairement le nom de dents de sagesse, à cause de leur forma- tion Lardive. 6 306. La taille moyenne de l’homme parait être d’envi- ron un mètre, soixante-six centimètres (Cinq pieds), mais il existe, à cet égard, de grandes différences. Quelques peu- plades de la Patagonie , les habitans des îles des Naviga- teurs, les Caraïbes, elc. , sont remarquables par leur stature élevé ée, qui ,; au dire des voyageurs les plus exacts, est, en géné- ral, d'environ un mètre, huit à neuf décimètres (cest-à- -dire cinq pieds, neuf à dix pouces )ou même plus ; tandis que les Esquimaux et les Bochismans montagnards ne paraissent avoir guère plus d’un mètre, trois décimètres (quatre pieds); et si, au lieu de s’en tenir à l’observalion des masses, on descend à des cas exceptionnels, on trouvera une inégalité bien plus grande encore ; Car on à vu des géans qui avaient à-peu-près une fois et demie la taille des peuples les plus grands (c’est-à-dire envi- ron deux mètres, huit à neuf décimètres, ou près de neuf pieds), et des nains, qui n'avaient guère plus de la moitié de la hauteur de la taille moyenne des plus petites races humaines (environ sixdécimètres , ou deux pieds). Chez les peuples de moyenne taille, les femmes sont d'environ un seizième moins grandes que les hommes; mais, chez les peu- ples très petits, cette différence diminue, tandis que chez ceux qui sont remarquables par leur grande taille, elle devient plus sensible encore. Ces inégalités dans la taille des hommes dépendent, d’une part, des races auxquelles ils appartiennent, et, de l’autre, des circonstances où ils sont placés. L'influence des races devient surtout évidente lorsqu'on com- pare entre eux certains peuples ayant des mœurs analogues et habitant le même pays. Dans la Patagonie, par exemple, il existe des peuplades nomades d’une taille très élevée, d’autres dont la taille est médiocre; et à une très petite distance, dans la Terre de Feu, on en trouve qui sont au-dessous de la taille moyenne. Les peuples de la plus grande taille habitent , pour la plupart, dans l'hémisphère austral , soit dans l'Amérique du sud, soit dans plusieurs des archipels de POcéan austral, depuis les iles Marquises jusqu’à la Nouvelle-Zélande. Les peuples les plus petits se trouvent, en général, dans les parties les plus reculées de ORDRE DES BIMANES. 37 l'hémisphère boréal; on en trouve aussi presque sous l'équateur (quelques hordes de Papous à Waigiou), et dans le voisinage du cap de Bonne-Espérance, où le climat est loin d’être rigou- reux; mais néanmoins On ne peut révoquer en doute qu'un froid très vif ne tende à arrêter le développement de la taille de l’homme ; car , dans les deux hémisphères , les contrées les plus froides ne sont peuplées que de races extrêmement petites. Un froid modéré parait au contraire favorable au développe- ment de l’homme. En France et dans la plupart des autres par- lies de l'Europe où le climat est le plus doux, les hommes sont, en général, moins grands que dans les parties froides de notre continent, lelles que la Suède, la Finlande et même la Saxe, l'Ukraine, etc. Mais la température exerce peut-être moins d'influence sur la stature de l’homme que ne le fait le bien-être ou la misère. On peut poser en principe que sa taille moyenne devient d'autant plus élevée et que sa croissance s'achève d'autant plus vite, que, toutes choses égales d’ailleurs, le pays où il vit est plus riche , et que les peines et les privations qu'il éprouve pendant sa jeunesse sont moins grandes. Les preuves de la vérité de cette loi physiologique abondent : nous pourrions citer comme telles les observations faites par un de nos voyageurs les plus infatigables, M. Gaimard, sur la population des îles Sandwich, qui est divisée en deux classes bien distinctes , les chefs et le peuple : les hommes de la pre- mière de ces castes ont une nourriture abondante, et ne sont jamais obligés de se livrer à des travaux excessifs ; aussi sont-ils grands , forts el bien constitués , tandis que les hommes du peu- ple, qui vivent dans la misère , sont généralement d’une taille inférieure et d’une force moindre. Mais voici des faits encore plus concluans. Chacun sait combien il existe d’inégalité de richesses entre dif- férentes parties de la ville de Paris ; dans les trois premiers arron- dissemens, comprenant toutes les parties nord-ouest de cette vaste Capitale, la misère est rare, tandis que dans d’autres arron- dissemens, tels que le sixième, le onzième, et surtout le douzième, elle est presque générale. Or, dans cette première portion de la ville, sur cent jeunes gens appelés pour le service militaire , il s’en trouve quarante-cinq qui sont réformés pour défaut de taille, difformités ou maladies, etc.; et la taille moyenne des cin- quante-cinq conserits est de 1 m. 690 mm., ( ou 5 pieds, 2 pouces, 5 lignes), tandis que dans les quartiers pauvres dont nous ve- nons de parler, les réformes s'élèvent à cinquante-deux sur cent, et la taille moyenne des quarante-huit conserits, jugés Lois de la croissance, 38 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. aptes au service, n'est que de 1 m., 678 mm. (ou 5 pieds, 1 pouce, 11 lignes). ) L'influence de la misère se fait sentir de la même manière lorsqu'on examine la taille moyenne de l’homme dans les diffé- rens départemens de la France. C’est dans le nord-est de ce royaume que la taille est la plus élevée , et c’est aussi là que les richesses sont les plus grandes; en Bretagne , ou l’agriculture et l’industrie sont peu avancées, les hommes sont plus petits que dans toutes les autres parties de la France. (1) C’est dans les premiers temps de la vie que la croissance esi la plus rapide. En Belgique, par exemple, où la taille de l'homme est un peu plus élevée qu’en France, l’enfant au moment de la naissance, a, terme moyen, à-peu-près 490 millimètres ( ou 18 pouces), et dans la première année il grandit d'environ 2 déci- mètres (ou 7 pouces, 5 lignes); c’est-à-dire d'environ la seizième partie de son accroissement total ; tandis que, dans la seconde année, sa croissance devient moitié moins rapide, et que de l’âge de quatre à cinq ans jusqu’à celui de la puberté, elle n’est. dans le même espace de temps, que d'environ la vingt-et-unième partie de l'accroissement total. Après l’âge de la puberté, l’homme continue encore à grandir, mais toujours de plus en plus len- tement, et pendant les dernières années de sa croissance, elle devient si faible qu’elle échappe à l’observation ordinaire. (1) D’après les mesures prises sur les conserits du temps de l’Empire, on voit que la taille moyenne des jeunes gens de vingt ans était alors, en France , con- sidérée dans son étendue actuelle, de 1 mètre, 615 millimètres (ou 4 pieds, 11 pou- ces, 8 ligues) et que, sur cent conscrits, on comptait environ : 28 ayant moins de 1 m., 570 mm ( ou 4 pieds, dix pouces ); 25 ayant de 1 m.570 mm. à 1 m. 625 mm. (ou 5 pieds); 56 ayant de 1 m.624 mm. à 1 m. 678 mm. (ou à pieds, 2 pouces); 16 ayant de 1 m. 6978 mm.à 1 m.750 mm. (ou 5 pieds, 5 pouces); Et 2 d’une taille plus élevée. Aujourd’hui on ne toise que les conscrits jugés aptes au service militaire, de facon qu'on ne peut connaître la taille moyenne de la populationentière; mais, à en juger par celle du contingent fourni chaque année pour l’armée, il parai- trait que, depuis la paix, elle tend à s’élever un peu; ce qui s’expliquerait par- faitement bien par l’augmentation du bien-être et des richesses générales. Er effet, sur cent conscrits du contingent de 1816 à 1817, il n’y en avait que qua- rante-cinq ayant plus de 1 m., 651 wm.(5 pieds, 1 pouce); depuis 1818 jus- qu’en 1823, on en comptait de quarante-huit à quarante-neuf, et de 1824 à 1825, de quarante-neuf à cinquante sur cent. Eu 1828, la taille moyenne des conserits jugés aptes au service était, pour les trois départemens les plus reculés de la Bretagne ( Finistère, Côtes-du-Nord et Morbihan), de 1 m.,625 mm. (ou 5 pieds). et pour les départemens du Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise, Aisne et Ar- dennes, de 1 m., 682 mm. (ou 5 pieds, 2 pouces). ORDRE DES BIMANES. 39 La figure ci-joinie ({y. 90) donnera une idée encore plus exacte de la manière dont la croissance de l'homme se fait aux différens âges; elle est due à des recherches nombreuses publiées par un des savans les plus distingués de la Belgique, M. Quételet, etelle représente la taille moyenne de homme, depuis le moment de la naissance jusqu’à l’âge adulte, calculée pour une population dont la taille est, terme moyen, de 1 m., 684 mm. Frg. 91: QU IB2 17; ETS T4 IS T2 I TO, D 8. ‘7:6.5.4.3. 2: 2 .0 D’après cette courbe, on voit qu'au moment de la naissance, la taille n’est que d'environ les deux septièmes (ou un peu plus du quart) de la taille définiuve, et qu'à l’âge de trois ans l'enfant du sexe masculin a déjà plus de la moitié de la hauteur qu'ilaura à l’âge adulie. En venant au monde, les garcons sont déjà un peu plus grands que les filles : ils ont, terme moyen , un millimètre de plus , et cette différence augmente avec l’âge, car les filles grandissent moins que les garçons, et leur accroissement s’arrète plus tôL. A l’âge de deux ans et quelques semaines , elles ont déjà à-peu- près la moitié de la taille défimitive. Du reste, la loi de croissance de l’homme est loin de nous être connue d’une manière générale et absolue. Il est une foule de circonstances qui viennent influer sur la marche de ce phé- nomène , et jusqu'à ce que la statistique nous ait fourni les docur- mens nécessaires pour reconnaitre et mesurer ces causes de per- turbation, nous ne pouvons avoir , à ce sujet, aucune idée pré- cIse. Il parait que, dans les pays très chauds ou très froids, le dé- veloppement de la taille s'arrête plus tôt que dans ceux dont la température est modérée. Age de Ja puberté. Vicillesse, 40 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Dans les villes, le terme de l'accroissement arrive plus tôt que dans les campagnes, et dans les plaines basses plus tôt que dans les hautes montagnes où le climat est rigoureux. Enfin, la misère et la fatigue tendent aussi, d’une manière puissante, à relarder la croissance et à augmenter le nombre des difformités. Le développement du corps humain en largeur et en épaisseur est plus lent que son accroissement en hauteur. Au moment de la naissance , le poids d’un enfant n’est que d'environ le vingtième de celui qu’il doit prendre par les progrès de l’âge , et c’est vers quarante ans pour l’homme et vers cinquante pour la femme, que ce maximum arrive (1). Pendant la première année son ac- croissement n’est guère que d'environ un dixième de Paugmen- tation définitive que son poids doit subir, et de quinze à vingt ans cet accroissement est même plus considérable que pendant les cinq premières années de la vie. $ 307. Lorsque l’homme a presque terminé sa croissance , il passe de l'enfance à l’âge de la puberté ; ses muscles prennent plus de force, sa voix devient plus grave, et sa barbe se développe. Chez les femmes cette modification de l’organisme se reconnait aussi par des signes extérieurs faciles à distinguer , tels que l’é- largissement du thorax et du bassin, des changemens considé- rables dans la taille, etc. L’époque de la puberté arrive toujours chez elles deux ou trois ans plus tôt que chez l’homme, mais varie beaucoup, suivant le climat , etc. : dans les pays chauds, c’est pour les femmes à dix ou onze ans, et dans les pays froids, vers dix-sept ou dix-huit. Dans la vieillesse, les forces physiques et intellectuelles s'a- baissent plus ou moins rapidement, et 11 survient dans la texture même des organes des changemens considérables; les cartilages tendent à s’ossifier , et souvent on voit alors des os, qui, à l’âge adulte , étaient simplement articulés entre eux, se souder de fa- con à ne plus former qu'une seule pièce; les organes perdent leur souplesse et leur élasticité ; Le poids du corps diminue d’une manière sensible, et le travail de l'assimilation ne se fait plus qu'avec difficulté ; enfin le principe de la vie paraît s’affaiblir , et à la fin il s'éteint complètement. (1) D’après des observations récentes, faites à Bruxelles, il paraitrait qu’à l'époque de la naissance, le poids moyen des garçons est de 3 k., 20 (au moins six livres, trois onces ), et celui des filles de 2 k., 91 (près de six livres). À qua- rante ans, le poids de l’homme est, terme moÿén, de 65 k., 67 ou 1928 livres, 15 onces (maximum moyen), et à cinquante ans, celui de la femme de 56 k., 16 ou environ 100 livres (maximum moyen). ORDRE DES BIMANES. 41 $ 308. Mais la mort, par l'effet seul de la vieillesse, est extré- mement rare, et un grand nombre de faits bien avérés prouvent que, dans des circonstances favorables , la vie humaine peut se prolonger bien au-delà de son terme ordinaire. Je ne citerai pas ici les exemples extraordinaires de longévité rapportés par Moïse, dans son histoire des premiers temps du monde; mais j'en rap- porterai d’autres qui sont moins éloignés de nous. Le fait le plus remarquable est peut-être celui d'un pauvre pé- cheur du Yorkshire, en Angleterre, nommé Henri Jenkins, mort en 1670, et qui, suivant les auteurs contemporains, avait alors cent cinquante-sept ans. On l’appela un jour en témoignage pour un fait passé depuis cent quarante ans, et il comparut avec ses deux fils, dont l’un avait cent deux ans et l’autre cent ans. On cite un certain nombre d’autres exemples d’une lon- gévité presque aussi grande ; mais la plupart remontent à une époque où les registres de l’état civil n'étaient pas tenus avec exactitude, ou bien ont été observés dans des pays où les mêmes irrégularités existent encore aujourd’hui : aussi ne sont- ils pas, en général , assez bien avérés pour mériter une confiance enüère. Il est certainement rare de voir l’homme atteindre cent dix ans, et on ne compte même que très peu de centenaires. D’après les relevés de mortalité de la ville de Londres, faits en 1751 et en 1762, sur 47,000 personnes décédées, il y avait 15 centenaires ; et en France, pendant ces trois dernières années, sur 2,434,993 décès , il y avait 439 personnes réputées centenai- res , C'est-à-dire 1 sur environ 5,509 décès. Du reste, peu de personnes arrivent même à une grande vieil- lesse, et c’est un spectacle bien pénible que de voir la manière dont les hommes sont moissonnés dès leur entrée dans la vie. En France , par exemple, près du cinquième des enfans, qui vien- nent au monde vivans, meurent dans la première année, et la moitié seulement atteint l’âge de quarante ans ; environ les trois quarts de la population périssent avani l’âge de soixante-huitans, et sur cinq mille enfans nouveau-nés, on n’en compte, terme moyen, qu'un seul qui arrive à l’âge de cent ans. (1) Ce qui influe le plus sur la durée moyenne de la vie, cest l’état de bien-être ou de misère. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer la proportion des décès dans les classes riches et dans (1) Ces chiffres qui différent beaucoup de ceux présentés dans la première édition de cet ouvrage, sont tirés des nouvelles tables de mortalité, pabliées re- cemment par M. de Montferrand. S'il faut en croire les calculs de Duvillard pu- bliés quelques années avant la révolution, la mortalité aurait été alors beaucoup plus forte et la vie moyenne aurait été au-dessous de 21 ans. Durée pos- sible de la vie. Lois de la mortalité. 49 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. … les classes pauvres d’un même peuple. Prenons, par exemple, la population de Paris : dans le premier arrondissement de cette ville, qui est l’un des plus riches, les décès sont dans le rapport d'environ 1 sur 41 habitans ; et dans le douzième , il meurt chaque année 1 habitant sur 24 (1). L'influence meurtrière de la pauvreté se montre aussi d’une manière évidente lorsqu'on compare, comme l’a fait M. Villermé , la mortalité dans les dé- partemens les plus riches et les plus pauvres de la France; dans les premiers on trouve qu’il meurt dans une année , terme moyen, 1 habitant sur 46, et dans les derniers cette proportion est de 1 sur environ 33, quelquefois même de 1 sur 30. Parmi les enfans que la misère ou l’inconduite de leurs parens a fait abandonner à la charité publique, la mortalité devient bien plus effrayante encore. Nous avons vu que, pour la popu- lation en masse, la moitié des enfans parvenait à l’âge de quarante ans. Dans l’hospice des Enfans-Trouvés, il en meurt dans la première année environ quatre sur cinq. Tout ce qui augmente le bien-être des hommes , disons-nous, diminue pour eux les chances de mort: il s'ensuit que l’un des bienfaits de la civilisation doit être de prolonger la durée moyenne de la vie, et c’est effectivement ce qui est arrivé. A Genève , par exemple , où les registres des décès ont été conservés avec soin depuis 1561 jusqu'à ce jour , on a constaté que la durée moyenne de la vie a considérablement augmenté pendant cet espace de temps. Dans le seizième siècle , la moitié des enfans y mourait avant l’âge de cinq ans, et, dans le dix-hui- ième au contraire, la moitié de la population dépasse l’âge de trente ans. Quoi qu’il en soit, c’est toujours dans les premiers temps de la vie , que les chances de mortalité sont les plus grandes. Ainsi, il meurt en France environ dix-huit enfans sur cent pendant la première année de leur existence; environ cinq dans la se- conde , et un dans la troisième. À l’âge de dix à onze ans, la (1} Dans ces calculs on a compris les décès à domicile et les décès dans les hôpitaux; mais on arrive à des résultats analogues lorsqu'on ne prend en considération même que les décès à domicile. Ainsi dans les trois premiers ar- rondissemens de Paris où l’on ne compte qu'un indigent sur environ 13 habi- taus, la mortalité annuelle a été, depuis 1817 jusqu’en 1821, de 1 sur 60 ba bitans, tandis que dans les trois arrondissemens les plus pauvres (savoir, le douzième , le neuvième et le huitième ) où il existe 1 indigent pour 5 habitans, il est mort chaque année , pendant ce même laps de temps, près de 1 sur 40 ha- bitans, et dans la rue de la Mortellerie, l’une des plus pauvres et des plus sales de Paris, les décès à domicile se sont élevés à 1 sur 33 habitans, quoiqu'une grande partie de cette population soit nécessairement allée mourir à l'hôpital. ORDRE DES BIMANES. 43 proportion des décès n’est plus que de quatre sur mille nais- sances , et c’est alors que la vie probable est la plus longue. Des races humaines. $ 309. Il n'existe dans le genre humain, avons-nous dit, qu’une seule espèce ; mais cependant tous les hommes sont loin de se ressembler , et les principales différences qu'ils pré- sentent se transmettent sans interruption de génération en gé- nération : aussi ne peut-on se refuser à admettre dans cette espèce unique plusieurs variétés bien distinctes. L'étude des races humaines est de nature à nous intéresser au plus haut degré ; mais elle présente de grandes difficultés et n’a fait encore que peu de progrès. Pour la cultiver avec succès, il faut joindre à l'observation des formes physiques, la compa- raison des langues et les données que nous fournissent les tra- ditions historiques. Depuis quelque temps plusieurs savans s’y livrent avec ardeur , et on est en droit d'espérer que bientôt cette branche de l’histoire naturelle cessera d’être en arrière de presque toutes les autres ; mais il y règne encore trop de vague et d'incertitude pour que nous puissions en traiter ici avec détail. Les peuples qui habitent l’ancien monde paraissent apparte- uir à trois variétés principales, désignées par les naturalistes sous le nom de caucasique , de mongolique et d’ethiopique. $ 310. La VARIÉTÉ CAUCASIQUE se distingue par la beauté de Fig. 92. (1) l’ovale que forme sa tête, par le a développement de son front, lou- verture de l’angle facial (g. 91 ), la position horizontale de ses yeux, le peu de saillie de ses pommettes et de ses mâchoires, et la couleur blanche ou du moins blanchâtre de sa peau; elle est remarquable aussi par sa perfectibilité ; car c’est elle qui à donné naissance à tous les peuples les plus civilisés de la terre. Elle occupe l’Europe, l'Asie occidentale et la partie la la plus septentrionale de l'Afrique, mais on la croit descendue (1) Tête osseuse appartenant à la race caucasique: — a. D, c, d, ligues ser- ASE », ; : AE FHagré vant à mesurer l'angle facial, qui est ici ordinairement d'environ 85 degrés. Races de l’ancien con- tinent. ; Variété cau- casique. Races sémji- tiques. Races indo- germaniques. 44 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. primitivement des montagnes siluées entre la mer Caspienne et la mer Noire, el cest pour celte raison qu’on l'appelle caucasique. Cette grande division de l'espèce humaine se compose d’un nombre considérable de races plus ou moins distinctes, dont les unes ont conservé assez intacte la conformation physique qui leur est propre, pour que le naturaliste puisse la recon- uaitre, mais dont la plupart se sont entremélées au point d'avoir perdu en partie leur cachet primitif, et d'être aussi difficiles à classer qu’à distinguer. A défaut d'observations zoologiques assez nombreuses el assez précises pour permettre aux naturalistes de saisir les différences et les rapports que ces diverses races peuvent avoir entre elles , on a eu recours, afin de les classer , à l'étude comparative des langues qui leur sont propres. Il existe une grande analogie entre les différentes langues connues sous les noms de chaldéen , de syriaque ou araméen , d’hébreu et d’éthiopien ; l'arabe parait appartenir à la même famille , et peut-être devra-t-on y rapporter aussi l’ancien égyp- lien. Les peuples auxquels appartiennent ces langues dites se- miliques , Ont aussi d’autres caractères qui leur sont communs : leur style est Loujours figuré et plus ou moins bizarre, 1ls sont enclins au myslicisme , et ont fondé les religions les plus uni- versellement répandues sur toute la surface du globe ; enfin ils ont en général l’ovale de la figure long et un peu étroit, les pommettes peu saillantes et le nez caréné , plus ou moins bus- qué el grand ; on peut donc les considérer comme appartenant, sinon à a même race, du moins à une même branche ou famille que l’on est assez généralement convenu d'appeler la branche arameenne OU semitique. Les Phéniciens appartenaient à celte famille , et d’après quel- ques auteurs , il faudrait y rapporter aussi les Étrusques , qui occupaient jadis la portion moyenne de lItalie, les Ibères, répandus dans une grande partie de l'Espagne et du midi de la France , el même les Celtes qui habitaient la Gaule et la Grande- Bretagne , el qui, refoulés vers l’ouest et le nord par les inva- sions d’autres peuples , sont aujourd'hui confinés à l'extrémité de la Bretagne , dans le e pays de Galles, dans les montagnes de l'Écosse et en Irlande ; mais jusqu'ici on n ’a pu faire , à ce sujet, que de simples conjectures. Les analogies de langage conduisent aussi à regarder comme appartenant à une même branche de la variété caucasique la plupart des peuples de l’Inde et de l'Europe, et à les répartir en cinq divisions principales, suivant qu'ils parlent, 1° le sanskrit et les dialectes qui en dérivent et qui sont répandus dans pres- ORDRE DES BIMANES. 45 que tout lIndoustan ; 2° l’ancien zend ou médo-persan , souche des dialectes de la Perse et°de l'Arménie ; 3° l'ancienne langue des Pélages, mère commune du grec, du latin et de toutes les langues du midi de Europe ; 4 le gothique ou tudesque , d’où sont dérivés les langues du nord et de l’ouest de l’Europe, telles que l'allemand , le danois, le suédois , le hollandais et Panglais; 5° enfin , le slave d’où descendent le russe, le polonais, le bo- hémien , etc. Il serait difficile dans Pétat actuel de la science, d’assigner à cette branche indo-européenne des caractères phy- siques propres à les distinguer des autres rameaux de la variété caucasique , et dans chacune des subdivisions que nous venons d'indiquer , on découvrira peut-être plusieurs races différentes. Les Finnois, qui jadis occupaient exclusivement le littoral oriental de la Baltique , ainsi qu'une grande partie du nord de la Russie et de la Sibérie, paraissent appartenir à une branche bien distincte des deux précédentes ; on y rapporte une partie des habitans actuels de la Finlande, du voisinage des monts Ourals et de la Sibérie jusqu'aux confins de lYenissei, Les Hongrois paraissent être une branche en quelque sorte éga- rée de cette race finnoise, et on peut en rapprocher les Fareos mans originaires de lAsie centrale, et une partie des Tarta- res nomades qui errent entre la mer Caspienne et les rives de l'Irisch. $ 311. La VARIÉTÉ MONGOLIQUE diffère à plusieurs égards de la variété caucasique : ici la faee est aplatie , le front bas, oblique & et carré, les pommettes saillantes , les yeux étroits etobliques , le menton légèrement saillant, la barbe grêle, les cheveux droits et noirs, et la peau olivâtre. Les langues propres aux races mon- goliques ont aussi des caractères qui leur sont communs, et qui les séparent nettement de celles des peuples caucasiques : les mots qui les forment sont tous monosyllabiques. Cette variété de l'espèce humaine est répandue à l’orient des régions occupées par les races caucasiques ; on la rencontre d'abord dans le grand désert de l’Asie centrale, où se trouvent les Calmoucks ; les Kalkas, ainsi que d’autres tribus mongoliques encore nomades el presque toutes les peuplades de la partie orientale de la Sibérie lui appartiennent ; mais la nation la plus remarquable , formée par les hommes de cette race, est celle des Chinois, dont le vaste empire a été, de toutesles parties du monde, le plus anciennement civilisé. La Corée , le Japon , lesiles Philip- pines , les iles Mariannes, les îles Carolines et toutes les autres terres qui s'étendent au nord de l'équateur , depuis le premier de ces archipels jusqu’au 172° degré de longitude orientale, sont aussi peuplées par des races mongoliques. Enfin, les habitans Races scy- thes. Vareté mon- olique. Variéte éthiopique, 46 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. des iles Aleutiennes et de la partie voisine de la côte occidentale de l'Amérique, se rapportent ausst à cette grande division de l'espèce humaine. Les Malais, qui occupent liInde au-delà du Gange et une grande partie de l'archipel asiatique, constituent, suivant quel- ques naturalistes une variété distincte de la mongolique et de la caucasique ; mais la plupart des auteurs les regardent comme provenant d’un mélange de ces deux variétés. Un des nombreux voyageurs qui, depuis quelques années, ont enrichi la zoologie d’une foule de découvertes, M. Lesson, a cru pouvoir rapporter à celte race, en quelque sorte métis, non-seulement les Malais proprement dits qui habitent la presqu’ile de Malacea, etles iles de Sumatra, de Java, de Célèbes, de Timor , etc., mais aussi les peuples océaniens, répandus sur les îles innombrables situées à l’est de la Nouvelle-Zélande jusqu'aux archipels des iles des Amis , des iles Basses, etc. Enfin , les races mongoliques paraissent s’être étendues dans les régions hyperboréennes des deux hémisphères; car c’est avec elles qu'ont le plus d’analogies toutes ces peuplades abâtardies que l’on rencontre depuis le cap Nord en Europe jusqu'au Groenland, et que l’on connait sous le nom de Lapons , de Sa- moyèdes, d'Esquimaux, ete. $ 312. Une troisième branche bien distincte de l'espèce hu- Fig. 92. maine est la VARIÉTÉ ÉTHIOPIQUE Où NÈGRE , Caractérisée par son crâänecomprimé, son nezécrasé, son museau saillant, son angle facial aigu (fig. 92), ses grosses lèvres, ses j cheveux crépus et sa peau plus ou LE DR moins noire. Elle est confinée au midi de l’Atlas, et parait se compo- ser de plusieurs races bien distine- ies, telles que la mosambique, la bosjesmanne et la hottentote. La population primitive de l’Australasie et des archipels nom- breux de l'Océanie est aussi une race noire, qui a beaucoup d’analogie avec celle des nègres mozambiques, mais dont les cheveux, quoique rudes, sont lisses: du reste, ces peuplades barbares et misérables, auxquelles on a donné le nom d’Alfou- M a: \ LD € nv ‘ rous, ne sont encore que peu connues; Car, dans la plupart de leursiles , d’autres races conquérantes sont venues les détruire ou les refouler à l’intérieur des terres et au milieu des mon- tagnes. On les trouve dans le plateau central de la Nouvelle- Guinée, dans la plupart des iles Moluques, etc., et ils errent par pelites troupes dans l’intérieur de lAustralasie. ORDRE DES QUADRUMANES. 47 Une autre race nègre se trouve aussi dans les îles de l'Océanie: c’est celle des Papous. Elle diffère de la race des Alfourous par la chevelure très épaisse et médiocrement laineuse, par le vi- sage assez régulier dans l’ensemble des traits, quoique le nez soit un peu épaté, et que les narines soient allongées transversa- lement, par te front élevé et par plusieurs autres caractères physiques. Elle a beaucoup d’analogie avec les nègres de Mada- gascar , et paraît être originaire de l’Afrique. Les Papous occu- pent tout le littoral de la Nouvelle-Guinée et se sont répandus sur les iles situées plus à l’est, et connues sous les noms de Nouvelle-Bretagne , de Nouvelle-lrlande , de Louisiane , de Sa- lomon, de Nouvelles-Hébrides et de Nouvelle-Calédonie. On les retrouve encore mélangés à d’autres races jusque dans les iles Fidji et dans les îles des Navigateurs, et , par leur union avec les Malais , ils forment la masse de la population du littoral des iles Waigiou , Battenta, etc. $ 313. Enfin les indigènes des deux Amériques sont regardés Races ameé- par quelques naturalistes comme ne pouvant être rapportés à au- ricaines. cune des trois variétés de l’espèce humaine, dont l’ancien monde est peuplé. Ils sont en général remarquables par leur teint rouge de cuivre, leur barbe rare et leurs cheveux longs et noirs; mais ils diffèrent beaucoup entre eux. Les uns ont la plus grande analogie avec les races mongoliques de lAsie ; dauires au contraire se rapprochent un peu des formes euro- péennes. Leur nez est aussi saillant que le nôtre, et leurs yeux sont grands et ouverts. Les langues de ces peuples ne peuvent pas non plus se rapporter à une souche commune, et diffèrent extrêmement de celles des races mongoliques. Les mots, au lieu d’être monosyllabiques et de ne pouvoir prendre des terminai- sons variées, sont en général composés d’un grand nombre de syllabes , et présentent des modifications ierminales et des changemens de structure presque infinis. Toutes les langues américaines ont ce caractère remarquable : aussi, malgré les dif- férences de leurs racines, ont-elles une physionomie commune , et les désigne-t-on par un nom commun, celui de Langues po- lysynthetiques. ORDRE DES QUADRUMANES. $ 314. L'ordre des quadrumanes se compose d’un assez grand Caractères nombre d'animaux, qui, plus que tous les autres mammifères, généraux. ressemblent à l’homme, et sont caractérisés principalement Classifica- tion des qua- drumanes. 48 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. par l'existence de mains aux membres abdominaux aussi bien qu'aux membres thoraciques. Chez quelques-uns d’entre eux , le pouce des mains anrieures devient rudimentaire ; mais il n’en est jamais ainsi pour celui des mains postérieures, et si le nom de quadrumanes ne convient pas rigoureusement à tous ces animaux , Celui de pédimanes leur conviendrait sans aucune exception. Quelques marsupiaux et même quelques édentés ressemblent aux quadrumanes par la conformation de leurs membres ; mais si l’on joint à l’existence d’un pouce opposable aux quatre mains un petit nombre d’autres caractères faciles à constater , on pourra toujours distinguer au premier coup-d’œil les animaux dont nous nous occupons ici, de tous les autres mammilères. De même que les bimanes, les quadrumanes ont des dents incisives aussi bien que des canines et des molaires. Leurs yeux sont dirigés en avant ou du moins obliquement, el leurs mamelles sont situées sur la poitrine. On pourrait ajouter encore que leur cerveau ressemble beaucoup à celui de l’homme et se compose , pour chaque hémisphère, de trois lobes , dont le postérieur recouvre le cervelet, et que leurs vis- cères abdominaux diffèrent à peine des nôtres. La conformation des membres postérieurs, chez les quadru- manes, est éminemment favorable à la préhension des objets ; mais la flexibilité dont ces parties sont douées nuit à leur soli- dité et les rend moins propes à soutenir le corps dans une po- sition verticale : aussi tous ces animaux sont-ils essentiellement grimpeurs ; et voit-on la plupart d’entre eux passer leur vie entière perchés sur des branches d'arbres et y déployer l’agilité la plus grande , tandis qu’à terre , il ne marchent et ne se tien- nent debout qu'avec peine. Certains quadrumanes, comme nous lavons déjà dit, res- semblent à Phomme de la manière la plus remarquable ; mais il n’en est pas de même de tous, et on observe, parmi ces ani- maux, une sorte de dégradation qui conduit insensiblement des formes presque humaines à celle des quadrupèdes or- dinaires. Le museau s’allonge ; le corps prend peu-à -peu la position horizontale ; la queue se développe , et à ces changemens physiques se joint un abaissement plus grand encore dans les facultés intellectuelles et instinctives. Il est même des quadrumanes que l’on distingue à peine de certains édentés , qui semblent devoir être rangés parmi les plus stu- pides des mammifères. $ 315. Ces modifications dans l’organisation et d’autres parti- cularités de structure, que nous ferons bientôt connaitre, ont conduit lesnaturalistes à diviser ordre des quadrumanes en trois familles : les singes, les ouistitis el les Zemuriens. Le tableau sui- FAMILLE DES SINGES. 49 vant contient le résumé des caractères distinctifs les plus saillans de ces trois groupes. Fr Quatre dents incisives, verticales à chaque mâchoire; les | molaires garnies seulement de tubercules mousses. — Ongles Singes. > à L à 9 des doigts aplatis (excepté dans le genre £riode \ et tous de même forme. Dents incisives , au nombre de quatre à chaque mächoire, PA comme chez les singes.— Ongles comprimés, arqués et cro- Ouistitis. 8 a I A chus comme des griffes. — Pouces des mains antérieures as- sez mobiles et a peine opposables. Dents incisives en plus grand nombre, ou disposées autre- ns Ens | ment que chez les singes. — Ongles plats, excepté celui du premier ou des deux premiers doigts de derrière, qui est pointu et relevé, — Narines terminales et sinueuses. FAMILLE DES SINGES. $ 316. Les singes sont des animaux de moyenne ou de petite taille, dont le crâne est presque toujours arrondi, le museau mé- diocrement prolongé, le nez peu ou point saillant, le cou court, le corps svelte et les membres grêèles et longs. La face dorsale de leur corps est couverte d’un poil assez serré, long et soyeux, au-dessous duquel on ne trouve pas de bourre. La partie antérieure du corps est moins velue, et quelquefois elle est même presque nue. La face l’est presque toujours, et souvent elle est colorée d’une manière bizarre. Tantôt eîle est d’une couleur de chair livide, tantôt noire, d’autres fois rouge de cuivre, et quelquefois orné de taches blanches, bleues ou rouges , qui rappellent jusqu'à un certain point les pemtures gros- sières dont beaucoup de sauvages se barbouillent le corps. La ressemblance de ces animaux avec l’homme est quelquefois extrême, et il en est qui , dans leur jeunesse , ont l'angle facial moins aigu que beaucoup de nègres ; mais, par les progrès de l’âge, leur museau devient toujours beaucoup plus saillant, et chez quelques singes cette partie de la face se développe au point de ressembler à celle d’un chien. Les gestes et les allures de ces animaux ont souvent beaucoup d’analogie avec les nôtres. Plusieurs se tiennent facilement dans une position presque ver- licale , surtout lorsqu'ils peuvent s’'aider d’un bâton , comme JL Caractères généraux. oÙ ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Fig. 94. (1) nous nous servons d’une canne, et on en voit qui marchent de la sorte, mais ce n’est jamais d'une manière aussi sûre que l'homme ; car leurs mains de derrière ne posent sur le sol que par leur bord extérieur ({g. 94); l'articulation de leur genou est très lâche , et leur bassin est étroit, circonstances qui toutes nuisent à ce mode de station ou de progression. Ainsi que nous l'avons déjà dit, il sont, au contraire, admirablement bien orga- nisés pour grimper de branche en branche. La longueur et la flexibilité de leurs membres , l'existence d’une main à lextré- mité de tous ces organes, la grande énergie de leur système musculaire leur permettent de déployer alors une agilité éton- nanle, et la nature a en outre pourvu plusieurs de ces animaux d’une longue queue prenante, qui leur sert comme d’une cin- quième main, pour se suspendre aux branches, se balancer dans les airs et prendre leur élan, lorsqu'ils veulent sauter d’un arbre à unautre. Les singes qui présentent ce mode particulier de con- formation sont presque toujours en mouvement, et, lorsqu'ils veulent se reposer , ils se bornent en général à s’accroupir, en plaçant sous eux leur queue et en s'y appuyant quelquefois ; ceux qui n’ont la queue ni prenante ni extrêmement touffue, comme celle des singes du Nouveau-Monde, passent au con- traire une grande partie de leur temps assis à la manière des hommes, et, afin de leur rendre cette position plus commode, la nature a donné aux tubérosités ischiatiques de leur bassin beau- coup de largeur, et a recouvert ces parties d’une peau presque toujours nue et calleuse. Les singes sont essentiellement frugivores et leur système den- Fig. 95. taire (fig. 95) a la plus grande similitude ) avec celui de l'homme. Leurs incisives sonten même nombre et présentent la même disposition que les nôtres. Leurs canines , il est vrai, dépassent les autres dents et fournissent à ces animaux une arme qui nous manque ; mais leurs mo- laires ressemblent en général aux nôtres et sont souvent en même nombre: chez les singes du nouveau continent seule- ment , il en existe de chaque côté (1) Patte de singe du sous-genre des chimpanses. FAMILLE DES SINGES. 51 età chaque mâchoire une de plus que chez l’homme, c’est-à- dire six. $ 317. Ces animaux se tiennent presque tous sur les arbres et ne viennent que rarement à terre; en général, iüls vivent en troupes , composées d’une ou plusieurs familles. Les femelles font un et quelquefois deux petits par portée ; elles soignent leurs Jeunes avec une grande tendresse jusqu’à ce qu’ils puissent man- ger seuls, les transportent partout dans leurs bras, et leur donnent une espèce d'éducation qui consiste principalement à leur apprendre à voler avec adresse. Les jeunes singes sont, en général, doux et intelligens ; un grand nombre d’entre eux peuvent même être facilement apprivoisés et dressés à imiter nos gestes et nos actions; le penchant à limitation est même un des traits les plus caractéristiques de ces animaux ; mais, par les progrès de l’âge, la plupart d’entre eux deviennent moins faciles à dompter, et souvent ils sont alors tout-à-fait intrai- tables. Leurs mœurs varient suivant les espèces; mais le plus ordinairement les singes sont remarquables par la ruse qu’ils déploient pour s'emparer de ce qu’ils convoitent , par la vi- vacité de leurs mouvemens, par la curiosité et par la mobilité extrême de leurs idées; souvent ils passent instantanément , et pour ainsi dire sans motif, de la plus parfaite tranquillité à la co- lère la plus violente, et ils se laissent dominer par toutes leurs sensations. Les singes sont propres aux pays chauds ; une seule espèce vit sauvage en Europe, sur les rochers de Gibraltar; et lors- qu’on les transporte dans les pays froids comme le nôtre, ils périssent, en général, au bout de quelques années, victimes de la phthisie pulmonaire. On les trouve très répandus dans les régions intertropicales des deux hémisphères, et, chose bien remarquable , non-seulement les mêmes espèces n’existent pas à-la-fois dans l’ancien et le Nouveau-Monde , mais , comme Va très bien remarqué l’illustre Buffon (1), toutes celles qui ha- bitent l’un de ces grands continens ont des caractères qui les distinguent de celles qui sont propres à l’autre hémisphère. 6 318. Cescaractères zoologiques, si bien en harmonie avec la distribution géographique des singes, a fait diviser ces ani- maux en deux tribus: les singes de l’ancien monde et les singes d'Amérique. À laide du tableau suivant, on pourra comparer (1) Buffon, dont chacun connaît les écrits, est né à Dijon, en 1707:il s’occupa d’abord des sciences mathématiques et physiques; mais, nommé , en 1739, intendant du Jardin du Roi, il se livra entièrement à l’histoire naturelle, et s’occupa sans relâche de son grand ouvrage. I] mourut, en 1988, à Montbart, où il faisait de fréquentes résidences. Classifica- tion. 52 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. les principales différences qui existent entre ces deux groupes naturels. Dents molaires, en mème nombre que chez l’homme, c’est- àa-dire cinq de chaque côté et à chaque mâchoire, Presque toujours des callosités ischiatiques. Singes de l’an- Jamais de queue prenante. cien continent. WNarines ouvertes en dessous du nez et séparées par une cloison étroite. Souvent des abajoues ou poches creusées dans les joues et communiquant avec la bouche. Dents molaires, au nombre de six de chaque côté et à chaque mâchoire. Jamais de callosités. Queue en général prenante. Warines presque toujours séparées par une large cloison et ouvertes sur les côtés du nez. Signe du nou- veau continent. Jamais d’abajoues. TRIBU DES SINGES DE L'ANCIEN MONDE. Fig. 96, LE CHIMPANSÉ. Caractères $ 319. Les singes de l’ancien monde sont assez nombreux et généraux, semblent former une série qui conduit, par degrés, de l'homme TRIBU DES SINGES DE L'ANCIEN MONDE. 53 aux quadrupèdes ordinaires ; la position de leur corps , d’abord presque verticale, devient peu-à-peu tout-à-fait horizontale ; leur museau s'allonge, et on remarque en même temps que leurs passions deviennent de plus en plus violentes et brutales. Ceux qui, par l’ensemble de leur organisation, se rappro- chent le plus de homme , et que l’on pourrait appeler les singes antropomorphes, Sont complètement dépourvus de queue , et forment deux genres bien distincts, les Orangs et les Gibbons. Les singes de l'ancien continent , dont le corps se termine par une queue plus ou moins longue, ont été divisés en six genres : les guenons, les semnopithèques, les macaques, les magots, les cynocephales et les mandrills. Pour les distinguer entre eux, il faul tenir compte de la forme de leurs dents molaires, de leur queue, de leur museau, etc. $ 320. Parmi les singes de l’ancien continent, ceux du GENRE ORANG (Simia) sont les seuls qui manquent complètement de callosités ischiatiques, ou qui n’en présentent que de très pe- tites. Les uns, appelés par Cuvier Orangs proprement dits, ont les bras si longs qu’étant debout leurs mains touchent à terre ; les autres, chez lesquels les membres thoraciques ne descendent que jusqu'aux genoux, sont distingués par le même naturaliste sous le nom de Chimpanses, el sont considérés par M. Geoffroy- Saint-Hilaire comme devant former un genre distinct, nommé par lui Troglodyte. $ 321. Les orangs proprement dits ne sont encore qu'imparfai- lement connus, et n'ont guère été observés que dans le jeune âge. Il en existe dans les parties les plus orientales de l'Inde, à Java, à Malacca, à Bornéo, elc., une espèce très remarquable, PORANG-OUTANG (Simia satyrus). Dans le jeune âge, la figure de ces singes se rapproche beaucoup de celle d'un enfant qui n’au- rait pas le nez saillant, et dont les lèvres seraient avancées comme lorsqu'on fait la move; mais par les progrès de l’âge, le museau devient plus proéminent et cette ressemblance diminue beaucoup. L’orang-outang a le corps couvert de gros poils roux et la, face nue et bleuâtre ; il atteint la taille d'environ sept pieds, et possède une force et une agilité extrême ; sa demeure est dans les forêts les plus sauvages, et il se tient habituellement sur les arbres ; il y grimpe avec la plus grande rapidité, et s’élance d’une branche à l’autre avec autant de facilité et d'adresse que le font les petits singes d'Amérique, que l’on promène dans nos villes pour amusement du public; sur la terre, au contraire, il ne marche qu'avec difficulté, et il est obligé de s'appuyer sur un bâton ou de poser souvent ses mains à terre; souvent on le voit se servir de ses longs bras pour se soulever et se lancer en avant, “ Genre orang. Orangs pro prement dits, Orang-ou- tang Chimpansé. Genre Gib- bon. Siamang. 54 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. comme un homme se servirait de béquilles. On à constaté que ces animaux se construisaient, au haut des arbres, des espèces de huttes; mais on ne sait que peu de chose de leurs mœurs. Dans l’âge adulte , il est très difficile de s'emparer de l’ou- rang-outang : il se défend de la manière la plus courageuse ; dans le jeune âge, au contraire, il est aisé de le prendre etmême de lapprivoiser ; il montre alors assez d'intelligence, s'attache aux personnes qui ont soin de lui, et parvient facilement à imiter un grand nombre de nos actions. 6322. On ne connait qu'une seule espèce d’orangs à bras courts, c’est le CHIMPANSÉ ou froglodyte noir, appelé aussi pongo et jocko par quelques auteurs, qui habite la Guinée et le Congo. Ce singe paraît être de tous les animaux celui qui ressemble le plus à l’homme , mais il suffit de jeter les yeux sur la figure ci-jointe (pag. 52) pour voir combien il en diffère réellement. On assure que la taille de ces animaux dépasse celle de homme; ils vi- vent en troupes dans des bois dont ils défendent l'entrée à coups de pierre et de bâton contre les hommes et même contre les élé- phans, qu’ils cherchent à effrayer aussi par leurs hurlemens: leurs mœurs paraissent ressembler beaucoup à celles de lo- rang-outang ; et lorsque, dans le jeune âge, on les élève en do- mesticité, on les trouve assez dociles pour être dressés à nous imiter. 6 323. Le GENRE GIBBON (Hilobates) se distingue des orangs par les grosses callosités dont la partie inférieure de leur bassin est garnie; ces singes ressemblent aux orangs-outangs par la lon- gueur de leurs bras, et se rapprochent, par la forme de leur tête, des chimpansés, dont le front est extrêmement fuyant. Ils vivent dans les parties les plus reculées de l’Inde et de son ar- chipel, et se tiennent, comme les orangs, dans les forêts les plus épaisses. Avec leurs longs bras, ils se balancent aux bran- ches, et, en s’aidant de l’élasticité de ces dernières, plusieurs d’entre eux s’élancent avec tant de force qu’on les voit quelque- fois franchir, plusieurs fois de suite, des espaces de plus de quarante pieds. Les uns vivent par paires, les autres en troupes plus ou moins nombreuses. Ils ne sont guère susceptibles d’é- ducation, et la domesticité semble même leur faire perdre leurs facultés. Parmi ces singes si actifs, le plus remarquable par son agilité paraît être le gibbon cendre, qu’on nomme aussi le wouiwou, et qui se tient au milieu des roseaux et des bambous. dans l’île de Sumatra. Le siamang (H. syndactylus) diffère des autres gibbons par la manière dont la première phalange du deuxième et du troisième doigt des pieds de derrière sont unis à l’aide d’une membrane, et il mérite d’être cité pour la singu- larité de ses mœurs. Il vit en troupes nombreuses, qui parais- TRIBU DES SINGES DE L'ANCIEN MONDE. 55 sent guidées par des chefs plus agiles et plus robustes que les autres individus de la communauté ; durant le jour, ces singes se tiennent en silence, cachés dans le feuillage, mais au lever et au coucher du soleil , ils poussent des cris épouvantables; ils peuvent à peine se trainer lorsqu'ils sont à terre, et ils ne grim- pent même qu'avec lenteur et difficulté, mais ils sont d’une vi- gilance qu'on met rarement en défaut. On assure qu’un bruit qui leur est inconnu, et qui se fait entendre à la distance d’un mille , suffit, quelque léger qu’il soit, pour les faire. fuir aus- sitôt. Mais si leurs petits sont en danger, les femelles semblent changer aussitôt de caractère; on les voit s’arrêter pour par- tager les périls dont ils sont menacés et se précipiter sur leurs ennemis. Dans les circonstances ordinaires, les femelles mon- trent aussi, pour leurs petits, une tendresse et une sollicitude remarquable : elles leur prodiguent les soins les plus délicats, et, comme l’a observé un jeune voyageur, victime de son amour pour la science (M. Duvaucel), c’est un spectacle curieux que de voir ces animaux porter leurs petits à la rivière, les débar- bouiller malgré leurs plaintes, les essuyer, les sécher, et donner à leur propreté un temps et des soins que, dans bien des cas, les enfans de l’homme pourraient envier. Une particularité de l’organisation des siamangs, à laquelle semble tenir l'intensité de leurs cris, est l’existence d’un sac membraneux, en com- munication avec le larynx. Dans l’orang-outang, on remarque une disposition analogue. $ 324. Les singes de l’ancien continent, qui sont pourvus d’une queue plus ou moins développée, diffèrent de l’homme bien plus que les précédens ; non-seulement leur corps prend une position qui se rapproche de plus en plus de la direction ho- rizontale, et la forme de leur tête se rapproche de celle des quadrupèdes ordinaires; mais on trouve aussi, dans la struc- ture intérieure de leur corps, des modifications que l’on ne rencontre ni dans l’homme, ni dans les singes sans queue. Ces derniers animaux ont l'os hyoïde, le foieetlecæcum , de même que presque toutes les autres parties du corps, semblables à ceux de l’homme ; tandis que, dans les singes dont nous avons maintenant à nous occuper, l'os hyoïde a fa forme d’un bou- clier ; le foie est divisé en plusieurs lobes, et l’intestin cœcum est gros, court et dépourvu d’appendices : en général ils ont aussi des abajoues. On les divise, comme nous l’avons dit, en semnopitheques, guenons , macaques, magots, cynocéphales et mandrills. 6 325. Les SEMNOPIFHÈQUES (Semnopithecus) se rapprochent beaucoup des gibbons par la forme de leur corps, les proportions générales de leurs membres et les traits de leur figure; mais leur Singes à queue. Semnopi - thèques. Guenons. 56 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. queue, qu’ils tiennent ordinairement relevéeet qu'ils emploient comme un balancier pour s’aider dans leurs mouvemens, est Fig. 97. extraordinairement longue, et leur dernière dent molaire inférieure (fig. 97) , au lieu de m’offrir que quatre tubercules, est allongée en arrière par un cinquième tubereule impair. Ces singes sont propres à l'Asie méridionale, et vivent en grandes troupes; ils sont adroits et agi- les, mais paraissent ordinairement calmes et circonspects. Lors- qu'ils sont jeunes, on les apprivoise avec beaucoup de facilité, et dans l'Inde ils jouissent d’une sorte de vénéralion ; les adora- teurs de Brama respectent particulièrement une espèce de sem- nopithèques appelée Entelle ; ils lui permettent de venir dévas- ter leurs jardins et piller leurs tables ; la visite d’une troupe de ces singes est même considérée par eux comme un grand hon- neur. 6326. Les GUENONS (Cercopithecus) sont connus vulgairement sous le nom de singes 4 queue. De même que les semnopithè- ques, ils ont une longue queue, les membres allongés, les for- mes svelles, la tète arrondie et le museau cependant assez sail- lant; leur angle facial est de 50 à 60 degrés; mais ils n’ont pas, conime eux, la dernière dent molaire den bas différente des autres , et ils sont pourvus de larges abajoues qui leur servent de magasin pour les fruits dont ils dépouillent en toute hâte les jardins, et qu’ils ne mangent qu'après avoir regagné leurs retrai- tes habituelles. Ils n’acquièrent qu’une taille médiocre, et dé- ploient, dans les sauts qu'ils font d’une branche ou d’un arbre à un autre, une agililé extrême, mais ils ne marchent que peu et difficilement. Ils sont d’une vivacité extravagante, et ont en core plus de mobilité dans les idées que dans les mouvemens; rien ne les fixe; au milieu d’une occupation qui semble absor- ber toute leur attention , ils se laissent distraire par la moindre chose, et à chaque instant on les voit changer de sentimens et d'occupation : aussi éprouve-t-on quelques difficultés à les ap- privoiser., Malgré la similitude des formes, les guenons diffè- rent, par conséquent, beaucoup des semnopithèques; ils ap- partiennent aussi à une toute autre région, car ils sont propres à PAfrique. Ils y vivent dans les forêts en troupes nombreuses, et font souvent, dans les jardins et les champs cultivés, des dé- gâts considérables. On assure qu’ils montrent , dans leurs ex- cursions de maraude, une prudence et une intelligence singu- lières; les plus âgés forment l'avant et larrière-garde de la troupe, la conduisent , veillent à sa défense, et, s’il faut com- battre, s’exposent les premiers aux Coups; arrivés au lieu de pillage, ils établissent sur les points les plus élevés des senti- TRIBU DES SINGES DE L'ANCIEN MONDE. 57 nelles pour les avertir du moindre danger, el se placent ensuite sur un ou plusieurs rangs pour se jeter de main en main les fruits ou les plantes arrachées par les individus placés en tête de chacune de ces chaînes ; en peu de temps ils transportent ainsi toute une récolte à une distance considérable ; car la dévastation terminée , ils s’enfuient en toute hâte, et vont former une nou- velle chaîne dont la tête se trouve au point où se terminait la première ligne, et ils recommencent le même manège jusqu’à ce que leur butin soit déposé dans leur retraite habituelle. Fig. 98. (1) 6 327. Les MACAQUES (Macacus) serapprochent des semnopithèques par la forme de leurs dents « rt (24 (fig. 98), et des guenons Dre TO À par l'existence d’abajoues AN (ES bien développées. Leurs REZ membres sontmieux pro- Far) portionnés pour la mar- LŸ che à quatre pattes, et la (A queue, qui est en général é ns] © courte , reste toujours 4) pendante, et ne ser pas A méme comme de balan- 4 cier pour les aider dans ”) leurs mouvemens. Leur “LÀ museau (fig. 98, a) est aussi plus saillant { angle facial 40 à 45°), et ils sont en même temps moins intelligens et moins dociles. Dans Île jeune âge cependant, on peut les apprivoiser, et il est même une espèce, le maimon, que les insulaires de Sumatra dressent à monter sur les arbres , au commandement, et à en cueillir les fruits. En général, les habitudes des macaques sont à-peu- près les mêmes que celles des guenons. La plupart habitent les Indes ; mais il en existe aussi en Afrique. $328.Cetle dernière région est aussi la patrie originaire des MA- GOTS (Znuus), qui se distinguent des macaques, en ce que leur queue est réduite à un simple tubereule ; mais ces singes se sont naturalisés à extrémité méridionale de l'Espagne, sur les parties les moins accessibles du rocher de Gibraltar. Ce sont les seuls quadrumanes qui habitent l'Europe, et ce sont aussi les plus an- (x) Tète et dents d’un macaque : — « tête osseuse; — c dents de la mächoire supérieure ; — À dents de la mâchoire inférieure par leur surface triturante. Macaques. Magots. Cynocépha- les. Mandrills. 58 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ciennement connus. On les désignait jadis sous le nom de pithe- eus, el ce sont ces animaux qui ont servi à Galien pour les re- cherches anatomiques qu’il a faites, dans la vue d’éclairer les médecins sur la structure du corps humain, dont la dissection était interdite par les dogmes religieux des anciens. Les magots se trouvent dans tout le nord de l’Afrique. Lorsqu'ils sont jeu- nes, on les dresse facilement , par la crainte des châtimens, à exécuter différens tours d'adresse, dont les bateleurs profitent pour exciter la curiosité du public; mais, de même que les ma- caques, ces singes sont très capricieux et grimaciers, et lors- qu'ils deviennent vieux, ils sont méchans et taciturnes. $ 329. Les CYNOCÉPHALES ou singes à tête de chien (qu’on dé- signe fréquemment sous le nom de papions) ressemblent aux macaques par la disposition du système dentaire et de l’appa- reil de la locomotion ; mais ils ont le museau extrêmement al- longé el comme tronqué au bout, de façon que les narines, au lieu de s’ouvrir en arrière, sont situées en avant, mode de con- formation qui donne à leur tête l'aspect de celle d’un chien plutôt que de celle d’un singe ordinaire. La longueur de leur queue varie, eton leur trouve des abajoues très développées. Fig. 99, MANDRILL. Les MANDRILLS sont des cynocéphales dont le museau s’est en- core allongé davantage, et dont la queue est très courte. Tous ces singes à museau si allongé sont les plus brutaux et les plus féroces des animaux de cette famille, et, après les sin- ges anthropomorphes, ce sont aussi les plus grands et les plus forts ; leurs dents canines sont aussi robustes que celles des car- nassiers les plus sanguinaires ; leurs membres sont trapus et la marche quadrupède est leur mode habituel de progression. Ils grimpent facilement aux arbres et déploient dans leurs sauts la plus grande agilité ; mais cependant ils ne se tiennent pas habi- TRIBU DES SINGES DU NOUVEAU-MONDE. 9 tuellement dans les forêts, et préfèrent en général les monta- gnes hérissées de rochers ou les coteaux boisés. IIS vivent de fruits et de légumes et s’entr’aident comme le font les guenons, pour piller les jardins et les champs cultivés. Leur force et leur férocité les rend dangereux, même pour les hommes. Presque tous ces singes habitent l'Afrique: ils y vivent en troupe, et cha- que société s'établit dans un canton particulier, qu’elle n’aban- donne qu’à la dernière extrémité, et dont elle défend’ accès contre tous les autres animaux. Si quelque intrus s’aventure sur leur domaine, ces singes s'appellent entre eux, se réunissent et cherchent à l’éloigner par leurs cris et par leurs menaces; ces moyens sont-ils insuffisans , ils assaillent leurs ennemis de pier- res , de branches d'arbres, et ne se laissent point effrayer par le bruit des armes à feu. On assure qu’il est dangereux pour des femmes de s’exposer près des lieux qu’ils habitent , et qu’on en a vu enlever des négresses et les retenir pendant plusieurs an- nées prisonnières dans des cavernes, où ils les nourrissaient avec soin. Dans l’état de captivité, les mandrills et les cynocé- phales se refusent à l’éducation et montrent dans toutes les circonstances leur méchanceté brutale : ils ne s’attachent pas même à ceux qui les nourrissent, ainsi que le font les lions et les tigres, et ils semblent animés d’une haine aveugle contre tout ce qui existe. On connait plusieurs espèces de cynocéphales ; par exemple, le papion noir, qui est propre aux environs du cap de Bonne- Espérance; le papion ordinatre et le babouin , qui se trouvent en Guinée; le singe de Moco Où papion à perruque, qui habite l'Arabie et l'Ethiopie. Chez les anciens Egyptiens, ces animaux étaient le symbole du dieu Tôt ou Mercure, et on en voit très fréquemment la représentation parmi les figures hiéroglyphi- ques dont ce peuple singulier a couvert tous ses monumens. TRIBU DES SINGES DU NOUVEAU-MONDE. $ 330. Les singes de l'Amérique, comme nous l’avons déjà dit, Caractères se distinguent de tous ceux de l’ancien monde par un ensemble généraux. de caractères qui leur sont communs, et qui ne se retrouvent pas chez ces derniers. Le nombre de leurs dents molaires, lPab- sence de callosités et d’abajoues , la disposition des narines suffit pour les faire reconnaitre au premier abord , etmême la plupart de ces animaux se distinguent plus facilement encore des pre- SapaJous, Alouates, 60 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. miers par la faculté préhensile de leur queue, dont la confor- malion ajoute à leur agilité, en leur permettant de se servir de cet organe, comme d’une cinquième main, pour se suspendre aux branches et se lancer d’un arbre à un autre. Du reste, leurs mœurs sont essentiellement les mème; que ceux de leurs analo- gues de l’ancien continent. Fig. 100. SAJOU A GORGE BLANCHE. Tous les singes du Nouveau-Monde ont une queue Lrès longue; mais elle n’est pas chez tous susceptible de s’enrouler autour des objets et de les saisir. Ceux dont la queue est préhensile sont en général désignés sous le nom collectif de sapajous, et les autres sonL appelés sagouins où sakis. 6331. Les sApaIOUS forment plusieurs genres bien distincts : chez la plupart, la portion prenante de la queue est nue et cal- leuse en dessous ; chez d’autres, elle est velue comme le reste, el ce Caracière suffit déjà pour séparer ces singes en deux petits groupes. Parmi les sapajous à queue nue et calleuse , les alouates et les alèles méritent surtout de fixer notre attention. 6 332. Les ALOUATES (Myceles), connus aussi sous le nom de singes hurleurs, Ont la tête pyramidale et le visage oblique, la mâchoire inférieure extrêmement grande, les membres d'une longueur moyenne , et pourvus chacun de cinq doigts bien dé- TRIBU DES SINGES DU NOUVEAU-MONDE. 61 veloppés ; mais ce qu'ils présentent de plus remarquable est limmense étendue de leur os hyoïde , dont le corps est transfor- mé en une caisse osseuse à parois minces et élastiques, qui loge deux poches membraneuses en communication avec les ventri- cules du larynx. L'air s’introduit dans ces cavités et donne à la voix rauque et désagréable de ces animaux une force qui les à rendus célèbres et leur a valu le nom de Awrleurs. Leurs cris, au dire des voyageurs, se font entendre à plus d’une demi-lieue à la ronde et ont quelque chose de si effrayant , qu’on a été jus- qu'à les comparer au bruit qu’occasionnerait l’écroulement des montagnes. C’est surtout au lever et au coucher du soleil, ou bien à l'approche d’un orage, qu'ils font retentir les forèts de ces hurlemens épouvantables, et il paraît qu’ils y ont quelquefois re- cours pour éloigner leurs ennemis. Un auteur estimé, Margraf”, qui a beaucoup étudié les animaux de l'Amérique méridionale, atiribue à ces singes des mœurs très singulières : il assure qu’ils ont l'habitude de se placer en cercle autour de lun d’eux et de l'écouter dans le plus grand silence, pendant qu’il leur débite, avec une volubilité extrême, une espèce de discours assourdis- sant, et qu'’aussitôt que l’orateur s'arrête et fait un signe de la main, tous ses auditeurs se mettent à crier ensemble jusqu'à ce que le premier, par un autre signe, réclame de nouveau le si- lence , pour reprendre son discours, après lequel la séance se lève. Du reste, ce sont des animaux tristes, lourds et farouches. Dans quelques forêts de l'Amérique, le nombre de ces singes hurleurs est immense. Au Brésil et dans les Cordilières, on se sert quelquefois de leur peau , pour recouvrir le dos des mulets : mais on n’en fait que rarement la chasse ; car ils se tiennent tou- jours sur les branches les plus élevées des grands arbres, où les flèches et les armes à feu peuvent seules les atteindre, et s'ils ne sont pas tués sur le coup, ils ne tombent pas au pouvoir des chasseurs ; car, se sentant blessés, ils s’accrochent si bien avec leur queue , qu’ils restent suspendus à une branche même après leur mort. $ 333. Les ATÈLES sont remarquables par l'extrême longueur de leurs membres grêles et flexibles : ils diffèrent de la plupart des singes par l’état rudimentaire des pouces de leurs mains an- térieures. Leur conformation leur à fait donner le nom de szn- ges-araignees et leur fait prendre, lorsqu'ils marchent, des al- lures analogues à celles des orangs. Ils sont doux, craintifs et paresseux. À voir la lenteur ordinaire de leurs mouvemens , on les croirait malades ; mais, lorsqu'ils en ont besoin, ils dé- ploient beaucoup dagilité et franchissent par le saut de grandes distances. Ils vivent en troupes sur les branches élevées des ar- bres el paraissent avoir beaucoup d'intelligence et d'adresse. On Atèles. Eriodes, Lagotrix Sajous. Sagouins. Saimiris. 62 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. assure qu’ils se nourrissent d'insectes, de mollusques et de pois- sons, aussi bien que de fruits, et qu’à la marée basse on les voit aller à la pêche des huitres, dont ils savent briser Ja coquille entre deux pierres; mais cette particularité n’est pas ce que leur histoire offre de plus singulier. Il paraitrait que, lorsque les atèles veulent passer une rivière ou se transporter, sans descen- dre à terre, d’un arbre à un autre arbre trop éloigné pour l’at- teindre d’un bond, ils s’attachent les uns aux autres à l’aide de leurs longues queues, et forment ainsi une sorte de chaine, qu’ils font osciller jusqu’à ce que son extrémité inférieure arrive assez près du but, pour que le dernier individu puisse s'y accrocher et tirer ensuite à lui ses camarades. Les ERIODES sont à certains égards intermédiaires entre les hurleurs et les atèles ; leur pelage est laineux, leurs pouces antérieurs rudimentaires ; et leurs ongles comprimés, excepté ceux des pouces postérieurs. On a donné le nom de LAGOTRIx à un quatrième genre de singes à queue prenante et nue en dessous. 6334. Les sapajous à queue entièrement velue forment le genre SAJOU Où sapajou proprement dit (Cebus) (fig. 100). Ils sont vifs, remuans, doux, facilement éducables et pleins d'adresse et d’in- telligence. Comme les autres sapajous, ils vivent en troupes sur les branches élevées des arbres, et se nourrissent principalement de fruits , mais ils mangent aussi des insectes et des mollusques. A l’époque du rut , ils répandent une odeur assez forte qui les a fait appeler, par les voyageurs, singes musques ; le ton plain- tif de leur voix, lorsqu'on les tourmente, leur à valu aussi le nom de singes pleureurs. Is sont très répandus dans la Guyane et le Brésil , et on nous en apporte en Europe un grand nombre. Les singes d'Amérique, dont la queue n’est point prébensile, sont désignés par plusieurs naturalistes sous le nom collectif de SAGOUINS. 6335. Les SAÏMIRIS ou Zitis appartiennent à cette division , et établissent en quelque sorte le passage entre elle et le groupe des sapajous. Ils ont la queue déprimée et garnie de poils courts, la tête ronde et la face aplatie; ce sont peut-être de tous les singes ceux dont l’encéphale est le plus volumineux : aussi don- nent-ils des signes d’une intelligence très développée. Un des voyageurs modernes les plus célèbres, M. de Humboldt, a re- marqué plusieurs fois que ces animaux reconnaissaient évidem- ment des insectes dont ils voyaient le portrait même sur des gravures non enluminées, et qu’un discours suivi, prononcé devant eux , les occupait au point que tantôt ils fixaient atten- tivement leurs regards sur l’orateur, et que tantôt ils cher- chaient à s'approcher de lui pour toucher de leurs doigts ses TRIBU DES SINGES DU NOUVEAU-MONDE. 63 dents ou sa langue. La physionomie du saïmiris, dit cet obser- vateur habile, est presque celle d’un enfant; c’est la même ex- pression d’innocence, quelquefois le même sourire malin, et constamment la même rapidité dans le passage de la joie à la tristesse; il ressent aussi vivement le chagrin et le témoigne aussi en pleurant. Il est recherché par les habitans des côtes de l'Amérique méridionale pour sa beauté, ses manières aimables et la douceur de ses mœurs; il étonne par une agitation conti- nuelle : cependant ses mouvemens sont pleins de grâce; on le voit sans cesse occupé à jouer, à sauter et à prendre des insec- tes, et surtout des araignées, qu’il préfère à des alimens végé- taux. Une particularité remarquable des mœurs de ces animaux est aussi le grand attachement des petits pour leur mère : quand celle-ci est frappée, ils tombent avec elle et restent attachés à son cadavre. C’est même de la sorte que les Indiens les pren- nent pour les élever et les vendre aux habitans des côtes ; et il n’est pas sans intérêt de noter que, chez ces animaux, la por- tion postérieure du cerveau où Gall place l'instinct de la phi- logéniture, est développée au plus haut degré. Les saïmiris sont assez communs au Brésil et à la Guyane; ils vivent en troupes de dix à douze dans les forêts de cette partie du Nouveau- Monde. 6 336. Les saAKIS ( Pithecia) que l’on nomme aussi des singes à queue de renard, se distinguent facilement des précédens par les poils longs et touffus dont leur queue est garnie, et parleurs dents incisives plus saillantes que chez les autres singes. Ils vivent comme les sapajous, dans les grandes forêts de l'Amérique ; mais n’ayant pas la queue préhensile, ils ont moins d’agilité que ces animaux : souvent ils sont obligés de leur abandonner le séjour des arbres et de se réfugier dans les broussailles; où les sajous les suivent pour leur voler leur nourriture etles malirai- tent encore après les avoir ainsi dépouillés. À Cayenne, on les appelle souvent singes denuit ; mais ils ne méritent pas complè- tement ce nom, car, après le crépuscule , ils gagnent leurs re- trailes. 6337. Des singes complètement nocturnes et remarquables, comme le sont presque tous les animaux qui ont des mœurs analogues, par la grosseur de leurs yeux, sont les NOCTHORES ou nictipitheques , dont une espèce, appelée le douroucouli, à été nommée aussi titi-tigre, à cause de son cri qui est assez fort, et ressemble un peu à celle du jaguar. Ils habitent les forêts voisines de l’Orénoque, et se cachent, pendant le jour, dans des trous de vieux arbres vermoulus. Sakis, Nocthores. 64 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. FAMILLE DES OUISTITIS (Aretopithecus). Fig. 101, OUISTITI A PINCEAU. $338. Ce petit groupe, qui pendant long-temps a élé con- fondu avec celui dessinges, est propre au Nouveau-Monde, et cependant les ouistitis diffèrent encore plus des singes d’Amé- rique que de ceux de l’ancien continent : comme ces derniers, ils n’ontque vingt dents molaires. Ce sont de petits animaux ayant les formes agréables, la tête ronde, le visage plat, les narines latérales, point de callosités ni d’abajoues, et la queue touffue et non prenante. Aux membres antérieurs, leur pouce est à peine opposable; et tous leurs doigts, excepté le pouce des membres postérieurs, sont armés d'ongles comprimés et pointus comme des griffes ; c’est même à laide de ces ongles qu’ils grimpent sur les arbres comme le feraient des écureuils, car la conformation de leurs mains ne leur permet pas de se saisir des branches à la manière des singes à qui le nom de quadrumanes est bien mieux appliqué. Is vivent sur les arbres, el passent pour être gais, capricieux , irascibles , et toujours en mouvement. D’après des observations faites par M. Audouin, sur ces animaux en capti- vité, il paraitrait qu’ils ont assez d'intelligence pour profiter des lecons de l'expérience et un instinct qui leur fait reconnai- tre, au premier abord, les insectes dont ils ont à redouter la piqère. M. Audouin a successivement renfermé, dans la cage où ils étaient retenus, divers insectes : lorsque c’étaient des hanne- tons, des sauterelles, des mouches, elc., ils se jetaient dessus avec avidité et les dévoraient avec délices. Mais une guêpe ayant FAMILLE DES OUISTITIS. 65 été placée auprès de ces animaux qui, nés en domesticité , n’en avaient jamais vu et ne pouvaient par expérience connaitre le danger de ses piqüres, ils furent saisis de crainte et s’enfuirent au fond de leur cage pour y chercher un refuge; la vue d’une gravure représentant cet insecie suffisait même ensuite pour leur causer une frayeur manifeste. Les ouistitis paraissent même capables de profiter de l'expérience; car le même observateur remarqua que l’un de ces animaux , ayant un jour lancé du jus de raisin dans son œil pendant qu’il mangeait un grain de ce fruit, ne manqua plus de fermer les yeux toutes les fois qu’il lui arriva d’en manger de nouveau. On connaît plusieurs espèces d’ouistitis qui habitent l’Améri- que du Sud. FAMILLE DES LÉMURIENS OÙ MAKHS. 6 338. Les animaux dont se compose la famille des lémuriens Caractères ont les quatre pouces bien développés et opposables aux autres généraux. doigts; mais en général ils s’éloignent des singes et des ouistitis par leur forme, qui se rapproche davantage de celle des car- nassiers, ainsi que par la disposition ou le nombre de leurs dents ; et un caractère qui suffirait seul pour les en distinguer, c’est Pexistence d’un ongle pointu et relevé au premier ou aux deux premiers doigts de derrière, tandis que ceux des autres doigts sont tous plats. Les lémuriens ont aussi les narines dé- coupées et sinueuses , et le pelage laineux. Leurs membres pos- térieurs, au lieu d’être plus courts que les membres antérieurs, comme cela a lieu chez beaucoup de singes, sont en général plus longs, et leur développement est souvent assez considéra- ble pour faire de ces quadrumanes des animaux essentiellement sauteurs. Ils habitent les bois et se nourrissent principalement de fruits; mais cependant ils poursuivent avec ardeur les oi- seaux et les petits quadrupèdes, dont ils mangent la chair avec avidité. Ils sont par conséquent plus carnivores que les autres animaux du même ordre : aussi leur organisation se rapproche- t-elle davantage de celle que nous aurons bientôt à étudier dans l’ordre des carnassiers. Leurs dents molaires commencent à montrer des tubercules aigus qui s’engrènent les uns dans les autres, comme chez les insectivores; leur langue est rude et papilleuse, et leur voix tient un peu du rugissement du lion : 5 65 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de même que les chats, ils aiment à être caressés et font alors entendre un ronflement particulier. Classifiea- Cette famille se compose des makis, des indris, des Loris, des ne galagos et des tarsiers, el elle tient par des liens étroits aux édentés de la famille des paresseux , dont nous aurons à parler par la suite. Fig. 102, MAKI À FRONT BLANC AVEC SON PETIT. Makis 6339. Les MAKIS PROPREMENT DITS (Lemur) habitent exclu- sivement l’ile de Madagascar, où ils paraissent remplacer en quelque sorte les singes. On les a nommés, à cause de leur tête pointue, des singes à tête de renard , et on les distingue faci- lement par la forme générale de leur corps (#g.102), par leurs incisives, au nombre de six en bas et de quatre en haut, par leur queue longue et touffue, et par légal développement de leur tarse et de leur métatarse. Ils vivent en troupes, se nourrissent de fruits et sont à demi nocturnes. Indris $ 340. Les INDRIS (Lichanotus) sont également propres à lile FAMILLE DES LÉMURIENS OÙ MAKIS. 67 de Madagascar et ressemblent beaucoup aux makis; mais ils n'ont que quatre dents incisives en bas. Leur queue est courte, et leurs jambes de derrière, presque deux fois aussi longues que les antérieures, leur permettent de franchir, en sautant, des distances considérables. Ils sont doux et assez intelligens. Les habitans de la partie sud de Madagascar les apprivoisent et les dressent pour la chasse de la même manière que nous le faisons pour le chien. $ 441. Les LORIS (S{enops), appelés vulgairement singes pares- seux, ont reçu ce nom, à cause de l’excessive lenteur de leur marche. Ils habitent les Indes Orientales et se reconnaissent à leur corps grêle, à leur museau court comme celui d’un doguin, à leurs yeux gros et saillans et à l’absence de toute espèce de queue. Plusieurs particularités de leur organisation les rappro- chent des vrais paresseux, et il n’est pas sans intérêt de voir que , chez les uns et les autres, il existe une disposition dans les artères des membres, qui peut, jusqu’à un certain point, nous expliquer la lenteur de leurs mouvemens. Dans la première partie de ce cours, nous avons vu que les muscles, pour agir avec force, doivent recevoir beaucoup de sang, et, d’un autre côté, que ce liquide arrive dans une partie quelconque aŸec d'autant moins de rapidité, que, toutes choses égales d’ailleurs, le tronc artériel , qui le porte, s’est subdivisé davantage (1). Or, chez les loris , de même que chez les paresseux, les artères des membres commencent par se diviser en une infinité de rameaux qui ensuite se réunissent en un tronc d’où partent les branches ordinaires ; il en résulte que, chez ces animaux, la circulation du sang doit se faire avec moins de force dans les membres que chez ceux dont les artères ont la disposition normale. 6 342. Les GALAGOS (Tarsius) et les TARSIERS (Otolicnus) sont aussi des animaux nocturnes. Les premiers se trouvent en Afri- que ; les seconds aux Moluques. Ils sont remarquables par la longueur démesurée de leurs membres postérieurs et la grandeur de leurs yeux. Les galagos présentent une particularité qui mé- rite d’être signalée. De même que les chauve-souris, ils ont les oreilles extrêmement grandes et peuvent les tendre de facon qu’elles soient très élastiques, ce qui doit augmenter la finesse de leur ouïe, et, de même aussi que ces animaux, ils peuvent à volonté se rendre presque sourds; car ils peuvent froncer la base de leur oreille et la replier de manière à la rendre presque invisible et à boucher exactement le conduit auditif. (1) Voyez introduction, page 4. Loris. Galago: farsiers, jaractères SénéTaux, 68 ZOOLOGIE DESCRIFTIVE. ORDRE DES CARNASSIERS. 6 343. L'ordre des carnassiers ne se compose pas seulement , comme son nom semble l'indiquer, d'animaux qui se nourris- sent habituellement de chair : on y range aussi d’autres mammi- fères, dont le régime est végétal, il est vrai, mais dont l’en- semble de l’organisation ne diffère que peu de celles des ani- maux essentiellement carnivores. Les caractères qui distinguent ces mammifères de tous les autres animaux de la même classe sont d’être onguiculés comme les bimanes et les quadrumanes , d’avoir aussi la bouche armée de trois sortes de dents, et de naï- tre, comme eux, de la manière ordinaire, mais de ne pas avoir lépouce opposable aux autres doigts. Le mode de conformation de leurs membres est peu favorable à l'exercice du tact : aussi ce sens est-il bien moins parfait que chez les animaux plus élevés dans la série zoologique, et ne peut-il donner que des notions irès vagues sur la forme des ob- Jets soumis à son investigation. Chez les carnassiers , le toucher parail servir surtout à avertir l’animal du contact d’un corps étranger avec ses organes, et à lui faire juger de sa température et de sa consistance. Sous ce rapport, le sens du toucher acquiert quelquefois une délicatesse telle que nous avons peine à le con- cevoir, el il paraîtrait que, chez plusieurs de ces animaux, ce ne sont pas les membres, mais bien la partie de la peau où s’in- sèrent les moustaches, qui en est le siège principal. N'ayant pas de mains, ils ne peuvent se servir de leurs membres antérieurs, pour porter leur nourriture dans la bouche ; mais cependant ces organes sont encore employés à la préhension des alimens. En général, c’est à l’aide de leurs paltes de devant, que les carnas- siers saisissent leur proie et la fixent contre le sol, pendant qu’ils la dévorent, et quelquefois même la déchirent en lam- beaux : aussi l'extrémité de ces membres doit-elle conserver une mobilité assez grande; et en effet les doigts sont en général bien flexibles, et, dans la plupart des cas, Pavant-bras peut encore exécuter quelques mouvemens de rotation. D’après le genre de vie de la plupart de ces animaux, on peut prévoir que leur canal intestinal doit être moins volumineux et ORDRE DES CARNASSIERS. 69 moins long que chez les mammifères qui se nourrissent de sub- slances végétales. Les carnassiers, pour saisir el dévorer une Fig. 103. (1) proie, qui en général se débat contre eux, ont besoin d’une force considérable dans leurs mâchoires : aussi les muscles servant à rapprocher ces orga- nes sont-ils très volumineux , et, pour les loger, il existe en- tre les côtés du crâne et l’arcade zygomatique un espace Consi- dérable (fg.103) , ce qui donne à la tête de ces animaux beaucoup de largeur. En général , leurs mächoires sont en même temps très courles, ce qui diminue l'inégalité qui existe ordinairement dans ces léviers, entre la longueur des bras de la puissance et de Fig. 104. (2) la résistance , el favorise par conséquent le déploiement des forces. Le mode darticulation yaù Up? de la mâchoire indique aussi que les dents sont destinées à couper de la chair ou à écraser ® des insectes, mais non pas à broyer de lherbe ou des raci- x nes: elle est dirigée en travers et serrée Comme un gond, de façon à s'opposer à tout mouve- ment latéral, et à ne permettre à la bouche que de s’ouvrir et de se fermer , comme le feraient des branches de ciseaux. Dans l’ordre des carnassiers , l'appareil de l’odorat est en gé- néral très développé. La membrane pituitaire s’éteud ordinai- rement sur des lames osseuses très multiphiées ; chez plusieurs de ces animaux , les cornets sont tellement multipliés etsubdivisés, que les fosses nasales paraissent en être entièrement remplies ; et que l'air , pour arriver aux poumons, est obligé de traverser une espèce de crible où il dépose les particules odorantes dont (1) fig. 103. Téte ossense de lion vue en dessus : — € erâne;— f os frontal; LOS DAsSAUXx ; — z arcade zygomatique. (2) Fig. 104. La même, vué de profil: — « coudyles de l’occiput, servant à l'articulation de la tête avec la colonne vertébrale; —— o crête occipitale; — ! fosse temporale, servant à l'insertion des muscles de la mâchoire; = y orbites. Classifica- tion. 70 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ilest chargé. Il en résulte que, chez ces animaux, ce sens est très développé; et, en effet, si la nature ne les avait pas doués de la faculté de suivre à la piste les êtres dont ils doivent se nourrir, il leur aurait été souvent impossible de pourvoir à leurs besoins. Les organes de la vue ne présentent dans cetordre rien de très remarquable. Il est seulement à noter que les yeux deviennent de plus en plus latéraux, et que, dans le squelette, les orbites ne sont plus séparés des fosses temporales par une cloison com- plète , comme chez les bimanes et les quadrumanes. Le cerveau des carnassiers, comparé à celui de homme et des quadrumanes, présente des signes d’une dégradation bien sensible, Sa surface est encore creusée de sillons bien marqués : mais, de même que dans tous les mammifères inférieurs , dont il nous reste à parler, cet organe ne présente plus de troisième lobe et ne recouvre plus le cervelet ; chez ces animaux , toute la masse cérébrale est en même temps peu développée : aussi le front est-il peu élevé , et l'angle facial très aigu (30 à 40 degrés). L’ar- ticulation de la tête avec la colonne vertébrale se fait par la face postérieure du crâne et non point par sa face inférieure , comme chez l’homme et quelques singes (&, fig. 104), el il en résulte que, pour soutenir le poids de l’extrémité céphalique , et pour y don- ner la force nécessaire à l'animal, lorsqu'il déchire sa proie ou qu'il emporte dans sa gueule, le cou des carnassiers est ordi- nairement très courtet muni de muscles puissans pour Pattache desquels il existe à locciput une crête très élevée. Le ligament cervical, destiné à empêcher la tête de retomber en avant, est également très développé, et les apophyses épineuses des pre- mières verlèbres dorsales sur lesquelles il se fixe, sont grandes et saillantes. Ç 344. Du reste, les formes et les mœurs de ces animaux varient beaucoup, et l’ordre des carnassiers est loin d’être aussi homo- gène et aussi naturel que celui des quadrumanes. Les zoologistes sont même très divisés sur les limites à assigner à ce groupe. Suivant les uns, il faudrait en exclure tous les insectivores, pour en former un ordre distinct, el ce n’est que depuis peu que l’on s'accorde généralement à en séparer , comme nous lavons fait ici, les animaux à bourse , dont le mode d’existence dans les premiers temps de la vie est si anormal. L'ordre des carnassiers se divise naturellement en quatre grandes familles (1), reconnaissables aux caractères indiqués dans le tableau suivant : (1) Cuvier, dont la classification à été suivie exactement dans la première édi- ORDRE DES CARNASSIERS. 71 Membres conformés pour le vol aussi bien que à d es à : 4 : $ a! CHELROPTE- pour la marche ( un repli de la peau qui prend aux RP on Atete , ï ; ar- côtés du cou s'étendant en forme de voile entre les L'adssiers uilés quatre pattes.) Ordre | CARNASSIERS Membres conformes pour la marche (pattes des { grèles, allougés et sans repli, cutané en forme de CÉDINAUSES | ou Carnassiers Carnassiers, ile.) sier voile. ) | marcheurs. ou Carnassiers " eurs. | nageurs Membres conformés pour la nage et impropres AMPHIBIES , à la marche et au vol (courts, larges et offrant , l'aspect de rames ou de nageoires). ! 5 FAMILLE DES CHÉIROPTEÈRES. Caractères ÿ 345. La plupart des chéiroplères sont des animaux organi- {€ 5 generaux, sés pour le vol plutôtque pour le mode de locomotion ordinaire dans cette classe de vertébrés. Chez ces mammifères, même chez ceux qui wont pas de véritables ailes, il existe, de chaque côté du corps une espèce de grande voile, formée par un repli de la peau , qui s'étend depuis le cou jusqu'aux pattes postérieures, et qui, étendue et mise en mouvement par les membres de Pani- mal, remplit les fonctions d’un parachute, à l’aide duquel il peut se soutenir en Pair , lorsqu'il s’'élance d’un point élevé. Ce mode d'organisation exigeait beaucoup de solidité et de force dans les membres antérieurs: aussi, chez les chéiroptères , lavant-bras ne peut-il exécuter de mouvemens de rotation, qui auraient at- faibli la force avec laquelle il doit frapper Pair, et les muscles pectoraux , ainsi que les os de l'épaule, sont-ils très développés. D’un autre côté, quelques particularités de leur organisation les rapprochent plus que les autres carnassiers des quadrumanes et de l’homme : ainsi, ils ont les mamelles pectorales, tandis que, chez les insectivores et les carnivores, ces organes sont situés sous le ventre. $ 346. Tous ces animaux ne sont pas également bien organisés … Classitica- tion, tiou de cet ouvrage, divisait les Carnassiers marcheurs en deux familles : les Insectivores et les Carnivores, et réunissait ces derniers avec les amplubies dans une seule famille, mais la marche adoptée ici me semble plus naturel] Caracteres généraux. 72 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pour le vol , et on peut, d’après cette considération , les répar- ir, comme il suit , en deux tribus. Doigts des membres antérieurs. excessivement longs et des avec la membrane qu’ils soutien- | Gyauve-souris nent, des ailes aussi étendues que celles des oiseaux. F: . ; F0 4 amille Doigts des membres antérieurs , | des / Cléiropteres. tous garnis d'ongles tranchans “| pas plus allongés que ceux des mem- bres postérieurs, de facon que la }GarforiTHÈQUEs. membrane latérale ne remplit que les fonctions d’une espèce de pa- | rachute. / TRIBU DES CHAUVE-SOURIS, Fig. 105, OREILLARD COMMUN. $ 347. Ces singuliers animaux semblent, au premier abord . tenir autant de l'oiseau que du mammifère, car ils sont pourvus. comme le premier , d'ailes puissantes, et ils sont organisés pour voler dans les airs plutôt que pour marcher sur la terre ; mais si on examine avec plus d'attention la structure de leur corps, on voit que, dans la réalité , elle ne diffère que très peu de celle des mammifères ordinaires, et que ses anomalies ne dépendent guère que de l'allongement extrême de toutes les parties des membres antérieurs.Les ailes elles-mêmes, qui semblent rappro- cher les chauve-souris des oiseaux, diffèrent extrêmement des ailes de ces animaux, et ont la plus grande ressemblance avec la main de l’homme et des autres mammifères. Chez les oiseaux, la main est réduite à une sorte de moignon sur lequel sont fixées les grandes plumes raides qui constituent l'espèce de rame re- TRIBU DES CHAUVE-SOURIS. 13 présentée par l'aile ; chez les chauve-souris, au contraire, c'esl cette main elle-même, dont les doigts acquièrent une longueur extrême et sont unis par un prolongement de la peau, qui frappe l'air pendant le vol et soutient l'animal dans ce fluide mobile. Fig. 106, SQUELETTE DE CHAUVE-SOURIS. (1) L’os métacarpien de ces doigts, transformés de la sorte en ba- guettes destinées à souteuir la membrane alaire, ressemble à une première phalange , de façon que ces doigts paraissent nai- tre immédiatement du carpe. L’étendue de la surface des rames ainsi formées est très considérable , et elles sont mises en mou- vement par des muscles puissans: aussi les chauve-souris vo- lent-elles très haut et très rapidement, eton remarque, dans la disposition de ïeur sternum et de leurs clavicules des particu- larités qui sont en rapport avec ce mode de locomotion , et qui se retrouvent à un bien haut degré encore chez les oiseaux ; ainsi leur sternum présente, dans son milieu, une arêle qui sert à donner attache aux muscles pectoraux , el qui est analogue au brechet des oiseaux ; et leurs clavicules forment des ares-bou- tans puissans qui empêchent l’épaule d’être entrainée en dedans par les muscles pectoraux, lors de la contraction violente de ces organes nécessaires pour l’abaissement de Paile. Du reste, les membres antérieurs des chauve-souris ne sont pas destinés uniquement à la locomotion aérienne comme le sont les ailes des oiseaux ; lorsqu'ils sont reployés, ils servent aussi à l'animal pour ramper ou pour se suspendre à quelque (1) Les lettres de renvoi de cette figure ont la méme signification que celles de la figure 86 page 18. 74 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. corps saillant, et, à cet effet, leur pouce reste libre, court el arme Fig.107. d’ unonglecrochu, comme celui de la plupart des au- tres mammifères , tandis que les autres doigts sal- longentoutre mesure,per- dent leur dernière phalan- ge ainsi que leur ongle, et sont envéloppés dans le repli de la peau, qui s’é- tend des côtés du cou aux pattes postérieures ; ou méme jusqu’à la queue. Les membres postérieurs conservent leurs dimensions ordi- naires et sont très faibles : aussi les pieds de derrière sont libres : on y compte cinq doigts, petits, égaux entre eux, et lerminés par des ongles crochus. La marche est extrêmement pémible pour ces animaux, et a lieu au moyen dune suite de culbutes obliques qui les fatiguent beaucoup : aussi n’ont-ils recours à ce mode de progression que lorsqu'ils y sont forcés. On les voit même rarement se poser sur le sol, car , à moins de se lancer d’un point élevé, ils ne peuven! que difficilement prendre leur vol. Lorsqu'ils cherchent le repos, ils se suspendent à une branche darbre ou à quelque saillie de la voûte d’une caverne en s’y accrochant par les pattes postérieures, la tête en bas, position dans laquelle ils n’ont qu’à lâcher prise et à étendre leurs ailes pour reprendre leur vol. Les chauve-souris sont des animaux crépusculaires ou même uocturnes. Pendant le jour et pendant toute la saison froide , ils se Liennent cachés dans des cavernes obscures et sont plon- sés dans un sommeil léthargique. La plupart des mammifères uocturnes ont les yeux volumineux ; chez les chauve-souris , au contraire , Ces organes sont d’une petitesse excessive el ne pa- raissent pas leur être nécessaires pour se diriger On les voit voler dans l’obscurité la plus profonde avec une précision extrême , éviter les obstacles et se diriger sans hésitation dans tous les recoins des labyrinthes où ils errent. Les expériences de Spal- lanzani prouvent aussi que la vue ne les guide pas alors; car , après avoir eu les yeux crevés, ces animaux se dirigeaient avec la même assurance et s'échappaient sans hésitation par la plus pelite ouverture. Cette faculté, que Spallanzani attribuait à un sixième sens, parait tenir au grand développement de la sensi- bilité tactile de la peau des ailes et des oreilles , organes sur les- quels la membrane tégumentaire est nue, très fine et présente une surface très étendue: en effet, les chauve-souris semblent sentir TRIBU DES CHAUVE-SOURIS. 75 le voisinage d’un corps solide sans le toucher el par la seule diversité des impressions de Pair sur la surface de leur corps. L’ouïe est également d’une sensibilité exquise chez ces ani- maux : le pavillon de leur oreille acquiert quelquefois des di- mensions énormes ; et comme si la nature avait craint que cette délicatesse trop grande de Paudition ne nuisit au repos néces- saire aux chauve-souris, elle les a douées de la faculté de la diminuer à volonté, et de se soustraire ainsi à un bruit impor- tun. À cet effet la partie du pavillon, désignée sous le nom de tragus, prend un développement extrême et constitue un second entonnoir placé dans Pintérieur de celui que forme le pavillon , et susceptible d'agir à la manière d’une soupape pour fermer le méat auditif. j Il existe aussi, au-devant des narines de beaucoup de chauve- souris , une disposition analogue à l’aide de laquelle ces animaux peuvent empêcher les odeurs d'arriver à l’organe olfactif : au- devant des narines, on leur voit des espèces de feuilles plus ou moins compliquées , formées par des prolongemens de la peau. et susceptibles de se froncer de manière à fermer ces ouvertures. La susceptibilité de leurs organes des sens force les chauve- souris à fuir le bruit et le jour; pendant les nuits d'été, on les voit voler avec activité à la recherche de leur nourriture , el souventelles deviennent alors la proie d’oiseaux nocturnes ;mais pendant le jour, elles se tiennent cachées dans des cavernes ou dans d’autres retraites obscures. La faculté productrice de la chaleur est moins développée chez ces animaux que chez la plu- part des mammifères , et lorsque la température de lPatmo- sphère s’abaisse beaucoup , celle de leur corps ne se soutient pas à un degré assez élevé pour que leurs fonctions puissent s’exer- cer de la manière ordinaire ; ils tombent alors dans un engour- dissement qui dure pendant toute la saison froide. Le nombre de chauve-souris que l’on voit suspendues ainsi , dans un sommeil léthargique, aux voûtes des cavernes, est souvent immense , et la quantité de matières fécales qu’elles dé- posent dans ces antres est si considérable qu'on a attribué à sa décomposition le nitre qui se forme spontanément dans cer- taines grottes de l’île de Ceylan , du Brésil, etc. Si cette opinion élait fondée, les chauve-souris seraient, d’une manière in- directe, très utiles à l’industrie, mais, du reste , elles ne nous rendent aucun service , et dans quelques pays occasionnent, au contraire , des dégâts considérables. La portée ordinaire des chauve-souris est de deux petits qu’elles tiennent cramponnés à leurs mamelles et qu’elles mettent souvent à Pabri dans une sorte de poche formée par un repli de leurs ailes. Classitica- Horn, loussettes. Chauve-son- ris 1useCtIVO- res. 76 ZOULOGIE DESCRIPTIVE. Le régime des chauve-souris varie : les unes se nourrissent de fruits , les autres d'insectes , et ces différences sont accompa- gnées d’autres particularités dans leur organisation, et sont caractéristiques de deux groupes naturels formés par ces ani- maux: aussi les divise-t-on en chauve-souris frugivores et en chauve-souris 2nsectivores. 6 348. Les CHAUVE-SOURIS FRUGIVORES sont connues aussi sous le nom de ROUSSETTES. On les distingue facilement à leurs dents molaires dont la couronne est plate, à l’existence d’une troisième phalange pourvue, en général, d’un petit ongle au doigt indi- cateur ou deuxième doigt, à l'absence ou à l’état rudimentaire de la queue et au peu d’étendue de la membrane interfémo- rale. Elles sont propres à l’Asie méridionale, à l'archipel In- dien, à la partie sud de l'Afrique, et sont les plus grands de tous les animaux de cette famille : on en connait qui ont jusqu’à quatre pieds d'envergure. Pendant le jour , ces chauve-souris se tiennent accrochées, par groupes, aux branches des arbres les plus élevés, el elles ne commencent à voler qu’à l'approche de la nuit. Elles mangent beaucoup de fruits, surtout des bananes, des dattes et autres fruits pulpeux , mais cependant on les voit aussi poursuivre les petits oiseaux pour s’en nourrir. Leur chair est généralement estimée et employée comme aliment dans les pays qu'elles habitent. Ÿ 349. Les CHAUVE-SOURIS INSECTIVORES sont bien plus nom- breuses que les précédentes. Toutes ont de chaque côté et à cha- que mâchoire trois dents molaires hérissées de pointes coniques et précédées de plusieurs fausses molaires ; leur doigt index n’a jamais dongle, et, un seul genre excepté, leur membrane alaire s'étend toujours entre les deux jambes. Il est aussi à noter que la plupart de ces animaux ont, comme certains singes, des abajoues dans lesquelles ils déposent les insectes dont ils s’em- Fig. 108. (1) TÊTE ET DENTS. 1) a Tête du vampire vue de côte; —b les incisives et canines vues de face. TRIBU DES CHAUVE-SOURIS. 77 parent , afin de les manger plus à leur aise après qu'ils ont ter- miné leur chasse. Chez les uns, il existe au doigt médian trois phalanges ossi- liées : ce sont les MOLOSSES, les NOCTILIONS et les PHYLLOSTOMES , qui appartiennent pour la plupart à l'Amérique. Ces derniers ne se contentent pas de vivre d’in- sectes, ils attaquent les gros ani- maux endormis pour en sucer le sang qu'ils font sortir de la peau en l’incisant avec les pa- pilles cornées dont leur langue est armée. L’un de ces phyllo- stomes qui habite l'Amérique mé ridionale, et qui est de la gran- deur d’une pie , est connu sous le nom de vampire. On l’a accusé de faire périr les hommes et les ani- maux en suçant leur sang; mais : 7. cela paraît peu probable, car les Fig. 109. TÊTE DU VAMPIRE. plaies qu'il fait sont très petites. Les autres chauve-souris n’ont qu'une phalange ossifiée à l'index et deux aux autres doigts; elles forment un grand nom- bre de genres parmi lesquels nous citerons les RHINOLOPHES , les VESPERTILIONS et les OREILLARDS. On trouve très communément en France deux espèces de RHINOLOPIIES , qui sont connus sous le nom vulgaire de chanve- souris fers-a-cheval, à raison des crêtes et membranes qui sont fixées sur leur nez et qui représentent à-peu-près la figure d’un fer-à-cheval. On les voit souvent suspendus dans les carrières et complètement enveloppés dans leur membrane alaire comme dans un manteau. Les VESPERTILIONS ou chauve-souris communes n’ont point de feuilles nasales et ont les oreilles de grandeur médiocre. On en connait six Ou sept espèces qui habitent la France, savoir: la chauve-souris commune et la serotine, qui se trouvent dans les clochers et les vieux édifices; la noctule, qui se cache dans le creux des vieux arbres ; la pipistrelle, qui est commune dans les combles des habitations rurales, etc. Enfin , les OREILLARDS diffèrent des précédens par le grand développement de leurs oreilles. Une de ces chauve-souris ha- bite nos maisons (voy. fig. 105 et 107). TRIBU DES GALÉOPITHÈQUES. $ 350. Les galéopithèques ont été désignés, par les voyageurs, Noctilions, phyllostomes, CLIC: Rinolophes, Vesperti- lions Oreillards, Caracteres “éNérAux, 78 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sous les noms de singes volans , de chats volans , de chiens vo- lans, etc.; et, en effet, ils ressemblent un peu à ces animaux par la forme générale de leur corps, et méritent l’épithète de volans à cause de l’espèce de parachute formé par un grand repli de la peau qui s'étend depuis les côtés du cou jusqu’à la queue, et qui, tendu par les membres sert à soutenir l'animal lorsqu’il saute d’une branche à une autre. Ils n’ont pas, comme les chauve- souris , la main engagée dans cette membrane, ni allongée en manière daile ; leurs doigts sont libres, garnis d'ongles tran- chans et semblables à leurs orteils. Ces animaux habitent l'archipel Indien, et vivent sur les ar- bres, où ils poursuivent les insectes et les petits oiseaux. On n'en connait distinctement qu'une seule espèce. FAMILLE DES CARNASSIERS ORDINAIRES. Ce groupe comprend tous les carnassiers dont l’organisation w'offre rien d’anormal. Ils sont conformés pour vivre sur la terre et pour y marcher ; aussi leurs pattes sont-elles allongées el terminées par des doigts bien distincts. Les uns se nourris- sent d'insectes et ont les dents molaires hérissées de pointes coniques ; les autres vivent de chair et ont les dents molaires tranchantes ; de là, leur division en deux tribus : les INSECTI VORES el les CARNIVORES. TRIBU DES INSECTIVOURES. $ 351. La famille des insectivores se compose des carnassiers, dont les dents molaires ou mâchelières ( fig. 110), comme celles Fig. 110. de la plupart des chéiroptères sont hérissées de pointes co- niques , mais dont la peau des flancs ne se prolonge pas de façon à former un parachute ou des espèces d’ailes. Ce sont des animaux faibles et de pe- tite taille. Leurs pieds sont courts, et, en marchant, ils en appuient la plante tout en- üière sur le sol. La plupart se creusent des retraites souterraines, dont ils ne sortent que la nuit, et, dans les pays froids, beaucoup d’entre eux passent TRIBU DES INSECTIVORES. 39 l'hiver en léthargie. Ainsi que leur nom lPindique , ces animaux se nourrissent principalement d'insectes : ils forment huit genres, savoir : les herissons, les tenrecs, les cladobates , les musaraignes, les desmans, les chrysochlores, les taupes, les condyures ei les scalopes. 6 352. Les HÉRISSONS (Erinaceus ) sont de petits animaux qui, sans avoir l'instinct de se creuser des retraites inaccessibles à leurs ennemis , sans avoir l’agilité nécessaire pour se soustraire à leur poursuite ni la force pour les combattre, peuvent ce- pendant se défendre avec avantage et punir leurs adver- saires de leurs attaques imprudentes ; mais, pour les douer ainsi , la nature n’a pas créé en leur faveur des organes nou- veaux , elle s’est bornée à modifier légèrement les poils dont leur dos est recouvertet à donner à certains de leurs mouve- mens plus d’étendue que chez les quadrupèdes ordinaires. En fléchissant la tête et les pattes sous le ventre, les hérissons peuvent se rouler en boule, et ils ont aussi la faculté de tirer la peau de leur dos, de façon à s’en envelopper comme dans une bourse : or, les poils dont cette portion de l’enveloppe té- gumentaire est garnie, au lieu d’être flexibles et soyeux sont gros, raides et aigus, et, lorsque la peau est ainsi tendue, ces piquans se redressent, s’entre-croisent dans tous les sens et hérissent de toutes parts la surface de lanimal comme autant d’épines prêtes à déchirer la gueule et les pattes de l’agresseur. Cette armure puissante met les hérissons à l'abri des atteintes de la plupart des carnassiers, dont , sans êlle, ils deviendraient facilement les victimes ; les renards cependant ne se laissent pas rebuter par ces obstacles et parviennent souvent à s’empa- rer de cette proie dangereuse. Ces animaux ont les formes épaisses et la démarche pesante. Il existe à tous leurs pieds cinq doigts armés d’ongles fouisseurs . et ils ont une queue. La disposition de leur système dentaire est également caractéristique ; sur le devant de la bouche, on leur voit deux incisives longues et saillantes, qui sont suivies de deux autres plus petites. De chaque côté, on trouve trois fausses mo- laires, trois molaires hérissées de pointes et une tuberculeuse. Les hérissons se nourrissent principalement d'insectes, mais mangent aussi des fruits et se montrent même très avides de chair. Ils vivent dans les haies et ne sortent guère que pendant la nuit ; dans le jour , ils se tiennent cachés entre les pierres ou les racines des vieux arbres, et, pendant l’hiver, ils se retirent dans des trous où ils restent plongés dans un état d’engourdis- sement léthargique. Le hérisson d'Europe est assez commun dans nos bois et dans Hérissons ‘lenrees,. Cladobates, Musarii- nes. s0 ZOOLOGIÉ DESCRIPTIVE. nos haies, et se distingue par la petitesse de ses oreilles d’une autre espèce qui habite depuis le nord de la mer Caspienne jus- qu'en Égypte (A. à longues oreilles). La Chair de ces animaux n’est pas employée ; autrefois on se servait de leur peau , garnie de ses piquans , comme d'une carde pour peigner le chanvre. 6 353. Les TENRECS (Centenes) ressemblent beaucoup aux hé- rissons ; ils ont aussi le corps couvert de piquans , mais ils n’ont pas, comme eux, la faculté de se rouler complètement en boule ; ils n’ont pas de queue, et leur système dentaire est très différent. Ces animaux habitent Pile de Madagascar, et Pug d'eux à été naturalisé à l'Ile-de-France; ils pasent une partie de l’année en léthargie , et on assure que c’est pendant les plus grandes chaleurs qu’ils dorment ainsr. 6354. Les CLADOBATES (C£adobates) ne présentent, dans leur structure, rien de trèsintéressant,mais nous ne pouvonsles passer sous silence, car leurs mœurs sont très différentes de celles des autres animaux de cette famille; au lieu de se tenir toujours à terre ou dans des souterrains, ils montent sur les arbres avec l’'agilité des écureuils. Ce sont des animaux couverts de poils , ayant la queue longue, velue et relevée, et le museau extrême- ment pointu ; ils habitent l'archipel Indien. Ç 355. Les MUSARAIGNES (Soreæ) nous intéressent davantage, car elles vivent près de nous. Ce sont de très petits animaux " (fig. 111) dont l’aspect rappelle, eu général, celui des souris , et qui doivent leur nom à cette ressemblance et à leur habi- tude de fouir (mus araneus ). Leur museau à la forme d’un cône allongé ; leur corps est couvert d’un pelage doux et épais ; leurs pattes courtes , pourvues de cinq doigts armés d'ongles crochus, sont confor- mées pour la marche ; sur chaque flanc on leur‘trouve , sous les poils ordinaires , une bande de soies raides et serrées entre les- quelles suinte une humeur odorante, sécrétée par une glande particulière ; leurs oreilles sont très grandes, et, à l’entrée du conduit auditif, il existe un petit opercule disposé de fa- con à pouvoir fermer ce canal et s’opposer au passage des sons ; enfin leurs dents incisives, moyennes, supérieures , crochues et dentées à leur base, sont suivies de cinq petites Fig. 111. MUSARAIGNE. TRIBU DES INSECTIVORES. 81 dents, de trois molaires hérissées et d’une petite tuberculeuse , tandis que les incisives inférieures, couchées et prolongées, ne sont suivies, de chaque côté, que de deux petites dents et de trois molaires hérissées. Ces animaux vivent dans des trous , dont ils ne sortent guère que le soir , et se nourrissent de vers et d'insectes. Ils se trouvent dans toutes les parties du monde , et on en connait un nombre considérable d'espèces. La plus répandue en Europe est la mu- saraigne commune OÙ musctle, qui se trouve dans les bois et dans les prairies. Elle se tient habituellement cachée dans des troncs d'arbres, sous des feuilles où dans des trous, et en hiver se réfugie souvent dans les écuries et les granges , où l'odeur forte qu’elle répand la fait découvrir. Cette odeur n’empèche pas les chiens et les chats de tuer les musettes, mais leur fait refuser d'en manger la chair. Il existe dans les campagnes un préjugé assez répandu , relativement à ces petits animaux : c’est den croire la morsure venimeuse et de lui attribuer nne mala- die souvent mortelle, qui se développe quelquefois avec une grande rapidité chez les chevaux et les mulets ; mais des obser- vations nombreuses prouvent que les musaraignes ne sont pour rien dans l'apparition de cette affection qui est désignée, par les vétérinaires , sous le nom de charbon. Le carrelet est une autre espèce de musaraigne , qui vit à-peu- près dans les mêmes lieux que la précédente et qui doit son nom à la forme de la queue, qui est quadrilatère et terminée tout- à-coup par une pointe fine. La musaraigne d’eau se trouve également en France; elle fréquente de préférence le bord des ruisseaux : elle est un peu plus grande que la musette, et nage avec facilité au moyen d'une disposition particulière de ses pieds , qui sont bordés de poils raides. Fig. 112. DESMAN. 6 356. Les DESMANS ( Mygale) ont de l’analogie avec les mu saraignes, mais ils sont remarquables par leur long museau en forme de trompe , leur queue écailleuse et aplatie latéralement et leurs pieds palmés. Ce mode de conformation en fait des animaux essentiellement aquatiques. 6 Desmanse Taupes. e2 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Le desmman de Russie, qui est fort commun sur les bords des lacs et des rivières de la Russie méridionale, et qui est à-peu- près de la taille de nos hérissons, est connu aussi sous le nom de rat musque de Russie. Son odeur musquée provient d’une matière grasse sécrélée par des follicules situés sous la peau, et est si tenace , qu’elle se communique même à la chair des bro- chets qui mangent ces animaux. Les desmans se creusent dans la berge des retraites qui com- mencent sous l’eau et qui s'élèvent de manière que le fond reste à sec au-dessus du niveau des plus hautes eaux : ils vivent principalement de vers, de larves d'insectes, et de sangsues. Une petite espèce de ce genre se trouve dans les ruisseaux des Pyrénées. 6357. Les TAUPES sont des animaux essentiellementsouterrains et fouisseurs ; aussi le mode de structure ordinaire des insecti- vores a-1-il été profondément modifié , afin de mieux adapter les organes de cet animal à ce genre de vie. FEG 13 TAUPE. La tête de la taupe, très longue comme celle de la plupart des autres Insectivores, est terminée par un boutoir ou par une sorte de trompe que l'animal emploie ordinairement comme Fig. 114, (1) une tarière pour percer et soulever la terre, mais qui est aussi un organe du toucher. Les membres antérieurs, très rapprochés de la tête, sont remarqua- bles par leur brièveté, par leur force, par le grand développement de la patte qui les termine, et surtout par la con- formation de ce dernier organe. Le ster- num présente, en avant, une crête saillante, destinée à fournir , (0) Fig. 114 Humérus de la taupe. TRIBU DES INSECTIVORES. | 83 aux muscles abaisseurs du bras, de larges insertions ; la clavi- Fig. 1145. (1) cule est grosse et courle ; lomoplate (y est très longue, et lhumérus (fg.114), qui est très court, semble avoir gagné en largeur ce qu’il à perdu en longueur , el présente ainsi les dis- a positions les plus favorables au dé- veloppement d’une grande puissance $ ÿ musculaire ; Pavant-bras est égale- ment court et robuste, et la main (fig- 115), extrêmement large et soli- de, est dirigée en dehors ; on y dis- (4 tingue à peine les doigts tellement ils sont courts et enveloppés dans l'énorme ongle plat et tranchant qui termine chacun d’eux , et qui sert à déchirer la terre et à la lancer en arrière de chaque côté du corps. A l’aide de ces organes, les taupes se creusent, dans le sol, avec une rapidité extrème et avec un art admirable , de longues galeries ayant de nombreuses issues rangées autour du gite principal. De distance en distance elles forment une espèce de soupirail connu sous le nom de taupinière et servant à rejeter au dehors les déblais qui obstruaient le passage , et elles ont soin de pra- tiquer , entre les diverses galeries principales, de nombreuses communications. C’est surtout en poursuivant des larves d’in- sectes dont ces animaux font leur nourriture , qu’ils creusent de la sorte de nouveaux souterrains , et, suivant que la saison ou la nature du terrain porte leur proie à s’enfoncer profondé- ment dans le sol ou à se rapprocher de la surface, on les voit se frayer des routes dans des eouches différentes. Leur demeure ne communique jamais directement avec l'air extérieur ; et, s'ils sortent de leurs galeries, ce n’est que pour choisir un point convenable pour recommencer de nouveaux travaux. En effet, leur train de derrière est très faible , et sur la terre ils se meuvent aussi péniblement qu'ils le font avec facilité en des- (1) Fig. 115. Avant-bras et main de la taupe : — € cubitus ;— a surface articu- laire par laquelle cet os se joint à l’humérus; —r radius ; — o apophyse olécranc du eubitus, qui est d’une longueur remarquable et fournit aux muscles exten- seurs de l’avant-bras un lévier puissant ; — ca l’un des os du carpe, qui se dé- veloppe au point de border la main, de facon à en renforcer la paume;— 4 doigts enveloppés dans leurs ongles. ni Taupe com- une. Chrysochlo- res. Condylures, 84 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sous; la vitesse avec laquelle ils fouissent est quelquefois si grande qu'ils semblent en quelque sorte nager dans la terre. Ces animaux, comme on le voit, sont déctiiée à vivre dans une obscurilé profonde ; aussi leurs yeux sont-ils réduits à un élat de pelitesse extrême el ne paraissent-ils pouvoir distinguer que la lumière de lobscurité. L'organisation de la taupe présente encore un grand nombre d’autres particularités d'un grand intérêt pour “les physiolo- gistes , telles que la disposilion du bassin et des or ganes qui ordinairement traversent celte ceinture épaisse , el qui ici pas- sent en partie au-dessous. Chacun connaît la forme trapue de ces animaux dont le ventre traine à terre, et dont la tête se confond presque avec le corps. Leur pelage est remarquable par son aspect velouté ; enfin on leur compte, de chaque côté el à chaque mâchoire , onze dents , dont les trois dernières sont hérissées ! Fig. 108). La taupe commune de nos campagnes (fig. 113), qui est ordi- nairement d’un beau noir, est répandue dans toutes les contrées fertiles de l'Europe. En général, on la poursuit avec acharne- ment comme nuisant beaucoup à l’agriculture ; les taupinières, formées par les déblais provenant des travaux souterrains de ces animaux sont, en effet, incommodes dans les prairies, dont l'herbe doit être fauchée aussi ras que possible , et déparent les jardins d'agrément ; mais cependant nous sommes portés à croire que les taupes sont plutôt utiles que nuisibles, car elles détruisent un grand nombre de larves d'insectes , et ces larves elles-mêmes font souvent de grands ravages en rongeant les racines des plantes. 6 358. Les CHRYSOCHLORES ressemblent beaucoup aux taupes par leur organisation et leurs mœurs, mais s’en distinguent par le nombre et la disposition des dents , l’existence de trois on- gles seulement aux pieds de devant , etc. Le cArysochlore du Cap, appelé vulgairement taupe dorée, est remarquable par son pelage d’un vert changeant en couleur de bronze ou de cuivre c’est le seul mammifère connu qui présente de ces beaux reflets métalliques , dont brillent tant d'oiseaux , de poissons et d’in- sectes. 6 359. Les coxpyLurEs ressemblent encore davantage aux taupes ; mais ce qui les en distingue le plus, c’est que leurs narines sont entourées de petites pointes carlilagineuses el mobiles, qui, en s’écartant, représentent une étoile. On les trouve en Amérique, où habitent aussi les SCALOPES, que l'on TRIBU DES CARNIVORES. 85 prendrait pour des taupes, à moins d'examiner leur appareil dentaire. TRIBU DES CARNIVORES, ÿ 360. Celle tribu renferme tous les mammifères les plus essentiellement carnassiers; mais le nom de carnivores, qui Fig. 116. (1) convient parfaitement bien à la plupart d’entre eux, ne peut être appliqué avec au- Ze tant de justesse à tous ; car tous ne se nourrissent pas habituellement de chair, el il en est qui peuvent se con- tenLer d’un régime purement végélal ; mais tous, lorsqu'ils sont poussés par la faim , dé- vorent d’autres animaux , et, comme chez eux, l'appétit sanguinairese joint à la force nécessaire pour y subvenir, ilsnesontpas réduits, comme les carnassiers des groupes précédens, à vivre d’insec- les ; ils attaquent des mam- mifères et emploient la vio- lence aussi bien que la ruse, pour s'en emparer : aussi leurs dents molaires ne sont- elles pas hérissées de pointes coniques , comme celles des insec- livores et de la plupart des chéiroptères, mais plus ou moins lranchantes , suivant qu'ils sont eux-mêmes plus ou moins ex- clusivement carnivores , et leurs dents canines , au nombre de quatre ( deux à chaque mâchoire), sont longues , grosses , écar- tées et propres à déchirer une proie vivanie. Il est aussi à noter que , dans cette famille, les dents incisives sont toujours au nombre de six à chaque mâchoire ( fg. 116, b). Le régime plus ou moins carnivore ou frugivore de ces ani- maux se décèle par le rapport qui existe entre l’étendue de la (2 (1) Dents de Ja fouine: — « les deux mächoires vues de profil; — 2 les inci- sives et canines vues de face, Caracteres généraux. Classifica- tion. 86 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. partie tranchante de leurs dents molaires et celle de la surface tuberculeuse de ces mêmes dents. Les ours qui peuvent se nour- rir de végétaux seulement ont toutes leurs dents tuberculeuses , tandis que, chez les lions, les tigres, les chats, toutes, à l’ex- ceplion dune seule, sont au contraire tranchantes. On voit donc qu'il importe d'étudier avec soin les caractères fournis par la forme des dents de ces animaux, et, afin d’en faciliter la des- criplion, on à donné à ces organes des noms différens ; ainsi on Fig. 117. (1) les distingue en dents faus- ses molaires, carnassières RS SE et tuberculeuses. Les /aus- h --- 07 ses molaires (e,/f,g) sont celles qui suivent la ca- nine« d ) et qui sont petites ettranchantes ou pointues; 1 la dent carnassière de la GENE 9 h © ÿ machoire supérieure (4) est une dent qui, plus grosse que les autres et ordinairement pour- vue dun talon tuberculeux, est placée après les fausses molaires; celle qui lui répond en bas porte le même nom ; enfin les {uber- culeuses (i,j) sont des molaires, en général plus petites et presque entièrement plates , qui se trouvent au fond de la bou- che, derrière les carnassières et qui servent à mâcher de l'herbe, que ces animaux avalent quelquefois. Dans cette famille, les membres antérieurs ne servent guère qu’à la locomotion ; ils n’exécutent pas des mouvemens variés comme chez l’homme ou les quadrumanes, et ne sont pas des- tinés à se porter habituellement en dehors et en dedans comme chez les chéiroptères et les taupes : aussi leur elavicule est-elle rudimentaire, et ne sert plus, comme d’un arc-boutant, pour maintenir les épaules écartées. Quant à la conformation de leurs membres , elle varie un peu et ces différences, qui influent sur les allures de ces animaux , servent de base à la division de cette tribu en deux groupes, ainsi qu’il suit : Pieds postérieurs dont la plante tout entiere | ; ; Ë : j | PLANTIGRADES, s'appuie sur le sol et est dépourvue de poils. Pieds postérieurs dont les doigts seuls appuient | sur lesol; tarses relevés, garnis de poils en dessous. | EARNIVORES. | | DIGITIGRADES. \ (x) Dents de la mâchoire supérieure du chien, vues du côté interne: — «, 6, €, dents incisives; — 4 dent canine; — e, f, g fausses molaires; — h dent carnas- sière; — 2,7 dents tubercnleuses. DIVISION DES CARNIVORES PLANTIGRADES. 87 DIVISION DES CARNIVORES PLANTIGRADES. $ 361. Les plantigrades ressemblent aux carnassiers de la Caractères famille précédente , non-seulement par la manière dont leurs généraux. pieds posent à terre , mais encore par la lenteur de leur démar- che habituelle et par leur vie nocturne. La plupart de ceux qui habitent les pays froids passent aussi Phiver en léthargie. Le nombre de leurs doigts est partout de cinq. Cette tribu se compose des ours, des ratons, des pandus, des ictides, des roatis, des kinkajous, des blaireaux et des gloutons. Fig. 118. OURS BRUN. ÿ 362. Les OURS ( Ursus) sont des animaux de grande taille , à corps trapu, à membres épais , à queue très courte. Leurs allures sont lourdes ; mais ils ont beaucoup d'intelligence et sont doués d’une force prodigieuse. Leur régime varie avec les circonstances : ils s’accommodent aussi bien d’alimens végétaux que de la chair des animaux; mais, dans la plupart des cas, ils sont frugivores et recherchent de préférence les fruits, les ra- cines succulentes et les jeunes pousses des arbres : ils aiment le miel avec une sorte de passion, et pour s’en emparer, ils s’'exposent à la piqüre des abeilles de toute une ruche. Ce n’est guère que lorsque la faim les presse, qu’ils attaquent les ani- maux : aussi leurs dents molaires sont-elles moins tranchantes, Ours. 88 ZOOLOGIE DESCRIFPTIVE. que celles de tous les autres carnassiers. De chaque côté, on Fig. 119. (1) leur trouve trois grosses dents entièrement tuberculeuses , pré- cédées d’une dent un peu tran- chante (la carnassière ) et d’un nombre variable de petites faus- ses molaires. La conformation de leurs membres, peu favorable à la course, leur permet de se Lenir facilement redressés sur les paltes de derrière, et de grimper avec agilité sur les arbres, dont ils peuvent embrasser le tronc et les branches. Quelques-uns sont aussi très bons na- geurs, et ils doivent en partie celte faculté à la quantité de graisse dont leur corps est ordinairement chargé. Leur odorai est extrêmement fin et leurs narines sont entourées d’un mufle très mobile. Ces animaux aiment la retraite et la solitude; la plupart d’entre eux habitent les forêts les plus sauvages et établissent leur demeure au milieu des rochers, dans quelque caverne, ou bien dans des antres, qu'ils creusent avec leurs ongles forts et crochus. On les voit même se construire avec des branches et des feuillages des cabanes dont l’intérieur est soigneusement garni de mousse; mais il en est qui vivent toujours au milieu des glaces des mers polaires. En hiver, ils s'éengourdissent plus ou moins profondément , et, lorsque le froid est vif, ils tombent dans une léthargie complète. Pendant toute la durée de ce som- meil hibernal , ils ne prennent pas de nourriture , mais parais- sent vivre aux dépens de la graisse dont ils étaient surchargés à la fin de automne : aussi, lorsqu'ils sortent de leur retraite . sont-ils d’une maigreur extrême. | La prudence fait le caractère principal de l'ours. Lorsqu'il le peut, il s'éloigne de tout ce qu'il ne connaît pas, et lorsqu'il est forcé de s’en approcher, il ne le fait que lentement et avec la plus grande circonspection; cependant ce n’est pas le courage qui lui manque, etmêmeil ne parait pas susceptible de peur. On ne le voil pas fuir : il oppose la force à la force , et , lorsque sa vie est menacée ou que ses pelits sont en danger, sa fureur et ses efforts deviennent terribles. La fourrure de ces animaux est épaisse et se compose de poils brillans ettrès longs : aussi est-elle recherchée et forme-t-elle un objet important de commerce. C’est en hiver et dans les pays les plus froids, qu’elle est la plus belle et la mieux fournie , el par conséquent, c’est aussi en hiver qu’on fait aux ours la chasse (1) Dents molaires de l'ours. DIVISION DES CARNIVORES PLANTIGRADES. 89 la plus aclive. Leur poursuite n’est pas sans danger. L'usage des armes à feu permet au chasseur de s’en rendre maitre, sans exposer beaucoup sa personne; mais il est des contrées où il allaque ces animaux corps à corps , et en se servant seulement d’un pieu , qu'il cherche à enfoncer dans le ventre de l’ours au moment où celui-ci se lève sur ses pattes de derrière pour se jeter sur son ennemiet l’élouffer entre ses bras. Souvent aussi on cherche à découvrir les retraites où ces animaux se sont endormis et où leur capture devient facile ; d’autres fois on leur tend des pièges , dans lesquels on les atlire à l’aide de miel ou de quelque autre substance propre à exciter leur gourman- dise naturelle. C’est principalement du nord de la Russie et de l'Amérique, que les fourreurs tirent les peaux d’ours employées dans l’industrie. Depuis qu'on s’en sert pour coiffures mili- taires , on évalue que, chaque année, il s’en vend, en France, environ Lrois à quatre mille. On trouve des ours dans toutes les parties du monde et sous toutes les latitudes, excepté dans l'Afrique méridionale et dans l’Australasie , et on en distingue plusieurs espèces. L’ours brun d'Europe atteint environ quatre à cinq pieds de long sur trois de haut, mesuré au garrot. Il est assez commun dans les Alpes, et se rencontre dans toutes les hautes mon- lagnes et les grandes forêts de l’Europe et d’une partie de Asie. On remarque, il est vrai, quelque différence dans le pelage de ceux des Alpes, des Pyrénées, de la Norwège et de la Sibérie ; mais ce ne sont probablement que des variétés d’une seule espèce. Tout ce que nous avons dit sur les habitudes des ours en général est applicable à celui-ci. Il niche quelquefois très haut dans les arbres et vil toujours solitaire. Il n’attaque l’homme que lorsqu'il est provoqué, et est alors fort dangereux; il cherche à écraser son ennemi avec ses palles , ou à létouffer entre ses bras et le déchire avec ses ongles , maïs ne se sert que peu de ses dents. C’est en sautant sur leur dos, qu’il attaque les quadrupèdes , et il paraît que les chevaux et les taureaux ne sont pas toujours en sürelé devant lui. Les petits naissent en hiver , et la durée de la vie de ces animaux est au moins de qua- rante à cinquante ans. Dans le jeune âge, leur chair est bonne à manger , et leurs pattes sont loujours estimées. On parvient facilement à dresser ces animaux à cerlains exercices, et on en promène souvent dans nos villes, pour exciter la curiosité publique. C L’ours jongleur, espèce propre à l'Inde et plus petite que la nôtre, est employée aux mêmes usages par les bateleurs de ce pays : il est remarquable par sa diflor milé. L'ours noir d'Amérique, \vès commun dans la partie septen- Ours brun, Ours jon- gleur. Ours noir d'AmGique. Ours terri- ble, Ours mari- time. F atons Pandas ictides. Coatis. et 90 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. trionale du Nouveau-Monde et dans quelques points du Kams- chatka , se nourrit presque exclusivement de fruits et de légu- mes , et fait souvent de grands dégâts. On assure qu’il aime le poisson et l’atirape avec beaucoup d'adresse. Il paraîtrait que , dans les montagnes Rocheuses et les parties les plus élevées du Missouri, il existe une autre espèce beaucoup plus grande et plus forte : on l'appelle l'ours terrible, et on estime beaucoup sa fourrure , qui est grisâtre. ; L’ours maritime Où ours blanc de La mer Glaciale diffère beau- coup des espèces précédentes par sa forme et par ses mœurs. Il est entièrement blanc et plus allongé que les ours ordinaires : sa taille est aussi plus considérable , car on en voit dont la longueur est de six à sept pieds, et les voyageurs assurent en avoir rencontré de plus grands encore. Il habite les terres qui avoisinent le cercle polaire et la mer Glaciale, et il vient quel- quefois, porté sur des glaçons flottans, jusque sur les côtes de l'Islande et de la Norwège. Des récits exagérés de sa voracité l’ont rendu fort célèbre ; mais c’est principalement aux circon- stances où il se trouvait qu’on doit attribuer son régime exclu- sivement animal ; en effet, dans les régions glacées qu’il habite, il ne trouve ni fruits ni bourgeons et ne peut vivre que de chasse; mais, lorsqu'on le tient en captivité , on le voit s’habi- tuer facilement à une nourriture végétale semblable à celle des autres ours. Il nage et pionge avec une étonnante facilité el poursuit les poissons , les phoques et les jeunes cétacés. Au lieu d’être solitaire comme les autres espèces de ce genre, les ours blancs se réunissent quelquefois en troupes nombreuses. 6363. Les RATONS ( Proryon ) ressemblent beaucoup aux ours par leur structure intérieure et même par leurs formes exté- rieures , si ce n’est qu’ils ont une longue queue : ce sont des ani- maux de moyenne taille, qui habitent l'Amérique : ils ont à-peu- près le même régime et les mêmes habitudes que les ours ; mais ils grimpent avec plus d’agilité. Leur fourrure , douce et épaisse, ressemble assez à celle du renard. Le raton laveur, dont le dos est d’un gris brun , et la queue annelée de brun et de noir, a le singulier instinct de ne rien manger sans l'avoir plongé dans l’eau. Les PANDAS { Arlurus ) et les 1CTrIDES sont des animaux plus carnassiers que les précédens : ils sont propres à l’Inde et n’of- frent rien de très intéressant. Les coATIS ( Nasua ) ressemblent davantage aux ratons, mais ont les pieds à demi palmés et les ongles fouisseurs. Is habitent DIVISION DES CARNIVORES PLANTIGRADES. 91 les parties chaudes de l'Amérique , et se nourrissent à-peu-près comme nos merlires. Les KINKAJOUS (Cercoleptes) se trouvent dans les mêmes con- trées et sont remarquables par leur queue longue et prenante comme celle des sapajous. 6 364 Les BLAIREAUX (Meles) sont, comme tous les précédens, des animaux à vie nocturne et à marche rampante : leurs jambes sont très courtes et leurs poils si longs , que leur ventre parait toucher à terre; leurs ongles de devant sont allongés et propres à fouir ; leur queue est courte , et au-dessous de sa base se trouve une poche d’où suinte une humeur grasse et fétide. Ces animaux vivent principalement de proie; ils mangent des lapins, des mulots , des sauterelles , des œufs , etc. , et leurs dents présentent des caractères en rapport avec ce régime. Le blaireau d'Europe, qui est de la taille d’un chien de mé- diocre grandeur , présente dans son pelage une particularité remarquable. Presque toujours la face dorsale du corps des mammifères est d’une couleur plus foncée que la face ventrale. Le blaireau au contraire est grisätre en dessus et noir en des- sous : C’est un animal solitaire qui passe la plus grande partie de sa vie au fond d’un terrier oblique , tortueux et à une seule ouverture, qu’il se creuse facilement à l’aide de ses ongles très forts, et qu’il a soin d'entretenir dans un état de propreté ex- trême. Il habite les parties tempérées de l’Europe et de PAsie ; mais il est devenu très rare en France à cause de la chasse active qu’on lui a faite. Pour s’en emparer, on lui tend des pièges, ou bien on le fait poursuivre par un basset, qui pénètre dans son gite, l’accule et donne ainsi le moyen de le prendre avec des pinces, en ouvrant le terrier par-dessus. Pour se dé- fendre, il se couche sur le dos et se sert avec avantage de ses ongles aussi bien que de ses dents. La fourrure des blaireaux est épaisse , rude et peu brillante. Les rouliers s’en servent pour couvrir le collier de leurs chevaux, et les poils de la queue de ‘ cet animal sont très recherchés pour la fabrication des pinceaux et des brosses à barbe. $ 365. Les GLOUTONS (Gwlo) semblent établir, en quelque sorte, le passage entre les blaireaux et les martres : ils ressem- blent beaucoup aux premiers par leur port, par leurs ongles fouisseurs et par l'existence d'un pli placé au-dessous de leur courte queue et tenant lieu de la poche odorifère des blaireaux ; mais ils tiennent aussi aux martres par leur système dentaire , Kinkajous. Blaireaux. Gloutons, Rattels. Caracteres généraux. 92 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. et par leur régime essentiellement carnivore. Leur nom leur à été donné à cause de l’idée exagérée qu'on s'était faite de la voracilé de lune des espèces de ce genre, le glouton du nord qui se trouve dans les parties les plus froides des deux conti- nens. Ce Carnassier passe en effet pour être très cruel, el pour se rendre maitre des plus grands animaux, en sautant sur eux de dessus un arbre. Sa fourrure, épaisse et d’une couleur mar- ron-foncé, avec un disque plus brun sur le dos, est assez estimée. On donne encore le nom de RATTELS à des plantigrades du cap de Bonne-Espérance, qui ont beaucoup de rapports avec les précédens. . x DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES,. $ 366. Les animaux de cette tribu se distinguent par la con- formation de leurs pattes. Au lieu de poser la plante entière de leurs pieds sur la terre et d’avoir par conséquent loule cette partie dénuée de poils, ils ne marchent que sur le bout des doigts, en relevant le tarse, etal en résulle que leurs allures sont plus légères el leur course plus rapide. Is sont en même temps plus exclusivement carnassiers que les plantigrades , et leur goût pour la chair, joint à leur légèreté, en fait des ami- maux essentiellement chasseurs : aussi leurs pattes sont-elles presque toujours armées dongles puissans, leurs mâchoires robustes et leurs dents molaires presque entièrement tran- chantes (/g. 116, page 85). Le nombre de petites dents tuber- culeuses, qu'on leur trouve au fond de la bouche varie (1), et comme ces différences coincident avec des dispositions plus ou moins sanguinaires , On les prend avec raison pour base de la classification des digitigrades. On les divise ainsi en trois pelits groupes , savoir : ; | qui ont, en arrière de la carnassière d’en haut , : Les VERMIFORMES À | et d’en bas une seule dent tuberculeuse. qui ont deux dents tubereuleuses plates der- Les CHIENS ET LES civervres, | rière la carnassière supérieure, qui elle-même {a un talon assez large. ] , \ qui n'ont point de dents derrière la carnas- Les Gars et Îles uyènes, 3 < | sière d'en bas, (1) Voy. fie, 116, pag. 85, et fig. it , pag: SG, ete, DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 93 Ô 367. Les carnassiers vermiformes établissent, en quelque Carnassiezs sorle, le passage entre les derniers genres de la tribu des *‘rmiformes, plantigrades et les autres digitigrades : ils ont en effet beaucoup d’analogie avec les gloutons. Fig. 120. LA BELETTE. Le nom de vermiformes leur vient de la longueur de leur corps et de la brièveté de leurs pattes, qui donnent à leur al- lure quelque chose de celle d'un serpent ou dun ver, el qui leur permettent de passer par les plus petites ouvertures. Ils ont tous cinq doigts, réunis plus où moins complètement par des membranes et en général armés d'ongles arqués et pointus comme des griffes. Tous répandent aussi une odeur plus ou moins forte, occasionée par une liqueur fétide , que sécrètent deux petites glandes , situées près de l'anus. Ils ne s’engourdis- sent pas en hiver comme la plupart des carnassiers dont Pé- tude nous a déjà occupés, el, quoique petits et faibles , ils sont au nombre des plus sanguinaires de tous les animaux qui se nourrissent d’une proie vivante. On divise les vermiformes en quatre genres principaux : les putois, les martres, les moufjettes et les Loutres. 6 368. Les MOUFFETTES (Mepzitis), plus que tousles autres Car- Mouffettes. nassiers vermiformes, se rapprochent des blaireaux et des glou- tons : elles sont demi plantigrades, et elles ont, comme les blai- reaux, les ongles de devant longs, arqués et propres à fouir. Leur système dentaire ne diffère guère de celui des putois que par l’existence de deux tubercules au côté interne de la carnassière d’en bas. Leur pelage est ordinairement rayé de blanc sur un fond noir , et leur queue, qui est assez courte, mais garnie de longs poils, est habituellement relevée sur le dos comme un panache. $ Comme leur nom l'indique, les mouffettes sont remarquables par leur excessive puanteur. On pourra s’en faire une idée par lanecdote suivante , que rapporte nn naturaliste voyageur , Putois. Putois com- mu, 94 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. digne de toute confiance. « En 1749, dit cel auteur, il vint un à ces animaux prés de la fois que j'habitais : c’étail en hiver et pendant la nuit. Les chiens étaient éveillés et le poursui- vaient; il se répandit alors une odeur si fétide, qu’étant dans mon lit, je pensai être suffoqué. Sur la fin de la même année, il s’en glissa un autre dans ma cave ; une femme, qui la nuit l’aperçut à ses yeux étincelans, le tua; et, dans ce moment, il remplit la cave d'une telle odeur, que non-seulement cette femme en fut malade pendant quelques jours , mais que le pain, la viande el les autres provisions, que l'on conservait dans cet endroit furent tellement infectés, qu'on ne put en rien garder et qu'il fallut tout jeter ». Les mouffettes se trouvent pour la plupart en Amérique : ils vivent dans des terriers et se nourrissent de petits quadrupèdes, d'œufs , etc. $ 369. Les PUTOIS (Putorius) ont, de même que les mouffettes, Fig. 121. deux fausses molaires en haut et trois en bas (fig. 121); mais leur dent carnassière inférieure n’a point de tubercule en de- dans. La souplesse de leur corps est ex- trème , et leurs mouvemens sont d’une rapidité qui étonne; leur forme mince et allongée leur permet de s’introduire , pour ainsi dire, partout, et les ongles acérés, dont leurs pattes sont armées, leur donnent la faculté de grim- per aux arbres. Leur vie est solitaire el nocturne. Après les felis, ce sont les plus cruels de tous les carnassiers, et c’est même le sang plutôt que la chair qu'ils recherchent pour leur nourriture : aussi font-ils parmi les petits animaux un grand carnage. Leur fourrure , douce et épaisse, surtout chez ceux qui habitent le nord , est en général très recherchée ; mais quel- quefois on ne peut s’en servir que difficilement à cause de l'odeur fétide qu’elle retient. Ces animaux sont répartis dans presque toutes les parties du monde. On en connaît un assez grand nombre d’espèces, dont les plus intéressantes sont : 1° Le putois commun , qui se trouve dans toute l'Europe, et qui alteint une taille plus grande que toutes les autres espèces du même genre. Son corps est long d'environ un pied, et sa queue de six ponces. On le distingue à son pelage brun en des- sus, fauve sur les côtés et jaunâtre sous le ventre, et à son museau blanc. Il vit près de nos habitations, et il est la terreur des poulaillers et des garennes. Lorsqu'il se glisse dans une basse-cour , il met tout à mort , et, après avoir apaisé sa faim, emporte peu-à-peu ce qu'il à tué : il poursuit les lapins dans leur terrier el grimpe sur les arbres, pour chasser les oiseaux DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 95 et dévorer leurs œufs : aussi est-il à la campagne un voisin très inquiétant, et cherche-t-on toujours à le détruire ; mais sa défiance le fait aisément échapper aux pièges qu’on lui tend. En hiver, ces animaux s’établissent sous les toits et dans les parties les plus reculées des granges ; en été, ils se retirent dans des terriers de lapins, des fentes de roche ou des troncs d’ar- bres creux, d’où ils ne sortent guère que la nuit. Les petits naissent dans cette saison et quittent leur mère vers l'automne, L’odeur qu’ils répandent est très infecte : c’est même de là que vient leur nom; mais néanmoins on emploie leur fourrure, qui est douce et chaude. Nos marchands de pelleteries en tirent des Pyrénées , des Vosges , de Auvergne , elc. , el en exportent même pour l'Angleterre et l'Allemagne. 20 Le furet, qui ressemble extrêmement au putois et qui est considéré par quelques naturalistes comme n’en étant qu'une variété. Nous ne le connaissons guère qu’à l’état de domesticité : il est originaire d'Afrique, d’où il a été apporté en Espagne : c’est de là , en effet , qu’il nous vient. Ainsi que nous l'avons dit, les nuances de son pelage varient beaucoup et sa taille est un peu moindre que celle du putois. Son instinct en fait lennemi mortel des lapins. Dès qu’il aper- çcoit un de ces animaux , il s’élance sur lui, le saisit à la gorge ou au nez, et lui suce le sang : aussi, comme chacun le sait, est-il fréquemment employé pour la chasse de ces animaux. Il est assez facile à apprivoiser, et peut être nourri avec du pain, du lait, des œufs, auxquels on joint de temps en temps de la viande. Il ne s’éveille guère que pour manger , et cette tendance au sommeil force les chasseurs à museler cet animal avant que de le làcher dans les trous des lapins ; en effet , si le furet avait sa complète liberté, il se jetterait aussitôt sur sa proie , el, après en avoir sucé le sang, il s’'endormirait au fond du terrier. Pour le faire sortir , on enfumerait le terrier ; mais ce moyen ne réussissant pas toujours, on risquerail de perdre Vanimal, tandis qu'étant muselé, il ne peut tuer le lapin dans sa retraile souterraine ; il Poblize seulement à en sortir etàse je- ter dans les filets tendus à cet effet. 3° La Belette (fig. 120 pag. 93), dont le corps d’un roux uniforme , n’est long que d'environ six pouces. Cette pelite espèce de putois est commune dans les parties tempérées de l’ancien monde. Ses mæurs sont à-peu-près les mêmes que celles du putois com- mun, et, quoique plus faible, elle est tout autant à craindre ; car elle s’introduit plus facilement dans les basses-cours : elle n’attaque , il est vrai, que rarement les coqs, qui la repoussent à coups de bec ; mais elle y détruit tous les poussins et les jeunes poules. Furet, Belette. Hermine. Vison. Miok. Zoriles. Martres. Martre come mure. Fomue. 96 © ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 4° L'Aermnine esi un peu plus grande que la belette. Cette espèce se trouve dans les parties Llempérées des deux continens, mais n’est abondante que dans les pays froids. En été, elle est rousse et est connue alors sous le nom de roselct ; mais son pelage d'hiver est d’un blanc d'autant plus pur que Île climat est plus rigoureux. Le bout de sa queue reste toujours noir. Ses mœurs sont à-peu-près les mêmes que celles de la belette , si ces n’est qu'elle fuit le voisinage des habitations et recherche les contrées rocailleuses. Sa fourrure d'hiver est l’objet d’un com- merce très imporlant. Dans les pays tempérés, elle est peu re- cherchée , parce qu'elle conserve toujours une teinte Jaunâtre ; mais , dans le nord et dans la Sibérie surtout , on lui fait une chasse active. 5° Le wison est une espèce de pulois qui vit en Amérique , près du bord des rivières, et qui fournit aussi une fourrure assez belle. Le mènk des Americains et la martre de Siherie, dont la fourrure est également recherchée . paraissent appartenir au même genre. Quelques naturalistes distinguent , sous le nom de ZORILES, une espèce de putois, qui habite les environs du cap de Bonne- Espérance, le Sénégal, ete. , et qui a des ongles fouisseurs. $ 370. Les MARTRES ( Mustela ) ont le museau plus allongé que Fig. 122. (1) les putois, et on leur trouve à cha- que mâchoire une fausse molaire de plus ; leur dent carnassière infé- rieure présente aussi en dedans un tubercule , caractère qui dénote une nalure moins sanguinaire. Du reste, elles ont avec ces animaux la plus grande ressemblance d'organisation et de mœurs. On les trouve en Europe, dans l'Asie septentrionale et dans le Nouveau- Monde. Les espèces européennes sont la m#artre commune et la fourne. La martre commune, longue d'environ dix-huit pouces ( la queue non comprise ), est généralement d’un brun lustré avec une tache dun jaune clair sous la gorge : elle habite les forêts et fuit le voisinage des lieux habités. Sa nourriture consiste principalement en pelits oiseaux et en œufs, qu'elle va déni- cher jusque sur les branches les plus élevées des arbres. La fouine , un peu moins grande que la martre commune el t ec fm (x) Fig. 199. Dents molaires d’en haut des martres : -— /» fausses molaires ; _— c carnassière; — { tubcreuleuse. DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES, 97 avec le dessous du cou blanc plutôt que jaune, en diffère sur- tout par ses mœurs. Elle se tient à la portée des habitations, où elle pénètre souvent et où elle fait de grands ravages ; car elle a les habitudes sanguinaires des putois. Elle est assez com- mune dans presque toutes les parties de l'Europe et se trouve aussi dans quelques contrées de l'Asie. Sa fourrure est moins douce et moins brillante que celle de la martre commune. La zibeline, célèbre pour sa magnifique fourrure , appartient également au genre marire, et ressemble même beaucoup à la martre commune ; son pelage est généralement d’un brun lustré , noirâtre en hiver et moins foncé en été, avec quelques taches grises à la tête. Un caractère qui distingue cette espèce des précédentes et qui est en rapport avec ses habitudes, c’est d’avoir du poil jusque sous les doigts. En effet, la zibeline habite les parties les plus froides de l’Asie et abonde surtout dans les montagnes de ce pays glacé, que le froid rend inhabi- table. C’est en hiver que sa fourrure est la plus belle : aussi la chasse s’en fait-elle dans cette saison et est-elle une des plus pénibles et des plus périlleuses. Fig. 123. LOUTRE COMMUNE. $ 371. Les LOUTRES (Lutra) se distinguent de tous les autres digitigrades vermiformes par leurs pieds palmés et par leur queue aplatie horizontalement , deux caractères qui en fontdes animaux aquatiques. Il est également à noter que le nombre de leurs fausses molaires est de trois en bas comme en haut ; leur tête est comprimée, et leur corps est encore plus allongé que celui des putois et des martres. Toutes ont le pelage d’un brun plus ou moins foncé en dessus et plus clair en dessous, surtout à la gorge, qui est même quelquefois blanchâtre. Elles se tiennent sur le bord des eaux et vivent principalement de poisson; mais elles peuvent s’accoutumer à manger des sub- stances végétales : aussi la dent tuberculeuse de leur mâchoire supérieure est-elle très large. Ces animaux nagent et plongent avec une facilité extrême : la plupart fréquentent les eaux douces ; mais il en est aussi qui habitent le rivage de la mer. C’est pendant la nuit qu’ils chas- = 4 Zibeline. Loutres. Digitigra- des à deux tu- berculeuses. Chiens, 98 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. sent ; le jour , ils restent cachés dans des réduits qu’ils se pra- tiquent entre les rochers ou sous quelque racine. Le pelage des loutres est très épais et assez doux; les poils soyeux, qui en garnissent la superficie, sont longs , doux, luisans et plus épais vers la pointe qu’à la base. Le duvet, placé au-dessous de ceux- ci, est épais et d’une extrême douceur : aussi ces fourrures sont- elles très estimées ; mais on ne les emploie qu'après les avoir dépouillées de leur jar. On connaît un grand nombre d’espèces de loutres, qui ne diffèrent que peu entre elles, surtout quant à leur pelage. La loutre d'Europe, dont le corps est long de plus de deux pieds, et la queue d’environ un pied, vit au bord des étangs et des fleuves ( voy. fig. 123, pag. 97 ). Sa fourrure est d’un grand usage pour la fabrication des casquettes et autres coiffures. Il existe en Amérique plusieurs espèces de loutres d’eau douce, qui sont également recherchées pour les mêmes usages. Aux Indes on emploie ces animaux pour la pêche, comme nous nous servons des chiens pour la chasse. La Zoutre de mer, plus de deux fois aussi grande que la nôtre, habite le Kamschatka , les îles Aleutiennes et la côte nord-ouest de l'Amérique. Elle a le pelage noirâtre , éclatant et des plus riches que l’on connaisse : il est composé presque en entier de poils laineux de la plus grande douceur. Les Chinois en font un très grand cas, et chaque année les Russes, les Anglais et les Américains en font , à la Chine et au Japon, l’objet d’un com- merce très lucratif. $ 372. Une seconde subdivision de la tribu des digitigrades , Fig. 124. caractérisée par l'existence de deux tuberculeuses (2j) plates derrière la carnas- sière supérieure (2), se compose des chiens et de quelques autres carnas- siers, dont le caractère est | bien moins sanguinaireque de fqg hi ÿj celuides putois et des mar- tres. En général , ces animaux ne montrent que peu de cou- rage à proportion de leurs forces et vivent surtout de charogne. $ 373. Le genre des curens ( Canis ) se compose non-seulement des chiens proprement dits, mais aussi des loups et des renards. Il est caractérisé par l’existence de 1rois fausses molaires en haut (fig. 121,c,/f,g), quatre fausses molaires en bas et deux tuberculeuses (7,7) derrière Pune et l’autre carnassières ( DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 99 Chacun connait la forme générale de ces animaux ; leurs pieds de devant ont cinq doigts, dont les deux du milieu, égaux entre eux , sont les plus longs , et dont l’interne , qui est le plus petit, ne descend pas jusqu’à terre ; leurs pieds de derrière n’ont ordinairement que quatre doigts avec un rudiment d’un cin- quième et de l’os métacarpien correspondant; mais quelquefois ce doigt rudimentaire se développe d’une manière plus ou moins complète; leurs ongles sont propres à fouiretneseredressent pas pendant la marche, de façon que la pointe s’en émousse promp- tement. Leur langue est douce, et ils boivent toujours en lapant. Ainsi qu’on pouvait le prévoir, d’après la disposition de leur sys- tème dentaire, ils sont loin d’être aussi carnassiers que les vermi- formes ou les chats, et paraissent avoir besoin de mêler des matières végétales à leur nourriture ; ce sont des animauxq ui habitent les bois et qui peuvent, à raison de la grande finesse de leur odorat, suivre leur proie à la piste. Enfin ces animaux, au nombre de trois à six par portée , naissent les yeux fermés, et w’arrivent à leur entier développement qu'après la deuxième année. La durée de leur vie est de quinze à vingt ans. Il existe dans le genre des chiens deux groupes bien distincts, qui diffèrent par leurs mœurs aussi bien que par leurs carac- tères physiques. Les uns sont des animaux diurnes : leurs pupilles, en se rétrécissant, conservent la forme cireulaire, leurs incisives supé- rieures sont fortement échancrées , et ils présentent d’autres particularités propres à les faire reconnaitre : ce sont les shiens proprement dits ou nos chiens domestiques et les Loups. Les autres sont nocturnes et se distinguent par leurs pupilles , qui de jour sont en forme de fente verticale ; par leurs incisives supérieures moins échancrées que chez les premiers; par leur queue longue et touffue ; par leur museau plus pointu, et par leurs mœurs : ce sont les renards. De toutes les espèces appartenant au premier de ces groupes, Classification. Chiens pro- la plus intéressante est le chien domestique , qui se distingue prement dits, par sa queue recourbée , mais varie d’ailleurs presque à linfini pour la taille , la forme , la couleur et la qualité du poil. C’est la conquête la plus complète que l’homme ait faite sur la nature : nous ne connaissons même plus le chien dans son état primitif ; sa race entière a subi la domination de l’homme ; et dans les contrées où il vit aujourd’hui à l’état sauvage, il descend d’in- dividus qui ont recouvré leur indépendance, après l'avoir per- due pendant bien des générations; mais ce n’est pas seulement sous ce rapport que la puissance de l’homme s’est fait sentir sur ces animaux ; Car le chien est exemple le plus remarquable de LA 100 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. l'influence de la domesticité sur les formes physiques et sur les ‘* qualités de ces êtres. ne En effet , les différences qui caractérisent les diverses races Sete. de nos chiens domestiques ( comme chacun le sait ) sont im- menses , et cependant tout porte à penser que c’est notre in- fluence qui les a déterminées , et que ces variétés proviennent d’une souche commune , qui ne serait ni le loup ni le chacal , mais un chien peu différent de notre chien-loup ou de notre chien de berger. Mais , par quelle puissance pouvons-nous subjuguer ainsi des animaux , et comment par la domesticité pouvons-nous en modifier les formes et les qualités ? L'instinct de ces êtres les porte à fuir tout ce qui leur inspire de la défiance : ce n’est donc point par la violence que nous pourrions disposer un animal sauvage à l’obéissance. Il ne serait pas naturellement porté à se rapprocher de nous qui ne som- mes pas de son espèce , et, au premier sentiment de crainte que nous lui ferions éprouver , il nous fuirait s’il était libre , ou nous prendrait en aversion s’il était captif. Ce n’est qu’en lui inspirant de la confiance, que nous pouvons l’attirer et le renäre familier, et ce n’est que par les bienfaits que nous pouvons faire naître cette confiance. Satisfaire les besoins naturels des animaux est l’un des pre- miers moyens à employer pour amener leur soumission. L’habi- tude de recevoir leur nourriture de notre main , en les familia- risant avec nous, nous les attache; et, comme l’étendue d’un bienfait est toujours en proportion des besoins qu’on en éprouve, leur reconnaissance est d'autant plus vive et plus profonde, que la nourriture que nous leur donnons leur est devenue plus nécessaire : aussi la faim est-elle entre nos mains un lévier puis- sant pour ployer à la captivité tous les animaux; car, en même temps qu’elle fait naître des sentimens affectueux , elle produit un affaiblissement physique, qui , en réagissant sur la volonté, l'affaiblit à son tour. Si l’on ajoute à l'influence de la faim celle d’une nourriture choisie, et surtout, si, par des alimens que la nature ne leur fournissait pas, on parvient à flatter beaucoup le > goût des animaux , on excite en eux une reconnaissance bien plus grande encore , et on développe d’une manière artificielle des besoins nouveaux que l’homme seul peut satisfaire (1); enfin à ces moyens de captation on peut joindre aussi les caresses , dont l'influence sur certains animaux est extrême. (1) C’est principalement au moyen de sucre et d’autres friandises , que l'on parvient à dresser les chevaux, les cerfs, etc., aux exercices extraordinaires, dont nos cirques nous rendent quelquefois les témoins. DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 101 Une fois que, par l'habitude et les bons traitemens , la fami- liarité est établie , etla confiance obtenue, l’homme peut faire sentir son autorité et appliquer des châtimens, afin de trans- former les sentimens dont il veut réprimer la manifestation en celui de la crainte. Par l’association d'idées qui résulte de cette pratique, le premier de ces sentimens s’affaiblit peu-à-peu et quelquefois même finit par se détruire jusque dans son germe ; mais l'emploi de la force ne doit jamais être sans limites ; car les châtimens excessifs révoltent souvent, et d’autres fois la crainte, portée très loin, trouble toutes les facultés. La veille forcée est aussi un puissant moyen d’affaiblir la volonté d’un animal et de le disposer à l’obéissance ; car il ne sait pas rap- porter la fatigue et le malaise qu’il en éprouve à celui qui en est réellement la cause, et, dans cet état, les sentimens affec- tueux occasionés par les bienfaits éprouvent moins de résistance et s’enracinent plus profondément, tandis que, d’un autre côté, la crainte agit avec plus de promptitude et de force. C’est, comme on le voit, par les besoins sur lesquels nous pouvons exercer quelque influence, elen réprimant la manifes- tation de certains sentimens par le développement de quelques autres, que nous parvenons à apprivoiser les animaux; mais tous les mammifères ne sont pas également sensibles aux bienfaits et par conséquent ne se laissent subjuguer ni avec la même facilité ni d’une manière aussi complète. Souvent leurs passions sont trop violentes pour que l’animal parvienne jamais à les mai- triser et à devenir docile pour son maitre. Souvent aussi leur défiance naturelle est si grande et la mobilité de leurs idées si excessive, qu'on ne saurait leur imposer aucune règle de conduite , et d’autres fois encore l'intelligence de ces êtres parait trop bornée pour que le souvenir du bien-être persiste après que sa cause à cessé, et pour qu’ils associent dans leur mémoire le bienfait et le bienfaiteur. E Par ces moyens on parvient à dompter plus ou moins com- plètement un assez grand nombre d'animaux ; mais de cet état d’asservissement individuel à la docilité complète et héréditaire, que la domesticité demande, il y a encore une grande différence. Pour obtenir ce résultat, il faut que les animaux soient en quelque sorte prédisposés à la domesticité par linstinet de la sociabilité. En effet le sentiment qui les porte à vivre isolés et même à se fuir entre eux, ou qui les réunit en sociétés et les dispose à se laisser guider par un chef; le plus fort ou le plus expéri- menté de la troupe exerce l'influence la plus grande sur leur aptitude à la domesticité. Aucun mammifère solitaire , quelque facile qu'il soit à appri- 102 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. voiser, n’est devenu domestique (si ce n’est jusqu’à un certain point le chat) ; tandis que presque tous les animaux dont la race est soumise à l'empire de l’homme vivent naturellement en trou- pes plus ou moins nombreuses. La sociabilité est une condition de la domesticité, et c’est en développant à notre profit, en dirigeant vers nous par nos bienfaits le penchant qui portait ces animaux à se réunir entre eux que l’homme est parvenu à lier leur existence à la sienne et à prendre sur eux l'autorité qu'aurait eue le chef de la troupe dont ils auraient fait partie, Comme l’a très bien démontré un habile zoologiste, Frédéric Cuvier, la disposition à la domesticité peut être considérée comme le développement extrème de l’instinct de la sociabilité, et la domesticité elle-même comme un état dans lequel les ani- maux sociables reconnaissent lPhomme comme membre et comme chef de leur troupe. Nous comprenons maintenant comment l’homme peut sou- mettre à son empire des races entières d'animaux. Voyons comment il peut ensuite influer sur les formes et les qualités qu’ils apportent avec eux en naissant , et créer, pour ainsi dire, à son gré des variétés nouvelles. Une loi physiologique , généralement reconnue, est cette ten- dance qu'ont les animaux à ressembler à leurs parens non-seu- lement d’une manière générale , mais aussi par les particularités qui peuvent distinguer ces derniers. Dans l’espèce humaine, par exemple , les influences héréditaires se manifestent dans une foule de circonstances : conformation, facultés, caractères, in- firmités même, se lèguent de générations en générations, et pour les animaux chez lesquels moins de circonstances étran- gères viennent agir sur les individus et occasioner des pertur- bations dans cette répétition des mêmes formes et des mêmes qualités, la tendance des petits à ressembler aux auteurs de leurs Jours est encore plus évidente. Or, tous les individus d’une même espèce ne possèdent pas au même degré les qua- lités physiques, morales et intellectuelles, dont chacun d’eux est doué, et par l’exercice ou par l'influence des conditions physiques, nous pouvons , en l’exerçant, développer telle ou telle faculté, et augmenter par conséquent ces différences. Il s'ensuit que l’homme peut , dans certaines limites , modifier à volonté les races ; car il est maître de choisir ou même de pro- duire des diflérences individuelles transmissibles par hérédité , et de régler la succession des générations, de façon à en écarter tout ce qui tendrait à éloigner la race du type qu'il veut produire et il peut aussi agir sur lesqualités héréditaires des petits, comme il la fait sur celles de leurs parens. Il en résulte qu’à chaque génération nouvelle, il fait un pas de plus vers le but qu'il s’é- DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 105 lail proposé ; car il agit sur des individus déja modifiés par suite des modifications imprimées à leurs parens. (1) En s’atiachant à développer , de générations en générations, telle qualité ou telle particularité physique ; NOUS pouvons donc la porter bien plus loin qu’il ne nous aurait été possible de le faire dans le principe, et nous pouvons créer des races artifi- cielles, dont les caractères ne s’effaceront que lorsque des cir- constances opposées à celles qui ont déterminé ces particula- rilés viennent en détruire leffet. C’est aussi ce que nous faisons lorsqu'un intérêt puissant donne de la persévérance à nos efforts. De nos jours on a pro- duit ainsi des races de moutons, de bœufs et de chevaux, carac- térisées par des particularités des plus remarquables , et c’est probablement par des moyens analogues qu’on a obtenu les races variées de chiens, dont les formes et les qualités sont si différentes, qu’au premier abord on a peine à croire qu’ils appartiennent à une mème espèce. Le chien paraît être de tous les animaux le plus disposé à la domesticité et celui que l’homme a le premier soumis à sa puis- sance. En effet , si nous jugeons de l’état primitif des chiens par les mœurs de ceux qui, abandonnés à la nature, sont rede- venus sauvages, nous voyons qu'ils possèdent les qualités que nous avons déjà signalées comme étant les plus propres à faire contracter aux animaux celte espèce d'association avec l’homme. Ces chiens qu’on appelle chiens marrons , et qu’on rencontre dans presque toutes les parties de l'Amérique , où ils habitent de vastes terriers, vivent en familles très nombreuses ( quelque - fois de deux cents individus ), ne souffrent point de mélange des individus d’une famille étrangère, se réunissent pour chasser en (£) Les limiers, qui ont été transportés en Amérique par les Espaguols, et qui n'étaient employés autrefois qu’à chasser le cerf*ou l’homme, fournissent une preuve bien remarquable de l'influence de l'éducation individuelle sur les qualités héréditaires. Dans diverses parties de l'Amérique, sur le plateau de Santa-Fé, par exemple, ces chiens ont conservé les habitudes et les dispositions instinctives qui les rendaient jadis célèbres ; mais chez les pauvres babitaus des bords de la Madeleine , ils se sont abâtardis , en partie par le mélange, en par- tie par le défaut d’une nourriture suffisante, et, chez cette race dégénérée, un nouvel instinct semble devenir héréditaire. La chasse, à laquelle on emploie depuis long-temps presque exclusivement ces animaux est celle du pécari à mâchoire blanche, L'adresse du chien consiste à modérer son ardeur, à ue s’attacher à aucun animal en particulier, mais à tenir toute la troupe en échec or, parmi ces chiens on en voit maintenant qui, la première fois qu’on les mène au bois , savent déja comment attaquer, tandis qu’un chien d’une autre espèce se lance tout d’abord, est environné, et, quelle que soit sa force, est dévoré daas un instant, Variétés du chien domes- uque. 104 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. commun, s’entr'aident pour se défendre contre leurs ennemis, et rentrent sans résistance dans l’état de domesticité. D'un autre côté, nous voyons aussi les peuples les moins civi- lisés et les plus misérables posséder déjà le chien pour compa- gnon et pour auxiliaire. Les habitans de la Nouvelle-Hollande, par exemple, se l’étaient déjà associé, lorsque, vivant exclusi- vement de chasse, ils savaient à peine se vêtir ou allumer du feu , et lorsque presque toute leur industrie consistait à se faire un abri peu différent des tannières des ours ou des huttes que se construisent les orangs. Il est probable que, dans Pancien monde, la domesticité du chien remonte à un état tout aussi reculé de la société , et date par conséquent de la plus haute antiquité. Une plus longue possession a donc permis à l’homme d'exercer sur le chien une influence plus forte que sur les autres animaux , et une circonstance , qui a dû rendre son action en- core plus grande , c’est la rapidité avec iaquelle les générations se succèdent dans cette espèce. Pour juger de l'influence de l'empire exercé par homme sur nos chiens domestiques, il faudrait savoir ce qu’ils étaient pri- mitivement ; or, nous lignorons et nous ne savons même que peu de choses sur les formes et les mœurs de ceux qui sont rede- venus sauvages. Îl paraîtrait qu'ils ont des traits communs ; leur museau, de longueur médiocre et assez semblable à celui d’un mâtin, leur procure un odorat d’une grande finesse ; leurs oreilles, toujours droites et dont l’ouverture est dirigée en avant, rendent leur ouïe très délicate ; leur vue est perçante ; leur couleur varie encore d’un individu à un autre ; enfin la recherche des alimens et le repos qui succède immédiatement aux fatigues , occupent tous leurs momens. $ 374. À défaut du chien primitif, on peut prendre pour objet de comparaison ceux de ces animaux qui, possédés par les peu- ples les moins civilisés , sont nécessairement le plus près de l’état de nature. Le chien de la Nouvelle-Hollande est dans ce cas. Cet animal, que l’on connait d’après un individu rapporté en France par le capitaine Baudin , ressemble exactement à notre chien de ber- ger , Si ce n’est que sa tête se rapproche davantage de celle du mâtin ; son poil, fauve sur le dos et blanchâtre en dessous, est bien fourni et recouvre un duvet grisâtre. Son agilité et ses forces sont considérables , et son courage tient souvent de la témérité. Les différences que l’on rencontre parmi nos chiens domes- tiques sont presque innombrables et se lient entre elles par une foule de nuances. La taille de ces animaux varie beaucoup. Depuis le grand chien danois, le mâtin et le dogue de forte race, DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 105 jusqu’à l’épagneul , au roquet et au bichon , on trouve tous les degrés intermédiaires. Les uns sont un peu plus grands que les chiens qui se rapprochent le plus de létat primitif, et lon comprend facilement comment ce résultat a pu être obtenu, en ayant soin de placer, pendant plusieurs générations successives , les jeunes individus dans les circonstances les plus favorables à leur développement , et en empêchant le mélange de la lignée, ainsi obtenue , avec des animaux de moyenne ou de petite taille. C’est aussi ce que les agriculteurs font tous les jours, dans la vue d'obtenir des chevaux de grande taille. D’un autre côté , il est encore plus aisé d'obtenir par des procédés ana- logues le résultat inverse et de créer , pour ainsi dire , une race de nains. Lorsque les caprices de la mode rendaient cette spé- culation lucrative, on était parvenu ainsi à avoir un grand nombre de chiens assez petits pour que les dames pussent les porter commodément dans leurs manchons ; mais , lorsque les races, si éloignées du type naturel de l’espèce, sont abandon- nées à elles-mêmes , et que les circonstances qui ont déterminé leur formation cesse d'agir sur les nouvelles générations , elles ne tardent pas à perdre leur caractère distinctif. Un des premiers effets de la domesticité est toujours de pro- duire des variations dans le pelage des animaux : aussi ne de- vons-nous pas nous étonner de voir les chiens présenter sous ce rapport des différences multipliées. Les unes paraissent tenir au climat ou à la manière plus ou moins complète dont nous protégeons ces animaux contre l’intempérie des saisons; d’au- tres au soin que l’on a de n’admettre dans une même lignée que des individus d’une même couleur. Par ce dernier moyen, les modifications accidentelles deviennent héréditaires , et on im- prime à la race un cachet particulier. C’est ainsi que la couleur fauve est devenue presque générale chez les chiens de la race des dogues, de celle des grands danois , etc. ; que les chiens de berger sont noirs, les chiens loups blancs, les chiens courans, les braques, les bassets et les épagneuls blancs avec des taches noires , etc. . La forme du pied varie aussi chez les chiens ; mais les diffé- rences les plus remarquables qui se rencontrent parmi ces ani- maux consistent dans la forme de leur tête et le développement de certaines tendances instinctives. C’est principalement d’après ces derniers caractères que l’on distingue nos diverses races de chiens domestiques. Ces races sont très nombreuses et peuvent, par le croisement et par l'influence d’autres circonstances se multiplier extrème- ment. Les plus importantes, les plus communes et les mieux ca ractérisées sont les seules dont nous puissions nous occuper Ici. Races prin- cipales. Mätins. Chiens da- nos, Lovreers. Chien berger. 106 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 375. On peut les diviser en trois familles principales. La pre- mière se reconnait à la forme de la tête, dont les os pariétaux en s’élevant au-dessus des temporaux , se rapprochent graduelle- ment mais d’une manière presque insensible, et dont les condyles de la mâchoire inférieure sont placés sur la même ligne que les dents molaires : elle se compose du mätin, du danois, du lévrier , etc. Ces chiens se rapprochent plus que tous les autres de ce que nous avons lieu de croire le type primitif de espèces Leur intelligence n’est pas très développée , et leur odorat n’est pas d’une finesse remarquable; mais on peut les dresser pour la chasse. Les mätins sont des chiens remarquables par leur force et leur grande taille : ils ont le corps allongé , le crâne médiocrement développé , le front aplati et par conséquent les sinus frontaux peu développés , le museau allongé, les oreilles petites, à demi redressées el pointues au bout , les jambes longues et fortes ; la queue recourbée en haut et en avant , et le poil assez court. On peut les dresser pour la chasse, surtout pour celle qui demande plus de force et de courage que d'intelligence et d'adresse , eLils sont susceptibles d’un grand attachement pour leur maitre. Les chiens danois se rapprochent beaucoup du mâtin par la forme de leur tête ; mais ils ont toutes les parties de leur corps plus grosses : ils ont aussi à-peu-près les mêmes instinets. Les Zevriers , se distinguent des espèces précédentes par des formes plus sveltes et par une disposition remarquable à la maigreur. Leur intelligence est fort bornée , et leur attachement pour leur maitre presque nul; mais leur course est des plus rapides , et on les emploie pour chasser les lièvres en plaine. Un second groupe se compose des races où la boite cérébrale prend le plus de développement, et les sinus frontaux ac- quièrent le plus d'extension. Les os pariétaux , au lieu de tendre à se rapprocher , dès leur naissance , au-dessus des temporaux , - s’écartent et se renflent en s’élevant vers le sommet du crâne. de Ce mode de conformation coïncide avec l'existence d’un cer- veau plus volumineux : et l’intelligenée est ici plus grande que chez tous les autres chiens; l'étendue des sinus frontaux rend en même temps leur odorat plus exquis. On remarque parmi les chiens appartenant à cette famille lepagneu?, le barbet, le chien courant, le chien de berger, le chien loup , les bassels et les braques. Le chien de berger est une des races les plus précieuses et aussi une de celles qui paraissent avoir été le moins modifiées par l'influence de la domesticité. Il se rapproche un peu du mâtin par sa taille et par sa forme générale ; mais il est plus faible. Son museau est plus allongé, son front plus bombé, ses oreilles DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 107 droites; sa queue en général horizontale ou pendante, et ses poils très longs partout, excepié sur le museau. Il est peu sociable, mais s'attache à son maitre , et montre dans la garde des troupeaux autant d'intelligence que d'activité et de courage. Le chien loup, de même taille que le précédent , a la.tête, les oreilles et les pieds dégarnis de poils, les formes plus ramas- sées, et la queue très relevée et très touffue ; il est d’un caractère sauvage , et ne s’attache que faiblement à son maitre , mais peut ètre employé comme chien de garde. L’epagneul a de l’'analogie avec le chien de berger; maisil est de plus petite taille. Son corps est couvert de poils longs et soyeux ; sa tête est plus arrondie ; ses oreilles sont longues et pendantes, et ses jambes peu élevées. Son attachement pour son maitre est médiocre; mais il est encore remarquable par ses qualités pour la chasse. Le chien courant a le museau aussi long et plus gros que celui du mâtin, la tête grosse et ronde, les oreilles longues et pen- dantes, les jambes longues et charnues , le corps gros et allongé, le poil très court, la queue grêle, relevée et recourbée un peu en avant. Sa couleur est ordinairement blanche, avec des taches noires ou fauves. C’est le chasseur par excellence. Le Prague a le museau moins long et moins large, les oreilles plus courtes et à demi pendantes, les jambes plus longues, le corps plus épais et la queue plus charnue et plus courte. Les bassets se rapprochent des deux précédens, mais se re- connaissent au premier abord par le raccourcissement excessif de leurs jambes, qui sont tantôt droites, tantôt torses. Le barbet se distingue par les poils longs, fins et frisés, qui couvre tout son corps. Son museau est-court et épais , ses oreilles larges et pendantes, et son corps court et gros. Il est de tous les chiens celui dont l'intelligence est le plus susceptible de développement, et il le doit probablement en partie à ce qu'il fait plus particulièrement que les autres races de son espèce la société de l’homme. Enfin le chien de Terre-Neuve se fait remarquer par sa grande taille , son poil long et ondulé, sa queue épaisse, son museau élargi et son front élevé ; il est en général noir et blanc, et il est également précieux pour sa fidélité, sa douceur et son intelli- gence. La troisième famille formée par nos chiens domestiques est caractérisée par le raccourcissement du museau, le rapetisse- ment du crâne et l'étendue des sinus frontaux. Tous ces ani- maux ont aussi les formes pesantes et l'intelligence très bornée, mais sont en général d’une fidélité remarquable. Ceux de grande taille se dressentassez facilement au combat, et deviennent alors Chien loup. Chien cou- rant. Braque. Bassets. Barbet. Chien de Terre-Neuve. Dogues. 108 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. d'une férocité extrême. Les principales variétés de ce groupe sont le dogue de forte race , le dogue ordinaire et le doguin. Le dogue de forte race se reconnaît au premier coup-d’œil , à la grandeur de sa tête , à son épaisse corpulence, à ses oreilles petites et à demi pendantes, et à ses lèvres épaisses, qui re- tombent de chaque côté de sa gueule. Les dogues en diffèrent par leur taille plus petite ; enfin les doguins, qu’on appelle aussi carlins , sont à leur tour plus petits que les dogues et n’ont pas les lèvr es aussi développées. Il existe une multitude d’autres races, dont il serait trop long de donner ici la description : comme les précédentes , elles ont non-seulement des caractères physiques distinctifs, mais aussi les qualités différentes, qui, développées peu-à-peu par lédu- cation , sont à-la-fin devenues héréditaires. Chacune d’elles est le résultat de Pinfluence des circonstances où ces animaux ont vécu , ou a été créée par l’homme dans quelque vue d'utilité ou d'agrément , et on peut juger , par le nombre de ces races, com- bien ces animaux nous rendent de services variés. Les qualités les plus remarquables du chien sont la rapidité de sa course, sa force musculaire , la finesse extrême de son odorat, son intelligence et son attachement pour son maître, et c’est à elles que nous demandons la plupart des services qu’il nous rend. Chez les peuples qui vivent uniquement de chasse , comme chez ceux pour lesquels cet exercice est devenu le dé- lassement privilégié du riche, l’un des principaux emplois du chien est d'aider l’homme , soit dans la découverte du gibier , soit dans sa poursuite et sa capture, et comme les services qu’on en réclame varient suivant la nature de ce gibier, et que les qualités particulières qu’ils nécessitent se développent par l'éducation et deviennent à la longue héréditaires , il s’est formé autant de races différentes de chiens qu'il y a de différentes espèces de chasses. Un autre emploi, que les progrès de la civilisation ont fait tomber en désuétude, mais auquel on dressait jadis les chiens, est la chasse de l’homme lui-même. Autrefois on se servait de limiers pour traquer les malfaiteurs ; et, dans quelques par- lies de l'Amérique, on avait recours, il y a peu d'années encore, à ce moyen barbare, pour atteindre les nègres, qui , fuyant l’es- clavage , se réfugiaient dans les bois. Ces chiens de forte race, dont on avait soin de développer lappétit sanguinaire, par une éducation particulière , suivie de génération en génération, ontété aussi dans les combats les auxiliaires de leurs maitres. Strabon nous apprend que les limiers de la Grande-Bretagne furent employés dans les guerres des Gaules; et à une époque plus récente, lors de la conquête de l'Amérique par les Espa- DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 109 gnols ,on voit ces animaux jouer encore un rôle important dans les combats que ces aventuriers hardis livraient aux Indiens. Un reste de férocité a fait conserver chez quelques peuples le goût des spectacles sanglans, dans lesquels les anciens Romains déployaient une si grande magnificence; mais, faibles imita- teurs de ce peuple gigantesque , au lieu de faire combattre des armées entières d'animaux féroces, nous nous contentons én général de voir un taureau furieux assailli par des hommes et des chiens. Les dogues, que l’on dresse à ces combats, y dé- ploient une force et un courage extrêmes. Ces qualités, jointes à d’autres plus précieuses, la vigilance et l’attachement pour leur maître, rendent les chiens des gardiens précieux pour les habitations isolées. Ceux que l’on emploie à cet usage et que l’on appelle communément des chiens de basse-cour , sont en général le mâtin, le chien de berger, le dogue et quelquefois le barbet. Ils doivent être choisis forts et vigoureux, d’un caractère actif et courageux, mais non mé- chans; car cette dernière qualité occasionne souvent des accidens déplorables, et n’est jamais nécessaire. Le chien est également utile au cultivateur pour la garde et la conduite de ses troupeaux ; mais comme ces fonctions exigent plus d'intelligence que celle d’une simple sentinelle , on ne peut y employer indistinctement tous les chiens de basse-cour. Celui qui possède au plus haut degré les qualités nécessaires est celui nommé pour cette raison chien de berger. Instruit des intentions de son maitre , il veille sans relâche autour du troupeau , le ras- semble, le dirige, l'empêche de dévaster les récoltes et le défend contre ses ennemis. Sa surveillance est si active et si intelli- genie , qu'on ne peut se lasser de l’admirer ; mais dans les pays infestés par les loups, il est trop faible pour résister avec succès contre ces animaux , et l’on est obligé de lui substituer des màâ- tins de forte race, qui , s'ils sont moins propres à garder le trou- peau , peuvent au moins mieux le défendre. Chez nous et surtout en Hollande, on fait quelquefois servir aussi les chiens de forte race comme bêtes de trait; mais, au Kamstchatka et au Groënland, c’est leur principal emploi. On les altelle, au nombre de cinq à dix ( quelquefois davantage, suivant les difficultés et la longueur de la route), à de petits traineaux légers , construits en osier, et on les fait courir avec tant de rapidité que, dans un seul jour, ils font quelquefois sur la glace un trajet de vingt-cinq lieues: Enfin ces animaux sont encore utiles après leur mort : on les recherche comme aliment dans les îles de la mer du Sud, et leur peau est employée à divers usages dans l’industrie. Les chiens préfèrent la viande à toute autre nourriture ; mais, Loup 110 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pour les entretenir en bonne santé et pour adoucirleur caractère, aussi bien que par économie , on ne leur donne ordinairement que du pain mêlé à des resies de cuisine ou à du suif, eLilesi à noter que ce n’est pas un préjugé que de croire le pain de munition plus propre à ce genre d’alimentalion que le pain blanc. En général on en donne une livre et demie par jour aux chiens de moyenne taille ; mais, s’ils preunent beaucoup d’exer- cice, celle ration ne leur suffit pas. Ÿ 376. Le loup commun est une espèce extrêmement voisine du chien. Son organisation est Ja même, et il peut produire avec Fig. 125. LOUP COMMUN. lui des métis féconds ; mais il en diffère sous un rapport très important. Au lieu d’être un animal éminemment sociable comme le chien , il vit habituellement solitaire et ne se réunit à d’autres loups que lorsque la faim le presse. Il à la taille de nos plus grands chiens et la physionomie d’un mâtin, dont les oreilles seraient droites, le pelage fauve et la queue droite. On le trouve depuis l'Egypte jusqu'en Laponie, et il paraît même être passé en Amérique.C’est animal carnassier le plus nuisible de nos contrées. Sa force est très grande : il emporte facilement un mouton en s’enfuyant, et attaque tous nos animaux; mais son Courage n’est pas proporlionné à sa grande vigueur , et il connait peu la ruse; souvent il se repait de charognes. 6377. Il existe en Europe et même en France une autre espèce de loup, qu’on dit plus féroce que la précédente : c’est le Zoup notr, el on donne le nom de Loup dore où de chacal à une troisième espèce du genre chien , moins grande que les précé- dentes, et qui a plus d’analogie avec nos chiens domestiques. Cette dernière est répandue dans les parties chaudes de PAsie et de PAfrique, où elle vit en troupes nombreuses, dont les membres chassent en commun et se défendent mutuellement DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 111 Plusieurs naturalistes sont disposés à croire que notre chien domestique est une race de chacal , soumise à l'homme et modi- fiée par une longue servitude. $ 378. La seconde division du genre des chiens, comprenant les espèces essentiellement nocturnes, dont la pupille contractée ressemble à une fente, se compose des RENARDSs. Ces animaux ont tous la même physionomie et se distinguent par les carac- ières précédemment indiqués ( voyez page 99 :. Le renard commun , dont la longueur est d’un pied et demi environ, et dont le pelage est plus ou moins roux, est répandu principalement dans les parties septentrionales des deux hé- misphères, mais se rencontre jusqu’en Egypte. Pour donner une idée vraie du naturel de cet animal , nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ici le tableau que le célèbre Buffon à tracé de ses mœurs. « Le renard, dit-if , est fameux par ses ruses et mérite en partie sa réputation. Ce que le loup ne fait que par la force, il le fait par adresse, et réussit plus souvent; sans chercher à combattre les chiens ni les bergers . sans altaquer les troupeaux, sans trainer les cadavres, il est plus sûr de vivre. Il emploie plus d'esprit que de mouvement. Ses ressources semblent être en lui-même : ce sont, comme l’on sait, celles qui manquent le moins. Fin autant que circonspect, ingénieux et prudent , même jusqu’à la patience, il varie sa conduite ; il a des moyens de réserve qu’il sait n’employer qu’à propos ; il veille de près à sa conservation. Quoique aussi infa- tüigable et même plus léger que le loup, il ne se fie pas entière- ment à la vitesse de sa course. Il sait se mettre en sûreté, en se pratiquant un asile, où il se retire dans les dangers pressans, où il s'établit , où il élève ses petits ; il n’est point animal vaga- bond, mais animal domicilié. Cette différence, qui se fait sentir même parmi les hommes, a de bien plus grands effets et sup- pose de bien plus grandes causes parmi les animaux. L'idée seule du domicile présuppose une attention singulière sur soi- même ; ensuite le choix du lieu , l’art de faire son manoir , de le rendre commode , d’en dérober lentrée , sont autant d’in- dices d’un sentiment supérieur. Le renard en est doué, et tourne tout à son profit : il se loge au bord des bois, à portée des hameaux ; il écoute le chant des cops et le cri des volailles ; il les savoure de loin; il prend habilement son temps , cache son dessein et sa marche, se glisse, se traine , arrive et fait rarement des tentatives inutiles. S'il peut franchir les clôtures ou passer par-dessous, il ne perd pas un instant, il ravage la basse-cour , il y met tout à mort, se relire ensuite lestement , en emportant sa proie, qu'il cache sous la mousse où porte à Renard Renard com- mun. 112 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. son terrier. 11 revient quelques momens après en chercher une autre, qu’il emporte et cache de même, mais dans un autre endroit; ensuite une troisième, une quatrième, etc., jusqu’à ce que le jour ou le mouvement dans la maison l’avertisse qu’il faut se retirer et ne plus revenir. Il fait la même manœuvre dans les pipées et dans les boqueteaux, où l’on prend les grives et les bécasses au lacet : il devance le pipeur, va de très grand matin, et souvent plus d’une fois par jour , visiter les lacets, les gluaux, emporte successivement les oiseaux qui se sont empètrés , les dépose tous en différens endroits, surtout au bord des che- mins, dans les ornières , sous la mousse ; sous un genièvre , les y laisse quelquefois deux ou trois jours , et sait parfaitement les retrouver au besoin. Il chasse les jeunes levrauts en plaine, saisit quelquefois les lièvres au gite, ne les manque jamais lors- qu'ils sont blessés, déterre les lapereaux dans les garennes , dé- couvre les nids de perdrix , de cailles, prend la mère sur ses œufs, et détruit une quantité prodigieuse de gibier. Le re- nard est aussi vorace que Carnassier : il mange de tout avec une égale avidité : des œufs, du lait, du fromage, des fruits et surtout des raisins. Lorsque les levrauis et les perdrix lui manquent, il se rabat sur les-rats, les mulots , les serpens, les lézards , les crapauds , etc. : il en détruit un grand nombre. C’est là le seul bien qu'il procure. Il est très avide de miel ; il attaque les abeilles sauvages, les guêpes, les frelons, qui, d’abord , tächent de le metire en fuite, en le perçant de mille coups d’aiguillons ; il se retire en effet, mais en se roulant, pour les écraser, et il revient si souvent à la charge, qu’il les oblige à abandonner le guépier ; alors il le déterre , et en mange et le miel et la cire. Il prend aussi les hérissons, les roule avec ses pieds et les force à s'étendre , enfin il mange du pois- son, des écrevisses, des hannetons, des sauterelles, etc. Il produit en moindre nombre et une seule fois par an. Les por- tées sont ordinairement de quatre ou cinq, rarement de six, et jamais moins de trois. Lorsque la femelle est pleine , elle se recèle, sort rarement de son terrier , dans lequel elle prépare un lit à ses petits. Elle devient en chaleur en hiver, et l’on trouve déjà de petits renards au mois d'avril. Lorsqu'elle s’aper- çoit que sa retraite est découverte , et qu’en son absence ses petits ont été inquiétés , elle les transporte tous , les uns après les autres, et va chercher un autre domicile. Ils naissent les yeux fermés. Ils sont, comme les chiens, dix-huit mois ou deux ans à croitre , et vivent de même treize ou quatorze ans. Le renard glapit, aboie et pousse un son triste, semblable au cri du paon : il a des tons différens , selon les sentimens diffé- rens dont il est affecté ; il a la voix de la chasse, Paccent du DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 113 désir , le son du murmure, le ton plaintif de la tristesse , le cri de la douleur , qu’il ne fait jamais entendre qu’au moment où il reçoit un coup de feu , qui lui casse quelque membre ; car il ne crie point pour toute autre blessure, et il se laisse tuer à coups de bâton, comme le loup, sans se plaindre, mais toujours en se défendant avec courage. Il mord dangereusement , opiniâtré- ment, et l’on est obligé de se servir d’un ferrement ou dun bâton , pour le faire démordre. Son glapissement est une espèce d’aboiement qui se fait par des sons semblables et précipités : c’est ordinairement à la fin du glapissement, qu’il donne un coup de voix plus fort, plus élevé et semblable au cri du paon. En hiver surtout, pendant la neige et la gelée, il ne cesse de donner de la voix, et il est au contraire presque muet en été. C’est dans cette saison que son poil tombe et se renouvelle. L'on fait peu de cas de la peau des jeunes renards, ou des renards pris en été. La chair du renard est moins mauvaise que celle du loup. Les chiens et mêmes les hommes en mangent en automne, surtout lorsqu’il s’est nourri et engraissé de raisins, et sa peau d'hiver fait de bonnes fourrures. Il a le sommeil pro- fond : on l'approche aisément sans l’éveiller. Lorsqu'il dort, il se met en rond comme les chiens ; mais, lorsqu'il ne fait que reposer , il étend les jambes de derrière et demeure étendu sur le ventre. C’est dans cette posture qu’il épie les oiseaux le long des haies : ils ont pour lui une si grande antipathie que, dès qu’ils laperçoivent, ils font un petit cri d'avertissement. Les geais , les merles surtout le conduisent du haut des arbres, répètent souvent le petit cri d'avis , et le suivent quelquefois à plus de deux ou trois cents pas. » On donne le nom d’isatis ou de renard bleu à une espèce un fsatis. peu plus petite que la précédente , et qui se trouve dans les parties les plus septentrionales des deux continens , mais sur- tout en Sibérie, et qui fournit une fourrure des plus pré- cieuses. Son pelage est d’un gris cendré , et ses pattes , au lieu d’être nues dans les points qui appuient sur le sol comme chez la plupart des autres animaux , sont garnis de poils en dessous comme en dessus. On irouve dans les mêmes contrées le renurd argenté OU Renard ar- renard noir, dont le pelage est d’un noir de suie légèrement glacé gentc. de blanc, parce que l'extrémité des poils est blanche. Sa four- rure est uné des plus belles et des plus chères; sa finesse et sa légèreté, jointes à sa beauté, la font beaucoup rechercher par les Orientaux. On distingue sous le nom de corsac ou de petit renard jaune. | Corsac, une quatrième espèce, qui est très commune dans les vastes landes de Asie centrale. Sa fourrure , quoique commune , fait 8 Civettes. Civettes pro- 114 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, pour les peuples nomades de ces contrées un objet assez consi- dérable de commerce. D’autres espèces de renards se trouvent aussi en Afrique et en Amérique. 6 379. Une seconde division du groupe des digitigrades à deux dents Luberculeuses supérieures se compose des civettes , des genettes , des mnangoustes, etc. , que M. Cuvier réunit sous le nom commun de CIVETTES. Ces animaux établissent à quelques égards le passage entre le genre des chiens et celui des chats ; car , de même que chez ces derniers , leur langue est hérissée de pa- pilles aiguës et rudes, et leurs ongles se redressent plus ou moins dans la marche; leurs dents fausses molaires sont en même nombre que chez les chiens; mais ils ont une tubercu- leuse de moins à la mâchoire inférieure. Un autre caractère, commun à ces animaux, est d’avoir près de l’anus une poche plus ou moins profonde , où s’amasse une matière onctueuse et souvent odorante, sécrétée par une glande particulière. € 380. Les CIVETTES PROPREMENT DITES ( Viverra) ont celte xrementdite,. poche siluée au-dessous de l’anus , profonde, divisée en deux Ï P ) ) Genettes. sacs et remplie d’une espèce de pommade d’une odeur musquée irès forte, qui est sécré- tée par des glandes situées autour de la poche, et qui était autrefois un article important dans le com- merce de la parfumerie. La civelte, animal qui à Fig. 126. LA CIVETTE. donné son nom à ce genre, habite les parties les plus chaudes de l'Afrique. Son corps, long de deux pieds trois ou quatre pouces, est d'un gris brun, rayé de noir, et esi surmonté d’une espèce de crinière, dontles poils peuvent se redresser. En Abyssinie, on élève beaucoup de civettes en esclavage , afin de recueillir leur parfum , soit en le ramassant, lorsqu'il tombe, soiten le prenant dans la poche au moyen d’une espèce de cuiller, ou en introduisant dans ce réservoir des substances grasses, qui se pénètrent de la matière odorante et qu’on retire ensuite. $ 381. Les GENETTES ( Genetta ) ressemblent beaucoup aux civeltes ; mais leur pupille , au lieu de demeurer ronde pendant le jour , prend , en se rétrécissant , la forme d’un fente verticale ; leurs ongles se retirent entièrement entre les doigts comme dans les chats, et leur poche se réduit à un enfoncement léger, dans DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 115 lequel l’excrétion , quoique répandant une odeur bien mani- feste , est très faible. La genctte commune, qui a à-peu-près la grandeur et la figure de la fouine , mais qui a le museau plus eflilé, la queue plus longue et le pelage gris, taché de brun ou de noir, se trouve depuis la France méridionale jusqu'au cap de Bonne-Espé- rance : c’est un animal nocturne quise tient le long des ruis- seaux , et qui est recherché pour sa fourrure. $ 382. On donne le nom de MANGOUSTES (Herpestes) à des espèces de civettes , dont la poche est volumineuse, simple, et présente l'ouverture anale percée dans sa profondeur , et dont les doigts sont à demi pal- _més. Une espèce de ce genre, la mangouste d'E- gypte, était célèbre chez les anciens sous le nom d'ichneumon. Cet animal, qui est d’un naturel doux Fig. 127 La manGousre p'éGypre. et limide, rend des ser- vices réels au pays qu’il habite, en détruisant les souris, les petits reptiles et surtout les œufs des crocodiles, et il était jadis l’objet d’un culte religieux ; mais ce qu’en ont dit les anciens, qu’il se jette dans le corps des crocodiles, pour le mettre à mort, est entièrement fabuleux. II est de la taille de nos chats, eflilé comme les martes, de couleur grise ou marron, el à queue longue et terminée par une touffe de longs poils noirs étalés en éventail. Les Européens du Caire le nomment rat de Pharaon. 6 383. La troisième et dernière subdivision de la tribu des digitigrades, celles qui est caractérisée par labsence des dents derrière la grosse molaire d'en bas, contient les ani- maux les plus cruels et les plus carnassiers dela classe : les hyènes et chais. $.384.Les HYÈNES (Jyæna, ressemblent un peu aux chiens, mais s’en distin- guent au premier coup- d'œil par la position obli- que de leur corps et leur allure bizarre , dépendant Fig. 128. HYÈNE TACHETÉE. de ce que leur train de der- rière est beaucoup plus bas ÿ. Mangoustes. Hyenes. 116 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. que celui de devant (1). De même que tous les autres genres de cet ordre, elles présentent, dans la disposition de leur système dentaire, des particularités caractéristiques. Le nom- bre de leurs fausses molaires est de trois à chaque mâchoire Fig. 129 (2) et de chaque côté, et ces dents sont remarquables par leur grosseur ei leur ‘ forme conique. La carnas- sière est presque entière- ment tranchante, et der- rière celle d'en haut on trouve upe petite dent tu- berculeuse, à laquelle rien ne répond à la mâchoire in- férieure. Les muscles qui mettent en Jeu cette armature puissante et ceux qui fixent la tête sur le cou sont si vigoureux qu'il est presque impossible d’arracher aux hyènes ce qu’elles ont une fois saisi , et qu’elles peuvent emporter dans leur gueule des proies énormes, sans les laisser toucher le sol. Les efforts violens qu’elles font ainsi déterminent quelquefois l’ankylose (c’est-à-dire la soudure) de leurs vertèbres cervicales, et la force de leurs dents leur per- met de briser les os les plus durs ; cependant les hyènes sont loin d’être aussi sanguinaires qu’on le croit vulgairement. Elles sont extrêmement voraces el féroces , mais en même temps lâches et préférant à tout autre aliment des charognes déjà ramollies par la putréfaction. Lorsque la faim les presse, elles attaquent quel- quefois d’autres animaux, même l’homme, ou bien se nourris- sent de matières végétales. Elles sont nocturnes et habitent des cavernes. La nuit elles vont à la recherche des cadavres et des débris infects laissés sur le sol ou enfouis dans la terre, pénè- trent dans les cimetières pour déterrer les morts, et rôdent dans les rues, pour dévorer les immondices qui s’y trouvent. Ces animaux rendent ainsi des services aux habitans des pays chauds où ils vivent, car ils débarrassent les villes des cha- rognes que l’on ne se donne pas la peine d'enlever, et qui, en se putréfiant, répandraient à l’entour des miasmes infects et pernicieux. Il est peu d'animaux dont Phistoire ait été char- gée de plus de fables et de traditions superslitieuses. Leur organisation présente quelques particularités qu'il faut (x) Cette disposition ne vient pas de ce que les membres postérieurs sont réellement plus courts que les antérieurs, mais de ce que l’animal les tient tou- jours dans un état de flexion. (2) Dents molaires de la hyène. DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 117 ajouter aux traits caractéristiques que nous avons déjà indiqués. Leur langue est rude comme celle des civettes et des chats.Tous leurs pieds ont quatre doigts , armés d’ongles courts et propres à fouir ; leur queue est courte et pendante; enfin leur pupille a la forme d’un triangle à base arrondie. Ces animaux habitent toutes les parties chaudes de l’ancien continent. L'espèce la plus anciennement connue est la Ayene rayée, qui se trouve en Perse, en Arabie, en Egypte et dans PAbyssinie : elle a environ trois pieds et demi de long , et pré- sente des bandes irrégulières de brun ou de noir sur un fond gris-jaunâtre , elle porte tout le long de la nuque et du dos une crinière, qu'elle relève dans les momens de colère.La Ayéne brune se trouve dans le midi de l’Afrique , et est connue des colons du cap de Bonne-Espérance sous le nom de Loup de rivage; la hyène tachetee, appelée vulgairement Zoup-tigre , habite les mêmes contrées. Jadis il existait aussi des hyènes en France, en Allemagne et en Angleterre ; car on y a trouvé dans des cavernes les ossemens d’une espèce perdue de ce genre. (385. Le genre des CHATS (Felis)se compose d’un grand nombre Fig. 130. d'espèces si semblables, qu'on ne peut guère les distinguer entre elles que par leur taille, leur couleur, la longueur de leur poil et les dimensions de leur queue. Ces animaux sont de tous les carnassiers les plus féroces, les plus sanguinaires et les plus fortement armés. Leurs mâchoires courtes et ro- bustes(fg.131)portent en haut comme en bas seulement deux faus- ses molaires, comprimées et tranchantes (/ig. 130), suivies d’une Fig. 131. grande dent carnassière, à bord pointu et tranchant. La tuber- culeuse qui suit la carnassière d'en haut est très petite; en- fin leurs canines sont énor- mes; et, lorsque les mâchoi- res se rapprochent, les angles tranchans de loutes ces dents s’'engrènent et glissent lun sur l’autre comme des ciseaux dont chaque branche serait une scie bien affilée. Les muscles qui meuvent ces organes sont aussi plus puissans que chez tous les Genre chats. des 11& ZOOLOUGIE DESCRIPTIVE. Fig. 132. autres carnivores; ils donnent à la tête de ces animaux une lar- geur remarquable (fig. 132), et leur permettent de briser et de déchirer toute espèce de proie avec une facilité extrême. Mais ce nesont pas là les seules armes dont la nature à pourvu ces ani- maux, si bien organisés pour le carnage.Aussitôt que le pied,par un mouvement particulier, pose sur le sol, leurs ongles crochus et courbés se relèvent et se ca- chent entre les doigts, de façon à conserver toujours leur tranchant et leur pointe acérée (fa.133). La phalange unguéale Fig. 133. donne attache par sa face dorsale à un ligament élastique qui tend à la maintenir relevée; aussi pour l’abaisser et pour faire sail- lir la griffe , faut-il que les mus- cles fléchisseurs des doigts se contractent et surmontent l’é- lasticité de ce lien; lorsque le pied pose sur le sol, le poids du corps tend au contraire à ramener les doigts en haut et aide par conséquent à relever la phalange unguéale. La force musculaire de ces animaux est immense, et partout où les muscles se fixent sur les os, ceux-ci présentent des crêtes ou des tubérosités disposées de manière à favoriser l’action de la puissance motrice. Toutes les parties de leur corps sont en même temps dune flexibilité remarquable : aussi peuvent-ils faire des bonds énormes ou bien ramper et grimper avec une agilité extrême; mais cette souplesse si grande leur rend la course presque impossible, et leur aurait réellement nui, s'ils n'avaient su employer la patience, la ruse et le silence aussi bien que la force pour s'emparer de leur proie.Marchant sans bruitsur les tubercules épais et élastiques dont le dessous de leurs pattes est garni, ils semblent glisser vers le lieu où l'espoir de trouver une victimeles attire, ettapis dans le silence,sans qu'aucun mou- vement les décèle , ils attendent l’instant propice avec une pa- tience que rien n’altère; puis, s’'élançant tout-à-coup sur leur proie, ils tombent sur elle , la déchirent de leurs ongles et as- souvissent pour quelques heures leur appétit sanguinaire. Ras- sasiés, ils se retirent au centre du domaine qu'ils ont choisi pour leur empire et y attendent dans un profond sommeil que quelque nouveau besoin les presse encore d’en sortir. Le sens du goùt esl DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 119 chez eux peu développé : ils dévorent plutôt qu'ils ne mangent, el ils ont la langue toute couverte de pointes cornées, à l’aide desquelles ils râpent, en quelque sorte, les parties molles de leur proie. Leur vue ne paraît pas avoir une portée très longue, mais est d’une sensibilité extrême : ils voient également bien le jour et la nuit. Les uns ont la pupille ronde; les autres, plus essentiellement nocturnes, ont cetle ouverture rétrécie et allon- gée verticalement. Leur odorat est loin d’être aussi développé que celui des chiens; mais l’ouiïe est chez eux d’une finesse ex- trème; le son le plus imperceptible pour nous les frappe, et c’est au bruit des pas de leur proie qu'ils se dirigent à sa pour- suite. Leur cerveau est pelit proportionnellement à leur taille et ne présente sur chaque hémisphère que deux sillons longitu- dinaux. À l’état sauvage, leur intelligence est assez bornée, et la défiance parait être le trait le plus marqué de leur caractère; mais , lorsque la contrainte les force à recevoir des soins et leur nourriture d'une main étrangère, l'habitude finit par les rendre confians ; et bienlôt leur confiance se change en une véritable af- fection : elle va même jusqu’à faire de quelques-uns d’entre eux des animaux domestiques , et toutes les espèces de ce genre se ressemblent tellement, qu’il est assez probable que toutes pour- raient être apprivoisées de la même manière. Les femeiles ont pour leurs petits une grande tendresse; mais il en est tout au- trement des mâles, qui souvent détruisent leur propre progé- niture. Îls vivent toujours solitaires, et cette antipathie pour la société se comprend facilement chez des animaux qui, ne se nourrissant que de proie vivante, ont besoin d'exploiter un grand domaine où tout voisin serait un rival et par conséquent un ennemi. Le pelage des chats est en général doux et composé de deux sortes de poils. Le duvet est ordinairement gris, et les poils longs, diversement colorés , forment quelquefois à ces animaux une robe très riche. Leur fourrure constitue un objet de com- merce assez considérable. Ainsi que nous l’avons déjà dit, tous ces animaux ont entre eux la plus grande similitude. Quiconque a vu un chat domes- tique peut se faire une idée de la physionomie, de la forme, des allures et du caractère de toutes les espèces du même genre. On en connait un grand nombre. Les chats sont répartis sur pres- que toute la surface du globe ; mais aucune des espèces de l’an- cien monde n’est en même temps originaire de l'Amérique. On ne connait aujourd’hui en Europe que deux espèces de ce genre, savoir : le chat ordinaire et le lynæ. Le tigre, le guepard, le melas, etc., appartiennent exclusivement à l'Asie ; d’autres es- pèces sont communes à cette contrée et à l'Afrique : le Zion, la Lion. 120 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. panthère , le Leopard, le carucal, sont dans ce cas. L'Afrique en possède aussi qui ne se rencontrent pas ailleurs, le chat du Cap, par exemple; enfin on trouve exclusivement en Amérique le jaguar, le couguar, Vocelot , le serval, etc. $ 386. Le Zion se place naturellement à la tête de ce genre, comme étant le plus fort et le plus courageux des animaux de proie, et comme étant aussi le plus célèbre. La longueur de son corps est de cinq à six pieds, et on le distingue de tous les autres chats pour sa couleur fauve uniforme, par le flocon de poils qui termine sa queue, et par la crinière qui revêt la tête, le cou etles épaules du mâle, mais qui manque chez la femelle. Les chats tiennent ordinairement la tête basse, et ont dans les yeux et dans l'allure quelque chose qui semble indiquer la perfidie ; le lion au contraire tient la tête haute, et est remarquable par la majesté de son regard et la noblesse desa démarche : aussi at-il une ré- putation de générosité et d’élévation bien différente de celle des autres animaux du même genre; cependant son caractère et ses mœurs sont essentiellement les mêmes. A moins qu'une faim violente ne le pousse , ce n'est pas à force ouverte, mais par surprise, qu'il attaque sa proie. En général il se met en embuscade sur les bords des ruisseaux , où les antilopes et autres animaux viennent boire, s’y cache parmi les roseaux ou les longues herbes de la rive, et, saisissant le moment favo- rable, s’élance comme la foudre sur sa victime ; il peut franchir d'un seul saut une dizaine de mètres (environ 36 pieds) et con- tinuer pendant quelques instans à s’élancer ainsi par bonds, de manière à surpasser en vitesse le meilleur cheval; mais ilne pourrait soutenir long-temps de tels efforts, et il arrive rare- ment qu'il le tente: s’il ne parvient pas à saisir sa proie après un petit nombre de sauts, il renonce ordinairement à sa poursuite. Quant à l’homme, le lion ne l'attaque que rarement, à moins qu'il ne soit provoqué par lui, ou qu'il ne remarque dans sa contenance quelque signe de frayeur; mais, s’il est affamé ou s’il a déjà goûté de la chair humaine, il en est autrement; dans le pays des Bosjesmans, par exemple, où les malheureux indigènes n'ont, pour se défendre, que des flèches de roseaux, il regarde l’homme comme un adversaire peu dangereux, et, lorsqu'il a réussi à enlever quelque habitant d’un kraal, il ne manque pas de revenir toutes les nuits, pour se procurer quelque autre vic- time humaine. Ces visites nocturnes finissent quelquefois par devenir tellement à charge aux Bosjesmans, qu’on les a vus aban- donner leurs habitations, pour aller s'établir ailleurs, heureux encore Si, pendant leur retraite, ce terrible ennemi ne se met pas à leur poursuite etne parvient pas à les dévorer les uns après les autres. Pour écarter ces animaux pendant la nuit, les voya- DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 121 geurs allument un feu vif; mais ce n’est pas toujours un moyen sûr de les éloigner. Les bœufs et les chevaux les sentent defort loin , et témoignent aussitôt leur frayeur extrême, en se serrant les uns contre les autres et en poussant des cris lamentables. Les chiens éprouvent aussi de leur présence le plus grand effroi ; mais ils gardent le silence.Le rugissement du lion est un cri pro- longé et retentissant, qui se fait entendre à une distance consi- dérable, mais qui n’est pas chez lui un signe de colère. Ces ani- maux rugissent en général après avoir mangé, ou quand le temps est à l’orage, et lorsqu'un d’entre eux s’est mis à rugir, il est imité par tous ceux qui l’entendent, par les femelles comme par les mâles. La force du lion est prodigieuse : il traine sans peine à une grande distance les plus gros bœufs, et des personnes dignes de foi assurent avoir poursuivi à cheval, pendant dix lieues, la trace d’un lion, qui emportait à la hâte une génisse de deux ans, et qui ne paraissait avoir laissé toucher à terre le corps de la vic- time qu'à deux ou trois endroits. La durée de la vie de ces animaux paraît être d'environ qua- rante ans : ils naissent les yeux ouverts, au nombre de deux ou trois par portée. Les mâles et les femelles se ressemblent d’abord extrêmement, et ce n’est qu’à la troisième année, que la cri- nière commence à pousser aux premiers : ils ne paraissent ar- river à l’état adulte qu’à l’âge de quatre ou cinq ans. Ainsi que la chatte, la lionne a le plus grand soin de ses petits et aime à les cacher à tous les regards.Pendant l’allaitement et pendant toute la durée de l’espèce d'éducation qu’elle donne à ses lionceaux , elle est bien plus farouche et plus redoutable que dans toute autre circonstance. Le moment du repas est aussi un de ceux où tous ces carnassiers deviennent le plus féroces. Ces animaux si terribles peuvent cependant être soumis à l'empire de l’homme et se plaire dans la société de quelque autre animal de prédilec- tion ; ceux que l’on retient en captivité s’attachent à leur gar- dien , et on en a vus d’une docilité extrême. L’art de les appri- voiser et de les dompter a été porté très loin chez les anciens. Dans l’année 46 avant Jésus-Christ, Marc-Antoine se montra aux Romains sur un char trainé par des lions, et on nous raconte que, long-temps auparavant , le Carthaginois Hannon, le pre- mier qui en eùt apprivoisé, fut pour cette cause exilé de sa patrie: ses concitoyens prétendaient que celui qui s'était atta- ché ainsi à dompter des lions devait avoir le projet d’asservir les hommes. La chasse de ces animaux est toujours très dangereuse. Pour les attaquer, on se réunit en grand nombre ; mais le plus sou- vent on leur tend des pièges. Tigre. T aguar. 122 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Autrefois ils étaient bien plus répandus qu'ils ne le sont au- jourd’hui. Du temps d’'Hérodote et d’Aristote, on en trouvait dans la Thrace et dans la Macédoine, où il n’en existe plus de nos jours; ils étaient communs dans l’Asie-Mineure, et, à en juger par le nombre de ceux que les Romains montraient dans leurs cirques, il fallait qu’en Afrique, d’où ce peuple les tirait, leur multitude fùt immense. Quintus Scævola fit le premier combattre les lions devant le peuple de Rome, et ileut bientôt de nombreux imitateurs.Sylla, pendant sa préture, donna en spectacle le combat de cent lions mâles. Lors de la dédicace du théâtre de Marcellus, on fit tuer deux cent soixante-huit lions ; aux fêtes données par César dans l’année 46 avant Jésus-Christ, quatre cents de ces animaux périrent , et, quelque temps auparavant, Pompée en avait ras- semblé six cents pour les jeux destinés à célébrer l'inauguration de son théâtre. La même abondance de lions dans les spectacles de Rome subsista jusqu’au temps de Marc-Aurèle, et, au milieu du troisième siècle, Prebus en fit encore paraître au cirque deux cents au milieu d'une infinité d’autres animaux ; mais ce grand carnage commença alors à faire sentir ses effets , et dans la crainte que le cirque ne vint à manquer de combat- Lans, la chasse du lion fut défendue aux particuliers. L’abroga- lion de cette loi sous Honorius, accéléra la destruction des lions, qui depuis, par l'usage des armes à feu, a élé presque consommée sur tout le littoral de la Méditerranée. Aujourd'hui ces animaux sont confinés dans les déserts de l'Afrique et y sont même devenus assez rares. $ 387. Le tigre royal ou tigre d'Orient est un animal plus re- doutable encore que le lion, qu’il égale en taille et en force, mais qu'il dépasse en férocité. Son poil est ras, fauve en dessus, blanc en dessous, et rayé irrégulièrement en travers de noir. Il habite les Indes, et on ne saurait peindre en couleurs trop fortes , les ravages qu'il occasionne et leffroi qu'il inspire. Il éventre un bœuf d’un coup de griffe, et Pemporte dans sa gueule presque en fuyant; excepté l'éléphant, aucun animal ne peut lui résis- ter , el souvent il s'attaque à l'homme. $ 388. Le tigre d'Amérique ou jaguar, que les fourreurs ap- pellent la grande panthère, est presque aussi grand que le tigre d'Orient et presque aussi dangereux. On l’a vu emporter un che- val et traverser à la nage avec cette proie une rivière large et profonde ; il attaque les hommes et west pas effrayé par le feu. C’est un animal plutôt nocturne que diurne ; il habite les gran- des forêts, se cache dans les cavernes et se montre d’une dé- fiance extrême. On le distingue à son pelage d’un fauve vif en dessus, marqué le long des flancs de quatre rangées de taches DIVISION DES CARNIVORES DIGITIGRADES. 123 noires en forme d'yeux (1), et blanc en dessous, rayé de bandes noires. $ 389. La panthere est moins grande que les espèces précé- dentes et plus commune. Elle est répandue dans toute l’Afrique et dans les parties chaudes de lAsie, ainsi que dans l'archipel Indien. Elle est remarquable par son beau pelage, fauve en des- sus , blanc en dessous, et orné sur chaque flanc de six ou sept rangées de taches noires en formes de roses , c’est-à-dire for- mées de l’assemblage de cinq à six petites taches simples. Ses mœurs se rapprochent beaucoup de celles des chats ; en effet la panthère attaque les petits quadrupèdes et grimpe sur les arbres, pour y poursuivre sa proie ou pour y fuir le danger. 6 390. Le Zeopard ressemble beaucoup à la panthère, mais les taches dont ses flancs sont ornés sont plus petites, eton en compte dix rangées au lieu de cinq à six. Il habite l'Afrique et peut-être aussi l'Asie. Jusqu'en ces derniers temps, on le confon- dait avec l'espèce précédente, et dans l’état actuel de la science, il n’est pas possible de décider si c’est le léopard ou la panthère qui , d’après Xénophon, se trouve én Thrace ou de désigner ce- lui des deux auquel doit se rapporter ce qu’on raconte des pan- thères qui, aux Indes, servent encore de nos jours à la chasse, 6 391. Une autre espece, également remarquable par sa grande taille, mais qui n attaque g guère que les petits animaux, et le couguar, appelé par quelques auteurs le lion d'Amérique. Son pelage est d’un fauve roux presque uniforme. Les espèces inférieures par leur taille sont très nombreuses : les unes ressemblent plus ou moins à notre chat domestique ; les autres se distinguent par un pinceau de poils dont leurs oreilles sont ornées : on désigne ces derniers sous le nom de Lynx. ; $ 392. Le chat ordinaire se trouve à l’état sauvage dans les fo- rêts de l’Europe : il a le pelage d’un gris brun avec des ondes transversales plus foncées en dessus, d’un gris blanc en dessous, les pattes fauves en dedans et la queue d’abord annelée, puis noirâtre. Il est d’un tiers plus grand que nos chats domestiques. Ceux-ci varient beaucoup par la couleur, la longueur et la finesse de leur poil. Leurs mœurs sont trop généralement connues pour qu'il soit nécessaire de nous y arrêter ici. Nous noterons seule- ment que les petits naissent au nombre de cinq à six, les yeux fermés et ne les ouvrent que lé neuvième jour ; qu’à dix-huit mois ils ont acquis leur entier développement, et que la durée de leur vie n’est que de douze à quinze ans. La domesticité (tr) C’est-a-dire d’anneaux plus ou moins complets avec un point noir au milieu. Panthere. Leopard. Couguar. Chat. Lyux. Caracal. Guépard Caractères généraux. 124 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de ces animaux remonte à des temps très reculés. Les Grecs ne les connaissaient que peu; mais 1ls étaient communs chez les anciens Egyptiens. Aujourd’hui ils sont répandus dans lPAméri- que et dans l'Inde , aussi bien que dans l’Europe et l'Afrique. On trouve dans les deux continens beaucoup d'espèces plus ou moins voisines du chat ordinaire, mais qui ne présentent pas assez d'intérêt pour nous y ar rêter. 6 393. Le Zynx ou loup cervier se trouve dans toutes les parties septentrionales de l’ancien monde: du temps des Romains, il était assez commun en France, et on le rencontre encore dans les Pyrénées; il est surtout commun dans le nord, où sa four- rure est un objet de commerce. Sa taille est presque le double de celle du chat sauvage. Son pelage est tacheté de roux brun et ses oreilles sont terminées par un pinceau de poils noirs. C’est un animal très destructeur : il a assez de force pour attaquer les cerfs, etc., et assez d’agilité pour suivre les petits animaux jus- que sur les arbres. $ 394. Le caracal, qui habite la Perse etla Turquie, et parait être Le lynx des anciens, est d’un roux vineux presque uniforme, mais du reste ne diffère que peu du lynx ordinaire. On distingue encore plusieurs autres espèces de loups cerviers, qui se trou- vent en Asie, dans le nord de l’Europe , en Afrique ou en Améri- que. Enfin on range aussi dans le genre des chats un animal qui à beaucoup de ressemblance avec les tigres et les léopards, inais qui diffère de toutes les autres espèces du même groupe par ses ongles peu rétractiles: c’est le guepard où tigre chasseur des Indes. Il est de la taille du léopard, mais plus haut sur jambes, plus élancé: sa tête est plus ronde, et son pelage fauve est semé de petites taches noires uniformes. Il s’'apprivoise très facilement et se laisse dresser pour la chasse. FAMILLE DES CARNASSIERS AMPHIBIES. $ 395. Cette troisième famille de l’ordre des Carnassiers se compose d'animaux essentiellement aquatiques, qui passent la plus grande partie de leur vie dans la mer, qui ne viennent sur la plage que pour se reposer au soleil ou allaiter leurs petits, et qui sont, par conséquent , organisés pour la nage et non pour la Marche, Leurs pieds sont si courts et tellement env elop- pés dans la peau, qu'ils ne peuvent, sur la terre, servir qu’à ramper; mais ils sont larges, aplatis, palmés et constituent FAMILLE DES CARNASSIERS AMPHIBIES: 125 d'excellentes rames. Leur forme générale se rapproche même un peu de celle des poissons ; leur corps est très allongé et flexible leur bassin étroit, leur queue courte et en partie cachée entre les pattes postérieures, qui sont dirigées en arrière dans le sens de l’axe du tronc ; enfin leur poil est ras et serré contre la peau. Fig. 134. PHOQUE (CALOCÉPHALE MARBRÉ). Les carnassiers amphibies se divisent en deux tribus : les pho- ques et les morses. $ 396. Les PHOQUES ont la tête ronde et assez semblable à celle Tribu des d’un chien. Leurs yeux sont grands; leur regard est intelligent et phoques doux ; leurs oreilles, peu ou point saillantes ; leur langue douce et échancrée au bout; leurs pieds de devant, enveloppés dans la peau du corps jusqu’au poignet, portent cinq doigts, réunis par une membrane, et armés d'ongles crochus. Les postérieurs ne deviennent libres que près du talon, et se terminent par des doigts en même nombre qu’en avant , mais dont le premier et le dernier (ou le pouce etle petit doigt), au lieu d’être plus courts que les intermédiaires, les dépassent. Leur queue, comme nous Vavons déjà dit, est très courte , et toutes leurs formes sont ar- rondies par la graisse dont leur corps est toujours chargé. Ce qui les distingue principalement des morses est la disposition de leur système dentaire : on leur compte quatre ou six intisives en haut, quatre en bas. Leurs canines sont pointues, et leurs dents mâchelières, au nombre de vingt, vingt-deux où vingt-quatre, sont toutes tranchantes ou coniques, sans aucune partie tuber- culeuse, et ne peuvent être distinguées en fausses et vraies mo- laires, comme celles des autres carnassiers. Tantôt ces mâche- lières, plus ou moins minces et dentelées, présentent, comme d'ordinaire, des racines multiples ; mais d’autres fois elles de- viennent coniques et ne paraissent avoir alors qu’une racine , disposition qui établit le passage entre la première , et celle que nous étudierons par la suite chez certains cétacés. Les phoques vivent en troupes, souvent très nombreuses , ei se nourrissent de poissons et de mollusques: ils mangent tou- jours dans l’eau, et nagent avec une grandefaeilité : ils plongent Calocepha- les. 126 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. aussi très bien et peuvent rester assez long-temps dans l'eau sans respirer. On a cru qu'ils devaient cette faculté à l'existence d’une communication entre les deux oreilleties du cœur, quise voitchez le fœtus des mammifères, et qui permet au sang de parcourir le cercle circulatoire sans traverser les poumons ; mais il n’en est rien , et la seule particularité que présente leur appareil vaseu— laire est un grand sinus veineux, logé dans le foie et servant de réservoir pour le sang, lorsque l'interruption de la respiration entrave le mouvement de ce liquide. Une autre disposition or- ganique , qui est en rapport avec la manière de vivre de ces ani- maux est celle de leurs narines, qui sont garnies d’une espèce de valvule servant à les fermer età empècher l’eau d’y pénétrer. À terre , les phoques ne se meuvent que très difficilement et de- viennent aisément la proie des chasseurs, qui les recherchent, pour leur graisse et leur peau. Ce sont des animaux doux et in- telligens , qui s’apprivoisent facilement et s'attache bientôt à ceux qui les nourrissent. On les rencontre dans toutes les mers ; mais c’est dans les régions glacées du nord et du sud qu'ils sont le pius abondans. Les anciens connaissaient ces amphibies et les mélaient à leurs fables; les troupeaux de Neptune que condui- sait Protée étaient des phoques, et ce sont aussi ces animaux que la mythologie poétique des Grecs transforma en tritons et en sirènes, pour escorter le dieu de la mer. Les uns ayant les incisives pointues, point d'oreille externe et tous les doigts plus ou moins mobiles et terminés par des ongles pointus, placés sur le bord de la membrane palmaire, sont ap- pelés PHOQUES PROPREMENT DITS , et forment les genres caloce- phale, stenorhinque, pelage, stemmatope et macrorhine. Les autres, ayant les incisives mitoyennes supérieures à double tranchant (forme qu’on n’a encore remarqué dans aucun autre animal), des oreilles externes, les doigts de la nageoire antérieure presque immobiles et ceux des pattes postérieures dépassés par des prolongsemens de la membrane palmaire ont reçu le nom d’otaries. $ 397. Les CALOCÉPHALES, caractérisés par l’existence de six incisives en haut et quatre en bas, habitent nos mers, et sont remarquables par le volume de leur cerveau et le développement de leur intelligence. On en connait plusieurs espèces; la plus commune est connue sous le nom vulgaire de veau marin; ce phoque long de trois à cinq pieds , est d’un gris jaunâtre plus ou moins nuancé ou tacheté de brun (/g. 134). Son poil est luisant et continuellement lubrifié d’une matière grasse, qui le rend imperméable à l’eau. On le voit assez souvent sur nos côtes, où il vient se reposer en grandes troupes: et 1l se rencontre assez FAMILLE DES CARNASSIERS AMPHIBIES. 127 loin dans le nord, où lon trouve également en grandes abon- dance quelques autres espèces de phoques, appartenant au même genre. Dans quelques parages, ces animaux sont assez communs pour être l’objet d’une pêche ou plutôt d’une chasse importante. Dans les glaces qui environnent en hiver les côtes” de Terre-Neuve et du Labrador, par exemple, on voit, pendant les mois de février , mars et avril, trois à quatre cents goëlettes, montées chacune de vingt hommes, poursuivant ces animaux timides et méfians. Pour s’en emparer, les pêcheurs tendent sur le rivage , avec de grands filets , des espèces de pièges, dans les- quels on cherche à emprisonner tout un troupeau de phoques. Le produit annuel de cette chasse, exporté de l'ile de Terre- Neuve pour l'Angleterre, s'élève à environ cent vingt mille peaux et treize et quatorze cents tonneaux d'huile, obtenus en faisant fondre la graisse de ces animaux. $ 398. Les PELAGES ont seulement quatre incisives en haut comme en bas , et ont les mâchelières en cône obtus avec un ta- lon peu marqué en avânteten arrière : c’est à ce zenreque serap— porte le phoque à ventre blane Où moine qui se lient particulière- ment entre les îles de lAdriatique et de la Grèce , et qui est pro- bablement l'espèce qui a été la plus connue des anciens. Sa lon- geur est de dix à douze pieds. Le phoque à capuchon, qui habite la mer Glaciale et qui porte sur la tête une peau lâche, susceptible de se gonfler et de former une sorte de capuchon , dont l’animal recouvre ses yeux, quand ilsecroit menacé, appartient à la division des STEMMATOPES , qui diffèrent des pelages par leurs mâchelières légèrement com- primées. $ 399. Les MACRORHINES sont remarquables par leur museau en forme de trompe courte et mobile. On n’en connait qu’une es- pèce , le phoque à trompe, qui est très commun dans les para- ges méridionaux de la mer Pacifique, et qui est désigné par les voyageurs sous le nom d’éléphant marin, de lion marin (4n- son), de loup marin , etc.; c’est le plus grand des phoques con- nus: sa longueur est de vingt à trente pieds, et sa circonfé- rence de quinze à dix-huit. Ces animaux vivent en troupes de cent cinquante à deux cents individus, et fournissent une quan- tité très considérable d'huile : aussi sont-ils l’objet de pêches importantes. $ 400. Les OTARIES ou phoques à oreilles externes diffèrent des espèces précédentes par les caractères déjà indiqués, ainsi que par plusieurs autres particularités d'organisation. Les espèces Peiages. Macrorbi- nes. Otarie, Tribu morses, des 128 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. les plus remarquables de ce genre sont le phoque à crinicre, ou lion marin de divers auteurs, et le phoque ourson, appelé vulgai- rement ours marin. Le premier , long de quinze à vingt pieds et même davantage, habite toute la mer Pacifique , depuis le dé- troit de Bering jusqu’à celui de Magellan. Une crinière épaisse entoure le cou du mâle. Le second, long de huit pieds et sans crinière , se trouve dans le nord du même océan. 6 401. Les MORSES (Trichechus) ressemblent aux phoques par la forme générale de leur corps et par la disposition de leurs Fig. 135. membres, mais en diffèrent beaucoup par la tête et par les dents. Leur mà- choire supérieure, relevée en avantet formant un gros mufle renflé, porte deux énormes canines, qui se dirigent en bas et atteignent souvent jusqu’à deux pieds de long. Entre ces défenses sont placées deux incisives semblables aux molaires, qui, au nombre de qua- tre de chaque côté, en haut et en bas, ont toutes la forme de cylindres courts et tronqués. La mâchoire inférieure manque d'incisives et de canines. On ne connaît d’une manière bien certaine qu’une seule espèce de morse, qui habite toutes les parties de la mer Glaciale et qui atteint jusqu’à vingt pieds de longueur. Les voyageursle désignent souvent par les noms de vache marine , de cheval marin, de bête à la grande dent: c’est le sæatrus des Anglais. Il parait que cet animal se nourrit de plantes marines aussi bien que de substances animales. Ses mœurs sont à-peu-près les mêmes que celles des phoques : il vit sur les côtes du Spitzherg et des autres con- irées du nord , en troupes nombreuses et vient fréquemment à terre , où il devient d’une capture facile, tandis que, dans la mer , la rapidité de sa nage et sa grande force le rendent difficile à atteindre et dangereux à attaquer; car alors toute la troupe se réunit pour défendre celui qui est blessé , entoure le bateau et essaie quelquefois de le submerger, en perçant ses flancs avec leurs longues dents. On le recherche pour son huile, pourses défenses, dont l’ivoire, quoique grenu , peut s’employer dans les arts et pour sa peau, dont on fait d'excellentes soupentes de carrosse. Un seul individu fournit souvent une demi-tonne d'huile. ORDRE DES RONGEURS. 129 ORDRE DES RONGEURS. $ 402. L’ordre des rongeurs se compose des mammifères mo- nodelphes, onguiculés, dont le système dentaire consiste seu- lement en dents incisives et molaires, les canines n’existant pas Fig. 136. et laissant de chaque côté de la bouche un grand espace vide (fig. 136). Le nom de ces animaux leur vient de la manière dont ils coupent leurs alimens par un travail continu , comme s’ils les limaient ; ils peuvent ainsi ron- ger les matières les plus dures, et en effet, on en voit qui se nourrissent de bois ou d’écorce, et la plupart sont complètement inhabiles à saisir une proie vivante ou à déchirer de la chair. La gueule de ces animaux est assez peu ouverte , quoique la lèvre supérieure soit toujours fendue en long dans son milieu (disposition qui a fait donner le nom de bec-de-lièvre à une con- formation analogue qu’on observe chez quelques hommes), et c’est à l’aide des dents incisives seulement que les rongeurs attaquent les corps dont ils veulent se nourrir. Ces dents sont séparées des molaires par un espace vide ( occupé chez les autres mammifères par les canines), et elles sont remarqua- Fig. 137. bles par leur force , leur longueur , leur forme arquée et la profondeur où elles sont enfoncées dans leurs alvéoles (ig. 137); enfin leur ex- trémité est taillée en biseau tranchant, et elles n’ont pas de ra- cines , mais continuent toujours à croitre. Il en résulte qu’elles tendent à s’allonger sans cesse; mais, dans les circonstances or- dinaires, elles conservent cependant les mêmes dimensions ; car, à mesure qu’elles poussent, elles s’usent en se frottant contre celles de la mâchoire opposée. Lorsqu'une des dents vient à manquer, il en est autrement: Pincisive qui lui est 9 A7) ff 1 pi? Caractères généraux. 130 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. opposée ne trouvant plus à s’user par son sommet, s’allonge indéfiniment , en suivant la courbe , qui lui est naturelle, et quelquefois on voit ainsi se développer des dents mon- strueuses, qui de la mâchoire inférieure remontent au-dessus de la tête , et finissent par s’enfoncer dans le sommet du crâne. Au premier abord, on pourrait croire que la détrition, à laquelle ces dents sont continuellement exposées, devrait émousser bientôt le bord tranchant qui les termine et qui est si nécessaire pour ronger ; mais la nature à obvié à cet inconvénient par une disposition très simple ; l'émail épais qui garnit la face anté- rieure de ces incisives est beaucoup plus dur que le corps de la dent , et par conséquent s’use moins vite, de sorte que ces in- strumens s’aiguisent d'eux-mêmes par cela seul qu’ils fonction- nent. Leur nombre est presque toujours de deux seulement à chaque mâchoire, et leur face antérieure est ordinairement teinte en jaune plus ou moins foncé. Les dents molaires des rongeurs ont une couronne large et plate; en général, elles sont d’abord plus ou moins tubercu- leuses ; mais, comme elles s’usent à la manière des incisives, leur surface ne tarde pas à devenir tout-à-fait plane. Ordinaire- ment émail qui en revêt l’extérieur forme aussi, de chaque côté de la dent, des replis plus ou moins profonds et nombreux dans la substance de livoire, et, comme il s’use moins facilement que celui-ci, il en résulte que la surface de ces organes présente des stries transversales plus élevées que les parties intermé- diaires, disposition singulièrement favorable au broiement des malières dures dont ces animaux se nourrissent ; car elle rend la surface des molaires semblable à celle d’une meule. Chez la plupart des rongeurs, ces dents ne se composent que de deux substances, l’ivoire et l'émail; mais quelquefois on voit aussi une substance corticale placée en dehors de émail , ainsi que cela a lieu chez l'éléphant et d’autres herbivores. Chez les rongeurs qui vivent nniquement de végétaux, les molaires s’usent rapidement et continuent toujours à croitre (VOY. fig. 137): aussi n’ont-elles point de racines ou n’en pren- nent-elles qu'à un âge avancé, tandis que, chez les rongeurs omnivores, ces dents qui ne s’usent pas de même, prennent des racines, el cessent de croître de très bonne heure. Ces différen- ces dans le régime coïncident aussi avec d’autres modifications de l'appareil digestif. Les rongeurs quin’ont pas de racines aux mo- laires et qui ne se nourrissent naturellement que de substances végétales plus ou moins dures, ont, en général, les intestins plus gros, et sont pourvus d'un grand cœcum, tandis que, chez les omnivores, cel appendice n’est que rudimentaire, et les in- teslins sont moins développés. ORDRE DES RONGEURS. 131 Les rongeurs présentent.une autre parlicularité de structure en rapport avec leur mode de mastication ; leur mâchoire infé- rieure, au lieu de s’articuler avec le crâne par un condyle transversal, ainsi que cela se voit chez les carnassiers, y'est uni par un condyle longitudinal, qui ne permet de mouvemens que d'avant en arrière, comme il convient pour Paction de ronger. On remarque aussi que leurs mâchoires sont faibles , et que les arcades zygomaliques sont minces et courbées en bas, au lieu de s’écarter du crâne comme chez les carnassiers, dont les muscles masticateurs acquièrent un grand développement : aussi ces animaux ont-ils en général la tête comprimée latéra- lement: Presque tous sont de petite taille, ét la plupart ne dépas- sent guère en volume les lièvres et les rats. Leur corps est étroit vers les épaules et ordinairement renflé en arrière ; mais ce qu'ils présentent extérieurement de plus remarqua- ble, c’est la disproportion qui se voit ordinairement entre les membres thoraciques et abdominaux. Ces derniers sont en général beaucoup plus longs que le train de devant, de facon que ces animaux sautent plutôt qu’ils ne marchent. Le lièvre nous offre un exemple de cette disproportion qui, chez quelques autres rongeurs (la gerboise) est portée si loin, que Paninal ne se sert plus que des pattes de derrière pour se poser et pour sauter sur le sol (fig. 145, p. 143). Les membres antérieurs présentent en général moins de mo- bilité que chez les mammifères plus élevés. L’avant-bras ne peut presque plus tourner , et les deux os qui le formentsont souvent complètement réunis. Chez plusieurs rongeurs, la clavicule manque ou n’est pas assez longue pour s'étendre du sternum à l'épaule ; mais, chez d’autres, cetos est complet, et conserve ses rapports ordinaires ; chez ces derniers, les membres antérieurs servent quelquefois à grimper ét même à porter les alimens à la bouche. Du reste, sous beaucoup d’autres rapports, ces ani- maux sont bien moins favorisés de la nature que les quadrumanes ou les carnassiers en général. Leur intelligence est fort bornée, et on remarque aussi que leur cerveau est peu développé et pré- sente à peine quelques circonvolutions : néanmoins, C’est parmi les rongeurs qu’on trouve les mammifères dont les facultés in- stinctives sont les plus admirables, ainsi que nous le verrons, en parlant des castors et même des écureuils. 6 403. L'ordre des rongeurs ne se prête que difficilement à de grandes divisions naturelles : il se compose d’un nombre assez considérable de petits groupes, fondés sur des différences dans la disposition des dents, dans la conformation des membres , dans les mœurs, etc.; mais ces tribus ne sont pas liées entre qe Classifica - tion. Classification. 132 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. elles par des caractères assez importans pour autoriser leur dis- iribution en familles. Afin de faciliter l’étude de ces animaux , nous les répartirons , néanmoins , en deux sections principales, suivant qu'ils sont pourvus d’une clavicule bien développée, et servant, comme d'ordinaire, à maintenir l'épaule dans des rap- ports déterminés avec le sternum , ou bien que cet os, devenu trop court pour s’articuler avec le thorax et l’omoplate, ne remplit qu'imparfaitement ses fonctions, ou manque complète- ment : les premiers ont élé appelés RONGEURS CLAVICULÉS, les seconds RONGEURS A CLAVICULES IMPARFAITES. SECTION DES RONGEURS CLAVICULÉS. 6 404. Cette division de l’ordre des rongeurs se compose prin- cipalement de huit tribus assez naturelles, ayant pour types les écureuils, les rats, les gerboises , les campagnols , les hélamys , les chinchilla , les rats-taupes et les castors; groupes que lon peut distinguer à l’aide des caractères suivans : ! [ : | Incisives de longueur ordinai- re, les inférieures très compri- sas mées ; queue large et garnie de | poils. Incisives de longueur ordinai- re, les inférieures pointues ; Dents molai- res simples, MUSEIDES, Dents molai-{ està-dire for-{ queue grêle et ordinairement | res pourvues de 5e seule- | peu ou point garnie de poils. racines el Ces- | nent d’émail et Incisives extrêmement longues sant par con*é- | Y'ivoire. et toujours à découvert, les lè- quentde croître vres étant trop courtes pour les } RarsrTavres. 4 M aussitôtqu'elles | cacher ; queue très courte ou “# HN sont complète- nulle, 8 | ment formées. Dents molai- | Pattes postérieures palnées, > res composées , | cinq doigts partout. l FASTORTENSe e c'est-à-dire for- : o mées de matière É corticale , aussi Pattes "postérieures non pal. 5 bienqued’émail| mées, doigts en nombre va- GERROISPENS. = et d'ivoire. riable. Ë Trois mâchelières partout. | ARVIcOLrEnS. quent de croître pendant toute _la e j Dents molaires dépourvues de racines et continuant par consé- vie, | À Pattes de derriè. re disproportion- nellement longues et armés d'ongles larges et presque semblables à des sabots. HÉLAMYS. Quatre mà. chelières par tout. Doigts de derriè- re, de Ft ordinaire; ongles | petits, ! CHUIACHILLIENS SECTION DES RONGEURS CLAVICULÉS. 133 :: TRIBU DES SCIURIENS. 6 405. L’écureuil de nos bois peut être pris comme type d’un Caractères groupe naturel de rongeurs claviculés formé d’un assez grand généraux. Fig. 138. nombre de petits animaux frugivores, qui ni- chent sur les arbres, et qui sont en général re- marquables par leur légèreté et par la vivacité de leurs mouvemens.On les reconnait à leurs incisi- ves inférieurestrès comprimées, et à leur queue longue et garnie de poils (/g.139). Leur tête est large, les yeux saillans, leurs mâchelières sim- ples et tuberculeuses , au nombre de quatre de chaque côté à la mâchoire inférieure, et de cinq, dontune très petite,située au-devant des autres , à la mâchoire supérieure ({g. 138) ; enfin leurs pattes sont munies de cinq doigts derrière et de quatre devant; quelquefois le pouce de devant se marque par un tubercule. Cette division comprend les ÉCUREUILS, les TAMIAS, les GUER- LINGUETS et les POLATOUCHES; on y rapporte aussi les CHEIROMYS. 6 406. Les ÉCUREUILS (Sciurus) se distinguent au premier abord Fig. 139. ÉCUREUIL COMMUN. par la disposition des poils de la queue, qui sont dirigés de côté, et représentent une sorte de large plume: ils vivent sur les ar- Ecureuiis. Ecureuil commun, 134 ZOOLOGIE DESCRIPTIVYE. bres, y grimpent avec une agilité extrême, et s’y construisent une sorte de bauge, pour s’y reposer et pour y loger leurs petits. Leurs mouvemens sont gracieux, et ils se familiarisent assez promptement avec l’homme, mais sans montrer d’atlachement pour les personnes qui les soignent. 6407. L’ecureuil commun (fig. 139) est le plus joli petit quadru- pède de nos bois; il est répandu dans les parties froides et tem- pérées de l’ancien monde. Son pelage varie suivant les climats : en France, en Allemagne, etc., il est toujours d’un roux plus ou moins vif en dessus et blanc en dessous; mais, dans le nord il devient en hiver d’un beau gris bleuâtre , et donne alors la four- rure connue sous le nom de petit-gris, quand on ne prend que le dos , et de vair, quand on y laisse le blanc du ventre. Sa taille ordinaire est de sept à huit pouces : chacun connait ses formes. I se distingue de la plupart des autres espèces par l’existence d’un bouquet de poils à extrémité des oreilles. Ses mœurs sont assez .Curieuses. Pendant une partie de la journée, il reste caché dans un nid sphérique, qu’il construit avec beaucoup d'art dans les parties les plus élevées des plus grands arbres, el qu’il recouvre d’une espèce de toit conique , destiné à em- pêcher la pluie d’y pénétrer. Cette bauge, faite de mousse et de brins de bois flexibles , est tenue avee une propreté remar- quable ; jamais l’écureuil n’y fait d’ordure. Vers le soir, ces ani- maux sortent de leurs retraites, et prennent leurs ébats. On les voit alors sauter de branche en branche avec une grâce et une agilité extrêmes, et en étalant leur queue sur leur corps , en manière de parachute. À l’aide de leurs ongles, ils grimpent aussi avec une grande facilité: ils sont très timides , et, lors- qu'un objet les inquiète; ils mettent toujours entre eux et lui l'épaisseur de la branche à laquelle ils sont accrochés, ce qui fait qu'on à de la peine à les voir, si on en est aperçu. La grandeur de leur train de derrière en fait des animaux essentiellement grimpeurs, et, lorsqu'ils sont à terre, ils ne vont que par sauts. Ils ne s’engourdissent pas en hiver, et ont l’instinet d’amasser , pendant l'été, les provisions nécessaires à leur subsistance pen- dant la saison froide. Ils se nourrissent de noisettes, de glands, d'amandes, etc., et ont une grande propension à cacher en tout temps les alimens qui leur restent. Le tronc dun arbre creux devient ordinairement leur magasin: ils font plusieurs réserves dans des cachettes différentes, et ils savent très bien les re- connaitre, même sous la neige, qu'ils écartent avec leurs pattes. On assure avoir vu ces petits animaux traverser des rivières, embarqués par troupes sur des morceaux d’écorce, qui leur servaient de radeaux, les gouverner, en opposant au vent. comme une voile, leur large et belle queue. TRIBU DES SCIURIENS. 135 - C’est dans la Sibérie et la Laponie, que ces écureuils donnent les plus belles fourrures. On assure quechaque année, on exporte de la Russie plus de deux millions de peaux de petit-gris. 6 408. L’ecureuil gris de Curoline, dont la fourrure est égale- ment un objet de commerce important, est un peu plus grand que le nôtre, et manque de pinceau aux oreilles. $ 409. Les TAMrAS sont des écureuils qui ont des abajoues, comme les hamsters et les macaques, et qui passent leur vie dans des trous souterrains : on les rencontre en Amérique et en Asie. C’est à ce genre, que se rapporte l’écureuil suisse, qui habite la Sibérie et l'Amérique septentrionale, depuis le détroit de Be- ring jusqu’à la Caroline. 6 410. Les GUERLINGUETS diffèrent des écureuils et des tamias par leur queue, qui est presque ronde. On en trouve dans les deux continens. $ 411. Les POLATOUCHES (P{eormis) se distinguent de tous les précédens par la disposition de la peau des flancs, qui s'étend entre les jambes antérieures et postérieures, de manière à for- mer de chaque côté du corps une sorte de parachute, à laide du- quel l’animal peut se soutenir quelques instans en Pair et faire de très grands sauts. L'espèce la plus commune se trouve en Pologne, en Russie et en Sibérie , et vit solitaire dans les forêts; d’autres habitent le nord de l'Amérique, Archipel indien, etc. $ 412. Les CHEIROMYS ou AYE-AYE sont des animaux très sin- guliers , qui, pendant long-temps, ont été confondus avec les écureuils, mais qui en diffèrent réellement beaucoup, et qui tiennent presque autant des quadrumanes que des rongeurs. Ils ressemblent assez aux écureuils par leur port et par leur queue, qui est longue et épaisse; mais leurs doigts, au nombre de cinq partout, sont longs et grêles, et le pouce de derrière est op- posable, de sorte que ce sont réellement des espèces de pedi- manes, et plusieurs zoologistes les rangent à côté des makis. Leurs dents incisives inférieures sont beaucoup plus compri- mées et surtout plus étendues d'avant en arrière, même que celles des écureuils, et ressemblent à des socs de charrue : ilest aussi à noter qu ils ont partout une molaire de moins que les véritables sciuriens. On ne connait qu’une seule espèce ap- partenant à ce genre bizarre : elle habite l'ile de Madagascar : cest un animal nocturne et qui vit dans des terriers. Son Tarmias. Guüerlinguets. Polatouches Aye-ave. Caracteres généraux, Loirs. 136 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. doigt médian de devant, encore plus long que les autres, lui sert pour porter ses alimens à sa bouche. Sa démarche est pénibleet lente. TRIBU DES MUSÉIDES. $ 413. De toutes les divisions de l’ordre des rongeurs cellequi a pour type les rals et que l’on pourrait appeler la TRIBU DES MUSÉIDES , se rapproche le plus des carnassiers tant par lorgani- Fig. 140. sation que par les mœurs. Les espèces, dont elle se compose ont en général les dents incisives inférieures pointues (VOY. fig. 140), tandis que, chez la plu- part des autres rongeurs, elles sontor- dinairement larges et tranchantes. Or, cette disposition estindicative de goûts plus sanguinaires, et en effet plusieurs muséides mangent de la chair aussi bien que des substances végétales ; quelques-uns même , le rat domesti- que et le surmulot, par exemple , se montrent avides de matières animales de préférence à toutes autres, et, lors- qu'ils sont pressés par la fanm, ils se dévorent entre eux. Ces animaux sont tous de petite ou de moyenne taille. Leurs pattes de devant sont en général terminées par quatre doigts bien développés et par un tubercule qui représente un pouce rudimentaire. Aux pattes postérieures , il existe au contraire cinq doigts. Leur queue est ordinairement grêle, cylindrique et peu garnie de poils : ils ont une clavicule bien développée ; enfin leurs dents molaires sont en général au nombre de trois ou de quatre à chaque mâchoire; elles sont simples quant à leur composition et sont pourvues de racines, mais elles varient quant à leur forme. Les principaux genres dent ce groupe se compose sont les genres marmotte, loir, rat, hamster et gerbille. 6414. Les LorRs (Myoæœus) diffèrent de la plupart des autres muséides par le nombre de leurs dents molaires. On en trouve quatre à l’une et à l’autre mâchoires, et la couronne de ces dents est divisée par des lignes transversales et rentrantes d’émail , sans que Pémail qui les entoure fasse aucun repli dans leur TRIBU DES MUSÉIDES. 137 intérieur (fig. 140). Il est aussi à noter que ce sont les seuls ron- geurs qui manquent de cæcum. À la première vue, ces animaux rappellent quelque chose de la physionomie des écureuils : ils ont le poil doux et épais, la queue velue et même touffue, le museau court et fin, la tête large et le regard vif. Tous leurs doigts , à l'exception du pouce de devant, qui est rudimentaire, sont armés d’ongles aigus et comprimés, et ils grimpent sur les arbres comme les écureuils ; mais ils sont plus bas sur jambes: leurs formes sont plus lourdes, et ils n’ont pas l’agilité de ces animaux. Tous les loirs sont nocturnes et passent la saison froide dans un sômmeil léthargique très profond, roulés en boule au fond de leur terrier et enfouis dans un lit de mousse. Ils se nourrissent principalement de fruits de toutes espèces; mais quelquefois ils mangent aussi les œufsetles jeunes oiseaux, dont ils rencontrent le nid. Pendant la belle saison, ils ont l'instinct d’amasser des provisions de noisettes, de châtaignes, etc., dont ils vivent pendant l'hiver, dans des intervalles de veille , et après que leur engourdissement a cessé. Ilexisteen Europe trois petits rongeurs qui appartiennent au genre des loirs, savoir: le Zoir commun, le leérot et le mus- cardin. Le loir commun est un peu moins grand que le rat, d’un gris cendré en dessus et d’un blanc roussâtre en dessous. Sa queue, bien fournie dans toute sa longueur, ressemble assez à celle d’un écureuil , et ses oreilles sont courtes, presque rondes et un peu plus larges à leur extrémité qu’à leur base. Ce petit animal habite les forêts de l'Europe méridionale et niche dans les creux des arbres ou les fentes des rochers. Sa chair a le goût de celui du cochon d'Inde, et elle était si estimée des Romains, qu’ils élevaient des loirs, et les engraissaient pour leur table, comme nous le faisons des lapins. En Italie, on est encore dans l’habi- tude de les manger. Ils sont rares en France. Le Zérot est un peu moins grand que l'espèce précédente, et sa queue n’est touffue que vers le bout. Son pelage est gris blanc en dessus, blanc en dessous. Il est très commun dansles parties tempérées de l'Europe et occasionne de grands dégâts dans nos vergers; Car il à l’habitude de courir sur les espaliers, et d’enta- mer les meilleurs fruits au moment où ils commencent à mùrir : il attaque les pêches de préférence , et un seul lérot suffit pour perdre toute une récolte.Les cultivateurs le désignent en général sous le nom impropre de loir, et cherchent avec raison à s’en défaire par tous les moyens possibles. Le muscardin est un joli petit animal , de la taille d’une petite souris, roux-Cannelle en dessus, blanc en dessous, qui habite les forêts de toute l’Europe. Il se tient de préférence sur la li- Loir come mup. Lérot. Muscardin. Marmottes. Spermophi- les. 138 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sière des bois, et fait avec de l'herbe et de la mousse, sur les branches basses, un nid, où il élève ses petits. Pendant l'hiver, il se tient dans les trous des arbres. $ 415. Les MARMOTTES (4rctomys) établissent, sous le rapport de la disposition du système dentaire, le passage entre les loirs et les écureuils; car elles ont des mâchelières (/g. 141) tout hé- rissées de pointes , au nombre de cinq en haut, et de quatre en bas ; mais leur forme générale et leurs mœurs les éloignent beau- coup de ces derniers; ce sont des animaux à jambes courtes, Fig.141.(1) à tête large et aplatie, et à quêue velue, mais 7 médiocre ou courte: elles sont tout-à-fait plan- À AN À tigrades; leur démarche est lourde et embar- 2 rassée, et elles courent mal : elles peuvent s’'aplatir de manière à passer par des fentes étroites, et creusent avec facilité des retraites A At a) | + : QC souterraines très profondes , dans lesquelles IE elles passent lhiver en léthargie. QU Eu Une espèce de ce genre, la marmotle des Alpes, TI dis est connue de tout le monde; car les pelits Sa- voyards, qui viennent dans nos villes mendier leur existence, en promènent souvent dans nos rues. Cet animal est à-peu-près de la taille d’un lapin , et son pelage est d’un gris roussâtre avec des teintes cendrées vers la tête. Il habite les Alpes à une hauteur très considérable; son terrier se trouve en général immédiatement au-dessous des neiges perpétuelles, et c’est là que les montagnards vont le chercher pendant l'hiver , lorsqu'il est endormi et roulé dans son lit de foin. En général on trouve plusieurs marmottes dans le même ter- rier qu’elles ont soin de bien garnir de foin, et dont elles bouchent l'entrée avec de la terre à l'approche de la saison froide; elles vivent en société et ne s’éloignent jamais beaucoup de leur retraite: on assure que, lorsque la troupe est dehors, elles placent toujours au sommet d’un rocher voisin une sen- tinelle qui, par un sifflement aigu, avertit ses compagnes de l'approche de quelque danger. Leur peau est employée comme fourrure de bas prix , et les montagnards mangent leur chair. Une autre espèce de marmottes se trouve en Pologne, et il en existe plusieurs en Amérique. Les animaux appelés vulgairement écwrewils de terre et dési- (1) Dents molaires de la mâchoire supérieure d'une marmotte. TRIBU DES MUSEÉIDES. 139 gnés par les zoologistes sous le nom de SPERMOPHILES, sont des espèces de marmottes qui sont pourvues d’abajoues et qui ont les formes plus élégantes. Le souslik de lorient de l’Europe ap- partient à ce genre. $416. Les RATS 'Mus) Se reconnaissent à leurs dents molaires, au nombre de trois partout, dont la couronne est divisée en tuber- cules mousses (f4.142), qui, en s’usant lui donnent la forme d’un Fig. 142. (1) disque échancré ; à leur queue très longue, ronde, écailleuse et presque entièrement dépourvue de poils, et à leurs pieds médiocrement longs, non na- Lan taloires eLterminés par des doigts minces et libres, u! Libé au nombre de cinq en arrière et de quatre, avecun rudiment de pouce, en avant. Ces animaux sont en général d’assez petite taille : leur pelage est or- dinairement dur, leur museau obtus etleurs oreil- les très grandes et peu garnies de poils. Plusieurs se sont attachés à l’homme et transportés partout où 1l s’est établi; du reste, leur instinct n'offre rien de remarquable. Peu d’entre eux font des provisions pour la saison froide, comme beaucoup d’autres rongeurs, et quel- ques-uns se creusent tout au plus des terriers fort simples , peu étendus et sans profondeur $ 417. Parmi les rats qui aujourd’hui hantent en si grand nom- bre nos demeures, il n’en est qu’un qui paraisse être originaire de l'Europe , et qui ait été connu des anciens: c’est la souris. Ce petit animal se trouve quelquefois dans les bois ; mais en général il vit dans une sorte d'intimité avec l’homme, dont il partage les habitations : il a même suivi les Européens partout où ils se sont établis. C’est principalement dans les vieilles maisons que les souris fixent leur domicile; elles se cachent dans des galeries longues et plus ou moins compliquées, qu’elles creusent dans les planchers et les vieilles murailles, dont le plâtre se désaggrège facilement, et elles causent souvent de grands dom- mages, en rongeant le linge, les livres et tout ce qu’elles peuvent atteindre. Elles se nourrissent de substances végétales aussi bien que de matières animales; mais ce sont les corps gras , tels que le suif , le lard et le savon , qu’elles dévorent avec le plus d’ardeur. Elles pullulent beaucoup; les femelles font chaque année plusieurs portées composées chacune de six à huit petits. C’est dans les pays chauds qu’elles se multiplient le plus. Il parait que nulle part elles ne sont aussi incommodes (1) Dents moiaires de la mâchoire supérieure d'un rat, Rats. Souris. Rat noir. Surmulot. Mulot. 140 ZOOLOGIE DESCRIFETIVE qu’en Egypte; mais on les rencontre jusqu’en Islande et en Si- bérie. Elles supportent très bien les hivers les plus rigoureux et ne s’engourdissent pas comme les loirs et les marmottes. 6 418. Le rat BRUT ou rat noër n’était pas connu des an- ciens, et parait n’avoir pénétré en Eur ope que dans le moyen âge. Quelques naturalistes célèbres pensent qu'il est originaire de l'Amérique; mais on ne sait rien de positif à cet Epord La lon- gueur de son corps est d'environ sept pouces et celle de sa queue d’un peu plus. Son pelage est ordinairement d’un cen- dré noirâtre. Jadis il était très commun dans nos villes; mais une autre espèce de rat plus grand et plus fort, que le com- merce maritime des Anglais nous a apporté des grandes Indes, est venu le détruire en grande partie, et le reléguer dans les granges et les habitations rurales, où il devient un véritable fléau par les dommages qu’il occasionne , en rongeant le linge, le cuir des harnais, le lard, le grain , en un mot, tout ce qui tombe sous sa dent. Du reste il se multiplie bien moins que la souris ; Car la femelle ne fait, chaque année, qu’une seule por- tée , composée de cinq à six petits. 6419. L’espèce exotique, qui a dépossédé ainsi le rat noir deses anciens domaines, est le surmulot, dont le corps a ordinairement neuf pouces de long, et dont la queue est proportionnellement plus courte que celle du rat noir. Son pelage est en général d’un brun roussâtre , et les anneaux écailleux, dont sa queue est garnie, sont au nombre d'environ deux cents, tandis que, dans l’espèce précédente , on n’en compte qu'environ cent cin- quante. Ce grand rat, aujourd’hui très multiplié en Europe, a été d’abord transporté de l’Inde et de la Perse en Angleterre, vers l’année 1730; son existence n’a été signalée en France qu’en 1750 ; en 1766, il n’était pasencore parvenu en Russie et en Si- bérie ; mais, peu de temps après , on l’a vu arriver de l’occident sur les bords du Volga , et, à une époque encore plus récente, 1l a été transporté en Amérique et dans les autres colonies euro- péennes où il a prodigieusement pullulé. Les surmulots sont très carnassiers ; ceux, en petit nombre, qui habitent la campagne, attaquent les jeunes animaux , et ceux qui infestent les villes se nourrissent principalement (je charognes. À Paris, ils sont très communs dans les égouts situés près des marchés et des abattoirs, les latrines publiques , les boyauderies , et surtout dans la voierie de Montfaucon, où, vers le soir, on les voit recouvrir en entier les cadavres des che- vaux abattus dans la journée. 6 420. Le mulot, qui ressemble au surmulot par ses couleurs , mais dont la taille est inférieure à celle du rat commun, ne fré- quente pas les habitations de l’homme, comme les trois espèces TRIBU DES MUSEIDES. 141 précédentes , et établit sa demeure dans les forêts. Il se multiplie beaucoup : les portées sont chacune de neuf à dix petits , et se renouvellent plusieurs fois par an. Ces animaux pullulent quelquefois à tel point, qu’ils deviennent pour les cultivateurs un véritable fléau ; car tantôt ils coupent les tiges du blé pour en dévorer quelques grains et gaspiller le reste , et d’autres fois ils retirent de la terre, pour le manger, le gland ou la faine qu’on a semé, ou bien ruinent le jeune plant, en rongeant son écorce. Ils font aussi des provisions de glands, de châtaignes, etc., dans des trous creusés à un pied sous terre. Il existe en Europe quelques autres espèces de rats qui ne présentent rien de très particulier. Aux Indes il s’en trouve une qui est remarquable par sa grande taille : on l'appelle le rat geant. Son corps est long de près d’un pied. Le rat musqué ou pilori des Antilles est encore plus grand et plus nuisible. 6421. Les HAMSTERS (Cricetus) se rapprochent des rats par le Fig. 143. (1) nombre et la forme de leurs dents; mais ils s’en distinguent facilement à leur queue courte et velue, et ils sont remarquables par les sacs ou abajoues, creusés de chaque côté de leur bouche, disbosition que nous avons déjà ren- contrée chez beaucoup de singes de l’ancien continent. Le hamster commun, que l’on désigne quelquefois sous le nom de marmotte d'Allemagne, est très commun depuis le Rhin jus- qu’en Sibérie, et se rencontre quelquefois dans l’Alsace. II est plus grand que le rat commun. Son corps est long d'environ Fig. 144. HAMSTER COMMUN. huit pouces, et son pelage, gris-roussâtre en dessus, est noir en dessous ; avec des taches blanches de chaque côté , sur la gorge. - (r) Dents molaires de la machoire supérieure d’un hamster, déjà usées, Hamster. Gerbities. Caractères généraux. Mérions. 142 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. IL vit solitaire et se nourrit de racines et de loutes les graines cé- réales et farineuses que homme cultive : il peut manger aussi de la chair, et, lorsque la faim le presse, il n’épargne même pas sa propre espèce. C’est un des mammifères les plus nuisibles à l'agriculture , à cause de la quantité de grains qu’il amasse dans son terrier. Celui-ci a toujours une double issue , l’une oblique sert à rejeter au-dehors les déblais de la terre ; l’autre perpen- diculaire est la voie par laquelle animal entre et sort. Ces gale- ries conduisent à un certain nombre d’excavations circulaires qui communiquent ensemble par des conduits horizontaux. L'une de ces cellules, garnie d’un lit d’herbes sèches, est la demeure du hamster; les autres sont destinées à lui servir de magasin pour les provisions qu'il amasse et qu'il transporte dans ses abajoues. Ces poches , qui se prolongent depuis l’angle des lèvres jusqu’au-devant des épaules, peuvent contenir cha- cune une once et demie de blé, et on trouve quelquefois dans le terrier d’un hamster plusieurs boisseaux de provisions amas- sées pendant la saison chaude pour servir aux besoins de lani- mal pendant l'hiver. Dans cette dernière saison, les hamsters restent dans leurs retraites, dont ils bouchent l'ouverture, et on assure qu’ils s’y engourdissent. Il se multiplient beaucoup. La femelle met bas, trois ou quatre fois par an, de dix à douze petits. LL $ 422. Les GERBILLES ressemblent aux rats par la disposition de leur système dentaire; mais elles ont les pieds de derrière plus longs à proportion, et la queue est longue et velue: elles habitent les contrées chaudes et sablonneuses de l’ancien continent. TRIBU DES GERBOISIENS. 0 423. Le petit groupe formé par les gerboises , les mérions et quelques autres rongeurs, a la plus grande analogie avec celui des muséides; de même que chez ces derniers, les incisives inférieures sont pointues , et les molaires sont pourvues de racines ; mais ces dents ont une structure différente : elles se composent de lames garnies d’émail et liées entre elles par de la matière corticale , disposition qui est caractéristique d’un ré- gime herbivore. 6424. Les MERIONS, qui se trouvent en Amérique, ressemblent aux rats et aux gerbilles, mais ont les pattes postérieures encore TRIBU DES GERBOISIENS. 143 plus longues que ces dernières et une petite dent molaire de plus à la mâchoire supérieure. Fig. 145. GERBOISE COMMUNE. $425. Les GERBOISES (Dipus) ont à-peu-près les mêmes dents que les précédens ; mais leur queue est longue et touffue au bout; et leurs pattes postérieures d’une longueur démesurée, en compa- raison de celles de devant, présentent , dans leur ostéologie, des particularités remarquables. On y trouve trois grands doigts, auxquels s'ajoutent, dans quelques espèces , deux petits doigts latéraux ; et, chose singulière, ces doigts si développés ne sont soutenus que par un seul os métatarsien, disposition qui est analogue à ce que nous verrons bientôt chez les oiseaux. Cette dispropor üuon dans les membres donne aux allures des ger- boises un caractère particulier. En effet, ces animaux se dres- sent ordinairement sur leur train de derrière, en s'appuyant sur leur queue , et ne vont guère qu’en sautant: C’est ce qui les à fait nommer par les anciens des rats à deux pieds. Is se creusent des terriers comme les lapins , et se nourrissent de ra- cines et de grains. Leur vie est complètement nocturne, et ils s’engourdissent en hiver. L'espèce la plus commune est le gerboa, qui est de la taille d’un rat et qui est pourvu seulement de trois doigts aux pattes de derrière: 11 se trouve depuis la Barharie jusqu’à la mer Cas- pienne. Gerhoises, Caracteres généraux. Campag uols, 144 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. TRIBU DES ARVICOLIENS. $ 426. La tribu des arvicoliens, composée des CAMPAGNOLS, des LEMMINGS et des ONDATRAS, est extrêmement voisine de celle des muséides, à laquelle Cuvier et beaucoup d’autres zoologistes la réunissent; mais elle est caractérisée par un mode d’organi- sation différent du système dentaire, et elle établit le passage vers lesrongeurs essentiellement herbivores.Les divers rongeurs dont nous nous sommes occupés Jusqu'ici sont tous omnivores et ont Fig. 146. des dents molaires pourvues de racines bien dis- tinctes de la couronne. Chez les arvicoliens, ces organes sont privés de racines proprement dites, ou n’en prennent qu'à un âge assez avancé, et ne se composent que d’une couronne, dont la base continue de croilre à mesure que son extrémité s’use. La forme de leurs dents molaires est égale- ment Caractéristique (/g. 146): elles sont compo- sées chacune de plusieurs prismes triangulaires , placées alternativement sur deux lignes et confon- dus par leur base; enfin on n’y trouve pas, comme chez les rongeurs essentiellement herbivores, une substance corticale remplissant les échancrures formées par les replis de Pémail. On compte trois de ces molai- res de chaque côté et à chaque mâchoire. La forme générale du corps et la disposition des membres sont les mêmes que chez les muséides. Fig. 147. CAMPAGNOLS ORDINAIRE. 6427. Les CAMPAGNOLS (Arwicola) se reconnaissent par leur grosse tête, leurs proportions épaisses, leur queue velue et à-peu- TRIBU DES ARVICOLIENS. 145 près de la longueur du corps, etleurs doigts armés d’ongleslongs, crochus et propres à fouir, sans palmures et en même nombre que chez les rats, c’est-à-dire quatre devant et cinq derrière. Leur pelage est long, épais et moelleux. On en connaît un assez grand nombre d'espèces répandues dans les deux hémisphères. La plus commune est le campagnol ordinaire ou petit rat des champs (fig. 147), que, dans quelques provinces, on nomme aussi, mais improprement , #nulot. Il est de la taille d’une sou- ris, jaune-brun en dessus, blanc sale en dessous. Cet animal, trop bien connu dans les campagnes par les nombreux ravages qu'il y cause, habite toutes les parties de l'Europe, et choisit de préférence les jardins et les champs, où il peut trouver facile- ment des grains : il n’entre pas dans les maisons ni même dans les granges, mais se creuse une demeure souterraine peu pro- fonde , composée de plusieurs cellules en communication entre elles, et ayant diverses issues. En hiver , il,se retire dans les bois. Les femelles mettent bas, au printemps ou en automne, de six à dix petits par portée , et, lorsque les circonstancessont favorables à la multiplication de ces animaux, ils pullulent au point de devenir un véritable fléau. Lorsque les campagnols s’'établissent dans un canton, ils y apportent la famine avec eux. Ces animaux, qu’on voit quelquefois couvrir par légions innombrables de vastes étendues de terrain, sont d’une voracité extrême : ils détruisent la semence que l’on met en terre et celle qui vient de mèrir. Aussitôt que le blé est près d’être re- cueilli, ils le coupent par la racine, vident l’épi, mangent une partie du grain, emportent le reste et continuent ainsi jus- qu'à ce qu'ils aient tout moissonné. Quand ils envahissent un champ de céréales, ils en deviennent les maîtres: on n’a aucun moyen de s’opposer à leurs ravages, et on ne peut tra- vailler utilement à leur destruction qu’à l’époque des labours et des semis. C’est lorsque l'été est sec, qu’ils sont le plus à craindre, heureusement qu'ils ont des ennemis redoutables , et que les pluies de l'automne et surtout la fonte des neiges les dé- truisent en nombre très considérable. Les oiseaux de proie en font un chasse active, et les renards, les chats, les fouines et les belettes leur font une guerre perpétuelle. On peut aussi dresser des chiens à en faire la chasse, et les cultivateurs soi- gneux font suivre la charrue , au second labour d'automne, par des enfans qui, avec un faisceau de baguettes, tuent tous ceux que le soc amène au jour; mais ces causes de destruction ne suffisent pas toujours, et, pour se débarrasser de ces animaux voraces , on empoisonne quelquefois tout le champ qu'on veut préserver, en faisant tremper des grains de blé dans une décoc- tion de noix vomique , d’euphorbe, etc. 10 Campagnol ordinaire. Rat d’eau. Rat fouis- seur. Campagnol des pré:. Lemmings. 146 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Le rat d’eau appartient aussi au genre campagnol : il est d’un gris brun foncé et un peu plus grand que le rat commun, au- quel il ressemble beaucoup : il habite le bord des eaux et creuse des trous peu profonds, parallèles au sol et à plusieurs ouver- tures. Sa nourriture consiste principalement en racines de plan- tes aquatiques. Quand il est surpris, il court se jeter à l’eau; mais il nage et plonge mal. Le schermaus où rat fouisseur des Alsaciens est une espèce de campagnol qui ne diffère que très peu du rat d’eau, auquel il ressemble aussi par ses mœurs. On ne la encore rencontré qu'aux environs de Strasbourg. Le campagnol économe Où campagnol des pres, qui habite toute la Sibérie, etqui paraît se trouver aussi dans la Suisse et le midi de la France, dans les champs où l’on récolte des pommes de terre , est remarquable par l’art avec lequel il construit sa de- meure souterraine et par les émigrations éloignées qu’il fait en troupes nombreuses dans diverses parties du nord de lAsie. Au Kamichatka, on voit chaque printemps ces animaux se rassem-— bler de toutes parts, se réunir en légions et se diriger vers le couchant. Rien ne les arrête dans leur course , ni lacs, ni riviè- res, ni bras de mer. Beaucoup se noiïent; d’autres deviennent la proie des plongeons et des poissons. Vers le milieu de juil- let, ils arrivent sur les bords de lOchotsk et du Joudoma, après une route de plus de vingt-cinq degrés en longitude,etsont encore en sigrandnombre, que chaque colonne, assure-t-on met souvent plus de deux heures à défiler. Au mois d'octobre, ils reviennent au Kamichatka, et leur retour est une fête pour le pays; car escorte de carnassiers à fourrures qui les suit fournit aux ha- bitans de ces contrées arides une chasse abondante, et leur ab- sence prolongée est un présage de pluies et de tempêtes. $ 428. Les LEMMINGS (Georychus) diffèrent des campagnols par la brièveté de leurs oreilles et de leur queue et par la disposition de leurs doigts de devant, qui sont particulièrement propres à fouir. Le Zemming ordinaire, qui habite les bords de la mer Glaciale , est de même que le campagnol économe, remarquable par les migrations, qu’il fait de temps en temps sans époques fixes et en troupes innombrables. Des bandes de lemmings des- cendent quelquefois des montagnes qui les recèlent, marchent en lignes droites par colonnes serrées et dévastent toutsur leur passage : ils ne se bornent pas à dépouiller la surface de la terre, mais la creusent encore pour manger les racines et les grains. Ces animaux sont de la taille d’un rat, et leur pelage est varié de jaune el de noir. TRIBU DES CHINCHILLIENS,. 147 $ 429. Les ONDATRAS (Fiber) sont des campagnols à pieds semi- palmés et à queue comprimée et écailleuse, qui établissent en quelque sorte le passage entre les muséides et les arvicoliens des deux genres précédens; car leurs dents molaires prennent des racines et cessent de croître à un certain âge. On n’en connaît bien qu’une espèce , qui habite le nord de l’Amérique , et qui est connue sous le nom de rat musque du Canada. C’est un animal de la taille d’un lapin, dont le pelage est d’un gris roussâtre ; parses habitudes , il ressemble un peu au castor. En effet, les ondatras construisent , sur les bords des lacs et des rivières , avec de la terre et du jonc, des huttes vodtées, dans lesquelles ils habitent plusieurs ensemble. \ TRIBU DES HÉLAMYS. 6 430. Les HÉLAMYS (Pedetes), appelés vulgairement des Zèvres sauteurs,ressemblent beaucoup aux gerboises par la forme etles proportions de leur corps; mais ils constituent un petit groupe distinct des précédens par la structure de leurs dents. Leurs in- cisives inférieures sont tronquées, et non pointues comme chez les gerboises, les rats, etc. : ils ont partout quatre mâchelières, dépourvues de racines et composées chacune de deux parties el- liptiques, réunies par une de leurs extrémités et séparées dans le reste de leur étendue par une échancrure remplie de matière corticale ; enfin ils ont cinq doigts aux pieds de devant, et seu- lement quatre aux pieds de derrière, disposition qui est préci- sément l'inverse de ce qui existe le plus ordinairement chez les muséides. On ne connaît qu’une espèce d’hélamys, qui est grande comme un lapin, et habite le cap de Bonne-Espérance. TRIBU DES CHINCHILLIENS $431. Les animaux qui forment le type de ce petit groupe four- nissent au commerce des pelleteries une des fourrures les plus élégantes et les plus recherchées; cependant , jusqu’en ces der- niers temps, ils étaient restés presque inconnus des natura- listes. Ils ont des rapports assez intimes avec les muséides, les arvicoliens , les hélamys et les lièvres , mais ne peuvent étre rangés dans aucune de ces tribus. Leurs clavicules sont com- plètes, et leurs dents molaires , au nombre de quatre partout, sont dépourvues de racines et présentent dans leur composition de la matière corticale aussi bien que de livoire et de l'émail. 10. Oadatras. Iélamys. Caractères généraux. Chinchillas. Lagostomes. Lagotis. 148 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. La forme de ces dents est également caractéristique : elles sont composées de deux ou trois lames d'ivoire semblables à un ru- ban, placées parallèlement, garnies chacune par de émail et unies par de la substance corticale seulement; enfin ces ani- maux n’ont point d’incisives accessoires comme les lièvres. On range dans cette division les chinchillas proprement dits, les wiscaches, etc. Tous sont propres à l'Amérique méridio- nale. 6432. Les CHINCHILLAS (Chinchilla) se distinguent par la forme particulière de leurs dents et par le nombre de leurs doigts (qua- tre en arrière el cinq en avant), leur queue médiocre, ete. On n’en connaît bien qu’une espèce , appelée le chinchilla lanigère, qui habite les montagnes du Pérou et du Chili. C’est un animal un peu plus petit que notre lapin de garenne. Sa tête, garnie de longues moustaches, ressemble assez à celle d’un écureuil. Ses oreilles sont grandes; ses pattes sont minces et peu diffé- rentes en longueur ; son pelage d’un beau gris, ondulé de blanc en dessus, et d’un gris très clair en dessous, se compose de poils d’une finesse et d’une douceur extrêmes ; enfin sa queue est noirâtre, surtout vers l’extrémité.Il vit dans des terriers et se nourrit principalement de racines de plantes bulbeuses. On en fait la chasse avec des chiens dressés à les prendre, sans déchi- rer leur robe et en les relançant dans leur terrier. On les trouve surtout aux environs de Coquimbo et de Copiapo, et on envoie leur fourrure à Santiago et à Valparaiso, d’où on les exporte pour l’Europe; mais on en a fait une chasse si active, que, depuis quelque temps, on en voit à peine, et que leur poursuite est momentanément prohibée, afin d’empècher la destruction totale de leur race. 6 433. Les vISCACHES, dont on a formé le genre LAGOSTOME (La- gostomus), n’ont que quatre doigts devant et trois derrière, et ne vivent que dans les plaines: on les rencontre dans presque toutes les parties de l'Amérique méridionale, situées entre le vingt-neuvième et le trente-neuvième degré de latitude aus- trale; mais c’est surtout dans les provinces de Buénos-Ayres , qu’elles sont communes : elles vivent dans desterriers profonds. à une seule ouverture, et se rassemblent par familles dans le voisinage les uns des autres. Leur peau n’est pas employée comme fourrure. 6434. On a donné le nom de LAGOTIS à un troisième genre de chinchilliens , où les doigts sont au nombre de quatre partout. TRIBU DES CASTORIENS. 149 TRIBU DES RONGEURS TALPIFORMES. $ 435. Ce petit groupe se compose des rongeurs essentiellement fouisseurs , qui vivent sous terre, et qui, par leur forme géné- rale, se rapprochent un peu des taupes. La strueture de leurs dents est la même que chez les muséides ; maïs ils sont remar- quables par la grandeur démesurée de leurs incisives infé- rieures. $ 436. Les RATS-TAUPES (Spalax), que l’on peut prendre pour type de cette tribu, sont remarquables par leur corps cylindrique, leur grosse tête, où l’on aperçoit d’abord ni traces d’yeux ni d'oreilles, par la brièveté de leurs jambes et de leur queue, et par leurs dents incisives , qui sont trop longues , pour ètre re- couvertes par les lèvres. Ils vivent sous terre, comme les tau- pes ; mais ils n’ont pas, comme elles, des instrumens puissans pour la diviser : leurs pattes très courtes et divisées en cinq doigts, armés d’ongles fouisseurs, ne sont guère plus robustes que celles des rats , et ces animaux ne se nourrissent que de ra- cines. Le zemni ou rat-taupe aveugle, qui est un peu plus gros que notre rat, habite l'Asie-Mineure et la Russie méridionale. $ 437. Les ORYCTÈRES (Bathiergus), qui ont à-peu-près la même forme générale que les rats-taupes, en diffèrent par leurs dents molaires, qui sont au nombre de quatre partout, tandis que, dans le genre précédent, on n’en compte que trois. Une es- pèce, appelée par Buffon taupe des Dunes, est presque de la taille d’un lapin. TRIBU DES CASTORIENS. $ 438. Les rongeurs qui forment cette petite tribu sont plus ro- bustes que ceux dont l’histoire nous a occupés jusqu'ici. De mème que tous les précédens, ils ont des clavicules complètes; mais ils s’en distinguent par leur mode de vie, essentiellement aquatique, et par la structure de leurs pieds, qui sont tous pourvus de cinq doigts, et dont les postérieurs sont palmés. Leurs inci- Caracteres géuéraux. Rats taupes. Orycteres. Caractères généraux. Castors. 150 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Fig. 148. (1) sives, très vigoureuses sont teintes en jaune, et leurs dents molaires ({g. 148), au nombre de qua- treà chaque mâchoire et de chaque côté, et pour- vues de racines qui, en arrêtent accroissement aussitôt leur entière formation, sont composées de substance corticale aussi bien que d'ivoire et d’émail, et ont l’air d’être faites d’un ruban os- seux,replié sur lui-même.Les animaux qui com- posent cette tribu sont les CASTORS et les COUrA. 6 439. Les CASTORS se distinguent des couia et même de tous les autres rongeurs par leur queue aplatie horizontalement , de forme presque ovale et couverte d’écailles imbriquées comme celles des pois- sons. Ce sont des animaux d’assez forte taille et bas sur jam- bes , dont les formes sont lourdes et ramassées. Leur museau est entouré de poils longs et raides , qui paraissent servir de même que les moustaches des phoques, et de quelques autres animaux, comme d’instrumens de toucher ; leurs yeux sont petits ; leurs oreilles courtes sont disposées de façon à s’a- baisser contre la tête et à fermer le conduit auditif, lorsque l’a- nimal plonge dans l’eau ; leurs narines sont très mobiles et peu- vent également se fermer pour empêcher l'entrée de l’eau dans les fosses nasales ; leurs doigts de devant, courts à proportion de ceux de derrière , sont garnis d'ongles en gouttière et propres à fouir ; les postérieurs , comme nous l'avons dé, à dit, sont pal- més; enfin on trouve, sous la queue de ces animaux, deux grosses glandes, dont les canaux excréteurs aboutissent dans des replis cutanés nommés prépuces, et y versent une sorte de pommade, d’une odeur très forte, qui est employée en méde- cine , sous le nom de castoréum. ILexiste des castors en Europe, en France même, aussi bien qu’en Amérique, et on ne leur trouve aucun caractère physique qui doive les faire considérer comme appartenant à des espèces distinctes. Leurs mœurs , il est vrai, sont loin d’être les mêmes ; mais on peut attribuer ces différences à l’influence de la solitude et du voisinage de l’homme. Le castor du Canada est un animal, dont l'intelligence parait. être assez obtuse; mais il est sans contredit de tous les mammi- fères le plus remarquable par son industrie instinetive. Pendant l'été, il vit solitaire dans des terriers, qu’il se creuse sur le bord des lacs et des fleuves ; mais lorsque la saison des neiges appro- (1) Dents molaires de la mâchoire supérieure du castor. TRIBU DES CASTORIENS,. 151 che, il quitte cette retraite et se réunit à ses semblables, pour construire en commun avec eux sa demeure d'hiver. C’est dans les lieux les plus solitaires de l'Amérique septentrionale, que les caslors ; souvent au nombre de deux ou trois cents par troupe , déploient tout leur instinct architectural. Pour construire leurs nouvelles demeures, ils choisissent un lac ou une rivière assez profonde pour ne jamais geler jusqu’au fond, et préfèrent en général des eaux courantes , afin de s’en servir pour le transport des matériaux nécessaires à leurs constructions. Pour soutenir l'eau à une égale hauteur , ils commencent alors par former une digue en talus: ils lui donnent toujours une forme courbe, doni la convexité est dirigée contre le courant et la construisent de branches entrelacées les unes dans les autres, dont les inter- valles sont remplis de pierres et de limon, et la crépissent ex- térieurement d’un enduit épais et solide. Cette digue, qui a pour l'ordinaire onze à douze pieds de large à sa base, et qui est ren- forcée tous les ans par de nouveaux travaux, se couvre souvent d’une végétation vigoureuse , et finit par se transformer en une sorte de haie. Lorsque la digue est achevée, ou lorsque l’eau étant stagnante, cette barrière n’est pas nécessaire, les castors se séparent en un certain nombre de familles , el s’oc- cupent à construire les huttes qu ‘ils doivent habiter ou à répa- rer celles qui leur ont déjà servi l’année précédente. Ces cabanes sont élevées contre la digue ou sur le bord de l’eau , et sont de forme à-peu-près ovalaire; leur diamètre interne est de six à sept pieds, et leurs parois, construites, comme la digue, avec des branches d’arbres, sont recouv erles des deux côlés d’un induit limoneux. On y trouve deux étages : le supérieur, à sec, est destiné à l'habitation des castors; l’inférieur , sous l’eau, sert de magasins pour les provisions d’écorce;enfin elles ne com- muniquent au-dehors que par une ouverture placée sous l’eau. On a pensé que la queue ovalaire des castors leur servait comme une truelle, pour bâtir ces demeures ; mais il paraît qu'ils n emploient à cel usage que leurs dents et leurs pattes de devant. Avec leurs fortes incisives, ils coupent les branches et même les troncs d'arbres dont ils ont besoin , et c’est dans leur bouche ou avec leurs pattes antérieures, qu'ils traînent ces matériaux. Lorsqu'ils s’établissent sur les bords d’une eau cou- rante ils coupent le bois au-dessus du point où ils veulent con- struire leur demeure, le mettent à flot, et, profitant du cou- rani , le dirigent là où il faut qu'il aborde: c’est également avec leurs pattes qu’ils creusent sur le rivage ou au fond de l’eau la terre qu’ils emploient. Du reste, ces travaux, qui s’exécutent avec une extrême rapidité, ne se font que pendant la nuit. La nourriture principale des castors consiste en écorces d’ar- Myopota- Ines. 152 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. bres , tels que le bouleau , le saule, etc., et en racines de cer- taines plantes aquatiques. Les femelles mettent bas à la fin de l'hiver deux à quatre petits, qui, en deux ans, prennent leur entier accroissement. La durée de leur vie paraît être d'environ quinze ans. Ces animaux habitent tout le nord de l'Amérique , depuis le trentième degré jusqu’au-delà du soixantième de latitude nord. On les rencontre aussi en Sibérie, en Norwège, en Allemagne et même en France (sur les bords du Rhône , du Gardon , etc. ) ; mais ces derniers, que l’on appelle souvent des bèèvres, sont toujours solitaires, et ne construisent pas de huttes. On pense généralement que c’est le voisinage de l’homme, qui les empè- che de suivre leur instinct naturel. Les castors, dont le pelage est ordinairement d’un brun roussâtre uniforme , mais quelquefois d’un beau noir et d’au- tres fois blanc, sont pourvus en très grande abondance d’un duvet grisâtre, moelleux et d’une finesse extrême, qui est caché sous des poils longs et soyeux, etqui, ne se mouillant pas, les protège contre ler oid et l'humidité; mais cette fourrure, qui leur est si utile, devient souvent la cause de leur destruc- tion ; car elle est d’un grand usage dans l’industrie des hommes, et, pour se la procurer, on fait à ces animaux une chasse des plus actives. Les peaux de castors sont en effet l’objet d’un commerce im- portant , on les emploie comme fourrure et pour la fabrication des chapeaux de feutre ; les plus belles sont celles des animaux tués en hiver et dans les parties les plus froides de l'Amérique septentrionale. Une peau fournit environ une livre et un tiers de duvet, qui vaut actuellement en France environ 200 francs la livre. L’importation de ces peaux , en Europe, s’est élevée quel- quefois à environ cent cinquante mille en une seule année. Le castoréum, denrée qui est également fournie par ces ani- maux , est une substance solide , fragile et d’une odeur forte et nauséabonde. On la vend en général renfermée dans la poche, où elle se trouve naturellement. Un castor en fournit environ deux onces. Les femmes de quelques peuplades sauvages s’en servent pour graisser leurs cheveux, et, en Europe, on l’emploie comme médicament. Chaque année, on en importe en France environ douze cents kilogrammes. $ 440. On à donné le nom de courA ou de MYOPOTAME à d’au- tres rongeurs aquatiques, qui ressemblent beaucoup aux castors, si ce n’est que leur queue est ronde et allongée.Cesanimaux, qui vivent dans des terriers , au bord des rivières, dans une grande TRIBU DES PORC-ÉPICS. 153 partie de l'Amérique méridionale , fournissent un duvet qui s ‘emploie en chapellerie comme celui du castor, et leur Frs est aussi un objet important de commerce. SECTION DES RONGEURS A CLAVICULES IMPARFAITES. 6 441. Les rongeurs qui manquent de clavicules, ou chez les- quels ces os sont trop courts pour s'étendre du sternum à l’é- paule , et servir aux usages ordinaires , forment quatre petites tribus naturelles , que lon peut distinguer par les caractères SuiVans : z [les dents molaires pour- | le dos armé de piquans. | ronc-Érrcs. 2 . | vues de racines, point de piquans. | raccas. Se deux petites incisives sup- S € plémentaires derrière les 2 ë deux grandes incisives or- | LÉPUSIENS. © & | les dents molaires dépour- } dinaires de la mächoire su- | » & | vues de racines, périeure. s = point de petites incisives SL supplémentaires ; deux in- | CAVIENS. 5 ù .cisives à chaque mâchoire. TRIBU DES PORC—ÉPICS. $ 442. On désigne sous le nom de porc-epics des rongeurs fa- Caractères ciles à distinguer de tous les autres animaux de cet ordre par les généraux. piquans raides et pointus dont ils sont armés.Ils ont la tête forte, le museau gros et renflé, la langue hérissée d’écailles épineuses , les incisives très fortes, et leurs molaires, au nombre de quatre partout, cylindriques et à couronne plate, marquée de plusieurs enfoncemens , sont composées, comme celles des castors , de lames d’émail , réunies par de la matière corticale. Leurs pieds sont courts et armés d’ongles robustes ; les antérieurs ont quatre doigts; et les postérieurs ordinairement cinq; enfin leur elavi- cule est trop courte pour s’appuyer sur lomoplate , et se trouve suspendue dans les chairs. Ces animaux vivent dans des terriers, et ont beaucoup des habitudes des lapins. On en trouve dans presque toutes les parties du monde; et on les subdivise en porce- epies proprement dits , atherures, rocndous , elc. 154 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Porcsépics. Q 443. Les PORC-ÉPIS PROPREMENT DITS (Hystrix) ont la tête bombée, la queue rudimentaire et tout le dessus du corps armé de longues épines, que l’animal a la faculté de redresser par l’ac- tion de ses muscles sous-cutanés. Le porc-eépic d'Europe se trouve dans le midi de l'Italie et de l'Espagne, ainsi qu’en Barbarie. Il est long d'environ deux pieds ; sa démarche est lourde, et les pi- quans qui couvrent la partie supérieure de son corps, sont gros, très acérés, et fort longs. Sur le dos, on en voit qui ont plus d’un pied de long , etils sont pour la plupart annelés de blanc et de noir. Une crète de longues soies occupe sa tête et sa nuque; enfin sa courte queue est garnie de poils d’une structure des plus sin- gulières : ce sont des Luyaux creux, à parois minces, longs d’envi- ron deux pouces, tronqués à leur extrémité et suspendus à un pédicule flexible , de façon que, lorsque lPanimal les secoue , ils résonnent en se choquant entre eux. Lorsque le porc-épic est 1r- rilé ou effrayé, il redresse tous ses piquans à la manière des hé- rissons ; et ses épines se délachent facilement ; mais c’est à tort qu'on lui à attribué la faculté de les lancer contre ses ennemis. C’est un animal nocturne et solitaire qui, pendant tout le jour , reste caché au fond de son terrier, et qui, pendant lhiver, tombe dans un état d’assoupissement léthargique. On trouve dans les Indes et en Afrique d’autres espèces peu différentes de la précédente. Athérures, (444. Les ATHÉRURES sont des porc-épics, dont le museau n’est EuSe pas renflé, et dont la queue est longue. Les URSONS (Eretisons) diffèrent de tous les précédens par leurs piquans courts et à demi cachés dans le poil. Enfin les COENDOUS (Synetheres) se distinguent par leur longue queue, qui est nue au bout et pré- hensile comme celle des sapajous : ils grimpent sur les arbres et se trouvent en Amérique. TRIBU DES PACCAS. Caractères $ 445. Les paccas et les agoutis, qui, pendant long-lemps, généraux. ont été confondus avec les caviens, ressemblent beaucoup aux porc-épics par la structure de leurs dents molaires; effectivement elles ont une couronne plate et irrégulièrement sillonnée, des racines, et il entre dans leur composition de la matière corticale: on en Compte quatre de chaque côté et à chaque mâchoire. Tous ces animaux Sont propres à l'Amérique. TRIBU DES CAVIENS. 155 ÿ 446. Les AGOUTIS (Chloromys) ontquatre doigts devant et trois derrière; leur tête est petite, et la partie postérieure de leur corps privée de queue, est beaucoup plus élevée et plus forte que antérieure; ils ressemblent un peu aux lièvres, mais sont plus élevés sur jambes et n’ont que des poils gros et longs. On les trouve aux Antilles et dans les parties chaudes de l'Amérique du sud. < 6 447. Les PACCAS (Cælogenys)ressemblent aux agoutis parleurs dents; mais ils ont cinq doigts partout et sont remarquables par la grande largeur de leur face et par les cavités creusées dans l’intérieur de leurs joues, et dont on ignore les usages. On trouve ces animaux dans les mêmes contrées que les précédens , et leur chair est très estimée. TRIBU DES CAVIENS. $ 448. Cette petite division de l’ordre des rongeurs se compose de quelques animaux propres au nouveau continent, qui ressem- Fig. 149. blent beaucoup aux agoutis par l’en- semble de leur organisation et par leurs mœurs, mais qui ont les dents molaires dépourvues de racines et composées d’une espèce de ruban d’émail, dont les replis sontunis par de la matière corticale (fig. 149): ils n’ont aussi que quatre doigts devant, et trois derrière, On y range les cabiais , et les cobayes. $ 449. Les CABIAIS (Hydrochœærus) ont les doigts armés d'ongles larges et réunis par des membranes; mais ce qui les caractérise surtout, c’est la disposition de leurs dents. De chaque côté et à chaque mâchoire, on leur trouve quatre mâchelières sans ra- cines, très longues et composées de nombreuses lames verti- cales, parallèles et transversales, soudées ensemble par beau- coup de substance corticale. On n’en connaît qu’une espèce, qui habite en troupes les bords des rivières de la Guyane et des Amazones. 6 450. Les COBAYES (Cavia Où ænœma) , appelés vulgairement COCHONS D'INDE, ressemblent beaucoup aux cabiais : mais ont les doigts libres. L’espèce la plus commune se trouve dans les bois Agoutis. Paceas. Caractéres généraux. Cabiais. Cobays. 156 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. du Brésil et du Paraguay, et s’est beaucoup multipliée en Eu- rope, où on l'élève dans des maisons, parce qu’on croit que son odeur chasse les rats. TRIBU DES LÉPUSIENS. . Caractères (6 451. Les lièvres et les autres rongeurs qui forment avec eux g“teratxe le pelit groupe dont nous faisons ici l’histoire, ont, dans la dis- Fig. 150. position de leur système dentaire, un caractère fort remarquable. CNT Leurs incisives, au lieu d’être au x nombre de deux, comme d'ordinaire _ Ka DR chez les rongeurs , sont au nombre de quatre (1), et ces quatre dents, au lieu d’être rangées sur une même ligne transversale , sont placées sur deux files : derrière chaque incisive ordinaire, il s’en trouve une autre plus petite (#9. 150). Leurs incisives inférieures ne présentent rien de remarquable. Leurs molaires (/g. 151) sont sans racines F'y. 151. et armées chacune de deux lames verticales sou- dées ensemble par de la matière corticale. On en compte cinq à la mâchoire inférieure ; mais , à la mâchoire supérieure , on en trouve une sixième , qui est très petite. Une autre particularité de leur organisation est d’avoir l’intérieur de la bouche et le dessous des pieds garnis de poils comme le reste du corps. Ils ont cinq doigts devant et quatre derrière, les membres antérieurs plus gré- les et plus courts que les postérieurs, la queue courte, la lèvre supérieure entièrement fendue sur la ligne médiane, et les yeux grands et laté- raux ; enfin leur canal alimentaire est très déve- loppé, et leur cæœcum surtout dont l’intérieur est divisé par un repli valvulai que leur esto Ce groupe LAGOMYS. re, disposé en spirale, est cinq à six fois aussi grand mac. se compose de deux genres: les LIÈVRES et les (1) Dans le jeune âge, les iucisives sont même triples. TRIBU DES LÉPUSIENS. 157 | $ 452. Le genre des LIÈVRES (Lepus) est caractérisé par des oreil- ni les longues, une queue courte, les pieds de derrière beaucoup plus longs que ceux de devant, et des clavicules très imparfai- tes. Toutes les espèces dont il se compose se ressemblent extré- mement : leur pelage est très fourni et toujours d’un gris rous- sâtre tiqueté, la queue , et en général tout le corps, à l'exception de la gorge, blancs en dessous, et les oreilles noires à leur ex- trémité. Ces animaux sont nocturnes ou du moins crépusculaires. Tout le monde connaît leur grande agilité, leur timidité et leur extrême fécondité. Leur marche consiste en une suite de sauts. Ils se nourissent d'herbes et d’autres substances végé- tales , et la nature de leurs alimens influe beaucoup sur le goût de leur chair ; du reste , leur manière de vivre varie suivant les espèces. On en trouve dans les deux hémisphères. Le lièvre commun , qui est ordinairement d’un gris jaunâtre, Lièvrecom- se distingue par ses oreilles plus longues que la tête dun ”"?” dixième, et par sa queue, qui est de la longueur de la cuisse, et blanche, avec une ligne noire en dessus. Il se trouve dans presque toutes les parties de l’Europe, et vit solitaire, tandis que le lapin vittoujours en société avec ses semblables, et c’est peut-être à ce défaut de sociabilité , que le lièvre doit la liberté qu'il conserve partout , tandis que ce dernier est réduit depuis long-temps à l’état de domesticité. Une autre différence assez grande dans les mœurs de ces animaux, c’est que le lièvre ne creuse point de terrier, mais se contente d’un gîte, dont il change la position suivant les saisons. Le poil de cet animal est très utile, et sa chair, qui est noirâtre, est fort estimée. La poursuite du lièvre est en même temps un objet d’amusement et un exercice salutaire pour les habitans oisifs des campagnes : aussi en fait-on de tous côtés une chasse active, et, sion ne connaissait sa grande fécondité , on s’étonnerait de ne pas voir l’espèce disparaître de nos forèts. Lorsqu'un lièvre est lancé et poursuivi par les chiens, il fuit d’abord en ligne droite, mais ensuite tourne et retourne sur ses pas. En général, il ne s'éloigne pas beaucoup de son gîte, et quelquefois il a recours à différentes ruses pour se soustraire à ses ennemis. On donne le nom de Zevre variable à une espèce un peu plus Lièvre va- grande que la nôtre, qui s’en distingue par ses oreilles et sa itble: queue un peu plus courte , et qui se trouve dans le nord et dans les hautes montagnes du midi de l'Europe. Le lapin commun est au contraire un peu moins grand que Lapin. notre lièvre; mais ce qui le distingue surtout , ce sont ses oreilles plus courtes que sa tête , et sa queue moins longue que sa cuisse, À lPétat sauvage, son pelage est ordinairement d’un 158 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. gris jaunâtre en dessus et blanc en dessous; mais, dans l’état de domesticité, ses couleurs varient beaucoup. On le croit origi- naire d’Espagne ; cependant il est répandu en abondance dans toutes les parties de l'Europe. Sa chair est blanche ettrès diffé- rente de celle des lièvres, dont il s’éloigne aussi beaucoup par ses mœurs. Sa fécondité est encore plus grande et s’accroit par l'état de domesticité. Lorsque des lapins s’établissent dans un pays qui leur convient, et qu’ils ne sont pas trop inquiétés par les furets, par les chiens et par l’homme, ils pullulent si prodigieu- sement, que la terre peut à peine suflire à leur subsistance. Ils vivent par paires dans des terriers profonds, qui les mettent à l'abri de la plupart de leurs ennemis. A l’âge de cinq à six mois ils sont déjà aptes à reproduire ; la gestation dure trente jours, et chaque portée se compose de cinq, six, sept, ou même un plus grand nombre de petits. Quelques jours avant de mettre bas, la femelle se creuse un nouveau terrier en zigzag, au fond duquel elle pratique une excavation, où elle dresse, avec du duvet arraché de dessous son venire, une espèce de lit pour ses petits. Ceux-ci sont allaités par leur mère pendant environ deux mois, et ne sortent de leur demeure souterraine que lorsqu'ils sont assez forts et tout-à-fait en état de se suffire à eux-mêmes : ils se creusent alors, dans le voisinage du lieu de leur naissance, un terrier et s’y établissent. La durée de leur vie paraît être de huit à neuf ans. Les pays étrangers fournissent plusieurs autres espèces du genre lièvre, qui se rapprochent beaucoup de notre lapin. La fourrure de ces divers animaux est employée comme pelle- terie; mais c’est surtout dans la fabrication des chapeaux de feutre qu’on fait un grand usage de leurs poils. Le duvet, qui se trouve en grande abondance sous les poils longs et soyeux dont tout leur corps est recouvert, a, de même que le duvet du castor et de beaucoup d’autres mammifères, la propriété de se mêler et de se pelotonner si solidement, lorsqu'on le foule que, par ce moyen, on en forme de véritables tissus, ayant une consistance très grande, et pouvant s’adapter à divers usages. Le poil de lapin ne sert que pour le feutre le plus commun ; celui du lièvre donne des produits beaucoup plus beaux, surtout quand il provient d’un animal habitant les pays froids. Nos cha- peliers tirent les peaux de lièvres nécessaires à leur industrie des différentes parties de la France (surtout la Bourgogne, l'Au- vergne el la Bretagne), de l'Allemagne et de la Russie. Cent peaux de lièvres du pays donnent en général environ huit livres de du- vet, tandis que le même nombre de peaux de Russie en fournit de quatorze à seize livres, et ce dernier poil vaut jusqu’à 34 fr. la livre, tandis que celui des lièvres du pays(première qualité) TRIBU DES LÉPUSIENS. 159 ne se vend que 28 francs. Le jar qu’on arrache des peaux , avant que de couper le duvet, qui seul s'emploie en chapellerie , wa presque aucune valeur: on s’en sert quelquefois comme de bourre ; enfin les peaux dépouillées de tous leurs poils, s’uti- lisent pour la fabrication de la colle-forte (1). La quantité de duvet nécessaire pour la confection d’un chapeau de feutre or- dinaire est d’environ quatre onces. (2) (1) La substante de la peau est naturellement insoluble dans l’eau; mais, si on la fait bouillir long-temps avec ce liquide, elle se ramolht, se dissout et se transforme en un produit particulier , appelé gélatine , laquelle possède la pro- priété de se prendre par le refroidissement, en une gelée plus ou moins solide. Il en est de même des tendons et de divers autres tissus de l’économie animale, et la gélatine, ainsi obtenue, constitue la colle-forte. C’est principalement avec les peaux de lapin que l’on fabrique la colle-blanchâtre et de consistance géla- tineuse , dont on se sert pour la peinture à la détrempe. (2) La fabrication des chapeaux de feutre est assez simple et se compose de trois séries d'opérations, savoir : le coupage et la préparation du poil , le fou- lage et le dressage. Des femmes sont en général employées à la première partie de ce travail: elles arrachent d’abord le jar qui recouvre le duvet et passent les peaux ainsi préparées à un ouvrier chargé d’enduire le duvet d’un liquide, ap- pelé secret, et composé de mercure ( ou vif argent ) dissous dans de l'acide ni- trique affaibli. Cette opération a pour objet d'augmenter la propriété fentrante des poils. Lorsqu'elle est terminée, on sèche les peaux dans une étuve chaude, et on les rend aux coupeuses de poils , qui, munies d’un instrument tranchant d’une forme particulière, détachent le duvet du dos et des flancs de la peau. Les poils, ainsi préparés sont livrés au chapelier, qui procède au feutrage. Pour cela , il place sur une table la quantité de duvet convenable pour la fabrication d’un chapeau, et commence son travail par l'opération dite de l’erconage : il se munit d’une espèce d’archet extrêmement grand, qui est suspendu au pla- fond, en passe la corde au milieu du tas de poils et la fait vibrer. Par ce moyen, il projette en l’air tous les filamens déliés qui constituent le duvet, les sépare et ies mêle dans tous les sens. La masse légère, ainsi obtenue, est ensuite éta- lée sur une toile ou un cuir et pressée en divers sens. Par ce travail, appelé bastinage, les poils se mélent de plus en plus et commencent à se feutrer. Lors- qu’il est terminé, on obtient une espèce de grande galette peu consistante, nommée capade, que l’on foule ensuite, en ayant soin de la plonger de temps en temps dans un bain chaud, aiguisé par de l'acide sulfurique. Ce foulage se fait sur une table inclinée, placée au bord de la cuve, et s’effectue à l’aide de la main, d’une roulette de bois ou d’une brosse. À mesure que le poil se feutre, la capade se resserre de plus en plus, et, en foulant dans un certain sens plus que dans les autres, on lui fait perdre sa forme discoïde, pour lui donner celle d’une cloche. En général, on prépare d’abord , avec des poils très communs, le fona du chapeau (ou galette) et ensuite on le dore, c’est-à-dire qu’on y incorpore, par sa surface, une couche de poils plus fins , que l’on foule beaucoup moins, de façon qu'ils restent en partie libres, et constituent une couche de duvet velue, appelée par les chapeliers 4 plume. Pour la dorure, on emploie communément environ une once de beau poil de lièvre de Russie non sécrété. La moitié de cette quantité de poils de castor couvre autant et donne de bien plus beaux Lagomys. Pelleteries. 160 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 453. Les LAGOMYS forment un genre très voisin des lièvres, mais qui s’en distingue par les oreilles beaucoup plus petites, les jambes peu différentes entre elles, l'absence d’une queue et l'existence de clavicules presque parfaites. On n’en à encore irouvé qu’en Sibérie. Le pika ou Lagomys alpin, qui est de la taille de nos cochons d'Inde, vit dans des terriers ou dans des fentes de rochers , au milieu des montagnes les plus élevées , et rend quelquefois ; quoique d’une manière indirecte , d’assez grands services aux chasseurs de zibelines. En effet, vers lPau- tomne, les lagomys font sécher avec beaucoup de soin, pour leurs provisions d'hiver , de l'herbe et des feuilles, qu'ils entas- sent ensuite dans des rochers ou dans des troncs d'arbres. Les tas qu’ils font ainsi ont souvent quatre ou cinq pieds de haut sur plus de huit pieds de large, et, lorsque les chasseurs les dé- couvrent, ils en profitent pour la nourriture de leurs chevaux. 6 454. Les animaux dont la dépouille est employée comme FOURRURE appartiennent presque exclusivement aux deux or- dres que nous venons d'étudier: aussi, avant que de passer à l’histoire des autres mammifères, croyons-nous devoir ajouter quelques lignes sur le commerce des pelleteries. Ce que l’on recherche le plus dans les fourrures, ©’est la fi- nesse, l'abondance, le moelleux et le brillant du poil; or, d’après ce que nous avons dit ailleurs de l'influence des saisons et du climat sur l'enveloppe tégumentaire des mammifères, on peut prévoir que ce doit être dans les pays les plus glacés , dans les montagnes et surtout pendant l'hiver, que l’on doit trouver les plus belles pelleteries, et en effet c’est du nord que nous les ürons presque toutes. La France et les pays voisins fournissent bien quelques fourrures, connues dans le commerce sous le produits ; mais, à raison de son prix élevé, on ne s’en sert guère que mêlé au poil de lièvre. Enfin, pour terminer la fabrication du chapeau, on ramollit le feutre à la vapeur, et on le dresse sur des formes en bois; puis on le teint et on encolle sa surface intérieure , pour lui donner plus de consistance. Cette indus- trie s’exerce sur presque tous les points de la France ; mais c’est surtout à Paris et à Lyon, qu’elle a une grande importance. On comptait, il ÿ a quelques an- nées , en France, euviron onze cents fabriques de chapelleries, dans lesquelles à-peu-près dix-sept mille ouvriers trouvaient de l’occupation, et l’on évaluait à plus de 19 millions leur produit annuel; mais, depuis quelques années, cette branche d'industrie à perdu une grande partie de son importance par suite de l'usage général des chapeaux de soie. LELLETERIES. 161 nom de sauvagrines ; mais C’est principalement dans la Sibérie et dans la partie la plus septentrionale de l'Amérique , que le com- merce des pelleteries devient réellement important. Les forêts qui s'étendent dans le nord-est de l'Amérique, de- puis les grands lacs du Canäda jusqu’à la baie d'Hudson et au détroit de Baring , sont peuplées par un nombre immense d’ani- maux à pelleteries précieuses, dont la chasse est la principale, sinon l’unique ressource des Indiens, à moitié sauvages , qui errent dans ces vastes solitudes , et ces pays, que la civilisation n’a pas encore envahis, fournissent ainsi au commerce des Eu- ropéens de grandes richesses; car c’est en échange de nos pro- duits manufacturés que les négocians obtiennent des indigènes les dépouilles, qu’ils revendent ensuite à grand prix sur nos marchés. La baie d'Hudson et le Canada sont les deux entrepôts des pelleteries de l'Amérique du nord , et c’est par cette dernière voie que l’Europe en reçoit la plus grande quantité. Chaque année, vers le mois de mai, les agens d’une compa- gnie établie à Montréal se rendent dans les pays des Indiens chasseurs , emportant avec eux des objets grossiers d’habille- ment, des armes, des munitions , des outils, du tabac, des liqueurs spiritueuses , et d’autres denrées propres à leur tra- fic : ils sembarquent, pour ce long et pénible voyage, sur des canots à fond plat d’une légèreté extrême, remontent la rivière Ottawa , gagnent le lac Nipissing , et par la rivière Française , entrent dans le lac Huron, passent les chutes de Sainte-Marie et traversant le lac Supérieur, arrivent à l’établis- sement appelé Grand-Portage. Pendant cette longue route , ils ont souvent été obligés de décharger leur canot et de porter les marchandises disposées, à cet effet, en paquets du poids d'environ quatre-vingts livres, jusqu’à ce que la profondeur de l’eau redevienne suffisante pour leur navigation; d’autres fois ils sont même forcés de transporter par terre et à dos d'homme, le canot , aussi bien que le chargement ; mais, comme nous le verrons bientôt, des obstacles plus grands encore s’op- posent au voyage du lac Supérieur vers le nord-est. Au Grand- Portage, les négocians rencontrent les agens appelés coureurs des bois, qui passent toute l’année dans ces contrées et qui parcourent le pays, pour trafiquer avecles Indiens: ils reçoivent d'eux les fourrures, objets de leur expédition, et, après avoir réglé les affaires de la compagnie, ceux qui ne doivent pas sé- Journer dans le pays, retournent vers Montréal, où ils arrivent en septembre. Pour pénétrer plus avant dans l’intérieur, les aventuriers demeurés sur les bords du lac Supérieur, con- struisent de nouveaux canots, de moitié plus petits que les pré- cédens et devant être montés par quatre ou six hommes. On 11 Pelleteries d'Amérique. 162 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. charge chaque canot d'environ trente-trois paquets de mar- chandises et de deux paquets de provisions, et on confie à un seul pilote la direction de quatre de ces embarcations. L’expé- dition part de la rivière Autort, sur le côté nord du Grand-Por- tage , traverse une série de pelits lacs et de rivières , dont la na- vigation est interrompue par des portages (1), et arrive dans les eaux profondes du grand lac Winnipeg, qui communique avec la baie d'Hudson par les fleuves de Barens ou de Severn et de Bourbon ou Nelson , et conduit vers le nord et l’ouest par les rivières du Dauphin , du Daim Rouge et Saskashavan , sur les bords desquels on a construit plusieurs petits forts, destinés à protéger le commerce des pelleteries. En remontant le Saskasha- van, la flottille traverse un pays riche en castors et en d’autres animaux à fourrures recherchées , etelle gagne par une rivière affluente le lac de PEsturgeon : elle continue ensuite sa route à travers divers lacs et portages jusqu’à la rivière de Churchill , qui la conduit au lac de lOurs , d’où elle passe par une nouvelle série de lacs et par la rivière de l'Elan jusqu’au lacdes Montagnes, appelé aussi Atapeskow, où elle trouve un nouveau lieu de re- pos, le fort Chipaways. De là des détachemens remontent la rivière de la Paix, pour aller trafiquer avec les Indiens des montagnes Rocheuses ; d’autres se rendent au lac Esclavon par la rivière du même nom, tandis que d’autres encore restent au fort, pour y rencontrer les Indiens Chipaways, qui viennent y apporter les produits de leur chasse. Les agens voyageurs et les coureurs des bois de la compagnie de Montréal pénètrent quelquefois jus- qu'à l'Océan Pacifique , et on leur doit même une grande partie de ce que l’on sait sur la géographie des vastes solitudes qu’ils ont ainsi explorées. La principale rivière qui traverse le pays des Esquimaux, pour se jeter dans l'Océan Arctique, bien au- delà du cercle polaire, porte même le nom d’un de ces négocians, Makenzie, qui, pour étendrela sphère des relations commerciales de la compagnie, fit, dans les parties les plus reculées du nord- ouest de l’Amérique, deux voyages d'exploration , riches en dé- couvertes géographiques. Les pelleteries forment une des branches les plus importantes du commerce du Canada; elles ne le cèdent qu'aux grains et au bois. Pour fixer les idées à ce sujet, nous dirons qu’en 1805, la dernière année pour laquelle nous possédions des documens au- thentiques , la valeur des fourrures exportées pour l’Angleterre était estimée à plus de six millions et demi, et que des quantités très considérables s’en expédient aussi, chaque année pour les Etats-Unis. (1) On appelle partages les endroits où la navigation est interrompue. PELLETERIES. 163 En 1808 on importa en Angleterre, du Canada, 95,000 peaux de castors, 123,000 peaux de ratons, 10,000 de martes, 7,000 de loutres , 9,000 de minks, &,700 de chats, 3,900 de gloutons vol- verenne , eic. Le commerce des pelleteries, qui se fait par la voie de la baie d'Hudson, est exploité par une compagnie Anglaise, qui en a eu le privilège dès l’année 1670, et qui a établi, sur cette côte glacée, plusieurs comptoirs décorés du nom de forts. Jadis les Indiens apportaient , chaque été, à ces entrepôts, le fruit de leur chasse, que, pour cette raison , ils interrompaient pendant cette saison. Mais la concurrence des négocians du Canada a forcé ceux de la baie d'Hudson à battre le pays comme ces derniers, et il en est résulté que les Indiens, n'ayant plus à se déplacer pour vendre leurs fourrures, chassent maintenant en été aussi bien qu’en hiver, et détruisent ainsi une quantité si immense d'animaux , précisément dans la saison de la repro- duction, que plusieurs de ceux-ci deviennent de plus en plus rares , et que le commerce des pelleteries tend à perdre de son importance. Ainsi, en 1794, le nombre des peaux de castors, expédiées de ces parages pour lAngleterre, s’éleva à plus de 56,000, tandis qu’en 1808, il n’était plus quede 34,000. A cette dernière époque , on recevait annuellement, par la même voie, plus de 5,000 peaux de raton, et aujourd’hui ce nombre n’atteint pas 200 ; néanmoins la quantité de pelleteries que la compagnie de la baie d'Hudson verse dans le commerce, ne laisse pas que d’être encore très considérable. Pendant les cinq années qui vien- nent de s’écouler (1827 à 1832), elle a vendu, termemoyen, chaque année, plus de 134,000 peaux, dont environ 77,000 de martre, 14,000 de mink, 16,000 de putois de rivière , 7,500 de loutre, 600 de glouton volverenne, 2,500 d'ours, 4,500 de renards d’espèces diverses, 20,000 de chat et 2,700 de lapin, auxquelles il faut ajouter quelques peaux d’écureuil, d'hermine , de castor, etc. Les négocians des États-Unis se livrent aussi au commerce des pelleteries: depuis quelques années, ils ont établi, à ceteffet, un comptoir à l'embouchure de la rivière Colombia, et ils font, pour la Chine , des envois considérables de fourrures de castor, de loutre de mer , de loutre de rivière , etc. Enfin, nous ajouterons aussi que l’on exporte de l'Amérique du sud, quelques fourrures , telle que le chinchilla et le couia. L’ancien monde, qui fournit à la consommation des pellete- ries, depuis bien plus long-temps que l'Amérique, et qui ren- ferme moins de ces immenses forêts, refuge des animaux que le chasseur poursuit, n’abonde pas autant en rongeurs et en petits carnassiers recherchés pour leurs fourrures; mais cependantla branche de commerce dont nous nous occupons 11. Pelleteries de la Sibérie. 164 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ici ne laisse pas d’être encore très considérable dans la portion asiatique de l'empire russe. Au Kamtschatka et dans diverses par- ties de la Sibérie, la chasse de ces animaux, est, pour ainsi dire, l'unique moyen d’existence de presque toute la population, dont les impôts même se paient avec des fourrures. Dans les terrains marécageux qui bordent le Volga, on trouve déjà beaucoup de blaireaux, d’hermines, de loutres, etc. Le pays des Kirghiz fournit aussi des renards, des loups, et, dans les montagnes, on trouve des zibelines, des gloutons, etc. ; mais C’est à mesure que l’on s’avance davantage vers l’ouest que l’on rencontre les plus belles fourrures : ainsi ies zibelines les moins estimées, sont celles que l’on prend le long de la rivière Oby, celles qui se trouvent auprès de l’Ienissei sont d’une qualité un peu meil- leure, mais les plus belles sont celles qui se trouvent dans les monts Altai, qui avoisinent le lac Baiïkal, et dans la vaste éten- due de pays qu’arrose le Léna. Le long de ce fleuve, les bois sont remplis d’écureuils, et dans le Kamischatka , mais surtout sur les iles Aleutiennes, on trouve, non-seulement des renards, des zibelines, des hermines, etc., mais aussi des loutres de mer, que les Russes appellent quelquefois des castors de mer. Une partie des pelleteries exportées par les Ruses est dirigée sur la Chine , principalement les peaux de loutre de mer, que les marchands vont chercher jusque sur la côte nord-ouest de l'Amérique ; les cargaisons sont débarquées à Okholok, et trans- portées jusqu'à Krakhta, situé sur la frontière chinoise, près du lac Baikal. Les entrepôts des pelleteries destinées à la con- sommation de l’intérieur de la Russie, et au commerce de l'Eu- rope , sont à Orembourg et à Archangel; on y vend principale- ment des peaux d'ours, de petit-gris, de zibelines, de renard noir, de renard argenté et de renard bleu. C’est à Londres, pour les pelleteries d'Amérique, à Leipsig et à Francfort pour celles de Russie, que nos marchands vont chaque année s’approvisionner. Ces foires se tiennent à Pâques et à la Saint-Michel (fin de septembre). Pour fixer davantage les idées sur limportance du commerce des pelleteries, nous au- rions voulu donner le chiffre annuel des ventes effectuées sur ces grands marchés ; mais nous n'avons pu nous le procurer que pour la première de ces villes , qui, du reste, est celle où cette branche de commerce a pris Le plus d'extension. Dans les quatre années qui viennent de s’écouler (1828 à 1832), on a vendu à Londres, lerme moyen, près de 500,000 pelleteries , dont en- viron : Marirezu .: :: 41140000 Putois de rivière. . 6,000 MAR ut. 0 +, 59100 Hermine. . . . . 6,000 PELLETERIES. 165 outre". tn 000 Loups6:d 0h44 0: 500 Ratont Nr ro 0 00 Chats sa rs 50 0 0 Glouton volverenne. 600 Ecureuil 4 1) Mt 000 Ours’. MEET; 000 Chinchilla . . . . 18,000 Renards de diverses Lapins et lièvres . . 18,000 espèces . . . . 80,000 Nous recevons aussi quelques fourrures de la partie du sud de l'empire russe, par la voie de Marseille ; et celles qui proviennent de l'Amérique méridionale nous arrivent principalement par le Havre et Bordeaux. On estime à quatre ou cinq millions la va- leur des pelleteries importées annuellement en France. Enfin, les pelleteries du pays, ou sauvagins, consistent en peaux de renard commun , de fouine, de putois, de loutre de rivière, de chats et de lapins. On les tire surtout des Pyrénées, des Vosges , de l'Auvergne et de la Lorraine. La Normandie fait un commerce assez grand de peaux de lapins. L’exportation des peaux non apprêtées est prohibée par nos lois de douane, mais se fait beaucoup par contrebande; c’est ainsi qu’on envoie, en Angleterre et en Allemagne, des quantités considérables de peaux de lapins destinées à la chapellerie. Les peaux de chats, après avoir élé confectionnées , s’expédient principalement pour l'Amérique ; les autres fourrures exportées se vendent à la foire de Leipsig. Les préparations que l’on fait subir aux fourrures, pour les approprier à nos besoins, sont peu compliquées. Pour les peaux auxquelles on conserve leur couleur naturelle , on exécute deux séries d'opérations; la première appelée le travail des peaux, consisie surtout à les bien écharner , à les enduire de graisse du côté de la chair, à les fouler ensuite avec les pieds dans un ton- neau défoncé , puis à les étendre, à les écharner de nouveau, et à les assouplir en les frottant avec force, du côté de la chair, sur une Lige de fer ou sur une corde tendue. La seconde série d’opé- ralions se compose du dégraissage, qui s'effectue sur les peaux préalablement travaillées avec du plâtre en poudre, ou du sable chaud , ou de la sciure de bois, en les faisant tourner dans un tonneau placé sur un axe, et hérissé de chevilles à son intérieur ; eufin on les bat, et, si c’est nécessaire, on les assouplit de nou- veau, en les frottant, comme dans le premier travail, sur un fer implanté dans le mur, ou sur une corde tendue. Souvent on donne aussi aux pelleteries des couleurs artifi- cielles, soit pour les rendre plus uniformes et plus belles ; soit pour imiter des fourrures plus précieuses. Celte espèce de tein- ture est connue, dans Pindustrie , sous le nom de /ustrage, et se fait, en général par l'application successive de diverses couches de matière tinctoriale, à l’aide d’une brosse plutôt que par im- Sauvagines 166 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, mersion, car ce procédé permet d’imiter mieux la nature , en donnant des teintes différentes à la portion basilaire du poil et à sa pointe. C’est surtout à Paris et à Lyon que le lusirage des pelleteries est porté à un haut degré de perfection. ORDRE DES ÉDENTÉS. $ 455. Les mammifères monodelphes qui composent cet ordre, ont pour caractère principal, l'absence de dents sur le devant de la bouche (fg. 152); ils ont des ongles très gros, qui embrassent Fig. 152. l'extrémité des doigts, et qui se rapprochent un peu de la nature des sabots; en général ils ont aussi, dans leursmouvemens, une cer- taine lenteur occasionée par des dispositions de leurs membres , faciles à apercevoir. Ce groupe est peu nombreux, et doitse composer seulement de deux familles (1) SaVOIr : 1° Les TARDIGRADES, qui ont la face très courte ; 2° Les ÉDENTÉS ORPINAIRES , dont le museau est long et pointu. FAMILLE DES ÉDENTÉS TARDIGRADES. $ 456. Les tardigrades, qui doivent leur nom à la lenteur de leurs mouvemens, ne forment qu’un seul genre, appelé, pour la même raison, celui des paresseux. ; Ces animaux ressemblent un peu à des singes difformes et en- gourdis, et ils ont dans tout leur être quelque chose de si dis- Paresseux. (1) Dans la classification de Cuvier, suivie dans la premiere édition de cet ou- vrage, l’ordre des Édentés comprend une troisième famille , celle des Monothrè- mes; mais d’après les connaissances que l’on possède maintenant sur l'anatomie et la physiologie de ces derniers animaux , il est évident que ce rapprochement n’est pas naturel, et que des Monothrèmes doivent prendre place à la suite des Marsupiaux, dans une division particulière de la classe des Mammifères. FAMILLE DES ÉDENTÉS TARTIGRADES. 167 proportionné el de si bizarre, qu'au premier abord on les pren- drait pour le produit de quelque jeu fantastique de la nature ; mais lorsqu'on étudie mieux ces anomalies, on voit qu’elles ont leur utilité, et qu’elles tendent toutes , quelque grotesques qu’elles paraissent, à adapter les organes de l'animal aux usages auxquels son genre de vie les destine. Fiy. 153. L’AÏ, OU PARESSEUX A TROIS DOIGTS. Lorsqu'ils sont à terre, rien en effet n’est plus gauche, plus disgracieux et plus impuissant que les paresseux. Leur corps court et ramassé, est porté sur des membres de longueurs si inégales, que, pour marcher, ces animaux sont obligés de se trainer sur leurs coudes ; leur bassin est si large, et leurs cuisses tellement dirigées en dehors, qu’ils ne peuvent rapprocher les genoux ; leurs pieds de derrière sont en même temps articulés si obliquement sur la jambe, qu'ils ne touchent le sol que par leur bord externe; enfin, les doigts, réunis ensemble par la peau, ne se marquent en dehors que par d’énormes ongles cro- chus et fléchis dans le repos, et sont si peu mobiles, qu’à un certain âge les premières phalanges se soudent aux os du méta- carpe et du métatarse. La position assise et verticale leur est moins incommode, mais leur tête étant dirigée dans le sens de l’axe du corps, leur bouche regarde alors en haut, et 1l leur serait bien difficile de paitre à terre; ajoutez aussi que leurs muscles fléchisseurs sont bien plus puissans que les extenseurs, tandis que dans la marche ce sont ces derniers qui doivent sup- porter tous le poids du corps, et que les mouvemens sont d’une extrême lenteur : on pourra se former alors une idée de toute la gène que le mode de conformation de ces animaux doit leur im- poser, quand ils sont dans les conditions où la plupart des qua- drupèdes vivent et se meuvent commodément. Mais ce serait à A1. Unau. 168 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. tort que l’on croirait que la nature ait voulu en faire des êtres imparfaits et grotesques ; il en est tout autrement; elle les a destinés à vivre accrochés aux branches des arbres, et dans cette position , qui pour la plupart des mammifères ordinaires serait promptement fatigante, les anomalies de structure que nous venons de signaler, deviennent autant de dispositions heureu- ses qui permettent à ces édentés de grimper et de se crampon- ner , en déployant le moins de force musculaire possible, et qui leur facilite la préhension des alimens suspendus au-dessus de leur tête. Les paresseux, en effet, vivent toujours sur les arbres, et se nourrissent de feuilles ; ils affectionnent surtout la Cécropie peltée, que les colons des Antilles connaissent sous le nom de bois trompette, et ces animaux ne quittent une branche qu'après l'avoir entièrement dépouillée; quelques auteurs assurent que , lorsqu'ils ne trouvent plus de feuilles, ils se laissent tomber de leur branche pour s’éviter la peine d’en descendre; tous les mouvemens leur sont pénibles , mais l'opinion qu’on s’est gé- néralement formée de leur excessive lenteur et de leur paresse obligée , paraît exagérée ; car deux voyageurs , à qui la zoologie doit de nombreuses découvertes, MM. Quoy et Gaimard ont conservé , pendant quelques jours, un de ces animaux vivans à bord de leur navire, et l'ont vu grimper aux mâts et en descen- dre sans difficulté. Ces animaux présentent aussi , dans la disposition de leur sys- tème dentaire, des particularités distinctives ; leurs canines sont aiguës et assez longues, et leurs molaires ont la forme de cylindres. Leur estomac est divisé en quatre poches assez analo- gues aux quatre estomacs des ruminans, mais ne présente, à l’intérieur , ni feuillets ni replis, leur canal intestinal est court et sans cœcum. Enfin ils ont sur la poitrine deux mamelles, et ne font qu’un petit qu’ils portent sur le dos. Les paresseux habitent les forêts de l’intérieur de l'Amérique méridionale; on en connaît plusieurs espèces. La plus remarqua- ble est l'ai ou paresseux à trois doigts (fig. 153) ; c’est le seul mam- mifère qui ait plus de sept vertèbres cervicales : on lui en compte neuf. Sa taille est celle d’un chat, ses bras ont le double de lon- gueur de ses jambes, et le poil qui recouvre tout le dessus de son corps est gros, long, sans ressort, et ressemble à de l’herbe fanée. Son nom lui vient de son cri. L’unau, où paresseux didactyle, est de moitié plus grand, et a les membres moins disproportionnés. FAMILLE DES EDENTÉS ORDINAIRES. 169 FAMILLE DES ÉDENTÉS ORDINAIRES. 6 457. Les édentés de cette famille, qui se reconnaissent à leur museau pointu, méritent encore mieux leur nom que ceux du genre des paresseux, Car non-seulement ils manquent de dents incisives, mais sont aussi privés de canines; plusieurs manquent aussi de molaires (fig. 152, page 166). Cette division se compose des tatous, des orycteropes, des fourzmilliers et des pa ngolins. Fig. 154, LE TATOU CABASSOU. $ 458. Les TATOUS (Dasypus) sont des animaux de petite ou de moyenne taille, à corps épais et bas sur jambes, qui sont très re- marquables parmi tous les mammifères, par le test écailleux , dur , et composé de petits compartimens comme une mosaïque, dont leur tête, leur corps et souvent leur queue sont recou- verts. Cette substance, que l’on peut considérer comme des poils agglutinés, forme un bouclier sur le front; un second, très grand, qui couvre les épaules, et qui est suivi de plu- sieurs bandes parallèles et mobiles, lesquelles se joignent à leur tour à un troisième bouclier placé sur la croupe ; la queue est lantôt garnie d’anneaux, tantôt de tubercules seulement, comme les jambes ; enfin quelques poils épars se montrent en- tre les écailles , ou sur la partie de la peau qui est dépourvue de ces plaques. Ces animaux ont les pattes armées d’ongles très grands et propres à fouir la terre, aussi se creusent-ils des ter- riers ; le nombre de ces organes est de cinq derrière , et de qua- tre ou cinq devant. Leurs dents molaires sont cylindriques, sans émail dans l'intérieur et séparées entre elles (fig. 152) ; on en compte huit partout ; chez quelques tatous, une partie de ces dents s’implantent dans l’os intermaxillaire, et peuvent, par conséquent , être considérées comme des incisives; mais cette Tatous, Mégathé- run, Chiamypho- res, Fouroillicrs 170 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE anomalie ne change en rien la structure de l'appareil de la mastication , considéré sous le rapport physiologique ; car tou- jours ces animaux manquent de dents sur tout le devant de la bouche. Ils vivent en partie de végétaux et en partie d'insectes et de cadavres. Tous sont originaires des parties chaudes ou tem- pérées de l'Amérique. D’après le nombre de leurs dents et de leurs doigts, on les divise en cachirames , upars, enrouberts, cabassous, etc. On a donné le nom de MÉGATHÉRIUM à un édenté de très grande taille, dont la tête ressemble un peu à celle des paresseux, mais dont l’ensemble de l’organisation se rapproche davantage de celle des tatous, et dont les ossemens ont été découverts, à l’état fossile, en Amérique; cet animal, antédiluvien , avail douze pieds de long sur six ou sept de haut. Il paraïîtrait aussi que sou corps était couvert d’une cuirasse écailleuse. $ 459. Les CHLAMYPHORES sont des espèces de tatous dont le dos est recouvert d’une suite de rangées transversales de pièces écailleuses sans aucun test solide ni devant ni derrière, et for- mant une sorte de cuirasse qui n’est attachée au corps que le long de l’épine dorsale. Ils sont originaires du Chili. $ 460. Les FOURMILLIERS (Myrmecophaga) habitent les mêmes contrées que les tatous, mais s’en distinguent facilement, car leur corps est velu comme celui de la plupart des mammifères et leur museau effilé en un long tube cylindrique est ter- miné par une petite bouche entièrement dépourvue de dents (fg. 155). Leurs mà- choires, très longues, s’é- cartent à peine, el ne peu- Fig. 155. TÊTE DU TAMANOIR. VEN Servir à ces animaux pour saisir Où comprimer leur nourriture; mais ils sont pourvus d’une langue filiforme, d’une longueur extrême, qu'ils peuvent projeter au loin, hors de leur bouche , et qui, ‘étant toujours enduite d’une humeur gluante, leur sert pour s'emparer des fourmis et des autres in- sectes Fe: ils vivent. À l’aide de leurs ongles forts, tranchans et en nombre variable, suivant les espèces, les fourmilliers déchi- rent les nids des termites, et au moment où ces petits insectes sortent en foule de leur retraite, pour former un rempart et se défendre, ils lancent sur eux leur langue visqueuse ,'et, la reti- rant subitement , les entrainent dans leur bouche. Dans l’état de FAMILLE DES ÉDENTÉS ORDINAIRES. 171 repos, ces ongles, qui servent aussi comme des armes de dé- fense, restent toujours à demi reployés en dedans , contre une callosité du poignet, et l’animal ne pose le pied que sur le côté, aussi ses allures sont-elles’très lentes. Les fourmilliers ne font qu’un petit à-la-fois, qu'ils ont l'habitude de porter sur le dos ; quelques espèces, telle que le tamandua, ont la queue préhensile, et s’en servent pour se suspendre aux branches des arbres sur lesquels ces animaux grimpent; l'espèce la plus grande, appelée tamanoir , n’a point cette faculté ; elle à plus de quatre pieds de long et habite les lieux bas et humides. $ 481. Les ORYCGTÉROPES ressemblent beaucoup aux fourmil- liers, par leurs formes et leurs mœurs; mais ils ont la bouche armée de dents mâchelières, et les ongles plats. On n’en connail qu’une espèce qui habite le cap de Bonne-Espérance, et qui y est désignée sous le nom de cochon de terre. Fig. 156. LE PANGOLIN. 6462. Enfin les PANGOLINS (Manis) manquent de dents comme les fourmilliers, mais leur système tégumentaire les rapprocheun peu des tatous , car ils ont tout le dessus du corps, ainsi que les membres et la queue revêtus de grosses écailles cornées, tran- chantes, imbriquées en quinconce, qui paraissent formées de poils soudés entre eux. Ils sont bas sur jambes ; leurs pieds sont tous pourvus de cinq doigts armés d’ongles robustes et crochus ; leurs mouvemens sont lents, et, pour se défendre contre leurs ennemis, ils se roulent en boule et relèvent leurs écailles. Du reste leurs mœurs sont très analogues à celles des fourmilliers ; de même que ces derniers, ils vivent de termites ou fourmis blanches qu’ils font sortir de leur habitation , en déchirant la terre avec leurs ongles et qu'ils prennent en les collant à leur langue visqueuse et extensible, Les pangolins sont propres à l'Ancien continent ; on en trouve en Afrique et aux Indes Orientales. Orytéropes. Pangolins, 172 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. MAMMIFÈRES ONCULÉS. . Caractères ( 463. Chez Les mammifères, dont nous nous sommes occupés SENETAUX. jusqu'ici, nous avons presque toujours vu les membres anté- rieurs conformés de manière à constituer des organes plus ou Fig.157.(1) moins parfaits de préhension et de toucher, lors même qu'ils sont aussi des instrumens indispen- sables de locomotion ; en effet, les doigts peuvent se ployer plus ou moins complètement autour des objets pour les saisir, et peuvent les palper d’au- tant mieux que l’ongle,dontils sont armés, laisse à découvert leur extrémité, dans une étendue plus 7 considérable. Chez les animaux dont nous allons maintenant faire l’histoire, il enest tout autre- ment. Les doigts ne peuvent plus se fléchir pour saisir les objets, et leur extrémité est entièrement enveloppée dans un grand ongle ou sabot, qui y émousse complètement le tact. On donne le nom de MAMMIFÈRES ONGULÉS à ces derniers, par opposition à la dénomination d’onguiculés , imposée aux premiers, pour rap- peler le peu de développement de leurs ongles. Cette disposition des membres, caractéristique des mam- mifères ongulés, influe, non-seulement sur l'adresse de ces ani- maux , et sur la délicatesse de leur toucher, mais aussi sur leur régime ; elle ne leur permet point de saisir une proie vivante, et les rend nécessairement herbivores; aussi tous les animaux à sabots ont-ils les dents mâchelières, à surface large, irrégulière, et propre à broyer les alimens, et le canal alimentaire d’une longueur et d’une capacité considérables. Les membres antérieurs ne servent que de soutien à ces ani- maux et ne devant se mouvoir que dans fa direction de la lon- gueur du corps, il n’y à jamais de clavicule, os dont les usages sont comme nous l'avons vu, de servir d’arc-boutant à l’épaule lorsque le bras se porte en dedans, vers la poitrine. (1) Pied d’un cheval: — #1 première rangée des os du tarse ; — {: deuxième raugée de ces 6; — y» métatarse ou canon ; — s'stylet ou doigt latéral rudimen- taire; — pi phalange où paturon ; —pa phalangine ou couronne ; — p$ phalangette cnveloppée dans le sabot, ORDRE DES RUMINANS. û 173 La division de l'extrémité des membres en doigts longs et nombreux, qui est si utile lorsque ces organes jouissent d'assez de flexibilité pour saisir les corps, perd ici toute son importance; car les pieds des Ongulés n’en sont pas moins des supports soli- des, qu’ils se terminent par un seul doigt ou par cinq. Or, nous . avons déjà posé en principe, que la conformation d’un organe était toujours d'autant plus constante, que le rôle qu'il rem- plissait était plus important, tandis que, devenu inutile, sa forme varie beaucoup avant qu’il ne disparaisse complètement. Il en résulte que, chez ces animaux nous ne devons pas nous attendre à trouver la même fixité dans le nombre et la disposi- tion des doigts que chez ceux où l’organe du toucher est plus parfait, et, effectivement, nous rencontrons, à cet égard, les différences les plus grandes entre des genres, du reste très Voisins. Les mammifères à sabots , ainsi que nous l’avons déjà vu, for- ment deux classes naturelles , les pachydermes elles ruminans. ORDRE DES RUMINANS. $ 464. Ces animaux, qui diffèrent des autres mammifères par un caractère physiologique des plus importans, se ressemblent tant entre eux, qu'ils ont l'air d’être presque tous construits sur un même modèle et qu’ils forment un des groupes les plus naturels et les mieux déterminés de la classe dont nous faisons ici l’histoire. Leur nom leur vient de la faculté singulière qu’ils ont de ramener dans la bouche, pour les mâcher de nouveau , les ali- mens déjà avalés une première fois , faculté qui tient à la struc- ture de leur estomac. En effet, l’œsophage n’aboutit pas à une cavité siomacale unique comme chez les animaux ordinaires , mais communique directement avec plusieurs poches disposées de telle sorte que, lorsque les alimens avalés sont grossiers , ils s'arrêtent dans un premier estomac, d’où ils remontent plus tard dans la bouche par une espèce de régurgitation , tandis que, lorsqu'ils sont réduits en une pâte molle, ils pénètrent plus loin, dans une cavité différente, où leur digestion s’achève. Les estomacs des ruminans sont au nombre de quatre: le pre- mier, qui est le plus vaste de tous se nomme panse, ou herbier Caracteres, Estomacs, ZOOLOGIE DESCRIFTIVE. Fig. 158. (1) Py CD D { fig. 158 p ). Sa surface interne est garnie de papilles , et revé- tue d'une couche épidermique (fig. 159 p); il occupe une grande partie de Pabdomen, particulièrement du côté gauche; le se- cond estomac, appelé le bonnet (b), est petit et se trouve à droite de l’æsophage, et en avant de la panse, dont il ne semble, au premier coup-d’œil, être qu'un appendice. À l'intérieur, la mem- Fig. 159. (2) (D IRON h p brane muqueuse qui le tapisse forme une multitude de replis dis- (1) Estomacs du moaton : — € œæsophage ; —p panse ; — à bonnet; — ffeuil- let; —g la gouttiere qui conduit dans le feuillet, — c caillette ; — py pylore; — «d duodénum. (2) Estomacs d’un mouton, dont la moitié a été enlevée, pour en montrer lin- térieur : les lettres indiquent les mêmes parties que dans la figure précédente. n ORDRE DES RUMINANS,. 175 posés de façon à constituer des mailles ou cellules polygones, semblables à des rayons d’abeilles ; le troisième estomac, qui est moins petil que le bonnet, est placé à droite dé la panse et a reçu le nom de /euil'et, à cause des larges replis longitudinaux, qui en garnissent l’intérieur, et qui ressemblent aux feuillets d’un livre (/g. 159 f); enfin le quatrième estomac, qui est in- termédiaire pour le volume, entre la panse et le feuillet, se trouve à droite de cette dernière poche. Sa surface interne , ir- régulièrement plissée, est continuellement humectée par un liquide acide, qui est le suc gastrique ; et c’est à cause de la pro- priété que possède cette humeur de faire cailler le lait, qu’on donne à l'organe qui le renferme le nom de caëllette. Les trois premiers estomacs commumiquent directement avec l’æœsophage. Ce conduit s’ouvre d’abord presque également dans la panse et le bonnet, et se continue ensuite sous la forme d’une gouttière ou demi-canal (#9. 159 9), qui longe la partie su- périeure du bonnet, et aboutit au feuillet, lequel, à son tour , communique avec la caillette. C’est dans la panse que les alimens, grossièrement divisés par une première mastication, s'accumulent , et ce n’est qu'après avoir été reportés dans la bouche et mâchés une se- conde fois, ou en d’autres mots ruminés , qu’ils pénètrent dans le troisième et de là dans le quatrième estomac, siège de la vé- ritable digestion. Au premier abord, on s’étonne de voir les alimens pénétrer tantôt dans la panse, tantôt dans le feuillet, suivant que la dé- glutition se fait pour la première fois ou que ces substances ont été déjà ruminées, et on est tenté d’altribuer ce phénomène à une espèce de tact presque intelligent, dont les'ouvertures de ces diverses poches seraient douées; mais les expériences ré- centes de M. Flourens montrent que ce phénomène curieux est une conséquence nécessaire de la disposition anatomique des parties , et en donnent une explication aussisimple que satisfai- sante. Lorsque l’animal avale des alimens grossiers et d’un certain volume, comme ceux dont il se nourrit habituellement, ces substances, arrivées au point où l’œsophage se continue sous la forme d’une gouttière (voy. fg. 159 g), écartent mécaniquement les bords de ce demi-canal, transformé ordinairement en un tube par la contraction de ses parois, et tombent dans les deux premiers estomacs placés au-dessous ; mais, lorsque l’animal avale des boissons ou des alimens atténués et demi fluides, leur présence dans ce demi-canal ne détermine pas l’écartement de ses bords. Cette portion terminale de lœsophage conserve par conséquent la forme d’un tube et conduit les alimens en Mécanisme de la rumina- tion, Dents, 176 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. lotalité ou en majeure partie dans le feuillet où elle se ter- mine. C’est par conséquent l’état d'ouverture ou d’occlusion de cette portion de l’æœsophage , qui détermine lentrée des alimens dans les &eux premiers estomacs ou leur passage dans la troi- sième cavité digestive, et C’est l’aliment lui-même qui décide de cet état, selon qu’il est assez volumineux ou non, pour dilater l’œsophage, naturellement affaissé, ou pour couler dans la ri- gole toujours ouverte, par laquelle ce conduit mène vers le feuillet. Or, les alimens, lors de leur première déglutition, ne sont qu'imparfaitement divisés et consistent en fragmens grossiers et assez volumineux , tandis qu'après avoir été rumi- nés, ils sont transformés en une pâte molle et demi fluide,et cette circonstance suffit par conséquent pour déterminer leur chute dans la panse ou leur passage dans le feuillet. Quant à l’espèce de régurgitation régulière par laquelle les alimens contenus dans la panse et le bonnet remontent dans la bouche pour être ruminés, elle est généralement attribuée à l’action du bonnet lui-même, qui, dit-on, saisit une portion de la masse alimentaire, la comprime de manière à en former une sorte de pelote arrondie et la pousse dans l’œsophage, dont les contractions vermiculaires de bas en haut achèvent le phénomène ; mais , d’après les nouvelles expériences du phy- siologiste que nous venons de citer , il paraitrait que la panse et le bonnet, en se contractant, poussent la masse alimentaire qu'ils contiennent entre les bords du demi-canal œsopha- gien , lequel, en se contractant à son tour , en saisit une por- tion , la détache et en font une pelote destinée à remonter le long de l’'œsophage. La panse, avons-nous dit, est extrèmement grande; mais elle ne présente pas toujours les mêmes dimensions, et les changemens qu’on y observe montrent combien les organes des animaux peuvent être modifiés par les circonstances où ils sont placés. En effet, pendant queles ruminans tettent et ne vivent que de lait, la panse est moins grande que la caillette, et elle ne prend son énorme volume qui mesure qu’elle reçoit dans son intérieur de l'herbe, substance peu nourrissante et dont l'animal est par conséquent obligé de manger des masses con- sidérables. Tous les ruminans se nourrissent essentiellement d'herbes ou de feuilles: aussi ont-ils le canal intestinal extrêmement dé- veloppé. Sa longueur n’est jamais moins de onze fois celle du corps, et atteint, chez quelques-uns de ces animaux, vingt-deux ou même vingt- huit fois cette mesure. Leur cœcum et leurs gros intestins sont peu boursouflés. $ 465. Le système dentaire présente, dans cette famille, la plus ORDRE DES RUMINANS. 177 grande uniformité. Il n'existe jamais d’incisives à la partie anté- rieure de la mâchoire supérieure , où elles sont remplacées par un bourrelet calleux, et les incisives inférieures sont presque toujours au nombre de huit quelquefois on n’en trouve que six). Fig. 160. Entre les incisives et les mo- laires est un espace vide (fg. 160) où se trouvent, dans quelques genres seulement, deux canines ; enfin les mo- laires, presque toujours au nombre de six partout, ont leur couronne large et mar- quée de deux doubles crois- sans, dont la convexité est tournée en dedans dans les supérieures et en dehors dans les inférieures. Il est aussi à noter que, lors de la mastication, le mouvement des mâchoires se fait presque circulairement. $ 486. Sous le rapport des organes du mouvement, on remar- Fig. 161. (1) Fig. 162. que également la plus grande Si- iwilitude parmi les divers rumi- nans. Chez tous ces animaux , les pieds (fg. 161) sont terminés par deux doigts dontles deux os méta- larsiens etmétacarpiens sont réu- is en un seulos, nommécanon (c) quelquefois il existe en outre, à la parle postérieure du pied, deux peiiis ergots, vestiges de doigts la- téraux (/g. 162}. Chez tous les ru- minans, excepié les chameaux et les lamas, les sabots qui envelop- pentenentierla dernière phalange des deux doigts de chaque pied sontgrandsetse regardent parure face aplatie, en sorte qu'ils ont Pair d'un sabot unique, qui au- rait été fendu C’est de là que vient le nom de pieds fourchus, qu’on a donné à ces animaux ; enfin leurs jambes sont fines, sè- ches et longues ; maïs le fémur et lhumérus sont courts. Leurs mamelles sont situées entre leurs cuisses. (1) Fig. 16r, pied d’un cerf: — a jambe ;— D os du carpe; — © méticarpe ou canon; — d phalanges ; — e phalangines ; — f phalangettes. Fig. 162, pied de cerf vu de profil. Pattes Fonctions de relation. Usages. Classifica- tion, Caractere, généraux. 178 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 467. Les yeux des ruminans sont en général grands, et la pupille a la forme d’un carré long, transversal ou oblique ; leurs oreilles sont ordinairement longues , en forme le cornet, et très mobiles; leur cerveau est peu volumineux , comparativement à la masse du corps, et laisse le cervelet presque entièrement à découvert, mais présente des sillons nombreux. Leur intelli- gence est très bornée. Ceux qui ontla force en partage sont en général d’un naturel farouche, tandis que les plus faibles, et C’est le grand nombre, sont craintifs el presque uniquement occupés à pailre ou à se soustraire aux poursuites de leurs nombreux ennemis. Les services que les ruminans rendent à l’homme sont im- menses : 1l peut manger de lous ces animaux, et c’est d’eux qu'il üre presque toute la chair dont ii se nourrit. Leur lait nous fournit des alimens excellens ; leur graisse, qui, par le refroidissement , se durcit plus que celle des autres quadru- pèdes , et qui porte le nom de sw/, a de nombreux usages dans l'économie domestique et dans l'industrie. Leur peau , rendue imputréfiable par le tannage, constitue presque tout le cuir dont on fait une consommation si énorme. Enfin leurs cornes, leurs os et jusqu’à leurs intestins, nous sontutiles, et, pendant leur vie, plusieurs de ces animaux, employés comme bêtes de somme, sont également précieux pour le commerce et pour lagri- culture. Cet ordre peut être divisé en deux sections, faciles à distin- guer par le nombre des dents incisives qui est de six chez les uns et de huit chez les autres. Les premiers forment le petit groupe des cameliens, les seconds la famille beaucoup plus nom- breuse des ruminans ordinaires. at) FAMILLE DES RUMINANS ORDINAIRES. ÿ 468. Ce groupe naturel comprend presque tous les ruminans, el a pour caractère principal lexisience de huit dents incisives à x mâchoire inférieure et de vingt-quatre molaires placées au nombre de six de chaque côté de l’une et de l’autre mâchoire Les ruminans ordinaires diffèrent aussi des cameliens par la forme des globules sanguins, par leur pied fourchu (voy. pag. 177,6466), et par plusieurs autres particularités de structure; mais ce qui distingue au premier coup-d’œIl presque tous ces animaux, non- seulement des cameliens, mais aussi de tous les autres mammi- FAMILLE DES RUMINANS ORDINAIRES. 179 fères, ce sont les deux cornes qui, chez le mâle et quelquefois aussi chez la femelle, surmontent le front et consistent chacune en un prolongement plus ou moins long et conique de los fron- tal (fig. 160). La structure de ces appendices varie. Tantôt la cheville os- seuse qui en constitue laxe est recouverte par la peau, qui, dans ce point, ne diffère pas de celle du reste de la tête, et qui ne se détruit pas ; tantôt la portion osseuse des cornes, d’abord revêtue d’une peau velue, s’en dépouille, et après être restée à nu pendant un certain temps, tombe elle-même, pour faire place à une nouvelle corne, destinée à éprouver à son tour les mêmes changemens : ces cornes caduques se nomment boës ; enfin d’autres fois l’axe osseux croit pendant toute la vie, ne tombe jamais et est revêlu d’une espèce de gaine, composée d’une substance élastique, appelée corne, qui est analogue à celles des ongles , et qui croit par couches. On donne le nom de cornes creuses à Ces COrnes revêtues ainsi d’un élui, qui semble formé de poils agglutinés. Les différences que nous venons de signaler dans la structure des cornes servent de base à la division de cette famille en trois iribus naturelles, savoir: les ruminans à cornes caduques où bois, les ruminans à cornes persistantes el velues ei les ruminans à cornes creuses ; enfin une quatrième division comprend les ruminans ordinaires qui manquent de cornes. TRIBU DES RUMINANS ORDINAIRES SANS CORNES. $ 469. Les ruminans ordinaires qui manquent de cornes ne con- stituent qu'un seul genre, celui des CHEVROTAINS (Moschus), et se rapprochent beaucoup de cerfs ou ruminans à cornes caduques. ’ar la forme générale de leur corps ils ressemblent assez aux biches de nos bois, et ils sont également re- marquables par leur éléganceetleur légèreté. Une particularité de siruc- ture qui mérite d’être signalée, c’est l'existence d’un péroné, tandis que chez tous les autres animaux du même ordre, cet os manque complètement ou se trouve réduit à l’état d’un simple stylet, formant la malléole externe. Il est aussi à noter que les chevrotains ont la mâchoire supérieure armée de deux longues canines, qui sortent de la bouche comme des 12. Fig. 163. Classifica- tion. Clhevrotains Cerfs 180 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. défenses (/g. 163). Ces animaux habitent les montagnes du midi de PAsie et les'iles voisines, Fig. 164. CHEVROTAIN MUSC. Une espèce de chevrotains mérite surtout de fixer notre at- tention ; car c’est celle qui fournit le muse: c’est un animal de la taille d’un petit chevreuil de six mois, presque sans queue et couvert de poils si gros et si cassans , qu’on pourrait presque leur donner le nom d’épines. Il est solitaire, nocturne, et habite les montagnes rocheuses de lAsie cenirale, d’où descendent tous les plus grands fleuves de ce vaste continent , et il égale, pour sa timidité, sa légèreté et la sûreté de son pied , le cha- mois et le bouquetin. Au-dessous du bassin, il existe chez le mâle une poche remplie de muse, substance solide, granuleuse, d’une couleur brun-jaunâtre, d’une nature grasse et d’une odeur souvent très forte, qui est employée comme*médicament et comme parfum. Les chevrotains qui habitent vers le nord, dans les monts Altaï, par exemple , ne fournissent qu’un muse peu odorant : le plus estimé vient de Tonquin. Les autres chevrotains n’ont pas de poches moschifères. L'une de ces espèces a reçu le nom de pygmée, à cause de sa petite taille. TRIBU DES RUMINANS A CORNES CADUQUES OÙ BOIS. 6.470. Ce groupe ne se compose que d’un seul genre, celui des CERFS (Cervus). Ces animaux sont en général remarquables par TRIBU DES RUMINANS A CORNES CADUQUES. 181 la légèreté et Pélégance de leurs formes, la grâce de leurs mou- vemens , el la rapidité de leur course. Leur corps est svelte el arrondi ; leurs jambes minces et élevées sans être faibles, et leur pelage propre et luisant. Le plus ordinairement ils n’ont que des poils secs et cassans qui présentent à leur base un rétrécis- sement particulier; enfin les bois, dont la tête du mâle est or- née, n’existent chez la femelle que dans une seule espèce (le renne). Fig. 165. LE CERF COMMUN. Le mode de formation et de renouvellement de ces espèces de cornes est très simple. À un certain âge, il se développe de chaque côté de los frontal un prolongement, dont la formation peut être comparée à celle des tubercules, connus en médecine sous le nom d’exostoses , ou à celle du ral osseux, qui se dépose autour des extrémités des os ordinaires dans les cas de fracture, et qui en détermine la consolidation. Ces protubérances , dont le tissu est très compacte, croissent rapidement et soulèvent la peau qui les recouvre. Celle-ci, dans un état voisin de celui de l’inflammation , recoit une grande quantité de sang à Paide de vaisseaux nombreux qui sillonnent la surface du;bois; mais bientôt il se forme à la base du prolongementjosseux un cercle de tubercules, qui, en grossissant, comprime ces vaisseaux uourriciers et les oblitère, et l'enveloppe cutanée de la corne, ne recevant plus de sang, meurt, puis se dessèche et tombe. Le bois est alors à nu et ne larde pas à éprouver le sort de tout os qui est dépouillé des parties molles environnantes , et reste exposé à Pair; ce qui a lieu dans bien des cas de blessure chez l’homme a lieu ici par suite des phénomènes que nous venons de décrire. L'os est frappé de nécrose, meurt et finit par se détacher du crâne et par tomber. L'animal reste alors Bois cerfs. des Mœurs. Cerf num con) - 182 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. sans armes; mais, peu de temps après (ordinairement vingl- quatre heures), une pellicule mince recouvre la plaie formée par la chute du bois, et bientôt un nouveau prolongement os- seux s'élève à la place de l’ancien. En général le nouveau bois acquiert des dimensions plus considérables que celui auquel il succède ; ordinairement le nombre des branches est aussi plus considérable ; mais sa durée n'est pas plus longue; et il passe par les mêmes phases que le premier. C'est en général au printemps que ce phénomène curieux a lieu, et presque loujours le renouvellement du bois se fait régulièrement chaque année. Du reste il semble exister un rap- port évident entre l’époque à laquelle 11 s'effectue , el l'activité périodique des fonctions de reproduction; car, chez les cerfs, où le rut n’est pas un état de crise violent et limité , les cornes persistent plus d’une année. Les cerfs habitent pour la plupart les forêts de haute futaie , eten général ne s'élèvent pas très haut sur les pentes des mon- tagnes. Les uns vivent isolés, les autres en troupes nom- breuses. Les premiers sont susceptibles de s’apprivoiser jusqu'à un certain point (les femelles surtout); mais ils restent en gé- néral défians , tandis que les autres sont plus disposés à se sou- mettre à l'homme, el peuvent même devenir domestiques. Ces animaux sont répandus dans des contrées très diversés. L’élan et le renne sont communs au nord des deux continens; le cerf commun , le daim et le chevreuil, sont propres à l'Europe et à l'Asie; enfin d’autres espèces habitent exclusivement le sud de Asie ou l'Amérique. La forme de leur bois fournit des carac- ières pour les distinguer , et les différences qu'on remarque à cel égard paraissent correspondre jusqu'à un certain point avec la distribution géographique de ces animaux. Ainsi les cornes très élargies et palmées vers le bout se voient surtout chez les cerfs propres aux régions septentrionales là où une neige épaisse couvre souvent les plantes dont ces ruminans doivent se nour- rir , tandis que les espèces qui habitent des contrées plus tem- pérées et qui n'ont pas à se servir de leurs bois pour déterrer sous la neige ieur pâture quotidienne, ne portent en général que des cornes grêles et arrondies. $ 471. Le cerf commun (fig. 165) a les bois ronds et le pelage d'un gris brun uniforme en hiver, brun-fauve , avec une ligne noirätre , et de chaque côté une rangée de petites taches fauves , päles le long de lépine du dos en été. Dans le premier âge, il est fauve, lacheté de blane, et est alors appelé /aon.A six mois en- viron, deux bosses, premiers vestiges du bois, commencent à se montrer sur Fos du front , et le jeune animal prend alors le nom de Aëre; maus ce nest que pendant la seconde année, que TRIBU DES RUMINANS À CORNES CADUQUES. 183 les bois se développent réellement : ils constituent alors une tige simple , el se nomment dague ; l'année suivante, les bran- ches ou andouillers se forment sur la face antérieure de la lige principale ou merrain; enfin, à la quatrième année, les bois se couwronnent d'une sorte dempaumure garnie de pointes, dont le nombre augmente avec les années. C’est au printemps que la chute de ces cornes arrive , et c’est pendant l'été qu’elles repoussent. Les vieux cerfs mettent bas leurs bois les premiers, vers le mois de février , et les plus jeunes en mars, avril et même mai. Tous se cachent alors dans les taillis, d’où ils ne sortent que lorsqu'ils ont déjà la tête ornée d’un bois nouveau, qui n’esten- tiérement développé et durei que vers le mois d'août : alors com- mence la saison du rut, qui dure environ trois semaines, et qui est pour ces animaux un temps d’excilätion et de fureur presque incroyable. Le cerf , d'ordinaire si paisible et si timide, devient alors dangereux , même pour les hommes ; il ne dort plus, mange à peine el court en tous sens dans les forêts, qu'il fait retentir de sa voix forte et àpre. Après l’époque du rut, les cerfs sont d’une faiblesse extrême, et se retirent dans les lieux abondans , pourse refaire ; pendant l'hiver, les mâles et les fe- melles se réunissent en grandes troupes. La biche porte huit mois , et met bas en mai ou juin: son faon la suit pendant tout l'été , et si des chiens le poursuivent, elle se présente et se fait chasser elle-même, pour le préserver du danger. Les anciens attribuaient à ces animaux une vie d'une longueur prodigieuse; mais , dans le fait , ils ne dépassent guère vingt ans. Le cerf habite les forèts de toute l'Europe et de l'Asie tempé- rée. Sa chasse à été de tous les temps lexercice favori des grands. Pour se soustraire à la poursuite des chiens, animal a recours à des ruses variées ; tantôt 1l passe el repasse sur la voie, pour leur faire perdre la piste, d’autres fois, pour leur donner le change, il se fait accompagner d’autres bêtes, ou bien fait un grand saut de côté, se couche sur le ventre, et laisse passer devant lui ses ennemis. Sa dernière ressource est en général de se plonger dans l’eau. Le cerf est alors aux abois, et, quand les chiens l’atteignent, il ne cherche plus qu’à se dé- fendre avec ses cornes, armes dangereuses pour ses adversaires, mais qui ne lui suffisent pas pour préserver sa vie de leurs atta- ques acharnées. Le cerf du Cunadu ressemble beaucoup au nôtre, mais il est plus grand , et ses cornes ne prennent jamais d’'empaumure. 6472. Le daim, qui parait être origimaire de la Barbarie, mais qui est devenu commun dans tous les pays de l'Europe ; se dis- tingue facilement des précédens par la forme des bois, qui , à leur base, sont ronds et armés dun andouiller pointu, mais Daim. Chevreuil. L'élan. 184 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sont aplalis et dentelés en dehors dans le reste de leur étendue. Ses mœurs sont analogues à celles du cerf commun. Sa taille est moindre , et son pelage , brun-noirâtre en hiver , est fauve , ta- cheté de blanc en été. 6473. Le chevreuil est le plus petit des cerfs d'Europe. Ses bois, peu développés et ronds s'élèvent perpendiculairement au-des- sus de sa tête, et ne présentent que deux andouillers. Son pelage varie, mais est ordinairement d’un brun roux. Il se plait dans les lieux élevés et vit par couples dans les forêts. Son bois tombe en automne et il entre en rut en novembre. La gestation est de cinq mois et demi, et la chevrelte met bas au mois d'avril deux petits, Pun mâle, Pautre femelle, qui restent avec leurs parens jusqu’à ce qu’ils aient eux-mêmes une famille. La durée de la vie de ces animaux est de douze à quinze ans. el leur chair est très estimée. Plusieurs espèces très voisines de notre chevreuil se trouvent en Amérique et en Asie. $ 474. L’elan est le plus grand des animaux de ce genre : sa taille dépasse quelquefois celle d’un cheval.Ses bois, qui s’écartent horizontalement de la tête , for- Fig. 166. ment deux grandes lames apla- ties et profondément dentelées au bord antérieur (fg. 166) : leur RM \ 4 À7 J| poids s'élève quelquefois à cin- VAN 1. quante livres, et, pour le sup- porter, cet animal a reçu de la nature un cou plus court et plus PCA ui robuste que celui des autres h cerfs: il est cependant plus haut a Eye sur jambes que la plupart d’en- tre eux, ce qui le force, lorsqu'il veut paitre à terre, de se mettre à genoux ou d’écarter les jambes ; mais il se nourrit principale- ment de: feuilles et de graminéés élevées. Il se plait dans les fo- rêts basses et marécageuses, et habite le nord de l'Europe, de VAsie et de l'Amérique. C’est un animal lourd, qui est loin da- voir la grâce et la beauté de la plupart des cerfs : il est farou- che et très paisible, à moins d’être irrité par des blessures ou d’être en rut; sa grande force le rend alors redoutable , et on Pa vu souvent tuer un chien ou un loup d'un seul coup du pied de devant. Pour se soustraire à la piqûre des insectes, il se plonge quelquefois dans l’eau et y reste pendant tout le jour, ayant seulement les narines au-dessus de la surface du liquide. Sa peau est précieuse pour les ouvrages de chamoiserie el estemi- ployée par les Indiens du nord de PAmérique comme vêtement. TRIBU DES RUMINANS A CORNES CADUQUES. 185 $ 475. Le renne diffère des autres cerfs, en ce qu'il existe des bois chez la femelle ({g. 166) aussi bien que chez le mâle. Ces ap- Fig. 167. RENNE. pendices, divisés en plusieurs branches, sont d’abord gréles et pointus , mais finissent, avec l’âge , par se lerminer en palmes élargies et dentelées. Sa taille est à-peu-près celle de notre cerf commun ; mais il est plus trapu. Ses jambes sont plus grosses et plus courtes , et son poil, en partie laineux et brun en été, de- vient presque blanc en hiver. IL habite les contrées glacées des deux continens , et rend aux peuples hyperboréens les services les plus grands ; en effet , le renne est devenu pour eux un ani- mal domestique, qui leur sert comme bête de trait et de somme, qui leur fournit par son lait et sa chair une nourriture précieuse, et dont la peau est pour eux un vêtement chaud et solide. La uourriture de ces animaux consiste principalement en une es- pèce de lichen (appelé Zichen rangiferinus), qui est presque la seule production végétale qui se développe pendant le long hi- ver des régions polaires , et c’est principalement celte circon - slance qui les rend si utiles, car elle permet aux Lapons et aux Samoiïèdes d'en élever des troupeaux nombreux. Le froid esten quelque sorte leur élément. Le climat de Saint-Pétersbourg leur est déjà insupportable par sa chaleur, et, en Laponie même, on est obligé de les conduire dans les montagnes pendant l'été. Chaque renne donne par jour une livre de lait, qui sent un peu le suif, mais dont on fait du fromage, qui est le principal ali- nent des Lapons pendant leurs voyages. La chair d’un de ces Renue. Caracteres généraux. Antilopes. 186 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. animaux suflit à la nourriture de quatre personnes pendant une semaine. La peau de leur front, comme étant la plus solide, est employée pour faire des souliers, el celle des autres parties du corps pour des habits. Leurs tendons tiennent lieu de fil, et leur vessie de bouteilles ; enfin les Samoiïèdes font encore avec leur peau des voiles pour leurs bateaux. Employé comme bête de trait, le renne est d'une rapidité prodigieuse : il fait de six à sept myriamèlres sans se reposer; mais ik n’est pas toujours do- cile, et lance quelquefois à son maitre des coups de pieds vio- lens. TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. $ 476. Les ruminans dont les cornes sont enveloppées d’une gaine élastique semblable à des poils agglutinés , ne se laissent diviser que d’après des caractères peu importans. La différence la plus grande que lon remarque dans leur organisation dépend de la substance du noyau osseux de ces prolongemens frontaux. Chez les uns, elle ressemble à celle du bois des cerfs, et ne présente dans son intérieur ni pores , ni cellules, tandis que, chez les autres, elle est creusée de cellules qui communiquent avec les sinus frontaux. La première de ces dispositions est propre aux antilopes ; la seconde se rencontre chez les chèvres, les moutons et les bœutfs. 6 477. Les ANTILOPES (A4ntilipe) sont des animaux, dontla laille est en général élancée et légère, et dont les cornes sont presque toujours rondes et marquées d’anneaux saillans ou d’a- rètes en spirale ; ils ressemblent aussi, pour la plupart, aux cerfs par la vitesse de leur course et par l'existence de fossettes creu- sées au-dessous de l’angle interne de Pœæil, et nommées /armiers. Enfin, la plupart des antilopes ont aussi, à Particulation du poignet , une forte touffe de poils raides et saillans, que l’on appelle Lrosse. On connait un grand nombre de ces animaux, que l’on dis- Ungue principalement d’après la forme de leurs cornes. En gé- néral , ils sont doux et vivent en troupes nombreuses ; on en trouve dans les deux hémisphères. Parmi ceux dont les cornes, annelées et à double, ou triple courbure, se terminent par une pointe dirigée en avant, en de- TRIBU DES RUMINANS 4 CORNES CREUSES. 187 dans où en haut, on remarque surtout la gazelle (fig. 168), dont la grâce et la beauté sont devenues'pro- Fig. 168. verbiales chez les Orientaux.Elleest de la taille d’un chevreuil; son pelage est - fauve-clair en dessus, blanc en des- sous ; ses cornes, grosses el rondes , sont moins fortes chez les femelles que chez les mâles; enfin son regard est d’üne douceur extrème, et sa légrrelé est des plus grandes: elle est répan- due depuis l'Arabie jusqu’au Sénégal, et vit en troupes innombrables , qui servent de päture ordinaire aux lions etaux panthères. La corinne, le kevel, qui habitent aussi l'Afrique , le 4seren des Mongols, la gazelle à bourse, qui remplit de ses troupes le midi de lAfrique, et le saga, qui habite les landes du midi de la Pologne et de la Russie, ainsi qu'une partie de PAsie, et qui se réunit quelquefois en troupes de plus de dix mille individus, sont des antilopes, qui ne diffèrent que peu de la gazelle. Chez d’autres, tels que l’antilope des Indes, les cornes sont annelées comme chez les précédens, mais présentent une triple courbure. Chez le hmbhat de la Barbarie et le ccama du Cap, leur double courbure est en sens inverse de celle des précédentes, el leur pointe est dirigée en arrière. Il en est aussi dont les cornes sont droites et moins longues que la têtef, lan/ilope Llar- neuse du Cap et le sauteur des rochers, par exemple, d’autres dont les cornes sont une arète spirale, etc., et on en connaït mème dont les cornes sont au nombre de quatre. Le chamoïis est aussi une espèce d’antilope , mais ses cornes sont lisses et recourbées brusquement en arrière près de leur pointe : il est de la taille d’une grande chèvre, et a le pelage brun-foncé. Son habitation est dans les parties les plus impra- cables des grandes montagnes boisées de l'Europe: 11 y vit par troupes de quinze à vingt, ou même davantage, et ne se montre guère que le matin et le soir. Sa timidité est extrême, et son agilité encore plus grande : il bondit de rocher en rocher avec une force et une adresse admirables , et fuit l'homme, dès qu'il l’'apercoit ; mais. lorsqu'il se Lrouve cerné par les chasseurs, il se Jette sur eux et les renverse souvent dans les précipices, aux bords desquels ils sont obligés de le suivre. Sa peau ferme et souple était jadis très employée pour les vêtemens ; mais aujour- dhui qu'il est devenn rare, on la remplace par celle du mouton, du daim , etc. Le gnou est un animal très singulier , que lon range égale- Chevres. 188 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ment parnn les antilopes , mais qui ressemble à un petit cheval par la forme de son corps, la disposition de sa queue et sa crinière, et qui porte sur la tête des cornes assez semblables à celles du buffle du Cap. Il habite les montagnes du midi de PA- frique. $ 478. Les ruminans à cornes creuses , qui ont le noyau 0s- seux de ces prolongemens occupé en grande partie par des cel- lules communiquant avec les sinus frontaux, sont divisés par les zoologisles en trois genres: les chcvres, les moutons et les bœufs. Ces derniers se distinguent üettement des précédens ; mais Îles chèvres et les moutons ont entre eux une ressemblance si étroite que c’est peut-être sans des motifs suffisans qu’on les à séparés. i 6479. Les CHÈVRES (Capra) ont pour caractère d'avoir les cornes dirigées en hauteten arrière (/fg.169), tandis que celles des mou- tons, dirigées d’abord en arrière, reviennent ensuite plus ou Fig. 169. moins en ayant en spirale (fig. 171). Le chanfrein est presque toujours concave chez les premiers, el con- vexe chez les seconds. En- fin le menton des chèvres est généralement garni d'une longue barbe, qui manque chez les moutons. Dans l’état de domesticité , leurs formes et leurs allu- res sont aussi très différen-. Les ; mais, à l’état sauvage, leur aspect et leurs mœurs sont à-peu-près les mêmes. Il est aussi à noter qu'ils peuvent produire ensemble des métis féconds, et que plusieurs des races domestiques de ces animaux tiennent si également des uns et des autres, qu’on est embarrassé pour savoir à quel genre les rapporter. Du reste, les chèvres, comme les moutons, diffèrent des bœufs par leur taille médiocre, Pabsence d’un mufle, la forme grèle de leurs jambes et le nombre de leurs mamelles, qui est de deux On connait plusieurs espèces de chèvres sauvages: ce sont des animaux qui vivent en petites familles sur les monta- ynes escarpées , où elles déploient une agilité bien plus grande encore que le chamois. On les voit fuir avec la rapidité de l'éclair sur les pointes aiguës des rochers, suspendus, pour TRIBU DES RUMINAËS A CORNES CREUSFS. 189 ainsi dire, au-dessus des précipices , et franchissant d'un seul bond des distances qui étonnent, pour tomber d’à plomb sur une crête saillante dont la surface est quelquefois à peine assez large pour qu'ils puissent y poser leurs pieds. Leurs formes sont assez svelles, et leur attitude fière et gracieuse. Is sont extrêmement farouches, et comme leur vue et leur odorat sont très fins, ils se laissent rarement approcher par le chasseur. Une espèce, qui se distingue par ses cornes tranchantes en avant , habite les montagnes depuis le Caucase jusqu’à l'Hima- laya , et est connue des naturalistes sous le nom d’ægagre. Le bouguetin est une seconde espèce, distincte de la précé- dente par des cornes grandes, plates en avant et marquées en travers de nœuds saillans (#g. 169) : il se trouve sur les sommets les plus élevés des hautes chaînes de montagnes de l’'Europeetde PAsie. Sa couleur est ordinairement dun gris fauve en dessus et d’un blanc sale en dessous , et sa taille d’environ deux pieds et demi. Enfin, dans les montagnes du Caucase, on rencontre une troisième espèce de chèvres sauvages , à cornes triangulaires, et il en existe aussi en Afrique. $ 480. Il y a tout lieu de croire, que c’est de l’ægagre dont la race se sera mélée à celle du bouquetin, que descendent nos cAe- vres domestiques, parmi lesquelles on rencontre des variations exirêmes pour la taille, le poil et la grandeur, ainsi que le nom- bre des cornes. La domesticité a peu changé le naturel de ces ani- maux : ils aiment toujours les lieux escarpés etexposés au soleil ; ils ne prospèrent pas dans les pays de plaines , et recherchent les pâturages secs; le froid et l'humidité leur sont surtout nui- sibles. Ils sont assez difficiles sur leur nourriture, mais sont précieux dans les pays arides et montagneux, où d'autre bétail ne trouverait pas une pâture suffisante. La durée de leur vie est d'environ douze ou quinze ans: ils portent cinq mois. Notre chèvre commune diffère peu de lægagre, si ce n’est par ses couleurs, qui sont ordinairement le noir et le blanc. Dans quelques cantons montagneux de la France, au Mont-d’Or, par exemple , on en élève beaucoup pour le lait qu’elles fournissent. On les trait deux ou Lrois fois par jour, et pendant quatre ou cinq mois on en obtient du lait en abondance, quel- quefois jusqu’à quatre pintes par jour, mais ordinairement trois seulement. Ce liquide à un goût particulier et ne donne que peu de beurre, dont la qualité du reste est très médioëre; mais on l’emploie avec avantage à la fabrication de fromages. Dans le midi , on mange la chair des chevreaux, et le suif de ces ani- maux a les mêmes usages que celui du mouton. Avec la peau de la chèvre , on fait du maroquin, du parchemin, etc. ; enfin ses poils servent à la fabrication de quelques étoffes, telles que le camelat. Ægagre. Bouquelia. Chévre do- mestique. Moatons. Moutlon. 190 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Certaines races exotiques fournissent aussi un duvet des plus précieux. Les chèvres du Thibet, dites de Cachemire, sont les plus remarquables sous ce rapport : c’est avec leur laine que se fabriquent au Cachemire ces beaux châles de l'Orient, dont les Tures font un si grand usage, et dont l’imitation est devenue depuis quelques années une branche importante de Pindustrie française. Les chèvres d’Angora, dont on élève un grand nombre dans lPAsie-Mineure, ont aussi une toison extrémement fine , et celles du plateau des Kirgis peuvent presque rivaliser avec les chèvres du Thibet. À diverses époques , on a tenté d’intro- duire en France ces animaux précieux. Il y a quelques années surtout, un de nos industriels les plus éclairés, M. Ternaux, en a fait amener un cerlain nombre ; mais jusqu'ici ils se sont peu répandus el n’ont pas exercé sur nos races indigènes l’in- flience qu’on pouvait en espérer. ç 481. Les MOUTONS, comme nous l'avons déjà dit, ont les cor- nes ridées, annelées, et dirigées en arrière, puis, revenant plus ou moins en avant en spirale , le chanfrein, généralement convexe, et point de barbe ; du reste, ils ne diffèrent pas nota- blement des chèvres. Fig. 190. LE MOUFLON. Il en existe une espèce sauvage dans les montagnes de la Corse, de la Sardaigne, de la Crète et de quelques parties de l'Espagne : c’est le mouflon commun (fig. 170). Sa taille est un peu plus grande que celle de nos moutons domestiques: et sa toi- son, laineuse et grisätre, est cachée sous des poils longs et soyeux, fauves ou noirs. Ses cornes sont triangulaires à leur TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 191 base et aplaties vers la pointe. Chez les mâles , elles sont gran- des; mais, chez la femelle, elles manquent en général com- plètement. Le mouflon vit en troupe assez nombreuses, el ne parait avoir l'intelligence guère plus développée que nos mou- tons domestiques. L'argali, ou mouton sauvage des montagnes de l’Asie, est de la taille d’un daim. Ses cornes sont assez semblables à celles de nos béliers, mais plus grandes et plus élevées ({g. 171). En hiver, son Fig.171. pelage est épais, dur est d’un gris roussà- tre avec du blanc plus ou moins pur au museau , à la gorge et sous le ventre ;en été au contraire, son poil est ras et gris fauve. C’est un animal remarquable par son agilité, et qui, par ses allures et ses mœurs , ressemble plus aux bouquetins qu'aux moutons domestiques. Le mouflon d’ Amerique, ressemble bean- coup à l’argali, mais a les formes plus sveltes ; enfin on trouve en Afrique d’autres moulons également sauvages , mais remarquables par la crinière pendante sous leur cou , et les espèces de manchettes formées de longs poils, qu’ils portent autour du poignet. 6 482. C’est du mouflon commun ou de l’argali que paraissent descendre les innombrables variétés de moutons que l'homme élève en domesticité. Leur aspect est cependant bien différent. Nos moutons, au lieu d’avoir les formes sveltes et gracieuses, ainsi que la légèreté des premiers, sont lourds et d’une lenteur qui semble indiquer l’indolence la plus grande ; enfin les poils longs et soyeux des espèces sauvages ont presque entièrement disparu chez ceux-ci, tandis que le duvet, prenant un dévelop- pement extrême, constitue , chez ces animaux, une toison épaisse de laine plus ou moins longue. Leur stupidité esi extrême: ils sont incapables d'aucun attachement , ne savent éviter aucun danger, et n’ont pas assez d'intelligence pour cher- cher un abri contre les intempéries de l'atmosphère : c’est tout au plus s'ils savent trouver eux-mêmes leur nourriture. Enfin leur constitution est en même temps très faible : le froid, Phu- midité et la fatigue déterminent chez eux de nombreuses mala- dies, et, s'ils étaient abandonnés de l’homme, il est probable que leur race ne tarderait pas à s’éteindre. Dans nos pays, les brebis ne font en général qu’un petit par portée et ne produisent qu’une fois par an ; mais, dans les pays plus chauds, ils en font souvent deux, et quelques races don- nent deux agneaux à-la-fois. La durée de la gestation estde cinq mois, et les brebis conservent leur lait pendant sept ou huit Argair. Mouflon d'Amérique. Mouton do- mestique. 192 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. mois après la naissance de leurs petits ; mais on ne laisse ceux-ci téter que deux ou trois mois. À un an, les brebis peuvent déjà reproduire , et elles continuent à être fécondes jusqu’à l’âge de dix ou douze ans. Pendant la première année, les huit dents inci- sives paraissent, et les jeunes moutons portentle nom d’agneaux. Durant la deuxième année, on les appelle antennois, et on les reconnait à ce que les deux incisives du milieu tombent et sont remplacées par d’autres dents plus larges. Les deux dents sui- vantes se renouvellent la troisième année, de sorte qu’il en existe alors quatre incisives larges et quatre pointues. L’année sui- vante , ilen est de même pour les troisièmes incisives ; enfin les latérales tombent et sont remplacées la cinquième année : quel- quefois le travail de la dentition se fait plus rapidement, et, ‘lorsqu'il est achevé, on ne trouve aucun signe positif pour re- connaître l’âge de ces animaux. Il existe des différences très grandes entre les diverses variétés des moutons. La race la plus remarquable par la singularité de ses formes, est celle des moutons à large queue, chez lesquels cel appendice est tellement gonflé par de la graisse, qu’il a souvent la forme d’une grosse loupe à un ou même à deux lobes: il en existe dans les parties tempérées de l'Asie, le midi de la Russie, dans la Haute-Egypte, etc. Des voyageurs dignes de foi assurent que , dans certaines contrées de l'Afrique orien- tale, il n’est pas rare de rencontrer de ces moutons attelés à une sorte de brouelle, destinée uniquement à supporter le poids de ieur queue, tant son volume devient énorme. Le mouton de Valachie se distingue par ses cornes en spirale, et dirigées en haut, comme celles de certaines antilopes, et chez le mouton d'Islande, qui est repandu depuis la Norwège jusqu'au Groën- land, le nombre de ces prolongemens frontaux varie singulière ment. Tantôt il n’est que de deux, mais d’autres fois il existe trois, quatre et quelquefois jusqu’à huit cornes. Le mouton merinos, que l’on croit originaire de la Barbarie, mais qui estcommun en Espagne, d’où il s’est répandu dans les autres parties de l'Europe, ne présente aucune de ces anoma- lies de structure, mais mérite cependant davantage de fixer notre attention, à raison de la beauté de sa toison. On le recon- nait à ses cornes très grosses et très fortes , qui forment une spirale régulière sur les côtés de sa têle, et à sa laine d’une finesse et d’un moelleux exirêmes, qui est contournée en tire- boucbon. Le moulon ordinaire présente aussi des variations très grandes dans sa taille, ses proportions et les qualilés de sa laine. Ces animaux constituent une des principales sources des ri- chesses agricoles et fournissent à l’industrie manufacturière TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 193 des produits précieux. Les meilleures terres perdent bientôt leur fertilité, si elles ne reçoivent continuellement une propor- tion convenable dengrais , et là où les pâturages ne sont pas assez abondans pour entretenir un grand nombre de bœufs ou de chevaux , les troupeaux de moutons trouvent encore une nourriture suffisante et améliorent le sol par le fumier qu'ils y déposent. Le pacage de ces animaux, dans un champ destiné à la culture du blé, fait sentir ses bons eflets pendant trois années consécutives. Sous ce rapport, ils rendent donc à lagriculture des services considérables , et en même temps ils paient ample- ment les soins qu'on leur donne, et les fourrages qu'ils con- somment par la laine qu’ils produisent, et par la viande, le suif et la peau qu’ils fournissent après leur mort, La tonte des moutons se fait vers le mois de juin ou de juillet. Si on laissait leur laine croitre pendant plus d’une année, cela nuirait à la santé de ces animaux et occasionnerait souvent des maladies de peau, et, d’un autre côté, si on les tondait deux fois par an (ce qui contribuerait peut-être à augmenter la finesse de la laine), ils se trouveraient privés de leur chaude toison à des époques où dans nos climats, elle leur est nécessaire pour les pré- server des intempéries de l’atmosphère. La quantité de laine fournie par un mouton varie beaucoup, suivantles races, et ces différences ne dépendent pas seulement de la taille: elles tien- nent encore davantage à la nature particulière de l'animal. Le poids des toisons des moutons communs de la plupart de nos provinces est seulement de un à denx kilogrammes et demi (deux à cinq livres), landis que celui de nos moutons, dont la race a été améliorée par leur croisement avec les mérinos, est de trois à quaire kilogrammes, et que celui des mérinos eux-mêmes est communément de quatre à cinq kilogrammes, et s'élève quel- quefois au double. Sous le rapport de la qualité des toisons, il est une distinction importante à établir entre les moutons qui fournissent une laine longue et droite, et ceux qui donnent une laine courte, fine et frisée. La manière de travailler ces deux espèces de laine n’est pas la même, on les emploie à des fabrications différentes, et les circonstances agricoles favorables aux races qui produisent l’une, sont souvent nuisibles à celles qui donnent l’autre. Parmi les moutons à laine courte et fine, les mérinos se présentent en première ligne, et, parmi les races à laine longue, on re- marque surtout celles de Saxe et de quelques contrées de lAn- gleterre. La laine qui est sur le dos de l'animal est enduite d’une ma- tière grasse , appelée su/nt, et en général très sale. Dans quel- ques cantons on la lave d’une manière imparfaite avant la tonte; 15 1914 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. mais en général on ne pratique cette opération qu'après. Le lavage et le dégraissage font perdre à la toison la moitié ou les deux tiers de son poids. L’âge auquel on engraisse les moutons, pour les livrer à la boucherie, varie: c’est à deux ou trois ans que leur chair est le plus tendre et le plus savoureuse ; à quatre ans, ils sont plus disposés à prendre de la graisse; mais, lorsqu'on les destine d'abord à la production de la laine , on attend jusqu’à l’âge de huit ou même dix ans, avant que de les livrer au boucher. On les engraisse , soit en les faisant paitre dans de bons herbages, soit en pouture, c’est-à-dire à la bergerie, et, au moyen de fourr rages secs et de grains. Le Lemps nécessaire pour les amener au point de graisse convenable est en général d'environ trois mois, et afin d’exciter leur appétit, et de les maintenir en bonne santé, on leur donne une certaine quantité de sel, substance quileur est en tout temps très utile; c’est ce qui explique la supériorité des prés salés sur les herbages ordinaires. La quantité de nourriture né- cessaire à ces animaux est à-peu-près en raison du poids de leur corps, qui varie considérablement ; car dans beaucoup de nos provinces, les moutons ordinaires ne pèsent que dix ou douze kilogrammes , tandis que ceux de la Flandre pèsent de trente à quarante kilogrammes, et qu’en Angleterre, on en élève qui at- teignent le poids énorme de quatre-vingts ou cent kilogram- mes , et même davantage; mais une différence plus importante, qui existe entre ces animaux , est celle de la proportion des par- ties charnues de leur corps, comparée au poids des os, des vis- cères , etc. On à remarqué que les moutons qui présentent cer- laines particularités de conformation, s’engraissent beaucoup plus facilement que d’autres, et un des hommes qui ont rendu le plus de services à l’agriculture anglaise, Bakewell, en ayant soin de croiser des moutons chez lesquels ces caractères exté- rieurs se voyaient à un haut degré, est parvenu à créer une race des plus précieuses sous ce rapport. Le poids des quatre quar- üers de la carcasse des grands moutons dela race wurtember- geoise, que l’on élève dans quelques-unes de nos provinces, comme étant particulièrement propres à fournir la viande de boucherie, est de cinquante-deux à cinquante-cinq pour cent du poids total de Panimal, tandis que, dans les moutons anglais de la race de Déshley où New-Leirester, cette proportion s élève à soixante-dix ou même à soixante- quinze. Il est par consé- quent évident que le choix de ces animaux doit exercer la plus grande influence sur les profits que lon retire de leur engrais. La viande de mouton est un des alimens les plus sains et les plus employés , à raison de ses qualités agréables et de son prix TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 195 modique. À Paris, par exemple, on consomme chaque année environ trois cent quarante mille de ces animaux. La graisse du mouton ou suif est également un produit im- portant de ces animaux. Les moutons ordinaires de nos cam- pagnes en fournissent , lorsqu'ils sont de moyenne taille, deux kilogrammes et demi à trois kilogrammes et demi, et nos grandes races en donnent jusqu’à six ou huit kilogrammes ; mais ce sont les moutons de Dishley qui sont les plus disposés à se charger de graisse: on leur en trouve souvent une couche épaisse de plus de quatre pouces tout le long des côtes et autour des reins, quelquefois même épaisse de sept à huit pouces. Il n’est pas rare de retirer douze kilogrammes de suif d’un seul de ces moutons, et cependant on a soin de les engraisser avant l’époque où ils sont le plus disposés à en produire, afin d’obte- nir une viande plus délicate. Leur peau dépouillée de sa laine , a aussi d’importans usages : c’est avec elle que l’on fabrique la plupart des peaux minces, employées pour la confection de nos souliers, de nos gants, etc., et préparée par d’autres procédés, elle prend dans le com- merce le nom de chamois, de parchemin , de velin, etc. (1) (x) C’est presque exclusivement avec des peaux de moutons, d'agneaux ou de chevreaux, que l’on prépare les peaux blanches employées pour la fabrication des gants, la doublure des souliers , etc. , etc. ; quelquefois on y emploie aussi des peaux de chèvres, de veaux ou même de chiens , et on donne le nom de mne- gisserie à Cet art, qui repose principalement sur la propriété que possèdent certains sels terreux de se combiner avec la substance du derme , et de la rendre incorruptible. Les peaux destinées à être mégies sont d’abord lavées, puis enduites de chaux délayée dans de l’eau. On les laisse dans une fosse jus- qu’à ce que le poil se détache facilement ; alors ou les lave et on les pêle sur un chevalet de bois, en les frottant avec une espèce de couteau mousse, et cette opération terminée , on les soumet de nouveau à l’action de la chaux , qui les dégraisse et les fait gonfler. Pour faire gonfler les peaux davantage et faciliter l’action des substances salines, qu’il est nécessaire d’y combiner , on les met en- suite en confit, c’est-à-dire on les enduit de son ou de farine délayée dans de l’eau, afin qu’elles s’'imbibent de l'acide acétique (ou vinaigre ), développé par la fermentation de cette matière. Les peaux , gonflées de la sorte, sont plongées dans une dissolution d’alun et de sel marin, qui, en se décomposant mutuelle- ment, donnent naissance à du chlorure d'aluminium, lequel se combine avec le tissu du derme, le blanchit et le rend inaltérable à l’air. Enfin on fait sécher les peaux et on les assouplit, en les frottant sur une‘lame de fer arrondie nom- mée pesson. Les peaux de mouton, sur lesquelles on conserve la laine, sont préparées a-peu-près de la même manière, si ce n’est qu’on ne les met pas ou du moins qu’on ne les laisse que peu de temps dans la chaux et les confits. Les peaux connues dans le commerce sous le nom de chamois sont aussi en majeure partie des peaux de mouton: les plus fortes et les plus souples sont 13. 196 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 483. Après les récoltes des céréales et des wins, celle des laines est la plus importante pour l’agriculture française; ce- pendant, jusqu'à une époque irès rapprochée de nous, nos moutons étaient tous petits, chétifs, mal soignés et en petit nombre; mais, depuis un certain nombre d'années, nos agri- culteurs commencent à sentir combien 1l y aurait d'intérêt pour le pays et de profits pour eux à améliorer nos races indigènes ou à leur en substituer de plus précieuses. Colbert, lun des premiers, eut l’idée heureuse de tirer de l'Espagne et de l’An- gleterre des moutons plus parfaits que les nôtres, pour améliorer - les races francaises ; mais, de même qu'il en est de presque toutes les innovations mêmes les plus utiles, :es vues trouvèrent des contradicteurs qui s’opposèrent à leur exécution , et les premiers essais ne furent tentés que long-temps après. Ce fut en 1776 seu- lement, que l’on importa en France les premiers mérinos, et les noms des hommes qui ont rendu à leur patrie cé service im- portant méritent d'être signalés à la reconnaissance publique : ce fut Daniel Trudaine, intendant des finances, qui mit en exé- cution le projet de Colbert, et il confia à Daubenton, le savant el laborieux collaborateur de Buffon, le soin de diriger cette ulile entreprise. Depuis lors, de nouveaux troupeaux de mérinos nous ont été amenés d’Espagne; ces animaux ont prospéré dans nos bergeries, el, par leur croisement avec nos moutons indi- senes, on à obtenu les résultats les plus heureux. La France celles du daim. Le chamoiïs est uu animal trop rare pour en fournir beaucoup : quelquefois on chamoise des peaux de chèvre et de buffle. Les premières opé- rations qu’on leur fait subir sont les mêmes que pour les peaux mégies. Après les avoir soumises à l'action de ia chaux, on les endnit d'huile de morue ou de baleine , et on les fait battre sous le marteau d’un moulin à toulon. On renou- velle cette opération jusqu’à ce qu’elles soient cunvenablement ramollies ; puis on les met en pile, et on les laisse fermenter un pen et se gonfler ; enfin, après quelques opératious mécaniques peu importantes , on les dégraisse à l’aide d’une lessive alcaline, et on les travaille sur le pesson , comme nous l'avons déja vu pour les peaux mégies. Le plus beau parchemin se fait avec des peaux d'agneau; mais on emploie également à cet usage des peaux de mouton, de chèvre , de pore, et même de petits veaux. Voici comment on les prépare. Les peaux, après avoir été bien trempées et lavées sont enduites d’une beuillie faite avec de la chaux délayée dans de l’eau , puis lavées ; dépelées et immergées pendant quelques jours dans un bain d’eau de chaux. Cette opération terminée, on les lave, on les tend sur des châssis de bois et on les écharne ; ensuite on les saupoudre avet de la chaux, et on les fait sécher, après quoi on les détache du cadre (ou herse) où elles étaient fixées, et, avec un instrument tranchant, on enlève. la superficie des deux côtés de la peau, on les rend aussi unies que possible, et si c'est né- cessaire, ou les polit encore davantage , en les frottant ayee une picrre-ponce. PRIBU DES RUMINANS À CORNES CREUSES. 197 produit aujourd’hui des laines fines presque aussi belles que celles d'Espagne; et, quoiqu'il reste encore bien des améliora- tions à faire, il est à espérer que, dans peu d'années, elle saf- franchira des tributs énormes , que le manque de ces matières la . forçait à payer chaque année à l'étranger. D’après les calculs d’un de nos grands manufacturiers, Ter- naux, il paraîtrait qu'il existe en France environ 30,000,000 de bêles à laine, dont environ 164,000 mérinos de race pure, 340,000 de mérinos réputés purs, mais n'étant réellement que des métis de cinq ou six croisemens , 1,400,000 moutons métis mérinos de trois où quatre croisemens: 2,200,000 de deuxième et troisième croisemens. Plus de 24,000,000 de nos bètes à laines sont encore de race indigène pure, et sur ce nombre on ne compte pas plus de huit millions de beaux animaux. Plus de dix millions de nos moutons, c’est-à-dire plus du tiers du nombre total possédé par la France, sont des animaux petits, chétifs et en mauvais état, dont la toison ne pèse, terme moyen, qu'un kilogramme et demi, el ne vaut qu'environ 2 fr. 50 €.; landis que Les mérinos ou les beaux métis donnent des toisons du poids de trois à quatre kilogrammes, el valant de 7 à 11 francs, on même davantage. Depuis quelques années, on s'occupe aussi à acclimater en France les belles races anglaises de meutons à laine longue, et il serait d'autant plus désirable de voir ces tentatives couronnées de succès, que ces animaux peuvent prospérer dans un grand nombre de localités trop humides pour les mérinos. Tous nos départemens possèdent des bêtes à laine; mais, dans les uns, elles ne sont considérées que comme un faible accessoire des exploitations rurales, tandis que, dans d’autres, elles font la base des spéculations agricoles, et qu'ailleurs on les trouve associées au gros bétail et partageant avec lui les soins du eulti- vateur. Dans la résion qui avoisine la Méditerranée, et qui s’é- tend du littoral vers le nord jusqu’à l'Isère , aux monts Coiron, dans l'Ardèche, à la Corrèze et au Cantal, et latéralement des Alpes à la Garonne, les moutons constituent la principale ri- chesse des agriculteurs. Dans une seconde région, plus centrale, qui comprend le département du Cher, les deux rives de la - Loire, les départemens de lIndre, du Loiret et d'Eure-et-Loir . on leur donne une importance presque égale; enfin, dans une troisième région, qui se lie à la précédente, et qui s'étend des bords de la Seine vers le nord, en embrassant les départemens de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne, de l'Oise, de l'Aisne, du Pas-de-Calais et du Nord, ces animaux se trouvent aussi en grand nombre, mais cependant dans une proportion moins forle que les bœuts et les vaches. La carte ci-jointe servira , par ses teintes Lœufs. 198 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. variées, à donner une idée de la part que prennent nos différens départemens dans la production des laines. (1) Là où les pâturages suffisent pour le gros bétail, celui-ci forme la partie principale du cheptel, et les moutons sont exclus ou n’occupent qu'une place secondaire. L'élève du cheval dans les herbages de la Bretagne, de la Normandie, de l’Anjou et du Maine, et celle des mulets dans le Poitou les excluent presque entièrement de ces provinces; mais partout où lengrais des bœufs ou la nourriture des vaches n’a pas lieu constamment au pâlurage, mais en partie à l’étable, ce n’est pas le cheval, mais le mouton , que l’on associe aux bêtes à cornes; car ils mangent les herbages peu élevés, les chaumes et les débris de la nourri- ture sèche des bœufs, genre d’alimens que les chevaux ne con- sommeraient pas avec le même avantage. Dans les lieux humides où l'herbe croit avec le plus d’abondance , et où les bœufs s’en- graissent le plus rapidement, les moutons à laine fine sont aussi, pour ainsi dire, exclus à cause de l'influence funeste du climat sur leur constitution, et on ne peut s’adonner avec succès qu'à la production des moutons à laine longue. On évalue à environ vingt millions de kilogrammes le poids, et à 114,000,000 de francs le prix des laines que produit chaque année la France; mais cette quantité est loin de suffire aux be- soins de notre industrie, et on en tire annuellement de l'étranger de sept à huit millions de kilogrammes. C’est principalement l'Allemagne qui nous les fournit. Ce pays possède en effet des troupeaux presque innombrables et des races des plus belles. La laine dite électorale de la Saxe surpasse en finesse celle d’Espagne. L’Angleterre est aussi très riche en bêtes à laines: mais ce pays manufacturier met en œuvre une quantité si im mense de laine , que, pour alimenter ses fabriques, il en importe chaque année, de l’Allemagne, environ dix millions de kilo- grammes. 6484. Le genre BOEUF se distingue facilement des autres groupes de la division des ruminans à cornes creuses : il se compose d'animaux gros et lourds, dont les cornes, dirigées ‘de côté, reviennent ensuite en haut el en avant en forme de croissans, dont la tête se termine par un large mufle, dont les (1) lei, comme dans la carte figurative de la répartition des chevaux, les teintes sont d'autant plus foncées que cette branche de-nos richesses agricoles augmente. Les numéros des départemens indiquent l’ordre dans lequel ils se rangent par rapport à la production des laines dans une même étendue de terrain. La diffé- rence entre les deux extrémités de l’échelle est a-peu-près comme t est à 110. 4 arte, Jigurauve de la destribation des betes & cornes [ bœuf. : > ; ; ne Carte figuratioe de la des betes a laure . Dans ces deux (artes, Les teintes sont d'autant plus fonceer, que le rom - bre d'animaux est plus consuterable pour urté anéme etendue de Ler- Zur .- dans les différentes parties de Lx lrance É y Do 0 distribution D. ï, vaches. 744 7 72 bb) 7) 1} — Jd'uuwse TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 199 jambes sont robustes et dont la peau du cou, lâche et pendante, Fig. 172. forme inférieurement un grand repli, ap- pelé fanon. De même que les précédens, ces animaux vivent d'herbes ; mais ils n'ont point leur agilité, et en général ils habitent les plaines de préférence aux montagnes. On en connait huit espèces bien distinctes , savoir : le bœuf ordi- naire @t Vaurochks , originaires , l’un et l’autre, de l’Europe et de quelques par- lies de Asie; le buffle; le gyall et le yack , qui sont propres à l’Asie; le buffle du Cap , qui ne se rencontre que dans PAfri- que méridionale; enfin, le b'son et le bœuf musque, qui ap- partiennent à l'Amérique septentrionale. $485. Le bœuf ordinaire est considéré par Buffon et quelques autres naturalistes, comme descendant de l’aurochs, qui, au- Jourd’hui, se trouve encore à Pétat sauvage, dans les forêts de la Lithuanie et du Caucase; mais c’est à tort : il en diffère par un grand nombre de caractères, et parait provenir d’une espèce sauvage , l’urus des anciens, dont on trouve les crânes à l’état fossile dans les tourbières de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre. Ses caractères spécifiques sont d’avoir le front plat, plus long que large, des cornes rondes, placées aux deux extré- mités d’une ligne saillante, qui sépare le front de l’occiput, treize paires de côtes, et les quatre mamelles, placées par paires. Il paraïtrait qu'au seizième siècle, il existait encore de ces ani- maux à l’état sauvage dans les forêts de la Pologne et même de l'Angleterre; mais, depuis Pantiquité la plus reculée, cette es- pèce était en majeure partie réduite en domesticité, et depuis lors elle a passé tout entière sous l'empire de l'homme. Nos bœufs domestiques se sont propagés en abondance dans les quatre parties du monde. On les trouve non-seulement dans toute l'Europe, mais aussi dans la plus grande partie de l'Asie et de Afrique, et ils se sont prodigieusement multipliés en Amé- rique, où ils ont été importés par les Espagnols et où ils sont même retournés à la vie sauvage. Ceux de l’Inde, de la Perse, de l'Arabie et de toute l'Afrique, au sud de l’Atlas, diffèrent beaucoup de ceux d'Europe : ils sont connus sous le nom de zebus, et forment une variété très remarquable par la loupe graisseuse qu'ils portent sur le dos. Les uns sont grands et ont une bosse, dont le poids s'élève quelquefois à cinquante livres; d’autres surpassent à peine nos cochons ordinaires. A Surate, on en voit qui ont deux bosses, et tantôt ces animaux ont des cornes très grandes, tantôt ils en sont complètement dépourvus ; enfin, d'autres fois encore, ils ont de petites cornes Bœuf ordi- naire. 200 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. adhérentes seulement à la peau et mobiles, parce que leur axe osseux ne s’est point développé. Les bœufs de nos climats diffè- rent moins entre eux, mais Cependant offrent encore des va- riations très grandes sous le rapport de la taille, de la direction et la longueur des cornes , des proportions du corps eb de la couleur du poil. Chacun connaît les allures de ces animaux : ils sont , en géné- ral, lents dans leurs mouvemens, mais peuvent cependant cou- rir assez vite. Leur force est très considérable, et ils n’ont be- soin que de peu de sommeil : ils mangent vite et prennent en peu de temps toute la nourriture qu’il leur faut; après quoi ils se couchent ordinairement sur le côté gauche, pour ruminer à loisir. Leurs alimens peuvent être plus grossiers que ceux des chevaux et des moutons; mais l'herbe qu'ils broutent doit tou- Jours être plus longue; car Fabsence de dents incisives à la mâchoire supérieure et l'épaisseur de leurs lèvres les empêchent de pincer et de couper les brins courts et fins. Pour les détacher du sol, ils les saisissent avec leur langue longue, rude et mobile, les ramènent contre les dents de la mâchoire inférieure, et les cassent en les tordant. Il en résulte que, pour tirer tout le parti nécessaire des pâturages, où lon nourrit des bœufs, il faut leur adjoindre des chevaux ou des moutons, suivant la nature des localités. En général, on compte que, pour dix bœufs, il faut un cheval. Lorsque ces animaux sont abandonnés à eux-mêmes, ils sont très farouches el dangereux, La colère les rend furieux, et leurs cornes sont des armes puissantes, à l’aide desquelles ils déchi- rent leur adversaire, et, s’il n'est pas de trop grande taille, le lancent en l'air, après lavoir percé. Si un loup vient à rôder autour d’un troupeau de bœufs, ceux-ci se réunissent pour for- mer une enceinte, au milieu de laquelle se tiennent les veaux et les jeunes bœufs, dont la tête n’est pas encore armée. La bête de proie n’ose approcher de ce rempart hérissé de cornes’, et si elle ne s'éloigne pas, on voit souvent un taureau sortir des rangs et lui donner la chasse. Les vaches domestiques , quoique d’un naturel grossier, sont susceptibles d’une sorte d’atiachement : elles reconnaissent très bien les personnes qui en prennent soin, ainsi que l’habitation où on les nourrit; en général, elles sont d’un caractère doux et paisible. Le taureau, au contraire, con- serve toujours son caractère fier et irascible. La durée de la vie de ces animaux peut dépasser vingt ans; mais 1l est rare qu'on les conserve aussi long-temps avant que de les livrer à la boucherie. Jusqu’à trois ans, on reconnaît l’âge des bœufs aux changemens qui surviennent successivement dans leurs dents mcisives, qui tombent et sont remplacées par d’au- TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 201 tres moins blanches et plus larges. Le renouvellement des deux dents médianes a lieu à dix mois; celui des suivantes à seize mois , et celui des troisièmes un peu plus tard. À trois ans, Îles dernières incisives de lait sont également remplacées, et à me-— sure que l’animal vieillit, tous ces organes s’usent, noircissent et deviennent inégaux. Les cornes présentent aussi des change-- mens avec l’âge : elles croissent toujours par Paddition annuelle d’une nouvelle lame, qui se dépose à l’intérieur de l'espèce d’étui formé par la matière cornée, et la pousse devant elle, en déve- loppant à sa base un bourrelet circulaire. Ce phénomène com- - mence à trois ans , el, chaque année, un nouvel anneau s’ajoute au-dessous des précédens. Les bœufs sont des animaux précieux par leur travail, aussi bien que par les produits qu’ils nous fournissent. La force de leur tète et de leurs épaules en fait de puissans animaux de trait. Pour le labour, ils sont souvent préférables au cheval. Leur marche est, à la vérité, plus lente, et ils font environ un cin- quième de travail de moins par jour; mais leur entretien est moins coûteux, et, lorsqu'ils ont servi pendant quelques années. on peut les vendre sans perte, pour être engraissés et livrés au boucher. Les taureaux sont plus vigoureux; mais leur indocilité rend leur usage dangereux, à moins qu’on wait le soin de leur passer un anneau de fer dans les narines, ce qui permet de les dompter. Pour rendre ces animaux plus doux et pour les disposer aussi à prendre plus facilement de la graisse , on est dans l’usage de les couper à Pâge de dix-huit mois ou deux ans : c’est après cetle opération qu’on leur donne plus spécialement le nom de bœufs. À trois ans, où commence à les faire travailler; mais l'époque de leur plus grande vigueur est de cinq à neuf ans; ordinairement, on les emploie pendant sept ans; mais, dans les pays où l’engrais du bétail donne des profits considérables, on ne les fait travailler que pendant quatre ans. Quelquefois on emploie les vaches aux mémes usages; mais, en général, on les consacre exclusivement à la production du lailet à la multiplication de l'espèce. Dans le jeune âge, on les connait sous le nom de genisse. Leur croissance est de deux ans, et la durée de la gestation de neuf mois. La portée ordinaire n’est que d’un veau, et dans l’état demi sauvage où ces animaux se trouvent dans quelques pays, en Colombie, par exemple, le lait se tarit aussitôt que le petit cesse de téter; mais, par leffet de la domesticité, il en est tout autrement, et nos vaches continuent toujours à en fournir jusqu’au moment où elles sont prêtes à vêler de nouveau. La quantité qu’elles donnent varie, suivani une foule de circonstances : c’est à l’âge de cinq ou six ans, et dans les premiers mois qui suivent le vêlement, qu’elles sont les 202 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. meilleures laitières. L’abondance plus ou moins grande de la nourriture , sa nature, le climat et les différences de races exer- cent la plus grande influence sur Pactivité de celte sécrétion. On assure qu'à Surinam, les meilleures vaches ne donnent qu'un demi-litre où un litre de lait par jour; celles des côtes barba- resques en fournissent tout au plus trois ou quatre litres par jour; tandis que les vaches ordinaires de nos campagnes en don- nent près de six litres, et que les belles vaches suisses en donnent de dix à onze litres; enfin, celles de la Frise en donnent jusqu’à treize litres. Dans le voisinage des grandes villes, c’est la consommation du lait en nature qui donne à ce liquide sa plus grande valeur ; mais ailleurs on l’emploie principalement à la préparation du beurre et du fromage. Ainsi que nous l'avons déjà dit ailleurs, le lait se compose de serum ou petit-luit, qui est de l’eau te- nant en dissolution du sucre de lait, une matière caséeuse, un acide particulier , quelques sels, etc., et de particules solides de forme globalaire et d’une petitesse extrême, qui nagent dans ce liquide et sont formées de beurre. La proportion des parties so- lides (supposées sèches) est en général de dix à douze pour cent. Par le repos, les parties grasses du lait, plus légères que le sé- rum, s'élèvent peu-à-peu vers la surface et y forment une cou- che plus ou moins épaisse, qui est connue sous le nom de rréme, et qui se compose de globules de beurre qui ont entrainé avec eux une partie de la matière caséeuse et ont retenu une certaine quantité de sérum. En battant pendant quelque temps la crême, on détermine la réunion des giobules graisseux , qui forment alors de petits grumeaux , tandis que la matière caséeuse reste en dissolution dans le liquide, que l’on appelle alors lait de beurre : c’est ainsi que l’on obtient le beurre. On le lave ensuite en le pressant, pour séparer, autant que possible, le lait de beurre, dont la masse est imprégnée; mais, en général, il en conserve environ le sixième de son poids, et c’est pour préserver ces substances étrangères de toute altération, qu’on le sale. Par la fusion, elles se séparent complètement, et alors le sel n’est plus nécessaire e pour la conservation de ce produit. La quantité de beurre fournie par le lait varie suivant une foule de circon- slances. Dans les environs de Paris, on l’évalue à environ un SiXIeME. ’ar l'addition d’un acide, le lait se dépouille presque entière- ment des matières caséeuses et grasses qu'il renferme. Celles-ci forment alors un caillot, dont le petit lait se sépare peu-à-pen , et C’est en agissant ner que l’on prépare le fromage. On mêle au lail, avant que la crème ne soit montée, après qu ’on l’a déjà écrèmé, OU, au contraire, après y avoir ajouté de la erême, TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. : 203 Suivant la qualité que lon veut donner au produit, une petite quantité de pressure délayée dans de l’eau. Tantôt on laisse le tout en repos pendant vingt-quatre heures; d'autres fois, on accélère la coagulation par la chaleur; et, lorsqu'elle s’est effec- tuée , on fait égoutter la masse composée de matière caséeuse et de beurre, on le sale et on le met en forme ; souvent on emploie le fromage dans cet état; mais, d’autres fois , on le place dans un lieu frais et humide, où il ne tarde pas à subir des altérations particulières qui en changent complètement la nature : par une espèce de putréfaction , une portion du caséum se décompose et donne naissance à des sels ammoniacaux, qui produisent l’odeur et la saveur âcre et particulière que chacun lui connait. Les veaux que l’on destine à être élevés sont , en général, se- vrés au bout de six semaines , et on les accoutume peu-à-peu à se nourrir de fourrages ; les autres sont livrés à la boucherie à l’âge de six semaines ou deux mois, quelquefois un peu plus tard. Dans les environs de Pontoise, où les cultivateurs se livrent, d’une manière spéciale , à l’engrais des veaux, on sèvre ces ani- maux dès leur naissance, et on leur fait boire du lait, auquel on ajoute quelquefois des œufs. Pendant les premiers quinze jours, ils en consomment environ cinq litres et demi (six pintes) par jour; pendant la seconde quinzaine , on augmente leur ration d'environ deux litres, et ensuite on la porte jusqu’à neuf ou dix litres par jour. À six semaines, un veau engraissé, de moyenne grosseur , pèse environ quarante à quarante-cinq kilogrammes, et à trois mois soixante à soixante-cinq kilogrammes. Paris en consomme annuellement environ quatre-vingt mille. C’est vers l’âge de sept ans que les bœufs sont dans les circon- stances les plus favorables à lengrais ; mais, en général, on les fait travailler jusqu’à l’âge de dix ans. Dars les pays où il existe de beaux herbages (comme dans le Cotentin et la vallée d’Auge, en Normandie), on engraisse ces animaux par le pâturage seule- ment. Les prairies artificielles de ruy-grass ou ivraie vivace sont particulièrement propres à cet usage. Ailleurs (dans le Limousin, par exemple), on les place, en général, à l’écurie, et on les nourrit avec du foin, de la farine de seigle délayée dans de Peau, des tourteaux de lin, etc. Les turneps (espèces de raves), les pommes de terre, les topinambours, sont également propres à l’engrais du bétail. Souvent, on fait cuire les racines et le grain qu'on leur donne, et, dans les derniers temps de l’engraisse- ment, celte méthode a surtout de l'avantage. On évalue la con- sommation journalière d’un gros bœuf engraïssé à l’étable, à quinze kilogrammes de fourrage, dix kilogrammes de racines cuites , et autant de farine de divers grains mélés à du son gras. Les dispositions individuelles du bœuf influent beaucoup sur 204 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. la rapidité avec laquelle ces animaux s’engraissent et sur le de- gré d'embonpoint auquel ils parviennent. On remarque que ceux dont la tête est grosse, le mufle courtet arrondi, le ventre rond. large et abatlu en dessous, l’échine large et unie, la peau fine ei lustrée, etc., profitent le mieux de la nourriture qu’on leur donne ; et si lon s’appliquait avec persévérance à améliorer nos races de gros bétail , il n’est pas douteux que l’on rendrait ces caractères héréditaires , et qu’on les développerait à un haut de- gré. En Angleterre, on y est arrivé et même on est parvenu à avoir des bœufs dont la graisse se dépose dans certaines parties du corps en plus grande proportion que dans d’autres. Le repos est une condition de la réussite de l’engrais des bœufs comme de celui de out autre animal. Il faut aussi proportionner la richesse des alimens au degré plus ou moins avancé de Fem- bonpoint , et l'usage du sel est toujours d’une grande utilité. Le poids des bœufs engraissés varie beaucoup. En Franee, 1! west souvent que de deux cent cinquante kilogrammes ; mais on en voit qui pèsent jusqu’à quinze cents kilogrammes, et on'as- sure qu’en Angleterre, en Irlande, en Allemagne et en Suisse. ils atteignent quelquefois un poids beaucoup plus considérable encore. Le poids moyen de cenx consommés à Paris est de deux cent quatre-vingt- -dix kilogrammes , et on évalue à onze trente- cinquièmes le poids brut des abats et issues, et à vingt-quatre trente-cinquièmes celui de la viande. La proportion du suif est le plus ordinairement égale à un dixième du poids de la viande; mais à cel égard on rencontre des variations extrêmes. (1) Les parties de la France où les agriculteurs élèvent le plus de bœufs est (comme on peut le voir par la carte ci-jointe page 198) la région nord-ouest, comprenant la Bretagne, le Maine et la Basse- Nôrmandie, et une partie du Poitou. Une seconde région, moins étendue et moins riché en bêtes à cornes , mais qui, “cependant, ne laisse pas que d'en produire un grand nombre, longe la frontière de la Suisse et de P Allemagne, depuis l Eürejusqu à la {r) Voici les proportions des divers produits, terme moyen, pour un bœuf pesant trois cent vingt-cinq kilogrammes , calculés d’après ceux des abattoirs de Paris : CRT EEE ee H2O RO Abats | Suit Ad ot DELÉSS- DEEE etissues. | Tête, pieds et fressure. 22 Sang et immondices. . 27 ÿ) sé eee PPORNTER ... 222 5 — 0,685 de poids total. | 102 à —0,3143 de poïdstotal. } Viande, La valeur des abats est comptée pour un cinquième de la valeur totale de Rem animal. TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 205 Moselle. Une troisième région, très productive sous le même rapport, occupe le centre de la France et comprend l'Auvergne , lx Marche et le Nivernais, etc.; enfin, une quatrième région, remarquable par le nombre des bœuf est la Flandre et Artois, Dans tout le midi de la France, au-dessous du 45° degré de lati- tude , on n’en trouve presque pas : POrléanais, le Berri, la Bour- gogne el la Champagne n’en produisent aussi qu'une faible proporuion. Cette branche de notre industrie agricole laisse beaucoup à désirer. L’Angleterre, la Belgique, tout le nord de l'Allemagne et la Suède, etc., sont bien plus riches en bètes à cornes que la France. On calcule que, chez nous, le nombre des bœufs est à- peu-près dans la proportion d’un pour cinq habitans; tandis que, dans les Pays-Bas, la Prusse, elc., cette proportion est à celui des habitans comme 1 est à 3, et que, dans l'Angleterre, le Hanovre, le Wurtemberg, la Suède, etc., il est égal à la moilié du chiffre total de la population. Le nombre total des bêtes à cornes est évalué en France à environ six millions sept cent mille têles, et chaque année nous en importons de trente à quarante mille de la Belgique , de l'Allemagne et de la Suisse. Pour fournir à la consommation de la ville de Paris (qui est d’en- viron cent cinquante mille bœufs, vaches ou veaux par an), il ue suflit pas de ceux que nos bouchers tirent de la Normandie, du Poitou, de la Marche. etc. : on en fait venir aussi de la Bel- gique et de l'Allemagne. Du reste la consommation de la viande fournie par ces ani- maux est bien plus faible en France que chez nos voisins du Nord. A Paris, elle est annuellement, terme moyen, d'environ soixante livres par habitant, landis qu’à Londres, on l’évalue à près de cent cinquante livres par habitant. Ce n’est pas seulement par leur travail et les alimens qu’ils nous fournissent, que ces animaux sont précieux ; l’industrie üre partie de leur peau, de leurs os, de leurs cornes, de leur sang et même de leurs intestins. | C’est avec la peau du bœuf ou de la vache que l’on prépare tous les cuirs forts employés à la confection de nos chaussures et à une multitude d’autres usages (1). Celles de la vache et du veau (1) La peau des animaux , conne nous l'avons déja dit , est en majeure partie formée d’une substance qui, par l'ébuilition , se transforme en gélatine ou coile- forte : elle absorbe facilement l'eau , et, dans cet état, ne tarde pas à se pétrifier. Pour la rendre incorruptible ét propre aux besoins de lindnstrie, on a recours a divers procédés, dort le plus important est le éannage., L'écorce de chêne, et la plupart des écorces dont la saveur est très astringente, renferme une quan- hté considérable de tannin, matière qui se dissout dans l’eau, et qui a la pro- 206 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. servent à la fabricalion des cuirs souples ou œuvrés. À Paris seu- lement, on tanne, chaque année, environ cinquante mille peaux de bœufs ou de vaches et soixante mille peaux de veaux, et priété de se combiner avec la gélatine, pour donner naissance à un produit insoluble dans l’eau et incorruptibie : c’est sur cette réaction que repose la fabri- cation des cuirs par le tannage. Les cuirs tannés se divisent en trois classes principales , les cuirs forts, les cuirs corroyés et les cuirs maroquinés. Ces derniers se tannent avec l'écorce de sumac, les premiers avec l'écorce de chêne. Les cuirs non tannés sont mégis, chamoisés, hongroyés et parcheminés par les procédés déja indiqués (pag. 195). Les cuirs forts sont fabriqués avec des peaux de bœufs, de vache, et sim- plement tannés sans préparation ultérieure. On ramollit d’abord ces peaux dans une eau courante, puis en les râclant avec un couteau d’une forme particulière, on les dépouille du tissu cellulaire et de tout ce qui adhérait à leur surface 5n- terne. Cette opération préalable terminée, on procède au gonflement et au dé- pelage des peaux, qui peuvent s’effectuer d'après trois procédés : par l’action de la chaux , de bains contenant de la farine d’orge ou autres substances suscep- tibles d’une prompte fermentation acide , ou bien par l’immersion dans de l’eau, mélée à du tan, qui a déjà servi ct qui y donue une faible proportion de tannin et un certain degré d’acidité. Cette dernière manière de préparer les cuirs dits à la Jusée, est la meilleure. Du reste, quel que soit le procédé employé, on dé- termine ainsi le gonflement des peaux, et on détruit l’adhérence des poils; on place alors les peaux sur un chevalet, et, avec un couteau mousse, on en fait tomber les poils; puis, si elles ne sont pas suffisamment gonflées, on les met dans une nouvelle dissolution faible de tannin aiguisée par de l’acide sulfurique ; enfin on les place dans les fosses, en les séparant par des couches de tan en poudre , et on humecte le tout avec de l’eau, qui se charge peu-àa-peu du tannin contenu dans l'écorce de chêne, et en imbilie les »eaux. Après un séjour d’envi- ron trois mois dans cette première fosse, on les place dans une seconde avec une nouvelle quantité de poudre de tan , et on renouvelle encore cette opéra- tion une, deux ou même trois fois. À Paris, la durée de la fabrication est en général d'environ dix-huit mois, et on évalue à cent vingt-cinq kilogrammes la quantité de poudre de tan nécessaire pour la préparation d'un cuir fort du péids de soixante-dix kilogrammes. La réussite de l'opération dépend principalement de la manière dont on ménage l’action du tannin , afin de ne pas endurcir la surface du cuir avant que d’avoir lassé la matière tannante pénétrer suffisamment dans son intérieur. On admet qu'un bon cuir fort contient quatre dixièmes de son poids de tanniu. Les cuirs ouvragés, après avoir été tannés comme les cuirs forts, sont livrés à des ouvriers qui Les assouplissent par des moyens mécaniques. Tantôt on laisse les cuirs cotroyés sans autre préparation ; d’autres fois on les imbibe de suif ou d'huile ; on en lisse la surface et on les teint, le plus souvent , en noir au moyen du sulfate de fer, appelé vulgairement couperose verte, qui, en se combinant avec le tannin, produit cette couleur. Les cuirs corroyés , après avoir été trempés et dépouillés de leurs poils, sont préparés, comme les cuirs mégis, par l'immersion dans une dissolution d’alun et de sel commun, ce qui les rend inaltérables à l'air (v0y. page 195}; ensuite on les imprègne de sf foudu. TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 207 cependant cette production ne suffit qu’à la moitié de la con- sommation en cuirs forts et à un neuvième de celle des cuirs de veaux. On évalue à plus de 36,000,000 de francs la valeur des peaux employées annuellement en France par les tanneurs, et. on estime que les préparations que ces industriels leur fontsubir en doublent le prix. Outre les peaux fournies par les bêtes à cornes livrées à la boucherie dans toute l’étendue de la France, nostanneries en importent beaucoup du Brésil, de Buénos-Ayres, de la Russie, etc. C’est également avec les peaux de bœufs , que l’on fabrique les cuirs hongroyés dont on se sert pour faire les soupentes de voitures, etc. Les poils dont on dépouille ces peaux sont employés à divers usages. Après les avoir filés, on en fait des tissus grossiers el presque imperméables à l’eau, dont nos rouliers se servent comme de manteaux, et que l’on nomme tibaudes. La corne de ces animaux estemployée aux ouvrages de tablet- terie : par les préparations qu'on lui fait subir on parvient à lui donner l'aspect de l’écaille (1). La membrane musculaire de leurs petits intestins sert aux boyaudiers, pour en faire des cordes pour les instrumens de musique, etc., et la membrane séreuse, qui fixe ces membranes aux parois de Pabdomen, convenable- ment préparée, devient de la baudruche. Le sang du bœuf desséché commence à être employé comme un engrais puissant; et la partie séreuse de ce liquide sert, comme le ferait du blanc d'œuf délayé dans de l’eau, pour clarifier le vin, le sirop, etc. (2) (x) La corne est une substance élastique, insoluble dans l’eau, mais qui, par une ébullition prolongée , se ramollit et devient alors susceptible de se souder et de prendre la forme des objets sur lesquels on l’applique avec force. Pour lui donner l’apparence de l’écaille, on la teint avec des sels d’argent et d'or qui produisent des taches noirâtres ou d’un brun rouge. (2) L'usage du sang et du blanc d’œuf pour clarifier les sirops et les vins , ete., repose sur la propriété que possède l’albumine, dissoute dans ces liquides, de se coaguler par l’action de la chaleur ou par sa combinaison avec le tannin et autres substances astringentes; car, en se solidifiant ainsi, elle entraîne avec elle les particules qui nageaient dans {a liqueur que l’on veut clarifier, et qui en troublaient la transparence. Pour employer le sang à cet usage, on com- mence par le battre , afin de le dépouiller de sa fibrine, et d’empécher la for- mation du caillot, et, lorsqu'on ne veut pas s’en servir immédiatement, on le fait dessècher à une température qui n’est pas assez élevée pour le coaguler La poudre , ainsi obtenue, est ensuite délayée dans de l'eau et mêlée à la liqueur a clarifier. Si celle-ci renferme des matières astringentes (comme c’est le cas pour le vin }, l'opération se fait à froid, sinon en fait bouillir le tout et on enlève l’écume qui se forme. Le sang, desséché et mêlé à de la terre , e:t un excellent engrais pour la vigne, les arbres fruitiers, la canne à sucre, etc. Outre la consommation qui ‘s’en fait eu France, nos fabricans en envoient une grande quantité aux Antilles, Puffle. Gyall 208 / ZOOLOGIE DESCRIPTIVE Enfin les os, traités par la vapeur d’eau à une haute température ou par des acides, donnent de la gélatine , que Pon emploie comme un aliment économique et comme colle-forte ; simple- ment broyés, ils fournissent à l’agriculture un excellent engrais , et, chaulffés à l'abri de action de l'air, ils se transforment en un charbon précieux, connu sous le nom de nor animal, dont les: raffineurs de sucre font un grand usage pour décolorer leurs sirops. 6 486. Notre bœuf commun n’est pas la seule espèce de ce genre qui ait été réduite depuis long-temps en domesticité. On emploie aux mêmes usages le buffle, le gyall et le yaek. Le buffle parait être originaire des parties chaudes et humides de l’Inde et des iles voisines, d’où il s’est répandu dans la Perse, Fig: 178: l'Arabie, toute la partie orientale de l'Afrique, la Grèce et l'Italie. On le re- connait à son front bombé et plus long" que large, et à ses cornes dirigées de côlé et marquées en avant d’une arète longi- tudinale saillante (fig. 173). Sa tête est fort grosse ; sa peau , très épaisse, est noire et presque nue, exceplé à la gorge et aux joues : il n’a qu'un très petit fanon ; enfin ses côtes sont en même nombre que chez le bœuf commun ; mais ses mamelles sont sur une même ligne lransversale. Cet animal anne à se vautrer dans Peau et dans la fange ; il recher- che les terrains marécageux, et, comme il esten même temps peu difficile sur sa nourriture , on peut le tenir dans des lieux où le bœuf ordinaire ne vivrail pas; mais il conserve presque ioujours de la férocité, et ne réussit pas bien dans les pays froids. La durée de la vie du buffle est de vingt et quelques an- nées; mais ordinairement on l’engraisse et on le tue à l’âge de douze ans. Sa chair est'très médiocre: son lait est agréable. Dans quelques pays, on l’emploie pour labourer la terre et trainer des chariois. Sa peau est excellente pour faire des vêtemens à l'épreuve des armes tranchantes, mais est peu propre à fairedes semelles , à cause de la facilité avec laquelle elle s’imbibe d’eau. L'introduction du buffle en Grèce et en ltalie date du moyen age : on dit qu’il a été importé dans ce dernier pays, vers le sep- lième siècle, sous le règne d’Agilulfe, roi des Lombards ; mais il parait avoir été connu des anciens ; car Aristote en parle sous ie nom de œuf sauvage d'Arachosie. Dans l’Inde , il en existe une race appelée wrne, dont les cornes ont jusqu’à dix pieds d'envergure. 6 487. Le gyatl ou bœuf des jongles ressemble beaucoup au nôtre ; "mais ses cor nes sont aplaties d'avant en arrière, ne pré- x TRIBU DES RUMINANS A CORNES CREUSES. 209 séntent pas d’arèles anguleuses et sont dirigées en dehors et en haut, mais non pas en arrière. On élève ces bœufs en domesti- cité dans les contrées montagneuses du nord-est de l'Inde. $ 488. Le yackse distingue par sa queue, entièrement garnie Yack. de longs poils lustrés et soyeux comme celle d’un cheval, parti- cularité qui lui a valu le nom vulgaire de buffle à queue de cheval : il porte aussi une épaisse crinière sur le dos et a les flancs et le dessous du corps garnis de poils touffus, qui tombent jusqu'à mi-jambes ; il a quatorze paires de côtes comme l’au- rochs , et quatre mamelles sur une même ligne comme le buffle. Sa voix est un grognement grave et monotone comme celui du cochon. Cet animal est originaire des montagnes du Thibet; mais les Tartares nomades en élèvent un grand nombre, et il a été introduit aussi en Chine. Il n’est pas propre au la- bour, mais est une excellente bête de somme. On fait des tentes avec le poil des yacks, et ce sont leurs queues dont les Turcs se servent comme d’étendards, pour distinguer les officiers supé- rieurs. 6 489. On a pensé pendant long-temps que l’aurochs était la Aurochs. souche de nos bœufs domestiques; mais les observations de Cuvier ont démontré le contraire : il en diffère essentiellement par la forme de son front, bombé et pluslargequehaut; par la position de ses cornes, implantées au-dessous de la crête occipi- tale; par l'existence de quatorze paires de côtes au lieu de treize; par la hauteur de ses jambes, par la laine crépue qui couvre la tête et le cou du mâle, et par sa voix grognante. C’est, après l’é- léphant, le rhinocéros et la girafe, le plus grand des quadrupè- des: il a jusqu'à six pieds de haut, mesuré au garrot. Jadis il vivait dans toutes les forêts marécageuses de l'Europe tempérée. Du temps de César, il se trouvait encore en Allemagne; mais, à mesure que les hommes se sont multipliés, 1l est devenu de plus en plus rare, et aujourd’hui on ne le rencontre plus que dans les lorêts les plus profondes de la Lithuanie, des monts Krapachs et du Caucase. C’est le bison ou urus des anciens. Il existe en Ecosse une race particulière de bœufs qui pour- raient bien être des aurochs réduits en domesticité ; mais, pour s’en assurer, il faudrait les étudier mieux qu’on ne l’a encore fait. 6 490. Le buffle du Cap se distingue de toutes les autres espèces pige du propres à l’ancien monde, par ses grosses cornes, dont les bases Cap. aplaties couvrent, comme un casque, tout le sommet de la tête et ne laissent entre elles qu'un espace triangulaire. Il vit en grandes troupes dans les forêts de l'Afrique méridionale, et se pratique dans les fourrés les plus épais des sentiers étroits dont il ne s’écarte jamais. C’est un animal terrible par sa férocité : 11 14 Bœuf mus- que. Bison, 210 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. renverse avec fureur tout ce qui se rencontre sur son passage , et court presque aussi bien qu'un cheval. Sa chair est passable et son cuir excellent. $ 491. Dans les parties les plus septentrionales de l'Amérique , sous le cercle polaire, se trouve une autre espèce de bœufs, dont Fig. 174. les cornes présentent à-peu-près la même disposition: c’est le Lœu/ mus- que (fig. 174), qui doit son nom à l’odeur forte de muse qu’il répand, et dont sa chair est imprégnée. Il est moins grand que notre bœuf com- mun ettrès bas sur jambe. Sa queue est très courte et reste cachée dans le poil, qui est très abondant et pend jusqu’à terre. Ces animaux se distin- guent de tous les autres bœufs par le museau entièrement garni de poils : ils vivent par troupes d’une centaine d'individus, et grimpent sur les rochers presque aussi bien que les chèvres. 6 492. Le bison (fig. 175) habite aussi l'Amérique septentrio- nale, mais à une latitude moins élevée. On le rencontre depuis la Louisiane jusqu’au cercle polaire. Il vit en grandes troupes pêle-mêle avec les daims et les cerfs, dans les vastes savanes Fig. 175. BISON. découvertes , et abonde surtout dans le voisinage des sources du Mississipi. Il est plus petit que l’aurochs, mais plus grand que nos plus forts taureaux domestiques. Ses jambes et sa queue sont courtes ; sa croupe est plus faible ; la saillie de son garrot est très forte; sa tête grosse ; ses cornes rondes, courtes, presque droites et écartées à leur base ; enfin, une laine crépue et épaisse et d’un brun noir , qui, en hiver, devient très longue, lui couvre la tête, le cou et les épaules , tandis que le reste de son corps est garni dun poil ras et noir. Sa peau est très épaisse et spongieuse \ TRIBU DES RUMINANS À CORNES PERSISTANTES. 211 comme celle du buffle. Quelque lourd qu'il paraisse , il ne laisse pas que d’être très rapide à la course : il est très sauvage; mais, pris jeune , il peut être apprivoisé , et il paraît que, dans quel- ques fermes du Kentuky et de POhio, on l’élève en domestieité : 11 donne avec la vache des métis féconds. TRIBU DES RUMINANS A CORNES VELUES ET PERSISTANTES. Fig. 176. GIRAFE. $ 493. Cette division ne se compose que d’un seul genre, celui des GIRAFES, qui à son tour ne renferme aussi qu'une seule espèce (fig. 176 ). Les cornes des girafes sont de petits prolongemens osseux , de forme conique, qui, dans le jeune âge, sont simplement articulés avec le frontal, mais qui, par la suite, s’y soudent complètement, et qui ne se dépouillent jamais de la peau velue dont elles sont recouvertes. Au milieu du chanfrein est un tu- bercule ou troisième corne , de même nature que les précéden- tes, mais plus large et beaucoup plus courte, Ces animaux sont surtout remarquables par la longueur de 14. Girafe. Caracteres généraux. Chameaux, 219 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. leur cou et la hauteur de leurs jambes de devant; leur têle, qui est très pelite , se trouve à environ dix-huit pieds du sol: mais leur train de derrière est plus court que celui de devant, et leur corps est par conséquent très oblique, ce qui rend leur long cou plus facile à porter. Leur robe est bien lisse et d’une couleur grise, parsemée de taches anguleuses fauves. Ils sont d’un caractère doux ettimide , vivent en petites troupes de cinq ou six individus et courent avec une grande vitesse , et si la fuite leur est impossible, se défendent par des ruades si vigoureuses, que souvent ils triomphent même des atiaques du lion. Les feuilles des arbres constituent leur principale nourriture. Ils habitent le midi de l’Afrique. FAMILLE DÉS CAMÉLIENS. 6 494. Ce groupe, composé des chameaux et des lamas , établit en quelque sorte le passage entre les ruminans ordinaires et les pachydermes ; on y remarque plusieurs anomalies de structure ; mais la particularité la plus importante à signaler, est l’exis- ience de globules sanguins elliptiques, comme chez les vertébrés ovipares ; tandis que chez tous les autres mammifères, étudiés sous ce rapport, le sang ne charie que des globules circulaires. Nous avons déjà vu que chez les caméliens le nombre des in- cisives inférieures est de six, tandis que, chez tous les autres ruminans, il en existe huit : ils ont aussi deux incisives en haut, des canines à chaque mâchoire, et seulement vingt ou vingi- deux molaires, au lieu de vingt-quatre. La conformation de leurs membres est également caractéristique; car ils n’ont que des sabots très petits et symétriques, comme ceux de beaucoup de pachydermes , et leurs pieds, qui par conséquent ne sont pas fourchus, posent à terre, dans toute la longueur des doigts. On reconnail aussi ces animaux à la forme générale de leur corps ; leur cou est très long ; leur croupe faible; leurs jambes sont mal proporlionnées; leurs orbites saillans et leur lèvre renflée et fendue. Leur sobriété est remarquable : ils supportent la faim et la soif pendant un temps très considérable , et on attribue cette dernière faculté à lexistence de poches s’ouvrant dans la panse et contenant de grandes cellules, qui paraissent servir de réser- voir pour une partie de l’eau que lPanimal boit, et qui pour- raient bien aussi en exhaler. Les autres ruminans ne présentent rien de semblable. 6495. Les CHAMEAUX (Camelus) ont le dos chargé de loupes de FAMILLE DES CAMÉLIENS. 213 graisse, disposition qui n'existe pas chez les lamas : ils diffèrent aussi de ces derniers par l’existence d’une peau calleuse et comme cornée , qui réunit en dessous leurs doigts et constitue une sorte de semelle très dure. Il est peu de mammifères dont l'aspect soit plus disgracieux ; leur corps est épais et difforme ; leurs jambes, les postérieures surtout, paraissent trop faibles pour le poids qu’elles ont à soutenir ; leur cou est long et leur tête pelite, mais lourde dans ses proportions; leur allure est pesante et gènée, et souvent leur peau est, pendant une grande partie de l'année, presque nue et couverte d’une espèce d’efflorescence dartreuse Mais leurs membres sont loin d’être réellement aussi faibles qu'ils le paraissent; et la lenteur de ces animaux m'est qu'appa- rente : 1ls sont très robustes; leurs sens sont très délicats, Podo- rat surtout : ils ont beaucoup de mémoire et sont, sans contre- dit , les plus intelligens des ruminans. Ils se prêtent facilement à l'éducation et sont disposés à la confiance; mais la violence les révolte, et ils ne tardent jamais long-temps à se venger des mauvais traitemens. Presque tous sont passés sous empire de l’homme. Leur croissance dure environ sept ans, et le terme de leur vie paraît être de quarante ou cinquante ans. Les chameaux appartiennent aux parties chaudes ou tempé- rées de PAsie et de l'Afrique. On en connait deux espèces : le chameau à deux bosses, qui est originaire du centre de lAsie, el le chameau à une bosse, qui s’est répandu dans le nord de l'Afrique et les contrées de l'Asie voisines de l'Arabie, et qui est ordinairement appelé dromadaire, bien que ce nom n’ap- partienne réellement qu’à une variété particulièrement légère et propre à la course. Le chameau à deux bosses est plus grand que l’autre : sa taille ordinaire est d’environ sept pieds au garrot. Son poil, de couleur marron, est épais et généralement court, mais forme autour des jambes de devant et au cou d’épaisses manchettes et un large fanon. On en voit quelques individus à l’état sauvage dans le désert de Shamo , vers les fronlières de la Chine. On l’emploie comme bête de somme dans toute lAsie centrale : il marche assez bien dans les terrains humides, et peut supporter un froid intense. On assure que les plus forts peuvent porter jusqu’à douze et même quinze cents livres; mais leur charge ordinaire n’est que d'environ trois cents livres. Le chameau à une bosse parait ètre originaire de l’Arabie : il a des formes moins massives que l’espèce précédente , et on en connait plusieurs variétés : une, presque aussi grande que le chameau à deux bosses, est employée à porter des fardeaux et peut faire une dizaine de lieues par jour, chargé de mille à douze cents pesant; une autre, plus petite et propre surtout à la 214 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. course, fait jusqu’à trente lieues par jour. La sobriété de ces animaux est presque incroyable : ils soutiennent ces longues marches pendant huit ou dix jours de suite, sans autre aliment que les herbes du désert qu’ils broutent en passant, et si le voyage se prolonge davantage, il suffit, pour les nourrir, de leur donner quelques dattes ou un peu de fleur de farine, réduite en pâte. Le chameau à deux bosses ne supporte pas aussi bien Pabstinence ; mais 1l peut, de même que celui-ci, se contenter d’une nourriture des plus chétives, et il paraîtrait que tous ces animaux doivent en partie cette faculté précieuse aux bosses qui déforment leur dos; car ces protubérances sont des amas de graisse qui est absorbée peu-à-peu lors d’une longue abstinence, et qui doit servir à l'entretien du travail nutritif, de la même manière que la graisse dont le corps des ours et autres animaux hibernans est chargé, lorsqu'ils se retirent dans leurs tanières, pour dormir pendant toute la saison froide; en effet, lorsque les chameaux sont bien nourris, leurs bosses sont fermes et rebon- dies; mais, lorsqu'ils arrivent d’un long et pénible voyage, ces protubérances sont flasques et retombent de côté, comme si elles étaient à moitié vides. Ce n’est pas seulement comme bête de somme et de trait que les chameaux sont utiles aux peuples qui les possèdent. Leur chair et leur lait sont employés comme alimens, et leurs poils servent à fabriquer des vêétemens. Fig. 197. LE LAMA. Lamas, ‘ 406 = è ; = ÿ 496. Les LAMAS (Anchenie) sont les chameaux du Nouveau : RER ES è LATE : L Monde ; mais, s’ils n'ont pas la laideur de ceux de PAsie, il n’ont FAMILLE DES CAMÉLIENS. 215 aussi m1 leur taille, ni leur force. Leurs proportions sont plus légères : ils n’ont pas de bosses , et leurs doigts ne sont pas réu- uis et conservent de la mobilité, ce qui leur donne la faculté de gravir les rochers avec la même agilité que les chèvres. On en connaît deux espèces : le guanaco et la vigogne. Le guanaco se rencontre dans les hautes montagnes de lAmé- rique du Sud: il est de la taille d’un cerf, et son pelagé est gros- sier et châtain. Une variété de cette espèce, réduite depuis long-temps à l’état de domesticité , est connue sous le nom de lama Où llama (fig. 177). À l’époque de la conquête du Pérou par les Espagnols , c'était la bête de somme de ce pays, etdenos jours, on l’emploie encore aux mêmes usages : il porte jusqu’à cent cinquante livres, mais ne fait que de très petites journées. Une autre variété de guanaco domestique est la/paca ou paco, dont la toison est composée de poils laineux très longs qui, pour la finesse et l’élasticité, ne le cèdent guère qu’à la plus belle laine des chèvres du Thibet. La vigogne , qui est grande comme une brebis, est également remarquable par sa laine fauve , d’une douceur et d’une finesse admirables. Elle habite l'étage des neiges perpétuelles de la lon- gue chaine des Andes, au Pérou et au Chili; on lui fait une chasse active ; car sa laine est employée à la fabrication d’étoffes précieuses. ORDRE DES PACHYDERMES. ÿ 497. Les PACHYDERMES différent des autres mammifères on- sulés par la manière dont ils se nourrissent; ils mâchent leurs alimens avant que de les avaler, et ne ruminent pas. La plu- part de ces animaux sont remarquables par l'épaisseur et la dureté de leur peau, et c’est de là qu'ils tirent leur nom (1). ils vivent réunis en troupe ou en famille, et lorsqu'ils sont menacés de quelque danger, ils peuvent courir avec velo- cité; mais, si l’on en excepte les chevaux, ce ne sont pas des coureurs. Tous fournissent une chair très nourrissante, et des peaux applicables aux besoins de l’industrie, et e’est dans cette classe que nous trouvons les animaux les plus utiles, comme bètes de somme et de trait. Du reste, ils diffèrent beaucoup entre eux par leur structure, ainsi que par leurs mœurs, et ils forment (1) De =xyds, épais, et Jeoux, peau. h Ere2 7 vu ) Caractères généraux, Chevaux. 216 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. trois familles naturelles bien distinctes, qu'on peut reconnaitre aux caractères SUIvans : Une trompe préhensile et des défenses. Cinq doigts à tous les pieds } PACHYDERMES PROBOSCIDIENS. CLASSE quatre , de trois ou de LES Point de trompe | deux. cnyoenmes, | préhensilejamais.Cinq doigts aux pieds. PACHYDERMES ORLINAIRES. | Doigtsaunombrede | \ Un seul doigt appa- rent, où du moins un | PACHYDERNES SOLIPÈDES. } seul sabot à chaque | \ pied. FAMILLE DES SOLIPÉDES $ 498. La famille des solipèdes, caractérisée par un seul doigt apparent et un seul sabot à chaque pied, ne se compose que d’un seul genre, celui des CHEVAUX (Equus). Chacun connaît la forme de ces animaux, dont la tête est fine et un peu comprimée latéralement, le cou et le corps bien pro- portionnés , et les jambes minces, mais bien musclés. Ils por- Fig. 178. (1) tent, à chaque mà- choire, six incisi- ves (2), suivies, de . chaque côté, d’une #4 canine (c), qui man- que souvent, chez les femelles, à la mâchoire inférieu- re surtout, et d’une série de six molai- MS Fe e res (m) à couronne carrée, imarquée de quatre croissans formés par les lames d’émail qui s’y enfoncent; entre les canines et les molaires se trouve un grand espace vide, nommé barres, qui correspond à l'angle des lèvres , et c’est là que l’on place le mors, au moyen duquel l’homme est parvenu à dompter ces fiers et vigoureux quadrupèdes. Les chevaux sont essentiellement herbivores; leur estomac est cependant petit et simple; mais ils ont un énorme (1) Tète osseuse du cheval : — o os occipital ; — p pariétal ; — f frontal ; — or orbite; — n os du nez; -— »s maxillaire supérieur ; — mn intermaxillaire ; — mi maxillaire inférieur ; — i dent incisive ; — € canines ; — » molaires. FAMILLE DES SOLIPÈDES. 917 Fig. 179. (1) cœcum, dans lequel la digestion de leurs alimens paraît s'achever. Leurs pieds, comme nous Pa- vons déjà dit, ne montrent au dehors qu'un seul : doigt qu’enveloppe un grand sabot (#g. 179); mais on trouve caché sous la peau les rudimens dun doigt latéral (s), et on pourrait peut-être, avec raison , considérer leur doigt médian comme ré- - $ sultant de la soudure de deux doigts, semblables à ceux des ruminans. Tous les sens paraissent être très délicats chez ces animaux : leurs oreilles sont allongées et très mobiles, et leur œil, sail- lant et grand, a la pupille horizontale, disposi- ton qui est très commune parmi les herbivores, tandis que , chez les carnassiers, cette ouverture , lorsqu'elle ne conserve pas, en se contractant, la forme circulaire devient, en général, verticale. Leurs narines sont grandes, mobiles et sans mu- fle; leur langue est très douce; enfin, leur la- rynx offre quelques particularités de structure qui paraissent en rapport avec le son de leur voix. Il n’y à point de ligament supérieur de la glotte , ni de ventricules proprement dits; mais, de chaque côté, au-dessus des cordes vocales, on trouve une grande cavité oblongue, et en avant un trou s’ou- vrant dans un troisième sinus pratiqué sous la voûte que forme le rebord antérieur du cartilage thyroïde. Dans le cheval, cette dernière cavité est peu profonde, et son ouverture est très large; mais , chez l'âne, c’est une grande cellule arrondie, dont l'entrée est étroite , et qui rappelle, par sa forme , la poche laryngienne des alouattes. Les mœurs des solipèdes sont à-peu-près les mêmes : tous vivent en troupes plus ou moins nombreuses, ayant pour chef un mâle; et, lorsqu'un danger les menace, ils se réunissent en groupes serrés et se défendent en ruant avec force. Il est presque inutile de rappeler combien ils sont rapides à la course. ” Ces animaux sont tous originaires des parties chaudes ou tem- pérées de l’ancien monde. On en connait six espèces vivantes, savoir : le cheval proprement dit, Väne, le dzigguetai, le zebre, le couagga et l’onagga. : 6 499. Le cheval, le plus utile, le plus beau et le mieux soigné Cheval pro- de nos animaux domestiques, se distingue des autres espèces de P'ement dit. ce genre par la couleur uniforme de sa robe et par sa queue (1) e os de l’avant-bras ; — «1 première rangée des os du carpe; — c, deuxième rangée des ces os; — s stylet; — mc os du métacarpe ou canon ;—p:, p,2 p£ les trois phalanges. 218 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sarnie de crins dès sa racine. Il paraît originaire des grandes plaines de l'Asie centrale, et peut-être aussi de quelques con- trées de l'Europe. Primitivement, il ne se trouvait ni en Afrique, ui en Amérique, ni à la Nouvelle-Hollande; mais, devenu le compagnon de l’homme à la guerre, dans les voyages et dans les travaux de agriculture, du commerce et des arts, il a été transporté dans tous les pays où la civilisation a pénétré et l'es- pèce entière a subi l'influence de la .domesticité. Dans les vastes steppes de la Tartarie, berceau de leur race, on trouve encore des chevaux sauvages, que l’on appelle des trapans; mais ces ani- maux n’ont pas conservé leurs caractères primitifs ; car, ils se méêlentcontinuellement à des individus échappés à la domesticité, et la plupart des zoologistes (peut-être sans preuves suffisantes } les regardent même comme descendans de chevaux domestiques redevenus libres. Quelques auteurs vont jusqu’à leur assigner pour origine ceux que leurs maitres ont abandonnés, faute de fourrage, lors du siège d’Azoph, en 1658. Au premier abord, cette opinion paraît bien hasardée ; mais elle devient plus plau- sible , lorsqu'on voit ce qui s’est passé en Amérique. Lors de la découverte du Nouveau-Monde, il n’y existait aucun animal du genre des chevaux. Le cheval domestique a été importé dans ces contrées à une époque qui ne remonte guère au-delà de trois siècles, et cependant on y trouve aujourd'hui des trou- pes immenses de chevaux sauvages. Ces animaux y ont repris des mœurs analogues à celles des trapans de PAsie, et leur nombre est bien plus considérable. - Les chevaux sauvages présentent bien moins de variations dans leurs couleurs que nos chevaux domestiques; mais cepen- dant w’offrent pas l’uniformité qu’on rencontre chez les animaux restés complètement étrangers à l'influence de la domesticité. Ceux de Asie sont pour la plupart isabelle ou gris de souris, et ceux de l'Amérique bai-châtain. Partout, les individus noirs sont très rares, el on n’en voit pas de couleur pie. C’est toujours danses pays de plaines que ces animaux habitent, et ils se réunissent constamment en familles composées d’un étalon et d’un nombre variable de jumens et de poulains. En Asie, ces troupes d’une vingtaine d'individus restent isolées : il en est de même dans quelques parties de l'Amérique (la Colombie, par exemple), où les cantons qu’ils habitent sont resserrés et visités fréquemment par les hommes; mais, dans les vastes pampas du Paraguay, ces familles se réunissent à leur tour et forment des troupes dont le nombre s'élève quelquefois ; assure-t-on , à plus de dix mille individus. Toutes ces troupes sont conduites par des chefs, qui sont toujours à leur tête dans les voyages comme dans les combats, et qui doiverit Pautorilé dont ils VAMILLE DES SOLIPÈDES. 219 sont revêlus à la supériorité de leur force et de leur courage. Chaque troupe habite un canton particulier, qu’elle défend comme sa propriété contre toute invasion étrangère, et qu’elle abandonne que lorsqu’elle y est forcée par le manque de pâtu- rages ou par quelque ennemi puissant. Ces troupes marchent en colonnes serrées , précédées de quelques éclaireurs, et lorsqu'un objet les inquiète, elles s’en approchent, les chefs en tête, et décrivent autour un ou plusieurs cercles, comme pour l’exa- miner. Si leurs guides reconnaissent quelque danger et donnent l'exemple de la fuite, tous ces chevaux sauvages les suivent sans hésitation ; et, lorsqu'ils ont à résister à l’attaque de quelques grands carnassiers , les seuls animaux qu’ils doivent craindre. ils se réunissent en groupes compactes, et se défendent coura- geusement par des morsures et des ruades. À la vue des chevaux en esclavage, ils poussent des hennissemens longs et graves, ei semblent les inviter à les’ suivre dans leur vie vagabonde. Souvent ils y réussissent; car, si ces derniers ne sont pas bien gardés, l'instinct de la sociabilité et amour de la liberté se réveillent alors en eux, et ils se joignent à la horde sauvage pour ne plus s’en séparer. Ces chevaux, libres depuis plusieurs générations, sont ce- pendant eux-mêmes faciles à dompter. Dans beaucoup de pro- vinces de l'Amérique du Sud, on n’en emploie pas d’autres. Pour les prendre, on chasse souvent toute une troupe, de manière à la pousser dans un coral ou enclos circulaire, construit avee des pieux plantés solidement en terre ; puis le capitan ou chef de la tribu indienne, monté sur un cheval vigoureux et bien dressé. entre dans l'enceinte, ayant à la main un asso ou longue cour roie de cuir tressé, fixée par une extrémité à la selle de son cheval , et terminée à l’autre extrémité par un nœud coulant. Le cavalier lance ce nœud autour du cou du premier jeune chevai sauvage qui se présente à lui et l’eniraine au dehors. Au moyen de cordes lancées autour des jambes de l’animal, on le jette par terre , on lui met dans la bouche une forte courroie de euir, en guise de bride, et on le selle. Un Indien, armé d’éperons très aigus , le monte et le laisse alors courir. Le cheval fait d’abord des efforts incroyables pour se débarrasser de son cavalier ; mais l’éperon le met bientôt au galop, et, après avoir couru pendant un temps plus ou moins long, il se laisse ramener au fatal enclos où il a perdu sa liberté. Il est alors dompté : on lui Ôte sa bride et sa selle , et on le laisse aller avec les autres chevaux, car, dès ce moment, il ne cherche plus à fuir ni à désobéir à son maitre. Dans la Tartarie , on a recours à des moyens analogues pour prendre et dompter les chevaux sauvages; mais il parait que les vieux sont plus difficiles à maitriser. 220 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, La domesticité du cheval remonte aux temps les plus recu- lés. D’après quelques passages de la Genese, 11 est à présumer que ces animaux Commencçaient à être employés en Egypte el dans les parties voisines de l'Asie vers Lépoque où Joseph admi nistrait la première de ces contrées, c’est-à-dire, il y a environ trois mille six cents ans, et, d’après les sculptures antiques trouvées dans les ruines de Persopolis, et même d’après les poésies d’Homère , on a lieu de croire que, dans les premiers temps de leur domesticité, on ne les montait pas, mais qu'on s’en servait seulement comme de bètes de trait. L'influence de l’homme et les circonstances variées dans les- quelles les chevaux ont été placés par suite de leur esclavage, a déterminé , parmi ces animaux des différences considérables, qui se propageant de génération en génération , ont produit une multitude de races diverses. Nous ne pouvons entrer ici dans la description de toutes ces variétés; mais pour faire sentir combien sont grandes les diffé- rences qui existent entre deux races, il nous suffira de nommer, à côté l’un de l’autre, le cheval arabe, si gracieux, si bien pro- portionné, si léger et si ardent , et le cheval flamand , dont la lourde masse ne manque pas d’une certaine beauté , mais res- semble si peu au premier. La durée de la vie du cheval est d'environ trente ans, et celle de sa gestation de onze mois. Le poulain nait les yeux ouverts et peut presque de suite courir après sa mère, qui l’allaite pen- dant six ou sept mois. L'époque de la puberté arrive à deux ans ou deux ans et demi pour les étalons et un peu plus tôt pour les jumens; mais ils ne donnent de beaux produits qu’à l’âge de quatre ou cinq ans. Les jumens ne cessent d’être fécondes que dans la vieillesse : on en a vu donner des poulains régulière- ment, chaque année , jusqu’à l’âge de vingt-quatre ans. Quant aux étalons, on les réforme en général à quinze ou sêize ans. L'âge auquel on peut commencer à faire travailler les che- vaux varie suivant les races. Pour les chevaux communs, c’est ordinairement vers trois ou quatre ans; mais, pour les chevaux fins, on estobligé d’attendre une année ou deux de plus. Ceux que l’on emploie aux travaux les plus rudes, au halage des bateaux, par exemple, ne résistent à ces fatigues que cinq ou six ans; en général, le service des postes les use tout aussi promptement , el on Compte que, terme moyen, un cheval de labour peut sup- porter une douzaine d'années de travail , après quoi il n’a presque aucune valeur. D’après ce que nous venons de dire, on voit que, même dans les circonstances ordinaires, un cheval augmente de valeur, à mesure qu'il s'approche de Page auquel il pourra rendre des FAMILLE DES SOLIPÉDES. 291 services, el en perd à mesure qu'il vieillit É il importe donc beaucoup de pouvoir reconnaitre avec certitude l’âge de ces animaux , et, jusqu’à huit ou dix ans, on y parvient assez bien à l'aide des changemens qui s’opèrent dans leurs dents. Fig. 200. Fig. 201. Fig. 202. (1 @| |: Le poulain, en naissant, est en général encore privé de dents sur le devant de la bouche, et n’a que deux molaires de-chaque côté et à chaque mâchoire ; mais, au bout de quelques jours, les deux incisives du milieu (appelées pinces) se montrent à chaque mâchoire. Dans le cours du premier mois, une troisième molaire parait également. Vers trois mois et demi ou quatre mois , les deux incisives mitoyennes sortent aussi, et entre six mois et demi et huit mois, les incisives latérales, appelées coins , ainsi qu'une quatrième molaire apparaissent. À cette époque, la première dentition est complète, et les changemens qui y surviennent avant l’âge de trois ans ne dépendent que de l'usure de plus en plus profonde des incisives , dont les fos- settes , colorées en noir par les alimens (2) disparaissent peu-à- peu. De treize à seize mois, les pinces rasent, C'est-à-dire que la cavité de leur surface terminale s’efface : de seize à vingt mois , les incisives mitoyennes présentent le même degré d’u- (x) Dents incisives et canines de la mâchoire inférieure du cheval: — p pince ; — m incisives mitoyennes; — € Coins ; — ca Canines. Fig. 200, dents d’un cheval d’environ quâtre ans. Fig, 201, dents d’un cheval d'environ cinq ans. Fig. 202, dents d’un cheval d’environ sept ans. (2) Cette tache est appelée par les maquignons germe de fève. 292 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sure, et de vingl à vingt-quatre mois, les coins rasent à leur tour. À deux ans.et demi ou trois ans, le travail de la seconde den- tilion commence. Les dents de lait se reconnaissent en ce qu'elles sont plus courtes, en général plus blanches et rétrécies à leur base, près de la gencive; les dents de remplacement sont beaucoup plus larges et ne présentent pas le rétrécisse- ment que nous venons de signaler et que l’on appelle co/tet. Ce sont les pinces qui tombent et sont remplacées par les premières. De trois ans et demi à quatre ans, les incisives mitoyennes éprouvent le même changement , et les canines inférieures ou crochets commencent à se montrer (#g. 200). De quatre ans et demi à cinq ans, les coins se renouvellent aussi, les canines su- périeures, lorsqu'elles existent, percent la gencive, et à la mème époque, la cinquième molaire commence à paraître. Ces incisives de remplacement présentent, comme celles de lait , une dépression en forme de fossette à la surface de leur couronne et s'usent de la même manière. De cinq à six ans, les pinces de la mâchoire inférieure perdent leur cavité ; l’année suivante, les incisives miloyennes rasent à leur tour, el de sepl à huit ans, la marque des coins s’efface. La détrition des inei- sives supérieures se fait dans le même ordre, mais est plus lente, La différence paraît être d'environ une année. Lorsque ces divers changemens se sont opérés, les dents ne fournissent plus de signe certain indicatif de l’âge du cheval qui, alors, en style de maquignon, est 2ors d'âge. La couleur el la longueur des canines, qui se déchaussent de plus en plus, les rides du palais et quelques autres signes ne peuvent donner plus tard que des notions approximatives à cet égard. $ 500. La production et l'éducation des chevaux est une bran- che importante de l’industrie agricole. On donne le nom de karas aux lieux où l’on rassemble des chevaux, pour en multiplier la race, et on les distingue en haras sauvages , haras parqués et haras domestiques. Les Aaras sauvages sont ceux où les chevaux, abandonnés complètement à eux-mêmes dans un endroit circonseril, se nourrissent du produil du sol et restent étrangers à ho jusqu? au moment où il s’en empare pour les dompter. Cette manière d'élever les chevaux n’est praticable que dans les pays où la population est rare et où l’on peut abandonner à ces ani- maux une très grande étendue de terrain inculte, qu’il serait difficile d'utiliser d’une autre manière; car le revenu qu’elle donne est faible et précaire. Les chevaux, élevés dans ces haras, sont sobres et durs à la fatigue; mais ils sont rétifs, el FAMILLE DES SOLIPÈDES. 923 conservent toujours quelque chose de leur nature sauvage : ils s’accoutument aussi difficilement à la vie d’écurie, et, pendant le jeune âge, ils souffrent des privations qu'ils éprouvent ; car, lorsque l'herbe est abondante , ils dévastent les pâturages et ne trouvent ensuite qu’une nourriture insuflisante. C’est en Amé- rique, dans les iles de Cuba et de Taïti, en Asie et dans quel- ques parties de la Russie, que l’on rencontre des häras de celte espèce ; mais, dans les pays bien cultivés , où la terre à de la valeur, ils sont impossibles. Il existe cependant, dans cer- tains points de la France quelque chose d’analogue. Dans les landes de Bordeaux et dans les marais de la Camargue, on voit des chevaux, qui, pendant presque toute l’année, sont aban- donnés à eux-mêmes et mènent la vie sauvage ; mais, à cer- laines époques de l’année , on les fait travailler ; car on les em- ploie au dépiquage des grains. Les haras parques sont de grandes exploitations agricoles consacrées entièrement à la production des chevaux, qui réu- nissent les avantages des haras sauvages sans en avoir tous les inconvéniens. Les chevaux s’y accoutument aux intempéries de l'air et y trouvent l’espace nécessaire au déploiement de leurs forces , mais n’y éprouvent point de privalions ; car le pare es! divisé en plusieurs pâturages, qu’on leur livre successivement pendant l'été, en prairies de récolle et en portions de terre consacrées à la culture des grains et des racines destinées à leur nourriture d'hiver. Dans la Russie, la Hongrie et l’Alle- magne , et même dans l’Italie et l'Espagne , on rencontre de ces grands haras ; mais, en France et en Angleterre, la production des céréales exige une proportion trop forte du sol, pour que l’on puisse consacrer à celle des chevaux des terrains aussi étendus, et on n’établit que des Aaras domestiques, exploitations beaucoup moins vastes où ces animaux sont presque toujours renfermés dans les habitations , y reçoivent leur nourriture et sont le plus ordinairement employés à des travaux agricoles. Les chevaux que l’on élève dans tous ces élablissemens doi- vent en partie leur taille, leurs formes et leurs qualités à la race dont ils descendent; mais les circonstances où ils sont placés pendant le jeune âge exercent sur eux, à la longue, une influence non moins grande. On remarque qu’en général le poulain tient de sa mère plus que de son père pour la taille et le volume, tandis que , pour la forme de la tête , les pieds, le courage, la légèreté, etc. , il ressemble davantage au dernier. Du reste , les défauts, comme les qualités , se transmettent de génération en génération, et, pour maintenir une race dans sa pureté ou pour l'améliorer, il faut avoir soin d’en écarier tous les individus qui ne possèdent pas les qualités que lon desire obtenir. Pour 224 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. faire disparaitre un défaut, on croise, pendant plusieurs géné- rations, des individus qui le présentent avec d’autres ayant une disposition opposée, et en appareïllant avec persévérance les chevaux qui possèdent telle ou telle perfection on crée une race où elle devient héréditaire et générale. C’est en grande partie à des soins de celle nature , que les chevaux arabes doivent leur célébrité si bien méritée. Les Arabes attachent une telle importance à la pureté de la race de leurs chevaux nobles, appelés kochlani, que leur filiation est toujours constatée par des actes authentiques : ils font remonter à près dedeux mille ans, la généalogie connue de plusieurs de ces beaux animaux , et il en est dont la lignée peut être démon- trée par des preuves écrites pendant une série de quatre siècles. D'un autre côté, l'influence des croisemens de race est égale- ment bien démontrée par les chevaux de course anglais; car c’est au mélange des jumens indigènes avec des étalons appor- tés de lOrient, qu'on doit la création de ceite race, si remarquable par la finesse de ses formes et son étonnante rapidité. L’abondance plus ou moins grande et la qualité de la nourri- ture, la sécheresse ou l’humidité du pays, les soins journaliers et même une foule de circonstances en apparence peu impor- tantes, exercent aussi une influence puissante sur la taille, ‘les formes et les qualités des chevaux. Pour en donner la preuve, nous pourrions montrer avec quelle rapidité dégénèrent les plus beaux chevaux anglais dans certaines localités, telles que le haras de Kopschan, sur les bords de la Morave; mais, sans aller si loin, nous trouverons des exemples encore plus frap- pans de la puissance modificatrice des circonstances extérieures. Si de deux poulains de la même race nés, en Lorraine, par exemple, l’un est transporté dans la Flandre, et l’autre dans les herbages de la Normandie , au lieu de conserver les mêmes ca- ractères, ils seront, à l’âge de cinq ans, presque aussi différens entre eux, que s'ils provenaient de deux races distinctes: Pun deviendra -un cheval de carosse léger et élégant, l’autre un animal énorme presque incapable d'aller au trot, mais constitué pour trainer lentement les plus lourdes charges. Là où la nourriture est abondante et où, par la prévoyance de l’homme, elle ne manque en aucune saison, les chevaux sont ordinairement grands et étoffés, tandis que, dans les contrées où elle est peu abondante, même pendant une partie de l’année, ces animaux n’acquièrent qu’une taille petite ou médiocre. Nous avons déjà vu quelque chose de semblable, en étudiant les lois de la croissance de l’homme, et, pour nous convaincre de la vérité de cette observation , relativement aux FAMILLE DES SOLIPÈDES. 295 chevaux , il suffit de comparer ceux qui, dans un même pays. appartiennent à de pauvres cultivateurs ou à de riches proprié- laires. Le pâturage, dans les prairies grasses et humides , celles qui conviennent le mieux pour l’engrais des bestiaux, tend à don- ner aux chevaux des formes lourdes et empâtées, à rendre leur peau épaisse et leur poil grossier , et à diminuer la vivacité de leur caractère. La nourriture fournie par les prairies sèches, n’occasionne rien de semblable, et, lorsqu'on la rend encore plus substantielle par l'addition d’une proportion considérable de graines céréales , elle devient éminemment propre à conser- ver et même à produire l’élégance des formes et l'énergie mus- culaire caractéristiques d’une race noble. Lorsqu'une température un peu basse vient ajouter son in- fluence à celle de humidité et d’une nourriture abondante et aqueuse, les chevaux acquièrent la taille la plus forte, mais deviennent en même temps les moins énergiques et les plus lymphatiques. Dans les pays très chauds ou très froids, au con- traire, la croissance s'arrête plus tôt, et les grandes races ne ardent pas à perdre leur haute stature. Enfin les soins journaliers que l’on prodigue à certains che- vaux, et qui manquent complètement à d’autres, ont aussi leur influence sur la beauté de ces animaux: ainsi le bou- chonnement fréquent , lusage des couvertures, la précaution de nettoyer et de sécher les extrémités, et même de les en- iourer de bandes de flanelle, sont des circonstances qui ne laissent pas que de contribuer puissamment à donner aux che- vaux anglais la netteté que l’on remarque dans la partie infé- rieure de leurs jambes et à rendre leur peau et leurs poils d’une si grande finesse. La quantité de nourriture nécessaire au cheval varie suivant sa taille, le travail qu’on en exige et le climat du pays qu’il habite. Cet animal est difficile dans le choix de ses alimens et rejette beaucoup de plantes, dont le bœuf se contente. L’herbe verte suffit au cheval qui n’est pas condamné à des travaux pé- nibles ; mais celui qui y est obligé a besoin d’une nourriture plus substantielle , de grain , par exemple. Le fumier du cheval est un engrais précieux : il active la végétation plus que celui des autres animaux domestiques , et c'est presque le seul dont on fasse usage pour la culture des jardins et la composition des couches. Les dépouilles de cet animal sont également utiles. Sa peau lannée est employée pour faire des tiges de bottes et des empeignes de souliers. Les crins servent à la fabrication des lamis, elc., et on commence même à lirer parti de sa chair, 15 226 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, que l’on dessèche, pour la transformer en engrais , et de ses os , qui servent à la préparation de l'espèce de charbon, appelée nor animal, qui est si utile pour le raffinage des sucres. À Paris, il existe de grands chantiers d’équarrissage, où l’on dépouille , chaque année, environ douze mille chevaux, qui meurent dans cette ville ou que l’on y condamne à être abattus comme ne pou- vant plus travailler. $ 501. L'espace nous manque pour énumérer ici Lous les soins que nécessitent la production et l'éducation des chevaux, ou pour diseuter les chances de profit ou de perte qu'offre ce genre d’in- dustrie rurale ; mais nous ne pouvons omettre lindicalion des résultats qu’elle fournit. La production de ces animaux est presque nulle dans tout le midi de la France: elle devient un peu moins insignifiante dans le centre du royaume et augmente vers le nord; mais elle est presque entièrement concentrée dans l'Alsace, la Lorraine, la Flandre , la Normandie et la Bretagne. Cette dernière province tient le premier rang, et la Normandie le second. Le nombre de poulains qui naissent sur une même étendue de territoire, est environ trente-sept fois plus considérable dans les départe- mens du Finistère, du Morbihan et des Côtes-du-Nord, que dans ceux du Var, des Bouches-du-Rhône, de l'Aveyron, etc. Ce n’est pas toujours dans les pays de production que l’on élève les jeunes chevaux : ainsi une grande partie des poulains nés dans la Bre- tagne sont amenés dans le Perche et dans la Normandie, pour y être élevés. La Basse-Normandie en reçoit aussi un grand nombre de la Picardie. La carte ci-jointe donnera une idée de l’impor- tance relative de cette branche d'industrie dans les différentes parties de la France. (1) (1) Pour rendre plus facile à saisir la part que les diverses parties de la France prennent dans la production des chevaux, nous avons donné a cette carte des teintes d'autant plus foncées, que sur une égale superficie de terrain, on éléve un nombre plus considérable de poulaïns. La France y est divisée, comme dans l'administration des haras, en arrondissemens, composés chacun de plusieurs départemens, et désignés par des numéros correspondans à ceux de la liste ci- jointe, Dans la figure placée au-dessous, le nombre de poulains qui naissent dans chacune de ces divisions territoriales, sur une étendue de dix mille hec- tares , est indiquée par la hauteur à laquelle la ligne bleue coupeles diverses lignes verticales qui représentent les arrondissemens dont ils portent les numéros. Cette ligne transversale s'élève d'autant plus que ce nombre est plus cousidé- rable, et pour connaître la valeur de celui-ci, dans un arrondissement quel- conque , il suffit de comparer la longueur de la ligne verticale, dont il porte le numéro ou la distance comprise entre la base de la figure et le point d’inter- section de la ligne en question, avec les degrés de l'échelle placée de chaque côté. La ligne transversale jaune imdique de la même manière le nombre de Carte DEL ACCAL (CE de de ti fTOCUOUON CDS CHOC CIC LICE DAS Z2U. LE Oceari 120 FT ze ] !]| 10 |] 170 u a] 100 A [100 || | 90 | 190 | 1 40 | 7 1 80 Ë 1 0 | 70h 72 60 | TS Uvo | | 90 L] | x H Ye . 1 | 4o | H40 An do |] il 130 20 | 1 | 120 | | ÿ 10 || | 10 (| | | | | | S Lt L | L Lo 0 7 8 gro n 21 1% 152 27 19 20 21 12325 24 25 26 27,28 29 Jo A —— — MO, © Odpr Edpt "Er Or JO JE. FAMILLE DES SOLIPÈDES. 227 Il existe en France plusieurs races de chevaux bien distinctes. Dans presque toutes les campagnes, on trouve un grand nombre de ces animaux abâtardis et chétifs, qui n’ont ni beauté, ni vélocité, ni force, et qui sont employés à tous les travaux de la poulains de quatre ans que l’on trouve sur une même étendue de terrain dans chaque arroudissement, et la ligne rouge celle des chevaux de tout âge que l’on y compte par mille hectares de superficie. Les chiffres qui ont servi à ces calculs sont extraits des tableaux publiés, il y a quelques années, par le savant Chap- tal, ancien ministre de l’intérieur. 0 1° RÉGIONS. x DE DÉPARTEMENS CORRESPOXDANS. ARRONDIS sr. Nord, 2. Ardennes, 3. Pas-de-Calais, Somme et Oise. Du nord-est, comprenant la Flan- dre, la Picardie, l'Ile-de-France, la Lorraine et l'Alsace. . Haut et Bas-Rhin, Meuse, Meurthe, Moselle. Seine -et - Oise, Seine, Seine-et- Marne et Aisne, \ 7. Marne, Haute-Marne et Vosges. r 8. Seine-[nférieure et Eure. 9. Calvados et Manche > Du nord-ouest, comprenant la Nor- |} 10. Mayenne et Ille-et-Vilaine, mandie, l4 Bretagne,le Maine, etc. \ 1. Côtes-du-Nord , Finistère et Mor- biban. 12. Orne, Sarthe et Eure-et-Loir. : 13. Maine-et-Loire et Loire-Inférieure. 3° De l’ouest septentrional, comprenant | 14. Vendée, Deux-Sèvres et Vienne. le Poitou, l’Aujou et la Touraine. | 15. Indre, Indre-et-Loire et Loir-et- Cher. ( 16. Loiret, Yonne et Aube. 4° De l’est septentrional, comprenant Re E & la Champagne, la Bourgogne, la | LE NES REPÈRE. H 18. Ain, Côte-d'Or, Saône-et-Loire. Franche-Comté, etc. x 19. Haute-Saône, Doubs, Jura. 5° De l’est meridional, comprenant le { 20. Rhône et Loire. Lyonnais, le Dauphiné et l’Au- | 21. Isère, Drôme et Ardèche. vergne. 22. Cantal, Haute-Loire,Puy-de-Dôme. 6° De l'ouest méridional, comprenant 23. Corrèze, Creuse et Haute-Vienne. la Marche, l’Angoumois, la Sain- { 24. Charente, Charente-Inférieure et tonge, etc. | Dordogne. : 25. Gironde, Lot, Lot-et-Garonne. 7° Du sud-ouest, comprenant la Guyen- | 26. Landes, Gers, Basses-Pyrénées. ne et la Gascogne. 27. Hautes-Pyrénées, Haute Garonne et Ariège. 25. Tarn-et-Garonne , Tarn et Lozère. 89 Du sud-est, comprenant le Langue- | 29: Prrénéenr ARentlr, Hérault et 19b EUIEVEDNErER | 30. Gard,Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Var, Hautes et Basses-Alpes. 15; 398 ZOOLOGIE DESCRIFTIVE. petite culture. Les autres peuvent être rangés en trois classes : 1° les chevaux grands, forts, mais lourds, qui sont propres à tirer lentement de grosses charges; les chevaux de brasseur et ceux qu’on emploie au service du roulage, par exemple; 2° les chevaux gros et vigoureux, qui galopent avec facilité et qui, sans avoir les formes élégantes , conviennent pour le service de la poste ; 3° les chevaux de luxe employés, soit comme mon- ture, soit comme chevaux de voiture. La race boulonnaise, qui se rencontre dans la Picardie et la Haute-Normandie, appartient à la première de ces catégories , et se fait remarquer par sa haute taille, le développement de ses muscles, ses formes empâtées et l'abondance de ses crins. La croissance de ces chevaux est hâtive, et, dès l’âge de deux ans , ils peuvent déjà travailler de manière à payer les frais de leur nourriture : aussi ne les vend-on que de 300 à 400 francs. La race franc-comtoise diffère peu de la précédente, mais est moins étoffée , moins musculeuse et plus longue de corps. Enfin la race poitevine est également très forte el est propre aux mêmes usages que les deux précédentes. La race bretonne , qui se trouve non-seulement dans la Bretagne, mais aussi dans le Perche , le Maine, etc., est celle qui fournit nos meilleurs che- vaux de poste et de diligence. Enfin, parmi les chevaux, dit de race noble, on remarque les chevaux normands qui peuvent devenir de beaux chevaux de carrosse ou de bons chevaux de selle, suivant la manière dont ils ont été nourris pendant leur jeunesse. Le Limousin , PAuvergne et la Lorraine, produi- sent aussi des chevaux de selle très estimés, mais qui sont en général lents à croître, et sont par conséquent d’un prix élevé. D’après les renseignemens recueillis , il y a quelques années, par l'administration , 1l parait que le nombre des chevaux exis- ians en France pouvait être évalué à environ un million six cent mille, dont à-peu-près les quatre-vingt-cinq centièmes étaient employés aux divers travaux de l’agriculture. Leur distribution , dans les diverses parties du royaume, est non moins inégale que celle de la production, comme on pourra s'en convaincre par les courbes ci-jointes. Depuis l’époque dont nous venons de parler, ce nombre a dù augmenter consi- dérablement, et la production des chevaux a repris de l’impor- lance en Normandie, ainsi que dans d’autres provinces du nord et du centre; mais elle est loin de répondre aux besoins du pays, el nous sommes obligés, chaque année, d’en acheter un nombre considérable à l'étranger. Depuis 1824 jusqu’en 1829, on en à importé plus de cent six mille, ce qui, à raison de 500 fr. par cheval, prix moyen, représente une valeur d'environ 53 millions, ou plus de 8,800,000 fr. par an. is FAMILLE DES SOLIPÈDES. 229 C’est de Allemagne, de la Belgique et de la Suisse , que nous irons presque tous ces chevaux. La France , par la densité de sa population, l’activité de son industrie et l’aisance générale qui y règne, est un des pays de l’Europe où le besoin des chevaux se fait le plus sentir ; mais, si l’on excepte l'Espagne et l’Italie, c’est l’un de ceux où il y en a le moins, comparativement au nombre des habitans. Dans la Grande-Bretagne, on estime que le nombre des chevaux est à celui des habitans , comme 1 est à 10, tandis qu’en France, ce rapport est d'environ 1 à 19. De toutes les parties civilisées de l'Europe, c’est le Brunswick, le Hanovre et lOldembourg, où l4 production des chevaux, comparée à la population, et par con- séquent jusqu’à un certain point aux besoins du pays, est la plus considérable. Sous ce rapport, la Suède, les Pays-Bas, l'Autriche , le grand-duché de Bade et quelques autres parties de l'Allemagne ne le cèdent que peu à l'Angleterre, tandis qu’en Espagne , il est à proportion sept à huit fois moindre. En Angleterre, le nombre de ces animaux , si utiles à l’industrie et au bien-être des hommes, est environ trois fois plus considé- rable qu’en France pour une même étendue de terrain. D’après ces divers faits, on voit combien cette branche im-- portante de notre industrie rurale est restée en arrière des be- soins toujours croissans de notre civilisation. L'état de notre agriculture parait en être la principale cause; mais, depuis quelques années, des combinaisons d’assolement, plus heu- reuses que celles qui avaient été usitées jusqu'alors, commen- cent à s’introduire, et il y a lieu d’espérer que leurs bons effets ne tarderont pas à se faire sentir sur la multiplication de nos animaux domestiques. $502. L’âne se distingue essentiellement du cheval par ses longues oreilles, la houppe de poils dont l'extrémité de sa queue est garnie , et la croix noire ou brune formée par une ligne dor- sale et une ou deux lignes transversales, situées sur les épaules. La patrie de ces deux animaux parait être la même, et auJour- d’hui encore on trouve l’âne à l’état sauvage dans les grands dé- serts du centre de PAsie. Dans l’état de nature, cet animal est de la grandeur d’un cheval de moyenne taille; sa tête est lourde, ses oreilles moins longues que celles de nos ânes domestiques, ses jambes plus longues et plus fines, son corps plus comprimé et sa robe grise ou d’un jaune brunâtre. Les ânes sauvages vivent en troupes innombra- bles et changent de climats suivant les saisons. En hiver, ils descendent dans les parties chaudes de la Perse et de l’inde, et en été se portent vers le nord et vont jusqu'aux monis Ourals, pour trouver des pâturages frais el abondans. On assure que ces Mulets, 230 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. troupes, en traversant ainsi les landes, y laissent des traces ayant quelquefois une werste (ou environ un quart de lieue) de largeur. La vitesse de ces animaux est extrême : ils peuvent sou- tenir leur course rapide pendant plus long-temps que le meilleur cheval persan ; et, pour se défendre, ils ont recours aux mêmes manèges que les chevaux. La voix rauque et sonore de l'âne (ap- pelée bratre) paraît tenir aux cavités laryngiennes dont il a été question plus haut et dans l’intérieur desquelles Pair résonne. D’après les témoignages historiques, 11 paraîtrait que l’âne à été réduit à l’état de domesticité, même avant le cheval ; mais moins beau que lui et supportant moins bien le froid, il n’a pas reçu les mêmes soins, et, dans presque tous les pays, sa race a dégénéré. Dans la Perse et dans quelques autres contrées de lorient, où l’on s’en sert plus que du cheval, on le choïe, et le climat est favorable à son développement : aussi n’y ressem- ble-t-il pas aux ânes chétifs et dégradés de nos campagnes. Sa taille est élevée, et la vitesse de ceux qu’on emploie à la mon- ture est d'environ sept milles par heure. Dans le nord, il vient mal: on le méprise et on l’accable de mauvais iraitemens; ce- pendant, il ne laisse pas que d’y rendre à l’agriculture des ser- vices importans. Sa sobriété et son tempérament robuste sont de précieuses qualités pour les cultivateurs peu riches, et, si on lui reproche sa lenteur , il rachète ce défaut par sa patience et par sa force. La durée naturelle de la vie de ces animaux paraît être à-peu- près la même que celle du cheval ; mais chez nous, le climat ei les mauvais traitemens l’abrègent beaucoup. La gestation, commie celle du cheval, dure onze mois, et il est rare que la mère mette bas plus d’un petit. Vers l’âge de trois ans, on le fait travailler , et c’est à l’âge de dix ou douze ans que nos ânes commencent, en général, à perdre de leurs forces. C’est dans les départemens des Deux-Sèvres et de la Vienne que l’on élève le plus de ces animaux, et qu’on possède les plus belles races. $ 503. L’âne et le cheval produisent facilement des métis, qui participent des formes et des qualités des deux espèces distinctes dont ils proviennent; mais ils ne constituent pas une espèce intermédiaire : car ils sont toujours stériles, el par conséquent leur race ne peut se perpétuer. Ces animaux bâtards sont appe- lés mulets; quelquefois on distingue sous le nom de hardean ceux dont la mère est une ânesse. Ils supportent mieux la faim et la fatigue que le cheval, sont moins délicats sur la qualité des alimenñs, moins maladifs, peuvent porter des poids plus consi- dérables ; eLont Le pied plus sûr : aussi, dans beaucoup de pays où les fourrages ne sont pas toujours abondans, en emploie-1 FAMILLE DES SOLIPÈDES. 231 on un grand nombre : en Espagne et en Italie, par exemple. Dans le midi de la France, on s’en sert pour le labour et les charrois, et c’est dans l'Auvergne et la partie voisine de la Guienne , qu'on en élève le plus. Jadis, l'exportation de ces ani- maux pour l'Espagne était une branche lucrative du commerce de ces provinces; mais, depuis quelque temps, elle a beaucoup perdu de son importance. Le lait d’ânesse est souvent ordonné comme aliment aux per- sonnes maladives : il contient plus de sucre de lait et beaucoup moins de matières caseuses que le lait de vache. 6504. Il existe aussi, dans les déserts de PAsie centrale, une troisième espèce du genre cheval, le dzigquetai, qui paraît être le hemionus ou mulet sauvage des anciens. Cet animal tient le milieu , pour les proportions, entre le cheval et l’Ane, maïs a les formes encore plus élégantes que le premier. Sa couleur est isabelle avec la Higne dorsale et la crinière noires, et sa queue, nue dans sa moitié supérieure, est terminée par une houppe de crins noirs. En hiver, son pelage devient épais, frisé et moel- leux comme celui du chameau. Il vit en troupes composées d’une vingtaine de jumens, de poulains et d’un mâle, qui en est le chef. Sa vélocité est si grande, qu’elle est devenue proverbiale chez les Mongols, et que c’est monté sur un dzigguetai, que la mythologie thibétaine représente le dieu du feu. On chasse cet animal pour sa chair et son cuir; mais, à moins d’être étourdi par le vent et la pluie, il ne se laisse que difficilement approcher, et en général on le prend dans des pièges ou bien on le tue, en se mettant à laffüt derrière quelque mameïon de terre voisin des prairies salées qu’il fréquente ; jusqu'ici, on ne l’a pas réduit à l’état de domesticité. 6 505. L'Afrique possède aussi trois espèces du genre cheval, le zébre, le ronngga et le dan. d\ JA RE Fig. 203. LE ZÈBRE. Hemionce. Zébre. Couagoa. Onagga. Caractères généraux. 232 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Le zebre (fig. 203) a presque la forme d’un âne, dont il se dis- tingue par les bandes transversales , d’un brun noirâtre sur un fond jaune , dont tout son corps est couvert. Il s’apprivoise avec quelques soins, mais n’a pas été réduit en domesticité, et se rencontre depuis l’Abyssinie jusqu’au cap de Bonne-Espérance : c’est l’hippotigre dont il est question dans quelques passages des écrits des anciens. Le eouagga ressemble davantage au cheval et ne présente de bandes transversales que sur les épaules et le dos. Son nom lui vient de son cri, qui ressemble à l’aboiement du chien. Il paraît que les colons du voisinage du cap de Bonne-Espérance en ont habitué au trait, et qu’on en élève avec le bétail ordinaire, qu’ils défendent, dit-on, contre les hyènes et les autres ani- maux féroces de même taille. Le dar , qu'on appelle aussi onagga ou cheval de montagne, et qui n’est connu des naturalistes que depuis très peu de temps. est plus petit que l’âne et porte sur la tête, le cou et le tronc , des raies noires alternativement plus larges et plus étroites sur un fond isabelle, Ses jambes et sa queue sont blanches. FAMILLE DES PACHYDERMES ORDINAIRES. $ 506. Les pachydermes de cette division se reconnaissent au nombre des doigts, qui est de quatre, de trois ou de deux: ils se Fig. 204. (1) rapprochent à plusieurs égards des ru- minans. Ceux chez lesquels les doigts sont en nombre pair ont le pied en quel que sorte fourchu. Leur estomac présente une certaine complication, qu’on ne ren- 4 Contre pas chez les proboscidiens et les __ solipèdes, et leur squelette offre des par- ticularités, qui se rencontrent aussi dans ce lordre des ruminans. Les principaux genres dont ce groupe se compose sont les Aippopotames, les cochons, les rhinoceros , les damans et les tapirs. Les deux premiers se distin- guent des derniers par leurs doigts en nombre pair, et leur pied, en quelque DOS sorte fourchu (fig. 204), tandis que, chez h (14 (1) Os du pied du cochon : — a cubitus; — b radius; —c 05 du tarse; — d os du métacarpe ; — e doigt interne; — f'doigt externe; —g, À doigts médians, FAMILLE DES PACHYDERMES ORDINAIRES. 2383 les rhimocéros , les damans et les tapirs, les sabots des doigts médians ne se touchent point par une surface aplatie, et ne ressemblent pas à ceux des animaux à pieds fourchus. 6 507. Les cocHons forment le type d’un groupe quise compose des cochons proprement dits, des phacochæres et des pecaris, et qui se distingue par l'existence de pieds four- chus, dont les deux doigts mitoyens seulement,gar- nis de forts sabots, tou- chent à terre et servent à la locomotion (voyez lig- 204), et par le boutoir fort et mobile, qui ter- mine leur museau et qui leur sert à fouiller la terre, pour y chercher leur nourriture (fig. 205). Cet organe consiste en un prolongement mobile du museau , soutenu par un os particulier, qui s'appuie inférieurement sur le devant de la mâchoire supérieure (sur les os intermaxillaires) , el qui est mis en mouvement par deux gros muscles situés de chaque côté de la face (/g. 205). Un tissu fibro-cartilagineux re- couvre cet os et se termine en avant par une surface circulaire et inclinée en bas, qui est recouverte d’une peau épaisse et nue. Au bord supérieur de cette extrémité tronquée du museau, on remarque un bourrelet épais et calleux, à l’aide duquel Panimal ouvre la terre, tandis que le dessus du museau jusqu’au nez lui sert comme le ferait un soc de charrue , pour la diviser. Fig. 205. 6508. Le genre des COCHONS PROPREMENT DITS (Sus) se reconnait facilement à la disposition des dents. Les canines sortent de la boucheet serecourbent lune Fig. 206. et l’autre vers le haut, de façon à constituer des défen- ses plus ou moins puissantes (fig. 206). Les incisives sont au nombre de quatre ou de six à la mâchoire supérieure et de six à l’inférieure,oü elles sont couchées en avant ; enfin les mâchelières, au nombre de vingt-quatre ou de vingt- huit, sont à couronne tuberculeuse au fond de la bouche ; maï: Cochons. Cochons pro- prement dits Sanglier. 234 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. en avant elles sont plus ou moins comprimées et tranchanites, disposition qui rend ces animaux moins essentiellement herbi- vores que les autres pachydermes. Ils ont la tête grosse , pyra- midale, allongée et tronquée obliquement à son extrémité, Jes yeux petits, la peau dure, épaisse et couverte de longs poils raides et grossiers, connus sous le nom de sotes, la queue courte et grêle, les jambes basses et minces; enfin ils ont à chaque pied quatre doigts, dont les deux latéraux trop courts pour servir à la locomotion. Ces pachydermes ont tous les allures lourdes et disgracieuses que chacun connaît à notre cochon domestique. Leur intelligence est fort bornée, et ils sont peu susceptibles d'éducation ; néanmoins ils s’apprivoisent facile- ment et s’attachent même aux personnes qui les soignent. Ils se nourrissent presque indistinctement de substances végétales el animales, mais vivent principalement de racines et de graines, pour la recherche desquelles, guidés par leur odorat qui est très fin, ils fouissent continuellement la terre. Les lieux soli- aires, humides et marécageux, leur plaisent, et ils parais- sent même se vautrer avec délices dans la fange; 1ls vivent en troupes quelquefois assez nombreuses, et on en trouve par- tout, excepté dans le nord des deux continens et dans PAus- tralasie. $ 509. Le sanglier, qui est la souche de nos cochons domes- tiques, et qui est répandu dans les régions tempérées de l'Europe et de PAsie, ainsi que dans les parties septentrionales de PA- frique , a les défenses prismatiques, recourbées en dehors et un peu en haut, et dépourvues de racines : aussi croissent-elles pendant toute la vie. Son corps est d’un noir brunâtre, el les soies sont hérissées et remarquables par leur dureté, sur- tout le long de l’échine du dos. Dans le jeune âge, ces animaux portent une livrée formée de bandes longitudinales, mais irré- gulières, d’un brun plus ou moins foncé sur un fond blanc, . mêlé de fauve. On les connait alors sous le nom de marcassins ; mais, à la seconde année, ils prennent la teinte uniforme propre aux adultes. Dès la seconde année, ils commencent à reproduire: mais cependant ils n’achèvent leur croissance qu’au bout de cinq à six ans , et la durée de leur vie est d’une trentaine d’an- nées. Les vieux sangliers vivent ordinairement seuls ; au contraire, les femelles, avec leurs petits, se réunissent en troupes , et se défendent mutuellement avec courage. Les plus forts font face au danger , el se pressant les uns contre les autres, se forment en cercle et placent les plus petits derrière eux. La portée se compose de quatre à dix marcassins: ils naissent en mai ou Juin, el sont nourris et guidés par leur mère pendant plusieurs mOIS : FAMILLE DES PACHYDERMES ORDINAIRES. 235 quelquefois ils la suivent pendant deux ou trois ans; mais en général les troupes se dispersent vers le milieu de l’hiver. C’est le soir que ces animaux vont chercher leur nourriture ils vivent dans les forêts, et souvent ils font dans les champs voisins les plus grands dégâts, en fouillant la terre, pour y cher- cher les racines. Lorsque la faim les presse, ils deviennent carni- vores et attaquent même les animaux vivans. Leur grande force et leurs puissantes défenses les rendent redoutables aux chas- seurs et aux chiens. Lorsqu'un sanglier est attaqué, il ne sort qu’à la dernière extrémité de sa bauye, fourré épais où il a établi sa retraite; 1l fuit d’abord, mais lentement et en se retournant sur les chiens qui le serrent de trop près ,et, lorsqu'il est blessé il s'arrête, et renverse tout pour arriver au chasseur qu’il croit Pavoir frappé. 6 510. Nos cochons domestiques Varient beaucoup pour la taille , la couleur , etc. ; mais c’est à l’état de domesticité qu’on doit attribuer ces modifications ; car, lorsqu'ils sont abandon nés à eux-mêmes et qu'ils redeviennent sauva; ges, comme cela est arrivé pour un grand nombre de ceux que les Européens ont transportés en Amérique, ils reprennent peu-à-peu Lous Les caractères propres aux sangliers. Ces animaux sont d’une grande utilité à l’homme, à cause du goût agréable de leur chair et de la facilité avec laquelle on là conserve à laidé du sel; de leur grande fécondité, qui dépasse de beaucoup celle de tous les autres animaux de la même Laille et du peu de frais qu'entraine leur nourriture. En France, il n’est guère de ménage de paysan qui n’en élève un ou deux chaque année pour les besoins de la famille , et, dans nos villes, la consommation du porc est encore plus considérable. A Paris, par exemple, on mange plus de quatre-vingt mille cochons par an. La plupart de ces animaux sont tirés des départemens du Nord et de l'Aisne , ou de la Normandie. Plusieurs départemens du centre et de l’ouest de la France, tels que la Creuse, le Cher et la Haute-Vienne , en fournissent aussi à la capitale, et, vers les Pyrénées, ils sont l’objet d’un commerce considérable ; mais, malgré le grand nombre qui s’en élève dans nos provinces, la production ne suffit pas à la consommation , et chaque année, on en tire beaucoup de la Belgique et de l'Allemagne. L’impor- tation s'élève à plus de cent cinquante mille têtes par an. Les soies du sanglier et du cochon sont également utiles à notre industrie : on les emploie à la fabrication des balais , des brosses , etc. Un cochon de moyenne taille en fournit à-peu- près une livre : on les estime à raison de leur force, et celles qui nous arrivent de la Russie sont d’une meilleure qualité que celles des animaux du pays. On en importe plus de 400,000 lv. Cochons do- mestiques, 236 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. par an au prix de 1 à 4 francs la livre, suivant la qualité. Les cochons domestiques sont plus féconds que les sangliers. Une truie donne quelquefois douze à quinze petits d’une seule portée, et, lorsqu'elle en donne moins de dix à douze, les agri- culteurs la regardent comme stérile et ne la conservent pas. Ces animaux peuvent donner trois portées dans l’espace de quatorze mois; mais, pour que leurs petits puissent téter suffi- samment sans épuiser leur mère, il faut se contenter de deux portées par an. Les jeunes, que lon appelle des cochons de lait, sont un aliment très recherché : c’est à l’âge de trois se- maines qu'on doit les livrer à la boucherie. Ceux qui sont des- tinés à être élevés doivent téter pendant environ deux mois; mais, dès l’âge de quinze jours, on commence à leur donner d'autre nourriture, aussi bien que le lait de leur mère, et, pen- dant plusieurs mois , il convient de leur fournir en abondance des alimens plus choisis que ceux qu’on emploie pour les adultes. Ceux-ci peuvent se nourrir, pour ainsi dire, de tout. Les fruits sauvages, abattus par le vent, les glands , la pomme de terre, les débris de toute espèce leur conviennent également; mais, jusqu'au moment où ils doivent être engraissés pour la boucherie , il faut bien se garder de les nourrir trop abondam- ment; car cela les rendrait sujets à des maladies et les empêche- rait de prendre par la suite autant de graisse qu'ils en sont susceptibles. L’âge auquel on tue les cochons varie suivant les circonstances. Lorsqu'on a principalement en vue la prépara- ion du petit salé, on peut se servir des animaux de huit à dix mois; mais, pour donner du lard en abondance, il faut qu'ils aient au moins dix-huit mois ou deux ans. Le vérat devient si. intraitable et si méchant, lorsqu'il vieillit, qu'en général on l’engraisse et on le tue à l’âge de deux ans. Quant à la truie, on s’en défait ordinairement avant qu’elle n'ait atteint sa sixième an- née , non pas qu’elle ne puisse conserver pendant long-temps encore toute sa fécondité, mais parce qu’à cet âge, elle ne s’en- graisse que difficilement et par conséquent ne donne plus les mêmes profits. Lorsqu'on veut engraisser un cochon, on commence par le faire jeuner un peu, afin d'augmenter son appétit; puis on lui fournit en abondance une nourriture suceulente. Dans le midi, on emploie principalement le maïs, et, dans le nord, l’orge, les pois, les fèves et le résidu des fabriques de sucre de bette- raves, des brasseries , etc. L'expérience montre que la diversité des alimens est une circonstance favorable à la réussite de lengrais, el que toutes les substances nutritives conviennent bien mieux à ces animaux, lorsqu'elles ont été cuites, el qu'elles sont réduites à une consistance plus ou moins pulpeuse. Le FAMILLE DES PACHYDERMES ORDINAIRES. 237 repos est également indispensable à l’engrais des cochons, et, dans quelques pays, on mêle à leurs alimens des semences nar- cotiques (1), pour les porter au sommeil ; la propreté est aussi utile à ces animaux, et la saison qui parait être la plus favorable pour les engraisser, est l'automne. Le choix du cochon influe encore d’une manière très remar- quable sur les profits que ces animaux peuvent donner lors- qu'on les engraisse ; les agriculteurs instruits savent que cer- taines formes coincident toujours avec la disposition à prendre de la graisse, et que les individus d’une grande taille donnent des bénétices plus considérables que les petits; car le poids de la chair , comparé à celui des viscères , du sang, de la tête, etc., est proportionnellement d'autant plus considérable que l'animal est plus grand. En général, le lard et les quartiers du porc, tels qu’on les livre au boucher, constituent environ les trois quarts du poids total de l'animal, lequel varie suivant les races. Les cochons du Poitou pèsent souvent cinq cents livres ; ceux de la Normandie pèsent jusqu’à six cents, et il n’est pas rare de voir ceux de la grande race d'Angleterre et de Flandre atteindre le poids de mille à douze cents livres. La rapidité avec laquelle ils s’engraissent est réellement surprenante. Souvent ils doublent de poids en quelques semaines, et, lorsqu'ils cessent d’augmen- lier rapidement de poids, ii faut se hâter de les envoyer à la boucherie ; car non-seulement les frais d’une nourriture ulté- rieure seraient perdus ; mais aussi ils ne tarderaient pas à périr de la maladie connue sous le nom de la cachexie graisseuse. Parmi les espèces exotiques du genre cochon proprement dit . nous citerons le babiroussa, qui habite quelques iles de Parchi- pel Indien, et qui, au lieu d’avoir, comme le sanglier, six mo- laires de chaque côté et à chaque mâchoire, n’en a que cinq. Ses défenses sont très longues. $ 511. Les PHACOCHOERES ressemblent beaucoup aux cochons proprement dits , mais s’en distinguent par la structure de leurs dents molaires, qui sont composées de cylindres unis par de la matière corticale, et qui se poussent d'avant en arrière dune manière analogue à ce qui a lieu chez les éléphans. Les défenses de ces animaux sont extrêmement grandes ; leur tête est très large, el il leur pend de chaque côté des joues une espèce de loupe charnue, qui leur donne une figure hideuse : ils habi- tent l'Afrique. $ 512. Les PÉCARIS (Dicotylis) sont des animaux de l'Amérique (1) De jusquiame ou de stramoine, appelée vulgairement pomme épineuse. BabiroussA. Phacochæres. Péecaris. Tapirs. Palæothe- rium. 238 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. méridionale, qui ont également la forme générale et les dents de nos cochons, mais dont les canines ne sortent pas de la bouche, et dont les pieds de derrière manquent de doigt ex- icrne. Ils n’ont pas de queue et présentent sur les lombes une ouverture glanduleuse, d’où suinte une humeur fétide. 6513. Les pachydermes ordinaires, dont le pied n’est pas four- chu , se ressemblent par la disposition de leurs dents molaires, qui, au nombre de sept en haut et de six ou de sept en bas, de chaque côté, ont la surface de leur couronne hérissée de lames saillantes, affectant en bas la forme d’un double croissant. I1s constituent, comme nous l'avons déjà dit, les genres tapir, daman ei rhinoceros. $ 514. Les raPIRs ont, de même que les précédens, de l’analo- gie avec les cochons par la forme générale de leur corps; mais on Fig. 207. les distingue au premier abord par la petite trompe charnue qui est formée par le prolongement de ler nez (fy. 207), et qui est susceptible de s’allonger et de se raccourcir, mais qui n’est pas un organe de préhension, comme celle de l'éléphant. Leurs doigts sont en même nombre que chez les pécaris ; mais leurs pieds n’ont pas l'apparence fourchue , et ils ont, à chaque mâchoire, six incisives et deux canines, séparées par un intervalle vide des imolaires, qui sont au nombre de quatorze en haut et de douze en bas. Le tapir d'Amérique, qui est assez commun dans les lieux humides des contrées chaudes de l'Amérique méridionale , est de la taille d’un petit âne, et sa peau, presque nue, est brune. On mange sa chair. Une seconde espèce, qui habite les régions les plus élevées de la Cordillière des Andes, et qui a le poil long el noir, paraît avoir donné lieu, parmi les Indiens , à beau- coup de récits fabuleux. Enfin une iroisième espèce se trouve dans les forêts de l’île de Sumatra et de la presqu’ile de Malacca. Le Griffon des anciens, que l’on regarde généralement comme un animal entièrement fabuleux, pourrait bien être ce dernier, un peu défiguré par les voyageurs, et auquel les artistes auraient ajouté des ailes et une queue destyle architectural. $ 515. On doit ranger aussi dans la famille des pachydermes ordinaires plusieurs quadrupèdes perdus , dont les ossemens se FAMILLE DES PACHYDERMES ORDINAIRES. 239 retrouvent à l’état fossile dans les carrières à plâtre des envi- rons de Paris et dans diverses autres localités. De ce nombre sont les PALÆOTHERIUM, qui, à en juger par la structure de leur tête osseuse, devaient avoir une courte trompe charnue comme les tapirs, mais qui s’en distinguent par les dents et par le nombre des doigts, qui est de trois partout. Il ne peut y avoir aucun doute sur leur régime herbivore, et il est probable que ces animaux antédiluviens habitaient les bords des lacs et des marais; Car les pierres qui renferment leurs ossemens con- tiennent aussi des coquilles d’eau douce. On en connait une douzaine d'espèces , dont une, presque de la taille du rhinocé- ros , a été découverte près d'Orléans. Cuvier , à qui l’on doit la connaissance de ces habitans an- tiques de notre globe, a donné aussi le nom d’ANOPLOTHERIUM à un genre fossile de pachydermes ordinaires, qui se trouve dans les mêmes localités et qui se rattache, à quelques égards, à l’ordre des ruminans ; car leurs pieds sont divisés en deux doigts seulement. $ 516. Les RHINOCÉROS sont de grands animaux à formes lour- des, massives et trapues, dont les os du nez très épais et réunis en une espèce de voûte, portent sur la ligne médiane une corne solide, qui adhère à la peau, el qui est composée de sub- stance fibreuse et cornée, com- me si elle était formée de poils agglutinés. Dans quelques es- pèces, 1l existe une seconde corne de même nature que la Fig. 208. RHINOCÉROS. précédenteet placée également sur la ligne médiane. Les pieds de ces animaux sont tous divisés en trois doigts, garnis de sa- bots très grands ; leur queue.est courte et rudimentaire, et leur peau sèche, rugueuse et presque dépourvue de poils, est si épaisse et si dure , qu’elle semble constituer une espèce de cui- rasse. Quelquefois elle forme en travers des épaules et des cuis- ses, des plis profonds. Enfin ils ont, à chaque mâchoire et de chaque côté , sept mâchelières et une canine; mais le nombre de leurs incisives varie , et, dans une espèce ( celle d'Afrique), ces dernières dents manquent complètement. Les rhinocéros se nourrissent d'herbes et de jeunes branches d'arbres : ils habitent les lieux ombragés et humides, et, de même que la plupart des mammifères dont la peau est presque nue et se dessèche facilement , ils aiment à se vautrer dans la Anoplothe- riuin. ‘ Rhinocéros. 240 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. fange. Leur naturel est grossier et féroce , et leur force extraor - dinaire. Les habitans des pays où ils se trouvent en estiment la chair et font avec la peau de ces animaux un cuir extrêmement dur, qu'ils emploient à divers usages, pour faire des soupentes de voitures, par exemple ; mais leur chasse est difficile et dan- yereuse. | On trouve aux Indes trois espèces de rhinocéros , dont une bicorne et deux ayant une corne unique. Près de l'embouchure du Gange on a trouvé un rhinocéros sans cornes, mais on ignore encore si c’est une espèce distincte ou une simple variété indi- viduelle ; enfin en Afrique, il existe aussi un rhinocéros bicorne, et on trouve en France et dans diverses parties de l’ancien con- tinent des ossemens fossiles provenant d’espèces détruites. Sur les bords du Vilhoui, en Sibérie, on a trouvé le cadavre presque entier d’une de ces espèces de rhinocéros antédiluviennes. Damans. 6 517. Les pAMANS (Hyrax) sont de très petits animaux qui, pendant long-temps, ont été confondus avec les rongeurs, mais ‘ qui ressemblent beaucoup aux rhinocéros par la disposition de leur système dentaire, et qui sont de véritables pachydermes : ils ont le museau et les oreilles courts , quatre doigts en avant, trois en arrière , le corps couvert de poils, un tubercule au lieu de queue, et l'estomac divisé en deux poches. On n’en connait qu’une espèce, qui est de la taille d’un lapin, et qui est assez commune dans les rochers de diverses parties de l’Afrique. Hippopota- 6 518. Les HIPPOPOTAMES (fig. 209) ont pour caractères zo010: dé siques quatre doigts presque égaux et garnis de pelits sabots Fig. 209. HIPPOPOTAME. à tous les pieds et un appareil dentaire composé de quatre inci- sives à chaque mâchoire, dont les inférieures longues et cou- chées en avant, de canines très grosses , qui s’usent lune con- tre l'autre et don l’inférieure est recourbée en haut, enfin de ’ # & FAMILLE DES PROBOSCIDIENS. x 241 six mâchelières partout, lesquelles sont précédées en haut d’une petite fausse molaire rudimentaire et isolée. Ce sont des animaux remarquables par leur grandeur, leur corps massif, leur tête énorme et terminée par un large museau renflé, leurs jambes très courtes et très grosses, leur ventre trai- nant jusqu’à terre, et leur peau nue et si épaisse, que les balles ordinaires s’aplatissent en la frappant. Leurs mœurs sont du reste en accord avec leurs formes disgracieuses , car ils sont stupides et féroces ; ils vivent continuellement dans la fange, se nourrissent de jones, de racines, de riz et autres substances végétales , et leur estomac est divisé en plusieurs poches : ils vivent en troupes sur les bords des rivières de l’intérieur de l'Afrique. Au moindre bruit ces animaux plongent dans l’eau , etils-savent marcher sur le fond avec plus de vitesse qu'ils ne le feraient sur un terrain sec ; car ils sont très gros, et l’eau sou- lient un peu le poids énorme de leur corps: ils nagent aussi très bien. Leur nom de ckevaux de riviere parait venir des lieux qu'ils habitent , et de leur voix, qui, dit-on , ressemble au hen- nissement du cheval. On ne connait qu'une espèce vivante d’hippopotame ; mais on trouve , dans les terrains meubles des diverses parties de l'Eu- rope, les débris fossiles de deux ou trois autres, dont une res- semble beaucoup à celle d'Afrique. FAMILLE DES PROBOSCIDIENS. ÿ 519. Le trait le plus remarquable de l’organisation de ces animaux, est la conformation singulière de leur nez, qui s’al- longe en forme de tube, et constitue une trompe cylindrique dont ils se servent, comme organe de préhension, avec presque autant d'adresse que la main peut en donner aux singes ; C’est un dou- ble tuyau qui se continue avec les fosses nasales, et qui est revêtu intérieurement d’une membrane fibro-tendineuse, au- tour de laquelle se fixent des milliers de petits muscles diverse- ment entrelacés, et disposés de façon à allonger la trompe , à la raccourcir, et à la courber dans tous les sens ; à son extrémité supérieure il existe une valvule cartilagineuse et élastique, qui, à moins d’être relevée par la contraction volontaire de ses muscles interceple la communication entre les fosses nasales et le dehors ; enfin, à son extrémité libre, se trouve un appendice en forme de 16 o = Caracteres épéraux. 242 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. doigt, également mobile. Cette longue trompe serL à l'animal pour saisir tout ce qu’il veul porter à la bouche, pour cueillir ) (1 ae b j das & d \\ KL ù AU Fig. 210. ÉLÉPHANT DES INDES. l'herbe et les feuilles dont il se nourrit, et pour pomper la bois- son qu'il lance ensuite dans son gossier : sans elle , la confor- malion générale de son corps rendrait son existence presque impossible. En effet, pour qu'un animal puisse chercher com- modément à terre sa nourriture , 1l faut , lorsqu'il n’a pas d’or- ganes spéciaux de préhension, que la longueur de son cou soit proportionnée à celle de ses jambes , de telle sorte qu’en abaissant la tête, il puisse, sans les fléchir, toucher le sol avec ses lèvres ; s'il est haut sur pattes , il lui faut donc un long cou , el eette disposition est à son tour incompatible avec une tête très grosse él très lourde, dont le poids devient d'autant plus difficile à soutenir, qu'il est placé à extrémité d’un cou plus long: aussi observe-l-on que ; chez tous les animaux dont les pattes sont allongées et dont la bouche sert à la préhension des alimens, tels que la girafe et les chameaux, le cou est long el la tête petite , tandis que, chez ceux dont la tête est forte et lourde , ou destinée à exécuter des mouvemens lrès énergiques, le cou est plus ou moins court. Or, les proboscidiens sont de très grands animaux, dont la tête est fort éloignée du sol et d’un volume en rapport avec les énormes défenses dont la mâchoire supérieure esi armée ; son poids est par conséquent très çon- sidérable , et le cou qui le supporte très court: s'ils étaient dé- pourvus d'une trompe, il aurait fallu donner par conséquent au resle de leur organisation un tout autre plan. L FAMILLE DES PROBOSCIDIENS. 243 Le volume du corps de ces pachydermes nécessite également une grande solidité dans la strugture de leurs membres : aussi leurs doigts, au nombre de cinq partout, sont-ils très courts, el la peau calleuse qui entoure le pied les encroûte tellement, qu'ils n'apparaissent au dehors que par les ongles attachés au bord de l'espèce de sabot ainsi formé. La tête de ces animaux est pourvue , Comme nous l'avons déjà dit, de puissantes défenses : ce sont les incisives de la mà- choire supérieure , qui prennent un accroissement extrême , el se recourbent en bas et en avant; les canines manquent, et à la mäehoire inférieure , il n’y a que des molaires. On ne connait dans la nature vivante qu'un seul genre de proboscidiens , celur des e/ephans , mais on trouve enfouis dans la terre les débris de quelques autres animaux , qui, depuis long-temps , ont disparu de la surface du globe , et qui, avec des différences dans la structure des dents mâchelières , présen- taient le même mode général d'organisation , ét qui, par consé- quent , doivent prendre place dans la famille dont nous faisons ici l'histoire : ce sont les mastodontes. Le principal caractère zoologique des ÉLÉPHANS consiste dans leurs dents molaires, dont le corps se compose d’un certain nombre de lames de substance osseuse , enveloppées d’émail, et liées ensemble:par de la substance corticale, ainsi que nous l'avons déjà vu chez les caviens , et plusieurs autres rongeurs ; mais ce n’est pas leur structure seulement qui rend ces dents remarquables , la manière dont elles se succèdent est égale- ment digne d'attention. Chez l’homme et chez la plupart des mammifères, c'est verticalement que les dents de rempla- cement succèdent aux dents de lait; mais, chez l'éléphant, c'est darrière en avant, de facon qu'à mesure qu'une mâche- hère s’use , elle est en même temps pousséeen avant par celle qui vient après. IlLen résulte que le même animal a tantôt une, tantôt deux mâchelières de chaque côté, selon les époques , et on assure que ce changement s'opère jusqu'à huit fois. Les défenses ne se renouvellent qu'une fois. Ces animaux sont les plus grands des mammifères terrestres : leurs proportions sont lourdes, leur corps épais et leur dé- marche pesante ; mais leur physionomie est imposante, et la saillie considérable de leur front , due au développement des si- nus frontaux, donne à leur tête un cachet d'intelligence, qui a fait beaucoup exagérer l'étendue de leurs facultés. Leur trompe leur donne beaucoup d'adresse ; le trait caractéristique de leur esprit est la prudence, et ils se laissent facilement apprivoiser ; mais ils ne font réellement pas des combinaisons intellectuelles plus élevées que le chien ou peut-être même le cheval, et si on peut 16. Éléphans. Eléphant des Indes. 9414 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. leur apprendre à faire des exercices plus variés, c’est que le iné- canisme de leurs organes y est plus favorable. Leur naturel est en général très doux : ils vivent en troupes sous la conduite des vieux mâles et ne se nourrissent que de végétaux. On a prétendu qu'ils ne se couchaient pas; mais C’est une erreur : ils dorment sur le côté comme la plupart des autres quadrupèdes. $ 520. On connait actuellement deux espèces d’éléphans, qui habitent l’une et l’autre la zone torride de l’ancien continent, et qui ont la peau rude et presque entièrement dépourvue de poils. L’une est propre à l'Afrique, l’autre aux Indes. 6 521. L’elephant des Indes (fig 210), qui habite depuis lIndus jusqu’à la mer Orientale, ainsi que dans les grandes iles du midi de l'Asie, se reconnait à sa tête oblongue, à son front concave, à ses oreilles médiocres , à ses mâchelières marquées de lignes trans- versales ondoyantes et à ses pieds de derrière pourvus de quatre ongles. Sa taille , mesurée au garrot, est communément de dix pieds et en atteint quelquefois quinze. Sa couleur est ordinaire- ment d’un gris noirâtre ; mais il parait que cette teinte dépend principalement de la terre dont ces animaux se couvrent, et qui s'attache à leur peau; car lorsqu'ils sont restés quelque temps dans l’eau , et que leur peau a été débarrassée des matières qui la salissaient , elle est couleur de chair avec des taches rondes et noirâtres. La force prodigieuse de l’éléphant , sa marche qui , quoique lourde, est assez rapide pour n'être que difficilement dépassée par le cheval, et sa docilité, en font un animal très utile à l’homme , et, depuis les temps historiques les plus re- culés , nous le voyons réduit à l’état de domesticité , mais d’une manière moins complète que le cheval, le chien et le bœuf; car ce m'est pas la race entière qui a été soumise à notre empire, mais seulement des individus. En effet les éléphans ne se repro- duisent que rarement en captivité. et c’est en apprivoisant des individus sauvages, nés dans les forêts, que l’on se procure tous ceux dont on a besoin. Tantôt west.en attirant dans des pièges , à l’aide d’éléphans femelles, dressés à cet usage , un éléphant solitaire; d’autres fois , en entourant toute une troupe el en la poussant, à force de bruit, dans une enceinte formée de fossés et de fortes pallissades, que les Indiens capturent ces animaux. On se sert aussi d’éléphans déjà apprivoisés pour dresser les éléphans sauvages, et on estime que six mois suffisent d’ordi- naire pour Péducation d’un de ces animaux. La durée de la gestation est de vingt mois; le petit, en naissant, à environ trois pieds de haut: il tête avec sa bou- che et non avec sa trompe , comme on Pa dit; il grandit lentement el ne parait arriver au terme de sa croissance qu'à l'âge de dix-huit à vingt-quatre ans. La durée de la vie de ces FAMILLE DES PROBOSCIDIENS. 245 animaux est très longue : elle parait être de près de deux siècles. Les éléphans domestiques font sans peine de vingt à vingt-cinq lieues par jour, et les-plus forts portent jusqu’à deux milliers. Chaque animal adulte consomme par jour environ cent livres d'herbe ou de foin et la valeur de douze à quinze seaux d’eau. $ 522. L’elephant d'Afrique, facile à distinguer de celui des In- des par sa tête ronde, son front convexe , les grandes oreilles qui lui recouvrent toute l’épaule , et les losanges tracées sur la cou- ronne de ses mâchelières, est répandu depisle Sénégal et le Ni- ger jusqu’au cap de Bonne-Espérance : autrefoisil s’étendait plus au nord , dans les plaines voisines de l'Atlas , et il parait que les anciens Carthaginois le domptaient et l’'employaient à la guerre comme le font encore de nos jours les Hindous pour Pespèce asiatique. L'ivoire, dont on fait un si grand usage en tabletterie, n’est autre chose que les défenses -de l'éléphant : C’est une matière osseuse remarquable par sa dureté, la finesse de son grain, sa blancheur et le degré de poli dont elle est susceptible. Une par- ticularité de structure la rend facile à reconnaitre. Les défenses d’éléphans, mais non celles des autres animaux , présentent sur leur coupe transversale, des stries allant en arc de cercle du centre vers la circonférence et formant par leur croisement des losanges qui en occupent toute la surface. L’éléphant des Indes n’en porte que d'assez courtes , mais lespèce africaine en donne qui ont quelquefois plus de huit pieds de long: aussi est-ce principalement d'Afrique, qu’on tire l’ivoire employé dans Pin- dustrie. La France en importe ordinairement de cinquante à soixante mille kilogrammes par an. $ 523. Les deux espèces d’éléphans, dont nous venons de par- ler, sont comme on a pu le voir, d’après la nature de leurs tégu- mens, des animaux destinés à vivre dans les climats chauds; mais jadis il existait une troisième espèce, qui habitait les pays les plus froids. On trouve dans tout le nord «de l'Asie une quantité immense d’ossemens dun animal inconnu aujourd’hui : ses dé- fenses sont si communes et si bien conservées, que, dans quel- ques localités, on les emploie aux mêmes usages que livoire frais, et qu’elles font un article de commerce assez important pour que les ezarsaientvoulu autrefois s’en réserver le monopole. Pour expliquer l'abondance de ces grands débris, les habitans de la Si- bérie les disent appartenir à un grand animal souterrain, qui ne peut voir impunément la lumière, et qu’ils nomment Mammouth, du mot mamma , qui, dans quelque idiome tartare, signifie la terre ; mais l’étude de ces ossemens montre qu’ils ont dù ap- partenir à une espèce d’éléphant , détruite avant les temps his- toriques , et une découverte bien singulière a complété l’histoire Éléphant d'Afrique. Mammouth. Mastodon: tes. 246 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de cet animal antédiluvien, et a montré qu'il avait été probable- ment destiné par la nature à vivre dans ces climats glacés. En 1799 , un pècheur tongouse remarqua , sur les bords de la mer Glaciale , près de l'embouchure de la Lena, au milien des glacons, un bloc uniforme qu’il ne put reconnaitre. l’année d’après, il s’aperçut que cette masse était un peu plus dégagée : mais il ne put encore en deviner la nature. Vers la fin de l'été suivant , il y vit à nu une des défenses et tout le flanc d’un mon- strueux animal; enfin la cinquième année, les glaces ayant fondu plus vite que de coutume , celte masse énorme vint échouer. Le pêcheur en enleva les défenses et les vendit pour une valeur de 50 roubles; on fit en même temps un dessin grossier de Panimal , et les lakoutes du voisinage en dépécèrent les chairs, pour nourrir leurs chiens. Des bêtes féroces vinrent aussi s’en repaitre; mais, deux ans après, lorsqu'un nalura- liste , M. Adams, se rendit sur les lieux , animal, quoique fort mutilé, conservait encore des débris de chair et de peau, cou- verte de crins noirs, ayant jusqu’à quinze pouces de long et d’une espèce de laine rougeâtre, si abondante que ce qui en res- lait ne put être transporté que difficilement par dix hommes. On connait encore d’autres exemples de mammouths, conser- vés si bien dans les glaces, que leurs chairs n'étaient pas corrom- pues et que les poils adhéraient à la peau. Cette espèce d’élé- phant a cependant disparu de la surface de la terre depuis les dernières révolutions qui en ont bouleversé la surface. Les ossemens de éléphant fossile, qui diffèrent très notable- ment de ceux des éléphans vivans, se rencontrent enfouis dans la terre, non-seulement dansla Sibérie et tout le nord de l’ancien monde , mais aussi en France , en Italie et dans l'Amérique sep- tentrionale, depuis le Mexique jusque par-delà le cercle polaire : il paraîtrait même qu’on en a découvert dans des cavernes de la Nouvelle-Hollande, pays dont les animaux actuels diffèrent tant de ceux des autres parties du monde. $ 524. Des débris fossiles d’un autre animal gigantesque, que l’on trouve dans les deux hémisphères, mais surlout en Améri- que, el qui ont été d’abord confondus avec ceux du mammouth Où éléphant fossile, appartiennent à un genre voisin des élé- phans, et qui à été entièrement détruit. Cuvier, à qui on doit de si beaux travaux sur la zoologie antédiluvienne, a donné à ces amimaux perdus le nom de MASTODONTES, à cause des grosses PORUÉE Coniques , dont la couronne de leurs dents molaires est lerissee, ss) ORDRE DES CÉTAGES. 24 ORDRE DES CÉTACÉS OÙ MAMMIFÈRES PISCIFORMES. $ 525. Les balemes, les dauphins, les marsouins et les autres Caractéres animaux d’une structure analogue, désignés par les naturalistes généraux. sous le nom de C taces, ressemblent si exactement à des poissons par leurs formes extérieures aussi bien que par leur manière de vivre que le vulgaire les regarde toujours comme appartenant à celte classe ; mais , lorsqu'on ne se borne pas à un examen aussi superficiel de ces êtres singuliers, et qu'on étudie leur organisa- lion et le mécanisme de leurs fonctions, on ne tarde pas à se con- vaincre que, sous tous les rapports les plus importans, ils s’'éloi- gnent des poissons, pour se rapprocher des mammifères ordi- naires. Ils oni bien, comme les premiers, le tronc en apparence confondu avec la tèle, et se continuant sans interruption avec une queue épaisse que termine une large nageoire, et les membres antérieurs transformés en nageoires (voy. fig. 211) ; ils Fig. 211. manquent de ‘membres postérieurs, et leur peau n’est pointgar- nie de poils, comme celle des mammifères ordinaires; mais, quoïqu’ils se tiennent constamment dans les eaux, ils n’ont pas de branchies et respirent par des poumons; ce qui les oblige à venir souvent à la surface y prendre Pair nécessaire à entretien de leurvie. Leur sang est chaud ; leur cœur présente deux ven- tricules et deux oreillettes, enfin leurs petits naissent vivans, et ils sont pourvus d'un appareil mammaire, pour les-allaiter. Les cétacés sont par conséquent de véritables mammifères ; mais , au lieu d’être organisés, pour vivre-sur la terre comme les quadrupèdes de cette classe, ils présentent dans: leur struc- ture des modifications profondes qui en font des. animaux es- sentiellement aquatiques , et la densité de l'élément’ qu'ils ha- bitent leur permet à son tour d'acquérir des dimensions qui auraient élé incompatibles avec la manière de vivre et de se mouvoir des autres mammifères : aussi est-ce dans ce groupe 48 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. que se rencontrent les géants de la création. Les plus gros qua- drupèdes sont petits comparativement à beaucoup de cétacés , et cependant ces êtres, si démesurément grands , nagent avec une rapidité extrême. L'air renfermé dans leur poitrine et l'énorme quantité de graisse dont leur corps est chargé aident à les soutenir dans l’eau qui les baigne, et leur forme générale est parfaitement appropriée au genre de mouvement qu’ils sont appelés à exécuter. Leur queue longue et épaisse est une rame aussi puissante que celles dont la nature a doué les poissons les plus vigoureux et les plus agiles, et la nageoire qui la termine, au lieu d’être verticale, comme chez ces derniers , est placée horizontalement , disposition qui leur est singulièrement favo- rable pour s'élever à la surface de l’eau , lorsque le besoin de respirer les y appelle. D v Fig. 212. (1) Leurs membres antérieurs, avons-nous dit , sont aussi trans- formés en nageoires : ces organes offrent cependant au fond la même structure que le bras de l’homme, la patte d’un chien ou l'aile d'une chauve-souris.On y trouveles mêmes os (voy. fig. 212), seulement lhumérus et les os de lPavant-bras sont raccourcis, et ceux dela main sont aplatis et enveloppés dans une membrane tendineuse, qui ne permet en général des mouvemens que dans l'articulation de lépaule. Quelquefois les phalanges sont en plus grand nombre que chez les autres mammifères ; mais du resle ces rames ne servent guère qu’à maintenir l'animal en équi- libre et à lui faire changer de direction; car c’est sa queue qui est son véritable moteur. Les membres postérieurs manquent complètement; mais on trouve à la partie postérieure de labdo- men deux ou trois osselets rudimentaires, qui sont suspendus (1) Squelette d’un cétacé (le dugong )}: — # bassin ; — # os en V suspendu aux vertébres caudales. L FAMILLE DES CÉTACÉS HERBIVORES. 249 dans les chairs, et qui sont les vestiges d’un bassin (4). Au-dessous des vertèbres caudales, on remarque des os en forme de V, qui servent à donner insertion aux muscles fléchisseurs de la queue, et à augmenter leur force : il est aussi à noter que les vertèbres cervicales, quoiqu’au nombre de sept, sont très courtes et en général presque toutes soudées ensemble. Enfin le rocher , por- : tion du crâne qui renferme l'oreille interne, au lieu d’être con- fondu avec les autres pièces du temporal, est séparé du reste de la tête et n’y adhère que par des ligamens. Les sens paraissent généralement obtus chez ces animaux. Ils font jamais d'oreille externe : ils manquent souvent de nerfs olfactüfs ; leur langue est presque immobile, et leur peau est en général revêtue d’une ceuche épidermique des plus épaisses. Ils ne montrent que peu d'intelligence. Leur cerveau est néan- moins grand , et ses hémisphères bien développés. L'appareil de la respiration présente, chez les cétacés, des particularités de structure , dont l’utilité est évidente. Les na- rines s'ouvrent en général au dehors à la partie la plus élevée de la tête, ce qui donne à l'animal la facilité d’aspirer Pair sans élever son museau hors de l’eau, et le larynx s’avance jusque dans les arrière-narimes, de façon à établir, indépendamment du pharynx , une communication entre les fosses nasales et les poumons, et à lui permettre de remplir sa bouche d’eau et d’avaler des alimens sans interrompre la respiration. Enfin, l’estomac des cétacés offre, en général, dans sa structure une complication aussi grande , ou même plus grande que celle des ruminans. On ne distingue point de gros intestin, et les dents, lorsqu'il en existe, sont en général toutes semblables entre elles. Cet ordre se compose de deux familles , qui se distinguent par leur régime, leurs dents et plusieurs autres particularités d’or- ganisation , et qu'on peut reconnaître par la position de leurs narines , Ce sont : 1° Les CÉTACÉES HERBIVORES, dont les narines s'ouvrent au dehors à l'extrémité du museau ; 2° Les CÉTACÉS ORDINAIRES Où SOUFFLEURS, dont les narines sont percées à la face supérieure de la tête. FAMILLE DES CÉTACÉS HERBIVORES. $ 526. Le régime de ces animaux, qui est herbivore, a nécessité Caractères l'existence de dents molaires à couronne plate et la faculté de £énéraux. ramper sur la terre, pour venir paitre sur le rivage de la mer : aussi, ont-ils les membres antérieurs plus flexibles que les autres Lamentins, 250 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, célacés, el ne vont-ils pas dans la haute mer. C’est parce qu'ils paissent l'herbe comme les ruminans, et qu'ils sont grands et massifs, que les voyageurs les ont souvent désignés sous 1à nom de bœuf, de vache ou, de veau marin, Quelquefois on les à ap- pelés des femmes de mer, et c’est probablement d'eux qu'il a été question, lorsque des navigateurs modernes ont dit avoir ren- contré des sirènes ou des tritons; car ils ont l'habitude d'élever souvent la partie antérieure de leur corps hors de l’eau et leurs mamelles placées sur la poitrine, les poils qui entourent leur muflle et qui, de loin, peuvent ressembier à une sorte de che- velure; enfin, l'adresse avec laquelle ils se servent quelquefois de leurs nageoires pour porter leurs petits, leur donnent ators quelques points de ressemblance éloignés avec l'espèce humaine. Leur estomac est divisé en quatre poches, dont deux latérales, elils ont un grand cœcum. Les principaux genres de cette petite famille sont les /awmcen- ins et les dugongs. $ 527. Les LAMENTINS (Manatus) ont le corps oblong et terminé par une nageoire ovale allongée. Leurs pattes présentent des ves- tiges d'ongles, etont avec des mains une ressemblance grossière, qui parait avoir valu à ces animaux le nom dÿ nanates, dont on a fait, par Corruption, {umentin. Leur lète est terminée par un museau charnu et garni de poils. Dans le jeune àge, on leur trouve deux petites dents implantées dans les os intermaxil- laires ; mais, à l’âge adulte, ils n’ont ni incisives ni canines, et leurs molaires, à couronne carrée, sont au nombre de huit partout. ; É Ces animaux habitent les parties les plus chaudes des deux versans de POcéan Atlantique dans le voisinage des côtes ; ôn les voit principalement près de l'embouchure des rivières, qu’ils remontent quelquefois assez loin : ils vivent en troupes, vien- nent souvent à terre, se laissent facilement approcher, el'mon- trent le plus grand attachement pour leurs compagnons. Leur chair se mange. ” ci $ 528. Les puGONGS (Halicore), qui habitent la mer des Indes, se distinguent des lamentins par leur corps allongé, leurs nageoires caudales en forme de croissant et les défenses pointues qui sor- tent de leur machoire supérieure (Voyez fig. 212). or — FAMILLE DES CÉTACES ORDINAIRES. 2: FAMILLE DES CÉTACÉS ORDINAIRES OU SOUFFLEURS. 6529. Les cétacés de ce groupe diffèrent des précédens par leurs Caractères mamelles, situées près de Panus, au lieu d’être placées sur leur généraux. poitrine; par l’armature de leur bouche, dont les dents, lors- qu’elles existent, sont pointues ; par leur régime carnassier ; par la position de leurs narines, elc.; mais, ce qui les distingue surtout, c’est l'appareil singulier qui leur a valu le nom de souffleurs. Les grandes masses d’eau que ces animaux engloutissent avec leur proie dans leur vaste gueule , sont rejetées en dehors à tra- vers les fosses nasales, et forment ainsi des jets qui s'élèvent dans l’air et s’aperçoivent de fort loin. Pour cela, les souffleurs meuvent leur langue et leurs mâchoires , comme s'ils voulaient avaler ce liquide, pendant que le commencement de l'æœsophage, resserré avec force , empêche de descendre vers Pestomac et le retient dans le pharynx. Le voile du palais, en s’abaissant, in- tercepte ensuite la communication entre la bouche et larrière- bouche, et les muscles puissans qui entourent cette dernière cavilé, venant à se contracter, en expulsent l’eau, qui ne trouve d’issue que par les arrière-narines, traverse les fosses nasales et s’amasse dans deux grandes poches membraneuses, situées entre l’extrémité de la portion osseuse du canal nasal et la peau. Une valvule charnue, disposée de facon à se lever lorsque Peau la pousse de bas en haut, et à intercepter toute communication entre ces cavités et les fosses nasales, lorsqu'elle est pressée en sens contraire , empèche l’eau , poussée dans les réservoirs que nous venons de décrire, de redescendre dans les fosses nasales ; enfin des fibres charnues, qui viennent, en rayonnant de tout le pourtour du crâne, se fixer sur ces deux bourses, en se con- tractant, les compriment violemment et en expulsent l’eau, qui s'échappe au dehors par l'ouverture étroite des narines {ou l'event) , et forme un jet dont la hauteur, assure-t-on , est quel- quefois de près de quarante pieds. Enfin la vapeur aqueuse exha- lée par les poumons est expulsée par la même voie et forme à chaque expiration un jet qui s'aperçoit de loin, et qui a'été souvent confondu avec la colonne liquide dont il vient d’être parlé. Ces animaux ne mâchent point leurs alimens, mais les ava- lent rapidement: Leur estomac présente de cinq à sept poches distinctes, et, au lieu d’une seule rate, ils en ont plusieurs qui sont pelites, giobuleuses et accolées au premier estomac. Plu- Caractères généranx Dauphins. Dauphins proprement dits. 9252 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sieurs ont sur le dos une nageoire verticale, formée par une substance tendineuse , mais qui n’est pas soutenue par des os : enfin, leur peau est lisse, et en général ne présente plus aucun vestige de poils. Cette famille peut être divisée en deux tribus faciles à distin- guer par la grandeur relative de la tête, savoir : les DELPHINIENS, où elle est en proportion ordinaire avec le corps (/g. 213), et les BALÆNIENS OU CÉTACÉS A GROSSE TÊTE, Chez lesquels la tête fait à elle seule le tiers ou la moitié de la longueur totale (fg. 214). TRIBU DES DELPHINIENS. $ 530. Les cétacés ordinaires à petite tête ont tantôt les deux mà- choires garnies de dents simples el presque toujours coniques , tantôt dépourvues de dents ordinaires et armées seulement de longues défenses droites, implantées dans l'os intermaxillaire , el dirigées en avant dans le sens de axe du corps. Les premiers ont reçu la dénomination générale de dauphins; les seconds sont appelés narvals. $531. Les DAUPHINS sont les plus carnassiers, et, proportion gardée, avec leur taille, les plus cruelsdes cétacés. Leur peau, lisse et bien tendue, est ordinairement d’un noir bleuâtre en dessus et blanc ou blanchà re en dessous. L’évent, dirigé verticalement, est tantôt en forme de croissant, tantôt en ligne droite et se lrouve souvent en arrière du niveau des yeux. Chez la plupart, le dos est pourvu d’une nageoire triangulaire; enfin, leur cerveau est, en général, remarquable par son volume et la profondeur de ses circonvolutions. Ces animaux nagent avec une rapidité extrême el vivent en troupes. On les divise, d’après la forme de la tête et l’existence ou l’absence de la nageoire dorsale, en dau- phins proprement dits, marsouins, delphinapteres el kyperoodons. 6532. Les DAUPHINS PROPREMENT DITS (Delphinus) se reconnais- sent à l’espèce de bec que forme leur museau, plus mince que le resle de la tête , et séparé brusquement de leur front bombé : ils ont une nageoire dorsale et des dents coniques et en nombre très considérable, fixées tout le long des deux mâchoires; on en compte en tout de cent soixante-huit à cent quatre-vingt-dix , suivant les espèces. Ces animaux sont célèbres par leur vélocité, par les fables dont les anciens ont chargé leur histoire , et par l'espèce de culte TRIBU DES DELPHINIENS. 253 religieux dont ils étaient Pobjet chez les Grecs. Ils vivent en grandes troupes, qui semblent être conduites par les plus forts, et ils montrent un vif attachement pour leurs petits : sou- vent ils se pressent autour des navires pour s'emparer des pois- sons que les débris jetés du bord y attirent, et on les voit quel- quefois suivre un vaisseau pendant une longue traversée, en se jouant sous la proue, pendant qu’elle fend l£au avec toute la vitesse que le vent et les voiles peuvent imprimer. Ce sont ces particularités de mœurs, jointes à uae intelligence bien supé- rieure à celle des poissons, avec lesquels le vulgaire est toujours porté à comparer ces animaux, qui leur ont valu leur antique réputation de sociabilité, d'attachement pour l'homme, et on pourrait presque dire de vertu ; limagination poétique des Grecs avait créé pour le dauphin un assemblage de perfections morales et physiques, dont l'espèce humaine est loin de pouvoir se vanter. Ils placèrent son image dans leurs temples , sur leurs monnaies, sur leurs médailles, en firent l’attribut ou le symbole du dieu de la mer; et s’en servirent pour retracer le souvenir d’une foule d’évènemens réels ou fabuleux , et pour exprimer des préceptes de morale : c’était emblème de l’activité, de la prudence ; enfin, 1ls l’associaient à un grand nombre de leurs divinités, el, chose singulière, les anciens ne représentent jamais cet animal avec l’exactitude qu’ils mettaient habituellement dans Pimitation de la nature, comme s'ils avaient voulu l’idéaliser. L'espèce de cétacés qui a reçu tant d'honneur paraît être le dauphin ordinaire. Cet animal , qui est long de huit à dix pieds, noir en dessus, blanc en dessous, et qui a le bec déprimé et armé de chaque côté de quarante-deux à quarante-sept dents grèles et pointues, est répandu dans toutes les mers et se voit queiquefois sur nos côtes. Une autre espèce, beaucoup plus grande et appelée pour cette raison le dauphin geunt, se trouve assez communément dans la Manche et remonte quelquefois la Seine jnsqu'à Rouen. Les Normands l’appellent le souffleur. Fig. 213. LE MARSOUIN. 6533. Les MARSOUINS (Phocau) diffèrent des précédens par Marsouins, Delphinap- téres. Hyperoc- dons. 95: ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE, leur museau court, uniformément bombé, et n'ayant pas la forme d’un bec. Leur nom, qui signifie en allemand cochon de mer, leur vient probablement de la quantité considérable de graisse qu'on trouve sous leur peau. Le marsouin commun (fig. 213) est le plus petit de tous les cé- lacés et aussi celui qui abonde le plus sur nos côtes : 1l n’atteint que quatre à cinq pieds de longueur, et vit en troupes nom- breuses. On le voit souvent bondissant sur la surface de Peau, et sa vélocité est extrême: il remonte fréquemment les rivières, et il paraît que des individus sont arrivés ainsi jusqu’à la hauteur de Paris. On n’en fait la pêche que pour Phuile qu’on retire de sa graisse. Une seconde espèce de marsouins, connue sous le nom d’e- paulard où de dauphin gladinteur est au contraire le plus grand des animaux de cette tribu ; sa longueur est souvent de vingt à vingt-cinq pieds ; quelquefois on le voit sur nos côtes ; mais c’est dans les mers du nord que ce grand marsouin est le plus commun. Ilest célèbre par les corn qu'il livre à la baleine. Réunis en troupes nombreuses , ces animaux attaquent cet 1m- mense cétacé ét le harcèlent jusqu'à ce qu'il ait ouvert sa gueule , et alors ils lui dévorent la langue. 6534. Les DELPHINAPTÈRES ne différent des marsouins que par l'absence de la nageoire dorsale. L’epauturd blanc de la mer Gla- ciale appartient à cette division. 6535. Enfin les HyPEROODONS ressemblent assez aux dauphins proprement dits, mais sont remarquables Dan les tubercules den- liformes dont leur palais est hérissé. On n’en connait qu'une es- pè ‘ce, qui atteint vingt à vingt-cinq pieds de longueur, et qui Narvals s’est rencontrée dans la Manche aussi bien que Hans la mer du Nord. 6536. Les NARVALS, comme nous Pavons déjà dit, s’'éloignent des dauphins par leur système dentaire ; par la forme générale de leur corps, ils différent peu des marsouins ; mais on les distin- gue au premier coup-d'æil de tous les autres cétacés par leur longue défense, qui est implantée dans la mâchoire supérieure, el qui ressemble à une grande corne plutôt qu'à une dent. II existe deux de ces dents incisives ; mais presque toujours lune avorte en quelque sorte , et reste cachée dans lPalvéole, tandis que l’autre (ordinairement celle du côté gauche) s’avance en ligne droite, et constitue nn énorme stylet arrondi, pointu et en _ TRIBU DES BAILÆNIENS. 255 général sillonnée en: spirale, qui parait impair el qui égale le tiers ou la moitié de la longueur du corps. On en voit qui ont dix pieds de long, et ses dents ont été pendant lon;-temps pri es pour des cornes d’un quadrupède fabuleux, la Licorne. On ne connait qu'une espèce de narval, qui habite les mers du nord, principalement entre le Groënland et l'Islande. Sa peau est marbrée de brun et de blanchâtre, et sa longueur de quinze à seize pieds. Son évent est sur le haut de la tête, et il n’a pas de nageoire dorsale. 11 nage avec une grande vitesse, et est pour la baleine un ennemi redoutable ; car, réuni en troupes nombreuses , il attaque souvent cet immense cétacé ,-et lui fait avec sa défense des blessures profondes. Les pêcheurs le pren- nent assez facilement et le recherchent pour excellente huile fournie par sa graisse. Un seul narval en donne deux ou trois tonnes. La défense de cet animalest également employéè comme de l'iveire. TRIBU DES BALÆNIENS OU CETACÉS A GROSSE TÊTE. $ 537. Les cétacés de cette tribu doivent énorme développe- ment de leur tête non pas au cerveau el au crâne, qui conservent leurs proportions ordinaires, mais aux os de la face seule- ment, qui acquièrent des dimensions gigantesques. Ce sont les plus grands des mammifères , et leur pêche est pour les nations maritimes une branche importante d'industrie. On les divise en cachalots e birleënes. Fiy. 214. GACHALOT. 6 538. Les CACHALOTS (PAyseter; se distinguent principalement par l'existence d’'unerangée de dents cylindriques ou coniques de chaque eôté de la mâchoire inférieure, qui est étroite, allongée et répond à un sillon de la mâchoire supérieure. Celle-ci manque de dents ou n’en présente que de très petites, ne porte point de fanons comme chez les baleines, et offre une série de cavités, destinées à recevoir les dents de la mâchoire opposée, lorsque la bonche Caractcres généraux, Cachalots. 256 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. se ferme. La tète de ces animaux est énorme et excessivement Fig. 215. (1) renflée en avant. Sa struc- ture est des plus singuliè- res ; tout le dessus de la face el du crâne (fig. 215) a la for- me d'un vaste bassin ova- laire , dont les bords s’élè- vent en arrière à six pieds au-dessus du crâne , et $'a- baissent graduellement en avant ; les parois de cette grande cavité sont formées principa- lement par un prolongement des os maxillaires, qui va rejoindre une crète verticale de Poccipital , et elles donnent insertion, par leurs bords, à une espèce de tente fibro-cartilagineuse, qui transforme le bassin que nous venons de décrire en une longue cavité cylindrique, divisée en deux étages par une cloison mem- braneuse également tendue d’un bord des maxillaires à l’autre. Ces deux chambres sont remplies d'adipocire, espèce d'huile, qui se fige par le refroidissement et qui est connue dans le commerce sous le nom bizarre de sperma-ceti où de blane de bu- leine : elles communiquent avec des canaux, qui se distribuent dans différentes parties du corps, s’entrelacent dans le tissu graisseux sous-cutané, et contiennent également de l’adipocire : aussi, à mesure qu'on vide le grand réservoir supérieur, le voit-on se remplir d’une nouvelle quantité de cette matière grasse. Le canal de l’évent traverse obliquement cette masse d’adipo- cire et s’ouvre un peu à gauche, près du bord supérieur du muffle, qui termine en avant la tête du cachalot (e fig. 214). Les jets d’eau qui en sortent, sont dirigés obliquement en avant, et ressemblent à une gerbe de pluie : ils sont plus élevés et plus fréquens que chez la baleine et sont accompagnés d’un bruit qui s'entend de très loin. La couche de lard, étendue sous la peau , est moins épaisse et fournit moins d'huile que chez la baleine ; enfin la substance odorante, si connue sous le nom d’ambre gris, et que l’on rencontre quelquefois flottant à la surface de la mer, parait être une concrétion morbide qui se forme dans l'intestin de ces animaux. Les cachalots habitent de préférence la partie équatoriale du grand Océan et de l'Atlantique. On les rencontre par bandes assez nombreuses, composées de femelles et conduites par deux (1) Tête osseuse d’un cachalot vu en dessus, pour montrer le bassin qui loge l’'adipocire : — a condyles de l’occipital; — D extrémité de la mâchoire supé- rieure, TRIBU DES BALZÆNIENS, 257 ou trois mâles, qui sont beaucoup plus grands que les pre- mières. Ils paraissent se nourrir principalement de grands mol- lusques; mais on assure qu'ils n’épargnent pas les plusgros poissons, et sont pour tous les habitans de la mer un objet d’effroi. Les diverses espèces de ce genre sont mal déterminées. La mieux connue est le cachalot macrocephale (fig. 214), qui n’a qu’une éminence calleuse , au lieu de nageoire dorsale, et porte de chaque côté de sa mâchoire inférieure vingt à vingt-trois dents coniques. Son museau, presque cubique, est comme tronqué en avant, etson évent est unique, tandis que celui de la plupart des autres cétacés est double, Sa longueur est d’environ soixante- dix pieds, et la nageoiïre bilobée qui termine sa queue a plus de huit pieds de large. Comme nous le verrons bientôt, on lui fait une chasse active pour son huile et surtout pour son adipo- cire. = = Fig. 216. LA BALEINE FRANCHE. 6539. Les BALEINES ont la tête aussi grande que les cachalots, quoique moins renflée en avant; mais leurs mâchoires sont Fig. 217. (1) dépourvues de dents, et la su- périeure, en forme de carène, estgarnie de fanons. On donne ce nom à de grandes lames cornées, de texture fibreuse , très élastiques eteffilées à leurs bords (/g.217), qui sont placées transversalement comme des mi dents de peigne, fortement ser- rées les unes contre les autres, et fixées par leur base à la mà- (1) Tête osseuse d'une baleine : — ms mâchoire supérieure à laquelle sont fixés les fanons; — mi mâchoire inférieure ; — cr crâne. 17 Baleines, Baleine fran- che, 258 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. choire, de façon à s'étendre de chaque côté du palais (£g. 217) et à Fig.218. former une sorte de vaste tamis, à travers lequel Peau engloutie dans l’immense gueule de l'animal, s'échappe en partie , sans pouvoir entrainer avec elle les petits animaux qui s’y trouvent. Lorsque la bouche est fermée, le bord inférieur des fanonsse loge entre la mâchoire inférieure, dont les bran- ches sont arquées en dehors, et la langue, qui est graisseuse et immobile.Cette disposition ne permet aucune espèce de mastication, etoblige lesbaleines à se nourrir d'animaux petits et mous, et, si on ne connaissait l'abondance extrême de certains crus- tacés, mollusques et zoophytes, ayant seulement quelques lignes de longueur, dont elles font leur päture , on s’étonnerait de voir des êtres si énor- mes vivre ordinairement d’une proie si minime; mais, à l’aide de leurs fanons , elles peuvent, à chaque bouchée, en prendre des légions ; et on remarque que la chevelure de ces lames cornées est d'autant plus fine et plus abondante, que la proie habituelle de la baleine est de plus petite taille. Souvent ces animaux poursuivent des bandes de harengs, de maquereaux, de sardines, etont linstinct de les pousser dans les anses étroites, pour s’en emparer plus facilement; d’autres fois ils se nourris sent d’animalcules presque microscopiques. On distingue parmi ces animaux les Baleines proprement dites, qui n’ont pas de nageoire sur le dos, et les Balénopteres, qui sont pourvues de cet organe etse subdivisent en halenopteres à ventre lisse et balenopteres à ventre plisse Où Rorquals. 6540. L'espèce la plus célèbre est la baleine franche(fig. 216), qui appartient au premier de ces groupes, et dont une variété est or- dinairement désignée par les naturalistes sous le nom de nord-ca- per. Pendant long-temps, elle passait pour le plus grand des ani- maux ; mais elle n’a d'ordinaire que cinquante à soixante pieds de long, et ne paraît guère excéder soixante-dix pieds, mesure que le rorqual dépasse de beaucoup : elle est néanmoins plus grosse, et la masse de son corps est énorme. On calcule que le poids d’une baleine, longue de soixante pieds seulement, est d’environ soixante-dix tonnes, et équivaut presque à celui de trois cents bœufs gras. Sa tête forme àä-peu-près le tiers de sa longueur. Ses mâchoires ont de seize à vingt pieds de large. Sa peau noire et spongieuse, est souvent envahie par un grand nombre de parasites. Les uns s’y attachent comme sur un ro- cher, et les autres pénètrent dans son épaisseur , et se nourris- sent à ses dépens. La couche de lard qui revêt tout le corps de cet animal est souvent épaisse de plusieurs pieds et donne une TRIBU DES BALÆNIENS, 259 quantité immense d'huile ; enfin ses fanons ont de trois à quinze pieds de long , suivant la partie de la bouche qu’ils occupent. On ne sait rien sur la durée de la vie de ces animaux : celle de la gestation parait être de neuf à dix mois. Les petits naissent en février ou mars et ont environ quatorze pieds de long. La baleine n’a ordinairement qu’un seul baleineau à-la-fois et Ini porte la plus vive affection. Souvent on la voit le soutenir sur ses nageoires , et, lorsqu'il est attaqué par les pêcheurs, elle le défend avec fureur , et, plutôt que de l’abandonner , se laisse tuer sans chercher à fuir. La force de ces-animaux est immense : d’un seul coup de queue , ils peuvent lancer en Pair une cha- loupe chargée d'hommes, et, lorsqu'ils sont percés par le har- porn, ils plongent avec tant de violence , que, si la corde fixée à cet imstrument s'accroche au bateau du pêcheur, ils Pentrainent avec eux au fond de la mer. Souvent on trouve un grand nom- bre de ces animaux dans les mêmes parages ; mais ils ne vivent pas en troupes comme les cachalots et sont en général soli- taires. Jadis la baleine franche descendait jusque dans nos mers : elle était commune dans le golfe de Gascogne ; mais la chasse active dont elle a été l’objet, l'en à fait disparaitre, et peu-à- peu elle s’est retirée devant les pêcheurs dans les mers glacées du nord. 6541. Le halenoptere à ventre lisse Où gihbar, qui est aussi long, mais plus grêle que la baleine franche , se rencontre fréquem- ment dans les mêmes parages, mais n’est pas recherché comme elle ; car il ne donne que peu de lard, et sa capture est difficile et dangereuse. 6 542. Les Rorquals ou balenopteres à ventre pli;se sont remar- quables par les rides profondes qui sillonnent leur poitrine , et qui permettent une grande dilatation de cette partie , mais dont on ignore les usages. Il s’en trouve deux espèces dans les mers d'Europe, le Rorqual de lu Méditerranée , ainsi nommé, parce qu’il pénètre dans la Méditerranée, et le Jubarte des BAS qui surpasse en longueur la baleine franche. 6543. La pêche des cétacés à grosse tête, que les naturalistes dis- tinguent en cachalots et en Par x Lee que les marins con- fondent souvent sous ce dernier nom, est une des industries maritimes les plus importantes par les produits qu’elle donne et par l'influence qu’elle exerce sur l’éducation nautique: des matelots. Elle remonte à une antiquité fort reculée. Les sagas norwégiens et le compte qu'Othon rendit de ses voyages à Al- fred-{e- Grand, roi d'Angleterre, montrent que , dès le neu- vième siècle , les Normands se livraient avec activité à la pêche des baleines qui s’approchaient de leurs côtes, et il paraïitrait 17e Gibbar. Rorquals, Pêche de fa baleine et des cachaïots. 260 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, 24 qu'avec la peau de ces cétacés, on faisait des cordages employés dans la marine grossière de ces peuples. A l’époque de Pinva- sion des Normands en France, les baleines se montraient en- core en grand nombre dans la Manche, et y étaient atta- quées par les pêcheurs. Enfin de temps immémorial les Basques faisaient aussi la pêche de ces animaux dans le voisinage des terres, et peu-à-peu, les baleines devenant rares dans le golfe de Biscaye, ils les poursuivirent en pleine mer : c’est même à ces hardis marins qu’appartint honneur d’avoir les premiers fait au loin une pêche régulière de la baleine. Ils pour- suivaient leur proie le long des côtes d’Espagne jusqu’au cap Finistère, et on voit encore sur ces rivages les vigies établies par les pêcheurs basques pour découvrir les baleines , et les dé- bris des fours construits pour la fonte de leur lard. Il parait que, vers la fin du dixième siècle, ils avaient déjà occupé la ville d’Oporto à titre de conquête et fondé des colonies dans son voi- sinage. Cette pêche, d’abord côtière , se fit ensuite dans le grand Océan. La boussole étant découverte , les Basques se ha- sardent à aller dans le nord-est au-devant des baleines , et on assure que, dès 1372, 1ls arrivèrent ainsi au grand banc de Terre- Neuve, d'où ils poursuivirent leurs excursions jusqu’au golfe de Saint-Laurent et aux côtes de Labrador. Au quatorzième siècle , des armateurs de Bordeaux équipèrent pour la mer Glaciale des navires pêcheurs, qui s’élèverent jusqu’au Groënland et même au Spitzherg. À cette époque , la pêche de la baleine était dans l’état le plus florissant sur toute la côte du Béarn et de PAunis; et les choses continuèrent sur le même pied jusqu’au commen cement du dix-septième siècle ; mais alors les Basques , ne trouvant aucune protection dans le pavillon national , furent inquiétés par des rivaux jaloux , qui les exclurent des parages les plus favorables à la pèche , et leur imposèrent des contributions onéreuses. Cette branche d'industrie commença dès-lors à dé- cliner , et elle fut perdue pour la France, lorsque, en 1636, les Espagnols, ayant pris et saccagé Soccoa, Cibourn et Saint-Jean- de-Luz, s'emparèrent de quatorze grands navires, arrivant des mers du Groënland, richement chargés de lard et de fanons de baleines. Les pauvres pêcheurs basques furent alors réduits à servir de guides à leurs rivaux plus puissans: ils enseignèrent l’art de harponner la baleine aux Hollandais et même aux Anglais, qui s’adonnaient déjà avec ardeur aux spéculations maritimes et avaient Compris tout l'intérêt qu'aurait pour eux cette pêche lointaine. La pêche des Hollandais, commencée en 1612 et entravée d'abord par la rivalité des Anglais, prit rapidement une grande TRIBU DES BALÆNIENS. 261 extension. De riches compagnies se formèrent pour l’exploita- tion de cette industrie nouvelle qui fut une source de prospérité pour tout le pays jusqu'au commencement du dix-neuvième siècle ; mais la guerre maritime y mit alors un obstacle insur- montable, et, depuis la paix , la Hollande n’a fait que de vains efforts pour relever la prospérité de la pêche de la baleine, qui est sans contredit l’école la plus propre à former des matelots hardis et expérimentés. Pendant que la pêche de la baleine était si productive entreles mains des Hollandais, elle ne prospérait pas en Angleterre; mais le gouvernement éclairé de ce pays commerçant, appréciant son utilité, fit de grands efforts pour en assurer le succès.En 1732, il accorda des primes élevées à tous les bâtimens armés pour cette pêche, et ces encouragemens, ne produisant pas encore l'effet desiré, furent, en 1749, doublés et rendus à-peu-près égaux au dixième de la dépense des armemens. Dès-lors, cette branche d'industrie maritime prit un accroissement rapide, el aujourd’hui elle appartient presque exclusivement à l’Angle- terre et à ses anciennes colonies de l'Amérique, les Etats-Unis, devenus ses rivaux. Nous avons déjà vu le siège de cette pêche s'éloigner de plus en plus vers le nord, à mesure que les baleines étaient détruites, ou qu’elles apprenaient à fuir les dangers dont elles étaient menacées. Jusque vers le quatorzième ou le quinzième siècle , elle se faisait dans nos mers; mais, dans le seizième , les pé- cheurs ne rencontraiént plus de baleines que dans les mers du Groënland et du Spitzhberg. Ces animaux étaient alors si nom- breux près des côtes et même dans les petites anses de cetle dernière ile que les bàtimens baleiniers complétaient prompte- ment leur changement , en restant près de terre, et afin de fa- ciliter leurs opérations, les Hollandais établirent même sur la petite ile d'Amsterdam , un village, nommé Smerremberg, où ils amenaient les baleines capturées et en faisaient fondre la graisse, pour la transporter ensuite en Europe; mais bientôt ces animaux s’éloignèrent des côtes du Spitzberg et des iles voisines, pour chercher un refuge près du grand banc de glace, qui limite vers le nord-ouest la mer du Groënland. Les pêcheurs les y suivirent et dès-lors abandonnèrent les eaux du Spitzherg. Depuis le milieu du dix-septième siècle, e’est principalement dans ces parages vers le 78° ou 81° degré de latitude nord , ou dans le détroit de Davis, vers l'ile Disco, que la pèche de la baleine à été la plus active; mais ces eaux se sont à la longue dépeuplées à leur tour, et depuis quelques années, les ba- leiniers anglais ont presque entièrement abandonné ces pa- rages, pour s’avancer au milieu des glaces, dans la baie de » 262 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Baffin jusqu'au détroit de Lancaster et à la baie de Melville. Du reste, ce n’est pas seulement vers les mers du nord que les baleiniers font leurs excursions. Au commencement du dix- huitième siècle , Les pêcheurs américains de Massachussetis com- mencèrent à se diriger vers le sud, et se rendirent dans les eaux du cap Vert, sur les côtes du sud-ouest de l'Afrique et le long de celles du Brésil et du Paraguay, jusqu'aux îles Falkland. Depuis lors, les Anglais font aussi une pêche du sud, etau- jourd'hui les navires baleimiers de tes deux nations sillonnent non-seulement les parties australes de l'Océan Atlantique , mais toute l’étendue du grand Océan: ils croisent pendant la belle saison, dans les eaux du Japon, puis redescendent vers les archipels des îles Sandwich , des Marquises et des Gallapagos , et, si leur chargement est complet, touchent sur les côtes du Chili ou du Pérou, et effectuent leur retour par le cap Horn ; mais. s'ils veulent continuer leurs opérations, ils croisent, pendant l’été de l'hémisphère austral dans les para- ges de la Nouvelle-Zélande, pour remonter ensuite vers le nord et se rendre dans les mers du Japon ou sur la côte de Califor- nie. Quelquefois ils tiennent ainsi la mer sans relâcher pendant huit mois de suite et sont exposés aux plus grandes fatigues et à des privations de toute espèce ; mais les dangers sont en général moins grands dans ce vaste Océan que dans les mers polaires, où les plus forts vaisseaux se brisent souvent con- tre la glace , et où les naufrages sont malheureusement très fréquens. Dans la pêche du nord, c’est la baleine franche que l’on pour- suit. Dans celle du Sud, c’est principalement le cachalot ma- crocéphale que l’on rencontre. La manière d'attaquer ces immenses cétacés est la même. Aussitôt que le matelot , placé en vigie au haut du mât, signale la découverte d’une baleine, les pêcheurs se jettent dans leurs barques, et font en silence force de rames pour s’en approcher. L’un d'eux , debout à la proue, tient à la main un harpon, espèce de javelot, dont le fer, profondément barbé , est attaché à une forte corde de cent vingt brasses de long (environ deux cents mètres). Le harponneur de la première chaloupe, qui arrive à portée de la baleine, lance son dard de façon à le faire pénétrer profondément et à le bien fixer dans le corps de l’animal qui , se sentant blessé, se tord quelquefois avec violence et agite sa puissante queue avec tant de force que, si elle rencontre lem- barcation, elle la brise ou la lance en l’air. En général cepen- dant la baleine plonge immédiatement, entrainant après elle la corde fixée au fer implanté dans ses chairs. Ce moment est critique pour les pêcheurs. Si la ligne ne se déroulait pas assez TRIBU DES BALÆNIENS,. 263 vite et venait à s’'accrocher , la baleine submergerait la chaloupe el tout son équipage, et on a vu quelquefois des matelots dont le corps se trouvait pris dans une anse de cette corde , presque coupés en deux, et lancés dans la mer, pour ne jamais reparaître à sa surface. La rapidité avec laquelle l'animal fuit est telle que la corde , en frottant sur le bord de 1a chaloupe, produit une fu- mée épaisse, et prendrait feu, si on n'avait soin de l’arroser sans cesse. Lorsque la première ligne est presque déroulée , les pêcheurs y attachent une seconde, puis une troisième et ainsi de suite, Jusqu'à ce qu’ils aient employé tout ce qu’ils avaient à bord et tout ce que les autres chaloupes ont pu leur en fournir. La longueur de la ligne qu'ils mettent ainsi dehors dépasse quelquefois trois mille mètres; cependant elle ne suffit pas tou- jours, et il arrive qu’ils sont obligés de la lâcher et d'abandonner toute cette masse de cordages ainsi que leur harpon, tant la baleine prolonge sa fuite sans remonter à la surface. Quelquefois l'animal reste sous l’eau pendant plus d’une demi-heure ; mais le besoin de respirer le force alors de revenir à la sur- face, et les pêcheurs, qui se sont dispersés pour être plus à portée de le frapper, cherchent alors à implanter dans son corps un second harpon ou à le percer avec des lances. Lorsque la baleine remonte ainsi , elle est ordinairement dans un état d’épuisement extrême, et, à mesure que son sang s'écoule, elle s’affaiblit davantage ; souvent lorsque la mort approche, elle fait cependant un dernier et terrible effort, élève sa queue au dessus de l’eau, et lagite d’un mouvement £onvulsif, qui se fait entendre à une distance de plusieurs milles. Enfin , succombant tout-à-fait, elle se couche sur le flanc et expire. Les pêcheurs se hâtent alors de percer sa queue et d’y attacher des cordes, à laide desquelles ils fixent au flanc de leur navire cette im- mense carcasse ; puis, armés d’énormes couteaux et d’un instru- ment qui ressemble à une grande bèche, ils descendent sur son corps et enlèvent par tranches le lard, que l’on dépose dans des barils pour être fondus lors du retour. Une seule baleine donne quelquefois jusqu’à vingt-cinq ou trente tonnes (1) d'huile (environ vingt-quatre ou trente hecto- litres), mais, comme on en pêche un plus grand nombre de pe- ttes que de très grosses, on est loin de retirer de toutes une quantité aussi considérable. Scoresby , un des capitaines balei- niers à qui l’on doit les connaissances les plus précises sur toul ce qui concerne cette pêche, nous apprend que 498 baleines, harponnées par ses matelots en vingt-huit voyages successifs dans (1) La tonne d’huile ( mesure anglaise } contient 209 1/2 gallons anglais, ce qui correspond à environ 949 litres. 264 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. les mers du Groënland, fournirent 4,246 ionnes d'huile, ce qui correspond , terme moyen , à un peu moins de neuf tonnes ou huit hectolitres et demi par baleine. Les cachalots , comme nous l’avons déjà dit, fournissent beau- coup moins d'huile, ei ceux que l’on pêche dans les mers tropi- cales sont beaucoup plus maigres que ceux des mers froides. Un cachalot mâle, de soixante-dix pieds de long , donne jus- qu’à quatorze tonneaux (plus de douze hectolitres) d'huile et de sperma-ceti, tandis que six femelles n’en donnent qu’à peine autant. La pêche de la baleine dans le nord occupe souvent plus de cent cinquante navires anglais, et celle du Sud cinquante ou soixante. En 1831, on expédia pour le détroit de Davis et la baie Baffin soixante-quinze navires, qui firent la capture de 330 ba- lemes, et revinrent chargés de 4,100 tonnes d'huile et 4,000 quintaux de fanons. Les Anglais armèrent en même temps, pour les mers du Groënland douze baleiniers , qui prirent 86 baleines et 4,100 phoques, et effectuèrent leur retour, chargés de 700 tonnes d'huile et de 600 quintaux de fanons. L’année précédente, les produits de la pêche, dans le sud aussi bien que le nord, furent évalués à un total de 114,416 liv. st., ou environ 2,900,000 fr. La pêche faite par les Américains est également très productive. Depuis une douzaine d'années , on expédie aussi quelques baleiniers de nos ports. Jusqu’en ces derniers temps, leur nombre ne s’est élevé qu’à six ou huit ; mais, depuis 1830, on en compte seize, qui vont presque tous dans le sud. La quan- lité de fanons que nous importons s’est élevée, en 1832, à 477,000 kilogrammes, dont environ 323,000 provenaient des Etats-Unis d'Amérique. DIVISION DES MAMMIFÈRES DIDELPHIENS. $ 544. Les animaux réunis dans cette division constituent une série qui est, en quelque sorte, parallèle à celle formée jar les mammifères ordinaires, mais établit, à certains égards, le passage entre ceux-ci et les vertébrés ovipares. Pendant leur développement fœtale, ils ne tirent pas leur nourriture d’un placenta, comme cela a lieu chez les monodelphes, et ils doivent être considérés comme des ovo-vivipares plutôt que comme des vivipares proprement dits. À ces caractères de première impor- tance s’en ajoutent d’autres tirés de la duplicité des ouvertures ORDRE DES MARSUPIAUX. 265 utérines, de l'existence de branches osseuses s’avançant du bassin entre les muscles de l'abdomen , et nommés os marsupiaux, et de l’état d’imperfection de l’encéphale. Ces mammifères, désignés par quelques zoologistes sous le nom commun de didelphes, se divisent à leur tour en deux or- dres : les marsupiaux et les monotheèmes. ORDRE DES MARSUPIAUX. Chez ces animaux, le canal urétro-sexuel, très développé et analogue à celui des oiseaux, communique avec deux tu- bes latéraux , en forme d’anse de panier, qui se rendent à l'utérus, et représentent le canal qui, chez les mammifères ordinaires, est simple et débouche au dehors. Cetie dispo- sition entraine des anomalies extrême dans le mode de re- production des marsupiaux; les petits ne se développent pas, comme d'ordinaire, dans la poche utérine, mais sont promptement expulsés au dehors, et naissent dans un état d’imperfection telle qu’on ne peut les comparer qu’à des em- bryons à peine ébauchés. Ce sont de petits corps gélatineux , informes et incapables de mouvement, dont les divers organes ne sont pas encore distincts , et dont l’existence serait impossi- ble, si la nature n’avait assuré leur conservation par des moyens particuliers. Au lieu de jouir , aussitôt leur sortie du sein de la mère , d’une vie indépendante, ces petits êtres sont déposés sur ses mamelles, et se greffent en quelque sorte à la tétine ; pen- dant assez long-temps ils y restent suspendus comme des grains de raisin, et afin de les protéger pendant cette période de leur développement, leur mère est en général pourvue d’une espèce de poche profonde, qui est formée par un prolongement de la peau du ventre, au-devant des mamelles, et qui leur sert de de- meure. C’est de lexistence de cette poche que les marsupiaux , appelés aussi animaux à bourse, rent leur nom. Les jeunes marsupiaux achèvent leur développement dans l’intérieur de cette poche, suspendus chacun à une tétine qui pénètre fort avant dans leur bouche , et qui verse, dans leur g6- sier, le lait dont l'expulsion est déterminée par la contraction des muscles entre lesquels se trouvent les glandes mammaires. Arrivés à un certain âge , ils se détachent, mais ils continuent encore à téter , et même, lorsqu'ils sont sortis de la poche qui, jusqu'alors, leur avait servi de demeure, ils y cherchent encore, Caractères generaux . 266 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pendant long-temps, un refuge contre le froid ou les dangers dont ils sont menacés. Ù Fig. 219. SARIGUE. Chez quelques marsupiaux , cette poche , si utile aux jeunes, n'existe pas, et n’est représentée que par un simple repli de la peau; les petits restent alors suspendus sous le ventre jusqu’à ce qu’ils puissent marcher, et pendant quelque temps la mère les porte sur son dos. Mais chez les marsupiaux qui méritent le moins ce nom, comme chez ceux où la poche ventrale est la mieux formée, et chez les mâles aussi bien que chez les femelles, il existe toujours, entre les muscles de l'abdomen, deux tiges os- seuses qui naissent de l’arcade du pubis, et qui servent à sou- tenir toute la région mammaire: ces os ont reçu, pour cette raison, le nom d'os marsupiaux; et comme nous l’avons dit ils sont caractéristiques de toute la série de mammifères didelphiens. Enfin il est aussi à noter que dans cet ordre le développement de l’encéphale est moins complet que chez les mammifères or- dinaires ; la grande commissure qui chez ces derniers unit les deux hémisphères du cerveau, et porte le nom de corps de mésolobe ou corps calleux, manque chez les marsupiaux , et, TRIBU DES MARSUPIAUX INSECTIVORES. 267 sous ce rapporlainsi que sous quelques autres, ces animaux sem- blent se rapprocher des vertébrés ovipares. 6 545. Les marsupiaux diffèrent beaucoup entre eux sous le rapport des mœurs et de la structure des dents et des pieds: Les uns ayant le pouce plus ou moins complètement opposable aux autres doigts, et étant pourvus de dents incisives, de canines et de molaires tuberculeuses plutôt qu'hérissées de pointes ( fig. 222 et 223), représentent en quelque sorte, dans la série des di- delphiens, la division des quadrumanes parmi les monodelphes ; d'autres , par leur système dentaire (fg. 221), ressemblent aux insectivores à longues canines, et il en est qui, par le défaut de dents canines, par leurs longues incisives et leurs molaires à co- lines transversales ({g. 221), correspondent aux rongeurs; enfin, comme nous le verrons bientôt, les monothrèmes, qui ont, avec les animaux dont nous nous occupons ici, des liens étroits, se rapprochent , par la disposition de leur système dentaire, de l’ordre des édentés. Il en résulte que, parmi les Didelphiens ; il existe une série de groupes comparables à ceux dont se compose la division des mammifères onguiculés monodelphiens, et que ces animaux semblent, comme nous Pavons déjà dit, former deux séries en quelque sorte parallèles. En prenant pour base de la classification des marsupiaux, les Classification... modifications de leur système dentaire et de leurs pattes, onles a divisés en six petites tribus, reconnaissables aux caractères SUIVANS : n Mansurraux INSECTIVOBES: ayant à chaque màchoire de longues cani-} mansurraux ! nes, plusieurs petites incisives et,des molaires hérissées de pointes. { rwsecrivoses | ( { Six petites inci-ives en haut ; un pouce bien dis- } PHALANGERS. Des cani-| tincet à tous les pieds, | | nes ou des Deux fausses mo-| grandes in-| Pattes pos- laires , à] cisives en] terieures et 4 la mâchoire( haut , sui-! queue très | FOTOS supérieure , | vies de quel- ] longues. | entre les in-f ques peti- MaR | mâchoire. TRIBU DES MARSUPIAUX INSECTIVORES. $ 546. Les marsupiaux qui composent ce groupe correspon- Carartères dent, en quelque sorte , aux carnassiers insectivores , surtout à généraux. Sarigues. 268 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ceux qui ont, comme les taupes et les tenrecs, de longues cani- nes ; leurs incisives sont très petites et au nombre de huit ou dix en haut et de six ou de huit en bas : Fig. 220. leurs canines sont fortes et leurs mo- laires nombreuses (douze ou quatorze à chaque mâchoire). Comme leur nom indique , ils se nourrissent principale- ment d'insectes. Les principaux genres qui appartien- nent à cette tribu sont les Sarigues, les Perameles etles Dasyures. 6547. Les SARIGUES (Didelphis) sont caractérisées par l'existence de dix incisives en haut, de huit en bas, et de quatorze molaires à chaque mâchoire, ce qui , avec les quatre canines , fait en tout cinquante dents, nombre qui est plus considérable que chez au- cun autre mammifère quadrupède. Leurs pieds de derrière sont pourvus d’un pouce parfaitement opposable aux autres doigts et constituent une main postérieure semblable à celle des singes, disposition qui leur a fait donner le nom de pedimanes. Ce pouce manque dongle, mais ceux de tous les autres doigts étant crochus, ces animaux s’en servent pour fouir el pour grimper aux arbres ; leur queue prenante et en partie nue, est également propre à ce dernier usage : aussi les sarigues vivent-elles prinei- palement sur les arbres, où elles nichent, et poursuivent les in- sectes et les oiseaux, dont elles font leur principale nourriture, bien qu’elles mangent aussi des fruits. At Fig. 221. MARMOSE. La physionomie de ces animaux est tout-à-fait particulière : leur bouche fendue jusqu’au-delà des yeux, leurs oreilles nues el violacées, leur queue écailleuse, leur poil terne, et la peau d’un rose livide, qui se montre autour de la bouche, des yeux et aux pieds, leur donnent un aspect des plus désagréables, et il faut ajouter encore qu'ils exhalent une odeur extrêmement TRIBU DES MARSUPIAUX INSECTIVORES. 269 fétide. Ils sont nocturnes, et, lorsqu'ils sont à terre, leur dé- marche est très lente; pendant le jour, ils dorment dans des trous, roulés sur eux-mêmes comme des chiens. Les sarigues sont propes à l'Amérique: aussi ont-elles été connues bien avant les autres marsupiaux, et leur singulier mode de reproduction les a rendus célèbres. On les rencontre depuis la Plata jusqu’à la Virginie , et on en connaît plusieurs espèces. Les unes ont une poche profonde , où sont placées leurs ma- melles, et où elles peuvent renfermer leurs petits. De ce nombre est la sarigue à oreilles bicolores ou oppussum des Anglo-Amé- ricains (fig. 219), qui est de la taille de nos chats, et qui habite les deux Amériques. Ses petits, quelquefois au nombre de seize, ne pèsent , en naissant, qu'environ un grain, et adhèrent, pen- dant cinquante jours, à la tétine : ils prennent alors la taille d’une souris ; mais ils continuent à faire leur résidence dans la poche abdominale de leur mère jusqu’à ce qu’ils aient à-peu-près la taille d'un rat. Le crabier où grande sarique de Cayenne, qui vit sur les bords de la meretse nourrit principalement de crabes, appartient aussi à cette subdivision. D’autres sarigues n’ont pas de poche, mais seulement, de chaque côté du ventre, un repli de la peau, qui en est le vestige. Leurs mamelles sont à nu , et le développement des petits se fait plus rapidement que chez les précédentes. Lorsque les jeu- nes sont assez forts pour se détacher de la tétine, la mère les porte sur son dos avec leur queue, enroulée autour de la sienne. Le cayopollin, le grison, la marmose (fig. 221), etc., présentent ce mode d'organisation. $ 548. Les THYLACINES sont des animaux très voisins des sa- rigues, mais qui habitent la Nouvelle-Hollande, et qui ont les pieds de derrière sans pouce , la queue velue et non prenante , et deux incisives de moins à chaque mâchoire. 6 549. Les DASYURES ressemblent aux précédens par la disposi- tion de leur queue et par l’état rudimentaire de leurs pouces pos- térieurs : ils n’ont aussi'que huit incisives en haut et six en bas; mais le nombre de leurs dents molaires n’est que de douze à chaque mâchoire, au lieu de quatorze. Ils vivent, àla Nouvelle- Hollande , se nourrissent d'insectes et de cadavres, et ne grim- pent point sur les arbres. 6 550. Les PÉRAMÈLES ont seulement deux incisives inférieures de moins que les sarigues. Le pouce de toutes les pattes est rudi- Thylacines, Dasyures. Péramèles. 370 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. mentaire, et la queue de ces animaux est non prenante. De méme que les précédens, ils habitent lPAustralasie. TRIBU DES PHALANGERS. . Caractères 6 551. Le système dentaire des phalangers rappelle un peu généraux. celui des musaraignes. De même que tous les marsupiaux , dont Fig. 222. il nous reste à parler ils ont à la mâchoire inférieure deux inci- sives très longues et très inclinées (fig. 222). À la mâchoire supérieure , six peliles incisives répondent aux deux d'en bas et sont en général suivies de canines longues et poin- lues, tandis qu’en bas, ces dernières , lorsqu'elles existent, sont si petites, que souvent la gencive les cache ; enfin les molaires Fig. 223. sont très nombreuses et garnies en dessus de pointes triangulaires ou de tubercules (#g.223), dont la disposition à de l’analogie avec ce que wr2 l’on voit chez les guenons et les sajous. La con- formation des membres est également caracté- ristique chez les phalangers : ils ont le pouce grand, opposable et tellement séparé des autres doigts , qu’il a l'air d’être dirigé en arrière , et les deux doigts qui le suivent aux pieds de derrière sont réunis par la peau jusqu’à la dernière phalange. Ce sont des animaux qui, par leur forme générale, ressemblent un peu aux écureuils et qui vivent aussi sur les ar- bres. Leur régime consiste principalement en fruits ; mais ils mangent aussi des insectes. Leur poche abdominale est très dé- veloppée. Tous les phalangers habitent les îles de l’Asie et de l’Austr:- lasie ; on les distingue en phalangers proprement dits, et phalan- gers volans. Phalangers LS PHALANGERS PROPREMENT DITS (Balantia) n’ont point de proprement prolongement cutané entre les pattes et ont la queue toujours dits. prenante. D avers Les PHALANGERS VOLANS (Petaurus) ont la peau des flancs plus volans, OÙ MOINS élendue entre les membres de façon à former une es- pèce de parachute comme chez les polatouches. TRIBUS DES POTOROOS ET DES KANGUROOS. 271 TRIBU DES POTOROOS. 6 552. Dans la petite division des POTOROOS (Hipsiprimnus), le système dentaire se rapproche beaucoup de celui des pha- langers ; les canines manquent à la mâchoire inférieure , et les deux=premiers doigts de derrière sont réunis comme chez ces animaux, dont les potoroos se distinguent surtout par la dis- position de leurs pattes postérieures qui sont beaucoup plus grandes , à proportion que celles de devant, et par leur longue et forte queue, dont 1ls se servent pour se soutenir , lorsqu'ils marchent , comme le font les gerboises et les kanguroos, sur leur train de derrière. Ils sont frugivores. On n’en connaît qu’uné espèce appelée, par la plupart des auteurs, le angurov- rat, qui habite la Nouvelle-Hollande. TRIBU DES KANGUROOS. ÿ 553. Les KANGUROOS (Halmaturus) présentent les mêmes caractères que les potoroos , si ce n’est que leurs canines supé- Fig. 224. rieures manquent, et que leurs imcisives moyennes ne dépassent pas les autres. L’inégalité de leurs jambes est encore plus gran- de, en sorte qu’ils ne marchent à quatre patles qu'avec peine, mais ils se tiennent ordinairement sur leur train de derrière et sur leur queue comme sur un trépied , et sautent ainsi avec beaucoup de vigueur. (fig. 225) Les dents molaires de ces animaux présentent des collines transver- Fig. 225. KANGUROO. sales qui leur donnent quelque ressemblance avec celles des Pattes. 272 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ruminans, et , en effet, les kanguroos se nourrissent d'herbes comme ces derniers. La disposition de l’ongle du doigt médian des pattes postérieures, les rapproche aussi un peu des mam- mifères ongulés, car il est très gros et presque en forme de sabot. Les kanguroos habitent la Nouvelle-Hollande et les îles voi- sines. Une espèce, appelée le kauguroo-geant, a jusqu’à six pieds de haut. TRIBU DES KOALA. 6 554. Ces marsupiaux se rapprochent des potoroos, par la disposition de leurs dents, mais diffèrent de tous les précédens par leur corps trapu, leurs jambes courtes, et par labsence complète de queue; leurs doigts de devant , au nombre de cinq, se partagent en deux groupes pour saisir; ceux de der- rière sont disposés à-peu-près comme dans les deux groupes précédens. On ne connaît qu’une espèce de koala , qui ressemble un peu à un petit ours et qui se trouve à la Nouvelle-Hollande. TRIBU DES PHASCOLOMES. Fig. 226. PHASCOLOME. Phascolomes. Ÿ 555. Les PHASCOLOMESs {Phascolomys) qui se distinguent des Fig. 227 genres précédens par l’existence de deux dents incisives seulement à chaque mâchoire (fig. 227), ressem- blent en tout aux rongeurs, si ce n’est par les organes de la reproduc- tion , qui sont parfaitement sembla- bles à ceux des autres marsupiaux. Ce sont des animaux lourds, à tête grosse et plate, à jambes courtes el ' ORDRE DES MONOTHRÈMES. 273 sans queue, dont les mouvemens sont d’une excessive lenteur ; ils se nourrissent d'herbes, et vivent dans des terriers, à l'ile de King, au sud de la Nouvelle-Hollande. On n’en connaît qu’une espèce, désignée par les voyageurs sous le nom de iwombat\ fig. 226 ). ORDRE DES MONOTHRÈMES. $ 556. Les monothrèmes, rangés par Cuvier dans l’ordre des édentés, présentent , dans leur organisation, des particularités si remarquables, qu’on ne peut se refuser à en former un ordre particulier, et, sous beaucoup de rapports, ils établissent même le passage entre les mammifères, dont il a été jusqu’ici ques- tion , et les vertébrés ovipares ; aussi doivent-ils prendre place à l’extrémité inférieure de la double série formée par les premiers. Leur nom vient de la disposition particulière des organes, génito-urinaires; leur intestin se termine comme chez les oi- seaux, par un cloaque commun, où viennent aboutir les ure- ières et les conduits efférens de l’appareil de la reproduction ; il n’y a, par conséquent, qu’une seule ouverture externe pour le passage de l’urine , des autres excrémens, etc. Les uretères Fig. 228 (1). [44 LZL s'ouvrent, dans l’urèthre, au-delà de l'ouverture de la vessie; les canaux déférens y aboutissent également; Pu- térus ne se compose que de deux ca- naux (trompes ou cornes) qui s’ou- . vrent séparément, et chacun par un ? f double orifice , dans l’urèthre, qui est irès large, et donne dans le cloaque; enfin, il existe , entre les muscles de l'abdomen, deux os appelés marsu- piaux (/ig. 228), qui s’appuient sur la partie antérieure du bassin, et qui ne se rencontrent pas chez d’autres ma- mifères , excepté les marsupiaux , où ils servent à soutenir la poche abdo- ninale , destinée à loger les petits; chez les monothrèmes, ce- pendant, il n’existe aucun organe de cette nature. Ces animaux (1) Bassin de l’échidné: — c colonne vertébrale; — à l'os iliaque; — "1 0s imarsupiaux ; — f cavité cotyloïde s’articulant avec le fémur. 18 Caractères généraux. Échidnés. 274 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ont des mamelles, mais cependant les habitans du pays où ils vivent, assurent qu'ils pondent des œufs, fait qu’il serait bien intér essant de soumettre à une investigation scientifique. Le squelette des monothrèmes présente aussi des singularités très grandes. La Las des os de l’épaule (fig. 229) resseinble Fig. 229. (1) beaucoup plus à ce qui existe a co d chezleslézardsetlesoiseaux,qu’à ce que l’on voit chez les mammi- fères ordinaires : un os en forme d’'Y s'appuie sur l’extrémité an- térieure du sternum , et envoie h- ses deux branches aux deux ome- “à plates, de la même manière que $ la fourchette des oiseaux (d); deux pièces, siluées au-dessous ARE de cette clavicule furculaire, re- présentent l’os coracoïdien des oiseaux et des lézards (co) ; enfin l'omoplaie elle-même (0), au lieu de se terminer par la fossette des- tinée à loger la tête de l’humérus, se prolonge au-delà , et vient s'unir directement au sternum (s). Quelques particularités de la tête rappellent aussi un peu ce qui existe chez les oiseaux : les monothrèmes n’ont point de conque auditive; les uns manquent complètement de dents, et chez ceux qui en sont pourvus , ces organes ont une structure très différente de celle des dents ordinaires : elles ne sont pas enchâssées dans les mâchoires, mais plutôt appliquées à sa sur- face, et ressemblent à de la corne qui serait encroûtée d’une très petite quantité de phosphate calcaire. Enfin, outre les cinq doigts qui existent à tous les pieds dés monothrèmes, les mâles portent à ceux de derrière un ergot, qui est percé d’un canal, lequel communique avec une glande particulière , et parait ser- vir à transmeltre au-dehors une humeur vénéneuse. Ces animaux singuliers, et encore imparfaitement connus, ne se trouvent qu'à la Nouvelle-Hollande. On en a découvert deux gehres, les eckidnes et les ornithorynques. . $ 556. Les ÉCHIDNÉS ( Echidna) sont moins anomaux que les ormithorynques. À l'extérieur, ils ressemblent un peu aux héris- 7 on - - É (1) Os de l'épaule et steruum de l’ornithorynque;— s sternum ; — € cartilages rostaux; — d'elavicule; — co os coracoïdieu; — 0 omoplate ; — « portion acro- miale de lomoplate ; = 4 eavité clénoïdale recevant la tête de l’humérus. ORDRE DES MONOTHRÈMES. 295 sons, car lout le dessus de leur corps est couvert d’épines, et lorsqu'ils sont mquiétés ils se ramassent sur eux-mêmes , et ca- chent leur tète entre leurs jambes, mais sans pouvoir se rouler aussi complètement en boule; du reste ils s’éloignent beaucoup de ces animaux, etse rapprochent davantage des fourmilliers ; leur museau allongé, grêle et terminé par une fort petite bou- che, contient une langue très extensible , dont l’extrémité est garnie de papilles molles, dirigées en arrière; ils n’ont pas de dents, mais leur palais est garni de plusieurs rangées de petites épines dirigées en arrière; enfin leurs pieds sont courts et ar- més chacun de cinq ongles très longs, très robustes et propres à creuser la terre. Ce sont des animaux timides , stupides et dont les mouvemens sont en général lents, mais qui fouissent avec une rapidité extrême. Le froid les engourdit promptement. 6 557. Les ORNITHORYNQUES (Ornèthorynchus) sont des ani - maux bien plus singuliers que les échidnés, car le museau se prolonge en une espèce de bec corné, très large, aplati et irrégu- lièrement quadrilatère qui est garni sur les bords de petites la- melles transversales, et qui à la plus grande ressemblance avec le bec d’un canard. Leur corps est allongé, très déprimé et cou- Fig. 230, ORNITHORYNQUE. vert de poils ordinaires; leur queue est aplatie , leurs membres sont extrêmement courts, et leurs doigts palmés ; aux pattes poStérieures la membrane qui unit les doigts ne s'étend que jus- qu'aux ongles, mais aux pattes antérieures elles les dépassent de beaucoup. À chaque mâchoire, on voit, sur les côtés et en avant, une espèce de plaque cornée, jaunâtre, longue et étroite ; plus en arrière se trouve une seconde dent analogue aux molaires, par sa position, de forme ovalaire, à couronne plate, sans racines , et composée de petits tubes verticaux. La langue ne remplit que la moitié postérieure de la cavité buccale, et se compose de deux portions : une, l’antérieure, étroite, terminée par une pointe obtuse et hérissée de papilles cornées, dirigées 18. Ornithory n- ques. 276 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ORDRE DES MONOTHRÈMES. en avant; l’autre postérieure plus large, garnie de villosités molles, et portant en avant deux petites pointes charnues. Les ornithorynques , comme on pouvait le prévoir, d’après ce que nous avons dit de la conformation de leurs pattes et de leur queue, sont des animaux aquatiques; ils habitent les rivières et les marais de l’intérieur de la Nouvelle-Hollande, près dn port Jackson et se creusent des terriers. amas RILIRRIRABRERIIARIRR ALLER LRR DERARRS RNA LR LEE LLRLAR LAS QAR VAR SRE TABLE DES MATIÈRES. Considérations préliminaires sur les classifications . . . + . . Division du règne animalen qua- tre embranchemens. ANIMAUX VERTÉBRÉS, , . . « . DE LA CLASSE DES MAMMIFÈRES, MAMMIFÈRES MONODELPHES. . . ORDRE DES BIMANES. . . . . . LOMME ANR AMOR EU ORDRE DES QUADRUMANES. Famille des singes. . . , . .. Singes de l’ancien monde , Orangs. . . . . . Gibbons. , . .. : Semnopithèques. . . . . . . . . Guenons . Macaques Magots Gynocéphales. 0. 4.1.2. Manille ice Singes du Nouveau-Monde . Sapajous. ATOUATES ER LL. —. 1. + Le POS 5 do GE ENT ete) oh ea oh el oitu se Lagothrix SAJOUSS TR RE NU: SAPOUIDS PRE eo 1 Saimiris Sakis CH ON CR OM OUONO TO NE FEC e_ 6. 6) delete terne Pages Nocthores Famille des ouistitis . . Famille des lémuriens. . . . . Makis . Indris 0 TONI 24 ENT ARS PURES. US Galagos. . . . . ANTON © Oro DURS ORDRE DES CARNASSIERS. . Famille des chéiroptères. . Tribu des chauve-souris. . Chauve-souris frugivores. . Chauve-souris insectivores. . . Phyllostomes "5672"... Rhinolophes, . . . .. v. Vespertihons# #60" Oreillards rs eee Tribu des Galeopithèques, . . . Famille des carnassiers ordinaires Tribu des insectivores, , . . . HÉTISSODS. PE NES TADPECS SPL na RE Cladobates . . . Musaraignes. , Desmans. . Taupes. . Chrysochlores, . . . . . . .. Condylures "ee" 7. Tribu des carnivores, . . . . . Carnivores plantigrades, . Ours: duel eo etferrelhte sl rrehetisslre ts. 19 278 TABLE DES E Pages. RAatONS + Ce ele 90 Pandas. 07-000 cie De Id. GOSSES Id. Kinka]oUSE CCC E-0e gt Blarréauxs SERRE FREE . Ut Gloutons SPP ET RattelS Re CEE Sn 92 Carnivores digitigrades. . . . . /d. NIMOUIÉTIES se LL Re mec 93 EE ot URI Mo NEO 94 Martres.. . . 96 Montres." Let C0 007 Chiens. 98 ETATS ee ee ci cue TU iveltes er LLC r14 Genetles . . 1b. Mangoustes. . 115 Hyènes. 1b. Chats. . ; 117 Famille des carnassiers UE Dies SE SNS RTE 124 Tribu des phoques . . . . . . . 120 Calocéphales . .. . . . . : . . 126 Pere ere Lecce 127 Macrorhines 7.1. Lee 1b. OIATIES ER ES LR. Ce 1. Tribu des morses . . . . . . . . 128 ORDRES DES RONGEURS . . . . . 129 Section des rongeurs à clavicules. 132 Tribu des sciuriens . 133 Ecureuils. . 1b. Tarmias es Asa UMA de CR AT Guerlinguets . 1b. Polatouches” 1 0 1b. Cheiromys. . LME PPS 5 Tribu des muséides . . . . . . 136 armoltes . . . 138 MOTS RENE 1b. Rats. . 4 139 Hamsters ALES Gerbilles. 1 142 Tribu des séxboisien Fe MED: Mérious . . . Ib. Gerboises. . . 143 MATIÈRES. Tribu des arvicoliens, . Campagnols Lemmings. . . . . ARE ONdATASS CM Tribu des dre FPT 5 Hélamysse SU RCE Tribu des chinchilliens, . Chinchillas eee se WISCACRES MS LC CR LEVANT TONER ou0c Tribu des rongeurs talpiformes. Rats-taupes. Orycteres, AO TT AR ic Tribu des castoriens, . Castors. Myopotames.. . Section des rongeurs à ue imparfaites. . Tribu des porc-épics. . Porc-épics proprement dits. . . AThETUTES. 7e ere oo Ursons:#.... RME OR TS Coendous Er RER MI 5 Tribus des paccas. . . . . . . . Arottis: Se EME de Pactas re irc Tribu des caviens. , . CAbAIS ECM EN Er É CODAYES EURE Tribu des Lepusiens. . . . . it TIPVTES PR Ne re PR NE Lagomys. . . . . . .. . Des pelleteries. HN EE ORDRE DES ÉDENTÉS, « . . . Famille des édentés tardigr ads) Paresseux. Famille des cdentés ordinaires . eo eye foetus Matous Ce Mégatherium. . . . . . . . .. Chlamyphores. . . . . . . . Fourmilliers. . . . . Sat à Orycleropes. . . . . 4 « + . Pangolins: 1.5. UC CCE : MAMMIFÈRES ONGULFS. TABLE DES MATIÈRES. ORDRE DES RUMINANS . , « « . Famille des ruminans ordinai- TES Se Tribu des runinans ordinaires sans cornes, . . , Chevrotainen Re Tribu des ruminans à cornes ca- duqUES 0 . Cerfs. ARR Tribu des ruminans à cornes CREUSE SET es à Ge Sa ARENOPES Pt etai die Chevreses chats Nue : de she nelretiol een chatelet et 2 sers DA O"0 PCI EC . Bœufs, mess ss GTA ER SEE PETER . Famille des caméliens . . . . . Chameaux …: Ne er Lamas, . . A LEONE RC ORDRE DES PACHYDERMES, . , . Famille des solipèdes, . . . .. ChevaUR CPP Famille des pachydermes ordi- MIGIPE SES RES EE Cochons. . Pharôchœ@ress 1... - 2.1. PeCariSr see PAR ; . apr ee Je MEN oo e Palæolberiums 20. Anoplatheriüme. 0.1. RINDCÉLOS. - es 0 Le Damas. Le ter. 1: : Hippopolames. . L. +. . « Famille des proboscidiens. . FIN DE LA Pages. 173 279 Pages. Eléphans. 74) en MastOdontes MARNE EE 2240 ORDRE DES CÉTAGÉS. . . . . . . 247 Famille des cétacés herbivores. . 249 DAMES AS Pa se CRAN TAN Dune sets à, TEE Famille des cétacés souffleurs. . 251 Tribu des delphiniens. . . . , . 252 DEVANT 0 of One ee NUE MaFsOUINS ER ee ne . . 253 Delphinapteres #1". 1... . 254 Hyperoodons. . . . . .. 5 Late INarvals 127.0 SNS Id, Tribu des balæniens. . . . . . 255 Gacbalofsss 2 Ann 0 Ce ET Baleines pe nes un 257 DIVISION DES MAMMITÈRES DIDELPHIENS. . . .. 264 ORDRE DES MARSUPIAUX, . . . 265 Tribu des marsupiaux insecti- VOTES Do : 263 SArBUES Re. 268 Thflacne Rens 269 Dasyures Aer > Id, Perameles ee Re de Tribu des phalangers. . . . , . 250 Phalangers proprement dits. . . /d. Phalangers volans. . . . . Id. Tribu des potoroos. . ..... 251 Tribus des kanguroos. . . . . . 1d. Mribu des Ko RER CE 272 Tribu des phascolomes. . . . . /d. ORDRE DES MONOTHRÈMES.. . . 293 Echidness 22000 ST 274 Ornithorynques. . . . . . . . . 275 Table des matieres. . . . ... . , 27 TABLE DES MATIÈRES, dr TRE e ‘4 Es ET ve à ire 0 te den ET ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE. IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, , RUE GARANCIÈREY N° 5, F.—S.—C. ÉLÉMENS DE ZOOLOGIE, OU ÿ j Y LECONS SUR L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE , LA CLASSIFICATION ET LES MOEURS DES ANIMAUX ; MPOH;" MINE" EDWARDS, Membre de l'Instiut {Académie des sciences) et de la Légion-d’honneur, Docteur ès sciences et en médecine, Professeur à l'Ecole centrale des Art et Manufactures, ele, DEUXIEME ÉDITION. OISEAUX.— REPTILES.— POISSONS. > À Vi SZ SI TSSs- PARIS. FORTIN, MASSON ET C*, LIBRAIRES, SUCCESSEURS DE CROCHARD ET cie, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, N° 1. 1841. . \ D É LI or \.. r -. 4 , < % di sr s ÿ DES | n | n Led ('hgtert- T ES 1 à À (re u ETIENNE RATER l n L ñ L CLS Li \ 1 LL s ‘ L ei d'u FA MED d'A * LI )j + NX HP UA (LS dé we 1 F0 ns Fins 60 ï L ds ave 0-04 NATI Vds L 6 8 ali cs n bus A L'un ÉLÉMENS DE ZOOLOGTE. LARISRIBELSSIARITERRRITRESLESLDE ALI ILE LED LE LEE IARLLLSLE LELALE LI LR RS ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. CLASSE DES OISEAUX. $558. La classe des oiseaux, qui comprend tous les animaux à Caracteres squelette intérieur les mieux organisés pour le vol, est une 870%: ‘ des subdivisions du règne animal les plus distinctes et les plus nettement caractérisées, soit que l’on considère seulement la configuration extérieure de ces êtres, soit que l’on s'attache exclusivement aux particularités de leur structure intérieure, ou à la manière dont leurs fonctions s’exécutent. Pour définir ce groupe, il suflirait de dire que les oiseaux sont des animaux vertébrés, dont la circulation est double et complète; mais, pour donner une idée exacte de ses principaux câractères , il faut ajouter que les oiseaux sont ovipares, que leur respiru- tion est uerienne et double, C’est-à-dire qu’au lieu de s’effectuer dans les poumons seulement comme celle des mammifères et des reptiles, elle $opère en même temps dans ces organes et dans la profondeur de toutes les parties du corps; que leur sang est chaud comme celui des mammifères; enfin, que leurs membres antérieurs ont la forme d'ailes et que leur peau est garnie de plumes. 6559. La conformation de ces animaux ne varie que peu, et est en rapport avecle mode de locomotion auquel ils sontessentielle- ment destinés. Ils n’atteignent presque jamais une grande taille, et la présence d’une quantité considérable d’air dans l'intérieur 1 Squelette. iète, 2 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de leur corps les rendtrès légers. Le squelette (fg. 231), qui déter- mine leur forme générale et qui est en même temps l’une des par lies les plus importantes de l'appareil du mouvement, se compose vg --- Fig. 231 SQUELETTE DU VAUTOUR. (1) à-peu-près des mêmes élémens que chez les mammifères, mais la forme et la disposition de plusieurs de ces os sont différen- tes. Il est aussi à noter que le tissu osseux est, en général, con- stitué de facon à offrir, sous un petit volume, plus de solidité que chez les autres animaux vertébrés; en effet, les os ont presque toujours une structure lamelleuse et les lamelles qui les constituent se composent de substance compacte renfermant une proportion très forte de phosphate calcaire ; enfin , à vo- lume égal , ils sont aussi plus légers, car la plupart d’entre eux sont creusés par de nombreuses cellules remplies dair. 6560. La tête des oiseaux (fig. 232) est, en général, petite; dans le très jeune âge, le crâne se compose de deux os frontaux, de deux pariétaux, de deux temporaux, d’un occipital et d’un sphénoïde ; mais toutes ces parlies se soudent de fort bonne heure et cessent alors d’être reconnaissables. Intérieurement , la boite cérébrale est divisée en deux fosses principales, dont l’antérieure loge le cerveau , et la postérieure les lobes optiques, le cervelet et la T > . x r 4 (1) we Vertébres cervicales: — vs vertèbres sacrées; — vq vertèbres de la queue ; — st sternum; — ec clavicules ; — À humérus; — cos de l'avant-bras, — ca os du carpe; — ph phalanges ; —-f fémur ; — # tibia; — va tarse. CLASSE DES OISEAUX. 3 moelle allongée. La face est formée, en majeure partie, par les mâchoires, qui sont très allongées et qui, étant destinées à consliluer le principal organe de préhension, varient beaucoup sous le rapport de leur grandeur et de leur forme, suivant la nature des objets dont l'oiseau lui-même aura besoin de s’em- parer. La mandibule supérieure (formée par les analogues des os maxillaires, intermaxillaires, nasaux et palatins des mam- mifères, mais principa- as cl lement par les maxil- laires) s’unit supérieu- rement à l’extrémité an- térieure du frontal,tantôt par une articulation mo- bile, tantôt en s’y soudant tout-à-fait, mais de ma- nière cependant à con- , Server quelque mobilité ; à sa face inférieure ou Fig. 232. TÊTE D’AIGLE. (1) palatine, elle se partage en quatre branches, dont les externes correspondent aux arcades zygomatiques (j)et vont s’articuler en arrière sur un os particulier nommé os carre Où tympanique (t, fiy. 232), lequel à son tour s'appuie sur le temporal, et dont les intermédiaires , analogues aux apophyses ptérygoïdes de l’homme et des mammi- fères, se fixent sur une lame verticale (c/) qui sépare les orbites entre elles et s’unit au crâne. Il résulte de cette disposition que la mâchoire supérieure conserve plus ou moins de mobilité , et que les orbites n’ont pas en dessous de plancher osseux. L’os carré, dont nous venons de parler , est une portion de l'os teni- poral qui, chez les mammifères , se soude au rocher ; mais qui, chez les vertébrés ovipares, en reste distinct et sert à soutenir la mâchoire inférieure. Chez les mammifères, celle-ci s'articule directement au crâne par un condyle saillant ; ici, au contraire, elle est creusée d’une fosselte articulaire qui roule sur l’extré- mité saillante de l'os carré; son extrémité se prolonge en arrière plus loin que la mâchoire supérieure et chacune de ses bran- ches, au lieu d’être composée d’un seul os, ainsi que cela a lieu chez les mammifères, est formée de deux pièces plus où moins intimement unies entre elles. (2) en ji mi (1) c Le crâne; — o caisse de l'oreille; — 105 carré ou tympanique ; — { os lacrymal ; — as apophyse surcilière fournie par ce dernier 05; — c/ cloison in- terorbitaire; — » os maxillaire supérieure; — 2 ouverture des narines ; — cn cornets cartilagineux du nez; — j os jugal ; — ni mâchoire inférieure. (2) Dans le jeune âge on compte de chaque côté de la mâchoire inférieure 1. + ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. L’articulation de la tête avec la colonne vertébrale permet des mouvemens plus étendus que chez les mammifères, car elle se fait par un seul condyle, espèce de pivot demi sphérique, situé sur la ligne médiane du corps , au bas du grand trou occipital et reçu dans une fossette correspondante de latlas. Colonne ver- 6561. Lecou desoiseaux est, en général, beaucoup plus long et PObrale. plus mobile que celui de la plupart des mammifères ; comme le bec est presque toujours l’unique organe de préhension, à l’aide duquel ils ramassent à terre leurs alimens, la portion cervicale de la colonne vertébrale (ve, fig. 233) devient d'autant plus longue que ces animaux sont plus élevés sur leurs pattes; et, lorsqu'ils sont essentiellement nageurs et doivent plonger la tête dans l’eau pour s'emparer de leur proie, dans bien des cas la longueur de leur cou dépasse notablement la hauteur de leur tronc. Le nombre de vertèbres qu’on y compte varie beaucoup suivant les espèces ; ordinairement, il y en a de douze à quinze, mais quel- quefois on n’en trouve pas autant, et d’autres fois il en existe plus de vingt (1); elles sont très mobiles les unes sur les autres, et par la nature de leurs facettes articulaires, le cou se ploie en S, de facon à pouvoir se raccourcir ou s’allonger, suivant qué ses courbures augmentent ou s’effacent (2). Cette disposition est surtout remarquable chez les oiseaux de rivage qui, pour saisir leur proie, ont besoin de darder leur bec avec une grande rapidité, à une distance considérable. L'action des muscles destinés à mouvoir cette partie est aussi facilitée par lexistenc d’apophyses nombreuses servant à leur insertion; et il est à noter que deux de ces petits leviers sont formés par des siylets osseux représentant des côtes cervicales rudimentaires. Chez presque tous les oiseaux les vertèbres du dos sont au jusqu’à six pièces distinctes, et chez les oiseaux aquatiques, les traces de ces divisions persistent pendant très long-temps. (x) Les vertèbres cervicales sont au nombre de neuf dans le moineau; de dix dans le bouvreuil , etc. ; de onze dans l’hiroudelie, la mésange, l’épervier, etc.; de douze dans le milan , le geai, le martin-pécheur, etc. ; de treize dans l'aigle, le vautour, la corneille, le pigeon, etc.; de quatorze dans le paon, le canard com- mun , etc.; de quinze dans l’oie, le dindon, etc. ; de seize dans le pélican, le casoar; de dix-sept dans la spatule; de dix-huit dans l’autruche, le flamant, le héron, etc. ; de dix-neuf dans la cigogne et la grue ; de vingt-trois dans le cygne. (2} Ces surfaces articulaires sont concaves dans un sens et ronvexes dans l’autre, de façon à s’emboîter mutuellement : à la partie supérieure du cou , elles permettent librement la flexion en avant ; à la partie moyenne, elles sont au contraire disposées de facon à ne permettre que le renversement en arrière : enfin , à la base du cou, elles changent encore de structure et redeviennent propres aux mouvemens de flexion en avant. CLASSE DES OISEAUX. 5 contraire toult-à-fait immobiles, et on comprend facilement la nécessité de cette disposition chez les animaux conformés pour levol, car cette portion de la colonne épinière , servant à sou- CT la Fig. 233. SQUELETTE DU GOELAND. (1) tenir les côtes et fournissant par conséquent un point d'appui aux ailes, doit avoir une grande solidité. En général, ces ver- tèbres sont même soudées entre elles; mais, chez les oiseaux qui ne volent pas, comme l’autruche et le casoar, elles conser- vent de la mobilité ; leur nombre est, en général, de sept ou de huit (2). Les vertèbres lombaires et sacrées, dont le nombre varie de sept à vingt, se réunissent toutes en un seul os (s, £g. 233), ayant les mêmes usages que le sacrum de l’homme, Enfin, les vertèbres coccygiennes sont petites et mobiles ; en général, on (x) wc Vertèbres cervicales; — c clavicule furculaire; — st sternum; — o omoplate ; —L les deux os de l’avant-bras, derrière lesquels on voit une partie de l’humérus; — d doigt; — s sacrum ; — ex coccyx ; — # tibia, — ta tarse ; — p pouce. (2) Le bouvreuil n’en à que six, tandis que l’oie en a dix et le castor onze. Côtes. Sternum, 6 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. en compte sept ou huit, et la dernière, qui supporte les grandes plumes de la queue , est ordinairement plus grande que les au- tres et relevée d’une crête saillante (ex, fig. 233.) 6562. Les rôtes des oiseaux présentent aussi quelques particu- larités de structure qui tendent encore à donner de la solidité au thorax. Le cartilage qui, chez les mammifères, les fixe au sternum , est remplacé ici par un os, et chacune d’elles porte à sa partie moyenne une apophyse aplatie qui se dirige oblique- ment en arrière au-dessus de la côte qui suit, de façon que tous ces os prennent des points d'appui les uns sur les autres. Mais la partie la plus remarquable de la charpente osseuse du thorax est le sternum (st), qui, servant à donner insertion aux muscles du vol, prend chez les oiseaux un développement extrême et constitue un grand bouclier convexe et ordinaire- ment carré, qui recouvre le thorax et une grande partie de l'abdomen. Les différentes pièces qui se réumissent pour le former ne sont pas placées bout à bout comme chez les mam- mifères, el en se joignant elles laissent souvent entre elles, vers la partie postérieure de cet os, des échancrures ou des trous plus ou moins grands. Chez le casoar et Pautruche (fg. 234), qui ne DRE ] Fig. 234. SQUELETTE DE L AUTRUCHE CLASSE DES OISEAUX. 7 peuvent pas s'élever dans les airs et qui n’ont que des ailes rudimentaires, le sternum ne présente point de crête à sa face externe, mais Chez les autres oiseaux on y remarque une espèce de carène saillante et longitudinale nommée le brechet (b, fig. 235), qui sert à donner plus de force aux muscles abaisseurs de Paile. $ 563. Les os de l’épaule sontégalement disposés de la manière la plus favorable à la puissance des ailes. L’omoplate ‘o)est étroit, Fig. 235. (1) mais très allongé dans le sens qui est parallèle à l’épine, et s'appuie sur le sternum, non- seulement par lintermédiaire de la clavicule ou fourchette (f), mais aussi à l’aide d’un autre os qui remplit les fonctions d’une seconde clavicule et qui est ap- pelé os coracoïdien (c), parce qu'il parait être l’analogue de l’apophyse coracoïde de lomo- plate humaine. Les clavicules à. des deux côtes se soudent pres- ANT TE EE que toujours par leur extrémité etEs re F antérieure en forme de V, dont la pointe est dirigée en bas et attachée au bréchet; et les os coracoïdiens constituent des arcs- boutans qui, avec la fourchette, maintiennent les épaules écartées et offrent à l’humérus un point d'appui d'autant plus solide que lanimal est meilleur voilier. Chez les oiseaux qui ne volent que peu ou point, les clavicules w'offrent, au con- traire, qu'un faible développement. Ainsi, dans certains per- roquets terrestres de l’Australasie, ces os sont réduits à un état tout-à-fait rudimentaire ; chez les casoars et lautruche d’Amé- rique, ils ne sont représentés que par de petits stylets; chez l’autruche d'Afrique et les toucous, ils atteignent presque le sternum, mais ne se réunissent pas entre eux inférieurement; enfin, chez quelques hiboux ils sont unis par un cartilage, tandis que chez les oiseaux ordinaires leur soudure est complète, el que souvent même ils vont s’appuyer directement sur le ster- num, au moyen d’une apophyse médiane qui nait de cette soudure. Les membres antérieurs des oiseaux ne servent jamais ni à la (x) Appareil sternal : —,s sternum; — e échancrure du sternum ; — c : ori- gine des côtes sternales; — 2 bréchet; — f fourchette où clavicules furcu- laires ; — c os coracoïdien; — 0 omoplate ; — »: membrane fibreuse qui s’étend de la fourchette au sternum. Épaule. Ailes. Pattes. 8 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. marche, ni à la préhension, ni au toucher, mais forment des espèces de rames très étendues, nommées aëles. En faisant l’histoire des chauve-souris, nous avons déjà vu un exemple de la transformation des membres thoraciques en un organe de locomotion aérienne; chez ces animaux c’est un repli de la peau qui sert à frapper l'air, et pour la soutenir les doigts prennent une longueur extrême; mais, chez les oiseaux, ces larges rames sont d’une autre nature : elles sont formées de plumes raides qui n’ont besoin d’être fixées que par leur base, et la main, par conséquent, ne présente plus les divisions qui nuiraient à sa solidité et ne seraient d'aucune utilité; elle a la forme d’une es- pèce de moignon aplati et presque immobile (fig. 231 , 233). La conformation des bras et de lavant-bras ne diffère que peu de celle de l’homme ; l'humérus ne présente rien de particulier ; le radius et le cubitus ne peuvent tourner l’un sur l’autre, et sont en général d'autant plus longs, que le vol est plus puissant. Le carpe se compose de deux petits os placés sur le même rang et suivi du métacarpe, qui présente deux branches soudées par leurs extrémités; au côlé radial de la base de cette dernière partie de la main, s’insère un pouce rudimentaire; enfin, à son extrémité se trouve un doigt médian (4, fig. 233) composé de deux phalanges, et un petit stylet représentant un doigt externe. $564. Lorsque l’éiseau pose, ce sont ses membres postérieurs qui seuls lui servent de soutien ; c’est doncun animal réellement bipède, et comme tel, il doit avoir le bassin large et fixé soli- dement à la colonne vertébrale. Les os des hanches, en effet. sont extrêmement développés chez les oiseaux, et ils ne for- ment, avec les vertèbres sacrées et lombaires, qu’une seule pièce (s, fig. 233). En général, cette ceinture osseuse est incom- plète en avant; les pubis ne se réunissent pas entre eux, et la portion ischiatique, au lieu d’être séparée du sacrum par une large échancrure, se soude à cet os par sa parlie postérieure, el transforme léchancrure en un trou. L’os de la cuisse est court et droit, et la jambe se compose, comme chez la plupart des mammifères, d’un tibia, d’un péroné et d’une rotule; seu- lement le péroné se soude au premier, avant que d'arriver à sa partie inférieure. Un seul os, qui fait suite à la jambe, repré- sente le tarse et le métatarse , et porte à son extrémité inférieure les doigts qui sont ordinairement au nombre de quatre; il n’en exisle jamais davantage; mais quelquefois le doigt externe ou l’interne , que l’on désigne sous le nom de pouce, ou même tous les deux disparaissent, de manière qu’il n’en existe plus que trois ou seulement deux (fg. 234). Le nombre des phalanges va presque loujours en augmentant régulièrement depuis deux jusqu'à cinq du pouce au doigt externe qui en a toujours le CLASSE DES OISEAUX. 9 plus. Enfin, de ces quatre doigts, trois seulement sont ordi- nairement dirigés en avant, tandis que le pouce est dirigé en arrière; quelquefois le doigt externe se porte aussi en arrière. 6 565. Les plumes qui couvrent tout le corps des oiseaux sont des productions très analogues aux poils des mammifères, mais d’une structure plus compliquée. On peut, en général, y dis- tinguer un tube corné qui en occupe la partie inférieure et qui est percé à son extrémité, une tige qui surmonte ce tube ; enfin des barbes qui naissent de chaque côté de la tige, et sont elles- mêmes garnies de barbules qui, à leur tour, paraissent quel- quefois frangées sur le bord. L’organe sécréteur destiné à former la plume se nomme rapsule, et acquiert souvent une longueur considérable. D’après des observations de Frédéric Cuvier , il paraîtrait que la capsule croit pendant toute la durée du développement de la plume, et qu'à mesure que sa base s’allonge, son extrémité meurt el se dessèche dès qu’elle a formé la portion correspondante de cet appendice. Chacun de ces petits appareils se compose d’une gaine cylindrique, revêtue à l’intérieur de deux tuniques unies par des cloisons obliques et d’un bulbe central. La substance de la plume se dépose à la surface du bulbe et pour former les barbes se moule en quelque sorte dans les espaces que les pe- ütes cloisons , dont nous venons de parler, laissent entre elles; dans la portion correspondante à la tige , le bulbe est en rapport avec la surface interne de celle-ci, et après y avoir déposé une substance spongieuse, se dessèche et meurt; mais, là où le tronc de la plume est tubulaire , la lame de matière cornée que cet organe sécréteur dépose, se contourne autour de lui et l'enveloppe complètement; cependant le bulbe, lorsqu'il à rempli ses fonctions, ne s'en dessèche pas moins et il forme, en se flétrissant, une série de cônes membraneux, emboités les uns dans les autres, qui remplissent l’intérieur du tube et sont appelés l’éme de la plume. La plume nouvelle est d’abord renfermée dans la gaine de sa capsule, qui est souvent saillante de plusieurs pouces hors de la peau et se détruit peu-à-peu ; la plume se montre alors à nu et ses barbes, roulées dans le principe, s’étalent latéralement ; extrémité de son tuyau reste implantée dans le derme, mais en général s’en détache facilement, et à une certaine époque tombe pour faire place à une nouvelle plume. Ce renouvellement des plumes, qui est appelé mue, s'effectue en général chaque année après la saison de la ponte, el a quelquefois lieu deux fois dans la même année, en automne et au printemps; il arrive plus tôt pour les vieux que pour les jeunes, et e’est pour Poi- Plumes. 10 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. seau une époque de malaise pendant laquelle il perd la voix. La forme de ces appendices tégumentaires varie beaucoup, on en connait qui manquent de barbes et qui ressemblent à des piquans de porc-épics; d’autres dont les barbes sont raides et garnies de barbules qui s’accrochent entre elles, de façon à former une grande lame que Pair ne traverse pas ; d’autres en- core, dont les barbes et les barbules sont longues, flexibles et ne s’accrochent pas, ce qui leur donne une légèreté et une mollesse extrême , enfin il en est qui ressemblent à un simple duvet. Leurs couleurs sont variées à l'infini et souvent surpas- sent en beauté et en éclat celles des plus belles fleurs ou des pierres les plus brillantes. En général les femelles ont un plu- mage moins riche quele mâle, et il est rare que le jeune oiseau présente les couleurs qu’il conservera toute sa vie; souvent elles changent deux ou trois ans de suite, et quelquefois Padulte a un plumage d’été tout-à-fait différent de celui de l'hiver. Fig. 226. (1) 0 rprs d { sl a Les ornithologistes donnent des noms différens aux plumes (1) Cette figure est destinée à faire connaître les noms des plumes des diverses parties du Corps : — o occiput; — g gorge; — d dos; —s plumes scapulaires ; vT ttectrices ou couvertures des ailes; — rs rémiges secondaires ou pennes fixées a Vavant-bras; — ;p rémiges primaires ou pennes de la main; — pb rémiges bâtardes formant dans le pli de l'aile un petit appendice fixé au pouce; — ventre; — Ja plupart, omnivores : ils font des provisions pour l’arrière-saison et ont la singulière habitude de prendre et de à cacher même les choses qui leur sont inutiles ; ils sont rusés, et, quand on les tient en captivité, ils apprennent facilement à contrefaire des voix étrangères, et mème à obéir à celle de leur maître. Les espèces qui ont le bec le plus fort, proportionnellement à leur taille, qui ont l’arète de lamandibule supérieure la plus marquée, et qui ont la queue ronde, sont nommées CORNEILLES OU CORBEAUX PROPREMENT prrs; celles qui, avec un bec à-peu-près de la même forme, ont la queue longue et étagée , sont appelées Pres (Péca); enfin, lorsque les deux mandibules sont peu allongées et finissent par par une courbure subite, et que la queue est médiocre et égale ou peu étagée, on donne à ces oiseaux le nom de GEAIS (Gar— rulus). Le corbeau commun, le plus grand des passereaux de l'Europe, appartient à la première de ces divisions et se reconnait à son ORDRE DES PASSEREAUX. } 79 plumage entièrement noir et à sa queue arrondie. La corneille ordinaire est d’un quart plus petite et a la queue plus carrée ; le freux est encore plus petit et a le bec plus droit et plus pointu, son plumage est également d’un beau noir; mais, excepté dans la première jeunesse , il a la base du bec, le devant de la tête et la gorge dépouillés de plumes. La corneille mantelée est cendrée, avec la tête, les ailes et la queue noires; enfin , la petite corneëlle des clochers où choucas est plus petite encore d’un quart que les précédentes : son plumage est noir, mais un peu moins foncé que chez le corbeau, et son bec est plus court. Tous ces oiseaux abondent en Europe. Le corbeau commun vit plus retiré que les-autres et se tient presque toujours dans les montagnes cou- «vertes de bois; la corneille et le freux fréquentent, au con- traire, les plaines et vivent réunis en grandes troupeaux; la corneille mañtelée ne se voit guère que sur les bords de la mer ou des marais, et le choucas s'établit d'ordinaire, par grandes troupes, dans les clochers et les vieilles tours. Le corbeau a le vol élevé et facile, et il sait s’accommoder de tous les climats. Sa démarche est grave et posée, et son courage remarquable. On le voit quelquefois poursuivre le milan pour le combattre; et, lorsqu'on le tient en captivité, il ne redoute ni les chiens, niles chats, ni même l’homme. Sa nourriture favorite consiste en cha- rognes , qu’il sent de très loin ; mais, à défaut de cadavres, il vit de graines ou d'insectes, et quelquefois il attaque les animaux vivans , tels que des rats, des perdrix et des grenouilles ; enfin, il niche isolément sur les arbres élevés ou sur “des rochers escar— pés, et ne fait que deux convées par an. La corneille se nourrit à-peu-près de même; mais elle est plus insectivore et mange plus de graines. On la voit souvent pendant le jour réunie en troupes nombreuses avec les freux, chercher, dans les terres nouvelle- ment labourées, des vers et des larves de hannetons; le soir ils vont percher ensemble sur quelques grands arbres. Les freux et les choucas, qui souvent volent aussi avec les corneilles, ne se jettent sur les charognes que lorsqu'ils y sont poussés par la faim , et ils portent la sociabilité encore plus loin que ces der- niers ; Car, au lieu de s’isoler pour nicher, comme les oiseaux le font d'ordinaire ils se rassemblent en familles. Tous ces cor- beaux n'émigrent pas : en hiver, ils restent dans les cantons les moins froids. Les corneilles mantelées changent, au contraire, de demeures deux fois lan : en automne, elles nous arrivent par grandes troupes, qui se mélent aux freux et aux corneilles , et, au printemps, on les voit, suivant une direction contraire se diriger par petites bandes vers le nord. | Nous avons aussi en Europe une espèce de pre, qui est {rès commune et qui se reconnait à son plumage d’un beau noir Genis. Casse-noix. Rolliers, Paradisiers. 80 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. chatoyant partout , excepté au ventre et sur une partie de Paile , où cette couleur est remplacée par du blanc pur. Cet oiseau se plait dans les lieux habités, et, comme la corneille, se nourrit de tout : il est très vorace , et attaque même les petits oiseaux de basse-cour. Tout le monde connait la facilité avec laquelle il apprend à prononcer quelques mois, et sa loquacité , devenue proverbiale. Les geais sont également ‘remarquables par le pen- chant qu’ils ont à imiter toute espèce de sons. Le geai d'Europe est un bel oiseau d’un gris vineux, dont l'aile est ornée d’une grande tache bleu vif, rayée de bleu foncé. Il vit par paires ou par petites troupes dans les bois , et se nourrit principalement de glands et de noisettes. On connaît un grand nombre d’autres espèces de corbeaux. Ce genre est répandu dans tous les pays, et souvent la même espèce se retrouve en Amérique, aussi bien qu’eñ Europe ,.en Asie et en Afrique : c’est le cas de notre grand corbeau, par exemple. $655. Les CASSE-NOIx (Caryocatactes) ressemblent extrêmement aux corbeaux, mais ont les deux mandibules également pointues, droites et sans courbures. Par leurs habitudes, ils se rappro- chent des pics; car ils grimpent sur les arbres, en frappant du bec contre l’écorce, pour en faire sorlir les larves d'insectes déposées dans son épaisseur : ils se nourrissent aussi de fruits, d'insectes et de petits oiseaux. Ils habitent l’Europe et vivent réunis en grandes bandes. 6 656. Les ROLLIERS (Coracias) sont aussi des oiseaux de lan- cien continent qui doivent prendre place à côté des geais : 1ls out le bec comprimé vers le bout et un peu crochu, les narines à découvert et les pieds courts et forts. Les couleurs de leur plumage sont ordinairement vives, mais peu harmonieuses. Le rollier commun , Nert d’aigue-marine, avecle dos fauve et du bleu à l'extrémité de l'aile, est à-peu-près de la taille du gear, et se tient de préférence dans les grandes forèis de chênes et de bouleau du nord del Europe : il est farouche et criard. 6 657. Enfin, les OISEAUX DE PARADIS (Paradisæa) ressemblent également aux Hire par la forme générale de leur bec, qui est médiocre et droit : ils ont aussi la narines cachées sous les plumes du front; mais celles-ci, au lieu d’être raides et grèles . sont veloutées et brillantes. Ces oiseaux, originaires de la Nou- velle-Guinée et des iles voisines, sont remarquables par le luxe ORDRE DES PASSEREAUX. 81 de leur plumage. La plupart ont les plumes des flancs effilées et allongées en panaches, bien plus longues que le corps; chez d'autres, les plumes scapulai- res forment une espèce de man- telet qui peut recouvrir les ai- les. Souvent deux des plumes du croupion prennent aussi la forme de longs filets ébarbés, et presque toujours, les cou- leurs les plus harmonieuses se mélent aux reflets les plus ri- ches et les plus brillans. Pen- dant long-temps, ces oiseaux magnifiques n'étaient connus que par les individus desséchés et mulilés, pour servir de pa- naches, qui se trouvent dans le commerce, et on a débité sur leur histoire les contes les plus absurdes. On a dit grave- Fig. 281. OISEAU DE PARADIS, ment qu'ils n'avaient pas de pieds, et vivaient toujours dans l'air, soutenus par leurs longues plumes ; mais , dès qu’on a pu se procurer des individus complets, on a vu qu’ils ne présentaient aucune anomalie semblable. L'espèce la plus anciennement cé- lèbre est loisean de paradis emeraude, dont le mâle porte ces longs et élégans faisceaux de plumes jaunâtres employées par les dames, pour orner leur coiffure. $ 658. La famille des TENUIROSTRES comprend, ainsi que nous lavons déjà dit, les passereaux non syndactyles, dont le bec est grêle, allongé et sans échan- Fig. 282. crure 'fig. 282). Les insectes sont leur principale nourriture. Cette division 77 ge Comprend les sételles, les grimpe- / OT reaux, les rolibris et les huppes. h HT Les SITELLES (Sztta) ont le bec mé- HE diocre , droit, pointu, et comprimé vers le bout ; la langue courte, aplatie et peu protractile. Ils grimpent sans cesse et dans tous les sens aux arbres, en entamant l'écorce à coups de bec, pour y chercher des insectes et des larves. Sous ce rapport, 1ls ressemblent aux grimpereaux et aux pics; mais ils ne se servent pas de leur queue, pour se soutenir, comme le 6 Ténuirostres, Sitelles. Grimpereaux. Echelettes. Sucriers. 82 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. font ceux-ci , et les plumes qui la forment ne sont pas usées au bout. On en trouve en France et dans d’autres parties de l'Eu- rope, une espèce qui à reçu les noms de forrhepot et de pir- macon, à cause de la manière dont elle travaille à la construc- tion de son nid, qu'elle établit dans un trou d'arbre : si l'ouverture est trop grande, elle la rétrécit avec de la terre grasse. Ce petit oiseau, brunâtre en dessus, roussâtre en dessous, et de la taille d’un rouge-gorge, vit solitaire dans les bois pen- dant l'été, et vient, en hiver, dans les vergers et les jardins; il se nourrit de graines aussi bien que d’insectes. 6 659. La petite tribu des GRIMPEREAUX se compose d'oiseaux dont les mœurs sont semblables à celles des sitelles , mais dont le bec est arqué {fig. 282). On y range les grimpereaux propre- ment dits, es echelettes et quelques autres genres exotiques. 6 660. Les GRIMPEREAUX PROPREMENT DITS (Certhta) se recon- naissent aux pennes de la queue usées et finissent en pointe raide Fig. 283. (fig. 283), comme celle des pics , disposition qui dé- pend de l'usage continuel qu'ils en font comme d’un arc-boutant, pour se soutenir lorsqu'ils grimpent sur les arbres. Leur langue est cartilagineuse, aiguë et propre à percer les insectes, qu'ils trouvent dans les fentes de l'écorce des arbres ou sur la mousse. Le grimpereau commun se voit dans différentes par- ties de l’Europe ainsi que dans le nord de l'Asie et de l'Amérique : c’est un petit oiseau dont le plu- mage est blanchâtre, tacheté de brun en dessus, roussâtre au croupion et sur la queue. 6 661. Les ECHELETTES (Tichodroma) grimpent de même à la poursuite des insectes, mais sur lesmursetles rochers plutôt que sur les arbres, et $ y cramponnent seulement à l’aide de leurs ongles, qui sont très forts, surtout celui du pouce : ils ne s'appuient pas sur leur queue, qui est très faible et arrondie (fig 284), et qui, par conséquent, n’est pas usée comme chez les grimpereaux proprement dits. Ces oiseaux sont appelés aussi grimpe- reaux de muraille. On n’en connait qu’une es- pèce qui vit dans le midi de l'Europe et niche dans les fentes des rochers les plus escarpés. 4 y Fey. 284. $ 662. Les SUCRIERS (Nectarina), les GUITGUITS (Cœreba , les OPHIES (Opetiorhynchos) et quelques autres oiseaux exotiques sont très voisins des précédens; les Guitguits sont remarqua- bles par leur langue bifide et filamenteuse. Une espèce d’Ophie, ORDDE DES PASSEREAUX. 83 appelée le fournier, habite l'Amérique méridionale et construit en terre un nid couvert en dessus comme un four, mais placé sur les arbustes. Les HÉOROTAIRES (Me/ithreptus) prennent aussi place à côté des échelettes et méritent d’être mentionnés ici, car c’est une espèce de ce genre dont les plumes écarlates servent aux habitans des îles Sandwich, pour la fabrication des beaux manteaux auxquels ils attachent un si grand prix. $ 663. Les COLIBRIS (7rorhilus) sont de petits oiseaux remar- quables par la beauté de leur plumage et qui ont des mœurs très différentes des précédens : ils vivent sur les fleurs et se nourris- Fig. 285. COLIBRI. sent, à ce que l’on assure, du nectar qu'ils y trouvent et qu’ils sucent avec leur langue allongée, très protractile, tubulaire et formée de deux filets. Leur bec est long et grêle, tantôt droit, tantôt courbé; leurs pattes sont très courtes , leurs ailes très longues et étroites, et leur sternum est grand et sans échan- crure, comme celui des martinets. Les plumes qui leur recou- vrent la tête et la gorge ont une structure particulière : elles ressemblent à des écailles, et brillent d’un éclat métallique, que rien ne peut surpasser. D’autres parties du corps présen- tent aussi les teintes les plus riches, et la beauté de ces oi- seaux, jointe à la petitesse extrême de la plupart d’entre eux, les a rendus célèbres. Ils habitent les parties chaudes de PAmé- rique et se tiennent d'ordinaire dans le voisinage des jardins, où on les voit voltigeant de fleur en fleur avec une incroyable rapidité. Ils sont peu défians et montrent un courage bien au- dessus de ce que l’on pourrait attendre de leur faiblesse. Lors- 6. Colibris. 84 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. qu'il s’agit de défendre leur couvée, ces petits oiseaux résistent à des ennemis bien supérieurs en taille et en force, el parvien- nent souvent à les mettre en fuite. Ils se battent aussi avec acharnement entre eux. Leur nid consiste en une espèce de feutre délicat de soie et de coton, revêtu en dehors de lichens et de brins de bois gommé : il a la forme d’une capsule et se trouve suspendu à une branche ou à un des brins de chaume dont les colons recouvrent leurs habitations. Il paraît que la couvée se répète jusqu’à quatre fois par an. On donne plus particulièrement le nom de vrolibris aux espè- ces donc le bec est arqué, el celui d'oiseaux mouches aux espè- ces dont le bec est droit (f#g. 285). L’un de ces derniers, appelé, à raison de sa taille de nain, le plus petit des oiseaux-mouches, n’est guère plus gros qu’une abeille. Sa longueur est de seize lignes, el l’ofseau-mouche geant, le plus grand de ce genre, n’égale pas notre martinel. On connait un nombre considérable de ces magnifiques oiseaux, el on pourra juger des richesses de leur plumage par les noms qu’on leur a donnés et qu’ils méritent pleinement. Nous citerons comme exemple le colibri grenat, le colibri topaze, Voiseau-mouche éclatant, Ve rubrs- topaze, le rubis, le rubis emeraude, le saphir, etc. Soui-Man- (664. Les SOUI-MANGAS (Cinnyris) sont, pour ainsi dire, les re- Ba: présentans des colibris dans l’ancien monde: ils se trouvent en Afrique et dans l'archipel Indien, et ont des mœurs analogues; leur langue et leur bec présentent à-peu-près la même struc- ture, et le plumage du mâle, dans sa livrée d'été, brille des couleurs les plus belles. Huppes. 6665. Les HUPPES (Upupa) diffèrent de tous les précédens par leurs mœurs ; car c’est à terre qu’elles cherchent les insectes dont elles se nourrissent. Leur bec est très long, grêle, trian- gulaire et un peu arqué; la langue très courte, molle et collée au fond du gosier, les ailes médiocres et la tête surmontée d’une double rangée longitudinale de longues plumes érectiles. La huppe commune est d'un roux vineux, avec la queue noire et les ailes noires rayées de blanc; elle arrive dans nos contrées au printemps, pour retourner vers le sud en automne et elle se tient dans les plaines humides. Promerops, ( 666. Les PROMEROPS et les ÉPIMAQUES sont très voisins des Fee huppes et habitent les pays chauds. On peut aussi en rapprocher les CRAVES (Fregilus), qui ont cependant beau coup d’analogie avec les corbeaux tant par leurs formes que par leurs mœurs. Leur bec est un peu plus long que la tête, et leurs narines sont re- couvertes par des plumes dirigées en avant Le erave d’'Enrope ORDRE DES PASSEREAUX. E 85 habite les rochers les plus élevés des Pyrénées et des Alpes, dont il ne descend qu’à approche de la neige et des mauvais temps : ilest de la taille d’une corneille, et son plumage est noir. 6667. Dans la dernière grande division de l'immense série des passereaux , le doigt externe et le doigt du milieu , comme nous Fiy. 286. Pavons déjà dit, sont presque de même l - longueur, el unis entre eux jusqu'à la- «& vant-dernière articulation {/ig. 286), dispo- 7 5 sition qui a valu à cette famille le nom de ‘1 \ SYNDACTYLES. On peut les diviser en six 4 < € geures : les guepriers , les motmots, les mar- tins-pécheurs, les ceyx, les todiers et les calaos. $ 668. Les GUËPIERS (Merops) sont des oiseaux à longues ailes, qui volent presqu’à la manière deshirondelles et qui poursuivent en grandes troupes les insectes, surtout Fiy. 287. les abeilles, les guépes et les frelons , et chose remarquable, ils n’en sont pas piqués. Leur bec est allongé, triangu- f 8% laire à sa base, légèrement arqué et Ê # | pointu (fig. 287); leurs pieds sont très | courts et le doigt interne est soudé au médian jusqu’à la première articulation. Ils appartiennent aux parties chaudes de l’ancien continent, une espèce, remarquable par ses couleurs, esL assez commune dans le midi de l'Europe. 6 669. Les MARTINS-PÈCHEURS (4/cedo) ont les pieds encore plus courts, etle bec plus long, droit anguleux et pointu (fig. 288). Leur sternum à deux échancrures comme celui des guépiers, mais ils volent avec rapidité. Ils sont défians et farouches; leur nourriture consiste principa- lement en pelits poissons el en insectes aquatiques, qu’ils prennent en se précipitant dans l’eau du haut de quelque branche où ils se tenaient perchés pour guetter avec pa- tience leur proie; la digestion terminée, ils vomissent par pelites peloltes les parties dures des animaux qu'ils ont Fig. 288. MARTIN-PÉCHEUR. ainsi dévorés. Ils nichent, comme les guépiers, dans des Syudactyles. Guépiers. Martins-pè - cheurs, > Ceyx. Calaos, 86 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. trous en terre, le long des bords escarpés des fleuves. On en trouve dans les deux continens ; l’espèce d'Europe (fig. 288) est de la taille d’un moineau, et verdâtre ondé de noir en dessus, roussâtre en dessous , avec une large bande bleue aigue-marine le long du dos; elle est plus commune dans le midi que dans le nord. Quelques oiseaux de l’Inde, très voisins des martins-pêcheurs, et connus sous le nom générique de cEYx présentent une ano- malie remarquable : ils manquent de doigt interne. $ 670. Les CALAOS (Buceros) sont de grands oiseaux de lAfrique et des Indes qni ressemblent aux martins-pêcheurs par la con- formation de leurs pieds, et qui ont de analogie avec les cor- beaux par leur port et par leurs habitudes, mais qui se font en général remarquer par leur énorme bec, dentelé sur les bords et surmonté d’une proéminence qui en double quelquefois le volume, et qui varie de forme suivant l’âge. Ils se nourrissent Fig. 289. CALAO À CASQUE EN CROISSANT de fruits tendres, de petits animaux qu’ils avalent entiers, et de charognes ; presque toujours ils se tiennent perchés sur de grands arbres, et ne paraissent marcher à terre qu'avec diffi- culté. ORDRE DES GRIMPEURS. 87 ORDRE DES GRIMPEURS OÙ DES ZYGODACTYLES. ÿ 671. Ce groupe se compose de tous les oiseaux qui, avec le régime et l’organisation ordinaire des passereaux out les doigts dirigés deux en avant et deux en arrière (voyez fig. 290), ou même qui ont le doigt externe réversible , disposition qui est de nature à leur fournir un appui plus solide et à leur permettre de se mieux cramponner au tronc et aux branches des arbres. La plupart profitent de cette conformation particulière pour grimper dans toutes les directions, et quelquefois ils se servent même de leur bec pour escalader en quelque sorte les branches. De là le nom de grimpeurs par lequel on les désigne le plus or- dinairement, mais qui ne leur convient pas à tous, quelques- uns (les coucous, par exemple) ne grimpent pas, et, d’un autre côté, nous avons déjà vu que, parmi les passereaux de la fa - mille des syndactyles, il s’en trouve plusieurs qui, par leurs habitu- des, mériteraient à tous égards cette dénomination ; C’estuñ exem- ple des inconvéniens qui résultent si souvent de l'emploi de noms trop significatifs en histoire natu- un moment où , par les progrès de la science, ils donnent des idées fausses, plutôt que d’utiles indi- cations. Quoi qu'il en soit, nous continuerons à désigner de la sorte ces oiseaux, Car le nom de zygo- dactyles, qui serait peut-être préférable, n’est pas générale- ment adopté. Les grimpeurs se lient étroitement à la famille des syndacty- les et nous pensons que c’est avec raison qu’on à proposé der- nièrement de les réunir dans un même ordre, et de ne laisser dans celui des passereaux que les oiseaux dont les doigts pré- sentent la disposition normale. Le régime des grimpeurs est le même que celui des passereaux ; les uns se nourrissent d’insec- tes qu'ils prennent d'ordinaire dans les fentes des écorces ; les autres mangent des fruits plus ou moins durs suivant la force de leur bec La plupart nichent dans les trous des arbres. La disposition du sternum varie. Chez les uns le bec est plus ou Fig. 290. PIC (moyen épeiche), relle; il arrive presque toujours, Caractères généraux. Toucans, Perroquets. 88 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. moins arqué, et le doigt externe de derrière est quelquefois réversible : ce sont les coucous, les toucans, les perroquets, etc.; chez les autres le bec est long, droit, conique et tranchant, et il y a toujours seulement deux doigts devant : ce sont les pes, les torcols et les jacamars. $ 672. Les TOUCANS (Ramphastos) ont de l’analogie avec le der- nier genre des syndactyles dont nous avons parlé ci-dessus , les calaos, car ils ont aussi un énorme bec presque aussi gros et aussi long que leur corps. On les trouve dans les parties chaudes de l'Amérique. Ils vivent par petites troupes sur les branches les Fig. 291. plus élevées, mais ne grimpent jamais le long des troncs des arbres ; leur nourriture consiste principalement en fruits (sur- tout des bananes) et en bourgeons, mais ils mangent aussi des insectes et même de jeunes oiseaux ; la disposition de leur bec les oblige à avaler leurs alimens sans les mâcher, et pour les faire arriver jusque dans leur gosier ils les jettent en l'air et les reçoi- vent dans leur énorme bouche pendant leur chute vers la terre. $ 673. Les PERROQUETS (Pséitlacus se reconnaissent à leur bec gros , dur , arrondi de toute part, et garni à sa base d’une cire où sont percées les narines ({g. 292). Ce sont des oiseaux essen- üellement grimpeurs, et on les voit aller de branche en bran- che en s’y accrochant avec leur bec aussi bien qu'avec les pat- tes qui cependant sont robustes et armées d’ongles forts et assez crochus. Leurs ailes sont généralement Fig. 292. courtes et leur corps gros, aussi ont-ils de la peine à prendre leur essor ; mais la plupart peuvent cependant, lorsque les circonstances exigent, voler assez haut. Ils se nourrissent de fruits de toute es- pèce, mais préfèrent les amandes qu’ils épluchent avec soin. Lorsqu'ils mangent, ils se servent d’une de leurs pattes pour porter leurs alimens à leur bouche pen- dant qu’ils restent perchés sur Pautre ORDRE DES GRIMPEURS. 39 pied. Hors le temps de la ponte les perroquets vivent en troupes plus ou moins nombreuses. Ils se tiennent sur les bords des ruisseaux et prennent plaisir à se baigner plusieurs fois le jour. Ces oiseaux sonl monogames. el nichent dans des trous d’ar- bres; la ponte se compose ordinairement de trois ou quatre œufs et se renouvelle plusieurs fois l’année. Les petits naissent nus et avec une tête démesurément grosse; 115 ne se couvrent complètement de plumes qu’au bout de deux ou trois mois, et restent avec leurs parens jusqu’après leur première mue. Cha- cun connait la facilité avec laquelle ils imitent la voix humaine et apprennent à articuler quelques mots; cette faculté parail tenir à la structure assez compliquée de leur larynx inférieur et à la conformation particulière de leur langue qui est épaisse, charnue et arrondie. Par l'éducation on parvient aussi à leur faire faire des exercices au commandement , et ils s’attachent aux personnes qui en ont soin, de même qu'ils prennent en aversion celles dont ils ont reçu de mauvais traitemens. Le plumage des perroquets offre des couleurs très variées , mais presque toujours pures et brillantes ; le vert domine, puis le rouge, ensuite le bleu, et le jaune parait remplacer le blanc qui se voit chez la plupart des autres oiseaux ; souvent les plumes qui repoussent, après avoir élé arrachées, sont Jaunes ou rouges, et on donne quelquefois le nom de tapires aux individus ainsi maenlés. Ces oiseaux habitent, pour la plupart, sous la zone torride, et c’est même dans les parallèles les plus approchés de l’équateur qu’on trouve le plus grand nombre d'espèces ; mais il en est qui sont répandus jusqu’au 52° degré de latitude sud, et qui vivent dans des pays très froids ; chaque hémisphère en possède un grand nombre, el non-seulement les espèces ne sont pas les mêmes dans le nou- veau et l’ancien monde, mais chaque grande ile a ses espèces PARCuRense et dans les continens chacune d’elles n’occupe souvent qu'une région assez circonscrilte: on en Con ce - pendant qui émigrent. Ces oiseaux forment une tribu très nombreuse et se divisent en aras, perruches, cucaloës, perroquets proprement dits, elc. Les ARAS ont la queue longue et étagée, et les joues dénuées de plumes (#g. 292), la plupart sont de grande taille, et offrent les couleurs les plus brillantes. Ils appartiennent aux parties chaudes de l'Amérique méridionale et aux Antilles. Les perroquets à longue queue et à joues emplumées sont connus sous le nom de PERRUCHES. Les uns ont la queue en flè- che, c’est-à-dire avec les deux pennes du milieu dépassant de beaucoup les autres; telle est lespèce la plus anciennement connue en Europe, qui habite les Indes-Orientales, et qui à Aras. Perruches, Cacatoes, Perroquets ordinaires Coucous, 90 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. élé apportée en Grèce par Alexandre de Macédoine ; ce service west pas le seul que ce conquérant ait rendu à Phistoire natu- relle, et pour le commémorer les ornithologistes ont donné à cet oiseau le nom de perruche d'Alexandre; son plumage est d’un beau vert, avec une tache noire sous la gorge et un col- lier rouge sur la nuque. D’autres perruches ont la queue élar- gie vers le bout ou étagée à-peu-près également. On donne le nom de CACATOES à des perroquets à queue courte et égale, dont la tête est ornée d’une huppe de longues plumes érectiles. Leur plumage est, en général, blanc; ils ha- bitent les Moluques, la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Hol- lande, etc., et se tiennent ordinairement dans les endroits marécageux. Les PERROQUETS PROPREMENT DITS Ont la queue de même forme, mais sont dépourvus de huppe. Le perroquet ÿris ou jaco est le plus recherché à cause de sa docilité et de la facilité avec laquelle il apprend à parler ; il habite la côte occidentale d'Afrique, mais n'arrive ordinairement en Europe qu'après avoir été porté en Amérique par les bâtimens négriers. On ap- pelle Loris les espèces dont le fond du plumage est rouge et la queue un peu en coin; on n’en trouve qu'aux Indes-Orientales. Enfin, ilest aussi des perroquets qui diffèrent de tous les précédens par leur langue cylindrique, protractile, et fendue au bout, disposition qui leur a valu le nom de PERROQUETS A TROMPE ; ils habitent les Indes-Orientales. « $ 674.,Les coucous se distinguent facilement des autres grim- peurs par leur bec médiocre comprimé et légèrement arqué (voyez fig. 236, pag. 10). Les COUCOUS PROPREMENT DITS (Cuculus) ont le bec de la longueur de la tête et sans échancrure, les tarses courts et la queue longue et composée de dix pennes seule- ment. Ces oiseaux sont célèbres par une particularité singu- lière de leurs mœurs; non-seulement ils ne construisent pas eux-mêmes de nids pour leurs petits, mais il font couver leurs œufs par d’autres oiseaux. Ils les déposent un à un dans les nids étrangers, et ont l'instinct de choisir celui d’un oiseau ayant l'habitude de nourrir ses petits avec des alimens qui conviennent aussi aux jeunes coucous; en Europe, Cest ordi- nairement dans les nids de la fauvette, de la lavandière, du rouge-vorge, du rossignol, du bruant, de la grive, du merle où de quelques autres petits oiseaux insectivores qu’ils les placent; et, chose remarquable, la couveuse qui s’y trouve devient pour cesintrus une mère tendre et infatigable, quoiqu'ils la privent de sa propre progéniture. Suivant quelques natura- listes les vieux coucous ont le soin de détruire les œufs qu'ils ORDRE DES GRIMPEURS. 91 trouvent dans le nid auquel ils confient le leur; mais d’autres observateurs assurent que c’est le jeune coucou lui-même qui se charge de les rejeter de sa demeure, ou d’en expulser aussi- tôt après leur naissance les petits dont il usurpe la place. L’il- lustre Jenner, médecin anglais, à qui on doit la découverte de la vaccine, nous dit avoir vu bien des fois le manège au moyen duquel ce petit intrus se débarrasse de ses faibles compagnons ; le jeune coucou se glisse sous l’un des petits oiseaux dont il partage le berceau et parvient bientôt à le placer sur son dos où il le retient à l’aide de ses ailes; ensuite se trainant à re- culons jusqu’au bord du nid, ille jette par-dessus; puis il re- commence les mêmes mouvemens pour un second et ainsi de suite jusqu’à ce qu'il reste maitre de sa demeure. On ne connaît pas bien la cause qui détermine les coucous à abandonner ainsi à d’autres oiseaux le soin de l’incubation (1). Ils restent sou- vent par paires dans le voisinage de l’endroit où les œufs ont été déposés; et leurs petits, quand ils sont assez forts pour voler, quittent leurs premiers pourvoyeurs et rejoignent leurs parens naturels qui se chargent de compléter leur éducation. Les coucous vivent d’or dinaire solitaires et se nourrissent de chenilles, d'insectes et de vers qu’ils écrasent avant de les ava- ler; ils volent bien, et de même que les autres insectivores émigrent en hiver vers les pays chauds. L’espèce d'Europe, ap- pelée aussi le coucou commun , est à-peu-près de la taille d’un pigeon biset et a le plumage d’un gris cendré en dessus, le ventre blanc, rayé en travers de noir et la queue tachetée de blanc sur les côtés. Cet oiseau nous arrive vers le mois d'avril, et fréquente les buissons plutôt que les arbres ; il se laisse diffi- cilement approcher, mais lorsqu'il s'envole, c’est pour se poser de nouveau à peu de distance. Son chant, qui rappelle son nom, n'apparlent qu'aux mâles déjà parvenus à leur seconde année ; il cesse au mois de juillet, époque à laquelle commence la mue, et vers le mois de septembre les coucous émigrent vers le midi et paraissent passer en Afrique. Quelques espèces de coucous exotiques ressemblent au nôtre par leurs mœurs; mais il en est d’autres qui se construisent un nid, et couvent eux-mêmes leurs œufs. 6 675. D’autres grimpeurs, très voisins des précédens, mais qui ont le bec presque de même force que celui du moineau et la (1) Une espèce de Carouge ( genre des passereaux conirostres, voisin des moineaux ) qui habite l'Amérique, a également l'habitude de déposer ses œufs un à un dans des nids étrangers où ils sont couvés par d’autres petits oiseaux insectivores, Indicateurs. Pics. Torcols. 92 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. queue composée de douze pennes, sont connus sous le nom d’in- DICATEURS à cause de la manière dont ils servent de guides aux habitans de diverses parties de l'Afrique pour découvrir les nids d’abeilles sauvages ; ces oiseaux aiment beaucoup le miel et le cherchent en criant; la dureté de leur peau les garantit assez bien des coups d’aiguillon, mais cependant les abeilles, pour défendre leur demeuré, les harcèlent avec persévérance, les allaquent aux yeux el parviennent quelquefois à les tuer. $ 676. Les pics (Piceus) sont faciles à reconnaitre par leur bec long, droit, anguleux et propre à fendre l'écorce des arbres (fg- 293) par leur langue longue, grèle, armée à sa pointe d’épines recourbées en arrière et extrêmement protractile ; enfin par leur queue, composée de dix grandes pen- Fig. 293. nes raides , dont ils se servent, comme darc-boutant, lorsqu'ils grimpent le long des arbres (/g.290).IIs montent per- pendiculairement et en décrivant une : spirale le long du tronc et des grosses KR branches des arbres, et méritent à tous \ égards le nom de grimpeurs. Leur nourrilure consiste principalement en larves, qu’ils prennent en frappant avec leur bec sur lécorce ou en introduisant dans les fentes de celle-ci leur langue con- stamment imbibée d’une salive gluante. Leur estomac est pres- que membraneux , et leur intestin manque de cæœcum, cepen- dant ils mangent des fruits aussi bien que des insectes. Leurs ailes sont médiocres et leur vol lourd et saccadé. Ils sont crain- tifs, rusés, et vivent solitaires dans les forêts ; la nuit, ils se retirent dans des troncs d'arbres que souvent ils creusent eux- mêmes. Ces oiseaux sont répandus sur presque tout le globe, mais c’est dans les forêts humides de l'Amérique qu'on en voit le plus grand nombre. Nous en avons six espèces en Europe, les plus communes sont : le pie vert, oiseau de la taille d’une tourterelle , vert dessus, blanchâtre dessous, avec une calotte rouge et le croupion jaune; le grand épeiche , qui est de la taille d’une grive, noir en dessus, blanc en dessous, avec une tache rouge à l’occiput et à l’anus ; le moyen epeiche (fig. 290) et le petit epeiche, qui sont de la taille d’un moineau. $ 677. Enfin les rorcoLs ont la langue longue et exteusible comme celle des pics, mais sans être armée d’épines ; ils se dis- linguent aussi à leur bec droit, pointu et à-peu-près rond , et à leur queue dont les pennes ont la forme ordinaire.1lls n'ont pas ORDRE DES GALLINACÉS. 93 comme les pies l'habitude de grimper le long du tronc des ar- bres, mais ils sy cramponnent seulement pour saisir, entre les fentes de l'écorce , les fourmis et autres insectes dont ils se nourrissent ; le plus souvent on les voit à terre grimpant sur les nids des fourmis. Il paraît que leur nom leur vient de la sin- gulière habitude qu’à notre torrol d'Europe, de tordre sa tête et son cou en différens sens quand on le surprend ; c’est un oiseau de la taille d’une alouette, brun, tacheté longitudinale- ment de noir et de jaune en dessus, blanchâtire rayé en tra- vers, et noirâtre en dessous. ORDRE DES GALLINACES. 6 678. L'ordre des gallinacés à pour type notre coq domesti- Caractères que , et se compose des oiseaux qui ont, comme lui, le bec généraux, courtou médiocre et voûté en dessus, les narines percées dans un Fig. 294. TRAGOPAN NEPAUL. espace membraneux et recouvert d’une écaille cartilagineuse ; les ailes, en général, courtes ; le sternum affaibli par quatre échancrures larges et très profondes ; le port lourd, le régime essentiellement granivore, elle gésier très musculeux. Cette division renferme presque tous nos oiseaux de basse-cour et se Caracteres généranx, 91 e ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. compose de deux familles naturelles, celle des gatlinaces pro- prement dits, et celle des pigeons, qui diffèrent par leurs mœurs, aussi bien que par leur structure. Les premiers sont polygames, volent mal, cherchent leur nourriture à terre, et ne nichent presque jamais sur les arbres; leurs doigts anté- rieurs sont réunis à leur base par une courte membrane et den- telés sur les bords; enfin leur queue a, en général, quatorze ou même un plus grand nombre de pennes. Les pigeons, au contraire, sont constamment monogames , volent bien et ni- chent sur les arbres ; leurs doigts sont entièrement divisés, et leur queue n’a presque toujours que douze pennes. FAMILLE DES PIGEONS. 6 679. Les pigeons établissent à quelques égards le passage en- tre les passereaux et les gallinacés proprement dits. On les re- connait aux caractères que nous venons d'indiquer et à leur bec comprimé plus ou moins courbé à sa pointe, et recouvert à la base de la mandibule supérieure d’une peau nue, molle et verru- queuse dans laquelle sont percées les narines que recouvre une écaille cartilagineuse et ren- Fig. 295. flée (fig. 295). Leurs mœurs sont douces et familières ; ils vivent par paires, et les deux époux montrent lun pour l’autre une tendresse et une constance remarquables; le mâle concourt à la construc- tion du nid, et couve comme | la femelle; la ponte ne se com- pose d'ordinaire que de deux œufs, mais se renouvelle plu- sieurs fois; les petits naissent nus, aveugles et très faibles, et pour les nourrir leurs parens leur dégorgent dans le bec un suc alimen- taire sécrété dans l'estomac de ces oiseaux ; la couvée se compose, en général, d’un mâle et d’une femelle qui, élevés ensemble, ne se quittent jamais. La nourriture de ces oiseaux consiste en graines , en baies eLen fruits pulpeux ; quelquefois ils mangent aussi des insectes ou des limaçons, et lorsqu'ils boivent, c’est tout d’un trait, en plongeant le bec dans l’eau; tandis que les au- tres gallinacés relèvent la tête à chaque gorgée. Ils se tiennent de ORDRE DES GALLINACÉS. 95 préférence sur la lisière des forêts, dans le voisinage des eaux , etne vont guère en troupes que dans leurs émigrations ; leur vol est lourd et bruyant, mais peut être soutenu long-temps. Cette petite famille peut être divisée en trois genres : les co- lombes qui ont le bec grêle et flexible et les pieds courts; les colombi-gallines qui diffèrent des précédens par leurs tarses élevés et par leurs habitudes qui les rapprochent des gallinacés proprement dits, et les ro/ombars , dont le bec est gros et so- lide. 6 680. C’est au genre des COLOMBES qu'appartiennent nos pigeons indigènes ; nous en possédons à l’étal sauvage quatre espèces ; savoir : le ramier, le colombhin ou petit ramrer, le biset et la fourterelle. Le ramier est le plus grand des quatre ; son plumage est d’un cendré bleuâtre, avec la poitrine d’un roux vineux et des ta- ches blanches à l’œil et sur le côté du cou. Il habite la plus grande partie de l’ancien continent et émigre en hiver ; il nous arrive au commencement de mars ; fait deux pontes pendant l'été, et en général se porte vers le sud au mois de novembre ; les vallées des Pyrénées sont alors iraversées par des troupes si nombreuses de ces oiseaux qu'ils y sont l’objet d’une chasse active, Le petit ramier a des mœurs analogues, et des couleurs sem- blables, si ce n’est que les côtés du cou sont d’un vert chan- geant. Le biset ou pigeon de rorhe est encore plus petit, et se recon- naît à son croupion blanc, au vert changeant qui entoure son cou , et à une double bande noire sur l'aile Le ramier, même lorsqu'on le prend jeune, ne s’apprivoise qu’imparfaitement et ne se reproduit pas en captivité ; le biset. au contraire, s’habitue très bien à la domesticité, et quelque- fois on le voit même quitter volontairement son état d’indépen- dance pour vivre dans nos colombiers, aussi parait-il être la souche principale de nos pigeons domestiques, dont les varié- tés de race se sont multipliées jusqu’à l'infini, mais se repro- duisent entre elles sans difficulté , et donnent ainsi naissance à une progéniture féconde, Ces oiseaux nichent de préférence dans les rochers , les vieilles tours et les masures, et ce nest qu’à défant de ces habitations qu'ils construisent leur nid dans des trous d'arbres; jamais ils ne l’établissent sur les branches comme le font les ramiers et les colombins , et cet instinct est peut-être une des causes qui les rendent si faciles à retenir dans nos colombiers. Ils vivent en troupes , et quelques auteurs as- Colombes, 96 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE | surent qu'ils poussent la sociabilité au point de veiller tour-à- tour en sentinelle autour de leurs compagnons pendant que ceux-ci sont occupés à chercher leur nourriture ; mais cette opinion n’est peut-être pas élayée de preuves suffisantes. Les bisets sauvages sont très abondans dans le nord de l’Afrique et dans les grandes iles montagneuses de la Méditerranée; mais ils ne passent que l’été chez nous, et la plupart de ces oiseaux, élevés dans une sorte de captivité volontaire, s’accommodent des gites que l’homme leur prépare. On distingue, en général, nos pigeons domestiques en pi- geons de colombier et pigeons de volière; les premiers sont à demi libres , car chaque jour ils quittent leur demeure et se ré- pandent dans la campagne; les pigeons de volière sont tenus toujours renfermés dans de petits colombiers. L’une des variétés qu’on élève suivant la première de ces méthodes et qu’on ap- pelle Liset de colombier a conservé à peu de chose près son plu- mage et ses mœurs primitives. Ces pigeons aiment à vivre en société et recherchent les lieux paisibles élevés et bien exposés aux rayons du soleil; ils produisent souvent trois fois dans l’année , et pondent à deux jours de distance deux œufs, quel- quefois trois; mais ils n’élèvent presque jamais plus de deux petits; beaucoup de jeunes ne pondent qu’une fois, et c’est au printemps que le nombre de pigeonneaux est le plus considé- rable. Quelquefois ils retournent à la vie indépendante. On donne le nom de mondain à une race peu différente de celle du biset, mais qui s’en distingue par des formes plus allon- gées et plus élégantes , ainsi que par des différences de cou- leur. Une variété de cette race atteint la taille d’une petite poule , c’est le gros mondain ; une autre remarquable par sa fé- condité, mais surtout par son vol léger et élevé, ainsi que par la singulière faculté qu’elle possède de retrouver à des distances immenses le colombier où elle est née ou dans lequel elle à laissé sa progéniture, est le messager. On en à vu, qui trans- portés dans des cages bien fermées à une distance de plus de cent lieues de leur demeure , y retournaient en quelques heures et au moment de leur départ ne montraient aucune incertitude sur la route qu'ils avaient à suivre Du reste, ce pigeon n’est pas le seul qui jouisse de cette faculté que les curieux se plai- sent à mettre à l'épreuve. Le pigeon grosse gorge, qui a l’habi- tude d’enfler beaucoup la gorge en remplissant d'air son jabot, est aussi une variété du mondain. Il en est de même du pigeon culbutant et Au pigeon tournant qui sont remarquables par leur manière de voler; le premier s’élève très haut et souvent tourne deux à trois fois sur lui-même la tête en arrière ; le second , dé- crit des cercles à la manière des oiseaux de proie en battant des ORDRE DES GALLINACES. 97 ailes ; mais ces habitudes paraissent tenir à la captivité dans laquelle on élève ces oiseaux; Car on assure que , par l'effet seul de la liberté, eiles ne tardent pas à se perdre. Le pigeon non- nain peut être considéré comme le type d’une autre race; il se reconnait à espèce de capuchon qui lui descend sur les épau- les; il n’a pas le vol rapide, mais se familiarise facilement et est très fécond. Le pigeon à cravate est une variété voisine de la précédente, mais de très petite taille; le vol de ces oiseaux est un peu lourd, mais bien soutenu, et ils finissent toujours par revenir à leur colombier, quelle que soit la distance qui les en sépare ; ils ne s'unissent pas volontiers avec les autres pigeons domestiques; enfin ils élèvent difficilement leurs petits à cause de la brièveté de leur bec. Cette conformation vicieuse est portée encore plus loin chez le prycon polonais , au point que ses petits meurent souvent de faim, et que pour les conserver il est quel- quefois nécessaire de les faire nourrir par des pigeons à bec long. Enfin nous citerons encore le pigeon romain reconnaissa- sable au cercle de peau nu, rouge et ridé, situé autour des yeux ; son corps est gris, son vol est lourd, sa marche embar- rassante , et sa fécondité médiocre. La quatrième et dernière espèce de colombes sauvages qui se voit en France, est la tourterelle , qui vit dans les bois comme le ramier, et se distingue par son manteau fauve, tacheté de brun et son cou bleuâtre , avec une tache de chaque côté, mélée de noir et de blanc. Elle s'étend depuis l’Afrique jusqu’en Chine et nous quitte vers la fin de l’été pour aller passer lhiver dans le midi; elle vit par paires réunies en petites troupes, et fait re- tentir les bois de ses roucoulemens plaintifs. La tourterelle , que nous élevons souvent en volière, est d’une espèce distincte de la précédente; elle parait originaire de l’Atrique et a reçu le nom de tourterelle à collier, à cause du collier noir qu’elle porte sur la nuque; elle s’unit à la tourterelle d'Europe, mais ne donne ainsi que des métis inféconds. Une espèce propre à l'Amérique septentrionale, le pigeon passager (Columba migratoria) mérite également d’être men- tionnée ici. Elle habite depuis le Canada jusqu’au golfe de Mexique, et parcourt par bandes et d’une manière irrégulière ce vaste continent. Quelquefois ces oiseaux se montrent en troupes si immenses, que leur nombre dépasse tout ce que l’on pourrait imaginer ; on les voit quelquefois volant par colonnes serrées, ayant plus d’un kilomètre de large et 10 ou 12 kilo- mètres de long, et un naturaliste célèbre des Etats-Unis, Wilson, évalue à plus de 2,000,000,000 le nombre d'individus dont se composait une bande qu il a vue passer dans le voisinage d’In- diana. Un autre auteur, digne de toute noire confiance , Audu- { 98 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. bon, nous apprend qu’un jour d'automne, il quitta sa maison à Henderson sur les bords de l'Ohio, et qu’en traversant les terrains incultes près de Hardensburgh, il vit de ces pigeons en nombre plus considérable que d'ordinaire, se dirigeant du nord-est au sud-est; à mesure qu’il continua sa roule vers Louisville, la bande voyageuse qui passait au-dessus de sa tête devint de plus en plus nombreuse, « L'air, dit-il, était tellement rempli de ces oiseaux , que la lumière du soleil de midi en était obscurcie comme par une éclipse, et que la fiente tombait drue comme des flocons de neige; avant le coucher du soleil, j’ar- rivai à Louisville, situé à une distance de 55 milles, et les pi- geons passaient toujours en rangs aussi serrés; le défilé de cette immense colonne dura trois jours encore, et pendant ce temps toute la populalion du pays était en armes , occupée à en faire la chasse.» C’est dans les bois que ces oiseaux établissent leur demeure; une seule troupe occupe alors toute une forêt, et, lorsqu'ils y sont restés pendant quelque temps, leur fiente y forme sur le sol une couche de plusieurs pouces d'épaisseur ; dans létendue de plusieurs milliers d'hectares, les arbres sont dépouillés et même complètement tués, et les traces de leur séjour ne s’effacent qu'après plusieurs années. Colombars. 0 681. Les COLOMBARS, dont nous avons déjà fait connaitre les principaux caractères , habitent la zone torride de l’ancien continent. Colombigal- Enfin, les COLOMBI-GALLINES semblent établir le passage entre lines. les autres pigeons et les gallinacés ordinaires; ils cherchent leur nourriture à terre comme nos coqs, et ne perchent pas; chez quelques espèces, les petits peuvent aller à la recherche de leur nourriture dès leur sortie de l'œuf, et chez d’autres, on remarque sur la tête des caroncules ou des huppes de plumes. Ils habitent les pays chauds des deux hémisphères, et on en élève quelquefois dans les basses-cours, mais c’est vainement qu’on a cherché jusqu'ici à les acclimater en Europe. FAMILLE DES GALLINACÉS PROPREMENT DITS. Caractères 9 682. Les gallinacés proprement dits ont des mœurs bien diffé- généraux. rentes de celles de la plupart des pigeons; ils se nourrissent ORDRE DES GALLINACÉS. 99 principalement de graines, auxquels quelques-uns ajoutent des baies, des bourgeons, des insectes et des vers, mais c’est toujours à terre qu’ils cherchent leur nourriture; ils grattent sans cesse le sol et aiment à se vautrer dans la poussière, aussi quelques auteurs leur ont-ils donné le nom d’oiseaux pulvérateurs. Ils ne se perchent que peu, et au lieu de vivre monogames, comme les pigeons, ils sont presque tous polygames. Le mâle ne se mêle pas de la construction du nid, et ne s’occupe ni de Pincu- bation des œufs, ni de l'éducation des petits; la femelle seule se charge de ces soins; son nid est presque toujours construit à terre sous quelque buisson , avec des brins de paille ou d'herbe grossièrement étalés. Les pontes sont nombreuses et se renou- vellent souvent ; enfin, les petits, dès leur sortie de l'œuf, peu- vent ordinairement voir, courir et manger seuls, mais la mère les conduit et les abrite pendant quelque temps, et ils conti- nuent à vivre en famille jusqu’au retour de la saison de la ponte. Ainsi que nous l’avons déjà dit, les gallinacés proprement dits ont le corps lourd et charnu, les ailes courtes, la queue, en général, composée de quatorze pennes ou même davantage, les tarses larges, les doigts antérieurs, en général, réunis à leur base par une £ourte membrane, et le pouce, lorsqu'il existe, articulé plus haut que les autres doigts, et souvent trop court pour toucher à terre ou ne s’y appuyant que par son ex- trémité. . On range dans cette division les alectors, les dindons, les pintades , les paons, les faisans, les tetras, etc.; la plupart sont d’origine étrangère, mais plusieurs ont été naturalisés en Eu- rope el font la principale richesse de nos basses-cours. $ 683. La petite tribu des ALECTORS se compose de quelques grands gallinacés d'Amérique, qui diffèrent de la plupart des autres oiseaux de la même famille par Phabitude de se percher et de nicher sur les arbres; leur queue est large, arrondie et composée de douze grandes pennes raides, et leurs ailes sont courtes avec les quatre premières pennes étagées, et la cin- quième ou sixième la plus longue. Ils vivent de bourgeons et de fruits, sont très sociables, et sont même disposés à la domesticité. Les plus intéressans sont les HOCCOs (Crax) qui ont le bec mé- diocre , mais fort et entouré à sa base d’une membrane où sont percées les narines, la tête ornée d’une huppe érectile et les tarses élevées ; leur trachée fait un repli avant d’entrer dans la poitrine [ls ont la taille du dindon et sont élevés en domesticité pie Alectors Hoccos Pauxt, Dindons. 100 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. dans nos colonies ; au Brésil, en les connait sous le nom de milou-porenga. Fig. 296. LE HOCCO COMMUN. L'oiseau à pierre, remarquable par le gros tubercule ovale, d’une dureté pierreuse et d’une couleur bleu-clair, située sur la base du bec, appartient à un genre voisin du précédent : celui des PAUXI. 6684. Les pINDONS (Melcagris) forment un genre facile à distin- guer par la peau nue et mamelonnée qui revêt leur tête et le haut de leur cou, par les appendices charnues qu’ils portent sous la gorge et sur le front, et par leur queue composée de dix-huit pennes raides qui se relèvent et s’étalent, ainsi que les couver- tures supérieures, de manière à faire la roue. Chacun de nous a pu remarquer combien ces oiseaux sont irascibles, surtout lorsqu'ils voient du rouge, et comment le mâle dans les momens de passion se rengorge et enfle les caroncules charnues de son front. Ils sont originaires de l'Amérique ; mais à cause de leur grosseur , de leur fécondité et de la bonté de leur chair, on les a naturalisés en Europe; les premiers furent apportés en Espa- gne par les missionnaires au seizième siècle, en 1552, ils furent introduits en Angleterre , et on assure qu’il n’en à paru en France qu’en 1570 , aux noces de Charles IX; mais aujourd’hui ils sont devenus lun de nos oiseaux de basse-cour les plus communs. On connait deux espèces de dindons : le dindon ocellé, nou- vellement découvert près de la baie de Honduras, et l’un des oiseaux les plus remarquables par Péclat et la beauté de ses ORDRE DES GALLINACÉS. 101 couleurs, et le dindon commun, qui se trouve à l’état sauvage dans diverses parties de l’intérieur de l'Amérique septentrionale. Ce dernier abonde surtout autour de l'Ohio, du Mississipi et du Missouri, dans l'immense étendue de pays que la culture n’a pas encore envahie; son plumage, ordinairement noir chez nos dindons domestiques, est dans l’état de nature d’un brun ver- dâtre glacé de teintes cuivrées. Ces dindons sauvages se nourrissent des baies et des fruits des arbres forestiers , et ils émigrent d’une contrée à une autre, suivant qu'ils y trouvent ces alimens en plus grande abondance. Vers le commencement d'octobre , lorsque les fruits et les graines sont tombés , ils s’assemblent en troupes et se diri- gent peu-à-peu vers les riches plaines de l'Ohio et du Missis- sipi; les mâles se réunissent en petites bandes, composées de dix à cent individus, et cherchent leur nourriture séparés des femelles ; celles-ci s’avancent seules avec leur jeune famille ou réunies à d’autres et évitent avec soin les mâles qui attaquent les petits et souvent les tuent; tous suivent cependant la même di- rection et font leur voyage à pied. Lorsqu'une rivière les arrête on les voit se porter sur les points les plus élevés de ses bords el y rester un jour ou deux comme s’ils étaient en délibération ; enfin, lorsque tout est calme autour d’eux, ils montent sur le sommet des arbres et à un signal donné par celui qui parait ètre le chef de la troupe, tous prennent leur vol vers la rive opposée ; les vieux y parviennent facilement , même lorsque la rivière a un mille de large, mais les jeunes tombent sou- vent dans l’eau et achèvent leur traversée à la nage. Arrivés dans un canton où les fruits des arbres forestiers abondent, ils se divisent en petites troupes sans distinction de sexe ni d'âge, et dévorent tout ce qu'ils rencontrent. Ils passent ainsi automne el une partie de l’hiver ; mais vers le milieu de février, les fe- melles se séparent du reste de la troupe el sont suivies par les mâles qui souvent se livrent alors des combats acharnés; ils s’apparient bientôt, et les deux époux perchent dans le voisinage l’un de l’autre jusqu’à ce que la femelle commence à pondre, car alors elle se sépare du mâle pour lui dérober ses œufs que sans cela il ne tarderait pas à casser. C’est vers le mi- lieu d'avril qu’elle dépose ainsi dans un nid, construit à terre avec quelques feuilles desséchées, dix à quinze œufs; 1l parait que quelquefois plusieurs femelles se réunissent pour placer leurs œufs dans un même nid et élever leurs petits en commun ; l’une des mères est alors toujours en sentinelle près de la cou- vée pour en défendre lPapproche contre les corbeaux , et même les chats sauvages. Il n’est pas rare de voir des dindons sauvages se mêler à 102 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. ceux que l’on élève en domesticité dans les fermes ; quelque- fois c’est pour les attaquer et les chasser de leurs alimens, d’autres fois pour rechercher une femelle et la race mixte résul- tant de ce mélange est très estimée des fermiers américains , car les petits sont plus robustes et plus faciles à élever. Nos dindons domestiques sont moins gros que les dindons sauvages , et leur chair est moins savoureuse ; cependant elle est très estimée et nos agriculteurs élèvent un très grand nombre de ces oiseaux, surtout dans le Périgord, FPAngoumois, la Guyenne, etc. En général, on ne laisse qu’un mâle pour huit à dix femelles , et on les tue ordinairement au bout de trois ans, car en avançant en âge, ils deviennent méchans et coriaces. Les femelles donnent des œufs dès leur première année, et c’est à l’âge de deux à trois ans qu’elles sont les plus fécondes; la ponte , qui se compose de quinze à vingt œufs, commence bien- tôt après la fin des gelées et se continue de deux jours l’un ; elle a lieu le matin, et se fait le plus souvent loin de la ferme dans les haies ou les buissons, à moins qu'on ait le soin de tenir les pon- deuses enfermées ou de leur préparer, dans un endroit écarté, un nid qui leur plaise et qui soit à abri des atteintes du mâle; car, s’il y trouvait une de ses femelles, il la maltraiterait et casse- rait ses œufs, qui sont gros, allongés et lachetés de jaune ; on peut les conserver un mois sans leur faire perdre leur faculté reproductive, mais il arrive souvent qu'ils sont clairs, c’est-à- dire non fécondés. L’incubation dure trente jours, et la mère couve avec tant de constance que si quelques jours avant la naissance des petits on change ses œufs sans qu’elle les voie , elle recommence sa lâche avec la même assiduité; on peut ainsi la faire rester sur son nid pendant tout l'été, et couver non-seule- ment des œufs d’autres dindes, mais aussi des œufs de poule, de canard et d’oie ; cette vie sédentaire lui est cependant très nui- sible , et à la fin de la saison elle devient toujours étique. Les petits dindonneaux sont très sensibles au froid ; Phumidité leur nuit aussi beaucoup, et dans nos climats ils ne prospèrent qu'avec des soins assidus ; les cantons élevés et abrités des vents du nord et de l’ouest sont ceux qui leur conviennent le mieux, et dans les premiers temps on les nourrit ordinairement avec des orlies ou du persil finement hachés et mêlés avec de la farine et des jaunes d'œufs cuits. Vers l’âge de deux mois les caroncules rouges commencent à leur pousser el ce moment est pour eux une crise dans laquelle beaucoup succombent ; mais, lorsqu'ils l'ont traversé , ils deviennent robustes et ne craignent plus les intempéries de Pair; on les réunit alors en troupes pour les conduire au pâturage, et quand le froid arrive on les engraisse pour la table. ORDRE DES GALLINACES. 103 685. Les PINTADES (Nwmida) ont aussi ordinairement la tète nue, et des barbillons charnus au bas des joues, mais leur queue est courte et pendante , et leur tarse n’est pas armé d’un éperon. les plumes fournies de leur croupion donnent à leur corps une forme bombé, et leur crâne est, en général, surmonté d’une crête calleuse. Ces oiseaux sont originaires de l'Afrique, et y vivent en grandes troupes. L'espèce commune , appelée pintade meleagride, a le plumage ardoisé et couvert de taches rondes et blanches. C’est elle que nous élevons quelquefois en domesticité dans nos basses-cours. Du temps d’Aristote, elle était déjà ac- climatée en Europe, et les Romains faisaient grand cas de sa chair, mais pendant le moyen âge la race s’en est perdue , et nous à été apportée de nouveau par les Portugais à l’époque de leurs premières navigations sur les côtes d'Afrique ; depuis lors, on à même transporté ces oiseaux aux Antilles et au Mexique. Ils sont cependant criards, vifs, turbulens et querelleurs ; ils tyrannisent tellement les autres oiseaux de basse-cour, qu’on renonce souvent à en élever , bien que leur chair soit excel- lente et leur fécondité extrême. * $ 686. Les PAONS (Pavo), ainsi nommés d’après leur cri aigu et désagréable, ont pour caractères principaux une aigrette ou une huppe sur la tête , et les couvertures de la queue du mâle extré- nement longues et pouvant se relever , ainsi que les rectrices (dont le nombre est de dix-huit) pour faire la roue. Chacun connait la magnifique espèce que nous élevons pour lPornement de nos parcs et de nos ménageries ; en décrire ici les formes ou les couleurs serait superflu ; mais, ce qu’ilimporte de dire, c’est que, malgré le luxe et la beauté de son plumage, cet oiseau n'a pas tout l'éclat qui lui est naturel ; à l’état sauvage , sa queue est encore mieux fournie, et le bleu dont son cou est orné se pro- longe sur le dos et sur les ailes, au milieu d’un vert doré. Il est originaire de l'Inde , et a été apporté en Europe par Alexandre. Dans leurs forêts natales les paons se tiennent dans les fourrées les plus épaisses et les plus élevées, et déposent leurs œufs à terre dans un trou soigneusement caché; à l’état de domesticité, ils conservent les mêmes goûts et aiment à se percher sur de srands arbres. La femelle, comme on le sait, n’a pas la bril- lante parure du mâle; chez nous, elle ne fait chaque année qu'une seule ponte composée de huit à douze œufs, mais il paraît que les paons sauvages sont plus féconds. La durée de l’incubation est de vingt-sept à trente jours, et afin de la mieux assurer ou pour faire produire à la paonne un plus grand nombre d'œufs, on prend souvent le parti de les faire couver Pintades. Paons, Paon spici- fere, Lophophore, Faisans. Coqs. 104 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. par une dinde ou par une poule. Les petits naissent couverts d'un duvet jaunâtre; dans les premiers temps, la mère les mène chaque soir dans un endroit nouveau, et, jusqu’à ce qu'ils soient assez forts, elle les prend sur son dos et les porte l’un après l’autre sur la branche où ils doivent passer la nuit; le matin elle saute à terre et les provoque à limiter. Ces jeunes oiseaux ont besoin d’une nourriture délicate, et ce n’est qu'à Page de six ou sept mois qu'ils peuvent vivre comme les grands; l’aigrette commence à leur pousser à l’âge d’un mois, mais ce n'est qu'à la troisième année que la queue acquiert toute sa longueur , et chaque année, vers la fin de juillet, les plumes dont elle se compose tombent en tout ou en partie, pour re- pousser au printemps. On a prétendu que le paon pouvait vivre cent ans, mais la durée ordinaire de sa vie n’est réellement que d'environ vingt-cinq ans. Il existe au Japon une autre espèce de paon, nommé spicifere, dont la queue est presque aussi belle que celle du paon ordi- naire , et c’est aussi à côté de ce genre qu’on doit ranger lépron- nier et le monaule Où lophophore, magnifique oiseau des mon- tagnes de lIndoustan. 6687. La 1RIBU DES FAISANS comprend les gallinacés propre- ment dits, dont les joues sont en partie dénudées de plumes et garnies d’uné peau rouge, et dont les pennes de la queue sont diversement disposées, de manière à former un double plan incliné. Chez presque tous, on remarque aussi un fort éperon au tarse du mâle. Ce groupe se compose des cogs, des faisans proprement dits et quelques autres oiseaux exotiques. $ 688. Le genre des COQs (Gallus) se distingue à la crête charnue et verticale qui surmonte la tête, aux barbillons également char- nus, situés de chaque côté de la mandibule inférieure, et à la queue, composée de quatorze pennes plates , disposées sur deux plans verticaux adossés l’un à l'autre, et garnies en dessus chez le mâle de longues plumes recourbées en arc. Notre cog domestique, dont la femelle a reçu le nom de poute, est l’espèce la plus généralement répandue et la plus ancien- nement soumise à Pempire de Phomme. On ignore même son origine : il descend probablement de l'une des espèces qui, de nos Jours, se trouvent encore à Pélat sauvage dans les monta- gnes de l’Indostan, et dans Pile de Java ; mais il est difficile de décider si c’est du cog de Sonnerat, découvert par le voyageur dont il porte le nom, ou du cog Bankiva. I ressemble, en effel, beaucoup à Pune et à l'autre de ces deux espèces , mais il varie ORDRE DES GALLINACÉS. 105 presque à l’infini pour ses couleurs. Chacun connait les diffé- rences individuelles si fréquentes dans la race commune de nos coqs; dans une autre variété, nommée cog de Bentham , le tarse, au lieu d’être nu, comme d'ordinaire, est garni de longues plumes, qui ressemblent à des manchettes; dans une troisième race (le coq huppé), la crête est rudimentaire ou même nulle et est remplacée par une touffe de plumes redressées ; une autre variélé encore est remarquable par la couleur noire de sa crête, de ses barbillons et du périoste de tout son squelette (c’est le cog nègre); enfin, il est des races qui sont modifiées au point de présenter, pendant plusieurs généralions successives , Cinq ou même six doigts, tandis que le nombre normal ne dépasse pas quatre ni chez le coq, ni même chez aucun autre oiseau. On ne sait preque rien sur les mœurs des coqs sauvages. A Pétat de domesticité, ces oiseaux s’accommodent de Loute espèce de nourriture. On les voit, pendant toute la journée, occupés sans cesse à graller la terre et le fumier, pour y chercher des alimens; les graines, les larves et les insectes qu'ils trouvent ainsi suflisent presque à leur entretien, et, dans nos fermes, ils n’ont guère besoin d’un supplément de nourriture qu’en hiver et au printemps; on leur jette alors matin et soir des graines farineuses, des racines cuites , les débris de la table, du son mêlé à des eaux de vaisselle ou tout autre aliment, suivant les ressources qu'offre la localité, et afin de leur procurer en abondance des vers et des larves, dont ils sont très friands, on établit souvent dans les basses-cours des fosses appelées vermi- nières, Où l’on mêle à de la paille le sang, les intestins et les autres débris d'animaux; car les mouches viennent en grand nombre déposer leurs œufs dans ces malières en putréfaction , et en peu de jours convertissent, pour ainsi dire, le tout en un monceau d’asticots. La fécondité des poules est extrême, mais ne dure guère que quatre ans; à exception du temps de la mue et du mois qui la suit, c’est-à-dire depuis la fin d'octobre jus- qu’au milieu de janvier, celles qui ne sont pas occupées à couver pondent presque tous les jours; en les préservant du froid et en les nourrissant avec des alimens substantiels et excitans, on peut même les faire produire aussi en hiver. On a calculé que, terme moyen, chacune de nos poules communes donne plus de cinquante œufs par an. Un seui coq peut suflire à vingt-cinq poules , et lorsque les œufs sont destinés à la consommation, son concours n’est même pas nécessaire, Car la poule aban- donnée complètement à elle-même peut encore pondre comme dans les circonstances ordinaires ; seulement ses œufs sont alors clairs, c’est-à-dire stériles. Après avoir donné un certain nombre d'œufs a poule éprouve le désir de couver et le manifeste par 106 ZOOLOGIE DESCRIFTIVE. un cri particulier ; d'ordinaire on lui laisse alors douze à quinze œufs, et on a soin de lui ménager, dans un endroit tranquille, un nid garni de paille brisée. L’incubation dure vingt-et-un jours; lorsque le petit poulet est prêt à naître, il brise sa coquille à laide d’une protubérance osseuse et caduque dont son bec est garni. La mère prodigue à ses poussins les soins les plus assidus : les abrite sous ses ailes, les conduit à la recherche de leur nour- riture , les défend avec courage, et semble être fière de sa jeune famille; l'instinct de la maternité est même poussé si loin chez ces oiseaux qu'ils adoptent, pour ainsi dire, tous les jeunes qu'on confie à leurs soins; et, comme une seule poule suflil pour conduire vingt-cinq à trente poussins, on réunit, en gé- néral, les poussins de deux couvées, el on remet l’une des mères à pondre ou à couver. Le coq, ainsi que nous l'avons déjà dit, ne s'occupe mi de Pincubation , ni de Péducation des petits; on a vu cependant quelques exemples du contraire, dans des cas où la poule avait été tuée ou avait abandonné sa couvée, et on parvient facilement à dresser des chapons à couver et à con- duire une nombreuse poussinée. Quelquefois on a recours aussi à d’autres moyens pour faire éclore les œufs : c’est en les main- tenant à une température voisine de celle de son corps que la couveuse y détermine le développement du poulet, et pour produire le même phénomène, il suflit de les placer dans des circonstances semblables, dans des fours convenablement chauffés par exemple. C’esl ce que lon fait habituellement en Egypte; cette industrie y est exercée principalement par les habitans de Bermé, village du Delta, et se pratique à Paide d’un appareil appelé mamal. On à fait en France diverses ten- lalives pour arriver au méme résultat, et on y a parfaitement bien réussi, mais ces procédés d’incubation artificielle n’ont pas donné tous les profits qu'on en attendait. C’est dans la Normandie, la Bretagne, le Mans et les parties centrales de la France que nos fermiers élèvent le plus grand ombre de poulets. Pour rendre ces oiseaux plus délicats et plus faciles à engraisser, on enlève souvent aux poules les ovaires, et aux Jeunes coqs les glandes correspondantes ; après cette opé- ralion , ils prennent les noms de poulardes et de chapons. Non- seulement nous en consommons un nombre immense, mais chaque année on expédie pour l'Angleterre , où ces vista son! plus chers à élever, des cargaisons considérables d'œufs. s Faisans pro- 6 689. Les FAISANS PROPREMENT DITS {l'hasianus) se distinguent prement dits. par leur queue longue, élagée et composée de dix-huit pennes ployées chacune en ds plans longitudinaux et se recouvrant ORDRE DES GALLINACÉS. 107 comme des toits. De même que les précédens, ils appartiennent à l'Asie, mais se sont répandus depuis long-temps en Europe et mème dans les autres parties de l’ancien continent. L'espèce la plus anciennement connue et la plus commune se trouve en abondance à l'état sauvage dans le Caucase et dans les plaines couvertes de jones qui avoisinent la mer Caspienne. On croit généralement que son introduction en Grèce date de l'expédition des Argonautes aux bords du Phase. Aujourd'hui on l'élève dans les parlies tempérées de l'Europe, mais elle exige beau- coup de soins. Le mâle est un bel oiseau dont la tète et le cou sont d’un vert doré, le reste du corps d’un marron ürant sur le pourpre et très brillant, et la queue grisàtre, mêlée de brun et de marron. La femelle est plus petite et la couleur générale de son plumage n’est qu’un mélange de brun, de gris, de rous- sâtre et de noir. Ces animaux se nourrissent de grains , de baies et d'insectes, se plaisent dans les plaines boisées et humides, passent la nuit perchés au haut des arbres et nichent dans les buissons ou au pied des arbres; leurs œufs sont moins gros que ceux de la poule, à coquille très mince et d’une couleur gris verdàtre , avec de petites taches brunes. £a durée de l’incuba- tion est de vingt-trois à vingt-quatre jours, et il parait que ces oiseaux vivent d'ordinaire six à sept ans. Nous possédons aussi trois autres espèces qui sont originaires de la Chine : le faisan à collier, qui ne diffère du faisan commun que par une tache blanche de chaque côté du cou; le /aisan urgente qui est blanc en dessus avec des lignes noires, très fines sur chaque plume, noir en dessous, et qui s’apprivoise plus facilement que les précédens; enfin, le faisan dore, si remarquable par la magnificence de son plumage ; sa tête est ornée d’une huppe pendante d’un jaune d’or, son cou est revêtu d’une collerette orangée, maillée de noir; son ventre est rouge de feu; le haut de son dos est vert; les ailes rousses ; le crou- pion jaune, el sa longue queue est brune, tachetée de gris, Cuvier pense que la description du phénix, donnée par Pline le naturaliste, a été faite d’après ce bel oiseau. 6690. L’arGUS, l’un des plus singuliers oiseaux par le grand développement des pennes secondaires des ailes, et par les taches en forme d’yeux qui couvrent ces plumes, ainsi que celles de sa longue queue, doit prendre place à côté des faisans proprement dits. Il habite les montagnes de Sumatra et de quelques autres contrées du sud-est de l'Asie. $ 691. On range aussi dans celle tribu les TRAGOPANS ou Né- PAULS, qui sont originaires de l'Himalaya, et qui se remarquent à cause de leur tête presque nue et bizarrement ornée chez le mäle de deux petites cornes grèles, d’où leur est venu le nom Argus. Tragopans. Tétras Coqgs de bruyére 108 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de fuisans cornus (Voyez fig. 294, page 93); leur plumage est d’un rouge éclatant semé de petites larmes blanches. Enfin on donne le nom de cRYPTONYx à d’autres gallinacés également voisins &es faisans, qui manquent d’éperons et d’on- gles au pouce. 6692. La tribu la plus nombreuse dela famille des gallinacés or- dinaires est celle des TÉTRAS, qui a pour principal caractère une bande nue et le plus souvent rouge qui occupe la place du sour- cil; elle se compose de deux groupes; lun, comprenant les cogs de bruyere, les Lagopèdes et les gangas, qui ont tous le tarse garni de plumes ; l’autre , formée des téiras à tarses nus, savoir : les perdrix , les cailles, ete Fig. 297. LAGOPÈDE ORDINAIRE. 6 693. Les COQS DE BRUYÈRE (Ze/rao) se reconnaissent à leurs jambes couvertes de plumes et dépourvues d’éperon, leurs doigts nus et leur queue ronde ou fourchue. Nous en avons trois espèces, dont l’une appelée le grand cog de bruvére, est le plus grand de nos gallinacés ; il dépasse pour la taille nos dindons; le mâle à environ trois pieds de longueur el a le plumage ardoisé, linement rayé en travers de noir sur les côtés ; la femelle, d’un liers plus petite, est rayée et tachetée de roux, de noir et de blanc. Cet oiseau est rare en France, mais se trouve en grand uombre dans les forêts des hautes montagnes, depuis PAlle- magne jusque dans le nord de PAsie, et niche à terre dans les bruyères ou les nouveaux taillis. Les mâles ont la voix forte el leur trachée présente une disposition remarquable : parvenue à la partie inférieure du cou, elle décrit deux courbures avant que de pénétrer dans la. poitrine. Leur chair est excellente , ORDRE DES GALLINACÉS. 109 ais on m'a pu réussir à les réduire en domesticité. Le petit coq de bruyère qu’on appelle aussi cog de bouleuu, faisan noir où cog de bruyère à queue fourchue, se distingue de l’espèce précé- dente par la forme de la queue qui, chez celui-ci, est ronde et par l’absence de longues plumes sous la gorge ; sa taille est celle de notre coq domestique, et son plumage est plus ou moins noir. Il est répandu dans les parties centrales de l’Europe, et vit dans les bois qui avoisinent les bruyères et les champs; sa nourriture consiste principalement en bourgeons de hêtre, de bouleau, de sapin et en graines, mais il mange aussi des insectes. Notre troisième espèce de coq de bruyère est la geti- notte où poule du coudrier qui n’est guère plus grosse que la perdrix ; son plumage est agréablement varié de brun, de blanc, de gris et de roux, et sa tête est un peu huppée ; quelquefois on en voit qui sont d’un blanc pur. Elle fréquente les monta- gnes couvertes de pins, de sapins, de bouleaux et de cou- driers : on en trouve dans les Vosges. « $ 694. On donne le nom de LAGOPÈDES, Ou perdrix de neïge , à des tétras qui ne diffèrent guère des précédens que par leurs doigts garnis de plumes comme la jambe , et par leur queue car- rée ou ronde. Le Zagopède ordinaire (fig. 297), qu’on appelle quelquefois aussi perdrix des Pyrénées, habite les hautes mon- tagnes du centre et du nord de l’Europe; il est très commun en Suisse, el se trouve aussi en Amérique. Il se nourrit de toutes sortes de baies et de feuilles de plantes alpestres; vole par trou- pes et niche dans les lieux ouverts. Il paraît que pendant lhi- ver il se tient dans des trous qu’il se creuse sous la neige. Son plumage varie suivant les saisons; en hiver, il est d’un blanc pur avec une bande noire sur les côtés de la face ; en été, il est d'un cendré roux , rayé de noir en dessus et à la poitrine, blanc en dessous. $ 695. On sépare sous le nom générique de GANGA (Pterocles) les tétras, qui ne se distinguent des précédens que par leur queue pointue, leurs doigts nus et leur pouce très petit. La ganga ordinaire Où gelinotte des Pyrénees, quise trouve dans les landes stériles du midi de la France, appartient à cette division. 6 696. Les tétras, dont les tarses sont nus comme les doigts, sont désignés par quelques naturalistes sous le nom collectif de rER- DRIX, mais on les subdivise ensuite en francolins, perdrix pro- prement dites, catlles et rolins. Lagopedes. Ganga, Perdrix. Francolins, Perdrix pro- prement dites. Cailles. 110 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 697. Les FRANCOLINS ont le tarse armé, chez le mâle, d’un et quelquefois de deux éperons, le bec un peu plus long et plus fort que les perdrix ordinaires, et la queue plus développée : ils vivent dans les lieux humides, se perchent sur les arbres et se nourrissent comme nos perdrix. Il s’en trouve une espèce dans les parties les plus méridionales de l'Europe, en Barbarie, etc. : c’est le francolin à collier roux. 6 698. Les PERDRIX PROPREMENT DITES (Perdriæ) n’ont que des éperons très courts ou de simples tubercules aux tarses; elles se tiennent dans les champs et ne se perchent pas sur les arbres. L'espèce la plus commune est la perdrix grise, qui a le bec et les pieds cendrés, la têteet la gorge fauves, une tache marron sur la poitrine du mâle, et le reste du plumagegris, mêlé de roux et de noir. Elle vit dansles parties tempérées de l'Europe, etse plait dans les pays de plaines où elle peut trouver, soit des grandes prairies, soit des champs semés de blé. Jusqu'au mois d'avril, elles s’y tiennent en troupes; mais alors ces oiseaux se retirent par paires , et contrairement à ce qui se voit chez la plupart des gal- linacés ordinaires, passent l’été en monogamie. La f-melle pond quinze à vingt œufs, dans quelque trou garni d’un peu d'herbe et couve pendant trois semaines. Le mâle ne l’aide pas dans ce travail, mais reste auprès de son nid et semble s’y tenir en sen- tinelle : c’est vers la fin de juin que les petits éclosent. Ils cou- rent dès leur naissance et vivent avec leurs parens jusqu’au printemps suivant. Le mâle se joint à la femelle, pour conduire et protéger la couvée. Si un danger menace les jeunes , ils dé- ploient tous deux de l’adresse aussi bien que du courage, pour en éloigner leurs ennemis. Dans leur première jeunesse, les perdrix se nourrissent d'insectes; mais plus tard elles vivent principalement de graines et surtout de blé, qu’elles retirent très bien de terre, même lorsque le sol est couvert de neige. Ce gibier, comme chacun le sait, est très estimé, ce qui le rend l’objet d’une chasse active. La perdrix rouge, un peu plus grosse que la précédente, s’en distingue facilement par la couleur rouge de ses pieds et de son bec : elle se tient de préférence sur les collines et les endroits élevés, et est assez répandue dans le midi de la France, mais rare dans le nord. La hurtavelle ou perdrix grecque ressemble beaucoup à la rouge et se trouve dans les montagnes du midi de l'Europe : il paraît que c’est à cette espèce que doit se rapporter tout ce que les anciens ont dit de la perdrix. $ 699. Les CAILLES (Coturnir) différent des perdrix ordinaires ar leur queue courte, penchée vers la terre et cachée par les > ORDRE DES ÉCHASSIERS. J11 plumes du croupion, par leur bec en général plus mince, par Pab- sence de sourcils rouges et par leurs tarses dépourvus d’éperons. La caille commune est célèbre par ses migrations : €’est un oiseau lourd et qui paraît mal conformé pour voler ; cependant, chaque année, il nous quitte pour traverser la Méditerranée et passer l'hiver en Afrique. Les cailles se réunissent alors en troupes nombreuses et volent de concert, le plus souvent au clair de la lune ou pendant le crépuscule. Quand elles rencon- trent sur leur route une ile ou quelque rocher, elles en pro- fitent pour s’y reposer, et, en automne, elles s’abattent en si grand nombre dans différens points de larchipel du Levant, que le produit de leur chasse est d’un revenu considérable. Excepté aux époques du voyage, elles vivent isolées. Le mâle est polygame et ne prend aucun soin de la couvée ; les petits se séparent de leur mère aussitôt qu’ils peuvent se suffire à eux- mêmes. C’est à terre et le plus souvent dans les blés, que celle- ci dépose ses œufs, dont le nombre varie de huit à quatorze. Ces oiseaux se tiennent dans les champs, jamais dans les bois et se nourrissent de graines et d'insectes. $ 700 Les coLins se trouvent en Amérique et ne diffèrent que peu des précédens. $ 701. On range encore auprès des tétras les TURNIX ; qui ont le port des cailles , mais qui manquent de pouce , et les TINAMOUS , dont la queue est presque nulle, ORDRE DES ECHASSIERS. $ 702. Les oiseaux dont nous nous sommes occupés jusqu'ici sont essentiellement terrestres ; les uns poursuivent leur proie au vol; les autres trouvent leur nourriture sur les arbres ou à terre. La plupart de ceux dont il nous reste à parler sont, au contraire, aquatiques : ils vivent ordinairement de poissons et des autres animaux dont les eaux fourmillent, et par consé- quent habitent eux-mêmes sur cet élément où dans son voisi- nage ; mais tous n’y cherchent pas leur nourriture de la même manière. Les uns sont nageurs, les autres conformés pour mar- cher à gné dans les eaux peu profondes. Ces derniers, que l’on désigne souvent sous le nom d'oiseaux Colins. Taens urnix,ete, Caractères généraux, 11 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de rivage, se font remarquer par un mode d’organisalion en rapport avec leurs mœurs : leurs pattes sont si longues, que ces animaux paraissent comme s'ils étaient montés sur des échas- Fig. 298. L'ÉCHASSE D'EUROPE. ses ; le bas de leurs jambes est dépourvu de plumes, comme le tarse ; leur taille est élancée, et la longueur de leur cou ou de leur bec est telle que, tout haut montés qu'ils sont sur leurs pattes , ils peuvent, sans se baisser, ramasser à terre leurs ali- mens. Natura non facit saltum, à dit un philosophe, pour peindre l’'enchainement qui semble exister dans toute la création et pour exprimer que, chez les animaux comme chez les végétaux. les grandes différences d'organisation ne se montrent pas tout- à-coup à l’observateur, mais sont en quelque sorte amenées par une foule de degrés intermédiaires à l’aide desquels tel ou tel genre de conformation se trouve iransformé en un mode de structure tout différent. Ces passages plus ou moins graduels d’un type à un autre, si intéressans à étudier pour l’anatomiste el le physiologiste, sont souvent pour les classificateurs la source de grandes difficultés et sont la cause principale des changemens que les auteurs proposent sans cesse dans certaines parties de nos méthodes; car elles nous obligent souvent de lixer un peu arbitrairement les limites des groupes naturels formés par les animaux, et ici, comme en toutes choses, ce qui est arbitraire est instable. L'ordre, dont l’histoire nous oc- cupe en ce moment, nous offre des exemples de ces modifica- ORDRE DES ÉCHASSIERS. 113 tions successives et par degrés presque insensibles ; aussi les zoologistes sont-ils loin de s accorder sur les limites qu’il con- vient dy assigner. Les uns en séparent les oiseaux qui, à raison de leur structure ou de leurs habitudes, n’offrent pas tous les caractères propres aux oiseaux de rivage, tandis que d’autres rassemblent autour d’eux ceux qui ont avec eux le plus d’ana- logie, comme dans l’organisation sociale de quelques peuples de antiquité, on groupait autour de chaque famille puissante les citoyens moins marquans qui, sans en faire naturellement partie, y tenaient par des liens quelconques. Cuvier, dont nous avons cru devoir prendre la méthode pour guide dans ces le- çons, a adopté celte dernière marche, et afin de ne pas trop multiplier les divisions, il réunit aux oiseaux de rivage , d’au- tres oiseaux qui vivent loin des eaux, et qui par leurs mœurs ressemblent davantage aux gallinacés, mais qui cependant par l’ensemble de leur structure aussi bien que par la longueur de leurs pattes ne diffèrent que peu des premiers. C’est le groupe ainsi formé que l’on désigne sous le nom d’ÉCHASSIERS pour rappeler le irait le plus saillant de leur conformation ordinaire; mais cette dénomination ne leur est pas également applicable à tous, car le motif qui à fait réunir aux oiseaux de rivage des échassiers non aquatiques, a fait ranger aussi dans cet ordre quelques espèces dont les pattes n’ont pas cette longueur déme- surée. Il en résulte que, pour caractériser d’une manière abso- lue cette division , on ne peut se servir de l’ensemble des parti- cularités d'organisation déjà indiquées, comme étant propres à la plupart de ces oiseaux et qu’on ne peut guère indiquer comme trait commun à tous, que la nudité de la partie inférieure de la jambe. Les échassiers ne perchent que peu ou point; le pouce leur est, par conséquent, moins utile qu'à la plupart des oiseaux : aussi est-il souvent très court ou tout-à-fait nul ; tantôt les au- tres doigts sont complètement séparés, d’autres fois tous les trois ou seulement les deux externes sont unis à leur base par une petite palmure. Leur régime varie beaucoup; ceux qui vivent éloignés des eaux se nourrissent principalement de matières végétales, les autres de poissons ou de reptiles quand leur bec est robuste, d’insectes et de vers quand il est faible. La longueur de leur tarse et la nudité de la partie inférieure de leur: s jambes leur permettent d'entrer dans l’eau jusqu’à une certaine profondeur sans se mouiller les plumes, et la longueur de leur cou et de leur bec, proportionnée à celle des pattes, leur permet aussi d’y pêcher commodément. La plupart de ces oiseaux on! les ailes longues et sont bons voiliers ; mais il en est qui sont complètement privés de ce mode de locomotion ; ces 8 Classification. Caractères généraux. 114 ‘ ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. derniers courent avec une grande célérité, tandis que les pre- miers ont souvent la démarche lente et compassée. Quand ils volent, au lieu de reployer leurs pattes sous le ventre comme le font les autres oiseaux, ils les étendent en arrière comme pour faire équilibre à leur long cou; la plupart font périodi- quement de longs voyages, et se réunissent alors en troupes nombreuses. Enfin il en est qui nagent très bien, mais c’est le plus petit nombre. x 6 703. Cet ordre se compose de cinq familles principales et de quelques genres qui ne peuvent se rapporter à aucune de ces divisions et qui doivent former autant de petits groupes dis- tincts ; les premiers ont été nommés d’après leurs caractères les plus saillans : hrevipennes, pressirostres, cultrirostres, longi- rostres et marrodactyles; les derniers sont les famans , les gia- roles et les vaginales. Les BRÉVIPENNES sont caractérisés par la brièveté extrême de leurs ailes qui leur ôte entièrement la faculté de voler. Les PRESSIROSTRES ont souvent les ailes courtes, mais tous peuvent voler ; ils ont le bec médiocre, mais fort; les jambes hautes et sans pouce ou munies d'un pouce trop court pour tou- cher à terre. Les CULTRIROSTRES se reconnaissent à leur bec gros, long, fort et le plus souvent tranchant et pointu; leur pouce est, en général, assez long pour s'appuyer sur le sol. Les TÉNUIROSTRES doivent leur nom à leur bec long, gréle el, en général, faible ; leur pouce est ordinairement court et quelquefois manque complètement. Les MACRODACTYLES ontles doigts extrêmement longs el quel- quefois élargis latéralement par des bordures, mais toujours libres. . Les VAGINALES diffèrent des autres échassiers par leurs jambes courtes, presque comme dans les gallinacés. On n’en connait qu'une espèce qui habite la Nouvelle-Hollande. : Les GIAROLES ont les jambes de hauteur médiocre et le bec court, arqué et ressemblant à celui des gallinacés. Enfin les FLAMANS se distinguent par leur bec coudé et par plusieurs autres caractères que nous indiquerons plus tard. FAMILLE DES BREVIPENNES. .$ 704. La famille des échassiers brévipennes se compose prin- Cipalement des autrurhes et des casoars, Oiseaux singuliers qui, ORDRE DES ÉCHASSIERS. 115 au lieu d’être organisés pour le vol, sont spécialement confor- més pour la course. Leurs ailes sont trop courtes pour pouvoir les soutenir dans l'air, et ces organes ne servant plus aux usages ordinaires, les muscles de la poitrine, le sternum et les os de l'épaule ne présentent plus les particularités de structure que nous avons vues chez les autres oiseaux et que nous avons dit être en rapport avec la production des mouvemens puissans nécessaires pour le vol (Voyez fig. 234, page 6). Ces muscles , en effet, sont faibles et minces ; le sternum est réduit à un simple bouclier, sans arrête longitudinale et les deux branches de la fourchette ne se réunissent pas comme d'ordinaire. Mais d’un autre côté leurs pattes sont très robustes et les muscles de leurs cuisses et surtout de leurs jambes ont une épaisseur énorme. Aussi courent-ils avec une célérité ex- trème, Tous sont dépourvus de pouce ou n’en offrent que des vestiges. Les brévipennes n’ont pas les mœurs des oiseaux de ri- vage ; ils vivent dans les lieux secs-et déserts, et se nourrissent principalement d'herbes et de graines ; leur bec est, en général, médiocre et obtus. $ 705. Les AUTRUCHES (Séruthio) ont les ailes revêtues de gran- Autruches. des plumes molles et flexibles, et dont les barbules ne s’accro- Fig. 299. AUTRUCHE D'AFRIQUE. chent pas ensemble comme chez la plupart des oiseaux. Leur bec est déprimé et mousse au bout; lenr langue courte , et ar- 8. Autruche d'Afrique. 116 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. rondie paraît insensible aux saveurs; leur jabot est énorme, et leurs intestins volumineux, et pourvus de longs cœcums. Elles sont herbivores ; dans le midi de l’Afrique on les voit souvent paître, mais leur voracité est si excessive, qu’elles engloutis- sent sans choix tout ce qu’elles rencontrent, même les sub- stances les plus dures et les moins propres à servir d’alimens, telles que des pierres, des pièces de monnaie, des morceaux de fer, de verre, etc. La portion terminale de leur canal intes- tinal présente une particularité remarquable : elle constitue un vaste réceptacle où l'urine s’accumule comme dans une vessie ; .celte disposilion ne se rencontre pas ailleurs : aussi ces oiseaux sont-ils les seuls qui urinent. Les autruches courent avec une rapidité si grande qu’elles dépassent les meilleurs chevaux, et ont tant de vigueur dans les jambes que d’un coup elles peu- vent lancer loin d’eux une pierre assez lourde ; elles étendent leurs ailes en courant, et lorsque le vent les favorise s’aident ainsi dans leur course. Du reste, ce sont des oiseaux stupides et qui n’offrent rien de bien remarquable dans leur instinct, si ce n’est peut-être la manière dont ils déposent leurs œufs. On connait deux espèces d’autruche ; l’une propre à l’ancien continent, et caractérisée principalement par lexistence de deux doigts, dont un , externe, est court el dépourvu d’ongle : l'autre a trois doigts, habite l'Amérique, et forme pour beau- coup de naturalistes un genre distinct. L’autruche d Afrique (fig. 299) est le plus grand de tous les oi- séaux; elle atteint sept et même huit pieds de haut; le mâle est or dinairemen!l d’un beau noir mêlé de blanc et avec de grandes plumes blanches aux ailes et à la queue ; chez la femelle , le noir est remplacé par du gris uniforme. Elle vit en troupes dans les déserts sablonneux de l’Arabie et de toute l'Afrique. Ses œufs sont irès gros et pèsent près d’un kilogramme et demi; la fe- melle en pond cependant un nombre très considérable; elle ne construit pas de nid, mais les dépose à terre dans un trou, et on assure que, sous la zone torride, au lieu de les couver, elle en abandonne l’incubation à la chaleur des rayons solaires ; dans des pays moins chauds, elle les couve ; 1l paraît même que sou- vent plusieurs réunissent leurs œufs dans un même trou , et s’y accroupissent alternativement. En général , on trouve autour de celle espèce de nid un certain nombre d’œufs non fécondés, eton prétend que l’autruche les met en réserve pour servir d’alimens aux petits qui doivent éclore. Les mâles couvent aussi bien que les femelles, et paraissent vivre tanlôt en monogamie, tantôt en polygamie. C’est cette espèce qui fournit les belles plumes larges et ondoyantes, dont les dames se servent pour leur parure. ORDRE DES ÉCHASSIERS. 117 (706. Le nandou ou l’autruche d'Amérique diffère tant de l’es- pèce précédente, que beaucoup d’ornithologistes er font un genre distinct ; sa taille est moitié moindre, et son plumage gri- sâtre; mais le caractère principal par lequel il se distingue est le nombre de ses doigts et l’existence d’ongles à tous ces appen- dices. Il habite l'Amérique méridionale, et se tient, par paires ou en petites troupes, dans les plaines découvertes; sa rapidité à la course est extrème , et il est bon nageur. Par leurs mœurs les nandous ressemblent beaucoup à lautruche d'Afrique ; mais leurs plumes sont loin d’avoir la même valeur et ne servent guère qu’à faire des houssoirs. 6707 Les CASOARS tCusuarius) sont en quelque sorte les re- présentans des autruches dans l’Archipel indien et la Nouvelle- Fig. 300. GASOAR A CASQUE. Hollande; de même que celles-ci, ils acquièrent une taille très élevée , courent avec une grande vitesse, el ne peuvent se servir de leurs ailes pour voler ; mais ils s’en distinguent au premier coup-d’œil par leurs plumes , dont les barbes sont si peu garnies de barbules, que de loin elles ressemblent à des crins tombans ; leurs ailes sont encore plus courtes que celles des autruches et sont même totalement inutiles pour la course; leurs pieds ont Nandou. Casoars. Aptéryx. Caracteres généraux 118 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. trois doigts, tous garnis d'ongles; leurs intestins sont Courts et leur cloaque n’est pas plus grand que dans les autres oiseaux. On en connait deux espèces : l’émeu Où casoar à casque qui habite les iles de l’Archipel indien , et le casoar de la Nouvelle- Hollande. Le premier est, après Pautruche d'Afrique, le plus grand des oiseaux ; ses plumes sont , pour la plupart, doubles, chaque tuyau donnant naissance à deux tiges ; ses ailes sont ar- mées de cinq pennes faibles et dénuées de barbes qui ressem- blent à des piquans; sa tête est ornée d’une proéminence os- seuse en forme de casque et garnie , ainsi que le haut du cou, d’une peau nue , teinte en bleu céleste et en couleur de feu. Il ne mange pas de graines et se nourrit de fruits, d'œufs, etc.; par ses mœurs, 1l ressemble beaucoup à lautrache. Le casoar de la Nouvelle-Hollande n’a pas de casque, ni d’éperons à laile. $ 708. Les découvertes récentes des zoologistes nous ont ap- pris qu’il faut ranger aussi dans la famille des brévipennes VAPTÉRYX , Oiseau très singulier de la Nouvelle-Zélande, qui est privé d'ailes d’une manière plus complète encore que les précé- Fig. 301. APTÉRYX. dens, et qui semble établir le passage entre les casoars, les galli- nacés et les bécasses. Il ressemble au premier par la nature de ses plumes et par un grand nombre de caractères anatomiques , aux seconds par son port, et aux derniers par la forme de son bec ; il est de la taille d’une grosse poule et ne doit pas marcher avec vilesse , car ses paltes sont de longueur médiocre. C’est un Oiseau noclurne qui habite les forêts les plus épaisses et les plus sombres, et qui se nourrit de vers. | FAMILLE DES PRESSIROSTRES. $ 709. Les caractères de ce groupe sont : des jambes élevées. sans pouce, où dont le pouce est trop court pour toucher à ORDRE DES ÉCHASSIERS. ; 119 terre, des ailes tantôt grandes , tantôt médiocres , mais pouvant toujours servir au vol; un bec médiocre et assez fort pour percer la terre et y chercher des vers. On range parmi les pressirostres les outardes , les pluviers , les vanneaux , les huitriers, elc. $ 710. Les OUTARDES (Otis) sont des oiseaux lourds, qui vo- lent mal et qui ressemblent aux gallinacés par leur port massif, leur mandibule supérieure médiocre et légèrement voùtée, et leurs doigts réunis par de petites palmures; mais ils tiennent encore davantage aux échassiers par la forme de leurs pattes et par presque tous les points de leur anatomie. Ils n’ont que trois doigts ; le tarse réticulé et les ailes courtes; lorsqu'ils courent ils s’aident de leurs ailes et rasent ainsi la terre avec rapidité ; leur nourriture consiste en graines, en herbes, en vers et en insectes; ils se plaisent dans les plaines rocailleuses et sablon- neuses, ne perchent pas, et déposent leurs œufs à terre dans un trou au milieu des blés ou de l’herbe. La grande outarde est le plus gros des oiseaux d'Europe; le mâle a, en général, environ trois pieds de long, et pèse une vingtaine de livres; la femelle est dun Liers moins forte. Leur plumage est jaune, traversé par des traits noirs sur le dos, grisätres sur la tête, le cou et la poitrine. Cette outarde vit d'ordinaire dans les grandes plaines découvertes; elle se trouve en Allemagne, en Italie, dans quelques parties de la France, etc.; pendant l’hiver, on la voit assez communément dans la Cham- pagne , le Poitou, etc.; elle est très farouche et ne se laisse que difficilement approcher ; sa chair est très estimée. La cannepeticre est une petite espèce d’outarde qui n’est guère plus grande qu’un faisan, et qui est beaucoup plus rare que l'espèce précédente. Elle nous arrive au printemps, se plaît dans les champs d'avoine et d'orge , ainsi que dans les prairies arti- ficielles , et nous quitte vers la fin de septembre. $ 711. Les PLUVIERS (Charadrius) manquent aussi de pouce et ont le bec médiocre, mais d’une forme différente de celle des outardes , car il est comprimé et renflé au bout. On les divise en ædicnèmes, dont le bec est renflé en dessous comme en dessus et percé par les narines dans la moitié de sa longueur, et en pluviers proprement dits, dont le bec est renflé en dessus seu- iement, et occupé dans les deux tiers de sa longueur par les fosses nasales, ce qui le rend plus faible. [ $ 712. Les OEDICNÈMES ont des rapports avec les petites espèces d’outardes, et vivent de préférence loin des eaux, dans les lieux pierreux et incultes. Il s’en trouve en Europe une espèce, Outardes. Pluviers. OEdicnemes: Pluvierspro- prement dits. Vanucaux. 120 ZOOLOGIE DESCKIPTIVE. l’'œdienème ordinaire, appelée vulgairement cour lis de terre, qui est de la taille d’une bécasse et de couleur grisâtre, avec une flamme brune sur le milieu de chaque plume; cet oiseau se nourrit principalement de petits quadrupèdes, de limaçons, de vers et d'insectes. A terre, il est solitaire, très timide, et fuit en courant avec rapidité ou en rasant la terre; pendant le jour, il se tient tranquille et blotti contre le sol; mais au coucher du soleil, il se met en marche et ne fait que crier pendant une grande partie de la nuit. Pendant tout l’été, on trouve ces oi- seaux en assez grand nombre dans différentes parties de la France ; mais, au mois de novembre, ils se réunissent en troupes de trois ou quaire cents et se dirigent vers le midi. 6 713. Les PLUVIERS PROPREMENT DITS vivent ordinairement en troupes nombreuses et fréquentent les bords de la mer, les marais et les embouchures des fleuves. Leur nom leur vient de ce que chez nous ils ne sont que de passage et se montrent sur- tout à l'époque des pluies de l'automne et du printemps. Nous en possédons plusieurs espèces, dont la plus commune est le péu- vier. doré, qui est répandu sur presque tout le globe, et qui a le plumage noirâtre, pointillé de jaune, avec la gorge et le ventre blancs, En hiver, il abonde sur nos côtes, et on le voit sur la plage suivre constamment la ligne des eaux en poussant un pelit cri et en frappant le sable humide de ses pieds, pour meltre en mouvement les vers et les autres petits animaux marins dont il se nourrit. Il niche dans le nord. $ 714. Les VANNEAUX (7ringa) ressemblent beaucoup aux plu- viers, mais s’en distinguent par l’existence d’un pouce qui, à ; la vérité, est si court, qu'il Fig. 302. ne peul toucher à terre; leurs mœurs sont analogues à celles des pluviers. Le vanneau gris ou vunneau pluvier Va de cOm- pagnie avec ces oiseaux et leur resssemble le plus, à raison de l’état rudimentaire de son pou- ce. Les vanneaux proprement dits ont le tarse écussonné , au lieu d’être réticulé, et le pouce plus long. L'espèce d'Europe, qu'on désigne d'ordinaire sous le nom de sanneau huype (fig. 302), arrive en France par grandes troupes vers le commencement de mars; son vol est puissant el élevé, et à la manière dont il varie ses positions ORDRE DES ÉCHASSIERS. 121 pendant qu’il voltige au-dessus des champs et des marais, on dirait qu’il se plait à folâtrer avec grâce et à déployer sa légè- reté. Il est très farouche , et en s’élevant de terre, il pousse un petit cri sec, dont les mots dix-huit rendent assez bien le son. Sa nourriture consiste principalement en vers qu’il sait tirer de terre avec une grande adresse. La ponte a lieu en avril, el vers la fin d'octobre les familles de vanneaux , dispersées jus- qu’alors dans les champs marécageux, se rassemblent en bandes de cinq à six cents individus et émigrent vers le sud. $ 715. Les HUITRIERS (Hæmutopus) se distinguent facilement des précédens par leur bec fort, droit, pointu et comprimé ; leurs jambes sont de hauteur médiocre et leurs‘ pieds pourvus de trois doigts seulement. Ils vivent toujours sur les bords de la mer et suivent les mouvemens de la lame ; ils courent et volent très vite; et, bien que leurs pieds ne paraissent pas conformés pour la natation, on les voit quelquefois nager avec facilité. Leur nourriture consiste principalement en vers et en mollus- ques, et, à l’aide de leur bec, ils parviennent à ouvrir les co- quilles d’huitres et d’autres bivalves , pour en extraire les animaux. Pendant la saison de la reproduction, ils vivent soli- taires, mais ils se rassemblent en troupes pour entreprendre leurs voyages périodiques. L’espèce d'Europe a été nommée aussi pie de mer, à cause de son plumage noir et blanc ; c’est un oiseau de la taille du canard, qui niche au milieu des herbes dans les prairies marécageuses. 6716. Enfin, on place aussi près des huitriers et des outardes des oiseaux à ailes courtes, à jambes hautes, et à bec grêèle et conique, qui se montrent quelquefois en France, et qu’on appelle COURE-VITE (Cursorius), à raison de la rapidité de leur course. FAMILLE DES CULTRIROSTRES. $ 717. Les échassiers de la famille des cultrirostres se recon- naissent à leur bec gros, long, fort, et Le plus souvent même tranchant et pointu. Chez plusieurs d’entre eux, la trachée du mâle se replie de diverses manières sur elle-même; leurs cæ- : cums sont courts; leurs pattes longues, et leurs doigts au nombre de quatre. On peut les diviser, d’après la conformation du bec, en trois tribus , ayant pour types les GRUES, les HÉRONS et les CIGOGNES. Huitriers. Coure-vite. Caractéres. 1 29 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Grues 6718. Dans la TRIBU DES GRUES , le bec est droit, peu fendu, et occupé, dans près de la moitié de sa longueur , par les fosses Fig. 303. membraneuses des narines; les jambes sont écussonnées , les doigts médiocres, le pouce louchant à peine à terre, le gésier musculeux et le régime plus herbivore que chez les autres cultrirostres. Ce groupe se compose des AGAMIS (Psophia), oiscaux exotiques à bec court, et les GRUES PRO- PREMENT DITES (Grus), qui ont le bec aussi long ou plus long que la tête. Parmi les premiers, on doit noter l’oëseaw trompette, qui habite l'Amérique méridio- nale et qui doit son nom aux sons sourds et profonds qu’il fait entendre, et qui sem- blent d’abord venir de l'anus. La grue eou- ronnee OU oiseau royal (fig. 303), qui vient de la côte occidentale d'Afrique, et se fait remarquer par sa laille svelte et élevée, et par la gerbe de plumes eflilées dont sa tête est surmontée, se rapproche des précédens. Il en est de même de la demoiselle de Numidie, ainsi nommée à cause de son port élégant et de ses gestes affectés. 2 Fig. 304. GRUE. Une espèce de grue proprement dite habite PEurope : c’est la ORDRE DES ÉCHASSIERS. 123 grue commune. Elle a plus de quatre pieds de haut; le sommet de sa tête est nu et rouge , sa gorge noire, le reste de son ‘plu- mage cendré, et la croupe ornée de longues plumes redressées, crépues , et en partie noires. Ces oiseaux sont célèbres par leurs voyages périodiques. Originaires du nord, ils viennent en au- tomne s’abattre dans nos plaines marécageuses et nos terres ensemencées, puis continuent leur route vers le sud, d’où 1ls reviennent au printemps pour s'élever de nouveau dans les parties les plus septentrionales de l'Europe : ils voyagent de la sorte en troupes nombreuses et en formant un triangle dont le sommet est occupé par celui qui semble être le chef de la bande, et qui, de temps en temps, fait entendre, comme pour appeler ses compagnons, un cri de réclame auquel ceux-ci répondent aussitôt. Leur voix est forte et éclatante, et les inflexions diffé- rentes de leurs cris, ainsi que la manière dont ils volent, ont été regardés comme des présages de variations dans l’état de l'atmosphère. Leur passage a souvent lieu la nuit, et leur vol est puissant et fort élevé, mais ils ont de la peine à prendre leur essor. En général, ils se rassemblent pour dormir la tête sous l'aile, et on assure qu’alors l’une d'elles veille toujours la tête haute pour avertir ses compagnes par un cri d'alarme, lors- qu’un danger les menace. Elles nichent dans les terres basses et marécageuses des contrées septentrionales, et montrent pour leurs petits un attachement extrême. $719. Dans la tribu des HÉRONS (Ardea), le bec est plus fort et fendu jusque sous les yeux, qui sont entourés d’une peau nue, s'étendant jusqu'au bec; les Fig. 305. jambes sont écussonnées ; les doigts sont assez longs, et l’ongle de celui du milieu tranchant et dentelé sur le bord interne; enfin, leur estomac est pe musculeux, et Pintestin n’est pourvu que d’un seul cœcum très pelit. Ces oiseaux vivent sur le bord des rivières et des lacs, ou dans les marais : ils se nourrissent prineipa- lement de poissons, de grenouilles , de mollusques et d'insectes. Souvent on les voit immobiles sur le bord des eaux, le corps droit, le cou re- plié et la tête presque cachée entre les épaules, et leur aspect semble indiquer un mélange de tristesse el de stupidité. Pendant le jour, ils restent isolés; mais ils se réunissent en grandes troupes pour nicher et pour émigrer. Hérons. 124 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Lorsqu'ils volent, ils tiennent leur cou replié et leur tête appuyée sur le haut du dos. Hérons pro- (720. Les uns ont le bec plus long que la tête et au moins prement dits. aussi large que haut à sa base et le cou grêle, et garni vers la partie inférieure de longues plumes pendantes (fig. 305) : ce sont les HÉRONS PROPREMENT piTs. De ce nombre est le Aeron rom- mun, grand oiseau gris-bleuâtre, avec le devant du cou blanc’, par semé de larmes noires , et l'occiput orné d’une hbuppe noire. Son corps est grêle, ses ailes très grandes et fort concaves, el son vol si puissant, que souvent la hauteur à laquelle il s'élève le rend invisible à nos yeux. Pendant le jour, il se tient isolé et à découvert sur le bord des eaux , dans l'attente de sa proie. La nuit, il se retire dans les bois de haute futaie du voisinage et en revient avant le jour. Il place , en général, son nid sur le sommet des arbres les plus élevés et pond trois ou quatre œufs d’un beau vert de mer. Pendant l’incubation, le mâle porte à sa compagne le fruit de sa pêche. Lorsque le héron est attaqué par quelque oiseau de proie, il cherche à échapper à son en- nemi en s’élevant le plus possible dans Pair et en gagnant ainsi le dessus. Jadis, les chasseurs prenaient un grand plaisir à le faire poursuivre de la sorte par le faucon, mais seulement pour jouir du spectacle de cette lutte; car sa chair n’est pas un mets agréable. On le trouve dans presque toute lFEurope et même dans beaucoup d’autres parties du monde; mais, dans les pays habités , il n’est jamais commun. Dans certaines localités, il est stationnaire ; dans d’autres, il émigre. On donne le nom d’aigrettes à des espèces de hérons dont les plumes du bas du dos deviennent, à certaines époques, longues et effilées. Il s’en trouve en Europe deux espèces toutes blanches dont les plumes sont employées pour la parure des dames. La grande aigrette est commune en Asie, dans la partie orientale de l’Europe, le nord de l'Afrique, et dans PAmérique septen- trionale, et il passe quelquefois en Allemagne. La petite aigrette, qui est moitié moindre que notre héron, est de passage dans le midi de la France et habite principalement les confins de l'Asie. Blongios. $ 721. Dans une seconde subdivision du genre héron , le bec est plus haut que large et très comprimé. Le Plongios. pelile espèce de héron voisine des précédentes, appartient à ce groupe Sa taille ne dépasse guère celle d’un ràle, el son plumage est fauve et noir. Il n’est pas rare dans la Suisse et les parties montagneuses de la France; il n’y arrive qu’à l’époque où les herbes des prairies sont assez hautes pour lui fournir un abri, el il se tient d'ordinaire près des étangs. On range aussi dans cette don les hutors, qui ont les plumes dr cou lâches et écartées, et les hikoreaux, don locci- Bators. ORDRE DES ÉCHASSIERS. 125 put est garni de deux ou trois longues plumes droites et ro- bustes. Le butor d'Europe a le plumage fauve doré, tacheté de Fig. 306. BUTOR D'EUROPE. noirâtre : il se tient habituellement caché au milieu des roseaux, immobile et le bec levé vers le ciel. Lorsqu'il est attaqué, il se défend avec courage, et en portant à ses ennemis de violens coups de bec. Sa voix est si forte, que ses cris lui ont vaiu le nom de bos taurus, dont on parait avoir fait, par corruption, le mot hutor. Cet oiseau n’est pas rare en France. Le hihoreau d'Europe se trouve depuis la Chine jusqu’en Amérique et fré- quente les rivages de la mer, aussi bien que les bords des fleuves, des lacs et des marais. Pendant la nuit, il fait entendre une espèce de croassement lugubre, et il se nourrit d'insectes et de limaces , aussi bien que de grenouilles et de petits pois- sons. Les vieux sont blancs, à calotte et dos noirs; les jeunes gris, à manteau brun. $ 722. Les SAVACOUS (Cancroma), oiseaux de l'Amérique, re- marquables par leur bec large et écrasé (fig. 307), prennent Fig. 307. place à côté des hérons, dans cette grande tribu de la famille des cultrirosires. $ 723. Dans la troisième et dernière tribu, composée des cigognes, des spatules, ete., le bec est encore plus gros que dans la deuxième et plus lisse (/Æg. 308, 309). Il / existe aussi des palmures presque égales et assez fortes entre la base des doigts. 6 724. Les CIGOGNES (Cironia) sont caractérisées par leur bec long, fort, droit, arrondi, pointu et sans sillons (fig. 308;. Savacous. Cigognes. 126 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Leurs yeux sont entourés d’un espace nu; leurs pieds sont longs, et leurs doigis antérieurs réunis par une membrane ; jusqu’à la première articula- A tion ; leurs ongles courts et sans dentelures; leurs ailes médio- cres ; enfin, leur gésier peu musculaire et leur cœcum rudi- mentaire. Le larynx inférieur de ces oiseaux n’a pas de muscles propres, et le claquement ré- sullant du choc de leurs man- dibules larges et légères, est presque le seul bruit qu’ils pro- duisent. Ils vivent dans les ma- rais et se nourrissent principa- lement de reptiles. Leurs mou- vemens sont lents et mesurés, et une disposition particulière de l'articulation du genou leur permet de dormir commodé- ment sur une seule patte, en tenant l’autre fléchie ou même suspendue à angle droit. Leur vol Fig. 308. CIGOGNE A SAC. est puissant, et ils se réunissent en grandes bandes à l’époque de leur émigration. L'espèce la plus commune est la cigogne blanche, grand oiseau à plumage d’un blanc pur partout, exceplé aux ailes, qui sont noires. Pendant l’hiver, elle se retire en Afrique; mais, au printemps, elle revient en France et se répand dans les autres parties de l’Europe. C’est au milieu des villes, dans les tours et les clochers élevés qu’elle établit d'ordinaire son nid ; et, comme elle détruit une grande quantité d'animaux nuisibles, elle est partout respectée. Suivant un préjugé populaire, ces oiseaux portent même le bonheur dans les maisons où ils nichent , et de nos jours encore , en Hollande, on établit souvent, pour les atirer, des aires élevées sur les points culminans des édifices. Quelques peuples de l'antiquité ne se bornaïient pas à rendre à cet oiseau un culte religieux , comme le faisaient les É gyptiens, ils allaient jusqu”? Apunir de mort la destruction d’ un de ces animaux privilégiés. L’attachement extrême que les cigognes portent à leurs petits, leurs émigrations périodiques et plusieurs autres parlicularités de leurs mœurs, ont contribué aussi à rendre ces oiseaux célèbres, et par ce tendance qui porte toujours l’homme à exagérer ce qui excite son intérêt et sa surpr ise , on leur à supposé des qualités qu'ils sont certes bien loin de DOS- ORDRE DES ÉCHASSIERS. 127 séder : on leur a prêté nos idées et nos penchans, et on a chargé leur histoire de fables nombreuses. Une seconde espèce, la cigogne noire, se trouve aussi en Eu- rope, et fréquente les marécages écartés. Parmi les espèces étrangères on remarque surtout les ezgo- gnes à sae, ainsi nommées à Cause de l’appendice charnu, qui est suspendu sous le milieu du cou, et qui ressemble à un gros saucisson ; leur bec est encore plus gros que celui des autres cigognes, el ce sont des oiseaux d’une laideur extrême (fig. 308): ils nous fournissent cependant ces beaux panaches si légers que l’on appelle snarabous. Ces plumes précienses se trouvent sous laile. On connait deux espèces de ces cicognes : l’une vit en troupes à embouchure de plusieurs fleuves de l'Inde; l’autre habite le Sénégal. 6 725. On donne les noms de JABIRUS, d’OMBETTES , de BECS OUVERTS et de TANTALES, à des échassiers voisins des cigognes et qui s’en distinguent par de légères différences dans le bec. Les SPATULES (Plulaleu) appartiennent aussi Fig. 309. à la mêmetribu, mais diffèrent de tous les précédens par la forme singulière de leur bec qui, très long et tout-à-fait plat, s’élargit au bout en un disque arrondi comme celui de linstrument dont ils por- tent le nom : on en connaïitune espèce, qui est propre à l'Amérique, et une autre, qui est répandue dans tout l’ancien continent. FAMILLE DES LONGIROSTRES. 6726. Les échassiers dont se compose ce groupe sont d’ordi- naire faciles à reconnaître par leur bec long, gréle et si faible, qu’ils ne peuvent guère s’en servir que pour fouiller dans la vase et y chercher les vers et les petits insec- tes ; tous ont à-peu-près les mêmes formes, les mêmes habitudes et souvent presque les mêmes distri butions de couleurs. Les zhis, les | cours ; les becasses , les harges, les maubeches , les alouettes de mer, les combattans, es tourne-pierres ei plusieurs autres genres appartien- nent à celte famille nombreuse. Fig. 310. Jabirus, ete. Spatnles Caractères Courlis 128 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 727. Les 1BIS, caractérisés par leur bec presque carré à sa base, arqué et sans échancrure à sa pointe, méritent de fixer un in- stant notre attention, à cause de lantique célébrité de lun d’entre eux , l’ihis sarre. Les anciens Egyptiens rendaient à cet oiseau un culte religieux, lPélevaient dans l'enceinte de leurs temples, le laissaient errer librement dans leurs villes, et en embaumaient le cadavre avec autant de soin qu’ils pouvaient en prodiguer aux dépouilles mortelles de leurs plus chers pa- rens : ils lui supposaient un attachement inviolable à leur pays, dont il était l'emblème, et croyaient qu’il arrêtait sur les frontières des légions de serpens, qui, sans lui, auraient Fig. 311. IBIS SACRÉ. porté la destruction dans leurs champs : ils attribuaient du pouvoir même à ses plumes, et ils assuraient que, lorsque Mercure voulut parcourir la terre et enseigner aux hommes les sciences et les arts, ilen avait pris la figure; enfin ils portèrent ces idées superstitieuses au point de punir de mort le meurtre , même involontaire d’un de ces oiseaux sacrés qu’on voit sculp- tés sur presque tous leurs monumens. Jusqu’en ces dernières années, les naturalistes s'étaient mépris sur l’espèce d’échas- sier qui jadis recevait tant d’honneurs. Les uns ont cru que c'était un petit héron, d’autres un tantale; mais, par les re- cherches de Cuvier et des naturalistes qui ont suivi Napoléon en Egypte, on sait aujourd'hui que ©est l’abou hannes des Arabes, oiseau de la taille d’une poule, ayant le plumage blanc, avec du noir sur les bouts de l'aile et du croupion, les pattes et le bec de la même couleur, enfin la tête ainsi que le cou nus el également noirs. $ 728. Les courLis (Numenius) ressemblent beaucoup aux ORDRE. DES ÉCHASSIERS. ; 129 ibis. Leur bec est arqué de même, mais plus grèle et rond dans toute sa longueur. Ils se tiennent sur les bords de la mer, des marais, elc., s’'avancent souvent dans l’intérieur des terres, se nourrissent de vers, de petits mollusques, etc., el vivent isolés pendant le temps de la reproduction, mais s’assemblent en grandes troupes à l’époque de leur émigration. Le courlis d Europe a le plumage brun avec le bord des plumes blanchà- tres , le croupion blanc et la queue rayée de blanc et de brun. Il est assez commun sur les bords de la Loire et niche d’ordi- naire dans les herbes, qui croissent au milieu des bruyères et des dunes. Une seconde espèce, plus petite et appelée cour- line, passe aussi régulièrement, chaque printemps, en trou- pes nombreuses le long de nos côtes. 4 $ 729. Les BÉCASSES (Scolopax\ ont le bec droit, un peu renflé et mon vers le bout, et creusé dans presque toute sa longueur par les sillons des narines ({g. 310, p. 127): elles n’ont pas, comme les précédentes , des palmures aux pieds ; leur tête est compri- mée , leurs yeux gros et placés fort en arrière ; enfin leur as- pect dénote la stupidité. La becasse commiune, à-peu-près de la grosseur de nos perdrix et à plumage varié de brun, de gris et de noir , est répandue dans presque tout l’ancien continent ; elle se trouve aussi en Amérique et même dans presque tous les pays. Elle émigre alternativement de la plaine aux montagnes et des montagnes à la plaine. En Europe, ces oiseaux habi- tent, pendant l'été, les Alpes, les Pyrénées, etc., et en au- tomne ils descendent dans les bois mieux abrités ; ils sont alors très gras et recherchés par les chasseurs. Leur naturel est soli- laire et sauvage, et ils voient mal pendant le jour : aussi choi- sissent-ils la nuit pour chercher leur nourriture. Ils marchent avec difficulié, ne prennent leur essor que d’une manière lourde et bruyante, et, après avoir volé avec rapidité pendant quelque temps, ils s’abaissent avec tant de promptitude, qu’ils semblent tomber comme une masse. Au printemps, presque tous regagnent les montagnes où 1ls nichent. La becussine, es- pèce plus petite et à bec plus long que la précédente, ne fré- quente pas les bois, mais se tient dans les endroits bas et ma- récageux. Les bécassines nous arrivent en automne et pour la plupart quittent la France au printemps, pour allernicher en Allemagne ou en Suisse. Une troisième espèce de bécasse, en- core plus petite et qui se trouve également dans nos marais, où elle reste pendant presque toute l’année, est la sourde ou petite becassine. $ 730. Les BARGES (Limosa) ont le bec droit comme les bé- y Bécasses, Barssese Maubcches. Sanderlings. Alouettes de ner. Combattans. Tourne-pier- 165. 130 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. cassines , mais encore plus long et quelquefois légèrement ar- qué vers le haut : leur taille est plus élevée, leurs jambes plus longues el leurs palles garnies d’une palmure entre les doigts externes. Elles vivent sur les bords de la mer ou dans les ma- rais salés, et habitent de préférence les régions froides des deux hémisphères. Vers le mois de septembre, on en voit souvent sur nos Côles et même dans l’intérieur des terres. Leur plu- mage d'hiver diffère en général beaucoup de celui d'été. Ç 731. Les MAURÈCHES {Calidtrés) sont aussi des échassiers très voisins des bécasses ; mais leur bec n’est pas notablement plus long que la tête, et leurs doigts sont légèrement bordés. L’es- pèce commune est à-peu-près de la taille d’une bécassine et a le plumage d'hiver cendré dessus, blanc dessous et tacheté de noirâtre à la gorge et à la poitrine, tandis qu’en été elle a le dessus tacheté de fauve et de noirâtre, et le dessous roux. Elle habite les régions arctiques et passe deux fois l’année sur nos côtes. $ 732. On donne le nom de SANDERLINGS (Arenaria) à des o1- seaux qui ressemblent tout-à-fait aux maubèches, si ce n’est qu'ils manquent entièrement de pouce. En automne et au prin- temps , ils se montrent sur nos côtes; mais, de même que les précédens, ne nichent que dans le nord. 6 733. Les ALOUETTES DE MER (Pelidnu) Ont aussi, avec les maubèches, la plus grande ressemblance. Leur bec est seule- ment un peu plus long que la tète et la bordure de leurs pieds insensible. L’espèce commune est connue aussi sous le nom de petile maubèche. Son plumage varie beaucoup : c’est aussi un oiseau de passage. 6 334. Un autre petit genre, qui encore ne diffère qu'à peine des maubèches , est celui des COMBATTANS (Machetes), ainsi nom- més à cause des combats furieux que les mâles se livrent au printemps. Ces oiseaux ont les doigts externes réunis à leur base par une palmure, et sont communs dans tout le nord de l'Europe : ils abondent en Hollande, et au printemps viennent aussi Sur nos côtes. 6735. Les TOURNE-PIERRES (Strepsilas) ont le bec un peu plus fort que les précédens, conique, court et pointu; leur ma- ORDRE DES ÉCHASSIERS. 131 mère de vivre est à-peu-près la même que celle des sanderlings et des pluviers, et ils doivent leur nom à l’habitude qu’ils ont de retourner avec le bec chaque pierre qu’ils rencontrent, afin de s'emparer des petits animaux cachés dessous. $ 736. Les CHEVALIERS (Totanus) diffèrent des bécasses, des maubèches, etc, par leur bec dur et solide, dont la pointe est assez résistante pour leur permettre de saisir leur proie à la surface d’un terrain dur. Leur taille est légère, leurs jambes élevées, leur pouce touche à peine à terre, el leur palmure externe est bien marquée. On en possède en Europe plusieurs espèces, par exemple, le hecassean Où cul blanc de rivière, qui est assez commun au bord de nos ruisseaux ; le hecassean des bois, qui ne se voit que dans les marais boisés ; la guignette , qui est plus petite que les autres et a les mêmes habitudes que le bécasseau ; le chevalier aux pieds verts, la plus grande des espèces d'Europe; la gambette Où rhevalier aux pieds rouges, etc. 6 7237. Les ÉCHASSES (//mantopus) se distinguent par l’exces- sive longueur de leurs jambes grèles et si faibles, que la mar- che en devient pénible. Une espèce de ce genre, lechusse à manteau noir (fig. 298, p. 112), est assez commune dansles parties orientales de l'Europe, et se trouve aussi en Asie, en Afrique et en Amérique : elle n’est que de passage chez nous. $ 738. Enfin, on range aussi dans cette famille les AVOcÈTEs (Recurvirostra), genre très remarquable par la forme du bec, qui est long, grèle, pointu , élastique et fortement recourbé vers le haut ({g. 312). La longueur et la disposition de leurs jambes ne permettent pas de les éloigner des échassiers; mais cepen- dant leurs pieds sont palmés presque aussi complètement que ceux des oi- seaux essentiellement nageurs. Il ne s’en trouve en Evrope qu’une seule es- pèce, laxocete à nuque notre : elle ha - bite les bords de la mer et est assez commune en Hollande. Fiy. 312. Chevaliers. Echasses Avocètes. Caractères. Kamichi, Rales. 132 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE,. FAMILLE DES MACRODACTYLES. $ 739. Les échassiers de cette famille semblent être spéciale ment organisés pour marcher sur les herbes des marais ou mème vour nager, car chez les uns (fig. 313) les doigts sont d’une lon- gueur démesurée; et chez d’au- tres ces organes, quoique tou- Jours parfaitement libres, sont élargies par de grandes bordu- res. Leur pouce est assez long , leur corps singulièrement com- primé, leurs ailes médiocres ou courtes, leur vol faible et leur bec assez fort et de longueur va- riable. Fig. 313. JACANA. Les uns se distinguent par les éperons dont leurs ailes sont ar- mées et par la longueur de leurs ‘doigts; ce sont les JAcANAS (Parra) et les KAMICHTr. Les premiers (79.313) ont les ongles, sur- tout celui du pouce, très longs et très pointus, et c’est de là que leur vient le nom de chirurgien, sous lequel on les désigne vulgairement., On en trouve en Amérique et en Asie. Les KAMI- CH1 (Pulamedea) sont de grands oiseaux qui vivent par paires . ans les cantons inondés de l'Amérique méridionale. Les macrodactyles, dont les ailes ne sont pas armées d’épe- rons, forment les genres rale et foulque. ; 6 340. Les RALES (Rallus) se reconnaissent en ce que la base de leur bec ne se prolonge pas sur le front en manière d’écus- son comme chez les foulques; ils se tiennent dans le voisinage des eaux, et courent au milieu des herbes avec ane grande vi- tesse; tous ne sont pas également aquatiques. Le rale des genéts vit et niche dans les champs et dans les taillis; son nom, latin crez, rappelle le son de son cri, et dans nos campagnes on l’appelie quelquefois le rot des cuilles, parce qu’on le voit ar- river et partir avec ces oiseaux, qu'il est un peu plus gros et qu'il vit solitaire dans les mêmes lieux, ce qui à fait croire qu'il les conduisait. 1 se nourrit d'insectes, de vérs et de grains, el C’est pendant la nuit qu’il cherche sa nourriture. Son nid n'est autre chose qu'un enfoncement creusé en terre el grossiè- ORDRE DES ÉCHASSIERS. 133 rement garni de mousse et d'herbes. Son plumage est brun fauve, tacheté de noirâtre en dessus, grisätre en dessous, avec les ailes rousses et des raies blanches sur les flancs. | Le rule d'eau d Europe a le bec plus long et les flancs rayés de noir et de blanc. Il est très commun en France, el se tient or- dinairement caché dans les grandes herbes et les joncs sur le bord de nos ruisseaux et de nos étangs ; il nage assez bien et court avec légèreté sur les feuilles du nénuphar, du trèfle d’eau el des autres plantes aquatiques; sa nourriture consiste en pe- lites creveltes, en insectes , etc. , et sa chair sent la marée. La marouette Où petit rale tachete que l’on connait aussi sous les noms vulgaires de grisette, dé girandine, eic., vit tout-à- fait solitaire et ne quitte guère nos étangs que dans le fort de l'hiver. Le nid de ces oiseaux est remarquable, car, construit avec du jonc et en forme de gondole , il est attaché par un des bouts à une tige de roseau, et constitue ainsi un berceau flot- tant qui peut s'élever et s’abaisser avec les eaux sans risquer d’être emporté. En automne la marouette est très grasse et fort estimée ; elle nage et plonge très bien. 6741. Les FOULQUES, caractérisées, comme nous l'avons déjà dit, par l’armature de leur front ({g. 314;, se subdivisent en poules d'eau, poules sultanes et foulques Fig. 314. proprement dites. F Les POULES D'EAU (Gallinula) ont les doigts font longs et garnis d’une bordure très étroi- te. On les voit souvent à terre, mais elles vivent en général sur les eaux dormantes. Elles nagent et plongent très bien; pendant k le jour elles restent cachées au milieu des | roseaux et ne se hasardent à la chasse que le soir et la nuit; leur vol n’est ni élevé, ni rapide, ni soutenu; enfin leur nid est com posé de jones grossièrement entrelacés , et lorsque la mère est obligée de quitter ses œufs pour chercher sa nourriture , elle les recouvre avec des brins d'herbes ; les petits courent dès qu’ils sont éclos. Notre poule d'eau commune est répandue dans presque toute l'Europe et ne parait pas différer spécifiquement de celle qu’on trouve en Afrique, en Amérique, etc.; elle est brun foncé dessus, gris d’ardoise dessous, avec du blanc aux cuisses, au ventre et au bord de laile. En automne elle quitte les pays froids et montueux pour descendre dans les Mes basses. $ 742. Les POULES SULTANES Où TALÈVES (Porphyrio) ont les Foulques. Poules d’eau. Poules sul- tanes. Merelles. Giaroles Eiamaus, 134 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. doigts très longs et presque sans bordure sensible; leur bec est plus élevé et leur plaque frontale très grande ; elles cou- rent avec vitesse sur la terre et ont à-peu-près les mêmes mœurs que les précédentes, seulement leur nourriture con- siste principalement en grains, et elles ont l'habitude de porter leurs alimens à la bouche avec une de leurs pattes, tandis qu’elles se tiennent sur l’autre. L'espèce commune est origi- naire de l'Afrique, mais se trouve aujourd’hui dans le midi de l'Europe; c’est un bel oiseau un peu moins fort que nos poules ordinaires, dont le plumage est d’un bleu lusiré à reflets bril- lans; on le trouve principalement dans les marais et les ri- vieres. $ 743. Enfin les FOULQUES PROPREMENT DITES OU MORELLES (Fu- Lica) ont les doigts fort élargis par une bordure festonnée ; aussi sont-elles d’excellens nageurs et passent-elles toute leur vie sur les marais et les étangs; leur plumage lustré et imperméable à l’eau les rapproche également des oiseaux essentiellement aqua- tiques, dont se compose l’ordre des palmipèdes. On n’en pos- sède en Europe qu’une seule espèce , de couleur d’ardoise fon- cée; en été elle vit dispersée en petites bandes, mais en hiver elle se réunit en troupes très nombreuses sur les grands lacs, dont les eaux ne gélent que rarement ; on ne les voit presque jamais à terre; c’est le soir seulement qu’elles font la traversée d'un étang à un autre, et lorsque pendant le jour on les force à prendre le vol, elles se bornent à se diriger vers un autre point de la même pièce d’eau; aussi les chasseurs en font-ils une grande destruction. Ç 744. Les GIAROLES , les VAGINALES et les FLAMANS, COMme nous l'avons déjà di!, ne peuvent se rapporter à aucune des familles précédentes. Les premiers portent aussi le nom de perdrix de mer ; leur bec en effet ressemble assez à celui d’un gallinacé , et leurs jambes sont de hauteur médiocre ; mais leurs ailes exces- sivement longues et pointues, leur queue souvent fourchue , et leur vol rappellent l’hirondelle. Elles vivent en troupes sur le bord des eaux ; lespèce d'Europe se trouve dans tout le nord de l'ancien monde. $ 745. Les FLAMANS (Phœænicopterus) sont des oiseaux extrè- mement singuliers : leur corps est petit; leurs jambes d’une hauteur excessive; leurs trois doigts de devant palmés jusqu'au bout; leur cou très grêle et aussi long que leurs jambes; leur têle pelile et leur bee grand, et garni sur les bords de petites ORDRE DES ÉCHASSIERS. 135 lamelles transversales à-peu-près comme celui des canards; enfin, la mandibule supérieure est oblongue, plate, ployée en iravers dans son milieu, el appliquée exactement contre l’'inférieure, qui est au contraire ployée longitudmalement en un - he canal demi cylindrique (fig. 315). Les EN mœurs des flamans sont aussi remarqua- gs FN bles que leur mode de conformation; ils vivent en troupes, et, soit qu’ils se repo- sent, qu'ils pèchent ou qu’ils volent, on les voil toujours alignés comme des sol- \ dats. On assure que lorsqu'ils sont à terre, \ l’un d'eux remplit les fonctions de senti- \ nelle et veille pour ses compagnons; si quelque danger leffraie , il pousse un cri \ bruyant qui ressemble au son de la trom- ] pette, et à ce signal de départ tous pren- neht leur vol. Ils se plaisent sur les pla- ges humides et les bords des marais ,.el se 7 nourrissent de mollusques, de vers, d’in- sectes et d’œufs de poissons qu’ils péchent au moyen de leur long cou et en re- tournant la tète pour employer avec avantage le crochet de leur mandibule supérieure. Ils volent très bien, et dans leurs voyages se rangent par bandes triangulaires, à la manière des grues. Enfin, ils construisent leur nid avec de la terre et lui donnent la forme d’un cône élevé et tronqué par le haut, sur lequel ils se mettent à cheval pour couver leurs œufs. Ces grands oiseaux habitent les deux hémisphères ; lespèce commune se trouve en Afrique et en Asie et arrive en troupes nombreuses sur nos côtes méridionales; quelquefois elle remonte jusqu’au Rhin. Sa hauteur est de trois à quatre pieds, et son plumage est d'un beau rose, avec les ailes et le dos d’un rouge vif et les rémiges noires. À l’âge de deux ans, le corps est au contraire blanchâire, tandis que les ailes sont rouges, et c’est alors que ces échassiers méritent le plus le nom de pheniroplères ou oiseaux à ailes de feu , que leur avaient donné les Grecs ; c’est aussi de la couleur de leur plumage que leur vient le nom de flamant. Les anciens Romains regardaient la langue charnue el grasse de ces oiseaux comme un mets des plus délicats, et on rapporte que l’empereur Héliogabale entretenait constamment des troupes chargées d’en pourvoir sa table. Fig. 315. / | | Caracteres. 136 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ORDRE DES PALMIPÉDES. $ 746. Les oiseaux dont il nous reste à parler sont conformés de la manière la plus favorable à la natation. Leurs pattes sont courtes et implantées à l'arrière du corps; leurs tarses courts et comprimés, et leurs doigts antérieurs entièrement réunis par des palmures ou du moins élargis par des membranes dé- coupées (1); leur plumage est serré et imprégné d’un suc huileux qui le rend presque imperméable à l’eau, et près de la peau se trouve un duvet épais propre à la protéger ; enfin, leur cou dépasse la longueur de leurs jambes, disposition qui aurait été inutile à des oiseaux terrestres, mais qui devient très utile à ceux destinés à vivre à la surface de l’eau, et à chercher leur nourriture dans sa profondeur. Le sternum des palmipèdes est très long et ne présente de chaque côté qu’une échancrure ou un trou ovale, de manière à fournir aux muscles abaisseurs de l’aile une surface d'insertion très étendue ; leur gésier est, en général, musculeux, et leurs intestins garnis de deux longs cæcums. Presque tous les palmipèdes habitent la mer; les uns sont privés de la faculté de voler, d’autres surpassent, pour la puissance du vol, tous les oiseaux terrestres. On peut les di- viser en quatre familles, de la manière suivante : 1° Les BRACHYPTÈRES OU PLONGEURS, dont les ailes sont très courtes et dont les pattes sont implantées si loin en arrière, que, pour se tenir en équilibre à terre, ils sont obligés de garder une position verticale ; | 2 Les LONGIPENNES, dont les ailes sont extrêmement longues, le vol puissant, le pouce libre ou nul , et le bec corné; 3° Les roriPALMES, dont le pouce est réuni aux autres doigts dans une palmure commune, les ailes longues et le bec corné comme d'ordinaire ; 4° Les LAMELLIROSTRES, dont le bec, épais et revêtu d’une peau molle, plutôt que d’une véritable corne, est garni sur les bords de lames transversales ou de petites dents. : (1) Lette dernière disposition n’est même qu’un cas exceptionnel offert par les grèbes et nn petit nombre d’autres palmipèdes. ORDRE DES PALMIPÉDES. 137 FAMILLE DES BRACHYPTÈRES OÙ PLONGEURS. $ 747. L'organisation des oiseaux de cette famille en fait des animaux essentiellement aquatiques; la plupart sont presque exclusivement attachées à la surface des eaux, car ils ne volent que peu ou même point et ne peuvent marcher que d’une manière pénible et incertaine. Leurs ailes, en effet, sont tou- Jours extrêmement courtes et en général tout-à-fait impropres au vol, et leurs pieds sont courts et placés à l'extrémité posté- rieure.du corps, ce qui les oblige à se tenir dans une position verticale et leur rend la marche difficile. Du reste, toutes ces dispositions leur deviennent utiles quand ils sont sur l’eau, et non-seulement ils y nagent avec rapidité, mais plongent aussi très bien en se servant de leurs ailes comme de nageoires ; leur plumage est aussi remarquablement serré et lisse. Fig. 316. MANCHOT. Les brachyptères se divisent en trois groupes : les plongecns, les péngouins et les manchots. 6 748. La TRiBU DES PLONGEONS est caractérisée par le bec lisse, droit, comprimé, pointu , et les narines latérales; elle se compose des grèbes, des plongeons proprement dits, des quit- lemots, ele. $ 749. Les GRÈBES (Podiceps) se rapprochent des poules d’eau par la conformation de leurs palles ; car leurs doigts antérieurs, Caractères. Plongeons. Grebes. 138 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. au lieu d’èlre réunis par des palmures complèles, comme chez : les autres palmipèdes, sont seulement élargis par des bordures découpées, et ne présentent de véritable palmure qu'à leur base. Is ont la tête petite ; le bec comprimé latéralement et en général droit; les narines percées à Jour; le corps aplati; les jambes entièrement engagées dans l'abdomen ; le tibia prolongé en arrière, au-delà de larticulation du genou, pour donner plus de force aux muscles extenseurs qui s’y fixent; le tarse comprimé ; les ailes très étroites el cachées, dans le repos, sous les plumes des parties voisines ; la queue composée d’un petit faisceau de plumes légères ; enfin, le plumage court, épais et d'un brillant métallique, qui Pa fait souvent employer comme fourrure. À terre, les grèbes sont obligées de se tenir dans une posilion verticale; ils ne marchent qu'avec peine et volent dif- ficilement, mais ils sont d’excellens nageurs et fendent l’eau avec une facilité extrême , soit à sa surface, soit à une profon- ‘deur plus où moins considérable; €’est même en plongeant qu'ils cherchent d'ordinaire à échapper au danger. Les uns vivent sur les eaux douces, d’autres sur les bords de la mer; ils se nourrissent de petits poissons , de crustacés, d'insectes, elc., el nichent au milieu des jones ou dans le creux de quelque rocher escarpé. Quatre espèces de ce genre habitent l'Europe, savoir : le grebe huppé, grand comme un canard, brun noir dessus, blanc argenté dessous, avec une bande blanche sur Paile, et portant à l’âge adulte une sorte de huppe érectile sur la tèle et une collerette rousse bordée de noir au haut du cou; le grebe cornu, plus petit que le précédent et à collerette noire; le grebe à joues grises, intermédiaire aux deux précédens par sa taille, et le petit grebe Où castagneux, qui est de la grosseur dune caille el n'a ni crête ni collerette. Plongeons (750. Les PLONGEONS PROPREMENT DITS (Col/yÿmbus) ressem- Rrerent blent beaucoup aux grèbes, mais ont les pattes palmées comme les autres oiseaux de cet ordre; ils habitent le nord et arrivent quelquefois sur nos côtes pendant l'hiver. Ils vivent continuel- lement sur les eaux; d'ordinaire, ils sy tiennent entièrement plongés, ne sortant que de temps en temps la tête pour respi- rer ; ils volent très bien, mais rarement, et émigrent sur les eaux, Lorsqu'ils sont à terre, leur démarche est si embarrassée qu'ils ne peuvent se maintenir en équilibre qu’en se soutenant sur leurs ailes et tombent facilement à plat ventre; aussi ne” quiltent-ils presque jamais les eaux, si ce n’est à l’époque de la ponte. Is nichent sur les ilots au milieu des rochers. Le grand plongeon est long de deux pieds et demi; il habite ORDRE DES PALMIPÉDES. 139 les mers arctiques des deux mondes, et il est très commun aux iles Hébrides et sur les côtes de la Norwège. Une autre espèce , nommée /mme, est un peu moins forte et abonde sur les lacs de la Sibérie, de l'Islande, etc. Les Lapons font des bonnets d'hiver avec sa peau. 6 751. Les GUILLEMOTS (Uria) différent des précédens par le nombre de leurs doigts : ilsmanquent de pouce. Du reste; leurs pates sont palmées comme chez les plongeons , et leur bec est à-peu-près de même forme, mais leurs ailes sont encore plus courtes et ils peuvent à peine voler. On en trouve dans le nord, au milieu des rochers escarpés, et, dans les hivers rigoureux, on en voit qui descendent sur nos côtes. $ 752. La petite TRIBU DES PINGOUINS à pour caractères un bec très comprimé, élevé verticalement, tranchant par le dos et ordinairement sillonné ea travers (9. 317); point de pouce, et les doigts antérieurs complètement palmés. Ces oiseaux appar- tiennent exelusivement aux mers du nord : on les distingue en macareux @l en prrgouins proprement dits. $ 753. Les MACAREUX (Fratereulu) ont le bec plus court que la tèle, et à sa- base au moins aussi élevé qu'il est long. Leurs à mœurs sont à-peu-près les mêmes que celles des précédens ; mais 1ls volent encore plus mal; leurs pe- tites ailes ne peuvent les soutenir en l’air que pendant quelques in- stans. Ils ne viennent presque ja- SE, | mais à terre, si ce n’est pendant la RTS > NE saison de la ponte, et ne se voient Mar Ml LÉ qu'accidentellement sur les eaux douces. Ils vivent sur la mer comme Fig. 317. MACAREUX. les guillemots, et sont remarqua- bles par les terriers qu’ils creusent dans le sable du rivage de la mer, afin d’y déposer leurs œufs. Une espèce qui, en hiver et au printemps, est de passage sur nos côtes, le moine Où mucareux commun (Fraterculæ artica), fréquente en grand nombre quelques ilols voisins de lAngle- terre, el on assure que c’est le mâle qui se charge de creuser ces relrailes souterraines, en grattant le sable avec ses larges pales et son bec tranchant. Chaque terrier déerit plusieurs courbures, et'offre une profondeur d'environ deux à trois mèlres. La femelle y dépose à nu, sur le sol, un seul œuf et Guillemots Pingouins, Macarcux. Pingouins, Manchots, Caracteres. 140 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. défend son nid avec vigueur, lorsque les corbeaux cherchent à s'emparer de sa progéniture. 6 754. Les PINGOUINS PROPREMENT DITS (A/ca) ont le bec plus allongé, en forme de lame de couteau; leurs mœurs sont sem- blables à celles des précédens , et on les trouve dans les mêmes parages. Ils nichent par grandes bandes dans les trous des ro- chers qui bordent la mer ou dans des terriers, comme les macareux , et ne pondent aussi qu'un seul œuf, qui est oblong et très grand. Le pingouin commun est à-peu-près de la taille du canard. Il se montre quelquefois sur nos côtes en hiver el peut voler assez rapidement, mais en général sans s'élever beaucoup, et en effleurant la surface des eaux. Le grand pin- gouin, qui habite la mer Glaciale, a, au contraire, les ailes entièrement dépourvues de pennes et impropres au vol. $ 755. La TRIBU DES MANCHOTS (Aptenodytes) se compose d’oi- seaux encore moins volatiles que les pingouins. Leurs petites ailes ne sont garnies que de vestiges de plumes, qui, au pre- nier abord, ressemblent à des écailles, aussi sont-ils complè- tement privés de la faculté de voler (fig. 316, p. 137). Leurs pieds sont en même temps implantés si loin en arrière, qu'ils ne peuvent se soutenir à terre, même dans une position verti- cale, qu’en s'appuyant sur le tarse, lequel, du reste, est élargi comme la plante du pied d’un quadrupède : aussi ne viennent- ils à terre que pour nicher, et ce n’est qu’en se trainant pénible- ment sur le ventre qu'ils s'y meuvent. Ils sont tous propres aux mers australes. Le grand manchot habite en très grandes troupes les environs du détroit de Magellan et les îles de POcéanie. FAMILLE DES LONGIPENNES. $ 756. La famille des longipennes ou grands voiliers se com- pose d'oiseaux remarquables par la longueur de leurs ailes et la puissance de leur vol. Leurs pieds manquent souvent de pouce, el, lorsque cet appendice existe, il n’est jamais réuni aux autres doigts par une palmure commune; le bec n’est pas armé de lamelles où de dentelures et varie par sa forme ; enfin, le gésier est musculeux et les cœcums très courts. Tous fréquentent la mer ,.el les navigateurs les rencontrent souvent à des distances immenses de Lerre : ils vivent de poissons où autres animaux ORDRE DES PALMIPÉDES. 141 marins, et sont répandus dans tous les parages. On les divise en petrels, albatros. moueltes, slernes, etc. $ 757. Les PÉTRELS (Procellaria) ont le bec crochu au bout et les narines réunies en un tube couché sur le dos de la mandi- bule supérieure (Ag. 318). Leurs ailes sont longues et leurs pieds n’ont, au lieu de pouce, qu’un ongle poin- Fig. 318. tu implanté dans le talon. Ce sont des oiseaux de haute mer : ils ne cherchent DOCN que rarement leur nourriture le [long des 0) lai . LE côtes , else plaisent dans les parages où PR, N d é D TS | les cétacés abondent et où l’agitation des Lt : : + : : “ flots ramène souvent à la surface les ani- k maux dont ils font leur proie. Ils vivent i principalement de la chair de morues et de baleines mortes, de mollusques nus et des insectes ou des vers qui flottent à la surface de la mer. Ils ne plongent pas et ne nagent que rare- ment; mais, dans leur vol rapide, ils effleurent les vagues et courent même sur l’eau, en piétinant et en tenant les ailes éle- vées. Il parait que c’est même à cette particularité de leurs mœurs qu'ils doivent le nem de petrel ou petit Pierre; car elle les a fait comparer par les marins à saint Pierre, le patron des pêcheurs. La puissance de leurs aïles est extrème : ils volent en planant , avec ces organes en apparence immobiles, et, en géné- ral, ne se laissent pas arrêter dans leur course rapide par le vent le plus violent; quelquefois cependant la tempêteles force à cher- cher un refuge sur les vergues ou sur les mâts des navires. Sou- vent on les voit suivre le sillage des vaisseaux pour y trouver un abri ou pour profiter des débris qui sont jetés du bord, et c’est surtout pendant les nuits claires ou le crépuscule qu’ils pour- voient à leur nourriture. Ils nichent dans les trous des rochers les plus escarpés, et, quand on essaie de les surprendre sur leurs œufs , ils lancent contre l’assaillant une liqueur huileuse , dont leur estomac parait être toujours rempli. Leur plumage ne varie que peu avec l’âge et ne diffère pas avec le sexe. La plu- part de ces oiseaux habitent les mers australes; mais il s’en trouve aussi dans les régions arctiques, et on en voit quelque- fois sur nos côtes. La plus grande espèce , le petrel gant, dont le plumage est noirâtre, est plus gros que l’oie, et se rencontre depuis le cap Horn jusqu’au cap de Bonne-Espérance, mais y est moins commune que le petrel dumier, dont la taille est plus petite. Le /ulmar où petrel gres blanc habite au contraire le nord et se montre quelquefois sur nos côtes : il en est de même d'une petite espèce, qui n’est guère plus grande qu’une alouette, Pétrels. Puffins. Albatros. Mouettes. 14? ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. et qui estsouvent désignée sous le nom d'ogseau des tempêtes. Les PUFFINS , qui se distinguent des autres pétrels par quelques dif- férences dans la forme du bec, se trouvent dans presque loultes les mers. 6 758. Les ALBATROS (Divmedea, sont les plus grands etles plus massifs de tous les oiseaux pélasgiques, et ils méritent mieux que lout autre celte dénominalion ; car ils se tiennent presque toujours en haute mer, et sont également bien organisés pour le vol et pour la nage. On les rencontre principalement dans les mers australes, et souvent on les voit suivre en troupes perdant plusieurs jours un vaisseau voguant de toute sa vitesse. De même que les pétrels, ils se plaisent au milieu des tempé- tes, et les voyageurs ne parlent pas sans étonnement de la ma- nière dont ils se balancent à la surface des vagues en fureur et affrontent en face les ouragans les plus impétueux ; du reste ; si la fatigue les arrête, c’est à la surface de l’eau, qu'ils se re- posent et qu’ils dorment. Ils paraissent se nourrir indifférem- ment d'animaux vivans ou de chair corrompue, et sont d’une gloutonnerie extrême. On en à rencontré en troupes immenses sur des cadavres flottans de baleines ou de cachalots, et son- vent les matelots les surprennent sur des rochers, gorgés d’a- limens au point de ne pouvoir ni $’enfuir, ni s’envoler avant que d’avoir allégé par le vomissement leur estomac surchargé. Leur force est extrême; mais ils manquent de courage et se laissent battre par de faibles mouettes. Leur bec est cependant très robuste et tranchant; la mandibule supérieure se termine par un croc qui semble y être surajouté; leurs narines ovales el ouvertes sont en forme de petits rouleaux courts et couchés sur les côtés du bec; leurs ailes sont longues et très pointues ; enfin leurs pattes, bien palmées, manquent de pouce, et ne présentent pas même l’ongle, qui, chez les pétrels, en est un dernier vestige. Les diverses espèces d’albatros sont assez mal connues , la plus commune a élé nommée par quelques voya- geurs mouton du Cap, à cause de sa grandeur, de son plumage blanc, excepté sur les ailes, et parce qu’elle abonde surtout dans le voisinage des deux caps qui terminent l’Afrique et lA-- mérique. Les navigateurs anglais appellent aussi le vaisseau de ligne (man of war), comme étant le plus grand des oiseaux de mer. 6759. Les MOUETTES (Lars) se distinguent facilement des deux genres précédens par leur bec allongé pointu, et simplement ORDRE DES PALMIPÈDES. 143 arqué vers le bout; par leurs narines, placées vers le milieu de la mandibule supérieure, étroites, Fig. 519. longues et percées à jour, et par leur rencontre en pleine mer; mais elles four- millent surtout près des côtes, et, lors- que le temps est mauvais, elles s’'avan- centquelquefois dans les terres. Elles na- gent et volent très bien, tondent sur leur | proie avec une violence extrême et se | jettent sur les cadavres aussi bien que sur les poissons vivans. Du reste, ce sont des oiseaux lâches et criards ,. dont les mœurs moffrent que peu HN En général, on donne le nom de goclands aux grandeS espèces et celui de mouettes ou de mauves aux plus petites. Plusieurs habitent les mers du nord et sont de passage sur nos côtes : l’une dés plus grandes est le goceland à manteau noir. $ 760. On donne le nom de STERCORAIRES OU LABBES (Les{rrs) a des longipennes très voisins des moueltes , mais qui en diffè- rent par leur queue pointue et par la disposition de leurs nari- nes. Ils ont cela de remarquable qu’ils poursuivent avec achar- nement les petites mouettes, pour leur enlever leurs alimens et même, à ce que lon prétend, pour dévorer leur fiente. $ 761. Les STERNES (S{erna) ressemblent aux hirondelles par leurs ailes pointues et excessivement longues . leur queue four- chue et leurs pieds courts : aussi leur donne-t-on le nom d’Ar- rondelles de mer. Ces oiseaux se liennent principalement sur Fig. 320. HIRONDELLE DE MER. pouce court, mais bien distinct. On les” Labbes, Sternez, Noddis. 3ecs en Ci- seaux. Caracteres. 144 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. mer, mais s’avancent aussi dans l’intérieur des terres, sur les lacs et les rivières. On ne les voit pas nager; mais ils volent presque continuellement avec une rapidité extrême, en jetant de grands cris et en enlevant avec dextérité, de la surface des eaux, les petits poissons et les mollusques, dont ils se nonr- rissent. Ils ont habitude de nicher par bandes très nombreuses dans un même lieu, et leurs nids sont souvent si rapprochés, que les couveuses se touchent. Leur bec est pointu, droit et sans courbure ni saillie, et leurs narines oblongues et per- cées de part en part. L° espèce la plus commune sur nos Côtes et sur nos eaux douces est le pierre-yarin. 6 762. Les Noppis ne diffèrent guère des hirondelles de mer que parce que leur queue n’est fourchue et que leur bec est un peu renflé en dessous. Ils se trouvent dans les mers des pays chauds et sont célèbres parnii les navigateurs pour lé- tourderie avec laquelle ils se jettent sur les vaisseaux. 6 563. Enfin on range encore dans la famille des longipennes les COUPEURS D'EAU OU BECS EN CISEAUX (Rhynchops), qui res- semblent assez aux sternes par leur forme générale, mais qui se font re- marquer parmi tous les oiseaux par la disposition extraordinaire de leur bec, dont les deux mandibules , apla- ties comme des lames, se joignentsans s’'emboiter l’une dans l’autre (fg.321). Leur mandibule supérieure est en même temps beaucoup plus courte que linférieure : aussi ne peuvent ils se nourrir que de ce qu'ils relèvent avec celle-ci, en volant près de la surface de l’eau. On n’en connait qu’une espèce, qui habite les mers des Antilles. Fiy. 321. L FAMILLE DES TOTIPALMES. $ 264. Les oiseaux dont se compose celte famille méritent mieux que toute autre le nom de palmipèdes ; car non-seule- ment leurs trois doigts antérieurs sont réunis par de larges palmures comme dans le reste de l’ordre auquel ils apparlien- ORDRE DES PALMIPÈDES. 145 nent; mais ces membranes s'étendent aussi du doigt interne au pouce , ce qui augmente considérablement la largeur des rames que constituent ces organes. Les patles des totipalmes sont en méme temps courtes, et ces oiseaux sont de bons nageurs, mais cependant ils se perchent sur les arbres, habitude qu’on ne re- trouve chez presque aucun autre palmipède. Tous aussi ont les ailes longueset sont de bons voiliers. Les pelicans , les cormorans , les anhinga et les phactons ap- partiennent à celte division. $ 7265. Plusieurs auteurs ont réuni sous le nom de PÉLICANS tous les totipalmes chez lesquels il existe à la base du bec quel- que espace dénué de plumes. Ces oiseaux ont aussi d’autres ca- ractères communs; leurs narines ont la forme de fentes à peine sensibles ; leur langue est petite ; la peau de leur gorge est plus ou moins extensible ; leur gésier est mince et forme ‘avec le ventricule succenturié un grand sac, et leurs cæœcums sont médiocres ou petits; mais ils offrent en même temps des différences plus grandes encore, et, pour que la classification de ces animaux soit un tableau fidèle des modifications de leur structure, on a été obligé de les séparer en plusieurs genres , savoir : les pelicans proprement dits, es cormorans, es fregates et les fous. $ 766. Les PÉLICANS PROPREMENT DITS se distinguent de tous les oiseaux par l’organisation singulière de leur bec; la man- dibule supérieure, très longue, Fig. 322. droite , large, aplatie et terminée par un crochet, ne présente rien de très remarquable: mais les branches de la mandibule inféri- eure sont flexibles et soutiennent une espèce de poche formée d’une membrane nue et dilatable (fig. 322). Ce sont de grands oiseaux , dont les ailes sont médiocres, la queue ronde, le tour des yeux ainsi que la gorge nus, le bas des jambes et les tarses également dénués de plumes, et les ongles sans dente- lures. Ils vivent indistinctement sur les bords de la mer, les lacs et les fleuves , nagent très bien et se nourrissent de poissons, dont ils remplissent leur poche, pour les avaler énsuite à me- sure que la digestion s'achève. | Le pelican ordinarre, que lon a nommé aussi onocrotale, parce 10 Pélicans. Pélicans pro- prement dits Cormorans. 146 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. que sa voix a élé comparée au braiement de Pâne, a environ deux mètres de long et jusqu'à quatre mètres d'envergure; son bec seul à près d’un pied et demi de long, et sa poche peut con- tenir plus de dix litres d’eau ; enfin , son plumage est d’un blanc plus ou moins pur, suivant l’âge, et les rémiges sont noires. Il vole très bien et s’élève quelquefois fort haut; mais, en général, il rase la surface de l’eau ou se balance à une hauteur médiocre, pour se précipiter plus facilement sur sa proie. Quelquefois, on le voit baltre l’eau de ses ailes, comme pour la troubler et effrayer le poisson, et on assure que lorsque les pélicans sont réunis en troupes, ils péchent de concert en formant un grand cerele , qu'ils resserrent peu-à-peu pour y emprisonner les pois- sons, Jusqu'à ce que, sur un signal donné, ils frappent l’eau tous en même temps, et, à la faveur du désordre ainsi produit, plongent et se saisissent de leurs victimes. La pêche terminée , ilS vonts’accroupir sur quelque pointe de rocher et y digérer en repos. Ils peuvent percher sur les arbres, mais ils n’y nichent pas etfontleur nid à terre, dans un enfoncement qu'ils garnissent d'herbes. La femelle pond de deux à quatre œufs et nourrit ses pelits en dégorgeant devant eux des poissons qu’elle leur apporte dans sa poche. On dit qu’elle leur apporte aussi de l’eau de la méme manière, et c’est peut-être le mouvement qu’elle fait pour vider sa poche, en la pressant contre sa poitrine, qui a donné eu à la fable débitée par quelques écrivains, sur la prétendue habitude qu'auraient ces oiseaux de s'ouvrir le sein pour nourrir de leur sang leur jeune famille. Cette espèce de pélican est commune dans les parties orientales de l'Europe, mais abonde surtout en Afrique : elle se trouve aussi en Asie et en Amérique. 6767. Les CORMORANS (Phalacrocorax) ont le bec allongé, comprimé, à mandibule supérieure crochue au bout, la peau de la gorge peu dilatable, l’ongle du doigt du milieu denté en scie, et la queue ronde et composée de quatorze pennes. Ce sont d’excellens plongeurs : ils nagent ordinairement avec la tète seulement hors de l’eau et poursuivent, avec une vitesse éton- nante, entre deux eaux, les poissons dont ils se nourrissent. Leur vol est rapide et soutenu; mais à terre ils marchent mal el se tiennent dans une position presque verticale, en s’ap- puyant sur leur queue. Le cormoran commun est de la taille de Voie et a le plumage d’un noir verdâtre. Il habite les contrées seplentrionales des deux mondes et n’est pas rare en France. II niche tantôt dans les fentes des rochers , tantôt sur les arbres ou dans les jones. et se nourrit principalement d’angnilles. ORDRE DES PALMIPÈDES. 147 $ 768. Les FRÉGATES (Tachypeles) diffèrent des cormorans par Frégates. leur queue fourchue, leurs ailes excessivement longues, leur bec, dont les deux mandibules sont courbées au bout, et leurs pieds, dont les palmures sont profondément échancrées. Fig. 323. LA FRÉGATE. Ces oiseaux n’habitent que les régions tropicales, et leur vol est si puissant , qu'ils s’éloignent de terre à des distances im- menses. On en a rencontré à plus de quatre cents lieues en mer. etils fontune guerre active aux poissons volans, qui, pour échap- per à la poursuite d’autres animaux marins, s’élancent hors de l’eau. Les frégates donnent aussi la chasse aux fous, et, en les frappant de l'aile et du bec, les forcent à dégorger le produit de leur pêche, dont ils se saisissent avec dextérité avant qu'il ne soit retombé dans l'eau. On n’en connaît bien qu’une espèce dont le plumage est noir , avec du blanc sous la gorge et le cou. : 0 769. Les FOUS Ou BOUBIES (Sa), qui se font ainsi battre par Fous les frégates , doivent leur nom à la stupidité avec laquelle ils se laissent attaquer par l’homme et les animaux. ls. ont le bec droit, pointu et dentelé en scie sur les bords, et les ongles dis- posés comme dans les deux genres précédens. L'espèce la plus commune est le fou de Bassan, ainsi appelé du nom d’une petite ile du golfe d’Edimbourg, où elle multiplie beaucoup; elle se montre assez souvent sur nos côtes et niche dans le nord, par grandes bandes, sur les rochers baignés par la mer. Sa taille est 10. 148 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. presque égale à celle de Foie, et son plumage est blane avec Les premières pennes des ailes noires. 6 770. Les ANHINGA (PLotus) ressemblent assez aux cormorans par la forme de leur corps et de leurs pieds, mais se distinguent par la longueur de leur cou, leur petite tête et leur bec droit, yréle, pointu et dentelé sur les bords. Ils habitent les pays chauds des deux hémisphères et ont à-peu-près les mêmes mœurs que les précédens. Anhinga. Fig. 324. ANHINGA A VENTRE NOIR. Phaetons. 6771. Enfin, les PHAËTONS Où PAILLE-EN-QUEUE diffèrent des autres totipalmes par leur tête entièrement emplumée et parles. deux pennes étroites et très longues qu'ils portent à la queue, et qui, de loin, ressemblent à des pailles. Is ne vont guère à terre que pour nicher et ne quittent que rarement la zone lor- ride. Leur apparition fait reconnaitre aux navigateurs le voisi- nage de celte région et leur à valu le nom d’oiseanx du tropique. FAMILLE DES LAMELLIROSTRES. " Caractéres. 0 772. Les lamellirostres différent des autres palmipèdes par leur bec épais, revêtu d’une peau molle, au lieu de corne, et ORDRE DES PALMIPÈDES. 149 garni sur les bords de lames parallèles ou de petites dents. Leur langue, large et charnue , est également dentelée sur les bords ; leur gésier est grand et très musculeux ; leur cæcum long et leur trachée-artère , en général, renflée près de la bifurcation ; chez le mâle leurs ailes sont médiocres. La plupart vivent sur les eaux douces plus que sur la mer : ils nagent avec grâce et faci- lité, et en général plongent très bien, mais ne marchent que d’une manière vacillante et embarrassée. On les divise en deux groupes : les canards et les harles. $ 773. Les canards proprement dits, les oies et les cygnes forment un groupe très nombreux, qui se distingue des harles par les lamelles dont leur bec est garni, mais qu’il est très dif- ficile de diviser d’une manière netle et naturelle. Les ornitho- logistes leur donnent le nom commun de CANARDS (4nas). Le bec de ces oiseaux est médiocre, mais fort, déprimé, convexe en dessus, plan en dessous, arrondi au bout et terminé par une écaille lisse, en forme d’ongle. Les bords de chaque mandi- bule sont armés d’une rangée de petites lames saïllantes , minces et placées transversalement, qui paraissent destinées à laisser écouler l’eau que l'animal à saisie avec sa proie. Leur nourriture consiste en poissons, mollusques, insectes, graines , etc. Pour se la procurer, les uns se submergent tout entiers; les autres restent à la surface de l’eau et n’y plongent que la tête; on les voil peu à terre. En général, ils changent de plumage deux fois dans l’année, en juin et en novembre. Les femelles ne changent pas de couleur ; mais les mâles revêtent, lors de la mue d'été, une partie des couleurs propres aux femelles, tandis qu’en hiver ils en diffèrent beaucoup. La chair de la plupart de ces oiseaux est un aliment agréable, et en général ils se laissent facilement élever en domesticité. Les caractères qui distinguent entre eux les canards propre- ment dits, les cygnes et les oies, sont de peu d'importance et n’établissent pas de ligne de démarcalion bien tranchée : ils sont fournis principalement par la forme du bec. Chez les cygnes, le bec est aussi large en avant qu’en arrière, plus haut que large à sa base, et percé vers le milieu par les narines; enfin, le cou est fort long. Chez les oies, le bec, plus court que la tête, est plus étroit en avant qu’en arrière, et plus haut que large à sa base ; ie cou est de moyenne longueur. Enfin, chez les canards pro- prement dits, le bec esl au moins aussi large à son extrémité qu'à sa base, où il est moins haut que large ;'les narines sont rapprochées de son dos et de sa base, et le cou est plus court que les précédens. Tribu des canards, Cygnes. Oùcs, 150 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6774. Les CYGNES sont les plus grands oiseaux de ce genre. Chacun connait leurs formes élégantes et la manière gracieuse dont ils glissent à la surface des eaux. Ils vivent principalement de graines et des racines de plantes aquatiques; aussi ont-ils les intestins et surtout les cœcnms très longs. [ls sont monogames el nichent à terre, sur le bord des eaux ; enfin, les petits nagént el mangent seuls dès eur naissance. Nous en avons, en Europe, deux espèces : le cygne à bec rouge et le cygne à bec noir. Le cygne à ber rouge Où cygne à bec tuberculeux (Anas olor) es celui que lon élève en domesticité sur nos bassins et nos ca- naux. À l’état sauvage, il habite ies grandes mers de l’intérieur, surtout vers les contrées orientales de l'Europe. On le reconnait à son bec rouge, bordé de noir et surmonté à sa base d’une protubérance arrondie. La douceur de ses mouvemens, lélé- gance de ses formes et la blancheur éclatante de son plumage l'ont rendu l’emblème de la beauté et de l’innocence. Ce ma- gnifique oiseau vole très bien el a tant de force dans Paile , qu'il s’en sert comme d’une arme puissante pour se défendre contre ses ennemis. Il nage aussi avec une rapidité extrême , et vit éga- lement de poissons et de végétaux. Les mœurs de nos cygnes sont en général douces et re et on les voit se prodiguer les caresses les plus tendres; quelquefois, cependant , excités par la jalousie, ils se livrent des combats longs et meurtriers. La saison de la ponte arrive au mois de février. Le nombre de leurs œufs s'élève à sept ou huit, et l’incubation, dont la mère seule s’occupe , dure six semaines. Le cygne à bec noir ressemble beaucoup à l’espèce précédente par sa forme extérieure. On remarque seulement que son bec est noir et couvert à sa base d’une cire jaune ; mais, à l’intérieur, il en diffère beaucoup dans les deux sexes; car la trachée- artère , au lieu de se rendre en ligne droite dans les poumons, se recourbe et pénètre dans une cavité de la quille du sternum. Ces oiseaux habitent les régions septentrionales des deux con- tinens, el, dans les Den rigoureux, descendent par bandes dans des pays tempérés et se montrent alors sur nos côles. On connait aussi une espèce de cygne, dont le plumage est noir : elle se trouve à la Nouvelle- CRE ‘ 9 775. Les o1Es se distinguent, comme nous l’avons déjà dit, par la forme de leur bec. Is ont aussi les jambes plus élevées que les canards et moins écartées, ce qui leur rend la marche plus facile. En général, elles ne nagent que peu et ne plongent pas; la plupart vivent d'herbes et de graines, et se tiennent pendant le jour dans les prairies ou les marais, d'où elles se ORDRE DES l'ALMIPÉDES. 151 rendent, après le concher du soleil, sur les étangs et les rivières. Elles vivent en troupes, et, pendant qu’elles mangent ou qu’elles dorment, il y en a toujours une qui, le cou tendu et Pœæil au guel, veille sur ses compagnes et les avertit du danger: Le vol de ces oiseaux est élevé et ils émigrent par troupes, en se pla- cant sur une seule ligne, lorsqu'ils sont en petit nombre, ou sur deux lignes divergentes, lorsque leur nombre est considé- rable. Lorsque celui qui est à la Lète du triangle est fatigué, il cède sa place à celui qui le suit et va se placer au dernier rang. Pendant lhiver, ils restent dans les pays tempérés, si les ri- vières ne gèlent pas; mais, si le froid est vif, ils s’avancent plus au midi, d’où ils reviennent vers la fin de mars, pour retourner dans le nord, y passer été. On distingue des oies proprement dites, les bernaches, dont le bec est plus court et ne laisse pas paraitre au dehors les extré- mités des lamelles qui en garnissent les bords , tandis que, chez les premières, le bout de ces lamelles se voit au dehors et res- semble à des dents pointues. L’oie ordinaire (Anas anser), qui appartient à la première de ces divisions et qui s’est multipliée dans nos basses-cours, est originaire des contrées orientales de l'Europe, d’où elle se ré- pand pendant l'hiver dans les parties centrales et méridionales de ce continent : elle s’avance rarement au-delà du cinquante- troisième parallèle nord , et se tient sur les bords de la mer ou dans les marais. A l’état sauvage, son plumage est d’un gris cendré, à manteau brunâtre, ondé de gris; mais, dans la do- mesticité, elle prend toutes les couleurs : on peut cependant la reconnaitre à son bec gros et d’une seule couleur (jaune-orangé, el à ses ailes qui, étant pliées, n’atteignent pas l'extrémité de la queue. Elle niche dans les bruyères ou les marais, sur de petits tertres de jones coupés et d'herbes sèches, et pond ordinaire- ment de cinq à huit œufs verdâtres. Cette espèce est la souche de nos oies domestiques, qui, avant importation du dindon, étaient extrêmement communes dans toutes les parties de l'Europe, et qui aujourd'hui encore sont loin d’être négligées des agriculteurs, bien qu’on leur pré- fère en général ce gallinacé, dont le volume est aussi considé- rable et dont la chair est plus délicate. Mais l’oie n’est pas seu- lement utile comme aliment : elle nous donne aussi des plumes dont on fait un grand usage, soit pour lécriture, soit pour en remplir les coussins et les lits. Dans la Normandie, le Maine, la Brelagne, ainsi que dans le Languedoc et.la Guyenne, on en élève un très grand nombre. Un seul mâle (qu’on appelle jar) suffit pour plusieurs femelles. Pendant le jour, on les fait paitre dans les champs où la récolte est déjà faite, dans les pâturages 152 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ou sur les bords des étangs, mais le soir on les fait rentrer dans la ferme; et, dans les grandes exploitations, on leur consacre une habitation spéciale qu’il importe toujours de tenir avec une grande prôpreté. La ponte ne commence guère qu’en mars el se CGntinne en général de deux jours Pun. La même femelle fait quelquefois jusqu’à quarante ou cinquante œufs de suite; mais, dans la plupart des cas, la ponte est interrompue par la couvaison. On peut mettre sous chaque couveuse quatorze à quinze œufs, selon son volume , et il faut avoir le soin de mettre à sa portée des alimens convenables, tels que de Porge détrempé et un grand vase d’eau , où elle puisse se laver et boire. L’incu- bation dure trente jours, et, pendant ce temps, le mâle ne s'éloigne pas beaucoup du nid. Les jeunes oisons sont plus faciles à élever que les dindonneaux ; mais, pendant les pre- miers Leinps, il est nécessaire de les abriter de la pluie et de l’ardeur du soleil, de leur donner une nourriture choisie et de ne pas les mêler avec le reste du troupeau où ils seraient exposés à des attaques dont ils ne sauraient se défendre. Pour engraisser les jeunes oies, il suffit d’une quinzaine de jours; pour les adultes , il faut un mois. En général, on commence à s’en oc- cuper vers le mois de novembre, et, pour hâter cette opération, il faut avoir le soin de les renfermer dans un lieu obseur , tran- quille et peu spacieux ; souvent on les gave plusieurs fois le jour. Dans quelques cantons, en Alsace, par exemple, on les renferme dans de petites loges assez étroites pour qu’elles ne puissent s’y retourner , el, après les avoir nourries abondam- ment avec du maïs pendant trois semaines, on mêle à leurs alimens quelques cuillerées d'huile de pavot, qui agit comme stupéfiant. Par ces moyens, elles deviennent en peu de temps tellement surchargées de graisse, qu’elles ne peuvent plus respirer, et le foie, devenu malade, acquiert un grand volume el un goût particulier, qui le fait rechercher des gourmets sous le nom de foie gras. Ce n’est pas seulement après leur mort qu'on arrache les plumes des oies. Pour avoir les rémiges, dont on se sert pour l’écriture, on attend que l'oiseau soit entré en mue; mais, pour les petites plumes, on les arrache du ventre, du dos et du croupion , à deux ou trois reprises chaque été. Une autre espèce d’oie, très voisine de la précédente, mais qui a les ailes plus longues et le bec coloré de noir et d’orangé, à élé souvent confondue avec l’oëe commune : €’est l’oie sauvuge de Buffon (4. segetinus), Voie des moissons, de quelques auteurs. Elle habite les contrées arctiques et émigre périodiquement vers le midi. Lors de ces deux passages , elle est assez commune en France. Nous avons assez souvent en hiver l'oic rieuse, qui ORDRE DES PALMIPÈDES. É 153 est grise, à ventre noir et à front blanc, et qui a recu ce nom à cause de son cri. $ 776. La BERNACHE (4. leuvopsis), qui habite les parties les plus froides et les plus sauvages du Groenland, de la Laponie et de la Sibérie, arrive aussi jusqu’en France pendant l'hiver, el a élé pendant long-temps célèbre par les fables qu'on débitait sur sa propagalion. On prétendait qu'il naissait sur des arbres comme un fruit, et on croyait que les cirrhipèdes pédonculés qui se voient souvent fixés sur des monceaux de bois flottans dans la mer, sur la Carène des navires, élaient déjà de jeunes bernaches : aussi désigne-t-on encore aujourd’hui ces animaux sous le nom d’anatifes. Les anciens Egypliens vénéraient une autre espèce de ber- nache, à cause de son altachement pour ses petits : c’est le chenalopex Où renard, appelé par les ornithologistes modernes bernache orne. Ÿ 777. Les CANARDS PROPREMENT pirs Ont les jambes plus courtes et implantées plus en arrière que les oies, et le cou inoins long; ils marchent plus difficilement et sont plus aqua- Fig. 325. MACREUSE. Bernache, Canards pro; prement dits. Macreuses,. Garrots, Liders. 154 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. tiques. Chez les oïes, la trachée ne présente à sa base ni renfle- ment ni replis , tandis que, chez les canards proprement dits, ce tube se renfle à sa bifurcation en forme de capsules cartila- gineuses. Les uns ont le pouce bordé d’une membrane, les doigts plus longs, les palmes plus entières, le tarse plus com primé , la tête plus grosse et les ailes plus courtes que les autres. Ils se nourrissent plus exclusivement de poissons et d'insectes aquatiques ; plongent très bien et vivent sur les grandes mers : ce sont les macreuses, les garrots, les eiders et les méllouins. Les autres, dont le pouce n’est pas bordé d’une membrane, ont les pattes moins reculées et marchent moins mal: ils ont aussi Ja lète plus mince, le cou plus court; enfin, ils ne plongent que rarement , et se nourrissent de plantes et de graines aquatiques aulant que de poissons : ce sont les sowchets, les tadornes, les canards communs et les sarcelles. $ 778. Les macreuses ont le bec large et renflé. Les mucreuses communes, dont le plumage est noir, violacé et le bec garni d’une protubérance sur sa base, arrivent en grandes troupes sur nos côtes, lorsqu'elles descendent au midi, pour y passer l'hiver , et lorsqu’au printemps elles regagnent les régions arc- liques. Ces oiseaux marchent très mal, mais nagenl avec une grande agilité et courent sur les vagues comme les pétrels : ils se nourrissent principalement de moules. On donne le nom de double macreuse à une espèce voisine , qui est un peu plus grosse el qui à une tache blanche sur Païle. Elle habite les mêmes pays, mais elle est moins commune. $ 739. Les gurrots ont le bec court et plus étroit en avant: les uns ont la queue pointue, les autres la queue ronde ou carrée. Parmi ces derniers, nous citerons le garrot commun, qui est blanc , avec la tête, le dos et la queue noirs, et qui , en hiver, vient par troupes du nord el niche quelquefois sur nos étangs. 6780. Les eiders ont aussi le bec étroit en avant, mais plus long et remontant plus haut sur le front où il est échancré par un angle de plumes. L’eider commun est célèbre par le duvet précieux qu'il nous fournit, et que l’on nomme edredon. Cet oiseau est blanchatre, avec la calotte, le ventre et la queue noirs. La femelle est grise, maillée de brun. Sa taille approche de celle de Poie. I habite les mers glaciales du pôle el abonde surtout en Islande, en Laponie, au Groenland et au Spitzherg ; on le trouve encore assez communément aux Orcades et aux Hébrides, et même en Suède. Il est aussi de passage dans les ORDRE DES PALMIPÈDES. 159 parlies moins seplentrionales de l'Europe, et lon à remarqué que les jeunes seulement se montrent sur les côtes de Océan. Fig. 326. L’EIDER. Les eiders nichent au milieu des rochers baignés par la mer. Dans les mers du nord, c’est une propriété qui se garde soi- gneusement et se transmet par héritage, que celle d’un point de la côte où ces oiseaux viennent d'habitude s'établir à l’époque de la-ponte; car c’est là que l’on récolte l’édredon. La femelle, en effet, en garnit son nid, et, après qu’on lui à dérobé cette précieuse dépouille, si utile pour maintenir une douce chaleur autour de ses œufs, elle arrache de son ventre une nouvelle provision de duvet. En dépouillant les nids, on s’en procure ainsi une quantité assez considérable, et Pédredon provenant de loiseau vivant est beaucoup plus estimé que celui arraché après la mort. $ 781. Les mrllouins ont le bec long, plat et sans aucune par- ticularité notable. Nous en possédons plusieurs, tels que le millouin commun, dont le plumage est cendré, finement strié de noirâtre, avec la poitrine, le eroupion, la tète et le cou bruns. En automne , il est assez commun sur nos lacs et nos rivières. Le morillon, noir avec une huppe à locciput et le ventre blanc , est une autre espèce de ce groupe qui nous vient aussi du nord en hiver. $ 782. Parmi les canards proprement dits de la seconde divi- sion, on remarque d’abord les souchets, à cause de leur long bec, dont la mandibule supérieure estélargie au bout et ployée parfaitement en demi-cylindre, et dont les lamelles marginales sont si longues et si minces, qu'elles ressemblent à des cils, Millouins. Souchets. Tadornes. Cauards or- divaires, 156 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. disposition en rapport avec le régime de ces oiseaux , qui vivent principalement des vermisseaux cachés dans la vase au bord des ruisseaux. Le souchet commun est un très beau canard, dont le plumage est d’un vert clair sur la tête et le cou, blanc sur la poitrine, brun-noirâtre sur le dos, roux au ventre, avec les ailes variées de bleu clair , de vert, de blanc et de noir. Il nous arrive du nord vers le mois de février et se répand dans les marais. Sa chair est excellente. 6 383. Les tadornes ont le bec très aplati vers le bout et relevé en bosse saillante à sa base. Le fadorne commun est, de tous nos canards, celui dont les couleurs sont les plus vives : il est blanc , avec la tête d’un vert foncé , une ceinture rousse autour de la poitrine , et Paile variée de noir , de blanc, de roux et de vert pourpré. Il est très commun sur les bords de la mer, dans les parties septentrionales et occidentales de l'Europe, et, au printemps, il se montre aussi en assez grand nombre sur nos côles. $ 784. Parmi les canards ordinaires, nous signalerons en première ligne le canard commun (A. boschas), qui est recon- naissable à ses pieds aurores, à son bec jaune , au beau vert changeant qui orne la tête et le croupion du mâle , et aux quatre plumes du milieu de ia queue, qui, chez celui-ci, sont recour- bés en demi-cercle. La femelle, comme dans tous les autres oiseaux de ce genre , est plus petite et privée des belles couleurs dont le mâle est orné. Cette espèce, qui est la souche de la plupart des différentes races de canards que nous élevons en domesticité, habite le nord des deux continens, et passe dans presque toutes les contrées de l’Europe. Vers la mi-octobre, elle commence à se montrer par petites bandes dans nos cam- pagnes. Quelques semaines plus tard, ces canards sauvages deviennent plus abondans, el on les reconnait à leur vol élevé, aux lignes inclinées et aux triangles réguliers qu'ils forment dans Pair : c’est principalement le soir qu’ils voyagent, el le sifflement de leur vol décèle leur passage. Ils se tiennent sur les élangs et les rivières el y vivent de petits poissons, de gre- nouilles, de graines, etc. Si les glaces les privent de cette nour- rilure , ils se retirent vers la lisière des bois, pour ramasser du sland ou paitre le blé vert, et si le froid devient plus intense , ils se dirigent vers le midi, pour revenir en février, et aller ensuile passer l’été dans le nord ; quelques-uns cependant res- tent dans nos contrées toute Pannée. Au printemps, ils se sé- parent par paires et nichent d'ordinaire dans les marais , sur une toufle de jonc; quelquefois, ils établissent leur nid au milieu des bruyères, et on en a vu pondre dans le nid des pies et des corneilles sur des arbres élevés. La ponte est en vénéral ORDRE DES PALMIPEDES. . 157 de dix à quinze œufs, et l'incubation dure trente jours. Chaque fois que la femelle est obligée de quitter ses œufs, elle les recouvre avec du duvet qu’elle s’est arraché de la poitrine pour garnir son nid, et, lorsqu'elle revient, elle a la précaution de s’abattre à quelque distance et n’arrive à sa demeure qu’en se frayant une route lortueuse au milieu des jones. Le mâle lPac- compagne dans ses courses, se tient à quelque distance de son nid et le défend contre les autres canards qui voudraient en approcher. Les petits conduits par leurs parens, vont à Peau dès le premier jour de leur naissance, mais ne peuvent voler que vers l’âge de trois mois, car c’est alors seulement que les pennes de leurs ailes poussent. Les canards sauvages sont des oiseaux très méfians, et qu’il est difficile de surprendre. Ceux que l’on élève en domesticité et qui proviennent d'œufs d’indi- vidus sauvages , trouvés au milieu des roseaux el qu’on a fait couver dans nos basses-cours, sont aussi très farouches et paraissent agités sans cesse du désir de vivre en liberté; mais, lorsque cetle captivité s’est étendue sur plusieurs générations , cel instinct se perd, el les canards domestiques deviennent doux et familiers , et changent de robe aussi bien que de mœurs. \u lieu d’être constamment monogames, ils vivent alors en polygamie, et un mâle suflit à huit ou dix femelles. Leur couleur varie beaucoup : on en voit dont le plumage est plus ou moins brun ou noir; d’autres ont la tête ornée d’une huppe. On en élève un grand nombre, car aucun animal domestique n’est plus facile à nourrir. Pourvu qu'il ait de l’eau à sa disposilion el une retraite pour la nuit, il ne demande plus rien à son maitre ; 1] ne coûte par conséquent presque rien , et il donne un bénéfice assuré, car sa chair est un aliment agréable, et ses plumes sont un objet de commerce. En général, on plume ces oiseaux au mois de mai et de septembre, et on se contente d’arracher les plumes dn ventre et du cou, qui sont les meil- leures, sans valoir toutefois celles de l’oie. Lorsqu'on ne consa- cre pas les canards à la multiplication de leur race, on les en- graisse, en général, vers l’âge de six à huit mois pour la table. On élève aussi, dans nos campagnes , une autre espèce de canards, le canard musque , que l’on y désigne mal-à-propos sous le nom de canard de Barbarie ; car, au lieu de venir d’'A- frique, il est originaire d'Amérique. On le distingue aux caron- cules rouges dont sa tête est couverte. Ce canard est deux fois plus gros que le précédent, mais il est plus difficile à nourrir, et il répand une odeur de muse, provenant des glandes placées sous le croupion et qui se communique à sa chair. Ces deux espèces se mêlent facilement et donnent naissance à des hybri- des appelés mulurds, qui ont presque la grosseur du canard Sarcelles. Harles. 158 - ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. musqué, sans en avoir l’odeur, mais qui sont en général sté- riles. 6 785. On donne le nom de sarcelles à plusieurs petites es- pèces de canards, qui ne diffèrent guère du canard commun que par la taille. Notre sarcelle ordinaire est maillée de noir sur un fond gris , et présente une bande blanche sur les côtés de la tête el un miroir vert cendré sur les ailes : elle est commune sur nos élangs, en automne el au printemps, et se porte dans le nord pour couver. La petite sarcelle , qui est beaucoup plus commune el qui fait sa ponte dans nos contrées, a le corps finement rayé de noirâtre , la téte rousse avec une bande verte de chaque côté, la poitrine d’un blane roussâtre, varié de ta- ches rondes, et, sur les ailes, un miroir vert et noir. Elle se trouve aussi dans l'Amérique septentrionale. $ 786. Les RARLES (Mergus) diffèrent de la grande famille des canards par leur bec grêle ; presque cylindrique et armé sur fig. 327. les bords de pointes dirigées en ar- 7 rière et ayant l’aspect de dents de scie (fig. 327); du reste, ils leur ressemblent extrêmement tant par leur port etleur plumage que par leurs mœurs. Leur demeure habituelle est dans les cli- mats froids : c’est là qu'ils se reproduisent; mais, en hiver, ils se répandent dans les pays tempérés. Leur vol est rapide et soutenu, etils nagent extrêmement bien; en général, ils se tiennent le corps submergé et la tête seulement hors de Peau ; en plongeant, ils s'aident de leurs ailes, pour accélérer leur course, et font de la sorte une pêche active. Leur plumage jarie beaucoup avec lâge. Pendant Vhiver, il nous arrive trois de ces oiseaux : le Aurle vulgaire qui est de la taille d’un ca- nard ; le Aarle huppe, qui est plus petit, et le Awrle piette, qui est encore de moindre taille. CLASSE DES REPTILES. 159 CLASSE DES REPTILES. 6 787. La classe des reptiles comprend tous les animaux ver- Caractéres tcbrés à sang froid , dont la respiration (à Létal parfait, sinon Snéranx. dans le jeune àäge) est aërtenne et inromplete. Ws ont des pou- mons comme les mammifères et les oiseaux ; mais leur ‘appa- reil circulatoire est toujours disposé de manière à ce qu’une partie du sang veineux se mêle au sang artériel, sans avoir traversé l'organe respiratoire, et en général ce mélange s’o- père dans le cœur, qui ne présente qu’un seul ventricule, dans lequel s’ouvrent les deux oreillettes. Par leur forme générale, les reptiles se rapprochent des Conforma- mammifères plus que des oiseaux ; mais, du reste , ils offrent ‘99 générale. à cet égard beaucoup de variations. Leur lête est presque tou- jours petite, et leur corps très allongé; quelquefois ils man- quent complètement de membres ou n’en ont que des vestiges ; mais la plupart de ces animaux ont quatre pattes conformées pour servir à la marche ou à la nage. Du reste, ces membres sont d'ordinaire trop courts pour empêcher le tronc de trainer à ierre, et, au lieu d’être dirigés parallèlement à l'axe du corps el de se mouvoir dans ce sens, ils se portent en général , de côté etse meuvent dehors en dedans perpendiculairement à l'axe du corps, disposition très défavorable à la locomotion : aussi la plupart des reptiles ont-ils l'air de ramper sur le sol plutôt que de marcher, et c’est de là que leur vient leur nom. $ 788. Leur squelette présente dans sa structure des variations Squelette. bien plus grandes que celui des animaux vertébrés à sang chaud; toutes les parties dont il se compose peuvent tour-à-tour man- quer, si ce n’est la tête et la colonne vertébrale ; mais les os qui s’y trouvent conservent toujours une grande ressemblance avec ceux des mammifères et des oiseaux, et se reconnaissent facilement pour en être les analogues. En faisant l’histoire des différens ordres dont la classe des reptiles se compose, nous décrirons les principales modifications de la charpente osseuse de ces animaux, et,-pour éviter les répétitions, nous nous bornerons à ajouter ici que le crâne est pelit et la face allon- gée. La mâchoire imférieure est toujours composée de plusieurs pièces, comme chez les oiseaux et s'articule avec le crâne par l’intermédiaire d’un os distinct du temporal (los carre ou tympanique) ; la tête est en général peu mobilé et s'articule avec la colonne vertébrale au moyen d’un seul condyle à plusieurs 160 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. facettes, la colonne épinière est ordinairement très longue et les côtes nombreuses ; enfin les os de l'épaule ont de l’analogie avec ceux des oiseaux, sans être cependant aussi développés, et presque toujours le membre postérieur SRE en tout au membre antérieur. Mouvemens. (789. Les mouvemens des reptiles sont en Ré moins vifs et moins soutenus que ceux des animaux à sang chaud, comme, du reste, on pouvait le prévoir d’après l'étendue plus bornée de leur respiration; car il existe toujours, ainsi que nous l’a- vons déjà vu, un rapport intime entre l’énergie de ces deux fonctions. Leurs muscles reçoivent moins de sang et présentent une teinte blanchâtre ; enfin il est également à remarquer que ces organes conservent plus long-temps leur irritabilité, après qu’on les à soustraits à l'influence du système nerveux. Chez les animaux à sang chaud, la destruction du cerveau et de la moelle épinière ou la section d’un nerf détermine immédiate- ment une paralysie complète, soil générale, soit locale, et, peu de temps après que ce phénomène s’est déclaré, il devient impossible d’exciter des contractions musculaires, en pi- quant ou en stimulant autrement les parties affectées. Chez les repliles, au contraire, la faculté d'exécuter des mouvemens sous l'influence de ces stimulans , se conserve dans des circon- siances analogues pendant fort long-temps; ainsi la queue d’un lézard, détachée du corps, continue à se mouvoir pendant plusieurs heures, et il arrive souvent de voir une tortue morte depuis plusieurs jours, agiter ses membres lorsqu'on stimule les muscles, en les piquant. On peut en conclure que, chez ces animaux, la division du travail physiologique et la locali- sation des diverses fonctions du système nerveux sont portées moins loin que chez les mammifères et les oiseaux, d’où ré- sulte une dépendance moins intime des différentes parties de l’économie les unes des autres. Systeme ner. G 790. L’encéphale des reptiles est peu développé; la surface veux Fig. du cerveau est lisse et sans circonvolutions (#g. 328). Les deux hémisphères sont ovalaires, plus ou moins allongés el creusés intérieurement d’un ventricule; de même que , chez les oiseaux, il n’y a point de corps strié; enfin, à leur partie antérieure, on remarque souvent des lobules olfactifs assez gros ; situés à l’origine des nerfs de la première paire. Les lobes optiques sont en général assez grands et placés en arrière des hémis- phères, sur le méme niveau. Le cervelet est au con- 328. traire très petit, et, de même que, chez les autres animaux vertébrés ovipares, il n’envoie pas sous la moelle allongée un prolongement transversal, de manière à y CLASSE DES REPTILES. 161 former une sorte d’anneau comme chez les mammifères. La moelle épinière, comparée au cerveau, est très développée, et on remarque aussi que les nerfs sont plus gros proportionnel- lement au volume des parties centrales du système nerveux que chez les animaux supérieurs. $ 791. La plupart des reptiles n’ont pas d’organe spécial pour le toucher, et en général la sensibilité tactile ne peut être très développée à raison de la nature de leurs tégumens. Quelques- uns ont, il est vrai, la peau complètement nue et l’épiderme à peine distinct; mais, chez la plupart, elle est recouverte par une couche épidermique épaisse et formée par des lames plus ou moins dures de matière cornée ou même osseuse. Chez les reptiles à peau nue, l’épiderme de consistance moyenne, se détache et se renouvelle très souvent, et, chez les animaux de cette classe où il offre plus de consistance , il se détache aussi à différentes époques de l’année, pour faire place à un épiderme nouveau ; tantôt cette espèce de mue est partielle, ou du moins lPépiderme ne tombe que par lambeaux ; mais d’autres fois il se détache en entier et conserve la forme de lanimal dont il provient. Les serpens se dépouillent ainsi plusieurs fois par an. Les yeux des reptiles ne présentent rien de bien remarqua- ble : leur disposition est en général à-peu-près la même que chez les oiseaux; mais ‘on n’y irouve que rarement quelque prolongement ayant de analogie avec le peigne. Les paupières sont ordinairement au nombre de trois, mais quelquefois manquent complètement, comme nous le verrons chez les ser- pens. L'appareil auditif est bien moins complet que chez les mam- mifères ou même les oiseaux. L’oreille externe manque presque toujours complètement : il n’y a jamais de conque auditive $ et le tympan est à fleur de tête et à nu, ou caché sous la peau ; quelquefois même il n’en existe aucune trace; la caisse n’est d'ordinaire que très imparfaitement cloisonnée par les os du crâne et communique par une large fente avec l’arrière-bou- che, dont elle semble quelquefois n'être qu’une dépendance ; les osselets de louie manquent pour la plupart ; enfin ie lima- con est souvent rudimentaire. Les fosses nasales sont peu développées et présentent dans ieur disposition quelques particularités dont nous aurons l’oc- casion de parler par la suite. La plupart des reptiles avalent leurs alimens sans les mà- cher ; etle sens du goût parait être très obtus chez tous ces ani- maux. La langue est quelquefois épaisse et charnue ; mais, en général , elle est mince, sèche, très protractile et souvent bi- 11 Organes des sens. Régime. Appareil di- gestif. 162 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. fide ; quelquefois elle devient un organe de préhension dont le jeu est très remarquable. 6 792. Il est peu de reptiles qui vivent uniquement de matiè- res végétales. Presque tous sont carnivores, et, à quelques exceptions près, ne recherchent qu’une proie vivante, qu'ils avalent , en général, sans la diviser : aussi le choix des ani- maux dont ils se nourrissent est-il , pour ainsi dire, réglé par le calibre de leur bouche. La plupart ne boivent que peu et peuvent, sans inconvénient, supporter des jeùnes très pro- longés. La bouche est largement fendue et en général armée de dents ; quelquefois on en trouve au palais aussi bien qu'aux mâchoires : elles ont presque toujours une forme conique, et, en général, au lieu d’être logées dans des alvéoles, elles sont soudées par leur base sur l'os qui les porte. Chez quelques rep- tiles dépourvus de dents, les mâchoires sont recouvertes d’une lame cornée , dont les bords sont tranchans comme le bec des oiseaux; mais il n’y a jamais de lèvres charnues et mobiles comme chez les mammifères. Des organes glandulaires en assez $rand nombre entourent d'ordinaire la bouche des reptiles et y versent soit une humeur gluante, soit de la salive; quelquefois des glandes, ayant la plus grande analogie avec les glandes salivaires, sécrètent aussi un poison violent. En faisant l'histoire des serpens, nous au- rons l’occasion de revenir sur ce sujet. Les alimens ne devant pas séjourner dans la bouche, pour y être broyés, le voile du palais aurait été en général inutile et, en effet, il n'existe presque jamais. Chez la plupart de ces animaux, le pharynx n’est pas distinct de la bouche, et sou- vent il n’y a même aucune ligne de démarcation bien tranchée entre l’æœsophage et l'estomac , qui est simple et de forme va- riée. Les intestins sont courts et dépourvus d’appendice cœæcal ; le gros intestin diffère peu de l’intestin grêle el se lermine dans un cloaque où viennent aboutir aussi les canaux urinaires el les organes de la reproduction. Le foie est en général volumineux; le nombre de ses lobes varie de un à trois; la bile est de couleur verte ou brune, et arrive dans lPintestin par deux canaux souvent complètement séparés, et dont l’un provient directement du foie, Pautre de la vésicule du fiel; quelquefois ce réservoir est lout-à-fait sé- paré du foie. Le pancréas se trouve à sa place ordinaire, etil existe aussi une rate, dont la forme et la position varient. Les reptiles ont, de même que les animaux supérieurs, des vaisseaux lymphatiques destinés à pomper les produits de la digestion et à les verser dans le torrent de la circulation. 0 CLASSE DES REPTILES. 163 6 793. Le sang de ces animaux est rouge et à globules ellip- tiques. Le volume de ces corpuscules est beaucoup plus consi- dérable que chez les mammifères et les oiseaux, et leur nom- bre moins considérable. La disposition de l'appareil circulatoire varie ; mais, ainsi que nous l’avons déjà dit (660), il y a toujours une communication directe entre le système vasculaire à sang rouge et le système vasculaire à sang noir, de sorte que ces deux liquides se mêlent et que les organes ne reçoivent qu’un sang imparfaitement artérialisé par le travail de la respira- tion. Presque toujours le cœur se compose de deux oreillettes (od, og), S’ouvrant dans un seul ventricule (#). IL en résulte que le sang artériel venant des poumons et recu dans loreillette gauche, et le sang veineux arrivant d des diverses parties du corps dans > => "1 loreillette opposée,se mélent dans D js< (petites sur le dos et }1aAGERrIENS, < partout. À oi La langueMtrès larges sur Île Z | mince et libre À ventre); langue lon- = dans toute son | £ue, grêle el pro- = | étendue; en gé-. fondément bifide. / cr »4" » ! % ZAR A \ neral, des p'a- Corps couvert d'e- \ques cornees L'cailles ÿmbriquees sur la tête. comme celles des } poissons, et seinbla- bles sur le dos etsur le ventre; langue | epaisse, platé et peu échancree au bout. y SCINCOIDTENS, En Doigts opposables et réunis en deux paquets; la queue préhen- } Pass \ Ÿ x . . CAMELEONTENS, sile; a langue très longue, cylindrique et tuberculeuse au bout, { FAMILLE DES CROCODILIENS. $ 820. Les crocodiles diffèrent à tant d’égards des autres sau- riens , que plusieurs auteurs ont cru devoir en former un ordre distinel. Par leur organisation intérieure, ils semblent même élablir le passage entre les reptiles et les vertébrés supérieurs. Caractères. Fig. 339. CROCODILE DU NIL. k Û On les reconnait facilement à leur queue comprimée latérale- ment, à leurs doigts, au nombre de cinq devant et de quatre ORDRE DES SAURIENS. 187 derrière , et à la palmure membraneuse qui réunit les doigts de leurs pattes postérieures, caractères qui indiquent des habi- tudes aquatiques. La particularité la plus remarquable de la structure de ces animaux est la disposition de leur système circulatoire : elle est telle que toute la portion postérieure du corps reçoit seule- ment un mélange de sang artlériel et de sang veineux, landis que la tête reçoit du sang artériel pur. Le cœur présente quatre cavilés, deux oreillettes et deux ventricules distincts comme chez les mammifères et les oiseaux. Le sang artériel, venant des poumons , passe de l'oreillette gauche dans le ventricule du mème CÔlé, qui, à son tour, l'envoie dans lPartère aorte (/g. 340). Le sang veineux, reçu dans le ventricule droit, ne trouve aucune communication pour pénétrer dans le ventricule gau- che , comme cela a lieu chez les autres reptiles ; mais il ne va pas en entier aux poumons, comme chez les vertébrés à sang | chaud; car, à côté de l'ouverture des Fig. 340. (1) artères pulmonaires (ap). se trouvé un autre vaisseau (a), qui nait également du ventricule droit, el qui , après s’être recourbé derrière ke cœur, va aboutir É vpsulie que, à chaque contraction du cœur, une porlion du sang veineux est envoyée aux poumons el une autre por- og on va se mêler au sang artériel ; mais , te mélange ne se fait dans l’intérieur de l'artère aorle qu’au dessous de l’origine des branches ire) que €e vaisseau envoie à la lête et à la partie antérieure du lronc, de manière que ces parties reçoivent du sang artériel pur, tandis que toutes celles dont les artères naissent, en ar- rière du point de jonction de Paorte avec le vaisseau venant du ventricule droit, ne reçoivent qu'un mélange de sang rouge el de sang noir, (1) Cœur et gros vaisseaux du crocodile : — *, # Veines qui rapportent le sang des diverses parties du corps à l’oreillette droite du cœur (od); — at les 5 Î deux ventricules qui, intérieurement, sont séparées par une cloison; — ap les deux artères pulmonaires qui se rendent du ventricule droit aux poumons: — a vaisseau qui part du même ventricuie et se réunit à l'artère aorte descen- dante; — +p veines pulmouaires qui portent le sang artériel des poumons à loreiliette gauche (og), d’où il descend dans le ventricule gauche, et pénètre ensuite dans l'artère aorte (ao), et les deux artères (cc) qui se distribuent à la tête, etc. - 4P dans l'aorte descendante #0). Il en ré- Circulation. Respiration, Appareil di- gestif, Squelette. Tégumens, Maœurs, lSSs LOOLOGIE DESCRIPTIVE. Les poumons des crocodiles ne s’enfoncent pas dans Pabdo- men comme ceux des autres reptiles et sont séparés des viscè- res par une espèce de diaphragme incomplet. Il est aussi à noter que le canal par lequel Pair pénètre dans ces organes . peut être complètement séparé de la bouche par l abaissement dun repli analogue au voile du palais des mammifères, dis- position qui leur permet de rester sous l’eau , la bouche béante, pour attendre leur proie, sans interrompre leur respiration. Enfin leurs narines, ouvertes au bout du museau , sont fer- mées par des valvules. Leur bouche est fendue jusque derrière les oreilles, et la mächoire inférieure se prolonge derrière le crâne, ce qui fait paraitre la supérieure mobile; mais elle ne se meut qu'avec le crâne. Il existe à chaque mâchoire, une seule rangée de dents pointues, très fortes et implantées dans des alvéoles distinctes. La langue est charnue, plate, attachée à la mâchoire infé- rieure Jusque très près de ses bords et peu distincte, ce qui à fail croire aux anciens qu’elle manquait. Souvent elle est re- couverte de pupilies cornées. L’estomae a la forme d’une poche arrondie , et ouverture de Fanus est longitudinale. Leur squelette présente aussi plusieurs parlicularités. Leur caisse et leurs ApOphYSES plérygoides sont fixées au crâne comme chez les tortues; leurs vertèbres cervicales s ’appuient les unes sur les autres par de petites fausses côtes, qui rendent le mouvement latéral difficile. Outre les côtes ordinaires, on trouve entre les muscles de l'abdomen des os analogues, qui protègent les viscères, sans remonter jusqu'à a dorsale ; enfin ces reptiles sont Les seuls sauriens qui manquent de clavi- cules proprement dites. Les crocodiles sont des animaux de grande taille; leur dos est couvert de grandes écailles carrées, très fortes et carénées au milieu. La eue en présente de semblables et est garnie en dessus d'une crète de fortes dentelures , double à sa bases enfin le ventre est recouvert par des écailles carrées, minces, lisses et disposées par bandes transversales. Ces grands et puissans reptiles habitent les parties les plus chaudes des deux continens et se tiennent d'ordinaire dans les fleuves et les lacs d’eau douce. Leur démarche est en général grave ; cependant ils peuvent nager avec une rapidité extrême el courir très vile en ligne droite, mais ils ne changent que difficilement de direction, à cause de la disposition des vertè- bres de leur cou : aussi peut-on aisément les éviler en tour- noyant. [ls sont très carnassiers et à redouiter, même pour l'homme. Ils ne peuvent pas avaler dans l'eau; mais, en gé- néral, 1ls v entraînent leur proie, pour la noyer, et Py lais- ORDRE DES SAURIENS. 189 sent, dit-on, dans quelques creux pour la faire pourtr avant que de la manger. Ces animaux, si redoutables et si bien cuirassés, ont cepen- dant des ennemis à craindre, et ces ennemis sont de faibles insectes, des espèces de fourmis qui s’introduisent dans leur bouche en nombre immense aussitôt qu’ils vont à terre , et les tourmentent par leurs morsures; mais, chose singulière, de petits oiseaux viennent souvent les délivrer de ce fléau et en- trent sans crainte dans leur gueule, pour y chercher ces in- sectes. Ce fait, observé par Hérodote et ensuite traité de fable. a été confirmé de nos jours par M. Geoffroy Saint-Hilaire, qu. accompagna l’empereur en Egypte. C’est une espèce de pluvier qui rend au crocodile du Nil ce service intéressé, et aux An- ülles le todier a des habitudes analogues. La famille des crocodiliens se compose de trois genres, sa- voir : les crocodiles proprement dits , les caïmans et les gavials. $ 821. Les CROCODILES PROPREMENT DiTs ont le museau oblong et déprimé, les dents inégales et la mâchoire supérieure échancrée de chaque côté, pour recevoir la quatrième dent d’en bas, lorsque la bouche est fermée. L’espèce la plus an- ciennement connue et la plus célèbre est le crocodile du Nit (fig. 339), animal dont la longueur dépasse quelquefois huit et même dix mètres : il est vert bronzé, piqueté et marbre de brun en dessus, vert jaunâtre en dessous, et il se distingue par les plaques carrées, de grandeur à-peu-près égales, qui forment six rangées tout le long du dos. On trouve, depuis le Sénégal jusqu'au Gange et même au-delà, des crocodiles très semblables à celui du Nil, et qui paraissent n'être que des va- riétés de cette espèce. Jadis ce reptile descendait le Nil jus- qu’au Delta , et, d’après le récit de Pline, il y passait les quatre mois d'hiver en léthargie dans des cavernes; mais, de nos jours, il ne quitte pas la Haute-Egypte, où il ne s’engourdit pas. Les anciens Egyptliens, surtout les habitans de Thèbes et des environs du lac Meæris, rendaient de grands honneurs à ces reptiles : ils en faisaient même l’objet d’un culte religieux et en embaumaient les cadavres. À Arsinoé, les prêtres éle- vaient dans un temple un de ces animaux, qu’ils nourris- saient avec grand soin et qu’ils ornaïent de bijoux. M. Geoffroy Saint-Hilaire pense que le erocodile sacré était d’une espèce particulière, d’un naturel plus doux que le crocodile vulgaire ; mais cette opinion ne parait pas appuyée sur des preuves suf- fisantes. ILexiste aussi des crocodiles proprement dits en Amérique Classifira= tion. Crocodile; propremeu t dit. Caimons, Gavials 190 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. le caëman des colons de Saint-Domingue et des autres Antilles appartient à ce genre et a recu le nom de crocodile à museur effile, à cause de la forme de sa tête : on lui compte quatre ran- gées de plaques sur le dos, et sa longueur dépasse quelquefois cinq mètrés. C’est un animal très féroce et dangereux, même pour l’homme. Les mâles se livrent des combats acharnés, el les femelles déposent aux mois de mars, avril et mai, leurs œufs dans des trous creusés dans la terre. Au bout d’un mois, les petits éclosent et la mère vient alors gratter la terre, pour les faire sortir du trou où ils sont enfouis, et, pendant l’es- pace de trois mois , les nourrit et les défend. Au moment de la naissance , ils n’ont que neuf à dix pouces de long, et leur croissance dure plus de vingt ans. 6 822. Les CAÏMANS où ALLIGATORS se distinguent facilement des crocodiles proprement dits par la disposition de leur qua- trième dent d'en bas qui, la bouche étant fermée ,.est logée dans un trou et non dans une échancrure de la mâchoire supé- rieure. Leurs pieds de derrière , au lieu d’être dentelés au bord externe et palmés jusqu’au bout des doigts, sont dépourvus de dentelures et à demi palmés seulement. On en connait plu- sieurs espèces ; mais toutes paraissent être propres à l'Améri- que. L’une d'elles, le caiman à museuu de brochet, habile le midi de l'Amérique septentrionale, el, lors des glaces, s'en- fonce dans la vase et y reste engourdie jusqu’au retour d’une température plus douce. À la Guyane et an Brésil, il s'en trouve un autre, appelé caëman à lunettes, à raison dune arête transversale, qui réunit en avant les bords saillans de ses orbites. Comme les'autres crocodiles, ce dernier pont ses œufs dans le sable ; mais il les recouvre de pailles ou de feuilles , et. an lieu de les abandonner, il les défend avec courage : il à douze ou quinze pieds de long. et n’atlaque presque Jamais l’homme. 6 823. Enfin les GAVIALS diffèrent des deux genre; précédens par leur museau grêle et très allongé, ainsi que par leurs dents, à-peu-près égales. Jusqu'ici on n’en à rencontré que dans l’ancien continent. Le plus commun est le gavrialdn Gunge, qui atteint, dit-on, jusqu’à trente pieds de long , mais qui n’est pas dangereux pour l’homme ou les grands animaux et ne se nourrit que de poissons. + ORDRE DES SAURIENS. 191 FAMILLE DES LACERTIENS, 6 824. Les lacertiens ont, aux pattes postérieures comme aux pieds de devant, cinq doigts séparés, allongés, inégaux et armés d'ongles ; leur langue est mince, extensi- ble et terminée par deux filets (#g. 341); leurs écailles sont disposées par bandes transversales et parallèles autour de la Fig. 341. queue et sous le ventre; enfin Panus est une fente transversale. Ce groupe peut se diviser en deux tribus : les VARANIENS dont la tète est garnie en dessus d’écailles tuber- culeuses comme le reste du corps , etles LACERTIENS ordinaires, qui ont la tête recouverte de grandes plaques cornées. 6825. Les VARANIENS ont la queue légèrement comprimée et recouverte, ainsi que tout le reste du corps, par des écailles tuberculeuses enchässées, qui forment autour de cette partie et sous le ventre des bandes circulaires et parallèles. Ils sont remarquables aussi par la conformation de leur langue, qui est très longue, profondément fendue à son extrémité, rétractile dans un fourreau et très semblable à celle des serpens ; enfin . il est encore à noter qu'ils n'ont pas de dents palatines, et que celles dont leurs mâchoires offrent des caractères particuliers naissent dans un sillon. Le genre principal de cette division est celui des VARANS qui ont recu aussi le nom de #onitors, el qui, par une singulière erreur de quelques auteurs, ont été appelés encore des ##p1- nambis (1). On en trouve deux espèces en Egypte : lune, le zaran du Nil, a près de deux mètres de long, et se voit gravé sur les monumens des anciens Egyptiens; c’est un animal aquatique , comme Pindique sa queue comprimée et surmontée d’une haute carène , et on le rencontre dans presque lous les fleuves de PAfrique; Pautre, appelée varan des sables Où xaran du désert, à Ja queue presque ronde, non carénée, el n’atteint pas un mètre de long; elle habite les lieux secs et arides, et a été D ? désigné par Hérodote sous le nom de crocodile terrestre. Plu- (1) Nom d'un peuple confondu par Seba, avec celui d'une espèce de reptile de cette famille. Caractéres. Varaniens Vatans. Lacertiens propre menEs dits, Lezards. 192 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sieurs autres espèces de ce genre ont été découvertes dans l’Inde et dans l'Océanie; dans le Nouveau-Monde, il est représenté par une espèce qui constitue le type d’un second genre auquel on à donné le nom de Aéladerme. $826. La tribu des LACERTIENS PROPREMENT DITS est beaucoup plus nombreuse, et Se distingue par l'espèce Fig. 342(1). de cuirasse dont la tête est recouverte, et par les grandes plaques écailleuses qui garnissent le ventre. En général, il existe sous le cou une espèce de collier formé par un repli de la peau et par une rangée d’écailles assez gran- des, séparées de celles de la poitrine par de simples granulalions. La plupart de ces rep- tiles offrent aussi sous les cuisses une rangée de pores et sont pourvus de dents palatines, aussi bien que de dents maxillaires (/g. 342) ; enfin , leur queue est presque toujours arron- die. On range dans cette division les /ezards, les sauvegardes, les ameira, les dragonnes.et plusieurs autres genres. 6827. Les LÉZARDS (fig. 343) ont le dessus du corps couvert de petites écailles, semblables à des granulations, tandis que, Fig. 343. LÉZARD VERT PIQUETÉ. sous le ventre, on leur voit de larges plaques transversales. Ce sont des animaux agiles, sveltes el de formes élégantes : ils se nourrissent principalement d'insectes et veulent une proie vivante, En été, ils en mangent beaucoup; mais ils peuvent Supporter facilement un jeûne de plusieurs semaines dans l'été, el de quatre à cinq mois dans l'hiver, et, lorsqu'on le; relient (13 Téte de lézard vue en dessous : — # Le crâne ; — à la voûte ossense des tempes; — « les dents palatines d les dents maxillaires ORDRE DES SAURIENS. 193 en captivité, ils refusent en général de prendre des alimens ; cependant ils mordent lout ce qu’on leur présente, et serrent les mâchoires avec une force très grande. Dans nos climats, ils passent l'hiver engourdis dans des trous, et ont des mouvemens d'autant plus vifs , que la température est plus élevée : ils aiment à se réchauffer au soleil , même au milieu de l'été, et on les voit souvent s'étendre sur une pierre frappée de ses rayons. On a débité beaucoup de fables sur ces animaux: les uns ont pré- tendu , sans aucune raison, qu’ils sont venimeux; d’autres, sans plus de fondement, qu'ils ont pour l’homme un véritable atta- chement et l'avertissent lorsqu'un serpent cherche à le mordre. On en connait un grand nombre d’espèces, dont plusieurs se tiennent en France. ‘La plus commune est le Lzard gris où Lezard des murailles, qui habite les ruines, les vieux murs, et les rochers. Dans nos forêts, on rencontre aussi un lézard beau- coup plus grand, dont la couleur générale est vert brillant, mais dont le dos est piqueté de points noirs el vert jaunâtre ; c’est le /ezard vert Ou lézard piquele des naturalistes (fig. 343) ; enfin, dans le midi de la France et en ltalie, on en trouve un autre (le ezard ocelle; plus grand encore et plus beau par les anneaux et les lignes d’un beau nôir, qui forment une espèce de broderie sur le fond vert brillant de son dos. $828. Les AMEIVA sont des reptiles qui sont propres à l’'Amé- rique et qui ! ressemblent beaucoup aux lézards, mais qui n’ont pas de collier écailleux sous le cou, et qui s’en distinguent encore par la structure de leurs dents. 6 829. Les SAUVEGARDES ont le dos revêtu de petites écailles anguleuses et lisses disposées par bandes transversales, et les dents d’une forme particulière : ils ressemblent beaucoup aux varans et habitent PAmérique. $ 830. Les THORCÈTES OU DRAGONNES se distinguent des pré- cédens par leur queue comprimée , et sont également propres à l'Amérique. FAMILLE DES IGUANIENS. 6 831. Les sauriens dont cette famille se compose ont à-peu- près la même forme générale que les lacertiens : ils ont aussi une longue queue, des doigts libres et inégaux, etc.; mais leur 13 Ameiva. Sauvegardes. Dragonnes. Caractères. 194 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. langue est charnue, épaisse, à peine extensible et seulement échancrée au bout. En général, ils n’ont de grandes plaques ni sur le dessus de la tête, ni sous le ventre , et se font remarquer par la crête dentelée qui règne le long du dos ou de la queue, et par les replis de la peau, qui pendent comme une sorte de goitre sous le cou. Fr. 344. IGUANE. L’armature de la bouche présente les mémes modifications que dans la famille précédente : tantôt il existe des dents au palais, aussi bien qu'aux deux mâchoires; tantôt il n’y a en haut que deux rangées fixées aux mâchoires. Stellions. $ 832. Parmi les iguaniens dépourvus de dents palatines, on range les STELLIONS, dont la queue est entourée d’anneaux composés de grandes écailles, souvent épineuses; les coR- DYLES qui, à plusieurs égards, se rapprochent des lézards, les \games. AGAMES (fig. 338), dont les écailles de la queue sont imbriquées Dragons. el non verticillées; les bRAGONS, etc. Ces derniers se distin- RDS een ve yes LR 4 rs" 2 2 di Fig. 345. DRAGON. guent de tous les autres reptiles par des espèces d'ailes que orme de chaque côté du corps un grand repli de la peau. Ces / ORDRE DES SAURIENS. 195 appendices ressemblent assez aux ailes des chauves-souris ; mais, au lieu d’être soutenus et mis en mouvement par les membres , ils en sont tout-à-fait indépendans et sont soutenus par les six premières fausses côtes qui n’entourent pas lPabdo- men, mais s’étendent horizontalement en ligne droite, L’animal s’en sert comme d’un parachute pour se soutenir en Pair, lors- qu'il saute de branche en branche; mais il ne peut les mouvoir avec assez de force pour voler comme une chauve-souris ou un oiseau. Ces singuliers reptiles, qui habitent linde, réalisent donc, jusqu’à un certain point, la fable des espèces de lézards ou serpens volans, dont quelques écrivains de l'antiquité ont parlé; mais les dragons des zoologistes, au lieu d’être des ani- maux redoutables, comme ceux des poètes, sont de très petite taille et n’attaquent que les insectes. 6 833. Nous citerons, comme exemples des iguaniens à dents palatines, ies IGUANES PROPREMENT DITS, les BASILICS et les ANOLIS. Les premiers sont couverts de petites écailles imbri- quées et ont tout le long du dos une crête formée de larges écailles pointues (fig. 314). Sous leur gorge, on remarque.aussi un fanon comprimé et pendant. On en connait plusieurs espèces, qui habitent l'Amérique : Pune , longue de quatre à cinq pieds, est commune dans toute la partie chaude du Nouveau-Monde. Elle vit en grande partie sur les arbres; et se nourrit de fruits, de feuilles, etc. Sa chair passe pour être délicate , mais malsaine. 6834. Les BASILICS ont en dessus du dos et de la queue une crête continue et élevée, que soutiennent les apophyses épi- neuses des vertèbres : ils se nourrissent de graines et habitent la Guyane. 6835. C’est également à côté des iguanes que se rangent les Iguanes. Basilie. Amblyrls n- AMBLYRHYNQUES, reptiles découverts récemment aux iles Gal- 4165.” Fig. 346. AMBLYRHYNQUE ( 4 dents. ) 13 196 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. lopagos, et remarquables par leurs mœurs; car, au lieu d’être des animaux essentiellement terrestres, comme la plupart des sauriens, ou de fréquenter les eaux douces, comme le font quelques-uns de ces animaux, ils vivent sur les bords de la mer et nagenl avec tant de facilité, qu’on les voit souvent s'éloigner à des distances considérables du rivage et gagner même la haute mer ; il paraïitrait aussi qu’ils se nourrissent de plantes marines. nos $ 836. Enfin, les ANOLIS, qui sont propres à l'Amérique, se distinguent par la conformation de leurs doigts, dont l’anté- pénullième article est garni, en dessous, d’un disque ovalaire et strié, à l’aide duquel ces reptiles s’attachent à la surface sur laquelle ils grimpent. Plusieurs ont la faculté de varier la cou- leur de leur peau, FAMILLE DES GECKOTIENS. Caractères. ( 837. Les sauriens, désignés par le nom collectif de geckos, sont des animaux nocturnes, dont l’aspect est triste et lourd, dont la marche est rampante , et dont la forme trapue et aplatie contraste avec celle de la plupart des reptiles dont nous avons parlé jusqu'ici. Leur tête est large et déprimée ; leurs yeux sont très grands et très saillans; leurs mâchoires sont armées tout autour d’une seule rangée de petites dents, mais 1l n’y en a pas au palais. Leur langue est charnue et non extensible; leur corps Fig. 347. GECKO DES MURAILLES. est Comme Chagriné en dessus et recouvert en dessous d’écailles plates el imbriquées; leurs pattes sont médiocres; enfin leurs ORDRE DES SAURIENS. 197 cinq doigts, presque égaux, sont ordinairement élargis sur tout ou sur une partie de leur longueur, armés d’ongles rétractiles el garnis en dessous de replis de la peau, à l’aide desquels ils adhèrent aux corps sur lesquels ils marchent. Cette conforma- tion des doigts leur permet de grimper avec facilité contre les murs les plus unis, et même de marcher sur des plafonds. Pendant le jour , ils se cachent dans les lieux obscurs , et c’est principalement le soir qu’ils poursuivent les araignées et les autres animaux dont ils se nourrissent. La laideur de ces reptiles est extrême, et on assure que souvent le contact de leurs doigts sur notre peau y occasionne une sorte d’inflammation : aussi sont-ils partout un objet d’aversion et les accuse-t-on d’être venimeux , Mais sans que éette opinion soit basée sur aucune preuve réelle. Un de ces sauriens, appelé par les naturalistes le gecko des murailles, habite le midi de la France et les autres pays voisins de la Méditerranée. Dans la Provence, on le connait sous le nom de tarente. Il est long de quatre à cinq pouces et de cou- “leur grisâtre. Sa tête est rude et tout le dessus de son corps est parsemé de tubercules formés chacun de trois ou quatre gra- nules; enfin ses doigts, élargis dans toute leur longueur et garnis en dessous de stries transversales , ne sont pas tous ar- més d'ongles : il n’en existe qu'aux troisième et quatrième doigts. Cet animal hideux se plait dans les lieux secs et chauds : il se cache dans les trous des murailles , dans les tas de fumier et sous les toits des masures : il est assez agile et ne paraît pas s’engourdir en hiver. Un autre reptile du même genre, le gecko des maisons , est: commun dans les villes de l’Orient, où il se tient dans les parties humides et sombres des maisons. Au Caire , on prétend qu’il donne la lèpre en empoisonnant avec ses pieds les alimens el surtout les salaisons dont il est très friand : de là son nom. arabe : abou burs, C'est-à-dire père de la lèpre. Ses doigts sont élargis en disque au bout seulement et garnis de stries disposées en éventail. On connait encore un assez grand nombre d'espèces de geckos qui diffèrent entre eux par la conformation de leurs doigts et qui se trouvent, soit en Amérique, soit dans diverses parties de l’ancien monde. Un de ces animaux, qui habite la Nouvelle- Hollande, a la queue aplatie horizontalement en forme de feuille : On en a formé le genre PHYLLURE. Gecko. Plhivilure. 198 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. FAMILLE DES CAMÉLEONS. Caractères 838. Les caméléons se distinguent de tous les autres sauriens par leurs doigts , au nombre de cinq partout, mais divisés en deux paquets opposables, disposition qui en fait des animaux essen- Fig. 348. CAMÉLÉEON COMMUN. ‘ uellement g'impeurs , destinés à vivre sur les branches des ar- bres. Une foule de particularités d'organisation les éloignent également de tous les reptiles dont nous nous sommes occupés jusqu'ici. Leur queue , ronde et prenante leur sert comme d’un cinquième membre, pour s’accrocher aux branches et les aider dans leurs mouvemens lents et gauches. Leurs yeux, très grands ‘eL'extrèmement saillans, sont presque entièrement recouverts par la peau ; la lumière n’y pénètre que par un pelit trou silué vis-à-vis la pupille , et ces organes se meuvent d’une manière tout-à-fait indépendante l’un de l’autre. Leur bouche est armée de petites dents trilobées , et leur langue , charnue et cylindri- que, est extrêmement extensible : ils peuvent la darder hors de la bouche, à une distance qui dépasse quelquefois la longueur de leur corps, etils s’en servent pour prendre les insectes vi- vans dont ils se nourrissent. Leur corps est comprimé, leur dos comme tranchant et leur peau couverte de petites granulations écailleuses. Enfin ces singuliers animaux sont célèbres par la faculté de changer de couleur presque subitement; et, si lon en croyait d'anciens écrivains , ils auraient même le pouvoir de prendre successivement la teinte de tous les objets dont ils se lrouvent environnés, afin de mieux se dérober à la vue de leurs ennemis. Les observations des naturalistes ont déjà dépouillé l’histoire du caméléon des fables dont on l'avait chargée; mais, tout en lui refusant la propriété de varier de la sorte ses cou- LE ORDRE DES SAURIENS. 199 leurs, on à constaté qu’il peut réellement éprouver des change- mens des plus remarquables et être tantôt presque blanc, tan- tôt jaunâtre, d’autres fois vert, rougeâtre et même presque noir, soit partout, soit dans quelques parties du corps seule- ment. Ces changemens se voient surtout lorsque l’animal est excité par la colère ou par la chaleur. Lorsqu'il est resté long- temps dans un endroit obscur et froid, 1l est presque blanc, et, en le réchauffant ou en le stimulant, on lui fait prendre une teinte vert bouteille ou rouge veineux, qui souvent devient si intense , qu’elle paraît presque noire. Pendant long-temps on attribuait ces changemens à la distension plus ou moins grande des vastes poumons de cet animal et à des modifications cor- respondantes dans la quantité de sang envoyée à la peau; mais on s’est assuré qu'il n’existe aucune relation nécessaire entre ces phénomènes, et la dissection de la peau nous a appris qu’il fallait chercher la cause de ces variations de teinte dans le mode particulier de structure de cette membrane. On n’y trouve, en effet, diverses matières colorantes, dont les unes peuvent tantôt se montrer à sa surface et masquer en quelque sorte les autres, d’autres fois se retirer en dessous et se cacher sous le pigment superficiel. On ne connaît qu’un seul genre de sauriens organisés comme nous venons de le dire; mais on a constaté l’existence de plu- sieurs espèces de caméléons. L'une d'elles, très commune aux environs d'Alger, est répandue depuis l'Espagne jusque dans les Indes. > FAMILLE DES SCINCOÏDIENS. 839. Les sauriens dont il nous reste à parler se reconnais- sent à leurs pieds courts, à leur langue peu ou point extensible et aux écailles égales et ordinairement imbriquées, qui leur couvrent le corps en dessous comme en dessus. Les uns ont la forme d’un fuseau (fig. 349); d’autres, cylindriques et très allon- HN PDO À) Fig. 349. SCINQUE. gés, ressemblent à des serpens (/g. 350). Chez plusieurs, les Caractéres. Scinques, etc, 200 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pieds sont trop courts pour servir à la locomotion , et il en est même chez lesquels l’une des paires de membres manque com- plètement : aussi les scincoïdiens établissent-ils évidemment le passage entre les sauriens et les ophidiens. On y range les SCINQUES, les ss, les BIMANES , etc. Dans les deux premiers genres, il existe quatre pattes, et, chez les seps, le corps est plus allongé et plus vermiforme que chez les scinques. Les CHALCIDES n’ont que les membres rudimen- Sauriens fos- siles, Fig. 350. CHAËLCIDE TÉTRADACTYLES. laires (fig. 350), et les BIMANES manquent Complètement de pattes postérieures. $ 840. Pour terminer cette esquisse de l’histoire des sauriens , nous devons ajouter qu’à des époques bien antérieures à celle contemporaine de l’homme, il existait sur la surface du globe un grand nombre de ces reptiles d’une taille gigantesque , dont on retrouve les ossemens à létat fossile. Parmi ces sauriens, dont la race est éteinte, se trouvaient des lacertiens voisins des varans, dont la longueur devait être de trente à quarante pieds; mais c’est surtout par l’anomalie de leur structure, que plusieurs de ces ahimaux perdus sont le plus remarquables. CETTE HAS ST Fig. 351. PLÉSIOSAURE. En Angleterre, près de Honfleur et dans d’autres localités, on a trouvé, dans des terrains très anciens, les débris de plu- sieurs espèces de deux genres de sauriens , dont les pattes larges et en forme de palettes, indiquent que ces animaux élaient ORDRE DES SAURIENS. 201 entièrement aquatiques. On les désigne sous le nom de PLÉSIO- SAURUS (fig. 351) et d'ICTHYOSAURUS (352). Enfin un autre reptile #25 e222222 CECEETELCE EL SSS Fig: 35%: ICTHYOSAURE. (fig. 353), plus extraordinaire encore, a été découvert dans les an- ciennes couches de la formation jurassique. D’après la structure de sa charpente osseuse , on voit que, de même que nos chauves- souris, 11 devait pouvoir marcher sur la terre et voler; car ses pattes postérieures et tous les doigts de ses pattes de devant, un seul excepté, sont conformés de la manière ordinaire ; mais le second doigt des membres antérieurs, est plus de deux fois Fig. 353. PTÉRODACTYLE. (1) aussi long que le tronc, et servait probablement à soutenir un repli de la peau propre à remplir les fonctions d'ailes. Pour rappeler cette conformation singulière , on a donné à ces sau- riens fossiles le nom générique de PTÉRODACTYLE. {1) La ligue ponctuée indique !e contour présumé de la peau. Caracteres. 202 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ORDRE DES OPHIDIENS OÙ SERPENS. $ 841. On réunit d'ordinaire dans le groupe des serpens ou ophidiens tous les reptiles, dont le corps, cylindrique et al- longé, n’est pas pourvu de membres ; mais, pour que la classi- fication de ces animaux soit la représentation des modifications introduites par la nature dans leur mode d'organisation et in- dique le degré d'importance physiologique de ces différences, il devient nécessaire de séparer des serpens quelques reptiles apodes dont la respiration est d’abord branchiale, puis pul- monaire comme chez les batraciens ordinaires. D’un autre côté, le passage entre les sauriens et les ophidiens $e fait d’une ma- nière si graduelle, que la limite entre ces deux ordres est un peu arbitraire. Quelques naluralistes pensent même qu’il ne faudrait pas les séparer, et, suivant d’autres, il conviendrait de ranger dans la division des sauriens les serpens qui, par leur organisation intérieure, s’éloignent du type ordinaire des ophidiens et se rapprochent des scincoïdiens. $ 842. Les serpens proprement dits, c’est-à-dire les reptiles qui représentent essentiellement l’ordre des ophidiens , ne dif- fèrent pas seulement des sauriens par l'absence de membres, mais sont caractérisés aussi par la conformation de la bouche et l'absence complète de l’appareil sternal. Leur peau est garnie d’écailles, qui , en général, sont petites et imbriquées , en des- sus, et ont en dessous la forme de larges plaques quadrangu- laires : ils n’ont pas de tympan, et leurs yeux paraissent man- quer complètement de paupières; car ils ne sont recouverts que par une sorte de voile unique et immobile, qui est enchâssé comme un verre de montre au-devant de l’orbite et qui laisse traverser la lumière. Les vertèbres et les côtes forment à elles seules presque tout le squeletté de ces serpens. Leur nombre est très considérable; dans la vipère , on compte cent quatre-vingt-dix-huit vertè- bres; dans le boa , trois cent quatre, et, dans la couleuvre à collier, trois cent seize. La forme de ces os est à-peu-près la même dans toute la longueur de la colonne, et leur mode d’ar- liculation est très remarquable : la partie antérieure du corps de chaque vertèbre présente un tubercule arrondi, demi sphé- rique, qui s’'emboite dans une cavité correspondante de la face ORDRE DES OPHIDIENS. 203 postérieure du corps de la vertèbre voisine. Ce mode d’arti- culation en genou explique très bien les mouvemens de ces animaux, qui, en général, s’exécutent latéralement et non de haut en bas, comme le représentent les peintres; en effet les apophyses épinières qui règnent le long du dos sont d'ordi naire disposées de manière à empêcher la colonne de se cour- ber fortement dans ce sens. Les côtes entourent une grande partie de la circonférence du tronc et ne manquent qu'aux ver- tèbres caudales. Les premières paires sont plus petites que les autres; mais elles existent à partir de la têle, en sorte que ces animaux mont pas de cou. On en compte jusqu’à deux cent cinquante paires. | Fig. 354. TÊTE DE SERPENT PYTHON. (1) La charpente osseuse de la tête offre aussi chez les serpens (1) — 0 Occipital; — p pariétaux, — r rochers ; — f'frontal ; — fa frontaux antérieurs; — /p frontaux postérieurs; — so sus-orbiculaire ; — x os nasaux ; — me intermaxillaire; -— c cornets du nez; — 7 maxillaire supérieure; — pr ptérygoidiens internes ; — m4 mastoïdiens; — { tympanique; — »7i mâchoire inférieure. 204 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. proprement dits des particularités remarquables. Ainsi, la bouche est conformée de Fig. 355 (1). manière à pouvoir se dila- ter au point de permettre à Panimal d’'avaler des corps plus gros que lui. Les deux branches de la mâchoire in- , férieure ne sont pas unies, et lespèce de pédoncule qui les soutient (los tympani- que /ig. 355, t) est non-seu- lement mobile lui-même, mais est comme suspendu à une autre portion du tem- poral, appelée os mastoïdien ma), qui est également séparée du crâne et attachée à cette boîte osseuse par des ligamens et des muscles seulement; les branches de la mâchoire supérieure ne sont fixées à los inter- maxillaire que par des ligamens qui leur permettent de s’écar- ter plus ou moins; et les arcades palatines participent aussi à celte mobilité. Ce mode de structure est en rapport avec les mœurs de ces reptiles essentiellement carnassiers. En effet , ils peuvent supporter pendant long-temps labstinence; mais, en général, lorsque l’occasion se présente , ils engloutissent dans leur estomac une si grande masse d’alimens, que, pendant leur digestion , ils restent dans un état d’engourdissement plus ou moins profond : ils ne mâchent pas leurs alimens ; mais leur gueule est armée de dents crochues, propres à y retenir la proie. Leur langue est très extensible et se termine par deux longs filets semi-cartilagineux et très mobiles. Leur canal di- gestif est très court et leur estomac a seulement la forme d’un boyau un peu pluslarge que le reste de ce tube ({g. 356, 2). L’anus est une fente transversale placée sous l’origine de la queue. Le foie ({g. 356,7), long et cylindrique , n’a qu’un lobe et est tout- à-fait séparé de la vésicule du fiel. Les reins sont très allongés et divisés en un grand nombre de lobes, complètement sépa- rés ; enfin les uretères, avant que de déboucher dans le cloa- mn pi pe mi (1) Yéte osseuse d’un serpent à sonnette : — ce Le crâne; — ma l'os mastoi- dieu qui s'articule avee le crâne, et porte à son extrémité opposée l’os tympa- nique (4); — mi mâchoire inférieure suspendue à l'os tympanique ; — #7 vomer et os nasaux ; — » os maxillaire supérieur mobile ; — pi et pe os ptérygoiïdiens (portion du sphénoïde) dont l’interne se continue en avant avec les arcades palatines. ORDRE DES OPHIDIENS. 205 que se dilatent en une petite vésicule, et il n’y à point de vessie urinaire. n. — 2e EE = Es Fig. 356. ANATOMIE DE LA COULEUVRE. (1) La circulation se fait de la même manière que chez les 1or- tues et les sauriens, les crocodiles exceptés. Le cœur ({g. 356) (1) — L Langue et glotte; — æ œsophage, coupé en æ pour mettre à dé- couvert le cœur, ete. — : estomac; — z’ intestin; — cl cloaque; — an anus; — J'foie; — o ovaire; — o œufs; — + trachée; — p poumon principal; — 2 le petit poumon; — vt ventricule du cœur; — c oreillette gauche du cœur ; — ce’ oreillette droite ; — ag aorte gauche; — ad aorte droite; — a’ aorte ven- trale ; — ac artères carutides; — veine-cave supérieure; — € veine-cavé inférieure; — 2p veine pulmonaire, Classics tion, Caracteres. 206 ZOOULOGIE DESCRIPTIVE. se compose de deux oreillettes et d’un seul ventricule, incom- plètement divisé en deux loges , de chacune desquelles part une artère aorte, qui, en arrière de cet organe, se joint à son congénère pour constituer un tronc unique. Les poumons sont très inégaux en grandeur, et en général Pun d'eux est tout-à- fait atrophié {(p°), tandis que l'autre (p) est très grand, et se prolonge dans lPabdomen au-dessus et bien au-delà de Pesto- mac et du foie : il a la forme d’un grand sac membraneux dans l’intérieur duquel se trouvent de vastes cellules polygonales. L'air s’y renouvelle par les mouvemens des côtes et des muscles abdominaux, à-peu-près comme chez les sauriens et chez les oiseaux. C’est probablement en partie à cause de la position de leur poumon, que les serpens s’engourdissent après un repas copieux ; car, toutes les fois qu’ils avalent une proie d’un certain volume, cet organe doit être comprimé, et la circulation pul- monaire gênée. 6 843. Tous les reptiles apodes ne présentent pas ces particu- larités de structure , eL comme nous Pavons déjà dit, il existe aussi des espèces qui, tout en ayant la forme générale d’un serpent, offrent aussi des vestiges de membres postérieurs ; de là la division de ces animaux en deux tribus : les OPHIDIENS SAUROÏDES, qui se lient plus ou moins intimement à l’ordre des sauriens , et qui n’ont pas la bouche dilatable, et les SERPENS PROPREMENT DITS chez lesquels les deux branches de la mà- choire , ne sont pas soudées et jouissent d’une grande mobilité à raison de leur mode de suspension. SECTION DES OPHIDIENS SAUROIDES. $ 844. Les reptiles qui composent cette petite division ont tant d’analogie avec les scincoiïdiens que plusieurs naturalistes les rangent dans l’ordre des sauriens. En effet, sauf l'absence plus ou moins complète de pattes , ils n’offrent presque aucun des caraclères propres aux serpens proprement dits, et ils sont or- ganisés à-peu-près comme des scinques, dont les pattes ne se seraient pas développées. Leur mâchoire inférieure n’est pas divisée en deux moitiés mobiles et susceptibles de s’écarter latéralement, et l'os tympanique s'articule immédiatement au crâne ; la plupart ont un sternum bien distinct et plusieurs sont pourvus de paupières et d’un tympan visible à l'extérieur. Cette division comprend les hipédes, les pseudopodes, les “ophisaures, \es orvets, les acontias , les amphihènes et les ty- phlops. ORDRE DES OPHIDIENS, 207 6845. Les BIPÈDES ou kisteropes (fig. 357) ontle corps vermiforme et couvert d’écailles imbriquées comme le seps ; on ne leur voit extérieurement aucune trace de membres antérieurs, eL ils ram- pent à la facon des serpens, mais sous la peau on découvre encore des vestiges des os de l’épaule, et ils sont pourvus de membfes pos- térieurs rudimentaires qui affec- tent la forme de petites plaques, en général dépourvus de doigts. 6846. Les PSEUDOPODES ou schel- Pseudopodes. topusek, sont tout-à-fait apodes et n’ont de chaque côté de l'anus qu'une petite proéminence ren-— fermant un os analogue au fémur et suspendu à un bassin; ils ont aussi des os scapulaires cachés sous la peau; mais ils se rappro- chent en même temps des serpens proprement dits par la confor- mation de leurs poumons, un de ces organes étant d’un quart moins développé que l’autre. Fi. 357. HISTEROPE. 6847. Les oPHISAURES n'offrent plus extérieurement aucune Ophisaures. apparence d’extrémités postérieures, et leur pelit poumon est encore plus réduit. $ 848 Les ORVErS (Anguis), de même que les précédens, Orvets. liennent des scincoïdiens par la structure de leur tête, par Pexistence d’un bassin incomplet, d’un sternum et de vestiges Fig. 358. d’une omoplate et d’une clavicule , par la disposition imbriquée des écailles et par les trois paupières dont leurs yeux sont gar- nis; mais ils n’ont aucune apparence de membres visibles à l’ex- térieur ; leur tympan même est caché sous la peau, leur corps est tout-à-fait vermiforme (#9. 358) , et l’un de leur poumon est de moitié plus petit que Pautre. Ce sont des animaux très doux et qui ne cherchent pas même à mordre, lorsqu'on les saisit. Leur bouche est petite et armée de dents semblables à celles des scincoïdiens. Ils vivent d'insectes divers et de mollusques - Acontias. Amphisbenes. Caractères. 208 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. terrestres, se cachent entièrement dans des trous et s’y engour- dissent en hiver. Leur queue, comme celle des lézards, se casse avec la plus grande facilité, et quelques orvets se raidissent lel- lement quand on les prend, que leur corps se rompt, circon- stance singulière qui se remarque aussi chez les ophisaures, et qui leur à valu le nom de serpent de verre. L’orvet commun, appelé aussi l’anguis fragile, se trouve dans presque toutes les AE à l'Europe : il a environ un pied de long, et sa queue, qui est obtuse et ressemble au reste de son corps, est de la même longueur que celui-ci. Ses écailles sont lisses et luisantes ; en dessous il est noirâtre ; en dessus d’une teinte jaune plombé, avec trois filets noirs qui, par les progrès de l’âge, se changent en séries de points et finissent par disparaitre. 11 se creuse des galeries souterraines et fait ses petits vivans comme les vipères, dont les œufs éclosent avant la ponte. $ 849. Les AcONTIAS diffèrent des orvets par l’absence des rudimens intérieurs des membres, par l’existence d’une seule paupière; on en connaît une espèce qui est entièrement aveugle. 6850. Les AMPHISBÈNES et les TYPHLOPS ont reçu le nom de serpens doubles-marcheurs, parce que leur tête est toute d’une venue avec le reste du corps, forme qui leur permet de ramper également bien en avant et en arrière. Les premiers ont le corps entouré de rangées circulaires d'écailles quadrangulaires, comme les chalcides, et un de leurs poumons est tout-à-fait rudimentaire. Les TYPHLOPs ont le corps couvert de petites écailles imbriquées comme les orvets, et ont un peu l’apparence de vers de terre. Ils habitent les pays chauds. SECTION DES SERPENS PROPREMENT DITS. 6851. Ces animaux, comme nous l’avons déjà vu, se distin- guent des précédens par la mobilité des deux moitiés de chaque mâchoire et la grande dilatabilité de leur bouche. Un autre caractère propre à ce groupe nous est fourni par la disposition des dents, qui sont aiguës, recourbées en arrière et implantées sur les arcades du palais, aussi bien que sur les mâchoires. ORDRE DES OPHIDIENS. 209 $ 852. Les uns ressemblent encore beaucoup aux précédens Rouleaux. par la forme cylindrique de leur tête et de leur corps, et par la petitesse de leurs écailles. Leur gueule est aussi moins dilatable que chez les autres ophidiens de la même division : car los iympanique s'articule directement au crâne, tandis que, chez ces derniers, il est suspendu à un os mastoïdien, qui lui-même est mobile. Les ROUÉEAUX (Tortrix) présentent ce mode d’orga- nisation. ss 6853. Les autres, que l’on Serpens or- peut réunir sous le nom de dinaires. SERPENS ORDINAIRES, Ont les os masloïdiens détachés du crâne (/ig. 355), ce qui donne à leur bouche une dilatabilité bien plus grande ; en général, ils ont aussi la tête plus déga- - ae m gée, la queue plus longue et 3+-- pa plus eflilée et les formes plus sveltes. Du reste, la disposition de V’armature de la bouche varie =, chez ces ophidiens, et ces dif- . férences sont d’une grande _P? importance; car elles coïnci- dent avec l'existence ou l’ab- sence d’un appareil sécréteur à d’un venin actif, dont animal 7 MN SN sesert pour frapper de mortla E 17 f l: f À mu prote qu’il saisit. Les serpens | DO \ ordinaires se divisent effecti- vement en serpens venèimeux et en serpens non venimeur. Fig. 359. (1) 6854. Chez les SERPENS NON VENIMEUX, les branches de la’ Serpens non mâchoire supérieure sont armées tout du long, ainsi que celles venimeux. de la mâchoire inférieure et les branches palatines, de dents fixes et non percées (/ig.359). On réunit sous le nom de boas ceux dont le dessous du corps et de la queue est garni de bandes écailleuses transversales (x) Téte de nython vue en dessous {la mâchoire inférieure et les os tym- paniques ayant été enlevés): — ën intermaxllaire; — vomer; — € cornets du nez; — »n maxillaires supérieures: — pa palatins; — pi ptérygoidiens in- ternes ; — s sphénoide ; — o occipital; — 4 mastoidien ; —4 étrier de l'oreille 14 Boss pro- prement dits. 210 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. d’une seule pièce; et on donne le nom collectif de couleuvres à ceux dont le dessous de la queue est recouvert de plaques paires divisées sur la ligne médiane. La division des BoAS se compose des boas proprement dits, des erix, des erpedons, ele. 6 855. Les BOAS PROPREMENT DITS ont le corps comprimé, la queue prenante, un crochet de chaque côté de l'anus et de petites écailles au moins sur la partie postérieure de la tête. Les plus grands serpens connus appartiennent à ce genre ; certaines espèces atteignent trente et même quarante pieds de longueur , et parviennent à avaler des cerfs , ét même, à ce que l’on assure. des bœufs. Ils sont dépourvus de venin, mais n’en sont pas moins redoutables à cause de leur agililé et de leur force prodigieuse. Tapi sous l'herbe ou suspendu par la queue aux branches des arbres, dans un lieu de passage ou sur le bord d’un ruisseau, le boa attend, à Paffüt, l’occasion de saisir sa proie, qu'il entoure de ses plis et serre si fortement, que l’ani- mal est bientôl étouffé et ses os broyés. Quand le serpent a, pour ainsi dire, pétri sa victime, il lenduit de sa bave, et, dilatant énormément ses mâchoires, Pavale lentement. On as- sure qu'il lui faut quelquefois plusieurs jours pour avaler en entier l’animal dont il se repait ainsi, el qu'une portion de celui-ci est déjà digérée avant que le tout soit entré dans la gueule du reptile. Après un repas semblable, les boas demeu- rent immobiles dans quelque endroit Carté, et exhalent une odeur fétide. Il est alors facile de les tuer, et il parait que leur chair n’est pas un aliment désagréable, car certaines peuplades indiennes s’en nourrissent. Fendant long-temps, la plus grande confusion à régné dans l’histoire de ces grands serpens, que l’on confondait avec les pythons. On à cru qu'ils se trouvaient en Afrique et en Asie, aussi bien qu'en Amérique; mais il parait bien certain qu'ils sont propres au nouveau continent. L'espèce la plus célèbre doit même son nom à une erreur de ce genre. On lappelle le Loa divin, parce qu’on lui atiribuait ce qui est dit de certaines grandes couleuvres, dont les nègres du Mozambique font l’objet d’un culte religieux. Du reste, 1l pa- raitrait que les Brésiliens et même les anciens Mexicains Ini rendaient des honneurs semblables. Cet énorme reptile, qu’en appelle aussi le bou constrictor, habite les parties chaudes et humides de l'Amérique. Sa tête est couverte de pelites écailles Jusqu'au bout du museau, et on le reconnait facilement à l’es- pêce de larges chaines qui forment, toui le long de sondos, des taches noirâtres hexagonales, et d’autres de couleur jauntre. Deux autres espèces, qui habitent les mêmes contrées, atteignent presque la même taille : le Loa anacondo et le hoa abomu. ORDRE DES OPHIDIENS. 211 Les ERY x ont la queue courte et manquent de crochets à l'anus; par la forme de leur corps, ils se rapprochent des rouleaux. On en trouve aux Indes orientales. Les ERPÉDONS se rapprochent aussi des boas, et se font remarquer par deux proéminences molles et couvertes d’écailles qu’ils portent au bout du museau. $ 856. La division des CGOULEUVRES renferme les pythons, les couleuvres proprement dites et plusieurs autres genres qui n’of- frent pas assez d'intérêt pour nous arrêter 1c1. 6 857. Les PYTHONS sont, pour ainsi dire, les représentans des boas dans l’ancien monde : ils arrivent à une taille aussi gigantesque et sont munis comme ceux-ci de crochets près de l'anus. Ils ont également les plaques ventrales étroites; mais celles du dessous de la queue sont doubles au lieu d’être simples. ILest ee à noter que quelques-uns de ces serpens ont les premières, d’aûtres les dernières plaques de la queue simples, ce qui parait établir un passage graduel entre ces deux genres, dont la distinction, du reste, est fondée sur un caractère de bien peu d'importance. Quoi qu'il en soit, c’est aux pythons qu'il faut rapporter tout ce qui a été dit des boas de l’Afrique et de l'Asie. L’ular sawa Où grande couleuvre des iles de La Sonde, qui parvient à plus de trente pieds de long, appartient à ce groupe. Son nom indien signifie en langue malaise, serpent de rivière. Une particularité remarquable de l'histoire de ce rep- tile a été constatée récemment : bien que ce soit un animal à sang froid, la femelle couve ses œufs, et pendant qu’elle reste ainsi enroulée autour de sa progéniture, elle développe une quantité de chaleur si considérable , que la température de son corps s'élève quelquefois à plus de quarante degrés. 6 858. Les COULEUVRES PROPREMENT DITES (Co/uber) ont la tête couverte de grandes plaques (fig. 360) et ne présentent ni Fig. 360. fossettes sur les côtés du museau, ni crochets près de anus, ni aucune des particularités de structure qui ont servi aux erpétologistes de ces serpens est immense : il en existe plu-- sieurs en France. La plus commune est la couleuvre à collier | fig. 860) : elle est cendrée, avec des taches noires le long des ‘flancs et trois taches blanchâtres formant un collier sur la nuque. Sa longueur est d'environ trois pieds : on la trouve dans les prés voisins 14. pour l'établissement de plusieurs petits genres dont il serait inutile de parler ici. Le nombre” Eryx. Erpédons. Couleuvres. Pythons. Couleuvres proprement dites. Serpens ve- ntneux, 212 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, d’eaux dormantes. Elle nage avec facilité et vit principalement d'insectes, de mollusques et de grenouilles; elle ne cherche à mordre que lorsqu'elle est très irritée, et sa morsure n’est nul- lement dangereuse. On la mange dans plusieurs de nos pro- vinces. La couleuvre viperine, ainsi nommée à cause de sa res- semblance avec la vipère, est commune dans le midi de l’Eu- rope et se rencontre aussi, comme la précédente, dans les environs de Paris, 6 859. Les SERPENS VENIMEUX sont pourvus d’une glande par- üiculière, située de chaque côté de la tête, qui verse au dehors le veuin qu’elle sécrète par Fig. 361 (1; un conduit excréteur abou- üssant à lune des dents maxillaires de la mâchoire supérieure, dont la confor- mation est modifiée, pour être en rapport avec les usages auxquels elle est des- tinée. Cette glande ({g. 361, ») est placée sous les mus- cles temporaux, de manière à être comprimée par leur : contraction, et cette dent, plus grande que les autres. est tantôt percée d’un canal, et tantôt creusée d’un sillon seu- lement ; mais, dâns l’un et l’antre cas, le conduit qu’elle pré- sente est en communication avec le canal excréteur de la glande venimeuse el sert à verser le venin au fond de la plaie faite par la dent elle-même. Ce venin est un poison des plus violens. Il g’est ni âcre. ni brülant, ne produit sur la langue qu’une sen- sation analogue à celle occasionée par une matière grasse et peut être avalé impunément; mais, introduit en quantité suffi- sante dans une plaie, 1l donne la mort avec une rapidité ef- frayante. Son énergie varie suivant les espèces el suivant les circon- slances dans lesquelles le serpent se trouve. La même espèce [12 v mm (1) Appareil venimeux d’un serpent à sonnettes : — + Glande venimeuse dont le conduit excréteur aboutit à la grosse dent mobile (c); — » muscles élévateurs de la mâchoire qui recouvrent en partie la glande et peuvent la comprimer; — s glandes salivaires qui garnissent le bord des mâchoires ; — ñn marine au-dessous de laquelle se voit la fossette qui distingue ces serpens ct les trigonocéphales des vipéres. ORDRE DES OPHIDIENS. 213 parait ètre plus dangereuse dans les pays chauds que dans les pays froids ou tempérés , et les accidens déterminés par sa mor- sure sont d'autant plus graves que le poison coule plus abon- damment dans la plaie : aussi ces animaux sont-ils bien plus redoutables lorsqu'ils ont jeuné quelque temps, et que leur venin s’est amassé en quantité considérable dans les glandes où est sécrélé que lorsqu'ils viennent de mordre à plusieurs reprises , et qu’il ne leur reste plus qu’une petite quantité de ce liquide. On à remarqué aussi que leur morsure magit pas de la même manière sur tous les animaux. I! paraïtrait que, pour les sangsues, les limaces, l’aspic, la couleuvre et lorvet, le venin de la vipère, par exemple, n’est pas un poison, tandis qu’il peut tuer avec une grande rapidité tous les animaux à sang chaud , les lézards et la vipère elle-même. En général, la quan- tité de venin nécessaire pour donner la mort, est, toutes choses égales d’ailleurs, d'autant plus grande que l’animal blessé est plus grand : ainsi, lorsqu'un centième de grain de venin de la vipère suffit pour tuer un moineau , il en faudra six fois davan- lage pour luer un pigeon. Ce poison, pour agir sur l’économie animale, doit être ab- sorbé el porté dans le torrent de la circulation ; aussi, dans les cas de morsure de serpens venimeux , faut-il se hâter d’em- ployer les moyens les plus propres à ralentir cette absorption , afin d’avoir le temps de faire sortir ou. de détruire le venin déposé au fond de la piqüre. La compression exercée sur les veines au-dessus du point piqué, et Papplication d’une ventouse sur la plaie elle-même, sont les moyens les plus propres à ralen- Ur absorption du poison ; mais, pour délivrer complètement le malade du danger qui le menace , il faut en général élargir la plaie et en cautériser le fond, soit avec le fer rouge, soit avec des caustiques énergiques. On à vanté aussi Fligteurs remèdes internes, tels que ammoniaque, l’arsenic, etc.; mais ces moyens, s'ils sont quelquelois utiles, ne peuvent inspirer une grande confiance. Les Indiens de l'Amérique du Sud attribuent des vertus encore plus grandes à une plante de ce pays, connue sous le nom de guaco ou de micania quuco : ils assurent que non- seulement l'application des feuilles de guaco sur la morsure des serpens les plus dangereux prévient tout effet délétère, mais que Pinoculation du suc de cette plante empéche ces animaux de mordre la personne ainsi préparée. On cite à l'appui de cette opinion les observations d’un auteur espagnol, nommé Vergas, et celles de Mutis; enfin, le célèbre et savant voyageur, M. de Humboldi, pense, d’après quelques expériences, que le guaco peut donner à la peau une odeur qui répugne au serpent, el l'empêche de mordre. Serpens a crochets mo- biles. Crotales. 214 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Quant aux symptômes qui accompagnent l’action du venin, ils diffèrent suivant les espèces et suivant les circonstances. En général, la circulation saffaiblit extrêmement, le sang perd la faculté de se coaguler, et la gangrène envahit la partie bles- sée. La disposition de l’appareil venimeux varie chez ces reptiles. Tantôt la dent qui termine le canal excréteur du venin est un crochet mobile , tantôt une dent immobile, simplement sil- lonnée. $ 860. Les SERFENS A CROCHETS VENIMEUX MOBILES sont les plus redoutables. Ces crochets (c, fig. 362), situés sur le devant de la bouche, sont isolés, très aigus el percés d’un petit canal, qui aboutit près de leur extrémité ils sont fixés sur des os maxillaires très petits (#2). et ces os', portés sur un long pédicule, sont très mobiles, de sorte que, lorsque l'animal ne veut pas se servir de ses cro- chets, il îes reploie en ar- rière, et les cache dans un repli de sa gencive, tandis que, dans le cas contraire, il les redresse. On voit une de ces longues dents de chaque côté, et il y a derrière chacune d’elles plusieurs germes destinés à la remplacer, si elle se casse dans une plaie ; mais les os maxillaires ne portent pas d’autres dents, et, par conséquent, on ne voit dans le haut de la bouche que les-deux rangées de dents palatines, au lieu de quatre rangées, comme chez les couleuvres. Ces serpens ont en général la tête plus large en arrière el l'aspect plus féroce que les précédens. Tous ceux dont on con- nait bien la reproduction sont ovo-vivipares , c’est-à-dire font des petits vivans, parce que leurs œufs éclosent avant d’avoir été pondus. De là le nom de vipéres, contraction de vivipares , donné à la plupart d’entre eux. Les genres les plus remarquables de cette division des ser- pens venimeux sont les erotales , les trigonocéphales, les viperes el les naja. Fig. 362. 6861. Les CROTALES ou SERPENS À SONNETTES doivent leur nont à un singulier appareil qui termine la queue et qui les distin- ORDRE DES OPHIDIENS. 215 gue de tous les autres ophidiens. C’est une suite de cor- nets écailleux , lächement emboîilés les uns dans les autres, qui se meuvent, vibrent et r6- sonnent quand Panimal remue la queue. Le nombre de ces grelots augmente avec l’âge : il paraît qu’il en reste un de plus après chaque mue, et qu'ils sont formés par l’épiderme du serpent, retournésur lui-même comme un doigt de gant et re- tenu à l’extrémité postérieure de la queue. Cet instrument vibre avec une rapidité ex- trème et produit ainsi un bruit assez fort pour être entendu à une distance de plusieurs mè- tres. ï Les serpens à sonnetles attei- gnent une longueur de deux mé- etétr. tres ou même davantage : ils Fig. 363. CROTALE. habitent l'Amérique et sont cé- lèbres pour la violence de leur venin. On a vu des chiens périr en quinze secondes de la morsure d’un de ces reptiles; on as- sure que les chevaux et les bœufs y succomhent aussi presque instantanément, et on a eu malheureusement l’occasion de constater dans plus d’une circonstance l’action terrible de ce poison’ sur l’homme. En général cependant, ces serpens n’at- taquent pas les animaux trop gros pour pourvoir leur servir de proie, et ils ne mordent l’homme que lorsqu'ils sont provo- qués. Leurs mouvemens sont lents, et ils ne grimpent pas aux arbres; mais néanmoins ils font leur principale nourriture des animaux que l’on croirait devoir leur échapper le plus facile- ment, tels que les oiseaux et les écureuils. On a cru pendant long-temps que le crotale possédait dans son regard une es- pèce de charme , qui forçait ses victimes à se précipiter dans sa gueule; car on a souvent observé qu'il lui suffisait de se coucher immobile au pied d’un arbre, et de tenir ses yeux fixés sur la proie qu’il convoite, pour que celle-ci, agitée de mouvemens presque convulsifs, finisse par tomber à terre, près de son puissant ennemi; mais cette prétendue fascination n’est réellement que l'effet de la frayeur excessive que ce ser- pent inspire. Rarement un animal, surpris par un crotale, cherche à s'échapper; tantôt il reste comme pétrifié de terreur à son aspecl, lantôt il se livre à des mouvemens désordonnés, Trigonocé- phales. 216 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. qui, au lieu de le sauver, rendent sa capture plus facile. Ces serpens se tiennent ordinairement contournés en spirale près d’un abreuvoir, fréquenté par les pelits mammifères. Là ils attendent tranquillement que quelque victime se présente, et, dès qu’elle est à leur portée, ils s’élancent sur elle avec la ra- pidité d’un trait. Dans les parties de l'Amérique septentrionale où l'hiver est rigoureux, ils s’engourdissent et on assure que, pendant la saison froide, leur morsure est peu dangereuse. À Cayenne et dans les autres contrées chaudes, ils ne s’engour- dissent pas. Les nègres mangent leur chair. On connaît plusieurs espèces de serpens à sonnétles : la plui- part ont la têle couverte d’écailles semblables à celles du dos; celle qui est la plus commune aux Etats-Unis est brune, avec des bandes transversales, irrégulières, noirâtres; celle de la Guyane a des taches en losange, bordées de noir (/g. 363). Toutes deux parviennent à deux mètres de longueur. Une autre espèce, dont la tête est garnie de grandes plaques, le rotule millet, n’a guère plus de trois décimèêtres de long, mais passe aux Etats-Unis pour être aussi dangereux que les précédens. $ 862. Les TRIGONOCÉPHALES se distinguent des précédens par l'absence de grelots au bout de la queue , mais ont, comme eux , des fossettes derrière les narines. Les uns ont les plaques subcaudales simples, comme les boas et les crotales; les au- tres ont la queue garnie en dessous de plaques doubles, comme les couleuvres et la plupart des vipères. Ils égalent les serpens à sonnettes pour la violence de leur venin et habitent aussi, pour la plupart , le nouveau continent. Une espèce , le trigonc- véphale à losanges dont la tête est recouverte de petites écailles, les plaques subcaudales presque toutes doubles et la queue terminée par une sorte d’aiguillon, atteint deux mètres de long. L’espèce la plus célèbre est le trigonocephale jaune, ap- pelé aussi serpent jaune des Antilles et vipere fer-de-lance. Ce reptile est très commun à la Martinique et dans plusieurs au- tres iles voisines. Dans ces colonies on ne moissonne pas un champ de carines à sucre, sans en trouver un grand nombre; on le rencontre dans presque toutes les localités, et il pénètre fréquemment dans les maisons. Sa longueur est d'environ deux mètres, et son agilité extrême : il grimpe sur les arbres les plus élevés, à la poursuite de sa proie, et se lance, comme un trait, non-seulement sur les rats, les oiseaux et autres animaux de pelle taille, dont il fait sa nourriture ordinaire; mais encore sur les grands animaux et même sur l’homme. La tuméfaction de la partie blessée, qui devient bientôt froide, livide et ORDRE DES OPHIDIENS. 217 gangréneuse, des nausées, des convulsions et une somnolence invincible sont les symptômes les plus ordinaires de lPaction de son venin, qui, en général, donne promptement la mort. 6 863. Les virèrEs différent des serpens venimeux, dont nous avons déjà parlé, par labsence de fossettes derrière les nari- nes. La plupart ont été souvent confondues avec les couleuvres, à cause de leurs plaques subcaudales doubles, et quelques-unes ont la tête garnie de grandes plaques comme ces der- nières; mais, chez presque toutes les vipè- res, la tête est recouverte de petites écailles imbriquées ou granulées. La wipere commune, qui est répandue dans toutes les-parties chau- nier caractère (fi. 364). Sa taille dépasse rare- ment six ou sept décimètres, etelle est en gé- néral brune, avec une double rangée de taches transversales noires sur le dos et une autre rangée sur chaque flanc; mais souvent ces ta- ches s’unissent pour former des bandes ployées en zigzag, et on trouve des individus pres- que entièrement noirs. C’est une de ces vipères, que l’on nomme quelquefois dans nos environs l’aspic ; mais il ne faut pas la confondre avec le véritable aspic des anciens, dont nous par- lerons en traitant des naja. La vipère commune habite les can- tons boisés, montueux et pierreux. On la rencontre principa- lement sur la lisière des taillis secs, et elle était devenue , il y a quelques années , très commune dans la forêt de Fontaine- bleau. Elle se nourrit de souris, de taupes, de jeunes oiseaux, de reptiles et même d’insectes et de vers. Pendant la saison froide , ces reptiles restent engourdis dans des trous où on les trouve souvent nu à plusieurs ensemble. C’est dans les premiers beaux jours du printemps qu’on les voit le plus sou- vent se réchauffant au soleil; mais, lors des grandes cha- leurs, on n’en rencontre que rarement. À chaque portée, 1ls produisent douze à vingi-cinq petits, qui w’acquièrent leur entier développement qu’à l’âge de six à sept ans. De tous les reptiles venimeux de l'Europe, la vipère commune est la plus dangereuse : même dans notre climat froid, sa morsure peut occasioner en quelques heures la mort d'un homme et faire périr en quelques minutes les petits animaux. En général ce- pendant, la quantité de venin qu'elle verse dans la plaie est msuffisante pour être mortelle à l'homme. des et tempérées de l'Europe, présente ce der- Vipcres. Naja. 218 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. La petite vipere (V. chersœa), qui est assez commune dans le nord de l'Europe , et qui se trouve aussi dans les Pyrénées, à, au milieu du dessus de ia Lète , trois plaques un peu plus gran- des que les écailles qui les entourent. Elle n’a en général guère plus de deux décimètres de long ; mais son venin est très violent. La vipere à museau cornu Où ammodyte habite Je midi de l'Europe et se distingue de la vipère commune par une pelite corne molle et couverte d’écailles qu’eile porte sur le bout du museau; enfin le ceruste Où vipère cornue, dont les anciens ont souvent parlé, se reconnait à la petite corne placée sur chaque sourcil. On la trouve dans les sables brülans de FE- gyple et de la Syrie. $ 864. Les NAJA ressemblent aux vipères, si ce n’est que leur tèle est loujours garnie de plaques , et que les éôtes antérieu- Fig. 365. L'ASPT@S res peuvent se redresser et se porter en avant, de manière à dilater cetle partie du tronc en une sorte de disque plus ou moins large (/g. 365). Deux espèces de ce genre sont célèbres sous les noms de serpent à lunette et d’aspie d'Egypte Le serpent à Lunettes (ou cohra capello des Portugais de l'Inde) doit son nom à un trait noir en forme de lunette, dessiné sur la parlie extensible de son cou. Sa longueur est d'environ qua- tre pieds ; sa morsure est extrêmement dangereuse, et il est tres féroce ; néanmoins les jongleurs indiens parviennent à le dres- ser à exeéCuler, au son de la flüle, cerlains mouyemens el Ca- ORDRE DES OPHIDIENS. 219 dence, et. s’en servent pour étonner le public ; pour faciliter le débit de leurs prétendus spécifiques contre le! venin de ce reptile, ils se laissent même mordre par leur serpent, en quelque sorte apprivoisé; mais ils ont la précaution de lui ar- racher préalablement ses crochets à venin. Le naja haje où aspie (fig. 365), qui-habite l'Egypte, et qui a environ sept décimètres de long , est employé aussi par les bate- leurs de ce pays, pour amuser le public. En lui pressant la nuque avec le doigt, ils le font tomber dans une espèce de catalepsie, qui le rend raide et immobile , comme s'ils le changeaient en un bâton ou verge. Son venin est très aclif, et Galien rapporte qu’à Alexandrie on se servait de la morsure de ce serpent pour abréger le supplice des criminels condamnés à mort. C’est in- contestablement l’aspie de Cleopätre. Les anciens Egyptiens la- vaient pris pour l'emblème de la divinité protectrice du monde, et l’ont sculpté sur leurs monumens, des deux côtés d’un globe. L’habitude qu’il a de se redresser quand on! en approche leur avait fait croire qu’il gardait les champs où il se trouvait. 6 865. D’autres serpens venimeux à crochets isolés, nommés ji, et pla ÉLAPS, ont la bouche à peine dilatable; et il en est dont la queue tures. est comprimée en forme de rame et dont les habitudes sont aquatiques : ce sont les PLATURES. $ 866. Parmi les SERPENS VENIMEUX SANS CROCHETS ISOLÉS, il ge es en est qui se distinguent à peine des couleuvres et qui ont la PR bouche garnie en dessus de quatre rangées de dents comme les crochets. serpens non venimeux, sans qu’on leur voie, à la place qu’oc- cupent d'ordinaire les crochets, rien de nalure à indiquer l’exis- tence d’un appareil venimeux. Chez eux, en effet, le canal ex- créteur de la glande du venin vient aboutir à une des dernières dents maxillaires, un peu plus grosse que les autres, et creu- sée d’un simple sillon. Quelques serpens de l'Amérique et de l'Afrique présentent ce mode d'organisation : tels sont les prp- SAS et les CERBÈRES. $ 867. Enfin il en est d’autres qui, avec une armature de la bouche à-peu-près semblable à ces derniers, ont la première dent maxillaire plus grande que les autres et percée, pour conduire le venin, comme les crochets mobiles dont il a été question plus haut. Les uns, connus aux Indes sous le nom de s serpens de roche, ont des plaques simples sous le ventre et la queue, et constituent le genre BONGARE. Les autres, appelés HYDRES , Ont la partie postérieure du corps et la queue très comprimées el très élevées, ce qui leur donne de la facilité Caractéres. Meétamor- phoses,. 220 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. pour nager : ils sont communs dans certains parages de la mer des Indes. * ORDRE DES BATRACIENS. Ç 868. Cette quatrième et dernière division de la classe des reptiles nous conduit évidemment vers les poissons ; car elle se compose d'animaux qui, pendant les premiers temps de la vie, respirent par des branchies et ressemblent à des poissons par leurs mœurs et par leur forme, aussi bien que par leur mode d'organisation , mais qui, par les progrès de l’âge, su- bissent de véritables métamorphoses et acquièrent les carac- tères communs aux autres reptiles. Lorsqu'ils sont dans cet état transitoire , on leur donne le nom de tetards. Les branchies des jeunes batraciens sont placées sur les côtés du cou et soutenues par des prolongemens latéraux du cartilage qui représente lhyoïde. Fig. 366. Tantôt elles ont la forme de pana- ches extérieurs qui flottent dans l'eau ambiante \/g. 366, h); d’autres fois elles consistent en filamens fixes le long des branches hyoïdiennes dont nous venons de parler, ei recouverts par les tégumens. À mesure que les poumons se développent , on voit en général les branchies se flétrir et finir par disparaitre complètement; mais iln’en est pas toujours ainsi, et, chez quelques reptiles, elles persistent pendant toute la vie et existent con- jointement avec des poumons. L'appareil de la circulation subit des changemens correspondans à ceux qu'éprouvent les organes de la respi- ration. Le cœur des batraciens se compose, comme celui de la plupart des reptiles, de deux oreillettes et d’un seul ventricule, d’où naît une grosse arlère , qui, à sa base, est renflée en un bulbe contractile et qui bien- tôt se bifurque. Lorsque lPanimal respire par des branchies ORDRE DES BATRACIENS. 221 seulement, le sang, chassé du ventricule, se distribue à ces organes et de là se rend en majeure partie dans une artère dor- sale, dont les branches se ramifient dans les divers organes. Nous verrons bientôt que, chez les poissons, ce liquide suit : le même trajet. Mais , lorsque les poumons se développent, la disposition de l'appareil circulatoire change : il s’établit une communication directe entre les vaisseaux qui portent le sang aux branchies et ceux qui le reçoivent de ces organes, de sorte que ce liquide n’est plus obligé de traverser cet appareil res- piratoire, pour arriver dans l'artère dorsale, et de là dans les diverses parties du corps. L’artère (a) qui naît du ventricule et que l’on pourrait comparer d’abord à une artère branchiale, de- Fig. 367. (1) TAC; 0 ab br NY br! br vh 1 &« ap av cab2 vh (1) Fig. 367. Principaux vaisseaux sanguins du tétard de la salamandre : — a Artère qui part du ventricule unique du cœur, et se divise en six branches (ab), qui se rendent aux trois paires de branchies et s’y ramifient (on les appelle artères branchiales); — br les branrhies dans lesquelles on voit se distribuer les artères branchiales et naître les veines branchiales (vb), qui reçoivent le sang après «on passage à travers les lamelles des branchies; celles des deux dernières paires de branchies se réunissent pour fournir de chaque côté un vaisseau (c), qui, en se réunissant à son tour avec celui du côté opposé forme l'artère aorte ventrale ou artère dorsale (av), laquelle se dirige en ar- rière et distribue le sang à la plus grande partie du corps; la veine branchiale de la première paire de branchies se recourbe en avant et porte le sang vers la tête (44); — 1 petite branche anastomotique extrémément fine, qui unit l’artère et la veine branchiales entre elles, à la base de la première branchie, et qui, en s’élargissant plus tard, permettra au sang de passer du premier de ces vais seaux dans le second , sans traverser la branchie; — 2 petite branche anasto- motique qui établit le passage de la même manière entre l'artère et la veine des branchies de la seconde paire; — 3 vaisseau qui, en se réunissant avec un filet situé plus en dedans, joint également l’artère et la veine des branchies postérieures; — o artère orbitaire; — ap artères pulmonaires rudimentaires, 22/20 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Fig. 368. (1) 1 CHOC 3 a? av ap Fig. 369. 0 CAL ” (x) Fig. 368. Les mêmes parties chez un tétard dont les branchies commencent a perdre de leur importance dans la respiration, et dont une partie du sang va du cœur aux diverses parties du corps, sans traverser ces organes; les mêmes lettres indiquent les mêmes vaisseaux ‘que dans la figure précédente, et on remarquera que les branches anastomotiques (1, 2, 3) lesquelles, dans le tétard précédent, étaient capilisires et ne pouvaient pas laisser passer une quantité notable de sang, sont ici assez gros, et que c'est avec eux, plutôt qu'avec les vaisseaux branchiaux, que leë artères venant du cœur semblent se continuer. Les artères pulmonaires se sont anssi beaucoup développées. | Fig. 369. Les mêmes parties chez l'animal parfait, indiquées par les mêmes ORDRE DES BATRACIENS. 223 vient alors l’origine du vaisseau dorsal (ax) et constitue avec lui une véritable artère aorte , dont certaines branches (ap) , qui se rendent aux poumons, se développent en même temps et éta- blissent la circulation pulmonaire. Enfin les vaisseaux bran- chiaux s’oblitèrent, et alors la circulation se fait à-peu-près de même que chez les autres reptiles. Le sang veineux, reve- nant de toutes les parties du corps est versé‘dans le ventricule par l’une des oreillettes et s’y mêle avec le sang artériel venant des poumons et poussé dans le même ventricule par l’autre oreillette. Ce mélange pénètre dans l'aorte et se rend en petite partie aux poumons et en majeure partie aux divers organes de animal. Le squelette des batraciens présente aussi des particularités remarquables; en général les côtes manquent ou sont réduites à l’état rudimentaire, d’où il résulte que la respiration pul- monaire ne peut se faire par le mécanisme ordinaire ; en effet, c’est par une espèce de déglutition que l'animal introduit l'air Fig. 370. SQUELETTE DE GRENOUILLE. dans ses poumons. IT est aussi à noter que la peau de ces rep- tuiles n’est pas revêtue d’écailles comme celle des sauriens, des ophidiens et de la plupart des chéloniens, mais est nue, Pres- que tous les batraciens manquent aussi d'ongles. Enfin leurs œufs n’ont pour enveloppe qu'une masse gélatineuse qui s’enfle beaucoup dans l’eau et ils ne sont en général fécondés qu’a- près la ponte. ; $ 869. Cet ordre se compose de quatre familles principales, lettres. lei, les vaisseaux des branchies sont devenus rudimentaires et les artères pulmonaires beaucoup développées; les vaisseaux qui portaient le sang aux branchies moyennes se continuent sans interruption avec ceux (c) qui rece- vaient, ce liquide après son passage à travers ces organes, et forment ainsi, de ebaque côté du cœur, une crosse aortique; tandis que les vaisseaux de la bran- chie antérieure se sont modifiés pour constituer les artères carotides. Squelette. Classification, Batraciens anoures. 224 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. savoir : 1° les BATRACIENS ANOURES, qui, à l’état parfait, n’ont pas de queue, ne conservent pas leurs branchies et sont pourvus de quatre membres ; 2° Les BATRACIENS URODÈLES, qui perdent également leurs branchies et acquièrent des membres, mais conservent leur queue ; 3° Les CÉCILIES ; qui perdent aussi leurs branchies, mais qui n’ont jamais de membres et qui ont été jusqu’en ces derniers temps, classés parmi les ophidiens sous le nom de serpens nus ; 4° Enfin les BATRACIENS BRANCHIFÈRES, qui conservent tou- jours leurs branchies et qui ressemblent à des batraciens uro- dèles dont le développement se serait arrêté lorsqu'ils étaient encore à l’état de tétard. 6 870. La famille des BATRACIENS ANOURES se compose des grenouilles , des crapauds et de quelques autres reptiles ayant à-peu-près la même forme. Ce sont , de tous les animaux de cet ordre, ceux dont les métamorphoses sont les plus complètes. Au moment où le jeune tétard sort de l’œuf, il ressemble assez à un petit poisson et ne peul vivre que dans l’eau. Sa tête est très grosse, son ventre renflé, et son corps, dépourvu de membres, se Lermine par une queue comprimée, qui, dans les jours sui- vans, s’allonge et s'élève beaucoup; sa bouche n’est encore qu’ un petit trou, à peine perceptible, et ses branchies ne con- sistent qu'en un tubercule placé de chaque côté à la partie postérieure de la tête. Bientôt ces appendices s’allongent et se divisent en lanières; les yeux se dessinent à travers la peau. et une fente transversale se moutre sous le cou, de manière à y former une cire d'opercule membraneux. Un peu plus tard (fig. 366, page 220), les branchies se ramifient et les lèvres se recouvrent d’une sorte de bec corné , à l’aide duquel Panimal se fixe aux végétaux, dont il fait sa principale nourriture; mais cet état ne dure que peu. Au bout de quelques jours, les franges branchiales qui flottaient de chaque Fig. 871. côté du cou disparaissent, et la respi- ration se fait à l’aide de petites houppes D) vasculaires, fixées le long de quatre ZA 7 arcs cartilagineux, situés sous la gorge ÿ et appartenant à l’hyoïde. Une tunique membraneuse, recouverte par la peau, enveloppe ces branchies internes, auxquelles l’eau arrive par la bouche, en passant par les inter valles des arceanx de l hyoïde ; ORDRE DES BATRACIENS. 225 enfin, après avoir baigné ces organes, ce liquide sort par une ou deux fentes extérieures , dont la position varie un peu, sui- vant les espèces. L’appareil Fig. 372. respiratoire présente alors la plus exacte ressemblan- D ce avec celui des poissons. ® = Quelque temps après, les pattes postérieures du té- lard se montrent et se dé- Fig. 373. veloppent petit à petit (#g. 372); leur longueur est déjà assez grande, qu’on ne voit pas encore les pattes an- térieures. Celles-ci se dé- veloppent sous la peau, qu’elles percent plus tard (fig. 373). Vers la même époque, le bec corné tombe et laisse à nu les mâchoires; la queue commence à s’atrophier (fig. 374), les poumons se dévelop- Fig. 374. Fig. 375. Pent, et, à mesure que ces organes deviennent plus ex- clusivement le siège de la respiration, les branchies se flétrissent et disparais- sent; les arceaux cartilagi- neux qui les portaient sont aussi en partie absorbés ; enfin , la queue disparait complètement. Le petit animal prend la forme qu'il doit toujours conserver et change complètement de régime {/#ig. 375). Herbivore d’abord, 1l devient peu-à-peu exclusivement carnivore, et, à mesure que sa métamorphose s'achève, son canal intestinal, de long, mince et contourné en spirale qu’il était, devient court, presque droit et renflé, pour former l'estomac et le colon. L’époque de ces changemens varie suivant les espèces, et on a constaté que diverses circonstances peuvent hâter ou retarder considérablement la métamorphose complète du jeune animal. Le défaut de chaleur et de lumière prolonge extrêmement la durée de l’état de tétard. Parvenus à l’état parfait , les batraciens anoures cessent d’être des animaux aquatiques ; mais la plupart cependant continuent à vivre dans le voisinage des eaux et s’y plongent souvent. Pen- dant la saison chaude, ils ne peuvent y rester continuellement, même en venant librement respirer Pair à la surface; car la respiration pulmonaire ne leur suffit pas alors , et ils ont besoin 15 Grenouilles. 226 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. de Paction de L'air sur Ha peau; mais, en hiver, non-seulement celte respiralion cutanée peut suffire à l'entretien de la vie, ils peuvent même rester plusieurs mois dans Peau sans venir à Pair. Tous ces reptiles ont le corps ramassé, la tête plate, le museau plus où moins arrondi, la gueule très fendue, les pieds de de- vant courts et terminés par quatre doigts; enfin, ceux de der- rière plus longs el montrant quelquefois le rudiment dun sixième doigt. Leurs yeux sont ordinairement garnis de trois paupières et sont très saillans, mais s’enfoncent dans la iète sous la plus légère pression; car les orbites ne sont séparés de la bouche que par des membranes. Une plaque cartilagineuse Hent lieu de tympan et fait reconnaitre l'oreille en dehors. La langue est en général molle, et, à lopposé de ce qui se voit chez la plupart des vertébrés, n’est fixée que par son extré- mité antérieure au bord de la mâchoire, de facon à pouvoir se reployer en arrière ou se renverser en dehors de la bouche. Enfin, le squelette de ces reptiles / fig. 370) est entièrement dé- pourvu de côtes, et l'inspiration de Pair ne peut se faire que par un mouvement analogue à celui de la déglutition, dans lequel lPanimal dilate sa gorge, pour la remplir dair; puis, fermant les arrière-narines avec sa langue , contracte les mus- cles de lParrière-bouche et oblige ce fluide à pénétrer dans les poumons : aussi, pour asphyxier un de ces batraciens, suflit-il de lui tenir la bouche ouverte pendant un certain temps. On peut distribuer ces animaux en quatre tribus, ayant pour représentans principaux Îles grenouilles, les barnettes, les cra- pauds el les pipas. ; $ 871. Les GRENOUIELES (Rana) ont le corps plus eflilé que les autres batraciens anoures et les pieds de derrière très longs , très forts et plus on moins bien palmés, ce qui leur donne la laculté de nager et de sauter très bien. Leur peau est lisse ; leur langue est bifide en arrière, et les mâles ont, de chaque côté du cou, sous Poreille, une membrane mince, qui se gonfle Pair, quand ils coassent. Is se distinguent aussi des crapauds par l'existence d’une rangée de pelites dents très fines Lout au- our de la mâchoire supérieure. Ces reptiles se Liennent d'ordi- naire sur le bord des mares et des ruisseaux , et se précipilent dans l’eau an moindre danger : ils ne se nourrissent que de proie vivante et se repaissent de larves d'insectes aquatiques , de vers, de petits mollusques et de mouches. En hiver, 1l$ ne iiangent pas et s’enfoncent d'ordinaire dans la vase où dans des trous. ORDRE DES BATRACIENS. 12 27 = L'espèce la plus commune dans nos étangs est la grenouille rerle; une autre espèce, la grenouille rousse, presque aussi répandue dans nos environs, vit plus à terre et coasse beau- Coup Moins. $872. Le genre ALYTE établit, à certains égards, le passage entre les grenouilles et les crapauds; car il se rapproche des premières par l’existence de dents palatines, et ressemble aux seconds par ses formes trapues, sa peau verruqueuse , sa langue entière, etc. Cette petite division ne renferme qu’une seule espèce, qui est fréquemment désignée sous le nom de crapaud uccoucheur, el qui doit ce nom à une particularité remarquable de ses mœurs, La femelle ne dépose pas ses œufs dans Peau comme les autres crapauds; mais le mâle se les attache en pa- quets sur les deux cuisses et les porte ainsi jusqu’à ce que les petits soient prèts à éclore ; alors il cherche quelque eau dor- mante et s’y plonge : les œufs se fendent aussitôt et le jeune tétard en sort. Ce singulier reptile est commun dans les lieux pierreux des environs de Pañis ; il est plus petit que les précé- dens, gris, ponctué de noir et sans palmures. 6873. Les SONNEURS (Bombinator) constituent un autre genre très voisin des grenouilles, et se distinguent des alytes par l'absence d’un iympan visible à l'extérieur ; ils n’ont pas de vessie vocale, et les sons qu'ils produisent ressemblent à une sorle de ricanement. Ils se trouvent dans toute l'Europe tem- pérée , près des bassins et des étangs saumâtres, el se font re- marquer par leur petite taille et par leur ventre couleur de feu. ÿs74. Nous citerons encore parmi les batraciens les plus voi- sins des grenouilles, une espèce curieuse qui habite le Chili et qui a le dessus de la tête garni d'un bouclier rugueux formé par les os du crâne, disposition qui lui a valu le nom générique de GALYPTOCÉPHALE. Enfin, nous noterons aussi que dans le genre Cératophris, appartenant à la même tribu, il existe une espèce propre à l'Amérique, dont le dos est garni d’un bouclier osseux formé de plaques logées dans Pépaisseur de la peau. ÿ 875. On donne le nom de RAINETTES (HyLa) à des batraciens, qui ne différent guère des grenouilles que parce que l'extrémité de chacun de leurs doigts est élargie et arrondie en une espèce 15. Alyte. Sonneurs, Calyptocé- phale, Rainettes 5928 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, de pelote visqueuse , qui leur permet de se fixer aux corps sur lesquels ils grimpent et de monter aux arbres. Douées d’une sou- plesse et d’une agilité ex- trême, les rainettes che- minent avec légèreté sur les branches les plus flexi- bles. Pendant tout l'été, elles vivent ainsi sur les ar- bres, y poursuivant les in- sectes; mais, en hiver, elles se retirent au fond de l’eau, comme les grenouilles, et ne reviennent dans les bois humides qu’au printemps, après avoir pondu leurs œufs. Nous en avons une Fig. 476. LA RAINETIE COMMUNE. espèce qui est commune dans les parties méridio- nales de l'Europe, et qui se trouve aussi quelquefois aux envi- rons de Paris : c’est la rainette verte, que l’on désigne aussi sous le nom de grenouille d'arbre, de graïsset et de rarnette de Saint- Martin. Elle est verte dessus, pâle dessous, avec une ligne laune et noire le long de chaque côté du corps. Phyllumé- $ 876. Le genre PHYLLOMÉDUSE, qui est propre à l’Amérique duse. méridionale , offre la plupart des caractères des rainettes, mais mérite d’être mentionné ici à cause de la disposilion particu- lière des doigts, qui sont opposables à-peu-près comme ceux des quadrumanes parmi les mammifères. Crapauds. 6877. Les CRAPAUDS (Bufo) ont le corps ventru et couvert de verrues ou de papilles, d’où suinte une humeur visqueuse ; on remarque aussi de chaque côté du cou une grosse glande sail- lante et comme criblée de pores, qui sécrète une humeur âcre et qui est désignée sous le nom de parotide. Leurs pattes posté- rieures ne sont pas aussi allongées que celles des grenouilles , et ils sautent mal; en général, ils rampent plutôt qu'ils ne mar- chent , et, quand ils sont surpris , au lieu de fuir, ils s’arrêtent subitement, enflent leur corps de manière à le rendre dur et élastique, font suinter de leur peau une humeur blanche, el lancent au loin leur urine fétide; quelquefois, ils cherchent même à se défendre en mordant leur ennemi; mais leur bouche est complètement dépourvue de dents et leurs morsures ne sont pas vénimeuses, Comme on le dit souvent dans nos campagnes. ORDRE DES BATRACIENS. 229 Ces reptiles hideux et dégoûtans se cachent d'ordinaire dans les lieux sombres et humides, dont ils ne sortent que pendant la nuit ou immédiatement après les pluies chaudes et abondantes de l’été. Ils se nourrissent, comme les grenouilles, de petits mollusques, de vers et d'insectes vivans, mais ils sont plus terrestres : c’est au printemps seulement qu’ils se rendent dans les étangs et les mares, où les femelles vont déposer leurs œufs. Dans les pays où l’hiver est froid , ils passent cette saison en- gourdis dans des trous. Leur respiration devient alors extré- mement bornée, et le contact d’une très petite quantité d'air sur la peau suffit à l'entretien de leur existence. Lorsque les circonstances où ils se trouvent diminuent les pertes qu'ils éprouvent d'ordinaire par l’évaporation, ils peuvent même vivre ainsi pendant très long-temps. C’est ce qui explique comment, après avoir enseveli des crapauds dans du plâtre ou les avoir renfermés dans des trous creusés dans des pierres , on les a souvent trouvés vivans après plusieurs mois de réclusion. Ces expériences curieuses ont été faites dans la vue d’éclaircir un fait qui, jusqu'alors, avait été souvent observé, mais en général traité de fable par les naturalistes : l’existence de cra- pauds vivans dans des trous de mur, dans des arbres creux où même dans l’intérieur de pierres, où ils étaient restés proba- blement des années entières, et d’où ils ne pouvaient sortir. Les ouvriers qui travaillent dans les carrières ont fait souvent des rencontres pareilles, en cassant des blocs de pierres , et ils prétendent que le crapaud se trouve enfermé de toutes-parts dans la pierre, comme dans un moule solide , ce qui supposerait que celle-ci s’est formée autour de son corps, et que la réclusion du reptile date d’une antiquité très reculée; mais cette opinion est inadmissible, et tout porte à croire que, dans ces cas, la re- traite du crapaud communique avec le dehors par quelque trou, qui se sera bouché accidentellement ou qui aura échappé à l'observation. Le crapaud commun, gris, plus ou moins olivâtre et hérissé de tubercules gros comme des lentilles, a les pieds de devant demi palmés. Ses œufs sont très nombreux et réunis par une gelée transparente en deux cordons extrêmement longs. Le tétard est noirâtre et ne grossit que peu avant d'achever sa métamorphose et de quitter l’eau. Le crapaud des jones Où era- paud calamile se trouve aussi aux environs de Paris et dans les autres parties tempérées de l'Europe : il se tient d'ordinaire dans les lieux secs, les fentes des murs, etc. Son dos est olivâtre et ses pattes postérieures manquent entièrement de palmures. Enfin, une troisième espèce, également commune dans nos environs , est le crapaud brun, dont les pieds de derrière sont 230 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. au contraire complètement palmés : 1l se lient de préférence près des eaux. Brachycé- Ç878. Le genre BRACHYCÉPHALE prend place à côté des cra- phale. pauds; mais offre quelque analogie avec les tortues, car on y remarque un bouclier dorsal semblable à une petite carapace, et formé par l'élargissement des apophyses épineuses de di- verses vertèbres du tronc; la tête est également cuirassée. On ne connait qu’une seule espèce ayant celle structure curieuse et elle habite le Brésil Ô 879. Les piras sont des reptiles encore plus laids que les crapauds : leurs corps est plus aplati, leur têle triangulaire, leurs yeux très pelits, leurs pattes postérieures courtes et leurs doigts de devant fendus au bout en rois où quatre pelites Pipas. Fig. 377. PIPA. pointes; ils manquent complètement de langue. L'espèce la mieux connue, qui vit dans les parties chaudes et humides de Amérique méridionale, est célèbre par la manière dont ses pelits se développent. Le mâle place ses œufs sur le dos de la femelle, qui se rend ensuite à l’eau , où sa peau, irritée par le contact de ces corps, se gonfle et forme des cellules dans les- quelles les petits éclosent et demeurent jusqu’à ce qu'ils aient achevé leurs métamorphoses : c’est alors seulement que la mère revient à terre, Batraciens Ÿ 880. Dans la famille des BATRACIENS VRODÈLES, les méta- uredèles morphoses sont moins complètes; car, à létat parfait, ces ORDRE DES BATRACIENS. 231 repliles conservent encore la longue queue qui, dans la fanuile précédente , n'existe que chez le tétard. A la sortie de Pœuf, ils sont apodes et respirent par des branchies en forme de houppes, qui, au nombre de trois, sont fixées de chaque côté du cou et flottent au dehors. Leurs membres apparaissent successivement comme chez les baitraciens anoures; mais ici ce sont les pattes de devant qui se montrent avant celles de derrière ; enfin, pour compléter la transformation du tétard, les poumons se déve- loppent et les branchies disparaissent. À Pétat adulte fig. 378), ces animaux ont à-peu-près la même forme que les lézards; mais leur tête est aplatie, et on ne voit pas de tympan exté- rieur. Leurs deux màchoires et leur palais sont armés de petites dents ; leur langue est disposée comme celle des grenouilles ; leur squelette offre des rudimens de côtes, et leurs doigts sont au nombré de quatre devant et presque toujours cinq derrière. Quelques auteurs désignent ces animaux sous le nom commun de salamandres. 881. Les TRITONS OU SALAMANDRES AQUATIQUES sont les ba- traciens urodèles les plus communs : ils conservent toujours une queue comprimée latéralement et passent presque toute leur vie dans l’eau. Ce que ces reptiles offrent de plus remar- quabie est la facilité étonnante avec laquelle ils réparent les mulilations qu’on leur fait subir. Non-seulement leur queue Papa î L Le, Lun Fig. 378. TRITON. repousse après avoir été coupée, comme cela se voit chez les lézards ; mais leurs pattes se reproduisent de la même manière. On à vu le même membre, après avoir été coupé, repousser en entier avec ses os, ses muscles, ses vaisseaux et ses nerfs plu- sieurs fois de suite, et on assure même que, dans une expé- rience, Pœil, après avoir été extirpé, s’est reproduit dan: l’espace d’une année. On en trouve plusieurs espèces aux environs de Paris. Quel- quefois les tétards grandissent beaucoup avant que de perdre leurs branchies. Le voyageur hollandais Sieboldt à fait con- naître une espèce qui habite les montagnes du Japon el qui est Eritous, Salamandres terrestres, Monopoma. Amphiuma. 239 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. remarquable par sa taille gigantesque; car, au lieu d’être de la grosseur du doigt, comme nos espèces indigènes, ce reptile a plus d’un mètre de long et pèse plus de neuf kilogrammes. Quelques naturalistes ont cru devoir séparer cette espèce des salamandres ordinaires, et en ont formé le genre CRYPTO- BRANCHES. Un fossile, trouvé dans les schistes d’OEningen et apparte- nant à une grande espèce de salamandre très voisine de celle du Japon, a “excité beaucoup d'intérêt; car, par une singulière erreur , on l’a considéré, pendant long-temps, comme un sque- lette d'homme fossile. Les SALAMANDRES PROPREMENT DITES OÙ SALAMANDRES TER-— RESTRES ont, à l’état parfait, la queue ronde et ne se tiennent dans l’eau que lorsqu'elles sont à l’état de iétard ou qu’elles veulent mettre bas. Leurs œufs éclosent avant la ponte, et les petits ont d’abord la queue comprimée comme les tétards ordi- naires ; ils perdent leurs branchies et achèvent leur métamor- phose très promptement. À l'état parfait, elles habitent les lieux humides et ombragés : on les trouve d’ordinaire cachées sous des pierres ou dans des trous souterrains. On a cru pen- dant long-temps que la salamandre avait le pouvoir de résister à l’action du feu; mais cette fable ne parait reposer sur rien, si ce n’est que lorsqu'on irrite ce reptile, 1l suinte de sa peau une humeur laiteuse assez abondante, qui, pendant quelque temps, peut le préserver de l'influence de la chaleur. Cette humeur est un poison pour des animaux très faibles, et c’est pour cetle raison sans doute que, dans les campagnes on redoute la salamandre comme un animal malfaisant. L’espèce commune, noire avec de grandes taches d’un jaune vif, est connue sous le nom vulgaire de mouron et de sourd. $ 882. On a découvert en Amérique un grand batracien qui a tout-à-fait la forme de la salamnandre, et qui porte de chaque côté du cou un orifice, mais qui passe pour n’avoir jamais de branchies. Il est probable que, dans les premiers temps de la vie, ces organes existent, mais qu’ils disparaissent de très bonne heure, comme cela a lieu pour notre salaman- dre terrestre. Ce reptile, dont on a formé le genre MENOPOMA, habite les grands lacs et les rivières de l’intérieur de l'Amé- rique septentrionale. Les AMPHIUMA, qui habitent le même continent, ont le même mode d'organisation ; mais leur corps est excessivement allongé et leurs pattes très peu développées. Le nombre de leurs doigts varie de deux à trois, suivant les espèces. ORDRE DES BATRACIENS. 233 $ 883. Les batraciens qui conservent toujours leurs branchies ressemblent à des tétards batraciens urodèles et ont été regar- dés pendant long-temps comme étant en effet les jeunes de quelque grande espèce de salamandre; mais aujourd’hui on ne peut guère douter que ce ne soient des animaux parfaits, et ils ont cela de remarquable que, ayant des branchies bien développées, 1ls possèdent aussi des poumons et sont par con- séquent complètement amphibies. Ces branchies, fixées à la place ordinaire, ont la forme de houppes plus ou moins ra- mifiées et flottent à l’extérieur dans l’eau ambiante. Les pou- mons sont quelquefois pourvus d’un lacis vasculaire aussi bien développé que chez aucun replile, tandis que, chez d’autres, leur structure est très simple. Le corps de ces animaux se ter- mine par une longue queue verticale ; enfin leurs membres sont peu développés et souvent manquent en partie. On en connait quatre genres, les arolotls , les menvhranckhes , les pro- tees et les sirenes. Fig. 379. AXOLOTL. $ 884. Les AXOLOTLS ressemblent en tout point à des tétards de salamandres ayant déjà leur quatre pattes. On n’en a encore découvert qu'une seule espèce (#y. 379), qui habite le lac au milieu duquel s'élève la ville de Mexico. $ 885. Les MENOBRANCHES ont également quatre pieds; mais, au lieu d’avoir quatre doigts devant et cinq derrière, ils.n’en ont que quatre partout. $ 886. Les PROTÉES n’ont que trois doigts devant et deux der- rière. La seule espèce connue , longue de plus d’un pied et seulement de la grosseur du doigt, ne se trouve que dans les eaux souterraines de quelques cavernes de la Carniole. Sa peau est lisse et blanchâtre, son museau allongé et déprimé , et ses yeux excessivement petits et cachés sous les tégumens. C’est de tous les animaux vertébrés celui dont les globules du sang sont Jes plus gros. 6 887. Enfin les SIRÈNES n’ont que des pieds de devant et res- semblent presque à des anguilles par la forme allongée de leur Batraciens pérennibrane chiens. Batraciens apodes ou cé- eilies, Lepidosiren. 234 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. corps. On en connait trois espèces, dont Pune atteint jusqu'à Lrois pieds de longueur et habite les marais de la Caroline. ÿ 888. Les CÉCILIES, Comme nous l'avons déjà dit, manquent complètement de membres et ont été, jusqu’en ces derniers temps, regardés comme des sérpens; mais on à constaté que, dans le jeune âge, ils ont des branchies qui se montrent au dehors par un trou sftué de chaque côté du cou. Chez l'animal adulte, on trouve même les arceaux de los hyoïde, qui ont servi à soutenir*ces organes. Le corps des cécilies est à-peu- près cylindrique et anus en occupe presque lextrémité posté- rieure. La peau est lisse, visqueuse et sillonnée en travers de rides annulaires. Au premier abord, elle parait tout-à-fait nue; mais, par la dissection, on trouve dans son épaisseur des rangées de petites écailles excessivement minces, situées entre ces rides. Les yeux, fort petits, sont cachés sous les tégumens communs, et quelquefois manquent complètement. Enfin ces animaux sont tout-à-fait apodes, et leur squelette présente, comme chez les serpens, deux longues rangées de côtes; mais ces os sont beaucoup trop courts pour entourer le tronc, et, d’un autre côté, on remarque dans le mode darticulation des vertèbres et dans la disposition des mâchoires plusieurs carac- tères qui les rapprochent des derniers batraciens. Ces reptiles, qui établissent, comme on le voit, le passage entre les batraciens et les ophidiens , habitent les lieux som- bres et humides, se creusent des trous en terre et paraissent se nourrir de matières végétales aussi bien que de vers et de petits insectes. On les trouve dans l'Amérique du sud. 6889. On a découvert récemment des animaux qui étabhs- sent le passage entre les batraciens et les poissons d’une ma- nière, si parfaite que les zoologistes n’ont pas pu s’accorder sur la place qu'il convient de leur assigner dans la classification du règne animal; les uns pensent que ce sont des reptiles bran- chifères, les autres que ce sont des poissons dont la vessie na- laloire s’est développée au point de ressembler à des poumons. On à désigné ces animaux curieux sous le nom générique de LEPIDOSIREN , el On connait maintenant deux espèces propres, l’une à l'Amérique , autre à l'Afrique; ils ont le corps cou- vert décailles imbriquées, la queue aplatie en forme de na- geoire comme celle des axolotls et les membres réduits à lélal de simples appendices styliformes. La disposition de leur ap- pareil branchial est tout-à-fait semblable à celle des organes ORDRE DES BATRACGIENS. 235 respiratoires des poissons, et lenr squelette offre plus d'analo- gie avec celui de ces derniers animaux qu'avec le squelette des Fig. 380. LEPIDOSIREN. repules , mais il paraitrait que le cœur est pourvu de trois ca- vilés el que la circulation se fait à-peu-près comme dans la classe dont lPhistoire vient de nous occuper, et cette circon- slance Jointe à celle de l’existence de poumons communiquant avec le pharynx par une glotte, située de la manière ordi- naire, nous parait devoir faire pencher les opinions en faveur de la nature erpétologique de tes singuliers animaux. Caracteres. 236 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, CLASSE DES POISSONS. 6 890. La quatrième et dernière classe de l’embranchement des animaux vertébrés comprend les poissons. Ces animaux , ainsi que chacun le sait, sont destinés à vivre sous l’eau, et cette circonstance a imprimé à toute leur orga- nisation un cachet particulier; mais les différences les plus importantes qu'ils présentent, lorsqu'on les compare aux au- tres vertébrés, consistent dans la conformation des appareils de la respiration et de la circulation. Ils n’ont jamais de pou- mons et respirent toujours par des branchies seulement. Leur cœur ne renferme que deux cavités et ne reçoit que du sang veineux, et ce liquide, après avoir subi le contact de Poxigène, passe dans un vaisseau dorsal, où aucune nouvelle force mo- trice n’accélère sa course vers les diverses parties du corps. Leur circulation ne peut donc être aussi active que chez les animaux supérieurs et leur sang est froid comme celui des reptiles. Leur peau est nue et couverte d’écailles seulement; ils n’ont pas de mamelles comme les mammilères et ils se repro- duisent au moyen d'œufs : enfin leurs membres ont la forme de nageoires. $ 891. La forme extérieure des poissons varie; mais leur corps est en général tout d’une venue. Leur tête, aussi grosse que le tronc, n’en est pas séparée par un rétrécissement sem- blable au cou des vertébrés supérieurs, et leur queue, par sa . grosseur à sa base, ne se distingue pas du reste du corps. Quelques-uns de ces animaux manquent loul-à-fait de nageoi- res; mais, chez presque tous, on voit un nombre considéra- ble de ces organes placés les uns sur la ligne médiane du dos ou du ventre, et par conséquent impaires, les autres sur le côté et disposés par paires. Ces derniers représentent les qua- tre membres des autres animaux vertébrés; les membres anté- rieurs, qui correspondent au bras de l’homme et à laile de l'oiseau , sont fixés, de chaque côté du tronc , immédiatement derrière la lète , el sont appelés nageoires pectorales. Les mem- CLASSE DES POISSONS. 237 bres abdominaux (+) , moins éloignés les uns des autres, occu- pent en général la face inférieure du corps et peuvent être pla- Fig. 381. (1) cés plus ou moins en avant ou en arrière depuis le dessous de la gorge jusqu’à l’origine de la queue : on les nomme nageoires ventrales. Les nageoires impaires occupent, comme nous la- vons déjà dit, la ligne médiane du corps et se distinguent en nageoires dorsales (d), nageoires anales (a), nageoires caudales (e), suivant qu’elles sont placées sur le dos , sous la queue ou à son extrémité. Du reste, les unes et les autres ont à-peu-près la même structure, et consistent presque toujours en un repli de la peau, soutenu par des rayons osseux ou cartilagineux, à-peu-près de la même manière que les ailes des chauves-souris et des dragons sont soutenues par les doigts ou par les côtes de ces animaux. On remarque aussi à la surface extérieure du corps de gran- des fentes placées, de chaque côté, immédiatement derrière la tête el servant à la sortie de l’eau qui a baigné les branchies (9): ce sont les ouvertures des ouiïes. En général il ne s’en trouve qu’une de chaque côté, et leur bord antérieur est mobile et ressemble à un battant de volet. Enfin il règne, dans toute la longueur du corps, de chaque côté, une série de pores qui forment ce que les ichtyologistes nomment /a ligne laterale. $ 892. La peau est quelquefois à-peu-près nue, mais pres- que toujours elle est couverte d’écailles. Quelquefois ces écail- les ont la forme de grains rudes ; d’autres fois ce sont des tu- bercules très gros ou des plaques d’une épaisseur considérable ; mais, en général, elles prennent l’aspect de lamelles fort (r) Le rouget (mullus barbatus), pour montrer les diverses nageoires, etc. : — p Nageoire pectorale; — nageoïire ventrale; — 41 première dorsale; — «2? deuxième dorsale; — c caudale; — a anale; — o onverture des ouïes: — b barbillons de la mächoire inférieure. Squelette 238 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. minces, Se recouvrant comme des tuiles et enchâssées dans des replis du derme. On peut les comparer à nos ongles ; mais elles renferment beaucoup plus de sels calcaires. Quant aux couleurs dont ces animaux sont ornés , elles étonnent par leur variété et par leur éclat. Tantôt elles ne peuvent être compa- rées qu'à de l'or ou à l'argent le plus brillant; tantôt ce sent les teintes les plus riches du vert, du bleu, du rouge ou du noir. La malière argentée, qui leur donne souvent un éclat métallique si beau, est sécrétée par le derme et se compose d’une multitude de petites lames polies. Ç 893. Le squelette des poissons est ordinairement osseux ; mais, chez plusieurs de ces animaux, il reste constamment à l’état fibro-cartilagineux ou cartlagineux, et il en est même où celte charpente offre encore moins de solidité et demeure absolument membraneuse. Sous ce rapport, ils établissent donc le passage entre les vertébrés et les invertébrés. $ 894. Les os ne présentent jamais de canal médullaire, et le cartilage qui en fait la base n’est pas semblable à celui des inammifères et des oiseaux ; car, lorsqu'on le fait bouillir dans l’eau, il ne donne pas de gélatine. Le squelette se compose de la tête, à laquelle est joint un appareil hyoïdien très développé et servant à la respiration ; du tronc et des membres. Fête. fig. 382. SQUELETTE DE LA PERCHE, La structure de la têle est très compliquée : on y remarque d’abord une portion médiane , composée d’un grand nombre d'os articulés entre eux par des sutures et formant une espèce de carène ‘immobile, à laquelle sont suspendus les os des mâ- choires, des joues, etc. Cette portion médiane, dont la forme ordinaire est à-peu-près celle d’une pyramide à trois faces , CLASSE DES POISSONS. 239 ayant son sommet dirigé en avant, présente en arrière la boite erdnienne (e), où se loge l'appareil de Pouie aussi bien que l’encéphale. Sa partie moyenne est évidée pour former les ca- vilés orbitaires (or), et en avant on y remarque des fossettes appartenant à lappareil olfactif (7), et une espèce de gros Fig. 383. (1) rt or bouton formé par los vomer et servant à porter la màächoire supérieure (f{g. 384, «). On y distingue les analogues de locci- pital, des temporaux, des sphénoïdes , des pariétaux, du fron- tal, d’un ethmoïde et d’un vomer; mais la plupart de ces par- lies sont composées de plusieurs pièces, qui ne se soudent lamais, comme cela arrive de bonne heure pour les mammi- fères et les oiseaux. À l'extrémité antérieure de celte portion erâniennede la tête se trouve la môchoire supérieure, quiy est quelqtefois fixée d’une manière immobile, mais qui, At énéral , COnserve une grande mobilité : on y distingue, de chaque côté, un os im- lermaxillaire ‘êm), placé près de la ligne niédiane, et un os maxillaire (m»), qui s'étend latéralement et qui esi mobile sur ie premier. Une chaine de petites pièces osseuses s'étend, de chaque côté de Pangle antérieur de la fosse orbitaire, à son angle posté- rieur, el complète ainsi le cercle orbitaire. Plus en dedans, on voil aussi de chaque côté une sorte de cloison verticale, qui est (x) Tête osseuse du brochet : = « crâne ; — or orbite; — » fosses nasales; — im OS intermaxillaire; — 7» 05 maxillaire supérieur; — t espèce de cloison latérale qui sépare la jour de la bouche, et qui s'articule en avant au vomer " par l'intermédiaire des arcades palatines, dont on aperçoit une portion au- dessus de l'os maxillaire; en arriére avec le: crâne (ec), en bas avec la mâ- choire inférieure, et en arrière avec Île préopercule (p) qui, à son tour, porte l’operenle (op); — 10 l'os mteroperculaire, suivi d’un sous-opereulaire. 240 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. suspendue au crâne et qui sépare les orbites et les joues de la bouche. Elle est formée par les analogues des os palatins, pté- rygoïdiens, tympanique, etc., et s'articule avec le crâne par deux points (sur le vomer et sur les tempes). À sa partie infé- rieure elle donne attache à la mâchoire inférieure, et en ar- rière elle se prolonge de manière à conslituer une sorte de cou- vercle mobile (op fig.383) qui protège l’appareil respiratoire et qui est appelé opercule. Trois pièces de chaque côté forment la mâ- choire inférieure, qui s'articule par une surface concave avec l'appareil jugal, dont nous venons de parler. Enfin en dedans de ces cloisons latérales et au fond de la bouche se trouve une charpente très compliquéé dans sa structure, qui sert à l’in- sertion des branchies ou à les protéger, et qui paraït formée par l’analogue de l’hyoïde parvenu à un développement ex- trême (fig. 384). L’os de la langue se continue en arrière avec Fig. 384. (1) ph ars or v co ca ab À r D l (1) Fig. 384. Tête osseuse de la perche, dont on a enlevé, d’un côté, les mâchoires , la cloison jugale et l'opercule, pour montrer l’intérieur de la bouche et l'appareil hyoïdien : — c Crâne; — or orbite ; — » vomer (armé de dents); — im mâchoire supérieure; — dp dents implantées sur l’arcade pala- tine; — mi mâchoire inférieure; — L os lingual; — à branches latérales de l'appareil hyoïdien; -— s stylet servant à suspendre ces branches à la face interne des cloisons jugales; — r rayons branchiostèges; — 4 arceaux bran- CLASSE DES POISSONS. 241 une série de pièces médianes, et s'articule de chaque côté, avec une branche latérale très longue et très grosse (2), qui, par son extrémité opposée, est comme suspendue à la face in- terne de la cloison latérale de la tète, dont il a déjà été ques- tion. Ces branches latérales, formées de plusieurs os, portent à leur bord inférieur une série de rayons aplatis et recourbés (r), qui concourent avec les opercules à compléter les parois des cavités branchiales et sont connus sous le nom de rayons branchiosteyes. En arrière de ces branches, il part de la portion médiane de l'appareil hyoïdien quatre paires d’arcs osseux (a), qui se dirigent en dehors, puis se recourbent en haut et en dedans, et vont se fixer à la base du crâne par l'intermédiaire de quelques petits os nommés pharyngiens supérieurs (ph). Ces arceaux portent les branchies et sont appelés pour cette raison arcs branchiaux. Enfin , en arrière de ceux de la dernière paire à l’entrée de lœsophage, se voient deux os pharyngiens infé- rieurs, disposés ordinairement de manière à pouvoir s’appli- quer contre les os pharyngiens supérieurs dont il vient d’être question. Telle est en général la structure compliquée de la tête osseuse des poissons. Quant à la comparaison des diverses pièces dont elle se compose, avec les os de la tête des mammifères, nous ne nous y arrêterons pas; car il règne encore à cet égard beau- coup d'incertitude. 6 895. La colonne vertébrale, qui fait suite à la tête, ne présente que deux portions distinctes, lune dorsale, autre caudale ; car ici il n’y à ni cou ni sacrum. Le corps des vertèbres a une forme particulière : il est creusé en avant et en arrière d’une cavité conique ; ces deux espaces vides se joignent quelquefois de manière à les transformer en un trou, et la double cavité conique résultant de la juxta-position des deux vertèbres voi- sines est remplie par une substance molle. L’anneau destiné au passage de la moelle épinière est surmonté d’une apophyse épineuse, et de chaque côté on voit en général une apophyse transverse plus ou moins distincte, qui, au-dessus de la cavité abdominale , se porte en dehors, et s'articule d'ordinaire avec la côte correspondante , mais qui, dans la portion caudale de la colonne, se dirige en bas et forme souvent , avec celle du côté opposé un anneau, de la partie inférieure duquel naît chiaux ; — ph os pharyngiens supérieurs; — ar surface articulaire de la cloison déja mentionnée ; — o a » ceinture osseuse supportant la nageoire pectorale (p): — o et o’ omoplate divisée en deux pièces ; — } humérus; — ab os de l'avant- bras; — ca os du carpe; — co os coracoïdien. 16 Colonne ver- tébrale. Côtes, Nagcoires, 249 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. une longue apophyse épineuse, semblable à celle qui est située à la face dorsale de la vertèbre. 6 896. Les côtes (fig. 382) manquent quelquefois; d’autres fois elles enceïgnent tout Pabdomer, et, chez un petit nombre de poissons, elles viennent se fixer à une série d’os impairs, que lon doit considérer comme un sternum. Souvent elles portent un ou deux stylets , qui se dirigent en dehors et pénètrent dans les chairs. 11 y a quelquefois aussi des stylets semblables qui par- tent du corps des vertèbres, et c’est ainsi que, dans quelques genres, tel que celui des harengs, les arêtes des poissons de- viennent très nombreuses. 6897. Enfin on trouve encore, sur la ligne médiane du corps, un certain nombre d'os, appelés #nter-epineux (fig. 385, à), qui, en général, s'appuient contre le bout des apophyses épineuses des vertèbres, et qui s’articulent par leur extrémité opposée Fig. 385. avec les rayons des nageoires médianes (r). Ces rayons sont tantôt des os pointus , nommés wiguillons ou epines, lantôl des liges ossifiées à leur base seulement, formées ensuite d’une multitude de petites articulations et souvent ramifiées vers le bout. Ces derniers appendices sont appelés rayons mous OU ar- ticules : is forment toujours la nageoire caudale, et quelque- lois il n’en existe pas d’autres. 6 898. Les nageoires latérales, qui représentent les membres, sont terminées par des rayons semblables à ceux des nageoires rerlicales et analogues aux doigts. A la nageoire pectorale on trouve , à la base de ces appendices, une série transversale de quatre à cinq petits os plats (ce, fig. 3*4), comparables aux os du carpe, qui, à leur tour, sont fixés à deux os plats (4h), qui sem- blentétre le radius et le cubitus élargis. Cet appareitest porté sur une espèce de ceinture'osseuse, située immédiatement derrière les ouies et sur laquelle l'opercule vient s'appliquer comme sur un Chambranle : il se compose d’une série de trois os, s’élen- CLASSE DES POISSONS. 243 dant depuis le crâne jusqu’à l'appareil byoïdien , et porte en arrière un long stylet. La pièce principale qui entre dans sa composition est celle qui porte Pavant-bras et qu’on peut par conséquent comparer à l’humérus (4): elle se réunit inférieu- rement avec celle du côté opposé et avec un prolongement mé- dian de l'appareil hyoïdien et tient au crâne par l'intermédiaire de deux os, que Cuvier considère comme les analogues de lomoplate (0°); enfin Le stylet, qui en part et se prolonge en arrière sur les côtés du corps, est d'ordinaire formé de deux pièces el'peul être comparé à un os coracoïdien (co). Le membre postérieur est moins compliqué ; les rayons de la nageoire ventrale ne sont portés que par un seul os, en gé- néral triangulaire, qui souvent vient s'attacher en avant à la symphyse médiane de la ceinture osseuse du membre pectoral, et qui d’autres fois reste suspendu dans les chairs. Dans les poissons cartilagineux la disposition du squelette diffère de ce que nous venons de décrire. La tête surtout a une structure beaucoup plus simple, comme nous ie verrons, en faisant l’histoire de ces animaux. 6 899. Ce sont les muscles destinés à fléchir latéralement la colonne vertébrale et à mouvoir ainsi la queue, qui forment la majeure partie de la masse du corps des poissons; ce qui est en rapport avec leur mode de locomotion. Effectivement c’est en frappant latéralement l’eau par ces flexions alternatives du tronc et de la queue , que ces animaux impriment à leur corps presque toute la vitesse dont ils sont animés pendant la nata- tion. Leurs nageoires verlicales servent à augmenter l’étendue de cette espèce de rame, el en général les nageoires pectorales et ventrales ont pour usage principal d'influer sur la direction de leur course et surtout de maintenir lPanimal en équilibre. $ 900. Une partieularité de leur organisation, qui leur est d’un grand secours dans la natation, est l'existence d'une es- pèce de poche remplie d'air et disposée de manière à pouvoir être comprimée à volonté. Cette ressie nutatoire (fig. 386), placée dans Pabdomen , sous l’épine dorsale, communique d’ordinaire avec l’æsophage ou avec lPestomac par un canal à travers lequel l'air contenu dans son intérieur peut s'échapper ; mais ce fluide ne paraitpas y pénétrer par cette voie : il est le produit d’une sécrétion ayant son siège dans une portion glandulaire des pa- rois du réservoir lui-même, et quelquefois celui-ci est com- plètement fermé. Par les mouvemens des côtes, cette vessie élastique est plus ou moins comprimée, et, suivant le volume qu’elle occupe, elle donne au corps du poisson une pesanteur spécifique égale, supérieure ou inférieure à celle de l’eau, et le fait ainsi rester en équilibre, descendre ou monter dans 16. Maseles, Vessie tatoire, n1= Modifica- tion des na- geoires. Fonctions de relation. 244 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ce liquide. On à remarqué qu’elle manque souvent et que gé- néralement elle est très pelite dans les espèces destinées à nager au fond des eaux on même à s’enfouir dans la vase. Chez un petit nombre de poissons, les nageoires pectorales prennent un développement extrême et permettent à l’animal de se soutenir pendant quelques instans dans Pair, lorsqu'il s’élance, hors de l’eau. Il en est aussi quelques-uns qui, en rampant ou par des sauts répélés, parviennent à avancer sur la terre. On en cite même qui grimpent sur les arbres; mais ces exemples sont bien rares. ; $ 901. La vie d’un poisson se passe presque entièrement à pourvoir à sa subsistance et à fuir ses ennemis; ses sens exté- rieurs ne paraissent lui donner que des impressions obtuses et ses facullés sont des plus bornées : on ne lui connait aucune industrie, aucun instinct remarquable : aussi son cerveau est-il peu développé, et ses organes des sens bien imparfaits. La cavité du crâne est petite relativement à la masse du corps, et lencéphale ne la remplit pas à beaucoup près. Entre ses parois et le cerveau , on trouve une masse spongieuse et grasse, d’un volume considérable, surtout chez les individus adultes. Les lobes qui composent l’encéphale sont placés à la file les uns des autres et représentent souvent une espèce de double chapelet. On y distingue nn cervelet, des hémisphères cérébraux , des lobes optiques, des lobes olfactifs et, en ar- rière de toutes ces parties, des lobes appartenant à la moelle allongée. La nature des tégumens des poissons doit leur rendre le tact bien imparfait; et, dénués, comme ils le sont, de membres prolongés et surtout de doigts flexibles et propres à envelopper les objets, ce n’est qu’au moyen de leurs lèvres, que ces ani- maux peuvent exercer le sens du toucher. Les barbillons qu’on- leur voit autour de la bouche paraissent servir à les avertir du contact des corps. Le goût est aussi à-peu-près nul; car leur langue, à peine mobile, n’est pas charnue, et ne reçoit que peu de nerfs, et les alimens ne séjournent jamais dans la bou- che. L'appareil de lodorat est de structure plus compliqué, mais n’est pas disposé de façon à être traversé par l'air ou par l’eau servant à la respiration. Les fosses nasales ne consistent qu'en deux cavités terminées en cul-de-sac, s’ouvrant en gé- néral au dehors, chacune par deux narines, et tapissées par une membrane pituitaire, plissée d’une manière très remar- quable. L’oreille est presque toujours logée tout entière dans la Cavité du crâne, sur les côtés du cerveau , et ne consiste guère qu'en un vestibule, surmonté de trois canaux semi-Cir- culaires , auxquels les ondes sonores r’arrivent qu'après avoir CLASSE DES POISSONS. 245 mis en vibration les tégumens communs et les os du crâne. En général on ne voit rien qui puisse être comparé à l'oreille ex- terne, au tympan ou à la caisse. Enfin les yeux sont très grands et peu mobiles : ils n’ont pas de véritables paupières ni d’ap- pareil lacrymal. La peau passe au-devant de læil et se laisse traverser par la lumière. La cornée est presque plane, la pu- pille très large et peu ou point contractile; enfin le cristallin est sphérique. $902. Les poissons sont très voraces : il n’en est qu’un très petit nombre qui vivent principalement de matières végétales , et, en général, ils avalent sans choix tous les petits animaux qui sont à leur portée. Quelques espèces sont dépourvues de dents, mais , Chez la plupart, il en existe , et on en trouve non-seule- ment aux deux mâchoires, mais au palais, implantées sur le vomér ou sur les os palatins, à la langue , sur le bord intérieur des arcs branchiaux et enfin jusque dans l’arrière-bouche, sur les os pharyngiens qui entourent l'entrée de l’æœsophage. En général elles ont la forme de cônes ou de crochets : elles n’ont jamais de racines , mais se soudent avec l'os qui les porte : elles tombent néanmoins , probablement par un mécanisme analo- gue à celui de la chute du bois des cerfs et sont remplacées par de nouvelles dents, qui naissent tantôt dessous, tantôt à côté des anciennes. Les dents dont les mâchoires sont armées ne servent en général qu’à retenir ou à briser la proie; celles si- tuées au fond de la bouche sont rarement disposées de manière à la broyer, La bouche n’est entourée d'aucune glande salivaire. L’œso- phage est court ; l'estomac et les intestins (/g. 386) varient pour la forme et les dimensions. Le foie est généralement grand et d’un tissu mou; la position ct la grandeur de la vésicule du fiel varient; presque toujours le pancréas est remplacé par des cœ- cums dun tissu particulier, placés autour du pylore; enfin la position de lPanus varie beaucoup; quelquefois il se trouve sous la gorge; d’autres fois à la base de la queue. Les reins sont extrêmement volumineux et s'étendent des deux côtés de la colonne vertébrale dans toute la longueur de Pabdomen. Leurs conduits excréteurs aboutissent à une espèce de vessie, dont louverture externe est placée immédiatement derrière l'anus et l’orifice des organes reproducteurs. Digestion. 246 ZLOOLOGIE DESCRIPTIVE. Branchies Artérepul- ) IONAIre, | Cœur. D'aphrauwime Foie Vesicule du fie}. fr) Ovaires, . Abdomen . Couduat } biliaire, . .) Moicreis Intestin . . Rate, . Ovuires,. Gros in- ) LCSEUNS 2, { Vessic. e ANTIS:,. VS Uretre. . . 3 Fig. 386. ANATOMIE DU BROCHET. Langue. Narines. Cerveau. j Vessie na- { tatoire. Estomac. Reins. CLASSE DES POISSONS. 247 La digestion paraît se faire très rapidement, et le chyle est absorbé par de nombreux vaisseaux lymphatiques , qui aboutis- sent par plusieurs troncs dans le système veineux, près du cœur. $ 903. Le sang des poissons, comme nous l'avons déjà dit, est rouge, et les globules ont une forme elliptique et des dimen- sions considérables. Le cœur est placé sous la gorge, dans une cavité séparée de labdomen par une espèce de diaphragme ‘d) et protégée par les os pharyngiens en dessus, les ares branchiaux sur les côtés et Artère branchiale. . -° Vaisseanx des branchies. Bulbe artériel. Ventricule du cœur. Oreillette du cœur... ne Sinus véeiueux._!__ _ // AE Artère dorsale. Veine-porte, foie, etc. --Reins. Intestin.-:-"7"" . (£ Artére dorsale, ou aorte. Veine-cave.--- 6; Fig. 387. APPAREIL CIRCULATOIRE. Circulation. Respiration. 248 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. en général par la ceinture humérale en arrière. Il se compose d'une oreillette, qui reçoit le sang veineux rassemblé dansun vaste sinus situé auprès, et d’un ventricule placé en dessous et donnant naissance, par son extrémité antérieure, à une artère pulmonaire (ap), dont la base est renflée et constitue un bulbe contractile. Ce vaisseau se divise bientôt en branches latérales, qui se distribuent aux branchies, et le sang, après avoir tra- versé ces organes, remonte vers la tête par un autre vaisseau qui longe également le bord des ares branchiaux. Là ces canaux envoient quelques branches aux parties voisines el se réunis- sent pour former une grande artère dorsale, laquelle se dirige en arrière, au-dessous de la colonne vertébrale et donne des rameaux à toutes les autres parties du corps. Enfin tout le sang veineux ne se rend pas directement dans le sinus que nous avons déjà mentionné ; celui des intestins, et de quelques au- tres parties, avant que de retourner au cœur, se répand par la veine-porte dans le foie. On voit donc que le sang, en parcourant le cercle circula- toire, traverse en entier l'appareil de la respiration comme chez les mammifères et les oiseaux , mais ne passe qu’une seule fois dans le cœur, ce qui doit rendre sa marche plus lente. Le cœur lui-même correspond par ses fonctions à la moitié droite du même organe chez les vertébrés supérieurs. $ 904. La respiration se faitau moyen de l'air dissous dans Peau et a lieu à la surface d’une multitude de lamelles saillantes et très vasculaires, fixées au bord externe des arcs branchiaux, dont nous avons déjà indiqué la position. En général on compte, de chaque côté, quatre branchies, composées cha- cune de deux rangées de lamelles allongées. Dans la plupart des poissons cartilagineux , il y en a cinq, et, dans la lam- proie on en trouve sept. Chez presque tous les poissons osseux, ces lamelles sont simples et fixées par la base seulement; chez un petit nombre, elles sont au contraire ramifiées et en forme de panaches; enfin, chez la plupart des poissons cartilagi- neux, elles sont fixées à la peau par leur bord externe aussi bien qu'aux arcs branchiaux par leur bord intérieur. L'eau nécessaire à la respiration entre dans la bouche, et, par un mouvement de déglutition, passe par les fentes que les arcs branchiaux laissent entre eux, et arrive de la sorte aux branchies, dont elle baigne la surface, puis elle s'échappe au dehors par les ouvertures des ouïes. On voit, en effet, l’animal ouvrir la bouche el soulever son opercule alternativement. Chez les poissons dont les branchies sont libres à leur bord ex- térieur, il suffit d’une seule de ces ouvertures de chaque côté ; mais, lorsque les branchies sont fixes, il faut, pour la sorür CLASSE DES POISSONS. 249 de Peau, autant d'ouvertures qu’il y a d’espaces interbran- chiaux. On peut par conséquent connaitre la disposition de l'appareil respiratoire par la seule inspection de ses ouvertures extérieures. Les poissons ne consomment qu'une quantité assez faible d’oxigène, quelques-uns cependant ne se contentent pas de celle qui est dissoute dans l’eau, et viennent de temps en temps à la surface respirer Pair. Il en est même qui en avalent et qui convertissent l’oxigène en acide carbonique, en le faisant pas- ser au travers de leur intestin. Lorsque les poissons demeurent hors de l’eau, ils périssent en général promptement par as- phyxie, non pas que loxigène leur manque, mais parce que, les lamelles branchiales n'étant plus soutenues par l’eau, s’af- faissent et ne se laissent pas traverser aussi facilement par le sang, el parce que ces organes, en se desséchant, deviennent impropres à remplir leurs fonctions : aussi les poissons, qui périssent le plus promptement par l’exposition à l'air ont-ils les ouïes très fendues, ce qui facilite l’'évaporation à la surface des branchies, Landis que ceux qui résistent le mieux ont ces ouvertures très étroites ou possèdent même quelque récepta- cle , où ils peuvent conserver de l’eau pour humecter ces or- ganes. $ 905. Ainsi que nous avons déjà dit, les poissons ne produi- sent presque pas de chaleur ; mais quelques-uns d’entre eux ont la singulière faculté de produire de l'électricité et de donner ainsi des commotions très fortes aux animaux qui les touchent. La torpille, le silure et une espèce de gymnote sont dans ce cas, et, chose remarquable, l’organe électrique présente une con- formation toute différente chez chacun d’eux. Nous la ferons connaitre en traitant de ces espèces. $906. Les ovaires sont en général très grands et d’une struc- ture fort simple : ce sont des sacs membraneux, dont les parois contiennent les œufs dans leur épaisseur jusqu’au moment où ceux-ci s’échappent en déchirant leur enveloppe; ces sacs se réunissent d'ordinaire dans un canal commun ayant son ou- verture entre anus et l’orifice urinaire. La disposition des par- lies correspondantes chez le mâle est à-peu-près la même. Le nombre des œufs est quelquefois immense : il peut s'élever, pour une seule ponte, à des centaines de mille. En général, ils n'ont qu'une enveloppe mucilagineuse et sont fécondés après la ponte. Quelques poissons sont au contraire ovo-vivipares ; mais, quelle que soit la manière dont les jeunes poissons sont amenés à la vie, 1ls sont, du moment de leur naissance, aban- donnés complètement à eux-mêmes, et, dans le premier âge, il en périt beaucoup. Poissons électriques. Reproduc= tion. lustincts, 250 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. C’est au développement simultané d’un nombre incalculable d'œufs déposés dans un même lieu et à Pinstinet qui pousse divers poissons à se suivre entre eux , que lon doit attribuer la réunion de certaines espèces en légions immenses et serrées, appelées par les pécheurs des bancs dé poissons. En effet , on ne peut guère appeler ces réunions des sociétés ; les individus dont elles se composent ne s’aident pas entre eux; les mêmes be- soins à satisfaire les retiennent dans la même localité ou les en éloignent, et, si on les voit quelquefois suivre l’un d’entre eux comme un guide, c’est probablement par suite d’une tendance à limitation qui accompagne toujours les premières lueurs du raisonnement. (1) $ 907. Quoi qu’il en soit,ces animaux, ainsi réunis en troupes, font souvent de longs voyages , tantôt pour gagner la mer, tan- lÔt pour remonter les rivières où pour changer de parages. Certains poissons mènent une vie presque sédentaire et restent toujours dans la localité qui les a vus naître; d’autres sont toujours errans , et un grand nombre de ces animaux font pé- riodiquement des voyages plus ou moins longs. A l’époque du froid, ils se rapprochent crdinairement des côtes ou entrent dans les rivières et font quelquefois de la sorte un trajet extré- mement long. Chaque année, vers la même époque, des bancs de poissons voyageurs arrivent dans les mêmes parages, el l’on croit généralement que plusieurs de ces espèces émigrent régulièrement du nord vers le sud et du sud vers le nord, (1) Ou s'étonnera peut-être de nous entendre parler du raisonnement chez un poisson, animal dont la stupidité est devenue proverbiale; mais, si l’on étudie les mœurs de ces êtres dans les bassins de nos pares, on verra que, lorsqu'ils nagent tranquillement sans but bien déterminé, ils passent les uns à côté des autres, sans qu'ils paraissent faire attention aux wouvemens de leurs compagnons; mais, si l’un d’eux, apercevant tout-a-coup quelque appât, hâte sa course et nage avec vitesse dans une direction déterminée, ou voit souvent que les autres poissons, même ceux qui sont placés de manière à ue pas apercevoir l’objet qui l’aitire, se mettent aussitôt à le suivre en fouie pour profiter de sa découverte. Or, cet instinct d'imitation ressemble bien à un raisonnement simple, ilest vrai, mais suivi. Ne peut-on pas supposer que ces animaux attribuent la course rapide de leur compagnon à quelque circonstance de nature à les intéresser aussi. à la découverte de quelque danger qu'il veut fuir, on de quelque appät qu’il court dévorer , et que c’est pour cela qu’ils se précipitent aussitôt à sa suite? Du reste, n’en est-il pas ainsi partout, même parmi les hommes, et l'instinct d'imitation, qui produit tant de bonnes et de manvaises actions, n'est-il pas une suite de cette tendance à profiter des résultats des observations ou du jugement d'autrui, et à attribuer aux actions de ceux qui paraissent mus par une impulsion puissante, un but que l'on serait égale- ment désireux d'atteindre ? CLASSE DES POISSONS. 251 suivant une route déterminée; mais peut-être serait-il plus exact de croire que lorsqu'ils disparaissent du littoral, ils se retirent seulement dans les grandes profondeurs de la mer. En faisant l’histoire de la morue, du hareng, du maquereau , du saumon, elc., nous aurons l’occasion de revenir sur ces voya- yes périodiques. Les poissons se divisent, d’après leur habitation, en marins et en fluvialiles : 1l en est aussi qui fréquentent alternative - ment les eaux douces et salées, et la nature de ce liquide pa- rait exercer sur eux moins d'influence qu'on ne le croit géné- ralement; car on est parvenu à élever dans des réservoirs d’eau douce quelques poissons essentiellement marins. $ 908. Le nombre de ces animaux est immense , et, comimeils fournissent à Phomme un aliment agréable el sain, leur pèche est une branche d'industrie importante chez les peuples les plus sauvages comme chez les nations les plus civilisées. Les Romains, qui, après la perte de leur liberté, déployè- rent pour leur table un luxe si effréné, nese bornaient pas à expédier dans les mers voisines des bâtimens de pêche et à re- cevoir des Iloniens, inventeurs des barques à réservoir, des poissons vivans; afin de mieux assurer leur approvisionne- ment, les plus riches citoyens firent creuser d'immenses vi- viers, remplis d’eau de mer, dans lesquels on déposait les poissons les plus délicats des mers de la Sicile et même des côtes de la Grèce et de l'Egypte. Le premier qui construisit un de ces immenses dépôts fut Lucius Murena, ainsi nommé, à cause du soim qu'il prenait des murènes ou anguilles : il eut de nombreux imitateurs et fut même surpassé dans ses folies par Lucullus, qui fit percer une montagne près de Naples, pour introduire l’eau de la mer dans ses bassins el creusa, dans les rochers qui les bordent, des cavernes destinées à fournir à ses poissons, pendant les chaleurs de Pété, une fraicheur délicieuse. D’autres grands personnages de l'ancienne capitale du monde, mettaient leur gloire à posséder des poissons assez privés pour se laisser toucher; on assure que Crassus se montra plus affligé de la perte d'une de ses anguilles, qu'il ne l'avait été de la mort de ses trois enfans, et pour don- ner une idée du goût désordonné de ces Romains dégénérés pour les poissons de toute espèce, nous citerons un souper donné à Pempereur Othon par son frère, repas dans lequel on avait réuni deux mille plats de poissons rares. Les temps modernes n’ont pas été témoins de folies sembla- bles; mais la pêche n’en à pas moins été, pour plusieurs peuples maritimes, une source de grandes richesses. À une époque, qui n'est pas bien éloignée de la nôtre, cette branche Usaues Classification. 252 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. d'industrie occupait un cinquième de la population totale de la Hollande , et, pour la pêche du hareng seulement, ce pays couvrait de ses bâtimens les mers du nord. En Angleterre, elle fait subsister aussi un nombre considérable de bons et hardis matelots, et même en France, où elle a moins d'importance, on compte de trente à quarante mille pêcheurs, dont près du üers s’aventurent jusque sur-les côtes de l’islande et de Terre- Neuve. $9u9. La classe immense des poissons se divise naturellement en deux séries, les poissons osseux etles poissons cartilagineux, qui diffèrent entre eux non-seulement par la nature de leur squelette, mais par un grand nombre d’autres caractères. Des modificalions dans la structure des branchies, dans la dispo- sition de la bouche et dans la nature des rayons qui soutien- nent la nageoire dorsale, ainsi que dans la position des na- geoires ventrales, fournissent aux naturalistes les bases de la division de l’un et l’autre de ces groupes en ordres, comme on peut le voir par le tableau suivant. CLASSE DES POISSONS. *‘SHKOLS01947 “SNAIOVIAG “SAUAUI SHIHONVUA V SNAI9XUYLJOHANORI no SNHINOIUALG “STHLVN 901931 ‘SHHONV YHOHAO"] ‘SAQOAY-"LAODVIVIN *"SNAIHONVYUGNS SNAI9OAUALIODV'IVIN *’XAVNIMOGGY SNHIOXUALdONV'IVIN “oprqouuut / (sax SeNjouviQ v surBiagdoipuoy)) Sa -BIOUVI S91n3J94n0 sxnotsn]d { spioq ‘ouvio nv aou918u9 91n919dns 211008 “ano4ado onbeyo anod ooyuo jnos un ‘ouxo)xo piOq anof ded soiqt} sorqoueag ‘sapuoa soddnoq ua s92s0ds1p sorqouuig : ‘SO]U1JU94 S911098v0 9P Ju104 (sun B io 0 A no S2[#S10p soutoo8eu Sop Jaturead 9] siojonb -joub 9o3doox2 ‘snour SuOÂes 52, suoï -dey e sonpaodsns Sa[LAJU9a SO110988U sa(I 2 { ‘u2mopqe | 2p 2191mue ua sagnqts *2[P4J094 91109$en anbeqo v “SNXIOX AA LAOHLNVOY { UN JUOMONETIPIO 19 ‘aJeuUe 241008eu uv] & xnosso suokvei sonb ne ‘SxXHad4oO -jonb ‘oimoroque ojus10p ouoa8eu ef v xnasso suofez sac \ \ -doov)pjg ) sa1e1090d ‘sous -104 9p ouuoy ua solqoueiq | © “sane] | -ed say aed spovjdmer ounor | -odus onoyoyu ej op so | *XnauiSe]148o ayja[0nbç *“SNAIOAUALIOUGNOHI NO XAOANIOVIILHVI SNOSSIOU "AIUAS 2% — ‘SNOSSIOd SAU ASSVTA “ad -W109 91n91:9d -n$ 2110TPN °xn9s -50 911j9[onbs *xnas “aq | -so snossroa -ou oimorod | | -NS SNOUEN À ‘HINAS o11 | 254 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. L PREMIÈRE SÉRIE. — POISSONS OSSEUX. 1° ORDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. Caractères. 0 910. L'ordre des acanthoptérygiens se distingue facilement par la disposition normale des branchies et de la mâchoire supérieure et par les nageoires épineuses. Les trois quarts des poissons connus se rapportent à ce groupe; mais ces animaux présentent entre eux des rapports si multipliés, que, malgré les différences nombreuses qu'on leur remarque, on ne peut les séparer autrement qu'en plusieurs familles naturelles, et on ést obligé de les réunir tous dans un même ordre. Les premiers rayons du dos sont toujours osseux et spini- formes (#9. 385). Lorsqu'il existe deux nageoires dorsales, ces rayons epineur Souliennent seuls la première; et, lorsqu'il n’y à qu'un seul de ces organes, ils en soutiennent au moins la portion antérieure ; enfin on en trouve quelquefois d’entiè- : rement libres. En général il y a aussi un rayon osseux à cha- que nageoire ventrale , et souvent Panale à aussi quelques épi- nes pour premiers rayons. - On range dans cette grande division des poissons ordinaires seize familles naturelles, désignées sous le nom de Perroïdes, Mules, Joucs cuirassees. Srienoides, Sparoïdes, Menides, Squammipennes, Scomberrides, Tœnioïdes, Theutyes, Pharyn- giens labyrinthiformes . Muyiloïdes, Gobioiïdes, Lophiotles où pectoralcs pedivulees, Labroïdes el Bouches-en-fiñte. ; Famille des 6911. La FAMILLE BES PERCOÏDES, qui à pour type la perche percoïdes commune, se compose de poissons dont le corps est oblong, plus ou moins comprimé et couvert d’écailles, généralement dures; dont la bouche est grande et armée de dents sur le vomer et presque toujours sur les os palatins ainsi que sur Îles mächoires, et, au-devant du gosier, sur les arcs branchiaux et sur les os pharyngiens; dont les opercules sont dentelés ou épineux sur le bord d’un ou de plusieurs des os qui entrent dans leur composition (9: 388); enfin dont les nageoires sont ORDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. 295 toujours au nombre de sept ou de huit. fs n’ont pas de bar- billons au menton; en yénéral, ils Fig. 388. sont ornés de belles couleurs, et NA leur chair est d’un goùt agréable. \ A ea 6912. La plupart des percoïdes pra APE ont les nageoires ventrales atta- e> chées sous les pectorales : elles for- 2 XK£l_ @Z7 ment la tribu des PERCOÏDES THO- È SR RACIQUES , qui se subdivise en deux , £ /) groupes caractérisés par le nombre 241 des rayons mous de la nageoire 7 ventrale, qui est de cinq chez les uns et sept chez les autres. Parmi les premiers, on distingue d’abord celles qui ont sept rayons branchiostèges, deux nageoires dorsales et toutes les dents en velours :’ce sont les perches, les bars, etc. à $913. Les PERCHES (Perca) se distinguent par leur langue lisse et par les épines, et dentelures de leurs opercules : elles habi- tent les eaux douces. La perche commune, verdâire, avec des bandes verticales, noirâtres, et les nageoires ventrales et ana- les rouges, est répandue dans toute l’Europe ainsi que dans une grande partie de l'Asie, et vit dans les lacs, les rivières et les ruisseaux d’eau vive : elle évite l’eau salée ou même sau- mâtre et ne se tient d'ordinaire qu’à une profondeur d'environ un mètre. Ces poissons ne nagent pas en grandes troupes et se nourrissent de vers, d'insectes et de petits poissons : ils fraient au mois d'avril, et leurs œufs sont réunis par une ma- üère visqueuse en longs cordons qu’entrelacent les roseaux. On ne sait rien sur la durée de la croissance ou de la vie des perches. En général elles ne dépassent guère quarante ou cinquante centimètres de long el en atteignent rarement soixante-dix. $ 914. Les BARS (Labrax) sont des poissons de mer qui ont la langue couverte d’aspérités et les opereules conformés d’une ma- nière un peu différente ({g. 388), mais qui, du reste, ressemblent beaucoup aux perches. Le bars commun abonde sur nos côtes et porte le nom vulgaire de Zoup et de loubine : c’est un grand et excellent poisson, de couleur argentée. Lorsqu'il est jeune, il est ordinairement tacheté de brun. Percoïdes thoraciques. Perches. Bars. 256 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. Aprons, san- © 915. Les APRONS (4spro), dont une espèce habite le Rhône, et dres, ete. 1es SANDRES (Lucio-perca), appelé vulgairement 2rochets-perckes, appartiennent aussi à celle division. 6916. D’autres percoïdes thoraciques, voisines des précédentes, n’ont qu'une seule nageoire dorsale , telles sont les serrans ou perches de mer, les merous , les germilles Où perches goujon- nieres, etc. 6 917. Les percoïdes thoraciques,ayant, comme les précédentes, cinq rayons mous aux nageoires ventrales, mais ayant moins de sept rayons branchiostèges, forment plusieurs genres, qui ne présentent pas assez d'intérêt pour nous arrêter ici. Il en est de mème de celles qui ont un plus grand nombre, soit de rayons ventraux, soit de rayons branchiostèges, Percoïdes 9918. Les PERCOÏDES JUGULAIRES, C’esi-à-dire celles dont les na- jugulaires. geoires peclorales sont placées en avant des pectorales sous la gorge, sont moins nombreuses. 6919. Les vives (7rachinus) appartiennent à cette tribu et se distinguent par leur tête comprimée et par laiguillon de leur opercule. Ce sont des poissons allongés, à museau court, qui ont l’habitude de s’enfoncer dans le sable et qui sont redoutés des pêcheurs à cause des piqüres profondes qu’ils font avec les épines fortes et aiguës de leur première nageoiïire dorsale. Plusieurs espèces habitent nos côtes. Vives. 6 920. Les URANOSCOPES , ainsi nommés à cause de la position de leurs yeux, qui sont dirigés vers le ciel, sont voisins des pré- cédens : on en trouve dans la Méditerranée. Uranoscopes. Percoides 9 921. Les PERCOÏDES ABDOMINALES, dont les nageoires ven- abdominales. trales sont placées plus en arrière que les pectorales, s’éloignent davantage des perches, qui forment le type de cette famille ; mais elles n’offrent rien de bien intéressant. 6922. La petite FAMILLE DES MULLES est voisine de la précédente, dont elle se distingue facilement par les deux longs barbillons suspendus sous la symphyse de la mâchoire inférieure (voyez Famille des mulles. > ORDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. 257 (Ag. 381, page 237) : elle se compose de poissons, dont la tête, aussi bien que le corps, est garnie d’écailles grandes et peu adhérentes, dont les deux nageoires dorsales sont très sépa- rées, et dont ia couleur est presque toujours d’un rouge plus ou moins vif. $ 923. Les MULLES PROPREMENT DITS (Mullus) sont propres aux mers d'Europe et sont appelés vulgairement rougets-barbets. Vs n’ont que trois rayons branchiostèges; leur opercule est dépour- vu d’épines, et ils manquent de vessie natatoire. Leur chair est délicieuse, et ce sont des poissons célèbres par le plaisir puéril que les Romains prenaient à voir les changemens de couleur qu'ils présentent en mourant. Pour mieux jouir de ce specta- cle, et pour être bien certains d’avoir ces poissons le plus frais possible, ils les faisaient venir dans de pelites rigoles jusque sous les tables où lon mangeait, et les faisaient mourir dans des vases de verre, que les convives se passaient de main en main. Cette passion pour les mulles fut portée au point de faire payer, à des prix exorbitans, ceux qui dépassaient la taille ordinaire. Sénèque raconte l’histoire d’un mulle, pesant plus de deux kilogrammes, qui fut présenté à Tibère, et que ce prince, ridiculement économe, fit vendre au marché; Apicius et Octavius se le disputèrehi, et ce dernier l’emporta au prix de 5,000 sesterces, qui, dans ces temps-là, faisaient 974 fr. Pline parle d’un de ces poissons, qui, du temps de Caligula , Müulles nro- prement dits, fut acheté par Asinus Celer, pour 8,000 sesterces (1,588 fr.), et: Suétone nous apprend que, sous Tibère, trois mulles d’une grande taille furent payés 30,000 sesterces (5,844 fr.) Nous possédons dans nos mers deux espèces de ces mulles : la plus estimée est le rouget-proprement dit (fig. 381, pag. 237;, qui est d’un rouge vif; il habite en grand nombre la Méditer- ranée et se montre, mais rarement, jusque dans la Manche. Le surmulet est moins délicat et de plus grande taille. On le distingue aussi du précédent par le jaune, qui forme de cha- que côté des raies longitudinales , et par son profil moins ver- tical : il est également plus commun dans lOcéan et se voit quelquefois sur les marchés de Paris. $ 924. La FAMILLE DES JOUES CUIRASSÉES est remarquable par la Famille des manière singulière dont leur tête est hérissée et cuirassée. Les Jones eniras- os sous-orbitaires, au lieu d’encadrer seulement les yeux en dessous, s'étendent sur la joue et vont s’articuler en arrière avec.le premier os de Popercule. 6925. C'est chez les TRIGLES (Trigla) et quelques genres voisins 17 sces, Trigles, Dactxlop- téres. 258 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. que ce caractère est le plus marqué. La tête de ces poissons est cuirassée par des os très durs et a une forme presque cubique. Plusieurs font entendre, quand on les prend, des sons qui leur ont valu le nom vulgaire de grondins. De même que la plupart des joues-cuirassées, ils n’ont pas de rayons épineux libres en avant de la nageoire dorsale, mais ils en présentent trois sous la pectorale; leur dos porte deux nageoires dorsales ; leur corps est écailleux et leur bouche garnie de dents en ve- lours sur les mâchoires et au-devant du vomer. Une espèce de trigle , le ygrondin rouge, est très commun sur nos côtes et se vend à bas prix sur le marché de Paris, où on le connaît sous le nom de rouget. Le perlon est une autre espèce du même genre, qui a une plus grande taille et qui est également très commune. 6926. LespaACTYLOPTÈRES , célèbres sous les noms de poïssons volans, d’hirondelles de mer, etc. , ressemblent beaucoup aux trigles, mais s’en distinguent par leurs grandes nageoires pec- Fig. 389. DACTYLOPTÈRE DE LA MÉDITERRANÉE. lorales dont ils se servent comme d’ailes pour se soutenir dans l'air, lorsqu'ils s’'élancent hors de l’eau, dans l’espoir d’échap- per à leurs ennemis. Les navigateurs les rencontrent dans la Méditerranée, mais surtout dans les mers tropicales : ils na- gent par légions nombreuses, que poursuivent avec acharne- ment les bonites, les daurades et d’autres poissons voraces , et lorsque, pour échapper à ce péril, ils s'élèvent dans les airs, un autre danger, non moins grand, les y attend; car une foule d’oi- seaux de haute mer, tels que des frégates et des phaétons, les poursuivent aussi et saisissent ce mement pour s'en emparer. Du reste, ces poissons ne peuvent faire de la sorte un bien long trajet; car le dessèchement de la membrane qui unit les rayons de leurs mächoires pectorales, les force bientôt à re- tomber dans la mer. URDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. 259 6 927. Les CHABOTS (Coftus) sont voisins des trigles, mais ont la tête déprimée et diversement armée d’épines ou de tubercules L'espèce la plus commune est le chabot de rivière ; d’autres ha- bitent la mer. 6 928. Les SCORPÈNES ont au contraire la tête compriméelatéra- lement et ne portent sur le dos qu’une seule nageoire. Leur peau est en général molle et spon- gieuse , leur tête grosse et épi- neuse , et les lambeaux cutanés qui pendent de diverses parties de leur corps, leur donnent un air hideux et dégoûtant; les piqères de leurs épines sont en même temps redoutables ; aussi Fig. 390. SCORPÈNE. les pêcheurs leur prodiguent- ils des noms odieux : sur nos côtes, on les appelle des Ziables de mer, des crapauds de mer, des scorpions de mer. La Méditerranée en nourrit deux espèces. $ 929. Les PTÉROIS ont les mêmes caractères que les scor- pènes, mais se font remarquer par l’excessive prolongement de leurs nageoires pectorale et dorsale ; ils habitent les mers des Indes. $ 930. Enfin nous citerons encore , parmi les joues cuirassées, les ÉPINOCHES (gasterosteus), qui n’ont la tête ni tuberculeuse , ni épineuse comme les précédens et se distinguent aussi par les Fiy. 391. ÉPINOCHE. épines libres, qui leur tiennent lieu de première nageoire dorsale. Ce sont les plus petits de nos poissons d’eau douce et à-peu-près les plus communs. II n’est pas de ruisseau, pas de mare où l’on n’en voie, ou qui même n’en fourmille à certaines époques; et dans diverses parties de l'Angleterre et du nord, ils paraissent quelquefois en nombre si prodigieux, qu’on les y emploie à nourrir les cochons et à fumer les terres. Une es- 17: Chabots. Scorpènes. Ptérois. Épinoches. Famniile des sciénoïdes. Famille des sparoïdes. Sargues. 260 4 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. A pèce de ce genre, le gastre, esl marine et se Lrouve sur nos côtes, 6931. La FAMILLE DES SCIÉNOÏDES à de grands rapports avec celle des percoïdes, mais elle s’en dishngue par l'absence de dents aù vomer et aux palatins. En général les os du crâne et de la face sont caverneux et rendent le museau plus ou moins bom- bé. Presque tous les poissons de ce groupe sont bons à man- ger, et plusieurs sont même d’un goût exquis. C’est à cette famille qu'appartient : une espèce de SCIÈNE ou maigre, qui habite la Méditerranée et l'Océan et qui était autrefois très es- limée ; l'OMBRINE , qui se trouve dans les mêmes parages, et qui est également un bon et grand poisson ; enfin les PAGONIAS ou TAMBOURS, qui habitent les mers d'Amérique et qui sont remarquables par le bruit qu’ils font entendre et que lon com- pare à celui de grosses cloches ou de plusieurs tambours. 6 932. La FAMILLE DES SPAROÏDES n’a pas le museau bombé comme la précédente ni l’opercule épineux (fg. 392; mais le Fig. 392. SARGUE ORDINAIRE. palais est encore dénué de dents et le corps couvert d’écailles plus ou moins grandes ; enfin la bouche n’est pas protractile. 6933. Dans une première tribu de cette famille (les spares), on remarque de chaque côté des mâchoires, des dents molaires. rondes, en forme de pavés (#4. 393); quelquefois il existe aussi en avant des mâchoires des incisives tranchantes, presque semblables à celles de l’homme (c est le cas Fig. 393. pour les SARGUES (fig. 392 et 393), dont quel- ques espèces vivent près des côtes de la Médi- lerranée); d’autres fois on trouve en avant seulement quelques dents coniques ou émous- sées. Les DAURADES (CArysophris) se reconnais- sent à ce dernier caractère et à l’existence d’au moins trois rangées de molaires à la mâchoire supérieure. La daurade vulgaire est 1rès coni- ORDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. 261 mune sur les côtes de la Bretagne ainsi que dans la Méditerra- née. Son corps est ovalaire et sa bouche est garnie de quatre rangées de molaires en haut et de cinq en bas. Son nom lui. vient de sa couleur dorée. 6 934. Les PAGRES et les PAGELS, dont on trouve quelques Pagres, ete. espèces dans la Méditerranée, sont voisins des daurades; mais les pagels ont un museau beaucoup plus allongé, ce qui leur donne une physionomie différente. - $935. Dans une seconde tribu , qui a pour type les DENTÉS de la Dentés. Méditerranée , il existe, sur les côtés des mâchoires, des dents coniques , dont quelques- unes des antérieures s’allongent en grands crochets. 6936. Une troisième tribu de cette famille est caractérisée Canthères. par des dents en velours ou en cardes serrées tout autour des mâchoires. On y range les CANTHÈRES, dont une espèce, fort commune dans la Méditerranée , est nommée cantena par les Marséillais, et dont une autre, qui se trouve dans la Manche, a élé appelée improprement Des de mer. $937. Enfin, une quatrième tribu diffère des précédentes par, Bogues. l'existence d’une rangée extérieure de dents tranchantes et comprend les BOGUES et les OBLADES , genres dont on trouve des espèces dans la Méditerranée. 6 938. La se FAMILLE DES MÉNIDES se compose de poissOnS Famille des Fig. 394. Fig. 395 qui ressemblent beau- ménides. coup aux spares, mais \k quis’en distinguentpar À leur bouche très pro- tractyle, et susceptible de se transformer à la volonté de Panimal en une sorte de tube : ce TE PE sont les MENDOLES (Mæ- 7) na), les PICARELS (Sma- ? } ris), etc., dont plusieurs U espèces habitent la Mé- diterranée. (x) Fig. 394. Tête d’une mandole, la bouche étant dans une position ordinaire. Fig. 395. La même, la mâchoire supérieure étant avancée. ‘ Famille des squammipen- nes. Chætodons. Castagnoles. 262 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 939. La FAMILLE DES SQUAMMIPENNES se reconnail à ce que la partie molle et souvent aussi la partie épineuse de leurs na- geoires dorsale et anale sont recouvertes par des écailles et difficiles à distinguer de la masse du corps, qui est comprimé et également écailleux. Quelques sciénoïdes ont aussi les na- geoires comme encroütées d’écailles, mais ils n’ont jamais les dents en forme de soies flexibles, comme chez la plupart des squammipennes, et leur museau renflé fournit souvent aussi un caractère pour les faire distinguer. 6940. Lés squammipennes, dont les mâchoires sont garnies de plusieurs rangées de dents semblabies, par leur conformation et leur disposition, aux poils d’une brosse, ont été réunis sous le nom de cHæTopons. Leur bouche est très petite et leurs na- geoires dorsale et anale tellement garnies d’écailles, qu’il est difficile de les distinguer du corps : ils sont très nombreux dans les mers des pays chauds et fort remarquables par la beauté et la variété de leurs couleurs. « 6 941. Les CASTAGNOLES (Brama), les ARCHERS (Toæotes) ; Netc., diffèrent des chætodons par plusieurs caractères, entre aütres par l'existence de dents au vomer et sur les palatins. Les pre- Fig. 396. CASTAGNOLE DE LA MÉDITERRANEÉE. miers ont le museau très court, le front vertical et un très petit nombre de rayons épineux cachés dans le bord antérieur de leur nageoire dorsale : ils habitent la Méditerranée. Les archers ont le front très oblique et la nageoire dorsale très reculée et armée d’épines fortes et non cachées par les écailles. L’espèce commune habite le Gange et la mer des Indes, et est célèbre par la manière dont elle projette des gouttes d’eau sur les in- sectes qui se tiennent sur les herbes aquatiques, afin de les faire tomber et de s’en repaitre. Elle les lance quelquefois à plus d’un mètre de haut et manque rarement son but. Ce sin- gulier instinct lui est, du reste, commun avec une espèce de chætodon , qui habite les mêmes parages. ORDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. 263 $942. Les ACANTHOPTÉRYGIENS À PHARYNGIENS LABYRINTIHIFOR- MES constituent une peli.e famille, remarquable par l'existence de cellules très compliquées, situées au-dessus des branchies. Fig. 397. (1) Ces cellules (y. 397), renfermées sous l’opercule et formées par des lamelles des os pharyngiens, servent à retenir une certaine quantité d’eau, laquelle maintient les branchies hu- mides , lorsque l’animal est à Pair, et lui permet d'y vivre assez long-temps : aussi, ces poissons ont-ils l'habitude de sortir des rivières et des étangs, qui sont leur séjour ordinaire, et de se porter à d'assez grandes distances, en rampant dans l'herbe ou sur la terre. Ceux qui présentent cet appareil labyrinthiforme , porté au plus haut degré de complication, et qui ont reçu le nom d’ANABAS, non-seulement restent très long-temps hors de l'eau, mais encore, à ce que l’on assure, grimpent sur les arbres. La plupart des poissons de cette famille habitent les Indes , la Chine et les Moluques. Une espèce, le gourami, qui est originaire de la Chine et qui est très estimée pour sa chair savoureuse, a été acclimatée dans les étangs de l’Ile-de-France et de Cayenne. $ 943. La FAMILLE DES SCOMBÉROÏDES est la plus importante de cet ordre : eile comprend plusieurs poissons d’un volume considérable, dont le goùt est excellent et dont la fécondité est si inépuisable que, malgré la destruction continuelle qu’on en fait, ils reviennent chaque année par légions immenses dans les mêmes localités et s'offrent, comme une proie assurée, à l’activité des pêcheurs et à l’industrie de ceux qui exercent Part (1) Tète d’un auabas, dont on à enlevé l’opercule, pour montrer les brau- chies et les cellules situées au-dessus. Faille des pharyngiens labyrinthifor- mes, Anabas. Famille des scombéroi- des. Scombres, \Maquereaux. 264 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE de les préparer et de les conserver. Les thons, les bonites et les maquereaux, qui sont si utiles à l’homme et qui forment le type de cette famille, sont faciles à distinguer des autres acan- thoptérygiens; mais, plusieurs des espèces qui se groupent naturellement autour d’eux ne présentent aucun des caractères les plus propres à les faire reconnaître, et établissent des liaisons si étroites avec d’autres familles, que les limites de celle-ci sont difficiles à définir. En général, les scombéroïdes ont les écailles très petites et une grande partie de la peau lisse : ils n’ont n1 épines ni dentelures sur les pièces operculaires; leurs nageoires verticales ne sont pas écailleuses ; leur queue et surtout leur nageoire caudale sont ordinairement grandes et très vigoureuses. La plupart ont les côtés de la queue carénés ou armés d’écailles en forme de boucliers; enfin, chez plusieurs, les rayons postérieurs de la seconde nageoire dorsale et de l’anale sont séparés, et forment autant de fausses nageoires où fausses pennules. Ceux qui présentent ces deux derniers caractères et qui ont une première nageoire dorsale continue, forment la TRIBU DES SCOMBRES. Leur corps est en forme de fuseau, leur queue fort rétrécie et plus ou moins carénée latéralement, mais non ar- mée de boucliers, et leur nageoire caudale très grande : aussi sont-ils d’excellens nageurs. [ls parcourent les mers en troupes nombreuses et donnent lieu à de très grandes pêches : £e sont les maquereaux, les thons , les germons, etc. $ 944. Les MAQUEREAUX (Scomber) se distinguent par leur corps , couvert d’écailles uniformément petites et lisses, par leur queue, garnie latéralement de deux petites crêtes cu- tanées, et par l’espace vide qui sépare leurs deux nageoires dorsales. Le maquereau vulgaire , dont le dos est blanc, marquée de raies noires, et dont les fausses nageoires sont au nombre de cinq en haut aussi bien qu’en bas, est un poisson de pas- sage, qui, en été , arrive en abondance sur nos côtes et donne lieu à des pèches et à des salaisons presque aussi productives que celles du hareng. On a prétendu que ces poissons pas- saient hiver dans les mers du nord et descendaient au prin- temps le long des côtes de l'Islande , de l’Iriande et de l'Écosse, pour gagner l'Atlantique, où ils se diviseraient en deux colonnes, dont l’une continuerait ce long voyage vers la Méditerranée , tandis que l’autre entrerait dans la Manche, et, après s'être épandue jusque dans la Baltique, retournerail vers le nord, en côtoyant la Norwège ; mais celte opinion ne ORDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS, 265 repose pas sur des preuves suffisantes, et il est probable que les migrations des maquereaux sont bien moins lointaines : il y a même lieu de croire que, pendant l’hiver, ils se retirent seulement dans les grandes profondeurs de la mer, et que le besoin de pourvoir à leur nourriture et de chercher des lieux convenables pour y déposer leur frai, les en chasse au prin- temps et les fait longer les côtes voisines.#Æn effet, si ces lé- gions de poissons descendaient toutes des mers polaires, elles devraient se montrer aux Orcades avant que d’apparaitre dans la Manche, et n’entrer dans la Méditerranée que beaucoup plus tard. Or, la pêche du maquereau commence dans la Mé- diterranée en même temps ou même plus tôt que dans la Man- che, et on assure qu’elle n’est abondante aux Orcades qu’à une époque beaucoup plus avancée de la saison. Enfin il parai- trait que ce sont même des variétés différentes qui hantent les diverses parages où ces poissons abondent. Ainsi, dans la Bal- tique , ils ne dépassent guère trois décimètres de long , et on dit que, sur les côtes de l'Islande, ils ne valent pas la peine d’être pêchés, tandis que, dans la Manche, ils fournissent une nourri- ture aussi agréable qu'abondante. C’est à l'entrée de cette dernière mer, entre les Sorlingues et l'ile de Bas, que se prennent les plus gros maquereaux : il y en a de près de sept décimètres de longueur ; mais ils sont moins estimés que ceux d’une plus petite taille. Les bancs de ces pois- -SOns ne paraissent pas entrer dans le golfe de Gascogne; mais ils abondent depuis l’extrémité de la Bretagne jusqu’à la mer du Nord. C’est en général vers le mois d'avril qu’on commence à en rencontrer; mais ils sont encore petits et non laités. Pen- dant le mois de juin et une partie de juillet , ils sont le plus estimés et le plus communs : il y en a même assez avant en août; mais alors ils ont déjà frayé ; enfin, vers la fin de sep- tembre et en octobre, on en pèche de petits, qui paraissent avoir pris naissance dans l’année, et il west pas rare d’en avoir aussi dans les mois de novembre et même de décembre; du reste tout cela est fort irrégulier et les pêcheurs attribuent aux tempêtes lPapparition de ces poissons à ces époques insolites. La pêche du maquereau se fait tantôt à la ligne, tantôt avec des.filets semblables à ceux qu’on emploie pour la pèche du hareng, mais à mailles plus grandes. Le maquereau vulgaire fréquente, comme nous l’avons déjà dit, la Méditerranée aussi bien que l'Océan. Il existe également dans cette mer intérieure une autre espèce qui mérite d'être signalée, parce que, extérieurement, elle diffère à peine de la précédente; mais cependant elle est pourvue dune vessie na- laloire, tandis que le maquereau vulgaire n’en à pas. Thous. 266 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. $ 945. Le genre des THONS {T'hynnus) est très voisin de celui des maquereaux , dont il se distingue par l'existence d’une sorte de corselet formé par des écailles plus grandes et moins lisses que celles du reste du corps (#y. 398). Ces poissons ont aussi de chaque côté une carène cartilagineuse entre les petites crêtes latérales de la queue. Leur première nageoire dorsale se pro- longe jusque très près de la seconde et leurs fausses nageoires sont plus nombreuses. Le {kon commun ressemble assez au maquereau par la forme générale de son corps, mais il est plus rond et atteint une très grande taille; en général sa longueur est de plus d’un mètre; mais il parait que quelquefois il à trois fois cette longueur. On assure que, sur les côtes de la Sardaigne, 1l n’est pas rare d'en prendre dont le poids s’é- lève à plus de ciaq cents kilo- grammes ; ceux de cinquante à cent cinquante kilogranimes n’y sont appelés que des demi-thons ; enfin un auteur, à qui l’on doit une histoire naturelle de cette ile, assure qu’on en a vu de neuf cents kilogrammes. La partie supérieure du corps est d’un noir bleuâtre, et le ventre grisätre avec des taches argentées. Ce poisson se montre quelquefois dans lOcéan; mais c’est dans la Méditerranée qu'il se multiplie et qu’il abonde. A cer- taines époques de l’année , il longe les côtes en légions innombra- bles et y donne lieu à des pêches d’une grande importance. On a pendant long-temps pensé que les thons ne sont que de passage dans cette mer intérieure , et que , chaque année, ils y entrent par le détroit de Gibraltar , pour s’avancer au-delà du Bosphore et revenir ensuite vers l’ouest; mais il paraïîtrait qu’ils ne font pas de si longs voyages; el que, nés dans ces parages, ils pas- sent une partie de l'année dans les eaux profondes, tandis qu'à d’autres saisons ils se rapprochent de la terre et la côtoient souvent. Dans beaucoup de localités, les bancs de thons se montrent au printemps et se dirigent Lous vers l’orient, tandis qu'à la fin de l’élé ou en automne, on les voit suivre une di- rection opposée. Ainsi, à la Ciotat, sur les côtes de la Pro- vence, on fait une pêche d’arrivée depuis le mois de mars jus- qu’en juillet, et une seconde pêche, dite de retour, depuis le milieu de juillet jusqu’à la fin d'octobre; mais, sur d’autres points, on voit les thons arriver en même temps en suivant des directions très différentes , et ailleurs encore c’est en hiver seule- ment qu'on en trouve. À Cassis, par exemple, cette pêche com- mence en novembre et se continue jusqu’à la fin de décembre. Fig. 398. THON COMMUN. ORDRE DES ACANTHOPTÉR YGIENS., 267 La pêche du thon se pratique dans la Méditerranée, depuis la plus haute antiquité. Jadis elle était pour Bizance et pour les côtes d’Espagne une source de grandes richesses, et de nos Jours elle se poursuit avec activité sur les côtes de la Provence, de la Sardaigne, de la Sicile, etc. Cette pêche se fait princi- palement de deux manières, à la thonaire et à la madrague. Pour la pèche à la thonaire : lorsque la sentinelle postée sur un lieu élevé a signalé l'approche d’une légion de thons et a indi- qué la direction qu’ils suivent , des bateaux nombreux partent sous le commandement d’un chef, se rangent sur une ligne courbe, jettent leurs filets et les réunissent de manière à for- mer une vaste enceinte autour de la troupe de ces poissons ti- mides, qui, effrayés par le bruit, se rapprochent du rivage. Avec de nouveaux filets placés en dedans des premiers, on ré- trécit de plus en plus l’enceinte et on ramène les thons vers le rivage ; enfin, lorsqu'il n’y a plus que quelques brasses d’eau , on tend un grand et dernier filet, qui se termine en cul-de- sac, on le tire vers la terre et on amène ainsi les poissons cap- tifs, que l’on iue avec des crocs ou que l’on saisit à bras. Cette pêche, pratiquée sur les côtes du Languedoc, donne quelque- fois en un seul coup deux ou trois mille quintaux de thons. La madrague est un engin beaucoup plus compliqué et con- siste en une sorte de grand labyrinthe, construit avec des filets placés à demeure dans la mer et disposés de façon à constituer une suite d'enceintes ouvertes, du côté de la terre, par une espèce de porte et réunis au rivage par un autre filet, qui barre le passage et arrête les thons, lorsque, dans leurs courses pé- riodiques, ils suivent la côte dans une direction déterminée. Ces poissons passent d’abord entre la madrague et la terre; mais , arrêtés par le filet dont nous venons de parler, ils se dé- tournent vers le large et pénètrent dans l'enceinte , qui est sub- divisée par d’autres filets transversaux en une suite de chambres, dans lesquelles ils s’égarent. On les contraint ensuite , par diffé rens moyens, à passer jusque dans le dernier compartiment de la madrague, nommé Corpou ou chambre de mort où des ma- telots, arrivant en grand nombre dans des barques, soulèvent un filet horizontal disposé comme une sorte de plancher et les amènent de cette manière jusqu’auprès de la surface de l’eau ; alors on leur livre de toutes parts un combat acharné, en les frappant avec des crocs ou avec d’autres armes sembla- bles , et on charge les bateaux d’un riche butin. Les troupes de thons sont ordinairement précédées par des sardines, et il arrive souvent que des dauphins les poursuivent et les forcent en quelque sorte à entrer dans les filets tendus pour les prendre. Les pêcheurs se figurent que c’est par amitié pour eux; mais 1ls Touuine. Bonite. Germon, 268 . ZOOLOGIE DESCRIPTIVE, ne font pas de semblables contes sur lespadon, qui quelquefois accompagne aussi les colonnes de thons ; car ces poissons leur causent de grands dommages , en déchirant les madragues et se frayant une issue par laquelle tous les autres captifs ne tardent pas à s'échapper. La chair du thon est très estimée : elle res- semble un peu à celle du veau et se conserve , soit à l’aide du sel, soit par la cuisson et l’immersion dans de l’huile. On donne le nom de tonnine à une espèce de thon très sem- blable à la précédente, qui se pêche aussi dans la Méditerra- née, et qui alteint environ un mètre de long : son dos, d'un bleu brillant, est orné de lignes noires déliées, et son ventre ainsi que ses flancs sont argentés avec quelques taches noires. La bonite des tropiques, célèbre par la chasse qu’elle donne en grandes troupes aux poissons volans, est encore une es- pèce de thon reconnaissable aux raies longitudinales brunes, dont son ventre est marqué. 946. Le GERMON (Oreynus) ne diffère guère des précédens que par des nageoires pectorales beaucoup plus longues qui attei- gnent au-delà de l'anus. C’est un grand et bon poisson, qui, vers le mois de juin, arrive én troupes nombreuses dans le golfe de Gascogne , à la suite des sardines , des anchois, etc. ; mais 1l se tient éloigné des côtes et disparail vers le mois d’oc- tobre. Les Basques et les habitans de Pile d’Yeu en font une pêche active. Pelamides. Toibu des espadons. $ 947. Les PÉLAMIDES Ou SARDES , dont une espèce est abon- dante dans la Méditerranée, sont aussi très voisins des thons : ils n’en diffèrent guère que par leurs dents pointues et assez fortes. $ 948. La TRIBU DES ESPADONS à encore la plus grande analo- vie avec les thons, mais ces poissons se reconnaissent du premier coup - d'œil à leur mâchoire supérieure , pro- N longée en forme de bec, de = 5 —— broche ou d'épée, et dont ils # ET — ÿ se servent comme d’une arme puissante pour attaquer les. fig. 399. ESPADON COMMUN. plus grands animaux ma- vins. Ils présentent aussi un caraclère remarquable dans la disposition de leurs branchies , qui ne sont pas divisées en dents de peigne , mais formées cha- OKDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. 269 cune de deux grandes lames parallèles, dont la surface est réticulée. $ 949. Les ESPADONS PROPREMENT DITS (X2phras) manquent de nageoires ventrales et ont le prolongement du museau aplati horizontalement, et tranchant comme une large lame d'épée. On n’en connait qu'une seule espèce, qui a souvent plus de trois mètres de long et même davafitage : elle est plus com- mune dans la Méditerranée que dans l'Océan. Sa chair, blan- che et compacte, est très délicate, et on le pêche souvent au harpon à-peu-près comme la baleine. $ 950. Les VOILIERS (/stiophorus) appartiennent aussi à la tribu des espadons et sont remarquables par leur énorme na- geoire dorsale dont ils se servent pour prendre le vent lors- qu'ils nagent à la surface de la mer. Ils habitent les mers tro- picales. $ 951. Üne troisième tribu, celle des CENTRONOTES, est Ca- raclérisée par l'absence d’une membrane pour réunir les épines de la première nageoire dorsale, qui restent par conséquent libres. On y range, entre autres poissons, les PILOTES (Nau- crates), ainsi nommés de l'habitude qu’ils ont de suivre les navires, pour s'emparer de tout ce qui en tombe, et de celle qu’on leur prête de conduire le requin, qui, attiré par le mème instinct, accompagne aussi très fréquemmentnos bâtimens avec une persévérance extrême. Ils ont le corps fusiforme, des écailles très petites, à-peu-près comme les maquereaux , et des carènes cartilagineuses sur les côtés de la queue comme les thons. L’espèce commune a environ trois décimètres de long. $ 952. Les LICHES, dont on pèche plusieurs éspèces dans la Méditerranée, appartiennent aussi à cette tribu : elles n’ont pas de carènes latérales à la base de la queue. $ 953. Les caARANx se distinguent de tous les précédens par une ligne latérale cuirassée de pièces carénées et souvent épi- neuses. Nos mers d'Europe en nourrissent plusieurs qui sont semblables au maquereau pour la forme et pour le goût , et qui sont confondus sous les noms de saurels, maguereaux bà- lards , elc. * ÿ 954. On réunit sous le nom commun de VOMER d’autres scombéroïdes, qui ont le corps comprimé et élevé, et la peau Espadons proprement dits. Voiliers. Centronotes. « Pilotes, Liches, Caranx. Vomer. 270 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. en général sans écailles apparentes. De ce nombre sont les Dorées._ DORÉES , dont la bouche est très protractile et les épines de la nageoire dorsale , accompagnées de longs lambeaux membra- neux. Une espèce, qui habite nos deux mers, est connue sous le nom vulgaire de poisson de saint-Pierre. Enfin nous men- tionnerons encore, dans cette nombreuse famille, les cORY- Coryphènes. PHÈNES, appelés aussi dorades par les pêcheurs. Ces poissons ont le corps comprimé, allongé et couvert de petites écailles, , la tête élevée , tranchante à sa partie supérieure, et une na- geoire dorsale qui règne sur toute la longueur du dos et se compose de rayons presque également flexibles. Ils sont célè- bres parmi les navigateurs pour la rapidité de leur natation et la guerre qu’ils font aux poissons volans. La coryphène de lu Mediterranee est un beau poisson d’un bleu argenté, avec des taches bleues foncées en dessus, jaune-citron tacheté de bleu- clair en dessous. Famille des 6955. D’autres acanthoptérygiens, qui tiennent de près aux tænioides. " scombéroïdes et qui ont aussi les écailles fort petites, s’en dis- Fig. 400. GYMNÈTRE. üunguent par leur corps très al- longé et très aplati sur les côtés, forme qui leur a valu le nom de POISSONS EN RUBANS OU TOENIOÏ- pes. Les uns, appelés vulgaire- ment jarreticres, ont le museau allongé, la bouche fendue et armée de fortes dents, et les na- geoires ventralesréduites à deux petites pièces écailleuses : ils constituent le genre LÉPIDOPE desichthyologistes.Onen trouve quelquefois dans nos mers une espèce qui a jusqu’à un mètre deux décimètres de long. D’autres tœnioïdes ont la bouche petite et peu fendue : tels sont les GYMNÈTRES, qui manquent entière- ment de nageoire anale, mais ont les ventrales fort longues , et le corps très mou, plat comme les précédentes et très allongé. Une espèce de ce genre , qui habite la Méditerranée et qui atteint plus d’un mètre de long, est remarquable par le brillant ar- genté de tout son corps; une autre, appelée en Norwège le roi des harenys, parce qu’elle se trouve souvent au milieu des bancs de harengs a jusqu’à $ix mètres de long. Enfin il en esi d’autres encore qui différent des précédens par leur museau court et leur bouche fendue obliquement. L'un des genres qui ORDRE DES ACANTHOPTÉRYGIENS. 271 offrent ces caractères a reçu le nom de RUBAN, et se rencontre dans la Méditerranée. 6 956. La FAMILLE DES THEUTYES a aussi des rapports avec les scombéroïdes, mais, par d’autres particularités de son organi- sation. Elle se compose d’un petit nombre de poissons, dontle corps est comprimé etoblong, dont la bouche petite et peu ou point protractile est armée, à chaque mâchoire, d’une seule rangée de dents tranchantes , dont le pa- lais et la langue sont sans dents et dont le dos ne porte qu’une seule nageoire. Les theutyes sont her- bivores et sont ious étrangers. Les ACANTHUBES, appelés vulgairement chirurgiens, à cause de la grosse épine mobile et iranchante comme une lancetlte, qu'ils portent de chaque côté de la queue et avec laquelleils font à ceux qui les prennent imprudemment de grandes bles- sures, appartiennent à cette famille. Fig. 401. ACANTHURE. 6 957. Les MUGILOIDES forment une petite famalle bien dis- tincte de toutes les précédentes et caractérisée par un corps presque cylindrique et couvert de grandes écailles, une tête un peu déprimée et à museau court, une bouche transversale et armée de dents d’une petitesse extrême, deux nageoires dor- sales séparées, des ventrales attachées un peu en arrière des pectorales, etc. Ils constituent un seul genre, celui des MUGES, et sont en général très estimés. Les mers d'Europe en nourris- sent plusieurs espèces , que l’on confond souvent sous le nom de céphale ou de mulet de mer, et que l’on voit, au commen- cement de l'été, remonter lembouchure des fleuves en troupes si nombreuses et si serrées , qu’elles donnent à l’eau une teinte bleue. Le poisson appelé corbeau sur nos côtes de la Méditerranée et Tetragonurus Cuvierii par les naturalistes, ainsi que les ATHÉ- RINES, établissent le passage entre les mugiloïdes et les go- bioïdes, sans se laisser complètement associer ni à Pun ni à l'autre de ces groupes. 6258. La FAMILLE DES GOBIOÏDES se reconnait à ses épines Famille des thentyes. Famille des mugiluides, Famille des dorsales grèles &t flexibles : on y range les Hlennies , les gobous, 30Pivides. les anarrhiques , les callionymes , etc. Blennies, Anarrhiques. Gobous, Callionymes. Famille des pectorales pé- diculées. 252 ZOUOLOGIE DESCRIPTIVE. 6959. Les BLENNIES Où BAVEUSES, ainsi nommées à cause de la mucosité dont leur peau est enduite, ont le corps allongé, comprimé, les nageoires ventrales placées en avant des pec- iorales et composées seulement de deux rayons, une seule nageoire dorsale et point de vessie natatoire. Elles vivent en petites troupes parmi les rochers du rivage, et plusieurs d’entre elles sont vivipares : nous en avons quelques espèces sur nos côtes. . 6 960. Les ANARRHIQUES ressemblent beaucoup aux blennies, mais manquent de nageoires ventrales : ce sont des poissons féroces et dangereux, dont l’es- pèce la plus commune, appelée vulgairement /oup marin ou chat marin, habite les mers du nord et arrive quelquefois sur nos côles : elle atteint plus de deux mètres de long et est d’une grande ressource pour les Islandais, qui la mangent sèche et salée, emploient sa peau comme chagrin et se servent de son fiel comme de savon. Fig. 402. ANARRHIQUE LOUP. 6 961. Les &OBOUS (Gobius), appelés aussi houlereaux Où gou- geons.de mer, Se reconnaissent à leurs nageoires ventrales placées en avant des pectorales, et réunies entre elles en un seul disque creux , formant plus ou moins l’entonnoir. Ce sont des poissons petits ou médiocres qui se tiennent entre les rochers du rivage et qui peuvent, comme les blennies, vivre quelque temps hors de Peau. Plusieurs passent l'hiver dans des canaux qu'ils creu- sent dans la vase, et y construisent au printemps, avec des feuilles sèches et des ramuscules, ane espèce de nid dans lequel le mâle attend les femelles et veille à la garde des œufs qu'elles y déposent. , À 6962. Les CALLIONYMES, jolis petits poissons dont une espèce (le savary où doucet) habite la Manche, sont remarquables par la grandeur de leurs nageoires venirales et par leurs ouïes ouvertes seulement par un trou de chaque côté de la nuque. 6963. Les poissons dont se compose la famille suivante ont un caractère très remarquable dans la disposition de leurs na- geoires pectorales, qui sont portées sur des‘espèces de bras formés par l'allongement des os du carpe : deslà leur nom de PECTORALES PÉDICULÉES. ORDRE DES ACANTHOPTÉRIGIENS. 273 $ 964. Les plus communs sont les BAUDROIES (Lophius), ap- pelés vulgairement raies pécheuses, à cause d’une certaine res- semblance avec les raies ordi- naires et de la manière dontelles s'emparent de leur proie. Elles ont la tête excessivement gran- de, large et déprimée, la gueule irès fendue et armée de dents pointues, la peau sans écailles , deux nageoires dorsales et un certain nombre de rayons déta- chés en avant, libres et mobiles sur la tête, la membrane des ouïes formant de chaque côté un grand sac ouvert dans l’aisselle, les branchies au nombre de trois paires; enfin, le squelette à demi cartilagineux. Ce sont des pois- sons très laids qui se tiennent dans la vase, et on assure qu’ils Fig. 403. BAUDROIE COMMUNE. S’Y Cachent et font jouer les rayons de leur tête pour attirer les petits poissons, lesquels, prenant l'extrémité charnue de ces tiges pour des vers, viennent y mordre. On dit aussi que les baudroiïes peuvent saisir leur proie et la retenir dans le sac de leurs ouïes. La haudroie commune, qui habite nos mers, atteint .un mètre et demi de long et a acquis une certaine célébrité par sa figure hideuse. 6965. Les CHIRONECTES (Antennarius) Sont des poissons voi- sins des baudroiïes, qui, en dis- tendant leur énorme estomac , peuvent se gonfler comme un bal- lon, et qui, lorsqu'ils sont à terre, s’aident de leurs nageoires pectorales et ventrales pour ram- per ; ils habitent les mers des pays chauds et ils peuvent rester hors de l’eau pendant deux ou trois Fig. 404. CHIRONECTE DE SURINAM. Jours. 6966. Les BATRACOÏDES sont des poissons à pectorales pédon- culées, qui se rapprochent aussi des baudroies par leur forme générale; car ils ont aussi la tête plus large que le corps et apla- tie horizontalement , la gueule bien fendue et les nageoires ven- 18 Baudroies. Chironectes. Batracoides Famille des labroides loubres. Girelles. Filous. Rasons. Chromis. 274 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. trales ! qui ne présentent que trois rayons) attachées sous la sorge. Ils sont très veraces et se tiennent cachés dans le sable, pour tendre des embüches aux poissons dont ils se nourrissent; les blessures faites par leurs piquans passent pour être dange- reuses. On en trouve dans les deux océans. $ 967. La FAMILLE DES LABROÏDES se compose d’un grand nombre de poissons , dont le corps est oblong et écailleux, le dos surmonté d’une seule nageoire, soutenue en avant par des épines garnies le plus souvent chacune d’un lambeau membra- neux , les mâchoires couvertes par des lèvres charnues, et le pharynx armé de trois os garnis de fortes dents. 6 968. Les LABRES (Labrirs) Ou vieilles de mer, se reconnaissent à leurs doubles lèvres, dont l’une tient immédiatement aux mâchoires, Pautre aux os‘sous-orbitaires , à leurs dents maxil- laires coniques, à leurs dents pharyngiennes cylindriques , mousses et disposées en forme de pavé; à leurs opercules à cinq rayons, sans épines ni dentelures, et couverts, comme les joues, par des écailles, et à leur ligne latérale droite. Nos mers en possèdent quelques espèces remarquables par la variété et la beauté de leurs couleurs. 6969. Les GIRELLES (Julis), dont une espèce de la Méditer- ranée est remarquable par sa couleur violette, relevée de chaque côté par une bande orangée, ne diffèrent guère des labres que par l’absence d’écailles sur la tête et par la courbure de la ligne latérale. $ 970. C’est aussi à côté des labres que prend place un poisson de la mer des Indes, appelé le FILOU (£pibulus), qui mérite d’être signalé à cause de la manière singulière dont :l pent avancer tout-à-coup sa bouche et la transformer en un long tube, pour saisir au passage les petits animaux. $ 971. Les RASONS (Xzrichthys) sont semblables aux labres par la forme générale ; mais ils sont très comprimés et leur front descend subitement vers la bouche par une ligne tran- chante et presque verticale. Leur corps est couvert de grandes écailles ; mais la plupart ont la tête nue. Le reason ou rasoir de la Méditerranée, dont la chair est estimée, présente ce Ca- ractère, 6 972. Les CHROMIS ont le port et la plupart des caractères des ORDRE DES ACANTHOPTERYGIENS. 239 labres , mais ont les dents en carde au-pharynx et aux mà- choires derrière une rangée de dents coniques. Letpetit casta- gneau, qui se pêche par milliers dans la Méditerranée, appar- tient à ce genre. $ 973. Les SGARES sont aussi des labroïdes remarquables par Seares. l’armature de leur bouche; leurs mâchoires sont arrondies et garnies de dents disposées comme des écailles. Une espèce , qui parait être le scarus, si célèbre chez les anciens, se trouve dans lPArchipel. Les Romains le comptaient au nombre des mets les plus délicieux, et, pour en enrichir les côtes d'Italie, lempe- reur Claude chargea le commandant de lune de ses flottes, laffranchi Elipertus Optatus, d’en chercher un grand nombre dans la mer de Grèce et de les répandre le long des rivages d’Ostie. $ 974. Enfin la seizième et dernière famille de l’ordre des acan- Famille des thoptérygiens se compose des BOUCHES-EN- FLUTE , ainsi nommées Ts pie É Fig. 405. CENTRISQUE COMMUN. du long tube formé en avant du crâne par les os de la face et terminé par la bouche. Les unes appelées FISTULAIRES, ont le Fistulaires. corps cylindrique, long et mince. On en trouve dans les mers chaudes des deux hémisphères. Les autres ant, au contraire, le corps ovale ou oblong , comprimé latéralement et tranchant en dessous. On les nomme vulgairement herasses de mer ,.et elles forment le genre GENTRISQUE des ichthyologistes. Une espèce, longue de quelques centimètres et de couleur argentée , est très communedans la Méditerranée. MALACOPTERYGIENS. 6 975. Les poissons osseux, qui ressemblent aux acanthopté- Caractères. rygiens par la structure de leurs branchies et par le mode d’ar- 18, Caractères. Famille des cypriñoides. Cyrins 276 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ticulation de leur mâchoire supérieure, mais qui ont tous les rayons mous et articulés (/g.408), excepté quelquefois le premier de la nageoire dorsale on des nageoires peclorales, constituent un second groupe très nom- breux , qui se subdivise en trois ordres , caractérisés d’après la position des nageoires ventrales ou leur absence. Tantôt ces or- ganes sont suspendus sous l'abdomen; tantôt ils sont attachés sous les pectorales, et d’autres fois ils manquent complètement. ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. $ 976. Ces malacoptérygiens ont les nageoires ventrales si- tuées sous l'abdomen, en arrière des nageoires pectorales, et non attachées aux os de l'épaule. Is formenteinq famiiles, savoir : les cyprinoïdes, les esoces, les siluroïdes, les salmones et les clupes. $ 977. La FAMILLE DES CYPRINOÏDES , qui a pour type la carpe, se reconnait à une bouche peu fendue, à des mâchoires faibles le plus souvent sans dents, et dont le bord est formé par les os intermaxillaires, et des os pharyngiens fortement dentés et à des rayons branchiostèges peu nombreux. Le corps de ces pois- sons est écailleux , et ils n’ont pas, comme deux des familles suivantes , une nageoire dorsale adipeuse , c’est-à-dire formée par un repli de la peau, rempli de tissu graisseux et dépourvu de rayons. Leur canal digestif présente aussi quelques partieu- larités de structure ; enfin ce sont les moins carnassiers des poissons. $ 978. Une première tribu se compose des CYPRINS et a pour caractère des mâchoires dépourvues de dents, et des ouïes sou- lenues seulement par trois rayons plats. Ils n’ont qu’une seule nageoire dorsale , et leurs écailles sont, en général , grandes. Leur langue est lisse et leur palais est revêtu d’une substance molle et épaisse, que l’on connaît sous le nom de /angue de carpe; enfin leur pharynx est garni de dents très larges. Ce sont des poissons d'eau douce peu carnassiers , qui vivent en grande par- ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. 274 ue de graines, d'herbes et même de limon. On les divise en carpes proprement dites, barbeaux, youjons, tanches , bremes , ables , elc.: $ 979. Les CARPES ( Cyprinus) se distinguent par leur nageoire dorsale longue , ainsi que Panale , et par l’existence d’une épine plus ou moins forte pour deuxième rayon. Les uns, tels que la carpe vulgaire, ont des barbillons aux angles des mâchoires ; d’autres, en manquent, par exemple, la gebele, espèce assez commune aux environs de Paris, el la dorade de la Chine( ap- pelée vulgairement poisson doré), que la beauté de ses couleurs fait élever en grand nombre pour l’ornement de nos bassins. La carpe vulgaire , dont tout le monde connaît la forme, est originaire des parties tempérées et méridionales de l'Europe ; mais, par les soins de l’homme, elle s’est répandue aussi dans le nord. On assure que son introduction en Angleterre ne re- monte qu'à 1514, et qu'on ne l’acclimata dans le Danemark qu'un demi-siècle plus tard. C’est dans les eaux tranquilles que ces poissons se plaisent le plus. Pendant lhiver, ils s’en- foncent dans la vase et passent ainsi plusieurs mois sans prendre d’alimens. Dans la saison chaude, au contraire , ils mangent avec tant de gloutonnerie, qu’ils se donnent quelquefois des indigestions mortelles. Leur fécondité est extrême. Dès leur troisième année , ils sont en état de se reproduire, et le nombre de leurs œufs paraît augmenter avec Päge. On a trouvé dans le corps d’une carpe, du poids de cinq kilogrammes, jusqu’à sept cent mille œufs ; mais une grande partie de ces œufs et des petits qui en naissent deviennent la proie d’autres poissons. La crois- sance des jeunes carpes est assez rapide : en général elles pèsent environ un kilogramme et demi à l’âge de six ans, et à dix, terme moyen, trois ou quatre kilogrammes. Leur longévité est cependant extrême : Buffon en a vu, dans les fossés de Pont- chartrain, une qui avait cent cinquante ans. Ils s'élèvent faci- lement dans les viviers et dans les étangs , et atteignent sou- vent jusqu'à un mètre et quart de long. Pallas , naturaliste célèbre de la Russie, assure que dansle Wolga , on en trouve d’un mètre sept décimètres, et on cite, dans les annales de la science, une carpe gigantesque, qui fut prise, en 1711, à Bischofshaun, près de Francfort-sur-l’Oder , et qui avait trois mètres de long : son poids était de trente-cinq kilogrammes. On voit assez souvent des individus monstrueux , à front bombé et à museau très court; enfin on élève une race à grandes écailles , dont certains individus ont la peau nue par places ou même entièrement, et sont appelés carpes à cuir, reines des carpes, elC. Carpes. 3arbeaux. Geujons. Tanches. Brémes. Ables. 278 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. 6 980. Les BARBEAUX ( Barbus ) ressemblent à la carpe vulgaire par leurs épines et leurs barbillons, mais s’en distinguent par la brièveté de leurs nageoires dorsale et anale. Le harbeau commun a la tête oblongue : il habite les eaux claires et vives, et atteint quelquefois plus de trois mètres de long: $ 981. Les GOUJONS ( Gobio \ ont aussi les nageoires dorsale et anale courtes, mais ils manquent d’épines à l’une et à l’autre ils ont également des barbillons. Nous en avons un qui ne dé- passe guère vingt-cinq centimètres de long, et qui vit en troupe dans nos eaux douces; il passe de préférence l’hiver dans les lacs, et au printemps remonte les rivières pour frayer. Sa nourriture consiste ordinairement en vers, en insecles aqua- tiques et en frai d’autres poissons ; mais il est aussi très cu de charogne. $ 982. Les TANCHES ( Tinca \ joignent aux caractères des gou- jons celui de n'avoir que de très petites écailles et des barbil- lons fort courts. La tanche vulgaire est courte, grosse et d’une couleur brun jaunâtre ou même dorée : elle habite de préfé- rence les eaux stagnantes, et n’est bonne que dans certaines localités. 6 983. Les BRÈMES (4bramis) n’ont ni rayons épineux n1 bar- billons; leur nageoire dorsale est courte et placée en arrière des ventrales ; enfin leur ventrale est longue. Nos eaux douces en nourrissent deux espèces : la bréme rommune, assez bon poisson qui se multiplie aisément, et la bordeliere Où petite bréme , qui est peu estimée. $ 984. Enfin les ABLES (Leuciscus), appelés vulgairement pors- sons blancs, ont la dorsale et l’anale courtes et manquent d’é- pines et de barbillons. On en connaît un grand nombre d’es- pèces , qui sont presque toutes de petite taille. L’abette ou able ordinaire acquiert sept ou huit décimètres de long et se fait re- marquer par ses écailles brillantes, qui se détachent aisément et qui sont argentées sur les côtés et le dessous du corps. La substance nacrée qui leur donne cet état métallique , est em- ployée dans les arts pour la fabrication des perles fausses. Ce poisson est commun dans presque toutes les rivières de l'Eu- rope. Son corps est étroit ; son front est droit et ses nageoires pales ; enfin la nageoire dorsale correspond à l'intervalle com- pris entre les ventrales et l’anale. Une autre espèce de ce genre, le veron, est le plus petit de tous nos poissons. Il n’a guère ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. 259 que trois décimètres de long ; et on le confond souvent avec nos Jeunes goujons. La position de sa nageoire dorsale est la même que chez l’ablette; mais son corps est tacheté de noir, et ses écailles sont si petites qu’elles échappent presque à la vue : il est très commun dans nos eaux douces. Le meunier, le gardon, la rosse, la vaudoise et plusieurs autres espèces, appartiennent aussi à ce genre el se distinguent par la position de leur na- geoire dorsale et par leurs couleurs. $ 985. Les LOCHES où DORMILLES ( Cobitis ) ont, comme les cyprins , la bouche dépourvue de dents; mais elle est entourée de lèvres propres à sucer. Leur tête est petite ; leur corps est allongé, revêtu de petites écailles et enduit de mucosités ; enfin leurs nageoires ventrales sont fort en arrière , el au-dessus d'elles se trouve une seule petite dorsale. Nous en avons trois espèces dans nos eaux douces, savoir : la /oche franche, qui est commune dans les ruisseaux ; la Zoche d’etang, qui a la singu- lière habitude d’avaler de Pair et de le rendre ensuite par Panus, aprés en avoir changé l'oxygène en acide carbonique ; enfin la loche de rivière, qui est la plus petite des trois. $ 986. La FAMILLE DES ÉSOCES manque aussi de nageoire adi- peuse , et se distingue de la précédente par la conformation de la bouche. Le bord de la mâchoire supérieure est formé pres- que en entier par l’os intermaxillaire, qui seul porte les dents { voyez fig. 383 , page 239 ). Fig. 407. BROCHET. ç 987. Les BROCHETS ( Esox ) forment le type de ce groupe de poissons voraces : ils se reconnäissent à leur museau oblong, obtus , long et déprimé , et à l’armature de leur bouche , qui se compose de plusieurs centaines de dents. Les os intermaxil- laires , qui forment les deux tiers de la mâchoire supérieure , sont garnis de petites dents pointues, landis que les maxil- laires , qui en occupent les côtés, n’ont pas de dents. Le palais, la langue , les ares branchiaux et les os pharyngiens sont hé- rissés de dents’ en carde; enfin, sur les côlés de la mâchoire inférieure règne une série de longues dents pointues , dont les unes sont fixes et les autres mobiles ( fig. 383 et 386). Ils ont le corps allongé et comprimé, une seule nageoire dorsale placée Loches Famille des ésoces. Brochets. Orphies. Exocets, Famille des siluroïdes. Silures. 280 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. L vis-à-vis de l’anale; point de barbillons et les écailles dures et cornées. Nous en possédons une espèce en Europe, le hrochet commun : C'est lun des poissons les plus voraces et les plus destructeurs ; 11 dévore des animaux presque aussi gros que lui, et ne redoute aucun poisson de rivière, si ce n’est la perche et l’épinoche (fig. 390) dont les épines lui blessent la bouche. Il n’est pas rare de trouver dans le nord de l’Europe des brochets d’un mètre de long , et ils peuvent même atteindre une taille beau- coup plus considérable : leur croissance est rapide. Dès la pre- mière année , ils ont souvent environ trente-lrois centimètres de; long; et à la troisième soixante centimètres. Leur longévité parait être irès grande. 6 988. On donne le nom d’ORPHIES (Belone) à un autre genre de cette tribu, remarquable par l'allongement du corps et sur- tout du museau. Une espèce, longue de deux pieds, habite près de nos côtes et mérite d’être signalée à cause de Ja couleur verte de ses arètes. Les pêcheurs lappellent aiguille de mer, brorhe, etc. 6989. Les EXOCETS se distinguent facilement de tous les autres poissons de cette famille par l’excessive grandeur de leurs na- geoires pectorales, qui leur servent pour se soutenir quelques inslans dans l'air, cemme nous l'avons déjà vu pour les dacty- loptères. On les connait aussi sous le nom de poissons volans. Une espèce est assez commune dans la Méditerranée, et les mers d'Amérique en nourrissent d'autres. 6 990. La FAMILLE DES SILUROÏBES diffère de tout le reste de l’ordre des malacoptérygiens abdominaux par labsence de vé- rilables écailles (fg. 408). La peau est nue ou bien garnie de grandes plaques osseuses. Presque toujours, les nageoires dor- sale et pectorale ont pour premiers rayons une forte épine articulée, et il y a très souvent en arrière une nageoire adipeuse comme dans la famille suivante; enfin, la bouche présente aussi des particularités de structure. $ 991. La plupart de ces poissons composent la TRIBU DES SILURES , reconnaissables à la nudité de la peau, à la bouche fendue au bout du museau , et en général à une forte épine, qui constitue le premier rayon de la nageoire pectorale, et qui esL articulée avec l'épaule, de façon que le poisson peut à vo- lonté le rapprocher de son corps ou l’en écarter pour le fixer ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. 281 perpendiculairement et s’en servir comme d’une arme dange- reuse. Les SILURES PROPREMENT DITES ont sur le devant du dos une petite nageoire, soutenue par des rayons. Une espèce de ce genre, la seule de toute la tribu que nous possédions, estle plus crand poisson d’eau douce de l'Europe. Sa longueur dépasse ordinairement deux mètres, et son poids s’élève, dit-on, à cent cinquante kilogrammes. On la trouve dans les rivières de l’AI- lemagne, de la Hongrie, etc.; les Suisses la connaissent sous le nom de saluth. La plupart des silures habitent les rivières des pays chauds. $ 992. Les HÉTÉROBRANCHES, qui ont la tête garnie d’une espèce de bouclier osseux, et qui prennent place dans cette « famille près des silures proprement dites, sont remarquables par la structure de leur appareil respiratoire; en effet, on trouve au-dessus des branchies ordinaires des appendices ra- mifiés comme des arbuscules qui sont très développés et qui sembient constituer des branchies accessoires. On en trouve assez communément dans le Ni. 5 993. Les MALAPTÉRURES ne différent que peu des vraies silures, dont elles se distinguent par l'absence d’une nageoire rayonnée sur le dos et par quelques autres caractères. Le fameux silure électrique du Nil (y. 408) est la seule espèce appartenant # Fig. 408. MALAPTÉRURE ÉLECTRIQUE. à cette division : il possède, comme la torpille et la gymnote., le pouvoir de donner de fortes commotions électriques, et il parait que le siège de cette faculté est un tissu particulier , situé entre la peau et les muscles et ayant apparence d’un tissu cel- lulaire graisseux. Ce poisson, qui habite le Sénégal aussi bien que le Nil, a cinquante ou cinquante-cinq centimètres de long. Les Arabes lui donnent le nom de raasch, qui signifie tonnerre. $ 994. Certaines silures ont le corps plus ou moins complè- tement cuirassé par de grandes pièces écailleuses , disposition Hétérobran- hes. Malaptérures. Loricaires. s Famille des salmones, Saumons. 289 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. qui se remarque à un plus haut degré encorechezlesLORICAIRES, poissons dont la tête présente plusieurs particularités de struc- iure et dont une espèce a la queue garnie d’un long appendice filiforme. Fi. 409. LORICAIRE CUIRASSE. $995. La FAMILLE DES SALMONES, dont les saumons forment le Lype, à pour caractère un corps écailleux et une première nageoire dorsale à rayons mous, suivie d’une seconde ‘petite et adipeuse, c’est-à-dire formée d’un repli dela peau contenant de la graisse et dépourvu de rayoïs : elle se compose de poissons d'un naturel vorace, qui, presque tous, remontent dans les Fig. 410. SAUMON. rivières et ont la chair agréable au goût. On la divise en un grand nombre de genres, parmi lesquels nous citerons les truiles, les éperlans , les ombres. 6 996. Les TRUITES OÙ SAUMONS PROPREMENT DITS (Salmo) sont de tous les poissons ceux dont la bouche est le plus complète- ment armée; car elles ont une rangée de dents pointues aux os maxillaires, intermaxillaires, palatins et mandibulaires, el deux rangées au vomer, sur la langue et sur les os pharyngiens. Leur corps est plus ou moins fusiforme, écailleux et presque toujours tacheté; leur ventre est arrondi; leurs nageoires ven- lrales répondent au milieu de leur première dorsale, et Padi- peuse à l’anale ; enfin, leurs rayons branchiostèges sont au nombre d'environ dix. Elles nagent avec une SriaUe facilité et luttent avec avantage contre les courans les plus rapides : elles remontent les r ivièr es pour frayer et ne se laissent pa arrêter par les Cataractes qu'elles franchissent en bondissant. C’est dans ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. 283 les eaux les plus pures et les plus vives qu’elles se plaisent, et on en trouve jusque dans les ruisseaux et les petits lacs des plus hautes montagnes. Leur chair est généralement très bonne. 6997. La plus grande espèce de ce genre est le szwmon, qui atteint un mètre et demi et même deux mètres de long. Il a le dos noir, les flancs bleuâtres ou verdâtres, et le ventre argenté sur les côtés. Souvent des taches irrégulières brunes se voient aussi sur la tête et le dos, mais s’effacent promp- tement par l’effet du séjour dans l’eau douce; enfin, sa na- geoire caudale est fourchue et sa chair rouge. Ce grand et excellent poisson habite toutes les mers arctiques, d'où, chaque printemps, il entre en grandes troupes dans les rivières. Dans ces émigrations, les saumons suivent un ordre régulier, en formant denx longues files réunies en avant, et conduites par la plus grosse femelle, qui ouvre la marche; tandis que les plus petits mâles sont à l’arrière-garde. Ces troupes nagent, en gé- néral , avec grand bruit, au milieu des fleuves et près de la sur- face de l’eau, si la température est douce ; plus près du fond, si la chaleur est forte. D’ordinaire, les saumons avancent len- tement et en se jouant; mais, si quelque danger parait les menacer, la rapidité de leur natation devient telle que l’œil a peine à les suivre : dans les eaux tranquilles des lacs , on assure en avoir vu franchir environ huit mètres par seconde et par- courir en une heure un espace de quatre à cinq myriamètres. Si une digue ou une cascade s’oppose à leur marche, ils font les plus grands efforts pour la franchir. En s'appuyant sur quelque ro- cher et en redressant tout-à-coup avec violence leur corps courbé en arc, ils s’élancent hors de l’eau et sautent quelque- fois: de la sorte à une hauteur de quatre à cinq mètres dans Patmosphère, pour aller tomber au-delà de Pobstacle qui les arrêtait. Les saumons remontent ainsi les fleuves jusque vers leur source et vont chercher dans les petits ruisseaux et les endroits tranquilles un fond de sable et de gravier propre à y déposer leurs œufs; puis, maigres et affaiblis par tant de fati- gues, ils redescendent en automne vers l'embouchure des fleuves et vont passer l'hiver dans la mer. Les œufs sont déposés dans un enfoncement que la femelle creuse dans le sable Le mâle vient ensuite les féconder. Les jeunes saumons grandissent très promptement, et, lorsqu'ils ont atteint la longueur d'environ trois décimètres , ils abandonnent le haut des rivières, pour gagner la mer, qu'ils quittent à leur tour pour rentrer dans les fleuves , lorsqu'ils sont longs d’un demi-mètre, c’est-à-dire vers le milieu de l’été qui a suivi leur naissance. Nous avons déjà vu que les hirondelles, qui, à l'approche de la saison froide , émi- grent vers le sud, reviennent chaque année dans les mêmes Bécard. Truite de mer. Truite saue monée. Truite com. mue, 284 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. lieux. Il parait que les saumons ont le même imstinct, Pour s’en assurer, un naturaliste, nommé Deslandes, mit un anneau de cuivre à la queue de douze de ces poissons et leur rendit la liberté dans la rivière d’Auzou, en Bretagne. L'année suivante, on reprit dans les mêmes lieux cinq de ces saumons; la seconde année , trois; et l’année d’après, trois encore. La chair du saumon est très estimée, et dans certaines loca- lités, dans les rivières du nord de l’Europe surtout , la pêche de ce poisson est une branche d'industrie des plus productives et des plus importantes. Il est quelquefois si abondant que d’un seul coup de filet on en prend plus de trois cents. Dans quelques pays, on se sert du harpon ou du trident pour s’en emparer ; ailleurs, on le pêche avec des lignes ou avec des filets de diverses formes; mais, souvent aussi, on établit, en travers des rivières fréquentées par les bancs de saumons, des barrages permanens disposés de manière à les arrêter. Ç998. Le Zecard est une espèce très voisine du saumon, qui se pêche aussi à l'embouchure de nos rivières; mais sa chair est plus maigre et moins estimée. Il est tacheté de rouge et de noir sur un fond blanchâire , et a le bout de ia mâchoire infé- rieure bien plus recourbé. La truite de mer, de moindre taille que le saumon et à dents plus grêles et plus longues, se distingue aussi des espèces pré- cédentes par de pelites taches en forme de croissant, semées sur un fond argenté, et par la couleur jaune de sa chair. Elle est très estimée , et en été on nous en apporte beaucoup. La truite saumonee à la chair rougeàtre et la nageoïire caudale en croissant, comme le saumon ; mais elle a sur tout le dessus du corps un grand nombre de taches noires, ocellées ou en forme d’X; elle parvient à une grande taille et pèse quelquefois quatre à cinq kilogrammes. Elle quitte la mer vers le milieu du printemps et remonte les rivières jusque dans les plus hautes montagnes; les ruisseaux d’eau claire qui se jettent immédiate- ment dans la mer sont les eaux où l’on pêche les meilleures. La truile commune à la nageoïire caudale peu échancrée et la chair blanche : on la distingue aussi aux taches brunes sur le dos, et rouges, entourées d’un cercie clair sur les flancs, qui se détachent sur un fond dont la nuance varie depuis le blanc et le jaune doré jusqu'au brun foncé. Ce poisson, plus petit que les précédens, n'arrive d'ordinaire qu’à trois ou quatre décimè- tres de longueur, et ne pèse pas un demi-kilogramme; mais, quel- quefois, on en trouve de plus grands. Il est fort rare dans la ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUK. 285 Seine, mais assez commun dans la plupart des ruisseaux dont l’eau est claire et vive. On connaît plusieurs autres truites de rivière qui habitent principalement les lacs et les ruisseaux des montagnes, et qui varient pour les couleurs et pour la taille dans chaque localité; quelques naturalistes pensent que ce sont autant d’espèces dif- férentes ; d’autres, que ce sont de simples variétés résultant de l’âge, de la nourriture et de la qualité des eaux dans lesquelles ces poissons séjournent. 6 999. Les ÉPERLANS (Osmerus), ressemblent beaucoup aux truiles, mais n’ont que huit rayons branchiostèges et deux rangées de dents écartées à chaque palatin. ‘Leur corps est aussi sans taches , et leurs nageoires ventrales sont placées plus en avant. On les prend dans la mer, à l'embouchure des grands fleuves , et leur chair est excellente. $ 1000. Les OMBRES (Thymallus) ont'la même structure de mâ- choires que les truites; mais leur bouche est très peu fendue, et leurs dents sont très fines. Elles ont, du reste, à-peu-près les mêmes habitudes, et sont également estimées. L'ombre com- mune a le corps rayé en long de noirâtre : elle parvient à la taille de cinquante centimètres, et remonte, au printemps, dans plusieurs des rivières de la France et de l'Italie. On la rencontre surtout dans les eaux pures et limpides des montagnes de la Suisse. L’ombre chevalier n'appartient pas à ce genre, comme on pourrait le croire d’après son nom , mais à celui des truites. Celles que l’on pêche dans le lac de Genève sont célèbres pour le goùt exquis de leur chair. 61001. La famille des salmones comprend encore un grand nombre d’autres genres ; mais ces poissons n’offrent pas assez d'intérêt pour nous arrêter ici. $ 1002. La cinquième et dernière famille des malacoptérygiens abdominaux, celle des CLUPES , se reconnait en ce que, n’ayant pas de nageoire adipeuse, comme les précédens , sa mâchoire supérieure est formée, comme dans les truites, au milieu, par des intermaxillaires sans pédicules, et, sur les côtés, par les maxillaires. Le corps de ces poissons est toujours très écail- leux , et la plupart ne remontent pas dans les rivières, 61003. La principale tribu de cette famille est celle des Ha- RENGS , caractérisée par des intermaxillaires étroits et courts et par le bord inférieur du corps, comprimé et garni d’écailles, Éperlans. Ombres. Famille des clupes. Tribu des harengs. 286 , ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. disposées comme les dents d’une scie. Ces poissons sont remar- quables aussi par la finesse et le grand nombre de leurs arêtes . ainsi que par quelques particularités dans la structure de leur appareil branchial. On y range les Aarengs proprement dits, les aloses, etc. 6 1004. Les HARENGS PROPREMENT DITS (C/upea) Ont la lèvre supérieure non échancrée et l'ouverture de la bouche médiocre. Chacun connaît le hareng commun, poisson devenu célèbre par : limportance des pêches dont il est l’objet. Il habite les mers du nord et arrive chaque année en légions innombrables sur diverses parties des côtes de l'Europe, de l’Asie et de l'Amé- rique, mais ne descend guère au-dessous du quarante-cin- quième degré de latitude nord. Quelques naturalistes pensent que tous ces bancs de harengs se retirent périodiquement sous les glaces des mers polaires, et partent de cette retraite com-— mune en une immense colonne, qui, en se subdivisant, se répand sur presque toutes les côtes situées au- -dessus du paral- lèle que nous venons d’ indiquer. On a été même jusqu’à tracer sur la carte l'itinéraire de ces poissons ; mais cette longue émi- gralion et ce rendez-vous commun dans les régions arctiques sont loin d’être démontrés, et il y a lieu de croire que les choses ne se passent pas de la sorte. C’est près de nos côtes que les harengs déposent leurs œufs, et il est probable que les jeunes se retirent bientôt dans les grandes profondeurs de la mer et s’y dirigent vers le nord, où ils doivent rencontrer en plus grande abondance les petits crustacés et les autres ani- malcules propres à leur servir dalifnent. Au printemps, d’autres besoins les rapprochent du rivage et leur font rechercher des eaux moins profondes et plus chaudes : ils se montrent alors en légions innombrables et descendent vers le sud; mais, après être arrivés dans la Baltique, sur les côtes de la Hollande et jusque dans la Manche, on ne les voit pas reprendre la route du nord pour passer l'hiver sous les glaces du pôle, et recom- mencer au printemps suivant leur prétendu voyage périodique. Quoi qu’il en soit, au mois d'avril et de mai, les harengs commencent à se montrer dans les eaux des iles Schetland , et, vers la fin de juin ou en juillet, ils y arrivent en nombre incal- culable et en formant de vastes bancs serrés, qui ont plusieurs centaines de pieds d'épaisseur et couvrent quelquefois la sur face de la mer , dans une étendue de plusieurs lieues. Peu après, ces poissons se répandent sur les côtes de l’Ecosse et de PAngleterre. Pendant les mois de septembre et d'octobre, ils y donnent lieu à de grandes pêches; et, depuis la mi-octobre jusque vers la fin de l’année, ils abondent dans la Manche, principalement depuis le détroit jusqu’à l'embouchure de la ORDRE DES MALACOPTERYNIENS ABDOMINAUX. 287 Seine. En général, ces poissons arrivent chaque année dans les ‘mêmes parages avec une grande régularité : pour ainsi dire à jour nommé; mais quelquefois ils abandonnent tout-à-coup certaines eaux et n’y reviennent qu'après une absence de plu- sieurs années. En juillet et août, ils restent d’ordinaire en pleine mer ; mais ensuite ils entrent dans les eaux peu pro- fondes, et cherchent un endroit convenable pour y déposer leurs œufs , où ils séjournent jusque vers le mois de février. Les harengs es plus vieux fraient les premiers et les jeunes plus tard ; mais la température et d’autres circonstances pa- raissent influer aussi sur ce phénomène ; car, dans certaines localités, on en trouve d’œuvés pendant presque toute l’année. Après la ponte, ils sont maigres et peu estimés ; les pêcheurs les appellent alors des harengs jaës. Leur multiplication est pro- digieuse : on a trouvé plus de soixante mille œufs dans le ventre d’une seule femelle de moyenne grandeur. On assure que leur frai recouvre quelquefois la surface de la mer dans une grande étendue , et ressemble de loin à de la sciure de bois , qui y serait répandue. Du reste, on ne sait que fort peu de choses sur le jeune âge de ces poissons. La pêche du hareng est une des plus importantes : elle occupe chaque année des flottes entières, et jadis elle était poursuivie avec encore plus d'activité. Vers le milieu du dix - septième siècle , les Hollandais n’y employaient pas moins de deux mille bâtimens , et on à évalué à huit cent mille le nombre de per- sonnes que cette branche d'industrie faisait vivre seulement dans les deux provinces de la Hollande et de la Frise occiden- tale. Les Norwégiens, les Américaïns, les Ecossais, les Anglais et même nos pêcheurs, s’y adonnent aussi en grand nombre, “et aujourd’hui encore, bien que son importance soit moindre , elle est néanmoins une grande source de richesses pour tout le littoral des mers du nord. Dans nos divers ports, situés entre Dunkerque et l'embouchure de la Seine, on compte cha- que année trois à quatre cents bâtimens montés par environ cinq mille marins , qui s’occupent de la pêche du hareng, et on évalue à près de 4 millions les produits qu’ils en obtiennent. Cette pêche se fait d'ordinaire avec des filets de einq à six cents toises de long , dont le bord inférieur est alourdi par des pierres, Llandis que le bord supérieur est maintenu à flot au moyen de barils vides et dont les mailles sont juste assez grandes pour permettre au hareng d’y enfoncer la tête jusqu’au- delà des ouïes, mais ne laissent pas passer les nageoires pecto- rales. Le poisson, en cherchant à vaincre l’obstacle que cette grande cloison verticale oppose à son passage, s'emmaille ainsi el, ne pouvant plus, à cause de ses nageoires et de ses ouïes. Sardine, Aloses. Anchois. . 288 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ni avancer ni reculer, il reste prisonnier jusqu’à ce que les pêcheurs retirent leur filet à bord. Le nombre des harengs qui se prennent de la sorte est quelquefois si considérable qu’en peu d’instans, tout le filet s’en trouve garni et rompt sous leur poids. En général, cette pêche se fait loin du port, et, pour conserver le poisson , on le sale à bord. $ 1005. Une autre espèce du genre des harengs donne égale- ment lieu à des pêches importantes : c’est la sardine , petit poisson, célèbre par l’extrême délicatesse de sa chair. Elle habite l'Océan Atlantique, la mer Baltique et la Méditerra- née. Pendant l'hiver, elle se tient dans les profondeurs de la mer; mais, vers le mois de juin, elle se rapproche des côtes, réunie en légions immenses. On a vu des bateaux prendre jusqu’à quarante ou même cinquante mille de ces poissons d’un seul coup de filet. La pêche de la sardine se fait à-peu-près de la même manière que celle du hareng, mais avec des filets à mailles plus petites, et les pêcheurs, afin d’y attirer le poisson, ont l’habitude de jeter de temps en temps à la mer un appât particulier, qu'ils nomment rogue, et qui consiste en œufs de morue conservés à laide du sel. Depuis embouchure de la Loire jusqu’à l'extrémité de la Bretagne, ce poisson abonde chaque été et donne lieu à des pêches très productives : aussi existe-t-il sur cette côte un grand nombre d’établissemens ap- pelés presses, dans lesquels on s’occupe de la salaison de la sardine. On connaît plusieurs autres espèces de harengs, parmi les- quelles nous citerons le pitshard ou celan , qui ne diffère guère de la sardine que par sa plus grande taille ; le karanguet , ou esprot dont on fait également des salaisons, et la banquette , très petit poisson , de la plus belle couleur d'argent, avec une petite tache noire sur le bout du museau. 6 1006. Les ALOSES se distinguent des harengs proprement dits par une échancrure au milieu de la mâchoire supérieure. L’alose commune , qui atteint jusqu'à un mètre de long et n'a pas de dents visibles, habite aussi nos mers, et remonte, au printemps les grands fleuves en troupes nombreuses. À cette époque de Pannée, sa chair est très bonne; mais, quand on prend ce poisson à la mer, il est sec et de mauvais goût. $ 1007. Les ANCHOIS (Engraulis ) diffèrent de la tribu des ha- rengs par leur bouche fendue jusque loin derrière les yeux , par le nombre de leurs rayons branchiostèges, qui est de douze ou davantage, el par quelques autres caractères. En général, ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. 289 ils n'ont pas le ventre tranchant. L’anchois vulçaire, long de dix à vingt-cinq centimètres, avec le dos brun bleuâtre, les flancs et le ventre argentés, et les écailles tendres et caduques, se pêche en quantités innombrables dans la Méditerranée , et fré- quente aussi divers points du littoral occidental de l'Europe depuis l'Espagne jusque dans la Baltique. Depuis avril jusqu’en juillet, ce poisson abonde sur nos côtes méridionales, et la pêche s’en fait d’une manière assez singulière. En général on la pratique pendant la nuit, et même on choisit de préférence les nuits les plus obscures. Plusieurs bateaux pêcheurs se réu- nissent ; les uns sont pourvus de grands filets appelés réssoles, qui ont environ soixante-dix mètres de long sur huit à dix de large ; d’autres portent une espèce de réchaud en fer, dans lequel on entretient un feu vif et flambant. Ces derniers vont se poster dans les endroits où ils espèrent rencontrer les anchois qui, attirés par la lumière, arrivent en grand nombre et se pressent tout autour du bateau ainsi éclairé; à un signal donné par les pêcheurs, les autres bateaux viennent tendre leurs filets tout autour de ce dernier , de manière à le renfermer au milieu d’une grande enceinte circulaire; puis, ces préparatifs termi- nés , on éteint tout-à-coup le feu, et on bat l’eau pour effrayer davantage les anchois , qui fuient aussitôt, et, interceptés dans leur passage par l'enceinte des filets, $y emmaillent et de- viennenL une capture facile. On emploie un très grand nombre de ces poissons comme assaisonnement ; pour les préparer , on leur ôte la tête et les intestins ; puis on les sale. La famille des clupes renferme un grand nombre d’autres genres, dont plusieurs présentent des particularités remar- quables, mais dont nous ne pourrions parler ici sans sortir des limites que nous nous sommes tracées. 2 ORDRE DES MALACOPTERYGIENS SUB-BRANCHIENS. 6 1008. Cette division du groupe des malacoptérygiens a pour caractères des nageoires ventrales attachées sous les pectorales el immédiatement suspendues aux os de l’épaule. Elle se com- pose des gadoïdes , des pleuronectes , des discoboles et des eche- nets. $ 1009. La FAMILLE DES GADOÏDES, qui a pour type la morue Famille des et le merlan, comprend tous les malacoptérygiens sub-bran- gidoides. 19 Morues. 290 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. chiens dont la forme est régulière et dont la structure exté- rieure ne présente rien d’anormal. Presque tous ces poissons sont reconnaissables à leurs nageoires ventrales attachées sous la gorge et aiguisées en pointe. Leur corps est médiocrement allongé et peu comprimé, leur tête bien proportionnée, leurs nageoires toutes molles, leurs écailles peu volumineuses et molles , leur mâchoire et leur vomer armés de plusieurs rangs de dents coniques et inégales , et leurs ouïes grandes et garnies de sept rayons. La plupart de ces poissons vivent dans les mers froides ou tempérées de l'hémisphère boréal, el fournissent en abondance un aliment sain et agréable. Fig. 411. MORUE. $ 1010. Les MORUES se distinguent par l’existence de trois na- geoires dorsales et deux anales, et dun barbillon au bout du museau. La morue proprement dile Où cabeliau (fig. 411) a le dos gris, tacheté de jaunâtre et le ventre blanc. Sa longueur, à l’âge adulte , est d'environ un mètre, et son corps, médiocrement allongé comparativement à sa grosseur , est recouvert d’écailles molles et très petites. On rencontre quelques morues dans nos mers; mais Cest POcéan boréal qui est, pour ainsi dire, la patrie de ces poissons , et c’est entre le quarantième elle soixan- ième degré de latitude nord, qu'ils se trouvent en plus grande abondance. Sur les côtes de la Norwège , dans le voisinage de l'Islande et surtout dans les eaux de Terre-Neuve, onen trouve en nombre incalculable. Pendant l'hiver, ils se retirent dans les profondeurs de la mer ; mais, pendant la saison chaude, le besoin de jeter leur frai et de pourvoir à leur subsistance les rapproche des côtes et des bas-fonds. La manière dont on en fait quelquefois la pêche peut donner une idée de leur nombre. Sur certaines parties des côtes de Terre-Neuve , les pêcheurs, en altendant lParrivée des capelans, dont ils se servent d’ordi- naire comme d’appât, se bornent à jeter leurs lignes sans amorce et à les retirer brusquement , de manière à accrocher üvec leurs hameçons les morues qui se trouvent à leur portée, el celle manœuvre suffit pour leur procurer une pêche abon- dante. Dans quelques localités, on fait la pêche de la morue au ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS SUB-BRANCHIENS. 291 moyen de seines de cent soixante-dix mètres de long ; mais, en général , on n’emploie que la ligne et on amorce les hamecons, soit avec de: capelans, soit avec du hareng, des encornets, ete. Un pêcheur habile peut prendre ainsi jusqu'à quatre cents mo- rues par jour. Pour conserver le poisson, on le prépare de diverses manières. Tantôt on se borne à le saler, et on l'appelle alors dans le commerce morue verte; d'autres fois on le fait sécher sans lavoir salé, et il porte alors le nom de storkfish ; enfin, d’autres fois encore , on le sale et on le fait ensuite sécher au soleil, pour être livré au commerce sous la dénomi- nation de morue sèrhe. La pèche et la préparation de la morue sont une des branches d’indusirie maritime des plus importantes. Chaque année elle emploie environ douze mille de nos marins, et, en Angleterre de même qu’en Amérique, elle a pris un développement bien plus grand. Une partie de nos bâtimens pêcheurs se rendent sur le Dogger-Bank et sur les côtes de l'Islande; mais plus des deux tiers de nos armemens, ainsi que tous ceux des Américains, et presque tous ceux de l'Angleterre, sont destinés à la côte de Terre-Neuve ou au grand banc du même nom. 61011. Une seconde espèce de morue, qui abonde également dans le nord, mais qui est d’un goût moins agréable, est l’e- grefin : on le distingue à son dos brun , à la ligne latérale noire et à la tache de même couleur, située derrière la nageoiré pec- torale. Quand ce poisson est salé, on le nomme kadou, d'après son nom anglais Aadok. Le dorsch ou petite morue, que l’on ap- pelle à Paris fur merlan, est tachetée comme la morue pro- prement dite, mais est en général plus petite, et a la mâchoire supérieure plus longue que l’inférieure : on la pêche aussi dans nos mers, et sa chair est estimée. 6 1012. Les MERLANS ont le même nombre de nageoires que les morues , mais manquent de barbillons. Le merlan commun, long d’environ trois décimètres, argenté en dessous, gris-roussâtre ou olivätre en dessus , est reconnaissable à sa mâchoire supérieure, plus longue que linférieure. Il habite les mers d'Europe et se fait rechercher par la légèreté de sa chair blanche et délicate. On le trouve pendant toute l’année; mais 1l se rencontre tantôt en mer, tantôt près des côtes, où il se montre quelquefois en troupes extrêmement grandes. Le merlan noir, qui est plus connu sur nos côtes sous les noms de colin, de grelin, de char- bonnier, eic.; devient du double plus grand que lespèce précé- dente, et en diffère aussi par sa mâchoire supérieure, plus courte que l’inférieure, et par sa couleur brun-foncé. Il est 19. Egrefin. Merlans. 292 : : ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. très commun sur les côtes de l'Océan, et, lorsque la guerre maritime empêche nos marins de se rendre dans les parages fréquentés par la morue, il devient l’objet d’une pèche active. Dans divers ports de la Bretagne , on le fail saler et on le sèche comme la morue. Le Zieu Où merlan jaune, qui vit aussi en grandes troupes dans l'Océan Atlantique et qui appartient au même genre, se conserve de la même manière et est plus estimé : il est presque de la taille du merlan noir et a les flancs tachetés. Merluches. 6 1013. Les MERLUCHES manquent de barbillons comme les merlans, mais en diffèrent, ainsi que des morues, par le nombre de leurs nageoires; car ils n’en ont que deux sur le dos et une seule derrière l'anus. L'espèce commune, appelée merlus, se pêche en égale abondance dans POcéan ei dans la Méditerranée, où les Provençaux lui donnent le om de mertan : elle a de trois à six décimètres de long et quelquefois davantage. Lottes 61014.Le genre des LOTTES (Lofa) a pour caractère des nageoires en même nombre que les merluches et des barbillons comme les morues. On y range la /ngue, appelée quelquefois morue longue, qui , dans les mers du Nord , est presque aussi abondante que la morue proprement dite, et qui se prépare de la même manière : sa longueur est d’un mètre où même davantage. La lotte commune diffère des autres gadoïdes par la forme presque cylindrique de son corps, par sa tête déprimée et par ses mœurs : c’est Le seul poisson de cette famille qui remonte avant dans les eaux douces. Sa chair est fort estimée. Famille des 6 1015. La deuxième famille des malacoptérygiens sub-bran- pleuronectes. chiens se compose des PLEURONECTES, appelés vulgairement POISSONS PLATS, et ainsi nommés à cause de la manière dont ils nagent sur le côté et de leur formesingulière Ces poissons ont en effet Le corps très com- primé latéralement et très élevé; mais, ce qu’ils offrent de plus remarquable est le défaut de symétrie de leur tête, caractère qu'aucun au- Fig. 412. LA SOLE. tre animal vertébré ne par- tage avec eux. Leurs deux yeux sont placés du même côté, lequel reste supérieur quand l'animal nage, et est fortement coloré; tandis que le côté opposé, OR9RE DES MALACOPTÉRYGIENS SUB-BRANCHIENS. 293 où les yeux manquent, est toujours blanchätre. Les deux côtés de leur bouche sont inégaux, et il est rare que les deux na- geoires pectorales soient exactement semblables; mais, du reste, leur corps. est disposé à-peu-près comme d'ordinaire. Leur nageoire dorsale règne tout le long du dos, et l’anale oc- cupe presque tout le bord inférieur du corps. Ils se tiennent, en général, au fond des eaux comme appliqués contre le sable ou la vase, et s’y glissent, pour ainsi dire, à plat : aussi, pour les prendre, se sert-on principalement de filets trainans. Cette famille se compose des péies, des twrhots, des soles et de quelques autres genres moins imporlans. $ 1016. Les PLIES (P£atessa) ont une forme rhomboïdale : leur nageoire dorsale ne s’avance que jusqu’au-dessus de l’œil supé- | rieur et laisse, aussi bien que l’anale, un intervalle nu entre élle et la caudale. Leurs mâchoires sont ar- mées d’une rangée de dents tranchantes et obtuses; leurs os pharyngiens sont, en gé- néral, garnis de dents en pavés ; enfin, leurs yeux sont presque toujours situés à droite. La plie commune où plie franche est reconnaissable à six ou sept tubercules, formant une ligne sur le côté droit de la tête, ‘entre les yeux, et aux taches aurores, qui relèvent le brun de ce côté du corps : elle est trois fois aussi longue que haute, et ses écailles sont minces et molles. Sa chair est fort tendre et très estimée. Son poids s'élève quelquefois jusqu’à huit kilogram- mes. Elle est commune sur nos côtes , mais abonde en nombres encore plus considérables sur celles de la Hollande. Les jeunes plies sont appelées vulgairement carrelets. Le flet, appelé aussi picaud ou flonder, ressemble assez à la plie franche , mais n’a que des petits grains entre les yeux, et porte tout le long de ses nageoires dorsale et anale un petit bouton àpre sur la base de chaque rayon. Il habite nos mers et remonte fort loin dans nos rivières. Dans beaucoup d'individus , les yeux sont tournés à gauche, au lieu d'occuper le côté droit de la tête. Une autre espèce de plie, la /imande, a le corps plus haut, comparalivement à sa longueur et une ligne saillante entre les yeux. Ses écailles sont plus âpres qu'aux espèces précédentes , Fig. 413. LA PLIE COMMUNE. Plies. Fietans. Turbots. 2y4 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. ce qui lui a valu son nom (1); ses dents sont plus étroites; enfin, le côté des yeux est brun-clair , avec quelques taches effacées, brunes et blanchâtres. Cette espèce est commune sur nos côtes, et, quoique petite, on lestime à Paris plus que la plie franche, parce qu’elle supporte mieux le transport. C’est vers la fin de l'hiver ou au commencement du printemps que sa chair est le plus agréable ; car, à l’époque du frai, qui a lieu plus tard, elle a moins de saveur et de fermeté. $ 1017. On donne le nom de FLETANS (Z/éppoglossus) à des pleu- ronectes très voisins des précédens, mais qui ont les màchoires et le pharynx armés de dents fortes et aiguës. Les mers du nord en nourrissent une espèce qui atteint plus de deux mètres de long, et pèse jusqu’à cent cinquante ou même deux cents kilo- grammes. 61018. Les TURBOTS (Fhombas) se distinguent par la disposition de leur nageoire dorsale, qui s’avance jusque vers le bord de la mâchoire supérieure, et règne, ainsi que l’anale, jusque tout près de la caudale; la plupart ont les yeux à gauche; enfin, ils ont des dents en carde ou en velours aux mâchoires et au pharynx. Le turbot proprement dil a les yeux rapprochés, le corps rhomboïdal, presque aussi haut que long et hérissé, du côté brun, de petits tubercu- les : il atteint d’assez grandes dimensions, et se pêche sur toutes nos côtes. Il est extrémement vorace et aime à se cacher dans la vase , pour s'emparer plus facilement de sa proie : aussi fréquente-t-il souvent l'embouchure des fleuves ou l'entrée des étangs qui communiquent avec la mer. C’est, de tous les pois- sons plats, le plus estimé. Pour se le procurer , les pêcheurs se servent en général de lignes de fond, qui sont d’une longueur extrême, et portent quelquefois plus de deux mille hameçons, amorcés avec des morceaux de harengs et des petits poissons encore vivans. - La barbue appartient au même genre et se distingue facile- ment à la forme plus ovalaire de son corps, qui est dépourvu l'ig. 414. LE TURBOT. (1) De Lima, lime. ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS SUB-BRANCHIENS. 295 de tubercules , et aux premiers rayons de la nageoire dorsale, qui sont à moitié libres et ont leur extrémité divisée en plu- sieurs lanières. Le côté gauche de son corps est marbré de jauntre et de rougeâtre sur un fond brun. Elle pèse souvent près de dix kilogrammes et est très commune sur nos côtes. Sa chair, comme chacun le sait, est très estimée. $ 1019. Les SOLEs (So/ea) sont de forme oblongue (/ig. 412, page 292) : leur museau est rond et saillant ; leur nageoire dor- sale s'étend depuis la bouche jusqu’à la caudale , la ventrale re- joint aussi celte dernière ; mais le caractère le plus remarquable de ces poissons consiste dans la conformation de leur bouche, qui, du côté opposé aux yeux, est contournée, pour ainsi dire monstrueuse, et présente de ce côté des dents fines en velours serré; tandis que , du côté opposé, il n’en existe pas de traces. La sole commune esi brun-olivatre du côté droit, gri- sâtre à gauche. Sa nageoire caudale est arrondie et son corps est couvert d’écailles tenaces. Elle est très répandue et se trouve assez abondamment sur nos côtes, principalement x Pembou- chure des fleuves : on la pèche souvent au harpon dans les eaux peu profondes. C’est un de nos meilleurs poissons. $ 1020. On donne le nom d’ARCHIRES à des pleuronectes assez semblables aux soles, mais qui diffèrent de tous les précédens par l’absence de nageoires pectorales. $ 1021. La FAMILLE DES DISCOBOLES se compose d'un pelit nombre de malacoptérygiens sub-branchiens, qui ont les na- geoires ventrales en forme de disque. On y range les PORTE- ÉCUELLES , petits poissons dont les nageoires pectorales s’unis- sent entre elles sous la gorge, au moyen d’une membrane, et constituent une sorte de disque concave au-devant de celui formé par les nageoires ventrales. Nos mers en possèdent plu- sieurs espèces. Les CYCLOPTÈRES , qui se rangent dans la même division , ont les rayons de leurs nageoires ventrales suspendus tout autour du bassin, el réunis par une seule membrane for- mant un disque ovale et concave, dont le poisson se sert comme d’une ventouse, pour se fixer aux rochers. Le Zumph, appelé vulgairement gras mollet, appartient à ce dernier genre. $ 1022, Enfin, la petile FAMILLE DES ÉCHENEIS, formée d’un seul geure , est remarquable entre tous les poissons par un disque aplati, qui recouvre la tête (fig. 415) et qui se compose d’un Soles. Arclures. Farnulle des discoboles. Famille des écheneis, 296 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. certain nombre de lames cartilagineuses transversales , dirigées obliquement en arrière, et mobiles, à l’aide desquelles Pani- Fig. 415. LE REMORA. mal peut se fixer aux différens corps sur lesquels il applique ce singulier instrument. Souvent, il s'attache ainsi aux rochers , aux vaisseaux et à d’autres poissons, surtout au requin. Une espèce , qui vit dans la Méditerranée et l'O- Fig. 416. céan , est depuis long-temps célèbre sous le nom de remnora , et son histoire a été chargée de fables. On a prétendu que ce petit pois- son se nourrissait par l’espèce de succion qu'il exerce avec le disque dont nous venons de parler, et on lui a attribué le pouvoir d'arrêter subitement la course du vaisseau le plus rapide. Une espèce, voisine de la précédente, est très commune dans les eaux de l'Ile-de-France, et il paraïl que, sur les côtes de la Cafrerie , on l’emploie à la pêche, en le lächant à la poursuite des poissons et en le ramenant à l’aide d’une ligne attachée à sa queue, aussitôt qu'il s’est fixé sur sa proie. ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS-APODES. $ 1023. Les malacoptérygiens-apodes ont tous une forme al- longée et une peau épaisse, molle et peu écailleuse; mais leur caractère principal est le défaut de nageoires ventrales. Ils ne forment qu'une seule famille naturelle, celle des ANGUILLI- FORMES , qui se compose de la tribu des angralliens, des gym- notes, des donzelles, des equilles, etc. Auguilliens, 6 1024. La TRIBU DES ANGUILLIENS a le corps long et grêle , les écailles comme encroûtées dans une peau grasse el épaisse; enfin, l’opercule petit, entouré circulairement par les rayons branchiostèges, qui sont enveloppés dans la peau, et ne s’ou- vrent que fort en arrière par un trou ou une espèce de tuyau, ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS-APODES. 297 disposition qui, abritant mieux les branchies, permet à ces poissons de demeurer quelque temps hors de l’eau sans périr. On subdivise ce groupe en anguilles, murènes , elc. Ç 1025. Les ANGUILLES (Muræna) onl pour caractère d’avoir des nageoires pectorales et de présenter les ouvertures des ouïes sous ces nageoires. Celles qui ont les nageoires dorsale et cau- dale prolongées autour du bout de la queue, de manière à former par leur réunion une nageoire caudale pointue, sont désignées sous le nom d’ANGUILLES PROPREMENT DITES, el se subdivisent encore en ANGUILLES ORDINAIRES et en CONGRIS, suivant que leur nagecire dorsale commence loin en arrière des pectorales ou près de ces organes. Nos anguilles communes apparliennent à la première de ces subdivisions. Chacun connait la forme générale de ces poissons. Leur couleur varie suivant l’âge, et, à ce qu'il paraît, suivant la qualité des eaux où ils vivent. Ceux qui habitent les eaux limpides ont le dos verdâtre , rayé de brun et le ventre argenté; tandis que ceux que lon pêche dans la vase sont d'ordinaire brun-noirâtre en dessus et jaunâtre en dessous. La forme de leur museau varie aussi , et les pêcheurs assurent que ces diffé- rences caractérisent quatre espèces distinctes, qu'ils désignent sous les noms d’anguille verniaux, d’'anguille long-bec, d’anguille plat-bec et d’anguille pinperneaux, mais les naturalistes les confondent encore sous la dénomination d’anguille vulgaire. On en trouve dans presque tous les pays. Elles sont très voraces et d’une agilité extrême ; elles nagent également bien en arrière et en avant, et leur peau est si glissante, qu’on ne peut que difficilement les saisir. Pendant une grande partie de leur vie, elles habitent les eaux douces et fréquentent les étangs et les mares, aussi bien que les rivières. Le jour, elles se tiennent presque toujours enfoncées dans la vase ou cachées dans des trous qu’elles se creusent près du rivage. Ces trous sont quel- quefois très vastes et logent un grand nombre d’anguilles ; mais, en général , leur diamètre est petit, et ils s'ouvrent au dehors par leurs deux exirémités , ce qui permet à l'animal qui lhabite de s'échapper plus facilement lorsque quelque danger l’y me- nace. Quand la saison est très chaude et que l’eau stagnante des étangs commence à se corrompre , les anguilles quittent le fond et se cachent sous les herbes du rivage, ou même se mettent en voyage pour aller, à travers les terres, chercher une localité plus favorable : elles peuvent en effet ramper sur le sol à la manière des serpens, et rester long-temps à l’air sans périr. C’est ordinairement pendant la nuit qu’elles font ces voyages singuliers, et quand la sécheresse est extrême, elles s’enfon- Anguilles. Anguilles communes. Murenes Aptérichtes. Gymnotes 298 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. cent dans la vase pour y rester enfouies jusqu’à ce que l’eau soit revenue. Le temps qu’elles peuvent y demeurer sans périr est tout-à-fait surprenant. On a vu de ces poissons rester des mois et même des années cachés dans la vase des étangs desséchés ou dans des trous privés d’eau, et cependant se montrer agiles dès qu'ils retrouvaient leur élément naturel. Du reste, cette circonstance n’est pas la seule dans laquelle ces poissons mon- trent une force de vitalité bien remarquable. On peut les dé- pouiller de leur peau et de leurs viscères et les couper en mor- ceaux, sans que le tronçon de leur corps cesse pendantlong-temps encore de se mouvoir. C’est au printemps que les jeunes an- guilles quittent d'ordinaire la mer pour vivre dans les eaux douces, et elles n’y retournent qu’à l’âge adulte; on donne souvent le nom de rontee aux pelites anguilles qui entrent ainsi par myriades dans l'embouchure de certaines rivières. 6 1026. Les MURÈNES PROPREMENT DITES manquent tout-à-fait de nageoires pectorales, et leurs branchies s'ouvrent, de chaque côté, par un petit trou. L'espèce la plus célèbre est la murene commune, qui atteint plus d’un mètre de long, et est toute marbrée de brun et de jaunâtre : elle est très répandue dans la Méditerranée et était fort estimée des anciens. Les Romains en élevaient un grand nombre dans leurs magnifiques viviers , et se plaisaient à orner ces poissons de bijoux précieux et à les accoutumer à accourir à la voix de leur maitre. Hirrius fut le premier qui consacra des viviers uniquement aux murènes ; el, dans un repas qu’il donna à César, il fit servir six mille de ces poissons. $ 1027. D’autres anguilliens, voisins des précédens, sont privés de nageoires verticales aussi bien que de nageoires latérales, et par conséquent manquent complètement de ces organes : on leur à donné le nom d’APTÉRICHTES. $ 1028. On a long-temps rangé dans la même tribu les GYm- NOTES, qui ont les ouïes en parties fermées par une membrane, mais s’ouvrant au-devant des nageoires pectorales. Les GYM- NOTES PROPREMENT DITES ( Gymnotes ) ont comme les autres poissons de cette divison , une ventrale, qui règne sous la plus grande partie du corps , mais elles manquent de nageoires au bout de la queue , et leur peau est sans écailles sensibles. Elles habitent les rivières de l'Amérique méridionale, et l’une d'elles, la yymnote electrique, appelée vulgairement l’anguilte electrique, est célèbre par les violentes commotions électriques qu’elle a la ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS-APODES. 299 faculté de donner à volonté et dans la direction qu’elle choisit. Ce poisson atteint environ deux mètres de long ; son corps est Fig. 417. GYMNOTE ÉLECTRIQUE. allongé et toute d’une venue , et sa peau est enduite d’une ma- tière gluante : il est très commun dans les petits ruisseaux et les mares que Pon rencontre çà et là dans les plaines immenses situées entre la Cordilière , lOrénoque et la Bande-orientale, et on le trouve aussi dans le Méta, lApure, l’Orénoque, etc. Les commotions électriques qu’il donne suffisent pour abattre les hommes et les chevaux , et la gymnote a recours à ce moyen pour se défendre contre ses ennemis, et pour tuer de loin les poissons dont elle veut se repaitre ; car l’eau, ainsi que les mé- taux , transmet le choc engaurdissant de ce singulier animal de la même manière que les paratonnerres conduisent, de Patmosphère dans la terre, l'électricité des nuages. Ses pre- mières décharges sont en général faibles; mais, quand il est irrité et agité, elles deviennent de plus en plus vives et sont alors terribles. Lorsqu'il a frappé ainsi à coups redoublés, il s’'épuise et a besoin d’un repos plus ou moins prolongé avant que de pouvoir donner de nouveaux chocs. On dirait qu’il em- ploie ce temps à charger ces organes électriques , et les Améri- cains profitent de cette circonstance pour le prendre sans danger. Pour faire la pêche des gymnotes, ils font entrer de force, dans les étangs habités par ces poissons, des chevaux sauvages, qui, recevant les premiers chocs , sont bientôt étour- dis et abattus ou même tués; ensuite avec des filets ou avec le harpon ils s'emparent des gymnotes épuisées. L'appareil à l’aide duquel la gymnote produit ces commo- tions électriques règne lout le long du dos et de la queue , et consiste en quatre faisceaux longitudinaux , composés d’un grand nombre de lames membraneuses parallèles et très rap- prochées entre elles, qui sont à-peu-près horizontales et Equilles. Caractères, Syguathes, 300 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. unies par une infinité d’autres lamelles plus petites, placées verticalement en travers; les petites cellules prismatiques et transversales , formées par la réunion de ces lames , sont rem- plies d’une matière gélatineuse; enfin tout l’appareil reçoit des nerfs très gros. $ 1029. Les EQUILLES ont, outre les nageoires dorsale et anale , une caudale fourchue et séparée des précédentes par un espace lisse. Leur museau est aigu et leur corps allongé comme les précédens. Nos côtes en produisent deux espèces, leguille et le {ançon , qui se tiennent dans le sable, d’où on va les en- lever quand la mer se relire. ORDRE DES LOPHOSRANCHES 6 1030. Les lophobranches ont les nageoires complètes et li- bres, comme tous les poissons dont il a déjà été question ; mais leurs branchies, au lieu d’avoir, comme d’ordinaire , la forme de dents de peigne, se divisent en petites houppes rondes, dis- posées par paires le long des arcs branchiaux. L’appareil oper- culaire qui recouvre ces organes présente aussi une structure par üiculière : il est attaché °de toutes parts par une membrane qui ne laisse qu'un petit trou pour la sortie de l’eau , el on n’y trouve que des vestiges de rayons branchiotèges. Enfin ces poissons se reconnaissent , en outre , à leur corps, presque sans chair et cuirassé d’une extrémité à l’autre par des écussons qui le rendent presque toujours anguleux. Cet ordre ne renferme que les syngnathes et les peyases. $ 1031. Les SYNGNATHES ont le museau tubuleux et formé à- peu-près comme celui des bouches-en-flûtes ; le trou de la respiration est vers la nuque et ils manquent de nageoires ven - trales. Ces poissons sont remarquables par l'espèce de poche formée par une boursouflure de la peau du ventre ou du des- sous de la queue, et servant à loger les œufs pendant toute la durée de leur développement; lorsque les petits sont nés, cette peau se fend pour les laisser sortir. $ 1032, Les SYNGNATHES PROPREMENT DpiTs sont appelés vul- gairement aiguilles de mer à cause de la forme allongée el ORDRE DES PLECTOGNATES. c 301 mince de leur corps: on en trouve plusieurs espèces sur nos côtes. 61033. Les HxiPpocaMPEs sont des syngnathes dont le tronc est Hippocampes, comprimé latéralement et notablement plus élevé que la queue. En se courbant après la mort, le corps et la tête prennent quelque ressemblance avec lencolure d’un cheval en minia- ture, ce qui a valu à ces petits poissons le nom vulgaire de chevaux marins. Fig. 418. HIPPOCAMPE. 6 1034. Enfin les PÉGASES habitent la mer des Indes et se distinguent des précédens par leur corps large et déprimé, la position de la bouche, etc. Pégases. ORDRE DES PLECTOGNATHES. 61035. Les poissons dont se compose ce groupe établissent le Caractères. passage entre les poissons ordinaires et les poissons cartilagi- neux , tant par la conformation de leurs mâchoires que par le durcissement tardif de leur squelette. Leur principal caractère distinctif tient à ce que los maxillaire est soudé ou attaché fixement sur le côté de l’intermaxillaire , qui forme seul la mà- \ choire , et à ce que l’arcade palatine s'articule avec le crâne, de manière à ne conserver aucune mobilité. Leurs opercules et les rayons branchiostèges , sont en outre cachés sous une peau épaisse, qui ne laisse à l’extérieur qu'une petite fente bran- ‘chiale; ils n’ont pas de vraies nageoires ventrales; enfin ils n’ont que des vestiges de côtes. Cet ordre comprend deux fa- milles reconnaissables à l'ouverture de leur bouche, savoir : les gymnodontes et les selerodermes. $ 1036. Dans la FAMILLE DES GYMNODONTES il n’y à pas de Famille des denis apparentes ; mais les mâchoires sont garnies d’une espèce 5ymnodentes. de bec d'ivoire, divisé intérieurement en lames, qui repré- Diodons. Môles. Famille des 302 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. sentent les denis. On y range Îles diodons, les tétrodons , les môles , elc. 61037. Les DIODONS ont reçu ce nom, parceque leursmâchoires, indivises, ne présentent chacune qu’une seule pièce , tandis que, chez les TÉTRODONS , elles sont divisées dans leur milieu par une suture, de manière à présenter lapparence de quatre dents : deux en dessus et deux en des- sous. Ces deux genres de pois- sons ont la faculté de se gon- fler comme des ballons, en ava- lant de Pair et en distendant ainsi un premier estomac très Fig. 419. DIODON. extensible , qui occupe toute la longueur de Pabdomen. Cette particularité leur a valu les noms vulgaires de boursouflus et d’orbes, et leur fournit un moyen de défense ; car, lorsque leur peau est distendue, les épines dont elle est garnie se relèvent de toutes parts et hérissent la surface de leur corps; enfin, quand ils sont ainsi gonflés , ils culbutent: leur ventre prend le dessus , et ils flottent à la surface de la mer sans pouvoir se diriger. C’est chez les diodons ou orbes epineux que cette ar- mature cutanée est le plus développée. La peau est toute recou- verte de gros aiguillons pointus, de façon que lorsqu'ils sont enflés , ils ressemblent au fruit du marronnier. On les trouve en assez grand nombre dans les mers des pays chauds. 6 1038 Les MÔLES (Carthagorisrus) appelés vulgairement poissons-lunes , ressemblent aux diodons par la disposition de leurs mâchoires ; mais leur corps, comprimé et d’une for- me bizarre, n’a pas d’épines et n’est pas susceptible de s’en- fler;, enfin leur queue est si courte et si haute verticale- ment, qu'ils ont l'air de pois- sons dont on aurait coupé la partie postérieure. Une espèce, qui atteint quelquefois plus d’un mètre de long et qui pèse au-delà de cent cinquante kilo- grammes, habite nos mers. Fig. 420. MÔLE. $ 1039. La FAMILLE DES SCLÉRODERMES se distingue aisément sclérodermes par le museau conique ou pyramidal, prolongé depuis les yeux e ORDRE DES PLECTONATHES. 303 el lerminé par une petite bouche, armée d’un petit nombre de denis distinctes. Leur peau est généralement âpre ou revêtue d’écailles dures. $ 1040. Les uns, nommés BALISTES , ont le corps compriméet Balistes. couvert d’une peau écailleuse ou grenue, mais non osseuse : ils ont huit dents , en général tranchantes, disposées en une seule rangée à chaque mâchoire, et deux nageoires dorsales. Ils se trouvent en grand nombre dans la zone torride. 61041. Les autres, appelé cOFFRES (Ostracion), ont, au lieu Coffres. d’écailles , des compartimens osséux et réguliers, soudés entre eux de facon à former une sorte de cuirasse inflexible , qui leur Fiy. 421. COFFRE. revêt la tête et le corps, et ne laisse de mobile que la queue, les nageoires et ia bouche. SECONDE SÉRIE. — CHONDROPTÉRYGIENS ou POISSONS CARTILAGINEUX. $1042. Les poissons dont il nous reste à parler diffèrent, à Caractères. plusieurs égards , de tous ceux dont nous venons de traiter , et présentent dans leur structure moins d’uniformité. Les uns ont des organes même plus compliqués que ces derniers et se rapprochent davantage des reptiles, tandis que d’autres éta- blissent en quelque sorte le passage entre les animaux vertébrés et les animaux des classes inférieures. Leur squelette est essentiellement cartilagineux : il ne s’y forme pas de fibres osseuses, et la matière calcaire qui en dureit la surface, ne s’y dépose que par petits grains. Quelquefois même ce squelette est simplement membraneux , et il présente toujours, dans sa conformation, plus de simplicité que chez les poissons osseux. On y remarque aussi une ressemblance Esturgeons. 204 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. très grande avec le squelette encore cartilagineux des tétards. Le crâne n’est pas divisé par des sutures et ne se compose que d’une seule pièce , modelée d’ailleurs et percée à-peu- près comme le crâne d’un poisson ordinaire. La mâchoire supé- rieure est formée par des pièces ânalogues aux os palatins ou au vomer ; les maxillaires et les ee n'existent pas ou ne se trouvent qu’à l’état de vestiges, cachés sous la peau. La mâchoire inférieure n’a également qu’une pièce de chaque côté, et l'appareil operculaire manque en général complète- ment. La colonne vertébrale est quelquefois formée en grande partie d’un seul tube, percé de chaque côté pour le passage des nerfs, mais point divisé en vertèbres distinctes ; souvent aussi le corps des vertèbres est percé de part en part, de façon que la substance gélatineuse qui remplit les intervalles de ces os forme un cordon continu. Quant à la disposition des os de l'épaule, du bassin et des nageoires, elle varie. L’appareil hyoïdien qui supporte les branchies est en général conformé à-peu-près de même que chez les poissons ordinaires ; mais, dans les derniers degrés de cette série, les arcs branchiaux manquent et les branchies ne sont fixées, du côté interne, qu'aux parois d’un canal membraneux. Le mode d’organisation de ces organes, présente , du reste, des modifications remar- quables. Tantôt les branchies sont libres à leur bord externe, comme chez les poissons osseux ; tantôt, au contraire, elles sont attachées par ce bord aussi bien que par leur bord interne, et cette différence sert de base à la division des poissons carti- lagineux en deux groupes, savoir : les chondroptérygiens à branchies libres, qui constituent un seul ordre, et les hondrop- térygiens à branchies fixes, qui en forment deux, les seaciens et les cyclostomes. - * ORDRE DES CHONDROPTÉRY GIENS A BRANCHIES LIBRES ou STURIONIENS. 61043. Les sturioniens, qui ont pour type l’esturgeon, res- semblent aux poissons ordinaires par la disposition de leurs ouies, aussi bien que par leurs branchies libres : ils ont de chaque côté une seule ouverture branchiale, qui est garnie d’un opercule, mais qui manque de rayons. 6 1044. Les ESTURGEONS (Aripenser ont aussi la forme générale GRDRE DES STURIONIENS. 1505 des poissons osseux, et, par la conformation de leur squelette , ils établissent le passage entre ceux-ci et les chondroptérygiens; Fig. 422. LE GRAND ESTURGEON. car plusieurs des os de leur tête et tous ceux de l'épaule sont complètement durcis et comme pierreux à la surface. Leur mà- choire supérieure se compose des palatins soudés aux maxil- laires , et on trouve dans l'épaisseur des lèvres des vestiges des intermaxillaires. Leur corps est plus ou moins garni d’écussons implantés sur la peau en rangées longitudinales; leur bouche est petite et dépourvue de dents; leur nageoire dorsale est située en arrière des ventrales et au-dessus de l’anale; enfin , la cau- dale entoure l'extrémité de la queue et a en dessous un lobe saillant. Ces poissons sont, en général, de grande taille, et sont doués d’une force musculaire très considérable : ils remontent facilement les courans les plus rapides et peuvent donner avec leur queue des coups violens; mais ils ont d'ordinaire des ha- bitudes paisibles et ne sont guère redoutables que pour les poissons petits ou mal armés. Ils se nourrissent de harengs, de maquereaux, quelquefois de saumons, et on les voit souvent fouir avec leur museau dans la vase, pour y chercher des vers et des mollusques. Au printemps, ils remontent en abon- dance de la mer dans certaines rivières , souvent par troupes nombreuses, et y déposent leurs œufs. Leur fécondité est très grande : on assure avoir trouvé près de quinze cent mille œufs dans une femelle du poids de cent trente-neuf kilogrammes et que, dans une autre, pesant mille quatre cents kilogram- mes , les œufs à eux seuls en pesaient quatre cents. Les jeunes paraissent gagner promptement la mer et y rester jusqu’à l’âge adulte. La chair de la plupart de ces poissons est agréable , et on prépare avec leurs œufs un aliment très recherché dans le nord et connu sous le nom de caviar; enfin, c’est principale- ment avec leur vessie natatoire que se fait l’ichthyocolle ou colle de poisson. . On ‘connait plusieurs espèces d’esturgeons : il s’en trouve dans l’Europe occidentale et dans le nord de l'Amérique; mais c’est surtout dans les grandes rivières de la partie orientale de l'Europe et du nord de l'Asie qu’ils abondent et qu’ils donnent lieu à des pêches importantes. L’estrrgcon ordinaire, long de deux 20 Polsodons. Chimeres. Caracteres. 306 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. mètres, ou même davantage , à museau pointu et à cinq rangées d’écussons forts el épineux , entre dans nos grands fleuves vers le mois d'avril et remonte en troupes nombreuses le Danube, le Don et plusieurs affluens de la mer Caspienne. Le hausen ou grand esturgeon, qui alteint quatre à cinq mètres de long et pèse souvent plus de six cents kilogrammes , quelquefois même près de quinze cents, se voit quelquefois dans le Pd; mais ne fré- quente d'ordinaire que le Danube, le Don, le Volga et les autres fleuves qui débouchent dans les mêmes mers : il y entre en grandes troupes dès la fin de lhiver; et, aussitôt après le frai, retourne à la mer, où ses petits le suivent bientôt. Sa chair est moins estimée que celle de l’esturgeon ordinaire; mais On la recherche pour la préparation du caviar et de lich- thyocolle. On le distingue de ce dernier par ses boucliers plus émoussés, son museau plus court et sa peau plus lisse. Le Sterlet où petit esturgeon, qui ne passe guère sept décimètres de long, et qui a ses boucliers osseux disposés par rangées plus nombreuses que les espèces précédentes , habite aussi les fleuves affluens des mers Noire et Caspienne, et passe pour être un mets des plus délicats : c’est probablement l’elops et l’'acipenser, si célèbre chez les Romains. 6 1045. On donne le nom de POLYODONS (Spatularia) à des poissons du Mississipi. qui ont de l’analogie avec les esturgeons et qui sont remarquables par un énorme prolongement du museau , auquel les bords élargis donnent la figure d’ane feuille d'arbre. $ 1046. Enfin, les CHIMÈRES établissent le passage entre tous les précédens el les squales, auxquels elles ressemblent par la forme générale de leur corps. CHONDROPTERY GIENS A BRANCHIES FIXES. 6 1047. Les poissons cartilagineux dont il nous reste à parler et dont se composent les deux ordres des sélaciens et des cy- clostomes, présentent un caractère commun très remarquable dans la disposition de l'appareil respiratoire. Au lieu d’avoir les branchies libres par leur bord externe et suspendues dans une cavité commune, d’où l’eau s'échappe au dehors par une ORDRE DES SÉLACIENS. 11) 70 seule ouverture, ils les ont, au contraire, adhérentes aux té- gumens, de sorte que, pour la sortie de l’eau qui les a baignées, il faut autant d'ouvertures qu’il y a d’intervalles entre elles; ces ouvertures sont presque toujours extérieures; quelquefois , cependant, elles débouchent dans un canal conimun, servant à transmettre Peau au dehors; enfin, des arcs cartilagineux, souvent suspendus dans les chairs, sont placés vis-à-vis des bords extérieurs des branchies. Du reste, ces poissons diffèrent L Classifica - beaucoup entre eux et se divisent en deux ordres, suivant que tion. leur bouche est pourvue de mâchoires mobiles et de forme ordinaire, ou bien que ces organes sont soudés en un anneau immobile, propre seulement à la succion. Les premiers sont les selaciens , les seconds les cyclostomes. ORDRE DES SÉLACIENS 61048. L'ordre des sélaciens comprend le plus grand nombre Caractères. de poissons cartilagineux , les raies et les squales, par exemple. Leur forme extérieure varie ; ils ont des nageoires pectorales ; des nageoires ventrales situées en avant de l'abdomen, près de Vanus; cinq ouvertures branchiales en forme de fentes, de chaque côté du cou ou à sa face inférieure ; les mâchoires ar- mées de dents et conformées comme nous l'avons déjà dit; l'intestin court. Chez un grand nombre de ces poissons, il existe à la face supérieure de la tête deux ouvertures, appelées evens, qui conduisent aux branchies et qui servent à y porter l’eau nécessaire à la respiration, lorsque la gueule de l’animal est remplie par une proie trop volumineuse. Les uns sont ovo-vi- vipares ; les autres font des œufs revêtus d’une coque dure et cornée : aussi la fécondation a-t-elle lieu avant la ponte. On les divise en squales, marteaux, anges , scies €t raies. 6 1049. Les SQUALES constituent une grande famille, reconnais- Daouille des sable par leur forme générale, peu différente de celle des pois- squales. sons ordinaires (voyez fig. 423, p. 308). Leur corps est allongé, leur queue grosse et charnue, leurs nageoires pectorales de grandeur médiocre. Leurs yeux sont situés, comnie d'ordinaire, sur les côtés de la tête ; leur museau ne présente rien de remar- 20. Roussettes. Squales pro- prement dits. Requins, 308 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. quable , et les ouvertures de leurs branchies se trouvent sur les côtés du cou; les os de l'épaule sont suspendus dans les chairs, sans s’articuler ni au crâne, ni à la colonne vertébrale; enfin, leur peau est en général rugueuse et leur chair coriace. La plupart atteignent une grande taille et sont très voraces. 6 1050. On distingue sous le nom de ROUSSETTES (Scyllium) les squales dont le museau est court et obtus, et les narines per- cées près de la bouche et contournées en un sillon qui règne jusqu'au bord de la lèvre. Ces poissons sont tous pourvus d’é- vens et d’une nageoire anale; leurs dorsales sont en arrière et leur’caudale est allongée, non fourchue et tronquée au bout; enfin , leurs ouvertures branchiales sont situées en partie sous les pectorales. Nos mers en nourrissent deux grandes espèces , la grande roussette, appelée vulgairement chien de mer, qui atteint plus d’un mètre de long, et le rochier. La peau de ces poissons, qui est hérissée d’une multitude de petits tuber- cules pierreux, devient très rude par la dessiccation, et est alors très employée dans l’industrie pour polir les corps durs, tels que livoire. 6 1051. Les SQUALES PROPREMENT DITS Ont les narines sans sillon et situées au-dessous du museau, qui est proéminent (fig. 4231. Leur nageoire caudale est plus ou moins fourchue. Les uns ont des évens, les autres en manquent. On les divise en requins, lamies, milandres, aiquillats, humantins, lei- ches, elc. $ 61052. Les REQUINS (Carcharias) manquent d’évens et sont pourvus d’une nageoire anale; leur museau est déprimé, et leur bouche est fortement armée de dents tranchantes pointues, et en général dentelées sur les bords. Fig. 493. LE REQUIN. Le requin proprement dit, qui atteint jusqu'à huit où dix ' ORDRE DES SÉLACIENS. 309 mètres de long, est célèbre par sa férocité. Sa vaste gueule (fig. 424) est garnie de dents triangu- Fig. 424. laires et mobiles, dont le nombre aug- mente avec l’âge. Chez les'jeunes, on n’en voit qu'une seule rangée; mais, chez l’adulte, on en compte six. La force de ce poisson est extrême et ses mouvemens des plus rapides; enfin, sa voracité n’a presque pas de bornes : aussi est-ce un des animaux les plus dangereux. On a vu bien des fois des hommes devenir la proie des requins, et on a trouvé quelquefois jusqu’à huit ou dix thons dans le ventre de ces pois- sons. Les phoques , les thons etles mo- rues sont leur nourriture ordinaire ; mais ils se jettent aussi sur les cadavres et ils se dévorent même entre eux. II parait qu’on les rencontre dans toutes les mers; mais les voyageurs ont sou- vent confondu sous le nom de requin “d’autres espèces de squales à dents iranchantes. ll | M, nn | Une seconde espèce de ce genre, appelée /«ux ou renard de mer, est longue de deux à trois mètres, quelquefois de cinq, et se montre souvent sur nos côles. Il en est de même du bleu, ainsi nommé à cause de la couleur bleue ardoisée du dessus de son COrps. 61053. Les LAMIES (Lamna) ne diffèrent guère des requins que par leur museau pyramidal. On n’en connait qu’une espèce dans nos mers, le nez, que sa grandeur a fait souvent confondre avec le requin. $ 1054. Les MILANDRES (Galeus) ont à-peu-près la forme des requins, mais sont pourvus d’évens. [ls habitent nos mers. $ 1055. On donne le nom de PÉLERINS (Selache) à d’autres squales, qui, à ces caractères, joignent des ouvertures bran- chiales assez grandes pour enlourer presque tout le cou, et des dents petites et coniques. La seule espèce connue dépasse le requin pour la grandeur : elle atteint plus de dix mètres de L2 Lamies. Milandres, Pélerins. Aiguillats Humautius : Leiches, Marteaux. Anges, 310 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. long, mais n’a rien de Ia férocité de ce poisson destructeur. Elle habite les mers du Nord et a été quelquefois jetée sur nos côtes par les vents. $ 1056. Les AIGUILLATS (Spinaxr) manquent de nageoires anales; Pun des squales les plus communs sur nos marchés appartient à Ce genre. $ 1057. Les HUMANTINS (Centrina), qui diffèrent des aiguillats par la position de leur seconde nageoire dorsale au-dessus des ventrales et par leur queue plus courte, abondent aussi sur nos côtes. ; 61058. Enfin, les LXICHES (Scymnus), dont une espèce habite également nos mers, ont tous les caractères des humantins, si ce n’est qu'elles manquent de la grosse épine qu’on voit en avant de chaque nageoire dorsale chez ces poissons et chez les aiguillats. L 6 1039. Les MARTEAUX (7 ygænu) joignent aux caractères des requins une forme de tête dont le règne animal moffre pas 4 d'autre exemple : aplatie horizon- talement el tronquée en ayant, ses MT ee, côtés se prolongent transversale- QT ge ment en branches qui la font res- g sembler à la tête d'un marteau. Les Fig. 425. MARTEAU. yeux sont aux extrémités de ces prolongemens et les narines à leur bord antérieur. L'espèce la plus commune dans n0$ mers à quelquefois quatre mètres de long. 6 1060. Les ANGES (Sqwatina) diffèrent des squales par leur tète ronde, leur bouche fendue au bout du museau et non en des- sous , par leurs yeux occupant la face dorsale et non les côtés de la tête, par leurs pectorales grandes et se portant en avant, el par plusieurs autres caractères; ils sont pourvus d’évens, mais manquent de nageoire anale; enfin, ils se rapprochent un peu des raies par leur forme élargie, mais ont les onvertures branchiales latérales, et placées entre la tête et les nageoires pectorales. Nous en avons un dans nos mers, qui devient assez grand. ORDRE DES SÉLACIENS. ail Ÿ 1061. Les SCIE (Pristis) ont la forme allongée des squales ; mais leur corps est aplati en avant; leurs branchies sont ou- Scies. Fiy. 496. SCIE. vertes en dessous comme éfiez les raies , et leur museau se pro- longe en une espèce de long bec déprimé en forme de lame d'épée et armé, de chaque côté, d’une série de grandes épines osseuses, pointues, tranchantes et implamtées comme des dents. L'espèce commune a quatre ou cinq mètres de long. $ 1062. Les RAIES forment une grande famille , facile à recon- naître. Leur corps est aplati et en général semblable à un disque, disposition dépen- dant de l’union du tronc et de la tête, avec des nageoires pectorales extrémement am- ples, horizontales et charnues, qui, en avant, se joignent au museau ou même l’en- toureni pour se réunir entre elles, et en arrière, s'étendent des deux côtés de l’ab- domen, jusque vers la base des nageoires ventrales. Les yeux: et les évens occupent la face dorsale de la tête, les narines, la bou- che et les ouvertures branchiales , la face ventrale ; enfin , les nageoires dorsales sont pelites et presque toujours placées sur la queue. Ce groupe naturel se subdivise en rhinobates, torpilles, raies proprement dites, pastenagues, mou- rines, lc. Fig. 427. TORPILLE COMMUNE. $ 1063. Les RHINOBATES établissent le passage entre les squales et les raies ordinaires , par leur queue grosse, charnue et garnie de deux nageoires dor$ales et d’une caudale bien distincte; par le peu de largeur des pectorales, et par l'allongement du mu- seau. On en trouve une espèce dans la Méditerranée. $ 1064. Les TORPILLES ou rates electriques (Torpedo) ont la Famille des raies. Rlhinobates. Torpilles. 312 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE queue courte, mais encore assez charnue. Leur corps est lisse et représente un disque à-peu-près circulaire, dont le bord antérieur est- formé par deux prolongemens du museau, qui, de chaque côté, vont rejoindre les nageoires pectorales et laissent entre, ces organes, la tête et les branchies, un espace ovalaire, servant à loger l’appareil électrique de ces poissons (fg. 428). Ces appareil se compose d’une multitude de tubes membraneux ES Fig. 428. ANATOMIE DE LA TORPILLE COMMUNE. (1) verticaux, serrés les uns contre les autres comme des rayons d’abeilles, subdivisés par des cloisons horizontales en petites cellules remplies de mucosités et animées par plusieurs bran- ' () e Organes électriques; — c cerveau; — np nerfs pneumogastriques se rendant aux organes électriques, aux branchies, etc.; — me moelle épinière ; — x nerfs spinaux se rendant aux muscles des nageoires pectorales. etc. ; — nl nerf latéral; — 0 œil; — z glandes cutanées. ORDRE DES SÉLACIENS. 313 ches très grosses des nerfs pneumogastriques. C’est dans ces singuliers organes que se produit Pélectricité à laide de laquelle les Lorpiiles peuvent donner , à ceux qui les touchent, des com- motions violentes, faculté que nous avons déjà rencontrée chez les malaptérures et les gymnotes, mais qui, chez ceux-ci, ré- side dans un appareil d’une structure différente. Ces poissons sont moins puissans que les gymnotes, mais peuvent néanmoins frapper d’engourdissement le bras de celui qui les touche, et ils se servent probablement de ce moyen pour s'emparer de leur proie. On a constaté dans ces defniers temps que la com- motion peut, dans certaines circonstances , donner des étin- celles comme le ferait une machine électrique, et qu’elle se produit sur l’influence du lobe postérieur de l’encéphale. Nous avons dans nos mers plusieurs espèces de torpilles qui fré- quentent les côtes de la Vendée et de la Provence. $ 1065." Les RAIES PROPREMENT DITES ont le disque de forme onboile, la queue mince et garnie en dessus de deux pe- tites nageoires dorsales: enfin, les dents Fiy. 429. minces et serrées en quinconce sur les mâchoires. Nos mers en fournissent plu- sieurs espèces, dont l’une des plus esti- mées et des plus communes est la raze bouclee ; ainsi nommée à cause des gros tubercules, garnis chacun d'un aiguillon recourbé, qui hérissent irrégulièrement les deux surfaces de son corps. Sa chair, naturellement dure, s’attendrit et s’amé- liore par la conservation et le transport. La raie blanche ou cendree, qui ne porte d’aiguillons que sur la queue, atteint des dimensions beaucoup plus considérables : on en voit qui pèsent plus de cent kilogrammes. Elle est vivipare et fréquente nos côtes pendant le printemps et lété. $ 1066. Les PASTENAGUES on! la tête enveloppée par les na- geoires pectorales comme les raies ordinaires, et ont la forme d’un disque en général irès obtus ; mais elles se distinguent de ce dernier genre par leur queue armée d’un aiguillon dentelé en scie des deux côtés. Nos mers en fournissent , et l’on connait aussi des espèces d’eau douce qui vivent dans quelques rivières de l’Amérique méridionale. 61067. Enfin, les MOURINES (Myliobatis) ont Ia tête saillante Raies pro- prement dites. Paste uaoues. Mourines, Caractères. 314 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. hors des nageoires pectorales, et celles-ci plus larges transver- salement que dans les autres raies, ce qui leur donne quelque ressemblance avec un oiseau de proie, dont les ailes seraient étendues, et leur à valu le nom vulgaire d’argle de mer. Leurs dents, larges et plates, sont disposées comme des pavés, et leur queue, extrêmement grêle, est armée d’un aiguillon comme celle des pastenagues, ou même de plusieurs de ces dards. L'espèce commune se trouve dans la Méditerranée et dans l'Océan , et devient très grande. ORDRE DES CHONDROPTERYGIENS SUCEURS ou CYCLOS- TOMES. $ 1068. Ce dernier ordre des poissons cartilagineux est carac- térisé, comme nous l'avons déjà dit, par la conformation sin gulière de la bouche, et se compose des plus imparfaits de tous les animaux vertébrés. Fig. 430. LA GRANDE LAMPROIE. Leur corps, allongé, nu et visqueux, est dépourvu de mem- bres thoraciques el abdominaux; car les nageoires pectorales manquent aussi bien que les ventrales. Antérieurement, ils se terminent par une lèvre charnue, cir- Fig. 431. culaire (fig. 431) où demi circulaire, soutenue par un anneau cartlagi- neux , formé par la soudure des pa- latins et de la mâchoire inférieure. Les vertèbres sont réduites à de simples anneaux cartilagineux, à peine dis- tincts les uns des autres, traversés par un cordon tendineux, et surmon- tés d’un second anneau plus solide, qui entoure la moelle épinière. 1] n'existe pas de véritables côtes, ni d’arcs branchiaux; mais les pelils arceaux que nous avons déjà vus, dans l’ordre précédent, garnir le bord externe des branchies, sont ici fort développés ORDRE DES CYCLOSTOMES. 315 et unis entre eux pour former une espèce de cage thoracique. Quelquelois ce squelette imparfait n’est même pas cartilagineux et reste toujours membraneux. Les organes des sens présentent aussi une structure moins compliquée que chez les poissons ordinaires. Le canal intestinal est droit et mince; enfin, les branchies, au lieu de former des peignes, présentent l’appa- rence de bourses , et ces poissons manquent de vessie natatoire. On les divise en deux groupes : les /amproies et les myxines. $ 1069. Les LAMPROIES (Petromyzon) Se reconnaissent aux sept ouvertures branchiales qui se voient de chaque côté du cou el à leur anneau labial circulaire , et armé de plusieurs rangées de fortes dents et de tubercules cornés (fig. 431 ); leur langue est aussi garnie de dents et se porte en avant et en arrière , comme un piston, ce qui permet à l'animal d'opérer une forte succion et de se servir de son disque buccal , non-seulement pour pom- per les sues dont il se nourrit, mais pour se fixer sur les corps solides. La peau de ces poissons se relève en dessus et en dessous de la queue en une crête longitudinale, qui tient lieu de na- geoire et qui n’est soulenue que par des vestiges de rayons. Enfin l’eau nécessaire à la respiration arrive de la bouche aux branchies par un canal situé au-dessous de l’æsophage et percé de trous latéraux. « La grande lamproïe (fig. 430), longue d’un mètre et marbrée de brun sur un fond jaunâtre , habite nos mers, et au prin- temps entre dans les fleuves, pour y déposer ses œufs. Elle fait sa proie ordinaire de Ÿers marins et de petits poissons ou de lambeaux de cadavres ; mais elle s'attache quelquefois à de grands poissons et parvient à percer leur peau et à les'dévorer. Sa chair est très estimée. La pricka ou Lamproie de rivière est une espèce plus petite qui n’a guère plus de quatre à cinq décimètres, et qui passe une grande partie de lPannée dans les lacs d’eau douce , qu’elle abandonne au printemps, pour remonter dans les rivières. Elle est noirâtre en dessus , argentée en dessous : on en trouve beaucoup dans la Seine. Enfin , une troisième es- pèce, encore plus petite eL connue sous le nom vulgaire de sucet, habite aussi les eaux douces et se distingue de la pré- cédente par ses nageoires dorsales, qui sont contsnés ou réu- nies , au lieu d être bien distinctes. 6 1070. Les MYxINE sont l’anneau maxillaire tout-à-fait mem- braneux et armé en dessus d’une seule dent ou même en man- quent complètement , tandis que la langue est garnie de fortes dentelures latéralés, en sorte qu’au premier abord on pourrail Lamproies. Myxines. 316 ZOOLOGIE DESCRIPTIVE. croire que ces poissons ont des mâchoires latérales comme les animaux articulés, avec lesquels quelques auteurs les ont en effet rangés ; mais tout le reste de leur organisation est analo- gue à celle des lamproies. Leur corps est cylindrique et garni en arrière d’une nageoire qui contourne la queue ; leur bouche est circulaire, entourée de huit barbillons et percée à son bord supérieur d’un évent, qui communique avec son intérieur. On ne leur voit pas d’yeux et leur peau est lubréfiée par une grande quantité de mucosilé. Ces poissons se servent de leur disque buccal comme d’une ventouse et attaquent des poissons de la mème manière que le font les lamproies. Les uns , appelé HEP- TATRÈMES , Ont aussi sept trous branchiaux de chaque côté du cou; d’autres , les GASTROBRANCHES, Ont de chaque côté un canal qui reçoit par des trous particuliers, l’eau venant des branchies , et aboutit au dehors à un trou situé vers le liers de longueur du corps; enfin, chez d’autres encore, les ouver- tures branchiales sont disposées comme chez les lamproies et les heptatrèmes ; mais la lèvre charnue, qui est dépourvue de dents , n’est que demi circulaire et ne recouvre que le dessus de la bouche, ce qui les empêche de s’en servir pour se fixer. Ces dernières myxines, auxquelles on a donné le nom d’au- MOCÈTES , ont aussi cela de remarquable, que leur squelette est toul-à-fait mou et membraneux; elles se tiennent dans la vase des ruisseaux et ont beaucoup des habitudes des vers, aux- quels elles ressemblent aussi par la forme. Nous en avons une, longue de six à huit centimètres el grosse comme un fort tuyau de plume, que lon appelle Zemprillon, chatouille, etc. Les pêcheurs s’en servent pour amorcer leurs hameçons. Se tn tt tt tnt tete tete TABLE DES MATIÈRES. > 0CO—— Pages. Pages. CLASSE DES OISEAUX. . . .. LPNTi ans MN Etes GUN NUE ORDREUNESR HAPACES- nel O2 MR lanus sel NL 49 Famille des oiseaux de proie diur- BOndréesc.#afm le ie tre 1590 RE DRE ES LiDE GRENADE AMCLe ST PBUSESs ee retoniNe te STE Ib. Tribu des\vautourst. + ur M LBusards st. SERRE DER Le Vautours proprement dits. . . . 35 Tribu des messagers . . . . . .. 5x Sarcoramphes. . . .. re M6) Famille desinocturnesssMele 11092 (CEE) Lo do MO TTL 37 Hiboux proprement dits, . . .. 53 Percnoptères . . Rise store T6 =IChouettest.2.... 370 ES MANN 54 Tribu des gypaètes .. +... .. AUS SM Tarte Ne E LLC AOL CE Trihurdes fauconsk MANS. ME 39 Chats-hüants . .. . . . ….. TRE DE Oiseaux de proie nobles. . . . . Lo FDA CS dre ler etet st A lets SHETZPE Faucons proprement dits. . . .. HR CRETECh CS ER RR NRTMR TZ GenfaulEs us AMATEUR HSMESTOPS A A Lie EN lei-tehe Mie MO Oiseaux de proie ignobles . . . . 1b. ORDRE DES PASSEREAUX . . . Ib. APE Ne Ed ere le +... +. 44 Famille des dentirostres, . : . . + 57 Aïfglestpéchenrs: 2:45. 1.4. 22 WG MBies-prièches: 0 2.1.1 des MONTZE BAIDUS AT AS PRE Ne re deuene Ib. Gobe-mouches CCI CRE | LL) Cincaetes LPSC NS A MINT ARS ans NE NE EE Ib. Harpies "He. NET MCONnEAS MN MT IENENNT Aïgles autours. . . ... . etes ID 7 / SRIASCUTS ee 0-0 CAC Lee SEEN 728 AMÉOULS Len... à » te csv I Ethenilleurs. RMS A SNL UIZUS 1 GO CP ONE E DRE RSMMDrONnEOS SL + ET NET TABLE DES MATIÈRES. 318 Pages. Tangaras . 1e 59 Merles st. cet . UE: Fourmiliers . . .....e 60 Cincles 47 2 Ce ACC LE Maniatess ee ee CR f Ib. Martins sr 420 ce eee se ep 0e Cochards . .”. _. A Te Éoriots te tee ie ste ETS byre. ........ sfr ele 6x Bees-fins. . . . . roue Jb. Tragwets: . : 1. - en de ed Ib. Ruübietteæs-# 1-0 -n0e 62 Fauvettes. . "0" 0 . TE Rossignol . ,. .. .... +... Ib. Fauvettes proprement dites . . . 65 Roitelets®: 2-1. 4 Troglodytes. . . 4: + .. + + + + . Ib. Hoche-queues. . . ., ....... Ib, Lavaudières . .… . . . NS rare 65 Bergeronnettes . Farlouses . . …... ST ONO COR (LE 2 trquds RUE Cogs de roche. . . Famille des fissirostres + . +... 66 DAULNES re c'ets eee de Ib. Hirondelles. + . + + + + + + + +» 18. Martinets . .. . . + + . 70 Nocturnes. . . . +: . + + + + + 71 Engoulvens, . . . .. .. Ib. Podagres . .. . + + + + +» + «+ + Ib. Eamille des conirostres . . . «+. + Ib. Alouettes Cuers lee eeree it db: Mésanges . . - . . . + + + 72 PBruans. es -entr oi 73 Moineaux. . . . - . .- « E j Tisseréins...-1..2.,: 2e ds ue ele PinsOns :.. .--laelileiet/e 56 Chardonnerets. « 1.141512 1h te Ib. Einottes 2421-00 Re SÉTIDS este Gros-becs ER els) Bouvreuils.2./.40.. relie : Ib. Becs-croisés. . . . . .. 1 tbe Durs-becs, . .... ee te MOTTE 1ë, Pique-bœuf . Etourneau* . . . .... se hole CORDEAURE ER Se eee ele HASSeNOIX er ere moe ete RO IITErS etes eee ces eee Oiseanx de Paradis. . . . « . . . Famille des tenutrostres . + .. SITCILESe ee se ee eme, eue Grimpereaux ...... +. . .. Echelettes. . . ......4... SUCTIETS 0 à. ete elle lene-eeielete Colibris. ere TRI ne Souïimangas. . . . ... . +. Huppes 4 : 0 + + + à + ee + ee DrOMÉTOPS Me 7 eee Oro Famille des syndactyles. . . . .. Guépiers. + 5... 0... Martins-pêcheurs. . . . . .. CYR NN EN PTT Calaos ee TT le ORDRE DES GRIMPEURS « «+ . + - Toucanss Re © slots oise Perroquets . ......... . IATAS- ele ete ee le lite S Perruchess 21:14 27 HIER Cavatoest.. RESTE Coucouss.. 4: arte se Indicateurs. 0e SUMMER '. Bises LR ere ue tele Torcols 56e aie. cible ORDRE DES GALLINACÉS. « . + + Famille des pigeons. RAT ee Côlombes, Re 24 cent ie Colombars.. #12: rite tt Colombigallines, .. ....... ° Famille des gallinacés, propre- ment'dits, Mihesstsllomelle cie Alectors. tree Rte Gree Hoccos -1-metr = + « blletcitete Énbatole Tao otre oPn ete Mindonse 5501: ct Pintades. 1-0 Raons.. 1 1. creuset ati Lophophores.. ......,..,.. Faisains. ee ctdtts Pages. 18. Sr 83 TABLE DES MATIÈRES. Pages. Coq pi eee RC RREMO ATRUS ee eee Meolles se EU 107 Tragopans. . . . . .. . Ib. Gryptonyx. -. .. 1. er iele O9 RétraS rase nn a tee te sis Ib. Cogqs de Bruyère . ... : Ib. Dagopedes., M. trees OMEEO9 GANPAS, A sr ele pe ot HULL Bérdris » sn Ge cluster NL Francolins., 41:27. 3e -0MiOE Balles sut 45 Area Ib. folins., +. 40 RUE Ib. HUENIR es ee more ct chi 2) Tinamous eee: : Ib. ORDRE DES ÉCHASSIFRS, . +. . . Ib. Famille des brevipennes. . . . .. 114 Aatnnehes. 0 it En NE. CL 1 1) GHSOALS re etre SNS OC CRE OU 5) APE etes . . 118 Famille des pressirostres. . . . . Ib. Ourardest 7, "2" Déc 119 PANVIErS tete te ee ROLE? OEdicnèmes. * ..... É Ib. Nate, ee NE 120 Hoitrierst.s.14000 208 OR EroE Courevite MA EME, et PUA Famille des pressirostres. . . . . . 1b. Grues A CA Mao crc TA Hérons eme mena ae à « AUÉL29 Savacous. : : . . OT TOP ON OL 125 Cipopnes.. MAR RE rat “Ib. Jabirus. ie ce RE CR er 127 Ombrettes, . . . . ... Ib. Bécs=ouverts:.2.4e 2/74 Ex Ib. Mantalesses 2. L'OOMIeRLER ES "TB: DDALUIES Len. She free I6. Famille des longirostres. , . . .. 327 Dis ee 50 re 5 sl 128 CbnÉlis: ce mer ins c Ib. BéCASSES. 127 FM nee eh er de cer 129 MIBATBES ere. «col enepolsnae eds di 1ié Ib, Méubèchess : 12m ls ut 150 Sanderlings. « Le MMM Ib. Alouettes de mer. . . . . . . .. Ib. Gombattans. MAL HORS Hourne-pierres . 4. co ele Chevaliers ti. TUEUR LANTA HÉARR EN 0 202 SUUUNS At Al ENS AMOCELES 0 ser RUE à Famille des macrodactyles . . .. Tacanas nds RAR IS KamicDiS Me s.SÛS ve D ete, ONCE 6 oO SX Foulques. . , Poules d’eau. . , . ... ds she Poules, sultaness1 "8161 120. 0m Morelles #31 ae cree Re Giaroles... . . RE TE RS FIAmans ii er ces -me/ chere 2 UE ORDRE DES PALMIPÈDES, , « « . Famille des brachyltres. . . . . . Plongeons. . . .. SE LRRRLE RATS Grébesai:te re in IR RER Guillemot... 24 655. SU Macareux. Pingouins proprement dits . .. Manchotsr. + em E Famille des longipennes.. . . .. Pétrelss ttes doetie Paffinss Nasser deu AIDAITOS EE ue TS cu ae ROUE Monettes.... mate rie Stercoraires: 2.54, 184 28 SCT ES Le ed de Gen sh ete TS Noddis:," rte ee cher. ne Béc=en-ciseaux. Ce. D. re Famille des totipalmes. . . . . .. PDélicansees sr sa en C COEMOARS Es nt em leu HRGpates ee Mere Hoi QUEUE RON ER LT ee ue ss 8e . Anhinpas... 11e BRRGLORS ER à ee Sn do 1e Famille des lamellirostres. . . .. Tribu des canards. : ... , , , Cignes ‘ St OS SL UMR ERLU SE bd Bernachése: 112 00 320 Canards proprement dits, , . . . Harles.s..e terre ist CLASSE DES REPTILES, . . . REPTILES ORDINAIRES ORDRES DES CHÉLONIENS. - « « « Famille des tortues terrestres. . . Tortues proprement dites. . Famille des tortues paludines . . Cistudes nee ALT UC Tortues-a,/boite.".-.,..:5:-,.241 Ghélides mer mr: 0e Famille des tortues fluviatiles. +. TEVONIX e.ehe.rsne eue es dense Famille des toriues marines. . . Chélonées. . Sphargis, . . PPT INTTE REPTILES SQUAMULEUX . « . . ORDRE DES SAURIENS. « « . « + Famille des crocodiliens. . . . .. Grocodilesse ts te hs ect CAiIMAnS te Me letcle ce Gavials . Liens Famille des lacertiens. . . . ... Viarans ee CH ue choice Lézards AMEVAS.- sue ete one tone SAUVEPANAES- ee Lee à + who che te Dragonnes.. . . Famille des iguaniens. . . . . .. Stellionset ere Condyles ec CRT. ee ADAMES.- .tre ee cette . Dragons... ... later OA NO Touanes ee ie ceci BACS ELEC oDeLre DOULS Amblyrhynque........... ANONS. ete Famille des geckotiens.. . . . .. Geckos::. 10e strate sie Phyllures, AR PRERRE ER . Famille des caméléons . . . . . . Famille des scincoidiens . . . .. Scinques. . . , Seps . Pages. 153 158 TABLE DES MATIÈRES, Bimanes. Chalcides. . Plésiosaures, aus tete tele Ichthyosaures. . . . . . .. Ptérodactyles.. . . . . . ORDRE DES OPHIDIENS. Oplidiens sauroides :.. .. Bipèdes. :.. . omis. Ophisaures. . PAL SAS Orrets ie ue ue Acontiasi 1.2.4... or e Amphisbènes . . .... Typhlops ........ Serpens proprement dits. Rouleaux ee Serpens ordinaires... .... Serpens non venimeux. . . - . . Rouleaut lets nie scie BOaS:2 68" ee sie Eryx oi Couleuvres. .'. + + + +. Pythons . Serpens venineux.. . . . Crotoles. Trigonocéphales. Se Vipérese + + se + ++ e + Naja. . . Elaps . . . -. Plature: re ee. pue s te us Dipsas. - . . -. à os te Gerbères el. - 0 ce + Bongares. . . . .- CD. Hydres "#50... ORDRE DES BATRAGIENS.. . « . - Famille des anoures. . . . + …. Grenouilles. . . . . . a 0" Alytes ironie 4 Sonnenrs- Mie el elessicieeue Calyptoréptales.. . . .. . Rainette ic, ce ele 2% Phylloméduses. . ..:.. . Crapauds "=". 00e D oo Brachycéphales.. . . Pipas.», . . TABLE DES Pages. Famille des urodèles. : . . . . 230 Potonsr.f tete à 10 OUTRE 231 Salamandres.. . . . 232 Monopoma.....,..... ab 0e Amphiuma. . : :.. 4... Ib» Famille des perennibranchiens. . 235 BXOLO LP NET TEE A El Ib, Ménobranches. . . . .. 16. Brotecse tnt 4.7.1. + NUM Ib, SIREN ES et tete. Melrolre lee Ent e Ib. Famille des apodes . : . . ... 0954 CéciDEs TN D NC 234 LépidoStrens AA E eee Ib. CLASSE DES POISSONS . . .. 236 DOISSONS OSSEUX + . « . + . . 294 ORDRE DES ACANTHOPLERYGIENS. D. famille des percoëdes. . . .. .. Ib. Perches tr. tte ML 295 DAS ten ce er lee ie 16. ADrONS A eee et ere 250 Sanores ele. ere SR cd Ib, SETLANSE See foie de Rue eee Ib. N'ÉTALDPR ON ECUE PRO Re 16. Uranoscopes AISNE ENER Cp Ib. Famille des mulles . : . . . . .. 1b. Muiles proprement dits. , . . .. 257 l'amille des joues-cuirassées. . . . Ib, (Priolesrene nl de 1h, Dactyloptères . . . .. 0 255 Chabots EM MEN. A 259 Scorpènes. . ."-4.*. _ See Dhots LE PÉÉROIS- "0 01 uen lee ee elle Ib, Epinoches MAMAN Ib. Famille des sciénoides . . 260 SCICHER Le tree nue où ete alle Ib. FOMmbOnEN Mens er M SA Ib. ÉOEER. olorc CORRE EC PUR Famille des sparoëles. . . . . .. Ib, Sargues . . . . 1b. Dauradest. MENT EURE 1b. Dagresetele INT 261 Pagels. . . DH c ic (010 DDRONE Ib. ETES Res ses OLCNONONTEC Ib. Cantherestsss "nee etehe te ice Ib. MATIÈRES. 321 Pages. Bogues. ./. ..1.1. eh. te 26t OblaAdes em. Nr ere ib... Famille des ménides. . . . . . .. Ib, NTendoles ete sets eee Jb. PiCAre le henehee e0chais Ib. Famille des squammipennes . . . 262 Chætodons. . . . . . a Une AP TUe Castagnols. . . .. . .. : Ib. ACODErS er chere eee c Ib. Famille des pharyngiens labyrin- hirmesn4 is AS A 365 ANADASE 20e eee ee RE MC A ED Famille des scombéroides. . «+ . « Ib. SCOMPDrES eee Le 264 Maquercaux. . . . . 1. . DE Ib. DONS ele Chr ue 1200 CÉrMORS elec Cher : 268 Polamides he «ele ce sue 1b. Espadons .. . 1. 7 : Ib. MO1LET STE EE ee 269 Gentronotes.. #61... C Ib. Pilotes ets 1... MR eee 16. TCRES SEL e PU Ne mas Ib, Caranxs. ce pee Sono oo € 16. Momersh D - a cathae ME Ib. DOrCeS te cr cet et CA 270 Goryplhenes "#07 . 2b. Famille des tænioides . . . . . .. Ib. Gymnétress ste ei -Le CHU LCE Famille des theutyes . “ie 27L Afcanthures M Met eNte het LOT IEe Famille des mugiloides . . . . .. Ib. AC OMS CD E . Ib. ATHERMES PER ele ee So co Ib. Famille des gobioides . , . .... 14. JANTES 0 Ce Mine Lite le 292 ADALRITUES es e atlie le ele POE VE GODOUSR TER er Eee HIDE Callonymes an 0icue-cte + UT AUS Famille des pectorales pédiculées. Ib. Baudroies aline : 279 Ghrronectes RCE 1b. Batracoidesi et. foie CR Ib. Famille des labroïdes . . . . . .. 251 1 322 Habress teen et de Girelles .., Filous . Ghromis: 1-1 elec lelt-nete SCares se te a le ot etoile os le Le Famille des bouches-en-flute. . . Histulaitene st... tete Centrisques. . . . +. . « . + + . MALACOPTÉR YGIENS ORDRE DES MALAGOPTERYGIENS ABDOMINAUXS + Le de Melo le Leu e Famille des cyprinoides. . . . .. Cyprien te «Reel Carpes. Barbeaux .. Goujons "Nr. ee .2 00, Hanches. 54. Hochesi 7:42. 2401 EAU Famille des ésoces . . . . . . .. Brochéts- ten EP CN. N- 2m Orphiestr rs shot-ie te sien ExXOCELOS A0 EE = lebe/e its doi le Famille des siluroïdes. . +. Silures. . Hétérobranches. . . . -. . . . . Malaptérures : . , : .. . .. JE Loricaires:t: = 07480: 20e Famille des salmones be. ke * Truites +0 s War ANNE Eperlans. Me ER Re TL A Ombres? 5.000. Famille des clupes . à . . . .. Harengs.s. 20. BU Aloses. ORDRES DES MALACOPTERYGIENS SUB-BRANCHIENS Famille des gadoides. Mornes . :°. .1: «0 Je fotos . TABLE DES MATIÈRES. Pages. 290 291 292 Lottes.=e + «+ et Mere Famille des pleuronertes. . . .. Bhes tn de eee Eletans 0" LR TRES Turbots ts HER EEE : Soles ne ct cite cie : ALChires. eee etre MALTE 0 Famille des discoboles. . . ... Porte-écuelles 05 Re Cycloptères:. Sur - Famille des écheneis . . . . . . . ORDRE DES MALACOPTÉRYGIENS- ATODES EN sue ete LD. Tribu des anguelliens. . . . . .. Anguilles . . . . .. . . . Murènes, 2 + 4 ef Aptcrichtes. sheet Tribu des gymnotes. . ... . ... Equilles® ORDRE DES LOPHOBRANCHES. . » Syngnathes Hippocampes. . ..... ist e Pégase. . . ORDRE DES PLECTONATHES. . , . Famille des gymnodontes. . . . Diodons.:. 488.5: LOS Famille des sclérodermes,. . . . . Dalisics ee ee ce Mens Coffres. : . . . . CHONDROPTÉRYGIENS. . . . . + « ORDRE DES STURIONIENS. .« « . « Esturgeons . . Polyodons. » . . . + + . «.. Chimères. . CHONDROPTÉRYGIENS A ee eh ss CHIES FIXES + . ORDRE DES SÉLACIENS « « « + + » Famille des squales. . ... . ... Roussettes. . . .. Squales proprement dits. .. CDD OU RONT Requins. Hamies. . bee Re TS z TABLE DES MATIÈRES. Pages. Milandres . .. .......... 30) Pélerins 2... one se Ë Ib, Aieuillats teen cie ele OO Humantins. . . ......... ME Mérches 5 2% ce Ib, Manteaux 20422... 0e Th. AMDES + +. . + a ee, + «1 . Ib. COTE ER EP 5 ce 311 Famille des raies. . . . . ... . . Ib. Rinnobatest. +... ste T0: Torpilles Ê Raies proprement dites . . .. Pastenagues. . . . . . . . . . Nourinest rt + 1. ever ORDRE DES CYCLOSTOMES . . . Lamproies . ..... ile Myxines. - « …. +. +. + + + 0 Heptatrèmes. . . . . . Va Tee Ammocètes FIN DE FA TABLE DES MATIÈRES, : CCE Pt Ant SEUPREE ee GS PL: 5 FÉVRIER 41946 LIBRAIRIE MÉDICALE ET SCIENTIFIQUE Ancienne maison Crochard CATALOGUE LIVRES DE FONDS DE VICTOR MASSON LIBRAIRE DES SOCIÉTÉS SAVANTES PRÈS LE MINISTÈRE DE L’'INSTRUCTION PUBLIQUE PARIS D 21à/ ri "D ! à PLAGE D23 L'ÉCOLE DE WÉDECLHE, HW, 1 MÈME MAISON , CHEZ L, MICHELSEN , A LEIPZiG | EE ee | IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, RUE GARANCIÈRE, N9 5. Vicior Plausson se charge de procurer, dans un bref délai, tous les ouvrages Angleterre. ies en . pubs « 4 Livres de fonds de Vicror Masson, 0 SRE CP a Médecine et Chirurgie. BAILLARGER (J.). Des hallucinations, envisagées sous le triple rapport de la psychologie, de la médecine et de la médecine légale, avec un complément historique comprenant les biographies des hallucinés les plus célèbres, ou- vrage qui a obtenu le prix Civrieux , à l'Académie royale de médecine, 1 vol. in-3, bus presse. he : LR nm. CALE A. RE Molfr.50 BARRIER (J.). Traité pratique des maladies de l'enfance, fondé sur de nom- breuses observations cliniques , 2° édit. Paris, 1845, 2 forts vol. in-8. 16 fr. BAUDELOCQUE ( A.-C. ). Traité de la péritonite puerpérale. Paris, 1530, in-8.. « + + + o ste Lite LE METRE sara ie RE AGifr. "50 BECQUEREL (A.). Séméiotique des urines, ou Traité des altérations de l’urine dans les maladies, suivi d’un traité de la maladie de Bright aux divers âges de la vie. Ouvrage couronné par l’Académie des Sciences dans sa séance du 19 décembre 1842. Paris, 1841, 1 vol. in-8, avec 17 tableaux . . .. 7 fr. 50 BERNARDEAU. Histoire de la phthisie pulmonaire, nouvelles recherches sur l’é- tiologie et sur le traitement de cette maladie. Paris, 1845, 1 vol. in-8. 3 fr. BERTRAND (L.). L'art de soigner les malades, ou traité des connaissances néces- saires aux personnes qui veulent donner des soins aux malades. Paris, 1844, 1 volume inerte RUN ER RAR ES NU IE RE EPA ROSES BICHAT. Recherches physiologiques sur la vie et la mort; nouvelle édition, ornée d’une vignette sur acier, précédée d’une Notice sur la vie et sur les travaux de Bicuar, et suivie de Notes, par M.le docteur Cerise. Paris, 184%, 1 vol. grand in=18 = ele eus eue sie sise je: 0e OUT. 00 BILLARD (C.). De la membrane muqueuse gastro-intestinale, dans l’état sain et dans l’état inflammatoire, ou recherches d'anatomie pathologique sur les di- vers aspects sains et morbides que peuvent présenter l’estomac et les intes- tins; ouvrage couronné par l’Athénée de médecine. 1 vol. in-8. Paris, 29292he 0e) ROUX, RP SENS ER CU SENTE: BLONDLOT. Traité analytique de la digestion, considérée particulièrement dans l’homme et dans les animaux vertébrés. Paris, 1843,in-8. . . . . 7 fr. 50 BOIVIN (Mme), Mémorial de l’art des accouchemens , ou principes fondés sur la pratique de l’hospice de la Maternité de Paris, et sur celle des plus célè- bres praticiens de Paris; ouvrage adopté comme classique pour les éleves de la Maison d’accouchemens de Paris, 4° édition , augmentée. Paris, 1836, 2 vol: in-8. "avec 1491 erayvuress -. 0 .. 00e co eteies dire ) 4 8 14 BONANY sr BEAU. Atlas d'anatomie descriptive du corps humain , ouvrage pou- vant servir d’atlas à tous les traités d'anatomie, dédié à M, le professeur CRUVEILHIER. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. L’Arzas d’Anatomie descriptive du corps humain comprendra 220 planches format gr. in-8 jésus, toutes dessinées d’après nature et lithographiées, I1 est publié par livraisons de 4 pl. avec un texte explicatif et raisonné en regard de chaque planche. à L Atlas sera divisé en 4 parties quise vendront separement et sans augmen-— tation de prix; savoir : ; Os. | Ostéologie. 1° Appareil de la locomotion. { Articulations. Syndesmologie. {Muscles et aponévroses. | Myologie et aponévrol, Libraire des Societès savantes près le Minist. de l'Instr. publ. 5 Médecine et Chirurgie, / Cœur. Artères. Veines. | Vaisseaux lymphatiques. 2° Appareils de la circulation. Angéiologie. 3° Appareil de la digestion. | — de la respiration. ! « .« . . . . . . . . . Splanchnologie. — génito-urinaire. Organes des sens. 4° Appareils de sensation et] Moelle épinière. ’innervation. Cerveau. Nerfs. Névrologie. %, Les souscripteurs à l'ouvrage complet , qui auront retiré leurs suites régu- lièrement , recevront gratuitement avec la dernière livraison de l’ouvrage un Traité des préparations anatomiques. Prix de chaque livraison : Afvectplanches.noires. 1er. en 0, RUN MR SN Rare Surpapiende Chine me te lee eten ele one en eds tele. IT Ayec planches colorées. een TO Te. rene IT: En vente la première partie, comprenant l'appareil de locomotion et ren- fermant 84 planches, dont deux sont doubles. Prix de l’atlas, avec cartonnage élégant, fig. noires. . . . . . . +. .. 45fr. Le même, figures coloriées. . + + + + + » + + + + + + « + + +. ‘90 fr. , L’Angéiologie comprendra 66 planches et sera terminée au mois de juillet 1846. BOURDON. Guide aux eaux minérales de la France, de PAllemagne, de la Suisse et delhtaliest2® édition. Parts, 1937, un=18 4.5.0. este mon rS 20: BOURGERY £rt JACOB. Anatomie élémentaire en 20 planches, format grand colombier , représentant chacune un sujet dans son entier à la proportion de demi-nature, avec un texte explicatif à part, format in-8, formant un Manue complet d'anatomie physiologique ; ouvrage utile aux médecins, étudians er médecine, peintres, statuaires et à toutes les personnes qui désirent acquérir avec promptitude la connaissance précise de l’organisation du corps humain. Chaque planche se vend séparément : noire. . . . . . . . . .« . . .. Gfr. Coloriées che cemeteed iee TL ir , L'ouvrage est terminé. BRACHET. Traité des convulsions dans l’enfance, 2° éd. Paris, 1837, 1 vol.in-8.7fr. —— Traité complet de l’hypocondrie (ouvrage couronné par l’Académie de mé- decine)1: vol. in-8:de 760ipages 21844540 MEN CN ojifr. CABANIS (P.G.). Rapports du physique et du moral de l’homme, nouvelle édit. contenant l’extrait raisonné de Desrurr-Tracy, la table alphabétique et analy- tique de SuE, une notice biographique sur Casaxis et un essai sur les principes et les limites de la science des rapports du physique et du moral, par ledoctenr Cerise. Paris, 1843, 1 volume in-18 anglais. . . . . . . . . .. 3fr. 50 GÛ" Livres de fonds de Vicror MASssoN, ‘Médecine et Chirurgie. CAPURON. Traité complet desaccouchemens; Maladies des femmes et des enfans, et Médecine légale relative aux accouchemens. Paris, 1823-1828, 4 volumes 1m. els etes tee linienistfells MERS, - 0e ee, - 0 cc: TOI. Clraque volume se vend séparément. . . . . . + . . . + .« . < . + fr. CHENU. Essai pratique sur l’action thérapeutique des eaux minérales, suivi d’un Dictionnaire des sources minéro-thermales. Paris, 1841, 3 vol.in-8. 24 fr. CHEREAU (A.) Mémoire pour servir à l'étude des maladies des ovaires. Premier mémoire contenant: 1° les considérations anatomiques et physiologiques ; 2° l’agénésie et les vices de conformation des ovaires; 3° Pinflammation aiguë des ovaires (ovarite aiguë). + volume in-8. Paris, 1844. Prix... . .. 3fr. CHOMEL (A.-F.). Elémens de Pathologie générale, 3° édit. considérablement augmentée. Paris, 1641, 1-8... + + pe en ins 2h net dotierionrenteines sat mn LES —— Des Fièvres et des maladies pestilentielles. Paris, 1821, in-8.. . ... 7 fr. CIVIALE. Traité de l’affection calculeuse, ou Recherches sur la formation, les caractères physiques et chimiques, les causes, les signes et les effets patholo- giques de ta pierre et de la gravelle, suivies d’un Essai de statistique sur cette maladie, avec cinq planches. l’aris, 1535, in-8. . . . . . . . . .. 1ofr. —— Traité pratique sur les maladies des organes génilo-urinaires. 3 volumes IN-S: 1841-1849 Dre et RAT Nr ST INT Nr RE 20 te Chaque partie se vend séparément, savoir : Première partie, maladies de l’urèthre; 1 vol. in-8, avec 8 fig. 2° édition, Paris, 1843 = os pole nec ee matt sets AE. UNE Deuxième partie, maladies du col de la vessie et de la prostate; 1 vol. in-5, avec 10 figures dessinées d’après nature. Paris, 1841, . . . . .. fr. Troisième partie, maladies du corps de la vessie. Paris, 1841,1 vol., in-8.7 Îr —— Traitement médical et préservatif de la pierre et de la gravelle, avec un mé- moire sur les calculs de cystine. Paris, 1840,in-8.. . . . . . .. 6 fr. 50 Lettres sur la lithotritie, ou broiement de la pierre ; V® Lettre. De la lithotritie urélrale’et des calculs. Paris 18392 à louis tie 24 = enten ee net est #0 CLOQUET (H.). Traité d’Anatomie descriplive, rédigé d’après l’ordre adopté à la Faculté de médecine de Paris, 6° édion. Paris, 1835, 2 vol.in-8... 1ofr. CLOQUET (H). Planches d'anatomie, in-4, gravées en taille douce, pour servir de ADELE À ; + S » complément à Pouvrage ci-dessus : Parties, planches, fig. colorites, fig. noires. 1" Ostéologie et Syndesmologie. . . . . 66 22 fr 9 fr. 2° Myologie. 36 S 9 2° Iyologie. CCE CR ec 15 9 saNévrologie, sr 008 2 el 36 18 5 HPAnvéiclogie. . Le ENG 30 9 5° Splanchnologie et Embryologie. . . . 43 22 7 Prix de l'ouvrage complet. . . . . . 941 110 35 , Chaque partie est accompagnée de son texte explicatif, du même format que les planches, et se vend séparément aux prix indiqués ci-dessus. CLOT BEY. De la peste, observée en Egypte. Paris, 1840, in-8, fig. . .. Gfr. Libraire des Sociètes savantes pres le Minist. de V'Instr.publ. 7 Médecine ct Chirurgie, CURY. Tableaux synoptiques des artères, exposant avec la plus grande clarté la disposition générale de ce système de vaisseaux et les rapports de ses parties entre elles et avec les troncs pulmonaire et aortique. in-4 oblong. Paris, An oO pins 22708 2 622000. AIT INN EE PS ERNEST Ce DEBOUT (Eur). Tableau phrénologique exposant la classification des facultés morales et intellectuelles,et orné de nombreuses fig., feuille gr. in-fol. . , 2fr, 50 Tableau phrénologique du crane. 1 feuille in-fol. jésus . . . . ., fr. Tableau phrénologique du cerveau. 1 feuille in-folio jésus . . . .. 2fr 50 DEZEIMERIS. Résumé de la médecine hippocratique, ou Aphorismes d’Iippo- crale classés dans un ordre systématique et précédés d’une introduction his- torique. Paris, 1841,1 vol. in-32 de 320 pages, relié. . . . .. .. 2 fr. 50 DONNE. Tableau des différens dépôts de matières salines et de substances organi- sces qui se font dans les urines ; présentant les caractères propres à les distin- guer entre eux et à reconnaîlre leur nature, Dédié aux professeurs de clinique et aux praticiens. Paris, 1835, un tableau sur grand-raisin, avec figures DUAVÉ ESshen ete cle Melle Mode fete cecile MOUReN N e TS 00 DOUBLE. Séméiologie générale, ou Traité des signes et de leur valeur dans les maladies: Hans MôM-Té225 volt MON LR NE ee. CLS ÉT- Beitome-3/ séparément... CU. 0 ee NT Rite DUGES. Manuel d’obstétrique, ou Traité de la science et de Vart des accouche- mens, 3° édition corrigée par l’auteur , et revue par Lallemand et Franc, pro- fesseurs à Montpellier, iu-5, avec 48 figures gravées. Paris, 1540.. 8 fr. —— Traité de physiologie comparée de l’homme et des animaux. 1839, 3 vol. RESTE SAS EURE. CROIENT EE 2 re EDW ARDS er VAVASSEUR. Nouveau formulaire pratique des hôpitaux, ou choix de formules des hôpitaux civils et militaires de France, d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, ete., contenant l’indication des doses auxquelles on ad- ministre lessubstances simples, et les préparations magistrales et oflicinaies du Codex, l'emploi des médicamens nouveaux_et des notions sur l’art de for- muler. 4*édit., entièrement refondue, avec les formules expriméesen mesures décimales, et augmentée d’une notice statistique sur les hôpitaux de Paris; par Miaiue, professeur agrégé de la faculté de médecine de Paris. 1 vol. in-32. Paris, 1842 fodie LRe me dat ins fersechetestte STONE RUE UIC — Le méme, avec un cartonnage élégant. .… … . ., $ = …. & fr. …, L’exécution typographique de ce formulaire, imprimé sur papier collé et avec encadremens, a permis d’en faire un petit volume des plus portatifs, quoiqu’ilrenferme beaucoup plusde formules qu'aucunautreouvragede ce genre. EDWARDS (W. ».). De l'influence des agens physiques surla vie. Paris, 1824, NB O LE ES 00 23 CARO RE NPC MENNONE PERTE TO OT LS ANEËPre 8 Livres de fonds de Victor MAssoON, Médecine et Chirurgie. FOVILLE. Traité complet de l’anatomie, de la physiologie et de la pathologie du sys'ème nerveux cérébro-spinal. 3 vol. in-8 et atlas cartonné de 23 pl. petit in-folio, dessinées d’après nature et lithographiées par MM. E. Beau et Brow, sur les préparations de M. Fovicze, médecin en chef de la Maison royale de Charenton. Chaque volume se vendra séparément. En vente la première partie , comprenant l’Anatomie , avec l’atlas de 23 pl. in-4. DA IeNre Je de Hs “e,49 1e xera)me" je. 19: ‘oîie, Mo /rerfre metro {e p'o)re 28 fr. GALTEN. OEuvres médico-philosophiques, traduites pour la première fois en francais sur les textes grecs manuscrits et imprimés, avec des introductions et des notes, par le docteur Cu.-V. Daremserc, bibliothécaire de l’Académie royale de mé- decine {Sous presse). GARDIEN. Traité complet d’accouchemens, et des maladies des filles, des femmes et des enfans, 3° édit. augmentée. Paris, 1524 à 1826, 4 vol. in-8, fig. 25 fr. GERDY. Physiologie médicale, didactique et critique. Paris, 1832, 4 vol. in-8, publiés en 8 parties ; prix de chacune. . .,... . . . . . . . . . 3 fr.79 Les deux premières parties sont en vente. GRISOLLE. Traité élémentaire et pratique de pathologie interne. 2° édit, 2 forts vol in 8 Parts, 1010: et rate: cheb ele ei RON IT. HATEN (J.). Cours complet d’accouchemens, et de maladies des femmes et des en- fans, avec huit tableaux synoptiques, 2° édit. augmentée , et accompagnée dun atlas de 17 planches in-4 dessinées et lithographiées par Emile Beau. Paris 1939-1891 vol an-d'et atlas: ce Ne De che SU IONIT. —— La Manœuvre de tous les accouchemens contre nature, réduite à sa plus grande simplicité, et précédée du mécanisme de l’accouchement, 2° édit., 1832, à VOL In 510.5 0 2 ee un D PR OC ce CC 2. HIPPOCRATE. Le serment ; la loi; de l’art; du médecin; prorrhétiques; le pro- nostic; prénotions de Cos; des airs, des eaux et des lieux ; épidémies; livres I et 111; du régime dans les maladies aiguës; aphorismes ; fragmens de plu- sieurs autres traités ; traduits du grec sur les textes manuscrits et imprimés; accompagnés d’introductions et de notes; par le docteur Cn.-V, DAREMBERG, bibliothécaire de l'Académie royale de médecine. Paris, 1844.+ . .. 4 fr. HUBERT-VALLEROUX. Essai théorique et pratique des maladies de l’oreille. Parts, 18465 1 vol. in 824 2 Ne Re CR RCE LEFOULON (J.). Nouveau Traité théorique et pratique de l’art du dentiste. x beau volume in-3 de plus de 500 pages, avec 130 fig. intercalées dans le texte, Paris, 1841 i LS . Li LA L2 . 02 . L2 L . . . . L L L2 . . 1 . - ©, ,0: 7 fr. LÉLUT (F.). Rejet de l’organologie phrénologique de Gall et de ses successeurs. Paris, 1843, x vol. in-8, avec 2 planches. . . ; « + + + + + + - + fr. Libraire des Sociètes savantes pres Le Minist. de l'Instr. publ. 9 am | Médecine et Chirurgie. LENOIR (A.). Atlas complémentaire de tous les traités d'accouchement, contenant 80 planches dessinées d’après nature et lithographiées par M. E. Beau, avec le ’exte en regard. Ces planches représen'ent le bassin et les o‘ganes génitaux de la femme adulte, le développement de l'œuf humain, les diverses présentations et positions du fœ'us, les opérations obstétricales, etc. Un beau volume grand ln :8 Jésus, cartonpéss | set MR AS 0 MA ONE —— Précis de médecine opératoire basée sur lanatomie et sur la pathologie chirurgicale. Un vol. grand in-8 jésus, imprimé sur deux colonnes et accom- pagné d’un atlas de 100 pl., du même format que le texte, toutes dessinées d’après nature et lithographices par M. E. Beau. Sous presse. L'ouvrage sera publié en 30 livraisons qui paraïîtront de mois en mois, et qui contiendront chacune 2 feuilles de texte et 3 planches ou 4 planches sanstexte. Prix de la livraison, avec figures noires. . . . . . . . . . A: 2 Île figûres colorices LE eht.#-1., 00m ren fr. LEURET. Fragmens psychologiques sur la folie. Paris, 1834, in-8.. .. G fr. 50 LIEBIG {J.). Chimie organique appliqace à la Physiologie animale et à la Patlio- losie , traduction faite sur les manuscrits de l’auteur par Charles Gerhardt, professeur de chimie à la faculté des sciences de Montpellier. Paris, 1842. Un beau volume in-8. . . . . . PS TEA 50 LONGET. Anatomie et physiologie du système nerveux de l’homine et des ani- maux vertébrés, ouvrase contenant des observations patholosiques relatives au système nerveux, et des expériences sur Îles animaux des classes supé- rieures. Ouvragecouronné par l’Institut de France. Paris , 1842. 2 forts vol. in-8, avec planches lithosraphiées par E. Beau, . . OA lis (re ol es ofie More — Recherches expérimentales sur les fonctions de l'Epiglotte et sur les agens de l’occlusion de la glotte, dans la déglutition, le vomissement et la rumi- TALONS fe MINS, 1841 relate see la) et fn 6 -— Recherches expérimentales sur les conditions nécessaires à l’entretien et à la manifestation de l’irritabilité musculaire, avec application à la pathologie; fig. 1 E8 ASE EI NE te Re A EP CE TE TD) —— Er MATTEUCCI. Sur la relation qui existe entre le sensdu courant électrique et les contractions musculañnes dues à ce courant, Premier mémoire. Paris, 1344. Pig. in-8. . . . . . RE botte ARTS Tell LOUIS. Mémoires de la Société médicale d’observation, 2 vol. in-8. Le tome 1°", contenant: Avertissement, par Louis, président perpétuel; — de l’'Examen des maladies et de la recherche des faits généraux , par le ruême ; — Essei sur quelques points de l’histoire de la cataracte, par Fh: Ma - noir ; — Recherches sur l'Emphysème des poumons, par Louis; — Recher- ches sur le cœur et le système artériel chez l’homme, par Bizor ; — Mémoire analytique sur l’orchite blennorrhagique, par Marc-d’'Esrixe, 1 beau vol. in-8. LD PATISMAS26 te iode ee lolo Re En >. de «OUT Le tome IT contenant : 1° de la fièvre jaune observée à Gibraltar par Louis; — 2° sur le pouls des enfans, par VaLLeix ; — 3° recherches sur une production osseuse à la surface du crâne chez les femmes mortes en couches, par Ducresr — 4° sur la bronchite capillaire, par FAuvEL, etc. . . . . . . . . .. Sfr. 10 . Livres de fonds de Vicror MAssoOx, | Médecine et Chirurgie. LUGOL. Recherches et observations sur les causes des maladies scrofuleuses. Paris, 1844, 1 vol. in-8, . « + outeltel sx aline a ralelticeusne US tnieAire MANEC. Traité théorique et pratique de la ligature des artères. Ouvrage couronné par l’Institut de France (Concours Montyon). 1 vol. in-folio, cartonné avec 14 planches coloriées, 2° édit. Paris, 1835... . . . . . . . . .. 15fr. MANUEL complet des aspirans au doctorat en médecine, etc., par des agrégés et docteurs en médecine, publié sous la direction de M. P. Vavasseur, 1534 et 1841. 2 volumes in-15, avec fig. intercalées dans le texte. : . .. 5 fr. Chaque volume, contenant les matières indiquées ci-après, se vend sépa- rémentsre. celte OL SUD EEE LNAMTONMEN LIL. Le OA, ICONE MORE À & fr. Examen. Examen, 1, Botanique , zoologie , minéralo- 3. Pathologie générale, pathologie gie, physique et chimie médicales et spéciale, patholosie interne et pharmacologie , deuxième édition, pathologie externe , deuxième 1837. édition 1841. MARC. Nouvelles recherches sur les secors à donner aux noyés et aux asphyxiés, 1 vol. in-5, accompagné de 16 planches. Paris, 1835. . . . . . . .. Gfr. MATTEUCCI (Cu.). Traité des Phénomènes électro-physiologiques des animaux, suivi d’études anatomiques sur le sy-tème nerveux et sur l’organe électrique de la torpille, par M. Paul Savi. Paris, 1844, 1 vol. in-5, avec G planches in O0PT ES NORGE RE ANT EME DENIS ei ee TE MOREAU (J.) (de Tours). Du Hachisch et de l’aliénation mentale, études psycho- logiques. Paris, 1845", T VOL. In=8. :". 4. 2 Messe à je eue core cd HIT MOREAU-BOUTARD (L.M.A.). Précis de chirurgie élémentaire , lecons pro- fessées à l'hôpital militaire de perfectionnement du Val-de-Grace en 1843 et 1844, avec 95 figures intercalées dans le texte. Paris, 1845, 1 volume grand ne le er UE En Patte Let NO rt Ne RENE ET SO fr 00 MONTALLEGRI. Hypocondrie, spleen ou névroses trisplanchniques ; observa- üons relatives à ces maladies et leur traitement radical. Paris , 1841, in-8:. à CT D RS D NE MON ONE NT MOURE (A.) et MH. MARTIN. Vade mecum du médecin praticien: Précis de thérapeutique spéciale, de pharmaceutique et de pharmacologie. r beau vol. grand in-15 compacte, contenant la matière de 2 forts volumes in-8. Paris, 18855: 28 008 0 emendath Sdenaen sie an atio nel FO Le même, reliure, pleine. »,.. + esse cremraceairmerte clitteits la safe ROCHE. Réflexion; critiques sur quelques points de l’organisation actuelle de la médecine et de Ja pharmacie en France. Paris, 1846, br.in-8°, . 1 fr, 25 MUTEL(D.-Pu.). Élémens d'hygiène militaire. Paris,1843, 1 vol. gr.in-18. 3 fr. 50 DREILA. Traité de toxicologie, 4° édition, entièrement refondue. Paris, 1843. DAVOÏ MN ER hs oc led di s0 sfferlsr ANNE 28 SES S CNETMIAONP ER ie # RICORD, Trauté pratique des maladies vénériennes. Paris, 1838 ,in-8.. . gfr. Libraire des Sociétés savantes près le Minis£. de L'Instr. publ. 11 Médecine et Chirurgie. ROQUES (Josera). Histoire des Champignons comestibles et vénéneux, où l’on expose leurs caractères distinctifs, leurs propriétés alimentaires et économi- ques, leurs effets nuisibles et les moyens de s’en garantir ou d’y remédier ; ouvrage utile aux amateurs de champignons, aux médecins, aux naturalistes, aux propriétaires ruraux, aux maires, aux curés de campagne ; 2° édit. revue et considérablement augmentée. Paris, 1541, 1 vol. in-8, avec un atlas grand in-4 de 24 planches représentant dans leurs dimensions et leurs couleurs natu- relles cent espèces ou variétés de champignons. . . . . . . . . .. 27fr. On vend séparément le volume du texte. . . . . . .. . + . . .. 7 fr.5o ROUSSEL. Système physique et moral de la femme; nouvelle édition, contenant. une notice biographique sur RousseL et des notes, par le docteur Cerise. Paris, 1845,1 vol. grandim-18. . . . . +... + «+ + + «+ + + + Sfr. 5o SEDILLOT. Manuel complet de médecine légale, considérée dans ses rapports avec la légisiation actuelle. Seconde édit., revue et augmentée. Paris, 1536, MELON. A EUR ee BEST), DMX ETS 50 —— Traité de médecine opératoire, bandages et appareils , Paris, 1846, x fort vol. in-5, avec 330 figures dans le texte . . +." . . . . .".". 14fr. — Campagne de Constantine de 1837, Paris, 1838, in-8. . . . . . .. Sfr. SIGAUD. Du climat et des maladies du Brésil, ou Statistique médicale de cet em- pire, par J.-F, X. Sicaur, médecin de S. M. l’empereur don Pédro 11, Paris, r844E vol. grand-in-8 ee cn ee - .-.<.#OQ fr VIREY. Histone naturelle du genre humain, 2° édit. augmentée. Paris, 1824, 31yokin-8 tte 1 col TOQUET EU 2 eds PANIAE PEN TE) Sfr —— De la femme, sous ses rapports physiologiques , moraux et littéraires. Seconde édition, augmentée et complétée par une dissertation sur un sujet IMPORT AIS, 1020, ADO See SN lc de URI —— Hygiène philosophique, ou de la santé dans le régime physique, moral et politique de la civilisation moderne. Paris, 1531, 2 vol. in-8.. . .,. oOfr. —— Petitmanuel d'hygiène prophylactique contre les épidémies, ou de leurs meil- leurs:préservatifs An=18.. Paris, 1932. pe Let siens je de ere + cet, Tir. 0 æ—— De la puissance vitale, considérée dans ses fonctions physiologiques chez l'homme et tous les êtres organisés. Paris, 1823, in-0 . . . . . . .. ir. 12 Livres de fonds de Vicror MASssON, II. PHYSIQUE, CHIMIE, PHARMACIE. ANNALES pe omimie ET DE Puysique. Voyez page 30 à l’article Journaux. BARRESWIL Er SOBRERO. Appendice à tous les traités d'analyse chimique, recueil des observations publiées depuis dix ans sur lanalyse qualitative et quantitauve, 1 vol. in-5, avec une planche et figures dans le texte. Paris, ASE De ser et eme ie ec leNec certe eee dercie Coco ILE BERZELIUS. Rapport annuel sur les progrès de la chimie, présenté le 31 mars 1840 , à l'Académie des sciences de Stockholm, traduit du suédois, sous les yeux de M. Benzerius, par PLaxramour. Paris, 1841, 1 vol. in-8. Prix: 5 fr. —— Deuxième année. Rapport présenté le 31 mars 1841. Paris, 1842, 1 voi. 1n-6. Prix ee ere eee eat ep ces eee 7 ee 4e he) IT Froisième année , contenant le rapport présenté le 3r mars 1842. 1 vol. LR EYfr, ANS eds de rusde molles le elfes dette sale el Diet le 10 ee De Cie —— Quatrième année, contenant le rapport présenté le 31 mars 1843, 1 vol. TEE RE D SO ON CAE ML out auee ai AUS Sites — Cinquième année, contenant le rapport présenté le 31 mars 1544. 1 vol. N=D. ere ve avis ds CS CR RP MAT CEE Mets MO — Sixième année, conterant le rapport présenté le 3r mars 1845,1 vol. < ja-8s. 5: OUR ae CG AUS At nimes cs in EE fie DESCHAMPS (d’Avallon). Traité des saccharolés liquides et des méliolés, suivi de quelques formules officinales et magistrales modifiées. 1 vol. grand in-18, avec tableaux: PZñS, 48/2 SOU Cet ae LE ER Sc DUMAS er BOUSSINGAULT. Essai de statique chimique des êtres organisés, lecon professée par ME. Duras à l'Ecole de médecine, le 21 août 1841 pour la clôture de son cours. 3° édition, augmentée de documens nouveaux. Parts, fever ns 44 ins CN CP PR RP EL ST DUMAS. Mémoires de chimie, Paris, 18,1, 1 volumein-8 . (Rare). RE. Cours d'histoire naturelle pharmaceutique, ou Histoire des substances us : tées dans la thérapeutique, les arts et l’économie domestique. Paris, 1837, AOLAINES. 4 0. 4, 0 0 + COS TONER PT fr. FRESENIUS et SACC. Traité d'analyse qualitative, édition francaise, publiée par M. Fresenius , avec la collaboration de M, Sacc, sur la 3° édition allemande, Libraire des Sociètes savantes pres le Minist. de l'Instr. publ. 13 EE re Physique, Chimie, Pharmacie. el augmentée de plusieurs chapitres inédits. Puris, 1545, 1 vol. grand in-18, sk D] avec figures dansJestexte nous en ado out CITE MO fr, 5o FRESENIUS et SACC. Analyse quantitative, 1 vol. grandin-18 Sous presse). GAY-LUSSAC. Traité d’Alcolimétrie. r volume avec figures dans le texte. (Sous presse.) , —— sr THENARD. Recherches physico-chimiques faites sur la pi'e; sur la préparation chimique et les propriétés du potassium et du sodium, sur la décomposition de l’acide boracique; sur les acides fluorique , muriatique ox1- géné ; sur Paction ch'mique de la lumière; sur l'analyse végétale et animale, etc., etc. Paris, 1811, 2 vol. in-8, avec 6 planches. . . . . . . .. Sfr. GERHARDIT. Précis de chimie organique. Paris, 1844-1845, 2 vol.in-8. 16 fr. —— Annuaire des travaux de chime, année 1545. — Paris, 1846, 1 vol. DSL D SN EE RAR EE ER RENE EE ME: (6) M GIRARDIN. Lecons de Chimie élémentaire appliquées aux arts industriels, faites le dimanche à l'Ecole municipale de Rouen, 5° édition, r vol. in-8, divisé en deux parlies avec 200 figures et échantillons d’indienne intercalés dans le leXtE, Parts, TON ee rec ee dR C lNeU AS RES 14 fr, —— Des fumiers considérés comme engrais. Paris, 1844, 1 vol. in-18. . 1fr. 25 HOEFER. Histoire de la Chimie depuis les temps les plus reculés jusqu’à notre époque, comprenant une analyse détaillée des manuscrits alchimiques de Ja bibliothèque royale de Paris; un exposé des doctrines cabalistiques sur la pierre philosophale ; l’histoire de la pharmacologie, de la métallnrgie , et en général des sciences et des arts qui se rattachent à la chimie , etc. Paris, 1552, Dvoliinss Ve aie Ho alu. NE: SRE DST T7 êre JOURNAL de pharmacie et de chimie, rédigé par MM. Bocicron- LAGRANGE , Bouzzay, J.-P. Bouner, Vire, Bussy, Soupciran, Henry, F. Bounrrr, Car, Bournox-Cnarcarp, FREuy ; tro sième série, ayant commencé en janvier 1542; contenant le bulletin des travaux de la société de pharmacie et de Ja société d’émulation pour les sciences pharmaceutiques, suivi d’un compte rendu des travaux de chimie, par Cu. Gernarpr. Le Journal de pharmacie et de chimie paraît tous les mois par cahier, de 4 à G feuilles. 11 forme chaque année deux volumes in-8; des planches sont jointes au texte toutes les fois qu’elles sont nécessaires. Prix de l’abonnement : Pour Paris et les départemens . . . . . . . . . . , 15fr. Pourbetranger sms ee ne Re PTT. LATERRADE. Code expliqué des pharmaciens, où Commentaire sur les lois et la jurisprudence en matière pharmaceutique. Paris, 1533, gr. in-18. 3 fr. 50 LIEBIG (J.). Traité de Chimie organique; édit. française, revue et considérable - ment augmentée par l’auteur, et publiée par Cn. Geruarpr, professeur de chimie à la faculté des sciences de Montpellier. 3 vol. in-8. Paris, 1841- dre di ME QE EU à A SAS NEO ES NT RE ET La Chimie appliquée à la physiologie végétale et à Vagriculture. Pa 15, 1844, 2° édition considérablement augmentée ; traductiou faite sur la 4° éd.tion afle- mande par Ch. Germarpr et revue par M. J. Lirmic. 1 vol.in-8. .. 7 fr. 50 14 Livres de fonds de Vicror MASssON, Physique , Chimie, Pharmacie. LIEBIG (J.). La Chimie organique appliquée à la physiologie animale et à la pathologie, traduction faite sur les mauuscrits de l’auteur par Cu. GenuarDr, professeur à la faculté des sciences de Montpellier et revue par M. J. Liebig. Paris, Octobre 1842} 2 vol:ün-$. "Mens ln ed oo non —— Lettres sur la chimie, et sur ses applications à l’industrie, à la physiologie et à l'agriculture, traduites par le docteur G.W.Bicuox, Paris, 1845, 1 vol. grand- in-18, avec un portrait de M. Liertc, dessiné d’après nature . . « « 3 fr. 5o MAISSIAT (Jacques). Etudes de p hysique animale. Pafis, 1843, 1 vol. in-4, avec 4 pie 1e Me jee . CE . . . . ° + e -e + .e + . ee 10 fr. MATTEUCCI (Cn.). Traité des Phénomènes électro-physiologiques des animaux, suivi d’études anatomiques sur le système nerveux et sur l'organe électrique dela torpille, par M. Paul Savi. Paris, 1844, 1 vol.in-8, avec 6 planches in-4. Pistes ne Le eee eo Mie he tete MOTS RE PR > On Sfr. ——Lecons sur les phénomènes physiques et chimiques des corps vivans, professées à Pise, en 1844, par M. C. Marreuccr. Edition francaise publiée sous les yeux de l’auteur, avec des additious considérables, par M. LesLaxc. Paris, 1845, 1 vol:Brand-in=48.s de 4x aleite de tele de NAN Se DUR EC RON MIALHE. Traité de l’art de formuler, ou notions de pharmacologie appliquée à la médecine. Paris, 1845, x vol. grand in-18.. . . . . . . . . . 4 fr.ño ORFILA. Elémens de Chimie médicale, 7° édit. entièrement refondue. Paris, 1845, 2. vols ane 1e QUE ONDES PIQIEUE €, ; SOUS ONE EG fr; Toxicologie générale, 4° éd. entièrement refondue, Partis, 1844, 2 volumes An=B. Le 5 at ere NEC CCS CERN RES ARR NES PELOUZE et FREMY. Traité de Chimie générale, 2 forts vol. in-8 compactes, avec fig. dans le texte. Sous presse. PERSOZ. Traité théorique et pratique de l’impression des tissus. 4 beaux volumes in-8, avec 180 figures et 420 échantillons d’étoffes, intercalés dans le texte, et accompagnés d’un atlas de 20 planches in-4 gravées en taille-douce et dont 5 sont colorices. Paris TR4G.S etaient elcremede shine ODEET: PLATTNER (C.-J.). Tableaux des caractères que présentent au chalumeau, les alcalis, les terres et les oxydes métalliques, soit seuls, soit avec des réactifs, extraits du traité des essais au chalumeau et traduit de l'allemand, par A. Sobrero D. M. Paris, 1843. 4 tableaux in-folio, brochés in-4.. . .. 2fr. REGNAULT. Cours Elémentaire de Chimie, a!vol. in-18 anglais, avec fig. dans le LEXUS PROMO 5 Boo ché DCE SN METTENT -—— Cours Elémentaire de Physique, 2 vol. in-18 anglais, avec fig. dans le (OME. à … +: +. Het SU rate dÉRRE DURS SOUBEIRAN. Nouveau traité de pharmacie théorique et pratique , 2° édition dans laquelle les formules sont exprimées en mesures décimales. Paris, 1840, 2 forts vol. in-8, avec figures imprimées dans le texte. . . . . . -. 16 fr. — Manuel théorique et pratique de pharmacie, avec planches. Paris, 185: NO + M Ne. se à nd à 0 @e a ES ou D EN. ME DT: 10 Libraire des Sociètés savantes près le Minist. de l'Instr. publ. 16 Histoire raturelle, Agriculture. SOUBEIRAN. Précis élémentaire de physique, 2° édition augmentée. Parts, 1514, 1 volume in-8, avec 13 planches im-4. + . . . + + + : ++ Ofr. oo Notice sur la fabrication des eaux minérales. Paris, 184. Un vol. in-19, x . ’ / " avec figures iutercalées dans-le texte. . . - . . . - + - + . + -…. 4 fr. III. HISTOIRE NATURELLE , AGRICULTURE. ADANSON (M.) Cows d’histotre naturelle fait en 1572, publié sous les auspices de M. Adanson, son neveu, atec une introduction et des notes par M.L P. Payer, agrégé de la Faculté des sciences. Paris, 1845. 2 vol. grand in-18. Priclérurts ds dd LME AMC DAGRE UNE TROUS PEACE 0) PTE AGARDH (J.). Aluæ Maris Mediterranei et A Iriatici, vbservationes in diagnosin specierum et dispositionem generuim. Parisiis, 1841, grand in-8. .. 3 fr. 50 ANNALES nes sciexces NATURELLES. Voyez page 30 à l’article Jourxaux. AUDOUIN (Victor). Histoire des insectes nuisibles à la vigne et particulièrement de la pyrale qui dévaste les vignobles des départemens de la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire, du Rhône, de l'Hérault, des Pyrénées-Orientales, de Ja Haute- Garonne, de la Charente-!nférieure et de Seine-et-Oise; avec indication des moyens à l’aide desquels on peut espérer de la détruire. Ouvrage publié sous les auspices-du Ministre des travaux publics, de agriculture et du commerce, et de MM. les membres des conseils généraux des départemens ravagés. Un volume grand in-4 imprimé avec luxe , accompagné d’un atlas de 23 plan- chés gravées et coloriées d’après nature, représentant Pinsecte à toutes les épo- ques de sa vie, et la vigne dans ses états de dévastation. Paris, 1842. , 72 Îre Le même avec une reliure élégante. + . + . «+ + ee ee So fr. —— sr MILNE EDWARDS. Recherches pour servir à l'Histoire naturelle du littoral de la France, ou Recueil de Mémoires sur Panatomie, la physio- logie, la classification et les mœurs des animaux de nos côtes. Voyage à Grand- ville, aux îles Chaussey et à Saint-Malc; 2 vol. grand in-8, ornés de planches gravées et coloriées avec le plus grand soin. éme: 1°" Entroduétion., 204 uit noel She memmodint cu + 0017 fr, Tome 2°. Annélides. Première partie. . . +: . . . . . + + + +. 17fr. 16 Livres de fonds de Vicror Masson, Histoire naturelle, Agriculture. BEUDANT (F.-S.). Cours élémentaire de minéralogie et de gévlogie. 1 fort vol. in-12, imprimé avec luxe, fig. intercalées davs le texte. Ouvrage adopté par le conseil royal de l'instruction publique, pour l’enseignement de l’histoire naturelle dans les établissemens de l’université . . . + . . . . . .. Gfr. , Ce volume fait partie du cours élémentaire d’histoire naturelle, par MM. Evwanros, pe Jussieu et Bevpanr. 3 vol. On vend séparément : La Minérälogies tr vol.» 5 . Le 0. 4 Ne Lee o ca TO. LaïGéologie.-sr-vols-esssens are pentes 62e nt freS 0 BOUCHARD-CHANTEREAUX. Catalogue des mollusques terrestres et fluviatiles observés jusqu’à ce jour à l’état vivant, dans le département du Pas-de-Calais. Boulogne, 1538, /brin3;pl'e Rte ee Te Toir BREME {Le marquis de). Essai morographique et iconographique de la tribu des Cossyphides, 1'° partie. Paris, 1842, 1 vol. grand in-8, avec 7 planches colo- riées. PrixiCartonné. « Aer 0ir ee tiele ee CRT —- Monographie de quelques genres coléoptères, hétéromères, appartenant à la tribu des Blapsides Paris, x842, brin-19, pl. . Jo tre BRONGNIART (Ad.). Histoire des végétaux fossiles, ou recherches botaniques et géologiques sur les végétaux renfermés dans les diverses couches du globe. Paris, 1828-1839; ouvrage publié en 2 vol. grand in-4 et 500 planches, pa- raissant par livraisons de 6 à 8 feuilles de texte et de 15 pl. Prix de chaque BYTAISONS Se sur 2 NU NES ER TR CARSER AE ire ,, Les livraisons 1 à 12 formant le premièr volume, et les trois premières (13° à 15°) du tome 2° sont en vente, les livraisons 16 et 17 paraîtront en même temps en 18/46. —— Enumération des genres de plantes cultivés au Muséum d’histoire naturelle de Paris, suivant l’ordre établi dans l'Ecole de botanique, en 1843. Paris, 1843.11 NO. 1N=r2- Prix ee NOUS defhate em etre ART, 0 BUEK (H.-W.). Genera, species et synonyma CaxpozLraxa, alphabetico ordine disposita, seu Index generalis et specialis ad A.-P. Drcaxporte Prodromum Systematis naturalis reani vegetabilis. Partes 1 et IT continentes tomos operis Candolleani sex etsectionem priorem septimi. Berlin, 1842,1 vol. in-8. 20 fr. BUCKLAND. De Ja géologie et de la minéralogie, considérées dans leurs rapports avec la théologie naturelle, traduit de anglais par M. Dovine, professeur au collège de Henri IV; ouvrage adopté par le Conseil royal de l'instruction publique et couronné par l’Institut de France, dans la séance du 31 mai 1539; 2 beaux volumes in-8 ,cartonnés, ornés de plus de 50 planches et d’une carte géologique coloriéé. Paris, 1838... % « +. « se ee 1e :e..,028 fre CATLOW (Agnes). The Conchologists nomenclator, a catalogue of all the recent species of Shells, included under the subkingdom ‘ Mollusca, with their au- thorities, synonymes, and references to works where igured or described. By Agnes Catlow, Authoress of‘ Popular Conchology.” Assisted by Lovel Reeve, A.[.S., F.Z.S., Erc , Author of the‘ Conchologia Systematica,? and the ‘ Con- Ë . 3 ’ 2 = chologia Iconica.” Londres, 1815, 1 beau vol. cartonné . . . + + - + 3ofr. Libraire des Societes savantes près le Ménist. de l'Instr. publ. 17 Histoire naturelle, Agriculture. CLATER (Francis). Médecine vétérinaire appliquée au traitement des maladies des bêtes à cornes, des moutons, des pores, de la volaille et des lapins, mise à la portée de tous les propriétaires de bestiaux ; traduit de Panglais par Dc- vERNE et publié sous les auspices de la Société d'agriculture de la Nièvre. PASSA SANT VOIS UNI 105 0 0e CNE ETUIS LR UE NI TA LE ROSE, COMTE (A.). Règne animal de Cuvier, disposé en tableaux méthodiques, ouvrage adopté par le Conseil royal de l'instruction publique pour l’enseignement de l’histoire naturelle dans les colléges. Chacun des soixante-dix-buit ordres du règne animal se trouve représenté et décrit dans un ou plusieurs tableaux. La collection comprend quatre-vingt- onze tableaux , sur grand colombier, représentant environ cinq mille TRUTES NE ES Se = 0e. -. 115 fr 79 Demi-reliure en 2 tomes, avec dos en maroquin. . . .« + .. + + + +. 25fr. Chaque tableau se vend séparément. . + « . + « + + + + + + + +. 1 fr. 25 Les diverses classes du règne animal sont résumées en quelques tableaux et peuvent former des atlas séparés, ainsi qu’il suit : Tableaux Titre orné d’un beau portrait de Cuvier, et suivi d’un rapport fait A ALSACE A A AD Re US EE ET 1 Introduction à l’étude du règne animal. . . . . . . . . 1 1'© division. — Verté- | Races humaines et Mammifères. . . . 8 brés. 33 tableaux. Oisetuxeut see ment ep md entre y 2° «division. Reptileset Poissons-muw#nl-.0h J1r2 qu sante 105 16 3° division.— Articulés. Crustacés aélides et Arachnides. . . 12 3nitableauxe rustacés , Anr s lnsectesse a RS NE 7 OT. ne +, 429 4° division. Rayons RE Ce 8 91 ,*. Le titre et le tableau général d'introduction pourront être placés en tête de chaque atlas, si cet atlas est pris séparément. — On recevrait CARTONNÉ Vauas de l’une des divisions ou des sous-divisions, en ajoutant 15 centimes au prix dechacun des tableaux qui la composent. | | Cana, à en ra Ve enr COMTE (A.). Introduction au Règne végétal de A.-L. ne Jussieu, disposée en tableau méthodique, une feuille grand colombier. . + . . . . .. 1fr. 25 —— ET M. EDWARDS. Cahiers d'histoire naturelle, à l’usage des colléges Voyez M. Eowanps. COSSON (E.) rer GERMAIN (E.). Observations sur quelques plantes critiques des environs de Paris. Paris, 1840, 1 vol. in-8, deux planches . . .. 2 fr. ET WEDDELL (A.). Introduction à une Flore snalytique et descriptive des environs de Paris, suivie d’un Catalogue raisonné des plantes vasculaires de cette résion. Parss,,1542, 1 ol. grand in-161- 42-47 ua 2. Liste méthodique des espèces des environs de Paris, destinée à servir de peint de dé- part à de nouvelles explorations; revue crilique où sont relevées Les erreurs les plus accréditées des Flores parisiennes publiées jusqu’à ce jour. COSSON (E ) cr GERMAIN (E). Supplément au Catalogue raisonné des plantes vasculaires des environs de Paris, précédé d’une réponse au livre de M. Mérat, 18 Livres de fonds de Vicror MAssow, Histoire natu-elle, Agriculture. intitulé : Revue de la Flore parisienne, accompagné d’une lettre au sujet de la Revue de la Flore parisienne, et d’une réponse à un article de M. Mérat, par M. A. Boreau. Paris, 1843, 1 vol. grand in-15.. . . . . . . .. 795 cent. COSSON (E.) rr GERMAIN(E.). FLORE DESCRIPTIVE etanalytique des envi- rons de Paris, ou description des plantes qui croissent spontanément dans cette régien et de celles qui y sont généralement cultivées, accompagnée de tableaux dichotom'ques des genres et des espèces. Paris, 1845. 1 vol. grand in-15 divisé en deux parties, texte compacte, avec une carte « + ++ + + + + + 13 fie Cet ouvrage, entiérement basé sur des recherches nouvelles , réunit en un méme volume la description complèle des familles, des genres et des espèces des environs de Paris, et des tableaux analytiques destinés à en faciliter la détermination. —— ATLAS DE LA FLOREdes environs de Paris, ou Illustrations de la plupart des espèces litigieuses de cette région , accompagnées d’un texteexplicatif. x vol. grand in-18, cartonné, contenant au moins 40 planches gravées en taille- douces SR EE MONET I CS RE MONT. Les planches, toutes dessinées d’après nature par M. le docteur E. Germain, sous les yeux de son collaborateur, sont gravées avec le plans grand soin par les artistes les plus distingués -— Ces planches, bien que rentrant dans le format portatif de Ja /'/ore, don- nent chacune plusieurs espèces accompagnées de l’analyse-grossie des caractères spéci- fiques. Pour les espèces nouvelles, et pour les plantes qui n’ent point encore été illus- trées, les auteurs ont généralement donné des échantillons complets; ils ont également figuré Loutes les espèces d'un grand nombre de genres d’une étude difficile. Plusieurs planches sont entièrement consacrées à des détails d'analyse destinés à faciliter l’é- tude des genres dans les familles les ples importantes. — Un texte exphcatif très détaillé est placé en regard de chacune des planches. ——SYNOPSISanalytique de la Flore des environs de Paris, ou description abrégée des familles et des genres accompagnée de tableaux dichotomiques destinés à faire parvenir aisément au nom des espèces. 1 vol. grand in-18 d'environ 300 pages, texteepmpacte. Paris, un. SR MEME SN, F3 fe So "cent. Cct ouvrage, très portatif, est spécialement destiné aux herborisations. ——NOUVEAU VADE-MECUM DU BOTANISTE, ou Appendice à la Flore des environs de Paris, comprenant : Dictionnaire des mots techniques Employés dans la Flore; Promenades botaniques aux environs de Paris, où Indication des espèces qui se rencontrent aux localités les plus intéressantes; Propriétés médicales et usage des plantes qui croissent spontanément aux environs de Paris et de celles qui y sont généralement cultivées; Conseils sur La manière de recueiilir, de préparer, de conserver et de classer les plantes; Histoire de la botanique des environs de Paris, etc. Sous presse. CUVIER (Le baron Grorces). Le Règne animal distribué d’après son organisation, pour servir de base à l’histoire naturelle des animaux et d'introduction à l’ana- tomie comparée, NOUVELLE ÉDITION, ACCOMPAGNÉE DE PLANCHES GRAVÉES, repré sentant les types de tous les genres, les caractères distinctifs des-divers groupes, etles modifications de structure, sur lesquels repose cette classification, publiés par une réunion d'élèves de G. Cuvier: MM. Avcrouix, BLancuarn, DEsmaves, D'Orriexy, Duverxoy, Ducs, Lavrizcaro, Miine Enwanos, Rouzix et VALEN- CIENNES. Cette nouvelle édition se publie, depuis le 25 mai 1836, à jours fixes, les 10 et 25 de chaque mois, par livraisons de 4 planches et d’une feuille de texte ou trois planches et cinq feuilles de texte in-8, sur grand jésus vélin. Libraire des Societes savantes pres Le Minist. de l’Instr. publ. 19 L Histoire naturelle, Agriculture. On vend séparément les diverses parties dont l’ouvrage se compose et même une seule livraison comme specimen. Cet ouvrage est divisé ainsi qu’il suit : o Planches. Planches. Mammifères et races humai- Insectes (par Audouin Blan- nes (par MM. Laurillard, chard et Milne Edwards). 180 Milne Edwards et Roulin). 120 | Arachnides (par Dusgés). 30 Oiseaux (par d’Orbigny). 100 | Crustacés (par Milne Ed- Reptiles (par Duvernoy). 46 wards). 56 Poissons (par Valenciennes). 122 | Annélides (par le même). 30 Mollusques (par Deshayes\. 144 | Zoophytes (Idem). 100 Prix des livraisons : Figures-npires. pit ion38 ver: Samba etie A tele Niet Les ce sie 0290 fre 25 Figurestoleriées..+ em s8l shine sacotue Len etnet Ae =elepipe elle 20 pÉre PARTIES TERMINEES. LES REPTILES , avec un atlas par Duverxoy, ont paru en 13 livraisons et for- ment un volume de texte et un atlas de 46 planches. Pig: colorées": 028 PIE és AD SR EE En TETE GS tr. Fig: noires.-205, 04 2e EE lee hate le CAE 230 "fr. Le-texte.sansiplanghess. 1 ah orme) eee ete mine, 67e F0 Gr fr. LES POISSONS, avec un Atlas, par VALENCIENNES, ont paru en 32 livraisons et forment un volume de texte et un atlas de 122 planches. Fig. colonées- 11. CORNE PASS SR RS Re TOMNÉT. Fire npies 2 du CON UE ar. Le texte sans'planches . + » 4 + ele ee eve 5e eme nee -e . 2fr. LES OISEAUX, avec un atlas, par Al. »Orgieny, ont paru en 27 livraisons et forment un volume de texte et un atlas de 100 planches. Figs'eolomeées: ce 2. HAS OEMENNMAEMRICEN CREE 1 8 MEMRNETE MM Si fre Fig MOREL ee te À ehnnnmeett- honte See COIrs DetextesansnanChes EEE RER UCAR c lae clR es TU LES CRUSTACÉS , avec un atlas, par Micne Evwaros, ont paru en 23 livraisons, et forment un volume de texte et un atlas de 86 planches. or Pie coloriées asc poele ailliemetest Jisussis 5) AESEONRE Hagiimoines «82 -S E0 es talent Part RneuL 220 SO fre Lestexte:samsiplanches SV nuit 0276 460 ON ere fr. LES MOLLUQUES, avec un atlas, par M. Desnayes, ont paru en 39 livraisons et È forment un volume de texte et un atlas de 135 planches dont r double. Hi. colariées +4 410.2 2Re UE ne 1) IE. MIE QOLIES à < e eniée: ef 2 cle bite Lee IL 85 fr. Textessenls. Set NS er EN UC NS 12 fr. CUVIER (Le baron Grorces). Le méme ouvrage, 2° édit. Paris, 1829-1530, 5 vol. in-8, fig. . L . . . L] L . . . . CR] [1 . . . . - 2 0] . 36 fr. — Règne animal disposé en tableaux méthodiques. Voir A. COMTE. 20 Livres de fonds de Vicror Masson, a ——————— Histoire naturelle, Agriculture. CUVIER (Le baron Gronces). Lecons d'anatomie comparée, deuxième édition, corrigée et augmentée par MM. Georges et Frédéric Cuvier, LauriLLarp et Duvernoy. Paris , 1836 à 1846, 9 vol. in-8.. . - . . + . . . 65 fr. Histoire des sciences naturelles depuis leur origine jusqu’à la fin du xvin siè- cle, chez tous les peuples connus, professée au collège de France, par Georges Cuvier, rédigée et complétée par M.T. Macpeceixe De Saint-A6x. Paris, 1841-1845, Sol. in-8. |: as ot me credo ro le hifi 20 le Chaque volume séparément. . + . . . . . ... + + 4 + +. 7 fr. DE CANDOLLE. PRODROMUS Systematis naturalis regni vegetabilis, sive enumeralio contracta ordinum, generum specierumque plantarum huc usque cognilarum. Sont en vente : Tom. L. Sistens Thalamiflorarum Ordines LAV, 1524. — IL. Sistens Calyciflorarum Ordines X, 1825. — I. Sistens Calyciflorarum Ordines XXVI, 1826. — IV. Sistens Calyciflorarum Ordines X, 1530. — V. Sistens Culicereas et Compositarum tribus priores, 1836. — VI. Sistens Compositarum continuat. 1838. — VIl. Sectio. prior. Sistens Compositarum tribus ultimas et ordinis mantis- sas Sectio poster. Sist. ultimos Calyciflorarum Ordines, 1839. — VIII. Sistens Corolliflorarum Ordines XVI, 1544. — IX. Sistens Corolliflorarum Ordines IX, 1544. — XX. Sisiens Borragineas proprie dictas et scrophulariaceas cum indice nominum et synonymorum, Vol. I1-X. Prix des To volumes envéniestene eh. eneieuse le cernes 20 fre Chacun des tomes Là VITse vend séparément. + 1... Jp .0N7Sifr. Chaque partie du tome VII séparément. . . . . . . + . . . . . .. Sfr. Les tomes V, VE et VIT, 1"° partie, comprenant les Courosées, pris à la 1DIS LE ANR Eh M co de ele ele Tire Chacun des volumes depuis le tome VIII se vend. . . . . , . . . .. 16fr. , Le tome XI est sous presse et paraîtra en janvier 1847, :". . . . . 16 fr. =— Table des tomes I à VIT, 1°° partie (Voyez Buex). —— Un beau portrait d'Augustin Pyramus de Landolle, gravé en taille-doucre, 1 ‘feuille grandraisin Prix 0e ER OM TOnE 2e R MR TER DE CANDOLLE (A.-P.). Essai sur les propriétés médicales des plantes. 1816, 1n-0e 2 eee PER en ee CINE RM ee DT 00 DELESSERT (B.). Recueil des Coquilles décrites par Lamarerk, dans son Histoire naturelle des Animaux sans vertèbres, et non encore figurées, magnifique vol. grand in-folio jésus, avec 40 planches dessinées d’après nature, gravées en taille douce, imprimées en couleur et retouchées au pinceau. Paris, 1842, broché. ss hune suvetealt tuer the -moicae PRIE OROON Avec une demi-reliure,»dos en:toile.s 1.151608 »: 0.1: MMeut4gofr. —— Icones selectæ plantarum quas in prodromo systemat's universalis Decandolle descripsit, ex archetypis speciminibus à P.-G.-F, Turpin delineatæ et edit: B. Delessert. 1820-1839 4 vol. grand in-4, chacun de 100 planches. 140 fr. Le tome V° paraîtra dans l’année 1846. Prix. . . . «+ . + + 39\fr. DELESSERT (Ad.). Souvenirs d’un voyaye dans l’Inde. Paris, 1843. Un ma- gnifique volume grand in-8, avec 8 vues, 27 planches gravées et colorices, CLAUNEMCAMTEN ie see Dee tis ne en ee TE LOUIS Libraire des Societes savantes près le Minist. de l'instr. publ. 91 Histoire naturelle, Agriculture, DESHAYES. Traité élémentaire de conchyliologie, avec l'application de cette science à la géognosie, 2 vol. et atlas grand in-8 de 130 planches environ, publiés en 16 livraisons. Chaque livraison, fig. noires. . . . . . . .. 5 fr. Te mème, fit. COIOFCESS Mens le eur Deere e ee + = 121 ee) TES 8 livraisons sont en vente. , Cette publication, retardée pendant deux années par le séjour de M, Des- uayEs en Afrique, vient d’être reprise et sera continuée activement. La 9° li- raison , comprenant le complément du texte du tome 1°", paraîtra en mars 1846. DICTIONNAIRE universel d’histoire naturelle, résumant et complétant tous les faits présentés par les encyclopédies, les anciens dictionnaires scientifiques, les œuvres complètes de Buffon, de Lacépède, de Cuvier, et par les meilleurs traités spéciaux sur les diverses branches des sciences naturelles ; — Donnant la des- cription des êtres et des divers phénomènes de la nature ; étymologie et la définition des noms scientifiques; les principales applications des corps orga- niques et inorganiques à l’agriculture, à la médec ne, aux arts industriels, etc. : ouvrage utile aux médecins, aux pharmaciens, aux agriculteurs, aux indus- triels, et généralement à tous les hommes désireux de s’initier aux merveilles de la nature; rédigé par MM. Arago, Audouin, Bazin, Becquerel, Bibron, Blanchard, Boitard, de Brébisson, Ad. Brongniart, C. Broussais, Brulle Che- violat, Cordier, D. caisne, Delafosse, Deshayes, J. Desnoyers, Alcide et Caarles d'Orbigny, Doyère, Dujardin, Dumas, Duponchel, Duvernoy, Edwards, Milne-Edwards, Elie de Beanmont, Flourens, G. et Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Gérard, Gervais, Al. de Humboldt, de Jussieu, de Lafresnaye, Laurillard, Le- veillé, Lucas, Martin Saint-Ange, Montagne, Pelletan, Pelouze, C. Prévost, de Quatrefages, A. Richard, Rivière, Roulin, Spach, Valenciennes, etc.; et dirigé par M. Charles D'OrBicny. Conditions de la souscription : Le Dictionnaire universel d’histoire naturelle formera 8 gros tomes divisés cha- cun en deux volumes ou part es grand in-8, à doubles colonnes. De belles planches, gravées sur acier par les plus habiles artistes de Paris, repré- sentant plus de 1,200 sujets, et destinées surtout à faciliter l'intelligence des articles généraux , accompagneront les volumes. Les douze premiers volumes sont en vente. On vend séparément le texte et les planches. Prix du volume on demi-tome : Texteseulicomprenant24 feuilles. - 2.4.0. cents + 5 TGfr. — accompagné de 12 planches noiresin-8 . . . , . . . . . ofr. — —_— de 12 planches coloriées in-8. . . . . .. 16 fr. 50 DUBREUIL (A.). Cours élémentaire, théorique et pratique d’arboriculture, com- prenant l'étude des pépinières d’arbres et d’arbrisseaux forestiers, fruitiers et d'ornement, celle des plantations d’alignement forestières et d'ornement, la culture spéciale des arbres à fruits à cidre et de ceux à fruits de table, Précédé de quelqres notions d'anatomie et de physiologie végétales ; ouvrage dédié aux élèves des écoies normales primaires, aux propriétaires et aux jardiniers du nord, de l'est et de l’ouest de la France; par M. A. Duruevir, professeur de culture à l’école d'agriculture et d'économie rurale du département, au Jardin - des-Plantes et à l’école normale primaire de Rouen, r vol. grandin-18, avec 5 vignettes gravées sur acier et 350 figures intercalées dans le texte. Paris, 1846,7 vol; grandinar8 Prix. ect be EC said 7ufn5 50 DUVAL-JOUVE. Bélemnites des terrains crétacés inférieurs des environs de Cas- tellane (Basses-Alpes), considérées géologiquement et 2oologiquement , avec la description de ces terrains. Lu et présenté à l’Académie des sciences dans 32 Livres de fonds de Vicror Masson, ons Histoire naturelle, Agriculture. la séance du 30 août 1841. 1 beau volume in-% cartonné , accompagné de 11 pl. lithographiées par E. Beau, et de 2 cartes coloriées. Paris, 1841... 17fr. EDWARDS (Mie). Elémens de zoologie, ou lecons sur l’anatomie, la physioiogie, la classification et les mœurs des animaux, 4 vol. in-5, avec plus de 600 figu- resintercalées dans lettexte, . + SNS CC Die eco I fr. On peut avoir séparément les 1°, 3° et 4° parties : Parties. } 1. L’anatomie et la physiologie , 2 Tes mammiferes of édits 284%, UMR NNMGIQUE JS TEE»e fr. » , L e édiliono8#0fenève corrsm2E tt 24 rire 3. Les oiseaux , reptiles et poissons, 2° édit., 1842... . . . . .« .. 4 fr. 50 4. Les mollusques, les articulés et les zoophytes, 2° édit. 1843. . .. 4 fr. 50 —— Cours élémentaire de zoologie. Paris, 1 fort volume in-12, imprimé avec luxe, 425 figures intercalées dans le texte. Ouvrage adopté par le conseil royal ‘ie Pinstrucüon publique pour lPenseignement de l’histoire naturelle dans les établissemens del'universilé.se ce le cet eee cils HA IONTE: * , Ce volume fait partie du cours élémentaire d'histoire naturelle par MM, En- warps, À. De Jussieu et Beupaxr, 3 vol. ——— Observations sur les Ascidies composées des côtes de la Manche, 1 vol. in-4 cartonné, accompagné de 8 pl. grav. et magnifiquement color, Paris, TSAL en pje es et UT EE en MES vaine CRDI, Recherches anatomiques, physiologiques et zoologiques sur les polypes. 1 vol. grand in-8, avec 25 planches reliées. + . , . . + + . . . .. 24fr. — CAHIERS D'msTorE NATURELLE à l’usage des collèges et des écoles normales primaires ; ouvrage adopté par le Conseil royal de l'instruction publique, pour servir à l'enseignement de l’histoire naturelle dans les établissemens de PUni- versité ; nouvelle édition, refaite d’après le programme du 14 septembre 1540, et réduite en 3 forts cahiers in-12, avec planches gravées ; par M. Miixe Évwarps, membre de l’Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, et M. Achille Cours, professeur d’histoire naturelle au coliége Charlemagne. Les 3 cahiers, formant le cours entier d’histoire naturelle, se divisent ainsi : 1°* Zoologie. — 2° Botanique. — 3° Minéralogie et Géologie. Chaque cahier se vend séparément . . . . . . + . . « + + + . « .. fr. GAUDICHAUD (Cu.). Recherches générales sur l’organographie, la physiologie et l'organogénie des végétaux. Paris, 181,1 vol. grand in-4, papier vélin cartonné, avec 18 planches gravées et color. . . . + + . + . . . .. 24fr. La même, broché avec figures noires . . . . . . . . . + . . . . . .12fr. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Principes de philosophie zoologique discutés au sein de l’Académie des sciences. Paris, 1830, in-8.. . . . + . .. 4fr. 50 GIRARDIN. Considérations générales sur les volcans, et examen critique des diverses théories qui ont été successivement proposées pour expliquer les phé- nomènes volcaniques, 1 vol. in-8. Paris, 1831. + . . + . + . .. 5 fr. 50 Des fumiers considéréscomme engrais. Paris, 1844, 1 vol.in-18.. fr. 25 —— et DUBREUIL. Traité élémentaire d'agriculture, 2 vol. gr. in-18 avec vignettes en taille-douce et figures intercalées dans le texte. Prix. . < 12fr. ET JUILLET. Nouveau manuel de botanique, ou Principes élémen- taires de physique végétale, orné de 12 pl. color. Paris, 1551, in-19, Car- LOBMÉ nie cle croiss eléntvee malt) TER DENT GUILLEMIN, PERROTET et A. RICHARD. Flore de Sénégambie, ou descrip- üon, histoire et propriétés des plantes qui croissent dans les diverses contrées ce Ja Sénégambie, in-4, avec planches gravées. Les livraisons 1 à $ sont en vente. Prix de VERSO. : Re 6e: à Lente + jo le amet er LRUTS Libraire des Societes savantes pres le Ménist. de l’'Instr. publ. 93 Histoire naturelle, Agriculture. , I sera publié, en tête du volume, une liste des botanistes qui auront souscrit à l’ouvrage avant sa mise en vente. HOOKER (J.-D.). The botany of the Antarctic Voyage of H.-M. Discovery ships Erebus and Terror in the years 1539-1545, under the command of captain sir James Clarck Ross. La Botanique du voyage Antarctique sera divisée en trois flores, savoir : Flora antarctica, avec 160 planches; — Flora Novæ-Zelandiæ, avec 140 planches; et Flora Tasmanica, avec 200 planches. Le Fiona ANTARCTICA paraîtra en 20 livraisons mensuelles, format grand in-4 ; chaque livraison contiendra 16 pages de texte et 8 belles planches lithogra- phiées, représentant des espèces nouvelles ou imparfaitement connues. Prix de chaque livraison, avec planches coloriées. . . . . . . . .. 12fr — — — AVEC Planche ERTT. +. ete » «Of 74 Le 15 novembre, G livraisons sont en vente. EOOKER (W.-J.). Species filicum being descriptions of all known ferns. Iilus- trated with plates. On sale : part 1, in-8.P. r to 64and pl. Tto XX... . . . . . .. 15 fr. part 11, in-8. P. 65 to 128 and pl. XXI to XI: Price. . . .. 12 fr. 50 part TITI, in-8. P. r29 to 192 and pl. XLI to LIX. Price. . . 12 fr. 5 JUSSIEU (A. pr). Cours élémentaire de botanique. Paris, 1 fort vol. in-r2 de 540 pages, imprimé avec luxe, 736 figures intercalées dans le texte. Ouvrage adopté par le conseil royal de l'instruction publique pour l’enseignement de l'histoire naturelle dans les établissemens de Puniversité, . . +. . . . . ., Gfr. , Ce volume maintenant complet fait partie du cours élémentaire d’his- toire naturelle, par MM. Epwarps, Beupanr, DE Jussieu, 3 vol. LASEGUE’(4.). Musée botanique de M. Benjamin Delessert. — Notices sur les collections de plantes et la bibliothèque qui le composent; contenant, en outre, des documens sur les principaux herbiers d'Europe et l’exposé du voyage, en- trepris dans l'intérêt de la botanique. Paris, décembre 18/4, 1 vol. in-8. 7 fr. LATREILLE. Les Crustacés, les Arachnides et les Insectes distribués en familles naturelles. Ouvrage formant les tomes 4 et 5 de celui de G. Cuvier, sur le rè- gne animal, »° édit, 2 vol. in-8, avec fig. Paris, 1829... . . . . .. 15fr. LE MAOUT (E.). Lecons élémentaires de botanique fondées sur l’analyse de 50 plantes vulsaires et formant un traité complet d’organographie et de physio- logie végétale. Parts, 1844. Un magnifique volume in-$, avec l’atlas des 50 plantes vulgaires et plus de 500 figures dessinées par J. Decaisne et gravées par les meilleurs artistes. Prix, avec latlas colorié. . . . . . . . ., 925fr. — — NOÏTÉ 1. Acte ee ME TONTS —— Atlas élémentaire de botanique avec le texte en regard , comprenant l’orga- nographie, l’anatonie et l’iconographie des familles d'Europe, à l'usage des étudians et des gens du monde. Ouvrage contenant 2,340 Fg. dessinées par Steinheil et Decaisne. Paris, 1846, r beau vol. in-4. Prix. . .: . . 15 fr. LIEBIG (J ). Chimie organique appliquée à la physiologie vésétale et à lagricul- ture. »° édition, revue et considérablement augmentée, traduction faite sur la 4° édition allemande par Ch. Grruaror et revue par M. J. Lremic. Paris, 1 vol. DRE SOA PAT SAR RE RS EE IT DO MELLEVILLE. Mémoire sur les sables tertiaires inférieurs du bassin de Paris. Parts, 1843, SYaR0 IN 0 CATIORMES 00 -E s-ne RE- ALOIT. MASSON-FOUR. Catéchisme d’agriculture ou premiers élémens d’agriculture, mis à la portée des enfans qui fréquentent les écoles primaires des campa- ynes, avec gravures {Paris;1836, 10-182": MN MERE. 247» 30 c. MENEGHINI (Prof. G.). Alghe italiene e dalmatiche. Padova, 1842. 1 vol. in-8, avec planches coloriées , 3 fascicules contenant les feuilles 1 à ro et les planches 1 à 4 sont en vente. Prix de chaque fascicule. . . . . .. 3 fr. 24 Livres de fonds de Vicror MASSON, ———————————…—…—…—————————— Histoire naturelle, Agriculture, MERAT. Nouveaux Klémens de Botanique, à l’usage des cours du Jardin du Roi, Ge édit, Paris; 1829; in19 5 Lt telnet ed De ments 00 MICHAUD. Complément de l’histoire naturelle des coquilles terrestres et fluvia- tiles de la Fränce, de DraparnauD, 1831. 1 vol. in-4,avec gpl. . + .. 12 fr. MIQUEL (Guis.). Systema pipacearum. Rotterdam. 1844. Fascic. 1-50 fr. Hascic LT NO Te POTIEZ et MICHAUD. Galerie des mollusques, ou catalogue méthodique, des- criptif et raisonné des mollusques et coquilles du Muséum de Doux. 2 vol, in-8, et atlas de 74 planches. Puris, 1838-1845... . . . . . « . . 3ofr. RAOUL. Choix de plantes de la Nouvelle-Zélande, recueillies et décr'tes par E. Raovuz , chirurgien de 1"* classe de la marine royale. Ouvrage publié sous les auspices du département de la marine et des colonies. Paris, 1846, 1 vol. gr. in-{ cartonné avec 30 planches dessinées d’après nature par M. Riocreux, et gravées en taille-douce par Mlle Taillant, . . . . . . . + . . + 56 fre REEVE (Lovell), Conchologia systematica, or complete system of conchology, in which the lepades and mollusca are described and classified according to their natural organization and habits ; illustrated with 510 Highly-Finished Copper-Plate Engravings, by Messrs. Sowerby; containing above 1500 figures of Shells, many of which are entirely new to science. Deux volumes grand in-4, cartonnés en toile anglaise, contenant : Volumes. Planches. 1" Les Mollusques bivalves. 130 2% Les Mollusques univalves, avec un appendice important. 170 Prix: avec 'figures Coloribess 05" Cr RE RES CDIFRS Figures noires. : . . . . : ns ee et HE MIDOIT, —— CONCHOLOGITA ICONICA a complete repertory of species, pictorial and des- criptive. By Lovezz Reeve, A. L. S., F. Z.S., author of the conchologia sys- tematica. Les figures sont gravées sur pierre par l'auteur, d’après les dessins originaux de G -B. Soverby jeune. Ie Coxcuococra Icoxica est publié par livraisons mensuelles. Chaque livraison se compose de hut planches in-4, dont chacune contient de huit à dix figures, et est accompagnée d’une feuille de texte descriptif. €baque espèce est décrite en latin et en anglais. È Chaque livraison de huit planches coloriées se vend à Paris. . : . . .. 13fr. 32 livraisons sont en vente le 5°! novembre 15/45. ROLLAND DU ROQUAN (0.). Description des Coquilles fossiles de la famille des Rudistes, qui se trouvent dans le terrain crétacé de Corbières (Aude). r vol. grand in-4 cartonné, accompagné de 8 planches. Carcassonne, 1841. 9 fr. ROQUES ( Joseru). Histoire des Champignons comestibles et vénéneux, où lon expose leurs caractères distinctifs, leurs propriétés alimentaires et économi- ques, leurs effets nuisibles et les moyens de s’en garantir ou d’y remédier: ouvrage utile aux amateurs de champignons , aux médecins, aux naturalistes, aix propriétaires ruraux, aix maires, aux curés des campagnes ; 2° édit. revue et considérablement augmentée. Paris, 1841, 1 vol. in-8, avec un atlas grand in-4 de 2% planches représentant dans leurs dimensions et leurs couleurs natu- relles cent espèces ou variétés de champignons. . . . . . . . . .. o9fr. Onÿvend'séparémentle Volume de texte. 1209 OMIS, ETES 90 WALPERS (G.-G.). Repertorium Botanices systematicæ, in-8. L’ouvrase est publié par fascicules, chacun du prix de : . . .« . « + Afr. En vente : Tom. (asc AV) Pix: + + «+ < e - me te 0 0 Air due de LNSOUETS Libraire des Societes savantes pres le Minist. de l’Instr. publ. 25 Tom. II:(fasc: 1-V).. PH ORS = TAN RCA ol fr. Tom. HD Ofasc ÆEIV). Prix: SR ee me ER Aa fe. 75 Pom EMISET) Pos: EP ET RO EE Er) Forme VA ESC PIE) Prix OR TS 2 ee PR RIT. A ——.—_———————]— _— ———_— IV. PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES SUR L'ALGÉRIE. EXPLORATION SCIENTIFIQUE DE L'ALGÉRIE: Pendant les années 1840, 1841, 1842, PUBLIÉE PAR ORDRE DU GOUVERNEMENT ET AVEC LE CONCOURS D'UNE COMMISSION ACCADÉMIQUE, SCIENCES HISTORIQUES ET GÉOGRAPHIQUES. La section des sciences historiques et géographiques de l’Exploration scienti- fique de l'Algérie est publiée dans le format grand in-8, Jésus. Le travail typographique a été exécuté par les presses de l’Imprimerie royale. Le papier est choisi parmi les plus beaux échantillons des fabriques du Marais; les cartes, gravées par les plus habiles artistes attachés au Dépôt de la guerre, sont toutes tirées sur papier de Chine et coloriées avec le plus grand soin ; rien, en un mot, n’a été négligé pour que l'exécution répondit à l'importance de l'œuvre. Chaque volume se vend séparément au prix de r2 francs. Les volumes ci-après sont en vente : 1. ETUDE des routes suivies par les Arabes dans la partie méridionale de l'Algérie et de la Régence de Tunis, pour servir à l’établissement du réseau géographique de ces contrées; par E. CargrTE, capitaine du génie, membre et secrétaire de la commission. 1 vol. grand in-8, avec 1 carte. 12 fr. IT. RECHERCHES sur la géographie et le commerce de l'Algérie méridionale ; par M. E. Canetre, accompagnées d’une Notice sur la géographie de l'Afrique sep- tentrionale, et d’une carte, par M. Rexou, membre de la commission. 1 vol. in-8, avec 3 cartes. 12 fr. VI. MEMOIRES historiques et géographiques, par M. Pezuissier, membre de la commission, consul de France à Souca. 1 vol. in-8, contenant: Mémoires historiques sur les expéditions et les établissemens des Européens en Barbarie. Mémoire sur les mœurs et les institutions sociales des Arabes et des Kabyles du nord de l’Afrique. Mémoire sur la géographie ancienne et sarrazine de l'Algérie. Prix du volume. 12 fr. VII. HISTOIRE de l'Afrique, par Mohammed-El-Keirodni; traduite par MM. Per- uissier et RemusarT. 1 vol. grand in-8. 12 fr. VIII. VOYAGES dans le sud de l'Algérie et des Etats barbaresques de l'Ouest et de l'Est, par El-Aidchi-Moula- Ahmed; traduits par M. Adrien BersruGGer, membre de la commission. 1 vol. in-8. 12 fr. Chaque volume se vend séparément. IX. RECHERCHES géographiques sur le Maroc, par M. Rexou, membre de la commission scientifique, suivies du traité avec le Maroc, d’itinéraires et de ren- seignemens sur le pays de Sous, et de renseignemens sur les forces de terre et de mer et sur les revenus'territoriaux du Maroc. 1 vol. in-8, avec une carte du Maroc. 12 fr. D’autres volumes sont sous presse et paraîtront successivement. 26 Livres de fonds de Vicror MAssoOx, EE SCIENCES PHYSIQUES, — ZOOLOGIE. Cetfe section est aussi imprimée par l’Imprimerie royale, dans le format grand in-4 jésus ; les atlas sont dans le même format. — Le luxe déployé dans l’exécu- tion du texte et dans celledes planches surpasse tout ce qui a été fait jusqu’à cejour. ® HISTOIRE naturelle des Moliusques, par M. Desnayes. 1 vol. in-4,avec un atlas de 117 planches. HISTOIRE naturelle des Annélides, par M. Desnaves. 1 vol. in-4, avec un atlas de 49 planches, L'histoire naturelle des MOLLUSQUES est en cours de pub'ication. HISTOIRE naturelle des Zoophytes, par M. Desuaves. 1 vol. in-4, avec un atlas de 8, planches. La publication se fait par livraisons mensuelles de 6 planches et 5 feuilles de texte. Elle a commencé par les MOLLUSQUES. Depuis novembre 1844, ül paraît une livraison chaque mois. Chaque livraison est du prix de 16 fr. PHYSIQUE GÉNÉRALE Par M. AIMÉ, Membre de la commission scientifique de l'Algérie, Cette section comprendra / volumes imprimés dans le même format, avec les mêmes caractères, la même justification et le mème papier que ceux employés pour les sciences physiques. I. RECHERCHES de physique sur la Méditerranée. 1 vol. in-4, avec G planches gravées en taille-douce. 30 fr. 11. MAGNETISME TERRESTRE. 1 vol. in-4, avec26 planches. 36 fr. III. METEOROLOGIE. — Côtes. 1 vol. in-4 (Sous presse). IV. METEOROLOGIE. — Intérieur du Sahara. 1 vol. in-4 (Sous presse). LE SAHARA ALGÉRIEN. ETUDES géographiques, statistiques et historiques sur la région au sud desétablisse- mens francais en Algérie, ouvrage rédigé sur les documens recueillis par les soins de M. le lieutenant-colonel Dauwas, directeur central des affaires arabes à Alger, et publié avec l'autorisation de M. le maréchal due de Dalmatie, président du conseil, ministre de la guerre. 1 fort vol. in-8 gr. raisin. Prix, broché, 6 fr. 50 c. Pour servir de complément au Sahara algérien : CARTE DU SAHARA ALGERIEN, dédiée à M. le Marécuaz puc »'Isuy, gouver- neur-général de l’Alsérie, par la direction des affaires arabes, 1845. Cette carte a été dressée, d’après les renseignemens pris et fournis parle lieu tenant-colonel Daumas, directeur central des affaires arabes à Alger, par ME. Ga- BORIAUD, capitaine d’état-major, attaché à direction centrale des affaires arabes, 2 feuilles grand aigle. Prix. 8 fr. CARTE D'UNE PARTIE SEPTENTRIONALE DE L’AFRIQUE, dressée d’après les renseignemens pris et fournis par le lieutenant-colonel Daumas, directeur cen- tral des affaires arabes à Alger, par M. Gazonaup, capitaine d'état-major, attaché à la direction des affaires arabes. 1 feuille colombier. Prix. 3 fr. Nora. Les deux cartes ont été gravées sous la direction du Dépôt de la guerre; la première est colorite, Chacune se vend séparément, On peut aussi se les pro- curer : Collées sur toile et réuniesdans un étui. 18 fr. Montées avec gorge et rouleau. . « . 22fr. Libraire des Societes savantes pres le Minist. de l'Instr. publ. 97 V. OUVRAGES CLASKSIQUES ET POUR LE BACCALAURÉAT. DELAVIGNE. Manuel complet des aspirans au baccalauréat ès-lettres, 8‘édition, rédigée d’après le nouveau programme de 1840. 2 forts volumes in-12, avec figures intercalées dans le texte. Paris, 1542. . + + + + + + + .. no fr. On vend séparément : LA PHILOSOPHIE. 1 vol. : fr. 50 LES ne avec fi- LA LITTERATURE. : vol. 1 fr. 50 gures. « . Arr. 20 L'HISTOIRE. 1 très fort volu- LA PHYSIQUE Ha CHIMIE, avec me. nt MOT: figures. en + + sons eo 2 fr. LA GEOGRAPHIE. 1 ao 2fr » DELAVIGNE. Manuel de l’histoire du moyen âge, 1 vol.in-18. Paris, 1837.3 fr. 5o CLASSIQUES FRANÇAIS, édition stéréotype de Firmin Didot frères, format in-18, chaque volume fer DEEE ANNE PARU ARE TR ÇA ENS SE ES HOiC:. Ouvrages dont se compose la Collection : Vol, Vol: J. RACINE. Théatre. . 2 VEN ME Chanel EU L. RACINE. La Religion. . .. 1 — Histoire de Russie. . . . 2 BOILEATE SN. - RTS — Romans. . . .- . x 4 MENELON. Télémaque. : o 0 2010 1 16 — Essai sur les mœurs. . 110 P.et Tr. CORNEILLE. . . .. 5 — Dictionnaire philosophique. 14 CREB!ILLON. . a ROUSSEAU. Nouvelle HERISS DAMES) MOLIERE.. 5 24 Emilés 24:E, 1 ZM 4 REGNARD I ES-SN 7 — Les Confessions... . : 4 LA FONTAINE. Fables. . 2 LABKUYERE. Caractères, : 3 = Conles tv MER AE 2 PASCAL. Les provinciales. +: . . 3 — Les Amours de Psyché. . I LA ROCHEFOUCAULT. Maximes. 1 TR AROUSSEAUE ET AE ES NICOLE Penstesss -t -2- net 1 BOSSUET. Oraisons ob DE LESAGE. Gil Blas. . . 5 -— Histo‘ re universelle. se À — Diable Poiteux. 2 MASSILLON. Petit Carême, . 1 — Théatre: : ï FLECHIER. Orais.funèébres, ete. 2 FLORIAN. Édardr a brdaiée 2 MONTESQUIEU. Esprit des lois. 6 | VERTOT. Révolutions romaines .. 4 — Grandeur des Romains. . . . 1 — Révolutions de Suède. . . . .-. 2 MONTESQUIEU. Lettres per- — Révolutions du Portugal. . +. 1x EMNES Te ve 0 A LR TRS U RU 2 SAINT-REAL. Conjuration contre VOLTAIRE. Henriade.…. . . .. 7 Venise QU LARMES 1257) Li A2 1 —s hpitres coince RE I PREVOST. Manon Lescaut. . . -. 1 — Contes envers MUC MAPHERBET 36", cuare-Hipez — Théatre: . . . 12 REGNIER. . . 2 — Siècle de Fous XIV. cu Er OEuvres choisies de "LA HARPE . 2 DATE 1 D RE TE CE Dee — GRESSET. 5 om 28 Livres de fonds de Vicror MASssON, Ouvrages classiques. Suite des ouvrages dont se compose la collection des classiques français. — LAFOSSE, DUCHE , etc.. .. 1: — BEAUMARCHAIS. . . . . . . — LEMIERRE. HE SU 00 —PlRONV ee Ce : — DEBELLOY. NS ee a — LA CHAUSSEE. — SAURIN. AAC LE LI I — DUFRESNY.. . ve POISSON ME A 1 — LAGRANGE- CHANCEL. . Me —=BOISSYE PE CS Le 2 — DANCOURT.. . ... ARE — RAVART EE NU. nue 3 — BARTHE. — CHAMPFORT... ...... 1: — BOURSAULT. . A — COLLE. . 1 GRAFIGNY CH Leitrens une — GUIMOND DE TA TOUCHE. 1 Péruvienne. . . D mom NN N D © 3 BOILEAU. OEuvres poétiques choisies, 1 vol. Prix. . . . . . . . . .. Go c. VOLTAIRE. Le Siècle de Louis XIV seul. 4 tomes en 1 fort vol. Prix. 1 fr. 60 c. Les tomes ci-après de la collection se vendent séparément; savoir : Tomes. 1. La Thébaïde, Alexandre, Andromaque. 2. Les Plaideurs, Britannicus, Bérénice. . Bajazet, Mithridate, Iphigémie. . Phèdre, Esther, Athalie. . Le Cid, Horace. . Cinna, Polyeucte, le Menteur. . Le Misantrope, le Médecin malgré lui. . Le Tartufe, Amphitryon. l’Avare, Monsieur de Pourceaugnac. . Brutus, Eriphile, Zaïre. . Zulime, Pandore, le Fanatisme et Mérope. J. RACINE. Théatre. CORNEILLE. Théatre. VOLTAIRE. Théatre. OÙ D0OEr D = H | | MOLIERE. Théâtre. | CLASSIQUES LATINS, ANGLAIS ET ITALIENS. FABLES, by John Gay, in two parts, to which are added Fables by Edw. Moore. 1-vol. in-18/broché sonic? HUE CRUE. CU RO TR mO\C. LETTERS of lady Mary Wortley Montague, to which are added Poems by the same author, 1: vol. in-18, broche, 900.1. : 1. + 42. AMEN, TOC: THE SENTIMENTAL JOURNEY, by Sterne. 1 vol.in-18,broché, go c. oc. THE VICAR OF WAKEFIELD. 1 vol. in-18, broché, 90 c. . . .. Yo c. BYRON'S Select poetical Works. 1 vol. in-18, broché . . . . . . .. 1 fr. LA GERUSALEMME LIBERATA, di Torquato Tasso. 2 ‘volumes in-18, br. 2r:000. . 42100 MIO RTR pee NN ES 1 fr. 4o CORNELII NEPOTIS Opera, quæ supersunt. In-18, broché, 95 c.. .. 5oc. HORATII (Q.) FLACCI Opera. In-18, broché, go c. . + + + + . . .. y LICE PHÆDRI Fabulæ. In-18, broché, 60 c. - . .:. « + + . + + + «+ 45 c. SALLUSTIT(C.) CRISPI Conjuratio Catilinæ et Jugurthæ. In-18,br.,75 c. 50 c. VIRGILII MARONIS Opera. 1 vol. in-18, broché, 1 fr. . . . . . .. 75 c. Libraire des Societes savantes pres le Minist. de lInstr. puhl. 929 | VI. JOURNAUX. ANNALES de Chimie, ou Recueil de mémoires concernant la chimie et les arts qui en dépendent; par MM. Guyron pe Morveau, Lavoisier, Moxce, Berrnor- ET, Fourcroy, etc. Puris, 1789 à 1815 inclusivement, 96 volumes, in-8, BEUTES ee ee tee SUN de Le AT OL NME MES 0300, fr: ,", Les collections complètes sont devenues très rares, maïs on peut se procu- rer la plupart des années séparément . . ... : . + . . . . . .. 20 fr. — Table générale raisonnée des matières contenues dans les 96 vol. Paris, DIVORCE MT RTS Flore een dec eee ALES ANNALES de Chine et de Physique, 2° série; par MM. Gay-Lussac et Araco. Paris, 1816 à 1840 inclusivement 25 années, formant 75 vol. in-8, accompa- gnés d’un grand nombre de planches gravées. . « « « . . . . .. 3oofr, ,", La plupart des années de 1816 à 1840 peuvent se vendre séparément. 12 fr. Table générale raisonnée des matières comprises dans les tomes 1 à 75 (1816 A H840)HONOl. in 0-00 Te + AUS ON Tr: ;, Chaque volume se vend séparément. ANNALES de Chimie et de Physique, 3° série commencée en 1841, rédigée par MM. Gax-Lussac, Araco, Cnevreuz, Dumas, Pecouze, Boussixcauur et Recnaucr. Il paraît chaque année 12 cahiers qui forment 3 volumes et sont ac- compagnés de planches en taille-douce et de figures intercalées dans le texte. Prix : Pour Paris tue — Lot ess sation iofoproeh eliorset ne lei jeile si oOre Pour les départemens 15 222 onitoitt 20H ee tell gerer 34 fr: Pouriquelques/paysdelétrangert. 00 OR CE ENS fr. ANNALES des Sciences naturelles, 1'° série, 1824 à 1833 inciusivement, publiée par MM. Aurouix, Ad. Broxcxiarr et Dumas. 30 vol. in-8, 600 planches en- viron, la plupart coloriées. . . . . . . de. 100 fr: %, On peut se procurer la plupart des années séparément. . . . .. 16 fr. —— Table générale des matières des 30 volumes qui composent cette série. Paris, TO4T, EVOÏ. IN-S ee + ee DRE ES 60 D. 00 OO) Do init .", On vend séparément tous les mémoires contenus dans cette 1"* série, .:80 Livres de fonds de Vicror MAssoON, TE —— —_—_— Journaux. ANNALES des Sciences naturelles, deuxième série, comprenant la zoologie, la botanique , l'anatomie et la physiologie comparée des deux règnes et l'histoire des corps organisés fossiles, rédigées pour la zoologie par MM. Avrouix et Muzxe Enwaros, et pour la botanique par MM. Adolphe Broxcxiarr, GuiL- LEMIN et DECAISNE. Cette deuxième série, publiée de 1834 à 1843 inclusivement, forme deux parties avec une pagination distincte, et comprend, avec les tables générales des matières et celles des auteurs, 40 volumes, format grand in-8 sur raisin, accompagnés d’environ 700 planches gravées en taille - douce et souvent coloriees. Prix des 4o volumes cartonnés. .…… ….. . « + + & + + + + + + -. S38ofr. Chaque année séparément, 4 volumes cartonnés « « . « « « « « +. 38 fr. P > On peut avoir séparément : Lawzoologie, 20 volumes\avaca/fable. 0-7 uen: . . 2... Ua5oifr. Etchaque année à part. 1... en: +... or, La botanique, 20 volumes avec la table, . . . . . . . . . . . . .. 25ofr. Chaque année à part . + + + + + + + + 0 + © 0 ee se 25 fr. La table se vend aussi à part : £ Prix pour les deux. parties réunies... + . … . + «+ « . «4: fr. Une des parties séparément . . . . . + + « . + + + + + +. Sfr. ANNALES des Sciences naturelles, troisième série, commencant le 1°" janvier 1844, comprenant la zoologie, la botanique, l’anatomie et la physiologie comparées des deux règnes, et l’histoire des corps organisés fossiles, rédigées pour la Zoologie, par M. Mirxe Evwanos ; pour la Botanique, par MM. Broxcxiarr (Ad.) et Decaisxe. Ces deux parties ont une pagination distincte, et forment, chaque année, deux volumes de botanique et deux volumes de zoologie ; elles sont accompa- gnées chacune de 35 planches gravées avec soin, et coloriées toutes Les tois que le sujet l’exige. Prix : Pour Paris, les départemens, l'étranger. Pour les deux parties réunies : 38 fr. 4o fr. 44 fr. Pour une partie séparément : 25 27 30 ANNALES MEDICO-PSYCHOLOGIQUES, journal de l’Anatomie, de la Phy- siologie et de la Pathologie du système nerveux destiné particulièrement à recueillir tous les documens relatifs à la science des rapports du physique et du moral, à l’aliénation mentale , et à la médecine légale des aliénés ; publié par MM. les docteurs Baillarger, médecin des aliénés à l’hospice de la Salpé- trière ; Gerise et Longet. Les Annales médico-psychologiques paraissent tous les deux mois, à partir du 1° janvier 1843. Chaque livraison contient 10 feuilles d'impression (160 pages), de manière àformer à la fin de chaque année deux beaux volumes in-8. Des planches seront ajoutées lorsqu'elles seront nécessaires. Prix de l'abonnement par année : FOUFSBANIS 0: + je se do ee de ce deseiede + ee Le CSC 0 ire Pourdbsdépañiemens: Le Rite 2,12 9 îre Pourl'étanpers 5 à + 5 2 se di ee CO ee ii Libraire des Societès savantes près le Minist. de l'Instr publ. 31 Journaux. JOURNAL DE PHARMACIE ET DE CHIMIE, par MM. Bouray J.-B. Bou- DET, Virey, Bussv, Souretnan, Henry, F. Bouner, Car, Bourron-CnarLar» , Frémyx; contenant le bulletin des travaux de la Société de Pharmacie de Paris et de la Société d’émulation , et suivi d’un compte-rendu des travaux de chi- mie, par Ch. Gernarpr; 3° série, ayant commencé en janvier 1842. Le Journal de Pharmacie et de Chimie paraît tous les mois, par cahiers de 4 à feuilles. {1 forme chaque année deux volumes in-8; des planches sont jointes au texte toutes les fois qu’elles sont nécessaires. : , ÿ Pour Paris et les départemens . . . . . . . 15 fr. Prix de l'abonnement L'on RÉ. 0... . . . … 18te Collections du Bulletin et du Journal de Pharmacte. La collection complète du Journal de Pharmacie se compose de six volumes, sous le titre de Bulletin de Pharmacie, et de vingt-sept volumes, sous le titre de Journal de Pharmacie et les Sciences accessoires. La série du Bulletin de Pharmacie, de 1809 à 1814, n’offre qu’un très petit nombre d'exemplaires. La 2° série, de 1815 à 184r, est réduite au prix de 8 fr. le volume. Chaque volume peut être vendu séparément. La prem'ère table analytique du Bulletin et du Journal de Pharmacie, de 1815 à 1831, 1 vol. in-8, imprimé sur 2 colonnes, en petittexte, se vend. . Gfr. La deuxième {able du Journal de Pharmacie (1831 à 1841). 1 broch.in-8. 3 fr. THE LONDON AND EDINBURGH Monthly journal of medical science. Jour- nal mensuel des sc'ences médicales de Londres et d’'Edimbourg, rédigé par le docteur Conuack, d’Edimbourg. Prix des 12 cahiers, formant un volume compacte, accompagné de planches et tableaux statistiques. . . . ., o2fr. Ce journal, le plus varie, le plus étendu, et le moins coûteux de tous les recueils périodiques de médecine qui se publient dans la Grande-Bretagne, paraît à Londres et à Edimbourg, le premier de chaque mois, et se trouve le 15 à Paris. ) ) Il offre de grands avantages aux auteurs du Continent qui désirent faire connaître leurs ouvrages aux médecinsanglais. Les exemplaires des livres et des journaux que l’on voudrait adresser au rédacteur, devront être déposés à Paris, chez Victor Masson; et à Leipzig, chez son correspondant, M. L. Michelsen. Les lettres devront être adressées franco à M. le docteur Cormack, 131, Princes-Street, à Edimbourg. 32 Livres de fonds de VicTor Masson, VII. BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE MÉDICALE, FORMAT CHARPENTIER. BICHAT. RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LA VIE ET SUR LA MORT, nouvelle édition, ornée d’une vignette sur acier, précédée d’une Notice sur la vieet sur les travaux de Bicuar, et suivie de Notes, par M. le docteur Cerise. Paris, 1844, L VOL: SEANTIN- 10e +7 Nes ele shelie: - + : + D OT: 00 CABANIS. RAPPORTS DU PHYSIQUE ET DU MORAL DE L'HOMME, nouvelle édition contenant : l’extrait raisonné de Destutt Tracy, la table alphabétique et analy- tique de SuE, une notice biographique sur Cabanis, et un Essai ER Ce principes et les limites de la science des rapports du physique et du moral, par le doc- teur Cersedavolernlenmrstemersrenite 16e lp. tr 50 GALIEN. OEuvres médico-philosophiques, haduites pour la première fois en francais sur les textes grecs manuscrits et imprimés, avec des introductions et des notes, par le docteur Cu.- V. Daremgerc, bibliothécaire de l’Académie royale de médecine (Sous presse). HIPPOCRATE, OEuvres (Ze Serment, la loi, de l’ Art, du Médecin, les Prorrhétiques, le Pronos- tic, des Eaux, des Airs et des Lieux, Prénotions de Cos ; Epidémies du Re- ime dans les Maladies aiguës, les Aphorismes, etc.), traduites sur les anciens textesimprimés et manuscrits, par le docteur Cu.-V.Dareuserc, bibliothécaire de l’Académie de médecine de Paris. 1 vol. grand in-18. . . . . . . Afr. ROUSSEL. SYSTEME physique et moral de la femme ; nouvelle edition, contenant une notire biographique sur Roussez et des notes , par le docteur CEnse. Paris, 1845. 1:VOL. grand/in=18. ..… le. ee detecte + 009 Tr 50 ZIMMERMANN. DE LA SOLITUDE, traduction nouvelle par M. ol X. Manuwier. Paris, 1845, 1 vol. gtandin-T8. 7 eee - ie CNONOMOTE CT 3 fr. 50 VICEOR MASSON. LANGELEOIS ET LECLERC®, place de l'École de Médecine, 1. rue de la Harpe, 81. ROUEN, CHEZ LEBRUMENT. LEIPZIG, ALGER, LÉOPOLD MICHELSEX, DUBOS FRÈRES, Et chez tous les Libraires de France et de l’Etranger. COURS ÉLÉMENTAIRE, THÉORIQUE ET PRATIQUE D'ARBORICULTURE, COMPRENANT L'ÉTUDE DES PÉPINIÈRES D'ARBRES ET D'ARBRISSEAUX FORESTIERS, FRUITIERS ET D'ORNEMENT ; CELLE DES PLAXTATIONS D'ALIGNEMENT FORESTIÈRES ET D'ORNEUENT ; LA CULTURE SPÉCIALE DES ARBRES À FRUITS À CIDRE ET DE CEUX A FRUITS DE TABLE 3 PRÉCÉDÉ DE QUELQUES NOTIONS D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE ; PAR A. DUBREUIL, Professeur d'Agriculture à l'École d'Agriculture et d'Économie rurale, et à 1 École normale primaire du département de la Seine-Inférieure ; professeur d’Arboriculture au Jardin des Plantes de la ville de Rouen ; membre de l’Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen ; correspondant de la Société royale et centrale d'Agriculture et de la Socitté royale d’Horticulture de Paris, etc. = 1 vol. in-l8, omé de 360 figures et de 6 planches en taille-doute. PRIX, BROCHÉ: 7 FR. 50 c. DRE N D ESS QE PRES 2 (QC EL DUES Ds PEN La science de l’arboriculture n’a jamais été formulée en France d'une manière simple et pratique ; les connaissances qui s’y rat- tachent sont éparses dans quelques traités généraux où elles restent complétement ignorées. Et pourtant, quelle partie de l’agriculture est plus attrayante et plus utile que la culture des arbres? Quel est le propriétaire de si petit domaine que ce soit qui n’éprouve une jouis- sance infinie à planter, greffer et tailler lui-même les arbres de son jardin ? Quel est le grand propriétaire qui ne soit désireux de présider à la direction de son pare, au choix des espèces, aux soins qu’elles exigent? Quelle est enfin la maitresse de maison qui n'offre avecorgueil les fruits des arbres qu'elle a fait planter, dont elle a suivi les dévelop- pements, et qui lui sont d'autant plus agréables que leur mérite ré- sulte presque toujours de ses soins et de sa surveillance personnels. La culture des arbres est donc une science aussi agréable qu’utile pour tous les propriétaires et cultivateurs ; tous s’en occupent, mais, tous aussi, faute d’un bon guide, sont encore livrés aux hasards de la routine ou de connaissances incomplètes. Frappé de cet état de choses, monsieur Dubreuil s’est décidé à RUE publier les leçons qu'il professe avec tant de succès au Jardin-des- Plantes de Rouen, à l'École d’agrieulture et à l’École normale de la Seine-Inférieure. Voué depuis son enfance aux études agricoles, monsieur Dubreuil à compris que l’avenir de nos cultures reposait tout entier sur l'amélioration des connaissances des propriétaires et des praticiens, et c'est à eux qu'il s’est adressé, c’est pour eux qu'il a traduit, pour ainsi dire, en langage vulgaire les résultats des décou- vertes de la science ; c’est pour enrichir, en un mot, le domaine de la pratique qu'il a rédigé son Cours élémentaire d'arboriculture. Afin de donner une idée précise des matières qui font le sujet de cet ouvrage et de l’ordre dans lequel elles sont exposées, nous tra- cons ici le cadre des principaux chapitres. PREMIÈRE PARTIE. ÉTUDES PRÉLIMINAIRES. PREMIÈRE SECTION. NOTIONS D'ÂNATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ces notions préliminaires étaient indispensables pour l'intelligence des chapitres suivants, car elles servent, en quelque sorte, de base à toutes les opérations de la culture. L'auteur y examine succinctement les principaux organes que l'on rencontre dans la structure des ar- bres; puis, étudiant les fonctions de ces organes , il envisage les di- vers phénomènes de la végétation : la germination des graines, la nu- irilion, l'accroissement, la reproduction, la mort naturelle des arbres. DEUXIÈME SECTION. AGENTS NATURELS DE LA VÉGÉTATION Ces divers agents, le sol, l'eau, Fair, la lumière, la température, déterminent ou facilitent les fonctions des organes des plantes. Ils sont étudiés séparément dans leurs rapports avec la végétation. DEUXIÈME PARTIE. APPLICATION DES CONNAISSANCES PRÉCÉDENTES. PREMIÈRE SECTION. DES PÉPINIÈRES. L'auteur indique d'abord quelles sont les conditions que doit rem- plir l'emplacement destiné à cette sorte de culture , quant à la position du terrain, à sa composition élémentaire, à sa richesse en engrais. Après s'être arrèté à la distribution du terrain, il s'occupe de la première préparation. Il décrit les diverses opérations pratiquées. dans les pépinières : les semis, les greffes, le marcottage, les bou- ET EP Ve PE ee tures, le repiquage, la transplantation, la formation de la tige et de la tête des jeunes arbres, les opérations contre les effets de la sécheresse et la croissance des plantes nuisibles, les assolements. Les arbres et arbrisseaux multipliés dans les pépinières sont par- tagés en quatre groupes principaux caractérisés par la similitude des soins qu'ils réclament pendant leur enfance. Les opérations dé- crites plus baut sont ensuite appliquées à chaeun de ces groupes. Ainsi, l’auteur étudie séparément la culture spéciale des pépinières destinées aux arbres forestiers à feuilles caduques, aux arbres et arbrisseaux d'ornement à feuilles caduques, aux arbres et arbrisseaux à feuilles persistantes, aux arbres et arbrisseaux fruitiers. DEUXIÈME SECTION: PLANTATIONS A DEMEURE. PREMIÈRE DIVISION. | Culture spéciale des plantations d’alignement forestières et d'ornement. Le premier chapitre est consacré au choix des diverses espèces d’'ar- bres que peut nourrir chaque sorte de terrain et à la préparation du sol. Vient ensuite la forme à donner aux plantations d'alignement, le choix des arbres à planter, l'époque favorable pour la plantation, le mode de déplantation, l'habillage ou la préparation des arbres, leur mise en terre. Un autre chapitre intitulé : Soins à donner aux jeunes plantations pendant les premières années qui suivent leur exécution, COM-— prend les moyens de diminuer l'influence de la sécheresse, l'élagaye, les remplacements. L'auteur termine cette division en traitant des principales mala- dies qui attaquent les plantations d'alignement. DEUXIÈME DIVISION. Culture spéciale des arbres et arbrisseaux fruitiers. 1 GROUPE. — Arbres à fruits à cidre. L'auteur s'arrête d’abord aux considérations applicables au sol. Il examine successivement la nature du sol la plus favorable, l'exposition convenable, la place que doivent occuper les plantations sur la ferme, la préparation du sol. Passant aux considérations relatives aux arbres, il fait l'étude du choix des variétés, âe celui des arbres, de la forme à donner à lu plan- tation, de la greffe, etc. Le chapitre suivant est consacré aux soins que réclament ces jeunes plantations pendant leurs premières années, tels que lar- mure des arbres; les opérations contre la sécheresse, la fumure du sol, la formation de la tête des arbres, l'ébourgeonnement de la tige, l'élagage. HR Cette partie de l'ouvrage est terminée par des recherches sur les moyens de remédier aux principales maladies qui attaquent ces arbres et par la description des opérations relatives à la récolte de leurs fruits. 2e GROUPE. — Arbres à fruits de table. L'auteur commence ce chapitre par une classification des arbres à. fruits de table. Fe jardin fruitier lui fournit l’occasion de traiter successivement du choix de l'emplacement convenable, des clôtures qu'on doit préférer, de la distribution du terrain, de la première préparation du sol, du choix des espèces et variétés d’ arbres à planter, de la plantation du jardin fruitier. L'auteur fait connaitre ensuite tout ce qui constitue la taille des | arbres fruitiers. Après un aperçu sur l’ensemble de cette impor- tante question, il indique les diverses sortes de boutures et de ramifi- cations qu'on doit distinguer dans ces arbres. Il décrit les opérations de la taille d'hiver et de la taille d'été, les différentes formes qui sont ou qui peuvent étre imposées à ces arbres. Faisant l'application de ces principes , il s'arrête au mode de taille nécessaire à chaque espèce d'arbres fruitiers et expose les moyens de restaurer les arbres rendus stériles par une taille vicieuse ou par la vieillesse. Un chapitre spécial est consacré à la culture annuelle du sol dans le jardin fruilier, aux opérations contre les gelées tardives du prin- temps et contre le soleil trop ardent de l'été. Cette dernière partie du livre est terminée par l'indication des remèdes à apporter aux principales maladies des arbres fruitiers et par tout ce qui concerne la récolte et la conservation des fruits. Tel est l'ouvrage que nous publions aujourd'hui. Nous ajouterons que l’auteur ne s’est pas borné à donner une forme nouvelle et plus convenable au sujet qu'il a traité ; il a consigné dans ce livre le résultat encore inédit de nombreuses recherches que sa position la mis à même d'entreprendre. Nous signalons particulièrement sous ce rapport les chapitres relatifs aux pépinières, à l'élagage des arbres d'alignement, à la culture des arbres à fruits à cidre et de ceux à fruits de table. Quant à l'exécution matérielle de ce traité, nous n'avons rien négligé de ce qui pouvait assurer son succès. Sachant combien les ligures aident à l'intelligence des descriptions en général, nous n'avons reculé devant aucun sacrifice : 350 figures, plus 6 planches en laille-douce, gravées par les meilleurs artistes, viennent contri- buer encore à la clarté du texte. Imprimé par Plon frères, 56, rue de Vaugirard. VICTOR MASSON. LANGELOIS EX LECLERC, place de l'École de Médecine, 1. rue de la Harpe, 81. ROUEN, CHEZ LEBRUMENT. LEIPZIG, ALGER, LEOPOLD MICHELSEN. DUBOS FRÈRES. Et chez tous les Libraires de France et de l'Etranger. COURS ÉLEÉMENTAIRE, THÉORIQUE ET PRATIQUE D'ARBORICULTURE, COMPRENANT L'ÉTUDE DES PÉPINIÈRES D'ARBRES ET D'ARBRISSEAUX FORESTIERS , FROITIERS ET D'ORNEMENT ; CELLE DES PLAXTATIONS D'ALIGNEMENT FORESTIÈRES ET D'ORNEMEXT ; LA CULTURE SPÉCIALE DES ARBRES À FRUITS 4 CIDRE ET DE CEUX A FRUITS DE TABLE ; PRÉCÉDÉ DE QUELQUES NOTIONS D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE VÉGÊTALE ; PAR A. DUBREUIL, Professeur d'Agriculture à l'École d'Agriculture et d'Économie rurale, et à l’École normale primaire du dé- partement de la Seine-Iufirieure ; professeur d'Arboriculture au Jardin des Plantes de la ville de Rouen; membre de l’Académie royale des Scieuces, Blles-Lettres et Arts de Rouen ; cerrespondant de la Sociét royale et centrale d'Agriculture et de la Société royale d'Horticulture de Paris, etc. L vol. in-18, orné de 350 figures et de 6 p'anches en taille-donce. PRIX, BROCHÉ : 7 FR. 50 €. DERDSEares, La science de l’arboriculture n’a jamais été formulée en France d’une manière simple et pratique ; les connaissances qui s’y rattachent sont éparses dans quelques traités généraux où elles restent compléte- ment ignorées. Et pourtant, quelle partie de l’agriculture est plus at- trayante et plus utile que la culture des arbres? Quel est le proprié- taire de si petit domaine que ce soit qui n’éprouve une jouissance infinie à planter, greffer et tailler lui-même les arbres de son jardin ? Quel est le grand propriétaire qui ne soit désireux de présider à la direction de son parc, au choix des espèces, aux soins qu’elles exi- gent? Quelle est enfin la maîtresse de maison qui n'offre avec orgueil les fruits des arbres qu’elle a fait planter, dont elle a suivi les dévelop- pements, et qui lui sont d'autant plus agréables que leur mérite ré- sulte presque toujours de ses soins et de sa surveillance personnels ? La culture des arbres est donc une science aussi agréable qu’utile Et GES pour tous les propriétaires et culüivateurs ; tous s’en occupent, mais, tous aussi, faute d’un bon guide, sont encore livrés aux hasards de la routine ou de connaissances incomplètes. Frappé de cet état de choses, monsieur Dubreuil s’est décidé à pu- blier les leçons qu'il professe avec tant de succès au Jardin-des-Plantes de Rouen, à l’École d'agriculture et à l'École normale de la Seine- inférieure. Voué depuis son enfance aux études agricoles, monsieur Dubreuil a compris que l'avenir de nos cultures reposait tout entier sur J’amélioration des connaissances des propriétaires et des praticiens, et c’est à eux qu'il s’est adressé, c’est pour eux qu'il a traduit, pour ainsi dire, en langage vulgaire les résultats des découvertes de la science; c’est pour enrichir, en un mot, le domaine de la pratique qu'il a rédigé son Cours élémentaire d’arboriculture. Afin de donner une idée précise des matières qui font le sujet de cet ouvrage et de l’ordre dans lequel elles sont exposées, nous tracons ici le cadre des principaux chapitres. PREMIÈRE PARTIE. ÉTUDES PRÉLIMINAIRES. PREMIÈRE SECTION. NOTIONS D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Ces notions préliminaires étaient indispensables pour l'intelligence des chapitres suivants, car elles servent, en quelque sorte, de base à toutes les opérations de la culture. L'auteur y examine succinctement les prin- cipaux organes que l’on rencontre dans la structure des arbres; puis, étudiant les fonctions de ces organes, il envisage les divers phéno- mènes de la végétation : la germination des graines, la nutrition, l'ac- croissement, la reproduction, la mort naturelle des arbres. DEUXIÈME SECTION. AGENTS NATURELS DE LA VÉGÉTATION. Ces divers agents, le sol, l’eau, l'air, la lumière, la température, dé- terminent ou facilitent les fonctions des organes des plantes. Ils sont étu- diés séparément dans leurs rapports avec la végétation. DEUXIÈME PARTIE. APPLICATION DES CONNAISSANCES PRÉCÉDENTES. PREMIÈRE SECTION. DES PÉPINIÈRES. L'auteur indique d’abord quelles sont les conditions que doit remplir l'emplacement destiné à cette sorte de culture, quant à la position du terrain, à Sa composition élémentaire, à sa richesse en engrais. Æb . Res Après s'être arrêté à la distribution du terrain, il s'occupe de la pre- mière préparation. Il décrit les diverses opérations pratiquées dans les pépinières : les semis, les greffes, le marcottage, les boutures, le repi- quage, la transplantation, la formation de la tige et de la tête des jeunes arbres, les opérations contre les effets de la sécheresse et la croissance des plantes nuisibles, les assolements. Les arbres et D . multipliés dans les pépinières sont partagés en quatre groupes principaux caractérisés par la similitude des soins qu'ils réclament pendant leur enfance. Les opérations décrites plus haut sont ensuite appliquées’à chacun de ces groupes. Ainsi, Pauteur étudie séparément la culture spéciale des pépinières destinées aux arbres fores- tiers à feuilles caduques, aux arbres et arbrisseaux d'ornement à feuilles caduques, aux arbres et arbrisseaux à feuilles persistantes, aux arbres et arbrisseaux fruitiers. DEUXIÈME SECTION. PLANTATIONS A DEMEURE. PREMIÈRE DIVISION. Culture spéciale des plantations d’alignement forestières et d'ornement. Le premier chapitre est consacré au choix des diverses espèces d'arbres que peut nourrir chaque sorte de terrain et à la préparation du sol. Vient ensuite la forme à donner aux plantations d'alignement, le choix des arbres à planter, l'époque favorable pour la plantation, le mode de déplantation, l'habillage ou la préparation des arbres, leur mise en terre. Un autre chapitre intitulé : Soins à donner aux jeunes plantations pendant les premières années qui suivent leur exécution, COmprent les moyens de diminuer l'influence de la sécheresse, l'élagage, les rempla- cements. L'auteur termine cette division en traitant des principales maladies qui attaquent les plantations d'alignement. DEUXIÈME DIVISION. Culture spéciale des arbres et arbrisseaux fruitiers, ler GROUPE. — Arbres à fruits à cidre, L'auteur s'arrête d’abord aux considérations applicables au sol. Il examine successivement la nature du sol la plus favorable , l'exposition convenable, la place que doivent occuper les plantations sur la ferme, la préparation du sol. Passant aux considérations relatives aux arbres, il fait l'étude du choix des variélés, de celui des arbres, de la forme à donner à la plantation, de la greffe, etc. Le chapitre suivant est consacré aux soins que réclament ces jeunes NU RE plantations pendant leurs premières années, tels que l’armure des arbres, les opérations contre la sécheresse, a fumure du sol, la formation de la téte des arbres, l'ébourgeonnement de la tige, 'élagage. Cette partie de l’ouvrage est terminée par des recherches sur les moyens de remédier aux principales maladies qui attaquent ces arbres et par la description des opérations relatives à la récolte de leurs fruits. 2e GROUPE. — Arbres à fruits de table. L'auteur commence ce chapitre par une classification des arbres à fruits de table. Le jardin fruitier lui fournit l’occasion de traiter successivement du choix de l'emplacement convenable, des clôtures qu’on doit préférer, de la distribution du terrain, de la première préparation du sol, du choix des espèces et variétés d'arbres à planter, de la plantation du jardin fruitier. L'auteur fait connaître ensuite tout ce qui constitue la taille des arbres fruitiers. Après un aperçu sur l’ensemble de cette importante question, il indique les diverses sortes de boutures et de ramifications qu’on doit dis- tinguer dans ces arbres. Il décrit les opérations de la taille d'hiver et de la taille d'été, les différentes formes qui sont ou qui peuvent étre imposées à ces arbres. Faisant l'application de ces principes, il s'arrête au mode de taille nécessaire à chaque espèce d'arbres fruitiers et expose les moyens de restaurer les arbres rendus stériles par une taille vicieuse ou par la vieillesse. Un chapitre spécial est consacré à la culture annuelle du sol dans le jardin fruilier, aux opérations contre les gelées tardives du printemps et contre le soleil trop ardent de l'été. Cette dernière partie du livre est terminée par l'indication des remèdes à apporter aux principales maladies des arbres fruitiers et par tout ce qui concerne la récolte et la conservation des fruits. Tel est l'ouvrage que nous publions aujourd’hui. Nous ajouterons que l'auteur ne s’est pas borné à donner une forme nouvelle et plus conve- nable au sujet qu'ii a traité ; il a consigné dans ce livre le résultat encore inédit de nombreuses recherches que sa position l’a mis à même d’entre- prendre. Nous signalons particulièrement sous ce rapport les chapitres relatifs aux pépinières, à l’élagage des arbres d'aliynement, à la culture des arbres à fruits à cidre et de ceux à fruits de table. Quant à l'exécution matérielle de ce traité, nous n'avons rien négligé de ce qui pouvait assurer son succès. Sachant combien les figures aident à l'intelligence des descriptions en général, nous n’avons reculé devant aucun sacrilice: 350 figures, plus 6 pianches en taille-douce, gravées par les meilleurs artistes, viennent contribuer encore à la clarté du texte. Imprimé par Plon frères, 36, rue de Vaugirard. ÉD rrUE RAA ne an or 7 ; FL! NSTITUTION LIBRARIES LULU LR