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Fr. P.-M. BÉLIVEAU, O. P.
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Fr. E.-P. NOEL, O. P.
5. T. M.
Fr. HENRICUS HAGE, Ο. P.
S. Τί L., VICARIUS GENERALIS
IMPRIMATUR
Parisus, die 142 januarti 1911. E. THOMAS,
V, G.
Paul-V. CHARLAND DES FRÈRES PRÊCHEURS DOCTEUR ÈS-LETTRES MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA
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Madame 4 saincte Anne
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SON CULTE AU MOYEN AGE
TOME I
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PARIS LIBRAIRIE ALPHONSE PICARD ET FILS
82. RUE BONAPARTE
1911
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O spem miram, quam dedisti
Justis et peccatoribus, Dum Mariam protulisti
Deo, cœlo, hominibus : Imple, mater, quod cœæpisti,
. Nos tuis juvans precibus.
Anna, vere claruisti
Sanctorum in splendoribus : Omnes opem ferant Christi;
Parce nobis supplicibus.
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Of. ms. Barcinonen., sæc. xvi.
MaATRI PIISSIM Æ _ Quæ TORMENTUM MORTIS NESCIENS
OBporMivir 1N Domino
Die xxu8 sovemBris, A. D. mcmvun
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CHAPITRE PRÉLIMINAIRE
La fête liturgique de sainte Anne !.
1 δι _ La maxime qe Léon XIII, renouvelée de Cicéron, indique | très nettement à l’historien son premier devoir: Ne quid falsi audeat, ne quid veri non audeat : Oser dire la vérité toujours, fût- Les une arme contre vous.
- ὕπο arme contre nous pourrait être le document que nous allons … d’abord citer. C’est la bulle de Grégoire XIIT instituant canonique- . ment la fête de sainte Anne, et puisque la date où elle nous reporte est si rapprochée de nous, comment pouvons-nous entreprendre
un livre sur le culte de sainte Anne au moyen âge ?
…_ Ἵ. AsréviarTions : Analecta Juris Pontificii, Rome-Paris, 1855 sq. — Batif- … fol (Mgr Pierre), Histoire du Bréviaire romain, in-12, 1895. — Baümer, His- toire du Bréviaire (traduction), 2 in-8, 1905. — Benoît XIV, Opera omnia, A7 in-4, Prato, 1839 : Tomes 1-vir : De Servorum Dei beatificatione et Beatorum ᾿ canonisatione : t. vi, ch. IX : De festis de præcepto ; t. vx: De festis Domini _nostri. Jesu Christi et Beatæ Mariæ Virginis. — Bollandistes (ΒΒ. PP.), Acta Sanctorum. — Bullarium Romanum, édition Cocquelines, 17 in-fol., Rome, 1739 . — Catholic Encyclopedia (The) Appleton, New-York, 1907 sq. — Colvenerio {auctore Georgio), Kalendarium SS. Mariæ, 2 in-18, Duaci, 1638. — Diction- naire d'Archéologie et de Liturgie (Dom Cabrol), Paris, Letouzey. — Dictionnaire . de Théologie catholique (Vacant-Mangenot). — Gavantus, Thesaurus sacrorum ‘73 seu Commentaria in Rubricas Breviarii romani, 2 in-4, Anvers, 1646. — G: rancolas (Jean), Commentaire historique sur le bréviaire romain, 2 in-18, Paris, ΗΝ --- Guéranger (Dom), L'année liturgique ; Institutions liturgiques, 4 in-8,
F Fe 1878. — Guyet (Auctore Carolo Guyeto), Heortologia, sive De Festis pro- is locorum et ecclesiarum, in-fol., Urbini, 1728. —— Kellner (K. A. Heinrich),
nn. oder das Kirchen jahr und die Heiligenfeste in threr geschichtlichen wvicklung, Fribourg-en-Briszau, Herder, 1901, in-8, vrrr-240 p.— Rocchi (R. P.
nt ntonio), Le Glorie di δ, Gioacchino, in-8, Grotta-Ferrata, 1878. — Schober (G.), Ε. tplanatio critica editionis Breviarii romani quæ a δ. Rituum Congregatione Le declarata est. Ratisbonne, 1894, vixr-364 p.— Swainson, The Greek trgies, gr. in-8, Cambridge, 1884. —— Les autres ouvrages seront indiqués in ter Ὁ à mesure.
+
0 MADAME SAINCTE ANNE
En effet, si on se contente de jeter un coup d’œil sur ce docu- ment sans le lire, et c’est ainsi qu’on traite bien souvent les impri- més ; si on prend simplement note du fait et de la date, comme on mettrait par exemple dans ses fiches : Monsieur un tel, né tel jour de telle année ; si surtout on prend le mot institution dont nous nous servions tout à l'heure, comme synonyme de « fonda- tion », « établissement ». «création nouvelle », alors notre cause peut être compromise. Si au contraire on se donne la peine de lire ce même document, non pas même entre les lignes, ce qui n’est pas du tout nécessaire, mais dans toutes ses lignes et quel- ques-unes en particulier que nous soulignerons d’ailleurs pour attirer davantage l'attention ; si on veut bien attendre que ce mot d'institution, le seul que nous pouvions employer malgré son ambiguïté, s’explique peu à peu et à notre satisfaction générale, alors la cause n’est plus perdue, elle est plutôt gagnée d’avance.
Mais lisons d’abord le document :
(GRÉGOIRE, ÉVÊQUE, SERVITEUR DES SERVITEURS DE Dieu,
POUR PERPÉTUELLE MÉMOIRE
«1. Notre mère la sainte Église, dont la mission est de nous donner sans cesse de salutaires enseignements, exhorte les enfants de la foi chrétienne à célébrer par des fêtes annuelles les saints du ciel, ces bons serviteurs de Dieu qui, non seulement ont laissé derrière eux sur terre des exemples de salut, mais qui s’emploient, étant maintenant là-haut, à recueillir les vœux des fidèles et à les rendre plus méritoires par leur propre intercession. Ce secours incessant, nous croyons que la bienheureuse Anne nous l’accorde, auprès du Dieu de miséricorde, elle qui a été pour le genre humain Pinstrument de si grandes bénédictions, puisque d’elle est née la Vierge Marie, mère, par la grâce divine, de Jésus-Christ notre Sauveur. C’est pourquoi, si insuflisants que soient les hommages rendus par l'humanité à l'honneur de son nom, comme cependant il ne faut pas omettre ce qui se peut faire :
«Nous, en vue d’honorer ses mérites par un culte pubhe et de réjouir l’Église universelle par l'évocation de sa sainte mémoi-
LA FÊTE LITURGIQUE 7
-re ; désirant de plus exciter dans les cœurs des chrétiens à son
D égard une dévotion DONT L’ANCIENNETÉ REMONTE AUX PREMIERS
| TEMPS DE L'ÉGLISE et qui est ATTESTÉE PAR TANT DE MONUMENTS
… INSIGNES DISSÉMINÉS A TRAVERS LE MONDE, pPrescrivons que, dans les temps à venir et à perpétuité, la fête de la bienheureuse Anne soit célébrée dans toutes les églises du monde le 7 des calendes d’août (26 juillet), sous le rite double, avec l'office du commun des saintes femmes, et que ce jour de fête soit ajouté
- sous cette rubrique dans les calendriers de Rome et des autres églises qui devront s’imprimer. Que si, en vertu d’une dévotion particulière des fidèles, ou d’une coutume, ou d’un précepte,
où d'un indult du Saint-Siège apostolique, la fête susdite est déjà célébrée en certaines églises avec plus de solennité, nous voulons que cet usage soit maintenu absolument.
«11. Nous ordonnons aux patriarches, archevèques, évêques et autres prélats établis dans le monde entier, de publier solennel- lement ces lettres dans leurs églises, provinces, cités et diocèses, et de les faire observer fidèlement tant par les séculiers que par les réguliers de tous ordres, quand même cette fête aurait été omise dans les bréviaires et missels récemment publiés.
«III. Nous voulons que les copies imprimées de ces lettres, munies de la souscription d’un notaire public ou du sceau d’un ecclésiastique constitué en dignité, fassent partout autorité comme
_ ces présentes elles-mêmes.
« Donné à Rome, près Saint-Pierre, l’an de l’Incarnation 1584, aux Calendes de mai (157 mai), la douzième année de notre pon- Ε΄ Hifcat 3. » | Et donc, à résumer cette pièce grosso modo, la fête de sainte
4. Gregorius XIII Episcopus, servus servorum Dei. — Ad perpetuam rei memoriam. Sancta mater Ecclesia quæ salutaribus nos semper instituit documen- tis annuas fidei fiis venerandas proponit sanctorum celebritates, qui in terris non solum exempla ad salutem reliquerunt, sed in cœlo beati fidelium patroci-
… nium suscipere, eorumque orationes, et vota suis precibus adjuvare non cessant. Quam nobis opem apud misericordem Deum credimus Beatam Annam assidue . impendere, quæ tanta in humanum genus præstitit beneficia, ex ea enim nata est B. Maria semper Virgo, digna a Deo effecta, quæ nobis Jesum Christum pa- .… reret Salvatorem. Et licet ejus nomini sanctis obsequiis honorando humana par
-
… esse non queat humanitas, ne tamen quod potest omittabur :
"
La
8 MADAME SAINCTE ANNE
Anne a été instituée par le pape Grégoire XIII je 47 mai 1584, et plusieurs semblent vouloir se contenter de cette information sommaire, Lesujet, d’ailleurs, ne les intéresse pas, etil n’y a rien à dire, rien à faire non plus : ces Messieurs ne sont pas de la partie,
D’autres au contraire qui savent lire et qui trouvent quelque plaisir à cela, auront sans doute remarqué ces expressions :
« Dévotion dont l’ancienneté remonte aux premiers temps de l’Église », et ces autres :
« Dévotion attestée par tant de monuments insignes dissé- minés à travers le monde, » et dans le texte même:
Ad antiquam in illam (S. Annam) devotionem quam usque ab exordio nascentis Ecclesiæ, insignia quoque templa, et religrosa loca in ejus honorem toto orbe construcla testantur... præcipimus.… etc.
Ils auront peut-être aussi noté comme donnée importante ce qui suit :« Que 81... la fête de sainte Anne, est déjà célébrée en certaines églises avec plus de solennité, etc. »
Nos ad ejus merita pro cultu decoranda, universalemque Ecclesiam jucundis- sima ilhus recordatione beatificandam, necnon ad antiquam in illam devotio- nem quam usque ab exordio nascentis Ecclesiæ, insignia quoque templa, et religiosa loca in ejus honorem toto Orbe constructa testantur, in Christianorum cordibus excitandam præcipimus, ut perpetuis futuris temporibus, B. Annæ dies festus septimo Kal. Augusti per totius Orbis Ecclesias duplici officio, de Saneta, videlicet nec Virgine, nec Martyre, quod est in commumi, quotannis recolatur, diesque prædictus imprimendis Romanis, et aliarum Ecclesiarum Kalendariis addatur, et duplex ei adscribatur. Sicubi vero festus B. Annæ dies supradic- tus ex fidelium devotione seu consuetudine, præcepto aut indulto Apostolico majore aliqua celebrari consuevit observantia, ea omnino ibidem retineatur,
20 Mandantes omnibus Patriarchis, Archiepiscopis, Episcopis et cæteris Eccle- siarum Prælatis per universum Orbem Constitutis ut faciant præsentes litteras in suis quisque Ecclesiis, Provinciis, Civitatibus et Diœcesibus solemniter pu- blicari, et ab omnibus ecclesiasticis personis tam sæcularibus quam quorumvis Ordinum Regularibus inviolate observari, etiamsi in recentibus Breviarii et Mis- salis reformationibus prædicta solemnitas fuerit prætermissa.
39 Volumus autem ut præsentium exemplis etiam impressis, manu Notarii publici subscriptis, et sigillo personæ in dignitate ecclesiastica constitutæ muni- tis eadem prorsus fides ubique gentium et locorum adhibeatur quæ ipsis præ sentibus adhiberetur, si essent exhibitæ vel ostensæ.
Bullar. Roman.,1. 1v, part. IV, Ὁ. 54et suiv.
LA FÊTE LITURGIQUE q
En tout cas, nous allons, quant à nous, reprendre et commenter un par un les termes de cette hulle pour nous si importante, si D, | intéressante et en même temps si lumineuse, Il ne s’agit pas d’éta- blir et de prouver ce qu’on appelle une thèse. Le mot est trop - solennel comme d’ailleurs la chose elle-même qu'il signifie, Le … Pape énonce un fait historique qui peut se formuler ainsi :
4 Le culte de sante Anne est très ancien dans l'Eglise, et de plus il ἃ toujours été, et il est encore, dans une large mesure, universel _ comme l’Église elle-même.
Ἢ Un sujet d'étude nous était offert, sujet nouveau, on peut dire, sujet «impossible », si l’on veut — de fait, quelqu'un le - voulait ainsi, — mais un sujet par là même très intéressant. Etait- il si téméraire de s’y engager, de s’en aller avec lui à la recherche de l'inconnu ? Nous n’aurions pas plus qu’il ne faut «la passion _ de la découverte, »et surtout nous nous garderions d’inventer quoi _ 66 ce soit, pas même des documents ; nous compterions sur mille … déceptions, mille déconvenues, mille tristesses, parce que sans doute nos recherches resteraient le plus souvent inutiles, mais _ nous continuerions quand même notre course à travers le monde _ et à travers les siècles pour le seul plaisir de chercher toujours et ο΄ pariout un être cher (qu’on pardonne ce langage familier). Partout et toujours : c’est un pape qui met ces deux mois comme en exergue …_ ἃ l’image de notre Sainte, ei nous l’en hbénissons, et c’est à cette …— double lumière que nous enireprenons ce travail. Encore une fois, nous ne promettons rien, nous n’ambitionnons pas de four- mir une preuve à une affirmation qui d’ailleurs peut s’en passer, puisqu'elle émane d’une autorité qui sait ce qu’elle dit, quoi qu’on … en pense en certains milieux ; tout simplement, puisque le goût “2 nous en est donné, nous cherchons, nous voulons étudier.
δ ΠῚ a semblé que l’histoire du culte de sainte Anne que nous en- . tamons maintenant devait naturellement commencer par une ᾿ς étude sur sa fête liturgique, et c’est en effet sur ce point que se _ dirige d’abord notre attention.
ἐν Pour parler simplement, le succès nous paraît douteux, mais Île
succès n’est pas oblisatoire, heureusement.
10 MADAME SAINCTE ANNE
Le sujet est difficile, d’autant plus que, du moins à notre con- naissance, il n’a jamais été traité ni de près, ni de loin,ni ex professo, ni per transennam, comme diraient les docteurs. Où les maîtres de la science n’ont pas encore passé, comment s’aventurer so1- même ? (C’est très vrai. Il est très vrai aussi que la prudence est la mère de la sûreté,mais faudra-t-1l pour cela ne jamais rien tenter, ne Jamais rien risquer ?
Quoi qu'il en soit, et quoi qu'il advienne, puisque le cœur nous en dit, essayons cette étude préliminaire. Elle sera ce qu’elle pourra, et 1l va de soi en tout cas qu’elle sera nécessairement un peu som- maire puisque, soit dit une fois pour toutes, nous ne pourrons nulle part et ne pouvons pas davantage ici mettre tout un volume dans un seul paragraphe, mais elle ne manquera pas de projeter d’avance quelque lumière sur les chapitres à venir.
᾿ς + %
Avant tout, il faut s'entendre, définir ce qui a besoin d’être défini, rappeler certaines notions de liturgie ou d’histoire ecclé- siastique, «sortir du temps et du changement », comme disait Bossuet, c’est-à-dire du présent et vivre dans le passé, le passé immuable, puisque, en effet, ἢ] n’est plus; le passé lointain, et très lointain, puisque le pape Grégoire XIII prétend nous ramener, avec sainte Anne, à l’exorde de l’Église naissante.
Nous disons avec le Pape : « Le culte de sainte Anne est très ancien dans l’Église,» et les chapitres qui vont suivre essaieront de le faire voir, en attendant que d’autres s’attachent à prouver la plus ou moins complète diffusion de ce même culte à travers le monde chrétien au cours des siècles, sinon dès le commencement.
Mais d’abord : « Le culte de sainte Anne est très ancien dans l’Église, » et nous ajouterons de suite, en procédant pour une fois à la manière de saint Thomas, le traditionnel Sed contra est des adversaires. De fait, 1l se présente contre l’attestation papale — consciemment ou inconsciemment, nous n’avons pas à en juger — des objections assez nombreuses, des objections assez sérieuses, formulées non pas par des adversaires fictifs, comme ils le sont très souvent dans saint Thomas, mais par des adversaires réels,
LA FÊTE LITURGIQUE 11
très réels, et parfois même « formidables. » Tout le monde en effet n'est pas convaincu, tant s’en faut, que le culte de sainte Anne soit positivement très ancien dans l’Église, et il s’est trouvé des auteurs graves, extrêmement graves, pour affirmer ou du moins
- laisser entendre qu’il est plutôt de date relativement récente, à au moins en Occident. Il ne faut Jamais s'étonner de rien, et il
ne le faudra pas même le jour où quelqu'un voudra faire du
culte de notre Sainte une pure, une gracieuse invention de la
piété canadienne-française. (Ce sera une plaisanterie comme tant d’autres qu'il faut endurer dans un monde où « il n’est personne qui réfléchisse en son cœur. » La vérnitéest, s’il faut toucher si | vite au toto Orbe du texte papal, que Madame sainete Anne, d’abord ΐ
vénérée en Orient, ensuite en Occident, et mieux qu'ailleurs
peut-être, dans la France de nos Pères, ἃ daigné venir récon- forter de sa douce présence les premiers colons du Canada, perdus, ἷ comme on sait, sur quelques arpents de neige 1.
: Fermons la parenthèse et reprenons. Ces contradicteurs dont À nous parlions ne sont pas toujours d’inoffensifs publicistes qui semblent payés à tant la ligne pour dire des absurdités ; ce ne sont
pas toujours des gens du monde ou des artistes ?, à qui on pardonne volontiers de ne pas savoir ce qu’ils ne sont pas tenus de savoir : ce sont parfois des hommes réputés instruits, des érudits, faut-il le - dire ? — des prêtres de grand renom, des corporations de prêtres ou de religieux qui devraient mieux savoir puisqu'elles enseignent _ ex professo. Mais n'insistons pas, raturons plutôt s’il le faut, Dom ᾿ς Leclercq écrivait naguère que le temps est passé des affirmations + arrogantes » ; pourquoi n'est-il pas également passé des néga- _ tions arrogantes ? Pourquoi ou comment — pour ne citer qu’un _ exemple — pourquoi, ou comment, non au xvin® siècle, —
_ 41. Le mot est là sans rancœur. Il n’est personne comme le Français-Canadien | pour se souvenir que
: Tout homme ἃ deux pays : le sien et puis la France !
fa 2. Kondakofi, par exemple, fixe au xvi® siècle l’origine du culte de notre Sainte _ en Occident.
13
+
12 MADAME SAINCTE ANNE
ce qui s’expliquerait encore — mais en plein xx® siècle, en 1903, un auteur très grave et en vérité souverainement estimable pouvait-il écrire ce qui suit (en traduction littérale) :« Le culte de sainte Anne était apparemment à peu près inconnu (en Occident sans doute) jusqu’à la seconde moitié du xive siècle, quand, à l’occasion du mariage de Richard II (d'Angleterre) avec Anne de Bohême, le pape Urbain VI, en 1382, ordonna que sa fête fût observée généralement !, »
Empressons-nous d’ajouter que le digne auteur a reconnu plus tard son erreur, et qu’il a eu la franchise, l’honnêteté, l’humilité de la rétracter publiquement, mais si on est heureux de signaler une si noble action, 1] n’en est pas moins triste de penser que pa- reille assertion représente peut-être encore plus ou moins lopi- nion courante. Ici permettez une confidence, la confidence d’une de nos dernières tristesses, sit pareille naïveté » peut passer. Nous avions attendu longtemps, zmpatiemment selon l’usage, le livre du D' Keilner, cette Héortologie qui devait faire la grande lu- mière sur tant de points obscurs, et sans doute nous fournir à nous- même de précieux renseignements. Vaine espérance.
Le Docieur reconnaît que «le culte des parents de Notre-Dame est de date relativement ancienne en Orient », mais « quant à l'Occident, leur légende, dit-il, n’y fut reçue qu'avec grande ré- serve, et ainsi, quoique le pape Léon ITT ait fait représenter leurs figures dans l’église de Sainte-Marie-ad-Præsepe, 1ls n’offrent aucune trace d’une mémoire liturgique dans les calendriers avant le moyen âge, » Pardon de l'interruption, mais il s’agit de quel moyen âge, s’il vous plaît ἢ Car enfin, une période de mille an- nées doit avoir au moins un commencement, un milieu, une fin, et l’on aimerait à être fixé un peu quelque part. Peut-être faut-il entendre 101 la fin, l'extrême fin du moyen âge, d'autant qu'il nous revient d’un autre savant une assertion analogue ou
1. The cultus of St Anna was apparently almost unknown until the second half of the fourteenth century, when, on the occasion of the marriage of Ri- chard IT (of England), with Anne of Bohemia, Pope Urbain VI, in 1382, or- dered her feast to be observed generally. H. M. Bannister, The Introduction of the cultus of δὲ Anna into the West, dans T'he English historical Review, 1908, t.xvinr, p. 107.
LA FÊTE LITURGIQUE 13
. plutôt identiquement la même, comme si les deux auteurs s'étaient copiés, ce qui n’est pas impossible même de nos jours. Mais ce que nous voulions surtout recueillir et signa- ler à l'attention, c’est ceci : « Que leurs noms soient quelque- - fois mentionnés dans divers écrits et que l’on parle d’eux comme
de saints, ce n’est pas la preuve qu’ils aient été l’objet d’un culte - spécial quelconque ! » (sic). D: Et donc, d’après un auteur qui est déjà devenu classique, sans doute parce qu’ « il tient compte des plus récentes recher- — ches, »et peut-être aussi parce qu’il «se garde soigneusement — des légendes, des antidatations fantaisistes auxquelles on se
— complaisait autrefois ?,» ia piété du moyen âge a pu faire des fêtes,
… élever des autels, tresser des couronnes à une multitude de saints : # elle ἃ pu, en France par exemple, construire plus de deux mille … Notre-Dame, et elle n’a jamais rien fait, absolument rien pour la mère de Notre-Dame !
Le Dr Kellner, permettez, est-il bien sérieux ? Il l’est sans doute ailleurs et nous reviendrons vraisemblablement à lui de fois à autre, tant son réel savoir nous inspire confiance encore, mais -— franchement, est-ce traiter avec honneur les parents de Notre- - Dame que de leur accorder juste sept ou huit lignes, et de pareilles
Ἀ 1. Nous n'avons pu voir que la traduction anglaise de l'ouvrage en question. _ Elle porte au titre : Heortology, a history of the christian festivals from their ori- ᾿ς gin to the present day, by D' K. A. Heinrick Kellner, in-8, London, 1908. Nous citons : « Among the Greeks, the parents of Our Lady enjoyed a religious cultus from a comparatively early date (p. 275). In the West, however, their … legend was received with considerable reserve, and although Pope Leo III had their pictures placed in the Church of Maria ad Præsepe, no trace of any liturgical commemoration appears in calendars before the Middle Ages. It is no proof that _ any special cultus was paid to them, that we find them occasionaldy mentioned in writings and spoken of as saints. P. 275-276. — ὦ, Revue du Clergé francç., τ. xzviix (1906), p. 255-257. A recueillir aussi des … Analecta bollandiana, t. κατ, p. 95 : « livre à l’usage des prédicateurs, catéchis- | tes, professeurs de religion. Manuel commode et solide où sont consignés les ré- ᾿ς sultats de la critique; — pas de discussions sur les questions obscures ou très con- _ testables encore — mais présente à chaque pas la preuve de ce qu'il avance ou . du moins des éléments de démonstration, d’après les meilleurs ouvrages parus
_ sur le sujet. »
ἽΝ
τῇ
{4 MADAME SAINCTE ANNE
lignes ἢ Où sont les preuves de cette négation... on n’ose pas dire «arrogante ? »
En tout cas, jusqu’à ce qu’il en vienne, notre illusion, si c'en est une, nous sera douce encore longtemps, comme est doux à notre oreille le mot du Pape : αὖ exordio nascentis Ecclesiæ.
Il nous répugnait de citer des noms, et si nous l’avons fait, c’est pour montrer que nous avons contre nous des contradicteurs non pas fictifs mais bien réels, comme nous disions plus haut. Il en existe d’autres, mais qu’il suflise de cette part faite à l'avocat du diable, et maintenant, sans accuser personne de l’une ou lautre de ces méprises auxquelles cependant les plus grands auteurs mêmes sont exposés, rappelons quelques notions utiles, élemen- taires ou même banales, si vous voulez, mais qui précisément pour cette raison, peuvent plus vite s’oublier. Oublier, c’est humain, comme de se tromper.
Et d’abord, Les mots culte et fête n’ont pas tout à fait le même sens.
Ils ne l’ont pas étymologiquement, ils ne l’ont pas par l’idée ou le fait qu’ils représentent, et malgré un usage qui tend mainte- nant à les prendre l’un pour l’autre, 115 ne seront jamais, au pied de la lettre, des termes tellement corrélatifs que l’un ne puisse jamais aller sans l’autre. Les fêtes présupposent, emportent le culte, puisqu'elles en sont une des expressions les plus manifestes. Mais le culte peut exister sans les fêtes. Dira-t-on que les chré- tiens n’ont pas toujours honoré la naissance du Sauveur ἢ Et pourtant la fête de Noël était encore inconnue en Occident vers le milieu du rit siècle. La fête du Saint-Sacrement ne fut établie qu'au xur1e siècle, et serait-ce la preuve que, jusque là, les fidèles n’avaient aucune dévotion pour la sainte Eucharistie ? Et com- bien d’autres fêtes de Notre-Seigneur sont nouvelles dans l’Église : le Saint-Nom de Jésus, le Sacré-Cœur, le Précieux-Sang, etc. ! La sainte Trinité elle-même n’avait pas de fête avant l’an 1320, et s’il faut une fête pour qu’il y ait un culte, dira-t-on que les fidèles, avant 14320, n’adoraient pas un Dieu en trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit ?
LA FÊTE LITURGIQUE 15
Dira-t-on aussi que la sainte Vierge a dû rester comme une étrangère pour les premiers chrétiens, puisqu'il est impossible de signaler une seule fête en son honneur avant la seconde moi- | tié du rv® siècle, ou même avant le vri®, selon Mgr Duchesne ἢ L’hypercritique protestante, par l’organe de M. Benrath, a osé soutenir cette théorie absurde pour ne pas dire sacrilège, mais on sait au moyen de quel naïf argument — il faut recueillir cette perle fine —: « Athénagore, Tatien et Théophile ne font d’elle (la | Vierge Marie) aucune mention, et dans ce que nous connaissons | des apologies d’Hermias, de Quadratus, d’Ariston et de Müiltiade - (heureux mortel qui connaît tout cela !), son nom n’est pas même prononcé. Done 1...» C’est charmant, charmant à force d’être enfantin !
Et M. Benrath s’est donné la peine de lire Athénagore, Tatien et Théophile, et peut-être Hermias et Quadratus et tous les autres pour arriver à cette conquête ! Quel triomphe, mais quel facile | triomphe d’avocat! On oublie de nous dire que ces apologistes ne citent pas non plus le nom de Jésus, et c’est sans doute la preuve que Notre-Seigneur ne tenait de leur temps aucune place dans la vie religieuse des chrétiens !
Ceci nous amène à dire un mot de | L’argument tiré du silence des auteurs.
Mais d’abord est-ce un argument ? La critique moderne en a fait le sien par excellence, son grand cheval de bataille. Et on ne devrait pas dire « critique moderne, » puisque moderne est un ter- 4 me de comparaison, et que la critique, venant à peine de naître, | n’en peut pas avoir évidemment. [Il est bien entendu en effet que la critique date de vingt ans au plus, même de beaucoup moins, et qui sait si le dernier auteur quel qu’il soit qui a publié hier, ne croit pas l’avoir inventée ? Il paraît bien en tout cas qu’elle est encore mineure; et à notre avis, ce serait le grand siècle des lumières qui nous l’aurait léguée en précieux héritage avant de mourir. Autrefois il y avait des amateurs en archéologie, histoire, hagiographie, science générale, des hommes laborieux,
1. Cf. Neubert, Marie dans l’Église anténicéenne, 1908, p. 156.
16 MADAME SAINCTE ANNE
sincères, animés des meilieures intentions bien sûr, mais quin’en- tendaient rien à tout cela. Les hagiographes surtout n’ont su faire que de la rhétorique. Ils ont accepté toutes les légendes les plus cocasses, trop contents de pouvoir broder toujours ; et encore broder est trop beau pour eux, trop délicat pour ces bar- bares de «certaines époques » ; ils ont fait simplement, grossière- ment, à la mode d’autrefois,« ce qu’on pourrait appeler la cuisine hagiographique. » On sait que le mot a été dit, et on voudrait ne pas savoir qui l’a dit 7. l'abbé Nau écrivait naguère avec son admirable franchise
« L'auteur de Nazareth, à l'exemple de plusieurs critiques renom- « més, utilise trop volontiers l'argument tiré du silence des auteurs : « Τὸ] fait m’apparaît à telle époque, il ne figure pas auparavant « dans les ouvrages que je connais; 1l a donc été inventé vers cette «époque.» L’argument tiré du silence des auteurs, si usité à cause du vernis d’érudition qu’ilcomporte, devrait être appelé bien souvent, de ia source d’où 1l procède, « une preuve d’igno- rance. » 1] ajoutait en note avec une très fine pointe d’iromie, à propos de certaines plaintes formulées contre Eusèbe : «Ïl est à remarquer aussi que les auteurs contemporains n’ont pas pour les anciens la même indulgence que pour eux-mêmes. [ls se per- mettent d'ignorer des ouvrages catalogués dans de nombreuses bibliothèques lorsqu'il leur suffirait souvent d’une démarche ou d’une lettre pour être renseignés, et ils ne permettent pas à un ancien, par exemple à Eusèbe, de rien ignorer ; mieux que cela, ils ne comprennent pas qu’il ait pu ne pas écrire tout ce qu'il
1, Revue du Clergé français, τ. κταν (1905), p. 561, article intitulé : Voir clair et dire vrai. Page 562 :10 « L’enseignement dogmatique est défectueux...» Plus loin : « L’hagiographie est beaucoup plus exploitée, sous prétexte d’édification, mais, hélas ! dans quelles conditions lamentables ! On dirait qu'ici tout est per- mis el que, quand on a lancé une épithète de mépris aux «dénicheurs de saints et aux adversaires de la tradition », on peut s’en donner à cœur joie, en dépit de toutes les réclamations de l’histoire ou du sens commun. Un savant bollandiste, le P. Delehaye, vient de publier un livre des plus insiructifs sur les légendes ha- giographiques (Bruxelles, 1905, Paris, Picard), On y voit à l’œuvre ce qu’on pour- rait appeler la cuisine hagiographique telle qu’on savait la faire à certaines épo- ques, sans nulle intention de tromper le lecteur, mais avec le seul désir de Fin- téresser ou même de rendre un peu plus illustre un saint local. » H, Lesêtre.
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savait dans les ouvrages qui nous restent de lui. Pour nous, nous croyons qu’'Eusèbe, tout comme nos contemporains, ἃ pu ignorer bien des faits et bien des ouvrages. Nous croyons aussi qu'il n’a pas écrit tout ce qu’il savait, soit parce qu'il n’y songeait plus au moment où 1] rédigeait, soit simplement pour économiser son parchemin. Nous tenons donc que l’argument tiré du silence des auteurs n’est qu’un indice et n’a en général aucune force pro- bante !, »
Mgr Duchesne a également dit un mot qui restera, et qui aurait dû être prononcé plus tôt pour l’avantage de certains auteurs : «On est revenu des systèmes insensés dont Tubingue eut la primeur ; d’autres, 1] est vrai, les ont remplacés, car le cer- veau humain est toujours fécond en inventions bizarres, Mais il y ἃ une opinion moyenne, représentée par les jugements des gens graves et sains d'esprit, qui s'impose au public de sens rassis. Je n’ai pas besoin de dire que je crois être de celle-là. Peut-être me flatté-je. Mais je me sens une égale horreur pour la niaiserie de certains systèmes et pour celle de certaines légendes. Je crois même que, s’il fallait choisir, les légendes où 1l y ἃ au moins un peu de poésie et d’âme populaire auraient encore ma préférence ?. »
Un système miais, c’est bien sans doute d'affirmer un fait parce qu'il n’a pas été nié, mais un autre plus niais encore, — et combien à la mode cependant de nos Jours !— c’est de nier tel autre fait, parce qu'iln’a pas été affirmé, authentiqué, documenté par un auteur quelconque. Telle fête n’a commencé dans l’Église qu’à telle épo- que parce que le premier document quila constate ne date que de cette époque. Puisque tout à l'heure, 1l s'agissait d’Eusèbe, Constan-
tin n’a rien vu dans le ciel, ni croix, ni lettres de feu, parce que Eu- _ sèbe ne dit rien de ce prodige dans son Histoire de l'Eglise, un livre _ contemporain du soi-disant événement, mais seulement vingt ou
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ΟΊ, F. Nau, Les constructions palestiniennes, dans Revue de l'Orient chrét., 1905, ἣ (105 année), p. 163.
- 2. L. Duchesne, Hist. ἀπο. de l Église, 3° éd., τ. τ, préface. 3 _ 3. J.-B. Firth, Constantine the Great, in-8, 1905, p. 97 :« In twenty-five years ἃ story may be transfigured out of all knowledge through constant repetition by
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raisonnement et la belle chose que de savoir quelque chose ! La confession n’existait pas dans les premiers siècles, parce que nul chrétien de ce temps-là ne nous a laissé son billet de confession en souvenir, La légende de la sainte Maison de Lorette est une vaste comédie, et:le mal est que les papes s’y sont mêlés, eux qui auraient dû attendre le document. Pourquoi ne pas dire tout de suite que les cathédrales de France et d'Allemagne n’exis- tent pas, puisque ni saint Thomas d'Aquin ni Albert le Grand n’en disent un seul mot, eux qui les auraient certainement vu bâtir si de fait elles avaient été bâties ! Pure illusion de nos sens abusés !
Voilà où nous en serons bientôt si nous n’y sommes déjà. En tout cas, rien d'amusant... où d’affligeant — cela dépend des heures — comme de parcourir cerlains ouvrages de notre érudition contemporaine, et même les plus graves, les plus savants, et soi- disant les plus franchement catholiques et dévoués aux causes catholiques. Ils n’osent plus rien affirmer : «1 leur semble témé- raire de dire que »..., « 1 serait téméraire même de penser que... »; « c’est sous toute réserve que... » et « Il ne faut pas s’aventurer jusqu'à... » et cætera ! (Imaginez un peu !) Si l’on n’a rien à dire, qui ou quoi donc oblige à parler ἢ Et j’ajouterais : Si l’on n’a rien à bâtir, à quoi bon démolir ἢ
Mais n'insistons pas. D’ailleurs, au commencement, la critique a fait du bien et il faut lui en tenir compte. Ce n’est pas elle qui a inventé le vieux principe, vieux en effet comme le monde : « Le sage n'avance rien qu'il ne prouve, » mais elle l’a restauré, réappli- qué, remis en vigueur sinon en honneur auprès de beaucoup de gens qui semblaient disposés à n’en pas tenir compte. Et puis aujourd’hui, 11 semble qu’elle commence à voir où est allé son système, bon en lui-même, mais dangereux dans les mains du
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the narrator, to say nothing of the changes it sufiers if it passes in active circu- lation from mouth to mouth. » A noter cependant ce candide aveu :« The argu- ment from silence is never absolutely conclusive, but the reticence of Eusebius in 326 at least warrants a strong suspicion that the legend had not then crystal- lized itself into its final shape. » p. 98. Nous allions oublier l'avertissement que Constantin n'était pas un grand homme, ni même « un homme intelligent ». ({bid., passim). À qui le dites-vous ἢ
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| servum pecus des imitateurs ; qu’elle regrette d’avoir oublié l’autre 4 … vieille formule : ques tout ee qui est permis, parce que c’est Juste, οἷ. bon, ou vrai, n’est pas Loujours par là même expédient ou L apropcs » ; il semble qu’elle voudrait refaire certaines pages trop . risquées, trop révélatrices aussi du parti pris ; reprendre certai- - nes thèses malheureuses, revenir à certaines légendes qui avaient … bien leur charme en même temps qu’un peu de vraisemblance ;
? bref, adorer de nouveau aujourd’hui même ce que, hier, elle a
| brûlé. _ Quoi qu'il en soit, la crise, la terrible crise du modernisme, … puisqu'il fallait le nommer, passera si elle n'est déjà passée. Il By aura toujours, 11 y a déjà quelques hommes sérieux pour -. seniir comme Jean d’'Agrève, — si Jean d’Agrève peut intervenir — en cette affaire — et pour dire comme lui du fond de leur âme 1 désabusée : « La vieillerie de toutes ces nouveautés m'a lassé ; .- Je faux neuf m'a redonné l'amour du vrai vieux, » et le bon sens . reviendra avec la désillusion ; la prudence, la circonspection repren-
_ dra le dessus avec le regret des fautes passées.
De permettra-t-on d'ajouter pour ce qui concerne le présent ᾿ς | travail qu'il se gardera, quant à lui, de tout système, se conten- tant de ne rien affirmer ni de rien nier sans preuve ?Quand se pré-
_ senteront des documents, ilen pèsera la valeur, car encore cela est-il
_ nécessaire, et s'ils lui paraissent indiscutables, il sera heureux, très - heureux de s’en servir. Quand, au contraire, manqueront les témoi- gnages, ce qui ne devra jamais nous surprendre, étant donné notre a sujet, ce sera le moment de penser que personne au monde n’était . obligé de nous en fournir, ou bien qu’ils ont pu se perdre comme . tant d’autres écrits précieux, ou bien que l’argument de raisen, l’ar- _ gument de droit vaut quelquefois autant que l'argument de fait; ou bien encore que « le bien ne fait pas de bruit», c’est-à-dire τοὶ . que la dévotion n’est pas de sa nature tapageuse, et n'a jamais de- mé adé comme elle ne demande encore que le silence autour d’elle : n silentio et quiete proficit anima devota. Et de fait, si l’on peut mêler un peu de mystique à cette étude, la mère de la À lierge Marie a dû vouloir s’effacer pour toujours devant sa Fille, Mà e de Dieu, Reine du ciel et de la terre, et celle dont F Évangile nous a caché le nom, peut-être parce qu’elle aura obtenu de Dieu
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cette faveur de rester inconnue, aura voulu également le silence sur les hommages que les fidèles lui ont rendus comme malgré elle au cours des siècles, αὖ exordio nascentis Ecclesre.
Mais il est temps de revenir à nos considérations, et une troi- sième porterait sur ce qu’on pourrait encore ici appeler
L'évolution très lente de la liturgre.
Il serait par trop fort en effet d'imaginer que l’Église — je veux dire ici le Saint-Siège — a procédé systématiquement dans la confection de sa liturgie, ou de ce qu’on appelle d’un mot moins vague le « Cycle liturgique ». Elle n’a pas dès l’origine dressé un grand casier, en se disant que, avec le temps, elle en emphrait chacune des cases. Notre-Seigneur ui suffisait bien pour les em- plir toutes, et il semble, à pénétrer, si on lose, dans le secret de ses intimes et saintes ambitions, qu’elle voulait faire vivre d’avance les fidèles de la vie du ciel où, quine le sait ? toute l’ado- ration, tout le culte, tout l’amour iront d’abord et principalement, et plutôt uniquement — si l’on veut parler le langage strict — à l'humanité divine et trois fois adorable du Sauveur. C’est une indiscrétion, plutôt même une indécence que de vouloir palper ainsi, je dirais, le cœur de l’Église, et à l’avance nous lui deman- dons pardon, si quelque part, 101 où là, par un zèle inconsidéré ou la vaine curiosité de trop savoir, nous lui posons des questions auxquelles nous savons 51 bien qu’elle n’est pas tenue de répon- dre. C’est 101 comme ailleurs le Secretum Regis qu'il faut respecter sans chercher à le connaître, Mais des hommes ont regardé où nous n’osions pas nous-même, οἱ on aimera toujours, car rien ne la remplacera jamais, cette page de dom Cabrol, ce début d’une conférence qui ne ressemble pas du tout, quoi qu’il en ait dit, à un conte de Peau d’Ane :
« ἢ fut un temps où l’année liturgique n’existait pas. Ce qui gouvernait tout, ce qui animait, menait la chrétienté naissante, c'était le souvenir de Jésus, sa pensée, son amour. il était le lien des âmes et des cœurs ; on peut même dire- qu’il était plus présent au milieu d’eux que quand ils le voyaient et l’entendaient de leurs yeux et de leurs oreilles, car maintenant, ils le voyaient et l’entendaient dans leur âme...
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« Les développements que la liturgie recevra dans les siècles suivants ne lui enlèveront pas son caractère primitif : c’est encore la vie du Christ, et en particulier les dernières semaines à Jéru- salem qui resteront le point culminant de l’année liturgique !, »
Et ailleurs : « De vieilles fresques des catacombes nous mon- trent le Christ sous la forme d’un pasteur, au centre d’une voûte autour de laquelle sont représentées les saisons sous des figures symboliques. Qu'il y ait ici simple hasard d’un pinceau en quête d’un motif d’ornementation, ou intention symbolique, il est cer- tain que ces peintures expriment une pensée profonde : le Christ est au milieu des temps, il est le centre de l’année liturgique...
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L’année liturgique n’est autre chose que la révolution de l’année autour du Christ, la reproduction des principaux événements de sa vie ?. »
Il y a de fait une observation qu’on ne peut s’empêcher de faire quand on étudie un tant soit peu l’histoire de la liturgie : c’est, pour employer une expression très simple, trop simple peut-être, que le calendrier de l’Église ἃ mis bien du temps à s’emplir. A part les doux mystères personnels au Christ, à la Vierge, à l’Église, mystères qui peuvent se dédoubler comme à l'infini, ilest vrai, des saints innombrables auraient dû dès longtemps le faire déborder.
Que voit-on au contraire ?
Saint Paul ne voulait savoir qu’une chose : « Jésus et Jésus
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crucifié. » L'Église non plus ne veut pas savoir davantage, mais elle a des enfants qui ont besoin pour croire de voir des miracles, — Nusi signa ant prodigia videritis — et en même temps que Jésus crucifié, elle leur enseignera Jésus ressuscité, et pour longtemps ce simple catéchisme — catéchisme en deux images —- suflira à la piété comme à la foi des néophytes. D'ailleurs, l’Église ne - sépare pas le Christ ressuscité du Christ crucifé, et il faut noter _ l’admirable langage dont elle se sert ici pour l’un et pour l’autre, Pour les fidèles, elle a fait sa grande fête de la fête de Pâques, mais
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pâque de la passion, la pâque de la crucifixion, comme elle l'appelle (πάσχα σταυρώσιμιον), et ces deux pâques en réalité n’en faisaient qu’une pour elle ἢ.
1. Cabrol, op. cit. Pages à résumer : Pâques entraînait à sa suite la Pentecôte. Ces cinquante jours formaient comme une fête ininterrompue, un jubilé, un temps de joie où l’on ne jeûnait pas, où l’on suspendait l'exercice de la pénitence, où l'attitude même de la prière était moins humiliée... De même que la Päque en- traînait à sa suite ses cinquante jours de fête, elle exigeait une préparation par 18 prière et par le jeûne ; de là le Carème... L’anniversaire de la naissance du Sau- veur, comme celui de sa mort, méritait d’être célébré avec solennité et 1] lui fal- lait également sa préparation ; ce fut l'Avent... Le reste de l’année devait être attiré dans l'orbite de ces fêtes. Il y eut un temps de Noël comme il y avait un temps de Pâques, soit les six dimanches après l'Épiphanie, Le temps qui restait après les dimanches de l'Epiphanie se rattacha au Carême sous le nom de Septua- gésime. Restait le long espace entre la Pentecôte et l’Avent, de mai à décembre, une bonne moitié de l’année... Quelques fêtes, celles de saint Jean-Baptiste (24 juin), des saints Apôtres Pierre et Paul (29 juin), de saint Laurent (10 août), de l’Assomption (15 août), de saint Michel (29 septembre)... On eut de petites séries de dimanches appelés dimanches après saint Jean, après les apôtres, après saint Laurent, après le saint Archange. Plus tard, tous ces dimanches furent ré- duits à l’uniformité ; 115 s’appelèrent les dimanches après la Pentecôte, et cette époque liturgique prit le nom de temps après la Pentecôte. L'œuvre de jonction était accomplie. les deux extrémités de l'anneau liturgique se rejoignaient, p. 235-239.
Toutes les fêtes de l’année gravitent autour des deux grandes fêtes du Seigneur Noël et Pâques, qui sont comme les deux pôles de l’année chrétienne (p. 259).
Cf. aussi Kellner, Heortologie, ut sup. (Une traduction française sur la der- nière édition allemande vient d'être publiée par le R. P. Bund, Poussielgue 5. d. (1910), in-8. Quelques extraits : « Tertullianis the first ecclesiastical (De Bapt., 19) writer who enumerates the feasts celebrated among the Christians. The only festivals known to him are Easter and Pentecost (C. Cels.,x win, 22). His stalement is all the more noteworthy, because the exigencies of his contro- versy with Celsus required he should specify all the festivals by name. These are, besides sundays, the Parasceve, Easter, and Pentecost. — Tertullian and Origen are witnesses respectively for the East and the West, and since their evidence coïncides, it is certain that in the third century, only the first germs existed of that churchlife which subsequently was to reach so rich a development. The cessation of persecution removed those hindrances which up to then had stood in the way of its evolution (page 17). A list of feasts and sacred seasons appears for the first time in the fifth book of the Apostolic constitutions, viz the Birthday of our Lord (25 december), Epiphany, Lent, the Holy Week of the Passover, the Passover of the Resurrection, the sunday after Easter, on which
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Les autres fêtes ne viendront que plus tard, quelques-unes même très tard, et 1] en sera de même pour la liturgie mariale, Des auteurs ont discuté l’assertion de Mgr Duchesne à laquelle nous faisions allusion plus haut et que nous pouvons à notre tour rapporter ici: «L'Église de Rome ne paraît avoir solennisé aucune fête de la Vierge avant le vi siècle, alors qu’elle adopta les quatre fêtes byvzantines dont je vais parler bientôt 1, » c’est-à- ᾿ς dire la Purification de la sainte Vierge, l’Annonciation, la Nativité et la Dormition. Ce qui est incontestable c’est que, au moins en Occident, comme a eu soin de le remarquer Mgr Duchesne, les fêtes de la Vierge apparaissent relativement très tard. Divers auteurs ont donné lexplication de ce fait à première vue étrange, et elle est connue 4 de tout le monde. Si aujourd’hui les fêtes chrétiennes passent aux yeux de plusieurs pour de simples réminiscences ou revi- viscences du paganisme ; si, pour eux qui devraient être mieux informés, «1l ne faut pas chercher ailleurs que dans la mythologie païenne les origines du culte chrétien ?, » quelle différence les païens eux-mêmes ou les ennemis de la foi auraient-ils vue entre le culte de Marie et le culte de l’une ou l’autre de leurs déesses ? Et quant aux nouveaux convertis, à peine dégagés de leurs
… 15 read the Gospel of unbelieving Thomas, Ascension and Pentecost. This gives - the festivals in the fourth century (p. 19-20). » 1. Duchesne, Orignies du culte chrétien, 3° édit., 1903, p. 270, suite :« La plus _ ancienne est celle de la Présentation de l'Enfant Jésus au temple (ou Purification de la sainte Vierge). C'est à Jérusalem que nous la trouvons d’abord instituée, et cela dès la seconde moitié du τνϑ siècle. La fête de l’Annonciation du 25 mars est attestée par le Chronicon Paschale (première moitié du vr® siècle), qui en . parle comme d’une institution établie. Ces deux fêtes, avec celles de là Nativité (8 septembre), et de la Dormition {15 août), sont marquées dans le Sacramentaire ᾿ς _ Gélasien au commencement du virr siècle. Elles étaient donc entrées dès le vrre _ siècle dans l'usage romain. _ ἃ (85 quatre fêtes sont, pour l'Occident, d'importation byzantine (p. 272-273)», r 2. Entre autres, E. Lucius, Les commencements du culte des saints dans l’Église dl étienne (en allemand), Tubingue, 1904, in-8, 526 pages; analyse dans Revue Ἢ des Quest. hist., janvier, 1907, p. 205-212 par V. Ermoni. M. Ermoni prouve, _ comme dom Cabrol (Conf. 3, Origines liturg.),que ce culte ne procède ni du gnosti- à _cisme, ni de l'hellénisme. On lirait aussi avec intérêt Thurston, The influence
_ of Paganism on the christian calendar, dans The Month, mars 1907, p. 225-239.
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superstitions de la veille et encore incapables de discernement théologique ou mystique, qui sait si eux-mêmes, de leur côté, ne se seraient pas scandalisés d’une dévotion qui ressemblait tant pour l’extérieur à l’idolâtrie proscrite ? L'Église respectait trop, aimait trop l’immaculée Vierge Marie pour permettre: que son nom fût accouplé à d’autres qu’elle abhorrait.
L'abbé Neubert ἃ donné une autre explication qui semble également juste. Il vient de parler du culte des martyrs, et il ajoute: «Les martyrs étaient d'anciens compagnons d’armes qui s'étaient trouvés dans la même situation que leurs admira- teurs, Chacun d’eux constituait une individualité à part, orientée sans doute vers le Christ, mais n’évoquant qu’au second plan la pensée du Christ : 1] était donc naturel qu'on leur vouât un culte spécial. Marie au contraire n’avait de sens qu'auprès de Jésus. ses mystères, ce sont les mystères de Jésus... elle est inséparable- ment une à Jésus À »,
Ce texte admirable dans sa simplicité est une lumière. Il ne nous console pas de voir le culte liturgique dela Vierge se développer si tardivement dans l’Église, mais il répond, au moins quelque peu, à certaines questions qui se posent d’elles-mêmes, comme celles-ci entre autres : « Pourquoi, au τνῦ siècle de l’Église, sainte Agnès a-t-elle été l’objet d’un culte extérieur plus apparent, plus déve- loppé, plus fréquemment et généralement manifesté que celui de la très sainte Vierge ἢ Pourquoi saint Ambroise consacre-t-il une hymne à la jeune martyre tandis qu’il n’en a pas pour la Reine des martyrs ἢ On ἃ parlé beaucoup en ces derniers temps des verres dorés des catacombes, et pourquoi, encore ici, sur trois cent quarante verres connus et publiés, saint Pierre et saint Paul sont-ils représentés une soixantaine de fois, sainte Agnès treize fois, et la sainte Vierge seulement six fois, et encore deux fois sur les six avec sainte Agnès 23 Pourquoi, pour parler comme M. Paul Allard, « cette petite fille sur laquelle nous savons si peu, se montre- t-elle à nous comme une sainte nationale des Romains, comme une patronne de leur cité 3 », tandis que la Vierge Marie, oui la
1. Neubert, Marie dans l’Église anténicéenne, p. 257-258. 2. Cf. Garrucci, Storia dell arte christiana, 1873-1881, t. 1v, p. 107 sq. 3. Paul Allard, dans le Dict. d'Archéologie, fascicule IV, col. 905-918. Οἱ. le
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‘très sainte Mère de Jésus elle-même, semble reléguée à l’arrière-
plan ἢ Pourquoi saint Jean-Baptiste a-t-:1l de bonne heure sa fête de la Nativité, tandis que Marie immaculée attendra des siècles pour avoir la sienne ? Mais à toutes ces questions labhé Neubert nous a déjà donné une réponse à peu près satisfaisante, si nous ne sommes pas trop exigeants.
Aurait-1l en même temps résolu les problèmes analogues qui peuvent se poser au sujet du culte liturgique de Madame saincte Anne ἢ { Nous insistons sur ce mot culte liturgique, parce que nous ne devons jamais le confondre avec cet autre culte que nous appel- lerions simplement dévotionnel, si la langue française permettant à chacun, comme la langue anglaise, de fabriquer à mesure les mots dont ila besoin !). Notre Sainte n'’était-elle pas, beaucoup moins que la Vierge Marie sans doute, mais encore très intime- ment liée, en qualité d’aïeule, à la personne et au souvenir du Verbe fait chair ? Combien de fois l'Art du moyen âge l’a représentée portant dans ses bras à la fois la Vierge et l'Enfant Jésus, gra- cieuse image de cette double maternité qui était la sienne, et com- ment les premiers chrétiens n’auraient-ils pas honoré d’un même culte cette douce Trinité de la terre, 51 bien en contact avec tous les cœurs vraiment humains à force d’être elle-même si vraiment humaine !
Et qu’on ne voie pas ici — nous en prions le lecteur — un rêve d'imagination pieuse. Sainte Anne n’était pas seulement une sainte — et à ce titre déjà elle méritait tout l’honneur qu'un monde nouveau, régénéré par le trois fois Saint, rendait à quicon- que ressemblait au Divin Modèle — ; elle n’était pas seulement de la famille du Christ comme saint Jean-Baptiste et tous ceux que l'Évangile appelle ses frères et ses sœurs ; elle était une an-
récent et magnifique ouvrage de M. Jubaru, Sainte Agnès, Paris, Dumoulin,
_ gr. in-8; Études religieuses (RR. PP. Jésuites), 20 janvier 1907.
4. Admirable notre langue, mais si pauvre, si bizarre depuis que la Diction- naire de l'Académie nous ἃ supprimé, on ne sait pourquoi, tant de choses néces- saires, les substantifs ou les adjectifs par exemple, quand il nous laissait les verbes ou les adverbes, ou vice versa, tandis que l’anglais a tout conservé, tout amplifié même selon que c'était nécessaire ou utile.
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cienne, elle était une ancêtre, et quiconque veut seulement penser
à ce respect des anciens, à ce culte des aïeux, qui a toujours été dans l’humanité une vraie religion, parfois même l’unique religion, admettra sans peineque notre Sainte devait attirer à elle tous les respects, toutes les vénérations,elle, une sainte en effet et en même temps une ancienne et une aïeule, un lien de chair entre l’Ancien Testament et le Nouveau, la dernière grande figure d’une époque et d’un monde qui n'étaient plus.
Mais nous sommes sortis du cadre de notre étude présente, et il nous faut y rentrer pour suivre encore un instant ce que nous avons appelé l’évolution très lente de la liturgie. Nous disons un instant, car en effet nous ne pouvons guère que résumer 10] très succinctement une question qui demanderait à elle seule tout un volume.
Nous en étions arrivés au culte liturgique des saints, des saints en général, et la première explication qu’on nous a donnée à pro- pos du culte extérieur de la sainte Vierge vaudrait également pour ce qui les concerne à cet égard. Où l’Église voyait des diffé- rences essentielles, ses ennemis n’auraient peut-être vu que des nuances, et pourquoi proscrire les anciens dieux 51 le culte de nou-
veaux dieux était permis ?
Dira-t-on que cette explication n’est admissible que pour les premiers siècles de l’Église, alors qu'un reste de paganisme pouvait produire de la confusion dans les esprits? Mais quand le paganisme est-il mort jamais et à jamais? Est-ce d’hier que les insensés dont parle l’Écriture comme d’une multitude infinie en nombre, ne voient que du paganisme dans l’Église pour la bonne raison qu’ilsen sont pétris eux-mêmes, et n’avons-nous pas vu, à peine deux lignes plus haut, comment ils continuent encore aujourd’hui d’insulter à des pratiques véné- rables qu'ils ne savent pas comprendre ἢ
En tout cas, les faits sont les faits et sans en chercher plus outre la raison, on doit au moins les constater. Quiconque, par exemple ira passer quelques heures dans les bibliothèques de ma- nuscrits, à Paris où ailleurs, et voudra dépouiller quelques anciens livres de liturgie, missels ou bréviaires romains, verra comme, longtemps, très longtemps, la part faite au Sanctoral est petite,
Mani me dE fers Se
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Notons que nous parlons ici pour l'Occident. Tandis en effet que les Ménées d'Orient sont déjà si riches dès le vire, le νι et sur-
_ tout le 1x° siècle,le calendrier romain est à peu près vide jusque là,
et encore au delà, jusqu’au χιθ, au xni® et même au Χαμ siè- cle. Pour ce qui est du vif ou vue siècle en particuher, voyez, si vous l’avez sous la main, l’ancien Comes ou « Lectionnaire de l'Église romaine »publié très récemment par la Æevue bénédic- tine, et jugez de la place qu'y occupent les saints, nous vou- lons dire les saints non martyrs. À moins que nos yeux ne nous
aient trompé, il n’en présente pas un seul !,
En effet, nous le répétons, le calendrier occidental n’a jamais été un casier dressé d'avance qu'il fallait emphir le plus tôt pos- sible, Encore aujourd’hui on v remarque des cases vides, qu'il serait pourtant 51 facile de combler, non pas seulement avec la fête isolée d’un bienheureux mais avec la fête commune de cent bienheureux à la fois.
Au contraire il reste de la place; il en restait surtout au com- mencement, un commencement qui a duré plusieurs siècles. Ce serait le cas de dire ou de répéter : « Au commencement était le Verbe, » et le Verbe fait chair suffisait aux âmes de la terre comme 1] suffisait aux anges du ciel.
Résumons. Le Christ avait aimé les hommes jusqu’à cette preuve suprême de la charité qui est de mourir pour qui lon aime, et de faibles hommes, qui avaient appris de lui cette scien- ce nouvelle, étaient morts à leur tour pour l’amour de lui.
Quelle leçon, quel exemple !et n’était-il pas dès lors tout naturel aux parents, aux amis de ces héroïques confesseurs de la foi, à la communauté qui avait été témoin de leur vaillance, d'en consa-
4. Νὸ du 197 janvier 1910, p. 41, d’après le manuscrit de l'Université de Wurtz- bourg (cote Mp. th. fol. 62), sous le titre : Registrum stationum Rom., format Omm292,225mm, écriture allongée et pointue, main du vin siècle; peut-être sur un autre du viré.
The Lectionaries of Luxeuil and Silos show very plainly that in the seventh centu- ry the worship of the saints had as yet very slightly affected the liturgy. The saints days are someswhat more numerous in the Leoninum and in the Missale Gothico-Gallicanum edited by Mabillon and belonging to the endofthe same cen- tury. Kellner, p. 397.
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crer par des fêtes le souvenir, en attendant le moment de pou- voir l’imiter ? Leur mort semblait comme un prolongement de la mort du Christ, et c’est encore le Christ qu'ils honoraïient en célébrant les anniversaires de tous ces braves qui avaient voulu verser leur sang pour lui. Tel fut en tout cas ie premier culte chrétien extérieur après celui du divin crucifié.
Pour ce qui est du culte des saintsnon martyrs, celui-là ne s’in- troduira que plus tard et lentement, et, notons-le, moins par le fait de l’Église, que par le fait des fidèles. C’est ici en effet, lPoc- casion étant bonne, qu'il faut faire une distinction importante et absolument nécessaire entre l’Église et l'Église, entre F Église enseignante et l’Éolise enseignée, comme disait notre catéchisme, entre le Saint-Siège et les fidèles, ou si lon veut, entre l’autorité ecclésiastique officielle et les pieux usages qui s’introduisaient dans le peuple avant qu'elle n’intervint pour les approuver ou es désapprouver, selon le cas. Or, il est à remarquer précisément que le Saint-Siège, toujours si prudent, on pourrait dire si terri- blement sévère en matière de canonisaüon ou de culte publie, général, officiel, à décerner aux saints, se montrait par contre tout à fait tolérant, très favorable même à l’écard du cuite local, particulier, ou privé, rendu à ces mêmes bienheureux. Nous ne pouvons trop insister sur cette
Distinction entre le culte local et le culte général,
parce qu’elle est d’une extrême importance en ce qui concerne le culte des saints en général et plus particulièrement celui de notre Sainte. Longtemps, très longtemps, le nom de sainte Anne peut ne pas paraître au calendrier romain, au calendrier universel, et cependant être inscrit, nous dirions en lettres d’or, aux calen- driers particuliers de maintes Eglises. Nous pourrions observer de suite, puisque c’en est un peu le lieu, que la réforme du bréviaire voulue par le concile de Trente et plus tard exécutée par saint Pie V, reconnaissait et maintenait partout les grandes dévotions locales. Les « Vœux des Pères » (Vota Patrum) s'étaient résumés à ces quatre points : unité du missel, unité des rubriques, unité du bréviaire, unité du calendrier, mais, pas plus cette fois que jamais, le propre des églises n’était atteint par cette mesure, et
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conséquemment, même à l’heure où le Saint-Siège voulait Punité dans la liturgie universelle, 1l approuvait encore une fois, comme il l'avait fait toujours, les cultes particuliers et chers aux diverses e ommunautés chrétiennes À,
Au surplus, encore moins autrefois qu'aujourd'hui, l’Église ne créait, la première, les fêtes des saints ΠῚ ne les prescrivait d’au- torité. Ces fêtes naissaient, on peut dire d’elles-mêmes, comme par une éclosion toute naturelle de la foi et de la piété chrétienne ; le Saint-Siège, à la longue, finissait par les reconnaître, les approu- ver, les revêtir de sa sanction, les instituer canoniquement. L’Égli-
se était comme une mère qui regarde où va le cœur de ses enfants
mais qui ne le commande pas, parce que, en effet, le cœur, la dévo- tion ne se commandent pas. Trop heureuse était-elle de bénir simplement, de consacrer ces surnaturelles amours !
Et de fait on peut l’affirmer sans craimte de se tromper :
Ce n'est pas l'Eglise, c’est-à-dire toujours le Saint-Siège, c’est la piété du peuple chrétien qui a créé, fondé, développé le cycle litur- gique
Tel que nous l’avons aujourd’hui. Au commencement, avons-nous déjà dit ou à peu près, quand un chrétien ou une chrétienne géné- reuse avait scellé de son sang sa profession de foien Jésus-Christ, un autel, un oratoire s'élevait aussitôt sur sa tombe, et les prêtres y célébraient les saints mystères. Peu à peu, les églises se com- muniquant les actes de leurs martyrs respectifs, on se faisait des emprunts d’une communauté à l’autre, et c’est ainsi que tel culte, d’abord tout à fait local, devenait avec les années à peu près général. |
Et plus tard, quand au culte de martyrs se joint celui des con- fesseurs, vierges ou saintes femmes, c’est encore le peuple, qui, le premier, canonise. Une page de Benoît XIV, brillamment inter- prétée par notre P. Mortier dans sa belle monographie de Saint- Pierre de Rome, est ici à lire, à retenir plutôt, pour la suite de cet ouvrage ou même de cet article :
« Les Juifs, envieux et jaloux du Christ, ne voulaient pas se rendre à la vérité : « Si cet homme est saint ou pécheur, répétait l’aveugle guéri, je n’en sais rien ; ce que Je sais, c’est qu'il m'a
1, Anal. J, P., τ. τ (1855), pp. 688, 692.
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guéri et que 16 vois, el, ce que 16 sais encore, c’est qu'il n’écoute pas les pécheurs »... C’est une logique invincible, la logique du bon sens, celle du peuple.
«De fait, pendant des siècles, ce fut cette logique du peuple chrétien qui canonisa les saints. Quand les peuples se trouvaient en présence d’un Augustin, d’un Chrysostome, d’un Basile, d’un Ambroise, d’un Grégoire le Grand, d’un Benoît ; quand 115 voyaient ces hommes pleins de l’esprit de Dieu suivre en tout les préceptes évangéliques, donner des exemples d’une charité héroï- que et commander en maîtres, comme Dieu lui -même, aux forces de la nature, ils disaient, sans crainte d’erreur : C’est un saint, un martyr. Vox popul, vox Dei ! voix du peuple, voix de Dieu ! Vous pouvez chercher dans les archives de l’Église les bulles de canomisation de tous ces grands docteurs des premiers siècles de paix, de ces lutteurs qui, au prix de leur courage indomptable, ont sauvé la foi catholique, vous ne les trouverez pas. Ni Jérôme ἃ Bethléem, n1 Antoine dans la Thébaïde, n1 Martin dans Îles Gaules, n1 tant d’autres saints et saintes, qui sont la gloire de toutes les églises, n’ont été officiellement canonisés. On n’a point fait leur procès, point plaidé leur eause, point discuté leurs actes : Dieu et le peuple ont fait l'office d'avocats et de juges, et la cause a été 51 bien jugée, que, aujourd’hui encore, après des siècles de vénération, leur mémoire vit dans tous les cœurs comme au pre- mier jour. Non pas que l’Église ne surveillât les canonisations populaires ; elle les dirigeait, les approuvait, les consacrait par la voix de ses évêques, de ses conciles, de ses papes ; mais pendant longtemps il n’y eut pas de déclaration authentique de sainteté. La gloire d’un Augustin ou d’un Ambroise s’imposait d’elle- même à l’Église universelle, dont le consentement tacite valait une reconnaissance officielle 1,»
Cette canonisation par le peuple et nous dirions : par la paroisse, est surtout remarquable dans l’Église d'Orient. Le directeur de la « Vérité ecclésiastique » de Constantinople, M. Manuel Gédéon,
1. P. Mortier, Saint-Pierre de Rome, p. 510, d’après Benoît XIV, De Servorum ei Beatif. et Canonis., 1, 37.
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chaque église, conventuelle ou non, possédait son calendrier spé- Οἷα], un calendrier sorti à l’origine de l'initiative privée et grossi, s dans le cours des siècles, par le fait de cette même initiative, … sans la moindre intervention de l'autorité. Quiconque vivait dans — la piété était sûr que sa mémoire ne serait pas oubliée, surtout … 5ἢ] avait élevé quelque édifice du culte ou quelque monastère 1,
| Cette part faite aux canonmisations par le peuple, le moment - est venu de rappeler quels étaient en cette matière
Les privilèges des EÉvêques.
Nul en effet n’ignore que, au moins jusqu’au xr1® siècle, la dis- cipline de l’Église laissait une très grande, pour ne pas dire une complète liberté aux évêques en matière de liturgie, leur reconnais- - sant même le droit d'accorder aux serviteurs de Dieu un culte - public dans leurs diocèses ; nul non plus n’ignore que, pratique- - ment, cette coutume, même abrogée comme elle le fut, persista > en maints endroits jusqu’à nos temps modernes, Les canonistes ne savent pas nous dire au juste à quelle époque la faculté de décré- _ ter des canonisations particulières fut enlevée aux évêques et réser- vée au Souverain Pontife. Ils citent, il est vrai, comme première mention expresse et ofhcielle de cette réserve, une constitution d'Alexandre III, datée de 1170 ?, mais ils nous apprennent en même temps que cette décrétale ne fut pas comprise dans le même sens aussi rigoureux par tous les évêques. Quelques-uns continuè- rent à penser que ce qui leur était retiré n’était pas la faculté de béatifier les serviteurs de Dieu dans leurs diocèses respectifs, mais seulement celle de composer en leur honneur une messe et . un office particuliers ; d’autres, plus larges dans l'interprétation . du document pontifical, se crurent autorisés, sans doute pour des raisons graves ou particulières, à suivre l’ancienne coutume,
1. "Exacroç ναὸς, ἐχάστη μονὴ, καθὼς εἶχε Τυπικὸν ἴδιον, οὕτως εἶχε χαὶ “Εορτολόγιον ἴδιον... ᾿Ιδίας ἑορτὰς πανηγυριχῶς ἦγον ἑχάστη τῶν μονῶν χαὶ ναῶν τούτων, etc. M. 7. Gédéon (directeur de 1 Εχχλησιαστιχῆς ᾿Αληθείας, dans son livre : Βυζαντινὸν ᾿Ἑορτολόγιον, in-4, Constantinople, 1895-1898.
2. Corpus juris Canon., Decretal. 1, LILI, tit. xzv, ο. 1. Voir Vacant ci-dessous.
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c'est-à-dire à concéder toujours à leurs diocèses de nouveaux offices et de nouvelles messes en l’honneur des saints dont 15 prononçaient comme autrefois la béatification.
La controverse à ce sujet ne fut définitivement tranchée que par les décrets d’Urbain VIIT du 13 mars et du 2 octobre 1625, promulgués d’abord à Rome, puis publiés avec une confirmation spéciale dans un bref du même pape, Cælestis Hyerusalem Cives, le 5 juillet 1094. Les expressions en étaient maintenant trop claires pour laisser subsister le moindre doute !, Défense absolue à toute personne, ecclésiastique ou laïque, de s’immiscer dans la canonisation des saints ; défense d’apposer aux tombeaux des personnages morts en odeur de sainteté des images, des ex-voto, des lampes ; défense de publier par écrit des miracles obtenus par leur intercession, si ce n’est à tre purement documentaire, sans préjuger de leur caractère surnaturel : tout doit être soumis au pape par l’intermédiaire des évêques et de la sacrée Congré- sation des rites, sous les peines [65 plus graves.
Seulement, une loi, même ecclésiastique, peut ne pas être connue de tous; ou bien, on peut, si expheite qu’elle soit, recourir à l’épi- chéïe pour l’éluder plus ou moins; ou bien, on peut présumer une dispense pour tel cas particulier où 1] semble que toute permis- sion est accordée d’avance. Ce qui est certain, c’est que, même après le décret d’Urbain VITT, qui ne faisait en somme que renou- veler celui que saint Pie V avait déjà porté, les évêques, et en par- ticuhier les évêques de France, ne recouraient pas plus qu’autrefois au Saint-Siège pour obtenir l’approbation de leur Propre ou des fêtes nouvelles particulières à leurs Églises.
Un estimable religieux chassé comme tous les autres, mais qu, sans s'inquiéter de si peu, achève en ce moment la publication des Œuvres du Bienheureux Jean Eudes, signale un fait de ce genre où l’on trouve la preuve de ce que nous venons de dire. On sait que le Bienheureux a écrit de sa main (propria manu) un grand nombre d’offices nouveaux, et plus particulièrement l’oflice du Sacré-Cœur-de-Jésus et celui du Très-Pur-Cœur-de- Marie, deux dévotions dont il est reconnu le vrai fondateur, malgré
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1. Cf. Vacant, Dict. de théol. cathol., article Canonisation, col. 1634 et 5ῦν,
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LA FÊTE LITURGIQUE 99
les vives discussions de ces derniers temps à ce sujet. Or, le Bien- heureux se croyait autorisé par la pratique commune et la tolé- rance du Saint-Siège à se contenter pour ses offices de l’approba- ton des Ordinaires, et il ne faisait qu’exprimer une opinion très générale de son.temps lorsqu'il écrivait dans sa circulaire de 1672, relative à la fête du Cœur-de-Jésus : «Si on dit que cela (Finser- tion de fêtes nouvelles au bréviaire français) s’est fait par l'autorité de notre Saint-Père le Pape, je répondrai avec saint François de Sales et avec un grand nombre de très illustres et savants Prélats et de grands Docteurs, que chaque évêque, dans son diocèse, spécialement en France, a le même pouvoir en ce sujet que le Souverain Pontife dans toute l’Église. »
« Aujourd’hui d’ailleurs, observe 101 le religieux éditeur (religieux dans tous les sens), tout en rejetant comme erronée l’assertion du P. Eudes, personne ne songe à lui reprocher d’avoir partagé sur ce point l'erreur de ses contemporains. Loin de lui en faire un grief, Léon XIII, dans le décret relatif à l’héroïcité de ses vertus, et Pie X, dans le décret qui l’a placé au nombre des Bienheureux, lui font un titre de gloire de limitiatuive qu'il a prise de rendre un culte hturgique aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie À, »
Il y ἃ plus que ce fait emprunté à la vie du P. Eudes, et voici un autre détail également significatif.
Lorsque, en 1687, les Visitandines de Dijon sollicitèrent à Rome l'établissement de la fête du Cœur-de-Jésus, le cardinal Cibo, auquel elles s'étaient adressées, leur répondit «qu’il fallait d’abord que cette fête fût établie dans le diocèse et que, ensuite, on s’occu- perait de l’affermir et de l’étendre ?, »
À propos de ces privilèges de l’épiscopat, le D' Kellner remar- que avec beaucoup de justesse qu'ils expliquent à eux seuls lex- traordinaire développement du culte liturgique des saints au moyen âge ; il va même jusqu’à dire que, sans eux, on ne pourrait pas comprendre l'institution ni le développement d’une seule fête,
1. L'éditeur n’a pas mis son nom à son œuvre et il ne nous appartient pas de le nommer publiquement. Voir pour la citation : Œuvres complètes du B. Jean Eudes, Vannes, in-8, t. x1, p. 141.
2. Thomas, Vie et Œuvres de la B. Marguerite-Marie, 1867, τ. 11, p. 111, 175.
3
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pas plus que le développement historique de tout le eyele festal ἡ, « Et quand nous réfléchissons, continue-t-l, que ce principe qui était en vigueur dès le commencement a continué d'opérer pen- dant plus d’un millier d'années, la merveille est que le résultat
ait été 51 harmonieux et on dirait systématique À, » Veut-on bien nous laisser rappeler également — car tout
ceci importe à notre sujet — que les ordres religieux prenaient souvent eux-mêmes, et les prenuers, l’imitiative des nouveaux cultes ? Un monastère commençait à vénérer un mystère ou un saint, et à mesure que cette dévotion se répardait parmi les fidèles, d’autres monastères ou quelquefois l'Ordre tout entier adoptait la fête ; les évêques donnaient leur approbation, et fina- lement, le pouvoir eivil et le Saint-Siège imtervenaient pour donner à ce nouveau culie une pleine sanction ?.
Nous remettons à plus tard les conclusions que ces prélimi-
naires pourraient déjà nous suggérer, et Nous revenons à la Bulle de Grégoire X111.
Nous yavons remarqué l'expression :« Si cette fête (de sainte Anne) est déjà célébrée en certaines églises ; » le Pape dit même davantage, par allusion au rite double qu'il vient de lui assigner : « Si cette fête est célébrée en certaines églises avec plus de solen- nité (majore aliqua observantia), » nous voulons que cet usage soit
maintenu absolument.
1. The fact that formerly the bishops enjoyed the right of introducing festi- vals into their dioceses, or of excluding them, must constantly be bornein mind because, 1f it is left out of sight, the ivstitution and development of even a single festival cannot be understood, much less the historical development of the whole festal cycle.
When we realize that this principle was acted upon from the beginning, and for more than a thousand years, during a period remarkable for its rich deve- lopment in many directions, the wonder is that the result is as harmonious and systematic as it is. Loc. cit., p. 29.
2. Kellner, Zbid., p. 28.
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“ΣΙ Lu fête existait donc déjà, et de fait, jusqu'ici au moins --- c'est si peu loin ! — tout le monde semble d'accord. On accepte par exemple que Baromius, dans ses Notes sur le Martyrologe, n’ait … pas considéré l’acte de Grégoire XIII comme une institution pro- . prement dite de la fête, mais plutôt comme une confirmation ou tout au plus un développement de ce qui existait déjà. Et en effet le Pape ne dit pas instituil, mais firmavit, auxitque, εἰ Benoît XIV, avant nous, a mis une vraie complaisance à relever ces deux mots | … Gavantus se sert d’une expression analogue : Gregorius XIII restituit festum ; « Grégoire restitua la fête. En l'an 1500, elie était déjà dans le bréviaire avec neuf leçons 3.»
Colvenerius (Colvenier), écrivain du xvn® siècle, ne sait pas depuis quand la célébration de la fête s’était plus ou moins géné- -ralisée, mais 1] cite divers bréviaires antérieurs à Grégoire XIII
_où elle se trouvait déjà : d’abord les bréviaires de Lyon de 1541 οἱ de 1259 ; ensuite ceux de Bruges, de Tournai, de Liège, de Ni- _velles, de tours d’Utrecht, de Douai, de Noyon ; les bréviaireh » des Chartreux, des Chanoines réguliers du chapitre de Windes- heim, de Sainte-W audru, des Prémontrés de Cluny, des religieuses de Fontevrauii. De même il constate que la fête est ancienne ἃ Mende, à Osnabruge, à Augsbourg, à Saint-Gall, à Lucerne, - à Reims, à Metz, à Paris, en Angleterre 3, Un auire auteur, Char-
᾿ς À. Baronius, in Notis ad Martyrologium, testatur jussisse Gregorium XIIE in tota universali Ecclesia officium ὃ. Annæ recitari : « Sanctissimus Dominus _noster Gregorius XIII, Papa, divino afilatus Spiritu, Apostolicis litteris hoc anno - Domini 1584, Kalendis 12 maji, ejus Pontificatus anno 12, firmavit autitque :
?
. præcipiens nimirum, ut perpetuis futuris temporibus B. Annæ dies festus septi- mo Kalendas Augusti per totius Orbis Ecclesias duplici Oflicio quotannis reco- latur, Romanisque atque aliarum Ecclesiarum Calendariis addatur, et duplex “ei abscribatur. » Bened. XIV, De festis, 1. IE, c. 1x, π᾿ 15. Du même: Digna sunt juæ observentur, Baronii verba firmavit auxitque, quæ non significant ejus “4 um ἃ Gregorio XIII invectum, sed tantum firmatum et auctum. Zbid. | εἶ» Gregorius ΧἼΙΠ restituit festum anno 1584. Cum novem lectionibus erat in Ἔν. 1500. Duplex cum officio a Gregorio XIII. Oratio antiquior Pio V. Cle- 5 VIII mutavit lectiones secundi Nocturni. Gregorius XV præcepit diem agi rie. Constit. edita 23 april. 1622. Gavantus, Thesaurus, au 26 juillet. Ἷ ἦς, Festum quando celebrari cæperit non certo constat.
᾿ς Apud Latinos in variis ecel, solemnisari solere, antéduaist illud Gregorius XIII
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les Guyet, ajoute encore les villes de Tours, Rouen; Chartres, Meaux, Nantes !.. Nous remercions Colvenier et Guyet pour leur contribution à notre œuvre, mais tant s’en faut que leurs deux nomenciatures, même mises ensemble, nous donnent ici une liste complète des sanctuaires où se célébrait la fête de sainte Anne, bien avant la bulle de Grégoire XIII. Nous parlions tout à l'heure des évêques et des religieux, et nous ne savons sans doute pas tout ce qu’ils ont pu faire pour propager cette fête. Ces sortes de choses n’appartiennent pas nécessairement à l’histoire, et c’est bien plutôt fortuitement que, une fois ou l’autre, elle nous en conserve le souvenir. Elle l’a fait par exemple en deux ou trois cas qui nous reviennent 101 en mémoire et que nous consignons parce qu’ils sont si rares. En 1433, les Camaldules se réunissent en chapitre sous la présidence d’Ambroise leur général (1376- 1439). Une des conclusions du chapitre a rapport aux nouvelles fêtes à célébrer, et, parmi elles, se trouve la fête de sainte Anne, «laquelle devra, est-1l dit, être observée à douze leçons par tous moyens » : modis omnibus observari volumus de sancta Anna XII lectiones ?, En 1454, une assemblée du même genre se tient chez
Romano breviario insereret, constat ex Romano missali Lugduni excuso anno 1511 et 1559, in quibus ponitur duplex maJus.
Item ex diversarum eccles. breviariis, in quibus jam olim continetur : ut est Breviarium Brugense Eccles. S. Donatiani et multa alia, ut indicant 23 partim hymni, partim prosæ in Parnasso Mariano, ubi hæc exprimuntur : Tornacense, Carthusianum, Canonicorum regul. capituli Windesemensis, 5. Waldetrudis, Leodiense, Nivellense, Præmonstratense in off. B. M. V., missale itinerarium Salisburiense, Trajectense, Noviomense et Lindense. Quod argumento est omnibus his locis hoc festum celebrari solere.
Item quoque celebre esse Myndæ, Osnaburgi, Augustæ, Strigonti, Sangalli, Lucernæ, Remis, Metis et alibi testatur Schultingius..
Missale Cluniacense festum 5. A. ponit 2% julii ; breviarium Brugense die 27. In diœcesi Parisiensi et ecclesia Tornacensi, die 28. Ali 19 julii, 4114 Augusti. — Idecirco dixit Radulphus plerosque hodierna die (26) de hoc festo officium pera- gere : quo die item habet in suo ms-martyrol. et jam olim celebrare solet col- legiata eccles. S. Amati Duacensis, et virgines ord. Fontis Ebraldi, dup. majus. Colvener, Kalendarium, t. 11, p. 59.
1. Carolo Guyeto, auct., Heortologia, p. 201.
2. Martène et Durand, Veterum scriplorum et monumentorum historicorum ampliss. collectio, in-fol., Paris, 172%, au t. 111, dans les lettres d'Ambroise,
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- lés Cisterciens, et nous lisons dans les Statuta Capituli, au nu- + méro 8 : Festum Beatæ Annæ matris Mariæ oirginis cum X11 lectionibus per ordinem celebretur : «La fête de la bienheureuse Anne sera désormais célébrée dans tout l’ordre avec douze leçons 1.» De même, en 1477, les vicaires généraux de l’évêque de Poitiers, terminant la visite du monastère Sainte-Marie-de-Cella, décrètent, sans doute au nom de l’évêque, qu’on y fera à l'avenir plusieurs solennités nouvelles, entre autres : au mois de juillet, la fête de saint Joseph ; au mois de septembre, la Présentation de la sainte Vierge ; au mois de novembre, la Purification de sainte Anne :
2?
au mois de décembre, la Conception de la sainte Vierge 3,
Notons en passant que ces textes n’impliquent pas nécessaire ment pour la fête de notre Sainte une institution tout à fait nou- velle. La nouveauté pourrait bien ne porter ici que sur les douze leçons, sur une solennité plus grande qu’on entendait lui donner, et l’on a dû remarquer tout à l’heure, à propos de Poitiers, que lP’historien emploie en effet ce mot de solennité plutôt que celui de fête, ce qui très probablement n’est pas sans raison. Il faut aussi noter pour les Cisterciens et les Camaldules l'expression per ordi- nem, ou encore omnibus modis, c’est-à-dire peut-être : « malgré les objections, les empêchements qui pourraient se présenter dans telle ou telle maison de r Ordre.» Quoi qu’il en soit, et sans pouvoir trancher la question pour les trois cas présents, nous pourrions, au moins pour Citeaux, indiquer un de ses bréviaires qui contient déjà une hymne à sainte Anne, et vraisemblablement une fête, dès le χινϑ siècle, sinon plus tôt.
Nous venons de faire une conjecture, à savoir que chez les Camaldules, les Cisterciens et les religieuses de Poitiers, la fête de sainte Anne était peut-être mise au rang des solennités, et c’est la teneur même des documents qui nous la suggérait. Elle est d'autant raisonnable que cette même fête a été autrefois
- À. I. : Epistola ad universos prælatos et monachos Ordinis : De quibusdam festi- | vitatibus celebrandis, à la fin.
1. Martène et Durand, Thesaurus novus anecdotorum (5 in-fol., Paris, 1717), _t: ἐν, p. 1619.
- 3. Gallia Christiana (1720), τ, 11, col. 1201. Ordonnance du 25 juillet 1477.
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«de précepte » en quelques Eglises,
autrefois ne signifiant pas 1e1 le xvri® siècle, où alors elle sera telle ou « d'obligation », comme nous verrons, pour l’Église universelle, mais les deux outrois siècles antérieurs, Ainsi au xr11e, elle existe déjà comme telle à Douai, au xrv® à Dublin À. En 1425, un con- cile tenu à Copenhague veut que la Sainte-Anne soit à Pave- nir «considérée comme fête de la terre et du peuple », c’est-à- dire excluant tout travail des champs et toute œuvre servile ?.
De son côté, Adrien Baillet nous fait lire ce qui suit : « La fête de sainte Anne était de précepte dans l’église de Paris depuis l'an 1557 que l’évêque Eustache du Bellay lPavait prescrite sans modi- fication… Cinquante ans auparavant, l’évêque Etienne Poncher, qui fut depuis archevêque de Sens, l’avait ordonnée de telle sorte qu'il permettait les œuvres serviles qui n’étaient pas manuelles : ce qui faisait alors une classe de petites fêtes qui ne subsiste plus parmi nous. [Il la supprima ensuite dans ses statuts de l’an 1524 pour le diocèse de Sens. C’est ce que fit aussi pour Paris larche- vêque Hardouin de Péréfixe dans son ordonnance de l’an 1666 qui fut autorisée sur un ordre du roi par un arrêt du Parlement. Aussi nous ne la voyons plus observer maintenant de précepte que dans les lieux qui l’ont pour patronne particulière ou qui se vantent d’avoir quelque portion de ses reliques ὅν,»
Encore un exemple. Le concile de Mexico de 1585 énumère les fêtes qui sont d'obligation pour les Espagnols et les Indi- scènes, et 1l n’est pas indifférent, surtout pour un frère-prêcheur,
d’y trouver. à la suite, la Sainte-Madeleine, la Sainte-Anne et la.
Saint-Dominique #,
1. Ces deux faits se retrouveront ailleurs avec leurs preuves.
2, In concilio Hafniensi in Dania habito anno 1425 (Hardouin, Coll. conc. t. vu, col. 1056) indictum fuit ut 5. Annæ festum die 9 dec. statueretur : « [tem statuimus, quod festum 5. Annæ matris Genitricis Dei Beatæ Mariæ quohbet anno in crastino Conceptionis ejusdem per totam nostram provinciam pro festo terræ et populi in posterum celebre habeatur. » Benoît XIV, τ. 1v, p. 557, Le mois de décembre était choisi de préférence au mois de juillet « à cause des travaux de l’été, » dit le concile. Voir aussi Anal. J. P., t. vr. col. 1885.
8. Les Vies des Saints, 1704, τ. vx, p. 747-748.
4. Anal. J. P., t. vs, col. 1399.
μὰς ἀντ
LA FÊTE LITURGIQUE 39
_ Après ce qu’on vient de lire, il est déjà bien évident que la bulle
… de Grégoire XIII n’a pas « créé » la fête, ne l’a pas «instituée »,
… mais n'a fait, comme disait Benoît XIV, que «l’affermir » et « l’étendre » à l’Église universelle. On se rappelle également la
+. clause : « Que si cette fête est déjà célébrée en certaines Églises avec plus de solennité etc.», et nous sommes bien aise d’avoir pu montrer 10] même quelques exemples de son application.
Nous aurons sans doute plus tard, ou même tout à lheure, d’autres faits de cette nature à signaler, et sachons attendre un peu.
Ἐπ οἴει, 51 l’histoire, même l’histoire locale, même ce qu’on peut appeler la micrographie de l’histoire, nous a été d’un faible secours pour l’étude que nous poursuivons, par contre les anciens missels et bréviaires nous ont puissamment aidé, Nous ne voulons pas risquer un chiffre qui ne saurait être exact quand même il le voudrait, mais c’est en très grand nombre que s'offrent à nous au xv° siècle les messes, les hymnes, les offices complets de Sancta Anna. À toutes ces bonnes choses nous reviendrons quand le moment sera lui-même venu d’entrer dans les détails, et alors nous verrons la liste commencée par Colvenier et Guvet s’aug- menter considérablement.
Pour le quart d'heure, comme encore une fois nous ne pouvons mettre tout un livre dans un chapitre, nous devons nous borner à des indications sommaires, à ce qu’on appelle, dans le beau style, «les grandes lignes du sujet. »
Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que la fête de notre Sainte fût très répandue, nous dirions « presque déjà universelle » au moment où Grégoire XIII la proclamait telle. Les papes, di- sions-nous, n’imposent pas les dévotions : ils les constatent, ils les approuvent, ils les sanctionnent de leur autorité souve- raine, mais 1 y ἃ autre chose : c’est que cette fête avait déjà depuis longtemps reçu la sanction du Saint-Siège, du moins
- si l’on peut ajouter foi à une assertion de Platina dans ses Vies — des Papes. Il écrit en effet au sujet de Sixte IV (1471-1484) : « I] _ ajouta plusieurs fêtes aux anciennes, et prescrivit qu’on célébrât - dans l’Église du Christ les fêtes de la Conception et de la Présen- _ tation de Marie, de sainte Anne, de saint Joseph, de saint François
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le Séraphique... 1» Platina, écrivant à Rome, était à la source des meilleurs documents, et, 51 malgré cela, 1] ne jouit pas d’une grande réputation comme historien des papes, ce n’est pas une raison de croire que, ici en particulier, lPinformation qu'il nous donne serait fausse.
Seulement, 11 faut Pavouer, Sixte IV est bien jeune au regard de la question présente, et on voudrait pouvoir remonter plus loin avec des acies pontificaux qui aient atteint l’Église universelle, Ces documents existent-1ls et n’aurions-nous pas eu l’heur de Îles trouver ? Ou bien faut-il renoncer à les chercher, parce que positi- vement ils n'existent pas ou n’existent plus ἢ Peut-être fallait- il suivre le conseil de labbé Nau: consulter les catalogues, les livres, les hommes de science; mais les catalogues ne sont jamais complets ; mais les livres sont muets sur la question ; mais les hommes de science ne «se rappellent plus ». Si «la sagesse hu- maine est toujours courte par quelque endroit, » la science paraît l'être à celui-là et, du reste, ce qu’elle n’a jamais su,ilest assez probable qu’elle ne le saura jamais. Pour ce qui est des hvres et d’abord des anciens auteurs, 1l y a de l'apparence que Granco- las, pour un, ne sait pas, car il a accoutumé de dire (pour imiter son style) tout ce qu'il sait et même quelquefois un peu plus. Il est peu vraisemblable que Nicolas de Clamenges, theologus diser- lLissimus, se préoccupe des dates de telle ou telle fête et de la nôtre en particulier, lui qui n’a qu’un désir, celui d’en voir supprimer le plus possible 5. Les protestants du xvi® siècle, Dresser et Hos-
1. Multas festivitates veteribus junxit, et Conceptionis, et Præsentationis B. Mariæ, 5. Annæ ejus matris, sanctissimi Joseph, seraphici Franciscei festa in Christi Ecclesia celebrari jussit. Platina, De Vitis Pontificum, in-4, p. 308. (La page-titre manquait à l’incunable que nous avons consulté — 1479 ?).
2. Nicolas de Clamenges, archidiacre de Bayeux, plus connu sous le nom de _ Clémangis, a laissé entre autres volumes : Libri quinque, tum eruditi, tum püi : Τοὺς ÎT... [IL : De novis celebritatibus non instituendis,in-4, Paris, 1521. Le réquisi- toire contre les fêtes occupe vingt-et-une pages (fol. xcvrr vo-riv r°).Fol. xLvrrt vo : « Quid enim Deo ex nostro potest cultu accrescere ἢ Quid sanctis ex nostra laude sel gloriosa prædicatione ? » Autres raisons : « Ces fêtes ainsi multipliées oceu- pent entièrement l'esprit et la piété des fidèles et nelui donnent pas la liberté de s'occuper et de se remplir de Dieu. Quoiqu'on n’honore les saints que pour honorer Dieu en eux et que le culte de Dieu soit la fin de tout le culte des saints,
PT. A ΠΕΜΕΡ ΕΗ ΜΡ dou né E
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pinianus, puisqu'il fallait chercher partout, négligent ce détail, L'un du reste, Dresser, ne fait que rédiger (j'allais dire dresser) un ridicule calendrier où 1l mêle les fêtes chrétiennes avec les fêtes païennes correspondantes, On voit que M. Lucius et les autres n’ont de nos jours rien inventé. Pour lui, Dresser, sainte Anne, en latin gracieuse, fut la sœur d’Helcana, miroir de la matrone pieuse etc. », et elle n’est qu’une résurrection de lAnna Pérenna des Romains !.
Hospinianus est moins embrouillé dans ses fiches,et 1l a pour nous l'avantage de savoir que Sixte IV a ajouté la fête de sainte Anne aux anciennes solennités *. Nous n'avions donc pas nous-même inventé Platina. Mais voici un mot précieux que prononce à la même époque le jésuite Jacques Gretzer et que nous recueillons avec joie : « Que la fête de sainte Anne soit de beaucoup plus an- cienne que le temps du pape Sixte IV, c’est ce que prouvent les livres liturgiques des Latins aussi bien que des Grecs, et le calviniste (Dresser ou Hospinien) ne fait que donner le change au lecteur quand 1] rapporte l’origine de cette fête à Sixte IV 5. » Le Père
l'esprit des peuples prend souvent le change et, s’arrêtant aux moyens, ne pense plus à la fin, » etc.
Benoit XIV devait plus tard porter un décret défendant tout livre qui trai- | terait de la « Diminution des fêtes », soit dans un sens, soit dans l’autre. Œu- É vres, t. vi, p. 107.
1. Matthæi Dresseri, De festis diebus Christianorum et ethnicorum, in-18, Leipzig, 1590 : « De mei vero facti ratione quæ me ad ingrediendum in hanc commemorationem de luce et tenebris induxit, expedita et prompta est respon- sio. Cum enim sanctorum historias in heortologico hoc libello enarrem, res me
et veritas ipsa coegit, lucem a tenebris, vera a falsis decernere. » Præfatio | (1584). ΠῚ blâme évidemment le Saint-Siège pour certaines fêtes « palam impia, F magno quodam opinionis errore in Ecclesiam importata. »
2. Hospinianus (Rodolphus), Festa Christianorum, hoc est : De Origine, pro-
gressu, ceremonits et ritibus festorum dierum christianorum, ed. 22, gr. in-4, Tiguri
* (Zurich), 1612 ; préface de 1593. Au 26 juillet, fol. 123 : « Ejus diem festum
quemadmodum etiam Josephi Sixtus IV Papa solennitatibus veterum addidit :
Onuphrius in appendice ad Platinam et Balæus in vita Sixti. » L'auteur ἃ
aussi à son actif : De Origine et progressu papatus ac idolatriæ romanæ Eccle- siæ,1587. Vous m'en direz tant !
3. Jacobi Gretzer, S.J., De festis Christianorum, libri duo, in-8, 1612, Ingols-
tadt, p. 336 : « S. Annæ festum longe vetustius esse temporibus Sixti IV Pon-
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Gretzer parle-t-1l de la fête du calendrier romain, ou de la fête des calendriers particuliers ἢ
Cavalieri et Baïllet ne nous renseignent pas davantage.
Dans son Compendium, Carpo s’est sûrement posé la même question que nous, mais 1} n’a pas trouvé de réponse : De anno autem quo Festum δ. Annæ in Breviarium romanum 1inductum est, minime constat, et 1 se contente de dire que «le culte est très ancien, » cultus antiquissimus 1, Enfin G. Schober, en qui nous avions mis notre dernière confiance, nous a à son tour complète- ment déçu. Cependant 11 tient, lui aussi, pour le cultus antiquissi- mus ?.
Il nous reste pour consolation un mot déjà cité sans doute quelque part, car si souvent il nous revient à l’esprit, à peu près à chaque difficulté nouvelle, c’est-à-dire presque à chaque pas de ce travail, le mot de ce philosophe qui certes devait avoir beaucoup d'esprit :« Je ne le sais pas, mais je l’affirme.» On comprend. Nul ne sait quand la fête de sainte Anne est devenue fête universelle, fête du calendrier de Rome et du monde catholique, mais nous affirmerions, à tout risque, qu’elle est antérieure à l’acte de Sixte IV rapporté par Platina. Nous ne tranchons pas le problème, — car c'en est un en vérité — et nous souhaitons plutôt que d’autres s’en occupent qui sont plus en état de le résoudre, et en même temps d’ajouter ce nouvel apport à la science moderne. Le Nec
tificis testantur tam Latinorum quam Græcorum Hiologia et Menologia ut proinde calvinista lectori facum faciat quando originem hujus festi ad Sixtum IV refert.» Tout ce livre est une réponse aux calvinistes. En titre : Libri duo adversus Danæum, Dresserum, Hospinianum aliosque sectarios.
1. À M. A. Carpo, Compendiosa Bibliotheca liturgica, in-8, Bologne, 1878, p. 901.
2. G. Schober, Explanatio critica editionis Breviarii romaniquæ a S. R. C.uü typica declarata est. Ratisbonæ, 1891, p. 32 : « Festum 5. Annæ, cujus cultus erat antiquissimus, nam in Ordine Fratrum Minorum ejusdem officium ab anno 1263 celebratum est, — in Brevario 1479 Simplex ; in Brev. 1503 et 1564, duplex majus ; Pius V ex Breviario expunxit. » Page 50 : « (Gregorius XIII) festum S. Annæ die 26 julii ritu duplici celebrandum restituit a. 1584.» Page 232 : l’auteur mentionne élévation de la fête par Léon XIII au rang de double de seconde classe. C’est tout.
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_ plus sapere quam oportet sapere (Ne pas savoir plus qu'il ne faut
savoir) ne s'applique sans doute pas ici, ou alors il faudrait vider les bibliothèques de toutes leurs encombrantes superfluités, et franchement, en tout respect pour ce qui mérite le resnect, que leur resterait-1il pour le passe-temps des amateurs ἢ
Il n’en est pas moins vraique, même sila fête était antérieure à Sixte IV — nous disons toujours « en tant que fête universelle, » elle avait été bien lente à s’établir en Occident, Elle aurait existé, comme telle, plusieurs siècles auparavant, que ce n’eût pas été
encore trop tôt, et l’on peut se demander pourquoi ce retard ?
Personne, à notre connaissance, ne donneici d'explication, et qui en désire est réduit à chercher lui-même.
Mais si l’on se rappelle que le moyen âge et même les temps mo- dernes se sont toujours complu aux discussions philosophiques, théologiques, liturgiques et autres; que l’une de ces discussions a porté autrefois, et plus d’une fois, surles saints personnages de l’Ancien Testament, et que saint Bernard, dans une lettre fameuse, avait comme tranché d'avance le débat, on aura peut-être, qui sait ? déjà trouvé une réponse à la question.
Cette lettre marquée xcvirr dans les œuvres complètes du saint Docteur, explique pourquoi les Macchabées étaient les seuls mar- tyrs de l’ancienne loi dont l’Église fît la fête, et nous y relevons quelques passages :
« L'Église n’a pas voulu, je pense, célébrer par un jour de fête le souvenir de la mort des plus grands saints qui ont précédé la venue du Christ, parce que, avant qu'il souffrit et mourût pour notre salut, ceux qui mouraient, au lieu d’entrer dans les joies éternelles du paradis, tombaient dans les obscures profon- deurs des limbes. Je crois donc que l’Église n’a fait exception en faveur des Macchabées que parce que la nature de leur martyre leur a donné ce qu'ils ne pouvaient tenir de l'époque où 115. ont souflert.
« D'ailleurs, 1l est des justes, contemporains de la Vie vérita- ble incarnée parmi nous, qui moururent en quelque sorte dans ses bras, comme Siméon et Jean-Baptiste, où qui souffrirent la mort pour elle ainsi que les Innocents que nous honorons comme Îles Macchabées, mais pour une autre raison, d’un culte solennel,
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quoique, en mourant, ils soient, eux aussi, allés dans les limbes,
«Ainsi nous faisons la fête des saints Innocents parce qu’il n’eût pas été juste de ne pas honorer dès à présent cette troupe d'innocents, morts pour la justice. [l en est de même de saint Jean-Baptiste qui, sachant que désormais le royaume du ciel souffre violence, crie à tous les hommes : «Faites pénitence, voici que le royaume de Dieu approche » (Matth., ται, 2), et ne pouvant plus douter que la vie viendra bientôt elle-même le déli- vrer du trépas, 1] endure la mort avec joie !, »
Cette lettre est assez longue, et elle répète au moins trois fois qu'il ne convient pas d’honorer d’un culte les saints de l’ancienne loi, toujours pour la même raison qui varie un peu dans l’expres- sion, 1] est vrai, mais non quant au sens. Et done, on conçoit que, après un pareil écrit, signé par un saint et un docieur tel que saint Bernard, des hommes, d’ailleurs animés des meilleures intentions à l’égard de notre Sainte, et sans doute comme saint Bernard lui-même, aient pu cependant se poser cette question ou ce problème, à savoir: «Sainte Anne appartient-elle à PAn- cien Testament ou au Nouveau ? Peut-on sûrement la ranger parmi les rares privilégiés pour qui le saint Docteur fait exception parce qu'ils furent «les contemporains de la Vie véritable incarnée parmi nous » et qu’ils moururent en quelque sorte dans ses bras ἢ»
Au xvirre siècle, le jésuite Guyet, évidemment fatigué de toutes les discussions qui existaient encore de son temps sur ce sujet, finit par déclarer que sainte Anne appartient sans conteste au Nouveau Testament ?. Il semble aussi que Benoît XIV, après lui, ait quasi adopté ce sentiment, mais il y a de l'apparence que les papes du moyen âge restèrent dans le doute à cet égard, ou du moins ne voulurent pas se prononcer. Quoique saint Bernard n’eût pas expressément placé notre Sainte dans l'Ancien Testa- ment, décréter pour elle une fête universelle eût paru contre- dire sa thèse à lui, et évidemment ce n’était ni nécessaire, ni même à propos. Où ni la foi, ni la morale ne sont en cause, l’Église ne se croit pas obligée d'intervenir et de clore les débats. Comme Dieu,
1. Œuvres de saint Bernard, trad. Charpentier, t. 1, p. 186, 188. 2. Car. Guyeto (Authore) Heortologia, p. 39.
LA
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«elle livre le monde aux disputes des hommes, » c’est-à-dire qu’elle leur abandonne volontiers tout ce qui n’est pas stricte- ment de son domaine. En tout cas, à propos de la fête de sainte Anne, le même Benoît XIV dit un mot qui peut paraître singulier en pareille circonstance, mais qui ne laisse pas que d’éclaireir quelque peu la question présente : « Semper enim Occidentalis Ecclesia, ut suo loco dicemus, restitit augendo aut dilatando cultui Sanctorum veteris Testamenti; Roman: vero Pontifices —. fortasse passi sunt cultum S. Joachim et S. Annæ augeri, quod uterque post nativitatem Christi Domini obierit, ac propterea ad Novum Testamentum pertinere videatur. »
C’est clair : « L'Église d'Occident s’est toujours refusée à pro- pager le culte des saints de l’Ancien Testament, mais les Pontifes romains ont toléré à tout risque, mot-à-mot : ont enduré que le culte des saints Joachim et Anne prît de l’accroissement, parce que tous deux sont morts après la naissance du Christ Notre-Sei- gneur,et semblent par là même appartenir au Nouveau Testament}, »
_ On le voit, Benoît XIV lui-même n’est pas certain.
« Ils ont toléré » en effet, et le moment est enfin venu de montrer, à l’aide encore cette fois de documents pontificaux, que bien avant la bulle de Grégoire XIII et l'institution de Sixte IV, la fête de notre Sainte existait en effet déjà en plusieurs endroits. C’est d’ailleurs la Bulle elle-même qui nous en avertit: «Que si, en - vertu... d’un indult du Saint-Siège, la fête est déjà célébrée en _ certaines églises, etc. » En vertu d’un indult pontifical, elle l’était en Angleterre depuis cent ans au moins. | La bulle suivante d’Urbain VI est bien connue : « Dieu le Père,
Ὁ
1. Benoît XIV, De feslus, etc., lib. IT, cap. 1x, n. 17.
Et ailleurs : Quod pertineant ad Novum Testamentum Zacharias, Elisabeth, F … Simeon senex, Anna prophetissa, Joachim et Anna, late prosequitur Guyet, De . Festis propriis sanctorum, lb. 1, cap. v, quæst vu. Licet enim mortuisint ante … Christi passionem, ideoque ex vivis excesserint ante conditam legem gratiæ, ad Evangelicum nihilominus statum spectare reputandi sunt, cum commendantur . ab ipsomet Evangelista, aut Christum natum viderint, aut Christum ipsum pro- , pinquitate seu carnis affinitate proxime attigerint. Bened. XIV, De Servorum Dei beatific., etc., lib. IV, parte 2, cap. xxvinr, n. 2.
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dont la splendeur éclaire le monde de ses clartés ineffables, écoute toujours favorablement ies vœux des fidèles qui espèrent en sa miséricorde ; mais il les accueille surtout avec bienveillance lorsque, dans leur humilité, ceux qui limplorent s’appuient sur les mérites et sur l’intercession des Saints. Nous avons été naguère informé par quelques fidèles du Christ habitant le royaume d’An- cleterre, que le peuple de ce pays avait une grande dévotion pour sainte Anne, la mère de la glorieuse vierge Marie, et que cette dévotion croissait en raison même de leur respect pour la bien- heureuse Mère de Dieu. Au nom de ces mêmes fidèles, une suppli- que nous ἃ été présentée à l’eflet d'obtenir que la fête de sainte Anne fût solennellement et dévotement célébrée par les pré- lats et par tous les fidèles qui résident dans ce royaume. Ce pieux désir et l’affectueuse dévotion de la Grande-Bretagne nous sont irès agréables devant le Seigneur. Désirant donc assurer à ces fidèles l'amitié de Dieu, er les attachant de plus près à la pratique du bien, nous nous sommes rendu à leurs prières, et par les pré- sentes lettres, Nous ordonnons à votre fraternité de célébrer et de faire célébrer dans vos villes et diocèses, chaque année ἃ l'avenir, avec dévotion et solennité, la fête de la bienheureuse sainte Anne.
« Donné à Rome, près Saint-Pierre, le XI des calendes de juillet, la quatrième année de notre pontificat !, »
% * *
Un autre exemple d’indult apostolique serait le décret de Clé- ment VII en faveur de la ville de Tournay, mais 1] est resté pour nous introuvable et 1] faut nous contenter de la mention qui nous en est faite par le vieil historien de cetie ville, Jean Cousin. Nous citons :
«L'an 1391, le 28 de juillet, mourut Messire Jean de Veson,
1. Texte de la concession dans les Acta Sanctorum, t. vi, de juillet, p. 247, d'après Labbe, Sacrosancta Conc. (Le décret ne se trouve pas dans la Bullarum Collectio de Cocquelines (Romæ 1744).
LA FÊTE LITURGIQUE 47
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. prestre de Tournay, lequel, à l'honneur de la vierge Marie et de “sa mère, avec la licence du Chapitre, a ἴδιοι instituer la feste
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“saincte Anne en οἴϊιοθ, qu'on nomme communement iriple, tant en chant, luminaire et sonnage, qu’en toute autre solennité, avec ce que l’on devra mettre à la chaire épiscopale du chœur le drap d’or, comme on a coutume de faire en l’Église de Tournay en la feste de l’Assumption de Notre-Dame, sa glorieuse fille. Clément septième, à l'instance de Maistre Jean du Quesne, Chanoine de Tournay,a donné à tousiours misericordieusement à tous vrayement répentans et confessés qui garderont tous les ans la feste saincte Anne en l'Église presente solemnellement et aux autres, qui par ceste ville de Tournay ou faubourg, s’abstiendront d’ouvrer un an et quarante iours de pardon. Il y a en la thresorerie de ceste Eglise un os mediocre de la dicte saincte Anne !, »
Nous avons parlé plus haut des anciennes prérogatives des ἐν ἐ- ques en matière de liturgie, et voici maintenant, après les docu- ments pontificaux, un document épiscopal qui prouvera ce que nous rappelions alors au souvenir du lecteur.
« Nous, Guillaume, par la patience de Dieu, humble ministre de l'Eglise d'Arras, à tous les abbés, prieurs, doyens de notre chrétienté, prêtres et chapelains ainsi constitués dans notre cité et diocèse d’Arras à qui les présentes pourront parvenir : salut éternel dans le Seigneur.
« Comme il appert que des hommes prudents, tels que le pré- vôt, maître G. de Faronvilla, et les membres du Chapitre de l’église Saint-Aimé en notre diocèse, ayant en vue la gloire de Dieu, et se souvenant des mérites des saints dont les reliques, et surtout celles de sainte Anne, mère de la Mère de Dieu, sont conservées, selon la croyance de tous, dans la susdite église, se proposent de construire un reliquaire mobile d’un travail somp- tueux en or, argent et pierres précieuses, pour y enfermer, avec la vénération convenable, les reliques de la susdite sainte Anne reposant dans la susdite église : Nous, à la requête des mêmes maîtres et Chapitre susdits, pour encourager cette entreprise
4. Jean Cousin, Histoire de Tournay, 4 in-4, Douai, 1619, t. 1v, p. 178.
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et par nos indulgences presser les fidèles à vénérer dignement de si précieuses reliques, confiant en la miséricorde du Dieu Tout- Puissant, et en l’'intercession de la bienheureuse et glorieuse Marie toujours Vierge, des apôtres Pierre et Paul, et de tous les saints, accordons miséricordieusement à tous les fidèles vrai- ment contrits et confessés qui visiteront pieusement l’église où reposent les susdites reliques, la veille du jour de la même bien- heureuse Anne, ou pendant les sept jours qui la suivent, ou qui prêteront les mains à la susdite entreprise, quarante jours d’indul- sence sur les pénitences à eux imposées, el ce, en quelque année que ce soit. De plus, pour augmenter la vénération envers la souvent susdite sainte Anne et envers ses reliques, nous statuons et ordonnons à perpétuité que sa fête soit célébrée à Douai comme celles du dimanche, enJoignant forteraent à tous et chacun des prêtres de la ville de Douai, sous peine d’excommunication, s’il est nécessaire, de faire célébrer publiquement dans la susdite ville, la susdite fête de la façon susdite. En foi de quoi, nous avons fait faire les présentes lettres et les avons fait munir de notre sceau. Donné à Arras, l’an mil deux cent quatre-vingt-onze, le jour de la lune qui suit le dimanche où se chante le Jubilate À. »
1. Deuxième dimanche après l’octave de Pâques. Voici le texte du diplôme :
Occasione reliquiarum pedis 5. Annæ quæ habentur Duaci in collegiata insigni ecclesia 5. Amati, constitutum est a Guillelmo Atrebatensi episcopo anno 1291, ut in eadem civitate festum 5. Annæ in populo celebraretur, ut patet ex diplo- mate quod subjungimus : « Guillelmus, Dei patientia Atrebatensis Ecclesiæ minister humilis, universis abbatibus, prioribus, capitulis, decanis christiani- tatis, presbyteris et capellanis in civitate et diœcesi Atrebatensi constitutis, ad quos presentes litteræ pervenerint, salutem in Domino sempiternam. Quo- niam... etc. Cum itaque discreti viri magister G. de Faronvilla præpositus et capitulum ecclesiæ 5. Amati Duacensis nostræ diœcesis Deum habentes præ oculis ac sanctorum pie merita rocolentes, quorum reliquiæ in prædicta ecclesia con- tineri indubitanter ab omnibus asseruntur, et præcipue reliquiæ beatæ Annæ, Genitricis Dei Mariæ matris, vas quoddam mobile sicut a bonis audivimus, auro, argento et lapidibus pretiosis opere plurimum sumptuoso construere intendant,ut in 60 sanctissimæ Annæ prædictæ reliquiæ venerandæ, quæ in prædicta, ut dic- tum est, ipsorum ecclesia requiescunt, cum veneratione debita, recondantur : ad supplicationem ipsorum magistri G. et capituli prædictorum, in subventionem operis prælibati,Christi fideles ad condignam tam pretiosarum reliquiarum vene- rationem nostris indulgentiis animare volentes : de omnipotentis Dei misericor-
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Donc, en l’année 1291, c’est-à-dire un siècle avant la date fixée par la critique pour l’Introduction du culte de sainte Anne en Occi- dent, la fête de la Sainte existait déjà à Douai et elle devait y être
célébrée avec honneur et piété puisque l’évêque ne craignait pas
1 d'en faire une fête de précepte, avec obligation d’entendre la messe, tout comme le dimanche.
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ἶ Maintenant, qui était ce Petrus de Columpna, ou Pierre de 4 Colonna, dont 1l est question dans le Cartulaire de Notre-Dame de Paris, vers le milieu du xrre siècle ? Nous ne savons, mais « nous avons lieu de croire qu’il jouissait de quelque privilège en matière liturgique, puisque le vénérable document nous fait lire ce qui suit :
« Le cinq des calendes de mars, est décédé maître Pierre de Colonna, de la maison de Sainte-Marie (Notre-Dame). Il a doublé la solennité de la FÊTE DE SAINTE ANNE, et 1l a voulu que, en
L'école L'idée κ ἑν
la Nativité du Seigneur, trente-sept cierges fussent allumés devant l’autel de cette sainte pendant les matines et les deux premières messes l.» Nous verrons plus tard bien d’autres exem-
dia, beatæ et gloriosæ semperque Virginis Mariæ, apostolorum Petri et Pauli, et omnium sanctorum meritis et intercessione confisi, omnibus vere pœænitentibus et confessis qui ecclesiam ipsam, in qua dictæ reliquiæ requiescunt, in vigilia fes- tivitatis et festo ejusdem beatæ Annæ, et per septem dies sequentes pie et devote quolibet anno visitaverint, et qui eidem operi manum porrexerint adjutricem, quadraginta dies de injunctis sibi pœnitentiis misericorditer relaxamus. Ad majorem insuper sæpe dictæ sanctissimæ Annæ, ipsiusque reliquiarum venera- tionem, diem festivitatis ejusdem apud Duacum solemnem et celebrem, sicut diem Dominicum statuimus, ac etiam in perpetuum ordinamus, et omnibus et singulis dictæ ville Duacensis presbyteris firmiter injungentes ut festivitatem prædictam, ut prædictum est, sub pœna excommunicationis, si necesse fuerit, publice in dicta villa faciant ab omnibus observari. In cujus rei testimonium præsentes litteras fieri fecimus, et nostri sigilli appensione muniri. — Datum Atrebati, anno D. M. ducentesimo nonagesimo primo, die lunæ post Domi- nicam qua cantatur Jubilate. » Colvenerius, op. cit., t. 11, p. 60-61.
1. XV Καὶ. Marcii (15 février, en note : cirea 1255), de domo sancte Marie, obiit magister Petrus de Columpna, qui instituit duplum in festo beate Anna, et quod triginta septem cerei ardeant in matutinis, in nativitate Domini et in dua- bus primis missis, circa altare. Cartulaire de l’église de N.-D. de Paris, publié par M. Guérard, de l’Institut (4 in-4, Paris, 1850), t. 1v, p. 19 : t. vir de la Collection des Cartulaires de France.
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ples de cette dévotion très réelle et très touchante dont le vieux Paris entourait jadis la mère de Notre-Dame, et vers laquelle on dirait qu’il entend peu à peu revenir. Ne lui a-t-1l pas en effet dernièrement rendu sa place en son enceinte, une place d’honneur où elle est vraiment chez elle comme autrefois ?
Autrefois aussi, c’est-à-dire en ce même xur1° siècle dont nous nous occupons, elle avait également sa fête à Chartres, et peut- être en plusieurs églises des environs, puisque ce diocèse en comp: tait déjà neuf placées sous son vocable. Un manuscrit conservé en la bibliothèque de cette ville nous offrira un sermon de cette épo- que qui se termine par ce mot significatif : {dcirco lætamint, dilec- tissimæ, lætaminti, inquam, et laudate Deum in hac celebri festivitate et sacrosancia celebritate matris genitricis Domint nostri Jesu Christi : « Réjouissez-vous, mes très chères (l’auteur s’adressait sans doute à de pieuses femmes), réjouissez-vous, vous dis-je, en cette célèbre fête, ei cette sainte célébrité de ia mère de Marie, mère de Notre-Seigneur -Jésus-Christ » On a remarqué la pre- mière épithète et ia redondance : celebris, celebritas. La fète était- elle déjà une fête en effet «célèbre », c’est-à-dire déjà connue de tous, chère à tous et qui se célébrait depuis longtemps «avec une grande solennité ἢ ? »
Également, qui ne sait que les Franciscains faisaient cette fête dès 1263, comme en témoigne Gavantus d’après les Annales Minorum ?? Et il nous serait 51 facile encore 101 d'ajouter nous- même, d’après des documents anonymes mais très dignes de foi, au moins dix ou douze autres faits analogues. Qu'il suflise pour le moment d’enregistrer encore un ou deux témoignages de plus, sortes de choses que nous appelions tout à l’heure «des contri- butions à notre œuvre. » Si peu d'auteurs nous ont fourni des renseisnements sur la question présente que c’est simple justice de ne pas les oublier.
Ainsi le liturgiste éminent qu’a été dom Guéranger nous assure
1. Le commencement de ce sermon se retrouve dans Breviarium ad usum Rothomagensem, gr. in-4, 1491 (B. Na., Inventaire B. 229). 2, Gavantus, Thesaurus, p. 136.
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que, au x siècle encore, l’Église d’Apt était comme celles de Douai, de Paris, de Chartres, et d’ailleurs (avons-nous dit nous- même), «en possession de cette même solennité 3,» Encore iei on pèsera le mot solennité, et on croira qu’un homme qui connaît la valeur des mots, n’a pas employé celui-ci comme simple syno- nyme de fête, fête quelconque.
Avec Sainte-Anne d'Apt, nous sommes surle domaine de M. l’ab- bé Terris, auteur d’une consciencieuse monographie de cette Église, et 1l convient de l'écouter :
« Dans les livres de chœur, remarquables à plus d’un titre, que l'Église d’Apt possède encore dans ses archives et dont plusieurs datent, au moins, de la seconde moitié du xur1® siècle, nous trou- vons un oflice propre de sainte Anne au 26 juillet. L'importance de ce témoignage n'a point échappé à Rémerville : il mentionne un livre de chant éerit entre 1252 et 1323, dans le calendrier du- quel le nom de sainte Anne est éerit en gros caractères, comme toutes les autres fêtes considérables de l’année. Dans les livres de chœur d’une époque antérieure et que nous avons soigneuse- ment examinés, le nom de sainte Anne est ajouté au calendrier d’une écriture postérieure à eelle de la fin du xr1® siècle, mais antérieure à celle du commencement du xrvê, ce qui assigne l’introduetion de cette solennité au courant du xxr1 siècie, sans qu’il soit facile d’en mieux déterminer l’époque exacte.
« Un autre document, sur lequel on n’a guère jusqu'ici attiré l’attention, sans nous donner le dernier mot de la question qui nous oceupe actuellement, va nous tracer une limite en deçà de laquelle nous ne pouvons songer à assigner l'institution de la fête de sainte Anne à Apt: c’est l’ancien obituaire du chapitre, com- posé de soixante-quatre feuillets de vélin en fort bon état, et indi- quant le jour où le chapitre célébrait l'office divin à l'intention de quelque bienfaiteur.
« Au 26 juillet, ce livre porte, de la même main qui a écrit la partie la plus ancienne et la plus considérable de ce cahier :
1. Guéranger, L’Année lit., t. 1v, p. 240,
52 MADAME SAINCIE ANNE
VII kalendas augusti celebratur festum S. Anne pro D. Petro Johan- ris T.
«Si nous pouvons découvrir l’époque où ce livre fut écrit, nous serons en droit de conclure qu’à cette même époque l’Église d’Apt était en pleine possession de célébrer la fête de sa patronne. Or ce livre a été écrit sous l’épiscopat de Raymond II de Bot, qui occupa le siège d’Apt de 1275 à 1303 : c’est ce que prouve d’une manière péremptoire l’obitus suivant (en écriture originale) :
«[Χ Kal. julu : In anniversario Domine Thibaude matris Domini Episcopt.
« Le 23 juin, anniversaire de dame Thibaude, mère du seigneur Evêque. » L’évêque n’étant pas nommé, 1] s’agit évidemment de l’évêque régnant, et l’histoire nous apprend précisément que cette dame Thibaude d’Isoard était la mère de Raymond de Bot.
€ On lit encore au 29 juin : 211 Καί. Julii celebratur festum apos- tolorum Petri et Pauli pro bone memorie domino ἢ. Bot: Apten. ; « Le 29 juin, on célèbre la fête des apôtres Pierre et Paul pour le seigneur ἢ. Bot, évêque d’Apt, d’heureuse mémoire. » Ces lignes sont d’une écriture plus récente que le reste de l’ouvrage, en par- ticulier que la rubrique de la fête de sainte Anne et de la mort de Thibaude d’Isoard. Raymond de Bot, dont il est ici question, étant mort en 1303, la composition de ce livre, et par conséquent l'introduction de la fête de sainte Anne dont 1] est fait mention plus haut, est antérieure à cette date.
« Il résulte de ceci, conclut M. l'abbé Terris, que, dans le cou- rant du χα siècle, Apt célébrait déjà la fête de sainte Anne avec les honneurs du culte liturgique, tandis que les Bollandistes nous ont appris que la première trace qu’ils ont pu trouver d’une fête particulière en l'honneur de sainte Anne en Occident, c’est l’ins- titution de cette solennité en Angleterre en 1378, à la demande des prélats de cette nation ?. »
Au surplus, un missel de Brescia, antérieur à l’époque d’Ur-
tn
al. Le sept des calendes d'août, on célèbre la fête de sainte Anne à l'intention de maître Pierre de Jean ou Johannis. 2. Terris, Sainte-Anne d’'Apt, p. 39-42.
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ΓΟ nt dits: nie CLS 2 LL. 2
LA FÊTE LITURGIQUE 53
bain IV (1261-64), contient une messe en l’honneur de sainte Anne, dont voici en particulier le Graduel: « Joachim et son épouse, tous deux justes devant Dieu, offrent au soleil de justice un asile virginal en lui donnant Marie leur fille, palais d'ivoire !, » Enfin, pour ne pas insister, les martyrologes d'Anvers et d’Utrecht, aussi anciens que ce missel, font mémoire de la même fête, comme on peut le voir dans les éditions originales qu’en a données l’abbé Migne 3,
Nous verrons encore mieux plus tard, Sachons attendre,
* *+* *
La fête de notre Sainte, comme fête liturgique, peut-elle remon- ter plus haut que le xrr1° siècle, et au moins jusqu’au xr1° ?
Il n’y ἃ pas longtemps, un an, dans une première publication de la présente étude 3, nous n’osions pas trop nous avancer, pas trop affirmer, faute de documents. Il y a peut-être lieu de rééditer ce passage, si long qu'il soit, et nous disions donc, à tout risque encore cette fois — parlant évidemment pour l'Occident :
« Il est impossible d’assigner au Χαμ siècle une fête liturgique de sainte Anne si, pour prouver l’existence de cette fête, 1] faut apporter des documents aussi indiscutables que des bulles de souverains Pontifes ou des mandements d’évêèques. Mais un écrit extrêmement vénérable encore, puisqu'il est de saint Bernard, nous offre 1c1 quelque ressource. Il s’agit de la fameuse lettre que le saint Abbé adressait en 1146, aux chanoines de Lyon, au sujet de la fête de l’Immaculée Conception. Nous n’avons rien à voir à la thèse même qui occupe ici l’illustre docteur, mais un passage de cette lettre intéresse très vivement notre étude, et nous nous permettrons d’abord de la citer telle qu’elle est, espérant que nul ne se scandalisera pour si peu :
1. Joachim et uxor eius, justi ambo ante Deum, præbent soli iustitiæ hospitium virgineum, Mariam suam filiam, palatium eburneum. Cf. Rocchi, S. Gioacchino, Ρ. 268.
2. Patr. Lat., t. cxx1v, col. 568-570.
3. Semaine religieuse de Québec, juillet-août, 1909.
54 MADAME SAINCTE ANNE
ἢ n
« 11 convenait que la reine des Anges... fût exempte de toute souillure et passât sa vie sans péché. Aussi disons-nous que 88 vie fut sainte, parce que, dès le sein de sa mère, elle avait été comblée de grâce et de sainteté. Mais ce n’est point assez com- me cela : il faut maintenant renchérir sur ces privilèges, et l’on prétend qu’il y a lieu de rendre à la conception de Marie les mêmes honneurs qu’à sa naissance, attendu que l’une ne va pas sans l’autre... Avec un pareil raisonnement, pourquoi s'arrêter à Marie et ne pas instituer un Jour de fête en l’honneur de son père et de sa mère, puis de ses aïeux, et ainsi de suite pour tous ses ascendants à linfini ? Nous aurions ainsi des fêtes sans nombre. Mais cela ne convient pas dans l’exil, et ne sied que dans la patrie : c’est là seulement qu'il est permis d’être en fêtes perpétuelles.On parle d’un écrit et d’une révélation d’en haut, comme s’il était bien difficile d’en produire d'aussi au- thentiques pour prouver que la sainte Vierge réclame pour les auteurs de ses jours des honneurs pareils à ceux qui lui sont rendus à elle-même. N’est-1il pas écrit en effet : « Honorez votre père et votre mère (Exod., xx, 12) ? » Pour moi, je ne fais aucun cas de ces écrits qui ne s’appuient ni sur la raison, ΠῚ sur une autorité incontestable 1.»
«Saint Bernard conclut ainsi sa lettre :
« La sainte Vierge ne saurait, à quelque titre que ce soit, goûter un culte qui n’est introduit dans l’Église que par un esprit de présomption et de nouveauté, Après tout, s’il paraissait à pro- pos d’instituer cette fête, 1l fallait d’abord consulter le Saint- Siège au lieu de condescendre précipitamment et sans réflexion à la simplicité d’hommes ignorants. »
« La question principale encore une fois mise de côté, puisqu'elle entre pas dans notre cadre, du moins pour le moment, 1l reste
celle-ci qui est la nôtre :
« La fête de sainte Anne était-elle célébrée, au xr1° siècle, en
Occident ?
«Selon toute apparence, elle ne l’était pas universellement ;
elle ne l’était peut-être nulle part en vertu d’un indult pontifical,
1. Saint Bernard, Œuvres, trad. Charpentier, t. 1, pp. 307-309, Lettre cixx1v.
LA FÊTE LITURGIQUE 55
«
mais saint Bernard lui-même insinue qu’elle pouvait l’être, de quelque manière que ce soit, en certaines églises. Que signifie en effet cette phrase : « On parle d’un écrit et d’une révélation d’en « haut, comme s’il était bien difficile de... prouver que la sainte « Vierge réclame pour les auteurs de ses jours des honneurs pareils « à ceux qui lui sont rendus à elle-même ? » Ne peut-on pas penser que certaines communautés chrétiennes se seraient en effet auto- risées d’un « écrit » ou d’une « révélation d’en haut» pour intro- duire chez elles le culte et la fête de notre Sainte ?
« Mabillon dit que«les docteurs anciens ne sont pas d’accord «avec les modernes sur la penséeet le but de saint Bernard dans « cette lettre l,»et pour nous aussi, quant à la question qui pré- sentement nous occupe, elle est bien énigmatique. Dans une autre lettre que nous citions plus haut, le saint Docteur déclarait qu'il ne convient pas de rendre un culte public aux saints de l'Ancien Testament, et il s’expliquait alors sur ce sujet, mais précisément, on est porté à se demander si, pour lui, les parents de la Vierge appartenaient à l'Ancien Testament ou au Nouveau ; s’il eût trouvé des objections à l’institution canonique de leur fête ? La fin de sa letire, et le dernier passage que nous en avons cité, nous rassurent. Malgré les objections qu’il fait contre la fète de F[m- maculée Conception, il s’en remet au jugement de l'Église, et s’il est 51 expressif, si âpre même en son langage, ce serait peut-être au fond, — qui sait ? — parce que, avant d’instituer cette fête, les chanoines de Lyon n’ont pas consulté le Saint-Siège. Nous pouvons sans doute raisonner ὦ par pour la fête des « parents de la Vierge, » et il aurait voulu simplement que, pour la célébrer, on demandât préalablement l’autorisation du Souverain Pontife !,
« Quoi qu'il en soit, ajoutions-nous, de ces considérations jetées en passant et peut-être en hors-d’œuvre au hasard de la plume, on peut croire, puisque saint Bernard lui-même semble nous y inviter, que la fête de sainte Anne, autorisée ou non par le Souverain Pontife, était célébrée de son temps, c’est-à-dire au
x11€ siècle, »
1. Il faudrait lire certaines études contemporaines pour voir comme de notre temps on traite de haut le grand saint Bernard, jusqu’à le taxer simplement d'ignorance.
56 MADAME SAINCTE ANNE
Telles étaient ces conjectures de l’an passé, et il nous paraît aujourd’hui — soit dit sans puérile vanité — qu’elles étaient une sorte de pressentiment. Dans la préface de son superbe Synaxa- rium Ecclesiæ Constantinopolitanæ, le R. P. Delehaye parle de «cette terre bienheureuse où les auteurs trouveront rassemblés en lieu propice et temps opportun tous les livres objets de leurs désirs 1, » Cette terre bienheureuse n’est pas l'Amérique, malgré ses riches bibliothèques qui s’augmentent chaque année de tout ce qui peut s'acheter, fût-ce au poids de l’or. Mais en Amérique pourtant, un ami de notre œuvre mettait un jour à notre disposition cette rare et précieuse collection d’hymnes du moyen âge qui s’appelle les Analecta hymnica medit ævi de Dreves et Blume et qui, après avoir dépouillé tant de manuscrits rares, ne laisse plus au chercheur que la tentation de savourer à son tour les origi- naux ?, Or dans ce vaste répertoire où tant d’hymnes et d’oflices complets de Sancta Anna ont été si patiemment recueillis — (nous resrettons cependant de dire que, du moins jusqu’à présent, 1] ne contient pas tout ce que le moyen âge latin a chanté à l’hon- neur de la Sainte), — nous avons eul’exquis plaisir de trouver plusieurs pièces quisemblent bien être du xr1€ siècle, qui le sont, dirions-nous, sûrement, puisqu'elles sont reproduites de ma- nuscrits, bréviaires, missels appartenant très authentiquement à cette époque.
Il est vrai que, dansles anciens manuscrits, les interpolations ne sont pas rares, mais on ne peut pas supposer que les édi-
1. Id tamen lectorem jam monendum existimo, sæpissime in locorum tem- porumque difficultatibus atque in aliena voluntate causam fuisse cur hos codices diligentius inspexerim, alios levius, alios etiam a recensione penitus excluderem. Aliter profecto rem expediet qui commorabitur in terra beata ubi quoslibet co- dies uno in loco et opportuno tempore congregatos habebit. H. Delehaye, op. cit., in-fol., Bruxellis, 1902, Prolegomen. 11°.
2. Le dévouement a sa pudeur, etle R. P. Frédérick G. Holweck (c’est le nom de cet « ami »), ne nous pardonnerait pas de rien ajouter dans Le texte. Dans une note 1] nous sera permis de lui offrir l'hommage d’une reconnaissance d’autant plus sincère et profonde que le pasteur d’une grande paroisse de Saint-Louis (Missouri), l’auteur d'ouvrages estimés comme les Fasti Mariani (Herder, Fri- bourg, 1892), l’on des principaux collaborateurs du Catholic Encyclopedia (Apple- ton, New-York), avait bien autre chose à faire que de s'occuper de notre œuvre.
LA FÊTE LITURGIQUE 57
teurs des Analecta n’aient pas su distinguer entre une interpola- tion ou une addition postérieure et un texte original, Il Pont si bien su qu’ils ne manquent jamais d’avertir, le cas échéant, que telle hymne, prise dans un codex de telle époque, est cependant postérieure à cette époque.
À considérer encore le seul Occident, pouvons-nous, avec la même fête, remonter plus haut que le χαιθ siècle ? Au delà, c’est la nuit noire qui commence, Quand l’histoire et les documents écrits font défaut pour l’étude des derniers siècles du moyen âge, 1l reste les codex, ces vieux témoins irrécusables du passé, mais, en matière de liturgie, sont-ils si nombreux les codex anté-
rieurs au x11° siècle, et ceux-là surtout qui pourraient nous fournir
des renseignements sur la fête de sainte Anne ? A chercher dans les bibliothèques ou dans les catalogues des bibliothèques de manuscrits, on constate avec stupeur combien la plupart de ces manuscrits sont désespérément jeunes ! Comptez au Vatican, à Florence, à Berlin, à Bruxelles, même à Londres, même à Paris, le nombre des codex véritablement anciens ? Evidemment, à mesure qu’on remonte plus haut, deviennent-ils de plus en plus rares. « Pour la liturgie romaine, écrit dom Guéranger, c’est en vain que l’on chercherait à Rome même un Sacramentaire Gré- gorien du varie siècle ; c’est au 1x° seulement que remontent ceux à l’aide desquels on peut refaire l’ancien texte de saint Grégoire. Le Sacramentaire de saint Gélase repose jusqu'ici sur un manuscrit unique du vie siècle, Celui qu’on appelle le Léonien est unique aussi; encore le codex est-il mutilé. Le plus ancien Anti- phonaire pour l'office est du 1x° siècle ; celui de la messe est un peu plus ancien, 1l est vrai, que les manuscrits de Monja et de Saint-Gall. On sait que les ordres romains donnés par D. Mabil- lon l’ont été sur des manuscrits d’une extrême rareté, et dont la série ἃ bien de la peine à remonter au vie siècle !, »
1. Institutions liturgiq., t. 111, p. 309. The earliest (liturgical) manuscript which has come down to us is, I conceive, the Codex Barberinus, no Lxxvur. Itis entitled, according to Bunsen, Analecta antenicæna, 111, 197 :« Orationes missæ et totum officium secundum Basilium 85. Marci de Florentia, ordinis Fratrum prædicatorum de hæreditate Nichoïai de Nicholis. » Swainson, p. xv.
58 MADAME SAINCTE ANNE
Pourtant, comme il ne faut jamais désespérer de rien, il se peut que, les livres liturgiques mis à part, quelques autres codex nous ménagent des surprises, telles, que celle par exemple, qui nous était faite récemment. Un article sur l’ordre des Carmes, publié par le R.P. Zimmermann dans le Dictionnaire d’ Archéologie de dom Cabrol avait attiré notre attention, et nous profitons de l’occasion pour en extraire quelques lignes qui vont très bien d’ailleurs à notre sujet: « Nous savons, y est-il dit, que l’ordre des Carmes apporta en Europe la fête de sainte Anne ; elle avait été introduite par les religieuses bénédictines de l’abbaye établie dans la maison traditionnelle des saints Joachim et Anne près des Portes d'Or et de Josaphat. Les Carmes ayant occupé ce couvent pendant quelque temps l’adoptèrent, et continuèrent dela célébrer avec beaucoup de dévotion, même après avoir été contraints de quitter Jérusalem !, »
Il y avait mieux que ce renseignement certes très utile, Au bas de la page, parmi ou après les références, nous lisions avec l’étonnement que l’on devine les quelques mots que voici : «Au début du XI siècle, la fête de sainte Anne était déjà célébrée à Winchester, mais elle disparut quelque temps après.» À quelque temps de là nous trouvions dans les Analecta de Blume (comme on les appelle brièvement) deux hymnes, deux piècesimmenses, disons- le de suite ?, tirées toutes deux d’un codex de Winchester main- tenant à Londres. Le codex est du xr1° siècle, mais si c'était sa date à lui, 1] nous semblait bien que ce n’était pas nécessairement la date des pièces elles-mêmes. Que faire ἢ Cette fois encore, 1] pouvait être permis autant qu’utile de recourir à l’auteur même de l’article. Quelle ne fut pas son obligeance de répondre par une longue lettre à toutes nos questions ! Nous en traduisons le passage qui se rapporte au sujet actuel : « Le calendrier de Win- chester que J'avais en vue (sans le nommer) est au British Museum sous la rubrique Cotton, Vitellius, E. XVIII. Π a été endom- magé par le feu en 1731, mais on l’a réparé, et à l’exception de quelques passages, il est parfaitement lisible. Il est d’une main
——— ὦ...
4. Loc. cit., col. 2168.
2. Chacune a plus de cent vers.
"ΝΟΣ, te à ὦ 3 tdi de
LA FÊTE LITURGIQUE 59
saxonne-normande et remonte à 1031. L'entrée au 26 juillet est :
S’cæ Annæ matr. S’cæ Mariæ 3.
«.….Cette citation est prise de ἢ. T. Hampson, Medii ævi calenda- rium (Rolls series), Londres (sans date, vers 1850), mais j'ai vu moi-même ce calendrier ?, »
Merci au R. P. Zimmermann, et que le lecteur fasse ici comme nous ses réflexions! Assurément, cette simple ligne du vieux calendrier en mérite quelques-unes.
Et le χϑ siècle, le siècle de fer ἢ
En 1888, le regretté P. Dreves a publié l’'Hymnaire de Moissac, un vénérable manuscrit de cette époque, et comme il s’y trouve une hymne de sancta Anna, serait-ce l’indice d’une fête qui aurait dès lors existé au moins dans cette abbaye ? Nous nous contentons pour le moment de poser la question.
Au delà, c’est le silence, mais le silence des auteurs ou de l’his- toire, avons-nous dit plus haut, ne peut pas imposer une conclu- sion, sauf peut-être dans des cas très rares où 1l serait inexplicable sur tel point donné, Or, on ne voit pas que le lointain moyen âge était obligé plus que nous ne le sommes aujourd’hui de neus mettre au courant de ses dévotions. — Permettez ce détail. Un jour, qui était le 26 juillet, nous trouvant à New-York, nous étions allé le soir faire une visite au sanctuaire canadien-français de la 76€
1. De sainte Anne, mère de sainte Marie.
2. « The Winchester calendar which 1 had in view {without mentioningit) is in the British Museum, and is quoted Cotton, Vitellius, E. xvirr. It vas inju- red by fire in 1731, but has been repaired and with the exception of a few places is perfectly readable, It is in a Saxon-Norman hand, and dates back to 1031, The entry sub 26 July is :
S'cae Annæ matr. S’cae Mariæ. Another Norman-French calendar of the xivth century has :
26 July. Seinte Anne la mere n’re Dame. Ms. Harley 273.
Thèse quotations are from R. T, Hampson, Medii ævi Calendarium (Rolls’ Series), London, (ca. 1850, n. date). But I have seen the calendars myself... »
60 MADAME SAINCTE ANNE
rue, où se conserve en grande vénération une relique insigne de sainte Anne. La foule encombrait non seulement l’église, d’ail- leurs assez petite (on va la reconstruire sur grande échelle), mais toute la rue avoisinante. Ainsiil en avait été tout le jour, et le soir, vers 11 heures, quand 1] fallut fermer les portes, plus de cent mille personnes étaient venues baiser la sainte reli- que. Les journaux durent faire mention de la chose, mais qui sait si dans cent ans d'ici, et c’est bien peu, l’histoire ou les auteurs en auront conservé le souvenir pour nos arrière-neveux ? La chose est moins que probable.
Il ne faut donc pas demander aux premiers siècles du moyen âge ce qu’ils n’avaient aucune raison de nous donner. Evidemment cette réflexion est simple d’une simplicité qui frise la triviahité, mais aussi pourquoi tant de gens se refusent-ils à comprendre les choses les plus simples et de plus simple bon sens ?
Nous oublions que nous n’écrivons pas pour ceux-là. Pardon!
Il reste à dire que le mot du pape est toujours vrai : ab exordio nascentis Ecclesiæ. À l’époque où l’Occident semble muet pour glorifier notre Sainte — et peut-être l’était-1l en eflet, nous n’en savons rien — il y avait beau jour que l'Orient lui faisait des fêtes, de vraies fêtes liturgiques, puisqu'on tient tant aux fêtes liturgiques. Nous avons bien dit des fêtes, car ce n’est pas seule- ment une fête, c’est plusieurs, comme nous verrons, qui ramenaient chaque année au pied de la Sainte la piété des fidèles.
Ce serait cependant une faute de ne pas signaler un monument d’une grande importance qui appartient au 1x® siècle et à l’Occi- dent, monument si intimement lié, comme nous verrons aussi, à l’histoire du culte de sainte Anne. Le Calendrier de Naples auquel nous faisons allusion nous reviendra à son heure comme tant d’autres choses, mais notons de suite qu’il mentionne, non pas une fois seulement, mais trois fois, le nom de notre Sainte sous les rubri- ques suivantes : au 25 juillet : S. Euprax. et Anne; au 9 septembre : SS. Joachim et Anne ; au 9 décembre : Ccptio δ. Anne Marie virg. Que signifient ces trois mentions ? Sommes-nous en présence de trois fêtes réelles ? car cette hypothèse n’est pas inadmissible ; ou bien, 81 elle nous est défendue, pouvons-nous au moins voir 10] des mémoires liturgiques, comme nous en faisons encore dans
… af da à maté st ;‘ccnt ttes ET
a de d'os n CTRE
LA FÊTE LITURGIQUE 61
office canonique ? On n’ignore pas que, à l’époque où ce calendrier nous reporte, Naples appartenait à Byzance, même au point de vue dela discipline ecclésiastique, et dès lors, quoi d’étrange qu’elle eût adopté la liturgie de la métropole avec toutes ses fêtes ἢ Peu importe la source d’où ces fêtes provenaient, peu importe, pour nous servir d’un mot consacré, leur « importation byzan- tine », Si elles sont été célébrées, comme on peut le croire, elles l’ont été en Occident, et à la date du calendrier, c’est-à-dire au ixe siècle, sinon plus tôt encore, car ilen est du marbre de Naples comme du codex de Londres : 1l nous dit son âge à lui, non l’âge des choses qu’il nous fait connaître !,
D'ailleurs encore, pourquoi tant épiloguer sur les mots, jouer, on dirait, sur les mots ? Fête et culte n’ont pas, disions-nous, tout à fait le même sens spéculativement parlant, et nous ne voudrions pas nous contredire à quelques pages d'intervalle, mais si nous avons le culte, si nous prouvons que ce culte remonte bien aux origines de l’Église : ab exordio nascentis Ecclesiæ, comme dit le Pape, n’aurons-nous pas l'équivalent de la fête ἢ
D'ailleurs toujours, si en Occident, en plein 1x° siècle, il existait des chapelles, des sanctuaires de sainte Anne, pourquoi n’y aurait- 1] pas eu également des fêtes, mêmes des fêtes liturgiques ἢ
À tout considérer, lequel vaut mieux du culte ou de la fête? Est-ce la fête qui fait le culte ? Mais nous voyons que cent fêtes dans l’année passent inaperçues d’une multitude de personnes même excellemment chrétiennes ; ne serait-ce pas plutôt le culte qui ferait la fête, et à tel jour commandé, ofliciel, consacré à la mémoire d’un saint, ne peut-on pas préférer la fête très réelle et très dévote,
1 « Ce précieux Dictionnaire d'Archéologie chrétienne et de Liturgie où la com- pétence liturgique de dom Cabrol rivalise de sûreté avec l’érudition archéolo- gique de dom Leclercq » (Pargoire, Échos d'Orient, janvier, 1906, p. 21) nous fait lire ceci :« Avant 1382, la fête de sainte Anne en Occident n'apparaît sur aucun calendrier. » Cf. art. Anne. Ne serait-ce pas une distraction ? Ou bien faut- il absolument qu’un calendrier soit en peau de veau pour mériter l’attention ? Le marbre ne pourrait-il pas la remplacer avec avantage au moins pour une fois ? Salva reverentia.
62 MADAME SAINCTE ANNE
la fête quotidienne que feraient à ce saint de leur choix les cœurs des fidèles ?
Cette longue et universelle fête qui s'appelle le culte oula dévo- tion, nous en chercherons la trace tout le long de cet ouvrage,et pour le moment, avant de rappeler que les meilleures choses en ce monde ont le pire destin, nous allons résumer en quelques mots ce qui
précède, et tirer, emprunter plutôt à d’éminents auteurs, une con- clusion :
19Jusqu’à la fin du moyen âge et même au delà,ce sont les fidèles, les religieux et les évêques qui ont fait la liturgie des saints, malgré les mesures restrictives formulées par les souverains pontifes et dès lors,
20 Etant donné le culte local, la fête de sainte Anne pouvait être, et de fait était célébrée en cent endroits divers avant d’être décrétée universelle par le Saint-Siège,
39 L'absence de documents, ie silence des auteurs ou de l’his- toire n’est pas une preuve indiscutable, en tout cas ne peut pas en être une contre l'attestation de Grégoire XIII,
49 Les deux mots fête et culte sont loin d’être synonymes, et le culte de noire Sainte ἃ pu exister sans la fête. On pourrait même comprendre qu’un pape ne l’eût jamais décrétée puisqu'elle était déjà entrée dans la liturgie d’églises très nombreuses, et ne tendait qu’à se répandre toujours davantage.
Et maintenant recueillons comme un témoignage ces trois lignes du savant Dictionnaire d Archéologie :
«C’EST UN FAIT ACQUIS QUE LE CULTE DE SAINTE ÂNNE EN Occi- DENT NE PEUT PAS REMONTER MOINS HAUT QUE LE VIII® SIÈCLE, PLUSIEURS TÉMOIGNAGES VIENNENT CORROBORER CETTE CON- CLUSION 1,
Pesons la valeur des mots : Ce culte ne peut pas remonter moins
haut que le vire siècle, Nous permet-on de croire qu'il peut remonter plus haut ?
1. Lieu cité plus haut.
Det LA FÊTE LITURGIQUE 63 Pour l'Orient, la question ne fait pas de doute et tous les auteurs - s'accordent. Pour l'Occident, nous essaierons plus tard de faire
la preuve.
LE à, AY Un nuage qui passe.
Nil veri non audeat,et nous devons reconnaître nous-même,avant qu’on ne nous le rappelle, que la fête de sainte Anne ἃ été sup- Primée pour un temps du bréviaire romain, c’est-à-dire de 1568 à 1584.
Pourquoi ? car on pourrait en effet désirer l'explication d’une pareille mesure. Le P. Baümer et Mgr Batflol qui signalent
le fait en passant dans leurs Histoires du Bréviaire, ne la donnent d'aucune manière, mais nous remarquons qu'ils se servent du terme «supprimer », et c’est donc, encore une fois, que cette ᾿ς fête existait avant 1568 au bréviaire romain ; c’est done, que la _ bulle de Grégoire XIII, datée de 1584, ne l’établissait pas, mais la rétablissait, comme nous l’avons assez prouvé plus haut d’après le témoignage de Benoît XIV, et surtout d’après le témoignage des faits. | | La fête était supprimée, mais encore ici, 1l faut s'entendre. » D’après Grancolas, 1° la bulle de Pie V «n’était point adressée à tous les primats, archevêques et évèques du monde, comine on a coutume de mettre à Rome, quand le pape parle à toute l’Église ;» « 29 Le pape n’exécute, en corrigeant le bréviaire, que les décrets . du concile de Trente : or« le concile n’a pas ordonné un bréviaire
unique, mais ἃ enjoint aux évêques de réformer les abus qui se . seraient glissés dans leurs églises respectives ; » 39 Le pape dit qu’il n’oblige au changement « que ceux qui sont en usage de dire l'of- fice romain, ce qui s’entend des Églises de l’État romain ; il n’a pas l'intention d’abolir les bréviaires des Bénédictins, des Cis- terciens, d’aucun ordre religieux, ceux des cathédrales ; enïin, il . déclare qu’il n’y oblige point ceux qui ont un usage d’oflice plus ancien que deux cents 1. »
| É À 1. Grancolas, Commentaire, t. τ, p. 29. « L’exception des deux cents ans, consa- y L4 . Ld L4 LL . , LEE . crée par la bulle de saint Pie V, préserva quelques liturgies particulières, parmi lesquelles celle des Frères Prêcheurs. Mais un fait assez peu connu est que leurs
64 MADAME SAINCTE ANNE
À part toutes ces exceptions, on peut observer, pour la France en particulier, que, à cette époque, elle n’était pas pour rien galli- cane. Elle tenait à son bréviaire, elle y tint longtemps encore, et pour citer de nouveau Grancolas, «en 1583, sous Pierre de Gondw, quelques-uns tâchèrent d'introduire dans l’Église de Paris le bréviaire romain, mais le chapitre se refusa à ce changement, se contentant de revoir et corriger son ancien bréviaire. Une nou- velle édition en parut en 1584 1, » Puisque nous en sommes à ces détails, 1l y aurait même lieu d’en noter un autre : c’est que, vers 1642, au décret d’Urbain VIII proclamant de nouveau les fêtes d’obligation, les évêques de France auraient répondu : Nullum esse diem festum statuendum priusquam magistratibus indi- caretur : « Aucune fête ne peut-être établie sans l’avis des magis- trats », forme adoucie d’une fin de non recevoir assez vraisembla- ble ?.
C’est dire que, dispensée ou non de la mesure prise par saint : Pie V, la France ne bougea pas. — Nous n’écrivons pas un hvre de morale ou un traité de discipline ecclésiastique, nous constatons les faits. — Dijon, pour sa part, dut certainement garder sa fête déjà ancienne de sainte Anne. On sait en effet que la peste rava- geant cette ville en 1531, les habitants avaient promis, si le fléau cessait, de célébrer tous les ans, à perpétuité, la fête de la Sainte avec la même solennité que le jour de Pâques, et de fait, leur vœu avait été exaucé 8,
De même pour sortir de France, les chanoines de Saint-Géréon de Cologne avaient décrété peu d’années auparavant, le 2 août 1558, que cette fête serait célébrée chez eux tous les ans tanguam festum duplex cum primis et secundis vesperis, matutinis, missa, etc.; le chanoine Symon, de la commune de Lobroich, avait fait
offices avaient obtenu la confirmation expresse du Saint-Siège trois siècles auparavant, avec défense d’y faire des changements sans l’autorité du Pontife romain. » Bulle de Clément IV datée de juillet 1267, dans Martène, Thesaurus Anecdotorum, t. 11, p. 502. Cf. Anal. J. P., t. 1. p. 689.
elec cit a, p: 62.
2. Benoît XIV, t. 1, p. 548.
3. Guyet, Heortologia, p. 84.
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LA FÊTE LITURGIQUE 65
une fondation à cette fin, dit Baümer, et ordonné la transcription de magnifiques livres de chœur contenant l’Officium proprium de la sainte Mère de Marie, de sorte que, soit pour cette raison, soit en vertu d'anciens privilèges, la fête se continua chez eux. De même encore, François Lombard, revenant de Naples en 1569, rapportait que les habitants de cette ville « s’étaient montrés mé- contents de ce que la fête de sainte Anne, comme celles de saint Joachim, de saint Zacharie et des Macchabées, avait été sup- primée 1, » et si dom Baümer, qui rapporte ce dernier fait, ne dit pas que leurs plaintes obtinrent gain de cause, au moins il nous est permis de le supposer.
Au surplus, une mesure purement disciplinaire de l’Église, comme était celle dont 11 est 101 question, n’oblige pas toujours hic et nunc (à l’instant même), mais pour le plus tôt possible. Or, on ne change pas du jour au lendemain un bréviaire, surtout le bréviaire tel qu'il était en ce temps-là, et 1l serait intéres-
sant de savoir en combien d’églises la mesure eut un effet im-
+ à on tt
médiat. Pour cela, il faudrait pouvoir consulter les éditions des livres d’offices qui parurent précisément entre 1568 et 1584, mais d’abord, ces livres eux-mêmes, où les trouver 5 ?
Peu importe ce détail. Ce qui ressort des autres considéra- tions exposées ci-dessus, c’est que, dans la pratique, — et c’est ce que nous devons surtout considérer ici — la mesure en question n'eut pas d’effet réel, en tout cas pas d’effet durable, comme nous allons le voir tantôt.
1, Baümer, Bréviaire, t. τι, p. 218, d’après Jorrès, Urkundenbuch des Stiftes S. Gereon zu Koln, Bonn, 1893, p. 637.
2. Il ne s’en est pas présenté à nos recherches, sauf un qui est de cette dernière année même 1584, le bréviaire de Chartres, publié par Nicolas de Thou, évêque de cette ville (Bibliothèque Mazarine, Imprimés, n° 23800). Or, la fête de sainte Anne y apparaît au 26 juillet, sans doute sous la même ru- brique que ci-devant :
ANNÆ MATRIS VIRGINIS MARIÆ DUPLEX.
Si l’on accorde qu'il avait fallu du temps pour la publication de ce volume, on peut penser que l'édition en avait précédé de quelque peu au moins le ;réta- blissement de la fête.
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66 MADAME SAINCTE ANNE
Mais pourquoi cette suppression ? si tant est que nous puissions chercher la clef de cet autre mystère. Cette clef pourrait bien être celle-là même qui nous a déjà servi ailleurs, c’est-à-dire que la même raison, ies mêmes distinctions qui avaient retardé la diffusion de la fête de sainte Anne, ont pu amener sa suppression, à savoir : les discussions sur le culte à donner ou refuser aux saints de l’Ancien Testament. L’Orient ne les avait jamais connues mais l'Occident en retentissait toujours. Dans le fait cité tout à l'heure d’après dom Baümer, on a dû remarquer cette nomencla- ture très significative : Anne, Joachim, Zacharie, les Macchabées. Saint Joseph lui-même avait dû être bien menacé et, en tout cas, 1l le fut plus tard : nous le verrons aussi. Ce qui semble ap- puver quelque peu notre hypothèse actuelle, c’est un fait que rapporte notre estimé Grancolas en ces termes : « Dans le projet que l’empereur Charles V fit dresser à Augsbourg l’an 1548, 1 est ordonné de réformer les bréviaires sur l’ancienne manière de dire l’office, d’en retrancher les histoires apocriphes (sic)et tout ce qui n’y est pas édifiant 1. »
Pour n'être pas mal-édifiante, il vasans dire, la légende desainte Anne venait cependant des apocryphes, et le Saint-Siège, pressé d’une part par Charles-Quint (en ce temps-là, les souverains s’occupaient comme aujourd’hui des affaires de l’Église, avec une certaine différence toutefois); pressé d’autre part par d’an- ciennes objections toujours les mêmes, etsans doute plus violentes que jamais, maintenant que le protestantisme s’en faisait l’organe, le Saint-Siège trouva un moyen terme qui, en effet, conciliait tout : c'était, en éliminant du Bréviaire général ou de la liturgie univer- selle la fête de sainte Anne, d’en permettre la continuation aux communautés, soit religieuses, soit simplement chrétiennes, qui
tenaient à la conserver ?.
1. Commentaire, p. 21. 2. Le P. Rocchi voit dans la suppression de la fête de saint Joachim une con-
cession faite aux protestants : « Ma qui considerando la santa Chiesa che le tra- dizioni che se richiamavano in questi ufhci, per non essere ancora bastevolmente discusse e purgate, davano forse ansa ai novelli eretici di quel secolo da censurare e condannare la Sede Romana, con somma accortezza 6 prudenza 8. Pio V
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52 LA FÊTE LITURGIQUE 67
Mais « le nuage » a passé et nous allons saluer bientôt la réappari- tion de notre fête tant discutée, tant éprouvée. De fait, quels que soient les motifs qui en avaient amené la suppression : discus- sions dont nous avons parlé ou encore récriminations d’un grand nombre de liturgistes contre ce qu’ils appelaient, en termes de leur métier, l’invasion du temporal par le sanctoral}, la mesure, nous le répétons, ne fut que provisoire. Si elle ne l’avait pas été dans l'intention, elle l’était dans le fait, et ce sont les faits qui comptent le plus.
Nous empruntons à Mgr Batiffol le renseignement qui suit :
« En promettant, dans la bulle Quod a nobis, que le Bréviaire, « dans aucun temps ne pourrait être changé en tout ou en partie, «et qu'on n'y pourrait ajouter ou enlever quoi que ce fût, » le pape Pie V avait pris un engagement que ses successeurs ne devaient pas observer. Son successeur immédiat, le pape Grégoire XIII (1572-1585), ne se crut pas lié par les termes de cette bulle. Pie V n'avait point institué d’office commémoratif de la victoire de Lé- pante, s’étant contenté d'insérer, au 7 octobre, la mention de
Sainte-Marie-de-la- Victoire dans le martyrologe romain. Gré-
goire XIII voulut davantage ; et, par un décret en date du 1er avril 1573, il institua la fête du Rosaire, la fixa au premier di- manche d’octobre,et lui donna le rite de double majeur. Il est vrai que cette fête n’était pas étendue à l’Église universelle, et ne devait l’être que sous Clément XI (3 octobre 1716), mais Gré-
goire XIII n’entendait pas moins toucher au Bréviaire de 1568.
On le vit mieux en 1584, lorsqu'il RÉrABLIT, en lui donnant le rite double, la fête de sainte Anne, que Pie V avait ÉLIMINÉE de son
proscrisse tutta l’ufliciatura ed espunse fino la memoria di Gioacchino dal Marti- rologio, atteso eziandio che i novatoririgettando la storia ὁ traditione degli atti, mettavano in dubbio’ fin la proprieta del nome di quello, ete.» A. Rocehi, Le glorie di 8, Gioacchino, in-8, Grotta-Ferrata, 1878, p. 270.
4. Les plaintes n’ont pas cessé :« Les saints ont peu à peu près pris toutes les places libres et n’ont laissé à l'office du temps, qui est dans la notion primitive, la partie principale et comme la charpente de l’année liturgique, qu’une place très secondaire. Les liturgistes ont toujours protesté contre cette invasion et l'on pourrait par une facile réforme faire droit à ces réclamations. » Dom Cabrol, Le Livre de la prière antique, p. 363.
68 MADAME SAINCTE ANNE
bréviaire, et la mémoire de saint Joachim, dont Pie V avait sup- primé toute mention Î, »
Selon le P.Baümer, c’est à l’instigation du cardinal Sirleto,« à qui on avait, de différents côtés, exprimé ce désir, » que la fête de sainte Anne, supprimée pendant seize ans, redevenait universelle. Les Églises d’Espagne, en particulier, avaient vivement réclamé sa restauration ?.
Plus tard, le Saint-Siège devait faire encore davantage pour l’honneur de la Sainte. En Orient, sa fête était déjà de précepte au ΧΙΙΘ siècle, sinon plus tôt encore ὃ. En Occident même, elle l’était déjà dès longtemps en mainte église et monastère, comme nous avons vu, et la hturgie romaine allait maintenant consacrer, en les rendant universelles, ces grandes dévotions locales. Les Bollan- distes racontent que Grégoire XV (1621-1623), étant gravement malade, fit mander auprès de lui le vénérable Innocent de Cluse, de l’Ordre séraphique, lequel s’empressa de le rassurer en lui disant que sainte Anne, à qui 1] était lui-même très dévoué, avait déjà obtenu sa guérison. En récompense, le saint demandait au Pontife de faire solenniser chaque année par les fidèles la mé- moire de sa bienfaitrice #, »
La fête fut en effet proclamée de précepte, ou d’obligation générale, en 16225, et ce privilège devait lui être confirmé encore vingt ans plus tard par la bulle Universa per Orbem du pape Urbain VIII (13 septembre 1642) δ, Avec plaisir on lit ici ces quel-
1. Batiffol, loc. cit., p. 250, d’après Schober, Explan. critica, p. 49.
2. Baümer, loc. cit., p. 234, d’après Codex Vatic.6, 171, fol. 158, et page 232.
3. Anal. J. P., t. vr, col. 1350. Colvenerius ne la fixe pas au xn° quand il écrit : « Græci inter Ferias juridicas, quibus tribunalia vacant, hunc diem ex decreto Emmanuelis Comneni celebrant, utestin Commentario Theodori Balsa- monis ad Nomocanonem Photii Constantinop. patriarchæ, tit. var, his verbis : « Dies julii 25, propter Obdormitionem 8. A. Matris Deiparæ, id est quæ peperit Deiparam. »
k. Acta SS., τ. vi, 26 jul. Miracula authentica, τι. 55.
5. Bullarium rom., t. v, parte v, p. 25. — On trouvera ce vénérable document avec sa traduction à la fin de cet article.
6. Anal. J. P., t. vi, pp. 2073-2180. pour cette constitution. —« En 1642, la bulle Universa d’Urbain VIII, qui indique les fêtes où la messe pro populoest
Rimitis.
LA FÊTE LITURGIQUE 69
ques lignes très éloquentes en leur simplicité des Analecta Juris Pontificu : « Sainte Anne est la seule femme, après la sainte Vierge sa fille, dont la fête soit de précepte dans l’Église univer- selle. La bulle Universa per Orbem du pape Urbain VIII la désigne en effet parmi celles qui sont d’obligation générale. Si aujourd’hui elle n’est pas observée dans quelques pays, c’est en vertu de la dispense contenue dans les indults du Saint-Siège qui ont réduit le nombre des fêtes !. »
On a remarqué le début et aussi la fin de ce passage. Il n’est pas dit : « dont la fête ait été », mais dont « la fête soit de pré- cepte » ; 1l n’est pas dit non plus que la fête, comme telle, ait perdu son titre, mais que si elle n’est plus d’obligation presque nulle part, ce n’est qu’en vertu d’indults particuliers qui, en se multipliant, ont fini par devenir une dispense à peu près générale.
À propos, on aimerait savoir comment les églises et communau- tés chrétiennes, un peu partout, avaient accepté le décret de Gré- goire XV, et comment elles accueillirent de nouveau celui d’Ur- bain VIII Malheureusement, on le devine bien, l’histoire n’a guère enregistré à ce sujet que des faits plus ou moins désagréa- bles à signaler : enquêtes sur la réelle obligation de s’abstenir d'œuvres serviles ce jour-là, demandes de dispenses, réclamations très adoucies, 1l est vrai, mais encore assez tenaces contre le nom- bre trop considérable des fêtes chômées.
Ainsi l’évêque de Montefiascone consulte la Sacrée Congrégation pour savoir «s’il doit forcer ses ouailles à observer la fête» ?; les évêques d’Espagne avaient protesté lors de sa suppression, mais maintenant 115 demandent que les ouvriers aient au moins la permission de travailler après avoir toutefois entendu la messe,
obligatoire, faisait mention de la fête de sainte Anne. Malheureusemeuc la France était alors en dehors des traditions romaines, particulièrement en matière de discipline, » L’Ami du Clergé, 1906, p. 4.
1. Tome x1x, col. 122.
2. Supplicavit episcopus montis Falisci declarari, an cogere debeat renuentes servare festum 5. Annæ de præcepto, juxta præceptum sedis Apostolicæ. Et sacra Congregatio respondit : Affirmative. Die 27 Augusti 1633. Anal. J. P., vue série, 1864, p. 255.
70 MADAME SAINCTE ANNE
et Benoît XIV mentionne encore quelques autres faits de ce genre. Le Saint-Siège toujours tient compte des circonstances, accorde toutes les permissions nécessaires, mais il faut noter que la fête reste quand même de précepte ; il en est d’elle comme de quel- ques-unes d’aujourd’hui qui tombent sur semaine. Observons aussi que les réclamations consignées par Benoît XIV et les Analecta se bornent à peu près à celles qu’on vient de rapporter d’après eux, et dès lors on peut croire que les foules étaient partout heu- reuses de célébrer comme une solennité de l’Église une fête que leur dévotion avait elle-même rendue partout solennelle.
Mais Bossuet parlait des « extrémités des choses humaines,» et si la chère fête reste en honneur depuis Grégoire XV et Urbain VIII, voici les discussions qui recommencent au xvirI® siècle, et ne va- t-elle pas être de nouveau gravement menacée, sinon supprimée ? Il y a encore un nouveau nuage, quelque chose dans l’air, et on dirait que Clément XII (1730-1740) veut prévenir l’orage quand il élève la Sainte-Anne ei la Saint-Joachim au rang de double majeur, transportant cette dernière du 20 mars, où Grégoire XV lavait placée en 1623, au dimanche dans loctave de l’Assomption !,
A Clément XII succéda le plus éminent des canonistes moder- nes, peut-être le plus célèbre, en tout cas, le plus savant de tous les papes du xvrr1® siècle, ce Benoît XIV que nous avons tant de fois nommé (1740-1758). Tenant compte des plaintes qui s’éle- vaient de toutes parts, et des réclamations, en parties justifiées, venues de l’Italie, de la France et de l'Allemagne, au sujet de la correction des heures canoniales, 1] avait approuvé le plan d’une complète réorganisation de l'Office et d’une transformation du Bréviaire.
Une commission fut instituée, composée de cardinaux, dereli- gieux éminents, de canonistes et de liturgistes renommés. De nombreuses et longues discussions commencèrent, portant même sur certaines fêtes de Notre-Seigneur, et c’est ainsi que la fête du Saint-Nom de Jésus ne sut pas trouver grâce. Plusieurs fêtes de la sainte Vierge étaient supprimées, telles que le Saint-Nom
1. Baümer, Bréviaire, t. τι, p. 315.
LA FÊTE LITURGIQUE 71
de Marie, le Saint-Rosaire, Desponsatio, les Sept-Douleurs. Et la discussion s’occupant maintenant des saints de l'Ancien et du Nouveau Testament mentionnés dans les saintes Écritures, com- ment espérer que sainte Anne échappera au naufrage puisqu'elle n’y est même pas nommée ?
La fête des Macchabées paraissait si vénérable par son antiquité qu'on ne crut pas devoir y toucher, On fut longtemps indécis pour les fêtes de saint Joseph, de sainte Anne et de saint Joa- chim; mais comme la dévotion universelle avait adopté trop pieu- sement ces trois fêtes pour qu’on pût l’en priver tout à coup, on maintenait celle de saint Joseph, en cherchant cependant un com- promis pour les deux autres, compromis qui consistait à les réunir en une seule, « pour avoir le dimanche libre, » comme disaient quelques membres de la commission, et sans doute le dimanche qui avait été accordé à saint Joachim !. ἃ la différence de Mgr Ba- tiffol et de dom Baümer qui racontent ces faits, nous disons : quelques membres, et non, comme eux,«la commission », parce que nous ne pouvons pas comprendre autrement cet «accord unanime des consulteurs » dont parlent les Analecta, accord peut- être tardif mais conclusif qui finissait par laisser dans l’état la liturgie de la Sainte, « à cause de sa célébrité, et de la grande et louable dévotion des peuples ?. »
Ilest peu probable d’ailleurs qu’un pape qui a parlé si souvent et si dévotement dans ses écrits des parents de la Vierge, et qui, au surplus, a donné saint Joachim à la Pologne comme premier patron et protecteur *, eût permis qu’on touchât à son culte ou à celui de sa sainte épouse. Ajoutons enfin pour l’exonérer tota- lement, si besoin en était, cette dernière note prise encore des Analecta : « C’est en 1747 que le bréviaire réformé fut présenté à Benoît XIV. Quoique le docte pontife ait régné onze ans encore, il ne donna pas suite au projet de réforme ; il se garda de sanc-
1. Baümer, t. 11, Ὁ. 381 ; Batiffol, p. 283, 286.
2. Propter celebritatem, atque ingentem, laudandamque populorum devo- tionem, unanimi consensu censuerunt consultatores esse retinenda. Anal. J. P., t. xx1v, col. 517.
3, Voir l’Indult à cet effet, τ, vi deses Œuvres, p. 88.
72 MADAME SAINCTE ANNE
tionner et de publier l’œuvre de la Congrégation particulière 1, »
La chère fête de notre Sainte est-elle désormais fixée à toujours ? Le dernier décret qui s’y rapporte, le décret de Léon XIII, ne sera-t-il jamais révoqué ? Quoi qu'il en soit, Léon XIII, Joachim Pecci, avait à peine inauguré son pontificat qu'il élevait les fêtes de son patron et de sainte Anne au rang des fêtes doubles de seconde classe (17 avril 1899). Notons ce dernier détail qu’elles sont dès longtemps de première classe dans le rite ambrosien (Église de Milan) 3,
Nous pourrions finir par un souvenir de Rome si une certaine analogie avec l’objet de cette étude lui faisait 101 sa place. Quand Baronius eut achevé la restauration de sa vénérable et chère basi- lique des Saints-Nérée-et-Achillée, non à la mode du temps, « mais à l’antique, » en lui rendant autant que possible son style et sa physionomie du vi siècle, il fit graver sur un marbre, au fond de l’abside, cette inscription qui est touchante comme une prière et qui, à la fin, traduit si bien notre prière à nous :
PRESBYTER CARD. SUCCESSOR QUISQUIS FUERIS ROGO TE PER GLORIAM DEI ET PER MERITA HORUM MARTYRUM NIHIL DEMITO, NIHIL MINUITO NEC MUTATO RESTITUTAM ANTIQUITATEM PIE SERVATO |! SIC TE DEUS MARTYRUM SUORUM PRECIBUS SEMPER ADJUVET !
« Prêtre cardinal, mon successeur, qui que tu sois, je t’en prie par lagloire de Dieu et par les mérites de ces martyrs, n’enlève rien à ce monument, ne le diminue ni ne l’altère, mais CONSERVE
1. Tome xx1v, p. 536. Aux pages 888 et suiv. on peut voir « Le projet de ré- forme, ou le nouveau bréviaire tel que soumis au pape. » Au 27 juillet: Sancti Joachim patris B. M. Unique leçon propre :« O castissimum ratione præditarum turturum par, etc. » Une note de la Congrégation observe que l’Oratio de Laudi- bus est d’un Epiphanit junionis; une autre réprouve le récit de Damascène com- me pris des Apocryphes. Col. 909. J
2. Henry Jenner, dans The cath. Encycl., art. Ambrosian, p. 398.
LA FÊTE LITURGIQUE
PIEUSEMENT UNE ANTIQUITÉ RESTITUÉE ! Et que Dieu,
13
par les
prières de ses martyrs, te vienne toujours en aide | »
Et puisse de même la chère fête de Madame saincte Anne garder,
elle aussi toujours, son «antiquité restituée ! »
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GREGORIUS PAPA XV AD PERPETUAM REI MEMORIAM
Honor laudis et cultus veneratio- nis quem sanctæ Dei Genitricis pa- renti Beatæ Annæ in sancta tribui- tur Ecclesia, quam merito fuerit spi- ritu Dei dictante, cujus providentia Ecclesia regitur et gubernatur, variis temporibus auctus, inenarrabilis sanc- tissimæ ejus Filiæ dignitas et celsi- tudo satis superque declarant : cum enim coronet parentes gloria libero. rum, tanti dono partus ἃ Domino dignatam matrem, tanquam honoris et gratiæ cœlestis abundantia similiter decoratam universa Ecclesia tam in Occidente, quam in Oriente, præcipuo cultu et religione prosequuta est, nec sine magno credentium fructu et religionis incremento ut in Domino sperare debemus, exhibitus et ampli- ficatus est hic honor: crescente enim in eam fidelium devotione, etiam patrocinium, quod apud Deum per seipsam et per cœli Reginam ejus filiam gerit eorumdem augeri merito credimus, sicut in gloriosæ parentis veneratione gloriosissimam ejus filiam honorari non dubitamus, tantoque magis ejus tutelam et intercessionem apud unigenitum Filium Dominum nostrum Jesum Christum Nos prome- reri, quanto majoribus honoribus per nostram erga ejus parentum re- verentiam eam veneramur et colimus.
GRÉGOIRE XV PAPE, POUR PERPÉTUELLE MÉMOIRE
L’honneur, la louange, le culte et la vénération dont l’Église entoure sainte Anne, la mère de la vierge Marie, se sont accrus à des époques diverses, sous l’action de l'Esprit divin qui régit et gouverne toutes choses : et ce n’est pas sans raison, ainsi que le témoignent assez l’incomparable di- gnité et l’élévation sans pareille de sa fille Marie. Comme la gloire des en- fants est la couronne des parents, l’heureuse mère à qui Dieu avait accordé une fille si illustre, et qu'il comblait d’honneurs aussi bien que de grâces, fut toujours l’objet d’un culte spécial et d’une dévotion par- ticulière dans l’Église universelle, tant en Orient qu’en Occident. Et c’est pour le bien des fidèles et pour le progrès de la religion, nous aimons à l’espérer, que ces honneurs se sont augmentés et multipliés ; car si la dévotion des chrétiens pour sainte Anne va se développant de plus en plus dans le monde, le patronage qu'elle exerce auprès de Dieu, par elle-même et par sa fille, la Reine des cieux, grandit, nous en avons la confiance, dans les mêmes proportions. En offrant à la mère le tribut de notre vénération, nous croyons honorer la fille : nous sommes persuadés que nous assurons l'appui et l’intercession de Marie auprès de son fils unique Notre Seigneur, d'autant mieux que nous
nous
74 MADAME SAINCTE ANNE
témoignons par de plus grands hon- neurs notre dévotion pour sa mère.
I. — Dans cet esprit, et pénétré d’ailleurs d’une affection toute par- ticulière pour sainte Anne, nous avons pris à cœur d’égaler la piété avec laquelle nos prédécesseurs ont étendu son culte ; nous avons voulu, en vertu de notre ministère, procurer le plus grand bien du troupeau que Dieu nous a confié, et c’est pourquoi nous avons résolu d’entourer d'un nouvel éclat; dans l’Église universelle, la fête de la bienheureuse sainte Anne.
2,— Nous statuons donc, nous ordon- nons et nous décrétons par cette cons- titution, qui ne saurait être abrogée, que la fête de sainte Anne sera célé- brée et observée par tous les fidèles comme les autres fêtes de précepte; qu'on devra, en ce jour-là, s'abstenir de toute œuvreservile, et que ce mé- me jour sera compris dans le comman- dement des fêtes à sanctifier.
3. — Toute disposition contraire est déclarée de nulle valeur. 4. — Nous voulons que les pré-
sentes lettres, transcrites ou impri- mées, soient revêtues de la souscrip- tion d’un notaire public et munies du sceau d’un ecclésiastique consti- tué en dignité, et que dans les tribu- naux, et au for extérieur, elles fassent foi comme les présentes elles-mêmes.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, sous l’anneau du Pêcheur,le 23 avril 1622, la deuxième année de notre pontificat. »
1. Hæc Nos nobiscum cogitantes, et peculiari etiam in Beatam Annam devotione incitati, Prædecessorum nostrorum quoque in ejus augendo cultu religionem in Domino æmulantes et gregis nobis a Domino crediti, spiritualis utilitatis augmento consu- lere pro nostro pastoralis ΟἿΟΣ debito cupientes, Beatæ Annæ festum in universali Ecclesia Dei amplius honorandum censuimus.
2. Itaque hac nostra perpetuo va- litura Constitutione festum sanctæ Annæ ab omnibus Christi fidelibus sicut alia festa de præcepto celebrari et observari ab omnique illicito opere abstineri, et sub præcepto observa- tionis festorum comprehendi volumus, præcipimus et mandamus.
3. In contrarium facien. non obstan. quibuscumque.
4. Volumus autem, ut præsentium transcriptis etiam impressis, manu alicujus notariü publici subscriptis, et sigillo personæ in dignitate eccle- siastica constitutæ munitis, eadem prorsus fides in judicio et extra adhi- beatur quæ præsentibus adhiberetur, si forent exhibitæ, vel ostensæ.
Datum Romæ apud 8, Petrum, sub annulo Piscatoris, die 234 aprilis 1622, Pont. Nostri Anno II. Gregorius Papa XV.
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MADAME SAINCTE ANNE
ET
SON CULTE EN ORIENT
Deux mots sur les Études byzantines.
Le regretté P. Pargoire, l’auteur d’un ouvrage très estimé sur l’ancienne Église de Constantinople, écrivait naguère en le présentant au public :« Beaucoup, en recevant ce petit livre, trou- veront qu’il vient trop tôt. « Est-ce bien le temps, diront-ils, de « présenter l’Église byzantine dans son ensemble et en rac- « courc1, alors que le byzantinisme est encore à ses débuts et que « les recherches particulières sur la situation religieuse de Cons- « tantinople au moyen âge n’existent pour ainsi dire pas 1? »
On a entendu ces dernières paroles, des paroles qui savaient ce qu’elles disaient et qui ont été prononcées, non pas au χυ τ siè- cle ni même au x1x®, mais en plein xx® siècle commençant, en 1904 ou 1905. Observons que le P. Pargoire, écrivant à Constan- tinople même et très au courant des études actuelles, ajoute 10] à l'autorité d’un écrivain qui s’est acquis une enviable réputation malgré sa courte carrière, celle d’un témoin tout désigné d’avance par la cause elle-même ?.
C’est très vrai, le byzantinisme était à ses débuts en 1905. Il avait déjà travaillé beaucoup, 11 travaillait encore sans doute, et nous n'oublions pas — comment les oublier ? — les pages très érudites que M. Charles Diehl nous a fait lire sous ce titre :
Les Études d'histoire byzantine en 1905. L'organisation du travail scientifique et le progrès des recherches futures, merveilleux chapi-
1. P. J. Pargoire, L' Église byz., préface. 2. Mgr Duchesne aurait dit dans l'intimité :« Il y a telle de ses pages que je voudrais avoir écrite. » C'était dit « entre nous », et dès lors.
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tre de l’histoire littéraire ou de la bibliographie contemporaine; nous n'oublions aucun de ses livres à lui-même, aucune non plus de ses pages, pages et livres très littéraires en même temps que très riches de science, car c’est bien chez luit que l’érudition se pare » , et un peu tout le monde; nous n'oublierons surtout jamais — pour penser un peu à nos Pères dans la science — les lignes assez nombreuses, mais trop rares
comme le veut Didron aîné 1
encore, qu’il a consacrées à l’ancienne érudition française avant de passer à l’étude des travaux contemporains ?; nous le remercions,
1. Nous demandons à la science qu’elle se pare, et à l’érudition qu'elle se fasse littéraire ; nous voulons qu'un article d’archéologie soit clair, rédigé avec talent et facile à lire. La science ne perd pas à se vêtir élégamment, pas plus qu'une belle personne à se bien habiller. II ne peut pas y avoir d’incompatibilité entre l’érudition et la littérature ; les pédants seuls ont proclamé le contraire. Didron, Annales archéol., 1844, t. 1, p. 111.
2. Il y a deux siècles et demi, la France fondait la science de l’histoire byzan- tine. Des presses de l’imprimerie royale du Louvre sortait, en 1648, le premier volume de la première collection des historiens byzantins; et bientôt, grâce au concours des philologues les plus éminents de l’époque, grâce aux encourage- ments éclairés de Louis XIV et de Colbert, se succédaient d'année en année les trente-quatre volumes de cette savante et admirable collection, qu’un contem- porain appelait justement « un incomparable monument de la magnificence française. » Un homme en particulier avait été l'âme de cette grande entreprise, l’un des meilleurs, l’un des plus puissants travailleurs dont l’érudition s’honore. Historien et philologue, archéologue et numismate, et également supérieur dans tout ce qu’il touchait, Ducange posait les bases de l’histoire scientifique de By- zance, et ses ouvrages, modèles de sûre critique et de rigoureuse méthode, ou- vraient dans l’obscurité des études byzantines de larges et lumineuses percées. On pouvait croire qu’à la suite d’un tel homme la France saurait garder, dans ce domaine découvert par elle, une maîtrise incontestée. Le xvirie siècle en décida autrement. Les plus grands esprits de l’époque, un Voltaire, un Montesquieu, ne firent qu’enraciner les préjugés que le moyen âge avait attachés aux mots de Byzantin et de Bas-Empire. Pour discréditer Byzance, Lebeau fit mieux encore: il noya cette histoire sous le flot d’ennui qui s'échappe des trente volumes où il prétendait la raconter.
C’est de notre temps seulement, et il y a trente ans à peine, que les études by- zantines, créées par nous et poursuivies par d’autres, ont retrouvé en France un retour de faveur. C’est ici même, à la Sorbonne, que s’est d’abord manifesté ce réveil de curiosité qui ramenait les esprits vers l’empire grec d'Orient, et de ces thèses de doctorat présentées à la Faculté des lettres, plusieurs méritent de demeurer célèbres : tel le Constantin Porphyrogénète de M. R, Rambaud, un
ὦ smttont da fr die al heal ir tit
SON CULTE EN ORIENT 79
puisque l’occasion s’en présente, d’avoir à son insu — c’est quel- quefois ce qu’on fait de mieux — imprimé une direction à nos recherches, de nous avoir mis sur la piste d’ouvrages jusque là inconnus pour nous, mais faut-il l'avouer ? après avoir parcouru plusieurs de ces livres et quelques autres qu'il n’avait pas indiqués, parce qu'ils sont nés depuis 1905, nous avons fini par douter même des plus récents, même des plus vantés, même des plus alle- mands, et il semblait que nous leur poserions en vain nos éternelles et chères questions au sujet de Madame saincte Anne. Saint Augus- tin —si vous permettez ce rapprochement — disait avec tristesse des œuvres d’Hortensius, car il les avait beaucoup aimées comme il aimait le grand orateur lui-même : Nomen Christi non erat 1bi | Et de même, en tant d'ouvrages feuilletés, dépouillés, interrogés ligne par ligne, Nomen Annæ matris Virginis Mariæ non erat vb |
La légende orientale de Madame sainte Anne est donc encore à ses débuts, si toutefois elle est déjà née. Sans manquer de respect pour qui le mérite, ce dont nous voudrions nous garder toujours, et c’est bien la moindre des convenances, la moindre des prudences à observer, songe-t-on que ces spécialistes en hagiographie, ces grands érudits reconnus tels par le monde entier qui s’appellent les Bollandistes, nous ont donné à peine deux colonnes sur le culte de sainte Anne en Orient ! ? Satis constat, disent-ils simplement, «Ce culte est assez certain », assez documenté par les faits, et c’est beaucoup sans doute que cette reconnaissance, on dirait « officielle », mais, pour notre part et pour le besoin de notre cause, nous atten- dions davantage de travailleurs qui possèdent, en ce qui concerne
_ Ja vie des saints et les dévotions dont ils ont été l’objet, les matériaux les plus riches du monde, le trésor inépuisable de leur immense bibliothèque hagiographique.Par impossible manquaient-
livre vieux de trente ans, et qui n’est point vieilli; telles encore les Recherches de M. Bayet sur la sculpture et la peinture chrétiennes en Orient, prélude de ce vo- lume excellent sur l'Art byzantin, qui, sous sa forme condensée et brève, a fait pour la première fois sentir la variété puissante et le génie souvent créateur de cet art méconnu. Ch. Diehl, Études byzantines, p. 17 sq.
1. Cf. Acta SS., au 26 juillet.
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ils de documents sur notre Sainte ? mais alors où un autre en trouvera-t-il ? Les bibliothèques publiques ne sont guère nulle part des nids de piété.
Il est vrai que quelques-unes de ces bibliothèques possèdent de précieux manuscrits, et en effet, nos documents tant cherchés, ne faudrait-il pas aller les prendre où ils sont, c’est-à-dire, très vraisemblablement, dans les manuscrits ἢ
Très vraisemblablement est mis là fort à propos. Les anciens manuscrits devraient nous livrer tous les secrets du passé. Mais, — on s’est déjà posé la question ailleurs — ces anciens manuscrits, ceux surtout qui serviraient de quelque manière à l’histoire du culte de sainte Anne en Orient, où sont-ils ? On peut, quand on vit là-bas, en Amérique, — il ne faut plus parler des arpents de neige — rêver de ces lointaines bibliothèques où les livres s’en- tassent par millions; où de vieux vélins en reliure fatiguée vous invitent à venir au moins secouer leur poussière séculaire, quittes à vous récompenser par des révélations inouïes. Et l’on part, oui, l’on part, ettout au moins d’abord pour Paris. « Il n’est bon bec que de Paris. » C’est déjà une attirance et la Bibliothèque nationale en est une autre. Avec quel sentiment d’aise on entre enfin dans la salle de travail des manuscrits, et comme 1] semble bien que tous les voiles sont déjà levés, que le Sphinx va enfin parler !
Or, on l’a déjà dit ou à peu près, Paris possède bien quelques débris de ménologes, de synaxaires, de livres d’heures, des codex du xiv®e, du xrr12, du x11, ou même des χιθ et x siècles, mais vous ne trouvez là que des œuvres déjà cent fois publiées, sauf quelques rares, très rares exceptions.
Pour consolation, la même salle de travail met à votre disposi- tion, sans que vous ayez besoin d’emplir un bulletin et de le signer de votre nom à cet effet, ce qui est très appréciable, les catalogues des différents dépôts de manuscrits disséminés dans le monde entier. Vous préparez déjà votre valise pour un voyage aux pays du soleil, car enfin 1] ne faut pas faire comme Delacroix qui peignait l’Orient sans l’avoir vu : 1] faut aller voir, et si les livres vous intéressent plus que lui, Delacroix, les visages, 1l faut prendre le moyen de mettre enfin la main sur ces bienheureux livres !
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SON CULTE ΕΝ ORIENT
Tant il est vrai qu’une première désillusion n’avertit pas même des autres qui doivent suivre !
Heureux encore si vous avez pris le temps, avant d’acheter votre billet, de consulter les catalogues en question, mesure de prudence que vos fiches de travail requéraient d’ailleurs.
Résumons, car ce serait temps perdu que d’insister, Un Anglais, M. ΗΠ. O. Coxe, chargé en 1858 par le gouvernement britannique de dresser une liste des « manuscrits grecs quivexistent encore, » selon son expression, dans les bibliothèques du Levant, écrivait à Sa Majesté ce qui suit :
« La seule place de conséquence (mot à mot) que j'ai pu visiter, est la bibliothèque du Patriarche de Jérusalem. Ici, étant donné le nombre de manuscrits qu’elle contient, je m'attendais à trou- ver quelques ouvrages importants. » Il cite trois ou quatre manus- crits précieux, mais ts ont disparu, et 1l ajoute : « Le reste se compose en très grande partie de manuscrits modernes sur papier, excepté une Catena sur la Genèse, du xr® siècle, un « Grégoire de Nazianze» de la fin du 1x° siècle, » et 1l nomme ainsi quelques ouvrages, rares sans doute en tant que manuscrits, mails non en tant que livres inédits ; en tout cas et bien entendu, il ne fait rien connaître qui intéresse le culte de notre Sainte 1.
Il va de soi que M. Papadopoulos Kerameus, qui nous a donné, en quatre volumes, il y a douze ans, le catalogue de cette biblio- thèque du Patriarche, n’a fait pour nous aucune découverte, si ce n’est que pour lui ou pour l’auteur de ses /ndex, — permettez cette remarque en passant — Anne, mère de Samuel, Anne la prophétesse, et Anne épouse de Joachim, sont une seule et même mère de la Théotocos *?,
1. H. Ο. Coxe, Report to her Majesty s Government onthe Greek manuscripts yel remaining in libraries of the Levant, London, 1838.
« The only place of consequence which I was able to visit was the library of the Patriarch of Jerusalem. Here from the number of mss. which it contained, I had expected to meet with some important works. » Après mention de quelques-uns : « The rest were mostly modern Mss. on paper except a Catena upon Genesis of the twelfth ana Gregory of Nazianzum of the end of the ninth. »
2. Papadopoulo: Kerameus (A.), ἹἹεροσολυμιτιχὴ Βιδλιοθήχη, ἐχδοθεῖσα μὲν ἀνα- λώμασ: τοῦ αὐτοχρατ. ὀρθοῦ. ΠΠαλαιστίνου συλλόγου, 4 in-80, Saint-Pétersbourg, 1891,
1894,
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Madame Agnès Smith Lewis nous ἃ aussi dotés d’un catalogue en douze volumes de la bibliothèque du Mont Sinaï. Quand elle peut, elle indique l’âge des mss., mais dix fois pour une l’âge est mis sous cette rubrique : γεωτέρας ἐποχῆς, « d’époque récente, plus récente », pour traduire littéralement .
Ainsi, pour finir, en est-il partout. Nous nous ferons un devoir de mentionner ici et là des codex, des copies à la main de quelques œuvres dont nous aurons à parler plus loin, parce que ces sortes de choses sont toujours intéressantes, mais aucune d'elles ne nous aura efficacement servi pour cette étude.
Restent quelques ouvrages spéciaux dédiés à la Sainte elle-même, des Vies, des manuels de dévotion, des histoires plus ou moins incomplètes de son culte, mais parmi ces livres encore assez rares, combien qui traitent un peu sérieusement la question de son culte en Orient ἢ Et encore, chez ces rares, très rares auteurs, 1] faut bien le reconnaître, que d’à-peu-près déconcertants, que d’assertions gratuites, que de textes plus ou moins tronqués, défigurés, attribués quelquefois au 111€ siècle quand ils sont du ixe, ou bien au v® quand ils sont du x1€ ou xr€!
S1 donc« les recherches particulières sur l’ancienne situation reli- gieuse de Constantinople n’existent pour ainsi dire pas, » on peut croire que, en ce qui regarde l’histoire de la dévotion à sainte Anne dans l’Orient du haut moyen âge, elles sont encore à faire. Qui les fera ? qui exécutera le plan que nous avons médité ou un autre meilleur encore? Qui, par exemple, étudiera à fond cette situation religieuse de Byzance telle qu’elle était avant le schisme; la place que notre Sainte a pu tenir, a réellement tenue dans la littéra- ture sacrée d'Orient, dans la poésie et la liturgie, dans la vie religieuse, intime ou publique, de ces temps-là ? Cette étude serait pourtant si intéressante, fallût-il, comme disait M. Schlumberger, « dépouiller des centaines de volumes et de mémoires pour y chercher un renseignement de trois lignes et le plus souvent
1. Studia Sinaïtica, ©. J. Clay, Londres, 1894 sq.
SON CULTE EN ORIENT 83
À LEA Pr TT PEN ΕῚ
pour n’y rien trouver !; » car, de fait, à moins d’avoir soi-même porté un peu partout son enquête, on ne saurait se rendre compte de cette pauvreté des sources, de ces lacunes sans fin, de ces ténè- bres. « Aucune expression, disait encore tristement M. Schlum- berger, ne saurait donner une juste idée d’une pareille disette de documents. » Et notez qu’il parlait pour le x® siècle, une époque relativement jeune encore ; qu’aurait-il dit alors pour les siècles antérieurs ?
Mais rien ne sert,comme disent les Américains, to cry over spilt milk (de pleurer sur du lait répandu). On s’en passe et tout est dit. D'ailleurs, déjà une fois au moins, nous avons gémi sur « tant de documents disparus, de monuments ruinés, de témoins défigurés de la vénérable antiquité ?, » et l’occasion se représentera sans doute de gémir encore. {5 no use !
1. Cf. Schlumberger, L’ Épopée byzantine à la fin du x® siècle, 2 in-4, Hachette, 1896-1900, t. τ, préface.
2. Dom Leclereq, Les Martyrs, t. αν, préface, p. Χαμ.
3. M. Diehl nous fournit de ces désastres un exemple qu'il est cependant bon de connaître, parce qu'il nous fait juger des autres, et nous reproduirons le pas- sage tout entier malgré son éfendue, nous ne disons pas sa longueur. Rien n’est long de ce qui est vraiment intéressant. Il parle de l’ancienne bibliothèque de Patmos et il nous fait remarquer d’abord la place exclusive qu’y tenaient les livres
_Jiturgiques, les œuvres d’hagiographie, de patristique et d’édification, puis ilcon- _ tinue ainsi: « Sur deux cent soixante-sept manuscrits sur parchemin mentionnés en 1201, à grand'’peine peut-on en retrouver cent huit dans le catalogue actuel. Plus de la moitié des livres possédés par le couvent au commencement du xrre siècle sont aujourd'hui irrémédiablement perdus et parmi eux, presque tous ceux que l'inventaire désignait comme particulièrement anciens. Perdus, ces vingt-cinq vo- lumes de Ménées, dont plusieurs se recommandaient par leur antiquité; perdus, ces précieux Euchologes, parmi lesquels on remarquait celui de saint Christodule ; | perdus, ces Kontakia vénérables, qui contenaient la liturgie de saint Basile - ou de saint Chrysostome ; perdues ces ’Axoovbix de sainte Marine, de saint . Thomas, des saints Archanges. Sur les vingt-six volumes de Chrysostome, qua- + torze ont disparu, et parmi eux l’‘E£xfuesoc qui figure encore au catalogue de 1355, et le recueil des ᾿Λλπανϑίσματα copié de la main de l’higoumène Arsenoiïs; _ sur les treize manuscrits de saint Basile, huit sont perdus ; des cinq manuscrits - de Grégoire de Nysse, pas un seul n’est conservé. De ces écrivains de second rang, si nombreux au catalogue de 1201, rien ou presque rien, ne reste : perdus, le hvre _d’Antiochus de Saint-Sabas, les écrits de Sophronius de Damas, et les traités
84 MADAME SAINCTE ANNE
Ce qui est plus utile peut-être, en tout cas plus pratique, c’est d’essayer quelque chose :
Si possis recte, si non, quocumque modo rem 1.
Quand il ne reste plus rien, il reste encore l’imprévu, l’imprévu sous lequel se cache parfois la divine Providence. Qu'elle nous soit en aide !
Sans comparaison, l’artiste commence toujours par une ébauche. Il y travaille un an, dix ans, trente ans ; 1] réussit enfin à substan- tialiser plus ou moins son rêve. Après lui un autre vient, hanté, suggestionné, stimulé par l’œuvre de son devancier : il veut faire mieux, non par un seniiment de vaine rivalité, mais pour le pur amour de l’esthétique. C’est la libre concurrence, c’est la vie, et c’est, mieux que cela, le progrès de tout l'Art!
de l'abbé Esaïe le Solitaire ; perdues, les lettres de sainte Dorothée, les homélies de Jean le Géomètre, les œuvres d’Isaac le Syrien ; perdus, le livre de Syméon de Saint-Monos et le recueil appelé la Melissa ou Saint-Nicon.
« L'histoire ecclésiastique de Théodoret de Cyr, les lettres du moine Michel figurent encore au catalogue de 1355 ;-aujourd'hui elles ont disparu. Il en est de même de tous les écrits profanes, l'oauuartx4, Ιατριχά, et le reste, sans ex- cepter Josèphe, ni le commentaire d’'Eustathe, ni les Catégories d’Aristote.
« Veut-on par quelques chiffres préciser l'étendue du désastre ? Aujourd’hui, sur trois cent-cinq manuscrits sur parchemin conservés au couvent de Patmos, deux cent-huit sont antérieurs au commencement du xrr1° siècle, et sur ces deux cent-huit volumes, beaucoup, on en a la preuve, sont entrés dans la bibliothèque postérieurement à l’année 1201. Or, à cette date, le monastère possédait un nom- bre de volumes sur parchemin — deux cent-soixante-sept, — notablement supé- rieur au chiffre des manuscrits anciens qu’il conser ve aujourd’hui. On peut donc admettre sans exagération qu’une moitié au moins des manuscrits sur parchemin mentionnés au catalogue de 1201 sont actuellement perdus sans retour. Pour les bombycins, le désastre est plus complet encore. En 1291, Patmos en comptait soixante-trois ; aujourd’hui sur les quatre cent-vingt-neuf manuscrits sur pa- pier que garde le monastère, six seulement sont antérieurs au xx siècle ; par- mi eux, trois à peine peuvent être identifiés avec les volumes de 1201 ; le reste — soixante volumes — a irrémédiablement disparu. » Études byzantines, p. 323-328.
1. Si vous pouvez, faites très bien, sinon, faites de quelque manière que ce soit.
L'ORIENT D'AUTREFOIS 85
Ce vers latin et ce dicton anglais qui viennent de nous échapper,
nous rappellent peut-être à propos un mot plaisant du cardinal]
Pitra : «On a prêté au moyen âge, dit-il, un aveu d’ignorance qu’à vrai dire nous n’avons jamais rencontré sur aucun parchemin de cette époque : Græcum est, non legitur. En nos jours de pro- grès, plus d’un lecteur, plus d’un savant, dirait, non plus en latin, mais dans son idiome : On ne lit pas le latin !. »
C’est sans doute une boutade comme s’en permettent les hom- mes les plus sérieux, les plus hauts dignitaires de l’Église, de l'État, de la Science et de l'Art.
En tout cas, au cours des pages à suivre, 1l y aura, qu’on les lise ou non, du grec et du latin; — il le fallait n’est-ce pas? — il y aura même un peu d'anglais, un peu d’italien, que sais-je ἢ même trois mots d'allemand, car encore fallait-il recueilhr les témoignages, d’où qu’il leur plût de venir ! Ils étaient 51 rares .et par là même d’un si grand prix !
PRÉAMBULE
L'Orient d'autrefois au point de vue religieux *.
Et d’abord, on peut exprimer un regret : c’est que l’Orient, l'Orient d'autrefois, comme nous venons d’écrire, soit si peu estimé. Nous avons insinué tout à l’heure qu’il n’était pas connu,
4. Pitra, Analecta novissima, Tusculum, Paris, 1885, préface, p. v.
2. AgrévraTioNs : Bréhier (Louis), L’ Église et l'Orient au moyen âge, 2° éd. 1907. — Diehl (Charles), Études byzantines, in-8, Paris, 1895 ; L'Église byzanti- ne, in-8, Paris, 1895. --- Échos d'Orient. — Grosvenor (E. A.), Constantinople, 2 in-8, Boston, 1895 (la pagination du 2° volume se continue du premier). — Leclercq (dom), L'Afrique chrétienne, 2 in-12, Paris, 1903. — Le Quien (Michel)
À O. P., Oriens christianus, 4 in-fol., Paris, 1740. — Pargoire (R. P.J.), L'Église,
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)
4 | :
byzantine de 527 à 847, 22 éd., Paris, Lecoffre, 1905. — P. G. Migne, Patrologia, Græca. — Revue de l'Orient chrétien. — Vailhé (R. P.S.), Constantinople (Égli- se de), dans Vacant, Dict. de théologie; du même, Constantinople, dans The catholic Encyclopedia, New-York (en cours de publication).
86 MADAME SAINCTE ANNE
et ce serait peut-être l’explication de cette mésestime. Les vieux proverbes auront toujours raison : {gnoti nulla cupido : — Avant d’aimer 1] faut d’abord connaître.
Écoutons M. Diehl, et ce ne sera pas la dernière fois, comme ce n’est pas non plus tout à fait la première : « Un peuple de théolo- giens subtils,« d’idiots bavards», comme dit Taine, emmaillotté dans un cérémonial vieilli, oubliant dans de vaines discussions et pour des formules creuses les nécessités les plus poignantes de la vie d’une nation : voilà, pour la plupart d’entre nous, l’idée que nous nous formons de Byzance. Inconscient et tenace effet de rancunes séculaires, obscur ressouvenir de passions théologiques évanouies !... Depuis Voltaire et Montesquieu, c’est un lieu com- mun de l’histoire de représenter l'empire grec d'Orient comme l'héritage dégénéré et lamentable de l’empire romain ; ei c’est un lieu commun de l’éloquence de rappeler l'exemple de ces By- zantins de la décadence qui disputaient sur des futihités au moment où Mahomet IT était aux portes de Constantinople. Et voilà com- ment, sous une anecdote banale et une épithète courante,on écrase dix siècles d’une histoire qui fut souvent glorieuse, intéressante toujours, dix siècles d’une civilisation qui fut peut-être la plus brillante et la plus raffinée du moyen âge.»
On ne saura jamais dire mieux. Le xrx® siècle se donnait déjà pour le « siècle des grandes réparations ;» le nôtre, et 1l faut l’espé- rer puisqu'il a commencé par béatifier Jeanne d’Are, la toute pure si outrageusement calomniée, continuera cette œuvre première entre toutes ! Déjà on peut constater (sans jeu de mots) une réelle orienta- tion des esprits vers l'Orient, et Dieu veuille que, un peu de piété s’ajoutant à la science, — ce qui ne saurait jamais lui nuire — nous ayons tout à l'heure son histoire religieuse,;même l’histoire intime de sa vie religieuse, comme nous sommesen train d’avoir à courte échéance l’histoire de sa vie politique ou civile, une histoire intime celle-là, trop intime peut-être pour qui sait déjà que 51 « l’homme ne change pas », c’est que, en effet, 1] n’a jamais changé, 1] a tou- jours été le même, le vieil Adam du premier péché, Vérité de la
1. Diehl, Études, n°?
LR L'ORIENT D’AUTREFOIS 87
᾿ ἕῳ “ὰ ὦ . . . - Pahisse, mais dont quelques auteurs pourraïient se souvenir, au lieu
” de mêler à l’histoire le roman, le roman des vaudevilles de fau- bourg. Mieux vaudrait, — nous parlons quelquefois comme un prêtre et on peut en efiet s’y attendre — donner suite à ce beau projet qu’on a conçu naguère de rééditer Le Quien 1. Le Quien a fait bien tout ce qui se pouvait de son temps, et ce n’est pas peu dire, mais si peu qu’elle ait acquis dans le domaine religieux de l'Orient, la science contemporaine devrait l’apporter à l’œuvre de ce maître.
Beau rêve que celui-là ! pauvres ægri somnia (rêves de malades) !
et soyons plutôt à notre modeste besogne.
À propos, aurions-nous besoin d'expliquer le pourquoi des hum- bles pages qui vont suivre à l'instant ἢ Il y ἃ des supercheries littéraires comme 1] y en ἃ d’autres. L’une d’elles, non certes la moins en usage, consiste à féconder, à magnifier tel sujet aride ou étroit par lui-même en y faisant entrer de force tout son cadre :
2 à greffer, par exemple, la vie d’un personnage illustre sur la vie
αν τ te en ὦ dé on né 2 tata t νς
d’un personnage moins connu, ou un événement célèbre sur un événement très ordinaire, ou l’histoire de tout un siècle ou de
CE
toute une période sur l’histoire d’un homme célèbre ou d’une - époque très limitée. 51 pareil caprice eût pu être le nôtre en com- - mençant,— et 11 eût été pardonnable comme ce l’est de suivre > la mode — nous n’aurions aujourd’hui, en revoyant ce travail,
qu'à supprimer des pages inutiles. Mais autre chose, n'est-il pas - vrai ? est de mettre le cadre dans le sujet, autre chose de mettre ἢ le sujet dans son cadre. C’est dire que, voulant pénétrer en Orient à la recherche de notre Sainte, nous pouvions, nous devions d’abord
étudier un instant le milieu même où son culte a pris naissance . et grandi. C’est la raison de ce préambule.
*-
J 1. Cf. Echos d'Or... τ. 111, p. 327 sq. : P. L. Petit, Un nouvel ORIENS cHRISTIANUS, - Projet. Le R. P. se demandait cependant si « le projet est aussi réalisable qu'il . est séduisant ? » En passant, M. Diehl nous permettra de regretter son peu d’esti- me pour cet ouvrage de Le Quien, comme aussi pour la Patrologie Le Migne, ete. - Cf. Études byz., p. 96 et passim. Sans doute on peut faire mieux que tout ce qui À existe, mais... |
88 MADAME SAINCTE ANNE
Or, une première constatation à faire, et très douce en vérité, c’est que, avant de s’abîmer avec Photius dans les ténèbres du schisme, où elle demeure hélas ! toujours ensevelie, l’Église d'Orient se montre à nous couronnée d’une suprême splendeur. Vertus éminentes, sainteté, auréole du martyre, génie :elle rayonne de toutes les gloires. Elle est la patrie, le foyer chaud de la grande science 1, de l’éloquence et de la poésie sacrées, de la vie chrétienne et religieuse la plus intense, et à lire son histoire, surtout dans les études récentes très richement documentées et très élaborées comme tout ce que produit l’érudition de nos jours, on croit rêver. Nous citions tout à l’heure l’ouvrage du P. Pargoire sur l'Eglise
de ses Ὁ
Le
-yzantine : mais ce livre ne ressembie-t-1l pas en beaucoup ges à un conte de fées, disons mieux, à une pieuse légende du moyen âge, à un de ces tableaux de la Jérusalem céleste qu’au- vait peint Fra Angelico ἢ
ΠῚ va de soi cependant que, sauf quelques mots ici ou là au pas- sage, il ne sera pas question en cet article de la société ecclésias- tique proprement dite, des Patriarches, évêques, prêtres, ni encore moins de ces bienheureux sans nombre que la voix du peuple et celle de l’Église ont à l’envi canonisés : c’est plutôt vers la cour impériale et vers le peuple que nous voulons porter notre regard, et si du monde nous entrons dans le cloître, ce sera parce que le cloître se recrute dans la foule, et qu’il nous fournit une preuve irrécusable de la foi, de la piété et de la charité du peuple lui- nêéme.
Et d’abord l’empereur, ou
Le Basileus.
Héritier de ce Constantin qui avait reçu et qui lui a passé le titre glorieux d’isapostole, le basileus possède non seulement le
1. Depuis la fondation du christianisme, l'Orient est resté la terre de prédi- lection de la science religieuse: aux 1v° et v® siècles, les écoles de théologie y atteignent leur apogée. Non seulement elles produisent la lignée des grands doc- teurs de l'Église grecque, saint Athanase, saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Jean Chrysostome et tant d’autres, mais l'influence de cés puis- sants génies s'exerce sur les plusillustres des Pères d'Occident, saint Hilaire,
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magistrat revêtu de l’imperium, mais le pontificat suprême, Il est prêtre, il est pontife, il prêche, il dogmatise comme Constantin d’abord 1, comme Léon le Sage ensuite. (Faut-il avertir en passant qu'il s’agit ici pour nous d’une simple question de fait, non d’une question de droit ?) De fait, le basileus s’est longtemps appelé lui-même Pontifez maximus et si, à partir du v® siècle, il ne prend plus ce titre, ou ne le fait plus inscrire sur les monuments publics, pour tous les sujets de l’empire, du moins en Orient, il est encore resté le chef du culte officiel, le gouvernement des âmes ne pouvant d'après lui, appartenir à un autre qu’au dépositaire du pouvoir. L'empereur, du reste,est l’élu de Dieu, qui l’a élevé au-dessus des hommes afin de le rapprocher de lui,. Comme le dit Eusèbe :« C'est par la communication qu’il a reçu de la sagesse de Dieu qu’il est sage ; c’est par sa bonté qu’il est bon, par sa justice qu'ilest juste. Son intelligence est un reflet de l'intelligence divine ; il partage la puissance du Très Haut. »
« Je suis aussi évêque, disait Constantin aux prélats de son temps : «vous êtes les évêques préposés aux choses intérieures de l'Église ; je suis, de par Dieu, l’évêque du dehors ?. » Et Léon l’Isaurien écrivait au pape Grégoire : « Ne sais-tu pas que je suis prêtre et roi ἢ » Prêtre, évêque, égal des apôtres et apôtre lui- même, l’empereur veille sur la pureté du dogme ; il donne force de loi aux décisions conciliaires et insère les canons dans le droit public. Il convoque les conciles généraux, assiste aux séances ou s’y fait représenter par ses délégués, dirige les discussions, mate les volontés récalcitrantes et ne congédie les évêques que lorsqu'ils ont défini ou légiféré selon les canons ou conformément
saint Ambroise ou saint Augustin... L'Orient est couvert de basiliques somptueu- ses enrichies par la piété des Empereurs. Il apparaît aux Occidentaux comme une sorte de Terre promise et beaucoup d’entre eux, même au prix des plus pénibles sacrifices, cherchent à entrevoir tout au moins ces pays dont on leur raconte tant de merveilles. Bréhier, p. 5.
1. Eusebius represents the daily life of the Emperor (Constantine)to have been almost that of a monk or of a saint. Every day, we are told, he used to retire for private meditation and prayer. He delighted in delivering sermons and addres- ses to his courtiers, Bible in hand... Constantine liked his religious exercises long. John B. Firth, Constantine the Great, p. 316.
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à ses désirs 1. Le Quien, ici, se scandalise à bon droit. Il permet que le basileus assiste aux conciles en tant que protecteur, que défenseur-né de l’Église, mais il veut qu’il imite Constantin qui, lui, ne s’y asseyait pas sur un trône, mais sur une chaise basse, comme pour mieux montrer sa soumission toute offerte d'avance aux ordres et décisions des Pères assemblés 2,
À cette faute près, qui serait peut-être simple excès de zèle, « lPautorité impériale, constate M. Diehl, est marquée d’une forte empreinte religieuse... Élu de Dieu, recevant des mains du pa- triarche l’onction sainte qui constitue sa légitimité, le basileus règne par le Christ, dont l’image et le nom s’associent sur les monnaies au nom et à l’image du prince ; il gouverne par le Christ qui l’inspire et le guide... La formule ordinaire de son nom est : « Un tel, empereur fidèle dans le Christ (πιστὸς ἐν Χριστῷ τῷ Θεῷ βασι- λεύς) ; sa vie est perpétuellement mêlée à celle des prêtres, et l’on conçoit que les questions théologiques aient à ses yeux l’impor- tance des plus graves problèmes politiques ὃ.»
Il est apôtre aussi. Il satisfait les aspirations de sa piété non moins que les intérêts de sa politique en propageant dans son empire et chez les peuples voisins ce qui est pour lui une religion de cœur tout ensemble et d’état 4 Dans les villes, le soin des âmes
1. Vailhé, Dict. de Vacant, col. 1347.
2. Constantinus id significatum voluit in Nicæna synodo, in qua, non in su- blimi solio imperatorio more sedit, sed in suppedanea cella, tanquam auditor ac testis eorum quæ gerebantur, se præsto adesse significans ad ea exsequenda quæ a Patribus sancita essent... Le Quien, Or. christ, t. 1, p. 37. Le chapitre xvur
porte : « Imperatorum C. P. in Patriarchas suos et ecclesias auctoritas et domi- natus »... col. 135-136 sq. et la manchette : « Imperatorum C. P. in Ecclesias
auctoritas nimia. »
3. Diehl, Études, p. 110.
4. De bonne heure, l'empire byzantin se préoccupe de garantir la sécurité de ses frontières en important le christianisme chez les peuples voisins... Rien n’est nouveau sous le soleil et les contrées les plus reculées dans lesquelles pé- nètrent nos missionnaires risquent fort d’avoir été déjà évangélisées par des prêtres grecs. Mgr Duchesne a ouvert cette voie (des recherches) en consacrant dans ses Églises séparées un savant mémoire aux Missions chrétiennes au sud de l'empire romain, p. 281-353. Ces missions-là n’intéressent paas directement l’Église de Constantinople qui ne les a pas fondées et qui ne les a pas soutenues par les
G æ à. 5 re
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est confié aux évêques, dans les campagnes aux chorévêques, ou
comme dit M. Bréhier, aux« apôtres des paysans 1, » Et ce n’est pas de loin ou par des mandataires que le basileus accomplit son apostolat. Il paie de sa personne ; il agit lui-même directement. Par exemple, le 6 janvier 528, Justinien sert de parrain à Grétès, roi des Hérules établis sur le Danube, et contracte avec lui une alhance qui entraîne presque toute la nation au baptême. Contre le paganisme et les ennemis de la foi il dispose de la force des armes, et ses expéditions sont des croisades. Son cri de guerre est alors : « Jésus-Christ est vainqueur » (᾿Τησοὺς Χριστὸς νικᾷ), car il entend triompher par le Christ, comme il règne par le Christ. Prince catholique, il souffre impatiemment de voir les chrétiens ortho- doxes soumis aux hérétiques ariens, persécuteurs des corps et des âmes... et confiant dans la protection divine, il tourne ses regards vers les Vandales d'Afrique ? Dom Leclerq écrit à ce
émissaires ou les ambassadeurs impériaux ; elles Jui appartiennent tout de même en partie, parce que, inspirées par le zèle propagandiste de Justinien, elles transmirent et développèrent son influence jusqu'aux confins du monde connu alors. En dehors de ces colonies établies au sud et à l’est de l'empire romain, d’autres s’installèrent au nord et à l’ouest de la Thrace et de la Macédoine byzan- tines et devaient jouer un jour dans Ja presqu'île balkanique un rôle tout à fait prépondérant. » Vailhé, dans Vacant.
1. Tandis que l'Occident se dépeuple à la suite de l'invasion barbare, l'Orient a gardé ses villes florissantes et populeuses qui sont des centres de propagande chrétienne. C’est en Orient que l'institution des Chorévêques a atteint, à une épo- que très ancienne, son plus grand développement ; ils sont la preuve de l’expan- sion précoce du christianisme dans les campagnes d'Orient. L'Occident, au con- traire, devait attendre jusqu’à la deuxième moitié du rv° siècle pour trouver dans la personne de saint Martin un apôtre des paysans... Les missionnaires orientaux ont même dépassé les limites de l'empire, et au v® siècle, des églises sont organisées en Arménie, en Mésopotamie, chez les Arabes. Dans l’île de Philé, dernier refuge du paganisme protégé par des conventions diplomatiques, une église se dressait dès .e v® siècle en face du temple d’Isis. Bréhier, p. 3. — Les chor- évêques sont, les uns simples prêtres, les autres honorés du caractère épiscopal. Saint Basile en compte cinquante dans son grand diocèse de Césarée, Le chorévé- que exerçait sa juridiction sur une partie plus ou moins considérable du dio- cèse. Οὗ, Dom Parisot, Les Chorévêques, dans Revue de l'Orient chrétien, 1901, p.157 sq.; Jugie, Les Chorévêques en Orient, dans Échos d'Orient, 1904, p. 263 sq. ; Marion, Hist. de lÉgl., τ. τ, p. 547.
2. Ch. Diehl, L'Église byzantine, p. 5.
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propos : « L'intervention de Justinien dans les affaires de l’Église en Afrique comme dans le reste de l’empire était le résultat d’un dessein prémédité de reconstituer tout le passé, y compris sans doute le rôle d’évêque du dehors qu'avait exercé Constantin. Le basileus déclarait au primat de Byzacène son dessein α᾽ « être le tuteur et défenseur des antiques traditions 1.» En 618, Héraclius est à son tour parrain du chef Hunno-bulgare Kurat, baptisé à Constantinople avec les principaux de sa tribu. Quelques années plus tard, appelés sur les terres byzantines, les Croates et les Serbes écoutent docilement les prêtres à qui l’empereur a confié le soin de les évangéliser. Il n’y ἃ pas jusqu’à la Russie qui ne soit une fille spirituelle de Byzance ; c’est à Byzance même, en 956 ou 957, que la tzarine Olga vient recevoir le baptême et, en 989, Vladimir, le Clovis russe, «ayant institué une enquête sur la meilleure des religions, choisit à son tour celle des Grecs 1. »
Nous parlions de croisades, et comme la guerre a ses dangers, avant de marcher contre l’ennemi en 528, le comte d’Orient, Kéritos, ἃ revêtu pour cuirasse le cilice que lui ἃ donné saint Théodose le Cénobiarque. En 591, le général Narsès donne à ses soldats pour mot de guet le nom de Marie. La même année, la croix précède l’armée de Maurice en marche contre les Avares, et l’icone sacrée du Sauveur, en 622, celle d’Hérachus (610-641) en partance contre les Perses. En 926, Romanos I Lekapenos s’enveloppe du manteau de ia Vierge conservé dans l’église des Blakhernes et, avec cette seule armure, il achève victorieuse- ment sa guerre désespérée contre Syméon, roi des Bulgares ?.
1. Leclerq, L'Afrique chrétienne, t. 11, p. 250 ; voir aussi : Échos d'Or., t. τ, p. 209-214.
2. Bayet, L'Art byzantin, p. 264.
3.Vailhé, Dictionn., col. 1342 sq., Pargoire, p. 16-20. Grosvenor,Constantinople, t. 1, p. 316, parlant de Sainte-Marie des Blakhernes : « Here was kept the robe of the Holy Virgin for the preservation of which the patrician Galbius and Can- didus, in 459, had erected their massive and still standing Church.In the same sacristy was revered the Virgin’s mantle, which in Byzantine belief, a constant miracle protected against natural decay, and which likewise rendered invul- nerable whoever put it on. It was the sole breast plate of Romanos 1 Lekape-
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al Σὰν de Si: de D)
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Chose à remarquer, même quand le basileus, loin de rester apô- tre, se fait persécuteur, ilse montre encore croyant. Cela est vra; de Nicéphore Ier (802-811) qui respecte le droit d’asile des églises au moment même où son avarice les dépouille en partie de leurs biens. Cela est vrai surtout des empereurs iconoclastes, car en fait ces persécuteurs ne bouleversent et torturent la chrétienté qu’au nom du Christ. Constantin V (740-755), celui d’entre eux que ses hérésies multiples feraient prendre pour le plus sceptique des hommes, Constantin V atteste son véritable état d’âme dans les terreurs et les aveux de son agonie.« Et tous, en montant au pouvoir suprême, s’empressent d’aller recevoir le sacre impérial à Sainte-Sophie, des mains du patriarche. C’est à peine si l’un d’eux, Léon V, ose omettre la profession de foi exigée en cette cir- constance !, »
* + *
Il va de soi que l’empereur se fait un devoir de fonder et de doter richement églises, œuvres de bienfaisance, monastères, chapelles de dévotion, etc. Eusèbe mentionne les prodigalités de Constantin envers les églises de sa nouvelle capitale, celles d’Antioche et de Jérusalem ?.
Les meilleures ressources de l'empire passent à ces œuvres de munificence. Il faut 1c1 écouterle ἢ. P. Vailhé : « Pour la reconstruc- tion de Sainte-Sophie, « église telle que depuis Adam 1] n’y en eut «jamais et qu'il n’y en aura plus,» comme dit un chroniqueur, il coule un fleuve d’argent et des sommes fabuleuses sont englou- ties. Lorsque la grande basilique est achevée, Justinien veut pour- voir à l'entretien de l’édifice, aux besoins du culte, à l’organisation du clergé ; 1l lui assigne 365 domaines, un pour chaque -jour de l’année ; 1l fixe à 425 le nombre des clercs qui doivent la desser- vir ainsi que les trois églises adjacentes, à savoir : 60 prêtres, 100 diacres, 48 diaconesses, 90 sous-diacres, 110 lecteurs et 25 chantres, auxquels il convient d’adjoindre 100 portiers (Novelle
nos in 926 and to its supernatural agency he attributed his escape from harm in his desperate wars with Symeon king of the Bulgarians. »
1. Pargoire, p. 323.
2. Eusèbe, De Vita Constantini, P. G., col. 945, 955 et al.
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ur, ©. 1). De Justinien à Héraclius ce nombre augmente encore : il y a maintenant pour le service du temple 525 clercs, dont 80 prêtres, 150 diacres, 40 diaconesses, 70 sous-diacres,160 lecteurs, 25 chantres, sans compter 75 portiers, 2 syncelles, 12 can- cellaires et 40 notaires. La petite église des Blakhernes comprend à la même époque, et à elle seule, un personnel de 75 membres, dont 12 prêtres, 18 diacres, 6 diaconesses, ὃ sous-diacres, 20 lec- teurs, 4 chantres et 7 portiers !. »
4. Vailhé, loc. cit., col. 1346. Un détail d’après Cedrenus et Paul le Silentiaire : « L’autel de Sainte-Sophie était en or, en argent, en pierres de tout genre, en bois, en métaux; tous les produits de la terre, de la mer et du monde entier con- couraient à son embellissement. Justinien réunit beaucoup de matières précieu- ses, moins d’ordinaires ; il liquéfia celles qui étaient fusibles, les réunit aux solides, et donna à l’ensemble la forme d’une crédence aux élégantes bigarrures. » (Cedrenus, Hist. compend., Paris, 1847, t. 1, p. 386). « Les arcs d’or de la Ta- ble sainte retombaient sur des colonnes d’or, le soubassement était de méê- me métal : l'éclat des pierres précieuses rehaussait l’ensemble. » Paul Silent., Descript. S. Sophix, P. G., τ. LxxxvVr, col. 2192. — « Au-dessus de l'autel, porté par quatre colonnes en argent doré. s'étend un ciborium étincelant qu’une grande croix d’or surmonte. La barrière est en argent massif qui marque la limite du sanctuaire...
«L’ambon debout au centre de l'édifice est une folie de prodigalité où l’or con- steilé de pierres précicuses enchâsse des marbres infiniment rares. Jugez après cela, si l’on se montre avare dans les pièces d’orfèvrerie proprement dite, dans les objets du luminaire. » Pargoire, loc. cit., p. 92.
La description de Sainte-Sophie est partout : Bavet, Art byzantin, 51 sq. ; Grosvenor, loc. cit., p. 494-557; de Salzenberg, A. Christliche Baudenkmale von Constantinopel vom V bis XII Jahrundert, Berlin, 1854 ; Diehl, Justinien et la civilis. byz. au VIe siècle, Paris, 1901, passim et pp. 468-650 etc. Par contre, le nouvel ouvrage: André Michel, Hist. de l’art., 1905 sq., n’a qu’une trentaine de lignes sur un pareil monument. — Parmiles descriptions très littéraires, nous recommandons celle de Edmundo de Amicis dans l’admirable traduction (qui n'exclut pas l’original) de Caroline Tilton, Constantinople, Stamboul édition, Putnam's sons, s. d., p. 169-189. Un extrait s. v. p.: « The eye embraces an enor- mous vault,a bold architecture of half domes that seem suspended in the air,mea- sureless pilasters, gigantic arches, colossal columns, galleries, tribunes and por- ticoes, upon all of which a flood of light descends from a thousand great win- dows. There is a something rather scenic and princely than sacred ; an ostenta- tion of grandeur and force, an air of mundane elegance, a confusion of classic, barbarous, capricious, presumptuous and magnificent; a grand harmony, in which, with the thundering and formidable note of the cyclopean arches and pilasters, there are mingled the low strain of the Oriental canticle, the clamo-
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Pendant son expédition en Afrique, Justinien a trouvé moyen de bâtir vingt-cinq à trente églises, et il s’est montré prodigue de hbéralités jusque dans les villages perdus ἢ,
Avant la fin du vi® siècle, Jérusalem compte déjà trois cents monastères, églises ou hospices, et plusieurs de ces monuments sont dus à la magnificence des empereurs de Constantinople ?, À Constantinople même, le nombre des seules églises finit par s'élever à trois cent quatre-vingt douze, selon Paspatis ὃ; à quatre cent soixante-trois, selon le Père Vailhé 4 et M. Gédéon ὃ; à quatre cent quatre-vingt, selon Du Cange 5, Grosvenor en compte vingt-
rous music of the feasts of Justinian and Heraclius, echoes of pagan songs, faint voices of an effeminate and worn-out race, and distant cries of Goth and Vandal ; there is a faded majesty, a sinister nudity, a profound peace; an idea of the basi- lica of S. Peter contracted and toned down, and of S. Mark’s grosser, larger and deserted ; a mixture heretofore unseen of temple, church, and mosque, of seve- rity and puerility, of ancient things and modern, of ill-assorte 1 colors, and odd, bizaare ornaments, a spectacle, in short, which, at once astonishes and displea- ses, and leaves the mind for a moment uncertain, seeking the right word to ex- press and affirm its thought. » p. 175. Vingt pages dans ce style.
1. Leclercq, L'Afrique chrét., p. 251-254, indique les villes et villages où ces églises furent construites : deux à Carthage, cinq à Leptis Magna, en Tripolitaine, dont une dédiée à la Théotokos, d’autres à Leptem, Sabraka, etc., Οἱ. du même auteur: Afrique dans le Dictionn. d'archéologie, de dom Cabrol.
2. Bréhier, Loc. cit., Ὁ. 14, d’après Couret, La Palestine sous les empereurs grecs, Ρ. 212.
3. Cf. Grosvenor, p. 311. Paspatis est, comme Grosvenor, un élève de Amherst College et tous deux se sont retrouvés à C. P. Zbid.
4. Vailhé, dans Catholic Encyclop., p. 303.
5. Gedeon, "Eyyeagor, λίθοι χαὶ χεράμια C. P., 1893.
6. Du Cange, C. P. Christiana. Le Quien, dans l'Oriens christianus, énumère les églises du Pont, de la Thrace, de l'Illyrie ete. Dom Leclercq, après des recher- ches immenses, vient de publier ce qu'il appelle un « Essai de classement des principaux monuments chrétiens antérieurs au 1x° siècle, » limite de son étude, et cette liste, encore bien incomplète, comme il l’avoue, occupe cinquante-neuf pages de son grand Manuel d'archéologie, in-4, 1907, t. 1, p. 439-493. La très grande majorité de ces monuments appartient à l'Orient.
« Après toutes les guerres, tous les tremblements de terre, tous les siècles quiont saccagé le sol d'Athènes, il restait encore, en 1839, quatre-vingt huit églises, ou en entier ou en partie. On en démolit tous les jours. » Didron, Annales archéol., t. 1, p. 42.
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quatre dédiées à la Trinité ; soixante-quatre à la sainte Vierge f, vingt-deux aux archanges, dix-huit à saint Jean-Baptiste, neuf aux prophètes, trente-cinq aux apôtres, cent cinquante-cinq aux saints et aux martyrs, etc 5, — Sans reproche, pourquoi n’a- t-il pas pensé à nos églises de sainte Anne ?— Parmi tous ces heux de prière, 1l faut signaler ceux que la piété des empereurs a semés dans les diverses régions du palais sous l’invocation des saints, et l’un en particulier sous l’invocation de notre Sainte. Nous verrons qu'il y en avait d’autres sous le même vocable
dans la ville même.
Des hospices comme à Jérusalem, des établissements de bien- faisance, 1] en existe partout dans l’empire. Aucune société n’a peut-être songé plus que la société byzantine aux maux innom- brables qui sont l’apanage ordinaire de l’humanité. ἃ toutes les souffrances, à tous les besoins physiques ou moraux répondait un ensemble d’institutions charitables destinées à les soulager, et depuis les empereurs jusqu'aux simples particuliers, tout le monde s’employait avec zèle à les entretenir. ἃ part les hospices ou hôtelleries qui ne faisaient défaut nulle part, 1] y avait les xzenodochia pour les étrangers, les gerontocomia pour les vieillards, les ptokhotrophia pour les pauvres, les nosocomia pour les malades, les orphanotrophia pour les enfants privés de leur parents ou aban- donnés, des brephotrophia pour les enfants trouvés, des lobotro- phia pour les lépreux, etc ?.
Tout le monde, disions-nous, tient à honneur de secourir les membres souffrants de Jésus-Christ. Longtemps après Justinien, et comme tous ses pieux prédécesseurs, l’impératrice Irène (797- 802) «ne songe qu’à diminuer le poids des impôts, à doter les établissements charitables, et tous les gens privés d’asile, vieillards, étrangers et pauvres, trouvent un abri dans les fondations desa munificence #,» [l n’y a pas jusqu’à Théophile lui-même, un icono- claste pourtant, qui, voulant assainir un des quartiers de la capi-
1. M. Gédéon en compte davantage. Vid. infra, p. 189. 2. Grosvenor, loc. cit., p. 311.
Vailhé, Dictionn., sauf légères modifications.
. Pargoire, p. 325.
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μ᾿
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tale, ne commence par y construire un hôpital pour les malades
étrangers.
L’épiscopat se comporte comme la cour. Saint André de Crète fonde un hospice de vieillards ; Taraise, le patriarche, affecte aux pauvres plusieurs salles de son palais ; durant l'hiver, il leur distribue des vêtements chauds avec d’épaisses couvertures de laine ; le jour de Pâques, en sortant de Sainte-Sophie, il réunit tous les indigents de la cité et leur donne à chacun un verre de vin. En Bithynie, Pierre de Nicée et Théophylacte de Nicomédie rivalisent de dévouement. Et les fidèles, à leur tour imitent la générosité de leurs pasteurs. On n’en finirait pas s’il fallait signa- ler toutes les œuvres de bienfaisance : il y a de ces pieux laïques qui se font mendiants pour autrui et cette héroïne, Théoctiste, qui forme sa fille à panser les ulcères et les plaies.
C’est que le peuple, comme ses empereurs et ses prêtres, a beau- coup de foi, beaucoup de piété même. Nous le verrons mieux tout à l'heure mais notons d’abord, comme preuve indubitable de cette foi vivante et agissante, l’incroyable expansion et le succès tou- jours croissant du
Monachisme en Orient.
C’est de fait en Orient que naissent ces premiers instituts monastiques qui étaient destinés à exercer une influence 51 pro- fonde sur la vie chrétienne et sur l’histoire de l’Église. A la fin du τνϑ siècle, le désert de Syrie, la Nitrie et la Thébaïde sont peuplés de colonies d’anachorètes ou de cénobites,et les monastères pa- khomiens possèdent déjà la plupart des caractères et des règle- ments qui se répandront plus tard presque sans changement dans toute la chrétienté !, Dès les premières années du v® siècle ces derniers monastères comptent, au témoignage de saint Jérô- me, cinquante mille religieux ?; au commencement du vi*, les laures de Saint-Sabas en réunissent plus de dix mille. En 556,
1. Bréhier, Loc. cut., p. 3.
2. Cf. Marion, Hist. de l’Église, 1908, t. τ, p. 557 et 671. Dom Besse croit très « exagéré » le chiffre donné par saint Jérôme. Il n’y en avait que sept mille, d'après Pallade. Dom J. M. Besse, Les Moines d'Orient, in-8, 1900, p. 5.
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comme le prouvent les signatures d'une adresse officielle, le diocèse de Constantinople compte au moins soixante-huit monastères d'hommes, et celui de Chalcédoine, quarante !.
Dans les siècles suivants, c’est la même floraison de maisons religieuses. D’autres passages du R. P, Vailhé sont à recueil- hr d'ici et de là:
«Empereurs, impératrices, consuls, patrices, sénateurs, patrilar- ches, tout le monde rivalise d’émulation pour édifier des cou- vents à ceux qui ont «revêtu le vêtement des anges, » et sont devenus «les citoyens du ciel. »
«. Villes et campagnesse couvrent d’institutions monastiques et la contagion du cloître gagne jusqu’à la cour, Il faut tout un arsenal de lois pour régler les rapports des moines entre eux et vis-à-vis de la société civile ou ecclésiastique ; parfois même des mesures draconiennes deviennent nécessaires contre des hommes qui fuient le monde pour déserter leurs devoirs de famille et chercher un lieu de retraite et de repos plutôt qu’un asile de prière et de travail. Les basileis se plaignent que les monastères enlèvent à l'empire ses soldats, et les trois Comnènes les dépouillent succes- sivement de tous leurs biens, ne pouvant en arracher les religieux eux-mêmes ? » Mais ces violences sont de nul effet commel’a été
1. Pargoire, loc. cit., Vailhé, Catholic Encycl., p. 303. Impossible de tout dire. Nous nous contentons de recommander en passant : Echos d'Orient, t. τ, p. 274 sq. : À. H., Monastères de Bithynie ; Ibid., ὃ. τε (1898-1899), p. 106 sq. : Les Laures de Saint-Gérasime et de Calamon ; p. 230 sq.: Le monastère des Agaures; p. 304 sq.: Le monastère des Acémètes ; Abbé Marin, Les Moines de C. P., in-8 ; Paris, 1897; S. Vaïlhé, Les monastères de Palestine, tirage à part du Bessarione, 1898 ; P. Ladeuze, Étude sur le cénobitisme pakhomien pendant le IV® siècle et la première moitié du V®, Paris, Fontemoing, in-8, 1898.
2. Vailhé, dans Vacant, col. 1345 et passim. « The Church of the Pantepoptes was built in the eleventh century by Anna Dalassina, the great hearted mother of Alexios I Komnenos. Here like so many Byzantine princesses, she passed her last days as a nun. » Grosvenor, p. 430. «Some years after her husband's death, Theodora, scandalized by the evil life of theirson, the Emperor Michael III, withdrew to the monastery of Gastria in sorrow, and beeame a nun. Here she was subsequently joined by her surviving daughters.« Grosvenor p.469. « Here
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᾿ς l’acharnement des luttes iconoclastes, et il y aura encore des cou- vents de mille religieux !; c’est encore par centaines que se comp- teront les fondations nouvelles, tant la vie des anges sourit aux cœurs jeunes comme aux cœurs trop vite vieillis par les affections du monde. Chaque ville de province suit l'exemple de la capitale, et du 1x£ au xv® siècle, l'empire byzantin offre l’aspect d’une vaste Thébaïde. Le mont Olympe, en Bithynie, voit des centres reli- gieux s’ériger en nombre prodigieux, et lui-même, selon l’expres- sion de M. Schlumberger, « fourmille de moines ?, » A propos, M. Gebhart a esquissé jadis, avec une exagération poétique que les récits des voyageurs refroidissent quelque peu, le site incomparable de l’'Olympe de Brousse portant« comme sur une base d’améthyste sa grande cime blanche de neige.,,»Il a dé- crit avec toutes les épithètes homériques le long Olympe s’éle- vant sur un sommet allongé (en effet), droit, régulier, «Olympe aux plis nombreux, l’Olympe aux nombreux sommets... l'Olympe neigeux», même en été 3, Enfin, tout y est, sauf les moines.
Les couvenis connus du mont Athos du x® au xrr1° siècle dépas- sent la centaine, bien que la plupart, détruits plus tard par les invasions sarrasines, franques et catalanes, ne se soient pas rele- vés. N'oublions pas le mont Latros, le classique Latmos dans la province d'Asie, tout près de Milet, avec ses dix monastères; le mont Ganos et le mont Galesios, le mont Saint-Auxence, tout près de Chalcédoine ; les îles de l’archipel et celles du golfe de Nicomédie, toutes peuplées de moines ; la région de Trébizonde et celle de Césarée de Cappadoce avec ses laures pittoresques creu- sées aux flancs des rochers.
(at Myrelaion), the Empress Catherine assumed the veil when seeking the one asylum of the city that should remind her most forcibly of the vanities of power. Grosvenor, p. 472.
1. Grosvenor, Loc. cit., à propos de l'église Saint-Jean du Studium : « It was the chief church of a monastery numbering over a thousand monks. The voice of prayer and praise ceased not day or night ascending from its altar. » P. 460. 2. Un empereur byzantin au X°® siècle, p. 389.
3. Un pèlerinage aux sanctuaires du paganisme : L'Olympe et le Styx, dans Revue des Deux Mondes, 15 juin, 1867, τ. 1x, p. 994.— A lire un remarquable artiele | du P. J. van den Gheyn, dans les Études religieuses des Pères Jésuites, - juillet 1890, 279 année, p. 407-434.
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Nous n’en finirions jamais. Le monachisme domine la société entière et lui commande sans appel. Il a pour lui la science, et pour mieux se convaincre de ee fait, on devrait prendre connais- sance des travaux de M. l’abbé Ehrard sur la vie scientifique et reli- gieuse de l’Orient!, double vie qui était par excellence celle des moi- nes, car disons-le donc après tant d’autres, les moines d'Orient, comme d’ailleurs les moines d'Occident, n’ont jamais été ces pieux dilettanti — pour ne pas dire autre chose — dont la prose ancienne et moderne, la prose à deux sous du bouquin, du journal ou du théâtre a prétendu s’amuser. Les moines n’ont toujours su faire que ces trois choses excellentes : travailler des mains, étudier de la tête et prier de tout leur cœur. C’est toute la vie des êtres doués de raison.
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Et le peuple !
Il nous faut revenir à lui. Il a ses tares sans doute, mais comme elles semblent vite rachetées par ses actes de foi, de repentiret d'amour !
D’abord, puisque le sujet précédent nous y invite, notons l’usage où sont les séculiers de revêtir l’habit monastique sur leur lt de mort, pensée qui ne peut être inspirée que par la foi, car, à cette heure dernière, aucun motif inavouable n’existant plus de se faire moine, la seule chose que l’on demande à la vêture, c’est
1. « M. l'abbé Albert Ehrard, professeur à l’Université de Vienne, est un de ces savants qui ont le plus contribué au développement des études byzantines en Allemagne. Dans les deux premiers paragraphes de Die orientalische Kirchenfrage und Œesterreichs Beruf in threr Lœsung, Wien ἃ Stutgard, 1899, in-8, 76 pages, on trouvera un exposé fort brillant de la vie scientifique et religieuse de l'Orient aux premiers siècles de l'Église. » L. Petit, Échos d'Orient, t. τι, p. 314. — Les Analecta bollandiana, t. xvi, p. 311, recommandent également « les importants travaux de M. Alb. Ehrard sur l’hagiographie byzantine, esquisse de la littera- ture théologique, dans la nouvelle édition du Manuel de M. Krumbacher; une étude sur la collection de légendes de Syméon Métaphraste et de nouvelles recherches sur l’hagiographie de l’Église grecque. »
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… d’agir en nouveau baptême et d’effacer d’un seul coup tous les péchés de la vie !.
Le Byzantin, du reste, n'attend pas la mort pour ressembler au religieux, et 1l n’est pas un seul genre de dévotion, ni même de mortification, qui n’ait envahi la société laïque. La prière emplit de ses pratiques diverses la vie tout entière. Le signe de la croix précède tous les actes, et aucun fidèle ne prendrait une bouchée de pain ou une gorgée d’eau sans faire ce signe au préalable, une fois au moins et souvent trois fois. Quand 1] prie, il se tourne vers l'Orient, tantôt en se frappant la poitrine, tantôt en levant les veux au ciel, et à ce saint exercice 11] consacre parfois des nuits entières. Quiconque sait lire possède chez lui les livres du Nouveau Testament et le Psautier, sans compter les écrits patristiques, … les Actes des martyrs, etc. Et non content de répéter en son _ particulier les accents du psalmiste, 11 vient réciter en pubhe, à l’église ou au monastère voisin, l’office canonique de jour et de nuit. Suivre un oflice de nuit est déjà méritoire aux v® et vi® siècles, mais ce l’est davantage aux 1x° et x°, maintenant qu'il a pris de si vastes proportions avec le nouveau genre de poésie ecclésiastique inauguré ou tout au moins mis en ordre par saint André de Crète.
Avec l’assistance à la messe et à l’office, le peuple byzantin aime aussi, et beaucoup, cette forme spéciale de la prière qu’est la litanie ou procession. Aux processions figurent des croix, des évangiles, des encensoirs fumants, des cierges allumés. Elles font souvent partie de telle ou telle solennité, de telle ou telle dévotion particulière, comme celle qui serpente chaque semaine, le vendredi soir, autour des Blakhernes. Nous reviendrons tout à l'heure à cette célèbre église de la Vierge. A la prière se joint la mortification. Un premier jeûne prépare à la Nativité du Sauveur, et les Pales- timiens le nomment« carème de saint Sabas» sans doute parce qu'ils l’ouvrent le 6 décembre, au lendemain de la fête de ce saint; l’autre, plus général et aussi plus ancien, dure sept semaines, et c’est le nôtre d'aujourd'hui, celui qui précède la fête de Pâques ; un troisième prépare à la fête du 29 juin, et on l'appelle « carème
1. Plusieurs des détails qui vont suivre sont empruntés à l'excellent ouvrage 4 P. Pargoire déjà cité.
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des saints apôtres, » sans doute encore parce que saint Pierre et saint Paul sont les apôtres par excellence. D’aucuns passent dans la retraite toutes ces périodes quadragésimales, et quel- ques-uns vont jusqu’à s’y condamner au silence absolu 1.
Le Byzantin fait grand usage d’eau bénite : tel saint lui a con- seillé d’en jeter sur les champs en proie aux sauterelles ou sur les chevaux atteints de maladie. La foi, chez lui, se révèle à tous les instants de la vie. Fait-il un faux pas en marchant, souffre-t-il d’une douleur quelconque, il s’écrie tout de suite : « À mon aide, Mère de Dieu ! » S'il rencontre un moine en renom, son premier mouvement est de tomber devant lui à deux genoux et de lui dire : « Bénissez, saint ! » Recevoir de ses mains un simple mor- ceau de pain, ou encore, et surtout, la plus modeste petite croix de bois, lui paraît la meilleure des eulogies. Ila d’ailleurs le culte de la croix, le culte aussi des images. Les croix sont de toutes dimensions : les petites, en or ou en argent, qui renferment or- dinairéement une parcelle de relique, sont portées au cou; les moyennes, mobiles, servent aux processions ; les grandes, fixes, sont érigées sur certains points et on s’y arrête en passant pour priér.
Quant aux images pieuses, elles sont partout. Elles n’ont pas seulement une valeur d’enseisnement et d’édification; elles ne sont pas seulement des représentations du Christ, de la Vierge et des Saints ; elles passent aux yeux d’un très grand nombre pour les enveloppes miraculeuses, presque sacramentelles, où s’in- carné pour ainsi dire le surnaturel. « La querelle des [Iconoclastes, écrit M. Bayet, eut pour effet d'augmenter cette importance des images. L’art byzantin venait de se former lorsque la persécu-
1. Anastasii patriarchæ Theopoleos magnæ Antiochiæ de sanctis tribus Qua- dragesimis, unde eas observare accepimus quodque qui eas transgrediuntur legem violent. P. G., t. rxxix, col. 1389 sq. On sait la réflexion, on dirait presque la boutade de saint Jérôme : « Nos unam quadragesimam secundum traditionem Apostolorum toto anno, tempore nobis congruo, jejunamus; 1} (lés Grecs) tres in anno faciunt quadragesimas quasi tres passi sint Salvatore: Ὁ Ad Marcellam, Epist. ταν. ᾿
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tion éclata ; 11 en reçut une consécration religieuse et comme les
honneurs du martyre. La vénération populaire s’attacha à lui avec plus de ferveur, et ce fut dès lors un acte de piété que de re- produire les images telles qu’elles avaient été proscrites. Elles cessaient d’être de simples œuvres humaines pour devenir de véritables personnes : la littérature byzantine abonde en légendes curieuses qui le prouvent ; les images parlent, agissent, se meuvent, se déplacent, et ce sont là des faits si fréquents qu'ils cessent pres- que de paraître surnaturels !,» On croit même, ajouterons-nous, qu'elles peuvent entendre les prières, faire par elles-mêmes des miracles, et des prêtres poussent la confiance jusqu’à râcler la couleur sur les tableaux et les fresques de leurs églises, pour ensuite mêler cette poussière au pain et au vin qu'ils distribuent après la messe comme une communion nouvelle. Les conciles sont obligés d'intervenir pour empêcher cette superstition et quelques autres 3,
Les Byzantins ont encore à un très haut degré la dévotion des reliques. Les empereurs, tout les premiers, visent à posséder les dé- pouilles les plus vénérables de l’univers.« À Rome, dit Théophanes, Constantin, muni d’un secours divin, réunit les reliques des martyrs et leur fait donner une sépulture sacrée ?, » À Constantinople, 1] demande aux évêques disséminés dans son empire quelques restes précieux des apôtres et des saints 4. Sa mère, sainte Hélène, apporte
1. Bayet, Recherches pour servir à l'hist. de la peinture et de la sculpture chré- tiennes, dans Bibliothèque des écoles franç. d'Athènes et de Rome, fase. 10, 1870, p. 135. ;
2. Tam enim sunt Græci omnes erga sacrarum Imaginum affecti ut antiquas… vel novas... sive in Ecclesiis sive in ædibus privatis colendas appendant, sive etiam secum in itinere, thecis inclusas et e collo pendentes gestent. Assemani, Calendarium, t.1, pp. 10-11, 32 sq.; F. Marin, Les Moines de Constantinople, Paris, 1897, pp. 318-321; Héfélé-Leclercq, Hist. des Conciles, t. 111, p. 607, et αι, 612; Mansi, Concil. amplissima collectio, t. xiv, col. 420; Pargoire, loc. cit, p. 329, Adrian Fortescue, Cath. Encyclop., t. ντι, art. Images.
3. Hoc anno (303), divino fretus auxilio Romam obtinens Constantinus, collectas sanctorum martyrum reliquias sacræ sepulturæ mandari jussit. Theo- phanes, P. G., τ. σι, col. 82.
4, Constantinus Magnus Urbem C.-P. divitiis replens et ædificiis ornans,
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à Constantinople le corps précieux de sainte Anne !; Léon Ier (457-474) obtient et donne à son église des Blakhernes la « robe de la Vierge, » après l’avoir enfermée dans une châsse d’argent ? ; en 74, Constantinople ajoute à sa relique de la vraie croix l’impor- tant fragment conservé jusque-là dans la ville d’Apamée en Syrie. En 614 elle obtient, par les soins du patrice Nicétas, l’éponge et la lance de la Passion. Une église ne s’ouvre jamais sans reliques, et de là les solennelles translations qui accompagnent souvent les dédicaces 5, D’après Edmundo de Amicis et d’autres auteurs en grand nombre, le dôme de Sainte-Sophie en contiendrait à lui seul des milliers, puisque chaque douzième assise de brique en renferme plusieurs, et 1] explique ainsi comment les Turcs d'autrefois, quand ils priaient dans cette église, au lieu de tourner leurs yeux vers l'Orient, comme le veut Mahomet, regardaient plutôt vers «le ciel de pierre » 4,
LA ( PANAGHIA }
Enfin, et surtout, le Byzantin aime d’un ardent amour, la très sainte Vierge, la Panaghia, la Théotocos, la Sur-Sainte et plus que
reliquias SS. Apostolorum et aliorum sanctorum ex diversis mundi partibus col- lectas illuc reposuit.
Comte Riant, Des dépouilles religieuses enlevées à Constantinople au x siè- cle, p. 2, dans Mémoires de la : Société nationale des Antiquaires de France, t. νι (1875), p. 1-214. -
1. D’après un ancien Bréviaire de Paris. — Videbitur infra.
2. Leclercq, Manuel d’archéol., 1907, t. 11, p. 399.
3. Pargoire, p. 117, 118.
ἄς ΑΒ every one knows, this aerial prodigy (le dôme de Sainte-Sophie) could not be constructed with the usual materials ; and it was built of pumice stone that floats on water, and with bricks fromthe Island of Rhodes, fiveof which scarcely weigh as much as one ordinary brick.In each was written the sentence of David : Deus in medio ejus non commovebitur. Adjuvabit eam Deus vultu suo. At every twelfth row of bricks, holy relics were built in. The vulgar believed that it (the dome) was upheld by enchantment and the Turks, for a long time after the conquest, when they were prayÿing in the mosque,had much ado to keep their faces towards the east and not turn them upwards to the « stone sky ». E. de Amicis, op. cit., p. 177-178.The Church of holy Virgin of Boucoleon( un des palais) possessed several highly revered relics supposed to be connected with the Passion : they were all carried to France in 1234. Grosvenor, p. 307.
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cela, la Super-Immaculée, comme 1] l’appelle toujours quand :il veut résumer d'un mot tout ce qu'elle est pour lui. Il ya des siècles que ses ancêtres ont déserté pour elle les temples de leurs déesses et cédé aux attraits d’un culte que leur vénération pour les vestales et la Virginité avait comme préparé dès longtemps. Si, en effet, la sévérité de la morale chrétienne les avait d’abord effrayés ; si la profondeur et l’élévation du dogme catholique les avait dépassés, Marie, en qui leur avaient apparu tout ensemble la pureté de la vierge, l'amour de la mère, les gloires de la maternité divine, la toute-puissance d’intercession, Marie avait excité en eux des sentiments de tendresse et de confiance ; c’est par elle et pour elle qu’ils étaient passés au christianisme et, à peine quel- ques années après le concile d’Éphèse, ils lui avaient déjà dédié leurs plus beaux temples 1.
Maintenant, Constantin a confié Byzance à la protection spé- ciale de la sainte Vierge ?et depuis, la Panaghia est la reine de l'Empire. Si l’on peut se souvenir ici d’un vers profane, c’est . de tous les noms dont sur terre on adore
Que tout l’Orient la nomme, et . il en invente encore.
Sur ses icones, le moine Denys veut que les artistes inscrivent tour à tour :
La Tueorocos. — La Miséricordieuse. — La Conductrice, La Vierge de Gorgopiko. — La Reine des Anges. —_La Reine de tout ce qui existe. — La Maîtresse sans tache. — La plus élevée des cieux. — La plus grande des cieux. — La Fontaine de vie.
1. Cf. Beugnot, Histoire du Paganisme en Occident, 1. XII, p. 270-272. Cette observation vaut aussi pour l'Orient.
2. Eusèbe, Vita Constantini, 1. III, c. xzvr; Zonaras et Cedrenus : Cf, Terrien, La Mère des hommes, t. 11, p. 467 ; Tillemont, Hist. des Empereurs, Constantin, 67 ; Baromius, Annales, ann. 330, ὃ 4 etc. L'’oflice grec fait mémoire de cette consécration : οἷ. Holweck, Fasti Mariani, au 11 mai, d'après les Ménées de Venise, 1880 : « Commemorationem spiritaliter perficimus Natalis et Encœænio- rum hujus a Deo custoditæ Urbium Reginæ quæ specialiter dicata est Dominæ nostræ sanctæ Deiparæ et per ipsam per omnia salvata.»—« Urbem Byzantium solemniter Dei Genitrici a Constantino magno dedicatam esse die 11 mai 330, tradit Hesychius Milesius apud Cangium, C. P. Christiana, t. 1, p. 27. »
106 MADAME SAINCTE ANNE -- La douce Amie. — Celle qui nourrit de son lait, — La Pro- tectrice redoutable, — Le Salut des pécheurs. — La Consolatrice des affligés. — La joie de tous. — La Gardienne de la porte d’Ivirôn. — La Vierge de la grande grotte. — La Vierge aux trois mains de Jean Damascène, etc. 1.
Les Ménées l’appellent la « seule Mère de Dieu », « plus sainte incomparablement que toute vertu », « plus pure que toute
pureté », « plus éclatante que toute lumière », la « seule belle », la « seule élue », le « seul lis parmi les épines », la « seule innocence », la «seule blancheur », la «seule beauté ». Ils consacrent très souvent la dernière strophe de leurs hymnes et cantiques, soit à célébrer l’un ou l’autre de ses privilèges, soit à réclamer sa puis- sante intercession, et 1] s’est trouvé un pieux auteur, le jésuite Wangnereck, pour détacher des ces hymnes des centaines de stro- phés où Marie reçoit ainsi le double culte de prière et de louange. Ce bel ouvrage a pour titre : Pietas Mariana Græcorum, un livre admirable en vérité, — et qu’on pardonne la banalité de la for- mule !
Tous les poètes, tous les mélodes, tous ceux qui ont reçu la grâce du chant, comme on disait en ces temps-là, n’ont qu’un cœur et qu’une voix pour la Panakhrante (la Toute-Sans-Tache), la Kekharitoméni (la Pleine-de-Grâce), et c’est par douzaines qu’on pourrait former de ces pieux recueils dont la Bibliothèque Nationale nous offre un exemplaire sous le nom de Theotocarion, recueil de nombreuses et charmantes pièces, qui ne sont, on le devine, qu’une seule et même effusion de cœur (codex grec 370, xrr£ siècle).
Pourquoi, parmi ces poètes au langage ardent, ardent comme l’âme, en est-il un qui attire plus spécialement notre attention ὃ Serait-ce parce qu’il nous aurait donné tout ce que la poésie orientale a pu chanter de plus pieux, de plus tendre et de plus gracieux à l’honneur de Marie ? Mais comment oublier tant d’au- tres mélodies analogues, une en particulier de saint Jean Damas- cène, où, dans l’édition de l'abbé Migne, les χαῖρε (salutl) à
1. Didron, Manuel d’iconographie, 1845, p, 460,
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. la Vierge occupent sept grandes colonnes 1 ἢ Sérait-ce parce qu’il
porte un nom modeste, un nom presque ignoré et que, pour cétte raison ou pour une autre, 1l n’est jamais cité nulle part ? On peut aimer les délaissés, et en tout cas le nôtre, de son nom Jéan le Géomètre, mériterait d’être plus connu. Ses poèmes ont été tra- duits en vers latins, probablement par leur premier éditeur Mo- rellus (Paris, in-8°, 1591), et l’on y pardonne volontiers l’aspérité de quelques vers, comme le demande le traducteur, par égard pour ce qu'il appelle poeticæ versionis e græcis versibus difficul- tate ac sudore. Trois cent quatre vers hexamètres et pentamètres, partagés en quatre hymnes, se succèdent alternativement, chacun des hexamètres commençant par Χαῖρε, ou Χαῖροις, Salve, et le poète se délecte déjà dans ce seul mot, qu'il fait entrer dans la composition de plusieurs autres, comme ici par exemple :
Χαῖρε. χάρις χαρίεσσα χαριτόχε γᾶρμα τοκέων, ou bien :
Χαῖρε, Κόρη χαιρήχοε, χάρματι χᾶρμα λαθοῦσα.
Toute beauté du ciel et de la terre, du monde physique ou du monde moral, lui est un symbole, une pâle image de cellé qui dé- passe en amour les Chérubins, en pureté les Séraphins (Hymne 1), A ces effusions qui déconcertent le traducteur, se joint une hymne alphabétique, c’est-à-dire que les vers y commencent par les lettres de l’alphabet selon leur ordre?, Ici l'interprète se déclare vaineu et ne donne qu’une traduction très libre.
C'est que, en vérité, la poésié orientale ne se traduit pas. Le latin même est insuffisant, et comment notre français si réservé, 81 froid, peut-être parce qu’il est si pauvre, se risquerait-il au mot à mot ? car enfin c’est du mot à mot qu'il faudrait, si tant est qu’on veuille traduire. Cette remarque se retrouvera sams doute ailleurs, mais elle ἃ déjà sa place ici à propos de ce Jean le Géo- mètre et de tant d’autres poètes que nous pourrions citer. Et com- ment par exemple, puisque nous parlions de symboles, faire passer en notre langue ceux qui, pour André de Crète, réprésentent la sainte Vierge ? N’y a-t-1l pas parmi eux, pour ne citer que les
1. P, α΄. τ. xcvi, col. 648 sq. 2. Migne, P. G., t. cvi, col. 855-868,
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moins extraordinaires, «les appartements de fiancée, la maison de Dieu, le sanctuaire, l’autel, la vaisselle d’or, les tables de la loi, le diadème, l’albâtre, les flambeaux, l’épine, le rocher, le paradis, le jardin d’agrément, la source, la goutte d’eau, la toison, le buisson ardent, etc., etc! ? »
Oui vraiment, le nom de la Vierge est bien, comme disait Théo- dore le Studite, un « grand nom », un « nom multiple », un « nom divin ?. » Quibus te laudibus efferam nescio ? Mais quand la piété ne peut plus parler, elle peut encore agir. C’est elle qui mettra l’image de la Panaghia sur le sceau du basileus 3 et sur les monnaies de l’Empire #; c’est elle qui dessinera son doux visage dans mille mosaïques, peintures et miniatures 5; elle, plus que la générosité du basileus, qui lui bâtira des maisons, comme on disait modestement alors, si bien qu’il n’est pas un district, pas une ville tant soit peu importante qui ne possède une église
4. Andr. Cret., In Natis. S. Deiparæ, P. G., ti. xevirr, col. 868 sq.
2. Θεώνυμος, χαὶ Πολυώνυμος, zai Μεγαλώνυμος. S. Théodore Stud., Orat. V in Dormit. V. Deiparæ, P. G., t. xaix, col. 724.
3. Sceau de Constant II avec Ja Vierge Marie, figure 2151, col. 2302 du Duct. de liturgie, article Carthage.
4, Itis, Ithink, about 886 that we first find the effigy of the Virgin on the coins of the Greek Empire. On a gold coin of Leo VI, the Philosopher (886-911), she stands veiled and draped, with a noble head, no glory, and the arms outspread just as she appears in the old mosaïcs. On a coin of Romanus the younger (959-968) she crowns the emperor having herself the nimbus ; she is draped and veiled. On a coin of Nicephorus Phocas (963-969), who had great pretensions to piety, the Virgin stands, presenting a cross to the emperor with the inscription : « Theotokos be propitious.» On a gold coin of John Zimisces (969-975), we first find the Virgin and child, — the symbol merely : she holds against her bosom a circular glory, within which is the head ofthe Infant Christ. In the successive reigns of the next two centuries, she almost constantly appears as crowning the emperor. Jameson, Legends of the Madonna, introd. p. xxtv.
Monnaies de Constantin XII, Romain IV, Michel VIII, Andronique II : cf. 7. Eckell, Doctrina numorum veterum, ὃ in-4°, Vienne, 1798, t. vi, p. 506 ; monnaies de Zimiscès, Théodora, Michel VI le Stratiotique ; cf. J. Sabatier, Descript. générale des monnaies byzant., 2 in-8, Paris, 1862, t. 11, p. 141, 159, 160, etc.
5. Voir plus loin aux souvenirs artistiques et la troisième partie de cet ou-
vrage.
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ou un monastère dédié à la Théotocos, et que, au témoignage d’un érudit, le mieux informé de tous peut-être, M. Gédéon, Cons- tantinople, à elle seule, lui en aurait dédié quatre-vingt-trois !. Sur ce nombre en vérité prodigieux, l’impératrice Pulchérie en avait bâti trois ?. De celles-ci, la plus célèbre et la plus célèbre de toutes celles qui s’élèveront plus tard, est Sainte-Marie des Blakhernes et c’est à chaque instant que les ménées, les synaxaires, les livres hturgiques en font’ mention. Modeste chapelle bâtie d’abord en dehors des murailles de la ville, si murailles 1l y avait dès le v® siècle, date de sa fondation, elle fut agrandie et magnifique- ment décorée par Justin Ier, oncle de Justinien le Grand. Durant six siècles, elle ne cessa de se développer et de s’embellir, tant elle tenait une place à part dans la vie de Byzance. Sans éclipser Sainte-Sophie, elle avait cependant vu le palais du basileus se bâtir autour d’elle comme un enfant grandir auprès de sa mère, et c'est dans ses murs que se déroulait toute la pompe de la dévotion impériale. M. Grosvenor cite un auteur du moyen âge pour qui « Sainte-Marie des Blakhernes l’emportait en splendeur sur toutes les autres églises, comme le soleil l'emporte sur tous les astres du ciel %, »
Là se vénérait la robe ou le manteau (ἐσθής, vestis) de la Vierge,
1. Heortologion cité, pp. 205-211 : la liste en est donnée, Vailhé met 64: cf. Catholic Encycl., article C. P., p. 303 ; Du Cange, 49: cf. C. P. Christ., 1. IV, $ 2.
2. It is related of Pulcheria thad she built three churches in Constantinople, which were dedicated to the Virgin. One of them was the large and famous church in Blakhernæ, the best quarter in Constantinople ; another was built in the Forum of the coppersmiths ; the third was built in the street called that of the Hodegi or Guides. Clay, The Virgin Mary and the tradition of Painters, in-12, London, 1873, p. 96.
3, The meaning of the name Blachernai is a mystery. Beginningin a tiny church founded in the fifth century outside the walls by the empress Pulcheria, to which ἃ summer-house was added by Anastasius I, the group cf edifices constant- ly enlarged during six hundred years. For its protection Heraklios constructed the lofty wall with monstrous tower, which reaches from Tekour Seraï to the Golden Horn. It monopolized the entire northern portion of the city and even the bridge spanning the Golden Horn was the Bridge of the Blachernai. Gros- venor, p. 309.
The original church of Pulcheria had been enlarged and magnificently deco-
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pendant que le sanciuaire de Chalcopratée se glorifiait de possé- der la ceinture (zona). Est-il besoin de dire que l’une et l’autre précieuse relique avait sa fête !, ses grandes litanies (processions), sa littérature hymnique, ses prédicateurs, surtout son peuple de dévots ardents, c’est-à-dire tout le peuple ?
rated by Justin I, the uncle of Justinian the Great. Brulée au Χ [9 siècle, etrebâtie par Romanos IIT Argyros on a scale commensurate with the pageantry of imperial devotion... Un auteur du moyen âge : The church of the B.is as much more resplendent than all other churches as the sun superior to ail the other lights of heaven. Zbid., p. 315.
The ehureh of the holy Virgin of the Blachernai held a peculiar and distinctive place in Byzantine life, It was indeed always eclipsed by the peerless cathedral Sancta-Sophia, and was outshone in splendor and sanctity by the church of the Holy Apostles. But in later popularity and magnificence it shared the brillant destiny of the Blachern quarter. Nor was it a mere companion or dependence of royal fortunes. Here the palace was the result or child of the sanctuary. The former sprang from the latter and grew around it as a focal centre, The rural fifth century church of Pulcheria, like ἃ magnet, caused to cluster about itselt through six hundred years cottages and fortresses, and at last the official impe- rial residence. Even before the First crusade, the great Palace of Constantine had begun to fall into ruin and oblivion being gradually deserted for its newer and more pretentions rival. After the definite removal hither of the imperial abode, and throughout the last four and a half centuries of the Empire, the church of the Blachernai was the temple wherein the sovereign and his court offered their stately worship. Grosvenor, Ibid., p. 315-316.
1. Ἢ σύναξις τῆς ὑπεραγίας Θεοτόχου ἐν Βλαχέρναις, ἔνθα ἀποκεῖται à ἁγία σορός. Delehaye, Synaxarium €. P., au 26 décembre.
On lit dans les Ménées de Venise, au 2 juillet (Cf. Holweck, Fastt Marian à ce jour):« Depositio pretiosæ vestis 55. Dominæ nostræ Deiparæ in Blacherns. Die 2 julii, memoriam facimus in sacre monumento depositionis venerandæ Vestis SS. Deiparæ in Blachernis sub Leone magno et Verena uxore ejus. — Au 12 avril : Eadem die (x1x apr.) a. 6450 (942), translata est veneranda zona 55, Dominæ nos- træ Deiparæ ex episcopio Zelæ in urbium reginam, sub Constantino et Romano Porphyrogenitis, postea vero iterum deposita est in sacro monumento Chalco- pratiorum die 31 augusti, Ménées de Venise 1380, dans Holweck, ibid., p. 45. — Au 81 août : Depositio venerandæ zonæ 58, Deiparæ in Chalcopratiis : Sy- naæaire des Ménées : die 31 ejusdem mensis memoria in sacro monumento deposi- tionis venerande zonæ 58. Dei genitricis in venerabili ejus templo quod est in Chalcopratiis ; quæ missa est ex episcopio Zelæ sub Justiniano rege. Item mira- culi facti per impositionem Zonœæ in Zoe regina, uxore Leonis regis. Holweck, p. 186.
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L'ORIENT D'AUTREFOIS 411
Sa littérature hymnique, disons-nous, car il n’est personne qui ne connaisse au moins de nom la fameuse Hymne acathiste des Grecs, hymne très longue, puisqu'il faut noter ce détail matériel, mais 81 grandiose par l’idée, par la virginale et divine figure qu’elle évoquait, par la prière humble, confiante, enthousiaste qu’elle traduisait, que toute l’assemblée la chantait debout, sans qu’il fût permis à qui que ce fût de s’asseoir, d’où son nom. Ce nom peut paraître vulgaire à quelques-uns ; d’autres le trouvent sublime de sens. Stans orabat ; « Il priait debout, » C’est l'attitude de la prière. L’adoration en a une autre, mais nous parlons de la prière,
Cette hymne se chantait à grande voix devant l’image de la Vierge libératrice de Byzance, libératrice des âmes, prière de lou- ange et d’impétration, dont le cardinal Pitra, se mettant au. point de vue à la fois chrétien et littéraire, faisait une « œuvre prodigieuse 1, »
Qui est l’auteur de cette œuvre prodigieuse ? C’est le sort et peut-être la gloire de toutes les merveilles géniales d’être plutôt anonymes. Au fond, un chef-d'œuvre est rarement une œuvre personnelle. Qui a dit que«la meilleure partie du génie se compose de souvenirs ?» Un chef-d'œuvre n’est qu’un grand, parfois un immense ressouvenir. Mille intelligences humaines, mille cœurs d'hommes l’ont ébauché d’avance ; un autre vient qui fait la dernière retouche. Le peuple, ce grand simpliste et ce grand simplificateur, oublie l’unité qui n’est après tout qu’un nom ; il oublie tous les noms qui ne sont après tout que des rassemblements d'unités, et il dédie le chef-d'œuvre au génie humain en général.
1. Hymnog. Græc., in Anal. Solesm., p. 249. — On peut lire dans les Échos d'Orient, t,1, p. 217-219 une imitation en vers de eette hymne, signée G, D. — Sur les deux hymnes De Veste, De Zona, voir Pitra, Analecta, 1896, t, τ, p. 229-530, L'’extrait suivant est de Holweck, Fasti Mariani, ad diem :
« Festum Hymni acathisti peragebatur Byzantii in ecclesià imperiali in Blachernis, per totam noctem magno cum splendore coram iconibus B. M. V. Nicopoiæ et Odigitriæ.
« Celeberrimus iste hymnus tum primum fuit compositus sive ἃ Georgio Pisida, scenophylace ecelesiæ 8. Sophiæ, seu ab ipso Sergio patriarcha et in laudem SS. Deiparæ cani cæptus, cum Heraclio imperante a Sarbari et Chagani obsidio- ne Cpolis liberabatur, prolata veste Deiparæ e Blachernis die 7 aug. 622. »
112 MADAME SAINCTE ANNE
Quoi qu’il en soit, et pour le cas de l Hymne acathiste en particulier, les attributions de quelques auteurs sont plus qu’incertaines, et ils ont soin d’ordinaire eux-mêmes de les présenter comme très
douteuses. = 7 ἊΣ
Douloureux contraste ! Que resie-t-1l aujourd’hui des quatre- vingt-trois églises de la Théotocos ? Un historien byzantin du xvi® siècle, Gyllius, a vu les ruines du sanctuaire des Blakhernes quand, dit-il, «je visitai Constantinople pour la première fois 1, » Existaient-elles encore ia seconde fois ? La Théotocos de Chal- copratée ne serait plus, selon M. Mordimann, que la mosquée en ruines d’une ancienne sultane ?, et ainsi des autres. Le temps n’est-1l pas bien loin, et l'Orient le reverra-t-1l jamais, où un basi- leus, Jean Tzimiscès, au lendemain d’une victoire, refusait l’hon- neur du quadrige, et faisait placer la Madone sur son char triom- phal, irop heureux de pouvoir la suivre à quelque distance en arrière, monté sur son cheval blanc 3 ?
La Vierge, toutefois, la « Toujours-Miséricordieuse», n’a pas voulu déserter son ancien héritage. Rien de beau à notre avis, de pieusement suggestif, de franchement sincère comme cette page de M. Grosvenor que nous voudrions traduire en finissant, sorte d'hommage offert par le sens chrétien ou du moins la largeur d'esprit américaine à la Panaghia de Byzance # :
1. Between the Hill and the Bay formerly stood the church of the Blakher- næ... The foundation of this church was remaining when I first arrived at Constantinople. John Ball, The antiquities of C. P., d’après Gyllius, London, 1729, p. 63.
2. Mosquée de la Sultane Zeineh, en face de la porte de Soouk-Tchesmé par où on entre dans les jardins du Seraï et au musée d’antiquités. Esquisse topo- graphique de C. P., p. 64.
3. C. Neumann, La situation mondiale de l'empire byzantin, trad. franc. dans Rev. de ‘l'Or. lat., t. x (pp. 65 sq.), p. 93.
4. The tiny monastic church of the Theotokos Mouchliotissa planted on ahill a little above the present Patriarchate, possesses a peculiar and solemn distinction. Itis the only churchin Constantinople existing prior to the conquest in which christian services have been unceasingly rendered.
Most of the churches built before 1453 were successively made mosques; all the
me tte fine. tds sisi
»
L'ORIENT D'AUTREFOIS 113
ΣΡ La petite église monastique de la Théotokos Mouchliotissa,
_ plantée sur une colline au-dessus du Patriarchat actuel, possède une particulière et solennelle distinction. Des églises de Constan- tinople antérieures à la conquête musulmane, c’est la seule où le culte chrétien se soit perpétué sans interruption depuis lors. La plupart des églises construites avant 1453 ont été tour à tour converties en mosquées, et toutes les autres, celle-ci exceptée, ont été renversées par des tremblements de terre ou détruites par le feu. Des reconstructions subséquentes ont pu imiter leur forme ancienne, mais n’ont pu nous rendre identiquement les structures disparues. De plus, dans toutes ces églises, le culte a subi des hiatus de plusieurs mois ou même d’années entières. La Mouchlio- tissa, au contraire, possède encore les mêmes murailles qui ont fait écho aux angoisses du siège ottoman, et se sont rougies du sang versé. Sur ce même pavement que nous foulons encore, une prière sans récompense a fait plier les genoux bien longtemps. Mais du- rant ces quatre siècles et demiécoulés depuis, il ne s’est pas trouvé
une semaine, peut-être pas un seul jour où la prière ne soit montée
comme un encens de son autel. Et ainsi cette église reste comme l’unique lien ecclésiastique qui rattache pour Constantinople
others, except this one alone, were thrown down by earth-quake or consumed by fire. Subsequent re-erection might imitate their form but could not restore the absolute identity of the structures once destroyed. Moreover, in each of all the rest there was a break of months, and sometimes years, in the continuwity of
worship. But in the Mouchliotissa the wallsarethe very same that echoed with
the anguish and reddened with the blood of the Ottoman siege. On the same still-trodden flagstones of its pavement pressed the knees then bent in unavailing prayer. In the four anda half centuries since, there has been no week, and almost no day, when christian worship has not ascended like incense from its altar. Hence it is the sole ecclesiastical link that directly binds the religions present of the capital to its medieval religious past. In a metro- polis once the City of Churches ; in a capital whose sovereigns wore, as their most exalted title :« Faithful emperor in Christ»; over the ruins of an Empire dashed to pieces, four hundred and forty-two years ago, the Mouchlio- tissa comes down with its thrilling history of six centuries, the only christian sanctuary in Constantinople which has never been defled by conversion into
. the temple of another faith; which has never lain in ruin, and in which the
voice of worship has never ceased. p. 489.
414 MADAME SAINCTE ANNE
la religion du présent à la religion du passé médiéval. Dans une métropole autrefois la cité des églises ; dans une capitale dont les souverains portaient comme leur titre le plus glorieux celui de Fidèle empereur dans le Christ ; sur les ruines d’un Empire brisé en morceaux depuis quatre cent quarante-deux ans, la Mouchlio- tissa vient à nous avec sa palpitante histoire de six siècles, elle, le seul sanctuaire de Constantinople qui n’ait pas été souilléen devenant comme les autres le temple d’une foi étrangère, le seul qui ait échappé à la ruine et qui ait entendu toujours sans inter-
mitience la voix du culte chrétien 1, »
Et tel sera notre adieu à la Toute-Pure, à la Toute-Sainte et miséricordieuse Souveraine de Byzance, si toutefois c’est la quit- ter que de nous rapprocher un peu davantage de sa toute sainte Mère. Saint François de Sales écrivait plutôt À Dieu, en deux mots, à l’ancienne façon chrétienne toujours la meilleure,
1. Nous parlions d'hommage, et comment oublier celui que M. Diehl a rendu à la même Vierge byzantine, on pourrait presque dire au nom de l’Institut de France ? On a beau faire, Regnum Galliæ regnum Mariæ. Nous citons textuel- lement :
« D'assez bonne heure, dans l’Église chrétienne, et surtout en Orient, la Vierge prit, aux côtés de son divin Fils, une place éminente. D’assez bonne heure, les controverses théologiques sur la nature du Christ amenèrent à définir plus pré- cisément le caractère de sa Mère: dès le v® siècle, le concile d’Éphèse lui décernait solennellement le nom de Théotokos, ou Mère de Dieu. Dès lors elle devint, si l’on peut dire, la divinité favorite des Byzantins. En son honneur les églises s’élevèrent ; pour la célèbrer, les fêtes se multiplièrent ; elle fut la patronne, la protectrice de l’Empire, celle dont l'intervention éloignait les catastrophes menaçantes, dont les saintes images assuraient la victoire à son peuple. Comme jadis, dans la Grèce antique, Pallas-Athénée, elle fut la Miséricordieuse (ἡ ἔλεοῦ σα), l’Immaculée (πανάχραντος ), la Victorieuse (νικοποῖος), la Conductrice (ὁδυηγήτρια). C’est elle qui, en 544, délivre Constantinople de la peste; elle qui, en 626, déli- délivre Constantinople des Avares. Ses images remplissent les sanctuaires; 568 reliques sont vénérées partout avec une ardente et tendre dévotion. Les épiso- des de sa vie fournissent les thèmes ordinaires de leur éloquence aux prédica- teurs comme saint Germain ou saint Jean Damascène, le sujet favori de leurs chants religieux aux poètes tels que Sergius ou Romanos le mélode.
« Après la lutte des Iconoclastes, le culte de Marie conquit une faveur plus déclarée encore ; son image figura officiellement à partir du x®£ siècle sur les mon- naies impériales; sa place grandit dans l'Eglise, dans la liturgie, dans la prédi- cation, dans la poésie. Nécessairement elle devait entrer dans l’art. » Charles Diehl, Études byzantines, p. 408-409.
ORIENT, MONUMENTS LITTÉRAIRES 115
ARTICLE PREMIER
Monuments littéraires.
1° Ecrits en prose: Evangiles non canoniques et Livre de Jacques. Homélies et divers passages de traités patristiques. Autres documents 1.
Il semble que nous devions tout d’abord laisser la parole à M. l’abbé Le Canu. On n’aura jamais rien écrit de plus sensé ni
1. ABRÉvrATIONS: Allatius (Léon Allacci), De libris et rebus ecclesiasticis Græcorum, in-8, Paris, 1646. — Amann (Émile), Le Protévangile de Jacques, in-8, Paris, 1910.— Assemani, Bibliotheca Orientalis Clementino-Vaticana, 4 in-fol., Rome, 1719. — Ballerini (Ant., S. J.), Sylloge monumentorum ad mysterium Con- ceptionis Immaculatæ Virginis Deiparæ illustrandum, 2 in-8, Paris, 1855.— Bar- denhewer (O.), Les Pères de l’Église, trad. Godet, 3 in-8, Paris, 1905. — Bollan-
distes (ΒΒ. PP.), Acta Sanctorum; Analecta Bollandiana.— Byzantinische Zei- tschrift, 1891 sq. —Cave (William), Scriptorum ecclesiasticorum historia, in-fol,, Oxford, 1740.— Ceillier (dom Remy), Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 15 in-4, Vivès, Paris, 1858-1863. — Chevalier (Ulysse), Répertoire des sources his- toriques du moyen âge, 2 vol. in-4, Paris, 1877-1886. — W, Christ et M. Paranikas, Anthologia græca Carminum christian., Leipzig, 1871, in-8. —Combefis (Fr.), Ο. P., Bibliotheca Patrum concionatoria, 8 in-fol., Paris, 1662; Auctarium. — Diehl (Charles), Études byzantines, in-8, Paris, 1905.— ÊËchos d'Orient.—Fabricius (J. A.), Bibliotheca Græca, sive Notitia Scriptorum veterum Græcorum, 12 in-4, Hambourg, 1790 sq. — H. Hurter, 8. J., Nomenclator lilerarius Theologiæ cathol., 4 in-8, Ins- pruck, 1903.—Krumbacher (Karl), Geschichte der Byzantinischen Literatur, in-8, Munich, 1897. — Le Quien (Michel), O. P., Oriens christianus, 4 in-fol., Paris,1740. Neale (John-Mason), ymns of the Eastern Church, in-32, 1863.—Oudin (Fr, 8. Ψ, Commentaria de scriptoribus ecclesiasticis, 3 in-fol, Leipzig, 1732. — P. G., Migne, Patrologia græca; P.G. L. Patrologia græca latine tantum edita.— Pargoire (R. E.), L' Église byzantine, in-8, 1905. — Pitra (Card.), Spicilegium Solesmense, 4 in-4, Paris, 1852-1858; Analecta sacra Spicilegio Solesmensi parata, 5 in-4, 1876- 1883 ; Analecta novissima, Tusculum-Paris, 2 in-8, 1885-1888 ; Hymnogra- phie de l’Église grecque, in-4, Rome, 1867. — Revue de l'Orient chrétien, in-8, Paris, 1896 sq. — Rocchi (R. P. Antonio), Le Glorie di S. Gioacchino, 1878, Grotta-Ferrata. — Theod. Toseani et Jos. Cozza, De Immaculata Deiparæ con- ceptione Hymnologia Græcorum, Rome, 1862, in-4, p. xxxn1- 238.— Tischendorf, Evangelia Apocrypha, in-8, Leipzig, 1853 et 1876. Pour les Catalogues de Manuscrits, voir à l’article suivant,
116 MADAME SAINCTE ANNE
de plus décisif et concluant sur la valeur des premières traditions chrétiennes relatives à la généalogie de la sainte Vierge :
« Vingt ans après la mort de Jésus, vingt ans après la mort de Marie, lorsque des milliers de chrétiens, qui avaient connu l’un et l’autre, vivaient eux-mêmes et étaient prêts à mourir pour maintenir l’honneur et propager le culte de ces noms bien-aimés, on n'aurait pas su positivement en quel lieu Jésus était né, quelle maison Marie avait habitée, quand et comment elle avait quitté la terre ? Les compagnes de l’enfance de Marie, ses fidèles amies qui l’avaient suivie au Calvaire, n’auraient rien connu de 86 naus- sance, ni de sa famille, pas même les noms de ses Père et Mère, ou n’en auraient rien dit ! Qui le croira ἢ
«Les jeunes générations élevées à l’école de ces contemporains, nourries du lait de la même doctrine, animées de la même ferveur pour le martyre, n’auraient rien demandé, rien entendu dire à cet égard ἢ
« La famille chrétienne s’était accrue rapidement dans la Judée, et parmi les néophytes, le plus grand nombre, selon toute probabi- lité, furent de ceux qui avaient assisté aux divines instructions de Jésus, ou participé à ses bienfaits : aucune préparation n’é- tait meilleure pour recevoir les lumières de l'Évangile.
« Non; rien ne dut être plus familier dans la Judée, la Galilée, la Samarie, la Décapole, le pays de Tyr et de Sidon que les sou- venirs de Jésus et de Marie, pendant les deux premiers siècles chrétiens À, »
Oui en effet, les jeunes générations chrétiennes se posaient des questions, demandaient à savoir tout ce qui concernait leur nouveau Maître, leur divin Maître, et Gustave Brunet n’a pas tout dit quand 11 explique cette curiosité d’ailleurs 51 légitime et toute sainte par «ce besoin de merveilleux dont l’homme a constam- ment subi l'influence, qui s’est toujours manifesté en Orient avec une vivacité particulière, et dont la société nouvelle ne pouvait se défendre, malgré la gravité, malgré la sévérité de ses croyances immuables. Ces gentils, ajoute-t-il, encore imbus des fables de la
1. Le Canu, Hist. de la sainte Vierge, Paris, Laurent Desbarres, Introd., p. 9.
HORS. us Mat
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 117
mythologie, ces juifs, convertis, il est vrai, maïs la tête pleine encore des merveilles qu’enfantait l’imagination des rabbins ; ces néophytes d’hier épars à Jérusalem, à Alexandrie, à Éphèse, ne pouvaient si vite vaincre leur penchant pour les fictions. Ce fut toujours le propre des peuples d'Orient d’entremêler le conte, la parabole aux matières les plus graves. Aussi, dansles légendes qui nous occupent, retrouve-t-on l’empreinte remarquable de cette fusion opérée entre les opinions anciennes et les dogmes nouveaux ἦ. » |
On le voit bien, la doctrine... comment l’appeler ἢ... disons la doctrine de la transfusion du paganisme dans le christianisme, se retrouve partout. Le monde est devenu chrétien parce qu’il qu'il était païen ; 1l a vénéré le Christ et les saints parce qu’il avait adoré Jupiter et tous les faux dieux. Les fictions d’hier l'avaient préparé à celles d’aujourd’hui.
En somme Gustave Brunet ἃ fait de la phrase pour ne rien dire, Renan, si Renan peut paraître ici, en a fait pour contester, pour
nier pohment |’ Homme-Dieu, mais quant à cette pieuse «curiosité »
dont nous parlons, il ne va pas ainsi chercher midi à quatorze heures. Pour lui, c’est tout simple : « On ne pouvait pas admettre que celui dont la vie avait été un prodige eût vécu durant des années comme un Nazaréen obscur. » Renan écrit mieux quelque- fois maïs 1l n’est jamais plus exact. Il n’a peut-être pas bien com- pris ce qu'il disait, mais au moins il l’a dit. Jésus, le Jésus que M. Renan a découronné même de sa couronne d’épines, avait voulu être un « Nazaréen obscur » et moins encore, mais le peuple qui voit clair et loin, avait soupçonné qu’il était au moins le « fils de David », et lui avait spontanément chanté l’hosanna. Le peuple ne change pas. L’Homme-Dieu disparu emplissait encore pour lui le monde, l’emplissait mieux qu’autrefois puis- qu'il avait dit que ses disciples feraient de plus grandes choses que lui-même. Le peuple qui ne l’avait pas vu de ses yeux comme les anciens, voulait connaître, non seulement sa vié publique mais sa vie cachée, non seulement sa vie cachée de l’adolescence, mais
1. Brunet, Les évangiles apocryphes, 2° éd., in-12, Paris, 1863, p. v.
418 MADAME SAINCTE ANNE
celle de sa première jeunesse, de sa première enfance. De lui il remontait à sa Mère et les questions qu’il posait pour le Fils, il les posait pour la Mère. De qui était-elle la fille ? de quelle condition, de quelle excellence en vertu étaient ses bien- heureux parents ?
Et quoi de plus naturel en effet ? ἃ cette heure de l’histoire où un monde nouveau vivait de la vie du Christ, ou plutôt, comme dirait Musset, « vivait de sa mort :, est-1l donc si étonnant que toute son histoire humaine, et d’abord sa naissance selon la chair, fût ainsi l’objet d’une enquête toute affectueuse, toute attendrie et on pourrait presque dire passionnée ?
Et n’y avait-il personne pour répondre à cette pieuse enquête ? C’est saint Luc lui-même qui va ici nous répondre : Quoniam quidem multi conati sunt ordinare narrationem, quæ in nobis com- pletæ sunt rerum, dit-il au commencement de son Évangile : « Plusieurs ont entrepris de composer le récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, » et l’histoire nous apprend à son tour avec quel empressement, les circonstances l’exigeant, divers auteurs se mirent, dès les premiers jours du christianisme, à écrire ce qu’ils savaient ou croyaient savoir sur la vie de son di- vin Fondateur, sur sa Mère, sur son Père nourricier, sur ses ancé- tres les plus rapprochés.
«Gette littérature, d’origine toute populaire, écrit M. Diehl, devait avoir pour le développement du christianisme d’extraor- dinaires conséquences. Naïve et souvent puérile, parfois aussi pleine de grandeur et de grâce, elle rencontra vite un succès prodi- sieux. Les Évangiles apocryphes plurent à la foule, ils fournirent des thèmes nouveaux à la prédication. Dès le τνὸ siècle, les Pères grecs les adoptèrent ; l’Église grecque, les tenant pour à demi inspirés, les admit parmi les textes sacrés qu’on lisait publique- ment aux fidèles ; bien plus que les Evangiles canoniques, les apo- cryphes furent dans toutes les mains. De là vinrent quelques-unes des plus belles fêtes chrétiennes ; de là naquirent presque entières la dévotion à la Vierge et l'importance que prirent dans le chris- tianisme saint Joseph, sainte Anne, saint Joachim. Mais l’art surtout leur dut infiniment !, »
1. Études, p. 487.
Ré, 2
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 119
Nous n’avons plus sans doute aujourd’hui qu’une très faible partie de cette littérature anonyme, maisle peu qui nous en reste nous permet de juger de l'intérêt que devait y prendre la piété populaire, un intérêt qu’on ἃ pu taxer de « faveur démesurée », Et très heureusement, dans ce peu qui reste, un livre nous revient, nous appartient de droit, parce qu'il contient la vie de sainte Anne la plus ancienne, et d’ailleurs la seule, que nous aient léguée les premiers siècles de l'Orient chrétien. Nous avons nommé le Protévangile de Jacques ; nous y revenons plutôt puisque le pre- mier volume de Madame saincte Anne nous en a déjà longuement parlé, nous l’a même traduit dans tous les chapitres qui racon- tent la pieuse légende. Quelques mots de plus seront cependant ici à leur place et serviront d'introduction à l’étude qui va suivre, sorte d'analyse des principaux écrits qu'il a inspirés et qui ne s'expliquent guère d’ailleurs que par lui.
Le Protévangile de Jacques, de l'avis de tous les auteurs les plus
graves, ou même les plus sceptiques, daterait au plus tard du
second siècle, de la seconde moitié, disent les moins larges, de la première, disent les autres peut-être mieux informés. L’Encyclo- pédie de Cheyne et Black croit qu'il «est indubitablement très ancien et que, possiblement, il pourrait appartenir au premier siècle !, » Le docteur Conrady, devenu célèbre pour ses théories sur cé livre, prétend même qu'il est antérieur aux premiers chapi- tres de saint Matthieu et de saint Luc ?. Avant lui le P. Rocchi avait voulu préciser davantage et fixer la date de la composition originale à l’an XLIV de Notre-Seigneur *. Qu'il nous suflise d’enregistrer ces témoignages d’ailleurs difliciles à contrôler.
4. It is undoubtedly very ancient and may possibly fall between the first century. Encyclopedia biblica, art. Apocrypha par M. R. James.
2. S. Gioacchino, p. χιν.
2. Cf. Thurston, 7 he Irish origins of our Lady's conception feast, dans The Month, may 1904, tirage à part, p. 15, note. M. Amann vient de résumer dans son nou- veau livre (Le Protévangile de Jacques, 1910) la thèse du docteur. « Pour Conrady, le Protévangile n’est pas autre chose que la légende d'Isis, mais dans son der-
nier état, alors que cette divinité était considérée comme un numen virginale… A lire cette thèse on se demande parfois avec quelque inquiétude si l'on n'a
120 MADAME SAINCTE ANNE
Et maintenant dire que ce livre a joui dès son origine et au cours des siècles d’une vogue immense, d’une vogue toujours crois- sante, c’est employer une de ces formules qui n’ont plus de sens à force de servir à toute fin. Malgré l'incertitude de son origine, car l’attribution à saint Jacques «frère du Seigneur » est évi- demment plus que douteuse, prêtres et fidèles, comme nous venons de voir, le tenaient en extrême vénération, «faveur démesurée », si l’on veut, mais qui durait encore aux xvi® siècle,puisque, au témoi- ognage d’un auteur de cette époque, Guillaume Postel, 1] était encore de son temps regardé comme authentique dans les Églises d'Orient et lu publiquement dans les assemblées, tout comme au- trefois 1.
On peut juger du succès de cet ouvrage à toutes les époques par les manuscrits qui nous en restent : six au Vatican, quatre à Saint-Marc de Venise, trois à Vienne et d’autres en unité ou en double, à lAmbrosienne de Milan, à la Bibliothèque nationale de Paris, au British Museum de Londres, à Oxford, à Dresde, à Turin, à Lesbos, à Chalcis. On estime que l’exemplaire d'Oxford doit remonter au v® -vi® siècle. Les versions en diverses langues orientales sont également nombreuses. Une de ses parties, celle qui raconte la naissance et l’enfance de la sainte Vierge, est con- servée en syriaque au Musée britannique dans un manuscrit du vi® siècle. La Bibliothèque nationale a deux manuscrits complets de la version arabe en carschouni (arabe écrit en caractères syria- ques); Tischendorf en cite cencore quelques autres en copte, en arménien, en éthiopien ?. Nous dirons un mot plus loin des tra-
pas affaire à une mystification...« Le Protévangile, dit-il, est une œuvre d’une remarquable unité ; il a été composé en hébreu... par un Alexandrin dévot à Isis qui a caché sous les traits d’une légende chrétienne l’histoire de la divinité qu'il servait. » Cf. Conrady, Die Quelle der Kanonischen Kindheitsgeschichte Jesus, Güttingen, 1900.
1. ἃ. Postel, Epist dedicat. ad Rempubl. Venet., précédant l’édit. du Protev., Basileæ, 1552.
2. Duval, La littérature syriaque, in-12, p. 96; Tischendorf, Loc. cit.; Amann, op. cit., pp. 61-71. Le Codex d'Oxford, coté M P G, th. g.1., en parchemin, est de très petite dimension : 9 centimètres sur 6,25. Le codex 1454 de Paris est celui qu'a employé Thilo ; il est du x® siècle comme celui de Saint-Marec, II, CI. 42. Le Coislin 152 de Paris serait peut-être du 1x° siècle. Signalons encore pour les
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 121
ductions ou adaptations latines et nous verrons aussi, au dernier tome du présent ouvrage, ce que l’art doit au Protévangile, l'art dans quelques-unes de ses meilleures créations,
Ce prodigieux succès tient sans doute au fond même du livre, au choix des personnages qu’il fait vivre sous nos yeux, et quels récits pouvaient être en effet plus attachants pour les premiers chrétiens ? Mais il a dû beaucoup aussi à l’élégante simpheité et à la dignité de sa rédaction. On peut souligner quelques détails qui feraient sourire notre positivisme par trop occidental, mais aussi bien, il n’a été fait ni pour notre milieu ni pour nous. Dom Leclercq a dit très bien des légendes d’autrefois qu’elles « furent les romans de l’époque où elles parurent !, » Le livre de Jacques fut le roman des premiers siècles, et ce qui est resté de tous les temps et de tous les milieux, ce sont les beautés réelles qu’on y rencontre à chaque page. N'est-ce pas, par exemple, un mélange ravissant de naïve simplicité, de vérité et de grâce, que cette scène dont on se souvient, où notre Sainte, vêtue de sa plus riche parure, pleure son infortune sous les lauriers de son jardin, pendant que des eaux limpides et jailhissantes, un paradis de verdure, des arbres qui donnent leur ombrage, un nid de passereaux gazouillant sur la branche, une nature ensoleillée semblent l’inviter plutôt à l’espérance et à la joie ? Ces scènes-là, cette supplication d’une femme stérile pour obtenir la fécondité, cette promesse de vouer à Dieu l’enfant qu’elle désire, cette exultation pendant l’allaite- ment quand enfin elle est devenue mère, ont tous les caractères de la plus lyrique poésie. De fait, des juges éminents ont reconnu là partout des hymnes véritables ?, les premières que l’on mettrait dans le recueil poétique de la Sainte, et d'autant plus remarqua-
« curieux » le Codex 409 du Vatican (Ottobonianus, xvi® siècle, chart., ff. 435, 0.205+141mm), de fol. τ à 176 ; et celui de Chalcis, no. 47 (xvui® siècle, chart., ff. 326, 0,350 +0,200 mm., fol. 3-13b). Notons enfin que les manuscrits donnent toujours comme auteur « saint Jacques apôtre, frère du Seigneur. »
4. Les Martyrs, t. 111, 1904, p. 1x.
2. Cabroi et Leclerc, Monumenta Eccles. liturg., in-4, Paris, 1902, τ. 1, n. 4417.
422 MADAME SAINCTE ANNE
bles qu’elle en serait elle-même l’auteur en même temps que le sujet.
Or maintenant, comment donc ces chaudes natures orientales, avec leur foi si vive et leur piété enthousiaste, auraient-elles résisté au charme puissant de ces légendes, de ces récits familiers, de ces anecdotes pieuses que l’on se racontait au foyer domestique, à l’ombre des palmiers au pied desquels s’arrêtait la caravane, et mieux encore dans tous les lieux où le Christ et sa très sainte Mère avaient passé, laissant derrière eux des parfums de Paradis ? Après la légende de Joachim et d'Anne, de Joseph et de Marie, le lec- teur du moyen âge ne voyait-il pas le tableau des mœurs de l’Église primitive se dérouler sous ses yeux en toute sincérité, candeux et bonne foi, pendant que l’âme et la vie des premiers ancêtres chrétiens se dévoilaient à lui tout entières comme dans la plus douce intimité ?
D’ailleurs, d’illustres exemples justifiaient l’admiration des fidèles, et le moment est venu d’étudier cette littérature sacrée d'Orient qui s’est inspirée, comme nous disions, du Luvre de Jac- ques ou d’autres écrits analogues aujourd’hui perdus.
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Malgré des pertes sans nombre que nous avons déjà déplorées, que nous déplorons encore, il nous reste assez d’écrits de l’ancienne Église byzantine pour nous faire voir un peu quelle place tenait notre Sainte dans la vie religieuse des fidèles d'Orient. La Patro- logie grecque de l’abbé Migne n’a pas reproduit, tant s’en faut, tous les ouvrages connus de l’hellénisme chrétien, et cependant quiconque voudrait se donner, non pasla peine, mais le plaisir de la parcourir, aurait la preuve que la dévotion à sainte Anne n’est pas une nouveauté dans l’Église, ni encore moins une inven- tion de quelque piété purement locale. Ce n’est pas par un mot jeté en passant, par une fine allusion, comme on dit quelquefois, par un bout de sermon, d’hymne, ou de cantique, que ces vieux écri- vains : évêques, prêtres, abbés, moines ou même laïques, célèbrent la bonne Sainte ; c’est par des pages et des pages, des hymnes et des hymnes. et l’on peut dire que même quand ils prétendent
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parler un langage tout simple, tout populaire, et dans la prose courante, ces enthousiastes des anciens jours chantent encore ! Rien n’est plus vrai, plus sincère, plus pieux, que leur douce parole, qu'elle soit panégyrique, sermon, homélie, simple causerie, ou qu'elle revête, pour mieux s’élever, les formes harmonieuses du rythme grec, avec toute la splendeur de la poésie orientale.
Dirons-nous un de nos vieux rêves, sans parler de tant d’autres qui sont morts comme celui-là ? et qui, en sa vie, n’en a caressé s’il est vrai, comme disait Shakespeare, un homme qui s’y con- naissait, que «nous sommes tous faits de l’étoffe dont les rêves mêmes sont faits ! ? » Ce rêve nôtre, ç'eût été, à une époque où pour l’amour du grec, nous aurions « embrassé Vadius», de réu- nir et de traduire tous les écrits de l’antiquité chrétienne orientale relatifs à notre Sainte. Si, comme il nous semble, la Providence ἃ réservé pour un autre ce béni travail, au mois puiserons-nous quelque peu dans le riche trésor qui nous est ouvert comme dans une mine féconde en matériaux précieux.
Avertissons en passant, puisque c’est le lieu, que, autant il nous paraissait nécessaire de reproduire, au moins au bas des pages, les textes que nous traduisons çà et là, autant il nous semblait superflu de citer les originaux grecs eux-mêmes. Nous le ferons quelquefois quand ce sera vraiment utile, ou quand les traductions latines manqueront, ce qui n’est guère le cas que pour les livres liturgiques, ou encore, chose plus rare, quand elles auront paru insuffisantes. Nous disons « chose plus rare», car la science moder- ne elle-même reconnaît que les «traductions latines fort bien faites « des écrivains grecs » dispensent souvent de recourir à l’ori- ginal 3, » Pour nous, elles nous en dispenseront d'ordinaire.
4. We are such stuff — As deams are made on, and our little life — Is rounded
with a sleep. Tempest, act. τν, sé. 1. 2. Anal. Boll., ἃ. xvi (1897), p. 322.
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* * *%
Si l’on pouvait aujourd’hui ajouter foi à Nicéphore Calliste, comme semblait faire Baronius en des temps meilleurs, saint Evode, évêque d’Antioche au premier siècle, aurait eu le premier connaissance du Protévangile de Jacques !. Ce qui est mieux accepté des savants, c’est que, après Origène ou même saint Justin, sur lesquels 115. s’entendent presque tous, d’autres Pères grecs, parmi les plus anciens, paraissent lui devoir également quelques lignes de leurs écrits. Pour ce qui est de saint Clément d’Alexan- drie (160 ὃ — v. 217), par exemple, M. Amann croit «infiniment vraisemblable qu’il ait emprunté au Protévangile la tradition relative à l’enfantement virginal de Marie. » De même dans trois homélies de saint Grégoire le Thaumaturge, évêque de Néo-Césarée vers 250, 1] trouve « plusieurs allusions qui y font songer», comme aussi une «référence certaine » dans ce passage où Pierre d’Alexan- drie (311) parle de « Zacharie tué entre le sanctuaire et l’autel, alors que Jean fuyait avec sa mère Elisabeth, » histoire rapportée par Jacques lui-même (ch. xxr1-xxr11) 2 De son côté, le savant moine basilen de Grotta-Ferrata, le R. P. Antonio Rocchi, découvre des traces du même livre dans saint Jacques de Nisibe
(338), Eusèbe de Césarée (v. 267- v. 338), saint Athanase (v. 295-
1. Si fidem adhibendam esse putamus Nicephoro... reddam ipsa verba quæ Evodii esse dicit : « Trimula, inquit, cum esset, in templum præsentata, 101 in Sanctis Sanctorum traduxit annos undecim, deindo vere sacerdotum manibus Joseph ad custodiam est tradita ; apud quem cum menses peregisset quatuor, ab angelo lætum illud accepit nuntium. Peperit autem hujus mundi lucem, an- num agens quindecimum, 25a die mensis Decembris ». — Hæc Evodius apud Nicephorum, Hist. eccl., 1. 11, c. 111 : Baronius, Ann. eccl., In apparatu, Ὁ. 16, $ 49.
2. Les pages qui vont suivre étaient écrites depuis longtemps, et l’auteur avait même commencé l’impression de ce volume quand il a pu lire le remarqua- ble ouvrage de M. Émile Amann surle Protévangile de Jacques. Devait-il suppri- mer son humble travail parce qu'un autre mieux recommandé de toute manière paraissait avant le sien devant le public ? Il a cru plus simple de continuer, et même de bénéficier de recherches plus récentes et plus complètes que les siennes. Du reste il donnera plein crédit à M. Amann pour quelques emprunts qu'il de- mande la permission de lui faire ici ou là.
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373), Eusèbe Emissène (354), saint Cyrille d'Alexandrie (376 ?-
444), Théodote d’Ancyre (430), tous écrivains où la vénérable tradition relative au séjour de Marie dans le Temple est plus ou moins clairement consignée ἢ. ἃ ce sujet, nous pourrions nous- même citer le grand saint Ephrem qui, lui non plus, ne voyait pas surgir d’objection historique ou scientifique contre cette pieuse légende. Pour lui, c’est la Vierge elle-même qui témoigne du fait, et il n’hésite pas à la faire parler comme il suit : « Quand J'étais enfant, les prêtres m’ont donné mon éducation dans le Temple ; quand je fus devenue adolescente, ils me fiancèrent au Juste Joseph, » simple et touchante attestation dont tous les siècles, excepté le nôtre, devaient se souvenir ?.
Jusqu'ici notre Sainte n'apparaît guère qu’au second plan, mais nombre de pieux écrits vont maintenant nous mettre en sa sainte et douce présence.
Saint Eustathe fut archevêque d’Antioche vers le milieu du iv® siècle (326 ?-360) et sile Commentariusin Hexahemeron était bien de lui comme Allatius le pensait, une pleine page y serait
1. Cf. Rocchi, S. Gioacchino, p. xxu1, 58 et passim. Jacques de Nisibe, serm. ΠῚ de Jejunio : « Gabriel preces etiam Mariæ obtulit coram Deo, et an- nuntiavit ei nativitatem Christi inquiens : « Ecce invenisti gratiam et miseri- cordiam coram Deo, sed quomodo invenit Illa gratiam et misericordiam coram Deo nisi per jejunia et preces ? Gabriel enim suscipiebat preces sanctas, et offe- rebat coram Deo. »
Saint Cyrille d'Alexandrie : « Non arcuit (Zacharias) incontaminatam Matrem ab eo templi loco qui virginibus ex lege designatus erat (Adversus Anthropomor- phistas, cap. vu).»
S. Atanasio ammette in genere che Maria fu ad abitare nel recinto del tempio, e fa che Giuseppe a lei dica : « Quæ tua tandem sententia est, ὃ Maria ἢ Nonne tu, ut virgo casta, in templi ambitu es enutrita ? »
Théodote d’Ancyre : « Ad Angeli quidem adspectum mirabatur Virgo, et quæ nuntius afferret, prudens et cauta attendebat ne iterum falso benevolus inviseret se in templo agentem ut olim Hevam in paradiso.»(Hom. in δ. Deip. et Nativ. Dom.) — Eus. de Césarée, Hist. eccl., 1. 11, ec. xvus, etc.
2. Dum essem infans, educarunt me sacerdotes populi in templo sancto ; quum adolescentula effecta sum desponsarunt me justo Joseph. 8. Ephraem Syri Hymni et Sermones, 3 in-4, Dessain, Malines, 1886, t. τι, p. 590.
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à recueillir, Quel qu’en soit l’auteur, la voici dans une traduction aussi littérale que possible ἢ:
« Elle est en vérité digne d’être connue, cette histoire de la bienheureuse Vierge, que raconte un certain Jacques en ces termes : « Parmi les tribus d'Israël, il y avait un homme riche qui faisait à Dieu, aux jours de fêtes, desoffrandes toujours doublées, dans l’es- poir de rendre propice à tout le peuple comme à lui-même la puis-
“
sance divine. Un jour, à l’approche d’une grande solennité, tous
1. Digna certe est quæ percurratur historia, quam Jacobus quidam recenset de Beata Virgine, hisce verbis enarrans : ait namque in Tribubus Israel virum fuisse opulentum nomine Joachim, qui diebus festis munera Deo duplo majora 4115 offerebat, ut sic populo omni, sibique divinum numen placando propi- tium redderet. Jam celeberrimo die festo appropinquante, omnibusque, ut moris erat, munera magnificentia donantibus, primus hic ut primus offerret accurrit ; sed Rubin quidam eum remoratus est, non licere ipsi primum offerre affirmans, quiin Israel adhuc sine prole degebat.» Hinc mærore obrutus, deserta petit, ibique tabernaculo extructo supplicibus votis Deum orabat, ut et sibi, quemadmodum Abrahæ, legitimæ prolis concederet fecunditatem ; solum enim hoc se doro in Israel carere cognoscebat, et sic in quadraginta dierum jejunio Deum deprecaba- tur. Similiter et ejus uxor, vestitu inculto et horrido tecta, prolem a Deo preci- bus poscebat. Sed cum magna dies Domini venisset, veste se pretiosa ornavit; nefas enim erat illo die luctuoso habitu vestiri. Circa igitur horam diei nonam sub arbore in viridario suo sedens, his verbis Deum obsecrabat : « Deus patrum nostorum, benedie mihi et exaudi orationem meam, sicut benedixisti vulvæ Saræ et dedisti filium ill Isaac.» Hæc cum diceret, in propinquam arborem aspec- tum referendo, aspexit passerem pullis suis incubantem; hinc amare repetito suspirio, ejulansque dixit : « Heu! Domine, quando nec hisce volucribus fecundis assimilor ! » Et talia dicenti, Angelus Domini apparens , liberorum prænuntiat susceptionem, quibus auditis gignendum illico Deo offerendum promisit.
Hæc eadem in monte Joachim Angelus nuntiavit ; quare rediens monte decem agnas Domino præbet ad sacrificium, et sacerdotibus decem vitulos, et senato- ribus, et populo universo centum hircos. His sacrificuis in templo Domini factis, domum suam revertitur et re cum uxore habita, suscipit ex ea filiam, vocatque Mariam quam jam trimulam in templo Deo consecrarunt. Migne, P. G., t. xvin, col. 703, ou l'édition de Léon Allatius sous ce titre : 5, P(atris) N(ostri) Eusta- thii archiepiscopi Antiocheni et martyris 7n Hexahemeron Commentarius ac de Engastrimytho dissertatio adversus Origenem... ete. Leo Allatius primus in Iucem protulit, latine vertit, notas in Hexahemeron adjecit.. etc. Lugduni, 1629, in-4, p. 70 sq.
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offrant, suivant l’usage, de magnifiques présents, il se mit au premier rang pour présenter son offrande. Mais un certain Ruben le repoussa, disant qu'il ne lui était pas permis de se présenter ainsi le premier, lui qui n’avait pas encore de postérité en Israël. Accablé de confusion, Joachim s’enfuit au désert ; il y construit un tabernacle et supplie le Seigneur de lui accorder comme au patriarche Abraham l'honneur de la paternité, ne voyant que lui-même en Israël qui fût privé de cette faveur. Et ainsi il pria et jeûna pendant quarante jours.
« De son côté, son épouse, misérablement vêtue, demandait à Dieu la cessation de son épreuve. Et le grand jour du Seigneur étant venu, elle se para de ses vêtements les plus précieux, car il n’était pas permis en ce jour de revêtir des habits de deuil. Se reposant vers la neuvième heure du jour sous un arbre dans un verger, elle suppliait Dieu de la sorte : « Dieu de nos pères, bénis- « sez-moi et exaucez ma prière, comme vous avez bémi le sein de « Sara en lui donnant son fils Isaac. » Comme elle disait ces mots, elle aperçut un passereau qui couvait ses petits. Alors poussant un amer soupir, elle s’écria : (Oh! Seigneur, quand me rendrez- « vous semblable à ces petits oiseaux ? » Comme elle parlait ainsi, l’ange du Seigneur lui apparut et lui annonça qu’elle serait bien- tôt mère. À cette assurance, elle promit d'offrir son enfant au Sei- gneur, L'ange fit à Joachim, sur la montagne, une semblable révélation, C’est pourquoi celui-ci quitta sa retraite et offrit en sacrifice dix agneaux au Seigneur, douze veaux aux prêtres, et cent chèvres au sénat et au peuple. Ces sacrifices offerts au Temple, il revint dans sa maison, reprit sa femme et fut le père d’une enfant qu'il nomma Marie et qu'ils consacrèrent tous deux dans le temple quand elle eut atteint l’âge de trois ans. »
Allatius (Allacci) a raconté comment il fit à Rome, un beau jour, (un beau jour, en vérité), la découverte de l’Hexahemeron, et 1l fau- drait l’entendre, ne fût-ce que pour comprendre jusqu'où pouvait aller, chez un érudit comme lui, la joie d’une pareille découverte : « O lætum nuntium | O fortunatum diem | Ὁ insperatum gaudium ἃ O la bonne nouvelle ! Ὁ le jour fortuné ! Ὁ la joie inespérée !» Il dit comment il entreprit, non seulement de lire mais de traduire l’ouvrage, malgré un texte mutilé, plein de lacunes, d’inversions, d’obseurités (multis in locis textus erat mutilus, lacunosus, inversus
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multisque etiam obscurus) ; 11 a même peur que d’autres ne soient jaloux de sa découverte, et n’exercent leur dépit en le déchirant à belles dents, tant il est vrai, dirait M. Prudhomme, que la jalousie n’est pas née d’hier, même chez les auteurs !, Mais, comme disent les auteurs eux-mêmes,« cela nous entraînerait trop loin de notre sujet. »
Plus simplement, que devons-nous penser de l’opinion d’Allatius attribuant l'Hexahemeron à un auteur du τνϑ siècle, à Eustathe d’Antioche ? Il a vu son nom en tête du manuserit et c’est bien ce qui ἃ causé son allégresse, mais que penser aujourd’hui de cette attribution en vérité étonnante ? Il ne faut rien cacher, et d’ail- leurs les jugements contradictoires à celui du savant Allatius n’obligent personne en conscience. Et donc, pour M. Tabaraud, «le Commentaire n’offre qu’une compilation informe faite par un auteur beaucoup plus récent ?;» Mor Batiffol assure que ce même ouvrage «Cest tenu pour pseudépigraphe *;» et pour le dernier auteur qui ait eu à se prononcer à ce sujet, M. Amann, «Pattribution (de ce livre) à Eustathe est inadmissible 4,» Ainsi de temps en temps nous aurons des crève-cœur !
Saint Epiphane sera-t-il également discuté ?
Nous parlons ici du premier Epiphane, du grand archevêque de Constantia ou Salamine,dans l’île de Chypre, de l’homme 51 saint qu’on arrache, quand 1] passe, des fils de ses vêtements pour en faire des reliques 5; de l’intrépide lutteur « contre quatre-vingts hérésies (Contra octoaginta hæreses, titre de son principal ouvrage). Saint Epiphane (368-407) veut que les fidèles honorent la sainte Vierge et sa mère, mais 1] est théologien, il a à cœur d’enseigner la saine doctrine, les saines pratiques, et 1l demande une piété
1. Sat scio meum studium et industriam iniquos venenoso hiatu rictuque dilaceraturos cum ipsi non possint meliora. Zbid., col. 706.
2. Biog. univ. de Michaud, au nom. D’après l’auteur de l’article, saint Eusta- the serait mort vers 330.
3. Batiffol, Litt. grecque, 1901, p. 279.
&. Amann, op. οἵδε, Ὁ. 116.
5. Saint Jérôme, Lettre 38 ; Duchesne, Hist. ἀπο. de l’Église, t. 11, p. 589-592.
ci
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éclairée qui n’aille pas jusqu’à la superstition, ni encore moins jusqu’à l’idolâtrie. Nous avons en effet parlé ailleurs de l’erreur des Collyridiens qui faisaient de Marie un être tout divin, partici- pant uniquement de la nature divine, née sans doute de la femme, mais d’une femme vierge comme elle l’était elle-même. L’évèque de Salamine condamne cette erreur, et il blâme chez les femmes qui s'appellent les prêtresses de Marie une dévotion qui va jus- qu'à lui offrir des sacrifices, parce que ce n’est pas aux femmes qu'appartient le rôle de sacrificateur ; ensuite parce que le sacri- fice n’est dû qu’à Dieu; enfin parce que Marie, n’étant qu’une créa- ture, n’a aucun droit à des honneurs divins !, Ces réserves faites, il rend ses hommages à notre Sainte ; il connaît sa légende, il la remercie des prières qu’elle a fait monter vers le ciel et qui en ont fait descendre la Vierge Marie ?.
On range parmiles ouvrages douteux du saint docteur le gracieux opuscule intitulé De laudibus Virginis, si connu de tous les prêtres depuis que le bréviaire romain y a pris une leçon pour son office de saint Joachim. Le bréviaire n’est pas un dictionnaire de bibliographie ou de critique littéraire, et 1l pouvait se dispen- ser d'exprimer ses doutes sur l’attribution de cette leçon à tel Epiphane plutôt qu’à tel autre, pourvu que le titre de la leçon fût exact. Il a existé en effet deux, ou même trois Epiphane, évé- ques de Salamine, l’un au 1v° siècle, celui dont nous parlions tout
1. Cf. G. Bareille, dans Vacant, Dict. de theol., art. Collyridiens ; Marion, Hist, de l’Église, t. τ, p. 587.
2. P. G., t. xzvunr, col. 491 : Si enim Angelos adorari non vult, quanto magis eam quæ genita est ab Anna, quæ ex Joachim donata est Annæ, quæ per preces et omnem diligentiam, secundum promissionem patri ac matri donata est, non tamen aliter genita est præter hominum naturam, sed sicut omnes ex semine viri et utero mulieris. Tametsi enim historia Mariæ et traditiones habent quod dictum est patri ipsius Joachim in deserto : « Uxor tua concepit, » tamen non quod sine conjugio hoc factum, neque sine semine viri, sed futurum angelus missus prævaticinatus est, ut ne qua hæsitatio fieret propter 1d quod in veritate factum est, et jam ex Deo ordinatum, et justo promissum... Ingressus est pater hujus (sci. Mariæ) in domum suam ut a Deo acciperet id quod per preces patris et matris petitum erat, etc. D. Epiphaniïi, episc. Constantiæ Cypri Contra octoa- ginta hæreses opus, etc. in-fol, Paris, 1544, p. 314, ou Contra Hæreses, 1. III, Hæres. Lxx1x. Autre passage : Hæres. Lxxvirr, P. G., Migne, t. xLur, col. 709,
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à l'heure, l’autre au vie À, le dernier au 1x, et celui-ci est aujour- d’hui encore assez connu comme auteur d’une Epistula ad Igna- tium Constantinopolitanum (vers 870). La critique voudrait que le De laudibus fût de lui, mais nous nous permettrons à ce sujet une simple réflexion.
Relisons d’abord ces lignes si connues : « De la tige de Jessé est né le roi David et, de la tige du roi David,la Vierge sainte, sainte en vérité et fille de saints parents nommés Anne et Joachim, Tous deux, par leurs vertus, attirèrent sur eux les complaisances divines et donnèrent au monde la sainte Vierge Marie, temple et Mère de Dieu à la fois. Joachim, Anne et Marie ont offert ensemble à la Trinité le sacrifice public de louange. Le nom de Joachim signifie « Préparation du Seigneur », parce que c’est lui qui a préparé le temple de Dieu, c’est-à-dire la Vierge ; Anne de son côté signifie « grâce », et en effet, par leurs incessantes prières, Anne et Joachim ont mérité la grâce de Dieu, et obtenu la Vierge de toute sainteté, Joachim priait sur la montagne ; Anne dans son jardin ?, »
Malgré tout le respect qu’on doit avoir pour les opinions d’au- trui, surtout quand elles paraissent motivées comme dans le cas actuel, on peut se faire ici une question : Comment, au 1x® siè- cle, un auteur prenait-il soin d’avertir que les parents de la sainte Vierge se nommaient Joachim et Anne, et rappe- lait-il d’une façon si didactique une légende qui devait être connue de tout le monde ? La suite du discours est dans la même
{. Le nom d’un Épiphane, évêque de Chypre, se trouve en 680 au [57 concile æcuménique et dans les fastes du vrr® siècle. Amann, p. 115.
2. De radice Jesse ortus est rex David, et de tribu regis Davidis sancta Virgo, sancta inquam, et sanctorum virorum filia cujus parentes fuerunt Joachim et Anna, qui quidem in vita sua Deo placuerunt atque etiam fructum ejusmodi germinarunt, sanctam Virginem Mariam, templum simul et matrem Dei. Joachim porro, Anna et Maria, hi tres Trinitati palam sacrificium laudis offerebant. Joachim enim interpretatur præparatio Domini eo quod ex illo præparatum sit templum Domini, nempe Virgo ; Anna rursum similiter gratia interpretatur, propterea quod Joachim et Anna gratiam acceperunt, ut accedentibus præcibus talem fructum germinarent, sanctam Virginem adepti. Joachim siquidem pre- cabatur in monte et Anna in horto suc. P, G,, t. xzux, col. 486-501,
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note : « La nature n’osa pas devancer la grâce et la laissa d’abord porter son fruit, car 1l fallait qu’elle fût la première-née à la lu- mière celle qui devait mettre au monde le premier-né d’entre les créatures, le Christ qui est le principe de toutes choses... Que Nestorius soit saisi de respect ! qu'il se couvre la face de ses mains, car le Christ est Dieu, et comment donc ne serait-elle pas Mère de Dieu celle qui l’a enfanté ? Si quelqu'un ne confesse pas la sainte Mère de Dieu, celui-là est rejeté de Dieu. Ces paroles ne sont pas les miennes ; c’est l’enseignement que j'ai reçu comme un divin héritage de Grégoire, mon père en théologie, ete. » Encore ici, à considérer le fond et la forme du discours, l’évocation de Nestorius, d’un côté, de saint Grégoire de Nazianze, de l’autre, n’est-on pas reporté bien au-delà du 1x® siècle, et ne croit-on pas reconnaître plutôt un auteur ancien, un théologien professeur à la façon du grand apologiste et tel qu’aurait pu être, par exemple, l’un de ses successeurs plus ou moins immédiats ? On fait si grand cas de la critique interne que nous pouvions en essayer pour une
_ fois.
Après le premier Epiphane, une autre intéressante figure de ces temps reculés, un autre témoin de la vieille dévotion, âme plus douce, plus tendre, si l’on peut dire, est saint Grégoire de Nysse, frère du grand Basile de Césarée. On n’a qu’à bre le récit ému et touchant qu’il nous a laissé de la mort de sa sainte sœur Ma- crine pour juger de sa puissance d’affection, et c’est bien à juste titre que le comte de Ségur lui a consacré un souvenir dans sa Bonté chez les Saints !, Le saint évêque a,lui aussi, entendu les récits qui circulaient partout sur la bienheureuse Vierge’ et 1 raconte, en la résumant, la chère légende, qu'il l'ait prise du Protévangile ou plutôt d’ailleurs, comme le voudrait Cuperus, parce que, dit-il, « plusieurs histoires de ce genre circulaient de son temps ?.» On ne voit pas bien la force probante du parce que, mais peu importe.
1. Tome 1, p. 247.
2. In Bethlehem proficiscamur, novum spectaculum contemplemur, quomodo partu suo virgo lætetur, quomodo lactet infantulum. Sed prius auscultemus quid
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Les Acta sanctorum donnent sous le nom de saint Sabas (439- 991), le grand higoumène de Palestine au commencement du v® siècle, la belle prière qui suit: «Ὁ Joachim! à bienheureux tout pénétré de l'esprit divin ! O Anne toute rayonnante de céleste lumière ! Vous êtes comme deux flambeaux où s’est allumée la lampe inaltérable autour de laquelle nul ne saurait apercevoir lombre la plus légère. La grâce même de Dieu, c’est-à-dire la grâce de la Mère de Dieu vous a surabondamment enrichis. Avec elle priez tous deux instamment pour nous, afin que Dieu accorde à nos âmes la plénitude de sa miséricorde 1! »
Saint Romanos, le fondateur de l’hymnodie grecque, viendrait 101 à sa date, et ce serait un bonheur de l’entendre dès maintenant célébrer comme 1] l’a fait la mère de la Vierge. Mais la littérature hymnique d'Orient demandait quelques pages à part, etil s’y
de ipsa memoriæ proditum sit. Audivi ergo quamdam historiam apocrypham tales de ea prodentem narrationes. Virginis pater fuit insignis quidam civis, observantia legis et vitæ probitate in primis nobilis, qui sine filiis ad senectutem pervenerat, cum minus idoneam ad gignendum uxorem haberet. Habebatur autem matribus ex lege honor quidam, quo carebant feminæ quæ liberos nullos susceperant. Quapropter et hæc, imitata id quod de matre Samuelis scriptum est, in Sanctum Sanctorum ingreditur, et supplex Deum orat, ne se legis bene- dictione sinat excidere, cum nihil unquam admiserit contra Jlegem; quod, si mater evaserit, se quodcumque pepererit, ei dedicaturam. Quamobrem, cum, voti com- pos effecta, fillam suscepisset, eam vocavit Mariam, ut ipso etiam nomine testaretur acceptum munus ἃ Deo. Illam igitur, cum jam grandiuscula esset, nec ubere matris amplius indigeret, ducens ad templum, Deo reddidit, et studiose promissum exsolvit. ]n diem natalem D. N.J.C. oratio, dans Combefis, Bibl. PP., 1. τ, p. 44, col. 2 ; Œuvres du Saint, édit. de Paris, 1516, t. 11, p. 778 ; Migne, P. G., t. xzvi, col. 1138-1140. Cuperus (Acta SS., t. xxxirr, p. 233-234) ne veut pas que saint Grégoire de Nysse ait connu le Livre de Jacques mais un autre quelconque, « cum ante ipsum et sanctum Epiphanium plures ejusmodi historiæ extiterint. »
1, 5. Sabas, teste Simone Wangnereckio nostro in« Pietate Mariana Græcorum), cent. 5, num. 435, sanctos Deiparæ parentes ita orat :
«Ὁ Joachime, afflatu divino decore ! Tu quoque Anna, divinitus clara! Vos gemini estis lychni a quibus orta est lampas, circa quam nullum umbræ vestigium cernimus. Vos quoque abundanter implevit ipsamet Dei gratia, id est Genitrix Dei ; cum qua enixe ambo orate ut animabus nostris perfruendam Deus con- cedat magnitudinem misericordiæ suæ. » Acta SS., t. xxxin1, p. 243.
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présentera le premier à la tête des mélodes. Là aussi nous rencon- trerons saint André de Crète, poète gracieux et fécond autant qu’orateur enthousiaste, et pour le moment, nous nous bornons à prendre note de ses magnifiques homélies sur la Théotocos. À leur sujet une observation est à faire qui d’ailleurs s’applique à toutes les homélies des Pères sur la Conception de la sainte Vierge, sur sa Nativité et sa Présentation au temple : c’est qu’elles rendent un égal hommage à Marie et à sa mère. Souvent même il semble que la mère, la bienheureuse mère enfin consolée de sa longue épreuve, enfin bénie par la divine bonté, attire à elle toute l’attention, toute la sympathique éloquence de l’orateur, Il en sera de même, nous le verrons, des mélodes, et c’est pourquoi, quand le moment sera venu de parler des fêtes de notre Sainte, nous devrons y ajouter les doux mystères que nous venons de nommer et qui nous rappellent si naturellement son souvenir.
Ainsi, pour reprendre ce que nous disions, les discours d'André sur la Nativité sont si bien à l'honneur des parents de la Vierge que, souvent, les manuscrits en ont changé les titres. Ils écrivent comme, par exemple, au Mont Athos, au lieu des formules ordinai- res :᾿Ανδρέου Κρήτης, Εἰς τοὺς ὁσίους καὶ δικαίους ’Tuaxelu καὶ Αννην : « d'André de Crète, sur les saints et justes Joachimet Anne !,» De même, saint Jean Damascène commence sa première homélie sur la Nativité par ces paroles très significatives : Sacrum par Joachim et Anna, accipite a me hanc natalitiam orationem :« Ὁ couple sacré d'Anne et de Joachim, recevez de moi ce discours de joyeux anniversaire ?. » Jean d’Eubée, à son tour, donne le change à ses copistes du moyen âge, et au lieu de Sermo in Con- ceptionem Deiparæ, ils écrivent Sermo in læium nuntium sancto- rum Joachim et Annæ : « Sermon sur la bonne nouvelle qui fut annoncée aux saints Joachim et Anne . »
1. Ms du xvr° siècle, au monastère d’Iviron. Cf. Lambros, t. τι, p. 193.
2. P. G., t. xcvi, Hom. in Nat. Deiparæ.
3. Ballerini, Sylloge, t. 1, p. 36 sq., a publié ce discours d’après un codex de Vienne qui donne en effet comme titre: Sermo in lætum nuntium SS. Justorum Joa- chim et Annæ et in nativilatem sacrosanctæ gloriosæ et semper virginis Mariæ Dei genitricis. Il fait sur ce titre cette réflexion : « Nihil movere hæc diversitas debet. Consuevisse enim titulos, præsertim si de sermonibus agatur, abiis pro sua ipsorum sententia apponi vel immutari, plura docent exempla. » p. 47.
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Faudrait-il d’autres preuves ? Alors viendrait Cosmas Vestitor, pour qui festum Filiæ festum est parentum 1 (la fête de la Filleest la fête des parents), ou encore Jacques le moine, qui a soin de nous avertir que son homélie sur la Nativité doit être considérée comme un panégyrique spécial (peculiare) de Joachim et d’Anne ",
Voilà bien des bouts de papier jetés en passant à l’hypercritique, et nous revenons sur nos pas, c’est-à-dire à ce pieux monastère où saint Sabas nous ἃ fait tout à l’heure entrer. Bien des fois 1] nous rappellera dans ses murs, car c’est bien lui qui nous a laissé de notre Sainte les plus nombreux et, dans l’ensemble, les plus touchants souvenirs littéraires.
Ün successeur du saint patriarche dans cette laure célèbre qui avait hérité de son nom, Antiochus monachus, comme on l’ap- pelle (Antiochus le moine(614), nous prouve par une page de son Pandecte que les traditions relatives aux parents de Notre-Dame, aux Theopaiores, ainsi que nous les désignerons quelquefois d’après le grec, restaient encore en honneur parmi les religieux du monas- tère. Un passage est à recueillir : « Anne (mère de Samuel), désolée dans Séloïn, répandit ses pleurs et ses prières devant le Seigneur disant : « Tournez, Seigneur, vos regards vers moi ; voyez mon « humilité et accordez-moi honneur d’être mère. » Et le Seigneur l’exauçant, lui donna le prophète Samuel. Et cette autre Anne, l'épouse de Joachim, pleurant dans son jardin, fit aussi sa demande au Seigneur pour obtenir un enfant, et elle mérita de recevoir la sainte Vierge Marie, mère selon la chair de Notre-Seigneur et Dieu notre Sauveur. Elle avait dit comme David : « Ecoute ma prière, Eternel, et prête l’oreille à mes cris ! Ne sois pas insensible à mes larmes, et ne garde plus le silence (Ps, xxxvins, alas ἘΝ ΧΥΚΝ 19) 00}
4. P. G., t. cv, col. 1004.
2. Peculiare hoc parentum Virginis exsistit encomium. P.G., t. cxxvit, col. 569.
3. Fuit iste Antiochus monachus Palæstinus lauræ Sancti Sabæ abbatis, vir sanctitate et doctrina insignis, qui sub Heraclio imperatore vixit, et sub cla- dem Hierosolymitanam qua urbe capta, sisnum sanctæ Crucis a Chosroe in Per” sidem abductum est (incidit ea in annum 614) scripsisse videtur. » Titre de son livre : Pandectes Scripturæ divinitus inspiratæ ven. Patris Antiochi...,Godefrido Tilmanno... interprète, dans Migne, P. (α΄, t. zxxxix, col. 1415.
Texte d’Antiochus : « Anna insuper consternata in Seloin, flensque, orationem
ORIENT, MONUMENTS LITTÉRAIRES 135
La Chronique d’ Alexandrie ou, comme on l’appelle assez souvent, _ le Chronicon Paschale, ne nous offre que deux ou trois lignes, mais le caractère etla forme de ce résumé d’histoire ne permettaient guère davantage, et l’on est encore heureux de pouvoir y relever - Ja simple mention qui suit : « Sous les consuls Domitiuset Ænobar- - bus, le huitième jour de septembre, férie deuxième, indiction quin- zième, naquit de Joachim et d'Anne, Notre Dame Mère de Dieu 1,» Ê Maintenant, au risque d’être malmené pour nos citations ou + même d’être tourné très finement en ridicule, comme le dernier auteur qui ἃ écrit sur sainte Anne et qui croyait encore à tout cela, nous ferons ici une petite place au Coran de Mahomet ?. Le Coran de Mahomet peut être une œuvre stupide, absurde, odieuse, tout ce que l’on voudra, stupide, absurde et odieuse comme toute incroyance, comme toute religion qui se fait avec le cerveau, le cœur ou les sens de l’homme; comme, si vous voulez encore, le beau scepticisme qui fait loi partout chez les« grands esprits», mais le Coran peut être quand même en certaines choses un témoin, _ un témoin oculaire, un témoin auriculaire. Pour l’époque et le pays où il a pris naissance, il est le témoin des traditions qui avaient cours sur la généalogie de la Vierge, ou comme disent Îles anciennes versions, sur « la lignée de Joachim. » On ne voit pas ce qu'il y ἃ de si bizarre à l’écouter ou même à
effudit ad Dominum, dicens : «Si respiciens respexeris ad humilitatem meam, et dederis mihi semen viri (1 Reg., 1, 11) ; » et hanc Dominus exaudivit, deditque prophetam Samuelem. Altera item Anna, Joachimi uxor, flens in horto suo, cum petitionem suam obtulisset pro impetrando filio, promeruit accipere sanc- tam Virginem Mariam, Domini ac Dei et Salvatoris nostri secundum carnem, Matrem. David ipse : « Exaudi orationem meam Domine, et deprecationem meam : auribus percipe lacrymas meas : ne silueris (Ps. xxxvin, 13) », etc. P. G., τ. zxxxix, col. 1763. C’est à tort qu’on a pris pour autant d'homélies les cent trente chapitres de cet ouvrage, et qu'on renvoie à l’homélie sur la Com- ponction pour le passage qui vient d'être cité.
1. Olympiade cxc.— ind{ictione) xv. Aug(usti) xxv. Coss. (Consulibus) Domi- tio et Ænobarbo.
His coss. mensis septembris vin, feria 11, Ind. xv. Domina nostra Deipara ex Joachimo et Anna est nata. P. G., t. xceu. Variante d'une autre édition : His Coss. septembri mense, vi Idus Sept. die lunæ, Indiet. xv. Domina nostra ete, De la Bigne, Maxima Bibl. Veterum PP. (1675), t. και, p. 923.
2. Pour plus de détails voir la Bibliographie de 1907 à l'hagiographie.
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le citer là-dessus : « Dieu ἃ choisi entre tous les hommes Adam et Noé, la honée d'Abraham et la lignée de Joachim. Ces familles sont sorties les unes des autres. Dieu entend tout et fait tout. Souviens-toi comme la femme de Joachim a dit : «Seigneur, Je t’ai voué le fruit qui est dans mon sein, libre et dépouillé de tout pour te servir en ton Temple ; recçois-le de moi qui te l’offre avec affection; tu entends tout et fais tout. « Lorsqu'elle a mis au monde son enfant, Anne a dit :« Seigneur, tu sais ce quetu m’as donné; celte fille, je lai nommée Marie, et je la mets sous ta protection afin que tu la préserves, elle et sa postérité, des ruses de Satan. Reçois-la, Seigneur, d’une réception agréable, et lui fais produire de bons fruits.» Zacharie eut soin de l'éducation de cette enfant. Toutes les fois qu’il entrait dans son oratoire, 1] y trouvait mille sortes de différents fruits de diverses saisons. Il dit un jour :« O Marie, d’où procèdent ces biens ? » Elle répondit : « [ls procèdent de Dieu qui enrichit sans compter qui bon lui semble 1, »
Et omnis lingua confitebitur Deo. Et ainsi toute langue confesse Dieu et ses saints. Mais si en passant on peut prendre acte de ces divers témoignages, comme bien autrement vénérable est celui des vrais enfants de Dieu et des vrais serviteurs des saints !
À Saint-Sabas où nous revenons encore, il y a, au commence- ment du vrrit siècle, un de ces « vrais serviteurs » de notre Sainte, un dévot authentique, quoi qu’en puisse dire la science qui con- teste au culte de sainte Anne son ancienneté. Il s’appelle, s’il est besoin de le nommer, saint Jean Damascène (né 676 ἢ 7 754 ?)2. l’illustre défenseur des saintes images est venu ici se dérober à la fureur des Iconoclastes, et parmi ces pieux solitaires, qui,
1. L’Alcoran de Mahomet, traductions André Du Ryer (2 in-12, Amsterdam, 1734), t. τ, p. 48, et Savary (2in-8, Paris, 1783), t. 1, p. 57, du chapitre 111, Su- rate 111 (199 versets écrits à Médine). — Dom Calmet a lu d’autres détails, sans doute en des éditions plus complètes, par exemple : « Zacharie enferma l’en- fant dans une chambre du temple dont la porte était si élevée qu'il y fallait monter par une échelle, et dont il portait toujours la clef sur lui. » Dict. hist... de la Bible, au mot Anne.
2. On ne s'entend ni sur la date de naissance ni sur la date de la mort. « Celle de 754 pour la mort réunit le plus de suffrages, tandis que d’autres historiens préfèrent 780. En tout cas, saint Jean Damascène aurait vécu cent quatre ans. » Échos d’Or., t. τι, p. 34. D’autres mettent 749, d’autres. etc.
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d’après la tradition, offrent déjà depuis le temps de leur fonda- teur, un culte liturgique à la Sainte, jusqu’à lui consacrer trois fêtes au cours de l’année, 1] célèbrera plus souvent et plus hau- tement que personne «le couple heureux entre tous, la femme digne par excellence de tous les honneurs. » Toutes les Vies ou Manuels de sainte Anne reproduisent à l’envi les homélies, dis- cours, pages diverses — autant de cantiques, nous pourrions dire— que Jean Chrysorrhoas, Jean Fleuve-d’Or, a dédiées à la mère de Marie. On lui en prête même, dit-on, qui ne lui appartiennent pas À, tant 11 apparaît à plusieurs comme le représentant en quel- que sorte officiel du culte de notre Sainte dans l'Orient médiéval, Romanos, Sophrone, André de Crète, Joseph lHymnographe composent pour elle de doux cantiques ; d’autres écrivains nom- breux que nous avons cités ou que nous citerons plus loin, sont animés d’une piété réelle, mais il semble que la piété de Jean Damascène est encore plus profonde, plus intime et, 5116 mot peut se dire ici, plus enthousiaste.
Notons d’abord sa foi absolue en la Légende du Protévangile. Il s’y complaît mamifestement : 1l y revient à maintes reprises, et si elle eût péri au cours des siècles, ses écrits pourraient nous la retracer mot à mot et tout entière. Il la résume dans un premier passage de son livre de Fide Orthodoxa 5: 11 s’y arrête longtemps
1. Voir au bréviaire l'office de sainte Anne, 25 nocturne : Sermo sancti Joannis Damasceni (Orat.11 de Nativ. B. M. V.);« Proponitur nobis» etc. Ce passage nese trouve dans ni l’une ni l’autre des deux homélies de saint Jean Damascène sur la Nativité de la Vierge. Il appartient plutôt au second discours d'André de Crète sur la même solennité. Cf. Baümer, Hist. du Brés., t. 11, p. 413, et P. G., τ. xcvi, col. 661, 678 ; t. xcvz, col. 842. x
2. Igitur ex stirpe Nathan, fil David, nascitur Levi. Levi genuit Melchi et Pantherem. Panther autem genuit Barpantherem (nam ïita vocabatur). Barpanther genuit Joachim ; Joachim genuit sanctam Dei genitricem.
Joachim ergo lectissimam illam et summis laudibus dignam mulierem Annam matrimonio 5101 copulavit. Verum quemadmodum prisca illa Anna, cum sterili- tatis morbo laboraret, facto voto, per promissionem Samuelem genuit, eodem modo hæc etiam per obsecrationem et promissionem Dei Geuitricem a Deo acce- pit, ut ue in hoc quoque cuiquam ex illustribus matronis cederet. Itaque gratia (nam hoc sonat Annæ vocabulum) Dominam parit {id enim Mariæ nomine signi- ficatur, quæ vere omnis creaturæ Domina facta sit, cum Creatoris mater extitit) ; nascitur autem in domo probaticæ Joachim, atque ad templum adducitur. Tum
138 MADAME SAINCTE ANNE
dans ses homélies sur la Nativité de la sainte Vierge, et il paraît bien que pour lui, la fête de la Fille est en même temps et on dirait encore davantage la fête de la mère. Quand, ailleurs, il nous convoque au tombeau de la Vierge, 1] se souvient encore des deux bienheureux qui dorment maintenant, comme elle, leur paisible sommeil, et en effet, pour lui comme pour toute l’Église grecque, la mort de la Vierge, ce n’est que la Dormuition de la Vierge Marie, mère de l'Éternel Dieu ?. Enfin, il n’est pas jusqu’à la maison d'Anne et de Joachim qu’il ne salue du haut de son monastère,
ee ——
deinde in domo Dei plantata, et per spiritum saginata, instar olivæ fructiferæ virtutum omnium domicilium instruitur etc. De fide orthodoxa, 1. IV, cap. x1v: De genere Domini, deque sancta Dei Genttrice, dans l'édition Le Quien de ses Œuvres, t. τ, p. 274-275, ou Migne, P. G., t. xcvi, col. 1158.
4. Joachim scilicet et Anna, illustre celebratissimumque Verbi par, conjugio omnibus divinior compages. Cujus enim ramus omnia exsuperat, cur radix cum eo non maxime congruat ? Atqui probis radicibus planta sic magnifica et eximia, interim fructu carebat. Limpidissimus fons, sed qui nullum fluentum emittebat... Quid igitur ἢ Clamaverunt justi et Dominus exaudivit eos... Universi generis humani personam paristud meo sensu referebat. Quocirca universum genus humanum Dei cognitione destitutum cernebant : mundum ob infideli- tatem viduum... Clamaverunt justi. Ubinam ? In proprio horto. Quapropter, cum ex paradiso tristis peccati noxia exiisset, 101 omnium primæ matri universorum Deus dixit : Multiplicans multiplicabo dolores tuos el gemitum tluum. Quid cla- maverunt ? uteri fructum, id est uberem Dei notitiam postulantes... Exaudivit itaque eos Dominus... Patrol, gr. lat. tant. edita, t. xivir, col. 79; édition Le Quien, τ. 11, p. 852, ou Hom. II in Nativ. B. M. V.
2. Joachim et Anna parentes ejus fuerunt. Ac Joachim quidem velut quis- piam ovium pastor, cogitationes non minus quam pecora pascebat ad arbitrium illas ducens... Joachim suas intus (col. 90; Le Quien τι, p. 861) pascebatin loco pascuæ (Ps. χχιι, 2), hoc est in sacrorum eloquiorum contemplatione commorans, et super aquam refectionis (ibid. 3) divinæ gratiæ semet oblectans : sic nimirum ut a malis rebus eas avocaret, et per justitiæ semitas deduceret. Anna vero, cujus nomen gratiam sonat, non minus morum, quam matrimonii jugo copula- ta cum illo erat : quæ tamen cum omni virtutum genere florebat, mystica qua- dam ratione sterilitatis morbo tenebatur. Nimirum sterilis gratia erat, quæin hominum animis fructum edere non posset. Siquidem « omnes declinaverant, simul inutiles ἰδοῦ erant : non erat intelligens, aut requirens Deum». Tum bonus Deus manus suæ figmentum respiciens et miseratus, cum illud tandem facere salvum vellet, gratiæ, hoc esse Annæ, sterilitatem solvit..…. {π΄ Dormitionem B. V. M., Homilia I, Migne, ui sup., col. 90,91; Le Quien, t. 11, p. 861-862 ; Combes, Bibl. PP.,t. vi, p. 53-66.
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comme s’il croyait l’apercevoir de loin, et telle qu'il l’a sans doute maintes fois visitée :
«Ὁ Rose quies née d’entre les épines, c’est-à-dire d’entre les Juifs, et quias tout embaumé de ton divin parfum ; ὃ toi quies tout ensemble la fille d'Adam et la Mère de Dieu, bienheureuses les entrailles qui t’ont produite, bienheureux les bras qui t'ont portée, bienheureuses les lèvres qui ont reçu tes chastes baisers. Aujourd’hui le salut du monde est assuré, car elle nous est née DANS LA SAINTE PROBATIQUE, c’est-à-dire DANS LA MAISON DES BReBis, celle qui devait être la Mère de Dieu, de l’ Agneau divin qui efface les péchés du monde 3. »
Et ailleurs : « Que toutes les créatures se réunissent pour féli- citer avec 1016 et louer la bienheureuse Anne de sa maternité bénie ! Elle a donné au monde un trésor qu'aucune puissance ne peut lui ravir... O couple heureux d'Anne et de Joachim, toute la création vous est redevable ! Par vous, en effet, elle peut offrir au Créateur le don qui surpasse tous les dons, la chaste Mère qui seule était digne du Créateur... Salut, ὃ Probatique, temple sacré de la Mère de Dieu ! SALUT, o PROBATIQUE, MAISON DES ANCÈ- TRES DE NOTRE REINE ! SALUT, O PROBATIQUE, TOI AUTREFOIS BERGERIE DE JOACHIM, ET MAINTENANT ÉGLISE DU TROUPEAU SPIRITUEL DU CHRIST, ET IMAGE DU CIEL ?, »
Ainsi, Jean Chrysorrhoas, «un des plus grands théologiens de l'Église grecque 3,» dit M. Bréhier;«le théologien le plus considéré
4. O castissimum rationalium turturum par Joachim et Anna! Vos castita- tem, quam naturæ lex prescribit, conservantes, ea quæ naturam superant, divi- nitus estis consecuti : mundo quippe Dei matrem viri nesciam peperistis. Vos pie et sancte in humana natura vitam agentes, filiam angelis superiorem, nunc- que angelorum Dominam, edidistis ! O speciosissima dulcissimaque puella ! O hlium inter spinas, ex generosissima et maxime regia radice Davidica progeni- tum !... O rosa, quæ ex spinis, Judæis scilicet, orta es divinoque odore cuncta perfudisti ! O filia Adami et Dei mater ! Beati lumbi et venter ex quibus pro- düsti. Beatæ ulnæ quæ te gestaverunt ; Jabia item, quibus castis osculis frui concessum est... Hodie mundi salus inchoata est. Jubilate Deo, omnis terra, cantate, exultate et psallite... Nobis enim in sancta Probatica, seu pecua- ria domo, nata est Dei mater, ex qua Agnus Dei qui tollit peccatum mundi, nasei voluit. Joan., Damasc. Hom. I. in Nativ. B. V. M., Migne, P.G., τ. xavi, col. 670.
2. Ibid., texte rapporté plus loin.
3. Bréhier, loc. cit., p. 22.
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de cette Église; » «le saint Thomas oriental, » disent les Échos d'Orient !: l’auteur du magistral ouvrage La Source de la Foi, ou la Foi orthodoxe, «véritable encyclopédie catholique, Somme théologique de l'Orient, dont saint Thomas d'Aquin a reproduit l’ordre et l’exposition ? ; » l’homme qui « a joué dans l’histoire de la pensée chrétienne un rôle d’une importance capitale ὃ ; » le plus fougueux adversaire en son temps des doctrines icono- clastes ; l’artiste passionné qui a fondé la théorie du culte des images, et qui l’a si bien établie « que la théologie iconique n’a pas fait un pas depuis lui 4 : » le poète fondateur ou du moins réformateur de l’Octoïkhos, le plus répandu des livres liturgiques de l’Église orientale 5 ;» le missionnaire infatigable de la Syrie et de l’Asie mineure, le plus grand prédicateur de son époque, le moine austère de l’austère Saint-Sabas, a trouvé très douce et très bienfaisante la dévotion à la Mère de la Théotocos, et on peut croire que sa parole, soutenue par son exemple, contribua puissamment à la répandre partout davantage en Orient. Ajoutons que l’art byzantin s’est toujours et partout souvenu de son héroïque défenseur. Tel manuscrit, par exemple, qui ne contient qu’un petit nombre de miniatures, le représentera cepen- dant jusqu’à quatre et cinq fois $. Il apparaît dans le Ménologe de Basile'et de fait,ilest partout dans la peinture et la mosaïque
1. J. Bois, Échos, t. 1v, p. 264.
2. Échos, t. τι, p.35. Le Bulletin de Littérature ecclésiastique, avril 1906, don- nait : Saint Jean Damascène, source de saint Thomas, thèse de M. Duffo. Le Dr Jacques Bilz consacre tout un volume au traité du même Père sur la Trinité : J. Bilz, Die Trinitatslere des hl. Johannes von Damascus, Paderborn, 1909, in-8, viri-200 pp.
8. Ermoni, Saint Jean Damasc., Paris, 1904, p. 1.
& Id., ibid., p. 290.
5. Échos, t. τι, p. 36.
6. Manuscrit à miniatures de la bibliothèque de Messine aux folios 1, 9, 35, 52, 60. Cf. Ch. Diehl, L’art byzantin dans l'Italie méridionale, in-8, Paris, 5. d. (1894 ?), p. 252 sq.
7. En compagnie du moine Cosmas {t. τ, p. 219) : « Ambos monachi habitu indutos et sedentes atque in libro seu volumine scribentes, hoc addito sunaxa- rio : « Omnem Græcorum disciplinam, necnon divinas Scripturas assecutus... Multa verborum ubertate, sententiarumque suavitate atque S. Scripturæ hæresim Iconomachorum confundens. Cf. Assemani, Kalendaria Eccl. universa, t. v, p. 407.
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 141
des x°, χιθ, xne siècles. C’est à lui que nous devons ce sujet, si célèbre en Orient, de la Vierge aux trois mains. D’anciens manus- crits et le Bréviaire romain, sans parler de Didron aîné, racontent en effet que «saint Jean Damascène eut la main droite coupée par les Iconoclastes, cette main qui écrivait de si belles apologies de la peinture. Plein d’espérance dans la Vierge, le saint approcha, d’un tableau qui représentait Marie, sa main coupée, et en appli- qua le moignon contre les lèvres de la Vierge. La main du saint repoussa comme une plante sous un souffle de printemps. Dès lors on fit des images de la Vierge où l’on représenta cette troi- sième main miraculeuse !, »
Dès lors également, la vénération des Orientaux a proclamé Jean Fleuve-d’Or le « Docteur de l’Art chrétien 3.»
Nous ne dirons pas adieu au sympathique grand homme et c’est bientôt que les fêtes de notre Sainte — 1l faudrait plutôt dire de la sienne — nous ramèneront à lui.
Il nous est impossible, nous ne disons pas de faire honneur, mais de faire justice, simplement justice à toute cette littérature si riche, intarissable plutôt, où le nom, le souvenir, la glorification de la chère Sainte remplit en effet par centaines de colonnes la Patrologie de l’abbé Migne. Est-ce de cette abondance, de cette éloquence sublime autant qu’elle est simple, de cette poésie toute pénétrée de foi, d'espérance et d’amour, comme elle l’est de vrai génie, que M. Neumann a dit ce mot si peu gracieux et en vérité si peu exact : « La littérature byzantine est fastidieuse, parce que, la plupart du temps, des cerveaux médiocres l’ont engen- drée * ? » L’incidente La plupart du temps est sans doute un demi- compliment à quelques auteurs ainsi épargnés par l’illustre savant, mais ces auteurs seraient-ils justement ceux-là mêmes qui nous intéressent si fort, comme panégyristes de la Sainte ? Nous n’osons pas l’espérer, nous bercer de cette illusion, mais le verdict
1. CE. Bibl. hagiogr. lat., 5371; même récit, 905, 906, 1009; Bréviaire, 6 mai; Didron, Manuel d’Iconogr., 1845, p. 461, note.
2. Cf. Neale (un des présurseurs du byzantinisme), Hymns, p. 37.
8. C. Neumann, La situation mondiale de l'Empire byzantin, dans Rev. de l'Or,
lat., t. x, p. 65.
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par trop sévère de M. Newmann ne change rien à l’état des choses,“ mè me s’il prétend les atteindre eux aussi. Les choses sont toujours ce qu’elles sont, et une question qu’on peut assez souvent se poser, après ces solennelles sentences de la critique actuelle, peut se for- muler ainsi en tout respect, tout honneur : « Monsieur a-t-1l seulement regardé d’un peu près ἢ a-t-1l vu clair ἢ n’avait-1l pas. de mauvaises lunettes, les siennes ou celles des autres, car c’est un ustensile qu’on s’emprunte volontiers ? » |
Peu importe, et qu’on pardonne la digression, si c’en est une. Pour nous, avec nos goûts bizarres peut-être, surannés sans doute, nous revenons à nos chers orateurs grecs, bonnes gens qui savaient parler comme ils savaient prier, âmes jeunes et sincères qui n’ont pas eu honte d’une dévotion faite pour les grands hommes comme pour les plus humbles de l’humaine famille.
C'était le cas de Jean Damascène, c’est celui de Germain, patriar- che de Constantinople, de Jean d’Eubée, du second Epiphane dont nous avons déjà dit un mot, de Jacques et Barthélemy d’Edes- se, d’un autre Epiphane, auteur, celui-là, d’une Vie dela Vierge, tous contemporains, ou à peu près, de saint Jean Damascène, en attendant l’autre patriarche Taraise, ou même Photius, le schisma- tique, Georges de Nicomédie, David Nicétas, Pierre d’Argos, Léon le basileus, Cosmas Vestitor, Jacques le moine, et tant d’autres qui viendront à leur tour chanter le même « cantique de louange, »
« Germain, fils d’un patricien illustre, était né, dit le D' Neale, vers l’an 634 à Constantinople. Comme prêtre, 1] se distingua par sa piété aussi bien que par son savoir, οἱ fut bientôt nommé à l'évêché de Cysique. Transféré de là sur le trône de Constan- tin ople, 1] gouverna son patriarchat « en tranquillité. » Il est regardé par les Grecs comme un de leurs plus glorieux confesseurs !, » Nous entendrons un peu plus tard sa grande voix vénérable, quand il fera le sermon pour la fête de la Présentation de la sainte Vierge.
1. Neale, op. cit., pp. 33-35. Selon les meilleurs auteurs, Germain fut patriar- che de C. P. de 715 à 730, et mourut à l’âge de quatre-vingt-quinze ans. Saint Jean Damascène, qui lui survécut, signale les plagas Germano illatas. Cf. Le Quien, Oriens Chr., t. 1, p. 236.
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— Jean d’Eubée (750) est presque à la mode. Aussi bien, il ἃ un ἊΣ joli nom ! Il lui convenait à bien des titres sans doute, mais * surtout parce qu'il devait être un des premiers à proclamer l’Im- - maculée Conception, à demander qu’on lui consacrât partout un grand jour de fête. Lui aussi connaît à fond et cite longuement la légende du Protévangile, la désolation des saints époux, la retraite de Joachim sur la montagne dans le désert, puis l’appari- tion de l’ange et la fin de l’épreuve avec la naissance de la Bien- _ heureuse Vierge ! — Sans adieu.
Jacques et Barthélemy d’Edesse (vin® 5, ) écrivent peu, mais ils témoignent que, de leur temps, les parents de la Vierge étaient connus et vénérés en Mésopotamie, en Arabie, en Svrie, et le fait
1. Joannis Monachi et presbyteri Eubææ, Serm. in Conc. δὶ Deiparæ, dans Migne, P. G. L., τ. xzvur : « Joachim et Anna fructum quærunt humanæ for- mæ, et ecce suscipiunt concham quæ sine semine cœlestem 1llam ac pretiosissi- mam margaritam, Christum nempe Deum nostrum, est editura. Ecce Joachim et Anna, ille quidem in monte jejunans, hæc vero in horto multa prece Deum exorans, obtinent receptaculum illius qui montes constituit, et plantis hortum exornavit. Ecce in horto de horto illo antiquo hominibus reddendo lætum nun- tium exauditur, Ecce luctus in gaudium conversus est et lamentatio in exultatio- nem. Ecce, etc., col. 791.
In historüs duodecim tribuum Israelis hæc referuntur : « Erat Joachimus valde dives, ac dona sua dupla offerebat, secum ipse inquiens : « Quod in oblato « substantia mea superabundat, erit omni populo, et quod est pro debiti mei « solutione, erit Domino Deo in meam expiationem. » Instabat autem dies so- lemnis, et fil Israelis dona sua offerebant. At vero Ruben, obviam ipsise sistens, inquit : « Non licet tibi munus tuum afferre ante alios, cum semen in Israel « non suscitaveris. »
Quo probro Joachimus graviter contristatus est. Vides tristitiim secundum Deum quæ, prout beatus Paulus docuit (II Cor., vir, 10), adducit vitam æter- nam. © incomparabilem Davidis filii mansuetudinem ! Ὁ viri admurabihs non fucatam innocentiam ! O justæ radicis mentem divino Spiritu actam ! Quam- quam divitüs et nobilitate insignis et regio genere esset, non tamen cogitavit de ultione, non intulit contumelias : non accurrit ad forum judiciale, non imprecatus est : non minatus est plagas. Non objecit illud :« Ego ex tribu benedicta ortum « duco, tu vero ex impuro patre, qui Israelis patris nostri lectum contamina- « vit. » Poterat sane hæc omnia Rubeni opponere. » Sed haudquaquam... et cum non invenisset it quod quærebat ad levamentum mæroris, in montem se recipit. Col. 792. Anna interim domi sese continebat, atque ambo seorsim quisque, preci- bus insistunt (col. 793-794). Et ecce Angelus astitit ipsi dicens : « Anna ne triste- ris, ete. (col. 795 sq.). Naissance de la Vierge (col. 799).
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n’a rien d’étonnanten particulier pour la Syrie, puisqu'elle était alors unie civilement à la Palestine 1.
Vers 780, Épiphane le moine entreprend d’écrire une Vie de la Vierge, une histoire« critique »cette fois, et déjà, oui déjà en plein vire siècle oriental. De ces « histoires », 1l en existe plusieurs, celle du Protévangile, la toute première, celles de Jean de Thessa- lonique et d'André de Crète, mais ces dernières, dit le nouveau biographe, se sont arrêtées en cours de route pour n’aboutir en somme qu’à des homélies plus ou moins complètes sur le sujet. Suivant lui, on ne possède rien encore de précis et d’acceptable sur la vie de la Vierge, sur ses jeunes années en particulier, et son éducation. Il veut faire une œuvre plus digne, plus savante. Il fera connaître à mesure les sources où 1] puise, parce qu’il n’en- tend pas qu’on l’accuse d’avoir ajouté ou retranché à son gré ; il empruntera même aux « hérétiques », parce que «leurs témoi- gnages, dit le grand saint Basile, sont d’autant plus dignes de foi», etc. Une page à peine est ici pour nous, mais elle contient une donnée toute nouvelle sur la Présentation au Temple de la sainte Vierge Marie. D’après notre auteur, Marie ne serait pas restée au temple dès l’âge de trois ans, comme tous les Pères en con- viennent; mais, à l’âge de sept ans, elle y aurait été ramenée par ses parents et consacrée alors au Seigneur. Il va de 501 qu'il croit à un locus segregatus, un lieu « spécial » réservé dans le Temple pour les vierges qui se consacraient au Seigneur.
1. Ut ostendunt historiæ, quas viri studiosi scripsere, sacra Virgo Maria mater Christi filia erat Annæ et Joachim justi. Cf. Assemani, Bibliotheca Orientalis, p. 492 ; Rocchi, pp. 7, 19.
2. Epiphanius Monachus, Vita sanctissimæ Deiparæ, P. G., t. cxx, col. 185- 216. Migne lui donne comme date 1015. « Cujusque scriptoris e quo aliquid acce- pimus (ne quis calumniari nos queat quasi de nostro quiddam addere vel demere ausi sumus), nomen in fronte indicavimus (col. 187) ». Neque... si quid ex hæreticis deprompserimus nos quisquam redarguat: inimicorum enim testimo- nia fide sunt digniora, ut magnus ait Basilius (col. 187). Cumque septennis facta est Maria, rursus parentes eam duxerunt in Jerusalem et donaverunt eam Domino (col. 191) ». Le monastère de Grotta-Ferrata possède cet ouvrage en manuscrit sous la cote : Cod. νι, B. vux, col. 108. Cf. Rocchi, Catalog. et Dressel, Edita et inedita Epiphantii, Paris et Leipzig, 1843.
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ORIENT. MONUMENTIS LITTÉRAIRES 145
_ Ce vrrre siècle où nous sommes et le 1x° où nous allons entrer sont «l’âge d’or », non seulement « de la littérature Sabaïte », comme disent les Échos d'Orient !, mais de toute la littérature byzantine. Éloquence et poésie, grandes métropoles ou modestes chapelles, voix des évêques ou prières des moines : c’est partout un concert unanime à Marie, la Toute-Auguste et Plus-que-Pure (6x σεμνὴ ὑπέραγνος), la Toute-Très-Sainte, Toute-Super-Imma- culée (ὅλη drepauwuntos), Touie-Très-Bonne, Toute-Très-No- ble, Toute-Très-Bénie, Toute-Surabondante-de-Grâce, la plus sublime incomparablement de toutes les créatures ?. Or comme nous l’avons déjà remarqué et le remarquerons peut-être main- tes fois encore, l'Orient ne sépare jamais la plus sainte des filles » de la « plus heureuse des mères», et encore maintenant, comme
ce sera toujours, la littérature de Marie, c’est en même temps la _ httérature de sainte Anne.
Le CES ἈΞ ΣΡ σοι 986
La chronologie n’est pas ici de première importance et comme d’ailleurs elle est souvent un mystère en ce qui regarde la plupart des écrivains dont nous nous occupons présentement, nous irons - tout droit à un homme vénérable qui a nom Georges de Nicomédie, … patriarche de Constantinople dans la seconde moitié du 1x° siècle 3, ᾿ Comme saint Jean Damascène et saint André de Crète, 1] sem- ble avoir une dévotion réelle pour la bienheureuse Anne, et s’il faut un chiffre pour en témoigner, c’est par cinquante ou soixante colonnes de la Patrologie Migne qu'il la célèbre.
Pour lui, «les Parents de la Vierge l’emportent en excellence sur les grands serviteurs de Dieu; Joachim pousse à l’extrême + sa charité pour les pauvres, mais sa vertu est mise à l’épreuve com- - me celle de tous les justes, et 1] se retire dans la solitude pour prier. Anne est la femme accomplie, et parce qu’elle a eu confiance en Dieu malgré sa longue épreuve, sa douleur, un jour, se changera “ en joie... Les miracles moindres précèdent les grands miracles, et l’enfantement d’une femme stérile annonce l’enfantement d’une Vierge. Anne dépasse en vertu son époux ; elle endure avec cou-
MOT. ἀπ ς 34.
2. Cf. Chevalier, Poésie liturg. du moyen âge, 1893, p.3; Pitra, Hymn. gr., p. 17.
3. M. Krumbacher croit qu'il fut métropolitain de Nicomédie en 860, Ges- chichte, p.166. Lambecius, Bibl. Vindob., et Combefis lui donnent pour date 640
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rage son absence ; elle est plus humble, plus soumise, et le cœur de Dieu se laisse enfin toucher !, » Et les exclamations se succè-. dent : © accepta hæc munera ! © primitiarum oblatio in inviola- bilibus thesauris reposita ! O divitiæ, inexhaustam bonorum thesau- rizantes abundantiam ! O voluntas, oblatorum largitate admira- ont habita ! ete. «Ὁ sacrifices tant agréables au Seigneur | O saintes oblations que Dieu récompense par d’inviolables trésors ! O richesses qui devenez maintenant l’inépuisable abondance de tous les biens ! O bonne volonté toujours admirable dans la prodigalhité de vos dons ! » et ainsi de suite pour des pages entières. C'est bien de lui, quoiqu’on ait paru incertain de son attribu- ton, l’admirable passage qui suit et qui donnera mieux l’idée de cette chaude éloquence :
« Les âges passaient, les prophéties étaient lentes à s’accomplir : tous les patriarches et tous les justes restaient dans une pénible attente. Abraham avait vécu, et ses descendants soupiraient après le jour qui verrait se réaliser le mystère de la réparation. Moïse l’entrevoyait à travers les ombres des figures, et 1l espérait en
1. Combefis, Bibl. PP., τ. vi, pp. 83-97, In festo Conc. δ. Mariæ, manchettes : Quamobrem Mariæ parentes omnibus prælati (83 a): Maxima Ioachim liberalitas (83 a) ; arcetur Ioachim per invidiam ab offerendis muneribus (83 b) ; eximia virtus Ioachim (84 b) ; Iloachim solitudinem petit (85 a); virtutis Annæ elogia (85 b). In Conceptionem sanctæ Annæ, parentis sanctissimæ Deiparæ, manchettes : Præeunt maioribus minora miracula, ac Virginali partus sterilis (86 a) ; Annæ virtus quam Îoachim maior (86 b); quam Anna modeste ac 6 virtute ferat viri absentiam ; cur Ancilla in Annam commota, injurüs lacessuit (87 a) ; Annæ humilitas (87 b); Anna secedit in horto et cur (87 b); ratio alia subtilior (88 b); illustratur Annæ precatio (88 b); cita Annæ exauditio (88 b); Annæ votum, quale, quamque magnificum (89 a); Annæ oblatio, oblationi Abraham præla- ta (89 b). {n Conceptionem ac Nativitatem SS. Dominæ nostræ Dei Genitricis… Ioachim regium stemma (p. 91 b); Iloachim justitiæ præstantia ac lhiberalitas (91 b); ex repositis ad usum necessarium Deo offerebat (92 a); ut molesta viro sancto exprobratio ac repulsa (92 b); petit solitudinem vacaturus Deo (9 a); jejunium (94 a); admiranda Annæ humulitas (94 a) ; annunciatur ab Angelis utrique parenti Mariæ conceptio (94 a). — Dans l'édition de Migne, les homélies de Georges contenant l’éloge de notre Sainte occupent 103 colonnes (1335-1438 avec la traduction latine). La Bibliothèque nationale possède en ms. l’homélie sur la Conception, codex grec 1176 (Coislin 121-19); celle de Naples une homélie sur la Présentation, Codex II, c. 26, parchemin, x1° siècle (Anal. boll., t. κατ), fol. 55- 61. Une autre à Chalcis, codex 67. etc. De fait, Georges est partout en ms.
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 147
être l’heureux témoin. Cette espérance traversa le désert ; sou- tien des juges, elle fut de nouveau confirmée à Samuel; David, en proclamant prochain son accomplissement, fit tressaillir ses con- temporains. Le chœur des Prophètes criait d’une voix vibrante que le Christ allait paraître, mais tous s’en allaient déçus dans leur espoir, car l’époque fixée n’avait pas encore paru, et ceux qui étaient dignes de donner au monde le Sauveur ne s'étaient pas encore montrés...
« Enfin, le Créateur de toutes choses a décrété la restauration de l’univers, et il a choisi pour instruments de cette œuvre Anne et Joachim, les nobles parents de Celle qui devait nous mériter enfin l’accomplissement de la promesse. De leur sang, dont la vertu est toute royale, il teint la royale pourpre du genre humain renouvelé. Cette grâce ineffable rend ces saints patriarches supé- rieurs à tous les justes et leur confère des privilèges qui surpassent tout éloge. Nous leur devons l’auteur de notre joie et le premier gage de notre bonheur 1, »
Il n’est pas indifférent pour notre étude de noter à mesure d’où nous viennent ces échos de l’ancienne dévotion à notre Sainte, et peut-être essaierons-nous plus tard quelques pages sur ce qu’on pourrait appeler la géographie de ce culte. Le pape Grégoire XIII, on s’en souvient, attestait non seulement l’ancienneté de la dévo- tion à sainte Anne, mais sa diffusion, si générale autrefois qu’on pourrait aussi bien l’appeler universelle. Le fait est incontestable en tout cas pour l’Orient,
Après Salamine, Nysse, Jérusalem, Byzance, Edesse, l’île d’Eu- bée, etc, c’est maintenant la lointaine Paphlagonie qui nous invite à écouter un moment son évêque Nicétas (f 890). Dom Ceillier
1. Præteribant ætates, juges prophetiæ subjiciecbantur ; in spe erant pa- patriarcharum omnium ac justorum res positæ. Abraham præterierat, ejusque posteri, cum diei illius sacramentum in symbolis didicissent atque animis ad futuræ τοὶ eventum inhiarent. Moyses ille admirabilis in mysteru figuras in- tuens, ac veritatem perspiciens, apud se, ac ætate sua, impletum iri existimabat : erat spes in deserto : in judicibus populi rectoribus expectatio : Samuel respon- sum accipiebat : David propinquam clamans diem, longius submovebat : prophe- tarum chorus clara prædicabat voce, ac Christum prope in januis annuntiabat. Cæterum omnes spe frustrati abierunt, etc. P, G., t. ©, col, 1406.
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reproche à cet auteur comme à André de Crète et à d’autres dévots de ce temps-là, «d'admettre beaucoup de faits qui nous … paraissent aujourd’hui très douteux }, » et l’on peut s'étonner” en vérité que ce regret s'exprime si tard quand il aurait pu se formuler beaucoup plus tôt à l’égard de saint Épiphane, de saint Grégoire de Nysse et de tant d’autres des plus anciens Pères. Nicétas, pour sa part, n’a pas cru bon de faire plus de critique que ses illustres devanciers et, ce qu'ils lui ont appris, il le répète avec la même candeur. Nous l’écouterons de même : « Qui ne connaît, dit-il, ce couple vénérable et saint, ces deux bienheureux Joachim et Anne, le père et la mère d’une enfant toute divine ? Qui est assez rétrograde (ita tardus), assez peu instruit de nos saintes lettres pour ne pas savoir que leur piété, leur justice, a dépassé tous les sommets ? Sans doute la naissance de la Vierge, leur auguste Fille, prouve déjà par surabondance leur sainteté, mais l’histoire elle-même fait foi de leur vie sans tache, toute con- sacrée au Seigneur et si agréable à ses yeux. Fils à la fois de David et de Juda, ils joignaient à l’honnêteté des mœurs la probité du caractère, l’exacte observance des commandements divins, et ils anoblissaient tout Israël par leurs vertus éminentes... » Ainsi l’orateur continue en reprenant et commentant toute la légende du Protévangile. Quand vient la prière de Joachim sur la montagne, il lui fait dire — et ce passage mérite d’être connu :
«Seigneur, Dieu des armées, Seigneur, Dieu d’Israël, dont les œuvres sont admirables, mystérieuses, incompréhensibles; vous qui commandez à la pierre stérile et apaisez de son eau féconde la soif de tout un peuple traversant le désert ; vous qui faites fleurir la tige d’Aaron comme pour nous signifier par un symbole la suprématie du sacerdoce; Seigneur, mon Dieu, Dieu d'Abraham, d’Isaac et de Jacob, qui avez béni Sara, Rébecca et Rachel... tournez maintenant vers nous votre visage, et du haut de votre céleste tabernacle, faites descendre sur nous votre grâce, gage et source de toute consolation dans nos peines. Commandez à la nature et accordez-nous, comme autrefois à Jacob, votre salut. Votre toute-puissance, ὃ mon Dieu, s’affirmera encore une fois en Israël, et je vous en fais le serment, l'enfant que vous me donnerez
1. Ceillier, Auteurs sacrés, t. x11, p. 736.
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 149 = ΒΒ ᾿ : ᾿ - sera tout à vous et à votre Temple saint dans une consécration ἡ “ e ’ . . ’ . . . - à toujours À, » — Médiocrité! — mais oui, comme de prier,
A la fin du 1x° siècle, 1] n’y a pas jusqu’à Photius (815-891), l’auteur du grand schisme d’Orient, qui ne voie dans la nativité de la Vierge « la cause et la racine de toutes les fêtes chrétiennes ?, » Comme Germain, comme Tarasius 8 à qui nous devrions faire place plus ample (784-806), comme Georges de Nimédie,ila des accents de piété sincère, et le moine Épiphane vient de nous avertir que les témoignages des « hérétiques » sont excellents à consigner, la valeur venant sans doute ici de la rareté.
Nous ne pouvons oublier ni Pierre d’Argos, ni Léonle Philosophe, ΠῚ ces mélodes auxquels nous reviendrons plus loin, ni ces riches contributions que nous apportent les ménées, les ménologes, les synaxaires, les typica, c’est-à-dire toute cette liturgie orientale si abondante et en même temps si attachante que nous essaierons d'étudier, elle aussi, en son lieu. Léon le Sage, ou le Philosophe (886-911), que nous venons de nommer, occupe en effet une place remarquable parmi les orateurs sacrés de Byzance. Notre Père Combefis 4 et l'abbé Migne nous ont conservé quelques souvenirs
1. Quis igitur nescit Joachim et Annam, qui divinæ infantis parentes exis- tant, par illud venerabile ac religiosum ἢ Quis ita tardus, quis in divinis Litteris sic peregrinus, ut non teneat, ter beatos illos omnis pietatis ac justitiæ, per eam qua vixerunt ætatem, summum verticem adeptos esse ? Atque id manifestum, nedum ex fructu quem non magis precum instantia quam natura fœta germina- runt, verum etiam ex illorum historia, quæ inculpatos eis mores, vitamque Deo placitam ac sanctam, ascribit ; cum genus in Davidem ac Judam referrent, mo- rumque ingenuitate atque indolis probitate, necnon mandatorum Dei custodia, omnem Îsraelem nobilitarent... Suivent trois colonnes et demie sur le sujet. Migne, P. G. L., τ. τιν, col. 15-19, ou P. G.,t. cv, col. 15 sa: In diem natalem S. Dei Genitricis. La date ὑ 890 est donnée par Krumbacher, Geschichte, p. 172.
2. Combefis, Bibl. PP. Concion. t. vux, col. 68-69 : Oratio in SS. Dei Genitri- cis natalem diem : Mariæ nativitias festorum omnium causa ac radix (p. 68); Mariæ ex sterili editio (p. 68) ; probatur sterilis Annæ partus (p. 69). P. G., ἘΝ CI.
3. P. G., t. xcvin, Sur la Présentation, col. 1482-1497.
4. Bibl. concion., t. vurr, p. 71 sq. — Les Echos, t. 111, p. 245. reprochent aux Analecta Bollandiana de n'avoir indiqué comme parus que les discours publiés par l'abbé Migne, t. cvur, col. 298.
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de son éloquence, mais nous possédons bien davaniage mainte- nant qu’un moine de l’Athos a publié une collection de trente- quatre panégyriques de l’orateur couronné.
Baronius, qui les avait lus en manuscrit au Vatican, n’y voyait, il est vrai, que de vaines déclamations, mais des sermons d’empe- reurs sont des pièces si rares qu’elles méritent au moins d’être signa- lées à l'attention ἷ.
Cependant, dira peut-être quelque lecteur sceptique, tout ceci, tout ce que nous venons de lire ne serait peut-être bien en somme que de la littérature. Évidemment, les Pères grecs étaient assez pieux pour vénérer les saints Parents de la Vierge Marie, pour célébrer à l’occasion leurs vertus comme leur gloire sans pa- rallèle, mais voilà tout.
Il serait peut-être facile de prouver que ce n’était pas tout.
Sans parler des offices propres aux fêtes de sainte Anne, — car encore une fois elle en avait plusieurs — divers passages des écrits dont nous nous occupons attestent un culte irès réel dont la Sainte était l’objet, culte de louange et d’impétration tel à peu près que nous l’entendons aujourd’hui, Qu'on en juge par un extrait que nous allons citer à l’instant d’une homélie trop peu connue de Pierre d’Argos. Des exemples de ce genre pourraient sans doute 56 trouver en assez bon nombre, si on voulait parcourir à ce point de vue particulier les ouvrages des Pères grecs :
« Ὁ vous qui avez donné le jour à la Vierge Mère de Dieu, saints aïeux de Jésus-Christ, prémices toutes sacrées et trois fois augustes de la grâce divine, accordez-nous à tous la grâce dont nous avons tant besoin ! Mettez un frein à la férocité de nos ennemis; abaïissez leur tête qui s’élève dans la superbe, et brisez le glaive qu'ils aigui- sent contre nous. Priez le Christ de lever sa droite contre leurs or- oueils sacrilèges et ne souffrez pas que nous disparaissions comme un fétu de paille sous leurs cruelles et sanglantes mains; éloignez de nous les glaives, les flèches, les instruments de carnage que les barbares voudraient dans leur fureur diriger contre nous, et « que nos ennemis ne se réjouissent pas plus longtemps » de notre infor- tune, Voyez comme ils sont déjà nombreux ceux qui ont péri
4. Annal., ad ann. 911 ; Ceillier, t. x1t, p. 775.
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 151
sous leurs coups. Voyez couler le sang d'innombrables victimes, pendant que les morts sans sépulture, exposés en toute saison à la face du soleil et des étoiles, servent de pâture aux bêtes de la terre et aux oiseaux du ciel ; voyez ceux qui restent, si malheu- reux qu'ils arrachent des larmes aux cœurs les moins sensibles à la pitié !
« Oh ! de grâce, levez-vous, hâtez-vous ! Suppliez votre céleste Fille, la Mère de Dieu, de prier avec vous, elle qui ne saurait rester sourde à l’appel de son père et de sa mère, et vous trois ensemble, intercédez en notre faveur auprès de Jésus, le Fils de votre Fille, et votre Petit-Fils selon la chair. Car nous le savons de science certaine, Jésus ne rejettera pas la prière de sa Mère ni de ceux qui avec elle lui sont si étroitement unis : il j’exaucera plutôt; 1l éloignera de nous tous ces ennemis qui nous poursuivent de leur haine sauvage, et nous gardera pour l’avenir calmes et heureux dans une paix sans mélange, lui qui est le Dieu de bonté et de miséricorde à qui soit toute gloire, honneur et adoration . comme à Dieu son Père coéternel à lui, et à l'Esprit de toute sain- teté, amour et vie, maintenant et toujours jusque dans les siècles des siècles 1, »
1. At nos, ο Dei Genitricis parentes Deique progenitores sanctissimi, o dulecissi- mum naturæ nostræ solatium, o legis et 'gratiæ primitiæ sacratissimæ, om- nibus pacificum rerum statum largimini. Frenum gentium ferociæ imponite, earumque erectam in altum cervicem inclinate ; elatum earum deprimite su- percilium, quemque contra nos acuunt, gladium retundite. Deprecamini Chris- tum ut « levet manus in superbias eorum (Ps. 73, v. 3) » neque patiamini ut ne- faria eorum ac sanguinolenta manu tanquam fenum vastemur. Neque irruat rabie furens barbarus, clypeos, ensemque et arcus atque hastas contra nos in- tendens ; nec ultra « supergaudeant nobis inimici nostri. (Ps. 37, v. 7). ». Intue- mini quam multos qualesque jaculis misere illi confoderint. Intuemini, quomo- do innumerabilium sanguine effuso, insepultos eos pabulum bestiis terræ et cœli volucribus reliquerint, ac soli, et stellis, et hiemi, et æstati projecerint, ïisque, qui reliqui sunt homines, miserum effusisque plorandum lacrymis spectaculum paraverint. At exsurgite, festinate : filiam vestram ac Dei matrem ad supplican- dum pro nobis excitate (neque enim genitores deprecantes despiciet) : at una intercedite apud hujus Filium ac Deum, vestrumque secundum carnem nepotem. Non enim, certo id scimus, matris, avorumque preces repellet, sed exaudiet, nos- que tuebitur ab hostibus visibilibus, qui nefario odio incensi acerbissime nobis insultant ; quodque in posterum reliquum est vitæ nostræ, incolume, pacificum, et perturbationis vacuum conservabit, Quoniam jipse misericordiæ et benigni-
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Pierre d’Argos était Sicihien de naissance, et 1] avait été témoin, ilavait peut-être souffert de l’invasion des Sarrasins dans son île. Prononça-t-1l ce discours, comme tout porte à le croire, avant son départ pour l'Orient 1 ? S'il en était ainsi, et si la Sicile, quoique byzantine de gouvernement, était bien en Occident au 1x€ siècle comme elle est aujourd’hui, nous aurions déjà une contradictoire assez probante à l’assertion dont on se souvient peut-être et que nous répétons en tout cas, à savoir :« qu’on peut rencontrer dans les écrits du moyen âge occidental les noms de Joachim et d’Anne, les voir même décorés du titre de« saints», mais que ce n’est pas pour cette époque lointaine la preuve d’un culte quelconque. »
Mais restons en Orient où du reste nous nous trouvons en si bonne compagnie.
Au commencement du x® siècle,une autre voix très sympathique nous invite à l’écouter, celle d’un orateur trop peu cité et que maint historien du culte de notre Sainte semble même ignorer : nous voulons parler de cet humble prêtre qui, selon Oudin, aurait occupé à la cour de Constantinople la charge modeste que son nom indique, son nom de Cosmas « Vestitor ». Le nom, il est vrai, ne sonne pas très haut, mais son Encomium ou « Panégyrique des glorieux parents de la Vierge » est cependant un pur chef- d'œuvre. Outre l’excellence de la composition et le charme du style, cette pièce a encore pour nous le mérite d'apporter un témoi- onage en faveur de la fête quise célébrait le lendemain de la Nati- vité en l’honneur de saint Joachimet de sainte Anne,et à ce point de vue, elle est déjà un document de grande valeur.
Nous en traduisons quelques passages :
« La fête solennelle de la Nativité de la Vierge que nous avons célébrée hier a été pour la terre entière un jour de grande 1016, et jusqu’au soir, nos accents de louange sont montés vers l’auguste
tatis Deus est, et ipsum decet gloria omnis, honor et adoratio cum coæterno ejus Patre, et cum sanctissimo et bono et vivificante ejus Spiritu, nunc et semper et in sæcula sæculorum. Amen. P. G.,t. civ, col. 1363-65 : Oratio in Concept. S. Annæ.
4.«In Orientem fugit anno 890... ut Sarracenorum tyrannidem in Sicilia incrudescentem declinaret. » Mongitor, Büibliotheca sicula, t. 11, p. 138.
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Mère de Dieu. Aujourd’hui c’est à son père et à sa mère que nous chantons l'hymne de nos cœurs reconnaissants, à eux qui ont ap- porté au monde les prémices de son salut. En vérité la fête de a Fille, c’est la fête de ses parents, car de même que la gloire de la mère est la gloire de l’enfant, de même l'éloge de l'enfant est l'éloge de sa mère. Le jour d’hier fut « admiration de nos yeux » ; l’allégresse d'aujourd'hui veut célébrer à son tour la mémoire des justes.
« Aux temps d’autrefois, il y eut un homme juste de la tribu de Juda, dont le nom était Joachim,homme célèbre pour sa sainteté et sa justice comme par l'illustration de sa famille et par sa richesse; homme sincère dans l’offrande des sacrifices et ne cher- chant toujours que le bon plaisir de Dieu ; « homme de désirs », de ces désirs qui viennent de l’Esprit... ; homme le plus heureux des hommes, parce que Dieu, récompensant sa prière, lui a donné pour fille celle qui emporte « sur tous les tabernacles de Jacob, » « sur toutes les créatures du ciel et de la terre. »
« Et 1l avait pour compagne de sa vie une pieuse femme nommée Anne, elle-même de la tribu de Juda et de la race royale de David; femme sans péché toujours, et vouée comme son époux au seul culte de Dieu, vivant dans le jeûne et la prière, apportant avec lui au temple du Seigneur des oblations splendides, toujours unie de cœur à son époux dans la pratique de la tempérance et de la parfaite justice.
« Bienheureux sont-ils les parents de la Vierge Mère de Dieu, eux à qui le monde entier est redevable : les prophètes, parce que leurs oracles touchant l’incarnation du Verbe sont par eux véri- fiés ; les apôtres, parce qu’une nouvelle naissance selon la grâce les a faits, par l’intermédiaire de Marie, « enfants de lumière »; les saints martyrs, parce qu’ils ont été par elle couronnés; les justes et les saints parce qu’ils sont devenus les héritiers des biens futurs ; les pécheurs, parce que les prières de la Mère de Dieu leur ont obtenu miséricorde.
« Et c’est pourquoi, d’un cœur pénétré de gratitude, acclamons Joachim... notre espérance après Dieu, Anne la mère de notre vie ; le père, parce qu'il ἃ vu s’épanouir la fleur incomparable; la mère, parce qu’elle l’a fait naître de sa propre substance. Salut, ὃ bien- heureux époux !...»et alors il s’adresse alternativement à l’un et à
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l’autre, épuisant pour tous deux les formules les plus intradui- sibles de l’admiration, « Notre bouche s’emplit de vos louan- ges, et incapables comme nous sommes de les chanter digne- ment, nous vous disons, en empruntant les paroles du Christ lui-même : « Réjouissez-vous et tressaillez d’allégresse, parce que «votre récompense », c’est-à-dire votre Fille elle-même, est dans les cieux !! »
1. Hesterna Dei Genitricis natalis festivitas solemnem diem gaudiï, universo mundo communis, faustissimis laudibus nobis coronavit. Hodierna vero dies grati animi canticum offert Dei Matris genitoribus ; per quos communis omnium salutis primitiæ in lucem prodierunt. Et quidem festum filiæ festum est paren- um. Quemadmodum enim ex gloria matris simul glorificatur proles, sic et ex- prolis laudatione simul glorificatur mater. Fuit igitur hesterna dies mirabilis in oculis nostris, hodierna vero lætitia memoriam justorum cum laude celebrat.
Fuit in prisca illa ætate vir justus ex tribu Judæ, cui nomen Joachim; wir sanctitate ac justitia celebris ; vir nobilitate et divitiis insignis ; vir in sas crificiorum oblatione sincere pius ; vir in cunctis studens Deo bene placere ; «vir desideriorum» quæ sunt ex Spiritu : quandoquidem cum liberorum exper- esset, ac desiderio prolis teneretur, sancti Spiritus sponsam genuit; vir votorum suorum felicissime compos, quoniam preces ejus exaudivit Deus, eique illam dono dedit, quæ præstat super omnia tabernacula Jacob, seu melius dixerim, fillam dedit quæ supra universas creaturas cœlestes juxta ac terrestres merito extolli- tur.
Atqui illi pia erat uxor cuinomen Anna, et ipsa ex regia tribu Judæ, quippe quæ e Davide originem ducebat ; mulier ab omni malo abstinens ; mulier, in 115. quæ ad Dei cultum pertinent, fidelis viro suo comes; mulier in precibus, et jejunuis, et splendidis oblationibus cum conjuge suo in templo Dei assidua ; mulier, quæ per concordiam animi corporisque temperantiam pari semper Cum viro suo sa- pientia enitebat.…
Beatissimi proinde hac de causa Dei Matris parentes, quibus universus se mun dus obstrictum profitetur ; et prophetæ quidem propteres quod veracissima eos de incarnatione Christi oracula edidisse, per ipsos apparuit ; apostoli, quia per eorum Filiam nova generatione facti sunt filii lucis ; sancti martyres, quia moronati sunt ; pii ac justi, tanquam futurorum hæredes bonorum ; peccatores utpote per Deiparæ preces misericordiam consequentes.
Et nos itaque grato animo iisdem acclamemus : «Salve, Joachim, augustissime illius pater, quæ spes est nostra post Deum ; lumbis tuis sint gratiæ. Salve, Anna, summe honoranda illius mater, quæ mater est vitæ nostræ ; utero tuo sit gloria. Salve, pater, optime sator, cultorque uberrimam promens segetem. Salve, mater, gimenso fructu læta radix illius, quæ salus nostra evasit. Salve, pater, ex culta ate vinea optimum præbens racemum. Salve, mater, terræ bonæ fertilissimum arvum. Salve, pater, animati paradisi plantator. Salve, pater, immaculatæ mar- caritæ concha. Salve, mater, integri a nævo smaragdi petra. Salve, pater, vena
ORIENT., MONUMENTS LITTÉRAIRES 155
Serait-ce done toujours si médiocre ?
« Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.» De mêmeun peu les hommes. C’est dit pour le célèbre Syméon Métaphraste qui aurait pu, qui aurait dû, dans son Ménologeouses Vies des Saints, se souvenir de notre Sainte et qui paraît au contraire lavoir totalement oubliée. Pourquoi et comment ? C’est vraiment un mystère, car après ce qu’on vient de lire de la httérature grecque ou à son sujet, après surtout tant d’oflices liturgiques que les mélodes avaient consacrés à la Sainte et qu'il devait connaître, comment n’a-t-il pas trouvé moyen de mentionner la fête du 9 septembre, sinon également celle du 25 juillet ? La première au moins exis- tait dès longtemps, et on ne voit pas qu'elle ait subi une éclipse à son époque, c’est-à-dire dans la seconde moitié du x® siècle. ΠῚ est vrai qu’il a peut-être oublié également la fête de |’ Immaculée Conception, et cette lacune bien autrement grave expliquerait les deux autres, sans toutefois les excuser. Nous disons peut-être, car 1] est possible, assez vraisemblable même, que Surius n’ait pasin- venté les fragments qu’il dit avoir trouvés de Syméon sur cette fête, et à l’aide desquels il a suppléé à ce qui manquait dans l’œu- vre du Maître telle qu’on la publiait de son tempsi. Mais ce sont là des questions de critique où nous ne pouvons entrer, du moins pour le moment, et qu’il est déjà sans doute bien témé- raire d’avoir soulevées.
fontis manantis vitam. Salve, mater, hydria sitim suscipiendæ prolis extinguens.
Impletur os nostrum laudibus eximiæ sanctitatis vestræ, at vestrum Deo auspice initum conjugium celebrare nequaquam pares sumus, nisi usurpando voces Christi, vestri secundum carnem nepotis, beatos vos ambo prædicemus ac dicamus : Gaudete, et exsultate, quoniam merces, fructus uteri vestri, in cælis est. Cosmas Vestitor, In SS. Joachimum et Annam, dans Migne, P. G., t. ανι, col. 1004 sq. d’après ms. du Vatican, n° 455.
4. Cf. P. G., t. cxv, au 15 août : fragments d’après Mai, Veterum Seript., t. 1x. Titre donné par Surius : Oratio quæ tractat a venerando ortu el educatione SS. Dom. N. Deiparæ, auctore Symeone Metaphraste. Evidemment, il y est parlé du père et de la mère de Marie, mais nulle part leurs noms ne sont prononcés. Est-ce Métaphraste qui les tait ἢ Est-ce le Père Surius lui-même? ce quiserait vraisemblable, étant donné les discussions de son temps sur les noms vérila- bles des Parents de la Vierge. Vaine question. Mieux vaudrait nous rappeler uni- que que l'illustre chartreux est l’excellent traducteur des Sermons de Jean Tau- ler, excellent parce qu'il a su comprendre cette haute doctrine et nous la faire goûter dans un latin merveilleux.
1456 MADAME SAINCTE ANNE :
Il est assez remarquable d’ailleurs que la littérature de notre sainte Anne est maintenant à peu près close, peut-être par la faute de Métaphraste lui-même !, peut-être parce que, pour la gloire de la Sainte, tout a déjà été dit et qu’il est devenu comme impossible de reprendre son panégyrique, à moins de le répéter mot à mot. Après les orateurs et les poètes qui ont fait chanter toute la lyre, il semble que le goût ou le secret se soit perdu de ces vieilles canti- lènes, car c’est à peine si, en effet, quelques voix isolées se feront encore entendre ici ou là, sortes d’échos affaiblis d’un passé qui ne peut plus revivre. On le sait, depuis deux siècles, l'Orient n’est plus à l’Église du vicaire de Jésus-Christ ; ila perdu ses docteurs, sa science, son génie, ses vertus antiques ; 1] est comme le rameau qui s’est détaché de l’arbre et qui achève de mourir à ses pieds ; il ne plane plus dans les airs : c’est un grand aigle, au vol tout à l’heure sublime, inlassable, majestueux, qui s’est cassé tout à coup les deux ailes.
C’est donc plutôt avec tristesse que nous achevons ce compte- rendu d’une littérature où la Panaghia et sa Mère avaient occupé toutes deux une si grande place, et où maintenant elles en tien- nent réellement si peu. Jean l’Euchaïte (1050) a, 1] est vrai, une homélie sur la « Dormition de la Vierge, » et 1l paraît se sou- venir quelque peu des saints parents de la Théotocos ? ; Théophy- lacte (av. 1078), évêque de Bulgarie, nous en laisse une autre sur la Présentation au Temple 8. ; le moine Jacques, celui qu’on appelle sapientissimus Jacobus Monachus (fin x1® siècle), refait l’histoire de la Vierge, et 1] a le mérite d’être enluminé, rllustré, comme nous
dirions aujourd’hui, peut-être même avant de mourir 4 ; Hippo-
1. Voir plus loin une page du R. P. Delehaye que nous recommandons d'avance.
2, Jean signale ces prodiges (portenta) : « Quod precibus sanctorum parentum veluti donum divinitus (Maria) concessa fuerit : Quod maternam sterilitatem mirabili ratione dissolverit : oportebat enim, plane oportebat ut miraculo præ- curreret miraculum et ut virginitatis partui fidem faceret effeti uteri fructus.… » Joannes Euchaïtensis, In Dormit. Deip., P. G., τ. cxx, col. 1094.
RP GR ETC ZXVL -col.:129:
4. Sapientissimi Jacobi Monachi Orat. in Nativ. SS. D. N. Dei Genitricis, Combefis, t. vin, p. 74 sq. : Ratio probabilis repulsorum sterilium ut ne Deo offerrent, p. 74 ; devota supplicatio, p. 75; Annæ gratulatio, p.75; Maria triennis
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 157
lyte de Thèbes (x€ ? x1€ ? χιιδ ?) retrace la généalogie de Marie, et Nicéphore Calhiste lui fait honneur de le confondre avec un autre Hippolyte autrement ancien qui vivait au ne siècle ἢ ; Cedrenus (x1-xr1€ siècle) fait place dans ses Annales aux légendes du Protévangile ?; Euthymius (xr1° siècle) regarde la fête de la Conception d'Anne comme un jour d’ineffable allégresse ; Isidore de Thessalonique (1200) appelle encore notre Sainte Mater vene-
in templo offertur p. 75; devota gratulatio, p. 77; Annæ pulcherrima gratulatio : « Venite, accedite, Spiritalium sacrati chori », p.78 (3/4 de colonne); Annæ vo- tum, p. 78; Mariæ pater Joachim pro Mariæ natalitio convivium facit, p. 78; sacerdotum in Mariam benedictiones, p. 79 ; Annæ canticum docte æque expli- catum, p. 79 ; Annæ præclara modestia et humilitas, p. 79-81. — Aussi P. G., t. cxxu : Oportebat ut ejusmodi parentum tu esses filia, ipsi vero ejusmodi filiæ parentes essent. {πὶ Concept., col. 566.
1. « Nicephorus Callistus (1. IT, Histor. eccles., c. 111), allegat ex sancto Hippo- lyto episcopo Portuensi fragmentum satis prolixum circa genealogiam sancti Josephi et beatissimæ Virginis. Verum non est ambigendum quin hic historicus hallucinatus fuerit, intelligendo sanctum Hippolytum martyrem pro Hippolyto Thébano, scriptore sæculi undecimi ad finem vergentis aut sæculo duodecimo ineunte florentis. Cæterum ea quæ referuntur de genealogia S. Josephi ejusque tota familia omnimodam fictionis similitudinem præ se ferunt ; credit quoque hic auctor S. Josephum beatissimæ virginis sponsum duas uxores habuisse, at- que ex prima Salome dicta .. quatuor filios, Jacobum, Simonem, Judam et Joseph, et duas filias Esther et Martham suscepisse. » — Ex dissertatione P. Gottfridi Lumper de vita et scriptis 5. Hippolyti excerptum : cf. Migne, P. G. L., τι vus, col. 215. Hippolyte de Thèbes a vivement intéressé en ces derniers temps la docte Allemagne. Voir DT Franz Diekamp, Hippolytus von Theben (textes et recherches), in-8, Munster, 1898. Texte de sa chronique, p. 1-55; généa- logie de sainte Anne, p. 9 ; Mathan, prêtre sous Cléopatre et « Sopar le Perse » ; trois filles : Marie, Sobé, Anne; celle-ci se maria en Galilée et mit au monde Marie, etc. — Inutile d'ajouter que l'ouvrage de M. Diekamp, sans rien contenir de ie est assez vanté.
2. « Ces légendes s’épanouissent amplement dans la chronique de PES Cedrenos (x1-xr1 siècle) et ceci est une indication importante, car Cedrenos est le moins indépendant des écrivains et il ne se serait pas avisé d'introduire dans son œuvre ces récits légendaires, s'il n'avait pas trouvé d'exemples de ce fait dans les écrivains antérieurs. » Amann, op. cit., p. 129.
3. Manuscrit grec de la bibliothèque de la ville de Leipzig, Note prise des Analecta boll., t. xx (1901), p. 206 : « Codex 187, membraneus, fol. 128, Om 37X0M26 binis col. sæc. x-xr exaratus (?) ; fol. 84-87; Εὐθυμίου μοναχοῦ πρεσδυτέρου ai συγχέλλου εγχώμιον εἰς τὴν σύλληψιν τῆς ἁγίας "Avvns. Incipit : Μεγίσ- τῆς εὐφροσύνης χαὶ ἀνεχλαλήτον ἀγαλλιάσεως τήμερον ἐν ουρανῷ τελουμένης διά τὴν τοῦ ἀπολωλότος ἀνθρώπον.ν
158 MADAME SAINCTE ANNE
randa et 1i est assez sage pour réiuter une fable qui apparemment commençait à se répandre, la fable du trinubium, ce dont nous de- vons lui savoir un gré extrème ἢ; Perdiccas (1250), protonotaire d'Éphèse, rend compte de sa visite à Sainte-Anne de Jérusalem ? ; Théodore l’Hyrtacénien (1283-1328) écrit des pages qui ressem- blent à des idylles et nous y reviendrons peut-être 3; Nicéphore Grégoras (1295-1359) exalte la vertu du juste Joachim # ; Grégoire de Thessalonique (1330) est également un pieux panégyriste ; enfin, et nous omettons sans doute quelques noms, —en quoi il faut excuser notre insuffisance — Nicéphore Calliste (1335) a le mérite de consacrer toute une longue page de son Histoire ecclésiastique à l’éloge des saints Théopatoresé. Mais est-ce parti pris de ne plus
1. P. α., τ. cxxxix, col. 11-40: 7 Nativ, B. V. Mariæ, col. 40-71 : In Præsent « Anna vero, mater veneranda, cum generaret, filia sua indigebat, ut regenera- retur; et cum in utero gestaret, ipsa nova quadam ratione in utero gestabatur. » (col. 23). Col. suiv. : toute la légende, et à l’égard du trinubium :« Progenita porro fulgidissima ἰδία ac divina imagine (Maria), jam a gignendis liberis Anna cessa- vit... Nam quæ nata fuerat cunctis pollebat. » (col. 30).
2. Voir à Sainte-Anne de Jérusalem.
3. Voir plus bas.
&. Cf. Rocchi, op. cit., p. 76, 155 etc.
5. Cf. Rocchi, p. 48 ; Oudin (1722), t. 111, p. 914.
6. Nicephori Callisti (1335) Ecclesiasticæ historiæ libri XVIII, dans Migne, Patrol. gr. lat. tant. editæ., t. rxxux, col. 527 sq. Au livre I, ch. vx, col. 578, on lit : « Posteaquam enim perfici atque exhiberi debuit ingens illud, naturamque omnem longe superans mysterium, opus fuit prorsus instruere et præparare vas, quod eum qui incomprehensibilis est comprehenderet. Inventa itaque est beata Virgo Maria, dignum Deumque decens Verbi domicilium, etiam ante nativita- tem Deo consecrata, atque ex membris senilibus, et longe a naturæ fervore alie- nis, tanquam quidam divinitus datus fructus producta. Joachim et Anna pa- rentum erant nomina. Ambo accuratiore, juxta præscriptum legis, vita præstan- tes et clari, necnon primis quibusque et splendidissimis nobilissimisque genere connumerati. Vitam autem ad senectutem, sine prole edita, produxerant. Erat enim ad liberorum procreationem Anna alvo infecunda. Et cum ob sterilitatis causam non haberet communes cum matronis et matribus a lege tributos honores, exemplo matris Samuelis ipsa quoque fit supplex Deo, etin templo sedulo versa- tur, ne scilicet a benedictionibus legis excluderetur, sed ut ei matrem esse liceret orans, ac quod paritura esset, ipsi Deo dicaturam se esse vovens. Sed enim divino nutu, ad eam quam petierat gratiam, Anna confirmata atque roborata, postquam puella ex maternis prodiit locis, Mariam eam statim nominavit, ænig- mate latenter a Deo acceptam gratiam declarans. Ut vero infans a lacte materno
Ph Le int
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 159
rien admirer de ce qui serait pourtant admirable ? est-ce plutôt réelle « médiocrité » chez ces derniers auteurs, cette médiocrité dont M. Newmann accusait bien à tort, nous l’avons déjà vu, tous les écrivains byzantins ? En tout cas, il semble qu’il manque maintenant une corde, plusieurs cordes, à la lyre qui veut chanter Madame saincte Anne. Autant valait peut-être la suspendre aux branches des arbres sur les rives de ces autres fleuves de Babylone, La bibliographie hellénique des xv® et xvi® siècles publiée par M. Legrand ne sert qu’à mieux prouver cette décadence intel- lectuelle 1,
Laissons pourtant, car ce serait trop triste de finir de la sorte, laissons Théodore l’Hyrtacénien essayer de moduler une dernière fois quelques harmonies, chère musique d’autant plus douce à l'oreille que l'Orient ne sait plus chanter.
M. Krumbacher fait vivre ce Théodore sous Andronicus-le- Vieux (1283-1328) et non, comme 1l insiste, sous Andronicus-le- Jeune (1328-1341) mais lui-même, aussi bien que les anciens bibli- graphes, se contente de mentionner les deux pièces que nous possé- dons de Théodore : une homélie« à la louange de la Vierge : et une Description du jardin de sainte Anne, deux œuvres jusqu’à pré- sent inédites, nous assure-t-on ?. Malgré les réserves que nous semblions formuler tout à l'heure même contre lui, c’est sûrement dommage qu'il ne soit pas en meilleure lumière, A propos, les nombreux recueils quisemblent de nos jours s’être voués à la recher-
jam abhorhuit, et mammam attingere noluit, promissionem mater adimplet : et in templum ascendens, juxta votum, eam Deo concecrat, tertium jam tum ætatis agentem annum. »
1. Émile Legrand, Bibl. hellénique ou description raisonnée des ouvrages publiés par les Grecs aux xv® et xvi® siècles, ἃ in-8, Paris, 1906.
2. Theodoros Hyrtakenos lebte unter Andronikos dem Alteren (1283-1328) vielleicht auch noc unter Andronikos dem Jüngeren (1328-1341) als Lehren der Grammatik und Rhetorik in Konstantinopel. Geschichte, p. 483.
Note prise du Calalogue des mss. de la Bibl. Nat. Regius, 1759 :
«1° Theodori Hyrtaceni, scriptoris hactenus inediti qui imperante Andronico seniore, instituendæ juventuti præfectus, Constantinopeli floruit, homilia elegantissima in laudem beatæ Mariæ Virginis ;
« 2° Ejusdem descriptio, omnino commentitia, horti quem sancta Anna, bea- tæ Virginis mater, prope oppidum Nazareth possedisse fingitur, »
160 MADAME SAINCIE ANNE
che des oubliés, ne vont-ils pas songer à lui et nous le mettre au jour, lui qui du reste occuperait si peu de place au soleil ? Pour le moment, 1l faut le lire, le déchiffrer plutôt, dans le demi-jour de la Bibliothèque nationale, et si le demi-jour coïncide avec lau- tomne, l’entreprise n’est vraiment pas facile. Le codex n’est pas jeune, puisqu'il passe pour contemporain de l’auteur, et ce n’est pas trop des meilleurs yeux ni de l’aide obligeante des paléogra- phes pour en venir à bout.
Ajoutons que cette fameuse Description du Jardin, qui nous intéressait surtout, à titre de sujet très nouveau, y occupe au moins dix-sept ou dix-huit pages ?. Nous aurions pu tout relever, tout transcrire jusqu’au dernier mot, que nous devrions encore nous borner à une bien courte analyse. Est-ce une preuve de médio- crité que cette ampleur, cette inlassable complaisance dans la des- cription ? Pauvre Lamartine alors! et tant d’autres qui n’ont jamais pu se satisfaire à moins de trente ou quarante pages pour le moindre des petits coins de ce monde ! Que voulez-vous ? décrire un paysage, un Jardin, c’est un goût comme de les peindre, et c’é- tait le goût de Théodore.
Il décrit, et plus que cela, 1l peint, lui aussi; 1] peint «la sainte femme Anne, tristement réfugiée dans son jardin, au pied d’un crand arbre dont le sommet semble toucher presque les hauteurs empourprées, et qui prête l’asile de ses branches à divers oiseaux multicolores, parmi lesquels se distingue un aigle majestueux. Elle est triste d’une tristesse ineffable et ne peut plus contenir le flot de larmes qui lui monte du cœur, capable à lui seul d’emphr les urnes sacrées du Paradis. Et comme s’il fallait un poignant contraste à sa peine, un rossignol vient s’unir à la nature en fête, remplissant l’espace de ses chants harmonieux. Les fleurs d'Arabie laissent flotter dans l’air leurs parfums délicats ; la rose penche vers le lis sa corolle embaumée, et le lis lui-même, idéalement odorant, frôle de sa tige la timide violette. Tout est calme comme le sommeil d’un nouveau-né ; toutes ces beautés de la nature se bercent dans un repos étrange, et seule, l’aimable dispute des oiseaux, posés sur les branches ou sautillant dans les verdures,
1. Cf. Codex 1209 de la Bibliothèque nationale (xrn siècle, 19 par 14 centim., fol. 36 à fol. 45).
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 161
rompt de temps en temps l’auguste silence des choses. Mais ious ces charmes d’un jardin incomparable laissent bien indifférente l’âme de la pauvre infortunée, ou plutôt 1ls ne font qu’aggraver sa douleur, et c’est comme un grand fleuve de feu qui lPenvahit tout entière. Ainsi longtemps elle pleura, puis enfin larchange Gabriel vint à elle et lui dit :« Anne, sèche tes larmes, une enfant te naîtra, une Vierge unique entre les vierges, et c’est par elle que s’accomplira le rachat de toute faute. Jean lui-même va pro- phétiser cette délivrance du genre humain et le temps est proche où tu seras divinement consolée, etc. »
51 le chapitre que nous méditons sur la littérature hymnique d'Orient avait dû suivre immédiatement, aucune transition n’eût été meilleure que ce gracieux tableau.
Quelques mots encore cependant. Nos recherches pouvaient s'arrêter à l’époque de Théodore et de Nicéphore Calliste, c’est-à-dire au x1v® siècle, parce que,
_au delà, commence déjà l’ère moderne et qu’elle ne fournit presque
plus de matériaux à notre sujet, mais les exceptions sont toujours de règle, et ici quelques-unes semblent s'imposer. Ainsi, à part un fragment de sermon conservé à Oxford !,1l convient de men- tionner, en attendant mieux, divers manuserits du Mont Atho:, jeunes peut-être de rédaction, mais anciens d'inspiration ? ; de prendre note d’un petit ouvrage arabe racontant la Légende de notre Sainte 3, mais surtout de faire place, toute la place pos-
1. Ms. grec du collège de Lincoln à Oxford : codex n° 1 (Chartaceus, in-fol. 374 fol., sæc. x1v) à deux colonnes : Au fol. 6: Orationis fragmentum in hono- rem sanctæ Annæ. Incip. in verbis — τραν, ἅγιον τῷ Κυρίῳ χληθήσετε. Desin : ὁ τὸν χόσμον σώζων διὰ τοῦ ᾿Ιησοῦ Χριστοῦ τοῦ Κυρίου ἡμῶν.
2. Voir plus loin, à l’article sur le Mont-Athos.
3. JoacxiM uND ANNA, das sind : die wahrhaîften schonen und frommen Geschi- chten von den Geburt der heiligen Jungfrau Maria, sowie von dem heiligen Greise Joseph dem Zimmermann von Nazareth, aus dem Arabischen neu verdeutcht von O. L. Wolff, Leipsic, 5. d., in-12, 16 pages. Résumé : C. τ. Qui furent le père et la mère de la sainte Vierge Marie ; c. 11 (p. 4) : Comment Joachim s’éloigna de sainte Anne; c. 111 p. 5, avec gravure sur bois de l’apparition de l'ange à Joachim : Comment l’ange du Seigneur apparut pour lui annoncer que son épouse conce- vrait ; ©. τν (p. 7) : Comment l’ange apparut à sainte Anne et lui annonça qu’elle concevrait ; 0.1 : Comment Joachim revint vers son épouse, et comment Marie
11
162 MADAME SAINCTE ANNE
sible à ce vénérable monument éthiopien qui s’intitude Vie de Hanna, et qui promet d’ailleurs de nous intéresser très vivement.
C’est l’érudition anglaise, accompagnée cette fois de magmifi- cence, qui nous ἃ donné naguère ce superbe in-quarto royal, un volume énorme aussi (dans le bon sers) puisqu'il n’a pas moins de quatorze ou quinze centimètres d'épaisseur, une merveille réelle, dont lies Analecta Bollandiana disaient qu’ «il est des hvres dont le seul aspect extérieur commande l’admiration 1, » Certes ce n’était pas pousser trop loin le compliment, et pour en goûter l’exactitude comme la saveur, nous n’avons, quant à nous, qu’à nous reporter à cette matinée de mai dernier où nos perquisitions ayant enfin abouti, nous voyions apparaître, dans une grande salle de la bibliothèque publique de Boston, un aimable et souriant jeune homme qui apportait triomphalement dans ses bras le colos- sal ouvrage. Il semblait si heureux lui-même de nous faire plaisir, fût-ce au détriment de ses nerfs pourtant robustes !
Donnons d’abord le titre dans sa traduction anglaise, et comme le livre est assez rare, puisqu'iln’a été imprimé qu’à un nombre restreint d'exemplaires, ou comme dit la préface, for private curculaiion, nous prendrons le temps d’en jouir un peu à discrétion:
The nuracles of the blessed Virgin Mary and the Lije of Hannä And the magical prayer of ‘Ahetà Mikäél Ethiopic texts with english translations by Εἰ. Wallis Budge Lady Neux manuscripts, nos 2-5, III coloured plates London, 1900
Soit en français pour qui l’aimerait mieux :
Les miracles de lu bienheureuse Vierge Marie et la Vie de Hanna Et les magiques prières d’'Aheta Mikaël Textes éthiopiens avec traduction anglaise par Εἰ. Wallis Budge etc.
vint au monde ; ὁ, vi (p. 9, avec gravure de l’Entrée de Marie au temple) : Comment Marie fut amenée au temple du Seigneur. 1, Tome xx (1901), p. 93.
ORIENT, MONUMENTS LITTÉRAIRES 163
La vie de sainte Anne qui va nous occuper, ou, pour traduire plus littéralement le texte original, Histoire de Hanna est éditée et traduite par M. Wallis Budge d’après un petit in-octavo manus- crit de la collection de Lady Meux, et M. Budge le croit unique au monde. À l'annonce un peu trop sommaire de cette publica- tion, nous avions cru que le manuscrit en question était vraiment ancien, au sens strict du mot, et nous en rêvions comme d’une relique du lointain moyen âge, mais l’éditeur devait trop tôt hélas ! nous guérir de cette illusion en nous avertissant qu'il ne pouvait pas, quant à lui, le placer plus haut que le xvine siècle, C’é- tait un nuage sur notre doux soleil de mai et partout dans cette salle très laborieuse et très vivante qui s’emplissait jusque-là de sa lumière comme de sa chaleur.
Une pensée consolante nous restait cependant et nous reste encore : c’est que ce manuscrit n’est très vraisemblablement qu’une réédition d’un texte plus ancien, peut-être beaucoup plus ancien, οἱ tel qu’il pouvait déjà exister et circuler en Éthiopie dès le moyen
âge. Le scribe du xvu:° siècle n’a rien inventé, comme nous le verrons, et s’il eût vécu de nos jours, il eût sans doute moniré avec orgueil ses vieux documents.
Quoi qu'il en soit, l’ Histoire de Hanna, telle qu’on nous la donne, contient d’abord, bibliographiquement parlant, 81 feuillets de 7 1/4 pouces par ὃ 1/4, portant deux colonnes composées cha- cune de 38 lignes en moyenne : le toui comprenant 48 colonnes, soit à peu près 1800 lignes dans le texte éthiopien reproduit (phoiographiquement ?) sur loriginal !
L’Oriental met volontiers son nom à ses œuvres, et l’auteur de ce livre nous a livré le sien. Il s’appelle Gabra Krestos, et 1l-nous . apprend qu’il a exécuté son travail pour Gabra Maryam, « pauvre : misérable pécheur qui, de ses propres ressources, a payé pour faire | écrire cette histoire de la bienheureuse Hanna » (p. 207).
Le scribe est très reconnaissant et il fait des vœux pour que - le nom de Gabra Maryam «soit inserit par Dieu mème sur une - tablette (un pilier ?) d’or en letires d’une brillante et à jamais
_ 4. Voir 2° partiede l'édition (pagination indépendante de la première), p. 84-107.
164 MADAME SAINCTE ANNE
resplendissante lumière 1, » (Habituons-nous, si nous ne le som- mes pas encore, à ces surcharges d’épithètes si naturelles à Peffu- sion orientale. Nous verrons encore mieux tout à l’heure). A la prière pour son patron 1] joint une prière pour lui-même, «le souillé, indigne d’être touché », afin que « tous deux, ils se détournent des sentiers du vice pour toujours et toujours. Amen et amen. Qu'il en soit ainsi ! Qu'il en soit ainsi ! »
L'ouvrage contient quelques miniatures parfaitement archaï ques d’inspiration et d’exécution, telles que la Prière d'Anne et de Joachim, et l’Obtention de la Vierge Marie (« Begetting of Virgin Mary »). Cette dernière composition est assez remar- quable. Anne tient son enfant dans ses bras ; à droite est l’archan- ge saint Michel et à gauche, l’archange Gabriel, tous deux bran- dissant une épée nue. Aux pieds dela Sainte, Gabra Maryam est prosterné contre terre, un rosaire à la main gauche. En haut se lit l'inscription: Hanna avec son enfant bien-aimée. Le nom de l'artiste est Habta Gabrael. Enfin, nous apprenons par une note que le manuscrit a été exécuté dans (la fameuse Dabra Libanos du pays de Shoa ?.»
Le livre se divise en sept parties respectivement intitulées deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, premier et septième jour. Pourquoi ce premier jour est-il renvoyé à la fin, en même temps qu’une sorte de préface qui l'accompagne ? C’est ce que l’éditeur n’explique pas plus que l’auteur lui-même. On ne
4. Cf. Introd., p. xx1v. Trad. Budge : May our Lord Jesus Christ write down the name of Gabra
Maryam, the poor miserable sinner, who at his own expense paid to have written this book of the history of the blessed Hanna (fol. 69 a) and the history and Praise of the begetting of the Honourable Joachim with a pen of light which shall never be destroyed. And may the intercession of Joachim and Hanna on the day of retribution and rebuke deliver both Gabra Maryam and the scribe who wrote this book, Gabra Krestos the defiled one, who is unfit to be touched, from the path of sin for ever and ever. Amen and Amen. May it be ! May it be ! p. 207.
2. Dabra Libanos est le nom d’un couvent. La Patrologia Orientalis de Mgr Graffin et abbé F. Nauen fait mention dans une note de son tome vu, fascic. 3, p. 439, à propos d’« Abba Filpos, docteur en loi », dont le synaxaire éthiopien fait mémoire, le 4 août.
ORIENT, MONUMENTS LITTÉRAIRES 165
peut guère supposer une erreur de reliure, mais aussi bien ce dépla- cement, qu’il ait été voulu ou non, ne nuit en rien à la composi- tion, ear de fait, on ne trouve pas ici de composition au sens ordi- naire du mot. L’auteur n’a pas voulu couper en chapitres l’his- toire chronologique ou successive de sainte Anne. Il suit chaque jour l'inspiration du moment, quitte à faire mourir la Sainte au troisième jour, et à nous la montrer plus tard allaitant son enfant.
Le second jour — pour respecter l’ordre actuel du manuscrit — raconte d’abord la généalogie de sainte Anne. L’auteur a cer- tainement emprunté partout au Livre de Jacques, mais ou bien il a connu d’autres récits quelque peu différents, ou bien 1l s’ac- corde une certaine indépendance en ce qui regarde les tra- ditions ordinaires. Pour lui, l’aïeule de notre Sainte s'appelait Faustina, et à la haute noblesse de sa naissance devait s’ajouter le don de prophétie, puisqu'elle prophétise en effet «que la sep- tième fille de sa fille fera luire sur le monde la lune bienheureuse, » c’est-à-dire, non encore la Vierge, mais sa mère, notre sainte Anne à nous. M. Budge trouve «très remarquable », et avec raison, « l’origine de la Vierge », cette histoire très orientale d’une « perle, moitié perle et moitié poussière », passant tour à tour du sein d'Adam à celui de Seth, d’Enos, d'Abraham, de David, et enfin de Joachim qui, après neuf ans de mariage, la voit briller de tout son éclat au ciel de l'humanité (p. 160-164) 1,
1. The statement which is made with reference to the origin of the Virgin Mary is very remarkable. According to it the seed from which she sprang was placed by the Almighty God in the body of Adam in the form of a white pearl, one part of which was formed of dust when he created him. From the body of Adam it passed into Seth and from Seth to Enos (etc., jusqu’à Joachim). During this long period the seed remained in a quiescent state ; it « neither perished nor made itself manifest, » and it did not pass into the body of any one of the wives of the Patriarchs from Eve downwards. /ntroduction, p. v.
L'abbé Holweck constate une opinion analogue chez quelques écrivains orien- taux des xr°-xr1 siècles : « Some writers of those times (époque ‘indiquée) en- tertained the fantastic idea, that before Adam fell, a portion of his flesh had been preserved by God and transmitted from generation to generation, and that out of this flesh the} body of Mary was formed, and this formation they commemoràa- ted by a feast. Cf. Cathol. Encycl., tfirr, p. 551.
166 MADAME SAINCTE ANNE
Mais ila fallu attendre en effet neuf ans, neuf ans de prières, de supplications, « de lamentations en grande amertume de cœur, » Enfin l'Esprit de Dieu apparaît un soir sous la forme d’un oiseau blanc qui descend du ciel, le même qui avait jadis couvert de ses ailes les chérubins préposés à la garde de l’Arche d’allhiance. La perle blanche représentait tout à l'heure la pureté de la Vierge, l’oiseau blanc signifie maintenant que son âme existait dès long- temps au sein de À « Ancien des Jours », et c’est ainsi que «loi- seau blanc et la perle blanche sont deux symboles égaux et semblables (p. 165-167) 1. »
Suit un cantique : « Ὁ bienheureuse Hanna, qui peut, quand il parle de vous, dépasser la mesure de la louange, puisque nulle femme n’a jamais reçu, ni ne recevra Jamais une telle abondance de grâces "Ὁ Ὁ Hanna! vous êtes plus grande que Haykel, mère de Noé, que Edna, mère d'Abraham, que Sara et Rébecca…. etc. (p. 167-169). »
Troisième jour : Hanna doit être plus estimée que l'or, l’ar- gent, même les douze pierres précieuses. Elle est plus belle que le soleil, la lune et toutes les choses créées du ciel et de la terre. Au- cune femme ne peut lui être comparée pour la beauté et la grâce. Son parfum est plus exquis que celui de toute fleur, plus suave que celui des plantes odorantes, et le galbanum et le cinnamon el le cassia n’ont rien de comparable à sa douce haleine. Elle chante le cantique d’Anne, mère de Samuel ; elle prophétise qu’elle sera bientôt mère et que sa fille donnera elle-même naissance au Roi du ciel, de quoi les anciens se scandalisent et la réprimandent sévè- rement:et soudain, sans y être autrement préparés, nous assistons à sa mort (p. 166-178).
1. Budge, p. vi : «This bird was the spirit of life and it took up its abode by Di- vine agency in Hanna’s body. Now when Hanna and Joachim were together and the seed in the form of a white pearl, which was to form the flesh of the Virgin Mary, was transferred to her body, it united with the spirit of life and germinated forthwith, and the Mother of our Lord began her material existence. This in brief is the remarkable account of the conception of the Virgin Mary by Hanna which is given by our author and which the artist has tried, not very succes- fully, to represent pictorially (Plate, ο. 11). »
ORIENT, XONUMENTS LITTÉRAIRES 167
Quatrième jour : Hanna est morte le 7 novembre, pendant que Notre-Dame Marie était au Temple. Douleur de la Vierge (p. 179). A l’âge de douze ans, elle est fiancée à Joseph (179) : « Cantique de louange, de salutation, d'hommage à Hanna, la mère de la Mère d’Adonaï, qui a fait lever un second soleil, Puisse la grande puissance de sa prière nous garder, nous et tous les enfants de l'Église, nous garder de tout mal pour toujours et toujours | Amen ! Que nos Joyeux cantiques montent vers toi, ὃ ma Dame Hanna, toi la préférée du Père céleste, toi la demeure par excellence de la Mère du Fils (de Dieu) et le tabernacle de l'Esprit vivificateur ! | Que nos cantiques joyeux montent vers toi, ὃ ma Dame Hanna, qui as sauvé Adam l’infortuné; vers toi Reine de toutes les femmes, - la déesse de Sara et de Ketura, la vie et le bonheur de Rebka. de | Sara, de Rachel et de Léah ; la majesté des séraphins qui chantent (9), l’offrande déjà consumée du sacrifice, l’aile du chérubin et son vol superbe, la prophétie des prophètes quand leur lumière a éclaté, le verbe des apôtres au temps du matin, O madame Hanna, la majesté de ta souveraineté fait l’allégresse de nos mères Melka, Tersa, Hegla, Nuha et Mahala, des cinq enfants de Salapad… etc. (p. 179-181). »
Cette vénérable femme Hanna venait de la cité de Jérusalem, et elle était fille de Matat, fils de Lévi, fils de Melka de la tribu de Judah. Matat avait trois filles : Maria, Sophia et Hanna, les- quelles, s'étant mariées, furent respectivement les mères de Salo- mé, qui était avec la Vierge quand le Christ naquit, d'Élisabeth, mère de Jean-Baptiste, et de Notre-Dame la Vierge Marie (p. 182).
Mais Hanna fut longtemps sans enfant, et elle pleurait seule dans sa maison, pendant que Joachim vivait retiré dans le désert. En vain sa voisine essaie de la consoler et l’engage à quitter ses-habits de deuil pour prendre des vêtements de joie 1: elle veut rester tout entière à sa douleur: « Malheur à moi ! À qui puis-je être comparée ὃ... » et le reste comme au livre de Jacques et par- tout ailleurs... Cependant Joachim vient offrir un nouveau sacri- fice en présence du Grand-Prêtre, et apercevant le reflet de son
CO Ψ Ὁ» Ἔν oc end dé ff ur ΨΡΥΥ
1. Elle refuse parce que ces vêtements « may have been stolen, may be the hire of fornication . » Trad. de M. Budge.
168 MADAME SAINCTE ANNE
visase dans la couronne de perle (Original, fol. 45a), 1] se réjouit, confiant dans le Seigneur (p. 183-187).
Cinquième jour. Hanna bâtit une demeure ! pour la Vierge, et donne une fête en son honneur (p. 188-189). Hymne pendant l'allaitement et longue prière au cours de laquelle «elle aperçoit les archanges Michael, Gabriel, Raphael, Uriel, Salahiel, Sakuëêl, Ramäüêl, Sadakyal et Ananyal qui la couvrent alternativement de leur blanches aules de feu, en se voilant le visage d’une flamme de feu, et en chantant des psaumes et des hymnes sur un ton très beau et très doux. Et Hanna les entend qui lui disent : « Bienheu- reuse es-tu, ὃ Hanna, car tu es devenue la déesse de David et de tous les rois d'Israël. Bienheureuse es-tu, ὃ Hanna, car nous avons mission de t’indroduire dans la congrégation des cieux (p. 191). »
Et de fait, voici Hanna etson époux devant le trône de Dieu. Ils ἃ offrent leurs hommages et Dieu leur répond : « Quiconque fera mémoire de vous, ou bâtira une église sous votre nom, ou écrira votre histoire, je le ferai se réjouir dans le monde à venir, et je lui pardonnerai toutes ses fautes, et j’effacerai la mention de sa dette (p. 192). » Et l’auteur chante à son tour : « O Hanna bénie, fille de miséricorde ; ὃ Hanna bénie, fille de salut ; ὃ Hanna bénie, fille de compassion ; ὃ Hanna bénie, fille de majesté ; ὃ Hanna bénie, fille de droiture; ὃ Hanna bénie, fille de gloire, etc. je te le dis : Me voici ! tu es pour mon âme la barque de vie qui doit lui faire franchir la mer de feu prête à l’engloutir ! ὃ Dame ! à Glorieuse ! à Sublime ! daigne ton incessante bénédiction des- cendre comme une pluie sur nos têtes (p. 193) ! »
Sixième jour. Historique des grandes familles de Juda dont Jésus descendait (p. 195 sq.). Hymne à Joachim, plus grand que ious ses ancêtres (p. 198-199). Nous voudrions pouvoir nous arrêter encore.
Premier jour, et d’abord la Préface. Généalogie de la Vierge et la lésende de la perle comme plus haut. Dès le sein d'Adam, cette perle ressemblait parfaitement à la Vierge, et c’est elle que Dieu
4. Built a habitation.
ORIENT. MONUMENTS LITTÉRAIRES 169
montrait à Moïse pour lui apprendre à bâtir un tabernacle digne d’elle et de lui... (p. 200-203).
Pour le jour même, l’auteur raconte encore une fois la généalogie de Hanna et la naissance de la Vierge. Joachim et Anne ont vu les cieux s’ouvrir et un oiseau blanc descendre et planer sur leurs têtes (folio 671). C’était l’annonce du merveilleux événement.
Le septième jour, sans intitulé celui-là, commence par « Un miracle de la sainte et bénie femme Hanna. » C’est d’abord un résumé de sa légende, et le miracle, le grand miracle dontil s’agit, c'est la naissance de Marie (p. 206-207). Puis vient une longue série de« salutations au corps »même, c’est-à-dire, eten réalité, à tous les membres de la Sainte. M. Budge n’a pas craint ici d’in- quiéter la pruderie anglaise et 1l a traduit, semble-t-il, mot à mot, tout ce chapitre. L’oriental ne s’est pas écarté autant que nous, les septentrionaux, de la simplicité biblique, et léthiopien de ces der- niers siècles parle encore comme l’époux du Cantique. Nos oreilles françaises pourraient-elles du moins entendre la fin de cette hymne étrange, étrange en effet mais très dévote à sa manière, où, après avoir «salué » le nom d’Anne, tout son corps :ses cheveux noirs, sa tête, ses sourcils, ses oreilles, ses joues, ses narines, sa bouche, ses dents de cristal, sa voix, sa respiration, sa gorge, son cou. jusqu'aux ongles qui décorent ses pieds délicats, l’auteur «salue» encore l’envolée de son âme au paradis, et sa sépulture, et son tombeau, s’écriant, pour finir, dans une prière où toute son âme semble passer :
« Salut à toi, Hanna dont le nom est si doux; dont la mémoire ne peut périr parce qu’elle est pénétrée par le sel de la Divimité!; toi, sainte femme, toi, mère de Marie mère du Roi des hauteurs; salut à toi, Hanna, qui es le matin, et à toi, Marie, qui es le ciel où est né le Christ, soleil brûlant dont les flammes consument toute erreur ; salut à toi, pierre de calcédoine, perle aux étincelants reflets ; salut à toi avec les salutations de Fasiladas et de Galaw- dewos ! Salut à toi, salut à toi! Quand j'ai entendu la rumeur de ta sagesse, de ta sagesse aussi haute que les cieux, mon esprit
1. Whose memorial is salted with the salt of Divinity. Budge, p. 212.
470 MADAME SAINCTE ANNE
a dit : « Je laisserai Hanna accomplir le sauvetage de mon âme... ete. (p. 211-212). »
Le tout se termine par une prière au Christ en faveur du seribe et de son patron, telle que nous l’avons déjà citée plus haut (p. 214-216).
Nous ne pouvons fermer cet intéressant volume sans noter quelques réflexions du traducteur lui-même :
«A lire cet ouvrage, dit-1l, on se rend compte que, à l’époque de son apparition, les Éthiopiens reconnaissaient dans la Mère de Marie plusieurs des attributs de sa Fille, et que les honneurs qu'ils lui rendaient le cédaient peu à ceux qu'ils rendaient à la Vierge Marie elle-même. Avant la fin du vrri® siècle, Hanna était révérée comme une sainte dans l’Église d'Orient. Au cours des siècles suivants, diverses légendes se groupèrent autour de sa mémoire, et les récits de ses miracles apparurent dans la littérature chré- tienne. Rien ne montre mieux la vénération des Éthiopiens à son égard que les salutations qui terminent l’ouvrage de Gabra Krestos. Elles prouvent jusqu’à quel point ils avaient foi en sa puissance au ciel et sur la terre, »
2. Littérature hymnique.
L'univers écoutait l'écho de mes cantiques,
Quand, à l’ambon doré des vastes basiliques,
Les voix de Romanos ou de Jean de Damas,
De Sophrone ou d'André, de Serge ou de Cosmas,
Déployant le rouleau des saintes parthénies,
Versaient leurs strophes d’or en longs flots d'harmonie E. Bouvy. (2)
Quel titre fallait-1l donner à ce nouvel article ἢ Littérature hymni- que était peut-être en somme celui qui convenait, terme un peu va-
1. Budge, préface, p. νι. Autre note : « Throughout the work, Hanna 18 assumed to have married only once, and to have had only one child. »— Sui- vant M. Budge, les Ethiopiens font une fête de la Purification de sainte Anne dans le Temple, le 20 de Hamlê (14 juillet).
2. L'Orient à la cour de saint Louis, poème dans Échos d'Orient, t. 1 (1897- 1898), p. 149.
ORIENT, LITTÉRATURE HYMNIQUE 171
gue, il est vrai, mais pas plus que la chose qu’il entend signifier, un chose qui a été bien longtemps indéfinie, même inconnue,
À part les ouvrages en prose comme ceux que l’on vient d’exa- miner, la bibliothèque de « Madame saincte Anne » nous présente un certain nombre d’autres écrits plus ou moins considérables quant au volume, quine sont ni de la prose, ni, à proprement par- leret au sens ordinaire que nous donnons à ce mot, de la poé- sie. Qu'est-ce donc, puisqu'il convient de nous occuper de ces ou- vrages comme des autres ?
C’est sans doute ce qu’il faudrait dire tout d’abord si nous ne voulons pas paraître Jouer sur les mots.
Le chanoine Chevalier a raconté que dom Pitra (il n’était pas alors cardinal) était descendu un jour chez des religieux de Saint- Pétersbourg et que ses hôtes, très honorés de sa visite, assez bien informés aussi de ses goûts littéraires, avaient mis sur la modeste table de sa chambre leur plus précieux manuscrit, c’est-à-dire un hymnaire grec très ancien qui devait, pensaient-ils, occuper agréablement ses loisirs pour le cas où il en aurait. Le savant bénédictin se serait de suite épris du vieux codex et, longtemps, il lui aurait donné toute son attention, toute son admiration qui augmentait à mesure. Avait-il fait une découverte ? Aujourd’hui la science le reconnaît ; elle dit que c’est dom Pitra le premier qui a découvert de la poésie là où personne n’avait jamais vu rien d’autre que de la prose, de la prose d’un genre peut-être à part, mais en somme de la prose pure et simple.
L'enquête se continua en diverses bibliothèques, sur plus de deux cents manuscrits de toutes époques, et partout, les mêmes cantiques, ponctués avec une corrélation rigoureuse, offraient les mêmes strophes symétriquement partagées : les divisions mesu- raient toujours le même nombre de syllabes, l’accent tonique oceupant toujours la même place dans les pièces de même rythme. Ces hymnes de l’Église grecque, ces odes — pour leur garder leur nom — n'étaient donc pas de la prose (δίχα μέτρου), comme l'avaient cru Allatius, Gretser, le cardinal Querini et d’autres, comme le pensaient encore les Grecs et les Russes, mais de véri- tables vers, soumis aux lois de l’harmonie musicale, isosyllabiques
472 MADAME SAINCTE ANNE
(ἰσοσυλλαθοῦντες) et isotoniques (ὁμοτονοῦντες) 1. À tout à l'heure les détails.
Il appartenait à dom Pitra de nous entretenir le premier de sa découverte, et comme rien ne vaut mieux en pareille matière qu’une leçon de choses, c’est lui-même qui a bien voulu nous la donner. Dans ses Analecta, on peut voir une admirable disserta- tion sur la poésie grecque religieuse, une dissertation au point de vue de la technique, de la mécanique, de la composition maté- rielle du vers liturgique, mais comme 51 l’auteur avait senti que ceux-là seuls le comprendraient qui savaient déjà tout d’avance, il finit par dresser des tableaux, des tableaux à deux colonnes : d’un côté, 1] met le texte à expliquer, comme on dit à l’école, en ayant soin de le couper comme 1] doit l’être, ce que ne font pas d'ordinaire les recueils, sans doute parce qu’ils veulent gagner de l’espace en supprimant ainsi les incises; de l’autre côté, dans la colonne correspondante, il ne trace que des lignes pointillées, lignes plus ou moins longues où 1] place, çà et là, plus ou moins de points d'exclamation qui la partagent et qui ont pour but de marquer les accents !. Or, ces accents, notons-le bien, c’est déjà, pour beaucoup, la poésie grecque liturgique, et l’on commence à la comprendre à ce seul tableau qui parle tout ensemble aux yeux et à l'intelligence 3,
Au commencement, et par exemple, avec saint Grégoire de Nazianze, le vers a gardé l’ancienne mesure classique ; plus tard, saint Sophrone emploie pour un temps le vers anacréontique, mais il y ἃ déjà des siècles qu’un monde nouveau a demandé une langue nouvelle : que la poésie latine chrétienne a laissé le mètre pour prendre la rime ; que, en dépit de la prosodie, elle a fait entrer dans le vers des mots qui, ci-devant, n’y entraient pas à cause du mélange inharmonieux de leurs syllabes longues et de leurs syllabes brèves; 1l y a longtemps surtout que, voulant parler
1. Cf. Chevalier, Poésie liturg. du moyen âge, in-8, Paris, 1893, p. 1-2, et Pitra, Hymn. de l’Église gr., in-k, Rome, 1867, p. 18. 2) Analecta,ït::x (1876), Ὁ: xxIX, LV, LIx, ete,
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ORIENT. LITTÉRATURE HYMNIQUE 173
moins à l'intelligence qu’au cœur des illettrés et des pauvres, elle a simplifié, humanisé, familiarisé son langage pour en faire le langage de tous les cœurs, et la poésie grecque, à son tour, va, dans la même intention, se dégager des vieux principes, des vieilles traditions, on dirait des vieux panaches.
Qu'on le regrette ou non ; que l’ancienne prosodie fasse valoir ses titres, ses quartiers de noblesse et revendique ses droits mécon- nus ; que des Grecs même, comme on vient de le dire, n’aient plus l'oreille qu’il faut pour discerner les nouvelles nuances, très délicates, ou encore ces points d'exclamation jetés çà et là par dom Pitra pour marquer un rythme qu’ils n’ont pas su, qu'ils ne savent pas encore comprendre, il faut le reconnaître, et ce n’est pas un bläme qu’on lui inflige, la poésie grecque, à partir de saint Sophrone et même avec lui, ne sera plus que de la prose mesurée, de la prose plus ou moins accentuée. Elle laisse de côté la prosodie quantitative pour ne demander le rythme et le nombre qu’à un heureux mélange de syllabes toniques et de syllabes atones. Le vers, où cette chose à longueur plus ou moins fixe que nous mesurions au collège avec des bouts de ficelle, le vers n’est plus qu’une incise, une incise à longueur très variable, avec une certaine assonance, ou plutôt une assonance certaine qui en marque la fin. Avec un nombre plus ou moins considérable d’incises, la nouvelle poésie fait la strophe ; avec un plus ou moins grand nombre de strophes, elle fait l'hymne ou l’ode quel que soit son nom, car de fait, la strophe et l’hymne portent différents noms suivant leur forme, leur origine, leur destination, et pour le dire en passant, tous ces termes hétérogènes, intraduisibles comme tant d’autres qu’on rencontre dans les livres liturgiques des Grecs, auraient souvent besoin d’un « devin qui les explique ».
A propos, pour ce qui est de la strophe seule, car cette nomen- clature peut à elle seule nous édifier d’avance sur la hturgie des Grecs, nous avons, par ordre alphabétique, comme termino- logie courante, sans compter sans doute les choses extraordinaires : l’apolytikion, l’'automelon, les catavasia, le cherouvicon, le conta- kion, la doxa, V'ikhos (ἦχος), l’exapostilarion, Vhirmos, likos (οἶκος), le megalynarion, le stavrotheotokion, le stikheron, le stikos, le theotokion, le tropaire, terme générique 1] est vrai et quiem- brasse bien des choses, enfin pour savoir nous borner, l’Ay-
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pakoï, un dernier terme qui devrait intéresser comme tous les autres, ou même mieux que d’aucuns, parce qu'il nous fait connai- tre une particularité de l’office canonique des Grecs : ce qu’on pourrait appeler le « moment d’abord de bien écouter » et en- suite « de bien chanter ». On sait en effet que les Grecs « chan- taient » tout leur office, et ce n’est sûrement pas pour les moines d'Orient que saint Jérôme disait: Monachi est plangere (le propre du moine, c'est de pleurer). Mais tandis qu’une grande partie se chantait en solo par un moine sans doute mieux doué que les autres à cet effet, un moment venait, nous supposons, où toute l'assemblée devait se lever pour chanter en chœur 66. tropaire si
bien défini l’hypakoï, ou comme qui dirait: « Écoutez bien ;
et surtout, chantez bien, chantez mieux encore ! ! »
1. Quelques définitions ou éclaircissements peut-être utiles à quelques lecteurs d’après : Clugnet (Dictionn. grec-français des noms liturgiques en usage dans l’Église grecque, in-8, Paris, 1895); le R. P. C. Charon (Les saintes et divines litur- gies de nos saints Pères Jean Chrysostome, Basile le Grand et Grégoire le Grand, in-18, Beyrouth, Paris, 1904); Echos d'Orient ; Revue de l’Église grecque-unie ; Allatius, De libris et rebus, cf. p 113 ; Pargoire, ut sup.
Antiphones, courtes formules acclamatives et déprécatives que tantôt l’un, tantôt l’autre des deux chœurs répète, chaque fois que s’interrompt à la fin d’un stique (verset) ou d’un groupe de stiques, le soliste chargé de la psalmo- die proprement dite. L. Petit, Antiphone, dans le Dict. d’archéol.
Apolytikion, strophe (tropaire) qui se chante à la fin de l'office du soir ; cor- respondant à l’antienne du Magnificat dans l'office latin (CI., Ε. O.).
Automelon, tropaire chanté sur une mélodie qui lui est propre. On dit aussi idiomèle (CI.).
Catavasia (χαταδασία), tropaire placé à la suite d’une cde, et ainsi nommé parce que les deux chœurs descendaient de leurs stalles pour le chanter au mi- lieu du chœur (Cl.).
Cheroubicon (y:50v6::6%) : le tropaire de ce nom est ainsi désigné parce qu’il y est fait mention des Chérubins (C1.).
Contakion, prélude d’un poème composé d’une série plus ou moins longue de strophes. Autrefois ce poème était enroulé autour d’un morceau de bois appelé Kondon, et on le déroulait au fur et à mesure de la lecture ou du chant (Ε. O.). Le Contakion contient en abrégé le sujet de la fête du jour (Cl.).
Doxa, quelquefois le Gloria, plus souvent le tropaire qui se chante immédia- tement après la première partie de cette doxologie (CI.).
Ikhos (ἢ χος), sorte de mélodie renfermée dans une certaine étendue de 5015... Comme le plain-chant des Latins, la musique ecclésiastique grecque comprend
ORIENT. LITTÉRATURE HYMNIQUE 175
De quelque nom qu’on l’appelle, réelle poésie, malgré son genre à part, ou simple prose mesurée, ce qui ménage mieux peut-être les oreilles susceptibles, la littérature hymnique de l'Orient
quatre modes, dont le nombre est doublé par l'adjonction de quatre modes plagaux : Ainsi ἦχος 4 — premier mode ; ἦχος πλα — premier mode plagal (CL). — ἼΠχος est tonus ‘ad quem canebantur cantica. Allatius, p. 66.
Exapostilarion, tropaire qui se chante à l'office de l’aurore, immédiatement avant Laudes.
Hirmos (εἴρυός), ancien tropaire devenu le type d’après lequel une série de nouveaux tropaires ἃ été composée, c’est-à-dire qui a prêté son rythme ainsi que sa mélodie à ces strophes plus récentes. Quelquefois l’ode nouvelle en donne le texte complet, quelquefois Jes premières paroles seulement (CI., Allatius, p 66).
Megalynarion, tropaire accompagnant la neuvième ode des canons de certaines fêtes ; ainsi appelé parce que, dans le canon primitif qui a servi de modèle à tous les autres, la neuvième ode est le Magnificat : Μεγαλύνε à ψυχὴ μον (CL.).
Tkos (οἶκος), tropaire placé après le sixième ode à la suite du contakion. — Les auteurs ne s'entendent pas sur les motifs qui l’ont fait appeler ainsi (CL). A noter cependant cette explication du P. Pargoire : « Telles strophes sont dites oxo dont la juxtaposition en assez grand nombre constitue des hymnes homogènes. »
Piima {πού ρα) désigne une composition poétique lorsque le nom de son auteur est donné (Cl.).
Stavrotheotokion, (s:x250tsor61:0v), tropaire dans lequel est mentionné la présence de la sainte Vierge au pied de la croix (CL).
Stikhiron (στιχηρόν), tropaire chanté après un verset d’un psaume. C'est à proprement parler un verset d'origine ecclésiastique ajouté à un verset seriptu- raire (Cl.).
Stikhira prosomia, versets similaires, c’est-à-dire trois grandes antiennes com- posées de telle manière que, ayant le même nombre de syllabes, elles se chantent sur une même mélodie (CI. G.-U.). — Stikhira idiomela, grandes antiennes ayant leur mélodie propre (G. U., 0]... ὸ
Stique (στίχος), quelques paroles extraites de l’Écriture sainte sainte ou phrase composée sur le modèle des versets de l’Écriture (Cl.).
Theotokion, tropaire en l'honneur de la Mère de Dieu.
Tropaire. L'hymuographie grecque est formée de vers syllabiques basés sur l'accent tonique. Chaque strophe forme un tropaire. Plusieurs tropaires forment une ode, dont le rythme et la mélodie sont calqués sur le tropaire initial appelé hirmos (Ch., 249).
. Hypakoïi (ὑπακχοΐ), (refrain), tropaire intercalé dans certains canons après la troisième ode. Il semble que, à l’origine, le chant de ce tropaire était exécuté par toute l'assemblée, alors aue les tropaires précédents et les suivants étaient chantés en solo par un chantre ((].),
176 MADAME SAINCTE ANNE
ne s’enferme pas, comme on sait, en un volume, mais en plusieurs, c’est-à-dire, dans la collection — le mot n’est que juste — de ses livres liturgiques.
Avec clarté et très brièvement, ce qui est un double mérite, la Revue del Église Grecque-unie nous fait connaître les principaux de ces livres qui servent à l'office canonique chez les Grecs encore de nos jours :
«Le premier est le psautier, lequel est divisé en vingt sections ou cathismata !. Le psautier se dit une fois la semaine, deux fois en carême.
« Le Propre du temps, pour employer un terme des bréviaires latins, est contenu dans trois volumes : le T'riodion, le Pentecos- tarion et le Paraclitt, ou Paraclitiki. Le Triodion commence le dimanche d’avant la Septuagésime et finit au Samedi saint ? ; le Pentecostarion va de la fête de Pâques au dimanche qui suit la Pentecôte ; le Paraclitt commence le lundi d’après le premier dimanche de la Pentecôte et s’étend jusqu’au jour où l’on reprend le Triodion 3.
«Le Propre des Saints se nomme les Ménées, parce que chaque mois de l’année a son volume d’offices propres 4.
1. Cathisma, mot à mot, prière pendant laquelle on s’assied.« Dans le rite grec le psautier est divisé en vingt sections ou cathismata que l’on récite à tour de rôle à l'office... de manière que le psautier soit terminé en une semaine. On s’assied pendant cette récitation. Charon, 240. »
2. Itis so called because the leading canons have, during that period, only three odes. Neale, Hymns, p. xr. Deux frères mélodes, Théodore Studite, et Joseph de Thessalonique, travaillent d’un commun accord à constituer le Triodion. Comme des poètes antérieurs, Sophrone de Jérusalem peut-être, et sûrement Cosmas de Maïouma, ont beaucoup écrit pour le carème, Théodore et Joseph pourraient presque se contenter de réunir les matériaux du passé, sans rédiger eux-mêmes un texte nouveau. En fait, ils n’empruntent que modérément à leurs devanciers, sauf à saint Cosmas, et l’on peut affirmer, malgré ces emprunts, comme aussi malgré les additions à venir, que le Triodion est une œuvre essen- tiellement Studite. Pargoire, p. 322.
3. Paracliticos, canon ainsi nommé parce que chaque tropaire y contient une supplication (Clugnet, ut sup.). « Exception faite pour quelques emprunts et quelques additions, le fond de ce livre semble appartenir, comme le Triodion, à Joseph et Théodore du Studium ou du moins à leur école. » Pargoire, ut sup.
&. Cf. article suivant.
ἱ +
ORIENT. LITTÉRATURE HYMNIQUE 177
« Avec cela il y a l’Horologium, ou le livre des Heures canoni- ques : il comprend les prières et les psaumes qui se disent sans jamais varier aux différentes heures du jour et de la nuit. Les cathismata du psautier n’y entrent pas.
« Pour dire au chœur tout l’office, il faut avoir sous la main un assez grand nombre de volumes, Car 1] y a telle partie de l’office qu'il faudra prendre dans l’Horologium, telle autre dans le T'rio- dion, ou le Pentecostarion ou le Paracliti, selon le temps. ἃ un moment donné, on lira un cathisma du psautier, ete.
«Il y a encore l’Octoïkhos !, le martyrologe, le ménologe ?.
« Pour régler l'office et encadrer les uns avec les autres tous ces hvres, 1 y ἃ un livre spécial qui se nommele T'ypicon#, parce qu'il donne le type ou la forme de l’office de chaque jour.
« Il n’y ἃ pas à s'étonner, continue la Revue, de cette multitude de livres: nous avions la même chose autrefois dans notre rite latin quand loffice comprenait le Psautier, l Hymnaire, le Lec- tionnaire, le Responsorial, l’Antiphonaire, l'Évangéliaire, etc. Avec le temps on a fondu en un tous ces livres, et comme il arrive toujours dans les fontes et les refontes, on a perdu beaucoup sur la quantité, et de là est venu, le mot et la chose que nous appelons le Bréviaire 4 ».
1. « L'Octoikhos, ou livre des huit tons, est consacrée au commun du temps : elle contient huit offices du dimanche, un pour chaque ton. Depuis le rv° siècle, depuis l’époque où l’hérétique Sévère d’Antioche composait une œuvre de cette sorte et de ce titre, l'Église orthodoxe a évidemment possédé son livre des huit tons. Pourtant la seule Octoïkhos byzantine connue est postérieure à saint André de Crète. Cet ouvrage, déclarera bientôt la tradition, c’est Jean Damascène qui l’a édifié dans sa laure de Saint-Sabas vers 735. Mais défiez-vous de la tradition. Si Jean le moine, si l’humble Jean, comme ilse nomme lui-même, jette les bases de lOctoïkhos byzantine et prépare la plupart de ses matériaux, il ne la bâtit certainement pas seul, ni tout d’une pièce. D’autres en effet mettent la main à la construction après lui; les Studites, autour de 800, paraissent y ajouter plusieurs pierres, entre autres les anabathmi; en tout cas, la seconde moitié du 1x® siècle, verra Méthrophane de Smyrne y travailler encore et puissamment. » Pargoire, p. 322.
2. Cf. article suivant.
3. Cf. article suivant.
4. Revue de l’Église Grecque-unie, 1τ6 année (1885, p. 20-21). La bibliothèque Mazarine possède, sous le titre de Νέον “Αὐθολόγιον πληρέστατον χαὶ ἀκριθέστατον,
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1758 MADAME SAINCTE ANNE
La Revue ne dit rien du Synaxarion, de l’Anthologion, de l’Heortologion, de l’Euchologium , de l'Hirmologion , du Theoto- carion, du Grand Canon, ce dernier terme représentant un office qui occupe à lui seul vinot-huit pages in-4° à deux colonnes !, et de fait nul ne peut jamais tout dire, mais ce que nous devons ici faire de suite remarquer, c’est que les trois quarts au moins, sinon les neuf-dixièmes du contenu de tous ces livres, ne sont pas, comme nous disions, de la prose, mais plutôt et littéralement de la poésie, si du moins on permet encore l'emploi de ce terme pour une chose qui en somme n’a pas de nom ?.
Ne soyons donc pas si méticuleux, et comme ici, tout aussi bien qu'ailleurs, les chiffres auraient de l’éloquence, quelqu'un vou- dra-t-1l bien nous dire un jour le nombre de vers — appelons les uncises, Si VOUS aimez mieux — que fourniraient pour leur part les livres liturgiques des Grecs ? Nous ne possédons, quant à nous, que deux éléments d’arithmétique, mais ils pourraient être déjà le point de départ d’un calcul au moins approximatif. Ainsi le
Nouvelle Anthologie très complète et très authentique, un bréviaire de format por- tatif, « bréviaire de voyage,» comme dit la préface, format in-18, 732 pages (2.6), publié à Rome en 1598.
1. Canon. Les moines, considérant l'office comme la prière de règle par excel- lence, le désignent, de ce chef, sous le nom de Canon (Pargoire, op. cit.). Une réunion de neuf odes, dont chacune fait plus ou moins allusion au contenu de neuf cantiques tirés de l’Écriture et qui se récitent à l'office du matin, forme un canon (Ch.). La deuxième ode, qui renferme une série de malédictions contre les violateurs de la loi de Dieu, ne se dit qu’en carême, où l'office ne comprend d’ailleurs que trois odes {d’où le mot triodion) ; en dehors de ce temps elle est tou- jours omise (Ch.). La fête du Grand Canon se célèbre le jeudi de la cinquième semaine du carème, c’est-à-dire avant le dimanche de la Passion. On l’appelle «Tête du Grand Canon » parce que, ce jour-là, ce poème d'André de Crète est chanté {après les Laudes). Cf. note de Montfaucon au Typicon de l’Impéra- trice Irène. P. G., t. cxxvir, col. 1059.
2. «Les vingt-quatre livres ecclésiastiques des Grecs rentrent done presque tous dans le domaine de l’hymnographie. Pitra, Hymn. gr., p. 22... « Ensemble presque illimité ... Quinze à vingt volumes imprimés, dont les manuserits doubleraient l'étendue.» Zbid., pp. 22-23. — C'est un peu afjaire de reliure. De même que les imprimés pourraient atteindre le nombre dés manuscrits, ils pour- raient aussi, au moins quelques-uns, entrer sous la même couverture. C’est ainsi que les Ménées, d'ordinaire en douze volumes séparés, n’en comptent souvent que six ou quatre, contenant chacun deux ou trois mois, selon le cas.
APTE
IAE [4
ORIENT, LITTÉRATURE HYMNIQUE 179
Pentecostarion comprend environ 5.000 pages in-4 à deux colonnes, et les Ménées, au bas mot, 3.000 1, On trouvera plus loin des fac- similés des Ménées de Venise et il sera facile d’y compter cinquante lignes à la colonne. Or, chaque section des Ménées occupant en moyenne 350 pages, et il y en a douze, on voit à quel incroyable chiffre nous arrivons déjà. Et si à cette première addition on ajoute encore le Triodion, le Paracliti, Octoïkhos, sans négliger les vingt- huit paces du Grand Canon ni rien de ce que nous avons tout à l'heure mentionné ; si, en sortant du domaine liturgique, on rassemble tout ce qui est encore poésie, au même sens où nous prenons toujours ce mot, alors, on le voit bien, c’est en toutes lettres quelques millions de vers que doit compter la littérature hymnique de l'Orient.
Qui, de nos jours, a lu tout cela, au moins une partie quelconque de cela ? Autrefois des hommes laborieux s’attardaient des années entières sur ces œuvres du passé, s’ingéniant à les copier ou même à les traduire de leur mieux, et nes’accordant pour toute récréa-
tion que d'aller faire dégeler au feu de la cuisine leur bonne encre
noire qui s'était en effet gelée dure à la glaciale température de leurs bibliothèques, mais aujourd’hui, évidemment,« on n’a plus tout ce temps à perdre. » Il nous souvient en passant du cri de douleur que lançait, il y a quelque soixante ans, le docteur anglais John Mason Neale en constatant «l’étonnanie ignorance du clergé anglais de son temps à l’égard de la liturgie grecque, de «cet zmmense trésor de divinité», comme il appelait, «l’œuvre gran- diose qui a mis au moins neuf siècles à se compléter. Je suis cer- tain, ajoutait-1l, que pas un sur vingt de mes lecteurs ne ira je Canon grec d’un bout à l’autre, et cependant quelle glorieuse masse de théologie tous ces offices nous présentent ?! »
1. Neale, Hymns, p. xx. Il a soin d'ajouter : « On ἃ moderate computation. »
2. The thought that, in conclusion, strikes one is this : the marvellons ignorance in which English ecclesiastical scholars are content to remain of this huge treasure of divinity — the gradual completion of nine centuries at least, 1 may safely calculate that not one out of twenty who peruse these pages will ever read the « Greek Canon» through ; yet what a glorious mass of theology do these offices present ! If the following pages tend in any degree to induce the reader to study these books for himself, my labor could hardly have been spent to a better result. Hymns, p. ΧΙ].
180 MADAME SAINCTE ANNE
Il est vrai pourtant qu’il n’y invitait guère, et à propos, quelle curieuse association chez lui de choses bizarrement contradic- toires ! Le docteur Neale était un fervent, presque un passionné de la poésie grecque du haut moyen âge, si bien qu'il a voulu en traduire quelques pièces privilégiées, et non en vulgaire prose, mais dans les meilleurs vers anglais qu’on puisse désirer ; si bien encore que cette traduction, qu'il avait réduite au format d’un petit livre de poche, nous dirions presque d’un paroissien, était proclamée par la critique anglaise «son plus noble ouvrage 1 », et de fait, il y avait travaillé longtemps, l’entreprise, par sa nouveauté même, présentant, comme il dit, « une difficulté im- mense » ; pendant neuf ans, selon le conseil d’Horace, il avait gardé par devers lui son œuvre, et quand enfin il la donnait au public, il s’excusait d’être pour l’Angleterre « le premier mélode oriental» ; et cependant, c’est ce même fervent, ce même byzantin de la plus belle eau qui, non d'intention sans doute, mais en fait, nous dépoé- {156 l’hymnodie byzantine, nous en éloigne et presque nous en dégoûte d'avance ! Quel être en effet « merveilleusement ondo- doyant et divers » que l’homme, que les auteurs mêmes!
Ce préambule se fait un peu long et déjà nous voyons apparaître en’marge comme autrefois au collège la mauvaise note du pro- fesseur : non ad rem, et cependant nous persisterions quand même. Il fait si bon dans ce champ clos qui sert d’ailleurs comme de lente et douce avenue au « jardin de Madame saincte Anne ! » Par ces Jours d’automne,et cette pluie qui tombe plus triste encore «ue les feuilles mortes,
(De la dépouille de nos bois, etc.)
1. His noblest work, dit la Religious Encyclopedia de Philip Schaff.
2. 1 trust the reader will not forget the immense difficulty of an attempt so perfectly new as the present where T have had no predecessor. I have Κορέ most of the translations by me for at least the nine years recommended by Ho- race... Î may (by way of excuse rather than of boast) say, almost in Bishop Halls words :
1 first adventure : follow me who list And be the second Eastern melodist. Hymnes, etc., 1862, p. xvi.
ORIENT. LITTÉRATURE HYMNIQUE 181
y a-t-1l meilleur dérivatif que les souvenirs d’antan, et du plus loin qu'ils puissent nous revenir ? N’en oublions cependant pas notre Docteur Neale. Il est d’ailleurs là dans le champ clos, et s’il est maussade, c’est peut-être simplement parce qu’il n’a pas pénétré, qu'il ne pénétrera pas dans le jardin. ἃ qui la faute ὃ Mais écoutons-le quand même. C’est la note plaintive, peut-être la note criarde, mais 1l faut de ces choses-là avant les chants
d'oiseaux. Il va exécuter quelques hymnodes, et les pauvres sont précisément des nôtres — voyez si on est de bonne composition — : « A l’ex-
ception de Joseph du Studium, Théophanes est le plus prolifique des hymnodes orientaux et nous voyons déjà paraître dans ses écrits ce qui a été le malheur et la ruine de la poésie grecque des âges suivants, c’est-à-dire le parti pris de composer des hymnes, non par une effusion spontanée du cœur, mais à cette seule fin de com- bler un vide dans le livre d’oflice. Parce que les grandes fêtes et les principaux saints du calendrier avaient leurs canons et leurs stukhera, tout martyr, tout confesseur qui a donné son nom à un jour de l’année, doit avoir également son canon et ses stikhera. Combien différent l’usage latin où les apôtres eux-mêmes n’ont pas d’hymnes propres reconnues par toutes les Églises, mais sim- plement l’hymne du Commun ! De là chez les Grecs, ce déluge de compositions sans valeur qui emplissent les Ménées ; de là, cette tautologie, ces répétitions qui finissent par nous rendre malades ; de là ces lieux communs sans merci enveloppés dans des lambeaux de tragique langage, et présentant vingt fois, et trente fois la même pensée sous des termes qui varient à peine. Sans doute, il faut dis- tinguer Théophanes de la horde d’écrivains inférieurs qui vinrent à peu près de son temps oppresser l'Église. Plusieurs de ses canons ou plutôt de ses sujets sont d’un intérêt mondial. Les martyrs orientaux qu'il célèbre sont pour la plupart ceux-là mêmes qui ont conquis la plus haute réputation dans les annales de l’histoire. Mais encore le voyons-nous honorer des personnages dont tout ce qu'on peut dire, c’est qu’ils sont morts pour le nom du Christ, (Quelle aberration ! et comme c’est peu de chose en effet !— Note du traducteur). Et quoique le poète mette à son œuvre un peu plus d’étoffe que ses confrères, mainte stance très longue, assez bien dans le sujet d’ailleurs, devient nécessairement ennuyeuse parce
182 MADAME SAINCTE ANNE
qu’elle concerne un saint de qui il n’y a rien de spécial à dire ! ! »
Pauvre Théophanes, pauvres ses confrères, pauvre poésie grec- que ! Ce n’est cependant pas tout et endurons encore 666], cette averse en plein champ :
« Des innombrables compositions de ce très laborieux écri- vain, — il ne s’agit plus de Théophanes, mais de Joseph l’Hym- nographe — il serait impossible d’en trouver une seule qui, à notre goût occidental, puisse le moins du monde nous expliquer les honneurs que rend à ce poète l’Église d'Orient. (La traduction mot à mot serait ici horrible, et de même pour ce qui suit). La néces- sité d’emplir huit odes avec l'éloge d’un saint dont on ne connaît pas autre chose que le fait de son existence, et le besoin de répéter cette même chose soixante ou soixante-dix fois; le verbiage, l’em- phase, la préoccupation sournoise d’empanacher ia simplicité de l'Écriture au goût d’une cour moralement déchue : tout cela ne peut produire qu’un intolérable ennui ?, »
1. Il faut avoir pitié des protes... — Seulement, comme l’ouvrage de M. Neale est maintenant assez difficile à trouver, et que, par ailleurs, il faut toujours au- jourd’hui « montrer le bout de papier », nous donnerons dans le texte les princi- paux passages de cette diatriba peu banale : « With the one exception of saint Joseph of the Studium Theophanes is the most prolificof Eastern hymnogra- phers ; and in his writings we first see that which has been the bane aud ruin of later Greek poetry : the composition of hymns, not from the spontaneous effusion of the heart, but because they were wanted to fill up a gap in the Office-Book... Hence the deluge of worthless compositions that occur in the Menæa ; hence tautology, repeated till it becomes almost sickening; the merest commonplace again and again, decked in the tawry shreds of tragic language, and, twenty or thirty times presenting the same thought in slightly varying terms. Theophanes, indeed, must be distinguishea from the host of inferior writers that about this time began to overwhelm the Church... But still we find him thus honoring some (martyrs) of whom all that can be said is, that they died for the name of Christ... Many long stanzas, that keep pretty close to their subject, concerning a Saint of whom there is nothing especial to say, must become tedious. Op. cüt., p. 92-94.
2. Nous finissons la phrase par où elle commence, mais la traduction de ce passage est littérale :
« The insu/ferable tediousness consequent on the necessity of filling eight Odes with the praises of a Saint of whom nothing , beyond the fact of his existence, is known, and doing this sixty or seventy different times; — the verbiage, the bombast, the trappings with which scriptural simplicity is elevated to the taste
ORIENT. LITTÉRATURE HYMNIQUE 483
Enfin le mot, le terrible mot qui tremblait depuis longtemps au bout des lèvres est lâché, et comme en beau style ces belles choses sont dites ! Et donc, en un mot, un seul, la poésie des Grecs est ennuveuse, elle est ennuyeuse parce qu’elle est mono- tone, parce qu’elle répète toujours la même chose !
L'’ennui naquit un jour de l’uniformité.
Admirable trouvaille de M. Neale déjà pressentie par le vieux Boileau ou même le Bossuet de « cet inexorable ennui qui fait le fond de la vie humaine. » Et pourtant nul ne se plaint de la vie, où qu’elle soit et quelle qu’elle soit, avec cet impitoyable recommen- cement, chaque matin, des vingt-quatre heures de la veille; avecle même petit cercle de petites niaiseries dont il faut journellement s'occuper; avec, dans un autre domaine, les mêmes rééditions, les mêmes vieilleries sempiternellement rajeunies, on sait comme, de la littérature, de la science, de l’art et de tout le reste ! Ne dirait-on pas toujours et de toutes choses de ces vieux masques
badigeonnés de blanc et de rouge qui, déjà au temps d’Athalie,
voulaient ainsi
des ans réparer l’irréparable outrage ἢ
Pardon de cet emballement et soyons plus sérieux. La monotonie, c’est le fond et la forme, l’état même de toute chose vraie et sub- sistante en elle-même; c’est un peu comme la paix : la tranquillité de l’ordre. Toute grande chose est monotone parce qu’elle est essentiellement simple, monotone comme le ciel d'Orient, comme le roulement de l'Océan, — Roll on, thou, deep Ocean ! — comme le découpage des montagnes sur l'horizon, comme, encore ici dans un autre domaine, la musique avec ses inlassables redites, comme le chant des psaumes, comme le bruissement léger des harpes éoliennes au temps où il y en avait et où personne pourtant alors ne s’en lassait.
Mais finissons, c’est-à-dire finissons par avouer en toute bonne foi et simplicité qu’il nous manque à plusieurs un je ne sais quoi, un quelque chose en tout cas, pour juger sainement, convenable-
of a corrupt Court, are each and all scarcely to be paralleled. Id., Jbid., p. 125- 127.
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ment, de la liturgie des Grecs, qu’elle soit poésie ou simple prose, car en vérité, la distinction importe ici infiniment peu : ce serait peut-être ce que les mystiques appelaient autrefois, en un langage qui, peut-être aussi, ne se comprend plus qu’à moitié, et encore ! le sens de la prière. La prière est un sens, un huitième sens au moins, si ce n’est pas le premier. Il semble que le Père Lacordaire le possédait, lui qui lançait aux quatre coins du monde ce mot fameux que nous n’avons pas besoin de réécrire, ct que d’ailleurs, vu son extrême simplicité, — une autre chose incom- prise, — nous voudrions plutôt traduire sous une forme plus accessible aux oreilles non préparées : |
«La prière n’a qu’un mot : en le redisant toujours, elle ne le répèle jamais. »
x * *
Voilà quiest trop sérieux, et tous ensemble, comme concession aux infirmités de notre commune nature, redevenons nous-mêmes très humains. Il faut prendre où l’on peut ses termes de compa- raison et selon le proverbe, «toute comparaison cloche », mais cette réserve faite, et nous plaçant au point de vue strictement humain, nous devrions juger de la poésie hymnique des Grecs au moins comme nous jugeons de toute composition qui est à la fois littéraire et musicale, ou encore de toute littérature qui n’est pas seulement versifiée, mais chantée. Or précisément «hymno- die grecque » et « hymnographie grecque» ne sont pas deux termes absolument synonymes. Chez les Byzantins, l’hymnographe écrit des hymnes ; l’hymnode écrit aussi des hymnes, mais il les écrit sur de la musique, une musique que d’ailleurs, et c’est un de ses srands mérites qu’on oublie trop, 1] compose, ou si vous vou- lez, il improvise lui-même. Rares même aujourd’hui, en ce glorieux siècle qui commence, sont les têtes assez puissantes, les talents assez dédoublés pour faire marcher ensemble et d’un même pas, entraînées par un même et unique mouvement, ces deux bonnes choses qui sans doute devraient être deux sœurs inséparables, mais qui en pratique ne le sont pas : la Poésie et la Musique. Le vieux mélode grec, en sa simplicité toute monastique et primitive,
ORIENT. LITTÉRATURE HYMNIQUE 185
crovait pouvoir les faire aller de front, la main dans la main, et en même temps distribuer à propos ses incises, sans négliger non plus ces accents que les siècles suivants ne devaient pas comprendre mais qui étaient pour lui de la poésie. Que voulez-vous ? puisqu'on fait tant que de penser une ou deux fois à Boileau, autant vaut y penser trois fois :
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.
Avant done de juger la littérature hymnique d’Orient,il convient au moins aujourd'hui, d'étudier un peu cet autre élément dont nous parlons et qui lui est inséparable, la musique, la musique quelle qu’elle soit elle-même comme la poésie byzantine, M. Neale ne le pouvait pas de son temps et c’est pourquoi, malgré ses bou- deries intempestives, 1l faut lui garder un sympathique respect comme nous ferions à un précurseur et un maître, mais nous, les plus jeunes, les gâtés de cette ère scientifique, nous le pouvons, nous le devons, et c’est en partie déjà fait.
L’érudition contemporaine s’est en effet portée, dans la mesure où elle le pouvait, vers ces cantilènes oubliées du passéet c’est déjà dire vers la cantilène liturgique. Chose remarquable en effet, et que pourtant bon nombre d’archéologues ne semblent pas voir, car sûrement, s’ils la voyaient, ils déposeraient tout amour- propre pour nous la dire, ne fût-ce qu’au nom de la Science : il ne reste presque plus rien du haut moyen âge oriental que ses souve- nirs religieux, comme si en effet cela seul pouvait subsister qui a Dieu pour principe et pour fin. Divine lecon en même temps à une Église qui n’est plus l’Église, ni de l’Église, parce qu’elle n’est plus à Pierre, vicaire unique de Jésus-Christ 1,
1. Notes utiles peut-être :
«Les mélodes n'étaient pas seulement de simples faiseurs de vers (στιχοποιοΐ), mais, suivant l’étymologie du mot μελωδός, de véritables aèdes chrétiens qui composaient eux-mêmes la mélodie de leurs hymnes. — Il résulte de cela que la versification lyrique des Byzantins est liée à la musique d’une façon aussi étroite que celle des anciens Grecs. C’est done seulement au jour où nous aurons rendu à leurs poésies le chant qui en était l’âme que nous pourrons nous flatter d'entrer avec eux en parfaite communication de sentiments, et de goûter toutes les beautés de leurs chefs-d'œuvre.»J.T., La musique byzantine, Cf. Echos, t. τ, p. 353. — (Chez les Byzantins) « le mélode est musicien aussi; il crée l’air deses
186 MADAME SAINCTE ANNE
Les Mélodes.
Quel dommage que cette fameuse dissertation Sur les Mélodes, dont Allatius se disait l’auteur, ait été perdue irrémédiablement, ou bien, comme le pensait le cardinal Pitra, malgré les affirmations d’Allatius lui-même sur ce sujet, n’ait Jamais été rédigée et soit restée à l’état de simple projet ἢ ]
productions en même temps qu'il en crée le texte, et par là il se distingue de l'hymnographe postérieur qui se contentera d’adapter de nouvelles paroles à de vieilles mélodies.» Pargoire, op. cit. « L'étude de la musique byzantine, on le disait récemment, obtient enfin un juste retour de fortune. De toutes parts on se met en devoir de rechercher les principes constitutifs d’un art réel... Rechercher et fixer autant que possible l’ancienne notation est, ce nous semble, ce qu'il im- porte de faire d’abord. Déjà les travaux du R. P. Thibaut (Echos d’Or., 1901), nous ont fait faire un pas sérieux dans cette voie. Espérons que l’éminent musicologue, en continuant ses recherches et en nous en faisant profiter, nous permettra de pénétrer de plus en plus les secrets d’une technique jusqu'ici trop méconnue.» J. B. Rebours, Quelques manuscrits de musique byzantine, Cf. Revue de l’Or. chr., 1904, p. 299 et 1905.
« Nous n'avons pas à rechercher ce que furent les chants des Églises orientales aux siècles passés. L'absence totale de monuments écrits nous ôte, en effet, tout moyen d'étudier cette musique à des sources directes... » D. J. Parisot, Essai sur le chant liturgique des Églises orientales, dans Rev. de l'Or. chr., 1892, p. 221. Simple réflexion : est-ce bien exact ? Les bibliothèques sont pleines d'anciens hymnaires cum notis musicis, selon la formule des catalogues. En voici un pris au hasard, comme on dit, parmi tant d’autres de ce genre : Bibliothèque nationale, Codex grec 356 (Regius 3467), parchemin, x siècle, 130 fol. «Ex Orient in Bibl. regiam illatus. Ibi continentur hymni in ecclesiis Græcis cantari soliti a die 12 octobris ad Julii usque finem. Adjunctæ sunt notæ musicæ. » Il y a longtemps que ce volume est là.
Comme ouvrages récents, l’amateur d’aujourd’hui pourrait consulter la Paléo- graphie musicale, en 9 in-4, des Bénédictins de Solesmes, ou bien, livre plus mo- deste et aussi plus facile à trouver : Amédée Gastoué, Catalogue des Mss. de Musi- que byzantine de la Bibl, nat., de Paris et des Bib. publ. de France, in-k, Paris, 1907. Sur la métrique de l’hymnographie grecque en général, bonnes pages dans Christ et Paranikas, Anthologia, p. xxiv-cxiv ; voir aussi E. M. Bouvy, Le ryth- me syllabique des mélodes appliqué à la poésie sacrée, dans Lettres chrétiennes, 1880-1881, t. 1, p. 407-426, t. 11, 114-123. 276-506.
4. « Spondeo me plura dicturum, in eo quem præ manibus habeo tractatum, de Melodis Græcorum, Cf. De libris eccl. Græcorum, in-4, 1645, p. 77. Plus loin, p. 81, il s'excuse de nommer simplement, sans de fait ajouter aucun détail bio-
A tee
LES MÉLODES 187
Heureusement, la Science a, comme tout ie reste, ses caprices ou ses modes, ce qui veut dire que, en ces dernières années et pendant assez longtemps, les mélodes byzantins ont fait cercle autour d’eux, quelques-uns surtout, un grand cercle, et fort hono- rable, humainement parlant. Or, et il faut s’empresser de le dire parce que l’article précédent nous a si longtemps tenus éloi- gnés de notre vénérée Sainte, 1l se trouve que ceux dont on a le plus et le mieux'parlé sont précisément ceux-là mêmes qui ont chanté la bienheureuse Anne. Chanté est le mot : 1l l’est même si, au rythme de leurs incises, ne s’est pas associée cette musique fncomprise mais réelle dont il a été dit quelques mots.
Au premier rang de ces poètes nous apparaît saint Romanos, et tout d’abord nous remercions la critique d’avoir quelquefois conservé à son nom sa désinence hellénique. Il y ἃ des noms qu’on ne devrait pas traduire, parce que, bon gré mal gré, ils sont cosmopolites. D'ailleurs où trouver plus doux assemblage de syllabes que celui-là ? — Nous dirions de suite, songeant à la ville éternelle qui lui a donné son nom et un peu au poète qui a fait un si johi vers :
FELIX QUI TANTI MENSURAM NOMINIS 1MPLES ἢ!
Saint Romanos n’est peut-être pas le premier mélode d'Orient qui ait rendu hommage à notre Sainte, et 1] est assez vraisemblable en effet que la poésie byzantine n’a, pas plus que la piété, attendu jusqu’à lui pour offrir à la mère de la Vierge sa prière avec son cantique. Mais à moins de découvertes inespérées, l’œuvre de saint Romanos est de toutes celles qui nous restent du haut moyen âge oriental, très probablement la plus ancienne où le culte litur-
graphique ou littéraire soivante-onze mélodes « de quibus cum fuse egerim in Tractatu meo de Melodis Græcorum. » Voici l'opinion du cardinal Pitra : « Léon Allatius, l’un des hommes qui a su le plus de choses sur la Grèce ancienne et mo- derne, semblait destiné à résoudre ce problème (de l’hymnographie grecque) dans une dissertation sur les Mélodes, formellement promise et presque citée par lui. Si elle a existé, la perte en serait à jamais regrettable. Fabricius, il y a plus d’un siècle, la déplore. De nos jours, le cardinal Mai a fait de longues recherches pour découvrir les traces de ce travail. Une nouvelle enquête paraît superflue ; nous inclinons même à croire que l’œuvre est restée en projet. » Hymnogr. gr., p. 8. 1. Bienheureux, toi qui emplis la mesure d’un si grand nom !
188 MADAME SAINCTE ANNE
gique de sainte Anne ait laissé trace. Nous dirons plus loin quel- ques mots d’Anatolius, mais il n’est pas prouvé, tant s’en faut, que le mélode présenté sous ce nom dans les Ménées de juillet soit Anatole de Byzance, patriarche de la première moitié du ve siècle. C’est le cas de dire Utinam ! mais pas davantage.
Il en est de Romanos comme des peuples heureux :1l n’a pas d'histoire. Cela le distingue aussi d’une multitude de grands hom- mes, et avant tout :« soyons distingués,» disait un autre grand homme. Effectivement, les seuls renseignements proprement historiques que nous possédons sur sa personne se bornent à trois ou quatre menues notices insérées dans les synaxaires et les ménologes. Là seulement, nous apprenons que Romanos était Syrien d’origine, né à Emèse, aujourd’hui Homs sur lOronte ; qu’il exerça d’abord les fonctions de diacre à Beyrouth dans l’éghise de la Sainte-Anastasis ; qu’il vint ensuite à Constantinople, sous le règne de l’empereur Anastase, et se retira dans l’église de la Mère de Dieu ἐν τοῖς Κύρου, d’où il se rendait parfois à Sainte-Marie des Blakhernes pour prier !. Ce qu’il demandait surtout à la Vierge, c'était « la grâce de bien chanter », τὸ χάρισμα τῆς μελωδίας, car 11] était jusque là complètement ἄμουσος et ἀηδῆς (sans « musique » et «sans poésie » 2). Et l’une ou l’autre des vieilles notices recueillies par Nicéphore Calliste ajoute cette simple ligne qui est belle à faire pleurer :
L’admirable mélode Romanos reçut, comme récompense de ses vertus, ce « kharisme » du chant à.
C'était le jour de Noël, disent les Bollandistes, d’après un document plus complet, et l’heureux poète monta aussitôt à l’ambon et improvisa son premier chant.
Nous avons dû écrire plus haut l’incidence « très probablement » et 1l faudrait l’expliquer. Romanos a composé tout un poème, et un beau poème, nous le verrons, sur la Nativité de la sainte Vierge, et c’est déjà dire qu’il y célèbre sa bienheureuse Mère. Mais à
1. Vailhé, Échos d’Or., t. v, p. 207.
2. Bousquet, Echos d'Or, τ. τιι, p. 341.
3. Nicéphore Call., Hist. eccl., P. G.,t. cxrvi, col. 1220.
4. Anal. boll., τι x111 (1894), p. 439, article S. Romanos le mélode.
LES MÉLODES 189
quel siècle lui-même appartient-1l ? — question pour nous d’une extrême importance, parce qu’elle est intimement hée à celle du culte que nous étudions.
Fabricius, autrefois, le faisait vivre, briller plutôt, selon l’expres- sion courante et d’ailleurs si Juste ici, au tout commencement du vre siècle : circa a. C. 500 clarus !, mais les Synaxaires attri- buant au célèbre mélode mille kontakia et plus, les Bollandistes se demandaient à ce propos si on ne pouvait pas trouver dans ce chiffre considérable une preuve de plus pour fixer l’époque de saint Romain au vint siècle, vu le développement liturgique que suppose un tel nombre d’hymnes ?. Ils disaient « une preuve de plus, » parce que, au moment où ils émettaient leur doute, d’autres savants opinaient en effet pour le vin siècle avec, bien entendu, preuves à l'appui. Jamais simple question de chronologie n'aura peut-être plus vivement intéressé d’illustres érudits, et il est intéressant d’entendre 101 leurs diverses opinions.
En 1888, le cardinal Pitra faisait connaître le premier celui
τς qu'il appelait à si juste titre «le prince des vieux mélodes, » et
il le plaçait au vit siècle pour des raisons qu’il indiquait ample- ment et qui devaient, semblait-1l, satisfaire la critique 3, En 1898, M. Krumbacher partageait l’avis du cardinal, mais brûlant en- suite ce qu’il avait adoré, 1] opinait en 1899 pour le vrrr siècle #. La même année, M. Gelser poussait les choses à l’extrème et datait saint Romanos du règne de fer de Constantin Copronyme, sans même
1. Romanus diaconus Emesenus, circa a. C. 500 clarus, quamplurimorum contaciorum sive parvorum hymnorum auctor celeberrimus. Büibl., gr., Ham- bourg, 1790, in-4, t. x, p. 137 ; éd. de 1721, t. x1, p. 82.
2. Anal. boll., t. xux (1894), p. 442. Une explication qui semblait assez plausible aux Echos d'Orient (t. 111, p. 340), c’est que kontakion suppose, non pas un poème entier, mais une strophe de ce poème.
3. Pitra, Sanctus Romanus, veterum melodorum princeps, Rome, 1888, p. 53, dans le recueil Αἱ sommo pontifice Leone XIII omaggio jubilare della bibliotheca Vaticana. Cf. du même, Analecta, t. 1 (1876), p. xxv sq. et Hymn. gr., p. 47 sq.
4. Krumbacher, Studien zu Romanos, dans Byzantinische Zeits., 1878 ; Umarbeitungen bei Romanos, mit einem anhang das Zeitalter des Romanos, 1899, même Revue; plus tard, Romanos und Kyriakos, 1901. Cf. Chevalier, Répertoire, et Le culte de Romain le Mélode, dans Echos d’Or., t. ur, p. 339 sq.
196 MADAME SAINCTE ANNE
laisser supposer qu’on pût encore discuter sur ce point ἢ, En 1900, M. de Boor, répondant sans doute à M. Gelser, faisait valoir de nouveau la thèse du vie siècle 5), En 1902, le ἢ. P. Bousquet pensait comme M. Krumbacher seconde manière, « jusqu’à plus ample information », et un peu plus tard, le R. P. Vailhé se disait du même avis après avoir ajouté « trois nouvelles preuves à celles que venait de présenter M. ἃ. Palamas 3». Il résumait aimsi l’état de la question :
«S’1l n’était monté qu’un seul Anastase sur le trône de Cons- tantinople, les courtes notices des Ménées et des Synaxairés pour- raient fixer cette question chronologique ; mais nous avons deux Anastase empereurs, l’un à la fin du v® siècle (491-518), l’autre au commencement du vire (4 juin 713-mars 716), et l’on se deman- de lequel de ces deux basileis fut le contemporain de notre mélode. Le cardinal Pitra, Stevenson, Grimme, Vasiliesk1] se sont pronon- cés pour le premier Anastase; Christ, Funk, Jacob1, pour le second; le P. E. Bouvy pencherait pour la fin du vie siècle ; M. K. Krum- bacher, qui a repris la question dans son ensemble, en 1897, s’est décidé pour Anastase IT dans son {Histoire de la littérature byzan- tine 4. »
Restons-en à M. Krumbacher première manière. Une fois de plus, 11 aura été prouvé que la première impression est toujours la meilleure. Il semble en effet que la question est aujourd’hui définitivement tranchée en faveur du vi£ siècle, grâce à l’interven- tion très autorisée et très heureuse du R. P. Pétridès. Deux pages de l’estimable auteur, qui ont paru dans les Échos d'Orient en 1906, pourraient s’appeler littéralement iriomphantes et nous lui demandons la permission de les citer presque entières. En même temps, le lecteur verra s’élargir de plus en plus le cercle, en vérité très distingué, qui entoure celui que le P. Blume appelait si juste-
1. Gelzer, Die Genesis der byzantinischen Themenverjassung, Leipzig, 1899, p. 76,
2. M. de Boor, Die Lebenszeit des Dichters Romanos dans la Byzantinische Zeitschrift, t. 1x (1900), p. 634. |
3. Échos, t. v, p. 209.
4. Loc. cit., v. aussi Bouvy (R. P. Edmond), Etude sur les origines du ryth- me tonique dans l'hymnogr. gr., in-8, Nîmes, 1886, p. 359.
LES MÉLODES 191
ment «le fondateur de l’hymnodie grecque » et « le plus grand des poètes byzantins !. »
« Beaucoup et j'étais du nombre, écrit donc le ἢ, P. Pétridès, ont cru longtemps insoluble le problème posé par la chronologie de saint Romain le mélode. Le lecteur se souvient sans doute de l'étude consacrée ici même par le ἢ, P, Vailhé 5,
« M. À. Papadopoulos Kerameus répliqua aussitôt à notre colla- borateur en essayant de nouveau de démontrer que Romain a véeu au vi£ siècle $, D’autre part, M. Van den Ven, tout en com- battant les conclusions du P. Vailhé, réclamait. pour se prononcer, autre chose que de vagues allusions historiques 4,
« Récemment encore, M. Ph. Meyer affirmait que rien dans l’œuvre du grand mélode ne permet de le dater du premier Anas- tase 5.
« Eh bien ! cette fois la preuve définitive en est faite, c’est au vi siècle, non au viré, que Romain a composé ses hymnes, Les plus difficiles seront obligés de se déclarer convaincus.
« Un texte grec retrouvé par M. ἃ. P. Kerameus dans le co- dex 30 de l’Université de Messine et publié par lui dans ἰὰ Νέα ἡμέρα de Trieste (n. 1604, du 27-9 septembre 1905) fait conclure que saint Romain est venu de Syrie à Constantinople sous Anas- tase Ier (491-518).
« M. Maas a repris l'argument intrinsèque en s’appuyant prin- cipalement sur des poèmes de Romain encore inédits. Il l’a fait dans un premier travail, paru en 1905 6, puis dans un article plus développé pubhé en 1906 7.
« Il est certain que l’hymne de saint Romain Pour iout tremble- ment de terre fait allusion à la révolte de Nika (532), à l’écroulie-
4. Cf. Blume, art. Hymnody, dans Cath. Encycl., New-York.
2 Échos, t. v, p. 207-212.
3. Νέα ἡμέρα de Trieste, n. 1438 et 1439.
&. Byzantinische Zeitschrift, t. x1, p. 153.
5. Romanos, dans la Realencyklop. f. protest. Theol. und Kirche, t. xvir, p. 123.
6. Beilage zur allgemeinen Zeitung, 3 février 1903.
7. Byzantinische Zeitschrift, τ. xv, p. 1-44.
192 MADAME SAINCTE ANNE
ment et à la reconstruction de Sainte-Sophie, qui fut consacrée de nouveau en 537. Cette hymne doit se dater de 536-537...
« Parmi les saints célébrés par Romain aucun ne vécut au delà du vie siècle... La dogmatique de Romain est étroitement appa- rentée à celle de Justinien.
«M. Funk et un peu les Bollandistes avaient cru que les œuvres de Romain cadraient mal avec le développement de la liturgie au vit siècle. M. Maas répond à cette objection...
«Après la publication de M. A.-P. Kerameus et l’étude complète, si minutieuse et 51 délicate de M. Maas, le doute n’est plus possi- ble, et nous devons bien saluer dans le princeps melodorum, décou- vert par le cardinal Pitra, le poète de l’époque justinienne.
«I me reste à exprimer le vœu que maintenant M. Krumba- cher ne nous fasse plus attendre longtemps l’édition critique des œuvres complètes du grand hymnographe. Si, par amour de la nouveauté et engouement pour la poésie des canons, inaugurée au vire siècle par saint André de Crète, l'Orient a effacé de son répertoire les merveilleux cantiques du poète inspiré de la Théo- tokos, nous aurons au moins la consolation de les relire en notre particulier dans leur pureté originale ?. »
Quand le R. P. Pétridès nous procure un 51 vif plaisir en établis- sant aussi nettement et définitivement la chronologie de notre vénéré poète, nous devrions fermer les yeux sur une légère inexac- titude qui s’est glissée dans ses dernières lignes. Dans les Ménées, recueil Hturgique qu’il nous fallait consulter pour la présente étude, le nom de saint Romanos,ilest vrai, ne se rencontre peut-être nulle part; nous disons peut-être, parce que nous n’avions aucune raison de parcourir les douze volumes de la collection et que de fait nous ne les avons pas parcourus ; -— il ne se rencontre sûrement pas dans les cinquante ou soixante pages que nous avons vues et en partie traduites, mais tv y est quand même, il yest un peu, et c’est précisément dans les premières strophes du fameux konta- kion sur la Nativité de la Vierge dont nous voulons ici reproduire le texte même, parce qu'ilest tout entier, avons-nous dit, une hymne
1. Échos, 9° année, n. 5, 9 juillet 1906 : 8. Romain le Mélode, p. 226-227. M. Krumbacher a en effet promis cette édition complète, Zbid., p. 227.
LES MÉLODES 195
à notre Sainte. Seulement, il est là parfaitement anonyme ; il est là tronqué, réduit à deux strophes à peine, et comme presque tout l’office où on l’a fait entrer, l’office du 8 septembre, est de saint André de Crète, nous nous demandions s’il n’y avait pas lieu de faire quelques recherches dans les œuvres poétiques de cet autre grand mélode. Eten effet, chose quelque peu étrange, mais chose réelle, nous trouvions ces deux sirophes du kontakion intercalées, on ne sait pourquoi ni comment — dans le Canon in Nativitatem Beatæ Virginis Mariæ de saint André. Le compilateur des Ménées les aura prises là sans s'inquiéter davantage de leur auteur τ.
Il faut peut-être prendre pour une exagération poétique ces mille kontakia que la légende attribuait plus haut à saint Roma- nos, et c'était peut-être aussi une manière de dire « un très grand nombre ». Quoi qu'il en soit, il nous en reste aujourd’hui à peu près quatre-vingts et 115 sont de toute beauté. Le Père Bou- vy les a comparés aux odes triomphales de Pindare, et il trouvait, surtout dans le cantique pascal, ce caractère dramatique et puis- sant qui rappelle en même temps les Choéphores d’Eschyle 3,
KONTAKION KONTAKION ἤχου πλαγίου τετάρτου φέρον du quatrième ton plagal portant ἀκροστιχίδα l’acrostiche H QAH PQAMANOY Ode de Romanos ᾿Ιωαχεὶυ, χαὶ ”Avva Joachim et Anne, ᾿Ονειδισμοῦ ἀτεχνίας, De leurs longues humiliations, Καὶ ᾿Αδὰμ, xat Εὔα, Adam οἱ Éve Ἔχ τῆς φθορᾶς τοῦ θανάτου, De la corruption de la mort
4. « En s’établissant avec leurs interminables canons, les ménées supplantent peu à peu le tropologe, ce précieux livre rempli des offices dus à saint Romain ou à son école. Un exemplaire du tropologe se trouve encore aux mains de saint Théodore Studite en 816 ; quelques autres exemplaires en seront encore copiés aux siècles suivants, mais l’usage de ce recueil va chaque jour en diminuant et des belles hymnes qu’il renferme, c’est à peine si le Kontakion et le premier οἶχος échappent à l’oubli en pénétrant dans les ménées. » Pargoire, ΓΕ ει. byz., Ρ. 339.
2. Echos, 1. 1, 1897-1898, p. 193
15
194 MADAME SAINCTE ANNE
᾿Ηλευθερώθησαν, Αχραντε,
Ἔν +3 ἁγίᾳ γεννήσει σου
Αὐτὴν ἑορτάζει
ΚΚαὶ ὁ λαός σου,
᾿Ενοχῆῇς τῶν πταισμάτων
/ \ 2 ad , Λυτρωθεὶς, ἐν τῷ χράζειν σοι’ Ἢ στεῖρα τιχτει τὴν Θεοτόκχον,
Ἡ προσευχὴ ὁμοῦ καὶ στεναγμὸς
Τῆς στειρώσεως χαὶ ἀτεχνώσεως
᾿Ιωακείμ, τε χαὶ "Αννης εὐπρόσ- [δεχτος,]
Καὶ εἰς τὰ ὦτα Κυρίου ἐλήλυθεν,
Καὶ ἐῤλάστησε χαρπὸν
Φωηφόρον τῷ κόσμῳ.
Ὃ μὲν γὰρ προσευχὴν,
ἔν τῷ ὄρει ἐτελει,
Ἢ στεῖρα τίχτει τὴν Θεοτόχον, Kai τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
5
τοχετὲ τῆς Ἄννης ἀγαθὲ, Πῶς ὑμνήσω σε, ἢ πῶς δοξάσω σε, Ὡς ὑπάρχεις τεχθεῖσα vads ἄγιος: Ιωαχεὶμ, ἐν τῷ ὄρει ἱχέτευε Τὸν χαρπὸν ἀπολαθεῖν Ἢ); = > 68 4 = ”
4 χοιλίας τῆς Αννης, Καὶ γίνεται δεχτὴ Ἢ εὐχὴ τοῦ ὁσίου,
A » À ñ s Ps Καὶ μετὰ κχυοφορίαν Ἥ y ἀν SE
μαχαρία pepe κόσμῳ χαράν
Ἢ στεῖρα τίχτει τὴν Θεοτόχον, Τὴν τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
Ont été délivrés, ὃ Immaculée, Dans ta sainte Nativité.
Aussi ton peuple
La célèbre avec joie,
Et des liens du péché
Dégagé, il s'écrie ;
Le stérile enfante la Mère de Dieu
La source pure de notre vie !
Gémissant dans leur infortume, Anne et Joachim ont longtemps prié, Et leurs ardentes supplications
Sont parvenues aux oreilles de Dieu : Elles ont obtenu pour le monde Le divin Fruit de vie.
Joachim sur la montagne Répandait sa prière,
Anne dans le jardin
Pleurait son malheur,
Mais avec joie maimtenant
La stérile enfante la Mère de Dieu,
La source pure de notre vie.
O chère maternité de sainte Anne, De quels hymnes te célébrerai-je ? Et toi, le plus saint des temples, Pourrais-je dignement t’honorer ?
Joachim priait sur la montagne
Pour que, des mains de sa sainte épouse
Un enfant passät un jour en ses bras; Et la prière du saintest exaucée, Et Anne la bienheureuse
Donne au monde la joie
Avec la Mère de Dieu,
La source pure de notre vie !.….
LES MÉLODES 195
Δῶρα ποτε προσῆγεν ἐν ναῷ Καὶ ἀπρόσδεχτα ταῦτα γεγόνασι, Toy ἱερέων un θελόντων δέξασθαι, Ὥςπερ ἀτέχνου χαὶ σπέρμα [μὴ éxovroc|, “ æ l'E ne tt ἢ 4 Kai τοῖς υἱοῖς τοῦ ᾿Ισραὴλ ᾽ : 29 0 luaxeiu 260e15y0n" Αλλ᾽ ἦλθεν ἐν χαιρῷ Καὶ προσάγει τὴν παρθένον Σὺν δώροις εὐχαριστίας. " ὦ Ν Aua τῇ ΓΑννῃ, Νυν ὅτι γαίρουσιν᾽ Ἢ στεῖρα τίχτει τὴν Θεοτόχον, Καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
Ἤχουσαν οὖν φυλαὶ τοῦ ᾿Ισραὴλ, Ὅτι ἔτεχεν Αννα τὴν ἄχραντον, Καὶ εὐφροσύνῃ αἱ πᾶσαι συνέχαι- ρον"]} là 2 \ ’ 3 , ΠῸότον ᾿Ιωαχεὶμ. τότε ἐποίησε, Καὶ ηὐφραίνετο λαμπρῶς ᾿Επὶ τῷ παραδοξῳ Καλέσας εἰς εὐχὴν κ - \ …. Ispeïs χαὶ λευΐτας, Καὶ τὴν μαχαρίαν μιέσον ἢ 6 "Hyaye πάντων, Ὅπως ueyayhuybi Ἡ στεῖρα τίχτε: τὴν Θεοτόχον, Καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
ἹῬΡεῖθρον ἐξέθλυσας :ωῆς ἡμῖν
Ἡ τραφῆναι δοθεῖσα εἰς ἅγιον,
Καὶ τὴν ἀγγέλου τροφὴν ἀπολαύ- [σασα],
Ἔν τοῖς ἁγίοις ἁγία ὑπάρχουσα,
Ὡς ὡρίσθη, καί ναὸς
Καὶ δοχεῖον Κυρίου"
Αἱ παρθένοι σὺν Oxo
Les ofifrandes de naguère, Présentées dans le temple, Ont été refusées par les prêtres
Parce que, seul entre les fils d'Israël,
Joachim restait sans postérité. Et sa douleur est extrême,
Mais en un jour d’allégresse,
Avec les dons eucharistiques, Il vient présenter la Vierge,
Et Anne l'accompagne
Toute heureuse comme lui,
Elle qui nous a donné la Mère de Dieu
La source pure de notre vie.
Elles l'ont entendu dire, Les tribus d'Israël :
Anne 8 mis au monde l’Immaculée,
Et elles se sont réjouies avec elle. Joachim a préparé un banquet Pour célébrer cette merveille : Il a convoqué à 505 action de grâces Les prêtres et les lévites, Et au milieu de l’assemblée, En grand honneur est entrée La mère bienheureuse, et tous ont béni
Celle qui nous a donné la Mère de Dieu,
La source pure de notre vie.
Tu as fait couler pour nous Le fleuve de vie,
Ο toi qui fus placée dans le Temple
Et nourrie de la main des Anges, Sainte du Sanctuaire, Vrai temple et tabernacle du Seigneur ! Vierge, les vierges avec des flambeaux 13°
196 MADAME SAINCTE ANNE
Τὴν παρθένον προσῆγον, Précédaient ton entrée,
Τὸν ἥλιον ἐχτυποῦσαι Comme pour annoncer
Ὅνπερ προσφέρειν Le Soleil de justice
Ἔμελλε τοῖς πιστοῖς ᾿" Qui devait naître de toi!
Et avec joie nous te saluons, Mère [de Dieu,]
La source pure de notre vie.
Ἡ στεῖρα τίχτει τὴν Θεοτόχον,
K \ 2 Ste LE “ . - 4αἱ τροφὸν τῆς CONS ἡμῶν.
”
Ω μυστιχῶν τελουμένων ἐν γὴ | « Oh! quels miracles s’accomplissent [en la terre ! »]
ἢ e 3 ΄ «
Μετὰ τόχον ἡ λννα ἐθόησε S'écrie Anne devenue mère,
\ \ ’ \ \ Πρὸς τὸν προγνώστην καὶ Θεὸν Prosternée devant le Dieu de toute
. - [ἡμῶν.] [science :} 4 , v , - . . ᾿΄ ΕΗἰσήχουσάς μου, OYTUS δέσποτα, « Dieu souverain, tu m'as exaucée . - [εὐχῆς]
“ὥσπερ ἴΑννης, τοῦ HA Μεμφομένου τὴν μέθην.
Αὐτὴ τὸν Σαμουὴλ « - Υπισχνεῖται τεχθεντὰ Κυρίῳ ἱερατεύειν. Σιὺ οὖν ὡς πρώην,
᾿Εδωρήσω χάυοἱ᾽ Ἢ στεῖρα τίχτει τὴν Θεοτόχον, Καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
exauças la mère
[de Samuel] Quand, malgré les reproches du grand- [prêtre,]
Elle faisait vœu de te consacrer
Comme jadis tu
Le fils que tu lui donnerais.
Tu es bon pour moi, comme tu le [fus pour elle,]
Et à mon tour, avec joie,
Je t'offre la Mère de ton Fils
La source pure de notre vie
Μέγα μοι ὑπάρχει γῦν, ἀγαθὲ, Pour moi, Dieu bon, tu as fait de [grandes choses !|
Ὅτι τέτοχα παῖδα τὴν τίχτουσαν J'ai donné le jour à une enfant Toy πρὸ αἰώνων δεσπότην σε καὶ [Θεον,]
Τὸν μετὰ τὸν τόχον σώαν φυλάτ- [τοντα]
Qui sera la Mère du Seigneur, Ro: [des siècle<] Et restera cependant,
Τὴν μητέρα ἑαύτοῦ, Par la vertu divine,
Ὥσπερ ἔστι, παρθένον᾽ Vierge toujours comme elle cst
[maintenant,
᾿ LES MÉLODES 197 Αὐτὴν ἐν τῷ vaw Dieu de miséricorde, je te l'offre dans Zot ποοσφέρω οἰχτίρμων᾽ [ton temple,] ᾿Αυτὴ χαὶ πύλη on ἔσται Elle qui doit te recevoir
Τοῦ ἐξ ὑψίστου, ὥσπερ μετὰ χαρᾶς, Quand tu descendras de l’En-haut, Ἡ στεῖρα τίχτει τήν Θεοτόχον, Et que j'appelle avec joie la Mère de [Dieu] Kai τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν |. La source pure de notre vie. %k + *
Anatole (?), saint Sophrone, saint André de Crète.
Avec le mélode Anatole la question chronologique se pose de nouveau, mais cette fois, qui va la résoudre tout à fait, comme elle l’a été pour saint Romanos ?
On lit dans le Catholic Encyclopedia de New-York, un excellent précis, pour le dire, au moins cette fois, des acquisitions scienti- fiques modernes (traduction) : « Le canon de l'office grec de sainte Anne fut composé par Théophanes (ἢ 817), mais d’autres parties de l’office sont attribuées à Anatole de Byzance (f 458) 2, »
Trop heureux serions-nous 51 cette dernière partie de la citation pouvait se prendre absolument au pied de la lettre, ut sonat, car il n’y a eu, on le sait, qu’un Anatole dit« de Byzance, » et on en- tend toujours par ce nom le célèbre patriarche dont le DT Neale résume ainsi la vie :« Ses commencements, comme homme publie, ne promettaient guère ; 1] n’était que simple apocrisiarius ou délégué de Dioscore à la cour du basileus ; mais, à la mort de saint Flavien, grâce à des violences dont 1] avait été l’objet et qui méritaient une compensation, 1l fut élevé sur le trône vacant de Constantinople. Au concile de Chalcédoine, 11 obtint pour Cons- tantinople le second rang parmi les sièges patriarcaux. Ayant gou- verné en paix son Église pendant huit années, il « partit pour son repos » (he departed for his rest), l’an du Seigneur 458. Ses com-
1. Texte grec d’après Pitra, Analecta (1876), p. 198.
2. The Canon of the greek office of S. Anne was composed by saint Theopha- nes (died 817), but other parts of the office are ascribed to Anatolius of Byzan- tium (died 458). Holweck, art. Anne.
198 MADAME SAINCTE ANNE
positions sont presque toutes irès courtes, mais en général très pleines de souffle ἢ, »
Serait-il vrai que ce même Anatole de Byzance, extrêmement vénérable pour sa chronologie, s’il l’est moins pour certaine faute de sa vie (sa résistance au Pontüfe romain), aurait le premier mis la main à l'office de notre Sainte ἢ La question est posée, elle n’est pas résolue.
Il est vrai, les Ménées et l’Octoïkhos nous présentent plus de cent poèmes sous ce nom d'ANarTozios, et quelques éditions de ces mêmes Ménées, celle en particulier de 1869 { Venise), écrivent en propres termes :« Anatole le Patriarche », ce qui est bien syno- nyme d’« Anatole de Byzance. » [est vrai encore, Allatius, dans sa histe des mélodes grecs, ne mentionne qu’un seul Anatole, celui du ve siècle ?, et, à son tour, le cardinal Pitra, après avoir dit quel- ques mots du patriarche et poète Anthime, «s’explique à peine que les historiens aient gardé un silence complet sur la part prise aux nouveaux offices par un autre patriarche plus ancien et plus célèbre, » et il va ie nommer, cet « autre» patriarche plus ancien et plus célèbre », qui n’est autre encore que notre Anatole de Byzance 3%. Lui-même n’en dit guère davantage à son sujet, mais au moins il ne suppose pas un autre mélode du même nom qui pourrait être celui dont le nom figure dans les Ménées et l’'Octoïkhos. Il est vrai enfin que ces menus faits réunis : le charisme du chant qu'Anatole de Byzance aurait possédé avant Romanos ; l’attri- bution de certaines pièces par les Ménées; le silence d’Allatius et celui du cardinal Pitra sur tout autre mélode du même nom : tout cela, à quoi d’ailleurs pourrait s’ajouter l’argument tiré de la vraisembiance, semblerait confirmer l’asserüon de l’Ency- clopédie américaine. Et plût à Dieu en effet qu’elle fût rigou- reusement incontestable, car on voit de suite quel magnifique argument l’ancienneté de notre dévotion pourrait en tirer. Re-
4. « They are usually very spirited. » Hymns, p. 3. D’après Le Quien, Anatole serait mort en 457, à l’âge de quatre-vingts ans. Oriens, t. τ, col. 217. Hurter maintient la date 458 : Nomenclator, t. τ, p. 397.
2. De libris, p. 81.
3. Hynogr. gr., p. 46.
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LES MÉLODES 199
monter avec elle, au delà de saint Romanos jusqu’en plein v® siècle; pouvoir affirmer, avec preuves en main,que, dès cette époque, notre Sainte avait son office hturgique, quelle joie çe serait pour tous ses fidèles serviteurs !
Cependant, 1l faut Favouer, si pénible que ce soit, le problème n’est pas résolu. MM. Christ et Paranikas, de qui nous attendions l’avis, se demandent encore, comme beaucoup d’autres aujourd’hui, qui est cet Anatole des Ménées grecs et à quelle époque il a pu appartenir. Ils confessent « qu’ils n’ont rien trouvé de certain dans les auteurs à son sujet et qu'ils ont en vain posé des questions à plusieurs érudits, » Quani à eux personnellement, ils n’acceptent pas l’Anatole de Byzance, et ils en viennent plutôt à conclure que le mélode en question a vécu avant Jean Damascène ou avant le milieu du vin siècle !. » Si cependant la science d'Amérique avait dit vrai !
La chronologie de saint Sophrone ({ 630) semble mieux établie, Voici d’abord comment, en cinq ou six coups de son pinceau ma- oique, M. le comte Couret a tracé le portrait du saint patriarche :
«Cet ancien professeur de rhétorique, originaire de Damas, «ia perle de l'Orient», montra bien que, selon un mot célèbre, l'Uni- versité mène à tout à condition qu’on en sorte.» Abandonnani sa chaire et congédiant ses nombreux élèves; tour à tour moine, anachorète, pèlerin, hagiographe, théologien et poète, il parcourt l'Orient; visite, avec son ami Jean Mosch, les monastères de Syrie et d'Égypte; en recueille les mystiques traditions; devient, à Alexandrie, le bras droit du patriarche saint Jean l’Aumônier; fait voile pour Rome: s’agenouille dévotieusement devant le pape saint Dieudonné; retourne en Orient et s’enferme dans le monastère
4. Neque certi quidquam memoriæ proditum inveni neque ab alis diligenter quæsitum novi... Ante Ioannem Damascenum vel ante medium sæculum octa- vum Anatolium vixisse merito concludere nobis videmur. On seupgonne — (suspicor) qu’il a vécu à Constantinople, Anthologia, p. xi1-11.
200 MADAME SAINCTE ANNE
}
de saint Théodose, au désert de Judée, jusqu’au jour où la voix unanime du clergé, des moines et du peuple, l’appelle au trône patriarcal de Jérusalem ! »
Le Père Pargoire fait également l’éloge de ce « Damasquin très cultivé», tour à tour théologien, prédicateur, hagiographe, liturgiste et poète. D’après lui, « ses œuvres poétiques com- prennent un recueil de vingt-deux odes anacréontiques sur divers sujets ; trois inscriptions métriques et différentes petites pièces liturgiques ?. » Comme liturgiste et comme poète, le vénérable Palestinien mérite notre double reconnaissance. Ecoutons encore M. Couret, puisqu'il ἃ si bien le don de la mise au point précise : « la prière du Patriarche, Sophrone cherche à recomposer l’ancien livre de la liturgie monastique codifié par saint Sabas et qui con- tenait la liste des fêtes et le détail des offices que devaient célé- brer, chaque anniversaire, tous les monastères de Palestine. Ce livre avait disparu dans l’invasion des Perses : Sophronius met tous ses soins à le rétablir : 11 réunit les traditions monastiques, recueille les souvenirs des moines et restitue le précieux texte qui, revu plus tard par saint Jean Damascène, nous est parvenu sous le nom de Typique de saint Sabas ?. »
Plus loin il sera question de ce livre, connu de tous ceux qui ont parcouru l’un ou l’autre des ouvrages dédiés à notre Sainte, mais en attendant que nous y cherchions à notre tour son nom et la mention de ses fêtes, observons que ce nom très saint a fait vibrer au moins une fois la lyre du poète Sophrone. C’est quand il chanta «ce grand désir qu’il avait de visiter la sainte Ville (de Jérusalem) et tous ses lieux vénérables 4,» Le titre de
4. Couret, Rev. de l'Orient chr., 1897, t. 11, p. 127; cf. du même auteur, La Pales- tine sous les empereurs grecs, in-8, Grenoble 1869, deux chapitres sur saint Sophrone ; Laurent de Saint-Aignan, Vie de saint Sophrone, patriarche de Jéru- salem, au t. v des Lect. et mémoires de l’ Acad. de Sainte-Croix.
2, Οἱ. L'Eglise byzant., p. 240 sq. Cf. aussi Rev. de l’Or. chr., 1897; ibid., τ vu (1902), p. 366, et t. vin, p. 32 et p. 356 : étude par le R. P. Vailhé ; Échos d'Or., t. 1v, p. 284.
3. La Palestine, p. 255.
LP. G:, t: LxxEvu, col, 9817,
LES MÉLODES 204
la pièce est trop joli, trop touchant, pour n’être pas cité dans l’originai :
Εἰς τὸν πόθον ὃν εἶχε εἰς τὴν ἁγίαν πόλιν, χαὶ εἰς τοὺς σεθασμίους τόπους.
On le sait déjà, et l'extrait qui suit va nous le prouver davan- tage, un de ces sanctuaires aimés est cette église Sainte-Anne de Jérusalem dont nous devrons aussi nous entretenir plus tard, parce qu’elle est bien l’un des principaux monuments du culte de la Sainte en Orient. Encore 1011] faut lire le grec même, si har- monieux et si vraiment beau que son premier traducteur latin, Matrange, rêvait de nous le rendre en vers « au moins virgiliens l»:
Téxoy οὗ, κλάων στενάζω, ᾿Ερατοὺς ἔμοίγε τοίχους. Σοφίης φίλων ὁ πρῶτος “Eby ἔχλυσεν τὸ πῆμα, Φέρε δὴ
μάτην μετέλθω Χαμὰᾶδις πεσὼν φιλήσω.
᾿Αγορῆς μέσης ὁδεύων "Or πατρίχοις ἐτέχθη
ΠΡροθατιχῆς ἁγίης ἔνδοθι βαίνων Θαλάμοις ἄνασσα χούρη.
Ἔνθα τέχεν Μαρίην πάγκχλυτος
[Αννα.] Χαμόθεν φέρειν ἐχείνην Ὑποδὺς νεὼν, νεὼνδε Πάρετος χλίνην βεθήχει Θεομήτορος πανάγνου, Ὑγιὴς Λόγου κελεύσει Φιλέων περιπλαχείην Βάσιν οὖν ἴδοιμι κείνην.
« Avec larmes et soupirs, à genoux par terre, je baiseraiï la pierre où le Prince de toute sagesse entendit la sentence de sa mort ὅς J'ENTRERAI DANS LA SAINTE PROBATIQUE OU LA GLORIEUSE ANNE ENFANTA ManRie ; et, approchant du temple de la très pure Mère de Dieu, j’en saisirai les murailles si chères, et j’y poserai mes lèvres avec amour. De là je ne m’éloignerai pas et 1] me sem- blera que je vois apparaître au foyer de ses pères la Vierge Reine de
1. Dans Maï, Spicilegium Romanum, t. 1v, p. 49, ou P. G., ut supra. 2. Il s’agit de la maison de Caïphe.
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l'univers, pendant que, à deux pas, encore sous mes yeux, le para- lytique reprendra son grabat sur l’ordre du Christ qui l’a guéri 1. »
Nous nous sommes abstenu de toute réflexion après le Kon- takion de Romanos, et encore ici mieux vaut n’en pas faire, sur- tout sinous avons toujours sur le cœur certains jugements dont on se souvient, portés sur la littérature byzantine en général, c’est- à-dire, comme on peut le croire, sur chacun de ses écrivains en par- ticuher, car enfin, où personne n’est excepté nommément, chacun est condamné. C’est vrai, puisque Sainte-Beuve ou un autre l’a dit : «Le style est le sceptre d’or à qui, en définitive, appartient empire du monde, » mais encore faut-il que le critique sache ce que c’est que le style.
Moins littéraire peut-être, mais égal au grand partiarehe de Jérusalem par sa tendre vénération pour la sainte Vierge et pour sa mère, saint André de Crète emphra de leurs doux noms, qui sonnent d’ailleurs si bien ensemble à tout cœur chrétien, les offices du 9 décembre et du 8 septembre. Vers sa cellule austère, féconde aussi comme le silence, la prière et le saint travail monastique. dirigeons-nous maintenant. Bien d’autres, depuis quelque temps, nous y ont précédés, et toujours humainement parlant, c'est plai- sir de voir comme notre André, aussi bien que Romanos, sait atürer autour de lui toute une élite de personnages distingués, des hommes qui s'appellent, sans qu’il soit besoin de déeliner tous leurs titres : Ehrard, Krumbacher, Krüger, Bardenhewer, Marin, Hein- senberg, Vaiihé, las! but not the least, selon l'expression améri- caine 3, Théologien, prédicateur, poète, religieux, un des plus grands écrivains de l’Église grecque aux vif et vire siècles 8,
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2. Le dernier, mais non pas le moindre.
3. Cf. Fabricius, Andreæ Crelensis scripla edita et inedita dans Bibl. gr., t. x, p. 124 sq. (éd. 1721), ou t. x1, p. 68 sq. (éd. 1790).
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de plus, un évêque et un saint authentique encore lui, André méritait certes cet honneur.
Mais pour lui de nouveau la question de chronologie soulève des problèmes et le lecteur sera bien aise que le ἢ. P. Vailhé se soit, comme il dit, « proposé d’enfermer l’existence d'André dans un cadre sûr et déterminé. » Qu'il nous permette encore ici de résumer son étude : |
Saint André de Crète, dit aussi le Hiérosolymitain, naquit à Damas vers l’année 660. Dans sa quatorzième ou quinzième année, il fut conduit par ses parents au monastère du Saint-Sépulcre à Jérusa- lem. Depuis la mort de saint Sophrone (638), la villesaintene possé- dait plus de patriarche. Celui qui en tenait lieu, Théodore le τοποτη- entäs, selon l’expression byzantine, recut André au nombre de ses cleres, lui conféra la tonsure monastique et le rangea parmi les notaires de la grande basilique.
En 685, André est chargé d’une mission à Constantinople, et cette mission accomplie, 1] entre dans un couvent où il reste plu- sieurs années. Il est ordonné diacre ; prend la direction d’un hospice de vieillards ainsi que de l’orphelinat de la Grande-Église, et s’acquitte si bien de ces deux emplois qu’il obtient «en récom- pense »la métropole de l’île de Crète. Son épiscopat se signale par des discours spirituels, des homélies ou panégyriques, des poésies sacrées : canons, tropaires, idiomèles; enfin, par diverses réformes introduites dans la liturgie et le chant ecclésiastiques. Né à Damas vers 660, 1] meurt le 4 juillet 740 1,
il fut un temps, un long temps, où Baronius le premier, et Asse- mani le deuxième, sans parler de plusieurs autres, nous défendaient de confondre André de Crète Aierosolymitanus Episcopatu Cre-
1. Échos d'Orient, t. v, p. 378-387. — Pourquoi M. Lesêtre met-il André après saint Germain et Taraise, patriarches de C. P., ce dernier n’étant mort qu’en 806 ἢ Cf. L’Imm. Conc. et l Ε εἰ. de Paris. Ce ne peut être parce que dom Ceillier le fait mourir après 713 (Auteurs sacrés, τ. χτι, p. 571), mais alors pourquoi ? A la différence de quelques années, les auteurs s'entendent assez bien sur la date de la mort, au moins tous quant au siècle. Le D' Neale propose 732, le R. P. Bous- quet 720.
Pour M. Neale, Hymns, p. 18, c’est à Jérusalem que saint André aurait em- brassé la vie monastique.
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tensis, avec André de Crète, patria Cretensis, professione monachus}, mais c’est aujourd’hui l'opinion d’un certain nombre d’érudits que les deux André de Crète sont un seul et même homme. Au dire de l’abbé Marin, (avant d’être archevêque de Crète, André avait embrassé la vie monastique dans le célèbre monastère de Saint-Sabas ?;» un collaborateur des Échos d'Orient paraît être du même avis, sauf qu’il ne désigne pas le couvent : «Saint André, dit- il, composa ses poésies dans son monastère avant d’être élevé à l’épiscopat 3.» Et ainsi d’autres auteurs.
Pour nous, en tout cas, 1} n’existe qu’un André de Crète. C’est l’auteur de quarante-deux homélies (ou environ)« dont l’authen- ticité n’est contestée par personne », et parmi lesquelles nous en avons déjà distingué qui sont de vrais panégyriques de notre Sainte #; l’auteur de cette œuvre tout à fait à part qui s’appelle le Grand Canon et qui, avec ses deux cent-cinquante strophes, étonne toujours quelque peu, quand ce n’est pas beaucoup trop, la piété occidentale; c’est surtout l’auteur des canons sur la Conception de sainte Anne et sur la Nativité de la Vierge, vrais cantiques à notre vénérée Sainte que la liturgie grecque n’a pas cessé de répé- ter depuis douze ou treize cents ans.
Et puis, chose qu’il importe de dire, surtout à une époque comme la nôtre où tant de remarquables études ont voulu honorer le dogme et la fête de l’Immaculée Conception, c’est que, parmi les témoins byzantins de ce dogme et de cette fête, saint André oc- cupe un des premiers rangs, s’il n’en est pas plutôt, comme l’a
1. Baronius, dans ses Notes au martyrologe, 17 octobre ; Assemani, Codex liturg., t. v, p. 304.
2. Marin, Les Moines de C. P., Paris, 1897, p. 497.
3. Échos, t. 11, p. 37.
4. « Par sa date et par son mérite, saint André de Crète occupe le premier rang parmi 165 écrivains de son temps. Ses discours, publiés au nombre de vingt- deux et inédits en nombre à peu près égal, le font passer pour le meilleur des ho- mélistes et des panégyristes byzantins ; ses canons en tête desquels le Grand Canon lui valent d’être désigné comme l'inventeur de ce genre. Avec cela d’ailleurs, André pratiqua aussi la polémique religieuse, témoin son fragment contre les Iconoclastes. » Pargoire, op. cit., p. 377.
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dit M. Jugie, «le premier témoin irrécusable 1 », La restriction que nous semblons faire à l’assertion de M. Jugie n’est pas, tant s’en faut, un sed contra est, mais plutôt comme un point d’interroga- tion que nous nous posons en passant. Est-il bien prouvé en effet, indiscutablement prouvé, que le dogme et la fête de lImmaculée Conception n’ont aucune attestation quelconque avant saint André ou la dernière moitié de vie siècle ? N'est-ce pas bien un peu tard ?
Tout à l’heure, à l’étonnement de l’un ou l’autre lecteur « d’oc- casion », nous ferons place à quelques offices des Ménées, car au- tant ils sont célèbres, autant ils sont peu connus, et il semble que le temps soit venu d’en juger non plus seulement sur ouïi-dire mais de visu, sur le ou, vu, ce qui s'appelle vu. Là nous entendrons le pieux mélode célébrer longtemps, trop longtemps peut-être pour nos oreilles profanes, la Vierge toute-belle, toute-sans-tache, et avec elle, sa toute-vénérable Mère. Si, à ce moment nous avons un tant soit peu l’âme à la prière, nous oublierons ces imperfections de détail que la critique s’est trop plu à relever dans l’œuvre lit- téraire du grand moine, et nous admirerons plutôt cette ferveur d’oraison qui grandit toujours plus elle dure 3,
1. Saint André de Crète et l’'Immaculée Conc., dans Échos d'Or. mai, 1910, p. 130.
2. Aux yeux de M. Neale, le Grand Canon est la « composition la plus ambitieuse d'André », sans doute pour ne pas dire « la plus prétentieuse», et M. Krumbacher à son tour juge le poète assez sévèrement. Pour lui, « la longueur infinie avec laquelle André développe sa pensée en arabesques entortillées, fatigue le lecteur le plus bienveillant,» ct il déplore « ce soin pénible qui se dépense à amener des antithèses, des jeux de mots et des comparaisons. » Geschichte, p. 675. Bardehewer n’est guère plus admiratif :« André de Crète abuse manifes- tement de la ductilité de la pensée et en l’étirant sans mesure finit nécessairement par fatiguer. Le mal qu'il se donne pour trouver l’antithèse, le jeu de mots, pour développer la comparaison, contraste étrangement avec la libre élévation des précédents mélodes » (Les Pères, t. 111, p. 55).
Il est un peu triste de voir des gens sérieux s’occuper de pareilles bagatelles. Nous ne sortirons donc jamais avec personne de « Grammaire et Syntaxe », « Style et composition », c’est-à-dire de Lhomond et d'Émile Lefrane, ce Lefranc qui ne fut pas même Pompignan.
206 MADAME SAINCTE ANNE Sergius, Germain, Georges, Etienne, Joseph, Théophanes Graptos.
Dans ce prochain article qui, maintenant en effet, ne va pas tar- der, nous verrons encore d’autres noms apparaître, noms de mélo- des peu célèbres, mais qui mériteraient, comme les Ménées eux- mêmes, d’être connus au moins quelque peu. Le ἢ. P. Petit consta- tait naguère que «la liturgie est une des branches les moins cul- tivées, une des régions les moins explorées de l’immense domaine de Byzance, » et 1l savait gré « à quelques rares travailleurs de diriger de ce côté leur activité !. » Voilà en vérité un sujet d’étude qui devrait tenter les jeunes, ne fût-ce que par l'attrait du nouveau. Évidemment il y aurait tout à trouver, tout à faire et conséquem- ment tout à dire, en particulier, à propos de certains mélodes dont on connaît tout juste les noms mais qui ont cependant une valeur réelle, parce qu’ils ont joué depuis plus d’un millier d’années, un rôle à part dans la vie religieuse de l’Orient, un rôle sacré et sanctificateur,en fournisssant à la prière de tant de millions de prê- tres, de religieux et d’âmes pieuses, sa formule invariable en même temps que son inspiration. Comme il est toujours vrai, triste- ment vrai que les choses de piété n’intéressent à peu près per- sonne ! Mgr Gay n’a-t-1l pas osé nommer par son nom une ten- tation commune à toutes les âmes chrétiennes même les plus sincè- res :« l’ennui avec Dieu ἢ» Quel mystère quand la foi nous enseigne que nous sommes pourtant faits pour le ciel, pour la vision de Dieu seul in æternum ἃ
Nos mélodes, disons-nous, ne sont pas connus, et ce sera pour nous une raison de plus de faire revivre un peu leurs œuvres, de vrais « cantiques », comme nous avons eu soin déjà de le prouver. Saluons au moins d’avance ce doux Sergius de la Ville Sainte, Sergius l’hagiopolite, dont le nom figure deux ou trois fois en l’apant- fête de la Nativité ?; Germain, un prêtre aussi pieux que son homo-
1. Échos, t. τι, p. 314. 2. Pour cette expression étrange ou autre de ce genre voir plus loin. — Le car-
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nyme, de Patriarche, était éloquent ! ; Georges, l’auteur du canon en vérité très édifiant sur la Présentation de la Vierge ; un autre hagiopolite, Étienne, qui lui aussi, comme Sergius, commence dès la veille la grande acolouthie du 8 septembre ?.
Les recherches contemporaines ont mis en meilleure lumière quelques autres poètes plus favorisés, tels que Joseph l'Hymno- graphe et surtout, et nous les en remercions, celui que nous pour- rions appeler, sans diminuer le mérite de ses devanciers, le mélode
dinal Pitra fait de‘Sergius le patriarche (610-641) l’auteur de Hymne acathiste, mais selon MM. Christ et Paranikas, ce ne serait pas le Sergius des Ménées, Analecta, t. 1, p. xxxr, 250-272, et Christ, Op. cit. : « Cognominem Sergio patriar- chæ esse judico auctorem complurium idiomelon qui quod Agiopolites, ide, Hiero- solymätanus vocatuwr, hoc ipso cognomine ἃ patriarcha C. P. distingwm videtur.
1. Quatuor canones quibus Germani nomen præfixum est ab recentiore aliquo poeta cognomine compositos esse judico. Anthologia, p. XLvi.
2. « Quis sit ille Georgius, cum minime constet.... » Pitra, Analecta, t. 1, p. xxxu, et 275. Du mème : « Georges, l’un des plus anciens et des plus éloquents hymnographes de l’Église orientale, » Hymnogr. gr., dans Anal. Juris Pont., vie série, p. 1425. Dans le Répertoire du chanoine Chevalier, comme dams toutes les Bibliographies un peu complètes, les Étienne et les Georges emplissent de plei- nes colonnes, et sur les Georges «en particulier, Allatius avait promis une disser- tatien qu’on attend toujours. Évidemment les bibliographies font mention de plusieurs mélodes grecs, indiquent au moins une date, mais pour le reste, nous renvoient à Fabricius, Cave, Ceïlher et d’autres auteurs qui ne disent rien, ou si peu que rien.
Quelques notes prises des Acta sanclorwm, 4. και, oct. (1867), p. 672-678 : De δ, Stephano Sabaïita poeta « Allatius promiserat se de eo singulariter dicturum (De libris eccl. Græc., p. 81) sed liber ille perüt aut certe nunquam venit in lucem ut non semel Fabricius queritur. » Fabricius a connu un mélode- Étienne, mais il le confond avec Étienne le Thaumaturge. Bibl. gr., t. x, p. 419 et 328, édit. Harles, cf. Wangnereckius (Pietas Mariana Græcorum, proleg. mum. 24) :« Alia quoque troparia per 12 menæorum tomos sparsa sunt ; sed quis a me expostulet ut illa investigem ? » Moine à Saint-Sabas (vin-1x° siècle), Étienne a écrit « hymnos æceles. « de martyribus Sabaïtis. » Habebatur sanctus Stephanus lauræ sancti Sabæ decus ingens et ornamentum (p. 675).» Théophanes écrit un poème à son honneur, ibid.Autre passage des mêmes Acta SS., τ χα oct. (1864),mp. 262: x In Sirmondiano diserte mominatur (Stephanus) nepos seu consobrinus S. Joannis Damasceni : in Menæis præter nomen Sabaïtæ præfert etiam cogno- mentum hymnographi quo utroque insignirissolet in Κα]. Græcis et slavicis se- quioris ævi. »
208 MADAME SAINCTE ANNE
ofliciel de madame saincte Anne, c’est-à-dire Théophanes, ce Théophanes que l’Orient a surnommé le l'ogrtés, le Grapte, sans doute parce qu’il ἃ reconnu en lui un maître écrivain.
Nous avons déjà dit que le vire et le 1x° siècles ont été chez les Grecs l’âge d’or de la littérature hymnique comme de toute autre littérature, et sur cette question le cardinal Pitra, encore une fois nommé, mais Jamais trop souvent en un sujet comme celui-ci, a écrit une page admirable qu’on aimerait peut-être à retrouver ici. À première vue, elle semble reculer trop loin, comme quel- qu'un l’a fait remarquer !, la grande éclosion de l’hymnodie ou de l’hymnographie orientale, mais sans doute le cardinal ne voulait parler que d’un développement encore plus complet de ce genre de poésie, car on ne peut pas supposer qu’il ait oublié, par exemple, saint André de Crète, l'inventeur ou du moins le remanieur des canons liturgiques, ni encore moins ce grand saint Romanos qu’il avait lui-même découvert. Quoi qu’il en soit, le passage en question mérite une seconde lecture, et le voici dans toute sa beauté gran- diose :
«L’hérésie des [conoclastes avait produit des ravages dont nous pouvons difficilement nous rendre compte. Maîtresse de l'empire pendant trois quarts de siècle, elle laissa les temples dépouillés, les bibliothèques ravagées, les écoles désertes. Pré- lude et auxiliaire de la barbarie musulmane, elle détruisit de préférence les beaux manuscrits liturgiques : hymnaires, psautiers, évangéliaires, les plus riches en pieuses images. Les traditions se perdirent.. et c’est alors que tombèrent dans l’oubli les longs poèmes de Romanus et ces chants primitifs qui ne seront plus ré- vélés que par les centons de l’hirmus. Pour relever ces ruines du sanctuaire, Dieu inspira la pensée de restaurer et d’embellir l'Église par un vaste ensemble de cantiques nouveaux, protesta- tions savantes et populaires contre toutes les hérésies qui avaient amené l’Église d'Orient à son humiliante décadence. Baronius, après avoir cité l’un de ces hymnes, dit avec autant de grâce que de justesse : « Doux cantique succédant aux larmes, suave cri
1. Échos, t. τι.
PIS ον
LES MEÉLODES 209
« de joie après les gémissements ; providence de Dieu, qui a voulu « que ses louanges fussent chantées par ceux qui les avaient « auparavant prêchées avec la voix du sang, par de très grands « saints, lumières de l'Église orientale, nobles fronts ornés de « multiples couronnes par les fréquentes confessions de la foi : au- « tant de blessures, autant de bouches ouvertes pour proclamer « la créance catholique ; autant de plaies, autant de caractères « où la vérité de la foi était imprimée 1, »
C’est vraisemblablement à la même époque que la liturgie de notre Sainte acheva de se constituer et désormais pour toujours, au moins dans ses principaux éléments. Encore ici nous rappelle- rions l'attention du lecteur sur certaines distinctions par où toul le présent opuscule ἃ pris soin de commencer, parce qu'il voulait autant que possible prévenir toute confusion entre ce qu'il appe- lait « le culte dévotionnel »et ce qui est ici le culte liturgique. Nous l’avons assez dit, pour notre Sainte comme pour Celle dont elle fut l’auguste et bienheureuse mère, le culte dévotionnel, — qu’on
_ nous passe encore une fois ce mot — a précédé le culte hturgique,
mais nous espérons pouvoir prouver, avant quece hvre ne s'achève, que même son culte liturgique a précédé cette grande éclosion poétique dont vient de parler le cardinal Pitra. Au fait, il l’a bien dit lui-même, la hturgie n’avait pas attendu Léon l’Isaurien n1 encore moins le 1x®€ siècle pour posséder ses riches manuscrits : évangéliaires, psautiers, hymnaires, ete.
Nous avons nommé Joseph l’Hymnographe car nous ne devions pas l’oublier malgré le voisinage de Théophanes qui l'efface en effet quelque peu. Sans parler de M. Neale dont on se rappelle sans doute les complaintes, la Bibliotheca Sicula de Mongitor attri- bue à ce poète merveilleux la composition d’hymnes innombra-
1. Annal., n. 842, an. 42.« Hactenus sacer hymnus, dulce post lacrymas canti- cum, et suavis post gemitus exultatio... Quot plagis tot oribus apertis fidem ca- tholicam profitentes, et quot verberibus, tot characteribus fidei veritatem renun- tiantes. » Ed. Mansi, t. xv, p. 274. Cf. Pitra, Hymn. gr., p. 51. Dans l'édition Theïiner, Bar-le-Duc, 1864, Quot plagis et le reste de la citation ne se trouve pas, du moins à l’an 842. Cf. t. χιν, p. 267, n. 28.
{4
210 MADAME SAINCTE ANNE
bles !, C’est en effet au moins cinq cents canons, c’est-à-dire huit ou neuf fois autant d’hymnes ou d’odes, soit à peu près cinq mille pièces qu’on lui devrait. Et il faut entendre la susdite Bibliotheca dans la préface qu’elle a mise comme introduction à toute cette Httérature :
« [01 tout est d’or, de pierre précieuse, plein du suc de la piété et du miel de la dévotion; tout nous prouve combien le génie de l’auteur était épris de la Vierge Marie, et aussi combien son amour pour elle avait de génie ?. »
1. Ant. Mongitoris Bibl. Sicula, Panormi, 1708, t. 1, p. 384.
2. Dico esse totum aureum, totum gemmeum, lotum ex pietatis saccharo, ac devo- lionis melle compactum, ex quo quam afjectuosus fuerit auctoris in Mariam genius, quam ingeniosus affectus el quam purus ac fervens amor luculentissime elucet. Migne, P. G., lat. tant. edita, t. τιν, col. 916 et suiv. Extraits :
Can. τ, ode 6 : Natus est hodie pons transferens ad lucem genus humanum : scala cœlestis, mons Dei clarissimus, videlicet Deipara puella, quam beatificemus.
Instar conchæ Anna protulit purpuram, quæ lanam incarnationis Regis tinc- tura est in posterum : quam omnes pro dignitate hymnis celebremus.
Scaturiit nunc tanquam fons ex parva gutta, illa tota immaculata, quæ abys- sum salutis pariens, immensa idolatriæ fluenta dessiceabit, ete.
Ode 7. Anna et Joacim beatificantur, quia pepererunt beatam revera ac pu- ram Dei matrem, quæ beatum Verbum paritura est, quod universos fideles efficit beatos.
Tui genitores donum pretiosum te, o castissima, acquisierunt, quæ concepisti Deum ditantem melioribus donis eos qui clamant : Deus ac Dominus patrum, benedictus es.
À Deo vocata Anna, meliora sunt ubera tua vino ; tu enim illam lactasti quæ bonis uberibus lactavit optimum Verbum, etc.
Ode 9. Pulcherrimum binarium Joacim et Anna genuerunt juvencam immacu- latam, ex qua prodiens vitulus saginatus, pro mundo sacrificatus est, tollens peccata hominum, etc.
Canon IT, Ode 2: Divina sapientia prædita, Anna, ac zelo plena, antiquum votum suum complet, teque, o Immaculatissima, præsentat in templo.. ete.
Ode 4. Gloriam retulit Joacim una cum Anna incedens et ferens te cum festi- vitale convivali in templum sanctum, ὃ templum Dei sanctissimum, Regina tota pura et immaculata. Migne, P. G.L., t. iv, col. 417-923. Voir A. Papado- poulos Kerameus : Monumenta græca et latina ad historiam Photii patriarchæ periinentia (Saint-Pétersbourg, 1901, Fascic. II, viu-24), où, à la suite d’un double titre en russe et en latin et d’une préface en russe, M. P. Kérameus publie une Vie de saint Joseph l’'Hymnographe par Théophane, moine, prêtre et higou-
LES MÉLODES 211
Parmi tant d’autres symboles,tous plus intraduisibles les uns que les autres, «la Vierge, c’est le lit d’unique beauté, le trône très élevé de Dieu (Ode 1), la montagne que la main de l’homme n’a pas touchée et qui s’est formée de la pierre stérile (Ode πὴ ; » c’est la « Vigne salutaire dont le cep incorruptible a germé le fruit qui sera plus tard le vin mystique de la joie ; » c’est encore « le volume nouveau, où s’est écrit le Verbe de Dieu (Ode v) » ; et sainte Anne, à son tour, est la « coquille (concha) où s’est mêlée la couleur pourpre dont le Christ doit teindre le vêtement de son Incarnation (Ode vi) » et ainsi toujours jusqu’à la fin, dans une abondance d'images intarissable.
Mais voici enfin « notre Théophanes» et c’est bien le cas de dire en effet Z'heophanes noster, pour toutes les raisons ou la grande raison umique que l’on sait déjà. Remarquez d’abord, s’il vous plaît la signification de son nom, car n’est-ce pas déjà un bon augure que de s’appeler ainsi ? Et, à propos, qui a dit que « la destinée d’un homme est déjà toute dans son nom, »ou quelque chose d’analogue ? Mais peu importe et soyons au sujet, à l’hom- me même. |
Allons-nous avec lui remuer encore la «poussière des biblio- thèques ? » — mot consacré, un vieux cliché sans doute mais qui sa- vait hélas ! ce qu’il disait. Théophanes, « notre Théophanes,» est un de ces orientaux moyenägeux qu'il faudrait comme tant d’autres démèêler tout d’abord de ses homonymes, et c’est là, plus épaisse que la poussière des bibliothèques, la poussière de l’histoire.
Si le ἢ. P, Vailhé voulait encore une fois nous accueillir, nous lui demanderions de nous dire tout ce qu'il sait d’un «nommé Théophanes » qui serait peut-être le mélode dont nous avons pour le moment la tête et le cœur pleins.
Il se trouve que le R. P. a devancé nos désirs et que sa réponse est déjà dans l’excellente Revue de l'Orient chrétien, un de ses périodiques favoris comme les Échos. Il nous permettra sans doute encore ici de lui faire un emprunt :
mène du monastère fondé par Joseph à Constantinople. Cf, Échos d'Or. τ. v, p. 63.
212 MADAME SAINCTE ANNE
«Du groupe des confesseurs qui luttèrent contre les derniers empereurs iconoclastes trois figures se détachent, plus particu- lièrement sympathiques : celles de Michel, syncelle de Jérusalem et de Constantinople, et de ses deux disciples, les frères Théodore et Théophanes. Originaires de la Palestine, 115 vinrent tous les trois à Byzance régler certaines affaires ecclésiastiques de leur patriarcat,
instruments inconscients de la Providence qui les voulait là pour relayer les moines épuisés de la capitale et livrer le suprême assaut aux empiètements sacrilèges de Léon l’Arménien et de Théophile.
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Leur constance ne se démentit pas un instant. On eut beau les flageller, leur graver sur le front le signe des forçats, les traîner du cachot à la torture : leur doctrine ne subit pas la moindre variation et leur volonté ne trahit pas la plus légère défaillance. Marivrs vivants d’une cause qui semblait morte, ils survécurent à leurs bourreaux, assistèrent au triomphe de l’orthodox:e, présen- tant sans ostentalion à tous les regards les stigmates indéléhiles de leur vaillance, imprimés sur leurs visages. »
Après Théophanes le confesseur et presque le martyr, voici main- tenant le mélode. « C’est vers la poésie que se tourna de préférence saint Théophanes Graptos.Il obtint de ses contemporains le surnom de mélode que lui a conservé la postérité. Après saint Joseph ? Hym- nographe, 1l n’est pas un poète religieux grec dontles chants revien- nent aussi souvent que les siens dans les offices de la liturgie. Et cette fécondité littéraire, qu’il partage avec saint Joseph, se dis- üngue de la sienne par des traits personnels, par une poésie jail- lissant du cœur bien plus que de la prosodie, en un mot par des sentiments humains. Je n’ai pas l’intention d’énumérer même les titres des canons et des idiomèles tombés des lèvres de ce chan- teur infatigable ; plusieurs pages de la revue ne suffraient pas à contenir les titres des pièces éditées. Quant aux poésies enfouies encore dans les manuscrits des diverses bibliothèques, le travail de dépouillement et de classement n’en est pas même commencé 1,»
Tel est cet hommage du plus sincère et peut-être du mieux informé des byzantinistes contemporains à notre poète très cher
4. S. Vailhé, Saint Michel le syncelle et les deux frères Grapti, saint Théodore et saint Théophanes, dans Rev. de l'Orient chrétien, t. νι, 1901, p. 313, 610.
LES MÉLODES 213
et autant vaut dire favori. Il en est des poètes comme des orateurs, et celui qui vient le ‘dernier surpasse toujours incomparablement ses prédécesseurs. Sachons cependant raisonner nos appréciations pour autant que pareilles choses se puissent raisonner et his dictrs :
Les Ménées contiennent sous ce nom de Théophanes, du nôtre ou d’un autre ou d’un troisième encore, cent cinquante-un canons, consacrés à autant de saints de l’Ancien et du Nouveau Testament. M. Théarvic croit en effet que « plusieurs de ces pièces reviennent certainement à des homonymes, comme Théophanes le Sicihien, mélode occidental pas autrement connu, ou Théophanes l’Higou- mène, disciple de saint Joseph l'Hymnographe dans un couvent de Constantinople ! .» Mais précisément. aujourd’hui il pourrait bien ne plus y avoir tant de Théophanes mélodes. C’est ainsi, en effet, que M. Papadopoulos Kerameus et le P. Pétridès ont déjà proposé d'identifier Théophanes le mélode sicilien avec Théophanes disciple de saint Joseph l’Hymnographe ?, et qui sait 7... Mais ne risquons rien, pas même une supposition. Laissons le temps faire
son œuvre, les études contemporaines achever leurs travaux.
1. Échos, τ. ντι (1904), p. 31-34, 164, 171 ; Pargoire, op. cit., p. 380.
2. "Ιεροσολυυιτιχὴ Βιδλιοθήχη, t. 11, p. 597; Pétrides, Échos d'Or. t. IV, p. 287. — Sur Théophanes le Sicilien, cf. Mgr Lancia di Brolo (archevêque de Monreale), Storia della chiesa in Sicilia nei primi dieci secoli del Cristianesimo, Palerme, 1884, t. 11, p. 337-339; Fabricius, Bibl. gr., t. x1 (1791), p. 208, ou t. x (1721), p. 231; les références de Chevalier, Répertoire.
Sur notre Théophanes ou ses homonymes : Échos d'Or., τ. 1, p. 42 sq.; Cave, Hist. scriptor. ecclesiast., à l'année 818, t. 11, p. 16 (12 lignes), et ibid. p. 103 ; Ceiïllier, Hist. des auteurs sacrés, t. xvur, p. 700 (presque rien) ; Oudin, Comment. de script eccles., place Théophanes à l’an 840; Neale, loc. cit., p..92-93, lui donne le troisième rang parmi les mélodes.
Sur Théophanes qui,« avec saint Jean Damascène et Cosmas aurait institué le chant ecclésiastique : « In ecclesiasticis carminibus majoribus minoribusque quæ plurima in Menæorum et Triodii libros recepta sunt, alienis modulis usus sententiarum gravitate stilique elegantia insignem laudem merito tulit, » Christ et Paranikas, Anthol., p. xLvr.
Théophanes, archevêque de Nicée : Baronius, Annal., éd. Theiner, t. x1v, p. 275. Le même Baronius cite de lui un Canon epinicius (hymne triomphal) qu'il aurait chanté en pleine cour impériale après la restauration du culte des images par Théodora :« Tune et magnus confessor Theophanes vultu inscriptus, decorus facie ob elucentia in ea pulchra stigmata confessionis, sacrum Deoin-
214 MADAME SAINCTE ANNE
Du reste, cette attribution de pièces, nous dirions cette désa- grégation du personnage est ici question bien secondaire, plutôt même tout à fait négliseable, et ce serait perdre son temps que de s’y arrêter. Une seule chose doit nous intéresser, c’est qu’un homme au doux nom de Théophanes, un Théophanes qui mérite- rait aussi d’être appelé Graptos, s’il n’est pas déjà celui qu’on désigne par ce simple et glorieux surnom, un Théophanes, auteur de cinq offices consacrés à la louange de la Vierge Marie, est aussi l’au-
teur d’un autre office non moins beau dédié à sa très sainte et très bienheureuse Mère !
*k ἧς κε
Nous arrêterons 101 cette étude, ou pour employer un mot moins solennel et plus juste, ce canevas d'article. Si nous avions mis une épigraphe à ce premier chapitre sur le culte de Madame saincte Anne, c’eût été le mot de Grégoire XIIT dont on se souvient : ab exordio nascentis Ecclesiæ, «ce culte remonte à l’origine de l'Église », et à ce point de vue de l’ancienneté, la littérature paréné- tique de l'Orient ἃ déjà suffisamment, pour sa part, entamé la preuve que l’on demandait peut-être.
Pousser notre enquête au delà d’une certaine époque et pour être plus précis, au delà du xre-xn® siècle, outre que c’est sortir de notre cadre actuel, c’est nous exposer à des refroidissements dont nous pouvons nous passer. Un peu plus haut, à propos de l’éloquence, nous avons observé que, à partir du 1x ou x® siècle, elle avait laissé bien peu d'œuvres vraiment remarquables. À moins que l'Orient n’ait eu soin de détruire ses œuvres littéraires,ou de les cacher si bien que nul, même aujourd’hui, en cet âge de recherches
gratiarum actionem cecinit hymnum, triumphale carmen, » comme Moïse au sortir de la mer Rouge. « Choream sacram ducens et præcinens, cæteris recinen- tibus dignas Deo Deique Genitrici gratiarum actiones alacriter persolvit». Ibid., p. 259. Théophanes le Grapte serait l’auteur de ce « chant triomphal. » Cf. Fabricius, t. x1 (1791), p. 220. Il le distingue de Théophanes l’higoumène de C. P. Ibid.
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10
LES MÉLODES 215
patientes, n’a pu encore les déterrer, il en est chez lui de la poésie comme de l’éloquence ou des autres manifestations de son génie. M. Schumberger cherchait des documents au x® siècle pour l’his- toire de ce siècle même et n’en trouvait pas ; en eût-il trouvé davantage pour le x1® ou x11€ ou x111€ ἢ Un siècle ou deux après le schisme, l'Orient vivait encore, tant la justice de Dieu est lente, lente comme son éternelle patience, mais depuis maintenant huit ou neuf siècles, l'Orient a-t-il intellectuellement νέοι ἢ Corruptio optimi pessima. Les Églises, les monastères savent sans doute en- core prier : la prière ne peut jamais mourir nulle part, mais on dirait qu'ils ne savent plus chanter. Le Mont Athos ne peut plus nous ren- voyer que des échos bien affaiblis du lointain passé, et Saint- Sabas est déjà le tombeau qu'il restera jusqu’à nos jours. Où prêter l’oreille ?
Deux hommes ont voulu écouter qui s’appelaient Théodore Toscani et Joseph Cozza, et en 1862, ils ont consacré à la Vierge immaculée un livre très remarquable, fruit de patientes recher- ches dans le domaine hymnographique de l’Église grecque. Pour qui voudrait poursuivre jusqu'à nos temps modernes le travail que nous avons commencé, cet ouvrage est à lire. À part les canons de saint André de Crète, de saint Joseph l’Hymnographe, de Georges le mélode et d’autres, deux parties du livre nous font con- naître au moins soixante-quinze pièces, stikhera, idiomela, signées ou anonymes, qui répètent à chaque instant le nom de notre Sainte avec celui de la Vierge Marie, rattachant ainsi plus ou moins la piété du présent à celle du passé. Joachim et Anne sont encore «les privilégiés de Dieu ;» ils ont reçu de lui infiniment mieux que les tables de la loi, Marie elle-même que le Testament ancien préfi- gurait, que la voix des Prophètes avait annoncée ; pour eux, « le berceau de la Vierge est toujours entouré d’une douce lumière, sorte d’aurore qui présage la grande lumière du plein jour ; ils sont maintenant, non plus seulement les Propatores, les ancêtres de Dieu, mais «les parents même, le père etla mère de Dieu, à cause de leur divine Fille » : Dei patres ob divinam puellam !, et
1. Op. cit. (p.111) : Descendite monte Joachim, cum suscepisset non quidem legis tabulas, sed eam quam lex indicavit, omnesque prophetarum voces signi-
2146 MADAME SAINCTE ANNE
le mot est certes bien beau, mais à voir la pauvreté, la pénurie de la littérature moderne orientale, on peut se demander si cette fine fleur de la littérature qu’est la poésie, n’est pas morte depuis des siècles.
La petite fleur reprendra vie peut-être, mais ce ne sera plus chez elle. Seulement, avec les moines qui sont partis en exil, elle est partie aussi et les moines, vous savez, sont de ces bonnes gens «à la Veuillot» qui voient dans les fleurs comme dans les étoiles des sourires de Dieu, les uns s’arrêtant en chemin, les autres descendant jusqu’à terre, notre pauvre terre,
Et c’est ainsi, pour être plus clair en notre langage, que nous espérons quelque jour retrouver la poésie grecque transplantée en Italie, soit par exemple, chez les moines basiliens de Grotta- Ferrata f,
ficavere, Dei Matrem castam : et exultans exclamabat : « Magnificatum est cor meum ». Hymn. 11. Od. v. —« Veluti duo maxima astra, auroram valde rutilan- tem edidistis, quæ magnum solem efferet mundo.» Hymn. IT, Od. 1x, trop. 3. Ibid. p. 225.
1. A la fin de son livre $S. Gioacchino, le P. Rocchi publie quelques hymnes inédites des anciens moines de Grotta-Ferrata. Cf. aussi son Catalogus.
Indications peut-être utiles: de Fabricius, t. x1 (1791), p. 208 : Plurium me- lodorum Græcorum cantica græce et latine leguntur in rarissima collectione Aldina, Poetæ christiani veteres, 1501-1502, 2 in-4, cf. vol. 1, sub finem. — Re- nouard, Annales de l'imprimerie des Aldes, t. τ, p. 34 sq.; Pitra, Melodi recentiores, dans Anal., t.1, p. XxXv 54.
ὦ did ind sat RÉ
ARTICLE DEUXIÈME
Fêtes et Liturgie.
I. Les Frères : 1. Les livres qui en témoignent. 2. Les Fêtes elles- mêmes. 3. Solennité et Ancienneté de ces fêtes, IT, La Liturgie de saint Jean Chrysostome 1.
Prenons tout d’abord cette note dans les Analecta Bollandia- na de 1905 : « Il est difficile de s’occuper d’un sujet quelconque d’ha- giographie orientale sans être renvoyé, à chaque pas, aux Ménées
Allati (Leonis), De libris eccles. Græcorum dissertationes duæ, in-4, Paris, 1645 ; De libris et rebus eccl. Græcorum dissertationes, Paris, 1646. — Assemani (J. A.), Codex liturgicus Ecclesiæ universæ in quo continentur libri rituales etc., Ecclesiarum Occidentis et Orientis, 12 in-4, Romæ 1749-63, ou nouvelle édit. Paris, Welter, 18 in-4, 1902 ; Kalendaria Ecclesiæ universa, 6 in-4, Rome 1755. — Ballerini (v. p.115). Binterim (A. J.), Die vorzüglichsten Denkwurdigkeiten der christcatho- lischen Kirche, Mainz, 1825. — Bollandistes (RR. PP.), Acta sanctorum et Ana- lecta. — Brightman (F. E.), Liturgies eastern and western (being the texts origi- nal or translated οὐ the principal liturgies of the Church, t. τ, Oxford, 1896. — Cava- lieri (Joan.-Michael), Commentaria in authentica sacræ Rituum congregationis de- creta, 5 in-fol, en 1 tom., Venise, 1738. — Charon (R. P. C.), Les divines liturgies de nos saints pères Jean Chrysostome, Basile le Grand et Grégoire le Grand, etc. trad. franc., in-32, Beyrouth, Paris, 1904. — Clugnet (Léon), Dictionnaire grec- français des noms liturgiques en usage dans lÉplise grecque, in-8, Paris, Picard 1895. --- Couret (A.), La Palestine sous les empereurs grecs, in-8, Grenoble, 1609. — Dabbous (labbé), La liturgie grecque de saint Jean Chrysostome, in-12, Paris, Poussielgue. — Delehaye (R. P. Hippolyte, S. J.), Synaxarium Ecclesiæ Constan- tinopolitanæ, e Codice Sirmondiano nunc Berolinensi adjectis synazxariis selectis, opera et studio. — Propylæum ad Acta Sanctorum novembris, Bruxellis, in-fol., 1902. — Duchesne (Mgr), Origines du culte chrétien, 3° éd., 1903, in-8, Paris. — Gédéon (Manuel-J), Βυζαντινὸν Ἑορτολόγιον, in-8, Constantinople, 1895-1898, (Catalogue des fêtes célébrées à (Constantinople du 1v® au xv® siècle). — Goar (Jacques, O. P.), Euchologium, in-fol, 1647. — Gosselin (J.-E.-A.), Znstruc- tions... sur les principales fêtes, 3 in-12, nouv.éd., 1880, — Gousset (Cardinal)
218 MADAME SAINCTE ANNE
aux Ménologes, aux Synaxaires et à d’autres recueils du même genre, qui malheureusement n’ont jamais été l’objet d’une étude approfondie. Les Ménologes et les Synaxaires, dont la plupart
La croyance générale et const. de l’Église touchant l'Imm. Conc., in-8, 1855. — Graffin (R.),et Nau (F.), Patrologia orientalis, in-4, Paris, 1907 sq. — Henschenius et Papebrochius, Ephemerides Græcorum et Moscorum, dans Acta SS., τ. x1v, (1 maü). — Holweck (Fred.-G.), Fasti Mariani, in-8, Fribourg en Brisgau, Herder, 1892. — Kellner (Cf. p. 5}. — Lebrun (Pierre), Explication de la messe, kin-8, Paris, 1777. — Lesêtre (H.), L’Immaculée Conc. et l'Église de Paris, in-12, Paris, 5. date. — Martinov (R.P.J.), Annus ecclesiasticus Græco-slavicus, dans Acta SS., τ. x1 d'octobre. — Meester (Dom Placide de), La divine liturgie de saint Jean Chrysostome, in-18, Paris, Lecoffre (1908). — Métaphraste (x. 5), Symeonis Logothetæ, cognomento Metaphrastæ opera omnia, 3 vol., Migne, P. G., t. cxiv-xv-xvi. — Nilles (R. P. Nicolas, 8. J.), Kalendarium manuale utriusque Ecclesiæ Orientalis et Occidentalis, 2 in-8, Inspruck, 1897. — Du même: Calen- drier de l’Église copte d'Alexandrie, traduction française, Clugnet, 1898 (Ex- trait de la Revue de l'Orient chrétien). — Passaglia et Schrader, De Immaculato Deiparæ conceptu, 3 in-4, Rome, 1854-1855. — Péchenard (Mgr P.-L.), L’Imma- culée Conception, dans Revue du Clergé français, 1905. — Pétridès (R. P. S.), La préparation des Oblats dans le rite grec, cf. Echos d'Orient, t. 117. — Renaudot, Liturgiarum Orientalium collectio, 2€ éd., 2 in-49, Francfort et Londres, 1847. — Revue du Clergé français. — Swainson (C. E.), The Greek liturgies, gr. in-8, Cambridge, 1884. — Terrien (J. B.), La Mère de Dieu, la Mère des hommes, 4 in-8, Paris, 1899. — Thurston (cf. p.119). — Vacandard (E.), Les origines de la fête et du dogme de l’Immaculée Conception, dans Revue du Clergé français, avril 1910 et sq.
Manuscrirs. Catalogues généraux :
Allen (T, W.), Greek manuscripts in Italian libraries, in-8, — Graux et Martin, divers catal., inter quos : Mss grecs d'Espagne et de Portugal, in-8, Paris, 1892.— Martini (E.), Catologo di manoscritti greci esistenti nelle Bibliotheche Italiane, 3 in-8, Milan, 1902. — Montfaucon (Bernard de), Bibliotheca Bibliothecarum nova, 2 in-fol., Paris, 1739. — Omont (Henri), Mss gr. des bibl. de Belgique, in-8, Gand, 1885 (61 p.) ; des Pays-Bas, in-8, Leipzig, 1887, (30 p.) ; des bibl. de Suisse, in-8, Leipzig, 1886 (68 p.).
PAR VILLES OU BIBLIOTHÈQUES PRINCIPALES :
Athos (Mont). Lambros (Spyr. P. ), Catalogue of the Greek manuscripts on Mount Athos, 2 in-4, Cambridge, 1895. — Berlin : Cohn (Leopold), Codd. ex bibl- Meermanniana Philippici Græci, in-4, Berlin, 1890.— Florence : Bandinius (Ang. Mar.), Catal. codd.mss. Mediceæ Laurentianæ, 2 in-fol, Florence 1761.— Florence, Saint-Marc : Theupolo (Laurentio) [Zanetti] Græca D. Marci Bibl. mss.,; in-fol, 1740. — Grotia-Ferrata : Rocchi (Antonio), Codices Cryptenses seu abbatiæ Cryptæ
L sé 2 2.
LA LITURGIE 219
des fonds de manuscrits grecs sont cncombrés, ont été à peine feuilletés ; 115 découragent le chercheur par leur quantité et leur volume. 1] serait temps d'examiner en détail ces collections si im-
Ferratæ in Tusculano digesti et illustrati, Tuscnlani-Romæ, in-4, 1883. — Jérusa- lem : Papadopoulos Kerameus,! Ἱεροσολυμ᾽τιχὴ Βιδλιοθήχην 4 in-8, Saint- Pétersbourg, 1899 ; ᾿Αναλέχτα Ἱεροσολυμιτιχῆς Σταχυολογίας, 6 in-8, Saint- Pétersbourg, 1898. — Leipzig : Aufrecht (Theodor), aant-titre : Catal. codd. mss. bibl. universit. Lipsiensis: 4 in-8, Leipzig, 1901 Gardthausen, in-8, même sujet ; Bollandistes, Mss. hagiogr., dans Anal. boll. τ. xx, p. 205./— Londres : Omont (Henri), Notes sur les mss. grecs du British Museum, in-8, 1844. Pour plus de dé- tails, recourir aux catalogues généraux, très volumineux. — Madrid: Iriarte (Joannes), Regiæ bibl. Matritensis codices græci mss ., in-fol., Madrid, 1769, — Milan : Martini (E.) et Bassi (D.), Catalogus codicum græcorum bibliothecæ Am- brosianæ, 2 in-8, Milan, 1906 ; Mss. hagiogr. dans Anal. boll., τ. χι. — Mont Sinaï : Gardthausen (V.), (αἰαὶ. codicum græcorum Sinaïticorum, in-8, Oxford, 1886; Lewis (cf. p.80). — Moscou : Vladimir, Description systématique des manuscrits de la bibliothèque synodale de Moscou (en russe), Manuscrits grecs in-8, Moscou, 1894 ; Matthæi (Christ. Fridericus); Notitia codd. mss. græc. bibl. Mosquensium sancti Synodi, im-fol. 1776. — Munich : Hardt (Ignatius), Catalog. codicum mss græcorum bibliothecæ regiæ Bavaricæ, ὃ in-4, Munich, 1810. — Naples : Salvatore (Cyrillo), Codd. gr. regiæ bibl. Borbonicæ, tomus τ, in-4, Naples, 1826. — Oxjord : Coxe (H. O.), Catalogi codd. mss. bibl. Bodleianæ, pars [5 recensionem codd. gr. continens, in-4, Oxford, 1853 ; Black (W. H.), Calalogue of the manuscripts bequeathed unto the university of Oxford by Elias Ashmole, in-4, Oxford, 1845. — Paris : Anonyme, Catalogus codicum manuscri p- torum Bibliothecæ regiæ (codices orientales), in-fol, Paris, 1739: Pars 2, Codd, græci (Bibliothèque nationale). — Bollandistes (RR. PP.), Catalogus codicum ha- giographicorum græcorum Bibliothecæ nationalis Parisiensis, in-8, Bruxellis, 1896. Martinoy (8. J.), Les Manuscrits slaves de la bibl. impériale (nationale) de Paris, in-8, 1858 ; Omont (Henri), {Inventaire sommaire des mss. grecs de la Bibl. nationale, in-8, Paris, 1898 ; f'ac-similés des plus anciens mss. grecs en oriciale et en minuscule de la Bibl. nationale, du 14° au xni° siècle, 2 in-fol., Paris, Leroux,1892: Fac-similés des mss. grecs datés de la Bibl. du 1x° au x1v® siècle, Paris, Leroux, 1891. — Patmos : Sakkelion (Jean), [[ατμιαχὴ βιδλιοθήχη, (mss. de Saint- Jean de Patmos), in-4, Athènes, 1890. — Rome : Bollandistes (RR. PP.), Cata- logus codicum hagiographicorum bibliothecæ Vaticanæ, in-8, Bruxelles 1899 : Pitra, Stevenson, Codd. Palatini græci Bibl. Vatie., in-4, Rome 1885 : Storna- jolo (Cosimus) Codd. Urbinates græci Bibl. Vatic., in-4, Rome, 1895, — Saint-Gall : (Scherrer ? (Gustav). Verzeichniss der Handschriften der Stiftsbibliothek von St Gallen, in-8, Halles, 1875. — Venise: Zanetti, Mss. grecs et latins, in-fol. —
Vienne : Mss. hagiogr. Bibl. Cæsareæ, dans Anal. Boll., τ. x1v, p. 231 ; Lambecius, Commentariorum de Augustissima bibliotheca Cæsurea Vindobonensi libri (vin),
220 MADAME SAINCTE ANNE
portantes au double point de vue hagiographique et liturgique, d’en entreprendre la classification, et de rechercher les sources d’où elles dérivent. Presque tout est à faire 1c1 !, »
La première chose qui s’imposait, comme le R, Père le constatait lui-même, c'était de donner des définitions des livres mêmes qu’il s'agirait d'étudier, parce que, dit-il, « dans la matière qui nous occupe, la terminologie des Grecs, compliquée encore par l’usage de beaucoup d’érudits peu soucieux de la précision, est une source perpétuelle de difficultés. » C’est dire que l’éminent Bollandiste a entrepris lui-même de définir, de classer, de cataloguer, comme on dit aujourd’hui, les ouvrages en question, et que d’autres dévouements ayant imité son exemple, on peut maintenant se débrouiller quelque peu dans ce que Léon Allatius appelait si bien «la masse immense » des livres liturgiques orientaux ?,
Evidemment, et fort heureusement pour le lecteur d'aujourd'hui toujours un peu pressé, 1l ne sera pas ici nécessaire d’épuiser toute cette bibliothèque, et 1] suffira bien que nous consultions ceux-là
seuls de ces livres qui peuvent nous être réellement utiles pournotre sujet.
in-fol., Vienne, 1776; Nessel (Daniel de) Catalogus codicum Græcorum bibliothe- cæ Vindobonensis, in-fol, 1690.
1. Anal. boll., t. x1v, p. 396 : art. Le Synaxaire de Sirmond.
2. « Ilius etiam gentis religio increbrescens unicuique de novo, dummodo sanc- torum res pertractantur, accessionem facere et ingentia duplicare volumina per- misit. Hinc maximam librorum copiam majorem fecit, et novis semper additis, molem in immensum adduxit. » De libris et rebus eccl. (1646), p. 4. C’est le même Allatius qui disait encore au sujet de ces livres : « Tanta est ipsorum (/:brorum) non modo copia, sed inter se diversitas ut cognosci probe non possint, nisi ab homine, ut linguæ, sic rituum et librorum omnium istius gentis callentissimo. » De libris eccl. (1645), préface, p. 3. Pour une étude plus générale on peut consulter avec profit : Allatius, les deux ouvrages ci-dessus indiqués et surtout le dernier dans l’édition de 1645 ou de 1644; Fabricius-Harles, Bibliotheca græca, t. x, 140-144 ; J. Mason Neale, À history of the holy eastern Church, part I, General introduction, t. 11, c. 111, p. 820 sq.; Daniel, Codex liturgicus Ecclesiæ universæ, t. 1v (1853), p. 314-324; N. Nilles, Kalendarium, ut sup. ; F. Kattensbuch, Lehr- buch der Vergleichenden, « Livre d'instruction sur l’art [la pratique] de la confes- sion », Fribourg-en-Br., 1895, t. 1, p. 455-456.
LA LITURGIE 221
Notre Allatius disait du plus petit, ou plutôt du moins volu- mineux de ces ouvrages : « Par mon fait, celui-là sera le premier qui pour les autres est le dernier !, » et il parlait des Typica, et nous voudrions, nous aussi, faire place tout d’abord au fameux Typicon de saint Sabas*, aussi fameux en effet que peu connu, mais il se présente ici une question d’ordre, de méthode, de « style et composition» à la Lefranc ou peu importe, et pour une fois, sacrifions le sentiment à la raison.
Nous avons souvent parlé de « contributions à notre œuvre », et le mot se fait déjà vieux, mais il vaut encore, il vaut surtout pour
Les Ménées
Les Ménées, comme le mot l'indique déjà, — μὴν, mois, μηναῖον, du mois, — contiennent l'office de toutes les fêtes à date fixe échelonnées du 1% septembre au 31 août. Au commencement du mois se trouve noté le nombre des jours de ce mois et, sous chaque date, viennent les noms des saints célé- brés ce jour-là. Après quelques indications pour la célébration de l'office, lesquelles correspondent à nos rubriques et qui portent d’ailleurs en tête le mot τυπιχὰ (même sens à peu près), com- mence l’Acolouthia ou l’oflice lui-même *, composée de plusieurs parties. La partie principale est constituée par le Canon divisé en neuf odes, dont la deuxième manque régulièrement (des spé- cialistes se sont demandé pourquoiet ont tenté de répondre ἢ.
1.« Inter eos (libros) primus per me fit qui apud alios locum tenet postremum, Typicum. » De libris et rebus... 1645, p. 5.
2. Nous conserverons ici l'usage d'écrire de saint Sabas. Peut-être plus tard faudra-t-il écrire plutôt de Saint-Sabas. Voir infra.
3. Acolouthia, 1° Ordre prescrit des formes extérieures et régulières du culte religieux ; 2° Économie des psaumes, leçons, hymnes, etc., qui constituent les heures canoniales. Clugnet, au mot.
4. L'Exximoraorixn ᾿Αλήθεια (Constantinople), t. xx-xx1, contient plu- sieurs articles de M. Papadopoulos Kerameus, notamment : Συμδολαί εἰς τὴν ἱστορίαν τῶν Μηναΐων, t. xx, p. 337-343, 387-395, 404 ; t. χχι, p. 37-41, 77-80.
222 MADAME SAINCTE ANNE
Entre la sixième et septième ode s’intercalent les synaxaria, sortes de notices historiques ou biographiques destinées à illustrer la fête du jour; puis divers accessoires comme la date du mois, l'annonce de la fête du saint,fune épigramme (c’est-à-dire assez sou- vent un jeu de mots)en vers ïiambiques, deux ordinairement !; un hexamètre, comprenant la date et le nom du Saint ; une notice historique de longueur variable ; l'indication, s’il y a lieu, du sanc- tuaire où la fête se célèbre solennellement ; une ou plusieurs commémoraisons simplement annoncées ou accompagnées de lépigramme, ou de la notice, ou des deux à la fois 3,
C’est sans doute par montagnes que s’entasseraient aujourd’hui les collections des Ménées, — car on se rappelle que ce recueil se compose à lui seul d’une douzaine de volumes — si tout ce qui a porté ce titre au cours des siècles nous avait été par impossible conservé. Nous avons déjà remarqué avec M. Gédéon que chaque église, chaque monastère d'Orient avait son héortologe, lequel s’accroissait de siècle en siècle, pour ne pas dire d’année en annéeÿ,
La plupart de ces notes, empruntées surtout à des manuscrits de Jésusalem et de Saint-Pétersbourg, concernent la partie hymnographique des Ménées. Ce sont tantôt des corrections ; tantôt des suppléments, ceux-ci consistant souvent dans le texte de la deuxième ode du canon, laquelle est régulièrement omise dans nos Ménées ; parfois aussi ce sont des canons entièrement inédits, que M. P. a eu la bonne chance de découvrir. — Voir aussi : Kai πάλιν περὶ τῆς δευτέρας δῆς τῶν ἀσματιχῶν χανόνων. Lbid., t. χχι, p. 425-27, 408-70. L'auteur revient sur cette question, si obscure, de la suppression de la deuxième ode du canon dans les ma- nuscrits des Ménées postérieurs au x1° siècle, sans respect pour l'intégrité de l’œuvre poétique, comme de l’acrostiche. Malheureusement le problème général n’en paraît pas être plus près de sa solution.Cf. Anal. Boll., τ. xx1 (1902), p. 210-11. — Pour quelques offices, cette deuxième ode a été retrouvée et publiée par Toscani et Cozza, op. cit. — Un mot de Baromius au sujet de cette suppression : « Hanc ἃ Græcis recepi rationem, quod cum novem Odis hymnus distinetus sit ad imitationem novem chororum Angelorum, secunda demitur, quod secundi ordinis credantur ab illis fuisse angeli apostatici quorum nulla est communis cum allis laudatio, » Annal. (Theiner), t. χιν, p. 261.
1. On en trouvera la collection dans Siberus, Ecclesiæ græcæ martyrologium metricum ex Menæis, codice Chiffletiano Actisque SS., Lipsiæ, 1727, in-k4, p. ;1-451.
2. Anal, boll., t. xiv (1895), p. 339 et passim.
3. Plus haut, p. 38.
LA LITURGIE 223
Et en effet, de par sa naiure même, un recueil comme celui-là n’a jamais pu être achevé, être complet dans une église vivante et sanctifiante. Les additions, les remaniements se succèdent d'âge en âge, et très nombreux sont les auteurs qui travaillent à l'édification de ce vaste monument. De là, on le voit, pour les églises, églises monastiques ou églises séculières, la nécessité de renouveler, au moins de temps en temps, leurs Ménées, sans parler des autres livres liturgiques, et que peut vouloir dire ici cette formule : de temps en temps ? Nous laisserons le lecteur faire lui- même ses calculs en le priant toutefois de bien compter les anciens monastères d'Orient et de multiphier ce chiffre par le nombre des rééditions ou renouvellements probables.
De toute cette abondance, que reste-t-1l aujourd’hui, et d’abord en Occident ? En somme, presque rien, considéré du moins tout ce qui a existé; presque rien en tout cas pour quinese contente pas d'exemplaires relativement récents, si nombreux qu'ils soient, ou d'exemplaires anciens mais disparates, réunis vaille que vaille, les uns provenant de tel monastère, les autres de tel autre, On aimerait 101 en effet une collection non seulement complète, mais véritablement homogène ou autochtone. ἃ ce point de .vue, l'Orient, sans doute, est moins pauvre, et pourquoi en effet, loin d’être pauvre, ne serait-il pas plutôt très riche ἢ Il est si naturel qu’on garde ses trésors, qu’on les garde en ce sens qu’on en a soin, Et pourtant quelle richesse très relative que la sienne, avoisinant presque la pauvreté et la misère ! Il a déjà été question de cette pénurie de documents, mais c’était de façon imprécise, sans rien spécifier. Puisque, pour le moment, il s’agit de Ménées, voudrait- on consulter ceux que possède, par exemple, le monastère du Mont- Sinaï ? Quant à choisir un monastère, qui vraisemblablement pût nous montrer encore des reliques du moyen âge, c’est peut- être à celui-là qu'il fallait venir frapper de préférence. D'ailleurs, plus favorisé que d’autres, il possède au moins deux catalogues, dressés, bien entendu, par des étrangers, mais peu importe, et il suffit d’une heure ou deux pour savoir tout ce que sa bibliothè- que contient; il suffit d’un quart d’heure pour voir ce qu’elle con- tient de Ménées. Elle en aun très grand nombre, par fragments détachés, un mois, un autre mois, deux ou même trois mois ensemble ; beaucoup du xv® siècle, un peu moins du xiv®, un
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peu moins du xu11€, très peu du x11€, extrêmement peu du xre, et enfin, à peine quelques exemplaires du soi-disant 1x°-x°. Ajoutons cependant pour l'honneur de cette bibliothèque, peut-être unique au monde, que, en fait de Ménées, elle en possède une SÉRIE coM- PLÈTE DU XIe SIÈCLE. ἢ] a fallu plus d’un quart d’heure pour se ren- dre bien compte de ce fait extraordinaire, en vérité plus que surpre- nant. Seulement lorsque, à grand’peine, on ἃ réussi à mettre ensemble, côte à côte, tous ces volumes de même âge et de même espèce, posés 101 ou là au hasard des hauteurs de rayons, et qu’on veut chercher dans ces douze bienheureux volumes ainsi rendus à leur unité première, la tradition du Mont-Sinaï, sa prière antique, l’enchainement ou le déroulement de cette prière à travers les trois cent soixante-cinq jours de l’année chrétienne, on cons- tate presque de suite une autre peine, et c’est celle que le bi- bliothécaire du couvent a dû lui-même se donner pour rassembler ces pauvres douze volumes — pas plus que cela en effet —, mais presque tous de provenance si diverse, comme s’il avait fallu re- muer ciel et terre pour parvenir à les remettre ensemble !.
Nous parlons de manuscrits, et avec eux 1 faut en effet s’atten- dre à quelques déceptions. Mais si, en ce genre d’ouvrages dontil est ici question, les imprimés valent la peine d’être consultés, nous promettent-1ils, au moins eux, des compensations ἢ Certes ils promettent beaucoup, mais le proverbe est toujours vrai qu'«on promet toujours beaucoup pour avoir une raison de ne jamais rien donner», et les Ménées, pour leur part, justifient cet adage. En tout cas, simple fait qu’il est facile de vérifier, les exemplaires quelque peu anciens des Ménées imprimés sont eux-mêmes très rares, ou plutôt introuvables jusque dans les plus grandes bliblio- thèques d'Europe. On peut vivre très longtemps et ne jamais ou- blier ces surprises, d’un genre tout à part, que réservent au cher- cheur fiévreux les salles de travail — souvent des salles d’attente — des grands dépôts d’imprimés ou de manuscrits. Le R. P. Dele- haye nous dit très plaisamment quelle fut la sienne, quand, juste- ment en fait de Ménées antiques, chose dont il avait pour le mo-
1. Cf. Garthausen, op. cit., p. 133-148 et Lewis ut sup., p. 80.
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ment la hantise, on lui apporta — il ne dit pas où, une édition de 1843 !
Si vous venez de loin et que, « en ce benoist pays de France, » votre qualité d’étranger et presque d’hôte, vous donne comme un droit de revenir à la charge, d’insister pour du vrai vieux, alors le gardien, très aimable en vérité, se mettra littéralement sur les dents pour vous satisfaire, et 1] finira, comme à la Bibliothèque nationale, par vous apporter tout ce qu’il y a de mieux dans le genre : un exemplaire poudreux, fatigué, jauni, moisi par les bords, de tout point vénérable... et de quel siècle ? exactement du xvrie, plus exactement encore de l’an 1639 1 ! Il n’est pourtant plus ques- tion de manuscrits, mais simplement des imprimés d’autrefois, si on peut parler d’autrefois en pareil cas; mais simplement et
au moins de l’une ou l’autre de leurs vingt premières éditions, ne
fût-ce que celles du xvit siècle, C’était donc trop demander! mais alors à quoi bon les grandes bibliothèques ?
Du reste, et réflexion faite,à quoi bon aussi cette perte de temps à des recherches pratiquement inutiles, au moins pour notre sujet ? Si, comme nous l’avons déjà vu, 1] n’existe à peu près pas de livres liturgiques antérieurs au x1€ siècle, l’âge plus ou moins avancé de ceux que nous possédons est sans importance en ce qui concerne les fêtes de sainte Anne dont nous voudrions nous occuper. À leur égard la question principale — à part, bien entendu, le fait de leur
1. Cf. Catalog. de la Bibl. du Roy, Paris, 1739; Menologia seu Menæa Græco- rum per lotum annum græce edita cura et studio T'zanphurnart, tomis XIT compre- hensa, Venetiis, Ant. Pinelli, 1639 etc., in-fol. 12 vol. — A comparer les éditions contemporaines avec celle-ci, on constate qu'elles en diffèrent très peu, et c’est bien sans doute le moins qu’on pouvait attendre, mais encore est-il bon en toute chose de voir de ses yeux. Nous voulons parler des éditions récentes de Venise. Une autre, commencée en 1888 par le cardinal Pitra et achevée en 1902 par les moines de Grotta-Ferrata, édition dite « de la Propagande», ne jouit pas, on re- grette de le dire, d’une grande réputation. Cf. Anal. Boll., t. x1x, p. 342 ; τ, xxi (1902), p. 418 sq. Pour les éditions anciennes, cf. entre autres : Legrand, Biblio- graphie hellénique (xv° et xvri° siècles), Paris, 2 vol. 1885, et la même Bibliogra- phie hellénique (xvinr® siècle), Paris, 4 vol., 1894-95; les notes de Papebroch, dans les Acta SS. junii, t. 11, p. 805 ;,Neale, op. cit., p. 820 sq. donnant une analyse dé- taillée des Ménées. Les éditions de Venise sont nombreuses : 20 au xvi® siècle, 31 au xvrre, 28 au xviue siècle ; 9 au xix°. Cf. Delehaye, Synaxarium, p. XLvu.
15
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existence — étant de connaître leur plus ou moins d'ancienneté, nous sommes aussi bien renseignés par des Ménées du xix® siècle ou même du xx£® siècle, que nous le serions par d’autres du τχϑ ou du vin, qui d’ailleurs n’existent plus.
Oui, pourtant, ils existent de quelque manière, et cela veut dire que, en s’imposant un peu de travail, on peut arriver soi-même à les reconstituer quelque peu, à placer ici et là les noms des mélodes qui les ont tour à tour élaborés, et c’est déjà déterminer des dates plus ou moins précises, au moins pour certaines parties de leur composition. Avec la seule Patrologie de Migne, maloré toutes les lacunes et les défauts qu’on lui reproche — comme si un seul homme, fût-ce un &bbé, était obligé de ne produire que des chefs- d'œuvre, surtout quand 1l y va par quatre ou cinq mille volumes à la fois, ou presque, —avec cette seule collection très incomplète, nous l’avouons, de l’ancienne littérature grecque chrétienne, on est déjà notablement aidé dans son travail, d’autant qu’il suffit peut-être ici de trouver une piste, une direction, un point de départ quelconque. Et c’est ainsi que cette Patrologie si démo- dée — mais qui attendra peut-être encore longtemps l’autre monu- ment ære perennius ? qui doit la remplacer — vous permet déjà de signer et de dater, dansles Ménées, nombre de passages qu'ils ont reproduits sans leur attribuer n1 dates ni auteurs. Il n’y a pas à se demander pourquoi les compilateurs n’ont pas les premiers fait ce travail : il n’y a qu’à le faire soi-même; à mettre, par exemple le nom et la date de saint André de Crète à une bonne moitié des canons pour la Conception de sainte Anne et pour la Natvité de la sainte Vierge, bien que le saint hymnographe ne soit nommé qu’une fois, une petite fois au commencement d’une ode. Voilà, en vérité, une très agréable occupation de rendre ainsi à chacun selon ses œuvres.
Plus loin, toujours plus loin, nous ferons mieux que de parler des Ménées, nous en reproduirons photographiquement quelques pages, troisième ou dixième annonce, mais nous voudrions d’avan- ce présenter au lecteur, lui sntroduire, comme disent les Anglais,
1. Plus durable que l’airain.
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ER LA LITURGIE 227
Paimabie personnage à qui nous devons de les avoir connus et fréquentés quelque temps. Græcum est, non legitur, mais ce grec du bon moine de lAthos est déjà si bien, ou tout comme, du français que, bien sûr, nous y prendrons goût à mesure.
Nous sommes bien loin, avec le P. Barthélemy de Coutloumousi, — c'est son nom — du moyen âge et surtout du vire ou 1x€ siècle, mais nous venons justement de dire que, avec un peu de bonne volonté, les Ménées du x1x° siècle même pourraient être en même temps ceux du lointain passé. L'édition du P. Barthélemy est datée, quant à elle, de 1880, et comme elle est très estimée, même préférée à toutes les autres de date récente, ce n’est pas trop faire que de nous y arrêter un moment.
Après une assez longue dédicace à la Grande-Église sainte mère de toutes les Églises orthodoxes, le vénérable éditeur nous explique pourquoi et comment, malgré son grand âge, il a entrepris ce tra- vail :
Φέρων τοιγαροῦν Élwzra ἐμαυτὸν τῷ ἔργῳ, καὶ διὰ μακροῦ τοῦ χρόνου, χαὶ vou ταῖς τοῦ γήρατος ἀσθενεῖαις χατατρυχόμενος χαὶ τῇ ἐχπλη- ρώσει τῶν τῆς διδασχαλιχῆὴς χαὶ διευθυντιχῆς χαθέδρας χρεῶν ὑπο- δεθλημένος, καὶ οὐ μικρὸν ἀπασχολούμενος, αλλ᾽ ὅμως ταῖς Σαῖς ἐνισ- χυόμενος εὐχαῖς, ἤγαγον αὐτὸ εἰς πέρας τῇ τοῦ Θεοῦ χάριτι.
Son livre ne sera pas sans imperfections, mais « de n’errer Jamais et de tout redresser, c’est le fait de Dieu seul », comme dit le Sage : Τὸ γὰρ μηδὲν ἁμαρτεῖν, ὁ σοφός φησὶ λόγος, καὶ πάντα χατόρ- θουν, τοῦτο Θεοῦ μόνον (p. σ).
En 1832, le tout-à-fait-très-saint Seigneur patriarche Constan- tios 1 lui a demandé de préparer une édition des Ménées (δ 1). Il ἃ conféré de la chose avec des archiprêtres,et surtout avec le très-saint-seigneur Grégoire (patriarche en 1840) qui l’a « d’au- torité » poussé à l’entreprise en le fortifiant de ses prières et béné- dietions : Προετρεψέ με δεσποτιχῶς εἰς τὴν ἐγχείρησιν τοῦ ἱεροῦ τούτου ἔργου.
Ainsi encouragé il a, lui, Barthélemy, prié les Pères du saint monastère patriarcal de Coutloumousios de lui laisser voir leurs
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Ménées manuscrits. En 1842, sur l'avis du patriarche Anthime, il a consulté la collection de Dorothée, de l’île d’Zhtaque (mort en 1817), et l’a trouvée très bonne, sauf réserves (δ 4-5) qu'il fait connaître. Toutefois, 1l a préféré recourir aux manuscrits (ὃ 7), et, à son regret, 1l a constaté qu'ils différaient beaucoup, non seu- lement les uns des autres, mais aussi des imprimés (ὃ 7): "᾿Αλλὰ τὰ χειρόγραφα ἔχουσι πολλάχις ἄλλα ἀντ’ ἄλλων, χαὶ μεταξὺ τούτων χαὶ των τετυπωμένων εὑρίσχεται συνεχῶς μεγάλη διαφορὰ. Les mêmes variantes s’observent dans les manuscrits de Chalcis, et entre eux, et avec les imprimés : Καὶ ἔτερα γειρόγραφα x των σωζομένων τῆς χατὰ τὴν νῆσον Χάλχην Ἵερας Μονῆς τὴς Θεοτόχου, μεγίστην ἔχουσι διαρορὰν καὶ προς ἀλληλα χαὶ πρὸς τὰ τετυ πωμένα.
Les manuscrits de Coutloumousios lui ont paru plus corrects, plus complets, plus conformes aux imprimés. Mais il n’en a pas trouvé qui eussent plus de 304 ans d’existence, tandis que trois ou quatre du monastère de Chalcis dataient des xn® et xurre siècles (note de la page #) !
Il a vu également des manuscrits du monastère de la Théotocos, situé dans une île en face de Zwfouréksws (même note).
Longuement sont indiquées les variantes et voici, vers la fin, un résumé de toute cette préface : Son édition à lui est plus cor- recte, plus complète que toute autre ; elle représente mieux les traditions de la Grande-Épglise ; elle est approuvée par les quatre patriarches œcuméniques (ἢ 36, p. tè), et ce n’est pas assez :
« L’œuvre était difficile ; 1] y a consacré trois années entières en employant tout le peu de loisir qu’il lui restait (ὑποπλέχτων τον μι- χρὸν τῆς ἀνεσεώς {LOU χρόνου), sans cesse pris comme il était par d’autres devoirs... mais 1] n’a pas voulu regarder en arrière … Son œuvre sera bien imparfaite, sans compter les fautes typogra- phiques (c’est la deuxième fois qu’il s’en plaint), mais : ἐῤδυθμισα τὰς μεγαλητέρας αὐτῶν (Μηναῖων) ἀνωμαλίας ; autant que le lui ont permis ses forces corporelles et spirituelles, et les moyens mis à sa disposition, 1 a comblé les lacunes des Ménées ; il a ajouté vingt-deux acrostiches inconnus jusque là et fait connaïi- tre soixante-dix-sept noms d’hymnodes invariablement passés sous silence : Καθότι θέλει ἀριθμήσει εἰς αὐτους 22 μὲν ἀχροστιχίδας, 77 δὲ ὀνόματα ᾿Υμνῳδῶν ἐπιγεγραμμένα, μὴ ὄντα εἰς τὰς προτέρας
ΨΥ ΘΥν ΡᾺΝ τον
LA LITURGIE 229
« Un autre, avec plus de santé, un esprit plus critique, des secours plus abondants, fera mieux (ὃ 37, p. 17)».
Ce n’est peut-être pas indispensable, Les Synaxaires.
Parler, ou songer seulement à parler des synaxaires grecs, c’est du coup se tourner vers le grand travailleur qui en ἃ fait naguère une étude 51 approfondie, le ἢ. P. Hippolyte Delehaye, des Bollan- distes de Bruxelles. Le majestueux in-folio qu’il a publié en 1902 sous le titre de Synaxarium Ecclesiæ Constantinopolinæ ne sera jamais sans doute un «livre de chevet », et pour cause, pour plusieurs causes très sérieuses, dont l’une est que ce volume tient le lecteur parfaitement éveillé, et le laisse tout entier au plaisir de l'être, pour cette fois. Pardon si la formule ressemble à un banal compliment quand elle est cependant, de fait comme d'intention, parfaitement sincère. [l’éminent Bollandiste ne se proposait pas seulement d’éditer, comme on dit, un vieux bou- quin recommandé à la fois par son âge et par sa valeur intrinsèque
comme document liturgique, mais il voulait en même temps compulser tous les manuscrits analogues, les comparer avec lui, les reproduire en partie, pendre note des variantes, combler les lacu- nes de l’un avec l’abondance des autres, en un mot, nous donner, non pas un livre, mais quarante ou cinquante livres à la fois, c’est- à-dire un synoptique de tous les grands synaxaires connus. Il faut voir, feuilleter, étudier ce volume pendant quelques jours, sinon quelques semaines, pour apprendre un peu ce que c’est que de travailler, de faire un livre, et certains artistes d'aujourd'hui feraient bien d’y jeter au moins un coup d’æil.
Il fallait au R. P. Delehaye un point de départ, un livre proto- type sur quoi travailler, un exemplaire bien fourni de notices, de notices correctes, riches en détails précis, et 1 ἃ choisi pour cela le manuscrit dit de Sirmond que possède la bibliothèque de Berlin. Un article des Analecta donne la raison de ce qualificatif et en même temps quelques détails intéressants sur ce vénérable codex f,
4.« Les anciens Bollandistes ont fait de fréquents emprunts à un synaxaire qu'ils appellent tour à tour Synaxarium Claromontanum, Sirmondianum Colle-
230 MADAME SAINCTE ANNE
Comme on l’a vu déjà plus haut, les Ménées appellent synaxa- rion la courte notice historique ou biographique intercalée entre la sixième et la septième ode et destinée à faire connaître l’objet de la fête du jour, ou comme nous disions, à l’illustrer. Pourquoi cette notice est placée là plutôt qu’au commencement de l’office ἢ C’est peut-être une de ces questions de rubrique qu’on ne discute pas. On peut y voir peut-être un moyen de ranimer la piété, de réveiller l’attention avant la fin de l’acolouthie. Ces notices, avec les accessoires que nous avons nommés, ont été détachées de leurs offices respectifs et réunies ensemble dans des volumes qui s'appellent ou devraient, de ce fait, s'appeler synaæaires, mais assez souvent la terminologie, ici comme ailleurs, est assez capricieuse, excepté peut-être depuis quelques années, et c’est ainsi que ces recueils sont appelés ménologes, calendriers, éypica, ou même Ménées, tout comme ces derniers noms changent eux- mêmes pour s'appliquer à des ouvrages qui pourtant ne se ressem- blent guère !,
Tous les synaxaires, et en particulier celui de Sirmond, sont
d'excellents témoins du culte de notre Sainte dans l'Orient médié-
val, et c’est vraiment un bonheur, après avoir quelque temps cherché — car aucun de ces anciens manuscrits n’a su paginer, ni couper le texte en chapitres, ni sacrifier le moindre espace, — d'y retrouver toujours aux mêmes dates les mêmes fêtes de la bienheureuse Anne.
gii societatis Jesu Parisiensis, Collegii Ludovici Magni. Nous nous servirons pour le désigner, du nom de Sirmond qui, étant bibliothécaire du collège de la Compagnie de Jésus, au collège de Clermont, à Paris, le transmit à nos prédé- cesseurs ; 115 en ont fait fréquemment usage, etc., etc. Cf. Anal. boll., τ, χιν, p. 407-515, Art. Le Synaxaire de Sirmond.
1. Le P. Delehaye définit ainsi le Synaæaire : « Si ea quæ singulis diebus inter sextam septimamque oden legenda præscribuntur seorsum collegeris, sÿna- xarium habebis. » Synax. C. P., p. vi : «81 vous réunissez ce qui doit se lire cha- que jour entre la sixième et la septième ode, vous aurez un synaæaire. »
Allatius écrit : « Synaxarium, seu Vitæ sanctorum (De libris, p. 91). C’est cela, mais encore autre chose.
Le Synaxaire de toute l’année, codex3 du Vatican, xr1® siècle, folio 1540, ést simplement l'indication des épîtres à lire chaque jour de l’année, Cf, Stornajolo, op. cit.
LA LITURGIE 231
Mais pour ce qui est de l’ancienneté de ce culte, de l’ancienneté non pas quelconque, mais réelle, comme serait par exemple le vie ou le 1x° siècle, ces vieux livres ne peuvent plus être que des témoins secondaires. D'ailleurs à ce point de vue, les Ménées ont déjà parlé pour eux, les Ménées dont ils sont des dépendan- ces, des rejetons littéraires, une sorte d’anthologie hagiographique.
Toutefois leur âge nous importe, et quel âge peut avoir, pour commencer par lui, le manuscrit de Berlin ? Le ἢ, P. Delehaye lui-même hésite à se prononcer, trouvant la question trop diflicile à résoudre. Il cite deux faits ou deux textes empruntés au manus- crit lui-même, qui ne lui permettraient pas de le placer avant le x11e siècle !, Il est vrai cependant que, de l’aveu même du Père, le Sirmond n’est pas un original, mais la copie d’un recueil analogue plus ancien. Nous supposerions, quant à nous, que ce recueil plus ancien l'aurait été de cent ou même cent cinquante ans, car si on ne connaît aucun grand synaxaire qui soit certainement antérieur au x° siècle, on en connaît sûrement quelques-uns qui semblent appartenir à cette époque. Le Père a d’ailleurs écrit dans les Analecta ce qui va suivre, ou du moins il semble que l’article soit de lui : « En tenant compte de la rédaction et de la compo. sition des manuscrits, on peut regarder comme dérivant du même original que le Sirmond les manuscrits de Paris 1590, 1592, 1594, et probablement aussi le manuscrit de Jérusalem dont M. Papa- dopoulos nous promet des extraits, peut-être aussi lé Nanianus 190. Parmi les manuscrits de Paris, nous nous sommes particuliè- rement attaché au n. 7694, dont la concordance avec le manuscrit de Berlin est presque partout complète. J’y relève en passant une addition qui prouverait que ce dernier représente un éxem-
1. « Quo tempore hujus nostri codicis archetypum exaratum fuerit, hic loci non est inquirere, et res ardua videtur, cum hujusmodi libros, a singulis librariis augeri contingat. Id solum impræsentiarum observari velim Jul. 17° memoriam fieri translationis τοῦ ὁσίου Aatépou τοῦ ἐν τῷ Γαλλησίῷ : is autem anno 1054 obiisse fertur. Dein, Aug. 18 pristinæ recensioni quæ synaxin in templo 58, Flori et Lauri tantummodo indicebat, additum fuisse χαὶ ἐν τῇ εὐαγεστάτηῃ μονῇ τοῦ Σωτῆρος Χριστοῦ τοῦ Παντοχράτορος. Hoc vero Monasterium non ante Joannem Comnenum (1118-1143) extitisse videtur. » op. cit., col. var.
232 MADAME SAINCTE ANNE
plaire plus ancien 1.» C’est ce dernier mot que nous voulions soulioner,
Sans adieu encore ici, car nous espérons bien que le livre du FR. P. Jésuite nous rendra service en temps et en lieu ainsi que plusieurs ouvrages dont 1] fait mention, c’est-à-dire divers codex du xr1€ siècle appartenant aux bibliothèques de Paris et de Milan (Ambrosienne); d’autres du x1® siècle, comme celui de Saint- Marc à Florence, d’autres du x£ et d’autant plus chers pour nous, qui se trouvent à Jérusalem, au monastère de Saint-Jean de Patmos, à la Bibliothèque nationale de Paris, etc.
Accordons-nous un peu de relâche en cette aride étude, et ouvrons un instant la nouvelle Patrologia Orientalis Graffin-Nau, comme on l’appelle, le vrai mérite permettant qu’on supprime toujours les orandes formules de politesse courante. Nous aurions dû ajouter à ces deux noms Maximilien de Saxe, Maximilien de Saxe tout court, puisqu'il sera dit qu’un prince allemand ἃ voulu se faire simple professeur d’'Université, et prêter son ap- pui à cette publication décidément la plus moyenâgeuse qui se puisse voir pour le moment, en attendant... car 1] paraît de mieux en mieux que l’œ1il est ouvert du côté de l'Orient.
Dans l’un des premiers fascicules qui ont paru jusqu’à présent et qui ont entrepris de publier un ancien Synaxaire Arabe-Jacobite, on lit, au jour onzième de Hatour (7 novembre), le passage qui va suivre, 51 bienfaisant qu’on voudrait, après une bonne journée de travail, en faire sa dernière prière du soir :
«En ce jour s’endormit dans le Seigneur la vertueuse, la pure Anne, mère de notre Dame sainte Marie, Mère de Dieu. Cette femme vertueuse était de la ville de Jérusalem, fille de Matat, fils de Lévi, fils de Malki, des enfants d’Aaron le prêtre, de la tribu de Lévi... Bien que nous ne connaissions rien de la vie de cette sainte pour le mentionner, nous savons certainement qu’elle était noble au-dessus de toutes les femmes, puisqu'elle fut jugée digne de donner le jour à la Mère de Dieu selon la chair. Si elle n’avait
1. Anal. boll., t. x1v, p. 413. 7 ,
LA LITURGIE 233
- pas eu des vertus qui surpassaient celles de toutes les femmes,
elle n’eût pas reçu de Dieu cet honneur... C’est pourquoi nous devons l’honorer et nous célébrons sa fête à cause du rang élevé dont elle a été jugée digne, Que son intercession soit avec nous! Amen !, »
Les Ménologes. δ
Le mot ménologe a plusieurs acceptions. Souvent, 1] désigne les recueils des grandes Vies des Saints de Y Église grecque ransées dans l’ordre du calendrier. Quand les pièces hagiographiques sont complètes et développées, on a les grands ménologes ; quand elles sont abrégées et ne sont plus que des βίοι ἐν συντόμῳ de quelques pages, on a les petits ménologes. De plus les manus- crits donnent souvent le titre de ménologes aux tables des leçons seripturaires disposées suivant l’ordre du calendrier et rappelant le Liber comitis tel qu'il se présente dans l’édition du Baluze 2, Quel- quefois aussi, le mot est pris pour synonyme de Ménées, ou encore de Synaxaire, d’où la difficulté dont nous parlions plus haut de classer méthodiquement tous les livres liturgiques des Grecs.
1. Fascicule III, p. 278. Le texte arabe de ce Synaxaire est traduit et annoté par M. René Basset. Le tome 1 de la même collection en donnait un premier frag- ment, 29 août-27 octobre, p. 219-379. Au 10 du mois de Tout ( 7 septembre), p. 253, on lit : « En ce jour, suivant le comput d’Abou Magâr et d’autres de la Haute-Égypte, nous célébrons la naissance de Notre-Dame, Mère du Sauveur, que d’autres placent le premier du mois de pachons (26 juillet) suivant l'avis des Égyptiens. » M. Basset a rédigé ce synaxaire à l’aide de deux mss. de la Bibliothè- que nationale, l’un de la fin du xrv® siècle, l’autre du xvi® (cf. Patr. Orient., τ. 1, p. 220). Des fragments de Synaxaires, l’un Arménien, l’autre Éthiopien, qui viennent de paraître, ne nous ont rien donné mais avec espérance, nous en at- tendons la suite, comme nous avons fait pour le copte cité tout à l'heure. Le Prince Maximilien de Saxe est l’auteur de Prælectiones de liturgiis orientalibus habitæ in Universitate Friburgense, Helvetiæ, t. τ, Fribourg-en-Brisgau, Herder, 1908, in 8, νιπι- 242 pp. Œuvre de synthèse qui permet à tous de s'orienter facile- ment dans une matière très complexe. Cf. Rev. des sciences philosophiques, juil- let, 1908, p. 608.
2. Cf. Anal. boll., ἃ. xrv, p. 149 οἱ τ. xvi, p. 324.
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Changer des titres que l’usage a consacrés depuis des siècles, comme dans le cas du Ménologe de Basile, quiest proprement un synaxaire, ou dans celui du ménologe dit de Morcelli, qui est à son tour un calendrier, c’est plutôt compliquer l’étude ou les re- cherches que les faciliter, et entre deux maux, mieux vaut encore œarder le moindre.
Trois ménologes intéressent plus spécialement notre étude, les deux que nous venons de nommer, et un troisième dont il a déjà été question plus haut, c’est-à-dire le recueil de Métaphraste. Nous retrouverons le Ménologe de Basile à l’article des œuvres d’art; celui de Morcelli pourrait servir de témoin, faute de mieux, à l'ancienneté de l’une ou l’autre fête de notre Sainte, et quant à Métaphraste, s’il s'agissait ici d’une cause de béatification ou
de canonisation, il pourrait être ce qu’on appelle dans le cas « l’avo- cat du diable. »
Autant vaut dès maintenant, nous occuper de ces deux derniers ouvrages et d’abord du Ménologe de Morcelli. — Étienne-An- toine Morcelli était bibliothécaire du Cardinal Albani, le pre- mier et célèbre éditeur du non moins célèbre Ménologe de Basile que nous venons de mentionner. Il convient de citer au moins en abrégé — ces vieux titres sont toujours longs — le titre de l’ou- vrage auquel son nom s’est attaché, soit: MHNOAOTION TON EYATTEAIQN EOPTAZTIKON, Sive kalendarium Ecclesiæ Constantinopolitanæ.… illustratum cura Steph. Antonu Morcelli, 2 volumes in-4°, Rome, 1788 1,
A quel siècle appartient ce Calendrier de l Église de Constanti- nople ? Pour déterminer cette date, l’éditeur, consciencieux comme il est, ne veut pas s’appuyer sur la forme onciale du manus- crit qu'il reproduit, « parce que cette forme a pu être imitée plus tard (p. 10) ». Touchant scrupule qui étonnerait sûrement les paléographes puisque la teneur de l'écriture est d’ordinaire leur criterium principal, pourne pas dire le plus souvent unique 2.
1. Une édition latine avait paru à Urbino en1727, d’après le Codex du cardi- nal Albani.
2. Morcelli donne la reproduction d'une page de l'original. La comparer avec
LA LITURGIE 235
Morcelli aime mieux établir sa preuve sur la non-mention de cer- tains saintset de certains événements d’une époque déterminée, c’est-à-dire ici du 1x° siècle, puisque le calendrier est du vue, comme il l’aflirme à plusieurs reprises et comme l’admettent unanimement les auteurs !, La date est précisée davantage, et le Codex aurait été écrit sous Constantin Copronyme ? (741-775), L'auteur, dit Morcelli, est un homme peu instruit, qui fait des fautes d'orthographe, et prend un mot pour un autre ὅ, Pourrait- on expliquer par cette ignorance les lacunes de son Calendrier, ou bien est-ce que, positivement, tout le cycle festal, temporal et
sanctoral ensemble, ne pouvait, de son temps, emplir plus de cent
cinquante-trois jours de l’année, comme nous les avons comptés ? Il serait ici bien dangereux d'émettre un jugement personnel quand personne ne s’est encore prononcé, mais il nous est peut- être permis de croire que ce document, si vénérable qu'il soit par son ancienneté sans égale, presque son antiquité 4, n’est pas ce qu’on appellerait une « pièce officielle », un témoignage authen- tique, tel qu’on aurait pu l’attendre d’un patriarche ou d’un moine de Constantinople.
Quoi qu'il en soit, si, à notre grande surprise, qui est en même temps un profond regret, la Conception d'Anne et la fête du 25 juillet n’apparaissent pas en ce calendrier, par contre, on y voit,
les specimens des vi et vin siècles reproduits dans Montfaucon, Palæographia græca, in-fo]., Paris, 1708, p. 216 sq. ou J.-B. Silvestre, Paléographie universelle (4 in-fol., 1839-41); au t. τι, Paléogr. grecque, 41 planches. Ces planches se re- trouvent dans l'édition anglaise de Frederick Madden, Londres, 1850.
1. T. x, p. 10, 15, 16; t. 11, p. 144, 195, 231 ; Kellner, p. 387, etc. |
2. Est igitur caussa non levis nec contemnenda ut codicem hunce sub Constan- tino Copronymo conscriptum arbitremur, T, 1, p. 10.
3. Rudem hominem fuisse aut certe non multarum litterarum scriptorem dixeris : peccat enim persæpe in scribendo et vocalium invertit usum, ut tute facile agnoces. T. 1, p. 11.
4, Si dandum est, in magnis bibliothecis latere uspiam Græcos codices, in quibus aliquid hujusmodi antiquius, quod ad annuos Ecclesiarum fastos pertineat, reconditum adhuc prematur : nam quis controversiam hanc dirimere unquam possit ἢ nondum tamen, ni fallor, in lucem hominum emersit Græ- cæ ullius Ecclesiæ Kalendarium quod hujus nostri vetustatem æquare videa- tur. Morcelli, t. 1, p. 15-16.
236 MADAME SAINCTE ANNE
au 8 septembre, le lTENEZION THE ΑΓΙΑΣ GEOTOKOY (Nais- sance de la sainte Mère de Dieu), et le 9, le ΕἸΣ ΤῊΝ ΜΝΗΜΗΝ TON ATION IQAKEIM ΚΑΙ ANNHE (Pour la fête des saints Joachim et Anne.) L’évangile pour ce jour est pris de saint Luc, ch. rxxvunl. 9 (sic) : Dixit Dominus, nemo lucernam accen- dit, et in abscondito ponit.
Nous nous abstenons de tout commentaire pour le moment et faisons place de suite au
Ménologe de Métaphraste. — Le fameux logothète 1! qui a porté ce nom de Métaphraste — un nom assurément plein de sens — est un estimable personnage, et son œuvre, les Vies des saints, a eu, du moins autrefois, tout le succès que l’on sait, que l’on saura encore mieux, si on y tient, tout à l’heure. Nous n’avons pas à nous occuper des auteurs qui ont parlé de lui jadis ou de nos jours ; de la part qu'il a prise à l’exécution du recueil qui porte son nom; des ménologes antérieurs au sien et cependant beaucoup plus four- nis, puisque tous les jours du mois y étaient représentés, tandis que, chez lui, les lacunes sont énormes : toutes ces questions intéressantes sont traitées savamment par les Analecta Bollandiana de 1897, dans une étude très soignée sur les Ménologes grecs !.
1. On apppelait ainsi le grand officier qui gardait le sceau du patriarche de Constantinople et tenait les registres de sa chancellerie.
2. Quelques notes conservées de cette étude : « Il se rencontre dans tous les dépôts de manuscrits grecs des volumes d’un ménologe bien déterminé qui doit avoir joui d’une très grande vogue. Il ἃ été multiplié à un grand nombre d’exem- plaires, dont une bonne partie présente des caractères paléographiques qui les feraient attribuer à une même offcine, fonctionnant à Constantinople vers le milieu ou la fin du καθ siècle. Quoi qu'il en soit de l’aspect extérieur de ce méno- loge, la composition des mêmes subdivisions est sensiblement identique. Ce sont les mêmes saints aux mêmes dates et la même vie de chaque saint. De plus, cha- cune de ces pièces présente un texte invariablement fixé. Une lecture rapide des vies qui constituent le recueil permet de constater en outre que la très grande majorité sont des remaniements de pièces plus anciennes dont un certain nombre existent encore. En d’autres termes, c’est une collection de métaphrases et la collection est si bien caractérisée que l’on ne se trompera pas en la désignant comme l’œuvre la plus considérable et la plus célèbre en ce genre : celle qui est
LA LITURGIE 237
: Pour notre part, nous n’avons qu’à rappeler une chose déjà dite plus haut : c’est que, dans l’œuvre de Métaphraste, telle qu’elle nous est parvenue, on chercheraiten vain, non pas seulement les fêtes, mais même le nom de notre chère Sainte. Cependant, en toute sincérité, quid inde ? La critique voudrait-elle tirer de là un argu- ment ? Nous le craignons d’autant moins qu’elle raisonne mainte- nant mieux que naguère ; qu’elle n’oserait plus dire, étant plus assagie, comme elle eût peut-être fait, 1l n’y a pas encore cinq OU 51Χ ans :
« Métaphraste, le plus célèbre écrivain du x® siècle ! ne fait pas mention des fêtes de sainte Anne; il ne prononce pas même son nom : done, ses fêtes n’existaient pas ; donc la Sainte elle-même était inconnue à cette époque ! » On n’en est plus aujourd’hui à cette façon d’argumenter. Çà été une mode, mais la mode a passé comme toutes les autres, quitte à revenir, 1l est vrai.On dira plutôt, car le bon sens regagne du terrain : « Métaphraste n’a pas écrit un héortologe, mais un ménologe, simple recueil de Vies de Saints ; il aurait pu faire beaucoup de place à la Vierge et à sa mère, mais il a peut-être pensé qu’il prêcherait à des convertis ; 1l a peut-être écrit de bonnes pages, ses meilleures pages, sur la Vierge et sa mère, sur leurs fêtes et leur culte, mais peut-être ces bonnes pages
attribuée à Syméon Métaphraste. » — Loc. cit., Pour ce qui est des lacunes
« En septembre, manquent les dates 5, 8, 14,18, 21, 25 ; en novembre, 19, 21, 22, 29 ; en décembre, 1, 2, 3, 9, 16, 25, 26. Mai n’a qu'un jour pris ; juin, trois ; juillet et août, quatre. Loc. cit., p. 321, d’après divers mss. de Paris. À noter p. 327, où il est question des ménologes antérieurs à Métaphraste : « On arrivera à démontrer, croyons-nous, que, auparavant, tous les jours du mois étaient re- présentés dans chacun des douze volumes qui formaient les grands ménologes ; on établira même, peut-être, qu'il y a eu plusieurs séries de ce genre, ayant sans doute des parties communes, mais aussi d’autres pièces caractéristiques qui permettront de les grouper par catégories. Tout concourt à donner une grande idée des richesses de l’hagiographie antérieure à Métaphraste, et les fragments de ces ménologes, qui sont arrivés jusqu’à nous, et les ménologes abrégés, et plus encore les grands synaxaires. » Zbid., p. 237.
1. Les Analecta bollandiana plus haut cités, t. xvi, disent, page 322, après une étude sérieuse sur la chronologie du personnage : « L'opinion qui place Métaphraste dans la seconde moitié du x° siècle reçoit un appui sérieux, »
238 MADAME SAINCTE ANNE
sont-elles précisément celles qui se sont perdues. Ou bien, tout simplement, 1] n’a pas cru devoir parler et son silence d’ailleurs ne prouvant rien dans le cas présent, nous n’avons rien à lui re- procher de ce chef.
Très bien, mais il faut le dire, si rien ne l’obligeait à parler, on peut regretter qu’il ait empêché tant d’autres de le faire. Il ne s’agit pas de déplorer encore une fois la perte des manuscrits mais simplement de reconnaître que, pour une bonne part, Méta- phraste en est responsable, Expliquons-nous.
ΠῚ a fallu, pour amour de la brièveté, sacrifier toute cette magni- fique étude sur les Ménologes grecs dont nous parlions tout à l’heure, mais sa conclusion est si bien dans notre sujet que nous demandons la permission de l’emprunter ad mayorem Dei Gloriam. Encore ici, nous regrettons que l’article ne soit pas signé :
« En y réfléchissant bien, nous n'avons trouvé aucune bonne raison de retirer l’épithète de funestissimus homo dont on a eu l'air de se formaliser ; car nous persistons à croire que, à l’heure qu'il est, nous ne sommes en possession que d’une assez petite fraction de l’œuvre hagiographique recueillie dans les anciens ménologes.
L’auteur anonyme résume ses preuves et ajoute :« Il faut bien se rendre à l’évidence et conclure que, à moins d’une heureuse surprise, nous devons considérer comme perdue la plus grande partie des ménologes antérieurs à Métaphraste.
« Qui donc est responsable de la disparition de tous ces textes, si ce n’est le logothète, dont l’œuvre a éclipsé celle de ses prédé- cesseurs ? Loin de nous de songer à une destruction systématique. Syméon Métaphraste n’a vraisemblablement pas eu conscience du résultat auquel son entreprise devait fatalement aboutir. Rien n’est irrésistible comme les caprices de la mode. La multitude des exemplaires de Métaphraste et la rareté des autres ménologes permet d'assister au mouvement que produisit l'apparition du nouveau recueil, Le succès fut énorme ; les seribes ne suffirent pas à en multiplier les exemplaires, et l’on ne songea plus, sauf cer- tains cas exceptionnels, à renouveler par la transcription les vieux manuscrits qui tombaient en ruine... Et il ne serait pas permis d’en vouloir quelque peu à l’homme qui nous a privés d’un si orand nombre de textes, qui, sans être des monuments histo-
étre !”
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LA LITURGIE 239
riques d’une grande valeur, n’en ont pas moins une importance
‘ considérable au point de vue hagiographique 1 ! »
T'ypica.
Considéré dans son sens étymologique, le typicon est un formu- laire, un directoire, un règlement de vie. Ainsi le Typicon de saint
1. Loc. cit., p. 329. — Un Carme déchaussé, Honoré de Sainte-Marie, écrivant en 1713 des Réflexions sur les règles et sur l'usage de la critique, — la critique n’est donc pas née d'hier ! — traitait assez rudement Métaphraste, et allait jusqu'à dire entre autres choses « qu’il suffit d'appuyer une histoire du témoi- gnage de cet auteur pour la faire regarder comme fabuleuse. » Pour lui, Méta- phraste n’est qu'un interpolateur, un glossateur, et pour tout résumer, « il porte dans son nom sa propre condamnation (Cf. P. G., τ. cx1v, col. 158). »
C’est dans soute s’emporter pour trop peu, mais pourtant, la part faite des précautions oratoires ou même des respects sincères, car enfin un travailleur et peut-être aussi un homme de bonne foi comme Métaphraste en mérite, ilse trouve que le dernier mot de notre époque à son sujet ressemble assez bien aux saintes colères du carme déchaussé.
Nous ne disons rien d’un autre ménologe, assez célèbre pourtant, lui aussi à sa manière, celui du cardinal Sirleto, En effet, cet estimable et très aimé car- dinal qui a tant fait, on s’en souvient (voir, ci-dessus, p. 68), pour le rétablis- sement de la fête de sainte Anne après sa suppression du calendrier romain, le cardinal Sirleto, disons-nous, un ardent byzantiniste de ce temps-là, a mis son nom ou laissé mettre son nom à une œuvre qui fait plus d'honneur, paraît-il, à ses intentions qu’à ce nom lui-même.
Un juge pourtant bienveillant en parle ainsi : « Henricus Canisius Meno- logium Græcorum ex bibliotheca et interpretatione Gulielmi Sirleti cardinalis edidit (Canisius-Basnage, Thesaurus monumentorum, 111, 412-499) quod ideo Meno- logium Sirleti nuncupari solet. » Le R. P. Delehaye continue : « Ab Andrea Schot- to opusculum acceperat Canisius in quo emendando se usum fuisse fatetur Typico S. Sabæ, horologio, menæis aliisque Græcorum libris impressis. Opusculum in serie monumentorum ad annum 1095 reposuit [ac. Basnage, ea sola ductus ratione quod menologio Basilii dicto (Canisius-Basnage, Thesaurus monum. xxx, 410) posterius esse videretur. Porro synaxarii Sirletiani codex græcus frustra quæsitus est, nec mirum. Nuspiam enim synaxarium græcum similem referens faciem, tot a nobis perlecti codices manifestum faciunt. Recte de libro sensit D. Papebrochius, qui, quotiens illo ausus, merum excerptum esse, idque levi ope- ra collectum e menæis editis nonnullis codicibus, pronuntiavit ... Nullius igitur
pretii est synaxarium Sirleti... » (malgré l’usage qu'en a fait Baronius). Synaxa- rium, CXXVI-XX VII.
240 MADAME SAINCTE ANNE
Nicéphore, patriarche de Constantinople, rapporté par le cardinal Pitra dans le Spicilegium Solesmense \, n’est qu’une série de maximes, un modus vivendi, un code de la vie parfaite.
Le Typicon de l’impératrice Irène (1081-1118) n’est de même qu'un ensemble de règlements ou de prescriptions que devaient observer les religieuses de Sainte-Marie-Pleine-de-Grâce à Cons- tantinople ?.
Quelle tentation encore ici, de laisser là nos vaines études pour jouir un peu d’un livre où Montfaucon lui-même trouvait « beau- coup de choses qui mériteraient d’être connues * ! » Au fait, qui- conque voudrait pour un moment voir se déployer sous ses yeux l’ancienne vie monastique de l'Orient, assister aux divers exercices qui emplissaient ses jours et ses nuits, juger de l’importance qu’elle attribuait à ce que le monde a toujours si peu compris ou même ridiculisé, devrait lire cet ouvrage. Il se pourrait même qu’un moine d’aujourd’hui y trouvât son profit en même temps qu’un orand sujet d’édification, ne fût-ce qu’en supputant le nombre de métanies 4, de génuflexions, de prostrations, de prières, les bras en croix, que comportait l’oflice choral des anciens moines orien- taux, car si le T'ypicon oblige des femmes à toutes ces rubriques en vérité très pénibles, humainement parlant, on peut croire que les hommes eux-mêmes étaient encore moins épargnés à cet égard. Signalons un ou deux détails entre beaucoup d’autres. A la fin de Prime, les moniales feront quinze génuflexions, « sans s'appuyer, si elles sont assez fortes pour cela,» en s’appuyant quel-
1. T. 1v, p. 381-388.
2. Typicum venerandi monasterii sanctissimæ Deiparæ Kecharitomenes, seu Gratia-Plenæ a fundamentis nuper extructi et conditi a pissima Augusta Domna Irene Ducæna, juxta ejus jussionem et sententiam enarratum et editum, dans P. G.,t. cxxvir, col. 985-1128.
3. « Plurain hoc opere scitu dignissima Lector eruditus deprehendet: com- plures nempe Græcarum monialium ritus hactenus ignotos ; exactam quoque familiæ tune temporis imperatoriæ descriptionem (cap. Lxx1) et alia quam- plurima. » Jbid.
4. Pour les Grecs, faire une métanie, c'était incliner le front jusqu’à terre en s'appuyant sur ses mains fermées.
LA LITURGIE 241
que peu, si elles sont très faibles de santé !, » Elles diront d’abord, les mains étendues : « Seigneur, ayez pitié de moi qui suis une pécheresse », et ensuite, fléchissant les genoux et la tête jusqu’à terre, elles diront : « J’ai péché, Seigneur, pardonnez-moi, » et ainsi quinze fois de suite 5, De même encore, non seulement elles se lèveront toutes les nuits pour l’office ; mais, aux vigiles des fêtes de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge, en celles des saints apôtres Pierre et Paul, de l’Exaltation de la sainte Croix, du « Grand Canon » et surtout des saintes Passions (premiers jours de la grande Semaine), elles devront consacrer toute la nuit aux saintes veilles et à la prière 3,
Tel sceptique, comme il yena tant parmi le monde intelligent,
pourrait penser que le T'ypicon dit «de l’impératrice Irène »,
n’est qu'une fabrication de telle ou telle époque moderne où l’on se plaisait à vanter toujours le passé en vue du bon exem- ple. Laudator temporis acti, disait déjà le vieux poète romain, et 1l est très possible en effet que certaines œuvres d'autrefois se soient accrues, achevées, embellies même avec le temps, tant 1 y a plai- sir à sortir, quand on le peut, de ce présent qui sempiternellement
1. « A robustioribus quidem ad terram sine proseuchadio ; ab infirmioribus vero adhibito humili fulcimento et adjutorio. » Cap. xxxui.
2. Ibid.
3. Ibid., col. 1059. Renseignements principaux : cap. xxxu1 : De officio primæ, tertiæ et sextæ horæ; xxxv : De hora nona, vespertino et pannychide sive pervigi- ho; xxx vi : De apodipnis, seu completorio; xxx vi1 : De nocturno officio ; xxx vin : De oflicio mediæ noctis ; xxx1x : De initio matutini. — Quelques extraits : « Post- quam ad ecclesiæ narthecem seu vestibulum adveneritis, mediæ noctis ofli- cium persolvetis, ne ipsa quidem quæ vos excitavit absente, sed una vobiscum psallente, et templi luminaria accendente. Expleto autema vobis mediæ noctis cantu, magnum signum pulsabitur (χρουσθήσεται τὸ μέγα σημαντήοιον), ac insuper æneum : et sic incipietis matutinum officium.
« Postquam æneum signum pulsatum fuerit... una cum Dei laude trisagio a vobis dicto decimum nonumet vicesinum psalmum cantabitis cum solitis tro- parus et Kyrie eleison.
« Absoluto autem trisagio, ecclesiæ præposita hexapsalmum incipiet lente et attente illud canens, et quieta demissaque voce psallens ; ut reliquæ citra lap- sum et errorem eam subsequi valeant, et apud seipsas verba Psalmorum mente revolvere. Et sic post expletum kexapsalmum universum matutini oflicium per- solvetur. » col. 1059.
16
242 MADAME SAINCTE ANNE
nous désenchante, Seulement, ceite fois, le douie n’est pas possi- ble. À la Bibliothèque nationale, au département des manuscrits, si seulement vous demandiez le codex grec 384, ou selon l’ancienne cote, le regius 3019, vous pourriez bientôt toucher de vos mains οἱ voir de vos yeux, non seulement un exemplaire ancien de ce Typicon, mais ce que l’on croit en être l’original, même son pre- mier manuscrit autographe, signé de la main même de la basi- lissa, et très probablement l’un des trois ouvrages dont elle avait ordonné la transcription, comme il est dit au chapitre LxxvI de ce même livre !.
Nous voilà bien loin de nos définitions mais aussi, en un livre qui n’est pas proprement didactique, un biais, une tangente doit être quelquefois permise, surtout si elle nous amène au tem-
ple du Seigneur. C’est fait d’ailleurs, et nous sommes d’ores et déjà à notre sujet,
À part le règlement de vie, le Typicon est encore un petit office intercalé entre sexte et none et qui se récite quelquefois pendant la liturgie, c’est-à-dire pendant la sainte messe.
Ce peut être de plus une sorte de calendrier indiquant pour chaque jour les fêtes à célébrer. Trois recueils de ce genre sont pré- sentés par le cardinal Pitra, l’un intitulé : Vetus monasteriorum montis Athonis Typicon ; l’autre simplement : Alterum Typicon,
1. On peut lire dans M. Omont (Fac-similés, texte de la planche 49, t. 1) : « Au bas du fol. 128 verso, se trouve la souscription autographe de l’impératrice Irène Ducas, femme de l’empereur Alexis 161 Commène (1081-1118), fondatrice du monastère dont sa troisième fille, Eudocie, était abbesse. Cette souscription est tracée en cinabre, encre rouge dont l’emploi était exclusivement réservé à la dignité impériale. » Reproduction, Tbid., évidemment plus fidèle que la suivante : + soHNH ἐν Χῶ ῳ Θω πιστῆ Ba Soit : ᾿Ειρήνη ἐν Χριστῷ τῷ Θεῷ πιστὴ βασίλισσα, « Irène, fidèle impératrice dans le Christ. » Ancienne note manuscrite au commencement du codex : « Proclive
est inferre codicem hunc esse autographum atque unum ex tribus illis membra-
naceis qui capite 77, Irenes Augustæ jussu descripti memorantur, »
CURE
ᾷ =" LA LITURGIE 243
une petite pièce très courte ; le troisième : Typicum Studitarum et Ilierosolymitanum *.
Au calendrier s’ajoutant parfois des rubriques, nous avons alors le Typicon tel que l’a décrit Allatius, c’est-à-dire « un livre où, du commencement de l’année à la fin, est prescrit pour chaque jour ce qu’il faut chanter ou réciter pendant la messe, les petites heures, les vêpres, les matines et autres oflices divins ; où l’on voit quels jours il faut jeûner et de quelle manière : le tout ex- primé en termes très clairs et suivant une méthode très facile à comprendre ?, » Le Typicon de ce genre répond à notre Ordo divini Officit recitandi mais à un Ordo qui serait perpétuel, ainsi qu'aux Rubricæ generales du bréviaire et du missel romains.
Enfin le Typicon peut s’augmenter de quelques notices, d’or- dinaire très courtes, sur la fête ou le saint du jour, d’un dystique (stikhos) rythmé sur le même sujet et qui semble mis là comme
_ point de méditation pour tous les offices.
Les cérémomies et les fêtes variant d’une église à l’autre et
surtout d’un monastère à l’autre, chaque église, chaque monas- . tère possédaut son typicon, où, à côté de prescriptions communes à tous, se trouvaient des indications particulières propres à chacun ὃ. Le plus intéressant pour nous de tous ces livres est
Le Typicon de Saint Sabas
M RAI ri os Dés LL ὧν.
Un ouvrage très connu, au moins par son titre, de quiconque a lu le moindre opuscule, le moindre article de dictionnaire ou d’en- _ cyclopédie relatif à notre Sainte ; un ouvrage populaire au bon
N Lolo mul daarn Sr sé Été ES
4. Spicilegium, t. 1v, p. 445-449, 450, 452,
ΣΙ Typicon ille liber est, in quo « ἃ primo die anni singulis diebus quid inter . missarum solemnia, quid ad vesperas, quid ad horas, quid ad matutinum, quid _denique ad reliqua divira oflicia, sive dies illi feriales sint sive festi, recitandum, ‘quid psallendum aut legendum sit, quibus diebus jejunandum, quibus et quomo- do solvendum jejunium verbis clarissimis ac facillima methodo præscribitur. » Allatius, De libris, p. 2.
3. Gédéon, Heortologion déjà cité ; L. Petit, Echos d'Or, τ. τα, p. 314.
244 MADAME SAINCTE ANNE
sens du mot, on dirait même classique, classique au moins en ce sens que sa réputation reconnue, sa gloire incontestée nous dis- pense dele lire et à plus forte raison d’en étudier la genèse, la composition, les remaniements séculaires.
Le lecteur voudrait-1l accorder dix minutes de ses loisirs à ce vénérable document du lointain, très lointain passé ? Le sujet mérite ce moment d'attention de sa part, si du moins l’histoire du culte de Madame Saincte Anne l’intéresse un tant soit peu.
L’Année liturgique de dom Guéranger nous fait lire, au 26 juillet, ces lignes devenues fameuses à force d’avoir été répétées, depuis, sous une forme ou sous une autre, par presque tous les auteurs qui ont voulu faire hommage à notre Sainte d’un travail de plume quel qu’il soit : « L’Orient précéda l'Occident dans le culte public de l’aïeule du Messie. Vers le milieu du vi siècle, Constantinople lui dédiait une Église. Le Typicon de saint Sabas ramène sa mémoire liturgique trois fois dans l’année : le 9 septembre, en la compagnie de Joachim, son époux, au lendemain de la Nativité de leur illustre fille ; le 9 décembre, où les Grecs qui retardent d’un jour sur les Latins la solennité de la Conception Immaculée de Notre-Dame, célèbrent cette fête sous un titre qui rappelle plus directement la part d'Anne au mystère ; enfin le 25 juillet, qui, n'étant pas occupé chez eux par la mémoire de saint Jacques le majeur, anticipée au 30 avril, est appelée Dormition ou mort précieuse de sainte Anne, mère de la très sainte Vierge Mère de Dieu : ce sont les expressions mêmes que le martyrologe romain devait adopter par la suite. »
[l'y n’a pas un 1ota à retrancher ni même à discuter dans les quelques lignes extrêmement concises, extrêmement exactes aussi, qu'on vient de lire. Mais si nous pouvons nous permettre cette réflexion sans offenser une mémoire vénérée, l’expression : le T'ypicon de saint Sabas ramène, etc., pouvait donner lieu à quel- que méprise, et plus d’un auteur, dévôt à sainte Anne, s’y est laissé prendre. Nous allons dire pourquoi, en même temps que nous ferons les distinctions nécessaires entre le Typicon de saint Sabas proprement dit et tel autre auquel on n’avait peut-être pas d’a- bord songé, qui serait le Typicon du monastère de Saint-Sabas, un ütre qui, dans le cas, s’écrirait avec deux majuscules etun trait
LA LITURGIE 245
d'union. Question de grammaire, mais très importante ici puis- que ce titre donne un sens à part et indique déjà une différence entre deux ouvrages en effet différents.
S'il faut s'expliquer davantage, avant tout et après tant d’autres, établissons, rappelons plutôt que saint Sabas, le célèbre moine Palestinien du v®-vi® siècle, a écrit en effet un Typicon ou, comme dit si bien M. Couret, «un livre, à la fois règle de vie, martyrologe, bréviaire et calendrier, » où le saint higoumène ἢ fixait l’ordre et le détail des offices, leur distribution entre les divers jours de l’année et chacune des heures du jour et de la nuit, la liste des fêtes de l’Église orientale et la date à laquelle on devait en célébrer l'anniversaire ?.
Tous les auteurs s’accordent sur ce point, ne faisant tous d’ail- leurs que répéter, ou à peu près, un texte bien connu de Syméon de Thessalonique (1430) que le R. P. Terrien, pour sa part, a traduit et commenté de la manière suivante : « Saint Jean Damascène, poursuivi par la haine des Iconoclastes, trouva dans la Laure de Saint-Sabas, où 1] s’était réfugié, « un bel ordre de prières fixé
par un Typicon ou « Rituel », qui, renouvelé par ses soins, ἃ fini
par prévaloir dans toute la liturgie orientale. Or cet office, « le bienheureux Père Sabas l’avait reçu des saints Euthyme et Théoc- tiste, qui, eux-mêmes, le tenaient par tradition des anciens, et particulièrement du confesseur Chariton », ce qui nous reporte, à travers les νϑ et τνϑ siècles, jusqu’à l’ère des martyrs. « En effet, Chariton vint à Jérusalem sous l’épiscopat de saint Macaire, vers 312, et c’est à lui qu’il faut reporter (de 328 à 335) la fondation du monastère qui fut plus tard celui de saint Sabas. Euthyme, né vers 377, et Théoctüste habitèrent ensemble cet antique monas- tère et le premier, au moins, vivait encore quand saint Sabas vint se consacrer à Dieu dans la même laure. Par où l’on voit comment
1. Higoumène, «supérieur d’un couvent. Régulièrement l'higoumène est le su- périeur d’un couvent secondaire, comme le prieur latin, et il dépend de l'archi- mandrite comme le prieur dépend de l'abbé. — En fait, les deux mots sont très souvent synonymes (Charon, op. cit., p. 244). » — Ils devaient l'être au temps de saint Sabas.
2. La Palestine, p. 137.
246 MADAME SAINTE ANNE
la transmission des hymnes qui furent le précieux noyau du Typi- con a pu s’opérer sans hiatus, des premières années du 1v® siècle jusqu’au temps de saint Sabas, à qui l’Église grecque en doit le premier recueil ᾽ν »
Ce qu’on vient de lire, nous voulons dire surtout le commence- ment de ce passage, est considéré comme certain, mais peut-on conclure que le livre qui s’appelle aujourd’hui et depuis des siècles le Typique de saint Sabas, est, tel que nous l’avons, du moins con- sidéré dans ses éléments principaux, de saint Sabas lui-même ? Peut-on, en ce qui regarde les fêtes communes de Ia Vierge et de sa mère, en ce qui regarde surtout les fêtes très spéciales de notre Sainte, aller prendre chez lui ses arguments ? Peut-on écrire sans broncher, à propos par exemple de la Conception de Sainte Anne : « Cette fête fut célébrée dans l’Église d'Orient dès le cinquième siècle car — notez bien le car, s’il vous plaît — car le Typicon de Saint Sabas l'indique au 9 décembre ? ? »
Nous donnerions tout au monde pour que ce CAR, Ce CAR super- be et triomphant, fût de rigueur absolument logique, absolument
4. Terrien, La Mère de Dieu, t. 1v, p. 450-452. Texte de Syméon de Thessa- lonique sous le titre général De Sacra precatione, dans le chapitre intitulé : Quod relinendus sit ordo cantionum in ecclesia, et de Typico Hierosolymitano(Ci.Migne, P. G., t.czv, col. 555 ) : « Sanctus Pater noster Saba eam (constitutionem) præs- scripsit a sanctis Euthymio et Theoctisto acceptam; hi porro a majoribus et ho- mologeta Charitone desumpserunt ; sacri vero Sabæ Constitutionem, ut audivi- mus, locis illis irruptione Barbarorum vastatis, deperditam, sanctus pater nos- ter Sophronius, sanctæ civitatis patriarcha, studio laboreque restituit ; et post eum rursus divinus et rebus theologicis pertractando acerrimus Joannes Damas- cenus renovavit, scriptoque demandaiam tradidit. »
Même sujet : Allatius, De libris eccl. gr., Proleg., n. 70; W. Cave, Script. eccl, hist. Litt., τ. τ, Ὁ. 457 : « Scripsit Sabas in usum monasterii sui T'ypicum sive or- dinem recitandi officium ecclesiasticum per totum annum, capita 59, qui in om- nibus monasteriis Hierosolymitanis mox obtinuit ; aussi, Acta SS., t. 1x (20 mars), p. 77 ; Kellner, Æfeortol., p. 447.
2. Cf. Miechow, Conf. sur les litanies de la δ. V., t. 111, p. 361 (éd. franc. de 1870), note de l’éditeur. — Maringola, sur l’ancienneté de cette fête : « À sæculo ut minimum quinto, ex Typico sancti Sabæ, manifestum fit. » Antiquitatum christian. institut., 2 in-12, Naples, 1862, t. 11, p. 214.
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mathématique, mais l’est-il en réalité et autant que nous le vou- drions nous-même de tout notre cœur ? C’est la question.
Il est vrai, les anciens Bollandistes pour leur part, y ont touché, à cette question, et bono animo, d’un esprit en effet 51 bon, si plein de confiance dans les vieilles traditions qu’il convient ici de les écouter : « Les Grecs, disent-ils, traitent saint Joachim avec par- cimonie au mois de juillet, mais plus largement au moins de sep- tembre, alors que toutes les odes du neuvième jour, rappelant son souvenir et celui de sa sainte épouse, célèbrent la naissance de leur auguste Fille tant désirée, joie suprême après la tristesse d’une longue épreuve. Les hymnes de ce jour sont le commentaire de l’acrostiche : «Avec bonheur je chante, ὃ Vierge, tes saints parents, » mais les noms des auteurs de ces hymnes ne sont donnés nulle part, d’où on peut croire, non seulement que l’usage très an- cien de l'Orient était de célébrer le jour de la Nativité de la Vierge en honorant spécialement saint Joachim et sainte Anne, mais que les canons mêmes de cette fête ont été composés, ou bien par saint Sabas lui-même, le premier compilateur des Ménées (comme le prouve notre Wangnereck dans ses prolégomènes à sa Piretas Mariana Græcorum), ou bien par les saints Chariton, Euthy- me et Théoctiste, de qui saint Sabas les avait reçus pour le plus grand nombre. Il faut remarquer en effet que les hymnes d’une date postérieure sont toutes attribuées à des auteurs détermi- nés, et que souvent le nom de l’auteur se lit en acrostiche aux let- tres initiales des dernières strophes. Or les saints que nous venons de nommer appartiennent au τνϑ siècle de notre ère !, »
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1. Joachimo parcius mense Julio Græci, prolixius autem in septembri, quando omnes diei-noni Odæ ad utrumque conjugem æqualiter diriguntur, utrique gra- tulantes optatissimam prolem quæ diuturnæ sterilitatis molestiam abstergens parentum senium abunde solatur. Cujus quidem diei hymni et alii plerique notantur acrosticho : Τοὺς σοὺς γονεῖς, πάναγνε, μέλπω προφρόνως,
Canto parentes provide, Virgo, tuos.
Sed nusquam nomen adnotatur auctoris; ut prorsus credibile videatur non tantum antiquissimum in Oriente fuisse usum virgineæ nativitatis diem in hono- rem sanctorum Mariæ progenitorum celebrandi, sed ipsos quoque canones vel ab ipso 8. Sabba, primo (ut in prolegomenis ad « Marianam Græcorum pie- tatem » probat Simon Wangnereckius noster) Menæorum collectore, vel a
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La question serait-elle résolue ? Plût à Dieu qu’elle pût l’être si vite ! Mais en ces sortes de choses, après une opinion c’est une autre, et 1l faut tenir compte de toutes, au risque de passer soi- même pour un démolisseur des plus vénérables traditions. Il s’agit pourtant si peu de démolir, mais plutôt et très simplement, très modestement, de chercher la vérité, la nue et unique vérité quelle qu’elle soit, fût-elle, comme la bulle de Grégoire XIII, une arme contre nous. VEertras est une si noble devise qu’elle devrait être la devise universelle.
Pour en revenir aux Bollandistes, sans négliger le R. P. Terrien que nous avons lu avec un égal plaisir, leur témoignage, un témoi- gnage parti de si haut, a certainement un très grande valeur, mais la conclusion implicite qui s’en dégage n’est pas admissible, à savoir que le Typicon de saint Sabas, au moins tel qu’il existait de leur temps et que nous l’avons aujourd’hui, serait de saint Sabas lui-même, ou encore, ce qui serait plus fort, des saints Cha- riton, Euthyme et Théoctiste. Quand même les nouveaux Bollan- distes ne nous auraient pas averti de ne pas prendre pour parole d'Évangile »tout ce qu'ont écrit leurs prédécesseurs !, l’histoire
SS. Charitone, Euthymio, Theoctistove ἃ quibusipse accepit pleraque, fuisse compositos : eum ceteri post additi alicui certo auctori soleant abscribi, imo sæpe ipsum nomen post acrostichon exhibere, per initiales ultimarum stropha- rum litteras. Pertinent autem sancti isti ad quartam æræ christianæ seculum. — Acta SS., De δ. Joachim, 20 mars, t. 1x, mars 19-31, p. 77.
1. Ce n’est pas sortir de notre sujet que de signaler (encore) l'illusion de ceux qui professent je ne sais quelle admiration aveugle pour le recueil, respectable sans doute, des Acta sanctorum et qui ont pris la fâcheuse habitude de le citer comme parole d'Évangile. Que de fois n’avons-nous pas lu, à propos de quelque miracle étrange ou d’une révélation suspecte qu'il s'agissait d’accréditer, cette phrase naïve : « Le fait est admis par les Bollandistes». Faut-il remarquer que ce serait faire trop d'honneur à n'importe quel groupe d’érudits, qui appliquent simplement les méthodes connues et à la portée de tout le monde, que de leur reconnaître une autorité décisive dans des matières infiniment délicates et peu susceptibles d’une entière précision ? Ni Bollandus, ni Papebroch, ni aucun de leurs successeurs n’ont jamais eu de visées aussi ambitieuses. Ils se sont abs- tenus, généralement, d'essayer de résoudre les questions insolubles, regardant comme une tâche suflisante de classer les textes hagiographiques, de les publier scrupuleusement, de faire connaître avec toute l’exactitude possible leur prove-
ht mére à
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même de ce livre nous empêcherait de le considérer comme une œuvre parfaitement et authentiquement originale. Ce serait plutôt une œuvre de lente élaboration, de parachèvement comme celui que nous avons constaté dans les Ménées, soit encore la résultante d’un travail de plusieurs siècles, Et quoi de plus vrai- semblable en effet ?
M. Couret écrit à ce sujet: « Revu successivement par saint Sophrone de Jérusalem, saint Jean Damascène, saint Nicolas le Grammairien, patriarche de Constantinople, le Typique de saint Sabas étendit peu à peu, à parür du grand schisme de Photius, son influence classique sur la plupart des églises d'Asie, et devint enfin, au xv£® siècle, la règle commune et comme le guide lturgi- que de toutes les communautés orientales 1, »
M. Kellner dit de même que saint Sabas écrivit une ordonnance, un dispositif pour les heures canoniques et le service divin, mais que cette diatyposis disparut pendant les ravages des Sarrasins. Elle fut rétablie de mémoire par le patriarche Sophrone et re- touchée ensuite par saint Jean Damascène, en attendant d’autres remaniements qu’elle devait subir encore jusqu’à l’époque où Jean le Grammairien lui donnait sa forme définitive, et proba- blement celle qui nous est parvenue, c’est-à-dire jusqu’au xr1€ siècle. On ne peut donc pas, conclut le Docteur, regarder ce Typi- con comme l’œuvre personnelle de saint Sabas, ni s’en servir comme d’un argument en faveur des fêtes qui seraient, d’après lui, antérieures au x11° siècle ?.
Enfin — car il serait superflu d’insister — les Échos d'Orient, une revue toute orientale de cœur comme d'esprit, et qui, en tout cas, ne peut pas être une démolisseuse du Byzantinisme, ne croit pas que la forme actuelle du Typicon remonte à saint
nance, leurs sources, leur allure, et s’il se peut, de caractériser le talent, la mo- ralité et la probité littéraire de leurs auteurs... Que l'écrivain se contente d’une formule comme celle-ci qui ne compromet personne : « La relation du fait a été publiée par les Bollandistes, » mais inférer de là que les Bollandistes en affirment la certitude, c'est tirer une conclusion qui dépasse les prémisses. H. Delehaye, Les Légendes hagiographiques, Bruxelles, 1905, p. 245.
1. La Palestine, p. 137.
2. Op. cit., p. 448.
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Sabas, n1 à son époque. « Les retouches postérieures ont été si nombreuses et si profondes qu’elles en ont peut-être changé com- plètement le contenu ; du moins, en labsence d’une bonne édi- tion critique, il nous est impossible d'attribuer à chacun (de ses auteurs) la part quilui revient À »
Il nous manque en effet, non seulement une édition eritique, mais même une édition ancienne, vraiment ancienne au sens strict, et qui serait, sans Jeu de mots, un prototype du livre. Peut- être le plus ancien exemplaire qu’on possède est-il celui qui est contenu dans ie codex de Jérusalem décrit par M. Kerameus et le Père Delehaye, mais si ce codex, composé, à ce qu’il semble, entre les années 950 et 956, est très vénérable avec ses mille ans d'existence, 1l est encore trop jeune pour nous et nous ne pouvons pas lui demander des conclusions pour les autres mille ans qui l’ont précédé *!
1. Echos, t. 11, p. 2.
2. Codex Hierosolymitanus, 5. Crucis 40, olim lauræ 5. Sabæ (Papadopoulos Kerameus ᾿ἱεροσολυμιτικὴ βιδλιοθήχη, t. 111, 89-90), membraneus, foliorum 246, lineis plenis, sæc. x-x1 exaratus : 10 fol. 1-214 : Synaxarium cum Typico a mense septembri ad Augustum, fine mutilum, deficientibus Aug. 29-31 ; 20 (fol. 215-236) : Synaxaria et typica Praxapostoli et Evangelii a principio Triodii usque ad Pentecosten... Aliquod ipsius scriptionis debemus ἢ. P. M.I. Lagrange qui tum principium hbri tum epistulam de qua dictum est, partim scripto partim photographice, ut aiunt, expressam nobiscum benevolentissime communicavit. Librum compositum fuisse intra annos 950-956 ex eo collegerunt quod cum 6 serie patriarcharum Tryphon (+ 931) ultimus hisce fastis inscriptus sit (april. 18), minime vero Theophylactus (+ 956), et die Jan. 25, translatio S. Gregorii Nazianzeni memoretur quæ non ante an. 950 peracta est. Delehaye, Synaxarium, col. x1-xr11. Second exemplaire dans un autre codex encore moins ancien, également décrit par M. P. Kerameus et le P. Delehaye sous la rubrique : Codex Mediceo-Laurentianus, signatus San-Marco 787, membraneus, fol. 287, 0m,9235 x 0, 18, lineis plenis, in Palestina, ut videtur, anno 1050 exaratus (P. Kera- meus, op. cil., t. 11, p. 728-729), quod docet subscriptio fol. 252. On croit ce coaex en tout point semblable à celui de la Bibl. rat., 1590, «Olim Colbertinus 2455, Regius 2477.6, membraneus, fol. 228, 0% 265+ 0,80, lineis plenis, an. 1063 exar- atus, ut fol. 228 subscriptio tesiatur. » Ce serait un des exemples d’un synaxaire de C. P. « ad alienæ ecclesiæ, Palestinensis, ut videtur, usum accommodati. » Delehaye, col. xxI-Xx1I1.
Exemplaires plus récents : x11 siècle, cf. Gardthausen, Mont-Sinaï, p. 221. Sur ce catalogue et celui de M. Dmitrjevskij, cf. Wm Fischer, article de cinq pa-
dit nt dis Re DA dd à pbs à
LA LITURGIE 251
Jusqu’à plus ample progrès de la science ou quelque bienheu- reuse découverte, bien inespérée, 1l est vrai, nous devons donc faire un usage très discret du livre en question. Il est très précieux sans doute, très cher, pour nous le plus intéressant de tous à cause de son acte de naissance qui nous fait reculer 851 loin dans le passé byzantin, mais la question de sentiment mise à part, comme elle doit l'être, 1l reste toujours celle de nos fêtes, de leur ancien- neté, et qui nous assurera que le livre où nous les retrouvons avec tant de bonheur aujourd’hui, jusque dans ses plus anciens manuscrits, est bien identiquement celui-là même que saint Sabas avait reçu des mains des bienheureux Euthyme et Théoctiste ? C’est possible, c’est vraisemblable, c’est probable, mais sans doute aussi, ce serait trop beau si c'était certain.
Puisqu’il le faut, nous faisons notre deuil du « Typicon de saint Sabas »comme temoin pour l'ancienneté de nos fêtes, mais« avec deux majuscules et un trait d’union, »1l reste quand même, jusque dans ses plus récentes copies, un des écrits les plus«captivants » qu'il y ait, du moins pour qui s'intéresse à l'humanité dans ce qu'elle a de meilleur, c’est-à-dire sa foi ou sa piété.
Anthologia, Kalendaria, Heortologia, Euchologia, Hirmologia, Panigyrica, Horologia.
Y a-t-1l des livres qui nous feraient connaître comme en résu- mé, en raccourci, la liturgie des Grecs ? Ceux qu’on vient d’indi-
ges dans la Byzantinische Zeitschrift, 1899,t. var, p.306-11, un simple compte- rendu d'ailleurs, et quelque peu décevant. — x1v® siècle, Paris, Bibl. nat., ms. grec 385 (317 fol. 14- 21 centim.), Τ υπιχὸν τῆς ἐχχλησταστιχῆς ἀχολουθίας τῆς ἐν “Ἵεοροσολύμοις ἁγίας λαύρας τοῦ οσίου χαὶ θεοφόρου πατρὸς ἡμῶν Σ ἀδα([ο]. 9) ; Grotta- Ferrata, d'après Rocchi, op. cit. — xv® siècle: Paris, B. N., ms. gr. 386, 387; — xvit siècle, ms. 388 (copié en 1573), 1259, etc. ; — xvu® siècle, Bibl. nat., parmi les Imprimés, voir l'édition de 1639, déjà citée, et au commencement du t. χι : Τυπιχὸν τῆς ᾿Εχχλησιαστιχῆς ἀχολουθίας τῆς ἐν Ἱεροσολύμοις ἁγίας λαύρας τοῦ οσίου χαϊ θεοφόρου πατρὸς ἡμῶν σαδδα. αὕτη δὲ ἡ ἀχολουθία γίνεται χαὶ ἐν ταῖς λοιπαῖς τῶν ἐν ἱεροσολύμοις μονῶν. Au 8 septembre, les proheortia de la Nativité de la B. V. Marie ; au 8, la fête ; au 9, S. Joachim et sainte Anne, avec les premiers mots de toutes les prières à dire.
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quer devraient être de cette catégorie, mais sauf quelques excep- tions, puisque toute règle en comporte, gardons-nous d’appeler petit ouvrage l’un quelconque des livres liturgiques byzantins. Allatius disait du Typicon, originairement et de sa nature, un simple recueil de rubriques pourtant : liber haud parvæ mols, «c’est un livre qui n’est pas d’un petit poids, » et de fait, pour en jouir à son aise, un pupitre, un point d’appui quelconque est d’un réel service. De même, l’Anthologion, de sa nature encore, un simple « bouquet de fleurs, « très ténu » au commencement et de médiocre estimation, s’est développé avec le temps, au point, dit le même Allatius, de devenir un monstrum!. La traduction est laissée au goût d’un chacun. Il contenait, au temps du savant helléniste, les offices de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge et des saints les plus célèbres; de plus, le commun des Prophètes, des Apôtres, des Martyrs, etc.
Héortologe et calendrier ont à peu près le même sens, mais tan- dis qu’un calendrier romain ou occidental quelconque ne fait qu'indiquer la succession des jours et des fêtes de l’année, l’héor- tologe oriental contient d'ordinaire une courte notice pour cha- que fête. De même que le synaxaire a réduit, abrégé les Ménées, de même l’héortologe réduit, abrège, condense le synaxaire. Ce serait peut-être un petit ménologe à l’usage des fidèles.
Si l’on veut encore quelques définitions ou descriptions, l’euchologion contient les messes de saint Jean Chrysostome, de saint Basile et des Présanctifiés, ainsi que les prières du lykhniki ? ou de Vêpres, le rituel pour l'administration des sacrements, diverses bénédictions. ἃ cette classe d’ouvrages appartient le fameux Codex Barberinus du vire ou du τχϑ siècle, le plus ancien manuscrit liturgique qui soit parvenu jusqu’à nous 3,
1. Anthologion (ἀνθολόγιον), abrégé de plusieurs livres liturgiques et parti- culièrement des Ménées (CI) Anthologion, « primo sui ortu tenue, nec magnæ æstimationis, sed novis additionibus semper excrescens... adeo ut, utita dicam, in monstrum evaserit. » Allatius, De libris (1645), p. 89.
2. Lyknikon, première partie de l'office des vêpres, ἐσπερινός, ainsi appelée parce qu’elle ne commence, le soir, que lorsque tous les cierges et toutes les lam- pes ont été allumés. Clugnet.
3. Duchesne, Orig. du culte chrét., p. 71. — Un livre moderne : G. V. Shann,
LA LITURGIE 253
L’hirmologion, comme son nom l'indique, est un recueil d’hvmnes : hymnes de l’Octoïkhos, de la sainte Vierge et des prin- cipales fêtes de l’année. Chose assez remarquable, 1l s’en tient d'ordinaire à son titre, assez élastique d’ailleurs.
Restent encore, pour ceux qui aiment à retrouver partout notre vénérée Sainte, le Panigyricon et lHorologion. Le Panigyricon serait un « Sermonnaire », si ce mot pouvait passer sans faire sourire personne ; c’est, en tout cas, un recueil des plus beaux discours des Pères en l’honneur de Notre-Seigneur et des saints. N'est-ce pas déjà dire que Jean Damascène, André de Crète, Georges de Nicomédie, Cosmas, le panégyriste du 9 septembre, doivent y trouver place ?
Enfin l’horologion correspondrait, sauf quelques différences, à no- tre diurnal latin !. On y trouve les heures ou différents offices de la journée avec leurs mésories, c’est-à-dire leurs prières intermé- diaires ?, des tropaires, des psaumes, un sermon de saint Cy- rille d'Alexandrie sur la mort, et surtout, avec tout cela, un nouveau sujet d’édification, une nouvelle occasion de remercier notre chère Sainte qui s’est mise là aussi, dans ce petit livre, comme dans tous ceux que nous venons d’énumérer.
Un petit livre, serait-ce vrai ? Il en existe en tout cas des exem- plaires d’un format portatif, tel, celui que la bibliothèque de Boston vous permettra, sans garantie, d’emporter chez vous pour peu que vous le désiriez, et que vous pourrez parcourir à votre retour en chemin de fer, sans appui, si vous n'êtes pas
Euchology, À manual of prayers of the holy orthodox Church (done into english), Kidderminster, 1891, in-18, p. 130 sq. : Liturgie de saint Jean Chrysostome et de saint Basile; au 8 septembre : Condakion, tone 1v : « By thy holy Nativity most pure one, Joakim and Anna were freed from the reproach of barrenness, and Eve from deadly corruption. Thy people also celebrate the same, being there- by delivered from the punishment of sin, and cry to thee : «The barren parents bear the Mother of God, the nourisher of our life, » P. 433.
1. ActaSS., t. χιι, oct., p. 673, et Allatius, De libris, p. 90.
2. Mesorion, heure canoniale supplémentaire qui se plaçait entre chacune des petites heures à certains jours (Clugnet).
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trop faible de santé, et s’il vous tarde d’en prendre connaissance,
L'ouvrage est un in-quarto d’environ 500 pages, mais sur papier léger, assurément une des meilleures choses qu'il y ait au monde pour qui fait d’un livre un peu plus qu’un ornement de bibliothè- que. Il a été publié à Venise en 1870, avec illustrations, par V Hréro- monachos (le saint moine) Barthélemy de Coutloumousi, déjà connu du lecteur. La traduction du titre donnerait : «Grand diurnal, présentant toute lacolouthie qui lui convient, selon l’usage oriental de l’Église du Christ et particulièrement des saints monastères qui lui sont soumis, (ouvrage) mis en ordre et divisé en trois parties par Barthélemy de Coutloumousi, lequel y a de plus ajouté une histoire abrégée de toutes les fêtes de Pannée et de plusieurs saints du ménologe, etc. 1. »
Vous feuilletez, et le charme s’auogmente à mesure. Il devient complet si ce bienheureux livre est votre première initiation aux saintetés byzantines, comme 1l l’était pour celui qui écrit ces lignes. Aussi bien tout est déjà là en substance, depuis les proheortia ? de la Nativité jusqu’à Ia krmisis (« dormition ») de la bienheureuse Anne, sans parler des xylographies qui ne sont vraiment pas mauvaises, et qui vous donnent à leur tour comme un raccourci de l’art byzantin 3.
QPOAOTION TO ΜΈΓΑ, περιέχον ἅπασαν τὴν ἀνήχουσαν αὐτῷ ἀχολουθίαν, χάτὰ τάξιν τῆς ᾿Ανατολιχῆς τοῦ Χριστοῦ ᾿Εχκχλησίας, καὶ ἐξαιρέτως τῶν ὑποχειμένων αὐτῇ εὔ- œywv Μοναστηρίων, Διόρθωθεν χαὶ εἰς τρία μέρη διαίρεθεν ὕπὸ
ΒΑΡΘΟΛΟΜΑΙΟΥ͂ ΚΟΥ̓ΤΛΟΥ ΜΟΥ ΣΙΑΝΟΥ͂ τοῦ ᾿Ιμόρίου “υφ᾽ οὗ προσετέθη καὶ σύν- τομος “ἱστορία πασῶν τῶν “Eopr@v τοῦ ὅλου ἑνιαυτοῦ χαὶ πολλῶν τῶν τοῦ Μηνολογίου “Αγίων (sous la surveillance de l’hiéromonachos Spiridon, archimandrite du trône œcuménique)... Nouvelle édition, Venise 1880, Imprimerie du Phénix,
1. ἸΤροεόρτια est un pluriel neutre qu’il serait incorrect de traduire toujours par vigile : quelquefois c’est cela, d’autres fois non.Ce sont plutôt, dans la réalité comme littéralement, les avant-fête. Les avant-fête de Noël et de l’Épiphanie duraient et durent encore quatre jours. Au sens propre et strict de vigile, les Grecs disent plutôt rapsuovr. Cf. Revue de l’Église gr.-unie, cinquième année, p. 216.
2. Au 7 septembre, Avant-fête de la Nativité, avec son apolytikion p. 191 : Ἔχ τῆς ῥίζης ᾿Ιεσσαὶ..., comme plus loin aux Ménées du 8 septembre; Apolytikion Ἡ γέννησις σου Θεοτόχε..., au même endroit et une strophe du kontakion de Romanos, sans attribution; au 9 septembre, la fête commune des saints Joachim et Anne : Ἤχος β΄ : Τῶν δικαίων θεοπατόρων σου Κύριε …, Κοντάχιον : Ἦ- χος β΄. Τὰ ἄνω ζητῶν. Εὐφρανειται νῦν. Au 9 décembre : La conception dela Sainte,
.
LA LITURGIE 255
. Mais « il n’est si bonne compagnie qui ne se quitte », qui ne se quitte parfois beaucoup plus tôt qu’on ne voudrait, et c’est ainsi qu’il faut déjà dire adieu, adieu peut-être sans retour, à cet aimable compagnon de route, aimable parce qu’il est beaucoup plus vieux qu’il n’en ἃ l’air, vieux comme la dévotion, combien de fois séculaire ? qu’il a fait pour nous revivre un instant,
* * *
« Combien de fois séculaire ? » venons-nous d’écrire, et c’est une question qui viendra à son heure, quand nous aurons assisté aux fêtes communes de la bienheureuse Vierge et de sa mère, aux fêtes spéciales, aux fêtes pour ainsi dire personnelles de notre Sainte, lesquelles n’excluaient cependant pas, faut-il le dire ? son auguste et bien aimée Fille. Si Dieu le permet et nous aide, lui qui est le Seigneur des sciences, nous serons peut-être alors en mesure de constater ou même de prouver que toutes ces chères fêtes remontent très haut dans les siècles du moyen âge oriental ; que de plus, elles étaient toutes célébrées avec une grande solennité même celle du 25 juillet (on nous l’a déjà affirmé), et très proba- blement jusqu’à celle du 9 septembre.
Pour le moment, un mot de M. Gédéon nous revenant en mé- moire, 1l est peut-être bon de s'entendre avec lui et entre nous. Nous serons très bref. M. Gédéon nous disait, et nous avons encore tantôt répété d’après lui, 4 « chaque église, chaque monastère avait en Orient son héortologe particulier ! », mais il ne faudrait pas conclure de là que les fêtes de la Vierge et de la bienheureuse Anne étaient purement locales. Ce que nous appelons aujourd’hui
H Σύλληψις τῆς ἁγίας χαὶ Θεοπρομήτορος "Avvre. — À noter, ces dernières li- gnes du Typicon de la fête 5 Σηρείωσαι ὅτι ἐκ ταύτης sic ἡμέρας χαθ᾽ ἣν γίνεται τὸ χειμερινὸν ἠλιοστάσιων, ἄρχεται ὁ Ἥλιος στρέφεσύαι πρὸς τὰ βόρεια μέρη, καὶ αὐξάνειν τὴν ἡμέραν εἰς ἡμᾶς : « [l est remarquable que, à partir de cette date du solstice d'hiver, le soleil commence à se tourner vers les régions septentrionales et le jour à s’allonger pour nous. » Au 25 juillet, p.341, La dormition de sainte Anne, mère de la Theotocos : Résumé du Typicon, et deux extraits des Ménées : Ζώτν τὴν κυήσασαν... ἀειμαχ ἄριστε (plus loin), et Iisoyévwy Χριστοῦ. ..εὐδόχησας. 1. Cf. ci-dessus, p. 31, pour le texte de M. Gédéon.
256 MADAME SAINCTE ANNE
le Propre de tel diocèse ou de telle église a existé chez les Byzan- tins avant d’exister en Occident, et c’est tout ce que M. Gédéon a voulu nous faire entendre.
Si on voulait davantage se persuader que nos chères fêtes étaient bien d’observation générale en Orient, un moyen long mais encore relativement facile serait d'interroger les catalogues de manuscrits, sinon les manuscrits eux-mêmes: de s’enquérir de leurs provenances diverses, détails qui sont quelquefois indi- qués, soit dans le manuscrit, soit dans le catalogue, et l’on aurait la preuve que les quelques milliers de livres liturgiques orientaux que possèdent les seules bibliothèques d'Europe ne viennent pas, comme de fait ils ne pouvaient pas venir, d’une seule et unique ville, fût-ce Jérusalem ou Constantinople !. Un des grands mérites de l’étude du P. Martinov sur la liturgie gréco-slave, c’est que, à chaque fête de l’année, elle indique les principaux livres litur- giques d’origine grecque qui contiennent au même Jour la même mention, de sorte que vous voyez la fête se célébrer simultanément sur tous ou presque tous les points de l’ancien empire byzan- tin ?. Ce plaisir se renouvelle si on parcourt dans la même inten-
1. Les bibliothèques de Paris possèderaient 4,900 manuscrits grecs; le Vatican 3,600 ; Florence, Venise, Vienne, Oxford, a peu près 1.000 chacune ; le British Museum 750, l’Escurial 583, le Saint-Synode de Moscou 563, etc. Cf. Omont, Mss. gr. de la B. N., préface. — Dans le catalogue de la bibliothèque du Mont Sinaï dressé par M. Gardthausen, les seuls Ménées occupent 15 pages, soit 90 numéros, parmi lesquels — chose utile à noter d'avance — un mois de janvier est du x° siècle et 4 mois de septembre, 2 mois d'octobre, 4 mois de novembre, 3 mois de décembre, du 1x° siècle. — Cf. plus haut, Catal. de Manuscrits.
Provenances diverses. À part Constantinople, on voit paraître tour à tour, dans les mss. de la Bibliothèque nationale en particulier, le Mont Athos, Chypre, Chio, Chalcis, Paphos, etc. Ces indications sont fournies par le codex même ou bien par son acquéreur d'Occident. La Bibliothèque nationale, la plus riche du monde en manuscrits grecs, possède, en fait de ménologes seulement, deux cent neuf pnvaia, ou » mois liturgiques », pièces fragmentaires, il est vrai, et ne re- présentant chacune qu’un mois de l’année grecque, mais qui, vu leur nombre, ne peuvent évidemment pas venir toutes de Constantinople ou de tel monastère d'Orient à l’exclusion de tout autre.
2. Sautons, puisqu'il le faut, par-dessus des centaines de pages où le P. Mar- tinov voudrait nous retenir, mais au moins arrêtons-nous un instant à la fête du
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tion le Kalendarium d’Assemani 1 le Synaxarion du R. P. Dele- haye et d’autres ouvrages de ce genre ?. Il prend la forme d’un
25 juillet. On y trouve comme partout ailleurs, la statistique des principaux typica, kalendaria, menæa, synaxaria, horologia, etc. où 1] a vu la fête mentionnée. Nous voudrions conserver au moins cette page (loc. cit., p. 185): Ospormirio SANCTÆ ANNÆ MATRIS Deiparæ (Ita omnes : Tern., Chil., Og., Men., Kal. Hor., Bas., CP., Neap., Goth., Msq., Vind., Nan., .Taur., Med., Chifil., Maz., soit : Kalend. Ternobiensis Eccl. ms. anni 1272 ; Typicon Mon. Chilandariensis ms. ἃ. 1331 ; Kalend. bibliorum Ostrogensium, an. 1581 ; Menæa Commu- nia, ad quorum calcem adjectum est Kalendarium pro singulis diebus anni, ed. Mosquæ, 1848; Καὶ. Mosquense ed. an. 1818 ; Horologium Pocajo- vense ad an. 1802 ; Menolog. Basilii, Urbini, 1727 ; Kalendarium Ecclesiæ C- Politanæ, sæc. vurr editum ἃ Morcello, Romæ, 1788; Kalend. Neapolitanum marmoreum sæculi 1x ; Synaxarium Evangelii Saxo-Gothani sæculi χα ; Synax. græcum bibl. Mosq. synod. ed. Matthæi ; Kalend. Eccl. C-Politanæ, ms. sæc. ΧΙΙ, in bibl. Cæsarea Vindobonensi ; Codd. mss. bibl. Nanianæ : Menæa græca aut cod. bibl. Taurinensis ; Menæa græca mss. bibl. Ambrosia-
_næ Mediolani ; Menæa græca mss. Chiffletii ; Menæa græca mss. Mazarinæa.
1. Assemani, t. vi, en particulier p. 497. Au tome τ du même ouvrage, l’auteur s'occupe longuement de deux codex Ruthènes du Vatican que d’ailleurs 1l publie, l’un du xr° siècle, l’autre du xrr1°. On y retrouve les cinq fêtes des 8 et 9 septem- bre, 21 novembre, 9 décembre et 25 juillet. Cf. p. 100 sq. Sous le titre De tabulis Græco-Moschis Capponianis, il publie aussi et décrit avec complaisance deux anciens manuscrits figurés connus sous le nom du marquis Capponi, et assez in- téressants pour l'étude de l’art religieux en Russie.(Cf. t. v, p. 208 sq., p. 251, 263 369; t. vi, p. 497 etc.).
On voudrait savoir le russe pour pouvoir lire la Description des manuscrits liturgiques conservés dans les bibliothèques de l'Orient orthodoxe, ouvrage fort intéressant, dit-on, de M. A. Dmitrievskij, in-8, Kiev, 1895.
On dit aussi beaucoup de bien du « grand ouvrage » de Alexios von Maltzev, Liturgicon. Die Liturgien der orthodox-katholischen kirche des Morgenlandes, Berlin, Karl Siegismnd, 1902, in-8, vu-467 p. L'introduction de la première partie est consacrée au culte des saints et des reliques. L'auteur traite des sanctuaires et des lieux de pèlerinage, et il parle des manifestations de la foi avec le respect d’une sincère piété... Le Liturgicon contient la traduction avec quelques notes des prières des grandes liturgies et de quelques offices spéciaux. M. Maltzev a placé en tête de son livre lesc Considérations sur la divine liturgie de Gogol » que l’on cherche en vain dans la plupart des éditions des œuvres complètes du célèbre écrivain. Cf. Anal. boll., τ. xx1, 1902, p. 208.
2. Il nous semble l’avoir remarqué déjà, le P. Delehaye n’a pas seulement voulu nous donner un texte, celui du manuscrit de Berlin, mais la substance de plusieurs autres,et son livre est en effet un admirable tableau synoptique de
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dogme si on se souvient que le pape Grégoire XII{, parlant du culte de Madame Saincte Anne, n’a pas craint de dire qu’il avait emplhi le monde entier. Il a commencé par emplir le monde byzan- ün et 1] faudrait 101 relire ces admirables pages où dom Guéranger nous fait assister aux conquêtes pacifiques de la liturgie grecque dans les patriarcats d'Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, chez les Slaves des bords du Danube, dans la Ruthénie qu’elle avait conquise à la foi, dans la Géorgie, la Roumanie, la Bulgarie, la Serbie, FAlbanie, la Dalmatie, l’Esclavonie et la Hongrie, à Rome même, à Venise, dans la Pouille, la Calabre, la Sicile, la Corse, etc. ?, On le voit bien, dès le haut moyen âge, l'Occident est envahi déjà sur bien des points, et c’est de bon augure : c’est l’assurance que l’une après l’autre, et ensuite toutes ensemble, d’un même cœur, les 2énérations humaines proclameront à l’envi bienheureuse la très sainte, la très douce mère de la Panaghia de Byzance 3,
tous les principaux synaxaires du moyen âge byzantin. Il l’est aussi,bien entendu, aux Jours de fête qui nous mtéressent si vivement.Nous avons avec lui des témoins venus de toutes parts. Il y a plaisir à compter, fût-ce sur ses doigts, ces sortes de choses et notre addition a donné juste cinquante-deux sources différentes d’in- formations, soit : 20 mss. pour Paris, 5 pour Milan et autant pour Grotta- Ferrata, 4 pour Saint-Pétersbourg, 2 pour Venise et de même pour Oxford et Messine, 1 pour le Vatican et 1 aussi pour chacune des villes et des bibliothèques qui suivent : Jérusalem, Patmos, Naples, Florence, Vienne, Leipzig, Bâle, Moscou, Leyde, Bristish Museum.
On parcourrait avec profit : (Acta SS., t. xiv, 17 de mai), le travail de Hens- chein et Papebroch sur les Éphemerides Græcorum et Moschorum (p. vi-ztu) ; tome 11x (octobre 25-26) : le Kalend. Ostromiranum de l’an 1056 ; le Kalend- Assemianum (x1° siècle), le Kalend. Mstislaviense (avant 1117), le Kalend. Arca- dianum, etc. — Pour le P. Martinov, comme pour dom Guéranger (vide infra) : « Omnia ex fonte Græco in Slavicas regiones fluxisse per sacrum ritum explora- tum est, idque ἃ tempore SS. Cyrilli et Methodü qui ritus Græco-Slavici vere parentes sunt et conditores. » Loc. cit., p. 1.
1. Instit. liturg., t. τ, p. 218 eq.
2. Quelques notes prises au département des mss de la bibliothèque nationale, et se rapportant au sujet, demandent qu'on les épargne : Codex grec 1590 (Colbert 2:55), copié en 1063, parchemin, 230 feuillets. Ménologe de septembre à février : Au 9 sept., fol. 8: La synaxis des bienheureux (8 1/2 lignes), puis mémoire du martyr Seberianos. — Codex gr. 1575, ménologe de mars et quelques mois sui- vauts, χα" siècle, parchemin, 221 feuillets, grand in-40, Au 25 juillet, fol. 171 T° : 19 Χαῖροις à νοητὴ yedwv..., Χαῖροις πεποθημένη Θεῳ...; Δεῦτε πᾶσα ñ κτῖσις...; Πταισ-
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LES FÊTES LITURGIQUES DE MADAME SAINCTE ANNE
Comme 11 serait injuste de négliger partout en cette étude
l'Orient moderne, les Grecs d’aujourd’hui ont conservé, d’après le Kalendarium du R. P. Nilles, trois fêtes annuelles de notre Sainte : « - ε A 1e ” - ᾿ Fe . ’ , Η χοίμησις τῆς ἁγίας "Αννης τῆς μητρὸς τῆς ὑπεραγίας Θεοτόχου, Dormition de la sainte Ânne, mère de la sur-sainte Mère de Dieu, le 25 juillet ; Τῶν ἁγίων και διχαίων θεοπατόρων ᾿Ιωαχεὶμ. καὶ "Avyns, Fête des saints et justes Parents de Dieu, Joachim et Anne, le 9 septembre; Ἣ σύλληψις τῆς ἀγίας nat Θεοπρομητόρας "Avyns, La conception de la sainte et TnéoprouÈre Anne, le 9 décembre 1,
Les Syriens ont la Dormition, le 25 juillet, la Commémoration des saints Joachim et Anne, le 9 septembre, l’ Annonciation de l'ange à Joachim et Anne, le 8 décembre, la Conception de sainte Anne,
μάτων συγχώρησιν...; Ἥ χάρις ἡ ἔνθεος...; Ἥλιος ὥσπερ...; Σὲ προστασίαν et l’ode Ὃ κχαθήμενος, comme dans les Ménées ci-dessous. --- Codex gr. 1589, syna- xaire de septembre à mars, xr1® siècle, parchemin, 28% feuillets, grand in-# ; les cinq fêtes ; au 9 décembre : Ἢ σύλληνις τῆς ἁγίας ᾿Αννης, avec: Ὃ Κύριος ἥμων comme dans les Ménées ; au 9 septembre : νημή τῶν ἁγίων etc. ᾿Εν τῷ λαῷ τῷ ᾿Ιουδαίων... Ἰωαχεὶμ καλούμενος, δίκαιος χαὶ πλοῦσιος etc, (cf. même endroit), — Codex 2485, synaxaire du xu° siècle, 243 feuillets, avec la fête du 9 septembre. — Codex 1582, Ménologe de septembre à février, xri® siècle, ‘parchemin, - 278 feuillets, grand in-4, au 9 septembre : La synaxis τῶν Διχαίων avec une …— courte légende. — Codex gr. 1571, Ménées de décembre et janvier, parche- min, 266 ff, copié en 1253. Au 9 décembre, passim : 17€ strophe : Σήμερον; 89 Τὴν σύλληψιν ; 12e Τὸ ὅρος ; 140 ’Ev παραδείσῳ ;16€ ‘lwaxsiu ὁ ἱερὸς ; 18e Vr- ἥκουσε ; 2095 ‘Ex ῥίζης - 228 Νεᾶνιν: et ainsi de suite, de folio 26 à fol. 29, comme dans les Ménées ci-dessous. Souvenir de quelques recherches sur la Nativité de la Vierge au point de vue … de l’universalité de la fête, les divers codex étant supposés provenir d'endroits - différents : dix-huit mss. contenant chacun l’une ou l'autre des homélies d'André de Crête sur le sujet et dix autres contenant celles de saint Jean Damas- cène. Pour André de Crète : mss. gr. 160, 760, 774, 819, 1021, 1171, 1173A, 1174, 1176, 1179A, 1215, 1454, 1551, 1607 : supplément 773, 1012 ; Coislin, 304%, 206. Pour saint Jean Damascène : 760, 774, 819, 897, 1164, 1171, 1184A, - 1607; suppl. 773 ; Coislin, 306 ; ainsi de suite pour les autres Pères qui ont laissé des homélies sur ce mystère. 1. N. Nilles, Kalendarium, t. 1, p. 222, 272, 394.
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le 9 décembre, et la fête de saint Joachim le 20 mars !, C'était scrupule que de traduire par commémoration le mot pvfur au- quel les Grecs ont recours pour désigner la fête du 9 septembre. Sitelle est en effet l'expression qu’ils emploient en cette occasion et si les Syriens l’ont traduite littéralement, 1] importe cependant de bien s’entendre dès maintenant sur ce mot qui est fort ambigu pour nos oreilles latines. D’après tousles auteurs et notamment M. Clugnet, le mot ἑορτῇ ne s’employait, chez les Grecs, que pour désigner les fêtes solennelles, toute autre fête s’appelant uvfun, c’est-à-dire commémoration ou mémoire ?,
Le rite syro-maronite observe le 25 juillet et le 9 septembre ὃ.
Les Arméniens ont de même la fête du 25 juillet, et une autre, le mardi après l’octave de l’Assomption f.
Les Coptes ont deux fois la Dormition de sainte Anne: l’une, le premier mesori, ou le 6 du mois d’août, l’autre, le 11 hator (7 no- vembre). Notons, pour notre édification, que la première de ces deux fêtes est chez eux de première classe 5.
Enfin, car on ne demande peut-être par que nous insistions, M. Budge nous apprend que les Éthiopiens célèbrent la fête de saint Joachim le 2 avril, et celle de sainte Anne le 7 novembre 6.
Cette variation des dates est utile à connaître. Elle rend sans doute quelquefois les recherches très compliquées, mais si on l’ignore, on court risque de se tromper en supposant, comme cela nous est arrivé une fois ou l’autre, que telle communauté d'Orient
1. D’après un Ordo syrien. — Le codex 37 du Vatican, cité par le P. Nilles, t. 11, p. 498, porte au ὃ septembre : Nativwitas Deiparæ et Joachim et Annæ pa- rentum ejus et Theodati Amidæ; au 25 juillet : Obitus Dinæ matris Deiparæ. Chez les Chaldéens, également, la tradition voulait que la Mère de Marie se füt appelée Dina. Cf. Civilta cattolica, xx1° série, vol. x11, ἢ. 635. La Mémoire de sainte Anne se retrouve encore dans les mss. syriaques 19, 20, 21, 69, 77, du Vatican.
2. Dictionn. cité., p. 51.
3. Nilles, t. 1, p. 489.
&. Nilles, op. cüit., t. 11, p. 499.
9. Nilles, op. cit., t. 11, p. 730. Du même auteur Calendrier de l’ Égl. copte, trad. Clugnet, ut supra, p. 23, p. 35.
6. Life of Hanna (cf. p. 162), note à p. 191. — Sur d’autres rites orientaux, cf, Nilles, op. cit., ἢ. 1, p. 479, 481; t. 11, p. 334, 594, 600, 710, 722.
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LT ρον
LA LITURGIE 261
ne possédait pas de fêtes de notre Sainte, parce qu’elle n’en offrait pas aux dates ordinaires.
Nous écrivons toujours fêtes au pluriel, et l’on voit déjà que ce n’est pas sans raison, car déjà en effet on a pu en compter une, deux, trois et quatre, si toutefois, pour la quatrième, qui serait la fête de saint Joachim, on permet que sa bienheureuse épouse apparaisse au moins au second plan, C’est d’ailleurs une place qu’elle doit aimer de préférence.
Est-ce assez ? Ce devrait l’être pour ceux qui ne veulent pas voir de culte là où manque la fête liturgique, mais ce ne l’était pas pour l’ancienne piété byzantine. On n’a peut-être pas perdu tout souvenir de ce qui en a été dit plus haut ici même.
A part la fête de l’Immaculée Conception, qui était si bien chez les Grecs une fête de notre Sainte qu’ils y mettaient son nom sous cette formule à peu près invariable depuis douze ou treize (?) cents ans : « Conception d'Anne, mère de la Théotocos, » nous de- vons aussi compter comme fêtes de sainte Anne la Vativité de la Vierge et sa Présentation au temple. La Nativité chante la Vierge qui vient de naître, mais elle chante en même temps sa Mère, et la fête est pour la sainte mère comme elle est pour la sur-sainte Fille. Les anciens Pères Bollandistes ont fait bien longtemps avant nous cette observation !, et commela critique était peut-être déjà née de leur temps, et comme aussi des textes viendront tout à l’heure pour appuyer leur dire, on pourrait, même à l’avance, y prêter foi sans beaucoup de témérité. Il en serait de même de la Présentation. Pour la traduction littérale de l’un ou l’autre des anciens intitulés de cette fête, le latin a quelquefois employé l'expression /ntroductio, ou encore Jllatio Mariæ Virginis in tem- plum, ce qui ne signifie pas uniquement Présentation, car la Vierge pouvait à la rigueur, si jeune qu’elle fût, se présenter elle-même, mais le fait pour elle d’être présentée, d’être introduite et litté- ralement amenée dans le temple. C’est trop de subtilité, pensera peut-être quelqu'un, mais quand a-t-on pu empêcher les Grecs
1. Acta SS., t. 1v, p. 77, in Vita S. Joachim : « texte déjà cité plus haut en note. »
262 MADAME SAINCTE ANNE
d’être subtils et tout le reste dans ce genre ? En tout cas, les mots, ici, sont des faits, en ce sens qu'ils les signifient, et la fête du 21 novembre ne manquera pas, en tout cas, de nous rappeler la part que la bienheureuse Anne a prise au fait de l’entrée au temple de sa très chère et toute sainte Fille 1,
Est-ce assez au moins maintenant ?
Aux premières recherches qu’on entreprendrait sur cette ques- tion des fêtes, et après telle découverte qu’on croirait avoir faite, on serait tenté d’en ajouter encore une sixième ou une septième à celles qui précèdent. Une homélie d’un Père déjà connu du lec- teur, Jean d’Eubée, porte en effet pour titre dans quelques édi- tions de ses œuvres: πη annunciationem sanctorum Joachim et Annæ : « Sur l’Annonciation des saints Joachim et Anne ». Serait- il invraisemblable que la piété des Orientaux, piété si vive, comme nous l’avons assez constaté au début de cette étude, eût voulu commémorer par un Jour de fête tout spécial le souvenir de lappa- rition de l’ange aux bienheureux parents de la Vierge, sans pré- judice des autres jours qui leur étaient déjà consacrés ἢ En tout cas, après le titre qui ἃ été une première révélation, un premier passage du panégyrique vous fait croire de mieux en mieux à votre découverte, et le voici pour notre édification à tous : «Il y ἃ dix fêtes qu’il faut solenniser avec joie, lorsque la grâce de Dieu les ramène. Et la première entre ces solennités est lanni- versaire du jour où Joachim et Anne furent avertis que d’eux naî- trait la très pure Vierge Marie, Mère de Dieu. Plus tard, nous célébrons de même, avec une grande vénération, le jour de sa naissance. La Conception d’abord, la Nativité ensuite "... » Plus
4. Les Acta SS. traduisent par Jntroductio (t. xiv, p. τινι), ou par Jllatio (t. rx, p. 284). Le discours de Georges de Nicomédie (Bibl. Nat., ms. grec 635, fol. 114-125) porte : Synaxe de notre toute sainte Souveraine Marie Mère de Dieu, ὅτε ἀπεδόθη, (quand elle fut donnée) ἐν τῷ ναῷ, τριετίζουσα, ὑπὸ τῶν γονέων avrne; le Sirmond : ὁτε ἀφιερώθη, χαὶ ἀνετέθη (quand elle fut consacrée et placée dans le temple).
2. « Cum itaque gratia advenerit, decem solemnitates agendas esse dico.Prima omnium insignium solemnitatum ea est in qua Joachimus et Anna faustum generationis plane immaculatæ et genitricis Dei Mariæ nuntium acceperunt. Tum augustissima ejusdem Mariæ nativitas ; illic conceptio, hic nativitas. » P. G.,
t. xcvi, col. 1474.
À ds ét ct nd). te ami à + ie tt, D) à dent ne ;
TN er.
D EP D δεν νει λ΄.
LA LITURGIE 263
loin cependant, un autre passage commence à dissiper notre illu- sion. Après l’énumération ou plutôt le panégvrique collectif de ces « dix grandes solennités qu'il faut célébrer avec joie, »le saint prédicateur recommande encore, comme étant la toute première de ces fêtes, celle in qua beati Joachimus et Anna generationis Mariæ semper virginis ac Dei matris nuntium acceperunt (où les bienheu- reux Joachim et Anne reçurent la bonne nouvelle de la naissance de Marie toujours vierge), mais il ajoute : die nono mensis de- cembris celebramus (nous célébrons cette fête le 9 décembre) !.
L'illusion, la douce illusion finit là, que votre piété naissante avait entretenue quelque temps, à mesure qu’elle entrait dans le sujet de cœur comme d’esprit.
L’intitulé des Ménées, au jour qui précède la Conception de sainte Anne, ne dit rien de cette vision angélique, et 1] porte sim- plement, avec la mémoire du saint de ce jour : Προεόρτια τῆς Συλλήψεως, Avant-fête de la Conception 1. On n'aura, il est vrai, qu’à jeter un coup d'œil sur l'office qui le suit pour constater qu’il est tout plein du pieux souvenir de cette apparition, mais en réalité, quel que soit le titre que tel manuscrit ait donné au sermon de Jean d’Eubée, quel que soit aussi le premier passage que nous en avons cité, 1] nous est, semble-t-il, défendu de croire à une fête nouvelle, distincte de la Conception. Bien des auteurs mo- dernes, Ballerini, pour un, le P. Nilles pour un autre, sans en nom- mer davantage, ne veulent pas que nous nous laissions prendre aux titres des homélies, sermons, panégyriques, ouvrages quelconques des Pères, et 115 n’ont sans doute pas tort. Il est plus que pro- bable en effet que les Pères n’ont pas eux-mêmes mis de titres à leurs ouvrages, pas plus qu'ils ne les ont signés. C’est le scribe du moyen âge qui a fait l’un et l’autre. Et dès lors Ballerimi peut avoir raison de discuter, de changer le titre qu’il a trouvé dans un ma- nuscrit de Vienne au sermon de Jean d’Eubée sur l’Annon- cation d'Anne et de Joachim ?. Toutefois, sans illusion maintenant
4. JZbid., col. 1499.
2. D'après Ballerini, le codex A de la bibliothèque impériale de Vienne donne pour titre au sermon :
Λόγος εἰς τὸν εὐαγγελισμὸν τῶν ἀγίων διχαίων Ἰωαχχεὶμ. vai ἔλνντ- al εἰς τὸ vevé- θλιον τῆς ὑπερανίας ἐνδόξου ᾿Αειπαρθένου Μαρίας τῆς Θεοτόχου, Sermon sur la bonne nouvelle, etc. Pour une collection de documents anciens sur l’Immaculée Con-
264 MADAME SAINCTE ANNE
et avec la franche détermination de renouveler autant de fois qu'il le faudra le sacrifice qu’on vient de faire, on ne peut pas ne pas se souvenir que les Syriens, si nous en croyons un prêtre de cette nation qui nous a, un jour, expliqué et commenté son ordo, ont une fête le 8 décembre, la veille de la Conception, pour commé- morer cette apparition de l’ange, et on ne peut pas davantage ne pas se demander où ils l’ont prise, depuis quand ils la possèdent. Tout ceci, 1l faut l’avouer, n’est pas clair, mais, sans excuses, qu'est-ce donc qui est bien clair dans la fameuse nuit du moyen âge, et surtout du moyen âge oriental ?
Il est enfin une autre fête, une dernière celle-là,mais bien authen- tique et distincte des autres, où les saints Theopatores avaient leur part, une part très large, et c’est celle qui faisait la mémoire des Ancêtres du Sauveur, des « Pères saints», Sanctorum Patrum. Elle se célébrait le dimanche d’avant où d’après Noël, comme pour convoquer au berceau du Christ toute la longue et noble lisnée de ses aïeux. Or, qui donc avait plus de droits que Joachim et Anne d’y occuper le premier rang ἷ ἢ
ception, ce titre pouvait être modifié en Sermo in Conceptionem sanctæ Deipa- ræ, cf. Sylloge, t. τ, Ὁ. 47, ou P. G., t. κανι, col. 1459.
1. On lit dans Assemani, Kalend. Eccl. Univ., t. v, p. 471, au 17 décembre : « Fasti Papebrochi post Danielem et socios addunt : « Dominica ante Nativ. Christi, Sanctorum Patrum. Colunt enim Mosci commune omnium proparentum Christi et justorum aliorum veteris Testamenti festum ea Dominica incipiendo ab Adam usque ad Josephum. » Cette fête n’était pas particulière aux Mosco- vites, mais générale en Orient. Cf. Rocchi, op. cit., p. 196. Note : « Sancta ergo catholica Ecclesia, ubi advenit undecima Decembris ac sequenti Dominica, cele- brem agit memoriam SS. Patrum qui legem præcesserunt, qui per fidem fuerunt justificati, neenon quam Lucas habet genealogiam legalium secundum carnem nuncupatorum parentum ejus qui æternus Dei filius veritate factus est homo. Sequenti autem Dominica, etc. » — Saint Luc nomme en effet saint Joachim en nommant Heli qui n’est qu’un synonyme, une autre épellation d’un même nom. (Question déjà traitée).— Un codex de la Bibl. de Bâle, cité par les Ménées de la Propagande (1888 sq.) indique ainsi la fête : Κυριαχὴ τῶν ἁγίων προπατόρων. --- D'après Assemani : Zbid., p. 507 : « Qui primam aut saltem aliquam in festis præcipuorum mysteriorum partem gesserunt, eos nunc ei mysterio (de Noël) anteponi, nunc subjungi in more fuit, quemadmodem ex kalendarïiis constat. » D'où nous avons dû écrire : « dimanche d’avant ou d’après Noël.
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Voici déjà bien des fêtes, mais si nous faisions pour notre Sainte ce que le Père Rocchi a fait pour saint Joachim, nous atteindrions un chiffre encore beaucoup plus élevé. L’éminent Basilien de Grotta-Ferrata a cru devoir compter dans l’année tousles jours où la mémoire du Père de la sainte Vierge était célébrée par les Orientaux, et il en a trouvé tout près de trente !, Pourquoi la mère de la Vierge aurait-elle reçu moins d'honneur ? Quoique le P. Rocchi n’apporte aucune preuve à l’appui de son affirmation, nous ne songeons même pas à lui en demander, non parce que son ouvrage est excellent, un præclarissimum opus, au jugement du P. Nilles que nous venons de citer *; non parce que nous voulons faire preuve de confiance en sa bonne foi, mais parce que son calcul doit être exact, aussi exact qu'il est facile. Il l’est pour saint Joachim, 1l l’est en même temps pour sainte Anne, puisque la hturgie grecque ne les a jamais séparés, pas plus qu’elle ne les a jamais séparés l’un ou l’autre de leur chère Immaculée.
« Le calcul, disions-nous, est facile, » L’Orient, en effet, a connu dès longtemps nos vigiles et nos octaves du rite latin. Octave n’est pas le mot juste, puisque certaines solennités se prolongeaient jusqu’au dixième jour, où alors avait lieu ce qu’on appelait l’apo- dosis, un mot qu'il est plus facile de comprendre que de traduire, mais qu'il suflit bien de comprendre. Metions donc comme fêtes solennelles, et elles l’étaient en effet : la Conception de sainte Anne, — c'était son nom et pourquoi le lui ôter ? — la MNativité de la Vierge, la Présentation, peut-être même la fête du 25 juillet, car ayant été de précepte dans tout l'Empire pendant des siècles, elle ἃ pu avoir, comme les deux précédentes, ses proheortia et ses pieux prolongements au moins pendant quelques jours ; ayons soin d'ajouter ce que nous avons compté plus haut, et alors, le chiffre du P. Rocchi, loin de paraître exagéré, restera plutôt en deca de la vérité 3.
1. S. Gioacchino, p. 211.
2. Ut supra, t. 11, p. 497.
3. Observons pour ne rien omettre, qu’un ms. syriaque du Vatican, ms 37 (cité par Nilles, t. 11, p. 334), contient cette mémoire pour la férie vi® après Pâques: « Martyrum apud Majpheracten (Martyropolim) confessorum, peregrinorum et Marinæ et Mariæ, Annæ et Elisabeth. »
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Si donc une fête prouve un culte, toute une série de fêtes, quel que soit exactement leur nombre, devrait le prouver davantage, sans qu'il'soit besoin pour le moment d'appuyer plus qu’on ne vient de faire sur leur degré de solennité.
*k * %*
Le moment est venu pour nous d’assister à quelques-unes au moins de ces fêtes, et comme, pour notre part, nous voudrions pouvoir les faire revivre dans leur liturgie ancienne et leur dévo- tion première ! Cette liturgie, au moins en ce qui concerne l’office canonique, les #énées pourraient nous la refaire tout en- tière, mais pouvons-nous à leur égard contenter toutes nos envies ? Ii semble que non. Ce n’est pas douze ou quinze pages que ces re- cueils nous offrent, c’est une centaine au moins, et de grandes pages à deux colonnes d’un texte serré qui ménage l’espace. Que faire ?
Nous allons prendre un moyen terme. Des lecteurs seraient peut- être curieux, comme nous l’avons été nous-même, de voir un peu de leurs yeux ce que c’est que ces fameux NMénées dont tant d'auteurs ont parlé mais que nul n’a encore songé à nous faire autrement et moins imparfaitement connaître. À ces lecteurs, à ces byzan- tinistes peut-être rares, nous dédions de grand cœur quelque trente pages de textes originaux, authentiques, reproduits de l’édition de Venise dont nous avons parlé ci-dessus. Mais comme d’autres goûts peuvent différer, selon l’usage, ils feront avec nous un sacri- fice, c’est-à-dire que, au lieu de demander partout des acolouthies complètes, comme celles des fêtes de septembre et du 25 juillet, ils voudront bien se contenter de quelques extraits pris ci et là dans les cinquante ou soixante colonnes des offices de la Présen- tation et de la Conception de sainte Anne 1.
1. Les Ménées, sans être en soi des raretés bibliographiques, puisque, les ma- nuscrits mis à part , il en existe des éditions anciennes on récentes assez nombreu- ses, sont cependant difficiles à trouver, surtout en nos pays d’outre-mer (ceci est écrit en France où Deus hæc nobis otia fecit). Encore naguère, on les eût cher- chés en vain dans les meilleures bibliothèques d'Amérique (ils y seront peut-être demain si quelque amateur veut seulement attirer l’attention des bibliothécaires
LA LITURGIE 267
Il faudra peut-être même faire davantage par amour pour cette brièveté 51 chère à tout le monde et d’ailleurs si recom- mandable à tant d’autres points de vue.
A Dieu ne plaise, si on peut parler ce langage classique, que « nous épousions la querelle» de l’un ou l’autre de nos blasés modernes cherchant noise aux mélodes grecs, et leur reprochant, par exemple, de manquer de génie, comme si le génie était nécessaire pour la prière ! Les mieux pensants croient pour leur part, que la prière doit être surtout faite de cœur. Mais ce que nous pouvons et devons peut-être nous-mêmes constater, en toute révérence pour l’hym- nodie byzantine, c’est qu’elle se répète sans cesse, non d’un office à l’autre, mais au cours d’une même acolouthie. Observons toute- fois qu’elle se répète nécessairement, et cela, parce qu’elle s’en tient toujours strictement au sujet, à l’objet, à la pensée, nous dirions au fait même de la fête qu’elle entend célébrer. Cette fête est la Nativité, la Conception de la Vierge ou sa Présentation au temple : ou bien, c’est la Dormition de sainte Anne, au 25 juillet, ou la fête commune de Joachim et d’Anne au 9 septembre : ne demancez pas au mélode un traité sur la Vierge, ou un panégyrique de la femme forte avec l’examen et l’éloge de chacune de ses vertus. « La Vierge est née, la terre entière se réjouit et s'incline devant la Mère du Sauveur des hommes»: voilà tout. La formule pourra varier cent fois, deux cent fois, mais l’idée, l'énoncé sera toujours le même. « Anne, après une épreuve de plusieurs années, attendait encore la bénédiction du Dieu très grand et très bon, et sa con- fiance est récompensée de la façon qui convenait au Dieu très
sur ce point). Quelque studieux personnage pouvait en posséder, comme par miracle, un exemplaire, mais encore fallait-il le savoir et s’ouvrir ensuite un accès auprès de sa bienveillance. Il est vrai que la cordialité américaine ou ce qu'ils appellent là-bas d’un mot intraduisible kindness, a bientôt fait d'accepter même les indiscrétions, et qu'il devient possible de s’entr’aider à deux et trois cents lieues de distance sans s’être jamais ni vus ni connus. Bref, car il faut à certaines choses, à certains procédés délicats, au moins le demi-silence, un beau matin de notre avril de la Nouvelle-Angleterre, nous arrivaient, de très loin,ces Ménées des Grecs si longtemps cherchés, et, détail que nous pouvons noter pour l’édi- fication de plusieurs, tous frais de port « en grande vitesse » payés d'avance. Merci à qui de droit.
268 MADAME SAINCTE ANNE
grand et très bon. » C’est tout, encore ici, et d’ailleurs, que dire autre chose ? La prière n’a qu’un mot, avons-nous appris quelque part, et la vénération, la louange n’en a pas davantage.
Qui a lu une page des Ménées aux fêtes de notre Sainte, les a donc toutes lues, et nos traductions, pour n’être pas intégrales, n’en seront peut-être pas moins suffisantes. Ajoutons qu’elles seront aussi littérales que possible, étant donné la délicatesse de certains passages, et que nous n’essaierons pas même de pallier sous une phraséologie quelconque les incessantes répétitions du texte original.
Si riches que soient les Ménées en ce qui concerne les fêtes de sainte Anne, la littérature de ces fêtes ne serait cependant pas complète si nous nous bornions à eux. Les Ménées représentent la liturgie, l’office canonial, la fête intime qui se célébrait au chœur de l’église ou du monastère, mais une autre fête se joignait à celle-ci, la fête publique, celle qui conviait tous les fidèles et où l’éloquence sacrée déployait ses magnificences. On sait déjà quels orateurs ont fait entendre leur chaude parole en ces solennités de la Vierge Marie et de sa mère : Jean Damascène, André de Crète, Germain de Constantinople, Jean d’Eubée, Georges de Nicomédie et tant d’autres, jusqu’à ce Léon l'Empereur qui prêchait en son palais, on s’en souvient, tout comme autrefois Constantin. Mais encore 10], 1] sera impossible de rendre hommage à tous les mérites, et du reste, les ouvrages consacrés à notre Sainte font en général une part assez grande aux orateurs qui ont chanté ses louanges,
s’ils négligent ou paraissent même ignorer les mélodes qui l’ont à leur tour célébrée.
Et donc, une station au chœur des moines pendant qu'ils réci- tent leur office, une autre à l’église où nous nous mêlerons à la foule pour écouter les orateurs sacrés ; un heureux mélange d’éloquence et de poésie, c’est-à-dire quelques emprunts que nous ferons à l’un et l’autre élément, sans cependant les trier sur le carreau pour ne choisir que l’excellent absolu; enfin un résumé substantiel, honnête, simple en sa forme, comme les originaux eux-mêmes, suffira peut-être à nous faire voir, encore cette fois, de quels hom- mages l’Orient savait honorer notre chère et toujours vénérée Sainte.
ENS
LA LITURGIE 26.
LE 7 SEPTEMBRE
Avant-fête de la Nativité de notre sur-sainte Mère de Dieu.
Nous l’avons vu, la Nativité de la Vierge avait des proheortia, un avant-fête, et on devine que c'était déja comme la solennité elle-même. La Nativité était, nous l’avons dit aussi, et on le cons- tatera à l’évidence tout à l’heure, autant une fête de sainte Anne qu'une fête de la Vierge, et si on y ajoute le lendemain, qui était consacré très spécialement aux bienheureux T'heopatores, nous aurons déjà, pour le mois de septembre, trois jours qui étaient à proprement parler trois fêtes de notre Sainte.
Les proheortia de la Nativité ne se permettaient guère en effet que quelques mémoires, celles des saints ou martyrs du jour, tout le reste étant à Marie et à sa bienheureuse Mère. L’hespe- rinos (ou l'office canonique du soir 1), salue déjà la Vierge dans son berceau :« O l’étonnante merveille ! De la terre inféconde une tige précieuse est sortie aujourd’hui; c’est la Vierge immaculée, la Vierge aux divins prodiges, la fille bien-aimée des justes Joa- chim et Anne, et c’est pourquoi toute l’assemblée des patriarches et des prophètes se réjouit en sa naissance; c’est pourquoi David, Jessé, Lévi, Joachim le juste, et Anne la bienheureuse, tous les anges du ciel et tous les mortels d’ici-bas exultent d’allégresse auprès de ton berceau, ὃ Vierge toute pure, très chère à Dieu 53]
Et plus loin à l’Orthros 3 :
« Que le ciel chante un immense concert |! que la terre soit en fête, car le ciel même de Dieu est descendu sur terre avec la Vierge fiancée de Dieu! La promesse est accomplie, Anne est mère, Joachim s’écrie dans l’extase : « Une Vierge nous est née
1. Heure canoniale qui se disait immédiatement après le coucher du soleil, C'étaient les vêpres, Laudes vespertinæ (Clugnet).
2. Ménées du 7 septembre, p. 44 de l’édition indiquée ci-dessus.
3. Cette heure se disait immédiatement avant le lever du soleil (Clugnet).
270 MADAME SAINCTE ANNE
qui donnera au monde le Christ, fils de David, ὃ merveille ineffa- ble ! !
En plus loin encore (p. 502), on voit bien que les cœurs sont déjà à la fête du lendemain, et que demain,c’est déjà aujourd’hui : σήμερον, dit le texte. « Aujourd’hui même, la joie est univer- selle en la terre habitée, et c’est celle qui fait iressailhir tout le cœur d’Anne la toute heureuse... Elle est venue, elle est à nous la Vierge toute sainte qui va réhabiliter l'Êve coupable des anciens Jours et qui sera sur terre le temple vivant du Dieu éternel :« Ὁ Marie, bienheureuse es-tu entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ! »
Mais le lendemain est venu, et pourquoi — nous y pensons maintenant avec une sorte de frayeur — avons-nous annoncé pour cette fête et les suivantes des traductions des Ménées ἢ Que seront-elles ? Nécessairement incomplètes, insuffisantes et inutiles peut-être. Même 51 tel lecteur ἃ quelque peu oublié son grec du séminaire, aurait-il de la peine 101 à tout deviner du premier coup, tant, d’abord, Ia mémoire est, quoi qu’on dise, une faculté qui se ressouvient: tant, ensuite, 1] en est de cette poésie grecque comme de ces hymnes latines dont Frédéric Ozanam pensait que «tout le monde en comprend la moitié parles mots, l’autre moitié par le cœur ? »
Au moins «d’une chose supplié-je le lecteur, » comme disait le vieil Étienne Pasquier, c’est qu’il regarde moins au français à droite qu’au grec à gauche, ce grec... « aux douceurs souverai- nes, etc. »
LE ὃ SEPTEMBRE
La Nativité de notre toute-sainte Souveraine Mère de Dieu.
C’est la bienheureuse Anne elle-même qui va, la première, nous chanter sa joie, par l’organe de saint André de Crète : « Que la terre
1. Ménées du 7 septembre, p. 46.
if
LA LITURGIE 271
entière se réjouisse avec moi! Dans mon foyer si longtemps désert est née l’enfant de promesse et de bénédiction, et dans mes bras j'ai le bonheur de la tenir enfin ! Je me suis dépouillée des sombres livrées de la douleur pour me revêtir des ornements joyeux de la félicité. Qu'elle se réjouisse avec moi, cette première Anne, doucement visitée autrefois par la grâce de Dieu comme je le suis aujourd’hui, mais dont le bonheur n’égalait pas le mien ! Qu'elle tressaille d’allégresse, Sara, qui, dans un âge avancé, fut comblée d’une joie suprême, elle qui présageait au monde ce qui devait m'arriver plus tard, lorsque, après une longue épreuve, je donne- rais à la terre cette enfant mille fois bénie ! Que toutes les femmes, même les attristées comme 16 le fus, célèbrent avec moi, par des chants et des hymnes, l’admirable visite que le ciel a daigné me faire ! Que toutes les femmes honorées de la maternité s’écrient à leur tour avec moi : « Béni le Dieu qui a exaucé la prière de ses servantes et donné à la bienheureuse Anne une enfant, privilégiée entre toutes, la Vierge destinée à devenir la Mère de Dieu selon la chair, celle qui sera un vrai ciel renfermant le Dieu qu'aucune immensité ne peut contenir 1 ! »
L’orateur lui-même va maintenant parler en son propre nom :
« Que nos louanges s’élèvent en l’honneur de sainte Anne comme les accents d’un chant nuptial ! Anne a porté dans son
1. Jure itaque divino accepto munere Anna, lætitia gestiente animo, magnis vocibus, ut ab omnibus audiatur exclamat : «Congratulamini mihi, inquiens, quæ promissionis germen ex alvo sterili procreavi, et benedictionis fructum, ut in votis erat, papillis meis enutrivi. Tristem exui sterilitatis vestem, lætumque ac- cepi fœcundatis indumentum. Congratuletur mihi hodie celebris illa Anna, Phenennæ æmula et incredibile miraculum quod mihi quoque exemplo consimili obtigit, plausibus prosequatur; choreas ducat et Sara similiter exsiliens meoque conceptui amota sterilitate subscribat. Adsint simul et reliquæ steriles quæ li- beros non pepererunt, mecumque divinæ beneficentiæ munus exaltent ; quo mirum in modum visitare me Dominus dignatus est. Dicat et mater omnis, quæ filios peperit : Benedictus, qui petita dedit petentibus, sterilisque ventris ape- ruit januam, fructumque ex infecundo semine largitus est, suam scilicet ipsius secundum carnem præcellentissimam matrem, cujus profecto uterus cœlum factus est, quandoquidem qui nullo loco excipi potest, is in eo contubernium habuit.» André de Crète, Hom.1in Nat. B. V. M., dans Migre, P. G., τ. xcvui, col. 842. L'homélie renfermant ce passage est quelquefois attribuée à saint Jean Damascène.
272 MADAME SAINCTE ANNE
sein la Dieu-donnée, le gage de la promesse. Sa longue prière lui a mérité l’ineffable grâce d’enfanter Celle qui, par une merveille divine, a donné au monde un Dieu visible aux hommes et vivant au milieu d’eux.
« N’est-1l pas juste que nous adressions tous ensemble nos plus sincères louanges à la Mère trois fois heureuse d’une pareille en- fant ? Les noms de deux femmes, illustres entre toutes, rayonnent dans la chambre nuptiale de sainte Anne, les noms dela Mèreet de la Fille. Aujourd’hui, lune est mère par une grâce toute divine, et l’autre nous donnera bientôt, dans un mystère ineffa- ble, Jésus, son Fils Jésus, Dieu fait homme.
«Payons donc un juste tribut d’admuiration à celle qui, naguère inféconde, enfante aujourd’hui la Vierge Marie. Disons-lui avec les saintes Ecritures : « Heureuse la maison de David dont vous êtes l’héritière ! Heureux votre sein dans lequel Dieu a formé l’arche de notre sanctification !... Oui, heureuse et trois fois heu- reuse, ὃ Vous quinous avez donné cette Vierge comblée des dons de Dieu, Marie, dont le nom est digne de tout amour comme de tout honneur, et de laquelle est sorti le Christ, la fleur de notre vie 1!»
Voudriez-vous écouter maintenant saint Jean Damascène, le dévôt et enthousiaste panégyriste de la Mère de Marie ? « Quel fut le père de ce rameau virginal, quelle fut sa mère ἢ Anne et Joachim, unis pas le Verbe lui-même, époux dont l'union fut plus divine qu'aucune autre union de la terre, car si le
1. André de Crète, passim, et pour le dernier passage :
Consonas itaque hisce laudes et nos persolvamus ei, quæ sterilis olim vocaba- tur, nunc autem virginei thalami mater effecta est. Dicamus ad eam una cum sacris paginis, dicamus : Quam felix domus Davidis ex quâ provenisti ! Quam felix venter tuus, in quo sanctificationis arcam fabricatus est Deus : illam vide- licet quæ sine semine ipsum conciperet. Vere quidem beata es, ac ter beata, quæ divinis muneribus cumulatam puellam genuisti, Mariam inquam, magnum illud nomen, omni laude omnique honore prosequendum ; ex qua Christus vitæ flos erupit ; cujus et incrementum gloriosum, et præclarissimum puerperium. Gra- tulamur tibi et nos, o beatissima, nostrûm siquidem omnium spem divinitus datam promissamque prolem edidisti. Beata profecto es, ventrisque tui beatus fructus. Orat. 11 in Nativ. B. M. — Migne, P. G., t. κανιι, col. 842-843.
LA LITURGIE 273
rameau a produit un fruit d’incomparable excellence, comment l’arbre lui-même ne serait-il pas excellent comme le rameau et le fruit ! ? »
« Que toute créature se réjouisse donc en ce Jour, et célèbre avec transport le saint enfantement de la bienheureuse Anne ! Elle a donné au monde le trésor de tous les biens, et nulle puis- sance créée ne saurait le lui ravir. Par ce don inestimable, l’hu- manité tout entière, et avec elle, et par elle, toute la nature, a été promue à un état meilleur. Car l’homme occupe une place inter- médiaire entre la matière et l’esprit; 1] est comme le trait d’union et le nœud de tous les êtres, soit visibles, soit invisibles, et c’est pourquoi, Dieu le Verbe, en s’unissant à notre humanité, s’est attaché toute la création *. »
Puis sortant de ces considérations quelque peu abstraites, le saint docteur éprouve une sorte de ravissement extatique, et la parole s’échappe de ses lèvres avec une hardiesse intraduisible :
« O Anne ! ὃ Joachim ! ὃ couple fortuné ! Toute la nature vous doit de la reconnaissance : car c’est vous-mêmes qui lui avez
. permis d'offrir à Dieu le plus précieux de tous les présents, l’Im-
maculée Vierge Marie, seule digne du Créateur. C’est là votre gloire, à Joachim, que de votre Fille nous soit né l’Enfant trois fois béni, l'ange du Grand Conseil, l’Ange du salut de tout l'univers. « O bienheureux époux, qui avez mérité ce fruit immaculé ! « O chaste sein d'Anne, où s’est formé et silencieusement déve-
1. Videamus ex quo genere semper virens virginitatis ramus recta venerit ; quis genitor, quæve genitrix illius exstiterit : Joachim scilicet et Anna, illustre celebratissimumque Verbi par, conjugiis omnibus divinior compages. Cujus enim ramus omnia exsuperat, cur radix cum eo non maxime congruat ἢ Joann. Damasc., Hom. τὶ in Nativ. B. V. M., Migne, P. G.,t. xovi, col. 686.
2, Omnis creatura una festive oblectetur, ac sacratissimum sacræ Annæ laudet puerperium. Illa quippe mundo bonorum peperit thesaurum quem vis nulla auferre possit. Per éum siquidem Creator naturam universam media humani- tate in melius commutavit. Cum enim homo media inter mentem et mate- riam sede constitutus, rerum omnium conditarum, tum visibilium, tum invisi- bilium, nodus vinculumque sit, profecto rerum artifex Deus Verbum humanæ naturæ copulatum, ejus beneficio creaturæ universæ unitum fuit. Joan.Damase., ut sup., col. 662.
18
274 MADAME SAINCTE ANNE
ioppé ce fruit de sainteté ἱ O entrailles où fut conçu le ciel vivant, plus vaste que l’immense étendue des autres cieux ! O coupes de vie où s’abreuve la nourrice de Celui qui nourrit le monde ! O merveille des merveilles ! O prodige effaçant tous les prodiges ! Il était juste que Dieu, voulant s’abaisser jusqu’à nous, se frayât, par des miracles, une route vers son ineffable Incarnation. Mais comment poursuivrais-je ἢ Mon âmeest ravie hors d’elle-même. Mon cœur palpite, ma langue est paralysée ; je ne puis plus conte- nir mes transports ; je succombe à ces merveilles; une défaillance divine me saisit, et mon amour m’égare. Mais loin d’ici toute vaine crainte ! l’amour l’emporte et mon âme chante sur la lyre de l’Es- pril-Saint : «Que les cieux se réjouissent et que la terre tressaillet !»
% ἧς ἧς
Enfin, car il en est grandement temps, après les avoir tant de fois annoncés, comme s'ils avaient eu besoin d’une réclame, ouvrons maintenant les Ménées grecs, et unissons-nous de cœur à la fervente prière des moines qui la répètent depuis tant de siècles 2,
4. S. Patris N. Joann. Damase. Opera Omnia, éd. de Venise, 2 in-fol. 18, p. 842, ou Migne, P. G., t. xcvi, col. 663. HT
Une traduction latine donne :
O par beatum Joachim et Anna, vobis omnis creatura obstricta est. Per vos enim donum omnium donorum præstantissimum Creatori obtulit, nempe castam matrem, quæ sola Creatore digna erat. Ὁ lumbos Joachim beatos, ex quibus mundissimum semen jactum est ! ὃ præclaram Annæ vulvam, in quà tacitis in- crementis ex ea auctus atque formatus fuit fetus sanctissimus ! ὃ uterum, in quo animatum cœlum cœlorum latitudine latius conceptum fuit ! ὃ aream, quæ vivifici frumenti acervum protulit, juxta ac Christus ipse pronuntiavit : «Nisi granum frumenti cadens in terram mortuum fuerit, ipsum solum manet (Joan. xt, 24). »Ὁ ubera, ejus lactentia nutricem, a quo mundus alitur ! ὃ mira- culorum miraculum, et rerum admirabilium res maxime mirabilis ! Æquum quip- pe erat, ut ad ineffabilem Dei incarnationem, quà se ille ad nos inclinavit, iter per miracula muniretur. Verum quomodo ultra progediar ? Mens extra se rapitur, meque metus et pareitas inter se partiuntur. Cor palpitat, et lingua impeditur; voluptatem ferre nequeo : miraculis vincor ; divino exstinctu lymphatum me affectus reddit. Vincat vero cupiditas, cedat metus, canat spiritus cithara: « Læ- tentur cœli et exultet terra (Ps. xcv, v, 11) ! » |
2. La page ci-contre est la première des 12 volumes, l’année liturgique com- mençant, chez les Grecs, à septembre.
09
Æ
LÉO τἰἑἐ νὰ A
PA PAZ ΘΕ ΞΘ δ βϑϑθβθεθα,θοενθος τειν ανδὸ PST EN ΚΟ Ὺ ΤΟΥ
Πιριέχον ἅπασαν τὴν ἀνήκουσαν αὐτὼ ᾿Αχολουθίαν. Διορθωθὲν τὸ πρὶν ὑπὸ
ΒΑΡΘΟΛΟΜΑΙΟΥ ΚΟΥΤΑΟΥΝΟΥΣΙΑΝΟΥ TOY IMBPIOY,
Kat napauroÿ αὐξηθὲν τῇ τοῦ Τυπιχοῦ ποοσθήχῃ,
κατὰ τὴν διάταξιν τῆς ᾿Αγίας
ΤΟΥ ΧΡΙΣΤΟΥ͂ METAARS EKKAH3SIAZ,
HE TR ΕΡΓΡΑΦΩ AAEIA ᾿Αναθεωρηϑὲν καὶ ἀχριδῶς ἐπιδιορϑωθέν.
ERAOBIZ ΕΝΝΑΤΗ.
BENETIA BR ΤΟΥ ἙΛΛΗΝΙΚΟΥ͂ ΤΥΠΟΓΡΑΦΕΙΟΥ Ὁ ΦΟΙΝΕΞ 1880
FPS SSSEISBISIIISS CET.
276
50
2r:7. Τὸ πρόσωπον σου Mravslaouaty .
ἥμερον ἡ χαροὶ, πάσης τῆς οἰκουμένης, στέι- Ἶ ρωτικῆς ἐκ μήτρας, γεννᾶται παραδόξως, ||
ἡ Μήτηρ τοῦ Κυρίουμου.
Π Δόξα, καὶ νῦν,
Ἦχος β΄.
τὸ ϑεῖον τέμενος᾽ δἰ ἧς ἰταμὸς "Abns καταπε- | πάτηται, καὶ παγγενὴ Εὔα ἐν ἀσφαλεῖ ζωῇ | εἰσοικίζεται" ταύτη ἐπαξίως ἐκθοήσωμεν " Ma- | καρία σὺ ἐν γυναιξὶ, καὶ ὁ καρπὸς τῆς κοιλίας |
σου εὐλογημένος.
Και τα λοιποὶ, συνήθως, καὶ ᾿Απόλυσιϑ.
ne jupe tie) το TH 4’, TOY ΑΥ̓ΤΟΥ͂ MHNOZ.
To Γενέθλιον τῆς Ὑπεραγίας Δεσποίνης ἡμῶν Θεοτόχου. ESS 6 69 Se
ΤΥΠΙΚΟΝ.
E ἂν ἡ παροῦσα Ἑορτὴ τῆς Θεοτόκου τύχῃ ἐν Κυριαχῇ, |
τῷ Σαβδβάτῳ ἑσπέρας, μετὰ τὴν συνήθη Στιχολογίαν τοῦ
Διαχάριος ἀνὴρ, εἰς τὸ, Κύριε ἐχέχραξα, φῶμεν |
Στίχους ἱ. καὶ ψάλλομεν Στιχηρὰ ᾿Αναστάσιμα δ΄. καὶ
τὸς Θεοτέχου ς΄. Δόξα, χαὶ νῦν, Σύμερον ὁ τοῖς voe- À
pote Spôvors. Εΐσοδος. Φῶς ἱλαρόν καὶ τὰ ᾿Ανα- πνώσματα τῆς Ἑιορτῆς. — Εἰς τὸν Στίχον, τὰ ᾿Ανα- στάσιμα Στιχτρά. Δέξα, καὶ νῦν, Δεῦτε ἅπαντες πιστοί. ᾿Απολυτίκιον, τὸ ᾿Αναστάσιμον ἅπαξ καὶ τῆς E'oprüs δὶς, χαὶ ᾿Απόλοσις..
Etc τὸν Ὄρθρον, μετα τὸν
τῆς Ἑορτῆς. Εἶτα τὸ, "λξιόνέἐστι" κτλ. ᾿Απολυτίκιον
τὸ: Ἑορτῆς --- Merad τὴν Στιχολογίαν τοῦ Ἑαλτιηρίου, χαὶ “τὸν Πολυέλεον, Καθίσματα τὰ ᾿Αναστάσιμα καὶ τὴς
E'oprñs. Ευλογητάρια οὐ λέγονται. Οὲ ᾿Αναδαθμοὶ τοῦ you. Προχείμενον, 1 ου. Ἐναγγέλιον τῆς Ἕορτῆς τοῦ. Ὁ Ν΄. χῦμα. Δόξα, Καὶ νῦν, τὸ αὐτό. Εἶτα τὸ Στιχηρὸν ἸἸδιόμελον, ὃ. ἢ rayxooptoc χαρὰ, στάσιμος χαὶ τῆς Ἑορτῆς. ᾿Απὸ γ. H' Παρθένος
Οἶκος ᾿λνασταάσιμα. αταβασία:,
Ταῖς τῆς Θεοτόχου.
σιμον, x ΄ - 5 - «Ὁ» - ᾿ στάσιμα ©. καὶ τῆς Eoptns ὃ΄.
kcynpivea. Δοξολογία Mean.
Εἰς τὴν Λειτουργίαν, Τυπικὰ, καὶ Maxapiopoi ᾿άνα- στάσιμοι καὶ τῆ: Ἑο»τῆς. Ἀπόφολος, τῆς Ἑορτῆς. Εναγ- silos, Βυριακῇ πρὸ τῆς Ὑψώσεως. Κοινωνικὸν, Ποτή-
ριον σωτηρίου λήψομαι, xt.
Bay δὲ ἐν ἄλλῃ “ἡρίρᾳ τύχῃ, ψάλλεται ἀπαραλλάκτως, ἢ
καθώς ἐστιν ἐφεξῆς τετυπωμένη..
MADAME SAINCTE ANNE
ΜῊΝ 3ENTEMBPIOZ. H.
ἢ προσόμοια, " προορισθεῖσα παντάνασσα. Θεῦ κατοικη- ΐ τήριον, ἐξ ἀκαρπου σήμερον νηδύος προῆ- ἢ wear, τῆς "Αννης ἠγλαϊσμένης, τῆς οἰδία οὐσίας |
Τριαδιχὸν Kavova, ἡ Λιτὴ.-
Νίἶνησθήσομαι τοῦ ὀνόματός . Ti, Ἀνάστασιν Χρι-
γος χτλ. Kavovec, ὁ ᾿Ανα- Ὠδῆς, αάθισμα, Mapram. ApExtns, Kovtaxiov xai Zravpoy χαρα-}
tas. Ἢ Τιμιωτέρα où στιχολογεῖται, ἀλλὰ ψάλλεται x | 3. Ὅδη. Ἅγιος Κύριος ᾿Εξαποστειλάριον ᾿Αναστα- αἱ τὰ δύο τῆς Eoptris. Εἰς τοὺς Αἴνους, ’Ava- | Δόξα, ἯἮχος πλ. β. Αὔτη ἡ ἡμέρα Κυρίου. Kat νῦν, Ὑ περευ-
1
EN ΤΩ MIKPN EZSIEPINO.
Ἱστῶμεν Zriyous δ΄, καὶ ψάλλομεν Zrrynpa
Hyos a. Τῶν οὐρανίων ταγμάτων.
᾿ωσκεὶμ καὶ καὶ λννα πανηγυρίζουσι, τὴν a
παρχὴν τεκόντες, τῆς ἡμῶν σωτηρίας, τὴν | μόνην Θεοτόκον᾽ οἷς καὶ ἡμεῖς, συνεορτάζομεν ἢ σήμερον, τὴν ἐκ τῆς ῥίζης ἐκείνης τοῦ Ἰεσσαὶ, ακαρίζοντες [Παρθένον αἰγνήν.
ἘΑννης σήμερον ῥαθδος, φυτὸν ϑεόσδοτον 8.2 ἡ Θεοτόχος ἔφυ, σωτηρία ἀνθρώπων ἐξ ἢ ἧς ὁ τῶν ἁπάντων Δημιουργὸς, γεννηθεὶς ὑπὲρ, ἔννοιαν, τὴν τοῦ ᾿Αδοὶρ ἐκκαθαίρει ὡς ἀγαθὸς
πᾶσαν λύμην ἀγαθότητι. | | Seoywonros Κόρη, καὶ Θεοτόκος οἰγνὴ τῶν Προφητῶν κλέος, τοῦ Δαυϊδ ἡ ϑυγά- À τηρ, σήμερον γεννᾶται ἐξ Ἰωακεὶμ, καὶ τῆς Αν, | vns τῆς σώφρονος, καὶ τοῦ ᾿Αδαμ τὴν κατάρα | τὴν εἰς ἡμᾶς, ἀνατρέπει ἐν τῷ τόχῳ αὑτῆς. | Η πρώην ἄγονος χώρα, γῆν καρποφόρον γε : γᾷ" καὶ ἐξ ἀκάρπο μήτρας, καρπὸν ἁγιοὶ δοῦσα, γάλακτι ἐκτρέφει αῦμα φρικτόν! τροφὸς τῆς ζωῆς ἡμῶν, ἡ τὸν οὐράνιον ἄρτον ἐ τῇ γαστρὶ, δεξαμένη, γαλουχεῖται μαζῷ. Δόξα, καὶ νῦν ἶχος β΄. ; ἈΠ φιλοπάρθενοι πάντες, καὶ τῆς αγνείας ἐραςαί" δεῦτε ὑποδέξασθε πόθῳ, τῆς rap
|
| | | |
| | | : | | : |
| ϑενίας τὸ καύχημα, ἐκ πέτρας βλυστάνουσαι ᾿ στερεᾶς, τὴν πυγὴν τῆς ζωῆς, καὶ ἐκ τῆς ατέ xvouons, τὴν βάτον τοῦ αὔλου πυρὸς, καὶ HAE ϑαίροντος, καὶ φωτίζοντος τὰς ψυχὰς ἡμῶν. ἢ Ets τον Στίχον, Στιχηραὶ προσομοια. | "Hyos β΄. Οἶκος τοῦ Ἐφραθά. ' | | E5 Ἰωακεὶμ, καὶ "Avvns ἡ Παρθένος, Epai] LA νη τοῖς ἀνθρώποις, τῶν δεσμῶν ἀφιεῖσα | τῆς ἁμαρτίας ἅπαντας. | Στίχ. "Axoucoy ϑύγατερ, nai ἴδε. à 4 ρος ὡς ἀληθώς, κατάσκιον ἐδείχθη ἡ sel] | ρωσις τῆς ᾿Αννης, ἐξ οὗ ἡ σωτηρία, πᾶς | πιστοῖς δεδωρησαι. |; lSxy. To πρόσωπόν σου λιτανεύσουσιν.
παναγνος Παρθένος, προῆλθε τοῖς ἄνθρω ἢ ποις, τὴν ἄφεσιν ὀραθεύουσα.. | Ϊ Δόξα, καὶ νῦν «Ομοιον. "ωμεν οἱ πιστοὶ, δοξάίσοντες τὴν Κόρην» ὅτι; χθη γὰρ ἐκ στείρας, τὴν στειρωθείσανὴς | our, ἡμῶν ανακαινίζουσα.
PE τα δεσμα, στειρώσεως ris" Auvne,! ᾿
; F
LA LITURGIE ArT
MHN ZENTEMBPIOZ H:
᾿Απολυτίκιον, Ἦ γος 2. Ἢ γέννησίς σου Θεοτόχο.
ζήτει εἰς τὸν μέγαν Ἕσπερινόν.
“επριῷ ED» EN ΤΩ ΜΕΓΆΑΛΩ ΕΣΠΕΡΙΝΩ.
Meta τὸν Προοιμιακὸν, τοῦ Mawoipios ἀνὴρ, À τὴν α. στάσιν. Εἰς δὲ τὸ, Κύριε ἐχκέχραξα, | ἰστώμεν Στίχους ς΄. καὶ ψάλλομεν τὰ παρόντα Τδιόμελα.
ἯἮχος πὶ. β΄. Σεργίου..
De ὁ τοῖς vospois Spdvois ἐποαναπαυό-
μενος Θεὸς, Ὡγρόνον ἅγιον ἐπὶ γῆς ἑαυτῷ προητοίμασεν᾽ ὁ στερεώσοις ἐν σοφίᾳ: τοὺς οὐ- ρανοὺς, οὐρανὸν ἔμψυχον, ἐν φιλανθρωπίᾳ κα- τεσχεύασεν᾽ ἐξ αχορπο γὰρ ῥίζης, φυτὸν ζωη- φόρον, ἐθλάστησεν ἡμῖν τὴν Μητέρα αὐτοῦ. Ὁ τὼν ϑαυμασίων Θεὸς, καὶ τῶν ἀνελπίστων ἐλ- τὶς, Κύριε δόξα σοι. Ὁ αὐτός, Αἴ ἡ ἡμέρα Κυρίῳ, ἐγαλλιᾶσθς λαοί" ἰδοὺ
γορ τοῦ φωτὸς ὁ νυμφῶν, καὶ ἡ βίδλος τοῦ λόγου τῆς ζωῆς, ἐκ γαστρὸς προ οελήλυθε᾽ καὶ ἡ κατοὶ ἀνατολὰς ποῦν ἡ ἀποκυηθεῖσα, προσ- μένει τὴν εἴσοδον τοῦ “ἱερέως τοῦ μεγάλου, μόνη καὶ μόνον εἰσόγουσα Χριστὸν εἰς τὴν of- χουμένην, πρὸς σωτηρίαν τῶν Ψυχὼῶν ἡμῶν.
Ὁ αὐτός.
γυναῖκες ἐδλάςησαν, ἀλλα παντων ἡ Νῖα- ρία τῶν γεννηθέντων, ϑεοπρεπὼς ὑπερέλαμψεν᾽ ὅτι καὶ ἐξ ἀγόνου παραδόξως τε χθεῖσα. μητρὸς, ἔτεκεν ἐν σαρκὶ τὸν οπαντων Θεὸν, ὑπὲρ φύ- σιν ἐξ ἀσπόρον γαστρός γὴν διεφύλαξε" καὶ παντα σοφὼς οἰκονομήσας, piav απειργάσατο.
Ὁ αὐτός. Στεφάνου ᾿Αγιοπολίτου.
ἥμερον στειρωτικαὶ πύλαι οανοίγονται, καὶ
ρον. καρπογονεῖν ἡ χάρις ἀπάργεται, ἐμφανί- ovaa τῷ κόσμῳ Θεοῦ Μητέρα, δὲ ἧς ta ἐπί- εἰὰ τοῖς οὐρανοῖς συναίπττεται, εἰς σωτηρίαν Ov χῶν ἡμῶν.
Ὁ αὐτός. ἡμερὸν τῆς πταγτο σμίου χαρᾶς τὰ προοί- μια" σήμερον ἔπνευσαν αὖραι,
er τῷ) vtr
ER
᾿ἡ μόνη πύλη τοῦ uo- | νογενοῦς Υἱοῦ τοῦ Θεοῦ, ἣν διελθὼν κεκλεισμέ- |
πύλη παρθενικὴ Θεία προέρχεται. Σήμε- |
σωτηρίας sel Li Où" ἡ τῆς GUESS ἕμῶν διαλέλυτοι ςεἰ- mis” ἡ γὰρ στεῖροι αὶ ἥτηρ δείκγυται, τῆς παρ- À οὗτος! οὐκ ἔστι τοῦτο, ἀλλ᾽ ἢ οἷκος Θεοῦ, καὶ (ον τοῦ κτίσαντος, ἐξ ἧς τὸ ὦ αὕτη ἡ πύλη τοῦ οὐρανοῦ.
54
οἷλλότριον οἰκειοῦται ὁ φύσει Θεὸς, καὶ τοῖς πλανηθεῖσι διὰ σαρκὸς σωτηρίαν ἀπεργάζεται, à Χριατὸς ὁ φιλάνθρωπος, καὶ λυτρωτὴς τῶν Que γχὼν ἡμῶν.
Ὁ αὐτός. NE μϑρὸν ἡ στεῖρα ἤλννα, τίκτει Θεόπαιδα, τὴν ἐκ πασῶν τῶν γενξῶν προεκλεχθεῖ-
Ἷ σαν, εἰς κατοίκησιν τῷ παμθασιλεῖ, καὶ Κτί- στῃ Χριξῷ τῷ Θεῴ, εἰς ἐκπλήρωσιν τῆς Θείας οἰκονομίας δὲ ἧς ἀνεπλάσθημεν οἱ γηγενεῖς, ᾿ μαὶ ανεκαινίσθημεν ἐκ τῆς φθορᾶς, πρὸς ζωὴν τὴν ἄληκτον.
Δόξα, καὶ νῦν, ὁ αὐτός. Σεργίου. ἥμερον ὁ τοῖς νοεροῖς “Φρόνος ἐπαναπαυό- βενος Θεὸς, D pOVOY ἅγιον ἐπὶ γῆς ἑαυτῷ
προντοίμασεν᾽ ὁ στερεώσας ἐν σοφίᾳ τοὺς οὐ- Evous, οὐρανὸν ἔμψυχον, ἐν φιλανθρωπίᾳ κα- τεσχεύασεν᾽ ἐξ ŒAGPTOU yae ῥίζης, φυτὸν ζων- φόρον, ἐθλόστησεν ἡμῖν τὴν Μητέρα αὐτοῦ. Ὅ' τῶν ϑαυμασίων Θεὸς, καὶ τῶν ἀνελπίστων ἐλπὶς, Κύριε δόξα σοι.
Ἑΐσοδος. Προκείμενον τῆς ἡμέρας, καὶ τα ᾿Α- ἡ ναγνώσμαται.
Γενέσεως τὸ ᾿Ανάγνωσμα. Ἔδλθεν Ἰαχὼθ απὸ τοῦ φρέατος τοῦ Opus, καὶ ἐπορεύθη εἰς Χαρῥαν καὶ ἀπήντησε
| τόπῳ, καὶ ἐκοιμήθη ἐκεῖ, ἔδυ γὰρ ὁ ἥλιος. Καὶ ἱ ἐλαόεν ἐπὸ τῶν λίθων τοῦ τόπου, καὶ ἔθηχε Ἵ ᾿ χαὶ del βουλήματι, περιφανεῖς στεῖραι
πρὸς κεφαλὴν αὐτῷ " καὶ ἐκοιμήθη ἐν TO τόπῳ ἐκείνῳ, καὶ ἐνυπγιασθη. Καὶ ἰδοὺ, χλίμαξ ἐ eçn- ριγμένη ἐν τῇ Vo ἧς ἡ χεφαλὴ αφικνεῖτο εἰς τὸν οὐρανόν" καὶ οἱ "λγγελοι τοῦ Θεοῦ ανέθαι- γον καὶ κατέθαινον ἐπ᾽ αὐτῆς᾽ ὁ δὲ Κύριος ἐ- πεστήρικτο ET αὐτῆς, καὶ εἶπεν" Ἔγω ὁ Θεὸς Αἰθρααψ. τοῦ πατρός σου, καὶ ὁ Θεὸς Ἰσαακ,
; δἰ φοθοῦ. Ἡ γῆ, ἐφ᾽ ἧς σὺ καθεύδεις ἐπ᾽ αὐτῆς, ὡς οἷδεν αὐτὸς, πᾶσι τοῖς οὐνθρώποις, σωτη- ἢ
ὶ δώσω αὐτὴν, καὶ τῷ σπέρματί σου. Καὶ
ἢ ἔσται τὸ σπέρμα σου ὡς ἡ ἄμμος τῆς γῆς, καὶ πλατυνθήσεται ἐπὶ Θαλασσαν, καὶ Δίθα, καὶ
Βοῤῥᾶν, καὶ ἐπὶ ᾿Ανατολάς καὶ ἐνευλογηθύ- σοντα! ἐν σοὶ πᾶσαι αἱ φυλαὶ τῆς γῆς, Ha ἐν τῷ σπέρματί σου. Καὶ ἰδοὺ, ἐγὼ μετὰ σᾶ δια- φυλάσσων σε ἐν τῇ ὁδῷ πασγ, οὗ ἐαν πορευ- CCS καὶ ἀποστρέψω σε εἰς τὴν γῆν, ταύτην, ὅτι οὐ pr σε ἐγκαταλίπω, ἕως τοῦ ποιῆσαί με παντα ὅσα ἐλάλησα σοι. Καὶ ἐξηγέρθη Ἰαχὼθ | ἀπὸ τοῦ ὕπνου αὐτοῦ, καὶ εἶπεν Ὅτι ἔστι | κύριος ἐν τῷ τόπῳ. τούτῳ, ἐγὼ δὲ οὐκ ἥδειν. Καὶ ἐφοθήθη, καὶ εἶπεν" Ὡς φούερος ὁ τόπος
Kig. «A0.
278 MADAME SAINCTE ANNE SR ET RS PE OT SAS LE D SEE
52 ΜῊΝ SENTEMBPIOZ. ἢ, Προφητείας Ἰοζεκοὶλ τὸ ᾿Ανάγνωσμα. \° προπάτωρ, καὶ n Eux ἀγαλλιάσθω yaipou- | Κεφ. gra ἀπὸ τῆς ἡμέρας τῆς ὀγδόης καὶ ἐ- σα ἰδοὺ γοὶρ ἡ οἰχοδομηθεῖσα ἔκ πλευρᾶς τοῦ ΤῊΝ ἢ πέκεινα, ποιήσουσιν οἱ Ἱερεῖς ἐπὶ τὸ Su- Κὶ Αδαμ, τὴν ϑυγατέρα καὶ οπόγονον, μαπαρίζει σιαστήριον τὰ ὁλοκαυτάματα ὑμῶν, καὶ τὰ τοῦ ἢ ἐμφαγώς "᾿Ετέγθη μοι γάρ φησι λύτρωσις, δὶ ἧς σωτηρίου ὑμῶν καὶ προσδέξομαι ὑμᾶς, λέγει ἢ ἐξ τῶν δεσμῶν τοῦ “Αδου ἐλευθερωθήσομαι.᾽Α- Ὁ Κύριος. Καὶ ἐπέστρεψέ με κατα τὴν ὁδὸν αὶ γαλλιάσθω ὁ Δαυΐδ κρούων τὴν κινύραν, καὶ τῆς πύλης τῶν ᾿Αγίων τῆς ἐξωτέρας, τῆς βλε- ἢ εὐλογείτω τὸν Θεόν ἰδεὶ γὰρ ἡ Παρθένος πρόει- πούσης κατὰ ανατολας, καὶ αὕτη. ἦν κεκλει- ἢ σὶν ἐκ πέτρας ογόνου, πρὸφ σωτηρίαν τῶν ψυ- σμένη. Καὶ εἶπε Κύριος πρός ue" Ἡ πύλη αὖ- ἢ yo ἡμῶν. Ἦχος β΄. τὴ χελχλεισμένη ἔσται, οὐκ ἀνοιχθήσεται, καὶ | εὔτε φιλοπάρθενοι πᾶντες, καὶ τῆς d'yvelas οὐδεὶς οὐ μὴ διέλθη δὶ αὐτῆς, ὅτι Κύριος ὁ ἢ ἐρασταί δεῦτε ὑποδέξασθε πέθῳ, τῆς Θεὸς Ἰσραὴλ εἰσελεύσεται δὲ αὐτῆς, καὶ ἔσται h παρθενίας τὸ καύχημα, ἐκ πέτρας βλυσταάνου- χεχλεισμένη. Διότι ὁ ἡγούμενος οὗτος κάθηται ἢ σαν στερεᾶς, τὴν πηγὴν τὴς ζωῆς, καὶ ἐκ τῆς ἐπ᾿ αὐτὴν, τοῦ φαγεῖν ἄρτον. Κατα τὴν ὁδὸν ἢ οἐτεκνούσης, τὴν βάτον τοῦ dülou πυρὸς, τοῦ τοῦ Αἰλαμ τῆς πύλης εἰσελεύσεται, καὶ κατοὶ ἡ καθαίροντος, καὶ φωτίζοντος τὰς ψυχαὶς ἡμῶν. τὴν ὁδὸν αὐτοῦ ἐξελεύσεται. Καὶ εἰσήγαγέμε | Ὁ αὐτός. ᾿Ανατολίου. xara τὴν ὁδὸν τῆς πύλης τῆς πρὸς Boppav, | PAYS ὁ ἦχος τῶν ἑοραταζόντων γίνεται; Ἰωα- “κατέναντι τοῦ οἴκου" καὶ εἶδον, καὶ ἰδοὺ πλή- ἢ Τ᾽ χεὶρ καὶ ἴλννα πανηγυρίζουσι μυστικῶς, ῥης δόξης ὁ οἶκος Κυρίου. ' Συγχάρητε ἡμῖν λέγοντες, Ada καὶ Εὖα σήμε- Παροιμιῶν τὸ ᾿Αναάγνωσμα. | pov' ὅτι τοῖς πάλαι παραθάσει κλείσασι Πα- Me. ᾿ σοφία ῳχοδόμησεν ἑαυτῇ nov, καὶ ὑπή- M ραδεισον, καρπὸς εὐπλεέστατος ἡμῖν ἐδόθη, ἡ nes pause στύλους énta.'"EcpaËs τὸ ἑαυτῆς ἢ ϑεόπαις Μαρία, ἀνοίγουσα τούτοις πᾶσι τὴν ματα, καὶ ἐκέρασεν εἰς χραστήρα τὸν ἑαυτῆς [αὶ εἴσοδον. Ὁ αὐτός. [ οἰγον, καὶ ἡτοιμάσατο τὴν ἑαυτῆς τράπεζαν. προορισθεῖσα παντάνασσα, Θεοῦ κατοι- Αἰ πέστειλε τοὺς ἑαυτῆς δούλους, συγκαλοῦσα ἢ κητήριον, ἐξ ἐκάρπου σήμερον γηδύος μετὰ ὑψηλοῦ κηρύγματος ἐπὶ κρατῆρα, λέγου- À προῆκται, τῆς "Ἄννης ἠγλαϊσμένης, τῆς αἰδίου ca Ὅς ἐστιν ἄφρων, ἐκκλινάτω πρὸς us. Καὶ [ἢ οὐσίας τὸ ϑεῖον τέμενος " “δὶ ἧς ἰταμὸς “Αδηξς. τοῖς ἐνδεέσι φρενῶν εἶπεν ᾿ "ἔλθετε, φάγετε τὸν ἢ καταπεπάτηται᾽ καὶ παγγενῆ Εὔα ἐν ἀσφα- ἐμὸν ἄρτον, nai πίετε οἶνον, ὃν κεκέρακα ὑ- ἢ λεῖ ζωῇ εἰσοικίζεται" ταύτῃ ἐπαξίως ἐκθοήσω- M μῖν. ᾿Απολίπετε ἀφροσύνην, καὶ ζήσεσθε" καὶ ἢ μεν Μακαρία σὺ ἐν γυναιξὶ, καὶ ὁ καρπὸς ζητήσατε φρόνησιν, ἵνα βιώσητε, καὶ κατορθώ- ἢ τῆς κοιλίας σου εὐλογημένος. σητε σύνεσιν ἐν γνώσει. Ὁ παιδεύων κακοὺς, ἢ Δόξα, καὶ γῦν. λήψεται ἑαυτὼ ἀτιμίαν. Ἐλέγχων δὲ τὸν ασε- ἢ ἯἮχος πλ. δ΄. Σεργίου ᾿Αγιοπολίτου. βῆ, μωμήσεται ἑαυτὸν οἱ γὰρ ἔλεγχοι τῷ ασε- ἢ Ἔν εὐσήμῳ ἡμέρᾳ ἑορτῆς ἡμῶν σαλπίσω- βεῖ, μώλωπες αὐτῷ. Μὴ ἔλεγχε κακοὺς, ἵνα μὴ ἢ μεν, πνευματικῇ κιθάρᾳ ἡ γὰρ ἐκ σπέρ- μίσυσωσὶ σε᾽ ἔλεγχε σοφόν, καὶ ἀγαπήσεισε. ἢ ματος Δαυϊδ σήμερον τίκτεται, ἡ Μήτηρ τῆς Δίδου σοφῷ ἀφορμὴν, καὶ σοφώτερος ἔσται" ἢ ζωῆς, τὸ σκότος λύουσα᾽ τοῦ ᾿Αδαμ » ἀνάπλα- γνώριζε δικαίῳ, καὶ προσθήσει τοῦ δέχεσθαι. ἢ σις, καὶ τῆς Εὔας καὶ ἀνάκλησις᾽ τῆς εἶφθαρ- Ἀρχὴ σοφίας, φόθος Ἀυρίαν᾽ καὶ βελὴ ᾿Αγίων, ἢ σίας ἡ πηγὴ, καὶ τῆς φθορᾶς ἀπαλλαγὴ, δὶ ἧς σύνεσις. Τὸ δὲ γνῶναι νόμον, διανοίας ἐστὶν ἢ ἡμεῖς ἐθεώθημεν, καὶ τοῦ ϑανάτου ἐλυτρωθη- ἀγαθῆς. Τούτῳ yap τῷ τρόπῳ πολὺν ζήσεις ἢ μεν᾿ καὶ βοήσωμεν αὐτῇ συν τῷ Γαθριὴλ οἱ χρόνον, μαὶ προστεθήσεταί σοι ἔτη ζωῦς. ἢ πιστοί" Χαῖρε Κεχαριτωμένη, ὁ Κύριος μετα Εἰς τὴν Διτὴν, Στιχηρα Ἰδιόμελα, ἯἮ γος a, ἣ σοῦ, δια σοῦ χαριζόμενος ἡμῖν τὸ μέγα ἔλεος. | ἥ Εἰς τὸν Στίχον, Στιχηροὶ Ἰδιόμελα,
Στεφάνου ᾿Αγιοπολίτου. ἯἮχος δ΄. Γερμανοῦ Πατριάρχου.
E ἀπαρχὴ τὴς ἡμῶν σωτηρίας, λαοὶ σήμε- 1 ρὸν γεγονεν᾽ ἰδοὺ γὰρ ἡ προορισθεῖσα ἀ- ἢ παγχόσμιος YAPA, ἐκ τῶν δικαίων ἀ- Ξ γέτειλεν ἡμῖν, Ἐξ Ἰωαχεὶμ καὶ τῆς Av-
"πὸ γενεῶν ἀρχαίων. Μήτηρ καὶ Παρθένος, καὶ
δοχεῖον Θεοῦ, ἐκ στείρας γενγηθῆναι προέρχε- ἢ vns, ἡ πανύμνητος Παρθένος ἥτις δὶ ὑπερθο- ᾿ ται" ἄνθος ἐκ τοῦ Ἰεσσαὶ, καὶ ἐχ τῆς ῥίζης αὶ λὴν «ἀγαθότητος, ναὸς Θεοῦ ἔμψυχος γίνεται, ᾿ ἀντοῦ pabèos ἐθλάστησεν. Εὐφραινέσθω ’Adau & καὶ μόνη κατα ἀλήθειαν, Θεοτόκος γνωρίζεται.
Va
ΜῊΝ 3SENTEMBPIOZ. H,
LA LITURGIE
3
Αὐτῆς ταῖς ἱκεσίαις Χριστὲ ὁ Θεὸς, τῷ κόσμω ἢ ὁ ἥλιος τῆς δικαιοσύνης, Χριστὸς ὁ Θεὸς ἡμῶν
τὴν εἰρήνην κατάπεμψον, καὶ ταῖς Vuyais ἡ- gay τὸ μέγα ἔλεος. Zriy."Auousov ϑύγατερ, καὶ ἴδε.
Αγγέλου προῤῥήσεως, γόνος πανσεπτος,
+ À Ἰωακεὶμ καὶ τῆς "Avis τῶν δικαίων,
σήμερον προῆλθες Παρθένε, οὐρανὸς καὶ Sod- γος Θεοῦ, καὶ δοχεῖον καθαρότητος, τὴν χαραν προμηνῴουσα παντὶ τῷ κόσμῳ, τῆς ζωῆς ἡμῶν πρόξενε" κατοόρας ἀναίρεσις, εὐλογίας n αντί- δοσις. Διὸ ἐν τῇ γεννήσει σου Κόρη Decxnte, τὴν εἰρήνην αἴτησαι, καὶ ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν τὸ ἢ μέγα ἔλεος 4 Τὸ πρόσωπον σου λιτανεύσουσιν.
τοῖρα ἄγονος ἡ ἴΑγνα, σήμερον χεῖρας Ἀρο- |
τείτω φαιδρῶς" λαμπροφορείτω ταὶ ἐπί- γεία βασιλεῖς σχιρταάτωσαν" ἱερεῖς ἐν εὐλο- Tous εὐφραινέσθωσαν᾽ ἑορταζέτω ὁ ὁ σύμπας κό- σμος᾿ ἰδοὺ γὰρ ἡὶ Βασίλισσα, καὶ ἄμωμος γύμφη τοῦ Πατρὸς, ἐκ τῆς (ῥίζης τοῦ Ἰεσσαὶ ἀνεθδλα- στησεν. Οὐκ à ἔτι γυναῖκες ἐν λύπαις τέξονται τέχναι" À χαροὶ γορ ἐξήνθησε, καὶ ἡ ζωὴ τῶν
ἀνθρώπων ἐν χόσμῳ πολιτεύεται. Οὐκ ἔτι τὰ
δῶρα τοῦ Ἰωακεὶμ αἀποστρέφοντα᾽ ὁ ὥρῆνος γὰρ τῆς "Αννης εἰς χαρον μετεθλήθη, Συγχοῖ- φητέμοι λεγούσης, πᾶς énkeutos Ἰσραΐλ᾽ ἰδοὺ γὰρ δέδωκέ μοι Κύριος, τὸ ἔμψυχον παλάτιον
καὶ χαρᾶν, καὶ σωτηρίαν τῶν ψυχῶν ἡμῶν. Δόξα, καὶ γῦν. Ἦχος πλ. δ΄. Σεργίου ᾿Αγιοπολίτου.
εῦτε ἅπαντες πιστοὶ, πρὸς τὴν Παρθένον ἢ
'δραμωμεν" ἰδοῦ yap γεννᾶται, ἡ πρὸ va À στρὸς προορισθεῖσο. τοῦ Θεοῦ ἡμῶν Mrirap, τὸ τῆς παρθενίας κειμήλιον, ἡ τοῦ ᾿Ααρὼν βλα-
στήσασα ῥαθδος ἐκ ris ῥίζης τοῦ Ἰεσσαὶ, τὼν À
Προφητῶν τὸ κήρυγμα, καὶ τῶν δικαίων, Ἰωα- μεὶμ καὶ "Avyns vuy, καὶ ὁ χόσμος σὺν αὐτῇ ανακαινίζεται. Τίκτεται, καὶ ἡ ᾿Εκκλησία τὴν ἑαυτῆς εὐπρέ- πειαν καταστολίζεται. Ὁ γαὸς ὁ ἅγιος, τὸ τῆς | Θεότητος δοχεῖον, τὸ παρθενιχὸν ὄργανον, 5 À βασιλικὸς ϑάλαμος, € ἐν ᾧ τὸ παράδοξον τῆς d-
ποῤῥήτου ἐνώσεως, τῶν συνελθουσῶν ἐπὶ Xpt- | στοῦ φύσεων, ἐτελεσίουρ' γήθη μυστήριον" ὃν ἢ προσχυνοῦντες ανυμνοῦμεν, τὴν τῆς Παρθένου |
παναμωμον γέννησιν.
»
%
᾿Απολυτίκιον, ἯἮχος δ΄. γέννησίςι σου Θεοτόχε, γαρὸν ἐμήνυσε παᾶ-
H: τῇ οἰκουμένῃ" ἐκ σοῦ yon αἰνέτειλεν |
ἢ ὴ Ω H τῆς ῥίζης Ἰεόσαὶ, καὶ ἐξ he τοῦ | 5 y avt
τὸ βλάστημα. Ῥεννᾶται τοί- ||
καὶ λύσας τὴν κατάραν, ἔδωκε τὴν εὐλογίαν" καὶ καταργήσας τὸν Θανατον, ἐδωρήσατο ὑμῖν ἱ ζωὴν τὴν αἰώνιον.
“ἰοο9:3»
ΕΙΣ TON OPOPON.
Ἅ μοι CIEL CE φησὶ, καὶ ἐχπεπλήρωκεν ᾿ἰδου, ἐκ τοῦ καρποῦ τῆς κοιλίας μου δοὺς 5. τὴν ᾿Παρθέγον" ἐξ ἧς ὁ πλαστουργὸς, Χριστὸς ὁ | véos ᾿Αδαμ, ἐτέχθη βασιλεὺς ἐπὶ τοῦ ϑρόνου | μου" καὶ βασιλεύει σήμερον, ὁ ἔχων τὴν βασι- λείαν ἀσαλευτον᾽ Ἢ στεῖ ρα τίκτει, «ἣν Θεοτό-
Ê κον, καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
Δόξα, καὶ γῦν, Τὸ αὐτό. Meta τὴν δ. Στιχολογίαιν, Καθισμα, ὅμοιον.
τὸ, καὶ δεόπαις Μαριαμ, τίκτεται OH- |pepoy ἡμῖν, καὶ νεουργεῖται, ἡ σύμπασα, καὶ à ᾿ϑεουργεῖται. Συγχγαρητε ὁμοῦ, ὁ οὐρανὸς καὶ ἡ γῆ αἰνέσατε αὐτὴν, αἱ πατριαὶ τῶν ἐθνῶν. ᾿ωακεὶμ εὐφραίνεται, καὶ Αννα πανηγυρίζει κραυγαζουσα. Ἢ στεῖρα τίκτει, τὴν Θεοτόκον, pui τροφὸν, τῆς ζωῆς ἡμὼν, Δόξα, καί γῦν, Τὸ αὐτό. Meta τὸν Πολυέλεον, Καάθισμα. "Hyos πλ. δ΄. Τὸ προσταχθὲν Βυστικώς. γαλλιάσθω οὐρανὸς, γῆ εὐφραινέσθω" ὁ τοῦ Θεοῦ yop οὐρανὸς, ἐν γῇ ἐτέχθη, L [ Θεόνυμφος αὕτη ἐξ ἐπαγγελίας. Ἢ στεῖρα FE βρέφος ϑηλαάζει τὴν Μαριαμ" καὶ χαίρει ἐπὶ ' τῷ τόχῳ Ἰωακεὶμ, Ῥαδδος λέγων ἐτέχθη μοι,
Δαυὶδ. Ὄντως ϑαῦμα παραδοξον! Δόξα, καὶ γῦν, To αὐτό. Οἱ ᾿ἀναθαθμοὶ τὸ Α΄. ᾿Αντίφωνον τοῦ τετοῖο- του Ἤχου. Προχείμενον, ἣ Hiyos δ΄.
| Στίχ. Ἐξερεύξατο ἡ PRE μου. To, Haca πνοή. Εὐαγγέλιον κατοὶ Λουνᾶν. ᾿Αγαστᾶσα Maps Ὁ Ν΄. Δόξα. Ταῖς τῆς cos παρ Καὶ νῦν. Ταῖς τῆς Θεοτόχο À Efra > Στίχ. εἰς Ἧϊχον δ΄. Ἐλέησόν με éd Θεός. À Καὶ τὸ Ἰδιόμελον. Ἡ παγκόσμιος χαρα. Ὅρα εἰς τὸν Ξτίχον.
b4 Οἱ Κανόνες, τοῦ Κυρίου Ἰώαννου μετοὶ τῶν’ Εἱρμῶν εἰς ἡ. “καὶ τοῦ [κυρίου ᾿Ανδρέου τὰ Τροπαρῖα εἰς ς᾽. Ὁ Κανὼν τοῦ Κυρίου Ἰωδννου. δὴ α. χος β΄. Ὁ Etoucs. Ἂ ΔῊΝ λαοὶ, ἄσωμεν ἔσμα Χριξῷ τῷ Θεῷ, 5» 5 τὸ, τὸν λαὸν ὃν civine, δουλείας Αἰγυπτίων, ἢ ὅτι δεδόξασται. εὔτα πιστοὶ, Πνεύματι Θείῳ γηθόμενοι, τὴν | : ἐξ οκαάρπου σήμερον, ἐπιδημήσασαν, εἰς ἢ βροτῶν σωτηρίαν, οἰεἐπτάρθενον Κόρην, ὕμνοις | τ
τιμήσωμεν. δ ἴοι δεμνὴ, Myrnp nai δούλη Χριστοῦ ἢ
«Ὁ τοῦ Θεοῦ, ἡ τῆς ἀρχαίας πρόξενος, μα- χαριότητος, τῶν ανθρώπων τῷ γένει, σὲ παν- τες ἐπαξίως, ὕμνοις δοξάζομεν.
Ἐ' τῆς ζωῆς, τίκτεται σήμερον γέφυρα, δὶ
ὕμνοις ΠΝ πθ αὶ |
Ὁ Κάανων τοῦ Κυρίου ᾿Ανδρέου.
δὴ α. Ἦχος πλ. δ΄. Ὁ Ε͵ἱρμός. » ‘A ὦ συντρίψαντι πολέμους, ἐν βραχίονι » αὐτοῦ, καὶ διαθιθάσαντι τὸν Ἰσραὴλ À
» ἐν ρυθρᾷ ϑαλάσση, ἄσωμεν αὐτῷ, ὡς Au- ἢἢ
5 τρωτῇ ἡμῶν Θεῷ, ὅτι δεδόξασται.
\“
à ορευέτω πᾶσα κτίσις, εὐφραινέσθω καὶ ἢ!
Δαυὶδ, ὅτι ἐκ φυλῆς αὐτοῦ, καὶ ἐκ τοῦ À σπέρματος αὐτοῦ, προῆλθε Px680s, ἄνθος φέ- gouca τὸν Κύριον, oi λυτρωτὴν τοῦ παντός.
.1 ΛΑ᾽ γγέλου" πάντες οὖν πιστῶς συνεορτάσωμεν, |
ἐν τῇ γεγγήσει αὐτῆς. ἢ
"Ὁ ” e ; ’ ’ ” Tetpa ἀγονος ἡ Avva, αλλ οὐκ ἄτεκνος Θεῷ ἤδη γορ προώριστο, ἐκ γενεῶν αἷ-
γνῆς Παρθένου Μήτηρ᾽ ὅθεν ὁ τῆς κτίσεως ἐ- ἢ
λάστησε, Κτίστης ἐν δούλου μορφῇ.
ὃ τὴν ἄσπιλον οἰμνάδο,, τὴν τὸ ἔριον Χρι- | "An | μεγαλύνει σον γέννησιν, καὶ παᾶντας εὐφραίνει
σήμερον. LE | IVe εἰς τὸ Αγια τῶν ᾿Αγίων, Παρ-
στῷ, μόνην ἐκ κοιλίας GB προσαγαγοῦσαν,
τὴν ἡμῶν οὐσίαν, πάντες ἐκ τῆς ἴΑνγης τικτο- ἐνὴν σε, ὕμνοις γεραίρομεν. Δόξα.
ρία ἄναρχα δοξάζω, τρία ἅγια ὑμνῶ, τρία
συναΐδια, ἐν οὐσιότητι μιᾷ κηρυύττω᾿ εἷς
ἂρ ἐν Πατρὶ Υἱῷ καὶ Πνεύματι, δοξολογεῖται
[
Καὶ γῦν, Θεοτοκίον. , σ΄ ᾿ U , Ἶ is ἑώραχε παιδίον, ὃ οὐκ ἔσπειρε πατὴρ, Ἰάλακτι τρεφόμενον; ἢ ποῦ τεθέαται
ἱ ᾿Αγία τῶν ᾿Αγίων, ἐν οἰγίῳ ἱερῷ, βρέ- | pos ονατίθεται, ανατραφῆναι ἐκ χειρὸς |
4 !
MADAME SAINCTE ANNE
ΜῊΝ SENTEMBPIOZ. H. ἢ παρθένος Μήτηρ; ὄντως ὑπὲρ ἔννοιαν αἀμφότε- Pa, Θεογεννῆτορ οἰγνή.
αταθασία.
ἢ » Ὁ 'ταυρὸν χαράξας Μωσῆς, ἐπ᾽ εὐθείας pa- ἢ » βδῳ, τὴν ᾿Ερυθραν διέτεμε, τῷ Ἰσραὴλ ἢ » πεζεύσοαντι" τὴν δὲ ἐπιστρεπτικὼώς, Φαραὼ τῷ διελόντι Φάλασσαν, καὶ ὁδηγήσαν- ἢ
» τρῖς ἅρμασι, κροτήσας ἥνωσεν, ἐπ᾽ εὔρους διαγραψας" τὸ ἀήττητον ὅπλον᾽ διὸ Χριστῷ
᾿ » dowuey, ME ἡμῶν, ὅτι δεδόξασται.
Qèr γ. Ὁ Εἱρμός. de ἡμᾶς ἐν σοὶ Κύριε, ὃ ξύλῳ ve- Ἀρῶσας τὴν ἁμαρτίαν, καὶ τὸν poor σου ἐμφύτευσον, εἰς tas καρδίας ἡμῶν τῶν ὑμνούντων σε. μέμπτως τῷ Θεῷ πολιτευσάμενοι, τὴν À παντων ἐκύησαν. σωτηρίαν, οἱ ϑεόφρο-
“0.8
| ves γεννήτορες, τῆς τὸν Κτίστην τεκούσης καὶ ᾿ Θεὸν ἡμῶν.
D ἧς ῥροτοὶ ἀνάκλησιν τῆς καταπτώσεως, | τῆς εἰς “Αδου εὑρόντες, Χριστὸν τὸν ζωοδότην, | : ᾿ χατηξίωσς, μετοὶ τόκον φυλάξας ἀδιάφθορον.
᾿ πᾶσι τὴν ζωὴν πηγαάζων Κύριος, ἐκ στεί- pas προήγαγε τὴν Παρθένον ἣν εἰσδῦναι
ἧς ᾿Αγνης τὸν καρπὸν. Νίαρίαν σήμερον, τὴν βότρυν χγυήσασαν ζωηφόρον, ὡς Θεο-
| τόκον ανυμνήσωμεν, προστασίαν τε πάντων
καὶ βοήθειαν. Εἱρμὸς ἄλλος... | Dee ἡ καρδία μου ἐν Κυρίῳ, ὑψώ- -2 Sn κέρας μου ἐν Θεῷ μου, ἐπλατύνθη ἐπ᾿ ἐχθρούς μου τὸ στόμα μου εὐφράνθην ἐν σωτηρίῳ σου. ᾿ὐλογημένη n κοιλία σου σώφρων "Αννα, 2 καρπον yap ἤνθησε παρθενίας, τὴν α- σπόρως τὸν TPOPÈX τῆς κτίσεως, τεκοῦσαν καὶ λυτρωτὴν Ἰησοῦν. | ἐ μακαρίζει ᾿Αειπάρθενε πᾶσα κτίσις, ἐξ "Awms σήμερον γεννηθεῖσαν, τὴν ἐκ ῥίζης Γεσσαὶ ῥαθδον ἄχραντον, τὸ ἄνθος Χριστὸν λαστήσασαν. ἐ ανωτέραν πάσης κτίσεως Θεοτόκε, det- κνύων ἄχραντε ὁ Υἱός σου, τὴν ἐξ "Αννης
Ψυ y
ϑένε ἄχραντε Θεοτόκε, ἀνωτέρα αἰνεδεί-
χθης τῆς χτίσεως, τὸν Κτίςην σαρκὶ κυήσασα. Δοξα.
προσκυνοῦμεν Πατερ ἄναρχε τῇ οὐσίᾳ,
ΙΝ ἐ
> ὑμνοῦμεν ἄχρονον τὸν Υἱόν σου, καὶ τὸ ᾿ - ’ 0 e ᾿ ,
| Πνεῦμα συναΐδιον σέθομεν, ὡς EVx τὰ τρία. ὁ φύσει Θεόν.
LA LITURGIE 281
Les Ménées commencent ainsi l'office du 8 septembre :
« Que le ciel et la terre exultent de joie ! — Le ciel de Dieu, la Mère de Dieu est venue en cette terre, selon la promesse ; Anne presse une enfant en ses bras et Joachim est dans l’allécresse, disant : « Une tige est sortie de la race de David, et elle produira, ὃ prodige ! une fleur divine, le Christ lui-même (53 ?).»
Vient ensuite :
Le Canon du Seigneur André (541)
Que la nature entière se réjouisse et que David chante avec elle ! De sa race une tige est sortie où s’épanouira, comme une fleur, le Christ rédempteur du monde.
La sainte des saintes sera placée dès son enfance dans le tem- ple saint, et y recevra sa nourriture de la main des anges ; elle est le temple de Dieu et nous célébrons avec foi sa naissance.
Anne n’avait pas d'enfant, mais elle possédait son Dieu avec elle. Dès les générations lointaines, le Seigneur l’avait choisie pour être la mère de la Vierge toute sainte, l’aïeule de Celui qui, ayant créé le monde, a pris la forme de l’esclave.
O blanche agnelle, tu as fourni son vêtement à l’agneau du mon- de; c’est par toi, bienheureuse fille d’Anne, qu’il a revêtu notre na- ture, et c’est pourquoi nous t’offrons nos hymnes joyeux. Gloria.
Je glorifie l’éternelle Trinité, je chante les trois personnes, trois fois saintes et coéternelles en une seule substance, car un seul Dieu est adoré dans le Père, le Fils et l'Esprit.
Theotokion
Qui vit jamais aux bras d’une mère une enfant d’une naissance plus merveilleuse ?
Et quand s’est jamais vue une Vierge-Mère ? Vierge,et Mère de Dieu : cette merveille sans nom dépasse toute raison humaine.
Autre hirmos (54?)
Bénie es-tu, ὃ sainte Anne, d’avoir produit comme un fruit virginal, celle qui, par une charité toute divine, sera la Mère de Jésus-Sauveur.
O Marie toujours Vierge, l'univers entier te proclame bienheu- reuse, rameau bémi de cette tige de Jessé dont la fleur est le Christ.
O Vierge très pure, ton Fils lui-même chante aujourd’hui ta
282
MADAME SAINTE ANNE
ΜῊΝ ZENTE Καὶ γῦν, Θεοτοκίον. T° φωτοδότην καὶ αρχίζωον τῶν ανθρώ-
χθης ϑησαυρὸς τῆς ζωῆς ἡμῶν, καὶ πύλη τοῦ απροσίτου φωτός. Καταθασία. 'άθδος εἰς τύπον τοῦ μυςξηρίου παραλαρ- ἢ
TOY, τεχοῦσο. ἄχραντε Θεοτόκς, vf
RaPTOS. 55 οἦνοιξας Κύριε τὴν ότραν Eappas, καρ- πὸν ἐν γήρᾳ τὸν Ἰσαὰκ παρασχών" ὃ αὑτὸς καὶ σήμερον, τῇ εὐσεθεῖ "λννῃ δέδωκας Σωτὴρ, ἐκ μήτρας Ἰόνιμον καρπὸν, ἄσπιλον Μητέρα τὴν σή». ᾿πήκουσας Κύριε τῆς προσευχῆς μου, λε- γέτω ‘Ana, ἐπαγγελίας καρπὸν, παρα-
βανεται" τῷ βλαστῷ γοὶρ προκρίνε: τὸν ἢ σχὼν μοι σήμερον, τὴν ἐκ πασῶν γενεῶν καὶ
- ᾿ Ἰξρέα" τῇ στειρευούσι δὲ πρῴην Ἐκκλησίᾳ Ι » γῦν ἐξήνθησε, ξύλον Σταυροῦ εἰς κρατος καὶ » στερέωμα.
Ἡ Ὑπακοή. Ἦχος 8°. Il VAnv αδιόδευτον ὁ Προφήτης, μόνῳ τῷ Θεῷ"
Q L
χάλεσε᾽ Di αὐτῆς διῆλθεν ὁ Κύριος, ἐξ αὐτῆς. προῆλθεν ὁ Ὕψιστος, καὶ mali € ἐσφραγισμένην. κατέλιπε, λυτρούμενος ἐκ φθορᾶς τὴν ζωὴν ἡ- μῶν.
ἡμῶν τηρουμένην, τὴν ᾿Αγίαν Παρθένον ἐ-᾿ À
Et δὲ βουλει, εἰπὲ Καθισμα. Ἦχος δ΄. Κατεπλαγη Ἰωσήφ. Παρϑένος Μαριαμ, καὶ Θεοτόκος ἀληθῶς, Η ὡς νεφέλῃ τῷ φωτὸς, σήμερον ἔλαμψεν ἡ- μῖν, καὶ ἐκ Δικαίων προέρχεται εἰς δόξαν ἡμὼν. Οὐκ ἔτι ὁ ᾿Αδαὰμ κατακρίνεται" ἡ Εὔα τὼν ds- cuwy ἠλευθέρωται". καὶ διοὶ. τοῦτο χραζομεν | βοῶντες, ἐν παῤῥησίᾳ τῇ μόνῃ Ayvi Xapay | μηνύει, ἡ γέννησίς σου, πάσῃ τῇ οἰκουμένῃ. à Δόξα, καὶ γῦν, Lo αὐτο. Hi ‘Sièn à. Ὁ Εἱρμός. Ë ὃ Pate Rüpee, τὴν ἀκοὴν τῆς σῆς οἱ- » μονομίας, καὶ ἐδόξασα σε μόνε φιλαν- Ϊ » ὥρωπε. : À γυμγοῦμέν σε Κύριε, τὸν τοῖς πιστοῖς σὼ- ἢ τύήριον λιμένα, παρασχόντα. πᾶσι τὴν σὲ ἡ κυήσασαν. >: Θεόνυμφε καύχημα, πᾶσι Χριστὸς ανέ- | δειξε καὶ κράτος, τοῖς ὑμνοῦσι πίστει σοῦ τὸ μυστήριον. ᾿πειρόγαμε Δέσποινα, ταῖς σαῖς λιταῖς λυ- || Α τρούμενοι rer, εὐγνωμόνως παν- ἢ τες σὲ μακαρίζομεν. Εἰἱρμὸς, ἄλλος. » ᾿χήχοα Κύριε, τὴν ακοὴν δου καὶ ἐφοθή- » δὴν ὅτι ἀῤῥήτῳ βολῇ, Θεὸς ὧν αἰδιος,
H
» ἔχ τῆς Παρθένου προῆλθες σαρχωθείς. Δόξα "
» τῇ δόξῃ σου Χριστέ᾽ δόξα τῇ δυναμξισου. "» ἣν πανσεπτον γέννησιν τῆς Θεοτόχθ, ga | fl Τ μοῖς καὶ ὕμνοις, δοξολογοῦντες πιςοὶ, τὸν ἀψευςον, τὸν τῷ Δαυϊὸ RP ὄντα χαρπον, ἐκ τῆς ὀσφύος παρασχεῖν, TISEL προσκυνήσωμεν,
γυναιχῶν προορισθεῖσαν, εἰς ογνὴν ἄχραντον | Μητέρα σου.
bien σοι σήμερον ϑεόφρον "Αννα, À οἱ-
χουμένη᾽ τοῦ λυτρωτοῦ γορ αὐτῆς, τὴν Μητέρα ἤνθησας, τὴν ἐκ τῆς ῥίζης βλαστήσα- σαν Aautd, δυνάμεως ῥοίθδον ἡμῖν, φέρουσαν τὸ ἄνθος Χριστόν. ὄξα.
οξάζω ce.avapys Tpras, αἀμέριστε τῇ οὐ-
a tes χερδθικὼς ἐκθοῶν, τῇ πηλένῃ Ἰλώσ- GTS γιος Ἅγιος Ἅγιος, ὁ ὧν καὶ Diauéver εἰς dei, εἷς Θεὸς ἴδιος.
Kai γῦν,Θεοτοκίον.
ἐπλήρωνται "Axpavrs 5, TOY ϑεηγόρων αἱ
προφητεῖαι, ἐν τῇ γεννήσει τῇ σῇ, τῶν Te -στὼς καλούντων σε, σκηνὴν καὶ πύλην καὶ ὄ- pos Are βάτον χαὶ ῥαθδον ᾿Ααρωὼν, φυεῖσαν ἐκ ῥίζης Δαυΐδ.
Καταθασία. 5 ἰσαχκήμοο. Κύρις, τῆς οἰκονομίας cou τὸ » μυστήριον, κατενόησα, τοὶ ἔργο, σου, καὶ » ἐδοξασαὶ σου τὴν Θεότηται. δὴ ἐ. Ὁ Ε͵ρμός. » ᾿ δκιόγραφον ἰχλὺν, αἰνιγμάτων σκεδά- » σας, καὶ τῶν πιστῶν ἐχθασει τῆς α-
» ληθείας, dia τῆς Θεόπαιδος, καταυγᾶάσας τοῖς » χαρδίας, καὶ ἡμᾶς τῷ φωτί σου Χριστὲ κα- » ϑοδήγησον. ᾿γυμνήσωμεν λαοὶ, τὴν τῶν πάντων αἰτίαν, τοῦ καθ᾿ ἡμᾶς γενέσθαι τὸν αἴτιον" ἧς τὸν τῦπον ἔχαιρον, à ἀξιούμενοι Προφῆται, ἐναργῆ σωτηρίαν ταύτης καρπούμενοι. ἧς αἰνίκ μου ὁ βλαστὸς, ῥαόδου τὸ Ἱερέως, τῷ Ἰσραὴλ ἐδήλωσε πρόκρισιν" καὶ γῦν τὴν λαμπρότητα, τῶν φυσοΐντων παραδόξως, δαδουχεῖ τὸ ἐκ στείρας πανένδοξον κύημα.
Lipuos ἀλλος. ὑριε ὁ Θεὸς ἡμῶν, εἰρήνην δὸς ἡμῖν", » Κύριε d Θεὸς ἡμῶν, Ἀτῆσαι ἡμᾶς" Κυ-
» ρίε, ἐκτός σου ἄλλον οὐκ οἴδαμεν, τὸ ὀνομά » σου ὀνομάζομεν.
Α χραντός σου ἡ γέννησις, Παρθένε ἄχραν-
Te" ἄφραστος καὶ ἡ σύλληψις, καὶ ἡ ὡ-
Rés
me τ. © LA LITURGIE 283
ἡ Ν
. naïssanceetilest fier de montrer au monde la souveraine du monde. Ta demeure sera le Saint des Saints, à Vierge immaculée, Mère
de Dieu, chef-d'œuvre du Créateur,
Doxa
Nous t’adorons, ὃ Père éternel en ta substance ; nous adorons 4 ton Fils et ton Esprit tous deux coéternels avec toi ; nous nous | prosternons devant le Dieu un en trois personnes.
Theotokion
Vierge toute pure, en nous donnant l’auteur de la vie et de toute grâce, tu es notre précieux trésor; tu nous fais entrer dans la céleste lumière.
Autre hirmos (55 1)
Nous qui célébrons par des psaumes et de pieux cantiques la
toute vénérable nativité de la Mère de Dieu, adorons dans la foi
| le Dieu qui avait promis à la famille de David un rejeton divin.
$ Seigneur, vous avez autrefois béni la vieillesse de Sara en lui
donnant pour fils Isaac ; et aujourd’hui, Sauveur du monde, vous bénissez la pieuse Anne en lui donnant pour fille votre Mère.
Et Anne s’écrie :« Seigneur, vous avez entendu ma prière, et vous accomplissez votre promesse : elle est née, la désirée de toutes les générations, la Vierge toute pure et toute sainte, votre Mère ὶ à vous ! »
La terre entière, ὃ pieuse Anne, se réjouit avec toi quand tu fais germer de la tige de David la Mère du Rédempteur, tige féconde dont la fleur est le Christ. Gloria.
1 Je te glorifie, Trinité éternelle, indivise en ta substance. Que les luths des Chérubins accompagnent leurs voix puissantes quand ils s’écrient : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur qui EsT et qui demeure à toujours, Dieu unique, Dieu éternel ! »
À Theotokion
O Immaculée, ils sont accomplis les oracles des prophètes divinement inspirés qui t’appelaient le tabernacle, la porte, la sainte montagne, le buisson ardent, la verge d’Aaron issue de la tige de David.
284
MADAME SA
INCTE ANNE
56 MHN
ds ἄῤῥητος ὁ τόκος σου, νύμφη ανύμφευτε" Θεὸς yoip nv, ὅλογ, φορέσας ἐμέ. ἥμερον εὐφραινέσθωσαν, ᾿Αγγέλων ταγμα- τας ἄσμασι χορευέτωσαν οἱ ἐξ ᾿Αδαμ᾽ ἐ- τέχθη γαρ pabèos, τὸ ανθος βλαστανουσα, Χρι- στον τὸν μόνον λυτρωτὴν τοῦ "Ada . De Eva λέλυται τῆς καταδίκης, λέλυ- ται καὶ ὁ ᾿Λδαμ, τῆς ἀρχαίας αρᾶς, ἐπὶ τῇ γεννήσει τῇ σῇ βοὼν ἄχραντε᾽ Ἔν σοὶ τῆς φθορᾶς ἐλυτρώθημεν. ὁξα σοι τῷ δοξασαντι τὴν ςεἴραν σήμερον Δ ἔτεχε yaip τὴν ῥαόδον τὴν οαειθαλῆ, ἐξ ἐ- παγγελίας, ἐξ ἧς ἀνεθλάστησε Χριστὸς, τὸ av- | Dos τῆς ζωῆς ἡμῶν. Δόξα γαρχον προσχυνοῦμέν σε Τριος αμέριστε, D ἀχτιστον συναΐδιον καὶ συμφυῆ, ἐν μιᾷ ἀρ: τρισὶν ὑποστασεσιν, ὑπερφνῶς κηρυτ- ἐμει-
cé αἰεί. Καὶ νῦν. Θεοτοκίον. ῃ ε , à ’ = ou ἡ κοιλία σου ᾿Αγία Τραπεζα γεν ἡ αγνεία σον ὥσπερ τὸ πρὶν, AOL: Παρθένε᾽ Χριστὸς γαρ ὁ ἥλιος, ὡς ἐκ παστοῦ γυμφίος ὠφθὴ ἐκ σοῦ.
Καταθασία. () τρισμακάριςξον ξύλον! ἐν ᾧ ἐτέθη Χρι- 4 508, ὁ Βασιλεὺς καὶ Κύριος᾽ dt οὗ πέ- πτωκεν ὁ ξύλῳ ἀπατήσας, τῷ ἐν σοὶ δελεα- σϑεὶς, Θεῷ τῷ προσπαγέντι σαρκὶ, τῷ πα- ρέχοντι, τὴν εἰρήνην ταῖς ψυχαῖς ἡμὼν.
᾿Ωδὴ 6: Ὁ Εἰρμός. fie 5 Κύριον ἐκ κήτους ὁ Ἰωνᾶς ἐθόησε᾽ Jupe ἀνάγαγε, ἐκ πυθμένος" ᾿Αδου δεο- μαι, ἵνα ὡς λυτρωτῇ, ἐν φωνῇ αἰνέσεως, αληϑείας τε πνεύματι ϑύσω σοι. ‘ LE Κύριον ἐν ϑλίψει στειρώσεως ἐθόη- σαν, τῆς Θεομήτορος, οἱ Dedpooves γεννή- ορες, χαὶ ταύτην γϑνεαῖς γενεῶν ἐκύγσαν, εἰς | χοιγὴν σωτηρίαν καὶ καύχημα. θα νον σύραίνιον δωρὼν αἰξιόθεον, τῆς Θεο- μήτορος, οἱ “εόφρονες γεννήτορες, αὐτῶν τῶν Xepouêtp ὑπερφέρον ὄχημα, τὴν-τοῦ Λό- γον καὶ Κτίστον λοχεύτριαν. Etouos ἄλλος. » { à ς ὕδατα ϑαλάσσης φιλανθρωπε, ταὶ χύ- » δ ματα τοῦ βίου χειμάζει με΄ αλλ’ ὡσ- » περ τὸν [wvav ἐκ τοῦ κήτους, ἀναγαγε EX » φθορᾶς τὴν ζωήν μου, εὐσπλαγχνε Κύριε. μνοῦμεν τὴν αἰγίαν σου γέννησιν, τιμῶμεν καὶ τὴν ἄσπορον σύλληψιν, σοῦ γύμφη ϑεόνυμφε καὶ ἐαρθέ γε" σκιρτῶσι δὲ σὺν ἡμῖν Αἰγγέλων ταξεις, καὶ τῶν ᾿Αγίων ψυχαί
|
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3ENTEMBPIOS.
᾿
Η. 'γίαν τῶν ᾿Αγίων ὑπάρχουσαν, οἱ σώφρο- γες πατέρες σου Λχραντε, ανέθεντό σε ἐν οἴκῳ Κυρίου, ανατραφῆναι σεμνῶς, καὶ εἰς Mn- | τέρα. ἑτοιμασθῆναι αὐτῷ ἱ στεῖραι καὶ μητέρες χορεύσατε᾽ “αρσεῖτε χαὶ σκιρτήσατε ἀγονοι" ἡ ἄτεχνος yo set- ρᾶ, τὴν Θεοτόκον βλαστανει" ἥτις λύσει τῶν ὠδίνων τὴν Εὔαν, καὶ τῆς ἀρᾶς τὸν "Ada. A τοῦ Aautd μελῳδοῦντός σοι ᾿Αχθή- σονται παρθένοι ὀπίσω σου, ἀχθήσονται εἰς ναὸν Βασιλέως" καὶ σὺν αὐτῷ σε καγὼ, ϑυ- ατέρα τοῦ Βασιλέως ὑμνῶ Δόξα. y σοὶ τὸ τῆς Τριαδος μυστήριον, ὑμνεῖται ἡ δοξαζ εται ἄχραντε᾽ Πατὴρ Yap γὺ- Se καὶ ὁ Λόγος ἐσκήνωσεν ἐν ἡμῖν, καὶ Deioy Πνεῦμα σοὶ ἐπεσκίασε Καὶ νῦν, Θεοτοκίον. ρυσοῦν Θυμιατήριον γέγονας τὸ πῦρ γὰρ ἐν γαστρί σου ἐσκήνωσεν, ὁ Δόγος ἐκ Πνεύματος τοῦ ᾿Αγίου, καὶ ἐν ἀνθρώπου μορφῇ καθωραάθη, Θεογεννῆτορ αἰγνὴ
Καταθασία ἽΝ ϑηρὸς ἐν σπλαγχνοις, παλαμας Ἰω- γᾶς ςαυροειδὼς διεκπετάσας, τὸ σωτή- » ριον παθος προδιετύπου σαφὼς ὅθεν τριήμε- ἢ » ρος ἐκδὺς, τὴν ὑπερκόσμιον ᾿Ανάστασιν ὑπε- ζωγράφησε, τοῦ σαρκὶ προσπαγέντος Χριςδ » τοῦ Θεοῦ, καὶ τριημέρῳ ἐγέρσει, τὸν κόσμον » φωτίσαντος. | Kovrantov, Ἦχος à. Autopeloy. | Ets καὶ Αννα ὀνειδισμοῦ arexvias, καὶ ᾿Αδαμ καὶ Eva, ἐκ τῆς φθορᾶς τοῦ Sava- του, ἠλευθερώθησαν "Aypavte, ἐν τῇ αγίᾳ γεν- γήσει σου αὐτὴν ἑορταζει καὶ ὁ λαός σου, ἐνο- χῆς τῶν πταισμάτων, λυτρωθεὶς ἐν τῷ χραάζειν ga Ἢ φεῖρα τίκτε: τὴν Θεοτόκον, καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμὼν. Ὁ Οἴκος. H προσευχὴ ὁμοῦ καὶ στεναγμὸς, τῆς στει- ρώσεως καὶ ἀτεκνώσεως Ἰωακείμ TE Ha Ans, εὐπρόσδεκτος, καὶ εἰς τοὶ ὦτα Kupis ἐ- λήλυϑε, καὶ ἐθλαάστησαν καρπὸν ζωγφόρον τῷ κόσμῳ᾽ ὁ μὲν γὰρ προσευχὴν ἐν τῷ ὄρει ἐτέλει, ἡ δὲ ἐν παραδείστο ὄνειδος φέρει ἀλλα μετοὶ χαρᾶς, ἡ στεῖρα τίκτει τὴν Θεοτόκον, καὶ τρο- φὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν. Συναξαριον.
} »
ΤΥ H' τοῦ αὐτοῦ μηνὸς, τὸ Γενέθλιον τῆς Ὑ- περαγίας Δεσποίνης ἡμῶν Θεοτόκου, καὶ αἀει- παρϑένου Μαρίας.
LA LITURGIE 285
Autre hirmos (55 ?)
Ta naissance est toute sainte, à Vierge toute sainte, comme ta conception est ineffable, comme ta maternité sera toute divine,
ὃ épouse sans époux terrestre ; et ton Fils sera tout mon soutien, mon Sauveur,
Que les chœurs angéliques aujourd’hui soient en fête! Que les enfants d’Adam entonnent des cantiques, car elle nous est venue la Mère du Rédempteur, et Adam est sauvé !
A la malédiction tombée sur ἔνθ et sur Adam a succédé le pardon miséricordieux, et l’univers s’écrie : « Nous sommes par toi délivrés de la mort, ὃ Immaculée ! »
Gloire à toi, Seigneur, qui as glorifié ta vertueuse et fidèle ser- vante en lui donnant, comme tu l’avais promis, cette tige féconde où va s'épanouir le Christ, fleur de notre vie.
Doxa
Nous t’adorons, éternelle, incrée, indivisé Trinité, substance unique en trois subsistences, digne d’être célébrée à jamais.
Theotokion
Ton sein, ὃ Vierge, est un tabernacle sacré ; ta pureté, ὃ Vierge, reste immaculée comme au commencement : le Christ ton Fils est l'époux sortant radieux de la chambre nuptiale.
Autre hirmos (56 ἢ
Nous chantons ta naissance, ὃ Vierge épouse, ὃ Vierge mère, comme nous avons chanté ta conception ineffable ; et les chœurs des anges et les âmes des saints unissent leurs louanges aux nôtres.
O Vierge sans tâche, tes sages parents t’introduiront dans le temple, toi la sainte des saintes, et là, instruite dans les choses divines, tu seras préparée à ton rôle de Mère divine.
Toutes les femmes et toutes les mères, assemblez-vous en chœur; ayez confiance, vous toutes dont les foyers sont vides : celle qui était votre compagne d’infortune est devenue mère, et son enfant délivrera Adam de sa peine comme Eve de ses douleurs.
J'entends David qui psalmodie : « Que des Vierges soient amenées derrière toi ; qu’elles soient amenées à la maison du Seigneur |» et moi-même, associant ma voix à la sienne, je chante
la Fille du Roi. Gloria.
286
MADAME 5
AINCTE ANNE
ΜῊΝ 3ENTEMPBPIOS. ΗΕ. 5
Στίχοι. | Lacas αλυθὼς, "Asyæ, ϑικξς μητέρας, Métro ἕως ἂν σὴ γένηται Θυγάτηρ. Ἐξαγαγε πρὸς φὼς Θεομήτορα ὀγδόγ “Αννα.
“ N 4 = Εν “ PE 'ς ὁ πατὴρ ᾿Ιωακεὶμ. ἐχ Baorhkixns φυλῆς εἰ λχε τὸ γέ-
* « - " - ΄ ἣ αγόρευσον, δοὺς αὐτῷ χαὶ τὸ ἐσφραγισμένον τοῦτο πινά-
χίον, Xai παῤαὐυτῷ ἔσται σοι πάντως βιδαία τῶν σφαλέν- ΐ των n ἐπανόρθωσις,
| Τότε ὁ Διάκονος, ὡς ὁ Πατὴρ διετάξατο, ἀωρὶ τῶν |
νυχτῶν τοῦ ναοῦ καταλαμβάνει τὸ προπύλαιον" καὶ παρεν- “ὺς ὁ δηλωθεὶς ὑπὸ τοῦ Πατρὸς ἀνὴρ ἀνεφάνη" καὶ τοῦ- τον ὁ Διάχονος ἀσπασάμενος, τὸ γραμμάτιον τοῦ γέρον-
δράματος. ᾿Οξὺς δὲ ὧν ὁ ἀντὶ, οἰκονομίας χάριν τὸ γε-
4 ME : : A Lin - - νος. Οὗτος, εὖ καὶ διπλᾶ τὰ δῶρα αὐτοῦ τῷ Θεῷ Ϊ τος ἐπιδίδωσιν, ἀνακαλύψας αὐτῷ τὸ ἐπακολουθῆσαν τοῦ ce n Γ A
προσέφερεν ὡς φιλόθεος καὶ πλούσιος, ἀλλὰ τὴν ἀπαιδίαν ἶ
ωὠνειδίζετο. ᾿Επὶ τούτῳ δηχθεὶς τὴν καρδίαν, αὐτὸς μὲν ἐν τῷ ὄρει, ἡ δὲ τούτου σύνευνος Ἄννα ἐν τῷ παραδεί- | cp, δάκρυσι τὸν Θεὸν ἱκέτευον. Ὃς καὶ παρέσχεν αὐτοῖς |
χαρπὸν χοιλίας ἄγιον, τὴν ὑπεραγίαν Θεοτόχον. “ἵνα δὲ |
χαὶ τῆς "Αννης ἐξ ἑχατέρων τῶν μερῶν ἴδωμεν τοὶ Ἴνω- ρίσματα, τὸ ἀχριδὲς διηγήσομαι
Εἰὐχοστὸς τρίτος ἀπὸ γένους Aavtô χαὶ Σολομῶντος εὐ- ρΐσχεται ὁ Νίατθαν΄ ὃς ἔγημε Mapiav ἐκ τῆς ᾿Ιούδα φυ- λῆς, χαὶ ἐγέννησεν Ἰαχωΐξ, τὸν πατέρα ᾿Ιωσὴφ᾽ τοῦ τέκτο- νος, χαὶ ϑυγατέρας TPE Mapiav, Σωδὴν, καὶ ἴΑνναν. Kaë ἡ μὲν Mapia γεννᾷ Σαλώμην τὴν βαῖαν " ἡ δὲ Σω- βὴ γιννᾷ τὴν ᾿Ελισαάβετ᾽ ἡ δὲ Αννα γέννᾷ τὴν Θεοτό- χον" ὡς εἶναι τὴν Θεοτόχον, ἐγγόνην δατθαν, καὶ Ma- ρίας τῆς γυναιχὸς αὐτοῦ" τὴν δὲ Ελισάδετ χαὶ τὴν
Σαλώμην, ἀνεψιὰς μὲν τῆς Ἄννης, ἐξαδέλφας δὲ τῆς |f
Θευτόχου.
Τῇ αὐτῇ ἡμέρᾳ, Οἱ Αγιοι αὐταδελφοι, Ῥοῦφος
καὶ 'Ῥουφιανὸς, ξίφει τελειοῦνται.
Στίχ. λίνων ἑαυτὸν ῬΡουφιανὸς τῷ ξίφει, Μένω σε, φησὶ, Ροῦφε, μὴ μέλλης, ἔπου.
Τῇ αὐτῇ ἡμέρᾳ, Ὁ “Ἅγιος Zebrpos ξίφει τε-
λειοῦται.
Στίχ. “Ἔτοιμός εἰμι πρὸς τὸ πᾶν οἴσειν παθος, Σεθῆρος εἶπε καὶ πρός με τὸ ξίφος ;
Τῇ αὐτῇ ἡμέρᾳ, Ὁ Ἅγιος ᾿Αρτεμίδωρος πυρὶ
τελειόται.
Στίχ. ᾿Αρτεμίδωρος οἷς καθάλλεσθαι σθένει,
* Καὶ τοῦ πυρὸς φλέγοντος ἔργῳ δεικνύει.
Διήγησις περὶ ἀγοίπης movu ὠφέλιμος.
Ἐ ρεύς τίς μετ᾿ εὐλαδοῦς Διαχόνου ἀγάπην τῷ Κυρίῳ φί- à λὴν εἰς ἀλλήλους χτησάμενοι, διὰ δαιμονικῆς σκαιό- tros εἰς ἔχθραν περιτραπέντες, ἐτιὲ πολὺ ἔμειναν ἀδιαάλ- λαχτοι. ᾿Επεὶ δὲ ἐπ᾽ αὐτῷ τῷ μίσει τελευτῆσαι τὸν ‘le.
pra συνέθη, ὁ Διάκονος ἤσχαλλεν, ὅτε μὴ ζῶντι τῷ ‘Je ἢ
FE τὴν ἔχθραν διέλυσε. Καί τινι τῶν εὐδιακρίτων τὸ συμδαν χοινωσάμενος, ὑπὸ τούτου πρός τινα τῆς ἐρήμου
μοναστὴν γενέσθαι napwyyuato ὁ δὲ, μᾶλα προθύμως ||
τοὺς ἐρημικωτέρους τόπους περινοστῶν, τὸν ἰατρὸν ἐπε-
Καὶ δήτινα χαταλαδὼν γέροντα, τούτῳ τὴν μνησι- χαχίαυ ἀπεκάλυψεν, ἐναργῇ πληροφορίαν ζητῶν παρ αὐ- τοῦ τῆς ἀφέσεως" πρὸς ὃν ὁ γέρων" Ὁ πιστῶς αἰτῶν, λαμθδάνει" χαὶ τῷ χρούοντι ἀνοιγήσεται, οὐκ ἐμὸς ὁ λόγος, φησὶν, ἀδελφέ" χαί σοι, ὡς ἐπ᾽ ἀγαθῷ σπεύ- δοντι, ταχεῖαν τοῦ ζυκτουμένου λύσιν λαθεῖν παρέξει: ὁ Ru- βίος. Ὅθεν ἐλήλυθας ἀνάστρεφε" καὶ ὀψίας ἐν τῷ ναῷ This μεγάλης Εἰχχλησίας γενόμενος, πρὸ κάντων ὑποχε- χρυμμένης τὰς Ὥραίας πύλας χατάλαβε, καὶ τὸν πρῶτον | ἐν αὐταῖς εἰσθαλόντα χρατησον, χαὶ ἐξ ἡμῶν αὐτὸν προσ-
Seitembre, Τ,, ᾧ, ὃ
| νόμενον ἔχρινε, χαὶ ὅλον ἑαυτὸν χκαταθδρέχων τοῖς δάκρυ- | σιν, ἔλεγε" Τίς εὖμι ἐγὼ ὁ ἐλάχιστος, ἵνα χατατολμιήσω à ποιούτου ἐγχειρήματος ; ὅμως ταῖς εὐχαῖς χαταθαῤῥώσας À τοῦ ἀποστείλαντός σε, πρὸς τὸ προκείμενον τρέπομαι.
Καὶ δὴ ἐπ᾽ αὐταῖς ταῖς χεχλεισμέναις πύλαις ὡς ἴ- ἔξ στατο, τὰς χεῖρας ὑψώσας πρὸς οὐρανὸν, καὶ γόνυ κλί- νας, τὴν χεφαλὴν εἰς τὸ ἔδαφος τέθεικεν, ὑποψιθυρίζων τῇ ἢ προσευχῇ" χαὶ μετὰ μιχρὸν ἀναστὰς (φρίττω λέγειν, xa- | τανοῶν τὸ μυστήριον, καὶ τὸ πρὸς τὸν Θεὸν τοῦ ἀνδρὸς ᾿ εὐπαρῥησίαστον 1), ὡς εἴρηκεν. ΔΑνοιξον ἡμῖν τὴν ἰϑύραν τοῦ ἐλέους σου, Kupue: τὸ προπύλαιον | αὐτῷ αὐτομάτως ἠνέῳχτο, καὶ τούτῳ συνεισελθόντος τοῦ | Διαχόνου, ἐπὶ τὴν αὐλὴν τοῦ νάρθηχος ἔστησαν. Αὐθίς τε πάλιν πρὸς τὰς ἐχεῖσε τοῦ ναοῦ ἐξ ἀργύρου πύλας ἡενό- μενοι, ὁ ἱερὸς ἐχεῖνος ἀνὴρ, πρὸς τὸν Διάκονον ἔφησεν " ᾿ ΕἾ νταῦθα «θι, xat περαιτέρω μὴ πρόδαινε.
"Exeivos dé, τὴν συνήθη πάλιν ἐπὶ τῇ has ποιήσας μετάνοιαν, τὸς ἀργυραίας πύλας χεχλεισμένας οὔσας ἀνέῳ- ἢ £e” χαὶ εἰσελϑὼν ἐν τῷ ναῷ, ξένον ϑέαμα ἐδέχετο ἐν ἑαυ- τῷ. Ἔχ γὰρ τῆς ὀροφῆς τοῦ ναοῦ λυχνία φωτεινὴ ἐπελ- βοῦδσα πρὸς τῇ χεφαλὴ τοῦ ἀνδρὸς, ἐφωταγωγεὶ τὸ ἱερόν " alla xai τούτῳ προσευχομιένῳ συνείπετο. (lc δὲ πρὸς αὐ- τὸ λοιπὸν τὸ Θυσιαστήριον ἔφθασε, χάχεϊ προσχλίνας τὴν χεφαλὴν, ἡρέμα ἔξω πρὸς τὸν Διᾶχονον γίνεται, καὶ πα- λιν αὐτομάτως πᾶσαι αἱ ϑύραι ἐχλείσδησαν. ‘Pere οἰγω- va χαὶ δειλία τὸν Διάχονον ἔλαδε, pri τολμῶντα τῷ av- f dpi πλησιάσαι τὸ σύνολον" εἶχε γὰ5, ὡς ἔλεγεν, ἀπὸ τῆς ᾿ εὐχῆς ὡς ᾿Αγγέλου δεδοξασμένον τὸ πρόσωπον, ὡς λοιπὸν ; λογισμοῖς τὸν Διάχονον. βάλλεσθαι, λέγοντα, μὴ ᾿Αγγελός ἐστιν ὁ φαινόμενος, καὶ οὐκ ἄνθρωπος. ᾿Αλλ᾽ οὐδὲ τοῦτο διέλαθε τὸν φαινόμενον" φησὶ γὰρ πρὸς τὸν Διάχονον " LT τοῖς λογισμοῖς δὲ ἐμὲ πολιορχῇ καὶ ταράττῃ, ὦ ἄν- ὥρωπε; Πίστευσον, ὅτι χἀγω χοϊχὸς εἰμι ἄνθρωπος, χαὲ ἐξ αἵματος καὶ σαρκὸς, καὶ εὐογοῦς οἴκου, Χαρτουλάριος ro ἐπάγγελμα, ἐκ τῶν ἐχεῖσε προσόδων τὰ πρὸς ζωὴν πο- | ριζόμενος" ἀλλ᾽ ἡ πάντα καλῶς διεξάγουσα npéveta, δὲ εὐ- | τελῶν πολλάκις, μεγάλα εἴωθε διεξάγειν τεράστια" ὅμως, ἀδελφὲ, πρὸς τὸ προκείμενον ἀπίωμεν. | Καὶ ἄμφω πρὸς τὸν φόρον εὐθυδρομνήσαντες, τὸν ναὸν
ἐχεῖσε τῆ: Θεοτόχου κατίλαδον" καὶ τ ἧς τὰς χεκλεισμέ- ἱ νας πύλας ἤδη γενόμενοι τοῦ ναοῦ, διὰ προσευχῆς πάλιν
ἐ χαχείνας ἀνέῳξε. Καὶ πρὸς αὐτὸ γενόμενος τὸ Θυσιαστή-
ρίον, τὴν εὐχὴν ἐπετέλει χατὰ τὸ σύντθες" καὶ τὸν Διά- χονον, ἔξω ἑστῶτα, χαταλαθόντος, μετ᾽ ἐκπλγξεως τὸ, K υ- lpce ἐλέησον, λέγοντα, αἱ πύλαι μόναι ἄφνω πάλιν | ἐχλείσθησαν.
Εἶτα παλιν τὸν ἐν Βλαχέρναις τῆς Θεοτέχου χατα- λαμβάνει ναόν "Ἔλεγε δὲ ὁ Διάκονος, ὅτι οὕτως ds ὑπελάμθανον ἐν τοῖς ναοῖς τὴν πορείαν ποιεῖσθαι, ὡς pa | δὲ πτῆσιν ὀρνέου τῇ ἡμῶν ὀξύτητι παραβάλλεσθαι. Ka: | δὴ πρὸς τὰς πύλας τῆς Θεοτόχου γενόμενοι, αὐτομάτως χαὶ αὖται τῷ ἀνδρὶ προσανεώχθυσαν" καὶ τὴν εὐχὴν χκακεῖσε ποιησάμενος, δάχρυσι καταθρεχὼν TAG παρειᾶς, τῆς Αγίας Σοροῦ τὰς πύλας χατέλαδε: χαὶ ἐν αὐταῖς τὸν Διάκονον ἐπιστήσας, βλέπειν τρανῶς τῶν εἰσεῤχο- μίνων παρυιγγνᾶτο τὴν κατανόησιν, αὶ δὴ πρὸς τω
Εν" LA LITURGIE 287 LT ἑ
4 . , " ’ . 72 9 2 … … En toi, Vierge immaculée, soit loué et glorifié le mystère de la - Trinité, car tel est le bon plaisir de Dieu le Père, et du Verbe qui fait chez nous sa demeure, et de l'Esprit qui t’a couverte de son
ombre.
pe
T'heotokion 4 Tu es l’encensoir d’or, ὁ chasite Mère de Dieu ; au souffle de l'Esprit, un feu divin s’est allumé en toi. etle Verbe a été vu sous ᾽ 3 la forme d’un mortel.
(56 ἢ Konraxion ΡῈ Romanos (voir page 193)
Synazaire (57 1)
Le 8 de ce mois, la naissance de Marie Mère de Dieu et toujours vierge, notre toute-sainte souveraine.
Stikhi
En vérité, Anne, tu surpasses toutes les mères, Puisque tu as pour fille la Vierge Mère,
Le huitième jour, avant l'aurore, Anne ἃ mis au monde la Mère de Dieu.
Le père (de Marie) était Joachim de la tribu royale. Bien qu’il fit au temple de doubles offrandes, 1l était accablé d’opprobres . parce qu'il n'avait aucune postérité... Mathan descendait du … roi Davidet de Salomon. Il épousa Marie de la tribu de Juda
et eut pour fils Jacob, le père du charpentier Joseph, ainsi que trois filles, Marie, Sobé, et Anne. Marie fut la mère de Salomé... Sobé d’Elisabeth, mais Anne le fut de la Mère de Dieu, etc. Le même jour, les saints frères Ruphus et Ruphianus péris- sent sous la hache. Ἐ Penchant sa tête sous la hache, Ruphianus dit :
à Je t'attends, Ruphus, ne tarde pas, viens ! Ἵ Ρ Ρ
3 Le même jour, le saint Severus périt sous la hache. Ε΄. Le même jour, le saint Artémidore périt par le feu.
Hirmos (58 1)
Vierge sainte, avec foi nous vénérons et célébrons ta bénie nativité annoncée d'avance par une promesse ; le Christ va parai-
288
MADAME SAINCTE ANNE
58 MHN Σ λοιὰν τὴν ἐξ ἔθους edyÂv πριησαμένῳ, αἱ τῶν πυλῶν Réeie αὐτῷ τὴν εἴσοδον ταρεχώρησαν" καὶ πρὸς τοῦ ναοῦ PAPERS το PIPHAYETES τὰ Pr τῷ ἐράφε! εἶξε’ δείσας, ἀνενδότως ἐν αὐτῷ ἐποίει τὴν δέησι͵., Ὡς δὲ μετὰ ταῦτα ὄρχοις τἱμῖν ἐπιστώσατο ὁ Διάκο- νος διεδεδαίου ὅτι, ὡς πρὸς τὴν βαθμίδα τῆς πύλης, ἐν À ἱστάμνην ϑαμβούμενος, ὀφθαλμοφανῶς εἶδον ὡσεὶ Διά- χονον τινὰ, ἐχ τοῦ Θυσιαστηρίου ἐξερχόμενον, χαὶ ἐν τῇ
χειρὶ κατέχοντα ϑυμιατήριον, χαὶ ϑυριῶντα τὸ ἱερὸν ᾿Α- | Ἰΐίασμα. ετὰ δὲ μικρᾶς τινος ὥρας διάστημα, ὡς χλυν fe
ριχοὺς τινας εἶδον εἰσερχομένους, ‘epéou στολὴν Περικει- μένους λευχοφανὴ" χαὶ πάλιν ἱἹἱερέων ἄλλο σύστημα ςὼ-
τεινὸν, πορφυροῦν ποδήρη περιχειμένους εἰσέρχεσθαι, χαὶ À
τούτους οἐμφοτέρους χορείαν ἐγείραντας, ἐπάδειν μέλος μά-
λα τερπνὸν καὶ ἐξαίσιον, we μνηδὲν ἕτερον καταλαβεῖν τὸν | Διάχονον δύνασθαι, sun μόνον τὸ, ᾿Αλληλούϊτα. Καὶ κα μετὰ τὸ τὴν εὐχὴν τελέσαι τὸν Χαρτουλάριον, ἐξελθεῖν, À χαὶ εἰπεῖν πρὸς τὸν Διαάκχόνον ᾿Αδελφὲ, ἔνδον τοῦ ναοῦ | ἀχωλύτως γενόμενος, πρὸς τοὺς τὴν ἀριστερὰν χορείαν ἐ- "ἃ πέχοντας Ἱεῤεῖς στόχασαι, εἰ δύναιο κατανοῆσαι τὸν μεθ᾽ ὁ ἢ
τὸ μνησιχακίᾳ ἀδιάλλαχτος ἔμεινας.
Τότε εἰσελθὼν ὑπότρομος ὁ Διάχονος, σπουδῇ πρὸς τὸν τοῦ Θεοῦ ἄνθρωπον ἐξεισὶν εἰρηχὼς, μιὰ δύνασθαι πρὸς τοὺς ἐχεῖσε τὸν en ἔχθρᾳ τὸν βίον χαταλύσαντα ἐδεῖν ᾿ε- ρέα. Εἶτα πάλιν πρὸς αὐτὸν ὁ ἀνθρωπόμορφος ἄγγελος, εἰσελθὼν, χατάθεε χαὶ τὴν χορείαν τήν δὲ τὴν δεξιὰν, εἴρηκε, Καὶ δὴ πρὸς αὐτὴν γενόμενος ὁ Διάκονος, χα- ϑαρῶς ἑστῶτα ἐν αὐτῇ γνωρίσαι τὸν ζητούμενον ἔφασχς. Ναὶ πρὸς αὐτὸν ὁ μαχάριος". ἘΠ τοῦτον ἀχριδῶς χατε-
νόησας, εἰπὲ πορευθεὶς. rade Νιχήτας ὁ Χαρτου- ἢ
λάριος, ἔξω ἑστὼς, ἐλθεῖν σε προσφωνεῖ. Καὶ
πορευθεὶς ὁ Διάχονος, χατὰ “ὴν διαταγὴν, τὸν Ἱερία ἐκ ἢ ris δεξιᾷς πρὸς τὸν τοῦ Θεοῦ ἄνθρωπον συνεξαγει χορείας, ἶ τῇ φωνῇ Κύριε Πρεσδύτερε, ἢ
ᾧ καὶ πραείᾳ ἔλεξε τὶ διαλλάγηθι τῷ ἀδελφῷ, διὰ τὸ ἀμφοτέρους
ἐν τῇ σῇ ἀθρόᾳ μεταδολῇ ἀσυμφώνους μεῖναι!
|
}
τῷ σφαλματί.
Ἅέτε γόνυ ἀμφότεροι «λίναντες, ἐν ἁπλῷ φιλήματι τὴν ἔχθρᾶν διέλυσαν" καὶ ὁ μὲν Ἱερεὺς τὸν ναὸν εἰσέδυ, καὶ τὴν αὐτοῦ χορείαν, κατέλαθεν - ὁ δὲ τοῦ Θεοῦ ἄνθρωπος ἔλαθε τὸν Διάχονον, χαὶ τῇ φλοιᾶ τοῦ ἱεροῦ ἀγιάσματος προσπεσόντος, αἱ πύλαι τούτου dela δυνάμει ἐχλείσθησαν. καὶ μέρος τι τὴς ὁδοῦ διανύσαντες, ἄμφω ἔστησαν" καὶ ἢ τοῦ Θεοῦ ἄνθρωπος οὕτω πως ἔφη πρὸς τὸν Διάχονον " Δ᾽ δελφὲ, σώζων σώζου, χαὶ τὴν διαυτοῦ ψυχὴν περιποίη- σαι, καὶ τῷ πρὸς τὴν ἐμὴν εὐτέλειαν Πατρί σε ἀποστεί- λαντι εἰπὲ πορευθείς" Τῶν εὐχῶν σου ἡ χαθαρότης, καὶ ἡ πρὸς Θεὸν παῤῥησία, καὶ νεχρὸν πρὸς εἰρήνην ἐξανα- στῆσαι δύναται, ἡμῶν εἰς τοῦτο μηδὲν τὸ παράπαν συμ.- βαλλομένων" xai τοῦτο εἰπὼν, ἐξ ὀφθαλμῶν τοῦ Διακχό- νου ἐγένετο.
Ἐχεῖνος δὲ, προσχυνήσας πὸ ἔδαφος, ἐν ὦ οἱ τοῦ Jav- μαστοῦ ἴσταντο πόδες. ἀνδρὸς, τὴν πρὸς τὸν ἡέροντα, πο- βειαν ἐκπεπληγμένος ἦννε, δοξάζων χαὶ εὐλογῶν τὸν Θεόν" ὅτι αὐτῷ πρέπει δόξα εἰς τοὺς αἰῶνας. ᾿Αμήν.
Qôn ζ΄. Ὁ Éionés : "D βόλος κάμινος Χαλδαϊκὴ, σαφῶς προ- » γράφεισε Θεόνυμφε᾽ τὸ yoo Θεῖον ἀῦλον ἐν > VA γαστρὶ πῦρ ἀφλέκτως ἐδέξω διὸ τῷ » €x 78 τεχθέντι κροίΐζομεν" Εὐλογητὸς ὁ Θεὸς, » © τῶν Πατέρωγ ἡμῶν.
k
| ’ + Li , - 4 6. : » " ξν ὁρὲι πυράφλεκτος, καὶ ὃδροῦσθ. | Ν » ΐ
ENTEMBPIOZ. Η.
οὗ ταῖς αὔλοις ἐμφάσεσιν, ὁ νομοθέτης εἴρ- γετοὸ καταγοεῖν, τὸ μέγα Παάνσεμνε μυστή- | βίον, μὴ φρονεῖν χαμαίζηλα, συμβολικῶς παι- δευόμενος ποτέ διὸ ἐκπλαγεὶς τὸ ϑαῦμα ἔλε- γεν᾽ Evloynrés ὁ Θεὸς, ὁ τῶν Πατέρων ἡμῶν. ρος καὶ πύλην ὀράγιον, καὶ γοητὴν σε κλί- €) μακα Φεοπρεπὼῶς, χορὸς ὁ Delos προηγό- peus” ἐν, σοῦ yap λίθος τέτμηται, οὐχ ὑποςαὶς ἢ ἐγχειρίδιον ἀνδρός" καὶ πύλην, δὲ ἧς διῆλθε Κύ- pts, τῶν ϑαυμασίων Θεὸς, ὁ τῶν Πατέρων ! ἡμῶν. Εἱρμὸς ἄλλος. |» ἰὼν Χαλδαίων ἡ xauvos, πυρὶ φλογιζο- » ἢ μένη ἐδροσίζετο Πνεύματος, Θεοῦ ἐ- » πιστασίᾳ᾽ οἱ Παῖδες ὑπέψαλλον᾽ Εὐλογητὸς ἣν ὁ Θεὸς, ὁ τῶν Πατέρων.
Ὁρτοίζομεν “Αχραντε, καὶ πιστῶς προσ- K χυγοῦμεν, τὴν αγίαν σου γέννησω, τὴν ἐξ ἐπαγγελίας " δὲ ἧς ἐλυτρώθημεν, τῆς ἀρχεγόνου ἀρᾶς, ἐπιφανέντος Χριστοῦ.
ῦν ἡ "Αννα εὐφραίνεται, καὶ βοᾷ καυχω-
μένη" Στεῖρά οὖσα γεγέννηκα, τοῦ Θεοῦ τὴν Mnrépo, δἰ ἧς τὸ καταάκχριμά, τῆς Εὔας λέ- λυται, καὶ n ἐν λύπαις ὠδίς.
‘'Adau ἠλευθέρωται, καὶ ἡ Εὔα χορεύει, () καὶ βοὼώσιν ἐν πγεύματι, πρὸς σὲ τὴν Θεο- τόκον" Ἔν σοὶ ἐλυτρώθημεν, τῆς ἀρχεγόνου οἰ- ρᾶς, ἐπιφανέντος Χριστοῦ. ar Dr ἄγονοι σπεύσατε, ψυχαὶ ἠτεκνωμέ-
γαι, ὅτι ΄ννα πολύτεκνος, καὶ γῦν εὐφραί- γομένη μητέρες χορεύσατε, σὺν τῇ Νητρὶ τοῦ Θεοῦ, καὶ συναγάλλεσθε. Δόξα. ὃν Πατέρο. δοξάδωμεν, τὸν Υἱὸν καὶ τὸ
Πνεῦμα, ἐν μονοδι Θεότητος, Τριάδα Παν- αγΐαν, οχώριστον ἄκτιστον, καὶ συναΐδιον καὶ ὁμοούσιον. Καὶ γῦν, Θεοτοκίον. Ὅν Θεὸν μόνη ἔτεκες, Παρθένε μετοὶ τόκον £a σὺ τὴν φύσιν ἐκαίνισας, τῷ τόκῳ σου Μα- οἷα σὺ τὴν Ἐναν ἔλυσας, τῆς πρωτογόγου a- Καταθασία. ἤκνοον πρόσταγμα τυράννου δυσσεθοῦς, λαοὺς ἐκλόνησε, πνέον ἀπειλῆς καὶ δυσφημίας Φεοστυγοῦς ὅμως τρεῖς Παῖδας r οὐκ ἐδειμάτωσε, ϑυμὸς Φυηριώδης, οὐ πῦρ
|
ρᾶς, Θεογεένγῆτορ οἰγνή.
» Cpcueov' αλλ᾽ ἀντηχᾶντι δροσοθόλω πνεύμα-
τι, πυρὶ συνόντες ἔψαλλον" Ὁ ὑπερύμνητος,
. τῶν ξατέρων καὶ ἡμῶν, Θεὸς εὐλογητὸς εἶ Ὠδὴ ἡ. Ὁ Elpués.
» Ἡν τῇ καμίνῳ τῇ τῶν Παίδων, προσιπει-
κόνισας ποτὲ, τὴν σὴν διητέρα Kvgu”
LA LITURGIE 289
tre et nous serons délivrés de l’antique malédiction. Maintenant
Anne glorifiée, s’écrie dans sa joie : « J’ai mis au monde la Mère de Dieu et la sentence prononcée autrefois contre la première femme et toutes les naissances à venir s’est changée en bénédiction.»
Adam est pardonné; aveclui, Ëve joyeuse t’adresse, ὃ Vierge, cette louange pleine de reconnaissance :« C’est le Christ qui nous a fait miséricorde, mais c’est par toi qu’elle est descendue jus- qu’à nous ! »
Qu’elles viennent à Anne, les femmes privées des joies mater- nelles, toutes les âmes tristement éprouvées : qu’elles viennent aussi, les heureuses mères, et qu’elles chantent en chœur avec la
Mère de Dieu ! Gloria. Hirmos (59 ἢ
O Dieu saint, fils d’une Vierge, qui fais à ton gré les miracles, Anne est devenue mère par un prodige de ta grâce, et de la Vierge, sa Fille, tu as voulu recevoir le vêtement de notre mortalité.
Toi qui, par un signe de ta main, ouvres les abîimes; qui ras- sembles les nuages et nous donnes les pluies bienfaisantes, tu as fait naître d’une tige inféconde un fruit merveilleux, la Vierge, ta Mère.
Tuas voulu mettre fin à une longue souffrance et combler l’at- tente de la bienheureuse Anne en lui donnant cette Vierge dont tu voulais, en l’avènement de ta miséricorde, être le Fils.
Toi qui soutiens nos esprits et nourris nos âmes ; qui commandes aux champs stériles de produire d’abondants épis, tu as comblé Anne la sainte de fruits et d’épices auxquels s’est mêlée cette fleur exquise, Marie Mère de Dieu. °
Hirmos (59 ?)
Une promesse divine avait annoncé ta naissance, ὃ Mère de Dieu, ta naissance digne en tout point de ta virginale pureté, et c’est comme un fruit tombé du ciel que tu fus donnée à ta mère. C’est pourquoi toutes les tribus de la terre te proclament bien- heureuse.
L’oracle du prophète est accompli qui disait: «Je relèverai de ses ruines le tabernacle de David (Amos, 1x, 11),» et c’est toi, ὃ Vierge sainte, ce tabernacle où la poussière humaine est devenue
_ le corps d’un Dieu.
19
MADAME
ΜῊΝ ἈΕΟΤΒΝΥ H.
> χτὼς ifer he ἣν ὑμνόμεν ἐμφανισθεῖ- ἢ » Ne, διοὶ σᾶ τοῖς πέρασι σήμερον, καὶ ὑπερ-
À pat εἰς TOYTES τοὺς αἰῶνας. ‘ πρὸς Θεὸν ἡμῶν κατα: λλαγῆς, ἡ προο- ἢ
«- pe Fil σκηγὴ, τοῦ εἶναι γῦν αἀπάρχεται, |
τεξομένη Adyev ἡμῖν παχύτητι, σαρχοϑ ἐμφανι ἢ ζόι LEVOV" ὃν ὑμνοῦμεν οἱ ἐκ μὴ ὄντων, δὲ αὐτοῦ, τὸ εἶναι λαθόντες, καὶ ὑπερυψοῦμεν εἰς πάντας τοὺς αἰώνας. Η τῆς στειρώσεως μεταβολὴ, τὴν κοσμικὴν τῶν ἀγαθῶν, διέλυσε στείροσιν, καὶ τρα- vas τὸ σοῦμα Χριστὸν ὑπέδειξε, βροτοῖς ἐπι- δημήσαντα᾽ ὃν ὑμνοῦμεν οἱ ἐκ μὴ ὄντων, δὲ
αὐτοῦ τὸ εἶναι λαθόντες, καὶ ὑπερυψοῦμεν εἰς il
παντας τοὺς αἰῶνας. Εἱρμὸς ἄλλος.
στεγοζων ἐν ὕδασι, τὸ ὑπερῷα αὐτῷ,
συνέχων τὸ πᾶν, σὲ ὑμνεῖ ἥλιος, σὲ δοξάζει; σελήνη, σοὶ προσφέρει ὕμνον πᾶσα Ἀτίσις, τῷ Δυμιουργῷ καὶ Κτίστῃ εἰς τοὺς αἰῶνας. Η πουήσαις παραΐδοξα τῇ mn. ve | στρὶ, ὁ αἰνοίξας ᾿ ᾿Αγνὴς ἀγο yo » μήτραν, |
ww % vw %
χαὶ καρπὸν αὐτῇ DES, σὺ Θεὸς ἅγιςς, σὺ Υἱὸς ἷ
τῆς Παρθένα, σὲ ἐκ ταύτης σάρκα PERLE τῆς αειθαλοὺς KE Παρθένου καὶ Θεοτόκου. 0 δφραγίζων τὴν ἄθυσσον, καὶ ἐξανοίγων. αὐτὴν, ὁ ἀνάγων ὕδωρ ἐν ταῖς ee ἢ
καὶ διδοὺς ὑετὸν, σὺ ὁ δοὺς Κύριε, βίζης ἔχ τῆς ακάρπου ἐξανθῆσαι, "Avyns τῆς οἷγίας, | TOY καρπὸν, τὴν ῥαθδον τὴν Θεοτόχον. ὃν J ὁ λύσας τὰ ἄλυτα τῆς ἀπαιδίας δεσμα᾽ £æ σὺ d δοὺς τῇ στείρᾳ γόνιμον τόχον, καὶ καρπὸν εἰκλεῆ, ἡ ἧς Υἰος γέγονας, καὶ βλαστὸς ανεφύης᾽" ἣν Μητέρα € ἔσχες κατοὶ σάρκα, ἐν τῇ πρὸς ἡμᾶς Οἰκτίρμον ἐπιδημίᾳ.
εωργὲ τῶν φρενῶν ἡμῶν, χαὶ φυτουργὲ τῶν
ψυχῶν, σὺ ὁ ἄχαρπον γῆν, εὔκαρπον δείξοις᾽ ἢ
σὺ τὴν πάλαι ξηροὶ, γόνιμον εὐσταὶ x, ἄρου- ραν καρποφόρον ἀπειργάσω, [Ανναν τὴν οἰγίαν, ἄχραντον καρπὸν ανθῆσαι τὴν Θεοτόκον.
Δόξα. & Tous ὑπερούσιε, μονας συνάναρχε, σὲ ὑμνεῖ καὶ τρέμει, πληθὺς ᾿Αγγέλων, οὐρα- VOS, καὶ ἡ γῇ, αἀθυσσοι φρίττουσιν, ἜΡΩΣ εὐλογοῦ σι, πῦρ δουλεύει, AGIT ὑπακούει, σοὶ Thids αγία, φόθῳ τὰ ἐν τῇ κτίσει.
Καὶ γῦν, Θεοτοκίον.
καινότατον ἀκθσμαὶ Θεὸς Vids γυναικὸς,
SAINCTE
9 ὁ τιθεὶς ϑαλαάσσῃ ὅριον ψαίμμον, χαὶ à
LL
ANNE
59
gainrén Θέαμα! ὼ συλλή-
ὄντως ὑπὲρ νοῦν τὰ πᾶντα καὶ Φεωρίαν.
Καταβασία.
"Ho εἴτε Haïdes, τῆς Τριάδος ἰσάριθμοι, » δημιουργὸν Πστέρα Θεόν" ὑμνεῖτε τὸν » συγχαταθαντα, Λόγον, καὶ τὸ πῦρ εἰς δρόσον » μεταποιήσαντα καὶ ὑπερυψοῦτε τὸ πᾶσι » ζωὴν παρέχον, Πνεῦμα, πανάγιον εἰς τοῦς » αἰῶνας.
᾿ῷδὴ S.'H Τιμιωτέρα οὐ στιχολογεῖται. Ὁ Εἰρμός.
Ξ 8: τὸν πρὸ ἡλίου φωστῆρα, τὸν Θεὸν ἐξα- » γατείλαντα, σωματικῶς ἡμῖν ἐπιδημή- » σαντα, ἐκ λαγόνων παρθενεκῶν, apparus » σωματώσασα, εὐλογημένη πᾶναγνε, σὲ Θεο- » Τόχε μεγαλύνομεν. 5 Δ᾽ τοῖς ἀπειθοῦσι λαοῖς, ἐξ ἀκροτόμου βλὺυ-
σας νάματα, τοῖς εὐπειϑοῦσιν ἔθγεσι χα- ρὲ ζεται, ἐκ λαγόνων στειρωτικὼν, καρπὸν εἰς ἢ εὐφροσύνην ἡμῖν, σὲ Θεομῆτορ ἄχραντε, ἣν ἐ-
| παξίως μεγαλύνομεν.
ἣν τῆς ἀποτόμου ορχαίας, ἀναιρέτιν ἀπο-
φάσεως, καὶ τῆς Προμήτορος τὴν ἐπανόρ- | Sos, τὴν τοῦ γένους τῆς πρὸς Θεὸν αἰτίαν Le κειώσεως, τὴν πρὸς τὸν Κτίστην γέφυραν, σὲ Θεοτόκε μεγαλύνομεν.
Εἰρμὸς ἄλλος. » À λλύτριον τῶν μητέρων ἡ παρθενία, καὶ » ΓᾺ ἔένον ταῖς παρθένοις κυ παιδοποιία"
» ἐπὶ σοὶ Θεοτόχς ἀμφότερα ῳκονομήθη. Διό » Ge πᾶσαι αἱ φυλαὶ τῆς γῆς, ἀπαύστως μα- » καρίζομεν. À tee Θεομῆτορ τῆς σῆς οἰγνείας, τὸν τό- d ‘4 Ἐον ἐκλυρώσῳ δὶ ἐπαγγελίας" τῇ ποτὲ γὰρ ακάρπῳ, “εόόλαςος χαρπὸς ἐδόθης ᾿ διόσε πᾶ- σαι αἱ φυλαὶ τῆς γῆ, ἀπαύστως μακαρίζομεν. ΠΡ τὸ βοῶντος ἡ προφητεία" φησὶ γὰρ ᾿Αγαστήσω σκηνὴν τὴν πεπτωκυΐαν, τοῦ ἱεροῦ Aautd, ἐν σοὶ "Axpavre προτυπωβθεῖ- σαν, δὶ ἧς ὁ σύμπας τῶν οἰνθρώπων χοῦς, εἰς
ἢ σῶμα ἀνεπλαάσϑη Θεῷ.
οἱ σπαργανα TPATHUVOUUEY qou Θεοτόχε,
δοξαζομεν τὸν δόντα, καρπὸν τῇ πρώην στείρᾳ, καὶ ἀγοίξαγτα μήτραν, τὴν ἄγονον ἐκ παραδόξου" ποιεῖ γὰρ πάντα ὅσᾳ βούλεται, Θεὸς ὧν παντεξούσιος.
λαστησᾶς γυμφοτόχε “λννα Θεόφρον, ἐκ
μήτρας παῤ ἐλπίδα, καὶ ἐξ ἐπαγγελίας,
καὶ ἄσπόρΒ τόχου, ἀγανδρος Μήτηρ, καὶ ἢ καρθενόφυτον ἄνθος, Θεόθλαστον dyveias καὶ-
LA LITURGIE 294
Nous vénérons tes langes, ὃ Mère de Dieu ; nous giorifions _ le Très-Haut qui peut tout ce qu'il veut et qui a fait de ta nais- sance un prodige admirable,
O Anne, mère de l’épouse-vierge, tu as fait germer la fleur de la virginité, la gloire de la chasteté ; tu es le principe de notre vie spirituelle, et nous te proclamons bienheureuse,
À l'encontre de l’impiété qui refuse d’adorer, nous rendons hommage à laTrinité, Père, Fils et Saint-Esprit, la toute-puissance incréée qui gouverne à son gré l’univers,
Theotokion (60 1)
Vierge-Mère, tu as porté en ton sein la seconde personne de
la Trinité, le Christ-Roïi que chante toule créature et que les
Trônes, là-haut, adorent en tremblant. O Immaculée, implore de lui le salut de nos âmes !
Exapostilarion
Vierge toute pure, Marie, Mère de Dieu, en ce jour de ta Nativité la joie rayonne jusqu'aux confins de la terre : pour ton père et ta mère, le parfait bonheur a succédé à la tristesse, et la femme n’a plus à redouter l’antique malédiction,
Doxa
Voici le jour du Seigneur: peuples, réjouissez-vous ! Voici le crépuscule du jour, voici le livre de la Parole de vie, voicis’ouvrir la porte de l'Orient à l'approche du Seigneur divin, et e’est toi, ὃ Vierge, toi seule, qui fais ainsi descendre sur terrele Christ, Sauveur de nos âmes !
292
60
MADAME SAINCTE ANNE
MHN 3ENTEMBPIOS. 6
Àos * διόσε πᾶντες μακαρίζομεν, ὡς ῥίζαν τῆς À Δημιουργοῦ, καὶ παντοκράτορος, εὐτόνως τὴν
ζωῆς ἡμῶν. Δόξα.
À ᾿λλότριον τοῖς ἀνόμοις ἐστὶ δοξάζειν, τὴν ἡ A ἄναρχον Τριάδα, Πατέρα καὶ Υἱόν τε, "ἢ καὶ τὸ ἴΛγιον Πνεῦμα, τὴν ἄκτιστον παγκρα- ἢ τορίαν, δὶ ἧς ὁ σύμπας κόσμος ἥδρασται, τῷ |
γεύματι τοῦ κράτους αὐτῆς. Καὶ νῦν, Θεοτοκίον. ᾿χώρησας ἐν yactpi ou Παρθενομῆτορ, τὸν ὅνα τῆς Τριάδος Χριστὸν τὸν Βασιλέα, ὃν
ὑμνεῖ πᾶσα κτίσις, καὶ τρέμουσιν οἱ ἄνω Ὡρό- ἢ vor” αὐτὸν δυσώπει πανσεθασμιξβ, σωθῆναι τὰς | | βραθεύουσαν, καὶ παρέχουσαν πᾶσιν, τοῖς πι-
ψυχαῖς ἡμῶν. Καταθασία. » [Β υστικὸς εἰ Θεοτόχε Παράδεισος, dyewp- ἢ » γήτως βλαστήσασα Χριστὸν, ὑφ᾽ οὗ τὸ |
» τοῦ Σταυροῦ, ζωηφόρον ἐν γῇ, πεφυτούργηται
» δένδρον δὶ οὗ νῦν ὑψουμένου, προσκυνοῦντες | ἢ τοῦ λόγου τῆς ζωῆς, ἐκ γαστρὸς προελήλυθ8" ἢ καὶ ἡ κατοὶ ἀνατολὰς πύλη α ποχυηθεΐῖσα, προσ- | μένει τὴν εἴσοδον, τοῦ Ἱερέως τοῦ Μεγάλου"
» αὐτὸν, σὲ μεγαλύνομεν. Ἑτέρα. 3 {) διαὶ βρώσεως τοῦ ξύλ, τῷ γένει προσ-
5 γενὴς, κατάραι διαλέλυται, τῷ βλαστῷ τῆς » αγνῆς Θεομήτορος᾽ ἣν πᾶσαι αἱ Δυνάμεις τῶν » οὐρανὼν μεγαλύνουσι.
᾿Εξαποστειλάριον. Γυναῖκες οἰ κουτίσθητε.
᾿γάλλονται roi πέρατα, τῆς οἰκουμένης σή- ἢ μδρον, ὃν τῇ γενγήσεισου Κόρη, Θεοκυῆ- ἢ
5 ᾿ , » 0 pes - » LA QE TOP Μαρία, καὶ ἀπειρόγαμθ νύμφη᾽ ἐν 7 καὶ ἢ τῶν φυσαντῶῦ σε, τὸ λυπηρὸν διέλυσας, τῆς
ἀτεκνίας ὄγειδος, καὶ τῆς Προμήτορος Εὔας, τὴν ἐν τῷ τίχτειν κατάραν. Ἕτερον, ὅμοιον.
᾿δομ. ονακαινίσθητι, καὶ Εὔα μεγαλύνθητι" ἢ Προφῆται συν Αποστόλοις, χορεύσατε καὶ ἢ (6 οι [ ᾿ Μίγήμη τῶν ᾿Αγίων rai δικαίων Θεοπτατόρων' τῷ καὶ αἀγθρώπων, ἐκ τῶν Δικαίων σήμερον, | Ἰωακεὶμ. καὶ τῆς ἴλνγης, γεννᾶται καὶ Θεοτόκος. "ἢ Εἰς τοὺς Alvous, ἱστῶμεν Στίχους δ΄. καὶ ψαλ- ἢ λομεν Στιχηροὶ προσόμοια y. δευτεροῦντες τὸ αἰ.
Δικαίοις " κοινὴ χαρὰ ἐν τῷ κόσμῳ, ᾿Αγγέλων
ἯἮχος ὁ. Ὦ τοῦ παραδόξου ϑαύματος.
A.
γενόμενος Jaivatos, διοὶ Σταυρὸ κατήρ-] » γηται σήμερον" τῆς γὰρ Προμήτορος ἡ παγ- ἢ } ν εἰς τ' | κουμένην, πρὸς σωτηρίαν τῶν ψυχὼν ἡμῶν.
ἢ κοσμικὴν, τῶν αγαθῶν διαλέλυκε ςεέρωσιν. M | τέρες σὺν τῇ Mntpi, τῆς Θεοτόκου χορευσατᾷ
Ἡραάζουσαι" Κεχαριτωμένη χαῖρε, μετα σοῦ d Κύριος, ὁ παρέχων τῷ κόσμῳ, διοὶ σοῦ τὸ μέγα ἔλεος. Ὅμοιον. τήλη σωφροσύνης ἔμψυχος, καὶ λαμπρὸν δοχεῖον, ἀποστίλθον χαριτι, ἡ Αννα,
ἢ οὐκλεὴς, φανεῖσα τέτοκε, τὴν πρόθολον ἀληθῶς, ἢ τῆς πόρθενίας τὸ Θεῖον αἰπάνθισμα, τὴν πά-
σαις παρθονικαῖς, καὶ παρθενίας ποθούσαις τὸ χάρισμα, τὸ τῆς παρθενίας καλλος, ἐμφανῶς
στοῖς τὸ μέγα ἔλεος. Δόξα, καὶ νῦν, Ἦχὸς πλ. β΄.
| Ἂ:: ἡμέρα Κυρίου, ἀγαλχιᾶσθε λαοί᾽ ἰδοὺ
yao τοῦ φωτὸς ὁ νυμφῶν, καὶ ἡ βίθλος
μόνη, καὶ μόνον εἰσάγουσα Χριστὸν εἰς τὴν οἷ-
Δοξολογία. μεγαλη, καὶ ᾿Απόλυσις. Εἰς τὴν Λειτουργίαν, Τυπικοὶ, καὲ ἐκ τῶν Ka-
| γόνων, ᾿ξ)δὴ y. καὶ ς΄.
Κοινωνικόν. Ποτήριον σωτηρίου λήψομαι. ἘΙΔΗΣΕΙΣ.
Ἰστέον ὅτι, διὰ τὸ ἐγγίζειν τὴν Ἑορτὴν τοῦ Σταυροῦ,
ἑορτάζομεν τὴν παροῦσαν Ἑ). ὁρτὴν ἡμέρας πέντε.
ἣ BRL DRE χ RE NE EE PE DIS ἃ - ἢ
TH Θ΄. TOY ΑΥ̓ΤΟΥ͂ MHNOS.
Ἰωακεὶμ καὶ "Αννης καὶ τοῦ ‘Ayiou Map- τυρος Σεθηριανοῦ (°).
ΕἸΣ TON ἘΣΠΕΡΉΝΟΙΝ.
τοῦ. παραδόξου ϑαύματος! ἡ πηγὴ τῆς [ἢ Εἰς τὸ, Κύριβ ἐκέκραξα, ἑστῶμεν Στίχους ς". Cons, ἐκ τῆς στείρας τίκτεται" ἡ χαρις | καρπογογεῖν, λαμπρῶς ἀπάρχεται. Εὐφραίνου ἢ
Ῥωακεὶμ, τῆς Θεοτόκου γεννήτωρ γενόμενοφ᾽ ἢ
καὶ Ψψάλλομεν Στιχηρα προσόμοια, Toy Θεοπατόρων. “Hyos δ΄. Ἔξωκας σημείωσιν.
οὐκ ἔστιν ἄλλος οἰς σὺ, τῶν γηγενῶν γεννητό- A νῦν χορεύσωμεν, ἀᾷσματικῶς ὦ φιλέορ- ρὼν ὡεόληπτε" ἡ γαρ δεοδόχος Κόρη, τοῦ Θεοῦ | τοι, καὶ πιστὼς ἑορτόσωμεν, τὴν μγήμην «+0 σκήνωμα, τὸ παγαγιον pos, δια σοῦ ἡμῖν γεραίροντες, Ἰωακεὶμ καὶ "Αγνῆς, τῆς σεπτὴῆς δεδώρηται. ; dvaèos" αὐτοὶ γοὶρ ἕτεκον ἡμῖν τὴν Θεομήτοραι €) τοῦ παραδόξου ϑαύματος! ὁ ἐκ στείρας
à > 9 ͵ - « . Ξ ju ‘À 1 οὔ M 7 ΐ ε Ὶ ὃ καρπὸς, ἀναλάμψας γεύματι, τοῦ πάντων À un Το ραν τοὶ pes ἔχει τὸ χριρόγραφον ψαλν
Σομένην ἐν τοῖς ᾿Αποδείπνοιφ:
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or: TALENTS 2 -« PETER PE CPS OUR, icon Di ét
LA LITURGIE 293
LE 9 SEPTEMBRE
Fête des saints et justes Theopatores Joachim et Anne ; et du saint Martyr Severianus.
Les Ménées, à l'office du soir :
En ce jour de fête cher à nos cœurs, célébrons avec de pieux cantiques Joachim et Anne, le couple béni qui nous ἃ donné la Vierge toute pure, Mère de Dieu. Ils ont quitté leur demeure ter- restre pour entrer dans les tabernacles éternels et ils prient pour notre salut.
Vierge bénie, la terre entière salue cette fête dont chaque année nouvelle amène le retour, jour de bonheur où nous célébrons la mémoire de tes glorieux parents Joachim et Anne. C’est à eux que nous devons toute notre joie parce qu'ils t’ont donnée à nous, toi qui as apporté au monde la lumière, avec l’aliment sacré qui doit nous nourrir.
Aujourd’hui Anne surabonde de joie et elle oublie les longs jours de lépreuve. Elle est bien à elle l’enfant de la promesse, fruit divin tombé du ciel, Marie la toute pure, et déjà Dieu est avec nous, le soleil éclaire ceux qui marchaient dans les ténèbres (61 1).
Couple fortuné, aucune gloire humaine n’est comparable à la vôtre, et en vérité, bienheureux es-tu, à père d’une telle enfant ; bienheureuse es-tu, à femme qui as porté en ton sein la Mère de notre vie ; qui as pressé sur ton cœur celle qui devait aussi, un jour, entourer de ses soins maternels l’auteur de notre vie. Ὁ bienheureux Joachim et Anne, priez le Seigneur, l'enfant de votre Fille, d’avoir pitié de nos âmes! »
(612) Résumé : Marie est l’intermédiaire de notre salut : Anne et Joachim le savent, et c’est pourquoi ils se réjouissent de sa nais- sance. Elle est le sanctuaire de Dieu, la gloire des prophètes, la fille illustre du roi David, la dispensatrice du pain céleste, la tige à la divine fleur, la mère de notre vie. Etroitement unis à Marie comme ils le sont, Anne et Joachim sont tout puissants auprès du Christ, et l’office de ce jour ne cessera pas d’invoquer leur intercession.
294
MADAME
ΜῊΝ SENTEMBPIOSZS. θ΄
καὶ ΣΙαρθόνον αἰγνήν " διό περ καὶ μετέστησαν, Ê
ἐκ τῶν προσχαίρων πρὸς ἄληκτον, καὶ αείζωον À
οἴνῆδιν, δυσωποῦντες σωθῆναι ἡμᾶς.
Ἔ ὑφρόσυνον τέρπεται, σήμερον κτίσις ἡ σύμ- { πᾶσα, Θεοτόκε ἴ παγύμγητε, ἐτήσιον ἄγου-
σα, μνήμην ὁμοφρόνως, τῶν σὼν “γεννητόρων,
Ἰωακεὶμ τοῦ “αυμαστοῦ, ὁμοῦ καὶ Avvns πα-
γηγυρίζουσα" χαραν γὰρ προεξέγησαν, σὲ πα
ἐλπίδα βλαστήσαντες, τὴν τὸ pos ἀπαστρά- ἢ ψασαν, καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
᾿γάλλεται σήμε ρὸν, "Αννα σκιρτῶσα ἐν ἢ
πνεύματι; καὶ εὐφραίνεται χαίρουδα, T5
χοῦσα ἐφέσεως, ἧς πὲρ ἐπεπόθει, πάλαι εὐτε- | Ἀνίας᾽ ἐπαγγελίας γὰρ καρπὸν, καὶ nr
DEtoy ἐθλάστησε, Μαρίαν τὴν πανάμωμον, τ τὸν Θεὸν ἡμῶν τέξασαν, καὶ τὸν ἥλιον λάμψαι σαν, τοῖς ἐν σκότει καθεύδουσι.
Ν Τοῦ ᾿Αγίου, ἕμοια.
Κύριον᾽ αλλ᾽ ἥλεγξας τοῖς πόνοις σου, τὸ ἀσθε- ἢ
γὲς καὶ ἐξίτηλον, τῶν εἰδώλων χαὶ γέγονας, ἢ
τῶν ᾿Αγγέλων δυνέμιλος.
Δ
γόμεγος, τοὺς ὁρῶντας προέτρεπες, μιμεῖ-
σθαὶ τὸν δρόμον cu, πρὸς τᾶς οὐρανίας, Moxop |
αντιδοόσεις, αποσποποῦντας, αἵ πολλὴν, τὴν εὖ-
φροσύνην καὶ τὴν τερπγότητα, παρέχουσιν ὡς
ἀφθαρτοι" καὶ εἰς ἀεὶ παραμένοσαι, τοὺς Χρι-
στὸν ϑεραπεύοντας, χληρονόμους λαμθανουσιν ὲ
Λ pe, καὶ πλευρᾶς σπαθιζόμεγος, λίθῳ παμ- μεγίστῳ τε, τραχηλον καὶ πόδας, συνϑλωμενος μάχαρ, Mai ἁρμονίας ἀπηνῶς, παραλιόμενος
ὄντως ἔθλασας, τὴν κεφαλὴν τοῦ δράκοντος, ἢ ὑπομονῆς γενναιότητι, ἣν ἡττῆσαι οὐχ ἴσχυσε, ἢ
τῶν βασόνων ἡ κάκωσις.
Δόξα, καὶ νῦν, ἯἮχος πλ. α. Ἔφραϊμ Καρίας. | ᾿ μακαρία δνας" ὑμεῖς παντων γεννητόρων |
ὑπερήρθητε, ὅτι τὴν τῆς χτίσεως πάσης ὑπερέχουδαν ἐθλαστήσατε. "Ὄντως μακάριος εἶ Ἰωακεὶμ, τοιαύτη παίδὸς χρηματίσας Πα-
TP - Moxapio ἡ ñ μήτρα σου Avva, ὅτι τὴν My- |
τέρα τῆς ζωῆς ἡμῶν ἐόὀλάστησε. Μακαριοι οἱ μαστοὶ εἷς ἐθρήλασας τὴν Ἰαλακχτοτροφήσασαν ἢ
τὸν τρέφοντα πᾶσαν πνοήν" ὃν δυσωπεῖν ὑμᾶς ἢ
παμμακαριστοι αἰτούμεθα, ἐλεηθῆγαι ras ψυ- χας ἡμῶν.
SAINCTE
εὐροις συγκλοπτόμενὲες, διὰ Χριςὸν Πανδοί- | διμε, καὶ ἱκρίῳ HPEUGUEVOS, καὶ σάρκας À ξεόμενος, ἀπηγῶς ξυστῆρσι, ϑύειν» re εἰδώλοις, ἢ ἐγκελευόμενος σοφὲ, οὐ ἐξηρνήσω τὸν πάντων ἷ
ἔσμιος ἀγόμενος, καὶ ταῖς πληγοῖς σεμνυ- |
ἰθοις συνθλαττόμενος, ταῖς σιᾶ γονὰς ᾿Αοίδε À
ΑΝΝΕ
64
2 Ets τὸν Στίχον, Στιχηρὰὶ προσόμοια. À ‘Hyos α. Τῶν οὐρανίων ταγμάτων. ἶ | κώμ᾽ καὶ ἡ Αννα, πανηγυρίζουσι, τὴν d- ἢ Καὶ παρχὴν τέκόντε 55, πῆς ἡμῶν σωτηρίας, τὴν μόνην Θεοτόχον᾽ οἷς καὶ ἡμεῖς, συνεορτάζοντες σήμερον, τὴν ἐκ τῆς ῥίζης ἐκείνης τοῦ Ἰεσσαὶ, | μακαρίζομεν Παρθόνον, οἷγνήν. Ξ Στίγ. "Αχουσον ὥύγατερ, καὶ ἴδε.
" Seoywpnros Kôpn, καὶ Θεστόκος αηνὴ, τῶν
Προφητὼν τὸ κλέος, τοῦ Δαυϊὸ n Suya- τηρ, σήμερον γεννᾶται ἐξ Ἰωακεὶμ, καὶ τῆς "Ay- νης τῆς σώφρογος, καὶ τοῦ ᾿Αδαμ τὴν χατᾶραν͵ τὴν εἰς ἡμᾶς, ἀνατρέπει ἐν τῷ τόκῳ αὐτῆς. Στίχ. T Τὸ πρόσωπόν σου λιτανεύσουσω. ἐ Η πρῴην ἄγονος χώρα, γὴν καρποφέρον γεν- γα" καὶ ἐξ αἀχάρπϑ μήτρας, καρπὸν ἅγιον ἢ δοῦσα, γάλακτι ἐχτρέφει" ϑαῦρα. φρικτόν! ἡ | τροφὸς τῆς ζωῆς ἡμῶν, ὁ τὸν οὐράνιον ἄρτον ἐ ἐν τῇ γαστρὶ, δεξαμένη γαλουχεῖται μαζῷ.
Δόξα, καὶ γῦν, Ἦχος πλ. δ΄.
ἱ ἐξ ἀκάρπων λαγόνων, ῥαθδον αγίαν τὴν
Geotouov. Bhagricavres, ἐξ ἧς ἡ σωτηρία. Ἢ τῷ κόσμῳ, ἀνέτειλε, Χριστὸς ὃ Θεός, τὸ ζεῦγος τὸ ἅγιον, ἡ ἡ ξυνωρὶς ἡ αγία, Ἰωαχεὶμ καὶ "Av- ἢ να΄ οὗτοι Μμεταστοῖντες πρὸς οὐρανίους σχηνᾶς, δὺν τῇ αὐτῶν Θυγατρὶ ὑπεραγραντῷ Παρθένῳ, μετ᾽ ᾿Αγγέλων χορεύουσιν, ὑπὲρ τοῦ κόσμου | πρεσθείσς ποιούμενοι" οἷς καὶ ἡμεῖς, συνελ- | ϑόντες εὐσεθὼς, ὑμνοῦντες λέγομεν" Οἱ διοὶ τὴφ | ϑεόπαιδος καὶ πανγάγνον Μαρίας, προπάτορες ᾿ Χριστοῦ χρηματίσαντες, πρεσθεύσατε ὑπὲρ τῶν ψυχῶν ἡμῶν. ᾿Απολυτίκιον τῶν ᾿Αγίων, Ἦγος β΄. ὶ 1: ὧν δικαίων Θεοπατόρων σον Κύριε τὴν à μνήμην ἑορταάζοντες, δὲ αὐτῶν σε δυσω- ποῦμεν᾽ Σῶσον ταῖς ψυχᾶς ἡμῶν Σ Καὶ τῆς Ἑορτῆς, καὶ ᾿Απόλυσις -
ἢ
4
3
ἢ
RER 2 Sen ΕΙΣ TON ΟΡΘΡΟΝ,
| ἯἩ συνήθης Στιχολογία, καὶ Καθίσματα τὴς Ἐ Θεοτόκου.
ι Mera τὴν à. Στιχολογίαν, Καθισμα. "Hyos α. Τοῦ λίθου σφραγισθέντος.
' Τ εχϑεῖσα παραδόξως, στειρωτιχῶν ἐξ ὠδύ- Ἵ γῶν, παρθενικῶν ἐκ λαγόνων, ἐκύησας ὑ- πὲρ φύσιν" ὡραῖος φανεῖσα γοαρ βλαστὸς, ἐξήν- ᾿ϑησας τῷ κόσμῳ τὴν ζωήν " διαὶ τοῦτο αἱ Auva- μεις τῶν οὐρανῶν, βοώσί σοι Θεοτόκε᾽ Δόξα τῇ
LA LITURGIE 295
À l’Orthros
Pour cette heure le typicon indique un certain nombre de prières ou de psaumes à dire d’abord, puis vient le canon de la fête, la série des neuf odes, ou plus exactement des huit, puisque la seconde fait défaut, comme à l'ordinaire 1, Le nom de leur auteur n'est pas indi- qué dans les Ménées, mais une note du moine Barthélemy les attri- bue à ce Théophanes dont nous avons parlé plus haut. Malgré leurs incessantes redites, elles seront peut-être intéressantes, même en français, pour quelques lecteurs:
CANON DES SAINTS PORTANT L'ACROSTICHE :
A TESTS ER
Avec empressement, à Vierge, je chante tes Parents. Ode I. Zkhos: Dans les profondeurs... (621)
La pieuse Anne et l’illustre Joachim ont mérité par leurs vertus érminentes de faire briller cette lampe spirituelle, semblable à une auroré qui présage le soleil.
Choisis par Dieu, et tendant sans cesse vers lui par tous les élans de leur cœur, Joachim et Anne la gracieuse ont donné le jour à
V’immaculée Mère de Dieu dont la sainteté l'emporte sur toute sainteté humaine.
Par l’excellence de votre vie, ὃ saints époux, vous avez dépassé toutes les vertus humaines, et, en faisant naître la Vierge sans tache, vous êtes devenus les ancêtres de Dieu même.
Le bienheureux Joachim et la glorieuse Anne sont au principe même de notre salut parce qu’ils ont reçu du ciel, comme récom- pense de leurs vertus, la chaste, et sainte et immaculée Mère de
Dieu. Odé III. Sur la pierre de la foi (62 3)
Longtemps inconsolée, ὃ pieusé Anne, en ta douleur, tes prières et tes larmes imploraient le Dieu bon; maintenant tu es mère et tu chantes : «Nul n’est saint que vous, Seigneur. »
Ton chaste époux, Joachim, instrument comme toi de la grâce divine, contemple enfin la dispensatrice de notre salut et lui adresse
1. Voir ci-dessus, p. 222.
62 γῦν προύδῳ σοὺ σεμνή" δόξα τῇ παρθενίᾳ σου" δόξα τῇ κυοφορίᾳ δου, μόνη πανάχραντε. Δόξα, καὶ γῦν, Τὸ αὐτό. Μεταὶ τὴν β΄. Στιχολογίαν, Καθισμα. ‘Hyos πλ. a. Τὸν συνάναργον Λόγον.
᾿ be
Kai οἱ Προφῆται μυστικὼς συνευφραίνονται" ἣν γ50 προεῖδον τυπικῶς, ἐν ταῖς ἀρχαίαις γενεαῖς,
Faro , καὶ σταμνον καὶ ῥαθδον, νεφέλην πύλην ἢ καὶ Θρόνον, καὶ μέγα ὄρος, γεγγᾶται σήμερον. À
Δόξα, καὶ νῦν, Τὸ αὐτό. Ὁ Κανὼν τῆς Ἑ. ρτῆς, καὶ τῶν ᾿Αγίων. ὋὉ Κανὼν τῶν ᾿Αγίων, οὗ ἡ ᾿Ακροστιχίς᾽" ὃς σὸς γογεῖς Na ἔναγνε μέλπω προφρόνως (. δὴ a. Ἦχος β΄. Ἔν βυθῴ. r Τ' λαμπάδα τὴν τὸν νοητόν, ἥλιον ἀἐστρά- vas αν, σωματικὼς ἐξ αὐτῆς ανατείλαντα,
Ἴ
ἀρετῆς λαμπρότησι, διαπρέποντες ἐκτεκεῖν ἡ- ἢ ἢ DECpeUY, καὶ Ἰωαχεὶμ ὁ
ξιώθησαν, ᾿Αγγα
παναοίδιμος. 'λοτρόπῳ νεύσει πρὸς Θεὸν, ὄντως ὁ ϑεό- ληπτος, Ἰωακχεὶμ καὶ καὶ Ἄννα καὶ ἔνθεος,
απλινῶς προσέχοντες, τὴν πανάχραντον Θεο-ἢ τόκον ἐκύησαν, τὴν ὑπερκειμένην, κτίσεως α- ἢ ἢ Εὔας νῦν παραδόξως, ἐξαφανίζουσαν, πρὸς ἣν
= ps ““-:ὸ εἰ sr
2” γὼ“
a γἱότητι.
τῆτα, παντῶν ὁμοῦ “γενγητόρων γεγόνατε,
“γηγενῶν ὑπέρτεροι , τὴν ἀκήρατον Παρθένον ὡς |
ὠτηρίας πάσης ἀρχηγοὶ, ὁ μακαριώτατος, à Ιωαχεὶμ καὶ ἡ Αννα ἡ ἔνδοξος, τὴν οἷ- καὶ
ἦν καὶ ἄμωμον, καὶ πανάγραντον Θεοτόχον ἢ ᾿ οὐκ ἠσϑανου ἐν σώματι.
γεννήσαντες, καὶ Θεοῦ πατέρες, ὄντως διοὶ ταύ- τῆς χρηματίσαντες.
ἔννησαν, τῆς Φεοσεθείας, ταύτην εἰληφότες ν αγτίδοσιν. Κανὼν τοῦ Mapropos.
'Ωδὴ a. ἯἮχος πλ. à. Ὑγραν διοδεύσας. A:
a ρας
- κα, πὶ
γενναίαις ἐνστασεσιν. 'λυττα Λυσίας %
Θεόφρον ἡσχύνετο.
(ἡ Ὃ παρὼν Κανων φέρεται ἀνεπίγραξος ἕν τε τῷ τετυπ- εΕἶνω, καὶ τῷ ἀνὰ χεῖρας χε ἰρογράφῳ ἰηναίῳ" ἐκ τοῦ ὕφους ἕρως χαὶ τῆς γλαφυρότητος ςαΐνεται ποίημα τοῦ Θεοφάνους.
οὶ οὐράνια παντα γὺῦν ἐπαγαάλλονται, τῶν ἢ ανϑρώπων τὸ γένος, συνεορταζει αὐτοῖς, ἢ
Ι τῆς προσλαθόμενον.
περτέραν ἔ χοντες ζωὴν, βίου τε λαμπρό- ἡ ΐ σου ἀέσποοα.
HOGTEL TO δόγμα τὸ δυσσεθὲς, τὸ ϑύεω εἰ- ἢ δώλοις, τοῖς αψύχοις τε καὶ κωφοῖς " ἐγίκα | Χριστὸς δὲ, τῶν Μαρτύρων, ταῖς χαρτεραῖς καὶ ἢ
ΙΑ
πόθῳ φλεγόμενος, τοῦ Δεσπότα πανόλθιε᾽ ὅθεν
MADAME SAINCTE ANNE
MHN ZENTEMBPIOZ. 6:
Ἐέπληξας Maxap τὸν δυσσεθῆ, γενναίως χωρήσας, εἰς τὸ στάδιον καὶ dev, αἀπή-
᾿λεγξας τότε παῤῥησίᾳ, τὸ ἀσθενὲς καὶ σαθρὸν
Θεοτοχίον. ᾿χώρησας μόνη τὸν οὐρανοῖς, αχώρητον Κό- 4 Pr ἐν γαστρί, σου ϑεοπρεπὼς, οἰχήσαντα
Τῶν Θεοπατόρων. δὴ γ΄. Ἐν πέτρᾳ με τῆς πίστεως. τειρεύϑσα καὶ παΐδων ἀπορθμένη, καὶ δα- χρυσι τὸν Kriony ἐκδυσωπᾶσα, τὴν μόνην
᾿ἠξιώθης εὐλογημένην, τεκεῖν ϑεόληπτε “Αννα ᾿ κραυγαζοσα᾽ Ὥς ἐκ Est ἅγιος πλήν σθ Κύριε.
᾿ σύνοικον πλουτήσας τὴν Seiay χάρι, Ἰωακεὶμ ὁ ϑεῖος καὶ “ϑεηγόρος, τὴν πρό-
| Eevoy αἰνθρώποις τῆς σωτηρίας, τεκεῖν ἠξίωται,
πρὸς ἣν χραυγαζομεν᾽ Ὥς οὐκ ἔστιν ἄμεμπτος πλὴν σου Δέσποινα.
’ ᾿ : LE μνήσωμεν τὴν πανσεττον ξυνωρίδα, δἰ ἧς ἡμῖν ἐξέλαμψεν ἡ Παρθένος, ἡ πάντων ποιῃ-
μάτων αἰγιωτέρα " Θεὸν yap τέτοχε, πρὸς ὃν
ἢ χραυγάζομεν᾽ Ὥς ἐκ Est ἅγιος πλήν σα Κύριε.
τειρώσεως, τὸ ὄνείδος ἐχφυγοῦσα, γεγέννη- κεν ἡ Αννα τὴν Θεοτόχον, τὸ ὄνειδος τῆς Ἀραυγαάζομεν᾽ Ὥς οὐκ ἔστιν ἄμεμπτος πλὴν Τοῦ Μάρτυρος. Σὺ εἶ τὸ στερέωμα. ἴχαιρες τυπτόμενος, ὑπὲρ Χριστοῦ Σοφὲ ; μάστιξ, ανηλεῶς᾽ εἶχες γαρ βεθαίαν, τὴν τῶν πόνων αντίδοσιν. εὕροις σνγχοπτόμεγος, ὑπαλλαγῇ συχνῇ Ἔνδοξε, τῶν δημίων, ὡς περ ἀλλοτρίῳ,
dpes τὴν dvrapeur, παραὶ Χριστοῦ Σοφὲ φέφανον, ἀπολαθὼν, τῆς δικαιοσύνης, καὶ
! χαραν τὴν μὴ λήγουσαν.
Θεοτοκίον. jAn ἡ πλησίον μου, καλὴ καὶ ἄμωμος πέ- φυχε, σὲ προορῶν, ἔφη Θεοτόχε, Σολομὼν Εἰ
| ἐν τοῖς Ἄσμασυ. Ὁ Εἰρμός. κατοὶ Χριστοῦ καὶ παν- ἢ
τας CUS εὖρε, σεθομὲν sous αὐτὸν Θεὸν, | παντοίως “χολαάζεῶ € ἐπεχείρει" αλλ᾽ ἐντυχῶν σοι
» lu εἰ τὸ στερέωμα, τῶν προςρεχόντων σοι > Hype” σὺ εἶ τὸ φώς, τῶν ἐσκοτισμένων, » καὶ ὑμνεῖ σε τὸ πνεῦμα μου. Καθισμα τοῦ Maprupos. Ἦχος α. Τὸν Τάφον σου Σωτήρ. γδρείᾳ τὴν ψυχὴν, ὡπλισμένος Θεόφρον, ἐξ- ἔδωκας σαυτὸν, εἰς ποικίλας Bacdves, τῷ
LA LITURGIE 297
avec nous cette louange qui est le cri de notre cœur: « Nulle _ n’est pure comme vous, ὃ notre Souveraine | »
Célébrons par nos cantiques le couple vénérable à qui nous de- vons la plus sainte des Vierges, l’auguste Mère de Celui que nous prions à genoux en disant : « Nul n’est saint que vous, Seigneur ! »
Enfin les jours de tristesse sont passés ; elle efface l’opprobre ._ de l’ancienne, la nouvelle Êve, Mère de Dieu, à qui nous chan- tons : « Nulle n’est sans tache comme vous, à notre Souveraine ! »
Joachim et Anne sont dans l’allégresse ; ils ont trouvé grâce devant Dieu, et l’enfant qui leur est née est le temple de Dieu, la Vierge sans tache, la Mère de Dieu, la seule digne de toute louange, celle qui intercède éternellement pour le salut de nos âmes.
Ode IV. Tu es venu... (631)
Sage de la sagesse divine et privilégié de Dieu, Joachim reçoit des mains de son épouse l’enfant 51 longtemps désirée, la Vierge qui rendra la terre féconde, de stérile qu’elle était jusque là. L’aïeul du Christ nous est montré comme ravi en extase, ὃ le bienheureux ! quand enfin il peut voir de ses yeux la Vierge im- maculée, demain la Mère de Dieu.
Anne la gracieuse lui présente celle qui délivrera les hommes de la mort et de la corruption, parce qu’elle doit être la Mère du Verbe éternel devenu chair comme nous.
Le couple heureux a vu fleurir la tige de Jessé, et de cette fleur en naîtra une autre qui me fera respirer, à moi, mortel, le parfum de la divinité même. |
O Vierge, dirige-moi dans le sentier de la vie ; apprends-moi les préceptes du Verbe, chair de ta chair, et conduis-moi vers la lumière, à Vierge Mère, Marie épouse de Dieu,
Ode V. L'Illumination.
Joachim et Anne, couple choisi de Dieu et resplendissant de lumineuse pureté, ont fait paraître dans un monde incapable de toute vertu la splendeur de la virginité. Joachim et Anne, couple digne de toute louange à cause de ses vertus, couple animé de l'esprit divin, ont élevé un trône virginal embelli par Dieu même, et destiné à Celui dont la providence dirige toute chose.
298
MADAME SAINCTE ANNE
MHN PR PES RE θ, 68
ἤλεγξας, τὴν τῶν τυράννων μανίδιν, καὶ τὸν à Ë D or pol ἡμῖν ἐ ἢ οἱ Θεσλήπτοι.
στέφανον, παραὶ Θεοῦ ἐκομίσω, τὴν νίκης τὸν ἄφθαρτον. Δόξα, καὶ νῦν, Τῆς Ἑορτῆς. "Hyos πλ. α. Τὸν συναναρχον / Λόγον. ᾿ωαχεὶμ καὶ ἡ Αννα πανηγυρίζουσιν᾽ ἐν Θεῷ γαρ ἀξίως χᾶριν ἐφεύραντο, καὶ ἐγέννησαν
καρπὸν τὸν ϑεοδόχον ναῦν, τὴν Παρθένον καὶ ἢ ἢ νατολῆς, τῆς ἐξ ὕψος φανείσης εἰς ὁδηγίαν, |
ayvnv, τὴν Μητέρα τοῦ Θεοῦ, τὴν μόνην εὐλο- γημένην, πρεσθεύουσαν devrais, εἰς τὸ σωθῆ- vou τὰς ψυχαὶς ἡμῶν.
Τῶν Θεοπατόρων. ᾿ξδὴ δ΄. Ἐλήλυθας.
Γ᾿ τὴν Παρθένον ἐ ἐκ στείρας κομίζε- Η
ται, à ἧς TEp ἡ στείρωσις, ἡ κοσμιχὴ διαλέλυται, τόχῳ παρθενεύοντι, Ἰωσκεὶμ ὁ ϑεόφρων καὶ ϑεόληπτος.
προπάτωρ, τοῦ Χριστοῦ ᾿Ιωὰχεὶμ νῦν
“πρόκειται, ἡμῖν εἰς ἑστίασιν, πνευματι- κὴν ὁ πανόλθιος, ὃς τὴν Θεομήτορα, καὶ παν-
ἀκήρατον Κόρην ἀπεγέννησέ.
εκρώσεως, καὶ φθορᾶς τοὺς ανθρώπους τὴν ἢ | σου φρονρὸν οὐκ ἐπίσταμαι.
σώζουσαν, ἡ χάρις προθάλλεται, τὴν ἐσο-
μένην Μητέρα Θεοῦ, Λόγον τὸν οἵἴδιον, τὴν ὃδὲε- ἢ
ξομένην ἀφράστως σωματούμενον. ζ τῆς ῥίζης, Ἰεσσαὶ ξυνωρὶς ἀνατέταλκεν᾽ ἐξ ἧς ἀνεθλάστησε, pabèos τὸ ἄνθος ἡ
φέρουσα, ὅλον με τὸν ἄνθρωπον, εὐωδιαζον τῷ ἢ Ὁ» (}" eièéce ὁ τύραννος "Εγδοξε, ἀνενδότως,
μύρῳ τὴς Θεότητος. “θυνόν μου, Θεοτόκε τὸν βίον προσταγμασιν, ἐνθέως ῥυθμίζουσα, τοῦ σαρκωθέντος Λόγου à
Μαρία Θεονύμφευτε. Τοῦ Μάρτυρος. ἘΪσακήκοα, Κύριε.
! | Vais Soretaus ὁ τύραννος, σοῦ καταμαλ c'r- | τειν Maprus τὸ εὔτονον, καὶ νικῆσαί σε |
οἰόμενος, οὐρανὸν τοξευεῖν ἐνομίζετο. ὑκ αἰσθανν παράφορε, τοῦ Χριστοῦ τὴν δύναμιν στερεοῦσαν με; πρὸς τοὺς πόνους καὶ Ta σκάμματα; τῷ τυραννῷ ἔχραζες, Παν- αοίδιμε. ἰ μὴ δύναμις ἄνωθεν, ἦν μοι δεδομένη, ti
ῥᾶννε ἔχραζε, Ze6npravos, πὼς ἴσχυον, Ι
σὰρξ ὧν ὑπενέγκαι, ἐκτομος τῶν μελῶν; Θεοτοκίον. 1er Θεόνυμφε, δίδου μοι βοήθειᾶν ταῖς πρεσθείαις σου, λυτρωθῆνα! τοῦ αλαστο- ll ρος, ἶνα σε δοξάζω τὴν ἐλπίδα μου. Τῶν Θεοπατόρων. Ὠδὲ δ΄. Ὁ φωτισμός, à Maps ducs, καθαρότητος αἴγλη λέλεμπρυ- σμένη, τὴν τῆς παρθενίας τῷ Φείῳ φέγγει,
| τεκεῖν ἠξίωται,
id ουσαν.
ἘΞ
καταμοσμοῦσαιν, τὴν στειρούουσαν φύδιν, τῶν τ Pari Ava καὶ Ἰωσκεὶμ.
ἀρθενιπον, εορκόσμητον ὥρόνον τῷ τῶν οἱ πάντων, περιδεδραγμένῳ rokoun Θεία,
ἧ τῆς σωφροσύνης ἡ σεπτὴ συζυγία, καὶ ϑεό-
φρῶν δυδς ἑκτέτοκεν, Ava καὶ Ἰωακεὶμ οἱ πανεύφημοι.
τῶν πεπλανημέγων τὴν φωτοφόρον, πύλην ὁ Seios Ἰωακεὶμ καὶ "Αννα, ϑεοφρόνως πολιτευ-
Ἷ σάμενοι, τεκεῖν οἱ ϑεόπται σαφῶς ἠξιώθησαν. .
[dau καινοῦ, τὴν Sedypagor πλάκα ἐν ἡ τὴν λύσιν, τῶν ἀμαρτημάτων τοῦ πᾶλαι
Ε
Ι γόμου, ὁ ὥεῖος Δόγος προετύπωσε πρῴην, ὡς Lex πέτραις εῦν ἐλατόμησε, γεύματι ὁ πάντων | κρατῶν ἐκ στειρώσεως.
| AE τῇ σῇ, Θεομῆτορ τόν νοῦν μου καταυ-
γασθῆναι, τὸν ἐσκοτισμένον τῇ αμαρτίᾳ,
Ἐ veucoy [lapléve, τῆς ἀγνοίας τὸν ζόφον, καὶ
πταισμάτων ἐξαφανίζουσα᾽ ἄλλην γαὶρ ἐκτός
Τοῦ Μάρτυρος. ᾿Ορθρίζοντες βοῶμέν δοὶ. [: ἰῷ ανηρτήθης ᾿λοίδιμε, καὶ τὸ σῶμα, καιτε-
ξάνθης ὀγυξιν, ὑπὲρ τῷ παντῶν Δεσπόζοντος. {Ἢ εἕ μου ἀνεθδόας, ἐγίσχυσον, τὸν ἀγῶνα τοῦ- 7 τον ἐκτελέσαι με, τοῦ μαρτυρίθ ξεόμενος.
τας Bacavous φέροντα, ἐατεθροντήθη ὁ
| δείλαιος ὲ ἐν, σοῦ, καὶ πρὸς φῶς ὁδήγησον, [Γαρθενομῆτορ ||
| Ocorcuitoy. ἱλπὶς καὶ προσταδία καὶ CHÉTH LOU, Θεο- τόχε, σῶσόν με πρεσθείαιξ σῦν, ἐκ τῶν σκανδάλων τοῦ ὄφεως. Τῶν Θεοπατόρων : ᾿Ὡ δὴ ς΄. Ἐν ἄθύσσῷ πταισμάτων.
͵ Ἰονιμώτατον σπόρον ἡ στεῖρα τὸ πρὶν, Àv-
να δεξαμένη ἐκ δείας ἐλλάμψεως, παῖδα τὴν τῶν πᾶντῶων κεισμάτον
N° ἡ στεῖρα. γεννῶσα βολήσει Θεοῦ, πείθε
Nas Παρθένον τίκτουσαν, creu σαρκὸς ϑελήματος, τοῦ αὐτοῦ βουληθέντος Θεοῦ προφανῶς.
LS ‘Hoctes τῷ Hvevpart, τ ᾧ Ἰωα-
| Re καὶ τῇ ἧς s'Avrns τὸ πύημα, τόμον HA vOy ἑώρακεν, ᾧ ἐγράφη ὁ Λόγος σαρλούμξβγοο.
My προτ οτρέχει μυστήριον" πρὶ Ὑδ0
M° στειδεύονδο, YOp:s 1e yÉYNRE, τῆς caTr- ρίας πρόξενον, πιαρθενίσις γεννήσει φανεῖσαν ἡμῖν,
LA LITURGIE 299
Les divins Joachim et Anne, vivant selon Dieu, voyant Dieu sans cesse, nous ont ouvert cette Porte de l'Orient qui de là-haut indique aux égarés le vrai chemin du ciel,
Le Verbe divin tout-puissant a gravé sur une pierre stérile la loi nouvelle et, sur cette table, ila écrit d’abord 18 rémission des péchés que la loi ancienne avait préfigurée.
O Mère de Dieu, éclaire de ta splendeur mon esprit obscurci par le péché; dissipe les ténèbres de mon ignorance et de mes fautes, car je ne connais pas d'autre protection que la tienne,
Theotokion
O Vierge, mon espérance, mon refuge et mon soutien, garde-moi, par ton assistance des embüûches de l'ennemi.
Ode VI. Dans l'abime du péché. (63?)
Par une grâce éclatante et toute divine, Anne est devenue mère et son enfant est la souveraine de toute la création.
Mère par le bon plaisir de Dieu, elle présente au monde une Viér- ve destinée à être mère à son tour, non par la volonté de la chair, mais par la volonté du Seigneur.
Isaïe, éclairé par l'esprit divin, a pu voir ce prodige, et c'était à 565 yeux comme un livre nouveau où s’écrivait lé nom du Verbe fait chair.
Le mystère précède le mystère : une femme qui n’a jamais été mère donne naissance à une auguste fille dont la maternité virgi- nale sera bientôt le gage de notre salut.
Theotokion
Sois ma patronne, ὃ Vierge très pure, et quand viendra Île der- nier jour, fais que je revête un manteau de lumière.
Hirmos
O miséricordieux Jésus, notre Seigneur, toi qui revêts la lumière comme un mañteau, enveloppe-moi de cette même lumière.
Kontakion (641)
Anne est enfin heureuse et elle invite toute créature à chanter
900
MADAME
64
Τοῦ Maprupos. Χιτῶνα μοι παράσχου.
ρουρᾷ as καθειργνύει ὁ δεινὸς, καὶ λιμῷ | βιαάζεισε οἰρνήσασθαι Κύριον, ὃν Παμμα- À
καρ ἐκ νεότητος ἔστερξας. ᾿γόμενος Σοφὲ εἰς φυλακὴν, πάντας τοὺς
ὁρῶντας σε, Χριςοῦ μὴ ἀφίστασθαι, παῤ- ἢ
ῥησίᾳ νουθετῶν ἐξεπαίδευσας. EN παθίζεσθαί σε Μαρτυς ὁ δεινὸς, καὶ παρα:- φρῶν τύραννος, κελεύει μὴ ϑύοντα, τοῖς εἰδώλοις, ολλα σὺ οὐκ ἐφρόντισας.
Θεοτοχίον.
ιτὠνα με ἐνδύσασθαι φωτὸς, σαῖς πρεσθείαις τὸν δυσείμονο. κρίσεως.
Ο Εἰρμός. ιτὠνὰ μοι παράσχου φωτεινὸν, ὁ ἀνα- Ῥ » Χριστὲ ὁ Θεὸς ἡμῶν. , 5 ’ 4 - Κοντακιον, Hyos β΄. Ta ἄνω ζητῶν. ὑφραίνεται νῦν, ἡ "Αγνα τῆς στειρώσεως,
λυθεῖσα δεσμῶν, καὶ τρέφει τὴν πανά- |
χραντον, συγχαλοῦσα ἅπαντας, οἰνυμνῆσοκ τὸν
δωρησάμενον, ἐκ γηδύος αὐτῆς τοῖς βροτοῖς, ἢ
τὴν μόνην ΝΙητέρα καὶ ἀπείρανδρον.
Οἰκος.
τῷ Μϑαύματι, καὶ δῶρα προσάξαι τῇ γεννηθείσῃ, λιτοαγεύοντας ἔμπροσθεν μετοὶ πόθο, ἧς περ πο-
τὲ αἱ παρθένοι ἐν τάχει προέτρεχον, χορεύσσαι ἢ καὶ βοώσαι᾽" Ἰδοὺ ἦλθεν ἡ πάντων αἀνακλησις * |
| WE , ’ , , 4 ἰδοὺ ᾿Αδαμ ἠλευθέρωται" Gt λννα καρπὸν d- |
γεθλάςξησε, τὴν μόνην Μητέροι χαὶ ἀπείρανδρον. Συναξαάριον.
Τῇ Θ΄. τοῦ αὐτῷ μηνὸς, κὶ Σύναξις τῶν Δικαίων Τωακεὶμ, καὶ "Αγγης. : Στίχοι. Ἰωακεὶμ τέρφθητι σὺν τῇ Συζύγῳ, Τεκόντες ἄμφω ψυχικὴν τέρψιν κτίσει. e ᾽ν» , , , Π Ἡ δ᾽ ἐννάτη τοκέων Θεομήτορος εὗρε σύναξιν. ν ἑορτάζομεν διοὶ τὴν σποίνης ἡμῶν Θεοτέχου " κοσμίου σωτηρίας διὰ τῇς τρὸς, τῆς Θεοτόχου, ἡ
καὶ πρόξενοι οὗτοι τῆς παΊ- ἧς πανάηνου ᾿Αγίας " αὐτῶν ϑυγα- 5, τῆς Où γεγόνασι" τὴν γὰρ τελείωσιν τούτων Ἢ εἰχοστὴ πεμπτὴ τοῦ ᾿ἰουλίου μεηνὸς γνωρίζει.
Τῇ αὐτῇ ἡμέρᾳ; ὁ ’Ayos Μάρτυς Σεθηριανὸς, λίθον παραὶ τοὺς πόδας φέρων, καὶ ἐπὶ τϑῦ τεί- χους εἰς τὸν ἀέρα κρεμασθεὶς, τελειοῦται. Στίχ. Σεθηριανὸς κἀν λίθων ἀλγῇ βάρει, Χαίρει κρεμασθεὶς, οἷς ἀποσπῶν γῆς πό- $.
ποίησον, ᾿Αγνὴ τὸν ὑμνόντα ce, ἐν ἡμέρᾳ ἢ e .
βαλλόμενος φὼς ὡς ἱμάτιον, πολυέλεε |
τῶν δεσμῶν τῆς πρὶν ἀτεκνίας δὶ εὐχῆς | λυθεῖσα, προσκαλεῖται ἡμᾶς συνεορτάσαι!
έννησιν τῆς ὑπεραγίας Δε- ἢ
SAINCTE ANNE
ΜῊΝ ZENTEMBPIOZ. 9:
Jrog ἦν ἐπὶ Λιχινίου τοῦ βασιλέως ἐν Σιβαστείᾳ, τά- ξεως ὑπάρχων τῶν Σενατώρων (5) καὶ συλληφθεὶς ὑπὸ Λυσίου Δουξὸς ὡς Χριστιανὸς, διὰ τὸ καὶ τοὺς ‘Pas. Ἢ σαράχοντα ᾿Αγίους Maprupas πρὲς τὲν τοῦ μαρτυρίου ἢ ἀγῶνα ὑπσλεῖψαι, ἐπὶ τοῦ τείχους re χαὶ λίθῳ Ἢ μεγίστῳ τοὺς πόδας βαρυνθεὶς, τῷ Θεῷ τὸ πνεῦμα mar ρατίθησι, ἢ Τῇ αὐτῇ ἡμέρᾳ, Ἡνήμη τοῦ Ὁσίου Πατρὸς n- ἢ μὼν Θεοφάνους τοῦ Ὁμολογητοῦ τοῦ πρὸ τοῦ | “Διοκλητιανοῦ οἰσκήσαντος. | ὅτος ἐξ Ἑλλήνων ἦν γονέων" τῷ Χριστῷ δὲ προσελ» Joy 1x νεαρᾶς ἡλικίας, ἔτι νήπιος ὧν, εἶδε παιδίον ἢ] ὑπὸ ψύχους κινδυνεῦον, καὶ ἐνέδυσεν αὐτὸ τὰ οἰχεῖα ἐμό- a, Tia. ᾿Ερωτήσαντος δὲ τοῦ πατρὸς αὐτοῦ" Ποῦ σου τί- ἥχνον τὰ ἱμάτια; Τὸν Χριστὸν ἐνέδυσα, ἔφη. Βαὲ ὁ πατὴρ, Τίς ὁ Χριστός; εἶπεν" ἡμεῖς γὰρ Ἑρμῆν καὶ ᾿Απόλλωνα σεδόμεθα. Τότε τὸ nas ἢ] δίον, τὸν πατέρα ἀρνησάμενον, ἔλαδεν αὐτὸ "Ἄγγελος Κυ- M ρίου καὶ ἀνήγαγεν αὐτὸ εἰς τὸ ὄρος τὸ Διαδηνόν, καὶ παρέθετο ἀνδρὶ ἀσχητῇ, χρόνους ἑδδομύήχοντα πέντε τὸν Ἢ μοναστὴν ὑπιρχομένῳ βίον" ὅπερ λαδὼν ὁ γέρων, ἐξεπαί- ΕἸ δευσεν ἐν μοναχικῇ χαταστάσει τὰ ἱερὰ ράμματα" ἐτρί- À φοντο δὲ καὶ ἄμφω ὑπὸ τοῦ Sels ᾿Αγγίλου, :
Τοῦ δὲ γέροντος μετὰ παραδρομὴν χρόνων πρὸς Κύριον ἐχδημήσαντος, ὁ παῖς ἐν τῷ σπηλαίῳ εἴχετο τῆς αἀσχύ» σίως ἐπὶ χρόνοις πεντήχοντα ὀχτώ. Εἰθ' οὕτως ὑπὸ τοῦ δείου ᾿Αηγέλου ὁδηγηθεὶς, ἐξῆλθε ἀπὸ τοῦ σπηλαίου, λέον- ἢ τι ἐπιχαθήμενος, σταδίους ἑξήκοντα, χαὶ ἐκήρυσσε παντα» " χοῦ τὴν εἰς Χριστὸν πίστιν" ὃν χαὶ χρατύσαντες οἱ βα- σιλεῖς Kopos χαὶ Kapivos, ἔδωχαν αὐτῷ χονδύλους ἑχω- τόν. ΕἾΘ᾽ οὕτω διαφόρους βασάνους ἐπεγχόντες αὐτῷ, nie εἶδον, ὅτι δὶ ὧν ἐθαυματούργει, πλῆθος οὐκ ὀλίγον προο- ἢ ἔρχονται: τῷ Χριστῷ, καὶ βαπτίζονται Un αὐτοῦ, αἰδεσθέν- τις, ἀπίλυσαν αὐτὸν ἐν ἀσκήσει διάγειν. Kai πάλιν ἀ- νελθὼν εἰς ὅπερ ἦν πρῴην σπύήλαίιον, καὶ ἑτέρους ὑπτα- καίΐίδεχα χρόνους ἐν τῇ ἀσκήσει διαβιβάσας, ὡς εἰ ναι τοὺς ἢ ὅλους τῆς ἀσκήσεως αὐτῷ χρόνους ἑδδομιήκοντα πέντε, με" τέστη πρὸς Βύριον, Ἶ
“᾿ » Ἃ , « . ᾿ Τὴ αὐτῇ ἡμέρᾳ ὁ “Δγιος Χαρίτων ξίφει ταν λειοῦται. ; Στίχ. Πολλὴ χάρις σοι, χριστομάρτυς Χαρίτων,
τ “- , , ᾽ Q Χριστοῦ χάριν τράχηλον ἐκκεκομμένῳ. ” ” U ᾿ ᾿ 4 , " Ταῖς τῶν σῶν ᾿Αγίων σου πρεσθείαις, ὁ Θεὸς ἐλέησον ἡμᾶς. ᾿Αμήν. Τὼν Θεοπατόρων. Ἷ ᾿ῷδὴ ζ΄. ᾿Αντίθεον πρόσταγμα. É ͵ , . , En ἢ 4 ῥίζης βλαστήσασα δυὰς οἷγία, Δαυϊδ τοῦ Φεόφρονος, τὴν ῥαθδον τὴν πανίερον, Παρθένον τὴν ἄχραντον, τῷ κόσμῳ τέτοκεν, ἄγθος ἱερώτατον ἡμῖν, Χριστὸν οσπόρως ἐξα.- γατέλλουσαν. Ε ᾿ , . , . aurada πολύφωτον τὴν Θεοτόκον, ἡ “Αννα. ἡ ἔνθεος, καθάπερ χρυσαυγίζασα, Adyvia βασταζουσα τὸν κότμον ἀπαντα, Θείῳ καιτε-. λαίμπρυνς φωτὶ, καὶ παρθενίας λαμπροῖς πυρ- σεύμασι.
(7 Ἢ λέξις ἐστὶ χατοιχὴ, ἐκ τῆς ὀνομαστιχῆς Σενάτωρ (Scoator), ὅπερ δηλοῖ τὸν Γερουσιαστὴν, ἢ Βουλευτὴν.
LA LITURGIE 301
l’auteur de tout don parfait, le Seigneur à qui nous devons la femme incomparable, à la fois Vierge et Mère.
Oui, les jours d’attente sont enfin terminés, et Anne nous appelle auprès de sa Fille pour lui offrir nos dons, nos prières et nos canti- ques, comme le feront plus tard les vierges venues à sa rencontre à la porte du temple et chantant à pleines voix : « Voici venir le salut du monde ; le genre humain recouvre sa liberté et 1l la doit à Marie Vierge et Mère. »
Synaxaire (641) Le neuvième jour de ce mois, synaxe des justes Joachim et Anne. Joachim s’est réjoui avec son épouse : Ils ont tous deux comblé de 1016 l’univers. Le neuvième jour ramène la synaxe des Parents de la Mère de Dieu. Le même jour, le martyre de saint Severianus. Le même jour, saint Chariton meurt sous la hache.
Ode VII. L'impie commandement
De la race de David, Joachim et Anne ont vu sortir une tige sainte, et c’est la Vierge, la Vierge immaculée, d’où germera, par un miracle, le Christ, fleur toute divine.
Le Vierge nous apparaît au foyer de ses pères comme une lampe ardente, un candélabre étincelant d’or destiné à éclairer le monde entier des splendeurs de la virginité.
O glorieux parents de la Vierge et augustes aïeux du Seigneur tout-puissant, du Dieu que son ineffable miséricorde a revêtu de notre chair, voyez-moi prosterné à vos pieds, et obtenez-moi le pardon de mes nombreux péchés.
Votre gloire l'emporte sur toute gloire humaine, ὃ vous qui avez fait naître la reine de l’univers, Marie immaculée, Mère d’un Dieu de miséricorde devenu semblable à nous par son humaine nature.
Ode VIII. Dans la fournaise enflammée
Ornés de toutes les vertus comme de la suprême richesse, les vénérables époux Joachim et Anne ont fait naître la Vierge, une Reine entourée de toutes les gloires divines, celle que toute créature exalte en ses cantiques comme la Mère de Dieu.
Ο les bien-aimés de Dieu, c’est par vous que nous possédons une
302
MADAME SAINCTE ANNE
ΜῊΝ
Π
παιδὸς ἐκ “εόφρονοῦ ὑμὼν πανόλόθιοι, νῦν μοι τῷ προσφεύγοντι ὑμῖν, πλημμελημάτων λυσιν
βραθεύεσατε. 'ς ὄντες ὑπέρτερο: τῶν γεννητόρων, τὴν παν-
τῶν δεσποόζουσον, κτισμάτων ἐντετόκατε, |!
Mapiay τὴν ἄχραντον, τὴν τετοκυῖαν Θεὸν, σαρ- χα περιθέμενον ἡμῖν, ὁμοίοαιν πάντη, à εὐσπλαγ- χνίαν πολλήν.
Τοῦ Μαρτυρος. Ὁ ἐν ἀρχῇ τὴν γῆν.
(Dors αδροῖς συντρίθει σου τὸ σῶμα, ὁ ἀ-ἢ σεθὴς, ὑμνοῦντος παῤῥησίᾳ, Χριστὸν ἐν ἢ μέσῳ τῶν παρανόμων᾽ οὗ τῆς δόξης τυχων γῦν |
χορεύξις λαμπρὼς.
ἑἰωρηθεὶς τοῦ τείχους ᾿Αθλοφόρε, τοῦ δικα- | στοῦ, πολλῇ παραπληξίρι,, ἐν βάρει λίθων À πεπεδημένος οὐκ ἠρνήσω, Θεὸν τὸν τῶν Πα- |
τέρων ἡμὼν.
Q στεφανῳ καταχοσμεῖ σε τῷ ἀφθάρτῳ, καλῶς ὑπεραθλήσαντα. Θεοτοκίον. > εἶ you φὼς Παρθένε Θεοτόκε, où εἶ χαρὰ χαὶ σκέπη καὶ λιμήν μου, εὐλογημένη, καὶ
σὲ δοξάζω ὡς τεκοῦσαν, Θεὸν τὸν τῶν Haté- |
ρὼν ἡμῶν. Τῶν Θεοπατόρων. δὴ ἡ. Τὸν ἐν καμίνῳ τοῦ πυρός. λότῳ κομῶντες ἀρετῶν, τὴν ἐν δόξη Θείκῇ πεποικιλμένην, ϑασιλίδα Παρθένον, Ἴἴωα- Hoi ὁ σεπτὸς, καὶ ἴλγγα ἡ σώφρων τετόκασιν, ἣν πᾶσα ἡ Ἀτίσις, ὑμνεῖ ὡς Θεοτόκον. Pa δυνάμεως ἡμῖν, δὲ ὑμῶν φίλοι Θεοῦ ἐξαπεατάλη, ἡ πανάμωμος νύμφη, ὃ δὲ ἧς ἐγ
μέσῳ ἐχθρῶν, ἀθέων κατακυριεύομεν, τοῖς μη- "ἢ
χανουργίας, αὐτῶν καταπατοῦντες. One ἡμῖν παρα Θεοῦ, εὐδοκίας διαὶ ec ἱερωτάτη, ξυγωρὶς ἐδωρήθη, ᾧ γῦν ἡμεῖς οἱ πιστοὶ, ὡραίως ἀεὶ στεφανούμεθα, ἡ Θεὸ τεχοῦσα, αγνὴ Παρθενομήτωρ. D. en σοῦ, σαρχωθέντος δ ἡ-
μᾶς λελαμπρυσμένη, ἡ δυαὶς καὶ doign, τῶν À γεννητόρων τῶν σῶν, γεννῶσι σὲ πάναγνε Δέ- ἢ
σποινα, προξενον ἡμῖν, ἀγαθῶν ἐπουρανίων. un Θεοῦ καρπογονεῖ, à στειρεύθσα γαςὴρ ἀνοιγομένη, καὶ προέρ χἕται πυλὴ, παρῦενι-
κὴ Tapas, ὁ Λόγος δὶ ns ἐπεδήμησεν, τοῖο ἢ
ἐπὶ τῇ γῆς, σσρκωθεὶς ἀφροίδτῳ λόγῳ. Béttembre. T. Φ,
ZENTEMBPIOSZS. 6:
por afropes ἔνδοξοι τοῦ σἀρνμνδδννοι δὲ ἄφατον ἔλεος, Θεοῦ τοῦ τεαντομροίτορος, Ἶ
τῆς ςερῥᾶς ἐνςαἰσεώς σα Μακὰρὶ ὦ τῆς ἢ Depuis ἀγάπης πρὸς τὸν Κτίστην! δὲ ἣν À
65 Τοῦ. Μαρτυρος. Ç Τὸν Βασιλέα τῶν οὐρανών. Res τοῖς αἰκισμοῖς és τέλους, k 5) Στρατῶτα Kupiou μετέστης, γαίρων πρὸς É τὴν ἄνω, παμμακαρ βασιλείαν. | (} κατησχύνθης, διὰ Χριστὸν Τ᾽ ενγναιόφρον, ὑπομεῖναι βάσανα ποικίλα᾽ ὄϑεν συνδο- ἢ ξαζη, αὐτῷ εἰς τοὺς αἰῶνας. : δες εάν: σὺν ἀθληταῖς νῦν χορδύων, ; αληθῶς περὶ τὸν Βασιλέα, μέμνησο τῶν ἢ πίστει, τελούντων σοὺ τὴν μνήμην. Θεοτοκίον. ᾿ Θεομῆτορ, Χριστιανῶν Ὁ ñ προςάτις, ἐξελοῦ | ἰδ ἡμᾶς πάσης ἀνάγκης, ἵνα σε ὑμνώμεν, εἰς ἢ πᾶντας τοὺς αἰῶνας. ἔ Ὁ Εἰρμός. ἣν Βασιλέα, τῶν οὐρανῶν ὃν ὑμνοῦσι, στρατιαὶ τῶν ᾿Αγγέλων ὑμνεῖτε, καὶ ὑ- |» περυψοῦτε εἰς πάντας τοὺς αἰῶνας. τὼν Θεοπατόρων. Qi δ΄. ᾿Αγαάρχου Γεννήτορος. ἑ À He σύμψυχοι, τὴν ἀρετὴν ὑπάρχον- ᾿ τες, τῆς παναάγνου Παρθένου σεπτοὶ L'ev- νήτορες, τοὺς ἐπιτελοῦντας προθύμως, τὴν εὐ- κχλεοῆ καὶ ἔγδοξον agir ὑμῶν ἱερώτατοι, τοῦ σωθῆναι δυσωπήσατε ομὴν ποτὲ αὐσάτε, τὴν τοῦ Savarou "Ἐν- ὅδοξοι, τῆς ζωῆς τὴν Μητέρα, λαμῆρως γεγγήσαντες, τὴν ἐξαφανίσασαν τούτου, τὴν Hi προσθολὴν, καὶ τῆς αθανάτου, Lois προξενή ἢ σασαν, τὴν ἐλπίδα διοὶ πίστ eus . ὃ €) paios εἷς ἥλιος, Ἰωακεὶμ ἐνθμενος, τῇ φωσ- φόρῳ σελήγῃ, τῇ ‘Any τότοπε, τὴν τῆς παρθενίας οἰἈτῖνα, δὲ ἧς αὐγὴ τῆς ϑείας αὐσίας, σαρκὶ καϑ' ὑπόστασιν, ἐγωθεῖσαι ἡμῖν ἔλαμψε. ὠφρόνως βιώσαντερ, καὶ εὐσεθῶς Μακάριοι, νῦν τρυφῆς τῆς ἀφράστου, κατηξι ὥθητθ, εἶ τῆς Deopaveias τυχόντες, τοῦ ἐξ ὑμῶν τῷ κό-
(ἢ
|
5 ἢ σμῳ φανέντος" ὅν περ δυσῳπήσατε, τοῦ σωθῆ-
ἢ ναι τοὶ ψυχοὶς ἡμῶν. γῇ Ἰοῦ διάρτυρος. Κυρίως Θεοτόκπον. BW εροὶ τῶν σὲ ποθούντων, Μάκαρ σοὺ τὸ σώ- ὶ À pe, περισταλὲν Hareraipn ὡς ἅγιον, καὺ ἰαμοτων ἐπόλυζει, χρϑνοὺς εἰς δόξαν Θεοῦ. À δ din πῶς ανέστη, ὁ ϑανὼν οἰκέτης, ἔς καὶ προσυπήντα σου δρόμῳ τῷ σώματι, ἢ πρὸς τὴν ταφὴν “ἀγομένῳ, Μάρτυς πσνοίριστε. Ὁ ΓΕ υχὼν τῆς αἰωνίου, μόκαρ Βασιλείας, nai ἢ τῷ Δεσπότῃ Χριστῷ παριστοίμενοξ, ὑπὲρ ἢ τῶν σὲ εἰγυμνούγτων ϑερμὼς ἑφέτευε.
LA LITURGIE 303
arme puissante avec laquelle nous pouvons nous défendre contre l’impiété de nos ennemis, et fouler à nos pieds leurs machinations perfides.
Couple très saint, nous vous devons aussi, après Dieu, ce bouclier de bonne volonté, gage assuré de la couronne de victoire que nous méritera la chaste Vierge, Mère de notre Dieu.
O Souveraine immaculée ! souviens-Loi que tes augustes parents, avertis et illuminés d'avance par une grâce de ton Enfant-Dieu, t'ont donnée à nous comme la dispensatrice de tous les biens célestes.
Par la puissance divine une grande merveille s’est produite : voici une porte splendide qui s'ouvre, et&e Verbe, devenu chair par un verbe ineffable, a fait son entrée dans le monde.
Theotokion O Mère de Dieu, secours des chrétiens, préserve-nous de tout malheur, et fais que nous puissions plus tard te chanter dans les siècles des siècles.
Hirmos
Saintes hiérarchies des anges du ciel, chantez, exaltez votre Roi dans les siècles des siècles ἢ
Ode IX. Du Père Éternel (65?)
Vénérables et très saints parents de la très chaste Vierge, vous que des vertus semblables ont si étroitement unis, obtenez le salut éternel à tous ceux qui célèbrent votre chère et illustre mémoire.
Vous qui avez eu la gloire de nous donner la Mère de la vie, em- pêchez en nous l’envahissement de la mort, et, confiants en la puissance de votre auguste Fille, donnez-nous avec elle l’espérance en la vie éternelle.
Joachim est pour nous la splendeur du soleil; Anne, l'éclat plus modeste de l’astre des nuits, double foyer d’où se projette la lumiè- re de la virginité, présage elle-même de la splendeur que revêtira notre chair en s’unissant hypostatiquement à la substance divine.
O bienheureux, vrais modèles de sagesse et de piété, vous êtes en vérité bien dignes de jouir maintenant d’un bonheur ineffable dans la vision toute divine de celui qui est votre Petit-Fils, et à qui vous demanderez, nous vous en supplions, le salut de nos âmes,
304 MADAME SAINCTE ANNE 66 MEN 2ENTEMBPIOSZ. Ι. Θεοτοχίον. Προκείμενον, "Hyos à.
Eicravro ᾿Αγγόλων, et ταξιαρχίαι, cerap- Θαυμαστὸς ὁ Θεὸς ἐν τοῖς ᾿Αγίοις, αὑτοῦ.
4 κωμένον ὁρῶσαι ce φέρουσαν, τὸν Ποιητὴν τῶν αἰώνων, καὶ σὲ ἐδόξαζον. Ὁ Etpuds .
Ἢ ζ υρίως Θεοτόπον, σὲ ὁμολογοῦμεν, οἱ ua |
5 σωμάτοις χορείοις σὲ μεγαλύνοντες. ᾿Εξαποστειλάριον τὼν Θεοπατόρων. Eres: «ἐψατο ἡμάς. Η:
ἐκ γηραλέων͵ αἀκάρπων, τῆς "Ἄννης καὶ
ἐν ὕμνοις, πιστοὶ ευὐφημήσωμεν. Τοῦ ᾿Αγίου. ᾿υναῖΐγες αμουτίσθητε.
᾽λείπτης ἐχρημάτισας, Ma τύρων τεσσαρα- : ;
τ ai te Μνήμη τῶν ᾿Αγίων Μαρτύρων Μηνοδωρας, ητροδωρας, καὶ Νυμφοδωρας.
Π
κοντα, αριςευσάντων ἐν λίμνη, παμμοκαρ Σεθηριανέ᾽ μεθ᾽ ὧν ἀεὶ μνημόνευε, τῶν ἐκτελόν- τῶν ὄνδοξε, τὴν φωτοφόρον σου μνήμην, καὶ δὲ τιμώντων ἐκ πόθο, Μάρτυς Χριστοῦ αθλοφόρε. Τῆς Ἑορτῆς, ὅμοιον. dau αἀνακαινίσθητι, καὶ Eux μεγαλυνθητι᾿ Προφῆται σὺν ᾿Αποςόλοις, χορεύσατε καὶ Δικαίοις " κοινὴ χαρὰ ἐν τῷ κόσμῳ, ᾿Αγγέλων τε καὶ ἀνθρώπων, ἐκ τῶν δικαίων σήμερον, Ἰωα- κείμ τε καὶ Avyyns, γεννᾶται n Θεοτόκος. Εἰς τὸν Στίχον τῶν Αἴνων, Στιχηρα, ἯἮχος β΄. Οἶκος τοῦ Ἐφραθά. apts τῷ λυτρωτῇ, καὶ πάντων κηδεμόνι, X τῷ στεῖραν παρ ἐλπίδα, τεκεῖν τὴν Oeo- τόχον, ἀρρήτως εὐδοκήσαντι. Στίγ. ᾿Ακουσον Suyatep, καὶ ἴδε. ere τὴν ἐκ Δαυὶδ, καὶ Ἰούδα φυεῖσαν, Θεοτόκον Mapiav, ἐξ ἧς ἡ σωτηρία, ἀπαύ- στως μεγαλύνωμεν. Στίχ. Τὸ πρόσωπον σου λιτανεύουσιν. ύμερον εὐκλεῶς, ἐξ 'Αννης n Παρθένος, ἡ φω- dem τοφόρος πύλη, γεννᾶται παραδόξως λαοὶ τὴν σκιρτήσατε. Δοΐξα, καὶ νῦν, Ἦχος β΄. Upos τὸ, Σήμερον ὁ Χριστὸς ἐν Βηθλεέμ. D. πανάμωμος ᾿Αγνὴ προῆλθεν ἐν τῆς στείρας᾽ σήμερον τὰ πάντα εὐφραίνοντα: ἐν τὴ αὐτῆς γεννήσει. Ὁ Aèœy τῶν δεσμὼν ἀπολύεται, nai ἡ Eux τῆς ἀρᾶς ἡλευθέρωται. Τὰ ϑραᾶνια παντα αγαλλονται, καὶ εἰρήνη τοῖς ἀνθρώποις βραθεύεται. Ἡμεῖς δὲ δοξολογοῦν- τες βοώμεν᾽ Δόξα ἐν ὑψίστοις Θεῷ, καὶ ἐπὶ γὴφ δἰρήνη, ἐν ἀνθρώποις εὐδοκίᾳ.
Ἑὶς τὴν Λειτουργίαν, Evene, καὶ Ex τὸ Κανόνος
τῆς Ἑορτῆς, ὠδὴ y. καὶ ἐκ τῶν ᾿Αγίων, ᾿Ωδὴ ς΄.
τὴς Εὐας τὴν &poiv, ἐξάρασα γῦν τίκτεται, ἢ Ἰζυινωνικόν, ᾿Αγαλλιάσθε δίκαιοι ἐν Κυρίῳ.
Γωακπείμ᾽ ἣν σύν Α γηέλοις ἅπαντες, κατοὶ χρέος À
ἢ Στίχ. Ἔν ᾿Εκκλησίαις εὐλογεῖτε τὸν Θεόν.
Ὅ ᾿Απόστολος πρὸς Ἑθραίους.
ἢ Αἰ δελφοὶ, εἶχα μὲν n πρώτη σκηνή. σοῦ σεσωσμέγοι Παρθένε αἰγγὴ, σὺν ᾿Α- ἢ Σωτηρία δὲ τῶν δικαίων παρὰ Κυρίου.
᾿Αλληλουΐα.
ξυαγγέλιον κατα Λουκᾶν. Εἶπεν ὁ Κύριος, οὐδεὶς λύχνον ἅψας. Lure: Σαθθαάτῳ ς΄.
TH τ. ΤΟΥ͂ ΑΥ̓ΤΟΥ͂ MHNOS.
ΕΙΣ TON ΕΣΠΕΡΙΝΟΝ.
Eïs τὸ, Κύριε ἐκέκραξα, ἱστῶμεν Στίχθς ς΄. καὶ Ψάλλομεν Στιχηροὶ προσόμοια. τῆς Ἑορτὴῆς y.
"Hyos β΄. Ποίοις εὐφημιῶν στέμμασιν.
οἱοις οἱ εὐτελεῖς χείλεσιν, εὐφημήσωμεν γῦν Ε τὴν τεχθεῖσαν; τὴν αγιωτέραν τῆς χτίσεως, καὶ τιμιωτέραν ὑπάρχϑσαν, Χεροθὶμ, καὶ παν- TOY τῶν ᾿Αγίων᾽ τὸν “)ρόνον, τοῦ Βασιλέως τὸν αἀσαλευτον᾽ τὸν οἶκον, ἐν ᾧ κατῴκησεν ὁ "Yu. στος᾽ τὴν σωτηρίαν τοῦ κόσμΒ᾽ τὸ Θεοῦ αἰγία- σμα᾿ τὴν παρέχουσαν τοῖς πιστοῖς ἐν τῇ ϑείᾳ γεγνήσει αὐτῆς, τὸ μέγα ἔλεος.
οἷα πνευματικὰ ἄσματα, νῦν προσαξωμέν Π] σοι Davy; τῇ γαρ ἐκ τῆς ςείρας κυή- cet OS, ἅπαντα τὸν κόσμον ἡγίασας, καὶ ᾿Αδαμ δεσμὼν ἀπελυτρώσω, καὶ Εὔαν, ἐκ τῶν ὠδίνων ἠλευθέρωσας᾽ ᾿Αγγέλων, διὰ χοροὶ cuvsoprale- σιν᾽ ὁ οὐρανὸς τῇ γῇ χαίρει, καὶ ἐπικροτοῦσιν, αἱ ψυχαὶ Δικαίων ᾧδας, πιςώς ανακραζουσαι, εἰς δόξαν τὼν γενεθλίων σου.
| Τ᾿ τα φοθερα ἄσματα, ἃ προσῆξαν σοι |
τότε Παρθένε; κύκλῳ σου τεχθείσης ἱςα- | evot, κόραι χαρμοσύνως χορεύουσαι, καὶ ϑαμ- βητοιὼς ᾿ἐναθοώσαι᾽ Ἐτέχθη, τοῦ Βασιλέως τὸ παλατιίον᾽ SAÂGUTEL, ἡ κιθωτὸς τοῦ ἁγιαάσμα- τος᾿ πύλαι ἠνοίχθησαν στεῖραι" τοῦ Θεοῦ γὰρ | πύλ», εὐτεκνίαν τῶν αἱρετῶν, εἰσάγει βραθενο- σα, εἰρήνην καὶ μέγα ὄλεος.
Καὶ τῶν ᾿Αγίων
| μα δ΄. Ὡς γενναῖον ἐν ἤϊαρτυσιν.
aqais ταῖς ἐξ αἵματος, ἑαυτὰς ὡραί-
| FE λαῖς | σᾶσαι, τῷ ὡραίῳ HAE, κόραι νεάνιδες,
haut rie doté dix. £a Ver
LA LITURGIE 305
* * *
Une beauté qui n’est pas particuliere à cette fête mais qu’il con- vient de signaler parce qu’elle se présente ici à nous pour la pre- mière fois, c’est l’exapostilarion, ou encore cette antienne qui an- nonce la fin de l’oflice, les derniers couplets de la mélodie, le mo- ment de prendre congé (661).
« Il faut s’en aller, » mais, sion jette seulement un coup d’œil sur le reste de l’acolouthie, on voit que sa conclusion n’est pas brus- quée, tant s’en faut. Nous disons entreamis:« Aurevoir,sansadieu !» et ce n’est pas à l'instant même que nous pouvons toujours nous quitter. Avec les parents de Notre-Dame et Mère, pourquoi le mé- lode serait-il moins courtois? Donc, encore une fois, « Adam et Eve, les Prophètes et les Apôtres, tous les Saints, les Anges du ciel et les justes de la terre, les cieux eux-mêmes ne doivent former tous ensemble qu’un immense concert. » Si le mélode, ou le pieux moine s’écoutait — car c’est ici tout un — il recommencerait l'office. Il est vrai que, rentré dans sa cellule, il pourra continuer sa prière, sa prière qui n’a fait que s’éveiller avec les premières heures du jour. Tauler — si l’on peut se souvenir de lui ou deses sermons qu'on réédite — pensait, quant à lui, que ces bonnes heures de la nuit qui suivent les matines sont celles où on peut le mieux s'élever en haut de cœur et d’esprit, ce qui, disait le caté- chisme, est toute la prière.
Autre note. Le même jour, à l'office du soir, et le lendemain, à l'Orthros, comme on le voit par la page des Ménées qui commence l’acolouthie du 10 septembre, le souvenir des T'heopalores est de nouveau évoqué, touchant détail que la piété, encore ici, compren- drait si bien :« David s’est écrié : 0 mon Dieu ! qui est semblable à vous ? Votre promesse est accomplie ; une Vierge nous est née; le nouvel Adam, le Christ Jésus, Créateur du monde, occupera mon trône, et 1l règnera, lui, le Roi immortel des siècles... De la tige de Jessé et de la race de David, une enfant divine nous est née, et la terre entière est renouvelée, est divinisée. Ciel et terre, réjouissez-vous et chantez aussi, peuples des gentils, avec Joachim et Anne, les saints glorieux, les saints bienheureux qui nous ont donné la vie en nous donnant Marie, Mère de Dieu ! »
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a diodes συνήφθητο ΝΡ, συντηρᾶντι τὴν Vis, ἄρα νέου sv LuY Ἢ εἰς ἀπκήροτον, ἀφθαρσίας νυμφῶνα, ets
paies, εἰς παςαδα, οἰχοιροποίητον ἢ À. ἰτολεῖ ἐς τῷ σώματι, la
κατεπολαίσατε ἔγδο Eat, ὃ δυνοῖμϑι τῷ Πνεύματοί ἢ καὶ οἰνίσχυρον αὐτοῦ, τὴν ἰσχὺν ne eue
ὅθεν MORTE, TOUS στεφανους τῆς ύκης, Muve- ἫΝ
δῶρα, Νητροδώρα, Nuuvoèdupæ, οἱ τῆς Τριάδος |} ὑπὲρ HS YO.
ai to μέλη στρεθλούμεναι, καὶ πυρὶ δοι- kH πανώμεναι, σιδηροῖς τε ὄνυξι, GTaparto- μένει, καὶ ἐπὶ ξύλου κρεμάμεναι, καὶ ξίφει τε- μνόμεναι, οὐκ ἠρνήσασθε Χριστὸν, ἀθληφόροι πανεύφημ οἱ ὅθεν εὕρατε, τοὺς στεφάνους τῆς γέπης, ἡϊηνοδώρα, Πητροδῶρα, Νυμφοδωώρα, αἱ τῆς Τοιαΐϑος ἐσάριθμοι.
Δόξα, καὶ νῦν, Ἔχος ὃ. ἰ ᾿Αγγέλου προῤῥήσεως, γόνος. πονσεῖς ὃ,
ἐξ Ἰωακεὶμ καὶ ΓΑννης τῶν δικαίων, ἐ σή- ἢ
μερον προῆλθες Παρθένε, οὐρανὸς καὶ Ὡρόνος ἢ Θεῦ, καὶ δοχεῖον καθαρότητος, τὴν χαραν προ. ἢ
μὴ νύπσο, παντὶ τῷ κόσμῳ, τῆς ζωῆς 2 πρό- "ἃ
ξενθ΄ πατάροις ἀναίρεσις, εὐλογίας n αντίδ διὸ ἐν τῇ γεννήσει σὺ Κόρη Θεόκλητε, τὴν αὐ: 5 À
αἴτησαι, Ἑαὶ τοῖς ψυχαῖς ἡμῶν τὸ μέγα ἔλεός. ΐ
Bis τὸν Στίχον, Στιχηραὶ προσόμοια. ἔχος 6. Οἷκος τοῦ Ἔφραθᾷ.
MADAME SAINCTE ANNE
A x Hat a à caen & ἢ Pa MUR GAapraios Bpatno» TG, TOY ἀρχόπαον, ἡ
MBPIOZ. ἢ. 01 ΒῈΣ ΤῸΝ OPGPON.
Μρτὰ τὴν αἰ. Στιχολογίαν, Κάθισμα. Ἦχος δ΄. Κατεπλαγη Ἰωσήφ. ΤΡ: Δαυϊδ, τί duos σοι ὁ Θεός; "A ΓᾺ μοι ὦμοσς φησὶ, καὶ ἐκπεπλήρωκεν ἰδοὺ,
Ex τοῦ καρποῦ τῆς κοιλίας μου δοὺς τὴν Παρ-
ee ἐξ ἧς ὁ πλαστουργὸς, Χριστὸς ὁ véos gs ἐτέχθη Basaets ἐ ἐπὶ τὸ ὡρόνδμθ᾽ καὶ
de βασιλεύει σήμερον, [ ἔχων τὴν Gasdeiav εσά- | levres.
τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν.
Ἡ στεῖρα τίκτει, τὴν Θεοτόκον, καὶ
Δόξα, καὶ νῦν, Τὸ αὐτὸ... Merci τὴν β΄. Ξτιχολογίαν, Καθισμα, ὅμοιον. κα τῆς ῥίζης Ἰεσσαὶ, καὶ ἐξ ὀσφύος τοῦ Δουὶϊδ, ἡ ἡ Φεόπαις ὑϊαριῦμ, τίκτεται σήν μερον ἡμῖν, καὶ γεουργεῖται ἡ σύμπασα, παὶ ϑεουργεῖται. Συγχάρητε ὁμοῦ, ὁ οὐρανὸς καὶ αὶ γ5᾽ αἰνέσατε αὐτὴν, αἱ “πατριαὶ τῶν ἐθνῶν. ᾿Τωπεεὶμ εὐφραίνεται, καὶ "Αννα πανηγυρίζει | πραυγοίζουσα" Ἡ στεῖρα. τίκτει, τὴν Θεοτόπον, καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν. | Ο' Κανῶν τῆς Ἑορτῆς, καὶ τῶν ᾿Αγίων, οὗ καὶ Δ᾽ Ἐροστιχὶς"
4 Τριῶν αἰδελφῶν γνησίων ἄθλους σέθω. Ἰωσήφ. ᾿'ῷ δὴ α. χος à. ᾿ἀγοίξω τὸ στόμα βου. ΓΕ" καίδα τὴν ἄκτιστον, ἣν εὐσεθῶς Eur pie Ἐ τε, ἡμῖν ἱλεώσασθε, Méprupss ἔνδοξοι, γῦν | γεραίρουσιν, ὑμῶν τοὺς Φείους ἄθλους, καὶ ταὶ
ορὸς τῶν Προφητῶν, ἀἰγαλλεσθο᾽ ἐδοῦ γὰρ, ἢ: κατορθώματα, ϑεομαχάριστοι.
JR στεῖρα καρπὸν ἐπφύει, ἐν ᾧ αἱ Lpcor sc, ὑμῶν περα: ἰωθήσονται. Στίχ, “λκουσον ϑύγατερ, καὶ ie.
ΜΕΝ
μάτων ἠλόγησαν, τὸ δυσμενοῦς αἱ Νεᾶνε δες, τῷ ϑείῳ φραττόμεναι, ὅπλῳ ris Ti. δτεως, καὶ ὑπέςξησαν, βασανω» τρικυμίαν, AOL
Ἧ ἱκίρτα Ἰωακεὶμ, ὁρῶν᾽ ᾿Ανναν κοιλίας, Ξ-αρ- ἢ Θανατον ἄδοιον, διαὶ τὴν παντῶν ζωήν.
ps πὸν ἐχφύουσαν σοι, ἐξ οὗ ζωὴ τῷ κόσμῳ, à
καὶ λύτρωσι5 τεχϑήσεται. Στίχ. Τὸ πρόσωπόν σου λιτανεύσουσιν. pas Ἰωακεὶμ, καὶ στείρωσις τῆς ᾿Αννη9, | Dundee εἰς παλοι, φῦσιν, τὴν βρότειον καινίζοντα. Δόξα, καὶ νῦν, Ὅμοι
δ μνον ἐκ ἐυπαρῶν, χειλέων Θεοτόχο, προσ- ἢ
δέχου καὶ τὴν λύσιν, δίδου μοι τῶν πταῖ- ΣΕ καὶ τῶν χαχὼν διόρθωσιν. ᾿Απολυτίκιον τῆς 'Ἑορτῆς, καὶ ᾿Απόλυσις.
γηράσασον τὴν]
'Tyvi ῥωννύμεναι, παντοδυνάμῳ τοῦ κτίσαν- τος, αἰνδρείαν ονέλαθον, γνώμην αἱ παάνσε-
ἢ μγοῖ, καὶ τὸν δράκοντα, τὸν σκολιὸν τὸν μέγαν, ἢ ποσὶ κατεπαίτησαν, Ἐαὶ πατηδάφισαν.
Θεοτοκίον. 5
Ι ἊΝ» ἔμψυχον ϑαάλαμον, ὡς ἀδιάφθορον σκή-
γωρᾶ, ὡς πύλην οὐράνιον, ὡς Jeiav τρά- πεῖαν, ὧδ παλάτιον, καὶ ρόνον τοῦ Δεσπότθ, Mapiav τὴν ἄχραντον, ὕμνοις τιμήσωμεν. "Oo y. Οὐκ ἐν σοφίᾳ.
ἢ Nes λογισμῷ ὁ παροΐνομος τύραν-
γος, τὴν ζωὴν ἡμῶν Χριστὸν, δεινῶς ἀργεῖ-
; σῦαι ἠνάγκαζε, Maprus Μηνοδώρα σε καταικι- ἢ ζόμενος.
I L'Est πρὸς Θεὸν δικαστὴς οὐκ ἐφεί-
σατο, ἀλλὰ ῥαθϑδοις ἀπηνῶς, συνθλᾷ τὰ
LA LITURGIE 307
LE 21 NOVEMBRE
La Venue de la sur-sainte Vierge au Temple
Pour employer un mot devenu classique, la «littérature du sujet» est encore 1c1 irès riche et très belle. On n’a pas oublié les soixante colonnes de Georges de Nicomédie sur la Présentation de la Vierge, et c'était déjà un indice. Combien d’autres pièces non moins in- téressantes la seule Patrologie de Migne ne pourrait-elle pas nous offrir encore, sans parler des recueils de la littérature hymnique ὃ Et en effet, orateurs et méledes, Germain de Constantinople, Taraise, patriarche, lui aussi, et quin’a d’autre tort que de por- ter un nom inharmonique, Georges le mélode, Jean d’Eubée, Georges le Chartophvylacte, Sergius l’hagiopolite, Jean Damascène, le seigneur Basile, comme lappellent les Ménées, Jacques le moine, même un basileus, Léon le Sage, célèbrent à l’envi ce tou- chant mystère d’une toute jeune Vierge que Dieu s’est dès long- temps choisie pour Mère, et qui vient, sous la conduite de ses parents, se consacrer au Seigneur.
Soyons d’abord à Georges le mélode. Le cardinal Pitra nous l’a fait connaître en publiant de lui un poème en vérité très beau de pensée et de forme, sur cette même fête de la Présentation de la Vierge. Faut-il avertir que le mélode n’a pu satisfaire sa dévo- tion à moins de vingt-trois strophes, c’est-à-dire de 473 vers ἢ C’est le cardinal qui les a comptés, et ce qui étonne un peu, c’est qu'il n'ait pas remarqué, ou fait remarquer que toutes ces siro- phes, sauf la première, sont coupées exactement, chacune, de vingt-une incises. [Il n’y a pas à supposer que ce soit là quelque ingénieux arrangement de l’éditeur, car, en y regardant de plus près, on voit bien vite que, d’une strophe à l’autre, ces incises se correspondent exactement, ce qui supprime déjà toute tentation de jugement téméraire.
1. Georges de Nicomédie, voir plus haut, p. 145; Taraise, Georges le Mélod?:, in- fra; — Georges le Chartophylacte, Combefis, Auct. nov., t. 1, p. 1091 ;— Sergius et Basile, infra ; — Jacques, Fabricius, Bibl. gr., ἔς 1x, p. 113; — Léon, Combe- fis, Auct., t. 1, p. 1619.
308 MADAME SAINCTE ANNE
Mais laissons ces détails presque profanes, et accordons-nous au moins une strophe, faute de mieux, du mélode Georges : Pitra le place au vu siècle, et son âge seul, n’eût-il fait que prononcer le nom de sainte Anne, nous vaut déjà tout un poème, même son
poème Ἶ.
Τεχθείσης τότε τῆς ἁγνῆς Τῇ θείᾳ προμηθείᾳ, Οἱ δίκαιοι, καθάπερ Υπέθεντο, τῷ χτίστη Ταύτην προσῆγον ἐν ναῷ᾽ Χαίρουσα οὖν Αννα ᾿Ανεθόα εμφανῶς, Τῷ ἱερεῖ χραυγάζουσα᾽ Ταύτην, ὦ Ζαχαρία, δεξάμενος, νδον τῶν ἀδύτων
οὔ ναοῦ τοῦ Κυρίου Εἰσάγαγε Kai περιφύλαττε᾽ υὐχῆς γὰρ τῆς ἐμῆς Καρπὸς ἐδωρήθη. Καὶ Θεῷ τῷ ποιητῇ Iooütecyouny Ταύτην ἐν χαρᾷ ΠΠροσάγειν αὐτῷ χαὶ πίστει" Αὐτὴ ὑπάρχει Σκχηνὴ ἐπουράνιος !.
La prévoyance divine
À fait naître la Toute-Pure,
Et deux justes, l'ayant promis, L’amènent à son Créateur
Pour la lui consacrer en son temple. Elle est donc très heureuse, Anne, Et devant tout le peuple, elle s’écrie, En s’adressant au Grand-Prêtre :
« Zacharie, reçois cette enfant ; Dans la retraite la plus cachée
Du temple de son Seigneur
Fais-la pénétrer,
Et garde-la bien !
Comme un fruit de ma prière
Dieu me l’a donnée,
Mais à lui-même, notre Maître,
J’ai fait vœu,
Avec joie et confiance,
De la rendre sans retard,
Elle qu'il a faite
Le tabernacle du ciel.
Consultons maintenant les Ménées de novembre, puisqu'il ne serait pas Juste, après en avoir supprimé le texte grec,de les ignorer totalement. On se fait peu idée de cette abondance, de ce perpétuel renouveau de lyrisme, d'enthousiasme, de pieuse ferveur sur un motif plein de grâce, 1] est vrai, mais qui paraissait devoir s’épuiser dès les premières lignes. Si les comparaisons n’étaient pas d’ordi-
1. Analecta (1876), t. τ, voir avant Georgius, p. 275, une note à Gregorius, quelques pages plus haut. Georges était, selon Pitra, le frère de Grégoire, et celui- ci est placé par lui au vire siècle.
LA LITURGIE 309
naire odieuses, nous pourrions ici ouvrir le bréviaire romain et voir ce qu’il nous donne, au 21 novembre, de très spécial à la fête de la Présentation. C’est extrêmement peu, comme d’ailleurs en la plupart de ses offices, où l’on peut voir qu'il n’y a guère de propre que certaines leçons, et pour les plus grandes fêtes, les hymnes, les antiennes et l’oraison. Le bréviaire d'Orient, au contraire, nous le remarquons encore une fois, s’occupe littéralement de la fête du jour; il s’en tient strictement à son objet, à sa pensée. C’est comme une méditation sur le sujet, et peu lui importent, pour ne plus parler de notre bréviaire, mais plutôt de nos grands écrivains et orateurs, les « larges horizons », les envolées au delà et au dehors des limites tracées, si, en restant à son point d’oraison, il satisfait à la fois son esprit et son cœur.
En tout cas, aujourd’hui, l'office grec, l'office du chœur, comme l’homélie qui s'adresse à la foule pieuse réunie dans l’église, ne s’écartera pas de la » « petite enfant divine » (Θεόπαις), de ses justes et saints parents, assez vertueux en eflet pour faire le sacrifice de son extrêmement douce présence et pour la re- donner au Seigneur qui l'avait mise lui-même entre leurs bras ; il ne verra toujours que la jeune Vierge montant toute seule et « sans se retourner en arrière», les quinze degrés du temple; Joa- chim et Anne la contemplant dans l’extase, le grand-prêtre l’ac- cueillant et l’entraînant jusque dans le Saint des saints, les jeunes filles, porteuses de flambeaux, toutes à l’enchantement de cette fête incomparable, les anges qui là-haut se penchent sur les balus- tres du ciel pour voir un peu de loin ce qui se passe de si merveil- leux sur la terre, l’autre ange qui apporte à la petite Vierge, sans doute fatiguée, un peu de nourriture préparée au ciel même et qui, permettez, peu soucieux de ce qu’en dira la critique du xx® siè- cle, reviendra ainsi tous les jours pendant douze ans, ou même plus, selon qu’il plaira à la jeune Vierge et à Dieu !,
1. Était-ce un rêve, au moment où nous parcourions les Ménées, ou bien ces « balustres du ciel», si célèbres depuis saint François de Sales, se voient-ils déjà
là ?
310 MADAME SAINCTE ANNE
Ecoutons un instant : « Portes du temple, ouvrez-vous, car voici venir le temple et le trône du Roi des cieux, la Mère du Verbe de Vie, du Saint des Saints ; vierges, laissez entrer la Vierge, la fiancée du Tout-Puissant, de l’éternel Dieu (p. 150 1) ; pieux fidèles, faites retentir vos hymnes et vos cantiques ; saluez à cenoux le temple spirituel du Christ notre Dieu, l’unique Pleine- de-grâce entre les femmes, la prophétisée des « Voyants », la gloire des apôtres, le triomphe des martyrs, la Joie de toute la création (p. 1511:2)... Ciel des cieux, qui as fait pleuvoir tes
uées, chante les incompréhensibles merveilles d’un Dieu qui ouvre aujourd’hui toute grande cette porte de l'Orient par où passera le Christ en venant faire parmi nous sa demeure ; chœurs des anges, tressaillez d’allégresse et dites tous ensemble comme Gabriel : « Salut, Pleine-de-Grâêce... 1] est avec toi, le Sei- ogneur de toute miséricorde; peuples de la terre, acclamez celle qu'ont annoncée les prophètes, comme l’élue de Dieu avant tous les temps et pour tous les temps, comme la Mère par excellence, la Mère de Dieu même, et dites d’une commune voix :« Seigneur, au nom de cette Vierge, ta choisie, ta toute belle, donne-nous ta paix et ta grande miséricorde À, »
Ainsi l'office continue longtemps. Sergius l’hagiopolite convo- que à son tour la multitude des fidèles ; 11 ne peut détacher son regard de la «petite enfant divine »; 1] veut que toutes les fem- mes se réJouissent avec Anne, l’heureuse mère de cette Vierge divinement belle ; avec la Vierge, Mère infiniment heureuse de Jésus lui-même (p. 1523). Puis le premier mélode, Geor- ges reprend son cantique, et un autre, le Kyrios Basilios, lui succède, et les mêmes louanges reviennent toujours à l’adresse de l’Enfant qui se donne, à l’adresse de ses parents qui la con- sacrent au Seigneur. « Votre sagesse est toute divine, ὃ saints Joachim et Anne, qui rendez à Dieu le don qu’il vous a fait, puisque lui seul est digne de posséder la Vierge sans tache l'unique Immaculée (p. 166). »
1. ᾿Αγαλλιάσθω σήμερον ὁ οὐρανὸς ἄνωθεν, καὶ αἱ νεφέλαι εὐφροσύνην ῥανάτωσαν, ἐπὶ τὰ λίαν παράδοξα μεγαλεῖα τοῦ Θεοῦ ἡμῶν. “Ἰδού γὰρ ἢ πύλη, ἡ κατὰ ᾿Δνατολὰς βλέ- πουσα, ἀποχυηθεῖσα, ἐχ στείρας ἀχάρπου, ἐξ ἐπαγγελίας, χαὶ τῷ Θέῳ ἀφιερωθεῖσα εἰς κατοΐχησιν, σήμερον ἐντῷ ναῷ, ὡς ἄμωμος προσφορὰ προσάγεται. ᾿Αγαλλιάσθω ὁ Δαυΐδ, χρούων τὴν χινύραν; ete. Cf. p. 152, des Ménées de novembre.
Lit © La Ps
LA LITURGIE 311
Tant s’en faut en effet que le Père et la Mère de la « divine enfant » soient ici relégués à l’écart. Après le synaxaire, — il faut le traduire pour sa beauté (p. 157) : « Jeune fille, Gabriel t’apporte ta nourriture au dedans du temple, et te dit son salut en s’approchant un peu, (que voulez-vous ? ces pauvres byzantins sont si médiocres !)— après le synaxaire, disions-nous, c’est comme un nouvel office qui recommence, et c’est toute la légende du Pro- tévangile qui le précède : la longue prière d'Anne et de Joachim, leur promesse de consacrer au Seigneur l’enfant qu'il leur donnera, l'apparition de l’ange, la bienheureuse fin de l’épreuve, etc. Le canon qui suit, et qui est le deuxième de la fête (χανὼν δεύτερος), serait à traduire si nous pouvions partout contenter nos goûts personnels, mais c’est trop demander, et bornons-nous à un pas- sage, à deux ou trois de ces cris de cœur que nous entendrons d’ail- leurs encore : « Vous tous qui aimez les fêtes du bon Dieu, venez, et groupez-vous en chœur ; chantez, chantez encore, chantez avec Joachim et Anne les bienheureux à jamais, avec le prophète qui avait vu et parlé dans l'Esprit, προφητεύων ὁ λέγων ἐν Πνέυματι; avec les anges du ciel réunis en cohortes immenses pour saluer l'entrée de la Toute-Sainte dans le Saint des Saints, et de corpset d'esprit comme la Vierge elle-même, χαὶ σῶματι χαὶ πνεύματι, réJouissez-vous ; recevez aussi la nourriture céleste, aliment de toute sagesse et de toute charité; apprenez, comme son père et sa mère, à donner à Dieu ce que vous avez de plus cher au monde (p. 158 ?). »
Suivent le cantique d'Anne, mère de Samuel, le cantique de Zacharie, le megalynarion, les tropaires, hirmi, catavasiæ, stikhera prosomia, enfin — détail extrêmement touchant pour qui n’a pas les hauts dédains de quelques-uns : « À cause du jeûne de cette saison, la fête présente ne se célèbre que pendant cinq jours, c’est- à-dire à partir d'aujourd'hui jusqu’au 25 de ce mois, alors qu’on en fait l’apodosis, χαθ᾿ ἥν ἀποδιδόται(ρ. 159). »
La «solennité » — et ce n’est pas pour rien que nous nous ser- vons de ce mot,on le verra mieux plus loin — la solennité ne serait pas complète si, à la prière, la prière secrète, privée, intime du chorus conventuel, ne se joignait la louange publique, l’homélie qui alimente la piété des fidèles, et nous viendrons donc un instant
312 MADAME SAINCTE ANNE
à l’église. C’est un homme célèbre, Germain patriarche de Cons- tantinople, qui va parler. Il va parler d’abord à la Vierge Marie elle-même, au nom du Grand Prêtre :
« Entrez, à la bonne heure ; entrez, vous qui êtes l’accomplisse- ment de ma prophétie ; entrez, vous, la réalisation des promesses du ciel ; entrez, le sceau du testament de notre Dieu ; entrez, l’objet de ses conseils ; entrez, la clef des mystères cachés ; entrez, la contemplée de tous les prophètes ; entrez, la paix des disgraciés et la clarté de ceux qui vivaient dans les ténèbres ; entrez, pré- sent tout rare et tout divin ; entrez, la Souveraine de tout ce qui est créé; entrez dans la gloire de votre Seigneur, gloire de la terre à cette heure, et présage de l’éternelle et inaccessible gloire du ciel!»
Puis se tournant vers Joachim et Anne :
«Auteurs de notre salut, de quel nom vous nommerai-je ? Que dirai-je de vous ? Je suis dans la stupeur à la vue de l’offrande que vous présentez au Seigneur, blanc tabernacle où le Dieu trois fois saint viendra faire un jour sa demeure. Oh ! non, certes, Vierge ne fut jamais, et nul n’en reverra sur terre dont la beauté resplendisse d’un pareil éclat. Elle brille à nos yeux cette Lampe plus précieuse que l’or et les pierreries, qui éclairera le monde entier par la grâce de sa virginité sans tache et par ses Joyeuses splendeurs.
«Nous vous contemplons comme deux astres lumineux fixés au firmament ; tous deux vous dissipez les obscurités, les ombres de la lettre et de la loi donnée au milieu des orages ; vous nous
4. Tum puellam summo gaudio tenens, in Sancta eam Sanctorum alacriter infert, hæc fortean ad ipsam dicens : Adesdum, meæ plenitudo prophetiæ ; huc ades, Domini ordinationum perfectio ; ades, obsignatio ejus testamenti ; ades, ipsius consiliorum finis ; ades, declaratio ejus sacramentorum ; ades, uni- versum speculum prophetarum ; ades, collectio male dissidentium ; ades, con- junctrix olim dissidentium ; ades, firmamentum in terra nutantium (δεῦρο, στή- ριγμα τῶν χάτω νενευχότων) ; ades, instauratio jam veteratorum ; ades, splendor in tenebris jacentium ; ades, novum maxime ac divinum donarium ; ades, Do- mina terrigenarum omnium ; ingredere in Domini tui gloriam, hactenus quidem in eam quæ in terris est ac calcari potest; paulo autem post, in supernam illam, ac hominibus inaccessam. 5. Germ. C. P., Orat. τι, in Præs. SS. Deip., Migne, P. α., τ. καντιι, col. 315, ou Combefis, Auctarium novum, t. v, p. 1411 ; Lambe- cius, Bibl. vindob., t. 1v, p. 129, et van, p. 52.
LA LITURGIE 343
préparez, par votre foiau Christ promis, une heureuse transition à la nouvelle loi de grâce
«Oh ! si ma parole pouvait ne pas rester trop au-dessous de vos mérites, de votre gloire à vous qui avez consacré vos soins à l’éduca- tion de cette angélique Vierge ; à vous que je considère comme deux chérubins abritant de votre ombre mystique le Propitiatoire du Pontife Sauveur du monde; comme les deux angles spirituels du Testament nouveau, car dans votre demeure vous avez enfermé l’autel sanctifié par Dieu même et dédié à la plus sainte des victimes:
« Comme l’or pur revêtit autrefois l'arche faite de main d’hom- me, vous avez enveloppé l’arche spirituelle et divine de la nouvelle alhance, cette arche où reposera Celui qui doit signer notre pardon sur la croix. Votre joie est la joie de toute la terre, votre gloire, la commune alléoresse de tous les hommes. Oui, vous êtes bien- heureux, vous les glorieux parents d’une telle Fille ! Bénis soyez- vous, Ô vous qui nous apportez ce don de Dieu ! Heureuses les entrailles qui l’ont portée et le sein qui l’a nourrie ἡ ! »
1. O salutis nostræ auctores quo vos nomine appellem? Quales vos dixerim? Obstupesco, cernens qualem fructum obtuleritis. Ejusmodi enim est, qui utique Deum ad inhabitandum in se puritate sua alliciat. Nulla sane, quæ ejusmodi pul- chritudine fulgeat, inventa unquam est, aut invenietur. Vos instar duplicis 6 paradiso egredientis fluminis apparuistis, lampadem ferentes auro ac lapide pre- tioso pretiosiorem ; quæ pulchritudine immaculatæ virginitatis suæ, et exhila- rantibus fulgoribus suis universam terram illuminat. Vos ceu duo fulgentissima sidera, firmamento quodammodo inserta contemplamur ; uterque enim caligi- nosæ litteræ et latæ inter procellas legis obscuram umbram hilari luce dispellitis, et sapientes ad hanc novam novi luminis gratiam credentes in Christum inoffen- so pede deducitis. Vos intuemur tanquam splendidissima cornua spiritualis templi novi testamenti, utpote qui in gremio vestro sanctificatum illud ae Deo dicatum sacræ victimæ rationabilissimum altare continetis. Vos (si quidem fieri possit ut non meritis inferiora dicam), in educanda puella assidui, Cherubim apparuistis, mystica prorsus obumbratione, propitiatorium Pontificis, omnium Salvatoris, circumtegentes. Vos præ auro illo, quod ad circumvestiendam arcam olim fabrefactum est, vos, inquam, visi estis circumoperientes spiritualem divinamque novi testamenti arcam, eum continentem qui nobis cruce veniam subscripsit. Gaudium vestrum, gaudium est universæ terræ ; gloria vestra fit omnium communis lætitia. Vos beati, quibus datum fuit ut talis filiæ parentes essetis ! Vos benedicti, qui hujusmodi benedictum donum Domino attulistis ! Beata ubera quibus nutrita ipsa fuit, et venter quo portata est ! Germanus C. P., Orat. 1 in Præs. SS. Deip., Migne, P. G., τ. xevun, col. 302.
314 MADAME SAINCTE ANNE
«En ce moment les portes intérieures du Temple se sont ouver- tes, et les pas de Marie, dit encore Germain de Constantinople, sanctifient le seuil sacré. Le sanctuaire resplendit de ia lumière des lampes, mais le rayonnement de cette Lampe vivante l’emolit d’une splendeur bien plus vive, et l’éclaire, à son entrée, des reflets de sa céleste beauté. Les degrés de l’autel s’empourprent de l’au- réole virginale qui ceint le front de l’enfant. Z/acharie se réjouit de l'honneur que le ciel lui fait de recevoir l’élue de Dieu ; Joachim est tout au bonheur d'offrir une oblation qui hâte l’accomplisse- ment des prophéties ; Anne consacre sa Fille au Seigneur avec des transports d’ailéoresse ; nos premiers pères sont inondés de conso- lation parce qu'ils se sentent délivrés de la condamnation qui pesait sur eux ; les prophètes exultent de 1016, et, avec eux, tous les ordres des élus, toutes les âmes ornées de la grâce 1.»
l’autre patriarche, Tarasios, n’a n1 la même ampleur, πὶ le même lyrisme, mais lui aussi aime à voir ceite petite vierge de trois ans s’avancer sous les arcades du temple, pendant que Joachim et Anne se répandent en actions de grâces aux pieds du grand-prêtre Zacharie et parmi le chœur des vierges qui les ont accompagnés jusque-là, tenant leurs lampes allumées ?.
Ces filles de la Judée, Jean d’Eubée, à son tour, les entend chanter pleines d’allévresse : « Cantate, et exultate, et psallite, » parce que Joachim et Anne viennent d'introduire dans le Saint des Saints, l’immaculée Mère de Dieu, et c’est pourquoi la mon- tagne de Sion s’est réjouie »... Le pieux moine observe que ces jeunes filles, en chantant de la sorte, ne manquaient pas de res- pect pour le lieu saint, mais qu’elles exprimaient ce que le Saint- Esprit leur inspirait à l’heure même 3, — Sont-ils assez médiocres, ces vieux byzantins |!
1. « Tum portæ, ut spiritualem Emmanuelis Dei portam excipiant, pandun- tur, et pressum Mariæ vestigiis limen sanctificatur. Ac templum lampadarum quidem luce coruscat, etc. Germanus C. P., Orat. in Præs. SS. Deip. Migne, P. G., t. xcviti, col. 299.
2. Migne, P. G., ἢ, cxvux, col. 1482, 4497.
3. Virgines... quæ simul post... Mariam... incedebant, nihil, quod inclamarent, habebant alienum aut indecorum, sed spiritualia duntaxat ac Deo placentia, quæ Spiritus sanctus in ea hora (ipsis) donabat. P. G., ut sup., col. 806.
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LA LITURGIE
315
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Ménées des 8 οἱ 9 décembre
TH Η΄. TOY ΑΥ̓ΤΟΥ͂ MHNOS.
Προεόρτια τῆς Συλλήψεως τῆς ‘Ayias ‘Ayvns mai μνήμη τοῦ Ὁσίου Πατρὸς ἡμῶν Πα- ταπίου. ΕἸΣ TON ΕΣΠΕΡΙΝΟΝ.
Εἰς τὸ, Κύριε ἐκέχραξα, ἱστῶμεν Στίχος ς. καὶ ψαλλομεν Στιχηροα Προσόμοια ἱϊροείρτια, ἯἮχος a. Τῶν οὐρανίων ταγμάτων. πον γῦν χορείαν δεῦτε χροτήσωμϑν, καὶ τὸν Χριξὸν ὑμνᾶντες, Προεόρτια δώρα, πόθον, αἶνον δεχτόν, τῷ Toi γένους τι, τῇ Θεοτόκῳ, γεραίροντες τὴν αὐτῆς, παῤ ἐλπίδα ϑείαν Σύλληψο. Ὗ παραδείσῳ ἡ "Αννα ta εὐαγγέλια, τοῦ παῤέλπίδα πᾶσαν, ὑποδέχεται τόνου, τῆς μόνης Θεονύμφου, δηλόσα τραγὼῶς, ὡς Tpu- φήσεως κρείττονος, καὶ ἀπολαύσεως τύχοιμεν οἱ πιστῶς, τὸν καρπὸν αὐτῆς ἘΝ Τοῦ Οσίου, ὁμοισν. ν οὐρανίων χαρίτων, Πάτερ γευσάμενος, τῶν ἐπιγείων πάντων, ἀπεστραφης ἡδέων, τὴν μέθεξιν ἐνθέως᾿᾿ ὅθεν dei, τῆς γλυκείας [1α- tome, τῶν ἀγαθῶν τῶν ἐχεῖθεν κατατρυφῶν,
ἀπολαύσεως, ανύμνεις Χριστὸν (°).
πρησαξωμεν ἐκ
φεενευννυνν εν εν να Φοφεννν "εν "ον υφννεν νυν nn nm
«αζάτοςο Re ΕΙΣ ΤῸΝ ΟΡΘΡΟΝ.
Meta τὴν συνήθη Στιχολογίαν, Κανόνες c Προεόρτιος, καὶ τοῦ ‘Ayiov, φέροντες ὁμοῦ τὴν ὃς τὴν ᾿Αχροστιχίδα, aveu τῶν Εἱρμῶν. Χαρᾶς ανοίγει Χριστὸς ἡμῖν ras πύλας.
Ἔν δὲ τοῖς Θϑεοτοχίοις, Γεωργίου (*).
Ὡδὴ α. Ἦχος β΄. Ὁ Εὑρμός. : sûre Λαοὶ, ἄσωμεν doux Xpisu5 τῷ Θεῴ, ᾽ τῷ διελόντι ϑάλασσαν, καὶ ὁδηγήσαν- » τι, τὸν λαὸν ὃν ανῆκε, δουλείας Αἰγυπτίων᾽ » ὅτι δεδόξασται. αρᾶς ἡμῖν, σήμερον προχαταγγέλονται, ταμεῖα διανοίγεσθαι, καὶ ἀποκλείεσθαι, τῆς κατάρας αἱ λύπαι, ἐν τῇ Deix Συλλήψει, τῆς ϑεομήτορος.
Ἴγθη τερπνα, σήμερον πιστοὶ δρεψαάμενοι, ἐνθέων λόγων πλέξωμεν, τὸν προεόρτιον, στε ἐγχωμίων, τὴν ἰσρθένον αἰνοῦντες, ἐν τῇ Συλλήψει αὐτῆς.
Τοῦ Ὁσίου, Ἧχος καὶ Εἱρμὸς ὁ αὐτός. P* σοφὲ, καὶ ϑείαν δύναμιν ἄνωθεν, ἐκ
βρέφους ἐνδυσάμενος πρὸς τῆς ἀσκήσεως,
Προεόρτιος . ‘On 9’. Τὸν ἐκ Θεοῦ Θεόν.
δ' περφυεῖς ὡς ἀκτῖνας, προανίσχει τῷ κχό- } σμῳ, ἡ Σύλληψίς σου π΄ίνσεμνε ᾿Αγνὴ, τας γοουμένας τῆς χοριτορ᾽ καὶ λαμπρύνει TES πόθῳ, ἐν ταύτη προεόρτιον δὴν, τῷ Δεσπότῃ τῶν ὅλων, ἐν πίστει ἀγαμέλποντας.
ὑσιν στειρώσεως "Âvra, δεχομένη μηνύει, Λ βροτοῖς τὴν εὐφορίαν τῶν καλών, καὶ εὐκαρπίαν τῆς φύσεως καὶ καλεῖ πᾶσαν κτίσιν, ἐν σῇ Ξυλλήψει aypavrs ᾿Αγγὴ, προ- εὐρτια δῶρα, προσαξαισοι τὴν αἴγεσι». ποῦ Ὁσίου, ὃ αὐτός. ὁ ᾿παρυσάμενος Πάτερ, ἐκ πηγῆς αἰεννόου, τοῦ ιἰγεύματος τὴν χοαριν δαψιλώς, τῶν
nn nn nn νυν εν νυν mn
Θεοτοχίον.
AT Θεοῦ μητέρα σε, ανυμνοῦμεν σὺν πό-
Ὁ Jo, ἐν Θεοπγνεύστοις ἄσμασι, Παναγία Παρθένς, οἱ διὰ σοῦ σεσωσμένοι" νέμοις οὖν Θεοτόξε, τοῖς αἰναξίοις δούλοις σου, ἱλασμὸν καὶ εἰρήνην, καὶ φωτισμόν" ὅσα γοαρ ϑέλϑθις δύνασαι καὶ ἰσχύεις, ὡς πάντων οὖσα Δέ- ὅποινα, ὑπερένδοξςε Κόρη.
Ἡ λοιπὴ ᾿Ακολουθία τοῦ Ὄρθρον, ὡς σύνηθες, καὶ ᾿Απόλυσις.
TN ES Sn ES Re NE 2 Vs — 3 TH Θ΄. ΤΟΥ͂ ΑΥ̓ΤΟΥ͂ MHNOS.
H σύλληψις τῆς ᾿Αγίας "Ἄννης, τῆς Μητρὸς τῆς Θεοτόκθ᾽ καὶ ἡ ἀνάμνησις τῶν ᾿Εγχασίων (*).
EIZ TON ἙΣΠΕΡΙΝΟΝ.
Y ᾿
Εἰς τὸ, Κύριε ἐκέκραξα, στῶμεν Στίγυς ς΄. καὶ ψαάλλομεν Στιχηροὶ Προσόμοια τῆς ‘Ayias γ. ἯἮχος δ΄. Ὁ ἐξ ὑψίστου κληθείς. ) αρπογονοῦσαι καὶ στεῖρα. παῤ ἐλπίδα, Παρ- Doov τὴν μέλλουσαν, τίχτειν Θεὸν ἐν σαρκὶ, ayaklace φαιδρύνεται, χορεύει χαί- pit, μεγαλοφώνως ᾿Αννα χραυγαάζουσα Φυλαί μοὶ συγχάρητε, ἅπασαι τοῦ Ἰσραὴλ, κνοφο- 03, καὶ τὸ ὄνειδος τῆς αἀπαιδίας, ἐνα ποτίθε- μαι ὡς ηὐδόκησεν, ὁ εὐεργέτυς ἐπακούσας JU, τῆς προσευχῆς χαὶ κατώδυνον, Θεραπεύσας τ αρδίαν, δὲ ὠδίνων εἷς ὑπέσχετο. €) ἐξ αἀνίκμον πηγᾶσας ὕδωρ πέτρας, καρ- ὦ Κὶ πὸν τῇ χοιλίᾳ σον, [Αννα χαρίζεται, τὴν οτιπτάρθενον Δέσποιναν ἐξ ns τὸ ὕδωρ, τῆς σω-
ἘΣ ωὩ
( Εἰ βούλει ἑορτάσαι ἐντιλέστερον τὴν παρεῦσαν rue pay, μετὰ τὸν Προοιμιακὸν, στιχολόγωσον τὴν a στάσιν τοῦ δέακάριος ἀνέρ.
316
58 MHN
τηρίας μέλλει προέρχεσθαι. Οὐκέτι ὡς ἀχαρ- πος, γῆ παροικεῖς ἐπὲ γῆς᾽ ὀνείδισμδ ἠλλοτρίω-
dau γῆν γὰρ βλαστήσεις, καρποφοροῦσαν ζωῆς ἢ τὸν ἄσταχυν, τὸν τοὶ ὀνείδη ἀφαιρούμενον, Tav- ἢ των βροτῶν ὡς nvèdunoe, διοὶ σπλαγχνα ἐλέως, À Ἷ A: ἡ Θεία χάρις ποτὲ, προσευχομένη
ὧν Προφητῶν αἱ προῤῥήσεις ἐκπληροῦνται" Ε
ορφωθῆναι τὸ ἀλλότριον.
Ὄρος yap τὸ ἅγιον, λαγόσιν ἵδρυται. Κλί-
μαξ ἡ Θεία φυτεύεται" Θρόνος ὁ μέγας, τοῦ Βασιλέως προετοιμαάζεται Τόπος εὐτρεπίζεται |
ὁ ϑΘεοθαδιστος᾽ Βατος ἡ ἄφλεκτος ἄρχεται, αναθλαστανειν᾽ ἡ Νυροθήκη τοῦ ἁγιάσματος, ἤδη πηγάζει τῆς στειρώσεως, τοὺς ποταμοὺς
ἀναστέλλουσα, τῆς Θεόφρονος ᾿Αννηο᾽ ἣν ἐν}
πίστει ΓΝ par ἐ αἱ τῶν ᾿Εγκαινίων y’. Ἦχος πλ. β΄. Αἱ ᾿Αγγελικαί.
᾽ “ { » , LU » ἢ A ἐσποτα Χριστὲ, ἡ ἀθάνατος σοφία, βλέμ- αὶ
ματι τῷ σῷ, ἐπιφοίτησον ἐξ ὕψους, ἐν τούτῳ τῷ Τεμένει, καὶ ἀσάλευτον φύλαξον,
MADAME SAINCTE ANNE
AEKEMBPIOZ. 6; ἢ Beus τῷ où Υἱῷ καὶ Θεῷ, ὡς προστασία ὕ- | πάρχουσα μῶν τῶν χριστιανῶν, τοῦ σωθῆναι
τοῖς ψυχὰς ὑμῶν. Εἰς τὸν Στίχον, Στιχηραὶ Προσόμοια, Hyos πλ. d. Χαίροις ἀσκητικῶν.
ὑπὲρ τέχνου ἐθόησε, τῷ πάντων Θεῷ "καὶ Κτίστη "᾿Αδωναὶ Σαδαώθ, τὸ τῆς ἀπαιδίας | οἴδας ὀνείδος᾽ αὐτὸς τὴν ὀδύνην μου, τῆς καρ- δίας διαάλυσον, καὶ τοὺς τῆς μήτρας, καταῤῥά-
ἔ κτας διανοιξον, καὶ τὴν ἄκαρπον, καρποφόρον » ᾽ ES "” " Q , αναδειξον᾽ ὅπως τὸ γεννησόμενον, δοτόν σοὶ
προσαάξωμεν, ἐπευλογοῦντες ὑμνοῦντες, καὶ ὁ- μοφρόνως δοξαζοντες, τὴν σὴν εὐσπλαγχνίαν, δί ἧς δίδοται τῷ κόσμῳ, τὸ μέγα. ἔλεος.
ἢ Στίχ."Ὥμοσε Κύριος τῷ Δαυύϊὸ «ἀλήθειαν, καὶ
οὐ μὴ ἀθετήσει αὐτήν. ἄλαι προσευχομένη πιστῶς, Αγνα ἡ σὼ- φρων, καὶ Θεῷ ἱὑκετεύουσα, ᾿Αγγέλου φωνῆς ακούει, προσθεθαιοῦντος αὐτῇ, τὴν τῶν
ἕως συντελείας τοῦ αἰῶνος" τοὺς δὲ πιστῶς | αἰτουμένων Selav ἔχθασιν᾽ πρὸς ἣν ὁ ἀσώμα-
Χριστὲ ἐν τούτῳ, ŒEi προστρέχοντας, τοῦ ἀ- προσίτου σου φωτὸς, ἀξίωσον εὔσπλαγχνε. αλαι Σολομῶν, τὸν Ναὸν οἰκοδομήσας, ζώων αἵματα, εἰς ϑυσίαν σοι προσῆγεν, εἰς τύπον τοῦ Ναοῦ σου, οὗ ἐκτήσω Φιλανθρω- πε, τῷ ἰδίῳ αἵματι βουλήσει" μεθ᾽ οὗ καὶ νῦν
σε δυσωποῦμεν, τὸν μόνον εὐσπλαγχνον, ὅπως
τὸ νεῦμα τὸ εὐθὲς, πέμπης ἐν τούτῳ et. εῦτε ἀδελφοὶ, εὐφρανθώμεν φιλεόρτως, καὶ πνευματικὴν, συστησώμεθα χορείαν᾽ ψυ- χῆς δὲ τὴν λαμπάδα, τῷ ἐλαίῳ φαιδρύνωμεν᾽᾿ οὕτω yap ᾿Εγκαίνια τιμῶνται" οὕτω δοξάζεται ὁ Κτίςης, ᾧ παντες ἄνθρωποι, ἀνακαινίζονται ψυχὴν, πρὸς ὕψος οὐράνιον. Δόξα, τῶν ᾿Εγκαινίων, Ἤχος πὰ. β΄. ἣν μνήμην τῶν Ἐγκαινίων ἐπιτελοῦντες Κύριε, σὲ τὸν τοῦ αγιασμοῦ δοτῆρα, do- ξαζοντες δεόμεθα, ἀγιασθῆναι ἡμῶν τὰ αἰσθη- τήρια τῶν ψυχῶν, τῇ πρεσθείᾳ τῶν ἐνδόξων ΑἰἸθλοφόρων ᾿Αγαθὲ παντοδύναμε. Καὶ νῦν, τῆς ᾿Αγίας, Ἦχος a. Γερμανοῦ. V6 ἀπόῤῥητον τοῖς ᾿Αγγέλοις, καὶ ἀνθρώποις μεγαλεῖον, καὶ ἀπ᾽ αἰῶνος χρησμοδοτού- μενον, μυστήριον παράδοξον, σήμερον ἐν ταῖς λαγόσι τῆς σώφρονος ᾿Αννης βρεφουργεῖται, Μαρία ἡ Θεόπαις, ἑτοιμαζομένη εἰς κατοικίαν, τὸ παμθασιλέως τῶν αἰώνων, καὶ εἰς ἀανάπλα- σιν τὸ γένος ἡμῶν" ἣν ἐν καθαρῷ συνειδότι κα- Φικετεύσωμεν, ἀναθοῶντες πρὸς αὐτήν Πρέσ-
τος, ἐμφανώς διελέγετο᾽ Ἡ δέησίς σου, πρὸς | τὸν Κύριον nyyoe μὴ σκυθρώπαζε, τῶν δα-
" χρύων ἀπόστηθι" εὔκαρπος χρηματίσεις γαὶρ,
|
ἐλαία βλαστάνουσα, Ἀλαδον ὡραῖον Παρθένον,
ἥτις τὸ ἄνθος ανθήσεις, Χριστὸν κατα σαρχα,
ἢ παρεχόμενον τῷ κόσμῳ, τὸ μέγα ἔλεος.
Στίχ. Ἐκ καρποῦ τῆς κοιλίας σου ϑήσομαι ἐπὶ τοῦ ὥρόνου μον. | Je χαρπογονεῖ TO σεπτὸν, τὴν Θείαν Δάμαλιν, ἐξ ἧς προελεύδσεται, ὁ Μόσχος αῤῥήτῳ λόγῳ, ὁ σιτευτὸς ἀληθῶς, ὑπὲρ ὅλου κόσμου προθυόμενος,; διὸ γεγηθότες, ἐξομολόγη- σιν ἄπαυστον, ἐν κατανύξει, τῷ Κυρίῳ προσα- ἡουσι, καὶ τὴν σύμπασαν, ἐποφείλουσαν ἔχου- σι. Τούτους οὖν μαχαρίσωμεν, καὶ πίστει χο- ρεύσωμεν, ἐν τῇ Συλλήψει ἐνθέως, τῆς ἐξ αὖ- τῶν τοῦ Θεοῦ ἡμῶν, Μητρὸς τικτομένης, δὶ ἧς δίδοται πλουσίως, τὸ μέγα ἔλεος. Δόξα, τῶν ᾿Εγκαιίων, Ἦχος β΄. ὃν ἐγκαινισμὸν τελοῦντες, τοῦ πανιέρου | Naoû τῆς ᾿Αναστάσεως, σὲ δοξαζομεν ἵζύριε, τὸν ἁγιόσαντα τοῦτον; καὶ τελειώσαντα | τῇ αὐτοτελεῖ σου χάριτι᾿ καὶ τερπόμενον, ταῖς ἐν αὐτῷ ἱερουργουμέναις ὑπὸ πιστῶν, μυστι- ικαῖς mai ἱεραῖς τελεταῖς καὶ προσδεχόμενον ιἐκ χειρὸς τῶν δούλων σου τας αναιμαίΐκτους ᾿ χαὶ ἀχροίντους ϑυσίας᾽ αντιδιδόντα δὲ τοῖς ὀρθῶς προσφέρουσι, τὴν τῶν α ἅτων Red τὸ μέγα ἔλεος. (. ΕΝ
συν νὰ ὐ dut À
LA LITURGIE
317
ΜΉΝ AEKEMBPIOZS
Καὶ γῦν, τῆς ᾿Αγίας, ὁ αὐτός. ἡμερον ἐκ ῥίζης τοῦ Δαυὶδ, Bacduxr πορ- φυρὶς ἐχθόλαστήσασα, τοῦ Ἰεσσαὶ βλα- graveur αἀπαάρχεται, τὸ ἄνθος τὸ μυστικὸν, ἐν ᾧ Χριστὸς ὁ ὁ Θεὸς ἡμῶν ἐξήνθησεν, ὁ σωζων τὰς ψυχὰς ἡμῶν. ᾿Απολυτίκιον τῆς ᾿Αγίας, ἯἮχος δ΄. ἥμερον τῆς ατεκχνίας δεσμαὶ διαλύονται" τοῦ Ἰωακεὶμ yap καὶ τῆς "Avms εἰσα- χούῶν Θεὸς, παῤ ) ἐλπίδα τεκεῖν αὐτὲς σαφῶς, ὑπισχνεῖται Θεόπαιδα, ἐξ ἧς αὐτὸς ἐτέχθη ὁ αἀπερίγραπτος, βροτὸς γεγονως, à ᾿Αγγέλου χολεύσας βοῆσαι αὐτῇ Χαῖρε Κεχαριτωμένη, ὁ Κύριος μετα σοῦ. Δόξα, καὶ νῦν, τῶν ᾿Εγκαινίων, ὁ αὐτός.
ς τοῦ ἄγω στερεώματος τὴν εὐπρέπειαν,
καὶ τὴν κάτω συναπέδειξας ὡραιότητα, τοῦ αγίου Σκηνώματος τῆς δόξης σου | Κραταίωσον αὐτὸ εἰς αἰῶνα αἰῶνος, καὶ πρόσ- δεξαι ἡμῶν τας ἐν αὐτῷ αἰπαύστως προσα- γομένας σοι δεήσεις, διαὶ τῆς Θεοτόκου, ἡ παν- των ζωὴ καὶ ἀνάστασις.
νους Ὁ ΕΙΣ TON ΟΡΘΡΟΝ. Μετα τὴν a. πεν μοῦ do Καθισμα. "Hyos a. Χορὸς ᾿Αγγελιχός.
" γέος Οὐρανὸς, ἐν κοιλίᾳ τῆς Λγνης, τεκταί- 4) γεται Θεῦ, παντεργὅ ἐπινεύσει" ἐξ ὅ καὶ ἐπέλαμψεν, ὁ ἀνέσπερος Ἥλιος, κόσμον ἀπαν- τα, φωταγωγὼν ταῖς ακτῖσι, τῆς Θεότητος, ὑ- περθολῇ εὐσπλαγχνίας, ὁ μόνος φιλάνθρωπος.
Δοξα, καὶ γῦν, Ὅμοιον.
ορὸς προφητικχός, προεχήρυξε παλαι, τὴν X° ἄμωμον αἰγνὴν, Hoi ϑεόπαιδα Κόρην, nv Αννα auvélabe, στεῖρα οὖσα καὶ ἄγονος" ταύ- τὴν σήμερον, ἀγαλλιάσει καρδίας, μακαρίσωμεν, | οἱ δὶ αὐτῆς D. ὡς μόνην παναάμωμον.
Μετὰ τὴν β ολογίαν, Καθισμα.
Ἧ γος δ΄. Toy προκαταλαε.
δαμ ἀνακαινίσθητι, καὶ Eva σκίρτησον᾽"
ξηρὰ γὰρ καὶ ἀἄνιχμος, γῇ ανεθλαστησε,
χαρπὸν εὐθαλέστατον, τὴν οαὐθήσασαν κόσμῳ, | στάχυν ἀθανασίας, καὶ τὸ ὄνειδος ἅπαν, ἤρθη | τῆς αἀτεχνίας. Mel ὧν συνευφρανθώμεν, yai- ἢ ἢ τῶν εἰδώλων βωμοὺς, συντρίψας σθένει ϑεϊκῴ,
ροντες σήμερον. Δόξα, καὶ νῦν, Παλιν τὸ αὐτό. Meta τὸν Πολνέλεον, Καθισμα. Ἧχος δ΄. Κατεπλαγη Ἰωσήφ.
οι wuocs φησὶ, καὶ ἐκπεπλήρωκεν ἱ-
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6. 59 δοὺ, ἐκ τοῦ καρποῦ τῆς κοιλίας μου δοὺς τὴν Παρθένον᾽ ἐξ ἧς ὁ πλαςουργὸς Χριστὸς ὁ γέος A’bap, ἐτέχθη Βασιλεὺς, ἐπὶ τοῦ “ϑρόνου μου" καὶ βασιλεύει σήμερον, ὁ ἔχων τὴν βασιλείαν ασαλευτον. Ἢ στεῖρα τίκτει, τὴν Θεοτόχον, καὶ τροφὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν. Δόξα, καὶ γῦν, Παλιν τὸ αὐτό. Οἱ Κανόνες τῶν ᾿Εγκαινίων, καὶ τῆς ᾿Αγίας A'vvns δύω. Ο' Κανὼν τῶν Éyno: vioy. ‘Iloavvou Movayoÿ. Sèr à. "Hyos δ΄. Θαλάσσης τὸ ἐρυθραῖον. ᾿ στύλῳ, καθοδυγὼν τὸ πρότερον, τὸν σὸν λαὸν Ἰσραὴλ, διαὶ λουτροῦ βαπτίσματος Χριστὲ, ἐν Σιὼν κατεφύτευσας, τὴν ἜἘκχλησίαν χραζουσαν" ᾿ἄσωμεν ἄσμα τῷ Θεῷ ἡμῶν. ἥμερον, τῆς οἰπροσίτου δόξης σου, ἡ ἐπιφοί- Ρ τησις, τὸν ἐπὶ γῆς παγέντα σοι Ναὸν, οὐ- ρανὸν χατεσκεύασεν, ἐν a συμφώνως Yakloev A'ooer ape τῷ Θεῷ ἡμῶν. ὑ Νόμῳ ἡ Ἐκκλησία Κύριε, ἐγκαλλωπί- ζεται, οὐ δουλικῶν ἐκταάσεσι χειρῶν, τοῦ Σταυροῦ δὲ τῇ χάριτι, ἐγκαυχωμένη ψαλλει σοι" ἴλσωμεν ἄσμα τῷ Θεῷ ἡμὼν. Θεοτοκίον. σπόρως τῷ τοῦ Πατρὸς βουλήματι, ἐκ “)είου Πνεύματος, τὸν τοῦ Θεοῦ συνείΐλη»- φας Υἱὸν, καὶ σαρκὶ απεκχύησας, τὸν ἐκ Πα- τρὸς αμήτορα, καὶ À ἡμᾶς ἐκ σοῦ ἀπάτορα. Κανὼν τῆς ᾿Αγίας Avyns. ᾿Ανδρέου Κρήτης Ὡδὴ α. Ἴϊχος αἰ. ᾿β,δὴν ἐπινίκιον. ἣν Σύλληψον σήμερον, Decppov Αννα, τὴν | ee éopraouev ὅτι τὴν χωρήσασαν, τὴν μηδαμοῦ χωρητὸν, συνέλαθες στειρωτικῶν, d- | πολυθεῖσα δεσμῶν. ικαίων ἐπήχουσας, τας ἱκεσίας, ᾿Αγίων ἐ- À πλήρωσας, tas ἐντεύξεις Κύριε, τῶν προ- πατόρων CH, καὶ τούτοις δέδωκας καρπὸν, τὴν
ἢ σὲ τεκοῦσαν ᾿Αγνήν.
ἢ
‘'Avva ἡ ἔνδοξος, νῦν συλλαμθαΐνει, ‘Ayvriv τὴν τὸν ἄσαρκον, συλλαθοῦσαν Κύριον, τὸν ὑπεραάγαθον, καὶ τίκτειν μέλλει τὴν σαρκὶ, | μέλλουσαν τίχτειν Χριστόν. Θεοτοκίον ὁ Ὅρος τὸ ἅγιον, ὅπερ προεῖδς, Προφήτης y ἐν Πνεύματι, ἐξ où λίθος τέτμηται, τοὺς
σὺ εἶ Παρθένε ayvi.
ἢ Lrepos Καγὼῶν τῆς ᾿Αγίας Ἄννης, οὐ ἡ ᾿Λκρο- à στιχίς, ἄνευ τῶν Θεοτοκίων᾽
αθόησον Δαυὶδ, τί ὠμωσέ σοι ὁ Θεός; Α-ἢ À L'y δὲ τοῖς Θερτοχίοις Γεωργίου.
Η' τὴν χαραν τέξουσα, τίκτεται κόρη.
318 MADAME SAINCTE ANNE
60 MEN 4AEKEMBPIOZ. θ. δὴ a. γος β΄. Ἐν βυθῷ κατέστρωσε ποτά À τοῦ ψυγ tn pou ἄναδειξον, Παναγία, Gesoroxe, Ἡ τοῦ κόσμου σήμερον χαρα, λόγῳ προπη- ἢ) τῶν πιστῶν ἡ βοήθεια, ρύττεται, καὶ μητρυκοὶς ὀδύνας εἰς εὐφρό- ἢ ἕτερος τῆς Ayias. Ἐξηήνθησεν καὶ ἡ ἔρημος. συνον, χαρμονὴν pb: ἔστησι, καὶ πολύτεκνον, Ῥ'ανάτωσαν εὐφρόσυνον, αἱ νεφέλοι grue τὴν τῆς φύσεως στείρωσιν, ἔσεσθαι μηνύει, ἔρ- À ἢ ρον, τὸν γλυκασμὸν τοῖς πέρασο" ἡ Mg γοις τοῖς τῆς χάριτος πληθύνουσαν. φέλη ἰδοὺ γὰρ τίκτεται, ἐξ ἧς τὸ τῆς “ων ΓΈ ὁ τερπνὸν παλάτιον Χριστοῦ, ὁ ἐὐρυχωρό- ἢ μου ὕδωρ PA Ἄριστός. τατος, τῶν οὐρανῶν οὐρανὸς ὁ ὑπέρτερος, ᾿ À" γοίγονται τὴς ñs χαριτος, τοὶ ταμεῖα σήμερον, σήμερον εἰσδέχεται, δὲ ἐντεύξεως, τὴν Bacw ἢ ὁ προκὴ oct “A vyehos, &vs60a “Αννὴς τῆς ὑπάρξεως, τῆς ἐπαγγελίας ἐχούσης, αἰσοί- ἢ τὴν Σύλληψιν" ἰδοὺ yon σὺ τὴν όλιν ἀποτί- λουτον τὴν ἔκθασιν. | mrers Θεοῦ. | πορφύρα σήμερον Χριστοῦ, λαμπρώς και ἢ N ἐνέκρωται ἡ | puis LS, τῶν ἀνθρώπων πρὸ- hi ταγγέλλεται, ἐκ στειρευούσης ὑφανθήσε- ἢ | Tepoy" νῦν ds ζωῆς ra σύμθολα, τῇ Συλλή- σθαι χάριτι, νηδύος ἡ ἄσπιλος, ἐξ ἧς φορέσας ἢ ἧς ᾿Αννης δέχεται" ἀκαάρπο ya ῥίζης ἀρ- Ô Βασιλεὺς τῆς κτίσεως, φύσιν τὴν βροτείαν, À ὑδταᾶι. Θεοτονίον. κόσμῳ αἱραιότατος ὀφθήσεται. Ρ (": ἄγθρανχα φλογίζοντα, ἑμαρτίας λχραν- Θεοτοχίον. URSS τὸ, τὸν σαρκωθέντα ἱζύριον, ὑπὲρ φύσον ηγενῶν n φύσις ἐπὶ σοὶ, μόνη πανυπέρτα- ff ἐκ σοὔ δεχόμενοι, τοῦ πλήθους τῶν πταίισμά- ER τε, ὡεδοπρεπὼς, ἐγκαυχωμένη Δέσποινα, À τῶν καθοιρόμεθα. χαίρει καὶ κηρύττει σου, τὰ παράδοξα τῆς α- Kovrantev τῶν ᾿Βγκαινίων,
4 € Fe -- τς
γνείας τερχστια, mai ἐν εὐφροσύνη ἄδουσα, dG- À γος 8. Τοὺς ἀσφαλεῖς. Eater ae Θεόνυμφε. Vyxawrapor, ἐν ταῖς παρδίσιο ἐϊνεύματος, Τῶν ᾿Εγχασίων. ᾿Ωδὴ γ΄. Ἐὐφροΐν ται ἐπὶ σοί. _4 καὶ np 5 © ἐν τοῖς ἐγκάτοις καΐνισον,
(γίασας ἐπὶ γῆς, τὴν Ἐκχλησίαν σου Χρι- ἢ τοῖς ἐν πίστει ἐκτελὅσι tai 'Εγκαίνια, τοῦ οἴκθ στὲ Πνεύματι, χρίσας αὐτὴν σήμερον, τῆς καὶ Naë cu οὗ ηὐδόκησας, κχτισθῆνα! ἐν τῷ σῷ
ἀγαλλιάσεως ἔλαιον. Θείῳ ὀνόματι, ὁ μόνος ἂν Αὐτὰ δοξαζόμενος. ᾿νέδειξας ᾿Αγαῦὲ, τὴν χειροποίητον σ᾽ Ἰηνὴν 6 Ὁ Οἷκος.
σήμερον, τῆς ὑπὲρ νοῦν δόξης σου, οἶκο- "ἢ fra τελῶν τῶν Ἐγκαινίων ὁ copaTatos νομικὼς οἰκητήριον. ΜΙ ἢ réa: Σολομῶν, τῷ Θεῷ ἀλόγων ζώων
ἐμέλιόν σε Χριστὲ, ἡ Ἐχκλησία αἰῤῥαγὲς ἔ- à προσέφερεν ὁλοκαυτώματα καὶ Dis" ὅτε δὲ 4) χουσα, τῷ σῷ Σταυρῷ στέφεται, ὡς βα- "ὶ γῦν ἡ αλήθειοι καὶ ἡ χαρις ἦλθεν ἐν γῇ, τας σιλικῷ διαδήματι. Θεοτοκίον. ἢ υσίας εὐθὺς μετεποίηξε᾽ ϑύσας γὰρ Φυσίαν Ÿ μόνη τοῖς ἐπὶ γῆς, τῶν ὑπὲρ φύσιν ἀγα- καὶ εἰς σωτηρίαν τὴν ἡμῶν ἑαντὸν ὡς φιλάνθρωπος, ῶν πρόξενος, Μήτηρ Θεοῦ γέγονας ὅθεν ἢ τὴν Ἐκαλησίαν ἡγίοσ σε, καὶ ἀσάλευτον ταῦ- got τὸ χαῖρε Ἀραυγάζομεν. τὴν ἀνέδειξεν, ὁ μόνος ἐν ᾿Αγίοις δοξαζόμενος. Τῆς ᾿Αγία: Στερεωθήτω ἡ καρδία μου. ἕοθισμα τῆς ᾿Αγίας ἔΑννης, ΩΝ κοιλίας εἰ παρασχοις μοι, αἰνεθόσι | ‘Hyos à. Κατεπλαάγη Ἰωσήφ.
“Ἄννα πρὸς Κύριον, μεγαλυνθήσομαι καὶ | Ἢ ὑλογίας ἀπαρχὴν, τῆς ακαρπίας τῷ βλα- σοὶ, τοῦτον προσαναθήσομαι᾽ διοὶ τοῦτο συλ- | 1 so, ἐδωρήσω ᾿Αναθὲ, "Avym Gonon δὲ eu- λαμθαΐνει, τὴν dyviv Θεομήτορα. χῆς᾽ Σὺ μεταπλάττεις τᾶς φύσεις τῶν ἐν γενέ- ν παραδείσῳ εὐχομένης σου, τῆς φωνῆς dei‘ διό μου, ὦ Σωτὴρ, γενβκρωμένην αὐτὴν,
ἀκούει ὁ Ὕψιστος, "Avva Dedppoy καὶ "ἢ τὴν φύσιν εἷς Θεὸς, παλιν καινούργησον, ἵνα καρπὸν, τῇ κοιλίᾳ σου δίδωσι, Παραδείσου τὴν ἢ καρπὸν Rue σοι, βοῶσα, τῷ παντεπτόν τῇ αἰνοίξασαν, τὴν ϑύραν τῆς χάριτος. nai Κτίστη μου Σοὶ δόξα πρέπει, Θεὲ τῶν ὅ-
αἱ κατὰ νόμον ἐκτελέσασα, καὶ Θεῷ a ἥ λων, παὶ μόνε φιλανθρωπε.
μέμπτως δελεύσασα, κυοφορεῖς τὴν ἄλης ἢ Δέξαι τῶν ᾿Εγκαρσίων, Ἧχος ὁ αὐτός.
5, γομοδότην κυήσασαν, "Αννα παάνσεμνε᾽ διό (ἢ Ἰαχὺ προκατάλαβεο.
σε, οἱ πιστοὶ μακαρίζομεν. Θεοτοχίον. EPL ν πίστει ta Eyuaive, ἐτπιτελᾶσι πιστοῖς,
T ἧς φειρευόσης διανοίας μοὺ, ἐκαρπίαν πᾶ- | 13 τοῦ Οἴκον σον Κύριρ, πέμψον ἡμῖν φωτι- σαν ἀπέλασον, καὶ καρποφόρον εἰρεταῖς, ἢ σμὸν, καὶ χέριν καὶ ἔλεοφ᾽ φύλαττε δὲ καὶ τὸ-
ses
LA LITURGIE
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MHN AEKEMBPIOZ.
τον, εἰς αἰῶνα, αἰῶνος, νίκας ἐπιθραθεύων, τοῖς πιστοῖς Βασιλεῦσι, πρεσθείαις τῆς Θεοτόκου, μόνε φιλανθρωπε. Καὶ νῦν, τῆς ᾿Αγίας, Ἔχος ὁ αὐτός. Ὁ ὑψωθεὶς ἐν τῷ Ξταυρῷ. ὡακχεὶμ ὁ ἱερὸς καὶ ἡ “Αννα, δῶρα προσή- γαγον τοῖς πρὶν ἱερεῦσι, καὶ μὴ δεχθέντες
Gyovor τυγχαΐνοντες, δέησιν προσηύξαντο, τῷ | Δοτῆρι τῶν ὅλων᾽ καὶ τῆς προσευχῆς αὐτῶν, | ἐπαχούσας δωρεῖται, τούτοις τὴν ὄντως πύλην! ᾽ ν»αὶ ται, καὶ βρύειν τῆς ζαριτος, οἱ ποταμοὶ ἢ διευθύνονται, σήμερον τοῦ τόκου σου, χηρυττο-
τῇ; Luis” ἧς τὴν ᾿Αγίαν τιμήσωμεν Σύλληψιν. Τῶν Ἐγκανίων. Qi δ΄. Ἐπαρθέντα σε. ()" ἐν ϑύμασιν ἀλόγων ἡ Ἐκκλησία, alla
τῷ σι τιμίῳ, ἐκ πλευρᾶς ζωηφόρου, αἵ- ἃ ματι ῥαντίζεται, εἰκότως κραυγαζουσα Δόξα ἢ L ἢ στέλλονται φόθῳ δὲ τὰ ϑαύματα, καὶ σιωπῇ
εὐφημοῦσαι μεγαλύγνουσι. τιδεῖν ποθοῦσιν αναπ:εκαλυμμένως, τὴν à δόξαν τοῦ προσώπου αὐτοῦ, συμφώνως καὶ ἢ
τῇ δυνάμει cou Ἰζύριε. οἱ σκηνώματα Κυρίου ἠγαπημένα, τοῖς κα-
πραζουσι Δόξα τῇ δυνομεῖ σου ἵζύριε.
Ἐ Δ κονίζουσα τὴν χοριν ἡ ᾿Ἐχκλησία, τοῦ ἢ Εἰ, ᾿ ν" Κύριε σκηνὴν, mi γῆς κατεσκεύασας, ἢ σήμερον ἀλείφετοαι τὴν Dsiav τοῦ Πνεύματος, ἢ
Β ρείας, συνάπτε: τῇ δυνοίιει σον.
ἐκλεκτοῦ λαοῦ σου τὸ πολύτιμον μύρον,
χάριν αἀοραότως λαμβθονουσα. Θεοτοκπίον. Arr ἐκύησας εἰ Παρθένε, καὶ με- τα τόχον ὠφθης παρθενεύουσα παλιν ὅ- εν οσιγήτοις quyais, τὸ Χαΐρέσοι Δέσποινα, πίστε: αδιστακτῳ κραυγαζομεν. Τῆς ᾿Αγίας. Ἔν {ἰνεύματι προδλέπων. ᾿ ϑείας ἀγγελίας ὡς ξένης λαλιᾶς ! εἰ καγω συλλήψομαι" ᾿Αγγέλου πρὸς αὐτὸν, αἀπο- σταλέντος, ἡ “Αννα ἐκπληττομένη, μεγαλοφώ- vus ανεθόα" To Θεῷ μου, δόξα τῷ ποιοῦντι παράδοξα. υγχαρητέ μοι πᾶσαι, φυλαὶ τοῦ Ἰσραήλ" ἐν γαστρὶ συνέλαθον, τὸν νέον Οὐρανὸν, οὗ τὸ ἄστρον ἀνατελεῖ μετ᾽ ὀλίγον, τῆς σω- τηρίας Ἰησοῦς ὁ φωτοδότη, "Αννα γηθομένη ἐ-
ἱπήκουσε τῆς "Αννης, Θεὸς τοὺς στεναγμὸς, καὶ προσέσχε Κύριος, δεήσει τῇ αὐτῆς
καὶ ἀτεκνίας τὸ νέφος διασκεδαάσας, φωτὶ αὐ- ὃ γάζει εὐτεκνίαις παραδόξως ᾿ ὅθεν συλλαμθανει Ê
τὴν μόνην ἵν. Θεοτοκίον. αρϑένς Ds. dudhuvte Σκηνὴ, μολυν-
ϑέντα πταίσμασι καθάρισόν μὲ νῦν, τῶν
οἰκτιρμῶν σου καθαρωταταις ῥανίσι, καὶ δός |
μοι χεῖρα βουθείας, ἴγα κράζω δόξα σοι, ‘A- ἡνὴ ϑεοδύξασ
Te.
θ. 61
“Ἕτερος τῆς ‘Ayias. Ἐλήλυθας, ἐκ Παρθένου.
LL κπαλυμμα, τοῦ σκιώδους διαίρεται aiye- ρον, Νόμου, καὶ τῆς χείριτος, ἡ εὐλογία
᾿προχύπτουσα, λμπει τηλαυγέστατα, τὸ προ»
«νούξει τοῦ τόκου τῆς Θεύπαιξος. Haute, ἐρανόθεν μηνύων ὁ "Ayyelos, "Av- 2 νὴ ταὶ προοίμια, τῆς παγ κοσμίου χαρᾶς 2 τ- ᾿ Ἂ Li . LU \ ἐμφανῶς, λέγων Τῆς δεήσεως, ὑπὲρ ἐλπίδα εἰσδέχου τὴν ἐκπλήρωσιω.
Re οαίγεσθαι, τῆς κακίας τὰ ῥεύματα ἄρχε.
'ητόρων σε, κατ᾽ αξίαν γεραίρειν Παγύμνητε,
μένου Παρθένε πανυπέρτατε. Θεοτοχίον. D ἡλώσσαι αἱ πολύφθογγοι, ἀμηχανὅσαι συ»
Τῶν Ἐγκαινίων. ᾿ῷδὴ €. Σὺ Κυριέμου φῶς. οὖς πᾶλαι ἐν Σινᾷ, σκηνὴν οἰχειροποίητον, ὑ- πέδειξας τῷ εόπτυ, Μωύσεϊ διαγραάφων͵ Χριστὲ τὴν Ἐκχκχλησίαν σου.
ταξεσὶν οὐρανίαις, τῶν βροτῶν τοὺς γο-
ν Κύριε πηγὴν, τῆς ζωῆς ἐπιστάμεθα σὺ ἽΛγιε τὴν εἰρήνην, ἐλθων εὐηγγελίσω, Χρι- gré τῇ Ἐκχλυσίᾳ σου. Θεοτοχίον.
ἐ ὅπλον ἀῤῥαγὲς, κατ᾽ ἐχθρῶν προθαλλό- > uela σὲ ἄγκυραν καὶ ἐλπίδα, τῆς ἡμῶν σωτηρίας, Θεόνυμφε κεχτήμεθα.
Τῆς ᾿Αγίας. Τὴν σὴν εἰρήνην δὸς ὑμῖν.
'χ ῥίζης καὶ βλαστήσασα Aaud καὶ ‘lsa- ἢ σαὶ, "Avva νῦν βλαστάνειν ἀπάρχεται, τὴν Θείαν ῥαθδον τὴν βλαστήσασαν, τὸ μὺ- στιχὸν ἄνθος, Χριστὸν τὸν πάντων Κτίστην.
nrépæ γενομένην με, καὶ Ἄννα ἐκθοᾷ, ὄψον- NI τοι λαοὶ καὶ ϑαυμαάσουσιν᾽ ἰδοὺ yap δύω εἷς ηὐδόκησεν, ὁ ra δεσμοὶ λύσας, ταὶ τῆς στειρωσεως μου. : εᾶνιν ἢν συνέλαβον», ἐγὼ Προφητικαὶ, πόρ- ἕωθεν φωναὶ προκατήγγειλαν, Ὅρος καὶ Enr αδιόδευτον, περιχαρῶς ἴΑγνα, ἐδόα τοῖο παροῦσιν.
Ἕτερος τῆς ᾿Αγίαφ. Μεσίτης Θεοῦ.
" τόμος Θεῦ, δὲ ἀγγέλου σήμερον κηρύττε- 4) ται, ἐν ᾧ περ ὁ σύνθρονος, Λόγος τὸ Πα- τρὸς νῦν ἐγγραφήσεται, καὶ πιστοὺς ἐν -τῇ βί- Blu, ἐγγράψει τῆς χρηστότητος. À
Ἑμνοῦσι γυνὶ, τῷ ξένα μτνύματος rés δόξαν Ἰ τρανῶς, οἱ δίκαιος πλέκοντες, τὴν ευχαρίν
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MADAME SAINCTE ANNE
€2 MHN AEKEMBPIOZ. 9.
, 0 ” - . , “- Q LE” GRQIOY COL QUVECLY, τῷ τὴν XAPIY του TOKOU, δὲ ἢ
εὐχῆς ἐκπληρώσαντι. .Ὑοφίας Θεοῦ, κεχρυμμένης σήμερον δηλὅται ἡμῖν, ἀληθῶς μυστήρια, κατοαγγελλομένης
τῆς Συλλήψεως, τῆς ἀχροίντου Παρθένου, καὶ ἢ
μόγης Θεομήτορος, Θεοτοκίον.
hrs πιστοὶ, καὶ λιμένα ἔχοντες ἔΓαρθένε |
αἷγγὴ, τὴν σκέπην σου παντοτε, τὰς ἐπα-
γαστάσεις τας τῶν λίψεων, ἀποφεύγομεν πά- ἢ
gas, ἐπὶ σοὶ ὁρμιζόμενοι. Τῶν Ἐγκαυίων. τῶ ς΄. Θύσω σοι. ι
οὔ κάλλους, ὁ Βασιλεὺς Χριστὸς ἐπεθύμη- | σε, τῆς ἐκλεκτῆς ᾿Εκκλησίας, καὶ ᾿Εθνὼν
μητέρο. οἰπέδειξεν, ἐκ δουλείας, υἱοβετουμένων διοὶ τοῦ Πνεύματος.
ρίττουσι, τῶν δυσμενῶν δαιμόνων αἱ φα- ἢ λαγγες, τὴν τοῦ Χριστοῦ Ἐκκλησίαν, τοῦ ἢ ταυροῦ τῷ τύπῳ σημειθμένην, καὶ σκιάζει, ἡ À
αγιαστικὴ τοῦ Πνεύματος ἔλλαμψις.
Ü ψάμμον, ἀλλα Χριστὸν ϑεμέλιον ἔχασα, () ἡ ἐξ ᾿Εθνὼν Ἐκκλησία, στεφανᾶται καλ- λει τῷ ἀπροσίτῳ, καὶ τῇ αἴγλη, τῆς βασιλείας ἐγχκαλλωπίζεται.
Θεοτοκίον.
ὡ “- - . , , 4 “αῦμα, τῶν ἁπάντων ϑαυμάτων καινό-
τερον! ὅτι Παρθένος ἐν μήτρᾳ, τὸν τὰ συμπαντα περιέχοντα, ἀπειράνδρως, συλλαθδ- OX οὐκ ἐστενοχώρησεν.
Ῥῆς ᾿Αγίας. Τὸν Προφήτην Ἰωνᾶν.
ὡς χωρεῖται ἐν γαστρὶ, ἡ χωρήσασα Θεόν;
πὼς γεννᾶται τὸν Χριστὸν, ἡ γεννήσασα σαρκί; Θηλαζει δὲ, πῶς ἡ τὸν Κτίστην γαλα ηλαάσασα; ἡ: δεήσεως ὑμῶν, ἐπακούσας ὁ Θεὸς, γο-
γιμώτατον καρπὸν, νῦν δεδώρηται ὑμῖν, παγεύφημοι, Ἰωακείμ τε καὶ Αννα σήμερον. qe dyviv [episepoiy, συλλαθᾶσα ἐν γαςρὶ,
Xapuovis πνευματικῆς, ἐπληρώθη οἰληθώς, ||
προσάγουσα, χαριστηρίους ῳδοὶς ἡ Ἄννα Θεῷ. Θεοτοχίον. οικυμίαι λογισμῶν, καὶ παθών ἐπαγωγαὶ, καὶ βυθὸς οἱμαρτιῶν, τὴν ἀθλίαν μου ψυ- χὴν, χειμαζουσι" βοήθησόν μοι αγία Δέσποινα. “Ἕτερος τῆς ᾿Αγίας.
, Evé δύσσῳ SE rt à γαλλέσθω φαιδρώς À προμήτωρ ἡμῶν᾽ σή- A Βέρον γὰρ δέχεται, χαρᾶς μηνύματα, τὴν ὑπὴν ἀπωθούμενα, τῇ Συλλήψει τῆς μόγης
Θεόπαιδος.
ὁ τῆς δόξης διάδημα πλέκεται, καὶ ἡ ἀ- λουργὶς ἡ βασίλειος σήμερον, ὑπὲρ ἐλπί- | δα ἅπασαν, ἐν νηδυϊ οκοόρπῳ ὑφαίνεται. | Β΄ δου πᾶσα καὶ κτίσις γεραίρει a, τὸ ὑπερφυῆ Eee μεγάλα μυςξήρια᾽ σὺ γὰρ ὑπάρχεις Δέ- σπουα, καὶ βροτῶν καὶ ᾿Αγγέλων τεράστιον. οὐ ϑείων χαρίτων πηγὴ νοητὴ, À ἐπαγγε- λίας τοῦ Κτίστου καὶ χάριτος οναστομοῦ- | σθαι ἄρχεται, ἐν ανίκμῳ γηδύϊ ἐκθλύζουσαι. ἱκοντάκιον τῆς ᾿Αγίας Avyns, Ἦχος δ΄. Ἐπεφανης σήμερον. ρταζει σήμερον, ἡ οἰκουμένη, τὴν τῆς Av [D ns σύλληψιν, γεγενημένην ἐν Θεῷ, καὲ γὰρ αὐτὴ ἀπεκύησε, τὴν ὑπὲρ λόγον, τὸν Δό- γον κυήσασαν. Ὁ Οἶκος. ὁ τῇ Zappa δοὺς ποτὲ, ἐν γήρᾳ βαθυτας τῳ, τῇ ON ἐπιστασίᾳ, καὶ ἐν ἐπαγγελίᾳ, υἱον τὸν μέγαν Ἰσαακ᾽ σὺ ὁ διανοίξαις τὴν ςεί-» ρεύδσαν νηδὺν τῆς Αννης, [αντοδύναμε, μητρὸς Σαμουὴλ τοῦ Προφήτου cou” καὶ γῦν ἐπιδὼν ἐ- π᾿ ἐμὲ, δέξαι μου τας δεήσεις, καὶ πλήρωσόν μα | τὰς αἰτήσεις, ἐθόο. ἐν κλαυθμῷ, ἡ σώφρων "ἂν- va καὶ στεῖρα, καὶ ἐπήκουσεν αὐτῆς ὁ EVEPYE- της. Ὅθεν ἐν χαρᾷ συνέλαθε τὴν Παρθένον, τὴν ὑπὲρ λόγον, τὸν Λόγον κυήφασαν."΄
Συναξαάριον.
Τῇ Θ΄. τοῦ αὐτοῦ μηνὸς, ἡ Σύλληψις τῆς αγίας A'yvns, μητρὸς τῆς ὑπεραγίας Θεοτόκου. Στίχοι. Οὐχ ὥσπερ Εὐα καὶ σὺ τίκτεις ἐν λύπαις" Χαραν yap "Αννα ἔνδον κοιλίας φέρεις.
* Κύριος ἡμῶν χαὶ Θεὸς, ϑέλων ἑτοιμάσαι ἑαυτῷ ναὸν 4) ἔμψυχον χαὶ οἶκον ἅγιον εἰς κατοιχίαν ἑαυτῷ, τὲν Αἴγγελον αὐτοῦ ἀποστείλας πρὲς τοὺς Δικαίους, ᾿ἑωαχεὶμ, xat "Avvay (ἐξ ὧν vôsAnos προελθεῖν τὴν χατὰ σάρχα Murépa αὐτοῦ), προεμιήνυσε τὴν σύλληψιν τῆς ἀγόνου χαὶ οτείρας, ἵνα βεδαιώσῃ τῆς Παρθένου τὴν γέννησιν. Ὅθεν ἢ συνελήφθη ἡ αγία Παρθένος Μαρία, καὶ de: οὐχ
ὥς τινες λέγουσι, μιηνῶν ἑπτὰ, ἢ χωρὶς ἀνδρὸς, ἀλλ᾽ ἐν- νέα τελείων μηνῶν ἐγεννήθη" καὶ ἐξ ἐπαγγελίας μὲν, ἐξ ἀνδρὸς δὲ συναφείας καὶ σπορᾶς. Mévos γὰρ ὁ Βύριος ἡμῶν ᾿Γησοῦς Χριστὸς ἐγεννήθη ἐκ τῆς ᾿Αγίας Παρθένου Μαρίας ἀποῤῥήτως χαὶ ἀνερμιηνεύτως, ὡς οἷδε μόνος ἐ- κεῖνος, χωρὶς τῶν τῆς σαρχὸς ϑελημάτων" καὶ τέλειος ὑπάρχων Θεὸς, πάντα καὶ τῆς κατὰ σάρχα αὐτοῦ οἶκο- νομίας τέλεια προσελάδετο, καθὼς καὶ τὴν τῶν ἀνθρώπων φύσιν ἐδημιούργησε καὶ ἔπλασς τὸ καταρχᾶς.
Ταύτην γοῦν τὴν ἡμέραν πανηγυρίζομεν, ὡς ἀνάμνη» σιν ἔχουσαν τῶν ὑπ᾿ ᾿Αγγόλου δοθέντων χρησμῶν, τοῦ τὴν
14 Li é tn
LA LITURGIE 321
NEUVIÈME JOUR DE DÉCEMBRE
La Conception de sainte Anne, mère de la Mère de Dieu.
Citons d’abord, pour une première fois, le vénérable Synaxaire de Sirmond, et, s’il vous plaît, dans l'original lui-même :
Ἢ σύλληψις τῆς ἁγίας "Avyns, μητρὸς τῆς Θεοτόχου. Ὃ Κύριος ἡμῶν χαὶ Θεὸς θέλων ἑτοιμάσα: ἑαυτῷ ναὸν ἔμψυχον χαὶ οἶχον ἅγιον εἰς χατοιχίαν ἑαυτοῦ, τὸν ἄγγελον αὐτοῦ ἀπέστειλε χρὸς τοὺς διχαίους ᾿Τωαχεὶμ. χαὶ ΓΑνναν ἐξ @y ἠθέλησε προελθεῖν τὴν χατὰ σάρχα μητέρα αὐτοῦ. Καὶ προεμήνυσε τὴν σύλληψιν τῆς ἀγόνου χαὶ στείρας, ἵνα βεθα!- ὥσῃ τῆς παρθένου τὴν γέννησιν᾽ ὅθεν συνελήφθη ἡ ἁγία παρθένος χαὶ ἐγεννήθη οὐχ, ὡς λέγουσί τίνες, ὅτι ἑπτὰ μηνῶν ἢ ὅτι χωρὶς ἀνδρός, ἀλλὰ τελείων ἐννέα μηνῶν, χαὶ ἐξ ἐπαγγελίας μέν. ἐκ συναφείας δὲ
LA ᾽
ἀνδρός... Τελεῖται δὲ ἡ αὐτῆς σύναξις ἐν τῳ σεδασμίῳ αὐτῆς οἴκῳ τῷ ὄντι ἐν τοῖς Χαλχοπρατείοις, πλησίον τῆς ἁγιωτάτης μεγάλης ἐχχλη- σίας.
« La conception de sainte Anne, mère de la Thécotocos. Notre- Seigneur à nous tous, voulant se préparer un temple spirituel et une maison sainte pour y établir sa demeure, députa son ange auprès des Justes Joachim et Anne de quiil voulait faire naître sa Mère selon la chair. A la sainte femme jusque-là inféconde, l’ange annonça en toute certitude la naissance de la Vierge, et la Vierge sainte fut conçue en effet, et elle naquit, non comme disent quel- ques-uns, après sept mois, mais après neuf mois accomplis, le tout selon les lois de la génération humaine... La présente synaxe a lieu dans sa belle maison de Chalcopratée près de la très sainte
Grande-Église 1, »
1. Sirmond, col. 290-291. — Pargoire, p. 109 : « Les assemblées provoquées dans les églises par la messe, l'office et la litanie portent le nom de synaxes ou réu- nions. »
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322 MADAME SAINCTE ANNE
Le codex 787 de la bibliothèque Laurenticnne (Florence) est plus ancien que le Sirmond et, à ce seul titre déjà, réclame aussi notre attention :
Ταύτην τὴν ἡμέραν raynyuvpilouey ὡς ἀνάμνησιν ἔχουσαν τῶν ὑπ᾿ ἀγγέ- λου δοθέντων χρησμῶν, τὴν ἀγίαν σύλληψιν εὐαγγελισαμένου τῆς ἀγν Θεομήτορος. OÙs ἔργα ποιῶν ὁ Ex τοῦ μηδενὸς ὑποστήσας τ Θεὸς διήγειρε τὴν στειρεύουσαν γηδὺν εἰς χαρπογονίαν καὶ τὴν ἐν ἀπαι- δίᾳ τον βίον χαταγηρῶσαν παιδοτόχον μητέρα παραδόξως ἐργάζεται; ἄξιον πέρας τῆς διχαίας αἰτήσεως τῶν δικαίων τοῦτο παρασχών. αὐτὸς ἔμελλε σαρχοφόρος Θεὸς προελθεῖν εἰς ἀναγέννησιν τοῦ παντός, ὺς σώφρονας εὐδοχήσας γεννήτορας Θεοῦ καὶ ἀνθρώ- πὼν μεσίτριαν, τὴν πρὸ αἰώνων ἐκ πασῶν γενεῶν γενήσεσθαι προωρισμιένην TE χαὶ εχλελεγμένην. “ « Nous célébrons la fête de ce jour en mémoire de la Joie paritaite
que lange apporta au monde quand 1] vint lui annoncer ia nais- sance prochaine de l’immaculée Mère de Dieu. Celui qui du néant a tiré tout ce qui existe et qui fait porter des fruits à ce qui tantôt n'existait même pas, celui-là même a voulu qu’une femme, au déchin de l’âge, devint mère pour la première fois, accordant ainsi une récompense digne de sa bonté à la juste demande de ses justes serviteurs. + Dieu qui devait revêtir notre chair en vue de régé- nérer l'entière création, Jugea cette femme et son époux dignes tous deux, dans leur sainteté, de donner au mondela Vierge des- tinée à le faire naître lui-même sur cette terre, la médiatrice entre Lui et ies hommes, la choisie avant tous les siècles et la préférée entre toutes les femmes Î, »
Soyons justes, malgré nos goûts modernes, trop modernes peut- être : n’est-ce pas merveilleux, ces dix ou douze lignes d’un vieux synaxaire oublié ἢ Iiy a de ces choses byzantines qui remet- lent en mémoire, que ce soit la place ou non, ie mot du poète
1. Codex mediceo-Laurentianus, signatus San Marco 787, membraneus, folo- rum 287, 0M 255+0,18, lineis plenis, in Palestina, ut videtur, anno 1050 exara- tus. Cf, Delehaye, Sirmond, col. 291, et Vailhé, Les laures de Saint-Gérasime ét de Calamon, dans Echos d'Orient, t. 11, 1899, p. 106-119.
LA LITURGIE 323
“anglais : À thing of beauty is a Joy for ever, « Une chose de beauté est une joie pour toujours (Keats), »
Seulement, les « choses de beauté » ne veulent ni copie, ni imitation, ni, s’il s’agit d'œuvres littéraires, de soi-disant tra- duction. Devant le texte de Jean le Géomètre, Morellus, on s’en souvient, se déclarait vaincu. Pour les fêtes qui précèdent, nous avons voulu nous-même tenter un effort ; nous essaierons peut-être encore d’imterpréter de quelque manière l’acolouthie du 25 juillet, mais en toute sincérité, celle-ci, du 9 décembre, dépasse l’humaine faiblesse, la nôtre au moins.
Étrange sentiment, inexplicable aussi peut-être et tant mieux si, en effet, nous ne devons pas même songer à l’expliquer |
À peine osera-t-on conserver d’un long, d’un angoissant tra- vail, les pauvres débris que voici :
Comme ia Nativité, la Conception avait son «avant-fête », et c'était déjà, pour une bonne moitié de l’oflice, la fête elle-même. Ce jour du 8 décembre était dévolu à un saint, mais outre que son oflice commence plutôt par une évocation de la Vierge et de sa mère (51 ?), il est occupé d’un bout à l’autre par un prohéortios, canon ou série d’hymnes qui les chante toutes deux à l'avance. Un exemple :
Δόξα. καὶ νῦν, Θεοτοχίον, ὅμοιον.
Πανύμνητε Δέσποινα ἐλπίς, τῶν πιστῶν χαὶ στήριγμα, χαταφυγὴ καὶ βοήθεια, σὲ ἱχετεύομεν᾽ "Ex παντὸς χινδύνου, τοὺς δούλους σου φύλαττε, τοὺς πίστει προσχυνοῦντας τὸν τόχον σου, αὐτῷ πρεσδεύουσα, δωρηθῆ- γαι ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν, τὴν εἰρήνην, καὶ τὸ μέγα ἔλεος.
«Ὁ notre glorieuse souveraine, notre espoir, notre soutien, notre doux refuge, nous t’en prions, préserve de tout danger tes serviteurs et obiiens pour nos âmes la paix du Seigneur en mème temps que sa miséricorde ». (52 1)
On nous le rappellera tout à l'heure : « La Vierge, c’est la mon- tagne sainte jadis entrevue par le Prophète, d’où une pierre se détache qui doit, par la puissance divine introduite en elle, renver- ser les idoles. Et d’ailleurs, ce n’est pas demain, mais « aujourd’hui même, que nous devons lui tresser une couronne de fleurs : "Ayô1 τερπνὰ (522), » car c’est aujourd’hui même qu’un messager
,
324 MADAME SAINCTE ANNE
céleste à prédit à la bienheureuse Anne son prochain bonheur, en même temps qu'il promettait aux générations humaines leur joie commune dans la plénitude de tous les biens (542) :
Ὁ τῇ Ἄννῃ χηρύξας τὴν Σύλληψιν, τῆς ὑπεραμώμου Παρθένου μην- ὕματα, κοινῆς χαρᾶς παρέσχετο, χαὶ χαλῶν εὐφορίαν τῷ γένει ἡμῶν.
Pour la fête du lendemain, les Ménées n’indiquent sans doute pas tous les mélodes quiont pris part à sa composition. Trois sont nommés : Germain, Jean le Moine, André de Crète, et plus d’un 1khos, d’une doxa, d’un stikhos sans attribution pourrait appartenir à d’autres. Germain (page 58!) chante «ce prodige qui dépasse l'intelligence humaine, ineffable même pour la langue des anges, voulu de Dieu avant tous les siècles comme gage de son infime charité, ce mystère où la bienheureuse Anne sert d’instrument au Seigneur pour préparer la demeure 101-085 du ΤΟΙ immortel des siècles. »
Plus loin, une ode de« Jean le moine» serait-elle quelque frag- ment poétique de Jean Damascène que n’auraient pas connus ses éditeurs de notre monde latin? Il était poète, on le sait, assez bon poète pour être lu encore aujourd’hui,— 1l doit l’être puisqu'on se donne la peine de signaler ses défauts ! — mais 1l était poète comme 1l était théologien, orateur et moine, uniquement pour servir Dieu et chanter la Vierge Marie. La Vierge Marie, sa Souveraine, sa Mère, sa « Sœur » peut-être, comme elle l'était pour le grand Athanase ?, l'unique objet, après Dieu, ou plutôt avec Dieu, de ses pensées et de son amour, on sait quelles saluta- tons 1l lui adressait à pleines pages comme à plein cœur ? : « Salut
= 1. Jean Damascène, disions-nous plus haut, p. 140 est sinon l'inventeur, du moins le réformateur de l’Octoïkhos. » On peut regretter encore que, pour lui, comme pour André de Crète, la critique descende à cette vanité qui s'appelle la forme ou le style. À preuve :« Jean se complaît dans de difhciles et fatigantes bagatelles... De tels jeux d’adresse nuisent naturellement à la clarté de l’expo- sition, et maints morceaux sont aussi obscurs que certains chœurs des anciens poètes grecs, etc.. » Cf. Krumbacher, Geschichte (1897), p. 37, p. 674.
2. Maria ex Davide orta... est soror nostra, ou dans le grec : ἀδελφὴ γὰρ ἡμῶν à Μαρία. Epist. ad Epictetum, P. G., τ. xxv, col. 1061.
3. Cf. ci-dessus, p. 106.
LA LITURGIE 325
_ ἃ vous, par qui nous sommes le peuple chrétien, portant le nom de votre Fils, notre Dieu ! Salut à vous par qui nous sommes en- rôlés dans l’Église une, sainte, catholique, apostolique ! Salut à vous, par qui nous rendons nos hommages à l’adorable et très salutaire croix ! Salut à vous par qui nous possédons la foi qui éclaire et qui sauve les âmes ! Salut à vous par qui nous partici- pons à la pure et redoutable chair de Dieu fait homme et goûtons le vrai pain de l’immortalité ! » et ainsi tour à tour le respect, la reconnaissance, la filiale confiance s’exhalent en des exclamations toujours les mêmes, toujours nouvelles, sorte de htanie qui recom- mence à chaque instant quand on la croit finie parce qu’elle ne peut jamais épuiser la piété de Jean Damascène !,
Tout l'office de cette fête du 9 décembre est dans cette note. indéfinissable. intraduisible,
1. Pour cet extrait de saint Jean Damascène, Cf. R. P. Augustin Largent, La Maternité adoptive de la très sainte Vierge, in-18, Paris, 1909, p. 62. D’autres citations précédaient qui sont vraiment très belles et que nous aurions tant voulu placer dans le texte. Que la sainte Vierge daigne nous pardonner ! Écoutez saint Sophrone : « D’autres ont brillé par la sainteté, mais aucun n’a reçu une grâce aussi pleine que la vôtre ; aucun n’a été appelé à un tel degré d'excellence ; aucun n'a été prévenu, comme vous, d'une grâce qui écartait le péché; aucun n’a resplendi d’un pareil éclat ; aucun n’a été élevé comme vous à une hauteur qui domine toutes les autres ; aucun ne s’est approché de Dieu comme vous ! » Et saint Taraise s’écrie : « Salut, médiatrice de tous ceux qui sont sous le ciel ! Salut, réparatrice de l’univers ! Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur, qui est avant vous Et Germain de Constantinople : « Nul n’a été
et de vous, est avec vous ! » rempli de la connaissance de Dieu que par toi, à toute sainte ; nul n’est sauvé que par toi, ὃ Mère de Dieu ; nul n’est délivré des périls que par toi, ὃ Vierge- Mère ! nul ne reçoit le don divin que par toi, à chérie de Dieu ! »
Un essai (cf. p. 59, col. 2 du texte grec) : « Nous célébrons aujour- d’'hui ta conception, ὃ pieuse Anne, car Dieu t'a bénie et de toi naîtra une Vierge qui enfermera dans son sein Celui que l'univers entier ne saurait contenir.
« Seigneur, vous avez prêté l'oreille aux supplications de vos saints,et vous leur avez donné en récompense de leur prière celle qui doit être un jour votre propre Mère.
« Aujourd'hui la glorieuse Anne salue dans les préludes de sa maternité la Vierge incomparable que le Seigneur très bon et très grand,le Dieu incorporel se choisira lui-même pour mère. »
ΜΝ OT ΥῪ
Et plus loin : « Ο message divin ! ὃ étrange parole ! » s’écrie Anne d'une voix tremblante
326
MADAME SAINCTE ANNE
La fête du 25 juillet
TH KE’, TOY AYTOY ΜΉΝΟΣ,
Μνήμη τῆς Κοιμήσεως τῆς ‘Ayiac“"Auyne, Kn- τρὸς τῆς Ὑπεραγίας Θεοτόνον (“).
ΤΥΠΙΚΟΝ ΠΕΡΙ ΤΗ͂Σ ΕΟΡΤΗΣ THE ATJAS ANNEY.
Es ἡ Ἕ.ρτὴ αὔτη τύχη ἐν Κυριαχῆ, τῷ Σαδδάτω Εἱσπέρα: μετὰ τὴν συνήθη Στιχολογίαν τοῦ, Maxdotos αἱ ν Υ ρ, ψάλλομεν Στιχηρὰ ᾿Αναστάσιμα ς΄. καὶ τῆς ᾿Αγέας ο΄. Δόξα, τῆς ᾿Αγίας. Καὶ αὶ νῦν, τὸ α΄. τοῦ "Hycu, Efce- - ,» La = τὰ LA dos : Φὼς fÀ αρόν. Προχείμενον τῆς ἡμέρας, ai τὰ Αἰναγνώματα τῆς ‘Ayias — Εἰς τὸν Στίχον, τὸ ᾿Ατα- στάσιμα Στιχηρά. Δόξα, χαὶ νῦν, τῆς ᾿Αγίας. ᾿Απολυ- τέχιον ᾿Αναστάσιμον. Δόξα, καὶ νῦν, τῆς ᾿Αγίας, χαὶ
Le 25 du même mois, Fête de la Dormition de sainte Anne, mère de la sur-sainte Theotocos
ΤΎΡΙΓΟΝ
pour la solennité de sainte Anne.
Si cette solennité coïncide avec le di- manche, dans la soirée du samedi, après la stikhologie ordinaire Peatus vir,nous psalmodions, debout, les stikhera ete. Suivent des rubriques assez compliquées el qui, pour être bien comprises, deman-
A'néluors . deraient de longues explications. Le lecteur ne les attend peut-être pas.
Ὁ) Τὸ Χειρέγραφον συδὲν ἕτερον ἔχει ἕκ τῆς ᾿Αγολουθίος τῆς A'yias ᾿Αννης, εἰμη τρία Προσόμοια, (διάφορα χαὶ αὐτὰ πρὸς τὰ ἐνταῦθα) τὰ εἰς τὸν Ἑ “περινὸν duo Δοξαστικὰ, nai τὸν ἐνταῦθα Κανένα. Συνάπτει δὲ μετὰ τοῦ τούτων, καὶ ἑτέραν ᾿Ακολουθίαν τῶν A'yiow γυναιχῶν Ὀλυμπιάδος καὶ Εὐπραξίας, τῶν ἀναρερομένων ἐν τῷ τοῦ Νικρδήμου Συναξαριστῇ. Ὁ δὲ εἰς αὐτὰς Κανὼν φέρει ᾿Α- χροςιχίδα" Σεμναῖς γυναιξὶ σεμνὸν ἐξάδω μέλος. Ἰωσήφ:
Il n'attend pas non plus, croyons- nous, une traduction complète, ni tou! à fait littérale de l'office qui suit.
d'émotion quand l’archange lui ἃ révélé les desseins de Dieu. « Et moi aussi je serai mère ! Gloire à mon Seigneur qui fait des choses admirables.
«Réjouissez-vous avec moi, toutes tribus d'Israël: un nouveau ciel va pa- raître où brillera bientôt l'étoile du salut, Jésus, lumière du monde.
«Dieu ἃ entendu les gémissements d'Anne et le Seigneur exaucçant sa prière, fait succéder à tous les nuages la pleine lumière : Anne sera mère de Marie immaculée. »
L'ikhos de la fin nous fait entendre la prière d'Anne pendant ses années d'épreuve, comme si le poète voulait nous rappeller que, seule, une longue prière pouvait mériter la grâce de cette incomparable maternité :« Ὁ toi, mon Dieu tout-puissant, qui as visité de ta promesse et de ta présence la vieillesse de Sara; qui as fait d’elle l’heureuse mère d’Isaac, comme tu feras d’ure autre femme longtemps malheureuse comme moi ia mère de ton prophète Samuel, tourne maintenant tes yeux vers moi, ta suppliante inconsolée, et comble enfin les vœux de mon âme. »
Le synaxaire qui suit immédiatement est bien connu, cité, comme il est, à peu près partout (620) :
Tu n’enfantes pas, comme Eve, dans la douleur,
O Anne, car tu portes la joie même en ton sein. nouvelle et dernière expression d’une piété qui attribuait à la mère les mêmes privilèges qu'à la Fille immaculée !
presque
t
LA LITURGIE 327
MEN ΤΟΥΛΙ͂ΟΣ. KE, 125
Εἰς τὸν "Ophper, μετὰ τὸν Τριχδικὸν Kavdva, ἡ Λιτὴ «ἧς 'Λγίας. Εἶτα τὸ, '᾽Α ξ ον ἐστὶ, κτλ, Μετὰ τὸ Wa. τήριον καὶ τὸν Πολυέλεον, Καθίσματα ᾿Λναστόσιμα" ἀντὶ δὲ τῶν Θεοτοχίων, td τῆς ᾿Αγίας. Ta Ευλογητάρια, κα Ὑπαχοὴ, οἱ ᾿Αναδαϑμοὶ, χαὶ τὸ Προχείμενον τοῦ ᾽᾿χου. Of Βανόνες, ὁ ᾿λναστάσιμος χαὶ τῆς ᾿Αγίας. ‘And y.
ἰδῆς, Καάθισμα τῆς ᾿Αγίας. ‘Av ἔχτης, ἱΚοντόχιον χαὶ
χος τῆς Ὀχτωήχου. Αἰ Καταδασίαι, καὶ τὰ λοιπὰ κατὰ τάξιν. ᾿ΠΕαποστειλοίριον ᾿Λναστάσιμον, καὶ τῆς ᾿Αγίας. Ets τοὺς Alvous, ᾿Αναστάσιμα δ΄. χαὶ τῆς ‘Aylag à’, Δόξα, τὸ ἝἭϑινέν. Καὶ νῦν, Ὑπερευλογημένη. Δοξολογία Μεγάλη, Τροπάριὸον, Σήμερον σωτηρία. . Ἑὶς τὴν Auroupylav, Τυπιχὰ, χαὶ Μαχαρισμοὶ ἀμφοτέ- puy, χτλ. ᾿Απόστολος τῆς ᾿Αγίας. Ἐναγγέλιον τῆς Κυ- ριαχῆξ, κτλ,
nt den
ΕΙΣ TON EZNEPINON.
Ἑὶς τὸ Εύρις ἐχέχραξα͵, ἱστῶμεν Στίχους «΄. à φάλλομεν Στιχηρα προσόμοια Ta ἑπόμενα. Ἦχος α΄. Toy οὐρανίων ταγμάτων. " νήμὴν τελοῦντες Δικαίων, τῶν Προπατό- puy Χριοτοῦ, Ἰωαχεὶμ καὶ “Avyns, τῶν Fe ρῶν xai dyluy, δοξάζομεν ἀπαύστως, ᾧ- αἷς μυστιχαῖς, τὸν οἰχτίρμονα Κύριον, τὸν ἀναδείξαντα τούτους εἰς τὴν ἡμῶν, σωτηρίαν ἀχλινεὶς πρεσδεντάς. | FE: πρώην ἄγονος στεῖρα, ἡ ἐχθλαστήσασα, | τὴν ἀπαρχὴν τοῦ γένους, τῆς ἡμῶν σω- τηρίας, σήμερον μετέστη πρὸς τὴν ζωὴν, τὴν ἐχεῖθεν, αἰτοῦσα Χριφὲν, τοῦ δωρηθῆναι πται- σμάτων' τὸν ἱλασμὸν, τοῖς ἐν πίστει ανυμνοῦ- σιν αὐτόν. γήμην Διχαίων τελοῦντες, σὲ ἀνυμνοῦν- μὲν Χριστὲ, τὸν παραδόξως ἴλνναν, ἐκ one τῆς προσχαίρε, πρὸς ἄληχτον χαὶ Θείαν, μεταστήσαντα νῦν, ὡς: Μητέρα ὑπάρχουσαν, τῆς σὲ τεχούσης ἀσπόρως ὑπερφυῶς, Θεοτό- xov χαὶ Παρθένου Μητρός. Ἕτερα Προσόμοια, Ἦχος ὁ αὐτός. "D τοῦ παραδόξου θαύματος. "δὲ φωταυγὴς πανήγυρις, à φαιδρὰ ἡμέρα, χαὶ χοσμοχαρμόσυνος, ἡ χοίμησις ἡ σεπτὴ,
nai αἀξιέπαινος, τῆς "Ayynç τῆς εὐχλεοῦς, ἐξ ἧς
ἐτέχθη ζωὴν ἡ χυήσασα, ἡ ἔμφυχος χιδωτὸς, ἡ τὸν ἀχώρητον. Λόγον χωρήσασα, ἡ τῆς ἀθυμίας σις, rai χαρᾶς ἡ πρόξενος, ἡ πα- ρέχουσα πᾶσι, τοῖς πιστοῖς τὸ μέγα ἔλεος.
"πηγὴν, Θαυμαστῶς χυήσασα, τὴν μόνην γυναιξὶν, εὐλογημένην ᾿Αγνὴν, μεθίφαται ἐκ ζωῆς, τῆς ἐπιχήρε πρὸς τὴν ἀτελεύτητον, à Αννα ἡ εὐχλεὴς, γῆθεν ἀρθεῖσα πρὸς τὰ οὐράνια, συν-
"τοῦ παραδέξου ϑαύματος᾽ À ζωῆς τὴν᾽
ευφραινομένη; δήμοις, τῶν ᾿Αγγέλων σήμερον" ἧς περ νῦν τὴν ἁγίαν, ἑορτάζομεν πανήγυριν. ἤμερον φαιὸδραν πανήγυριν, τῶν πιστῶν Σ χορεῖαι, τῇ σεπτῇ χοιμήσει σου, τελοῦμεν πανευλαθῶς, ἐν ϑέῳ πνεύματι' ἐφέφηχε γὰρ ἡμῖν, τῶν ἰαμάτων ἀστράπτουσα χάριτας δῷ φλέγουτα πονηραὶ, ἐναερίων πνευμάτῶν δὼ» στήματα᾽ χαὶ φωταγωγοῦσα φρένας, τῶν πι- στῶς ὑμνούντων qou, ἀξιώγαστε Αννα, τὴν σεδάσμιον μετάστασιν. Δόξα, χαὶ γῦν, Ἦχος πλ. δ΄. ᾿Ανατολίου.
ἱ ἐξ ἀχάρπων λαγόνων, ῥαάθδον ἁγίαν τὴν
Θεοτόχον βλαστήσαντες, ἐξ ἧς ἡ σωτὴ- pla τῷ κόσμῳ ἀνέτειλε, Χριστὸς ὁ Θεός" τὸ ζεῦγος τὸ ἄμωμον, ἡ ξυνωρὶς ἡ ἀγία, Ἰωαχεὶμ tai Αννα᾽ οὗτοι μετασταντες πρὸς οὐρανίου axnvas, σὺν τῇ αὐτῶν Θυγατρὶ, ὑπεραχράντῳ Παρθένῳ, μετ᾽ ᾿Αγγέλων χορενουσιν, ὑπὲρ τοῦ χόσμου πρεσβείαν ποιούμενοι. OÙs χαὶ ἡμεῖς συνελθόντες, εὐσεδῶς ὑμνοῦντες λέγομεν" οἱ dia τῆς Θεόπαιδος χαὶ πανάγνε Μαρίας, Epo- πάτορὲς Χριστοῦ χρηματίσαντες, πρεσθεύσα- τε ὑπὲρ τῶν φυχῶν ἡμῶν. Εἴσοδος. Φῶς ἱλαρόν" Προχείμενον τῆς ἡμέ- ρᾶς, καὶ τὰ ᾿Αναγνώσματα.
Σοφίας Σολομῶντος τὸ Ανάγνωσμα.
ἰχαίοι εἰς τὸν αἰῶνα ζῶσι, καὶ ἐν Κυρίῳ ὁ (Κ' Δ μισθὸς αὐτῶν, καὶ ἡ φροντὶς αὐτῶν πον pa ὙφΦίστῳ. Διὰ τοῦτο λήφονται τὸ βασίλειον τῆς εὐπρεπείας, καὶ τὸ διάδημα τοῦ κάλλους ἐκ χειρὸς Κυρίου" ὅτι τῇ δεξιᾷ σχεπάσει αὖ- τοὺς, χαὶ τῷ βραχίονι ὑπερασπιεῖ αὐτῶν" Δύφεται πανοπλίαν, τὸν ζῆλον αὐτοῦ, xai ὁ- πλοποιύσει τὴν χτίσιν εἰς ἄμυναν ἐχθρῶν. ΕἸνδύσεται ϑώρακα, δικαιοσύνην" καὶ περιθή- σεται χόρυθα, χρίσιν ανυπόχριτον᾽ λήφεται ἀσπίδα ἀχαταμάχητον, ὁσιότητα ὀξυνεῖ δὲ ἀπότομον ὀργὴν εἰς ῥομφαίαν" συνεχπολεμή- σει δὲ αὐτῷ ὁ χόσμος ἐπὶ τοὺς παράφρονας. Πορεύσονται εὔστοχοι βολίδες ἀστραπῶν, καὶ ὡς ἀπὸ εὐκύκλου τόξου τῶν νεφῶν, ἐπὶ σγο- 'πὸν “ἀλοῦνται’ καὶ ἐκ ποτροβόλου, θυμοῦ πλήρεις, ῥιφήσονται χάλαζαι" ἀγαναχτήσει. χατ αὐτῶν ὕδωρ ϑαλάσσης, ποταμοί δὲ συγ- χλύσουσιν ἀποτόμως" ἀντιστήσεται αὐτοῖς πνεῦμα δυνάμεως, καὶ ὡς λαίλαφ ἐχλιχμήσει αὐτοὺς, tai ἐρημώσει πᾶσαν τὴν γῆν ἀνομία, χαὶ ἡ χαχοπραγία περιτρέφει Ὡρόνους δυγα- στῶν. ᾿Αχούσατε οὖν, Βασιλεῖς, ai συνετε"
X r
ἐφ. 4.
328
126 μάθετε, δικασταὶ περοτων γῆς ἐνωτίσασθε οἱ χρατοῦντες πλήθους, καὶ γεγαυρωμένοι ἐπὶ
ὄχλοις. ἐθνῶν" Ὅτι ἐδόθη παρὰ Κυρίου ἡ χρά-᾿
τίσις ὑμῖν, χαὶ ἡ δυναστεία παρὰ Ὑφίστου. Σοφίας Σολομῶντος τὸ ᾿'λνάγνωσμα. «χαίων Φφυχαὶ ἐν χειρὲ Θεοῦ, καὶ οὐ μὴ Δ ἄφηται αὐτῶν βασανος. "EdoËay ἐν ὀ- φθαλμοῖς ἀφρόνων τεθνάναι, ai ἐλογίσθη. χά- χωσις ἡ ἔξοδᾳς αὐτῶν, χαὶ ἡ ἀφ᾽ ἡμῶν πορεία, σύντριμμα" οἱ δὲ εἰσιν ἐν εἰρήνῃ. Καὶ γὰρ ἐν ὄφει. ἀνθρώπων ἐὰν χολασθῶσιν, ἡ ἐλπὶς αὐ- τῶν ἀθανασίας πλήρης. Καὶ ὀλίγα παιδευθέν- τες, μεγάλα εὐεργετηθήσονται" ὅτι ὁ Θεὲς ἐ- πείρασεν αὑτοὺς, χαὶ εὗρεν αὐτοὺς ἀξίας ἑαυ- τοῦ, ‘Éd χρυσὸν ἐν. χωνευτηρίῳ ἐδοχίμασεν αὐτοὺς, καὶ ὡς ὁλοχάρπωμα ϑυσίας προσε- δεξατο αὐτούς. Καὶ ἐν χαιρῷ ἐπισχοπῆς αὐ- τῶν ἀναλάμφουσι, χαὶ ὡς σπινθῆρες ἐν καλά- un διαδραμοῦνται. Κρινοῦτιν ἔθνη, καὶ κρα- τήσουσι λαῶν, καὶ βασιλείσει αὐτῶν Κύριος εἰς τοὺς aigyac. Οἱ πεποιθότες ἐπ᾿ αὐτὸν συν- ἤσουσιν ἀλήθειαν, καὶ οἵ πιστοὶ ἐν ἀγάπῃ προσμενοῦσιν αὐτῷ ὅτι χάρις χαὶ ἔλεος ἐν τοὺς ὁσίοις. αὐτοῦ, χροὶ δπισχοπὴ ἐν τοῖς ἐκ- λεχτοῖς αὐτοῦ. Σοφίας Σολομῶντος τὸ ᾿Ανάγνωσμα. A ἐὰν φθάσῃ τελευτῆσαι, ἐν ἀναπαύ- Get ἔφαι. Ἰτῆρας γὰρ τίμιον, οὐ τὸ πυλο- χρόνιον, οὐδὲ ἀριθμῷ ἐτῶν μεμέτρηται. Πολιὸ 06 ἐστι, φρόνητ:ς ἀνθρώποις" κι ἡλικία γήρως, βίος ἀκηλίδωτος. Ευάρεστος Θεῷ γενόμενος, ἡγαπύθη- nai ζῶν μεταξὺ ἁμαρτωλῶν, μετε- τέήη. “Πρπάγη, μὴ χαχία ἀλλάξῃ σύνεσιν αὐ- τοῦ, ἡ δόλος ἀπατήσῃ φυχὴν αὐτοῦ. Βασκανία Jap φαυλότητος ἀμαυροῖ τὰ xad, χαὶ ῥεμ- βασμὸς ἐπιθυμίας μεταλλεύει γοῦν ἄχαχον. Τελειωθεὶς ἐν ὀλίγῳ, ἐπλήρωσς χρόνους μα- Ἀροὺς; ἀρεσξὴ γὰρ ἦν Κυρίῳ ἡ. φυχὴ αὐτοῦ" διδ τοῦτο ἔσπευσεν ἐκ μέσον πονηρίας. Οἱ δὲ λαοὶ, ἰδόντες Kai μὴ νοήσαντες, μηδὲ ϑέντες ἐπὶ διανοίᾳ τὸ τοιοῦτον" ὅτι χάρις χαὶ ἔλεος ἐν ποῖς ὁσίοις αὐτοῦ, a, ἐπισχοπὴ ἐν τοῖς ἐχλεχτοῖς αὐτοῦ. Ἑὶς τὴν Auray, Ἰδιόμελα, γος αἱ. Ἵν ἀπαρχὴν τῆς ἡμῶν σωτηρίας φαιδρῶς ἢ γενγήσασα, σήμερον ἐκ γῆς μεθίστα- τας Αγνα ἡ πἀνσεδάσμιος. Δεῦτε οὖν φιλέορ- τοι RO φιλόχριστοι, ταὶ τῶν ἀσμάτων ἄνθη ἀναλαβόντες, πρὸς αὐτὴν ἀναχράξωμεν Σῶ-
FR € en:
ΤΩΣ
ΜῊΝ IOYAIOS.
MADAME SAINCTE ANNE
KE’. ;
peoy "Αννα, μακαρία ἡ χοιλία σου, n τὴν Mu- τέρα τοῦ Θεοῦ Λόγου βαστάπτασα" καὶ oi. μαστοί σου ὡραῖοι, οἷς αὐτὴν ἐθήλασας" «καὶ γὰρ αὕτη τεχοῦσα dondpus τὸν ζωοδότην, σὺν αὐτῷ ἠξίωται βασιλεύειν" καὶ σὲ νῦν με- ταστήσας πρὸς ἄληχτον καὶ Jeixy ζωὴν, τῇ
Marpi αὐτοῦ οἰκεῖν χαὶ συναγαάλλεσθαι κατη-
ξίωσεν. Ὅθεν duauwroduéy 66, οἱ τελοῦντες τὴν μνήμην σου πιστῶς, σὺν αὐτῇ πρεσθεύειν, τοῦ σωθῆναι τὰς φυχὲς ἡμῶν. Ἦλχος β. εὖτε φιλοπάρθενοι πάντες, τὰ τῆς ἀγνείας ἐρασταί" δεῦτε ἑορτάσωμεν “Αννὴς τὴν' σεθάσμιον χοίμησιν" À γὰρ ἔτεχεν ὑπερφυῶς τὴν πηγὴν τῆς ζωῆς, Μαρίαν τὴν Θεόπαιδα, ἐξ ἧς ἐτέχθη ὁ Δυτρωτὴς, ὁ φωτίζων, La: ἄς γιάζων τὰς φυχὰς ἡμῶν. Ὁ αὐτός. : ὁ ἦν ὁ δῆμος τῶν συναῇροιαθέντων ; παραγξε JL νεται ἐν τῷ πανσέπτῳ Ναῷ, τῶν Πρσπα- τόρων εὐλαθδῶς, Συγχάρητε, κραυγάζοντες, μερόπων γένος σήμερον" ὅτι ἡ Αννα ἀπὸ γῆς μεθίσταται πρὸς Κύριον, αὐτῷ παρεφῶσα χαὲ ἡμῖν αἰτοῦσα, τοῦ δοθῆναὶ ἱλασμὸν, τοῖς Ris στει τελοῦσι ταύτης τὴν xoiunoty. ᾿Ἔχος δ΄. εὖτε ἅπαντες πιστοὶ, τὴν τῶν Διχαίων Δ μνήμην φαιδρῶς ἑορτάσωμεν, Ἰωαχεὶςξ rat "Ayynç τῶν Προπατόρων σήμερον" ὅτι ἔτε- χον ἡμῖν τὴν Μητέρα τοῦ Σωτῆρος, Μαρίαν τὴν ἀμώμητον. Ὅθεν πρὸς αὐτοὺς ἀναχράξω- μεν’ Δεῦγος ἀγιόλεκτον, ξυγωρὶς ἀγίᾳ καὶ ϑεό- τίμητε, τὸν ἐκ τῆς ὀσφύος ὑμῶν αἀνατείλαντα Χοιφὸν τὸν Θεὸν, αὐτὸν ἱχετεύσατε, ἐλεηθῆνας τὰς φυχας ἡμῶν. Δόξα, καὶ νῦν, Ἦχος πλ. α΄. €) μαχαρία δυὰς, ὑμεῖς πάντων γεννητόρων ὑπερηρλητε, ὅτι τὴν τῆς χτίσεως πάσης ὑπερέχουσαν ἐθλαστήσατε. Ὅντως μακάριος εἰ Ἰωακεὶμ, τοιαύτης παιδὸς χρηματίσας παᾶ- τήρ. Maxapia ἡ μήτρα σου "Αννα, ὅτι τὴν Μητέρα τῆς ζωῆς ἡμῶν ἐδλάστησας. Μίακά- ρίοι οἱ μαστοὶ, οἷς ἐθήλασας τὴν γαλαχτοτρο-
Ι φήσασαν τὸν τρέφοντα πᾶσαν πνοήν" ὃν Us
σωπεῖν ὑμᾶς παυμακάριφοι αἰτούμεθα; ἐλεὴ- “ῆναι τὰς φυχαᾶς ἡυῶν. Εἰς τὸν Στίχον, Στιχηροὶ προσόμοια, Ἦχος πλ. α΄. Χαίροις ἀσκητικῶν ἀληθὼς.. NN. ἡ γοητὴ χελιδων, ἔαρ τῆς χάριτος ἡμῖν ἡ γνωρίσασα, ἀνέμπτως, ἐν σωφρο- σύνῃ βιωσαμένη καλῶς, καὶ τῆς παρϑενίας τὸ
UP NT. OX ΑΝ Ὁ
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LA LITURGIE 329 Les Ménées à l’Hesperinos (1251).
Nous qui faisons mémoire des justes, et saints, etillustres aïeux du Christ, Joachim et Anne, célébrons à jamais dans nos chants mystiques le Seigneur de miséricorde qui nous les a donnés comme intercesseurs auprès de lui.
Longtemps privée des joies maternelles, Anne a mis au monde sa fille première-née, doux présage de notre salut, Aujourd’hui elle entre dans la vie éternelle, et elle prie le Seigneur d’accorder à ceux qui la chantent avec foi le pardon de leurs fautes.
En ce jour de fête, nous t’exaltons, ὃ Christ, et toi, merveilleuse femme, qui passes de la vie de la terre à une vie éternelle toute pleine de Dieu, toi l’incomparable mère de la Vierge Mère de Dieu.
Voici le jour lumineux, cher à toute la terre, où s’est endormie dans le Seigneur la glorieuse Anne, mère de notre vie, mère du vivant tabernacle où s’est enfermée l’immensité divine ; de la Vierge qui nous rend à tous l’espérance perdue, et la grâce, et la foi en l’infinie miséricorde de Dieu.
O prodige admirable ! La femme digne de toute louange et choisie entre toutes, Anne la glorieuse, qui ἃ fait jailhir pour nous une source de vie, s’élève aujourd’hui de la terre pour être accla- mée là-haut par les célestes phalanges, pendant que nous-mêmes célébrons ce saint jour de fête.
Bienheureuse Anne, aujourd’hui les fidèles se réunissent en chœur, sous l'inspiration divine, pour célébrer ta sainte dormition, et te prier de guérir leurs blessures, d’écarter d'eux les mauvais esprits de l'air, d'éclairer leurs esprits et d’inspirer à leurs âmes Pamour des vrais biens.
Sur une page précédente (327),colonne de droite,vous avez pu aperce- voir le premier ikhos D’ANAToLE,et encore une fois, qui est ce mélode }?
Joachim et Anne, couple sans tache, ont vu apparaître dans leur foyer jusque là désert une tige en fleur, la Vierge qui devait enfanter le salut du monde, le Christ notre Dieu. Maintenant ils habitent les tabernacles du ciel, à côté de leur Fille, immaculée Vierge, et, mêlant leurs voix aux chœurs des Anges, 1ls intercèdent
1. Voir ci-dessus, à son sujet, pages 188 et 197.
330 MADAME SAINCTE ANNE
pour le monde. Faisons monter vers eux nos hymnes de fête avec cette prière : « Saints aïeux du Christ, père et mère de la divine enfant et toute sainte Marie, intercédez pour nos âmes ! »
L’anagnosma ? suivant, tiré de la Sagesse de Salomon (c. V, v.16), s'applique très bien à la Sainte si manifestement privilégiée de Dieu :« Les justes vivront éternellement; près du Seigneur est leur récompense et le Très-Haut pense à eux. C’est pourquoi ils rece- vront de la main du Seigneur un royaume d’honneur et un diadè- me de gloire, car 1] les couvrira de sa droite et les défendra de son bras. Il revêtira son armure qui est le zèle de son amour et 1] armera la créature pour se venger de ses ennemis,ete. »
De même, le second texte, st connu qu’il soit, est trop beau pour que nous l’omettions tout à fait: « Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Ils ont paru mourir aux yeux des insensés et leur sortie du monde a été regardée comme une affliction, et leur séparation d’avec nous, une ruine complète, mais eux sont en paix. S'ils ont souflert des tourments devant les hommes, leur espérance est pleine d’immortalité. Après de légères afflictions, ils soûteront des joies abondantes parce que le Seigneur les a éprouvés et les a jugés dignes de lui. I les a éprouvés comme l’or dans la fournaise, mais 1l les a reçus comme une hostie d’holocauste et 1] les regardera favorablement au temps de leur triomphe. Les Justes brilleront et courront comme des étincelles dans un lieu planté de roseaux.
Le choix de la troisième leçon n’est pas moins heureux. C’est l'éloge du juste dont «la vie sans tache est une heureuse vieillesse » et qui est « devenu le bien-aimé de Dieu », parce que « la prudence a de bonne heure chez lui remplacé les cheveux blancs (Sagesse, ch. 1v).»
(126 3). Anne la toute vénérable, à qui nous devons le principe de notre salut, s’élève aujourd’hui de la terre. Venez, chrétiens fidèles, lui offrir vos cantiques comme un bouquet de fleurs, et disons-lui tous ensemble : « Bienheureuse es-tu, ὃ sainte mère de la Mère du Verbe-Dieu : bienheureux le sein qui l’a nourrie, elle
4. Extrait de la sainte Écriture ou des écrits des saints Pères, comme ἀγάγνωσις — Jecture. C’est la lecon du bréviaire latin. 27Æ bd, Ch: TE:
bei mise .....ἃ di
LA LITURGIE 331
qui devait enfanter l’auteur de la vie, et partager plus tard son royaume ; le Seigneur t’a jugée digne d’habiter désormais auprès de sa Mère et de te réjouir éternellement avec elle. Avec elle aussi, nous t’en prions, obtiens à tes dévots serviteurs le salut de leurs âmes.
(1262). Venez, tous les amants de la pureté et de la virginité ; venez célébrer l’heureux sommeil d'Anne, la mère de Marie la divine enfant, source de notre vie, de qui nous est venue la déli- vrance, la sanctification, la lumière de nos âmes.
Quel est ce peuple qui se réunit dans le temple saint, invitant le genre humain à honorer comme lui les grands parents du Christ, Anne la Sainte, aujourd’hui rapprochée du Seigneur et toute heureuse de pouvoir implorer pour nous, ses serviteurs fidèles, la miséricorde de Dieu ?
Venons tous honorer la mémoire des grands parents du Christ, Joachim et Anne, parce qu’ils nous ont donné la Mère du Sauveur, Marie, la toute pure ! Disons-leur dans un cri de notre âme : « Couple choisi, couple saint, suppliez le Christ Dieu, fils de votre Fille, d’avoir pitié de nos âmes. »
O couple bienheureux, vous l’emportez en excellence sur tous les époux, vous qui avez fait germer la souveraine de la nature entière. Oui, en vérité, beinheureux es-tu, ὃ père d’une telle en- fant ! Bienheureuses tes entrailles, ὃ Anne, d’où est sortie comme une fleur la Mère de notre vie ! Bienheureux le sein où s’est nour- rie celle qui a nourri l’auteur de toute vie, le Dieu très grand dont vous implorez tous deux la miséricorde en notre faveur !
Salut, douce hirondelle, messagère du printemps! Salut à ta sainte vie qui eut pourrécompense la Vierge sans souillure, trésor de virginité ; salut à toi, auguste aïeule de l’agneau qui efface les péchés du monde, du Verbe de Dieu engendré par la Vierge im- maculée ! O sainte aïeule du Seigneur, maintenant que tu as quitté la terre pour le ciel, obtiens de Dieu pour nos âmes une grande miséricorde.
Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur (1127 1). Salut à vous, bien-aimés de Dieu, couple vénérable et resplendissant de tout l’éclat de la sainteté, Joachim et Anne, toujours 51 fidèles à la loi et animés de la divine charité. Dieu vous ἃ choisis entre tous pour donner à la terre la Mère du Christ, la douce messagère de
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MADAME SAINCTE ANNE
MHN IOYAIOS.
Φιδιμήλιον, σεμγῶς ὠδινήσασα, Θεοτόχον. τὴν ἄμωμον" ᾿Αμνὰς τιμία, ἡ χυήσασα δάμαλιν, τὸν ἐξαίροντα, ᾿Αμνὸν χόσμου τὰ πταίσματα, Λόγον λόγῳ γεννήσασαν, τὴν μόνην αἀπείραν- ὅρον. Αννα Προμῆτορ Kupiou, τοῦ σὲ ἐκ γῆς μεταστήσαντος" ὃν νῦν ἐχδυσώπει, ταῖς Qu- χαὶς ἡμῶν δοθῆναι, τὸ μέγα ἔλεος. Στίχ. ᾿Αγαλλιᾶσθε Δίχαιοι ἐν Κυρίῳ. αίροις πεποθημένη Θεῷ, ἐκλελεγμένη d- Ἃ, γιότητος λάμφεσι, τοῦ voue, ducs τιμία, M τὰς ἐμφάσεις καλῶς, ἐν τῇ dela χάριτι με- “)αρμόσασα, Χριφὸν τὴν τεχοῦσαν, τὸν ἀρχη- γὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν, αὐτοὶ τεχόντες, Ἰωαχεὶμ ὁ ϑεόληπτος, χαὶ ἡ ἔνθεος, "Αννα ἡ πανσε- βάσμιος" λύχνοι οἱ ἀνατείλαντες, λαμπάδα τὴν ἄσχιον" où εὐθηνοῦντες τὴν χάριν, τὴν Θεοτόχον τὴν ἄχραντον" ue ἧς δυσωπεῖτε, ταὶς φυχαῖς ἡμῶν δοθῆναι, τὰ μέγα ἔλεος. Στ. Μακάριοι πάντες οἱ φοθούμενοι τὸν Κύριον. Χ αἶροις εὐλογημένη τὶ γῆ, ἡ τὴν ϑεόδλαςον : τῷ κόσμῳ ανθήσασα" ἡ νόμῳ, ἀδιαλεί- πτως ἐμμελετῶσα Θεοῦ, χαὶ τὴν χάριν πᾶσιν ὑπογραάφασα' δεσμὰ τῆς φειρώσεως, ἡ φυγοῦ- σα τῷ τόκῳ σοὺ, ai τῷ Θανάτῳ, τὴν φθοραν ανταμείφασα, χαὶ πρὸς ἔνθεον, μεταστᾶσα λαμπρότητα. ἔλννα ϑεομακάριστε, Προμῦτο Χριστοῦ τοῦ Θεοῦ, ἡ φωτοφόρον λυχνίαν, τὴν Θεοτόχον χυήσασα΄ μεθ᾽ ἧς ἐκδυσώπει, ταῖς φυχαῖς ἡμῶν δοθῆναι, τὸ μέγα ἔλεος. Δόξα, χαὶ νῦν, Ἔχος πλ. ©. ἌΣ πᾶσα ἡ κτίσις, ἐν χυμθάλοις φαλωι- χοὶς, εὐφημήσωμεν "Arvay τὴν Θεόφρονα, τὴν τὸ Θεῖον Ὅρος ἀποκυήσαταν ἐχ λαγόνων αὐτῆς, χαὶ πρὸς ὄρη vonta, χαὶ Παραδείσου σχηνώματα, σήμερον μεταδεδηκχυῖαν, καὶ πρὸς αὐτὴν βοήσωμεν: Maxapio ἡ κοιλία σε, ἡ βα- φάσασα ἀληθῶς͵ τὴν τὸ φῶς τοῦ κόσμε ἔνδον ἐν χοιλίᾳ βαστάσασαν" χαὶ οἱ μαςοἱ σε ὡραῖοι, οἱ ϑηλάσαντες τὴν ϑηλάσασαν Χριςοὸν, τὸν TO0- φὸν τῆς ζωῆς ἡμῶν ὃν χαθιχέτευε τοῦ ῥυσθῆ- ναὶ ἡμᾶς απὸ πάσης ϑλίψεως, χαὶ προσβολῆς τοῦ ἐχθροῦ, χαὶ σωθῆναι τὰς φυχας ἡμῶν. ᾿Απολυτίκιον, Ἐχος δ᾽, Ταχὺ προκατάλαθε. ωὴν TV χυήσασαν, ἐχυοφόρησας, αἰγνὴν Θεομήτορα, Θεόφρον "Avvæ* διὸ, πρὸς λῆ- ξιν ουράγιον, ἔνθα εὐφραινομένων, κατοικία ἐν δόξῃ, χαίρουσα νῦν μετέστης, τοῖς τιμῶσί σε πόθῳ, πταισμάτων αἰτουμένη ἱλασμὸν, dst- paxdpiote. Καὶ ᾿Απόλυσις.
6]
|
LE
κε, ΕἸΣ TON ΟΡΘΡΟΝ.
Méta τὴν À. Στιχολογίαν, ἱζαθίσια, Ἦχος γ΄. Τὴν ὡραιότητα. ᾿ εὐχλεέστατος rai “αξιέπαινος, "Αννα ἡ Η ἔνθεος, χαὶ πανσεθάσμιος, γῆθεν ἀρθεῖ- σα Ex ζωῆς, προσκαίρου διαιωνίζει, εἰς ζωὴν αθάνατον, pet ᾿Αγγέλων. χορεύουσα, σὺν τῇ Θυγατρὶ αὐτῆς, καὶ épars Μητρὶ τοῦ Θεοῦ, πρεσθεύσυσα ἀπαύστως σωθῆναι, τοὺς πίστει ταύτην μοχαρίζοντας, Δόξα, χαὶ νῦν. Τὸ αὐτό. Μετὰ τὴν Β΄. Στεχολογίαν, Κάϑισμα, Hyos α. Toy τάφον σοὺ Σωτήρ. ες γόμου ἐντολὰς, Ὡεαρέστως τηροῦσα, μητέρας Ἰσραὴλ, ὑπερῇρας ἁπάσας, τὴν μόνην οειπάρθενον, Θεοτόχον χυήσασα, dyud- λεχτε, "Ayva ἘΝ ut Κυρίου: μεταστᾶσα δὲ, ἐκ γῆς πρὸς ὥεῖον γυμφῶνα, Διχαίων V- πέρχεισαι. Δόξα, καὶ νῦν. Τὸ αὐτό. Θ' Ν΄. Εἶτα ὁ Κανὼν τῆς Θεοτόχου" ‘Yypavy διοδεύσας" καὶ τῆς ᾿Αγίας. Μετὰ δὲ τὴν συμπλήρωσιν τῶν Kavyôvay ψάλλομεν. Καταθασίας " ᾿Αγοέξω τὸ στόμα μου. Ὁ Κανὼν τῆς ᾿Αγίας. Ποίημα Θεοφάνους. δὴ ε΄. Ἦχος d. ᾿Ανοίξω τὸ στόμα μου. ταισμάτων συγχώρησιν, καὶ τῶν καχῶν απολύτρωσιν, xai βίου διόρθωσιν, αἴτη- σαι νῦν μοι σεμνὴ, προελομένῳ τὴν σὴν φωσ- φόρον μνήμην, εὐφημῆσαι σήμερον, “Αννα πα- γεύφημε. ὡὴν τὴν χυήσασαν, Ὡεοπρεπῶς ἀπεχύη- f/ σας" διὸ πρὸς ceiCuoy, ζωὴν μεθέστηκας, ἀπολαθοῦσα χαρᾶς ἀνεχλαλήτου, φωτὸς dve- σπέρου τε, Αννα ἡεόχλητε. | H χάρις ἡ ἔνϑεος, πρὸς τὴν χαραν μεταθέ- βηχεν, ἀσπόρως ἣν ἔτεχε, Θυγάτηρ ταύ- τῆς ἀγνή" καὶ παρίσταται, πολλῇ σὺν παῤ- ἐἑτσίᾳ, Κυρίῳ πρεσδεύουσα, σωθῆναι πάντας
ἡμᾶς. - Ua σ 4 ‘x σοῦ ἡμῖν ἔλαμφε, δικαιοσύνης ὁ Ἥλιος, χαὶ πᾶσαν χατηύγασε,. “εογνωσίᾳ τὴν γῆν, καὶ διέλυσεν, ἀχλὺν τῆς αθεΐας, ᾿Αγνὴ παναμώμητε, καὶ παμμαχαριστε.
᾿Ωδὴ y. Οὐχ ἐν σοφίᾳ.
127
Θεοτοχίον.
ἣν συλλαδϑοῦσαν, τὸν συνέχωντα πάντα συνέλαδες" καὶ ἐχύησας Χριστὸν, τὴν
LA LITURGIE 333
notre salut, Vous êtes les flambeaux où s’est allumée cette lampe ardente ; vous êtes les intermédiaires de la grâce, parce que l'im- maculée Mère de Dieu est votre fille : joignez donc votre prière à la sienne pour obtenir miséricorde en faveur de nos âmes. Bienheureux tous ceux qui craignent le Seigneur. Salut, terre bénie où grandit une plante à la sève divine ! Bienheureuse Anne, ta constante fidélité à la loi de Dieu a obtenu grâce pour le monde, et après qu'un prodige ἃ fait de toi la plus heureuse des mères, tu brises les liens de la mort ettu entres dans la clarté divine. O sainte aïeule du Christ, porteuse de lumière, mère de la Mère de
Dieu, avec elle obtiens que miséricorde soit faite à nos âmes.
_ Venez, toutes créatures, et au bruit des cymbales mêlons nos chants de fête en l'honneur de l’amante de Dieu, de la bienheureuse mère de Marie, ce temple de Dieu bâti sur la montagne ! Anne s'élève aujourd’hui vers les collines éternelles, vers les tentes du Paradis, et nous lui disons :« Bienheureuses les entrailles qui ont porté la Vierge, qui devait porter elle-mème en son sein la lumière du monde ! Bienheureuse la femme qui a nourri celle qui devait nourrir à son tour le Christ, aliment de notre vie | O Anne, supplie le Seigneur de nous préserver de toute affliction, de tout assaut de l’ennemi et de sauver nos âmes !
Mère de notre vie, mère de l’immaculée Mère de Dieu, mainte- nant que tu habites heureuse au sein de la gloire céleste, obtiens- nous, ὃ amie de Dieu, à nous qui t’honorons, le pardon de nos fautes !
A l’ortTHRros
Anne la glorieuse en Dieu, la toute vénérable, s’élève de la terre et entre, accompagnée des anges, dans la vie éternelle, où, avec sa Fille, la très pure Mère de Dieu, elle intercède constamment en faveur de ses fidèles serviteurs.
CANON DE LA SAINTE — POÈME ΡῈ THéopnanEs (127?) Ode I. mode 4€. J’ouvrirai ma bouche.
Glorieuse Anne, obtiens pour moi qui veux chanter aujour- d’hui ta lumineuse mémoire le pardon de mes fautes, la déli- vrance de mes maux, le redressement de ma vie si imparfaite.
Par le bon plaisir de Dieu et comme il convenait à sa gloire,
3934 MADAME SAINCTE ANNE
128 ΜῊΝ ICYAIOS. KE. ὑπὲρ λόγον χυήσασαν᾽ διό σου τὴν Κοίμησιν, ἢ ρὸν, σὲ μεταθέμενον, πρὸς τὰ ἐπουρᾶνιὰ, μετὰ A'yva γεραίρομεν. δόξης λγνα ἔνδοξε.
ET ἐγχωμίων, ἐκτελεῖται ἡ ἔνδοξος μνή- | Ἵ Ë fai αἀὔλοις Taësotwv, ἀύλῳ τῷ voi, συγχό-
Len σον" ὅτι ἔτεχες ἡμῖν, τὴν ἐγχωμίων || 85. ρεύξις περιχαρῶς, πληρουμένη λάμφεως, , L ͵ ᾿ , ς ΜΝ , { = : , , 5. 44 -
ἐπεχεινα, ἀγνὴν Θεομήτορα, Αννα Θεόχλητε. | τῆς πλουτοδότιδος" αλλ ἡμῶν μνημόνευξ, τῶν
΄λιος ὥς περ, τῇ σελήνῃ, τῇ ᾿Αννῃ ἐνούμε- | "πίστει μεμνημένων σου.
|
|
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a. de]
2 M νὸς, ὁ χλειγὸς Ἰωακεὶμ, τῆς παρθενίας || Ἔ εσσαὶ βλαστήσασαν, x ῥίζης ἐμφανῶς, εὖ» αἰκτῖνα γεννᾷ, δὲ ἧς τῆς Θεότητος, αὐγὴ ἐπέ- Θαλῇ ῥάδδον τὴν ἀγνὴν, ἐκδλαστάνξις ἔν- λαμφε. Θεοτοχίον. ἕε, τὴν ἐχθλαφήσασαν, ἄνθος τὸ ἀμάραντον,
ὃ προστασίαν, ἀσφαλῆ Θεομῆτορ χεχτή- || ᾿ἰ᾿ησοῦν τὸν λυτρωτὴν ἡμῶν. Θεοτοκίον. j μεθα" τος ἐλπίδας ἐπὶ σοὶ, ἀνατιθέντες || Ἢ, πὶ σὲ τατέφυγον, τὴν μόνην χραταιαν, σωζόμεθα" πρὸς σὲ καταφεύγοντες, περιφρου- Eû τῶν πιστῶν σκέπην" ἐπὶ σοὶ τὴν ἐλπίδα pos εθα. | τίθημι, τῆς σωτηρίας μου" Παναγία ὡέσποινα, άθισμα, Ἔ γος πλ. δ΄, Τὴν Σοφίαν καὶ Λόγον. ἢ Θεοτόκε μὴ παρίδῃς με: FE Ὡς Μητρὸς τοῦ Δεσπότε oi Ποιητοῦ, Π ἡ- 271 Φ΄. Θύσω σοι, μετὰ φωνῆς.
τὴρ γέγονας "Αννα πανευχλεῆς, αὐτοῦ τὰ || 7 υρίου, Ἰησοῦ τοῦ Θεοῦ οἱ Πρόπατορξ, προστάγματα, ἀνενδότως φυλάττουσα" διοὸὶ VW, Ἰωακείμ τε xai Αννα, οἱ δικαιοσύνῃ τοῦτο Ὡανοῦσα, ζωὴν πρὸς ἀθάνατον, μετε- || κεχοσμημένοι, ἐπαξίως, ἐν φῳδαῖς εὐφημείσθω- τέθης ὄντως, χαὶ φῶς πρὸς ἀνέσπέρον' ὅθεν || cav δήμερον. ; τὴν φωσφόρον, καὶ ἁγίαν σε μνήμην, τελοῦν- ἢ À 'πάντων, ἐγκωμίων ἡ "ἄννα, ὑπέρχειται, τες ἐν πνεύματι, φωτιζόμεθα πάντοτε, καὶ ἢ À ὅτι παντὸς ἐγκωμίου, τὴν ὑπερχειμένην συμφώνως βοῶμέν σοι" Πρέσθευς Χριστῷ τῷ | éxvne" διὰ τοῦτο, ἐν χορῷ τῶν ᾿Αγίων ἀὐλί- Θεῷ, τῶν πταισμάτων ἄφεσιν δωρήσασθαι, | ζεται.
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ere en ne ee mme |
--.--5---ΞΦ..-.- «ὦ
mm
τοῖς ἑορτάζουσι πόθῳ, τὴν ἁγίαν μνήμην cou. | ὡσφόρος, χαὶ λαμπρότητος πλήρης ἡ μνή: Δόξα, καὶ νῦν. To αὐτό. ᾿ REP μὴ σου, μαρμαρυγὰς τοῖς ἐν κόσμῳ, ταὶς QT δ΄. Ὁ χαθήμενος ἐν δόξη. σωτηριώδεις ἐχπέμπουσα, σῶφρον "Αννᾶ, χε
ἐν ἐν νόμῳ γεγραμμένα, μελετῶσα ἐτέλε- ἢ ρισμάτων παντοίων ἀνάπλεως.
L σας, χαὶ τοῦ ἀκ Ἐν Μήτηρ τῆς Μη- Θεοτοκίον ἜΝ | τρὺς ἐχρημᾶτισας' διὸ νῦν πᾶσα ἡ κτίσις ἐ- | ἣν ἴλννης, ἡ τοῦ χόσμου ἐτέχθης Βασίλιδ- ποφείλει σοι, ἐχτελοῦσα σου, χαρμονιχῶς τὸ || [8 4 σα, τὸν τοῦ παντὸς Βασιλέα, καὶ τεχοῦ- μνημόσυνον. | σα nai παρθενεύουσα, μετὰ τόκον, Χερουδὶμ
αχαρία ἡ χοιλία, ἀληθῶς ἡ βαστάσασα, || ἀνωτέρα Πανάμωμε. ὁ τὴν τὸ Φῶς τοῦ χόσμου, ἔνδον ἐν χοιλίς || Koyrcxoy, ἄχος β΄. τὰ ἄνω ζητῶν. αστοσασαν" χαὶ οἱ μαστοί σου ὡραῖοι, ὡς Ἑρογόνων Χριςοῦ, τὴν μνήμην ἑορτάζομεν, Srhdaavtes, τὴν ϑΘηλάσασαν, Αγνα Χριατὸν À τὴν τούτων πιφῶς, αἰτούμενοι βοήθειαν, τὴν τροφὴν ἡμῶν. τοῦ ῥυσθῆναι ἅπαντας, ἀπὸ πάσης ϑλίφεως 4 hs βιώσασα ἀμέμπτως, τὴν ἀμέμπτως || τοὺς χραυγάζοντας. Ὁ Θεὸς γενοῦ μεθ᾽ ἡμῶν, χυήσασαν, Θεοτόκον Κόρην, Λόγον τοῦ || ὁ τούτους δοξάσας, ὡς ηὐδόκησας. ἰατρὸς ἀπεχύησας, καὶ πρὸς αὐτὸν πετοὶ δό- | Ὁ Oixos. ξης προσεχώρησας, ϑεουμένη σεπταῖς, μετο- fe συνέλθωμεν πάντες, τοῦ ἀξίως αἷς οληθέστατα. φοτοχίον. | 4, Β ὑμνῆσαι τῆς προγόνου Χριστοῦ τὴν πα- ἧς Παρθένου ἡ χοιλία, ϑημωνία ὡς ἄλω- | γαγίαν μετάστασιν. Σήμερον Va ἐχ τῆς προσ- γος, ἀληθῶς ἐδείχθη, στάχυν ἀγεώργη- | χαίρου μεταστᾶσα ζωῆς, ἐν τοῖς ἐπουρανίοις Toy ἔχουσα' δὲ οὗ ἐχιρέφεται πᾶσα ντίσις || era χαρᾶς, τὴν πορείαν ποισμένη ἀγάλλεται χράζουσα" ἔϊαντοδύναμε, δόξα Χριστὲ τῇ || καὶ ὡς οὖσα λήτηρ τῆς ὄντως ἀληθοῦς Θεότό- δυγάμει σου. κου, χραυγάζει πιστῶς Μεγαλύνει ἡ φυχήμξ , DA ἐ. ᾿Ασεδεῖς οὐχ ἔφονται. τὸς Ἱκύριον, ὅτι ἔτεχον τὴν τούτου Μητέρα ἐν re ἐχυήσας, ἐν γῇ ὡς ἀληϑῶς, τὴν τές | τῇ γῇ. Γένοιτο, οὖν μεθ ὑμῶν, c τούτους δοξα- χοῦσαν τὸν οὐραγοῦ, Ἰϊοιητὴν τὸν σήμς ἰ σᾶς, ὡς ηὐδόκησς,
LA LITURGIE 335
_ tu as donné naissance à la Mère de la Vie et c’est pourquoi, disant
2
adieu à la vie présente, tu entres avec une joie ineffable dans la
lumière qui ne connaît pas de déclin.
La grâce divine et la joie parfaite t’accompagnent jusqu’auprès de ta Fille immaculée, et, à sa prière toute-puissante, tu unis la tienne pour notre salut à tous.
A la Vierge.
Vierge toute pure et toute bienheureuse, tu as fait briller pour nous le soleil de justice, et la terre entière ἃ reconnu son Dieu, pendant que l’impiété se reconnaissait vaincue.
Ode 11].
Bienheureuse Anne, tu as donné le jour à la mère du Maître de l'univers, et c’est pourquoi nous célébrons ta sainte dormition:;
Avec des hymnes de fête nous en faisons la glorieuse mémoire, parce que tu as mis au monde celle qui surpasse toute louange, limmaculée Mère de Dieu.
Joachim était l’astre du jour ; Anne, l’astre des nuits; la Vierge, l'étoile brillante de la Virginité, et, au milieu de tant de lumière, a paru la splendeur de la Divinité.
A la Vierge.
Vierge fidèle, nous avons confiance en ta protection; en Loi nous plaçons l’espérance de notre salut, et nous recourons à toi pour obtenir la vraie sagesse.
Sainte mère de la Mère du Dieu créateur, tu as gardé 58} 58 jamais défailhir les divins commandements, et, en récompense, le Seigneur t’accorde une vie immortelle au sein de la lumière sans déclin du Paradis. C’est pourquoi nous célébrons d’esprit et de cœur ta radieuse fête, et te prions d’intercéder pour nous auprès du Christ, notre Dieu, afin que nos péchés nous soient pardonnés.
(128 1) Ode IV. Les mêmes pensées reviennent et à peu près les mêmes expressions : Sainte Anne s’est soumise à la volonté de Dieu ; elle a reçu sa récompense et toute créature lui est rede-
336
MHN IQYATOS3.
Συναξαάριον. Τὴ ΚΕ΄. τοῦ αὐτοῦ μηνὸς, Μνήμη τῆς Κοιμή:- σεως τῆς ᾿Αγίας ᾿Αννης Μητρὸς τῆς Ὕπερα- γίας Θεοτόχου. Στίχοι. Μήτηρ τελευτᾷ Μητροπαρθένου Κόρης, Ἡ τῶν χυουσῶν μητέρων σωτηρία. Πέμπτῃ ἐξεδίωσε μογοφόχος εἰχάδι "Αννα. ὕτὴ ἡ Προμήτωρ᾽ τοῦ Kupis ἡμῶν ἴησου Χριστοῦ χατὰ σᾶάρχα γενομένη, ny ἐκ
φυλῆς Aeut, Θυγάτηρ Ματθᾶν τοῦ ᾿Ιερέως χαὶ
Μαρίας τῆς αὐτοῦ γυναικός ὅς τις Ματθᾶν ὑπῆρχεν ἱερατεψων ἐπὶ τῆς βασιλείας Κλεο- πάτρας, à Σαπώρξ, ἡ Σαδωρίᾳ βασιλείας Περ- σῶν, πρὸ τῆς βασιλείας ᾿Ηρώδου τοῦ ᾿Αντιπά- τρον. Οὗτος ὁ Ματθὰν ἔσχε ϑυγατέρας τρεῖς, Μαρίαν, Σοβὴν, καὶ "Ανναν. "Eynus δὲ ἡ πρώ- τὴ ἐν Βηθλεὲμ, καὶ ἔτεκε Σαλώμην τὴν μαῖαν. E ynpues δὲ καὶ ἡ δευτέρα, 2 αὕτη ἐν Βηθλεέμ, χαὶ érens τὴν 'EleonGer, Eynus dé γὰ μἡ τρί- τὴ, ἡ "Αννα, εἰς τὴν YA τῆς Βαλιλαίας, nai ἐγέννᾳσε Ναρίαν τὴν Θερτέχον᾽. des εἶνα! τὴν Σαλώμην, καὶ τὴν Ἐλισάθετ, χορὶ τὴν ᾿ΑΥγίαν Μαρίαν τὴν Θεοτόχον, ϑυγατέρας μὲν ἀδελφῶν τριῶν Θηλειῶν, πρωτεξαδέλφες δὲ πρὸς ἀλλή- λας. AÜtn οὖν Αννα, μετα τὲ γενγῆσαι τὴν παντὸς τοῦ χόσμου σωτηρίαν, χαὶ ἀπογαλα- χτίσαι, ἀναϑεῖναί ta τἀῴτην ἐν τῷ ναῷ, ὡς d- βώμον δῶρον, τῷ παντοχράτορι Θεῷ; vnçeiar χαὶ προσευχαῖς, καὶ ταῖς τῶν δεομέγων εὐ- ποιΐαις τὸν ἐπίλο (πον Taupe χ ρόνον διᾳτελέ- σασο Ἐν εἰρήνῃ πρὸς Κύριον ἐξεδήμηδε. Τε- is δὲ À αὐτῆς Συναξιὶ ἐν τοῦ Δενσέρῳ. 1! [ἢ αὐτῇ ἡμέρᾳ, Nu κῶν ‘Aytox pEs fla- τόρων, τῶν Ἐν τῇ Πέμπτῃ Θἰχεμενικῇ Sue συνελθόντωγ, χαὶ τὰ ᾿Ωριγένγῃς, δόγματα χα- Θελόντων. ὁ : Στίχ. Λόγοι Βελίαρ, οἱ λόγοι ᾿Ωριγένους, OÙ περ καθεῖλον προσχυνηταὶ τοῦ Δόγε. ΠΝ τῆς βασιλείας Ἰουστινιανοῦ, ἦν Πα- 5, τριάρχης ἘΚωνσταντινουπόλεως "Ανθιμος Ὁ αἱρετιχος, γεγονὼς μὲν πρότερον Τραπεζοῦν- τος Ἐπίσχοπος, μετατεθεὶς ἔπειτα χαὶ- προ- βιβασθεὶς εἰς τὸν τῆς. ἹΚωνσταγτινουπόλεως
ρύνον" ἀλλ αἱρετιχὸς ὧς, ἐξεξλήθη παρὰ re |
τῶν Ὀρθοδέξωνὶ καὶ τοῦ Πάπα Piguxe ᾿Αγαξη-
τοῦ" % ἐχειροτονήθη ἀντ᾽ αὐτοῦ Mnväc ὁ d- γιώτατος, Πρεσθύτερος ὧν τῆς ᾿Αγίας Ἔκχλη- | 47
Lugjlio.
MADAME SAINCTE ANNE
KE, 129 σίας Ἰζωνσταντινουπόλεως, χαὶ Ξενοδόχος τοῦ Σαμψών. Ἐπὶ τούτου ἐπαναστάντες Σεξῆρος nai Πέτρος, ἀνθρωπὸν πασῶν αἴδεσιν ἐν ἐαυ- τοῖς περιφέροντες, συνιστῶντες δὲ χαὶ τὰ Ὦ; prysvouc βλάσφημα δόγματα, ἐλύπουν τοὺς Οὐ ρθοδόξ:ς. Διά τοι τοῦτο À συγκαλεσάμενος ὁ Βασιλεὺς Ἰουφινιανὸς, ἐν τῷ ἐδϑόμῳ ἔτει τῆς αὐτοῦ βασιλείας, Σύνοδον ρξε΄. ᾿Αγίων Πατέ- puy ἐν Κωνσταντινουπόλει, ἅμα τῷ ἀγιωτάτῳ Πατριώρχῃ διηνᾷ, ἀνεθεμάτισαν δὐτόψῷτε 4 τοὺς ὁμόφρονας αὐτῶν. "Extote οὖν ἑορτάζει ἡ τοῦ Θεοῦ ᾿Εχχλησία τὴν τοιαύτην ἀνάμνη» σιν, δοξάζουσα τὸν Θεόν. Ταῖς αὐτῶν ἁγίαις π εσδείαις, ὁ Θεὸς, ἐλέη- σον ἡμᾶς. δὴ ζ΄. Ὁ διασώσας ἐν πυρξ. 'ς τῆς ζωῆς. τῆς ἀληθοῦς, "Αννα τὴν pare: ρὰ τεκοῦσα, πρὸς τὴν ζωὴν τὴν ἀληθῆ, μετετέθης πιφῶς ἀναχράζουσα" Ὑπερύμνητς Κύριε, ὁ Θεὸς ὁ τῶν Πατέρων εὐλογητὸς εἶ. δ τῆς μητρὸς τοῦ Δυτρωτοῦ, μήτηρ χρὴξ ματίσασα "Αννα, ἀπὸ τῆς γῆς πρὸς οὐ» ρανὸν, ἀρεταῖς κοσμουμένη ἀνέδραμες, ἐν αἰ- νέσει χραυγάζουσα" ὋὉ Θεὸς ὁ τῶν Πατέρων εὐλογητὸς εἰ. ρὸς ἀτελεύτητον ζωὴν, πρὸς εὐρυχωρότο- τὸν πλάτος, τοῦ Παραδείσου τῆς tpu- φῆς, πρὸς ἀνέσπερον φῶς ἐξεδήμησας, Θεο- φόρε χραυγάζουσα' Ὃ Θεὸς ὁ τῶν Πατέρων εὐλογητὸς εἰ. Θεοτοχίον. (joe χαλλοναῖς, ταῖς τῶν ἀρετῶν TOY ὡραῖον, ὑπὲρ υἱοὺς τῶν γηγενῶν, ἀποκϑη- σας, Aoyoy Πανάμωμε, τὸν τερπναῖς ὡραιότησι, τοὺς αὐτὸν ὑμνολογοῦντας χαταχοσμοῦντα. Ὧλη η΄. Παῖδες εὐαγεῖς ἐν τῇ καμίνῳ. Η μήτηρ τῆς μόνης Ocoréxoux "ἡ φεῖρα: τὸ Β πρὶν, νῦν δὲ προμήτωρ Χριστοῦ, ὥς περ τῆς φειρώσεως, οὕτω τῆς νεχρώσεως, ἐχδυσα- μένη ἔνδυμα, ἐν χώρᾳ ζώντων Bo: Τὸν Κυ- ριον ὑμνεῖτε Ta ἔργα, χαὶ ὑπερυφοῦτε, εἰς παντὰς τοὺς αἰῶγας. Ἕ 7 ριστός σοι τὰς πύλας ἐχπετάσας, τὰς ἄ- va περιχαρῶς χαθυπεδέξατο" πύλην ὅτι ἔτολες, ὧν αὐτὸς διώδευσε, καὶ κελλεισμένυν ἔδειξε, μετὰ τὴν πάροδον, ϑεόφρον, αξιάγα- στε "Αννα ὅθεν de τιμῶμεν, εἰς πάντας τοὺς αἰῶγας. A% ὡς τὸν βίον ἐχτελοῦσα, ᾿Αγίας ᾿Δειπαρ- Θένα Μήτηρ γέγονας ἥτις TOY πανάγιον, ÆAdyoy ἀπεχύησεν, ἁγιασμὸν xai λύτρωσιν n-
LA LITURGIE 337
_vable. Bienheureuse est-elle en sa maternité ; bienheureuse sa Fille toute sainte, parce que le Fils qui naîtra d’elle sera le froment des âmes justes.
Ode V.
Anne a fait descendre le ciel sur la terre et maintenant il est juste qu’elle monte elle-même au ciel; qu’elle mêle son allégresse à celle des hiérarchies célestes et s’inonde des clartés divines ; qu'elle soit acclamée là-haut comme la femme choisie entre toutes qui ἃ fait germer la tige de Jessé. Mais sa féhcité ne lui fera pas oublier ses enfants de la terre, et elle restera toujours pour eux
leur refuge, leur protection. (128 ?) Ode VI.
Joachim et Anne se sont endormis dans le Seigneur ; 1ls étaient justes, l’un et l’autre, d’une justice qui surpasse tous les éloges, et c’est pourquoi leur mémoire est chère à nos cœurs, leur vertu est pour le monde comme un phare lumineux.
Contakion. Pieusement nous faisons la fête des grands parents du Christ, et puissions-nous, grâce à leur intercession, être désor- mais à l’abri de toute adversité ! O Seigneur, qui avez glorifié ces deux grands saints, restez avec nous toujours |
Ikos. Venons tous ensemble chanter dignement le saint pèleri- nage de l’aïeule du Christ ; car aujourd’hui, en effet, elle fait l’échange de la vie terrestre pour une vie céleste toute faite de béatitude ineffable, et elle, la mère de la vraie Mère de Dieu, elle entonne ce cantique suave : ἃ Mon âme glorifie le Seigneur parce qu’il m'a bénie en cette enfant, sa propre Mère...»
(129 ἢ Suit le Synaxaire :
Le 25 de ce mois, fête de la Dormition de la bienheureuse Anne, mère de la toute-sainte Mère de Dieu.
Stikhi : Elle achève sa vie, la mère de la douce Vierge-mère,
Le refuge salutaire de toutes les mères.
Le vingt-cinq, a quitté cette vie Anne illustre en sa matermité. Aïeule de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon la chair, elle appar- tenait à la tribu de Lévi, étant la fille de Mathan et de Marie sa fille, etc.
La fête d’aujourd’hui se célèbre dans l’église du Deuteron. Le
22
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130 piy παρέχοντα, ϑεόφρον ἀξιάγαστε Αννα δῆεν σς τιυῶμεν, εἰς πάντας τοὺς αἰῶνας Θεοτοχίον
ολλοῖς συνεχόμενον χινδύνοις, καὶ σάλῳ If τῆς ἀμὰαῤτίας KIVOUVELOYTE, ὅρμον πρὸς αχύμαντον, αὔραις ταῖς τοῦ Πνεύματος, Θεο- γεννῆτορ Δέσποινα, νῦν χαθοδήγησον λιμὴν Χριστιανῶν γαρ TOY EU" ὅθεν σε ὑμνοῦμεν, εἰς πάντας τοὺς αἰῶνας.
Ὠδὴ 5΄. Eva μὲν τῷ τῆς παραχοῆς Ἢ τὐᾳ μὲν τῷ τῆς παραχοῆς νοσήματι, τὴν [D χατάραν εἰσῳχίσατο' σὺ dE (ειρώσεως XA- ταρας, ἜΑ εὐλογίαν τὴν τέξασαν, ἐκύησας ἁγνὴν Θεομήτορα᾽ ἡ συγχορεύεις ἀξιάγαστςε,
VA γῆς τῆς γαφρός ce amas γεγέννηται,
D γῇ ἀγία ἀγεώργητος, στάχυν βλαατής
σασα ἀσπόρως, τοῦ χόσμου τὸν τροφέα -KAL:
Κύριον, τὸν σὲ πρὸς τὴν τρυφὴν τὴν ἀδάπανον, Αννα πανσόφως μεταστήσαντα. δέξατο ἄλυπος ζωὴ καὶ ἄφθαρτος, μετᾷ τέλος σὲ πανεύφημε" Ξύλου ζωῆς νυνὶ μετέχεις᾽ Διχαίων συνευφραίνῃ συστήμασι, χαὶ Jeiuy ᾿Ασωμάτων στρατεύμασιν" ὅθεν ας πᾶντες μαχαρίζομεν. μνήμη σου σήμερον ἡμῖν ἀνέτειλε, "τοῦ Ὁλίου τηλαυγέστερον, φέγγει πλουσίων »αρισμάτων, ἡμᾶς χαταφαιδρύνουσα πάᾶνσε- ue, καὶ ζόφον παθημάτων ἐξαίρεσα᾽ ἣν ἐχτε- λοῦντᾶς ἡμᾶς φυλαταδ: ee κυριᾶ του παντος, παντοιθδὶθ LE, M dovlwbeyra πλημμελήμασι, σὺ ἐλευθέ: ρώσον᾽ αὐτὴ γὰρ, τὸν ἐλευθερωτὴν πάντων τέτοχας, δελείας τὸν ἡμᾶς λυτρωσάμενον, τῆς auxptius Ὡείῳ νεύματι. Ἐς ξαποζειλάριον. Τοῖς Μαθηταῖς συνέλθωμεν ρῥεωφιχῶς ὑυνήσωμεν, τὴν Θεόχλητον. Αν Χ ναν' τὴν Θεοτόχον αὕτη γὰρ, τὴν Hap- Sévoy Μαρίαν, χνήσασα παῤ ἐλπίδα, ογχιςφεὺς χατὰ σάρχα, Χριφοῦ τοῦ λυτρωτοῦ ἡμῶν, d- γεδείχθη τοῦ ταύτην “εοπρεπῶς, προσλαβόν- τος σημερὸν ἐν ὑφίφοις, ὑπὲρ ἡμῶν πρεσόενε- σαν, καὶ εἰρήνης τοῦ χόσμου.
"ἐς ταῖς Αἴας, ἱστῶμεν Στίχους δ΄. καὶ ψάλλο- μεν Στιχηρὰ προσόμοια y. δευτεροῦντες τὸ α΄. Ἦχος α΄. Τῶν οὐρανίων ταγμάτων.
N vruny τελοῦντες αἰσίαν, σὲ ἀνυμνοῦμεν
Χριστὲ, τὸν παραδόξως "Ανναν, ἐχ ζωῆς τῆς προσχαίρου, πρὸς τὴν ἄληχτον δόξαν; με- ταστήσαντα γῦν, ὡς μητέρα ὑπάρχουσαν, τῆς
MADAME SAINCTE
ANNE
κ΄. σὲ τεχούσης ἀαπόρῳς, ὑπεβφῳμῶς, Θ:οτύχδυ καὶ Παρθένου Μητρός. νήμην ογίαν τελοῦντες, τῶν Προπατό- ρὼν Χριστοῦ, Ἰωαχεὶμ χαὶ ἴΑγνης, τῶν σεπτῶν χαὶ ἀμέμπτων, δοξάζομὲν ἀπαύστως, τὸν λυτρωτὴν, χαὶ oixripuova Ἀύριον, χαὶ με» ταστήσαντα τούτους πρὸς τὴν ζωὴν, τὴν ἀγή- © χαὶ ἀνώλεθρον. pos τὰς αὐλος χορείας, χαὶ τῶν Διχάίων oxnvas, ἔνθα Αγγέλων τάξεις, ἔνθα δῆ- μὸς ᾿Αγίων, χαρὰ ἑορταζόντων ἄγεται νῦν, FO Διχαίων τὰ πνεύματα, Ἰωαχεὶμ 4at τῆς “Av- vas” οὖς εὐσεδως, εὐφημοῦντες μαχαρίσωμδν. Δόξα, χαὶ νῦν, ‘Hyoç β. εὔτε φιλοπάρϑθενοι παντες, χαι τῆς ἀγνεί- ας ἐραφαί᾽ δεῦτε ἑορτάσωμεν Αγνης τὴν σεδασμίαν χοίμησιν" καὶ γὰρ ἔτεχεν ὑπερφνῶς τὴν πηγὴν τῆς ζωῆς, ἡ] ρίαν τὴν Θεόπαιδα, ἐξ ἧς ἐτέχθη ὁ Avtowtns, ὁ φωτίζων ai αγιά- Guy τὰς φυχᾶς ἡμῶν. Δοζολογία διεγάλη, καὶ ᾿Απόλυσις. Εἰς τὴν Δειτουργίαν, Ta Τυπιχα, καὶ ἐκ τοῦ Καγόνός τῆς ᾿Αγίας, 9, δὴ y. καὶ ς΄. Ὁ ᾿Απόστολος. Αἰ δελφοὶ, ᾿Αδράαμ δύο υἱοὺς ἔσχεν. Εὐογγέλιον, κατὰ Δουχᾶν. Εἶπεν ὁ Κύριος" Οὐδεὶς λύχνον ἄφας. Ζήτει Σαδδατῳ «΄. Κοινωνιχόν" ᾿Αγαλλιᾶσβθε, Δίχαιοι, ἐν Κυρίῳ.
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même jour, fête de nos saints Pères qui assistèrent, au nombre de 165, au cinquième concile œcuménique.
Suit leur légende, puis l’ode septième du canon de sainte Anne. C’est toujours la même pensée qui occupe l'esprit du mélode :
O bienheuréuse Anne, mère de la Mère de toute vie véritable, tu es entrée dans la vie véritable et tu chantes avec bonheur : « O Dieu de nos pères, Majesté ineffable, que ton nom soit à jamais béni ! » — O mère de la Mère du Sauveur, tu t’empresses d’aller recueillir la récompense de tes vertus, en adressant au Seigneur cette louange : « Ὁ Dieu de nos pères, que ton nom soit à jamais béni ! »— Ta demeure est maintenant l’immensité du ciel, la lumière qui ne connaît aucun déclin, et de ton âme s’exhale ce cri d’allégresse : «Ὁ Dieu de nos pères que ton nom soit à Jamais béni ! »
(129 ?) Ode VIII. La mère de la Théotocos n’a pas pu s’enve- lopper de la mort comme d’un vêtement ; le Christ lui a ouvert toutes grandes les portes du ciel et l’a reçue avec joie en son royaume parce que Marie, son auguste Fille, est elle-même l’autre ciel où 1] ἃ fait naguère son séjour.
Le Theotokion de cette ode est la courte mais fervente prière d’une âme qui se voit exposée à toutes les tentations troublantes, à tous les dangers d’un naufrage presque inévitable, et qui soupire après le port du salut; mais prenons confiance : C’est Marie qui est ce hâvre de grâce, et c’est elle-même qui nous y conduit par des brises légères émanées de l’Esprit.
(130 1) Ode IX. (résumé), Eve a mérité la malédiction divine à cause de sa désobéissance; Anne, toujours fidèle, est aujourd’hui couronnée de gloire, et son âme se perd dans un océan de délices intarissables, au milieu des justes et des esprits célestes qui font cortège à son triomphe. « Ὁ Vierge, dit encore ici le pieux mélode, ὃ Marie, souveraine de l’univers, donne-moi, je t’en prie, du cou- rage, et rends la liberté à ce pauvre esclave que je suis ; car c’est toi qui fus la Mère du grand libérateur de tous les hommes, de tous les malheureux retenus jusque-là en esclavage. »
L’office continue encore avec les mêmes prières, les mêmes expres- sions à peu près identiques, puis vient l’exapostilarion qui termine les Matines. Si on lit la rubrique, on verra que l’acolouthie de la fête ne se termine pas là. Îl reste les Laudes, qui consisteront à répéter
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un certain nombre des prières de Matines, en y ajoutant la doxologie ordinaire, ensuite la grande doxologie, et enfin l'apolysis ou la for- mule finale qui congédie, jusqu’à nouvel ordre, les assistants.
Après les Laudes a lieu la Liturgie, c’est-à-dire la sainte messe, selon le typicon du jour, avec deux odes du Canon de la fête, l’épêtre: « Abraham avait deux fils, »et l’Evangile de saint Luc : « On n’allu- me pas une lanterne pour la mettre sous le boisseau. »
C’est la fin de tout l’office du jour, mais dans l’âme chrétienne la prière ne finit jamais et à la chère Sainte si grande, si bonne, si maternelle pour les enfants de sa divine Fille, le moine dira en- core longtemps :
"AN ἡμῶν μνημόνευς, Toy ἐν πίστει μεμνημένων σου.
Après la prière, toutes les prières qui précèdent, une réflexion peut-être nous est permise ἢ
Au cours de cet oflice du 25 juillet, dont une traduction incom- plète, 1l est vrai, mais à peu près exacte quant au sens, nous ἃ donné un peu l’idée comme des autres, on a pu remarquer cette finale si souvent répétée des /khot, Stikhera, odes, prières diverses, finale qui n’est toujours que la même demande suppliante et pleine de confiance : « Bienheureuse Anne, toi qui as si grand pou- voir au ciel, intercède pour nous auprès de la divine miséricorde. » Bien plus souvent revient-elle encore dans ce texte grec que nous avons dû abréger, on sait bien pourquoi, et l’on devine aussi avec quel regret. Or, sans formuler de nouveau une plainte que nous regrettons d’avoir exprimée ne fût-ce qu’une fois et parce que le soin de la vérité nous y obligeait, qu'est-ce donc que le culte des saints, si cette invocation à sainte Anne, revenant à chaque instant sous une forme ou sous une autre au cours de ses offices grecs, ne témoigne d’aucun culte ?
Mais pardonnons à la sagesse humaine commme nous pardon- nons à l’humaine faiblesse, et, sans rancœur, dans le parfait oubli de toute vanité d’ici-bas, continuons notre prière et, cette fois, dans ce français que tout le ciel, paraît-il, entend 51 bien :
ΒΟΝΝΕ SAINTE ANNE, N'OUBLIEZ PAS
CEUX QUI, DANS LEUR FOI, SE SOUVIENNENT DE VOUS!
1 hé
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3. Solennité de ces fêtes.
Un peuple qui chante des poèmes sur le Temple de la Mère de Dieu a dû célébrer dignement les fêtes de la Vierge et de celle qui fut son premier temple ici-bas, sa sainte Mère, la bienheu- reuse Anne !, Allatius a connu, comme s’il les avait fréquentés, ces Byzantins des prémiers âges dont nous avons essayé nous-même ailleurs de dire la piété, et il nous montre un peuple entier accou- rant à l’église, aux jours de fête des saints, pour célébrer, d’un même cœur et d’une même âme, leurs vertus 3,
Est-il après cela nécessaire de dire que la Conception, la Nativité, la Présentation de la sainte Vierge étaient des jours de grandes fêtes, des solennités auxquelles toute la foule des fidèles accourait avec empressement et vraie Joie ἢ Jean d’Eubée nous l’a déjà dit, la Conception d’ Anne, « le message de l’ange » qui lui avait annoncé sa maternité prochaine : e’était la première de toutes les insignes fêtes : prima omnium insignium solemnitatum, et «si, ajoutait-il, nous honorons les temples matériels consacrés au Seigneur, avec combien plus de raison, avec quelle dévotion qui devrait être infinie, ne devons-nous pas rendre hommage à la bienheureuse Vierge, « ce temple spirituel dont les fondements ne sont ni de pierre mi faits de main d’homme, mais l’œuvre de Dieu même par l'intermédiaire de l'Esprit de sainteté et de vie 3! «Οὐδεν ἡδύτερον ἢ περιχαρέστερον », s’écrie Georges de Nicomédie :« Rien n’est plus doux, plus saintement réjouissant, plus entouré de grâce » que cette fête ; pour le moine Euthyme, prêtre et syncelle, c’est le jour « de la plus grande joie possible, de l’allégresse inénar-
1. Poème en vers iambiques de Georges Pisidès, cf. Du Cange, C. P. Chr., notes sur Zonaras, p. 46 ; Ceillier, t. χα, p. 653, et ita omnes.
2. In diebus festis sanctorum, concurrente universo populo ad eorum res ges- tas celebrandas. De libris, p. 94.
3. Nam si templa nec præter tantæ τοὶ dignitatem dedicamus, quanto magis ferventi studio, devotione infinita, ac Dei timore hæc celebranda est, in qua non ex lapide fundamenta jaciuntur, nec manu hominum Dei templum ex- ædificatur ; sed in ventre Deipara ac sanctissima Maria Patris beneplacito, et sanctissimi ac vivificantis Spiritus ope concepta est. L'{ supra.
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rabie :» Meyiorns εὐφροσύνης καί ἀνεκλαλήτου ἀγαλλιάσεως τήμερον À, et la poésie, à son tour, à des élans de ferveur qui, cette fois encore, échappent ἃ toute traduction: « Tressaillez d’allégresse, monta- ones et collines, mers et campagnes, multitudes des anges et cenre humain tout entier ! Aujourd’hui chantez la glorieuse Anne, temple de la Vierge, chantez la Vierge, temple de Dieu même Les ombres de la loi ancienne ont disparu, et une Vierge se lève
splendeur de la ogrâce divine?. »
Ces textes, ces « cris de cœur », comme nous les appelions, se multiplient, on le sait, à l'infini, dans l’éloquence et la liturgie byzantines, et les Ménées seraient toujours là au besoin pour nous en faire entendre les échos. Maïs dès longtemps, pensons-nous, le lecteur est converit. Il sourirait même de pitié si nous lui appor- tions, après ces preuves intrinsèques, toujours les meilleures, un témoignage historique, celui que les auteurs ne manquent jamais de demander, comme si c'était nécessaire, à la fameuse Constitu- tion d’Emmanuel Comnène. Ne la mentionons donc nous-même que pour mémoire : En 1166, ce basileus abolit plusieurs solennités, parce que leur grand nombre devenait, lui disait-on, une cause d’oisiveté et de désordre, mais il se garda bien de toucher à celle du 9 décembre. Bien au contraire entendait-il plutôt lui donner force de loi comme à quelques autres qu’il voulait maintenir, el l’on connaît la réflexion d’Assemani à ce sujet, à savoir que, «loin d’instituer cette solennité, Emmanuel ne faisait, en cette occasion, que sanctionner de son autorité souveraine un usage qui existait de temps immémorial dans son Empire 3. »
Une autre preuve ne serait-elle pas également superflue pour la Nativité ? Evidemment, cette fête est toujours chez les Byzan- tins ce qu’elle était déjà au temps de Germain de Constantinople,
1. Voir ci-dessus p. 157.
2 "Opn καὶ βουνοὶ, πεδία καὶ θάλασσα, ἀγγέλων πληθὺς καὶ πᾶσα φύσις βροτῶν edppar- νέσθωσαν τοῦ δεσπότον᾽ τὸ θεῖον γὰρ τέμενος, ἀπαρχὴν ἀναδομήσεως ἐδέξατοϊΑΙννα... Νόμου αἱ σκιαὶ σαφῶς παρατρέχουσιν ᾿ αὐλὴ γὰρ ἱδοὺ τῆς Θείας χάριτος ἐμφανίζεται ἣ παρθένος, νεφέλη ἐξ ἧς ὁ φαιδρὸς τῆς Θεότητος ἀνίσχει ὄντως ἥλιος. Cf. les notes de Ballerini aux œuvres de Jean d'Eubée, dans Migne, loc. cit, ou Sylloge, t. 1, p. 470. Les deux citations sont prises par lui des Ménées de Grotta-Ferrata.
3. Kalend. Eecl., univ., t. v, p. 70.
LA LITURGIE 343
c'est-à-dire la παγχόσμιος χαρά, « la joie de la terre entière »; ou, comme André de Crète le lui a prêché, «la porte qui s’ouvre devant la grâce et la vérité !;» ou encore, selon l'expression d’un codex de Milan, la grande « pourvoyeuse du salut universel », la naissance de Marie présageant la naissance prochaine du Rédemp- teur, Chez les Arméniens, comme dans tout l'Empire, la fête se célèbre cinq jours, ainsi qu’en témoigne leur synaxaire du x111° siè- cle, que vient de publier Mgr Graffin ?.
Détail qu'en peut noter: on ne jeûne pas, le ὃ septembre, au Mont Athos, et 51 les moines ne s'accordent pas un peu de« vin et d'huile » comme en la fête de la Conception, au moins ils « déjeu- nent » in piscibus, ce qui n’est pas peu dire ὃ,
On croira volontiers de même, sur la foi du manuscrit de Sir- mond, si toutefois son témoignage nous est nécessaire, que la Présentation était, dans tout l’Empire, grâce à la piété des fidèles qui l'avait ainsi voulu, une solennité « vraiment merveilleuse, » traduction littérale de : Ἢ ἐν τῷ ναῷ τῆς Θεομήτορος ᾿εἴσοδος ἑορτὴν τοῖς εὐσεδέσιν εἰργάσατο « θαυμαστὴν » καὶ παγχόσμιον À.
Mais 11 nous reste deux autres fêtes, le 25 juillet et le 9 septem- bre, et puisque voici déjà trois solennités qui ont fait part égale à la bienheureuse Mère en même temps qu’à la toute-sainte Fille, comment, pour commencer par lui, le 25 juillet sera-t-1l traité ?
Au Vatican, un manuscrit du χιθ siècle (Palat. 317) contient, du fohio 81 au fohio 85, et sous la date du 25 juillet, un encomium de Pierre d’'Argos εἷς τὴν ἁγίαν ἼΑνναν. — Autre témoin : l’oflice même de ce jour. Dom Guéranger, bien avant nous, s'était plu à le lire, à nous en faire connaître quelques strophes choisies
rit 55 Su »
1. Est nobis præsens solemnitas prior quidem is quæ ad legem et umbram spectant, sed et eorum Janua quæ ad gratiam et veritatem. Cf. P. G.,t. xcvir, col. 805. Διὸ χαὶ καλεῖται γενέσιον ὡς πρόξενον τῆς τοῦ χόσμου σωτηρίας. Codex Β. 104 de « l'Ambrosienne », parchemin, xn®-x1n1® siècle. Cf. Sirmond, col. 25.
2. Pair. Orient. (Graîffin-Nau), t. v (1910), p. 528.
3. Cf. Pitra, Spicilegium, t. 1v, p. 445 sq., Vetus monasteriorum Montis Athonis Typicon, au 8 septembre : « Nativitas Deiparæ : solutio (jejunii fit in piscibus et operum cessatio. » Au 9 décembre : « Conceptio sanctæ ac Virginis matris Annæ, solvitur in vino et oleo (p. 447). »
4. Sirmond, col. 243.
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çà et là, et si sa traduction n’est pas aussi littérale qu’on aurait pu la désirer, elle est cependant très exacte. Il dira : « Salut, terre bénie d’où sortit la branche qui fleurit divinement ! Salut, messagère du printemps de la grâce !... Salut, fête solennelle, toute de lumière, alléoresse du monde, car aujourd’hui, dans une sainteté digne de toute louange, s’est endormie la bienheureuse Anne, qui donna naissance à la Mère du Christ ! » Pour ne par- ler que de celui-là, le mot «fête solennelle, toute de lumière » est bien la traduction de φοταυγῆς πανήγυρις, en autant du moins que ce dernier mot puisse être traduit ‘en français. Pour quiconque n’a pas oublié tout à fait ses Aacines grecques, il sisnifierait de plus un «rassemblement de tout le peuple, » ce qui dit mieux en eflet que « fête solennelle», surtout quand à la fête solennelle il ne vient personne.
Si nous avions besoin maintenant du témoignage de lhistoire, nous aurions encore ici la fameuse « Constitution de Commène », si souvent citée par les auteurs, et en particulier par Colvemier, Thomassin, Bauillet, Cavalieri, etc., que nous ferions hien d’y voir autre chose qu’un mythe,
1. Colvenier, cf. ci-dessus p. 66. — Baillet, à propos du 25 juillet : « Ce jour était chômé d'obligation dans la Grèce et dans toutes les provinces de l'Orient sujettes à l'empire de Constantinople du temps de l’empereur Manuel Comnène. Mais il paraît que cette obligation a cessé au moins depuis que cette ville capitale est tombée sous la puissance des Turcs. Les Vies des Saints, 1704, t. vir, p. 743- 751. Il cite à son appui Thomassin, De Festis, p. 90. — Cavalieri ne sait pas quand la fête du 25 juillet a pu être instituée en Orient mais pour la solennité qui l’accompagnait, il n’a aucun doute;il sait que, ce jour-là, le Byzantin était «en vacance», par « une grâce de sa religion »: (Et sane Comneni edictum, ante annum 4200, 5. Annæ celebritatem memorat, οἵ ἃ constitutione Emmanuelis Imperatoris ponitur inter eas solemnitates quibus vacandum est religionis gratia.» ΤΟ 11 p.83
Pour les Manuelis Comnenis Novellæ constitutiones, cf. P. G. t. cxxxtn, et pour Novella de dicbus feriatis, ibid., col. 750. Le 8 septembre, le 21 novembre, le 9 décembre et le 25 juillet (Propter obdormilionem sanctæ Annæ, matris Deiparæ) y sont nommés comme fêtes comportant cessation de tout travail et vacance des tribunaux. En d’autres fêtes dont suit la liste assez longue, le tra- vail est permis après la liturgie, ainsi que l’exercice de la justice. Même « Cons- titution d'Emmanuel » dans le Commentarium Theodori Balsamonis ad Nomo- canem Photii, P. G.,t. c1v, col. 1070. Thomassin, l’homme illustre par excel-
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Supposant donc admise la solennité du 25 juillet, vrai jour d’observance comme le dimanche,et cela au moins dès 1166,—ques- tion d’ancienneté sur laquelle nous devons revenir — que penser du 9 septembre au point de vue de sa célébration par les fidèles ? — Déjà, une fois, sur l’invitation de Bossuet, nous sommes «sortis du temps et du changement », c’est-à-dire, comme nous traduisions, « du présent », et pour ajouter ici quelque chose, de notre présent à nous, tout fait d’indifférence, presque d’athéisme, où l’on s’éton- ne même que la foi ait jamais pu exister. « Nos pères qui croyaient étaient des sots », et combien de cerveaux malades pensent au- jourd’'hui comme Michelet ! Non erat his locus, dira la censure, mais qu'importe la censure ἢ « Nos pères étaient des sots » parce qu'ils croyaient. Oui, ou bien, c’est que nous qui le sommes parce que nous ne croyons plus. « Sots » de bâtir Notre-Dame de Paris, ou telle autre Notre-Dame, ou bien nous, de ne plus y entrer, car enfin, 1l n’y ἃ pas de moyen terme.
Oui, en effet, « sortons du temps et du changement ». Ce qui n'avait pas encore changé en Orient vers le temps qui nous occu- pe, c'était la foi aux choses de Dieu, aux êtres choisis de Dieu précisément en vue de nous y faire croire et de nous les faire aimer. Joachim et Anne étaient ceux-là, eux les instruments, les inter- médiaires, les transmetteurs directs de la grâce de Dieu faite aux hommes. On ἃ pu voir jusqu'ici de quel respect, de quelle ten- dresse filiale, la piété de l’Orient les entourait, et serait-il donc si téméraire de penser que la fête commune des Theopatores, au 9 septembre, recevait les mêmes honneurs que celle du 25 juillet ? Pourquoi faire de l'épouse, à tel jour, une privilégiée, si l'époux ne l’est pas à tel autre, au moins avec elle ? Malheureusement nous n'avons pas 101 « le bout de papier », pas même cette autorité d’un maître quelconque qui, d’ordinaire, le remplace, sans qu’on se préoccupe davantage de savoir s’il dit vrai, tant le magister dixit joue encore un rôle important en ce monde. Assurément, nous- même nous n’affirmerons rien. Déjà, dans les ouvrages relatifs au culte de sainte Anne, il y a trop d’assertions gratuites, et
lence en héortologie, n’a guère laissé qu’une douzaine de lignes sur notre Sainte et ses fêtes. Cf. Traité des festes de l’Église, in-8°, Paris, 1697 (2° édition), p. 88.
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mieux vaudra toujours, quand on ne sait pas, avouer simplement son ignorance, quitte à employer le mot « insuflisance » qui, paraît- il, sonne un peu mieux.
Seulement, nous nous permettrons de soumettre au lecteur deux ou trois menus faits ou observations.
D'abord on sait que les Orientaux du κι siècle possédaient déjà, ou comme disent plus justement les Analecta Juris Pontifieu, «conservaient encore» cent vingt fêtes chômées (les dimanches compris, bien entendu) ἡ. Otez, si vous voulez, cinquante-deux jours, une facile arithmétique vous en laisse encore soixante-huit, qui, pour les fidèles, entraînaient les mêmes obligations que le dimanche.
Un autre argument, très faible peut-être, mais qui n'est pas pour cela quantité tout à fait négligeable, pourrait se prendre de la calligraphie de certains manuscrits à cette date. Calligraphie est le mot, car on remarque avec plaisir que tel synaxaire, eucho- loge ou ménologe prend, au 9 septembre, comme un petit air de fête. Il semble bien que, pour le scribe, ce jour-là n’est pas tout à fait un jour comme les autres. Il accentue davantage ou soigne mieux son écriture ; il la dégage du contexte plus qu’il n’a coutu- me de faire, lui qui ménage tant son parchemin ; ou bien 1l se paie le luxe d’une grande lettre initiale en beau cinabre avec arabes- ques, fleurettes, « fioritures » au premier sens du mot, et c’est de sa plus belle main qu'il transcrit la légende du jour.
Cette notice est d’ailleurs plus longue, on dirait « plus solen- nelle » qu’en d’autres jours, et 1] sv trouve de plus certains mots qui attirent l'attention, comme, par exemple, dans celle du manus- crit de Berlin :
« Aujourd’hui est la synaxe des justes Joachim et Anne que nous avons résolu de célébrer au lendemain de la nativité de la Mère de Dieu, non parce que ces deux bienheureux ont cessé de vivre aussitôt après cette naissance (car le vingt-cinq juillet nous rap- pelle leur bienheureuse dormition), mais parce qu'ils ont été, comme père et mère de la sainte Vierge, les instruments du salut universel, et les premiers à bénéficier de cette divine naissance.
1. Année 1862-1863, t. vi, p. 1350.
mt). ét sm. d
LA LITURGIE 347
Leur synaxe a lieu dans le magnifique sanctuaire de la Théotocos, près de la grande église de Chalcopratée 1,
Le Dr Bayan traduit ainsi un codex arménien : « De nouveau fête de la Mère de Dieu. Et commémoration et réunion des fidèles pour célèbrer les justes Joachim et Anne 3,» Au sur- plus, dans les Ménées de ce même jour, il se rencontre souvent des expressions comme celles-ci : συνελθόντες εὑσεδῶς, « nous nous sommes réunis pieusement»; ἅπαντας ἄνυμνῆσαι, « Anne invite tous les fidèles à chanter des hymnes ; ἦν ἑορτάζομεν, « Nous célé- brons ce jour », et c’est le cas de remarquer, fût-ce peut-être pour la seconde fois, le sens restrictif du mot grec ἑορτή, restrictif parce qu'on ne l’employait que pour désigner les « grandes fêtes, » les solennités.
Encore un menu détail, s’il vous plaît, une simple note prise dans Lambecius. Son catalogue de la bibliothèque impériale de Vienne fait mention d’un codex contenant deux στιχήρα, ou, comme il traduit,« deux cantiques ecclésiastiques cum anti- quis notis musicis, «avec d'anciennes notes de musique », l’un pour la fête de la Nativité, l’autre pour celle du lendemain. On peut supposer que ces« notes musicales» sont autre chose que la psalmodie pure et simple telle qu’on l’employait à l'Office, et qu'elles représentent plutôt un chant plus solennel, en rapport avec les paroles elles-mêmes. Quoi qu’il en soit, au 9 septembre, les paroles supposent en effet une musique de fête : Δεῦτε νῦν χωρεύσωμεν, « Venez maintenant, et chantons en chœur 8 ! »
Et encore, puisque «union fait la force », même quand on ne peut mettre ensemble que des fils bien ténus, voici le discours
1. Ἢ σύναξις ἐπιτελεῖται τῶν δικαίων ’Iwaxeiu xai"Avyne,, ἣν παρελάδομεν ἐορτάζειν τῇ ἐπαύριον τοῦ γενεσίου τῆς Θεοτόχου, οὐχ ἐπειδὴ κατὰ ταύτην ἔσχον τῆς ζωῆς τὴν τελείω- σιν (ἡ γάρ εἰχοστὴ πέμπτη τοῦ ἰουλίου ταύτην ἡμῖν γνωρίζει), ἀλλ᾽ ἐπειδή πρόξενοι τῆς πιγχοσμίου σωτηρίας διὰ τῆς ἐξ αὐτῶν προελθούσης ἀγίας θυρατρὸς γεγόνασι, χαταλλα- γῆς λαθόντες ἐνέχυρα ἐν τῇ θεία γεννήσε: αὐτῆς. Τελεῖται δὲ ἡ αὐτῶν σύναξις ἐν τῷ εξαέρῳ οἴχῳ τῆς Θεοτόχου πλησίον τῆς μεγάλης ἐχχλεσίας ἐν τοῖς Χαλχοπρατείοις. Cf. Sirmond, col. 29.
2. Synaæaire arménien de Ter Israel, Patrol, Orient., t. v, p.550 (1910), p. 550. Traduction du D' Bayan avec le concours du prince Maximilien de Saxe.
3. Lambecius, op. cit., t. 111, p. 507, indique pour ces cantiques le Codex 100 (Theol. græca), fol. 120 et 121. Il ajoute : « Codex pervetustus et optimæ notæ, »
348 MADAME SAINCTE ANNE
de Cosmas Vestitor, ce fameux Encomium dont nous avons donné plus haut quelques extraits, et qui a célébré, non en passant ou par occasion, mais ex professo et de première intention, les justes et saints « Ancêtres de Dieu » Joachim et Anne. L’exorde prête déjà à des conjectures favorables ; mais le sermon tout entier, un sermon qui fut prononcé exactement au lendemain de la Nati- vité et selon toute apparence, non devant des bancs vides, comme la chose arrive de nos jours, mais devant des fidèles plus ou moins nombreux, ne prouverait-il pas que ce jour-là était une fête, moins solennelle que d’autres, si l’on veut, mais encore assez grande pour demander un discours spécial et attirer les fidèles à l’église?
Dans le rite syrien, tel que nous le fait connaître le Calenda- rium du Père Nilles, le 9 septembre porte en toutes lettres 1? classis, et c’est plutôt la fête de juillet qui devient de seconde classe, tout en restant cependant fête chômée 1.
Enfin, permettez une dernière observation. Il ne serait pas raisonnable de supposer que toutes les fêtes, même chez les By- zantins, Jouissaient des mêmes honneurs, mais si celle des T'heo- patores possédait comme, par exemple, le 21 novembre, un μεθέο- ptos (post-festum, « après-fête »), sorte de mémoire qui en indiquait le prolongement au moins pour un jour, sinon pour plu- sieurs comme dans le cas des grandes solennités, ne serait-ce pas parce que lui-même, ce 9 septembre toujours, était aussi une grande célébration, au moins en l’une ou l’autre église de l’Em- pire ?
J'udicent periti ! Nous n’avons pas voulu établir une preuve — à quoi bon? — mais poursuivre encore tout doucement une étude qui devient en effet de plus en plus douce à mesure qu’elle avance,
BIOpELS AE, ἢ. 81:
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE : La fête liturgique de sainte Anne.
La Bulle de Grégoire XIII. — Culte et fête. — Argument tiré du silence. — Lente évolution de la liturgie. — Culte local et culte général. — Pri- SP M εν PP ES SE
Revenons à la Bulle de Grégoire XIII. — Fête locale déjà ancienne. — In- dults apostoliques. — Fondations épiscopales ..........,.,...,..,
7
MADAME SAINCTE ANNE ET SON CULTE EN ORIENT
EE en mue nes nn au sun Da ao ΣΙ ΘῈΣ PRÉAMBULE : L’Orient d'autrefois au point de vue religieux
ARTICLE PREMIER : Monuments littéraires
19 Écrirs EN PROSE : Évangiles non canoniques ; homélies et divers passages de traités patristiques. Autres documents ,,.............. On 1 Es 5 τς Mélodes : Romanos. — Sophrone. — André de Crète ................ Sergius, Germain, Georges, Étienne, Joseph, Théophanes Graptos ......
ARTICLE DEUXIÈME : Fêtes et liturgie................
L. Les rÊèTEs : Les livres qui en témoignent. 2. Les fêtes elles-mêmes, 3. Solennité et Ancienneté de ces fêtes................ IL. LA LITURGIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME ................ 1° Les Ménées. — Les Synazxaires. — Les Ménologes. — Les T'ypica. LS PR PI ν αν Ὁ 20 Les rêres. Leur nombre. — Eloquence, Poésie des Ménées .... Le 7, le 8 septembre et le 9 septembre ............................ Le 21 novembre, le 9 décembre et le 25 juillet .................... DB CES FETES iii ot
89
115 170 186 206
217
221
269 259 309 341
SOMMAIRE DU TOME II (à paraitre) ORIENT (suite) l'IN DE L'ARTICLE DEUXIÈME : Ancienneté de ces fêtes. — II. La Liturgie de säint Jean Chrysostome .......... ΡΥ τες
ARTICLE TROISIÈME : Religiosa loca, ou Sanctuaires ARTICLE QUATRIÈME : Iconographie ancienne
Seconde partie de l’opuscule
LE CULTE EN OCCIDENT AU MOYEN AGE
(Etude du même genre que la précédente).
lp. M.-R. LEROY, rue de Vanves, 185. — Paris
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